War 16 ) ARTE VA » 194 dal A + À APRIL + lier here k { ' Ÿ entité} Wait, k £ È è nu | [ HA vpn na RDUs ARTE É PeUN CPE A? COR u PTT } Ra eue HEART An HAE 4) Liu Gt bal Na nant PA Ant AR en DÉLCETE DESCENTE DACRT CHIC IL 4 AU Une RUE UE su À L in RAIN St 2 ? (FFE fe LIU M AOEMEN NES ik Hp toi 445 CDs ut (AE MALE ETDS 4 Au US L ; LA COCO TE (4, } ACTE CUT Al 44 Hs A HS LUS et +0K97 56 Ne PRO eo D'— ae K. LL SU Em > LIBRARY F— Mackenzie Collection 1 uns COMPLET Hs AT LE RS LE ROC. NME SU TC TENTE Horticultural Society Ci Nes suit, [Ça KS - / PDP WI LCE 142 LISE = | LAS AIS RS =) Ÿ =) COL) 7 X CA rm = SNS EZ 2 Bequest nf Keuurth K. Markenzie Orctaher 1134 HISTOIRE NATURELLE VÉGÉTAUX. PHANÉROGAMES. XL IMPRIMERIE SCHNEIDER ET LANGRAND, rue d’Erfurth, 4. HISTOIRE NATURELLE VÉGÉTAUX. PHANÉROGAMES. Par M. Épouarp SPACH , AIDE-NATURALISTE AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE , MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES. TOME ONZIÈME. OUVRAGE ACCOMPAGNE DE PLANCHES. PARIS. LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE, N° 1O Bis. 1842. 'AOUR AE VÉGÉTAUX PHANÉROGAMES DICOTYLÉDONES. VEGETABILIA DICOTYLEDONEA. TRENTE-NEU VIÈME CLASSE. LES PIPÉRINÉES. PIPERINEZÆ Bartl. CARACTÈRES. Herbes ou arbustes. Tiges et rameaux noueux avec articulation, cylindriques, ou irrégulièremient anguleux. Feuilles opposées, ou verticillées, ou rarementalternes, simples, nerveuses (rarement penninervées), indivisées (le plus souvent très-entières) point stipulées, ou mu- nies d’une stipule intra-pétiolaire. Fleurs hermaphrodites ou diclines , apérianthées, 1-à 3-bractéolées (rarement ébractéolées), disposées en épis ou en grappes (quelquefois accompagnés d’un involucre coloré ou d’une spathe colorée). Périanthe nul. Étamines au nombre de 2 à 6 (rarement plus), hypo- gynes, ou insérées sur la paroi de l'ovaire. Filets libres. Anthères r-ou 2-thèques, adnées au filet : bourses dé- hiscentes chacune par une fente longitudinale. Pistil : Ovaire solitaire, r-loculaire, 1-à 3-style, r-ou BOTANIQUE, PHAN. T. Xl: À 2 CLASSE DES PIPÉRINÉES. pluri-ovulé ; ou bien 2 à 4 ovaires soit disjoints dès leur base, soit cohérents seulement inférieurement, 1-locu- laires, r-ou pluri-ovulés, 1-styles. Ovules orthotropes. Pericarpe capsulaire, ou drupacé, ou baccien. Graines munies d'un périsperme charnu ou fari- neux, copieux. Embryon petit ou minime, inclus, ou extraire, antitrope, situé à l'extrémité opposée au hile, le plus souvent recouvert d'une enveloppe distincte du périsperme. Cette classe comprend les Saururées, les Piperacees, et les Chloranthees. + CENT QUATRE-VINGTIÈME FAMILLE. LES SAURURÉES. — SAURUREÆ. Saurureæ L. C. Rich. Anal. du fruit. — A. Rich. Élém. de Bot. ; id. in Dict. class. d’hist. nat. XV. — E. Meyer (Dissertatio de Houttuynia et Saurureis, A827).— Bartl. Ord. Nat. p. 84. — Endl. Gen. Plant. p- 266. — Saururaceæ Lindl, Nat. Syst. ed. 2, p. 484. — Aismacearum genn. Reichb. Consp: Cette famille, très-voisine des Pipéracées, ne com- prend qu'un petit nombre d'espèces, dont la plupart habitent la zone équatoriale. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Herbes (la plupart aquatiques) à rhizome rampant et articulé (souvent écailleux aux articulations), ou tubé- reux. Tige simple ou peu rameuse (quelquefois très- courte ou nulle), noueuse, feuillée. Feuilles (les radicales roselées) alternes, pétiolées, très-entières, nerveuses, et accompagnées de stipules solitaires, membraneuses, intra-pétiolaires, spathacées (fendües antérieurement), adnées inférieurement au pé- tiole ; lorsque les feuilles sont dépourvues de stipule, le pétiole est engainant par sa base, et ailé aux bords. Fleurs hermaphrodites, 1-à 3-bractéolées, agrégées en grappes ou en épis. Inflorescences solitaires ou gé- minées au sommet d’un .pédoncule-commun (radical, ou oppositifolié, ou terminal), ordinairement accom- pagnées chacune d’un involucre d’une ou de plusieurs bractées spathacées, colorées. Étamines au nombre de 3 à 6 (ou moins souvent plus), 1-sériées, hypogynes, ou insérées sur la paroi de l'ovaire. Filets filiformes ou claviformes, libres. An- À CLASSE DES PIPÉRINÉES. thères adnées au filet, oblongues, ou ovales, 2-thèques, latéralement déhiscentes; bourses parallèles, bilatérales, séparées par un connectif étroit. Pistil : 3 à 5 ovaires disjoints dès leur base, ou cohé- rents seulement inférieurement, 1-styles, 1-loculaires, pauci- ovulés; ou bien ovaire solitaire, 1-ou 3-à 5-lo- culaire, 3-à 5-style, pluri-ovulé, Ovules ascendants, orthotropes, bisériés sur chaque placentaire.Styles grèles, persistants, obtus, recourbés et papilleux au sommet. Péricarpe baccien ou capsulaire. Graines solitaires ou peu nombreuses (sur chaque placentaire), petites, ascendantes, ou vagues. Tégument coriace. Hile basilaire. Périsperme farineux. Embryon minime, antitrope, obcordiforme, intraire, recouvert d'une enveloppe distincte du périsperme. Cette famille renferme les genres suivants : Saururus_ Linn. (Mattuschia Gmel.) — Houttuynia Thunb. {Polypara Loureir.) — Spathium Loureir. — Aponogeton Thunb. (Apogeton Schrad. Amogeton Neck. ) — Ouvirandra Thouars. (Hydrogeton Pers.) Genre SAURURE. — Soururus Linn. Fleurs i-bractéolées, pédicellées, disposées en grappes ptonES point involucrées ; bractéole naviculaire, ad- née inférieurement au pédicelle. Étamines 4 à 8 (rare rement 6 ), hypogynes ; filets filiformes, épaissis vers leur sommet ; anthères elliptiques-oblongues, obtuses. Pistil de 4 (moins souvent de 3 ou de 5) ovaires disjoints, con- nivents, 1-loculaires, 1-styles, pauci-ovulés ; ovules atta- chés à l'angle interne des loges. Péricarpe de 4 (moins souvent de 3 ou de 5) follicules charnus, indéhiscents, par avortement 1-spermes. Graines subglobuleuses, ru- gueuses. — Herbe vivace, à rhizome rampant, articulé, point écailleux, radicant aux articulations, Tige rameuse, FAMILLE DES SAURURÉES. 5 feuillée, anguleuse, flexueuse. Feuilles grandes, cordi- formes, point stipulées; pétiole aïlé aux bords, engai- nant par la base. Grappes longues, solitaires, oppositi- foliées, nutantes au sommet; pédicelles courts, filiformes, couverts (de même que les bractéoles et les ovaires) d’un duvet court, laineux, ferrugineux, à poils articulés. Fleurs petites, blanchätr es. — L'espèce suivante constitue à elle seule le genre. SAURURE A ÉPIS PENCHÉS. — S'aururus cernuus Linn. — Pluk. tab. 117. —Mirb. in Ann. du Mus. XVI, tab. 19. — Schk. Handb. tab. 103.— A. Rich. in Dict. class. cum fig.— Saururus lucidus Spreng. Syst. — Jacq. fil. Eclog. tab. 18. — Tige haute de 1 pied à 2 pieds, dressée, ou ascendante, pu- bérule. Feuilles longues de 2 à 4 pouces, d’un vert foncé en dessus, d’un vert glauque et puhérules en dessous, ovales, ou ovales-lancéolées, plus ou moins profondément cordiformes à la base; pétiole long de 1 pouce à 2 pouces. Grappes longues de 3 à 6 pouces. Étamines plus longues que le pistil.— Cette plante croît aux États-Unis (où on l'app pelle Lys de marais), dans les marais et les étangs; sa racme, broyée et appliquée en cala- plasme, passe pour émolliente. Genre HOUTTUYNIE. — ÆHouttuynia Thunb. (1). Fleurs 1-bractéolées, 3-andres, sessiles, agrésées en épis solitaires accompagnés d’un involucre de 3 ou 4 bractées colorées, marcescentes , simulant une corolle. Etamines insérées vers le milieu de la paroi de l’ovaire, persistantes ; filets fliformes, élargis au sommet ; anthères petites, elliptiques, abtues. Pistil : Ovaire done. ovoïde, 3-sulqué, 1-loculaire, 3-céphale, 3-style, hiant au sommet entre les styles; placentaires 3, pariétaux, linéai- res, alternes avec les styles, 4-8-ovulés. Styles courts. Pé- ricarpe un peu charnu, 3-céphale, évalve, hiant au som- met (2), ovoide, 3-cuspidé (par les styles); placentaires par (1) Ce genre avait été placé, par plusieurs auteurs, dans les Alismacées. (2) Comme le fruit des Reseda. 6 CLASSE DES PIPÉRINÉES. avortement oligospermes. Graines ovales ou subglobu- leuses, vagues, apiculées aux 2 bouts, très-petites. — Herbe vivace, à rhizome rampant, rameux, radicant et écailleux aux articulations. Tige rameuse, feuillée. Feuilles cordiformes, accompagnées d’une stipule spathacée, adnée inférieurement au pétiole. Epis solitaires , cylindracés, courts, très-denses, oppositifoliés. Involucre blanc, à l’épo- que de la floraison plus long que l’épi. — On ne peut ‘ rapporter à ce genre, avec certitude, d'autre espèce que la suivante. HouTTUYNIE A FEUILLES CORDIFORMES. — outtuynia cor- data Thunb. Jap. tab. 26.— Bot. Mag. tab. 2731. — Poly- para cochinchinensis Loureir. — Tiges flexueuses, anguleuses, hautes de 1 pied à 2 pieds. Feuilles larges de 1 pouce à 3 pou- ces, subcoriäces, glabres et d’un vert gai en dessus, en dessous . ponctuées, pubérules aux nervures, d’un vert glauque, exacte- ment cordiformes, ou cordiformes-orbiculaires, courtement acu- minées, acérées ; pétiole long de 6 à 18 lignes; stipule liguli- forme, obtuse, brunâtre, scarieuse, de moitié plus courte que le pétiole. Pédoncules plus ou moins divergents, accrescents : les fructifères longs d’environ 1 pouce. Bractées-involucrales ellip- tiques-oblongues, obtuses, planes, étalées, inégales, longues de 4 à 7 lignes. Fleurs petites. Anthères jaunes. Epis-fructiferes longs d’environ 1 pouce. Capsules longues à peine de r ligne. Graines brunes, du volume de celles du Pavot.—Gette plante croît dans l’Inde, ainsi qu’en Gbine et au Japon; on la cultive dans les collections d’orangerie. Genre SPATHIUM. — Spathium Loureir. Fleurs sessiles, 2-bractéolées, 6-andres, agrégées en épis solitaires accompagnés d’un involucre monophylle, coloré, caduc. Étamines hypogynes; filets subulés, étalés. Pistil de 3 ou 4 ovaires 1-loculaires, 1-styles, 2-à 4-ovu- lés, cohérents inférieurement ; ovules attachés vers la base de l’angle interne des loges. Capsule de 3 ou 4 follicules FAMILLE DES SAURURÉES. 7 cohérents inférieurement, 1-4-spermes, s’ouvrant par la suture antérieure. Graines dressées, acuminées, lisses. — Herbes acaules, à rhizome tubéreux. Feuilles en général flottantes, longuement pétiolées, oblongues, cordiformes à la base, nerveuses. Hampes terminées par un seul épi. Spathe cordiforme, pétiolée. Bractéoles cunéiformes, co- lorées, collatérales. — Ce genre appartient à l’Asie équa- toriale et subéquatoriale. Les tubercules de ces plantes sont mangeables. SPATHIUM DE Give. — Spathium chinense Loureir. Flor. Cschinch.—Aponogeton monostachyum Lin. fil.—Andr. Bot. Rep. tab. 406. — Roxb. Corom. tab. 81.— Saururus natans Linn. Mant. — Parua helanga Hort. Malab. vol. 2, tab. 15. — Herbe aquatique. Feuilles flottantes, longuement pétiolées, linéaires-oblongues, cordiformes à la base, lisses, 3-ou 5-ner- vées, longues de 3 à 6 pouces, larges d'environ 1 pouce. Ham- pes striées, obscurément trigones, aussi longues que les feuilles. Épis denses, flexueux. Fleurs odorantes. Spathe blanche de même que les bractéoles ; celles-ci persistantes, concaves. Filets marcescents, plus courts que les bractéoles. Anthères blenes. Péricarpe de 3 follicules 4-8-spermes. Graines oblongues. — Cette espèce croit dans l’Inde et en Chine, dans les eaux bas- ses et stagnantes ; ses tubercules ont la saveur de la pomme de terré, et Sont estimés comme aliment. Chez nous, la plante se cultive pour l’ornement des serres. SPATHIUM À FEUILLES CRÉPUES. — . Spathium (Aponog eton) crispum Thunb.— Æponogeton undulatum Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 2, p.211.—Racine siolonifère. Feuilles flottantes ou submergées, pétiolées, lancéolées, ondulées, 3-ou 5-nervées, vei- neuses, longues de 4 à 6 pouces, larges à peine de 1 pouce ; pé- tiole comprimé, plus court que la feuille. Hampes cylindriques, lisses. Épis denses. Bractées et étamines comme chez l'espèce précédente. Fleurs 3-ou 4-gynes. Follicules r-ou 2-spermes, lisses. Graines oblongues. (Roxburgh, L. c.) — Cette espèce croît au Bengale, 8 CLASSE DES PIPÉRINÉES. : SrATHIUM À PETITES FEUILLES. — Spathiun (Aponogeton) ricrophyllum Roxb. 1. c. — Feuilles sessiles, étalées sur terre, subsemi-cylindriques, longues d’environ 1 pouce, larges de 1 ‘/: li- gue. Hampc dressée, cylindrique, lisse, 3 à 4 fois plns longue que les feuilles. É pi presque dressé, dense. Fleurs d’un beau bleu. Péricarpe de 3 follicules 1-ou 2-spermes. Graines globu- leuses. (Roxburgh, L. c.) — Gette Épére croît au Boutan, dans - les localités humides. Genre APONOGÉTON. — Aponogeton Thunb, Fleurs 1-ou 2-bractéolées, sessiles, distiques, 6-à 18- andres, agrégées en épis bifurqués accompagnés d’un involucre 2-phylle, coloré, persistant. Etamines insérées au-dessus de la base de l’ovaire. Pistil de 3 à 5 ovaires cohérents inférieurement, 1-loculaires, 1-styles, 2-à 4- ovulés; ovules insérés vers la base de l’angle interne des loges. Capsule de 3 à 5 follicules cohérents inférieurement, 1-à 4-spermes, déhiscents par la suture antérieure. Grai- nes dressées, oblongues, lisses. — Herbes aquatiques, à rhizome tubéreux. Feuilles flottantes, longuement pétio- lées, oblongues, nerveuses ; pétiole ailé, engaïnant. Ham- pes flasques, cylindriques, terminées en épi bifurqué. In- volucre à bractées blanches, spathacées, alternes avec les branches de l’épi. Bractéoles collatérales, colorées. Une fleur sessile dans la dichotomie de l’épi. Fleur-terminale de chaque épi 3-bractéolée. — Ce genre appartient à l’A- frique australe; ou en connaît 5 espèces, dont voici la plus notable. APONOGÉTON A ÉPIS BIFURQUÉS,— Æponogeton distachyum Thunb. Cap.— Bot. Mag. tab. 1293. — Feuilles oblongues cu lancéolées -oblongues, acuminulées, longuement pétiolées, gla- bres, lisses en dessus, scabres en dessous. Hampes longues, gré- les, ne au sommet, Épis longs d’enviren 1 pouce. — Cette plante se cultive dans Les collections de serre, CENT QUATRE-VINGT-UNIÈME FAMILLE. LES PIPÉRACÉES. — PIPERACEÆ. Piperaceæ Rich. in Humb. Bonpl. et Kunth, Nov. Gen. et Spec. I, p. 59.— E. Meyer, in Diss. de Houttuyria, p. 9. — Reichb. Consp. p- 85. — Bartl. Ord. Nat. p. 85. — Lindl. Nat. Syst. ed. 2, p. 485. — Endi. Gen, Plant. p. 265. — Kunth, in Ann. des Sciences Nat. 2° sér. vol. 14 (1840), p. 175 ( Revisio generum ). — Miquel, in Bullet. des Sciences physiques et naturelles en Néerlande, 4856, p. 447 : id. in Ann. des Se. Nat. vol. 14 (1840), p. 167 (Revisio generum) ; id. Commentarii phytographici (Monographia partialis). — Piperiteæe Dumort. Anal. — Arislolochiacee, tribus I : Pipereæ, Reichb. Syst. Nat. p. 173. Plusieurs botanistes célèbres ont cru devoir placer cette famille parmi les Monocotylédones, à côté des Aroïdées, avec lesquelles elle semblerait en effet avoir beaucoup d’affinités, à ne considérer que le port et l'in- florescence ; mais la structure de l'embryon et la germi- nalion des Pipéracées, aujourd’hui suffisamment étu- diées,. sont celles des Dicotylédones, à cela près que leur sac-embryonnaire forme souvent autour de l’'em- bryon une enveloppe distincte du périsperme (comme chez les Nymphéacées), de sorte qu'a une observation superficielle cet embryon paraît être indivisé; du reste, les Pipéracées sont extrêmement voisines des Urticées, auxquelles À. L. de Jussieu les avait réunies dans l’ori- gine, et dont assez récemment encore M. Gaudichaud n’a pas cru devoir les séparer. Beaucoup de Pipéracées produisent des fruits fortement aromatiques (comme le poivre noir), et cette propriété se retrouve, à un degré plus où moins prononcé, dans les autres parties de ces végétaux ; toutefois un certain nombre d'espèces sont absolument insipides ; quelques-unes ont des propriétés narcotiques. La plupart des Pipéracées habitent la zone 10 f CLASSE DES PIPÉRINÉES. équatoriale ; elles abondent surtout dans le nouveau continent, et dans les archipels de la mer des Indes, tandis qu’elles paraissent être très-rares en Afrique ; aucune n'est indigène des contrées extra-tropicales de l'hémisphère septentrional. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux (en général volu- biles), ou Lerbes (le plus souvent succulentes). Bois sans couches concentriques, mais muni de rayons-mé- dullaires. Faisceaux-vasculaires des espèces herbacées épars. Tiges et rameaux cylindriques, articulés, noueux. Rameaux axillaires ou oppositifoliés. Sucs- propres aqueux. Feuilles opposées, ou verticillées, ou alternes, sim- ples, très-entières, nerveuses, réticulées, stipulées, ou non-stipulées, condupliquées ou convolutées en verna- tion; pétiole (quelquefois très-court) à base engaïnante. Fleurs hermaphrodites ou dioïques, apérianthées, 1-bractéolées, ordinairement sessiles, disposées en chatons spiciformes (ecounans ou axillaires, ou oppo- sitifoliés), nus, ou accompagnés chacun d'une ‘paibe herbacée. Étamines en nombre défini (2 à 6), ou en nombre indéfini, insérées (dans les fleurs hermaphrodites) sur la paroi de l'ovaire. Filets courts, linéaires. Antheres 1-ou 2-thèques, extrorses (ou rarement introrses), adnées au filet; bourses déhiscentes chacune par une fente longitudinale. Pistil : Ovaire simple, inadhérent, 1-loculaire, 1-ovulé, couronné d’un stigmate indivisé, 3-à 5-fide, ou pénicilliforme, sessile, souvent sublatéral. Ovule ortho- trope, dressé, aitaché au fond de la loge. FAMILLE DES PIPÉRACÉES. 41 Péricarpe indéhiscent, légèrement charnu, 1-locu- laire, r-sperme. Graine dressée, subglobuleuse, périspermée, attachée au fond de la loge; tégument mince, cartilagineux. Périsperme charnu ou subcartilagineux, copieux, sou- vent creux au centre. Embryon apicilaire, antitrope, extraire, petit, turbiné, ou lenticulaire, recouvert d'une enveloppe charnue, distincte du périsperme ; cotylé- dons très-courts ; radicule supère. La famille des Pipéracées se compose des genres “suivants (1): Cubeba Miquel. — Muldera Miq. — Piper (Linn.) Miq. — Macropiper Miq. — Pothomorphe Miq. ( He- ckeria Kunth.). — Artanthe Mig. (Steffensia Kunth). — Micropiper Miq. — Peperomia Ruiz et Pav. — Laurea Gaudich (Dugagelia Gaudich).—Ænckea Kunth. — Schilleria Kunth. — Zippelia Blum. — Serronia Gaudich, (Ottonia Spreng). Genre CUBÉBIER. — Cubeba Miquel. Fleurs dioïques, sessiles, 1-bractéolées. Chatons pédon- culés, oppositifoliés : les mâles plus grêles et plus petits que les femelles. — Fleurs-mäles : 2-à 5-andres. Filets cy- lindriques. Anthères ovoïdes, 2-thèques, extrorses. — Fleurs-femelles : Qvaire point stipité, ovoïde. Stigmate à 3 lobes linéaires, pointus, hispidules. Baie rétrécie en faux stipe. — Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux grimpants. Feuilles membranacées ou coriaces, tripli- ou multipli- nervées, alternes : celles des individus mâles ont souvent d’autres formes que celles des individus femelles. ie Comment. Phyt. p. 44. HER de genre Rae à l’Asie } (4) La plupart de ces genres, très-vécemment établis, sont fondés aux dépens de l’ancien genre Piper de Linné, 12 CLASSE DES PIPÉRINÉES. équatoriale. M. Miquel y rapporte une vingtaine d’es- pèces. Cusésier OFFICINAL. — Cubeba officinalis Miq. 1. c. tab. 1 et 2. — Piper Cubeba Linn. fil. (non aliorum, ex Miq.) — Arbuste grimpant, à tige grêle. Rameaux bifurqués. Feuilles pétiolées, glabres, coriaces, à peine luisantes en dessus, d’un vert pâle en dessous : les inférieures ovales , très - courtement acuminées, à base obliquement subcordiforme; les supérieures ovales-oblongues, plus petites, arrondies à la base, subquintu- pli-nervées. Pédoncules solitaires, à peu près aussi longs que les pétioles : les mâles grêles; les femelles plus gros. Baïes globu- leuses, plus courtes que leur stipe. (Miquel, L. c.) — Cette es- pèce, qui, suivant M. Miquel, a été confondue par Ja plupart des auteurs avec plusieurs espèces voisines, et notamment avec le Piper caninum Blum. (Cubeba canina Miq.), est propre à l’île de Java, où elle est fréquemment cultivée. Ses fruits, con- pus sous le nom de Cubèbes où Poivre à queue, sont usités en thérapeutique à titre de remède tonique, stimulant ei antiblé- norrhagique ; ces fruits sont noirâtres, du volume d’un Pois, et d’une saveur analogue à celle du Poivre noir, mais moins brülante. Genre POIVRIER. — Piper Linn. Fleurs monoïiques ou polygames, 1-bractéolées, sessiles ; les mâles et les hermaphrodites diandres. Etamines laté- rales ; filets courts, gros; anthères 2-thèques, extrorses, à connectif épais. Ovaire subglobuleux ou ovoïde, point stipité. Stigmate à 4 ou 5 lanières linéaires. Baie globu- leuse, en général point rétrécie vers sa base. — Arbustes dressés ougrimpants. Feuilles tripli- ou multipli-nervées, alternes, pétiolées. Chatons oppositifoliés (sur les jeunes pousses), allongés, lâches. (Miquel, L. c.). — Ce genre ap partient à l'Asie équatoriale. Porvrier noin.— Piper nigrum Linn.—Blackw. Herb. tab. 348.— Turp. in Dict. des Scienc. nat. Ic.—Hook. in Bot. FAMILLE, DES PIPÉRACÉES. 43 Mag. tab. 3130. — Piper aromaticum Poir. Encycl. — 0- laco-codi Hort. Malab. vol. 7, p. 23, tab. 12. — Tige trai- pante ou grimpante, frutescente, flexueuse, dichotome, souvent munie de radicelles aux articulations. Feuilles longues de 4 à 6 pouces, distiques, d’un vert gai, ovales, acuminées, 5-ou 7-ner- vées, subcoriaces, luisantes. Pétiole cylindrique, long de 6 à 10 lignes. Fleurs monoïques ou polygames. Chatons pédonculés, longs de 3 à 6 pouces, gréles, pendants. Fruit d’abord vert, puis rouge, enfin noir à la maturité. —Les fruits de cette espèce sont le Poivre si généralement employé comme assaisonnement. La plante, indigène dans les îles de la Sonde et dans l'Inde, est cul- tivée en grand dans ces mêmes contrées, pour lesquelles elle forme une branche de commerce de la plus grande importance. Déjà du temps de Théophraste et de Dioscoride, les Grecs connais- saient cet épice, aujourd’hui d’un usage si général. C’est surtout dans les régions à la fois brülantes et humides de l’Asie équa- toriale, où l’estomac est affaibli par des transpirations excessi- ves et par le régime végétal, que le Poivre devient un stimu- lant indispensable. — On distingue dans le commerce deux sortes de Poivres : le Poivre noir et le Poivre blanc ; le premier est dans son état naturel ; le second est la graine dépouillée de l’en- veloppe charnue, laquelle est la partie la plus stimulante.—On recherche, pour la culture du Poivre, les situations humides, le long des rivières. À Sumatra, où, selon Marsden, le Poivre est le principal article de commerce, les plantations se font en plans carrés ou oblongs, renfermant chacun 500 ou 1,000 individus, placés à G pieds de distance les uns des autres. Les plantations des riches contiennent quelquefois 2,000 ou 3,000 Poivriers. Une lisière de 12 pieds de large, protégée à l'extérieur par une haie, entoure chaque plantation. L’Erythrina Corallodendron, appelé Chinkariang par les Sumatrais, végétal qui prend de boutures avec une grande facilité, sert tonjours de soutien aux sarments des Poivriers. On récolteles chatons dès que quelques- uns des fruits qu’ils portent deviennent rouges, sans attendre la maturité complète; on met sécher ces chatons au soleil, où les fruits finissent par acquérir la couleur noire sous laquelle ils 14 CLASSE DES PIPÉRINÉES. nous sont connus. Les graines dont la maturité est trop avan- cée perdent en grande partie leur arome. Le Poivrier produit ordinairement deux récoltes par an. Le Poivre le plus estimé de l'Inde est celui de la côte de Malabar. Cette contrée en four- nissait, dans la seconde moitié du siècle dernier, entre 8 et 9 millions de livres chaque année. ( Hooker, in Bot. Mag.) La culture du Poivre est aussi introduite, depuis la fin du dernier siècle, aux îles de France et de Bourbon, ainsi qu'aux Antilles et à Cayenne. PorvriERr TRIOÏQUE. — Piper trioicum Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. !, p. 15r1.— Arbuste sarmenteux, radicant, trioique. Feuilles distiques , obliquement ovales, acuminées ; 5-à --ner- vées, glauques. Chatons cylindriques, pendants. — Racines lon- gues, pivotantes. Tige volubile, finalement ligneuse, scabre, très-longue. Branches nombreuses, alternes : les jeunes lisses; les adultes scabres et ligneuses. Feuilles longues de 4 à 6 pou- ces, larges de 2 à 4 pouces, pétiolées, cordiformes, ou ellipti- ques, ou ovales, ou oblongues, pointues, glabres et luisantes en dessus, pâles en dessous. Pétiole glabre, cannelé, long de 12 à 18 lignes. Stipules solitaires, spathacées, caduques avant le complet développement des feuilles. — Chatons-méles filifor- mes ; bractées imbriquées, 5-sériées, elliptiques, charnues, pel- tées. Anthères 4-lobées, à peine débordantes. Pistil nul ou ru- dimentaire. — Chatons-femelles plus courts et plus roides que les mâles; bractées imbriquées, 3-sériées, conformes à celles des fleurs-mâles. Étamines nulles. Ovaire globuleux. Stigmate 3-lo- bé, blanc, glanduleux. Baie petite, globuleuse, rouge, un peu charnue. — Chatons-hermaphrodites semblables aux chatons- femelles, mais à écailles 4-sériées. Étamines en général 2 (quel- quefois x seule); filets charnus, claviformes, apprimés; anthères à 2 bourses elliptiques, terminales. Ovaire globu- leux. Stigmates 3, sessiles, étalés. Baie globuleuse, rouge, du volume d’un petit Pois. (Roxburgh, L. c.) — Cette espèce croit spontanément dans Inde; elle se plaît dans les localités frai- ches et ombragées des montagnes. Sa graine a la même saveur FAMILLE DES PIPÉRACÉES. 45 que le Poivre noir. Roxburgh pense que é’est elle qu’on cultive e plus généralement dans l'Inde, pour l’usage du commerce. Porvrier BÉrez. — Piper Betle Linn. — Burm. Zeyl. tab. 82, fig. 2. — Rumph. Amb. V, tab. 116, fig. 2. — Hook. in Bot. Mag. tab. 3132. — Beetle Codi Hort. Malab. VII, tab. 15.— Tiges trainantes ou grimpantes, ligneuses, très-longues, très-rameuses , radicantes aux articulations. Feuilles longues de 4 à 7 pouces, distiques, glabres, 5-ou 7-nervées, ovales-oblon- gues, ou ovales-lancéolées, acuminées, obliquement cordiformes _à la base; pétiole cylindrique, canaliculé en dessus. Stipules lancéolées, caduques. Fleurs dioïques. Chatons-femelles subcy- lindracés, penchés, pédonculés, à l’époque de la floraison plus courts que les feuilles, puis s’allongeant jusqu’à ‘/, pied ou plus, pendants à l’époque de la maturité. Baies petites, globuleuses, verdâtres. (Hooker, !. c.)— Cette espèce, connue sous le nom de Bétel, est très-fréquemment cultivée dans l’Inde et aux îles de la Sonde (où on lappelle Sirih). On sait que c’est un besoin indispensable, pour tous les peuples de race malaise, de mâcher continuellement des feuilles de Bétel, auxquelles on joint de la noix d’Arec, et un peu de chaux vive préparée de coquilles calcinées. La mastication de ces substances provoque une forte sécrétion de salive, qui prend une teinte rouge; on a coutume d’avaler ce jus dès que la première effervescence causée par la chaux est passée. Cet usage a pour but de stimuler les organes digestifs, et c’est à tort qu’on avait avancé qu’il agissait comme débilitant, et qu’il occasionnait la carie des dents ; les Malais s’adonnent à cette mastication dès l’enfance, et leurs dents res- tent blanches jusqu’à ce qu’en vertu d’une autre coutume du pays, on leur en enlève l’émail par un procédé particulier. Les étrangers qui n’ont point l’habitude de mâcher ces substances en éprouvent des vertiges, accompagnés de l’excoriation des lèvres et du palais. PorvRIER À CRATONS ALLONGÉS. — Piper longum Linn.— Hort. Malab. 7, tab. 14. — Rumph. Amb. 5, tab. 110, fig. 2. —Pluk, Alm. tab, 104, fig. 4.— Blackw. Herb. tab. 356. — 16 CLASSE DES PIPÉRINÉES. Racine ligneuse: Tiges nombreuses, ligneuses, renflées aux ar- ticulations. Jeunes-pousses cotonneuses. Ramules -florifères dressés. Feuilles 5-à 10-nervées : les inférieures pétiolées, cer- diformes-ovales ; les supérieures sessiles, amplexicaules, cordi- formes-oblongues ; celles des rameaux décombants plus grandes que celles des ramules-florifères. Stipules des feuilles-pétiolées géminées, lancéolées, adhérentes au pétiole. Stipules des feuilles- florales intrapétiolaires , solitaires, spathacées. Fleurs dioïques. Chatons-femelles pédonculés, dressés, cylindriques, à 5 rangées d’écailles orbiculaires, imbriquées. Étamines nulles. Ovaire sub- globuleux. Stigmates 3-ou 4-lobés. Baies agrégées en syncarpes subeylindracés. (Rorburgh, Flora indica, ed. 2 .vol. 1,p.154.) — Cette espèce habite les montagnes de l'Inde; elle se plaît dans les localités humides et ombragées ; au témoignage de Rox- burgh, elle n’est cultivée qu’au Bengale, où on la nomme Tip- pul. Ses.fruits, qu’on connaît en Europe sous le nom de Poivre long (parce que c’est l’épi tout entier, séché au soleil, qui en- tre dans le commerce), ont la saveur du Poivre noir, et servent aux mêmes usages. Les racines de la plante, ainsi que les tiges les plus grosses, participent aux propriétés de l’épi, et ils s’ex- portent en quantité considérable pour toute l’Inde ; les habitants de ces contrées les emploient de préférence à titre de remède stimulant. Porvrier Cnapa.— Piper Chaba Hunt. in Asiat. Res. vol. 9, p- 391. — Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 1, p. 156. — Piper longum Rumph. Amb. v. 5, tab. 116, fig. 1. — Arbuste ram- pant. Feuilles courtement pétiolées, ovales-lancéolées, inéqui- latérales à la base, subtriplinervées. Épis oppositifoliés, dres- sés, coniques-cylindracés, fermes, charnus. (Roxburgh, L. c.) — Cette espèce se cultive aux Moluques ; ses fruits ont les mêmes propriétés que ceux du Poivre long. Poivrier DES BoIs.— Piper sylvaticum Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 1, p. 156. — Feuilles toutes pétiolécs, largement cor- diformes, 5-à 7-nervées, obtuses; lobes basilaires égaux, lar- ges, orbiculaires, Épis dressés, courtement pédonculés, colum- FAMILLE DES PIPÉRACÉES. 17 naires. Fleurs-mâles 4-andres. — Racine vivace. Tiges radican- tes. Feuilles longues de 3 à 5 pouces, larges de 2 à 4 pouces, glabres, obtuses; pétiole long de 1 à 2 pouces, canalicuié, (Rox- Mira L. c.) — Ceite espèce croît dans les montagnes du nord du Bengale; ses fruits servent aux mêmes usages que le Poivre long. Porvrier Faux-Pipuz. — Piper pipuloides Roxb. 1. c c. pag. 157. — Feuilles ovales, ou _ovales-lancéolcés, équilatérates, acu- minées, 3-à 5-nervées, courtement pétiolées, glabres. Épis suh- De, cylindracés. — Tige et rameaux rampants. Feuilles longues de 3 à 5 pouces, larges de 1 pouce à 3 pouces. Baies plus petites que celles du Piper nigrum, obliquement ellipsoï- des, presque sèches. — Cette espèce croit dans les montagnes du Diner, ; ses épis 5 emploient aussi comme le Poivre long. Genre MACROPIPER. — = Macropiper Miq. Fleurs hermaphrodites, sessiles, 1-bractéolées, 3-andres, ou polyandres. Anthères sessiles, obiongues, 4-sulquées. Ovaire subglobuleux. Stigmates 3, ponctiformes. Baie monosperme. — Arbrisseabx où sous-arbrisseaux. Tiges dressées, flexueuses, cylindriques. Feuilles alternes, pétio- lées ; pétiole souvent réduit à une gaine membraneuse. Chatons solitaires ou fasciculés, axillaires, pédonculés, fili- formes, densiflores. (Miquel, L. c.) Ce genre appartint à ia Polynésie. Le MacroripEr A LON- GUES FEUILLES (Macropiper longifolium Miq. Comment. Phy- togr. p. 35. — Piper longifolium Forst. — Piper methy sti- cum Linn. fil), et le Macroprprr EnivRANT (Macropiper me- thysticum Miq. !. c.— Piper methysticum Forst. — Deless. fc. Sel. TI, tab. 80), sont remarquables par des propriétés nar- cotiques : les insulaires de l’ Océan Pacifique en préparent une boisson enivrante. BOTANIQUE. PHAN. T. XI. 2 CENT QUATRE-VINGT-DEUXIÈME FAMILLE. LES CHLORANTHÉES. — CHLORANTHEZÆ. Chlorantheæ R. Brown, in Bot. Mag. sub. tab. 2190. —E. Meyer, in Diss. de Houttuynia, p. 54. — Baril. Ord.: Nat. p. 85. — Blume, Flor. Jav. fasc. 8. — Chloranthaceæ Lindl. Nat. Syst. ed. 2, p. 188. — Endl. Gen. p. 264. — Biperacearum genn. Juss. — Dumort, — Lo- rarthearum genn. Reichb. Consp. p. 924 — Sunfalaceæ-Chlorantheæ Reichh. Syst, Nat. p. 167. Les Chloranthées ne diffèrent essentiellement des Pipéracées que par la position de l'ovule et de l’em- bryon; cette famille, entièrement exotique, ne renferme qu'un petit nombre d'espèces, lesquelles n'offrent d'ailleurs aucun intérêt particulier. CARACTÈRES DE LA FAMILLE, Arbrisseaux, où sous-arbrisseaux , où herbes ; sues- propres en général aromatiques. Rameaux opposés, noueux, articulés, feuillés. Feuilles opposées, pétiolées, simples (soit très-entières, soit dentées ou crénelées), penninervées, 2-stipulées ; pétioles de chaque paire soudés par la base en gaîne amplexicaule. Fleurs hermaphrodites ou diclines, apérianthées, péttes, 7 1-bractéolées, ou nues, sessiles, disposées en épis simples où plus souvent rameux, articulés. Étamines au nombre de 1, ou de 3, ou en nombre indéfini; celles des fleurs Ée Ne uih insérées sur la paroi de l’ovaire. Filets libres, ou monadelphes par la base, souvent très-courts. Anthères 1-ou 2-thèques, continues au filet. Bourses longitudinalement déluis- centes. FAMILLE DES CHLORANTHÉES. 19 Pistil : Ovaire simple, 1-loculaire, 1-ovulé, couronné d’un stigmate indivisé ou lobé, sessile, terminal, non persistant. Ovule orthotrope, renversé, attaché au sommet de la loge. Peéricarpe drupacé, r-loculaire, 1-sperme : noyau mince, fragile. | HN Graine périspermée, rénvérsée : técument membra- nacé, Périsperme copieux, charnu. Embryon petit, an- titrope, intraire, niché vers le sommet du périsperme : cotylédons très-courts, divariqués ; radicule infère. Cette famille renferme les genres suivants : Hedyosmum Swartz. (Tafalla Ruiz et Pav.)— Ascarina Forst.— Chloranthus Swartz. (Nigrina Thunb. Creodus Loureir. Cryphæa Hamilt. Peperidia Reichb.) QUARANTIÈME CLASSE. LES URTICINÉES. URTICINEÆ Burtl. CARACTÈRES. Herbes, ou arbrisseaux, ou arbres. Rameaux articulés (et noueux) ou inarticulés, le plus souvent subcylin- driques. Feuilles alternes (ou rarement opposées), simples, pétiolées, penninervées, ou subpalmatinervées, indivi- sées, ou lobées, le plus souvent dentées ou dentelées, stipulées, ou non-stipulées. Fleurs monoïques ou dioïques, petites, verdâtres. Inflorescence très-variée. Périanthe soit nul, soit incomplet (réduit à des squamules asymétriques), soit régulier (plus ou moins profondément 3-à 5-lobé), herbacé. Étamines en général en nombre défini (en même nombre que les lobes du périanthe et insérées à la base de ceux-ci). Filets libres, le plus souvent infléchis en préfloraison et se redressant ou se renversant avec élasticité au moment de la déhiscence des anthères. An- thères 2-thèques : bourses longitudinalement 2-valves. Pistil : Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé, inadhérent, r- style. Stigmate simple, ou 2-furqué, ou multifide. Ovule orthotrope, ou anatrope, ou campylotrope. Péricarpe carcérulaire, ou drupacé, 1-sperme, le plus souvent recouvert par le périanthe amplifié (sec ou charnu), ou moins souvent par un réceptacle charnu. 21 Graine périspermée ou apérispermée. Embryon homotrope ou antitrope, rectiligne, ou replié, ou spiralé ; cotylédons plans. Ceite classe, qui correspond à la famille des Urticées d'A. L. de Jussieu, comprend les Urticees, les Artocar- pees, et les Monimiees. * CENT QUATRE-VINGT-TROISIÈME FAMILLE. LES URTICÉES. — URTICEÆ. Urticacearum pars Juss. — Urticeæ De Cand, Flore Franc. — Bartl. Ord. Nat. p. 405. — Urticeæ veræ A. Rich. Bot. Méd. — Urticaceæ- Urticeæ Reichb. Consp. p. 82; id. Syst. Nat. p. 172 (excl. genn.) — Urticaceæ Endl. Gen. Plant. p. 282, et Cannabineæ, id. 1. c. p. 286. — Urticeæ-Elatostemeæ, — Urereæ, — Bæœhmerieæ, — Parictariee , — Forskahleæ, et Cannabineæ Gaudich. in Freycin. Voy. p. 492 et seq. Les propriétés physiques des Urticées s’éloignent beau- coup de celles de la famille des Artocarpées (lesquelles, sous le rapport des caractères techniques, ne diffèrent peut-être pas suffisamment des Urticées), qui sont carac- térisées la plupart par des sucs-propres laiteux et très- àcres ; les vraies Urticées, au contraire, ne contiennent que des sucs plus ou moins astringents ; toutefois quel- ques unes sont éminemment narcotiques, et un certain nombre d'espèces sont hérissées de poils roides dont l’attouchement cause, sur la peau, une irritation plus ou moins vive : phénomène connu sous le nom d’urtication, et qui paraît dû à la sécrétion d’un suc vénéneux. Le tissu fibreux de l'écorce des Urticées est tenace et tex- tile; aussi plusieurs espèces (notamment le Chanvre et quelques Orties) sont-elles célèbres par les filasses qu'elles fournissent (1). La plupart des Urticées habitent la zone équatoriale. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Herbes, ou sous-arbrisseaux, cu arbrisseaux. Sues (4) Suivant Roxburgh, une Urticée qu'il appelle Urtica tenacissima {mais qui sppartient sans doute à un autre genre), et qui croît à Suma- tra, fournit la filasse la plus tenace qu’on connaisse. FAMILLE DES URTICÉES. 95 point laiteux. Rameaux opposés ou épars, cylindriques. Feuilles opposées ou alternes, simples, pétiolées, penninervées et indivisées (rarement palmatinervées ou digitinervées, plus ou moins profondément lobées), 2-stipulées, ou non-stipulées, Stipules entières ou lobées, inadhérentes, persistantes, ou caduques, membranacées. Fleurs monoïques ou dioïques {par exception Rae games), bractéolées, ou ébractéalées, disposées en épis, ou en lise ou en fascicules, ou en capitules, ou agrégées sur un réceptacle charnu. Fleurs mâles : Périanthe herbacé, plus ou moins profondément 3-à 5-lobé, ou 3-à 5-parti (moins souvent tubuleux ou urcéolé, indivisé; par exception réduit à une squamule solitaire); segments égaux, imbriqués en préfloraison, étalés lors de l’anthèse, Étamines en nombre défini (égal à celui des lobes du périanthe), antéposées, insérées au fond du périan- the; filets libres, le plus souvent infléchis en préflorai- son, et se redressant ou se rejetant avec élasticité lors de l’anthèse, so:vent transversalement rugueux. Anthères 2-thèques, médifixes, longitudinalement déhiscentes; bourses parallèles, juxtaposées, quelquefois disjointes aux 2 bouts. Fleurs femelles : Périanthe (quelquefois nul) madhe- rent, persistant, tubuleux, ventru, 2-à 5-denté, ou 2-à 5-fide, moins souvent 2-parti ou trés-entier; lobes le plus souvent inégaux. Pistil : Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé, 1-stylé, inadhé- rent. Ovule en général orthotiope, dressé, attaché au fond de la loge. Style terminal ou sublatéral, soit simple et terminé par un stigmate longitudinal, ou eapitellé, ou pénicilliforme, soit bifurqué en deux stigmates alongés. 94 CLASSE DES URTICINÉES. Péricarpe membranacé, ou crustacé, où nuculaire, indéhiscent, nu, ou recouvert par le périanthe amplifié (par exception devenu charnu), 1-sperme. | Graine basifixe, dressée, périspermée, ou apérisper- née. Tégument mince, souvent adhérent à l’'endocarpe. Périsperme (rarement nul) charnu, plus ou moins co- pieux. Embryon ordinairement antitrope, le plus souvent rectiligne ; radicule supère. Ceite famille renferme les genres suivants : je TRIBU. LES URTICÉES VRAIES. — URTICEÆ VERÆ Bari. (Urticaceæ Endl. Urticaceæ - Urticeæ Dumort. ) Étamines à filets infléchis en préfloraison, se redressant ou se rejetant avec élasticité lors de l’anthese. Ovule orthotrope, dresse. Graine perispermee. Em- bryon rectiligne. SEcrTioN 1. ÉLATOSTÉMÉES, — Âlaiostemeæ Gaudich. Elatostemma Forst. — Sciophila Gaudich. — Pellio- nia Gaudich.— Langeveldia Gaudich. — Schychowkya Endl. — Pilea Lindl. (Pubreuilia Gaudich. Haynea Schumach. ) 13 Secrion II. URÉRÉES. — Urereæ Gaudich. Urtica Tourn. — Urera Gaudich. — Fleurya Gau- dich. —ZLaportea Gaudich. — Girardinia Gaudich. Section III. B@HMÉRIÉES. — Bœhmerieæ Gaudich. Bœhmeria Linn. — Duretia Gaudich. — Neraudia Gaudich.— Procris Commers. (Vaniera Lour.) SECTION IV. PARIÉTARIÉES. — Parictarieæ Gaudich. Parietaria Linn. — Gesnouinia Gaudich. — Freirea FAMILLE DES URTICÉES. 2,5 0 Gaudich. — Thaumuria Gaudich.— Pouzolzia Gaudich. — Rousselia Gaudich. — Soleirolia Gaudich. (Helxine Requien.) Secrion V. rORSRARLÉES. — Forskaïleæ Gaudich. Forskalea ann. Re Gaudich.— Australina Gaudich. — Clibadium Allem. Il TRIBU. LES CANNABINÉES.— CANNABINEÆ Gaudich. (U rticaceæ-Cannabineæ et Urticaceæ-Humulineæ Dumort. ) Étamines à filets rectilignes, point élastiques. Ovule campylotrope, suspendu au sommet de la loge. Em- bryon à cotyledons replies ou spirales, incombants. Périsperme nul. Cannabis Tourn. — Humulus Lainn. (Lupulus TFourn.) Genres voisivxs DEs URTICÉES. Stilago Lainn. — Antidesma Linn. — Pyrenacantha Hook. (1). — Putranjiva Wallich.—Nageia Gærtn. (2). — Scepa Lindl. — Lepidostachys Wallich. — Hymeno- carte Wallich. (3).—Thelygonum Linn. (4).—Gunnera (1) Ces trois genres constituent la famille des Antidesmées de Sweet, ou Stilaginées d’Agardh, qui différent des Urticées par des anthères à bourses transversalement déhiscentes, panla présence d’un disque hypo- gyne. et par l'ovaire contenant 2 ovules anatropes, suspendus au sommet de la loge. (2) M. Endiicher met les genres nue et Putranjiva à Ja suite des Antidesmées, (3) Les genres Scepa,' ne et Hymenocardia constituent la famiile des Scépacées de M. Lindiey, que cet auteur classe après les Bé- tulacées. (4) M. Endlicher fonde sur ce genre un groupe particulier (les Cyno- srambées), qu’il met à la suite de ses Urtlicacées. 926 CLASSE DES URTICINÉES. Linn. (Misandra Commers. Perpensum Burm. Panke Feuil. Disomene Banks et Soland. ) (1). lee TRIBU. LES URTICÉES VRAIES. -— URTICEÆ VERÆ Bt. Filets des étamines inflechis en prefloraison, se redres- sant ou se rejetant avec élasticité lors de l’anthèse. Ovule orthotrope, attache au fond de la loge. Graine perispermée. Embryon rectiligne. Genre ORTIE. — Uruica Tourn. Fleurs monoïiques ou dioïques, disposées en épis ou en capitules. - Fleurs-mäles : Périanthe 4-parti, régulier : seements concaves, valvaires en préfloraison. Etamines 4; filets filiformes, étalés après l’anthèse ; anthèreselliptiques, médifixes, échancrées aux 2 bouts ; connectif étroit, court, elliptique. — Fleurs-femelles : Périanthe 4-parti ; segments opposés-croisés, dressés, persistants : les 2 intérieurs conca- ves, plus grands, accrescents. Ovaire ovoïde, couronné d’un stigmate sessite, pénicilliforme. Nucule subcoriace, lisse, ovale, lenticulaire, recouverte par les segments intérieurs du périanthe (amplifiés mais point charnus). Graine adhé- rente. — Herbes annuelles ou vivaces, plus ou moins hé- rissées de poils irritants. Feuilles opposées, dentelées (ra- rement très-entières), 2-stipulées. Inflorescences axillaires, paniculées. Fleurs petites. — L’attouchement des Orties cause, sur la peau, une irritation plus ou moins doulou- reuse, analogue à celle d’une brûlure, et due à une liqueur (4) Suivant M. Gaudichaud, ce genre constitue üne tribu parmi es Urticées (les Gunnérées); M. Endlicher l’érige en groupe particulier ‘Gunnéracées) qu’il place à la suite de ses Urticacées ; M. Bennet, au coftrairé, sans assigner à ce genre une place déte:minéé, assure qu'il n’a aucune affinité avec les Urtictes. FAMILLE DES URTICÉES. 97 vénéneuse sécrétée par les poils de la plante : ces poils, roi- des et acérés, reposent sur une glandule dans laquelle se fait la sécrétion ; à l’état de dessiccation, les Orties, comme l'on sait, n’ort plus cette propriété (1). (1) Parmi les espèces exotiques qu'on rapporte à ce genre (mais qui probablement appartiennent à quelque autre genre voisin}, il en est plu- sieurs dont la piqüre est suivie d’accidents très-graves. De ce nombre est surtout l’Urtica crenulata, Roxb., indigène du Bengale. M. Leschenault, qui n'avait pas été suffisamment informé des propriétés pernicieuses de cette plante, la cueillit, sans autres précautions, au jardin botanique de Calcutta, et fut touché lévèrement à la main par une feuille. « Je ne res- « sentis d'abord, dit cet auteur, qu'une faible piqüre : il était 7 heures « du matin; la douleur ausmenta progressivement ; au bout d’une heure « elle était presque insupportable. Il me semblait qu’on me promenait « sur les doigts une lame de fer rougie. Il n’y avait cependant ni en- « flure, ni pustule, ni même inflammation. La douleur se propagea rapi- a dement tout le long du bras jusqu’à l’aisselle. Je fus ensuite saisi « d’un éternument fréquent, et d’un flux aqueux par les narines, comme « si j’eusse eu un violent rhume de cerveau. À midi environ, j'éprouvai a une contraction douloureuse dans la partie postérieure des mâchoires, « qui me fit craindre une atfaque de tétanos. Je me couchai, espérant « que le repos me soulagerait; mais les douleurs ne diminuèrent point; « elles persistérent avec violence pendant la nuit suivante presqué en- a tière; la contraction des mâchoires s'était dissipée vers 7 ou 8 heure: « du soir. Le lendemain matin le mal diminua sensiblement, et je mwen. « dormis. Je souffris encore beaucoup les deux jours suivants, et les dou- « leurs reprevaient pour un moment toute leur force, lorsque je plon- «geais la main dans l’eau. Elles se sont ensuite progressivement affaiblies ; « mais elles n’ont entièrement disparu que le 9: jour. » Le même bota- niste rapporte qu'un des employés du jardin de Calcutta, ayant éié frappé sur les épaules avec cette espèce d'ortie, en souffrit tellement pendant les deux jours suivants, qu’il se croyait à chaque instant sur le paint d'en mourir. L'éternument, le flux aqueux par les narines, la contraction des mâchoires furent considérables et durèrent plusieurs jours; ce ne fut qu'au bout de deux Semaines qu’il cessa de souffrir. Pour peu qu'on mouiliât les parties malades, il lui semblait qu'on ÿ ver- sait de l’eau bouillante. M. Leschenault cite encore comme très-vénéneuses : l'Ürticg stimu- lans, indigène de Java, et une espèce non décrite, qui habite Timor, où 28 CLASSE DES URTICINÉES. A. Fleurs des deux sexes en épis paniculés ou subcymeux, composés de glomérules pauciflores, sessiles. — Feuilles palmatifides ou incisées-dentées. a) Plante annuelle. ORTIE BRULANTE. — Ürtica urens Linn.— Engl. Bot. tab. 1236.— Flor. Dan. tab. 739.— Feuilles ovales ou ellipti- ques, longuement pétioléss, subquinquenervées. Fleurs monoï- ques. Épis denses, géminés, peu ou point rameux, plus courts que les pétioles. Plante plus ou moins hispide, haute de 6 à 18 pouces, ordinairement rameuse. Tige 4-gone. — Gette espèce, nommée vulgairement Petite Ortie, ou Ortie grièche, est com-. mune dans les décombres, les jardins et autres lieux cultivés ; c’est l’une des plantes que l’on rencontre le plus habituellement au voisinage des habitations, dans toute l'Europe, ainsi qu’en Sibérie, et jusqu'aux chalets les plus élevés des Alpes ; elle fleu- rit depuis le printemps jusqu’ez automne. Cette Ortie a une sa- veur légèrement stiptique; on l’employait jadis à titre de re- mède astringent et diurétique. b) Espèces vivaces. Orne proïque. — Urtica dicica Linn. — Flor.* Dan. tab. 746.—Blackw. Herbh. tab. 12. —Nees, jun. Gen. Piant.… (anal.) - Urtica angustifolia Fisch. in Horn. Hort. Hair. Suppl. p. 107. (var.) — Üriica hispida De Cand. Fiore Franc. — Feuilies ovales, ou oilongues, ou sublancéolées, pétiolées,. incisées-dentées, ordinairement cordiformes à leur base. Fleurs diviques ou polygames. Épis paniculés, pendants, géminés, plus longs ou aussi longs que les feuilles-florales. — Plante haute de 2 à 5 pieds, en général très-hispide. Racine rampante. Tiges . on la nomme Daoun sélan, c'est-à-dire feuille du &iable, et dont la pi- qûre passe pour être presque mortelle. L'Urtica heterophylla Roxb., qui croit dans les montagnes du Ma- labar, cause aussi des douleurs insupportables, mais heureusement de peu de durée. FAMILLE DES URTICÉES. 29 dressées, grêles, tétragones, peu ramenses, touffues. — Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Grande Orlie, Ortie commune, et Oriie vivace, croît dans les haies, les buissons, les décombres, etc. C’est une exceilente plante fourragère, qui offre l’avaniage de prospérer dans les terrains même les plus ari- des, et d’être plus précoce que la plupart des autres fourrages; en Suède, on la cultive, de temps immémorial, à cet usage. Dans le nord de l’Europe, ses jeunes-pousses sont recherchées comme herbe potagère. Ses tiges fournissent une filasse mférieure en qualité à celle du chanvre, mais qui peut s’employer avec avantage à faire des tissus grossiers et du papier. Les graines sont une fort bonne nourriture pour la volaille. ORTIE À FEUILLES DE CHANVRE. — Üriica cannabina Lion. — Amman. Ruth. p. 173, tab. 25. — Feuilles 3-ou 5-parties : segments linéaires-lancéolés ou chlongs-lancéolés, pointus, inei- _sés-dentés. Fleurs monoïques. Épis paniculés, dressés, sugé- minés, plus courts que les feuilles florales. — Plante plus où moins hispide, haute de 3 à.6 pieûs. Racine rampante, Tiges touffues, dressées, plus ou moins rameuses, grêles, tétragones. — Cette espèce croit en Sibérie et au Kamtchatka. Les habi- tants de ces contrées font, avec la filasse de ses tiges, des filets, des cordages, du fil à coudre, ctc. B. Fleurs-males en épis paniculés, composées de fascicules pauciflores. Fleurs-femelles en capitules glebulex, lon- guement pedonculés. — Feuilles tantôt très-entières, tan- 16€ dentées. ORrrE PILULIFÈRE. — Üriica piluli/era Lino. — Ensi. Bot. tab. 148. — Nees, jun. Gen. Plant. (anal.) — Blackw. Herb. tab. 321, fig. 1. — Urtica balearica Wild. — Urtica Dodartii Linn.— Plante annuelle, plus ou mçius hisnide, haute de 6 à 18 pouces. Tige simple ou rameuse, faible, sub- cylindrique. Feuilles ovales, po:ntues, longuement pétiolées. In- florescences pendantes, subfasciculées. Capitules - fructiféres du volume d’un gros Pois. — Cette espèce, nommée vulgairement Ortie romaine, habite la région méditerranéenne. «. 30 CLASSE DES URTICINÉES, Genre PARIÉTAIRE. — Parieraria Toutn. Fleurs polygames, disposées en cymes ou en glomérules. — Fleurs-hermaphrodites : Périanthe 4-fide, régulier : segments concaves. Etamines 4; filets filiformes, transver- salement plissés, étalés après l’anthèse ; antlières suboordi- : formes, rétuses, supra-basifixes : connectif étroit; bourses contiguës antérieurement. Ovaire substipité. Style court, terminal,couronné d’un stigmate pénicilliforme. — Fleurs- femelles : Périanthe tubuleux ou ovoïde, 4-denté. Pistil à style saillant, plus allongé que dans les fleurs hermaphro- dites. — Nucule lenticulaire, testacée, recouverte par le périanthe peu amplifié et sec. Graine adhérente. — Herbes annuelles ou vivaces. Feuilles alternes, pétiolées, entières, ponctuées, triplinervées. Inflorescences axillaires, sessiles, solitaires, androgynes, accompagnées d’un involucre de . plusieurs bractées. Fleurs petites. PARIÉTAIRE OFFICINALE. — Parietaria officinalis Linn. — Engl. Bot. tab. 879. — Flor. Dan. tab. 521.— Bull. Herb. tab. 199.— Tiges dressées, peu rameuses. Feuilles elliptiques ou oblongues, acuminées aux 2 bouts. Glomérules multiflores, dichotomes. — Herbe vivace, multicaule, touffue, pubescente. Tiges hautes de 1 pied à 18 pouces, rougcâtres. Feuilles un peu scabres, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle ou glau- que en dessous. Fleurs verdâtres. Bractées sessiles, un peu plus courtes que les fleurs. Nucules noirâtres, luisantes. — Cette plante, connue sous les noms vulgaires de Parietaire, Pari- toire, Casse-pierre, Perce-muraïlle, Vitriole, Panatage et Herbe de Notre-Dame, est commune dans les décombres et les fentes des vieux murs; elle fleurit tout l’été. Ses feuilles et ses tiges contiennent beaucoup de nitrate de potasse; on les emploie comme remède diurétique. PaRIÉTAIRE DIFFUSE. — Parietaria diffusa Mert. et Koch. — Parieiaria judaica Schk. Handb. tab. 346. (non Linn.) — Tiges procombantes ou diffuses, Feuilles elliptiques-oblongues, FAMILLE DES URTICÉES, 31 acuminées. Involueres 7-ou 9-fides, 3-ou 5-flores : la fleur moyenne femelle; les latérales hermaphrodites. = Cette espèce, vulgeirement confondue avec la précédente, croît dans des loca- lités semblables, et pessède aussi des propriétés diurétiques. ie I TRIBU. LES CANNABINÉES, — CANNABINEÆ B'ume. Étamines à filets rectilignes, point élastiques. Ovule campylotrope, suspendu. Embryon à cotylédons repliés ou spirales, incombants. Périsperme nul (9 du moins réduit à une membrane mince ).. Genre CHANVRE. — Cannabis Tourn. Fleurs dioiques : les mâles en panicules; les femelles en glomérules disposés en épis. — Fleurs-méles : Périanthe régulier, 5-parti : segments imbriqués en préfloraison, étalés lors de l’anthèse. Etamines 5, pendantes; filets courts, filiformes ; anthères grandes, versatiles, basifixes, oblongues , 4-sulquées; connectif inapparent. — Fleurs- * femelles : : Périanthe réduit à une squamule enveloppant l'ovaire. Ovaire subglobuleux. Style court, terminal, terminé en 2 stigmates filiformes. Nucule ovoïde, tes- tacée, bicarénée, recouverte par le périanthe peu ampli- fé, herbacé. Graine à tégument verdâtre, membranacé, adhérent : embryon huileux, replié : radicule longue, su- père.— Herbe annuelle. Feuilles comme digitées, pétiolées : les inférieures opposées ; les supérieures alternes ; segments dentelés ou incisés-dentés. Inflorescences axillaires : les mâles pendantes, aphylles, lâches, bractéolées; les fe- melles dressées, denses, feuillées à la base. — L'espèce dont nous allons traiter constitue à elle seule le genre. CnaNvre CULTIVÉ. — Cannabis sativa Linn. -= Nees, jun. Gen. (anal.)— Blackw. Herb. tab. 322.— Plante pabérule, haute de 3 à 10 pieds. Racine fibreuse. Tige dressée, effilée, 32 CLASSE DES URTICINÉES. cylindrique, simple on peu ramense, un peu scabre. Fenilles d’un vert foncé en dessus, d’un vert glaique en dessous : les inférieures 5-ou 7-varties ; les supéricures 2-parties; seg- ments lancéolés ou lancéolés-hnéaires, pointus. Ficurs-mâles petites, d’un jaune verdätre, courtement pédiceliées ; l'ractéoles minimes, subulées. Périanthe à segments ob'ongs où cSlongs- lancéolés, un peu plus ceurts que les étamines. — Périanthe des fleurs-femelles tubuliforme, ventru à la base. Stigmates pubes- cents. Nucules petites, grisâtres.—Le Chanvreest originaire d'O- rient: cultivé, depuis plusieurs siècl:s, en Exrope, il s’y trouve nturalisé dans beaucoup de contrées. À l’état frais, cetté plante a des propriétés narcotiques :rès-énergiques, ettontes ses parties exhalent une odeur particulière très-urte ; on prétend même que les émanations des chenevières peuvent causer des vertiges et des maux de tête. En Orient et dans l'Inde, on fait, avec les feuilles du Chanvre, une préparation enivrante (appelée kachich par les musulmans), dont les effets sont analogues à ceux de l’opium; dans ces mêmes contrées, on a coutume de fumer des feuilies de Chanvre, soit pures, soit mêlées au tabac; maïs l’a bus de ces habitudes agit d’une manitre très-perniciense sur la constitution physique et morale. Les graines de Chanvre (qu’on nomme vulgairement Chènepvis) sont excellentes pour engraisser la volaille; l'huile grasse qu’on en exprime s'emploie, ea thé- rapeutique, à des émulsions adoucissantes ; en Russie, elle sert aux paysans à la préparation des aliments; de même que l'huile de lin, elle est siccative : propriété qui la rend propre à la pein- ture. Tout le monde sait qu’en Europe le Chanvre se cultive en grand, à cause de la filasse que fournissent ses tiges ; toutefois, l'usage des toiles de Chanvre n’est répandu en Furope que de- puis trois siècles : avant cette époque, on ne connaissait que les toiles de lin ; la reine Catherine de Médicis, épouse de Hesri Lis possédait deux chemises de toile de chanvre, lesquelies étaient une nouveauté à cette époque. La culture du Chanvre n’est avantageuse que dans un sol meuble, tres-fertile et un peu hu- mide. Le Chanvre de Piémont est une variété plus élancée que le Chanvre commun. FAMILLE DES URTICÉES. 45.180 Genre HOUBLON. — Æumulus Lann. Fleurs dioïques : les mâles en panicules cymeuses ; les femelles en capitules pédonculés. — Fleurs-mäles : Périan- the 5-parti, régulier; segments étalés lors de l’anthèse, imbriqués en préfloraison. Etamines 5; filets très-courts; anthères oblongues, basifixes, 4-sulquées, apiculées ; con- nectifinapparent.—#leurs-femelles : Périanthe réduit à une squamule embrassant l'ovaire, accrescente après la florai- son. Ovaire ovoïde, un peu comprimé, couronné de 2 stig- mates subulés, pubérules. Chaque capitule femelle devient une sorte de strobile, composé d’écailles (les périanthes amplifiés) foliacées, imbriquées, portant chacune à sa base une petite nucule subglobuleuse, pulvérulente. Graine à tésument membranacé, adhérent ; embryon roulé en forme de crosse : cotylédons linéaires; radicule allongée, cylin- dracée. — Herbe vivace, volubile, très-longue, Feuilles opposées, péticlées, palmati-lobées, dentelées. [nflores- cences axillaires, pendantes. Panicules-mâles multiflores, lâches, subtrichotomes; pédicelles filiformes, 1-bractéo- lés- à La base. Capitules-femelles solitaires ou en pani- cule, longuement pédonculés, composés de bractées her- bacées, serrées, 2-flores, point accrescentes. — L'espèce suivante constitue à elle seule le genre. HousLon cuzrivé. — Humulus Lupulus Linn, — Bull. Herb. tab. 234.—Engl. Bot. tab. 497.1 Nees, jun. Gen. (anal) — ZLupulus scandens Lamk. — Lupulus communis Gærtn.—Tiges longues de 12 à 30 pieds, très-grêles, rameuses, un peu scabres, de même que les autres parties herbacées de Ja plante. Feuilles palmées, cordiformes à la base, 3-ou 5-lobées (les ramulaires cordiformes ou ovales, indivisées) : lobes acu- minés. Stipules entières ou bifides, ovales. Fleurs-mäles d’un jaune verdâtre : segments du périanthe oblongs, subobtus, à peu près aussi longs que les étamines; bractéoles dentiformes. Strobiles ovoïdes ou ellipsoïdes, obtus, longs de ‘/: pouce à BOTANIQUE. PHAN. T. XI. 3 94 (CLASSE DES URTICINÉES: 1 pouce; écailles ovales, subacuminées. — Le Houblon est commun dans presque toute l'Europe, dans les haies et les buissons ; on le cultive en grand dans plusieurs départements du nord de la France, et surtouten Allemagne ainsi qu’en An- gleterre. Ce sont les cônes (fruits accompagnés des écailles-flo- | rales amplifiées) de cette plante, recueillis un peu avant la par- faite maturité, et séchés à une chaleur douce, qui constituent le Houblon du commerce, et qui, comme Von sait, sont un in- grédient indispensable à la fabrication de la bière. Ges fruits et leurs écailles ont une saveur amère, jointe à une odeur forte et aromatique : qualités dues à une matière résineuse qui se trouve à leur surface, sous forme d’une poussière jaunâtre, et à laquelle on a donné le nom de lupuline ; on les emploie, en thérapeu- tique, à titre de remède tonique, diurétique et antiscorbuti- que ; à forte dose, ils sont un peu narcotiques. Les jeunes-pous- ses de Houblon ont une saveur et une odeur analogues à ceux des fruits, mais à un degré moins prononcé. On les mange cui- tes, comme herbe potagère. CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME FAMILLE. LES ARTOCARP ÉES. — ARARSRERSS Urticacearum pars, Juss. Gen..— Artocarpeæ De Cand. Flore Franc. _ R. Brown, in Tuck. Conso. — Bartl. Ord. Nat. p. 104. — Urticeæ- Artocarpeæ À. Rich. Bot. Méd.— Reichenb. Syst. Nat. p. 172. —Urti- ceæ-Dorstenieæ Reichb. Consp. — Sycoideæ Link, Handb, — Ficineæ et Artocarpideæ Dumort. Fam.— Artocarpeæ et Moreæ Endl. Gen. — — Urticeæ-Broussonetieæ, Cecropieæ, Moreæ, Chlorophoreæ, Ficeæ, Dorstenieæ, Artocarpeæ, et Pouroumeæ Gaudich. Les Artocarpées contiennent des sucs-propres lai- teux, en général plus ou moins âcres et quelquefois très-délétères ; néanmoins plusieurs espèces, telles que les müriers, l'arbre à pain, quelques figuiers, etc., pro- duisent des fruits comestibles. Le liber de beaucoup d’Artocarpées consiste, comme chez les Uriicées, en fibres très-tenaces et textiles. La plupart des espèces de cette famille habitent la zone équatoriale. CARACTÈRES DE LA FAMILLE, Arbres ou arbrisseaux ; quelques espèces seulement sont des Lerbes. MAN pe laiteux, Rameaux lies cylindriques, quelquefois noueux. Feuilles alternes (rarement opposées), pétiolées, sim- ples, pennatilobées, où palmées, ou indivisées (soit très- entières, soit dentées), stipulées. Stipules persistantes ou caduques, inadhérentes, soit bilatérales et planes, soit solitaires -oppositifoliées, spathacées, enveloppant les feuilles en vernation. Fleurs monoïques ou dioïques, quelquefois apérian- thées, agrégées en épis, ou en capitules, ou à la surface interne de réceptacles concaves et charnus. 36 CLASSE DES URTICINÉES. Fleurs-males. Périanthe nul, ou tubuleux (soit indivisé, soit 2-à 5-fide), ou 2-à 5-parti, herbacé, ou membranacé; estiva- tion imbricative. Étamines en même nombre que les lobes du périan- the (ou quelquefois moins) et insérées à la base de ceux- ci, antéposées. Filets fiiformes ou subulés, lisses, ou transversalement rugueux, libres (rarement monadel- phes),rectilignes ou indupliqués en préfloraison (dans ce dernier cas ils sont élastiques), quelquefois très-courts. Anthères dressées ou incombantes, extrorses, ou intror- ses, ou latéralement déhiscentes, 2-thèques : bourses longitudinalement 2-valves, parallèles, contiguës, ou séparées par un connectif plus où moins large. Fleurs-femelles. Périanthe nul, ou à peu près conforme à celui des fleurs-mâles, en général accrescent. Opaire inadhérent, 1-loculaire (par exception 2-locu- laire), 1-ovulé, à stigmate simple, ou bifide, ou rarement multifide, ordinairement terminal. Ovule soit orthotrope et attaché au fond de la loge, soit anatrope ou campy- lotrope et suspendu au sommet de la loge, soit amphi- trope et pariétal. Péricarpe : Nucule membranacée, ou coriace, Ou 0s- seuse, 1-sperme, le plus souvent recouverte par le pé- rianthe amplifié et charnu : tous les périanthes du même capitule ou épi soudés de manière à simuler une baie syncarpienne ; chez les espèces dont les fleurs sont por- tées à la surface interne d’un réceptacle concave, celui- ci devient charnu, et finit par simuler une baie po- lysperme. Graine dressée, ou suspendue, ou appendante ; tégu- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. ET. ment coriace, ou crustacé, ou membranacé. Périsperme nul ou charnu. Embryon homotrope ou antitrope, recti- ligne, ou courbe, central lorsque la graine est périsper- mée; radicule courte ou allongée, supère, ou transverse relativement au hile; cotylédons minces ou charnus, sublinéaires, quelquefois très-inégaux. Cette famille comprend les genres suivants : Ie TRIBU. LES MORÉES. — MOREÆ Eudl. Opaire 1-loculaire, 1-ovule; ovule campylotrope, sus- pendu au sommet de la loge; micropyle supere. Graine périspermée; embryon homotrope, central, oncine : radicule supere.— Nucules soit recouvertes par leur perianthe devenu charnu, soit adhérentes à la paroi interne d’un réceptacle charnu, soit enfoncees chacune dans une foveole d’un réceptacle charnu et presque plan, soit portées chacune sur un stipe charnu. Epicarpurus Blum. (Albrandia Gaudich). — Morus Tourn. — Fatoua Gaudich. — Maclura Nutt. (loxylon Rafin. Chlorophora Gaudich.) — Broussonetia Vent. (Papiria Lamk.) — Ficus Tourn. (Erosma Roth.)— Dorstenia Plum. (Kosaria Forsk.) — Sychinium Desv. Ile TRIBU. LES ARTOCARPIDÉES. — 4RTOCAR- PIDEÆ Dumoit. | Artocarpeæ End. ) Ovaire 1-loculaire, 1 -ovulé ; ovule soit orthotrope et at- tache au fond de la loge, soit amphitrope et parietal (a micropyle supère), soit anatrope et suspençlu au som- met de la loge. Graine aperispermee ; embryon rectili- gneou courbe, homotrope, ou antitrope; radicule supère ou transverse. — Nucules recouvertes par un perianthe charnu, ou par un réceptacle soit sec, soit charnu. Brosimum Swariz. (Pivatinera Aubl.) — Galactoden- 58 CLASSE DES URTICINÉES. drum Humboldt. — Antiaris Lesch, — Olmedia Ruiz et Pavon. (Maquira Aubl.) — Sorocea Aug. Saint-Hil, — Cecropia Linn.—MusangaR. Br.— Coussapoa Aubl.— Myrianthus Pal, Beauv. — Artocarpus Linn. (Sitodium Banks. Polyphema Loureir. Rademachia Thunb. Soccus Rumph. Rima Sonnerat. ) — Conocephalus Blum. — Gynocephalium Blum. — Trophis P. Browne, | III: TRIBU (1). LES PLATANÉES. — PLATANEÆ Lestib. Arbres à sucs-propres aqueux. Ovaire a tantôt 1-ovulé, tantôt 2-ovule; ovules (superposes lorsqu'il y en a 2) orthotropes, renversés, parietaux. Nucules nues, 1-loculaires, x-spermes. Graine à périsperme mince, charnu ; embryon antitrope, rectiligne : radi- . cule infere. Platanus Linn. IVe TRIBU. LES BALSAMIFLUÉES. — BALSAMI- FLUÆ Plume. Arbres à sucs-propres résineux, balsamiques. Ovaire 2-loculaire, multi-ovule ; ovules amphitropes, attaches à la cloison. Capsules 2-loculaires, 2-valves, soudées en syncarpe globuleux. Graines à périsperme mince, « 0 “Je . A cartilagineux ; embryon rectiligne : radicule supere. Liquidambar Linn. (Altingia Noronh.) GENRES INCOMPLÉTEMENT CONNUS, rapportés avec doute à la famille des Artocarpees. Pourouma Aubl. — Bruea Gaudich. — Perebea ren — Bagassa Aubl. — Castilloa Cervant. — Aporosa Blum, — Sciaphila Blum. — Tinda Rheede. (1) Gonsidérée comme famille distincte par M. Lestiboudois, ainsi que par MM, Lindley, Endlicheret autres, FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 39 Genre MURIER. — Morus Tourn. Fleurs dioiques ou rarement monoïques (1), ébrac- téolées, disposées en épis pédonculés. — Fleurs-mäles : Périanthe submembranacé, profondément 4-fide : seg- ments concaves, égaux, finalement étalés ; estivation im- bricative. Étamines 4 : filets filiformes, indupliqués en préfloraison, se redressant élastiquement lors de l’an- thèse, finalement appliqués aux segments du périanthe; anthères réniformes-orbiculaires, didymes, médifixes, in- nées, extrorses en préfloraison : connectif petit, subovale. — Fleurs-femelles : Périanthe 4-parti, accrescent, recou- vrant l’ovaire : segments bisériés, opposés-croisés, égaux, charnus, cuculliformes-obovales, très-obtus, dressés, ap- pliqués. Ovaire ovoïde, 1-loculaire (2), 1-ovulé, cou- ronné de 2 stigmates filiformes ou subulés, divergents, sessiles, marcescents; ovule campylotrope, suspendu vers le sommet de la loge. Nucules ovoïdes, subtrigones, dru- pacées (épicarpe gélatipeux, finalement Re endocarpe testacé), recouvertes chacune par son périanthe amplifié et devenu pulpeux ; les périanthes de chaque ca- pitule finissent par s’entre-sreffer, de manière à simuler une baie syncarpienne, mamelonnée, polysperme (3). Graine inadhérente, périspermée; tégument membra- nacé; embryon central, arqué : radicule snpère.— Arbres ou arbrisseaux. Suc-propre laiteux, blanchâtre, peu ou point âcre. Rameaux cylindriques, inarticulés. Bourgeons écailleux. Feuilles alternes, pétiolées, 2-stipulées, point per. sistantes, dertées, où crénelées, ordinairement acuminées, (1) On a admis à tort que les Müriers (du moins la plupart des espè- ces) sont constamment monoïques. (2) Maloré nos recherches nous n’avons jamais trouvé que l’ovaire des Müriers fût 2-loculaire, comme le prétendent quelques auteurs, (5) M. de Mirbel désigne ce fruit par le'nom de sorose. | 40 CLASSE DES URTICINÉSS, de formes très-variables chez la plupart des espèces (tantôt indivisées, tantôt palmati-lobées ou irrégulièrement lo- bées), ordinairement cordiformes à leur base. Stipules membranacées, planes, striées, subinéquilatérales,, ca- duques. Inflorescences naissant aux aisselles des jeunes feuilles et à la base des jeunes pousses (parfois aussi de bourgeons latéraux aphylles), solitaires, pédonculées. Epis-mâles grêles, denses, cylindracés, un peu interrom- pus, pendants, plus longuement pédonculésquelesinflores- cences femelles, non-persistants. Epis-femelles ovoïdes, ou cylindracés, ou capitelliforines, pendants, ou dressés, ou subhorizontaux, courts. Périanthe-mâle petit, semi- diaphane, d’une jaune verdâtre. Etamines incluses ou saillantes ; filets blanchâtres ; anthères petites, jaunes, mu- cronulées. Stigmates plus ou moins divergents, souvent plus ou moins roulés en crosse. Capitules-fructifères co- lorés, succulents. Périsperme charnu, huileux. Cotylédons- oblongs ou elliptiques, obtus, incombants; radicule cylin- dracée, obtuse, allongée. — Les fruits des Muüriers sont mangeables, acidules avant leur maturité, finalement plus ou moins sucrés. Plusieurs espèces de ce genre sont, comme l'on sait, précieuses parce que leurs feuilles servent de nour- riture aux vers à soie. La plupart des espèces habitent l’Asie tempérée ou l'Asie intertropicale ; aucune des espèces cultivées en Europe n’est indigène, mais plusieurs y sont parfaitement naturalisées dans les contrées voisines de la Méditerranée. | A. Pédoncules-fructiferes point pendants. a) Stigmates libres dès leur base. Murier Norr. — Morus nigra Linn. — Blackw. Herb. tab. 126. — Düham. Arb. vol. 1, tab. 8. — Duham. ed. nov. vol. 4, tab. 23.— Wais. Dendr. Brit. tab. 15a.— Nees, jun. Gen. (anal.) — Feuilles scabres et rugueuses en dessus, hispidules ct réticulées en dessous, le plus souvent indivisées, cordiformes ; pétiole cylindrique, point canaliculé, Stipules oblongues ou el- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. A1 liptiques-oblongues, obtuses, ciliées. Fleurs diviques. Étamines 1 fois plus longues que le périanthe. Stigmates filiformes, co- ionneux, un peu plus longs que l’ovaire. Syncarpes ovoïdes ou ellipsoïdes, courtement pédonculés.— Arbre atteignant (dans les climats chauds) 30 à 45 picds de haut, sur 1 à 2 pieds de diamè- ire. Racines longues, rampantes. Tronc à écorce épaisse, noi- râtre, rimeuse. Branches divariquées, nombreuses, formant une têle assez touffue. Bois jaunâtre, assez dur, tenace. Écorce des rameaux lisse, d’un brun de châtaigne. Jeunes - pousses coton- neuses. Bourgeons ovoïdes, pointus, courts, apprimés, à 6 écail- les brunâtres, imbriquées, arrondies. Feuilles fermes, point lui- santés, d’un vert foncé en dessus, d’un vert glauque en dessous, plus ou moins fortement dentelées ou crénelées, profondément cordiformes à la base, en général ovales, indivisées, moins sou- vent soit 3-ou 5-lobées, soit indivisées d’un côté, et irréguliè- rement lobées de l'autre côté; lobes ordinairement arrondis, peu profonds ; les feuilles des ramules-florifères larges de 1 pouce à 4 pouces ; celles des scions souvent larges de près de 6 pouces; pétiole pubcrule, cylindrique, long de 6 à 12 lignes. Stipules rougeâtres, de la longueur du pétiole. Épis-mâles longs d’envi- ron 1 pouce, à pédoncule plus long que le pétiole, pubescent de même que le périanthe. Périanthe à segments elliptiques, poin- tus. Capitules-femelles ovoïdes, ox subglobuleux, petits, à pé- doncule plus court que le pétiole, pubescent de même que le pé- rianthe. Stigmates moins grêles que ceux des espèces congénères. Syncarpes assez gros, longs de /, pouce à 1 pouce, écarlates avant la parfaite maturité, finalement d’un violet noirâtre. Nu- cules jaunâtres, plus grosses que celles des espèces suivantes. Le Hürier noir, cultivé de temps immémorial en Orient e« dans le nord de l’Afrique, à titre d'arbre fruitier, passe pour originaire de Perse; les anciens, à ce qu’il paraît, ne connais- salent pas d’autre espèce de ce genre, et c'est d’elle que Théo- phraste fait mention sous le nom de $ycaminon. Ce Mürier est encore la seule espèce qu’on cultive eu Europe comme arbre fruitier, car ses congénères ne produisent que des fruits beau- coup plus petits et de qualité inférieure. Les feuilles du Mûrier 492 CLASSE DES URTICINÉES. noir peuvent, au besoin, servir d’aliment aux vers à soie ; mais on ne les emploie à cet usage qu’à défaut du Mürier blane, parce qu’on n’en obtient qu’une soie de qualité inférieure. Les fruits du Mürier noir sont rafraichissants et légèrement laxatifs. Ges fruits, cueillis avant leur parfaite maturité, servent à la prépa- ration du sirop de müres; mais on leur substitue souvent, à cet usage, les müres sauvages (fruits du Rubus fruticosus), qui sont beaucoup plus communes, et possèdent les mêmes propriétés. Le bois du Mürier noir est employé par les tourneurs ; il donne une teinture de couleur olive très-durable. Les couches filan- dreuses de l’écorce peuvent servir à faire des cordages et du pa- pier. Cet arbre est assez sensible au froïd ; dans le nord de la France, il reste bas, et il ne prospère que dans des situa- tions abritées ; néanmoins il fructifie encore, en plein air, en An- gleterre. De même que tous ses congénères, il se multiplie fa- cilement de boutures et de marcoties ; il se plaît dans les sols secs et légers. MuriEr BLANC. — Morus alba Lion. — Schk. Handb. tab. 290.— Nees, jun. Gen. (anal.) — Lamk. III, tab. 762, fig. 2. — Feuilles lisses, luisantes, point rugueuses, glabres en dessus, pubescentes en dessous aux aisselles des nervures, d’un vert gai aux 9 faces, finement veinées, en général acuminées ; pétiole sub- cylindrique, canaliculé en dessus. Stipules linéaires-lancéolées ou oblongues-lancéolées, longuement acuminées, glabres. Fleurs monoïques ou dioïques. Étamines à peine plus longues que le périanthe. Stigmates filiformes, velouiés, plus courts que l’o- vaire. Syncarpes ovoïdes, ou oblongs, ou subglobuleux, plus ou moins longuement pédonculés. — 4 : Commun. — Morus alba auctorum.—Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 138.— Morus tatarica Pallas, Flor. Ross. IL, tab. 52.— Aubier blanchätre, Feuilles ovales, ou elliptiques, ou ovales-oblongues, où diversement lobées, en général pointues ou courtement acurminées, dentées, ou cré- nelées, à base cordiforme (ou moins souvent arrondie; rare- ment tronquée). Capitules-fructiferes petits, blancs, ou grisä- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 43 tres, ou lilas, en général à Page aussi TE 4 les pédon- - cules. —$ : Nenveux. — Morus venosa Delile. — Feuilles oblon- à gues, ou lancéolées-oblongues, ou lancéolées, acuminées, irré- gulièrement incisées-dentées, fortement pennineryées. Capitu- “les Ron petits, blancs. — d à DE aan Morus constantinopolitana Poir. Enc. — Duham. ed. nov. vol. 4, tab. 24. — Morus by- zantina Sieber. — Arbrisseau de 5 à 10 pieds, touffu, ra- meux presque dès la base. Feuilles grandes, cordiformes, in- divisées, crénelées, acuminées-cuspidées. Capitules-fructifères assez gros, ellipsoïdes, blancs, plus longs que les pédoncules. — 7 : D'Iranre. — Morus italica Poiret, Encycl. — Morus Moréttiana et Morus patavina Hor Feuilles variant de forme comme celles du Mürier blanc com- mun. Capitules-fructifères rouges ou d’un pourpre noirätre, en général ovoides ou subglobuleux, petits, à peine aussi longs que les pédoncules. A geatre. _ Arbres’élevant au plus à 30 pieds, dans le nord de la France, mais atteignant, dans le midi de l'Europe, jusqu'a 5o pieds de haut, à tronc de 6 à8 pieds de circonférence. Racines rampantes. Troncà écorcegrisâtre, finalement rimeuse. Branches nombreuses, diffuses, formant unetête plus où moins arrondie. Bois d’un jaune pale, assez dur, d’un grain fin. Feuilles longues de 1 pouce à 6 pouces, quelquefois aussi larges que longues, minces, fortement dentées ou crénelées, tantôt indivisées, tantôt indivisées d’un côté et plus ou moins profondément lobées de l’autre côté, tantôt régu- lièrement 3-ou 5-lebées ; dents ou crénelures obtuses ou pointues, égales ou inégales ; lobes subovales ou arrondis (les latéraux obtus , le terminal ordinairement acuminé), séparés par des sinus tantôt étroits, tantôt plus ou moins larges. Pétiole long de :/1 pouce à 1 ‘/2 pouce, grêle, glabre. Stipules verdâtres, à peu prèsaussi longues que le pétiole. Épis-mäles longs de "/ pouce à 1 pouce, déhordant les pétioles ; pédoncules très-grêles. Pé- + | 44 CLASSE DES URTICINÉES. rianthe à segments elliptiques-oblongs, subobtus, glabres. Capi- tules-femelles longs de 2 à 4 lignes, débordés par les pétioles. Syncarpes longs de 4 aN2 lignes. Nucules petites, jaunâtres. Cette espèce, aujourd’hui naturalisée dans toute l’Europe mé-- ridionale, ainsi qu’en Orient, passe pour originaire de Perse ou de Chine; jusqu’à l’époque, encore très-récente, de l’introduc- tion du Müûrier multicaule, c’était elle seule qu’on cultivait en Europe, pour la nourriture des vers à soie. Sous le règne de Justinien, on commença à cultiver le Mürier blanc en Grèce et dans l’Asie Mineure, où il fut apporté de Perse; en 1230, il passa en Sicile, d’où il ne fut transporté en Provence qu’en 1494; mais ce n’est qu’à partir du règne de Henri IV qu’on peut dater la multiplication de ce précieux végétal en France. Du reste, le Mürier blanc est plus rustique que le Mürier noir; il résiste parfaitement aux hivers Les plus rigoureux du nord de la France; et, à la faveur de situations abritées, on le cultive en Alle- magne jusque vers le 55° degré de latitude ; et en Russie, jus- qu’au Do : toutefois, dans ces contrées, l’extrémité des rameaux gele assez souvent en hiver. Cet arbre se refuse à croître dans les sols humides ou tenaces, tandis qu’il craint peu la sécheresse. Comme il supporte très-bien la taille, on l’emploie souvent, dans le midi, en place du Hêtre ou du Charme, qui viennent mal dans les localités arides, pour former des charmiilles ou des palissades vivantes. Le bois du Mûrier blanc est d’une grande ressource pour les contrées méridionales de l’Europe; on lem- ploie à des ouvrages de tour, de menuiserie, de charronnage, et surtout à la confection des barriques à vin ; on le recherche éga- lement pour les échalas et les treillages, puisqu'il dure autant que le bois da Châtaignier ; enfin, on en peut obtenir, surtout de celui des racines, une teinture d’un jaune très-solide, et, à ce qu’on assure, aussi belle que celle du fustet. L’écorce con- tient une filasse propre à fabriquer des cordages et du papier. Les feuilles sèches sont fort goûtées du bétail. Les fruits ont une saveur sucrée, mais fade; aussi ne sont-ils guère recherchés comme aliment ; on les emploie à engraïsser la volaille, qui Les dévore #xcc avidité; tous les oiseaux frugivores en sont très- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 45 friands. En Allemagne, on en prépare du vinaigre et des si- rops. On cultive, en Italie et dans le midi de la Fri. un grand nombre de varictés et sous-varictés du Müûrier blanc; nous allons en citer les plus recherchées, d'après M. Loiseleur Deslong- champs et MM. Audibert frères. Müärier romain. ( Morus alba ovalifolia Loisel. — Morus ro- mana Loddig.) — Feuilles grandes, tantôt lobées, tantôt in- divisées. Fruit d’un gris rose ou lilas. — Cette variété est la plus répandue en Provence et en Languedoc. Mürier Feuille-rose. (Morus alba rosea Vois.) — Feuilles rarement lobées, portées sur des pétioles roses; suivant M. Loi- seleur Deslongchamps, cette variété est l’une des meilleures pour-les vers à soie, quoiqu’elle soit peu répandue, Mürier grosse-reine. (Morus alba macrophylla Loisel. — Morus macrophylla Lodd. — Morus latifolia et Morus his- pañica Hortul.) — Arbre gros, mais peu élevé. Feuilles lar- ges, rarement lobées. Fruit gros, blanc, ires-sucré. Mrier nain. (Morus alba nana Lois. — Morus nana Hor- - tul. )— Arbrisseau touffu. Feuilles et fruits semblables à ceux du Mûrier grosse-reine. Le Mürier nain, dit M. Loiseleur, -serait d’un usage très - ayantageux, parce que ses bourgeons sont très-rapprochés, et qu'un arbre de peu d’étendue fourni- räit autant de feuilles qu’un autre Mürier trois fois plus grand. Mérier Colombassette. (Morus alba Columbassetta Audib. - Cat.) — Arbre gros, de longue durée. Feuilles petites, min- - ces: Fruits gros, jaunâtres. — Cette variété est la plus an- - ciennement connue ; les vers à soie la préfèrent aux autres. Müärier Colombasse. | Morus alba Columbassa Audib. Cat.) — Feuilles assez grandes. Fruits bleuâtres, — Cette variété est aussi estimée que la précédente. Mürier Fourcade: (Morus alba furcata Audib. Cat:)—Fenil- # 46 CLASSE DES URTICINÉES. les presque rondes. — Variété très - productive, à cause du rapprochement des bourgeons. | Mürier Amella où Amande. ( Morus alba amygdalina Au- dib. Cat.)— Feuilles ovales, épaisses. L'arbre ne produit presque pas de fruits. Mürier Meyne où Mürier Pomme. (Morus alba Meyna Au- dib. Cat.) — Feuilles grandes, fines, arrondies. Mürier langue de bœuf. (Morus alba oblongifolia Loisel. Ve Feuilles grandes, point lobées, oblongues. Murier MULTICAULE. — Morus multicaulis Perrotiet, in Mén. de la Soc. Linn. de Paris, 1824 ; id. in Guillem. Arch. de Bot. 1, cum fig. — Morus tatarica Desfont. Cat. Hort. Par. ed. 3. (non Pallas.) — Morus cucullata Bonafous. — Morus bullata Balbis. — Feuilles rugueuses, scabres (surtout en des- sus), d’un vert gai, finement veinces, pubescentes en dessous aux aisselles des nervures, ordinairement acuminées-cuspidées ; pétiole subcylindrique, canaliculé en dessus. Stipules lancéolées ou linéaires-lancéolées, acuminées. Fleurs monoïques où dioï- ques. Étamines plus courtes que le périanthe. Stigmates velou- tés, filiformes, à peine plus longs que l’ovaire. Syncarpes ob- longs ou ellipsoïdes, pédonculés. — Buisson multicaule, haut de 15 à 20 pieds, ou petit arbre. Racines longues, traçantes. Écorce erisâtre, parsemée de petites verrues blanches. Rameaux divariqués, longs, flexibles, pendants. Feuilles longues de 2 pou- ces à 1 pied, larges de 2 à 8 pouces, ordinairement minces et flasques, inégalement ou Goublement dentées (dents obtuses ou pointues, larges, souvent mucronées), tantôt ovales ou cordifor- mes, et soit indivisées, soit plus ou moins profondément sinuées= Lee tantôt palmées (3-ou 5-lobées); base oblique ou équila- térale, plus ou moins profondément cordiforme, ou arrondie, ou tronquée ; lobes égaux ou inégaux, ovales, ou ovales-lancéolés, ou oblongs, ou arrondis : les latéraux obtus. Pétiole long de 1 pouce à & pouces. Stipules blanchâtres, longues de 3 à 6 li- gues. Chatons-mâles longs d’environ '/; pouce. Périanthe à seg- ‘ FAMILLE DES ARTOCARPÉES. AT ments elliptiques-oblongs, obtus. Synéarpe petit, d’abord blanc, plus tard rouge, finalement noir, porté sur un pédoncule den. viron 1 pouce. Cette espèce, connue sous les noms de Mérier multicaule, Mürier Perrottet, et Mürier des Philippines, est originaire de Chine, où on la préfère, à ce qu’il paraît, à tous les autres Muüniers pour la nourriture des vers à soie. Son introduction est due à M. Perrotict, qui l’apporta de Manille au Sénégal, en 1821, et, quelques années plus tard, en France. Cette espèce prospère dans les départements méridionaux, où elle est très- multipliée aujourd’hui; mais elle résiste difficilement aux hivers des environs de Paris. On assure que la culture du Mü- rier multicaule est beaucoup plus avantageuse que celle du Mü- rier blanc, parce qu’elle Here une quantité plus considérable de feuilles, et que la soie qu’on obtient des chenilles nourries avec ces feuilles est d’une qualité supérieure, b) Séigmates cohérents vers leur base (de manière à paraître portés sur un style). Murier DE L’Inne.-—- Morus indica Linn. — Roxb. Flor. id. ed. 2, vol. 3, p. 506.— Rumph. Amb. 7, tab. 5. — Hort. Malab. r, tab. 49.— Morus australis et Morus latifo- liæ Poir. Enc. — Morus intermedia Perrott. in Guill. Arch. de Bot. 1, p. 228, cum fig. ; id! in An. des Sc. Nat. vol 13, p. 315 (mai 1840). — Feuilles point rugueuses, presque lisses, luisantes, d’un vert gai, finement veinées, pubescentes en des- sous aux aisselles des nervures, ordinairement acuminées ; pé- tiole subcylindrique, canaliculé en dessus. Stipules lancéolées ou linéaires-lancéolées, acuminées. Fleurs dioiques. Périanthe plus court que les étamines. Stigmates filiformes-subulés, finement cotonneux, 1 fois plus longs que l’ovaire. Syncarpes pédonculés, — Petit arbre de 20 à 25 pieds, à tronc atteignant la grosseur de la jaiube d’un homme (Roxburgh ; Perrott.); ou bien arbris- seau droit, très-rameux; ou bien buisson rabougri, étalé (Per- rottet). Branches nombreuses, divergentes, vagues. Bois d’un jaune pâle, dur, d’un grain serré (Roxburgk). Écorce d’un gris 248 CLASSE DES URTICINÉES. cendré, lisse, .ou parsemée de verrues blanchâtres, Feuilles lon: gues de 2 à G‘pouces, minces, inégalement dentées ou dentelées (à dents obtuses ou pointues, plus ou moins larges, contiguës ou distancées, ordinairement mucronées}, tantôt indivisées (ova- les, ou elliptiques, ou suborbiculaires, ou ovales-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, courtement ou longuement acuminées, ou très-obtuses, à base oblique ou équilatcrale, cunéiforme, ou tronquée, cu arrondie, ou légèrement cordiforme, ou plus ou moins profondément cordiforme), tantôt irrégulièrement lobées, tantôt palmati- (3-5-ou 7-) lobées, à lobes latéraux ovales, ou arrondis, ou lancéolés, en général très-obtus. Pétiole grêle, long de 1 pouce à 3 pouces. Stipules longues de 3 à 6 lignes, blan- châtres, glabres. Épis-mâles courts. Périanthe à segments ellip- tiques-oblongs, obtus. Syncarpes oblongs, ou ellipsoïdes, ou sub- globuleux, petits (quelquefois un peu lâches), rouges avant la parfaite maturité, finalement noirs; pédoncules ordinairement plus courts que les pétioles. — Cette espèce croît dans l’Inde, la Cochinchine et les Moluques ; on la cultive en grand, dans ces contrées, pour l'éducation des vers à soie : c’est même la seule, au témoignage de Roxburgh, qu’on cultive, à cet usage, au Ben- gale. M. Perroîtet a aussi introduit ce Mürier en même temps que le Müûrier multicaule; mais il paraît qu’on n’a pas encore fait d'expériences sur les avantages que sa culture pourrait of- frir en France; du reste, elle résiste difficilement aux hivers des environs de Paris. B. Pédoncules-fructifères perdants. Murier rRouGE. — WMorus rubra Linn.—Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 232, cum fig. — Duham. ed. nov. vol. 4, tab. 23. — Morus scabra Willd.— Morus caradensis Poir. Enc. — Morus pensylvanica Lodd. Cat. — Feuilles scabres et rugueu- ses en dessus, cotonneuses-incanes ou pubescentes et d’un vert glauque en dessous, acuminées, dentelées ; pétiole subeylindri- que, canaliculé en dessus. Stipules linéaires-lancéolées, poin- tues. Fleurs dioïques. Étamines du tiers plus longues que le périanthe. Stigmates libres dès leur base, linéaires, obtus, fine- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 49 : ment pubérules, à peu près aussi longs que l'ovaire. Syncarpes oblongs-cylindracés. — Arbre atteignant, dans des situations fa- vorables, 60 à 70 pieds de haut, sur 18 à 24 pouces de dia- mètre. Écorce du tronc grisâtre, fendillée. Branches longues, divergentes, disposées en tête ample et touffue. Bois jaunâtre, compacte, d’un grain fin. Feuilles longues de 1 pouce à 4 pou- cés (celles des pousses- gourmandes longues de '/, pied à 1 picd), fermes, d’un vert foncé en dessus, ovales, ou cordiformes, plus ou moins longuement acuminées, acérées, indivisées, ou irrégu- lièrement lobées d’un côté etindivisées de l’autre, ou régulitrement 3-lobées : lobes arrondis ou ovales, acuminés ; dents obtuses, ou acuminées, mutiques, ou mucronées, égales, ou inégales. Sti- pules rougeâtres ou blanchôtres, pubescentes, longues de 2 à 4 lignes. Pétiole long de '/, pouce à 2 pouces, finalement glabre. Bourgeons petits, ovoïdes, acuminés. Épis-mâles longs de 1 pouce à 2 pouces : pédoncules longs d’environ 1 pouce. Périanthe à segments ovales, obtus. Épis-femelles plus ou moins longuement pédonculés, à l’époque de la floraison longs de 4 à G liones. Syncarpe long d'environ r pouce, rouge avant la parfaite ma- turité, finalement d’un pourpre noirâtre. Nucules petites, bru- nes. — Cette espèce habite les États-Unis et le Canada; on la recherche, en Europe, pour les plantations d'agrément, en rai- son de sa cime ample et très-touffue. Scs fruits ont la même sa- veur que ceux du Mürier noir ; et, comme elle est beaucoup plus rustique que ce dernier, elle mériterait peut-être la culture, à titre d'arbre fruitier. Son bois a, comme celui de l’Acacia, la précieuse propriété de résister fort lonstemps aux alternatives de sécheresse et d'humidité ; on le recherche, en Amérique, pour les constructions navales, ainsi que pour les pieux et écha- las. Les feuilles du Mürier rouge ne conviennent point à la nour- riture des vers à soie, quoique ces chenilles les mangent avec autant d’avidité que les feuilles du Mürier blanc. Genre BROUSSONÉTIA. — Broussonelia Vent. Fieurs dioïques, bractéolées, sessiles : les mâles en épis pendants; les femelles en capitules globuleux, droits. — BOTANIQUE. PIIAN. T. XI. 4 ! 50 ‘CLASSE DES URTICINÉES. Fleurs-mâles : Périanthe campanulé, profondément 4-fide, accompagné d’un involucre de 5 ou 6 bractéotes subulées : segments concaves, dressés, valvaires en préfloraison et indupliqués au sommet, Etamines 4, indupliquées en pré- floraison, se redressant avec élasticité lors de l’anthèse; filets filiformes, transversalement rugueux ; anthères réni- formes-didymes, latéralement déhiscentes, médifixes, in- nées : connectif petit, suborbiculaire. — FVeurs-femelles : Réceptacle globuleux, charnu, garni de bractées charnues, accrescentes, subclaviformes, acuminées, disposées sans ordre relativement aux fleurs. Périanthe submembranacé, ovoïde, 2-ou 3-denté, fendu profondément d’un côté, engaînant l'ovaire. Ovaire obliquement ovoïde, acuminé, substipité, 1-loculaire, terminé en stigmate filiforme-su- bulé, très-long, indivisé, pubérule ; loge très-petite, sphé- rique, diaphane ; ovule campylotrope, suspendu vers le sommet de la loge. Nucules distinctes, subglobuleuses, drupacées (épicarpe gélatineux, finalement mince, crus- tacé, rugueux ; endocarpe testacé), chacune presque re- couverte par son stipe-ovarien très-amplifié, longuement saillant (au delà des écailles-réceptaculaires ), charnu, pulpeux, curviligne, subclaviforme, engaîné à la base par le périanthe sec et peu amplifié. Graine inadhérente, sub- globuleuse, périspermée : tégument membranacé ; embryon central, arqué; radicule supère. — Arbre à suc-propre blanc, laiteux, douceâtre. Rameaux cylindriques, inarticu- lés. Bourgeons écailleux ; les floraux quelquefois aphylles, Feuilles pétiolées, 2-stipulées, non-persistantes, dentées, tantôt indivisées, tantôt palmatilobées, tantôt lobées d’un côté et indivisées de l’autre. Stipules grandes, caduques, submembranacées, nerveuses, planes, inéquilatérales. In- florescences naissant soit de Honrsens aphylles, au-dessus. des cicatrices des feuilles de l’année précédente, ainsi que sur les rameaux plus anciens, et même sur les branches ou sur le tronc, soit à la base des jeunes pousses ainsi qu'aux aisselles des feuilles de ces mêmes ramules; ces divers FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 51 modes d’inflorescences cocxistent en général sur le même arbre, surtout lorsqu'il est d’un certain âge. Épis-mâles denses, pédonculés, velus, non-persistants ; floraison pro- cédant de haut en bas. Anthères petites, jaunes. Capitules- femelles courtewent pédonculés, velus. Réceptacle accres- cent. Périanthes à l’époque de la floraison cachés par les bractées. Stigmates rougeâtres, longuement saillants, très- grêles. Carpophores blanchâtres, ou carnés, ou pourpres. Nucules petites, rouges. Périsperme huileux, assez épais. Embryon à cotylédons oblongs, incombants. — L'espèce suivante constitue à elle seule ce genre. BroussONÉTIA À PAPIER. — Broussonetia papyrifera Willd. — Andr. Bot. Rep. tab. 488.— Duham. ed. nov. vol. 2, tab. 7. — Morus papyrifera Linn. — Arbre de 30 à 4o pieds. Ra- cine traçante, produisant beaucoup de rejetons. Tronc droit, as- sez gros, à écorce grisâtre. Branches éparses, vagues, disposées en tête ample, touffue, arrondie. Rameaux grêles, flexueux. Jeunes-pousses çotonneuses ou hispides. Bourgeons petits, ova- les. Feuilles longues de 2 à 6 pouces (celles des pousses-gour- mandes atteignant jusqu’à 1 pied de long), fermes, scabres et d’un vert foncé en dessus, cotonneuses-incanes en dessous (les jeunes cotonneuses aux 2 faces), cordiformes, ou ovales, ou ova- les -orbiculaires, ou elliptiques, ou lancéolées -elliptiques, ou lancéolées-obovales (celles des individus adultes en général in- divisées), ou palmées (3-à 7-lobées), équilatérales, ou plus ou moins inéquilatérales, acuminées, acérées, plus ou moins profon- dément dentées ou dentelées ; dents obtuses, ou pointues, ou acu- minées, mucronées, ou mutiques; lobes pointus ou acuminés, inégaux, de forme très-variable. Pétiole long de 1 à 5 pouces, pubérule, ou cotonneux, subcylindrique, canaliculé en dessus. Stipules ovales, ou ovales-lancéolées, acuminées, rougeâtres, pubescentes, longues de ‘/ pouce à 1 pouce. Inflorescences sub- fasciculées lorsqu'elles naissent de bourgeons aphylles, mais so- litaires aux aisselles et à la base des jeunes-pousses. Épis-mâles longs de 1 pouce à 2 pouces, denses, courtement pédonculés. 52 CLASSE DES URTICINÉES. Étamines à peine plus longues que le périanthe. Capitules-fe- melles cotonneux : les fructiferes du volume d’une petite Prune; pédoncules fermes, assez gros, longs de 5 à 6 lignes. Nucules petites, pourpres avant la dessiccation.— Cet arbre, nommé vulyairement Muiirier à papier, où Papirier, crcit en Chine et au Japon, ainsi que, à ce qu’on assure, dans la plupart des îles de la Polynésie (1). Les Japonais se servent de son écorce pour fabriquer leur papier et des toiles ; les insulaires de la mer du Sud l’emploient à faire les étoffes légères dont ils s’habillent. Chez nous, le Broussonétia se cultive comme arbre d’ornement ; ses fleurs paraissent en mai, en même temps que les jeunes feuilles ; les fruits mürissent en septembre : la pulpe qui les en- veloppe est douceâtre et recherchée par les oiseaux; l’arbre se multiplie avec une facilité remarquable, tant des nombreux re- jetons que produisent ses racines, que de boutures. Malgré la grande affinité que le Broussonétia a avec les Müriers, ses feurl- les ne peuvent servir à la nourriture des vers à soie. Genre MACLURE. — Maclura Nutt. Fleursdioïques : les mâles en grappes ; les femelles en ca- pitules globuleux. — Fleurs-mäles : Périanthe 4-parti : seg- ments imbriqués en préfloraison, finalement étalés. Etami- nes 4; filets filiformes, indupliqués en préfloraison, se re- dressant avec élasticité lors de l’anthèse ; anthères didymes, médifixes. — Fleurs-femelles accompagnées de bractéoles squamiformes. Périänthe 4-parti : segments cuculliformes- obovales, accrescents : les extérieurs plus grands. Ovaire lenticulaire, point stipité, 1-loculaire, couronné d’un stigmate indivisé ou très-inégalement 2-fide, capillaire, longuement saillant, pubérule; ovule campylotrope, sus- pendu vers le sommet de la loge; micropyle supère. Nucules recouvertes chacune par son périanthe amplifié et (1) Il nous paraît assez douteux que le Broussonelia de la Polynésie puisse être la même espèce que celle de la Chine et du Japon, laquelle ne souffre aucunement des hivers du nord de la France. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. Fa charnu ; périanthes de chaque capitule soudés de manière à simuler une baie syncarpienne, mamelonnée, polysperme. — Arbres souvent épineux; bois jaune; suc-propre lai- teux, jaune. Rameaux épars, cylindriques ; jeunes-pousses irrégulièrement anguleuses. Feuilles indivisées ou lobées, . très-entières, ou dentées, pétiolées, bistipulées : celles des jeunes-pousses alternes; celles des rameaux-adultes fasci- culées. Stipules caduques. Inflorescences solitaires aux ais- selles des jeunes feuilles et à la base des jeunes-pousses, ou raméaites ; les femelles plus courtément pédonculées que les mâles. MacLurE À FRUIT ORANGÉ.— Maclura aurantiaca Nutt. Gen. — Lambert, Pin. 2, App. tab. 3. — Arbre haut de 20 à 30 pieds. Branches vagues, nombreuses, formant une tête ar- rondie, touffue. Écorce grisâtre. Rameaux flexueux, tantôt iner- mes, tantôt epineux. Épines courtes, axillaires, rectilignes, acé- rées, horizontales. Feuilles longues de 2 à 4 pouces, non per- sistantes, subcoriaces, luisantes, d’un vert gai, penniveinées, ovales, ou ovales-elliptiques, ou ovales - lancéolées, on ovales- oblongues, où elliptiques-oblongues, ou elliptiques, acuminées, ou acuminées-cuspidées , arrondies ou légèrement cordiformes à la base, glabres en dessus, légèrement pubescentes en dessous (du moins à la côte et aux veines), toujours indivisées et très- entières.— Fleurs-femelles en capitules subsessiles, à l’époque dela floraison du volume d’une grosse Cerise. Syncarpe de cou- leur orange à la maturité (d’abord vert, puis d’un jaune pâle), du volume d’une petite Orange. — Cet arbre, nommé vulgairement Bois d’arc, et Pommier des Osages, croît au Texas et dans les contrées arrosées par l’Arkanza. Son bois est d’une ténacité ex- trême, et, par cette raison, employé par les aborigènes du pays à faire leurs arcs ; il peut aussi, de même que celui de l’espèce suivante, servir à teindre en jaune. Cette espèce est cultivée, en France, depuis une quinzaine d’années ; elle ne souffre aucune- ment des hivers des départements septentrionaux. MM. Audi- bert, à Tarascon, en possèdent des individus des deux sexes, et 54 CLASSE DES URTICINÉES. ils en ont obtenu des graines fécondes. À Paris et aux environs, nous n'avons encore vu fleurir que des individus femelles, dont le fruit acquiert le volume d’une petite Pomme, mais qui ne contient pas de graines. Maczura mincrorraz. — Macliratinctoria D. Don, Syst.— Broussonetia tinctoria Kunth, in Hub, et Bonpl. Il, p.32.— Morus tinctoria Lino. — Morus ranthoxylon Jacq. Amer. 2, p. 247. — Grand arbre, à cime touffue. Rameaux tantôt iner- mes, tantôt épineux. Épines subulées, solitaires ou géminées, rectilignes. Feuilles ovales ou ovales-oblonoues, acuminées, minces, glabres, fortement dentées, tantôt indivisées, tantôt pro- fondément sinuées-lobées, de grandeur très - variable. Épis-m- les pendants, denses, fongs de 2 à 3 pouces. Périanthe (suivant Jacquin) à segments ovales, plans, réfléchis au sommet, 1 fois plus courts que les étamines. Fruit douceâtre, d’un jaune ver- dâtre.— Cette espèce croît dans les forêts des environs de Car- ihagène; suivant Jacquin, ellé serait également commune aux Antilles; mais M. D. Don regarde l'espèce des Antilles comme différente de celle de l'Amérique méridionale, et ü lui donne le nom de Maciura Plumier ; quoi qu'il en soit, l’une et l’autre fournissent le bois tinctorial connu dans le commerce sous Île rom de bois-jaune ou fustet. Genre FIGUIER. — Frcus Tourn. Fleurs monoïques ou dioïques, très-petites, très-non\- breuses, très-serrées, pédicellées, insérées à la surface in- terne d’un réceptacle (pyriforme, ou ovoide, ou globuleux) creux, charnu, clos, ombiliqué aù sommet, à orifice fermé par des squamules. — Fleurs-mäles : Vérianthe mémbranacé, 3-parti. Étamines 3 : filets capillaires; an- thères médifixes, versatiles. — Fleurs-femelles : Périanthe 5-fide, tubuleux, point accrescent, continu au pédicelle. Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé, porté sur un stipe filiforme, sublatéral. Style filiforme, latéral, terminé par 2 stigmates subulés, Ovule campylotrope, appendant, attaché vers le FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 55 sommet de la loge, du côté correspondant au style. Récep- tacle-fructifère sec ou pulpeux, amplifié, recouvrant. Nucules submembranacées, graniformes, 1-spermes, at- compagnées des res'es du périanthe. Graine suspendue, périspermée : tégument testacé; périsperme charnu, co- pieux. Émbryon falciforme ou arqué, central : cotyiédons sublinéaires; radicuie cylindracée, supère, — Arbres ou arbrisseaux (quelquefois grimpants). Sues-propres laiteux, plus ou moin; âcres. Feuilles alternes, pétiolées, 1-stipu- lées, simples, très-entières, ou dentées, ou lobées, le plus souvent coriaces ct persistantes. Stipules herbacées, où mémbhranzcée:, caduques, ou persistantes, inadhérentes, solitaires, en versation enroulées (en forme de cornets co- niques), acuminées, emboîtées les unes dans les autres ei recouvrantles jeunes feuilles. Bourgeons sans autres tégu- ments que les stipules. Réceptacles pédonculés ou sessiles, axillaires, ou latéraux, ou moins souvent terminaux, soli- taires, ou fasciculés, ou rarement en grappes, ordinairement colorés à la maturité. — Ce genre comprend environ deux cents espèces, dont la plupart habitent la zone équatoriale, ét sont très-imparfaitement connues quant à la conforma- tion de la fleur et de la graine; les caractères génériques que nous venons d'exposer ne s'appliquent peut-être strictement qu’au Ficus Carica, et à quelques espèces voisines. A: Feuilles non-persistantes, non-Coriaces, SCabres, palma- tilobées (accidentellement indivisées), crénelées. Stipules . submembranacées. Réceptacles axillaires ou latéraux, so- dütaires. Fruit pulpeuz. Fieurer commun. — Ficus Carica Linn, + Duham. ed. nov. vol. 4, tab. 53-59. — Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 108. + Nees, jun. Gen. (anal. )— Arbre atteignant (dans le midi de l'Europe ét dans les climats plus chauds) 20 à 30 pieds dé haut, et 4 à 6 pieds de éirconférence ; dans le nord de la France, il re forme qu’un buisson de 5 à 6 pieds. Bois jaunâtre, tendre. 56 CLASSE DES URTICINÉES. Ecorce grisâtre, assez unie. Branches nombreuses, étalées, disposées en tête arrondie et touffue. Jeunes-pousses verdâtres, cylindriques, pubescentes, scabres. Feuilles larges de 3 à 6 pouces, pubérules, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous, en général plus ou moins profondément cordiformes à la base, 3-ou 5-lobées, fortement nervées; lobes de forme variable, ordinairement obtus et séparés par des sinus étroits, arrond's ; pétiole bla:châtre, subcylindrique, long de 1 pouce à 2 pouces. Réceptacles androgynes ou unisexuels (ceux des va- riétés cultivées toujours femelles), pyriformes, ou turbinés, ou subglobuleux, rétrécis en court stipe pédonculiforme. Fleurs- mâles occupant, dans les réceptacles androgynes, la partie supé- rieure de la paroi. Fruits (réceptacles-fructifères) de volume très- divers (suivant les variétés), violets, ou rougeâtres, ou blanchâtres, ou jaunâtres. Cette espèce, connue vulgairement sous le nom de Fguier , sans autre désignation plus spéciale, est, depuis bien des siècles, naturalisée dans l’Europe méridionale, et d’ailleurs cultivée, de temps immémorial, dans toutes les contrées voisines de la Mé- diterranée; cest aussi, parmi ses nombreux congénères, la seule qui se cultive comme arbre fruitier, quoique plusieurs espèces exotiques produisent aussi des fruits mangeables. Le Caprifiguier (1) n’est autre chose que le Figuier venant spon- tanément dans les endroits incultes : ses réceptacles sont ordi- pairement androgynes ou mäles. Le Figuier se plaît dans les sols pierreux, arides et découverts. Sa croissance est rapide ; aussi son bois est-il tendre et spongieux. Dans les départements (4) Les fleurs du Caprifiguier sont hantées par un insecte hyménop- tère, du genre Cynips, qui perce les réceptacles et y dépose ses œufs, d’où il résulte qu’en général le fruit tombe avant la maturité. Dans les iles de Archipel, on a coutume de faire piquer par cet insecte les jeunes fruits des figuiers domestiques, afiu d'en accélérer la maturité (mais non afio de les féconder, ainsi qu’on l’a cru à tort) : cette pratique, connue sous le nom de caprification, et dont les auteurs les plus anciens font déja mention, s'exécute en mettant sur les figuiers domestiques des paniers remplis de jeunes figues sauvages. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 54 du midi de la France, et, à plus forte raison, dans les climats encore plus chauds, cet arbre, une fois planté, ne réclame pres- que aucun soin de la part du cultivateur ; on doit même ne pas le tailler, parce que la pourriture prend facilement à toute bles- sure faite soit au tronc, soit aux branches ; aussi ne peut-on guère l’élever en espalier. On le multiplie de graines, de reje- tons, de boutures, de marcottes et de greffes. Dans le nord de Ja France, le Figuier ne résiste à l’hiver qu’à la faveur d’expo- sitions très-abritées : encore faut-il l’empailler durant les fortes gelées, ou, ainsi que cela se pratique aux environs de Paris, coucher les branches en les recouvrant d’un demi-pied de terre. On possède, dans l’Europe méridionale, une quantité innombra- ble de variétés de ce fruit, et chaque canton, pour ainsi dire, en offre quelques-unes qui lui sont propres. Les figues qui occu- pent le bas des ramules sont plus précoces , et en général plus grosses : en Provence, on les appelle figues-fleurs ; celles qui naissent vers l'extrémité des ramules mürissent 2 à 3 mois plus tard que les autres, et quoique d'ordinaire plus petites, elles sont beaucoup plus sucrées. — Les figues, bien mûres, sont un ali- ment sain et agréable; de même que chez les anciens, ce fruit, soit frais, soit séché, constitue encore la nourriture habituelle d’une grande partie de Ja population de l’Europe australe et de Orient ; les sortes les plus communes servent à nourrir le bé- tail. D'ailleurs la saveur exquise de certaines variétés de figues les fait rechercher pour les tables les plus somptueuses. Dans les îles de l’Archipel, on prépare avec les figues une boisson vineuse, déjà connue des anciens, sous le nom de sycites ; on en fait aussi de l’eau-de-vie et du vinaigre. Les figues sèches forment un article de commerce très-important, à cause de la consom- mation considérable qui s’en fait dans le nord. Les médecins de Pécole de Galien et de Dioscoride attribuaient des vertus mer- veilleuses, non-seulement aux fruits du Figuier, mais aussi à l'écorce, aux feuilles, et même aux cendres de l’arbre. Aujour- d’hui l’usage médical du Figuier se borne aux figues qui en- trent dans la composition des tisanes pectorales, des gargarismes adoucissants, ct des cataplasmes émollients. Toutefois, le suc lai- 58 CLASSE DES URTICINÉES. teux qui découle de ’écorce, lorsqu’on y fait des iucisions, étant très-âcre, peut tenir lieu de caustique pour extirper les verrues et autres excroissances de la peau; d ailleurs, ce suc, de même que celui de la plupart des espèces congénères, agirait comme poison à l’intérieur. B. Feuilles non-persistantes, rion-coriaces, indivisées. Ré- ceptacles fasciculés sur des protubérances aphyiles, nais- sant sur le tronc et Les grosses branches. Fruit c'arnu. Fieurer Sycomore.—Ficus Sycomorus (1) Linn. — Grand arbre, à tronc très-gros. Branches nombreuses, formant une tête très-ample et touffue, Feuilles subcordiformes, glabres, obscu- rément anguleuses, pétiolées, d’un vert foncé et luisantes en des- s:8. Fruits semblables à ceux du Figuier commun : chair ferme, transparente, douceâtre, d’un. blanc tirant sur le jaune. — Ce Figuier croît en Égypte et en Arabie; au témoignage de Fors- kal, 1l acquiert, avec l’âge, une cime assez ample pour ombrager un espace de 40 pas de diamètre. On présume que les cercueils qui renferment les momies égyptiennes sont faits avec le bois de ect arbre, Le fruit du Figuier Sycomore est mangeable, mais inférieur aux figues communes. C. Feuilles coriaces, persistantes, indivisées, trés-entieres. a) Branches très-longues, émettant de distance en distance des sarments aphylles (ou racines aériennes), descendants, lesquels s’enracinent dans le sol el finissent par former de nouveaux arbres, dont les bran- ches deviennent également sarmentifères. Fieuier DE L’Inne. — Ficus indica Lion. — Hort. Malab. 3, tab. 63. — Arbre finalement multicaule, à cime très-ample. Sarments d’abord semblables à des cordes. Branches ctalées, très-nombreuses, très-rameuses. Feuilles ovales - lancéolées, pé- tiolées, lisses et d’un vert foncé en dessus, pubescentes en des- ——_—_—« : {1} Ge nom, qui signifie Figuier-mürier, fait allusion à la forme des feuilles, semblables à celles du Mürier noir. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 59 sous ; réticulées, à nervures- latérales obliques. Fruits sessiles, géminés, axillaires, petits, douceâtres, — Cet arbre, connu sous les noms de Figuier mukipliant, et Figuier des banyans, est commun dans l’Inde, où on le considère comme un arbre sacré, C’est, en effet, un végétal des plus remarquables, tant par sa longévité et sa singulière manière de croître, que par les dimensions énormes qu’il est susceptible d’acquérir, On a ob- servé, au Bengale, des individus dont la cime, de plus de 1,000 pieds de circonférence, et supportée par une soixantaine de troncs de diverses grosseurs , peut se comparer à la voûte d’un vaste édifice. Le suc-propre de ce Figuier sert à faire dé la gomme-laque, et les Hindous le regardent comme un remède anti-odontalgique. L’écorce passe pour tonique. FicurEr DES PAGODES. — Ficus religiosa Linn. — Hort. Mà- lab. 1, tab. 27. — Très-grand arbre. Racines s’étendant hori- zontalement et presque à fleur de terre à de très - grandes dis- tances. Tronc droit, cylindrique étant jeune, plus tard profun- dément sillonné dans toute sa longueur, atteignant jusqu’à 20 pieds de circonférence, mais rarement plus de 25 pieds de haut. Etorce assez lisse, d’un gris cendré. Branches très-nombreuses, vagues. Ramules souvent pendants. Feuilles pendantes, cordi- formes, longuement cuspidées, ondulées aux bords, très - lisses aux 2 faces, d’un vert foncé en dessus, longues d’environ 6 pou- ces (y compris la pointe, qui a environ 2 pouces de long); pé- tiole cylindrique, lisse, très-grêle, mobile (de manière que les feuilles s’agitent au moindre mouvement de l'air, comme les feuilles du Peuplier Tremble). Fruits géminés, axillaires, ses- siles, déprimés, noïrâtres à la maturité, du volume d’une Me- risé. (Roxburgh, Flor. Ind. ed. », vol. 3, p. 547.)—Cettees- pèce ést commune dans toute l'Inde, où on la désigne par les noms de Pippal, Pippul, ete. On la plante fréquemment autour des temples et habitations, à cause de l’ombrage agréable qu’elle procure, et parce qu’elle est consacrée au dieu Vischnou. Le bois de l’arbre n’est d’aucure valeur. Le fruit n’est recherché que par les oiseaux. Au témoignage de Roxburgh, les feuilles, 60 CLASSE D£S URTICINÉES. à défaut de feuilles de Mûrier, sont la meilleure nourriture pour les vers à soie. Fieurer AmPÉLOS. — Ficus Ampelos Kœn. in 2oxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 553.— Tronc extrêmement court, mais fort gros, et quelquefois complétement couvert de petits ramules très-feuillus. Gime tres-ample. Branches produisant des racines- aériennes filiformes. Écorce lisse, grisâtre. Feuilles subdistiques, divergentes, courtement pétiolées, obliquement elliptiques, acu- minées (à pointe obtuse), légèrement sinuolées, scabres, très- fermes, longues de 3 à 4 pouces; pétiole court, courbé, canali- culé. Fruits dépourvus d’involucre, axillaires, gémincs, pédon- culés, à la maturité jaunes et du volume d’un Pois. Pédoncules accompagnés de 3 petites bractées. — Cette espèce, remarquable par l’élégance de son port, croît au Bengale. Les feuilles ser- vent à polir les ouvrages d’ivoire. Freuier ÉLAsriQuE. — Ficus elastica Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 341.— Arbre atteignant la taille de l'Érable Sy- comore. Tronc droit, de 2 pieds de diamètre. Écorce assez lisse, d’un gris cendré. Bois tendre, poreux, d’un brun päle. Branches nombreuses, vagues, formant une tête ample et touf- fue. Feuilles persistantes, alternes, pétiolées, elliptiques, ou oblongues, très-entières, pointues, glabres et très-lisses aux 2 faces, d’un vert gai en dessus, d’un vert pâle en dessous, lon- gues de 4 à 12 pouces, larces de 3 à 5 pouces, striées de nom- breuses veines parallèlement divergentes ; côte pourpre; pétiole long d’environ 1 pouce, cylindrique, très-lisse, Supules de cou- leur rose, glabres, subcylindriques, cuspidées, longues de 4 à 5 pouces. Réceptacles axillaires, sessiles, géminés, recouverts cha- cun, au moment de la chute de la stipule, de deux spathes ca- duques. Fruit elliptique, d’un jaune verdâtre, du volume d’une Olive. — Cette espèce, que l’élégance de son feuillage fait culti- ver fréquemment dans les serres, croît dans les montagnes du nord du Silhet. Son suc- propre abonde en caoutchouc de tres- bonne qualité. