« | | f « | à : ; ; 0 À L! ” “ n sur % . * . ‘ 6 i Là ; t'a L F : û à < LD }} 7° k 2 HISTOIRE ATURELLE MATIÈRES GÉNÉRALES. Î CT OME TREIZIÈM | Lit | srl 30 PF HISTOIRE *” NATURELLE Par BUFFON, cha DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. MATIERES GÉNÉRALES. TOME TREIZIEME. V1 LS 4 267 tr étant ang. D penereeneneens LÉ Fsonian Instityy RICHMOND COLLECTION. à 2. ao A STational Muse ni ere NT À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DE P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE N° 3, 8T FiRMIN DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116. AN VII.— :"90. | 4 “ à . L 4 +7 A GE mn 4 fi D “ :# , Ê \ £ 4 &- 1 HISTOIRE NATURELLE DES MINÉRAUX. PR LUC LY KE D: même manière et dans le même temps que les roches primordiales de fer se sont réduites en rouille par l'impression des élé- mens humides, les masses du cuivre primi- tif se sont décomposées en verd-de-sris, qui est la rouille de ce métal, et qui, comme celle du fer, a été transportée par les eaux _et disséminée sur la terre , ou accumulée en quelques endroits, où elle a formé des mines qui se sont de même déposées par alluvion, 1. 6 “HISTOIRE NATURELLE # et ont eMouite produit les minerais cuivreux | de seconde et de troisième formation; mais | le cuivre natif ou de première origine a été formé comme l'or et l’argent dans les fentes perpendiculaires des montagnes quarizeuses à et il se trouve, soit en morceaux de métal massif, soit en veines ou filons mélangés d’autres métaux : il a été liquefé ou sublimé par le feu; et il ne faut pas confondre ce cuivre natif de première formation avec le cuivre en stalactites, en grappes ou filets, que nos chimistes ont également appelés cuivres natifs, parce qu'ils se trouvent purs dans le sein de la terre. Ces derniers cuivres sont au contraire de troisième et peut-être de qua- trième formation ; la plupart proviennent d’uné cémentation naturelle qui s’est faite par l’intermède du fer auquel le cuivre dé- composé s’est attaché après avoir été dissous par les sels de la terre. Ce cuivre retabli dans son état de métal par la cémentation, aussi-bien que le cuivre primitif qui subsiste encore en masses métalliques, s’est offert le premier à la recherche des hommes ; et comme ce métal est moins difficile à fondre que le fer, ila été employé long-temps auparavant un © DES MINÉRAUX. 9 pour fabriquer les armes et les instrumens d'agriculture. Nos premiers pères ont donc usé, consommé les premiers cuivres de l’an- cienne nature : c'est, ce me semble, par cette raison que nous ne trouvons presque plus de ce cuivre primitif dans notre Europe, non plus qu’en Asie; il a été consommé par l'usage qu’en ont fait les habitans de ces deux parties du monde très-anciennement peu- plées et policées , au lieu qu’en Afrique, et sur-tout dans le continent de l'Amérique, où les hommes sont plus nouveaux et n’ont jamais été bien civilisés, on trouve encore aujourd'hui des blocs énormes de cuivre en masse qui n'a besoin que d’une première fusion pour donner un métal pur, tandis que tout le cuivre minéralisé et qui se pré- sente sous la forme de pyrites, demande de srands travaux, plusieurs feux de grillage, et même plusieurs fontes , avant qu’on puisse le réduire en bon métal. Cependant ce cuivre minéralisé est presque le seul que l’on trouve aujourd'hui en Europe : le cuivre prinutif a été épuisé ; et s’il en reste encore, ce n’est que dans l’intérieur des montagnes où nous n'avons pu fouiller, tandis qu’en Amérique REA « 1 {A 5 HISTOIRE NATURELLE M il se présente à nud, non seulement sur les à montagnes, mais jusque dans les plaines et les laés, comme on le verra dans l’énüumé- ration que nous ferons des mines de ce mé- tal , et de leur état actuel dans les différentes parties du monde. | Le cuivre primitif étoit donc du métal presque pur, incrusté comme l’or et l'argent dans les fentes du quartz, ou mêlé comme le fer primitif dans les masses vitreuses; et ce métal a été déposé par fusion ou par su- blimation dans les fentes perpendiculaires du globe, dès le temps de sa consolidation ; l’action de ce premier feu en a fondu et su- blime la matière, et l’a incorporée dans les rochers vitreux : tous les. autres états dans lesquels se présente le cuivre, sont poste— rieurs à ce premier état, et les minérais mé- lés de pyrites n’ont été produits, comme les pyrites elles-mêmes, que par l’intermède des eélémens humides. Le cuivre primitif attaqué par l'eau , par les acides, les sels, et mène par les huiles des végétaux décom- posés, a changé de forme ; il a été altéré, mineéralise, détérioré, et il a subi un si grand uombre de transformations , qu'à: LL De DES MINÉRAUX. y peine pourrons-nous le suivre dans toutes ses dégradations et décomposilions. | La première et la plus simple de toutes les décompositions du cuivre est sa conver-. sion en verd-de-gris ou verdet; l'humidité de l'air, ou le plus léger acide, suffisent pour produire cette rouille verte. Ainsi, dès les premiers temps après la chûte des eaux, toutes les surfaces des blocs du cuivre pri- mitif, ou des roches vitreuses dans lesquelles il étoit incorporé et fondu, auront plus ou moins subi cette altération ; la rouille verte aura coule avec les eaux , et se sera dissé- minée sur la terre, ou déposée dans les fentes et cavités où nous trouvons le cuivre sous cette forme de verdet. L'eau, en s’infiltrant dans les mines de cuivre, en détache des parties métalliques ; elle les divise en parti- cules si ténues, que souvent elles sont invi- sibles, et qu’on ne les peut reconnoître qu'au mauvais goût et aux effets encore plus mauvais de ces eaux cuivreuses, qui toutes découlent des endroits où gisent les mines de ce métal, et communément elles sont d'autant plus chargées de parties métalliques qu'elles en sont plus voisines : ce cuivre 10 HISTOIRE NATURELLE dissous par les sels de la terre et des eaux pénètre les matières qu’il rencontre; il se réunit au fer par cémentation., il se combine avec tous les sels acides et 'alcalins:; et se mêlant aussi avec les autres substances mé- talliques, il se présente sous mille formes différentes, dont nous ne pourrons indiquer que les variétés les plus constantes. Dans ses mines primordiales, le cuivre est donc sous sa forme propre de métal natif, comme l'or et l'argent vierge; néanmoins il n'est jamais aussi pur dans son état de na- ture qu'ille devient aprèsavoir étéraffiné par notre art. Dans cet état primitif, il contient ordinairement une pelite quantité de ces deux premiers métaux; ils paroissent tous trois avoir été fondus ensemble ou sublimes presque en même temps dans les fentes de la roche du globe; mais de plus, le cuivre a été incorporéet mêlé, commelefer primitif, avec la matière vitreuse : or l’on sait que le cuivre exige plus de feu que l'or et l'argent pour entrer en fusion, et que le fer en exige en- core plus que le cuivre; ainsi ce métal tient, entre les trois autres, le milieu dans l’ordre «de la fusion primitive, puisqu'il se présente - DES MINÉRAUX. 1e d'abord, comme l'or et l'argent, sous la forme de métal fondu , et encore, comme le fer, sous la forme d’une pierre métallique. Ces pierres cuivreuses sontcommunément teintes: ou tachées de verd ou de bleu; la seule hu- midité de l’air ou de la terre donne aux par- ticules cuivreuses cette couleur verdätre, et la plus petite quantité d'alcali volatil la change en bleu : ainsi ces masses cuivreuses, | qui sont teintes ou tachées de verd ou de bleu , ont déja été attaquées par les élémens humides ou par les vapeurs alcalines. Les mines de cuivre tenant argent sont bien plus communes que celles qui con- tiennent de l'or; et comme le cuivre est plus léger que l'argent, on a observé que dans les mines mélées de ces deux métaux, la quantité d'argent augmente à mesure que l’on descend; en sorte que le fond du filon donne plus d'argent que de cuivre, et quel- quefois mème ne donne que de l’argent, tan- dis que, dans sa partie supérieure, il n’avoit offert que du cuivre. _ En général, les mines primordiales de cuivre sont assez souvent voisines de celles d'or et d'argent, et toutes sont situées dans L'URL SUN PME Va 47 US REC MEN “4 \ EN, PE OMR INR 1 PR AN \ L'AUNÉSETEURE NAS MR ’ 2 - LU NN À va 12 HISTOIRE NATURELLE les montagnes vitreuses produites par le feu primitif : mais les mines cuivreuses de se= conde formation, et qui proviennent du dé- triment des premières, gisent dans les mon- tagnes schisteuses, formées, comme les autres montagnes à couches, par le mouvement et le dépôt des eaux. Ces mines secondaires ne sont pas aussi riches que les premières; elles sont toujours mélangées de pyrites et d'une grande quantité d’autres matières hétéro= genes. Les mines de troisième formation gisent, comme les secondes, dans les montagnes à couches, et se trouvent non seulement dans les schistes, ardoises et argilles, mais aussi dans les matières calcaires : elles proviennent du détriment des mines de première et de seconde formation, réduites en poudre ou dissoutes et incorporées avec de nouvelles matières. Les minéralogistes leur ont donné autaut de noms qu’elles leur ont présenté de différences : la crysocolle, ou verd de mon-. tagne, qui n’est que du verd-de-gris très- atténué; la chrysocolle bleue, qui ne diffère de la verte que par la couleur que les alcalis. volatils ont fait changer en bleu : on l'appelle REA R . À À | 4 DES MINÉERAUX. - 13 aussi azur, lorsqu'il est bien intense, et il: perd cette belle couleur quand il est exposé à l’air, et reprend peu à peu sa couleur verte, à mesure que l’aicali volatil s’en dégage; il reparoit alors, comme dans son premier état, sous la forme de chrysocolle verte, ou sous celle de malachite. IL forme aussi des crys- taux verds et bleus, suivant les circonstances, et l’on prétend même qu’il en produit quel- quefois d'aussi rouges et d'aussi transparens que ceux de la mine d’argent rouge : nos chi- mistes récens eu donnent pour exemple les crystaux rouges qu’on a trouvés dans les ca- vités d’un morceau de métal enfoui depuis plusieurs siècles dans le sein de la terre. Ce morceau est une partie de la jambe d’un cheval de bronze, trouvée à Lyon en 1771. Mon savant ami, M. de Morveau, m’a écrit qu'en examinant au microscope les cavités de ce morceau, 1l y a vu non seulement des crystaux d’un rouge de rubis, mais aussi d'autres crystaux d’un beau verd d’émeraude et transparens dont on n’a pas parlé; et il me demande qu'est-ce qui a pu produire ces crystaux. M. Demeste dit à ce sujet que J’azur et le verd du cuivre, ainsi que la ma- a TARENARNEES NE: 14 * HISTOIRE NA TURELLE ii lachite et les crystaux rouges qui se trouvent. dans ce bloc de métal anciennement enfoui , sont autant de produits des différentes mo. difications que le cuivre en état métallique a subies dans le seiu de la terre : mais cet habile chimiste me paroît se tromper en attribuant au cuivre seul l’origine de ces petits crystaux , qui sont, dit-il, #rès-écla- fans, et d’une mine rouge de cuivre trans= parente, comine la plus belle mine d'argent rouge; car ce morceau de métal w’étoit pas | de cuivre pur, mais de bronze, comme il le . dit lui-même, c’est-à-dire, de cuivre mêlé d'’étain; et dès lors ces crystaux rouges peu- . vent être regardés comme des crystaux pro- duits par l’arsenic, qui reste toujours en plus ou moins grande quantité dans ce métal. Le cuivre seul n’a jamais produit que du verd, qui devient bleu quand il éprouve l’action de V'alcali volatil. | | M. Demeste dit encore « que l’azur de « cuivre, ou les fleurs de cuivre bleues, res- « semblent aux crystaux d'azur artificiels ; « que leur passage à la couleur verte, lors- « qu’elles se décomposent, est le même, et « qu'elles ne diffèrent qu’en ce que ces der- DIRES MINÉRAUX::7 à5 « niers sont solubles dans l'eau ». Mais je dois observer que néanmoins cette différence est telle, qu’on ne peut plus admettre la même composition , et qu'il ne reste ici qu'une res- semblance de couleur. Or le vitriol bleu pre- sente la même analogie, et cependant on ne doit pas le confondre avec le bleu d'azur. M. Demeste ajoute, avec toute raison, «que « l’alcali volatil est plus commun qu’on ne « croit à la surface et dans l’intérieur de la « terre ;......... qu'on trouve ces crystaux « d'azur dans les cavités des mines de cuivre « décomposées , et que quelquefois ces petits « crystaux sont très-éclatans et de l’azur le « plus vif; que cet azur de cuivre prend le «nom de leu de montagne, lorsqu'il est « mélangé à des matières terreuses qui en « affoiblissent la couleur ; et qu’enfin le bleu « de montagne, comme l’azur, sont égale- «ment susceptibles de se décomposer en « passant lentement à l’état de malachite ;... «que la malachite, le verd de cuivre ou « fleurs de cuivre vertes, résultent souvent « de l’altération spontanée de l’azur de cuivre, « mais que ce verd est aussi produit par la « décomposition du cuivre natif et des mines SNS UT RATE LE EEE EE ORNE a L h dre EN " | Ye 16 HISTOIRE NATURELLE « de cuivre, à la surface desquelles on le « rencontre en malachites ou masses plus ou « moins considérables et mamelonnées, et. « que ce sont de vraies stalactites de cuivre, « comme l’hématite en est une de fer». Tout ceci est très-vrai, et c’est même de cette ma—. nière que les malachites sont ordinairement produites. La simple décomposition du cuivre en rouille verte, entrainée par la filtration des eaux, forme des stalactites vertes; et cette combinaison est bien plus simple que celle de l’altération de l’azur et de sa réduction en stalactites vertes ou malachites. Il en est de même du verd de montagne; il est pro- duit plus communément par la simple dé- composition du cuivre en rouille verte; et l'habile chimiste que je viens de citer, me _ paroît se tromper encore en prononçant ex— clusivement « que le verd de montagne est « toujours un produit de la décomposition « du bleu de montagne ou de celle du vitriol « de cuivre ». IL me semble au contraire que c’est le bleu de montagne qui lui-même est produit par l’altération du verd qui se change en bleu; car la Nature a les mêmes moyens que l’art, et peut par conséquent faire, comme DES MINÉRAUX. 17 nous, du verd avec du bleu, et changer le bleu en verd , sans qu’il soit nécessaire de recourir au cuivre natif pour produire ces effets. Quoique le cuivre soit de tous les métaux celui qui approche le plus de l’or et de l’ar- gent par ses attributs généraux, il en diffère par plusieurs propriétés essentielles; sa na- ture n'est pas aussi parfaite; sa substance est moins pure, sa densité et sa ductilité moins grandes; et ce qui démontre le plus l’imper- fection de son essence , c’est qu'il ne résiste pas à l'impression des élémens humides; l'air, l’eau , les huiles et les acides l’altèrent et le _ convertissent en verdet. Cette espèce derouille pénètre, comme celle du fer, dans l’intérieur du metal, et, avec le temps, en détruit la cohérence et la texture. | . Le cuivre de première formation étant dans un état métallique, et ayant été sublimé ou fondu par Le feu primitif, se refond aisément à nos feux : mais le cuivre mineralisé, qui est de seconde formation, demande plus de travail que tout autre minérai pour être ré- duit en métal; il est donc à présumer que, comme le cuivre a été employé plus ancien- à | RQ 128 HISTOIRE NATURELLE Po di nement que le fer, ce n’est que de ce pre- mier cuivre de nature que les Égyptiens , les Grecs et les Romains ont fait usage pour leurs instrumens et leurs armes, et qu'ils n’ont pas tenté de fondre les minérais cui- vreux, qui demandent encore plus d’artet de travail que les mines de fer; ils savoient donner au cuivre un grand degré de dureté, soit par la trempe ; soit par le mélange de l'étain ou de quelque autre minéral, et ils rendoient leurs instrumens et leurs armes | de cuivre propres à tous les usages auxquels nous employons ceux de fer. [ls allioient aussi le cuivre avec les autres métaux , et sur-tout avec l'or et l'argent. Le fameux airain : de Corinthe, si fort estimé des Grecs, étoit un melange de cuivre, d'argent et d’or, dont ils ne nous ont pas indiqué les proportions, mais qui faisoit un alliage plus beau que l'or par la couleur, plus sonore, plus élastique, : et en mème temps aussi peu susceptible de rouille et d’altération. Ce que nous appelons airaiu ou bronze aujourd'hui, n’est qu'un mélange de cuivre et d’étain, auxquels on joint souvent quelques parties de zinc et d'antimoine. ES ue DONRES MINÉR AUX, 1} vw _ Si on mêle le cuivre avec le zinc, sa cou- leur rouge devient jaune, et l’on donne à cet alliage le nom de cuivre jaune ou laiton : il est un peu plus dense que le cuivre pur*, mais c'est lorsque ni l’un ni l’autre n’ont été comprimés ou battus; car il devient moins dense que le cuivre rouge après la compres- sion. Le cuivre jaune est aussi moins sujet à verdir; et, suivant les différentes doses du mélange, cet alliage est plus ou moins blanc, jaunâtre, jaune ou rouge : c'est d'après ces différentes couleurs qu’il prend les noms de * Selon M. Brisson , le pied cube de cuivre rouge fondu et non forgé ne pèse que 545 livres 2 onces 4 gros 35 grains, tandis qu’un pied cube de ce même cuivre rouge, passé à la filière, pèse 62t livres 7 onces 7 gros 26 grains. Cette grande difié- rence démontre que de tous les métaux le cuivre est celui qui se comprime le plus; et la compres- - sion par la fière est plus grande que celle de La percussion par le marteau. M. Geller dit que la den- sité de l’alliage, à parties égales de cuivre et de nc , est à celle du cuivre pur comme 858 sont à 74: ( Chimie métallurgique, tome TI, page 265.) Mais M. Brisson a reconnu que le pied cube de euivre jaune fondu et non forgé pèse 587 livres. 2o HISTOIRE NATURELLE similor, de peinchebec, et de métal de ; prince ; mais aucuu ne ressemble plus à l'or pur par le brillant et la couleur que le laiton bien poli, et fait avec la mine de zinc ou pierre calaminaire, comme nous l'indiquerons das) la suite. Le cuivre s’unit très-bien’à l'or, et cepen- dant en diminue la densité au-delà de la pro- portion du mélange ; ce qui prouve qu’au lieu d'une pénétration intime, il n’y a dans cet alliage qu'une. extension ou augmenta- tion de volume par une simple addition de parties interposées, lesquelles, en écartant un peu les molecules de l’or, et se logeant dans les intervalles, augmentent la dureté et l’élasticité de ce métal , qui, dans son état de pureté, a plus de mollesse Le de ressort. | L'or, l’argent et le cuivre se trouvent sou- vent alliés par la Nature dans les mines pri- mordiales , et ce n’est que par plusieurs opérations réitérées et dispendieuses que l’on parvieut à les séparer : il faut donc, avant d'entreprendre ce travail, s'assurer que la quantité de ces deux métaux contenue dans le cuivre est assez considérable et plus DES MINÉRAUX. 2e qu'équivalente aux frais de leur séparation; il ne faut pas même s’en rapporter à des essais faits eu petit; iis donnent toujours un produit plus fort, et se font proportionnel lement à moindres frais que les travaux en grand. On trouve rarement le cuivre allié avec l’étain dans le sein de la terre, quoique leurs mines soient souvent très-voisines, et mème superposées, c'est-à-dire, l'étain au-dessus du cuivre : cependant ces deux metaux ne laissent pas d’avoir entre eux une affinité bien marquée ; le petit art de l’etamage est fondé sur cette affinite. L’eétain adhère fortement et sans iutermède au cuivre, pourvu que la sur- face en soit assez nette pour être touchée dans tous Les points par l’étain fondu : il ne - faut, pour cela, que le petit degré de cha- leur nécessaire pour dilater les pores du cuivre et fondre l'étain, qui dès lors s’at- tache à la surface du cuivre, qu'on enduit de resine pour prévenir la calcination de l'étain. Lorsqu'on fond le cuivre et qu’on y mêle de l’étain, l’alliage qui en résulte démontre encore mieux l’afhnité de ces deux métaux; 22 HISTOIRE NATURELLE car il y a pénétration dans leur mélange. La densité de cet alliage, connu sous les noms d’airain où de bronze, est plus grande que celle du cuivre et de l’étain pris ensemble, au lieu que la densité des alliages du cuivre avec l’oret l'argent est moindre; ce qui prouve une union bien plus intime entre le cuivre et l’étain qu'avec ces deux autres métaux , puisque le volume augmente dans ces der- niers mélanges, tandis qu'il diminue dans le premier. 6 reste , l’airain est d'autant plus dur, plus aigre et plus sonore, que la quan- tite d'étain est plus grande; et il ne faut qu'une partie d’'étain sur trois de cuivre pour en faire disparoître la couleur, et même pour le défendre à jamais de sa rouille ou verd-de-gris, parce que l’étain est, après l'or et l’argeut, le métal le moins susceptible d’altération par les élémens humides ; et quand, par la succession d’un temps trés- loug , il se forme sur l’airain ou bronze uve espèce de rouille verdâtre , c’est, à la vérité, du verd-de-gris, mais qui s'étant formé très- lentement, et se trouvant mêlé d'une por- tion d’étain , produit cet enduit que l’on appelle patire, sur les statues et Les MAPS antiques, \! DES MINÉRAUX. 23 _ Le cuivre et le fer ont ensemble une afñ- nité bien marquée; et cette affinité est si grande et si générale, qu'elle se montre non _ seulement dans les productions de la Nature, mais aussi par les produits de l’art. Dans le nombre infini de mines de fer qui se trouvent à la surface ou dans l'intérieur de la terre, il y en a beaucoup qui sont mêlées d’une certaine quantité de cuivre, et ce mélange a corrompu l’un et l’autre métal; car, d’une part, on ne peut tirer que de très-mauvais fer de ces mines chargées de cuivre, et d'autre part il faut que la quantité de ce métal soit grande dans ces mines de fer pour pouvoir _en extraire le cuivre avec profit. Ces metaux, qui semblent être amis, voisins, et même unis dans le sein de la terre, deviennent en- _ nemis dès qu’on les mêle ensemble par le moyen du feu : une seule once de cuivre jetée dans le foyer d’une forge suffit pour corrompre un quintal de fer. Le cuivre que l'on tire des eaux qui en sont chargées, et qu'on connoît sous le nom de cuivre de cémentation, est du cuivre pré- cipité par le fer; autant il se dissout de fer dans cette opération , autant il adhère de 24 HISTOIRE NATURELLE cuivre au fer qui n’est pas encore dissous , et : cela par simple attraction de contact : c’est en plongeant des lames de fer dans les eaux chargées de parties cuivreuses, qu’on obtient 1 ce cuivre de cémentation , et l’on recueille par ce moyen facile une grande quantité de ce métal en peu de temps. La Nature fait quelquefois une opération assez semblable: il faut pour cela que le cuivre dissous ren contre des particules ou de petites masses ferrugineuses, qui soient dans l’état meétal- N lique ou presque métallique, et qui par con- séquent aient subi la violente action du feu ; - car celte union n'a pas lieu lorsque les mines . de fer ont été produites par l’intermède de l’eau , et converties en rouille , en grains, etc. Ce n’est donc que dans de certaines circons- tances qu’il se forme du cuivre par cémen- tation dans l’intérieur de la terre : par exemple, il s’opère quelque chose de sem- blable dans la production de certaines ma- lachites, et daus quelques autres mines de seconde et de troisième formation, où le vitriol cuivreux a été précipité par le fer, quia, plus que tout autre métal, la propriété de séparer et de précipiter le cuivre de toutes ses dissolutions. \ DES MINÉRAUX. 25 L'affinité du cuivre avec le fer est encore démontrée par la facilité que ces deux mé- taux ont de se souder ensemble: il faut seu- lement, en les tenant au feu, les empècher de se calciner et de brûler ; ce que l’on pré- ‘vient en les couvrant de borax ou de quel- que autre matière fusible, qui les défende de l’action du feu animé par l’air : car ces deux métaux souffrent toujours beaucoup de déchet et d’altération par le feu libre, lors- qu'ils ne sont pas parfaitement recouverts et défendus du contact de l'air. | Il n’y a point d'affinité apparente entre le mercure et le cuivre, puisqu'il faut réduire le cuivre en poudre et les triturer ensemble fortement et long-temps ; pour que le mer- cure s'attache à cette poudre cuivreuse : ce- pendant il y a moyen de les unir d’une ma- nière plus apparente et plus intime ; il faut pour cela plonger du cuivre en lames dans le mercure dissous par l'acide nitreux ; ces lames de cuivre attirent le mercure dissous, et deviennent aussi blanches à leur surface que les autres métaux amalsgames de mer- cure. | Quoique le cuivre puisse s’allier avec toutes 3 LINE 6 . HISTOÏRE NATURALES Ê %. NES Min dia 2e AE 22 L ki LL : PA AU LEONA CU EAU LA OCT ANT ANE [N OM “ ù ÿ Ke D RUN IENE RR IORNOE RE D T4 les matières métalliques, et quoiqu’on le. méle en petite quantité dans les monnoies d’or et d'argent pour leur donner de la cou- leur et de la dureté, on ne fait néanmoins des ouvrages en grand volume qu'avec deux de ces alliages : le premier avec l’étain pour les statues, les cloches, les canons ; le second avec la calamine ou mine de zinc pour les chaudières et autres ustensiles de ménage : ces deux alliages, l’airain et le laiton , sont même devenus aussi communs et peut-être plus nécessaires que le cuivre pur, puisque dans tous deux la qualité nuisible de ce, inétal, dont l’usage est très-dangereux , se trouve corrigée; car de tous les métaux que l'homme peut employer pour son service, le cuivre est celui qui produit les plus funestes effets. | NE L'alliage du cuivre et du zinc n’est pas aigre et cassant comme celui du cuivre et de l’étain : Le laiton conserve de la ductilité ; il résiste plus long-temps que le cuivre pur à l'action de l’air humide et des acides qui produisent le verd-de-gris, et il prend l’éta- mage aussi facilement. Pour faire du beau et bon laiton , il faut trois quarts de cuivre DES MINÉRAUX. R 27 et un quart de zinc; mais tous deux doivent être de la plus Maude pureté. L’alliage à cette dose est d’un jaune brillant; et quoiqu’en général tous les alliages soient plus ou moins aigres , et qu’en particulier le zinc n'ait au- cune ductilité, le laiton néanmoins, s’il est fait dans cette proportion, est aussi ductile que le cuivre même : mais comme le zinc liré de sa mine par la fusion n'est presque Jamais pur, et que pour peu qu'il soit mêle de fer ou d’autres parties hétérogènes, il rend” le laiton aigre et cassant, on se sert plus ordinairement et plus avantageusement de la calamine, qui est une des mines du zinc; on la réduit en poudre, on en fait un cé- ment en la mêlant avec égale quantité de poudre de charbon humectée d’un peu d’eau; on recouvre de ce cément les lames de cuivre, et l’on met le tout dans une caisse ou creuset que l’on fait rougir à un feu gra- dué, jusquà ce que les lames de cuivre soient fondues. On laisse ensuite refroidir le tout, et l’on trouve le cuivre changé en laiton et augmenté d’un quart de son poids si l'on a employé un quart de calamine sur trois quarts de cuivre, et ce laiton fait par : "1 (A (4 | 4 LR NAT A EIRE :8 HISTOIRE NATURELLE cémentation a tout autant de ductilité à froid que le cuivre mème : mais, comme le dit très-bien M. Macquer, il n’a pas la même malléabilité à chaud qu’à froid, parce que le zinc se fondant plus vite que le cuivre, l'alliage alors n’est plus qu’une espèce d’a= malgame qui est trop mou pour souffrir/la ‘percussion du marteau. Au reste, il paroït, par le procédé et par le produit de cette sorte de cémentation, que le zinc contenu dans la calamine est réduit en vapeurs par le feu, et qu’il est par conséquent dans sa plus grande pureté lorsqu'il entre dans le cuivre : on peut en donner la preuve en faisant fondre à feu ouvert le laiton ; car alors tout le zinc s’exhale successivement en vapeurs ou en flammes, et emporte même avec lui une petite quantité de cuivre. Si Fon fond le cuivre en le mélant avec l’arsenic , on en fait une espèce de métal. blanc qui diffère du cuivre jaune ou laiton autant par la qualité que par la couleur, car il est aussi aigre que l’autre est ductile; et si l’on mèle à différentes doses le cuivre, le zincet l’arsenic, l’on obtient des alliages de toutes Les teintes du jaune au blanc, et 4 à M DES MINÉRAUX. 2y de tous les degrés de ductilité du liant au cassant.. a Le cuivre en fusion forme, avec le soufre, une espèce de matte noirâtre, aigre et cas sante, assez semblable à celle qu’on obtient par la première fonte des mines pyriteuses de ce métal : en le pulvérisant et le détrem- _ pant avec un peu d’eau, on obtient de même, par son mélange avec le soufre aussi pulvé- risé , une masse solide, assez semblable à la matte fondue. | | Un fil de cuivre, d’un dixième de pouce de diamètre, peut soutenir un poids d’envi- ron trois cents livres avant de se rompre; et comme sa densité n’est tout au plus.que de six cent vingt-une livres et demie par pied cube, on voit que sa ténacité est proportion nellement beaucoup plus grande que sa den- sité. La couleur du cuivre pur est d’un rouge orangé; et cette couleur, quoique fausse, est plus éclatante que le beau jaune de l'or pur. Il a plus d’odeur qu'aucun autre métal, on ne peut le sentir sans que l’odorat en soit désagréablement affecté, on ne peut le tou- cher sans s’infecter les doigts; et cette mau- vaise odeur qu’il répand et communique ex Lg %o HISTOIRE NATURELLE 104 le maniant et le frottant , est plus perma nente et plus difficile à corriger que la plu- part des autres odeurs. Sa saveur, plus que répugnante au goût, annouce ses qualités funestes; c’est dans le règne minéral le poi- son de nature le plus dangereux ie l'ar- senic, pi Le cuivre est beaucoup plus dur et par conséquent beaucoup plus élastique et plus sonore que l’or, duquel néanmoins il ap- proche plus que les autres métaux impar- faits, par sa couleur et même par sa ducti- lité; car il est presque aussi ductile que l'argent : on le bat en feuilles aussi minces, et on le tire en filets très-déliés. Après Le fer, le cuivre est lé métal le plus difficile à fondre : exposé au grand feu, il devient d'abord chatoyant et rougit long- temps avant d'entrer en fusion ; il faut une chaleur violente et le faire rougir à blanc pour qu'il se liqueéfie; et lorsqu'il est bien fondu , il bout et diminue de poids s’il est exposé à l'air; car sa surface se brûle et se calcine dès qu'elle n’est pas recouverte, et qu'on néglige de faire à ce métal un bain de matières vitreuses; et même avec cette pré- : at à DES MINÉRAUX. 3 caution 1l diminue de masse et souffre du dèchet à chaque fois qu’on le fait rougir au feu. La fumée qu’il répand est en partie me- tallique , et rend verdatre ou bleue la flamme des charbons; et toutes les matières qui con- tiennent du cuivre, donnent à la flamme ces mêmes couleurs vertes ou bleues : neéan- moins sa substance est assez fixe; car il résiste plus long-temps que le fer, le plomb et l’etain , à-la violence du feu avant de se calciner. Lorsqu'il est exposé à l'air Hibré et qu'il n’est pas recouvert, il se forme d'abord à sa surface de petites écailles qui surnagent la masse en fusion : ce cuivre à demi brûle a deja perdu:sa ductilité et son brillant mé- tallique; et se calcinant ensuite de plus en plus, il sechange en une chaux noirâtre qui, comme les chaux du plomb et des autres métaux, augmente très-considérablement en volume et en poids par la quantité de l’air qui se fixe en se réunissant à leur substance. Cette chaux est bien plus dificile à fondre que le cuivre en metal; et lorsqu'elle subit l'action d’un feu violent, elle se vitrifie et produit un émail d’un brun chatoyant, qui donne au verre blanc une très-belle couleur 32 HISTOIRE NATURELLE | " verte : mais si l’on veut fondre cette chaux de cuivre seule en la poussant a un feu en- . core plus violent , elle se brûle en partie, et laisse un résidu qui n’est qu'une espèce de scorie vitreuse et noirätre , dont on ne peut ensuite retirer qu’une très-petite quantité de metal. | En laissant refroidir très-lentement et dans un feu gradué le cuivre fondu , on peut le faire crystalliser en crystaux proéminens à sa surface, et qui pénètrent dans.son inté- rieur : il en est de même de l’or , de l'argent et de tous les autres métaux et minéraux métalliques. Ainsi la crystallisation peut s’opérer également par le moyen du feu comme par celui de l’eau ; et dans toute matière liquide ou liquéfiée , il ne faut que de l’espace, du repos et du temps, pour qu'il se forme des crystallisations par l’at- traction mutuelle des parties homogènes et similaires. Quoique tous les acides puissent dissoudre Je cuivre , il faut néanmoins que l'acide marin et sur-tout l’acide vitriolique soient aidés de la chaleur ; sans quoi la dissolution seroit excessivement longue. L’acide nitreux D” : | 4 . DES MINERAUX. 33 le dissout au contraire très-promptement, même à froid : cet acide a plus d'affinité avec le cuivre qu’avec l'argent ; car l’on dégage parfaitement l'argent de sa dissolu- tion , et on le précipite en entier et sous sa forme métallique par l’intermède du cuivre. Comme cette dissolution du cuivre par l’eau- forte se fait avec grand mouvement et forte effervescence, elle ne produit pont de crys- taux, mais seulement un sel deliquescent, au lieu que les dissolutions du cuivre par l'acide vitriolique ou par l'acide marin, se faisant lentement et sans ébullition, donnent de gros crystaux d’un beau bleu qu’on ap- pelle wisriol de Chypre ou vitriol bleu, ou des crystaux en petites aiguilles d’un beau verd. Tous les acides végétaux attaquent aussi le cuivre : c'est avec l’acide du marc des raisins qu'on fait le verd-de-gris dont se servent les peintres; le cuivre avec l’acide du vinaigre donne des crystaux que les chimistes ont nommés crystaux de Vénus. Les huiles, le suif et les graisses attaquent aussi ce métal ; car elles produisent du verd-de-gris à la sur- face des vaisseaux et des ustensiles avec À ERP CARO Los LL : \ VE tu on ‘os HISTOIRE NATURELLE lle lesquels on les coule ou les verse. En gén é- | - xal, on peut dire que le cuivre est de tous les métaux celui qui se laisse entamer, ron- ger , dissoudre le plus facilement par un grand nombre de substances; car , indépen- damment des acides, des acerbes, des sels, des bitumes, des huiles et des graisses, le foie de soufre l'attaque , et l’alcali volatil peut même le dissoudre : c'est à cette disso— lution du cuivre par l’alcali volatil qu’on doit attribuer l’origine des malachites de seconde formation. Les premières mala- chites, c’est-à-dire, celles de première for- mation, ne sont, comme nous l’avons dit, que des stalactiles du cuivre dissous en rouille verte: mais les secondes peuvent pro- venir des dissolutions du cuivre par l’alcali volatil, lorsqu'elles ont perdu leur couleur bleue et repris la couleur verte; ce qui arrive dès que l’alcali volatil s’est dissipé. «Lorsque « l’alcali volatil, dit M. Macquer, a dissous «le cuivre jusqu’à saturation , l’espèce de « sel metallique qui resulte de cette combi- « naison , forme des crystaux d’un bleu foncé « et des plus beaux: mais, par l'exposition «à l'air, l’alcali se sépare et se dissipe peu DES MINÉRAUX. 35 « à peu; la couleur bleue des crystaux, dans .« lesquels il ne reste presque que du cuivre, « se change en un très-beau verd , et le com- « posé ressemble beaucoup à la malachite: il « est très-possible que le cuivre contenu dans _ «cette pierre ait précédemment été dissous « par l’alcali volatil, et reduit par cette ma- « tière saline dans l’état de malachite. » _ Au reste, les huiles, les graisses et les bi- tumes mn'attaquent le cuivre que par les acides qu’ils contiennent; et de tous les alcalis, l’alcali volatil est celui qui agit le plus puissamment sur ce métal : ainsi l’on peut assurer qu’en général tous les sels de la terre et des eaux, soit acides, soit alcalins, attaquent le cuivre et le dissolvent avec plus ou moins de promptitude ou d'énergie. IL est aise de retirer le cuivre de tous les acides qui le tiennent en dissolution, en les faisant simplement évaporer au feu; on peut aussi le séparer de ces acides en employant les alcalis fixes ou volatils, et même les substances calcaires: les précipités seront dés poudres vertes; mais elles seront bleues si les alcalis sont caustiques comme ils le sont en effet dans les matières calcaires, lorsqu'elles MR nee 36 HISTOIRE NATURELLE ont été calcinées. Il ne faudra qu’ajouter à ce précipite ou chaux de cuivre, comme à . toute autre chaux métallique, une petite quantité de matière inflammable pour la réduire en métal ; et si l’on fait fondre cette chaux de cuivre avec du verre blanc, on ob- tient des émaux d’un très-beau verd : mais on doit observer qu’en général les précipités qui se font par les alcalis ou par les matières calcaires, ne se présentent pas sous leur forme métallique , et qu'il n’y a que les pré- cipités par un autre métal, où les résidus, après l'évaporation des acides , soient en effet sous cette forme, c’est-à-dire, en état de métal, tandis que les autres précipités sont tous dans l’état de chaux. On connoît la violente action du soufre sur le fer; et quoique sa puissance ne soit pas aussi grande sur le cuivre, il ne laisse pas de l’exercer avec beaucoup de force : on peut donc séparer ce métal de tous les antres métaux par l'intermède du soufre, qui a plus d’affinité avec le cuivre qu'avec l'or, l'argent, l’étain et le plomb; et lors- qu’il est mèlé avec le fer, le soufre peut encore les séparer, parce qu'ayant plus ee É DES MINERAUX. % d'affinité avec le fer qu'avec le cuivre, il s'empare du premier et abandonne le der- nier. Le soufre agit ici comme ennemi; car, en accelerant la fusion de ces deux métaux, _ illes dénature en même temps, ou plutôt il les ramène par force à leur état de minéra- lisation , et change ces métaux en minérais ; car le cuivre et le fer fondus avec le soufre ne sont plus que des pyrites semblables aux minérais pyriteux, dont on tire ces métaux dans leurs mines de seconde formation. Les filons où. le cuivre se trouve dans l’état de metal, sont les seules mines de première formation; dans les mines secondaires, le cuivre se présente sous la forme de minérai pyriteux; et dans celles de troisième forma- tion , il a passé de cet état minéral ou py- riteux à l’état de rouille verte, dans lequel il a subi de nouvelles altérations, et mille combinaisons diverses par le contact et l’ac- tion des autres substances salines ou métal- liques. Il n’y a que les mines de cuivre pri- mitif que l’on puisse fondre sans les avoir fait griller auparavant : toutes celles de seconde formation, c’est-à-dire, toutes celles qui sont dans un état pyriteux, demandent Mar, gén, BIIT, 4 f PF 1 * V3 Le LE LR j NACRE LEP ” 38 HISTOIRE NATURELLE re à être grillées plusieurs fois; et souvent en- core , après plusieurs feux de grillage, elles ne donnent qu’une matte cuivreuse mêlée de soufre, qu’il faut refondre de nouveau pour avoir enfin du euivre noir, dont on ne peut tirer le cuivre rouge en bon métal qu'en faisant passer et fondre ce cuivre noir au. feu violent et libre des charbons enflammés, où il achève de se séparer du soufre, du fer et des autres matières hétérogènes qu’il con-— tenoit encore dans cet état de cuivre noir. Ces mines de cuivre de seconde formation peuvent se réduire à deux ou trois sortes: la première est la pyrite cuivreuse, qu'on appelle aussi improprement 72arcassife, qui contient une grande quantité de soufre et de fer, et dont il est très-difficile de tirer le. peu de cuivre qu’elle renferme; la seconde. est la mine jaune de cuivre, qui est aussi une pyrite cuivreuse, mais moins chargée de soufre et de fer que la première ; la troi- sième est la mine de cuivre grise, qui con tient de l’arsenic avec du soufre, et souvent un peu d’argent : cette mine grise paroît blanchätre , claire et brillante, lorsque la quantité d'argent est un peu considérable; DES MINÉRAUX. % et si elle ne contient point du tout d'argent, ce n’est qu'une pyrite plutôt arsenicale que _cuivreuse. Pour donner une idée nette des travaux qu'exigent ces minérais de cuivre ayant qu'on puisse les réduire en bon métal, nous ne pouvons mieux faire que de rappor- ter ici par extrait les observations de feu M. Jars, qui s’est donné la peine de suivre toutes les manipulations et préparations de ces mines , depuis leur extraction jusqu’à leur conversion en métal raffiné. «Les mi- « uéraux de Saint-Bel et de Chessey dans le « Lyonnois sont, dit-il, des pyrites cui- _« vreuses, auxquelles on donne deux, trois 1 « ou quatre grillages avant de les fondre dans « un fourneau à manche, où elles produisent « des mattes qui doivent être grillées neuf à .« dix fois avant que de donner par la fonte « leur cuivre noir : ces mattes sont des masses « régulines, contenant du cuivre, du fer, du < zinc, une très-petite quantité d'argent et ‘« des parties terreuses , Le tout réuni par une « srande abondance de soufre. «Le grand nombre de grillages que l’on « donne à ces mattes ayant d'obtenir le D A m T , W 3 HISTOIRE NATURELL E «cuivre noir, a pour but de faire M ef « volatiliser le soufre, et de désunir les par: « ties terrestres d'avec les métalliques ; on « fait ensuite fondre cette matte en la stra- « tifiant à travers les charbons, et les parti- « cules de cuivre se réunissent entre elles par « la fonte, et vont, par leur pesanteur spéci- « fique , occuper la-partie inférieure du bas— « sin destiné à les recevoir. « Mais lorsqu'on ne donne que très-peu « de grillage à ces mattes, il arrive que les « mélaux qui ont moins d’affinité avec le «soufre qu’il n’en a lui-même; avec les «autres qui composent la masse réguline, « se précipitent les premiers ; on peut donc « conclure que l’argent doit se précipiter le « premier, ensuite le cuivré , et que le soufre « reste uni au fer. Mais l’argent de ces mattes « paroît être en trop petite quantité pour se « précipiter seul ; d’ailleurs il est impossible « de saisir dans les travaux en grand le L1 ’ . A LA L2 . , « point précis du rôtissage qui Seroit neces-, «saire pour rendre la séparation exacte... «et il ne se fait aucune précipitation, sure « tout par la voie sèche, saus que le corps « précipité n’entraine avec lui du précipitan€ « et de ceux auxquels il étoit uni. » l DES MINÉRAUX. 