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 61 _b) Branches ne produisant point de sarments descendants. FiquiER À GRANDES FEUILLES, — Ficus macrophylla Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 556.— Arbre atteignant rarement plus ‘de 20 pieds de haut. Tronc divisé, peu au-dessus de sa base, en plusieurs (ordinairement 3) branches grosses, très-rameuses. Écorce brune, très - scabre. Feuilles alternes, pétiolées, cordi- formes - orbiculaires, entières, subobtuses, 3-nervées, lisses et d’un vert foncé en dessus, d’un vert tres-pâle et légèrement co- tonneuses en dessous, fortement réticulées, longues de 12 à 18 pouces, sur à peu près autant de large; pétiole cylindrique, long de 3 à 6 pouces. Fruits pédonculés, velus, turbinés, can- nelés, du volume d’une Figue commune. disposés en grappe (au nombre de 6 à 20) sur des ramules aphylles, naissant sur le tronc et les grosses branches. Involucre triphylle, apprimé. Ori- fice du fruit fermé par quantité de squamules cordiformes. — Cette espèce, remarquable par la beauté de son feuillage, croît au Népaul, au Silhet et au Chittagong ; le fruit est mangé par les habitants de ces contrées. Fieurer riNctoRIAL.— Ficus tinctoria Forst. — Tussac, An- till. vol. 2, tab. 14. — Arbre haut de 25 à 30 pieds. Écorce des rameaux d’un brun rougeûtre. Feuilles ovales, obliques, ob- tuses. Fruits axillaires ou latéraux, turbinés, bractéolés à la base, d’un rouge brun, du volume d’une Cerise, — Crtte espèce croît dans les îles de la mer du Sud. Les habitants de Taïti se servent de ses fruits pour teindre en violet, Genre DORSTÉNIA. — Dorstenia Plum. Réceptacle charnu, discoïde, presque plan, florifère et alvéolé à la surface supérieure, androgyne. Fleurs petites, très-nombreuses, apérianthées, insérées dans les aivéoles du réceptacle. — Fleurs-mâles : Elamines 2 ou plus ; filets fili- formes ; anthères 2-thèques, globuleuses-didymes.— Fleurs- femelles : Ovaire courtement stipité, ovoïde, 1-loculaire, 1-ovulé. Style latéral, filiforme, terminé en stigmate2-fide. 62 CLASSE DES URTICINÉES. Ovule appendant, campylotrope, attaché à la paroi de la loge, du côté correspondant au style. Réceptacle-fructi- fère pulpeux, polycarpe. Fruits membranacés, pyxidiens, 1-spermes, enfoncés dans les alvéoles - réceptaculaires: Graine périspermée, oncinée : tégument crustacé; péri- sperme charnu. Embryon central, onciné : cotylédons oblongs, incombants ; radicule allongée, supère. (Endlicher, gen. p. 279.)—Herbes acaules, vivaces. Feuilles palmati- fides ou pennatifides, radicales, longuement pétiolées, Hampe nue, terminée par un seul réceptacle ; alvéoles des fleurs-mâles moins profondes que celles des fleurs-femelles. Fleurs-femelles solitaires dans chaque alvéole.Le genre est propre à l'Amérique équatoriale. DonsréniA ConrrayervA. — Dorstenia Contrayerva Lino. — Blackw. Herb. tab. 550. — Jacq.Ic. Rar. tab. 614.—Ra- cine fusiforme, peu rameuse, de la grosseur du doigt, produi- sant 3 ou 4 feuilles et 2 ou 3 hampes. Feuilles larges, palma- tifides, un peu scabres, à segments lancéolés, irrégulièrement dentés. Hampes hautes de 5 à 6 pouces, cylindriques, pubes- centes. Réceptacle irréguliérement quadrangulaire, large d'en- viron x pouce, inégalement sinueux au bord. Alyéoles à bords (peut-être formés par la soudure des périanthes) membranacés, dentés. — Cette espèce et probablement plusieurs de ses congénè- res sont connues sous le nom de Contrayerva (mot espagnol, signifiant contre-poison). Leur. racine est aromatique et un peu âcre; on leur attribue, en Amerique, la vertu de servir d’an- tidote contre la morsure des serpents et autres animaux veni- meux. Genre BROSIME. — Brosimum Swartz. Fleurs dioïiques, apérianthées. — Fleurs-mâles agrégées sur des réceptacles globuleux, garnis d’écailles peltées, Étamines solitaires entre les écailles-réceptaculaires ; filets courts; anthères terminales, orbiculaires, peltées, s’ou- vrant par une fente circulaire, — Fleurs-femelles géminées FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 63 dans des involucres pédonculés, urcéolés, hispides, ou gar- nis de squamules peltées. Ovaires 1-loculaires, 1-ovulés, soudés entre eux ainsi qu à l’involucre, eouronnés chacun de 2 stigmates terminaux, filiformes, res par la base. Ovule pelté, attaché à la paroi de la loge. Péricarpe crus- tacé, recouvert par l’involucre amplifié et spinelleux, ou muriqué. Graine subglobuleuse, apérispermée : tégument membranacé; hile large, ventral. Embryon antitrope : cotylédons inégaux, gros, charnus ; radicule courte, repliée sur le dos des cotylédons. — Arbres lactescents. Rameaux cylindriques. Feuilles alternes, pétiolées, très-entières, ou dentelées, 1-stipulées. Stipules caduques, inadhérentes, en vernation.convolutées et emboîtées les unes dans les autres, recouvrant les jeunes feuiiles. Pédoncules solitaires ou géminés, axillaires, simples. — Ce genre appartient à l'Amérique tone Brosime Aucasrre. — Brosimum Alicastrum Swariz, Flor. Ind. Occid. I, tab. r. — Tussae, Flore des Antill. 1, tab. 9- — Graud arbre, à tronc atteignant une grosseur considéra- ble. Cime ample, très -touffue. Rameaux glabres. Feuilles lan- céolées ou ovales-lancéolées, pointues, très-entières, glabres, semblables à celles du Bigaradier. Fruit sphérique, crustacé, du volume d’une petite Châtaigne. — Get arbre croît en Jamaïque; l’amande de son fruit, que les créoles anglais appellent bread mut (noix à pain), est fort bonne à manger, et comparable aux Chätaignes, quant à la saveur. « Ce qu’il y a de bien important « dans ces arbres, dit M. de Tussac, c’est qu’après que la récolte « des fruits est finie, on coupe les sommités des branches qui « sont très-garnies de feuilles, por servir de nourriture aux « bestiaux et aux cheyaux, sans que cela nuise à Ja récolte des « fruits pour l’année suivante, Ce fourrage est d’antant plus « précieux que l'arbre croît dans des cantons arides, où les «.sécheresses, qui durent plusieurs mois, font périr toute autre « espèce de fourrage. Ge précieux végétal semble pousser avec « d'autant plus de vigueur, qu’il fait plus sec et plus chaud, » 64 CLASSE DES URTICINÉES. Genre GALACTODENDRE., — Galactodendron Humb, Les fleurs du végétal sur lequel a été fondé ce genre sont inconnues. Le fruit est verdâtre, globuleux, drupacé, à noyau 1-sperme. — Plusieurs auteurs rapportent le Ga- lactodendron au genre Brosimum. GALACTODENDRE ARBRE-VACHE. — Galactodendron utile Humb. Voyag. 2, p. 106. — Id. in Annal. du Mus. 2, p. 180. — Kunth, in Humb. et Bonpl. Nov. Gen. et Spec. 7, p. 16.— Hook. Bot. Mag. tab. 3723 et 3724.— Boussaing, et Rivera, in Annal. de Chim. 23, p. 219.—Arbre atteignant une centaine de pieds de haut, Tronc haut d'environ 60 pieds, sur 7 pieds de diamètre. Branches nombreuses, très-rameuses. Cime touffue, très-ample. Feuilles longues de 10 à 16 pouces, larges de 2 à 3 pouces, luisantes et d’un vert foncé en dessus, alternes, pé- tiolées, subcoriaces, penninervées, non-stipulées. Bois blanc, très-dur, d’un grain serré. Fruit du volume d'une noix. — Cet arbre, fameux sous le nom d’Arbre-vache (Palo de vaca, des créoles espagnols), croît dans les montagnes à quelque distance de Caracas. Le suc laiteux qui découle en abondance de son tronc, lorsqu'on y pratique des incisions, loin de participer à l’âcreté qu’offre en général le suc-propre des autres Artocarpées, est potable, douceître et légèrement aromatique ; les habitants du pays le regardent comme nutritif et tres-sain ; d’après l’ana- lyse de MM. Boussaingault et Rivera, il contient une quantité notable de caoutchonc. ; Genre ANTIAR. — Antiaris Lesch. Fleurs monoïques. — Fleurs-mâles : Réceptacle disci- forme, multiflore, squamelleux en dessous. Périanthe 3-ou 4-sépale, imbriqué en préfloraison. Anthères 3 ou 4, sub- sessiles. — Fleurs-femelles : Réceptacle turbiné, 1-flore, ac- crescent, recouvert de squamelles. Périanthe nul. Ovaire 1-ovulé, soudé au réceptacle; ovule anatrope, suspendu. Style biparti. Fruit drupacé, monosperme; enveloppe- FAMILLE DES ARTOCARPÉES. _ 65 charnue formée par le réceptacle amplifié. Graine apé- rispermée : radicule supère. — Arbres lactescents. Feuilles alternes, très-courtement pétiolées, stipulées, très-entières. Pédoncules axillaires (comme latéraux après la chute des feuilles), subsolitaires, simples et dilatés au sommet en forme de disque ou de cupule florifère, ou bien rameux au sommet, à pédicelles disciformes ou cupuliformes au sommet. (Blume, Rumphia, 1, p. 56.) — On connaît 3 es- pèces de ce genre. fi) F ANTIAR VÉNÉNEUX. — Antiaris toxricaria Lesch. in Annal. du Mus. vol 16, p. 476; tab. 22. — Blume, Rumphia, vol. 7, p. 36; tab. 22 et 23.— Bennett, in Horsfield, Plant. Javan. Rar. 1, tab. 13.— po Rümph. Amb. 2, tab. 87. (exclus. fig. fructüs.) — Arbre haut de 8o à 100 pieds. Tronc droit, muni à sa base d’exostoses longitudinales très-grosses (de sorte qu’il y acquiert souvent une circonférence de plus de 16 pieds), cylin- drique supérieurement; écorce blanchätre, rimeuse, épaisse de 4 à 6 lignes; bois blanc, léger, poreux, peu dur. Cine am- ple, touffue : celle des jeunes arbres hémisphérique, plus tard irrégulière. Écorce des branches mince, grisâtre, cicatriqueuse, obseurément annelée. Ramules courts; étalés, rectilignes, ousub- flexueux, subcylindriques, sillonnés, feuillus, terminés en bour- geon foliaire : les adultes roussâtres et glabres; les jeunes pubé- rules, un peu scabres. Bourgeon-foliaire comprimé, ovoïde, obtus, envelopné dans les stipules. Feuilles des jeunes plantes longues de 6 pouces ct plus, larges d'environ 2 pouces, cblon- gues, pointues, subcordiformes à la base, denticulées, minces, pubérules aux 2 faces et surtout en dessous. Feuilles des indi- vidus adultes longues de 3 à 5 pouces, larges de 2 à 3 pouces, coriaces, veineuses, luisantes et légèrement pubérules en dessus, un peu scabres en dessous, elliptiques-oblongues, en général obtuses ou arrondies au sommet, subcordiformes et inéquilaté- rales à la base, très-entières, ou irréguhèrement sinuolées ; pé- tiole long d’eaviron, 4 lignes, très-finement pubérule, cylindrique, renflé à la base. Stiputes semi-ovales, memhranacées, pubérules, BOTANIQUE. PHAN. T, XI. ÿ 66 CLASSE DES URTICINÉES. caduques. Bourgeons-florifères naissant aux aisselles des feuilles supérieures, ternés, ou fasciculés en plus grand nombre, petits, subglobuleux, écailleux, en général stériles à l’exception d’un seul par aisselle. Pédoncules charnus : ceux des inflorescences- mâles naissant sur les mêmes ramules que les fleurs-femelles, mais aux aisselles inférieures, longs de 1 pouce ou plus, étalés, très-simples. Réceptacle des fleurs-mâles convexe ou hémi- sphérique, verdâtre, charnu, continu avec le sommet du pé- doncule, subsinuolé au bord, velouté, couvert de fleurs en dessus, concave en dessous et couvert de quantité de squamelles ovales, imbriquées, pubérules. Fleurs petites, très-serrées, sessiles, ébrac- téolées. Périanthe 4-ou rarement 3-sépale : sépales bacilliformes, connivents, membranacés, ciliolés, veloutés aux 2 faces. Éta- mines insérées à la base des sépales, dressées, libres ; anthères ova- les, subanisomètres, échancrées aux 2 bouts, latéralement déhis- centes. Réceptacles-femelles petits, ovoïdes, pubérules, charnus, rétrécis en pédoncule très-court. Style terminal, profondément biparti, glabre, longtemps persistant : lanières d’abord diver- gentes, finalement recourbées en arc. Stigmates simples, pointus. Péricarpe du volume d’une Prune, d’un pourpre noirâtre, lésè- rement velouté, lisse, ellipsoide; chair épaisse, blanchâtre, lac- tescente. Graine ovoïde-globuleuse : tégument dur, crustacé, lisse, brun. Embryon blanc : cotylédons gros; radicule très- courte, obtuse. (Blume, 1. c.) Cet arbre, non moins célèbre par ses propriétés délétères bien avérées, que par les relations fabuleuses publiées jadis à ce sujet par quelques auteurs trop crédules, n’est pas rare aux iles de la Sonde et dans les autres archipels de la mer des Indes. Les habitants de la plupart deces contrées lap- pellent Zpo, Hipo, Upas (mots qui, en différents dialectes ma- lais, signifient poison; aussi ces mêmes noms sont-ils com- muns au Strychnos Tieute Lesch., autre arbre tres-véné- neux, indigène de Java), ou Bohon Upas (c’est-à-dire arbre à poison); à Jaya, on le désigne par les noms d’Æntjar, Antsjar, où Antchar. Leschenault de La Tour, et plus récemment encore M. Blume, ont donné les premières descriptions scientifiques FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 67 de l’Antiaris toxicaria, et en même temps les notions les plus exactes sur le terrible poison qu’il contient. — L’écorce de ce végétal est remplie d’un suc-propre blanchâtre ou jaunätre, tres- visqueux, presque insipide, et qui découle copicusement lors- qu’on entaïlle le tronc ou ses ramifications. Les Malais se servent d’une préparation de ce suc, de même que de l’Upas-radja (autre substance vénéneuse qui provient du Strychnos Tieute Lesch.), pour empoisonner les flèches, afin de rendre mortelle la moindre blessure faite par un de ces projectiles ; c’est à l’aide de ces armes redoutables que les habitants de Java résisterent lontemps aux agressions des Hollandais, et aujourd’hui encore, les peuplades sauvages de Sumatra, de Bornéo, de Gélèbes et de la Nouyelle-Guinée se font craindre par le même moyen. — Il n’est point vrai que l’Antraris toxicaria soit entouré d’une at- mosphère mortelle à tout animal qui s’en approche, ni qu'aucun autre végétal puisse vivre dans son voisinage ; car, dit M. Blume, les oiseaux yiennent se percher impunément sur les branches, qui souvent nourrissent des plantes parasites ou prêtent leur appui à des lianes. Toutefois, l’attouchement prolongé d’une partie quelcon- que de ce végétal, et même les émanations immédiates du suc- propre au moment où il s'écoule d’une incision, occasionnent des pustules, des tumeurs érysipélateuses, et de violentes ophthalmies ; mais toutes les personnes ne sont pas sujettes à ces accidents. L'application du suc-propre sur la peau produit des effets plus graves, surtout lorsqu'il en jaillit dans les yeux. Du reste, le principe délétère de ce poison est volatil, et il se perd avec le temps, à moins que le suc ou ses préparations ne soient préservés de tont contact avec L'air. — Les blessures faites avec des flèches empoisonnées par lAntiar sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont moins larges, et surtout si la partie vénéneuse du projectile n’en a pu être extraite à l’instant ; aussi ces projectiles se fabriquent-ils en général d’un morceau de bambou à pointe très- effilée et fragile. Les blessures de lances ou de grandes flèches sont moins à craindre, parce que le poison peut ne pas séjourner assez longtemps pour être absorbé. — Le poison de lAntiar nagit pas avec une même vitesse sur tous les animaux ; les 68 CLASSE DES URTICINÉES. chiens, par exemple, ÿ succombent moins vite que les singes, les chauves-souris, etsurtout certains oiseaux, même des plus grands, qui meurent presque au moment où ils sont blessés, tandis que les poules en sont fort peu affectées, ou du moins y résistent plus longtemps que mêmeles plus fortsmammifères. Les symptômes qui se manifestent chez les animaux empoisonnés par l’Antiar sont en général des convulsions plus ou moins violentes, accompagnées de vomissements et de déjections alvines; les organes internes des cadavres ne montrent point detraces d’inflammation, mais des congestions dans les poumons et dans tous les gros vaisseaux sanguins. — Adminisiré à l’intérieur, le suc soit pur, soit préparé avec des substances excitanies, est moins délétère que lorsqu'il est introduit dans des blessures ; du reste, il produit à peu près les mêmes symptômes, si ce n’est qu'il provoque des vomisse- ments plus viclents, d’où 1l résulte que le poison est rejeté en tout ou en partie, avant de pouvoir se mêler à la masse du sang. Aussi les meilleurs antidotes contre le poison de L'Antiar sont- ils des vomitifs. (Extrait de la relation de M. Blume.) Genre CÉCROPIA. — Cecropia Linn. Fleurs dioiques, agrégées en épis denses, sessiles, fasci- culés. Périanthe tubuleux. — Fleurs-mâles : Périanthe bi- denté, hiant au sommet par une fente transverse. Éta- mines 2. — Périanthe à orifice indivisé, contracté. Ovaire ovoïde, 1-loculaire. Style très-court. Stigmate termi- nal, obliquement pelté. Nucules 1-spermes, recouver- tes par leur périanthe. — Arbres lactescents. Rameaux noueux : entre-nœuds fistuleux. Feuitles agrégées vers l'extrémité des ramules, grandes, discolores, cordiformes, subpeltées, palmatilobées : les jeunes enveloppées par de grandes stipules spathacées. Epis fasciculés au sommet d’un pédoncule-commun ; les mâles beaucoup plus nom- breux que les femelles. — Ce genre appartient à l’Amé- rique équatoriale. AC CécroprA PELTÉ. — Cecropia peltata Linn. — Lamk II. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. l 69 tab. 800.— Sloan. Hist. I, tab. 88, fig. 2, et tab. 89. — Pluk. Alm. tab. 243, fig. 5. — Arbre atteignant une trentaine de pieds de haut. Tronc droit, creux, cylindrique, annelé (par les cicatrices des anciennes feuilles), rameux seulement au sommet, atteignant 1 pied de diamètre. Feuilles grandes, longuement pétiolées, vertes et scabres en dessus, cotonneuses-incanes en dessous, 7-à 11-lobées, larges de 1 pied et plus ; lobes ovales- oblongs. Spathesovales, pointues, caduques. Épis grêles, sessiles au sommet d’un pédoncule commun, cylindriques, fasciculés. Fleurs très-serrées, de couleur herbacée. — Get arbre, connu sous les noms de Coulekin, Coulequin, et Bois-trompette, croît aux Antilles et dans l'Amérique méridionale ; les habitants de ces contrées font des conduits d’eau avec son tronc, qui est creux paturellement ; Le bois, qui est tres-tendre et poreux, leur sert à se procurer du feu : à cet effet on pratique un petit trou dans un morceau de ce bois (on prend de préférence le bois de la racine de l’arbre), et Von y enfonce une cheville d’un bois dur quel- conque, qu’on y retourne le plus vite possible ; la chaleur déve- loppée par Le frottement réciproque des deux sortes de bois suffit pour enflammer le bois du Gécropia. Les baies du Cécro- pia sont mangeables : les nègres les recherchent, mais les créoles en font peu de cas. On cultive ce Gécropia dans les colleclions de serre, en raison de l’élégance de son port. Genre ARTOCARPE, — Ariocarpus Linn. Fleurs monoïques, agrégées sur des réceptacles charnus. — Fleurs-mâles monandres, très-serrées, mais point cohé- rentes, ébractéolées, ou bractéolées, disposées en épis (cla- viformes ou cylindracés) ou en capitules. Périanthe 2-à 4-parti : segments égaux ou inégaux, dressés, ordinaire- ment cunéiformes, Étamine à filet linéaire ou claviforme; anthère basifixe, didyme. — Fleurs-femelles très-serrées, plus ou moins cohérentes, disposées en capitules giobuleux ou subglobuleux. Périanthe tubuleux, subclaviforme, prismatique vers le sommet, indivisé, clos, perforé au 70 CLASSE DES URTICINÉES: sominet par le style. Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé, inclus, à style latéral, saillant, filiforme, terminé en stigmate bifide ou indivisé. Ovule amphitrope, attaché à la paroi de la loge, du côté stylifère. Chaque capitule-femelle devient un syncarpe (foriné par les périanthes entre-greffés, très-am- plifiés, fiualement plus ou moins pulpeux) sïos, charnu, aréolé, ou tuberculeux, renfermant un nombre plus ou inoins considérable de noix 1-sptrmes, subcoriaces. Grairie subovale, apérispermée, subinédifixe. Embryon à cotylé- dons gros, charnus, inégaux ; radicule supère, repliée sur le dos des cotylédons. — Arbres, à suc-propre laiteux. Ra- inules cylindriques, inarticulés. Feuilles grandes, altérnes, courtement pétiolées, très-entières, ou pennatifides, enve- loppées chacune, avant l'épanouissement, d’une paire de grandes stipules coriaces, convolutées, caduques. Inflores- cences axillaires ou latérales (les mâles soit sur d’autres ramules, soit sur les mêmes ramules que les femelles), so- litaires, ou fasciculées, rédonculées, ou sessiles, envelop- pées cliacune, avant la floraison, d’une spathe 2-valve, semblable aux stipules. — Ce genre appartient à l'Asie équatoriale; on en connaît environ 12 espèces dont plu- sieurs sont célèbres à titre de végétaux alimentaires. ARTOCARPE ÂRBRE A PAIN. — Ærtocarpus incisa Lin. fil. — Rumph. Amb. r, tab. 32 et 33. — Sonner. Voy. à la Nouv. Guin. p. 99, tab. 57 à Go. — Tussac, Flore des Ant. vol. 2, tab. 2 et 3.— Hook. in Bot. Mag. tab. 2869, 2870 et 2871. — Ariocarpus communis Forst. Gen. tab. br.— Arbre de 30 à 4o pieds. Tronc atteignant 1 :/, pied de diamètre. Écorce grisâtre. Branches nombreuses, ctalées, fragiles, formant une tête ample. Rameaux annelés. Feuilles longues de r pied à 3 pieds, larges de 1 à 1 ‘/2 pied, coriaces, ovales, cunéiformes vers leur base, lisses en dessus, scabres en dessous : celles des pousses-gourmandes en général tres-entières; celles des ramules- floraux plus ou moins profondément divisées en 3 à 9 lobes acuminés ou pointus, suboblongs; pétiole gros. Stipules grandes, FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 71 cotonneuses. Pédoncules solitaires, axillaires. Fleurs-mâles en épis subelaviformes, nutants, longs d’environ 6 pouces. Fleurs- femelles en capitules globuleux. Stigmates bifides, Fruit ovoide ou subglobuleux, de 4 à 10 pouces de diamètre (en général du volume de la tête d’un enfant), d’un jaune verdâtre à l’extérieur, blanc en dedans, à surface tantôt aréolée, tantôt couverte de gros tubercules prismatiques. Graines du volume d’une amande. Cette espèce, célèbre sous les noms de Rimier, Rima, ou Arbre à pain, croit spontanément aux Moluques, aux iles de la Sonde, et dans presque tous les archipels de la Polynésie. La chair de son fruit, cueilli un peu avant sa parfaite maturité, est blanche et farineuse, d’une saveur agréable qu’on compare à celle du pain de fromient ayecun léger goût d’artichaut : dans cetétatonle mange soit cru, soit cuit au four, soit accommodé de diverses autres manières, et 1l constitue la base de l’alimentation chez les habi- tants des iles de l'océan Pacifique. Les amandes de ce fruit sont également comestibles : étant torréfices, elles ont la saveur des Châtaignes. On assure que quelques Arbres à pain suffisent à la subsistance d’un homme, durant une grande partie de l’année. — L’utilité de l’Arbre à pain ne se borne pas à l’usäge alimentaire de son fruit. Le bois du tronc sert aux constructions légères. On fabrique des étoffes avec les couches internes de l'écorce. Les feuilles sont assez grandes pour tenir lieu de nattes. Enfin, les épis-mäles séchés s’emploientcomme de l’amadou, et le suc- laiteux qui abonde dans toutes les parties du végétal donne de la glu. —On possède plusieurs variétés de Arbre à pain. Les plus généralement cultivées sont celles dont le fruit est dépourvu de graines, et qui sont originaires de Taïti; le gouvernement anglais les fit introduire aux Antilles en 1793, où elles sont aujourd’hui parfaitement naturalisées. . ArTocaRPE JaQuiEr. — Artocarpus integrifolia Linn. — Roxb. Corom. tab. 250.— Tussac, Flor. Ant. 2, tab, 4. — Hook. in Bot. Mag. tab. 2833 et 2834. — Artocarpus hetero Phylla Lamk, Enc. — Polyphema Jaca Loureir. Gochinch. — Silodium cauliflorum Gærtn. Fruct. 1, tab. 71 et 72. — 79 CLASSE DES URTICINÉES. Rademachia integra Thunb. — Soccus arboreus Rumph. Amb. 1, tab. 31 et 32. — Tijaca marum Hort. Malab. 3, tab. 26, 27 et 28.— Arbre de 30 à 5o pieds. Tronc gros, haut de 10 à 12 pieds. Écorce rimeuse, noirâtre. Branches nom- breuses, ctalées, formant une tête ample ct très-touffue. Feuilles longues de 4 à 6 pouces, coriaces, obovales, ou obovales-oblon- gues, lisses et d’un vert foncé en dessus, scabres et d’un vert pâle en dessous : celles des jeunes individus et celles des pousses- gourmandes ordinairement trifides. Stipules lancéolées, presque glabres. Inflorescences naissant sur Île tronc et sur les grosses branches : les mâles et les femelles ensemble. Épis-mâles soli- taires, cylindracés, dressés, du volume d’un doigt, à spathe sem- blable aux stipules, courtement pédonculés, densiflores. Périan- the 2-parti : seoments cunéiformes, poilus, écaux. Étamine à filet claviforme, un peu plus long que le périanthe. — Épis-fe- melles oblongs. Périanthe 4-à G-gone. Stigmate claviforme, re- courbe, Fruit long de 12 à 30 pouces, sur 6 à 12 pouces de diamètre, oblong, jaunâtre, couvert de tubercules prismatiques. Graines subréniformes, du volume d’une noix de muscade. (Roxburgh, Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 522.) Cette espèce, appelée vulgairement J'aquier, Jaque, ou Jack (de son nom malais Tjaca), est indigène de l’Inde, des Molu- ques, et des îles de la Sonde ; on la cultive fréquemment dans toutes ces contrées, à cause de l’émploi alimentaire de son fruit. Ge fruit, qui pèse de dix à quatre-vingts livres, et dont par con- séquent le volume est très-variable, contient une chair pulpeuse, d’une saveur douceâtre, et qui se mange comme celle du fruit de l’Arbre à pain ; mais en général ce fruit n’est point du goût des Européens. On en mange aussi les amandes, qu’on fait torréfier, et qui, ainsi préparées, sont comparables aux Châtaignes. — Le bois de cet arbre prend la couleur de l’Acajou, après avoir été exposé quelque temps à l'air; on l’emploie aux constructions et à l’ébénisterie. Le suc-propre sert aussi à faire de la glu. ARTOCARPE VELU. — Aréocarpus hirsuta Lamk. Encycl. — Hort, Malab. 3, tab, 32, — Ariocarpus pubescens Willd. — FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 75 Grand arbre. Jeunes-pousses poilues. Feuilles elliptiques-ob- longues, entières, obtuses, pubescentes en dessous (surtout aux veincs), longues de 6 à 7 pouces, larges de 4 à 5 pouces ; pé- üole court, poilu. Stipules lancéolées, poilues en dessous. Inflo- rescences axillaires, ou latérales (aux aisselles des feuilles de l’année précédente), géminées : les mâles en épis grêles, longs, pendants ; les femelles en capitules globuleux, dressés, plus lon- güement pédonculés. Bractées linéaires, obtuses. Périanthe des fleurs-mâles subcylindrique, bifide au sommet. Filet aussi long que le périanthe. Périanthe des fleurs-femelles 1 -valve : bords soudées jusqu’au tiers de la longueur, spinelleux à la surface ex- terne. Ovaire ovoïde. Style filiforme, plus long que le périanthe. Sugmate simple, pointu. Fruit ellipsoïde, du volume d’un gros Citron, tuberculeux : tubercules terminés en soie roide. Graines ovoïdes ou ellipscïdes, du volume d’une Fève de marais. (Rox- burgh, Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 521.) — Cette espèce croît dans les forêts du Malabar, où on la conpaît sous le nom d’An- sjeli; son bois s’emploie à toutes sortes d’usages d'économie domestique ; le fruit est mangeable, mais beaucoup moins es- timé que celui des deux espèces précédentes. ARTOCARPE TenapLacue. — Ariocarpus Chaplasha Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 525. — Grand arbre. Tronc droit ; écorce assez lisse, d’un brun olive. Feuilles courtement pétio- lées : celles des jeunes arbres penratifides; celles des arbres adultes elliptiques ou obovales, eunéiformes à la base, légère- ment dentelées ou sinuolées, coriaces, longues de 6 à 12 pouces, larges de 4 à S pouces. Stipules spathiformes, caduques. Inflo- rescences longuement pédonculées, subglobuleuses, naissant im- médiatement au-dessous des bourgeons foliaires : les femelles parmi les mâles. Capitules -mâles du volume d’une Muscade, garnis de bractéoles peliées. Périanthe à 2 ou 3 squamules cu- néiformes. Filet un peu plus long que le périanthe. Capitules- femelles semblables aux mâles. Périanthe claviforme, charnu. Style grêle. Stigmate courhé, saillant. Fruit sphérique, pen- dant, du volume d’une grosse Orange, du reste semblable à 74 CLASSE DES URTICINÉES. celui de l’Arbre à pain. Graines nombreuses, oblongues, blan- ches, du volume d’une Pistache: (Roxburgh, 1. c.) Cette espèce croît dans les contrées orientales du Bengale, où on la désigne par le nom de Tchaplache ; elle fleurit en mars et en avril, époque à laquelle l'arbre est dépouillé de feuilles. Le tronc devient très-gros, et sert à faire des canots, ainsi qu’à beau- coup d’autres usages, parce qu’il est très-durable sous l’eau. AnTocanpe LaxouTcua. — Artocarpus Lacoocha Roxb. For. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 524.— Arbre de moyenne taille. Trone conrt, mais gros. Tête ample, touffue, ctalce. Écorce fi- salement tres-scabre. Feuilles subdistiques, courtement pélio- lees. elliptiques-oblongues, entières, pointues, glabres en dessus, pubescentes en dessous, parailéliveinées, réticulées, longues de 4 à 12 pouces, larges de 2 à 6 pouces. Stipules petites, cordi- formes, caduques. Inflorescences naissant aux aisselles des feuil- les de l’année précédente, solitaires, globuleuses : les mâles et les femelles sur les mêmes ramules; les femelles occupant les aisselles supéricures. Capitules-mâles du volume d’une Muscade, multiflores, denses, courtement pédonculés, de couleur rose, ac- compagnes chacun de deux squamules semblables aux stipules. Périanthe de 2 à 4 folioles cunéiformes. Filet un peu plus long que le perianthe. Capitules-femelles courtement pédonculés. Pé- rianthe comme celui de l’Artocarpus integrifolia. Style aussi long que le périanthe. Stigmate subulé. Fruit du volume du poing d’un homme, ou plus gros, jaune à la maturité, assez lisse, subglobuleux, Graines chiongues. — Cette espèce est com- mune au Bengale; en sanscrit, on la nomme Lakoutcha. Ses feuilles tombent en hiver, et il en repousse de nouvelles, en même temps que les fleurs, en mars. Les Hindous mangent le fruit de cet arbre; mais les Européens en trouvent la saveur désagréable. Le spadice mâle est acide et astringent; les Hin- dous l’emploient comme herbe potagère. Les racines servent à teindre en jaune. ARTOCARPE A FRUIT SPINELLEUX. — Artocarpus echinata Roxb. Flor. Ind. ed, 2, vol. 3, p. 527. — Arbre de moyenne FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 75 taille. Tronc court, gros. Branches nombreuses, formant une tête touffue, presque sphérique ; écorce d’un vert olive. Jeunes- pousses scabrés, garnies de poils apprimés. Feuilles courtement pétiolécs, obloïgues, entières , obtuses ; coriaces ; luisantes en dessus, d’un vert pâle et scabres en dessous, longues de 6 à 8 pouces , larges de 3 à 6 pouces. Stipules lancéolées, concaves, scabres. Capitules-mâles axillaires, courtement pédonculés, glo- buleux, jaunes, du volume d’une Groseille à maquereaux, gar- is de quelques bractéoles subclaviformes, pellées. Périanthe bifide : seoments oblongs, 6btus. Filet un peu plus long que le périathe. Capitules-femelles terminaux, globaïeux, plus lon- güement pédonculés que les mâles. Fruit sphérique, du volume d’une grosse Orange, armé de Iongues spinelles subulces. Grai- nes nombreuses, elliptiques -oblongucs. — Geite espèce croît dans la presqu’ile de Malacca et dans les îles voisines ; les Ma- lais la nomment Tampoine ; son fruit est mangeable. Genre PLATANE. — Platanus Toura. Fleurs monoïques, apérianthées, agrépées sur des ré- ceptacles charnus, subylobuleux, unisexuels, point involu- crés, garnis de squamules cunéiformes, subglandulaires, persistantes. — Capiüules-mäles : Étanines nombreuses, très-serrées, caduques, disposées sans ordre apparent, et accompagnées chacune d’üne ou .de plusieurs squamules. Filets très-courts. Anthères continues au filet, linéaires- cu- néiformes, 2-thèques, couronnées d’un appendice glandu- laire, pelté, discoïde, sub-bilobé, plus large que le sommet; bourses latérales, profondément 1-sulquées, longitudi- nalement bivalves ; connectif sublinéaire, étroit, charnu. — Capitules-femelles : Ovaires nombreux, serrés, obconiques, 1-styles, 4-loculaires, 1-ou 2-ovulés, subfasciculés : chaque fascicule accompagné de plusieurs squamules. Ovules su- perposés étant géminés, attachés au sommet de la loge étant solitaires, renversés, orthotropes. Style filiforme-subulé, terminal, onciné et pubérule au sommet, acerescent. Ga- 76 CLASSE DES URTICINÉES. pitule-fructifère composé de nucules serrées (finalement caduques), coriaces, claviformes, 1-loculaires, 1-spermes, cuspidées par les restes du style, barbues inférieurement de soies articulées. Graine oblongue, apérispermée, atta- chée au sommet de la loge; tégument membranacé. Em- bryon rectiligne : cotylédons linéaires, presque plans; ra- dicule grêle, cylindracée, infère. — Abres à suc-propre aqueux. Rameaux inarticulés, cylindriques. Jeunes-pous- ses et jeunes-feuilles couvertes d’un duvet étoilé, serré, floconneux, en général non-persistant. Bourgeons gros, écailleux, solitaires, naissant dans la base des pétioles et recouverts par ceux-ci, jusqu’à la chute des feuilles ; écaille extérieure grande, solitaire, glabre, recouvrant les écailles intérieures lesquelles sont cotonneuses. Écorce lisse : celle du tronc et des grosses branches se détachant chaque année sous forme de plaques irrégulières. Feuilles alternes, pétiolées, non-persistantes, mais subcoriaces, sti- pulées, palmati-nervées (excepté les inférieures, qui sont en général penninervées), tantôt palmées, tantôt seulement anguleuses ou légèrement lobées, tantôt point lobées, mais plus ou moins profondément sinuées-dentées ; lobes iné- gaux (le terminal plus grand que les 2 latéraux; les basi- laires en général petits) ou rarement presque égaux, ordi- nairement dentés ; bords révolutés en vernation. Stipules solitaires, inadhérentes, oppositifoliées, tubuleuses et en- gainantes inférieurement : celles des ramules-floraux fu- gaces, scarieuses, tronquées au sommet ; celles des pousses- gourmandes herbacées ou subherbacées, moins caduques, ou subpersistantes, à gaîne couronnée d’un limbe tantôt cyathiforme et tronqué, tantôt bifide ou biparti à segments très-entiers, ou crénelés, ou sinués, de forme et de gran- deur très-variables (1). Floraison verrale, coïncidant avec (1) M. Endlicher (Gen. Plant.) est dans l'erreur en avançant que les feuilles des Platanes sont dépourvues de stipuies; M. Lindley se trompe également en attribuant aux Platanes, comme caractère absolu, des sti- pules réduites à des gaînes scarieuses. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 77 la pousse des feuilles. Pédoncules-communs solitaires au sommet des jeunes-pousses, longs, pendants, portant un seul capitule terminal, ou plus souvent 2 à 6 capitules dont un seul terminal, lesautres latéraux (souvent unilatéraux), tantôt sessiles, tantôt pédonculés. Les capitules-mäles sont beaucoup plus.petits que les capitules-femelles, et ils nais- sent tantôt sur le même pédoncule que les capitules-fe- melles, tantôt sur d’autres pédoncules. Squamules-récep- taculaires petites, inégales, subcunéiformes : celles des capitules-mâles, à l’époque de la floraison, plus courtes que les étamines, persistant sur le réceptacle après la chute de celles- ci ; celles des capitules-femelles, à l’époque de la floraison, plus longues que les ovaires, débordées par les styles, persistantes, mais peu ou point accrescentes. An- thères jaunes. Styles rougeâtres. — Ce genre appartient aux contrées extra-tropicales de l’hémisphère septen- trional. Linné en admit 2 espèces : le Platane d'Orient et le Platane d'Amérique; Willdenow en porte le nombre à quatre, dont, suivant cet auteur, trois appartiendraient à l'Orient, et une à l’Amérique septentrionale ; quoique l'une ou l’autre de ces opinions ait été généralement ad- mise jusqu'aujourd’hui, nous avons acquis la conviction, par suite de longues recherches, que les 2 ou 4 préten- dues espèces des auteurs doivent être toutes considérées comme variétés de l’espèce suivante : | PLATANE commun. — P/atanus vulgaris Spach. — Feuilles palmées, ou lésèrement lobées, ou anguleuses, en général si- nuées-dentées, ou érosées-dentées : Les adultes glabres, ou pubc- rules en dessous aux nervures. — 0: A FEUILLES DE Laiquipamear. (liquidambarifolia Spach.) — Platanus orientalis Linn.— W atson, Dendr. Brit. tab.1o1. — Feuilles (1) cordiformes-orbiculaires ou suborbiculaires, (1) Il est essentiel de faire rernarquer que les caractères que nous as- signons à ces différentes variétés, ne sont que ceux qui se rencontrent le plus fréquemment sur les mêmes individus, et qu’ils ne s'appliquent 78 CLASSE DES URTICINÉES. palmées (3-5-ou rarement 7-lobées), tripli-ou quintupli-ner- vées, à base rétrécie en forme de coin ; lobes sublancéolés, ou deltoïdes-lancéolés, ou oblongs-lancéolés, acuminés, ou poin- tus, pauci-dentés, ou très-entiers, en général étroits. — C’est sous cette forme, qui est rare dans les plantations, que le Pla- tane se rencontre le plus souvent en Orient; nous ignorons si clle existe en Amérique. — Les feuiiles inférieures des pous- ses-gourmandes sont ordinairement flabelliformes ou sub- rhomboïdales, moins souvent ovales, tantôt trilobées au som- met (à lobes souvent presque égaux et obtus), tantôt indivisées, plus ou moins profondément sinnées-dentées, on inégalemest érosées-dentées ou denticulées. —$ : À reurres DE Viene. (witifolia Spach.) — Platanus orientalis Linn. — Pallas, Flor. Ross. tab, br. — Duham. ed. nov. vol. 2, tab. r.—Feuilles cordiformes-orbiculaires ou suborbiculaires , palmces (3- où 5-lobées), triplinervées, à base rétrécie en forme de coin; lobes lancéolés-rhomboïdaux, ou subrhomboïdaux, ou deltoïdes, acuminés, profondément et inégalement sinués-dentés ou sublaciniés, plus ou moins lar- ges. — Cette variété croît en Orient, dans l’Europe méridio- pale, et probablement aussi en Amérique; elle est plus fré- quente, dans les plantations (où on la cultive, en général, comme Platane d'Orient), que la variété précédente. Les feuilles inférieures des pousses-gourmandes varient comme celles de la varicté précédente. — y : A FEUILLES FLABELLIFORMES. ( abellifolia Spach.) — Platanus cuneata Willd. — Feuilles flabelliformes, ou subrhomboïdales, ou subovales, triplincrvées, courtement 3- lobées ou subquinqué-lobées, subdenticulées, ou sinuées-den- qu'aux feuilles supérieures des rameaux floraux et des pousses-sour- mandes ; les feuilles inférieures sont toujours d’une autre forme, en général beaucoup plus petites, plus courtement pétiolées, ou subsessiles, moins profondément lobées, ou seulement sinuées-dentées et penniveinées. En outre, presque tout individu de chacune de ces variétés offre aussi plus ou moins de feuilles ayant la forme caractéristique d’une autre variété yoisine. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 79 tées, ou sinuées, à base rétrécie en forme de coin ; lobes égaux ou inégaux , en général obtus. — Cette variété, très-remar- quable par ses feuilles, qui sont la plupart conformées comme les feuilles inférieures des pousses-gourmandes des deux va- riétés précédentes, paraît pourtant n'être qu’une variation accidentelle, due à une végétation languissante; car nous n’en ayons vu que des individus rabongris, et Willdenow déjà fait la remarque que son Platanus cuneata n’est qu’un arbuste. —0 ; À reures D'Éragce. (acerifolia Spach.) — Platanus acerifolia Willd.— Platanus occidentalis Mich. Flor. Bor. Amer.! — Waits. Dendr. tab. 100. — Platanus cuneata Tenor. ! — Platanus orientalis, Platanus occidentalis, et Platanus hispanica Hortul. — Feuilles suborbiculaires ou cordiformes-orbiculaires, plus ou moins profondément 3 - ou 5-lobées, trinervées ou triplinervées, à base rentrante ou tronquée ; lobes deltoïdes ou ovales, larges, pointus, ou acu- minés, pauci-dentés. — Cette variété (qu’on appelle le plus généralement Platane d’ Amérique), qui est la plus com- mune de toutes dans les plantations, croît dans l’Europe méridionale, ainsi qu'en Amérique. Les feuilles inférieures sont ovales, ou rhomboïdales, ou flabelliformes, sinuées-den- tées. —<: A FEUILLES ANGULEUSES. (angulosa Spach.) — Platanus occidentalis Linn. —Catesb. Carol. 5, tab. 56. — Mich. fil. Arb. 3, p.184, cum fig. —Duham. ed. nov. 2, tab. 1. — Platanus occidentalis macrophylla Audib. Cat. — Feuilles réniformes-orbiculaires, ou cordiformes-orbiculaires, ou sub- crbiculaires, acuminées, triplinervées, anguleuses, ou légè- rement 3-lobées, ou subquinquélobées, inégalement sinuées- dentces, ou érosées - dentées, ou denticulées, à base tantôt rentrante, tantôt tronquée, tantôt rétrécie en forme de coin. — Feuilles-inférieures variant comme chez la variété précé- dente. — Cette variété, qui est rare dans les plantations, pa- rait propre à l’Amérique, | 80 - CLASSE DES URTICINÉES. Arbre atteignant, dans les localités favorables, 80 à 100 pieds de haut. Racines longues, traçantes. Tronc droit, souvent très- gros (1) et sans branches jusqu’à Go pieds ou plus ; quelquefois il ya plusieurs troncs partant d’une même souche. Écorce lisse : la nouvelle d’un vert pâle ‘ou jaunâtre; l’ancienne (qui se déta- che par plaques) grisâtre ou brunâtre. Branches nembreuses, divergentes, très - rameuses : les inférieures horizontales ou ré- clinées. Cime ample, très-touffue, arrondie (lorsque l’arbre croît isolément), ou plus ou moins allongée. Rameaux à épiderme d’un brun de Châtaigre, ou grisâtre, ou verdâtre, parsemés de petites verrues blanchâtres. Bourgeons obtus ou pointus, plus ou moins gros, bruns. Feuilles larges de 3 à 8 pouces (les in- férieures souvent seulement de 2 pouces; celles des pousses- gourmandes souvent larges de près de 1 pied), d’un vert gai et ordinairement luisantes en dessus, d’un vert pâle en dessous : les jeunes couvertes d’un duvet jaunâtre où blanchâtre; lobes formant des angles tantôt très-aigus, tantôt plus ou moins ou- verts, tantôt très-ouverts ; dents deltoïdes ou moins souvent ar- rondies, ordinairement mucronées. Pétiole grêle, subcylindri- que, point canaliculé, long de quelques lignes à 2 pouces. Sti- pules plus courtes que le pétiole , tronquées, ou à lobes tantôt falciformes, tantôt semi-lunés, tantôt suborbiculaires, tantôt obli- quement ovales ou lancéolés, très-entiers, ou denticulés, ou sinués- dentés. Pédoncules-communs grêles, subcylindriques, où un peu comprimés, longs de 4 à 8 pouces. Capitules -mâles du volume d’un gros Pois. Capitules-fructiferes de 6 à 12 lignes de dia- mètre. Le Platane croît dans la Perse, dans Asie Mineure, en Sy- ric, en Grèce et dans l’Archipel, en Sieile, en Calabre, et dans l'Amérique septentrionale, à peu près dans toute l’étendue des États-Unis ; suivant Pline et d’autres auteurs anciens, la Grèce et (4) Pline fait mention d’un Platane qui existait de son temps en Lycie : le tronc de cet arbre, creusé par la vétusté, offrait une grotte de 75 pieds de circon{érence. M, A. Michaux cite des Platanes observés par lui en Amérique, et ayant 40 à 45 pieds de circonférence. FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 81 l'Italie auraient reçu cet arbre de l'Orient. Il s’accommode parfaite- ment du climat du nord de la France et de l'Allemagne, quoique dans ces contrées il soit loin d’acquérir les dimensions qui, dans les climats plus chauds, en font un des plus beaux arbres de la zone tempérée. Le Platane ne se refuse à croître dans aucune sorte de terrain : toutefois, il prospère surtont dans les sols meubles et fertiles, et ce n’est qu'aux bords des eaux qu’il se montre dans sa plus grande beauté; il ne forme point des forêts, ni dans l’ancien continent, ni dans le nouveau, et, en gé- néral, 1l borde les rivières et les ruisseaux. Quoiqu’il soit d’une longévité remarquable, sa croissance n’en est pas moins rapide : 2 dans les localités favorables, il acquiert, au bout d’une ving- taine d’années, 60 à 70 pieds de haut sur 1 à 2 pieds de dia- mètre. Il se de, aussi facilement que les Saules, de bou- tures, de branches couchées, et même de tronçons de racines ; une branche couchée, sans être marcottée, donne, dès la pre- mière année, une tige droite et vigoureuse, d’une dizaine de pieds de haut, et suffisamment enracinée pour être transplantée en automne : ce mode de multiplication est préférable à celui par boutures, qui ne donne que des arbres moins vigoureux et souvent mal venus. La multiplication par graines n’est pas fa- Ële dans le nord de la France, et d’ailleurs les fruits y sont le plus souvent stériles. On a remarqué aussi que le Platane est de tous les arbres le moins propre à servir de sujet pour la greffe de tout autre arbre, quoique plusieurs auteurs anciens eussent avancé qu’on pouvait y greffer toutes sortes d’arbres fruitiers ; les écussons même de Platane sur Platane ne réussissent pas. On dit qu’un écusson de Figuier, posé sur un Platase, le fait périr entiérement l’hiver suivant. — Le Platane, comme l’on sait, se plante fréquemment en avenues, ou au voisinage des habi- tations : usage auquel il est éminemment propre, parce qu’il supporte fort bien la taille, qu'il donne beaucoup d’ombre, et que ses feuilles ne sont point sujettes au ravage des insectes. C’est aussi l’un des arbres favoris des Orientaux : les Persans lai at- tribuent une vertu spéciale pour désinfecter l'air, et pour ga- rantir de la peste ou autres maladies contagieuses ; cetie sup- BOTANIQUE, PHAN, T, XI, 6 82 CLASSE DES URTICINÉES. position est probablement due à ce que le feuillage du Platane répand une odeur légèrement balsamique. Le bois de Platane est pesant, tenace, assez dur, marbré d’une infinité de veines réticulées ; en se desséchant,, il devient d’un rouge terne; son grain est fin et serré; il est susceptible d’un beau poli, plus que celui du Hêtre, avec lequel il a quelque ressemblance; on en fait rarement usage dans l’ébénisterie, parce qu'il a le défaut d’être trop hygrométrique ; il n’est pas propre aux construc- tions externes, parce qu’il pourrit promptement, étant exposé aux alternatives de sécheresse et de pluie; mais lorsqu'il est bien sec, il est excellent comme combustible, et pour la char- pente intérieure des bâtiments. Les habitants de l’Amérique septentrionale font des canots avec les gros troncs de Platanes: un seul tronc peut donner un canot de plus de Go pieds de long, et supportant un chargement de 4,500 kilos. Le bois des ra- cines est d’un beau rouge , et les couches concentriques, ainsi que les rayons médullaires, y sont très-apparents ; ces racines sont recherchées pour les ouvrages de tour, de tableiterie et de marqueterie. La décoction des rameaux du Platane donne ure teinture brune. Genre LIQUIDAMBAR. — ZLiquidambar Linn. (1). Fleurs monoiques ou polygames-dioiques (2), apérian- thées, agrégées en capitules unisexuels, pédonculés, sub- globuleux, involucrés. — Capitules-mäles : Etamines nom- breuses, serrées, entremélées de squamules disposées sans ‘(4) Ce genre a été classé par M. A.-L. de Jussieu à la suite de ses Amentacées; par M.A. Richard, dans les Myricées ; par M. Lestiboudois et par M. Dumortier, dans leur famille des Platanées; par M. Kunth, avec doute, dans les Cunoniacées; par Poiret, Sprengel, et d’autres, dans les Conifères. (2) Suivant tous les auteurs, les fleurs des Liquidambar seraient con- stamment monoïques ; mais nous avons souvent examiné plusieurs indi- vidus de Liquidambar imberbe, plantés au Jardin du Roi, sur lesquels nous n'avons jamais pu découvrir de capitules mâles, FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 83 ordre. Filets libres, subulés. Anthères didymes, basi- fixes, mucronées : bourses juxtaposées, longitudinalement 2-valves. — Capitules-femelles : Ovaires nombreux, très- serrés, 2-styles, 2-loculaires, multi-ovulés, accompagnés chacun de plusieurs squamules plus ou moins cohérentes, . accrescentes. Ovules nidulants, amphitropes, peltés, atta= chés à la cloison. Styles subulés, accrescents, persistants, papilleux antérieuremént. Les fruits de chaque capitule- femelle constituent un strobile composé des squamules- florales amplifiées, durcies et entregreffées de manière à former des fossettes 4-ou 5-latères, dans chacune des- quelles estnichéeune capsule presque ligneuse, obconique, demi-saillante, bicuspidée (par les styles), 2-loculaire, po- lysperme (eu par avortement oligosperme), finalement 2-valve (septicide) entre les styles. Graines oblongues, un peu comprimées, submédifixes, imbriquées; tégument mince, chartacé, prolongé en aile terminale. Périsperme mince, subcartilagineux. Embryon rectiligne : cotylédons foliacés ; radicule courte, supère. — Arbres à sucs-propres balsamiques. Rameaux cylindriqués, inarticulés, alternes. Bourgeons écailleux, axillaires. Feuilles palmées ou indivi- sées, dentelées, pétiolées, bistipulées ; dentelures glandu- leuses au sommet. Stipules linéaires ou subulées, mem- branacées, latérales, adnées inférieurement au pétiole; partie inadhérente caduque. Inflorescences axillaires et terminales sur les jeunes-pousses. Capitules-mâles dispo- sés en grappe ou en épi vers l'extrémité d’un pédoncule- commun terminal. Capitules-femelles terminaux, ou axil- laires et terminaux, ou bien (lorsque le ramule-floral se termine par des capitules-mâles) tous axillaires et longue- ment pédonculés. Capitules accompagnés chacun d’un in- volucre de 4 ou 5 bractées membranacées, fugaces. — Ce genre ne comprend que les 3 espèces dont nous allons traiter. ; | 84 CLASSE DES URTICINÉES. A. Feuilles palmées, longuement péliolées, non-persistantes. Liquipampar CopaLmEe. — Liquidambar styraciflua Linn. — Blackw. Herb. tab. 485. — Catesb. Carol. 2, tab. et p. 65. — Duham. Arb. ed. 1, tab. 179. — Wangenh. Amer. tab. 27, fig. 40.— Duham. ed. nov. vol. 2, tab. 10. — Mich. fil. Arb. vol. 3, p. 194, cum fig. — Feuilles 5-lobées, barbeilulées en dessous aux aisselles des nervures ; lobes oblongs, ou oblongs- Jancéolés, ou ovales-lancéolés, ordinairement indivisés, acumi- nés. Pédoncules-fructifères pendants. Capitules-fructiferes gros ; bords des fovéoles fortement crénelés. — Arbre atteignant, dans les terrains fertiles, de 70 à 80 pieds de haut, sur 1 à 4 pieds (quelquefois jusqu’à 5 pieds) de diamètre, mais dans les sols mai- gres, il ne s’éleve pas à plus de 30 pieds, et souvent il n’en atteint que 15 à 20. Tronc tantôt rameux à peu de distance du sol, tantôt (surtout lorsqu'il croît en forêts serrées) indivisé jusqu’à 30 à 40 pieds de haut. Écorce des vieux troncs profon- dément crevassée. Bois rougeâtre, marbré de quelques veines noires. Cime pyramidale ou arrondie, touffue, très-ample lorsque l’arbre croît isolément dans des localités favorables. Rameaux bruns, souvent garnis d’angles subéreux. Bourgeons bruns, ovales, pointus. Feuilles larges de 3 à6 pouces, fermes, luisantes, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous, cordi- formes (ou rarement tronquées) à la base, glabres (excepté en des- sous aux aisselles des nervures) : celles des ramules-floraux très- rapprochées, moins grandes que celles des pousses-sourmandes ; dentelures petites, subverticales, presque égales, pointues, con- tigués; lobes inégaux, en général plus ou moins divariqués ; pétiole grêle, subcylindrique, canaliculé en dessus, long de 2 à 4 pouces, comprimé et élargi vers sa base. En automne ces feuilles se colorent d’un rouge terne. Stipules des feuilles-flo- rales linéaires-lancéo!ées, fugaces, libres presque dès leur base ; stipules des feuilles des pousses-gourmandes beaucoup plus pe- tites que celles des feuilles-florales, adhérentes jusque vers leur milieu, subulées. Jeunes-pousses un peu anguleuses, glabres, ou presque glabres, Ramules-floraux courts, solitaires, terminaux, FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 85 produisant ordinairement un épi terminal, ovale, composé de capitules-mâles tres-rapprochés, et un ou deux capitules-fe- melles axillaires, longuement pédonculés, pendants ; quelque- fois le ramule-floral ne produit qu’un épi de capitules-mäles; ou seulement des capitules-femelles, et, dans ce dernier cas, les capitules-terminaux sont aussi agrégés en épi ovale. Capitules (soit mâles, soit femelles) petits à l’époque de la floraison. Capi- tules-fructifères de 6 à 15 lignes de diamètre, d’un brun clair : pédoncules longs de 2 à 3 pouces. Capsules par avortement oli- gospermes. Graines d’un hrun noirâtre, longues de 3 lignes. Cet arbre croît dans presque toute l’étendue des États-Unis, jusque vers le 44° degré de latitude, ainsi que dans une grande partie du Mexique; il abonde surtout dans la Louisiane, les Flo- rides, la Géorgie et les Carolines ; c’est dans les localités fertiles et humides, exposées aux inondations des fleuves et des rivières de ces contrées, qu'il végète avec le plus de vigueur; mais, du reste, on le rencontre aussi dans les forêts de Chênes.et de Tuli- piers, et même dans des terrains assez secs et graveleux. Les Français de la Louisiane lui donnent le nom de Copalme; les Anglo-Américains l’appellent Sweet-gum (Gomme douce). On le eultive, en Europe, comme arbre d’ornement : il résiste aux hivers du nord de la France; toutefois il ne paraît pas que ce climat lui soit favorable, car il n’y forme en général qu’un arbrisseau. — Le bois du Liquidambar styraciflua a le gram très-fin, très-serré, et susceptible d’ur beau poli ; on s’en sert, aux États-Unis, pour les boiseries des appartements, pour la charpente interne, et pour l’ébénisterie commune ; mais quoiqu'il soit assez fort, on ne peut J’employer à aucun ouvrage exposé aux intempéries de l'atmosphère, ou à l'humidité, parce qu’il se décompose promptement dans ces conditions. — Lorsqu’en été on fait une incision profonde dans l’écorce de cet arbre, il en suinte une matière résineuse, d’une odeur aromatique et agréa- ble; mais, suivant M. A. Michaux, un arbre d’un pied de dia- mètre ne peut en fournir qu'environ une once dans l’espace de quinze jours : aussi n’en fait-on aucun usage aux États-Unis ; cependant on prétend que Ja substance balsamique, autrefois 86 CLASSE DES URTICINÉES. usitée en thérapeutique, sous les noms de Liquidambar, ou Styrax liquide (substance qu'il ne faut pas confondre avec le yrai storax ou styrax, qui provient du Styrax officinale), et qui, à ce qu'on dit, s’importait du Mexique, est le produit du Liquidambar styraciflua ; mais, suivant M. Blume, le styrax liquide provient du Liquidambar Altingia. Les furllcé et les jeunes-pousses de l’arbre, lorsqu'on les broie, ont aussi une odeur aromatique tres-agréable. Liquipamsar D'OrtenT. — Liquidambar orientale Mill.— Liquidambar imberbe Hort. Kew. — Feuilles 5-ou 3-lobées, très-glabres (point barbellulées en dessous); lobes pointus ou obtus : les 3 terminaux trilobés ou subpennatifides. Pédoncules -fructi- fères ascendants ou dressés. Strobiles de grosseur médiocre; bords des fovéoles peu ou point crénelés. — Arbre à cime pyramidale, très - dense ; branches en général nombreuses , très - rameuses, _ divergentes : les inférieures étalées ou éd Tronc produi- sant ordinairement, de la base jusqu’ au sommet, une grande quantité de rameaux plus ou moins réclinés. Brhre des ra- meaux brune, lisse. Jeunes-pousses glabres, plus ou moins an- guleuses, Bourgeons bruns, ovales, obtus, visqueux. Feuilles larges de 2 à 5 pouces, fermes, lisses, d’un vert foncé en dessus, d’un vert gai en dessous, souvent luisantes, ordinairement cor- . diformes à leur base (moins souvent à base tronquée ou arron- die); lobes plus ou moins divariqués, oblongs, ou oblongs-lan- céolés, ou sublancéolés, ou subrhomboïdaux, ou deltoides, plus ou moins inégaux, plus ou moins divariqués; dentelures obtuses ou pointues, égales ou inégales, contiguës; pétiole grêle, sub- cylindrique, canaliculé en dessus, élargi et comprimé vers sa base, long de 2 à 4 pouces. Stipules et inflorescence variant comme chez l'espèce précédente. Pédoncules - florifères d’abord cooens re HR NEReUR, puis glabres. Pédoncules - fructiferes longs de 1 pouce à 2 pouces. Strobiles de 6 à 8 lignes de dia- mètre, Graines oblongues, d’un brun noirätre, longues d'environ 3 lignes. — Cette espèce, connue sous les noms de Liquidam- bar du Levant, Liquidambar d’ Orient, et Liquidambar 1m- berbe, est originaire de l'Asie Mineure; on la cultive comme FAMILLE DES ARTOCARPÉES. 87 arbre d'ornement, et elle s’accommode beaucoup mieux du cli- mat des environs de Paris (1) que le Liquidambar Copalme. On la multiplie facilement, de même que l’espèce précédente, de marcottes dès rameaux qu’elle produit abondamment à la base du tronc. Ses feuilles, lorsqu'on les froisse, répandent une odeur forte et peu agréable. B. Feuilles indivisées, coriaces, persistantes. Liquinamear ALrinGra. — Liquidambar Altungia Blum. Bijdr. p. 527; id. Flor. Jav. Balsamifluæ, p. 8, tab. M 6e — Altingia excelsa Noronh. in Batav. Verhandé V,n. 1. — Alingia cerulea Poir. — Lignum papuanum Rumph. Amb. IL, p. 57. — Arbre haut de 150 à 200 pieds; tronc droit, tres- gros, sillonné vers sa base. Cime ample, diffuse. Écorce lisse ou presque lisse et d’un blanc cendré à la surface, rougeâtre en de- dans, d’une saveur âcre et un peu amere. Ramules cylindriques, parsemés de petites verrues. Feuilles longues de 3 à 5 pouces, larges d’environ 2 pouces, ovales, ou ovales-oblongues, acuminées (à pointe subobtuse), arrondies à la base, dentelées, coriaces, très- glabres, luisantes, d’un vert clair et légèrement veineuses en dessus, un peu glauques en dessous; dentelures inégales, cbtu- ses ; pétiole long de ’/ pouce à 1 pouce, grêle, subcylindrique, canaliculé en dessus. Suipules petites, subulées. Grappes nu- tantes ou dressées, sessiles, longues de 3 à 4 pouces, com- posées de 6 à 8 capitules mâles , alternes, courtement pédoncu- lés, et de quelques capitules femelles, inférieurs, longuement pédonculés. Strobiles du volume d’une Cerise. (Blume, 1. c.) — Cette espèce croît dans l’île de Java (où on la nomme Ras- samala), ainsi que dans la Nouvelle-Guinée (où on l'appelle Rus- simala), la Cochinchine (ou elle porte le nom de Rosamalla), et dans les îles de la mer Rouge (où les Arabes l’appellent Rosem- malla ) ; au témoignage de M. Blume, c’est d’elle que provient la (1) Quelques individus de cette espèce, plantés au Jardin du Roi, forment des arbres de 50 à 40 pieds de haut, quoiqu'ils se trouvent dans un sol aride et très-maisre. 88 CLASSE DES URTICINÉES. substance balsamique connue sous le nom de styrax liquide ou sto- rax liquide, et dont les Orientaux font une grande consomma- tion, tant comme médicament que comme parfum. Le siyrax. découle abondamment du tronc de l’arbre, lorsqu’on en éntaille l'écorce. Le bois de ce Liquidambar est très-compacte, pe- sant, d’un grain fin et d’une odeur balsamique ; les Javanais le recherchent pour les constructions et pour toutes sortes d’autres ouvrages de longue durée. CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME FAMILLE. LES MONIMIÉES. — MONIMIEÆ. Monimieæ Juss. in Ann. du Mus. vol. XIV, p. 150. — Bartl. Ord. Nat. p. 103. — Monimicæ et Atherospermeæ R. Br. in Flind. Voy. II, p- 553.—Monimiaceæ et Atherospermaceæ Lindl. Nat. Syst. ed. 2, p. 188 et 189. — Arnott, in Edinb. Encycl. p. 429 et 450.-—Dumort. Fam. — Monimiaceæ Endl. Gen. Plant. p. 515. — Urticeæ-Monimieæ Reichenb. Consp. p. 84. — Nytagineæ-Monimieæ Reichenb. Syst. Nat. p. 174. Cette famille, qui est placée, par plusieurs auteurs, à côté des Laurinées, manque entièrement dans les régions extra-tropicales de l'hémisphère septentrional ; la plu- part des Monimiées sont très-aromatiques. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres ou arbrisseaux, sans sucs laiteux. Feuilles opposées (rarement alternes), pétiolées, penninervées, simples (très-entières, ou dentées), point stipulées, souvent ponctuées (de glandules transpa- rentes). Fleurs monoïques ou dioïques, ou rarement herma- phrodites, disposées en grappes ou en cymes. Périanthe (1) rotacé, ou subcampanulé, ou urcéoli- forme, 4-à 10-fide; segments 1-ou 2-sériés, herbacés, ou subcolorés. Étamines (nulles ou squamuliformes dans les fleurs- femelles) en nombre indéfini, insérées soit sur toute la surface interne de la portion indivisée du périanthe, soit à la gorge du périanthe, soit au fond du périanthe, (4) Le périanthe des Monimiées est considéré, par beaucoup d’au- teurs, comme un réceptacle multiflore. 90 CLASSE DES URTICINÉES. Filets (souvent nuls ou très-courts) libres, souvent ap- pendiculés ou glanduleux à leur base, quelquefois en partie ananthères et pétaloïdes. Anthères 2-thèques, continues avec le filet; bourses séparées par un con- nectif plus ou moins large, déhiscentes chacune soit par une fente longitudinale, soit par une valvule ascen- dante. | Pistil : Ovaires en nombre indéfini, disjoints, 1-locu- laires, 1-ovulés, 1-styles, pariétaux, ou insérés au fond du périanthe. Ovule anatrope, suspendu au sommet de la loge, ou bien attaché au fond de la loge et renversé. Styles terminaux ou latéraux, terminés chacun par un stigmate indivisé. Péricarpe composé de drupes ou de nucules r-sper- mes, distincts, en général recouverts par le périanthe amplifié, ou enfoncés dans la chair d’un périanthe dont le limbe s'est étalé. Graine suspendue ou renversée, périspermée. Péri- sperme charnu, souvent huileux. Embryon rectiligne, inclus, court, ou allongé, central; radicule supère ou infére, voisine du hile. Cette famille comprend les genres suivants : Ir TRIBU, LES AMBORÉES. — AMBOREÆ Baril. (Monimieæ R. Br. — Endl. — Monimiaceæ Lindl. ) Fleurs diclines. Anthères déhiscentes par des fentes lon- gitudinales. Ovule suspendu au sommet de la loge. Fruits drupacés. Perisperme huileux. Embyron axile, à radicule supère. Ambora Juss. (Tambourissa Sonnerat. Mithridatea Commers. ; Schreb.) — Monimia Petit-Thou. — Xibara Endl. (Brongniartia Blume, non Kunth.) — Citrosma FAMILLE DES MONIMIÉES. 91 Ruiz et Pav. — Hedycarya Forst. — Ruizia Pavon. (non Cavan.) (Boldea Juss. Peumus Pers,) II: TRIRU. LES ATHÉROSPERMÉES. — ATHE- ROSPERMEÆ R. Br, (Atherospermaceæ Lindi. ) Fleurs diclines ou hermaphrodites. Antheres déhiscentes par des valvules ascendantes. Ovule renversé, attache au fond de la loge. Fruits nuculaires, termines en queue plumeuse. Périsperme mou, point huileux. Em- bryon petit, terminal, à radicule infere, Atherosperma Labill.— Laurelia Juss. (Thiga Molin. Pavonia Ruiz, non Cavan.) — Doryphora Endl. QUARANTE-UNIÈME CLASSE. LES AMENTACÉES. AMENTACEZÆ Bartl. CAPRACTÈRES. Arbres où arbrisseaux. Rameaux épars, en général inarticulés et point noueux : les jeunes cylindriques ou irrégulièrement anguleux. Bourgeons écailleux, axillaï- res; les floraux souvent aphylles. Sucs-propres jamais laiteux, rarement résineux. Feuilles alternes, pétiolées, simples (dentées, ou pen- natilobées; rarement très-entières), penninervées, vei- neuses, 2-stipulées (par exception non-stipulées), le plus souvent non-persistantes. — Chez les Casuarinees, les feuilles sont réduites à des gaines articulaires, mem- branacées, courtes, denticulées, point stipulées. — Su- pules latérales, inadhérentes, caduques, en général mem- branacées. Fleurs unisexuelles (le plus souvent monoïques), ou polygames, ou (très-rarement) hermaphrodites, souvent apérianthées. — Fleurs-mäles le plus souvent disposées en chatons composés d'écailles imbriquées, lesquelles sont ou peltées et florifères à la surface antérieure, ou basifixes et florifères à leur aisselle. — Fleurs-femelles disposées soit en chatons écailleux, soit en épis, soit en fascicules ou en capitules, soit solitairement ou subso- litairement aux aisselles des feuilles, en général accom- pagnées chacune ou plusieurs ensemble d'un involucre accrescent (cupulaire, ou tubuleux, ou subcampanulé, 95 “ou polyphylle). — Fleurs-hermaphrodites solitaires, ou subsolitaires, ou fasciculées, ou glomérulées, en général point involucrées. Peérianthe (nul chez beaucoup d'espèces diclines; quelquefois nul dans les fleurs-femelles, mais existant dans les fleurs-mâles; en généraladhérent dans les fleurs- femelles) membranacé ou herbacé, marcescent, 4-à 6-fide (ou denté), ou composé d’un nombre indéfini de squamules disposées sans ordre. Étamines en nombre défini ou en nombre indéfini, insérées aux écailles-florifères (lorsque les fleurs sont apérianthées ), ou au fond du périanthe (antéposées lorsqu'elles sont en même nombre que ies lobes du pé- rianthe). Filets ordinairement libres, point élastiques. Anthères 2-thèques (par exception 1-thèques) : bourses longitudinalement 2-valves. | Pistil : Ovaire adhérent ou inadhérent, solitaire, 1-à 6-loculaire, couronné de 2 à 6 stigmates filiformes, ou subulés, on rarement bifurqués, distincts dès la base, ou soudés inférieurement ; loges 1-ou 2-ovulées. Ovules soit orthotropes et attachés au fond des loges, soit anatropes, ou campylotropes, ou amphitropes, sus- pendus au sommet ou à l'angle interne des loges. Peéricarpe membranacé, ou coriace, ou ligneux, ou drupacé, indéhiscent, en général par avortement 1-lo- culaire et 1-sperme, d'ordinaire recouvert (en tout ou en partie) soit par les écailles-florifères amplifiées, soit par un involucre cupulaire, ou capsuliforme, ou utri- culaire. Graine soit basifixe et dressée, soit suspendue, apé- rispermée, ou pourvue seulement d'un périsperme très- mince. Embryon rectiligne, ou moins souvent courbé: radicule supère. 94 CLASSE DES AMENTACÉES. Cette classe, qui correspond (à l'exclusion de quel- ques genres) à la famille des Amentacées d’A.-L, de Jussieu, se compose des U/macées, des Cupuliferes (Gu- pulifères et Bétulacées Rich. ), des Myricées et des Casuarinées, CENT QUATRE-VINGT-SIXIÈME FAMILLE. LES ULMACÉES. — ULMACEÆ. Uimaceæ Mirb. Élém. p. 905. —Agardh , Aphor. p. 224. — A. Rich. Bot, Méd. p. 191. — Bartl. Ord. Nat. p. 100 (exclusis Chailletieis.) — Lindl. Nat, Syst. p. 178.—Celtideæ Rich.—Gaudich. in Freycin. Bot. p. d07. — Urticaceæ-Celtideæ et Ulmideæ Dumort. Fam. — Urticacea- rum genn., D. Don, in Sweet, Hort. Brit. ed. 2. — Ulmaceæ et Celtideæ Endl. Gen. p. 275 et 276. — Urticaceæ-Ulmeæ Reichenb. Consp. p. 84; id., Syst. Nat. p. 172. (excl. genn.) — Urticaceæ-Celtideæ et Urticaceæ- Ulmeæ Reichb. Flor. Germ. Excurs. p. 479 et 480. Cette famille, qui paraît avoir beaucoup plus d’aff- nités avec la classe des Urticinées qu'avec celle des Amentacées, appartient en grande partie aux régions extra-tropicales de l'hémisphère septentrional; elle renferme un assez grand nombre des arbres les plus im- portants de ces climats. Ces végétaux sont remarquables par leur longévité, ainsi que par la dureté et la ténacité de leur bois; leur écorce est en général amère et astringente. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres ou arbrisseaux. Rameaux distiques, inarti= culés, cylindriques. Feuilles altèrnes-distiques, simples, indivisées (quel- quefois très-entières), penninervées, ou tripli-nervées, courtement pétiolées, bistipulées, en général inéquila- térales. Stipules inadhérentes, submembranacées, sub- linéaires, ordinairement caduques. Pubescence én général scabre. Fleurs hermaphrodites, ou polygames -monoïquées, axillaires, ou latérales, périanthées, solitaires, ou dis: posées en glomérules, ou en grappes, ou en corym- bes, ou en cymes. 96 CLASSE DES AMENTACÉES. Périanthe membranacé ou subpétaloïde, inadhérent, persistant, marcescent, ou caduc, plus ou moins pro- fondément 3-à 9-lobé (le plus souvent 5-lobé) ; estiva- tion unbricative. Étamines en même nombre que les lobes du périan- the (accidentellement plus ou moins) et antéposées, in- sérées au fond du périanthe, ou au bord d’un disque ta- pissantle fond du périanthe, marcescentes, ou caduques avec le périanthe. Filets fliformes ou subulés, libres, infléchis en préfloraison. Anthères 2-thèques, submédi- fixes, extrorses ou introrses en préfloraison ; bourses ordinairement disjointes aux 2 bouts, longitudinalement bivalves ; connextif petit ou inapparent. Pistil (nul ou abortif dans les fleurs-mäles) : Ovaire inadhérent, 1-loculaire (1), r-ovulé, couronné de 2 stig- mates indivisés ou bifurqués, subulés, ou linéaires-lan - céolés, ou filiformes, plus ou moins divergents (lors de l’anthèse), marcescents, ou accrescents, ou caducs après la floraison, papilleux antérieurement. Ovule anatrope ou campylotrope, suspendu au sommet de la loge. Pericarpe sec ou drupacé, indéhiscent, 1-loculaire, I-sperme. Graine inadhérente, suspendue, apérispermée, ou munie d’un périsperme très-mince ; técument membra- nacé, ou crustacé, ou subcoriace. Embryon rectiligne ou replié; cotylédons ou plano-convexes et charnus, ou minces et convolutés, cordiformes-bilobés à la base, ordinairement échancrés ou bilobés au sommet; radi- cule dressée ou ascendante, conique, supère, voisine du hile, presque recouverte par les lobes-basilaires des cotylédons. 1 (41) C’est par erreur que beaucoup d'auteurs attribuent aux U/mus un ovaire bi-loculaire et bi-ovulé. ® FAMILLE DES ULMACÉES. 97 Cette famille comprend les genres suivants : (0 F° TRIBU. LES ULMIDÉES. — VLMIDEÆ Dumort. Périanthe persistant (marcescent) de même que les éta- mines, Ovule anatrope. Stismates persistants, indivises. Péricarpe sec, en general stipite, le plus souvent ailé. Graine apérispermee. Embryon rectiligne : cotylédons plano-convexes, charnus ; radicule droite. — Feuilles toujours penninervees et ( le plus souvent) dentees, en géncral inequilaterales ; pétiole subcylindrique, point canalicule. Fleurs hermaphrodites ou polysames, sou- vent glomérulees : les mâles sans disque et sans rudi- ment de pistil. Pédicelles en général articulés au-des- sous du sommet, 1-ou 2-bracteolés à la base, continus avec le périanthe et le fruit. SECTION Ï. GLMÉES. — Ulmeæ Spach. Fleurs toujours hermaphrodites, naissant de bourgeons écailleux, aphylles, en général latéraux à l'époque de la floraison. Disque nul. Stigmates accrescents (avec l'aile du péricarpe). Péricarpe membranacé ou char- tacé, lenticulaire, finement réticulé, équilatéral, cour- tement stipité, entouré d'une aile plus ou moins large. — Feuilles inéquilatérales, à base plus ou moins inégale. Ulmus Tourn. — Microptelea Spach. SECTION Il. PLANÉRÉES, — Planereæ Spach. Fleurs polygimes-monoïques, axillaires et latérales (sur les jeunes-pousses), ou toutes latérales (à la base des jeunes-pousses) : les unes (plus nombreuses) stériles (mâles sans rudiment de pistil), jamais solitaires; les autres fertiles {tantôt parfaitement hermaphrodites, BOTANIQUE. PHAN. T. XI. D 4 98 CLASSE DES AMENTACÉES. tantôt à anthères indéhiscentes), solitaires ou subso- litaires (soit aux aisselles des feuilles supérieures, soit au sommet d'un glomérule mâle). Étamines des fleurs fertiles insérées soit au bord d’un disque adné au fond du périanthe, soit immédiatement au périanthe, Stig- mates marcescents. Péricarpe chartacé ou osseux, an- fractueux, ou Lee) ns) aptère, oblique, peu ou point comprimé, — Feuilles équilatérales ou PeNei- latérales. Planera J. F. Gmel.— Zelkova Spach. (Abelicea Pona; Smith.) II: TRIBU. LES CELTIDÉES. — CELTIDEÆ Dümort. Perianthe caduc peu après la floraison (de méme que les étamines). Ovule campylotrope. Stigmates indivises ou bifurques, non-persistants. Péricarpe aptère, dru- pacé, non-stipité, articule sur un petit réceptacle dis- ciforme, Graine munie d’un perisperme mince; Charnu, adhérent au tegument. Embryon arqué, ou à cotyle- dons replies et enaaen — Feuilles nerveuses (3-ou d-nervées des leur base, penninervées au-dessus de leur base), plus ou moins inequilaterales, souvent pauci-dentées ou tres-entieres; péetiole semi-cylin- drique, canalicule en dessus. Fleurs solitaires, ou fas- ciculées, ou cymeuses ( jamais glomerulees ), toujours polygames-monoiques : les males munies d’un disque hypogyne et d’un pistil rudimentaire. Pédicelles inar- ticules. Celtis Tourn. — Sponia (Commers.) Becaisne. (Sole- nostigma Hnd].)— {Mertensia Kunth, (Momisia Du- mori. ) FAMILLE DES ULMACÉES. 09 Ie TRIBU. LES ULMIDÉES. — ULMIDEÆ Dumort. Périanthe persistant (marcescent) de même que les éta- mines. Ovule anatrope. Stigmates persistants, indivises. Péricarpe sec, en général stipité, le plus souvent aile. Graine apérispermee. Embryon rectiligne ; cotylédons plano-convexes, charnus ; radicule droite. — Feuilles penninervees, le plus souvent dentees ou crénelces, en général inéquilatérales : pétiole subcylindrique, point canaliculé. Fleurs hermaphrodites , ou polygames- monroïques : les mäles sans disque et sans rudiment de pistil. Pédicelles en général articulés au-dessous du sommet, 1=ou 2-bractéoles à la base, continus avec le périanthe et le fruit. SEGTION Ï. ULMÉES, — Ulmecæ Spach. Fleurs toujours hermaphrodites, naissant de bourgeons écailleux, aphylles, en général latéraux lors de l’an- thèse. Disque nul. Stigmates accrescents, Péricarpe memhranacé ou chartacé, lenticulaire, équilatéral, courtement stipité, finement réticulé, entouré d’une aile plus ou moins large. Feuilles inéquilatérales, à base plus ou moins inégale. Genre ORME. — Ulmus Tourn. Fleurs fasciculées, latérales, pédicellées ; pédicelles 1-ou 2-bractéolés à la base, articulés au - dessous du sommet. Périanthe campanulé ou turbiné, 3-à 9- (ordinairement 5- ou 8-) lobé. Etamines en même nombre que les lobes du périanthe ; filets filiformes, saillants; anthères cordi- formes-orbiculaires, didymes, échancrées, subintrorses. Ovaire ovale, comprimé. Stigmates linéaires-lancéolés, pointus, comprimés, longuement papilleux au bord anté- 406 CLASSE DES AMEZTACÉES. rieur. Samare membranacée, courtement stipitée, à aile ovale, ou obovale, ou elliptique, grande, presque transpa- rente, scarieuse, réticulée, plus ou moins profondément 2-lobée au sommet. Graine ovale, lenticulaire : tézument très-mince, membraneux ; cotylédons bifides à la base, entiers au sommet, obovales, point rugueux; radicule courte, conique, obtuse, à peine saillante. — Arbres. Bourgeons écailleux : les floraux gros, latéraux (sur les ramules de l’année précédente). Ecailles-semmaires disti- ques, imbriquées, coriaces, au nombre de 6 ou 7 par bourgeon. Feuilles courtement pétiolées, non-persistantes, plus ou moins scabres (du moins en dessus), inégalement ou doublement dentées, ordinairement acuminées, très- variables (chez toutes les espèces) de forme et de grandeur. Stipules submembranacées (également très-variables, chez toutes les espèces, de forme et de grandeur) : chaque paire enveloppant une feuille dans le bourgeon, et recouvrant en même temps toutes les feuilles suivantes du même bourgeon. Fleurs petites, vernales, beaucoup plus pré- coces que les feuilles, soit courtement pédicellées et agré- gées en fascicules gloméruliformes, soit plus ou moins longuement pédicellées et disposées en corymbes pendants. Bractées petites, subsearieuses, caduques, ciliolées. Périan- the verdâtre, ou roussâtre, ou violet, ou panaché, sub- membranacé, scarieux vers le sommet, continu avec le pédicelle. Anthères pourpres ou roses avant l'anthèse, puis noirâtres. Stigmates plus ou moins divariqués lors de l’an- thèse, plus tard verticaux et parallèles, Samares très-nom- breuses (de forme variable chez toutes les espèces), tom- bant à la maturité (qui a lieu en général avant le complet développement des feuilles) avec l’article supérieur du pé- dicelle; loge petite (proportionnement à l'aile), remplie par la graine. Secriox I. DAYONOPTELEA Spach. Fleurs 3-à 7-andres (ordinairement 4-ou 5-andres), cour- tement pédicellées, agrégées en glamérules denses, FAMILLE DES ULMACÉES, 401 subglobuleux, en partie couverts (à l’époque de l'an- thèse) par les écailles-gemmaires. Périanthe profon- dément lobé. Ovaire et samare glabres, ou pubérules à toute la surface, mais point ciliés. Pédicelles-frucui- fères plus courts que la samare, nutants. OnmE caamPÈTRE, — Ulmus campestris Lion. — Feuilles glabres, pubescentes, en général scabres (du moins en dessus). Périanthe turbiné, point oblique : lobes obovales, ou obovales- oblongs, ou elliptiques -oblongs. Samare à aile obovale, ou el- liptique, ou suborbiculaire, profondément bilobee : lobes ar- rondis. — x : OnmE commun (1).— Ulmus campestris Willd. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 27. — Duham. ed. nov. 2, tab. 42. — Ulmus suberosa Ehrh. Beytr. — Guimp. et Hayn. 1. c. tab. 28.— Engl. Bot. 1ab. 2161. — Ulmus montana Engl. Bot. tab. 1887. — Ulmus corylifolia Host. — Feuilles (la plupart longues de 2 à 3 pouces; celles des pousses-sourmandes longues de 3 à 5 pouces) ovales, ou obo- vales, ou elliptiques , ou lancéolées - obovales, ou lancéolées- oblongues, ou subrhomboïdales, rugueuses, scabres, acumi- nées, pubescentes en dessous (du moins aux nervures), ordi- naïrement luisantes en dessous, — Cette variété est commune dans les bois: elle forme un arbre de 60 à 100 pieds de haut, sur 2 à 4 picds de diamètre, à cime divariquée, plus ou * moins arrondie; le tronc est indivisé jusqu’à la hauteur de 20 à 30 pieds, à écorce plus ou moins rimeuse; les feuilles sont, en général, assez semblables à celles du Coudrier : le vieux bois est d’un brun roux, à marbrures plus foncées. (41) Cette variété, de même que la plupart des suivantes, a les rameaux tantôt lisses, tantôt garnis d'excroissances aliformes et funueuses. Toutes les variétés dont les rameaux offrent des excroissances de cette nature sont appelées vulpairement Grme & liège, où Orme subéreux, et désignées par les botanistes sous le nom d’Ulmus suberosa. Le nombre des étami- nes, par lequel on eru pouvoir caractériser cet Ulmus Die, varie de 5 à 6, indistinctement chez toutes les variétés, 102 CLASSE DES AMENTACÉES. — $ : OnmE À PETITES FEUILLES. — Ü/mus campestris Ene]. Bot. tab. 1886. — Ulmus suberosa parvifolia Hayn. Arzn. — Ulmus sativa Duroi. — Ulmus suberosa Bechst. Forst- bot.— Ulmus modiolina Hortul, — Ulmus campestris et Ulmus suberosa auctorum.— Cette variété ne diffère de la précédente qu’en ce que ses feuilles sont petites ou de gran- deur médiocre (en général longues de 6 à 18 lignes), ordi- pairement plus fermes et plus luisantes. Dans Les bois dont le sol est fertile, elle forme un arbre semblable à l’'Orme com- mun ; Mais Sa Croissance est un peu moins rapide, et son bois, par contre, plus tenace et d’un rouge plus foncé. Dans les terrains maigres, cet Orme se rencontre très - fréquem- ment sous forme d’un buisson de 5 à 20 pieds, à tronc noueux,et plus ou moins tortueux ; -dans cet état, on l’appelle vulgairement Orme Tortillard, Orme à moyeux (ces deux noms s'appliquent aussi aux sous-varietés basses de la variété suivante), Orme pyramidal (nom qui n’est point en harmo- nie avec son port), et Orme-mâle ; lOrme-nain, ou Or- mille, en est une sous-variété à tiges tres-basses, à brançhes souvent diffuses, et à feuilies tres-petites. ny: ORME mise. — Ulmus nitens Moœnch, Meth. — Ulmus carpinifolia Ehrh. Beytr. — Ulmus glabra Mill. — Eng]. Bot. tab. 2248. — Ulmus montana $, Smith, Flor. Brit. — Ulmus nemorosa Borkh.— Bechst. Forstbot. — Umus pu- mila Wild. — Ulmus pumila : À, Palias, Flor. Ross. I, pag. 76; tab. 48, fig. D.— Ulmus campestris et Ulmus sube- rosa auctorum.— Ulmus tiliæfolia Host. (subvar. fohis majo- ribus).—Feuilles tres-fermes, luisantes, presque lisses, glahres (excepté en dessous aux aisselles des nervures), peu rugueu- ses, souvent presque également dentées, en général petites ou de grandeur médiocre (longues de /; pouce à 2 pouces). — Cette variété est commune dans les bois et les buissons; elle varie comme la précédente, quant au port et à la forme des feuilles : aussi la désigne-t-on également par les noms vulgaires d’Or- me Tortillard et Orme à moyeux. Les vieux troncs ont Vécorce très-fortement rimeuse et comme subéreuse ; le bois FAMILLE DES ULMACÉES. 403 est d’un blanc grisätre, marbré de lignes transversales plus foncées, et il passe pour être plus tenace que celui de toutes les autres variétés de l’espèce ; on le recherche de préférence pour le charronnage. — d : Orme LANCE. — Ulmus suberosa pyramidalis Desfont. Hort. Par. — Ulmus suberosa fastigiata Audib. Cat. — Feuilles comme celles de la variété précédente. Tronc garni, dès sa base, de rameaux crigés, très-touffus, disposés en py- ramide très-allongée. — Cette variété, nommée vulgairement Orme pyramidal, Orme fastigié, et Orme élancé, se cul- tive comme arbre d’ornement, remarquable par son port sem- blable à celui du Peuplier d'Italie. — <: ORME A FEUILLES PLOYÉES. — ÜUlmus rugosa Hortul.— Ulmus suberosa rugosa, et Ulmus suberosa strieta Audib. Cat. — Feuilles très -fermes, lisses, très-rugueuses, presque plissées, pubescentes en dessous, sublancéolées {longues de 2 à 3 pouces), acuminées, souvent simplement dentées. Tronc garni, dès sa base, de rameaux érigés, très-touffus, disposés en tête pyramidale. — Cette variété, appelée vulgairement Orme plissé, Orme rugueux, et Orme d’ Avignon, se cul- tive comme arbre d'ornement. — 6 : ORME À FEUILLES CRÉPUES. — Ülmus campestris crispa Desfont. Hort. Par.—Ulmus crispa Willd.— Ulmus urticæ- folia Audib. Cat. — Feuilles grandes (longues de 3 à 6 pouces, larges de 1 pouce à 2 pouces), plissées, très-rugueuses, 1-ou 3-cuspidces au sommet, irrégulierement pectinées -pennatifi- des, scabres et opaques en dessus, mollement pubescentes en dessous, ordinairement oblongues ou lancéolées - oblongues. Tronc garni, dès sa base, de rameaux érigés, disposés en py- ramide allongée. — Cette variété (ou, pour mieux dire, mon- struosité), connue sous le nom vulgaire d’Orme creépu, se cultive comme arbre d’ornement. — 1 : Orme D'Exérer. — Ulmus campestris oxoniensis Des- font, Hort. Par.— Ulmus suberosa oxoniensis Audib. Cat. 404 CLASSE DES AMENTACÉES. — Ulmus oxoniensis Hortul. — Feuilles flabelliformes ou obovales; longuement r-ou 3- -cuspidées et subpennatifides au sommet, grandes (longues de 3 à 5 pouces), scabres et pubé- rules en dessus, mollement pubescentes en dessous, point lui- santes, rugueuses. Tronc garni, dès la base, de rameaux éri- “ gés, disposés en pyramide très-allongée. — Gette variété, ap- pelée vulgairement Orme d’Exéter, se cultive, comme les trois précédentes, à cause de son port, semblable à celui du Peuplier d'Italie. — 6 : ORME A GRANDES FEUILLES, — Ulmus campestris ma- crophylla Spach.-- Ulmus campestris latifolia Desfont. Hort. Par. — Ulmus excelsa Borkh. — Bechst. Forsthot. — Ulmus latifolia Mœnch, Meth.— Uimus hollandica Duroi. — Ulmus major Smith, Engl. Bot. tab. 2542. — Feuilles grandes (en général longues de 4 à 6 pouces, sur 3 à 4 pou- ses de large ; celles des pousses - gourmandes atteignant jus- qu’a 9 pouces de long, sur 3 à 5 pouces de large), minces, point luisantes, rugueuses, scabres et pubérules en dessus, mollement pubescentes en dessous, longuement cuspidées au sommet, souvent subsessiles, ordinairement obovales, ou ova- les, ou elliptiques - oblongues. — Arbre à tête arrondie, très- touffue, Bois blanchätre, d’un brun grisâtre au centre, gros- sièrement fibreux. Rameaux-inférieurs perdants. Bourgeons gros, à écailles intérieures ciliées (de même que les lobes du périanthe) de poils roux crépus, ou quelquefois cotonneux à toute la surface externe. Jeunes-pousses presque cotonneuses. — Cette variété, connue sous les noms vulgaires d'Orme Tilleul, Orme de Hollande, Orme gras, Orme à larges feuilles, et Orme à grandes feuilles, croît dans les bois dont le sol est frais et fertile; son accroissement est plus ra- pide que celui des autres variétés de l’espèce; mais, par contre, son bois est moins dur et d’un grain plus grossier. Cet Orme est très-recherché comme arbre d'agrément, à cause de son feuillage ample et touftu. Arbre plus ou moins élevé, ou buisson. Racines-secondairés FAMILLE DES ULMACÉES. 405 « longues, rampantes, poussant souvent (surtout lorsque l'arbre croit isolément) un grand nombre de rejetons. Écorce d’abord lisse, d’un vert olive, ou brune, ou grisâtre ; celle des vieux troncs plus ou moins fortement rimeuse, noirâtre, ou ferrugi- neuse, ou grisâtre. Rameaux divariqués, ou pendants, ou moins souvent dressés, lisses, ou garnis d’excroissances subéreuses. Jeunes-pousses glabres, ou pubescentes, ou cotonneuses, ordi- vairement effilées, plus ou moins flexueuses. Bourgeons ovales ou comiques, pointus, noirâtres, ou d'un brun de Châtaigne : écailles-intérieures plus ou moins fortement ciliées. Feuilles d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous, en géneral horizontales ou un peu réclinées, à base plus ou moins inégale (rarement presque égale), tantôt obliquement cordiforme ou ar- rondie des deux côtés, tantôt obliquement tronquée du côté court et arrondie ou semi-cordiforme de l’autre côté, tantôt oblique- ment cunéiforme ; dents-primaires plus on moins grandes, del- toïdes, ou arrondies, souvent acuminées ; dents-secondaires iné- gales, ordinairement mucronées; pétiole glabre ou pubescent, losg de x ligne à 4 lignes. Stipules linéaires-lancéolées, où ob- longues-lancéolces, ou ovales-lancéolées, verdâtres. Périanthe verdätre, ou rougeâtre, ou panaché de vert et de rouge, long de 1 ligne ou un peu plus. Antheres pourpres avant l’anthèse. Fi- lets blanchâtres. Stigmates à papilles rougeâtres ou blanchâtres. Samares longnes de 4 à 12 lignes, d’un jaune verdâtre avant la Waturité, finalement à aile d’un brun clair tirant sur le gris, ou couleur de paille, et à loge d’un brun de Châtaigne ou d’un Brun roux. Pédicelles - fructifères longs de ‘/; ligne à 2 lignes. Cette espèce, qu’on désigne en général sous les noms d’Orme ou Ormeau, sans autre épithète spéciale, croit dans une grande partie de l'Europe (les résions arctiques exceptées), ainsi que dans V’Asie Mineure, le Caucase, le nord de la Perse et la Bou- kharie ; il paraît qu’elle manque dans toute la Sibérie. Dans le nord de la France, elle fleurit, en général, vers le milieu de wars, ct ses fruits parviennent à maturité au cominencement de mai, avant le complet développement des feuilles : tout le monde à pu remarquer la quantité prodigieuse de frurts qui couvrent, 4106 CLASSE DES AMENTACÉES. à cette époque, les rameaux de l’Orme, et qui sont emportés au loin par les vents. Cet Orme ne constitue point à lui seul des forêts; on Île rencontre plus ou moins épars dans les bois de Chènes ou de Hêtres, aimsi que dans les buissons et aux bords des rivières; aucun arbre, du reste, ne se plante plus fréquem- ment en avenues et le long des chemins ou des routes. On en fait aussi des palissades vivantes et des charmilles, dans les terrains trop arides pour la culture du Charme.—T’Orme champêtre est, sans coniredit, du nombre des arbres les plus utiles de nos climats. Il vient en tout sol et en toute exposition, les localités marécageuses exceptées ; toutefois, c’est dans les terrains frais, fertiles et profonds, qu’il acquiert son plus beau développement. Quoiqu'il puisse vivre environ deux siècles, il atteint toute sa hauteur et une grosseur considérable dans l’espace de 60 à 100 ans : accroissement de beaucoup plus rapide que celui du Char- me, du Chêne et autres arbres à bois dur. Le bois de cet Orme sert à de nombreux usages dans les arts et dans l’économie do- mestique : de tous les bois indigènes, c’est celui qui résiste Le mieux aux alternatives de sécheresse et d'humidité, et, sous l’eau, il est presque aussi incorruptible que le Chêne; en raison de son extrême ténacité, c’est aussi le meilleur et le plus recher- ché pour le charronnage ou autres ouvrages qui exigent cette qualité; suivant quelques anteurs, il est inférieur au Ghêne pour la charpente; mais, suivant d’autres, 1l l’égale parfaitement pour cet emploi; comme combustible, il est supérieur au Chêne, mais moins estimé que le Charme et le Hêtre; on en fait de beaux ouvrages de tour et d’ébénisterie, surtout avec celui des nœuds du tronc de | Orme Tortillard, qui offrent des marbrures très- élégantes : mais pour être propre à cet usage, il faut que sa dessiccation soit parfaite, parce que autrement il a le défaut de se tourmenter.— Le tissu fibreux de-l’écorce intérieure (ou lrber) des jeunes branches et des rameaux sert à faire des pattes, ainsi que des cordages grossiers; mais toutes les variétés ne sont pas également propres à cet usage : le liber de l’Orime Tortillard est le plus tenace de tous; celui de l’'Orme de Hollande (ou Orme Tilleul\"Vest beaucoup moins, et celui de l'Orme lisse FAMILLE DES ULMACÉES. 407 l'est fort peu. Cette écorce intérieure est astringente et très-mu- cilagineuse; sa décoction fut préconisée naguère comme un spé- cifique contre les maladies dartreuses; mais ce remède est re- tombé dans un abandon complet. Toute l'écorce des jeunes troncs contient presque autant de tannin que celle des Chênes, et sa décoction teint les laines en jaune, Les feuilles des Or- mes, soit en vert, soit séchées, fournissent un fourrage excel- lent pour le bétail, les bêtes à laine et les pores; le principe mucilagineux qu’elles contiennent en abondance les rend plus nu- tritives que les feuilles de beaucoup d’autres arbres ; on prétend néanmoins que sous ce rapport les feuilles d’Acacia, ainsi que celles des Frênes, sont préférables. — La multiplication des Or- mes se fait facilement par boutures, par greffes, par marcoites, et par rejetons enracinés; mais On n'a guère recours à ces moyens, si ce n’est pour propager les variétés de culture, car les semis sont plus expéditifs, et fournissent des sujets plus ro- bustes. Les graines d’Ormes ne germent qu’étant semées, dès leur maturité, presque rez terre, ou tout à fait à la surface du sol, et tenues constamment très-humides jusqu’à ce que les plar- tules nouvelles soient dûment enracinées. Traitées convenable- ment, ces graines germent au bout de 5 à 8 jours. OrmE rouGE. — Ulmus fulva Mich. Flor. Bor. Amer. — Ulmus rubra Mich. fil. Arb. vol. 3, p. 298, cum fig. —Feuil- les pubérules et scabres en dessus, mollement pubescentes (ou quelquefois scabres) en dessous, grandes, longuement acuminées- cuspidées. Bourgeons à écailles-intérieures cotonneuses-ferrugi- neuses. Samares obovales, finement pubérules, à lobes arrondis. — Arbre de 30 à 60 pieds, sur 15 à 20 pouces de diamètre; écorce brune ; vieux bois rougeâtre. Tête touffce, plus ou moins arrondie. Rameaux pendants. Jeunes - pousses pubescentes ou presque cotonneuses, scabres, effilées. Bourgeons ovales, assez gros. Feuilles très-semblables à celles de l'Orme de Hollande (Ulmus campestris macrophylla), elliptiques-oblongues, ou ovales, ou oblongues, ou obovales, ou obovales-oblongues, pro- fondément et doublement dentées, rugueuses, minces, ordinai- 108 CLASSE DES AMENTACÉES. rement horizontales ou réclinées, longues de 3 à 6 pouces, larges de 2 à 4 pouces, d’un vert fonce en dessus, d’un vert pâle en dessous ; base variant de forme comme chez l’espèce précédente. Pétiole long de 1 ligne à 4 lignes, pubescent. Fleurs souvent 6- ou 7-andres. Samare (d’après la figure de M. Micbaux) longue de ‘}: pouce, légèrement échancrée. — Cette espèce,kqui ne diffère peut-être pas suffisamment de la précédente (ses feuilles du moins sont absolument semblables à celles de l’Ulmus cam- pestris macrophylla), croît au Canada et aux États-Unis, où on l'appelle Orme rouge, Orme gras, et Orme' d’élan (moose elm); elle se plaît dans les situations découvertes, dont le sol est substan- tiel et peu humide; on ne la rencontre qu’éparse dans les forêts. Au témoignage de M. À. Michaux, son bois est plus fort que celui de | Ulmus americana ou Orme blanc, mais inférieur à celui de l’Orme commun d'Europe; dans les localités où cet arbre abonde, on s’en sert pour la charpente, la construction des bateaux, les palissades, etc. ; mais comme il se fend assez facilement en long, on l’emploie au charronnage. L’écorce de ses branches est tres-mucilagineuse : sa décoction est usitée, en Ame- rique, à titre de tisane pectorale et adoucissante. Le feuillage de cet Orne est ample et touffu comme celui de l’Orme de Hol- lande, et, à ce titre, il mérite aussi une place dans les planta- tions d'agrément. Secrion II. OREOPTELEA Spach. Fleurs 6-à9-andres (ordinairement 8-andres), plus ou moins longuement pédicellées, disposées en fascicules lâches, corymbiformes , pendants. Périanthe peu profonde- ment lobé. Ovaire et samare dersement ciliés. Pédicelles- fructifères aussi longs ou plus longs que la samare. Lobes de l'aile de la samare pointus. a) Périanthe obliquement turbiné, à lobes inégaux, glabres. Élamines anisomètres : Les unes saillantes ; Les autres incluses. One 8LaNc. — Ulraus americane Lin. — Ulmus ame- ricana Bet" Hort, Kew.— Feuilles glabres ou presque glabres. FAMILLE DES ULMACÉES. 109 Pédicelles-florifères > à 4 fois plus longs que le périanthe. Co- rymbes 5-à 8-flores. Périanthe (pourpre) à lobes elliptiques- oblongs. Samare obovale, échancrée, à peu me, aussi longue que le. pédicelle. — à : PENDANT. — Ulmus americana Mich. Flor. Bor. Amer. —Mich. fil. Arb. vol. 3, p. 260, cum fig. — Ulmus ame- ricana 7 : pendula Hort. Kew. — Arbre de 40 à 100 pieds de haut, sur x à à pieds de diamètre. Rameaux lisses, aptè- res, très-effilés, réclinés. Feuilles assez grandes (longues de 2 à 4 pouces), lisses ou peu scabres, lancéolées, ou lancéolées- elliptiques, ou lancéolées-oblongues, ou ovales-oblongues, ou oblonyues, ou elliptiques, acuminées, à base plus ou moins inégale. Samare à surface glabre. ( Amérique septentrionale, depuis la Géorgie jusque vers le 48° degré de latitude.) — $ : scaëre. — Ulmus americana 8 : alba Hort. Kew.— Cette variété, d’après la définition de l’Hortus Kewensis, diffère de la précédente par des rameaux non réclinés, et par des feuilles scabres. — y : AILÉ. — Ulmus alata Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. vol. 3, p. 276, cum fig. — Arbre de 20 à 30 pieds, ou rarement plus, sur O à 15 pouces de diamètre. Rameaux point pendants, souvent garnis de 2 excroissances aliformes, subéreuses, plus ou moins larges. Feuilles plüs petites (lon- gues de /, pouce à 3 pouces), oblongues, ou lancéolées, ou el- hiptiques-oblongues, pointues, peu ou point acuminées, lisses, très-courtement pétiolées, à base en général égale ou presque égale. Samare petite (longue de 3 à 4 lignes), pubérule et ci- liolée. — Cette variété est propre aux provinces méridionales des États-Unis, où on la nomme /Vahou; elle croît de pré- férence sur les bords des rivières et dans les grands marais ; son bois est plus lourd et plus foncé que celui de l'Orme : blanc commun ; on ne l’emploie qu’à faire des moyeux de voitures. Tronc s’élevant, dans les localités favorables, jusqu’à 60 ou 70 pieds, où il se partage en deux ou trois grosses branches peu 410 CLASSE DES AMENTACÉES. divergentes ; à la première bifurcation du tronc, 1l naît souvent 1 ou 2 petites branches de 4 à 5 pieds, qui se renversent et s’ap- pliquent sur le tronc. D’autres fois le tronc est partagé, dès 8 à 15 pieds de terre, en 7 ou 8 branches qui partent du même point, et s'élèvent en s’inclinant d’une manière si uniforme, que leur. sommet offre l’ensemble de la gerbe la plus régulière. Écorce blanche, profondément rimeuse, très-iendre. Bois d’un brun foncé, comme celui de l’Orme champêtre. (A. Michaux. ) — Rameaux longs et flexibles chez la variété pendante, Feuilles . minces, luisantes, d’un beau vert, glabres, ou mollement pubé- rules en dessous, tantôt presque égalemeni dentées ou dentelées, tantôt doublement dentées ou dentelées; denis et dentelures acuminées ou pointues; base rarement subcordiforme, du reste variant de forme comme chez tous les Ormes. Pétiole long de 1 ligne à 2 lignes. Fleurs 5-à S-andres. Péranthe long d'environ : ligne, d’un pourpre foncé de même que les éta- mines, ou panaché de vert et de pourpre. Süigmates à papilles blanches. Samare longue de 3 à G lignes; loge brune, ob- longue, ou obovale-oblongue; aile verdätre. Cette espèce habite les États-Unis et le Canada, où on la désigne partout sous le nom d’Orme blanc (à cause dela couleur de l’écorce) ; suivant les observations de M. A. Michaux, c’est surtout enire les 42° et 46° de latitude qu’elle abonde et acquiert la plus grande éléyatien. Elle se plait dans les terrains bas, con- stamment frais ou humides, et très-substantiels ; aussi la trouve- t-on plus particulièrement autour des marais, et surtout dans les vallons fertiles arrosés par les affluents de l'Ohio et du Mississipi, dont elle garnit les bords, conjointement avec le Platane et l’_4- cereriocarpum : dans ces localités, elle forme, au témoignage de M. Michaux, l’un des arbres les plus majestueux de l’Amériqu: septenirionale. Le bois de ’Orme blanc est moins dur et se fend plus aisément que celui de l’Orme champêtre, auquel il est par conséquent très-inférieur, surtout pour le charronnage ; on s’er sertnéanmoins, dans le nord des États-Unis, pour faire des moyeux de roues de voitures de luxe, parce qu’on ne peut se procurer aussi facilement que plus au sud, du bois de Wyssa, reconnu FAMILLE DES ULMACÉES. 411 préférable pour ce sujet; il ne s’emploïe mi à la charpente des ‘inaisons, ni aux constructions navales, excepté dans le Maine, où l’on s’en sert pour la quille des vaisseaux, parce que les di- mensions considérables auxquelles parvient le tronc per mettent d’en tirer de longues pièces d’un seul morceau. En raison de l'élégance de son port, l’Orme blanc mériterait d’être cultivé de préférence à tous ses congénères, comme arbre de jardin paysager; mais il est fort peu répandu en France, ce qui tient probablement à ce qu'il se refuse à croître dans la plu- part des terrains. b) Périanthe campanulé, point oblique, à lobes égaux ou presque égaux, ciliés. Étamines isomètres, toutes saillantes. ORME PÉDONCULÉ. — Ulmus pedunculata Fougeroux, in Mém. de l’Acad. 1984, tab. 2. — Ulmus ciliata Ehrh. Beytr. — Ulmus campestris Reitt, et Abel, tab. 4.— Ulmus effusa Willd.— Guirap. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 29. — Ulmus octandra Schk. Handb. tab. 57, b.— Ulmus racemosa Borkh. =— Bechst. Forstbot. p. 246. Ulmus lævis Pallas, Flor. Ross. 1,p: 75.— Ulmus sativa Duroi? — Feuilles un peu scabres ou presque lisses en dessus, moliement pubescentes en dessous. Pédicelles très-menus, beaucoup plus longs que le périanthe. Lo- bes du périanthe arrondis. Étamines 1 fois plus longues que le périanthe. Samare ovale ou elliptique, glabre excepté au bord. — Arbre de la taille de l’Orme commun, à cime touffue ; bois plus blanc, plus dur, sans veinules iransversales. Écorce d’un brun noirâtre, finalement rimeuse. Tronc et branches sou- vent garnis d’excroissances gibbeuses, disposées par séries lon- gltudinales, et produisant une grande quantité de ramules. Ra- meaux plus où moins divariqués, jamais subéreux ; écorce brune ou grisâtre. Feuilles longues de 1 pouce à 6 pouces, larges de 8 lignes à 4 pouces, minces, mais fermes, rugueuses, luisantes, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous, ovales, ou elliptiques, ou obovales, ou oblongues-obovales, plus ou moins longuement acuminées - cuspidées, doublement dentées, à base ordinairement très-inégale (variant de forme comme chez tous 442 CLASSE DES AMÉNTACÉES. les Ormes). Dents-primaires deltoïdes, acuminées, ordinairement grandes ; dents-secondaires deltoïdes ou ovales, acuminées, ordi- nairement petites ; péliole long de 2 à 4 lignes. Slipules comme celles de l'Orme commun. Bourgeons coniques, obtus, d’un brun noirâtre. Jeunes-pousses pubescentes ou velues. Fleurs 6-à g-an- dres (ordinairement 8-andres). Pédicelles presque capillaires, longs de 6 lignes à 1 pouce, glabres. Périanthe large de % ligne à 2 lignes, verdâtre, ou panaché de vert et de violet, à lobes en général scarieux au sommet. Samare longue de 4 à 6 lignes, à aile verdâtre même à la maturité. — Cette espèce, qu’on confond vulgairement avec la variété de l’Orme commun, dite Orme de Hollande (auquel elle resse mble par le port et le feuillage), croit dars les bois dont le sol est léger et fertile; clle est rare en France, mais commune en Allemagne et dans toute la Russie : au témoignage de Pallas, c’est la seule espèce d’Orme qu’on rencontre dans la Russie septentrionale. Son bois (suivant Pal- las et Bechstein) est plus compacte, plus dur et plus tenace que celui de toutes ses congénères ; il sert aux mêmes usages que.le bois de l’Orme commun. Le fibreux de l’écorce est également très-tenace, et, dans le Nord, on s’en sert de préférence pour la confection des naites et des cordages. ORME À corymses.—Ulmus effusa Borkh. ex Bechst. Forst- bot. p. 247 (non? Willd.).— Ulmus scabra Duroi, Harbk. (ex Bechst. ) — Suivant Bechstein, cet Orme (qui nous estinconnu) diffère du précédent en ce que son bois, au lieu d’être plus dur que celui des autres espèces du genre, est, au contraire, presque aussi mou que celui des Tilleuls, et par conséquent de qualité très-inférieure ; en ce que son tronc n’est jamais garni de gibbo- sitésramulifères, et que son écorce est d’un brungrisâtre ; en ce que ses branches sont droites, peu rameuses, de manière à former une cime vague et point touffue; en ce que ses feuilles sont très-scabres, et en général plus grandes (souvent longues de 6 pouces, sur 4 pouces de large); enfin, en ce que son pé- rianthe n’est ordinairement qu’à 6 lobes, plus grand, et de couleur verte presque jusqu'au sommet. Suivant le même au- ts FAMILLE DES ULMACÉES. 413 teur, cet Orme n’est pas rare en Allemagne, mais il ne vient que dans les terrains fertiles et frais on même humides, aux bords des rivières, et dans les bois des montagnes. Il nous sem- ble probable que ce n’est qu’une variété de l’Ulmus peduncu- lata, due à un sol plus substantiel et plus humide. Genre MICROPTÉLEA, — Microptelea Spach. Fleurs fasciculées, axillaires (à l’époque de l’anthèse), pédicellées ; pédicelles 1-ou 2-bractéolés à la base, articulés au-dessous du sommet. Périanthe campanulé, 4-parti, con- tinu avec le pédicelle. Étamines 4, à peine saillantes ; filets, filiformes ; anthères cordiformes-orbiculaires, échancrées au sommet, extrorses en préfloraison. Pistil comme ceiui des Ormes. Samare chartacée, à aile ovale, opaque, réti- culée, échancrée au sommet, moins large que la loge. — Arbre. Bourgeons petits, écailleux : les floraux aux aisselles des feuilles de l'année précédente. Écailles-gemmaires et stipules comme chez les Ormes. Feuilles coriaces, persis- tantes, petites, courtement pétiolées, sirrplement dentelées, finement penniveinées; les jeunes scabres; les adultes lisses. Fleurs courtement pédicellées, rougeâtres, petites. Fascicules 4-à 7-flores, lâches, subcorymbiformes ; pédi- celles dressés ; bractéoles petites, caduques, subscarieuses. Samare petite, courtement stipitée, tombant à la maturité avec l’article supérieur du pédicelle ; loge grande propor- tionnellement à l’aile. (La graine müre nous est inconnue.) — Ce genre n’est fondé que sur l’espèce suivante : MicROPTÉLEA À PETITES FEUILLES. — Microptelea parvifo- lia Spach.— Ulmus parvifolia Jacq. Hort. Schænbr. TI, tab. 262.— Ulmus chinensis Pers. Ench.— Planera parvifolia Sweet, Hort. Brit. — Ulmus pumila Horiul. (non Pallas.) — Petit arbre. Écorce lisse, semblable à celle du Platane : les cou- ches extérieures se détachant, chaque année, sous forme de pla- ques dures, irrégulières, Rameaux étalés. Ramules grêles, flexi- bles, souvent plus ou moins inclinés. Jeunes - pousses finement BOTANIQUE. PHAN. T, XI. S 414 CLASSE DES AMPNTACÉES. pubérules. Feuilles longues de 4 lignes à 2 pouces, luisantes, d’un vert foncé et rugueuses en dessus, d’un vert pâle et réticu- Jées en dessous, lancéolées, ou lancéolées-oblongues, ou lancéo- lées-obovales, ou oblongues, ou elliptiques-oblongues, ou obo- vales, subobtuses, ou courtement acuminées (à pointe obtuse), plus ou moins inéquilatérales, à base tantôt presque égale, tan- tôt plus ou moins fortement inégale, arrondie, ou tronquée, ou cunéiforme, ou subcordiforme, ou semi-cordiforme ; dents égales ou presque égales, obtuses, contiguës, cartilagineuses aux bords ; pétiole long de 1 ligne à 3 lignes, cylindrique, grêle, finement pu- bérule de même que les jeunes feuilles. Stipules petites, étroites, en général livéaires, Bourgeons - floraux subglobuleux, roussà- ires, plus courts que le pétiole. Périanthe long à peine de à li- gne, d’un rose vif : segments oblongs, obtus, ciliolés. Pédicel- les-floriferes inégaux, filiformes, un peu plus longs que le pé- rianthe. Anthères pourpres. Samare ovale, d’un jaune verdâtre, ur peu scabre, longue de 4 à 5 lignes ; stipe assez grêle, un peu plus long que le périanthe; aile échancrée en 2 lobes dentifor- _ mes, obtus. Pédicelles- fructiferes nutants, longs d’enyiron 2 lignes.— Cette espèce, nommée vulgairement Orme de Chine, et Thé de l’abbé Gallois (1), est originaire de Chine, et se cul- tive comme arbrisseau d'ornement; elle ne résiste pas, en plein air, aux hivers du nord de la France, mais elle réussit assez bien dans les départements les plus méridionaux. SEcrION Îl. PLANÉRÉES. — Planereæ Spach. Fleurs polygames-monoïques, axillaires et latérales (sur les jeunes-pousses), ou toutes latérales (à la base des jeunes-pousses) : les unes stériles (mäles sans rudiment de pistil), beaucoup plus nombreuses, jamais solitaï- res; les autres fertiles (tantôt parfaitement herma- (1) Ce nom a été donné parironie, parce qu'un certain abbé Gallois, qui apporta cet arbrisseau de Chine, sous lé règne de Louis XV, l'avait fait passer pour le Thé. FAMILLE DES ULMACÉES. 445 _ phrodites, tantôt à anthères indéhiscentes), solitaires, ou subsolitaires. Étamines des fleurs-fertiles insérées soit immédiatement au fond du périanthe, soit sur un disque adné au fond du périanthe. Stigmates marces- cents. Péricarpe chartacé ou osseux, aptère, anfrac- tueux, ou squamelleux, oblique, peu ou point com-. primé, stipité, ou non-stipité. — Feuilles équilatérales ou subéquilatérales. Genre PLANÉRA. — Planera Gmel. Fleurs glomérulées; glomérules écailleux, latéraux et aphylles lors de l’anthèse, à rachis s’allongeant après la floraison en ramule 2-ou 3-phylle. Fleurs-fertiles géminées ou ternées (rarement solitaires) au sommet de chaque glo- mérule, pédicellées; fleurs-mâles inférieures, subsessi- les. Périanthe profondément et inégalement 4-ou 5-lobé, subscarieux, membranacé, campanuié, à base confluente avec le pédicelle. Disque nul. Etamines en même nombre que les lobes du périanthe ; filets capillaires, saillants ; an- thères réniformes-didymes , échancrées. Ovaire stipité, obliquement obové, tuberculeux. Stigmates linéaires-lan- céolés, comprimés, longuement papilleux au bord anté- rieur. Péricarpe utriculaire, chartacé, fragile, réticulé, stipité, obliquement obové, caréné d’un côté, uni à la sur- face interne, irrégulièrement garni d’excroissances squa- melliformes, inégales, subcoriaces. Graine ovale, lenticu- laire : tégument crustacé; cotylédons obovales, point rugueux, bifides à la base, entiers au sommet; radicule courte, conique, obtuse, à peine saillante. — Arbre à | bourgeons écailleux : les floraux plus gros, alternes-disti- ques sur les ramules de l’année précédente. Feuilles cour- tement pétiolées, non-persistantes, dentelées, ou crénelées, un peu scabres, moins précoces que les fleurs. Stipules petites, subscarieuses, linéaires-lancéolées. Inflorescence 416 CLASSE DES AMENTACÉES. semblable à celle de l’Orme commun. Glomérules petits, subglobuleux, 7-à 12-flores, sessiles, lors de l’anthèse en partie couverts par les écailles-semmaires. Fleurs 1-ou 2-bractéolées, à l’époque de l’anthèse agrégées sur un court rachis qui plus tard devient la base du ramule fructifère ; bractées subcoriaces, scarieuses, imbriquées, non-persis- tantes, semblables aux écailles-semmaires. Pédicelles ar- ticulés au-dessous du sommet. Périanthe brunâtre. Fleurs- mâles non-persistantes. Ovaire couvert de tubercules glandulaires, inégaux, accrescents, formant finalement les squamelles dont est garnie la surface externe du périanthe. — Ce genre, propre à l’Amérique septentrionale, ne com- prend que l’espèce suivante (1). PLaNÉRA AQUATIQUE. — Planera aquatica J. F. Gmel. Syst. (1796), p. 150.— Planera Gmelini Mich. Flor. Bor. Auwer. — Planera ulmifolia Mich. fil. Arb. 3, p. 283, cum fig. (mala quoad fructum ). — Duham. ed. nov. vol. 7, p. 65, tab. 21. (mala quoad fruct.) — Arbre haut de 25 à 40 pieds. Rameaux grêles, effilés, flexueux, souvent pendants. Feuilles longues de 1 pouce à 3 pouces, fermes, luisantes, d’un vert gai, un peu scabres aux 2 faces, ovales, ou ovales-oblongues, ou oya- les-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, pointues, ou subobtuses, presque également dentelées , ou crénelées, ou doublement den- tées (surtout celles des pousses - gourmandes), à base tronquée, ou arrondie, on légèrement cordiforme, égale, ou presque égale : les jeunes finement pubérules ou pulvérulentes ; les adultes gla- bres ; pétiole long de 2 à 3 lignes, cylindrique, point canaliculé. Stipules à pen près aussi iongues que le pétiole, rougeätres. Ecailles- floriles elliptiques où suborbiculaires, brunâtres. Pé- rianthe branâtre, glabre, lobé jusqu’au milieu ou au delà, long à peine de 1 ligne; lobes oblongs, ou oblonss-obovales, ou obo- vaies, oblus. Étamines 1 fois plus longues que le périanthe ; an- (1) Les autres Planera des auteurs appartiennent aux genres Micropte- lea st Zelkova. FAMILLE DES ULMACGÉES. 417 thères rougeâtres. Fruits au nombre de 2 ou 3 à la base des nouveaux ramules, subopposés, ou alternes- distiques, courte- ment pédicellés, dressés, ou horizontaux, du volume d’un gros Pois, obtus, d’un brun verdâtre ; stipe roide, épaissi au som- met, long de 1 ligne à 2 lignes ; squamules läches, plus ou moins recourbées, obtuses, les unes indivisées (subovales, ou subcunéi- formes, ou linéaires-spathulées), les autres irrégulièrement 2-ou 3-fides. — Cet arbre croît dans les provinces méridionales des États-Unis, aux bords des marais et des rivières; suivant M. Michaux, son bois est fort et durable; mais on ne le re- cherche pour aucun usage, parce que l'arbre n’est pas assez : commun. Genre ZÉLKOUA. — Zelkova Spath. Fleurs axillaires et latérales (sur les jeunes-pousses) : les mâles géminées ou ternées aux aisselles inférieures (ou latérales par l’avortement des feuilles correspondantes), plus nombreuses, subsessiles ; les fertiles (tantôt parfaite- ment hermaphrodites, tantôt à étamines plus ou moins imparfaites) solitaires aux aisselles supérieures, sessiles. Périanthe subcampanulé, scarieux, profondément 4-ou 5-lobé : celui des fleurs fertiles à fond tapissé d’un disque scutelliforme charnu. Étamines 4 ou 5 : celles des fleurs fertiles insérées au bord du disque; filets filiformes, saillants; anthères elliptiques, échancrées aux 2 bouts, extrorses en préfloraison, planes au dos, convexes et tri- sulquées antérieurement. Oyaire obliquement ovoide, nou-stipité. Stigmates courts, dentiformes, pointus. Nucule mince, osseuse, anfractueuse, transversalement rugueuse, obliquement ovoïde, obtuse, un peu comprimée ou irrégu- lièrement trigone, 1-ou 2-carénée, gibbeuse à la base. Graine moulée sur la cavité ; tégument mince, subcoriace, rugueux de même que les cotylédons ; cotylédons bifides à la base, bilobés au sommet ; radicule cylindracée, ob- tuse, allongée, à peine saillante. — Arbres à bourgeons écailleux : les floraux plus gros. Écailles-semmaires disti- 413 CLASSE DES AMENTACÉES. ques, imbriquées, coriaces. Feuilles courtement pétiolées, non-persistantes, simplement crénelées, ou sinuées-dentées, lisses, tantôt équilatérales, tantôt inéquilatérales; verna- tion comme chez les Ormes. Stipules petites, caduques, sca- rieuses. Inflorescence de chaque ramuale-floral formant un épi interrompu, d’abord aphylle (parce que les boutons sont plus précoces que les feuilles) et semblable ä un chaton du Chêne commun; puis feuillé, excepté vers la base. Ramules-floraux simples, grêles, avant la floraison presque filiformes et nutants, puis horizontaux. Fleurs petites : les inférieures (toujours latérales et mâles) un peu pius pré- coces que les feuilles ; les suivantes {axillaires, tantôt la plupart mâles, tantôt la plupart fertiles) se développant en même temps que les feuilles, ébractéolées ; chaque fasci- cule de fleurs-latérales accompagné d’une paire d’écailles caduques, semblables aux stipules. Pédicelles nuls ou très-courts, inarticulés. Périanthe brunâtre. Etamines saillantes ; anthères jaunes, assez grandes en propoition à la fleur. Nucules horizontales ou renversées, petites, beau- coup plus courtes que les feuilles, très-inéquilatérales ; l’une des carènes plus saillante, offrant au-dessous du som- met une échancrure provenant des restes des stigmates, lesquels sont devenus latéraux par l’inégalité de l'accrois- sement du fruit; épicarpe mince, coriace, adhérent à l’en- docarpe, quiest osseux et plus ou moins anfractueux. — Ce genre ne renferme que les deux espèces dont nous allons parler. ZÉLKOUA À FEUILLES CRÉNELÉES. — Zelkova crenata Spach. — Rhamnus carpinifolia Pallas, Flor. Ross. Il, p.24; tab. 60.—Rhamnus ulmoides Güldenst. Tin. — Ulmus polygama Rich, in Mém. de l’Acad. 1981.— Ulmus crenata Hort. Par. (olim.)— Ulmus nemoralis Hort. Kew. — Planera Richardi Mich. Flor. Bor. Amer. (in adnot.) — Planera crenata Des- font. Hort. Par.—Michaux fil. Mémoire sur le Zelkoua (1831), cum fig. (mala quoad flores cb fruct.) — P/anera carpinifolia + FAMILLE DES ULMACÉES,. 419 Watson, Dendrol, Brit. tab, 106.— Arbre atteignant 80 à 100 pieds de haut. Tronc droit, presque columnaire, souvent indi- visé jusqu’à la hauteur d’une trentaine de pieds, de 3 à 4 pieds de diamètre, quelquefois profondément sillonné vers sa base. Branches grosses, droites, presque dressées, très-rameuses. Ra- meaux étalés ou presque étalés, formant une cime arrondie, touffue, très-large (suivant Pallas, s’étendant de tous côtés, sou- vent jusqu’à vingt pas de distance). Suivant Pallas, 1] naît sou-. vent plusieurs troncs de la même souche. Écorce mince, unie, irès-dure, brunâtre, lisse, semblable à celle du Hêtre ; celle des vieux troncs et des grosses branches se détachant, chaque année, comme l'écorce du Platane, en plaques allongées; vieux bois rougeâtre, très-tenace, à fibres entre-croisées comme chez les Ormes. Ramules grêles, un peu flexueux, distiques, horizon- taux, ou réclinés, Jeunes-pousses pubescentes. Feuilles fermes, luisantes, subréticulées, un peu rugucuses, glabres et d’un vert foncé en dessus , pubescentes en dessous le long de la côte et des nervures (les naissantes pubérules en dessus, presque co- tonneuses en dessous), oblongues, ou elliptiques, ou ovales-ob- longues, ou ovales, ou ovales-lancéolées, ou oblongues - lancéo- lées, obtuses, ou pointues, à base arrondie, ou cordiforme, ou tronquée, tantôt égale, tantèt plus ou moins inégale : celles des ramules-floraux longues de ?|2 pouce à 2 pouces, plus ou moins ‘profondément crénelces, ou largement dentées; celles des pousse:- gourmandes longues de 2 à 4 pouces, plus profondément cré- nelées ou dentées, souvent sinuées-dentées ou subpennatifides ; dents ou crénelures égales ou presque égales, contigués, mu- cronulées, ou acuminulées, un peu cartilagineuses aux bords. Pétiole long de 2 ligne à 3 lignes, pubérule, cylindrique, point canaliculé. Stipules elliptiques ou oblongues, obtuses, brunâtres, plus longues que le pétiole. Périanthe glabre, large d'environ 1 ligne; lobes arrondis. Étamines après l’anthèse pendantes, 2 fois plus longues que le périanthe. Nucules du volume d’un grain de Poivre, vertes avant ja maturité, finalement brunätres. Graine ovoïde, pointue, violette. ni Cet arbre, appelé vulgairement Orme de Sibérie, Orme ' 120 CLASSE DES AMENTACÉES. à feuilles crénelées, Planéra, Planéra à feuilles créne- lées, et Planera de la Caspienne, croît dans les forêts montueuses du Ghilan et du Mazandéran, au voisinage de la Caspienne : dans ces contrées, on le désigne par le nom de Zelkoua ou Tselkwa; on le retrouve dans la Géorgie russe, et probablement il habite aussi les régions voisines du littoral méridional de la mer Noire (1). Il fleurit au prin- temps; ses graines ne mürissent qu’en automne. Quoique le Zélkoua ne ‘vienne pas spontanément, en Orient, au nord du 43° degré de latitude, il ne souffre aucunement des hivers, même les plus rigoureux, du nord de Ja France; il fleurit, à Paris, vers la fin d'avril, ou en mai; mais ses fruits ne contiennent ja- mais de graine, de sorte qu’on a recours, pour sa multiplica- tion, soit aux greffes, qui réussissent très-facilement sur l’Orme commun, soit au marcottage. Cet arbre était cultivé, en France, dès la seconde moitie du dernier siecle, sous le nom doublement impropre d'Orme de Sibérie (qui lui est encore appliqué par beaucoup de pépinicristes), et c’est au jardin de Trianon qu'il fleurit pour la premiere fois, en 1770. Toutefois, il est encore loin d’être aussi répandu qu’il le mérite, tant par l’élégance de son port que par l'utilité de son bois : « Lorsque le bois du « Zélkoua, dit M. Michaux (Mémoire sur le Zélkoua), est tiré « du cœur ou vrai boïs, et qu’il est bien sec, si on le compare « à celui de l’Orme, on trouvera qu'il est plus pesant et plus « fort. Dans cet état, 1l a acquis un tel degré de dureté, que ce « n’est que difficilement qu’on peut y enfoncer des clous. Encore « à l’état d’aubier, comparé au Frêne et débité de la mème lon- « gueur et de la même épaisseur, il l’égale en force et.en élasti- « cité, Ce sont ces bonnes qualités, reconnues depuis longtemps « dans le pays d’où il est originaire, qui le font préférer même à « celui du Chêne, qui y est aussi abondant, pour en faire la char- (4) On a avancé à tort que le ZeZkova (Planera) crenata est également indigène de l'Amérique septentrionale ; cette assertion est venue de ce que, par suite d’une autre erreur, l’auteur de l’Hortus Kewensis indique son Ulmus memoralis (qui est la même espèce que le Zelkova crenata) comme indigène de l'Amérique. FAMILLE DES ULMACÉES. 191 « pente des maisons et les planchers des appartements. C’est aussi « le bois le plus souvent employé pour la fabrication des meubles, « parce qu’il est d’une couleur assez agréable, qu'il est bien « veiné, et que le grain en est dur et fin : ce qui le rend sus- « ceptible d’un beau poli. Employé depuis longtemps, 1l n’est « pas sujet à être piqué des vers. Il se conserve en terre et dans « l’eau, et, exposé à l’air, il résiste bien aux alternatives de la « sécheresse et de l'humidité. — Je crois donc que la multipli- « cation de cet arbre en France serait très-profitable. IL pour- « rait surtout être employé avec beaucoup d’avantage comme « arbre de ligne. Planté sur les routes et sur les places publi- « ques, senl ou concurremment avec l’Orme, 1l sera d’un bon « effet, et d’un grand produit lorsqu'il sera arrivé à l’âge d'être « abattu. Les feuilles ne sont pas sujettes, comme celles des Or- « mes, à être dévorées par les insectes. L’arbre n’est pas non plus, « comme l’Orme l’est si souvent, sujet à être attaqué d’ulcères « chancreux, qui diminuent beaucoup sa qualité et sa valeur. » Le Zélkoua prospère dans les sols les plus ingrats, pourvu qu’ils ne soient pas trop humides, et sa croissance est de beaucoup plus rapide que celle des Ormes (1). Zé:koua DE GanDie. — Zelkova cretica Spach. — Abeli- ceæ cretica Clus. Hist. I, p. 302.— Pona, Mont. Bald. p. 112, — Smith, in Linn. Trans. 1X (1808), p. 126. — Ulmus Abelicea Sibth. et Sm. Prodr. Flor. Græc. — Quercus Abeli- cea Poir. Enc. — Planera Abelicea Schult.— Espèce incom- plétement connue, qui n’est peut-être qu’une variété de la pré- (4) Un Zelkoua, planté fort jeune, en 1786, au Muséum d'histoire naturelle, dans un terrain remblayé de plâtras, a aujourd’hui environ 70 pieds de haut, et son tronc, à 5 pieds du sol, a 4 pieds de circonférence. M. Michaux fait mention d’un autre Zelkoua, existant aux environs de Nérac, dans une propriété de M. le comte Dijon, et ayant acquis, au bout de quarante ans de plantation, environ 80 pieds de haut, sur près de 8 pieds de circonférence ; tandis que les Ormes, plantés dans le même terrain depuis soixante-dix années, n'ont que quelques pouces de plus en grosseur. 422 CLASSE DES AMENTACÉES. cédente, dont elle paraît ne différer que par des feuilles pubes- centes ou légèrement cotonneuses en dessous. C’est, suivant Clusius, qui en a donné les premières notions, un grand arbre très-rameux, à bois rougeâtre, légèrement odorant ; son fruit est du volume d’un grain de Poivre, d’un vert noirâtre; les autres auteurs cités ne donnent pas plus de détails scientifiques à cesujet, et personne, à ce qu’il semble, n’a eu l’occasion de l’observer en fleurs ; les échantillons recueillis par Tournefort, et conservés dans son herbier, sont dépourvus de fleurs et de fruits. Cet ar- bre croît dans les hautes montagnes de Gandie, où on le nomme Apélikéa. {1 paraït que son bois s FRA autrefois sous le nom de Faux-Santal. II TRIBU. LES CELTIDYES. — CELTIDEÆ Dumort. Perianthe caduc peu apres la floraison (de même que les eétamines). Ovule campylotrope. Stigmates indivises ou bifurqués, non-persistants. Péricarpe aptere, drupace, non-stipite, articulé sur un petit réceptacle disciforme. Graine munie d’un périsperme mince, charnu, adhe- rent au tégument. Embryon arque, ou à cotylédons repliés et convolutés. — Feuilles nerveuses (3-ou 5-nervces des leur base, penninervees au-dessus de leur base), plus ou moins inequilatérales, souvent très-entières ou pauci-dentees ; pétiole semi-cylindri- que, canalicule en-dessus. Fleurs solitaires, ou fasci- culées, ou cymeuses (jamais glomerulees), toujours polrgames-monoïques : les mâles munies d’un disque hypogyne, et d’un pistil rudimentaire. Pédicelles inar- ticules. Genre MICOCOULIER. — Celtis Fourn. Fleurs axillaires et latérales (sur les jeunes-pousses), pé- dicellées : les mâles nombreuses, plus précoces, infé- FAMILLE DES ULMACÉES, 1423 rieures, subternées, caduques; les fertiles (tantôt parfaite- ment hermaphrodites, tantôt à anthères indéhiscentes) peu nombreuses (sur chaque ramule), solitaires aux aisselles supérieures. Périanthe membranacé, subscarieux, rotacé, 4-à 7- (ordinairement 5-ou 6-) parti : segments plus ou moins inégaux, cuculliformes. Disque (persistant dans les fleurs fertiles) hypogyne, glandulaire, cupuliforme, 4-à 7-lobé : lobes (en nombre correspondant aux étamines, antéposés) barbus au sommet. Étamines en même nombre que les segments du périanthe, insérées sous le disque. Filets filiformes, un peu saillants lors de l’anthèse; anthères (celles des fleurs-mâles obtuses, mutiques; celles des fleurs- fertiles ordinairement mucronées) sagittiformes-ovales ou sagittiformes-oblongues, supra-basifixes, subtétragones, 4-sulquées, latéralement déhiscentes. Pistil rudimentaire dans les fleurs-mâles. Ovaire ellipsoïde ou ovoïde, oblique, rétréci au sommet en col plus ou moins distinct. Stigmates filiformes, ou linéaires-lancéolés, recourbés, plans, veloutés en dessus, carénés en dessous, souvent cohérents vers leur base, Drupe obové ou subslobuleux, obtus, ombiliqué à la base; noyau subconforme, osseux, obscurément té- tragone, caréné aux angles, transversaiement rugueux (comme réticulé) à la surface externe, lisse à la surface in- terne. Graine subglobuleuse, oncinée au sommet (par la partie saillante de la radicule): tégument membranacé, lisse; périsperme mince, charnu, adhérent au tégument, prolongé en lamelles irrésulières remplissant les interstices des plis de l’embryon. Embryon conforme à la graine : cotylédons grands, minces, repliés, incombants, convolutés et irrégulièrement plissés, ovales-elliptiques, 3-nervés et profondément cordiformes à la base, bilobés au sommet : radicule courte, conique-cylindracée, obtuse, presque dreite, saillante. Arbres à bourgeons écailleux. Écailles-gemmaires dis- tiques, imbriquées, coriaces. Ramules alternes-distiques, obscurément ansuleux, plus ou moins flexveux (rare- # 124 CLASSE DES AMENTACÉES. ment rectilignes), réclinés, ou pendants : les floraux (quel- quefois caducs après la maturité des fruitsf) très-sim- ples et effilés de même que les nouvelles pousses-ter- minales. Feuilles horizontales ou réclinées, assez rap- prochées , distiques, nou-persistantes, très-entières, ou paucidentées, ou dentées presque dès leur base, pétiolées (en général courtement), acuminées, inéquilatérales (par exception subéquilatérales), de forme et de grandeur très- variables chez toutes les espèces : les jeunes pubérules ou cotonneuses et plus ou moins scabres, les adultes fermes, coriaces, luisantes en dessus, tantôtscabres (1), tantôt lisses, glabres, ou pubescentes; celles des pousses-gourmandes notablement plus grandes que celles des ramules-floraux (qui sont en général latéraux) ; dents ou crénelures carti- lagineuses aux bords, ordinairement simples et terminées par une pointe oncinée; base plus ou moins inégale et oblique (par exception égale ou presque égale), variant chez toutes les espèces, tantôt cordiforme, tantôt semi-coi- diforme, tantôt cunéiforme, tantôt tronquée ou arrondie. Stipules membranacées, subdiaphanes, très-fugaces : celles des ramules-floraux la plupart obovales ou spathu- lées, plus grandes; celles des pousses-sourmandes linéaires- lancéolées, ou subulées, ou sétacées. Ramules-floraux latéraux, ou moins souvent latéraux et terminaux, au commencement de la floraison courts, subfiliformes, sub- aphylles, puis accrescents, plus ou moins allongés, feuillés. Fleurs petites : celles de chaque ramule-floral formant, avant la chute des fleurs-mâles, une grappe plus on moins dense, aphylle inférieurement. Fleurs-mâles caduques avant le complet développement des feuilles, de mème que le périanthe et les étamines des fleurs-femelles, Pédicelles capillaires à l’époque de la floraison, plus longs que le pé- rianthe : ceux desfleurs-fertiles finalement épaissis, grêles, (1) Les feuilles des pousses-vourmandes et celles des jeunes individus sont en général beaucoup plus scabres. FAMILLE DES ULMACÉES. 125 raides, plus ou moins défléchis, souvent arqués et déclinés ; les fructifères couronnés d’une petite cupule coriace (pro- venant du disque et de la base du périanthe), cotonneuse au bord. Périanthe et arthères d’un jaune verdâtre. Disque à lobes barbus de courtes soies blanches. Drupe (de volume variable chez toutes les espèces ; en général de celui d’un oros Pois) se détachant finalement du réceptacle, sans em- porter ni le disque, ni une portion du pédicelle; épicarpe lisse, mince, subcoriace; chair ferme, sucrée, plus ou moins épaisse ; noyau épais, très-dur, d’un blanc jaunätre, adhérent à la chair, subombiliqué à la base, acuminé au sommet ; carènes tranchantes, confluentes aux 2 bouts du noyau. Graine inadhérente, remplissant presque la cavité du noyau ; tégument jaunâtre ; chalaze formant une grande tache noïirûtre, orbiculaire, superficieile, contiguë à la ra- dicule. Embryon huileux. — Les Micocouliers ont un port élégant et très-caractéristique, dü à leur cime ample et très-touffue, ainsi qu’à la disposition de leurs ramules et de leurs feuilles. Leur bois est remarquable, comme celui des Ormes, par une grande ténacité. Les jeunes-pousses et les feuilles fraîches exhalent, surtout lorsqu'elles com- mencent à se faner sur un rameau qu’on vient de détacher de l'arbre, une odeur de Seringat très-prononcée. La chair du fruit de la plupart des espèces est mangeable, mais sèche et peu savoureuse. Ce genre appartient aux contrées extra-tropicales de l’hémisphère septentrional (1), mais il manque dans les climats froids. Nous allons faire con- naître les espèces cultivées dans les plantations d'agrément ; ces arbres ont une croissance assez rapide, et ils prospè- rent dans les sols les plus arides, quoiqu’ils préfèrent les terrains frais et fertiles; leur feuillage, élégant et très- touffu, se conserve dans toute sa fraicheur jusqu’à la fin de l'automne, et il n’est attaqué par aucun insecte. Les (1) Les espèces de la zone équatoriale, rapportées par les auteurs aux Cellis, appartiennent aux genres Sponia et Merlensia. 126 (CLASSE DES AMENTACÉES. fleurs paraissent au printemps, un peu plus tôt que les feuilles ; les fruits n’acquièrent leur maturité qu’à la fin de l'été, et ils ne tombent qu’au printemps suivant. Secriox I. LOTOPSIS Spach. ( Lotus Cameïar. Lobel.) Feuilles (semblables à celles des Jujubiers) plus ou moins réclinées, veineuses, densement réticulées, à nervures plus ou moins convergentes, très-fortes. Drupe à noyau très-rugueux. — Stigmates distinctement soudés vers leur base en forme de stipe. A. Feuilles équilatérales ou subéquilatérales : les naissantes pubérules -ferrugineuses, à peine scabres ; les adultes lis- ses et très-glabres, trés-entières au moins de la base jus- qu'au milieu (souvent sans aucune dent d’un côté ou mé- me des deux côtés). Noyau finement rugueux, à carènes . peu saillantes. Micocouzrer DE Cæine. — Celiis sinensis Pers. Enchir. (1) = Bosc, Dict. d’Agr. — Feuilles courtement acuminées (pointe souvent obtuse), inégalement dentelées ou crénelées (en général seulement vers leur sommet ; dents ou crénelures tres-courtement mucronulées ), d’un vert gai et peu rugueuses en dessus, d’un vert pâle ou glauque en dessous ; base peu ou point cordiforme. Drupe ( petit; d’un jaune orange ) subglobuleux ou ellipsoïde. — Arbre à rameaux brunätres, peu ou point flexueux. Feuilles très-fermes, ovales, ou ovales-elliptiques, ou ovales-objongues, ou ovales - lancéolées, ou elliptiques, ou oblongues, ou oblon- gues-lancéolées : celles des ramules-floraux longues de 1 pouce à 2 pouces; celles des pousses-gourmandes longues de 3 à 4 pou- ces (excepté les inférieures, qui sont ordinairement petites et très-enticres) ; dents ou crénelures plus ou moins larges, tantôt contiguës, tantôt plus ou moins distancées ; base le plus souvent arrondie ou très-légèrement cordiforme, variant du reste comme (4) C'est par erreur que plusieurs auteurs ont rapporté cette espèce au Cellis cœucasica Willd. FAMILLE DES ULMACÉES. 427 chez toutes les autres espèces du genre. Pétiole long de 2 à 6 lignes, blanchâtre de même que la côte et les nervures. Pédicelles un peu plus longs que les péticles. Stismates assez larges, linéaires - lancéolés. Drupe du volume d’un Pois ; noyau du vo- lume d’un grain de Poivre. —Cette espèce est originaire de Chine ; elle fleurit et fructifie dans la France méridionale; mais, aux environs de Paris, elle ne forme plus qu’un arbuste qui gèle souvent jusqu’au pied. B. Feuilles inéquilatérales, dentelées presque dés leur base (jamais très-entières ni pauci - dentées) : les naissantes cotonneuses ; les adultes plus ou moins scabres en dessus, mollement pubescentes (du moins le. long de la côte et des nervures) en dessous. Noyau très-fortement rugueux, à carènes très-saillantes. Micocouzier ausrraLz. — Celtis australis Linn. — Duham. Arb. ed. 1, p. 143, tab. 53.—Duham. ed, nov. vol. 2, tab. 8. — Scopol. Del. Ins. 2, tab. 18.— Wats. Dendr. Brit. tab. 105. — Feuilles acuminées - cuspidées, simplement ou double- ment dentelées (dents oncinées-cuspidées, en général deltoïdes), d'un vert foncé et rugueuses en dessus, d’un vert glauque en dessous ; base peu ou point cordiforme. Drupe (noirâtre, sou- vent du volume d’une Merise) subglobuleux. — Arbre de 30 à 5o pieds. Tronc droit, souvent très-gros, branchu à peu de dis- tance de terre. Écorce grisâtre, finalement rimeuse. Branches plus ou moins divergentes, très -rameuses. Rameaux - primaires bruns, longs, étalés, inclinés au sommet. Ramules réclinés ou pendants, grêles, flexueux. Gime ample, arrondie, très-touffue. Jeunes - pousses pubescentes ou cotonneuses, parsemées (ainsi que les ramules) de petites verrues blanches. Feuilles ovales- Jancéolées, ou oblongues - lancéolées, ou sublancéolées (moins souvent ovales ou ovales-cblongues), plus ou moins longuement cuspidces (pointe tres-acérée, dentelée presque jusqu’au som- met), en général très - obliques, assez profondément dentelées : celles des ramules - floraux longues de 1 pouce à 4 pouces, lar- ges de !/, pouce à 2 pouces, en général doublement dentées ; 198 CLASSE DES AMENTACÉES. celles des pousses -gourmandes souvent longues de ‘|: pied, sur > ou 3 pouces de large; base cunéiforme, ou tronquée, ou ar- rondie, ou légèrement cordiforme, ou semi-cordiforme. Pétiole long de 2 à 9 lignes, blanchâtre de même que la côte et les ner- vures, ordinairement pubescent. Stipules des pousses -gourman- des linéaires -subulées, Bourgeons ovales-coniques, pointus, bruns. Périanthe à segments oblongs ou oblongs-obovales, ob- tus, pubescents, plus ou moins fimbriolés aux bords. Ovaire ellipsoïde. Stigmates linéaires-lancéolés, subobtus. Pédicelles- fructifères longs de 6 à 12 lignes (2 à 3 fois plus longs que les pétioles), plus ou moins arqués, ou subrectilignes. Drupe à chair douceâtre; noyau du volume d’un Pois. Cette espece croît dans toute l’Europe méridionale, ainsi qu’en Orient et dans le nord de l'Afrique; dans le midi de la France, on la désigne par les noms de Micocoulier, Fabrecou- lier, Falabriquier, et Fabréguier. Son bois est d’un brun noi- râtre, dur, compacte, pesant, très-tenace, susceptible d’un beau poli ; il n’est point sujet à éclater ou à gercer, ni à être attaqué par les vers; on le recherche pour le charronnage et pour la confection de toutes sortes d’ustensiles de mécanique, ou autres ouvrages qui exigent un bois très-pliant ; il est excellent pour les ouvrages de tour et de marqueterie; comme il imite assez bxen l’ébene, on l’estime pour les instruments à vent; on en fait aussi des branchards de chaise et des cercles très-durables; enfin, il fournit un excellent combustible. Le bois de la racine est moins compacte que celui du tronc ; mais il est d’un noir plus foncé. L’écorce est astringente et peut servir au tannage. Scopoli dit avoir retiré des graines une huile comparable à celle d’Amande douce. — Ce Micocoulier fleurit et fructifie sous le climat de Paris ; toutefois il est assez délicat dans sa jeunesse ; 11 se plaît dans les sols secs et même arides ; de même que tous ses con- génères il se prête très-bien à la taille. SEcTION II. LEÏOPYRENA Spach. Feuilles horizontales, obliquement verticales, peu vei- neuses, lâchement réticulées, à nervures divergentes. FAMILLE DES ULMACÉES, 129 Noyau presque lisse, à carènes très-saillantes, — Stig- mates soudés vers leur base en forme de stipe. Micocouzrer DE Tournerorr.—Celtis Tournefortii Lamk. Dict. — Celtis orientalis Mill. Dict. — Tourn. Voyage II, pag. 45, cum fig. — Ramules divariqués, très -flexueux. Feuilles obliquement cordiformes ou ovales (rarement ovales -elliptiques ou ovales-lancéolées), subacuminées, .ou obtuses, fortement den- telées ou crénelées (en général presque dès leur base, du côté le plus long), d’un vert glauque, peu ou point rugueuses : les jeu- nes pubérules et scabres aux 2 faces; les adultes glabres ou presque glabres; dents ou crénelures mucronulées, Drupe (d’un jaune de Citron, du volume d’un gros Pois ou plus) obové. — « : LIsse. — Celtis Tournefortit auctorum. — Feuilles - ra- mulaires (adultes) lisses ou presque lisses, ordinairement cré- nelces. — £ : rapeux. — Celtis aspera Hortul. (non Brongn.) — Celtis Tournefortii aspera Audib. Cat. — Feuilles-adultes très- scabres et d’un vert moins glauque en dessus, ordinairement dertelées. Arbre de 20 à 30 pieds. Tronc droit, peu élevé, branchu; écorce plus ou moins fendillée, grisâtre.; bois très-blanc. Bran- ches dressées, très-rameuses. Rameaux d’un brun rouge, étalés, plus où moins divariqués, quelquefois irrégulièrement dichoto- mes, grêles, flexueux. Cime arrondie, tres-touffue. Ramules ho- rizontaux ou peu inclinés, divariqués. Jeunes-pousses pubérules, ordinairement glabrescentes. Feuilles très - fermes, en général beaucoup plus courtes que chez les espèces précédentes, très-en- tières vers leur base (du moins du côté Le plus court), jamais pauci-dentées ; celles des ramules-floraux longues de 8 lignes à 2 pouces (ou rarement plus), en général à peu près aussi larges que longues ; celles des pousses- gourmandes longues de 2 à 3 pouces, larges de 1 ‘/2 à 2 ‘/2 pouces ; dents ou crénelures tantôt égales, tantôt inégales, ordinairement contigués ; base ordinai- rement arrondie, ou cordiforme, ou semi-cordiforme, moins sou- vent tronquée ou cunéiforme, le plus souvent très-inégale. Pé- BOTANIQUE. PHAN. T. XI 9 130 CLASSE DES AMENTACÉES. tiole long de 2 à 4 lignes, blanchâtre de même que la côte et les nervures. Stipules lincaires-lancéolées, très-étroites. Bourgeons très-petits, ovales, pointus. Fleurs semblables à celles de l'espèce précédente. Ovaire obove. Stigmates linéaires - filiformes. Pédi- celles - fructiféres de moitié à r fois plus longs que les pétioles (longs de 4 à 8 lignes). Drupe à chair douceâtre, stiptique. — Cette espèce croît dans l’Asie Mineure (où elle fut découverte par Tournefort, qui en rapporta des graines en France) et au Caucase. Elle fleurit et fructifie dans le nord de la France. La direction de ses feuilles et de ses rameaux lui donne un port très-différent de celui de toutes ses congénères. Secrion III. PROTEOPHYLLUM Spach. Feuilles plus ou moins réclinées, ou pendantes, veineuses, à nervures plus ou moins divergentes. Noyau densement rugueux, à carènes peu saillantes. — Stigmates en géné- ral libres presque dès leur base. A. Feuilles densement réticulées et très-rugueuses en des- sus, dentelées (ou dentées, ou crénelées) presque dès leur base (du moins du côté le plus long), jamais pauci-den- tées; dents ou crénelures égales ou presque égales, con- tiouës. 1 MicocouLrER A FEUILLES ÉpAisses. — Ceitis crassifolia Lamk. Dict.—Michx. fil. Arb. vol. 3, p. 228, cum fig. (forma grandifolia) (1). — Celtis cordata Desfont. Hort. Par. — Ramu- les peu ou point flexueux. Feuilles discolores, acuminées - cus- pidées (pomte très-acérée, souvent dentelée presque jusqu’au sommet), en général à base cordiforme on semi-cordiforme : les adultes plus ou moins pubéscentes (du moins en dessous), d’un | (4) I nous semble que cette figure est fautive en tant qu’elle a été com- posée sur une pousse-courmande, à laquelle on a ajouté d'imagination les fruits; car jamais nous n’avons vu des ramules-fructifères avec d'aussi grandes feuilles, du reste, le drupe n’est pas noir, mais d’an rouge bru- nâtre, comme chez l'espèce suivante. FAMILLE DES ULMACÉES. 451 vért gai et en général scabres en déssus, d’un vert trés-#lauque en dessous. Stigmates linéaires -filiformes. Pédoncules -fructi- fères ün peu plus longs que les pétioles. Drupe obové ou subglo- buleux, d’un rouge brunâtre. — & : À FEUILLES DE Tizzeuz. (tiliæfolia Spach.)— Feuilles (des ramules floraux) la plupart cordiformes-ovales ou cordi- formes - suborbiculaires ( en général finement dentelées, très- scabres en dessus, larges de 1 pouce à 2 pouces). —$: à reuixzes DE Murrer. (morifolia Spach.) — Feuilles (des ramules - floraux) la plupart cordiformes elliptiques ou cordiformes-oblongues, fortement dentelées ou crénelées (lon- gues d’environ 3 pouces, sur 15 à 20 lignes de large, tantôt . scabres en dessus, tantôt presque lisses). — "y : À FEUILLES D’Eucarvete. (eucalyptifolia Spach.) — Feuilles (des ramules-floraux) ovales-lancéolées ou oblongues- lancéolées (longues de 3 à 4 pouces, larges de r pouce à 2 5 > 0. pouces), à base très-inégale, semi-cordiforme , ou tronquée d’un côté et arrondie de l’autre côté. Arbre atteignant souvent plus de 80 pieds de haut, mais seu- lement 18 à 20 pouces de diamètre. Tronc parfaitement droit, dé- garni de branches jusqu’à une grande hauteur. (Wichaux, 1. c.) Écorce grisâtre, garnie d’une sorte de réseau d’excroissances dures, fongueuses, irrégulières, noirâtres, persistantes. Bois très-blanc, à grain fin et serré. Branches nombreuses, presque droites, tres-rameuses, formant une cime arrondie, ample, très- touffue. Rameaux plus ou moins étalés, grêles. Ramules inclinés ou pendants, effilés, très-rapprochés, bruns, parsemés de petites verrues blanches : les nouveaux verts, plus ou moins pubes- cents. Bourgeons petits, ovales, obtus. Feuilles plus ou moins épaisses, tantôt presque lisses aux 2 faces, tantôt scabres en des- sus et lisses en dessous, tantôt scabres aux 2 faces : celles des pousses-gourmandes longues de 4 à 7 pouces (souvent presque aussi larges que longues), profondément dentées ou crénelées, ordinairement scabres aux 2 faces, quelquefois subéquilatérales, tantôt exactement cordiformes, tantôt oyales-lancéolées et à base 132 CLASSE DES AMENTACÉES. semi-cordiforme, ou tronquée du côté court et arrondie de l’au- tre côté ; dents ou crénelures en général égales ou presque éga- les, oncinées-cuspidées, ou mucronées. Pétiole long de 3 à 6 li- gnes, blanchäire de même que la côte et les nervures, ordinai- rement pubescent. Stipules linéaires ou linéaires - lancéolées, pointues. Périanthe à segments oblongs ou oblongs-obovales, ob- tus, fimbriolés au sommet, ciliolés, longs de près de 2 lignes. Ovaire conique, Stigmates r à 2 fois plus longs que l’ovaire. Pé- dicelles-fructiferes longs d’environ 6 lignes. Drupe du volume d'un gros Pois. Cette espèce habite les États-Unis ; au témoignage de M. Mi- chaux, elle est rare dans les contrées situées à l’est des monts Alléghanys, tandis qu’elle abonde dans tous les États de l’ouest, notamment au Kentucky et au Tennessée; elle se plaît dans les bas-fonds qui bordent les rivières, et sa présence est consi- dérée comme un indice certain de la fertilité du sol. « C’est, « dit M. Michaux, un des beaux arbres qui composent les téné- « breuses forêts des bords de l'Ohio : il s'y trouve réuni avec « le Platane, le Tilleul, le Noyer noir, le Noyer cathartique, « l'Érable noir, l'Orme et le Gleditschia triacanthos; et il m’a « paru qu’il les égalait toujours en hauteur, mais non en dia- « mêtre. — Le bois de cet arbre, fraichement débite, est d’une « grande blancheur, le grain en est fin et serré, sans cependant « être pesant. Coupé parallèlement ou mème obliquement à ses « couches concentriques, il présente de petites ondulations sem- « blables à celles qu’on voit dans l’Orme et l’Acacia. Sur les « bords de l'Ohio, et surtout au Kentucky, où l’on a été à même « d'apprécier les qualités du bois de cet arbre, il est peu estimé, « parce qu'il pourrit promptement lorsqu'il est exposé aux in- « Jures du temps; par la même raison, et peut-être aussi parce « qu'il n’est pas doué d’une grande force, il n’est propre à au- « cun genre de charronnage. Sur les bords de l'Ohio, cet arbre «est fréquemment débité pour faire des barres destinées à la « clôture des champs : elles se font d’autant plus aisément « que le corps de l'arbre est droit, sans nœuds, et qu’il se fend « facilement et de droit fil; on dit aussi qu’on en tire un bon Æ FAMILLE DES ULMACÉES. 433 .« charbon pour les maréchaux. » — Cette espèce mérité la pré- férence sur toutes ses congénères, à titre d’ arbre d’ornement ; elle s’accommode d’ailleurs, aussi facilement que les autres, des ter- rains arides et maigres, à cela près, qu’elle s’y élève beaucoup moins; dans les localités fertiles, son accroissement est très- rapide ; elle est parfaitement rustique dans le nord de la France ; toutefois elle ne produit que fort peu de fruits au jardin du Muséum, quoiqu’on en possède des individus de quarante à cinquante pieds de haut. PB. Feuilles léchement reticulées en dessus, peu ou point ru- gueuses, jamais dentées dès leur base : les inférieures (sur chaque ramule ou scion) ordinairement très-entières ; les autres tantôt très-entières du côté court et pauci-dentées de l'autre côté, tantôt pauci-dentées du côté court et pluri-dentées de l’autre côté, tantôt pauci-dentées des 2 côtes ; dents (ou dentelures) plus ou moins inégales, sou- vent distancées. Stigmates linéaires-lancéolés. a) Feuilles discolores (d'un vert plus ow moins foncé ou un peu glauque en dessus, d’un vert en général très-glauque en dessous), un peu ru- gueuses, épaisses, la plupart dentées. MicocouLtEer commun D'AMÉRIQUE. — Celtis occidentalis Lion. — Feuilles d’un vert foncé et très-luisantes en dessus, acuminées- cuspidées, souvent cordiformes à la base. Pédoncules- fructifères # peine plus longs que les pétioles. Drupe (d’un rouge brunâtre) obové ou subglobuleux ; noyau petit. — % : A GRANDES DENTS, (grandidentata Spach.) (1).—Celtis occidentalis Mich. fil. Arb. vol. 3, p. 225, cum fig. opt. — Duham. ed. nov. vol. 2, tab. 9. — Wats. Dendr. Brit. tab. 147. — Feuilles des ramules-floraux (longues de à 4 pouces) fortement dentées (cordiformes, ou ovales, ou subrhomboïdales, ou ovales-lancéolées, ou ovales-oblongues, (4) La forme des feuilles, chez cette espèce, est si peu constante sur chaque individu, qu'elle ne peut servir à caractériser des variétés. 4 134 CLASSE DES AMENTACÉES. ou cordiformes-oblongues, ou cordiformes-elliptiques, les su- _périeures en général oblongues-lancéolées), ordinairement scabres en dessus, d’un vert pâle et pubescentes en dessous : le côté le plus long ordinairement pluri-denté. — fB:A FEUILLES DENTELÉES. (serrulata Spach.) — Feuilles des ramules-floraux (variant de forme comme chez la variété précédente, mais en général plus petites, longues seulement de x à 2 pouces) en général pauci-dentelées, ordinairement presque lisses, d’un vert glauque et glabres en dessous. Arbre atteignant, dans les localités les plus favorables, 6o à 70 pieds de haut, et 2 à 4 pieds de diamètre. Tronc branchu en général à peu de distance du sol. Écorce et bois comme chez l'espèce précédente. Branches dressées ou subhorizontales , grosses, très-rameuses. Rameaux étalés ou inclinés. Ramules grêles, flexueux, inclinés, ou pendants, d’un brun rouge, par- semés de petites verrues blanches. Cime irrégulière ou arrondie. Jeunes-pousses vertes, pubescentes. Bourgeons petits, ovales, obtus, bruns. Feuilles d’un vert glauque ou pâle en dessus, d’un vert plus ou moins foncé en dessous, tantôt courtem ent acu- minées, tantôt plus ou moins longuement acuminées-cuspidées (pointe jamais dentée); les jeunes plus ou moins pubérules aux 2 faces, les adultes ordinairement glabres en dessus, tantôt pubescentes, tantôt très-glabres en dessous : celles des ramules- fructifères longues de 1 pouce à 3 pouces ; celles des pousses-gour- mandes longues de 3 à 6 pouces (les basilaires exceptées, qui sont petites), larges de 1 ‘/2 pouce à 4 pouces : les inférieures ovales ou ovales-elliptiques, en général pauci-dentées, à base ordinairement cordiforme ou semi-cordiforme; les supérieures ovales-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, ou ovales-oblongues, ordinairement pluri-dentées du côté long, à base tantôt subcor- diforme, tantôt semi-cordiforme, tantôt cunéiforme, tantôt tron- quée du côté court et arrondie de l’autre côté; dents mucronces. Pétiole long de 3 à 9 lignes, blanchâtre de même que la côte et les nervures, ordinairement pubescent. Shpules linéaires-lan- céolées, pointues, plus longues que le pétiole. Périanthe sembla- v FAMILLE DES ULMACÉES. 155 ble à celui de l’espèce précédente. Ovaire conique, peu ou point rétréci en col: Stigmates 1 à 2 fois plus longs que l'ovaire. Drupe du volume d’un Pois, le plus souvent obové. Pédicelles -fructifères longs de 3 à 6 lignes. — Cette espèce habite toute l'étendue des États-Unis, ainsi que les parties méridionales du Canada, mais sans abonder nulle part : on la trouve en général isolément dans Jes forêts ou aux bords des rivières ; quoiqu’elle, prospère surtout dans les sols profonds, frais et fertiles, elle ne se refüse pas à croître dans les terrains maigres et secs. I] paraît qu’on ne fait aucun usage de son bois, quoiqu'il participe aux qualités de celui de ses congénères. — Le Celtis occidentalis est plus rustique que les espèces précédentes; 1l fleurit et fructifie dans toute la France, ainsi qu’en Angleterre et même dans le nord de l’Allemagne. Il en existe au jardin du Muséum des in- dividus tres-gros, âgés d'environ 150 ans. Micocourrer Auniserr. — Celtis Audibertiana Spach. — Celtis occidentalis cordata Audib. Cat. — Celtis occidentalis Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 06. — Feuiiles d’un vert glauque et peu luisantes en dessus, acuminées-cuspidées, souvent . cordiformes à la base. Pédoncules-fructiferes 2 à 3 fois plus longs que les pétioles. Drupe (d’un rouge brunätre ) subglobuleux ; noyau gros. —& : À FEUILLES OVALES. (ovatæ Spach.) — Feuilles des ra- mules-floraux ovales ou ovales-lancéolées, à base subcordi- forme, ou semi-cordiforme, ou cunéiforme. —f$ : A FEUILLES ALLONGÉES. (oblongata Spach.) — Feuilles des ramules-floraux la plupart elliptiques -oblongues, ou oblongues-lancéolées, en général cordiformes ou semi-cordi- formes à la base. Arbre du même port que l'espèce précédente. Feuilles en général plus larges et plus rugueuses, inégalement dentées ou dentelées : les jeunes pubérules aux 2 faces ; les adultes ordinai- rement glabres et presque lisses en dessus, pubérules en dessous le long de la côte et des nervures; celles des ramules-floraux 456 CLASSE DES AMENTACÉES. longues de 2 à 4 pouces , en général pauci-dentées ou très-en- tières d’un côté, ou très-entières des 2 côtés; celles des pousses- gourmandes longues de 3 à 5 pouces, larges de 1 ‘/2 pouce à 3 “/: pouces : les inférieures cordiformes, ou ovales-elliptiques, les supérieures ovales-oblongues, ou ovales-lancéolées, ou oblon- gues-lancéolées, à base tantôt cunéiforme, tantôt semi-cordiforme, tantôt obliquement tronquée du côté court et arrondie de l’autre côté. Stipules, bourgeons et fleurs comme chez l'espèce précé- dente, Ovaire conique, distinctement rétréci en col. Stigmates linéaires-lancéolés, x à 2 fois plus longs que l'ovaire. Pédicelles- fructifères longs d’environ 1 pouce. Drupe du volume d’un gros Pois. — Cette espèce, qui a été confondue jusqu’aujourd’hui avec les deux précédentes, habite les mêmes contrées que celles-ci, et n’est pas rare dans les plantations, en Europe; elle est aussi rustique que la précédente. , L 2 b) Feuilles subconcolores (d’un vert plus ow moins foncé aux 2 faces, . jamais glauques), minces, point rugueuses, la plupart très-entières. MicocouLiEerR DE LA LouisrANE. — Celtis mississipiensis Bose, Dict. d’Agr. — Celtis occidentalis P ? tenuifolia Pers. Ench. — Celtis lævigata Wild. — Feuilles tres-entières ou pauci-dentées, finement réticulées, ovales-lancéolées, ou ellipti- ques-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, acuminées-cuspidées, la plupart cordiformes ou semi-cordiformes à la base : les jeunes plus ou moins scabres, pubérules en dessous aux nervures; les adultes lisses ou presque lisses, glabres. — Arbre à cime très- touffue. Rameaux étalés, plus ou moins inclinés. Ramules très- grêles, effilés, flexueux, pendants ou inclinés. Feuilles notable- ment plus minces que celles des espèces précédentes, d’un beau vert, très-luisantes en dessus ; Les ramulaires longues de 1 pouce à 3 pouces; celles des pousses-gourmandes longues de 3 à 6 pouces, larges de 1 ‘/; à 3 pouces, tantôt très-entières, tantôt très-entières ou 1-à 3-dentées du côté court, et 3-à 5-dentées de l’autre côté; dents grandes, deltoïdes, égales ou inégaes, mucronées, contiguëés, ou distancées ; base cordi- forme, ou semi-cordiforme, ou arrondie, ou cunéiforme, ou . FAMILLE DES ULMACÉES. 437 tronquée, ou arrondie du côté long et obliquement tronquée de l’autre côté, en général très-inégale, Pétiole long de 2 à 6 lignes, glabre, blanchâtre de même que la côte et les nervures. Stipules linéaires-lancéolées, acuminées. Jeunes-pousses vertes, luisantes, glabres, parsemées (de même que les rameaux) de petites verrues blanches. Fleurs et fruits inconnus. — Cette espèce, très-facile à reconnaître à son feuillage, passe pour originaire de la Louisiane ; elle est beaucoup moins rustique que les 3 précédentes, car elle gèle souvent jusqu’au pied, à Paris, et, par cette raison, elle n’y fleurit jamais. | CENT QUATRE-VINGT-SEPTIÈME FAMILLE, LES CUPULIFÈRES. — CUPULIFERÆ. Amentacearum pars, Juss. Gen. — Cupuliferæ Rich. Anal. du Fruit. — À. Rich. Élém. p. 362; id. Bot. Méd. p. 427. — Barti. Ord. Nat. p. 98. — E. Meyer, Preuss. Pflanz, p. 76. — Lindl. Nat. Syst. ed, 2, p. 170.— Endl. Gen. Plant. p. 275. — Blume, Flor. Jav. fasc. 44 et 42. — Castaneæ Adans. Fam. — Corylaceæ Mirb. Élém. — Quercineæ Juss. in Dict. des Sc. Nat. II, Suppl. p. 12. — Balaniferæ Loisel. Ma- nuel. p- 526. — Quercineæ et Fagineæ Dumort. Fam.—Amentacearum tribus IIL: Fagineæ et (ex parte) trib. IL: Betuleæ Reichenb. Syst. Nat: p. 172. Cette famille comprend une grande partie des arbres- forestiers les plus importants des climats tempérés de l'hémisphère septentrional; on en retrouve des repré- sentants dans les régions montueuses de l'Asie et de VAmérique équatoriales, mais elle manque compléte- ment dans la Nouvelle-Hollande, ainsi que dans les ré- glons intertropicales et australes de l'Afrique; la zone arctique en est également privée. L’écorce des Cupuli- fères est en général fortement astringente : propriété due à la présence du tannin. Le bois de la plupart des espèces est dur et propre à toutes sortes d’usages. Les fruits (ou, pour mieux dire, les amandes) de ces végé- taux, farineux chez toutes les espèces, et très-abondanis en huile grasse chez plusieurs, sont ou doux et man- geables, ou amers et astringents. Aucune espèce n’est vénéneuse. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres, ou (peu d'espèces) arbrisseaux. Rameaux et ramules épars ou distiques, subcylindriques, ou obscu- rément anguleux, inarticulés. Bourgeons écailleux, FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 139 axillaires, solitaires. Sucs-propres ni résineux, ni lai- teux. Feuilles alternes ou distiques, simples (très-entières, ou dentées, ou crénelées, ou incisées, ou sinueuses, ou pennatifides), bistipulées, penninervées, pétiolées (en général courtement), en vernation condupliquées et iransversalement plissées. Stipules bilatérales, libres, caduques, recouvrant les feuilles en vernation. Fleurs monoïques (par exception dioïques, ou her- maphrodites, ou incomplétement hermaphrodites). Fleurs-maäles sans rudiment de pistil, soit périanthées et disposées en grappes, ou en épis, ou en capitules, ou en fascicules, ou rarement solitaires-axillaires, soit apérianthées et disposées en chatons écailleux, cylin: dracés. Périanthe campanulé, ou turbiné, ou rotacé, ou tubuleux, 4-à 9-lobé, à fond tapissé d’un petit disque glandulaire ; estivation imbricative. Éiamines en nombre indéfini (5 à 20), insérées au fond du périanthe, ou (lorsque le périanthe manque) vers la base de la face antérieure des écailles des cha- tons. Filets rectilignes ou infléchis en préfloraison, indivisés, ou bifurqués (accidentellement trifurqués), libres, ordinairement inégaux. Anthères basifixes ou médifixes, versatiles, 2-thèques (1-thèques chez quelques espèces), souvent barbues au sommet; bourses longitu- dinalement 1-ou 2-valves, soit parallèles et réunies moyennant un connectif, soit dépourvues de connectif et disjointes en tout ou à partir du milieu. Fleurs-femelles (en général sans étamines rudimen- taires; celles-ci, lorsqu'il en existe, sont épigynes) pé- rianthées, insérées chacune ou plusieurs ensemble au fond d'un involucre (cupulaire, ou caliciforme, ou brac- 140 CLASSE DES AMENTACÉES. téiforme), accrescent après la floraison et persistant au moins jusqu'à la maturité. Involucres pédonculés ou sessiles, solitaires, ou fasciculés, ou glomérulés, ou en grappes, ou en épis. — Fleurs-hermaphrodites confor- mées comme les fleurs-femelles, mais en outre munies d'étamines épigynes. Perianthe adné à l'ovaire, à limbe supère, petit, per- sistant (peu ou point accrescent, souvent oblitéré à la maturité du fruit), soit coroniforme et irrégulièrement lobé ou tronqué, soit réduit à un bourrelet subcir- culaire. Pistil : Ovaire (1) adhérent, 2-à 6-loculaire ( chez quelques espèces couronné d’étamines rudimentaires ou très-rarement fertiles) ; ovules solitaires ou collatéraux dans chaque loge, anatropes, suspendus vers le sommet de l’angle interne des loges. Stigmates en même nombre que les loges de l'ovaire, subulés, ou linéaires, finement (1) A l’époque de la floraison, le pistil des Cupulifères (de même que celui des Bétulacées et des Casuarinées) est-réduit aux stigmates, qui sont plus ou moins longuement saillants, et semblent partir immédiate- ment du fond de l’involucre, tandis que l'ovaire est tout à fait impercep- tible. Plus tard (quelques mois après la floraison, chez les espèces dont le fruit mürit dans le courant de la même année, mais seulement au printemps suivant chez les espèces dont le fruit met 48 mois ou plus à mürir), lorsque les stigmates sont déjà fanés ou tombés, l'ovaire se dé- veloppe peu à peu, mais pendant quelque temps son intérieur n'offre au- cune trace d’ovules, et il est complétement rempli d’un tissu cellulaire charnu, divisé en plusieurs compartiments par des cloisons d'un tissu plus compacte. Enfin l’on découvre les ovules, complétement plongés dans le tissu charnu qui remplit les loges; à mesure que celui des ovules qui formera la graine prend de l'accroissement, il refoule les cloisons, les ovules abortifs, et tout le tissu environnant {dont il paraît absorber une partie), et finit par occuper toute la cavité du fruit. Ce mode de dé- veloppement du pistil, en grande partie postérieur à la floraison, paraît propre (du moins parmi les dicotylédones } aux familles que nous venons de citer. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 441 papilleux, terminaux, saillants, non-persistants, distincts dès leur base, ou confluents inférieurement en forme de style. Péricarpe (noix, nucule, gland) ligneux, ou osseux, ou coriace, indéhiscent, évalve, point stipité, luisant, par avortement 1-loculaire et 1-sperme (accidentellement à plusieurs loges 1-spermes), recouvert en tout ou en partie par l'involucre au fond duquel il adhère, avant la maturité, par une sorte de hile basilaire, subor- biculaire, point luisant, d'une autre couleur que la surface. Graine solitaire, suspendue, inadhérente, inarillée, apérispermée, moulée sur la cavité de la loge. Tégument mince, submembranacé : raphé filiforme, longitudinal ; chalaze basilaire. Embryon rectiligne : cotylédons (hypogés ou épigés en germination} plano-convexes, charnus, le plus souvent soudés, quelquefois rugueux ou plissés; radicule incluse en tout ou en partie, cour- te, conique, supère. Cette famille comprend les genres suivants : Ie TRIBU. LES CUPULIFÈRES-TYPES. — CUPU- LIFERÆ VERÆ Spach Fleurs-males périanthees, disposées en grappes, ou en épis, ou en capitules, ouen fascicules, ourarement soli- taires. Étamines 1-sériées; Jilets indivises, infléchis en préfloraison; antheres 2-thèques, imberbes : bourses paralleles, réunies moyennant un connectif. Ovaire 3-à G-loculaire; ovules collatéraux dans chaque loge. Involucre-fructifère coriace, en général écailleux ou spinelleux.— Fleurs-mâles naissant en général des mêmes bourgeons que les fleurs-femelles. CLASSE DES AMENTACÉES. =ù S N9 Secrion Î. QUERCINÉES. — OQuercineæ Spach. Fleurs-femelles solitaires dans chaque involucre. Invo- lucre-fructifère cupulaire. Péricarpe (gland) osseux ou coriace, en général plus ou moins saillant. Matu- ration souvent bisannuelle (1). | Quercus Linn. (Quercus, Ilex, et Suber Tourn.) — Lithocarpus Blume, — Castanopsis Don. SECTION Îl. FAGINÉES. — Fagineæ Spach. Fleurs-femelles géminées ou fasciculées (rarement soli- taires) dans chaque involucre. Involucre-fructifère caliciforme ou capsuliforme. Péricarpe (noix) co- riace, le plus souvent recouvert par l’involucre. Maturation jamais bisannuelle. Fagus Tourn. — Fagaster Spach. (2). — Castanea Tourn. Ile TRIBU. LES CUPULIFÈRES - BÉTULOIDÉES. — CUPULIFERÆ-BETULOIDEÆ Spach. Fleurs-males aperianthees, disposées en chatons écail- leux. Étamines fasciculées, insérées vers la base des écailles; filets indivises ou bifurqués, rectilignes en préfloraison ; anthères x-thèques ou 2-thèques, me- difixes, barbues au sommet, dépourvues de connectif: bourses disjointes completement ou à partir du milieu. Opaire 2-loculaire; ovules solitaires dans chaque (1) C'est-à-dire que la maturation du fruit dure 48 mois ou plus, à partir de l’époque de la floraison. (2) Ce genre comprend le Fagus Dombeyi, Mirb., et quelques espèces voisines, indigènes de l'Amérique australe; ces végétaux diffèrent des vrais Fagus, principalement par leur involucre, qui est partagé en la- nières étroites, ne recouvrant point les noix. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 145 & loge. Involucre-fructifère membranacé ou foliacé, toujours 1-carpe, jamais ecuilleux ni spinelleux. — Fleurs-mäles naissant toujours d’autres bourgeons que les fleurs-femelles. c SEcrioN Î. CORYLÉES. — Coryleæ Spach. Fleurs-femelles (la plupart abortives) en glomérules garnis de bractées persistantes. Chatons-mäâles à écailles 2-appendiculées. Anthères 1-thèques. Invo- lucres-fructifères glomérulés, ou fasciculés, ou subso- litaires (par avortement). Cotylédons hypogés en germination. Corylus Tourn. SECTION II. CARPINÉES. — Carpineæ Spach. Fleurs-femelles (toutes ou la plupart fertiles) en épis lâches, garnis de bractées caduques. Chatons mâles à écailles inappendiculées. Anthères 2-thèques. Involu- cres-fructifères imbriqués en épi lâche ou en strobile. Cotylédons épigés en germination. | Ostrya Micheli. — Carpinus Tourn. GROUPE VOISIN DES CUPULIFÈRES. LES BÉTULACÉES (1). — BETULACEÆ ich. (2). Fleursmonoïques, sessiles, disposées enchatons écailleux, unisexuels ; écailles x-à 3-flores, 2-ou 4-appendicu- (4) La plupart des auteurs considèrent les Bétulacées comme une fa- mille distincte des Cupulifères ; mais on peut, à tout aussi juste titre, ne les admettre que comme tribu de ces dernières; car elles ne diffèrent es- sentiellement des Cupulifères-Bétuloïdées ( dont une partie a même déjà été réunie aux Bétulacées, par plusieurs auteurs ) qu’en ce que leurs fleurs- mâles sont pourvues d'un périanthe, tandis que leurs fleurs-femelles pa- 144 CLASSE DES AMENTACÉES. lées à la base (antérieurement), onguiculées, ébrac- téolées : celles des fleurs-mäles peltces; celles des fleurs - femelles point peltées, accrescentes. Fleurs- mâles périanthées. Fleurs-femelles dépourvues de périanthe et d’involucre. Ovaire 2-loculaire; loges 1-ovulées; ovules suspendus, anatropes.— Chaque chaton-femelle devient un strobile compose de nucules (chartacées ou membranacees, lenticulaires, petites, ordinairement ailces) par avortement 1-loculaires et 1-spermes, recouvertes (en tout ou en partie) par les écailles-florales amplifiées. — Arbres ou arbrisseaux. Bourgeons écailleux (ceux des chatons-mäles en genéral aphylles). Feuilles éparses ou fasciculées, simples, pen- ninervees, bistipulees, condupliquées et transversale- ment plissees en vernation. Stipules caduques. Chatons- mâles semblables à ceux des Cupuliferes-Betuloïdees. Chatons-femelles filiformes ou cylindraces. BetulaTourn.— Betulaster Spach.— 4{naster Spach. — Clethropsis Spach — 4 [nus Tourn. raissent apérianthées et dépourvues d’involucre; mais si l’on considère que chez la plupart des Cupulifères-Bétuloïdées le limbe du périanthe des fleurs-femelles se trouve réduit à un bourrelet épisyne peu apparent, on peut dire aussi que les Bétulacées, de même que beaucoup d'Ombellifères, ont un périanthe adné jusqu’au sommet, ou dont le limbe est oblitéré; et, quant à l’involucre, les écailles des strobiles des Bouleaux ont évidem- ment la plus grande analogie avec les involucres demi-embrassants et bractéiformes des Carpinus, et pourraient donc aussi, à la rigueur, pas- ser pour des involucres 4-phylles ou 8-phylles. Quoi qu’il en seit, les Bé- tulacées sont incontestablement plus voisines, par tous les autres carac- tères, des Cupulifères-Bétuloïdées, que ne le sont celles-ci des Cupulifères- types. (2) Betulaceæ Rich., ex A. Rich. Élem. de Bot.—Betulaceæ À. Rich. Bot. Méd. p. 451.— Loisel. Manuel, p. 512. — Dumort. Anal. — Baril. Ord. Nat. p. 99.— Endl. Gen. p. 272. — Lindl. Nat. Syst. p. 474: — Amentaceæ-Betuleæ (ex parte) Reichb, Syst. Nat. p. 172.— Betuleæ E, Meyer, Preuss. Pflanzengatt. p. 75. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 145 Irc TRIBU. LES CUPULIFÉRES- TYPES. — CUPU- LIFERÆ VERÆ Spach. Fleurs-mäles (naissant en géneral des mêmes bourgeons que les fleurs-femelles ) périanthées , disposées en grappes, ou en épis, ou en fascicules, ou en capitules, ou rarement solitaires. Étamines x-sérices. Filets indivises, inflechis en préfloraison. Antheres imberbes, 2-thèques : bourses parallèles, réunies moyennant un connectif. — Fleurs-femelles solitaires ou fasciculees dans chaque involucre. Ovaire 3-a 6-loculaire ; ovules collateraux dans chaque loge. Involucres-fructifères coriaces, en general spinelleux ou écailleux. Embryon en général point huileux. Fleurs monoïques (par exception dioïques ou herma- phrodites), axillaires et latérales, ou axillaires et ter- minales, ou toutes terminales; les femelles, chez quel- ques espèces, munies d'étamines épigynes stériles. SECTION Î. QUERCINÉES. — Quercineæ Spach. Involucre-fructifère cupulaire, ligneux, mince, 1-carpe. Péricarpe (oland) lisse, écosté, cylindrique, ou sub- cylindrique, plus ou moins saillant (complétement inclus chez quelques espèces). Maturation souvent bisannuelle. — Feuilles souvent lyrées, ou pennati- _ fides, ou sinueuses. Genre CHÈNE. — Quercus Tourn. Fleurs monoïques : les mâles en épis pendants, läches, filiformes ; les femelles subsolitaires, ou en épis droits, ou subfasciculées au sommet d’un pédoncule-commun.— Fleurs-mâles : Périanthe 4-à 8-parti, membranacé, subsca- BOTANIQUE. PHAN, T. Xl. 40 146 CLASSE DES AMENTACÉES, rieux : segments plus ou moins inégaux, ciliolés. Étamines saillantes, en général en même nombre que les lobes. Filets capillaires. Anthères ovales, ou elliptiques, ou oblongues, ou suborbiculaires, dressées, cordiformes à ta base : bourses bivalyes. — Fleurs-femelles : Périanthe à limbe 6-fide ou irrégulièrement denté, coroniforme, persistant, finalement oblitéré. Ovaire ovoïde ou conique, 3-à 5-loculaire. Style court ou presque nul, gros, conique, couronné de 8 à 5 stigmates arrondis ou sublinéaires, obtus, subcoriaces, charnus, persistants. Cupule squameileuse ou spinelleuse à la surface externe, en général mince. Gland ombiliqué ou mamelonné au sommet, plus ou moins saillant, co- riace. Graine à tégument mince, membranacé. Embryon point huileux : cotylédons irès-gros, cohérents, rugueux, plano-convexes, arrondis aux 2 bouts, hypogés en germi- nation; radicule courte, mammiforme, obtuse, recouverte par les cotylédons. — Arbres, ou (quelques espèces seule- ment) arbrisseaux. Rameaux subcylindriques. Jeunes- pousses plus ou moins anguleuses. Bourgeons écailleux : ceux des fleurs-mâles souvent aphylles ; écailles imbriquées sur plusieurs rangs. Feuilles persistantes ou non-persis- tantes, alternes, équilatérales, courtement pétiolées, co- riaces, ou subcoriaces, très-entières, ou crénelées, ou dentées, ou sinuées, ou plus ou moins profondément pennatifides ; les jeunes le plus souvent pubescentes ou cotonneuses aux 2 faces; les adultes glabres du moins en dessus. Pétiole semi-cylindrique, plus où moins distincie- ment canaliculé en dessus. Stipules subulées, ou linéaires, ou ensiformes, membranacées, subscarieuses, en général très-fugaces. Floraison vernale. Fleurs petites, paraissant à la même époque que les nouvelles feuilles, Épis-mâles plus ou moins interrompus, solitaires ou fasciculés, axillai- res et latéraux (ou tous latéraux) sur les jeunes-pousses, ou axillaires sur les ramules de l’année précédente, ou laté- raux sur les ramules de l’année précédente ; rachis ébrac- téolé, simple, filiforme. Périanthe des flenrs-snâles bru- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 147 nâtre ou d’un jaune-verdâtre, petit, Anthères jaunes. Pédoncules des fleurs-femelles (quelquefois très-courts) solitaires, axillaires sur les jeunes-pousses, roides, dressés, 1-2-ou pluri-flores. Stigmates dressés, ou étalés, ou re- courbés, rouges, ou jaunes, courts, Maturation annuelle (c’est-à-dire que le fruit est mûr 5 à 6 mois après la flo- raison) ou bisannuelle (c’est-à-dire que le fruit met 18 à 24 mois à mürir, à partir de la floraison). Gland caducà la maturité (sans emporter la cupule), luisant, finement strié, quelquefois peu saillant hors la cupule. Ce genre comprend environ 100 espèces, dont la plupart habitent les régions tempérées de l’hémisphère septen- trional; il en existe aussi un nombre assez considérable sur les hautes montagnes de l’Asie équatoriale, du Mexique et de la Nouveille-Espagne; mais jusqu’aujourd’hui on n’en a découvert aucune dans ŸAfrique équatoriale, ni dans l'Afrique australe, ni dans l’Australie, ni dans l’Amé- rique méridionale. Aucun genre, peut-être, n’offre une réunion aussi nombreuse de végétaux remarquables à la fois par leur utilité et par leur port majestueux. La plupart des Chènes sont précieux par la force et la durée de leur bois, et, sous ce rapport, plusieurs espèces l’emportent sur tous les autres arbres des climats extra-tropicaux. Le bois de Chêne, comme l’on sait, est indispensable pour les constructions navales et pour une quantité d’autres usages importants. L’écorce des Chènes abonde en tannin : aussi la préfère-t-on à toute autre écorce, pour le tannage. Les glands des Chiènes qui habitent l’Europe méridionale, ou les climats encore plus chauds, ont en général une saveur semblable à celle des Châtaignes, et, comme celles-ci, ils servent d’aliment à l’homme, — De même que la plupart des autres arbres à bois dur, les Chênes se multiplient difficilement par une autre voie que celle des semis; la greffe ne réussit qu’en approche. Les glands perdent proinptement leur faculté gerininative, et, si l’on ne veut les confier à la terre dès la maturité, il faut les stratifier 148. CLASSE DES AMENTACÉES. dans du sable jusqu’au printemps suivant, en les tenant à l'abri des gelées, ainsi que d’une humidité ou d’une sé- cheresse trop fortes. La déplantation des Chènes exige beaucoup de précautions, et encore ne réussit-elle d’ordi- naire que pour des individus âgés seulement de quelques années ; il faut avoir soin de ne point blesser les racines, et surtout de n’en pas couper le pivot, qui est indispen- sable à la reprise ; exposées à l’airou au soleil, ces racines se dessèchent promptement ; aussi préfère-t-on semer les chènes sur place ou en pots. Nous ne pouvonstraiter que des espèces les plus impor- tantes soit par leur utilité, soit comme arbres d’ornement. SECTION I. ROBUR Tourn. Feuilles sinueuses, ou pennatifides, ou lyrées, non-persis- tantes : lobes ou dents mutiques. Maturation annuelle. Gupule à squamules petites, subovales, apprimées, point subulées. a) Feuilles jaunissant ou brunissant en automne. CHÈNE commun. — Quercus Robur Linn. — Feuilles si- nueuses ou plus ou moins profondément pennatifides, ordinaire- ment obtuses : lobes ou segments tres-obtus. Cupule courte, scutelliforme. Gland ellipsoïde, ou oblong, ou ovoiïde, mu- cronulé. VARIÉTÉS A FEUILLES GLABRES. — a. : CHÈnE-Rouvre. — Quercus Robur Engl. Bot. tab. 1342. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 139. — Duham. ed. nov. VIE, tab. 52. — Quercus sessiliflora Smith, Flor. Brit. — Feuilles oblongues ou oblongues-obovales, sinueuses ; lobes arrondis, ou ovales, ou demi-ovales. Fruits sessiles ou subsessiles, fasciculés, ou subfasciculés (rarement solitaires). — Gette variété est la plus commune de l’espèce dans l’Eu- rope moyenne (c’est-à-dire du 45e au 55° degré de latitude); dans l’Europe occidentale elle s’avance jusqu’au delà du 6o° degré; mais en Russie on ne la rencontre plus au delà FAMILLE DES CUPULIFÈRES: 149 du 55e degré; elle se plaît surtout dans les sols fertiles, mêlés de sable et d’argile. Son bois, d’un jaune tirant sur le brun, est en général moins compacte et moins tenace que celui du Chéne à grappes : toutefois, on a remarqué que lorsque celui- ci (autre variété du Chêne commun) croît dans un sol très-frais où trop fertile, son bois est de qualité inférieure à celui du Rouvre provenant d’un terrain convenable. — 6 : CHÊNE À GRAPpEs. — Quercus racemosaLamk. Dict. — Quercus pedunculata Ehrh. Beytr. — Guimp. et Hayr. Deutsch. Holz. tab. 140. — Duham. ed. nov. VII, tab. Hp du Quercus fœmina Mill. — Flor. Dan. tab. 1180. — Quercus Robur Smith, Flor. Brit. — Quercus inter- media Bœnningh. — Quercus macrocarpa Lapeyr. — Quercus fructipendula Schrank. — Quercus longæva Salisb. — Feuilles oblongues ou oblongues-obovales, sinueu- ses, souvent subsessiles; lobes arrondis, cu oblongs, ou ovales, très-entiers. Fruits géminés ou ternés (moins sou- vent quaternés ou solitaires) au sommet de longs pédoncules pendants (1). — Gette yariété, connue sous les noms vulgaires de Chéne blanc, vu Gravelin, est commune dans l’Europe moyenne, ainsi que dans l’Europe méridionale, mais elle s’a- vance moins vers le Nord que la variété précédente. Elle pros- ‘père surtout dans les sols frais, soit purement sablonneux, soit mélés de sable et d’argile ; on la rencontre aussi dans les sols cal- caires ou graveleux, mais dans ces localités elle vit beaucoup moins longtemps et n’acquiert pas une taille considérable. Le bois du Chéne à grappes est brunâtre, et, en général (à moins qu’il ne provienne de localités dont le sol est trop humide ou (1) La longueur de ces pédoncules varie de 4 à 2 pouces ; mais il n’estpas rare de rencontrer des sous-variétés tenant le milieu entre le Chêne- Roubre et le Chêne à grapges, et dont les pédoncules n’ont que de 6 à 42 lignes de long. On rencontre même assez souvent des arbres dont les fruits sont les uns sessiles ou subsessiles, les autres plus ou moins longue- ment pédonculés; cette variation a été désignée par Bechstein sous le nom de Quercus pedunculata hybrida. ! 150 CLASSE DES AMENTACÉES. trop fertile) plus compacte, moins fragile, et cependant plus facile à fendre dans sa longueur que celui du Chéne-Rouvre ; il supporte aussi mieux que celui-ci les alternatives de séche- resse et d'humidité; on l’emploie de préférence comme bois de construction et de menuiserie, ainsi que pour la fabrication des tonneaux à vin, des cuves, des lattes, échalas, bar- deaux, etc. — y : DES AsruzzEs, — Quercus brutia et Quercus T'iomasii Tenor. — Quercus pedunculata rosacea Bechst. — Feuilles oblongues-obovales, ou cunéiformes-obovales, ou oblongues, semi-pennatifides : segments très-entiers, ou dentés d’un côté, suboblongs, rapprochés, ou distancés, à sinus arrondis ou pointus. Fruits longuement pédonculés. — Ceite variété, com- mune dans l’Europe méridionale, est rare en France et en Allemagne. — Ô : DE DaLÉcHamP.—Quercus D'alechampü Tenor. Syll. — Cette variété ne diffère de la précédente qu’en ce que ses fruits sont sessiles où subsessiles. — : : GLAUQUE. — Quercus Robur mobjlis Tenor. Syll. — Feuilles obovales, courtement pétiolées, légèrement sinuees- lobées, d’un vert glauque; lobes arrondis, subdcntés, subon- dulés. Fruits gros (de ro à 12 lignes de diamètre), ovoïdes, sessiles, solitaires. — Ceite variété est commune dans l'Italie méridionale. — £: À GLANDS DOUx. — Quercus Esculus Linn. — Quercus Robur 8 : Virgiliana et + : conglomerata Tenor. Syll. — Feuilles plus ou moins profondément sinuées-lobées, oblon- gues-obovales, ou elliptiques ; lobes arrondis ou oblongs, sou- vent dentés. Fruits gros {atteignant jusqu’à 15 lignes de dia- mètre), sessiles, subfasciculés, douceâtres, mangcables. — Cette variété est propre à l’Europe méridionale, —" : A FEUILLES POINTUES. — Quercus pedunculata acutfolia Bechst. Forsthot. — Cette variété, qui paraît être rare, ne differe du Chêne à grappes qu’en ce que ses feuilles sont acu- minées et plus profondément lobées. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. : 151 — 4 : CHÊNE PYRAMIDAL. — Quercus fastigiata Lamk. Enc. — Dubam. ed. nov. VII, tab. 55. — Quercus pyramidalis Hortul. — Branches nombreuses, érigées, disposées en pyra- mide allongée (comme chez le Peuplier d'Italie). Feuilles et fruits comme chez ie Chéne à grappes. — Gette variété, re- marquable par son port, croît éparse dans les vallées des Py- rénées occidentales et des Landes. — M: Tenore l’a aussi observée en Calabre; elle atteint jusqu’à 100 pieds de haut. On la cultive comme arbre d’ornement ; il paraït qu’on ne peut la reproduire que de greffes et de marcottes. — 4: A RAMEAUX PENDANTS. — Quercus pendula Lodd. — Variété de culture, ne différant du Chéne à grappes que par des rameaux pendants. — x : À FEUILLES POURPRES. — Quercus pedunculata san- guimnea Bechst. Forsthb. — Quercus purpurea Lodd. Cat. — Variété de culture, ne différant du Chéne à grappes que par la couleur de ses feuilles, qui est d’un pourpre violet. Bech- stein dit en avoir observé un seul individu sauvage, dans un bois, en Saxe. Ô — À : À FEUILLES DE FOuGERE. — Quercus filicifolia Hortul. — Quercus laciniata Lodd. Cat.— Quercus salicifolia et Quercus Fennesii Hortul. — Feuilles étroites, pennatifides. Variété de culiure. VARIÉTÉS A FEUILLES PUBESCENTES OÙ COTONNEUSES EN DESSOUS. — y: Tauzn. — Quercus Toza Bosc, Dict. d’Agr. — Quer- cus Tauza Desfont. Hort. Par. — Quercus Tauzin Pers. — Quercus pyrenaica Wild. —Duham. ed. nov. VII, tab. 56. — Quercus humilis Bosc.— Quercus nigraThore.— Quer- cus stolonifera Lapeyr.— Quercus œnomamensis Desport. — Quercus pubescens Brotero.—Quercus castellana Bosc. — Quercus apennina Lamk.—. Quercus Furnetto Tenor. Syll. — Quercus Fraineito Tenor. Prodr.— Quercus ibe- rica Siev.— Feuilles plus ou moins profondément pennati- 4152 CLASSE DES AMENTACÉES. fides, pubescentes ou veloutées en dessous : segments subob- * longs, obtus. Fruits subsessiles ou plus ou moins longuément pédonculés, en général agrégés. — Cette variété est commune dans toute l’Europe méridionale, ainsi qu'en Orient; elle abonde dans les terrains sablorneux de l’ouest de la France, depuis les Pyrénées jusqu’au Mans et à Nantes : on la con- naît, dans les Landes et les Pyrénées, sous les noms de Chéne noir, Tauzin, Toza, ou Tauza; à Angers et à Nantes, on l'appelle Chéne doux ; au Mans : Chéne brosse ; chez les Basques : Amenza ou Amelca. Son bois est beaucoup moins estimé, dans les départements occidentaux de la France, que celui du Chéne Rouvre et du Chéne à grappes; il a beau- coup plus d’aubier, 1l est noueux, et il résiste fort mal aux alternatives de sécheresse et d'humidité ; toutefois, on le pré- fère comme combustible, et, tant qu’il est jeune, on l’emploie à faire des cercles : usage pour lequel celui des autres.Chènes n’est pas assez flexible. ; — y : PUBESCENT. — Quercus pubescens Willd.— Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 141. — Quercus lanuginosa Thuil. — Quercus collina Schleich. — Feuilles légèrement ou plus ou moins profondément sinuées, pubescentes ou ve- loutées en dessous : lobes arrondis ou oblongs, er général très-entiers. Fruits sessiles ou courtement pédonculés, en gé- néral subagrégés. — Cette variété, qu’on ne rencontre guère que dans les sols arides, est commune dans l’Europe moyenne et dans l’Europe méridionale ; mais elle s’ayance beaucoup moins vers le Nord que le Chéne-Rouvre et le Chéne à grappes ; il paraît qu'on ne la rencontre plus au delà du 49° ou 5o° degré de latitude. Son bois passe pour être d’aussi bonne qualité que celui du Chéne à grappes. Arbre atteignant, dans les conditions les plus favorables, 100 à 130 pieds de haut, sur 5 à 8 pieds de diamètre (1). Racine (1) On cite même des Chênes très-vieux, dont le tronc avait acquis jusqu’à 45 pieds de diamètre. FAMILLE DES CUPULIFÈRES, 4153 pivotante, rameuse, tres-forte, longue de 5 à 8 pieds, garnie en outre de racines latérales subhorizontales, très-longues. Tronc cylindrique, souvent indivisé jusqu’à la hauteur de 30 à 40 pieds. Branches fortes, très-rameuses, en général étalées. Gime irrégulière ou ovale, ample, touffue. Écorce des jeunes troncs et branches lisse, d’un vert d'Olive, ou d’un gris verdâtre ; puis d’un brun roux ou d’un gris brunâtre, finalement épaisse, ri- meuse, d’un brun foncé ou d’un gris de cendres. Bois pesant, dur, tenace, d’un grain fin et serré, finalement brunûtre ; au- bier blanc ou jaunâtre. Bourgeons obtus ou pointus, ovales, d’un brun clair ou ferrugineux, ordinairement à 16 écailles gla- bres ou pubescentes. Feuilles oblongues, ou oblongues - obova- les, ou cunéiformes-oblongues, ou cunéiformes-obovales, ou el- liptiques-oblongues, ou elliptiques, plus ou moins coriaces (quel- quefois assez minces), luisantes, d’un vert soit gai, soit foncé (ou rarement glauque) en dessus, d’un .vert soit pâle, soit glau- que en dessous, ou bien couvertes en dessons d’un duvet velouté et incane; les ramulaires longues de 3 à 6 pouces; celles des pousses-gourmandes atteignant jusqu’à 1 pied de long ; iobes ou segments de forme et de grandeur très-variables, tantôt égaux, tantôt inésaux , rapprochés, ou plus ou moins distancés, sépa- rés par des sinus soit pointus, soit arrondis : base égale ou un peu inégale, pointue, ou arrondie, ou subcordiforme. Pétiole long de > à 12 lignes, glabre, ou pubescent, canaliculé en des- sus. Grappes-mâles longues de 2 à 3 pouces, fasciculées, tantôt latérales à la base des jeunes-pousses, tantôt axillaires et laté- rales, tantôt naissant de bourgeons aphylles latéraux. Périan- the-mâle 5-à g-parti. Ovaire conique, couronné de 3 à 5 stig- mätes courts, arrondis, pourpres. Cupule soyeuse, ou coton- neuse, ou glabre, Squamules ovales, ou oblongues, obtuses, ou pointues. Gland long de 1 pouce à 3 pouces. Cette espèce, à laquelle s'applique vulgairement le nom de Chêne sans autre épithète spéciale, est l’un des arbres-forestiers les plus répandus dans l’Europe (à l’exception des régions boréales) ; elle abonde surtout dans les plaines et les basses montagnes entre 45° et 55° de lat.; dans les contrées voisines de la Méditerra- 154 CLASSE DES AMENTACÉES. née, elle vient de préférence sur les montagnes, et est beaucoup moins commune que plusieurs autres de ses congénères; elle habite aussi l’Asie Mineure et le Caucase, tandis qu’elle manque dans toute la Sibérie. Ce Chêne prospère surtout dans les sols frais, fertiles et profonds, quoiqu'il ne se refuse à croître dans aucuhe espèce de sol, pourvu que les localités ne soient ni trop humides, ni absolument arides. Il fleurit vers la fin du prin- temps ; ses fruits mürissent en automne. — Le Chêne, comme l’on sait, occupe le premier rang parmi tous les végétaux de nos climais, tant par son utilité que par les dimensions qu’il est susceptible d'acquérir, grâce à sa longévité; car, dans les loca- lités favorables , il ne meurt qu’au bout de 4 à 6 siècles. Son bois (à moins qu’ilne provienne d’un sol ou trop humide ou trop fertile) l’emporte en solidité et en durée sur celui de tous les autres arbres-forestiers indigènes, ainsi que sur celui de tous les Chênes de l'Amérique septentrionale ; il résiste mieux que tout autre aux alternatives de sécheresse et d'humidité; aussi est-1l indispensable pour toutes les constructions de longue du- rée, et notamment pour les constructions souterraines ou aqua- tiques, ainsi que pour l'architecture navale. Les charpentes de bon bois de Chêne durent au moins 600 ans, et deux ou trois fois plus lorsqu'elles sont constamment submergées. Quoique très-estimé comme combustible, ce bois le cède néanmoins, sous ce rapport, au Charme, au Hètre, à V'Érable-Sycomore et à l’Orme. L’aubier de Chêne, loin de participer aux qualités du bois, est trés-sujet à la pourriture et au ravagé des insectes. L’écorce de ce Chêne est celle qu’on emploie le plus générale- ment, en Europe, au tannage; on choisit ordinairement, pour les écorces destinées à cet usage, des taillis de 15 à 30 ans, qu’on dépouille à la séve du printemps. Réduite en poudre, cette écorce s’administre quelquefois, à l’intérieur, comme fébri- fuge, et, à l'extérieur, comme détersif, Les glands de cette es- pèce, excepté chez certaines variétés propres aux contrées les plus méridionales de l’Europe, sont beaucoup trop astringents et amers pour servir d’aliment à l’homme, à moins d’être forcé à y recourir en temps de famine ; mais ils sont excellents pour FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 455 engraisser les porcs, et tres-recherchés par tous les animaux fru- givores. La décoction de glands torréfiés passe pour un remède antiscrofuleux. | b) Feuilles se colorant en pourpre-violet en automne (1). CHèNE BLANG D'AMÉRIQUE. —Quercus alba Lion. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 13, tab. 1.— Feuilles plus ou moins pro- fondément sinuées - pennatifides : lobes oblongs, obtus, presque égaux, en général très-entiers. Cupule courte, scutelliforme, Gland ovoïde ou ellipsoïde. — Arbre atteignant 70 à 80 pieds de haut, sur 3 à 7 pieds de diamètre. Écorce très-blanche, sou- vent marbrée de taches noires. Feuilles très-semblables à celles de certaines variétés du Quercus Robur ; les jeunes couvertes en dessous d’un duvet velouté, blanchâtres; les adultes gla- brescentes, lisses et d’un vert tendre en dessus, glauques ou blanchâtres en dessous. Fruits solitaires ou géminés sur des pé- doncules longs de 8 à 10 lignes, du reste semblables à ceux du Quercus Robur. Gland doux. Cupule grisâtre. — Cette espèce (à peine ou peut-être point distincte du Quercus Robur) croît dans l’Amérique septentrionale, depuis la Floride jusque vers le 50° degré de latitude; mais elle est rare dans le Midi et dans le Nord, tandis qu’elle abonde surtout dans la Virginie, la Pen- sylvanie et l'Ohio; elle prospère dans tous les sols, pourvu qu’ils ne soient ni trop arides, ni trop humides; on la connaît généralement, aux États - Unis, sous le nom de white oak (Chène blanc). Le bois du Chêne blanc est rougeâtre, et très- semblable à celui du Chêne commun, mais moins pesant et moins compacte; néanmoins c’est le meilleur de tous les Ché- nes indigènes de l’Amérique septentrionale, où, par cette rai- son , on l’emploie de préférence à un grand nombre d’usages : on s’en sert principalement pour la charpente des maisons et pour le charronnage, ainsi que pour les constructions navales, (4) Ce caractère, commun à la plupart des Chénes de l'Amérique sep- tentrionale, ne se retrouve chez aucuné des espèces de l’ancien continent (excepté chez une variété du Chéne commun). 456 CLASSE DES AMENTACÉES. Parmi ses congénères d'Amérique, le Chêne blanc est presque le seul qui fournisse un bois propre à faire les tonneaux destinés à contenir des liqueurs spiritueuses ; il s’en exporte des quan- tités très-considérables, à cet usage, pour les Antilles, Madère, Ténériffe et la Grande-Bretagne. Le bois des jeunes Chênes blancs est fort élastique, et susceptible d’être divisé en lames minces, dont on fait des paniers, des cercles, des seaux, etc. CHÊNE ÉroILÉ. — Quercus stellata Willd. — Quercus ob- tusiloba Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 38, tab. 5.— Feuilles si- nueuses, sublyrées , pubescentes en dessous : lobes larges, ar- rondis, souvent subbilobés. Cupule courte, scutelliforme. Gland oblong. — Arbre haut de 4o à 50 pieds, sur 15 pouces de dia- mètre. Branches ordinairement tortueuses. Tronc à écorce d’un gris blanc. Feuilles longues de 4 à 5 pouces, d’un vert foncé en dessus, grisâtres en dessous, oblongues - obuvales en contour. Fruits solitaires ou géminés sur de courts pédoncules , sembla- bles à ceux du Quercus Robur. Cupule grisâtre. Gland doux. — Cette espèce, qui paraît n’être qu’une variété du Chène blane, croît aux États - Unis, depuis la Floride jusqu’au New - York, ainsi que de la Louisiane au Kentuckey ; on la nomme en géné- ral post oak (Chène à poteaux) et zron oak (Chêne de fer) ; elle prospère dans les terrains arides. Son bois est jaunâtre, d’un grain plus serré et plus fin que celui du Chêne blanc, mais il est moins élastique ; on l’emploie, du reste, aux mêmes usages que le bois du Chêne blanc, et l’on en tire surtout parti dans les constructions maritimes, pour la confection des genoux, à cause des courbures naturelles qu’offrent ses branches. . CHÊNE LyYRÉ. — Quercus lyrata Walt. Carol. — Mick. fil. Arb. vol. 2, p. 42, tab. 6. — Feuilles sinueuses, sublyrées, glabres : lobes supérieurs plus larges : le terminal ordinaire- ment pointu, fortement 3-denté. Cupule subglobuleuse, muri- quée. Gland subglobuleux, presque recouvert par la cupule.— Arbre atteignant 60 à 80 pieds de haut, sur 2 à 4 pieds de dia- mêtre. Tronc à écorce blanchâtre. Cime dense, ample. Feuilles longues de 3 à 6 pouces, d’un vert clair, subsessiles, oblongues FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 457 ou oblongues - obovales en contour; lobes obtus ou pointus ; si- nus larges, ouverts. Gland de 12 à 18 lignes de diamètre. Cu- pule grisätre , hérissée de courtes pointes. — Cette espèce croît dans les provinces méridionales des États-Unis; les habitants des Carolines et de la Géorgie la connaissent sous les noms d’over cup oak (Chène à cupule débordante), de swamp post oak (Chêne à poteaux des marais), et de water white oak (Chêne blanc aquatique); elle ne prospère que dans les grands marécages qui bordent les rivières, et dont le sol est très-pro- fond. Son bois, quoique inférieur à celui des deux espèces pré- cédentes, est néanmoins assez estimé pour les constructions, à cause des dimensions considérables qu’acquiert le tronc de Varbre. à CuËne Prinus. — Quercus Prinus Linn.—Quercus Prinus palustris Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 51, tab. 8.— Quercus alba Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 130. (excl. syn.) — Feuil- les oblongues-obovales, légèrement sinuées-pennatilobées, acu- minées, ou pointues, courtement pétiolées, légèrement pubes- centes en dessous ; lobes arrondis ou oblongs, obtus, calleux au sommet. Cupule subhémisphérique, courte. Gland ellipsoïde ou oblong. — Arbre atteignant 80 à 90 pieds de haut. Tronc par- faitement droit et cylindrique jusqu’à environ 50 pieds de terre. Cime ample, touffue. Feuilles d’un vert clair en dessus, d’un vért glauque en dessous, atteignant jusqu’à 9 pouces de long, Sur 4 à 5 pouces de large. Fruits courtement pédonculés, sub- solitaires, semblables à ceux du Chêne commun. — Gette espèce habite les provinces méridionales des États-Unis, où on la dé- signe le plus généralement sous le nom de swamp chesnut oak, et chesnut white oak (Chêne Châtaignier de marais, Chêne blanc Chätaignier); elle prospère dans les grands marais qui bordent les rivières, et dont le sol meuble, profond, et très- fertile, est toujours maintenu dans un état de fraîcheur, sans être exposé à de fréquentes inondations ; dans ces localités, le Chène Prinus forme l’un des plus beaux arbres de l'Amérique septentrionale. Son bois, inférieur à celui du Chêne blanc, est 158 CLASSE DES AMENTACÉES. cependant fréquemment employé au charronnage et aux con- structions ; en Géorgie, c’est l’un des plus estimés pour le chauf- face. — f : BICOLORE. — Quercus bicolor Wild, — Quercus Pri- nos discolor Mich. fil. 1. c. p. 48, tab. 7. — Variété ca- ractérisée par des feuilles cotonneuses-blanchâtres en dessous, et à lobes plus inégaux ; on la trouve également dans les ma- rais, depuis la Géorgie jusqu’au Canada; suivant M. A. Mi- chaux, son bois est plus pesant et plus durable que celui du type de l’espèce. | — y: MONTIGOLE. — Quercus Prinus monticola Mich. L. c. p. 55, tab. 9. — Quercus montana Willd. — Feuilles co- tonneuses-blanchâtres en dessous, à lobes presque égaux ; cu- pule souvent turbinée. Cette variété croît dans les localités rocailleuses des Alléghanys et du haut Canada ; elle n’acquiert que 30 à 5o pieds de haut, sur 2 à 3 pieds de diamètre; son bois est rougeâtre, et presque aussi estimé que celui du Chêne blanc. CnËNE À FEUILLES DE CuATAIGNIER. — Quercus Castanea Willd. — Quercus Prinus acuminata Mich. fil. Axb. vol. 2, p. 61, tab. 10. — Feuilles oblongues ou oblongues-lancéolées, acuminées, sinuées-dentées, assez longuement pétiolées, cotonneu- ses - blanchätres en dessous; dents deltoïdes, pointues, presque égales, calleuses au sommet. Fruits sessiles, subsolitaires : cu- pule courte, hémisphérique ; gland ellipsoïde ou oblong.—Arbre atteignant. 60 à 80 pieds de haut, sur 2 à 4 pieds de diamètre. Tronc à écorce blanchâtre, peu crevassée, se divisant souvent en feuillets. Fewlles longues de 6 à 8 pouces, d’un vert clair en dessus ; pétiole long de 10 à 15 lignes. Fruit semblable à celui du Chêne commun. — Gette espèce habite les vallons fertiles des Aléghanys; en Pensylyanie, on la désigne par le nom de yel- low oak (Chêne jaune). Le bois en est peu employé; celui des vieux troncs est jaunâtre. CnËne Cnincanin. — Quercus Prinoides Willd.— Quer- cus Prinus Chincapin Mich. fil. Arb. 2, p. 64, tb, 11 — FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 459 Feuilles oblongues ou oblongues-obovales, subobtuses, sinuées- dentées, glabres, glauques en dessous; dents larges, pointues, calleuses au sommet, presque égales. Fruits sessiles : cupule courte, hémisphérique; gland ellipsoïde ou oblong, — Axbuste de 2 à 4 pieds. Tige grêle, Feuilles longues de 3 à 5 pouces. Fruits semblables à ceux du Chêne commun. — Ce Chêne, qui est probablement une variété du Quercus Castanea, croît aux États-Unis, dans les landes stériles. Section II. CERROIDES Spach. Feuilles pennatiparties ou lyrées, non-persistantes : lobes mutiques. Maturation anruelle. Cupule à squamules supérieures lâches, subulées, beaucoup plus longues que les inférieures, qui sont petites, imbriquées, ap- primées. — Espèces de l’Amérique septentrionale. CnËNE À GLAND EN FORME D’ou1ve.— Quercus olivæformis Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 32, tab. 3.— Feuilles inégalement si- nuées-pennatipärties, glabres, xlauques en dessous : lobes deltoïdes ou suboblongs, pointus, souvent incisés-üentés au sommet. Fruits subsolitaires, courtement pédonculés. Cupule obconique ; gland ovoide, recouvert jusqu'au dela du milieu. — Arbre atteignant 60 à 7o pieds de haut. Tronc à écorce assez blanche, comme lamelleuse. Cime ample. Branches-secondaires menues, flexibles, réclinées. Feuilles longues de 5 à 8 pouces, courtement pétio- lées, d’un vert clair en dessus. Gland long d’environ x pouce. — Cette espèce, remarquable par le port particulier que lui donnent ses branches inclinées, a été découverte par M. À. Mi- chaux, dans l'État de New-York. CHÊNE À GROS GLAND. — Quercus macrocarpa Mich. Flor. Bor. Awer. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 34, tab. 4. — Feuilles sublyrées, cotonneuses ou pubescentes en dessous; lobes:très-ob- tus, ordinairement sinuolés au sommet : les inférieurs oblongs. Fruit tres-gros : cupule subcampanulée; gland ellipsoïde, recou- vert jusqu’au delà du milieu. — Arbre s’éleyant à 6o pieds et plus. Jeunes branches à écorce souvent fongueuse. Feuilles Ion - 160 CLASSE DES AMENTACÉES. gues de 6 à 15 pouces, courtement pétiolées, d’an vert foncé en dessus. Fruit long d’environ 2 pouces. — Cette espèce, re- marquable par l’élégance de son feuillage et par la grosseur de ses fruits, croit dans les Alléghanys et dans les contrées situées à l’ouest de ces montagnes ; son bois est moins estimé, aux États- Unis, que celui du Chêne blanc. Secrion III. ERYTHROBALANOS Spach. Feuilles mucronées ou à lobes mucronés (par exception mutiques), non-persistantes, se colorant, aux approches de l’automne, en pourpre violet. Maturation bisan- nuelle (fruits, par conséquent, latéraux). Cupule à squamules petites, imbriquées, apprimées, point subu- lées. — Toutes les espèces de cette section appartiennent à l'Amérique septentrionale. A. Feuilles (des individus adultes) toutes très-entières, sub- oblongues, tres-courtement pétiolces, mucronces. Cène Sauce. — Quercus Phellos Linn.— Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 74, tab. 14. — Feuilles linéaires-oblongues ou lancéo- lées - linéaires, glabres, terminées en pointe sétacée. Fruits sub- sessiles : cupule courte, scutelliforme ; gland subglobuleux. Arbre atteignant 5o à Go pieds de haut, sur 20 à 24 pouces de diamètre ; tronc grêle, à écorce unie ou peu rimeuse, épaisse. Feuilles longues de 1 à 3 pouces, larges de 3 à 6 lignes, luisan- tes, finement penniveinées, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous : celles des jeunes‘individus ordinairement den- tées ou lobées. Fruits subsolitaires, du volume d’une petite Ce- rise. — Cette espèce croît aux États-Unis, depuis la Floride jus- qu’au New-York ; elle se plaît dans les terrains très-frais et même humides ; mais d’ailleurs on la trouve aussi dans les sables secs. Son bois, rougeâtre et poreux, est peu estimé. — $ : CnËne Laurier. — Quercus imbricaria Mich. Flor. Bor. Amer.—Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 77, tab. 13.—Feuil- les oblongues ou lancéolées-oblongues, pubescentes en dessous. Cupule subturbinée. —Arbre de 40 à 50 pieds, sur 12 à 15 FAMILLE DES CUPULIFERES. 161 pouces de diamètre, très -rameux. Feuilles longues de 3 à 4 pouces, larges de 10 à 18 lignes. — Ce Chène croît dans les montagnes des États-Unis. — ‘} : À FEUILLES CENDRÉES. — Quercus cinerea Mich. Flor. Bor. Amer. —Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 81, tab. 16. — Feuilles oblongues-lancéolées ou lancéolées-oblongues, coton- nenses-incanes en dessous.!— Arbuste branchu, ou petit arbre haut au plus de 20 pieds. Feuilles longues de 2 à 3 pouces, larges de 6 à ro lignes. — Cette variété croît dans les landes sablonneuses des Carolines et de la Géorgie. — 0 : nain. — Quercus Phellos pumila Mich. Flor. Bor. Amer.— Quercus pumila Walt. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p- 84, tab. 17.— Quercus sericea Wild. — Feuilles ob- longues ou spatulées -oblongues, subsessiles | cotonneuses- incanes en dessous, — Arbuste de 1 à 3 pieds, à racines rampantes , produisant un grand nombre de rejctons. Tiges grèles , eflilées. Feuilles longues de 2 à 3 pouces, larges de 4 à 8 lignes. — Cette varicté croît dans les mêmes localités que la précédente. B. Feuilles tantôt très-entières, tantôt trilobées vers leur sommet, mutiques: CHÊNE AQUATIQUE. — Quercus aquatica Walt. Carol. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 89, tab. 19. — Feuilles cunciformes- obovales, rétuses, glabres, subsessiles, souvent subtrilobées au sommet. Fruits courtement pédonculés : cupule subhémisphé- rique ; gland subglobuleux. Arbre haut de 30 à 45 pieds, sur 12 à 18 pouces de diame- tre. Feuilles longues de 2 à 3 pouces, luisantes, d’un vert gai, subpersistantes ; celles des jeunes individus et celles des rejetons de formes très-variables, sinuées-dentées, souvent elliptiques ou oblongues. Fruits solitaires ou géminés, du volume d’une petite Cerise. — Cette espèce croît dans les marais et au bord des ruisseaux, dans les provinces méridionales des États-Unis ; son bois, quoique très-coriace, n’est guère employé, BOTANIQUE. PHAN, T, XI, 11 462 CLASSE DES AMENTACÉES. C. Feuilles (des individus adultes) la plupart obscurément 3-lobées au sommet, point dentées, à nervures prolongées en pointe sétacée. CnËNe nor. —Quercus nigra Willd.—Mich. Hist. Querc. tab. 22 et 23.— Quercus ferruginea Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 92; tab. 20. — Feuilles oblongues-flabelliformes, ou cunéi- formes-oboveles, ou oblongues-obovales, courtement pétolées, subcordiformes à la base, subcoriaces, pubérules (ferrugineu- ses). Fruits subsessiles : cupule courte, subturbinée; gland ovoïide. Arbre de 20 à 35 pieds de haut, et atteignant rarement un pied de diamètre, Écorce dure, rimeuse, noirâtre, épaisse, d’un rouge de brique à l’intérieur. Gime ample. Feuilles longues de 5 à 8 pouces, luisantes et d’un vert gai en dessus, larges de 3 à 5 pouces vers le haut, en général très-rétrécies au-dessous du milieu; celles des jeunes individus plus ou moirs profon- dément trilobées, ou pennatilohées. Péticie long de 3 à 6 li- gnes. Fruits longs d'environ 1 pouce, solitaires, où géminés.— Cette espèce croît dans les landes arides des États-Unis, depuis la Floride jusqu’au Maryland ; son bois est pesant et assez com- pacte; il est très-recherché comm combustible, mais peu em- ployé à d’autres usages. D. Feuilles soit plus ou moins profondément 3 -lobées au sommet, soi sinueuses, Soit sinuées-pennatifides. CHènE DE Catesey. — Quercus Catesbæi Mich. Hist. Querc. tab. 29 et 30. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 107, tab. 29.— Feuilles subsessiles, glabres, cunéiformes à la base, pro- fondément sinuées - pennatifides : lobes divariqués , inégaux, suboblongs, pointus, mucronés, pauci-dentés. Fruits subsessi- les : cupule hémisphérique, courte, stipiice, à écailles - margi- nales infléchies; gland ovoïde. | Arbre de 15 à 36 pieds, atteignant rarement 1 pied de dia- mètre; tronc tortucux, branchu peu au-dessus du sol. Écorce noirâtre, rimeuse, Feuilles longues d’environ 6 pouces, sur js FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 4163 presque autant de large au-dessus de leur base, subcoriaces, d’un vert gai. Fruits solitaires ou géminés ; cupule épaisse, large de près de 1 pouce. — Gette espèce croit dans Jes provin- ces méridionales des États-Unis; on ne la retrouve plas au nord de la Caroline. M. A. Michaux fait remarquer que, de tous les Chênes de l’Amérique septentrionale, c’est celui qui croît dans les terrains les plusr maigres et les plus arides: Son bois est un excellent combustible. CuËne piscocorr. — Quercus discolor Hort. Kew. éd. 1 (ex parte). — Feuilles plus ou moins longuement pétiolées, co- tonneuses-incanes en dessous, tantôt 3-lobées, tantôt sinueuses, tantôt sinuées-pennatfides. Fruits subsessiles : cupule hémi- sphérique où turbinée, courte, rétrécie en gros stipe; 5 gland subglobuleux. M * —% : A LOBES FALCIFORMES.— Quercus falcata Mich. Hist. Querc, tab. 28. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 104, tab. 23, . — Arbre atteignant jusqu’à 80 pieds de haut, sur 3 à 5 pieds de diamètre. Feuilles en général suboblongues, profondé- ment sinuées-pennatifides, à base arrondie ou légèrement cor- diforme ; lobes divariqués, acuminés , subfalciformes, mu- cronés, — Tronc à écorce noirâtre, rimeuse. Bois rougeâtre, poreux. F euilles ordinairement réa de 4 à 5 pouces, 5-ou 7-lobées, à pétiole long d’environ 1 pouce; les: jeunes indi- vidus ont le plus souvent des feuilles cunéiformes-trilobées, Gland petit, d’un pourpre noirâtre. — Ge Chêne croît aux États-Unis, depuis la Géorgie jusqu’au New-York ; il abonde surtout de les provinces méridionales ; son bois est recher- ché comme combustible et pour le charronnage; mais on ne l’emploie guère aux constructions ; on préfère son écorce à celle des autres Chênes d'Amérique, pour le tannage. — Ê : A FEUILLES TRILOBÉES. — Quercus triloba Mich. Hist. Querc. tab. 26.— Arbre. Feuilles la plupart cunéiformes- trilobées. —Gette variété croît dans les mêmes localités que la précédente. 464 CLASSE DES AMENTACÉES. — 7 : DE BANISTER. — Quercus Banisteri Mich. Hist. Querc. tab. 27.—Mich. fil.arb. vol. 2, p. 06, tab. 21.—Arbuste haut de 3 à ro pieds. Feuilles tantôt cunéiformes -trilobées, tantôt panduriformes-quinquélobées, tantôt cunéiformes-oblon- gues (ou oblongues) et sinueuses ou sinuées- pennatifides. — Feuilles longues de 2 à 4 pouces, larges de 6 à 30 lignes, à : Jobes tantôt courts et arrondis, tantôt plus ou moins allongés et oblongs, ou subfalciformes, ou deltoïdes, obtus, ou poin- tus, égaux, ou inégaux, en général très-entiers, moins souvent uni- ou pauci-dentés (dents ,mucronées); pétiole long de 3 à 12 lignes. Fruits solitairessou géminés.— Ce Chène croît dans les landes arides, depuis la Floride jusqu’au New-York. Cnêre QuercirroN. — Quercus tinctoria Lion. — Mich. Hist. Querc. tab. 24.—Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 110, tab. 22. — Feuilles sinuées ou sinuées-pennatifides, cotonneuses en dessous aux nervures, en général courtement pétiolées : les jeunes pulvérulentes aux 2 faces. Fruits sessiles : cupule hémi- sphérique ou turbinée, rétrécie en gros stipe ; gland subglobu- leux ou ovale. Arbre haut de 60 à go pieds, sur 3 à 4 pieds de diamètre. Tronc à écorce noirâtre, rimeuse, assez épaisse, jaunâtre en de- dans. Feuilles de forme et de grandeur très-variables, fermes, d’un vert foncé en dessus, d’un vert päle en dessous, tantôt ob- longues-obovales ou obovales, à lobes larges, arrondis, très-en- tiers, mucronés, tantôt sublyrés ou panduriformes, plus ou moins profondément 5-ou 7-lobés : à lobes deltoïdes ou sub- oblongs, acuminés, ou pointus, souvent sinués-dentés vers leur sommet (dents acuminées, mucronées); feuilles des pousses- gourmandes souvent longues de près de r pied; les autres lon- gues de 4 à 8 pouces; pétiole long de 3 lignes à r pouce. Fruits subsolitaires ; eupule large d’environ 9 lignes ; gland saillant. Cet arbre est commun dans presque toute l’étendue des États- Unis, ainsi qu’au Bas -Canada ; les Anglo-Américains la dési- gnent par le nom de black oalk (Chêne noir); il vient très-bien dans les sols maigres et graveleux, mais on le rencontre rare- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 1465 ment dans les bas-fonds. C’est ce Chêne qui fournit l’écorce connue sous le nom de Quercitron, et dont il $e fait une assez forte consommation pour teindre en jaune les laines et soieries ; en Amérique, on se sert beaucoup de cette écorce pour le tan- nage. La croissance du Chêne Quercitron est assez rapide; le bois de cet arbre est de couleur rougeâtre, poreux, et d’un grain grossier ; néanmoins il a plus de force et de durée que celui des autres Ghênes de cette section (à fructification bisannuelle), et, à défaut de Chêne blanc, on l’emploie, aux États-Unis, pour la charpente des maisons. M. A. Michaux pense que le Chêne Quercitron mérite d’être cultivé en grand, en Europe, à cause de l’usage tinctorial de l’écorce. CHÈNE ÉCARLATE. — Quercus coccinea Wangenh.— Mich. Hist. Querc., tab. 3r et 32.— Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 116, tab. 25.— Quercus ambigua Mich. fil. 1: c. tab. 26. — Feuilles suboblongues ou cunéiformes - oblongues, plus ou moins profondément sinuées - pennatifides , glabres (excepté en dessous aux aisselles des nervures), en général longuement pé- tiolées; lobes acuminés, inégaux, inégalement sinués - dentés. Fruits sessiles : cupule turbinée, rétrécie en | gros stipe; gland court, ellipsoïde. Arbre s’élevant à 80 pieds et plus, sur 3 à 4 pieds de dia- - mètre; écorce épaisse. Feuilles longues de 3 à 6 pouces, d’un vert gai, luisantes, 5-à 9-lobées : lobes oblongs ou subfalcifor- mes, plus ou moins divariqués, à dents acuminées, mucronées ; sinus larges, arrondis ; pétiole long de ‘/2 pouce à 3 pouces. Glands assez gros, en général solitaires, à moitié saillants. Cette espèce abonde dans presque toute l’étendue des États- Unis, ainsi qu’au Canada ; elle aime Les sols fertiles. Son bois’est rougeätre, très-poreux et Puis texture grossière ; on ne l'estime ni comme combustible, ni comme bois de construction. Au té- moignage de M. A. chaux, le Chêne écarlate .est coins de tous les Chênes d'Amérique qui s’avance le plus au nord; on le trouve au Canada, jusque vers le 48° degré de latitude. — ff? CHÊNE ROUGE. —Quercus rubra Linn. — Mich. Hist. 166 CLASSE DES AMENTACÉES. Querc. tab. 85et 36.—Mich. fil. Arb. vol. ,p. 126, tab, 98, — Fruit plus gros, à cupule courte, scutelliforme, peu ou point stipité. — Ge Ghêne, qui ne nous semble pas différer spécifiquement du Chène écarlate, croît dans les mêmes con- _trées que celui-ci. | CHÊNE DE marAIs.— Quercus palustris Linn.— Mich. Hist. Querc. tab. 33 et 34.— Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 123, tab. 27. — Feuilles longuement pétiolées, glabres, profondément sinuées- pennatifides : lobes suboblongs, acuminés, subtridentés au som- met. Fruits petits, sessiles : cupule courte, scutelliforme, sub- stipitée; gland subglobuleux. Arbre atteignant jusqu’à 80 pieds de haut, sur 3 à 4 pieds de diamètre; écorce épaisse, unie (même sur les plus vieux troncs); cime subpyramidale, touffue ; branches-secondaires grêé- les, très-nombreuses. Feuilles longues de 2 à 5 pouces, larges de r pouce à 4 pouces, luisantes, d’un vert gai, pubescentes en dessous aux aisselles des nervures; lobes divariqués, plus étroits que chez le Chène. écarlate; base ordinairement cunéiforme, Pétiole grêle, long de 4 lignes à 2 pouces. Fruits subsolitaires, du volume d’ane petite Cerise. — Gette espèce croît aux États- Unis, depuis la Virginie jusqu’au Canada; elle se plaît dans les lieux humides, surtout autour des mares qui sont enclavées dans les forêts. Son bois est semblable à celui de l’espèce pré- cédente, et également peu estimé. Secrion IV. CERRIS Spach. Feuilles non-persistantes (ou persistant seulement jusqu’à la fin de l’hiver), se colorant en jaune ou en brun aux approches de leur chute ; lobes ou dents mucronés, ou aristés. Maturation bisannuelle (fruits par conséquent latéraux ). Cupule à squamules réfléchies ou étalées, allongées. | A. iStipules ordinairement marcescentes": celles des feuilles supérieures sétacées de mémerque les écailles externes des bourgeons. FAMILLE DES CUPULIFÈRES:. 16 a) Feuilles d’un vert foncé en dessus, souvent pennatifides ow penna- tiparties, peu coriaces; segments et dents mucronulés. Cupule à squa- mules subulées, réfléchies. CRènNe cuevezu.— Quercus Cerris Linn. — 4: A FEUILLES PENNATIFIDES. — Quercus Cerris pinnali- fida Spach.—Quercus Cerris auctorum.—Duroi, Harbk. I, tab. 5, fig. 1. — Duham., ed. nov. VII, tab. 57.—Quercus austriaca Wild. — Guimp. et Hayn. Dentsch. Holz. tab. 142. — Quercus lanuginosaiamk.— Quercus crinita Desf. Hort. Par. — Feuilles oblongues ou oblongues-obovales, obtuses, pubescentes en dessous, subsessiles, plus ou moins profondé- ment sinuées - pennatifides : lobes arrondis, ou oblongs, ou subovales, presque égaux, très-entiers, ou pauci-dentelés. — $ : À FEUILLES PENNATIPARTIES. — Quercus Cerris lacinio- sa Spach.— Quercus Tournefortii Willd. — Quercus ha- liphieos Lamk. — Quercus Cerris Oliv. Voy. tab. 12. — Feuilles oblongues, presque cotonneuses en dessous : celles des pousses-gourmandes pennatinarties, sublyrées, à segments divariqués, très-distancés : les uns sublancéolés ou deltoïdes, très-entiers ; les autres de forme très-variée, irrégulièrement lobés ou dentés et dilatés vers leur sommet; feuilles des ra- mules-floraux profondément pennatifides : lobes très -entiers où pauci-dentés au sommet, ordinairement deltoïdes. — +: À FEUILLES siNueuses.— Quercus Cerris sinuata Spacb. — Quercus Cerris Wats. Dendr. Brit. tab. 92. — Feuilles oblongues ou oblongues-lancéolées, pointues aux 2 bouts, pubescentes en dessous : celles des ramules-floraux sinuées- dentées : dents deltoïdes, ou subovales; ou arrondies, presque égales, contiguës. — d : À FEUILLES DENTÉES. — Quercus Cerris dentata Wats. Dendr. Brit. tab. 03.— Quercus Cerris fulhamensis Loud. — Quercus fulhamensis Hortul. angl.— Feuilles oblongues, ou oblongues-lancéolées, pointues, arrondies à la base, pu- bescentes ou presque cotonneuses en dessous, érosées-dentées : dents subdeltoïdes, pointues, presque égales, contigués. 168 CLASSE LES AMENTACÉES. Arbre atteignant la taille des variétés les plus élevées du Quercus Robur. Écorce épaisse, très-rimeuse , brunûtre. Bois semblable à celui du Quercus Robur, et, à ce qu'on assure, même de qualité supérieure. Cime ample, ovale, très- sel, Branches tres -rameuses : les inférieures souvent pendantes, les autres dressées ou presque dressées. Rameaux grisâtres ou bru- nâtres. Jeunes-pousses cotonneuses ou brunâtres. Feuilles lon- gues de 3 à 6 pouces, d’un vert foncé et glabres (ou rarement pubérules) en dessus, d’un vert pâle ou cotonneuses-incanes en dessous, à base arrondie, ou pointue, ou subcordiforme ; côtes et nervures blanchâtres ou jaunâtres. Stipules roussâtres, longues de 3 à 6 lignes : les inférieures lincaires - spathulées. Pétiole long de 1 à 6 lignes. Fleurs semblables à celles du Quercus Robur pedunculata. Pédoncules-fructifères r-à 4-carpes, courts, gros, ligneux, subhorizontaux. Gland mucroné, plus ou moins saillant, variant de forme et de volume comme celui du Chêne commun. Cupule hémisphérique, comme chevelue par les squa- melles : celles-ci sont verdâtres, finalement brunes. Cette espèce, connue sous les noms de Chéne chevelu, et Chêne de Bourgogne, est commune dans la Turquie d'Europe et d’Asie, ainsi qu’au Caucase; elle seretrouve, mais moins abondam- ment, dans les provinces méridionales de l’Auiriche, ainsi qu’en Italie et en Espagne; 1l ne paraît pas qu’elle soit réellement in- digene en France, quoiqu’on l'indique dans la Bourgogne, la Franche-Comté, le Poitou et la Provence; on la cultive comme arbre de plantation. Son bois sert aux mêmes usages que celui du Chêne commuñ ; c’est celui qu’on emploie le plus fréquem- ment, à Constantinople, pour les constructions navales. Ses glands (du moins dans les contrées méridionales) sont mangeables comme les Châtaignes. b) Feuilles coriaces, d’un vert glauque en dessus, sinuées-dentées ( ja- mais pennatifides); dents aristées. Cupule grande, à squamules épaisses, lancéolées, longues, finalement noïrâtres : les extérieures recourbées, les suivantes plus ou moins étalées, les supérieures redressées. Cène Vécan.—Quercus Ægilops Linn.—Mill. Dict. tab. 215.—Quercus Valani Oliv. Voy. I, p. 254 ; tab. 13.--Feuil- FAMILLE DES CUPULIFERES. 469 les ovales-oblongues, ou oblongues, ou oblongues-lancéolées, obtuses, ou pointues, pubérules-incanes en dessous, ordinaire- ment à base subcordiforme et décurrente. Cupule hémisphérique, cotonneuse à la surface interne. Gland très-gros, subcylindracé, saillant, ombiliqué et omboné au sommet. Arbre atteignant la taille des variétés les plus élevées du Chène commun. Tronc à écorce rimeuse, d’un brun grisätre. Cime ample, touffue, étalée. Rameaux grisâtres. Jeunes-pousses cotonneuses. Feuilles longues de 3 à 6 pouces; dents arrondies, ou subovales, ou deltoïdes, presque égales , larges, séparées par des sinus tantôt arrondis, tantôt pointus. Pétiole long de 2 à 10 li- gnes, cotonneux. Stipules cotonneuses, plus longues que le pé- tiole : les inférieures linéaires - spathulées. Fleurs semblables à celles du Quercus Robur pedunculata. Fruits subsolitaires, pédonculés. Cupule large de près de 2 pouces : squamules lon- gues de 6 à 9 lignes, sur 1 à 2 lignes de large. Gland long d’environ 2 pouces , enfoncé environ jusqu’au tiers où jusqu’à moitié dans la cupule. Gette espèce, très-distincte par le volume de son fruit et par la conformation de sa cupule, croît dans PAsie Mineure, la Grèce et les îles de Archipel; les Grecs la nomment Vélani. On en récolte les cupules , qu’on appelle F’élanèdes , et qu’on emploie fréquemment, en Italie, en Angleterre, ainsi qu’en Orient, en place de noix de galle, pour teindre en noir. c) Feuilles pennatifides, ou sinuées, ou crénelées : lobes ou dents mucro- nulés. Cupule à squamules linéaires-lancéolées, roides, élalées, courtes. GuËne Faux-Liéce.— Quercus Pseudo-Suber Desfont. Flor. Atlant. — Santi, Viagg. p. 156, tab. 4. — Quercus hispanica Lamk. Enc. — Quercus crenata Lamk. Enc. — Quercus ægi- lopifolia Pers. — Quercus excniensis Lodd. Cat. — Quercus Lucombeana Sweet, Hort. Brit. — (Synonyma omnia sec. cl. Webb, It. Hispan. p. 13.)— Tronc à écorce subéreuse. Ra- meaux subfastigiés. Feuilles oblougues, ou lancéolées - oblon- gues, ou oblongues-lancéolées, obtuses, ou pointues, arrondies 470 CLASSE DES AMENTACÉES. ou rétrécies à la base, pubérules et glauques ou cotonneuses-in- canes en dessous. Fruits pédonculés ou subsessiles. Cupule-tur- binée. — Arbre detaille médiocre. Feuilles longues de 2 à 6 pou- ces, d’un vert tantôt foncé, tantôt gai, tantôt glauque en dessus ; dents ou lobes égaux ou inégaux, arrondis, ovales, ou oblongs, ou deltoïdes, cbtus, ou pointus ; pétiole long de 2 à 6 lignes. Fleurs semblables à celles du Quercus Robur pedunculata. Pé- doncules- fructifères gros, ligneux, presque dressés, 1-à 3-carpes. Gland variant de forme et de volume comme chez le Chéne : commun. — Cette espèce croît en Espagne, en ltalie, en Orient et dans l’Atlas; on la cultive comme arbre d'ornement. SECTION V. GALLIFERA Spach. Feuilles non-persistantes (ou persistant seulement jusqu’à . la fin de l'hiver), se colorant en jaune ou en brun'aux approches de leur chute; lobes ou dents mucronés. Ma- turation bisannuelle (fruits par conséquent latéraux). Gupule à squamules courtes, apprimées. CHÊNE À GALLES. — Quercus infectoria Oliv. Voy. I, pag. 253, tab. 14 et 15.— Quercus lusitanica Lamk. Enc. — Webb, It. Hispan. p. 112. — Quercus faginea Lamk. 1. c. — Quercus valentina Cavan. Îc. Il, tab. 120. — Quercus australis Link. — Quercus hybrida Brotero. — Quercus Tur- neri et Quercus canariensis Willd. Enum. — (Synon. omnia ex cl. Webb, ]. c.)— Feuilles coriaces, ovales, ou ovales - lancéo- lées, ou obovales, on ovales -oblongues, ou oblongues, o1 lan- céolées-chblongues, ou oblongues-chovales, obtuses, on pointues, érosées-crénelées, ou érosées - dentées, ou sinuées- dentées, pu- bescentes ou cotonneuses-incanes en dessous, souvent ondulées. Fruits subsessiles. Cupule Len der a cotonneuse. Gland cylindracé ou conique, saïllant. Petit arbre ou buisson. Feuilles longues de 2 à 6 pouces, en dessus d’un vert tantôt gai, tantôt glauque, tantôt foncé, en des- sous d’un vert pâle lorsqu’elles ne sont point cotonneuses ; dents égales ou inéz gales , arrondies, ou subovales , ou deltoïdes. Pé- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 471 tiole long de 2 à 6 lignes, ordinairement cotonneux de même que les jeunes - pousses. Stipules roussâtres,-plus ou moins co- tonneuses, plus longues que le pétiole : celles des feuilles infé- rieures linéaires-spathulées. Fleurs semblables à celles du Quer- cus Robur pedunculata. Fruït variant de forme et de grandeur comme chez le Chène commun. Cette espèce est. commune dans toute l’Asie Minas ainsi qu’en Syrie, en Grèce, dans les îles de l’Archipel et dans toute la Péninsule hispanique ; M. Webb l’a aussi observée aux en- virons de Tanger. C’est ce Chêne qui fournit les noix de galle du commerce; cette production n’est autre chose qu’une excrois- sance globuleuse, qui naît aux bourgeons des jeunes - pousses, par suite de la piqüre d’un insecte (Diplolepis gallæ tinctoriæ, Oliv. Voy. PI. 15, fig. C. C.). La noix de galle, comme l’on sait, est d’un emplor tres “fréquent dans l’art tinctorial, et l’un des ingrédients indispensables pour la composition de l’encre noire ; cette substance, éminemment astringente, contient beau- coup de tannin et de l’acide gallique. La décoction des noix de galle sert, en thérapeutique, à faire des lotions et des injections astringentes, On distingue, dans le commerce, plusieurs sortes de galles, dont les plus estimées sont.celles d'Alep, de Smyrne, du Karahissar, du Diarbékir, et de la Natolie. "SEcrion VI. SUBER Tourn. Feuilles très-entières ou dentées, très-coriaces, persis- tantes; dents mucronées ou aristées. Maturation bis- annuelle : fruits finalement latéraux. Cupuile à squa- mules courtes, apprimées. a) Feuilles les unes très-entières, les autres dentées. Crêne VeusE. — Quercus lex Linn. — Blackw. Herb. ta},. 186. — Duham. ed. nov. VII, tab. 43 et 44, fig. 2. — Wats. Dendr. Brit. tab. 90. —Quercus Gramuntia Linn. —Quercus Alzina Lapeyr.— Quercus castellana Poir. (var.)— Quercus heterophylla Lamk. — Quercus varüfolia Sweet. — Quercus expansa Poir. (var.) —Quercus calycina Poir. (var.)—Tronc 172 CLASSE DES AMENTACÉES. à écorce non-subéreuse. Feuilles des individus adultes coton- neuses-incanes en dessous, très-entières, ou denticulées, ou den- telées, ou dentées ; dents ou dentelures aristées, piquantes. Cu- pule subhémisphérique; gland en général longuement saiïllant. M. Tenore (Syllog. p. 472) en distingue les variétés sui- vautes : — 4 : DE Deunaaror.—Quercus Ilex Dehnhardti Ten. 1. c. — Feuilles (longues d’environ 4 pouces, sur 30 lignes de large) ovales-lancéolées, grossement dentées. Fruits subagré- gés, subsessiles. Gland elliptique (long de 16 lignes, sur 10 lignes de diamètre), enfoncé jusqu’au ticrs dans une cupule à bord aminci et ondulé. — p : DÉNUDÉ.—(Juercus Ilex denudata Ten. |. c.—Feuilles (longues d’environ 2 pouces, sur 8 lignes de large) oblon- gues, ondulées, presque tres-entières. Fruits solitaires, cour- tement pédonculés. Gland (long de 1 pouce, sur 10 lignes de diamètre) ovoïde; cupule très-courte. — y : A FRUIT SPHÉRIQUE. — (Juercus Îlex sphærocarpa Ten. 1. c.— Feuilles (longues d’environ 30 lignes, sur 12 lignes de large) irès-entières ou pauci- denticulces, oblongues. Fruits en grappes longuement pédonculées. Gland subglobu- leux (de 8 à 10 lignes de diamètre); cupule courte (longue : d'environ 2 lignes). — Ÿ : À GLAND CONIQUE.—(Juercus Ilex conocarpa Ten. 1. c. . — Feuilles (longues de 18 à 24 lignes, larges de 8 à 12 li- gnes) ovales-oblongues, très-entières. Fruits pédonculés, subcapitellés. Gland ovale-conique {long de 16 lignes, sur 6 de diamètre}, enfoncé jusqu’au tiers dans la cupule. — & : À FEUILLES ONDULÉES.— (Juercus lex undulataTen. }. c. — Feuilles (longues de 2 à 3 pouces, larges de 6 à 8 lignes) lancéolées, ondulées, presque très-entières. Fruits en courtes grappes pédonculées. Gland cylindracé (long de 15 lignes, sur 5 de diamètre) ; cupule grande, épaissie au bord. —{: À GLanD cuspipé. — Quercus Ilex constricta Ten. L. c. FAMILLE DES: CUPULIFÈRES. 473 — Feuilles (longues d’environ 36 lignes, sar 1 pouce de large) ovales-oblongues, subondulées, presque très-entières. Fruits solitaires, courtement pédonculés. Gland ovale (long de 1 pouce, sur 7 lignes de diamètre), longuement mucroné; cupule courte Due d’environ 2 lignes). — n: POLYCARPE.—(Juercus Îlex polycarpaTen. 1. c.