4» Ces mines de Saint-Bel et de Chessey ne contiennent guère qu'une once d'argent par quintal de cuivre, quantité trop petité poux qu on puisse en faire la séparation avec quel- que profit. Leur minérai est une pyrite cui- vreuse mêlée néanmoins de beaucoup de fer. Le minérai de celles de Chessey contient moins de fer et beaucoup de zinc; cependant on les traite toutes deux à peu près de la même manière. On donne à ces pyrites , comme le dit M. Jars, deux, trois et jusqu’à quatre feux de grillage avant de les fondre. Les mattes qui proviennent de la première fonte, doi- vent encore être grillées neuf ou dix fois avant de donner, par la fusion, leur cuivre noir. En général, le traitement des mines de cuivre est d’autant plus difficile et plus long, qu’elles contiennent moins de cuivre et plus de pyrites, c’est-à-dire, de soufre et ‘de fer, et les procédés de ce traitement doivent varier suivant la qualité ou la quan- tité des différens métaux et minéraux conte nus dans ces mines. Nous en donuerons quel- ques exemples dans l’énumération que nous allons faire des principales mines de cuivre de l’Europe et des autres parties du monde. aie 4 HISTOIRE NATURELLE Pal VE LATE DD. + 4 ; Lu En France, celles de Saint-Bel et de Gbes À sey, dont nous venons de parler, sont ex pleine et grande exploitation ; cependant on n'en tire pas la vingtième partie du cuivre qui se consomumne dans le royaume. On ex— ploite aussi quelques mines de cuivre dans nos provinces voisines des Pyrénées, et par- ticulièrement à Baigorri dans la basse Na= varre. Les travaux de ces mines sont dirigés par un habile minéralogiste, M. Hettlinger ; que j'ai déja eu occasion de citer, et qui a bien voulu m'envoyer, pour le Cabinet du roi, quelques échantillons des minéraux qui s’y trouvent, et entre autres de la mine de fer en écailles, qui est très-singulière , et qui se forme dans les cavités d’un filon mêlé de cuivre et de fer. Il y a aussi de riches mines de cuivre et d'argent à Giromagny et'au Puy dans la . Fr » La haute Alsace; on en a tiré en une année seize cents marcs d'argent et vingt-quatre milliers de cuivre : on trouve aussi d’autres mines de cuivre à Steinbach, à Saint-Nico- las dans le Val de Leberthal, et à Astenbach. En Lorraine, la mine de la Croix donne du cuivre, du plomb et de l'argent. Il y a DES MINÉRAUX. 43 âussiune mine de cuivre à Fraise, et d’autres aux villages de Sainte-Croix et de Lusse, qui tiennent de l'argent; d’autres à la montagne du Tillot, au Val de Lièvre, à Vaudrevange, et enfin plusieurs autres à Sainte-Marie-aux- mines. En Che: à Plancher-les-mines, il y a aussi des mines de cuivre, et auprès de Château-Lambert il s’en trouve quatre veines placées l'upe sur l’autre, et l’on prétend que cette mine a rendu depuis vinst jusqu cine. quante pour cent de cuivre. On a aussi reconnu plusieurs mines de cuivre daus le Limosin, en Dauphiné, en Provence, dans le Vivarais, le Gévaudan et les Cévennes; en Auvergne, près de Saint- Amand; en Touraine, à l’abbaye de Noyers; en Normandie, près de Briquebec dans le Cotentin , et à Carrolet dans le diocèse d’Avranches. En Languedoc, M. de Gensanne a reconnu plusieurs mines de cuivre, qu’il a très-bien observées et décrites ; il a fait de semblables recherches en Alsace; et M. le Monnier, pre- mier médecin ordinaire du roi, a observé HISTOIRE NATURELLE veines très-voisines , et d’une longue étendue, | toutes dans la même direction de l’est à « l’ouest, comme sont aussi toutes les veines … de charbon de terre et autres matières an= ciennement entraînées et déposées par le mouvement des mers; et ces veines d’étain courent, pour la-plupart, à la surface du terrain , et ne descendent guère qu’à quarante ou cinquante toises de profondeur; elles gisent dans des montagnes à couches de mé- diocre hauteur ; et leurs débris, entrainés par les eaux pluviales, se retrouvent dans les vallons en si grande quantité, qu’il y a souveñt plus de profit à les ramasser qu'à fouiller les mines dont ils proviennent. Ces veines très-longues en étendue n’ont que peu de largeur; il y en a qui n’ont que quel- ques pouces, et les plus larges n’ont que six ou sept pieds : elles sont dans un roc dur, dans lequel on trouve quelquefois des crys- taux blancs et transparens , qu'on nomme improprement diamans de Cornouailles. M. Jars et M. le baron de Dietrich ,, qui ont ob- servé la plupart de ces mines, ont reconnu qu’elles étoient quelquefois mêlées de miné- rais de cuivre, et que souvent les mines de a DES MINÉRAUX. 93 cuivre sont voisines de celles d’étain ; et on a remarqué de plus que, comme toutes les mines d’étain contiennent de l’arsenic, les vapeurs qui s'élèvent de leurs fosses sont très- nuisibles, et quelquefois mortelles. De temps immémorial, les Anglois ont su tirer grand parti de leurs mines d'étain; ils savent les traiter pour le plus grand profit : ils ne font pas de commerce ni peut-être d'usage de l’étain pur; ils le mêlent toujours avec une petite quantité de plomb ou de cuivre. « Lorsque la mine d'étain, dit M. « Geoffroy, a reçu toutes les préparations « qui doivent la disposer à être fondue, on « procède à cette dernière opération dans un « fourneau à manche... On refond cet étain, « qui est en gäteaux, pour le couler dans des « moules de pierre quarrés et oblongs, et « c'est ce qu'on appelle sazmons.... Ces sau- « mons sont plus ou moins fins, suivant les « endroits où l’on en coupe pour faire des « épreuves : le dessus ou la créme du saumon « est très-douce, et si pliante, qu'on ne peutla « travailler seule; on est obligé d'y mêler du « cuivre, dont elle peut porter jusqu’à trois « livres sur cent, et quelquefois jusqu’à cinq 94 HISTOIRE NATURELLE | « livres. Le milieu du saumon est plus . ; « et ne peut porter que deux livres de cuivre; « et le fond est si aigre, qu'il y faut joindre Æ « du plomb pour le travailler. L’étain ne sort \ « point d'Angleterre dans sa pureté naturelle, « ou tel qu’il a coulé dans le fourneau; il y a 4 « des défenses très-rigoureuses de le trans M « porter dans les pays étrangers, avant qu il L « ait reçu l’alliage porté par la loi.» L Quelques uns de nos habiles chimistes, ef particulièrement MM. Bayen et Charlard,; ont fait un grand nombre d'expériences sur les différens étains qui sont danslecommerce; ils ont reconnu que l’étain d'Angleterre en gros sauinons , ainsi qu’en petits lingots, mis dans une retorte, ou dans un vaisseau clos, pour subir l’action du feu, laisse échapper une petite quantité de matière blanche qui s’attache au col de la retorte, et qui n’est point du tout arsenicale : ils ont trouvé que cet étain n'est pas allié de cuivre pur, mais de laiton; car ils en ont tiré non seulement: un sel à base de cuivre, mais un nitre à base de zinc. Cette dernière remarque de MM Bayen et Charlard s'accorde très-bien avec … l'observation de M. Jars, qui dit qu'outre le DES MINÉRAUX. 05 plomb et le cuivre, les ouvriers mêlent quel- quefois du zinc avec l’étain, et qu'ils pré- férent la limaille du laiton; qu'il n’en faut qu'une demi-livre sur trois cents pesant d’é- tain pour le dégraisser, c’est-à-dire, pour le rendre facile à planer : mais je ne puis me persuader que cette poudre blanche que Vétain laisse échapper, ne soit point du tout arsenicale, puisqu'elle s’est sublimee, et que ce n’est point une simple chaux ; et quand même ce ne seroit qu'une chaux d’étain, elle contiendroit toujours de l’arsenic. D'ailleurs, en traitant cet étain d'Angleterre avec l’eau régale ; ou seulement avec l'acide marin, ces habiles chimistes ont trouvé qu’il contenoit une petite quantité d’arsenic : ceci paroît donc infirmer leur première assertion sur cette matière blanche qui s'attache au col de la retorte, et qu'ils disent n’étre nullement arsenicale. Quoi qu'il en soit, on leur a obligation d’avoir recherché quelle pouvoit _ être la quantité d’arsenic contenue dans l’é- tain dont nous faisons usage; ils se sont assu- rés qu'il n'y en a tout au plus qu’un grain sur une once ; et l’on peut, en suivant leurs procédés , connoitre au juste la quantité d’ar- senic que tout étain contient. y6 HISTOIRE NATURE LLE Les mines d’étain de Saxe, de Misnie, al Bohème et de Hongrie, gisent , comme celles " d'Angleterre, dans les montagnes à couches 4 et à une médiocre profondeur : elles ne sont 1 ni aussi riches ni aussi étendues que celles de Cornouailles ; l’étain qu'on en tire est néanmoins aussi bon ,et même les Allemands prétendent qu’il est meilleur pour l’étamage: on peut douter que cette prétention soit fon- dée, et le peu de commerce qui se fait de cet étain d'Allemagne, prouve assez qu'il n'est pas supérieur à celui d'Angleterre. Les cantons où se trouvent les meilleures mines de Saxe, sont les montagnes de Mas- terberg vers Boles-schau : les veines sont à vingt-quatre toises de profondeur dans des rochers d’ardoise; elles n'ont qu’une toise en largeur. Une de ces mines d’étain est cou- chée sur une mine très-riche de cuivre, que l’on en sépare en la cassant; une autre à Breytenbrun vers la ville de Georgenstadt, qui est fort riche en étain, est néanmoins mêlée d'une grande quantité de fer, que l’on en tire au moyen de l’aimant, après l'avoir réduite en poudre. Le canton de Furstenberg est entouré de mines d’étain; et dans le DES MINÉRAUX. 07 centre de cette même contrée, il y a des mines d'argent. Les mines d’étain d'Eiben- stok s'étendent dans une longueur de quel- ques lieues, et se fouillent à dix toises de profondeur ; elles sont mêlées de fer, et on . y a quelquefois trouvé des paillettes d’or. Toute la montagne de Goyer est remplie de mines d'étain; mais le roc qui les renferme est si dur, qu’on est obligé de le faire cal- ciner par le feu avant d'en tirer les blocs. On trouve aussi des mines d’étain à Schnee- _ berg. Enfin à Anersberg, la plus haute mon- tagne de toute la Saxe , il y en a une à vingt-huit toises de profondeur sur trois toises de largeur, dans un rocher d’ardoise : cette mine a produit en 1741 cinq cents quintaux d’étain. En Bohème, à trois quarts de lieue de Platen , il se trouve une mine d’étain voisine d’une mine de fer, qui toutes deux sont dans un banc de grès à gros grains; et comme le minérai d'étain est mêlé de parties ferrugi- neuses, on le fait griller, après l’avoir broyé, pour en séparer le fer au moyen de l’aimant, IL se trouve aussi des mines d’étain dans le district d'Ellebagen et dans celui de Salznet; + 8 HISTOIRE. NATURELLE une autre à Schlac-Kenwald, qui s’enfonc assez profondément, Enfin il y a aussi quel- . ques veines d’étain dans les mines de Hon- grie. On assure de même qu’il s’en trouve et w Pologne : mais nous n'avons aucune notice assez circonstanciée de ces mines pour pes voir en parler. | L'Asie est peut être plus riche que l’'Eu- « rope en étain : il s’en trouve en abondance à la Chine, au Japon et à Siam; il yen a aussi à Macassar, à Malaca , Banca, etc. u Cependant les Asiatiques ne font pas de ce » métal autant d'usage que les Européens; ils ne s’en servent guère que pour étamer le! cuivre, ou faire de l’airain en alliant ces» deux métaux ensemble : mais ils font com- \ merce de l’étain avec nous; et cet étain qui « nous vieut des Indes, est plus fin que celui … que nous tirons de l'Angleterre, parce qu'il » est moins allié; car l’on a observé que, dans | leur état de pureté, ces étains d'Angleterre » et des Indes sont également souples et diff À ciles à rompre. Cette flexibilité tenace donne un moyen facile de reconnoitre si l’étain est » purgé d’arsenic; car dès qu’il contient une Y certaine quautité de cette mauvyaise matière ; Û il se rompt facilement. L. DES MINÉRAUX. Ainsi l’étain, comimne tous les métaux, est un dans la Nature, et les étains qui nous viennent de différens pays ne diffèrent entre eux que par le plus ou moins de pureté; ils seroient absolument les mêmes s'ils étoient dépouillés de toute matière étrangère : mais comme ce métal, lorsqu'il est pur, ne peut être employé que pour l’étamage, et qu’il est trop mou pour pouvoir le planer et le tra- vailler en lames, on est obligé de l’allier avec d’autres matières métalliques pour lui donnêr de la fermeté, et c’est par cette raison _ que dans le commerce il n’y a point d’étain pur. Nous n'avons que peu ou point de con- noissances des mines d'étain qui peuvent se trouver en Afrique ; les voyageurs ont seule- ment remarqué quelques ouvrages d’etain chez les peuples de la côte de Natal, et il est dit dans les Lettres édifiantes qu’au royaume de Queba il y a de l’étain aussi blanc que celui d’ Free mais qu'il n’en a pas la solidité, et qu’on en fabrique des pièces de monnoie, qui pèsent une livre et ne valent que sept sous : cet étain qui n’a pas la soli- dité de celui d'Angleterre, est sans doute de l'étain dans son état de pureté. xco HISTOIRE NATURELLE n ! En Amérique, les Mexicains ont a: 4 | tiré de l’étain des mines de leur pays : on en 4 a trouvé au Chili, dans le corrégiment de Copiago. Au Pérou, les incas en ont fait « exploiter cinq mines dans le district de Char- h}: cas. « IL s’est trouvé quelquefois, dit Al- « phonse Barba, des minérais d'argent dans À «les mines d’étain, et toujours quantité de à « minérais de cuivre », Il ajoute «qu'une des « quatre principales veines de la mine de : « Potosi s'appelle éfair, à cause de la quan- À « tité de ce métal qu’on trouve sur la super= « ficie de la veine, laquelle peu à peu de- « vient tout argent ». On voit encore par cet exemple que l’étain , comme le plus léger des métaux, les a presque toujours'surmontés dans Ja fusion ou calcination par le feu pri- mitif, et que les mines primordiales. de ce métal servent, pour ainsi dire, de toit ou de couvert aux mines des autres métaux plus pesans. L’étain s'allie par la fusion avec toutes les matières métalliques: il gâte l’argent, et l’or sur-tout, en leur ôtant leur ductilité, et ce n’est qu’en le calcinant qu'on peut le sépa- rer de ces deux métaux ; il diminue aussi la DES MINÉRAUX. ror ductilité du cuivre, et rend ces trois métaux aigres , sonores et cassans : il donne au plomb de l’aigreur et de la fermeté; il s’unit très- bien au fer chauffé à un degré de chaleur médiocre; et lorsqu'on le mêle par la fusion avec le fer, il ne le rend pas sensiblement plus aigre. Lesumétaux les plus ductiles sont ceux dont ea détruit le plus facilement la ténacité ; il ne faut qu'une très- petite , dose d’étain pour altérer l'or et l'argent , tandisgqu'il faut le mêler en assez grande quantité avec le cuivre et :le plomb pour les rendre aigres et cassans. En fondant l’étain à partie égale avec le plomb, l’alliage est ce que les plombiers appellent de la soudure, et ils l’emploient en effet pour souder leurs ouvrages en plomb. Au reste, cet alliage mi-parti de plomb et d’étain ne laisse pas d'avoir un peu de ductilité. | L’étain mêlé par la fusion avec le bismuth, qui se fond encore plus aisément que ce mé- tal, en devient plus solide, plus blanc et plus brillant, et c'est probablement cet alliage de bismuth et d’étain que l’on connoîtaux Indes sous le nom de #zfunac. Le régule d’antimoine donne à l’étain beau- | 9 coup de So et le doi) en même etais | très-cassant; il n’en faut qu’une partie Sur trois cents d’étain pour lui donner de la rigi dité, et l’on ne peut employer ce melange que pour faire des cuillers, fourchettes et autres SE D qui ne vont point sur ae feu. | L’alliage de l’étam avec le zinc est d'une : pesanteur spécifique moindre que la somme du poids des deux, tandis que lalliage du, zinc avec tous les autres métaux est au con- traire d’une pesanteur spécifique plus grande que celle des deux matières prises en- semble. L'étain s’unit avec l’arsenic et avec le co- balt; il'devient par ces mélanges plus dur, plus sonore et plus cassant. MM. Bayen et Charlard assurent qu'il ne faut qu’une deux cent cinquante-sixième partie d’arsenic fon- due avec l'étain pour le rendre aigre et hors d’état d’être employé par les ouvriers. Si l’on mêleune partie d'arsenicsur cinq d'étaim pur, l’alliage est si fragile, qu’on ne peut l'employer à aucun usage, et une partie sur. quinze forme un alliage qui présente de grandes facettes assez semblables à celles du | PÉTER SR æ + - ‘ DES MINÉRAU X%*. 103 bismuth , et qui est plus friable que le zinc, et moins fusible que l’étain. Ainsi l’étain peut s’allier avec tous les métaux et les demi-métaux , et l’ordre de ses afhnités est le fer, le cuivre, l’argent et l’or; et quoiqu'il se mèle très-bien par la fusion avec le plomb, il a moins d’affinité avec ce _ métal qu'avec les quatre autres. | L'étain n’a aussi que peu d’affinité avec le mercure; cependant ils adhèrent ensemble dans l’étamage des glaces : le mercure reste interposé entre la feuille d’étain et le verre; xl donne aux glaces la puissance de réfléchir là lumière avec autant de force que le métal le mieux poli : cependant il n’adhère au verre que par simple contact, ‘et son union avec la feuille d’étain est assez superficielle; ce n’est point un amalgame aussi parfait que celui de l’or ou de l’argent, et /es boules de mercure, auxquelles on attribue la propriété de purifier l’eau, sont moins un alliage ou un amalgame qu'un melange simple et peu . intime d’étain et de mercure. L’etain s’uuit au soufre par la fusion, et le composé qui résulte de cette mixtion est plus difficile à fondre que l’étain ou le soufre pris séparément, 04 HISTOIRE NATURELLE. Tous les acides agissent :sur FER ët quelques uns le dissolventavec la plus grande énergie : on peut même dire qu'il est non seulement dissous, mais calciné, par l’acide nitreux; et cet exemple, comme nombre d’autres, démontre assez que les acides n’a- gissent que par le feu qu’ils contiennent *. Le feu de l’acide nitreux exerce son action avec tant de violence sur l’étain, qu’il le fait passer, sans fusion, de son état de métal à celui d’une chaux tout aussi blanche et tout aussi peu fusible que la pofée, ou chaux pro- duite par l’action d’un feu violent ;-et quoi- que cet acide semble dévorer ce métal, il le rend néanmoins avec autant de facilité qu'il s’en est saisi; il l'abandonne en s’eéleyant en .* Je ne dois pas dissimuler que la raison des chi- mistes est 1c1 bien différente de la mienne : 1ls disent que c’est en prenant le phlogistique de l’étain que. l'acide nitreux le calcime , et ils prétendent le prou- ver, parce que , dans cette opérauon, l’acide prend les mêmes Propre que. lui donne le charbon, et que l'étain qui a passé dans l'acide nitreux , quoique non dissous, ne se laisse plus dissoudre, et que par conséquent, en supposant dans celte sérativl que l’étain fût calciné par le feu de l'acide , il de- DE? PE M! DES MINÉRAUX. 105 vapeurs, et il conserve si peu d’adhésion avec cette chaux métallique, qu'on ne peut pas en former un sel. Le nitre projeté sur l’étain en fusion s’enflamme avec lui, et hâte sa calcination , comme il hâte aussi celle des autres métaux qui peuvent se ons ou brüler. L’acide vitriolique, au contraire, ne dis- _sout l’étain que lentement et sans efferves- cence ; il faut même qu'il soit aide d’un peu de chaleur pour que la dissolution commence; et pendant qu’elle s'opère, il se forme du soufre qui s'élève en vapeurs blanches, et _ qui quelquefois surnage la liqueur comme de l'huile, et se précipite par le refroidissement. vroit brûler de nouveau , et que cependant il est de fait que la chaux d’étain et l'acide nitreux n’ont plus aucune action l’un sur l’autre. Cette raison des chi= muistes est tirée de leur système sur le phlogistique, qu'ils mettent en jeu par-tout, et lors même qu’il n'en est nul besoin. L’étain contient sans doute du feu et de Pair fixe, comme tous les autres métaux; mais ici le feu contenu dans l'acide nitreux suffit, comme tout autre feu étranger , pour produire la calcination de ce métal , sans rien emprunter de son phlogisui ques Cette dissolution! de l'é tain Ve Tao vitri ge. lique donne un sel composé de crystaux en . petites aiguilles entrelacées. PR L’acide marin exige plus de chaleur que 1 l'acide vitriolique pour dissoudre l’étain; il faut que ce premier acide soit fumant; Jes. vapeurs qui s’elèvent pendant cette dissolu- tion assez lente, ont une odeur arsenicale :. la liqueur de cette dissolution est sans cou-. leur, et limpide comme de l’eau; elle se change presque toute entière en crystaux paË le refroidissement. « L’étain, dit M. de Mor- «veau , a une plus grande affinité avec | « l'acide marin que plusieurs autres subs—. « tances métalliques, et même que l'argent, . «le mercure et l’antimoine, puisqu'il dé- « compose leurs sels. L’élain, imêle avec le. « sublimé corrosif, dégage le mercure, même … « sans le secours de la chaleur, et l’on tire « de ce mélange, à la distillation, un esprit « de sel très-fumant, connu sous le nom de 4 « liqueur de Libavius». Au reste, les crys- taux qui se forment dans la dissolution de | J'étain par l'acide marin, se résolvent enk liqueur par la plus médiocre chaleur, eë mème par celle de la température de l'air en ete. A e pas — EE RES C4 Qu Mes. DES MINÉRAUX. ro7 L'eau régale n’a pas besoin d’être aidée de Ja chaleur pour attaquer l’étain; elle le dis- sout même en grande quantité. Une eau ré- gale, faite de deux parties d'acide nitreux et d'une partie d'acide marin, dissout très-bien moitié de son poids d'étain en grenailles , même à froid : en délayant cette dissolution _ dans une grande quantité d’eau, l’étain se sépare de l'acide sous la forme d’une chaux blanche; et lorsqu'on mêle cette dissolution avec une dissolution d’or faite de mème par Veau régale, et qu’on les délaye dans une grande quantité d’eau, ilse forme un précipité couleur de pourpre , connu sous le nom de pourpre de Cassius, et précieux par l'usage qu’on en fait pour les émaux. L'’étain a donc non seulement la puissance d’altérer l’or dans son état de métal, mais même d’en faire une espèce de chaux dans sa dissolution; ce qu'aucun autre agent de la Nature, ni même l’art, ne peuvent faire. C’est aussi avec cette dissolution d’étain dans l’eau régale que l’on donne aux étoffes de laine la couleur vive et éclatante de l’écarlate; sans cela le cramoisi etdle pourpre de la cochenille et de la gomme laque ne pourroient s’exalter en couleur de feu. è * S j'\ Ë | e AM “oi er HISTOIRE NATURELLE Les acides VER agissent aussi sur | "A V’étain; on peut même le dissoudre avec le M vinaigre distillé ; la crème de tartre l'attaque L Û plus foiblement; l'alcali fixe en corrode la surface à l’aide d’un peu de chaleur : mais, selon M. de Morveau ., il résiste ConsLArIEIEN | à l’action de l’alcali volatil. Considérant maintenant les rapports de w l’étain avec les autres métaux, nous verrons - qu’il a tant d’affinité avec le fer et le cuivre, qu'il s’unit et s'incorpore avec eux sans qu’ils soient fondus ni même rougis à blanc; ils retiendront l’étain fondu dès que leurs pores seront ouverts par la chaleur, et qu’ils com- menceront à rougir ; l’étain enduira leur surface, y adhérera , et même il la pene- trera et s’unira à leur substance plus intime- ment que par un simple contact : mais il faut pour cela que leur superficie soit nette ek pure, c’est-à-dire, nettoyée de toute crasse ou matière étrangère ; car en général les métaux ne contractent d'union qu'entre eux, et jamais avec les autres substances. Il faut de même que l’étain qu'on veut appliquer à la surface du fer ou du cuivre, soit purgé de toute matière hétérogène , et qu'il ne soit La é DES MINÉRAUX, 109 que fondu, et point du tout calciné ; etcomme le degré de chaleur qu’on donne au fer et au cuivre pour recevoir l’étamage, ne laisseroit pas de calciner les parties de l'étain au mo- ment de leur contact, on enduit ces métaux avec de la poix résine ou de la graisse qui revi- vife les parties calcinées, et conserve à l’é- tain fondu son état de métal assez de temps pour qu'on puisse l'étendre sur toute la sur face que l’on veut étamer. Au reste, cet art de l’étamage, quoiqu'aussi universellement répandu qu'anciennement usité*, et qu’on n’a imaginé que pour parer aux effets funestes du cuivre, devroit néan- moins être proscrit, ou du moins soumis à un réglement de police, si l’on avoit plus de soin de la santé des hommes ; car les ouvriers mêlent ordinairement un tiers de plomb dans l'étain pour faire leur étamage sur le cuivre, que les graisses, les beurres, les huiles et les sels changent en verd-de-gris: or leplomb produit des effets à La vérité plus lents, mais * Pline en parle: Sfannum illitum œneis vasis sapores gratiores facit, et compescit æruginis vi- rus. ( Hist. nat, Dh, RTE çap. 16.) Mar, gén, XIE. 19 . XE0 HISTOIRE NATURELLE. tout aussi funestes que le cuivre. On ne fais donc que substituer un mal au mal qu’ on vouloit éviter, et que même on n ‘évite pas eu entier; car le verd-de-sris perce en peu de temps le mince enduit de l’étamage, et l’on seroit épouvanté si l’on pouvoit compter le nombre des victimes /du cuivre dans nos laboratoires et nos cuisines. Aussi le fer est- il bien préférable pour ces usages domes- tiques; c'est le seul de tous les métaux im- parfaits qui n’ait aucune qualité funeste : mais il noircit les viandes et tous les autres mets ; il lui faut donc un étamage d'étain pur, et l’on pourroit, comme nous l'avons dit, s'assurer par l'eau régale s’il est exempt d’arsenic , et u’employer à l’étamage du fer que de l’étain épuré et éprouvé. On se sert de résine, de graisse, et plus efficacement encore de sel ammoniac, pour empêcher la calcination de l’étain au moment de son contact avec le fer. En plongeant une lame de fer polie dans l’étain fondu , elle se. couvrira d’un enduit de ce metal ; et l’on a observé qu'en mettant de l’étain dans du fer fondu , ils forment ensemble de petits glo- bules qui décrépitent avec explosion. W: a Æôt la chaux d'étain, à un feu violent, elle . s'allume et produit une flamme assez vive DES MINÉRAUX. tte. Au reste, lorsqu'on pousse l’étain, ou plu- après avoir fumé; ona recueilli cette fumée métallique qui se condense en poudre blanche. M. Geoffroy, qui a fait ces observations , remarque aussi que dans la chaux blanche ou potée d’étain il se forme quelquefois des parties rouges. Ce dernier fait me pa- roît indiquer qu'avec un certain degré de feu , on viendroit à bout de faire une chaux rouge d’étain, puisque ce n’est qu'avec un certain degré de feu bien déterminé, et ni trop fort ni trop foible, qu'on donne à la chaux de plomb le beau rouge du minium. Nous ne pouvons mieux finir cet article de l’étain qu’en rapportant les bonnes observa- tions que MM. Bayen et Charlard ont faites sur les différens étains qui sont dans le com- merce. Ils en distinguent trois sortes : 4 Ve tain tel qu'il sort des fonderies, et sans mé- lange artificiel; 2°. l’étain allié dans les fon- deries, suivant l’usage ou la Loi des différens pays ; 3°. l’étain ouvragé par les potiers. Ces habiles chimistes ont reconnu, par des com- paraisons exactes et multipliées , que les 112 HISTOIRE NATURELLE. M étains de Malaca et de Banca, ainsi que . y celui qu’ils ont reçu d'Angleterre en petits M ‘échantillons de quatre à cing onces, et aussi « celui qui se vend à Paris sous le nom d’éfair « doux, ont tous le plus grand et le même éclat ; qu’ils résistent également et long- | temps au% impressions de l'air sansseternir; M qu'ils sont les uns et les autres si ductiles ou extensibles , qu'on peut aisément Les réduire sous le marteau en feuilles aussi minces que le plus fin papier, sans y faire de gerçure; qu’on en peut plier une verge d’une ligne de diamètre, quatre-vingts fois à angle droit, sans la rompre; que le cri de ces étains doux est différent de celui des étains aigres; et qu'enfin ces étains doux , de quelques pays qu'ils viennent , sont tous de la même den- sité ou pesanteur spécifique. DU PLOMB. L> plomb, quoique le plus dense * des mé- taux après l’or, est le moins noble de tous ; il est mou sans ductilité, et il a plus de poids que de valeur. Ses qualités sont nui- sibles , et ses émanations funestes. Comme ce métal se calcine aisément, et qu’il est presque aussi fusible que l’étain , ils n’ont tous deux pu supporter l’action du feu primitif sans se convertir en chaux : aussi le plomb ne se trouve pas plus que l’étain dans l’état de mé- tal; leurs mines primordiales sont toutes en nature de chaux ou dans un état pyri- teux : elles ont suivi le même ordre , subi les mêmes effets dans leur formation ; et la * Selon M. Brisson, le pied cube de plomb fon- du , écroui ou non écroui, pèse également 794 livres 10 onces 4 gros 44 grains : ainsi ce métal n’est sus- ceptible d’aucune compression, d'aucun écrouisse= went , par la percussion. 10 Xr4 HISTOIRE NATURELLE différence la plusessentielle deleursminérais, c'est que celui du plomb est exempt d’arse- À nic, taridis que éelui de l’étain en est tou— | jours mêlé ; ce qui semble indiquer que la formation des mines d’étain est postérieure ? à celle des mines de plomb. à La galène de plomb est une vraie pyrite, É qui peut se décomposer à l’air comme les 1 autres pyrites, et dans laquelle est incorpo- | rée la chaux du plomb primitif, qu'il faut revivifier par notre art pour la réduire en métal : on peut même imiter artificielle- ment cette pyrite ou salène en fondant du soufre avec Le plomb ; le mélange s’enflamme sur le feu , et laisse après la combustion une litharge en écailles, qui ne fond qu'après : avoir rougi, et se réunit par la fusion en : une masse noirâtre, disposée en lames minces et à facettes, semblables à celles de la galène naturelle : le foie de soufre convertit aussi la chaux de plomb en galène. Ainsi l’on ne peut guère douter que les galènes en général n'aient originairement été des chaux de plomb , auxquelles l’action des principes du soufre aura donné cette forme de minérali- sation. DES MINÉRAUX. vré * Cette galène ou ce minérai de plomb affecte une figure hexaëdre presque cubique ; sa couleur est à peu près la même que celle du plomb terni par l’air, seulement elle est un peu plus foncée et plus luisante ; sa pesan- teur approche aussi de celle de ce métal : mais la galène en diffère en ce qu’elle est cassante et feuilletée assez irrégulièrement ; elle ne se présente que rarement en petites. masses isolées *, mais presque toujours em groupes de cubes appliqués assez régulière- ment les uns contre les autres. Ces pyrites cubiques de plomb varient pour la grandeur ; il y en a de si petites dans certaines mines, qu'on ne les apperçoit qu’à la loupe, et dans d’autres on en voit qui ont plus d’un demi- pouce en toutes dimensions. Il y a de ces mines dont les filons sont si minces, qu’on a peine à les appercevoir et à les suivre, tandis qu'il s’en trouve d’autres qui ont plusieurs * M. de Grignon m'a dit avoir ebservé dans le Limosin une mine de plomb qui est en crystaux oclaèdres , isolés ou groupés par une ou deux faces ; cetle mine gît dans du sable quartzeux légérement aggluuiné. m6 HISTOIRE NATUREËLE . pieds d'épaisseur; et c’est dans les cavités de | ces larges filons que la galène est en groupes plus uniformes et en cubes plus réguliers. Le # quartz est ordinairement mêlé avec ces ga— lènes de première formation ; c’estleur gangue à. naturelle, parce que la substance du plomb en état de chaux a primitivement été déposée dans les fentes du quartz, où l'acide est en- suite venu la saisir et la minéraliser. Souvent cette substance du plomb s’est trouvée mêlée avec d’autres minérais métalliques ; car les galènes contiennent communément du fer et une petite quantité d'argent *, et dans leurs groupes on voitsouvent de petitesmasses interposées qui sont purement pyriteuses et ne contiennent point de plomb. Comme ce metal se convertit en chaux, non seulement par le feu, mais aussi par les élémens humides, on trouve quelquefois dans le sein de la terre des mines en céruse, qui * On ne connoît guère que la mine de Willach en Carinthie qui ne contienne point d'argent; et on a remarqué qu'’assez ordinairement plus les grains de la galène sont petits, et plus le minérai est riche en argent. DES MINÉRAUX. tr n'est qu'une chaux de plomb produite par l'acide de l'humidité. Ces mines en céruse ne sont point pyriteuses comme la galène ; pres- que toujours on les trouve mêlées de plusieurs autres matières métalliques qui ont été dé- -composées en même temps, et qui toutes sont de troisième formation : car, avant cette décomposition du plomb en céruse , on peut compter plusieurs degrés et nuances par les- quels la galène passe de son premier état à des formes successives ; d’abord elle devient cha- toyante à sa surface ; et à mesure qu’elle avance dans sa décomposition , elle perd de son brillant et prend des couleurs rougeâtres et verdâtres. Nous parlerons, dans la suite, de ces différentes espèces de mines , qui toutes sont d'un temps bien postérieur à celui de la formation de la galène, qu'on doit regarder comme la mère de toutes les autres mines de plomb. | La manière de traiter ces mines en galène, quoiqu’assez simple , n’est peut - être pas encore assez connue. On commence par con- casser le minérai ; on le grille ensuite en ne lui donnant d’abord que peu de feu ; on l’é- tend sur l'aire d'un fourneau qu’on chauffe l'ait HISTOIRE NATURELLE | graduellement ; on remue la matière de ol Î en temps, et d'autant plussouvent qu’elle est 4 en plusgrande quantité. S’ilyena vingt quin- taux , il faut un feu gradué de cinq ou six LA heures ; on jette de la poudrede charbon sur le minérai, afin d'opérer la combustion des par- ties sulfureuses qu'il contient; ce charbon, en s’enflammant, emporte aussi V'air fixe de la: chaux métallique ; elle se réduit dés lors en. metal coulant à mesure qu’on remue le mi- nérai et qu’on augmente le feu : on a soin de recueillir le metal dans un bassin, où l’on | doit le couvrir aussi de poudre de charbon, pour préserver sa surface de toute calcina- tion.On emploieordinairement quinze heures RE SR GE À AE pour tirer tout le plomb contenu dans vingt quintaux de mine, et cela se fait à trois reprises différentes. Le métal provenant de | la première coulée , qui se fait au bout de neuf heures de feu , se met à part lorsque la mine de plomb contient de l'argent ; car alors le métal qu’on recueille à cette pre- mière coulée, en contient plus que celui des coulées subséquentes. La seconde coulée se fait après trois autres heures de feu ; elle est moius riche en argent que la première. Enfin _ it AA À | DES MINÉRAUX. | T19 la troisième et dernière, qui est aussi la plus } pauvre en argent , se fait encore trois heures après; et cette manière d'extraire le métal à plusieurs reprises est très-avantageuse dans les travaux en grand , parce que l’on con- centre, pour ainsi dire , par cette pratique, out l’argent dans la première coulée, sur- tout lorsque la mine n’en contient qu’une petite quantité : ainsi on n’est pas obligé de rechercher l'argent dans la masse entière du plomb , mais seulement dans la portion de cette masse qui est fondue la première. Nous avons en France plusieurs mines de plomb , dont quelques unes sont fort abon- dantes et en pleine exploitation. Celles de la Croix en Lorraine donnent du plomb, de l'argent et du cuivre. Celle de Hargenthen, dans la Lorraine allemande, est remar- > quable en ce qu'elle se trouve mêlée avec du charbon de terre: cette circonstance démontre assez que c'est une mine de seconde forma- tion. Au 7’al Sainte-Marie, la mine a les couleurs de l'iris, et est en grains assez gros. Celles de Sainte-Marie-aux-mines et celles de Stenbach en Alsace contiennent de l'argent; celles du village d'Auxelles n'en tienuentque 0 HISTOIRE NATURELLE peu ; et enfin les mines de Saint-Nicolas et. d’Astenbach sont de plomb et de cuivre. Dans la Franche-Comté, on a reconnu un 1 1 li À filon de plomb à Ternan, à trois lieues dé Château-Lambert ; d’autres à Frêne, à Plan- cher-les-Mines, à Baudy , etc. En Dauphiné, on exploite une mine de plomb dans la montagne de Vienne ; on en a abandonné une autre au‘village de la Pierre, diocèse de Gap, parce que les filons sont devenus trop petits. Il s’en trouve une à deux lieues du bourg d'Oisans, qui a donné cinquante-neuf livres de plomb et quinze deniers d'argent par quintal. " En Provence , on en connoît trois ou quatre , et plusieurs dans le Vivarais, le Languedoc , le Roussillon et le comté de Foix, le pays de Comminges. On trouveaussk plusieurs mines de plomb dans le Bigorre, le Béarn et la basse Navarre. | Ces provinces ne sont pas les seules en France dans lesquelles on ait découvert et travaillé des mines de plomb : il s’en trouve aussi, et même de très-bonnes , dans le Lyon- nois, le Beaujolois , le Rouergue, le Limosin, l Auvergue, Le Bourbonnois, l’Anjou, la pro- DES MINERAUX. 12r vince de Normandie et la Bretagne, où celles de Pompean et de Poulawen sont exploitées avec succès ; on peut même dire que celle de Pompéan est la plus riche qui soit en France, et peut-être en Europe. Nous en avons au Ca- binet du roi un très-gros et très-pesant mor-— ceau, qui m'a été donné par feu M. le cheva- lier d'Arcy, de l'académie des sciences. | M. de Gensanne, l’un de nos plus habiles minéralogsistes, a fait de bonnes observations sur la plupart de ces mines : il dit que dans le Gévaudan on en trouve en une infinité d’endroits ; que celle d’Alem:, qui est à grosses mailles, est connue dans le pays sous le nom de vernis, parce que les habitans la vendent aux potiers pour vernisser leurs terreries: ik ajoute que les veines de cette mine sont, pour da plupart, horizontales, et dispersées sans suite dans une pierre calcaire fort dure. On trouve aussi de cette mine à vernis en grosses lames auprès de Combette, paroisse d’Ispagnac. Le docteur Astruc avoit parlé, plusieurs années auparayant, d'une sem- blable mine près de Durfort, dans le diocèse d’Alais, qu'on employoit aussi pour ver- nisser les poteries. M. de Gensanne a observé, 11 x22 HISTOIRE. NATURELLE dans les mines de plomb de Pierre-lade , \ diocèse d’'Uzès, que l un des filons donne quelquefois de l’argent pur en filigranes xet "à qu'en général ces mines rendent quarante livres de plomb et deux ou trois onces d’ar- gent par quintal; mais il dit que le minérai est de très-difficile fusion, parce qu’il est-in- timement mêlé avec de la pierre cornée. Dans la montagne de Mat-imbert , il y a deux gros filons de mine de plomb riches en argent : ces filons, qui out aujourd’hui trois à quatre toises d'épaisseur d’un très = beau spath piqueté de minéral, traversent deux montagnes, et paroissent sur plus d’une lieue de longueur ; il y a des endroits où leur gangue s'élève au-dessus du terrain de cinq à six toises de hauteur. Cet habile minéra- logiste cite encore un grand nombre d’autres mines de plomb dans le Languedoc, dont plusieurs contiennent un peu d'argent, et dout le minéral paroit presque par-tout à la surface de la terre. « Près des bains de la «a Malon, diocèse de Béziers, on ramasse, « dit-il, presque à la surface du terrain, des « morceaux de mine de plomb dispersés et « enveloppés dans une ocre jaunâtre. Il régne tail er, 7 DES MINÉRAUX. 123 _& tout le long de ce vallon une quantité de « veines de plomb, d'argent et de cuivre : « ces veines sont, la plupart, recouvertes par «une espêce de minéral ferrugineux d’un « rouge de cinabre, et tout-à-fait semblable « à de la mine de mercure. » À Dans le Vivarais, M. de Gensanne indique les mines de plomb de l’Argentière, celles des montagnes voisines de la rivière de la Douce, celles de Saint-Laurent-les-Bains, du vallon de Mayres, et plusieurs autres qui méritent également d’être remarquées ; il en a aussi reconnu quelques autres dans diffé- rens endroits de la province du Vélay. En Franche-Comté, à Plancher-les-Mines, . dans la grande montagne, les mines sont de plomb et d'argent; elles sont ouvertes de temps immeémorial, et on y a fait des tra- vaux immenses. On voit à Baudy, près de Chäteau-Lambert, un filon qui règne tout le long d’une petite plaine sur le sommet de la montagne. Cette veine de plomb est sous une roche de granit, d'environ trois toises : d'épaisseur, et qui ressemble à une voûte en pierres sèches qu'on auroit faite exprès; elle s étend sur toute la longueur de la plaine, x24 HISTOIRE NATURELLE PA en forme de crête. Nous observerons sur cola. que cette roche ne doit pas être de granit primitif, mais seulement d’un granit formé par alluvion, ou peut-être même d’un grès | à gros grains, que les observateurs confon- dent souvent avec le vrai granit. ‘ Et ce qui confirme ma présomption, c’esf . que les mines ne se trouvent jamais dans les montagnes de granit primitif, mais toujours dans les schistes ou dans les pierres calcaires qui leur sont adossées. M. Jaskevisch dit, en. parlant des mines de plomb qui sont à quel- que distance de Fribourg en Brisgau, que ces miues se trouvent des deux côtes de la montagne de granit, et qu’il n'y en a aucune trace dans le granit même. En Espagne, M. Bowles a observé plusieurs mines de plomb , dont quelques unes onf donné un très-grand produit, et jusqu'à quatre-vingts livres par quintal. En Angleterre, celle de Mendip est une galène en masse, sans gangue et presque pure. Il y a aussi de très-riches mines de ce métal dans la province de Darby, ainsi que dans les montagnes des comtés de Cardigan et de Cumberland ; et l’on en connoit 4 : Le PET, (DES MINÉRAUX. i25 ‘encore d'aussi pures que celle de Mendip ; dans quelques endroits de l'Écosse. M. Guettard a reconnu des indices de mines de plomb en Suisse, et il a observé de bonnes mines de ce métal en Pologne : elles sont, dit-il, abondantes et riches en argent. Il dit aussi que la mine d’Olkuszow, diocèse de Cracovie, est sans matière étran- gère. Il y a dans la Carinthie des mines de plomb qui sont en pleine exploitation; elles gisent dans des montagnes calcaires , et l’on en tire par année vingt mille quintaux de plomb. Les mines de plomb que l’on trouve dans le Palatinat en Allemagne, sous la forine d’une pierre crystallisée, sont exemptes de même de toute matière étrangère ; ce sont des mines _ en chaux, qui, comme celle de plomb blan- che, ne contiennent en effet que du plomb, de l'air et de l’eau, sans mélange d'aucune autre matière métallique. On voit, par cette énumération, qu'il se trouve un grand nombre de mines de plomb dans presque toutes les provinces de l’Eu- rope; les plus remarquables, ou plutôt les mieux connues, sont celles qui contiennent 1 à 108. DATES DR S RES ONE ES 7 FC AN AE ENS A une quantité consulenatil d ain : ‘ilyet a de toute espèce en Allemagne, de même L' qu'en Suède, et jusqu en Norvége. On ne peut guère douter qu’il n’y ait tout « autant de mines de plomb en Asie qu’en Eu- w rope; mais nous ne pouvons indiquer que le … petit nombre de celles qui ont été remarquées par les voyageurs, etilen est de même decelles ‘de l'Afrique et de l'Amérique. En Arabie, … selon Niebuhr, il y a tant de mines de plomb dans l'Oman, et elles sont si riches, qu'on … en exporte beaucoup. À Siam, les voyageurs disent qu’on travaille depuis long-temps des mines de plomb et d’étain. En Perse, dit Tavernier, on n’avoit ni plomb ni étain que L celui qui arrivoit des pays étrangers; mais on a découvert une mine de plomb auprès de la ville d'Yerde. M. Peyssonnel a vu une mine de plomb dans l’île de Crète, dont il a tiré neuf onces de plomb sur une livre, et une très-petite quantité d'argent : il dit qu’en creusant un peu plus profondément, on dé- couvre quelquefois des veines d’un minérai de couleur grise, taillé à facettes brillantes , mêlé de soufre et d’un peu d’arsenic, et qu'il a tiré d’une livre de ce minérai sept ences de | | * DES MINÉRAUX. 