—Feuilles oblongues-lancéolées, presque planes, denticulées. Fruits pé- donculés, subcapitellés. Gland ovale (long de r2 lignes, sur 5 de 0 ombiliqué et mamelonné au sommet, recou- vert jusqu’à la moitié par la cupule. — 0 : À GLAND OPERCULÉ. —(Juercus Îlex operculata Ten. 1. c. — Feuilles (longues d’environ 18 lignes, sur 8 lignes de large) ovales, acuminées. Fruits en grappes pédonculées. Gland ovale, ventru, operculé au sommet, recouvert jusqu’à la moitié par la cupule. —t: A FRUITS GÉMINÉS. — (Juercus Iler geminiflora Ten. 1. c. — Feuilles (longues d’environ 30 lignes, sur r pouce de large) oblongues-lancéolées, érosées-dentées. Pédoncules al- longés, 2-carpes. Gland (long d'environ 1 pouce, sur 5 lignes de large) ovale-oblong, mucronulé,. ; —+: A FEUILLÉS D 'OTIVIER. —Quercus Ilex oleæfolia Ten.l.c. — Feuilles (longues d'environ 18 lignes, sur 1 pouce de large) oblongues-lancéolées, très - entières, un peu ondulées. Pédoncules 1-carpes, aussi longs que les pétioles. Gland (long d’environ 1 pouce, sur 5 lignes de diamètre) ovoïde, rétréci aux 2 bouts, recouvert jusqu’au tiers par la cupule. — À : À GRANDES FEUILLES. — (Juercus Ilex macrophylla Ten. 1. c. — Feuilles (longues de 3 pouces, sur 15 lignes de large) elliptiques-oblongues, subsinueuses. Fruits pédonculés, . subcapitellés. Gland (long de 13 lignes, sur 7 de diamètre) oyoïde, mucroné, recouvert jusqu’au tiers par la cupule. — y : INTERMÉDIAIRE. — (Juercus Ilex intermedia Ten. 1. c. — Feuilles (longues d'environ 18 lignes, sur 6 lignes de large) oblongues, presque très-entières. Fruits subsessiles, agrégés. 474 CLASSE DES AMENTACÉES: Gland ovale (long He 8 lignes, & sur A de Fate) recouvert jusqu 7à moitie. L —y : FIMBRIÉ. — Quercus 1e trad Ten. I. c.—Feuilles (longues d'environ x pouce, sur 8 à 10 lignes de large) ovya- les-oblongues, acuminées, Fruits TETE subsessiles. Gland ce (long de 16 lignes, sur 5 de lar ge), recouvert jus- qu’au tiers ; cupule fimbriotée —%*: A LONG GLAND.—(Juercus Îlex cylindrocarpa Ten. 1. c. —- Feuilles oblongues, dentées. Fruits solitaires, subsessiles, aussi longs que les feuilles. Gland cylindracé {long de 20 li- gnes, sur 6 lignes de large), recouvert jusqu’au quart. — 0: A GLAND SUBINGLUS.—(rercus Ilex suboccultaTen.l. c. . —— Feuilles (longues d'environ 2 pouces, sur 6 lignes de large) lancéolées, presque très-entières. Fruits solitaires, longuement + pédonculés, nutants. Glard (long d’environ 14 lignes, sur 16 lignes de diamètre) ovale-oblong, à peine saillant; cupule ample. — T : A GLAND STRANGULÉ. = Quercus Ilex strangulata Ten. 1. c. — Feuilles (longues d'environ 2 pouces, sur 6 lignes de large) lancéolées, acuminées, presque très-entières. Fruits en grappes pédonculées. Gland ovoïde , étranglé au milieu, re- couvert jusqu’au quart. — p : A CUPULE LAGÉRÉE.—(Juercus Ilex lacera Yen. 1. ce. — Feuilles (longues d’environ 30 lignes, sur 8 lignes de large) oblongues-lancéolées, très - entières. Fruits solitaires, subses- siles. Gland (longde x pouce, sur 7 lignes de diamètre) ovoïde, ventru ; cupule à bord lacéré. Arbre atteignant 30 à 5o pieds de haut, très-branchu, en gé- néral tortueux. Écorce unie ou finalement fendillée, grisâtre. Branches fortes, tres-rameuses : les inférieures horizontales ou pendantes, les supérieures dressées. Cime subsphérique, ample, très-touffue, Jeunes-pousses ordinairement cotonneuses. Feuilles d’un vert plus ou moins foncé et très-luisantes en-dessus ; celles des jeunes individus en général elliptiques, ou suborbiculaires, FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 175 ou ovales-orbicnlaires, où obovales, sinuées-dentées, glabres- centes et d’un vert pâle en dessous, à base souvent cordi- forme (1); celles des individus adultes le plus souvent très - en- tières ou pauci-dentées, à base «tantôt pointue, tantôt arrondie, tantôt subcordiforme. Pétiole long de2 à 6 Éne ordinair ement cotonneux. Stipules linéaires ou sétacées, Lrès- -fugaces, Épis-mâles semblables à ceux du Chêne commun, axillaires, ou latéraux, fasciculés, paissant tantôt de bourgeons aphylles, tantôt'sur les jeunes -pousses. Fleurs - femelles en épis plus ou moins longue- ment pédonculés, toujours axillaires sûr les”; Jeunes-pousses. Stig- mates pourpres, linéaires - -spathulés, obtus. Cupule ordinaire- ment cotonneuse. ” Cette espèce, connue sous Îles noms, vulgaires de Veuse, Ché- ne-Feuse, ou Chêne-vert, est commune dans l'Europe méridio- nale, ainsi qu’en Orient et dans le nord de l’Afrique; on la trouve en France jusqu'aux environs de Nantes et d'Angers. Elle se plaît dans les localités arides et, découvêrtes ; aussi la rencontre-t-on rarement en forêts. Sa croissance est encore beau- coup plus lente que celle du Chêne commun. «Son bois, d’un blanc jauvâtre et d’un grain fin,.est ur dur, très-compacte, élastique et durable; mais il a le défaut de pourrir prompte- ment sous Fée alternative de la sécheresse et de l’humi- dité; on le recherche surtout pour les ouvrages de mécanique dédtihés à à résister à des frottements prolongés ; dans le Midi, il est très -estimé comme combustible. L’écorce n’est pas moins utile au tannage que celle du Chène commun: Les glands sont doux ou amers, indistinctement chez toutes les variétés; on as- sure même qu x est dés arbres dont les glands sont les uns doux et les autres amers. Cnêne BaLLOTE, — Quercus Ballota Desfont. Mém. de V'A- cad. 1790, cum fig. — Quercus rotundifolia Lamk. Enc. (4) Ge sont ces feuilles des jeunes arbres qui ressemblent beaucoup à celles du Houx ( Ilex Aquifoliwm ), et auxquelles fait par conséquent allusion le nom spécifique de l'espèce; les feuilles des individus adultes ont de la ressemblance avec celles de l’Alaterne. | 476 CLASSE DES AMENTACÉES. (var.) — Ge Chène n’est très - probablement qu’une variété du précédent, dont on l’a distingué à cause de ses feuilles en gé- néral plus arrondies, et de ses glands, qui sont toujours cylin- dracés et doux; mais ces variations existent aussi chez le Chène Feuse. Le Chêne Ballote croît en Espagne et dans l’Aulas ; ses glands, qu’on mange tant crus que torréfiés, sont une grande ressource pour les habitants de ces contrées. CHÊNE À LIÉGE.—Quercus Suber Linn.—Duham. ed. nov. VIL, tab. 45.— Waits. Dendr. Brit. tab. 80.—Blackw. Herb. tab. 103. — Duham. Arb. IL, tab. 80 et 8r.. Le Chêne à liége ou Chène-liége croît dans ‘toutes les con- trées voisines de la Méditerranée; on assure qu’on ne le ren- contre jamais dans les sols calcaires, quoique d’ailleurs il se plaise dans les localités arides. Cet arbre ne diffère du Chéne- Yeuse (auquel on le rapporterait à plus juste titre comme ya- riété) qu’en ce que son tronc est muni d’une écorce crevassée, très-épaisse et spongieuse : c’est cette écorce qui est connue sous le nom de liége, et qui, comme l’on sait, sert à faire des bou- chons et quantité d’autres objets non moins utiles dans les arts ou l’économie domestique; en Espagne, les paysans s’en ser- vent pour couvrir les maisons ; en brülant le liége dans des va- ses clos, on en obtient.la couleur appelée noir d’Espagne. On détache cette écorce des Ghènes-liéges tous les 8 à 12 ans, inter- valle pendant lequel 1l se reproduit une nouvelle couche spon- gieuse à la surface de l’écorce interne, qu’on a soin de ne point entamer dans l’opération ; chaque arbre fournit ainsi douze à quinze récoltes de bonne qualité ; mais plus tard, le liége qui se reproduit n’offre plus les propriétés requises. Lorsque le liége reste abandonné à lui-même sur les arbres, il finit par se cre- vasser et par se détacher spontanément, pour céder la place aux nouvelles couches qui se sont développées en dessous. Le bois du Chène-hiége a les mêmes qualités que celui de l’Yeuse ; mais de même que celui-ci, il pourrit promptement lorsqu'il reste exposé aux alternatives de sécheresse et d’humidité. Les glands ont une saveur douce et agréable. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 477 Le Chène-liége est plus sensible au froid que l'Yeuse ; on ne le rencontre en France que dans quelques cantons du Langue- doc, de la Provence, et des landes voisines des Pyrénées. b) Feuilles des individus adultes toujours très-entières. CuÊne VERT D'AMÉRIQUE.—(Juercus virens Hort. Kcw.— Mich. Hist. Querc. tab. 10 et 11. — Mach. fil. Arb. IL, p. 67, cum fig.—Quercus sempervirens Walt. Carol. — Feuilles ob- longues, ou oblongues-lancéolées, ou ovales-oblongues, subobtu- ses, révolutées aux bords, pubescentes ou cotonneuses en des- sous. Fruits pédonculés, subgéminés. Cupule turbimée. Gland subcylindracé, saillant, mucroné, — Arbre atteignant rarement plus de 5o pieds de haut, mais à cime irès-ample. Tronc de 5 à 7 pieds de diamètre, ordinairement ramifié dès 8 à 10 pieds du sol. Branches très-grosses, étalées, tortueuses, tres-rameuses. Feuilles longues de 2 à 3 pouces, incanes en dessous : pubes- cence étoilée ; celles des jeunes individus dentées ou anguleuses ; base ordinairement arrondie ; pétiole court. Gland d’un brun noirâtre, du volume de celui du Chêne commun. Ce Chêne croît sur le littoral des États - Unis, en Louisiane, et depuis la Floride jusqu’à la Virginie; il prospère surtout dans les lieux exposés aux inondations de Ja marée-haute. Son bois est jaunâtre, compacte, tres-dur, très-pesant et très-dura- ble ; il durcit sous l’eau et même sous l’influence des intem- péries de l’atmosphère; aussi est-il plus estimé que tout autre bois, dans l'Amérique septentrionale, pour les constructions na- vales, usage auquel les courbes naturelles de ses branches sont en outre très-approprices ; on le recherche également pour le charronnage et pour les ouvrages de mécanique; c’est le meilleur combustible parmi tous ceux des Etats méridionaux de l’Union. L’écorce est excellente pour le tannage. SecTioN VII. COCCIFERA Webb. Feuilles dentées ou très-entières, très-coriaces, persistan- tes; dents aristées, piquantes. Maturation trisannuelle ; BOTANIQUE. PHAN. T. XI. 42 478 CLASSE DES AMENTACÉES. fruits finalement latéraux. Cupule à squamules squar- reuses. 1 Cuène au Kermés. — Quercus coccifera Linn. — Duham. - Arb. Ï, tab. 25.— Duham. ed. nov. VIT, tab. 46. — Waits. Dendr. Brit. tab. 91. — Feuilles elliptiques, ou oblongues, ou ovales, érosées-dentées, ou denticulées, ondulées, glabres, Fruits subsolitaires, pédonculés. Gland saillant, mucroné. Cupule hé- misphérique : squamules linéaires - lancéolées, raides, les infé- rieures réfléchies ou recourbées , les supérieures étalces. Arbrisseau très-touffu, haut de 3 à 10 pieds. Rameaux tor- tueux, diffus, formant tantôt un buisson irrégulier, tantôt une tête arrondie. Écorce d’un brun pâle ou grisâtre. Jeunes-pous- ses pulvérulentes de même que les feuilles naissantes. Feuilles longues de 6 à 18 lignes, d’un vert gai en dessus, d’un vert pâle en dessous, réticulées, très-finement nervées, arrondies ou subacuminées au sommet, à base subcordiforme, ou arrondie, ou pointue; dents égales ou inégales, distantes, subdeltoïdes, terminées en arête jaunâtre ou brunâtre, courte, fine, raide, rec- tiligne. Pétiole long de / ligne à 1 ligne. Stipules linéaires ou lancéolées, glabres, brunâtres, scarieuses, très-fugaces. Épis-mâ- les en général latéraux sur les jeunes-pousses, solitaires, ou sub- fasciculés, longs de :/, pouce à 1 pouce. Fleurs-femelles solitai- res ou géminées, pédonculées : pédoncules axillaires sur les jeunes-pousses. Stigmates linéaires, obtus , jaunâtres. Pédoncu- les-fructifères assez gros, ligneux, longs de 3 à 15 lignes. Gland ovale, ou cylindracé, ou conique, ombiliqué et mamelonné au sommet, long d'environ 9 lignes, recouvert à peu près jusqu’au . tiers. Cupule plus ou moins cotonneuse à la surface externe, large de 6 à 9 lignes. — Cette espèce est commune dans toutes les contrées voisines de la Méditerranée ; elle se plait dans les lieux pierreux, sablonneux et arides ; c’est sur elle que vit l’in- secte appelé vulgairement Kermés on graine d’écarlate, et dont on se sert pour teindre en cramoisi: autrefois cet insecte faisait l’objet d’un commerce considérable ; mais aujourd’hui on lui préfère la cochenille. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 179 CHÊNES QUI NE SONT PAS ASSEZ COMPLÉTEMENT CONNUS POUR ÊTRE RAPPORTÉS A UNE SECTION DETERMINEE (1). a) Espèces d'Orient. CHÊNE À MANNE. — Quercus mannifera Lindl. in Bot. Reg. 1840. Miscell. p. 40.— Arbre ayant le port du Chêne com- mun. Ramules glabres. Feuilles pétiolées, oblongues, subcor- diformes à la base, sinuées-lobées (lobes obtus), plus grandes et plus minces que celles du Chêne commun, glabres en des- sus, pubescentes en dessous. Bourgeons des fleurs-femelles el- lipsoïdes, sessiles, agrégés, imbriqués, glabres. (Lindley, L. c.) Ce Chêne croît au Kourdistan: Il suinte de ses feuilles, du- rant l’été, une substance sucrée, analogue à la manne, que les habitants du pays ramassent et qu’ils emploient à divers usages alimentaires. Cène ROYAL. — (uercus regia Lindl. 1. c. — Arbre à ra- mules glabres. Feuilles longues de 9 pouces, sur 3 pouces de large, pétiolées, ovales-lancéolées, cordiformes à la base, gros- sement incisées-dentées, ondulées, vertes et luisantes aux 2 fa- ces, très-glabres ; lobes et dents aristés. (Fleurs et fruits in- connus.) — Cette espèce, remarquable par la beauté du feuil- lage, croît dans les mêmes contrées que la précédente. b) Espèces des îles de la Sonde. Caène Bunrus.— Quercus racemosa Jack, Malay. Plants, in Hook. Comp. Bot. Mag. 1, p. 255.—Feuilles largement lancéo- lées, très-entières, très-glabres. Fleurs-mäles en épis paniculés. Fruits en épis. Gland ombiliqué; cupuletuberculeuse. (Jack, L. c.) — Grand arbre. Écorce brunâtre. Branches lisses. Feuilles lon- gues de 6 à 8 pouces, courtement pétiolées, acuminées, nerveu- ses, rougeâtres en dessous. Stipules petites, linéaires. Épis-mà- les axillaires et terminaux, nombreux, grêles, poilus. Épis-fe- PE (4) Plusieurs de ces espèces doivent sans doute constituer des sections distinctes, ou peut-être même d’autres genres. 180 CLASSE DES AMENTACÉES. melles d’abord terminaux, plus tard latéraux. — Fleurs-mâles 15-à 20-andres. Périanthe 6-parti. — Ovaire 3-à 5-loculaire. Gland gros, déprimé et mucroné au sommet, recouvert à peu près jusqu’à moitié. Cupule large d'environ 1 pouce, couverte de tubercules serrés, élargis à La base, anguleux. (Jack, L. c.) _ Cette espèce croît à Sumatra, où on l’appelle Punning Bun- kus. CHÊNE A CUPULE URCÉOLALRE. — (Juercus urceolaris Jack, 1. c. p. 256, — Feuilles elliptiques-oblongues, acuminées-cus- pidées, très entières, très-glabres. Fruits en épis. Gupule sub- hémisphérique, à limbe étalé. (Jack, L. c.) Arbre à écorce scabre. Feuilles longues de 8 à 9 pouces, lisses, coriaces, longuement acuminées. Épis-fructifères latéraux. Gland arrondi et déprimé au sommet, ombiliqué, mucroné, recouvert jusqu’à moitié. Cupule cyathiforme, spinelleuse par séries con- centriques , et couronnée d’un limbe étalé, ondulé, presque en- tier. (Jack, L. c.) — Cette espèce est originaire de Sumatra. c) Espèces des Péninsules de l'Inde. CHÈNE A GLAND suBINCLUS. — (Quercus fenestrata Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 633. — Feuilles pétiolées, lancéo- lées, entières, finement acuminées, coriaces, luisantes. Épis pa- niculés, terminaux. Fleurs ternées : les mâles dodécandres. Glands hémisphériques, obtus, à peine saillants hors la cupule. Gupule subglobuleuse, muriquée. — Grand arbre. Jeunes-pous- ses glabres, lisses. Feuilles longues de 6 à 8 pouces, larges de 12 à 18 lignes. Épis agrégés, finalement latéraux, la plupart mäles, tous dressés. Style trifide. (Roxburgh, L. c.) Cette espèce croît dans les montagnes du Silhet ; son bois est d’assez bonne qualité; elle fleurit en octobre et en novembre; ses fruits mettent près d’une année à mürir. CHÊNE A FEUILLES LANCÉOLÉES. — (Juercus lanceæfolia Roxb. 1. c. p. 634.—Feuilles courtement pétiolées, lancéolées, entières, acuminées ( pointe subobtuse ), coriaces, luisantes. Pa- nicules axillaires et terminales. Glands ellipsoïdes. Cupule tan- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 181 tôt complétement recouvrante, tantôt diversement fendue et plus courte que le gland. — Grand arbre. Jeunes - pousses subangu- leuses, glabres. Feuilles longues de 5 à 6 pouces, larges de 12 à 18 lignes. Stipules ensiformes, caduques. Bourgeons globu- leux, glabres. Panicule composée de quantité d’épis simples, grêles, dressés, à rachis parfois foliifère au sommet. Épis velus : les mâles plus nombreux, situés plus bas que les femelles. Fleurs-méles petites, très-rapprochées , solitaires. Calice 5 -ou 6-parti : segments ovales, cotonneux. Etaminés au nombre de 6 à 12, 2 fois plus longues que le calice; anthères suborbicu- laires. — Épis- Te situés au sommet des panicules, peu nombreux, lâches. Fruit du volume de celui du Chêne com- mun. Gupule mince, pubescente. (Roxburgh, L. c.) Geite espèce habite le Garrow , où on la nomme Chingra ; elle fleurit en décembre; le fruit n’est muür qu’en octobre sui- vant. Le bois de cet arbre est plus dur que celui du Chêne com- mun, et très-recherché pour les constructions. CRÈNE À GLAND TURBINE. — ()uercus turbinata Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 636. — Feuilles coriaces, luisantes, lan- céolées, très-entières, acuminées, subobtuses. Epis terminaux, en général géminés, féminiflores à la partie inférieure, masculiflo- res à la partie supérieure. Gland turbiné, lisse; cupule pe- tite, rugueuse. — Grand arbre. Jeunes - pousses glabres, ponc- tuées ra verrues blanches. Feuilles longues de 5 à 6 ponces, larges de18 à 24 lignes, courtement pétiolées. Épis raides : les Hontéihäles très - rapprochées ; les femelles fasciculées. Calice des’ fleurs-mâles 5-denté, laineux, Étamines au nombre de 10 5, beaucoup plus longues que le calice. Anthères elliptiques. — Fleurs - femelles : involucre grand, cotonneux, écailleux. Jin du périanthe court, cotonneux, 6- denté. Étamines en même nombre que dans les fleurs- Haas stériles. Gland du vo- lume d’ une Chätaigne, d’un brun clair. (Abo) 1. c.) Cette espèce croît au Chittagong ; on n’emploie son bois que comme combustible. CHÊNE ACUMINÉ.— Quercusacuminata Roxb. !. c. p.636.— 489 CLASSE DES AMÉNTACÉES. Feuilles oblongues ou lancéolées-oblongues, très-entieres, glabres. Épis axillaires , solitaires, simples. Gland ovoïde, lisse; cupule cyathiforme, spinelleuse. — Grand arbre. Jeunes - pousses pu- bescentes. Feuilles courtement pétiolées, acuminées, longues de 6 à 12 pouces, larges de 3 à 4 pouces. Épis-femelles axillaires, solitaires , plus courts que les feuilles , velus. Involucre grand, cotonneux , imbriqué. Périanthe petit, 5-denté. Glands bruns, un peu plus longs que ceux du Chêne commun. Cupule 4 fois plus courte que le gland, hérissée de courtes spinules piquantes. (Roxburgh, L. c.) — Cette espèce habite les mêmes contrées que la précédente ; elle fournit un excellent bois de construction. CRÊNE A CUPULE SÉTIFÈRE.— ()uercus lappacea Roxb. 1. c. p. 637. — Feuilles lancéolées, très-entières, longuement acu- miñées, cotonneuses en dessous. Épis axillaires, solitaires. Glands ovoïdes, velus : cupule petite, cyathiforme, hérissée de soies molles.—Grand arbre. Feuilles courtement pétiolées, pres- que glabres en dessus, longues de 6 à 8 pouces, larges d’envi- ron 2 pouces, Ghatons presque aussi longs que les feuilles , co- tonneux, grêles, les uns mâles, les autres androgynes (les fleurs- femelles occupant la partie moyenne du chaton), tous très-den- ses. Fleurs - mâles en général décandres. Périanthe 5 - parti, cotonneux, 2 à 3. fois plus court que les filets. Anthères bilo- bées. — Fleurs-femelles : Involucre hérissé de soies. Périanthe 4-6-denté, cotonneux. Gland du volume d’une grosse Noisette. (Roxburgh, l. c.) — Gette espèce habite les montagnes du Sil- het; son bois, excellent pour les constructions, ressemble à celui du Chêne commun , mais il est plus fort et d’un grain plus serré, CHÊNE SQUAMELLEUx.— (Juercus squamata Roxb. 1. c. p. 638. — Feuilles coriaces , lancéolées - oblongues, très -entières, subacuminées, luisantes. Chatons axillaires et terminaux , sou- vent rameux, rapprochés en panicule. Cupule dure, écailleuse, cyathiforme, courte. Gland hémisphérique, luisant. — Grand arbre. Jeunes-pousses très-glabres. Feuilles longues de 6 à 7 pou- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 183 ces, sur environ 3 pouces de large, courtement pétiolées. Cha- tons cotonneux, anisomètres, unisexuels ; fleurs fasciculées ; fas- cicules plus ou moins rapprochés. Bractées larges, ensiformes. — Fleurs-mäles 12-andres. Périanthe 6 - parti, laineux : seg- ments inégaux. Filets 3 fois plus longs que le périanthe. An- thères elliptiques. — Périanthe des fleurs - femelles laineux. Gland d’environ 1 pouce de diamètre à sa base, d’un brun fon- cé, très-dur. (Roxburgh, L. c.) Gette espèce croît dans les montagnes du Silhet; elle fleurit en février ; les fruits mürissent en septembre et en octobre ; son bois est aussi fort que celui du Chêne commun; sa couleur est plus claire. CuËNE À LONGs Épis.—(Juercus spicata Wall. Plant. Asiat. tab. 46.— Feuilles elliptiques-lancéolées, très-entières, rétré- cies à la base, lisses. Chatons grêles, dressés, axillaires et ter- minaux, solitaires, ou fasciculés. Fruits fasciculés, disposés en épis très-longs. Gupule courte, lamelleuse, velue ; gland subglo- buleux, apiculé, lisse, beaucoup plus long que la cupule. — Ar- bre de première grandeur. Tronc gros. Ecorce rimeuse, noirä- tre. Ramules cylindriques, glauques. Feuilles rapprochées, lon- gues de 6 à 12 pouces et plus, coriaces, luisantes en dessus, glauques en dessous. Fleurs le plus souvent dioiïques : les mâles 10-andres. Fruits disposés en épis longs d’un pied ou plus. Gland dû volume d’une Noisette, ( /allich, L. c. ) — Ce Chêne est lun des arbres forestiers les plus communs du Népaul, et il at- teint une taille gigantesque, Son bois est très-semblable à celui du Chène-Rouvre. CnËNE À CUPULE LAMELLEUSE. — (Juercus lamellosa Ha- muilt. in Rees. Cycl.— Wall. Plant. Asiat. tab. 140.— Feuilles elliptiques ou ovales, dentelées, glabres, pointues, longuement pétiolées, obtuses à la base, glauques en dessous ; veines excur- rentes; veinules proéminentes. Cupules solitaires, sessiles, dé- primées, cotonneuses , composées de lamelles continues, spira- lées , ondulées, läches. Gland cotonneux , déprimé, plus court 184 CLASSE DES AMENTACÉES. que la cupule. — Arbre magnifique, de première grandeur. Ra- ‘mules gros, cylindriques, glauques. Bourgeons terminaux et fas- ciculés, ou solitaires et axillaires, ovoïdes ; obtus, recouverts d’écailles soyeuses, suborbiculaires. Feuilles coriaces , souvent longues d’un pied et larges de 5 pouces, quelquefois d’un blanc argenté en dessous. Cupule de 2 pouces de diamètre, (Waillich, 1. c.) — Cette espèce croît dans les montagnes du Népaul. CHÈNE À GLANDS VELOUTÉS. — (Juercus velutina Wall. Plant. Asiat. tab. 150. — Feuilles ovales-lancéolées, dentelées, glabres, luisantes, concolores, cunéiformes et très-entières à la base, pétiolées ; veines point excurrentes ; veinules inapparentes. Cupules subsessiles , solitaires, turbinées, déprimées, veloutées, composées de lamelles apprimées, confluentes , spiralées. Gland velouté, hexastyle, déprimé, omboné, un peu plus long que la cupule., — Rameaux grèles, cylindriques, calleux, brunûtres, luisants, glabres. Bourgeons petits, subglobuleux, légèrement velus. Feuilles longues de 4 pouces, chartacées, bordées au- dessus du tiers inférieur de dentelures écartées et obtuses. Pé- tiole long de ’/; pouce. Cupule de 8 lignes de diamètre. —Ce Chêne a été decouvert sur les côtes du Ténnassérim. CHÊNE À FEUILLES DE SÉMÉCARPE. — ()uercus semecarpifo- lia Smith, in Rees. Cycl. — Wallich, Plant. Asiat. tab. 174. — Feuilles obovales-chlongues, obtuses, très-entières, ondulées, rétuses à la base, couvertes en dessous d’une pubescence étoilée. Fruits solitaires ou géminés, axillaires et terminaux, subsessiles. Cupule composée d’écailles imbriquées, velues. Gland ovoïde, lisse, deux fois plus long que la cupule. — Arbre de 80 à 100 pieds. Tronc atteignant 14 à 18 pieds de circonférence. Feuilles longues de 2 à 3 pouces, larges d’environ 1 pouce. Chatons-mâ- les grèles, fasciculés, cotonneux, pendants, longs de 3 à 4 pou- ces, Fruit assez semblable à celui du Chêne-Rouvre. (Ÿallich, L. c.) — Ce Chêne forme de vastes forêts dans les régions éle- vées des montagnes du Népaul ; il fournit un excellent bois de construction. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 485 Genre CASTANOPSIS. — Castanopsis Don. Ce genre diffère des Chênes par la cupule, laquelle est globuleuse, close, recouvrant complétement le gland, et garnie d’épines rameuses ; cette enveloppe du fruit est sem- blable à celle des Châtaigniers , mais elle ne s’ouvre point en valves. — Ce genre appartient à l’Inde; les espèces les plus notables sont les suivantes : . Casranopsis aArmMÉ. — Castanopsis armata D. Don. (sub Quercu) Prodr. Nepal. — Quercus armata Roxb. Corom. III, tab. 296. — Quercus tribuloides Wallich. — Feuilles lancéo- lées, acuminées , tres-entières, glabres, glauques en dessous. Fruits en épis. Cupule cotonneuse, à épines trifurquées, diver- gentes. Gland ovoïde, mucronulé. (Don, L. c.)—Grand arbre ; il croît dans les montagnes du Népaul et du Bengale. CasTanoPsiS À FRUIT DE CHATAIGNIER. — ()uercus castani- carpa Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 640. — Grand arbre. Feuilles longues d'environ 1 pied, larges de 4 à 5 pouces, ob- longues, entières, glabres. Gland ovoïde, un peu velu.— Cette espèce croît au Ghittagong. (Roxburgb, L. c.) CASTANOPSIS FÉROCE. — Quercus ferox Roxb. I. c. p. 630- — Feuilles ovales-lancéolées, ow oblongues-lancéolées, très-en- tières, luisantes. Fleurs-mâles 12-andres, à périanthe 6-fide. — Grand arbre. Jeunes - pousses glabres, ponctuées. Feuilles lon- gues de 3 à 6 pouces, larges de 1 pouce à 3 pouces, pétiolées, acuminées, fermes. Épis longs, grêles, paniculés , terminaux, unisexuels, les femelles en petit nombre. Fleurs-mâles en fas- cicules globuleux, rapprochés sur le rachis. Gland du volume d’une Noïsette, subovoïde, lisse. (Roxburgh, L. c.)— Cette es- pèce croît dans les montagnes du Chittagong. a — —" —_— A SECTION I]. FAGINÉES. — F agineæ Spach. Involucre-fructifère 2-à 7-carpe (rarement 1-carpe), soit capsuliforme. (recouvrant complétement les fruits et 486 CLASSE DES AMENTACGÉES. s'ouvrant finalement soit en 2 à 4 valves, soit d’une manière irrégulière), soit caliciforme ( fendu jus- qu’à la base en lanières étroites, conniventes, point recouvrantes). Péricarpe (noix) subcylindriqué, ou anguleux, ou plano-convexe, ou lenticulaire. — Feuilles jamais profondément incisées ou sinuées (excepté chez certaines variétés de culture). Genre CHATAIGNIER. — Castanea Tourn. Fleurs monoïques ou polygames : les mâles en épis denses ou interrompus, grêles, dressés; les femelles soli- taires ou fasciculées dans des involucres solitaires ou dispo- sés en épis. — Fleurs-mâles : Périanthe rotacé, subcoriace, 5-ou 6-parti : segments obtus, plus-ou moins inégaux. Eta- mines au nombre de 8 à 20, saillantes. Filets capillaires. Anthères petites, cordiformes-orbiculaires, submédifixes, didymes; bourses 2-valves. — Fleurs-femelles (et fleurs- hermaphrodites ) : Involucre 2-ou 4-parti, multisquamelleux à la surface externe, clos après la floraison. Périanthe à limbe coroniforme, 5-à 8-fide, subaccrescent, après la flo- raison connivent, finalement coriace. Etamines (stériles dans les fleurs-femelles, conformes à celles des fleurs-mâles dans les fleurs-hermaphrodites) au nombre de 5 à 12, épi- gynes. Ovaire 3- à 8-loculaire, ordinairement rétréci en col au sommet, couronné de 3 à 8 stigmates raides, séti- formes, saillants, divergents, marcescents. Involucre-fruc- tifère 1- à 3-carpe, clos, subsphérique, spinelleux, finale- ment soit 2-ou 4-valve, soit irrégulièrement ruptile; spi- nelles simples ou rameuses. Noix coriace, écostée, point ombiliquée au sommet, ovale-slobuleuse et subcylin- drique étant solitaire, "Plano-convexe ou sublenticulaire lorsque l’involucre est 2-ou 3-carpe, comme 3- à 8-valvée au sommet (par le limbe du périanthe devenu coriace comme le reste de la noix); endocarpe fibreux, soyeux, fa- cilement séparable. Graine à tégument mince, membra- 4: EE FAMILLE DES CUPULIFERES. 487 nacé. Embryon point huileux : cotylédons très-gros, co- hérents, rugueux, plissés, plano-convexes, arrondis aux 2 bouts, hypogés en germination, souvent inégaux ; radi- cule courte, claviforme, recouverte par les cotylédons. — Arbres ou arbrisseaux. Rameaux subcylindriques. Jeunes- pousses plus ou moins anguleuses. Feuilles persistantes ou non-persistantes, coriaces, ou subcoriaces, très-entières, ou dentelées, courtement pétiolées ; les jeunes glabres ou co- tonneuses; les adultes glabres et luisantes, du moins en dessus. Péticle semi-cylindrique, canaliculé en dessus. Sti- pules petites, caduques : celles des feuilles-inférieures sub- scarieuses ; les supérieures herbacées. Bourgeons écailleux. Floraison estivale. Épis unisexuels, ou androgynes, axillai- res, ou axillaires et terminaux, sessiles, ou subsessiles. Fleurs-mâles petites, toujours très-nombreuses sur chaque épi, agrégées en glomérules sessiles tantôt contigus, tantôt plus où moins distancés : chaque glomérule accompagné d’une petite bractée subscarieuse. Périanthe cotonneux. Filets divergents, blanchâtres. Anthères d’un jaune pâle. Fleurs-femelles cotonneuses, beaucoup plus grosses que les mâles. Involucre-fructifère verdâtre jusqu’à la matu- rité, soyeux à la surface interne, courtement pédonculé, persistant ordinairement après la déhiscence. Noix cadu- que, à aréole-basilaire très-large. — Ce genre comprend environ seize espèces, dont la plupart appartiennent à l’Asie équatoriale. Le fruit de toutes les espèces est comestible. Les plus remarquables sont les suivantes. SECTION I. Feuilles subcoriaces, non-persistantes® dentelées, acumi- nées, plissées en dessus : les adultes (lorsqu'elles sont glabres) poncticulées en dessous (de gouttelettes rési- neuses). Fleurs monoïques. Épis axillaires, solitaires : les inférieurs (sur chaque ramule-floral) sessiles, mâ- les ; les supérieurs courtement pédonculés, androgynes, composés d’un très-grand nombre de glomérules mâles, 2 6e 188 CLASSE DES AMENTACÉES. et d’un petit nombre de fascicules femelles (souvent 2 ou 1 seul) occupant toujours la base de l’épi. Invo- lucre-fructifére 2-ou 4-valve, hérissé de spinelles très- rameuses, à ramules subulés, raides, piquants, inégaux, entrecroisés. À. Feuilles adultes glabres ou presque glabres en dessous. Involucre-fructifère -valve, contenant ordinairement soit 2 noix planes à la Surface interne, convexes à la sur- face externe, soit 3 noix, dont les deux latérales plano- convexes, et l'intermédiaire sublenticulaire. Noix grosse, acuminee. CHATAIGNIER COMMuN. — Castanea vulgaris Lamk. — Du- ham. ed. nov. II, tab. 19.— Castanea vesca Gærtn.— Guimp. et Hayn. Deutsch; Holz. tab. 144.— Engl. Bot. tab. 886. — Castanea sativa Mill. Ic. tab. 84.—Blackw. Herb. tab. 330. — Fagus Castanea Linn.— Feuilles lancéolées, ou oblongues- lancéolées, ou oblongues, ou lancéolées - oblongues, acuminées- cuspidées, fortement dentelées, ou érosées-dentées, ou érosées- crénelées : les jeunes pubérules-blanchâtres en dessous; les adultes très-glabres ou pubescentes seulement aux aisselles des nervures ; dents ou crénelures acuminées-cuspidées on aristées. Noix ovales ou suborbiculaires. — B : CuaraïeniEr Marronnier.—— Noix subglobuleuses, or- dinairement plus grosses. Arbre atteignant 5o à 7o pieds de haut. Racine pivotante, longue, rameuse, produisant des jets latéraux rampants. Tronc droit, susceptible d'acquérir, avec l’âge, une grosseur énorme (1); . L (4) Le Châtaignier le plus renommé par la grosseur de son tronc est celui qui existe en Sicile, au pied de l’Etna, et dont on estime l’âge à en- viron quatre mille ans; le tronc de ce colosse, creux depuis bien des siècles, n’a pas moins de cent soixante pieds de circonférence, et il supporte une cime ample en proportion; les habitants du pays appellent cet ambre le Châtaignier des cent chevaux, parce qu’il couvre de son ombrage un es- pace assez considérable pour abriter une centaine de cavaliers ; dans les FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 439 écorce d’abord lisse et d’un brun roux, finalement rimeuse, grisâtre, ou d’un brun noirâtre. Branches grosses, nombreuses, très-rameuses, presque dressées. Bois solide, compacte, élasti- que, tenace, d’un grain fin et serré ; aubier blanc ou jaunûtre ; vieux bois d’un brun roussâtre plus ou moins foncé. Rameaux et ramules horizontaux. Cime ample, très-touffue, ovale ou co- nique. Jeunes-pousses pulvérulentes , bientôt glabres , anguleu- ses, d’un pourpre violet, ou d’un vert olive, ponctuées de ver- rues blanches. Feuilles longues de 4 à 8 pouces (celles des pousses-gourmandes souvent longues de près de 1 pied), larges de 1 pouce à 3 :/, pouces, d’un vert gai en dessus, d’un vert pâle en dessous, finement réticulées, à base pointue, ou arrondie, ou cordiforme, égale, ou inégale ; dents deltoïdes, ou ovales, ou ar- rondies, plus ou moins fortes, plus ou moins rapprochées, lon- guement aristées : pointe raide, presque piquante; côte forte, plane en dessus, saillante en dessous; nervures latérales fines, nombreuses, subrectilignes. Pétiole long de 4 à 12 lignes, pour- pre, ou violet, ou jaunâtre. Bourgeons ovales, pointus ou ob- tus, à 2 écailles externes, brunes, luisantes, glabres, recouvran- tes, et à 4 écailles internes, cotonneuses. Épis-mâles à peu près aussi longs que les feuilles, grêles, cylindracés, en général den- ses. Périanthe 5-à 8-parti, 5-à 20-andre (ordinairement 12-an- dre); segments suboblongs. Étamines 3 à 4 fois plus longues que le périanthe; anthères répandant une forte odeur sperma- tique. Involucres-femelles solitaires ou au nombre de 2 ou 3 à la base des épis supérieurs (ou moins souvent à la base de tous les épis), 2-ou 3-flores, squarreux, accompagnés chacun d’une collereite d’écailles foliacées, suboblongues, non-persistantes. Fleurs saillantes. Périanthe à limbe 5-à 8-parti. Stigmates en environs de ce même Châtaignier, il en existe plusieurs autres, d’une vi- gueur parfaite, et dont les troncs ont de 58 à 75 pieds de circonférence. En France, il existe, dans le département du Cher, près de Sancerre, un Châtaignier de trente pieds de circonférence à hauteur d’homme ; on estime son âge à environ mille ans ; le tronc de cet arbre est parfaitement sain, et il rapporte, chaque année, une quantité immense de fruits. 490 €LASSE DES MENT AT ; même nombre que les lobes du périanthe, d’un jaune verdätre. Involucres-fructifères courtement pédonculés, subglobuleux, ou sphériques , densement hérissés, de 1 à 2 pouces de diamètre. Noix plus ou moins distinctement striée, de forme et de volume variables, très-glabre, ou soyeuse vers le sommet. Cet arbre, qu’on désigne vulgairement par le nom de Chä- taignier, sans autre épithète spéciale, et dont certaines variétés de culture sont appelées Marronniers, croît spontanément en France et dans toutes les contrées plus méridionales de l'Eu- rope, ainsi que dans l’Asie Mineure et les contrées voisines du Caucase. Il prospère dans les sols légers, fertiles et profonds, surtout sur les pentes des côteaux ou des montagnes peu élevées, aux expositions du midi et de l’ouest ; du reste, il ne se refuse à croître que dans les sols calcaires et dans les lieux soit trop humides, soit absolument arides. Dans le nord de la France, le Châtaignier fleurit en juin ou au commencement de juillet, et ses fruits mürissent en octobre. Le Châtaignier est l’un des plus précieux de nos arbres in- digènes. Sa croissance est beaucoup plus rapide que celle des Ché- nes, car c’est dans l’espace d’environ 60 ans qu’il parvient à peu près au terme de son élévation, et à un diamètre de 2 pieds ou plus. Le bois du Châtaignier ressemble à celui du Chêne Rouvre, auquel on le substitue souvent pour la charpente des maisons : en vertu de son élasticité, 1l est aussi fort que ce der- nier, quoique moins pesant ; mais il est moins durable lorsqu'il ne se trouve pas à l’abri des intempéries de V’air ; employé tout vert dans l’eau, il y devient presque incorruptible, pourvu qu’il reste constamment submergé : qualité qui le rend précieux pour en faire des conduits d’eau souterrains ; dans beaucoup de pays vignicoles, on le choisit de préférence pour la fabrication des cuves et des tonneaux; il n’est pas moins utile pour le charronnage, la menuiserie et l’ébénisterie commune; 1l s’en fait surtout une très-forte consommation pour cercles, cerceaux, lattes, échalas, etc. ; mais on l'estime peu à titre de combus- tible, parce qu’il chauffe beauconp moins que le Chéne et le Hètre, et qu’il brûle trop vite; la lessive de ses cendres teint le FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 194 linge en bleu. Le bois des racines de l’arbre offre de belles marbrures, et, par cette raison, on le recherche pour les ou- vrages de tour et de marqueterie. L’écorce peut aussi servir au tannage. : 4} L'usage alimentaire des châtaignes et des marrons est connu ; dans les Cévennes, le Limousin, le Périgord, la Corse et beau- coup d’autres contrées de l’Europe méridionale, les paysans en font leur principale nourriture pendant la plus grande partie de l’année; on fait sécher les châtaignes sur des claies, au-des- sus d’un feu doux, ou au four, et, ainsi préparées, elles se con- servent d’une année à l’autre. En Corse, on les réduit en farine, et l’on en fait des galettes qui tiennent lieu de pain. À l’époque de la cherté des denrées coloniales, on avait trouvé le moyen d'extraire des Châtaignes la matière sucrée qu’elles contiennent, sans altérer les principes farineux de ce fruit. Dans le Midi, on cultive, comme arbres fruitiers, un assez grand nombre de variétés du Châtaignier , parmi lesquelles les Marronniers sont les plus renommés chez nous , à cause de la saveur sucrée et de la grosseur du fruit; parmi les autres va- riétés cultivées dans la France méridionale, on cite comme étant les meilleures : la châtaigne Pourtalone, la châtaigne verte du Limousin, la chätaigne Égalade, la chétaigne hâtive noire, la châtaigne hâtive rousse, la châtaigne Mâtron et la châtaigne Corive. Toutes ces variétés ne se multiplient que de greffes sur sauvageons. Dans le nord de la France, le Châtai- gnier sauvage ne produit que des fruits petits et peu savoureux. Le Chütaignier à feuilles panachées et le Châtaignier à feuilles de Cétérac sont des variétés accidentelles, propagées par la greffe, et qu’on cultive dans les jardins paysagers. CuATAïGNIER D'AMÉRIQUE. — Castanea americana Sweet, Hort. Brit. — Castanea vesca var. americana Mich. Flor. Bor. Amer. —Mich. fil. Arb. 11, p.156,cumfig. Ce Châtaignier est probablement identique avec l'espèce d’Eu- rope; nous n'avons pu trouver aucune différence entre l’un et l'autre, quant aux feuilles et aux fleurs; nous n'avons pas va le 192 CLASSE DES AMENTACÉES. fruit du Châtaignier d'Amérique, mais, d’après la figure qu’en donne M. Michaux, il serait aussi le même que celui du Chi- taignier sauvage d'Europe. Les auteurs qui admettent le Ch4- taignier d'Amérique soit comme espèce, soit comme variété dis- tincte du Chätaignier d'Europe, caractérisent celui-ci par des feuilles pubescentes en dessous aux aisselles des nervures, et le: Châtaignier d'Amérique par des feuilles très-glabres, plus lar- ges; mais le Chätaignier d'Europe se rencontre assez fréquem- ment à feuilles très-glabres en dessous, et la largeur des feuilles est tout aussi variable chez l’un que chez l’autre. Ce Châtaignier croit dans les forêts des États-Unis, depuis la Floride jusque vers le 43° degré; il atteint 60 à 70 pieds de haut, sur 3 à 5 pieds de diamètre; c’est aussi un arbre très-pré- cieux pour ces contrées, en raison des emplois de son bois, qui a les mêmes qualités que celui du Châtaignier d'Europe. Ge boïs est recherché surtout pour faire les pieux qui servent à en- : clore les champs. Le fruit, suivant M. Michaux, est plus petit et plus sucré que celui du Châtaignier des forêts de l’Europe. B. Feuilles-adultes glabres en dessus, cotonneuses -incanes en dessous (rarement glabrescentes). Involucre - fructifere 2-valve, 1-carpe. Noix petite, ovale-globuleuse ou ovoide, point acuminee. CHaTAIGNIER Crincapin. — Castanea pumila Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. Il, p. 166, cum fig. — Fagus pumila Walt. Carol. — Fagus nana Duroi. — Feuilles oblon- gues, ou elliptiques-oblongues, ou oblongues-obovales, ou lan- céolées-obovales, ou lancéolées-oblongues, ou lancéolées, ou ob- longues-lancéolées, obtuses, ou pointues, ou acuminées, érosées- denticulées , ou érosées - dentelées, ou érosées-crénelces , ou si- nuées-dentées, ou incisées-dentées, ordinairement cotonneuses en dessous; dents ou crénelures mucronées. Épis-mâles à peu près aussi longs que les feuilles, tantôt denses, tantôt interrompus. — Buisson de 5 à 15 pieds; moins souvent arbre de 30 à 40 pieds de haut, sur 12 à 15 pouces de diamètre. Feuilles longues de 2 à 4 pouces, d’un vert gai en dessus, à dents de forme et de FAMILLE DES, CUPULIFÈRES. 195 grandeur très - variables; base pointue, ou arrondie, on subcor- diforme. Pétiole long de 2 à G lignes. Épis plus grêles que ceux du Châtaignier commun. Involucre-fructifère courtement 6u plus où moins longuement pédonculé, sphérique, du volume d’une grosse Gerise. Noix obscurément pentagone, du volume d’une Noisette sauvage, soyeuse au sommet, Gette espèce croît aux États-Unis, depuis la Floride jusqu’au New-York, dans les bois sablonneux ; ce n’est que dans les ter- rains frais et fertiles des provinces méridionales qu’elle s’élève en arbre. Son bois, lorsqu'on peut l'obtenir assez gros pour en faire des pieux, est plus estimé que celui du Châtaignier com- mun d'Amérique, parce qu'il est plus dur, et qu’il résiste mieux à l'humidité. Le fruit est très-sucré, et par cette raison assez recherché, malgré son petit volume. — Ce Châtaignier se cul- tive, chez nous, comme arbuste d'ornement; mais il résiste avec peine au climat du nord de la France. Secrtiox II. Feuilles (coriaces?) dentelées. Fleurs polygames. Épis subterminaux, paniculés, filiformes; les uns mâles, plus nombreux; les autres androgynes. Cupule irrégu- lièrement ruptile, 1-à 3-carpe. CRATAIGNIER DE L'INDE. — Castanea indica Roxb. Fior. -Ind. ed. 2, vol. 3, p. 643.— Arbre peu élevé. Tronc assez droit. Ramules cotonneux. Feuilles longues de 4 à 8 pouces, larges de 2 à 4 pouces, oblongues, pointues, dentelées, glabres en dessus, cotonneuses en dessous; dentelures mucronées. Sti- pules ensiformes. Épis cotonneux. F/eurs-mâles fasciculées sur le rachis. Périanthe G-parti, 12-andre. Fleurs-hermaphrodites ordinairement éparses. Périanthe conforme à celui des fleurs- mâles. Étamines 12, alternativement plus longues et plus cour- tes. Ovaire 3-loculaire. Involucre - fructifère obové ou subglo- buleux ; spinelles subulées, fasciculées. Noix ellipsoïde, d’un brun clair. (Roxburgh, l. c.) — Cette espèce habite le Bengale oriental ; elle fleurit en novembre et en décembre; son fruit, qui a une saveur de Noisette, mürit 8 à 10 mois plus tard. BOTANIQUE, PHAN, T. XI, 43 494 CLASSE DES AMENTACÉES. ESPÈCE INCOMPLÉTEMENT CONNUE. CHATAIGNIER A FEUILLES DorÉEs. — Castanea chrysophylle Douglas, mss. ex Hook. Flor. Bor. Amer. Il, p. 159.—Arbre s’élevant à 70 pieds. Feuilles longues de 4 à 5 pouces, persis- tantes, coriaces, lancéolées, très-entières, acuminées, d’un beau vert en dessus, couvertes en dessous d’une poussière d’un jaune doré. Épis solitaires, axillaires , longs seulement de 1 pouce. (Hooker, L. c:) — Den espèce a été bd par Douglas, dans la Californie septentrionale. Genre HÈTRE. — Fagus Tourn. Fleurs monoïques : les mâles en capitules ‘pendants, longuement pédonculés; involucres-femelles 2-flores, so- litaires, pédonculés. — Fleurs-mäles : Périanthe pédicellé, campanulé, 4-à 6-fide, 8-à 12-andre, membranacé, subsca- rieux, poilu : lobes presque égaux. Étamines saillantes ; filets flasques, capillaires ; anthères cordiformes-oblongues; basifixes, obtuses, subapiculées, latéralement déhiscentes ; connectif très-étroit, continu avec le filet; bourses 2-val- ves. — Fleurs-femelles : Périanthe à limbe coroniforme, irrégulièrement lacinié, chartacé, marcescent. Ovaire triè- dre, 3-loculaire, rétréci au sommet en col couronné de 3 Stigmates filiformes, pubérules, dressés, saillants, mar- cescents, finalement oblitérés. Involucre-fructifère ovoide où obové, presque ligneux, épais, clos, spinelleux, co- tonneux, finalement 4-valve; spinules simples, subulées, squarreuses. Noïx coriace, trièdre, ovale-pyramidale, écostée, ou 3-costée sur chaque face; angles marginés ; en- docarpe crustacé, inséparable. Graine trièdre ; tégument mince, crustacé. Embryon huileux ; cotylédons assez gros, cohérents, irrégulièrement plissés, inésaux, épigés en ger- mination ; radiculé courte, conique, saillante. — Arbres. Rameaux et ramules cylindriques, flexueux. Jeunes- pousses obscurément anguleuses. Feuilles alternes, non- persistantes, subcoriaces, subsinuolées, ou dentelées; ou FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 495 dentées, ou (par variation) pennatifides, plus ou moins inéquilatérales, courtement pétiolées, plissées en dessus, ondulées : les jeunes soyeuses aux 2 faces (de même que les pétioles, les pédoncules, et les jeunes-pousses); les adultes luisantes, glabres en dessus, plus ou moins ciliées, pubescentes en dessous (du moins aux aisselles des nervu- res). Pétiole subcylindrique. Stipules scarieuses, submar- cescentes : les inférieures (sur chaque ramule) ligulifor- mes ou spathulées ; les supérieures sublinéaires. Feuilles-co- tylédonaires obréniformées, assez grandes, sessiles, un peu charnues. Bourgeons de 12 à 22 écailles "PRE AS sur #rangs ; bourgeons-floraux point aphylles, renfermant les fleurs des 2 sexes. Floraison vernale, un peu moins précoce que les feuilles. Capitules-mâles axillaires et latéraux (à la base des jeunes-pousses), petits, assez denses,sub-20-flores, subovales, plus nombreux (sur chaque ramule-floral) que lesinflorescences femelles, solitaires à chaque aisselle, sans autre involucre que 2 à 4 écailles scarieuses (conformes aux stipules), insérées au-dessus du milieu du pédoncule et tombant en général avant la floraison; pédoncules grêles, subfliformes. Involucres-femelles solitaires ou au nombre de 2 (rarement au nombre de 3) sur chaque ra- mule-floral, terminaux, ou axillaires, ou axillaires et ter- minaux, moins longuement pédonculés que les capitules- mâles, à l’époque de la floraison subcampanulés, 4-fides, velus, hérissés de longues soies accrescentes, accompagnés d’une collerette d’écailles scarieuses (conformes aux sti- pules) et caduques; pédoncules droits ou presque droits, raides, épaissis au sommet, solitaires. Fleurs-mâles petites, courtement pédicellées, à périanthe roussâtre, ou panaché de brun et de violet, ou panaché de vert et de violet. An- thères jaunes, assez grandes en proportion à la fleur. Filets blanchâtres. Fleurs-femelles assez grandes : ovaire et pé- rianthe velus. Involucre-fructifère continu avec le pédon- cule, persistant après la déhiscence, simulant une capsule ligneuse, 1-loculaire, 4-valve jusqu’au delà du milieu. 196 CLASSE DES AMENTACÉES. Noix brunes, luisantes, à peu près sussi longues qué l'in- volucre, glabres excepté au sommet, tronquées à la base, acuminulées au sommet par les restes du périanthe, se détachant du fond de l’involucre et tombant dès que celui- ci s'ouvre; aréole-basilaire petite, triangulaire. — Nous ne comprenons dans ce genre que Îles deux espèces dont nous allons traiter. A. Feuilles légèrement et inésalement érosées-créneleés ou obscurément érosées-denticulees, subobtuses ou très courte- ment acuminées, le plus souvent ovales ou ovales - ellipti- ques. Périanthe-mäle à lobes linéaires-lancéoles, pointus. Involucre - fructifère point rugueux, s’ouvrant seulement jusqu’au delà du milieu ; base turbinée, très-épaisse ; spi- nelles molles vers leur sommet. Noix écostée. Hèrre commun. — Fagus sylvatica Linn. — Duham. Arb. 1, tab. 98. — Duham. ed. nov. vol. II, tab. 24. — Engl. Bot. tab. 1846. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 143. — Fagus sylvestris Gærtn. Fruct. tab. 37, fig. 2.—Feuilies ova- les, ou obovates, on ovales -elliptiques, ou elliptiques, ou sub- rbomboïdales. involucre-fructifere chove : spineiles réfléchies, la plupart arquées, sétacées vers leur sommet. — À : À FEUILLES POURPRES, — 'agus atro-purpurea, Fagus sarguinea et Fagus ferruginea Hortui. (non Fagus ferrugi- nea H.Kew. nee Mich.)— Fagus atrorubens Duroi.—Fagus latifoliæ L’hérit. — Feuilles d’un pourpre bruvnâtre ou vio- let, — Cette variété, nommée vuigairement Hêtre pourpre, se rencontre parfois parmi le Hêtre des bois; Duroi l’a ob- servée, le premier, dans les montagnes de la Thuringe ; sui- vant Pollini, elle n’est pas rare dans les forêts du versant mé- ridional des Alpes. On la mulüplic de greffes, et on la plante fréquemment dans les bosquets, où elle est d’un tres-bel effet. — 7 : À FEUILLES D'UN VERT CUIVREUX. — Fagnus ænea et Fa- gus cuprea Hortul.— Cette variété mérite à peine d’être distinguée de la précédente, dont elle ne diffère que para FAMILLE DES CUPULIFERES. 497 teinte plus verdâtre des feuilles. — On la cultive de même . dans les plantations d'agrément. : — 5 : à FEUILLES pavAcuéEs. — Fagus variegala Hortul. — Feuilles panachées de jaune et de blanc. — Variété de cul- ture. — : : À FEUILLES BLANCHES. — Fagus sylvestris nivea Bechst. Forstb.— Feuilles d’un blanc pur. — Gette variété se ren- contre parmi le Hêtre des bois, mais elle est très-rare et dif- ficile à propager. — : A FEUILLES DE ComproniA.— Fagus comptoniæfolia Des- font. Hort. Par.—Fagus comptoniæfolia, Fagus asplenifolia et Fagus heterophylla Hortul.— Fagus sylyatica 8 : laci- niata Reichb. Flor. Germ. Excurs. — Feuilles lancéolées, étroites, pointues : les unes très-entières ; les autres incisées- crénelées, ou sinuées-penpatifides , ou crénelées d’un côté et pennatifides de l’autre côté. — Variété de culture, très -re- marquable par la forme des feuilles. — n: A FEUILLES EN FORME DE CRÊTE (vulgairement Hêtre Crête-de-coq). — Fagus cristata Hortul. — Fagus comp- toniæfolia L : cristata Steul. Nomencl. — Variété de cul- ture. — 8 : À FEUILLES De CnÊne. — Fagus quercifolia Hortul. — Feuilles sinuées - dentées ou sinuées - pennatifides, de formes semblables à celles du type de l'espèce. — Variété peu ré- pandue dans la culture; suivant Bechstein, on la rencontre parfois parmi le Hêtre des bois. — 1: HÊèrre pLeuREUR. — Fagus pendula Hortul.— Branches et rameaux pendants.— Variété de culture, recherchée comme arbre d’ornement, Arbre atteignant, dans les localités favorables, 100 à 120 pieds de haut, sur 2 à 4 pieds de diamètre. Racines longues, fortes, horizontales , peu profondes. Tronc droit, cylindrique, souvent indivisé jusqu’à la hauteur de 50 à 80 pieds. Branches grosses, très-rameuses, dressées ou presque dressées lorsque l’arbre croît 198 CLASSE DES AMENTACÉES. en masses, en général horizontales lorsque l’arbre croît isolé- ment (pendantes chez la variété dite Hêtre pleureur). Rameaux et ramules étalés ou un peu inclinés , d’un brun de Chäâtaigne, ou grisatres. Écorce assez mince, nee (1), d’un vert grisâtre sur les jeunes troncs, puis d’un gris de cendres. Bois très-solide, pesant, compacte, blanc, ou rougeâtre, ou d’un jaune ferrugi- neux. Bourgeons coniques, ou cylindracés ; ou (surtout les flo- raux) fusiformes, pointus, longs de 4 à o lignes, bruns, glabres, ou pubescents ; écailles ovales ou elliptiques , obtuses ou poin- tues. Feuilles longues ordinairement de 2 à 3 pouces, sur 1 ‘2 à 2 pouces de large (celles des pousses-gourmandes atteignant jus- qu'à 6 pouces de long), d’un vert foncé en dessus, plus ou moins densement ciliées (finalement en général glabrescen- tes aux bords), barbellulées en dessous aux aisselles des nervu- res et quelquefois, en outre (même les adultes), pubescentes sur la côte et les nervures. Base légèrement cordiforme, ou ar- rondie, ou tronquée, ou pointue, ou semi-cordiforme, plus ou moins inégale ; denis ou crénelures inégales, obtuses, mutiques. Pétiole long de 3 à 6 lignes, assez gros, jaunâtre, ou verdätre, ou rougeâtre, toujours velu ou soyeux. Stipules roussâtres, ve- lues, plus longues que les pétioles. Pédoncules des capitules- mâles longs de 1 pouce à 2 pouces. Périanthe - mâle long d’en- viron 2 lignes, verdâtre ou jaunâtre vers la base, d’un pourpre violet ou noirätre vers le sommet, fortement et longuement velu. Étamines longues d’environ 4 lignes. Pédoncules -féminiflores longs de /, pouce à 1 pouce (toujours plus courts que Les feuil- les). Involucre-florifere densement hérissé de longues soies rous- sâtres. Involucre-fructifère cotonneux-ferrugineux, plus ou moins densement spinelleux, long de 8 lignes à r pouce; valves ovales ou ovales - lancéolées , pointues, larges de 3 à 4 lignes. Noix (ordinairement géminées dans chaque invelucre, rarement solitaires ou ternées) longues d’environ 6 lignes, d’un brun de (1) Bechstein signale une variété à écorce épaisse, carrément rimeuse, vbservée par lui çà et là dans des forêts de Hétres reposant sur un sol cal- caire, à l'exposition du nord. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 499 Chätaigne, lisses ; faces ovales ou elliptiques, larges de 3 à 4 lignes. Graine à tégument lisse, d’un brun violet. : Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Hêtre, Fau, Fayard, et Foyard, croît dans la plus grande parte de V’Eu- rope, ainsi que dans l’Asie Mineure et le Caucase (1) ; elle forme de vastes forêts dansles plaines et sur les basses montagnes de l’Europe centrale et de l’Europe occidentale (jusque vers le 60° degré, en Suède et en Norwége; jusqu’au 50° degré seule- ment en Russie); dans les contrées plus méridionales , on ne la rencontre que dans les régions montueuses d’une certaine éléva- tion. Le Hêtre se cantonne de préférence sur les versants de l’est ou du nord, et, à la faveur de ces expositions, il devient plus fort que dans celles de l’ouest et du midi, les conditions du sol étant les mêmes ; les sols un peu frais, mêlés de sable et d'argile, sont ceux qui lui conviennent le mieux ; mais, du reste, il s’accommode de toute autre sorte de terrain, et il ne se refuse à croître que dans les lieux marécageux ou trop humides ; il vient même mieux que tout autre arbre indigène, dans les sols crayeux ou pierreux. Les forêts de Hêtres sont en général trop touffues pour permettre à d’autres végétaux ligneux de vivre sous leur ombre ; et il n’y croît même qu’un petit nombre d’es- pèces herbacées. La croissance du Hêtre est beaucoup plus ra- «+ pide que celle des Chênes : il atteint Le terme de son dévelop- pement en hautéur, ainsi que la majeure partie de celui en gros- seur, dans l’espace de 120 à 160 ans; mais dans les conditions favorables à son existence, il continue à augmenter en diamètre jusqu’à l’âge de 300 ans, ou plus; il ne commence à fructifier ‘abondamment qu’à l’âge de 50 à 6o ans: Dans le nord de la France, le Hêtre fleurit en avril ou au commencement de mai; le fruit mürit en automne. Chez beaucoup d'individus, les feuilles sèchent sur l’arbre , et persistent ainsi jusqu'au prin- temps suivant. (1) Plusieurs auteurs admettent à tort que cette espèce croit aussi dans VAmérique septentrionale; cette erréur provient de ce qué l'espèce d'Amérique avait été confondue avec celle de l’ancien continent. SL 2 2 À 200 CLASSE DES AMENTACÉES. Le Hêtre ne le cède guère aux Chênes sous le rapport de l'utilité. Aucun de nos arores indigènes, à l’exception du Charme et de l'Érable - Sycomore, ne fournit un aussi bon combustible, soit comme bois de chauftage, soit comme charbon ; la puissance calorifique du bois de Hêtre, comparativement à celle du bois d'Orme et de Chêne, est à peu près comme 10 à 9. Les cendres de Hêtre contiennent une quantité considérable de potasse, et elles fourmssent, par conséquent, une excellente lessive. Le bois de Hêtre est peu approprié à la charpente, parce qu’il manque d’élasticité, et qu'il est sujet à se fendre, ainsi qu'a être atta- qué par les insectes ; toutefois, on peut remédier en partie à ces inconvénients en le carbonisant légèrement à la surface, ou en le tenant subwergé pendant 4 à 5 mois : ainsi préparé, on l’em- ploie, en Angleterre, aux constructions navales ; du reste, 1l est presque incorruptible sous l’eau, et, par cette raison, on s’en sert avec avantage pour les constructions des moulins. Le Hètre est l’un des bois le plus généralement employés à une quantité d’autres usages : il est excellent pour les ouvrages de menuise- rie, de tour, de charronnage, de carrossiers, de layetiers et de beaucoup d’autres métiers; on le recherche surtout pour la fa- brication des rames, des sabots, des instruments de labourage, des pelles, des pressoirs, des vis, des manches à outils, etc. Comme il est susceptible d’un assez beau poli, et qu’il prend facilement toutes les couleurs, on en fait toutes sortes de meu- bles communs , mais solides. La râpure et les copeaux de bois de Hètre s’emploient de préférence pour la DS des vins. L’écorce du Hêtre peut servir au tannage, mais elle est moins efficace que celle des Chênes; jadis elle était usitée en théra- peutique, à titre de remède détersif et astringent. Outre l’utilité si générale de son bois, le Hêtre offre un autre avantage précieux dans ses fruits (qu’on ay pelle fafnes }, qui abondent en huile-grasse, excellente pour usage alimentaire; cette huile est moins estimée que celle de Noix: mais elle se conserve une dizaine d'années sans rancir, et dans beaucoup.de contrées, on n’en emploie guère d'autre. Les faînes fraîches ont FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 201 une saveur agréable et semblable à celle des Noisettes ; mais on prétend qu’étant mangées crues et en quantité, elles causent des vertiges et @es étourdissements ; tous les animaux frugivores en sont trés-friands ; elles font engraisser promptement les porcs et la volaille. Le Hètre est un arbre précieux pour la décoration des jardins paysagers, et, à ce titre, l’on donne la préférence aux variétés à feuilles pourpres, ainsi qu’à celle dite Hètre pleureur ; on en forme aussi des avenues magnifiques ; on le choisit souvent pour faire des haies, parce qu’il se prête à merveille à la taille; les charmilles de Hêtre deviennent plus hautes et d’un aspect plus agréable que celles du Charme même. Les Hëtres ne peuvent se multiplier que de greffes par ap- proche, ou de graines ; celles-ci ne conservent leur faculté ger- minative jusqu'au printemps suivant qu'étant stratifiées, et te- nues, pendant l'hiver, à l’abri des gelées. Les jeunes plants ont besoin d’ombre et d'humidité ; on les déplante sans risque tant qu'ils n’ont pas plus de 5 pieds de haut. B. Feuilles régulièrement érosées - denticulées, ou érosées dentées, où sinuées-dentées, pointues ou plus ou moins longuement acuminées, le plus souvent elliptiques -oblon- gues ou ovales-lancéolées. Périanthe des fleurs -mâûles à lobes oblongs, obtus. Involucre - fructifere très - rugueux, déhiscent jusqu’à la base, laquelle est arrondie ; spinelles piquantes. Noix à faces tricostées. HÈTRE D’AMÉRIQUE.—Fagus americana Sweet, Hort. Brit. —Fagus sylvestris Mich.! Flor. Bor. Amer. (non Gærtn.)—Fa- gus ferruginea Hort.Kew.(1)—Fagussylvatica(B:americana) et Fagus ferruginea Pursh, Flor. Amer.—Fagus caroliniana ’ (1j Ce nom fait allusion à la couleur du bois de l'espèce, et point à celle des feuilles ; il est du reste impropre, parce que ce bois est tantôt blanchätre, tantôt roupeitre ; aussi croyons nous devoir préférer le nom de Fagus americana, d'autant plus que celui de Fagus ferruginea est souvent appliqué aux variétés à feuilles pourpres du Hêtre d'Europe. 209 CLASSE DES AMENTACÉES, Bosc. Dict. — Desfont. Hort. Par.— Fagus castaneæfolia Audib. Cat. — Fagus sylvestris et Fagus ferruginea Mich. fil. Arb. Il, p. 170 et 174, cum fig. (1) — Feuilles ovales, ou ovales-lancéolées, ou ovales-oblongues, ou ovales-elliptiques, ou elliptiques - oblongues, ou lancéolées - oblongues, ou lancéolées- elliptiques , ou sublancéolées, ordinairement acuminées. Invo- lucre-fructifère court, ovoïde : spinelles subulées, les unes ar- : quées, les autres rectilignes ; la plupart réfléchies. — Arbre at- teignant 5o à 100 pieds de haut, sur 2 à 4 pieds de diamètre. Tronc droit, cylindrique, branchu plus ou moins loin de terre; écorce blanchâtre ou grisätre, unie, épaisse. Bois blanc ou rou- geûtre, d’un grain fin et serré, Rameaux et ramules étalés ou 19- clinés, d’un brun de Châtaigne, ou grisâtres. Cime très-ample, très-touffue. Bourgeons bruns ou jaunâtres, en général longs, coniques ou cylindracés, pointus, moins souvent courts et obtus. Feuilles longues de 2 à 5 pouces, d’un vert gai en dessus, d’un vert pâle en dessous, plus épaisses et en général plus gran des que celles du Hêtre commun, de forme ordinairement très- variable sur le même arbre, les jeunes plus ou moins densement eiliéés, les adultes ordinairement glabrescentes aux bords, tan- tôt mollement pubescentes en dessous, tantôt glabres, excepté aux aisselles des nervures ; dents ou dentelures deltoïdes, poin- tucs ; base égale ou plus ou moins inégale, légèrement cordi- forme, ou arrondie , on pointue, ou semi-cordiforme, ou tron- quée. Pétiole long de 2 à 5 lignes, velu. Stipules et capitules- (1) Ces deux planches de ouvrage de M. À. Michaux représentent les deux extrêmes des variations qu’offrent les feuilles de l'espèce quant à leurs dents ou dentelures : la figure inscrite Fagus sylvestris, montre une forme à feuilles lévèrement denticulées ; sur l’autre figure inscrite Fagus ferruginea, les feuilles sont sinuées-dentées ; mais entre ces deux formes de feuilles, considérées par M. Michaux et plusieurs auteurs de Flores de l'Amérique septentrionale, comme caractères distinctifs de deux espèces, on trouve dané Ja Nature tant d'intermédiaires, qu’il devient même impossible de les admettre comme types dé variétés. Les caracté- res que plusieurs autres auteurs ont cru trouver dans la forme des fruits de ces deux prétendues espèces sont également faux ou inconstants.re FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 205 mâles semblables à ceux du Hêtre d'Europe: Périanthe - mâle roussâtre, à peine long de plus de 1 ligne. Étamines 1 fois plus longues que le périanthe. Pédoncules - féminiflores longs de 3 à 5 lignes. Involucre-florifère densement hérissé de soies rous- sâtres ou jaunâtres, velues. Pédoncules - fructiferes aussi longs que les pétioles ou jusqu’à 1 fois plus longs. Iuvolucre-fructifere long de :, pouce à 1 pouce, plus ou moins densement spinel- leux, cotonneux-ferrugineux ; spinelles plus raides et plus fortes que celles du Fagus sylvatica, cotonneuses-ferrugineuses, plus ou moins glabrescentes vers leur sommet; valves ovales, poin- tues, larges d’environ 4 lignes. Noïx d’un brun de Chätaigne, ordinairement géminées dans chaque involucre, lisses; faces ovales ou elliptiques, à côtes asez fortes, parallèles, convergen- tes aux 2 bouts. be Cette espèce croît dans l’Amérique septentrionale, depuis la Géorgie jusqu’au Canada; on la désigne par les noms de Hêtre rouge et de Hêtre blanc, suivant que son bois est ou blanchätre, ou rongeâtre ; elle forme de vastes forêts dans les États de l’ouest et du nord de l’Union, ainsi que dans le Nouveau - Brunswick, la Nouvelle-Écosse et le Canada; sur le littoral des États du mi- lieu et du midi, on ne la trouve en général qu’éparse parmi les autres arbres forestiers, ct de taille moins considérable ; elle se plaît dans les sols profonds, fertiles et un peu humides : dans les localités de cette nature, elle devient l’un des plus beaux ar- bres de l'Amérique septentrionale. Le bois du Hêtre d'Amérique est inférieur à celui du Hêtre d'Europe; on ne l’emploie guère aux constructions, parce qu’il est sujet au rayage des insectes, ainsi qu’à pourrir promptement lorsqu'il reste exposé aux alternatives de sécheresse et d’humi- dité; dans le nord, il est assez estimé comme combustible; mais dans les contrées plus méridionales où les Chênes et Noyers abondent, on préfère ceux-ci à cet usage. Au Maine et dans les contrées plus septentrionales, où les Chênes sont rares, on se sert du bois du Hètre, après lavoir débarrassé de tout son au- bier, pour la charpente inférieure des navires. - Comme arbre d'ornement, le Hêtre d'Amérique mériterait 304 CLASSE DES AMENTACÉES. peut-être la préférence sur celui d'Europe, car son feuillage est encore plus élégant et d’un vert plus gai ; toutefois cet arbre paraît ne pas se plaire dans le climat du nord de la France; aux plantations de Paris et @es environs, il n’en existe que des individus très-chétifs. 1° TRIBU. LES CUPULIFÈRES-BÉTULOIDÉES. — CUPULIFERÆ-BETULOIDEÆ Spach. Fleurs-males (naissant toujours d’autres bourgeons que les fleurs-femelles) aperianthéees, disposées en chatons ecailleux, ebracteolés, cylindracés, développés des l'été precedent, pendants lors de l'anthèse ; écailles 1-flores, concaves, onguiculées, point peltees, subco- riaces, ciliées, imbriquees sur plusieurs rangs, plus longues que les étamines. Étamines fasciculees, inse- rées vers la base des écailles. Filets indivisés ou bifur- ques, rectilignes en préfloraison. Antheres medifixes, barbues au sommet, dépourvues de connectif, :-the- ques, ou à 2 bourses disjointes soit complétement, soit a partir du milieu. — Fleurs-femelles toujours soli- taires dans chaque involucre. Ovaire 2-loculaire (ac- cidentellement 3-loculaire); ovules solitaires dans chaque loge. Involucres-fructiferes membranacés ou foliacés. Nucules osseuses. Embryon huileux. Fleurs toujours monoïques : les femelles sans étamines rudimentaires. Bourpeons des chatons-mäles aphyiles, à écailles caduques longtemps avant la floraison (dès l’été précédent, sitôt que les chatons commencent à paraître aux aisselles des feuilles). Bourgeons des inflorescences-femelles à écailles caduques seulement après la floraison. — Chatons-males (à l’époque de la floraison) latéraux ou terminaux sur les ramules de l'année précédente, fasciculés (rarement solitaires), ou en courtes erappes dans chaque bourgeon, sessiles, denses, dressés avant la floraison. Anthères assez grosses, jaunâtres. Écailles-staminifères brunâtres, souvent sca- rieuses aux bords. — Fleurs-femelles en épis ou en glomérules, d'abord 3 ‘FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 305 latérales, plus tard terminales (par suite de l’allongement de a partie in- férieure du rachis en ramule feuillé). Involucres géminés, articulés au rachis, chaque paire accompagnée d’une bractée membranacée ou her- bacée. Secriox 1. CORYLÉES. — Coryleæ Spach. Fleurs hivernales, beaucoup plus précoces que les feuilles ; les femelles en glomérules (sessiles lors de l’anthèse) à bractées persistantes. — Chatons-mâles à écailles bi-appendiculées. Anthères 1-thèques. Invo- lucres-fructifères charnus à la base, campanulés ou tubuleux, multifides, glomérulés, ou fasciculés, ou géminés, ou solitaires, accompagnés d'un nombre plus ou moins considérable d'involucres abortifs. Cotylédons très-gros, soudés, hypogés, point ru- gueux. Genre COUDRIER. — Corylus Tourn. Chatons-mäies géminés (rarement solitaires) ou en grap- pes, latéraux, ou latéraux et terminaux. Fleurs 5- à 8-an- dres. Écailles-staminifères cunéiformes-obovales, mucro- nées, à appendices subconformes, débordants, confluents inférieurement avec l'onglet. Filets courts, capillaires, in- divisés. Anthères elliptiques. — Glomérules-femelles soli- taires, lors de l’anthèse dressés et recouverts (à l’exception des stigmates) par les écailles-gemmaires. Bractées imbri- quées, foliacées. Stigmates 2, divergents, soudés par la base. Involucres-fructifères sessiles ( rarement solitaires) au sopamet d’un pédoncule-commun plus où moins in- cliné, tantôt un peu plus courts que le fruit, tantôt plus lougs. Noix ovale, ou oblongue, ou subglobuleuse, obtuse, subcylindrique, ou obscurément arguleuse, ou plus ou moins comprimée, assez grosse, osseuse, lisse, plus ou moins strice, finalement caduque sans l’involucre ; limbe du périanthe réduit à un rebord presque inapparent. — 206 CLASSE DES AMENTACÉES. Arbres, ou arbrisseaux multicaulés, très-rameux. Jeunes- pousses et feuilles-naissantes satinées. Rämulés subcylin- driques, flexueux. Feuilles distiques, courtement pétiolées, non-persistantes, assez minces, plissées en dessus, simple- ment ou doublement dentées (ou crénelées), plus ou moins fortement anguleuses (par variation pennatifides), acumi- nées-cuspidées, de forme variable chez toutes lesespèces (en général ovales-orbiculaires, ou ovales-elliptiques, ou ellip- tiques-orbiculaires, moins souvent obovales, ou obovales- orbiculaires, ou suborbiculaires, ou élliptiques-oblongues, ou oblongues), à base tantôt épale, tantôt inégale, en général cordiforme. Pétiole cylindrique ou obscurément trigone, point canaliculé, souvent hérissé (de même que les jeunes- pousses, les pédoncules, et les involucres) de soies glandu- lifères. Stipules de forme très-variable (chez toutes Les es- pèces) : celles des ramules-floraux la plupart liguliformes, subscarieuses, très-fugaces ; celles des pousses-gourmandes moins caduques, subherbacées, ovales, ouovales-oblongues, ou ovales-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, ou oblon- gues, obtuses, ou acuminées, Chatons-mâles assez longs, horizontaux où déclinés en préfloraison, flasques-et pen- dants à l’époque de la floraison; écailles panachées de brun et de jaune. Anthères rougeâtres avant l’anthèse. Stigmates pourpres. Fruit de forme et de volume variables (chez toutes les espèces). Graine grosse, conforme à la ca- vité de la noix; téguments nerveux; cotylédons subovales, arrondis aux 2 bouts; radicule très-courte, conique, ob- tuse, complétement recouverte par les cotylédons. — Ce genre appartient aux régions tempérées de l’hémisphère septentrional ; le fruit (vulgairement Norsette) de toues les espèces contient une amande mangeable et huileuse; Les espèces les plus remarquables sont les suivantes : Secriox I. AVELLANA Spach. Involucres-fructifères non-spinelleux, 2-partis (acciden- tellement 3-partis, ou fendus seulement d’un côté jus- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 207 - qu’à la base), subcampaniforme, à segments palmatifides ou profondément incisés-dentés. Noix plus longue ou plus courte que l’involucre. a) Arbre élancé; écorce (méme sur les individus assez jeunes) blanchdtre ou grisâtre, se délachant par plaques dures, plus ou moins épaisses, de forme irrégulière, composées chacune de quantité de lamelles su- pérposées et facilement séparables. Involucres-fructifères à segments au moins de moitié plus longs que la noix, connivents, toujours plus ou moins profondément palmatifides (à lanières plus ou moins diver- gentes au sommet). Couprer-Cocurna. — Corylus Colurna Linn. — Corylus byzantina Desfont. Hort. Par. — Feuilles plus où moins for- tement anguleuses ou incisées-anguleuses, ordinairement cordi- formes-orbiculaires, ou cordiformes-elliptiques (rarement cordi- formes-ovales ou cordiformes - oblongues }, souvent ondulées ou crépues; pétiole le plus souvent garni de soies ou de poils glan- dulifères. Fruits en général fasciculés ou subcapitellés. Noix plus où moins comprimée, incluse. Pédoncules-fructifères incli- nés ou pendants. —. & : À COURTE Noix, — Corylus Colurna brachycarya Spach.— Corylus Colurna Waits. Dendr. Brit. tab. 99. — Involucre (long de x :/: à 2 pouces) 3 fois plus long que la noix, pubescent (point sétifére); segments partagés jusqu'au delà du milieu en lanières linéaires -lancéolées ou demi - lan- céolées, longuement acuxminées, Fr HEnens très - entières, Noix arrondie. —$@ : A 'iNvoruores sérirèes. — Corylus Colurna tricho- chlamys Spach.— Involucre (long de 15 à 18 lignes) de moitié à x fois plus long que la noix, hispide (plus ou moins densement hérissé de soies glandulifères); segments partagés jusqu’au delà du milieu en lanières linéaires - lancéolées ou subfalciformes, assez larges, acuminées, les unes bi-ou tri-fur- quées au sommet, les autres très-entières ou dentées. Noix ovale où ovale-arrondie, grosse. 208 CLASSE DES AMENTACÉES, — 7 : À GRANDS INVOLUCRES. — Corylus Colurna macrochla- mys Spach. — Involucre (long de 2 pouces) 2 à 3 fuis plus long que la noix, pubérule. (point sétifère) ; segments fendus jusqu’au tiers en lanières linéaires - lancéolces ou falcifor- mes, pointues, inégales., légèrement dentelées. Noix grosse, ovale-arrondie. — © : Fausse - AvELINE. — Corylus Colurna Avellanoides Spach. — Involucre (long d’environ 15 lignes) d’un tiers plus long que la noix, pubérule-glanduleux (point sétifère) ; ses ments fendus jusqu’au tiers en lobes larges, oblongs - [ancéo- lés, pointus, incisés-dentés. Noix grosse, arrondie. — & : À PETITS INVOLUCRES. — Corylus Colurna leptochlamys Spach. — Involucre {long d'environ 1 pouce) d’un tiers ou d’un quart plus long que la noix, cotonneux (point hispide) : seg- ments fendus presque jusqu’à leur base en lanières denticulées, ou dentées, ou 3-furquées, pointues, la plupart linéaires, étroites. Noix petite, ovale. Arbre atteignant 50 à 60 pieds de haut, sur 1 à 2 pieds de diamètre. Tronc droit, cylindrique, branchu. Branches dressées ou presque dressées, très-rameuses. Rameaux étalés ou pen- dants, à écorce brune ou grisâtre, lamelleuse. Cime touffue, subpyramidale. Chatons - mâles longs de 2 à 3 pouces. Jeunes- pousses glabres, ou pubescentes, ou velues, ou hispides (poils ou soies tantôt glandulifères, tantôt sans glandes). Feuilles lar- ges de 2 à 5 pouces (celles des pousses-gourmandes larges de 5 à 10 pouces), d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en des- sous, luisantes, ou non-luisantes, inégalement ou doublement dentelées ou crénelées, plus ou moins longuement acuminées- cuspidées, plus ou moins profondément cordiformes à la base, barbellulées en dessous aux aisselles des nervures, ordinaire- ment pubérules aux 2 faces ou du moins en dessous, moins souvent glabres (excepté aux aisselles des nervures); dents ou crénelures mucronées. Petiole long de 4 à 12 lignes, rarement glebre. Pédoncules-fructifères longs de 7: pouce à 1 pouce, gla- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 209 bres, ou pubescents, ou velus, ou hispides, glanduleux, ou non- glanduleux, ordinairement gibbeux au sommet. Bractées ovales ou suborbieulaires, incisées-dentées, ou irrégulièrement palma- üfides, ordinairemept réfléchies, de grandeur très-variable (mais au moins 2 fois plus courts que l’involucre), pubescentes ou his- pides comme l’involucre. Noix plus ou moins grosse, brune à la maturité. Gette espèce, connue sous les noms vulgaires de Coudrier (ou Woisetier) de Byzance, Coudrier du Levant, Coudrier en arbre, ct Coudrier velu, croît au Bannat (où elle forme des forêts, an témoignage de M. Rochel), ainsi que dans la Turquie d'Europe, et probablement aussi dans l'Asie Mineure. On cul- tive ce Coudrier comme arbre d'ornement ; son bois, à ce qu’on assure, est assez solide et durable pour servir aux constructions. Ses fruits sont moins estimés que ceux de certaines variétés cul- tivées du Noisetier commun ; mais comme leur involucre est plus ample et très-élégamment découpé , ils méritent la préférence pour orner les desserts, ou à titre de sujets pittoresques. b) Buisson mullicaule, haut de 10 à 20 pieds ; moins souvent petit ar- bre, à tronc atteignant 6 à 8 pouces de diamètre. Écorce unie, brune. Involucres-fructifères tantôt plus courts que la noix, tantôl aussi longs ou plus longs; segments finalement plus ow moins étalés vers leur sommet, tantôt palmatifides, tantôt irrégulièrement laciniés. Couprier commun. — Corylus Avellana Linn. — Engl. Bot. tab. 723.— Duham. ed. nov. IV, tab. 5.— Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 151. — Hook. Flor. Lond. tab. 17. — Corylus americana Mich. Flor. Bor. Amer.—Corylus hete- rophylla Fisch. — Feuilles plus ou moins fortement anguleuses ou incisées-anguleuses, ordinairement cordiformes-orbiculaires, ou cordiformes -elliptiques, ou cordiformes -obovales (rarement cordiformes-ovales ou cordiformes -oblongues); pétiole le plus souvent garni de soies ou de poils glandulifères. Fruits solitai- res, où géminés, ou ternés (rarement glomérulés). Noix incluse ou saillante, cylindrique, ou comprimée. Pédoncules-fructiferes droits ou inclinés. BOTANIQUE, PHAN. T. XI. 14 210 CLASSE DES AMENTACÉES. — % : À NoIX ALLONGÉE.—Corylus Avellana sylvestris Willd. — Corylus sylvestris G. Baub. — Duham. L. c. fig. — Co- rylus americana Mich. Flor. Bor. Amer. — Corylus hete- rophylla Fisch. —- Noix oblongue, subcylindrique , un peu plus longue ou un peu plus courte que l’involucre. — Gette variété est l’une des plus communes dass les bois; c’est à elle, ainsi qu’à la suivante, qu’on applique plus spécialement les noms de Voisetier, ou Voisetier sauvage. — B:A noix ovae. — Corylus Avellana ovata Willd. — Guimp. et Hayn. L. c. fig. — Noix obovée ou ovoïde, ordi- nairement un peu plus courte que l’involuere.—Gette variété n’est pas moins commune, dans les bois, que la précédente. — : A NOIX BLANCHE. — Corylus Avellana alba Hort. Kew. — Noix petite, oblongue, blanchätre à la maturité. —Variété de culture, connue sous le nom de Noisetier de Barcelone. » — 9 :a noix sTRiée. — Corylus Avellana striata Willd. — Noix subglobuleuse, plus courte que l’involucre, striée de brun et d blane —Varicté de culture. — : : À FRUITS GLOMÉRULÉS. — Corylus Avellana glomerata Hort. Kew.— Fruits glomérulés. Noix subglobuleuse, plus courte que l’involucre. Involucre grand, palmatiñide, souvent long d’environ 18 lignes, sur à peu près autant de large. — Variété de culture; du reste, les variétés sauvages se ren- contrent aussi à fruits gloinérulés, et à involucre profondé- ment palmatifide. —£ : À NOIX CONIQUE. —Corylus Avellana subconica Audib. Cat.—Variété de culture. — 1: A NOIx ROUGE. — Corylus Avellana rubra Audib. Cat. — Variété de culture. —!: A FEUILLES LACINIÉES. — Corylus Avellana urticæfolia Audib. Cat.—Feuilles sinuées-pennatifides : segments poin- tus, ineisés-dentés. — Cette variété se cultive comme arbuste d’ornement. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 211 = x : À FEUILLES CRÉPUES.— Corylus Avellana crispa Loud. Variété cultivée comme arbuste d’ornement (1). — À : Avenumnier. — Corylus Avellana maxima Willd.—Co- rylus Avellana grandis Mort. Kew.— Noix obovée, ou subglobuleuse, ou ellipsoïde, très-grosse, un peu plus courte que linvolucre. Involucre subcylindracé, incisé-denté , long de 15 à 18 lignes. — Cette variété, connue sous le nom vul- gaire d’Avelinier, est celle qu’on cultive le plus Du pour l'usage de la table. Racines fortes, pivotantes, produisant quantité de branches latérales rampantes. Tiges droites, atteignant 3 à 4 pouces de diamètre, ou rarement plus. Rameaux plus ou moins étalés. Cime irrégulière. Jeunes-pousses pubescentes , ou cotonneuses, ou hispides : poils ou soies souvent glandulifères. Bourgeons ovales, à écailles d’un brun clair, ciliolées, ovales, ou ovales- orbiculaires, ou suborbiculaires, acuminulées. Chatons-mâles longs d'environ 2 pouces. Bourgeons des fleurs-femelles nais- .sant tantôt aux mêmes aisselles que les chatons-mâles, tan- tôt aux aisselles inférieures des mêmes ramules. Feuilles en général longues de 3 à 5 pouces (celles des pousses-gour- mandes souvent longues de 6 à 8 pouces), d’un vert foncé et en général scabres (plus ou moins pubérules) en dessus, mol- lement pubescentes et d’un vert pâle (quelquefois subincanes) en dessous (ordinairement en outre barbellulées aux aisselles des uervures), inégalement dentelées ou crénelées, plus ou moins rugueuses ; dents et crénelures mucronulées. Pétiole long de 4 à 8 lignes, hispide, ou velu, ou cotonneux, ou rarement glabrescent : poils ou soies le plus souvent glandulifères. Pédoncules-fructi- fères longs de quelques lignes à 1 pouce, souvent garnis de soies glandulifères. Bractées et involucres de forme et de grandeur très- variables, presque glabres, ou pubérules, ou cotonneux, ou ———————————_—_—_—_——]—————— . (4) MM. Audibert (Cat. 4858) font mention de plusieurs variétés qui nous sont inconnues, savoir : Noiselier de Valbonne, de Piémont, à petits fruits, en corymbe, de la Cadière, naïn, des Anglais, et de Lambert. 212 CLASSE DES AMENTACÉES. hispidules et glanduleux. Segments de l’involucre à lanières lancéolées, ou linéaires-lancéolées, ou demi-lancéolées, ou fal- ciformes, ou deltoïdes, ou ovales, acuminées, ou pointues, très- entières, ou dentées, ou pennatifides. Gette espèce, connue sous les noms vulgaires de Noisetier, Cou- drier, et Avelinier (en provençal Æ4velano), est commune dans toute l’Europe (les régions les plus boréales exceptées), dans les buissons, les bois-taillis, et sur la lisière des forêts ; elle fleurit en janvier ou en février; ses fruits muürissent en août ou en sep- tembre. Le Noisetier se plaît surtout dans les terrains mélangés de chaux et d’argile, quoiqu'il vienne également dans toute autre sorte de sol, pourvu que les localités ne soient pas trop humides, et il offre l’avantage de prospérer sur les coteaux les pius ingrats. Sa durée n’est que de 30 à 4o ans, quoiqu'il se renouvelle de nouveaux jets qui repoussent de la racine, à mesure que les tiges plus anciennes s’épuisent; c’est moyennant ces drageons enraci- nés qu'on multiplie facilement les variétés cultivées du Noi- setier. | Le bois du Noisetier est blanc et léger, mais tenace et très- flexible, surtout étant jeune : propriété qui le fait rechercher prin- cipalement pou: les ouvrages de vannerie et les menus cerceaux, ainsi que pour toutes sortes d’ustensiles ; les tiges d’une certaine grosseur servent à faire des échalas de vigne assez durables ; on pré- tend qu’il est beaucoup plus durable lorsqu'il a été coupé dès la chute des feuilles ; les fagots de Noisetier sont très-estimés comme combustible. Le bois des racines offre de belles marbrures : on en fait des ouvrages de tour et de marqueterie. Tout le monde connaît l'emploi alimentaire des Noisettes ; on cultive plus généralement, pour l’usage de la table, la variété connue sous le nom d’Aveline, dont l’amande est plus grosse et plus savoureuse que celle des Noïsettes sauvages. Les meilleures Avelines viennent de la France méridionale et de l'Espagne. L’amande de la Noisette contient environ la moitié de son poids d’une huile grasse, qui jouit des mêmes propriétés que l’huile d'amandes douces. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 915 Secrion II. TÜBO-AVELLANA Spach. Involucres-fructifères non-spinelleux, monophylles (acci- dentellement fendus plus ou moins profondément d’un côté), longuement prolongés au delà de la noix en forme de tube irrégulièrement incisé-denté au sommet, à ori- fice resserré. Couprier TrusüLÉ. — Corylus tubulosa Willd. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 152. — Corylus maxima Mill. — Lawk. Il. tab. 780, fig. 9. — Corylus rubra Borkh. — Noisetier-franc à fruit rouge Poit. et Turp. Arb. fruit. tab. 11. — Feuilles plus ou moins fortement anguleuses, ordinairement cordiformies-orbiculaires ou cordiformes-elliptiques (rarement cordiformes-oblongues ou ovales) ; pétiole le plus souvent garni de poils ou de soies glandulifères. Fruits gros, en général gémi- nés ou ternés. Involucres conoïdes, jusqu’à 1 fois plus longs que la noix. Noix ovale, ou ovale-oblongue, ou oblongue, plus ou moins comprimée. — $ : À FEUILLES PourPRES. — Corylus tubulosa purpurea Audib. Cat. — Corylus purpurea Hortul. — Feuilles (de même que les involucres et les noix ) d’un pourpre violet. Petit arbre, ou buisson de 10 à 20 pieds, ayant le même port que le Corylus Avellana. Écorce des vieux troncs d’un brun gri- satre, un peu rimeuse. Feuilles et fleurs semblables à celles du Corylus Avellana. Pédoncules-fructiferes longs de ‘/: pouce à 1 pouce, calleux au sommet, cotonneux, ou pubérules, le plus souvent en outre garnis de soies glandulifères. Involucres-fruc- tifères longs de 1 ‘/, pouce à 2 pouces, pubérules, quelque- fois à peine plus longs que la noix, le plus souvent en outre hispidales et glanduleux, plus ou moins profondément laciniés au sommet ; lanières inégales, conniventes, de forme très-variable. Bractées indivisées ou laciniées, de forme variable, en général petites. Noix en général longue d’environ 1 pouce, d’un brun roux, ou violette ; amande recouverte d’une pellicule pourpre ou blanchätre. 214 CLASSE DES AMENTACÉES. Cette espèce, originaire de l’Europe méridionale, et que les jardiniers désignent par le nom de Voisetier franc, se cultive fréquemment comme arbre fruitier ; ses Noisettes sont aussi esti- mées que les Avelines. La variété à feuilles pourpres est recher- chée comme arbuste d’ornement. CoupriEr ROSTRÉ. — Corylus rostrata Hort. Kew.—Willd. Arb. tab. 1, fig. 2.— Corylus americana Walt. — Corylus cornuta Duroi. — Feuilles le plus souvent oblongues où oblon- gues-obovales, doublement dentelées. Involucre-fructifere subglo- buleux à la base, prolongé en tube subcylindracé, beaucoup plus long que la noix, ordinairement très-hispide. — Arbuste de 3 à 4 pieds. Feuilles plus petites que celles du Corylus Avellana, pubescentes surtout en dessous. Involucre-fructifere à tube long d'environ 18 lignes, bifide jusqu’à moitié : segments laciniés. — Geite espèce eroît dans les montagnes de la Caroline, Secrion III. ACANTHOCHLAMYS Spach. Involucre-fructifère 2-parti : segments laciniés et spinelleux. Couprier FÉROGE. — Corylus ferox Wallich, Plant. Asiat. Rar. tab. 87. — Feuilles oblongues, acuminées. Noix compri- mée, 2 fois plus courte que l’involucre. — Arbre d’une ving- taine de pieds ; tronc atteignant 2 pieds de circonférence. Ra- meaux effilés, lisses, brunâtres. Bourgeons soyeux. Feuilles longues de 3 à 4 pouces, pubescentes aux 2 faces, velues aux nervures, semblables à celles du Charme. Stipules linéaires- lancéolées. Fruits agrégés en capitules penchés. Involucre velu. Noix à coque trèes-épaisse et dure. (/allich, L c.) Cette espèce croit dans les montagnes du Népaul ; l’amande de son fruit a la même saveur que la Noïsette commune. Secrion Il. CARPINÉES. — Carpineæ Spach. Fleurs vernales, à peine plus précoces que les feuilles ; les femelles (toutes, ou du moins la plupart, fertiles) FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 215 -en épis lâches, pendants, pédonculés, à bractées non- persistantes, membranacées. Chatoris-mâles fascicu- lés ou subsolitaires, à écailles inappendiculées. Anthe- res 2-thèques. Involucres-fructiféres imbriqués en épis lâches ou en strobiles. Cotylédons épigés. Genre OSTRYA. — Ostrya Micheli. Chatons-mäles fasciculés ou en court épi au sommet des ramules de l’année précédente. Fleurs 3-à 10-andres. Écailles-staminifères scarieuses aux bords, ovales, acumi- nées-cuspidées. Filets filiformes, courts, indivisés. Anthères cordiformes-elliptiques, profondément bifides (à bourses cohérentes de la base jusqu’au milieu), latéralement dé- hiscentes. — Épis- femelles solitaires, inclinés, subfiliformes ; bractées distiques, squarreuses, submembranacées. Ovaire couronné de 2 stigmates saillants, subulés, soudés par la base. Involucres-fructifères clos, utriculiformes, membra macés, comprimés, oblongs, obtus, mucronés, inongui- culés, beaucoup plus longs que les nucules, imbriqués en strobiles allongés, subcylindracés. Nucule petite, incluse, lenticulaire, légèrement carénée aux bords, finement striée, couronnée, à limbe (du périanthe) subcoriace, petit, marginiforme, ou irrégulièrement denté. Embryon à ra- dicule saillante. — Arbres à écorce extérieure tombant peu à peu sous forme de plaques irrégulières. Ramules obscurément anguleux , flexueux. Bourgeons à écailles subcoriaces, imbriquées sur plusieurs rangs. Feuilles disti- ques, courtement pétiolées, non-persistantes, fermes, lui- santes, équilatérales, où subéquilatérales (à base peu ou point inégale), plissées, acuminées, tantôt simplement tantôt doublement dentelées, variant de forme plus ou moins allongée (chez chaque espèce). Pétiole subcylindri- que, à peine canaliculé en dessus. Stipules caduques : celles des ramules-floraux larges, subscarieuses, caduques ; celles des pousses-gourmandes herbacées, de forme très- 946 CLASSE DES AMENTACÉES. variable. Chatons-mâles sessiles, cylindracés, beaucoup moins grêles que les épis-femelles (à l’époque de la florai- son). Écailles-staminifères panachées de brun et de jaune, pubescentes, beaucoup plus longues que les étamines. Les jeunes-pousses au sommet desquelles naissent les épis-fe- melles sont très-courtes à l’époque de la floraison, mais plus tard elles forment des ramules plus ou moins allongés. Involucres (à l’époque de la floraison) plus courts que les bractées, un peu charnus, très-srêles, garnis de sétules ap- primées. Strobiles plus ou moins longuement pédonculés, pendants, semblables à ceux du Houblon. Involucres-fruc- tifères hispidules à la base (soies apprimées, blanches), pubérules, finement striés, légèrement réticulés, articulés par paires dans des excavations cupuliformes du rachis, finalement caducs avec la nucule. Nucules ovales ou ovales-oblongues, luisantes, minces , presque testacées, en général pubescentes au sommet. Graine conforme à la cavité de la nucule ; técument mince, membranacé. Coty- lédons plano-convexes, point chiffonnés, obovales, basi- fixes, distincts; radicule courte, conique, obtuse. — Ge genre ne comprend que les deux espèces suivantes ; l’élé- gance de leur port les fait cultiver fréquemment dans les plantations d'agrément. À. Nucule à limbe minime, marginiforme, tronqué, tres- entier ; feuilles poncticulées en dessous (de gouttelettes ré- sineuses), jamais (ni les autres parties de la plante) garnies de glandules stipitées. Osrrya D'Eurore. — Ostrya italica Michel. Gen. tab. 104, fig. 1 et 2. — Ostrya carpinifolia Scopol. Garn. — Ostrya vulgaris Willd. — Waits. Dendr. Brit. tab. 143. — Carpinus Ostrya Lino. — Duham. ed. nov. vol. 11, tab. 59. — Feuilles incisées-dentées (à dents dentelées ou denticulées) ou doublement dentelées, pointues, ou courtement acuminées. Nucules ovales ou ovales-orbiculaires, en général acuminées. — Arbre atteignant 30 à 4o pieds de haut, sur 1 à 2 pieds de diamètre, sem- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. JET blable au Charme par le port et le feuillage. Écorce d’un brun grisâtre ou d’un gris noirâtre. Bois brunâtre. Branches nombreuses, dressées ou étalées, très-rameuses. Rameaux grèles, étalés, ou inclinés. Cime touffue, subconique. Jeunes-pousses velues ou presque cotonneuses, grêles. Bourgeons ovales où co- niques, obtus, ou pointus, petits, brunâtres, pubescents. Feuilles longues de 1 /, pouce à 3 pouces (celles des pousses-gourman- des souvent longues de 4 pouces), larges de 6 à 30 lignes, ovales, ou ovales-oblongues, ou elliptiques-oblongues, ou ovales-ellip- tiques, ou ovales-lancéolées, ou oblongues, ou oblongues-lan- céolées, ou rarement obovales, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous : les jeunes pubescentes aux 2 faces ; les adultes glabres en dessus ou garnies de poils apprimés et disposés par séries parallèles aux nervures, pubescentes en dessous soit à toute la surface, soit seulement sur la côte et les nervures, en outre barbellulées aux aisselles des nervures ; base cordiforme, ou arrondie, ou tronquée, ou pointue; dents et dentelures acumi- nées ou cuspidées, acérées, subcartilagineuses au sommet, épais- sies en dessous aux bords ; pétiole velu, long de 3 à 6 lignes. Stipules plus ou moins pubescentes ; celles des ramules-floraux jaunâtres ou rougeâtres, liguliformes, pointues, ou obtuses ; celles des pousses-gourmandes verdâtres : les inférieures ovales ou ovales-lancéolées, acuminées ; les supérieures bifurquées ou cunéiformes-trifides, à segments linéaires-lancéolés, acuminés. Ghatons-mâles longs de 2 à 4 pouces, au nombre de 2 à 5 sur un court rachis, tantôt fasciculés ou subfasciculés, tantôt en épi raccourci. Épis-femelles à l’époque de la floraison longs d’envi- ron 1 pouce, flexueux, courtement pédonculés. Bractées ovales- Jancéolées, verdâtres, velues, plus ou moins recourbées. Stigma- tes rougeätres, poilus. Strobiles longs de 1 pouce à 2 pouces, oblongs-cylindracés, ou subellipsoïdes, ou subconiques, courte- ment pédonculés; pédoncule grêle, velu, incliné. Involucres- frucufères longs de 6 à 9 lignes, oblongs, ou elliptiques-oblongs, velus, ou pubescents, ou presque glabres (excepté à la base), plus ou moins fortement rugueux, d’un blanc verdâtre avant la maturité, finalement d’un brun pâle. Nucules longues de 2 à 918 CLASSE DES AMENTACÉES: 3 lignes, d’un brun jaunâtre, ou d’un jaune verdâtre, acuminees, ou moins souvent obtuses, barbues au sommet : aréole-basilaire petite, suborbiculaire. Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Charme- houblon, où Charme d'Italie, est commune dans l’Europe australe; il paraît qu’elle ne vient pas spontanément au nord du 45° degré de lat., mais elles s’accommode parfaitement du climat de tout le nord de la France, où ses graines parviennent ordinairement à maturite. Get arbre aime les terrains frais, lé- gers cet fertiles, quoiqu'il végète assez vigoureusement dans les sols les plus arides ; sa croissance est assez rapide; son bois, très-tenace, compacte et durable, n’est guère inférieur à celui du Charme, et par conséquent fort estimé dans les localités où il abonde. Les fruits, développés dès le commencement de l’été, donnent à ces arbres nn aspect particulier ; ils ne mürissent qu’en automne. B. Nucule à limbe subcampanulé, profondément et inégale- ment denté. Feuilles point poncticulées, mais souvent garnies aux nervures (de même que les pétioles, les pe- doncules, et les jeunes-pousses) de glandules plus ou moins longuement stipitées. OsrryA DE ViRGINTE — Ostrya virginica Willd. — Abbot. Jos. IT, tab. 95. — Carpinus virginiana Mill. Dict. — Car- pinus Ostrya americana Mich. Flor. Bor. Amer. — Carpinus Ostrya Mich. fil. Arb. TT, p. 53, cum fig. — Carpinus triflora Mœnch, Meth. — Feuilles plus ou moins longuement acumi- nées, tantôt simplement tantôt doublement dentelées ou dentées. Nucules ovales ou ovales-oblongues, subobtuses. — x : GLANDULEUX. — Jeunes-pousses, pédoncules, et pétioles plus ou moins couverts de sétules glanduliferes. Feuilles parsemées (du moins aux nervures). de glandules sessiles ou subsessiles. — $ : usse. — Point de glandules sur aucune partie, Arbre de 20 à 30 pieds de haut, sur 8 à 12 pouces de circon- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 9219 férence; rarement il s'élève jusqu'a 40 pieds. Tronc droit. Branches étalées, très-rameuses, quelquefois inclinées. Rameaux étalés ou inclinés. Écorce grisâtre. Bois très-blanc, pesant, d’un grain fin et serré. Feuilles longues de 2 à 4 pouces (celles des pousses-gourmandes atteignant jusqu’à 6 pouces de long, sur 3 à 4 pouces de large ; les ramulaires-inférieures longues seule- ment de 6 à 12 lignes), d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous, variant de forme comme celles de l’espèce précé- dente, souvent plus ou moins visqueuses : les jeunes pubescentes aux 2 faces; les adultes glabres en dessus, pubescentes en des- sous soit à toute la surface, soit seulement aux nervures et à la côte, en outre le plus souvent barbellulées aux aisselles des nervures ; dents et dentelures tantôt égales, tantôt inégales, plus ou moins profondes, acuminées-cuspidées, ou mucronées, sub- révolutées aux bords, ordinairement deltoïdes ou ovales, rare- ment arrondies. Pétiole pubescent ou hispiduie, long de 2 à 6 lignes. Stinules hispides ou pubescentes, slanduleuses, ou non- glanduleuses, variant de forme comme chez l’espèce précédente. Chatons-mäles et épis-femelles comme ceux de l’espèce précé- dente. Strobiles longs de 1 à 2 pouces, variant également de forme, de même que les involucres-fructifères, comme ceux de VOstrya vulgaris. Nucules longues d’environ 3 lignes, à limbe tantôt glabre, tantôt barbellulé, toujours plus ou moins inégale- ment denté et beaucoup plus grand que celui des nucules de l'Ostrya vulgaris. Cette espece habite les États-Unis et le Canada ; elle vient en général éparse dans les bois, et seulement dans les sols fertiles et constamment frais. On la désigne par les noms de Bois de Jer, Bois dur, et Bois à levier. Sa croissance est très-lente. L'usage de son bois est assez borné. Genre CHARME. — Carpinus Tourn. Chatons-mâles latéraux sur les ramules de l’année précé- dente, solitaires. Fleurs 5-à 12-andres. Ecaïlles-stamini- fères ovales, acuminées-cuspidées, scarieuses aux bords et 990 CLASSE DES AMENTACÉES. vers le sommet. Filets filiformes, courts, bifurqués au sommet : chaque branche portant une bourse-anthé- rale. Anthères à bourses elliptiques, complétement disjointes. — Épis-femelles solitaires, inclinés, subfili- formes; bractées distiques, squarreuses, submembrana- cées. Ovaire couronné de 2 stigmates saillants, subulés, peu divergents, soudés par la base. Involucres-fructifères brac- téiformes (trilobés, ou irrégulièrement incisés), imbriqués, beaucoup plus grands que les nucules, demi-embrassants à la base, presque plans vers le haut, onguiculés, foliacés, réticulés, veineux, finalement caducs avec les nucules; onglets de chaque paire cohérents jusqu’à la maturité, appliqués au rachis. Nucule point incluse, insérée au som- met de l'onglet de l’involucre, ovale-lenticulaire, 7-à11- costée ; limbe (du périanthe) soit coroniforme et inégale- ment denté, soit réduit à un rebord peu apparent et très- entier. Embryon à radicule recouverte par les cotylédons. Arbres de taille médiocre. Ecorce lisse, unie, point fen- dillée. Ramules obscurément anguleux, flexueux. Bour- geons à écailles subcoriaces, imbriquées sur plusieurs rangs. Feuilles naissantes et jeunes-pousses comme sati- nées. Feuilles distiques, courtement pétiolées, point per- sistantes, fermes, luisantes, plissées, équilatérales, ou subéquilatérales (à base peu ou point mégale), acuminées, simplement ou doublement dentelées (par variation inci- sées-dentées ou pennatifides), de forme variable chez chaque espèce. Pétiole subcylindrique, à peine canaliculé. Stipules caduques : celles des ramules-floraux subsca- rieuses, très-fugaces ; celles des pousses-gourmandes sub- herbacées, moins caduques, les inférieures linéaires ou subulées, les supérieures plus larges, ovales, ou ovales- lancéolées. Chatons-mâles sessiles, cylindracés, beaucoup moins grêles que les épis-femelles (à l’époque de la florai- son). Ecailles-staminifères panachées de brun et de jaune, pubescentes, beaucoup plus longues que les étamines. An- thères jaunes. Les jeunes-pousses au sommet desquelles FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 291 naissent les épis-femelles sont très-courtes lors de la florai- son, mais plus tard elles forment des ramules feuillés plus ou moins allongés. Stigmates pourpres. Involucres à l’épo- que de la floraison soyeux, plus courts que les bractées : les fructifères en général glabres, à onglet subtrièdre, ar- ticulé au rachis. Épis-fructifères denses, ou plus ou moins lâches, pendants, plus ou moins longuement pédonculés. Nucules luisantes, épaisses, ligneuses ; aréole-basilaire sub- orbiculaire, assez large ; dents du périanthe finalement con- niventes. Graine conforme à la cavité de la nucule; tégu- ment mince, membranacé. Cotylédons obovales, charnus, planoconvexes, point chiffonnés, distincts. Radicule courte, subcylindracée. — Ge genre ne comprend que les espèces dont nous allons traiter; malgré la dureté de leur bois, ces arbres se multiplient facilement de greffes et de marcottes. À. Involucres-fructifères trilobés. Nucules à limbe coroni- forme, profondément denté. Épis-fructiféres un peu lâches, plus ou moins allonges. CHARME commun. — Carpinus Betulus Linn, — Duham. Arb. 1, tab. 49. — Duham. ed. nov. vol. 2, tab. 58. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 150.— Eng]. Bot. tab. 2032. — Involucre subéquilatéral : lobes très-entiers, ou dentelés, ou crénelés, le terminal suboblong, allongé, les latéraux ovales ou oblongs, tantôt raccourcis, tantôt. seulement 2 à 3 fois plus courts que le terminal. Dents du périanthe subovales, pointues, la plu- part tres-courtes. — & : A INVOLUCRES DENTELÉS. — À : À INVOLUCRES POINT DENTELÉS. — Carpinus edentula Roch. Bann. Ces deux variétés sont communes dans les bois. — À : A FEUILLES INCISÉES. — Carpinus Betulus incisa Hort. Kew. — Feuilles incisées-dentées. — 9 : À FEUILLES DE CHÊNE. — Carpinus Betulus querci- .. 299 CLASSE DES AMENTACÉES. folia Desfont. Hort. Par. — Carpinus quercifolia Horul. — Feuilles pennatifides ou sinuées-pennatifides. — Variété de culture. — £ : À FEUILLES PANACUÉES. — Carpinus Beiulus variegata Hortul. — Feuilles panachées de jaune ou de blanc. — Va- ricté de culture. Arbre de 30 à 45 pieds, ou rarement plus, sur 1 à 2 pieds de diamètre, Racines fortes, longues, obliques, rameuses, sans pivot principal. Tronc droit, plus ou moins sillonné, ordinairement branchu à une dizaine de pieds du sol. Branches presque dres- sées, très-rameuses. Rameaux étalés, touffus. Cime irrégulière ou ovale. Écorce du tronc et des branches d’un gris noirâtre, quelquefois un peu fendilée à la base des vieux troncs ; celle des rameaux d’un brun foncé; celle des jeunes ramules souvent pour- pre. Bois blanc (brunätre au centre des vieux troncs), très-tenace, pesant, d’un grain fin et serré. Jeunes-pousses velues ou pubes- centes, grêles. Bourgeons ovales-oblongs, ou coniques, obtus, ou pointus, à 10 ou 12 écailles ovales, d’un brun de Châtaigne, ci- liolées. Chatons-mâles longs de r pouce à 2 pouces. Épis-fe- meliles longs de ‘ pouce à 1 pouce. Bractées ovales-lancéo- lées. Feuilles longues de 1 2 pouce à 3 pouces (celles des pousses-gourmandes longues de 3 à 5 pouces), d’un vert gai en dessus, d'un vert päle en dessous, ovales, ou ovales-oblon- gues, où elliptiques-oblongues, ou ovales-elliptiques (rarement ovales-lanccolées ou oblongues-lancéolées), plus ou moins lon- guement acuminées, acérées, doublement dentelées, ou à la fois incisées-dentées et dentelées, moins souvent simplement (mais inégalement) dentelées ou dentées; base arrondie, ou légèrement cordiforme, ou tronquée, ou pointue ; dents ou dentelures ovales ou deltoïdes (moins souvent arrondies), acuminées-cuspidées, contigués ; les feuilles adultes glabres en dessus, pubescentes ou velues en dessous sur la côte et les nervures. Pétiole long de 3 à 6 lignes, mince, velu, souvent rouge ou violet. Épis-fruc- tifères longs de ‘/2 pouce à 3 pouces. Involucres longs de 12 à 18 lignes, d’un vert pâle avant la maturité, finalement brunä- tres, subcoriaces ; lobes obtus ou pointus, penniveinés ; les laté- | FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 295 raux en, général plus ou moins divergents. Nucule d’un brun grisâtre, fortement striée, large de 2 à 3 lignes. Cette espèce, connue sous le nom vulgaire de Charme, est assez répandue en Europe, dans toutes les contrées dont le cli- mai n’est pas trop froid pour le Chêne commun ; mais il forme ra- rement à lui seul des bois de quelque étendue ; on le retrouve au Caucase et dans l'Asie Mineure. Le Charme vient de préférence dans les terrains frais et fertiles, soit calcaires ou basaltiques, soit sablonneux ; du reste, il est susceptible de croître dans tous les autres sols, et il réussit même assez bien dans les lieux ari- des. Cet arbre acquiert Le terme de son développement, du moins en hauteur, dans l’espace de 100 à 150 ans ; sa croissance est assez rapide jusqu’à l’âge d'environ 30 ans, mais plus tard elle devient extrêmement lente. Dans les localités favorables, le Charme dure trois siècles et plus; lorsque son tronc a été coupé rez terre, sa souche reproduit promptement plusieurs nouvelles tiges vigoureuses, et on peut l’exploiter ainsi à temps indéfini. Les fruits mürissent en automne, et ils persistent après la chute des feuilles, jusqu’en novembre ou en décembre. Le bois du Charme, en vertu de sa grande ténacité (1), est l’un | (41) Voici, d’après les expériences de Varenne-Fenille, les degrés comparatifs de la force du bois du Charme, et de plusieurs autres bois indigènes. Une solive de Charme de deux pouces d'équarrissage, sur sept pieds huit pouces de profondeur, introduite par un bout dans un trou carré d’égal diamètre et de huit pouces de profondeur, pratiqué sur une pierre de tailie d’un mur solide, supporte à son extrémité opposée, avant dese HOME AUNIpOIds dE. 2 AUS ee . 228 livres. Le Frêne se casse sous le poids de. . . . . . . . . . 200 — Le Bouleau sous celui de. . SES AU EE A AO QT Le Chène sous celui de. . EC sn ca Se LEA DA ES MEÉTÉUIE SOUS CERURUES 0 40010 MERS AUD NA LOMME NEA Ga L'Aune sous celui de. . RTS NA ONE HeEremble sous celuides 44, MIRE NE NL CORTE Le Sycomore sous celui de. . . , L'APANIIR S RONU AOTUE Le Pin sauvage sous celui de, .… 4 el. ta 0er te Le Peuplier blanc sous celui de. . . . .. .-... . , 446 — Le Peuplier noir sous celui de. . . . . . . . . . . 405 — Le Peuplier d'Italie sous celui de. . , . . . . . . . 401 — 224 CLASSE DES AMENTACÉES. des plus estimés pour le charronnage, les ouvrages de tour et de mécanique, les manches d'outils, ainsi que pour tous les autres instruments qui exigent cette qualité : il doit en partie sa force à l’ondulation de ses couches concentriques, et à la retraite con- sidérable qu’il prend par la dessiccation ; mais il résiste mal à l’humidité : défaut qui le rend impropre aux constructions. À titre de combustible, le Charme l’emporte même sur le Hêtre, et il ne le cède guère à l’Érable-Sycomore, lequel, du reste, est beaucoup moins commun ; il s’enflamme rapidement, et il brûle avec une flamme claire, en répandant une chaleur aussi vive que continue; sa puissance calorifique, comparativemeut à celle du Hêtre, est dans la proportion de 1035 à 1000; les cendres de bois de Charme contiennent beaucoup de potasse, et fournissent par conséquent une excellente lessive. L’écorce peut servir au tannage, et à teindre les laines en jaune. Le bétail recherche les feuilles et les jeunes-pousses. Le Charme, en raison de la facilité avec laquelle il se faconne en toutes sortes de formes, lorsqu'il est soumis à une taille ré- glée, jouait un grand rôle dans la décoration des anciens jardins français; et quoique la vogue de ce style horticultural soit de- puis longtemps passée, le Charme est toujours l’un des arbres les plus recherchés pour la formation des palissades vertes ap- pelées charmilles : nom devenu même en quelque sorte général pour désigner toutes sortes d’autres haies vivantes, d’une cer- taine élévation, et taillées régulièrement. Du reste, le port na- turel et le feuillage du Charme sont assez élégants pour faire trouver place à cet arbre dans les jardins paysagers. CHARME D’AMÉRIQUE. — Carpinus americana Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. Il, p. 57, cum fig. — Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 84. — Wats. Dendr. Brit, tab. 159. — Involucre très-inéquilatéral ; le lobe terminal obliquement ovale-lancéolé ou oblong-lancéolé, en général inégalement denté d'un côté (moins souvent soit très-entier, soit denté des deux côtés), allongé ; les lobes latéraux raccourcis, inésaux, entiers, ou paucidentés. Dents du périanthe acuminées, mucronées, la plupart étroites, allongées. FAMILLE DES CUPULIFERES. 9295 Arbre atteignant 20 à 30 pieds de haut, sur 6 à 8 pouces de diamètre ; le plus souvent il ne forme qu'un arbrisseau de 12 à 15 pieds. Tronc fréquemment sillonné dans sa longueur, comme celui du Charme commun auquel il ressemble aussi par l’écorce et. le bois. Feuilles ordinairement glabres, excepté en dessous aux aisselles des nervures, variant de forme et de grandeur comme celles du Charme commun, maïs assez souvent simplement den- telées (à dents plus longuement acuminées ; pétiole long de 3 à 6 lignes, pubescent, ou velu, grêle, souvent rougeâtre. Chatons- mâles et épis-femelles semblables à ceux du Charme commun, Épis-fructiferes longs de 1 ‘/2à 3 pouces. Involucre long de ‘ pouce à 1 ‘/, pouce, à dents égales ou plus souvent inéga- les, mucronées ; lobes subobtus ou pointus, mucronés : les laté- raux beaucoup plus courts que le moyen, ordinairement lun subovale, autre suboblong ou sublancéolé. Nucules semblables à celles du Charme commun, à l’exception des dents du périan- the, qui sont plus étroites, plus pointues, piquantes, la part plus allongées. , Cetie espèce habite l'Amérique septentrionale, depuis les Florides jusqu'au Canada. Au témoignage de M. Michaux, il est peu d'expositions et de terrains qui ne conviennent à cet arbre ; on le rencontre dans tous les endroits qui ne sont pas trop longtemps submergés, ou qui ne sont pas entièrement sablonneux. Le bois de cet arbre a les mêmes qualités que celui du Charme commun; mais comme il n’acquiert qu’un petit diamètre, on n’en fait aucun usage en Amérique. — Le Charme d'Amérique se cultive aussi comme arbre d’ornement ; mais comme il ne mérite pas la préférence sur le Charme commun, on ne le rencontre que rarement dans les jardins. B. Involucres-fructifères plus ou moins fortement dentés, non- trilobes. CuarmE D'Orienr. — Carpinus orientalis Lamk. Enc, — Wats. Dendr. Brit. tab. 98.— Carpinus duinensis Scopol. Carn. tab. 60.—Ébpis-fructifères courts, denses. Involucres très- -Inéqui- latéraux, obliquement ovales ou ovales-lancéolés, ou subrhom- BOTANIQUE, PHAN, T. Xl: 45 226 CLASSE DES AMENTACÉES. boïdaux, anguleux et inégalement dentés du côté large, tres-en- tiers ou paucidentés du côté étroit. Nuculesfinementstriées : limbe du périanthe réduit à un court rebord tronqué ou à peine denté. Buisson de 10 à 12 pieds de haut, ou petit arbre s’élevant au plus à une vingtaine de pieds. Tronc noueux, en général rameux presque dès la base. Écorce brunâtre. Branches étalées, très- rameuses. Cime irrégulière, touffue. Jeunes-pousses pubescentes ou velues. Feuilles plus petites que celles du Charme commun (les ramulaires longues de 1 pouce à 2 pouces ; celles des pousses- gourmandes longues d'environ 3 pouces), ovales, où ovales- oblongues, ou ovales-lancéolées, ou oblongues, ou oblongues- lancéolées, ou lancéolces-oblongues, ou elliptiques-oblongues, pointues, ou acuminées, doublement dentées ou dentelées, ou inégalement dentées, ou incisées-dentées (à dents dente- lées, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous) : les adultes ordinairement glabres excepté en dessous aux aisselles des nervures ; base subcordiforme, ou arrondie, ou tronquée, ou pointue ; dents et dentelures ovales, ou deltoïdes, ou arrondies, pointues, ou cuspidées. Pétiole pubescent ou velu, grêle, long de 3 à 6 lignes. Chatons-mäles plus courts que ceux du Charme commun (longs de 6 à 9 lignes), du reste conformés comme chez ce dernier. Bractées des épis-femelles linéaires-lancéolées. Épis-fructifères ovales ou oblongs, longs de 12 à 18 lignes. In- volucre-fructifere long d’environ 6 lignes, obtus, ou pointu, mucroné de même que les dents. Nucules ovales ou ovales-orbi- culaires ou suborbiculaires, larges de x ligne à 2 lignes. Cette espèce croît dans l’Europe austro-orientale, et dans l'Asie Mineure; son bois est semblable à celui du Charme com- mun, et 1l participe aux mêmes qualités. Le Charme d'Orient est très-propre à former des charmilles, parce qu'il se ramifie beaucoup pius que le Charme commun, et qu’il se soutient sans aucun appui dès sa jeunesse. On le cultive aussi dans les jardins paysagers. CHARME A RAMEAUX FLEXIBLES, — Carpinus viminea Wal: bch, Plant. Asiat. Rar, tab. 106.—Involucres-fructiferes ovales- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 2927 oblongs, obtus, incisés à la base, entiers vers leur sommet. — Grand arbre. Ramules longs, très-grêles, flexibles, glabres, un peu inclinés. Feuilles longues de 3 à 4 pouces, ovales-lan- céolées, longuement acuminées, doublement dentelées, poilues en dessous aux aisselles des nervures. Épis-fructifères longs d’environ 3 PUTEE Nucules ovales, costées. (# allich, L. c.) — Gette espèce croît dans l'Himalaya. Son bois est employé aux constructions, par les habitants du Népaul. CHARME A FEUILLES DE HÊèTRE. — Curpinus faginea Lidl. in Wall. Plant. Asiat. Rar. IT, p. 5. — Feuilles ovales-oblon- gues, pointues, finement dentelées, glabres; pétioles et ramules pubescents. Involucres-fructifères subrhomboïdaux, pointus, largement dentés. — Cette espèce croît dans les mêmes contrées que la précédente ; l’une et l’autre ne se cultivent pas encore en Europe. a GROUPE VOISIN DES CUPULIFERES. LES BÉTULACÉES. — BETULACEÆ Rich. Fleurs sessiles, monoïques, disposées en chatons uni- sexuels, écailleux ; les mâles naissant en général d’autres bourgeons que les femelles. Ecailles 1-à 3--flores, 2-ou 4-appendiculées à la base {par exception inappendicu- lées), onguiculées, ébractéolées : celles des chatons- mâles peltées; celles des chatons-femelles point pel- tées, accrescentes.—#eurs-mäles munies d’un périanthe soit régulier, soit de plusieurs squamules disjointes et disposées sans ordre régulier. Anthères 2-1thèques : bourses le plus souvent disjointes. — Fleurs-femelles dépourvues de périanthe et d'involucre. Ovaire 2-locu- laire, couronné de 2 stigmates sessiles, subulés, colorés, saillants ; loges 1-ovulées ; ovules appendants, anatropes, 228 CLASSE DES AMENTACÉES, attachés vers le milieu de l'angle interne des loges. Le chaton-femelle devient un strobile forme par les écailles- florales amplifiées, portant chacune à sa base 1,2 ou 3nu- cules chartacées, ou membranacées, lenticulaires, ailées (par exception aptères), par avortement 1-loculaires et 1-spermes. Graine apérispermée : técument membraneux; embryon rectiligne; cotylédons minces, plano-con- convexes, épigés ; radicule courte, supère, saillante. — Arbres ou arbrisseaux. Bourgeons écailleux. Feuilles alternes, simples, bistipulées, en vernation eondupli- quées et transversalement plissées, recouvertes par les stipules. Stipules imbriquées et subconvolutées en ver- nation, bilatérales, fugaces. Floraison le plus souvent vernale. Chatons-mäles terminaux ou latéraux, grèles, cylindracés et très-raides avant la floraison, lors de l’an- thèse flasques, pendants et un peu lâches, à écailles discoïdes, verticales, subcoriaces, imbriquées. et très- serrées en estivation, garnies antérieurement de 2 ou 4 squamelles basilaires; onglet horizontal. Fleurs insé- rées versle sommet du stipe de l’écaille, Chatons-femelles courts ou allongés, denses, beaucoup plus petits (à l'époque de la floraison) que les chatons-mâles, latéraux, ou axillaires, ou terminant de courts ramules latéraux; écailles imbriquées, serrées. (Genre BOULEAU. — Betula Touran. Chatons-mäles développés dès l’automne précédent, soli- taires ou géminés (dans leurs bourgeons), terminaux, où latéraux, sessiles, naissant de bourgeons aphylles ; écailles 1-flores, 2-appendiculées. Fleurs 3-à 6-andres. Périanthe irrégulier, formé de 5 à 8 squamules inégales, disjointes, subfasciculées : 3 plus grandes, supérieures, subeuculli- formes. Étamines insérées chacune au-dessus de la base FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 299 d'une squamule du périanthe ; filets courts, bifurqués au sommet; anthères à bourses oblongues ou elliptiques, ba- sifixes, parfaitement disjointes (portées chacune sür l’une des branches du filet). — Chatons-femelles pendant V’hivér recouverts par les écailles de leurs bourgeons, grêles, cylin- dracés, solitaires, latéraux (ou terminant de courts ramules latéraux), naissant chacun d’un bourgeon 2-à 5-phylle; écailles 3-flores (1-flores seulement chez 2 espèces), 2-ap- pendiculées (par exception inappendiculées). Strobiles cylindracés, ou ellipsoïdes, ou ovoïdes, à écailles subco- riaces, épaissies à la base, imbriquées de bas en haut, ap- primées, 3-lobées (par exception indivisées), tombant à la maturité en même temps que les nucules. Nucules en gé— néral recouvertes par les écailles du strobile, bordées d’une aile transparente ; chez une seule espèce les nucules sont aptères, à rebord épais, opaque, subéreux en dedans. — Arbres ou arbrisseaux. Ramules cylindriques ou obscu- rément anguleux. Bourgeons sessiles, à écailles (au nom- bre de 2 à 5) imbriquées, subcoriaces, débordées par les stipules des feuilles extérieures. Floraison vernale, coïnci- dant avec la pousse des feuilles. Chatons-mâles naissant dès l’été précédent aux aisselles des feuilles, de bourgeons à écailles très-caduques ; écailles-florifères ovales ou subor- biculaires, souvent acuminulées aux 2 bouts : squamules- appendiculaires suboblongues. Chatons-femelles solitaires (accidentellement géminés) dans leurs bourgeons, sessiles où pédonculés, dressés durant la floraison (et le plus sou- vent aussi après) ; ils naissent en général sur les mêmes scions que les chatons-mâles, mais au-dessous de ceux-c1. Feuilles non-persistantes, dentelées, ou dentées, ou créne- lées, ou (par variation) pennatifides, pétiolées, souvent ponctuées (de vésicules résineuses) : celles des jeunes pous- ses-teriminales et des rejetons souvent anguleuses, plus grandes et en général point conformes aux florales, éparses: les florales (et celles dés ramules-latéraux raccourcis) gé= minées, ou ternées, ou subroselées. Strobiles dressés ou sé 230 CLASSE DES AMENTACÉES. pendants : rachis et pédoncules grêles. — Ce genre est propre aux contrées extra-tropicales de l'hémisphère sep- tentrional; nous ne traiterons que des espèces.les plus re- marquables. SECTION I. PTEROCARYON Spach. Nucules ailées, ternées sous chaque écaille (excepté chez une espèce). A. Strobiles dressès, peédonculés, courts : écailles tantôt 3-lobées, tantôt (chez la même espèce) trés-entieres, tou- jours débordées latéralement par les nucules. Nucules . solitaires sous chaque écaille. Boureau rouce.— Betula rubra Michx. fil. Arbr. II, p. 142, cum fig.—Betula rigra Hort. Kew. (non Willd.nec Du- roi, nec Dubam. nov.) — Wats. Dendr. Brit. tab. 153.— Be- tula lanulosa Michx. Flor. Bor. Amer, — Betula alba Wait. Garol. — Jeuves-pousses glanduleuses (de même que les pétio- les), d’abord cotonneuses (de même que les jeunes feuilles), finalement glabres. Feuilles ponctuées, à base cunéiforme ou tronquée, très-entière : les adultes pubescentes en dessous aux aisselles des nervures ; les florales rhomboïdales , ou oblongues- rhomboïdales, ou lancéolces-rhomboïdales, ou elliptiques-oblon- gues, ou oblongües, subobtuses, ou pointues, inégalement den- ticulées ou dentées; celles des pousses - gourmandes ovales ou rhomboïdales, dentelées , acuminées , anguleuses. Strobiles ob- longs-cylindracés : écailles veloutées, tantôt linéaires et très-en- tières, tantôt cunéiformes , à 3 lobes sublinéaires , subparalleles, presque isomètres. Arbre atteignant 30 à 50 pieds de haut, sur 1 à 3 pieds de diamètre. Sur les jeunes individus, l’'épiderme de l’écorce est de couleur rougeâtre ou cannelle ; chez les arbres dont le tronc a plus de 9 pouces de diamètre, l’écorce devient épaisse, profon- dénient rimeuse, de couleur verdâtre. L’épiderme de cette écorce se divise en feuillets très-minces et transparents, mais dont la surface n’est pas parfaitement unie. Tête ample, mais peu. touf- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. +954 fue. Branches fort épaisses, terminées en scions longs, flexibles, pendants. (4. Michaux, L. c.) —Rameaux bruns ou grisä- tres, flexueux. Jeunes-pousses incanes, couvertes de glandules résineuses, qui ne persistent qu’une année, Feuilles sembla- bles à celles de l’Aune incane, les naïssantes incanes aux 2 faces, puis d’un vert peu foncé en dessus, et incanes en des- sous, enfin, lorsque tout le duvet a disparu, un peu scabres, fer- -mes, d’un vert pâle en dessous, et d’un vert plus ou moins foncé en dessus; les plus grandes longues de 3 à 4 pouces, sur 2 pou- ces de large ; celles des ramules-florifères longues de 1 pouce à 2 pouces. Pétiole long de 2 à 4 lignes , assez gros, d’abord ve- louté ou velu , finalement glabre. Stipules ovales-lancéolées ou oblongues-lancéolées, acuminées, brunâtres, ciliées, plus courtes que les pétioles. Chatons-mâles longs d’environ 1 pouce. Pédon- cules-fructiferes ordinairement plus longs que les pétioles. Stro- biles longs de 5 à 7 lignes; écailles tantôt indivisées, tantôt di- visées jusque vers leur milieu en 3 lobes obtus, sublinéaires, di- yvergents ou verticaux, en général presque égaux. Nucules plus courtes, mais plus larges que les écailles (larges de près de 3 li- gnes, y compris l'aile), largement ailées; au témoignage de M. Michaux, elles mürissent dès les premiers jours de juin. Cette espèce est commune dans les provinces du sud et du milieu des États-Unis, et notamment dans le Maryland, la Vir- ginie, ainsi que dans la partie haute des Carolines et de la Géorgie ; suivant les observations de M. A. Michaux, on ne la trouve plus au nord du New-Jersey; elle ne croît que sur les bords des rivières, et de préférence dans les fonds graveleux. Dans la Pensylvanie et le New-Jersey, on donne à cet arbre le nom de red birch (Bouleau rouge, à cause de la couleur de Vécorce des jeunes arbres), pour le distinguer du Bouleau blanc (Betula alba populifolia). Son bois est blanchâtre, assez com- pacte, traversé longitudinalement d’un grand nombre de vais- seaux rouges qui se croisent en différentes directions ; il paraît qu'il west pas fort recherché. Les jeures branches et rameaux s’emploient à faire des cercles à barriques. Les balais dont on se sert à Philadelphie sont faits des scions de cette espèce, Ge Bou- 232 CLASSE DES AMENTACÉES. leau ne prospère pas dans le nord de la France ; M. A. Michaux dit qu’il mérite d’être naturalisé dans le midi, parce qu’il é- siste très-bien aux plus fortes chaleurs. ; i B. Strobiles pedonculés, pendants , cylindraces, plus ou moins allongés : écailles trilobées, recouvrant les nucules. Nucules largement ailées, ternées sous chaque écaille. : BourEau BLANC. — Beiula alba Linn. — Jeunes - pousses plus ou moins glanduleuses. Feuilles ponctuées, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle en dessous (les jeunes visqueuses), doublement ou inégalement dentelées, ou dentées, acuminées, ou pointues, à base très-entière, arrondie, ou cordiforme, ou tronquée, ou cunéiforme; celles des pousses - gourmandes cordi- formes - ovales, en Pédoncules-fructifères ordinaire- ment plus courts que les pétioles. Écailles-strobilaires à lobes dissemblables. Nucules obcordiformes-bilobées ou obréniformes, à ailes de moitié à 3 fois plus larges que la loge. — x : BourEau commun. — Betula alba vulgaris Spach. — Betula albz auctor.—Blackw. Herb. tab. 240.—Duham. ed. nov. vol. 3, tab. 50o.—Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 145:—Eng!. Bot. tab. 2032.— Betula verrucosa Ehrh. — Betula pendula Hoffm. Flor. Germ. (1)—Schk. Handb. tab. 288. — Feuilles-ramulaires rhomboïdales, ou deltoïdes, ou subcordiformes, ou ovales, acuminées, acérées, plus ou moins Jonguement pétiolées, très - glabres de même que les remules. (Les rejetons et leurs feuilles sont souvent plus ou moins poilus ou pubescents.) Pédoncules - frucufères plus courts que les pétioles. — Cette variété, commune en Europe et en Sibérie, surtout dans les terrains sablonneux, offre de pombreuses variations quant au volume des feuilles et des strobiles. (1) Le Betula pendula ou Bouleau-pleureur n’est autre chose que le, Bouleau commun arrivé à un certain âge; c'est alors seulement que ses rameaux deviennent pendants. FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 233 — 6 : Bourxau À FEUILLES DE Peurzier. — Betula populifo- dia Willd. — Michx. fil. Arb. 2, p. 139, cum fig: (forma grandifolia) — Watson, Dendr. Brit. tab. 155.— Betula acuminata Ehrh. Beitr. — Betula lenta Duroi, non linn. Betula cuspidata Schrad. ! ined. — Cette variété, qui croît dans l’Amérique septentrionale, mérite à peine d’être distin- guée de la précédente, dont elle ne diffère que par des feuilles en général plus longuement acuminées-cuspidées (du reste, de forme et de volume tout aussi variables que celles du Bouleau commun; d’ailleurs il se trouve aussi des in- -dividus de ce dernier, dont les feuilles scnt absolument sem- blables à celles du Bouleau à feuilles de Peuplier ). —: BouzEau DE Darécanzre.—Betula alba dalecarlica Lin. —Betula hybrida Blom. in act. Holin. 1786, p. 168, tab. 6, fig. B.— Betula laciniata Wablenb. — Differe du Bouleau commun par des feuilles plus on moins profondément penna- tifides. Cette variété est originaire de Suëde; on la propage de greffes et de marcottes, et on la cultive dans les jardins paysagers. 1 — 3 : BouLEAU PurEScENT. — Betula alba pubescens L.—Be- tula pubescens Ehrh. Beitr. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 146. — Betula odorata Bechst. Forstbot, p. 273. — Betula hybrida Bechst. 1. c. p. 277. — Betula aurata Borkh. — Betula carpathica Waïd. et Kit. — Betula glu- tinosa Wallroth.—Betula alba Horn. Flor. Dan.tab. 1467. . — Betula pontica Desfont. Hort. Par.—Wats. Dendr. Brit. tab. 04. — Betula intermedia Thomas.— Betula torfacea Schleicher. — Betula ætnensis Rafin. — Betula harcynica Wenderoth.—Betula macrostachys Schrad.! ined.— Be- tula nigra Murrith. (nec alior.) — Feuilles ovales, ou sub- cordiformes, ou deltoïdes, ou rhomboïdales, acuminées, plus ou moins longuement pétiolées, pubescentes en dessous; pé- tiole pubescent, plus court que le pédoncule-fructifere. Jeu- nes-pousses pubescentes, ou velues, ou moins souvent glabres. — Cette variété croît dans presque toute l’Europe, surtout 254 CLASSE DES AMENTACÉES. dans les terrains humides et tourbeux ; mais elle est beau- coup moins fréquente que le Bouleau commun. — e : BourEau À reuiLces D'OrTie.—Betula alba urticæfolia Spach. — Betula urticæfolia Hortul. — Feuilles-ramulaires deltoïdes ou subrhomboïdales, longuement acuminées-cuspi- dées, incisées - dentées , pubérules en dessous ; pétiole pubes- cent de même que les jeunes-pousses, à peu près de moitié plus court que la lame. — Variété de FRABRELE à peine dis- tincte du Bouleau pubescent. — t : BourEau À canor, ou BouLEAU À pAPrER.—Betula alba papyrifera Spach.— Betula papyracea Willd.—Mich. fl. Arb. 2, p. 133, cum fig.—Wats. Dendr. Brit. tab. 152. — Betula papyrifera Michx. Flor. Bor. Amer.— Betula nigra Dubam. ed. nov. vol. 2, tab. Br. (exclus. syn.) et Betula excelsa id. ]. c. tab. 52. (excl. syn.)— Betula grandis Schrad. ! ined. — Feuilles-ramulaires ovales, ou ovales-ob- longues, ou cordiformes, où subrhomboïdales, acuminées- cuspidées (en général longuement), pubescentes en dessous ou barbellulées aux aisselles des veines ; pétiole glabre, ou velu, ou pubérule, 1 à 6 fois plus court que la lame. Jeunes-pousses en général velues. Pédoncules-fructiferes ordinairement aussi longs ou un peu plus longs que les pétioles. Feuilles et stro- biles en général plus grands que ceux du Bouleau commun ; les feuilles des pousses-gourmandes atteignent souvent */, pied de long, sur 2 à 4 pouces de large; les strobiles sont longs de r ’/, pouce à 2 pouces. — Cette variété habite le Canada et les provinces septentrionales des États-Unis : les Français- Canadiens l’appellent Bouleau blanc, bouleau à canot, et Bouleau à papier ; suivant M. A. Michaux, 1l cesse de croi- tre au sud du 43° desré de latitude. On rencontre, en Eu- rope, des sous-variétés du Bouleau pubescent, qui ne diffè- rent aucunement de cette variété d'Amérique (1). QE (4) La plupart des auteurs ont cru trouver dans la forme des écailles- strobilaires des caractères pour distinguer spécifiquement les différentes FAMILLE DES CUPULIFERES. 235 Arbre atteignant, dans les localités les plus favorables, 60 à 80 pieds (ou très - rarement jusqu’à 100 pieds) de haut, sur environ 2 pieds de diamètre. Racines longues , rameuses, horizontales. Tronc droit, cylindrique, svelte, à ‘écorce finale- ment rimeuse, couverte d’un épiderme blanc (moins souvent d’ün jaune tirant sur le rouge), lisse, comme satiné, chartacé, facilement séparable en un grand nombre ide feuillets minces ; sur les jeunes troncs et les jeunes branches, l’épiderme est d’un brun roux ou jaunâtre, et il se détache spontanément, chaque année, par plaques plus ou moins grandes. Bois blanc, rou- geâtre au centre, dur, tenace, d’un grain lustré. Cime ovale-py- ramidale, touffue. Branches nombreuses, alternes, plus ou moins . divergentes, très-rameuses. Rameaux et ramules grêles, flexi- bles, souvent pendants, à écorce luisante, d’un brun de Châtai- gne, ou d’un brun noirâtre, en général parsemée de petites ver- ruës blanchâtres. Bourgeons coniques, pointus, d’un brun roux, glabres, luisants, plus ou moins visqueux au printemps. Feuilles fermes, subcoriaces, de forme et de grandeur très-variables : surface supérieure tantôt luisante, tantôt opaque, d’un vert soit gai, soit plus ou moins foncé ; surface inférieure d’un vert pâle ou d’un vert jaunâtre, le plus souvent un peu luisante, plus ou moins scabre par des glandules ponctiformes (jaunes ou brunä- tres ); les jeunes feuilles sont plus ou moins visqueuses, surtout chez les variétés glabres; celles des jeunes individus et celles des pousses gourmandes sont presque toujours cordiformes chez toutes les variétés. Pétiole vert ou rougeätre, grêle, subcylin- drique, canaliculé en dessus, 1 à 5 fois plus court que la lame, ou assez souvent de moitié ou du tiers seulement plus court que la lame.Stipules glabres ou veloutées, ovales, ou ovales-lancéolées, ou elliptiques. Chatons-mâles terminaux ou subterminaux, longs de 2 à 3 pouces (à l’époque de la floraison ; ils sortent de leurs bourgeons dès le mois de juillet de l’année précédente, et, dans A a Le ddr au" LI me HAT vi variétés que nous rapportôns au Bouleau blanc ; mais la forme de ces écail- re Ë ; à les n’est pas moins variable que celle des feuilles, et cela indistinctement chez toutes les variétés. 936 CLASSE DES AMENTACÉES. ce premier état de leur développement, ils sont petits, fermes et verdâtres), solitaires, ou géminés, ou moins souvent ternés. Chatons-femelles très-grèles, verdâtres, longs de 6 à 15 lignes, Strobiles longs de */, pouce à 2 pouces, plus ou moins gros, bruns à la maturité; écailles ciliolées, tantôt réoiformes-trilo- bées et plus ou moins longuement onguiculées, tantôt cunéi- formestrilobées ; lobes dissemblables : les latéraux tantôt verti- caux, tantôt plus ou moins divariqués ou défléchis, suborbicu- Jaires, ou obliquement ovales ; le terminal tantôt plus ou moins allongé, tantôt court, ovale , ou ovale-oblong, ou liguliforme, obtus, souvent’ en partie recouvert par les bords des lobes la- téraux. Nucules jaunâtres, à aile d’un brun roussâtre. à Le Bouleau blanc, qu’on appelle vulgairement Bouleau, sans _ autre désignation spéciale, croît dans presque toute l’Europe, ainsi qu’en Sibérie, au Caucase, dans les montagnes de l’Asie Mineure, et dans l'Amérique septentrionale ; il forme de vastes forêts dans le Nord, et, de tous les arbres de l’ancten continent c’est celui qui pénètre le plus en avant dans les régions arctiques ; de même, dans les Alpes, il dépasse de beaucoup la limite ex- trème de tous les autres arbres ; mais, dans ces tristes climats, il ne forme plas qu’un petit arbre tortueux, ou même seulement un arbuste chétif et rabougri. En Europe, c’est surtout entre le 48° et le 60° degrés de latitude qu’il se montre dans sa plus grande vigueur, tandis que dans les contrées voisines de la Mé- diterranée, on ne le rencontre que cà et là dans les montagnes. En France’, il fleurit en avril, et ses fruits mürissent en août. Linné a fait remarquer que l’époque à laquelle les feuilles du Bouleau commencent à pousser est aussi celle qui doit être choisie, dans le Nord, pour les semis d'orge. Cet arbre sroît de préférence dans les terrains sablonneux ou légèrement ar- gileux; mais il prospère aussi dans toute autre sorte de sol, et dans les localités les plus arides, de même que dans les expo- sitions fraiches ou humides. Sa durée est de 5o à 70 ans. Le bois du Bouleau blanc n’est guère employé aux construc- tions, parce qu’il ne résiste pas assez aux alternatives d’humi- dité et de sécheresse; mais sa ténacité le fait rechercher pour le FAMILLE DES CUPULIFÈRES. . LR à charronnage, la menuiserie et les ouvrages de tour ; dans le Nord, on en confectionne presque tous les ustensiles de ménage; comme ‘combustible, il est presque d’aussi bonne qualité que celui du Hêtre; mais il est essentiel de ne point le laisser sé- journer longtemps en plein air, parce qu'il se décompose promp- tement lorsqu'il reste exposé aux intempéries de l’atmosphère ; son charbon est recherché pour les forges ; ses cendres fournis- sent beaucoup de potasse; le noir de fumée qu’on obtient de ce bois passe pour être le meilleur pour la composition de l’encre d'imprimerie. On a remarqué que dans le Nord, le bois de ce Bouleau devient beaucoup plus dur que dans les climats plus tempérés. Les branches et les rameaux des Bouleaux qu’on élève en taillis servent à faire des cerceaux, des cercles, des liens, de la vannerie , etc. L’écorce est imperméable à l’eau, et, par cette raison, presque incorrupüble; dans les forêts inexploitées du Canada, on rencontre fréquemment des Bouleaux tombés de vétusté depnis bien des aunées, dont le tronc paraît sain, et dont cependant l’écorce ne couvre qu’une substance friable et semblable à du terreau ; on a même trouvé dans une mine, en Sibérie, un morceau de bois de Bouleau dont toute la substance ligneuse était entièrement convertie en fer limoneux, tandis que l’épiderme existait encore par plaques, en plusieurs en- droits, parfaitement bien conservé et sans être coloré par le fer. On fait avec cette écorce des chaussures, des cordes, de la van- nerie, des boîtes, des vases et autres ustensiles; dans le Nord, elle sert au tannage ; on en extrait une huile empyreumatique, qui sert à la préparation des cuirs de Russie, et à laquelle est due l'odeur aromatique de ces cuirs. Dans le nord de l'Europe et de l'Amérique, les habitants des campagnes mettent des morceaux d’écorce de Bouleau sous les seuils et sous les toits de leurs ca- banes, pour se garantir de l'humidité, En temps de disette, les Samoyèedes et les Kamichadales ont recours à l'écorce de Bouleau, . dont ils pilent le tissu cellulaire et le mêlent à leurs aliments. Enfin, un emploi Dion r de cette écorce, mais qui pa- rait n'être en usage qu’au Canada, est celui qu’on en fait pour la construction des pirogues et des canots : emploi qui a valu si \' œ 75 938 CLASSE DES AMENTACÉES. à la variété qui sert à cet usage, le nom vulgaire de Bouleau à canot. « Pour se procurer les morceaux d’écorce dont sont com- « posés ces canots, » dit M. À. Michaux (Hist. des Arb. forest. d’Amér., vol. 2, p. 136), « on choisit les Bouleaux les plus « gros et les plus unis, et on y fait, au printemps, deux inci- « sions circulaires, à plusieurs pieds de distance, et une inci- « sion longitudinale de chaque côté; alors, si on introduit un «_ coin de bois entre le tronc et l’écorce, celle-ci se détache ai- « sément. Ces morceaux ont ordinairement 10 à 12 pieds de « long, sur 2 pieds 9 pouces de large; pour construire des ca- « nots, on les joint ensemble, au moyen d’une alène, avec les « racines fibreuses de l'Épinette blanche (4bies alba), qui sont « de la grosseur d’une plume à écrire : mais avant de se servir de « ces racines, on a soin de les fendre en deux, de les dépouiller « deleur écorce, et de les assouplir dans l’eau. Les coutures sont « ensuite enduites et couvertes avec de la résine d’Abies balsa- « mifera. Ces canots, dont les sauvages et les Français-CGana- « diens font grand usage dans les longs voyages qu’ils entre- « prennent dans l’intérieur des terres, sont très- légers, et peu- « vent se transporter sur les épaules, lorsqu'il faut passer « d’un lac ou d’une rivière dans une autre; c’est ce qu’on ap- « pelle faire le portage. Un canot calculé pour quatre person- « nes et leur bagage, pèse de 4o à 5o livres. On en fabrique « qui sont assez grands pour porter quinze personnes. » Au printemps, avant la pousse des feuilles, le Bouleau con- tient une séve limpide’, légèrement sucrée, qu’on obtient en abondance en pratiquant, avec une tarière, un trou de 1 à 2 pouces de profondeur, vers le sommet des vieux troncs, ou à la base des plus grosses branches ; une seule branche peut fournir, en un jour, plusieurs livres de séve; dans le Nord, cette séve passe pour un excellent remède antiscorbutique, dépuratif et diurétique ; abandonnée à elle-même, elle passe facilement à la fermentation acide, et fournit un bon vinaigre; en y ajoutant du sucre et des épices, on en prépare une boisson vinense très- agréable ; on en fait aussi de la bière. Les bourgeons et les jeunes-pousses contiennent une matière FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 239 . balsamique, gommo-résineuse, à laquelle on a attribué des pro- priétés vulnéraires. Les jeunes chatons-mâles fournissent, en les faisant bouillir dans l’eau, une substance odoranie qui contient de la cire. Les bourgeons s’emploient, dans le nord de l’Europe, à pourrir la volaille durant l'hiver. Les feuilles sont ameres et astringentes : elles passent aussi pour dépuratives et diuréti- ques ; elles servent à teindre les laines en jaune, et l’on en ob- tient, en ajoutant de la potasse à leur décoction avec de l’alun, un précipité jaune, connu sous le nom de stil de grain. Les feuilles de Bouleau coupées avec les rameaux, en août, et sé- chées, sont un bon fourrage pour les bestiaux, et surtout pour les moutons. - Le Bouleau, en raison de son port pittoresque, trouve place dans la plupart des jardins paysagers ; on le cultive avec avan- tage dans Les localités les plus arides, où beaucoup d’antres ar- bres se refuseraient à végéter. » B. Strobiles dressés ; écailles 3-lobées, recouvrant les nucu- les. Nucules ternées sous chaque écaille, à ailes soit étroi- tes, soit plus ou moins larges. — Feuilles courtement pétiolées. a) Strobiles pédonculés, cylindracés,"allongés, aussi longs ou à peu près que les feuilles florales. BouzEau ÉLANCE. — Betula excelsa Hort. Kew. — Waits. Dendr. Brit. tab. 95.— Jeunes-pousses cotonneuses, point glanduleuses. Feuilles pointues ou courtement acuminées, ovales, presque également dentelées, ou dentées, d’un vert foncé en dessus, d’un vert pâle, ponctuées et pubescentes en dessous, à base arrondie, ou cordiforme, ou tronquée. Pédoncules-fructife- res ordinairement plus longs que les pétioles. Écailles des stro- biles à lobes obtus, dissemblabies : le moyen ordinairement plus long que les latéraux. Arbre semblable au Bouleau blanc par le port, l’écorce, l’in- florescence et la forme des strobiles. Feuilles fermes : les florales longues de 1 pouce à 2 pouces ; celles des pousses-gourmandes 240 CLASSE DES AMENTACÉES.. longues de 2 à 3 pouces ; pétiole long de 2 à 4 lignes. Stipules comme celles du Bouleau blanc. Bourgeons coniques, poinius, glabres, d’un brun de Châtaigne. Chatons-mâles plus courts que ceux du Bouleau blanc, ordinairement latéraux. Strobiles longs de 10 à 15 lignes : écailles variant de forme comme celles du Bouleau blanc. Nucules obovales, ou transversalement ellipti- ques, ou suborbiculaires, rétuses : ailes en général à peu près de moitié moins larges que la loge, qui est elliptique ou oblongue. Gette espèce croît au Canada (où on la confond, à ce qu’il pa- raît, avec le Bouleau à canot) et dans le nord des États-Unis. On la cultive, en Europe, comme arbre de collection. En France on la rencontre en général sous de faux noms chez les pépimiéristes, ainsi que dans les jardins de botanique ou d’ama- teurs; p. ex. Betula pumila, Betula nigra, Betula HAUTE cea, Betule davurica, etc. . BoureAu pas. — Betula pumila Linn. — Duroi, Harbk. 1 tab. 3. — Wangenh. Amer. tab. 20, fig. 6r. — Jaeq. Hort. Vin- dob. tab. 122. — Wais. Dendr. Brit. tab. 97. — Betula nana Kalm. (non alior.) — Rameaux dressés, effilés. Jeunes-pousses cotonneuses, point glanduleuses. Feuilles ovales, ou obovales, ou elliptiques, ou suborbiculaires, crénelées, ou dentelées, point ponetuées, en général très-obtuses, à base cordiforme, ou arron- die, ou cunéiforme ; les jeunes cotonneuses ; les adultes glabres- centes, d’un vert glauque en dessous. Pédoncules-fructifères en général plus longs que les pétioles. Écailles-strobilaires à lobes dissemblables, obtus. Arbuste haut de 3 à 5 pieds. Écorce d’un brun.de Châtaigne. Feuilles fermes, longues de 6 à 18 lignes, d’un vert foncé en dessus ; pétiole grêle, pubescent, long de 1 ligne à 3 lignes. Stipules comme celles du Bouleau blanc. Bourgeons ovales, obtus, bruns, glabres. Chatons-mäles longs de 6 à xo lignes. Strobiles longs de 6 à 15 lignes; écailles ciliolées, variant de forme comme celles du Bouleau blanc. Nucules suborbiculaires ou obovales ; ailes à peu près aussi longues et de moitié moins larges que la loge; celle-ci ovale ou elliptique, — Gette espèce FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 2 habite le Canada, et les provinces septéntrionales des États- Unis. On la cultive comme arbuste de collection. Le bois de sa racine est dur et d’un rouge foncé : on le recherche, en Améri- epour les ouvrages de marqueterie. b) Sérobiles oblongs, ou ellipsoïdes, sessiles ow subsessiles, gros, 2 à.4 fois plus courts que les feuilles florales. — Écorce des rameaux et des ramules très-odorante, et d’une saveur douceâtre. Feuilles minces, semblables à celles du Charme, jamais ni deltoïdes, ni rhomboïdales. Bouceau Merisier. — Betula lenta Linn. — Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 147, cum fig. — Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 83. — Betula nigra Duroi, Harbk. (non alior.) — Wan- genh. Amer. tab. 15, fig, 34. — Betula carpinifolia Ebrh. Beytr. — Mich. Flor. Bor. Amer. — Jeunes-pousses soyeuses, légèrement verruqueuses, finalement glabres. Feuilles ovales, ou ovales-lancéolées, ou ovales-oblongues, ou éHiphquésablangues, acuminées, finement et doublement dentelées, arrondies ou cor- diformes à la base, très-lisses, poncticulées en dessous : les jeunes soyeuses ; les adultes glabres, ou soyeuses en dessous à la côte et aux nerŸures. Écailles des strobiles à lobes obtus. Arbre atieignant 70 pieds de haut, sur 2 à 3 pieds de dia- mètre. « Ghez les individus qui ont moins de 8 pouces de diamèe- « tre, le tronc est couvert d’une écorce unie, grisâtre, parfaite- « ment semblable à celle du Merisier; sur les vieux arbres, « l’épiderme se détache transversalement d’espace en espace, e ct présente des lames dures et ligneuses, de 6 à 8 pouces de « large.» (A. Michaux, Hist. des Arb.) Cime pyramidale. Branches divariquées. Rameaux et ramules grêles, flexueux, très-tenaces, à écorce luisante, d’un brun de Châtaigne, pone- tuée de petites verrues blanches, ou quelquefois très-lisse. Bourgeons coniques, pointus, glabres, bruns, luisants. Feuilles minces, d’un vert gai en dessus, d’un vert pâle en dessous, ordi- nairement luisantes aux 2 faces, finement penninervées (à ner- vures très-rapprochées, plus nombreuses que chez les espèces précédentes, en proportion à la grandeur des feuilles) : celles des ramules-latéraux géminées, longues de 1 ‘/2 poucé à 3 pou- BOTANIQUE. PHAN. T. XI. ' 46 249 CLASSE DES AMENTACÉES. ces; celles des pousses-gourmandes longues de 3 à 5 pouces. Pétiole long de 2 à 6 lignes, grêle, canaliculé en dessus, ordi- najrement velu, moins souvent glabre. Stipules ovales ou ovales- lancéolées, herbacées. Chatons-mäles longs de 2 à 4 pouces. Strobiles longs de 8 à 12 lignes; écailies ciliolées, tantôt cunéi- formes, tantôt flabelliformes, tantôt en forme de croix, plus ou moins profondément ob lobes tantôt tous presque égaux, arrondis, ou ovales, ou oblongs, tantôt dissemblables (les laté- raux arrondis, plus Lie et plus courts que le terminal, lequel, est ovale on deltoïde). Nucules obcordiformes on ot : ailes élargies vers le haut, en Li oo à peu près aussi larges que la loge. Le fruit ne mürit qu’en octobre ou novembre. Cette espèce, qui est la plus élégante de son genre, appartient à l'Amérique septentrionale; elle est connue dans toutes les par- ties des États-Unis où elle croît, sous le nom de Blaek birch * (Bouleau noir) ; en Virginie elle est quelquefois désignée par le nom de Mountain mahogany (Acajou de montagne), et, dans les États du nord, par ceux de Sweet birch (Bouleau sucré), ou Cherry birch (Bouleau Merisier) ; la dénomination de Bou- leau Merisier est la seule usitée en Canada’ Suivant M. A. Michaux, cet arbre n’est pas commun dans la Nouvelie-Écosse, le Maine et le Vermont, tandis qu'il abonde au New-York, au New-Jersey, et en Pensylvanie ; plus au sud, onne le voit.que sur le sommet des Alléghanys, jusqu’à leur terminaison en Géorgie, ainsi que sur les bords escarpés et très-ombragés des rivières de ces montagnes; il ne se plaît que dans les localités dont le sol est profond, meuble, et frais : mais à la faveur de ces conditions, son accroissement est très-rapide ; on assure que dans le cours d’une vingtaine &’années, 1l peut s'élever à 45 pieds. Des difééientes espèces de Bouleaux qui eroissent dars V'Amé- rique septentrionale, dit M. A. Michaux, le Bouleau Merisier est, sans aucun doute, la plus intéressante par les bonnes quali- tés de son bois, et par son feuillage agréable. Ge bois, fraïche- ment débité, est d’une couleur rosée, dont l’intensité augmente à _mesure qu’il se dessèche et qu'il est exposé à la lumière; son grain, très-fin et très-serré, est susceptible d’un beau poli ; 1l FAMILLE DES CUPULIFÈRES. … 243 possède d’ailleurs un assez grand degré de force; après le Ceri- sier de Virginie, c’est celui qu’on emploie le plus souyent dans Pébénisterie, dans le New-York, le Massachusset et le Gon- necticut ; on en fait des tables et des montants de bois de Jit, qui finissent par ressémbler à l’Acajou; il n’est pas moins re- cherché comme combustible? et 1l fournit un excellent charbon. Les jeunes-pousses du Bouleau Merisier, lorsqu'on les froisse ou qu’on les mâche, répandent une odeur extrêmement suave, et elles ont une saveur douceätre; ces propriétés se conservent par la dessiccation ; leur infusion est très-agréable. La séve de l'arbre est aussi très-sucrée, mais on ne l’exploite guère en Amérique, parce qu’elle ne fournit qu’un sucre de qualité inférieure à celui des Érables. — Ceite espèce n’est pas commune dans les plan- tations , en Europe , ce qui tient probablement à ce qu'elle re prospère pas dans beaucoup de localités ; car elle mériterait d’être multiphiée tant à cause des bonnes qualités de son bois, qu’en raison de l’élégance de son port et de son feuillage, qui est très- précoce. e BourEau sAUNE. — Betula lutea Mich. fil. Arb. vol. 2, p. 153, cum fig. (exclus. syn. B. excelsæ Hort. Kew.)— Be- tula lenta Waits. Dendr. Brit. tab. 144. (exclus. syn.) — Betula excelsa Hook. Flor. Bor. Amer. (excl. syn.) — Cette espèce, très-semblable à la précédente par le port et le feuillage, en diffère par son écorce à épiderme d’un jaune doré, comme yernissé, se partageant en lanières très-minces ; par ses strobiles plus gros, à écailles pubescentes vers leur base, et à lobes poin- tus; les nucules sont en général moins largement aïlées. Arbre s’éleyant jusqu’à 70 pieds, sur 2 pieds de diamètre. Tronc cylindrique, parfaitement äroit jusqu’à 30 à 4o pieds de terre. Rameaux grèles, flexibles, à écorce lisse, brune, luisante, peu ou point ponctuée. Jeunes-pousses et jeunes-feuilles soyeu- ses. Feuilles adultes longues de 3 à 4 pouces, sur 2 ’/, pouces de large; pétiole velu. Strobiles longs de 10 à 15 lignes, sur 3 à 6 lignes de diamètre ; écailles larges de 3 à 5 lignes, plus ou moins profondément 3-lcbées, tantôt cunéiformes, tantôt flabel- à" 07 2, D44A CLASSE DES AMENTACÉES. liformes, ciliolées : lobes subconformes, subisomètres, presque parallèles, ou peu divergents, ovales, ou ovales-lancéolés, ou oblongs-lancéolés, pointus, ou acuminés. Nucules larges de r à 2 lignes, ovales, ou elliptiques, ou suborbiculaires : ziles de moitié à 2 fois moins larges que la dose, rétrécies vers le som met, point débordantes ; loge ovale ou elliptique. Cette espèce, suivant les recherches de M. A. Michaux, abonde dans les forêts de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau- Brunswick, et du Maine, où elle est désignée sous le seul nom de Yellow birch (Bouleau jaune). Au sud de la rivière Hud- son, elle est déjà très -rare; et, dans le New - Jersey et la Pen- sylvanie, on n’en rencontre qu’un petit nombre d'individus, et seulement dans les endroits les plus ombragés et les plus hu- mides ; là, elle est confondue par les habitants avec le Betula lenta. Cet arbre ne croît que dans les terrains tres-frais, où le sol est de bonne qualité. L’écorce de ses ramules à une odeur agréable, et une saveur douce comme celle da Betula lenta, mais beaucoup moins sensibles, et se perdant par la dessicca- tion. Le bois est inférieur en qualité et en beauté à celui du Betula lenta ; mais, comme lui, il a de la force, et il prend un beau poli. Dans la Nouvelle-Écosse et au Maine, on le fait en- trer dans la charpente inférieure des vaisseaux ; dans ces mêmes contrées, ses jeunes rameaux s’emploient presque exclusivement pour les cercles à barriques. Le Bouleau jaune fournit un très- bon combusüble, et on en exporte annuellement, pour cet usage, une assez grande quantité du Maine à Boston. L’écorce est es- timée pour le tannage des cuirs. On importe beaucoup de plan- ches de Bouleau jaune en Écosse et en Irlande, où il est fort es- timé pour la menuiserie, — Le Bouleau jaune paraît ne pas être cultivé en Europe (à moins qu’il ne soit confondu avec le Bou- leau Merisier, dont 1! est en effet extrêmement voisin); du reste, il mérite de fixer l’atteution des cultivateurs, aux mêmes titres que l’espèce précédente. Génre AUNATRE: £ Ainaster Spach. Chalons-mâles développés dès l’automne précédent, termi- FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 245 naux, où latéraux et terminaux, subsessiles, solitaires, ou géminés, naissant de bourgeons aphylles; écailles 4-flores, 4-squamellées : squamules 2-sériées, imbriquées, débordan- tes. Fleurs sub-12-andres. Périanthe formé d’environ 12 squamules égales, disjointes, subfasciculées. Étanines insé- rées chacune au-dessus de la base d’une squamule du périan- the ; filets filiformes, courts, indivisés ; anthères comme bi- furquées : bourses oblongues, suprà-basifixes, parfaitement disjointes.-— Chatons-femelles (pendant l’hiverrecouvertspar les écailles de leurs bourgeons) courts, pédonculés, cylin- dracés, disposés en grappesilatérales, naissant chacune d’un bourgeon qui produit un court ramule 2-ou 3-phylle; écailles-florales 2-flores, 4-squamellées à la base : squa- mules 2-sériées, imbriquées, minimes à l’époque de la flo- raison. Strobiles ovoïdes, obtus, courts, compactes, à écailles ligneuses, cunéiformes, nerveuses, épaissies et lé- gèrement 5-lohées au sommet, horizontales, immédia- tement superposées, entregreffées avant la maturité, point imbriquées, s’écartant finalement les unes des autres, mais persistant longtemps après la chute des nucules. Nucules membranacées, lenticulaires, obcordiformes, bor- dées d’une aile diaphane, complétement recouvertes, avant la maturité, par les écailles du strobile. — Arbrisseau à ramules anguleux. Bourgeons substipités, à écailles (au nombre de 2 ou 3) imbriquées, coriaces. Floraison vernale, coïncidant avec la pousse des feuilles. Chatons-mâles à écailles brunes, glabres, subovales. Etamines plus longues que les squamules du périanthe; anthères jaunes. Chatons- femelles dressés, petits renfermés dans leurs bourgeons, jusqu’à l’époque de la pousse des feuilles ; ces bourgeons sont en général disposés, comme chez les Bouleaux, le long des scions de l’année précédente, et dont l'extrémité porte 2 à 4 chatons-mâles. Feuilles pétiolées, doublement den- telées, ponctuées en dessous. Strobiles dressés, pédonculés : pédoncules roides, mais assez grêles. — Ce genre ne com- prend que l’espèce suivante : 946 CLASSE DÉS AMENTAGÉES. AUNATRE À FEUILLES VERTÉS.— /Inaster viridis Spack,— Betula alpina Borkh.— Betula ovata Schrank. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 147.— Waits. Deñdr. Brit. tab. 96. — Betula Ainobetula Ebrh. — Betula viridis Vill. — Alnus viridis De Cand. — Betula crispa Mich. Flor. Bor. Amér. — Alnus crispa Nutt. Gen. — Alnus orbiculata Lapyl. Flore de Terre-Neüve. (ined.) — Buisson haut de 3 à 5 pieds. Tiges et branches dresséés, à écorce d’iin brun forcé. Rameaux plus où moins divérgents, à épiderme très-mince, rügueux, grisâtre. Jeunes-pousses gläbres, ordinairement d’un brun de Châtaigne, ponctuées de petites verrues blanches. Bourgéons assez gros, subclaviformes, visqueux, bruns, glabres, pointus. Feuilles ovalés, ou vbovales, ou elliptiques, courtement acuminées, acé- rées, arrondies ou subcordiformes (ou moins souvent soit tron- ” quées, soit cunéiformes) à leur base, fermes, plus ou moins vis- queuses (surtout étant jeunes), d’un vert foncé et glabres en dessus, d’un vert pale en dessous et pubérules sur la côte et les nervures, longues de 1 pouce à 3 pouces ; dentelures acérées ; pétiole glabre où pubérule, assez gros, canaliculé en dessus, long de 3 à 6 lignes. Stipules ( des feuilles des pousses - gour- mandes) oblongues, obtuses, glabres, subherbacées, plus courtes que le pétiole. Chatons- mâles longs de ‘/, pouce à 2 pouces. Chatons-femelles au nombre de 3 à 6 par bourgeon, à l’époque de la floraison longs de 2 à 3 lignes. Pédoncules - fructiferes à peu près aussi longs que les pétioles. Strobiles semblables à ceux de l’Æune commun. Nucules semblables à celles du Bou- leau blanc. — Cette espèce croît dans les hautes régions des Alpes ; on la cultive comme arbre de collection, Genre AUNE. — Afnus Tourn. Chatons des deux sexes développés dès l’automne pré- cédent, et naissant de bourgeons aphylles. Chatons-mäles en grappe términale; écailles-florales 3-flores, 4-squa- inellées : squainules 2-sériées, imbriquées, débordantés. Fleurs 4-andres. Périanthe régulier, rotacé, profondé- FAMILLE DÉS CUPULIFÈRES. 247 mént 4-lobé. ( Accidentellement le périanthe est 5-où 6-lobé , et 5-ou 6-andre.) Etamines insérées au-dessus de la base des lobes du périanthe; filets filiformes, courts, indivisés ;anthères elliptiques, didymes, médifixes : bour- ses disjointes aux 2 bouts. — Chatons-femelles solitaires ont en grappes, courts, cylindracés, latéraux; écailles-florales 2-flores, 4-squamellées à la base : squamules 2-sériées, im- briquées, minimes à l’époque de la floraison. Strobiles ovoi- des ou subglobuleux, courts, obtus, à écailles ligneuses, cunéiformes, nerveuses, horizontales, immédiatement su- perposées, point imbriquées, épaissies et légèrement 5- lobées au sommet, entregreffées avant la maturité, s’é- Cartant finalement les unes des autres, maïs persistant longtemps après la chute des nucules. Nucules obova- les ou suborbiculaires, chartacées, lenticulaires, complé- tement recouvertes par les écailles-strobilaires, bordées d’une aile (plus ou moins large) opaque, ou (chez une seule espèce) d’un bourrelet subéreux. — Arbres ou ar- ‘brisseaux. Jeunes rameaux anguleux. Bourgeons stipi= tés, à écailles [au nombre de 2 ou 3) coriaces, imbriquées, longuement débordées par les stipules. Floraison plus précoce que les feuilles. Inflorescence générale de chaque ramule formant une panicule terminale, aphylle à l’époque de Ja floraison, composée d’une grappe terminale de 2 à 5 chatons-mäles, et soit de 1 à 3 grappes de chatons-fe- melles, soit de 2 à 5 chatons-femelles solitaires. Chatons- mâles à écailles d’un pourpre violet, ou d’un jaune verdä- tre. Étamines ordinairement pluslongues que les squamules du périanthe ; anthères jaunes. Chatons-femelles dressés ou ascendants, petits, naissant (de même que les chatons-mäâ- lés) dès l’été précédent aux aisselles supérieures des jeunes- pousses ; ils sont ou solitaires dans chaque bourseon, ou en grappe dans chaque bourgeon. Stipules-semmaires grandes, herbacéés, subcoriaces. Feuilles dentelées, ‘ou denticulées, ou sinuoléés, ou (par variation) pennatifidés, pétiolées, souvent porictuées, toutes éparsés : celles des 248 CLASSE DES AMENTACÉES.- pousses-sourmandes souvent anguleuses, ou sinuées-lo- bées. Strobiles dressés, pédonculés : pédoncules roides, assez gros. Nucules lisses, luisantes, glabres. — La plupart des Aunes croissent dans les régions extratropicales de l'hémisphère septentrional ; mais on en trouve aussi quel- ques espèces dans l’Amérique équatoriale, à la faveur des stations élevées que leur offrent les Andes du Pérou, de la Colombie et du Mexique. Nous ne ferons connaître ici que les espèces les plus remarquables. À. Bourgeons obovales, obtus : ceux des inflorescences-fe- melles produisant chacun une grappe de chatons. ( Nu- cules d’un brun roux, ailées.) — Écailles : florales d’un pourpre violet (à l’époque de la floraison) ; celles des chatons-femelles assez minces au sommet. Feuilles sou- vent anguleuses ou sinuées, en général courtement pe- liolees. AUNE VISQUEUX. — Alnus glutinosa Gærtn.— Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 180.— Hook. Flor. Lond. tab. 50. — Betula Alnus Linn.—Engl. Bot. tab. 1508.— Betula glu- tinosa Hoffm. — Alnus communis Dulfam. ed. nov. vol. », tab. 64. — Ainus vulgaris Rich. — Feuilles inégalement den- telées, ou denticulées, ou crénelées, plus ou moins visqueuses, d’un vert foncé et luisantes aux 2 faces, poncticulées en dessous, cotonneuses en dessous aux aisselles des nervures (ou moins souvent très-clabres), ordinairement très-obtuses, — 0 : ÂUNE cOMMUN.—AÎnus slutinosa vulgaris Spach.— Al- nus glutinosa auctor. — Alnus emarginata Krock.: — Alnus nigra Gilib. — Alnus glutinosa emarginata Willd.—Feuil- les obovales ou elliptiques-obovales, arrondies et plus ou moins profondément échancrées au sommet, à base cunéi- forme ou moins souvent arrondie. —"8 : À FEUILLES ARRONDIES. — Afnus glutinosa subrotunda Spach.— Alnus subrotunda Desfont. Hort. Par. — Alnus denticulata C. À. Meyer, Enum. Plant. Caucas. — Feuilles FAMILLE DES CUPULIFÈRES, 249 ‘’obovales'ou obovales -orbiculaires, cunéiformes à leur base, arrondies et peu ou point échancrées au sommet. —Y : À FEUILLES POINTUES. — A/nus glutinosa acutifolia Spach.— Alnus oblongata Willd.—Betula oblongata Hort. Kew. ed. 1.— Alnus barbata C. A. Meyer, Enum. Plant. Caucas. — Feuilles obovales, ou elliptiques , ou elliptiques- oblongues, pointues, ou subacuminées, cunéiformes à leur base. ; — à : A FEUILLES PENNATIFIDES. — A/nus glutinosa laciniata Willd. — Feuilles oblongues, profondément pennatifides : segments demialancéolés, ou subfalciformes, pointus, tres-en- tiers. — À FEUILLES DE CRÊNE. — Alnus glutinosa quercifolia Willd. — Feuilles oblongues, obtuses, sinuées-lobées : lobes arrondis. (Variété de culture.) — À FEUILLES D'AUBÉPINE. — Alnus glutinosa oxyacanthæfo- lia Spach.— Alnus oxyacanthifolia Lodd. Gat. — Feuilles (ordinairement ipetites) sublyrées ou sinuées - lobées, oblon- gues, ou obovales : lobes arrondis ou obovales , crénelés. ( Variété de culture. ) -Arbre s’élevant à 60 pieds, ou, dans les conditions les plus favorables, jusqu’à 100 pieds. Tronc très -droit, atteignant 1 7 à 3 pieds de diamètre, souvent rameux dès sa base. Cime pyramidale, touffue. Racines longues, rampantes, très-rameuses. Écorce des vieux troncs d’un brun noirâtre, rimeuse ; celle des jeunes troncs et des branches d’un vert olive foncé. Branches sub- horizontales, très-rameuses. Rameaux et ramules divariqués, à écorce glauque, ou cendrée, ou d’un brun de Châtaigne. Jeunes- pousses glabres ou un peu velues, vertes, ponctuées de verrues blanches. Bois assez dur, pesant, élastique, d’un grain fin, de couleur blanche à l’état frais : il prend sur la blessure, après qu'on l’a coupé, une couleur d’un rouge orange, qui passe bientôt en couleur de chair pâle, et enfin au blanc jaunâtre, qui est la couleur qu'il conserve étant sec. Liber de couleur orange. 250 CLASSE DES AMENTACÉES. Bourgeons gros, glauques. Chatons-mâles, à l’époque de laflo- raison, longs de x :: à 2 :/, pouces. Grappes-femelles dressées ou ascendantes, pédonculées, composées de 3 à 6 chatons cour- tement pédicellés à l’époque de la floraison; pédicelles acctes- cents, ordinairement divariqués après la floraison. Feuilles minces, fermes, ordinairement longues de 3 à 4 pouces, sur presque autant de large, finement réticulées : côte et nervures blanchâtres ou roussâtres à la face inférieure ; pétiole assez fort, canaliculé en dessus, glabre, ou pubescent, long de 8 à 15 li- gnes. Stipules (des pousses-sourmandes) chlongues ou ovales- oblongues, brunâtres, où d’un vert jaunâtre, glabres, courtes. Strobiles ovoïdes ou ellipsoïdés, d’an brun verdâtre en au- tomne , finalement noirâtres, du volume d’une Noisette ; pédon- cules-fructiféres tantôt aussi longs que les strobiles, tantôt plus courts. Nucules obovales ou suborbiculaires, plus larges que leur rebord, longues de 1 ‘/: ligne. Cette espèce, qu’on appelle vulgairement Aune, sans autre épithète, est commune dans la plus grande partie de l’Europe (les régions arctiques excéptées), ainsi qu’en Orient et en Sibérie. En France, elle fleurit en février ou en mars, un mois à peu près avant la pousse de ses feuilles ; lés fruits mürissent en automne. C’est un arbre pour ainsi dire aquatique, car il prospère surtout dans les localités marécageuses ou très-humides, pourvu qu’elles pe sojent pas constamment submergées, tandis qu’il reste chétif dans les terrains arides ; il se refuse à croître dans les sols glai- _ seux. Sa croissance est assez rapide, et la durée de sa vie de 50 à 100 ans. Sa multiplication s’opère très-facilement, tant par bouturés ou par marcottes de branches, qu’au moyen d’éclats de souches et de brins de racines. Dans les localités humides, ses graines germent spontanément à la surface du sol. L’Aune se plante fréquemment dans les endroits frais et hu- mides des parcs, ainsi qu'aux bords des étangs et des ruisseaux ; ses racines longues et entrelacées contribuent à fixer le sol des rivages ; la culture de cet arbre est surtout d’un grand avantage dans les terrains trop marécageux pour Les Saules et les Peupliers : car, de même que ceux-ci, il repousse avec vigueur après avoir FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 954 été coupé au niveau du sol. Dans les localités convenables, on le choïsit aussi pour en faire des clôtures, parce que le bétail en rebute les feuilles. Le bois d’Aune ne s’emploie guère aux constructions ordinai- res, parce qu’il se décompose promptement étant exposé aux alternatives de sécheresse et d'humidité; mais lorsqu’il est con- stamment submergé, il devient aussi incorruptible que le bois de Chêne : aussi le choisit-on de préférence pour les pilous et autres ouvrages destinés à séjourner sous l’eau ; on dit que Ve- nise repose sur des pilotis d’Aune. Ce bois est recherché par les ébénistes, les menuisiers, les tourneurs et les sabotiers : il est susceptible d’un assez beau poli, et 1l prend facilement la cou- leur de l’Ébène on de l’Acajou. Comme combustible, le bois d’Aune est presque d’aussi bonne qualité que le bois de Bou- leau, pourvu qu’on n'ait pas tardé de le mettre à l'abri de la pluie; il brûle avec une flamme vive, et presque sans fumée : qualités qui le rendent précieux pour le chauffage des fours de boulanger, de verrier, etc. Le charbon de bois d’Aune est l’un des meilleurs pour la fabrication de la poudre. Les cendres con- tiennent beaucoup de potasse : elles en fournissent à peu près la septième partie de leur poids. L’écorce, qui est très-astringente, sert au tannage, ainsi qu’à teindre soit en noir, soit en brun; sa décoction était autrefois en vogue à titre de remède détersif. Dans plusieurs contrées d'Allemagne, l’Aune fournit les longues perches indispensables pour la culture du Houblon, AUNE DENTICULÉ. — Alnus serrulata Wild. — Mich. fil. Ab. vol. 3, tab. 4, fig. 1.—PBetula serrulata Aït. Hort. Kew. ed. 1.—Abbot. Ins. 2, tab. 02.— Betüla Alnus serrulata Mich. Flor. Bor. Amer. — Betula rugosa Ehrh. — Feuilles inégalement dentelées ou denticulées , obtuses, ou pointues, ou courtement acuminées, plus ou moins visqueuses, poncticulées et d’un vert pâle en dessous, pubescentes aux nervures. — x? À FEUILLES ALLONGÉES.— Alnus $errulaté oblongata “Spach. — A/nus serrulata auctorum. = Alnus carpinifolia Désfônt. Hort. Par. (olim.) = Feuilles lancéolées-elliptiques, * 259 CLASSE DES AMENTACÉES, ou elliptiques-oblongues, ou oblongues-obovales , ou lancéo- lées-obovales, ou obovales, cunéiformes à leur base, souvent obtuses. — B: A LARGES FEUILLES.— 4/nus serrulata latifolia Spach. — Alnus macrophylla et Alnus rubra Desfont. Hort. Par. (olim.) —#/nus latifolia Desfont. Cat. Hort. Par. ed. 3. — Feuilles elliptiques ou ovales-elliptiques, arrondies ou sub- cordiformes à leur base, ordinairement acuminées. Arbrisseau atteignant 8 à 12 pieds de haut. Jeunes- pousses vertes , flocennenses, plus où moins verruqueuses. Bourgeons d’abord floconneux, finalement glabres, visqueux, bruns. Feuil- les longues de 2 à 6 pouces, fermes, d’un vert foncé en dessus, souvent anguleuses ou légèrement sipuées ; dentelures acérées ; côtes et nervures couvertes en dessous d’une pubescence rous- sâtre; pétiole assez gros, canaliculé en dessus, long de 4 à 8 lignes. Stipules (des pousses-gourmandes) ovales ou elliptiques, cotonneuses , plus courtes que le pétiole. Fleurs et fruits sem- blables à ceux de l’Aune commun ; pédoncules -fructiferes plus ou moins divariqués, tantôt aussi longs que les strobiles, tantôt plus courts.— Gette espèce habite les États-Unis ; on la cultive comme arbuste de collection. AUNE GRISATRE.—A/nus incana Wild. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 137.— Betula incana Linn. Suppl. — Betula Alnus 8 : Lian. Spec.—Alnus alpina Borkh.— Alnus lanuginosa Gilib.— Feuilles inégalement ou doublement den- telées, point visqueuses ni ponctuées , non-luisantes en dessus, d’un vert glauque ou pubescentes-incanes en dessous, ordinaï- rement acuminées ou pointues. — à : COMMUN. — Afnus incana vülgaris Spach.— Anus in- cana auctorum. — Aînus glauca Mich. fil. Arb.— Alnus un- dulata Pursh ; Nuttall. (non Betula crispa Mich.)—Feuilles ovales, ou elliptiques, ou elliptiques-oblongues, ou rarement obovales, plus ou moins fortement pubescentes (ou presque co- tonneuses) en dessous, ordinairement acuminées ou pointues ; FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 953 base arrondie, ou tronquée, ou pointue, ou rarement subcor- diforme. B : cLagrescenT. — Alnus incana glabrescens Spach. — Alnus incana, 8 : angulata Hort. Kew. ed. 2. — Alnus pubescens Tausch, in Flora, 1834, p. 520. — Feuilles adul- tes glabres ou presque glabres en dessous (excepté aux ais- selles des nervures), variant de forme comme chez le type de V’espèce. — y : A FEUILLES PENNATIFIDES. — Æ{nus pinnata Lundm. — Betula pinnata Swartz, Act. Holm. 1790. — d : À FEUILLES COTONNEUSES. — Alnus hirsuta Turez. — Feuilles elliptiques ou suborbiculaires, cotonneuses-incanes aux 2 faces, ordinairement obtuses. — € : DE SIBÉRIE. — Anus sibirica Fischer. — Feuilles ellip- tiques ou elliptiques-orbiculaires, larges, glabrescentes, sub- cordiformes à la base, ordinairement arrondies au sommet. Arbre de la taille et du port de l’Aune visqueux ; dans les lo- calités peu favorables à son développement, ou lorsqu'il a été coupé du pied, ilne forme qu’un buisson de 10 à 20 pieds. Écorce d'un gris luisant sur les troncs qui ont moins d’un pied de dia- mètre; plus tard elle devient longitudinalement rimeuse, mélan- gée de noir et de gris ; liber fongueux, d’un rouge orange. Ra- meaux d’un gris brunâtre. Jeunes-pousses cotonneuses. Bourgeons d’abord floconneux, fmalement glabres, luisants, bruns, visqueux. Chatons comme ceux de l’Aune visqueux : les femelles ordinai- rement subsessiles à l’époque de la floraison; les mâles longs de 2 à 3 pouces. Feuilles minces, d’un vert foncé et peu ou point luisantes en dessus, ordinairement longues de 3 à 4 pouces; dentelures pointues. Pétiole canaliculé en dessus, glabre, ou pubescent, tantôt rouge, tantôt blanc (de même que la côte et les nervures, lorsque les feuilles ne sont pas recouvertes de duvet), long de 6 à 12 lignes. Stipules (des pousses-gourmandes) oblon- gues, cotonneuses, brunätres, plus courtes que le pétiole. Stro- biles en général courtement pédonculés, du reste semblables (de même que les nucules) à ceux de l’Aune visqueux. 254 CLASSE DES AMENTACÉES. Celte espèce, très-commune en Suède, en Laponie, en Rus- sie et en Prusse, est beaucoup moins répandue que l’Aune visqueux, dans les contrées plus méridionales de l’Europe; elle se retrouve néanmoins en abondance dans les Alpes et au voi- sinage du Rhin. Son bois est plus blanc, plus dur, plus tenace, et d’un grain plus fin que le bois de l’Aune visqueux, quoique la croissance de l’arbre soit plus rapide ; comme combustible, il “égale le boïs du Bouleau blanc; et, dans le nord, on lui donne la préférence pour tous les ouvrages auxquels on Res Aune visqueux. B. Bourgeons ovales, pointus : ceux des inflorescences-fe- mellesne produisant Chacun qu’un seul chaton. —Écailles- florales vertes à l’époque de la floraison; celles des cha- ions-femelles très-épaisses. Feuilles subcoriaces, luisantes, d'un veri gai, jamais ni anguleuses, ni sinuées, en général longuement pétiolées. a) Nucules d’un brun grisûtre, ailées. AUNE A FEUILLES CORDIFORMES. — Alnus cordifolia Tenor. Prodr. ; ejusd. Flor. Napol. tab. 99. — Betula cordata Loisel. Not. — Alnus subcordata GC. À. Meyer. — Feuilles un peu visqueuses, poncticulées en dessous, glabres (excepté aux aisselles des nervures), acuminées, presque également dentelées, en gé- néralexactement cordiformes, quelquefois ovales ou elliptiques, à base légèrement cordiforme ou arrondie. — Arbre ayant le port et la taille de J’Aune visqueux. Écorce du tronc lisse, grisätre. Branches étalées, très-rameuses. Rameaux et ramules divari- qués, à écorce brune, ou grisätre, ou d’un vert d’Olive, luisante. Jeunes-pousses glabres, un peu visqueuses, vertes, ponctuées de verrues blanches. Bourgeons assez gros, bruns, visqueux, gla- bres. Chatons-mâles longs de 3 à 4 pouces, moins grêles que ceux des espèces précédentes. Chatons-femelles seulement au nombre de 2 ou 3 sur chaque ramule-florifère, assez gros, longs de 3 lignes, verts, portés sur des pédoncules simples, gros, ascendants, arqués, longs de 5 à 6 lignes, garnis de quelques “à FAMILLE DES CUPULIFÈRES. 255 F . » 5 “té + squamules non-persistantes. Feuilles longues de 2 à 4 pouces, fermes, subcoriaces, d’un vert foncé en dessus ; dentelures sub- cartilagineuses aux bords, calleuses ‘au sommet; pétiole long de 1 pouce à 2 pouces, grêle, tantôt rouge, tantôt jaune (de même que la côte et les nervures, lesquelles sont floconneuses, en dessous, aux aisselles ). Pédoncules-fructiferes gros, longs d'environ r pouce. Strobiles ovoïdes ou ellipsoïdes, gros, longs de 8 à 15 lignes, d’un brun verdâätre à la maturité, finalement noirâtres. Nucules longues de 2 ‘/2 à 3 lignes, suborbiculaires, ou obovales, ou ovales, ou elliptiques ; rebord moins large que la graine. Gette espèce, remarquable par Vélégance de son feuillage, croît dans les montagnes de la Corse, de la Sardaigne, et de Ftalie méridionale, ainsi qu'au Caucase; on la cultive, depuis une vingtaine d’années, comme arbre d'ornement, et, sous ce rapport, elle mérite sans contredit la préférence sur toutes ses congénères. Malgré son origine méridionale, elle résiste aux hi- vers les plus rudes du nord de la France, où elle fleurit et fruc- tifie comme dans son climat natal; elle vient très-bien dans les terrains arides. Aux environs de Paris, sa floraison est d’environ un mois plus tardive que celle de l’Aune visqueux. b) Nucules d’un brun jaumâtre, aptères, épaissies au bord. AuUNE D'ORIENT. — Alnus orientalis Decaisne, Florula sinaica. — Feuilles elliptiques, ou oblongues, ou ovales-oblon- gues, ou Jancéolées-oblongues, obtuses, ou acuminées, sinuolées, ou érosées-denticulées, ou sinuolées-dentelées, où crénelées, un peu visqueuses, poncticulées en dessous et barbellulées aux ais- selles des nervures. Nucules obovales ou suborbiculaires, à re- bord épais, subéreux en dedans, aussi large que la graine. — Arbre. Feuilles longues de 2 à 4 pouces, à basé arrondie, ou tronquée, ou cunéiforme, ou subcordiforme. Strobiles ellipsoïdes ou subglobuleux, assez gros, résineux ; écailles assez profondé- ment 4-lobées : les 2 1obes latéraux plus larges, arrondis, diva- riqués; les deux intermédiaires suboblongs, verticaux. Nucules Jongues d’environ 2 lignes, — Ceite espèce croît au Liban. CENT QUATRE-VINGT-HUITIÈME FAMILLE, LES MYRICÉES. — MYRICEÆ. Amentacearum gen. Juss. — Myriceæ Rich. Anal. du fruit. — Baril. Ord. Nat. p. 98. — Blum. Flor. Jav. fasc. 47. — Endl. Gen. Plant. p. 271. —Myricaceæ Lindi. Nat. Syst. ed. II, p. 179. —Taxeæ-Myriceæ Reichb. Consp. p. 79. — Myricaceæ, trib. II : Myriceæ Reichb. Syst. Nat. p. 171. Cette famille ne diffère essentiellement des Cupuli- fères qu’en ce que l’ovaire est toujours uniloculaire, contenant un ovule solitaire, basifixe et orthotrope. On n’en connaît qu'une trentaine d'espèces, dont la plupart habitent la zone équatoriale; une seule est indigène. Les feuilles, les fruits et l'écorce des Myricées sont aro- matiques. Quelques espèces produisent des fruits dru- pacés, dont la partie charnue est mangeable et d'une saveur acidule. Chez la plupart des autres espèces, le fruit est couvert de tubercules composés d'une matière résineuse, très-analogue à la cire. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres ou arbrisseaux. Rameaux cylindriques, inarti- culés, épars, ou rarement subverticillés. Feuilles éparses, simples, penninervées, plus ou moins veineuses, courtement pétiolées, très-entières, ou den- tées, ou pennatifides, non-stipulées, ou rarement 2-sti- pulées, ponctuées (de gouttelettes résineuses) ; vernation convolutive. Fleurs unisexuelles, apérianthées, sessiles, disposées en chatons monoïques, ou dioïques, ou androgynes, écailleux. Écailles onguiculées ou inonguiculées, lâches, FAMILLE DES MYRICÉES. 957 ou imbriquées, subcoriaces, concaves, point peltées. Chatons axillaires, ou latéraux, ou terminaux, dressés, sessiles : les mâles cylindracés ou subcylindracés, courts, à l’époque de la floraison beaucoup plus gros que les chatons-femelles; ceux-ci ovoides ou subcylindracés. Fleurs-mäles : Écailles du chaton 3-à r12-andres, inap- pendiculées, ou rarement bi-appendiculées à la base. Étamines insérées à la base des écailles ou sur leur onglet. Filets courts, filiformes, ordinairement mona- delphes, le plus souvent inégaux; androphore stipiti- forme ou irrégulièrement rameux. Anthères basifixes ou submédifixes, dressées, 4-sulquées, extrorses en préfloraison; bourses longitudmalement bivalves, sou- vent disjointes excepté au point d'attache. Fleurs- femelles solitaires aux aisselles des écailles du chaton; écailles inonguiculées. Pistil : Ovaire (très-petit à l'époque de la floraison) r-loculaire, 1-ovulé, accom- pagné de 2 à 4 bractéoles hypogynes (persistantes ou caduques), couronné de 2 stigmates filiformes, ou su- bulés, ou lancéolés, plus ou moins divergents, finement papilleux, marcescents, soudés vers leur base en style court. Ovule orthotrope, dressé, attaché au fond de la loge. Péricarpe drupacé ou nucamentacé, 1-loculaire, 1-sperme, évalve, quelquefois soit recouvert par les bractéoles-hypogynes amplifiées, soit adné à ces brac- téoles. Les drupes ou nucules de chaque chaton-femelle sont disposés soit en glomérule, soit en fascicule, soit en épi très-dense, soit en épi plus ou moins lâche; jamais ils ne sont soudés entre eux. Graine solitaire, dressée, inadhérente, attachée au fond de la loge. Tésument mince, membranacé. Péri- sperme nul. Embryon rectiligne, antitrope, conforme à BOTANIQUE, PIIANs Te 31, 47 258 CLASSE DES AMENTACÉES. la graine; cotylédons plano-convexes, point plissés, charnus, distincts; radicule subcylindracée, supère saillante. Cette famille comprend les genres suivants : Gale Tourn. — Myrica Linn. (ex parte). — Clarisia Ruiz et Pav. — Comptonia Banks. Genre GALÉ, — Gale Tourn. Chatons dioïques, latéraux (sur les ramules de l’année précédente), courts, denses, simples, naissant de bourgeons aphylles : les mâles cylindracés, obtus; les femelles sub- ovoïdes ; les fructifères ovales ou oblongs, cylindriques, den- ses.— Fleurs-mâles : Écailles du chaton 3-à 6-andres (ordinai- rement 4-andres), inappendicuiées, courtement enguicu- lées,ovales-rhomboïdales,'acuminées, imbriquées, plus lon- gues que les étamines ; onglet staminifère à la base. Filets monadelphes : androphore court, stipitiforme. Anthères ré- niformes-didymes, médifixes : bourses disjointes excepté à leur point d’attache. — Fleurs-femelles : Bcaïlles du chaton imbriquées, conformes à celles des chatons-mâles (mais inonguiculées), persistantes. Ovaire recouvert de deux bractéoles latérales, persistantes, accrescentes, charnues, subovales, un peu concaves, pointues, carénées au dos, d’abord inadhérentes, finalement adnées. Stigmates linéai- res-Subulés, aplatis, longuement saillants. Péricarpe petit, nuculaire, mince, subcoriace, ponttué, point tuberculeux, subovale, subcylindrique, adné des deux côtés aux brac- téoles amplifiées et devenues fongueuses ; chaque nucule avec ces deux appendices (qui sembleraient faire partie du péricarpe même) simule un fruit obovale-lenticulaire, ca- réné au dos, trilobé au sommet. Rachis-fructifère conique, assez gros, ligneux, fovéclé. — Aïrbrisseau bas, touffu, très- rameux. Bourgeons écailleux ; les floraux aphylles. Feuilles petites, subcoriaces, non-persistantes, subsessiles, finement Penninervées, dentelées versleur sommet {accidentellement FAMILLE DES MYRICÉES, 259 très-entières), non-stipulées. Fleurs vernales, notablement plusprécoces queles feuilles. Ghatons solitaires dans chaque bourgeon, rapprochés en épis ramulaires (terminaux à l’époque de la floraison, plus tard latéraux par suite du développement de nouvelles pousses) : les mâles naissant dès l’été précédent; les femelles ne paraissant que peu avant la floraison. Anthères jaunes. Stismates rougeâtres, plus longs que les écailles. Nucules horizontalement su- perposées, caduques dès leur maturité. —L’espèce suivante constitue à elle seule le genre. Gatzé Drs marais. — Gale uliginosa Spach. — Myrica Gale Linn. — Flor. Dan. tab. 327. — Engl. Bot. tab. 562. — Duham. nov. IE, tab. 57. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab, 200. — Mirb. in Mém. du Mus. XIV, tab. 28. (var.) — Arbrisseau de 2 à 4 pieds. Racine rampante, multicaule. Tiges grêles, dressées, brunes, irrégulièrement rameuses. Rameaux et ramules dressés, d’un brun de Chätaigne. Jeunes-pousses pubes- centes ou cotonneuses, anguleuses. Bourgeons à écailles coria- ces, subovales, pointues, imbriquées sur 4 rangs : les foliaires petits, ovoïdes ; ceux des chatons-femelles plus gros, subglobu- leux; ceux des chatons-mâles bientôt débordés par les écailles- stamimfères. Feuilles longues de 6 lignes à 2 pouces, d’un vert glauque en dessus , bete incanes ou subincanes en des- sous, lancéolées-spathulées, ou sublancéolees, ou oblongues-spa= thulées, ou oblongues-obovales, ou lancéolées-oblongues, ou lancéolées-obovales (les inférieures quelquefois obovales, ou cu- néiformes-oboyales), acuminulées au sommet, ou moins souvent arrondies et mucronées au sommet, pointues à la base, pauci- ou pluri-dentées vers leur sommet (moins souvent très-entières), parsemées aux 2 faces d’une grande quantité de gouttelettes d’une résine jaunâtre et odorante ; dents pointues, tantôt petites, tantôt plus ou moins grandes, contisuës, ou plus où moins dis- tancées, en général deltoïdes ; côte assez forte, saillante en des- sous ; nervures et veines fines, peu apparentes en dessus. Pé- tiole lung de , ligne à x ligne, semi-cylindrique, canaliculé en 260 CLASSE DES AMENTACÉES. dessus. Chatons-mäles longs de 4 à 8 lignes, obtus, assez rap- prochés et au nombre de 7 à 15 sur chaque ramule-floral. Chatons-femelles très-courts à l’époque de la floraison. Écailles- florales brunes, subscarieuses aux bords, ciliées vers la base, Chatons-fructiferes longs de 3 à 5 lignes, sur 2 lignes de diamè- re, obtus, tantôt très-rapprochés, tantôt plus ou moins distancés, au nombre de 7 à 25 sur chaque ramule-floral, disposés en épis aphylles (longs de 1 pouce à 3 pouces). Nucules longues d’environ ; ligne, d’un brun plus ou moins foncé, plus longues que les écailles-florales, ponctuées de gouttelettes beaucoup plus grosses que celles des feuilles; lobes-latéraux (sommets des bractéoles) d’abord pointus, finalement en général obtus, tantôt débordanits, tantôt plus courts que le lobe moyen (sommet de la nucule), lequel est en général apiculé. Feuilles-séminales ovales. Get arbrisseau, nommé vulgairement Piment royal, et Gale, croit dans le nord et dans l’ouest de la France, dans le nord de V’Allemagne, ainsi que dans toutes les conirées plus septentrio- nales de l’Europe ; il habite également le Canada et les provinces septentrionales des Etats-Unis ; il fleurit en avril ; ses fruits mü- rissent en automne. Ses feuilles exhalent une odeur aromatique très-forte, qui, à ce qu’on assure, porte à la tête ; leur saveur est amère et astringente; dans le nord de l’Europe on les substitue quelquefois au Houblon, dans la préparation de la bière : mais cette falsification a l’inconvénient de rendre la biére enivrante et d’une amertume désagréable. Les chatons-mâles peuvent servir à teindre en jaune. L’odeur du Galé chasse les teignes, à ce qu’on assure. Cet arbrisseau se multipliant rapidement au moyen de ses longues racines traçantes, il contribue à solidifier le ter- rain des tourbières. On le cultive dans les collections d’arbustes de terre de bruyère. Genre MYRICA. — Myrica (Linn.) Gærtn. Chatons dioïques, latéraux (sur les ramules de l’année précédente; ou axillaires lorsque les feuilles de l’année pré- cédente persistent jusqu’au printemps suivant), courts, FAMILLE DES MYRICÉES. 261 denses, simples, tous cylindracés, naissant de bourgeons aphylles; les fructifères réduits ( par avortement) à des glo- mérules 2-à 5-carpes, ou quelquefois à un seul fruit. — Fleurs-méles : Écailles du chaton 3-à 5-andres (ordinai- rement 4-andres), inappendiculées, courtement ongui- culées, obovales-rhomboïdales, subobtuses, un peu plus courtes que les étamines, lâches ; onglet stamipifère à la base. Filets monadelphes jusqu’au delà du milieu : an- drophore stipitiforme, comme palmatifide. Anthères cor- diformes-elliptiques, échancrées, didymes, submédifixes : bourses disjointes excepté à leur point d'attache. — Fleurs- femelles. : Écailles du chaton imbriquées, appliquées, ovales, ‘pointues, caduques après la floraison (du moins celles des fleurs qui n’avortent pas). Ovaire recouvert de 2 bractéoles caduques ou marcescentes {point accrescentes), ovales, concaves, minimes, inadhérentes. Stigmates subu- lés, longuement saillants. Péricarpe nuculaire, globuleux, épais, osseux, couvert d’une couche de tubercules serrés, subglobuleux, d’abord charnus, mais dont tout le tissu finit par se remplir d’une matière blanchâtre, analogue à la cire. Rachis-fructifère court, grêle, pédonculiforme. — Arbrisseaux à ramules cylindriques, subverticillés ; bour- geons écailleux : les floraux aphylles, axillaires, solitaires ; les foliaires terminaux, subfasciculés. Feuilles coriaces, subpersistantes (persistant en général jusqu’au printemps suivant), non-stipulées, courtement pétiolées, tantôt très- entières, tantôt crénelées ou dentées vers leur sommet, de forme et de grandeur très-variables, finement ponctuées aux 2 faces, très-rapprochées, finement penninervées, peu veineuses. Fleurs vernales, à peine plus précoces que les feuilles. Chatons solitaires dans chaque bourgeon, plus on moins rapprochés, disposés en épis ramulaires (terminaux à l’époque de la floraison, plus tard surmontés d’un ver- ticille de nouveaux ramules), aphylles ; les chatons-mâles assez gros, naïssant dès l’été précédent ; les femelles ne pa- raissant qu'au printemps suivant, subfliforimes à l’époque 262 CLASSE DES AMENTACÉES. de la floraison. Anthères jaunes, assez grosses. Stisgmates rougeâtres, presque capillaires. Fruits solitaires ou fasci- culés sur chaque rachis, ébractéolés, ou beaucoup plus grands que les bractéoles, d’abord verts, puis noïrâtres, enfin blanchâtres (par les efflorescences de la cire), persistant longtemps après la maturité (jusqu’à la fin du printemps suivant); noyau globuleux, très-dur, lisse, très-épais en proportion à son volume. Les caractères génériques que nous venons d'exposer ne s'appliquent strictement qu'aux deux espèces dont nous allons traiter ; mais la plupart des autres espèces qu’on a coutume de comprendre dans le genre My- rica, pourraient sans doute fournir matière à l'établissement de quelques nouveaux genres. Myrica DE PensyzvantE. — MWyrica pensylvanica Lamk. Enc. — Duham. Nov. II, tab. 55. — Myrica cerifera media Micb. Flor. Bor. Amer.—/yrica carolinensis Mill.— Pursh, Elor. Amer. Sept. (var.) — Gatesb. Carol. I, tab, 13. — à : À FEUILLES OBLONGUES. — Feuilles la plupart cuncifor- mes-oblongues ou oblongues-spathulées, crénelces ou dentées vers leur sommet. — 5 : À FEUILLES ELLIPTIQUES. — Feuilles la plupart ellipti- ques ou elliptiques-oblongues, en général très-entières. —- y : A GRANDES FEUILLES — Feuilles (longues de 3 à 4 pou- ces) grandes, très-coriaces, profondément dentées ou créne- lees vers leur sommet, oblongues, ou elliptiques-oblongues, ou obovales. — À : À FEUILLES LANCÉOLÉES, — Feuilles la plupart lancéo- lées, en général très-enticres. Abrisseau touffu, multicaule, haut de 2 à 8 pieds. Racines rampantes. Tiges dressées, très-rameuses, atteignant jusqu’à 2 pouces de diamètre. Écorce unie, finalement grisâtre, Ramules plus ou moins divergents, bruns, souvent subfastigiés. Jeunes- pousses pubescentes ou cotonneuses, feuillues. Bourgeons sub- globuleux. Feuilles d’un vert gai, luisantes, obtuses, ou subob- FAMILLE DES MYRICÉES. 265 tuses, mucronées, ou mutiques, pointues à la base, plabres en dessus, légèrement pubescentes en dessous, longues de 1 pouce à 4 pouces; dents ou crénelures peu nombreuses (x à 4 de chaque côté), mucronées, en général très-larges. Pétiole subeylindrique, canaliculé en dessus, long de 1 ligne à 3 lignes. Ghatons-mäles longs de 3 à 4 lignes, obtus. Chatons- femelles longs de 2 à 3 lignes, Nucules du volume d’un grain de poivre, au nombre de x à 5 sur chaque rachis. Cette espèce est indigène des États-Unis; quoiqu’elle croisse de préférence dans les sols tourbeux ou marécageux, on la rencontre . aussi dans des terres sèches ou même arides ; elle fleurit en avril ou en mai ; ses fruits mürissent en automne. [’odeur agréablement aromatique de ses feuilles, qui sont en outre très-élégantes, la fait cultiver en Europe comme arbuste d'agrément ; elle fleurit et fructifie en plein air dans le nord de la France; on la désigne par les noms vulgaires de Cirier, Girier de Pensylvanie, ou Gale de Pensylvanie. La propriété remarquable de sécréter de la cire à la surface de ses fruits, lui appartient comme à l’espece suivante et à plusieurs autres Myricées exotiques. Mynica Cirier. — Myrica cerifera Lamk. Enc. — Pluk. Alm. tab. 48, fig. 9. — Catesb. Carol. 1, tab. 69. — Myrica cerifera arborescens Mich. Flor. Bor. Am. — Cette espèce ne paraît différer essentiellement de la précédente qu’en ce qu’elle forme un arbrisseau régulier, haut de 10 à 20 pieds, et que ses feuilles sont étroites (larges de 3 à 6 lignes), pointues, légè- rement dentelées, la plupart lancéolées ou lancéolées-spathulées (longues de 1 ‘/, pouce à 3 pouces), les adultes glabres ou à peine pubérules en dessous. Ce Myrica, appelé vulgairement Cirier, Cirier de la Loui- siane, Gale Cirier, Arbre à cire, et Cirier de la’ Caroline (noms dont quelques-uns s’appliquent aussi au Myrica pen- sylvanica), croît dans les provinces méridionales des États-Unis ; de même que le précédent, on le rencontre dans presque tous les sols, quoiqu'il préfère les localités. humides ou marécageuses ; il est beaucoup moins rustique que le Myrica pensylvanica, et nc résiste pas aux hivers du nord de la France. 264 CLASSE DES AMEN'TACÉES. En faisant bouillir dans de l’eau les fruits de cette espèce ou de la précédente, la matière onciueuse qui en recouvre le noyau se fond, surnage, et se fige par le refroidissement en une substance qui tient à Ja fois de la nature du suif et de la cire ; on emploie cette substance, aux États-Unis, à faire du savon et des bougies, et ces préparations participent à l’odeur aromatique propre aux feuilles ainsi qu'aux fruits des Myrica. Au témoignage de M. Bosc, l'extraction de la cire des Myrica est peu lucrative et par conséquent assez néoligée, quoique ces fruits en fournis- sent à peu pres le quart de leur poids. Les racmes du Myrica cerifera sont très-astringentes ; plusieurs médecins arglo-amé- ricains en ont recommandé la décoction comme un excellent antidyssentérique. Genre COMPTONIA. — Comptonia Banks. Chatons monoïques, unisexuels, latéraux (sur les ra- mules de l’année précédente), courts, denses, simples, naissant de bourgeons aphylles : les mäles cylindracés, obtus; les femelles gloméruliformes ; les frnctifères agrégés en capitule densement hérissé de longues pointes molles (appartenant aux bractéoles). — Fleurs-mâles : Écailles du chaton 2-à 4-andres, inappendiculées, courtement on- guiculées, subrhomboïdales, acuminees-cuspidées, imbri- quées, plus longues que les étamines ; onglet staminifère. Androphorestipitiforme, court. Anthères médifixes : bour- ses elliptiques, disjointes excepté à leur point d’attache. — Fleurs-femelles : Écailles du chaton non-persistantes, im- briquées, appliquées, ovales, acuminées. Ovaire accompa- gné de deux bractéoles latérales, herbacées, conniventes, presque aussi longues que les stigmates, accrescentes, d’abord linéaires et indivisées, plus tard multifides et for- mant un involucre recouvrant le fruit. Stigmates subu- lés, saillants. Péricarpe nuculaire, osseux, lisse, luisant, inadhérent, ovale-oblong, obtus, un peu comprimé, cou- vert (avant la maturité) d’un involucre de 2 écailles distinc- tes, subcunéiformes, coriaces, fendues profondément en FAMILLE DES MYRICÉES. 265 un grand nombre de lanières herbacées, subulées. — Ar- brisseau bas, touffu, très-rameux. Bourgeons écailleux : les floraux aphylles. Feuilles 2-stipulées, longues, étroites, non-persistantes, pennatiparties, ou profondément penna- tifides, finement ponctuées, à nervures subrectilignes et presque horizontales; pétiole cylindrique, point canali- culé, fortement renflé à sa base. Stipules inéquilatérales, semi-sagittiformes , subulées au sommet, foliacées, point caduques (excepté celles des feuilles supérieures, qui sont subscarieuses et linéaires-subulées). Fleurs vernales, à peu près aussi précoces que les feuilles. Chatons solitaires dans chaque bourgeon, rapprochés en épis ramulaires (terminaux à l’époque de la floraison, plus tard latéraux par suite du développement de nouvelles pousses) : les mâles plus nombreux, inférieurs, naissant dès l’été précé- dent ; les femelles ne paraissant qu’au printemps, très- rapprochés. Anthères jaunes. Stigmates rouges. Nucules caduques dès la maturité; involucres persistants. — L’es- pèce suivante constitue à elle seule le genre. CompToniA À FEUILLES DE CÉrTÉRACH. — Comptonia as- plenüfolia Banks, in Gærtn. Fruct. E, p. 58; tab. go, fig. 7. — L’Hérit. Stirp. IT, tab. 58.— Schmidt, Baumz. II, tab. 61. — Buham. nov. If, tab. 11. — Wats. Dendr. Brit. tab. 166. — Liquidambar peregrinum et Liquidambar asplenifolium Linn. — Racinés rampantes, multicaules. Tiges hautes de 2 à 4 pieds, dressées ; écorce brune. Rameaux grêles, flexueux et hispides de même que les jeunes-pousses. Feuilles longues de 2 à 6 pouces, larges de 3 à G lignes, fermes, luisantes, d’un vert foncé et glabres (moins souvent pubescentes) en dessus, d’un vert pâle et pubescentes (ou cotonneuses-subincanes) en dessous, lincaires-lancéolées, où liguliformes-oblongues, ou sublancéolées, oltuses, ou pointues, à segments arrondis, ou deltoïdes, ou semi- rhomboïdaux, très-entiers, submucronulés, tantôt imbriqués par les bords, tantôt séparés par des sinus ouverts ou fermés. Pé- tiole long de 2 à 6 lignes, très-velu, souvent rougeâtre. Stipules 966 CLASSE DES AMENTACÉES, plus courtes que le pétiole, la plupart de même couleur que les feuilles. Ghatons-mâles longs de 3 à G lignes; écailles d’an bran roux, pubérules, longuement cilices. Capitules-fructiferes longs de :/, pouce à 1 pouce. Écailles-involucrales longues de 3 à 4 lignes, velues. Nucules un peu moirs longues que les ccailles-involucrales, luisantes, brunätres, obscurément FM ombiliquées à la base. Cet arbrisseau croît aux États-Unis, depuis la Géorgie jus- qu'au New-York. Son feuillage aromatique ct élégañt le fait rechercher comme arbuste d'ornement, qu’on appelle vulgaire- ment Liquidambar à feuilles de Cétérach, ou Compton ; il ne prospère qu'en terre de bruyère. Le Compionia jouit de propriétés astringentes et toniques assez prononcées ; les méde- ins anglo-américains l’emploient souvent en thérapeutique. | CENT QUATRE-VINGT-NEUVIÈME FAMILLE. LES CASUARINÉES. — CASUARINEÆ. Casuarineæ Mirb. in Ann. du Mns. XVI, p. 451. — R. Br. in Flind. Woy- IL, p. 574. — Bartl. Ord. Nat. p. 97. — Endl. Gen. p. 270. — Tazeæ-Casuarineæ Reichb. Consp. p. 79. — Myricaceæ, tribus L: Ca- suarineæ, Reichb. Syst. Nat. p. 471. — Casuaraceæ Lindl. Nat. Syst. p. 151. Les Casuarinees se font remarquer par un port tout à fait particulier, dû à ce que leurs innombrables ra- meaux et ramules, grêles ou presque filiformes, sont striés, articulés, noueux, et, au lieu de porter des feuilles, garnis à chaque articulation d'une courte gaine cou- ronnée d'un certain nombre de petites écailles persis- tantes; cette conformation est semblable à celles des Ephedra et des Équisétacées.. Ge groupe, qui ne comprend que le genre Cusuarina, forme l’un des traits caractéristiques de la Flore austra- lienne, à laquelle il appartient presque exclusivement; quelques espèces sont disséminées sur la Polynésie, les Moluques, les îles de la Sonde, l'Inde, et ia côte de Mozambique, mais la famille parait être étrangère à toutes les autres régions du globe. Le boiïs des Casua- rina est en général très-dur, et, par cette raison, em- ployé aux constructions dans les contrées où il aborde; du reste, ces végétaux n’ont été signalés pour aucune autre propriété. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres où arbrisseaux. Rameaux et ramules verti- cillés, noueux, articulés, striés, aphylles, mais garnis à chaque articulation d'une gaîne courte, et couronnée 268 CLASSE DES AMÉNTACÉES. d'un certain nombre (égal aux stries) de squamules (coriaces ou membranacées, dentiformes) persistantes. Ramules très-grêles ou filiformes, naissant en dedans des gaïnes des rameaux, en général pendants, verdâtres de même que les jeunes rameaux. Bourgeons petits, globuleux, recouverts par un ou plusieurs verticilles de squamules semblables à celles des gaînes-raméaires. Squamules-vaginales brurâtres ou noirâtres, roides, pointues, 1-nervées : nervure formée par le prolonge- ment de la strie correspondante. Feuilles nulles (à moins qu'on ne veuille considérer comme telles les squamules-vaginales). Fleurs diviques ou monoïques, apérianthées, sessiles, bractéolées, disposées en chatons écailleux. — Chatons- males grèles ou filiformes, cylindriques, obtus, droits, interruptiflores, solitaires au sommet des jeunes ra- mules ; rachis articulé : chaque articulation munie d'une gaine (semblable aux gaines-ramulaires, mais beaucoup plus grande) cylindracée ou campanulée, striée, aussi longue que l’entre-nœud (de sorte que le chaton se com- pose d'un nombre plus ou moins considérable de gaines disposées en chapelet), couronnée d’un certain nombre (égal à celui des stries) de squamules dentiformes (1-sé- riées). — Chatons-femelles ovoïdes ou oblongs, cylin- driques, très-denses, plus courts, mais beaucoup plus gros que les chatons mâles, latéraux et sessiles (sur les rameaux adultes), ou terminant de courts ramules laté- raux, solitaires, droits; rachis charnu, inarticulé, cou. vert d'écailles verticillées, distinctes, imbriquées, appli- quées, charnues, persistantes, accrescentes. Fleurs-mäles monandres, verticillées au fond des gaines du chaton (en même nombre, dans chaque ver- ticille, que les dents de la gaine), 4-bractéolées, Brac- FAMILLE DES CASUARINÉES, 269 téoles membranacées, roides, 2-sériées : les deux exté- rieures latérales, plus grandes, libres, conniventes en préfloraison ; les 2 intérieures (l'une postérieure, l’autre antérieure) cohérant au sommet, et recouvrant en pré- floraison l’étamine qui plus tard les entraine sous forme d'une coiffe. Étamine centrale relativement aux bractéoles, saillante lors de l’anthèse, plus tard pendante, Filet ca- pillaire, rectiligne en préfloraison. Anthère basifixe, dressée, dithèque, oblongue, 4-sulquée, bi-apiculée au sommet, latéralement déhiscente : bourses contiguës, longitudinalement 1-valves; connectif inapparent. Fleurs-femelles 2-bractéolées, solitaires à l’aisselle de chaque écaille du chaton. Bractéoles charnues, na- viculaires, latérales (relativement à l’écaille-florale), persistantes, accrescentes, distinctes et étalées lors de l'anthèse, puis conniventes, soudées par les bords, et formant un involucre qui recouvre le fruit. - Pistil : Ovaire (minime à l'époque de la floraison) sublenticulaire, r-loculaire, 1-ovulé, couronné de 2 stig- mates lonss, saillants, subulés, colorés, marcescents (fina- lement caducs), soudés vers leur base en un style court. Ovule dressé, orthotrope, attaché au fond de la loge. Chaton-fructifere : Strobile subglobuleux, ou ovoide, ou ovale, ou cylindracé, obtus, tuberculeux, ou muri- qué, composé, 1° : d’un réceptacle (rachis) ligneux, gros, profondément alvéolé ; 2° : des écailles-florales peu am- plifiées, appliquées, très-distancées, coriaces ; et 3° : des bractéoles très-amplifiées, devenues coriaces et formant des involucres monocarpes, d'abord clos, enfin bivalves à la maturité. Les fovéoles du réceptacle sont cyathifor- mes, à bords rhomboïdaux : chacune est remplie par un seul fruit nuculaire, recouvert de son involucre qui 270 CLASSE DES AMENTACÉES. : simule une capsule r-sperme, et dont la partie supé- rieure est plus ou moins saillante. Les écailles, toujours débordées par les valves-involucrales, terminent les angles des fovéoles réceptaculaires, et elles sont con- nues avec les paroïs de ces fovéoles, quoique d'une consistance beaucoup moins ferme que ces parois. Les écailles, de même que les valves-involucrales, persistent après la chute des nucules. ÎNucules petites, sessiles, coriaces, lisses, luisantes, ovales, subcylindriques, r-loculaires, r-spermes, cadu- ques à la maturité, prolongées au sommet en aile mem- branacée, diaphane, obtuse, apiculée par les restes du style. Entre l'épiderme membranacé et la substance co- riace de la nueule, se trouve une couche très-mince de cellules spiralées, qui se déroulent brusquement dès qu'on les humecte. Graine inadhérenté, basifixe, dressée, ovoïde, poin- tue, apérispermée : tégument très-mince, membranacé. Embryon antitrope, rectiligne : cotylédons plano=con- vexes, minces, charnus ; radicule supère, petite. Les Casuarinées ne différent guère des Myricées quant à la structure des fleurs-femelles, du fruit, et de la graine; mais elles s’éloignent beaucoup de cette famille par le port, ainsi que par la conformation des fleurs- mèles, Genre CASUARINA. — Casuarina (Rümph.) Linn. hatons monoïques ow dioïques : les mâles très-grêles ou filiformes, composés de gaines disposées en chapelet sur un rachis articulé ; les: femelles ovoides ou cylindracés, gros, courts, à rachis ch arnu, couvert d’écailles charnués, distinctes, verticillées, imbriquées. — Æleurs-méles mo- naudres, 4-bractéolées, verticillées au fond des gaînes du FAMILLE DES CASUARINÉES. AT chaton. Bractéoles 2-sériées : les 2 intérieures cohérant en forme de coiffe. Étamines saillantes : filet capillaire; an- thère oblongue, 4-sulquée, basifixe, dressée, 2-thèque, latéralement déhiscente, — Fleurs femelles solitaires aux aisselles des écailles du chaton, 2-bractéolées. Bractéoles persistantes, accrescentes, après la floraison soudées par les bords et connivenñtes de manière à recouvrir le fruit. Ovaire 1-loculaire, 1-ovulé, 2-style. Strobile à réceptacle gros, ligneux, creusé d’alvéoles profondes dont chacune contient une nucule ailée, 1-sperme, recouverte avant la maturité d’un involucre coriace, plus ou moins saillant ( qui finit par s’ouvrir en deux valves divergentes, de ma- nière à simuler une capsule) ; écailles-florales peu ampli- fiées, coriaces, indivisées, ou trilobées, terminant les an- oles des fovéoles réceptaculaires. Graine basifixe, dressée, apérispermée : embryon antitrope. Arbres, ou arbrisseaüx. Rameaux et ramules très-nom- breux, verticillés, striés, noueux, articulés, aphylles, garnis à chaque articulation d’une Dee gaine subcoriace, profondément dentée. Ramules grèles ou filiformes, ver- dâtres, souvent pendants. Chatons-mäles solitaires au sommet des ramules, droits, à gaines semblables aux ra- mulaires, mais beaucoup plus grandes et recouvrant com- plétement les entre-nœuds. Hu be plus courtes que les gaines, Étamines pendantes après l’anthèse ; authères jau= nes. Stigmates rougeâtres, finemeut papilleux. Chatons- femelles solitaires, latéraux sur les anciens rameaux, ou terminant de courts ranules latéraux, dressés, ou horizon- taux. Strobiles oyoïdes, ou subglobuleux, ou ovales, ou cylindracés, obtus, tuberculeux ou muriqués par la partie saillante des involucres-fructifères : ceux-ci sont en général coniques. — On connaît une quinzaine d'espèces de ce genre ; plusieurs se cultivent dans les collections d’oran- gerie, en raison de la singularité de leur port, qui d’ailleurs est fort triste. Les espèces les plus notables sont les sui- vantes : … 4 EE at s » 279 CLASSE DES AMENTACÉES. A. Rareaux et ramules roides, dressés. CasSUARINA A RAMULES DROITS. — Casuarina strictæ Hort. Kew.— Andr. Bot. Rep. tab. 346.— Ramules assez gros, pro- fondément sillonnés : stries contiguës, très-saillantes; gaînes glabres, 6-fides : dents ovales, pointues, mucronées. Fleurs diviques. Gaînes des chatons -mäles subcylindracées. Chatons- femelies oblongs-cylindracés. Strobiles cylindracés, glabres, inermes. — Arbre de la Nouvelle-Hollande. B. Ramules inclinés ou pendants, flasques. CasvariNa À FEUILLES DE PRèLE. — Casuarina equisetifo- lia Linn. — Casruarina littorea Rumph. Amb. 3, tab. 57. — Ramules subfliformes, tétraëdres , à peine striés : gaïînes 4-den- tées, glabres. Fleurs monoïques. Strobiles velus, inermes. — < ; 1e Cette e:pèce, qu'on appelle vulgairement Filao ou Filao de l'Inde, croit dans l'Inde, les Moluques, et les archipels de la Polynésie. Elle est rare dans les collections; mais le nom de Casuarina equisetifolia s'applique, par erreur, à la plupart des autres espèces de ce genre. CasuaRINA MURIQUÉ. — Casuarina muricata Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 510.— Ramules filiformes, lévèrement sillonnés : gaines 6-à 8-fides. Fleurs dioiques. Strobiles ellip- soïdes , spinelleux par Les pointes des involucres-fructifères. — Arbre atteignant 100 pieds de haut, sur 3 pieds de diametre. Écorce brune, rimeuse. Branches éparses. Bois rougeâtre. Ra- meaux souvent réclinés. Strobiles du volume d’une Noix de mus- cade. (Roxburgh, L. c.) — Cette espèce croît au Chittagong. Casuarina TORULEUx. — Casuarina torulosa Willd.—Ra- mules subfiliformes, cylindriques, ésulqués, tres-finement striés : stries distancées, pubérules ; gaînes 4-dentées. Fleurs dioiïques. Chatons - mâles subfliformes, à gaînes turbinées, un peu plus courtes que les entre-nœuds. Involucres-fructiferes tuberculeux. — Arbre de la Nouvelle-Hollande; écorce subéreuse. FAMILLE DES CASUARINÉES. 973 CasuaniINA QUuADRIVALVE. — Casuarina quadrivalvis (1) Labill. Nov. Holl. IT, tab. 218.— Ramules grêles, très-longs, sillonnés , subcylindriques, pubérules : stries assez saillantes, fines, presque contiguës ; gaines sub-12-fides : dents linéaires- lancéolées, pointues, ciliolées. Fleurs dioïques. Chatons - mâles à gaines subcampanulces. Strobiles ovales, courts; écailles 3-lo- bces, cotonneuses, à lobe-terminal allongé, dentiforme, cuspidé, et à lobes latéraux arrondis; involucres -fructifères très -sail- lants, coniques, pointus, cotonneux à la surface externe. — Ar- bre de la Nouvelle-Hollande. (1) Ge nom faisant allusion aux 4 bractéoles de la fleur-mâle, est par conséquent impropre, parce que tous les Casuarina offrent ce même caractère. BOTANIQUE: PHAN. Te Xle 48 en QUARANTE-DEUXIÈME CLASSE. LES CONIFÉRES. CONIFERÆ Bartl. CARACTÈRES. Arbres, où arbrisseaux, la plupart résineux. Tige ra- meuse (excepté chez les Cycadées), cylindrique. Ra- meaux épars, Ou opposés, ou verticillés, le plus souvent inarticulés. Bois dépourvu de trachées, composé de tubes ayant une ou plusieurs séries de ponctuations disciformes. Feuilles (le plus souvent persistantes) éparses, ou opposées, ou verticillées, non-stipulées, simples (penna- tiparties chez les Cycadées; très-entières chez là plu- part des autres), le plus souvent aciculaires ou squamu- liformes, en général sans veines ni nervures. Fleurs monoïques ou dioïques, apérianthées. Fleurs-mäles disposées en chatons à rachis soit im- médiatement staminifère, soit garni d'écailles imbri- quées, excentriquement peltées, stipitées (par exception sessiles et point peltées), anthérifères antérieurement ou au sommet du stipe, ébractéolées. Étamines soit réduites aux bourses-anthérales, soit à filets en général très-courts, rectilignes en préfloraison. Anthères extrorses ou introrses, 1-à 20-thèques : bour- ses libres ou cohérentes, déhiscentes en général par une fente longitudinale ; connectif nul ou continu avec le filet. Fleurs-femelles (chez la plupart des espèces) insérées CLASSE DES CONIFÈRES. 975 en nombre soit défini, soit indéfini, sur des écailles (x) (charnues, ou coriaces, ou subfoliacées) 1-bractéolées extérieurement, ou ébractéolées, agrégées en chatons, ou moins souvent soit solitaires, soit subsolitaires. — Chez un certain nombre d’espèces (les Taxinées), les fleurs-femelles, au lieu d'être insérées immédiatement (1) Les écailles-pistillifères des Abiétinées (groupe dans lequel nous comprenons, à l'exemple de MM. Bennet et R. Brown, les Podocarpus et les Dacrydium) ct des Cupréssinées ont été considérées, suivant les diverses manières de voir des auteurs, comme des bractées, comme des pédoncules dilatés, comme des réceptacles, comme des calices, comme des ovaires, comme des stigmates, comme des styles, et comme des pistils. Mais il nous paraît évident que la cupule de la fleur- femelle du Taæus, du Ginkgo, du Torreya, et du Phyllocladus, Vin- volucelle tubulaire des Ephedra, ainsi que les écaïlles-pistillifères des Cupressinées et des Abiétinées, ne sont que des modifications d’un or- gane de même nature, qui se retrouve chez les Amentacées avec des mo- difications à peu pres semblables : ainsi, l’involucre péricarpoïde des Châtaigniers et des Hétres correspond exactement au strobile du Callitris et des Frenela, qui s’ouvre de la même manière en 4 ou 6 valves. Un gland de Chêne porté sur une cupule charnue ne différerait aucunement d’un fruit d’If ou de Ginkgo. L’involucelle utriculiforme des Ostrya peut se comparer à l’involucelle tubulaire des Ephedra, Enfin, il existe une analosie incontestable entre les écailles-strobilaires des Aunes et celles des Pins, de nême qu'entre celles des Bouleaux et celles des Sa- pins; on pourrait objecter que cette analogie n’est pas réelle parce que les écailles-strobilaires des Bétulées ne portent pas immédiatement les fruits, comme celles des Pins et des Sapins; mais l'insertion des nucules est assez ambiguë chez plusieurs Cupressinées, où on pourrait l’attribuer à tout aussi juste titre au rachis-strobilaire qu’à l’écaille même, et, d’un autre côté, parmi les Cupuliféres le genre Carpinus offre des écailles : fructifères rétrécies en stipe au sommet duquel est insérée la nucule, et ces écailles finissent par se détacher du rachis à la maturité, en empor- tant avec elles les nucules, ainsi que cela se voit chez les Sapins. Or, comme il est prouvé, par l’analouie avec les genres voisins, que l’écaille fructifère des Carpinus et des Bétulées n’est autre chose qu’un involucre imparfait, la même interprétation doit aussi sembler la plus naturelle pour ce qui concerne les écailles-pistillifères des Abiétinées et des Cu- pressinées, 9276 CLASSE DES CONIFÈRES. sur des écailles, naissent soit aux aisselles ou aux articu- lations de chatons écailleux, soit solitaires ou subsoli- taires, et portées chacune sur une cupule qui s'accroît et devient pulpeuse après la floraison, ou enfin accom- pagnées, soit chacune, soit plusieurs ensemble, d’un involucre écailleux. Pistil : Ovaire soit dressé et inadhérent, soit ren- versé (et, dans ce cas, ordinairement adné à l'écaille- florale), 1-loculaire, 1-ovulé, hiant au sommet à l'épo- que de la floraison, à orifice soit tronqué et sans aucune apparence de stigmate, soit découpé en plusieurs dents ou lanières qu'on peut considérer comme des stigmates imparfaits; chez le Ginkgo (d'après l'analyse de C. L. Richard), le col de l'ovaire est couronné d’un stigmate disciforme, perforé au centre. Ovule orthotrope, atta- ché au fond de la loge (par conséquent renversé où dressé, suivant la direction de l’ovaire), souvent adhé- rent à l'ovaire, en général réduit à un nucelle dépourvu de téguments, moins souvent recouvert d’un tégument (qui, chez certaines espèces, fait saillie au delà de l'ori- fice de l'ovaire, sous forme d’un tube très-grêle), ou de deux téguments. Pericarpe nuculaire ou rarement drupacé, évalve, indéhiscent, 1-loculaire, 1-sperme, quelquefois re- couvert d'une cupule charnue. — Chez les espèces dont les fleurs-femelles sont portées sur des écail- les agrégées en chatons, ces écailles, en général plus ou moins entregreffées après la floraison, forment des strobiles (cônes) subglobuleux ou plus ou moins al- longés. Graine périspermée, souvent adhérente; tégument membranacé, mince, souvent confondu avec l'en- docarpe. Périsperme charnu (souvent huileux), con- CLASSE DES CONIFÈRES. 971 tenant dans l’origine un nombre plus ou moins con- sidérable d'embryons rudimentaires, dont un seul se développe jusqu’à perfection. Embryon antitrope, rectiligne, axile, intraire, presque aussi long que le périsperme, ou plus court, 2-à 15-cotylédoné. Cotylé- dons opposés ou verticillés, plano-convexes, en germi- nation kypogés ou foliacés. Radicule supère (lorsque le péricarpe est dressé), ou infère (lorsque le péricarpe est renversé), à sommet adhérent plus ou moins au pé- risperme environnant. Cette classe, dans l'extension que lui donne M. Bart- ling, comprend les Conifères d'A. L. de Jussieu, dé- membrées en trois familles (les Taxinées, les Cupressi- nées, et les Abietinees), et, en outre, les Cycadées. Plus récemment, M. Lindley a reproduit, sous le nom de Gymnospermes, Yassociation établie par M. Bartling, à cela près qu’il y ajoute encore les Équisétacées. M. End- licher n’admet dans sa classe des Coniferes que les trois familles fondées sur les Conifères de Jussieu. Les Coniferes constituent sans contredit un des groupes les plus remarquables du règne végétal; dire que tous les arbres qu'on désigne vulgairement par le nom collectif d’arbres-verts (savoir les Pins, les Sapins, les Cèdres, les Cyprès, les Genévriers, l'If, etc.), ainsi que les Mélèzes, et les Cyprès-chauves en font partie, c’est assez pour indiquer qu'il joue un des rôles les plus importants dans la Flore de l'hémisphère septentrional, et surtout dans les régions subalpines ou boréales, où la sévérité du climat se refuse à la production de la plu- part des grands arbres appartenant à d'autres familles. Du reste, l'hémisphère austral possède aussi un certain nombre de Conifères qui ne le cédent en rien aux plus gigantesques de celles de nos climats. 973 CLASSE DES CONIFÈRES. L'écorce et le bois de la plupart des Conifères abon- dent en matières résineuses soit balsamiques, soit âcres : les térébenthines, la colophane, le galipot, la poix, sont des substances de cette nature, provenant d'espèces indigènes. La thérapeutique en emploie plusieurs à titre de remèdes stimulants et surtout diurétiques; il en est même dont l'énergie est telle, qu'on ne peut les admi- nistrer qu'avec de grandes précautions. D'ailleurs, à l'exception de l'1f, dont les feuilles paraissent avoir des propriétés narcotiques assez prononcées, aucune Coni- fère n’est réputée vénéneuse. On mange l'amande du fruit de plusieurs espèces d’Abiétinées, ainsi que la par- tie charnue du fruit de quelques autres Conifères. C'est à tort qu'on a avancé que les Gycadées produisent du Sagou. CENT QUATRE-VINGT-DIXIÈME FAMILLE. LÉS TAXINÉES. — TAXINEÆ. Tazineæ (Coniferarum tribus) L. G. Rich. Conif. p. 124. — Bartl. Ord. Nat. p. 95. — Reichb. Syst. Nat. p. 166. — Endl. Gen. p. 261.— Tazineæ et Ephedracee Dumort. Fam. — Taxeæ-Ephedreæ et Taxeæ- Taxineæ Reichb. Consp. — Taxaceæ et Gnetaceæ Lind]. Nat. Syst. ed. 2, p. 516 et51i. Les Taxinces ne diffèrent essentiellement des Cuprés- sinées et des Abiétinées qu'en ce qu’elles ne sont en général point résineuses, et que leurs fleurs-femelles (le plus souvent accompagnées soit d’un involucre écail- Jeux, soit d’une cupule) ne naïssent jamais immédia- tement sur des écailles. Du reste, les Taxinées, suivant les genres dont elles font partie, offrent peu d'harmo- nie quant à leur port : le Taxus ressemble à un Sapin ; les Gnetum rappellent les Chloranthées; les ÆEphedra ont le port des Casuarinées ; tandis que le Ginkgo et le Phyllocladus ont un feuillage tout particulier ; il en est de même des propriétés de ces végétaux. CARACTÈRES DE LA Famrirxre. Arbres, ou arbrisseaux, où sous-arbrisseaux. Tige et rameaux (sarmenteux chez certaines espèces) articulés ou inarticulés. Rameaux et ramules opposés, ou épars, ou verticillés. Bourgeons nus ou écailleux. Feuilles opposées, ou verticillées, ou éparses, ou fas- ciculées, ou subdistiques, très-entières (par exception lobées), innervées, ou 1-nervées, ou penninervées, ou (rarement) flabellinervées, point veineuses, persistantes (par exception non-persistantes), sessiles, ou subsessiles (par exception longuement pétiolées). — Chez la plupart 280 CLASSE DES CONIFÈRES. des Ephedra, les feuilles sont réduites à des squamules scarieuses, opposées : chaque paire confluente veria base en gaine courte. Fleurs monoïques ou dioïques, jamais insérées sur des écailles. Fleurs-mâles 1-à 8-andres, disposées en chatons soli- taires ou subsolitaires, simples, à rachis nu ou écailleux, immédiatement staminifere. Étamines libres, ou (lorsque les fleurs ne sont pas 1-andres) monadelphes, nues, ou accompagnées (soit chacune, soit chaque androphore) d’un involucelle tu- buleux. Filets courts ou allongés. Anthères basifixes, ou suspendues au sommet du filet, 2-thèques, ou moins souvent soit 1-thèques, soit poly-theques : bourses co- hérentes ou disjointes, déhiscentes chacune soit par un pore apicilaire, soit par une fente longitudinale, soit par un opercule valvuliforme. Fleurs-femelles nues, ou plus souvent accompagnées (soit chacune, soit plusieurs ensemble) d'un involucre écailleux, où d'une cupule, solitaires, ou géminées, ou ternées, ou verticillées (en chatons interruptiflores), ou fasciculées. Pistil : Ovaire dressé, inadhérent, à orifice très-entier et en général sans trace de stigmate. Ovule soit réduit au nucelle, soit muni d'un tégument qui fait saillie (sous forme d'un tube très-grèêle ) au delà de l’orifice de l'ovaire ; quelquefois il y a en ouire un second tégu- ment (externe), court, engainant la base de l’autre té- gument. Pericarpe aptère, 1-loculaire, 1-sperme, soit nu et drupacé, soit nuculaire (osseux, ou coriace, ou ligneux) et recouvert en tout ou en partie d'une enveloppe charnue ou pulpeuse. Chez la plupart des Ephedra FAMILLE DES TAXINÉES. 281 l'enveloppe charnue (provenant de l’involucelle- floral) recouvre 2 fruits, de manière à simuler une baie 2-sperme ; chez toutes les autres espèces, chaque fruit est distinct. La maturation s’accomplit toujours dans le cours de l’année de la floraison. Graine adnée inférieurement au péricarpe. Périsperme en général point huileux. Embryon 2-cotylédoné, en général subcylindracé : cotylédons courts ou allongés, foliacés en germination. Radicule supère, ordinairement cylindracée, allongée, pointue. Cette famille comprend les genres suivants : l'° TRIBU. LES ÉPHÉDRÉES. — £ZPHEDREÆ Reichb. (1) Chatons-mäles à rachis articulé, garni à chaque articu- lation soit d’une gaine cupuliforme, soit d’une paire d’écailles connées par la base. Fleurs-mäles 1-à 8-an- dres, accompagnées chacune d’un involucelle mem- branacé, tubuleux, bifide, ou transversalement fendu au sommet, engainant le filet ou l’androphore. Filets monadelphes (lorsque les fleurs ne sont pas 1-andres). Anthères basifixes, x-à 4-thèques : bourses déhiscentes chacune par un pore apicilaire. Fleurs-femelles soit nues et verticillées (en chatons articules, inter- ruptiflores), soit géminées ou solitaires dans des invo- lucres écailleux. Ovule muni d’un tegument saillant sous forme d’un tube grêle, perforé au sommet. Fruit dépourvu de cupule. Tiges, rameaux et ramules arti- culés, noueux. Feuilles opposees-croisces (souvent re- (1) Ephedraceæ Dumort. Fam. — Taxeæ-Ephedreæ Reichb. Consp. (excel. sen.) — Ephedrineæ Nees, jun. Gen. — Gneteæ Blum. Nov. Fam. — Gnetaceæ Lindl. Nat. Syst. — Taxineæ-Ephedreæ Reichb. Syst. Nat. 289 CLASSE DES CONIFÈRES. duites à des squamules membraneuses), ou par excep- tion verticillees-ternees. Ft Gnetum Linn. (Ula Hort. Malab. Gnemon Rumph. Thoa Aubl. Abutua Loureir..) — Ephedra Linn. Ile TRIBU. LES TAXINÉES-FTYPES.— TAXINEZÆ- VERÆ (1). Chatons-mäles à axe nu, inarticule, garni d’étamines de- pourvues d’involucelle (2). Anthères 2-thèques (rare- ment 3-a 8-thèques) : bourses déhiscentes par une fente longitudinale ou par une valvule. Fleurs-femelles solitaires ou subpaniculees (par exception en chatons tres-courts), accompagnées chacune d’une cupule char- nue (en general accrescente el recouvrant finalement le pericarpe en tout ou en partie). Ovule inclus, reduit au nucelle. — Tige, rameaux et ramules jamais arti- (1) Taxineæ Rich. (excel. genn.) — Taxeæ-Taxineæ Reichb. Consp. (excl. genn.) — Taæaceæ Lindl. — Taxineæ-Taxeæ et (ex parte) Taxi- neæ-Podocarpeæ Reichb. Syst. Nat. — Taxineæ-Phyllocladeæ Dumort. Fam. (2) C’est à cause de l’analogie avec les chatons-mâles des Éphédrées et des Cupréssinées qu’on doit admettre que chacune de ces étamines constitue une fleur monandre, car autrement on envisagerait, à aussi juste titre, ainsi que le font beaucoup d’auteurs, chaque chaton-mâle comme une fleur nue et offrant un nombre plus ou moins considérable d'étami- nes monadelphes. Suivant l'interprétation de L. C. Richard, chaque étamine des Taxinées serait au contraire à considérer comme une fleur composée de deux ou de plusieurs étamines à la fois monadelphes et syngénèses : cette interprétation pourrait à la riouenr s'appliquer aux étamines du Taxus, mais elle nous paraît inadmissible pour les autres genres. Quant aux écailles qui accompagnent la base des chatons-mâles ainsi que celle des fleurs-femelles de plusieurs Taxinées, elles ne sont autre chose que les écailles des bourgeons-floraux, et par conséquent elles ne peuvent être assimilées ni à l’involucelle des Ephedra, ni aux écaiiles-pistillifères des Abiétinées et des Cupréssinées. FAMILLE DES TAXINÉES. 283 cules. Feuilles toutes éparses, ou eparses sur les pous- ses-gourmandes, et roselees sur les ramules. Tazxus Tourn.— Torreya Arnott. (non Spreng.) — Ginkgo Thunb. (Salisburya Smith.) — Phyllocladus Rich. (Thalamia Spreng. Brownetera Rich.) 1° TRIBU. LES ÉPHÉDRÉES.—ZPHEDREZÆ Reichb. Chatons-mäles à rachis articule, garni à chaque articu- lation soit d’une gaïne cupuliforme, soit d’une paire d’ecailles connées par la base. Fleurs-mäles 1-à 8-an- dres, accompagnées chacune d'un involucelle mem- branace, tubuleux, bifide ou transversalement fendu au sommet, engainant le filet ou l’androphore. Fi. lets monadelphes (lorsque les fleurs ne sont pas r-andres). Anthères basifixes, 1-à 4-thèques : bourses coherentes, déhiscentes chacune par un pore apici- laire. Fleurs-femelles soit nues et verticillees (en cha- tons articules, interruptiflores), soit géminées ou solitaires dans des involucres ecailleux. Ovule muni d'un tegument saillant sous forme d’un tube grele, perfore au sommet. — Tiges, rameaux et ramules ar- ticules, noueux. Feuilles (souvent réduites à des squa- mules membranacees) opposées-croisces, ou (chez une seule espèce) verticillees-ternces. Genre GNÉTUM. — Gnetum Lainn. Chatons unisexuels (soit dioiques, soit monoïques) ou androgynes, grêles, interrompus, multiflores, axillaires et terminaux, pédonculés ; articulations du rachis garnies chacune d’une gaîne cupuliforme ; fleurs verticillées aux articulations du rachis, entourées de paillettes fimbriolées. 284 CLASSE DES CONIFÈRES, — Fleurs-mäles monandres. Involucelles claviformes, ou cylindracés, ou prismatiques, tronqués , finalement bi- fides ou irrégulièrement lacérés au sommet. Etamine à filet subclaviforme, allongé, finalement saillant, quelque- fois bifide au sommet. Anthère 2-thèque, dressée : bour- ses cylindracées ou subglobuleuses, obtuses, cohérentes, ou disjointes ; connectif nul. — F/eurs-femelles sessiles ou subsessiles, nues. Ovaire ovoïde ou ellipsoïde, urcéolé au sommet, à orifice poriforme, sans trace de stigmate. Ovule à tégument double : l’extérieur court, inclus; l’intérieur longuement saillant. Fruits drupacés, distincts : noyau tes- tacé, fragile, couvert de soies piquantes; mésocarpe légè- rement pulpeux; épicarpemince. (Blume, Nov. Fam. p.26.) —Arbrisseaux sarmenteux, ou arbres. Écorce filandreuse, point résineuse. Bourgeons nus. Rameaux et ramules op- posés - croisés, noueux. Feuilles grandes, opposées-croi- sées, penninervées, réticulées, très-eutières, pétiolées, co- riaces, persistantes, glabres. Fleurs petites. — Les recher- ches de M. Blume ont porté le nombre des espèces de ce genre à 5, dont voici les plus notables : a) Tronc arborescent, droit. Gnérum Gnémon.