127 plomb et une drachme d'argent. En Sibérie, il se tronve aussi nombre de mines de plomb, » dont quelques unes sont fort riches en ar- gent. Nous avons peu de connoissance des mines de plomb de l'Afrique; seulement le docteur Shaw fait mention de celles de Barbarie, dont quelques unes, dit-il, donnent quatre-vingts livres de métal par quintal. Dans l'Amérique septentrionale, on trouve de bonnes mines de plomb aux Illinois, au Canada, en Virginie; il y en a aussi beau- coup au Mexique, et quelques unes au Pérou. Toutes les mines de plomb en galène af- fectent une figure haxaëdre en lames écail- leuses ou en grains anguleux, et c’est en effet sous cette forme que la Nature a établi les mines primordiales de ce métal ; toutes celles qui se présentent sous d’autres formes ne proviennent que de la décomposition de ces premières mines, dont les détrimens, saisis par les sels de la terre, et mélangés d'autres minéraux , ont formé les mines secondaires de céruse, de plomb blanc, de plomb verd, de plomb rouge, etc. qui sont bien connues des naturalistes : mais gulière qui renferme des grains de plomb, tout-à-fait pur; voici l'extrait de ce qu'il dit l: à ce sujet : « Entre Pradel et Vairreau , il ya À «une mine de plomb dans des couches d’une « pierre calcaire fauve, et souvent rouge; le « filon n’a qu'un pouce et demi ou deux « pouces d'épaisseur, et s’étend presque tout « le long de la forêt des châtaigniers. C’est en « général une vraie mine de plomb blanche « et terreuse; mais ce qu’il y a de singulier, «c’est que cette substance terreuse renferme « daus son intérieur de véritables grains de « plomb tout faits, ce qui étoit inconnu jus- «qu'ici. Cette terre minérale qui renferme «ces grains rend jusqu’au-delà de quatre- « vingt-dix livres de plomb par quintal, et « les grains de plomb qu’elle renferme sont « très-purs et très-doux; ils n’affectent point « une configuration régulière, il y eu a de toutes sortes de figures; on en voit qui for- ment de petites veines au travers du miné- « ral en forme de filigrane, et qui ressem- « blent aux taches des dendrites. On trouve « du minéral semblable , et qui contient en « core plus de plomb natif, près du village À 2 M. de Gensanne fait mention dos. mine sin = ES = | 4 _ . DES MINÉRAUX. 129 - nde Fayet, et de même près de Villeneuve- « de-Berg, et encore dans la montagne qui « est à droite du chemin qui conduit à Au- « benas, à une petite lieue de Villeneuve-de- _ « Berg : les quatre endroits de ces montagnes « où l'on trouve ce minéral, sont à plus de « trois lieues de distance les uns des autres «sur un même alignement, et la ligne en- « tière a plus de huit lieues de longueur. Les « plus gros grains de plomb pur sont comme -« des marrons, ou de la grosseur d’une petite «noix; il y en a d’applatis, d’autres plus « épais et tout biscornus; la plupart sont de « la grosseur d’un petit pois, et il y en a qui « sont presque imperceptibles. La terre mé- « tallique qui les renferme est de la même « couleur que la litharge réduite en poussière «impalpable : cette terre se coupe au cou « teau , mais il faut le marteau pour la cas- « ser ; elle renferme aussi de véritables sco— « ries de plomb, et quelquefois une matière « semblable à de la litharge : cependant ce « minéral ne provient point d'anciennes fon- « deries ; d'ailleurs il est répandu dans une « très-grande étendue de terrain; on en trouve « sur un espace de plus d’un quart de lieue, \ + 2 LME AU : VAR TE ACTE LE tr Ur À \ "a + UT. PA" et À EM ls à hat #30 HISTOIRE NATURELLE «sans rencontrer de scories dans le voisi= «nage, où l’on n’a pas mémoire qu in 4 ait à &« jamais eu de fonderies *. » À * M. de Virly, président à la chambre des * comptes de Dijon, a éu la bonté de m'apporter un f morceau de cette mine mêlée de plomb tout pur, qu'il a trouvé à P'Argentière en Vivarais, sur l’une des deux montagnes entre lesquelles cette ville est À située ; 1] en a rapporté des morceaux gros comme | le poing , et communément il y en a de la grosseur d’un œuf: les uns ont l'apparence d’une terre mé- tallique ; ils ressemblent au massicot, et sont un peu ! transparens: d’autres, plus légers, sont en état de verre , et renferment des globules de métal plus ou moins gros, qui se laissent entamer au couteau, et sont réellement du plomb. Il y a beaucoup de mines de plomb en galène aux environs de l’Ar« gentière : elles ont été exploitées dans le temps des croisades comme mines d'argent ; c'est même , à ce que l’on dit, ce qui a donné le nom à la ville. Il n'y a point de vestiges d’anciens volcans dans ces deux montagnes, et ces matières de plomb, qui ont évidemment éprouvé l’action du feu, sont peut-être les restes d'anciennes exploitations, ou le produit de : la fusion des mines de galène par l’incendie ‘des forêts qui couvroïlent ces montagnes. DES MINÉRAUX. 13r Ces derniers mots semblent indiquer que M. de Gensanne soupçonne avec raison que le feu a eu part à la formation de cette mine singulière : s’il n’y a pas eu de fonderies dans ces lieux, il y a eu des forêts, et très-pro— bablement des incendies ; ou bien on doit supposer quelque ancien volcan, dont le feu aura calciné la plus grande partie de la mixe, et l'aura réduite en chaux blanche, en sco- ries, en litharge, dans lesquelles certaines parties se seront revivifiées en métal, moyen des matières inflammables qui ser= voient d'aliment à l'incendie : cette mine est donc de dernière formation. Comme elle git en grande partie sous la pierre calcaire, elle n’a pas été produite par le feu primitif, qui d'ailleurs l’auroit entièrement réduite en chaux; et n’y auroit pas laissé du métal; ce n’est donc qu'une mine ordinaire, qui a seulement été deénaturée accidentellemènt par le feu souterrain d’un ancien volcan, ou par de grands incendies à la surface du terrain. Et non seulement le feu a pu former ces mines de plomb en chaux blanche, mais l’eau peut aussi les produire. La céruse, que nous 13 HISTOIRE HART L voyons se former à l'air sur les plombs qui de y sont exposés, est une vraie chaux de ce métal, qui étant entraînée, transportée etA déposée en certains endroits de l’intérieur de k] la terre par la stillation des eaux, s’accu- « mule en masses ouen veines, sous une forme plus ou moins concrète. La mine de plomb … blanche n’est qu'une céruse uns Éga=. Î Jement produite par l’eau; il n’y a de diffé 1 rence qu’en ce que la céruse naturelle est plus ï mêlée de parties terreuses : ces mines de cé— ruse, les plus nouvelles de toutes, se for | ment tous les jours comme celles du fer en rouille, par les détrimeus de ces métaux. À Les mines de plomb vitreuses et crystalli- 1 sées, qui proviennent de la décomposition * des galènes, prennent différentes couleurs par | | le contact ou l’union des différentes subs-w tances métalliques qu'elles rencontrent : le” à fer leur donne une couleur rouge; et, selon * M. Monnet, il les colore aussi quelquefois en » verd. Cet observateur ditavoir remarqué dans 4 les mines de plomb de la Croix en Lorraine, ? uu grand nombre de crystaux de plomb verd dans les cavités de la gangue de cette RTE } qui n’est qu'une mine de fer grisatre; d'où î oi DES MINÉRAUX. 133 il conclut que les crystaux verds de plomb peuvent être formés de la décomposition de la galène par le fer. La galène elle-même peut se régénérer dans les mines de plomb qui sont en état de céruse ou de chaux blanche :on peut le démontrer tant par la forme fistuleuse de ces galènes qu’on appelle p/omb noir, que par plusieurs morceaux de mine dans les- quels la base des crystaux est encore de plomb blanc, seulement un peu rougeûtre, et dont la partie supérieure est convertie en galène. R En général, les mines de plomb tiennent . presque toutes une petite quantité d'argent; elles sont aussi très-souvent mêlées de fer e£ d'antimoine, et quelquefois de cuivre : mais Ton n’a qu'un seul exemple de mine de plomb tenant du zinc; et de même que l’on trouve de l’argent dans presque toutes les mines de plomb, on trouve aussi du plomb dans la plupart des mines d'argent : mais, dans les filons de ces mines, le plomb, comme plus pesant, descend au-dessous de l'argent, et 1l arrive presque toujours que les veines les plus riches en argent se changent en plomb à mesure qu'elles s'étendent en profondeur. | 12 _x34 HISTOIRE NATURELLE *. Pour connoître la quantité de métal qu’ ui mine de plomb peut contenir, il faut la gril ler en ne lui donnant d’abord que peu de feu , la bien layer ensuite, et l'essayer avec le flux noir, et quelquefois y ajouter de la limaille de fer, pour absorber le soufre que à le grillage n’auroit pas tout enlevé : mais | | quoique par ces moyens on obtienne la quan- tité de plomb assez juste, l’essai par la voie humide est encore plus fidèle. Voici le pro cédé de M. Bergman : on pulvérise la galène; on la fait digérer dans l’acide nitreux ou dans l'acide marin, jusqu'à ce que tout le plomb soit dissous , et alors le soufre minéral se pré- cipite; on s'assure que ce soufre est pur en le faisant dissoudre dans l’alcali caustique; on précipite le plomb par l’alcali crystallisé, et cent trente-deux parties de précipité indi- quent cent parties de plomb. Si le plomb tient argent , on le sépare du précipité par l’alcali volatil ; et s’il y a de l’antimoine, on le calcine par l’acide nitreux concentré : si la galène tient du fer, on précipite le plomb et l'argent qui peuvent y être unis, ainsi que la quantité de fer qui se trouve dans l'acide, en mettant une lame de fer dans la dissolu- \ : DES MINÉRAUX. 135 tion ; celle que la lame de fer a produite i in- dique exactement la quantité de ce métal contenue dans la galène. Le plomb extrait de sa mine par la fonte demande encore des soins tant qu'il est en métal coulant; car si on le laisse exposé à l'action de l’air, sa surface se couvre d’une poudre grise, dont la quantité augmente à mesure que le feu continue , en sorte que tout le metal se convertit en chaux, et ac- quiert, par cette conversion, une augmen- tation de volume très-considérable *. Cette chaux grise, exposée de nouveau à l’action du feu, y prend bientôt, en la remuant avec une spatule de fer, une assez belle couleur jaune, et dans cet état on lui donne le nom de massicot ; et si l’on continue de la remuer en la tenant toujours exposée à l'air, à un certain degré de feu, elle prend une belle. couleur rouge , et dans cet état on lui donne lé nom de zzinium : je dis à un certain degré de feu , car un feu plus fort ou plus foible ne changeroit pas le massicot en minium; et ce * M. Demeste dit que cetie augmentation de vo- Jume ou de pesanteur est comme de 113 à 100. 25. +. feu constant et nécessaire pour ee cad 4 -une belle couleur rouge, est de cent vingt & degrés*; car si l’on donne à cè même mi- nium une chaleur plus grande ou moindre, il perd également son beau rouge, redevient # jaune , et ne reprend cette couleur rouge à qu'au feu de cent vingt degrés de chaleur. À C’est à M. Geoffroy qu'est due cette intéres- sante observation, et c’est à M. Jars que nous « devons la connoissance des pratiques usitées … en Angleterre pour faire le minium engrande Rene, et par conséquent à moindres frais . qu'on ne le fait ordinairement. | Les Anglois ne se servent que de charbon de terre pour faire le minium, et ils pré- tendent même qu'on ne réussiroit pas avec le charbon de bois : cependant, dit M. Jars,, . il n’y auroit d'autre inconvénient que celui des éclats de ce charbon qui pourroient re- vivifier quelques parties de la chaux de plomb, ce qu’il est très-aisé d'éviter. Je ne pense pas, avec M. Jars, que ce soit làleseul inconvénient. Le charbon de bois ne donne pas une chaleur aussi forte n1 aussi constante * Division du thermomètre de Réaumur. Ed Lé F À k | | DES MINERAUX. 137 que le charbon de terre; et d’ailleurs l'acide sulfureux qui s'en exhale, et la fumée du bitume qu’il contient, peuvent contribuer à donner à la chaux de plomb la belle couleur rouge. | À | Toutes ces chaux de plomb blanches, grises, jaunes et rouges, sont non seulement très aisées à vitrifñier, mais même elles déter- minent promptement et puissamment la vi- trification de plusieurs autres matières : seules, elles ne donnent que de la litharge ou du verre jaune très-peu solide ; mais fon- dues avec le quartz, elles forment un verre très-solide, assez transparent, et d’une belle couleur jaune. Considérant maintenant Éles propriétés par- ticulières du plomb dans son état de métal, nous verrons qu'il est le moins dur et le moins élastique de tous les métaux ; que, quoiqu'il soit très-mou , 1l est aussi le moins ductile ; qu'il est encore le moins tenace ; puisqu’un fil d’un dixième de pouce de dia- mètre ne peut soutenir un poids de trente livres sans se rompre : mais il est, après l’or, - Le plus pesant; car je ne mets pas le mercure ni la platine au nombre des vrais métaux. 7% HISTOIRE NATURELS Son poids spécifique est à à celui de l’eau dis + tillée comme 113525 sont à 10000, et le pied cube de plomb pur pèse sept cent quatre= ñ vingt-quatorze livres dix'onces quatré gros quarante-quatre grains*. Son oder est moins forte que celle du cuivre; cependant elle se fait sentir désagréablement lorsqu'on le frotte: Il est d’un assez beau blanc quand il vient d’être fondu , ou lorsqu'on l’entame et le coupe : mais l'impression de l’air ternit en peu de temps sa surface, qui se décompose en une rouille légère, de couleur obscure et bleuâtre. Cette rouille est assez adhérente au métal ; elle ne s’en détache pas aussi facile- ment que le verd-de-gris se détache du cuivre: c’est une espèce de chaux qui se revivifie aussi aisément que les autres chaux de plomb ; c’est une céruse commencée. Cette décomposition par les élémens humides se fait plus promp= tement lorsque ce métal est exposé à de fré- quentes alternatives de sécheresse et d’humi- dite. i Le plomb, comme l'on sait, se fond très< * Voyez la table des pesanteurs spécifiques , Fe M. Brissou. LM TN ji à _ *DES MINÉRAUX. 139 _ facilement; et lorsqu'on le laisse refroidir lentement, il forme des crystaux qu'on peut rendre très-apparens par un procédé qu'in- dique M. l’abbé Mongez : c’est en formant une géode dans un creuset dont le fond est envirouné de charbon, et qu'on perce dès que la surface du métal fondu a pris de la consistance. On obtient de cette manière des _ crystaux bien formés en pyramides trièdres isolées, et de trois à quatre lignes de lon- gueur. Je me suis servi du même moyen pour crystalliser la fonte de fer. Le plomb exposé à l’air dans son état de fusion, se combine avec cet élément, qui nou seulement s'attache à sa surface, mais se fixe dans sa substance, la convertit en chaux, et en augmente le volume et le: poids : cet air fixé dans le métal est la seule cause de sa conversion en chaux; le phlogistique ne. fait rien ici, et il est étonnant que nos chi- mistes s’obstinent à vouloir expliquer par l'absence et la présence de ce phlogistique les phénomènes de la calcination et de la revivification des métaux, tandis qu’on peut démontrer que le changement du métal en chaux, et son augmentation de volume ou rs HISTOIRE NATURELLE : pesanteur absolue, ne viennent qué de V aie Qui y est entré, puisqu’ on en retire cet air en même quantité, et que rien n’est plus simple et plus aisé à concevoir que la réduction de cette chaux en métal, puisqu'on peut égale- ment démontrer que l'air ayant plus d’afñi- nité avec les matières inflammables qu'avec le métal, il l’abandonne dès qu’on lui pré- Q sente quelqu’une de ces matières, et laisse par conséquent le métal dans l’état où il l’avoit trouvé. La réduction de la chaux des métaux n’est donc au vrai qu’une sorte de précipitation , aussi aisée à entendre, aussi facile à démontrer, que toute autre. … Nous observerons en particulier que le plomb et l’étain sont les deux métaux avec lesquels l’air se fixe et se combine le plus promptement dans leur état de fusion, mais que l’étain le retient bien plus puissamment. _ La chaux de plomb se réduit beaucoup plus aisément en métal que celle de l’étain par l'addition des matières inflammables : ainsi l'affinité de l’air s’exerce d’une manière plus intime avec l’étain qu'avec le plomb. Si nous comparons encore ces deux mé- taux par d’autres propriétés, nous trouve— A IN L / DES MINÉRAUX. t4E . xrons que le plomb approche de l’étain, non . seulement par la facilité qu'il a de se cal- ciner , mais encore par la fusibilité, la lesse, la couleur, et qu’il n’en diffère qu'en ce que, comme nous venons de le dire, la chaux du plomb est plus aisément réductible; et saque ces deux chaux soient d' abord de la même couleur grise, la chaux d’étain, par une plus forte calcination, devient blanche et reste blanche, tandis que celle de plomb devient jaune, puis rouge par une calcina- tion continuée : de plus, celle de l’étain ne se vitrifie que très-difficilement, au lieu que celle du plomb se change en un vrai verre transparent et pesant, et qui devient au feu si fluide et si actif, qu'il perce les creusets les plus compactes. Ce verre de plomb, dans lequel l’air fixe de sa chaux s’est incorporé, peut encore se réduire facilement en métal coulant; il suffit de le broyer et de le re- fondre en y ajoutant une matière inflam- mable, avec laquelle l'air ayant plus d’afhi- nité qu'avec le plomb, se dégagera en saisis- sant cette matière inflammable qui l’em- porte, et il laissera par conséquent le plomb dans son premier état de métal coulant. 142 HISTOIRE NATURELLE Le plomb peut s’allier avec tous les mé taux, à l'exception du fer, avec lequel il ne À . paroît pas qu’il puisse contracter d'union ine | time; cependant on peut les réunir de très— près, en faisant auparavant fondre le fer. M. de Morveau a dans son cabinet un culot formé d'acier fondu et de plomb, dans le- quel, à la vérité, ces deux métaux ne sont pas alliés, mais simplement adhérens de si près, que la ligne de séparation n’est PRIS pas sensible. La chaux de cuivre et celle de plomb mé- lanugées s’incorporent et se vitrifient toutes deux ensemble; le plomb entraîne le cuivre dans sa vitrification, et il rejette le fer sur les bords de la coupelle. C’est par cette pro- priété particulière qu'il purge l'or et l'argent de toute matière metallique étrangère. Per- sonne n’a mieux décrit tout ce qui se passe dans les coupellations que notre savant aca- démicien, M. Sage, dans ses Mémoires sur des essais. On a observé que le plomb et l’étain mélés ensemble se calcinent plus promptement et plus profondément que l’un ou l’autre ne se calcine seul. C’est de cette chaux, mi-partie DES MINÉRAUX. 143 d’étain et de plomb , quese fait l’émail blanc des faïences communes; et c’est avec le verre de plomb seul qu'on vernit les poteries de terre encore plus communes. | * Le plomb semble approcher de l'argent par quelques propriétés : non seulément il lui est presque toujours uni dans ses mines, mais lors même qu'il est pur et dans son état de métal , il présente les mêmes phéno- mènes dans ses dissolutions par les acides ; il forme, comme l'argent, avecl’acide nitreux, un sel plus.caustique que les sels des autres métaux. Ù Le plomb a aussi de l'affinité avec le mer- cure; ils s’amalgament facilement, et ils forment ensemble des crystaux : cet amal- game de plomb a la propriété singulière de décrépiter très-vivement sur le feu. L'ordre des affinités du plomb avec les | autres métaux, suivant M. Geller, est l’ar- gent, l’or, l’étain, le cuivre. Cette grande affinité de l'argent et du plomb que l’art nous démontre, est bien indiquée par la Nature ; car l’on trouve l'argent uni au plomb dans toutes les mines de première comme de der- nière formation. Ce sont les poudres des. 44 HISTOIRE NATURELLE mines primitives de l argent qui se : ja À unies et méêlées avec la chaux de plomb, et ent formé les galènes ou premiers minérais de ce métal; mais les affinités du plomb avec l'or, l’étain et le cuivre , que l’art nous a fait reconnoitre, ne se manifestent que par de légers indices dans le sein de la terre. Ce n’est point avec ces métaux que le plomb s’y combine; mais c’est avec les sels, et sur— tout avec les acides , qu’il prend des formes différentes : la galène, qu’on doit regarder comine le plomb de première formation, n’est qu'une espèce de pyrite composée de chaux de plomb et de l’acide uni à la subs- tance du feu fixe. L'air et les sels de la terre ont ensuite décompose ces galènes comme ils décomposent toutes les autres pyrites, et c’est de leurs détrimens que se sont formées toutes les mines de seconde et de troisième formation. Cette marche de la Nature est uniforme : le feu primitif a fondu, sublimé ou calciné les métaux; après quoi les éle- mens humides, Les sels, et sur-tout les acides, les ont attaqués, corrodés, dissous, et s’in- corporant avec eux, par une union intime, leur ont donné les nouvelles formes sous lesquelles ils se présentent. hi 5 DES MINÉRAUX. 145 Tous les acides minéraux ou végétaux peuvent entamer ou dissoudre le plomb: les huiles et les graisses agissent aussi sûr ce métal en raison des acides qu'elles con- tiennent ; elles l’attaquent sur-tout dans son état de chaux , et dissolvent la céruse , le mi- nium et la litharge, à l’aide d'une médiocre chaleur. | _ L’acide vitriolique doit être concentre et aide de la chaleur pour dissoudre le plomb. réduit en poudre métallique ou en chaux, et cette dissolution produit un sel qu’on ap- pelle vitriol de plomb. On a remarqué que le minium résiste plus que les autres chaux de plomb à cet acide, qu’il ne se dissout qu’en partie, et qu’il perd seulement sa belle cou- leur rouge, et devient d'un brun presque, noir. Les sels neutres qui contiennent de l'acide vitriolique , agissent aussi sur .les chaux de plomb; ils les précipitent de leur dissolution daus l’acide nitreux, et forment avec elles un vitriol de plomb. L'acide nitreux , loin d’être concentré comme le vitriolique, doit au contraire être afioibli pour bien dissoudre le plomb; et la dissolution, après l’évaporation , donne des Mat, gén. XIII. 13 146 HISTOIRE NATURELLE crystaux qui, comme tous les ‘autres sels | produits par ce même métal, ont plutôt une saveur sucrée que saline : au reste, cet acide dissout également le plomb dans son état de métal et dans son état de chaux, c’est-à-dire , | À | À f "4 les céruses, le massicot, le minium, et même les mines de plomb blanches, vertes et rouges, elc. L'acide marin ne dissout le plomb qu’à l’aide d’une forte chaleur : cette dissolution donne un sel dont les crystaux sont brillans et en petites aiguilles; cet acide, ainsi que les sels qui en contiennent, précipite le plomb de sa dissolution dans l’acide nitreux, et forme un sel métallique auquel les chi- mistes ont donné le nom de plornb corné, comme ils ont aussi nommé a7gent corné où lune cornée les crystaux de la dissolution de l'argent par le même acide marin. Le soufre s’unit aisément avec le plomb par la fusion; et lorsqu'on laisse ce mélange exposé à l’action du feu libre, 1l se brûle en partie, et le reste qui est calciné , forme une espèce de pyrite ou mine de proue > semblable à la galéne. Les acides végétaux, et en particulier 4 _ DES MINÉRAUX. r47 celui du vinaigre, attaquent et dissolvent le plomb ; c’est en l’exposant à la vapeur du vi- naigre qu'on le convertit en chaux blanche, et c'est de cette manière que l'on fait la céruse qui est dans le commerce: cette chaux ou céruse se dissout parfaitement dans le vinaigre concentré; elle y produit même une grande quantité de crystaux dont la saveur est sucrée : on a souvent abusé de cette pro- priété de la céruse et des autres chaux ou sels de plomb, pour adoucir le vin au détri- ment de la santé de ceux qui le boivent. Au reste, l’on ne doit pas regarder la céruse comme une chaux de plomb parfaite, mais comme une matièré dans laquelle le plomb n’est qu’à demi dissous ou calciné par l’acide érien, et reste encore plutôt dans l’état mé- allique que dans l’état salin , en sorte qu’elle n est pas soluble dans l'eau comme les sels. Le plomb se dissout aussi dans l’acide du tartre , à l'aide de la chaleur et d’une longue digestion ; si l’on fait évaporer cétte disso- lution, elle prend une consistance visqueuse, et donne un sel crystallisé en lames quarrées. Enfin les acerbes ne laissent pas d’avoir aussi quelque action sur le plomb; car la noix de Fi HISTOIRE NATURELLE galle le précipite de sa dissolution daus l'acide nitreux, et la surface de la liqueur se à couvre en même temps d’une pellicule à … reflets rouges et verds. | RAT ! Les alcalis fixes et volatils , non plus que … les terres absorbantes , ne font pas des effets bien sensibles sur le plomb dans quelque état qu’il soit : néanmoins ils ont avec ce métal une affinité bien marquée dans certaines cire constances; par exemple, ils le précipitent de sa dissolution dans l'acide marin, sous la forme d’une poudre blanche, qui se ternit bientôt à l’air comme le métal même. En comparant les mines primordiales des six métaux, nous voyons que l'or seul se trouve presque toujours en état de métal dans le sein de la terre; que quoiqu'il n'y soit. jamais pur, mais allié de plus ou moins d’ar- gent ou de cuivre, il ne se présente que rare- ment sous une forme minéralisée, et qu’il recouvre et défend l'argent de toute altéra- tion. On assure cependant que l’or est vrai- ment minéralisé dans la mine de Naghiac*, * M. Bergman, à qui M. Thunberg a envoyé un morceau de cette mine de Naghiac, s’est acsuré qu'il contenoit du quartz blanc , une pierre arénare DES MINÉRAUX. 149 et dans quelques pyrites nouvellement trou— vées en Dauphiné : mais ce métal ne doit néanmoins subir aucun changement , aucune altération , que par des combinaisons qui ne peuvent se trouver que très - rarement dans la Nature; et nous verrons, en traitant de la platine, que l'or, qui fait le fonds de sa substance, y est encore plus altéré, et presque dénature. Ces deux exemples sont les seuls qu'on puisse donner d’un changement d'état dans l'or, et l’on ne doit pas les regarder comme des opérations ordinaires de la Nature, mais comme des accidens si rares, qu’ils n'ôtent rien à la vérité du fait général, que l'or se présente par-tout dans l’état de métal, et seulement plus ou moins divisé et non minéralisé. L'argent se trouve assez souvent, comme l'or, dans l’état de métal pur ; mais il est encore plus souvent mêlé avec le plomb ow minéralisé , c'est-à-dire , altéré par les sels Blanchätre, se coupant au couteau, faisant effer- vescence avec les acides, et de la manganèse. La formation de cette mine ne doit donc être regardée que comme accidentelle, LL > 13 150 HISTOIRE NATURELLE. ki de la terre. Le cuivre résiste beaucoup moins à l'impression des élémens humides 3; et quoiqu'il se trouve quelquefois en état de métal, il se présente ordinairement sous des formes minéralisées et variées, pour ainsi dire , à l'infini. Ces trois métaux, l'or, l’ar- gent et le cuivre, sont les seuls quiaient pris, des les PARA temps , et conservé plus ou un. moins jusqu'à ce jour, leur etat métallique. | Le fer, le plomb et l’étain ne se trouvent pulle part et même n’ont jamais été dans cet état métallique; le feu primitif Les a fondus ou calcinés : Le fer, par sa fusion, s’est mêlé à la roche vitreuse, et le plomb et l’étain, après leur calcination, ont été saisis par l’a- cide et réduits en minérais pyriteux, ainsi que les cuivres qui n’ont pas conservé leur état de métal. Tous ces métaux ont souvent été mêlés les uns avec les autres ; et, dans les mines primordiales comme dans les mines secondaires, on les trouve quelquefois tous réunis ensemble. | , L) : N PDUMERCURE. Fur EN ne ressemble plus à l’étain ou au plomb dans leur état de fusion, que le mer- cure dans son état naturel : aussi l’a-t-on regarde comme un métal fluide, auquel on a cherché, mais vainement , les moyens de donner de la solidité ; on a seulement trouve que Le froid extrême pouvoit le coaguler sans lui donner une solidité constante, ni même aussi permauente , à beaucoup près, que celle de l’eau glacée ; et par ce rapportunique et singulier, le mercure semble se rappro- cher de la nature de l’eau, autant qu'il ap- proche du métal par d’autres propriétés, et notamment par sa densité, la plus grande de toutes après celle de l’or* : mais il diffère * La pesanteur spécifique de l’or à 24 karats est de 19258r, et celle du plomb, de r13523. La pesan= teur spécifique du mercure coulant est de r3566r, et celle du cinabre d’Almaden est de 102185. Voyez les Tables de M.Brisson. 152 HIST DIÉE NATURELLE de tout métal, et même de Met minéral mé. tallique, en ce qu’il n’a nulle ténacité, nulle dureté , nulle solidité, nulle fixilé , etilse rapproche encore de l’eau par sa volatilité, puisque, comme elle, 1l pe volatilise et s’é- vapore à une médiocre chaleur. Ce liquide minéral est-1l donc un métal , ou n’est-il pas une eau qui ressemble aux métaux parce qu’elle est chargée des parties les plus denses de la terre, avec lesquelles elle s’est plus inti- mement unie que dans aucune autre matière? On sait qu’en général toute fluidité provient, de la chaleur, et qu’en particulier le feu agi£ sur les métaux comme l’eau sur les sels, puisqu'il les liquéfie , et qu’il les tiendroitem une fluidité constante s’il étoit toujours aw même degré de violente chaleur, tandis que les sels ne demandent que celui de la tempé- rature actuelle pour demeurer liquides. Tous les sels se liquéfiant dans l’eau comme les métaux dans le feu, la fluidité dû mercure tient, ce me semble, plusau premier élément quan dernier; car le mercure ne se solidifie qu'en se glaçant comme l'eau : il lui faut même un bien plus grand degré de froid, parce qu'il estheaucoup plus dense. Le feu est DES MINÉRAUX. 153 ici en quantité presque infiniment petite, au lieu que ce même élément ne peut agir sur les métaux comme liquéfiant, comme dis- solvant, que quand il leur est appliqué en quantite infiniment grande, en comparaison de ce qu'il en faut au mercure pour demeu- rer liquide. De plus , le mercure se réduit en vapeurs par l'effet de la chaleur, à peu près comme l’eau, et ces deux vapeurs sont également incoercibles, même par les résistances les . plus fortes ; toutes deux font éclater ou fendre les vaisseaux les plus solides avec explosion : enfin le mercure mouille les métaux, comme l’eau mouille les sels ou les terres, à propor- tion des sels qu’elles contiennent. Le mer- cure ne peut-il donc pas être considéré comme une eau dense et pesante, qui ne tient aux métaux que par ce rapport de densité ? et cette eau plus dense que tous les liquides connus n’a-t-elle pas dû se former après la chüte des autres eaux et des matières éga- lement volatiles reléguées dans l’atmo- sphère pendant l’incandescence du globe ? Les parties métalliques, terrestres, aqueuses et salines, alors sublimées ou réduites en 154 HISTOIRE NATURELLE vapeurs, se seront combinées ; et tandis qu les matières fixes du globe se vitrifioient où se déposoient sous la forme de métal ou de chaux métallique, tandis que l’eau encore pénétrée de feu produisoit les acides et les sels , les vapeurs de ces substances. métal- liques, combinées avec celles de l’eau et des principes acides , n’ont-elles pas pu former cette substance du mercure, presque aussi volatile que l’eau , et dense comme le métal? Cette substance liquide qui se glace comme l'eau , et qui n’en diffère essentiellement que par sa densité, n’a-t-elle pas dû se trouver dans l’ordre des combinaisons de la Nature, qui a produit non seulement des métaux et des demi-métaux, mais aussi des terres me- talliques et salines, telles que l’arsenic ? Or, pour compléter la suite de ses opérations, n’a-t-elle pas dû produire aussi des eaux mé- talliques telles que le mercure? L’échelle de la Nature, dans ses productions métalliques, commence par l'or, qui est le métal le plus ivaltérable, et par conséquent le plus par- fait; ensuite l'argent, qui, étant sujet à quelques altérations , est moins parfait que l'or ; après quoi, le cuivre, l'étain et le DES MINÉRAUX. 155 plomb , qui sont susceptibles non seulement d'altération, mais de décomposition, sont des metaux imparfaits en comparaison des deux premiers : enfin le fer fait la nuance entre les métaux imparfaits et Les demi-métaux ; car le fer et le zinc ne présentent aucun ca- ractère essentiel qui doive réellement les faire placer dans deux classes différentes. La duc- tilité du fer est une propriété que l’art lui donne ; il se brûle comme le zinc : il lui faut seulement un feu plus fort, etc. On pourroit donc également prendre le fer pour le pre- mier des demi-metaux , ou le zinc pour le. dernier des métaux ; et cette échelle se con- tinte par l’antimoine , le bismuth, et finit | par les terres métalliques et par le mercure, qui n'est qu'une substance métallique liquide. On se familiarisera avec l’idée de cette pos- sibilité en pesant les considérations que nous venons de présenter, et en se rappelant que l’eau , dans son essence, doit être regardée comme un sel insipide et fluide ; que laglace, qui n’est que ce même sel rendu solide, le devient d'autant plus que le froid est plus grand ; que l’eau, dans son état de liquidité, peut acquérir de la densité à mesure qu'elle gout les sels; que aa Rte daié ét ; incompressible, et dès-lors composée de par- ties très-solides et très-dures ; que par con— # séquent elle deviendroit très-dense si ces mêmes parties s’unissoient de plus près : et : quoique nous ne connoissions pas au juste le . moyen que la Nature a employé pour faire ce rapprochement des parties dans le mer- cure, nous en voyons néanmoins assez POUL. être fondés à présumer que ce minéral fluide est plutôt une eau métallique qu'un vrai métal, de la même manière que l’arsenic, auquel on donne le nom de deni-métal, n'est qu'une terre plutôt saline que métallique, et non pas un vrai demi-métal. On pourra me reprocher. que j’abuse ici des termes en disant que le mercure mouille les métaux , puisqu'il ne mouille pas les autres matières , au lieu que l'eau et les autres liquides mouillent toutes les subs- tances qu'on leur offre, et que par consé- quent ils ont seuls la faculté de mouiller. Mais, en faisant attention à la grande densité du mercure et à la forte attraction qui unit entre elles ses parties constituantes , on sen- tira aisément qu'une eau dont les parties s'at- À DES MINÉRAUX. 157 tireroient aussi fort que celles du mercure, ne mouilleroit pas plus que le mercure, dont les parties ne peuvent se désunir que par la chaleur, ou par une puissance plus forte que celle de leur attraction réciproque, et que dès lors ces mêmes parties ne peuvent mouiller que l'or, l'argent, et les autres subs- tances qui les attirent plus puissamment qu'elles ne s’attirent entre elles : on sentira de même que si l’eau paroît mouiller indiffé- remment toutes les matières, c'est que ses parties intégrantes n'ayant qu'une foible adhérence entre elles, tout contact suffit pour les séparer; et plus l’attraction étrangère sur- passera l'attraction réciproque et mutuelle de ces parties constituantes de l’eau , plus les matières étrangères l’attireront puissamment et se mouilleront profondément. Le mercure, par sa très-grande fluidité, mouilleroit et pénétreroit tous les corps solides de la Nature, si la force d'attraction qui s’exerce entre ses parties en proportion de leur densité, ne les tenoit, pour ainsi dire, en masse, et ne les empêchoit par conséquent de se séparer et de se répandre en molécules assez petites pour pouvoir entrer dans les pores des substances | 14 158 HISTOIRE NATURELLE solides. La seule différence entre le mercure ‘à et l’eau dans l’action de mouiller ne vient ! donc que du plus ou moins de cohérence dans l'agrégation de leurs parties consti= tuantes, et ne consiste qu'en ce que celles de l’eau se séparent es unes des autres bien plus facilement que celles du mercure. Ainsi ce minéral, fluide comme l’eau, se glaçantcomme elle par le froid, se réduisant comme elle en vapeurs par le chaud, mouil- lant les métaux comme elle mouille les sels | et les terres, pénétrant même la substance des huiles et des graisses , et entrant avec elles dans le corps des animaux comme l’ean entre dans les végétaux , a de plus avec elle. un rapport qui suppose quelque chose de commun dans leur essence; c’est de répandre comme l’eau une vapeur qu’on peut regarder comme humide : c’est par cette vapeur que le mercure blanchit et pénètre l’or sans le toucher, comme l'humidité de l’eau répan- due dans l'air pénètre Les sels. Tout concourt donc, ce me semble, à prouver que le mer- cure n’est point un vrai métal, ni même un demi-métal, mais une eau chargée des par- ties les plus demses de, la terre, comme les DES MINÉRAUX. 159 demi-meétaux ne sont que des terres chargées de mème d’autres parties denses et pesantes qui les rapprochent de la nature des métaux. - Après avoir exposé les rapports que le mercure peut avoir avec l’eau, nous devons _ aussi présenter ceux qu'il a réellement avec les métaux. Il en a la densité, l’opacité, le brillant métallique ; il peut de même être dissous par les acides, précipité par les alca- lis:comme eux, il ne contracte aucune union avec les matières terreuses, et, comme eux encore , il en contracte avec les autres me- taux ; et si l’on veut qu'il soit métal, on pourroit même le regarder comme un troi- sième métal parfait, puisqu'il est presque aussi inaltérable que l’or et l’argent par les impressions des élémens humides. Ces pro- prietés relatives et communes le rapprochent donc encore plus de la nature du métal qu'elles ne l’éloignent de celle de l’eau , et je ne puis blämer les alchimistes qui, voyant toutes ces propriétés dans un liquide, l’ont regardé comme l’eau des métaux , et parti- culièrement comme la base de l’or et de l’ar- gent, dont il approche par sa densité, et auxquels il s'unit avec un empressement qui tient du magnétisme , et encore par e n’a, comme l'or et l'argent Sani odeur n saveur. Enfin on n’est pas encore bien assuré ‘4 que ce liquide si dense n’entre pas comme À principe dans la composition des métaux, et | qu'on ne puisse le retirer d'aucun minéral Î métallique. Recherchons donc sans préjugé quelle peut être l’essence de ce minéral am- phibie, qui participe de la nature du métal Ÿ et de celle de l'eau; rassemblons les princi- 1 paux faits que la Nature nous présente, et ceux que l’art nous a fait découvrir sur ses | différentes propriétés, avant de nous arrêter à notre opinion. | Mais ces faits paroissent d’abord innom= brables ; aucune matière n’a été plus essayée, plus maniée, plus combinée: les alchimistes sur-tout , persuadés que le mercure, ou la terre mercurielle, étoit la base des métaux, et voyant qu'il avoit la plus grande affinité avec l'or et l'argent, ont fait des travaux immenses pour tâcher de le fixer, de le con- vertir, de l’extraire: ils l’ont cherché non seulement dans les métaux et ininéraux, mais dans toutes les substances et jusque dans les plantes; ils ont voulu anobhir par DES MINÉRAUX. 16 son moyen les métaux imparfaits ; et quoi qu'ils aient presque toujours manqué le but de leurs recherches, ils n’ont pas laissé de faire plusieurs découvertes intéressantes. Leur objet principal n’étoit pas absolument chimérique, mais peut-être moralement im- possible à atteindre; car rien ne s'oppose à l’idée de la transmutation ou de l’anoblisse- ment des métaux, que le peu de puissance de notre art, en comparaison des forces de la Nature; et puisqu'elle peut convertir les élémens, n’a-t-elle pas pu, ne pourroit-elle pas encore transmuer les substances métal- liques ? Les chimistes ont cru, pour l'hon- neur du nom, devoir rejeter toutes les idées des alchimistes ; ils ont même dédaigné d'étudier et de suivre leurs procédés ; ils ont. cependant adopté leur langue , leurs carac- tères, et mème quelques unes des obscurités de leurs principes : le phlogistique , si ce n'est pas le feu fixe animé par l’air; le mi- néralisateur, si ce n’est pas encore le feu contenu dans les pyrites et dans les acides, me paroissent aussi précaires que la terre mercurielle et l’eau des métaux. Nous croyons devoir rejeter ésalement tout ce qui n'existe 14 es HISTOIRE NATURELLE pas, comme tout ce qui ne s entend pas, c'est-à-dire, tout ce dont on ne peut avoir : une idée nette; nous tàcherons donc, en faisant l’histoire du mercure, d'en écarter les fables autant que les chimères. Cousidérant d’abord le mercure tel que lé Nature nous l'offre, nous voyons qu'il ne, se trouve que dans les couches de la terre formées par le dépôt des eaux ; qu'il n'occupe pas, comme les métaux, les fentes perpendi- culaires de la roche du globe; qu'il ne git pas dans le quartz, et n’en est même jamais 4 ,* , . A ! accompagné; qu’il n’est point mêlé dans les minérais des autres métaux; que.sa mine, Li e L] à laquelle on donne le nom de cinabre, n'est point un vrai minérai, Mais un Composé , par simple juxtaposition, de soufre et de mercure a te qui ne se trouve que dans les montagnes à couches, et jamais dans les montagnes primitives; que par conséquent la formation de ces mines de mercure est : postérieure à celle des mines primordiales des métaux, puisqu'elle suppose lé soufre déja formé par la décomposition des pyrites: nous verrons de plus que ce n’est que très- rarement que le mercure se présente dans un [" Ée pi à à [ Ÿ £ !® DES MINÉRAUX. 163 état coulant, et que quoiqu'il ait moins d'affinité que la plupart des métaux avec le” soufre , il me s'est néanmoins incorporé qu'avec les pierres ou les terres qui en sont surchargées ; que jamais il ne leur est assez intimement uni pour n’en pas être aisément séparé; qu'il n’est même entré dans ces terres sulfureuses que par une sorte d'imbi- bition , comme l’eau entre dans les autres terres, et qu'il a dû les pénétrer toutes Les fois qu'il s'est trouvé réduit en vapeurs ; qu'’enfin il ne se trouve qu’en quelques en- droits particuliers , où le soufre s’est lui- même trouvé en grande quantité, et réduit en foie de soufre par des alcalis ou des terres calcaires , qui lui ont donné l’affinité néces- saire à son union avec le mercure : il ne se trouve, en effet, en quantité sensible , que dans ces seuls endroits; par-tout ailleurs il n’est que disséminé en particules si ténues, qu'on ne peut les rassembler, ni même les appercevoir que dans quelques circonstances particulières. Tout cela peut se démontrer en comparant attentivement les observa- tions et les faits, et nous allons en donner les preuves dañs le même ordre que nous Venons de présenter ces assertions. De trois Ence mines Hs mercure , stef dont chacune suffiroit seule aux besoins de an. tout l’univers, deux sont en Europe,etune en Amérique; toutes trois se présentent sous la forme solide de cinabre : la première dé ces mines est celle d’Idria dans la Carniole ; elle est dans une ardoise noire, surmontée de rochers calcaires : la seconde est celle d’Almaden en Espagne, dont les veines sont dans des bancs de grès : la troisième est celle de Guanca-velica, petite ville à soixante lieues de Pisco au Pérou. Les veines du ci-- nabre y sont ou dans une argille durcie et blanchäâtre, ou dans de la pierre dure. Ainst ces trois mines de mercure gisent également dans des ardoises ou des grès, c’est-à-dire, dans des collines ou montagnes à couches formées par le dépôt des eaux, et toutes trois sont si abondantes en cinabre , qu’il semble que tout le mercure du globe y soit accu- mulé; car les petites mines de ce minéral que l’on a découvertes en quelques autres endroits, ne peuvent leur être comparées ni pour l’étendue, ni pour la quantité de la malière, et nous n’en ferons ici mention que pour démontrer qu’elles se trouvent toutes 0 4 DES MINÉRAUX. 165 dans des couches déposées par les eaux de la mer, et jamais dans les montagnes de quartz ou des rochers vitreux qui ont été formés par le feu primitif. En France , on reconnut en 1759, à deux lieues de Bourbonne-les-Bains, deux espèces de terre qui rendirent une trois-centième partie de leur poids en mercure; elles gi- soient à quinze ou seize pieds de profondeur sur une couche de terre glaise. À cinq lieues de Bordeaux , près de Langon, 1l y a une fontaine au fond de laquelle on trouve assez souvent du mercure coulant. En Normandie, au village de la Chapelle , élection de Saint- Lo, il y a eu quelques travaux commencés pour exploiter une mine de mercure; mais le produit n’étoit pas équivalent à la dé- pense, et cette mine a étéabandonnée. Enfin, daus quelques endroits du Languedoc, par- ticulièrement à Montpellier, on a vu du mercure dans l’argille à de petites profon- deurs , et même à la surface de la terre. En Allemagne , 1l se trouve quelques mines de mercure dans les terres du Palati- nat et du duche de Deux-Ponts: et en Hon— -grie, les mines de cinabre, ainsi que celles d'Alimaden en M ee sol Ma D pagnées de mine de fer en rouille; et quel- quefois le fer , le mercure et le soufre, y sont tellement mêlés, ji ils ne font qu'un même corps. se AL À Cette mine d’Almaden est si riche, qu’elle a fait négliger toutes les autres mines de | mercure en Espagne ; cependant on en a | reconnu quelques unes près d’Alicante et de Valence. On a aussi exploité une mine de ce mineral en Italie, à six milles de la Z’a//e imperina, près de Feltrino ; mais cette mine est actuellement abandonnée. On voit de même des indices de mines de mercure en quelques endroits de la Pologne. . Eu Asie, les voyageurs ne font mention de mines de mercure qu’à la Chine et aux Philippines, et ils ne disent pas qu’il y en ait une seule en Afrique. Mais en Amé- rique , outre la grande et riche mine de Guanca-velica du Pérou, on en connoît quelques autres; on en a même exploité une près d’Azoque, dans la province de Quito. Les Péruviens travailloient depuis long- temps aux mines de cinabre sans savoir ce que c’étoit que le mercure; ils n’en connois- SEX ? DES MINÉRAUX. r6x soient que la mine, dont ils faisoient du ver- millon pour se‘peindre le corps ou faire des . images ; ils avoient fait beaucoup de travaux à Guanca-velica dans cette seule vue, et ce ne fut qu'en 1564 que les Espagnols com- mencèrent à travailler le cinabre pour en tirer Je mercure. On voit par le témoignage de Pline, que les Romains faisoient aussi grand cas du vermillon, et-qu’ils tiroient d’Espagne, chaque année , environ dix mille livres de cinabre tel qu’il sort de la mine, et qu'ils le préparoient ensuite à Rome, Théophraste, qui vivoit quatre cents ans avant Pline , fait mention du cinabre d’Es- pagne. Ces traits historiques semblent prou- ver que les mines d’Idria, bien plus voisines de Rome que celles d’Espagne, n’étoient pas encore connues ; et de fait, l'Espagne étoit policée et commerçante, tandis que la Ger- manie étoit encore inculte. _ On voit, par cette énumération des mines: de mercure des différentes parties du monde, que toutes gisent dans les couches de la terre remuée et déposée par les eaux, et qu'aucune ne se trouve dans les montagnes produites par le feu primitif, ni £ans les fentes du , 168 HISTOIRE NATURELLE quartz : on voit de même qu’on'ne trouve point le cinabre mêlé avec les mines des | \ autres métaux , à l’exception de celles de fer en rouille, qui, comme l’on sait, sont de dernière formation. L'établissement des mines primordialés d’or, d'argent et de cuivre, dans la roche quartzeuse , est donc bien antérieur à celui des mines de mercure; et dès lors n’en doit-on pas conclure qué ces métaux fondus ou sublimés par le feu pri- mitif n’ont pu saisir ni s’assimiler ane matière qui, par sa volatilité, étoit alors, comme l’eau , reléguée dans l’atmosphère ; que dès lors il n’est pas possible que ces mé- taux contiennent un seul atome de cette ma- tière volatile, et que par conséquent on doit renoncer à l’idée d’en tirer le mercure ou le principe mercuriel qui ne peut s’y trouver? Cette idée du mercure, principe existant dans l’or et l’argent, étoit fondée sur la grande affinité et l’attraction très-forte qui s’exerce entre le mercure et ces métaux ; mais on doit considérer que toute attraction, toute pénétration, qui se fait entre un solide et un liquide, est généralement proportionnelle, à la densité des deux matières, et que celle 7 | . 8e DES MINÉRAUX. 169 X du mercure étant très-srande, et ses molé- cules infiniment petites, il peut aisément pénétrer les pores de ces métaux, et les hu- mecter comme l’eau humecte la terre. Mais suivons mes assertions : j’ai dit que le cinabre n’étoit point un vrai minéral, mais un simple composé de mercure saisi _par le foie de soufre , et cela me paroît de- montré par la composition du cinabre arti- ficiel fait par la voie humide ; il ne faut que le comparer avec la mine de mercure pour être convaincu de leur identité de substance, Le cinabre naturel en masse est d’un rouge très -foncé : il est composé d’aiguilles lui- santes appliquées longitudinalement les unes sur les autres; ce qui seul suffit pour dé- montrer la présence réelle du soufre. On en fait en Hollande du tout pareil et en grande quantité. Nous en ignorons la mani- pulation, mais nos chimistes l’ont à peu près devinée : ils font du cinabre artificiel par le moyen du feu, en mélant du mercure au soufre fondu; et ils en font aussi par la voie humide, en combinant le mercure avec le foie de soufre. Ce dernier procédé paroît être celui de la Nature : le foie de soufre n’etant 19 170 HISTOIRE. NATURELLE ot que le soufre lui-même combiné avec les | matières alcalines, c’est-à-dire, avec toutes : Jes matières terrestres, à l’ exception de celles 1 qui ont été produites par le feu primitif, on peut concevoir aisément que dans les lieux où le foie de soufre et le mercure sé seront trouvés ensemble, comme dans les argilles, | les grès , les pierres calcaires, les terres limo- neuses et autres matières formées par le dé- pôt des eaux, la combinaison du mercure, du soufre et de l’alcali, se sera faite, et le cinabre aura été produit. Ce n’est pas que la Nature n’ait pu former aussi dans certaines circonstances du cinabre par le feu des vol- | cans; mais, en comparant les deux procédés par lesquels nous avons su limiter dans cette production du cinabre, on voit que celui de la sublimation par le feu exige un bien plus grand nombre de combinaisons que celui äe la simple union du foie de soufre au mercure par la voie humide. Le mercure n’a par lui-même aucune afi- nité avec les matières terreuses, et l’union, ; qu’il contracte avec elles par le moyen du foie de soufre, quoique permanente, n’est . point intime; car on le retire aisément des | Le _! DES MINÉRAUX. #7 masses les plus dures de cinabre en les expo- sant au feu |. Ce n’est donc que par des acci- dens particuliers , etnotamment par l’action des feux souterrains, que le mercure peut se séparer de sa mine, et c’est par’cette raison qu'on le trouve si rarement dans son état coulant. Il n’est donc entré dans les matières terreuses que par imbibition comme tout autre liquide, et il s’y est uni au moyen de Jla combinaison de leurs alcalisavec le soufre: et cette imbibition ou humectation paroiît bien demontrée, puisqu'il suffit de faire chauffer le cinabre pour le dessécher ?, c’est- à-dire, pour enlever le mercure, qui dès ? Il est aisé de reconnoître si une pierre contient du mercure ; 1l suffit de la faire chauffer et de la mettre toute rouge sous une cloche de verre, car alors la fumée qu’elle exhalera se convertit en petites goultelettes de mercure coulant. 2 Ceci est exactement vrai pour tout cinabre qui contient une base terreuse capable de retenir le soufre : cependant on doit excepter le cinabre qui ne seroit uniquement composé que de souire et de mercure, car il se sublimeroit plutôt que de se dé- composer ; mais ce cinabre sans base terreuse ne se trouve gutre dans la Nature. HER 172 HISTOIRE NATURELLE L) | lors s’exhale en vapeurs, comme l’eau s ex 1 { hale par le desséchement des terres humec- tées. EPA UE NL. s Le mercure a beaucoup moins d’affinité que la plupart des métaux avec le soufre, et 7 il ne s’unit ordinairement avec lui quepar J'intermède des terres alcalines : c’est par. cette raison qu’on ne le trouve dans aucune mine pyriteuse, ni dans les n'inérais d'au- |: cun métal, non plus que dans le quartz et autres matières vitreuses produites par le feu primitif; car les alcalis ni le soufre n’exis- toient pas encore dans le temps de la forma- tion des matières vitreuses/; et quoique les pyrites, étant d’une formation postérieure, contiennent déja les principes du soufre, c'est-à-dire, l’acide et la substance du feu, ce soufre n’étoit ni développé ni formé, et | ne pouvoit par conséquent se réunir à l’al- cali, qui lui-même n’a été produit qu'après la formation des pyrites, ou tout au plus tôt en même temps. | Enfin , quoiqu'on ait vu par l’'énuméra- tion que nous avons faite de toutes les mines connues, que le mercure ne se trouve en grande quantité que dans quelques endroits / 14 ©! DES MINÉRAU X. 173 | particuliers, où le soufre tout formé s'est trouvé réuni aux terres alcalines, il n’en faut cependant pas conclure que ces seuls en- droits contiennent toute la quantité de mer- cure existante : on peut ét même on doié croire au contraire qu’il y en a beaucoup à la surface et dans les premières couches de Ja terre; mais que ce minéral fluide étant, par sa nature, susceptible d’une division presque in- finie, 11 s’est disséminé en molécules si ténues, qu’elles échappent à nos yeux, et même à toutes les recherches de notre art, à moins qué par hasard, comme daus les exemples que nous avons cités, ces molécules ne se trouvent en assez grand nombre pour pou- voir les recueillir ou les réunir par la subli- mation. Quelques auteurs ont avancé qu’on a tire du mercure coulant, des racines d’une certaine plante semblable au doronic; qu’à la Chine on en tiroit du pourpier sauvage: je ne veux pas garantir ces faits; mais il ne me paroîit pas impossible que le mercure dissémine en molécules très — petites soit pompe avec la séve par les plantes, puisque nous savons qu’elles pompent les particules du fer contenu dans la terre végétale. | 15 MAMAN CL AU", br \4 Va né 4. RE ‘ 274 H ISTOIRE NATURELLE di En faisant subir au cinabre l’action de | feu dans des vaisseäux clos, il se sublimera sans changer de nature, c’est-à-dire, sans se décomposer; mais en l’exposant au même degré de feu dans des vaisseaux ouverts, le soufre du cinabre se brûle, le mercure se volatilise et se perd dans les airs : on est donc oblige, pour le retenir, de le sublimer en vaisseaux clos; et afin de le séparer du soufre qui se sublime en même temps, on mêle avec le cinabre réduit en poudre, de la limaille de fer; ce métal ayant beaucoup plus d'affinité que le mercure avec le soufre, s’en empare à mesure que le feu le dégage, et, par cet intermède , le mercures’élève seul en vapeurs, qu'il est aisé de recueillir en petites gouttes coulantes , dans un récipient a demi plein d’eau. Lorsqu'on ne veut que s'assurer si une terre contient du mercure ou n’en contient pas, il suffit de mêler de la poudre de cette terre avec de la limaille de fer sur une brique que l’on couvre d’un vase de verre, et de mettre du feu sous cette brique : si là terrecontient du mercure, on le verra s'élever en vapeurs qui se condenserout au haut du vase en petites gouttes de mer- cure coulant. x DES MINÉRAUX. 175 . . Après avoir considéré le mercure dans sa mine, où il fait partie du solide de la masse, il faut maintenant l’examiner dans son état fluide. Il a le brillant métallique peut-être . plus qu'aucun autre métal , la même cou- leur ou plutôt le même blanc que l'argent ; sa densité est entre celle du plomb et celle de l'or : il ne perd qu'un quatorzième de son poids dans une eau dont le pied cube est sup- posé peser soixante-douze livres, et par con- séquent le pied cube de mercure pèse mille huit livres. Les élémens humides ne font sur le mercure aucune impression sensible ; sa surface même ne se ternit à l’air que par la poussière qui la couvre, et qu'il est aisé d’eu séparer par un simple et léger frottement : il paroît se charger de même de l’humidité répandue dans l'air; mais en l’essuyant, sa surface reprend son premier brillant. On a donné le nom de zercure vierge à celui qui est le plus pur et le plus coulant, et qui se trouve quelquefois dans le sein de la terre après s’ètre écoulé de sa mine par la seule commotion, ou par un simple mouve- ment d'agitation , sans le secours du feu. Celui que l’on obtient par la sublimation est Y76 HISTOIRE NATURELLE À moins pur, et l'on pourra reconnoitre < ne grande pureté à un effet très=remarquable ; si c'est qu’en le secouant dans un tuyau de verre, son frottement produit alors une lu- mière sensible et semblable à l’éclair élec— trique : l'électricité est en effet la cause de cette apparence lumineuse. Le mercure répandu sur la surface polie de toute matière avec laquelle il n’a point d'affinité, forme, comme tous les autres li— quides, de petites gouttes globuleuses par la seule force de l’attraction mutuelle de ses parties. Les gouttes du mercure se forment non seulement avec plus de promptitude , mais en plus petites masses, parce qu’étant douze ou quinze fois plus dense que les autres liquides, sa force d'attraction est bien plus grande et produit des effets plus +: parens. Il ne paroïît pas qu’une chaleur modérée , quoique très-long-temps appliquée, change rien à l’état du mercure coulant ;, mais lors- qu’on lui donne un degré de chaleur beau- coup plus fort que celui de l’eau bouillante, l'attraction réciproque de ses parties n’est plus assez forte pour les tenir réunies : elles . DES MINERAUX. 177 se séparent et se volatilisent, sans néanmoins changer d'essence ni même s’altérer; elles sont seulement divisées et lancées par la force de la chaleur : on peut les recueillir en arrê- tant cet effet par la condensation, et elles se représentent alors sous la même forme et telles qu’elles étoient auparavant. Quoique la surface du mercure se charge des poussières de l'air, et même des vapeurs de l’eau qui flottent dans l'atmosphère, il n'a aucune affinité avec l’eau, et il n’en prend avec l’air que par le feu de calcina- tion : l'air s'attache alors à sa surface et se fixe entre ses pores, sans s'unir bien intime- ment avec lui, et même sans se corrompre mi s’altérer; ce qui semble prouver qu'iln y a que peu ou point de feu fixe dans le mer- curé, et qu'il ne peut en recevoir à cause de l'humidité qui fait partie de sa substance, et même l’on ne peut y attacher l'air qu'au moyen d’un feu assez fort et soutenu pen- dant plusieurs mois. Le mercure, par cette: très longue digestion dans des vaisseaux qui ne sont pas exactement clos, prend peu à peu la forme d’une espèce de chaux, qui véanmoins est différente des chaux métal 18 HISTOIRE NATURELLE 0 car, quoiqu'elle en ait . apparence, * ce n’est cependant que du mercure chargé : d'air pur, et elle diffère des autres chaux métalliques en ce qu’elle se revivifie d’elle- ‘ même et sans addition d'aucune matière in- | flammable ou autre qui ait plus d’afñnité avec l’air qu'il n’en a avec le mercure ; 1l suffit de mettre cette prétendue chaux dans un vaisseau bien clos, et de la chauffer à un feu violent, pour qu’en se volatilisant, le mercure abandonne l'air avec lequel il n'e- toit uni que par la force d’une longue con- trainte et sans intimité, puisque l'air qu'on en retire est pur, et n’a contractéaucune des qualités du mercure; que d’ailleurs en pesant cette chaux , on voit qu’elle rend par sa re- duction la même quantité, c’est-à-dire, au- tant d'air qu'elle en avoit saisi : mais lors- qu'on réduit les autres chaux métalliques, c’est l'air que l’on emporte en lui offrant des matières inflammables , au lieu que, dans celle-ci, c’est le mercure qui est emporté et séparé de l'air par sa seule volatilité *. * Ayant communiqué cet article à mon savant ani M. de Morveau, aux lumières duquel j'ai la DES MINÉRAUX. 199 | Cette union de l’air avec le mercure n'est donc que superficielle; et quoique celle du soufre avec le mercure dans le cinabre ne plus grande confiance, Je dois avouer qu'il ne s’est pas trouvé de mon avis; voici ce qu'il m'écrit à ce sujet : « Il paroît que la chaux de mercure est une « vraie chaux mé tallique, dans le sens des chimistes « Stahliens, c'est-à-dire, à laquelle 11 manque le « feu fixe ou phlogistique. En voici trois preuves di- « rectes entre bien d’autres. r°. L'acide vitriolique « devient sulfureux avec le mercure; 1l n'acquieït « cette propriété qu’en prenant du phlogistique ; 1l « ne peut en prendre qu'où 1l y en‘a : le mercure « contient donc du pblogistique. Le précipité per « se de même avec l’acide vitriolique ne le rend pas « sulfureux ; il est donc privé de ce principe inflam- « mable. « 2°, L’acide nitreux forme de l'air nitreux avec : « loutes les matières qui peuvent lui fournir du « pblogistique; cela arrive avec le mercure, non « avec le précipité per se : l’un tient donc ce prin- « cipe, et l’autre en est privé. « 3°, Les métaux imparfaits traités au feu en vais- « seaux clos avec la chaux du mercure, se calcinent « pendant qu’il se détruit: ainsi l’un recoit ce que « l’autre perd. Avant l'opération, le métal impar- 180 HISTOIRE NATURELEE soit pas bien intime, cependant elle est beau | 4 coup plus forte et plus profonde : car en È mettant le cinabre en vaisseaux. clos comme la chaux de mercure, le cinabre ne se dé- compose pas ; il se sublime sans changer de « fait pouvoit fournir au nitre le phlogistique T2 « cessaire à sa déflagration ; il ne le peut plus après « l’opération: n’est-il pas évident qu'il en a été privé « pendant cette opération » ? Je conviens avec M. de Morveau de tous ces fants, et Je conviendrai aussi de la gs st qu'il en tive, pourvufqu’on ne la rende pas générale. Je suis bien éloigné de nier que le mercure ne contienne pas du feu fixe et de l’air fixe , puisque toutes les matières métalliques ou ter- Re. reuses en contiennent: mais je persinié à penser qu’une explication où l’on n'emploie qu'un de ces deux élémens , est plus simple que toutes les autres où l’on a recours à deux ; et c’est le cas de la chaux du mereure, dout la formation et la réduction s’ex- pliquent très-clairement par l'union et la séparation de Pair, sans qu'il soit nécessaire de recourir au phlogistique ; et nous croyons avoir très-suffisam- went démontré que l'accession ou la récession de l'air fixé sufhroit pleinement pour opérer et expli- quer tous les phénomènes de la formation et de Le réduction des chaux métalliques. 1 "4 | RE "DES MINÉRAUX. 58 mature et sans que le mercure se sépare ; au lieu que, par le même procédé, sa chaux se décompose et le mercure quitte l'air. Le foie de soufre paroit être la matière avec laquelle le mercure a le plus de ten- dance à s'unir, puisque, dans le sein de la terre , le mercure ne se présente que sous la forme de cinabre. Le soufre seul, et sans mé= lange de matières alcalines , n’agit pas aussi puissamment sur le mercure : il s’y mêle à peu près comme les graisses lorsqu'on les tri- ture ensemble ; et ce mélange où le mercure disparoît, n’est qu’une poudre pesante et noire à laquelle les chimistes ont donne le mom d’éf.iops minéral. Mais, malgré ce changement de couleuret malgré l’apparence d’une union assez intime entre le mercure et le soufre dans ce mélange , il est encore vrai que-ce n’est qu’une union de contact et très superficielle ; car 1l est aise d’en retirer sans perte et précisément la même quantité de mercuresauns la moindre altération ; etcomme nous avons vu qu’il en est de mème lorsqu'on revivifie le mercure du cinabre, il paroit démontré que le soufre, qui altère la plupart des métaux , ne cause auçun changement Mat, gén. XIII. 19 Au reste, me Fa mercure, Ad du feu et par l'addition de lair, prend la 4 forme d’une chaux ou d’une terre en poudre, cette poudre est d'abord noire, et devient ensuite d'un beau rouge en continuant le. feu ; elle offre mème quelquefois de petits crystaux transparens et d’un rouge de rubis. Comme la densité du mercure est très. grande , et qu'en même temps ses parties constituantes sont presque infiniment pe- tites, il peut s'appliquer mieux qu'aucun autre liquide aux surfaces de tous les corps polis. La force de son union par simple con- tact avec une glace de miroir a été mesurée par un de nos plus savans physiciens, ets'est trouvée beaucoup plus forte qu’on ne pour- roit l’imaginer. Cette expérience prouve en- core, comme je l’ai dit à l’article de l’étain, qu’il y a entre la feuille d'étain et la glace une couche de mercure pur, vif, et sans mé- lange d'aucune partie d’étain, et que cette couche de mercure coulant n’est adhérente à la glace que par simple contact. | Le mercure ne s’unit donc pas plus avec le verre qu'avec aucune autre matière terreuse; LA | \ hs" DE __ DES MINÉRAUX. 193 mais il s'amalgame avec la plupart des subs- tances métalliques. Cette union par amal- game est une humectation qui se fait souvent à froid et sans produire de chaleur ni d’effer- vescence, comme cela arrive dans les disso- Jutions : c’est une opération moyenne entre l’alliage et la dissolution ; car la première suppose que les deux matières soient liqué- fiées par le feu, et la seconde ne se fait que par la fusion ou la calcination du métal par le feu contenu dans le dissolvant, ce qui produit toujours de la chaleur : mais dans les amalgames il n’y a qu'humectation, et point de fusion ni de dissolution ; et même un de nos plus habiles chimistes * a observé que non seulement les amalgames se font sans produire de chaleur, mais qu’au con- traire ils produisent un froid sensible qu’on peut mesurer en y plongeant un thermo- mètre. | : On objectera peut-être qu’il se produit du froid pendant l’union de l’alcali minéral avec l'acide nitreux, du sel ammoniac avec l’eau, de la neige avec l’eau , et que toutes ces unions -* M. Demachy. 184 HISTOIRE NATURELLE sont bien de vraies dissolutions : mais cela’ mème prouve qu’il ne se produit du froid que quand la dissolution commence par l’hu- mectation ; car la vraie cause de ce, froid est l’évaporation de la chaleur de l eau, ou des liqueurs en général, qui ne peuvent mouiller sans s’évaporer en partie. L'or s’amalgame avec le mercure par le simple contact; il le reçoit à sa surface , le retient dans ses pores, et ne peut en être séparé que par le moyen du feu. Le mercure colore en entier les molecules de l'or; leur couleur jaune disparoit : l’'amalgameest d’un gris tirant sur le brun si le mercure est sa- turé. Tous ces effets proviennent de l’attrac- tion de l’or, qui est plus forte que celle des parties du mercure entre elles, etquipar con- séquent les sépare les unes des autres, et les. divise assez pour qu’elles puissent entrer dans les poreset humecter la substance de l'or; car en jetant une pièce de ce métal dans du mer- cure , il en pénétrera toute la masse avec le temps, et perdra précisément en quantité ce que l’or aura gagné, c’est-à-dire, ce qu'il aura saisi par l’amalgame. L'or est donc de tous les métaux celui qui a la plus grande ARS , 1 DES MINÉRAUX. 2:85 affinité avec le mercure, et on a employé très-utilement le moyen de l’amalgame pour séparer ce métal précieux de toutesles ma= tières étrangères avec lesquelles il se trouve mêlé dans ses mines. Au reste, pour amal- gamer promptement l'or ou d’autres métaux, il faut les réduire en feuilles minces ou en poudre, et les méler avec le mercure par la trituration, | L'argent s’uuit aussi avec le, mercure par le simple contact; mais il ne Le retient pas aussi puissamment que l’or, leur union est moins intime ; et comme la couleur de l’ar- gent est à peu près la même que celle du mercure, sa surface devient seulement plus brillante lorsqu'elle en est humectée ; c’est ce beau blanc brillant qui a fait donner au mercure le nom de sif-argent. | . Cette grande affinité du mercure avec l'or et l'argent sembleroit indiquer qu’il doit se trouver dans le sein de la terre des amal- games naturels de ces métaux ; cependant, depuis qu'on recherche et recueille des mi- néraux , à peine a-t-on un exemple d’or na- tif amalgamé, et l’on ne connoît en argent que quelques morceaux tirés des mines ! 16 106 HISTOIRE NATURELLE mL d'Allemagne, qui contiennent une quantité assez considérable de mercure ‘pour êtré regardés comme de vrais amalgames. Il est aisé de concevoir que cette rareté des aimali games naturels vient de la rareté même du mercure dans son état coulant; et ce n’est, pour ainsi dire, qu'entre nos mains qu'il est dans cet état, au lieu que dans celles de la Nature il est en masse solide de cinabre, et dans des endroits particuliers très-différens, très-éloignés de ceux où se trouvent l’or et l'argent primitifs, puisque ce n’est que dans les fentes du quartz et’ dans les montagnes produites par le feu que gisent ces métaux de première formation, tandis que c'est dans les couches formées par le dépôt des” eaux que se trouve le mercure. SUR L'or et l'argent sont les seules matières qui s’amalgament à froid avec le mercure : il ne peut pénétrer lés autres substances mé talliques qu’au moyen de leur fusiôn par le feu ; il s'amalgame aussi très-bien par ce même moyen avec l'or et l'argent. L'ordre de la facilité de ces amalgames est, l'or, l'argent, l’étain, le plomb, le bismuth, le zinc et l’arsenic : mais il refuse de s’unif CO = LS RTECÉ DES MINÉRAUX. 18} etrde’s'amalgamer avec le fer, ainsi qu’a+ vec les régules d’antimoine et de cobalt. Dans ces amalgames qui ne se font que par la fusion} il faut chauffer le mercure jus- -qu'aw degré où 1l commence à s'élever en vapeurs, et en même temps faire rougir au feu la poudre des métaux qu'on veut amal- . gamer pour la triturer avec le mercure chaud. Les métaux qui, comme l’étain et le plomb, se fondent avant de rougir, s'amal- gament plus aisément et plus promptement que les autres ; car ils se mélént avec le mer- cure qu'on projette dans leur fonte, et il ne faut. que la remuer légèrement pour que le mercure s'attache à toutes leurs parties métal- liques. Quant à l'or, l'argent et le cuivre, ce n'est qu'avec leurs poudres rougies au feu que l’on peut amalgamer le mercure; car si l’on en versoit sur ces métaux fondus, leur chaleur trop forte, dans cet état de fusion, non seulement le sublimeroit en vapeurs , mais produiroit des explosions dangereuses. Autant l'amalgame de l’or et de l’argent se fait a:$éement, soit à chaud, soit à froid, autant l'amalgame du cuivre est difficile et lent - la manière Ja plus sûre et la moins M fees 188 Dre 6 US NATURE L longue de faire cet amalgame, est dé-trém- per des lames de cuivre dans la dissolution du mercure par l'acide nitreux ; le mereure dissous s'attache au cuivre, et em blanchit les lames. Cette union du mercure et du cuivre ne se fait donc que par le moyen de l'acide , comme celle du mercure et du soufre se fait par le moyen de l’alcalr. -; On peut verser du mercure dans du NE fondu , sans qu'il y ait explosion, parce que la chaleur qui tient le plomb.en fusion, est fort au-dessous de celle qui est nécessaire pour y tenir l’or et l'argent: aussi l’'amalgame . se fait très-aisément avec le, plomb fondu; ik en est de même de l’étain : mais il peut aussi se faire à froid avec ces deux métaux, en les réduisant en poudre et les triturant.long- temps avec le mercure; c’est avec,cet amal- game de plomb qu'on lute les bocaux ou vases de verre dans lesquels on conserve les animaux dans l’esprit-de-vin. ‘| L'amalgame avec l’étain est d’un très-srand et très-agréable usage pour l’étamage des glaces : ainsi des six métauxilyena quatre, l'or, l’argent , le plomb et l’étain , avec les- quels le mercure s’amalgame naturellement, / 1} F { « bu DES MINÉRAUX. 189 soit à chaud, soit à froid; il ne se joint au cuivre que par intermède ; enfin il refuse absolument de s’unir au fer: et nous allons trouver les mêmes différences dans les demi- métaux. Le bismuth et le mercure s'unissent à froid en Les triturant ensemble; 1ls samalsament encore mieux lorsque le bismuth est en fu- sion, et ils forment des crystaux noirs assez - réguliers , et qui ont peu d’adhérence entre eux: mais cette crystallisation du bismuth n’est pas un effet qui lui soit propre et par- ticulier; car l’on est également parvenu à obtenir par le mercure une crystallisation de tous les métaux avec lesquels il peut s'unir. Lorsqu'on mèle le mercure avec le zinc en fusion, il se fait un bruit de grési//ement, semblable à celui de l'huile bouillante dans laquelle on trempe un corps froid; cet amal- game prend d'abord une sorte de solidité, et redevient fluide par la simple trituration. Le même effet arrive lorsqu'on verse du mercure dans de l'huile bouillante ; il y prend même une solidité plus durable que dans le zinc fondu. Néanmoins cette union du zinc et du «do HISTOIRE NA TURELLE mercure paroit être un véritable amal= game; car l’un de nos plus savans chimistes, M. Sage, a reconnu qu'il se crystallise comme les autres amalgames, et d’ailleurs le mer- cure semble dissoudre à froid quelqué por- tion du zinc : cependant cette union du zinc et du mercure paroit être incomplète; car il faut agiter le bain, qui est toujours Se et pâteux.. On ne peut pas dire non plus qu il se fasse un amalsame direct et sans intermède entré le mercure et le régule d’arsenic, lors même qu’il est en fusion. Enfin le mercure ne peut s’'amalsamer d'aucune manière avec l’anti- moine et le cobalt. Ainsi de tous les demi- métaux le bismuth est le seul avec lequel le mercure s’amalgame naturellement : et qui sait si cette résistance à s’unir avec ces subs- tances métalliques , et la facilité de s’amal- gamer avec d’autres, el particulièrement avec l'or et l'argent, ne provient pas de quel- que qualité commune dans leur tissu, qui leur permet de s’humecter de cette eau mé- tallique , laquelle a tant de rapport avec eux par sa densité ? Quoi qu'il en soit, on voit par ces diffé Te # | DES MINÉRAUX. 19€ rentes combinaisons du mercure avec les matières métalliques, qu'il n’a réellement d'affinité bien sensible qu'avec l'or et l’ar- gent, et que ce n'est, pour ainsi dire, que _ par force, et par des affinités préparées par L le feu, qu’il se joint aux autres métaux, et que même 1l s'unit plus facilement et plus intimement avec les substances animales et - végétales qu'avec toutes les matières miné- rales, à l'exception de l’or et de l'argent. Au reste, ce n'est point un amaigame, mais un onguent, que forme le mercure mêlé par la trituration avec les huiles végétales et Jes graisses animales; elles agissent sur le mercure comme le foie de soufre; elles le divisent en particules presque infiniment petites; et par cette division extrème, cette matière si dense pénètre tous les pores des corps organisés, surtout ceux où elle se trouve aidée de la chaleur, comme dans le corps des animaux, sur lequel elle produit des effets salutaires ou funestes, selon qu’elle est administrée. Cette union des graisses avec le mercure paroît même être plus intime que celle de l’amalgame qui se fait à froid avec l'or et l’argent , parce que deux fluides 192 HISTOIRE Mo qui ont ensemble quelque nt se méles Fe. 4 u L ront toujours plus aisément qu'un solide avec un iluide, quand même il y auroit entre eux une plus forte attraction : ainsi les graisses agissent peut-être plus puissam- ment que ces métaux sur la substance du mercure, parce qu'en se rancissant elles saisissent l'acide aérien, qui doit agir sur le mercure; et la preuve en est qu’on peut le retirer sans aucune perte de tous les amal- games, au lieu qu'en fondant la graisse on ne le retire pas en entier, sur-tout si l’on guent a été garde assez long-temps pour que la graisse ait exercé toute son action sur le mercure. Considérant maintenant les effets des dis— solvans sur le mercure , nous verrons que : les acides ne le dissolvent pas également comme ils dissolvent les métaux, puisque le plus puissant de tous, l'acide vitriolique, ne l'attaque qu'au moyen d’une forte cha- leur. Il en est à peu près de même de l'acide marin: pour qu’il s'unisse intimement avec le mercure, il{aut que l’un et l’autre soient réduits en vapeurs , et de leur combinaison. résulte un sel d’une qualité très-funeste, DES MINÉRAUX. 193 qu'on a nommé szblimé corrosif. Dans cet état forcé, le mercure ne laisse pas de con- server une si grande attraction avec lui- même , qu’il peut se surcharger des trois quarts de son poids de mercure nouveau; et c’est en chargeant ainsi le sublimé corrosif de nouveau mercure, qu’on en diminue la qualité corrosive, et qu’on en fait une pré- paration salutaire, qu'on appelle 7zzercure doux, qui contient en effet si peu de sel ma- rin , qu’il n’est pas dissoluble dans l’eau. On peut donc dire que le mercure oppose une grande résistance à l’action de l’acide vitrio- lique et de l'acide marin; mais l'acide ni- treux le dissout avec autant de promptitude que d'énergie : lorsque cet acide est pur, il a la puissance de le dissoudre sans le secours de la chaleur; cette dissolution produit un sel blanc qui peut se crystalliser, et qui est corrosif comme celui de la dissolution d’ar- gent par cet acide. Dans cette dissolution, le mercure est en partie calciné; car, après la formation des crystaux, il se précipite en poudre d’un jaune citrin qu’on peut regarder comme une chaux de mercure. Au reste, l'acide nitreux, qui dissout si puissamment . 47 | +94 HISTOIRE à | le mercure coulant, n’attaque point le c ci- mabre , parce que le mercure y est défendu par le soufre qui l'enveloppe, et sur lequel cet acide n’a point d'action. Cette différence entre le mercure et le soufre semble indi- quer qu’autant le soufre contient de feu fixe, L … autant le mercure en est privé: et cela con- firme l’idée, que l'essence du mercure tient plus à l’élément de l’eau qu’à celui du feu. Des acides végétaux, celui du tartre est le seul qui agisse sensiblement sur le mercure; le vinaigre ne l'attaque pas dans son état coulant, et ne s’unit qu'avec sa chäâux : mais en triturant lons-temps la crême de tartre avec le mercure coulant, on vient à bout de les unir en y ajoutant néanmoins un peu d'eau; on pourroit donc dire qu'aucun acide végétal n’agit directement et sans intermède sur le mercure. Il en est de même des acides qu'on peut tirer des animaux : ils ne dis- solvent ni n’attaquent le mercure, à moins qu'ils ne soient mêlés d'huile ou de graisse; en sorte qu’à tout considérer, il n’y a que l’a- # cide aérien qui agisse à la longue par l’interz mède des graisses sur le mercure, et l'acide nitreux qui le d'issolve d’une manière directe DES MINÉRAUX. r95 et sans intermède : car les alcalis fixes ou volatils n’ont aucune action sur le mercure coulant, et ne peuvent se combiner avec lui que quand ils le saisissent en vapeurs ou en dissolutions ; ils le précipitent alors sous la forme d’une poudre ou chaux, mais que l’on D,r08 toujours revivifier sans addition de ma- tière charbonneuse où inflammable: on pro- duit cet effet par les seuls rayons du soleil, au foyer d’un verre ardent. - : Une preuve particulière de l'impuissance des acides végétaux ou animaux pour dis- soudre le mercure, c’est que l’acide des four- mis , au lieu de dissoudre sa chaux, la revi- vife ; il ne faut pour cela que les tenir en- semble en digestion. Le mercure n'étant par lui-même ni acide, ni alcalin , ni salin , ne me paroît pas devoir être mis au nombre des dissolvans, quoiqu'il s'attache à la surface et pénètre les pores de l'or, de l'argent et de l’étain : ces trois métaux sont les seules matières auxquelles il s’unit dans son état coulant, et c’est moins uue dissolution qu’une humectation ; ce h'est que par addition aux surfaces et par juxtaposition, et non par pénétration intime 96 HISTOIRE. NATUREI PA et décomposition de la substance de « ces s mé. taux, qu al se combine avec eux. Non seulement tous les alcalis, ainsi que les terres absorbantes, précipitent le mer— cure de ses dissolutions et le font tomber en poudre noire ou grise, qui prend avec le. temps une couleur rouge, mais certaines substances métalliques le précipitent égale- ment : le cuivre, l’étain et l’antimoine ne décomposent pas ces dissolutions ; et ces pré-. cipités, tous revivifés, offrent également du mercure coulant. On détruit en quelque sorte la fluidité M mercure en }’ amalgamant avec les métaux, ou en l’unissant avec les graisses : on peut même lui donner une demi-solidité en le jetant dans l'huile bouillante ; il y prend assez de consistance pour qu’on \puissé le manier , l’étendre, et en faire des anneaux et d’autres petits ouvrages; le mercure reste dans cet état de solidité, et ne reprend sa ‘fluidité qu’à l’aide d’une chaleur assez forte. Il y a donc deux circonstances bien éloi- gneées l’une de l’autre, dans lesquelles néan- moins le mercure prend également de la solidité, et ne reprend de la fluidité que par , — Re. [ras * DES MINÉRAUX. +9 l'accession de la chaleur : la’ première est celle du très-grand froid, qui ne lui donne qu'une solidité presque momentanée, et que le moindre degré de diminution de ce froid, c'est-à-dire, la plus petite augmentation de chaleur, liquéfie ; la seconde au contraire n’est produite que par une très-grande cha- leur, puisqu'il prend cette solidité dans l'huile bouillante ou dans le zinc en fusion, et qu'il ne peut ensuite se liquefier que par une chaleur encore plus grande. Quelle con- séquence directe peut-on tirer de la compa- raison de ces deux mêmes effets dans des circonstances si opposées , sinon que le mer- cure participant de la nature de l’eau et de celle du métal, il se gèle, comme l’eau, par le froid, d'une part, et, de l’autre, se conso- lide, comme fait un métal en fusion, par la température actuelle, en ne reprenant sa fluidité, comme tout autre métal, que par une forte chaleur ? Néanmoins cette consé— quence n'est peut-être pas la vraie, et il se. peut que cette solidité qu'acquiert le mer- cure dans l'huile bouillante et dans le zinc fondu, provienne du changement brusque d'état que la forte chaleur occasionne dans 17 “+98 HISTOIRE NATURELLE it ses parties intégrantes, et peut-être aussi dé la combinaison réelle des parties de l'huile ou du zinc qui en font un amalgamé solide. Quoi qu'il en soit, on ne connoît aucun autre moyen de fixer le mercure ; les alchi- mistes ont fait de vains èt immenses travaux pour atteindre ce but : l'homme ne peut transmuer les substances, tii d’un liquide de nature en faire un solide par l’art; il n'appartient qu’à la Nature de changer les essences * et de convertir les élémens, ét encore faut-il qu’elle soit aidée de l’éternité du temps, qui, réunie à ses hautes puis: sances , amène toutes les combinaisons pos- sibles , et toutes les formes dont la matière peut devenir susceptible. | * Je ne puis donner une entière confiance en ce qui est rapporté dans les Récréations chimiques, par M. Parmeutier, tome I, page 339 et suiv. C’est uéanmoins ce que nous avons de plus authentique sur Ja transmutation des métaux : on y donne ün : procédé pour convertir le mercure en or, résistant à toute épreuve, et ce, par le moyen de lacide du tartre ; ce procédé, qui est de Constantin, a été répété par Mayer , et vérifié par M. Parmentier, qui a soin d'avancer qu’il n’est pas fait pour enrichir. & vi / ë L À. "DES MINÉRAUX. ro - ILen est à peu près de mème des grandes recherches et des longs travaux que l’on a faits pour tirer le mercure des métaux ; nous avons vu qu’il ne peut pas exister dans les . mines primordiales formées par le feu pri- mitif; dès lors il seroit absurde de s’obstiner à le rechercher dans l'or, l'argent et le cuivre primitifs, puisqu'ils ont été produits et fon- dus-par ce feu : il sembleroit plus raison- nable d'essayer de le trouver dans les ma- tières dont la formation est contemporaine ou peu antérieure à la sienne; mais l’idée de ce projet s’éevanouit encore lorsqu'on voit que le mercure ne se trouve dans aucune mine métallique, même de seconde forma- tion, et que le seul fer décomposé et réduit em rouille l'accompagne quelquefois dans sa mine, oùétant toujours uni au soufre et à l’alcali, ce n’est et ne peut même être que dans les terres grasses et chargées des prin- cipes du soufre par la décomposition des py- rites, qu'on pourra se permettre de le cher- cher avec quelque espérance de succès. Cependant plusieurs artistes, qui même ne sont pas alchimistes , prétendent avoir tiré du mercure de quelques substances mé- -20e HISTOIRE NATURELLE | talliques: car nous ne parlerons pas du pan 4 tendu mercure des prétendus philosophes; qu'ils disent être plus pesant, moins volatil, plus pénétrant, plus adhérent aux métaux, que le mercure ordinaire, et qui leur sert de base comme fluide ou solide ; ce mercure phi- losophique n'est qu’un être d'opinion, un être dont l'existence n’est, fondée que sur l'idée assez spécieuse, que Le fonds de tous les métaux est une matière commune, une terre que Becher a nommée {erre mercurielle, et que les autresalchimistes ont regardée comme la base des métaux : or il me paroît qu’en retranchant l'excès de ces idées, et les exa- minant sans préjugé, elles sont aussi fon- dées que celles de quelques autres actuel- lement adoptées dans la chimie. Ces êtres d'opinion dont on fait des principes, portent également sur l'observation de plusieurs qualités communes, qu’on voudroit expli- quer par un même agent doué d’une pro- priété générale : or, comme.les métaux. ont évidemment plusieurs qualités communes, il n’est pas déraisonnable de chercher quelle peut être la substancé active ou passive qui, se trouvant également dans tous les metaux, ? 1DES MINERAU X. 20r - sert de base générale à leurs propriétés com- munes; on peut même donner un nom à cet être idéal pour pouvoir en parler et s'étendre sur ses propriétés supposées ; c'est-là tout ce qu'on doit se permettre; le reste est un excès, une source d'erreurs , dont la plus grande est de regarder ces êtres d'opinion comme réellement existans, et de les donner pour des. substances matérielles, tandis qu'ils ne représentent que par abstraction des qualités communes de ces substances. Nous avons présenté dans le quatrième vo- lume de cette histoire, la grande division des matières qui composent le globe de la terre : la première classe contient la matière vitreuse fondue par le feu; la seconde , les matières calcaires formées par les eaux; la troisième, la terre végétale provenant du détriment des végétaux et des animaux : or il ne paroit pas que les métaux soient ex- pressément compris dans ces trois classes , car 1ls n’ont pas été réduits en verre par le feu primitif; ils tirent encore moins leur origine des substances calcaires ou de la terre végétale. On doit donc les considérer comme faisant une classe à part, et certai- ‘ao HISTOIRE NATUREL us mement ils sont composés d’une matière | plus dense que celle de. toutes les autres substances : or quelle est cette Lori si dense ? est-ce une terre solide, comme - D dureté l’indique? est-ce un liquide pesant , comme leur affinité ayec le mercure semble aussi l'indiquer ? est-ce un composé de solide et de liquide tel que la prétendue terre mer- curielle? ou plutôt n'est-ce pas une matière semblable aux autres inmatières vitreuses, et qui n’en diffère essentiellement que par sa densité et sa volatilité? car on peut aussi la réduire en verre. D'ailleurs les métaux, dans leur état de nature primitive , sont mêlés et. incorporés dans les matières vitreuses ; 1ls ont seuls la propriété de donner aw verre des couleurs fixes que le feu mème ne peut changer. IL me paroît donc que les parties les plus denses de la matière terrestre étant douées , relativement à leur volume, d’une plus forte attraction réciproque, elles se sont, par cette raison, séparées des autres, et réunies entre elles sous un plus petit vo- lume; la substance des métaux prise en gé- néral ne présente donc qu’un seul but à nos recherches, qui seroit de trouver, s'il est q À b | (4 # DES MINÉRAUX. 