— Gnetum Gnemon Linn. — Gnemon domestica Rumph. Amb. I, p. 181, tab. 71 et 792. — Feuilles elliptiques - oblongues, rétrécies aux 2 bouts. Chatons solitaires ou fasciculés, monoïques. Drupes sessiles, ellipsoïdes, pointus. ( Blume, Nov. Fam. p. 30; id. in Ann. des Sc. Nat.) —$ : A FEUILLES ELLIPTIQUES. — Gnetum (Gnemon var. ova- lifolia BI. 1. c. — Gnemon sylvestris Rumph. Amb. I, p. 183, tab. 73.—Gnemon ovalifolium Poir. Enc. —Feuil- les plus petites, subobtuses. Drupes subobtus. Arbre de hauteur moyenne; tronc droit, noueux ; écorce gri- sâtre, unie sur les jeunes arbres, fendillée sur les vieux. Cime touffue. Feuilles longues de 5 à 8 pouces, larges de 2 à 5 pou- ces. Chatons-mâles longs d’environ 2 pouces. Chatons-femelles longs de 3 à 4 pouces. Fruit de la forme et du volume d’une FAMILLE DES TAXINÉES. 285 grosse Olive, d’abord d’un brun verdâtre, puis jaune, enfin rouge; chair mince, rougeâtre; noyau oblong, longitudinale- ment strié, mince, fragile. Amande blanche, douceälre, recou- verte d’une pellicule grisätre. Cet arbre croît aux îles de la Sonde, ainsi qu'aux Moluques et dans les autres archipels malais. Le nom de Gnemon est ce- lui que lui donnent les habitants de Ternate; à Java, on l’ap- pelle Tankil et Meningjo. Les naturels de ces îles le cultivent partout au voisinage des habitations, en raison de l'usage quo- tidien qu'ils font de ses feuilles, comme herbe potagère ; la sa- veur de ces feuilles est douceâtre et ne plaît guère au goût des Européens. Rumphius dit qu’on a coutume &’étêter de temps en temps les vieux troncs, afin de faire repousser de jeures bran- ches vigoureuses. La partie filandreuse de l’écorce sert à faire des cordages et des filets. Le bois est blanc et solide ; celui du centre des vieux troncs finit par devenir noirâtre. L’amande, après avoir été grillée ou rôtie, et débarrassée du noyau, est assez bonne à manger ; mais la chair du fruit ne devient comes- tible qu'après avoir été cuite à l’eau, et débarrassée avec soin des soies piquantes qui adhèrent à sa surface interne. b) Arbrisseaux à branches sarmenteuses. GNÉTUM PIQUANT. — Gnetum urens Blum. Nov. Fam. p. 32. — Thoa urens Aubl. Guian. Il, p. 874, tab. 336. — Lamk. Enc. tab. 984. — Feuilles elliptiques-oblongues, acu- minées. Chatons androgynes, fémimiflores à la base. Drupes sessiles, ellipsoïdes, pointus. (Blume, [. c.) — Tige noueuse, d’une grosseur médiocre. Branches flexibles. Rameaux dicho- tomes au sommet. Feuilles longues d’environ 3 pouces, sur 2 pouces de large, courtement pétiolées. Chatons à rachis forte- ment renflé aux articulations : l’article inférieur portant 2 fleurs femelles opposées; les autres articles garnis d’un grand nombre de fleurs mâles. Anthères subglobuleuses. Fruit de la forme d’une Olive, mais 2 fois plus gros. Graine oblongue, à tégument roussâtre. ( Aublet, L. c.) Cette espèce croît dans les forêts de la Guiane ; les naturels 286 CLASSE DES CONIFÈRES. : du pays l’appellent Thoa. Lorsqu’on en entame l’écorce ou les branches, dit Aublet, il en suinte une liqueur claire et yis- queuse qui, en se desséchant, forme une gomme transparente. Lorsqu'on coupe le tronc et les grosses branches, 1l en découle abondamment une liqueur aqueuse, insipide, claire et transpa- rente, que l’on peut boire, sans inconvénient, à défaut d’eau. Au-dessous de la première écorce du fruit se trouve une sub- stance sèche, composée de poils raides, couchés , qui se déta- chent facilement les uns des autres, et qui, lorsqu'il en tombe sur la peau, causent de fortes démangeaisons. L’amande du fruit, rôtie ou bouillie, est bonne à manger. GNÉTUM À FRUIT COMESTIBLE.— Gnetum edule Blum, Nov. Fam. p. 31. — Thoa edulis Wild. — Uia Hort. Malab. VI, p. 41, tab. 22. — Funis gnemiformis Rumph. Amb. V, p.11, tab. 7. — Feuilles elliptiques - oblongues, subcuspidees , arron- dies ou pointues à la base. Chatons solitaires ou fasciculés, dioï-. ques. Drupes courtement pédicellés, ellipsoïdes, obtus. ( Blume, 1. c.) — Tige volubile, de la grosseur de la jambe d’un homme; écorce verdätre. Feuilles longues de 6 à 9 pouces, larges de 2 à 2 ‘/: pouces, luisantes, d’un vert foncé, distancées. Fruit du volume d’un gros Gland : chair mince, verdâtre ; noyau dur, sillonné. ( Rumph. L. c.) — Cette espece croît dans l'Inde, ainsi qu'aux Moluques et à Java ; ses amandes sont mangeables, GNETUM FUNICULAIRE, — Gnetum funiculare Blum. 1. c. p. 32. — Gnemon funricularis Rumph. Amb. V, p. 12, tab. 8. — Feuilles'chlongues, rétrécies aux 2 bouts. Chaïons dioïques, disposés en grappes. Drupes pédicellés, ellipsoïdes, pointus. ( Blume, L. c.) — Tige volubile, tres-rameuse, atteignant le volume du bras d’un homme. Feuilles longues de 5 à 6 pouces, larges de 2 à 2 ‘/: pouces. Fruit du volume d’un Gland, d’abord vert, puis orange, enfin d’un rouge de brique. (Rumph. L. c.) — Cette espèce croît aux Moluques et à Java ; ses amandes sont également mangeables. FAMILLE DES TAXINÉES. 287 Genre ÉPHÉDRA, — Ephedra Tourn. Fleurs dioiques ou monoiques.— Chaions - mâles soli- taires, ou géminés, ou ternés, sessiles, ou pédonculés, ter- minaux, ou axillaires, subovales, pauciflores, petits, écail- leux : écailles membranacées, opposées-croisées, très-rap- prochées, connées par la base, imbriquées sur quatre ranss ; fleurs 1-à 8-andres, solitaires aux aisselles des écail- les. Involucelles comprimés, obovales, fendus transversa- lement au sommet. Étamines soit solitaires dans chaque involucelle, soit monadelphes presque jusqu’au sommet, saillantes ; filet ou androphore columnaire ou filiforme. Anthères (sessiles ou subsessiles au sommet de l’andro- phore) elliptiques ou subglobuleuses, 1-à 4-thèques (or- dinairement 2-thèques}), dressées : bourses cohérentes ; connectif nul. — Fleurs-femelles géminées (ou rarement solitaires) dans des involucres (disposés comme les cha- tons-mäles) ovales ou oblongs, composés de 4 ou 5 paires d’écailles très - rapprochées , connées vers leur base, im- briquées sur 4 rangs (ou quelquefois connées jusque vers leur sommet, de manière à former des gaines cyathifor- mes emboitces), accrescentes, finalement entregreffées et charnues. Ovaire ovale ou oblong, urcéolé au sommet : orifice petit. Ovule à tégument simple, longuement sail- lant. Fruit bacciforme, composé de 1 ou 2 nucules co- riaces, recouvertes par les écaiiles-involucrales entre- greffées et devenues charnues. Graine inadhérente, ou adhérente seulement vers sa base. Arbustes très-rameux, dressés, ou sarmenteux, point résineux. Rameaux et ramules tantôt opposés, tantôt ver- ticillés, tantôt fasciculés. Ramules cylindriques ou angu- leux, grêles , finement striés. Ecorce des jeunes - pousses filandreuse, très-tenace. Bourgeons minimes, incomplets, d’abord recouverts d’une gaîne membraneuse persistante. Feuilles opposées - croisées ou rarement verticillées - ter- nées, sessiles, connées par la base (en courte gaîne mem- 288 CLASSE DES CONIFERES. braneuse), innervées, le plus souvent réduites à des squa- mules membraneuses (excepté les séminales et celles de la première tige, qui sont toujours parfaitement formées, vertes, linéaires; il en est de même des feuilles ramulai- res des espèces où elles ne sont pas toutes réduites à des squamules). Fleurs petites. Embryon claviforme, aussi long que le périsperme; cotylédons oblongs, plus courts que la radicule; radicule columnaire. Les Ephedra sont remarquables par un aspect particu- lier, dû à la quantité innombrable de leurs ramules, qui ressemblent à ceux des Prèles et des Casuarina. Les jeu- nes-pousses de ces végétaux sont ordinairement amères et astringentes ; les écailles charnues de leur fruit sont aci- dules et mangeables. Ce senre comprend 6 ou 7 espèces, dont plusieurs sont indigènes d'Europe; en voici les plus notables. A. Arbustes muliicaules, tres-touffus. Tiges, rameaux et ra- mules roides, dressés, comme aphylles. Gaïînes-articulai- res bidentées. Fleurs-mäles 2-à 8-andres : anthères ordi- nairement 2-theques. Involucres- femelles toujours biflo- res. Fausse-baie composée de 2 nucules plano- convexes, appliquées face à face. ÉpnEDRA COMMUN. — Éphedra vulgaris Rich. Conifer. p. 26, tab. 4, fig. 1.—ÆEphedra distachy a Linn.—Lamk. Il. tab. 130.—Schk. Handb. tab. 339.—Ramules cylindriques : les floraux en général courts et opposés, terminés par 1 à 3 cha- tons ou involucres. Gaïnes petites, à dents courtes, subobtuses. Fleurs diviques. Anthères elliptiques. Arbuste haut de 1 à 4 pieds. Racines rampantes, noueuses, produisant des rejetons nombreux.Tiges branchues peu au-dessus de la base; écorce brune ou grisâtre , fendillée. Ramules jonci- formes, d’un vert gai, un peu scabres, bisannuels, ordinairement fasciculés ; les floraux très-grêles, longs de x ligne à 1 pouce, sim- ples, pédonculiformes. Gaïînes blanchâtres, ou jaunätres, ou rous- sûtres, campanulées, ou cyathiformes, longues de ‘/à ligne à 2 li- FAMILLE DES TAXINÉES. 289 gnes. Quelquefcis les chatons-mâles et les involucres-femelles sont presque sessiles aux articulations des ramules. Chatons- mâles jongs de 2 à 3 lignes, jaunâtres, tantôt solitaires, tantôt géminés, tantôt ternés ; écailles suborbiculaires, concaves, quel- quefois apiculées.’ Androphores peu saillants, tantôt indivisés, tantôt bifurqués au sommet, 2-à 8 -anthériferes. Anthères jau- nes. Involucres- femelles à peu près de même volume que les chatons-mâles, et, de même que ceux-ci, au nombre de 1 à 3 au sommet dè ramules pédonculiformes de longueur variable ou trés-courts ; écailles verdâtres, subovales, obtuses, concaves, les 2 inférieures petites, les suivantes graduellement plus gran- des. Ovaires un peu saillants à l’époque de la floraison. Fruit subglobuleux , écarlate, du volume d’un gros Pois; chair assez épaisse, pulpeuse. Nucules minces, subobtuses, subovales, d’an brun noirâtre, planes antérieurement, convexes au dos. Cette espèce, qu’on appelle vulgairement Uvette, ou Raisin de mer, croît sur le littoral de la Méditerranée. On la plante parfois dans les jardins paysagers. Ses jeunes-pousses sont amè- res et détersives ; le suc de ses fruits s’employait jadis comme remède antiseptique. ÉpHéDrA À ÉPILLETS SOLITAIRES. — Æphedra monostachya Lino. — Gmel. Sibir. I, p. 171, fig. 1.—Pallas, Flor. Ross. tab. 83.— Wats. Dendr. Brit. tab. 142. — Ephedra poly- gonoides Pallas. — Ramules cylindriques : les floraux en géné- ral épars, plus ou moins allongés, terminés par un seul chaton où involucre; gaînes assez grandes, profondément bidentées. Fleurs dioïques. Anthères à bourses subglobuleuses. — Arbuste semblable à l’espèce précédente par le port, mais en général plus bas. Gaînes longues de 2 à 3 lignes, ordinairement bru- nâtres. Chatons-mäles longs d’environ 3 lignes : écailles sub- ovales, obtuses, panachées de vert et de brun. Anthères verdä- tres. Fruit semblable à celui de l’espèce précédente. Cette espèce croît dans la Hongrie, la Russie méridionale et la Sibérie ; elle se plaît aussi dans les sols impréznés de sel. BOTANIQUE. PHAN, T, xi, 49 290 | CLASSE DES CONIFÈRES. | B. Arbuste sarmenteux. Gaînes-articulaires la plupart 2-ou 3-phylles (surtout sur les jeunes sarments). Fleurs-mâles 1-andres : anthère 2-ou 4-thèque. Involucres - femelles . toujours uniflores : écailles soudées en gaïnes cyathifor- mes. Fausse - baie à nucule solitaire, cylindrique - ob- longue. © Épnépra ÉLANCÉ.— Ephedra altissima Desfont. Atlant. H, p. 371, tab. 253.— Duham. nov. 3, tab. 6.— Rich. Conif. tab. 4, n° 2.—Rameaux et ramules géniculés, divariqués, pa- niculés, plus ou moins anguleux, très-fragiles aux arlicula- tions. Feuilles linéaires, pointues, souvent verticillées- ternées. Chatons-mâles très-petits, ordinairement ternés sur des ramules paniculés. Involucres-fmelles solitaires au sommet de ramuies simples ou bifurqués, plus ox moins recourbés, ordinairement verticillés. — Tige grêle, flexueuse , attcignant 15 à 20 picüs de haut, grimpante, ou diffuse; écorce crisätre. Rameaux très- nombreux, opposés, ou verticiilés, ou fasciculés. Feuilles lon- gues de 2 lignes à 1 pouce. Chatons-mäles jaunâtres, à peine longs de 2 lignes. Involucres-femelles longs d'environ 3 lignes. Ovaire peu saillant. Fruit rouge, ovale. — Cette espèce croît dans l'Atlas et en Égypte; elle fleurit en automne ; ses fruits, qui mürissent au printemps, Ont une saveur sucrée ct assez agréable. Ile TRIBU. LES TAXINÉES-T'YPES. — TAXINEÆ VERÆ. | Chatons-mäles à axe nu, inarticulé, garni d’étamines de- pourvues d’involucelle. Antheres 2-thèques (rarement 3-à 8-thèques ) : bourses dehiscentes par une fente longitudinale ou par une valvule. Fleurs-femelles so- litaires ou subpaniculees (par exception en chatons trèes-courts), insérées chacune sur une cupule charnue (en général accrescente et recouvrant finalement le FAMILLE DES TAXINÉES. 291 peéricarpe en tout ou en partie). Ovule inclus, réduit au nucelle. — Tige, rameaux et ramules jamais arti- cules. Feuilles soit toutes éparses, soit eparses sur les pousses-terminales, et roselées sur des ramules la- téraux. | | Genre IF. — Taxus Tourn. Fleurs dioïques, naissant de bourgeons écailleux, aphyl- les, axillaires, solitaires (accidentellement géminés).—Cha- tons-mâles solitaires ( dans leurs bourgeons), subglobu- leux, 6-à 15-andres : rachis court, filiforme, accompagné d’un involucelle de 4 écailles membranacées, subscarieu- ses, opposées-croisées. Etamines serrées : filets très-courts, subhorizontaux. Anthères 3-à 8-thèques, peltées, avant l’anthèse obovées-globuleuses, ombiliquées au sommet; connectif inapparent; bourses verticillées, cohérentes avant l’anthèse, puis se séparant les unes des autres de la base jusqu’au delà du milieu, et se détachant en même temps du filet, sous forme de valvules horizontales, de sorte que l’anthère ouverte figure un disque membraneux, suborbiculaire, pelté, à autant de crénelures marginales qu’il y avait de bourses. — Æeurs - femelles solitaires au sommet du rachis des bourgeons. Gupule, à l’époque de la floraison, annulaire et très-courte. Ovaire ovoïde, à peine saillant au delà des écailles-gemmaires. Nucule os- seuse, luisante, subovale, acuminuiée, ombiliquée à la base, débordée par la cupule amplifiée; cupule tantôt turbinée, tantôt subcampanulée, pulpeuse, ouverte au sommet, engaînée à la base par les écailles - gemmaires (qui forment une sorte de cupule externe), finalement ca- duque avec la nucule. Gaïne inadhérente; périsperme huileux. Embryon subclaviforme, moins long que le pé- risperme ; cotylédons courts. Arbres à rameaux et ramules tantôt épars, tantôt oppo- sés, tantôt subverticillés. Ramules feuillus, anguleux par 999 CLASSE DES CONIFÈRES, la décurrence des feuilles. Bourgeons écailleux , courte- ment stipités : les foliaires tantôt ternés au sommet des dernières pousses, tantôt axillaires et terminaux sur ces mêmes pousses, plus petits que les bourgeons - floraux : ceux-ci naissant sur les jeunes-pousses et sur les ramules de l’année precédente. Écailles-gemmaires opposées-croi- sées, coriaces, imbriquées : les extérieures très - petites ; les autres graduellement plus grandes; les 4 supérieures des bourgeons-floraux membranacées, subscarieuses ; celles des bourgeons - féminiflores persistantes, mais point ac- crescentes. Feuilles coriaces, persistantes, courtement pé- tiolées, 1-nervées, point veinées, mucronées, sublinéaires, planes, très-entières, très-rapprochées, toutes éparses, subdistiques. Floraison vernale. Chatons - mâles petits, dressés, beaucoup plus courts que’les feuilles, assez nom- breux le long des ramules-floraux, disposés en épis feuil- lés ; écailles-semmaires d’un brun jaunâtre. Anthères pe- tites, jaunes. Bourgeons-féminiflores disposés comme les chatons - mâles, verdâtres. Fruit nutant : cupule écariate, mince. — Les deux espèces suivantes sont les seules qui se rapportent avec certitude au genre. | Ir commun. — Taxus baccata Linn. — Gærtn. Fruct. tab. 91, fig. 6. — Rich. Comif. tab. 2. — Blackw. Herb. tab. 572. — Duham. Axb. II, tab. 86. — Duham. nov. I, tab. 19. — Éogl. Bot. tab. 546. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 205. — Taxus hibernica Sweet, Hort. Brit. — Arbre de 20 à 4o picds (rarement de 5o ) de haut, sur x à 2 pieds de diamètre, à cime pyramidale ou conique, très-touf- fue. Racines horizontales, longues. Tronc droit, souvent bran- chu à peu de distance du sol: Écorce unie, roussâtre, poiat résineuse; celle des vieux troncs se détache par plaques ar- rondies. Rameaux très-nombreux, étalés, souvent inclinés, d'un jaune verdâtre. Ramules inclinés, où ascendants, ou hori- zontaux, grêles, effilés. Bois très-dur, tenace, pesant, d’un brun ronx, ou d’un blane jauvâtre ; aubier très-blanc. Feuilles FAMILLE DES TAXINÉÉS. 293 longues de 6 à 15 lignes, larges de ‘/, ligne à 5 *, ligne, luisantes et d’un vert très-foncé en dessus, d’un vert pâle ou d’un vert glauque et non-luisantes en dessous, verticales, ou horizontales, rectiligses, ou un peu arquées, révolutées aux bords, pointues ou acuminées aux deux bouts, mucronées au sommet; pétiole jaunätre (de même que le mucron), marginé par la décurrence du limbe, long de /, ligne à 1 ligne. Bour- geons-floraux subglobuleux avant l’anthèse ; bourgeons-fuliaires ovoïdes. Écailles-gemmaires concaves, obtuses, ovales, ou ellipti- ques, ou suborbiculaires : les supérieures obovales, blanchätres. Cupulc-fructifere ellipsoïde, ou subglobuleuse, ou oblongue, du volume d’un gros Pois ; pulpe visqueuse. Nucule longue de 2 à 3 lignes, ovale, ou obovale, ou oblongue, ou subglobuieuse, quelquefois un peu comprimée et légèrement carénée aux bords, d’un brun tan!ôt noirâtre, tantôt violet, tantôt roussâtre. Graine conforme au péricarpe : tégument très-mince, brunâtre ; péri- sperme blanchâtre, très-huileux. — $ : Ir pu Canapa. — Taxus canadensis Wild. — Taxus baccata minor Michx: Flor. Bor. Amer. — Arbrisseau tres- touffu, hant de 2 à 5 pieds, du reste aucunement différent du type de l’espèce. — Cette variété croît au Canada, à Terre- Neuve, et dans les provinces septentrionales des États-Unis. — » : Îr À FEUILLES PANACHÉES. — Tuxus variegata Hortul. — Feuilles panachées de blanc ou de jaune. — Variété de culture. L'If habite presque toute l’Europe, depuis les contrées les plus méridionales jusque vers le 55° (en Suède et en Norwége même jusqu’au delà du 60°) degré de latitude; il est également indigène des régions caucasiennes, de l’Himalaya, et de l’Amé- rique boréale (1); toutefois ce n’est point un arbre commun, car il croit toujours épars dans les bois et les forêts, et, en France, (43 Suivant Thunberg, le Taxus baccata habiteraït aussi le Japon ; mais il serait fort possible que ce botaniste eût confondu une autré espèce avec celle d'Europe. 994 CLASSE DES CONIFÈRES. en Allemagne, de même que dans les pays plus méridionaux on ne le rencontre que sur les montagnes, Il se plaît dans les sols frais et fertiles, quoiqu'il vienne très-bien aussi dans les lieux arides ou pierreux, sur les rochers, et dans toute espèce de sol. — L’If peut vivre cinq siècles, et plus; aussi son accroisse- ment est-il tres-lent. Dans le nord de la France, cet arbre fleurit dès le commencement du printemps ; mais la maturation est loin d’être.simultanée pour les fruits d’un même individu : les plus précoces sont mürs dès Le commencement d'août, tandis que les autres se succedent graduellement jusqu’à la fin de l’auterane. De tout temps VIF à été mal famé en raison de ses propriétés vénéneuses, niées par Théophraste et d’autres auteurs, mais re- connues par Pline, par Galien, par Dioscoride, et, parmi les modernes, surtout par Jean Baubin et Raï. Il est certain que les feuilles et l’écorce de cet arbre, soit fraîches, soit sèches, sont un dangereux narcotique; aucun animal ne les mange; ét, étant jetées en quantité dans une eau dormante, les poissons en sont frappés d’étourdissement ou même de mort; mais on a sans doute exagéré les qualités malfaisantes de l’If, en assurant qu’on ne pouvait sans danger séjourner ou s'endormir à son ombre. Toutefois, l’exveloppe pulpeuse du fruit, quoi qu’on ait dit sur ses prétendues propriétés délétères, peut être mangce sans au- eun inconvénient, si ce n’est qu’elle devient laxative comme beaucoup d’autres fruits pulpeux, lorsqu'on en prend en irop grande quantité; cette pulpe est douceâtre, et tous les oiseaux frugivores en sont très-friands. La coque du fruit est extrême- ment amère ayant la parfaite maturité ; mais l’amande a une sa- veur de Noïseite assez agréable, du moins tant que l’huile qu’elle contient n’a pas ranci : du reste, la petitesse de ce fruit et la dureté de sa coque s’opposent à ce qu’on en tire parti, soit comme comestible, soit pour en extraire de l’huile ; il ne peut servir qu’à engraisser la volaille. Les râpures de bois d’If ont été vantées, à tort ou à raison, Comme un spécifique contre l’hy- drophobie. L’Tf se plante fréquemment dans les bosquets d’arbres-verts, où il se fait remarquer par son port touffu, et par la verdure FAMILLE DES TAXINÉES, 295 sombre de son feuillage, qui ressemble beaucoup à celui du Sapin commun. En Angleterre et en Écosse, c’est arbre qu’on choisit de préférence pour ombrager les tombeaux : attribution à la- quelle il était déjà consacré, conjointement avec le Cyprès, chez les anciens Grecs et Romains, et qu’il doit à son aspect sévere, de même qu’à sa longévité. De tous les arbres-verts l'If étant le plus docile à la taille, cette propriété l'avait rendu presque indis- pensable pour la décoration des jardins symétriques, où on le faconnait, suivant la mode de l’époque, en boules, en pyramides, en obélisques, et en maintes autres formes soit régulières, soit fan- tastiques. Du reste, nul arbre ou arbuste rustique n’est plus propre à former des palissades et des haies toujours-vertes ; il prospère tant à l’ombre que dans les expositions découvertes, et dans les terrains même les plus ingrats. L’If peut se multiplier de bou- tures et de marcottes, mais pour obtenir des arbres d’une belle venxe, il est nécessaire de recourir à la voie des semis; les graines doivent être semées dès la maturité, avec leur coque et la pulpe qui l’entoure, dans une exposition fraîche et ombragée ; si l’on attend le printemps pour les confier à la terre, elles ne germent qu’au bout d’une année ou deux. Lorsqu'un If est coupé rez terre, il repousse de sa souche, sous forme. de buisson. Si ce n’était sa rareté, le bois d’If serait le plus précieux de tous les bois indigènes : car la dureté, la solidité, l’élasticité, et - la propriété de résister à temps indéfini aux intempéries de l’air ou à l'humidité du sol, s’y trouvent réunies à un degré bien rare ; après le Buis, c’est le plus pesant des bois de l’Europe ; un pied cube de ce bois, parfaitement sec, pese un peu plus de trente kilos. On a compté jusqu’à 280 couches annuelles dans une tranche de 20 pouces de diamètre. On l’estime- presque autant que l’Acajou, parce qu’il est élégamment veiné et marbré, d’un grain très-fin, et susceptible du plus parfait po ; les :n- sectes ne l’attaquent jamais; la couleur rousse qui lui est propre devient plus intense avec le temps, par l’effet de l’air et de la lumière ; lorsqu’on le scie en planches, étant vert, et qu’on tient ces planches submergées pendant quelque temps, il prenä une La 296 CLASSE DES CONIFÈRES. teinte violette assez foncée; du reste on lui donne facilement des couleurs factices, et, quand il est teint en noir, 1l ressemble beaucoup à l’Ébène. On fait avec le bois d’If des meubles mao ni- fiques, ainsi que toutes sortes d'ouvrages de sculpture, de tour, de marqueterie, de tabletterie, et de mécanique ; mais sa rareté ne permet guère de l’employer à des usages communs. Les ares dont on se servait avant l'invention des armes à feu étaient en gcnéral faits de bois d’If : usage auquel ce bois est éminemment propre, en vertu de sa force et de son élasticite. Les jeunes bran- ches donnent d’excellents cerceaux, et des échalas très-durables : en Géorgie et en Colchide, au témoignage de Pallas, on préfère des échalas d’IF à ceux de tout autre bois, pour la culture de la Vigne. Le nuctrëre. — Taxus nucifera Thunb. Flor. Japon. — Kæmpf. Amœn. tab. 815.—Gaærtn. Fruct. tab. où, fig. 6. — Rich. Conif. tab. 3, fig. 3.— Walhich, Fent. Flor. Nepal. tab. 44. — Grand arbre, tres-rameux. Ramules feuillus, disti- ques, Écorce jaunûtre, remplie d’un suc gras, odorant, amer. Feuilles plus courtes que celles de Vif &’Europe, distiques, planes, étalées, coriaces, sublincaires, pointues, luisantes et d’un vert foncé en dessus, glauques en dessous. Fleurs dioïques. Fleurs-femelles peu nombreuses vers l’extrémité des ramules, solitaires-axillaires, caliculées par des écailles imbriquées, d’abord recouvrautes. Noix de la forme et du volume d’un gland de Chêne, mince, testacée, fragile, recouverte d’une pulpe ver- dâtre, fibreuse, d’une saveur astringeate et balsamique. Amande blanche, charnue, huileuse. (Xærmpfer, L c.) — Get arbre croit au Népaul, ainsi qu’en Chine, et au Japon ; on en mange les noix, et lon en retire une huile qui sert à l'usage ali- mentaire. 31 ne faut pas confondre ce T'axus nucifera avec un arbris- seau qu’on cultive dans quelques jardins, et auquel on a donné à tort ce même nom, mais qui est un Ÿ'axodium. Espèce rapportée avec doute à ce genre. Îr À FEUILLES vERTICILLÉES. — Taxus verticillata Thunb. FAMILLE DES TAXINÉES. . 297 Flor. Japon. — Ken-sin Kæmpf. Amæn. p. 780.— Arbre peu élevé, très-rameux, à cime conique ou pyramidale, touffue, sem- blable à celle du Cyprès. Rameaux cylindriques, grisätres. Feuil- les sessiles , verticillées 8 à 8, linéaires-falciforines , obtuses, horizontales , de la longueur du doigt. (Kæmpfer, L. ©.) — Cette espèce croit au Japon. Son bois, qui exhale une odeur désagréable, est léger, mais durable; on en fait des boîtes et au- me ouvrages. Genre TORREYA. _ mn Arnott. Fleurs dioïques, naissant de bourgeons leu aphyl- les, axillaires, solitaires. — Chatons-mäles solitaires (dans chaque bourgeon), sessiles, polyandres , d’abord subglo- buleux, finalement oblongs-cylindracés : rachis filiforme, _ accompagné d’un involucelle de 4 écailles membranacées, subscarieuses, opposées-croisées. Etamines serrées, hori- zontales : filets allongés, dilatés au sommet en connectif excentriquement pelté, subrhomboïdal. Anthères 4-thè- ques : bourses oblongues, disjointes, pendantes, diver- gentes , attachées au bord antérieur du connectif, déhis- centes chacune par une fente longitudinale. — Fleurs - - fe- melles solitaires au sommet du ne des bourgeons. Cupule (dès la floraison) débordante, ovoïde, ouverte au sommet. Ovaire ovoïde , inclus, rétréci en col au sommet; orifice sans trace de stigmate. Noix ovoide, acuminulée, dure, crustacée, adhérant à la cupule; unes recouvrante, Co- riace, fibreuse en dedans, à base engaïinée par les acathes semmaires (qui forment une sorte de cupule externé). Périsperme anfractueux. Embryon subcylindrique, beau- coup plus court que le périsperme. Aibre résineux, ayant Le port de l’If commun. Ramules feuillus, subternés. Bourgeons écailleux, courtement sti- pités : les foliaires ordinairement ternés au sommet des derniers ramules, plus petits que les bourgeons-floraux. Écailles-gemmaires coriaces, imbriquées sur 4 rangs : les extérieures très-petites ; les suivantes graduellement pius 998 CLASSE DES CONIFÈRES. grandes. Feuilles coriaces, persistantes, très-entières, 1-ner- vées, point veinées, mücronées, linéaires, subsessiles, toutes éparses, distiques. Inflorescence semblable à celle de l’If commun. Écailles - ere des fleurs - femelies per- sistantes. —Ce genre n’est fondé MERES l'espèce suivante, Tonréya à reuires D'Îr.— Torreya taxifolia Arnott, in Ann. of Nat. Hist. r, P- 130.— Hook. Ic. tab. 239 et 233. a montana Nuit. in Journ. Acad. Sc. Philad. VII. (non Willd.) — Arbre haut de 20 à 40 pieds, sur 6 à 18 pouces de diamètre. Branches nombreuses, étalées. Bois dense, pesant, rougeâtre au centre. Écorce suintant une résiné d’un rouge foncé. Feuilles longues de 10 à 15 lignes, semblables à celles de l’If, d’un vert foncé en dessus, d’un vert glauque en dessous. Chatons-mâles semblables à ceux de VIf : rachis d’abord recouvert par les écailles du bourgeon, finalement saillant; écailles-semmaires convexes, subcarénées, serrées : les inférieures ovales-rhomboï- dales, subobtuses; les autres ovales, pointues, graduellement plus larges. Noix du volume d’une muscade. Périsperme blanc, transversalement rimeux jusqu’au quart de son diamètre. Tégu- ment mince, brun, inadhérent, plissé conformément aux enfonce- ments du périsperme. Cotylédons très-courts, sublinéaires en germination. (Torrey, L. c.) — Cet arbre croît dans la Floride. Son bois répand une odeur forte et désagréable, surtout lors- qu'on le broie ou qu’on le brûle. Genre GINKGO. — Ginkgo Linn. Inflorescences infra-axillaires sur des ramules très-rac- courcis. Fleurs dioiques. — Chatons - mâles polyandres, spiciformes, grêles, un peu lâches, inclinés : rachis fili- forme. Etamines subhorizontales, tantôt éparses, tantôt subverticillées ; filets courts, filiformes, dilatés au sommet en connectif squamuliforme ; anthères dithèques (cordifor- mes-didymes avant l’anthèse) : bourses disjointes, pendan- tes, attachées au bord du connectif, elliptiques, parallèles avant l’anthèse, puis divariquées, déhiscentes chacune au FAMILLE DES TAXINÉES. 299 : bord intérieur par une fente longitudinale, — Fleurs- fe- melles portées sur des pédoncules simples ou subpanicu- lés au sommet. Cupule courte, point accrescente, engai- nant la base de l'ovaire. Ovaire ovoïde, rétréci au sommet en col dilaté en stigmate disciforme, submembranacé, per- foré au centre. Péricarpe ovoïide ou subglobuleux, dru- pacé, caliculé par la cupule ; mésocarpe pulpeux ; noyau ligneux, fragile, lisse, sublenticülaire, ou obscurément trigone. Graine adnée jusque vers le milieu ; périsperme farineux, non huileux. Embryon subcylindracé, presque aussi long que le périsperme : cotylédons longs, linéaires. Arbre non-résineux, à cime pyramidale. Branches sub- verticillées. Rameaux épars ou subverticillés, efllés, flexueux. Ramules alternes , distancés, très-courts (d’a- bord tuberculiformes), gros, produisant chaque année une rosette de 3 à 5 feuilles verticillées à la base d’un bour- geon terminal ; les cicatrices des verticilles des anciennes feuilles forment à la surface de ces ramules des cercles très-saillants, crénelés, immédiatement superposés. Bour- geons écailleux, solitaires : ceux des jeunés scions axillai- res et terminaux ; les ramulaires terminaux, gros, coni- ques; écailles imbriquées sur 4 ou 5 rangs, subcoriaces, scarieuses, ciliolées, charnues à la base, les inférieures plus courtes. Feuilles roselées sur les ramules, éparses sur les jeunes scions, condupliquées et laineuses en vernation, plus tard glabres, planes, longuement pétiolées, non-per- sistantes, fermes, un peu charnues, subflabelliformes, 2-ouù 4-lobées et irrégulièrement crénelées au sommet ( quel- quefois partagées presque jusqu’à la base en 2 sepments subflabelliformes, divergents, 2-ou 4-lobés), très-entières aux bords latéraux, finement poncticulées en dessous, dé- pourvues de nervure médiane , mais striées d’un très- grand nombre de nervules filiformes, saïllantes aux 2 sur- faces, subparallèles, très- rapprochées, plusieurs fois bi- furquées. Les chatons-mäles, de même que les pédoncu- les - féminiflores, ne naissent que sur les vieux ramules 500 CLASSE DES CONIFÈRES, latéraux, immédiatement au-dessous des feuilles, et sans autres bractées que les écailles du bourgeon-commun. Cha- tons-mâles plus courts que les feuilles, ordinairement au nombre de 2 ou de 3 sur chaque ramule, moins souvent solitaires, ou au nombre de 4 ou 5. Anthères jaunâtres. Pédoncules-femelles au nombre de 1 à 3 sur chaque ra- mule -floral, tantôt indivisés et immédiatement terminés par 1 à 3 fleurs, tantôt subpaniculés et 3-à 7 -flores. Flo- raison vernale, aussi précoce que les feuilles. — L'espèce suivante constitue à elle seule ce genre. GiNxGo À FEUILLES BILOBÉES. — (rinkso biloba Lin. — Kæmpf. Amœn. tab. 813. — Salisburia adianthifolia Smith, in Trans. Linn. Soc. Il, p. 330.— Wats. Dendr. Brit. tab. 168. — S'alisburia Ginkgo Rich. Conif. tab. 3, ct 3 bis. Arbre atteignant 6o à 7o pieds (et probablement plus) de haut. Racine pivotante. Tronc droit, conique-cylindracé, élancé, ordinairement terminé en flèche ; il peut acquérir (du moins dans son climat natal) jusqu'à 4o pieds de circonférence ; Les arbres de 50 à 60 pieds de haut ont en général un tronc de 2 à 6 pieds de diamètre. Écorce grisâtre, longtemps unie, finalement fen- diliée ou rimeuse. Branches longues, horizontales, plus ou moins inclinées. Rameaux grêles, étalés, plus ou moins inclinés, en général indivisés : écorce brunâtre ou grisätre. Cime pyramidale, ample, dense (làc:c et grêle chez les individus obtenus de bou- tures). Feuilles d’un vert gai et un peu luisantes en dessus, d’un vert glauque en dessous, flabelliformes, ou cunéifurmes, ou cu- nélformes-rhomboïdales, ou subréniformes, on semi-orbiculai- res, ou transversalement elliptiques, larges de 2 à 6 pouces (sur 1 !/, à 3 pouces de long, le pétiole non-compris), tantôt légtrement lobées, tantôt bilobées jusqu’au milieu ou plus pro- fondément ; base toujours pointue, confluente avec Le pétiole, tantôt rétrécie peu à peu, tantôt brusquement acuminée en forme de coin ; lobes cunéiformes, ou arrondis, plus ou moins profondément crénelés au sommet, très-entiers aux bords; pe- tiole ions de 1 pouce à 3 pouces, vat, semi cylindrique, plan en FAMILLE DES TAXINÉES. 301 dessus, grêle, renflé à la base. Bourgeons coniques : écailles roussâtres, non-persistantes : les extérieures subovales ; les 2 ou 4 intérieures cuculliformes, grandes. Chätohemäles _Jongs de 6 à 18 lignes, à rachis non-staminifère vers sa base. Étami- nes serrées avant l’anthèse ; anthères petites. Pédoncules femelles longs de 1 pouce à 2 pouces, gréles, épaissis au sommet, pen- dants, ou inclinés. Drupe rouge, du volume d’une Prune de Damas; noyau (suivant M. Delile) blanchâtre, séparable au sommet en 2 ou 3 valves. Cet arbre curieux (connu aussi sous le nom vulgaire d’Arbre aux quarante écus), aujourd’hui assez commun dans les plan- lations d’agrément, a été introduit du Japon en Angleterre, vers le milieu du dernier siècle; mais, au témoignage de M. de Sie- bold, les Japonais assurent que le Ginkgo ne vient point sponta- nément dans leur pays, et qu’il est originaire de la Chine; en effet, M. A. de Bunge en a vu de très-beaux aux environs de Pékin. k, ta En Europe, le Ginkgo n’est connu jusqu’aujourd’hui que comme arbre d'ornement, et, à ce titre, il se fait remarquer par sa cime pyramidale et élancée, de même que par la sin- gulière conformation de ses feuilles : conformation peut-être unique parmi les végétaux phanérogames, mais dont on re- trouve l’analogue chez beaucoup de Fougères {notamment chez l’Adianthum Capillus Veneris, connu sous le nom vulgaire de Capillaire). Il est en outre du petit nombre des Coniféres qui se dépouillent des feuilles aux approches de l’hiver. Mais ce n’est point seulement à cause de ces particularités que le Giskgo mérite de fixer notre attention. Au Japon et en Chine on le cul. tive fréquemment comme arbre fruitier : c’est l’amande de la graine qui est la partic comestible de son fruit. « Les amandes « du Ginkgo, dit Kæmpfer, sont saines et excellentes; les Ja; po- « nais les mangent au dessert, et ils les mêlent à presque tous « les mets. » Thunbére et M. de Siebold en parlent également avec beaucoup d’éloges ; 1l ie pourtant que ces amandes ne deviennent bonnes à manger qu'après avoir été cuites ou grillées, et qu’elles sont assez äpres avant d’avoir subi cette préparation. n’est pas probable, du reste, que ce fruit, jusqu’aujourd’hni 302 CLASSE DES CONIFÈRES. à peu pres inconnu en Europe () > puisse jsmais rivaliser ayec les Châtaignes ou les Noix. Kæmpfer dit que ie bois du Ginkgo est mou; mais M. De- lile (2) assure que ce reproche n’est pas fondé, et que le grain de ce bois est fin et serré, semblable à celui de l’Érable, Pour- tant le Géveloppement de arbre est assez rapide, du moins dans sa jeunesse. Le Ginkgo résiste parfaitement aux hivers les plus rigoureux du nord de la France; il y fleurit en avril ou au commencement de mai. On le muluplie facilement de marcoites, on de boutures faites en février et mars, avec Ges rameaux de l’année précé- dente, ayant un talon du bois de 2 ans; mais ces moyens de propagation ont cn général linconvénient, chez le Ginkgo comme chez toutes les autres Conifères, de ne donner que des tiges grêles et à cime mal garnie, parce que la bouture ou la marcotte vésètent ioujours comme ferait une simple branche ; les sujets re de dragéons epracinés forment des arbres mieux venus. Les Chinois, au rapport de M. A. de Bunge, ont coutume de réunir et d’entregreffer plusieurs jeunes troncs, pour en obte- ni de monstrueux, et probablement aussi dans le but de rendre les arbres plus féconds, par la réunion des deux sexes. Le Giskgo se plaît surtout dans les sols frais et profonds, et-dans les expositions un peu ombragées, mais d’ailleurs il s’accommode aussi des terrains maigres et secs. (1) Les'individus femelles sont encore fort rares en Europe, et tous ceux qu’on en possède aujourd’hui proviennent de greffes ou boutures d'un seul individu de ce sexe, qui existe dans une campagne près f Genève, et qui y fructifie depuis une vingtaine d'années. M. Delile a fait enter, en 4852, des bourgeons de cet individu femelle, sur les branches d'un grand individu mâle planté au jardin botanique de Montpellier ; ces greffes ont prospéré, et au bout de 5 ans elles ont produit des fruits fé- conds. MM. Audibert sont également parvenus, depuis quelques années, à maltiplier-le Giakso femelle dans leur, célébre établissement de Ton- relle, près Tarascon. Il est done probable qu'avec le temps, les indii- dus femelles de Ginkgo deviendront aussi communs que les mäles, et qu’on aura l'avantage de pouvoir multiplier cet arbre de graines, (2) Mémoire sur le Gingko, dans le Bulletin de la SOElete d'Agriculture ; de l'Hérault, 4835, per QUATREVINGT- ONZIÈME FAMILLE. LES CUPRÉSSINÉES. — CUPRESSINEÆ. Cupressineæ (Coniferarum tribus) Rich. Conif. p. 437. — Lindi. Nat. Syst. ed. 2, p. 4146. — Reichb. Syst. Nat. p. 168. — Cupressinæ Parti. Ord. Nat. p. 95. — Strobilaceæ- Cupressinæ Reichb. Consp. p. 80.— Cupressineæ Endl. Gen. p. 258. — Coniferæ-Cupressineæ et Coniferæ- Junipereæ Dumort. Fam. La plupart des Cupréssinées habitent les HÉCIENS extra-tropicales des deux hémisphères ; mais il n'en existe que quelques espèces qui résistent aux froids des contrées arctiques. Les caractères les plus essentiels qui séparent les Ghpréssinées des Abiétinées consistent en ce que chez les premières les fleurs sont inadhérentes et dressées, tandis que chez les Abiétinées elles sont adnées aux écailles et renversées; mais la forme des strobiles, qui est subglobuleuse chez la plupart des Cupréssinées, et.en général plus ou moins allongée chez les Abiétinées, ne peut cependant pas être envisagée comme un caractère absolu, parce qu'il y a plusieurs Abiétinées à strobiles presque sphériques, et des Cu- préssinées à strobiles ovales ou oblongs. CARACTÈRES DE LA FAamILLE. Aïbres où arbrisseaux résineux. Rameaux et ramules articulés ou inarticulés, cylindriques, ou comprimés, ou anguleux, en général épars. Bourgeons en général nus. Feuilles opposées, ou verticillées, ou éparses, coria- ces, ou charnues, persistantes (par exception non-per- sistantes et minces), très-entières, sessiles, le plus sou- vent très-petites et imbriquées sur plusieurs rangs, - innervées, où 1-nérvées, où U-nervéés, point veineuses, 504 CLASSE DES CONIFÈRES. Fleurs monoïques ou dioïques, sessiles sur des écailles ébractéolées et disposées en chatons unisexuels (ordi- nairement très-petits et composés d'un petit nombre d’écailles). Chatons-mäles axillaires, ou terminaux, ou latéraux, solitaires, ou par exception agrégés en épis. Écailles imbriquées en préfloraison, onguiculées, excentrique- ment peltées, subcoriaces, ou membranacées, scarieu- ses (ordinairement colorées), subverticales, 3-à 6-andres: onglet court, horizontal, charnu. Par exception les écailles-staminifères sont inonguiculées, basifixes, point peltées. :Étamines réduites à des anthères monothèques, insérées immédiatement soit au sommet de l'onglet des écailles du chaton, soit au bord inférieur ou vers la base de la surface antérieure de ces écailles, submédi- fixes, ou pendantes, ou adnées, distinctes (par excep- tion soudées), ordinairement rangées en demi-cercle, juxtaposées, subglobuleuses, ou ellipsoïdes, inappendi- culées, déhiscentes (en dessous ou au bord intérieur) par une fente longitudinale. Pollen globuleux. Chatons-femelles axillaires ou terminaux, solitaires ou géminés : rachis très-court. Écailles soit basifixes et inonguiculées , soit courtement onguiculées et peltées, imbriquées, ou valvaires (quelquefois en nombre défini), 1- 2- ou pluri-flores, charnues, persistantes, accrescen- tes : les fructifères coriaces, ou ligneuses, ou pulpeuses, apprimées, ou cohérentes, formant des strobiles subglo- buleux (rarement oblongs, ou ovoïdes). Fleurs inadhé- rentes, dressées, insérées soit vers la base de la surface antérieure des écailles, soit sur l'onglet des écailles. : Pistil : Ovaire ovoïde, rétréci en col à orifice tronqué ou denticulé, sans autre trace de stigmates. Ovule réduit \ FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 505 à un nucelle dressé, adné au fond de la loge, en général inadhérent. Écailles-strobilaires 1- 2- où poly-carpes, s’écartant les unes des autres à la maturité (excepté chez les es- pèces où elles sont charnues et soudées de manière à simuler une baie), et persistant en général après la chute des nucules. Pericarpe coriace, ou osseux, nuculaire, 1-loculaire, 1-sperme, ailé, ou aptère, complétement caché entre les écailles-strobilaires, finalement caduc chez les espèces où ces écailles s’écartent les unes des autres à la ma- turité. Graine inadhérente, ou adnée inférieurement au pé- ricarpe, dressée, basifixe, conforme à la cavité du péri- carpe. Tégument membraneux. Périsperme mince, charnu, huileux. Embryon aussi long que le périsperme, ordinairement 2-cotylédoné (rarement 3-à 6-cotylé- doné) : cotylédons linéaires, ou elliptiques, ou oblongs, plano-convexes, plus courts que la radicule, foliacés en germination ; radicule subcolumnaire, supère. Voici les genres compris dans cette famille : Juniperus Linn. (Juniperus et Cedrus Tourn.) — Cu- pressus Tourn. — Chamæcyparis Spach.— Platycladus Spach. — Thuya Tourn.— Callitris Vent.— Frenela Mirb. (excl. sp.) — Pachylepis Ad. Brongn. — Schu- bertia Mirb. (non Martius. Taxodium Rich.) — Crypto- meria Don. Genre GENÉVRIER. — Juriperus Linn. Fleurs diciques, ou rarement monoïques (sur des ra- mules différents). Chatons axillaires ou terminaux, soli- taires, caliculés, ou écaliculés.—Chatons-m äles petits, den- ses, subsessiles, subovales, obtus; écailles (au nombre de BOTANIQUE. PHAN, T, XI, 20 506 CLASSE DES CONIFÈRES. 6 à15 par chaton) opposées -croisées ou verticillées -ter- nées, suborbiculaires, mutiques, où mucronées au soin- met, 3-à 6-andres.— Chatons-femelles ovoïides ou subplo- buleux, sessiles (à l’époque de la floraison beaucoup plus petits que les chatons - mâles, et presque couverts par les écailles-caliculaires ou par les feuilles); écailles (au nom- bre de 6, de8, de 9, rarement de 3, par chaton) mucronu- lées au-dessous du sommet, conniventes, verticillées (ter- nées ou quaternées), 2-sériées (rarement 1-ou 3-sériées), entregreffées soit seulement vers leur base, soit pres- que jusqu’au sommet : les extérieures plus courtes, ap- primées, non-florifères, le plus souvent abortives ou peu accrescentes ; les intérieures 1-ou 2-flores; toutes finale- ment entresreffées. Ovaires rétrécis en col à orifice tron- qué. Strobile subolobuleux, ou ovoïde, ou ellipsoïide, co- loré, uni, ou aréolé, obtus, 1-à 8-carpe, bacciforme, charnu, indéhiscent. Nucules osseuses, aptères, le plus souvent anguleuses, ordinairement creusées de fossettes résinifères. Arbres ou arbrisseaux, très-raineux. Écorce adulte lon- situdinalement rimeuse : les couches externes se séparant peu à peu en bandes minces. Rameaux épars où opposés : les jeunes anguleux et comme articulés; les adultes cylin- driques et inarticulés. Ramules opposés ou épars, cylin- driques ou anguleux, ordinairement paniculés. Bourgeons nus ou écailleux. Feuilles aciculaires ou squamuliforines, coriaces, où un peu charnues , sessiles, persistantes (sou- vent marcescentés), opposées, où verticillées (rarement éparses), 1-ou 3-nervées en dessus, 1-nervées où canali- culées ou innervées en dessous, souvent imbriquées, soit non-décurrentes et à bases distinctes, soit décurrentes et plus ou moins connées ; les aciculaires apprimées ou plus ou moins étalées, toujours mucronées ou aristées au s0m- mel, ordinairement éplauduleuses; les squamuliformies (ordinairement très-petites etapprimées) mutiques, ou mu- cronées, ordinairement 1-glanduleuses au dos. Chatons- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 307 mâles jamais nutants. Chatons-femelles dressés ou nutants. Maturation bisannuelle ou annuelle. Strobiles (de forme et de volume variables chez toutes les espèces) cadues à la maturité, souvent couverts d’une poussière glauque, or- dinairement subombiliqués aux 2 bouts, tantôt bosselés (par des épaississements des écailles-florales ), tantôt non- bosselés (1). Nucules (de forme et de volume très-varia- bles chez toutes les espèces, le Juniperus drupacea excepté) tantôt subolobuleuses, tantôt subovales ou obiongues, tan- tôt plus où moins déformées par la compression mutuelle, lenticulaires, ou plano-convexes, ou trigones, ou trièdres, ou irrégulièrement anguleuses, sillonnées, ou ésulquées, obtuses, ou pointues, plus ou moins épaisses. Graine in- adhérente, subovale; tégument roussâtre ou jaunâtre. Em- bryon 2-ou 3-cotylédoné, presque aussi long que le péri- sperme ; cotylédons plano-convexes, subelliptiques, courts. — À l'exception d’une espèce qui habite les régions an- tarctiques de l'Amérique, ce genre appartient à l’hémi- sphère septentrional. Nous ne ferons mention que des es- pèces les. plus remarquables. : Secrion I. OXYCEDRUS Spach. (Juniperus Tourn.) Ramules et jeunes rameaux trièdres : angles marginés par un canal-résinifère nerviforme. Ramules opposés ou épars, indivisés, ou paniculés : ramilles ordinairement courtes et simples. Feuilles ni décurrentes, ni marces- centes, ni connées par la base, tantôt étalées, tantôt im- (1) La présence ou l'absence de ces bosses n’est d'aucune valeur spé- cifique, car toutes les espèces varient à cet égard; il en est de même du nombre et de la grandeur de ces excroissances (ou tubercules, comme les appellent beaucoup d'auteurs) : elles se développent tantôt sur toutes les écailles-florales, tantôt seulement sur les écailles internes, tantôt seule- ment sur les écailles externes, tantôt seulement sur une ou deux des écailles internes ou externes ; par conséquent elles sont tantôt toutes ter- minales (au nombre de 4 à 4), tantôt à la fois terminales et latérales, tantôt seulement latérales, | 508 CLASSE DES CONIFÈRES. briquées, subconformes (toutes ou la plupart aciculai- res, rarement subovales et petites), toutes verticillées- ternées, très-raides, piquantes (terminées en pointe subulée), non-glanduleuses, 3-nervées en dessus (à nervures-latérales marginantes), trièdres (plus ou moins concaves en dessus, convexes et fortement carénées en dessous ), discolores (la face supérieure avec une large bande glauque de chaque côté de la nervure médiane ; le reste de la feuille d’un vert luisant), à base calleuse en dessus, articulée. Chatons axillaires (sur les ramules de l’année précédente), dressés, caliculés par les écailles- gemmaires, qui sont petites, coriaces, aristées, imbri- quées, verticillées-ternées de même que les écailles-flo- rales ; ces squamules -caliculaires sont nombreuses, et elles recouvrent un petit rachis stipitiforme. Ecailles- staminifères coriaces, mucronées. Ecailles - pistillifères dès l’origine soudées jusqu’au delà du milieu. Matura- tion bisannuelle. A. Strobile 1-à 8- (le plus souvent 3-ou 4-) carpe, areolé tan- tôt seulement vers le sommet, tantôt (si les écailles ex- ternes du chaton ont pris de l'accroissement) à la base et au sommet. Nucules 1-loculaires, de forme variable, en général anguleuses. GENÉVRIER COMMUN. — Juniperus communis Linn. — Feuilles étalées ou imbriquées. Strobiles (subolobuleux, ou üvales, ou obovés, ou déprimés-globuleux) finalement d’un bleu noirâtre, couverts d’une poussière d’un glauque bleuâtre. — x : ORDINAIRE. — Juniperus communis vulgaris Willd. — Juniperus communis auctorum plerr. — Blackw. Her». tab. 187.— Flor. Dan. tab. 1119. — Engl. Bot. tab. 1100. — Duham. nov. VE, tab. 15, fig. 1. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 206. — Juniperus oblonga Bieberst. Flor. Taur, Gauc. — Juniperus Cracovia et Juniperus hy- bernica Lodd. Cat. — Arbrisseau touffu (haut de 2 à 10 pieds) : FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 509 tige droite; branches étalées, ou déclinées, ou diftuses. Feuilles étalées, plus ou moins rapprochées, la plupart linéai- res-lancéolées (longues d’environ 6 lignes). Strobiles petits, débordés par les feuilles, ordinairement globuleux, 2-à 6-car- pes. — Cette variété est commune dans toute l’Europe (mais dans le Midi elle se tient de préférence sur les montagnes), ainsi qu’en Orient, et dans l’Amérique septentrionale. Elle devient aussi arborescente, lorsque, étant cultivée dans un sol fertile, on prend soin d’en élaguer les branches inférieures. — 6 : DE Sukne. — Juniperus communis B : suecica Willd. (non Hort. Par.) — Juniperus suecica Mill. — Arbre de 20 à 4o pieds; tronc droit, atteignant 1 pied de diamètre ; branches ascendantes, ou inclinées, où étalées. Feuilles éta- lées, plus ou moins rapprochées, la plupart linéaires-lancéo- lées, plus allongées que chez la variété précédente (longues de 8 à 12 lignes). Strobiles petits, débordés par les feuilles, 2-a 6-carpes, ordinairement globuleux. —- Cette variétés qu'on cultive fréquemment dans les plantations d'agrément, croit spontanément dans le nord de l’Europe. — ‘ : DES MONTAGNES. — Juniperus communis + : montana Hort. Kew.— Juniperus communis var. saxatilis Pallas, Flor. Ross. tab. 54, fig. À. — Juniperus nana Willd. — Juniperus sibirica Burgsd. — J'uniperus communis alpina Wahlenb. — Juniperus communis suecica Hort. Par. (non Wild.) — Arbuste touffu, haut de 2 à % pieds; rameaux inférieurs décombants. Feuilles très-rapprochces, résupi- nées, courbées, presque imbriquées, oblongues, ou linéaires- lancéolées, longues de 3 à 4 lignes. Strobiles petüs, à peine dcbordés par les feuilles, 1-à 3-carpes, ordinairement sub- ovales.— Cette variété, nommée vulgairement Genévrier des Alpes, et Genévrier de Sibérie, est commune dans les régions alpines de l’Europe, de la Sibérie et de l'Himalaya, ainsi que dans l Amérique boréale. — Ô : pes Arves. — Juniperus communis alpina Gaudin, Fior, Helvet. — Juniperus alpina Mortul. — Arbuste pro- 519 CLASSE DES CONIFERES, combant. Feuilles ovales, ou elliptiques, ou oblongues, tres- rapprochées, imbriquées, presque apprimées, petites (longues de r à 3 lignes), courbées, en général débordées par Les stro- biles. Strobiles petits, subglobuleux, 1-à 3-carpes. — Cette variété, qu’on confond en général avec la précédente, mais qui est très-caractérisée par son port et par la petitesse de ses feuilles, croît dans les régions les plus élevées des Alpes. — € : À GROS FRUITS. — JHnIpETUS COMIRUNIS MACTOCArpa Spach. — Juniperus macrocarpa Sibth. et Smith, Proûr. Flor. Græc. — Tenore, Flor. Nap. tab. 199, fig. 2. — Arbre ou arbrisseau. Feuilles étalées, plus ou moins distar- cées, lincaires-lancéolées (longues de |, pouce à 1 pouce), souvent plus courtes que le fruit. Strobiles plus où moins gros (variant du volume d’un gros Pois à celui d’une Cerise), 2-à 5-carpes, subglobuleux, ou obovés, ou ovales, souvent rétrécis à la base. — Cette variété est propre aux régions voisines de la Méditerranée; M. Webb l’a aussi observée à Ténériffe. Arbre ou arbrisseau pyramidak, ou arbuste plus ou moins diffus. Racines rampanics, à écorce noirâtre ou d’un brun roux, et à bois jaunâire, très-tenace. Écorce du trone et des rameaux d’un brun roux, finalement grisätre. Ramules inclinés, ou étalés, ou ascendants, ou dressés, grêles, plus ou moins feuillus. Feuilles larges de 1, ligne à 2 lignes, de longueur très-variable (les ramulaires inférieures ordinairement petites chez toutes les variétés), linéaires-lancéolées, ou sublinéaires, ou oblongues, ou elliptiques, ou ovales, brusquement acuminées en arête courte et jaunâtre. Cbatons-mäles ovales ou subglobulenx, longs de :}, bgne à 2 lignes (toujours beaucoup plus courts que les feuilles) ; dcailles-stamimiferes panachées de brun ct de jaune. Fruit à chair sèche, aromatique. Nucules brunes. Cette espèce, connue sous le nom vulgaire de Genievre, est commune dans les landes et les bois arides, ainsi que dans les localités rocailleuses et découvertes des montagnes; elle pré- fère les sols sablonneux ou calcaires, Sa durée est d’environ FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 511 Go ans, ou plus. Dans le nord de la France, ce Genévrier fleurit en avril; les fruits, de même que chez la plupart de ses con- génères, ne sont mürs qu’en automne de l’année suivante, et ils persistent même jusqu’au printemps de la troisième année. Lebois de ce Genévrier est rougeätre ou jaunâtre, élégamment veiné, très-tenace, élastique, d'un grain fin, et susceptible d’an beau poli; il est presque incorruptible et nullement sujet aux attaques des insectes ; de même que toutes les autres parties du végétal, il a une odeur aromatique assez agréable; on le recher- che pour les ouvrages de tour et de marqueterie ; lorsqu’on peut s’en procurer de volume suffisant, 1l est excellent pour faire des seaux, des conduits souterrains, des échalas, des poteaux, etc. Les baies de Genièvre ont une saveur fortement aromatique et un peu sucrée ; les oiseaux frugivores, surtout les merles et les grives, en sont très-friands. On emploie ce fruit en théra- peutique, à titre de tonique, de sudorifique, de diurétique, et d’antiscorbutique ; chez les habitants du Nord, il remplace sou- vent les épices pour l’assaisonnement des mets. La liqueur al- coolique appelée eau-de-vie de genièvre ( gin des Ecossais), se prépare avec de l’eau-de-vie de grains et des baies de Genièvre : cette liqueur passe pour un anüscorbutique excellent, et les marins en font une consommation habituelle. On fait aussi avec ces baies, en les laissant fermenter dans de l’eau, une sorte de boisson connue sous le nom de genévrette. Le Genévrier commun se cultive dans les plantations d’agré- ment; dans les terrains lésers et fertiles, il devient un magni- fique buisson, très-touffu et d’une forme pyramidale; on l’élève facilement en arbre, en ayant soin d’élaguer les branches infé- rieures ; 1l est aussi très-utile et très-approprié à faire des pa- lissades toujours- veries, et des haies de clôture impénétrables. GenÉveier OxycÈDRE. — Juniperus Oxycedrus Linn. — Duham. Arb. tab, 128.—Rich. Conif. tab. 5. — Duham. nov. vol. 6, tab. 15, fig. 2.— Feuilles étalées, la plupart lincaires- lancéolécs. Strobiles plus ou moins gros (variant du volume d’un gros Pois à celui d’une Cerise), globuleux (moins souvent 212 CLASSE DES CONIFERES. déprimés ou ovales), 1-à 8-carpes, finalement rouges, couverts d’une poussière glauque. — Buisson, ou petit arbre atteignant rarement plus de 20 pieds de haut, très-semblable au Genc- vrier commun (ordinaire) par le port et Îc feuillage. Feuilles la plupart longues d'environ 9 lignes, sur 1 ligne de large; les ra- mulaires-inférieures ordinairement courtes, cvales, ou oblongues. Fruit tantôt débordé par les feuilles, tantôt débordant. Ce Genévrier, qui n’est peut-être qu'une variété du Gené- vrier commun (dont il ne paraît pas différer autrement que par la couleur du fruit), abonde dars toute la région méditerra- nécone. Dans la France méridionale, on l’appelle vulgairement Cade ou Genévrier Cade. Son bois a une odeur plus forte que celle du Genévrier commun; on en extrait une huile empyreu- matique, ayant une odeur analogue à celle du goudron, et une saveur presque caustique : cette huile est employée, dans l’art vétérinaire, comme remède détersif ; en Provence, le peuple en fait aussi usage, en frictions, comme vermifuge. B. Sirobile gros, monocarpe, aréolé à toute la surface : aréoles au nombre de 9 (rarement de 6), 3-sériées, sub- ovales, plus ou moins gibbeuses vers le sommet, à bords très-saillants. Nucule grosse, très-épaisse, subglobuleuse, point anguleuse, à 3 loges 1-spermes (1). GENÉVRIER DRUPACÉ. — Juniperus drupacea Labill. Decad. Plant. Syr. IE, p. 14, tab. 8. — Feuilles ctalées ou presque cialées, linéaires-lancéolées. Strobiies ovales ou ellipsoïdes, fi- palement bleuâtres, couverts d’une poussière glauque. — Arbre atteignant la taille d’un Cyprès. Feuilles longues d’environ 6 li- gnes, larges de r ligne à 2 lignes. Strobiles du volume d’une petite Noix; noyau très-dur, à parois de 2 à 3 lignes d’épais- seur, — Cette espèce croît au Liban; la chair de son fruit est mangeable, (1) Les fleurs-femelles de l'espèce n'ayant point été examinées, il reste douteux si le fruit devient triloculaire par suite de la soudure de 5 ovai- res, où bien si dès l'origine il n'y a qu'un seul ovaire à 5 loges. O1 FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 51 Srcriox Il. SABINA Spach. (Cedrus Tourn.} Rameaux jeunes 4-ou 6-sones. Ramules paniculés, tantôt cylindriques, tantôt 4-ou 6-gones, épars. Ramilles épar- ses,souventsubfliformeset comme pennées ou bipennées, - tantôtsubcylindriques, tantôt 4-ou 6-gones. Feuilles op- posées, ou verticillées (ternées ou rarement quaternées), ou éparses, marcescentes, décurrentes, connées par la base (du moins les ramulaires et les ramillaires), ni ar- ticulées, ni gibbeuses à la base, innervées ou obscuré- ment 1-nervées en dessus, carénées ou canaliculées au dos, ou ni carénées ni canaliculées, hétéromorphes (tan- tôt sur des ramules différents, tantôt sur les mêmes ra- mules) : les unes petites ou très-petites, squamulifor- mes, imbriquées (du moins sur les ramules et les ra- milles) sur 4 ou 6 rangs, et souvent apprimées, le plus souvent 1-glanduleuses au dos, mutiques, ou mucro- nées; les autres (en général beaucoup plus grandes) aci- culaires, mucronces, en général non-glanduleuses , im- briquées, ou plus ou moins étalées ; glandule (ou, pour mieux dire, vésicule-résinifère) tantôt elliptique, tantôt oblongue, tantôt linéaire, basilaire ou supra -basilaire, un peu enfoncée, quelquefois presque oblitérée (1). Bourgeons nus, incomplets. Chatons écaliculés, termi- naux (sur des ramilles latérales tantôt très-courtes, tan- tôt plus ou moins allongées, toujours couvertes de pe- tites feuilles imbriquées) : les mâles (ordinairement poiut nutants) à écaiiles -staminifères submembrana- cées, mutiques ; les femelles nutants; écailles-pistillife- res soudées seulement par la base (lors de la floraison ). Maturation annuelle ou bisannuelle. (1) La forme, la srandeur et Ja situation de cette glandule varient de Ja même manière chez toutes les espèces, et par conséquent elles ne peuvent fournir des caractères distinctifs. 314 CLASSE DES CONIFÈRES; a) Feuilles toutes pointues ou acuminées, piquantes : les aciculaires en général glandulifères ; feuilles-raméaires tantôt opposées, tantôt ter- nées ; feuilles-ramulaires et feuilles-ramillaires toujours opposées. GenÉvRiER PROCOMBANT.—Juruperus prostrata Pers. Ench. — Hort. Par. — Juniperus repens Nutt. Gen. — Tiges et ra- meaux procombants ou diffus, redressés au sommet. Ramules et ramilles étalés ou ascendanis, tres-rapprochés, squamuliféres seulement vers leur base. Feuilles-squamuliformes apprimées. Feuilles-aciculaires nombreuses, imbriquées, lâchement appli- quées, concaves en dessus. Fleurs dioïques. Strobiles petits, subglobuleux, 1-à 3-carpes, finalement d’un bleu noirâtre et couverts d’une poussière glauque. (Maturation annuelle? } — Arbuste rampant, à branches ordinairement grêles, atteignant plusieurs pieds de iong. Ramilles tantôt courtes, tantôt plus ou moins allongées, jamais aussi grêles que chez les variétés ordi- paires du Juniperus fœtida, rapprochées en panicules denses. Feuilles d’un vert glauque, ordinairement très-concaves en des- sus, et carénées au dos : les squamuliformes ovales, ou ovales- lancéolées, ou subrhomboïdales, pointues, ou acuminées, longues de :/, ligne à x *,, ligne ; les aciculaires sublinéaires ou linéaï- res-lancéolées, acuminées, longues de 1 Hgne à 3 lignes. Les jeunes rameaux et les ramules sont le plus souvent garpis de feuilles squamuliformes. Fruit du volume de celui du Ge- nièyre. ; RE Cette espèce croît au Canada et à Terre-Neuve; on la cultive comme arbuste d'agrément. b) Feuilles-squamuliformes tantôt mutiques, tantôt mucronées ; feuilles- aciculaires églanduleuses. Feuèlles-raméaires ternées (accidentellement opposées), ou quaternées, ow éparses; feuilles-ramulaires tantôt op- posées, tantôt ternées; feuilles-ramillaires presque toujours opposées. Genévrier FÉTIDE. — Junïperus fœtida Spach.—Junipe- rus thurifera, Juniperus Sabina, et Juniperus virginiana Linn. — Feuilles opposées ou ternées : les aciculaires étaléesou presque étalées. Fleurs ordinairement dioiques. Strobiles 1-à 6-carpes, finalement &’un violet noirâtre, et couverts de pous- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 315 siere glauque. Maturation annuelle. — Arbre ou arbrisseau pyra- midal. Tronc droit, crevassé autour des vieities branches, effilé dans sa partie supérieure; il en suinte souvent, dans les elimats chauds, une résine jaunâtre, d’une odeur pénétrante. Par varia- tion ce Genévrier forme un arbrisseau diffus on procombant. Écorce grisâtre ou d’un brun de Châtaigne. Bois rougeître. Feuilles extrémement variables : les squamuliformes un peu char nues, d’un vert gai étant jeunes, puis d’un vert glauque plus ou moins foncé, tantôt mutiques, tantôt mucronées, longues de 1}, de ligne à ‘/, ligne; les aciculaires longues de r à 4 lignes, larges de}, de ligne à 1}, ligne, linéaires-lancéolées, ou linéaires-subu- Îées, tantôt carénées, tantôt canaliculées, tantôt ni canaliculées n1 carénées : les jeunes glauques en dessus et d’un vert gai en des- sous, les adultes d’un vert glauque ou très-foncé aux 2 faces. Ramilles-amentifères (toujours couvertes de petites feuilles im- briquées ) tantôt très-courtes, tantôt plus ou moins allongées. Chatons-mâles ovales ou ovalesglobulenx, longs de 1 ligne à 2 lignes. Strobiles tantôt gibbeux et arcolés, tantôt unis où presque unis, subglobulenx, ou ovales, ou obovales, ou ellipsoïdes. Nu- cules brunes ou jannâtres, de volume très-variable. Gctte espèce, qui croît dans une grande partie de FEurope, ainsi que dans toute l’Asie tempérée et dans la plus grande par- tie de l’Amérique septentrionale, offre un grand nombre de va- riétés, dont les plus notables sont les suivantes : — œ : commun. (Vulgairement Sabine ou Sabinier, Sabine mâle, Sabine commune, Sabine à feuilles de Cyprès.) — Juniperus fœtida Sabina Spach.—Juniperus Sabina Linn. — Blackw. Herb.tab.2r4.—Juniperus Sabina cupressifolia Hort. Kew. — Willd. — J'iperus lusitanica MA. — Ju- niperus chinensis Hortul.—Buisson touffu, pyramidal, haut de 5 à r2 pieds; tronc dressé, rameux des la base ; branches divariquées : les inférieures déclinées; les supérieures ascen- dantes ou étalces; rameaux, ramules et ramilles étalés, sou- vent nutants ou réclinés, ordinairement homophylles (sans feuilles aciculaires). Ramilles comme pennées, en général tres-rapprochées et assez grêles, Squamules (feuilles) - ra- 516 CLASSE DES CONIFÈRES. millaires ovales ou subrhomboïdales, la plupart (ou toutes } obtuses et mutiques, apprimées. Strobiles (en général du vo- lume d’un gros Pois) ellipsoïdes, ou ovoïdes , ou obovés, ou subglobuleux, 1-à 3-carpes, souvent gibbeux. — Les indivi- dus adultes ne produisent en général que peu ou point de ra: mules à feuilles aciculaires. La Sabine croît dans les endroits découverts et arides, de mème que dans les bois, tant en plaine que snr les monta- gnes, dans l’Europe moyenne et dans l’Europe australe, le Caucase, et l’Asie Mineure. Les feuilles et l’écorce de ce vé- gétal (ainsi que celles des autres variétés de l’espèce) ont une saveur âcre et amère, et une odeur pénetrante assez dés- agréable ; elles ont des propriétés emménagogues très-énergi- ques ; maïs, à dose un peu élevée, elles agissent en violent dras- tique, et, par cette raison, on ne doit les administrer qu’avec toutes les précautions nécessaires ; on les emploie aussi, dans l’art vétérinaire, à titre de remède vermifuge, ainsi que comme détersif. L’odeur de la Sabine préserve les draps et étoffes de l’attaque des teignes. —La Sabine, comme l’on sait, est d’un bel effet dans les jardins paysagers ; son port touffu la rend aussi très-propre à faire des rideaux de ver- dure. Le bois de cet arbrisseau est solide et très-durable, mais peu employé, parce qu’on en trouve rarement des troncs d’une épaisseur notable, car la croissance de tous les Gené- vriers est extrêmement lente. — B: A reuiLLEs DE Tamarisc. (Vulgairement Sabine fe- melle, Genévrier (ou Sabine) à feuilles de Tamarisc. ) — Juniperus fœtida tamariscifolia Spach. — Juniperus Sa- bina Müil. — Bull. Herb. tab. 139. — Juniperus Sabina tamariscifolia Hort. Kew. — Willd. — Juniperus lycia Pallas, Flor. Ross. tab. 56, fig. 1, À et B. (non Juniperus lycia Lion.) — Cette variété differe de la précédente en ce qu’elle forme un arbuste plus bas et en général diffus; que ses ramules et ramilles sont plus grèles (souvent presque fili- formes) et couverts de squamules très-petites, pointues ou FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 317 acuminées, et mucronées, le plus souvent lancéolées-rhom- boïdales, Cette variété croît dans les mêmes contrées que la précédente, ainsi que dans l’Altaï et les montagnes de la Daourie. On la recherche comme arbuste d’ornement, et, à ce titre, on en estime surtout une sous-variété dont les pennules sont pana- chées de jaune ou de blanc. — 7} : MULTICAULE. — Juniperus fœtida multicaulis Spach. — Juniperus Sabina Pallas, Flor. Ross. tab. 56, fig. 2. — Mich. Flor. Bor. Amer. — Juniperus horizontalis Mœnch ? — Juniperus prostrata Torr. — Juniperus Sabina humilis Hook. Flor. Bor. Amer. (excl. syn.) — Cette varicté ne diffère de la Sabine commune, qu’en ce qu’elle forme un arbuste bas et diffus; elle croît dans les hautes régions des montagnes de l’Europe moyenne et de l’Europe australe, dans les steppes de la Russie méridionale, dans la Sibérie altaïque, dans la Daourie, et dans l’Amérique septentrionale. — 9 : pe Daourie. — Juniperus fœtida davurica Spach. — Juniperus davurica Pallas, Flor. Ross. tab. 55.— Andr. Bot. Rep. tab. 534.— Cette variété, qui a été observée par Pailas dans les régions alpines des montagnes de la Daourie (mais qu’on trouvera probablement aussi dans les autres con- trées qui produisent le Juniperus fœtida), mérite à peine d’être distinguée de la Sabine à feuilles de Tamarisc, dont elle ne diffère qu’en ce que ses ramules sont la plupart hété- rophylles, c’est-à-dire plus ou moins abondamment garnis de feuilles aciculaires. — « : ÉLANCÉ. (Vulgairement Geneévricr en arbre, Sabine en arbre, Genévrier élevé.) —Juniperus fœtida excelsa Spach. — Juniperus excelsa Bieberst. Flor. ‘Taur. Gauc. — Juniperus Hermanni Pers. Énch. — J'uniperus occidenta- lis Hook. Flor. Bor. Amer. — Arbre de 40 à 60 pieds. Branches inférieures déclinées ou pendantes. Ramules et ra- milles en général très-rapprochés, tantôt homophylles, tantôt hétérophylles, Squamules - ramillaires ovales ou subrhom- 518 CLASSE (DES CONIFÈRES. boïdales, obtuscs, on pointues, apprimées, petites, ordinaire- ment mutiques. Strobiles 3-à 5-carpés, ordinairement subglo- buleux.et du volume d’un gros Pois. — Il y a des individus de cette variété tout à fait dépourvus de feuilles aciculaires, tandis que sur d’autres les feuilles de cette nature sontplus ou moins abondantes. Cette variété croît dans la Crimée, l’Orient, l’Arabie Pétrée, l'Himalaya, et l'Amérique septentrionale ; on la cultive comme arbre d'ornement. — tt: 5E Virerie. (Vulgairement Cédre rouge, Cèdre de Vir- ginie, Genévrier de Virginie). — Juniperus fœtida virgi- niana Spach. — Juniperus virginiana Linn. — Mich. fil. Arb. If, p. 42, cum fig. — J. Saint-Hil. Flor. et Pom. tab. 608.— Juniperus virginiana et Juniperus barbadensis Mich. Flor. Bor. Amer.— Juniperus arborescens Mœnch, Meth. — Juniperus virginiana et Juniperus caroliniana Hortul. — Arbre de 20 à Bo pieds ; moins souvent arbrisseau formant un buisson touffu. Branches inférieures décomban- tes, ou déclinées, où pendantes. Ramilles homophyiles ou hétérophylles, souvent très-grêles. Squamules -ramillaires lancéolées-rhomboïdales, ou ovales-lancéolées, ou oblongues- lancéolées, ou ovales, souvent acuminées ou pointues et mu- cronées. Strobiles (ordinairement petits, longs de 2 à 3 li- genes) ovoides ou subovales (moins souvent subglobuleux ou obovés), 1-à 3-carpes. —Le port du Genévrier de Virginie différe beaucoup suivant les localités. Dans les sols arides ct sablonneux ou rocailleux, il ne forme qu’un buisson, et, dans cet état, il ressemble à la Sabine commune ; lorsqu'il croît en masses ou entouré d’autres arbres, son tronc devient grêle, et il finit par se couronner d’une cime pyramidale, semblable à celle du Pin de nos forêts, parce qu’il perd peu à peu ses branches inférieures ; enfin, lorsqu'il vient isolé- ment dans un terrain favorable à son accroissement, il acquiert jusqu’à 3 pieds de diamètre, 1l conserve tontes ses branches, dont les inférieures deviennent très-longues et traînantes, de FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 319 sorte qu’il forme une large pyramide, dont la base repose sur le sol. — Les branches supérieures sont tantôt horizontales, redressées ou inclinées au sommet, tantôt ascendantes. La di- rection des rameaux varie comme celle des branches. Les ra- mules et les ramilles sont tantôt très-rapprochés, tantôt plus ou moins distancés, plus ou moins grêles, quelquefois presque filiformes, tantôt pendants, tantôt inclinés, tantôt étalés, tan- tôt ascendants. La présence de ramules et de ramilles garmis en tout ou en partie de feuilles aciculaires n’est rien moins que constante, quoiqu’elle soit assez fréquente; il y a aussi des individus qui ne produisent que des feuilles squamulfor- mes et apprimées : c’est cetie variüté qui a été désignée par les jardiniers sous le nom de Juniperus caroliniana, et aussi sous celui de Juniperus barbadensis. Lès feuilles-squamuli- formes ressemblent en général à celles de la Sabine à feuilles de Tamarise, mais souvent aussi elles ne différent pas de celles de la Sabine commune, c’est-à-dire qu’elles sont obtuses et mutiques. Cette variété croît dans toute l'Amérique septentrionale, de- puis le golfe du Mexique, jusque vers le 50° degré de latitude ; toutefois, elle reste chétive dans le nord, et est dans les régions les plus méridionales qu’elle acquiert les dimensions les plus considérables ; on la trouve dans tous les sols, mais elle se plaît surtout dans les sables ; elle prospère même dans les lagunes du littoral, et dans d’autres localités fortement imprégnées de sel ma- rin ; aussi est-ce l’un des arbresles plus communs sur les côtes des États-Unis, depuis la Floride jusqu'a la Virginie. Le bois du Genévrier de Virginie est odorant, d’un rouge foncé, d’un grain serré, et, quoique fort léger, il a assez de force et la propriété précieuse d’être l’un des plus durables de tous les bois que pro- duit l'Amérique septentrionale ; aussi est-il très-recherché, aux États-Unis, pour la charpente supérieure des constructions na- vales, et, par suite de cet usage, c’est devenu chose difficile de s'en procurer des pièces de dimension nécessaire, puisque la croissance de l’arbre est extrêmement lente (1). Ce bois est (1) Kalm a compté 488 couches annuelles dans un tronc dont le din- 2 520 CLASSE DES CONIFÈRES, aussi l’un des plus estimés pour les pieux, les poteaux, les con- duits d'eau souterrains, et autres ouvrages de cette nature; dans les provinces méridionales des États-Unis, on l’emploie presque spécialement pour faire les cercueils; il s’en consomme aussi une quantité considérable pour des ouvrages de tour et de marque- terie ; enfin on l’exporte pour l’Europe, où l’on en confectionne les enveloppes des crayons. On assure que la qualité du bois de Gencvrier de Virginie est d’autant meilleure, que l’arbre croît dans des climats plus chauds, et dans des localités plus imprégnées de sel marin. Le Genévrier de Virginie se cultive depuis lons- temps comme arbre d'ornement, et, de même que la Sabine, il est aussi fort propre à former des palissades toujours vertes, qui se recommandent par leur densité et leur élévation. Du reste, cet arbre est peut-être l’un de ceux dont la propagation en grand offrirait le plus d'avantages, en raison de sa faculté de prospérer dans les terrains les plus arides, de mème que dans les dunes sablonneuses, et dans les marais salins. — 1: THURIFÈRE. (Vulgairement Cèdre d’Espagne, Genévrier d’Espagne, Genévrier thurifère, Genévrier à encens (1).— Juniperus fœtida Tournefortiana Spach. — Juniperus thu- rifera Linn. — Juniperus hispanica Lamk. — Juniperus mexicana Schlechtend. et Chamiss. in Linnæa, V, p. 77.— Arbre d’une trentame de pieds de haut. Ramules et ramilles ordinairement homophylles. Squamules-ramillaires pointues ou acuminées, apprimées, en général mucronées. Strobiles subglobuleux, du volume d’une Cerise, souvent gibbeux. — Cette variété, qui a été observée en Espagne et au Mexique, ne diffère essentiellement des deux précédentes que par le volume du fruit. — 6: A RAMULES FLASQUES. — Juniperus fœlida flaccida Spach. — Juniperus flaccida Schlechtend, in Linnæa, XI, mètre n’était que de 153 pouces, et 250 couches sur un autre tronc qui avait 48 pouces de diamètre. (1) On croyait autrefois à tort que ee Genévrier produit la résine eonnue sous le nom d’encens ou olibanum. FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 521 Pp. 495. — Arbre; rameaux, ramules et ramilles pendants. Squamules-ramillaires ovales-lancéolees ou oblongues-Jancéo- lées, pointues, mucronées, apprimées. Strobiles subglobuleux, gibbeux, du volume d’une Cerise. Cette variété, qui croît dans les Andes du Mexique, est extrêmement voisine des deux précédentes : elle ne diffère de la première que par la grosseur du fruit, et de Ja seconde par des ramules plus grêles, et des folioles plus petites. — 6 : SQUARREUX. — Juniperus fœtida squarrulosa Spach.— Juniperus fœtidissima Wild. — Juniperus thurifera Hort. Par. (non Lainn.) — Arbre. Rameaux et ramules étalés ou ré- clinés, Squamules-ramillaires assez grandes (longues de 1 ’/: à 2 Jignes), acuminées, mucronées, fortement carénées, la plu- part lâchement appliquées ou presque étalées. — Cette Va- riété a été observée par Tournefort en Arménie. GENÉVRIER DES BERMUDES. — Juniperus bermudiana Linn. — Juniperus oppositifolia Moœnch, Meth. — Feuilles- raméaires et feuilles-ramulaires ternées, ou quaternées, ou épar- ses ; feuilles-aciculaires imbriquées, plus ou moins appliquées. Fleurs ordinairement dioïques. Sirobiles pisiformes, rouges. (Maturation annuelle?) — Arire atteignant 4o à 50 pieds de haut, ou arbrisseau, variant de port comme le Genévyrier de Vir- ginie. Ramules et ramilles étalés, ou réclinés, ou nutants, ou pendanis, plus ou moins serrés, tantôt homophylles, tantôt hété- rophylles. Ramilles-squamulifères ordinairement moins grèles que celles de l’espèce précédente. Feuilles tantôt carénées, tantôt canaliculées, tantôt ni carénées n1 canaliculées au dos; les acicu- laires longues de 2 à 4 lignes, linéaires-subulées, les adultes d’un vert plus ou moins glauque, les jeunes glauques en dessus, d’un vert gai en dessous; feuilles-squamuliformes longues de 1 ligne à 2 lignes, un peu charnues, d’un vert glauque, ovales, ou ovales-lancéolées, ou rhomboïdales, ou lancéolées-rhomboï- dales, obtuses, ou pointues, ou acuminées, mutiques, ou mu- cronées ; glandule linéaire, ou oblongue, ou elliptique, plus ou BOTANIQUE, PHAN. T. XI, 24 399 CLASSE DES CONIFÈRES. moins allongée, en général supra-basilaire. Ramilles-amentife- res tantôt courtes, tantôt plus ou moins allongées. Chatons semblables à ceux de l’espèce précédente. Fruit du volume d’un Pois. Cette espèce, nommée vulgairement Cèdre des Bermudes, croît aux Bermudes, aux Antilles, et probablement aussi dans la Floride; on la cultive dans les collections d’Orangerie ; ses feuilles et son écorce ont une odeur semblable à celle de la Sa- bine. Le bois est odorant : il sert, comme celui du Genévrier de Virginie, à faire les enveloppes des crayons. GERNÉVRIER DE PHÉNiCIE. — Juniperus phœnicea Linn. (non Pallas.) —Duham. nov. VI, tab. 15, fig. 2. — Jaume Saint-Hil. Flore et Pom. VII, tab. 609. — Juniperus tetragona Mœænch. — Schlechtend. in Linnæa, XIE, p. 495. — Feuilles-raméaires et feuilles-ramulaires ternées. Feuilles-aciculaires étalées ou pres- que étalées. Fleurs souvent monoïques. Strobiles plus ou moins fortement bosselés et arcolés, luisants (dépourvus de poussière glauque), finalement rouges ou oranges, 4-à 10-carpes. Matura- tion bisannuelle. —$ : DE Lyce. — Juniperus lycia Lian. (non Pallas.) — Stro- biles atteignant le volume d’une Cerise. Arbrisseau touffa, pyramidal, haut de 5 à 15 picds, assez semblable à la Sabine commune. Tronc grêle, dressé, branchu dès la base. Branches, rameaux et ramules ascendants ou redres- sés. Ramilles ascendantes ou divariquées, plus où moins gréles, en général plus ou moins distancées. Feuilles-aciculaires sem- blables à celles du Juniperus fœtida, abondantes sur les jeunes individus, en général nulles ou rares sur les mdividus adultes ; mais on trouve aussi des individus adultes offrant beaucoup de ramules garnis, soit en tout, soit en partie, de feuilles aciculai- res, Feuilles-squamuliformes ovales, ou ovales-oblongues, ou ovales-lancéolées, ou subrhomboïdales, un peu charnues, d'un vert glanque très-foncé, longues de 7, ligne à 2 lignes, en gé- néral apprimées : les raméaires et les ramulaires ordinairement JA FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 295 acuminées ou pointues, mucronces ; les ramillaires ordinairement obtuses et mutiques ; glandule elliptique ou oblongue, plus ou moins apparente, quelquefois oblitérée. Chatons semblables à ceux du Juniperus fœtida : les mâles portés sur des ramilles tantôt courtes, tantôt plus ou moins allorgées; les femelles en général sur des ramilles très-courtes. Strobiles ombiliqués à la base, globuleux, ou déprimés-subglobuleux, ou rarement ovales, ordinairement à 6 arcoles très-convexes. Ramilles-fructiféres horizontales, ou dressées, ou nutantes, ou recourbées. Nucules brunâtres, très-résineuses, de forme et de volume très-variables. Cette espèce, appelée vulgairement Morven, Cédre lycien, et Genévrier lycien, est commune dans toutes les contrées voi- sines de la Méditerranée ; elle se retrouve au Mexique. On la cultive comme arbrisseau d’ornement ; du reste, elle participe à toutes les propriétés de la Sabine. Genre CYPRÈS. — Cupressus Tourn. Fleurs monoïques : chatons solitaires au sommet des ramilles, sessiles, écaliculés. — Chatons - mâles ellipsoïdes ou oblongs, subcylindriques , obtus , denses, petits, très- nombreux, point nutants; écailles (au nombre de 8 à 24 par chaton) opposées - croisées, subcoriaces, ovales -orbi- culaires, acuminulées, imbriquées sur 4 rangs, 2-à 4-an- dres. — Chatons-femelles plus petits et beaucoup moins nombreux que les chatons-mâles, nutants, subglo- buieux, ou ovoïdes; écailles (au nombre de 6 à 12 par chaton) opposées - croisées, subonguiculées, multiflores, presque étalées lors de l’anthèse, plus tard conniventes, valvaires, entregreffées par les bords. Ovaires lagénifor- mes, à orifice tronqué. Strobile subglobuleux ou ovoïde, bosselé, ou subspinelleux, aréolé, composé de 6 à 12 écail- les opposées - croisées (les 4 inférieures souvent presque verticillées), épaisses, ligneuses, onguiculées, peltées (les inférieures plus ou moins excentriquement, les autres régulièrement), disciformes, ou subpyramidales, ombo- nées, ou cuspidées (soit au centre, soit au-dessous) , su- ut nt ee dde he 3 524 CLASSE DES CONIFÈRES. perposées en 3 à 6 rangs, s’écartant finalement les unes des autres; onglets courts, épais, confluents en un gros axe plus ou moins allongé : les 2 ou 4 onglets - basilaires déclinés; les 2 terminaux verticaux ; les autres harizon- taux. Nucules insérées sur les onglets des écailles, nom- breuses, nidulantes, petites, minces, osseuses, plus ou moins comprimées, bordées d’une aile chartacée. Arbres très-rameux. Ecorce adulte rimeuse, à couches externes se détachant peu à peu par plaques minces. Ra- meaux épars et paniculés de même que les ramules : les jeunes feuillus, plus ou moins distinctement anguleux, subarticulés. Ramilles comme pennées ou bipennées, épar- ses, plus ou moins rapprochées (quelquefois serrées), sub- herbäcées, persistantes, très-grèles, ou subfliformes, tan- tôt aplaties, tantôt subcylindriques, tantôt plus ou moins distinctement tétragones (1), toujours formées de très-pe- tites feuilles imbriquées. Bourgeons nus, à peine appa- rents. Feuilles petites, squamuliformes, connées par la base, opposées-croisées, plus ou moins apprimées, 1-glan- duleuses au dos (2), tantôt aplaties, tantôt concaves anté- rieurement et plus ou moins convexes au dos, tantôt ca- rénées, tantôt non-carénées, tantôt mutiques, tantôt mu- cronées ; les jeunes charnues; les vieilles coriaces ; les ra- méaires plus ou moins distancées (plus courtes que les entre- nœuds); les ramulaires et les ramillaires imbriquées sur 4 rangs ; celles des jeunes plantes plus ou moins étalées, acicu- laires (sublinéaires), églanduleuses, planes, mucronées; les caulinaires verticillées-ternées ou quaternées ; les autres op- posées-croisées ; toutes sessiles, décurrentes, persistanies, marcescentes. Maturation bisannuelle ( du moins chez les espèces extra- tropicales). Ramilles -masculiflores nom- breuses, paniculées, grêles, plus ou moins allongées, naïs- (1) Selon que les feuilles-squamuliformes sont ou aplaties, ou con- vexes, ou carénées, (2) Quelquefois cette glandule est peu apparente ou même nulle, FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 325 sant sur des ramules plus anciens que ceux qui portent les ramilles - féminiflores ; celles-ci courtes, simples, subsoli- taires à la base des ramules de l’année précédente. Ramil- les-strobilifères ligneuses, assez grosses, courtes, tantôt nutantes, tantôt horizontales, tantôt dressées. Strobiles de volume varié; écailles-basilaires souvent plus ou moins connées, ordinairement plus petites que les autres. Nucu- les de forme très-variable ( ovales, ou obovales, ou ellip- tiques, ou s:borbiculaires, ou oblongues, ou diversement déformées, souvent irrégulièrement anguleuses par la compression mutuelle), obtuses : aile brunâtre ou noirâ- tre, opaque , tantôt plus large que la loge, tantôt moins large, souvent large d’un côté et étroite de l’autre. Graine ovale ou subcylindracée, inadhérente ; tégument brunä- tre. Embryon 2-ou 3-cotylédoné, presque aussi long que le périsperme; cotylédons plano -convexes, courts, ob- longs. — Nous ne ferons mention que des espèces Le pis notables de ce genre. GyprÈs commun. — Cupressus sempervirens Linn. — Pal- las, Flor. Ross. tab. 53.—Blackw. Herb. tab. 127.— Duham. nov. vol. 3, tab. 1. — Wats. Dendr. Brit. tab. 155. — Rich. Conif. tab. 9. (anal.) — Branches et rameaux étalés, ou érigés, ou pendants. Feuilles-ramillaires obtuses ou pointues, ordinai- rement mutiques : les jeunes d’un vert gai; les adultes d’un vert très-foncé. Strobiles gros, luisants, dépourvus de pous- sière glauque, composés de 8 à 12 écailles mutiques ou courte- ment mucronées. — & : PYRAMIDAL. (Vulgairement Cypres-femelle (1) ou Cyprès pyramidal.) — Cupressus sempervirens : « Linn. — Cu- pressus sempervirens stricta Hort. Kew. — Cupressus (4) Les noms de Cyprès-mâle, et Cyprès-femelle, par lesquels on dé- signe les deux variétés les plus notables du Cyprès commun, sont impro- pres, parce que l’une et l’autre sont monoïques comme toutes les espèces du genre. 326 CLASSE DES CONIFÈRES. sempervirens, fastigiata et Cupressus sempervirens pyrami- dalis Hortul. — Cupressus fastigiata De Gand. — Cupres- sus sempervirens Mill. — Reichb. — Cupressus pyrami- dalis Targion. — Branches ét rameaux érigés, droits, dispo- sés en pyramide svelte et effilée. — Chez cette variété ainsi que chez la suivante, les feuilles-ramillaires sont tantôt obtuses, tantôt pointues, ordinairement mutiques, moins souvent mu- cronulées ; les feuilles-raméaires pointues ou acuminées, ordi- nairefnent mucronées. — $ : ÉraLE. (Vulgairement Cypres-mdle, Cyprès étalée.) — Cupressus horizontalis Mill. — Cupressus sempervirens : g horizontalis Hort. Kew.— Cupressus expansa Targion. — Branches et rameaux plus ou moins étalés, diposés en tête ovale ou hémisphérique. — y: PENDANT. — Cupressus horizontalis peñdula Audib. Cat. — Branches et rameaux pendants ou réclinés. Arbre haut de 30 à 40 pieds, et souvent plus, dans les cli- mats chauds. Tronc droit. Écorce brune. Bois dur, compacie, rougeâtre, odorant. Cime très-touflue. Ramules et ramilles as- cendants, ou étalés, ou inclinés. Ramilles plus ou moins grèles, tantôt subcylndriques, tantôt tétragones, tantôt aplaties (les jeunes ordinairement aplaties), à pennules courtes ou plus ou moins allongées, ordinairement divariquées, tantôt très-rappro- chées, tantôt plus ou moins distancées. Feuilles tantôt presque planes, tantôt convexes au dos, tantôt naviculaires, carénées, ou non-carénées : les ramillaires longues d'environ :/, ligne, ovales, ou ovales-lancéolées, ou ovales-oblongues, ou rhomboïdales, ap- primées ; les ramulaires et les raméaires tantôt apprimées, tan- tôt plus où moins étalées, longues de 1 ligne à r 17, ligne, quel- quefois sublinéaires, le plus souvent ovales-acuminées ou del- tuides, souvent mucronulées ; slandule ovale, ou arrondie, ou oblongue, ou linéaire, saillante, ou enfoncée, souvent minime ou oblitérée. Feuilles-primordiales longues de 2 à 4 lignes, linéai- res, 3-nervéés. Chatons-mâles ellipsoïdes ou oblongs, jaunâtres, longs de 1 /2 ligne à 2 lignes. Ghatons-femelles verdâtres, subglo- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 327 buleux, longs de 1 ligne à 2 lignes. Strobiles finalement du volume d’une Noix, dressés, ou nutants, ou horizontaux, subglobuleux, ou ovales-globüleux, ou ovoïdés, oinbiliqués à la base, plus ou moins fortement bosselés (selon que la surface des écailles est plus où moins convexe), d’un vert gai durant la première anriée, püis d’un brun grisâtre, enfin d’un brun roux; les 4 écailles- basilairés ordinairement subsemi-orbicnlaires, plus où moins convexes ; les autres écailles 4-ou 5-latères, ou suborbiculäires, tantôt presque planes, tantôt subpyramidales , tantôt mamelon- nées ; mucrou subublus et court, ou oblitéré; onglets tétragones ou pentagones. Ramilles-strobilifères longues de 3 à6 lignes. Nu- cules fongues d’environ 2 lignes, d’un brun roux. Cet arbre croît dans l’Asie-Mineure, la Syrie, la Perse, ‘et, au témoignage de Roxburgh, aussi dans l'Himalaya et la Chine; quoiqu'il soit depuis bien des siècles naturalisé dans l’Europe australe et dans le nord de l’Afrique, il ne paraît pas être réelle- ment indigène de ces contrées ; dans le nord de la France, il ne résiste pas toujours aux hivers très-rigoureux ; Le jeune plant sur- tout a besoin d’être garanti des fortes gelées. Le Cyprès se plaît dans les sols secs et légers, mais il prospère aussi dans les loca- lités arides et pierreuses; 1l croît avec une lenteur excessive : aussi est-il doué d’une longévité peu commune; on ne peut le multiplier que de graines ; il ne se reproduit jamais de la souche, lorsque son tronc a été coupé ; la floraison a lieu au printemps : le fruit atteint à peu près le terme de son volume dans le cours de la même année, mais il ne mürit que vers la fin de l’année sui- vante, ou même seulement au printemps de la troisième année: Les feuilles et la jeune écorce ont une odeur désagréable, analo- gue à celle de la Sabine. Les écailles du fruit, avant leur ligni- fication, sont d’une astringence extrême, et elles passent pour avoir des propriétés fébrifuges. Le bois de Cyprès est l’un des plus durables que Fun cont naisse ; son priscipe âcre et résineux le préserve de l'attaque des insectes, et le rend susceptible de résister très “longtemps à l'humidité ; lorsqu'il reste constamment plongé sous l'eau, il est à peu près Imcorruptible : comme preuve de cette qualité, l’on 328 CLASSE DES CONIFÈRES. peut citer le navire, dit de Tibére, qu’on retira du fond du lac de Némi, après plus de quatorze siècles d’intervalle ; les plan- ches de Cyprès qui formaient la charpente de ce bâtiment, étaient encore dans un état de conservation parfaite. Les aneiïens employaient ce bois à la confection des coffres destinés x garan- tir des injures du temps les manuscrits et autres objets précieux. Les poteaux et échalas de bois de Cyprès durent au moins dix fois plus longtemps que ceux de Chêne. En raison de son feuillage très-sombre et toujours vert, le Cyprès fut, dès la plus haute antiquité, le symbole de la douleur et de la mort ; les bûchers funéraires étaient formés du bois de cet arbre ; une branche de Cyprès aux portes des habitations était un signe de deuil. Aujourd’hui encore, le Cyprès se plante de préférence autour des monuments funèbres, tant en Orient que dans toutes les contrées de l’Europe dont le climat n’est pas trop rigoureux pour la culture de cet arbre. Du reste le Cyprès pyramidal, qui ressemble au Peuplier d'Italie par le port, est d’un fort bel effet dans les jardins psysagers cet dans les, ave- pues. CypnÈs GLAUQUE. — Cupressus glauca Lamk. Enc. — Cupressus lusitanica Mill. — Lamb. Pin. ed. 2, vol. », tab. 49. — Cupressus pendula L'Hérit. Stirp. tab. 8. — Duham. nov. vol. 3, tab. 3. — Branches et rameaux étalés, ou réclinés. Feuilles glauques : les ramillaires obtuses ou pointues, ordinairement mucronulées. Strobiles assez petits, couverts d’une poussière glauque, coi:posés de 6 ou 8 écailles cor- niculées. Arbre s’élevant à une cinquantaine de pieds, et quelquefois plus. Rameaux en général longs, effilés, flexneux. Ramules et ramilles inclinés ou pendants, plus ou moins rapprochés. Ramilles grêles, plus ou moins allongées, ordinairement tétragones. Feuilles ova- les, ou ovales-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, ou rhomboï- dales, tantôt planes au dos, tantôt naviculaires, carénées, ou éca- rénées, ordinairement glarduleuses : les ramillaires longues d'environ :/, ligne, apprimées, obtuses, ou pointues ; les ramu- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. : 329 laires un peu plus grandes, ordinairement acuminées de même que les raméaires; celles-ci appliquées ou plus ou moins étalées, longues de 1 ligne à 2 lignes ; glandule de forme et de grandeur variables (comme chez le Cyprès commus). Ghatons semblables à ceux du Cyprès commun : les mâles atteignant jusqu’à 3 li- gnes de long. Strobiles ovales ou suglobuleux, du volume d’une Merise; écailles variant de forme comme celles du Cyprès com- mun, mais tres-ordinairement munies d’une pointe corniculi- forme, obtuse, longue de 2 à 3 lignes. Nucules sembables à celles du Cyprès commun, mais plus petites. — Cette espèce, nommée vulgairement Cèdre de Goa, Cyprès glauque, et Cypres pen- dant, est indigène de l'Inde; elle est comme naturalisée dans plusieurs localités, au Portugal, et elle prospère aussi, en plein air, dans la France méridionale ; à Paris on ne peut la cultiver _que comme arbrisseau d’orangerie. CyprÈs pENDANT. — Cupressus pendula Thunb. Jap. (non? L’Hérit.) —Lamb. Pin. ed. 2, vol. 2, p.111; tab. 50. — Cu- pressus patula Pers. Ench.—Rameaux longs, pendants de même que les ramules ; ramilles courtes, ancipitéés, étalées. Feuilles sub- trièdres, carénées. Chatons-mâles à peine longs de plus de 1 li- gne. Strobiles du volume d’une Merise, d’un brun roux, com- posés de 8 écailles corniculées. (Lambert, L. c.) — Cette espèce, qui paraît extrêmement voisine de la précédente, croît au Japon; on Ja cultive dans les collections d’Orangerie. CxpRÈs ToRuLEUx. — Cupressus torulosa Lamb. Pin. — Don, Prodr. Flor. Nepal. — « Feuilles ovales, obtuses, imbri- « quées sur 4 rangs. Strobiles globuleux ; écailles ombonées. « Ramules cylindriques, toruleux, divariqués, très-rapprochés, « étalés. » (Don, L. c.) — Cette espèce croit dans l'Himalaya. Genre CHAMÉCYPARIS. — Chamæcyparis Spach. Fleurs monoïques : chatons petits, du reste conformés et disposés comme ceux des Gyprès.—Chatons-mäles à écailles 2-andres. — Chatons-femelles à écailles 2-flores. Ovaires 530 CLASSE DES CONIFÈRES. Qu ovoïdes, à orifice bidenticulé. Strobile petit, subglobuleux, anguüleux, aréolé, composé de 6 à 8 écailles minces, coria- ces, colorées (par une poussière d’un glauque bleuâtre), mucronées, superposées en deux verticilles très-rapprochés, valvaires, d’abord entregreffées, finalement s’écartant les ünes des autres, persistantes; quatre de ces écailles sont basilaires, inonguiculées, point peltées ; les 2 à 4 autres sont terminales, disciformes, peltées, onguiculées; onglets courts, confluents en axe raccourci. Nucules géminées, ou par avortement solitaires, insérées sur l'onglet ou à la base des écailles, lenticulaires, petites, entourées d’une aile opaque.— Arbres pyramidaux ; écorce finalement épaisse, à couclies externes se séparant, comme chez la Vigne, en bandes longitudinales filamentiformes. Rameaux épars et paniculés de même que les ramules, subarticulés : les jeunes anguleux, feuilius. Ramilles comme pennées ou bi- pennées, comprimées, ou subtétragones, persistantes, sub- herbacées, grèêles, submoniliformes, toujours formées de petites feuilles squamuliformes et imbriquées. Bourgeons nus, minimes. Feuilles persistantes, marcescentes, sessiles, décurrentes, opposées-croisées (excepté celles des très-jeu- nes plantes, ou elles sont verticillées-ternées ou quaternées). Feuilles-ramillaires subconnées par la base, très-petites, squamuliformes, apprimées, imbriquées sur 4 rangs : les latérales naviculaires, embrassantes, éplanduleuses, caré- nées, non-rhomboïdales; les autres aplaties ou plano- convexes, peu ou point carénées, rhomboïdales, munies d’une glandule (placée en général vers le milieu ou au- dessus du milieu) ponctiforme ou allongée, convexe, plus ou moins saillante. Feuilles-ramulaires point connées, moins petites que les ramillaires, tantôt distancées, tantôt imbriquées, squamuliformes, en général toutes glanduli- fères. Feuilles-raméaires point connées, plus ou moins distancées, en général beaucoup plus grandes que les au- tres, tantôt squamuliiormes, tantôt aciculaires, appliquées, ou étalées, glanduleuses, ou éplanduleuses. Les feuilles FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 3234 dés très-jeunes plantes sont aciculaires (du moins la plu- part), planes, étalées, 3-nervées, églanduleuses, coriaces; feui!lles-squamuliformes d’abord charnues, finalement co- riaces. Ramilles-amentifères tantôt courtes, tantôt plus ou moins allongées : celles des chatons-femelles plus ou moins nombreuses, nutantes, naissant sur les ramules de l’année précédente ; celles des chatons-mâles très-nombreuses, rec- tilignes, naissant sur les ramules plus anciens. Floraison vernale. Maturation annuelle, — Ce genre n’est fondé que sur les 2 espèces suivantes : CHAMÉCYPARIS A FRUIT GLOBULEUX. — Chamæcyparis sphæroidea Spach. — Cupressus thuyoides TLinn. — Pluk. Mant. tab. 345, fig. 1. — Wangh. Amer. 8, tab. 2, fig. 4. — Duham. nov. 3, tab: 2. — Mich. fil. Arb. 3, p. 20, cuni fig. —Wats. Dendr. Prit. tab. 156, (mala) — Thuya sphæroidalis Rich. Conif. tab. 8. — Arbre atteignant 70 à 80 pieds de haut, sur 2 à 3 pieds de diametre ; tronc droit, effilé vers le sommet, branchu dès la base (du moins dans sa jeunesse), et restant tel lorsqu'il croît isolément ; maïs lorsque l’arbre croît en masses serrées, Les troncs des vieux individus sont dégarnis de branches jusqu’à la hauteur de 50 à 60 pieds. Branches très-rameuses : les inférieures étalées, ou déclinées, ou inclinées ; Les supérieures ascendantes ou redressées. Écorce brune ou rousse. Bois très- léger, très-tendre, d’un grain assez fin, odorant, blanchôtre, mials prenant une couleur rosée lorsqu'il est bien sec et qu’il a été exposé pendant quelque temps à l'influence de la lu- mière. Rameaux affectant en général la même direction que les branches. Ramules et ramilles tantôt inclinés, tantôt éta- lés, tantôt dressés ou ascendants. Ramilles tres-rapprochées, ou moins souvent un peu distancées. Feuilles d’un vert tantôt gai, tantôt plus ou moins foncé : les rainillaires longues de ?/; ligne , ovales, ou ovales-lancéolées, où rhombuïdales, poin- tues ; les ramulaires longues d’environ r ligue, ovales, où ovales-lancéolées, où rhomboïdales, ou delioides, acuminces ; les rameaires longues de 1 ligne à 3 lignes, tantôt squamuli- 332 CLASSE DES CONIFÈRES. formes, et variant comme les feuilles-ramulaires, tantôt acicu- laires. Strobiles du volume d’un Pois, d’abord verts, finale- ment bleus, en général droits ou horizontaux; écailles-basi- laires ovales, ou semi-orbiculaires , ou cunéiformes, souvent inégales, planes ou convexes, mucronées vers le milieu ou plus haut; écailles terminales suborbiculaires, ou carrées, ou en losange, planes ou bombées, mucronées au centre ou à peu près. Nucules ovales, ou obovales, ou suborbiculaires, petites, d’un brun noirâtre : aile de même couleur que la loge, tantôt plus large que celle-ci, tantôt moins large. Get arbre, connu sous les noms vulgaires de Faux-Thuya, ou- Cyprès Faux-Thuya, croît au Canada et aux États-Unis; mais on ne l’a pas observé au sud du 35° degré de latitude ; en Amé- rique on lui donne assez généralement le nom de Cédre blanc ; on ne le trouve que dans les lieux très-humides ; il couvre pres- que entièrement les grands marais qui existent au voisinage des plages du Jersey, du Maryland, et de la Virginie : ces marais, dit M. Michaux, sont tellement fangeux pendant huit mois de l’année, qu’ils ne sont praticables en été que lors des plus grandes sécheresses, et les arbres y sont tellement rapprochés, que la lu- mière du jour n’y pénètre que difficilement. Le Cèdre-blanc fleurit au printemps; les fruits mürissent dès l’automne : à cette époque les écailles des strobiles s’écartent les unes des au- tres, et laissent échapper les nucules. L’accroissement de l’arbre est très-lent : M. Michaux a compté 207 couches annuelles, dans un tronc de 21 pouces et 6 lignes de diamètre à 5 pieds de terre; donc les individus de 3 pieds de diamètre peuvent avoir vécu près de 5 siècles; aussi les troncs de cette dimension sont-ils devenus très-rares aux États-Unis. Parmi les diverses espèces d’arbres résineux que produit le sol des États-Unis, celle-ci, dit M. Michaux, peut être mise au nombre des plus intéressantes, à cause de plusieurs bonnes qualités qui rendent son bois propre à des usages très-variés. Ge bois se travaille assez facilement ; dépouillé de son aubier, il ré- siste très-longtemps aux alternatives de la sécheresse et de l’hu- midité ; en vertu de cette propriété, à laquelle il joint une FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 333 grande légèreté, on le préfère pour les bardeaux dont on couvre les maisons, ainsi que pour la confection des seaux et autres ouvrages de boissellerie; on l’emploierait avec avantage à la charpente des maisons, si la rareté des arbres d’un diamètre assez fort n’y mettait obstacle ; dans le voisinage des marais à Cédre, ce bois sert à faire les barres dont on a coutume d’en- clore les champs : les pieux de jeunes Cèdres-blancs, dépouillés de leur écorce, durent de 50 à 60 ans; enfin, on en fait aussi un charbon très-estimé pour la fabrication de la poudre à ca- non. — Le port de cet arbre n’est pas moins élégant que celui des Cyprès et des Thuya ; mais il ne prospère pas dans les sols secs ou peu humides ; aussi n’est-il pas commun dans les plan- tations. Sa culture serait probablement très-avantageuse sur les plages marécageuses voisines de la Méditerranée. Caamécyparis DE NouTka. — Chamæcyparis nutkatensis Spach. — Thuya excelsa Bongard, Vég. de Sitcha, p. 46.— Cupressus nutkatensis Lambert, Pin. ed. 2. — Hook. Flor. Bor. Amer. Il, p. 165. — Suivant M. Hooker, cette espèce diffère de la précédente par des branches presque dressées ; par des feuilles plus fortement carénées (et point glanduleuses au dos ; mais nous doutons fort que ce caractère soit constant), et par des fruits plus gros. — Suivant M. Bongard, le Thuya excelsa est un arbre très-élevé, à rameaux divariqués et pen- dants; les feuilles sont apprimées, imbriquées sur 4 rangs, ovales, pointues ; le strobile est globuleux, à 4 écailles obova- les, obtuses, oncinées au milieu; les nucules sont triangulaires, oblongues, bordées d’une large aile; si cette description du stro- bile est parfaitement exacte, l'espèce appartiendrait peut-être plutôt au genre Cullitris. — Get arbre croît dans le nord-ouest de l'Amérique. Genre PLATYCLADE. — Platycladus Spach. Fleurs monoïques. Chatons minimes, solitaires au som- met des ramilles, accompagnés d’un calicule de 4 squa- mules cymbiformes, étalées, membraneuses aux bords. — 294 CLASSE DES, CONIFÈRES. Chatons -mäles subglobuleux, courtement stipités, très- norubreux; écailles (au nombre de 8 à 12 par chaton) opposées-croisées, subcoriaces, ovales-orbiculaires, obtu- ses, mutiques, 3-ou 4-andres. — Chatons-femelles moins nombreux, sessiles, subovales ; écailles (au nombie de 6 ou 8 par chaton) biflores (les 2 terminales souvent sans fleurs), apiculées, presque étalées lors de l’anthèse, plus tard conniventes et entregreffées, Ovaires ovales, sublen- ticulaires, immarginés, rétrécis en col court et à orifice tronqué. Strobile obové, ou ovoïde, ou ovale, ou subglo- buleux, anguleux, aréolé, squarreux, glauque, composé de 6 à 8 écailles épaisses (surtout vers leur sommet), non- peltées, corniculées (plus ou moins au-dessous du som- met), superposées en 2 verticilles imbriqués et très-rap- prochés, avant la maturité charnues et entregreffées, finalement lisneuses, disjointes, plus ou moins divergentes, persistantes : les extérieures plus larges, inonguiculées, presque recouvrantes, valvaires, confluentes vers la base, chacune 2-carpe ; les intérieures courtement onguiculées, subclaviformes, soit au nombre de 2 (petites et non-fruc- tiféres), soit au nombre de 3 ou de 4 (dont 1 ou 2 plus grandes, ordinairement 1-ou 2-carpes, et 2 petites, non- fructifères); onglets confluents en axe raccourci. Nucules géminées ou par avortement solitaires, minces, osseuses, ovoïdes, ou subglobuleuses, immarginées, aptères. Arbres pyramidaux, très-rameux. Ecorce adulte à cou- ches externes fendillées, peu à peu caduques par plaques. Rameaux et ramules distiques : Les jeunes feuillés, plus ou moins anguleux, subarticulés. Ramilles distiques, aplaties, submoniliformes, comme bipennées, herbacées, persistar- tes, formées de petites feuilles imbriquées sur 4 rangs. Bourgeons nus, peu apparents. Feuilles sessiles, persis- tantes, marcescentes, décurrentes, squamuliformes et op- posées-croisées { excepté celles des très-jeunes plantes), longtemps charnues, finalement coriaces : les ramillai- res plus ou moins connées, écarénées, apprimées, fovéolées FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 935 au dos (à fovéole tantôt sublinéaire et allongée, tantôt arrondie ou elliptique, ordinairement résinifère), les unes (marginales) naviculaires, demi-embrassantes, subovales, les autres (dorsales) aplaties ou plano-convexes ; les ra- méaires et les ramulaires point connées, subconformes (subovales), plus ou moins distancées {rarement subimbri- quées), planes, ou convexes, ousubnaviculaires, 1-sulquées au dos, tantôt apprimées, tantôt inappliquées. Feuilles de la jeune plante subcoriaces, slauques, linéaires-aeiculaires, point connées, mucronées, trinervées en dessous (à ner- vure médiane ordinairement résineuse) : les caulinaires verticillées-quaternées, planes, étalées ; Les raméaires tantôt yerticillées-ternées, tantôt opposées, presque planes, plus ou moins étalées ; les ramulaires presque imbriquées, na- viculaires-trièdres, carénées au dos. Ramilles-masculiflores tantôt courtes, tantôt plus où moins allongées, droites, naissant sur les ramules inférieurs. Ramilles-féminiflores toujours courtes, nutantes ou réfléchies, naissant sur les ramules les plus jeunes. Écailles-staminifères d’un brun roux. Anthères minimes, jaunes. Strobiles assez gros, tan- tôt nutants, tantôt dressés, tantôt horizontaux ; ramilles- strobilifères subcylindriques, assez grosses , épaissies au sommet. Embryon à peu près aussi long que le périsperme, 2-à S-cotylédoné. Cotylédons courts, elliptiques, très- obtus. Floraison vernale. Maturation annuelle. Ce genre, qui a beaucoup moins d’affinité avec Les vrais Thuya (dont on ne l’avait pas distingué jusqu’aujourd’hui), qu'avec les Cyprès, appar- tient à l’ancien continent ; nous ne pouvons y rapporter avec certitude que les deux espèces suivantes. Pramyerane pressé. — Piatycladus stricta Spach.— Thuya orientalis Linü. — Duham. Arb. vol. 2, tab. go. —— Wats, Dendr. Brit, tab. 149. — Rich. Genif. tab, 7. (anal.) — Thuya acutæ Moœnch, Meth. — Cupressus Thuya Targ. Tozz. — Thuya pyramidalis, Tenor. Mem. Acad. Neap. 3, p. 35, tab. 2. — Thuya orientalis, Thuya pyramidalis, Thuya ne- palensis et Thuya tatarica Hortul. — Arbre très-touffu, 5356 CLASSE DES CONIFÈRES. svelte, s’élevant à environ quarante pieds dans son climat nital, mais atteignant rarement une trentaine.de pieds dans le nord de la France. ‘Tronc irès-droit, grêle, effilé vers le sommet, garni dès sa base de longues branches effilées, raides, redressées où ascendantes de même que les rameaux et les ramules. Écorce brune, longtemps lisse. Rameaux et ramules plus ou moins flexueux. Ramilles raides, plus ou moins divergentes, très-rap- prochées, simulant sur chaque ramule une feuille surdécompo- sée, oblongue ou triangulaire en contour. Feuilles d’un vert soit gai, soit plus ou moins foncé (suivant qu’elles sont ou jeunes, ou plus ou moins vieilles), ou quelquefois d’un vert glauque : les ramiilaires ordinairement obtuses ou subobtuses : les ramulaires et les raméaires pointues ou acuminées; la fovéoie-dorsale est plus ou moins profonde, tantôt résinifere (glanduleuse), tantôt unie. Strobile de 3 à 7 lignes de diamètre, de forme variable, à base ordinairement rétrécie; écailles finalement brunes, ru- gueuses, courtement ou plus ou moins longuement corniculées, ou ombonées : les extérieures ovales, ou obovales, ou oblon- gues-obovales, ou ovales-oblongues, obtuses {abstraction faite de l’appendice-dorsal), plus ou moins convexes au dos, concaves aniérieurement, tantôt égales, tantôt alternativement plus larges et plus étroites. Nucules brunes, lisses, de moitié à 3 fois plus courtes que les écailles, apiculées au sommet, obtuses à la base. Cette espèce, fréquemment cultivée comme arbrisseau d’orne- ment, et connue sous les noms vulgaires d’Arbre de vie, Thuya d'Orient, ou Thuya de Chine (1), est originaire du nord de la Chine ; on ne la connaît, en Europe, que depuis le milieu du dernier siècle; elle fleurit dès le commencement du printemps : ses fruits mürissent en automne, mais ils ne s’ouvrent qu’au printemps suivant. Get arbrisseau est parfaitement rustique ; il prospère en tout sol, dans les terrains les plus aridés, mais, de même que tous les autres végétaux de la famille des Cupréssi- (4) Ge que les pépiniéristes appellent Thuya de Tartarie, Thuya py- ramidal et Thuya du Népaul, ne diffère pas assez du type de l'espèce pour être considéré comme variétés. FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 837 nées, il croit avec une extrême lenteur ; on le multiplie facile- ment de boutures et de marcottes : toutefois les individus obtenus de graines deviennent plus forts et se développent plus rapide- ment; jusqu’à un certain âge il reprend facilement à la trans- plantation. On choisit fréquemment cet arbrisseau pour faire des palissades toujours vertes et des abris : usage auquel son port touffu et la facilité avec laquelle il se prête au ciseau le rendent très-propre. Le bois est dur et odorant : il paraît qu’il possède les mêmes qualités que celui du Cyprès. Les feuilles ont une odeur résineuse assez légère et point désagréable. Les fruits, encore verts, contiennent beaucoup de résine dont l’odeur est forte et analogue à celle de la térébenthine. PLATYCLADE DOLABRIFORME. — Platycladus dolabrata Spach. — Thuya dolabrata Thunb. Jap. — Lamb. Pin. ed. 2, App- p- 2: tab. 1. — Grand arbre. Feuilles obtuses, d’un blanc de neige en dessous ; les unes dolabriformes, les autres (margi- nales) subovales. (Lambert, L. c.) — Cette espèce croît au Ja- pon; on ne la possède pas encore en Europe. Genre THÜYA. — Thuya Tourn. Fleurs monoïques. Chatons minimes, solitaires au som- met des ramilles, accompagnés d’un calicule de 4 squamu- les cymbiformes, étalées, membraneuses aux bords. — Chatons-mâles subglobuleux, courtement stipités, très-nom- breux ; écailles (au nombre de 4 à 8 par chaton) opposées- croisées, subcoriaces, ovales-orbiculaires, obtuses, muti- ques, 3-ou 4-andres. — Chatons-femelles moins nombreux, sessiles, subovales : écailles (au nombre de 8 à 12 par chaton) opposées-croisées, bifiores (les 2 ou 4 intérieures ordinairement sans fleurs), inonguiculées, apiculées, pres- que étalées lors de l’anthèse, plus tard imbriquées sur 4 rangs, apprimées, mais jamais entregreffées. Ovaires ovales-lenticulaires, marginés, rétrécis en col très-court, à orifice 2-ou 3-denticulé. Strobile ovale, ou oblong, ou BOTANIQUE. PHAN. T, xI. 22 238 CLASSE DES CONIFÈRES. subconique, cylindrique, inaréolé, non-squarreux, com- posé de 8 à 12 écailles minces (non-épaissies au sommet), coriaces, non-peltées, inonguiculées, obtuses (subapiculées ou mutiques), ovales ou oblongues, planes ou subconvo- lutées, opposées-croisées, imbriquées sur 4 rangs, iamais cohérentes, insérées sur un axe très-court, conniventes avant la maturité, finalement plus ou moins divergentes : les 2 ou 4 intérieures plus étroites, non-fructifères ; les autres 2-carpes, presque recouvrantes. Nucules géminées (ou quelquefois solitaires par avortement), comprimées, minces, subcartilagineuses, bordées d’une aile membra- neuse, échancrée aux 2 bouts. à Arbres pyramidaux, très-rameux. Ecorce des vieux troncs fendillée. Rameaux et ramules distiques; les jeunes feuillés, subarticulés, plus ou moins anguleux. Ramilles comprimées ou aplaties, distiques, moniliformes, comme bipennées, herbacées, persistantes, formées de petites feuilles imbriquées sur 4 rangs. Bourgeons nus, peu appa- rents. Feuilles sessiles, persistantes, marcescentes, décur- rentes, ésulquées, squamuliformes (excepté chez les très- jeunes plantes), opposées-croisées, longtemps charnues, finalement coriaces : les ramillaires tantôt mucronulées, tantôt mutiques, plus ou moins connées, apprimées, les unes (marginales) naviculaires, demi-embrassantes, églan- duleuses, carénées au dos; les autres aplaties ou plano- convexes, carénées ou écarénées, glandulifères au dos (glandule soit ponctiforme, soit tuberculiforme et saillante, située tantôt au milieu du dos, tantôt plus ou moins près du sommet de la feuille); feuilles-ramulaires et feuilles- raméaires point connées, subimbriquées, ou plus ou moins distancées, apprimées, ou plus ou moins étalées, subovales, carénées, mucronées, toutes glandulifères (ordinairement à la base). Feuilles de la jeune plante subcoriaces, glauques, linéaires-aciculaires, point connées, mucronées, trinervées en dessous (à nervure-médiane ordinairement résineuse) : les caulinaires verticillées-quaternées, planes; les raméai- DE » FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 389 res tantôt verticillées-ternées, tantôt opposées, presque planes, plus ou moins étalées ; les ramulaires presque im- briquées, nayiculaires-trièdres, carénées au dos. Ramilles- masculiflores tantôt courtes, tantôt plus ou moins allon- gées, droites, naissant sur les ramules inférieurs, Ramilles- féminiflores nutantes ou réfléchies, toujours très-courtes, naissant sur les ramules les plus jeunes. Maturation an- nuelle. Strobiles redressés ou réfléchis, petits, point glau- ques. Ramilles-strobilifères ordinairement épaissies au sommet. Embryon à peu près aussi long que le périsperme, 2-à 5-cotylédoné; cotylédons courts, elliptiques, très- obtus. Ce genre, dans les limites que nous lui assignons, est propre à l’Amé- rique septentrionale. Il diffère notablement de toutes les autres Cuprés- sinées, en ce que le strobile est composé d’écailles jamais cohérentes, minces, toutes inonguiculées, complétement imbriquées, et superposées en 4 à 6 paires; il diffère en outre du genre précédent (qu’on a coutume de confondre avec lui) par ses nucules comprimées et ailées. On ne peut y rapporter avec certitude que les espèces suivantes : Tauxa commux. — Thuya occidentalis Linn. — Blackw, Herb. tab, 210.