203 possible, les moyens d' au gmenter la densité de la matière vitreuse au point d’en faire un metal, ou seulement d'augmenter celle des métaux qu'on appelle imparfaits, autant qu’il seroit nécessaire pour leur donner la pesanteur de l’or. Ce but est peut-être placé au-delà des limites de la puissance de notre art; mais au moins il n’est pas absolu- ment chimérique, puisque nous avons déja reconnu une augmentation considérable de pesanteur spécifique dans plusieurs alliages metalliques. Le chimiste Juncker a prétendu trans- muer le cuivre en argent, et 1l a recueilli les procédés par lesquels on a voulu tirer du mercure des métaux; je suis persuadé qu’il n’en existe dans aucun métal de première formation, non plus que dans aucune mine primordiale , puisque ces métaux et le mercure n’ont pu être produits ensemble. M. Grosse, de l'académie des sciences, s'est trompé sur le plomb dont il a dit avoir tiré du mercure ; car son procédé a été plusieurs fois répété, et toujours sans succès, par les plus habiles chimistes: mais quoique le mer- cure n'existe pas dans les métaux produits UNSS J ra à "Had 204 HISTOIRE NATURELLE \ par le feu primitif, non plus que dans leurs mines primordiales, il peut se trouver dans \1 les mines métalliques de dette formation, soit qu’elles aient été produites par le dépôt ‘et la stillation des eaux, ou par le moyen du feu et par la sublimation dans les terrains - volcanises. } Plusieurs auteurs célebres, et entre autres | Becher et Lancelot, ont écrit qu’ils avoient tiré du mercure de l'antimoine; quelques uns même ont avancé que ce demi- métal n'étoit que du mercure fixé par une vapeur arsenicale. M. de Souhey , ci-devant médecin. consultant du roi, a bien voulu me com-. muniquer un procédé par lequel il assure aussi avoir tiré du mercure de l’antimoine*. * « Le mercure, dit M. de Souhey, est un mixte « aqueux et terreux , dans lequel il entre une portion « du principe inflammable ou sulfureux , et qui est « chargé jusqu’à l'excès de Ja troisième terre de Be- « cher; voilà, dit-il, la meilleure définition qu'on « puisse donner du mercure. Il m’a paru si avide « du principe constituant les métaux et les demi- « métaux, que je suis parvenu à précipiter ceux-ci « avec le mercure ordinaire sous une forme de chaux « réductüble, sans addition , avec le secours de l’eau 26# DES MINÉRAUX. 205 D'autres chimistes disent avoir augmenté la quantité du mercure en traitant le subli- mé corrosif avec le cinabre d'autimoine; «et avec celui du feu; j'ai ainsi, ealciné tous les « métaux , même les plus parfaits, d’une manière « aussi irréductible, avec du mercure tiré des demi- e métaux. « L’affinité du mercure est si grande avec les « métaux et les demi-métaux , qu’on pourroit, pour « ainsi dire , assurer que le mercure est au règne « minéral ce que l’eau est aux deux autres règnes. « Pour prouver cette assertion, jai fait des essais « sur les demi-métaux , et j’expose seulement ici le « procédé fait sur le régule d'antimoine. En fondant « une partie de ce régule avec deux parties d'argent « (qui sert ici d'intermede , et qu’on sépare, l'opé= « ration finie ), on réduira cette matière en poudre « qu'on amalgamera avec cinq ou six parties de « Mercure ; on triturera le mélange avec de l’eau « de fontaine, pendant douze à quinze heures, jus- « qu'à ce qu’elle en sorte blanche ; l’amalgame sera « longtemps brun, et, par les lotions réitérées, l’eau « entraînera peu à peu avec elle le régule sous une « forme de chaux noire entièrement fusible ; cette « chaux recueillie avec som, séchée et mise au feu = dans uue cornue , on en sépare le mercure quis x 16. 206 HISTOIRE NATURELLE d’ autres, par des préparati ns plus EU nées , prétendent avoir’ ‘converti quelques portions d'argent en mercure ; ; d'autres enbn “ D AU « étoit mêlé ; en décantant l’eau qui a servi à net- « toyer l’amalgame, on ne trouvera que les deux « tiers du poids du régule qui avoit été fondu et en- « suite ainalzgamé avec le mercure ; on sépare aussi « par la sublimation celui qui étoit resté avec l’ar- « gent: alors, si l'opération a été bien faite, Par= « gent sera dégagé de tout alliage , et très-blanc; le « mercure aura augmenté sensiblement de poids; « en tenant compte de celui qui étoit mêlé avec la « chaux du régule qu’on suppose avoir été séparé « par la distillation. On peut conclure que le mer: « cure s’est approprié le tiers du poids qui manque « sur la totalité du régule , et que ce tiers s’est réz « duit en mercure , ne pouvant plus s’en séparer; les « deux tiers restans quittent l’état de chaux si on les « rétablit par les procédés ordinaires avec le flux « noir ou autre fondant, et l’expérience peut être « répétée jusqu'à ce que le régule d’antimoine soit « en entier réduit en mercure. ; « Si l’on fait évaporer jusqu’à siccité l’eau qui a servi aux lotions, après l'avoir laissée déposer , il « restera une terre grisâtre ayant un goût salin, et, rougissant un peu au feu ; cette terre appartenoit DES MINÉRAUX. 207 assurent en avoir Liré de la limaille de fer, ainsi que de la chaux du cuivre, et même de l'argent et du plomb, à l'aide de } acide marin. « au mercuré, qui l’a déposée dans l’eau qui la tenoit « en dissolution. 6 « Le mercure, dans l’opération ci-dessus , fait la « fonction du: feu, ei produit les mêmes effets : 1l a « fait disparoître di régule d’antimoine son aspect « brillant ; il lui a fait perdre une partie de son « poids en le calcinant d’une manière irréductible, | « sans addition, avec le secours de l’eau et de la « trituration, aussi complétement que PRE le « faire le feu », On peut remarquer dans cet exposé de M. de Souhey, que son idée sur l'essence du mercure, qu'il regarde comme une eau métallique , s’accorde avec les miennes : mais j'observerai qu’il n’est pas éton- nant que les métaux iraités avec le mercure se cal- cinent même par la simple trituration ; on sait que le métal fixe retient un peu de mercure au feu de 1 sullation ; on sait aussi que le mercure emporte à Ja disullation un peu des métaux fixes : ainsi, tant qu'on n’aura pas purifié le mercure que l’on croit avoir augmenté par le mercure d’antimoine, ce fait ne sera pas démontré, 208 HISTOIRE NATURELLE C’est par l’acide marin, et même par des sels qui en contiennent, que le mercure est 4 précipité plus abondamment de ses disso= ; à \ lutions, et ces précipités ne sont point en poudre sèche, mais en mucilage ou gelée blanche , qui a quelque consistance; c’est une sorte de sel mercuriel , qui néanmoins n'est guère soluble dans l’eau. Les”’autres précipités du mercure par l’alcali et parles terres absorbantes sont en poudre de cou- leurs différentes : tous cés précipités dé- tonnent avec le soufre ; et M. Bayen a recon- nu qu'ils retiennent tous quelques portions de l’acide dissolvant, et des substances qui ont servi à la précipitation. On connoît en médecine les grands effets du mercure mêlé avec les graisses, dans les- quelles néanmoins on le croiroit éteint : il suffit de se frotter la peau de cette pommade mercurielle, pour que ce fluide si pesant soit saisi par intussusception et entraine dans toutes les parties intérieures du corps, qu'il pénètre intimement , et sur lesquelles il exerce une action violente, qui se porte particulièrement aux glandes, et se mani- feste par la salivation : le mercure, dans cet _— - Ne c DES MIN NERAUX: Fi 209 état de pommade ou d'union avec la graisse , a donc une très-grande affinité avec les subs- tances vivantes, et son action paroit cesser avec la vie; elle dépend, d’une part, de la chaleur et du mouvement des fluides du corps, et, d'autre part, de l'extrême divi- sion de ses parties, qui, quoique très-pe— santes en elles-mêmes, peuvent , dans cet état de petitesse extrême, nager avec le sang, et même y surnager, comme il surnage les acides dans sa dissolution en formant une pellicule au-dessus de la liqueur dissolvante. Je ne vois donc pas qu’il soit nécessaire de supposer au mercure un état salin pour rendre raison de ses effets dans Les corps ani- més , puisque son extrême division suffit pour les produire, sans addition d'aucune autre matière étrangère que celle de la graisse qui en a divisé les parties et leur a communiqué son affinité avec les substances animales ; car le mercure en masse cou- lante, et mème en cinabre, appliqué sur le corps, ou pris intérieurement, ne produit aucun effet sensible, et ne devient nuisible que quand il est réduit en vapeurs par le 13 . j . 4 : . . . « # -e . 1.47 VOA © : 5 tj , { / , ‘+ : | E. . "A Le | , : h 4 * : ” 4” à 4“ (4 (fi \ 4 dé 9211 {+042 SON FEU NME | | \ é ê ï : ! js pa t [1 S L'ua : : L + ? S} la it te : _ ” l'E i pleés { .: : " N x NH LE Li ? fus £ mer i { on 4 MM ER v L" z : { + CE 4 E : + 1 ; 1 hr CURE ». . \ (L2» 7/2 4 ; h } : ch. . € g* l _ / 4 { , . ” 4 <. # 1 f LA » / ss r- { ’ # à - L'+ 1 3 e7s Fi 0 # « { , Ms Î M: 44 ,. =] DE L'ANTIMOINE. à Ï “ D mème que le mercure est plutôt une eau métallique qu'un métal, l’antimoine et les autres substances auxquelles on a donné le nom de derni-métaux, ne sont dans la réa- lité que des terres métalliques , et non pas des métaux. L’antimoine dans sa mine est uni aux principes du soufre, et les contient en grande quantité, comme le mercure dans sa mine est de même abondamment mèlé avec le soufre et Flalcali : il a donc pu se former, comme le cinabre, par l’intermède du foie de soufre dans.les: terres calcaires et limoneuses qui contiennent de l'alcali; et en général il me paroît que le foie de soufre a souvent aidé plus qu'aucun autre agent à Ja minéralisation de tous les métaux. De plus , l’antimoine et le cinabre , quoique si différens en apparence, ont néanmoins plu- sieurs rapports eusemble et une. grande tendance à s'unir. L'esprit de sel a autant d’affinité avec Le mercure qu'avec le régule stat NUS L'EN 22 HISTOIRE NATURELLE su d’antimoine. D’ailleurs, quoique le late diffère beaucoup de l’antimoine crud par la A densité *, ils se ressemblent par la quantité de soufre qu’ils contiennent; et cette quan- tité de soufre est mème plus grande dans l'antimoine , relativement à son régule, que dans le cinabre, relativement au mercure coulant. L’antimoine crud contient ordinai- rement plus d’un tiers de parties sulfureuses . sur moins de deux tiers de parties qu’on appelle 7réfalliques, quoiqu’ellés ne se ré— duisent point en métal; mais en un simple régule auquel on ne peut donner ni la duc- tilité ni la fixité, qui sont deux propriétés essentielles aux métaux. La plupart des mines d'antimoine, ainsi que celles de ci- pabre, se trouvent donc ésalément dans les montagnes à couches : mais quelques unes gisent aussi, comme les galènes de plomb’, dans les fentes du quartz en état pyriteux ; * La pesanteur spécifique de l’antimoine crud est de 40643, et celle du régule d’antimôine est de 6gozr ; et de même la ‘pesanteur spécifique du cinabre est de 102185 , et celle du mercure coulant est de 13568. Ne NX à ES À j e L b : À à DES MINÉRAUX. 213 ce qui leur est commun avec plusieurs _ minerais formés secondairement par d'ac- tion des principes minéralisateurs : aussi les gangues qui accompagnent le minérai de l'antimoine sont — elles de diverse nature, -selon la position de la mine dans des couches de matières différentes ; ce sont ou des pierres vitreuses et schisteuses, ou des terres argil- leuses, calcaires , etc. ; et il est toujours aisé d'en séparer la mine d’autimoine par une première fusion, parce qu’il ne lui faut pas un grand feu pour la fondre, et qu’en la mettant dans des vaisseaux percés de petits trous , elle coule avec son soufre et tombe dans d'autres vases, en laissant dans les pre- miers toute la pierre ou la terre dont elle étoit mêlée. Cet antimoine de première fu- sion, et qui contient encore son soufre , s'appelle antimoine crud; et il est déja bien différent de ce qu’il étoit dans sa mine, où il se présente sans aucune forme régu- lière n1 structure distincte, et souvent en masses informes, qu'on reconnoit néanmoins pour des matières minérales à leur tissu serré, à leur grain fin comme celui de l'acier, et au poli qu’on peut leur donner, ou qu’elles — NÉE PAU LOL ES LS QE EN 214 HISTOIRE NATURELLE ont naturellement, mais qui s’éloignent en + même temps de l’essence métallique, en ce qu’elles sont cassantes comme le verre, et mème beaucoup plus friables. Le minérai d’antimoine se présente aussi en petites masses composées de lames minces comme celles de la galène de plomb, mais presque toujours disposées d’une manière assez con- fuse. Toutes ces mines d’antimoine se fondenk sans se décomposer, c’est-à-dire, sans se séparer des principes minéralisateurs avec lesquels ce minéral est uni; et dans cet état qu'on obtient aisément par la liquation, l'antimoine a déja pris une forme plus régu- lière et des caractères plus décidés; il est alors d'un gris bleuätre et brillant, et son tissu est composé de longues aiguilles fines très-distincies, quoique posées les unes sut les autres encore assez irrégulièrement. Lorsqu'on a obtenu par la fonte cet anti- moine crud, ce n’est encore, pour ainsi dire, qu’un minérai d’antimoine qu'il faut ensuite séparer de son soufre; pour cela on le reduit en poudre qu'on met dans un vaisseau.de terre évasé; on le chauffe par degrés en le remuant continuellement; le soufre s’éva- ; | EM | £ ; N \ DES MINÉRAUX. : 215 pore peu à peu, et l’on ne cesse le feu que quand il ne s'élève plus de vapeurs sulfu- reuses. Dans cette calcination, comme dans toutes les autres, l’air s'attache à la surface des parties du minéral, qui, par cette addi- tion de l'air, augmente de volume et preud la forme d’une chaux grise; pour obtenir l'antimoine en régule, il faut débarrasser cette chaux de l'air qu’elle a saisi en -lus présentant quelque matière inflammabie avec laquelle l'air ayant plus d’affinité, laisse l'antimoine dans son premier état, et même plus pur et plus parfait qu’il ne l’étoit avant la calcination : mais si l’on continue le feu sur la chaux d’antimoine sans y mêler des substances inflammables, on n'obtient , au lieu de régule, qu’une matière compacte et cassante, d’un jaune rougeâtre plus ou moins foncé, quelquefois transparente, et quelquefois opaque et noire si la calcination n'a été faite qu'à démi; les chimistes ont douné le nom de foie d’antimoine à cette matière opaque, ét celui de verre d’anti- moine à la première qui est transparente. On fait ordinairement passer l’antimoine crud par l’un deces trois états de chaux, de | RS RE NAMUR il * { sn = 4 AU 216 HISTOIRE NATURELLE. foie ou de verre, pour avoir son régu na on peut aussi tirer, ce régule. taie Mate ment de l’antimoine crud !, en le. réduisant. en poudre, et le faisant fondre en vaisseaux clos avec addition de quelques matières qui ont plus d’affinité avec le soufre qu'avec l’an- timoine, en sorte qu'après cette réduction ce n’est plus de l’autimoine crud mélé de soufre, mais de l’antimoine épuré, perfec- tionné par les mêmes moyens quel’on per- fectionne le fer pour le convertir en acier ?. 1 « Ce régule se tire également de l’antimoine f . - L 2 £ e 6 s « crud pat une sorte de précipitation par, la voie « sèche : on le mêle pour cela avec des matières qui « ont plus d’affinité avec le soufre ; le mélange étant « dissous par le feu , la fluidité met en jeu ces affi- «nités, et le régule, plus pesant que les scories « sulfureuses, forme au fond du creuset un beau « culot crystallisé , que les alchimistes ont pris pour « l'étoile des mages. » (EÉlémens de chimie, par M. de Morveau, tome [, page 254.) Ce nom, même de régule, où petit roi, a été donné par eux à ce culot métallique de l’antimoine , qui sembloit , : au gré -de leur espérance, annoncer l’arrivée du grand roi , c’est-à-dire , de l'or. } 2 Cette comparaison est d’autant plus juste, que DES MINÉRAUX. 217 Ce régule d’antimoine ressemble à un métal par son opacité , sa dureté, sa densité: mais il n’a ni ductilité, ni ténacité, ni fixité, et n’en peut même acquérir par aucun moyen; il est cassaut, presque friable , et composé de facettes d’un blanc brillant, quoiqu'un peu brun. Ce régule est un produit de notre t, qui ne doit se trouver dans la Nature que par accident, et dans le voisinage des feux souterrains: c’est un état forcé, différent de celui de l’antimoine naturel, et on peut lui rendre ce premier état en lui rendant le soufre dont on l’a dépouillé; car il suffit de fondre ce régule avec du soufre pour en faire un antimoine artificiel, que les chimistes ont appelé antimoine ressuscité, parce qu'il ressemble à l’antimoine crud, et qu’il est quand on convertit par la cémentation le fer en acier , il s'élève à la surface du fer un grand nombre de petites boursouflures qui ne sont remplies que de l’air fixe qu’il contenoit, et dont le feu fixe prend la place : car sa pesanteur , qui seroit dimi- nuée par cette perte si rien ne la compensoit, est au contraire augmentée; ce qui ne peut provenir que de l'addition du feu fixe qui s’incorpore dede la substance de ce fer conver1ii en acier. Mat. gén, XIII. 19 218 HISTOIRE NATURELLE composé , dans son intérieur ; des mêmes matières également disposées en aiguilles. + : Le régule d’antimoine diffère encore des métaux par la manière dont il résiste aux acides; ils le calcinent plutôt qu’ils ne le dissolvent, et ils n’agissent sur ce régule qué par dés affinités combinées. Il diffère encore des métaux par sa grande volatilité: car si on l’expose au feu libre, . il se calcine à la vérité comme les métaux, en se chargeant d’air fixe ; mais il perd en même temps une partie de sa substance qui s’exhale en fumée, que l’on peut condenser et recueillir en ai- guilles brillantes , auxquelles on a donné Île nom de feurs argentines d’antimoine. Néan- moins ce régule paroïit participer de la nature des métaux par la propriété qu’il a de pou- voir s’allier avec eux ; il augmente la densité du cuivre et du plomb, et diminue celle de l’étain et du fer; il rend l’étain plus cassant et plus dur : il augmente aussi la fermeté du plomb ; etc'est de cetalliage de régule d’anti- moine et de plomb qu’on se sert pour faire les caractères d'imprimerie : mélé avec le cuivre et l’étain, il en rend le son plus agréable à l'oreille et plus argentin ; mêlé a) : { DES MINÉRAU X.: ra avec le zinc, il le rend spécifiquement plus pesant ; et de toutes les matières métalliques, le bismuth , et peut-être le mercure, sont les seuls avec lesquels le régule d’antimoine ne peut s’allier ou s’amalgamer. ‘Considérant maintenant ce mineral tel qu il existe dans Le sein de la terre, nous ob- serverons qu'il se présente dans des états dif- férens , relatifs aux différens temps de la formation de ses mines et aux différentes matières dont elles sont mélangées. La pre- mière et la plus ancienne formation de ce minéral date du même temps que celle du plomb ou de l’étain , c’est-à-dire , du temps de la calcination de ces métaux par le feu _ primitif et de la production des pyrites après la chûte des eaux : aussi les mines primor- diales d'antimoine sont en filons et en miné- rais comme celles de plomb ; mais on en trouve qui sontmélangées de matières ferru- gineuses ; et qui paroissent être d’une forma- tion postérieure. Le minérai d’'antimoine , comme les galènes du plomb, estcomposé de lames minces plus longues où plus courtes, plus étroites ou plus larges, convergentes ou divergentes, mais toutes lisses et brillantes 220 HISTOIRE NATURELLE d’un beau blanc M on + 2) | premières mines d'antimoine contiennent , 4 comme celles du plomb , une quantité consi- dérable d'argent ; et de la décomposition de cette mine d’antimoine tenant argent, 1l s’est formé des mines par la stillation des eaux, qui ne sont dès lors que de troisième forma- tion. Ces mines, qu'on appelle zires en plumes à cause de leur légéreté, pourroient avoir été sublimées par l’action de quelque feu souterrain. Elles sont composées de petits filets solides et élastiques, quoique très-déliés et assez courts, dont la couleur est ordinaire- ment d’un bleu noirâtre , et souvent varie de nuances vives, ou plutôt de reflets de couleurs irisées, comme cela se voit sur toutes les substances demi-transparéntes et très-minces : telle est cette belle mine d’anti- moine de Fe/sobania , si recherchée par les amateurs pour les cabinets d'histoire natu-— relle. Il y a aussi de ces mines dont les filets sont tous d’une belle eouleur rouge, et qui, selon M. Bergman, contiennent de l’arsenic, Toutes ces mines secondaires d’antimoine , grises , rouges ou variées, sont de dernière formation, et proviennent de la décomposi- tion des premières. DES MINÉRAUX. 5 Nous avons en France quelques bonnes mines d’antimoine ; mais nous n’en tirons pas tout le parti qu'il seroit aisé d'en tirer, puisque nous faisons venir de l'étranger la plupart des préparations utiles de ce miné- ral. M. le Monnier , premier médecin ordi- naire du roi, a particulièrement observé les mines d'antimoine de la haute Auvergne. « Celle de Mercæur, à deux lieues de Brioude, « étoit, dit-il, en pleine exploitation en « 1739, et l’on sentoit de loin l’odeur du « soufre qui s’exhale des fours dans lesquels « on fait fondre la mine d’antimoine. La « mine s'annonce par des veines plombées «qu'on apperçoit sur des bancs de rochers « qui courent à fleur de terre... Cette mine « de Mercœur fournit une très-grande quan- «tité d'antimoine. Mais il y a encore une «autre mine beaucoup plus riche au Puy de «la Fage, qui n’est qu’à une lieue de Mer- « cœur : elle est extrêmement pure, et rend « souvent soixante - quiuze pour cent; les « aiguilles sont toutes formées dans les filons « de cette mine , et l’antimoine qu'on en « tire est aussi beau que le plus belantimoine « de Hongrie... Un des plus petits filons, | 19 ù" Li ?, AU ATE à FL, FAIR PRE d'a 222 HISTOIRE NATURELLE « mais des plus riches de la mine de Mer- « cœur , et qui n’a que deux pouces de large " « est uni du côté du nord à un rocher franc, « qui est une gangue très-dure , parsemée «de veines de marcassite ; et du côté du « midi, il est contigu à une pierre assez «tendre et graveleuse.... Après cette pierre, «suivent différens .lits d’une terre savon « neuse , légère, capable de s’effeuilleter à « l'air, et dont la couleur est d’un jaune « citron : celte terre, mise sur une pelle à « feu, exhale une forteodeur de soufre; mais « elle ne s’embrase pas ». M. le Monuier a bien voulu nous envoyer, pour le Cabinet du roi, un morceau tire de ce filon, et dans lequel on peut voir ces différentes matières. Il rapporte, dans ce même Mémoire, les procédés fort simples qu’on met en pratique pour fondre la mine d’antimoine en grand, et finit par observer qu’indéependamment de ces deux mines de la Fage et de Mercœur , 1l y en a plusieurs autres dans cette même pro- vince, qui, pour la plupart, sont negligées. MM. Hellotet Guettard font mention de celles de Langeac , de Chassignol, de Pradot, de Montel , de Brioude, et de quelques autres, Y DES MINÉRAUX. 223 endroits. Il y a aussi des mines d’antimoine en Lorraine, en Alsace, en Poitou, en Bre- tagne , en Angoumois et en Languedoc. Enfin M. de Gensanne a observé dans le Vivarais un gros filon de mine d'antimoine mêlé dans une veine de charbon de terre; ce qui prouve, aussi - bien que la plupart des ples precédens, que ce minéralse trouve Sque toujours dans les couches de la terre auee et déposée par les eaux. ; L'antimoine ne paroiïit pas affecter des “il particuliers comme l’étain et le mercure ; il s’en trouve dans toutes les parties du monde : en Europe, celui de Hongrie est le plus fa- meux et le plus recherche. On en trouve aussi dans plusieurs endroits de l'Allemagne; et l’on prétend avoir vu de l'antimoine natif en Italie, dans le canton de Sainte-Flore , proche Mana; ce qui ne peut provenir que de l'effet de quelques feux souterrains qui auroient liquéfié la mine de ce demi-metal. En Asie, les voyageurs font mention de Vantimoine de Perse et de celui de Siam. En Afrique , il s'en trouve, au rapport de Léon V’Africain , au pied du mont Atlas. Enfin ex a Nec à AE, CA OR ES 2 AE MN - TN SR dr | ES “ L E< \ FA 224 HISTOIRE NATURELLE Alphonse Barba dit qu'au Pérou les mines d’antimoine sont en grand nombre, et quel- ques voyageurs en ont remarqué à Saint- Domingue et en Virginie. On fait grand usage en médecine des pré- parations de l’antimoine, quoiqu’on l'ait d’a- bord regardécomme poison plutôtquecomme remède. Ce minéral pris dans sa mine, et tel que la Nature le produit , n’a que peü: ou point de proprietés actives; elles ne sont pas même développées après sa fonte en anti- moine crud, parce qu’il est encore enveloppé de son soufre : mais dès qu’il en est dégagé par la calcination ou la vitrification , ses qualités se manifestent; la chaux, le foie et le verre d’antimoine sont tous de puissans émétiques ; la chaux est mème un violent purgatif, et le régule se laisse attaquer par tous les sels et par les huiles ; l’alcali dissout l'antimoine crud, tant par la voie sèche que par la voie humide, et le kermès minéral se tire de cette dissolution. Toutes les subs- _ tances salines ou huileuses développent dans V'antimoine les vertus émetiques ; ce qui semble indiquer que ce régule n’est pas un demi-métal pur, et qu’il est combine avec | 4 / DES MINÉRAUX. : 25 une matière saline qui lui donne cette pro prieté active , d’où l’on peut aussi inférer que le foie de soufre a souvent eu part à sa minéralisation. | Ayate Êrl à ta à DU BISMUTH, \ O U ÉTAIN DE GLACE. LL Dixs le règne minéral, rien ne se res- semble plus que le régule d’antimoine et le bismuth par la structure de leur substance ; ils sont intérieurement composés de lames minces d’une texture et d’une figure sem-— blables , et appliquées de même les unes contre les autres : néanmoins le régule d’an- timoine n’est qu'un produit de l’art, et le bismuth est une production de la Nature. Tous deux, lorsqu'on les fond avec le soufre, perdent leur structure en lames minces , et prennent la forme d’aiguilles appliquées les” unes sur les autres : mais il est vrai que le ciuabre du mereure et la plupart des autres substances dans lesquelles le soufre se com- bine, prennent également cette forme aiguil L4 HISTOIRE NATURELLE. 227 lée, parce que c’est la formepropre du soufre, qui se crystailise toujours en aiguilles. Le bismuth se trouve presque toujours pur dans le sein de la terre: il n’est pas d’un blanc aussi éclatant que le blanc du régule d'antimoine ; 1l est un peu jaunâtre, et il prend une teinte rougeûtre et des nuances irisées par l'impression de l'air. Ce demi-métal est plus pesant quele cuivre, le fer et l’étain *; et, malgré sa grande den- sité, Le bismuth est sans ductilité: il a même moins de ténacité que le plomb, ou plutôt il n’en a point du tout ; car 1l est très-cassant et presque aussi friable qu'une matière qui ne seroit pas métallique. De tous les métaux et demi-metaux, le bismuth est le plus fusible; il lui faut moins de chaleur qu’à l’étain, et il communique de la fusibilité à tous les métaux avec les- * La pesanteur spécifique du bismuth natif est de go202 ; celle du régule de bismuth , de Y8227 ; tandis que la pesanteur spécifique du cuivre passé à la filière, c’est-à-dire, du cuivre le plus comprimé, n’est que de 88785. Voyez la Table de M. Bris- $s0ñe . 228 HISTOIRE NATURELLE . quels on veut l’unir par la fusion. L’alliagé L le plus fusible que l’on connoisse est, sui- vant M. Darcet, de huit parties de bismuth, | cinq de plomb et trois d’étain; et l’on a ob- | servé que ce mélange se fondoit dans l’eau \ bouillante , et même à quelques degrés de chaleur au-dessous. ï, Exposé à l'action du feu , le bismuth se volatilise en partie et donne des fleurs comme le zinc, et la portion qui ne se volatilise pas se calcine à peu près comme le plomb. Cette - chaux de bismuth , prise intérieurement, . produit les mêmes mauvais effets que celle du plomb ; elle se réduit aussi de même en | litharge et en verre. Eufin on peut se servir de ce demi-métal comme du plomb pour pu- rifier l'or et l'argent ; l’un de nos plus ha- biles chimistes assure même « qu'il est pré- « férable au plomb, parce qu’ilatténue mieux « les métaux imparfaits, et accélère la vitri- « fication des terres et des chaux». Cepen- dant il rapporte dans le même article une opinion contraire. «Le bismuth, dit-il, peut « servir comme le plomb à la purification « de l’or et de l’argent par l’opération de Ia « conpelle, guoique moins bien queleplomb, \ DES MINÉRAU X. 229 « suivant M. Pemer ». Je ne sais si cette der- nière assertion est fondée: l’'analogie semble nous indiquer que le bismuth doit purifier l'or et l'argent mieux , et non pas 720ins bien que le plomb; car le bismuth atténue plus que le plomb les autres métaux, non seulement dans la purification de l’or et de l'argent par la fonte, mais même dans les amalgames avec le mercure, puisqu il divise ebatténue l’étäin, et sur-tout le plomb , au point de.le rendre, comme lui-même, aussi fluide que le mercure, en sorte qu’ils passent ensemble en entier à travers la toile la plus serrée ou la peau de chamois, et que le mer- cure ainsi amalgainé a besoin d’être con- verti en cinabre, et ensuite revivifié, pour reprendre sa premiére pureté. Le bismuth avec lemercure forment donc ensemble ux amailgame coulant ; et c’est ainsi que les droguistes de mauvaise foi falsifient le mer- cure, qui ne paroiît pas moins coulant, quoi. que mêlé d'une assez grande quantité de bismuth. L'impression de l'air se marque assez promptement sur le bismuth par les couleurs irisées qu'elle produit à sa surface, et bien- 20 230 HISTOIRE NATURELLE. tôt succèdent à ces couleurs de petites effloi | rescences qui annoncent la décomposition de sa substance. Ces efflorescences sont une sorte de rouille ou de céruse assez semblable à celle du plomb ; cette céruse est seulement moins blanche et presque toujours jaunâtre, C'est par ces efflorescences en rouille ou céruse que s’'annoncent les minières de bismuth. L'air a produit cette décomposition à là su» perficie du terrain qui les recèle : mais, dans l'intérieur, le bismuth n’a communément subi que pen ou point d’altération' ; on le trouve pur ou seulement recouvert de cette céruse , et ce n'est que dans cet état de rouille qu’il est minéralisé: et néanmoins, dans sa mine comme dans sa rouille, il n’est presque jamais altéré en entier* ; car on y voit toujours des points ou des parties trèc- sensibles de bismuth pur et tel que la Nature le produit. * Quoiqu’on m’ait pas tronvé en Allemagne de bismuth uni au soufre, il est cependaut certain, dit ‘M. Bergman, qu'il y en a dans quelques montagnes de Suède , et particulièrement à Riddarhywari en Verstimanie. à DES MINÉRAUX. 23e Or cette substance; la plus fusible de toutes les matières métalliques, et en même temps si volatile , et qui se trouve dans son état de nature en substance pure, n’a pu être pro- duite, comme le mercure, que très-long- temps après les métaux et autres minéraux plus fixes et bien plus difficiles à fondre : la formation du bismuth est donc à peu près contemporaine à celle du zinc , de l’antimoine et du mercure. Les matières métalliques plus ou moins volatiles les unes que les autres; et toutes reléguées dans l'atmosphère par la violence de la chaleur , n’ont pu tomber que successivement et peu de temps avant la chüte des eaux : le bismuth en particulier n'est tombé que long-temps après les autres, et peu de temps avant le mercure; aussi tous deux ne se trouvent pas dans les mon- tagnes vitreuses ni dans les matières produites par le feu primitif, mais seulement dans les couches de la terre formées par le dépôt des eaux. î Si l’on tient le bismuth en fusion à l’air libre , et qu’on le laisse refroidir très-lente- ment , il offre à sa surface de beaux crystaux cubiques et qui pénètrent à l'intérieur. Si, | 23 HISTOIRE NATURÉÈLE F0 1 au lieu de le laisser refroidir en repos, on le ‘remue en soutenant le feu, il se convertit bientôt en une chaux grise, qui devient en- : suite jaune et même un peu rouge par la continuité d’un feu modéré ; et en augmen- tant le feu au point de faire fondre cette chaux , elle se convertit en un verre jaune rougeâtre , qui devient brun lorsqu'on lé fond avec du verre blanc ; et ce verre de bis+ muth , sans être aussi actif, lorsqu'il est fondu, que le verre de plomb, ne laisse pas d'attaquer les creusets. Ce demi-métal s'allie avec tous les métaux : mais il ne s’unit que très-difhicilement par la fusion avec les autres demi-metaux et terres métalliques ; l’antimoine et le zinc, le cobalt et l’arsenic, se refusent tous à cette union : il a en particulier si péu d’affinité avec le zinc, que quand on les fond ensemble, ils ne peuvent se mêler ; le bismuth, comme plus pesant , descend au fond du creuset , et le zinc reste au-dessus et le recouvre. Si on mêle le bismuth en égale quantité avec. l'or fondu , il le rend très-aigre et lui donnée sa couleur blanche. Il ue rend pas l'argent si cassant que l'or , quoiqu'il lui donne aussi de du DES MINÉRAU X. 233 l’aigreur sans changer sa couleur ; il diminue le rouge du cuivre ; 1l perd lui-même sa couleur blanche avec le plomb, et ils forment ensemble un alliage qui est d’un gris sombre ; le bismuth mêlé en petite quantité avec _l'étain , lui donne si de brillant et de dureté; enfin il peut s'unir au fer par un feu violent. | Le soufre s’unit aussi avec le bismuth par la fusion , et leur composé se présente, comme le cinabre et l’antimoine pie, en aiguilles crystailisées. L’acide vitriolique ne dissout le bismuth qu’à l’aide d’une forte chaleur , et c’estpar cette résistance à l'action des acides qu’il se con- serve dans le sein de la terre sans altération : car l'acide marin ne l'attaque pas plus que le vitriolique ; il faut qu’il soit fumant, et en- core 1l ne l’entame que foiblement et lente- ment. L’acide nitreux seul peut le dissoudre à froid : cette dissolution , qui se fait avec chaleur et effervescence , est transparente et blanche quand le bismuth est pur ; mais elle se colore de verd s’il est mêle de nickel, et elle devient rouge de rose et cramoisie s’il est melangé de cobalt, Toutes ces dissolutions 20 234 HISTOIRE NATURELLE PEN RON SR donnent un sel en petits crystaux au moment qu’on les laisse refroidir. C’est en précipitant le bismuth de ses dis- solutions qu’on l’obtient en poudre blanche, douce et luisante, et c’est avec cette poudre . qu'on fait le fard qui s'applique sur la peau. 11 faut laver plusieurs fois cette poudre pour qu'il n'y reste point d'acide, et la mettre ensuite dans un flacon bien bouché; car l'air la noircit-en assez peu de temps, et les va- peurs du charbon ou les mauvaises odeurs, des égouts, des latrines , etc. changeïñt pres- que subitement ce beau blanc de perle en gris obscur , en sorte qu'iliest souvent arrive aux femmes qui se servent de ce fard de devenir tout-à-coup aussi noires qu'elles vouloient paroitre blanches. | Les acides végétaux du vinaigre ou du tartre, non plus que les acerbes, tels que Ja noix de galle, ne dissolvent pas le bis- muth, méme avec le secours de la Fhaleunk à moins qu'elle ne soit poussée jusqu'à pro- duire l’ébullition ; les alcalis ne l’attaquent aussi que quand on les fait bouillir ; en sorte que, dans le sein de la terre, ce demi- meta] paroît être à l'abri de toute injure, et à | ; DES MINÉRAUX. 235 _ par cônséquent de toute minéralisation, à | moins qu'il ne rencontre de l'acide nitreux , _ qui seul a la puissance de l’entamer ; et . comme les sels nitreux ne se trouvent que _ très-rarement dans les mines, il n’est pas | étonnant que le bismuth, qui ne peut être _ attaqué que par cet acide dû nitre ou par _ l'action de l'air, ne se trouve que si rarement mineéralisé dans le sein de la terre. Je ne suis point informé des lieux où ce deini-métal peut se trouver en France ; tous les morceaux que j'ai eu occasion de voir venoient de Saxe , de Bohème et de Suède; il s'en trouve aussi à Saint-Domingue, et vraisemblablement dans plusieurs autres parties du monde : mais peu de voyageurs : ont fait mention de ce demi-métal , parce qu'il n’est pas d’un usage nécessaire et com-. mun ; cependant nous l’employons non seu- lement pour faire du blanc de fard, mais aussi pour rendre l’étain plus dur et plus _ brillant. On s'en sert encore pour polir le . verre et même pour l’étamer; et c’est de cet usage qu'il a reçu le nom d’éfuin de glace. Les expériences que l’on a faites sur ses propriétés relatives à la médecine, n’ont 4 | Lo CT 236 HISTOIRE NATURELLE * découvert que des qualités nuisibles ; et sa chaux prise intérieurement produit des ef fets semblables à ceux des chaux de plomb, et aussi dangereux : on en abuse de même pour adoucir les vins trop acides et désa- gréables au coût. | à.) Quelques minéralogistes ont écrit que la mine de bismuth pouvoit servir , comme celle du cobalt, à faire le verre bleu d'azur: «elle laisse, disent-ils, suinter aisément une « substance semi-meétallique que l’on nomme «bismuth ou étain de glace, et ensuite elle « laisse une terre grise et fixe, qui, par sa. « vitrification, donne le bleu d'azur ». Mais cela ne prouve pas que le bismuth fournisse ce bleu; car, dans sa mine, 1lest très-sou- vent mêlé de cobalt, et ce bleu provient sans doute de cette dernière matière. La ferre grise et fixe n’est pas une terre de bismuth, mais la terre du cobalt qui étoit mêlé dans cette mine, et auquel même le bismuth n'é- toit pas intimement lié, parce qu’il s'en sépare à la première fonte et à un feu très- modéré : et nous verrons qu’il n’y a aucune affinité entre le cobalt et le bismuth; car quoiqu'ils se trouvent très-souvent mêlés ff DES MINÉRAUX. 237 ensemble dans leurs mines, chacun y con- serve sa nature ; et au lieu d’être intimement uni, le bismuth n'est qu’interposé dans les _ mines de cobalt, comme dans presque toutes les autres où il se trouve, parce qu’il con- serve toujours son état de pureté native. ’ DU. ZLN GR À Le zinc ne se trouye pas, comme le bis- muth, dans un état natif de minéral pur, ni même , comme l’antimoine , dans une seule espèce de mine; caronletire également de la calamine ou pierre calaminaire et de la blende, qui sont deux matières différentes par leur composition et leur formation, et qui n’ont de commun que de renfermer du zinc. La calamine se présente en veines con- tinues comme les autres minéraux; la blende se trouve, au contraire, dispersée et en masses séparées dans presque toutes les mines mé- talliques. La calamine est principalement * Paracelse est le premier qui ait employé le nom de zinc. Agricola le nomme contre-feyn; on l’a appelé s‘annum Tndicum, parce qu’il a été apporté des Indes en assez grande quantité dans le siècle dernier ; les auteurs arabes n’en font aucune men- tion, quoique l’art de tirer le zinc de sa mine existe depuis long-temps aux Indes orientales, .s HISTOIRE NATURELLE. 23 composée de zinc et de fer !; la blende con- tient ordinairement d’autres minéraux avec lewzimc ?. La calamine est d’une couleur jaune ou rougeâtre, et assez aisée à distin- guer des autres minéraux ; la blende , au contraire , tire son nom de son apparence trompeuse et de sa forme équivoque 5 :ilya \ 1 M. Bergman a soumis à l'analyse la calamine de Hongrie, et 1l a trouvé qu’elle tenoit au quintal quatre-vingt-quatre hvres de chaux de zinc, trois livres de chaux de fer, douze de silex et une d’ar- g1lle ; sur quoi j'observerai que la matière de l’argille et celle du silex ne sont qu’une seule et même subs- tance, puisque le silex se réduit en argille en se décomposant par les élémens humides. 2 M. Bergman a trouvé que la blende noire de Danemora tenoit au quintal quarante - cinq livres de zinc, neuf de fer, six de plomb, une de régule d’arsenic, vingt-neuf de soufre , quatre de silex, et six d’eau. 3 Ce mot #lende signifie, dans le langage des mi- peurs allemands , une substance trompeuse , parce quil y en a qui ressemble à la galène de plomb. Dictionnaire d'histoire naturelle, par M. de Bomare, article Blende (blind, élouir , tromper -— les veux }). it 4 24o HISTOIRE NATURELLE des blendes qui ressemblent à la galène de. plomb ; d’autres qui ont l'apparence de la corne, et que les mineurs allemands sap— pellent 4orr-blende ; d'autres qui sont noires et luisantes comme la poix, auxquelles ils 0 donnent le nom de piich-blende; et d’autres encore qui sont de différentes couleurs, grises, jaunes, brunes, rougeâtres, quelquefois crys- tallisées et même transparentes , mais plus souvent opaques et sans figure régulière. Les blendes noires, grises et jaunâtres, sont mê-— lées d’arsenic; les rougeâtres doivent cette couleur au fer; celles qui sont transparentes et crystallisées sont chargées de soufre et d’ar- senic; enfin toutes contiennent une plus ou moins grande quantité de zinc. Non seulement ce demi-meétal-se trouve dans la pierre calaminaire et dansles blendes, mais il existe aussi en assez grande quantité dans plusieurs mines de fer concrètes ou en. grains, et de dernière formation; ce qui_ prouve que le zinc est disséminé presque par-tout en molécules insensibles qui se sont réunies avec le fer dans la pierre calaminmaire et dans les mines secondaires de ce metal, et qui se sont aussi mélées dans les blendes je, x 1} ÿ L. s 11 ’ \ ‘ DES MINÉRAUX. - z24r avec d’autres minéraux et avec des matières pyriteuses. Ce demi-métal ne peut donc être que d’une formation postérieure à celle des métaux, et même postérieure à leur décom- position, puisque c'est presque toujours avec le fer décomposé qu’on le trouve réuni. D’ail- leurs, comme il est très-volatil, il n’a pu se Former qu'après les métaux et minéraux plus fixes, dans le même temps à peu près que l'antimoine , le mercure et l’arsenic : ils étoient tous relésues dans l'atmosphère avec les eaux et les autres substances volatiles pendant l’incandescence du globe, et ils n’en sont descendus qu'avec ces mêmes substances : aussi le zinc ne se trouve dans aucune mine primordiale des métaux , mais seulement dans les mines secondaires produites par la décomposition des premières. Pour tirer le zinc de la calamine ou des blendes, il suffit de les exposer au feu de calcination ; ce demi-métal se sublime en vapeurs, qui, par leur condensation, forment de petits flocons blancs et légers auxquels on a donné le nom de feurs de zinc. = Dans la calamine ou pierre calaminaire, le zinc est sous la forme de chaux + en fai= > np 2.42 HISTOIRE NAMUREULE _ 5 SAS NUE sant griller cette pierre, elle perd: près d'un 4 tiers de son poids: elle s’effleurit à l'air, et se présente ordinairement en masses irrégu= lières, quelquefois crystallisées : elle est presque toujours accompagnée , ou .voisine des terres alumineuses ; mais quoique la substance du zinc soit disséminée par-tout ; ce n'est qu’en quelques endroits qu’on trouve de la pierre calaminaire. Nous citerons tout: à-l’heure les mines les plus fameuses de ce minéral en Europe, et nous savons d’ailleurs que le toutenague qu’ on ous apporte des Indes orientales, est un zinc même plus pur que celui d'Allemagne : ainsi l’on ne peut douter qu'il n’y ait dés mines de pierres calas minaires dans plusieurs endroïts des régions orientales , puisque ce n’est que de cette pierre qu’on peut tirer du zinc d’une grande pureté. La minière la plus fameuse de pierre cala: minaire est celle de Calmsberg , près d'Aix- la-Chapelle; elle est mêlée avec une mine de fer en ocre : il y en a une autre qui est mé, lée de mine de plomb au-dessous de Namur. On prétend que le mot de calamine est le uorm d'un territoire d'assez grande étendue; Pr à 1 : s "A #4 DES MINÉRAUX. 