—Mich. fil. Arb. 3, p. 29, cum fig. —Duham. nov. vol. 3, tab. 4. — Waits. Dendr. Brit. tab. 150, — Rich. Conif. tab. 7. (anal.) — Thuya obtusa Mœnch, Meth, — Cu- pressus arbor-vitæ V'arg. Tozz.—Thuy a occidentalis et Thuya plicata Hortul. — Ramilles aplaties, étalées ou inclinées ou pen- dantes de même que les ramules et rameaux, Feuilles pointues ou acuminées : les ramillaires-médianes obovales-rhomboïdales, aplaties; glandule grosse, saillante. Strobiles redressés. — Arbre aiteignant, dans les localités favorables, 4o à 5o pieds de haut, et 2 à 3 pieds de diamètre; mais sa grosseur ordi- naire, à 5 pieds de terre, n’est que de 10 à 15 pouces. Tronc droit lorsque l'arbre croit isclément, plus ou moins incliné lors- qu'il forme des forêts, très-ampie au niveau du sol (où il offre 2 ou 3 sillons très-profonds), puis diminuant rapidement et se terminant en flèche très-effilée ; dans sa jeunesse il est garni de branches dès la base, et, dans cet état, il forme un buisson py- 540 CLASSE DES CONIFÈRES. : ramidal très-touffu, plus tard 1l se dégarnit peu à peu des bran- ches inférieures, et il finit souvent par en être dépouillé jus- qu'aux quatre cinquièmes de sa hauteur, surtout quand les arbres croissent en masses serrées. Branches très-rameuses, éparses, plus ou moins distancées : les inférieures plus ou moins déclinées ou pendantes; les suivantes horizontales ; les supérieu- res ascendantes. Cime pyramidale, touffue. Écorce d’un brun pourpre, longtemps lisse; celle des vieux troncs (au témoignage de M. Michaux) fort blanche. Bois rougeâtre, peu odorant, léger, d’un grain fin et tendre. Ramules effilés, plus ou moins flexueux. Ramilles pennées ou bipennées, assez rapprochées, longues de 2 à 6 pouces, les jeunes d’un vert gai, les adultes luisantes et d’un vert foncé. Feuilles-ramillaires mutiques ou mucronées, pointues, ou subacuminulées : les marginales ovales ou ovales-lancéolées, à peine plus longues que les médianes : celles-ci tantôt carénées, tantôt écarénées. Feuilles-ramulaires et feuilles-ramillaires ovales, ou ovales-lancéolées, ou subdel- toïdes, ou subrhomboïdales, en général trièdres. Glandules sub- globuleuses,ouellipsoïdes, très-visibles à l’œil nu.Strobiles ovales, ou oblongs, ou coniques, longs de 3 à 6 lignes, sur x ‘/; ligne à 3 lignes de diamètre, d’abord verts, puis jaunâtres, enfin bruns ; écailles ovales, ou oblongues, subapiculées au-dessous du som- met, demi-embrassantes : les deux basilaires souvent très- courtes. Nucules roussätres, oblongues, 2 à 3 fois plus courtes que les écailles : aile à peu près aussi large que la loge. Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Thuya du Canada, Thuya d'Amérique, Thuya plissé, Thuya d’Occi- dent, Arbre de vie (nom qui s'applique aussi au Platycladus ou Thuya orientalis), Arbre de vie d’ Amerique, et Arbre du paradis, croît aux États-Unis, et dans les contrées plus septen- trionales de l’Amérique, jusque vers le 55e degré de latitude, toutefois, au sud du 45° degré de latitude, elle est confinée dans les localités fraîches et ombragées des montagnes. Au Canada et dans le nord des États-Unis, on la désigne par les noms de Cèdre blanc (nom qu’on donne aussi au Faux- Thuya) et d’'Arbor vitæ; c'est par contre, après l’Abies FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 541 nigra et V Abies canadensis, la Gonifère la plus abondante dans le Canada, la Nouvelle-Brunswick, le Vermont et le Maine. — Le Thuya occidentalis ne se plaît que dans les sols très-frais : il croît de préférence sur les bords des lacs, des rivières, et des torrents, ainsi que dans les grands marais tourbeux, si fréquents dans l'Amérique septentrionale ; c’est surtout dans les marais les plus fangeux, et tout à fait impraticables, excepté par les grands froids, que cet arbre constitue à lui seul des forêts extré- mement épaisses : mais, dans ces conditions, il n’acquiert jamais des dimensions aussi considérables que lorsqu'il peut se déve- lopper sous l’influence du grand air; du reste, sa croissance s'opère toujours avec une lenteur extraordinaire : M. Michaux a compté 117 couches annuaires sur un tronçon de 13 pouces 5 lignes de diamètre. — La floraison a lieu au printemps ; les fruits mürissent en automne, mais les strobiles persistent jusqu’au printemps suivant, et ils ne s'ouvrent qu’à cette époque. Parmi les bois que produisent les États du nord de l’Union, et le Canada, celui du Thuya occidentalis a la qualité de ré- sister le plus longtemps à la pourriture, lorsqu'il est exposé aux alternatives de la sécheresse et de l’hnnidité; mais comme il est difficile d’en obtenir des pièces d’une grande longueur et d’un diamètre égal, on ne peut guère l’employer à la charpente; son emploi le plus habituel, et qui le rend très-précieux pour les contrées où il abonde, est pour en faire les pieux et les bar- res qui servent à enclore les champs : ces enclos de bois de Thuya durent de 35 à 60 ans. Le Thuya occidentalis, en raison de son port pittoresque, est tres-répandu dans les jardins paysagers; et, quoiqu’en Amé- rique on ne le rencontre guère que dans les localités humides ou marécageuses, il ne se refuse pas à croître dans les terrains les plus ingrats; mais, dans les sols arides, sa croissance est beau- coup plus lente, et il n’y forme en général qu'un buisson peu élevé. Cet arbre est cultivé en Europe depuis le milieu du seizième siècle ; on peut le multiplier de boutures et de semis, mais, de même que pour toutes les autres Coniferes, la voie des 342 CLASSE DES CONIFÈRES. semis est préférable ; du reste, 1l produit des graines en abon- dance, sous le climat du nord de la France. — Les feuilles exha- lent une odeur résineuse, forte et peu agréable ; dans le nord de F neue on les fait entrer dans la composition d’un onguent qu’on emploie contre les douleurs rhumatismales. Tauya Pu1sSÉ.—T'huya plicata Donn. Hort. Cantabr. ed. 6, p- 249. — Lambert, Pin. ed. 2, vol. 2, p. 114. — D’après la description de M. Lambert, ce Thuya, qu’on dit originaire de Noutka, ne diffère pas du Thuya occidentalis. TauyA GIGANTESQUE.—T'huya gigantea Nuit. Plantsof the Rocky-Mountains, p. 52. — Hook. Flor. Bor. Amer. IT, p+ 165. — Ramilles dressées et comprimées de même que les ramules. Feuilles ovales, pointues : les médianes à dos con- vexe ; glandules ponctiformes, concaves. Strobiles réfléchis. — Arbre hant de 6o à 170 pieds, sur 20 à 24 pieds de circonfé- rence. (Hooker, L. c.)—Gette espèce est commune dans le nord- ouest de l'Amérique, depuis les sources du Columbia, jusqu’à Noutka. On ne la possède pas encore en Europe. ESPÈCE DOUTEUSE QUANT AU GENRE. Tauya ? p6 CGuri. — Thuya chilensis Lamb. Pin. ed, », vol. 2, p. 114. — «Ramules articulés, étalés, comprimés. « Feuilles elliptiques-oblongues, obtuses, subtrigones, imbri- « quées sur 4 rangs, apprimées, sillonnées de chaque côté. Stro- « biles ovales-oblongs; écailles elliptiques-oblongues, obtuses, « munies d’un tubercule au-dessous du sommet. — Grand ar- « bre. Rameaux nombreux, très-étalés, inclinés, à écorce d’un « gris roussâtre. Ramules agrégés vers l'extrémité des rameaux. « Feuilles connées par la base, creusées de chaque côté d’un « sillon blanchâtre. Strebiles nutants, 4-valves.» (Lambert, L. c.) — Get arbre croit dans les Andes du Chili; il appartient peut- ètre plutôt au genre Pachylepis de M. Ad. Brongniart. Genre CALLITRIS. — Callitris Vent. Fleurs monoïques : chatons petits, caliculés, solitaires au À FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 3543 sommet des ramilles. — Chatons-mäles oblongs-cylindra- cés ou ovales, courtement stipités, très-nombreux; écail- les (au nombre de 10 à 20 par chaton) opposées-croisées, subcoriaces, suborbiculaires, mutiques, 4-andres ; calicule de 2 ou 4 squainules cymbiformes, étalées. — Chatons-fe- melles moins nombreux, sessiles, composés de 4 écailles bisériées, opposées-croisées, étalées lors de l’anthèse, plus tard conniventes, valvaires, entregreffées : les 2 extérieu- res plus grandes, biflores ; les 2 intérieures 1-flores; cali- cule de 4 à 6 paires de squamules imbriquées, opposées- croisées. Strobile 6 - carpe, ovale - globuleux, très-obtus, profondément 2-sulqué, 4-gone, composé de 4 écailles li- gneuses, épaisses, verticillées , 1-sériées, non-peltées, mu- cronulées au-dessous du sommet, valvaires, isomètres, mais alternativement plus larges, entregreffées avant la ma- turité, finalement disjointes jusqu’à la base,peu divergentes, persistantes, simulant une capsule à 4 valves; les deux écailles les plus larges inonguiculées; les 2 autres subon- suiculées; toutes confluentes avec le réceptacle, qui est dé- primé et dépourvu de tubercules résineux. Nucules insé- rées au réceptacle, géminées devant les 2 écailles larges, solitaires devant les 2 autres écailles, imbriquées, lenti- culaires, ou anguleuses, membranacées, entourées d’une large aile diaphane, cordiforme, échancrée au sommet. Arbrisseau pyramidal. Rameaux et ramules tantôt oppo- sés, tantôt épars : les jeunes tétragones, articulés, très-mé- diocrement feuillés. Ramilles tantôt opposées, tantôt disti- ques aplaties, articulées, herbacées, persistantes, 2-sul- quées de chaque côté, pennées, ou bi-pennées, ou dichoto- mes, garnies de très-petites feuilles (beaucoup plus courtes que les entre-nœuds); articulations très-fragiles après la des- siccation. Feuilles minimes, squamuliformes (1), coriaces, (1) Nous n’avons pas eu l’occasion de voir les feuilles primordiales, qui sont très-probablement aciculaires comme thezles Thuya, les Cy- près; etc. ; mais sur les individus adultes, toutes les feuilles sont constam- ment squamuliformes. 344 CLASSE DES CONIFÈRES. persistantes, sessiles, décurrentes, verticillées-quaternées, non-connées, très - distancées, apprimées, glanduleuses au dos : les marginales (de chaque verticille) naviculaires, embrassantes ; les 2 autres (du même verticille ) aplaties, subrhomboïdales. Bourgeons nus, très-peuts. Ramilles- féminiflores courtes, ordinairement nutantes, naissant sur les plus jeunes pousses. Ramilles - masculiflores droites, très- nombreuses , naissant sur les ramules plus anciens, tantôt courtes, tantôt plus ou moins allongées. Ramilles- fructifères épaissies, redressées. Maturation annuelle. Pé- risperme mince. Embryon à peu près aussi long que le périsperme, 3-à 5-cotylédoné : cotylédons sublinéaires, trièdres, plus longs que la radicule.—L’espèce suivante est la seule qu’on puisse rapporter avec certitude à ce genre. CaLLITRIS QUADRIVALVE. — Callitris quadrivalvis Vent. Decad. Nov. Gen. — Rich. Conif. tab. 8. — Thuya articulata Vahl, Symb. 2, tab. 48. — Desfont. Atlant. tab. 252. — Du- ham. nov. vol. 3, tab. 5. — Frenela Fontanesii Mirb. in Mém. du Mus. XIII. — Arbrisseau de 15 à 20 pieds. Écorce finalement fendillée, Branches et rameaux ascendants, souvent grisâtres ou glauques, plus ou moins flexueux. Ramules ascen- dants, ou étalés, ou inclinés, subdichotomes, grèles, flexueux, plus ou moins divariqués de même que les ramilles, les jeunes d’un vert gai, les adultes glauques ou brunâtres. Ramilles larges de ‘ligne à 1 ligne, d’un vert gai, plus ou moins distancées, divariquées de même que leurs pennules, étalées, ou inclinées, ou ascendantes, assez semblables à des feuilles de Crithmum ; mérithalles linéaires, élargis au sommet. Feuilles longues de ‘/; de ligne à ‘/: ligne, mucronulées, écarénées, plus ou moins largement membraneuses aux bords : les margivales ovales ou ovales-lancéolées, pointues ; les dorsales obovales-rhomboïdales, brusquement acuminulées ; glandule plus ou moins saillante, tan- tôt basilaire, tantôt submédiane, arrondie, ou allongée, à peine visible à l’œil nu. Chatons-mâles longs de 1 ligne : écailles rous- sâtres. Strobiles du volume d’une petite Cerise; écailles ascen- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 345 dantes, finement chagrinées à la surface externe, amincies aux bords, point-épaissies au sommet : les deux plus larges ovales, acuminulées, convexes au dos, un peu convexes antérieurement ; les deux autres elliptiques-oblongues, tronquées au sommet, rétrécies à la base, concaves au dos, concaves et légèrement ca- rénées antérieurement, plus épaisses; mucrons très-courts, subobtus, recourbés. Nucules ovales, ou oblongues, ou ovales- oblongues, subobtuses, roussâtres, tantôt comprimées, tantôt subtrisones, aussi longues que les écailles; aile roussâtre, sub- diaphane, plus large que les écailles du strobile. Cet arbrisseau croît dans l’Algérie et dans l’empire de Maroc, sur les collines voisines du littoral, ainsi que dans l’Atlas. Tou- tes ses parties abondent en résine d’une odeur penétrante, ana- logue à celle du camphre, et d’une saveur amère, un peu âcre ; suivant Broussonnet, cette résine n’est autre chose que la sanda- raque du commerce. — On cultive cette espèce comme arbris- seau d’orangerie. Genre FRÉNÉLA. — Frenela Mirb. Ge genre diffère du précédent : 1° en ce que le strobile est polycarpe, composé de 6 écailles alternativement plus longues et plus courtes, épaissies au sommet, simulant fi- nalement une capsule à 6 valves; 2 en ce que le récep- tacle est tuberculeux ; 3° en ce que les nucules sont os- seuses, moins largement ailées; 4° en ce que les ramules et les ramilles sont cylindriques ou trièdres et point apla- ties ; 5°, enfin, par les feuilles, qui sont verticillées-ternées, églanduleuses, toutes conformes. — On en connaît environ 10 espèces, toutes indigènes de la Nouvelle-Hollande. FRENÉLA TRiÈDRE.—Frenela triquetra Spach. — Cupressus australis Desfont. Hort. Par. (non Pers.) — Cupressus triquetra Lodd. Cat. ? — Ramules et ramilles trièdres, érigés, agrégés, filiformes. Feuilles minimes, ovales-lancéolées, acérées. Strobiles ovales-globuleux, hexagones, subsessiles, subfasciculés ; écailles gibbeuses et mucronées a-dessous du sommet : les mineures ova- 346 - CLASSE DES CONIFÈRES. les-delioïdes, 3 fois moins larges et de moîtié à r fois plus cour- tes que les 3 grandes écailles ; celles-ci obovales-rhomboïdales. Nucules à peine ailées. — Arbrisseau ayant le port d’un Casua- rina. Tronc droit. Rameaux étalés ou ascendants. Ramules flexueux, irrégulièrement paniculés, à G stries alternativement vertes et brunes. Ramilles d’un vert foncé, irrégulierement dé- composées ou subtrichotomes ; mérithalles courts, 1-sulqués à chaque face, se désarticulant par la dessiccation. Feuilles longues au plus de t/, de ligne, apprimées, très-distancées. Strobiles du volume d’une Cerise, d’abord verdâtres, finalement bruns ; écailles rugueuses et convexes à la surface externe, beaucoup plus longues que les nucules. Ramilles-fructifères courtes, épaisses, ligneuses. — Cette espèce, qu’on cultive comme ar- brisseau d’orangerie, est indigène de la Nouvelle-Hollande. Genre PACHYLÉPIS. — Pachylepis Ad. Brongn. Ce genre diffère des deux précédents : 1° en ce que le strobile est composé de 4 écailles égales, conformes, 5-ou 10-carpes, confluentes au sommet, se séparant finalement à la base ; 2°, par les rameaux, les ramules, et les ramilles, qui sont inarticulés et très-feuillus ; 3°, par les feuilles, qui sont alternes, ou subopposées, souvent aciculaires et éta- lées: — M. Ad. Brongniart en a fait connaître 3 espèces, dont une de l’île de France, et les 2 autres du Cap de Bonne-Espérance; la suivante se cultive comme arbris- seau d’orangerie. Pacuyiéris Faux-GENÉvRiER. — Pachylepis juniperoides Ad. Brongn. in Ann. des Sc. Nat. XXX (1833), p. 190. — Cupressus juniperoides Linn. — Schubertia capensis Spreng. Syst. — Arbrisseau. Tige droite. Rameaux étalés ou ascendants, épars, les jeunes feuillés, plus ou moins anguleux. Ramules très-nombreux, paniculés, étalés; ou ascendants, ou inclinés, où pendants, anguleux étant garnis de feuilles étalées, cylindriques étant garnis de feuilles imbriquées: Feuilles de forme et de FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 547 grandeur extrêmement variables, sessiles, décurrentes, coriaces, d’un vert glauque ; celles des jeunes individus la plupart linéai- res-aciculaires, planes, mucronées, subtrinervées, étalées, ou réfléchies, très-rapprochées, longues de 6 à 15 lignes, larges de :/; de Higne à 1 ligne; celles des individus adultes les unes aciculaires et plus ou moins étalées (semblables aux feuilles aci- culaires des jeunes individus, mais longues seulement de 3 à 6 lignes), les autres squamuiiformes, petites, subtrièdres, ovales, ou ovales-lancéolées, où subrhomboïdales, obtuses, ou pointues, mutiques, où submutiques, tantot apprimées, tantôt lâchement - appliquées, imbriquées en ranulies filiformes, ordinairement églandaleusés, moins souvent munies d’une glandule dorsale peu apparente. Fleurs dioïques. Chatons-mâles longs d’environ 2 lignes, oblongs-cylindracés, obtus, courtement stipités, cali- culés, composés d'environ 12 écailles roussâtres, ovales- deltoïdes, pointues, oligandres, opnosées-croisées ; calicule de 2 squamules cymbiformes, étalées, un peu charnues, rougeatres. Ramilles-masculiflores filiformes, plus ou moins allongées, très- nombreuses, couvertes de feuilles en général exactement opposéés- croisées, Strobiles (au témoignage de M. Brongniart) subglobu- leux, du volume d’une Noisette; écailles 1o-carpes, corniculées au-dessous du sommet. Nucules bisériées à la basé de chaque écaille, Genre SCHUBERTIA. — Schubertia Mirb. Fleurs monoïques. Chatons petits, caliculés, agrégés : les mâles très-nombreux, en grappes (simples ou rameuses) latérales aphylles ; les femelles peu nombreux, subslomé- rulés, terminaux. — Chatons - mâles ovalés ou subglobu- leux, stipités, obtus, denses ; écailles (au nombre de 6 à 8 par chaton) ovales-deltoïdes, acuminulées, opposées-croi- sées, 3-à 5-andres, imbriquées sur 4 rangs; calicule ob- long-turbiné, composé d’environ 12 squamules coriaces, mucronées, convexes, imbriquées en ordre spiral, insé- rées sur un rachis court. — Chatons -femelles ovoïides où 548 CLASSE DES CONIFERES. subglobuleux, sessiles, composés d’écailles nombreuses, charnues, acuminées, mucronées, imbriquées en ordre spi- ral, biflores, finalement entresreffées. Calicule ovoïde ou oblong, conformé comme celui du chaton-mâle. Ovaires tu- buleux, renflés à la base, à orifice tronqué.—Strobile sub. globuleux, ou ovale, ou ovoïide, ou obové, très-obtus, aréolé, polycarpe, ruptile longtemps après la maturité, composé d’un nombre indéfini d’écailles ligneuses, min- ces, discoïdes, ombonées (dans leur jeunesse mucronées au-dessous du sommet), longuement onguiculées, excentri- quement peltées, valvaires, entregreffées, superposées en ordre spiral, rugueuses, crénelées au bord supérieur, f- nalement caduques avec les nucules; onglets confluents en axe allongé. Nucules obliquement verticales, grandes, li- gneuses, sans forme déterminée, très-irrégulièrement triè- dres, pointues à la base, adnées aux onglets des écailles- strobilaires. Arbres. Rameaux épars, cylindriques (du moins les adultes), inarticulés, garnis (même les vieux) de même que les ramules de ramilles herbacées, non- persistantes (tombant chaque année avec les feuilles), éparses, ou subdistiques, feuillues, stériles, filiformes, ordinairement très-simples et simulant des feuilles pennées. Jeunes- pousses plus ou.moins anguleuses. Bourgeons écailleux : les floraux aphylles, plus gros que les foliaires, et dé- veloppés dès l’automne aux aisselles des feuilles et à l’extrémité des jeunes-pousses; les foliaires petits, axil- laires et latéraux, peu apparents avant le printemps. Feuil- les éparses ou distiques, non-persistantes, non-coriaces, petites, sessiles, décurrentes, ou non-décurrentes, 1-ner- vées, églanduleuses, poncticulées, tantôt aciculaires, tan- tôt squamuliformes. Floraison vernale, plus précoce que les feuilles. Inflorescences aphylles à l’époque de la florai- son : grappes-mâles tantôt spiciformes, tantôt subpanicu- lées, agrégées en panicule vers l'extrémité des scions de l’année précédente (assez développées dès l’automne; à cette FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 349 époque, les ramilles-amentifères sont souvent feuillées à la base), qui sont terminés par un glomérule de 2 à 5 cha- tons-femelles (dont ordinairement il ne se développe qu’un seul). Calicules naissant chacun à l’aisselle d’une écaille, Écailles-staminifères roussâtres. Écailles-pistillifères verdä- tres. Maturation annuelle. Strobiles subsessiles, assez gros, horizontaux , ou droits, ou déclinés, à écailles inégales : les basilaires et les terminales plus petites que les autres. Nucules imbriquées, agglutinées, aussi longues que les écailles - strobilaires : loge petite, subcylindracée. Péri- sperme mince. Embryon subcylindracé, 5-à 7-cotylédoné ; cotylédons oblongs, à peu près aussi longs que la radicule. — On ne peut rapporter à ce genre, avec certitude, que les deux espèces suivantes. À. Feuilles 1-nervées, point charnues, d’un vert gai : les aciculaires linéaires, planes, rétrécies à la base, peu ou point décurrentes. Rameaux et ramules peu ou point an- guleux. SCHUBERTIA D'AMÉRIQUE. — Schubertia disticha Mirb. — Cupressus disticha Linn. — Taxodium distichum Rich. Co- nifer. tab. 10. (anal.) — x: A FEUILLES DISTIQUES. — Cupressus disticha Mich. fil. Arb. 3, tab. 1.— Catesb. Carol. 1, tab. 11.—Duham. Arb. 1, tab. 82, fig. 4. — Taxodium distichum Lamb. Pin. ed. 2, vol. 2, p. 108, cum fig. —Feuilles-ramillaires aciculai- res, linéaires , distiques, étalées. Ramilles la plupart hori- zontales ou inclinées. — Ê : À FEUILLES IMBRIQUÉES. — Cupressus disticha imbrica- ria Nuit. — Taxodium ascendens Ad. Brogn. in Ann. des Sc. Nat. XXX (1833), p. 182. — Cupressus sinensis Hort. Par. — Feuilles-ramillaires éparses où subéparses, plus ou moins appliquées ou apprimées, imbriquées sur plusieurs rangs, les unes aciculaires, les autres squamuliformes ; quel- quefois toutes ou la plupart soit aciculaires, soit squamuli- 350 CLASSE DES CONIFÈRES. formes. Ramilles presque filiformes, souvent ascendantes ou dressées. — 7: À PETITES FEUILLES. — J'axodium microphyllum Ad. Brogn. 1. c. p. 182.— Feuilles - ramillaires distiques , oya- les-lancéolées, petites. Ramules et ramilles horizontaux, Arbre atteignant, dans les localités propices, 90 à 120 pieds de haut, sur 2 à 12 pieds de circonférence (à quelques pieds de terre) : la base est conique, profondément sillonnée, et toujours 3 à 4 fois plus grosse que le corps de l’arbre. Racines-primaires grosses, pivotantes, longues de 6 à 7 pieds, produisant des ra- mifications horizontales, très-longues, rampant presque à la surface du sol ; de la surface de ces racines horizontales, il naît, sur les arbres adultes, jusqu’à la distance de 30 pieds du tronc, des protubérances (exostoses) coniques, saillantes, obtuses, creu- ses à l’intérieur, lisses au sommet, hautes de r pied à 5 pieds : ces exostoses, qui ne commencent à se manifester que lorsque l’arbre a atteint au moins 20 à 25 pieds de haut, sont couvertes d’une écorce rousse comme celle des racines, et elles ne pro- duisent jamais n1 feuilles ni rameaux.—Les jeunes arbres sont ramifiés à peu de distance du sol, et ils offrent une cime pyramidale, très-touffue, à branches-inférieures horizontales ou déclinées. — Les vieux arbres offrent un tronc indivisé et subcylindracé jusqu'à la hauteur de 50 à 60 pieds, couronné d’une cime ample, étalée, déprimée. — Écorce du tronc et des branches brune ou d’un gris blanchâtre. Bois plus ou moins rougeâtre, peu résineux , léger, élastique, d’un grain très-fin. Rameaux et ramules étalés, ou inclinés, ou déclinés, ou ascen- dants, effilés, d’un brun roux. Ramilles longues de 2 à 6 pou- ces, plus ou moins rapprochées, le plus souvent étalées ou in- clinées, en général garnies seulement de feuilles aciculaires et distiques; toutefois, les 2 bouts des ramilles offrent assez sou- vent des feuilles squamuliformes et imbriquées. Feuilles-acicu- laires longues de 2 à 6 lignes, larges de ‘/; ligne à 1 ligne, poin- tues, mucronées , tantôt rectilignes, tantôt subfaleiformes, très- rapprochées (mais jamais immédiatement superposées comme FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 351 chez l’espèce suivante ) sur les ramilles, plus ou moins distan- cées sur les rameaux et les ramules. Feuilles - squamuliformes longues de * ligne à 2 lignes, ovales, ou ovales-lancéolées, ou deltoïdes, où sublinéaires, acuminées, mucronées, ordinaire- ment naviculaires, carénées au dos, décurrentes. Grappes-mâles pendantes ou inclinées, plus ou moins denses, spiciformes, ou subpaniculées, longues de 3 à 8 pouces. Calicule long d’envi- ron 2 lignes : écailles ovales ou ovales - lancéolées , apprimées, concaves antérieurement, convexes et carénées au dos; les inté- rieures plus grandes. Chatons-mäles longs d'environ : ligne. Chatons-femelles 2 fois plus gros que les chatons-mâles. Strobiles du volume d’une petite Noix, en générai subslobuleux, moins souvent ovales ou ovoïdes, avant la maturité verts, finalement bruns, résineux; écailles rhomboïdales, ou ovales-rhomboïda- les, ou ovales-deltoïdes, épaissies vers le centre, en général acu- minées aux deux bouts. Nucules déformées par la compression mutuelle, recouvertes d’une pellicule mince, rousse, luisante, quelquefois prolongée en forme d’aile au delà des bords. Get arbre, qu'on appelle vulgairement Cyprés-chauve , ha- bite les provinces méridionales des États-Unis, ainsi que le Mexique; dans la Louisiane, on le désigne par les noms de Cypre ou Cyprès ; dans les Garolines et la Géorgie, on le nomme Cyprès blanc et Cyprès noir ; sur le littoral atlantique, il de- vient rare au delà du 35° degré de latitude, et il ne croît plus spontanément au nord du 43°, tandis qu'il est très-commun dans les contrées plus méridionales ; confiné aux lieux aquati- ques ou très- humides, il prospère surtout dans les vastes ma- rais qui bordent les rivières, et dont le sol, bourbeux et très- profond, est submergé pendant l'hiver : dans la Louisiane, on donne le nom de cyprières à des marais de cette nature, et qui sont presque exclusivement couverts de Cyprès-chauves. Dans les mares dont le sol est mince et reposant sur un fond quartzeux , le Cyprès-chauve ne s’élève qu’à une vingtaine de pieds. — En raison des qualités de son bois, le Cyprèes-chauve est l’un des arbres les plus utiles des États méridionaux de l'U- nion ; doué d’une force et d’une élasticité considérables, il jouit 352 CLASSE DES CONIFÈRES. en outre de la propriété d’être presque incorruptible sous l’eau et derésister très-longtemps aux alternatives de sécheresseet d’humi- dité; en Louisiane, on l’emploie de préférence à tout autre tant à la charpente des maisons qu’à la menuiserie, et à la couver- ture en bardeaux ; ceux-ci durent à peu près quarante ans, et l’on en exporteune quantité considérable pour les Antilles ; avec le tronc de l’arbre on construit des canots, qui sont légers et plus durables que ceux qui se font avec toute autre sorte de bois des mêmes contrées ; enfin, c’est l’un des plus recherchés pour faire des conduits souterrains et des pieux. Grâce à son feuillage léger et d’un vert tendre, le Schubertia disticha est un arbre d'ornement des plus élégants; mais 1l faut le planter sur le bord des étangs, ou dans d’autres loca- lités constamment humides ou marécageuses; du reste, 1l ne forme pas un grand arbre dans le nord de la France, et ses fruits n'arrivent pas à maturité; mais 1] résiste aux hivers les plus rigoureux de ce climat, dans les localités convenables des départements méridionaux, sa culture offrirait probablement des avantages sur beaucoup d’arbres indigènes. — Les feuilles don- nent une décoction d’un jaune pâle, avec laquelle on peut tein- dre les laines en couleur cannelle tres-vive et tres-durable. Les strobiles contiennent une résine rougeâtre et très-odorante. — Lorsque cet arbre a été coupé, il ne repousse jamais ni du tronc, ni des racines. Dans les provinces méridionales des États- Unis, il fleurit en février, et ses fruits sont mürs en automne. B. Feuilles innervées, charnues, glauques, toutes distincte- ment décurrentes ; les aciculaires trigones ou latéralement comprimées, élargies à la base, linéaires - subulées. Jeu- nes-pousses très-anguleuses. SCHUBERTIA DU JAPON. — Schubertia japonica Ad. Brogn. (sub Taxodio) in Ann. des Sc. Nat. sér. 2, XII (1839), p. 232. — Taxodium japonicum heterophyllum Brong. 1. c. sér. x, XXX (1833), p. 182. —Taxus nucifera Hortul. (non Thunb.) — Arbre. Rameaux et ramules subfastigiés, souvent érigés, en général garnis de feuilles squamuliformes plus ou moins dis- FAMILLE DES CUPRÉSSINÉES. 353 tancées. Ramilles grêles ou filiformes, dressées, ou ascendantes, ou étalées, ou inclinées, simples ou paniculées, tantôt homo- phylles, tantôt hétérophylles. Feuilles-aciculaires longues de 3 à 6 lignes, mucronées : les ramillaires 3-à 5-stiques, plus ou moins divergentes, en général un peu arquées du dedans au dehors. Feuilles-squamuliformes longues de :/, ligne à 2 lignes, ovales, ou ovales-lancéolées, ou subrhomboïdales, ou sublinéai- res, acuminées, ou pointues, mucronces, naviculaires , carénées ou canaliculées au dos, apprimées : les ramillaires imbriquées. Strobiles (jeunes) ohovés. — Cette espèce, qui passe pour ori- ginaire du Japon, se cultive comme arbrisseau d’ornement ; elle est rare, et paraît ne pas se plaire dans le climat du nord de la France. C. Espèce de classification douteuse. SCHUBERTIA? TOUJOURS-VERT. — Schubertia sempervirens Lamb. (sub Taxodio) Pin. ed. 2, vol. 2, p. 107, tab, 48. — Arbre à ramules anguleux, feuillus. Feuilles longues de !/, pouce à r pouce, larges de "/, ligne à 1 ligne, coriaces, persistantes, li- néaires, pointues, opaques. Strobiles solitaires, terminaux, sub- globuleux , du volume de ceux du Cyprès commun, accompa- gnés chacun d’un calicule de squamules 1mbriquées; écailles- strobilaires trapézoïdes, épaisses, ligneuses, rugueuses. (Lam- bert, L. c.) — Gette espèce croît dans le nord-ouest de l’Amé- rique ; elle n’est pas encore cultivée en Europe. Genre CRYPTOMEÉRIA. — Crypiomeria Don. Fleurs monoïques. Chatons sessiles. — Chatons - mâles très-nombreux, caliculés, ovales -oblongs, obtus, agrégés en épis terminaux; écailles - caliculaires subulées, étalées, presque aussi longues que le chaton; écailles-staminifères sessiles, arrondies, imbriquées en tous sens, 4-à 6-andres. Asibèree connées, adnées en entier à la base des écailles, déhiscentes antérieurement par une large fente. — Cha tons+femelles solitaires au sommet des ramules, globuleux, BOTANIQUE. PIAN. T. XI. 25 354 CLASSE DES CONIFÈRES. écaliculés: écailles 4-ou 5-flores. Ovaires ovales, compri- més, rétrécis en col tubuleux, à orifice tronqué. Strobiles subglobuleux, squarreux, polycarpes, composés d’écailles nombreuses, imbriquées, 3-à 6-denticulées au sommet, appendiculées au-dessous du sommet. Nucules suboblon- gues, comprimées, collatérales, ailées d’un côté. — Arbre. Feuilles coriaces, persistantes, éparses, 5 -stiques, subu- lées, latéralement comprimées, 4-sulquées, incourbées, dé- currentes. (D. Don, in Trans. ofthe Linn. Soc. Lond. XVIII.) — Ce genre, qui ne paraît différer essentiellement du pré- cédent que par ses écailles-strobilaires 3-à 5-carpes, n’est fondé que sur l’espèce suivante. CrypromérrA pu Japon. — Crypiomeria japonica D. Don. 1. c. et in Ann. des Sc. Nat. sér. 2, XII, p. 232.— Cupressus -Japonica Thunb.—Gærtn. Fruct. IE, tab. 91.—Lamk. IL, tab. 7187, fig. 2. — Arbre élevé. Tronc droit, atteignant 1 pied de diametre. Bois blanc, compacte. Ramules étalés. Feuilles lon- gues d'environ r pouce, semblables à celles de PEutassa Cun- ninghamit, subobtuses et calleuses au sommet; celles de la base des ramules courtes, imbriquées. Strobile du volume d’une Noix. — Cette espèce habite le Japon ; on ne la cultive pas en- core en Europe. CENT QUATRE-VINGT-DOUZIÈME FAMILLE. LES APBIÉTINÉES. — APIETINEÆ. Abietineæ (Coniferaram tribus) et Taxinearum genn. Rich. Conif, — Lindl. Nat. Syst. — Abietineæ et Taxinearum genn. Bartl. Ord. Nat. — Endl. Gen. — Coniferæ-Araucarieæ, Coniferæ-Abietineæ, et Tazxi- neæ-Podocarpeæ (excl. zenn.) Reichb. Syst. Nat. — Coniferæ-Abietineæ et Tazineæ-Podocarpeæ Dumort. Anal. fam. Cette famille ne diffère essentiellement des Taxinées et des Cupréssinées, qu’en ce que les fleurs sont ren- versées, et, sauf quelques exceptions, adnées aux écailles qui les portent. C’est aux Abiétinées qu'appartiennent presque toutes les Conifères des régions boréales ou alpines ; mais il en existe aussi dans toutes les autres contrées du globe, à l'exception de l'Afrique équa- toriale. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres (le plus souvent très-élancés, à tronc conique, à cime pyramidale), ou arbrisseaux. Branches etrameaux inarticulés, cylindriques, le plus souvent verticillés, Bourgeons nus ou écailleux. Feuilles éparses, ou fasciculées, ou distiques, ou (seu- lement chez quelques espèces) opposées, sessiles, ou subsessiles, articulées à la base, en général coriaces et persistantes (chez quelques espèces minces et annuelles), linéaires, ou aciculaires, ou (rarement) squamiformes, ou (seulement chez quelques espèces) larges et assez grandes, 1-ou 3-nervées, ou innervées, ou rarement striées d’un grand nombre de nervules longitudinales. Fleurs monoïques ou dioïques : les mâles ébractéo- lées, agrégées en chatons à rachis nu, immédiatement - 556 CLASSE DES CONIFÈRES. staminifère; les femelles insérées sur des écailles 1-à 3-bractéolées ( rarement ébractéolées ), charnues, en général agrégées en chatons, moins souvent solitaires. Chatons-mäles axillaires, ou terminaux, ou latéraux, solitaires, ou agrégés, simples, stipités, subglobuleux, ou ovales, ou allongés, polyandres. Étamines plus ou moins serrées, insérées (en ordre spiral) immédiatement au rachis du chaton. Filets courts ou nuls. Anthères continues avec les filets, ou sessiles, 2-à 20-thèques, extrorses, ou introrses ; connectif inap- pendiculé, ou plus souvent couronné soit d'une crête membraneuse, soit d'une écaille coriace : bourses ad- nées, ou pendantes, déhiscentes chacune par une fente soit longitudinale, soit transverse. Granules-polliniques ellipsoïdes. Chatons-femelles axillaires, ou terminaux, ou laté- raux, solitaires, ou subsolitaires. Écailles 1-à 3-flores, en nombre indéfini (ordinairement trèës-nombreuses), inonguiculées, ou courtement onguiculées, point peltées, imbriquées sur plusieurs rangs (en ordre spiral), accres- centes, souvent entregreffées après la floraison : les fructifères apprimées, serrées, finalement coriaces ou ligneuses, formant des strobiles subglobuleux, ou ovoides, ou coniques, ou oblongs. Bractées accrescentes ou marcescentes (quelquefois s’oblitérant peu après la floraison), ordinoirement membranacées et colorées. Fleurs collatérales {lorsque les écailles sont 2-ou 3-flo- res), renversées, adnées à la surface antérieure des écailles (1).— Chez un certain nombre d'espèces (les Podocarpées), les écailles-pistilliféres sont solitaires, (1) Excepté chez le genre Arthrotaxis, où, suivant M. Don, la fleur- femelle est inadhérente et pendante. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 357 mais, du reste, conformées comme chez les espèces normales. Pistil : Ovaire plus ou moins confluent avec l’écaille, à orifice urcéolé, ou tubulaire, ou bien dilaté en forme de limbe bifide ou irrégulièrement lacinié. Ovule adnéau fond de l’ovaire, ou adhérent jusqu’au delà du milieu, renversé, en général réduit au nucelle, ou moins souvent à nucelle recouvert d'un tégument simple. Écailles-strobilaires 1-à 3-carpes, entregreffées, ou distinctes, finalement caduques (soit avec, soit sans les nucules) ou divergentes. — Les écailles-fructifères des espèces non-strobilifères deviennent le plus souvent pulpeuses. Pericarpe osseux, ou ligneux, ou coriace, nuculaire, ailé, 1-loculaire, 1-sperme, se détachant finalement de l’écaille-strobilaire, ou bien restant adné à cette écaille. — Chez les espèces non-strobilifères, le péricarpe est un drupe à noyau solitaire, 1-loculaire, 1-sperme. Graine adnée inférieurement au péricarpe, ou inad- hérente et basifixe, renversée (par exception redres- sée), conforme à la cavité du péricarpe. Tégument membraneux. Périsperme épais, charnu, huileux. Em- bryon à peu près aussi long que le périsperme, 3-à 15-cotylédoné (rarement 2-cotylédoné); cotylédons courts ou plus ou moins allongés, obtus, ou pointus, linéaires, ou rarement larges, foliacés en germination, ou (chez quelques espèces) hypogés. Radicule coium- naire, allongée, infère (par exception supère). La famille des Abiétinées comprend les genres suivants : SECTION Ï. ARAUCARBIÉES. — Araucarieæ Reichb. Anthères 2-à 20-thèques, introrses : connectif large, longuement appendiculé ; bourses pendantes, disjoin- 353 CLASSE DES CONIFÈRES. tes, inadhérentes, r-ou 2-sériées, attachées vers le sommet de la face antérieure du connectif. — Écail- les-pistillifères 1-ou 2-flores, ébractéolées, imbri- quées, agrégées en chatons. Écailles-strobilaires point entregreffées. Nucules ailées ou aptères. — Bourgeons nus. Feuilles étalées ou imbriquées, épar- ses, ou rarement opposées, le plus souvent inarticu- lées et marcescentes. Arthrotaxis Don. — Cunninghamia R. Br. (Belis Salisb.) — Æutassa Salisb. — Araucaria Juss. (Dombeya Lamk. Columbea Salisb.) — Dammara Rumph. (Aga- this Salisb.) Secrion II. ABTÉTINÉES-TYPES. — Abrcteæ KReichb. Anthères 2-thèques, extrorses, cristées au sommet (ou rarement inappendiculées) ; connectif étroit ; bourses collatérales, adnées aux bords du connectif, conti- guës postérieurement, — Écailles-pistillifères biflo- res, 1-bractéolées, imbriquées, agrégées en chatons. Écailles-strobilaires entregreffées ou distinctes. Nu- cules à aile membranacée, oblique, basilaire, avant _ la maturité adnée à l’écaille-strobilaire. — Bour- geons écailleux. Feuilles éparses, ou subdistiques, ou fasciculées, linéaires, ou aciculaires, persistantes (excepté chez les Mélèzes), jamais imbriquées. Pinus Tourn. — Abies Tourn. — (Abies et Picea Link. Peuce Rich.) — Cedrus Juss. — Larix Tourn. Secrion III. PODOTARPÉES. — Podocarpeæ Dumort. Anthères appendiculées ou inappendiculées, extrorses, 2-thèques ; connectif étroit ; bourses collatérales, ad- nées aux bords du connectif, contiguëès postérieure- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 399 ment. — Écailles-pistillifères solitaires (ou rarement en épis lâches), 1-flores, 1-à 3-bractéolées, accrescen- tes, finalement pulpeuses (par exception inaccres- centes, marcescentes). Ovules (suivant MM. R. Brown et Bennet) à nucelle recouvert d’un tégument simple. Péricarpe drupacé. — Bourgeons nus ou écailleux. Feuilles éparses, ou rarement distiques ou opposées. Podocarpus L'Hérit. — Dacrydium Soland (x). SECTION 1. ARAUCARIÉES. — /raucaricæ Reichb. (2) Anthères 2-à 20-thèques, introrses; connectif large, longuement appendiculé; bourses pendantes, dis- jointes, inadhérentes, r-ou 2-sériées, attachées vers le sommet du connectif., — Écailles-pistillifères I-OU 3-flores, ébractéolées, imbriquées, agrégées en cha- tons. Écailles-strobilaires pointentregreffées. Nucules ailées ou aptères. — Bourgeons nus. Feuilles étalées ou imbriquées, éparses, ou rarement opposées, le plus souvent inarticulées et marcescentes. (41) A l'exemple de GC. L. Richard, tous les auteurs, MM. R. Brown et Bennet exceptés, ont classé ces deux genres dans les Taxinées. (2) « Les Araucaria, les Eutassa, les Dammara, et peut-être quelques autres Conifères, » dit M. Ad. Bronguiart (Dict. universel d'Hist. nat, IL, p. 78), « présentent une structure de leurs fibres ligneuses qui les « distingue facilement des Pins et de la plupart des autres Conifères, « C’est la disposition des ponctuations des parois latérales de ces fibres, « qui forment plusieurs rangées longitudinales sur chaque fibre, ordinai- « rement 2 ou 5, et dont les ponctuations alternent dans deux rangées « contiguës. Ce dernier caractère les distinoue des bois de quelques Co- « nifères, tels que les Taxodium, qui ont aussi deux rangées de ponc- « tuations, mais formant des séries transversales perpendiculaires à la « direction des fibres ligneuses. » 560 CLASSE DES CONIFÈRES. Genre CUNNINGHAMIA. — Cunninghamia R. Br. Fleurs monoïques. — Chatons-mâles petits, solitaires, terminaux, ovoïdes. Anthères sessiles, 3 -thèques, imbri- quées; bourses 1-sériées, collatéraies, sublinéaires, longi- tudinalement déhiscentes ; appendice -apicilaire ovale-or- biculaire, membranacé, denticulé, acuminulé, applique. — Chatons-femelles solitaires, terminaux, ovoïdes, sessiles ; écailles 3-gynes, courtement onguiculées, ovales, acumi- nées, denticulées. Ovaire inadhérent, pendant, à onfice urcéolé, tronqué. Strobile ovoïde ou subglobuleux : écail- les coriaces, ovales, acuminées, denticulées, amincies aux bords et au sommet, onguiculées, tricarpes. Nucules sub- lenticulaires, minces, subcoriaces, marginées, inadhéren- tes, pendantes, imbriquées, attachées au sommet de l’on- glet des écailles, finalement caduques. Embryon dicotylé- doné : cotylédons oblonss, obtus, aussi longs que la radr- cule.— Arbre résineux. Branches et ran:eaux subverticillés ou épars, striés. Feuilles éparses, très-rapprochées, coria- ces, raides, marcescentes, sessiles, subdécurrentes, planes, linéaires - lancéolées, piquantes, étalées, très -finement ci- liolées-denticulées, innervées, marquées en dessus de 2 stries intra-marginales, blanchâtres, très-fines. Chatons paissant au sommet des jeunes-pousses. — Ce genre n’est fondé que sur l'espèce suivante. CunniNGnaMIA DE Cnaine. — Cunninghamia sinensis R. Br. in Rich. Conifer. — Rich. 1. c. p. 80 et 149; tab. 18. — Cunninghamia lanceolata Bot. Mag. tab. 2743. — Pinus lanceolata Lamb. Pin. tab. 34. — Belis jaculifolia Salisb. in Trans. Soc. Linn. Lond. VIII, p. 315.— Æbies lanceolata Desfont. Gat. Hort. Par. ed. 3.— Belis lanceolata Sweet, Hort. Brit. — Arbre tres-élevé (dans son climat natal), à cime pyramidale. Branches et rameaux étalés ou inclinés : les infé- rieurs très-longs. Feuilles longues de 1 ‘/2 pouce à 2 pouces, larges de 2 à 3 lignes, luisantes, d’un vert plus ou moins foncé a FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 861 en dessus, d’un vert glauque en dessous. Chatons dressés : les _ femelles sur des ramules latéraux. Strobiles dressés, du volume d’une Noix, accompagnés d’un involucelle de petites feuilles subulées, recourbées; écailles-strobilaires roussâtres, concaves antérieurement, convexes au dos, beaucoup plus longues que les nucules. Nucules suborbiculaires ou subeunéifor mes, supra-basi- fixes. — Cette espèce, originaire de Chine, se cultive comme arbre d'ornement: mais sous le climat de Paris elle ne résiste pas, en plein air, aux hivers rigoureux. | Genre EUTASSA. — Eutassa Salisb, Fleurs dioiques. — Chatons-mâles solitaires, terminaux, subovales. Anthères polythèques, imbriquées; appendice- apicilaire cristé, court, apprimé; bourses 2-sériées, longi- tudinalement déhiscentes. (D. Don.)—Chatons-femelles so- litaires, terminaux, globuleux, sessiles ; écailles monosy- nes, acuminées. Ovaire adné. Strobile gros, subglobuleux : écailles subacuminées, confluentes presque entièrement avec le péricarpe. Nucules grosses, ligneuses, obcunéifor- mes, ailées aux bords, appendiculées par la partie inadhé- rente des écailles, finalement caduques. (Salisbury.) —Em- bryon 4-cotylédoné : cotylédons larges, foliacés en germi- nation, et striés d’un grand nombre de nervures fines. (4d. Brongniart.)— Arbres très -élevés. Branches verticillées. Rameaux opposés ou épars. Ramules grèles, alternes, très- feuillus, subdistiques. Feuilles alternes, sessiles, décur- rentes, juxtaposées, raides, coriaces, marcescentes, fine- ment ponctuées, hétéromorpbhes : les unes (plus ou moins rares sur les individus adultes, abondantes ou seules pré- sentes sur les jeunes individus) étalées ou presque étalées, subdistiques, aciculaires, piquantes, écarénées, aplaties latéralement ; les autres imbriquées sur plusieurs rangs, disposées en ordre spiral, trièdres, ou tétragones, forte- ment carénées au dos, épaissies à la base, ordinairement mutiques. — Ce genre est propre à l'Australie; on n’en connait que 3 espèces. 362 CLASSE DES CONIFÈRES. a) Feuilles-inappliquées, linéaires-subulées, falciformes. EUTASSA HÉTÉROPHYLLE. — Æutassa heterophylla Salisb.in Trans. Linn. Soc. Lond. VIII, p. 316. — Dombeya excelsa Lamb. Pin. ed. 1, tab. 39 et 40. — Araucaria excelsa Lambe Pin. ed. 2, vol. 2, tab. 47 et 47 bis. — Columbea excelsa Spreng. Syst. — Calsnites angustifolia Bertol. — Cupressus columnaris Forst. — Arbre haut de 180 à 220 pieds. Tronc … columnaire, finalement sans branches jusqu’à la hauteur ae 80 à go pieds, et atteignant 11 pieds de diamètre. Écorce gri= sâtre, épaisse, tuberculeuse, finalement lamelleuse. Cime pyra- midale. Branches étalées ou déclinées : les inférieures très-lon- gues. Rameaux tantôt opposés, tantôt aliernes, horizontaux, souvent déclinés, longtemps feuillus. Ramules horizontaux on réclinés, très-nombreux, longs de ‘ pied à 3 pieds , effiles, ordinairement très-simples. Feuilles d'un vert gai : les inappli- quées mucronées, longues de 3 à 8 lignes, larges de :/, ligne à 1 ligne; les imbriquées oblongues-lancéolées ou linéaires-lan- céolees, subobtuses, mutiques, longues de 4 à 8 lignes, lâche- ment appliquées, ou apprimées, plus ou moins courbées. Stro- biles ovales-globuleux, très-obtus, du volume de ceux du Pin Pignon. | Cette espèce (appelée par les jardiniers Pin de Norfolk, et Sapin Colombaire), qui est l’un des arbres les plus majestueux que l’on connaisse, croît à l'ile Norfolk. Son bois, à ce qu’on assure, n’est pas assez solide pour servir à la mâture. U 4. È 1 b) Feuilles-inappliquées pugioniformes ou linéaires-lancéolées, rectilignes, horizontales. Eurassa DE Cunnincnam. — ÆEutassa Cunninghami Sweet, Hort. Brit. (sub ÆAraucaria.) — Altingia Cunning- hami G. Don. — Arbre semblable à l’espèce précédente par Je port ; écorce des jeunes troncs lisse, luisante, d’un brun rou= geâtre, semblable à celle du Merisier. Feuilles (des jeunes in- dividus) longues de 4 à 6 lignes, larges de ‘/, ligne à a ligne, d’un vert gai, très-acérées, mucronées, piquantes : celles de 1 FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 363 base des ramules tout à fait semblables à des aïguillons, longues de 1 ligne à 3 lignes. — Cette espèce croît sur le littoral de la Nouvelle-Hollande, entre les 14° et 30° de Lat. S. L’Eutassa Cunninghami et l'Eutassa heterophylla se eul- tivent dans les collections de serre tempérée; mais il n’est pas Le probable qu’ elles soient susceptibles de résister en plein air as . le la France, Faute HérAd dans quelques localités . Genre ARAUCARIA. — Araucaria Juss. Fleurs dioïques. Chatonssolitaires, terminaux, gros, com- pactes, sessiles.—Chatons-mâles ovales-cylindracés, squar- reux. Anthères polythèques, imbriquées, très-nombreuses, sessiles, appendice-apicilaire grand, coriace, ovale-lan- céolé, longuement acuminé, recourbé au sommet; bourses 2-sériées, linéaires, longitudinalement déhiscentes.— Cha- tons-femelles ovoïides ou subglobuleux ; écailles monogynes, inonsuiculées, appliquées. Ovaire’ adné. Strobile très- gros, subglobuleux ; écailles acuminées ou tronquées, cunéiformes, épaissies et ligneuses vers leur sommet, coriaces inférieurement et confluentes avec leur nucule. Nucules grosses, adnées, coriaces, obcunéiformes, ob- scurément tétragones, aptères, finalement caduques avec l’écaille. Embryon 2-ou 3-cotylédoné ; cotylédons hypo- gés (1), linéaires, obtus, plus longs que la radicule. Péri- sperme point huileux. — Arbres élancés. Branches verti- cillées. Rameaux opposés ou alternes, eflilés et feuillus de même que les ramules. Feuilles (étalées ou réfléchies sur les jeunes arbres, imbriquées sur les vieux) similai- res, assez grandes, éparses, très-rapprochées, coriaces, ‘persistantes, marcescentes, décurrentes, sessiles, planes, subcarénées en dessous, acérées, piquantes, inner- vées, ou légèrement 1-nervées en dessous, finement (1) Au témoignage de M. Ad. Brongniart. 3564 CLASSE DES CONIFÈRES. ponctuées; ponctuations (à peine perceptibles à l'œil nu) blanchâtres, très-rapprochées, disposées par séries longi- tudinales parallèles. — Ce genre ne comprend quelles deux espèces dont nous allons parler. Al A. Feuilles très-épaisses, cartilagineuses aux bords, conco- lores (d’un vert foncé aux 2 faces), acuminées-cuspidées. Ecailles-strobilaires acuminées. Ecailles des chatons-fe- melles appliquées. à ArauCARIA DU Gminr. — Araucaria chilensis Mirb.—Dom- beya chilensis Lamb. Enc. — Araucaria imbricata Hort. Kew.— Lamk. Pin. ed. 2, tab. 45.— {raucaria Dombeyi Rich. Conif. tab. 20 et 21. — Columbea quadrifaria Salisb. in Trans. Linn. Soc. Lond. VIIT, p. 317.— Pinus Araucana Molin. — Abies araucana Poir. — Arbre atteignent souvent 150 pieds de haut. (Suivant Pavon, l'individu mäle ne s’élève- rait qu'à environ 4o pieds.) Cime conique-pyranudale, très- touffue. Tronc très-droit. Écorce fongueuse, finalement très- rimeuse. Bois d’un blanc jaunâtre. Branches verticillées au nombre de 6 à 8, horizontales, ou déclinées, ascendantes au sommet; celles des jeunes individus décombantes. Rameaux opposés ou épars, très-longtemps feuillus. Ramules ascendants ou inclinés, effilés, simples. Feuilles longues d’environ 1 pouce, ovales-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, ou elliptiques-oblon- gues, luisantes, terminées en spinule brunâtre ; celles des arbres adultes imbriquées en 6 à 8 rangs. Chatons-mâles dressés, sem- blables à un capitule de Dipsacus, longs d'environ 4 pouces. Strobiles quelquefois du volume de la tête d’un homme, cordi- formes-globuleux, nutants, courtement pédonculés. Nucules lon- gues de 15 à 20 lignes, luisantes, d’un brun roux. Graine oblongue ou ovale-oblongue, subtétragone : tégument d’un violet noirâtre à la surface externe, d’un brun pâle à la surface interne. Cette espèce croît dans les Andes de l'Amérique australe, depuis le 35° jusque vers le 5o° de Lat. S. Les naturels du FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 565 Chili l’appellent Péhuen. Son hois est élégamment veiné, et susceptible d’un beau poli ; la résine qu’il contient est blanchä- tre, et odorante comme l’enceus. L’amande de la graine est co- mestible, d’une saveur comparable à celle des Châtaignes, et très-estimée par les habitants du pays. — Jusqu’aujourd’hui l’Araucaria chilensis n’a été cultivé que dans quelques collec- tions de serre tempérée, mais il est très-probable que cet arbre magnifique pourrait être naturalisé dans le nord de la France. B. Feuilles beaucoup moins épaisses que celles de l’espèce précédente, point cartilagineuses aux bords, discolores (d’un vert gai en dessus, d’un vert glauque en dessous), graduellement rétrécies en pointe acérée. Écailles-strobi- laires très-épaisses el tronquées au sommet. Écailles des chatons-femelles recourbées au sommet. ArauCARIA DU BRÉSIL. — Araucaria brasiliensis Lamb. Conifer. ed. 2, vol. 2, p. 59 ; tab. 46. — Arbre atteignant la taille de l’Araucaria chilensis ; les jeunes individus pyra- midaux ; les vieux à cime ample et déprimée. Branches et rameaux horizontaux ou déclinés. Ramules simples, effilés, longs, ordinairement réclinés. Feuilles longues de 1 pouce à 2 pouces, larges de 1 ‘l ligne à 4 lignes, linéaires-lancéolées, ou oblongues-lancéolées, terminées en spinule brunätre, acérée. Chatons-femelles de la forme et du volume d’un capitule de Dipsacus. Strobiles du volume de la tête d’un enfant. Noix lon- gues de près de 2 pouces, roussâtres, luisantes, plus grosses que celles de l’espèce précédente. Cette espèce, qui n’est pas moins remarquable que la précé- dente, tant par la majesté de son port, que par sa taille gigan- tesque, forme de grandes forêts, au Brésil, dans les provinces de Rio et des Mines, entre 15e et 25° de Lat. S. L’amande de sa graine est également mangeable. — L’Araucaria brasi- liensis est cultivé dans les collections de serre tempérée ; il pa- rait qu’il est assez rustique pour résister aux hivers des localités les plus chaudes de la France méridionale. COUT | 366 CLASSE DES CONIFÈRES. Genre DAMMARA. — Dammara Rumph. Fleurs dioïques. — Chatons-mäles axillaires ou extra- axillaires, solitaires , subsessiles, assez gros, ovales ou cylindracés, compactes. Anthères subsessiles, petites, im- briquées, 3-à 15-thèques; appendice-apicilaire cunéiforme ou suborbiculaire, coriace, apprimé, plus grand que le connectif; connectif concave antérieurement; bourses 1-ou 2-sériées, cylindracées, longitudinalement déhiscentes. — Chalons-femelles terminaux ou axillaires, solitaires, ovoï- des, subsessiles; écailles monogynes ou digynes, appri- mées, courtement onguiculées. Ovaire adné seulement par la base, à orifice urcéolé, tronqué. Strobile obové ou subolo- buleux, gros; écailles épaisses, coriaces, presque ligneuses, apprimées, courtement onguiculées, cunéiformes, ou cunéi- formes-orbiculaires, amincies et infléchies aux bords. Nu- cules cunéiformes ou obovales, lenticulaires, appendantes, coriaces, ailées d’un côté, finalement caduques; aile mem- branacée, oblique. Embryon dicotylédoné; cotylédons courts, arrondis. — Arbres très-résineux. Tronc subcylin- dracé, élancé. Branches étalées. Ramules opposés-croisés. Feuilles éparses ou opposées, distancées, coriaces, persis- tantes, sessiles, ou courtement pétiolées, planes, finement striées, très-entières, oblongues, ou oblongues-lancéolées, plus larges que chez toutes les autres Abiétinées. Chatons dressés. — Ce genre, très-remarquable, parmi les Abiéti- nées, par la conformation des feuilles, ne comprend que les deux espèces suivantes : À. Feuilles pétiolées, le plus souvent opposées. Chatons-mäles ovales, extra-axillaires. Anthères 6-à 15-thèques : bourses 2-sériées ; crête cunéiforme-orbiculaire. Strobiles subglo- buleux, terminant des ramules latéraux ; écailles mono- carpes, cunéiformes-orbiculaires, arrondies au sommet. Nucules à aile cuneiforme-oblongue, allongée. Dammara A FEUILLES DE LORANTHE. — Dammara loran- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 367 thifolia Link. — Agathis loranthifolia Salisb. in Trans. Lino. Soc. Lond. VII, p. 311 ; tab. 15. — Dammara alba Rumph. Amb. IL, p. 174; tab. 59. — Agathis Dammara Rich. Conif. p. 83; tab. 15.— Pinus Dammara. Lamb. Pin. ed. I, tab. 38. — Dammara orientalis Lamb. Pin. ed. Il, vol. I, tab. 43. — Abies Dammara Poir. Enc. — Pinus Abies Loureir. Flor. Cochinch. — Arbre très-élevé. Tronc droit, semblable à celui d’un Sapin, atteignant (au témoignage de Rumphius) jusqu’à 10 pieds de diamètre, muni à sa base de plusieurs gibbosités du volume de la tête d’un homme. Branches grosses, nombreuses, très-rameuses, formant une cime de peu d’étendue en proportion à la force du tronc. Écorce d’un roux tirant sur le gris. Bois blanchätre. Rameaux opposés ou épars. Ramules opposés-croisés, subancipités. Feuilles d’un vert glau- que, tantôt obtuses, tantôt pointues ; celles des jeunes arbres longues de 4 à 5 pouces, lancéolées, acuminées, semblables à des feuilles de Saule ; celles des arbres adultes longues de 2 à 3 ‘/2 pouces, larges de ‘/2 pouce à 1 pouce, oblongues, ou lan- céolées-oblongues, ou oblongues-lancéolées, souvent infléchies. Chatons-mâles longs d’environ 2 pouces, de la grosseur du doigt d’un homme. Strobile un peu déprimé au sommet, du vo- lume d’une Orange, glauque avant la maturité; écailles larges d'environ 18 lignes. Nucule à aile obtuse, déhordant le côté de l’écaille. Cet arbre forme des forêts dans les montagnes des Moluques et des îles de la Sonde; les Malais l’appellent Dammar put, et Dammar Batu (1); suivant Loureiro, on le trouve aussi en Cochinchine, — Il découle spontanément de cet arbre une ré- sine copieuse, transparente, qui durcit bientôt à l’air; elle reste suspendue à la surface des troncs, sous forme de masses coniques, blanches et transparentes comme du cristal, et sou- vent d'environ un pied de long; au bout de quelque temps ces masses résineuses se colorent en jaune, par l’influence de l'air (4) Le nom de Dammar, qui signifie résine, est appliqué par les Ma- lais à plusieurs autres arbres résineux. 368 CLASSE DES CONIFÈRES. et de la lumière, et elles deviennent fragiles comme du verre. Pour faciliter l'écoulement de cette résine, on pratique des inci- sions à la base des troncs. A l’état liquide, la résine de Dammar répand une odeur aromatique, qui se perd en grande partie par la dessiccation ; en brülant, elle répand une odeur analogue à celle du mastix. Aux Moluques cette résine sert à divers usages d'économie domestique, et il est probable qu’on l’emploierait avec avantage pour la confection des vernis. Le bois de Dam- mara est facile à fendre et à convertir en planches ; il est aussi susceptible d’un assez beau poli; mais il se décompose prompte- ment, tant à l’eau qu’à l’air libre ou sous le sol. B. Feuilles sessiles, éparses. Chatons axillaires. Anthères 3-thèques ; bourses 1-sériées ; créte suborbiculaire. Stro- biles obovés ou subturbinés ; écailles dicarpes, cunéifor- mes, pointues et étalées au sommet. Nucules à aile courte. DammarA AUSTRAL. — Dammara australis Lamb. Pin. ed. 2, tab. 44. — Arbre atteignant 140 à 200 pieds de haut. Tronc parfaitement droit, de 5 à 9 pieds de diamètre, dé- garni de branches jusqu’à 80 à 100 pieds. (D. Don, in Edinb. Phil. Journ. vol. 13, p. 378.) Écorce très-épaisse, grisâtre, unie. Branches grosses, nombreuses. Rameaux ascendants, feuillus. Bois blanc. Feuilles longues de */: pouce à 1 /2 pouce, luisantes, d’un vert pâie, divergentes, oblongues, ou lancéolées- oblongues, obtuses. Chatons solitaires aux aisselles supérieures, courtement pédonculés, les mâles cylindracés , longs d’envi- ron 1 pouce. Strobiles longs de 5 à 6 pouces, très-obtus ; écailles courtes, lisses et grisâtres à la surface externe. Nucules brunûtres, cunéiformes. (Lambert, L. c.) — Gette espèce croît dans la Nouvelle-Zélande, où on l'appelle Cowrie ; elle se plaît dans les situations élevées et sèches; sa taille gigantesque la fait reconnai- tre de loin, dans les forêts, où elle s’élève de beaucoup au-dessus de tous les autres arbres. Son bois, à ce qu’on assure, est d’aussi bonne qualité que celui du meilleur Pin de Riga, et très-propre à la mâture. Il découle spontanément de cet arbre une résine FAMILLE DES. ABIÉTINÉES, 369 limpide et très-copieuse, qui se solidifie au contact de l'air, et qu’on dit être un vernis aussi excellent que le copal. Secrion Il. ABIÉTIMÉES-TYPES — Abieteæ Reichb. Anthères 2-thèques, extrorses, cristées au sommet (ou rarement inappendiculées) ; connectif étroit ; bourses collatérales, adnées aux bords du connectif, conti- guës postérieurement. Écailles-pistillifères biflores, 1-bractéolées, imbriquées, agrégées en chatons. Écailles-strobilaires entregreffées ou distinctes, li- gneuses, ou coriaces. Nucules ailées (par exception aptères ), finalement caduques; aile membranacée, oblique, basilaire (comme apicilaire, à cause du ren- versement du fruit), avant la maturité adnée à l’é- caille-strobilaire de même que la paroi postérieure du péricarpe. — Bourgeons écailleux. Feuilles éparses, ou subdistiques, ou fasciculées, linéaires, ou acicu- laires, persistantes (excepté chez les Mélèzes), jamais imbriquées. Axe du strobile ligneux. Périsperme huileux. Cotylédons épigés. Genre PIN. — Pinus Tourn., . Fleurs monoïques. — Chatons-mäles ovales ou cylindra- cés, polyandres, courtement stipités, latéraux à la base des jeunes pousses, agrégés en épis-raméaires, Ou rarement fasciculés. Anthères oblongues ou obovales, subsessi- les, cristées (ou rarement inappendiculées), imbriquées, Jongitudinalement déhiscentes. — Chatons - femelles so- litaires, ou géminés, ou verticillés, ovoïdes, ou oblongs, terminant les jeunes pousses. Bractées petites, mem- branacées, colorées, marcescentes, inaccrescentes, fina- lement oblitérées. Kcailles-pistillifères obovales ou sub- réniformes, inonguiculées, apprimées, ordinairement BOTANIQUE. PHAN. T. XI. 24 370 CLASSE DES CONIFÈRES. acuminées, entregreffées (du moins en partie) après la floraison. Ovaire oblique, lagéniforme, à onifice di- laté en forme de limbe 2-ou 3-fide. Strobile conique, ou ovoïde, ou subglobuleux, ou cylindracé, compacte, aréolé ou tuberculeux (1), persistant après la déhiscence; écailles cunéiformes, ligneuses (par exception presque subéreuses), épaissies et anguleuses au sommet, amin- cies aux bords, finalement disjointes et divergentes. Nucules osseuses, ailées (par exception aptères); aile dé- currente, finalement caduque. Embryon obclaviforme, 4-à 5-cotylédoné ; cotylédons linéaires, pointus. Arbres, en général pyramidaux; quelques espèces et variétés ne forment que des buissons. Écorce vieille en général lamelleuse. Branches horizontales, ou déclinées, ou pendantes, verticillées (2). Rameaux et ramules vertiallés, ou opposés, ou épars, feuillus, cylindriques, efflés. Feuilles coriaces, persistantes (en général trisannuelles ou bisannuelles}, point marcescentes, inarticulées, aciculaires (en général longues), sessiles, mucronées, finement striées et ponctuées (3) : les primordiales éparses, décurrentes, minces, subtrièdres, ciliolées-denticulées, disposées en or- dre spiral ; les autres fasciculées (au nombre de 2, de 3, ou de 5; accidentellement au nombre de 4 ou de 6), non-dé- currentes, trièdres, ou semi-cylindriques, plus ou moins scabres aux bords { par des denticules plus ou moins rap- prochées, roides, cartilagineuses, en général à peine percep- tibles à l’œil nu); ces fascicules, disposés en spirales comme (1) Par la partie épaissie des écailles. (2) De même que chez la plupart des autres Conifères, le tronc des jeunes Pins est garni de branches dès sa base; mais chez la plupart des espèces, les branches inférieures périssent peu à peu, au fur et à mesure que l'arbre vieillit. (5) Ces stries et les ponctuations sont en général à peine perceptibles à l'œil nu. Les ponctuations, qui sont probablement des vésicules résini- fères, sont blanchâtres, très-rapprochées, très-régulièrement disposées en séries longitudinales alternant avec les stries. æ [7 FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 971 les feuilles primordiales, naissent chacun à l’aisselle d’une écaille coriace ou scarieuse, décurrente, et le plus souvent persistante ; chaque fascicule est en outre accompagné à sa base d’une gaîne membranacée et scarieuse, composée d’écailles imbriquées et plus ou moins soudées, le plus. souvent pérsistante (1). Bourgeons terminaux, ordinaire- ment verticillés ou subverticillés : ceux des inflorescences- femelles aphylles ; ceux des inflorescences-mâles gros, allongés, foliaires au sommet; écailles-semmaires sca- rieuses, imbriquées, ordinairement fimbriées aux bords, finalement recourbées. Chatons-mâles caliculés, denses, dressés, naissant chacun à l’aisselle d’une écaille scarieuse ; calicule de plusieurs séries d’écailles scarieuses, imbriquées, conformes aux écailles-semmaires. Anthères jaunâtres ou rougeatres, assez grosses. — Chatons-femelles dressés et en général de couleur pourpre à l’époque de la floraison, plus tard'en général horizontaux, ou pendants, ou déclinés, ses- siles, où pédonculés ; ils naissent toujours sur des rameaux moins anciens que ceux qui produisent les chäâtons-mâles. Maturation bisannuelle ou trisannuelle (2). Strobiles laté- raux dès la seconde année (et quelquefois dès la première (4) Les écailles aux aisselles desquelles naissent les feuilles fasciculées, sont les représentants des feuilles-primordiales éparses ; la gaine qui en- veloppe la base de chaque fascicule de feuilles n’est autre chose que les écailles d'un bourgeon-foliaire axillaire. Chaque fascicule de feuilles doit donc être considéré comme appartenant à un ramule abortif, (2) Le chaton-femelle, en général très-petit à l'époque de la floraison, ne prend que trés-peu d'accroissement durant la première année, et jus= qu'au printemps suivant : à cette époque seulernent les pistils y devien- nent visibles, et alors il grossit rapidement chez toutes les espèces. Chez certaines espèces, le strobile s'ouvre spontanément dès l'automne de la seconde année; chez d’autres le strobile, quoique arrivé à peu près au terme de sa croissance dès l’automne de la seconde année, ne s'ouvre qu’au printemps de la troisième année, ou même seulement vers la fin de l'été de la troisième année. Les strobiles du Pin Pignon ne mûrissent que vers la fin de la troisième année, et ils ne s'ouvrent qu’au printemps suivant. j TE CLASSE DES CONIFERES, année, lorsque le rameau-floral est muni de bourgeons-fe- liaires qui se développent en nouvelles pousses). La partie renflée et superficielle des écailles-strobilaires est de forme très-variable : tantôt elle est presque plane ou plus ou moins bombée, subrhomboïdale ou subtrapézoïde en-con- tour, ombiliquée vers le centre ou plus près du sommet, partagée en 2 à 4 facettes (soit égales, soit plus ou moins inégales) plus ou moins saïllantes ; d’autres fois elle s’élève en forme de tubercule pyramidal, à 3 ou 4 faces ; quelque- fois enfin son centre se prolonge en bec recourbé (1). Nucules (y compris l’aile) en général presque aussi longues que les écailles-strobilaires. Ce genre compte environ quarante espèces suffisamment connues, dont la plupart habitent les climats tempérés de l’hémisphère septentrional; quelques espèces seulement s’avancent jusqu’au delà du cercle polaire, et forment d'immenses forêts dans les régions arctiques; mais un grand nombre des espèces propres aux contrées plus méri- dionales ne croissent que sur les montagnes, ou sur des plateaux plus ou moins élevés. Les Pins constituent l’un des series les plus importants du règne végétal. La plupart prospèrent dans des localités perdues pour l’agriculture, et qui se refusent même à la production de presque tous les autres arbres forestiers. Leur accroissement est en général assez rapide. Le suc rési- neux (qu’on appelle aussi térébenthine de Pin) contenu plus ou moins abondamment dans la plupart des espèces, four- nit le galipot, l'essence de térébenthine, la colophane (ou brar sec), la poix noire, et le goudron (2) : matières indispensables (4) Toutes ces modifications des écailles-strobilaires se rencontrent chez la plupart des espèces, et souvent sur le même strobile. La forme et le volume des strobiles varie également chez la plupart des espèces. (2) Le galipot est le suc résineux des Pins, qui s'est épaissi à l'air en masses molles et blanchâtres. Pour obtenir le galipot, on fait des entailles larges, mais peu profondes, dans les troncs des Pins destinés à l’exploi- tation de cette résine, qui découle plus ou moins abondamment des bles- FÂMILLÉ DES ABIÉTINÉES. 573 à une infinité d’usages. Le bois de certaines espèces est d'un emploi plus universel que tout autre bois indigène, et surtout essentiel aux constructions navales. Plusieurs Pins produisent des fruits dont l’amande est coinestible. Enfin, les Pins, tant en raison de leur port pittoresque et de leur feuillage persistant, qu’à cause de leur propriété de croire sures, depuis le mois de mai jusqu'a la fin de l'été; on commence par entailler la base du tronc, et, toutes Les semaines à peu près, on rafraichit les plaies en hauteur, mais jamais en largeur, et sans jamais dépasser dix-huit pouces de hauteur dans le courant de Ja saison ; les entailles sont prolongées les années suivantes, jusqu’à ce qu’elles aient atteint la hauteur de douze à quatorze pieds, ce qui arrive dans l'espace de sept a huit ans ; puis on pratique une nouvelle entaille au pied &u même arbre, parallèle et presque contiguë à la première, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on ait fait le tour de l'arbre. Lorsqu'on veut forcer la récolte de la résine, sans ménager les arbres, on entaille à la fois tous les côtés des troncs, qui, ainsi traités, ne tardent pas de périr. Le noir de fumée est la suie qui provient de la combustion de la ré- sine des pins et des sapins. L’essence de térébenthine s’extrait, par distillation , du oalipot, ainsi que de la térébenthine des Sapins et des Mélèzes; le galipot en contient a peu près le quart de son poids; cette huile essentielle, qui sert à des usages très-variés dans les arts, s'emploie aussi à titre de vermifuge et d’excitant. La colophane se prépare en faisant cuire le galipot, jusqu'à point convenable, dans des chaudières de cuivre. Le résidu de la distillation de l'essence de térébenthine constitue aussi une sorte de colophane, mais qui est de qualité médiocre. Le goudron est une sorte d’huile empyreumatique, d’une odeur péné- trante et d’une saveur âcre. On l’obtient en soumettant le bois des Pins à une combustion lente, dans des fourneaux d'une construction adaptée à cet usage; on préfere le bois des racines, qui est plus résineux que celui des autres parties des Pins, et qui, par conséquent, fournit une plus grande quantité de goudron. L'emploi le plus importaut du goudron est pour le calfatage des bateaux et des navires, ainsi que pour enduire le bois et les cordages, afin de les rendre imperméables à l’eau; on s’en sertaussi en thé- rapeutique et dans l’art vétérinaire, contre les maladies de la peau, et comme détersif ; naguère on le vantait même comme un remède effieace contre la phthisie. 374 CLASSE DES CONIFÈRES. en toute exposition et dans la plupart des sols, occupent à juste titre le premier rang parmi les arbres d’agrément. Les Pins ne peuvent se multiplier ni de boutures, ni de marcottes ; mais la greffe herbacée se pratique facilement entre espèces voisines : les pépiniéristes ont habituelièement recours à cette opération, pour propager les espèces rares ; cette greffe se fait en fente, sur la jeune pousse terminale du sujet, lorsque cette pousse est en pleine séve et encore parfaitement herbacée. Du reste, Les Pins adultes sont pro- digieusement féconds en graines (1), et celles-ci, lorsqu’elles restent enfermées dans leurs cônes, conservent leur faculté germinative pendant plusieurs années. Les semis souffrent facilement des ardeurs du soleil, et, de même que ja plu- part des autres Conifères, ils ne souffrent la transplantation que jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans. L’accroissement en hau- teur des Pins ne cesse qu'avec la vie de ces arbres, à moins que leur flèche (c'est ainsi qu'on appelle vulgairement la pousse terminale de leur tige), qui ne se reproduit ja- mais après avoir été détruite, n’ait été brisée par accident ou autrement; c’ést en général depuis l’âge de dix ans jusqu à celui de cinquante, que cet accroissement en hau- teur se montre dans toute sa vigueur ; il n’est pas rare dé voir ces arbres s'allonger de 2 à 3 pieds par année. Aucune espèce de Pin ne repousse de sa souche, lorsque le tronc a été coupé. — Nous ne traiterons que des espèces les plus remarquables. Secriox I. EUPITYS Spach. 1 Gaïines-foliaires persistantes (à écailles plus ou moins sou- dées) de même que les écailles-phyllodiennes (2). Feuilles géminées (accidentellement ternées), semi-cylindriques (1) Chez certaines espèces chaque cône contient jusqu’à trois cents graines, et un vieux Pin porte souvent quelques milliers de cônes. (2) Nous appelons ainsi les écailles aux aisselles desquelles sont insé- rées les feuilles fasciculées. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 375 (convexes en dessous, planes ou un peu concaves en dessus), écarénées, unicolores. Strobiles coniques, ou ovoïdes, ou subovales, à écailles ligneuses, très-épaissies vers le haut, entregreffées jusqu’au sommet. — Jeunes branches et rameaux fortement aréolés par la décur- rence des écailles-phyllodiennes. Écorce adulte se sépa- rant le plus souvent en lamelles. A: Nucules grosses, beaucoup plus longues que l'aile ; coque ordinairement épaisse et dure ; aile ovale ou arrondie, tres-courte. Maluration trisannuelle. Pin Picnon. — Pinus Pinea Linn. — Duham. nov. vol. 5, tab. 72, bis, fig. 3, et tab. 73. — Rich. Conif. tab, 12, fig. 1. — Lamb. Pin. tab. 6 et 79. — Pinus sativa Blackw. Herb. tab. 169. — Gime subfastigiée. Feuilles longues de 3 à 7 pou- ces, épaisses, d’un vert foncé. Chatons-mâles courts, oblongs, disposés en épis cylindracés. Crête-anthérale large, suborbicu- laire, érosée. Strobiles ovoïdes ou ovales-globuleux, très-obtus, gros, fortement tuberculeux, sessiles, souvent verticillés, finale- ment horizontaux. Embryon 10-à 12-cotylédone. Arbre atteignant 50 à 60 pieds de haut. Tronc droit; écorce brunître, rimeuse, lamelleuse. Branches horizontales, redressées au sommet, disposées en parasol (sur les individus adultes). Ra- meaux feuillus. Feuilles érigées ou divergentes, ordinairement rectilignes ; jeunes gaînes panachées de brun et de blanc. Écailles-gemmaires rousses, fmbriées. Épis- -mäles longs de 1 pouce à 2 pouces; chatons roussâires, longs de 4 à 5 lignes. Strobiles longs de 3 à 6 pouces, souvent de la grosseur d’une tête d’enfant, luisants, brunâtres ; écailies à partie saillante trèes- épaisse, fortement bombée, ou pyramidale. Nucules rousses ou d’un brun noirâtre, obovées, ou oblongues-ohovées, ou subellip- soïdes, longues d'environ 6 lignes ; aile d’un brun clair ; sens mince et fragile chez une variété de culture. Cette espèce, connue sous les noms de Pin Pignon, Pin Pinier, Pin culiivé, Pin bon, et Pin de pierre, croit dans V’Europé méridionale, ainsi qu'en Orient et sur le littoral de \ 376 CLASSE DES CONIFERES. l'Afrique septentrionale ; on le cultive dans ces contrées comme arbre fruitier. Ses amandes, appelées pignons doux, ont une saveur analogue à celle des Noisettes; on les sert sur les meilleures tables, au dessert et comme garniture des ragoüts ; on en fait aussi des dragées ; leur émulsion était jadis en vogue à titre de remède adoucissant et analeptique; ces amandes se con- servent bonnes pendant cinq ou six ans, en les laissant dans le strobile; mais si l’on néplige cette précaution elles ne tardent pas de rancir. La variété à coque fragile, qu’on cultive de pré- férence en Italie, était déja connue du temps de Pline. Le bois du Pin Pignon est peu résineux, blanc, et léger ; on s’en sert néanmoins avec avantage pour la menuiserie, la charpente, et le bordage des vaisseaux ; au témoignage d'Olivier, c’est le seul qu’on emploie pour la mâture, dans l’empire ottoman. — Comme arbre d’ornement, le Pin Pignon se fait remarquer par sa cime déprimée ou arrondie, qui lui donne un port différent de la plu- part des autres Conifères ; il supporte le climat des environs de Paris, mais sans y atteindre une élévation considérable. B. Vucules courtes, longuement ailées ; coque assez mince. Maturation bisannuelle. a) Strobiles réfléchis dès la première année; écailles mutiques à la ma- turité. Chalons-mâles courts, disposés en épis cylindracés. Pin syzvestre. — Pinus sylvestris Linn. — Rich. Conifer. tab. 11. — Feuilles raides, d’un vert plus ou moins glauque, longues de 1 pouce à 3 pouces. Chatons-mäles ovales. Crête anthérale courte, demi-orbiculaire, érosée. Strobiles coniques, ou ovales-coniques, ou ovoïdes, pédonculés. Embryon 5- ou G-cotylédoné. —« : commun. (Vulgairement Pin sauvage, Pin du Nord, Pin de Russie, Pin de Riga, Pin de Haguenau, Pin de Genève.) — Pinus sylvestris auctorum. — Pall. Flor. Ross. tab. 2, fig. 2. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Hoïz. tab. 155. — Duham. ed. nov. vol. 5, tab. 66. — Lamb. Pin. tab. ". — Bois d’un blanc jaunâtre. Turions grisâtres. Feuilles lon- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 377 ’ gues de 1 :/2 pouce à 3 pouces. Chatons-mâles jaunes. Strobiles sclitaires ou subsolitaires , aussi longs que les feuilles. — 6: roucu. (Vulgairement Pin rouge, Pin d'Écosse.) — Pinus rubra Mill. — Duham. ed, nov. vol. 5, tab. 67, fig. v. — Pinus scotica Wild. — Pinus sylvestris Engl. Bot, tab. 2460.— Bois rougeâtre ou ferrugineux, de même que les jeu- nes-pousses. Feuilles en général moins longues que chez le Pin sylvestre commun. Ghatons-mâles ordinairement de couleur rose. Strobiles ordinairement plus courts que les feuilles, le plus souvent subverticillés (au nombre de 3 à 5). — Cette variété croit en Écosse, ainsi que dans les Pyrénées, les Alpes, et les Garpathes. — y: A PETIT FRUIT. (Vulgairement Pin de Tartarie.) — Pinus tatarica Mortul. — Pinus Escarena Risso. — Feuilles longues d'environ 1 pouce. Strobiles petits, plus courts que les feuilles. — Ceite variété croît dans les localités arides des montagnes. — À : À FEUILLES ARGENTÉES. — Pinus sylvestris argentea Steven, in Ann. des Sc. Nat. 2° sér. vol. IT (1839.), p. 60. — Feuilles d’un gris argenté, aussi longues que les strobiles. — Celte variéte a été observée au Caucase. Arbre atteignant 80 à 120 pieds de haut, sur 3 à 4 pieds de diamètre. Tronc droit, conique, branchu dès la bose lorsque les arbres croissent isolément, mais dégarni de branches jusqu’à une élévation plus ou moins considérable, lorsque les arbres croissent en masses; écorce épaisse, rimeuse, ferrugineuse ou d’un gris brunâtre vers la base da tronc, grisâtre ou jaunâtre vers le haut, lamelleuse. Branches verticillées au nombre de 3 à 7, ho- rizontales. Rameaux et ramules étalés ou ascendants, à écorce d’un jaune verdâtre ou d’un brun d’oiive. Cime pyramidale. Feuilles dressées où plus ou moins divergentes, ordinairement rectiligues ; elles persistent pendant 3 ou 4 ans; jeunes gaînes fimbrioiées, roussâtres, ou panachées de blanc et de roux, plus tard srisätres. Bourgeons ovales ou coniques ; écailles ovales ou 978 CLASSE DES CONIFÈRES. ovales-lancéolées, acuminées, rousses, ciliées. Épis-mâles longs de ‘2 pouce à 1 % pouce, composés d'environ 30 à 5o chatons longs de 3 à 5 lignes. Chatons-femelles ovoïdes, rougeûtres. Strobiles de forme et de grandeur variables, d’un brun grisâtre à la maturité, point luisants ; écailles à partie saillante tantot déprimée, tantôt bombée, tantôt pyramidale, tantôt comme on- cinée et recourbée (1). Nucules ovales ou ovales-ublongues, comprimées, d’un brun noirâtre, longues d’environ 2 lignes : aile lancéolée-oblongue, subacuminée, presque aussi longue que l’écaille-strobilaire. Geite espèce croît dans toute l’Europe, ainsi qu’au Caucase et en Sibérie; suivant Thunberg (si toutefois cet auteur ne s’est pas trompé), elle vient aussi au Japon ; dans l’Europe méridio- nale on ne la rencontre qu’à une certaine élévation : dans les Pyrénées, par exemple, on ne l’observe plus dans les régiuns élevées de moins de douze cents mètres; mais dans les contrées plus septentrionales, elle forme des forêts tant ep plaine que dans les régions inférieures des montagnes ; en Sibérie elle ne dépasse pas le 62° degré de latitude. Dans le nord de la France, elle fleurit en général durant la première moitié de mai. — Le Pin Sylvestre prospère surtout dans les sols sablonneux et secs, mais il vient également, quoique avec moins de vigueur, en toute autre espèce de terre, pourvu qu’elle ne soit pas trop bumide ou tenace ; 1l devient même assez beau dans les terrains calcaires arides. La durée de sa vie est d'environ deux siècles, dans les localités les plus favorables, quoique son accroissement soit très- rapide jusque vers sa quarantième année ; 1] commence à fructi- fier souvent dès sa douzième année. Son bois est plus solide et plus durable que celui des Sapins d'Europe, auxquels on le pré- fère aussi comme combustible ; on l’emploie à la charpente, à la menuiserie, et à une quantité d’autres usages ; il se conserve long- temps dans l’eau et sous terre ; le charbon qu’il fournit est recher- ché pour les forges. Les branches servent à faire des échalas et des (4) Ces modifications sont si peu constantes, qu’elles ne caractérisent ps mème des variétés. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 379 palissades. Le bois des racines, qui est beaucoup plus résineux que celui des troncs, s'emploie à faire des torches. L’écorce est astringente : on la substitue, dans le nord, à celle du Chêne, pour le tannage ; les couches intérieures de cette écorce, réduites en poudre, peuvent servir de nourriture aux porcs ; en temps de disette, les Lapons et les Finlandais y ont même recours pour en faire une sorte de pain. La décoction des jeunes pousses a des propriétés antiscorbutiques, et, dans le Nord, les brasseurs en font quelquefois usage, en place de houblon. Cest principale- ment du Pin sylvestre et de l’espèce suivante qu’on obüent, en Europe, la résine blanche ou galipot, la colophane (appelée en outre arcanson et brai sec), et le goudron. Enfin, ce Pin est d’une grande importance pour les puissances maritimes, car c’est presque lui seul qui fournit, en Europe, des arbres offrant toutes les qualités requises pour la mâture. b) Strobiles dressés ou subhorizontaux durant la première année, fina- lement horizontaux , ow ascendants, ow plus ou moins déclinés; écailles mutiques à la maturité. Chatons-mâles courts, disposés en épis cylindracés. Pin DE Banks. — Pinus Banksiana Pursh, Fior. Amer. Sept.— Lamb. Pin. tab. 3.— Pinus rupestris Mich. fl. Arb. 1, p. 49, cum fig. — Feuilles raides, assez épaisses, d’un vert foncé, longues de 1 pouce à 2 pouces. Crète-anthérale large. Strobiles sessiles, ascendants, coniques, plus ou moins arqués. — Arbrisseau de 3 à 10 pieds. Feuilles souvent divergentes, semblables à celles du Mugho. Strobiles longs d’environ 2 pou- ces, en général grisâtres à la maturité. Écailles à partie saillante en général fortement bomhée et ombiliquée. Nucules semblables à celles du Pin sylvestre. _ Cette espèce croit au Canada et dans les provinces les plus septenirionales des États-Unis ; c’est, parui toutes ses congénè- res de l’Amérique, celle qui s’avance le plus au nord, parce qu’elle arrive jusqu’au delà du 68° degré de latitude; elle se plaît dans les localités rocaïlleuses. Pin ALPESTRE. — Pinus montana Nul. :— Feuilles longues 380 CLASSE DES CONIFÈRES. de 1 pouce à 2 :), pouces, épaisses, d’un vert foncé ou tirant à peine sur le glauque, ordinairement arquées. Chatons-mâles ovales-cylindracés. Crête-anthérale large, suborbiculaire, très- entière. Strobiles sessiles, point luisanis, finalement horizontaux {ou rarement déclinés). — %: DRESSÉ. — Pinus Mugho Poir. Enc. — Lois. in Duham. Nov. V,p. 233; tab. 68. — Pinus uncinata De Cand. Flore Franc. — Pinus obliqua Reichb. Flor. Germ. Excurs. — Pinus rotundata Link, in Bot. Zeit. 1827, p. 217, et 1828, p. 52.— Arbre s'élevant au plus à 50 pieds, sur 1 pied de diamètre ; plus généralement arbrisseau de 10 à 20 pieds, très-touffu, branchu dès la base. Branches et rameaux ascendants. Strobiles coniques, ou ovales, ou ovales-oblonss, souvent squarreux. — P : piFrus. — Pinus Pumilio Clus. Hist. — Waldst. et Kit. Plant. Hungar. tab. 144. — Lamb. Pin. tab. 2. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Hoiz. tab. 154. — Pinus Mughus Scopol. — Jacq. Ie. Rar. I, tab. 193. — Buisson touffu, haut de 3 à 6 pieds. Tronc court ou presque nul. Branches procombantes, tortueuses, souvent radicantes, atteignant jusqu’à 30 pieds de long. Bameaux ascendanis. Strobiles ordinairement ovoïdes ou ovales, très-obtus, plus courts que les feuilles, rarement squarreux. Arbre ayant le port du Pinus sylvestris, ou buisson soit droit, soit diffus. Écorce d’un gris tirant sur le roux, épaisse, ru- gueuse, peu ou point rimeuse. Bois brun, ou rougeàtre, ou d’un blanc jaunâtre, tenace, très-résineux. Feuilles tres-rapprochées, tantôt rectilignes et érigées, ou plus ou moins étalées, tantôt plus ou moins arquées ; jeunes gaines panachées de blanc et de roux, plus ou moins cilices. Écailles-gemmaires ovales ou ovales- lancéolées, ciliées, rousses. Jeunes-pousses roussâtres ou d’un brun jaunâtre. Chatons-mâles agrégés en épis longs d'environ 1 pouce; écailles extra-caliculaires subpersistantes, presque aussi longues que les chatons. Chatons-femelles solitaires, ou opposés, ou subverticillés. Strobiles (tantôt plus courts que les feuilles, een FAMILLE DES ABIÉTIMÉES, 38 tantôt aussi longs ou plus longs) longs de 10 à 20 lignes, obtus, ordinairement rougeâtres avant la maturité. Nucules longues d’environ 2 lignes, noirâtres, ou d’un brun noirâtre, pointues, oblongues, ou subovales; aile suboblongue, roussâtre, longue d'environ 6 lignes. Embryon 5-à n-cotylédoné. Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Torche pin, Pincrin, Pin Suffis, et Mugho, est commune dans les régions alpines et subalpines de presque toute l’Europe; on la rencontre jusqu'aux limites des neiges perpétuelles ; elle abonde surtout dans les sols tourbeux (1), quoiqu’en général elle ne forme, dans les localités de cette nature, que des buissons à branches rampantes ; elle vient également sous forme d’arbuste diffus, et tortueux, dans les endroits pierreux, et dans les fentes des ro- chers; sur les pentes et dans les vallons dont le sol est moins stérile, elle s’élève en arbre. L’accroissement en grosseur de ce Pin est extrêmement lent (2), mais son développement en hau- teur s’accomplit dans l’espace de 60 à 70 ans ; on estime la durée de sa vie à environ 2 siècles. La résine qui découle abon- damment de ses rameaux, lorsqu'on en coupe les extrémités, est d’une odeur forte et balsamique; en Allemagne cette résine s'emploie, sous le nom de baume des Carpathes, à diverses pré- parations pharmaceutiques; il en est de même de l’huile essen- tielle qu’on extrait des jeunes pousses du Mugho. Les rameaux sont assez tenaces pour tenir lieu d’osiers. Le bois, également tenace et tres-dur, est employé par les montagnards à faire des torches et toutes sortes d’ustensiles. —:Dans les jardins paysa- gers ce Pin se fait remarquer par son port très-touffu, et par la couleur verte de son feuillage ; il reste tres-longtemps à l’état de buisson peu élevé. (4) Parmi les Pins indigènes, cette espèce est la seule qui soit suscep- tible de végéter dans les lieux constamment très-humides. Tous les pla- teaux humides ou marécageux des Alpes, des Carpathes, de la Forét Noire, sont couverts de fourrés bas, mais presque impénétrables, de Pin Mugho. (2) Une tige ou une branche âgée d’une trentaine d’années n’a d'or dinaire que 15 à 24 lignes de diamètre, es. ° 382 CLASSE DES CONIFÈRES. Prin MARITIME, — Pinus maritima Lamk. Enc. (non Lamb.) — Dubam. Arb. IT, tab. 29, n° 4. — Duham. ed. nov. 5, tab. 92, et 92 bis, fig. 1. — Pinus Pinaster Hort. Kew.— Lamb. Pin. tab. 4 et 5. — Feuilles raides, épaisses, d’un vert foncé, longues de 4 à 10 pouces. Chatons-mäles ovales. Crête- anthérale large, suborbiculaire, érosée. Strobiles ovoïdes, ou pyramidaux, ou coniques, verticillés, subsessiles, finalement dé- clinés, grands, luisants, plus courts que les feuilles. Arbre de la taille du Pin sylvestre. Tronc droit, à cime pyramidale. Écorce rimeuse, lamelleuse. Branches étalées. Écailles-gemmaires longuement fimbrices, ovales, ou ovales-lan- céolées, acuminées. Jeunes pousses roussâtres. Jeunes gaïnes-fo- liaires panachées de blanc et de roux. Feuilles épaisses, très- raides, ordinairement rectilignes, tantôt érigées, tantôt plus ou moins divergentes ou étalées. Chatons-mâles jaunâtres ou rous- sâtres, longs de 3 à 4 lignes, obtus, agrégés en épis longs de r à 2 pouces. Strobiles longs de 3 à 7 pouces, sur 15 à 30 lignes de diamètre à leur base, verticillés au nombre de 3 à 6, d’un brun-roussâtre à la maturité, en général fortement tuberculeux par la portion saillante des écailles qui est très-épaisse, fortement bombée ou pyramidale, tantôt ombiliquée, tantôt couronnée d’un appendice onciné. Nucules noirâtres, luisantes. ovales, ou chlon- oues, lenticulaires, longues de 3 à 4 lignes; aile oblongue-cultri- forme, longue de près de 1 pouce, d’un roux pâle. Cette espèce, appelée vulgairement Pin de Bordeaux, et Pinceau, croît dans toute l’Europe méridionale; elle abonde dans la Provence, le Languedoc, et les landes de Bordeaux; on la trouve aussi en Bretagne et dans les environs du Mans. Ce Pin ne se plaît que dans les sables siliceux, et, quoiqu'il supporte le climat du nord de la France, il ne paraît pas pouvoir résister à des froids très-rigoureux ; aux environs de Paris, 1l fleurit un peu plus tard que le Pin sylvestre. — Le Pin maritime est un arbre très-précieux, pour le midi et pour l’ouest de la France, en raison de ses produits : on l’exploite en grand pour la pré- paration de l’essence de térébenthine, de la poix, du goudron, de la colophane, et du noir de fumée; il contient, à ce qu’il pa- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 983 raît, plus de résine que tout autre Pin indigène, Son bois sert au chauffage et à la charpente ; dans l’arsenal de la marine à. Toulon, on l’emploie pour le doublage de toutes les embarcations des vaisseaux, et principalement pour les pilotis. Puy D’Arzer. — Pinus halepensis Mill. — Dubam. ed. nov. 5, tab. 70. — Lamb. Pin. tab. 11.— Pinus maritima Lamb. Pin. tab. 9 et 10. (non Lamk.) — Pinus brutia Tenor. Prodr. Flor. Nap.; Flor. Nap. tab. 200. — Pinus conglo- merata Græfer. Plant. exsice. — Pinus sylvestris Gouan. — Finus genuensis Lodd. — Feuilles menues, presque filiformes, un peu flasques, d’un vert foncé, longues de r ‘/ pouce à 6 pou- ces. Chatons-mäles oblongs-cylindracés. Crête-anthérale large, suborbiculaire, érosée. Strobiles coniques, ou ovales-coniques, ou ovoïdes, solitaires, ou verticullés, pédonculés, ou subsessiles, finalement déclinés, luisants. : Arbre atteignant 5o pieds de haut, et formant, dans sajeunesse, un buisson irès-toaffu, à branches inférieures difluses, redres- sées au sommet. Cime pyramidale, à branches touffues, tres-ra- meuses. Rameaux grêles, redressés. Écorce d’un brun olive, ou grisatre. Écailles-gemmaires ovales-lancéolées, longuement acu- minées, fimbriolées, rousses. Feuilles en général rectilignes ou subrectilignes, tantôt Crigées, tantôt divergentes ou étalées, beau- coup plus étroites et plus minces que celles des espèces précé- dentes ; gaines courtes, panachces de roux et de blanc. Chatons- mâles longs d’environ 3 lignes, ronssâtres, disposés en épis longs de :/, pouce à 2 pouces. Strobiles longs de 2 à 4 pouces, finale- ment roussâtres, ou jaunâtres, ou grisätres ; portion saïllante des écailles aplatie, ou nioins fréquemment soit bombée, soit pyra- midale. Nucules noirâtres, ovales, où oblongues, plus ou moins comprimées, longues d'environ 3 lignes; aile subculiriforme, roussâtre, longue de nrès de 1 pouce. Cette espèce, appelée vulgairement Pin de Jérusalem, croît sur les coteaux de la Provence et dans les contrées plus méridio- nales de l’Europe, ainsi que sur l'Atlas et en Syrie; elle se plaît dans les sables les plus arides; on ne peut la cultiver, dans le 2 584 CLASSE DES CONIFÈRES. nord de Ja France, que dans les expositions chaudes ét abritées. De même que les deux espèces précédentes, elle donne beaucoup de résine. e) Strobiles dressés ou subhorixontaux durant la première année, fina- lement plus ou moins déclinés; écailles mutiques ou submutiques à la maturité. Chatons mâles allongés, cylindracés, fasciculés. Ps Laricio. — Pinus Laricio Poir. Enc. — Duham. ed. nov. 5, tah. 67, fig. 2.— Lamb. Pin. vol. 2, tab. 9.— Pinus pyrenaica Lapeyr. — Pinus halepensis Bieberst. (non Mill.) — Pinus maritima Pallas. (non Lamk.) — Pinus Pinea Habl. — Pinus taurica Lodd. — Pinus corsicana Voud. — Pinus austriaca Tratt. — Pinus nigricans Most. — Pinus calabra Hortul. — Feuilles longues de 4 à 7 pouces, assez épaistes, d’un vert noirâtre. Crête-anthérale large, suborbiculaire, très- entière. Strobiles coniques, ou ovales-coniques, ou ovoïdes, ses- siles, luisants. Arbre atteignant 100 à 150 pieds &e haut, et jusqu’à 9 pieds de diamètre. Tronc droit, finalement dégarni de branches jus- qu'à une hauteur considérable. Écorce grisâtre, rimeuse, la- meileuse. Bois blanc ; aubier rougeâtre. Branches fortes, étalées, très-rameuses, tres-feuillues, Rameaux étalés ou ascendants. Jeunes- pousses rousses ou verdâtres. Écailles-gemmaires roustes, longue- iuent fimbriées, linéaires-lancéolées, acérées. Feuilles à peu près aussi larges et aussi épaisses que celies Gu Pin sylvestre, mais or- dinairement plus lungues, tantôt rectilignes, tantôt arquces, éri- oées, ou divergentes, ou divariquées ; gaines assez longues, les jeunes panachées de blanc’et de roux. Chatons-mäles longs de . près de 1 pouce, roussâtres, agrégés au nombre de 6 à 20. Stro- biles solitaires, ou géminés, ou opposés, ou verticillés au nombre de 3 ou 4, longs de 1 ‘l2 à 5 pouces, tantôt rectilignes, tantôt courbes au sommet, finalement d’un brun päéle, ou roussätres : portion saillante des écailles tantôt plane ou presque plane, tantôt plus ou moins fortement bombée, tantôt subpyramidale. Nucules ovales ou obovales, grisätres, ou d’an brun noirûtre, assez grosses (not:blement plus grosses que celles du Pin d'Alep), longues fhoit FAMILLE DES ABIÉTINÉES. | 308 d'environ 3 lignes; aile longue de près de 1 pouce, roussâtre, subcultriforme. Cette espèce, connue sous les noms de Laricio, Pin de Corse, Pin de Calabre, Pin de Crimée, Pin d’ Autriche, croît dans les Pyrénées, les montagnes de la Corse, de l'Italie, de l’Autri- che, de la Hongrie, de la Crimée, et probablement dans beau- coup d’autres contrées de l’Europe méridionale et de l’Orient; elle prospère dans les sols calcaires de même que dans les sables siliceux les plus arides. De tous les Pins d'Europe, le ZLaricio est celui qui atteint Les dimensions les plus considérables ; ilne souf- fre nullement des froids les plus rigoureux du nord de la France, et son accroissement est beaucoup plus rapide que celui du Pin sylvestre; aux environs de Paris, il ne fleurit qu’à la fin de mai ou au commencement de juin. — Le bois du Laricio est infé- rieur en qualité à celui du Pin sylvestre ; néanmoins on en fait une consommation assez considérable dans l’arsenal de la ma- rine à Toulon, après avoir eu soin d’en enlever l’aubier, qui est très-tendre, très-volumineux, et sujet à se détériorer prompte- ment ; le cœur du bois est durable et compacte. Le tronc du Laricio peut servir à la mâture, mais il paraît qu'il est loin d’avoir la force de celui du Pin de Russie. — 6 : Pin DE CaramanNIE ou PIN DE LA ROMAGNE. — Pinus caramanica et Pinus Romaniæ Hortul. — Cette variété, qui passe pour originaire d'Orient, ne diffère du vrai ZLaricio qu’en ce que ses feuilles sont plus larges et plus épaisses ; on la cultive dans les plantations d’agrément. — y : Pix rouGE D'AMÉRIQUE. — Pinus resinosa Hort. Kew. — Lamb. Pin. tab. 14.— Pinus rubra Mich. fil. Arb. r, p.45, cum fig. — Ce Pin, qui croît au Canada et dans le nord des États-Unis, où on l’appelle Pin rouge, et aussi Pin jaune, paraît ne différer du Laricio d'Europe que par des feuilles un peu plus menues. Son bois, très-résineux, d’un grain fin et serré, est très-estimé, en Amérique, pour sa force et sa durée; on l’emploie pour les constructions navales, et particulièrement pour le pont des vaisseaux, parce qu’il peut BOTANIQUE. PHAN. T. Al. 25 336 CLASSE DES CONIFÈRES. fournir des planches de quarante pieds de long, sans aucun nœud. d) Strobiles dressés ou subhorizontaux durant la première année, fina- lement plus ou moins déclinés; écailles mucronées ou spinelleuses. in JAUNE. — Pinus mitis Mich. Flor. Bor. Amer. — - Michefil. Arb.«1,p. 52, cum fig. — Pinus variabilis Pursh, Flor, Amer. Sept.— Lamb. Pin. iab. 15.— Feuilles assez menues, d’un vert sombre, longues de 3 à 5 pouces. Strobiles subsessiles, subsolitaires, coniques, courts; écailles courtement mucronées, — Arbre atteignant 5o à 60 pieds de haut, surx ‘/, à 3 pieds de diamètre. Gime formant une pyramide très-réguhière. Strobiles brunâtres, longs d'environ 18 lignes. Gette espèce croît aux États-Unis, depuis la Floride et la Louisiane jusque vers le 43° degré de latitude; on ne la rencon- tre que dans les terrains maigres et arides ; M. A. Michaux dit que ce Pin ne forme jamais à lui seul des forêts, mais que moins le sol est bon, plus il y abonde; on le désigne par les noms de Pin jaune (yellow pine), Pin sapin (spruce pine), et Pin à courtes feuilles (short-leaved pine). Le bois du Pinus mitis est médiocrement résineux, compacte, léger, et tres-durable; M. Michaux fait remarquer que les couches annuelles y sont fort rapprochées les unes des autres, et qu’elles le sont six fois plus que dans le Pinus rigida ou le Pinus Tæda. Dans la partie maritime des Étais du centre, les planchers des appartements et autres ouvrages de menuiserie sont presque exclusivement con- struits avec le bois du Pinus mitis ; dans les Hautes-Carolines, beaucoup de maisons en sont entièrement construites et même couvertes; on l’emploie aussi pour les constructions navales, parce qu’il est reconnu pour être le plus durable après le bois du Pinus australis ; débité en madriers ou en planches, il forme un article considérable d’exportation pour l’Angleterre et les Antilles. — Cette es pèce se rencontre rarement dans les jardins paysagers. Poux cuérir, — Pinus inops Linn, —Mich. fil. Axb. 5, FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 387 p. 59, cum fig. — Lamb. Pin. tab. 13. — Feuilles assez épais- ses, d’un vert foncé, longues de 1 à 2 pouces. Strobiles coni- ques, subsessiles, solitaires ou subsolitaires, courts; écailles à mucron long, subulé, raide. — Arbre atteignant quelquefois 30 à 40 pieds de haut, sur 12 à 15 pouces de diamètre, mais ordinairement moins haut. Écorce noirâtre. Branches supérieu- res-distancées. Rameaux peu écailleux. Jeunes-pousses Ts Strobiles longs d'environ 2 pouces, sur 1 pouce de diamètre à leur base, d’un rouge brun ; pointes souvent recourbées, — Cette espèce croît dans les mêmes contrées que la précé- dente, où on l’appelle Pir du New-Jersey, et Pin chétif ; son bois est de qualité ires-médiocre, et 1l ne s’emploie à aucun usage important. Pin PIQuANT. — Pinus pungens Lamb. Pin. tab. 16. fig, c. — Mich. fil. Arb. 1, p. 60 ; tab. 5. — Feuilles assez épaisses Mich. fil. Arb. 1, p. 60 ; tab. 5. — Feuill p : un vert foncé, longues d’environ 2 pouces. Strobiles gros, ses- d t foncé, longues d’e P Strobiles gros, ses siles, verticillés, ovoïdes, ou obturbinés, spinelleux, finalement un brun jaunâtre ; spinelles ligneuses, coniques, acérées. — d’un brun jaunâtre ; spinelles lig ) ques, Arbre de 40 à 5o pieds. Strobiles longs de 3 pouces, sur 2 pou- ces de diamètre à la base, souvent verticillés au nombre de quatre; spinelles souvent recourbées. — Cette espèce n’a été trouvée jusqu’aujourd’hui que sur les montagnes de la Caroline septentrionale. Secrion Il. TÆDA Spach. Gaïnes-foliaires (à écailles plus ou moins soudées) persis- tantes de même que les écailles-phyllodiennes. Feuilles ternées (accidertellement géminées), trièdres (carénées en dessus, convexes et quelquefois canaliculées en des- sous), unicolores. Strobiles coniques, ou ovoïdes, ou subovales, plus ou moins déclinés à la maturité, à écailles ligneuses, très-épaissies vers le haut, entregref- fées jusqu’au sommet. — Jeunes branches et rameaux fortement aréolés par la décurrence des écailles-phyllo- diennes. Écorce adulte rimeuse, lamelleuse. 388 CLASSE DES CONIFÈRES. 2} Chatons-mâles dressés, irabriqués, disposés en épis. Slrobiles vvoïdes, Pin RAIDE. — Pinus rigida Linn. — Lamb. Pin. tab. 18 et 19. — Mic. fil. Arb. 1, p. 80; tab. 8. — Feuilles longues de 2 à 7 pouces, épaisses, d’un vert foncé. Strobiles solitaires ou agrégés, subsessiles, spmelleux; spinelles raides, subulées, Nucules petites, noires, longuement aïlées. — Arbre atteignant so à 100 pieds de haut, sur 2 à 3 pieds de diamètre, dans les marais vaseux ; lorsqu'il croît dans des sols arides, il ne s’élève pas à plus de 40 pieds, et souvent il ne forme qu’un arbrisseau de 12 à 15 pieds. Écorce épaisse, noirâtre , profondément ri- meuse. Tronc garni de branches dans les deux tiers de sa hau- teur. Chatons-mäles longs d'environ r pouce. Strobiles longs de 1 pouce à 3 ‘/> pouces, luisarts, d’un brun jaunâtre; spi- nelles dressées ou réfléchies, longues d’environ 2 lignes. Cette espece habite la partie atlantique des États-Unis, de- puis la Caroline jusque vers le 46° degré de latitude ; on la dé- signe le plus généralement par le nom de Pin résineux (pitch pine) et quelquefois aussi par celui de Pin noir (black pine) ; il abonde dans les landes sablonneuses les plus arides, mais dans les localités de cette nature il 1este chétif et rabougri; ilest aussi tres-commun sur les chaïnons des Alléghanys, dont le sol est composé d’argile et de beaucoup de pierres, et où il végète avec plus de vigueur que dans les sables purs; mais c’est dans les grands marais remplis de Cupressus thuyoi- des, qu’il acquiert des dimensions beaucoup plus fortes qu’en toule auire localité; il croit même quelquefois au milieu des prairies salées, exposées aux inondations des fortes marées. — La qualité du bois du Pinus rigida varie beaucoup suivant la nature du terrain dans lequel il croît; sur les montagnes, et dans les sols secs ou graveleux, il devient tres-résineux, com- pacte et pesant; dans les marais, au contraire, il reste tendre, léser, et surchargé d’aubier ; en tout cas il est inférieur à celui du Pinus mitis ; mais comme cette dernière espèce devient de plus en plus rare, on la remplace, pour beaucoup d’usages, par le Pinus rigida ; il est assez recherché comme combustible, — FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 589 Le Pinus rigida se cultive parfois dans les jardins paysagers, mais, de même que la plupart des autres Pins des Étais- Unis, il paraît s’acclimater difficilement dans le nord de la France. Pin REMARQUABLE. — Pinus insignis Douglas, ex Loudon, Arb. Brit. p. 2265. — Pin. Wob. fig. 18. — Antoine, Conif. tab. 8, fig. 1. — Feuilles d’un vert foncé, assez épaisses, lon- gues de 4 à 6 pouces, et plus. Strobiles ovoïdes, à écailles for- tement bombées au sommet, finalement mutiques. Nucules à aile 3 fois plus courte que les écailles. — Grand arbre. Strcbiles longs d’environ 3 pouces ou plus, sur 1 :/, pouce de diamètre ; écailles d’un pourpre foncé. (Loudon, L. c.) — Cette espèce ha- bite la Californie; on la cultive en Angleterre, de graines en- voyées par Douglas en 1833. Pin À Bois LOURD. — Pinus ponderosa Douglas, ex Loud. Arb. Brit.— Pini Woburn. p. 44, fig. 15.— Antoine, Coniferæ, tab. 8, fig. 1. — Feuilles épaisses, d’un vert foncé, longues de 6 à 14 pouces. Crête-anthérale arrondie, tres-entiere. Strobiles ovoides, à écailles en général déprimées au sommet, mucronées. Nucules à aile presque aussi longue que l’écaille. — Très-grand arbre, à bois très-lourd. Vieilles branches souvent déclinées. Stro- biles longs d'environ 3 pouces. Nucules à aile longue d’environ 1 pouce, brunes. (Zoudon, L. c.) — Cette espèce croît sur la côte nord-ouest de | Amérique, d’où Douglas en a envoyé des graines à la Société horticulturale de Londres, en 1826; elle commence à se répandre dans les collections d’arbres-verts. On dit que son bois est si pesant qu’il ne surnage pas à l’eau. Pin rarpir. — Pinus serotina Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. 1, p. 86; tab. 7. — Feuilles assez minces, d’un vert foncé, longues de 5 à 8 pouces. Strobiles subsessiles, ordi- nairement opposés ; écailles finement mucronulées. Nucules pe- tites, noires, longuement ailées. — Arbre de 30 à 4o pieds, sur 15 à 18 pouces de diamètre. Branches tres-espacées. Ghatons- mâles longs de 6 à 8 lignes. Strobiles du volume d’un œuf de 390 CLASSE DES CONIFERES. poule, luisants, d’up brun clair ; suivant l’observation de M. Mi- chaux, ils ne s'ouvrent que la troisième et même la quatrième année, quoiqu'ils ne mettent que deux ans pour arriver à leur parfaite maturité. Cette espèce croît dans la partie maritime des provinces méri- dionales des États-Unis ; on la trouve principalement autour des mares remplies de Laurus æstivalis, et dans les petits marais couverts de Vyssa aquatica, de Magnolia glauca, de Gordo- nia lasianthus, etc. Son bois est peu estimé. Pin DE SAaBinE. — Pinus Sabiniana Douglas, ex Lamb. Pin. 2, tab. 80. — Feuilles glauques, assez épaisses, longues de ’/, pied à 1 pied. Strobiles ovoïdes-globuleux, très-gros ; écailles très-larges, longuement acuminées, spinescentes et inflé- chies au sommet. — Arbre atteiguant 110 à 140 pieds de haut, sur 3 à 12 pieds de diamètre. Strobiles longs de 9 à 11 pouces, sur 5 à 6 pouces de diamètre, verticillés au nombre de 3 à 9. Nucules oblongues, courtement ailées. (Lambert, L c. — Hooker, Flor. Bor. Amer. Il, p. 162.) — Cette espèce, in- troduite depuis peu en Europe, croît dans les montagnes de la Nouvelle-Albion, Pin À LONGUES FEUILLES. — Pinus longifolia Lamb. Pin. tab. 21; id. ed. IT, tab. 26 et 27. — Royle, Himal. tab. 85, fig. 1. — Antoine, Conifer. tab. 9. — Feuilles menues, pendan- tes, longues de 10 à 18 pouces. Strobiles ovoïdes ou ovales- oblongs; écailles ordinairement oncinées au sommet. Nucules elliptiques-oblongues, comprimées. (D, Don, in Royle, L. c. p- 353.) — Arbre s’élevant à 100 pieds et plus. Écorce scabre. Crête-anthérale grande, suborbiculaire, infléchie. Strobiles longs de 5 à 7 pouces. — Cette espèce croît au Népaul, dans les régions élevées de 2,000 à 6,000 pieds. Les habitants du pays la nom- ment Tchir, Sullah, et Surul. On cultive ce Pin dans les col- Jections d’orangerie ; il est probable qu’il résisterait aux hivers du nord de la France. Pin DE GÉrarD. — Pinus Gerardiana Wallich, ined, — FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 391 Royle, Himal. tab. 85, fig. 2. — Antoime, Conifer. tab. 10. — Feuilles d’un vert glauque, courtes, à gaîne caduque. Strobiles ovales -oblongs; écailles terminées en bec obtus, recourbé. Nucules oblongues, subcylindriques , courtement ailées. — Stro- biles longs de 9 à 10 pouces. (D. Don, in Royle, L. c. p.353.) — Gette espèce croît sur le revers septentrional de l'Himalaya, dans les régions élevées de 5,000 à 10,000 pieds ; les habitants de ces contrées l’appellent Veoza. Ses amandes sont assez gros- ses, et recherchées comme comestible. — Ce Pin est encore rare dans les collections ; il est assez rustique pour résister au climat du nord de la France. b) Chatons-mâles longs, cylindracés, divergents. Strobiles longs, coniques. Pix Tépa. — Pinus Tæda Linn. — Mich. fil. Arb. 1, P- 97; tab. 9.— Lamb. Pin. 1, tab. 16 et 17.— Pinus echinata Mill. — Feuilles menues, d’un vert gai, longues de 6 à 10 pouces. Strobiles sessiles, spinelleux, odinairement soli- taires; spinelles raides, coniques , souvent oncinées. Nucules petites, noires, longuement ailées, — Arbre atteignant 80 à 100 pieds de haut, sur 3 pieds de diamètre. Tronc droit, souvent sans branches jusqu’à la hauteur de 50 pieds. Écorce irès-épaisse, très-rugueuse, profondément rimeuse. Cime très-large. Chatons- mäles longs d'environ 1 pouce. Strobiles longs de 2 à 5 pouces. Ce Pin est commun dans la partie maritime des États-Unis, depuis la Floride jusqu'en Virginie; on l'appelle vulgairement Pin loblolly ; dans la Virginie et dans la Caroline du nord, il occupe les terrains secs et sablonneux ; dans les États plus méri- dionaux, au contraire, 1l ne croît que dans les bas-fonds humi- des, au voisinage des rivières et des marais : c’est dans ces loca- lités qu’il acquiert le plus d’élévation ; 1l se dissémine avec facilité, et de manière à envahir promptement tous les champs abandonnés ; c’est, au témoignage d’Ellioi, le Pin le plus ré- pandu sur le littoral de la Géorgie et des Carolines. — L’accrois- sement du Pinus Tæda est trés-rapide, mais par contre son bois est de qualité fort médiocre, et toujours surchargé d’aubier, 392 CLASSE DES CONIFÈRES. surtout lorsqu'il provient de localités humides; il est aussi beaucoup moins résineux que celui de la plupart des autres Pins d'Amérique ; on l’emploie néanmoins à la menuiserie et comme combustible, mais seulement à défaut de bois de meilleure qua- lité. — Cette espèce mériterait d’être cultivée comme arbre d'ornement, mais elle ne supporte point le climat du nord de la France. Pin auSTRAL. — Pinus australis Mich. fil. Arb. 1, p. 64, tab. 6.