243 près des confins du duché de Limbourg, qui est plein de ce minéral. « Tout le terrain, « dit Lémery , à plus de vingt lieues à la « ronde , est si rempli de pierres calami- « naires, que les grosses pierres dont on se « sert pour payer, étant exposées au soleil, «laissent voir une grande quantité de par- « celles métalliques et brillantes ». M. de Gensanne eu a reconnu une minière de plus de quatre toises de largeur au-dessous du chäteau de Montalet, diocèse d'Uzès; on y trouve des pierres calaminaires ferrugineuses, comme à Aix-la-Chapelle , et d’autres mélées de mine de plomb, comme à Namur, et l’on y voit aussi des terres alumineuses : on en trouve encore dans le Berri près de Bourges, et dans l’Anjou et le territoire de Saumur, qui sont également mêlées de parties ferru- Lé gineuses. | En Angleterre, on exploite quelques mines de pierre calaminaire dans le comté de Som- merset. La pierre de cette mine est rougeâtre à sa surface, et d’un jaune verdâtre à l’inté- rieur ; elle est très-pesante, quoique trouée et comme cellulaire; elle est aussi très-dure, et donne des étincelles lorsqu'on la choque 244 HISTOIRE NATURELLE | contre l'acier : elle estsoluble dans les ERA, Celle du comté de Nottingham en diffère en ce qu’elle n’est pas soluble et qu’elle ne fait point feu contre l'acier ,; quoiqu’elle soit 1 compacte, opaque et cellulaire comme celle : de Sommerset ; elle en diffère encore par la couleur, qui est ordinairement blanche , et quelquefois d’un verd clair crystallisé. Ces différences indiquent assez que la calamine en général est une pierre composée de diffé- rens minéraux, et que sa nature varie sui- vant la quantité ou la qualité des matières qui en constituent la substance. Le Jane est la seule matière qui soit commune à toutes les espèces de calamine: celle qui en contient le plus est ordinairement jaune ; mais on peut se servir de toutes pour jaunir le cuivre rouge: c'est pour cet usage qu’on les recherche et qu'on les travaille, plutôt que pour en + faire du zinc, qui ne s'eraple)s que aTé— ment pur, et qui mème n'est pas aussi propre à faire du cuivre jaune que la pierre calami- naire ; d’ailleurs on ne peut en tirer le zinc que dans des vaisseaux clos, parce que non seulement 1l est très-volatil, mais encore parce qu’il s’enflamme à l'air libre ; et c’est |” Le À J 4 DES MINÉRAUX. . 245 par la cémentation du cuivre rouge avec la calamine que la vapeur du zinc contenu dans cette pierre entre dans le cuivre , lui donne la couleur jaune et le convertit en laiton. | La calamine est souvent parsemée pe- tites veines ou filets de mine de plomb; elle se trouve même fréquemment mêlée dans les mines de ce métal comme dans celles de fer de dernière formation : et lorsqu'elle y est très-abondante , comme dans la mine de Rammelsberg, près de Goslar, on en tire le zinc en même temps que le plomb, en fai- sant placer dans le fourneau de fusion un vaisseau presque clos à l’endroit où l’ardeur du feu n’est pas assez forte pour enflammer le zinc , et on le reçoit en substance cou- lante; mais quelque précaution que l’on prenne en le travaillant, même dans des vaisseaux bien clos, le zinc n’acquiert ja- mais une pureté entière, ni même telle qu'il doit l'avoir pour faire d'aussi bon lai- ton qu'on en fait avec la pierre calaminaire, dont la vapeur fournit les parties les plus pures du zinc; et le laiton fait avec cette pierre est ductile, au lieu que celui qu'on. 21 LP 1 : A NPA: LORS UMELTE, AN NTABTA Y FIN LAON SORTE ‘ L “al x Le 246 HISTOIRE NATURELLE fait avec le zinc est toujours aigre et cassanit. Il en est de même de la blende:; elledonne, comme la calamine, par la cémentation - du plus beau et du meilleur laiton qu’on ne peut en obtenir par le mélange immédiat du zinc avec le cuivre ; toutes deux même n'ont guère d'autre usage, et ne sont recher- chées et travaillées que pour faire du cuivre jaune : mais, comme je l'ai déja dit, ce ne sont pas les deux seules matières qui com tiennent du zinc; car il est très - générale- ment répandu et en assez grande quantité dans plusieurs mines de fer : on le trouve aussi quelquefois sous la forme d’un sel ou vitriol blanc; et dans la blende 1l est tou- jours combiné avec le fer et le soufre. Il se forme assez souvent, dans les grands fourneaux, des concrétions qui ont paru à nos chimistes * toutes semblablesaux blendes « 11 y a des blendes artificielles qui imitent « parfaitement les blendes naturelles dans leur üssu, « leur couleur et leur phosphorescence..…J" en al vu «un morceau dun noir luisant et feuilleté prove- « nant des fonderies de Saint-Bel..…. Un autre mor- « ceau venant du même lieu donnoit, oupre Lodeux : DES MINÉRAUX. 24 naturelles ; cependant il y a toute raison de croire que les moyens de leur formation sont bien différens : ces blendes artificielles, pro- duites par l’action du feu de nos fourneaux, « du foie de soufre, des étincelles lorsqu'on le grat= « lolt avec un couteau , et n’en donnoit point avec « la plume... et un troisième morceau venant des “ fonderies de Saxe, et pe est de couleur jaunâtlre , «.Étoit si phosphorique, qu'en le froutant de la plume « on en tiroit des étincelles comme de la blende « rouge de Schasffenberg. »° ( Lettres du docteur Demeste, 1ome II, pages 179 et 10.) Je dois observer qu’on trouvoit en effet de ces blendes arti= ficelles dans les laitiers des fonderies, mais que jusqu’ici l’on ne savoit pas les produire à volonté , et que même on ne pouvoit expliquer comment elles s’étoient formées ; on pensoit au contraire que Part ne pouvoit nniter la Nature dans la combinai« son du zinc avec le soufre. M. de Morveau est lé premier qui ait donné, cette année 1580, un pro= cédé pour faire à volonté l'union directe du zinc et du soufre; il suffit pour cela de priver ce demi- métal de sa volatilité en le calcinant , et de le fondre “ensuite avec le soufre ; il en résulte une vraie pyrite de zinc qui a, comme toutes les autres pyrites, une -sorte de brillant métallique, 248 HISTOIRE NATURBLLE doivent différer de celles qui se trouvent dans le sein de la terre, à moins qu'on ne sup | pose que celles-ci ont été formées par le feu: » des volcans ; et cependant il y a toute raison . de penser que la plupart au moins n ont été produites que par l’intermède de l’eau*, et que le foie de soufre, c’est-à-dire, l’alcals mêlé aux principes du soufre , a grande part à leur formation. th) | Comme le zinc est non seulement très-vo- latil, mais fort inflammable, il se brûle dans les fourneaux où l’on fond les mines de fer, de plomb, etc. qui en sont mêleées; celte fumée du zinc à demi brülé se condense sous une forme concrète contre les parois des fourneaux et cheminées des fonderies et affi- ueries : dans cet etat, on lui donne le nom de cadmie des fourneaux; c’est une councré- tion de fleurs de zinc qui s’accumulent sou- vent au point de former un enduit épais * M. Bergman croit, comme moi, que les blendes naturelles ont été formées par l’eau, et 1l se fonde sur ce qu’elles contiennent réellement de l’eau ; il dit aussi qu’on peut les imiter en unissant par la fusion le zinc, le fer eule soufre. : \ DES MINÉRAUX. 245 contre les parois de ces cheminées. La subs- iance de cet enduit est dure; elle jette des étincelles lorsqu'on la frotte rapidement ou qu'on la choque contre l’acier. Les parties de cette cadmie qui se sont le plus élevées et qui sont attachées au haut de la cheminée, sont les plus pures et les meilleures pour faire du laiton#, parce que la cadmie qui . * On connoissoit très-bien , dès le temps de Pline, la cadmie des fourneaux, et on avoit déja remarqué qu’elle étoit de qualité et de bonté différentes , sui- vant qu’elle se trouvoit sublimée plus haut ou plus bas dans les cheminées des fonderies : Est ipse lapis > ex quo fitæs, cadmia vocature..… Hic rursus in Jornacibus existit, aliamque nominis sui origi- nem recipit : fit autem egestà flammis atque flatu tenuissim& parte materiæ, et camertis lateribusve Jornacum pro quantitate levitatis applicatä. T'e- mussima est in ipso fornacum ore, quà flammeæ eruciantur, appellata capnitis , exusla , et nimiä levitate similis favillæ : interior optima, cameris dependens, et ab eo argumento botryitis COgnoMi= nata. Tertia estin lateribus Jornacum > QUE prop. fer gravitatem ad cameras pervenire non potuit ; hæc dicitur placitis..…. Fluunt et ex ea duo. alia &£nera : onyclutis, extra pené cœrulea, intus onÿ* FA 250 HISTOIRE NATURELLE + _s’est subliméeret élevée si haut y est moins à L mêlée de fer, de plomb, ou de tout autre minéral moins volatil que le zinc. Au reste, on peut aisément la recueillir ; elle se lève : par écailles dures , et il ne faut que la pulvé- riser pour la méler et la faire fondre avecle … cuivre rouge; et c’est peut-être la manière + la moins coûteuse de faire dt laiton. Le zinc, tel qu’on l’obtient par la fusion, est d’un blanc un peu bleuâtre et assez bril- lant : mais quoiqu'il se ternisse à l’air moins vite que le plomb, il prend cependant en assez peu de temps une couleur terne et d’un jaune verdâtre, et les nuances différentes de sa couleur dépendent beaucoup de son degré de pureté; car en le traitant par les procé- dés ordinaires, 1l conserve toujours quelques petites parties des matières avec lesquelles il étoit mêlé dans sa mine; ce n’est que très- récemment'qu’on a trouvé le moyen de le rendre plus pur. Pour obtenir lé zinc dans chitæ maculis similis ; ostracitis, tota nigra, €? cæterarum sordidissima.… Omnis autem cadmria in Cypri fornacibus optima. Sue hb. ns | cap. 10.) ET, | | DES MINÉRAUX. a25r sa plus grande pureté, il faut précipiter par le zinc même son vitriol blanc; ce vitriol, _décomposé ensuite par l’alcali, donne une chaux qu'il suffit de réduire pour avoir un zinc pur et sans aucun mélange. La substance du zinc est dure et n’est point cassante; on ne peut la réduire en poudre qu'en la faisant fondre et la mettant en gre- nailles : aussi ‘acquiert-elle quelque ductilité par l'addition des matières inflammables en la fondant en vaisseaux clos. Sa densité est vu peu plus grande que celle du régule d’an- timoine, et un peu moindre que celle de l’étain *. Indépendamment de ce rapport assez prochain de densité, le zinc en a plu- sieurs autres avec l’étain : 1l rend , lorsqu'on le plie, un petit cri comme l’étain ; il résiste de même aux impressions des élémens hu- * La pesanteur spécifique du régule de zinc est de 71908; celle du régule d’antimoine , de 67o2t ; et celle de l'étain pur de Cornouailles, de 72914; la pesanteur spécifique de la blende n’est que de 41665: il y a donc à peu près la mème proportion dans les densités relatives de la hblende avec le zinc, de l'antimoine crud avec le régule d’antimome , et du cinabre avec le mercure coulant. | _ EN SUN NS OUR Di 252 HISTOIRE NATURELLE Si imides , et ne se couvertit point en En quelques minéralogistes l'ont même regardé comme une espèce d’étain , et il est vrai qu'il a plusieurs propriétés Communes avec ce. métal; car on peut étamer le fer et le cuivre | avec le zinc comme avec l’étain , et l’un de nos chimistes ! a prétendu que cet étamage avec le zinc, qui est moins fusible que l’é- tain, et par conséquent plus durable , est en même temps moins dangereux que l’étamage ordinaire, dans lequel les chaudronniers mêlent toujours du plomb: On connoit les qualités funestes du plomb ; on sait aussi que l’étain contient toujours une petite quantité d’arsenic, et il faut convenir que le zinc en contient aussi; car lorsqu'on le fait fuser sur les charbons ardens, il répand une odeur arsenicale qu’il faut éviter de respirer ; et tout considéré , l'étamage avec du bon étain doit être préféré à celui qu'on feroit avec le zinc ?, que le vinaigre dissout et attaque même à froid. ) 1 M. Malouin, de l’académie des sciences, KL médecin de la faculté de Paris. L 2 Cet étamage avec le zinc a été approuvé par la : DES MINÉRAUX. 2:53 - Si ces rapports semblent rapprocher lé ‘ginc de l’étain , il s’en éloigne par plusieurs propriétés : il est beaucoup moins fusible ; il faut qu’il soit chauffé presque au rouge avant qu'il puisse entrer en fusion. Dans cet état de fonte, sa surface se calcine sans aug: menter le feu , et se convertit en chaux grise, qui diffère de celle de l’étain en ce qu’elle est bien plus po réductible, et que quand en les pousse à un feu violent , celle de l’étain ne fait que blanchir davantage, et enfin se convertit en verre , au lieu que celle du zinc s’enflamme d’elle-mème et sans ad- dition de matière combustible. On peut même dire qu'aucune autre matière, aucune subs- tance végétale ou animale, qui cependant semblent être les vraies matières combus- tibles, ne donnent une flamme aussi vive que le zinc. Cette flamme est sans fumée eë dans une parfaite incandescence ; elle est accompagnée d’une si grande quantité de lumière blanche, que les yeux peuvent à faculté de médecine de Paris, mais condamné par l'académie des sciences et par la société royale de médecine ; et il a aussi été démontré nuisible, par les expériences faites à l'académie de Dijon en rs 770: Mat. gén, XIII, É 22 -254 HISTOIRE NATURELLE peine en supporter l'éclat éblouissant : c’est | au mélange de la limaille de fer avec du zinc que sont dus les plus beatx effets de nos mtite d'artifice. ! DA EU * Et nou seulement le zinc est MG très-combustible, mais il est encore phos- phorique; sa chaux paroit lumineuse en la). triturant , et ses fleurs, recueillies au mo ment qu’elles s'élèvent , et placées dans un lieu obscur , jettent de la lumière peMEnR un petit temps *. Au reste, le zinc n’est pas le seul des minéraux qui s’enflamme lorsqu'on le fait cn. re MORE * M. de Lassone, procédant un jour à la défla- LL d? +4 d LL 4 d L gration d’une assez grande quantité de zinc, en . recueilloit les fleurs et les mettoit à mesure dans un large vaisseau ; il fut surpris de les voir encore lu- mineuses quelques minutes après; et remuant en- suite ces fleurs avec une spatule, ayant obscurci davantage le laboratoire , il vit qu’elles étoient en tièrement pénétrées de cette lumière phosphorique et diffuse , qui peu à peu s’affoiblit, s'étéignit, après avoir subsisté plus d’une heure. On peut voir dans son Mémoire tous les rapports qu'il indique entre le zinc et le phosphore. ( Mémoires de l'académie . : Î n 1 . des sciences, année 1772, page 38o el suiv.) c\ i DES MINÉRAUX. 255 rougir : l’arsenic, le cuivre, et même l’anti- moine, éprouvent le même effet; le fer jette aussi de la flamme lorsque l’incandescence est poussée jusqu’au blanc, et il ne faut pas attribuer ; avec quelques uns de nos chimistes, cette flammeauzinc qu'il contient , ni croire, comme ils le disent, que c’est lezinc qui rend la fonte de fer aigre et cassante; car il ya beaucoup de mines de fer qui ne contiennent point de zinc, et dont néanmoins le fet donne une flamme aussi vive que les autres fers qui en contiennent : je m'en suis assuré par plusieurs essais ; et d’ailleurs on peut toujours reconnoîitre, par la simple observa- tion , si la mine que l’on traite contient du zinc, puisqu'alors ce demi-métal , en se su blimant , forme de la cadmie au-dessus du fourneau et dans les cheminées des affine ries. Toutes les fois donc que cette sublima- tion n'aura pas lieu , on peut être assuré que le fer ne contient point de zinc ,! du moins en quantité sensible, et néanmoins le fer en gueuse n’en est pas moins aigre et Cas< sant; et cette aigreur, comme nous l'avons dit, vient des matières vitreuses avec les- quelles la substance du fer est mêlée, et rs SU TS ORNE 256 HISTOIRE NATUREULE F0 ce verre se manifeste bien évidemment de "4 les laitiers etles scories pau en séparent, tant | au fourneau de fusion qu’à l’affinerie. En- fin cette fonte de fer qui ne contient point de zinc , ne laisse pas de-jeter de la flamme lors: qu’elle est chauffée à blanc ; et dés lors ce n’est point au zinc qu’on doit attribuer cette flamme, mais au fer même, qui esten effet combustible : lorsqu'il AN ” violente action du feu. Lo +3 . 1 La chaux du zinc, chauffée presque jus- … qu'au rouge, s’enflamme tout-à-coupet avec une sorte d’explosion , eten même temps les parties les plus fixes sont, comme nous l'a= | vons dit, emportées en fleurs ou flocons blancs : leur augmentation de volume n’est pas proportionnelle à leur légéreteapparente; cariln’y a, dit-on,.qu'un dixième de diffé- rence entre la pesanteur spécifique du zine et celle de ses fleurs : mais lorsqu'on la calcine très-lentement et qu'on l'empêche de se su: blimer en l'agitant continuellement avec une spatule de fer , l'augmentation du volume de cette chaux est de près d’un sixième, Au reste, comme la chaux du zinc est très-vo- latile , on ne peut la vitrifer seule; mais en DES MINÉRAUX. 257 y ajoutant du verre blanc réduit en poudre et du salin, on la convertit en un verre cou- leur d'aigue-mnarine. - Plusieurs chimistes ont écrit que , comme le soufre ne peut contracter aucune union avec le zinc, il pouvoit servir de moyen pour le purifier; mais ce moyen ne peut être em- ployé généralement pour séparer du zinc tous les métaux, puisque le soufre s’unit au zinc par l’intermède du fer. | Le zinc en fusion et sous sa forme propre s'allie avec tous les métaux et minéraux mé- talliques , à l'exception du bismuth et du nickel. Quoiqu'il se trouve très-souvent uni avec la mine de fer , il ne s’allie que très-dif- ficilement par la fusion avec ce métal : il rend tous les métaux aigres et cassans. El augmente la densité du cuivre et du plomb; mais il diminue celle de l’étain, du fer, et du réguled'antimoine. L’arsenic et le zinc, trai- tés ensemble au feu de sublimation, forment une masse noire qui présente dans sa cassure une apparence plutôt vitreuseque métallique. Il s'amalgame très-bien avec le mercure. « Si «l’on verse, dit M. de Morveau, le zinc « fondu sur le mercure, il se fait An bruit 258 HISTOIRE NATURELLE « pareil à celui que fait l 1 ns « d’un corps froid dans de l'huile bébiltattei 1 « lamalgame paroît d’abord solide; maisil " « redevient fluide par la trituration. La crys- « tallisation de cet amalgame laisse apper- «cevoir ses éléemens mêmes à la partie su « périeure qui n'est pas en contact avec le «mercure; ce qui est différent des autres « amalgames..…... une once de zinc retient « deux onces de mercure ». J'observerai que cette solidité que prend d’abord cet amal- game, ne dépend pas de la nature du zinc, puisque le mercure seul, versé dans l’huile bouillante, prend une solidité même plus durable que celle de cet amalgame de zmc.. Les affinités du zinc avec les métaux, sont, selon M. Geller, dans l'ordre suivant : le cuivre, le fer, l'argent, l'or, l’étain et le plomb. | Autant la chaux de plomb est facile à réduire, autant la chaux ou le fleurs de ziuc sont de difhcile réduction : de là vient que la céruse, ou blanc de plomb, devient noire par Ja seule vapeur des matières pu- trides, tandis que la chaux de zinc conserve sa blancheur. C’est d’après ceite propriété . DES MINÉRAUX. : 25 éprouvée par la vapeur du foie de soufre, que M. de Morveau a proposé le blanc de zinc comme préférable, dans la peinture, au blanc de plomb : les expériences comparées ont été faites cette année 1781, dans la séance publique de l'académie de Dijon ; elles dé- montrent qu’il suffit d'ajouter à la chaux du zinc un peu de terre d’alun et de craie, pour lui donner du corps et en faire une bonne couleur blanche , bien plus'fixe et bien moins altérable à l'air que la céruse ou blanc de plomb, qu’on emploie ordinai- rement dans la peinture à l'huile. _ Le zinc est attaqué par tous les acides, et même la plupart le dissolvent assez facile ment : l'acide vitriolique n’a pas besoin d’être aidé pour cela par la chaleur, et le zinc pa- roit avoir plus d'afhnité qu'aucune autre substance métallique avec cet acide; 1l faut seulement, pour que la dissolution s'opère promptement, lui présenter le zinc en petites grenailles ou en lames minces, et mêler l'acide avec un peu d’eau, afin que le sel qui se forme n'arrête pas la dissolution par le dépôt qui s’en fait à la surface. Cette disso- lution laisse, après l’évaporation, des crys- D te D A ni 260 HIST OIRE NATURELLE taux blancs ; ce vitriol de Zinc" est connu v TA sous le nom de couperose blanche, comme. ceux de cuivre et de fer sous les nomside : couperose blerse et de couperose verte. Et lon doit observer que les fleurs de zinc, quoi- , 3 | Un qu’en état de chaux, offrent les mêmes. phénomènes avec cet acide que le zinc même; ce qui ne s'accorde point avec la théorie de nos chimistes , qui veulent qu’en général les chaux métalliques ne puissent être attaquées par les acides. Ce vitriol de zinc, ou vitrioi blanc, se trouve dans le sein de la terre, rarement en crystaux réguliers, mais plutôE en stalactites, et quelquefois en filets blancs; il se couvre. d’une efflorescence bleuâtre s’rl contient du cuivre. L'acide nitreux dissout le zinc avec autant de rapidité que de puissance, car 1l peut en dissoudre promptement une quantité égale à la moitié de son poids : la dissolution satu- rée n’est pas limpide comme l’eau, mais un peu obscure comme de l'huile; et si Le zinc est mêlé de quelques parties de fer, ce metal sen sépare en se précipitant, ce qui fourmi un autre moyen que celui du soufre pour puriñer le zinc. L'on doit eucore observer - # LA a ST 1 DES MINÉRAUX. :6r « que la chaux et les fleurs de zinc se dis- _ solvent dans cet acide et dans l’acide vitrio- lique , et que par conséquent cela fait une grande exception à la prétendue règle, que les acides ne doivent pas dissoudre les chaux ou terres métalliques. L’acide marin dissout aussi le zinc très- facilement, moins pleinement que l'acide nitreux , car il ne peut en prendre que la: huitième partie de son poids ; il ne se forme pas de crystaux après l’évaporation de cette dissolution , mais seulement un sel en gelée blanche et ee nt, dont la qe est fort corrosive. | Le zinc, et même les fleurs de zinc, se dissolvent aussi dans l'acide du vinaigre, et 1l en résulte des crystaux; il en est de même de l’acide du tartre : ainsi tous les acides minéraux ou végétaux, et jusqu'aux acerbes, tels que la noix de galle, agissent sur le zinc. Les alcalis, et sur-tout l’alcali volatil, le dis- solvent aussi, et cette dernière dissolution donne , après l’évaporation, un sel blanc et brillant, qui attire l'humidité ‘de l'air et tombe en déliquescence. Voilà le précis de ce que nous savons sur \ fs PH NON ONNNSNR Re 262, HISTOIRE NATURELLE À le zinc : on voit qu’étant très-volatil , il doit être disséminé par-tout ; qu’étant susceptible d’altération et de dissolution par tous les « acides et par les alcalis , il peut se trouver en | | état de chaux ou de précipité dans le sein de la terre : d’ailleurs les matières qui le con- » . tiennent en plus grande quantité, tellesque … la pierre calaminaire et les blendes, sont » composées des détrimens du fer et d’autres minéraux ; l’on ne peut donc pas douter que ce demi-métal ne soit d’une formation bien postérieure à celle des métaux. | DE LA PLATINE. 1F n’y a pas un demi-siècle qu’on connoîit la platine en Europe, et jamais on n’en a trouvé dans aucune région de l’ancien conti- nent: deux petits endroits dans le nouveau monde, l’un dans les mines d’or de Sanfa-Fé à la nouvelle Grenade, l’autre dans celle de Choco, province du Pérou, sont jusqu’ici les seuls lieux d’où l’on ait tiré cette matière métallique , que nous ne connoissons qu’en grenailles méêlées de sablon magnétique, de paillettes d’or, et souvent de pêtits crystaux de quartz, de topaze, de rubis, et quelque- fois de petites gouttes de mercure. J'ai vu et examiné de très-près cinq ou six sortes de platine que je m'étois procurées par diverses pagounes et en différens temps; toutes ces sortes éloient mêlées de sablon magnétique et de paillettes d’or : dans quelques unes il y avoit de petits crystaux de quartz, de to- paze, elc. en plus ou moins grande quan- tas * » ” D, \'h * à Ÿ FE » \ A : N .\ 7 S n 264 HISTOIRE NATURELLE. Ms 4 tité; mais je n’ai vu de petites gouttes de à mercure que dans l’une de ces sortès de w platine *. Il se pourroit donc que cet état A de grenaille , sous lequel nous conuoissons la platine, ne fût point son état naturel, et * l’on pourroit croire qu'elle a été concassée dans les moulins où l’on broie les minérais d'or et d'argent , et que lés souttelettes dé mercure qui sy trouvent quelquefois, ne viennent que de l’'amalgame qu’on emploie au traitement de ces mines : nous ne sommes donc pas certains que cette forme de grenaillé … soit sa forme native, d'autant qu’il paroît par le témoignage de quelques voyageurs, qu’ils indiquent la platine comme une pierré métallique très-dure, intraitable, dont l néanmoins les naturels du pays avoient L avant les Espagnols, fait des haches et autres instrumens tranchans; ce qui suppose néces- sairement qu’ils la trouvoient en grandes * M. Lewis et M. le comte de Milly ont ous deux reconnu des globules de mercure dans la platine qu'ils ont examinée. M. Bergman dit de mêine qu ’l n'a point traité de plaune dans laquelle i n'en ait trouvé. DES MINÉRAUX. 268 rhasses, ou qu'ils avoient l’art de la fondre sans doute avec l'addition de quelque autre métal; car par elle-même la platine est en- core moins fusible que la mine de fer, qu’ils n’avoient pas pu fondre. Les Espagnols ont aussi fait différens petits ouvrages ayec la platine alliée avec d’autres métaux. Personne en Europe ne l4 connoit donc dans son état de nature, et j'ai attendu vainement pen- dant nombre d'années quelques morceaux de platine en masse, que j'’avois demandes à tous mes correspondans en Amérique. M. Bowles , auquel le gouvernement d’Es- pagne paroit avoir donné sa confiance au sujet de ce mineral, n'en a pas abusé; car tout ce qu'il en dit ne nous apprend que ce que nous savions déja. | Nous ne savons donc rien, ou du moins rien au juste de ce que l’histoire naturelle pourroit nous apprendre au sujet de la pla- tine, sinon qu'elle se trouve en deux en- droits de l'Amérique méridionale, dans des. mines d’or, et jusqu'ici nulle part ailleurs :. ce seul fait, quoique deénué de toutes ses circonstances, sufht, à monsavis, pour dé. montrer que la platine est une-matière acci= 25 sé nORAL . TA En je de 266 HISTOIRE NATURELLE dentelle plutôt que naturelle ; cars toute substance produite par les voies ordinaires de la Nature est généralement répandue, au moins dans les climats qui jouissent de Ja même température : les animaux, les végé- taux, les minéraux, sont également soumis à cette règle universelle. Cette seule considéra- tion auroit dû suspendre l’'empressement des chimistes, qui, sur le simple examen de celte grenaille, peut-être artificielle et cer- tainement accidentelle, n’ont pas hésité d'en faire un nouveau métal, et de placer cette matière nouvelle non seulement au rang des anciens mélaux, mais de la vanter comme un troisième métal aussi parfait que l'or et l'argent , sans faire réflexion que les métaux se trouvent répaudus dans toutes les parties du globe ; que la‘platine,'si c’étoit un métal, seroit répandue de même; que dès lors on ne devoit la regarder que comme:une produc- tion accidentelle, entièrement dépendante des circonstances Jocales des deux endroits, où elle se trouve. Cette considération , quoique majeure, n'est pas la seule qui me fasse nier que la. platiue soit un vrai métal. J'ai démontré + y \ DES MINÉRAUX. 267 par des observations exactes *, qu’elle est toujours atlirable à l’aimant ; la chimie a fait de vains efforts pour en séparer le fer, dont sa substance est intimement pénétrée : la platine n’est donc pas un métal simple et parfait, comme l'or et l'argent, puisqu'elle est toujours alliée de fer. De plus, tous les métaux, et sur-tout ceux qu’on appelle par- faits, sont très-ductiles ; tous les alliages au contraire sont aigres : or la platine est plus aigre que la plupart des alliages, et mème, après plusieurs fontes et dissolutions , elle n’acquiert jamais autant de ductilité que le Zinc ou le bismuth, qui cependant ne sont que des demi-metaux, tous plus aigres que les métaux. Mais cet alliage où le fer nous est démon- tré par l’action de l’aimant, étant d’une densité approchante de celle de l’or, j'ai cru être fondé à présumer que la platine n’est qu un mélange accidentel de ces deux mé- taux très-intimement unis : les essais qu'on a faits depuis ce temps pour tâcher de séparer | - * Voyez le Mémoire qui a pour titre, Observa= tions sur la platine, tome V, page 175. 268 HISTOIRE NATURELLE le fer de la platine et de détruire son m gnétisme, ne m'ont pas fait changer: ds nion. La platine la plus pure, celle entre autres qui a été si bien travaillée par: M. le baron de Sickengen *, et qui ne donne aucun signe de magnétisme, devient néanmoins _attirable à l’aimant, dès qu’elle est commi- Î “7 nuée et réduite en très-petites parties ; la pré sence du fer est donc constante dans ce mi=. néral, et la présence d’une matière aussi dense que l'or y est également et évidem- * La platine, mème la plus épurée, contient tou jours du fer. M. le comte de Milly, par une lettre datée du 18 novembre r78r ,me marque « qu'ayant « oublié pendant trois à quatre ans un morceau de « platine purifiée par M. le baron de Sickengen, et « qu’il avoit laissé dans de l’eau-fôrte la plus pure < pendant tout ce temps, 1l s’y étoit rouillé, et que « l'ayant retiré, il avoit étendu la liqueur qui res- « toit dans le vase, dans un peu d’eau distillée, et « qu'y ayant ajouté de l’alcali phlogistique, 1l avoit « obtenu sur-le-champ un précipilé irès-abondant ; «ce qui prouve indabitablement que la platine la &plus pure , et que M. de Sickengen assure être dé- « pouillée de tout fer, en content encore , et que « par conséquent le fer entre dans sa composition, v Man Nu.) 7 ÉNSRES + IDES MINERAUX. 269 _ ment aussi constante ; et quelle peut être cette matière dense, si ce n’est pas de l'or? IL est vrai que jusqu'ici Von n’a pu tirer de la platine, par aucun moyen, l'or, ni même le fer qu’elle contient, et que pour qu'il y eût sur l'essence de ce minéral démonstration complète, il faudroit en avoir tiré et séparé le fer et l'or, comme on sépare ces métaux après les avoir alliés; mais ne devons-nous pas considérer , et ne l’ai-je pas dit ; que le fer n'étant point ici dans son état ordinaire, et ne s'étant umi à l’or qu'après avoir perdu presque toutes ses propriétés, à l'exception de sa densité et de son magnétisme’, il se pourroit que l'or s'y trouvât de même dénué de sa ductilité, et qu'il n’eût conservé , comme le fer, que sa seule densité? et dès lors ces deux métaux qui composent la platine, sont tous deux dans un état inaccessible à nolre art , qui ne peut agir sur eux, ni même nous les faire reconnoitre en nous les pré- sentant dans leur état ordinaire. Et n'est-ce pas par cette raison que nous ne pouvons tirer ni le fer ni l'or de la platine, ni par conséquent séparer ces métaux , quoiqu’elle soit composée de tous deux? Le.fer en eflet FRET 2 PRE NT Lpolré I PEUR he: HNUR LU UA ÿ 14 IQ NAS TR 4 WLEE 2 HISTOIRE NATURELLE n'y est pas dans son état ordinaire , mais tel 1 qu’on le voit dans le sablon ferrugineux qui accompagne toujours la platine : ce sablon, | quoique très - magnétique, est infusible, inattaquable à la rouille, insoluble dans les acides; il a perdu toutes les propriétés par à lesquelles nous pouvions l'attaquer, il ne lui est resté que sa densité et son inagnétisme, propriétés par lesquelles nous ne pouvons néanmoins le méconnoitre. Pourquoi l'or, que nous ne pouvons de même tirer de la platine, mais que nous y reconnoissons aussi : évidemment par sa densité, n'’auroit-il pas éprouvé, comme le fer, un changement qui lui auroit Ôté sa ductilité et sa fusibilité? l'un est possible comme l’autre; et ces productions d’accidens ; quoique rares, ne peuvent-elles pas se trouver dans la Nature ? Le fer en état de parfaite ductilité es€ presque infusible, et ce pourroil être celte propriété du fer qui rend l'or dans la pla- tine très-réfractaire. Nous pouvons aussi légitimement supposer que le feu violent d'un volcan ayant converti une miue de fer en mächefer et en sablon ferrugineux magnétique, et-tel qu'il se trouve avec la _ DES MINÉRAUX. 27% platine, ce feu aura en même temps, et par le même excès de force, détruit dans l'or toute ductilité : car cette qualité n’est pas essentielle ni même inhérente à ce métal, puisque la plus petite quantité d’étain ou d'arsenic la lui enlève. Et d’ailleurs sait-on ce que pourroit produire sur ce métal un feu plus violent qu'aucun de nos feux con- nus? Pouvons-nous dire si dans ce feu de volcan, qui n'a laissé au fer que son magné- tisme et à l’or sa densité, il n’y aura pas eu des fumées arsenicales qui auront blanchi l'or et lui auront Ôte toute sa ductitité, et si cet alliage du fer et de l'or, imbus de la vapeur d’arsenic, ne s’est pas fait par ul feu supérieur à celui de. notre art? Devons- nous donc être surpris de ne pouvoir rompre leur union ? et doit-on faire un metal nou- veau, propre et particulier , une substance simple, d'une matière qui est évidemment mixte, d'un composé formé par accident en deux seuls lieux de la terre, d’un composé qui présente à la fois la densité de l’or et le magnétisme du fer, d’une substance en un mot qui a tous les caractères d’un nes ; et aucun de ceux d'un métal pur? AMNU Le D À 14 QT OMR OT RUN 4 LL 0 NX Le D LT de on À “ eh A dt 37» HISTOIRE NATURELLE À Mais comme les alliages faits par. la Kid ture sont encore du ressort de l’histoire naturelle, nous croyons devoir, comme nous î l'avons fait pour les métaux, donnericiles \ principales propriétés de la platine : quoique L très-dense, elle est très-peu ductile, presque L. infusible sans addition , si fixe au feu qu'elle n'y perd rien ou presque rien de son poids ; inaltérable et résistant à l’action des élé- 1 mens huimides, indissoluble comme l'or | . . £ 0 dans tous les acides simples *, et se laissant * M. Tillet, l’un de nos plus savans académi- ejens, et très-exact observateur , a reconnu que, quoique la platine soit indissoluble en elle-même par les acides simples, elle se dissout néanmoins par l’acide nitreux pur, lorsqu'elle est alliée avec de l’argent et de l’or. Voici la note qu'il a bien voulu me communiquer à ce sujet: « J’ai annoncé dans « les Mémoires de l'académie des sciences , année « 1779, que la platine, soit brute, soit rendue duc- « tile par les procédés connus, est dissoluble dans « l’acide nitreux pur, lorsqu’elle est alliée avec une « certaine quantilé d’or et d'argent. Afin que cet « alliage soit complet, il faut le faire par le moyen « de la coupelle , et en employant une quantité con- venable de plomb. On traite alors par la voie du DES MINÉRAUX. 273 _ dissoudre comme lui par la double puis- sance des acides nitreux et marin reunis. L'or mêlé avec le plomb le rend aigre, la platine produit le mème effet; mais on a « départ le bouton composé des trois métaux, comme «un mélange simple d'or et d'argent ; la dissolu- _« tion de l'argent et de la platine est complète, la « liqueur est transparente, et il ne reste que l’or « au fond du matras, soit dans un état de division « si on a mis beaucoup d'argent, soit en forme de « cornet bien conservé si on n’a mis que trois où « quatre parties d'argent égales à celle de l'or. Il est «vrai que si on emploie trop de platine dans « cette opération, l’or mêlé avec elle la défend un « peu des atiaques de l'acide nitreux, et il en con « serve quelques parties. Il faut un mélange parfait « des trois métaux pour que lopéralion réussisse « complètement : s’il se trouve quelques parties dans « l’alliage où il w’y ait pas assez d'argent pour que « la dissolution ait lieu, la platine résiste, comme « l'or, à l’acide, et reste avec lui dans le précipité ; « mais si on pe met dans l’alliage qu’un douzième « de plane, ou encore mieux, un vingt-quatrième « de l'or qu'on emploie, alors on parvient à dis- « soudre le total de la plaune, et l'or mis en expé- « rjence ne conserve exactement que son poids, Il 274. HISTOIRE NATURELLE prétendu qu'elle ne se séparoil pas en entier du plomb comme l'or, dans la coupelle, au plus grand feu de nos fourneaux : dès lors … « n’enest pas ainsi d'un alliage dans lequel il n’entre « que de l'argent et de la platine: la dissolution «n'en est proprement une que pour l'argent ; læ « liqueur reste trouble et noirâtre, malgré une longue « et forte ébullition ; il se fait un précrohe noir et « abondant au fond du matras, qui n’est que de la « platine réduite en poudre et subdivisée en une « infinité de particules, comme elle l’étoit dans l’ar- « gent avant qu'il fût dissous. Cependant, si on laisse « reposer la liqueur pendant quelques jours, elle « s’éclaircit et devient d’une couleur brune, qu'elle « doit sans doute à quelques parties de la plaune « qu’elle a dissoutes, où qu’elle tient en suspension. « Il paroît donc que , dans ceite opération, c'est à la présence seule de l’or qu'est due la dissolution « réelle et assez prompte de la platine par l’acide « nitreux pur; que l’argent ne contribue qu'indi- « rectement à cette dissolution ; qu'il la facilite à la vérité, mais que sans l’or il ne sert qu’à procurer une division mécanique de la platine ; et encore « cette division n’a-t-elle lieu que parce que l’ar- « gent dissous lui-même ne peut plus conserver la « platine subdivisée avec laquelle il faisoit corps. » DES MINÉRAUX., 25 ‘le plomb adhère plus fortement à la platine que l'or, dont il se sépare en entier, ou pres- que en entier*. On peut même reconnoître par l'augmentation de son poids la quantité de plomb qu'elle a saisie, et qu’elle retient si puissamment, que l'opération de la coupelle . ne peut l'en séparer : cette quantité, selon M. Schælfier, est ‘de deux ou trois pour cent; cet habile chimiste, qui le premier a travaillé la platine, dit avec raison qu’au miroir ardent, c’est-à-dire, à un feu supé- rieur à celui de nos fourneaux, on vient à bout d'en séparer tout le plomb et de la rendre pure : elle ne diffère donc ici de l’or qu'en ce qu'étant plus difficile à fondre, elle se coupelle aussi plus difficilement. En mêlant parties égales de platine et de cuivre, on les fond presque aussi facilement * « L'or le plus pur ne se sépare jamais parfai- < tement du plomb dans la coupelle : si vous faites = passer un gros d’or fin à la coupelle dans une « quantité quelconque de plomb, le bouton d'or, « quelque brillant qu'il soit, pesera toujours un peu « plus d’un gros.» (Remarque communiquée par AI. Tillet.) 256 HISTOIRE NATURELLE avec l'argent : ilen faut trois parties sur une PEN, que le cuivre seul , et cet alliage est à peu . près aussi fusible que celui de l'or et du cuivre. Elle se fond un peu moins facilement de platine, et l'alliage qui résulte de cette fonte est aigre et dur. On peut en retirer l'argent par l'acide nitreux, et avoir ainsi la platine sans mélange, mais néanmoins avec quelque perte. Elle peut de même se fondre avec les autres métaux ; et ce qui est très remarquable, c'est que le mélange d’une très-petite quantité d’arsenic, comme d’une vingtième ou d’une vingt-quatrième partie, suffit pour la faire fondre presque aussi aisé ment que nous fondous le cuivre : il n’est pas mème nécessaire d'ajouter des fondans à l'arsenic, comme lorsqu'on le fond avec le fer ou le cuivre; il suffit seul pour opérer très-promptement la fusion de la platine, qui cependant n’en devient que plus aigre et plus cassante. Enfin, lorsqu'on la mêle avec l'or, il n'y a pas moyen de les séparer sans intermède, parce que la platine et l'or sont également fixes au feu ; et ceci prouve en- core que la nature de la platine tient de très- près à celle de l'or. Ils se fondent ensemble : DES MINÉRAUX. 277 assez aisément ; leur union est toujours intime et constante; et de même qu’on remarque des surfaces dorées dans la platine qui nous vient en grenailles, on voit aussi des filets ou petites veines d’or dans la pla- tine fondue. Quelques chimistes prétendent mème que l'or est un dissolvant de laplatine, parce qu’en effet, si l’on ajoute de l’or à l’eau régale , la dissolution de la platine se fait beaucoup plus promptement et plus complé- tement; et ceci, joint à Ce que nous ayons . dit de sa dissolution par l’acide nitreux, est encore une preuve et un effet de la grande affinité de la platine avec l'or. On a trouvé néanmoins le moyen de séparer l’or de la platine , er mélant cet alliage avec l'argent *; * « Lorsqu'on a mêlé de l’or avec dela platine, « il y a un moyeu sûr de les séparer, celui du dé- «part, en ajoutant au mélange trois fois autant « d'argent, ou environ, qu’il y a d’or; l'acide ni- « treux dissout l'argent et la platine, et l’or tout « entier en est séparé ; on verse ensuite de l'acide « marin sur la liqueur chargée de l'argent et de la « platine, sur-le-champ on a un précipité de l’ar- « gent seul ; et comme on a formé par-là une eau. « régale, la platine n’en est que mieux maintenue ! R Kw 2% » 278 HISTOIRE NATURELLE et ce moyen est assez sûr pour qu’on ne doive plus craindre de voir le titre de l'or altéré par le mélange de la platine. | L'or est précipité de sa dissolution par le vitriol de fer, et la platine ne l’est pas : ceci … fournit un moyen de séparer l’or de la pla- tine, s’ilsy trouvoit artificiellement allié : mais cet intermède ne peut rien sur leur alliage naturel. Le mercure, qui s’amalgame si puissamment avec l'or, ne s’unit point avec la platine : ceci fournit un second moyen de reconnoiître l'or falsifié par le « dans Ja liqueur qui surnage l'argent précipité. « Pour obtenir ensuite la platine ; on fait évaporer « sur un bain de sable la liqueur qui la contient, et « on traite le résidu par le flux noir, en y ajoutant « de Ja chaux de cuivre propre à rassembler ces par- « ticules de platine; on lamine après cela le bouton « de cuivre qu'on a retiré de l'opération, et on le « fait dissoudre à froid dans de l'esprit de nitre affoi- « bli; la platine se précipite au fond du matras, et, « après un recuit , elle s’annopce avec ses caractères « métalliques , mais avec un déchet de moitié ou «environ sur la quantité de platine qu’on a em- « ployée. Voilà le procédé que jai suivi, et par lequel « on voit que je nai rien pu perdre par un défaut DES MINÉRAUX. 279 mélange de la platine; il ne faut que réduire l'alliage en poudre , et la présenter au mer- eure, qui s’emparera de toutes les particules d’or, et ne s’attachera point à celles de la platine. | | Ces différences entre l'or et la platine sout peu considérables en comparaison des rap- ports de nature que ces deux substances ont l’une avec l’autre. La platine ne s’est trouvée que dans des mines d’or, et seulement dans deux endroits particuliers, et, quoique tirée de la même mine, sa substance n’est pas toujours la même ; car en essayant sous le _« de soin; après des opérations réitérées on parvient « à réduire la platine à peu de grains, et enfin à la « perdre totalement. Ces expériences annoncent que «la platine se décompose et n’est pas un métal « simple; la matière noire et ferrugineuse se montre « à chaque opération , et se trouve mêlée avec celle « qui a conservé l’état métallique : cette matière noi. « râtre qui n a pu reprendre ses caractères métal- « liques, est fors légère et ne se précipite qu’aveé « peine ; on ne croiroit jamais qu’elle eût appartenu « à un métal aussi pesant que la platine ; quatre ou « Cinq grains de celte malière décomposée ont le «“ volume d’une noisette.» (Vote de M. T'illet.) ‘280 HISTOIRE NATURELLE marteau plusieurs grains de platine, telle qu’ on nous l’envoie, jai reconnu que asie À Li ques uns de ces grains s ’étendoient assez faci- n. lement, tandis que d’autres se brisoient sous une percussion égale : cela seul suffiroit pour faire voir que ce n’est point un metal natif et d’une nature univoque, mais un mélange équivoque qui se trouve plus ou moins aigre, selon la quantite et la. qualité des matières alliées. NT" Quoique la platine soit blanche à peu près comme l'argent, sa dissolution est jaune, et même plus jaune que celle de l’or; cette cou: leur augmente encore à mesure que la disso- lution se sature, et devient à la fois tout-à- fait rouge. Cette dernière couleur ne pro- vient-elle pas du fer toujours uni à la platine ? En faisant évaporer lentement cette dissolu- tion, on obtient un sel crystallisé semblable au sel d’or : la dissolution noircit de même la peau, et laisse aussi précipiter la platine, comme l'or, par l’éther et- par les autres huiles éthérées ; enfin son sel reprend , comme celui de l’or, son état métallique ; sans addition ni secours. | Le produit de la EN de la platine | DES MINÉRAUX. 28t paroît différer de l'or dissous, en ce que le précipite de platine, fait par l’alcali volatil, ne devient pas fulminant comme l'or; mais aussi, peut-être que si l’on joignoit une petite quantité de fer à la dissolution d’or, le préci- pité ne seroit pas fulminant. Je présume de même que c’est par une cause semblable que le précipité de la platine par l’étain ne se colore pas de pourpre comme celui de l'or; et, dans le vrai, ces différences sont si légères en comparaison des grands et vrais rapports que la platine a constamment avec l'or, qu'elles ne suffisent pas, à beaucoup près, pour faire un métal à part et indépendant, d’une matière qui n’est très -vraisemblable- ment qu'altérée par le mélange du fer et de quelques vapeurs arsenicales : car, quoique notre art ne puisse rendre à ces deux métaux altérés leur première essence, il ne faut pas conclure de son impuissance à l’impossibi- hté ; ce seroit prétendre que la Nature n’a pu faire ce que nous ne pouvons défaire , et mous devrions plutôt nous Sn GE à l imiter qu’à la contredire. Aucuu acide simple, ni même le sublimé eorrosif ni le soufre, n’agissent pas plus sur 24 ss è " SE TN BUTORRE 282 HISTOIRE NATURELLE | la platine que sur l'or; mais.le foie de soufre les dissout également : : toutes les substances métalliques, la. précipitent comme l'or ; et son précipité conserve de même sa couleug et son brillant métallique; elles’allie comme l'or avec tous les métaux et les Vois ie taux. La différence la plus sensible qu il y ait entre les propriètes secondaires de l'or et de la platine , c’est la facilité avec laquelle ik s’'amalgame avec le mercure, et la résistance 4 que la platine oppose à cette union. Il me 4 . semble que c’est par le fer et par l’arsenie dont la platine est intimement pénétrée , que l’or aura perdu son attraction avec le mercure , qui, comme l’on sait, ne peut s’amalgamer avec le fer, et encore moins avec l’arsenic. Je suis donc persuadé qu'on pourra toujours donner la raison de toutes ces différences en convenant avec moi que la platine est un or dénaturé par le mélange intime du fer et d’une vapeur d’arsenic. La platine mêlée en parties égales avec l'or exige ‘un feu violent pour se fondre ; V’alliage est blanchâtre , dur, aigre et cas- sant : néanmoius, en le faisant recuire, à DES MINÉRAUX. 283 s'étend un peu sous le marteau. Si on met quatre parties d’or sur une de platine , ilne faut pas un si grand degré de feu pour les fondre : l’alliage conserve à peu près la cou- leur de l'or ; et l’on a observé qu’en général l'argent blanchit l’or beaucoup plus que la platine. Cet alliage de quatre parties d’or sur une de platine peut s'étendre en lames minces sous le marteau. Pour fondre la platine et l’argent mêlés ‘en parties égales , il faut un feu très-violent, et cet alliage est moins brillant et plus dur que l'argent pur : il n’a que peu de ductilité; sa substance est grenue, les grains en sont assez gros et paroissent mal liés; et lors même que l’on met sept ou huit parties d’ar- gent sur une de platine, le grain de l’alliage est toujours grossier : on peut, par ce mé- lange, faire crystalliser très-aisément l’ar- -gent en fusion* ; ce qui démontre le peu * « Les crystalhsations constantes de l'argent où « il estentré de la’ platine , semblent indiquer réelle- « ment le peu d’afinité qu'il y a entre ces deux « métaux ; 1] paroît que l’argent tend à se séparer « de la platine. On a infailliblement des crystallisa= AURA RE 584 HISTOIRE NATURELLE d'affinité de ce métal avec la platine ; puis qu'il ne contracte avec —. es une union imparfaite. ù | PORT EURE Il n’en est pas de mème du mélange de la platine avec le cuivre ; Cest de tous les métaux celui avec lequel elle se fond le plus facilement : mélés à parties égales, l’alliage en est dur et cassant ; mais si l’on ne met qu'une huitième ou une neuvième partie de platine, l’alliage est d’une plus belle cou- leur que celle du cuivre; il est aussi plus dur , et peut recevoir un plus beau poli ; il résiste beaucoup mieux à l'impression des élémens humides; il ne donne que peu ou point de verd-de-gris, et il est assez ductile pour être travaille à peu près comme lecuivre ordinaire. On pourroit donc, en alliant le cuivre et la platine dans cette proportion, «ons d'argent bien prononcées , en fondant huit « parties d'argent pur avec une partie de platine et « en les passant à la coupelle. J’ai remis pour le Cas * binet du roi, des boutons de deux gros ainsi crys- « tallisés à leur surface ; Ja loupe la moins forte d’un « microscope fait distinguer nettement les peliles « pyramides de l'argent. » (Remarque COMMUR Ie quée par IT. Tillet.) ( Le DES MINÉRAUX. 285 essayer d’en faire des vases de cuisine qui | pourroient se passer d'étamage, et qui n'au- roient aucune des mauvaises qualités du cuivre, de l’étain et du plomb. La platine mèlée avec quatre ou cinq fois autant de fonte de fer, donne un alliage plus dur que cette fonte, et encore moins sujet à la rouille : il prend un beau poli; mais il est trop aigre pour pouvoir être mis en œuvre comme l’alliage de cuivre. M. Lewis, auquel on doit ces observations, dit aussi que la platine se fond avec l’étain en toutes propor- tions , depuis parties égales jusqu’à vingt- quatre parties d’étain sur une de platine, et que ces alliages sont d'autant plus durs et plus aigres que la platine est en plus grande quantité , en sorte qu'il ne paroît pas qu’on puisse les travailler. Il en est de même des alliages avec le plomb, qui même exigent un feu plus violent que ceux avec l’étain. Cet habile chimiste a encore observe que le plomb et l'argent ont tant de peine à s'unir avec la platine , qu’il tombe toujours une bonne partie de la platine au fond du creuset dans sa fusion avec ces deux métaux, qui de tous ent par conséquent le moins d’affinité avee ce minéral. | n. À 7 LOS NIORT CPE 286 HISTOIRE NATURELLE Le bismuth, comme le plomb, ne s'allie qu’imparfaitement avec la platine, et l’al- liage qui en résulte est cassant au point d'être friable : mais de la même manière que, dans les métaux, le cuivre est celui avec lequel la platine s’unit le plus facilement, il se trouve que, des demi-meétaux, c’est le zinc avec lequel elle s’unit aussi le plus parfaite- ment. Cet alliage de la platine et du zinc ne . change point de couleur , et ressembleauzince pur; il est seulement plus ou moins bleuâtre, selon la proportion plus ou moins grandéde la platine dans le melange : il ne se ternit point à l'air; mais il est plus aigre que le zinc, qui, comme l’on sait, s'étend sous le marteau. Ainsi cet alliage de la platine et du zinc, quoique facile, n'offre encore aucun objet d'utilité. Mais si l’on mêle quatre par- ties de laiton ou cuivre jaune avec une partie de platine , l'union paroit s’en faire d’une manière intime : la substance de l’alliage est compacte et fort dure ; le grain en est très— fin et très-serré , et il prend un poli vif qui ne se ternit point à l’air. Sans être bien-duc- tile, cet alliage peut néanmoins s'étendre assez sous Le marteau pour pouvoir s'en ser. DES MINÉRAUX. | 287 vir à faire des miroirs de télescope et d'autres petits ouvrages dont le poli doit résister aux impressions de l'air. | J'ai cru pouvoir avancer il y a quelques années ! , et je crois pouvoir soutenir encore aujourd'hui, que la platine n’est point un métal pur, mais seulement un alliage d’or et de fer, produit accidentellement et par des circonstances locales. Comme tous no$ chimistes , d’après MM. Schæffer et Lewis, avoient sur cela pris leur parti, qu'ils en avoient parlé comme d’un nouveau métal parfait , ils ont cherché des raisons contre mon opinion, et ces raisons m'ont paru se réduire à une seule objection que je tàcherai de ne pas laisser sans réponse. « Si la pla- « tine, dit un de nos plus habiles chimistes?, «.étoit un alliage d’or et de fer, elle devroit « reprendre les propriétés del’or à proportion « qu’on détruiroit et qu'on lui enleveroit une « plus grande quantité de son fer, et ilarrive « précisément le contraire; loin d'acquérir « la couleur jaune, elle n’en devient que ? Tome V, page 175. 2 M. Macauer. 238 HISTOIRE NATURELLE : « plus blanche, et les Propetétes par lesquelles « elle diffère de l'or n’en sont que plus: mar- « quées». IL est très-vrai que si l’on mêle de l'or avec du fer dans leur état ordinaire, on pourra toujours les séparer, en quelque dose qu'ils soient alliés, et qu'à mesure qu'on détruira et enlevera le fer, l’alliage repren- dra la couleur de l'or, et que ce dernier mé- tal reprendra lui-même toutes ses proprié- tés dès que le fer en sera séparé; mais n'ai-je. pas dit et répété que le fer qui se trouve si. intimement uni à la platine n’est pas du fer dans son état ordinaire de metal, qu'il est au contraire comme le sablon ferrugineux qui se trouve mêlé avec la platine, presque entièrement dépouillé de ses propriétés mé- talliques , puisqu'il est presque infusible qu'il résiste à la rouille, aux acides, et qu'il ne lui reste que la propriété d’êtré attirable à l’aimant? Dès lors l’objection tombe, puis- que le feu ne peut rien sur cette sorte de fer ; tous les ingrédiens , toutes Les combinaisons . chimiques, ne peuvent ni l’altérer ni le chan- ger, ni lui ôter sa qualité magnétique , ni même le séparer en entier de la platine, avec kiquelle il reste constamment et intimement DES MINÉRAUX. 299 uni; et quoique la platine conserve sa blan- cheur et ne prenne point la couleur de l'or _après toutes les épreuves qu’on lui a fait subir, cela n’en prouve que mieux que l'art ne peut altérer sa nature. Sa substance est blanche et doit l'être en effet, en la suppo- sant, comme je le fais, composée d’or déna= turé par l’arsenic, qui lui donne cette couleur blanche, et qui, quoique très-volatil, peut néanmoins y être très-fixement uni, et même plus intimement qu'il ne l’est dans le cuivre, dont on sait qu'il est très - difficile de le sé- parer. Plus j'ai combiné les observations géné- rales et les faits particuliers sur la nature de la platine, plus je me suis persuadé que ce n’est qu'un mélange accidentel d’or imbu de vapeurs arsenicales et d’un fer brûlé autant qu'il est possible , auquel le feu a par consé- quent enlevé toutes ses propriétés métal- liques, à l'exception de son magnétisme ; je crois mème que les physiciens qui refléchi- ront sans préjugé sur tous les faits que je viens d'exposer, seront de mou avis, et que les chimistes ne s’obstineront pas à regarder comme un métal pur et parfait une matière Mat. gén, XIIL. | 25 “age HISTOIRE one qui est évidemment alliée avec d’ autres sl tances métalliques. Cependant voyons | core de plus près les raisons sur lesquelles ë ils voudroient fonder leur opinion. En recherchant les différences de l'or et de la platine de dans leur décomposition ; _ on a observé, 1°. que la dissolution de la platine dans l'eau jaohle ne teint pas la peau, les os, les marbres et pierres calcaires, en couleur-pourpre, comme le fait la dissolu- tion de l'or, et que la platine ne se précipite pas en poudre couleur de pourpre comme l'or précipité par l'étain : mais ceci doit-il nous surprendre , puisque la platine est: blanche et que l’or est jaune ? 2°. L’esprit- de-vin et les autres huiles essentielles, ainsi que le vitriol de fer, précipitent l'or et ne précipitent pas la platine; mais il me semble que cela doit arriver, puisque la platine est mêlée de fer, avec lequel le vitriol martial et les huiles essentielles ont plus d’affinité qu’a- vec l’eau régale, et qu’en ayant moins avec l'or, elles le laissent se dégager de sa disso- lution. 5°. Le précipité de la platine par l’alcali volatil ne devient pas fulminant comme celui de l'or: cela ne doit pas encore ’ D D 4 TT DES MINÉRAUX. 29€ nous étonner; car cètte précipitation pro- duite par l’alcali est plus qu'imparfaite, at. tendu que la dissolution reste toujours colo- rée et chargée de platine, qui, dans le vrai, est plutôt calcinée que dissoute dans l’eau régale : elle ne peut donc pas, comme l’or dissous et précipité, saisir l'air que fournit l’alcali volatil, ni par conséquent devenir fulminante. 4°. La platine traitée à la cou- pelle, soit par le plomb, le bismuth ou l’antimoine, ne fait point l’éclair comme l'or, et semble retenir une portion de ces matières; mais cela ne doit-il pas nécessaire- ment arriver , puisque sa fusion n’est pas parfaite, et qu'un mélange avec une matière déja mélangée ne peut produire une subs-. tance pure, telle que celle de l’or quand il fait l'éclair ? Ainsi toutes ces différences, loin de prouver que la platine est un métal simple et différent de l’or, semblent démon- trer, au contraire, que c’est un or dénaturé par l’alliage intime d’une matière ferrugi- neuse également dénaturée ; et si notre art ne peut rendre à ces métaux leur première forme, il ne faut pas en conclure que la substance de Ja platine ne soit pas composée 2 2 HISTOIRE MGR L d'or et de fer, puisque la présence du fer y 1 est démontrée par l’aimant, et celle de l'or par la balance. | Lai Avant que la platine fût connue en Eu- rope , les Espaguols, et même les Amétri- cains , l’avoient fondue en la mélant avec. des métaux, et particulièrement avec le cuivre et l’arsenic; ils en avoient fait diffé- rens petits ouvrages qu'ils donnoient à plus bas prix que de pareils ouvrages en argent: mais avec quelque métal qu’on puisse allier la platine , elle en détruit ou du moins dimi- nue toujours la ductilité: elle les rend tous aigres et cassans; ce qui semble prouver qu'elle contient une petite quantité d’arse- nic, dont on sait qu'il ne faut qu’un grain pour produire cet effet sur une masse consi+ dérable de métal. D'ailleurs il paroît que, dans ces alliages de la platine avec les meé- taux , la combinaison des substances ne se fait pas d’une manière intime, c’est plutôt une agrégation qu'une union parfaite; et cela seul suflit pour produire l'aigreur de ces alliages. | M. de Morveau , aussi savant physicien qu habile chimiste, dit avec raison que la =.” DES MINÉRAUX. 20% densité de la platine ! n'est pas constante; qu elle varie même suivant les différens procédés qu'on emploie pour la ‘fondre, quoiqu'’elle n'y prenne certainement aucun aliiage. Ce fait ne démontre-til pas deux choses ? la première, que la densité est ici d'autant moindre que la füsion est plus im- parfaite, et qu’elle seroit peut-être égale à celle de l'or, si l’on pouvoit réduire Ja pla- tine en fonte parfaite ; c’estce que nous avons tâché de faire en en faisant passer quelques livres à travers les charbons dans un four- neau d'aspiration ? : la seconde, c’est que cet 1 Selon M. Brisson, la platine en grenaille ne pèse que rog92 livres 2 onces le pied cube , tandis que la platine fondue et écrouie pèse r423 livres 9 onces; ce qui surpasse la densité de l’or battu et écroui , qui ne pèse que 1355 livres 5 onces. Si'cette détermination est exacte, on doit en inférer que la platine fondue est susceptible d'une plus grande < 9) RARE que l'or. « Il est impossible de fondre la platine ou or « blanc dans un creuset, sans addition. Il résiste à « un feu aussi vif et même plus fort que celui qui « fond les meilleurs creusets....... [Il fondroit beau- « coup plus aisément sur Les charbons, suns creuset ; ” Ro is a a 294 HIST OIRE NAT UE alliage de fer et d’or, produit par un allant de nature, n’est pas, comme les métaux ; d’une densité constante, mais d’une densité « mais on ne peut le ‘traiter aïasi, quand on n’en a « pas une livre, et j’étois dans ce cas. Le phlogis- «tique des charbon$s ne contribue en aucune ma- « uière à la fusion de ce métal ;:mais leur chaleur , « animée par le soufflet de forge, est beaucoup « plus forte que celle du creuset. » (Description de l'or blanc, etc. par M. Schœffer, Journal étran- ger, mois de novembre 1757.) J'ai pensé sur cela comme M. Schæffer, et j’ai cru que je viendrois à bout de fondre parfaitement la platine en la faisant passer à travers les charbons ardens , et en assez grande quantité pour pouvoir la recueillir en fonte; M. de Morveau a bien voulu conduire cette opéra- tion en ma présence ; pour cela, nous avons fait construire, au mois d’août dernier 1781, une espèce ” de haut fourneau de treize pieds huit pouces de -hau- teur totale, divisé en quatre parties égales; savoir, la partie inférieure , de forme cylindrique , de vingt pouces de haut sur vingt pouces de diamètre , for= mée de trois dalles de pierre calcaire posées sur une “pierre de même nature , creusée légèrement en fond de chaudière : ce cylindre étoit percé, vers le bas, de, irols ouvertures disposées aux sommets d’un triangle — À À e. À. . DES MINÉRAUX. 295 variable , et réellement différente suivant les circonstances, en sorte que telle platine est plus ou moins pesante que telle autre, équilatéral inscrit; chacune de ces ouvertures étoit de huit pouces de longueur sur dix de hauteur, et. défendue à l'extérieur par des murs en brique, à la manière des gardes-tirans des fours à porcelaine. … La seconde partie du fourneau, formée de dalles de même pierre, étoit en cône de douze pouces de hauteur , ayant au bas vingt pouces de diamètre et neuf pouces au-dessus ; les dalles de ces deux par= ties étoient entretenues par des cercles de fer. La troisième partie, formant un tuyau de neuf pouces de diamètre et de cinq pieds de long, fut construite en brique. * . | . Un tuyau de tôle de neuf pouces de diamètre et six pieds de hauteur , placé sur le tuyau dexbrique, formoit la quatrième et dernière partie du fourneau. On avoit pratiqué une porte vers le bas pour la coin- modité du chargement. | Ce fourneau ainsi construit, on mit le feu vers les quatre heures du soir: il tira d’abord assez bien ; mais ayant élé chargé de charbon jusqu'aux deux tiers du tuyau de brique, le feu s’éteiguit, et on eut assez de peine à le rallumer et à faire descendre les charbons qui s’engorgeoient, L’hunidité eut sans. Pa AUETVT UE ORALE RES N'ES AU NAN HUE “EAP ' AY 296 HI ISTOIRE. N. | tandis que, dans tout vrai métal, la dnsité A est égale dans toutes les Pr de sa subs- lance. ; a it He “mr S'ETMAET ES, doute aussi quelque part à cet effet. Ce ne fut qu’à minuit que le tirage se rétablit; on l’entretint jusqu’> huit heures du maun en chargeant de charbon à la hauteur de cinq pieds seulement, et bouchant aler= nativement un des tisards pour augmenter |’ scuivité des deux autres. … OU RNA Alors on jeta dans ce fourneau treize onces de platine mêlées avec quatre livres de verre de bou teille pulvérisé et tamisé , eLon canginra de charger de charbon à la même noi de : cinq pieds: au dessus du fond. | Deux heures après, on ajouta même quantité de plauue et de verre pilé. On appercut vers le midi quelques scories à lou verture des tisards ; elles étoient d’un verre grossier, tenace, pâteux , et présentoient à leur surface dés grains de platine non attaqués : on fit rejeter dans le fourneau toutes celles que l’on put tirer. On essaya de boucher à la fois deux tisards, et l'élévation de la flamme fit voir que le tirage en étoit réellement augmenté; mais les cendres qui s’'amon- eeloient au fond , arrêtant le tirage, on prit le parti de faire jouer un très- gros soufflet en introduisant ! \ LL = DES MINÉRAUX. 297 M. de Morveau a reconnu, comme moi et avec moi, que la platine est en elle-même magnétique , indépendamment du sablon ferrugineux dont elle est extérieurement la buse dans un des tisards, les autres bouchés, et pour lors on enleva le tuyau de tôle , qui devenoit inutile. | | On reconnut vers les cinq heures du soir que les ‘cendres étoient diminuées ; les scories mieux fondues contenolent une infinité de petits globules de pla- tine : mais 1l ne fut pas possible d'obtenir un laitier assez fluide pour permettre la réunion des petits culots métalliques ; on arrêta le feu à minuit. Le fourneau ayant été ouvert après deux jours de refroidissement , on trouva sur Île foud une masse de scories grossières, formées des cendres vitrifiées et de quelques matières étrangères portées avec le charbon ; la platine y étoit disséminée en globules de différentes grosseurs, quelques uns du poids de ving!-çinq à trente grains, tous Lrès-attirables à l’ai- mant : on observa dans quelques parties des scories une espèce de crystallisation en rayons divergens, comme l’asbeste ou l’hématite striée. La chaleur avoit été si violente, que, dans tout le pourtour inté. rieur, la pierre du fourneau étoit complétement cal- ginée de trois pouces et demi d'épaisseur, et même 298 HISTOIRE vATOR El mélée, et quelquefois environnée. Comme A cette observation a ete contredite, et que Scheffer a prétendu qu’en faisant seulement rougir la platine, elle cessoit d’être attirable à l’aimant; que d’ autres chimistes en grand nombre ont dit qu'après la fonte elle etoit absolument insensible à l’action magnétique, nous ne pouvons nous dispenser de présenter ici le résultat des expériences, et les faits relatifs à ces assertions. entamée en quelques endroits par la vitrification. Les scories pulvérisées furent débarrassées, par un lavage en grande eau, de toutes les parues de chaux et même d'une portion de la terre. On mit toute la matière restante dans un très-grand creuset de plomb noir, avec une addition de six livres d’alcali extemporané; ce creuset fut placé devant les souf- flets d’une chaufferie : en moins de six heures le creuset fut percé du côté du vent; et il fallut arrêter le feu, parce que la matière qui en sortoit couloit au-devant des soufflets, a On reconnut le lendemaïn, à l’ouverture du creu. set, que la masse vitreuse qui avoit coulé et qui étoit encore attachée au creuset, tenoit une quantité de petits culots de platine du poids de soixante à quatre- vingis graius chacun, ‘et qui étoient formés de glo- Aèr Ÿ \ 72 DÉC f PRET M : DES MINÉRAUX. . 299 MM. Macquer et Baumé assurent avoir reconnu « qu'en poussant à un très-grand « feu pendant cinquante heures la coupelia- « tion de la platine, elle avoit perdu de son « poids; ce qui prouve que tout le plomb «avoit passé à la coupelle avec quelque ma- « tière qu’il avoit enlevée, d'autant que cette « platine passée à cette forte épreuve de bules refondus; ces culots éloient de même très- magnétiques, et plusieurs présentoient à leur sur- face des élémens de crystallisation. Le reste de la platine étoit à peine agglutiné. On pulvérisa grossièrement toute la masse; et en y promenant le barreau aimanté, on en retira près de onze onces de platine, tant en globules qu’en poussière métallique. Cette expérience fut faite aux - forges de Buffon, et en même temps nous répé- tâmes dans mon laboratoire de Montbard l’expé- rience de la platine malléable : on fit dissoudre un globule de platine dans l’eau régale : on précipita la dissolution par le sel ammouiac ; le précipité mis. dans un creuset au feu d’une petite forge, fut promp- tement revivifié, quoique sans fusion complète. Ji s’étendit très-bien sous le marteau ; et les parcelles _auénuées et divisées dans Je mortier d’agate se wouvèrent encore sensibles à l’aimant. « coupelle étoit devehe: assez dgetiés pour «s'étendre sous le marteau». Mais s'il étoit bien constant que la platine perdit de son _ poids à la coupellation, et qu’elle en perdit d'autant plus que le feu est plus violent et | plus long-temps continué, cette coupellation de cinquante heures n’étoit encore qu’impar- faite, et n’a pas réduit la platine à son état | de pureté. «On n'’étoit pas encore parvenu, « dit avec raison M. de Morveau, à achever « la coupellation de la platine, lorsque nous «avons fait voir qu'il étoit possible de la. « rendre complète au moyen d’un feu de la « dernière violence. M. de Buffon a donné « le détail de ces expériences *, qui ont fourni «un bouton de platine purée, et absolument. « privé de plomb et de tout ce qu’il auroit « pu scorifier; et il faut observer que cette Ù « platine manifesta encore un peu de sensi- « bilité à l’action du barreau aimanté lors-. « qu’elle fut réduite en poudre; ce qui an- « nonce que cette propriêté lui est essen, tielle, « puisqu'elle ne peut dépendre ici de l'al- « liage d’un fer étranger ». On ne doit douce * Tome V, page 210 et suiv. L4 Y DES MINÉRAUX. : 3o1 pas regarder la platine comme un métal pur, _ simple et parfait, puisqu’en la purifiant autant qu’il est possible, elle contient tou- jours des parties de fer qui la rendent sen- sible à l’aimant. M. de Morveau a fondu la platine, saus addition d'aucune matière mé- tallique, par un fondant composé de huit parties de verre pulvérisé, d’une partie de borax calciné, et d’une demi-partie de pous- sière de charbon. Ce fondant vitreux et salin fond également les mines de fer et celles de tous les autres métaux; et après cette fusion, où il n'entre ni fer ni aucun autre metal, la platine broyée dans un mortier d’agate étoit encore attirable à l’aimant. Ce même habile chimiste est le premier qui soit venu à bout d'allier la platine avec le fer forgé, au moyen du fondant que nous venous d'indiquer : cet alliage du fer forgé avec la platine est d’une extrême dureté, il reçoit un très-beau poli qui ne se ternit point à l'air, et ce seroit la matière la plus propre de toutes à faire des miroirs de télescope. | Je pourrois rapporter ici les autres expé- riences par lesquelles M. de Morveau s’est assuré que le fer existe toujours dans la 26 { RATES do W” ï 4 ALMA ECC IS Din UNIS eu do es ! + À a RE 302 HISTOIRE NATURELLE platine. la plus purifiée ; on les lira avec satisfaction dans son excellent ouvrage * *: on y trouvera, entre autres choses utiles, l'indi- cation d’un moyen sûr et facile de recon- noître si l'or a été falsifié par le mélange de la platine; 1l suffit pour cela de faire dis soudre dans l’eau régale une portion de cet or suspect, et d'y jeter quelques gouttes d’une dissolution de sel ammoniac; il n'y aura aucun précipité si l’or est pur, et au contraire il se fera un précipité d'un beau jaune s’il est mêlé de platine; on doit seu- lement avoir attention de ne pas étendre la dissolution dans beaucoup d’eau. C’est en traitant le précipité de la platine par une dissolution concentrée de sel ammoniac, et en lui faisant subir un feu de la dernière violence, qu’on peut la rendre assez ductile pour s'étendre sous le marteau ; mais dans cet état de plus grande pureté, lorsqu'on la réduit en poudre, elle est encore attirable à l'aimant. La platine est donc toujours mêlée de fer, et dès lors on ne doit pas la regarder ï l * Voyez les Élémens de chimie, tome IT, page $4 et suiv. ? æ tt ÉS : DES MINÉRAUX. 303 comme un métal simple : cette vérité, déja bien constatée, se confirmera encore par _toutes les expériences qu'on voudra tenter pour s’en assurer. M. Margraff a précipité la platine par plusieurs substances metal- liques ; aucune de ces précipitations ne lui a donné la platine en état de métal, mais toujours sous la forme d’une poudre brune: ce fait n’est pas le moins important de tous les faits qui mettent ce minéral hors de la classe des métaux simples. M. Lewis assure que l’arsenic dissout aisé- ment la platine : M. de Morveau, plus exact dans ses expériences, a reconnu que cette dissolution n'étoit qu'imparfaite , et que l'arsenic corrodoit plutôt qu’il ne dissolvoit la platine, et de tous les essais qu'il a faits sur ces deux minéraux joints ensemble, il conclut qu'il y a entre eux une très -grande afhnité ; « ce qui ajoute, dit-il, aux faits qui « établissent déja tant de rapports entre la « platine et le fer ». Mais ce dernier fait ajoute aussi un degré de probabilité à mon idée sur l'existence d’une petite quantité d'arsenic dans cette substance composée de fer et d’or. |A: tous: ces faits qui me 0 el Aus. trer que la platine n’est point un métal pur. et simple, mais un mélange de fer et d’or tous deux altérés, dans lequel ces deux mé : % CE. 2 LS taux sont intimement unis, je dois ajouter une observation qui ne peut que les confir- mer : il y a des mines de fer, tenant or et argent, qu'il est impossible, même avec seize parties de plomb, de réduire en scories fluides ; elles sont toujours pâäteuses et filantes, et par conséquent l’or et l'argent qu’elles contiennent , ne peuvent s’en séparer pour se joindre au plomb. On trouve, en une infinité d’endroits , des sables ferrugineux tenant de l’or : mais jusqu’à présent on n’a pu, par la fonte en grand, en séparer assez d’or pour payer les frais; le fer qui se ressus-. cite retient l’or, ou bien l’or reste dans les 4 scories*. Cette union intime de l’or avec le fer 4 * Traité de la fonte des mines de Schlutter, ; tome Î[, pages 183 et 184. On doit néanmoins ob= server que le Aénses indiqué par M. Hellot , d’a- près Schlutter, n’est peut-être pas le meilleur qu'on puisse employer pour tirer l'or et l'argent du fer. M, de Grignon dit qu’il faut scorifier par le soufre, LÉ à ñ l'4 ts à < NT + : ” . ft | :. : (DES MINÉHAUX. 305 dans ces sablons ferrugineux, qui tous sont J très-magnétiques et semblables au sablon de la platine , indique que cette mème! union peut bien être encore plus forte dans la pla- tine où l'or a souffert, par quelques vapeurs arsenicales, une altération qui l’a privé de sa ductilité ; et cette union est d'autant plus difficile à rompre, que ni l’un ni l’autre de ces métaux n'existent dans la platine en leur état de nature, puisque tous deux, y sont dénués de la plupart de leurs propriétés me talliques. k « Toutes les expériences que j'ai faites sur «la platine, m'écrit M. Tillet, me con- « duisent à croire qu’elle n’est point un mé- « tal simple, que le fer y domine, mais « qu'elle ne contient point d'or». Quelque confiance que j'aie aux lumières de ce savant académicien , je ne puis me persuader que rafraîchir par le plomb, et LE ensuite; il assure que le sieur Vatrin a tiré l'or du fér avec quelque bénéfice , et qu’il en ‘a traité dans un an quarante milliers qui venoient des forges de M. de la Blouze en Nivernoïstet Berri, d’une veine de mine de fer qui a cessé de fournir de ce minéral aurifère. 26 lc partie dense de hs “pate. ne soit pas essentiellement de l'or, mai rendre sa première forme. Ne seroit-il pas plus qu’étonnant qu’il existât en deux seuls endroits du monde une matière aussi pesante que l'or, qui ne seroit pas de l'or, et qué cette matière si dense qu’on voudroit suppo= ser différente de l'or, ne se trouvât néan-— moins que dans des mines d’or ? Je le répète, si la platine se trouvoit, comme les autres métaux, dans toules les parties du monde , si elle se trouvoit en mines particulières et dans d’autres mines que celles d’or, je pour- rois penser alors, avec M. Tillet, qu'elle ne, contient point d’or, et qu’il existe en effet une autre matière à peu près aussi densé que l'or, dont elle seroit composée avec un mé- lange de fer; et, dans ce cas, On poutroit la regarder comme un septième métal, sur- tout si l’on pouvoit parvenir à en séparer le fer : mais, jusqu’à ce jour, tout me semble démontrer ce que j'ai oséavancer le premier, que ce minéral n’est point un métal simple, mais seulement un alliage de fer et d’or; il me paroit même qu’on peut prouver par un s de l’or altéré 5. et auquel notre art n’a pu jusqu'à présent DES MINÉRAUX. 3o7 seul fait, que cette substance dense de la platine n’est pas une matière particulière essentiellement différente de l’or, puisque le d soufre, ou sa vapeur, agit sur tous les métaux, à l'exception de l'or, et que n’agissant point du tout sur la platine, on doit en conclure que la substance dense de ce minéral est de même essence que celle de l'or; et l’on ne peut pas objecter que, par la même raison, la platine ne contienne pas du fer, sur lequel l'on sait que le soufre agit avec grande éner- gie, parce qu'il faut toujours se souvenir que le fer contenu dans la platine n’est point dans son état métallique, mais réduit en sablon magnétique, et que, dans cet état, le soufre ne l'attaque pas plus qu’il n’attaque l'or. ke de M. le baron de Sickengen, homme aussi recommandable par ses qualités personnelles et ses dignités que par ses grandes connois- sances en chimie , a communiqué à l’acadé- mie des sciences, en 1778, les observations et les expériences qu’il avoit faites sur la platine, et je fais ici volontiers l’éloge de son travail, quoique je ne sois pas d'accord avec lui sur quelques points que nous avons 38 HISTOIRE NATURI probablement vus d’une manié par exemple, il annonce , par son expé- + rience 21, que le nitre en fusion n ’altère pas la platine; je ne puism’empêcher de lui faire : observer que les expériences des autres chi- mistes , eten particulier celles de M. de Mor- veau , prouvent le contraire , puisque Ta : platine , ainsi traitée, se laisse attaquer par l'acide vitriolique et par l’eau-forte. L'expérience 22 de M.'le baron de Sicken- gen paroit confirmer le soupçon que j'ai tou- jours eu, que la platine ne nous arrive pas telle qu’elle sort de la mine, mais seulement après avoir passé sous la meule, et très-pro- bablement après avoir été soumise à l’amal- game ; les globules de mercure que M. Schæf- fer et M. le comte de Milly ont remarquée | dans celle qu’ils traitoient, viennent à lap- pui de cette présomption que je crois fondée. J'observerai, au sujet de l'expérience 55 de M. le baron de Sickengen, qu’elle avoit été faite auparavant, et publiée dans une lettre qui m'a été adressée par M. de Mor: veau, et qui est insérée dans le Journal de Physique , tome VI, page 195. Ce que M. de | | Sickengen a fait de plus que M. de Morveau, op É DES MINÉRAUX 3 c'est qu'ayant opéré sur une plus grande quantité de platine, il a pu former un bar- reau d’un culot plus gros que celui que M. de Morveau n’a pu étendre qu'en une petite lame. Je ne peux me dispenser de remarquer aussi que le principe posé pour servir de base aux conséquences de l'experience 56, ne me paroît pas juste: car un alliage, même fait par notre art, peut avoir où acquérir des propriétés différentes dans les substances alliées , et par conséquent la platine pourroit s'allier au mercure sans qu'on püt en con- clure qu’elle ne contient pas de fer ; et mème cette expérience 56 est peut-être tout ce qu’il y a de plus fort pour prouver au moins l’im- possibilité de priver la platine de tout fer, puisque cette platine revivifñiée que l'on nous donne pour la plus pure, et qui éprouve une sorte de décomposition par le mercure, pro- duit une poudre noire martiale, attirable à l'aimant , et avec laquelle on peut faire le bleu de Prusse. Or, pour conclure, comme le fait l’illustre auteur (expérience 59), que l'analyse n'a point de prise sur la platine, il auroit fallu répéter sur le produit de 310 HISTOIRE NATURELLE MARS l'expérience 59, les épreuves sur le Soins de l'expérience 56, et démontrer qu’il ne don- | noit plus ni poudre noire, ni atomes magné- tiques, ni bleu de Prusse ; sans cela, le pro- cédé qui fait l APE À à chaud, n’est plus qu'un procédé approprié qui ne décide rien. J'observe encore que l’expérience 64 donne un résultat qui est plus d'accord avec mon opinion qu'avec celle de l’auteur; car, par l'addition du mercure , le fer, comme la platine, se sépare en poudre noire, et cela seul suffit pour infirmer les conséquences à qu'on voudroit tirer de cette expérience. En- ! fin, si nous rapprochons les aveux de cet habile chimiste, qui ne laisse pas de conve- nir «que la platine ne peut jamais être pri « vée de tout fer... qu’il n’est pas prouvé « quelle soit homogène... qu’elle contient : « cinq treizièmes de fer qu’on peut retirer « progressivement par des procédés très-com- « pliqués.. qu’enfin il faut, avant de rien « décider , répéter sur la platine réduite | « toutes les expériences qu’il a faites sur la & platine brute »....…. Il nous paroît qu'il ne devoit pas prononcer contre ses propres pré- somptions , en assurant, comme il le fait, DES MINÉRAUX. 3e que la platine n’est pas un alliage, mais un metal simple. k M. Bowles , dans son Histoire naturelle de l'Espagne, a inséré les expériences et les observations qu'il étoit plus à portée que personne de faire sur cette matière , puisque le gouvernement lui avoit fait remettre une grande quantité de platine pour l’éprouver ; néanmoins il nous apprend peu de chose, et il attaque mon opinion par de petites rai- sons. «En 1753, dit-il, le ministre me fit « livrer une quantité suffisante de platine, « avec ordre de soumettre cette matière à mes « expériences , et de donner mon avis sur te « bon et le mauvais usage qu’on pourroit en « faire. Cette platine qu’on me remit étoit « accompagnée de la note suivante : Dans « l’évéché de Popayan, suffragant de Lima, « il y a beaucoup de mines d’or, et une entre « autres nommée Choco ; dans une partie de « la montagne se trouve en grande quantité «une espèce de sable que ceux du pays ap- « pellent platine oz: or blanc. En examinant « cette matière, je trouvai qu’elle étoit fort « pesante et meèlée de quelques grains d’or « couleur de suie..…... Après avoir séparé les 3r2 HISTOIRE NATURELLE « grains d’or, j’ai trouvé que la platine étoit « plus pesante que l'or à 20 karats ; en ayant « fait battre quelques grains sous le marteau, … « je vis qu’ils s’étendoient de cinq ou six fois À «leur diamètre, et qu'ils restoient blancs « comme l'argent : mais les ayant envoyés * « à un batteur d’or, ils se brisèrent sous les « pilons.... Je voulus fondre cette platine à «un feu très-violent ; mais les grains ne … « firent que s’agglutiner..…. J'essayai de la. dissoudre par les acides; le vitriolique et le +: nitreux ne l’attaquèrent point :-mais l’a- « cide marin parut l’entamer; et ayant versé … «une bonne dose de sel ammomiac sur cet | acide , je vis toute la platine se précipiter | «en une matière couleur de brique : enfin, | «après un grand nombre d'expériences rai- « sonnées, je suis parvenu à faire avec la platine du véritable bleu de Prusse. Ayant reconnu par ces mêmes expériences que la platine contenoit un peu de fer, et m’é- (ant souvenu que, dans mes premières opérations, les grains de platine exposes à un feu violent avoient coutracté entre eux une adhérence très-superfcielle, puisqu'il ne falloit qu'un coup assez léger pour. "ms Le] € ” L< #” ” LG La) ” € La] € FN Le ss Le ”" Le F” Le ” { PEN Le la) DES MINÉRAUX. 313 « les séparer, je conclus que cette adhérence « étoit l’effet de la fusion d'une couche déliée « de fer qui les recouvroit , et que la subs- « tance métallique intérieure n’y avoit au- « cune part et ne contenoit point de fer. » Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de nous arrêter ici pour faire sentir le foible de ce raisonnement et le faux de la conséquence qu'en tire M. Bowles. Cependant il insiste; et, se munissant de l’autorite des Chimistes qui out regarde la platine comme un nou- veau métal simple et parfait , il argumente assez longuement contre moi. «Sila platine, «a dit-il, étoit un composé d’or et de fer, « comme le dit M. de Buffon, elle devroit « conserver toutes les propriétés qui résultent « de cette composition, et cependant une « foule d'expériences prouvent le contraire. » Cet habile naturaliste n’a pas fait attention que j'ai dit ARSENNENS que le fer et l’or de la platine n’étoient pas dans leur état or- dinaire, comme dans un alliage artificiel ; et s'il eût considéré sans préjugé ses propres “expériences, il eût reconnu que toutes prou- vent la présence et l'union intime du sablon ferrugineux et maguétique avec la platine, 27 34 HISTOIRE N et qu'aucune ne peut démontrer le contraire. Au reste, commeles expériences deM. Bowles sont presque toutes les mêmes que celles des » autres chimistes, et que je les ai exposées et discutées ci-devant, je ne le suivrai plus loin … que pour observer que, malgré ses objections contre mon opinion, il avoue néanmoins « que quoiqu'il soit persuadé que Ja platine «est un métal sui generis, et non pas un -« simple mélange d’or et de fer, il n’ose, « malgré cela, prononcer affirmativement ni « l’un ni l’autre , et que quoique la platine k: «ait des propriétés différentes de celles de « tous les autres métaux connus, il sait trop « combien nous sommes éloignés deconnoitre « sa véritable nature. » = pe Le te Lee # Fi Au reste, M. Bowles termine ce chapitre sur la platine par quelques observations in- | téressantes. « La platine, dit-il, que je dois . «au célèbre don Antonio de Ulloa, est une « matière qui se rencontre dans des mines « qui contiennent de l'or ; elle est unie si - « étroitement avec ce métal, qu’elle lui sert « comme de matrice, et que ce n’est qu'avec - « beaucoup d'efforts et à grands coups qu’on « parvient à les séparer ; ep sorte que si la \ l Ve : na ‘he à DES MINÉRAUX. 