— Pinus palustris Mill. — Lamb. Pin. tab. 20. — Feuilles menues, d’un vert gai, longues de 10 à 18 pouces, Strebiles sessiles ou subsessiles, solitaires ; écailles mutiques ou finement mucronées. Nucules minces, blanchâtres, longuement ailées.—Arbre atteignant souvent 80 à 100 pieds de haut, sur 24 à 30 pouces de diamètre. Tronc droit, subcylindrique, ordinai- rement sans branches jusqu’à la hauteur de 46 à 5o pieds. Écorce peu fendillée, à épiderme se détachant en lamelles fines et transparentes. Bourgeons à écailles profondément fim- briées. Feuilles agrégées vers l’extrémité des rameaux, souvent flasques et pendantes ; celles des jeunes individus ordinairement longues de 18 pouces. Chatons- mâles violets, fasciculés, longs de près de 2 pouces. Strobiles longs de 6 à 10 pouces, coniques, ou subcglindracés, bruns ; écailles à pointe oblitérée, ou fine et ordinairement recourbée. Nucules longues de 5 à 6 lignes; aile roussâtre, obliquement oblongue, longue de près de 2 pouces. Cette espèce est tres-commune dans la Louisiane, les Flori- des, la Géorgie, les Carolines et les parties basses de la Virgi- nie, jusque vers 38° de lat. ; on la désigne, dans ces contrées, sous les noms de Pin jaune, Pin à longues feuilles, Pin à goudron, et Pin à balais. C’est par erreur que des botanistes européens lui ont donné le nom de Pin de marais, car loin de croître dans les endroits humides ou marécageux, cet arbre vient de préférence dans les terrains les plus arides, et c’est lui qui couvre presque exclusivement les vastes landes sablonneuses qui s'étendent le long du littoral des États-Unis, et que les Anglo- Américains appellent landes à Pins (pine barrens). — Parmi les FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 893 Pins de l’Amérique septentrionale, le Pinus australis est l’espèce la plus importante par son utilité. Son bois est très-résineux, plus compacte et plus durable que celui de tous les autres Pins des États-Unis; M. A. Michaux assure même qu’il est supérieur, sous ce rapport, au Pin de Riga; il a le grain fin et serré, suscep- tible d’un beau poli; dans les lieux où il est commun, on n’en emploie presque pas d’autre pour la construction des maisons, ainsi que pour la quille et les bordages des navires ; dans le midi des États-Unis, on le préfère à tout autre bois pour les planchers des appartements ; il n’est pas moins recherché pour la mâture ; on l’exporte en quantité, tant en planches qu’en ma- driers, aux Antilles, en Angleterre et dans les États septentrio- vaux de l’Union. Le Pinus australis est aussi celui des Pins d'Amérique qu’on exploite avec le plus d’avantage pour les pro- duits résineux. — Comme arbre d’ornement, cetie espèce méri- terait aussi la préférence sur la plupart de ses congénères; mais elle ne résiste pas aux hivers des environs de Paris, et elle ne prospère même guère dans le climat de la France méridio- nale. Pin pes Canartes. — Pinus canariensis Buch, Descr. Ca- par. p. 32. — De Cand. Plantes rares du jardin de Genève, tab. 1 et 2. — Feuilles menues, d’un vert gai, souvent pendan- tes, longues d’environ 1 pied. Strobiles sessiles, solitaires ; écail- les mutiques. Nucules brunes, 1 fois plus courtes que l’aile; aile brunâtre, fortement striée. — Arbre tres-élancé. Strobiles longs de 7 à 8 pouces. Nucules longues de 3 à 4 lignes. Embryon 8-à 10-cotylédoné. — Ge Pin croit à Ténériffe, depuis les bords de Ja mer jusqu’à la hauteur de 6,700 pieds ; mais il abonde surtout dans les régions situées entre 4,000 et 6,000 pieds ; on le trouve aussi à la Grande-Canarie. Son bois est très-résineux : on le débite en planches, et on l’emploie à la charpente des mai- sons. — Ce Pin se cultive dans les collections d’orangerie ; il ne résiste pas aux hivers, même les plus tempérés, du nord de la France. 394 GEASSE DES CONIFÈRES. Section III. STROBUS Sweet. Gaïnes-foliaires (à écailles distinctes presque dès leur base) caduques de même que les écailles - phyllodiennes. Feuilles quinées (accidentellement ternées, ou quater- nées, ou sénées, ou septénées), trièdres (carénées en dessus, convexes et quelquefois 1-sulquées en des- sous), bicolores (vertes en dessous et aux bords, glau- ques en dessus). Strobiles cylindracés, allongés, pendants dès la première année ; écailles à peine épaissies vers le sommet, ligneuses, entregreffées seulement jusqu’au delà du milieu, lâchement imbriquées dans leur partie inadhérente, quelquefois recourhées au sommet. Nucu- les plus ou moins comprimées , longuement aïlées. — Jeunes branches et rameaux dépourvus d’aréoles saillan- tes. Écorce finalement rimeuse, mais point lamelleuse. Écailles-5emmaires point fimbriées. Pin Srrogus. — Pinus Strobus Linn. — Mich. fil. Arb. r, p. 103, tab. 10. — Lamb. Pin. 1, tab. 22. — Feuilles menues, longues de 2 à 4 pouces, d’un vert foncé en dessous., glauques en dessus. Anthères bimucronulées, sans crête. Strobiles pédon- culés, plus longs que les feuilles; écailles cunéiformes - cblon- gues, subobtuses, point recourbées. Nucules ovales, brunes. — Arbre atteignant, dans les conditions les plus favorables, 180 pieds de haut, et 4 à 8 pieds de diamètre. Tronc droit, dimi- nuant sensiblement d'épaisseur du pied jusqu’au sommet, sans branches jusqu'aux deux tiers ei même aux trois quaris de sa hauteur. Branches étalées ou inclinées, redressées au sommet; les terminales ascendantes ou dressées, Cime très-régulièrement pyramidale, ou conique, touffue. Écorce lisse sur Les jeunes troncs et branches, d’abord d’un vert olive, plus tard d’un gris de cendres, finalement fendillée et rugueuse. Bois d’un blanc jaunâtre. Jeunes - pousses grêles, d’un brun jaunâtre. Feuilles agrégées en panache vers l’extrémité des ramules, un peu flas- ques, ordinairement rectülignes. Bourgeons ovales, acuminés, ; FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 395 ferrugineux, à écailles ovales, longuement acuminées, Gaïnes membranacées, blanchâtres, caduques avant le complet dévelop- pement des feuilles. Chatons-mäles courts, subovales, jaunätres ou roussatres, agrégés au nombre de 10 à 20 en épis longs de Q lignes à 2 pouces. Strobiles solitaires , ou opposés , ou verti- cillés-ternés, longs de %4 à 5 pouces, sur 1 pouce de diamètre, rétrécis aux 2-bouts, un peu arqués, avant la maturité d’un vert gai ou glauque, finalement d’un brun roux ou jaunâtre; ils s'ouvrent dès l’automne de la seconde année; écailles striées, très - obiuses, ou acuminulées ; pédoncule - fructifere long de ‘/: pouce à 1 pouce, pendant, assez gros. Nucules à aile brune, subdolabriforme, pointue d’un côté, presque aussi longue que V’écaille. Embryon 6-à 12-cotylédoné. Cette espèce, connue sous les noms vulgaires de Pin du Lord, ou Pin de FVeymouih, habite le Canada et les États-Unis, où on l’appelle assez généralement Pin blanc (nom dû à la cou- leur de son bois); elle abonde surtout entre 43° et 48° de lati- tude; dans les contrées plus méridionales, elle est confinée aux vallons frais et aux flancs élevés des montagnes; le 5o° degré de latitude paraît être sa limite septentrionale. Le Pinus Siro- bus s’accommode de toute espèce de sol, pourvu que les localités ne soient ni trop arides, ni continuellement submergées ; c’est dans les bas-fonds à sol frais, profond et très-fertile, ainsi qu'aux bords des rivières et dans les marais tourbeux où abonde le Thuya occidentalis, qu’il atteint son plus grand développe- ment ; on le trouve plus ou moins épars dans les forêts d’'Éra- bles à sucre, de Hêtres, et de Chênes : quoiqu'il s’élève moins dans ces localités, dont le sol est substantiel et propre à la cul- ture du blé, il surpasse encore de beaucoup tous les autres ar- bres, et se fait distinguer ainsi à de grandes distances. En raison des qualités et des nombreux emplois de son bois, le Pinus Strobus est l'espèce la plus importante de son genre, pour tout le nord de l’Amérique. Ce bois est tendre, léger, peu chargé de nœuds, et facile à travailler ; il a fort peu d’aubier, et il résiste longtemps aux alternatives de sécheresse et d’humi- dité, lorsqu'on a eu soin de le dépouiller de son écorce dès qu’il 396 CLASSE DES CONIFERES. a été abattu ; il ne se fend pas facilement aux ardeurs du soleil : il fournit des planches très-larges, et des pièces de charpente d’une grande dimension ; du reste, la nature du sol influe beau coup sur ses propriétés : celui qui provient d’un sable gras, profond et humide, est le plus estimé pour sa légèreté et pour la texture fine et délicate de son grain, qui permet de le couper net en tous sens; celui qui croît dans les terrains secs et élevés est plus ferme, plus résineux, et d'un grain plus grossier. Dans le nord des États-Unis, beaucoup de maisons sont construites entièrement en bois de Pinus Strobus; il est d'un usage général pour la charpente et les planchers, et souvent aussi pour les couvertures en bardeaux; on l’emploie presque exclusivement à la mäture des vaisseaux qui se construisent dans les États du nord et du milieu, et ces contrées ne possèdent même aucun autre arbre adapté à ‘cet usage : les mâts de Pinus Strobus ont l’avantage sur ceux du Pin de Riga, en ce qu’ils sont beaucoup plus lé- gers; mais ils ne peuvent rivaliser avec ceux-ci en force et en durée. Le bois de Pinus Strobus est exporté en grande quan- tité, tant en planches qu’en madriers, aux Antilles et en Angle- terre. — Le Pinus Strobus ne contient pas assez de résine pour être exploité sous ce rapport. Le Pinus Strobus est l’un des arbres-verts les plus élégants que l’on connaisse : aussi voit-on peu de jardins paysagers dont il soit exclu. Cet arbre est aussi rustique que les Conifères du nord de l’Europe, et c’est même le seul des Pins d'Amérique qui s’accommode facilement du climat de la France septentrio- nale ; néanmoins il n’y prospère que dans les sols frais et fertiles. Dans un terrain propice, sa croissance est très - rapide : il peut acquérir 6o à 7o pieds de haut, et 2 à 3 pieds de diamètre, dans l’espace d’une trentaine d'années. PrN ÉLANGÉ. — Pinus excelsa Wallich, Plant. Asiat. Rar. tab. 201.—Lamb. Pin. vol. 2, tab. 3.—Feuilles menues, lon- gues d'environ ‘/, pied, bicolores, souvent pendantes. Anthères à crête arrondie, tronquée, laciniée. Strobiles plus longs que les feuilles ; écailles cunéiformes - oblongues, obtuses. — Arbre de FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 397 go à 120 pieds. Branches ‘souvent pendantes. Feuilles sembla- bles à celles du Pinus Strobus, mais plus longues. Strobiles longs de 5 à 10 pouces, semblables de forme à ceux du Pinus Strobus, mais plus grands. — Ceite espèce croît dans l’Hima- laya. Elle est assez rustique pour supporter les hivers du nord de la France, mais encore peu répandue dans les collections. Son bois est plus compacte que celui de tous les autres Pins de l'Himalaya. Pix De LamserT. — Pinus Lambertiana Douglas, ined. ex Hook. Flor. Bor. Amer. Il, p. 161.—Lamb. Pin. ed. nov. Ic. — Feuilles longues de 4 à 5 pouces, raides, unicolores. Strobiles très-longs, oblongs; écailles très-larges, planes. — Ar- bre atteignant jusqu’à 215 pieds de haut, sur 58 pieds de cir- conférence à 3 pieds de terre, et G pieds de diamètre à 34 pieds de terre. Sirobiles longs de 12 à 15 pouces, sur 11 pouces de cireonférence. (Hooker, L. c.) — Cette espèce, l’une des plus remarquables du genre, en raison de la taille gigantesque qu’elle est susceptible d'acquérir, a été observée par Douglas sur la côte occidentale de l'Amérique, depuis la Californie jusqu’à 43° de lautude ; on la cultive en Angleterre depuis 1827 ; mais elle est encore fort rare dans les collections, en France. PIN AyacanuiTÉ. — Pinus Ayacahuite G. Ehrenb. ex Schlechtend. in Linnæa, XII (1838), p. 492.—Feuilles longues de 3 à 4 pouces, bicolores, menues. Jeunes-pousses pubérules- ferrugineuses. Strobiles 3 à 4 fois plus longs que les feuilles : écailles pointues, un peu recourbées au sommet. — Arbre s’é- levant à 100 pieds. Strobiles longs de 1 pied et plus, larges d'environ 3 pouces à la base, graduellement rétrécis vers le haut, souvent plus ou moins arqués; écailles longues d’environ 2 pouces, d’un brun verdâtre, ordinairement résineuses. Nu- cules brunâtres , longues de quelques lignes; aile brune, obli- quement obovée, striée, longue de 1 pouce, large de 8 à 12 li- gnes vers le sommet. (Schlechtendal, L. c.)—Cette espèce croit dans les Andes du Mexique. 298 CLASSE DES CONIFÈRES. _Secriow IV. CEMBKA Spach. Gaînes-foliaires caduques de même que les écailles-phyllo- diennes. Feuilles quinées (accidentellement sénées ou quaternées), trièdres (carénées en dessus), bicolores {vertes en dessous et aux bords, glauques en dessus). Strobiles ovoïdes, arrondis au sommet, dressés (même à la maturité); écailles presque subéreuses, à peine épaissies vers le sommet, entregreffées seulement jus- qu’au delà du milieu, apprimées. Nucules grosses, obo- vées, peu comprimées, aptères. — Jeunes branches et rameaux dépourvus d’aréoles saillantes. Ecorce finale- ment rimeuse, mais non lamelleuse. Ecailles-5emmaires point fimbriées. Pin Cemsro. — Pinus Cembra Linn. — Dubam. Arb. 1, tab. 32. — Dubam. Nov. vol. 5, tab. 97, fig. 1.—Pallas, Flor. Ross. tab. 2. — Lamb. Pin. tab. 23 et 24. — Pinus montana Lamk. Flore Franc. — Arbre atteignant =o à 120 pieds de haut, sur 3 à 4 pieds de diamètre. Tronc droit, finalement sans branches jusqu’à une hauteur considérable. Bois tendre, tenace, léser, élastique, résineux, blanchâtre étant vert, roussätre après avoir séché à l'air, d’une odeur balsamique et agréable. Écorce adulte d’un gris cendré, fortement rimeuse, rugueuse; liber rou- geâtre. Branches étalées on déclinées, verticillées à 3 ou 4, très- rameuses ; rameaux et ramules ordinairement ascendants. Jeunes- pousses couvertes d’un duvet velouté, ferrugineux. Bourgeons ovoïdes, longuement acuminés, pubérules ; écailles rousses, acu- minées-cuspidées. Feuilles longues de 2 à 5 pouces, très-rappro- chées, agrégées en panache vers l’extrémité des rameaux et des ramules, assez épaisses, raides, tantôt recülignes, tantôt plus ou moins arquées, en général divergentes, d’un vert gai en dessous pendant la première année, finalement d’un vert foncé; gaîne de 2 ou 3 écailles deltoïdes, roussâtres, caduques avant le com- plet développement des fenilles. Écailles-phyllodiennes courtes, brunâtres, ovales-deltoïdes. Chatons-mäles ovales, rougeûtres, courts, agrégés au nombre de 3 à 12 en épis courts: An- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 399 thères couronnées d’une crête réniforme, crénelée.. Chatons- femelles pédonculés, rougeâtres, en général verticillés-ternés, ou opposés, accompagnés chacun d’un calicule de 2 écailles conca- ves, roussâtres, acuminées. Strobiles longs de 2 à 3 :/, pouces, sur 2 à 2 ‘/, pouces de diamètre, plats ou ombiliqués à la base, d’un brun violet avant la-maturité, finalement d’un brun roux ; écailles cunétformes-chovales, ou cunéiformes-oblongues, subré- tuses, obtuses, quelquefois un peu recourbées au sommet, lon- gues d'environ 1 pouce; le strobile mürit durant l’automne de la seconde année. Nucules longues de 3 à 5 lignes, subtrigones, ou un peu comprimées, obtuses, d’un brun grisätre, à coque dure et assez épaisse. Graine jaunâtre; embryon g-à 11-co- tylédone. — $ : Cemero nain. — Pinus Cembra B, pumila Pallas, Flor. Ross. tab. 2, fig. E. F. G. H.— Pinus pygmæa Fisch. — Pinus Cembra prgmæa Loud. Arb. — Buisson peu élevé, touffu, à branches souvent diffuses. — Geite variété croît dans les montagnes du Kamichatka. Le Cembro habite les hautes régions des Alpes, des Carpathes, de l’Oural et du Caucase, ainsi que les montagnes et les plaines de toute la Sibérie, jusqu’au delà du 68° degré de latitude ; au témoignage de Thunberg, on le trouve aussi au Japon. Les montagnards du Dauphiné et de la Provence le désignent par les noms de Ceinbrot, Alviez, Couve, et Tinier. Ce Pin ne se plaît que dans les expositions froides, et dans les terres fraîches ou même irès-humides ; dans les régions alpines de l’Europe, on ne le rencontre que sur les pentes et dans les vallons voisins des neiges persistantes ; la durée de sa vie est d'environ cinq siècles ; néanmoins, dans un sol favorable, 31 peut acquérir une quaran- taine de pieds de haut, sur un pied de diamètre, dans l’espace d'environ 4o ans, mais plus tard sa croissance se ralentit gra- duellement. Les amandes du Cembro sont aussi bonnes à manger que les pignons; on les exporte en quantités considérables de la Sibérie en Russie, où elles passent pour un mets tres-délicat; les habitants des Alpes Les recherchent également pour l’usage ali- 400 CLASSÉ DES CONIFÈRES. mentaire. Le bois de ce Pin est excellent pour la menuiserie, et même pour les constructions qui se trouvent à l’abri de l’humi- dité ; la marine russe l’emploie à la mâture; il est assez bon comme combustible ; 1l est surtout très-propre aux ouvrages de sculpture, parce qu’il a le grain très-tendre, et qu’on le travaille avec la plus grande facilité : les montagnards tyroliens en fabri- quent toutes sortes de jouets d’enfant, qui trouvent un grand débit en Allemagne. — La décoction des jeunes-pousses de l’ar- bre passe pour un excellent remède antiscorbutique. Quoique le Cembro ne croisse spontanément que dans des cli- mats très-äpres, on peut néanmoins le cultiver dans les jardins paysagers du nord de la France, pourvu qu’on ait soin de choi- sir des expositions au nord ou à l’est, et un sol frais ou humide. Le port de cet arbre n’est pas moins élégant que celui au Pinus Strobus. ESPÈCES INCOMPLÉTEMENT CONNUES. a) Feuilles géminées. Pin Lemon. — Pinus Lemoniana Lindl. in Trans. Hort. Soc. Lond. ser. 2, vol. 1, p. 512, cum fig. — Branches et ra- meaux flexueux. Feuilles longues d’environ 3 pouces, assez épaisses, semblables à celles du Pinus Pinaster. Strobiles inter- raméaires ou terminaux, solitaires, sessiles, ovoïdes, obtus, longs de 2 à 2 /, pouces ; écailles à appendice fortement bombé, om- biliqué. — Ce Pin est cultivé chez les pépiniéristes anglais; son origine est inconnue ; on le confondait avec le Pinus Pi- naster. b) Feuilles ordinairement lernées. Pin Téocoté. — Pinus Teocote Schiede et Deppe, ex Schlechtend. in Linnæa, XII, p. 487. — Arbre atteignant 100 pieds de haut. Feuilles longues de 3 à 4 ‘/, pouces, larges de ?/; de ligne. Strobiles longs d’environ 2 pouces; écailles courtement mucronées. — Cette espèce croit sur les Andes du Mexique. Pin À FEUILLES ÉTALÉES. — Pinus patula Schiede et Deppe, FAMILLE DES ABÉTINÉES, 401 ex Schlechtend. 1. ce. p. 488. — Grand arbre. Feuilles longues de 8 à 9 pouces, menues : les adultes pendantes. Strobiles ova- les-coniques, pointus, luisants. — Cctte espèce habite les Andes du Mexique. | Pin DE La Liave. — Pinus Llaveana Schiede, ex Schlech- tend. 1. c. p. 488. — Arbre s’élevant au plus à 30 pieds. Feuilles longues senlement de 18 lignes, ordinairement arquées. Strobiles petits, subglobuleux, obtus, longs d’environ 15 lignes ; écailles à partie épaissie rhomboïdale. Nucules aptères, obovées, longues de 6 à 7 lignes. — Ce Pin croît au Mexique; ses aman- des, qui sont comestibles, se vendent aux marchés de Mexico, sous le nom de pignons. c) Feuilles ordinairement quinées. Pin DE MontTÉzuma. — Pinus Montezumæ Lamb. Pin. ed. 2, —Schlechtend. in Linnæa, XII, p. 489. — Pinus occi- dentalis Kunth, in Humb. et Bonpl. (non Swartz.) — Grand arbre. Strobiles longs de 3 à 7 pouces ; écailles à épaississement subconique, anguleux, mucronulé, légèrement courbé au som- met. — Cette espèce croit sur les Andes du Mexique. Pin à reuILLES isses.— Pinus leiophylla Schiede et Deppe, ex Schlechtend. in Linnxæa, XII, p. 490. — Lambert, Pin. ed. 2, cum fig. — Feuilles longues de 3 à 4 pouces, larges d'environ ‘/° de ligne. Écailles-phyllodiennes fimbriées, cadu- ques. Strobiles solitaires ou subfasciculés, longs de 1 '/: à 2 là pouces, ovoïdes, un peu pointus, grisâtres ; écailles à épais- sissement rhomboïdal, convexe, ombiliqué, mutique. — Ce Pin croit au Mexique. Pin À STROBILES OVIFORMES. — Pinus oocarpa Schiede, ex Schlechtend. in Linnæa, XI, p. 4gr.— Arbre de 30à 40 pieds. Feuilles longues de 8 à 11 pouces. Strobiles courts, ovoïdes, pointus, solitaires, longs au plus de 2 ‘, pouces, sur environ 20 lignes de large à la base; écailles à épaississement subpyra- midal. — Cette espèce croît au Mexique, dans la région des Pal- miers ainsi que dans les régions tempérées, BOTANIQUE. PHAN, T. %1, 26 40% CLASSE DES CONIFÈRES. Puw De Hartwec.-— Pinus Hartwegii Lindl. in Bot. Res. 1839, App. p. 62. — Feuilles très-menues, longues d'en- viron 6 pouces. Strobiles pendants, oblongs, obtus, agrégés, d'un brun grisâtre, longs de 4 pouces, sur 2 pouces de diamètre; écailles à épaississement déprimé, omboné, mutique. Nucules cunéiformes-arrondies, 4 fois plus courtes que l’aile. — Cette espèce croît au Mexique. Pin Duc pe DEvonsurre. — Pinus Devoniana Lindl. L. c. p. 62. — Arbre de 60 à 8o pieds. Rameaux très-épais. Feuilles très-longues. Strobiles longs de 9 à 10 pouces, d’environ 3 pou- ces de diamètre à la base, pendants, solitaires, courbés, obtus ; écailles à épaississement rhomboïdal, omboné, mutique. Nucules obovées, 5 fois plus courtes que l'aile; aile noïrâtre. — Cette espèce croit au Mexique. Pin Russez. — Pinus Russeliana Lindl. 1. c. p. 63. — Feuilles très-longues. Strobiles allongés, horizontaux, subnu- tants, verticillés, sessiles, subrectiligres, longs de 7 à 8 pouces, larges d’environ 2 pouces à Ja base. Écailles à épaississement pyramidal, rectiligne, .obtus. Nucules oblongues, % fois plus courtes que l'aile; aile noirâtre. — Cette espèce habite le Mexique. PIN À GRANDES FEUILLES. — Pinus macrophylla Lindl, 1. c. Par p. 63. — Feuilles longues d'environ 15 pouces. Strobiles longs de 6 à 7 pouces, sur 3 pouces de large à la base, solitaires, ho- d. ; P 5 , Ù rizontaux, ovoides, rectilignes; écailles à épaississement rhom- 5 , S ; boïdal, onciné. Nucules subrhomboïdales, rugueuses, quatre fois plus courtes que l'aile; aile brunâtre. — Ce Pin croît au Mexique. Pin Faux-Srrogus. — Pinus Pseudo-Strobus Lindl. 1. c. P. 63. — Feuilles glauques, très-menues. Strobiles longs d’en- viron 4 pouces, verticillés, horizontaux, -elliptiques-oblongs ; écailles à épaississement pyramidal, rectiligne. Nucules ovales, 4 à 5 fois plus courtes que l’aile ; aile noirâtre. — Cette espèce FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 403 a été observée sur les Andes du Mexique, à 8,000 pieds d’élé- ation. Pi n’Acapur.co. — Pinus apulcensis Lindl. 1. c. p. 63.— Arbre d'environ 50 pieds. Feuilles longues au plus de 6 pouces, menues, glauques de même que les jeunes pousses. Strobiles longs d'environ 4 pouces, tres-régulièrement ovoïdes, pointus, verticillés; écailles à épaississement pyramidal, rectiligne. Nucules ovales, 4 fois plus courtes que l'aile; aile linéaire. — Mexique. PIN A FEUILLES FILIFORMES. — Pinus fifolia Lindl. in Bot. Reg. 1840, App. p. 61.— Rameaux gros. Écailles-gem- maires fortement acuminées, linéaires, très-longuement ciliées. Feuilles longues d'environ 18 pouces; gaînes longues, glabres, persistantes. Strobiles longs de 7 à 8 pouces, coniques, allon- gés, obtus; écailles à épaississement subpyramidal, obtus. — Mexique. Genre SAPIN. — Aÿres Tourn. Fleurs monoïques, naissant de bourgeons aphylles. — Chatons-mâles axillaires, ou axillaires et terminaux, soli- taires (dans chaque bourgeon), stipités, cylindracés, polyan- dres (par exception subglobuleux et oligandres). Anthères cristées ou tronquées, subsessiles, serrées, cunéiformes, déhiscentes longitudinalement ou transversalement. — Chatons-femelles axillaires ou terminaux (sur les ramules de l’année précédente), solitaires, subsessiles. Bractées marcescentes ou accrescentes, colorées, Ecailles-pistilli- fères minces, imbriquées après la floraison, jamais entre- greffées. Ovaire oblique, à orifice dilaté en forme de limbe 2-ou 3-fide. Strobile ellipsoïde, ou ovoïde, ou cylindracé, ou subconique, à écailles coriaces, imbriquées, lâchement appliquées, amincies aux bords et vers le sommet, finale- ment caduques, ou plus ou moins divergentes et persistan- tes. Nucules coriaces, caduques, à aile couronnante, 404 CLASSE DES CONIFÈRES. décurrente, demi-embrassante, membranacée, oblique, caduque ou persistante. Embryon 6-à 9-cotylédoné, clavi- forme.— Arbres élancés, à cime pyramidale. Racine ra- meuse. Branches verticillées ou subverticillées, ordinai- rement horizontales ou déclinées; les jeunes fetillues. Rameaux et ramules feuillus, effilés, opposés (ou moins sou- vent épars), fortement aréolés par les phyllopodes. Feuilles toutes solitaires (éparses en ordre spiral), très-rapprochées, coriaces, raides, persistantes, sessiles, ou courtement pé- tiolées, aciculaires (linéaires-tétragones et 4-nervées), ou planes (3-nervées), finement ponctuées (par séries longitu- dinales, comme les feuilles des Pins ; par exception non- ponctuées), très-entières (par exception finement denticu- lées), articulées chacune sur un petit renflement (phyllo- pode) décurrent sous forme de côte. Bourgeons axillaires (épars) et terminaux (ceux-ci souvent ternés ou verticillés), ovoïdes, composés d’un grand nombre d’écailles persistan- tes, coriaces, très-entières, imbriquées ; les écailles inté- rieures des bourgeons-floraux sont membranacées, scarieu- ses, non-persistantes, et forment un calicule à la base du chaton ou de son stipe. Floraison vernale ou estivale. Cha- tons-mâles dressés, très-nombreux, naissant sur les ra- meaux des branches inférieures et moyennes. Chatons- femelles beaucoup moins nombreux que les chatons-mäles, dressés lors de l’anthèse, naissant seulement sur les ramu- les des branches supérieures. Maturation annuelle (1). Strobiles pendants ou dressés, terminaux, ou latéraux; axe persistant (soit avec, soit sans les écailles) après la chute des nucules; écailles de forme variée (suivant les espèces), plus longues que les ailes des nucules. Nucules irréguliè- (4) Les strobiles acquièrent tout leur développement avant la fin de l'année, et les nucules sont mûres à la même époque ; chez certaines espè- ces ce n’est qu’au printemps suivant que les écailles-strobilaires s'écartent pour laisser tomber les nucules ; chez d'autres espèces, la dissémination a lieu dès l’automne. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 405 rement anguleuses, ou comprimées, plus courtes que l’aile. — Toutes les espèces de ce genre habitent l'hémisphère septentrional ; dans les climats chauds de ces contrées elles sont confinées aux régions supérieures des montagnes. Nous allons traiter de toutes les espèces suffisamment connues. Section I. PICEA Link. Feuilles aciculaires, linéaires-tétragones (à 4 nervures dont 2 marginantes, 1 dorsale, et 1 faciale), mucronées, pi- quantes, très-entières, sessiles, dilatées, mais non-tor- dues à la base, unicolores, partout ponctuées, en général point défléchies. Chatons-mâles axillaires et terminaux, cylindracés, allongés. Anthères cristées, longitudinalement déhiscentes. Chatons-femelles termi- naux; bractées marcescentes, inaccrescentes, finalement soudées aux écailles-pistillifères. Strobiles terminaux, solitaires : écailles-fructifères beaucoup plus longues que les bractées, inonguiculées, persistant après la chute des nucules. Nucules à aile caduque, étroite, oblongue- obovale. À, Feuilles assez épaisses, courtement mucronées. Sapin Épicéa.— Abies Picea Mill.—Desfont. Hort. Par. — Picea vulgaris Link, in Act. Acad. Berol. p. 179. — Pinus Abies Linn. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 157. — Lamb. Pin. tab. 25.— Pinus Picea Duroi. (non Linn.) — Pinus excelsa Lamk. Flore Franc. — Abies excelsa De Cand. Flore Franc. — Rich. Conif. tab. 15. — Picea pectinata Don. — Feuilles d’un vert plus ou moins foncé. Crête-anthérale sub- orbiculaire, érosée. Strobiles grands, pendants, subfusiformes : écailles obovales-rhomboïdales, tronquées, érosées-denticulées et souvent bifides au sommet. — Arbre atteignant 120 à 180 pieds de hant, sur 3 à 6 pieds de diamètre. Tronc conique, effilé vers le sommet, à écorce roussâtre ou d’un gris ferrugineux, ru- gueuse, finalement rineuse et lamelleuse, épaisse, Bois tendre, 406 CLASSE DES CONIFERES. élastique, d’un blanc jaunâtre avec des stries rouges, ou rougeä- tre: — Branches ordinairement plus ou moins déclinées, redressées au sommet. Rameaux et ramules d’un jaune ferrugineux, en géné- ral réclinés ou pendants. Cime élancée, régulièrement pyramidale, Feuilles longues de 4 à 12 lignes (ordinairement longues de 6 à 9 lignes), tantôt rectilignes, tantôt plus ou moins arquées, jau- nâtres vers le sommet : les ramulaires et les raméaires étalées, ou plus ou moins divergentes, ou ascendantes, quelquefois defléchies vers un seul côté; les caulinaires apprimées; toutes persistent pendant 5 à 6 ans. Bourgeons roussâtres, les floraux plus gros, sübobtus ; les foliaires longuement acuminés, à écailles acumi- nées; carénéés au dos, souvent recourbées au sommet, La florai- son a lieu vers la fin de mai. Chaions-mâles longs d'environ 6 lignes, roses ou pourpres avant l’anthese, finalement roussä- tres. Chatons-femelles violets, ovoïdes, longs d’environ 1 pouce. , Bractées oblongues-obovales, acuminées , fimbriées. Strobiles longs de 4 à 7 pouces, sur 15 à 18 lignes de diamètre, verdä- tres ou d’un brun verdâtre avant la maturité, finalement d’un brun roux, ou d’un roux jaunâtre; écailles finement striées, longues de 6 à o lignes. Nucules d’un brun noirâtre ; aile ob- tuse, d’un gris jaunûtre. — G': A RAMEAUX EFFILÉS. — ‘Pinus viminalis Alstrœm. — Abies excelsa pendula Loud. Arb. — Rameaux très- longs, effilés, pendants, presque simples. Feuilles plus menues. — y: A BRANCHES DRESSÉES. — Pinus Abies rigida Bechst. Forsthot. — Branches et rameaux presque dressés. Feuilles courtes, épaisses, subpectinées, divariquées, d’un vert très- foncé. — Ÿ : À FEUILLES MENUES. — Abies excelsa lenwfolia Loud. — 4 : A FEUILLES PANACHÉES. — Pinus Abies variegala Bechst. Forsthot. — Abies excelsa variegata Loud. Les 4 varié&& “s-mentionnées se rencontrent parfois dans les bois. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 407 — € : Nain. — Abies excelsa pygmæa Loud. Arb. — Abies elegans et Abies nana Hortul. — Variété de culture. Cette espèce, qu’on désigne par les noms vulgaires de Pesse, Épicia, Épicéa , Épicéa de Norwége, Sapin de Nor- wêge, Pinesse, Serente, Faux-Sapin, Sapin rouge, Sa- pin-genül , eic., forme l’une des principales essences fores- tières du nord de l’Europe, ainsi que sur les Alpes, les Carpathes, et autres montagnes de l'Europe moyenne ; elle s’avance; en Laponie, jusqu’à 69° de latitude; dans les Alpes de Suisse et du Dauphiné, on la rencontre jusqu’à 1,800 mè- tres au-dessus du niveau de la mer; elle manque dans toute la Sibérie (1). — La Pesse prospère surtout dans les terres pier- reuses ou sablonneuses, ni trop arides, ni trop humides ; dans les sols très-frais chargés de terreau, sa croissance est plus ra- pide, mais sa durée beaucoup moins longue ; dans les localités arides elle reste chétive, et elle est sujette à périr à la suite d’une sécheresse prolongée. Dans les localités convenables, cet arbre peut vivre deux siècles et plus; mais en général le terme de sa croissance s’accomplit dans l’espace d’environ cent qua- rante ans; dans un sol humide et fertile, il peut acquérir 70 à 80 pieds de haut, sur 18 pouces de diamètre, dans l’espace d’une quarantaine d’années : mais ensuite il ne tarde pas à dépérir. Les forêts de Pesse, lorsqu'elles sont bien tenues, se répeuplent d’elles-mêmes par les graines qui tombent des vieux arbres. La Pesse, ainsi que les espèces de la même section, peuvent assez fa- cilement être transplantées dans leur jeunesse, pourvu qu’on évite de mütiler leurs racines ; une fois coupés du pied, ces ar- bres ne reproduisent jamais de rejets, mais ils peuvent perdre leur pousse terminale sans que leur accroissement en soit arrêté, parce que le plus souvent une pousse latérale vient bientôt con- tinuer la tige. L’Épicéa peut être soumis à la taille : on le façon- nait jadis, comme l’If et le Buis, en toutes sortes de formes, a (1) L'espèce de Sibérie que Gmelin, Pallas, et d'autres auteurs pre- naient pour l’Abies Picea, est l'Abies (Picea) obovata Ledeb: 408 CLASSE DES CONIFÈRES. pour la décoration des jardins; dans le Nord, on a coutume d’en former des haies et des charmilles. On peut multiplier les Épicea de bouture, et de greffes herbacées. Les graines doivent être semées des le printemps, car elles‘perdent promptement leur faculté germinative ; on a soin de recueillir les cônes à la fin de l’automne ou en hiver, avant la chute des nucules ; les pépi- méristes ont coutume de les semer en terre de bruyère, à l'ombre, et de repiquer les jennes plants au printemps suivant, dans une terre-franche légère ; durant les cinq ou six premières années, is restent fort petits; mais ensuite ils croissent rapidement en longueur. Ge Sapin est l’un des arbres les plus précienx du nord de l’Europe. Son bois est d’un usage universel pour la charpente, la mâture, les constructions navales et batelières, la menniserie, l’ébénisterie commune, la boissellerie, et quantité d’autres em- plais; les luthiers n’en emploient pas d’autre pour les tables so- nores des instruments à cordes ; dans plusieurs départements de l’est de la France, les habitations villageoises sont couvertes de bar- deaux de bois de Pesse; c’est aussi avec ce bois que sont faites les petites boîtes à dragées et à confitures sèches ; comme combustible, sa valeur, en proportion au bois de Hêtre, est estimée comme 7 à 10. Du reste, le bois de Pesse a moins de force que celui du Sapin commun (Abies vulgaris Poir. — Pinus Picea Linn.), et sa qualité varie beaucoup suivant la nature du sol ; les arbres qui croïssent sur les flancs des montagnes fournissent du bois plus solide et plus durable que celui qui provient du fond des vallons, ou des plaines, lequel est plus léger, spongieux, et très- sujet à pourrir. On a soin d’écorcer les arbres dès qu’ils ont été abattus, car sans cette précaution le bois est attaqué prompte- ment par les insectes et détérioré par l'humidité. En raison de sa longueur et de sa rectitude, le tronc de Ja Pesse est précieux vour la mâture, la charpente et les échafaudages; les jeunes arbres fournissent de longues perches, des manches à outils, etc. Dans le Nord, l’écorce s’emploie très-communément au tannage; les couches internes, qui sont douceâtres cet charnues, peuvent Î FAMILLE DES ABIÉTINÉES, 409 servir d’aliment, à défaut d’une nouriture plus substantielle. Les rameaux, coupés au mois de mai, fournissent des liens plus durables et plus tenaces que les meilleurs osiers ; les Lapons font des cordages et des paniers avec les racines de Pesse, qu'ils met- tent bouillir, à cet effet, dans une lessive de cendres. En lais- sant fermenter les jeunes-pousses dans de l’eau, on en obtient une sorte de bière, dont les habitants des régions arctiques font usage à titre d’antiscorbutique. Enfin, la Pesse fournit aussi de la poix, de l’essence de térébenthine, de la colophane et du noir de fumée. Sapin D'ORIENT. — Abies orientalis Poir.— Pinus orien- talis Willd. — Steven, in Ann. des Sc. Nat. 2e sér. vol. 4 (1839), p. 57. — Suivant Steven, cette espèce differe de l'Épi- céa par des feuilles de moitié plus courtes, par des strobiles cy- lindracés, plus courts (longs au plus de 3 pouces), à écailles ova- les-rhomboïdales, arrondies et en général très-entières au som- met. — Cet arbre forme de grandes forêts au Caucase, et dans V’'Asie Mincure. Sapin DE Sisérie. — Abies (Picea) obovata Ledeb. Flor. Alt. IV, p. 201; ejusd. Icon. Plant. Alt. tab. 4099. — Pinus Abies Pallas, Flor. Ross. (non Linn.) — Feuilles d’un vert noi- râtre. Strobiles (longs de 2 à 3 pouces) cylindracés, dressés ; écailles cunéiformes-obovales , arrondies au sommet, très-entiè- res. — Arbre ayant le port de l’Épicéa. Jeunes-pousses légè- rement pubescentes. Feuilles longues de 8 à 9 lignes, un peu courbées. Strobiles le plus souvent longs d’environ 30 lignes sur 15 lignes de diamètre, arrondis à la base, un peu rétrécis au sommet, assez semblables à ceux del Abies alba, mais en gé- néral plus longs. (Ledebour, L. c.) Cette espèce paraît propre à la Sibérie, où elle constitue d'immenses forêts tant en plaine que sur les montagnes; elle ne croît pas, au Nord, an delà du 62e degré de latitude, ni, à l'Est, au delà du Léna; dans l’Altaï, d’après les observations de MM. Ledebour et de Bunge, elle vient en forêts depuis le 410 CLASSE DES CONIFÈRES. pied des montagnes jusqu’à 4,000 pieds de haut, et, au-dessus de cette limite, on la rencontre éparse jusqu’à près de 5,360 pieds. — Gmelin, Pallas, et d’autres auteurs, ont confondu cette espèce avec l’Epicéa, qui (fau témoignage de M. Ledebour } n'existe pas dans l’Asie boréale. Du reste, les usages ec pro- priétés de cette espèce sont les mêmes que ceux de l’Epicéa. SAPIN Nom. — Abies nigra Mich. fil. Arb. 1, p. 123, cum fig. — Picea nigra Link. — Pinus nigra Hort. Kew. — Lamb. Pin. tab. 29. — Pinus denticulata Mich. Flor. Bor. Amer.— Pinus mariana Ehrh. — Abies mariana Mill. — Abies denticulata Poir. — Pinus marylandica Hortul. — Feuilles d’un vert noirâtre. Strobiles ellipsoïdes, pendants, courts (longs de 8 à 15 lignes) : écailles elliptiques-orbiculaires, érosées-crénelées. — Arbre atteignant 70 à 80 pieds de haut, sur 15 à 20 pouces de diamètre. Branches horizontales, point déclinées, formant une pyramide très-régulière. Tronc très- droit, conique, effilé vers le sommet ; écorce unie. Feuilles assez épaisses, tres-raides, longues de 3 à 4 lignes. Strobiles roussä- tres. Nucules petites, d’un brun noirâtre ; aile obovale, brune, longue de 3 à 4 lignes. Le strobile s’ouvre dès la fin de l’au- tomne. Cette espèce est commune dans les provinces les plus septen- trionales des États-Unis, et dans les contrées plus boréales de l'Amérique, jusqu’au 65° degré de latitude; M. Michaux dit qu’elle est tellement multipliée entre les 44° et 53° de latitude N.,etles 55° et 75° de longitude O., que souvent elle forme un tiers de Ja masse des forêts qui couvrent ce pays; sous les cli- mats plus méridionaux, on ne la voit guère que dans les sites froids et humides des Alléghanys. Au Canada, on désigne cet arbre par les noms d’Épinette noire, et Épinette à la bière ; dans les États-Unis on l'appelle Sapin noir (black spruce), et Sapin double (double spruce). C'est dans les sols humides, pro- fonds et fertiles, que le Sapin noir végète avec le plus de vi- gueur ; il vient moins bien dans les terres maïgres et peu humis FAMILLE DES ABIÉTINÉES. . M des ; on le trouve aussi, niais constamment chétif, dans les loca- lités marécageuses. Le bois de cet arbre est blanchâtre, élastique, léger, et, à ce qu'on assure, plus fort que celui de toutes les autres espèces du genre. Dans les chantiers de constructions navales de tous les ports des États-Unis, les vergues sont presque toujours faites en bois de Sapin noir, qui est importé du Maine; on l’exporte aussi, pour le même usage, aux Antilles et en Angleterre. Dans le nord des États-Unis, on Vemploie fréquemment à la char- pente des maisons ; on le débite en planches, qui sont exportees dans les Antilles et en Angleterre. Ce bois ne contient pas assez de résine pour fournir à une exploitation avantageuse. C’est avec les jeunes-pousses de cette espèce qu’on fabrique la bière connue sous le nom de bière de spruce (spruce beer) ; cette boisson, qui est un excellent antiscorbutique, dont on fait habituellement usage dans les navigations de long cours, se pré- pare en faisant bouillir dans de l’eau les jeunes-pousses de VAbies nigra, et en faisant fermenter ensuite avec cette décoc- tion une certaine quantité de sucre ou de mélasse. —$: Sapin ROUGE. — Pinus rubra Lamb. Pin. tab. 28. — Abies rubra Mill. Ic. tab. 8. — Abies nigra var. Mich. fil. Arb.— Abies pectinata Poir. Enc. (non De Cand.) —Pinus americana Gærtn. — Bois rougeûtre. Feuilles un peu plus longues. Strobiles plus longs, oblongs-cylindracés, à écailles suborbiculaires, souvent bifides au sommet, point érosées. — Cette variété croît dans les mêmes contrées que le Sapin noir ; la couleur de son bois lui a fait donner le nom de Sapin rouge. Suivant M. A. Michaux on ne la rencontre que dans les sols fertiles. Le Sapin noir, de même que sa variété le Sapin rouge, ont un port très-élégant, et moins sévère que celui de l'Épicea ; mais il paraît que ces arbres ne se plaisent pas dans le climat des plaines de la France, car on n’en rencontre que des individus chétifs dans les plantations de Paris et des environs. 419 CLASSE DES CONIFÈRES, . Sapin BLANC. — Abies alba Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb.E, p. 133, tab. 19. — Picea alba Link. — Pi- nus alba Hort. Kew.— Lamb. Pin. tab. 26. — Pinus cana- densis Duroi. (non Hort. Kew.)—Pinus glauca et Pinus tetra- gona Mœnch.—Pinus laxa Ehrh. — Guimp. et Hayn. Fremd. Holz. tab. 131. — Abies curvifolia Salisb. — Abies cærulea et Abies alba Hortul. — Feuilles plus ou moins glauques. Stro- biles oblongs-cylindracés, courts (longs de 15 à 30 lignes) : écailles cunéiformes-obovales ou cunéiformes-orbiculaires, tron- quées au sommet, très-entières. —Arbre atteignant rarement plus de 5o pieds de haut, sur 12 à 16 pouces de diamètre. Tronc très-droit, très-effilé. Branches horizontales, point déclinées. Rameaux et ramules horizontaux, ou dcclinés, souvent rédressés au sommet. Cime très-régulièrement pyramidale, moins touffue que chez l’Abies nigra. Feuilles rectilignes ou arquées, assez épaisses, érigées, ou divergentes, longues de 3 à 6 lignes. Stro- biles roussâtres, luisants, tres-nombreux, souvent opposés ou fasciculés; ils mürissent dès l’automne, et s’ouvrent à la même époque; écailles larges de 4 à 6 lignes. Nucules minces, brunä- tres, longues à peine de 1 ligne; aile obovale, brune, un peu plus courte que l’écaille. Cette espèce habite l’Amérique septentrionale, jusque vers le 68° degré de latitude; elle croît dans les mêmes localités que la précédente, mais sans être à beaucoup près aussi commune, et, dans les provinces méridionales des États-Unis, elle se trouve également confinée aux sites les plus élevés des Alléghanys. On l'appelle Épinette blanche, au Canada, et S'apin blanc (white spruce), ou Sapin simple (single spruce), dans le nord des États- Unis et dans la Nouvelle-Écosse. Les pépiniéristes français la désignent par les noms de Sapinette blanche, et de Sapinette bleue, suivant que son feuillage est plus ou moins glauque. Son bois s'emploie aux mêmes usages que celui de Abies nigra, mais 1l est moins estimé. Les fibres des racines de cet arbre sont douces d'une grande ténacité, lorsqu’on les a fait macérer davs l'eau; on s’en sert, au Canada, pour coudre ensemble Les ccor- FAMILLE DES ABIÉTINÉES, 415 ces de Bouleau avec lesquelles on construit des canois. Quelques auteurs disent que les jeunes-pousses du Sapin blanc peuvent être substituées au Sapin noir, dans la préparation de la bois- son antiscorbutique qu’on appelle bière de Spruce; M. Michaux, au contraire, assure qu’on a grand soin de ne pas les employer à cet usage, parce qu’elles communiqueraient à la liqueur une saveur forte et désagréable. L’Abies alba est commun dans les plantations d’agrément : il produit un bel effet par la couleur de son feuillage, et par son port régulièrement pyramidal ; toutefois il exige, pour ne pas rester chétif, un sol frais et une exposition ombragée. B. Feuilles menues, presque subulées, longuement mucronées. . Sapin DE Smir.— Abies (Pinus) Smithiana Wallich, Plant. Asiat. Rar. II, p. 246; tab. 24. — Pinus Khutrow Royie, Himal. tab. 84, fig. 1. — Abies Morinda Hortul. — Feuilles d'un vert foncé. Anthères très-longues. Strobiles grands (longs de 4 à G pouces), dressés, ovales-oblongs, ou oblongs, obtus : écailles obovales-orbiculaires, tres-entières, très-raides.— Grand arbre. Branches pendantes ou plus ou moins déclinées. Rameaux grêles, effilés, subopposés, étalés ou déclinés, glabres, les jeunes brunâtres. Feuilles longues de 6 à 18 lignes, droites, ou un peu courbes, plus ou moins divergentes, quelquefois subunilatérales. Chatons-mäles ovoïdes, longs d’environ 1 pouce, Anthères lon- gues de 4 lignes, linéaires-claviformes ; crête arrondie, crénelée. Strobiles assez semblables à ceux de l’Épicéa commun ; écailles longues de près de r pouce. Graines petites, à aile cunéiforme, brunâtire, rétuse. (47/allich, L. c.) — Cette espèce croît dans les régions subalpines de l'Himalaya, entre 7,000 et 10,000 pieds d’élévation; les habitants du pays l’appellent Raga, et Mo- rinda (1). On ne cultive cet arbre que depuis quelques années ; il est assez rustique pour résister aux hivers du nord de la France. (!) Le nom de Morinda s'applique aussi, au Népaul, à l’Abses (Pinus) Pindrow de Royle. : 4i4 CLASSE DES CONIFÈRES. Secrion II. PICEASTER Spach. Feuilles mucronées (jamais échancrées), piquantes, sessiles, dilatées à la base : celles des jeunes individus et celles des branches inférieures linéaires, planes, écanaliculées en dessus, trinervées en dessous (à nervures latérales marginantes), discolores (d’un vert foncé et point ponc- tuées en dessus, glauques et ponctuées en dessous, excepté aux nervures), souvent tordues à la base et dé- fléchies vers deux côtés ; celles des branches-supérieures tétraèdres-aciculaires (à quatre nervures dont 2 margi-. nantes, {1 dorsale, et 1 faciale), unicolores, ponctuées aux 4 faces, point défléchies ni tordues. Chatons subter- . minaux. Strobiles fasciculés, dressés; écailles-fructifères onguiculées, caduques à la maturité. Nucules à aile large, cunéiforme, persistante. Sapin Pinsaro.— Abies Pinsapo Boissier, in Bibl. Univers. de Genève, 2° sér. vol 13 (1838), p. 402. — Abies cephalonica Loud. Arb. — Abies Luscombeana et Abies taxifolia Hortul. (ex Steud. Nom.) — Arbre de 60 à 5o pieds. Tronc branchu dès peu de distance de la base. Branches horizontales, verticillées, peu épaisses comparativement au diamètre de l’arbre ; celles du bas ne sont guère plus longues que celles du haut, et la partie su- périeure de l’arbre est arrondie et non effilée, de sorte que la cime est plutôt cylindrique que pyramidale. Écorce semblable à celle du Sapin commun (Abies vuloaris Poir.), sans être aussi blanche ; elle se détache par plaques. Branches inférieures comme pennées ; rameaux nombreux, résuliers, opposés. Feuilles des jeunes in- dividus longues de 3 à 6 lignes. Feuilles des rameaux-fructiféres subverticales, épaisses, longues de 3 à 4 lignes ; phyllopode or- biculaire au sommet. Strobiles ovoides-oblongs, obtus, agrégés vers l’extrémité des ramules, à peine plus longs, mais plus gros que ceux du Sapin commun ; écailles cunéiformes, arrondies au sommet, légèrement échancrées à la base, subérosées aux bords, d’un brun violet, longues de 12 à 15 lignes (y compris l'onglet), FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 415 sur à peu près autant de large : onglet ligneux, pointu, trièdre, long de 3 à 4 lignes. Bractées obovales, mucronulées, érosées, apprimées, peu accrescentes, à l’époque de la floraison aussi longues que Les écailles du chaton, lors de la maturité 5 à 6 fois plus courtes que les écailles-fructifères. Nucules d’un brun clair, assez grosses, subtrigones, obconiques, longues de 5 à 6 lignes; aile presque aussi longue que l’écaille-fructifère, d’un brun roussâtre. Embryon 7-cotylédoné. Ce Sapin croît sur les montagnes de l’Andalousie, depuis une hauteur de 3,500 pieds, jusqu’à 6,000 pieds ; son bois est très- résineux, et il ressemble par la couleur et par la structure à celui du Sapin commun. Les écailles des strobiles tombent dés l’au- tomne, (Boissier, l. c.) — On ne cultive cette espèce que depuis quelques années. Section III. PEUCE Sweet. (Abies Link. — Picea Don.) Feuilles toutes planes, linéaires, canaliculées et non-ponc- tuées en dessus, 3-nervées et ponctuées en dessous (les nervures-latérales marginantes, moins saillantes que la médiane), discolores (vertes en dessus, glauques en des- sous excepté aux nervures), très-entières aux bords, or- dinairement échancrées ou rétuses au sommet, tordues à la base, défléchies (vers deux côtés, ou vers un seul côté), rétrécies en très-court pétiole dilaté à sa base. Chatons-mâles axillaires et terminaux, ovales ou oblongs, polyandres. Anthères cristées ou inappendiculées, trans- versalement déhiscentes. Chatons-femelles axillaires, so- litaires sur chaque ramule. Strobiles gros, dressés ; écailles-fructifères onguiculées, caduques à la maturité. Nucules à aile large, sabcunéiforme, persistante. A. Écailles-strobilaires (à l’époque de la maturité) débordees par les bractées. SAPIN COMMUN. — Abies vulgaris Poir. Encycl. — Pinus Picea Linn. —Lamb. Pin. tab. 30. — Guimp. et Hayn. 416 CLASSE DES CONIFÈRES. Deutsch. Holz. tab. 156.— Pinus Abies Duroiï. (non Linn.) — Abies Picea Lindl. — Abies pectinata De Cand. Flore Franc. — Abies taxifolia Desfont. Hort. Par. — Æbies candicans Fisch. — Abies alba Mill. (non Mich.) — Abies excelsa Link. (non De Cand.) — Picea pectinata Loud. — Feuilles subdisti- ques, échancrées. Strobiles subeylindracés, obtus, un peu rétrécis au sommet; bractées lancéolées-spathulées ou spathulées-ob- ovales, acuminées-cuspidées, à pointe recourbée; écailles-fructi- fères cunéiformes-orbiculaires, un peu plus courtes que les brac- tées. Nucules à aile méquilatérale, cunéiforme, curviligne d’un côté, rectiligne de l’autre côté. — Arbre haut de 100 à 180 pieds, sur 3 à 8 pieds de diamètre. Tronc très-droit, finalement sans branches jusqu’à une élévation considérable ; cime pyrami- dale chez les jeunes individus, subcylindracée chez les vieux. Racine pivotante, rameuse, longue de 4 à 5 pieds. Écorce d’un gris cendré, lisse pendant 40 à 5o ans, plus tard rimeuse et tombant par plaques ; liber mince, d’un brun roux. Bois blan- châtre, léger, élastique, médiocrement résineux. Branches hori- zontales, ou déclinées, ou moins souvent plus ou moins dressées, de longueur médiocre comparativement à la taille du tronc. Ra- meaux et ramules opposés, grêles, affectant à peu près la même direction que les branches, d’un gris verdâtre. Jeunes-pousses à écorce plus ou moins abondamment garnie d’un duvet ferrugi- neux. Bourgeons roussâtres ou ferrugineux, subobtus, ou obtus ; écailles subovales, obtuses, carénées. Feuilles longues de 6 à 15 lignes, larges d’environ 1 ligne, d’un vert foncé et luisantes en dessus, d’un glauque blanchätre en dessous, obtuses, plus ou moins profondément échancrées, ordinairement étalées et recti- lignes. Chatons-mäles longs de 6 à 9 lignes, horizontaux, ou un peu déclinés, ovales, ou ovales-oblongs, obtus, rougeâtres avant la floraison, rapprochés en grappe (vers l’extrémité de chaque ramule floral). Anthères à crête bicorne. Chatons-femelles d’un brun roux, long d'environ 1 pouce; écailles-pistillifères cordi- formes, débordées par les bractées. Strobile long de 5 à 8 pou- ces, d’abord d’un vertolive, finalement d’un brun roux, souvent plus ou moins couvert de résine; écailles longues d’environ FAMILLE DES ABIÉTINÉES. NT 1 pouce, sur à peu près autant de large, ou un peu plus lar- ges que longues, courtement onguiculées. Nucules ‘longues d’environ 4 lignes, cunéiformes, d’un brun clair, luisantes; aile d’un brun jaunâtre, ou roussâtre, obliquement tronquée au sommet, 2 fois plus longue que la nucule. Embryon 5-ou 6-co- tylédoné. | E) Cette espèce, qu’on appelle le plus généralement Sapin, sans autre désignation spéciale, porte en outre les noms de Sapin commun, Sapin blanc, Sapin argenté, Sapin à feuilles d'If, Sapin des Vosges, et Sapin de Normandie. C’est à elle, et non au Pinus Abies de Linné, que s’appliquait chez les an- ciens le nom d’Abies. Ge Sapin paraît propre aux montagnes de l’Europe, depuis le 4o° jusque vers le 55° degré de latitude (1); il abonde dans les Pyrénées, les Alpes, le Jura, les Vosges, la Forêt-Noire, et les Carpathes ; mais quoiqu’il vienne de préfé- rence dans les expositions fraîches, il ne monte point aussi haut que lEpicéa (2); il se plaît dans les sols frais et fertiles : dans les localités de cette nature, sa durée est de 2 à 3 siècles, et il y acquiert une taille plus élevée que toute autre Conifère in- digène, tandis qu’il se refuse à végéter dans les terres maigres et arides : sa croissance est aussi rapide que celle du Sapin Épicéa. Suivant le climat, le Sapin commun fleurit en avril ou en mai; ses strobiles mürissent en automne, et c’est dès lors que les écailles-fructifères se détachent de l’axe qui les porte. Le bois de Sapin commun s'emploie aux mêmes usages que (1) L’Abies vulgaris n'existe pas en Sibérie : l'espèce que Gmelin, Pallas, et d’autres auteurs, croyaient être la même que celle d'Europe, est l’Abies sibirica Ledeb. — Suivant Bicberstein, Païlas, et Steven, l'Abies vulgaris croît au Caucase, et, au témoignage de Tournefort, il habite aussi l'Asie Mineure; mais toutes ces indications sont trop vagues pour lever les doutes sur l'identité de l'espèce de ees répions avec le Sapin commun d'Europe. (2) Dans les Pyrénées, cet arbre est confiné aux régions situées entre 1,400 et 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer; dans les Carpa- thes, il s'arrête à la hauteur de 4,000 mètres, et, dans les Alpes, à celle de 4,500 mètres. BOTANIQUE. PIAN, Te XIe 27 418 CLASSE DES CONIFÈRES. celui d'Épicéa ; il est même préférable à ce dernier, sous le rapport de la force et de la durée ; les anciens Romains en fai- saient une consommation considérable pour la construction des habitations et des navires; toutefois, :l est essentiel que les ar- bres dont 1l provient aient au moins cent ans, car plus jeune, il se décompose plus facilement que celui de l'Épicéa et du Pin Sylvestre ; à défaut de Chêne, on le recherche pour les pilotis et autres constructions destinées à séjourner sous l’eau ou sous terre. Les troncs suffisamment longs sont fort recherchés pour la mature ; à titre de ch iles il est moins avantageux que Le bois d' Bpicéas ses cendres fournissent plus de potasse que le bois de ce dernier, mais moins que celui du Pin sylvestre. Le Sapin commun n’est pas assez résineux pour l’exploitation de la poix-blanche, mais c’est de lui qu’on obtient, en faisant des incisions dans son écorce pendant l'été, la térébenthine connue dans le commerce sous lenom de térébenthine de Strasbourg * cette térébenthine donne, à la distillation, un quart de son poids d'essence ; on prépare aussi de l’essence de térébenthime en fai- sant bouillir dans de l’eau les jeunes cônes du Sapin commun. Gette espèce s’accommode beaucoup plus difficilement que V'Épicéa des terres médiocres, et des expositions découvertes : on a même vu périr des forêts entières de ce Sapin, à la suite d’un été très-chaud et très-sec. Lorsque cet arbre vient à per- dre sa pousse terminale, il se couronne et cesse de croître en hauteur ;-mais on peut lui retrancher, sans aucun risque, beau- coup de ses branches inférieures. Les jeunes plants ne résistent ni à la sécheresse, ni aux extrêmes de froid et de chaleur, et ils exigent une situation ombragée ; aussi une forêt de ce Sapin se repeuple-t-elle très-difficilement, à moins qu’on ait laissé subsister assez de vieux arbres pour abriter les semis. SAPIN DE NORDMANN. — Abies Nordmanniana Steven, in Ann. des Sc. Nat. 2° sér. vol. XI, p. 56. — Feuilles subuni- latérales, lévèrement échancrées. Strobiles ovoïdes; écailles cu- néiformes-orbiculaires ; bractées spatulées-obcordiformes, à som- met saïllant, réfléchi, acuminé-cuspidé. — Arbre de 8o pieds et FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 419 plus, sur 3 pieds de diamètre. Écorce lisse, grisâtre. Branches grêles, la plupart horizontales, les supérieures plus ou moins érigées. Ramules couverts d’une pubescence rousse. Feuilles longues d’environ 1 pouce, sur 4 de ligne de large, d’un vert gai en dessus, d’un glauque blanchâtre en dessous. Strobiles longs d'environ 5 pouces, sur 2 , pouces de large, sessiles, ou subsessiles, solitaires, ou géminés, ou ternés, résineux ; écailles longues d'environ 15 lignes, sur autant de large vers le sommet, érosées-deniées aux bords latéraux, très-entières au sommet. Nucules ovoïdes, longues de 1 ‘/: ligne ; ailes obliquement cunéi- formes, rectilignes d’un côté. (Steven, L. c.) — Cette espèce croît dans les régions subalpines du Caucase. SAPIN NOBLE. — Abies nobilis Douglas. — Lamb. Pin. ed. 2, Ie. — Feuilles linéaires-falciformes, d’un vert pâle en dessous. Strobiles ovales-cylindracés ; écailles très-larges, recou- vertes par la portion saillante des bractées. Bractées spatulées, acuminées-cuspidées, réfléchies, imbriquées, érosées au sommet : pointe raide, subulée. — Feuilles longues d'environ 1 pouce. Strobiles longs de 6 à 7 pouces, sur 3 pouces de large, sembla- bles à ceux du Sapin commun. (Hooker, Flor. Bor. Amer. Il, D. 162.) — Cette espece a été trouvée sur la côte nord-ouest de l'Amérique, aux environs du fort Vancouver. Sapin OvamEez. — Abies religiosa Kunth, in Humb. et Bonpl. Nov. Gen. et Spec. IT, p. 5. — Feuilles pointues, glau- ques en dessous. Sirobiles subcylindracés ; écailles cunéiformes- orbiculaires, à peine plus courtes que les bractées. Bractées oblongues, acuminées, recourbées au sommet. — Grand arbre, ayant le port du Sapin commun. Ramules glabres, ferrugineux. Feuilles longues de 6 à 14 lignes, larges de 7, ligne à 1 ligne. Strobiles longs de 4 à 4 y, pouces, larges de 2 À 2 /, pouces ; écailles conrtement ongniculées, longues de 9 lignes (l'onglet non compris), sur 16 à 17 lignes de large, érosées aux borde. Bractées larges d’environ 3 lignes. Nucules d’un brun clair. Em- bryon 5-cotylédoné. (Schlechtendal, in Linnæa, XU, p. 487.) 420 CLASSE DES CONIFÈRES: — Ce Sapin croît dans les Andes du Mexique, depuis les régions élevées d’environ 4,000 pieds, jusqu’à la limite extrême des ar- bres ; les habitants du pays l’appellent Oyamel; on l’emploie dans les cérémonies religieuses, à cause de ses rameaux cruci- formes. Toutes les parties de l’arbre sécrètent une résine jaune, transparente, et odorante. | B. Écailles-strobilaires plus longues que les bractées. Sapin Picura. — Abies sibirica Ledeb. Ic. Plant. Alt. tab. 5oo; ejusd. Flor. Alt. IV, p. 202. — Pinus Pichta Fisch. — Pinus Picea Pallas, Flor. Ross. (non Linn.) — Feuilles obtuses ou échancrées (celles des ramules-fructifères en général poin- tues), courbées vers en haut. Strobiles cylindracés : écailles trapézoïdes, brusquement rétrécies en forme de coin à la base, plus de 2 fois plus longues que les bractées. Bractées presque car- rées, mucronées. Nucules à aile rectiligne aux 2 bords, à peine élargie au sommet. (Ledebour, L. c.) — Grand arbre, à écorce lisse. Branches horizontales ou défléchies (excepté les terminales, qui sont ascendantes ou presque dressées), moins allongées que chez le Sapin commun, d’où il résulte que la cime est plus grêle. Rameaux et ramules roussâtres, glabres. Feuilles longues de 6 à 15 lignes, larges de ‘/; ligne, d’un vert plus ou moins foncé et luisantes en dessus, plus ou moins glauques en dessous : celles des rameaux-stériles rectilignes, plus longues; celles des rameaux-floraux plus courtes, plus ou moins courbes. Chatons- mâles horizontaux, longs de 3 à 4 lignes. Chatons-femelles longs de 12 à 15 lignes. Bractées denticulées, réfléchies ou subrévo- lutées à l’époque de la floraison. Strobiles longs de 2 à 3 pou- ces, sur 15 lignes de diamètre; écailles longues d’environ 9 li- gnes (y compris l’onglet), sur à peu près autant de large vers le sommet, à bords-latéraux subrectilignes, denticulés. Nucules loïgues de 3 /: lignes; aile longue de 5 lignes, sur 3 ’f, à 4 lignes de large, obliquement tronquée au sommet. (Lede- bour, L. c.) Ge Sapin, que les auteurs anciens confondaient avec le Sapin FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 421 commun, habite la Sibérie, la Daocurie, et le Kamtchatka ; il cesse de croître au nord de 58° de latitude. Au témoignage de M. Ledebour, il abonde sur l’Altaï, dans les régions situces en- tre 2,000 et 4,000 pieds d’élévation, et il ne dépasse pas la hau- teur de 5,300 pieds. Les Russes l’appellent Pichta. Son bois sert aux mêmes usages que celui du Sapin commun. — Cette espèce est cultivée depuis une vingtaine d’années ; elle se plaît, comme le Sapin commun, dans les terres fraîches. Sapin Baumrer. — Abies balsamea Mill. — Abies balsa_ mifera Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. 1, p. 146, tab. 14. — Kich. Comifer. tab. 16. — Pinus balsamea Linn. — Lamb. Pin. tab, 31. — Feuilles échancrées ou obtuses, sub- pectinces. Strobiles cylindracés ; écailles subréniformes, à peine de moitié plus longues que les bractées. Bractées obovales-orbi- culaires, mucronées, Nucules à aile arrondie du côté extérieur, cunéiforme - obovale. — Arbre atteignant rarement plus de 4o pieds de haut, sur 12 à 15 pouces de diamètre. Tronc très- eftilé. Écorce grisâtre. Branches nombreuses, formant une cime * régulièrement pyramidale. Bois léger, peu résineux. Feuilles longues de 6 à 9 lignes, larges au plus de 1 ligne, tantôt recti- lignes, tantôt plus ou moins courbes, en général plus ou moins étalées, d’un vert foncé et luisantes en dessus, très-slauques en dessous. Chatons-mäles courts. Anthères tronquées, inappendi- culées. Strobiles longs de 4 à 5 pouces, sur environ 1 pouce de diamètre, obtus, d’un violet glauque ; écailles courtement ongui- culées, larges d’environ 6 lignes. Nucules petites, 3 fois plus courtes que l’aile, qui est d’un brun violet. Cette espèce, appelée vulgairement Baumier de Giléad, ha- bite toute l’Amérique boréale, jusqu’au delà du 68° degré de latitude; dans les provinces méridionales des États-Unis, on ne la rencontre que sur les sommités des Alléghanys ; dans les pro- vinces septentrionales et au Canada, elle est disséminée plus ou moins abondamment parmi les autres espèces de Sapin qui, dans ces contrées, constituent les forêts d’arbres-verts. Au Canada et dans le nord des États-Unis, on lui donne les noms de Sapin 492 CLASSE DES CONIFÈRES. argenté, Sapin Baumier, et Baumier de Giléad. On ne tire guère parti de son bois, mème dans les localités où 1l abonde le plus; mais on en recueille la térébenthine qu’on appelle fort im- proprement baume de Giléad : cetie substance a une odeur plus agréable que la térébenthine du Sapin commun; elle est en vogue, chez les Anglo-Americains, comme remède anticatarrhal. Les feuilles ont aussi une odeur balsamique agréable. Le Sapin Baumier se cultive depuis longtemps comme arbre d'ornement, ct, à ce titre, il est préférable au Sapin commun, en raison de son port plus régulièrement pyramidal. — 6 : Sapin DE Fraser. — Abies Fraseri Pursh, Flor. Amer. Sept. — Abies balsamea 8 : Fraseri Vorrey, Compend. — Feuilles plus courtes, subunilatérales, ordinairément dressées. Strobiles ovoïdes-oblongs. Bractées allongées, incisées-denti- culées. (Torrey, L. c.) — Getie variété croît sur les montagnes des États-Unis. SAPIN ÉLANCÉ. — Abies grandis Douglas, mss. — Lamb. Pin. ed. 2, App. — Hovk. Flor. Bor. Amer. IT, p. 163. — Feuilles obtuses, blanchâtres en dessous. Strobiles cylindracés ; écailles très-larges, beaucoup plus longues que les bractées ; bractées ovales, courtement acuminées-cuspidées, érosées aux bords. — Grand arbre. Feuilles longues d'environ 1 pouce. Strobiles longs de 4 à 5 pouces, semblables à ceux de l’Abies balsamea. (Hooker, |. c.\ — Cette espèce habite le nord-ouest de l’Amérique. SAPIN MAGNIFIQUE. — Abies spectalilis Lamb. Pin. ed. », vol. 2, tab. 2. — Pinus tincioria et Pinus FVebbiana Wallich, Cat. — Feuilles longues, bimucronces, subunilatérales, d’un, blanc argenté en dessous. Strobiles cylindracés ; écailles rémi- formes-orbiculaires ; bractées oblongues, apiculées. — Arbre de 80 pieds et plus, ayant le port du Sapin commun. Ramules gla- bres, roussâtres. Feuilles longues de 1 à 2 pouces, larges d’en- viron 1 ligne, d’un vert foncé en dessus. Anthères à crête bicorne. Strobiles longs de 4 à 6 pouces, sur 1 %: à 2 pouces de diamèe- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 425 tre, solitaires, obtus, d’un pourpre noirâtre. Nucules d’un brun pale de même que l'aile. (D. Don, Prodr. Flor. Nepal.) — Cette espèce, remarquable par la beauté de son feuillage, croît dans les régions subalpines de l'Himalaya; elle est cultivée de- puis quelques années. SariN Pinprow.— Æbies (Pinus) Pindrow Royle, III. tab. 86.— Feuilles longues, subpectinées, bimucronées, verdä- tres en dessous, Strobiles ellipsoïdes ; écailles cordiformes-tra- pézoïdes. Bractées suborbiculaires, échancrées, érosées-créne- lées, beaucoup plus couries qué les écailles. — Grand arbre. Feuilles longues de 2 à 3 pouces. Anthères à crête bicorniculée. Strobiles semblables à ceux du Cèdre, d’un brun violet, soli- taires. (D. Don, in Royle, p. 354.) — Ge Sapin croît dans les régions suhalpines de l'Himalaya ; les habitants de ces contrées le nomment Pindrow et Morinda (ce dernier nom s’applique aussi à VAbiés Smithiana); son bois est fréquemment employé aux consiructions. Secrion IV. PEUCOIDES Spach. Feuilles comme chez les espèces de la section précédente. Strobiles dressés ; écailles-fructifères inonguiculées, per- sistantes, plus courtes que les bractées ; bractées tricus- pidées au sommet, non-réfléchies. Sapin. DE DouGLas. — Abies Douglasii Sabine, mss. ex Hook. Flor. Bor. Amer. IE, p. 162 ; tab. 183. — Feuilles sub- distiques, étroites, blanchâtres en dessous. Strobiles cylindracés ou ovales-cylindracés; écailles ovales-orbiculaires. Bractées cu- néiformes-oblongues, à segment moyen subulé, spinescent, 3 fois plus long que les lobes latéraux, qui sont dentiformes, acérés, mucronés, érosés, divergents. — Arbre de 150 à 200 pieds de haut, sur 20 à 5o pieds de circonférence. (Hooker, L. c.) Ra- meaux et ramules étalés ou déclinés, très-grêles, glabres, rous- sâtrés. Bourgeons ovoïdes, pointus, d’un brun roux. Feuilles d’un vert foncé en dessus, longues de 5 à 12 lignes, larges d’en- viron /2 ligne, obtuses, ou mucronées, celles des jeunes arbres 424 CLASSE DES CONIFÈRES. étalées. Strobiles longs de 2 à 3 pouces, larges au plus de 1 pouce, d’un brun roux, courtement pédonculés. — Cette es- pèce habite le nord-ouest de l'Amérique : elle est commune dans les vallées des Rocheuses; on la possède, en Angleterre, depuis 1827, de graines envoyées par Douglas. SecTion V. MICROPEUCE Spach. Branches éparses ou irrégulièrement verticillées. Rameaux et ramules distiques, très-grêles, réclinés. Feuilles con- formées conune celles des espèces des 2 sections précé- dentes, mais denticulées. Chatons-mâles (naissant sur les mêmes rameaux que les chatons-femelles, mais sur d’au- tres ramules) axillaires et terminaux, petits, oligandres. Authères subréniformes, transversalement déhiscentes. Strobiles petits, solitaires, terminaux; écailles inongui- culées, persistantes, beaucoup plus longues que les brac- tées. Bractées adhérentes. Sapin pu Canana. — Abies canadensis Mich. Flor. Bor. Amer. — Mich. fil. Arb. I, p. 139, tab. 13. — Rich. Conifer. tab. 17. — Pinus canadensis Hort. Kew. — Lamb. Pin. tab. 32.— Wangenh. Amer. tab. 15, fig. 36. — Pinus ame- ricana Duroi. — Feuilles subdistiques , glauques en dessous, obtuses ou acuminulées, denticulées dès leur base. Anthères à crête tres-petite, subbilobée. Strobiles ovoïdes ou subcylindraces, déclinés; écailles très-entières; bractées cunéiformes, érosées, ciliolées. — Arbre atteignant 70 à 100 pieds de haut, sur 2 à 3 pieds de diamètre dans les deux tiers de sa hauteur. Tronc droit, effilé vers le sommet; branches longues, horizontales, très-rameuses, effilées vers l'extrémité. Écorce lisse, brune étant jeune, finalement d’un gris cendré. Bois blanchâtre, peu résineux. Cime d’abord pyramidale, plus tard irrégulière. Jeu- nes-pousses cotonneuses-ferrugineuses, réclinées. Bourgeons très-petits, roussâtres. Feuilles longues de 3 à 9 lignes, larges de A ligne à r ligne, rectilignes, horizontales, d’un vert gai et luisantes en dessus, beaucoup moins rapprochées que celles du FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 495 Sapin commun. Chatons-mäles subglobuleux, très-petits, longue- ment stipités, jaunâtres. Chatons-femelles verdâtres. Strobiles longs de ‘/* pouce à un pouce, larges de 3 à 6 lignes, subsessiles, subobtus, verts avant la maturité, finalement d’un brun clair; ils mürissent en automne, et laissent échapper les nucules avant * Ja fin de l’année; écailles obovales ou elliptiques-obovales, très- entières, arrondies au sommet, longues de 4 à 5 lignes. Bractées très-petites. Nucules petites, subovales, anguleuses, grisätres ; aile 2 fois plus longue que la nucule, d’un jaune clair, subovale, tres-oblique, rectiligne d’un côte. Cette espèce abonde au Canada, jusqu’à 51° de lat., et dans les provinces Les plus septentrionales des États-Unis : elle ÿ con- stitue, avec l’ Abies nigra, près de la moitié des forêts qui couvrent ces pays; dans les contrées plus méridionales , elle se trouve confinée aux expositions les plus fraiches des monta- gnes ; les Français du Canada l’appellent Pérusse ; les Anglo- Américains la désignent par le nom de Hemlock spruce. Les terrains trop humides ne convicnnent pas à cet arbre ; au témoi- gnage de M. Michaux , il acquiert un grand développement parmi les Hètres et les Erables à sucre, dans un sol très-fa- vorable à la culture du froment. Son accroissement est plus lent que celui des autres Sapins ; il lui faut près de deux siècles pour atteindre ses plus fortes dimensions. Le bois du Sapin du Canada cst inférieur à celui de tous les autres grands arbres résineux de l’Amérique septentrionale ; 1l ne se fend pas de äroit fil, 1l a peu de furce, et il pourrit promptement à l'humidité ; on emploie néanmoins, par écono- mie, à la charpente intérieure des maisons. L’écorce est excel- lente pour le tannage; au Canada et dans le nord des Étais- Unis, on l’emploie presque exclusivement à cet usage , parce que les Chênes sont peu répandus dans ces contrées ; cette écorce donne aux cuirs une coulenr d’un rouge foncé. L’Abies canadensis est très - propre à l’ornement des bos- quets ; mais pour prospérer daus notre climat, il exige un sol frais et une exposition ombragée ; la disposition de ses rameaux et la petitesse de ses feuilles lui impriment un aspect particu- 426 CLASSE DES CONIFÈRES. lier , assez différent du port des autres Sapins, et qui est très- pittoresque dans la jeunesse de l’arbre; mais lorsqu’il avance en àge, sa cime se dégarnit irrégulièrement. : SariN Brown. — Abies Brunoniana Wallich, Cat. ; Plant, Asiat. Rar. THE, p. 24, tab. 249. — Abies dumosa Don, Prodr. Flor. Nepal. — Feuilles unilatérales, denticulées seulement au sommet, blanches en dessous. Strobiles ovoi- des, obtus, dressés; écailles érosées aux bords ; bractées réni- formes, échancrées, cuspidulées. (Don, L. c.) — Arbre de no à 80 pieds. Tronc droit, finalement sans branches jusqu’à 15 à 20 pieds de haut. Cime étalée, très-rameuse. Ramules grêles, nutants, brunâtres, les jeunes pubescents. Feuilles longues d’en- viron 1 pouce, d’un vert gai et luisantes en dessus, très-rappro- chées, rectilignes. Chatons-mâles ovoïdes, 4 fois plus courts que les feuilles. Anthères brunâtres, apiculées. Strobiles longs d’en- viron 1 pouce, d’un brun clair, un peu glauque; écailles ova- les-orbiculaires , très-obtuses. Nucules petites ; aile oblongue, obtuse, brunâtre, à peine plus courte que l’écaille. ( FYallich, L. c.)—Cette espèce, tres-semblable à la précédente par le port et le feuillage, croît sur Himalaya ; son bois n’est pas estimé. Genre CEDRE. — Cedrus Juss. Ce genre ou sous-genre ne diffère essentiellement des Sapins que par la disposition des feuilles, qui sont éparses sur les jeunes scions, mais roselées au sommet des ramilles qui garnissent les ramules plus anciens. -- Feuilles coria- ces, persistantes, aciculaires, mucronées, linéaires-tétra- gones (à 4 nervures dont 2 inarginantes, 1 dorsale, et 1 fa- ciale), mucronées, piquantes, très-entières, unicolores, partout ponctuées, rectilignes, courtement pétiolées : pétiole articulé au sommet, décurrent. Rosettes-ramu- laires composées chacune de 20 à 30 feuilles disposées en plusieurs verticilles immédiatement superposés au-des- sous d’un bourgeon central. Floraison vernale. Chatons assez gros, sessiles au sommet des ramilles latérales, dres- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 497 sés, naissant chacun d’un bourgeon aphylle. Chatons- imâles solitaires, subcylindracés, polyandres. Anthères cunéiformes, serrées, déhiscentes longitudinalement, cou- ronnées d’une grande crête elliptique, obtuse, érosée-den- ticulée. Chatons-femelles solitaires ou géminés, cylindracés, à bractéoles inaccrescentes, finalement adnées. Pistil à orifice dilaté en forme de limbe irrégulièrement 3-à 6-fide. Maturation bisannuelle (1). Strobile gros, obtus, dressé, composé d’écailles très-nombreuses, coriaces, amincies aux bords, épaissies vers leur base, arrondies au sommet, ongui- culées, subréniformes, horizontales , immédiatement su- perposées, très-serrées, mais non-entresreffées, finalement un peu écartées, persistantes ; onglet très large, cunéiforme, ligneux, épais, caréné en dessus, sibbeux en dessous ; brac- tées très-courtes, adnées, finalement presque oblitérées. Nucules longuement ailées, insérées sur l’onglet de l’é- caille ; aile membranacée, persistante, couronnante, décur- rente, point embrassante, très-oblique, à bord intérieur rectiligne, et à bord extérieur plus ou moins courbe, tron- quée ou arrondie au sommet. Embryon sub-W-cotylé- doné. — Ce genre ne comprend que les deux espèces suivantes : Cepre Du Luisan. — Cedrus Libani Juss. — Pinus Cedrus Linn. —'Trew. Ehret, tab. 6o et 61.— Lamb. Conifer. tab. 37.— Larix Cedrus Mill. Dict. — Abies Cedrus Poir. Enc. — Rich. Conifer. tab. 14, fig. 1, et tab. 17, fig. 1.—Larix patula Salisb. — Branches et rameaux étalés ou un peu décli- nés. Feuilles d’un vert plus ou moins foncé. Strobiles obtus aux 2 bouts. Nucules à aile demi - flabclliforme, tronquée au som- met. — Arbre atteignant 100 pieds de haut, et, avec l’âge, jus- qu'à 12 pieds de diamètre. Racine pivotante, garnie de longues (4) Les nucules mürissent vers la fin de la seconde année, mais les strobiles persistent souvent pendant plusieurs années sur les arbres, sans s'ouvrir, 429$ CLASSE DES CONIFÈRES. branches horizontales. Tronc droit; écorce lisse, d’un brun gri- sâtre. Bois léger, tendre, roussâtre, veiné, semblable à celui du Pin sylvestre. Branches fortes, tres-rameuses, les inférieures (en général situées seulement à une dizaine de pieds de dis- tance du sol) atteignant jusqu’à 30 pieds de long (du moins lorsque l’arbre croît isolément; lorsque l’arbre croît en masses, sa cime devient beaucoup plus svelte et semblable à celle des Sapins). Cime pyramidale, très -touffue; rameaux et ramules divariqués , effilés chez les jeunes individus. Ramilles plus ou moins raccourcies, rapprochées , solitaires, ou subfasciculées. Bourgeons-foliaires petits, hémisphériques , roussâtres ou gri- sâtres; écailles tres-petites, très -nombreuses, obtuses, finale- ment réfléchies , persistant plusieurs années. Feuilles larges de */, de ligne à ‘/; de ligne : celles des rosettes longues de 6 à o lignes; celles des scions longues de 12 à :8 lignes. Cha- tons-mâles roussâtres, longs d’environ 2 pouces, naissant en général sur les branches inférieures. Ghatons-femelles, à l'épo- que de la floraison, à peu près du même volume que les chatons- mâles, pourpres, naissant d'ordinaire seulement sur les branches supérieures; écailles-pistillifères suborbiculaires ou ovales - or- biculaires, courtement onguiculées, irrégulièrement érosées-den- ticulées; bractées obovales, très-courtes, érosées-denticulées. Strobiles ellipsoïdes ou ovales-globuleux, déprimés au sommet, lorgs de 3 à 5 pouces, sur 3 à 4 pouces de diamètre, courte- ment pédonculés, d’un vert glauque avant la maturité, finale- ment d’un brun clair; écailles larges d'environ 18 tigbes sur 1 pouce de long. Nucules longues d’environ 6 lignes, oblongues, ou oblongues-obovales, pointues; aile roussätre, longue d’envi- ron 1 pouce, sur 8 à 9 lignes de large vers le sommet. Le Cèdre du Liban, qui couvrait, dans l’antiquité, les flancs de ces montagnes, où il n’en existe plus, depuis longtemps, qu’une petite forêt d’une centaine d’arbres, croît aussi sur le Taurus (1), et sur l'Atlas, aux environs de Maroc (2). On sait PP 2 M Le ee LL, "ss ee ORESONNN Au témoignase de Belon, (1) (2) C'est vers 1830 que Schousboc, dans un voyage à Maroc, cut con- FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 429 que le fameux temple de Salomon fut construit, en partie, de Cèdres du Liban, et que les écrivains sacrés des Hébreux avaient choisi cet arbre majestueux comme emblème de la force et de la grandeur. Tous les auteurs anciens préconisent le bois de Cèdre comme incorruptble ; on l’employait à la construction des édi- fices et des vaisseaux , ainsi qu’à la sculpture ; toutefois le Ce- dre, cultivé dans nos climats, ne donne qu’un bois peu rési- neux, de qualité médiocre, et inférieur à celui du Sapin. Le Cèdre est fort remarquable par sa longévité : on a calculé que les plus gros arbres de cette espèce qui existent encore sur le Liban, et qui ont environ 36 pieds de tour, doivent avoir vécu plus de 9 siècles. De même que chez les Sapins, l’accrois- sement du Cèdre en hauteur est très-lent pendant les premières années : un arbre de 7 ou 8 ans a tout au plus 4 pieds de haut; wais ensuite il s’allonge au moins d’un pied par année, jusqu’à ce qu'il ait atteint le terme de sa hauteur; lorsque sa flèche vient à être détruite, 1l cesse de croître en hauteur, et ne re- produit jamais une nouvelle pousse -terminale. L’accroissement en épaisseur est également assez rapide durant sa jeunesse : on a vu des Cèdres de 70 ans, d’un diamètre de près de 3 pieds. Les plus anciens Ctdres qui existent en Europe se trouvent, suivant Miller, au jardin de Chelsea, près Londres, où on les possède depuis 1683 ; deux de ces arbres avaient en 1766, c’est- à-dire 83 ans après leur plantation , environ 12 pieds de cir- conférence à 2 pieds de terre. Le Cèdre planté au Jardin du Roi, en 1734, par Bernard de Jussieu, a environ 3 pieds de diamè- ire; mais il a perdu sa flèche depuis une cinquantaine d’années. Le Ceèdre se plait surtout dans les terres-franches légères ; mais, du reste, il s’accommode assez bien de toute autre sorte de sol, pourvu que les localités ne soient ni trop humides, ni trop ari- des ; il résiste aux hivers les plus rigoureux du nord de la France ; toutefois, les jeunes plants ont besoin d’être garantis des gelées. naissance de l’existence du Cedrus Libani, dans ce pays; il en apporta des échantillons, dont il donna plusieurs à M. Webb, et qui ne laissent aucun doute sur l'identité spécifique. À30O CLASSE DES CONIFÈRES. Cènre DÉopara. — Cedrus Deodara Lamb. Pin. ed. li, tab.42.— Pinus Deodara Roxb.Flor. Id. ed. II, vol. 3, p.651. — D. Don, in Edinb. Phil. Journ. vol. 13, p. 377. — Bran- ches et rameaux réclinés. Feuilles tres-slauques (du moins celles des jeunes arbres). Strobiles turhinés à la base, obtus äu som- met. Nucules à aile dolabriforme, arrondie au sommet, à bord extérieur très-oblique.— Arbre de la taille du Cedre du Li- ban; tronc atieignant ‘ro pieds et plus de diamètre. Bran- ches très- fortes, très-rameuses, les inférieures souvent réclinées jusqu’à terre. Ramules des vieux arbres ascendants. Feuilles longues de 1 pouce à 2 pouces : celles des rosettes au nombre de 30 à 4o. Chatons semblables à ceux du Cedre du Liban. Strobiles longs de 3 à 4 pouces, sur 2 à 4 pouces de diamètre, ovoïdes, ou ellipsoïdes, ou ovales-plobuleux, déprimés et ombiliqués au sommet, brusquement rétrécis vers la base, d’un brun glauque à la maturité; écailles larges de r8 lignes à 2 pouces, longues d'environ 1 pouce (y compris l’onglet, qui est flabelliforme et à peu près aussi long que la lame), fimbriolées vers la base de la lame, très-entières dans le reste du contour, Nucules sem- blables à celles du Cèdre du Fiban, mais à aile beaucoup plus courte, plus oblique au bord extérieur. Embryon 9-ou 10-co- tylédoné. Cette espèce croît au Cachemyre, au Népaul et au Thibet, dans les hautes régions de Himalaya ; il forme, sur le flanc de ces montagnes, de vastes forêts, en général entremêlées de dif- férentes espèces de Pins, de Chênes et de Bouleaux; il ne s’ar- rête qu'au delà de 13,000 pieds (anglais) d’élévation. Cet ar- bre porte, en sanscrit, le nom de Déodara, qui veut dire arbre divin. Le bois du Déodara est compacte, léger et susceptible d’un beau poli ; la résine dont il est abondamment imprégné le rend à peu près incorruptible, et le garantit du ravage des in- sectes ; au Cachemyre et au Thibet, on recherche ce bois pour la construction des temples et autres édifices, ainsi que pour celle. des ponts et des bateaux. Moorcroft rapporte que la charpente des toits de certains édifices très-anciens, construits de bois de Déodara, fnt trouvée en si parfait état de conservation, qu’on. FAMILLE DES ABIÉTINÉES. ASA l’employa à de nouvelles bâtisses. Ce bois sert aussi à faire des torches. Ce Cèdre, dont le port paraît être encore plus élégant que celui de son congénère du Liban, peut se cultiver en pleine terre dans le nord de la France; mais on ne le possède que de- puis une vingtaine d’années, et il est encore peu multiplié. Genre MÉLEZE. — Larix Tourn. (1) Fleurs monoïques. Chatons solitaires, terminant de très-courts ramules latéraux. — Chatons-mâles ovoïdes, sessiles, polyandres, naissant de bourgeons aphylles ; rachis assez gros. Anthères claviformes, subsessiles, cristées au sommet, déhiscentes longitudinalement. — Chatons-fe- melles coté ovoïdes, feuillus à la base. Bractées marces- centes, peu accrescentes, membranacées, colorées, à l’épo- que de la floraison beaucoup plus longues que les écailles- pistillifères. Écailles- pistillifères charnues, arrondies, imbriquées, appliquées, point entregreffées après la DRE son. Ovaire lagéniforme, oblique, à orifice subcirculaire, denticulé. Strobile ovoïde, ou ellipsoïde, ou oblong-cylin- dracé, à écailles coriaces, imbriquées, lâchement appli- quées, amincies aux bords et vers le sommet, épaissies vers la base, imonguiculées, plus longues que les bractées, fina- lement un peu écartées, persistant après la chute des nu- cules. Nucules petites, coriaces, caduques, à aile couron- nante, décurrente, non-embrassante, persistante, membra- nacée, obliquement ovale. Embryon, 5-à 7-cotylédoné, claviforme. Arbres élancés, à cime pyramidale. Branches (excepté les supérieures) réclinées, irrégulièrement subverticillées. Rameaux épars, grêles, effilés : les adultes garnis de ramules (1) Les Mélèzes ne diffèrent essentiellement des Sapins que par la dis- position des feuilles, qui est la même que celle des Cèdres; on les distin- gue de ceux-ci parce que les feuilles sont molles, planes, et non-per- sistantes. 4359 CLASSE DES CONIFÈRES. alternes, très-raccourcis, tuberculiformes, rugueux, anne- lés; les jeunes aréolés par les phyilopodes, garnis de bour- geonsaxillaires (qui plustard sont remplacés parles ramules tuberculiformes). Bourgeons subglobuleux, composés d’un srand nombre d’écailles verticillées, plurisériées, imbri- quées, membranacées, ciliées, longtemps persistantes. Feuilles non-persistantes, molles, minces, planes, étroites, courtes, linéaires, mucronées, sessiles, très-entières, à peine poncticulées, 1-nervées, unicolores (d’un vert gai, ou glauque) ; celles des jeunes scions éparses, articulées par la base sur un phyllopode décurrent; celles des rameaux anciens roselées {au sommet des ramules raccourcis) au- tour d’un bourgeon central (qui produit l’année suivante soit un chaton, soit une nouvelle rosette de feuilles). Flo- raison vernale. Chatons naissant sur les rameaux âgés de 2 à 6 ans; les mâles petits, subhorizontaux, d’un jaune verdâtre ; les femelles redressés, rougeûtres, dès l’époque de la floraison plus grands que les chatons-mäles, accom- pagnés chacun d’une rosette de feuilles. Bractées plus ou moins longuement cuspidées, ordinairement denticulées au sommet. Maturation annuelle. Strobiles obtus, redres- sés. — Les Mélèzes sont les seules Abiétinées qui se dé- pouillent de leurs feuilles en hiver. Ce genre ne comprend que les 2 espèces suivantes : Mxièze commun. — Larix vulgaris Fisch. — Pinus Larix Linn.— Pall. Flor. Ross. I, tab. 1. — Guimp. et Hayn. Deutsch. Holz. tab. 155.— Abies Larix Poir. Enc. — Duham. nov. V,tab. 70, fig. 1. — Rich. Conif. tab. 13. — Larix europæa De Cand. Flore Franç. — Pinus Larix et Pinus pen- dula Lamb. Pin. tab. 35 et 36. — 4bies pyramidalis et Abies pendula Salisb. in Linn. Trans, VIII, p. 313. — Larix deci- dua Mill. — Larix sibirica Ledeb. Flor. Alt. — Larix alba, Larix archangelica, Larir compacta, Larix intermedia, Larix laxa, Larix pendula, Larix repens, Larix rossica, et Larix sibirica Hortul. — Feuilles d’un vert gai. Strobiles FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 433 (longs de g à 18 lignes) ovoïdes, ou ovales-oblongs, ou oblongs- cylindracés, ou oblongs-coniques. Arbre atteignant 60 à 100 pieds de haut (et quelquefois plus), sur 3 à 4 pieds de diamètre (r). Racine forte, longue, pivotante, garnie de beaucoup de ramifications rampantes. Tronc svelte, droit, conique, à écorce d’abord lisse, d’un brun grisätre, fina- lement d’un gris tirant sur le roux, et fortement rimeuse. Bois d’un jaune ou d’un brun roussâtre, avec des veines plus foncées, très-tenace, assez solide et d’un grain fin. Rameaux étalés ou plus ou moins déclinés, à écorce brunätre, striée de jaune. Cime co- nique. Feuilles longues de 6 à 15 lignes, larges de '/, de ligne à 4 de ligne, glabres. Fleurs paraissant à la même époque que les jeunes feuilles. Chatons-mâles longs d’environ 3 lignes. Chatons-femelles longs de 5 à 10 lignes, composés chacun de 30 à 4o écailles-pistiliferes petites, recourbées au sommet (lors de l’anthèse), souvent pubescentes. Bractées d’un pourpre brunäâtre, ovales, ou ovales-oblongnes, ou ovales-lancéolées, ou oblongues, ou elliptiques, ou subpanduriformes, plus ou moins profondément échancrées, et ordinairement denticulées au som- met, fortement 1-nervées, plus ou moins longuement cuspidées (par le prolongement de la nervure) dans l’échancrure. Ramilles- fructiféres courtes, grosses, ascendantes. Strobiles finalement d’un jaune ou d’un brun roussâtre, de 6 à 12 lignes de diamè- tre ; ils mürissent en automne, mais ne s'ouvrent qu’au printemps suivant, et ils persistent encore pendant près d’une année sur les rameaux. Écailles-strobilaires longues de 3 à 5 lignes, ova- les, ou ovales-elliptiques, ou ovales-orbiculaires, ou demi-orbi- culaires, arrondies, tronquées ou échancrées au sommet, souvent pubérules, finement striées, à bords plans, ou ondulés, ou sub- involutés, ou subrévolutés. Nucules petites, d’un brun jaunâtre, (1) Avec l’âse, le Mélèze est susceptible d'acquérir une grosseur beau- coup plus considérable ; il en existe, dans le Valais, un individu renommé * dans le pays, à cause de sa taille gigantesque : le tronc de eet arbre est tel que sept hommes suffisent à peine pour en embrasser la partie infé- rieure, et il est sans branches jusqu’à la hauteur de cinquante pieds. BOTANIQUE. PHAN. T. XI. 28 434 CLASSE DES CONIFÈRES. oyoïdes, pointues, plus ou moins comprimées, à aile brune ou jaunâtre, obliquement ovale, obtuse, rectiligne au bord interne, presque aussi longue que l’écaille-fructifère. Le Mélèzse commun, qu’on appelle vulgairement Mélèze, sans autre désignation spéciale, croît sur les Alpes, les Carpa- thes, l’Oural, ainsi qu’en Sibérie jusqu’au 68° degré de latitude, et dans l'Amérique boréale. Get arbre vient dans tous les sols, excepté dans ceux qui sontglaiseux ou très-humides ; toutefois, 1l ne prospère pas dans les localités chaudes et arides. Le Mélèze d'Europe tient le premier rang parmi les arbres forestiers tant en raison de sa prompte croissance, qu’à cause des excellentes qualités de son bois. Cet arbre atteint le terme de sa hauteur dans l’espace de cinquante à soixante ans, mais il continue à augmenter en circonférence jusqu’à l’âge de 150, et même jus- qu’à celui de 260 ans (1). Le bois de Mélèze, en vertu de la résine dont il est imprégné, résiste très-longtemps à l’action destructive de l’air et de l'humidité : aucun autre bois indigène n’est aussi durable ; il n’est pas sujet à se fendre, ni à être atta- qué par les insectes ; aussi est-il fort propre à toutes les construc- tions, et notamment à celles qui restent constamment submer- gées ; car, sous l’eau, 1l devient incorruptible, et il y acquiert, avec le temps, une dureté égale à celle de la pierre; les char- pentes qu’on en fait sont tres-solides, quoique beaucoup plus lé- geres que celles de Chêne, et elles durent plusieurs siècles sans s’altérer. Dans les contrées où le Méleze est commun, on en construit des maisons entières, qu’on couvre de bardeaux du mêtne bois. La marine russe le préfére au Chêne, pour les con- structions navalés; les navires vénitiens sont également con- struits de bois de Mélèze : on assure qu'employé à cet usage, il dure deux fois autant que le Chène. En Suisse, et dans la Russie méridionale, on en fait les tonneaux à vin. Les échalas de vigne qu’on a coutume d’en faire, dans quelques cantons suisses, ont une durée à peu près indéfinie, quoiqu’on ne les retire jamais (1).On a même vu des Mélèzes acquérir cent pieds de haut, et environ deux pieds de diamètre, dans l’espace de quarante ans: FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 455 de terre. Les planches de Mélèze sont excellentes pour la me- nuiserie; mais elles sont sujettes à se déjeter lorsque le bois a été mis en œuvre ayant la parfaite dessiccation. Comme combus- tible, le Mélèze est préférable aux Pins et aux Sapins ; sa puis- sance calorifique, comparativement à celle du Hêtre, est estimée à la proportion de 366 à 1,000; son charbon est d’assez bonne qualité pour servir aux usages des forges et des usines. L’écorce des jeunes Mélèzes sert au tannage, et à tendre en brun. L’utilité de. cet arbre ne se borne pas aux précieuses qualités de son bois. La résine qu’il contient, et qui est connue sous le nom de térébenthine de Venise, sert à beaucoup d’usages dans les arts, et en thérapeutique ; on en extrait de l’essence de téré- benthine, et le résidu de cette distillation est de la colophane. La térébenthine du Mélèze reste toujours liquide, et de la consistance d’un sirop épais; elle est claire, transparente, jaunâtre, d’une saveur un peu amère, et d’une odeur balsamique; cette térében- thine s’emploie en médecine de préférence à celle du Sapin commun; c’est un médicament stimulant, qu’on administre sou- vent contre les catarrhes chroniques; elle entre en outre dans la composition de divers emplatres, baumes, onguents, et autres préparations pharmaceutiques ; de même que la térébenthine de Sapin, elle communique une odeur de violeite à l’urine des personnes qui en font usage. La térébenthine suinte spontanément de l’écorce des Mélèzes, mais pour l’obtenir en quantité, on pra- tique des trous ou des entailles d'environ un pouce de profon- deur dans les troncs des arbres vigoureux, en commencant à trois ou quatre pieds de terre, et en remontant peu à peu jusqu’à dix ou douze ; on commence la récolte à la fin de mai, et on la con- tinue jusqu’en septembre. Un arbre fort peut fournir, pendant quarante à cinquanie ans, sept à huit livres de térébenthine cha- que année ; mais le bois des Mélèzes ainsi exploités perd beau- coup de sa qualité. — Pendant les mois de juin et de juillet, il suinte souvent des feuilles des jeunes Mélèzes une autre sub- stance résinense, qui se solidifie sous forme de petits grains blanchâtres; cette substance, qu’on appelle vulgairement Manne de Briancon, est usitée comme purgatif par les montagnards du Dauphiné. 436 CLASSE DES CONIFÈRES. Le Mélèze produit un fort bel effet dans les jardins paysagers, par son port pyramidal, ainsi que par son feuillage léger et d’un vert gai ; mais dans le climat des plaines de la France, cet ar- bre souffre facilement des gelées printanières, parce que ses feuilles s’y développent dès la fin de l’hiver ; les fortes chaleurs lui sont également contraires, et par conséquent l'exposition du nord, qui est wême celle qu'il affecte le plus sur les montagnes, lui convient le mieux. On ne peut le mulüplier que de graines, et sa reprise, à la transplantation, ne réussit que pour les jeunes plants. Ainsi que les autres Abiétinées, 1l ne reproduit jamais une pousse terminale, et il ne repousse pas de sa souche lorsque le tronc a été coupé. MéLEzE À perir FRUIT. — Larir microcarpa Poir. Enc. — Pinus laricina et Pinus Larir nigra Duroi. — Larix ameri- cana Mich. Flor. Bor. Amer.— Mich. fil. Arbr. 3, p. 37, cum fig. — Pinus microcarpa Lamb. Pin. tab. 37. — Larix tenuifolia Salisb. in Trans. Linn. Soc. VITE, p. 313. — Feuilles d’un vert glauque. Strobiles (longs de 3 à 8 lignes) ovoïdes, ou ovales, ou oblongs. Arbre atteignant 80 à 100 pied; de haut, sur 2 à 3 pieds de diamètre. Branches horizontales, ou inclinées, ou pendantes. Rampsaux grêles, effilés, pendants. Écorce lisse sur le tronc et les grosses branches. Cime conique. Feuilles longues de 3 à 6 lignes, larges d’environ 1/; de ligne, glabres. Strobiles d’un vert glauque avant la maturité, finalement roussâtres ; écailles-fructi- fères ovales, ou ovales-elliptiques, ou elliptiques, ou elliptiques- orbiculaires, érosées aux bords. Bractées elliptiques ou oblongues, échancrées, fortement 1-nervées, plus ou moins longuement cuspidées (par la nervure), denticulées, courtes. Nucules sem- blables à celles du Mélèze commun, mais plus petites. Cette espèce forme de grandes forêts au Canada, et dans les contrées plus septentrionales de l'Amérique, où on l’a observée jusqu’au 65° degré de Lat. ; elle est aussi assez abondante dans le Vermont, le Maine, et le New-Hampshire; mais plus au midi elle devient rare et ne se trouve plus que sur les montagnes ; les Canadiens l’appellent Épinette rouge; aux États-Unis on la FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 4357 désigne par le nom de Hacmatack. Le bois de ce Mélèze, sui- vant M. Michaux, est très-supérieur à celui de tous les Pins et Sapins de l’Amérique septentrionale ; il a beaucoup de force, et résiste bien aux alternatives de sécheresse et d'humidité; au Canada, il est un des plus appréciés pour la charpente ; dans le Maine, il est plus estimé que celui de tout autre arbre résineux, pour faire des genoux, dans la construction des navires. Cette espèce se cultive aussi comme arbre d'agrément; elle réussit dans les mêmes conditions que le Mélèze commun. Secrion II]. PODOCARPÉES. — Podocarpeæ Dumort. Anthères appendiculées ou inappendiculées, extrorses, 2-thèques ; connectif étroit; bourses collatérales, ad- nées aux bords du connectif, contiguës postérieure- ment. — Écailles -pistillifères solitaires (ou rarement en épis lâches), 1-flores, 1-à 3-bractéolées, accres- centes, finalement pulpeuses (par exception inac- crescentes, marcescentes). Ovules à nucelle recouvert d'un tégument simple. Péricarpe drupacé. — Bour- geons nus ou écailleux. Feuilles en général éparses. Genre PODOCARPE. — Podocarpus L’hérit. Fleurs dioïques ou moins souvent monoïques. — Cha- tons-mâles axillaires ou terminaux, solitaires, ou fascicu- lés, ou en épis. Anthères subsessiles. — Æeurs-femelles axillaires ou terminales, solitaires, ou subsolitaires, ou en épis lâches; écaille-pistillifère 1-à 3-bractéolée, accres- cente, finalement charnue et recouvrant la nucule de ma- nière à simuler un drupe. Nucule subglobuleuse ou ovoïde, osseuse, renversée. Embryon 2-cotylédoné. — Ar- bres ou arbrisseaux. Ramules plus ou moins anguleux, ordinairement épars de même que les rameaux. Feuilles éparses, ou distiques, ou (seulement chez une espèce) 458 CLASSE DES CONIFÈRES. opposées, 1-nervées (innervées chez l'espèce à feuilles opposées), planes, ou (seulement chez 2 espèces) acicu- laires-trièdres, très-entières, coriaces, persistantes, ses- siles, ou courtement pétiolées. — On connaît une vingtaine d'espèces de ce genre; toutes sont indigènes de la zone équatoriale, ou des climats tempérés de l’hémi- sphère austral. Les suivantes se cultivent dans les collec- tions d’orangerie. Chatons-mâles solitaires ou agrégés, axillaires. — Fleurs-fe- melles axillaires, pédonculées ; pédoncules nus; écaille- pistillifère 2-ou 3-bractéolée à la base : bractées soudées presque jusqu'au sommet en gaîne recouvrant la base du fruit. — Feuilles linéaires ou oblongues, planes , 1-ner- vées, éparses. Popocarpe A FEUILLES ALLONGÉES.—Podocarpus elongata L’hérit. — Rich. Conif. tab. 1, fig. 2.—Taxus elongata Hort. Kew.— Arbrisseau à ramules tantôt épars, tantôt subvyerticil- lés, anguleux, feuillus. Feuilles {longues de 10 à 15 lignes, lar- ges de 1 ‘}, ligne à 2 lignes, d’un vert glauque, linéaires -ob- longues, subsessiles, pointues aux 2 bouts, mucronées, Chatons- mâles fiiformes. Fleurs dibractéolées. Fruit subglobuleux, sub- acuminé, du volume d’un gros Pois.—Cette espèce croit au cap de Bonne-Espérance. Ponocarpe À FEUILLES DE Laurter-Rose. — Podocarpus neriifolia Don, Prodr. Flor. Nepal. — Feuilles longues d'environ 3 pouces, larges de 3 à 4 lignes, d’un vert gai, lancéolées-oblon- gues, pointues, mucronées, subrévolutées aux bords, subsessi- les. Chatons-mâles filiformes. subternés, 4 fois plus courts que les feuilles. — Cette espèce croît au Népaul. La chair de son drupe est mangeable. Genre DACRYDIUM. — Dacrydium Soland. Fleurs dioïques, terminales, — Chatons-mäles en épis ou solitaires, terminaux, sessiles, ovoides, caliculés, petits, | ; FAMILLE DES ABIÉTINÉES. 439 polyandres. Anthères subsessiles, serrées, couronnées d’un appendice squamuliforme. — Fleurs-femelles solitaires ou en épis, sessiles. Ecaille-pistillifère petite, subcymbi- forme, ébractéolée, inaccrescente. Péricarpe charnu, cu- puliforme, finalement débordé par la graine. Graine os- seuse, oyoide, finalement redressée. Embryon dicotylé- doné. — Arbres élancés, très-rameux. Rameaux étalés ou pendants. Feuilles opposées-croisées ou distiques, co- riaces, persistantes, -— Ce genre ne comprend que les 2 es- pèces suivantes : A. Feuilles petites, opposées-croisées, très-rapprochées, aci- culaires, subeylindriques. Chatons - müles et fleurs - fe- melles solitaires. Daceypium À FEUILLES DE Gypres. — Dacrydium cupres- sinum Soland. in Forst. Plant. Escul. p. 80.—Lamb. Pin. ed. 2, vol. 2, tab. 5r1.—Rich. Conifer. tab. 2, fig. 3.—New- Zealand Spruce Cook’s second Voy. I, p. 70, tab. 51. —Ar- bre attergnant 100 pieds de haut, sur 3 pieds de diamètre. Ra- meaux étalés, Ramules effilés, grêles, flexueux, pendants, feuil- lus. Feuilles longues à peine de x ligne, subulées, piquantes; celles ‘des jeunes arbres divariquées ; celles des arbres adultes lâchement imbriquées, décurrentes, connées par la base, Cha- tons semblables à ceux des Thuya. Fruit du volume d’un Pois, ovoïde. — Get arbre forme de vastes forêts dans Les contrées du sud-ouest de la Nouvelle-Zélande; son bois est solide et d’un grain serré, B. Feuilles distiques, linéaires, planes, étalées. Chatons- mâles et fleurs-femelles en épis. Dacrypium À FEUILLES D’. — Dacrydium taxifolium So- land. — Don, in Lamb. Pin. ed. 2, vol. 2, p. 110; id. in Edinb. Phil. Journ. XIII (1825), p. 399 (1). — Très - grand arbre. Tronc gros, très-droït ; écorce rousse. Rameaux et ra- (1) M. Don pense que cette espèce doit former un genre distinct. 440 CLASSE DES CONIFÈRES. mules étalés, flexueux. Feuilles longues de 1 pouce, sur 1 ligne de large, non-luisantes, vertes aux 2 faces, pointues, très-cour- tement pétiolées, subrévolutées aux bords, obliques à la base. Chatons-mâles au nombre de 10 à 20 par épi, distants, sessiles, étalés, oblongs-cylindracés, longs de :/, pouce ; épis latéraux ou terminaux. Fruits au nombre de 4 à 7 par épi, subsessiles, el- liptiques-oblongs, courtement mucronés. (Don, in Lambert, 1. c.) — Cet arbre croît dans la Nouvelle-Zéelande ; les naturels du pays l’appellent Xakaterri; il se plait dans les localités marécageuses. Son bois n’est pas très-fort. CENT QUATRE-VINGT-TREIZIÈME FAMILLE. LES CYCADÉES. — CYCADEÆ. Cycadeæ Pers. Syn. — Rich. Comment. de Conifer. et Cycad. — R. Br. Prodr. p. 346; id. in King’s Voyage. — Kuntb, in Humb. et Bonpl. Nov. Gen. et Spec. 2. — Ad. Brongn. in Ann. des Sc. Nat. 16 (1829), p. 589. — Bartl. Ord. Nat. p. 93. — Cycadeaceæ Lindl. Nat. Syst. ed. 2, p. 342.—ÆEndl. Gen. p. 70. — Cycadeaceæ et Zamiaceæ Reïichb. Syst. Nat. p. 459. Les Cycadées, quoique très-distinctes par leur port, qui est semblable à celui des Fougères arborescentes, ne diffèrent pourtant essentiellement des autres familles de la même classe que par les feuilles pennées, et par leur bois, qui n'offre pas de couches concentriques. Cette famille ne comprend qu'une quarantaine d'espé- ces, toutes indigènes soit de la zone équatoriale, soit des contrées extra-tropicales de l'hémisphère austral. CARACTÈRES DE LA FAMILLE. Arbres ou arbrisseaux. Tronc très-simple (rarement rameux au sommet), droit, columnaire, écailleux ou annelé (par les cicatrices des anciennes feuilles); chez FAMIÉLE DES CYCADÉES. AA! un certain nombre d’espèces, la tige est réduite à une souche hémisphérique ou subsphérique. Sucs-propres mucilagineux. Feuilles couronnantes, agrégées, disposées en ordre spiral, persistantes, pétiolées, pari-pennées; folioles très-entières ou dentées, sessiies, coriaces, alternes, ou opposées, 1-ou pluri-nervées, non-veineuses, en géné- ral enroulées en préfloraison. Fleurs dioïques, naissant sur des écailles ébractéolées, disposées en chatons terminaux. Chatons-mäles : Écailles polyandres, horizontalement superposées, serrées, pluri-sériées (en ordre spiral), an- thérifères en dessous. Antheres 2-à 4-thèques, sessiles, adnées, extrorses, sans connectif; bourses divariquées, disjointes, s'ou- vrant chacune par une fente longitudinale. Chatons-femelles : Écailles accrescentes, soit serrées, et biflores en dessous au sommet, soit lâchement imbri- quées, et pluri-flores aux bords. Pistil dressé (lorsqu'il est inséré au bord de l'écaille), ou renversé (lorsqu'il est porté sur la face inférieure de l'écaille), basifixe, inadhérent, cupulaire, à orifice ur- céolé. Ovule inclus, réduit au nucelle. Pericarpe dressé ou renversé, sessile, drupacé ; noyau osseux, évalve, 1-loculaire, 1-sperme. Graine adhérente; tégument membraneux. Péri- sperme blanc, charnu (corné étant sec). Embryon 2-co- tylédoné, à peu près aussi long que le périsperme; cotylédons gros, inégaux, beaucoup plus longs que la radicule, plus ou moins complétement entregreffés ; ils restent engagés dans le périsperme, en germination; plumule conique, squamelleuse, incluse; radicule courte, obtuse. 449 CLASSE DES CONIFERES. « La famille des Cycadées se compose des genres suivants : Secrion Î. CYCADINÉES. — Cycadeaceæ Reichb. Chatons-femelles composés d'écailles lâchement imbri- quées, longuement stipitées (comme pétiolées), planes, foliacées, 3-ou 4-flores de chaque côté, après la flo- raison étalées ou réfléchies. Fleurs dressées. Cycas Linn. Secrion Il. ZAMXÉES., — Zamaaceæ Reichb. Chatons-femelles composés d’écailles serrées, épaisses, horizontales, stipitées, subrhomboïdales, peltées, bi- flores en dessous, entregreffées en strobile après la floraison. Fleurs renversées. Encephalartos Lehm. (Arthrozamia Reichb. )— Zamia Linn. Genre CYGAS. — Cycas Linn. Chatons-mâles composés d’écailles épaisses, serrées, hori- zontales, cunéiformes, subtrigones, sessiles, cuspidées, an- thérifères à toute la surface inférieure. Anthères petites, 1-à 4-thèques, irrégulièrement éparses ; bourses elliptiques ou subglobuleuses. — Chatons-femelles à écailles Täche- ment imbriquées, longuement stipitées (comme pétiolées), ensiformes, foliacées, très-grandes, 3-ou 4-flores de chaque côté, après la floraison étalées ou réfléchies. Fieurs dres- sées, demi-enfoncées chacune dans une fossette du bord de l’écaille. Drupes subslobuleux, dressés. — Arbres ou ar- brisseaux. Tronc très-simple. Feuilles très-grandes, pari- pennées ; folioles subdécurrentes, 1-nervées. Chatons gros, solitaires. — Ce genre renferme environ dix espèces, dont voici les plus notables. 2% & FAMILLE DES CYCADÉES. 45 Cycas ne Rümrmivs.— Cycas Rumphit Miquel, in Ann. des Se. Nat. 2° sér. vol. 14, p. 61.— Rumph. Amb. I, tab. 22 (fœm.) et 23 (mas.). — Cycas circinalis auctorum ex parte. — Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 147. — Arbre de 12 à 2% pieds; tronc irrégulièrement rimeux. Feuilles longues d’en- viron cinq pieds; pétiole cylindrique, glabre, épineux à la base ; folioles opposées, horizontales, linéaires-lancéolées, mu- cronées, fortement 1-nervées à chaque face. Chatons-mäles ovoïdes. Écailles des chatons-femelles ramiformes, défléchies, terminées en appendice court, longuement acuminé, rhomboïdal, spathulé, dentelé. Drupes au nombre de 3 à 5 par écaille, un peu comprimés, de couleur orange, ovoïdes. (Miquel, L. c.) Roxburgh (1. c.) décrit cette espèce comme il suit : Feuilles longues de 3 à 6 pieds, divergentes, nombreuses, luisantes, d’un vert foncé. Folioles (au nombre de 5o à 60 paires par feuille) sub-alternes, un peu distancées, planes, linéaires-lancéolées, subfalciformes, longues de 4 à ro pouces, larges d’environ 6 li- gnes. Pétiole subcylindrique, dégarni de folioles jusqu’à 1 à 2 pieds de distance de la base, mais garni d’aiguillons courts et pointus. Chaton-mäle ovale-oblong, long de 1 pied à 2 pieds, porté sur un pédoncule gros, court, dressé ; écailles nombreuses, tronquées, cotonneuses-ferrugineuses au sommet, d’abord imbri- quées, finalement disjointes. Drupes ellipsoïdes, du volume d’un œuf de poule, lisses, un peu comprimés, jaunes à la maturité. — Cette espèce croît aux Moluques. Cycas À FRUIT GLOBULEUX. — Cycas sphærica Roxb. Flor. Ind. ed. 2, vol. 3, p. 747. — Tronc plus gros que celui du Cycas Rumphii. Feuilles moins grandes que celles de ce der- nier ; pétiole épineux aux bords ; folioles au nombre de 80 à 100 paires par feuille, sub-alternes, linéaires, mucronées, pi- quantes. Écailles du chaton-mâle cuspidées : pointe subulée, re- courbée. Écailles du chaton-femelle triflores de chaque côté, cotonneuses-ferrugineuses, cuspidées au sommet. Drupes du vo- lume d’un œuf de pigeon, globuleux , d’un jaune orange à la maturité; pulpe un peu farineuse, douceâtre, mais d’une odeur désagréable. — Cette espèce habite les Moluques. 44 CLASSE DES CONIFÈRES. Cycas crRcINAL. — Cycas circinalis Linn. (exclus. syn. Rumph.) — Rich. Conifer. tab. 25 et 26.— Todda Panna Hort. Malab. III, tab. 13 ad 21.— Arbre de 40 à 70 pieds de haut. Tronc couvert de tubercules annulaires. Écorce pourpre à l'intérieur. Bois mou, blanchâtre. Feuilles longues d’environ 8 pieds : les jeunes laineuses. Pétiole convexe en dessous, cana- liculé en dessus, épineux aux bords. Folioles linéaires-lancéo- lées, pointues, subfalciformes, opposées. Chaton-mäle ovale- cylindracé, dressé, subsessile, long de 2 pieds et plus, sur 5 à 7 pouces de diamètre, assez semblable à un Ananas; écailles co- riaces, un peu charnues, longues de 2 à 3 pouces, laineuses au sommet, terminées en pointe infléchie. Chatons-femelles grands, sessiles, ovoïdes-coniques ; écailles longues de près de 1 pied, subspathulées-lancéolées, acuminées, crénelées vers le sommet, épaisses, coriaces, cotonneuses - ferrugineuses, 1-à 4-flores de chaque côté. Drupes du volume et de la forme d’un œuf de poule, un peu comprimés, lisses, apiculés, d’un jaune orange à la maturité. Graine globuleuse-turbinée, à peu près du tiers plus courte que la cavité du noyau. — Cette espèce croît au Ma- labar. C’est une opinion assez généralement reçue qu’on en ob- tient du Sagou ; mais Roxburgh assure que ni le Cycas circi- nalis, ni aucun de ses congénères ne produisent cette fécule, qui ne provient que de quelques espèces de Palmiers, du genre Sagus. FIN DU TOME ONZIÈME DES PHANÉROGAMES. à Lépideptères d'Euxr ope, de 1 Faune deMada- on et fre relle, 1? fes seur CT Rae er. ele (REP TIL Fi L'ICORD RP, Le Cralste- LOYET Membre: de dx der ns Lntomologt (INTROPUCHON LL EX POMOLOGIT. D [Et 0: LR GLOPOGIE - 1e E BRONCGNIART | DEL: sy OSSE | ÎLES SON; Lendre CO TeTpout hotéede Cfristul Troféssear a lachefort, ele. (2007 HXÉRS ET ‘aseab, ele. le, (LÉPIDOPTÈRES). MACQUART, recteur La Tuseurn de 00 DE BLAINVILLE, Hembre de lLastut, Lille, auteur des. Vipièces de Nord de nl France, er ele CADET RES E A he télé #7 En 7 ue . 2 faste Jocrété ss avantes nationales el ëtr angére", (oxrurol RES, NÉVRO PÈRES 11 HEIN PTÉRES). à \UDOUIX, Professeur Adincustiitur ta We sum, Membre de plusieurs S088bS vevarles, . aalionales el étrahgere», ( ANNÉFIDES). 1 BIBRON, dète Natures ut Me usé, ; collabor ateur: de M Duniéi: il pour les Reptiles . … BOISDUVAL, embre desplusteur Jocilés - savantes, nationales et étrangères, autul He l'Entômologre de |! Astrolabe, de l'Icones ‘des ET MINÉRALOU Professeur Adménrists rteur di Muséum d'histoire Naturlle, 11 0e rec à la Li actellei des Seceñces, ele. (MOLLU SOLUES ) DE BREBIS SON, Zembre de me 7 é | Jociéles savantes, auteur des Mousses el de & . More de Normandie.(PLANTES CRY PTOGANES). A.DE CANDOLILE, de Genève(Bor ANIQUE}. | CUVIER Er), Henbre de sl TAÉS) DEJEAN (le comte) eut fgeneral. LR de France, . (COLÉOPTÈRES ). DESMAREST, Yenbre correpéndanté . l'nstétul, 1ro ne de Zoologie a Ucole vélérinatré d'Aljor£, (@OISSONS)- nr Wen [2 ALT TES AR a L'yavantes, le. ele. CREER CE LE PELETIER DE SAINT Lrésudent dela Sort on log aéteur de Lx Monographie « des Ten ele. ee O1 MENU TE NES) SE D o Jde L era DU: Énnlees Arachnides, ele ES ENSÉS 2 INSECTES APTÈRES). CONDITIONS SE A: SOUSCRIPTION .. 2 er soir et sur bext Papier Sc ne er suffisant pour Di. cet ensemble ce ca te converiable Chaque eur soccuparl depuis Long 7 leur. sérx à mêne de publer en peu de 4 7 Lotalilé des trad dont s Wei area cette utile’ COR à de Pin de A chaque re @); 2 ff zocre. LE te ch agi Port l ‘; up? $ à | cowobté PRE Na : Ë 2 £ : N° Les perso a qui ssmunt pe des parties spas ées paicroiit chaque fohrmie 6fi V7 petil Lombre & ‘eremple lines SETON UNI URRES CTP QT, pe x , L £ DA | Li Fe Sera double. ON SOUSCRIT, SANS RIEN PAYER D'AVANCE, A LA LIBRABRIE EN CYCLOPÉDIQUE DE RORET » RU HAUTEMEULLLE, N° 10 rs, A PARIS, AU COIN DE CRUE DE IE ATIONR U)LZidileur ayant à Payer pue, celle. colleclion «des honoratres aux autet volunes ne peud étre compal'é æ celut des retnpri CSSLENS 4 OUDEKYCS A) «omaune pub blic et'exempltide droits d'auteur, lelr que Puffèn, Volt # Vant pas éle compris dans la premiere #ouscripUoR les BRONGNIART, DELAFOSSE , HUOT'. si Spach, Eduard/Histoire naturelle des ve 185 00093 6946 . ra WAR RO sus at Ÿ NANTES pt ARLES È A pl {una He f 4e ut F} ui, fl 4 Ra CHAUE je 41) He nue an fi HOT ot ue gui fs ï ne ane qu à FO NA É FAUNE (ji jte "4 ve ts Ant se Re À ae Ale Ho à us NCA AN A in MTL it: HA Wu it HA ANA NH AE HAAUIOR fi RENE di oi ue un Hat % Hé { UN LH Aus (a) QUAI vu in Eu cl