315 « platine abonde à un certain point dans une « mine , on est force de l’abandonner, parce « que les frais et les travaux nécessaires pour « faire la séparation des deux métaux absor- « beroïent le profit. « Les seales mines d’où l’on tire la platine « sont celles de la nouvelle Grenade; et en « particulier celles de Choco et de Barbacoa « sont les plus riches. Z/ est remarquable que « cefte matière ne se trouve dans aucune autre « mine, soit du Pérou, soit du Chili, soit « du Mexique. Au reste, la platine se trouve «dans les susdites mines, 207 seulement en « z2usse, Mails aussi en grains séparés comme « des grains de sable. Enfin il faut être réservé « à tirer des conséquences trop générales des «expériences qu'on auroit faites sur une « pareille quantité de platine tirée d’un seul «endroit de La mine; expériences qui pour- « roient être démenties par d’autres expé- « riences faites sur celle d’un autre endroit « des mêmes mines... Remarquant , conti- «nue M. Bowles, que la platine contenoit _« du fer , et que le cobalt en contient aussi, « qu’on trouve beaucoup de grains d’or de « couleur de suie mélés avec La platine, que « est unique dans Le inobide qu ARLES trouve « en abondance dans une montagne aux en, «virons d’une mine d’or, et qu'ilya beau | «coup de volcans dans ce pays, je me suis «persuadé que la montagne renferme du « cobalt, comme celle de la vallée de Gistan, « dans les Pyrénées d’Arragon ; que le feu «d’un volcan aura fait évaporer l’arsenic et : «aura formé quelque chose de semblable au « régule de cobalt; que ce régule se fond et » « se mêle avec l’or, quoiqu'il contienne du « fer , et que le feu appliqué pendant un « grand nombre desiècles, privant la matière « de sa fusibilité, aura formé ce sable métal- « lique ;.... que les grains d’or de forme ifré- «gulière et de couleur de #uie sont aussi « l'effet du feu d’un volcan lorsqu'il s’éteint; «que les grains de platine qui contractent « adhérence à cause de la couche légère de « fer étendue à leur surface, sont,le résultat «de la décomposition du fer dans le grand «mombre de siècles qui se sont écoulés de- «puis que le volcan s’est éteint, et que ceux « qui n’ont point cette couche ferruginense nr É er. « n’ont pas eu assez de temps depuis l'ex= CPE TT DES MINÉRAUX. 3 «tinction du volcan pour l’acquérir. Cela « paroitra un songe à plusieurs ; mais je suis le « grandargument de M. de Buffon ».M. Bowles a raison de dire qu'il suit mon grand argu- ment : cet argument consiste en effet en ce que la platine n’est point, comme les mé- taux, un produit primitif de la Nature, mais une simple production accidentelle qui ne se trouve qu’en deux endroits dans le monde entier ; que cet accident, comme je l'ai dit, a été produit par le feu des volcans, et seulement sur des mines d’or mêlées de fer, tous deux dénaturés par l’action conti- nuée d’un feu très-violent; qu’à ce mélange de fer et d’or il se sera joint quelques vapeurs arseuicales qui auront fait perdre à l'or sa ductilité , et que de ces combinaisons très- naturelles et cependant accidentelles, aura résulté la formation de la platine. Ces der- nières observations de M. Bowles, loin d’in- firmer mon opinion , semblent au contraire la confirmer pleinement: car elles indiquent dans la platine non seulement le mélange du fer, mais la présence de l’arsenic; elles annoncent que la platine d’un endroit n’est pas de même qualité que celle d’un autre 27 À EAP NE NE aroit - bi prouvent qu elle se trouve een. masse dans deux seules mines d'or, ou en d: grains et srenailles dans des montagnes toutes composées du sablon ferrugineux, et tou= jours près des mines d’or et dans des contrées | À volcanisées. La vérité de mon opinion me paroit donc plus démontrée que jamais, et je suis convaincu que plus on fera de recherches … sur l’histoire naturelle de la platine, et d'ex- périences sur sa substance , plus on recon= * noitra qu’elle n’est point un métal simple | ni d’une essence pure, mais un alliage de fex et d’or dénaturés, tant par la violence et la continuité d'un feu volcanique que par le mélange des vapeurs sulfureuses et arseni- cales, qui auront ôté à ces mélaux la cou- leur et leur ductilité. \ } DAC O:B'A LT. D: tous les minéraux métalliques, le cobalt est peut-être celui dont la nature est la plus masquée, les caractères les plus ambigus, et l'essence la moins pure. Les mines de cobalt, très-différentes entre elles, n’offrent d'abord aucun caractère commun, et ce n’est qu’en les travaillant au feu qu’on peut les reconnoiître par un effet très-re- marquable, unique, et qui consiste à donner aux émaux une belle couleur bleue. Ce n’est aussi que pour obtenir ce beau bleu que l’on recherche le cobalt ; il n’a aucune autre pro- - priété dont on puisse faire un usage utile, si ce n’est peut-être en l’alliant avec d’autres minéraux métalliques *. Ses mines sont assez \ * M. Baumé dit dans sa Chimie expérimen- tale avoir fait entrer le cobalt dans un alliage pour des robinets de fontaine ; que cet alliage pouvoit se mouler parfaitement, etn’étoit sujet à aucune espèce de rouille. DA LUN PS AT DRE TRAA ART A AL: 1 Qu DL ju %o HISTOIRE ra FPS | rares et toujours chargées d’une Rs Las tité de matières étrangères ; la plupart con tiennent plus d’arsenic que de cobali; et dans toutes le fer est si intimement lié au cobalt, qu'on ne peut l’en séparer. Le bis- muth se trouve aussi assez souvent inter- posé dans la substance de ces mines; on y : a reconuu de l'or, de l'argent, du cuivre; et quelquefois toutes ces matières et d’autres encore s’y trouvent mêlées ensemble, san compter les pyrites qui sont aussi souvent intimement uuies à la substance du cobalt. Le nombre de ces variétés est donc si grañd, non seulement dans les différentes mines de cobalt, ‘mais aussi dans une seule et même mine, que les nomenclateurs en minéralogie ont cru devoir en faire plusieurs espèces, et même en séparer absolument un autre mi- néral qui n’étoit pas connu avant le travail des mines de cobalt; ils ont donné le nom de rickel * à cette substance, qui diffère en effet du cobalt, quoiqu’elle né se trouve * Cronstedt a donné le nom de nickel à cette substance, parce qu’elle se trouve dans les mines de cobalt, que les Allemands nomment kupfer-nickel. M. Bergman observe que quoiqu'on trouve rés DES MINÉR AUX. “1 2er qu'avec lui. Tous deux peuvent se réduire en un régule dont les propriétés sont assez différentes pour qu’on puisse. les regarder comme deux différentes sortes de minéraux métalliques. Le régule de cobalt n 'affecte guère de figure régulière ! , et n’a pas de forme déter- minée : ce régule est très-pesant , d’une cou- leur grise assez brillante, d'un tissu serré, d’une substance compacte et d’un grain fin; sa surface prend en peu de temps, par l’im- pression de l'air, une teinte rosacée ou couleur de fleurs de pêcher; il est assez dur, et n’est point du tout ductile : sa densité est néanmoins plus grande que celle de l’étain, du fer et du cuivre; elle est à très-peu près égale à la densité de l'acier ?. Ce régule du quemment du cobalt natif, 1l est toujours uni au fer, - à l’arsenic et au nickel. 1 M. l'abbé Mongez assure néanmoins avoir ob- tenu un régule de cobalt en crystaux composés de faisceaux réguliers. z La pesanteur spécifique du régule de cobale est de 78rrg; celle du régule de nickel, de 58070 ; et la pesanteur spécifique de l'acier écroui et trempé est de =8r80 ; celle du fer forgé n’est que de 778804 322 HISTOIRE NATU cabalt et celui du nickel: sont, après le bis- LR muth, les plus pesantes des matières aux= quelles on a donné le nom de demi-métaux; et l’on auroit certainement mis le bismuth, le cobalt et le nickel, au rang des métaux à s'ils avoient eu de la ductilité : ce m'est qua cause de sa très-grande densité que l’on a placé le mercure avec les metaux, et parce qu'on a en même temps supposé que sa. fluidité pouvoit être considérée comme l’extrème de la ductilité. 14 Les minières de cobalt s'annoncent par = des efflorescences à la surface du terrain; ces elilorescences sont ordinairement rou- geàtres , et assez souvent disposées en étoiles ou en rayons divergens qui quelquefois se croisent. Nous donnerons ici l'indication du petit nombre de ces mines que nos obser- vateurs ont reconnues en France et dans les Pyrenées aux confins de l'Espagne : mais c'est dans la Saxe et dans quelques autres provinces de l'Allemagne qu’on a commencé à travailler et que l’on travaille encore avec succès et profit Les mines de cobalt: et ce sont les minéralogistes allemands qui nous, out donné le plus de lumières sur Les pro L DES MINÉRAUX. 33 priétés de ce minéral et sur la maniète dont on doit le traiter. Le premier et le plus sûr des indices extérieurs qui peuvent annoncer une mine prochaine de cobalt, est donc une efflores- cence minérale, couleur de rose, de struc= ture radiée, à laquelle on a donné le nom de fleurs de cobalt; quelquefois cette ma- üière n’est point en forme de fleurs rouges, mais en poudre et d’une couleur plus pâle. Mais le signe le plus certain et par lequel on pourra reconnoître le véritable cobalt, est la terre bleue qui l'accompagne quelquefois ; et au défaut de cet indice, ce sera la couleur bleue qu’il donne lorsqu'il est réduit en verre; car si la mine qui paroît être de cobalt se convertit en verre noir, ce ne sera que de la pyrite; si le verre est d’une cou leur rousse, ce sera de la mine de cuivre, au lieu que la mine de cobalt donnera tou jours un verre bleu de saphir : c’est proba- blement par cette ressemblance à la couleur du saphir, qu'on a donné à ce verré bleu de cobalt le nom de sapre ou safre. Au reste, On a aussi appelé safre la chaux de cobalt qui est en poudre rougeätre et qui 34 HISTOIRE NATURELLE ne provient que de la calcination de ak de cobalt; le safre qui est dans le com- merce est toujours mêlé de sable quartzeux qu'on ajoute en fraude pour en augmenter la quantité, et ce safre ou chaux rougeûtre de cobalt donne aussi par la fusion le même bleu que le verre de cobalt, et c’est à ce verre bleu de safre que l’on donne le nom de salt. AR | Pour obtenir ce verre avec sa belle couleur, on fait griller la mine de cobalt dans un . fourneau où la flamme est réverbérée sur la matière minérale réduite en poudre ou du moins concassée : ce fourneau doit être sur- monté de cheminées tortueuses danslesquelles les vapeurs qui s'élèvent puissent être re- tenues en s’attachant à leurs parois; ces vapeurs s’y condensent en effet, et s’y ac- cumulent en grande quantité sous la forme d’une poudre blanchätre, que l’on détache en Ja raclant : cette poudre est de l’arsenic, dont les mines de cobalt sont toujours mêlées ; elles en fournissent en si grande quantité par la simple torréfaction , que tout l’arsenic blanc qui est dans le commerce vient des fourneaux où l'on grille des mines de cobalt, DES MINÉRAUX. ' 35 et c’est le premier produit qu’on en tire. La matière calcinée qui reste dans le four- neau après l'entière sublimation des. va peurs arsenicales, est une chaux trop réfrac- taire pour être fondue seule; il faut yajouter du sable vitrescible, ou du quartz, qu’on aura fait auparavant torréfier pour les pulvériser ; sur une partie de chaux de cobalt, on met ordinairement deux ou trois parties de cette poudre vitreuse, à laquelle on ajoute une partie de salin pour accélérer la fusion; ce mélange se met dans de grands creusets pla- cés dans le fourneau, et, pendant les dix ou douze heures de feu qui sont nécessaires pour la vitrification , on remue souvent la matière pour en rendre le mélange plus égal et plus intime; et lorsqu'elle est entièrement et par- faitement fondue, on la prend tout ardente et liquide avec des cuillers de fer, et on la jette dans un cuvier plein d’eau, où se refroi- dissant subitement elle n’acquiert pas autant de dureté qu’à l'air, et devient plus aisée à pulvériser : elle forme néanmoins des masses solides qu’il faut broyer sous Les pilons d’un bocard , et faire ensuite passer sous une meule pour la réduire enfin en poudre très- Mat. gén, XIII. 23 | Lo 326 HISTOIRE NATURELLE me ; fine et bien lavée, qui est alors du plus bean bleu d'azur, et toute préparée pour ‘entrer dans les émaux. | Comme les mines de cobalt eut bvct mélangées et très-différentes les ‘unes des autres, et-que même l’on donne vülgairement le nom de cobalt à toute mine mêlée de ma- tières nuisibles * , et sur-tout d'arsenic, on est forcé de les essayer pour les reconnoître, et s'assurer si elles contiennent en effet le vrai cobalt qui donne au verre le beau bleu. IL faut dans ces essais rendre les scoriés fort fluides et très-nettes, pour juger de l’inten- sité de la couleur bleue que fournit la mine convertie d'abord en chaux et ensuite en verre ; on doit donc commencer par la griller * La langue allemande a même attaché au mot de cobalt ou cobolt l'idée d’un esprit souterrain, malfaisant et malin, qui se plaît à effrayer et à tour- menter les mineurs ; et comme le minéraï de cobalt, à raison de l’arsenic qu’il contient, ronge les pieds et les mains des ouvriers qui le travaillent , on a appelé en général cobalto les mines dont l’arsenic fait la partie dominante. ( Mémoire sur le cobalt, par M. Saur, dans ceux des Savans étrangers, tome 1.) DES MINREAUX. 327 et calciner, pour la mettre dans l’état de chaux. Il se trouve, à la vérité, quelques morceaux de minérai où le cobalt est assez pur pour n'avoir pas besoin d'être grillé, et qui donnent leur bleu sans cette prépara— tion ; mais ces morceaux sont très-rares, ef . communément le minérai de cobalt se trouve mêlé d’une plus ou moins grande quantité d'arsenic qu’il faut enlever par la subiima- tion. Cette opération, quoique très-simple, demande cependant quelques attentions ; car il arrive assez souvent que, par un feu de grillage trop fort, le minérai de cobalt perd quelques nuances de sa belle couleur bleue ; et de même il arrive que ce minérai ne peut acquérir cette couleur, s’il n'a pas été assez grillé pour l'exalter, et ce point précis est difhcile à saisir. Les unes de ces mines exigent beaucoup plus de temps et de feu que les autres : ce ne peut donc être que par des essais réitérés et faits avec soin, que l’on peut s'assurer à peu près de la manière dont on doit traiter en grand telle ou our mine particulière. Dans quelques unes on trouve une assez forte quantité d'argent, et mème d'or, pour 328 HISTOIRE: ATURELLE 1 mériter un travail par iculier, per lequel on ù À en extrait ces métaux. Il faut pour cela ne calciner d’abord la mine de cobält qu’à un | feu modéré; s al étoit violent, l’arsenic qui s’en dégageroit brusquement , emporteroit avec lui une partie de l'argent et de l'or, lequel ne s’y trouve qu'allié avec l’argent. Mais ces mines de cobalt qui contiennent une assez grande quantité de cet argent mêlé … d'or pour mériter d'être ainsi travaillées, sont très-rares en comparaison de celles qui ne sont mêlées que d’arsenic, de fer et de bismuth; et avant de faire des essais qui ne laissent pas d'être coûteux, 1l faut tâcher de reconnoître les vraies mines de cobalt, et de les distinguer de celles qui ne sont que des minérais d’arsenic, de fer, etc.; et si l’on ne peut s’en fier à cetle connoissance. d’inspec- tion, il ne faut faire que des essais en petit, sur lesquels néanmoins on ne peut pas abso- lument compter; car, dans la même mine de cobalt, certaines parties du minéral sont sou- vent très-différentes les unes des autres, et ne contiennent quelquefois qu'une sipetite quan: tité de cobalt, qu'on ne peut en faire usage *à _ * Une manière courte d'éprouver si une mine de ! DES MINÉRAUX. 329 + La substance du cobalt est plus fixe au feu que celle des demi-métaux, même que celle du fer et des autres métaux imparfaits : aussi vient-on à bout de les séparer du cobalt en les sublimant et en les volatilisant par des feux de grillages réitérés. La fixité de cette substance approche de la fixité de l'or et de l’argeut; car le régule de cobalt n’entre pas dans les pores de la coupelle , en sorte que si l’on expose à l’action du feu sur une coupelle un mélange de plomb et de cobalt, le plomb seul pénètre les pores de la cou- pelle en se vitrifiant, tandis que le cobalt réduit en scories reste sur la coupelle , ou est rejeté sur ses bords : ces scories de cobalt étant ensuite fondues avec des matières Vi- treuses , donnent le bleu qu'on nomme safre ; et lorsqu'on les mêle à parties égales avec l’alcali et le sable vitrescible , elles donnent l'émail bleu qu’on appelle salt. cobalt fournira de beau bleu, c’est de la fondre dans _ un creuset avec deux ou trois fois son poids de borax, qui deviendra d’un beau bleu si le cobalt est de bonne qualité. Voyez FEneyclopédie, article Co bat, | . 28 en 4 pr | 33% HISTOIRE NATURELLE Le régule de cobalt peut s’allier avec la plupart des substances métalliques ; ils’unit intimement avec l’or et le cuivre, qu’il rend à ya f ” ww # ‘ aigres et cassans : on ne l’allie que difficile ment avec l’argent, le plomb, et même avec l’arsenic, quoique ce sel métallique se trouve toujours mêlé par sa nature dans la mine de cobalt. Il en est de même du bismuth, qui se _ refuse à toute union avéc le régule de cobalt; et quoiqu'on trouve souvent le bismuth mêlé dans les mines de cobalt, il ne lui est point uni d’une manière intime , mais simplement M Ÿ} Ÿ EL interposé dans la imine de cobalt sans là pé- . nétrer; et au contraire, lorsque Le cobalt est une fois joint au soufre par l’intermède des alcalis , son union avec le bismuth est'si in— time, qu'on ne peut les séparer que par les acides, tandis qu’en même temps le cobalt ne contracte avec le soufre qu’une très-légère union, et qu’on peut toujours les séparer Fun de l’autre par un simple feu de torréfaction, qui enlève le soufre et le réduit en vapeurs. Le mercure, qui mouille si bien L'or et l'argent, ne peut s'attacher au cobalt, ni s’y mêler par la trituration aidée même de la chaleur : ainsi la fixité du régule de cobalt, ” _ DES MINÉRAUX. 33r qui est presque égale à celle de ces métaux, n'influe point sur son attraction mutuelle avec le mercure. | Tous les acides minéraux aMauere ou dis- solvent le cobalt à l’aide de la chaleur , et ils produisent ensemble différens sels, dont quelques uns sont en crystaux transparens. L’alcali volatil dissout aussi la chaux du co- balt, et cette dissolution est d’un rouge pour- pre : mais, en général, les couleurs, dans toutes les dissolutions du cobalt, varient now seulement selon la différence des dissolvans, mais encore suivant le plus ou le moins de pureté du cobalt, qui n'est presque jamais exempt de minéraux étrangers, et sur-tout de fer et d’arsenic, dont on sait qu’il ne faut - pure très-petite portion pour altérer ow même changer absolument la couleur de la dissolution. En France, on a reconnu plusieurs indices de mines de cobalt, et on n’auroit pas dû négliger ces minières : par exemple, les mines d'argent d'Almont en Dauphiné contiennent beaucoup de mines de cobalt qu’on pourroit séparer de l'argent. M. de Grignon assure qu'on a jeté dans les décombres de ces mines EN VERRE EM \ Wa? ( a ù 332 HISTOIRE NATURELLE peut-être plus de cobalt qu’il n’en faudroi£ % pour fournir toute l'Europe de safre. Lecos | balt se trouve mêlé de même avec la! mine d'argent rouge à Sainte-Marie-aux-Mines en Lorraine, et il y en a aussi dans une mine de cuivre azuré au village d’Ossenback dans. les Vosses : on n’a fait aucun usage de-ces mines de cobalt. M. de Gensanne dit à ce sujet, que comme ce minéral devient rare, même en Allemagne , il seroit avantageux pour nous de mettre en valeur une-:mine considérable qui se trouve entre la Minera et Notre-Dame de Coral en Roussillon. Il y en a une autre très-abondante et de bonne qualité, que les Espagnols ont fait exploiter avec quelque succès : elle est située dans la vailée de Gistan. M. Bowles dit que cette mine n’a été découverte qu'au commence ment de ce siècle, et qu’elle n’a encore été travaillée qu’à une petite profondeur; qu’on en a tiré annuellement cinq à six cents quin+ taux : il ajoute qu'en examinant cette mine de Gistan, il a reconnu différens morceaux d’un cobalt qui avoit le grain plus fin et la couleur d’un gris bleu plus clair que celui de Saxe ; que la plupart de ces morceaux etoien ) DES MINERAUX. 333 contigus à une sorte d’ ardoise dure et Ini- sante avec des taches de couleur de rose sèche, et qu’il n’y avoit point de taches semblables sur les morceaux de cobalt. C'est de la Saxe qu’on a jusqu'ici tiré la plus grande partie du safre qui se consomme en Europe, pour les émaux, la porcelaine, les faïences, et aussi pour peindre à froid, et relever par l’empois la blancheur des toiles. La principale mine est celle de Schneebers ; elle est très-abondante et peu profonde : on assure que le produit annuel de cette mine est fort considérable; il n’est pas permis d’ex= porter le cobalt en nature; et c'est après l’avoir réduit en safre, qu’on le vend à un. prix d'autant plus haut, qu'il y a moins de concurrence dans le commerce de cette sorte de denrée, dont l’Allemagne a, pour ainsi dire, le privilége exclusif *. ” Cependant il se trouve des mines de cobalt en Angleterre, dans le comté de Sommerset. * On trouve beaucoup de cobalt en Misuie, en Bohème, dans la vallée de Joachim-Stal; il y en a dans le duché de Wirtemberg , dans le Hartz et dans plusieurs endroits de l Allemagne. LE, PES GE El * 334 HISTOIRE NATURELLE En Suède, la mine de Tannaberg est d'un \ cobalt blanc, qui, selon M. Demeste, rend par quintal trente-cinq livres de cobalt, deux . livres de fer, cinquante-cinq livres d’arsenic, | et huit livres de soufre. Nous sommes aussi presque assurés que le cobalt se trouve en Asie, et sans doute dans toutes les parties du monde, comme les autres matières produites par la Nature ; car le très-beau bleu des porcelaines du Ja- pon et de la Chine démontre que très-an- ciennement on y a connu et travaillé ce minéral *. | Dans les morceaux de mine de cobalt que l'on rassemble dans les cabinets, ils’en trouve de toutes couleurs et de tout mélange, et lon ne connoît aucun cobalt pur dans sa | mine; 1l est souvent mèle de bismuth', et toujours la mine contient du fer quelquefois mélangé de zinc, de cuivre, et même d'ar- * Quelques personnes prétendent que C’est par un mélange du lapis-lazuli que les Chinois donnent à leurs porcelaines la belle couleur bleue. M. de Bo. mare est dans cette opinion. Maïs je ne la crois pas fondée ; car le lapis, en se vitrifiant, ue conserve pas | sa couleur. à, r DES MINÉRAUX. 355. gent tenant or, et presque toujours encore la mine est combinée avec des pyriles et beau-— coup d’arsenic. De toutes ces matières la plus diMicile à séparer du cobalt est celle du fer : leur union est si intime, qu'on est obligé de volatiliser le fer en Le faisant sublimer plu- sieurs fois par le sel ammoniac, qui l’enlève plus facilement que le cobalt; mais ce travail ne peut se faire en grand. On voit des morceaux de minérai dans lesquels le cobalt est décomposé en une sorte de céruse ou de chaux. On trouve aussi quel- quefois de l’argent pur en petits filets ou en poudre palpable dans la mine de cobalt : mais le plus souvent ce métal n’y est point apparent , et d'ailleurs n’y est qu'en trop petite quantité pour qu'on puisse l’extraire avec profit. On connoît aussi une mine noire vitreuse de cobalt, dans laquelle ce minéral est en céruse ou en chaux, qui paroit être minéralisée par l’action du foie de soufre, dans lequel le cobalt se dissout aisément. J t 4 hé à | DU: N LORS Ir se trouve assez souvent dans les mines dé cobalt un minéral qui ne ressemble à aucun autre, et qui n'a été reconnu que dans ce. dernier temps : c’est le nickel: M. Demeste dit «que quand le cuivre et l’arsenic se trou- « vent joints au fer dans la mine de cobalt, «il en résulte un minéral singulier, qui, « dans sa fracture, est d'un gris rougeätre, «etquia, pour ainsi dire, son régule pro- « pre, parce que dans ce régule le cobalt ad « hère tellement aux substances métalliques « étrangères dont il est mêlé, qu’on n’a pas « bésité d’en faire sous le nom de zicfel] un « demi-métal particulier ». Mais cette défi- nition du nickel n'est point exacte; car le cuivre n’entre pas comme partie essentielle dans sa composition, et même 1l ne s’y trouve que très-rarement. M. Bergman est de tous les chimistes celui qui a répandu le plus de lumières sur la nature de ce minéral, qu'il a soumis à des épreuves aussi variées que mul- % 4 L 2 Zi Le HISTOIRE NATURELLE. 337 tipliées. Voici les principaux résultats de ses, recherches et de ses expériences. Hierne, dit-il, est le premier qui ait parlé du Æzpfer-nickel, dans un ouvrage sur les minéraux, publié en suédois en 1694. Henckel l’a regardé comme une espèce de cobalt ou d’arsenic mêlé de cuivre. ( Pyritol. chap. VII et VIIL.) Cramer a aussi placé le Éan tr nus dans les mines de cuivre ( Docimast. paragr. 371 et 418), et néanmoins on Z’en «a jarnais tiré un atome de cuivre. Je dois cependant obser- ver que M. Bergman dit ensuite que le nickel est quelquefois uui au cuivre. Cronstedt est le premier qui en ait tiré un régule nouveau en 1751. (Actes de Stock- Àolm.) | R M. Sage le regarde comme du cobalt mêlé de fer, d’arsenic et de cuivre. (Mémoires de chimie, 1772.) M. Monnet pense aussi que c’est du cobalt impur. ( Traité de la dissolution des mé- faux. ) Le kupfer-nickel perd à la calcination prés d’un tiers et quelquefois moitié de son poids, par la dissipation de l’arsenic et du soufre ;: 29 (1 1 338 HISTOIRE NATURELLE ce minéral devient d'autant plus verd qu (1 à est plus riche. Sion le pulvérise et qu'on le pousse à la fusion dans un creuset avec trois parties de flux noir, on trouve sous Les scories noirâtres et quelquefois bleues un culot mé- tallique du poids du dixième, du cinquième, ou même près de moitié de la mine crue: Ce régule n’est pas pur; il tient encore un peu de soufre et une plus grande quantité d’arsenic, de cobalt, et encore plus de et magnétique. | L’arsenic adhère tellement à ce régule, que M. Bergman l'ayant successivement calciné et réduit cinq fois, il donnoit encore l'odeur d'ail à une sixième calcination, quand on y F K te A k af 4 4! A él Ce is ER Là l LT ESS ‘53 ajoutoit de la poussière de charbon pour fa- : voriser l’évaporation de l’arsenic. A chaque réduction, il passe un peu de fer dans les scories ; à la sixième, le régule. avoit une demi-ductilité, et étoit toujours. sensible à l’aimant. Dans les différentes opérations faites par M. Bergman pour parvenir à purifñer le. L£ L - El L2 D l nickel, soit par les calcinations, soit en le traitant avec le soufre, il a obtenu des ré- gules dout Ja densité varioit depuis 70828 | DES MINÉRAUX. 339 jusqu’à 88751 *. Ces régules étoient quelque- fois très-cassans, quelquefois assez ductiles pour qu’un grain d’une ligne de diamètre formät une plaque de trois lignes sur l’en- clume :ils étoient plus ou moins fusibles , et souvent aussi réfractaires que le fer forgé; et tous étoient non seulement attirables à. aimant, mais même il a observé qu’un de ces régules attiroit toutes sortes de fer, et -que ses parties s’attiroient réciproquement : cemême régule donne par l’alcali volatil une dissolution de couleur bleue. M. Bergman a aussi essayé de purifier le nickel par le foie de soufre, qui a une plus grande affinité avec le cobalt qu'avec le nic- kel, et il est parvenu à séparer ainsi la plus grande partie de ce dernier. Le régule de nickel obtenu après cette dissolution par le Joie de soufre , ne conserve guère son magné- tisme: mais on le lui rend en séparant les matières hétérogènes qui, dans cet état, couvrent le fer. | * La pesanteur spécifique du régule de mickel, suivant M. Brisson, est de 58070 ; ce qui est un terme moyen entre les pesanteurs spécifiques 708:8 et 66751 , données par M. Bergman. { \ 3j HISTOIRE NATU RELLE Il a de mème traité le nickel avec le aitre, le sel ammoniac, l’alcali volatil; et par la dissolution dans l’acide nitreux, et la calcie nation par le nitre, il l’a privé de presque tout son cobalt : le sel ammoniac en a séparé un peu de fer; mais le nickel retient toujours une certaine quantité de ce métal ; et M. Berg- man avoue avoir épuisé tous les moyens de l’art, sans pouvoir le séparer entièrement du fer. | Le régule de nickel contient quelquefois du bismuth; mais on les sépare aisément em faisant dissoudre ce régule dans l'acide ni- treux, et précipitant le bismuth par l’eau. M. Bergman a encore observé que le nickel donne au verre la couleur d’'hyacinthe ; et il M de ses expériences : °.. Qu'il est possible de séparer tout l'ar- senic du nickel ; \ 2°. Que quoiqu'il tienne quelquefois du cuivre, il est également facile de le purifier de ce mélange; et que quoiqu'il donne la couleur bleue avec l’alcali volatil, cette propriété ne prouve pas plus l'identité du cuivre et du nickel, que la couleur jaune des dissolutions d’or et de fer dans l’eau DES MINÉRAUX. Sac régale ne prouve l'identité de ces métaux; 3°. Que le cobalt n’est pas plus essentiel au nickel, puisqu'on parvient à l'en séparer, et même que le cobalt précipite le nickel de sa dissolution par le foie de soufre ; dt 4°, Qu'il n’est pas possible de le priver de tout son fer, et que plus on multiplie les opérations pour l’en dépouiller, plus il de- vient magnétique et difficile à fondre; ce qui le porte à penser qu’il n’est, comme le co- balt et la manganèse, qu’une modification particulière du fer. Voici ses termes : _ Solum itaque jam ferrum restaf, et sanë variæ eæderque non exigui momenti rafio- nes suadent niccolum et cobaltum et magne- siam forsan non aliter ac diversissimas ferri modificationes esse considerandas. On voit, par ce dernier passage, que ce grand chimiste a trouve par l'analyse ce que j’avois présumé par les analogies, et qu’en effet le cobalt, le nickel et la manganèse ne sont pas des demi- métaux purs, mais des alliages de différens minéraux mélangés, et si intimement unis au fer, qu'on ne peut les en séparer. Le cobalt, le nickel et la manganèse, ne pouvant être dépouillés de leur fer, restent 29 342 HISTOIRE NATURELLE Le douc tous trois attirables à laimant : ainsi de la même manière qu ’aprè s les six métaux il se présente une matière nouvellement dé+ couverte à laquelle on donne le nom de platine, et qui ne paroît être qu’un alliage d'or, ou d’une matière aussi pesante que l'or, avec le fer dans l’état magnétique, il se trouve de même après Les trois substances demi-mé- talliques, de l’antimoine, du bismuth et du zinc, il se trouve, dis-je, trois substances minérales qui, comme la platine, sont tou- jours attirables à l'aimant, et qui dès lors doivent être considérées comme des alliages naturels du fer avec d’autres minéraux ; etil me semble que, par cette raison , il seroit à propos de séparer le cobalt*, le nickel et la manganèse, des demi-métaux simples, comme : la platine doit l'être des métaux purs, puisque ces quatre minéraux ne sont pas des subs- tances simples, mais des composés ou alliages qui ne peuvent être mis au nombre des mé- * M. Brandt, chimiste suédois, est le premier qui ait placé le cobalt au rang des demi-métaux 3 auparavant ou ne le regardoit que comme une terre minérale plus ou moins friable. Li HAE DES MINÉRAUX. 343 taux ou des demi-métaux, dont l'essence, comme celle de toute autre matière pure, consiste dans l'unité de substance. Le nickel peut s'unir avec tous les métaux et demi-métaux ; cependant le régule non purifié ne s'allie point avec l'argent : mais le régule pur s’unit à parties égales avec ce métal , et n’altère ni sa couleur ni sa ducti- lité. Le nickel s’unit aisément avec l'or, plus difficilement avec le cuivre; et le com- pose qui résulte de ces alliages est moins duc- . tile que ces métaux, parce qu’ils sont deve- nusaigres par le fer, qui, dans le nickel, est toujours attirable à l’aimant. Il s'allie facile- ment avec l’étain , et lui donne aussi de l’ai- greur ; il s’unit plus difficilement avec le plomb, et rend le zinc presque fragile. Le fer forgé devient au contraire plus ductile lorsqu'on l'allie avec le nickel : si on le fond avec le soufre, il se crystallise en ai- guilles. Enfin le nickel ne s’amalgame pas plus que le cobalt et le fer avec le mercure, même par le secours de la chaleur et de la trituration. Au reste, le minérai du nickel diffère de celui du cobalt, en ce qu’étant expose à l'air, 344 HISTOIRE NATURELLE il se couvre d’une efflorescence verte ;-au liew que celle du cobalt est d’u rouge rosacé. Le | nickel se dissout dans tous les acides miné- raux et végétaux ; toutes ses dissolutions sont ; vertes, et 1l donne avec le vinaigre des CIYS= taux d'un beau verd. 1 Le régule du nickel est un peu jaunâtre à k l'extérieur; mais, dans l’intérieur, sa subs— tance est d'un beau blanc : elle est composée de lames minces comme celles du bismuth. La dissolution de ce régule par l'acide ni- treux ou par l'acide marin est verte comme les crystaux de son minérai, et ces deux. acides sont les seuls qui puissent dissoudre ce régule; car l'acide vitriolique, non plus que les acides végétaux, n’ont aucune action sur lui. Mais, comme nous l'avons dit, ce réeule n’est pas un minéral pur ; il est toujours mèlé de fer ; et comme ses efflorescenges sont vertes, et que les crystaux de sa dissolution conservent cette mème couleur, on y a sup- posé du cuivre qu’on n’y a pas trouvé, tandis que le fer paroît être une substance tou— jours inhérente dans sa composition. Au reste, ce régule, lorsqu'il est pur, c'est-à= DES MINÉRAUX. 345 dire, purgé de toute autre matière étrangère, résiste au plus grand feu de calcination, et 1l prend seulement une couleur noire, sans se convertir en verre. tn DE LA MANGANÈSE. a / L, manganèse est encore une matière mi- nérale composée, et qui, comme le cobalt et le nickel, contient toujours du fer, mais qui de plus est mélangée avec une assez grande quantité de terre calcaire, et souvent avec un peu de cuivre*. C’est de la réunion de ces substances que s’est formée dans le sein de la terre la manganèse, qui mérite encore moins que le nickel et le cobalt, d’être mise * La manganèse... se trouve en diverses contrées de l’Allemagne , aussi-bien qu’en Angleterre, dans le Piémont, et dans plusieurs autres endroits, tantôt dans des montagnes calcaires, tantôt dans des mines de fer. On s’en sert pour rendre le verre transparent et nel, ainsi que pour composer le vernis des pos tiers, Lant noir que rougeâtre. Par différentes expériences, M. Margraff a recon- nu que la manganèse du comté de Hohenstein près d'Tlepa contenoit une terre calcaire et un peu de cuivre... Il tira aussi d’une manganèse du Piémont, \ HISTOIRE NATURELLE. 347 au rang des demi-métaux; car on seroit forcé des lors de regarder comme tels tous les. mélanges métalliques ou“alliages naturels, quand même ils seroient composés de trois, de quatre, ou d’un nombre encore plus grand - de matières différentes, et il n'y auroit plus de ligne de séparation entre les minéraux métalliques simples et les minéraux Com— posés. J'entends par minéraux simples ceux qui Le sont par nature, ou qu'on peut rendre tels par l’art : les six métaux, les trois demi- métaux et le mercure, sont des minéraux métalliques simples; la platine, le cobalt, le nickel et la manganèse, sont des minéraux composés; et sans doute qu'en observant la x L' au moyen de l’acide du vitriol, un sel rougeâtre, qui ayant été dissous dans l'eau, déposa sur une lame d'acier quelques particules de cuivre, quoiqu’en moindre quantité que la manganèse de Hohenstein. « On retire , continue M. Margraff, également du « Cuivre, tant de la manganèse d'Allemagne que de « celle de Piémont, en la mêlant avec parties égales « de soufre pulvérisé, en calcinant ce mélange pen- « dant quelques heures à un feu doux , que l’on aug- « mente ensuite en le lessiyant et en le faisant crys- s talliser, x 348 HISTOIRE NATURELLE ; Nature de plus près, on en trouvera d’autres peut-être encore plus mélangés , puisqu 4 ne faut que le hasard des rencontres pour produire des mélanges et des unions en tout genre. | | " La manganèse étant en partie composée dè fer et de matière calcaire, se trouve dans les . mines de fer spathiques mêlées de substances calcaires, soit que ces mines se présentent en stalactites, en écailles, en masses grenues, ou en poudre : mais, indépendamment de ces mines de fer spathiques qui contiennent de la manganèse, on la trouve dans des minières particülières, où elle se présente ordinaire- ment en chaux noire, et quelquefois en mor- ceaux solides, et même crystallisés; souvent elle est mélée avec d’autres pierres. Mais M. de la Peyrouse, qui a fait de trés-bonnes observa- tions sur ce minéral, remarque, avec raison, que toutes les fois qu'on verra une pierre légè- rement teinte de violet, on peut présumer avec fondement qu’elle contient de la manga- nèse ; il ajoute qu'il n’y a peut-être pas!'de mines de fer spathiques blanches, grises 'ou jaunâtres , qui n'en contiennent plus ou moins. « J'en ai, ditil, constamment retiré | DE 2 DES MINÉRAUX. . 349 « de toutes celles que j'ai essayées, une por- « tion plus ou moins grande, selon l’état de «a la mine ; car plus les mines de fer appro= « chent de la couleur brune, moins il y a de « manganèse, et celles qui sont noires n’en « contiennent point du tout.» La manganèse paroît souvent crystallisée dans sa mine, à peu près comme la pierre calaminaire, et c’est ce qui a fait croire à quelques chimistes qu’elle contenoit du zinc : mais d’autres chimistes, et particulièrement M. Bergman, ont démontré par l’analyse qu'il n'entre point de zinc dans sa compo- sition. D'ailleurs cette forme des crystallisa- tions de la manganèse varie beaucoup : il y a des mines de manganèse crystallisées en ai- guilles, qui ressemblent par leur texture à certaines mines d’antimoine , et qui n’en diffèrent à l’œil que par leur couleur orise plus foncée et moins brillante que celle de l'antimoine ; et ce qu'il y a de remarquable et de singulier dans la forme aiguillée de la manganèse, c'est qu’il semble que cette forme provient de sa propre substance, et non pas de celle du soufre; car la manganèse n’est _point du tout mélée d’antimoine , et elle 30 EU SN. à 350 HISTOIRE NATURELLE AA aucune odeur sulfureuse- sur les charbons ardens. Au reste, le plus grand nombre des manganèses ne sont pas crystal lisées ; il s’en trouve beaucoup plus en masses dures et informes, que l’on a prises long= temps, et avec quelque fondement, pour des mines de fer. On doit aussi rapporter à la manganèse ce que plusieurs autres ont écrit de cette substance sous les noms d’Aénatites noires, mamelonées, veloutées, etc. . On trouve des mines spathiques de fer ; et par conséquent de la manganèse , dans plu- sieurs provinces de France, en Dauphiné, en Roussillon; d’autres à Baigory et dans le comte de Foix. Îl y en a aussi une mine très-abondante en Bourgogne, prés de la ville de Mâcon : cette mine est même en pleine exploitation, et Fon en débite la man= ganèse pour les verreries et les faïenceries. Ou trouve dans cette mine plusieurs sortes de manganèses ; savoir , la manganèse erl chaux noire, la maigatése en masses solides À et noires, et la manganèse crystallisée en rayons divergens. NT AR La mine de manganèse ne se réduit que difficilement eu régule, parce qu'elle est très + 7 2 * ‘7 DES MINÉRAUX. 35r difficile à fondre, et en même temps trés- disposée à passer à l’état de verre. Ce régule est au moins aussi dur que le fer; sa surface est noirâtre, et dans l'interieur 1l est d’un blanc brillant , qui bientôt se ternit à l’air; -sa cassure présente des grains assez grossiers et irréguliers. En le pulvérisant il devient sensiblement attirable à l’aimant : un pre- mier degré de calcination le convertit en une chaux blanche, qui se noircit par une plus forte chaleur , et son volume augmente d’un cinquième environ. Si l’on met ce régule dans un vaisseau bien clos, il se convertit par l’action du feu en un verre jaune obscur, et le fer qu'il contient se sépare en partie, et forme un petit bouton ou globule métal- lique. Le régule de manganèse se dissout par les trois acides minéraux, et ses dissolütions sont blanches : la chaux noire de manganèse se dissout dans l’alcali fixe du tartre, et lui communique sur-le-champ une belle couleur bleue. Ce régule refuse de s’unir au soufre, et ne s'allie que très-difficilement avec le zinc ; mais 1l se mêle avec tous les autres minéraux LAS 35: HISTOIRE NATURELLE à métalliques : lorsqu'on l’allie dans une cer-. taine proportion avec le cuivre, il lui Ôle sa couleur rouge sans lui faire perdre sa ducti- lite. Au reste, ce régule contient toujours du _ fer, et il est, comme celui du nickel, celui du cobalt, et comme la platine, si intime- . ment uni avec ce métal, qu’on ne peut jamais l'en séparer totalement. Ce sont des alliages faits par la Nature, que l’art ne peut dé- truire, et dont la substance, quoique com posée, est aussi fixe que celle des métaux simples. La manganèse est d’un grand usage dans les manufactures des an et des verres blancs : en la fondant avec le verre, elle lui donne une couleur violette, dont l'intensité est toujours proportionnelle à sa quantité, en sorte que l’on peut diminuer cette couleur violette jusqu’à la rendre presque inapperce- vable; et en même temps la manganèse a la propriété de chasser les autres couleurs obs— cures du verre, et de le rendre plus blanc lorsqu'elle n’est employée qu’à la très-petite dose convenable à cet effet. C’est dans la fritte du verre qu’il faut mêler cette petite quantité de manganèse; sa couleur violette, AL HA We = DES MINÉRAUX. . 353 en s’évanouissant, fait disparoitre les autres couleurs; et 1l y a toute apparence que cette couleur violette, qu’on ne-peut appercevoir lorsque la manganèse est en très-petite quan- tité, ne laisse pas d'exister dans la substance du verre qu’elle a blanchi; car M. Macquer dit avoir vu un morceau de verre très-blanc, qui n’avoit besoin que d’être chauffé jusqu’à un certain point pour devenir d’un très-beau bleu violet*. Il faut éocalement calciner toutes les manganèses, pour leur enlever les miné- raux volatils qu’elles peuvent contenir : il faut les fondre souvent à plusieurs reprises avec du nitre purifié; car ce sel a La propriété de développer et d’exalter la couleur violette de la manganèse. Après cette première pré- paration , il faut encore la faire refondre toujours avec un peu de nitre, en la mélant avec la fritte du verre auquel on veut donner la belle couleur violette : il est néanmoins très-difficile d'obtenir cette couleur dans toute * M. de la Peyrouse dit aussi qu'on peut faire disparoître et reparoître à la flamme d’une bougie la belle couleur violette que la manganèse donne au verre de borax. DE AN 354 HISTOIRE NATURELLE. sa beaute, si l’on n’a pas appris par Vexpés rience la mauière de conduire le feu de vitris fication; car cette couleur violette se change en brun, et même en noir , ou s’evanouit , lorsqu’ on n’atteint pas‘ou que l'on passe le degre de feu convenable, et que l'usage seul peut apprendre à saisir. AU | Fin du tome treizième. - F'AÏB LE Des articles contenus dans ce volume. L2 . + L1 4 ke Histoire naturelle des minéraux Do cuivre, page D. De l’étain, 76. Du piomb , t13. Du mercure , rbr. De l’antimoine, 2rr, Du bismuth , ou étain de glace, 226. Du zinc, 238. De la platine, 263. Du cobalt, 319 Du nickel, 356. De la manganèse , 346. DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN. L 4 À Le | j } sm. mg 2 A D 3 9088 00769