* -*w- '. HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY GIFT OF THOMAS BARBOUR 03Ll^il '''■^^ \ V HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES ET DES SERPENS. I ■»< TOME PREMIER. r , b o-vH^ ^^^ HI s T O I R NAT U R E LLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES ET DES SERPENS, Tar m. le Comte DE LA CEP EVE, Garde du Cabinet du Roi*, des Académies Se Sociétés Roples de Dijon, Lyon, Bordeaux, Touloufc, Metz, Rome, Stocîcoîm , Hefîe* Hombourg , HefTe-CafTel , Munich , 6cc. TOME PREMIER, A PARIS, fiÔTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS, M. DCC. LXXXVIII. :OX;S LE TRIVILEGE DE V ACADEMIE ROTALE DES SCIENCES, ( 5 ) 4 VERTISSE MENT. M. LE Comte de Bu^fon travaillant, dans ce moment, à l'Hiftoire des Cétacées, ainfi qu'à compléter celle des Qua- drupèdes Vivipares & des Oifeaux , defirant de voir termi- ner l'Hiftoire naturelle générale & particulière , & fa fanté ne lui permettant pas de s'occuper de tous les détails de cet Ouvrage immenfe dont fou génie a conçu le vafte en- femble d'une manière fi fu- a iij (6) blime ^ & exécuté les princi- pales parties avec tant de gloire, il a bien voulu me charger de travailler à l'Hif- toire Naturelle des Quadru- pèdes Ovipares & des Serpens^ que je publie aujourd'hui. ^^^É^' -n il ) ^^^^^^^-— — ^^ EXTRAIT DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,- Du zj Juillet 1787. Nous avons été nommés Commif? faires M, Fougeroux, M. BroulTonnet, 6c moi, par T Académie, pour lui faire le rapport d'un Ouvrage qui a pour titre : Hijloirc Naturelh des Quadru-^ pêdes ovipares , par M. le Comte de la Cepede. ^ L'Auteur préfente , à la tête de fbn Ouvrage , une table méthodique de tous les Quadrupèdes ovipares dont il traite : il a choilî pour la compofcr des carac- tères faillans, que les changemens de température , ou divers accidens , ne peuvent faire varier ^ qui fe trouvent dans le mâle , comme dans la femelle , dans les jeunes animaux, comme dans les adultes, & qu'il a reconnus en examinant & en comparant attentive- ment un grand nombre d'individus de ( 8) 'différentes eipèces de Quadrupèdes ovi- pares, & les defcriptions d'un grand nombre d'Auteurs. M. le Comte de la Cepede a divifé Tordre entier des Quadrupèdes ovipares en deux grandes dajjes \ il a placé dans la première tous les Quadrupèdes ovipares qui ont une queue, & dans la féconde ceux qui n'en ont point. Il a établi deux genres dans la première clafTe , celui des Tortues , & celui des Lézards , qui différent Tun de Tautre, en ce que les premières ont le corps couvert d'une carapace offeufe & folide, que l'on ne trouve fur au- cun des féconds. Le genre des Tortues renfermant des eipeces dont la conformation &: les habitudes préfentent des différences très-fenfibles , & M. le Comte de la Cepede , donnant la defcription de plufieurs efpèces nouvelles de ces ani- maux , il a cru devoir partager ce genre en deux diviiîons , pour lelquelks il a affigné des caractères confia ns , aifés à failîr , & d'après leiquels on pourra dillinguer les efpèces d'une (9) divilîon d\ivec celles d'une antre , même en ne voyant que la carapace 6c le plaftron. Dans la première divifion , qui com- prend les tortues marines, font placées iix efpèces , dont deux n'a^^oient en- core été que légèrement indiquées par les Voyageurs ; ?vl. de la Cep :de a cru devoir les appelle r VEcailk-verte > & la N.:Jlcorns. Dans la féconde diviiîon , font les Tortues d'eau aouce ^;Z de terre, au nombre de dix-huit eipèces, dont quatre étoient encore inconnues, & ont été nommées par l'Auteur, la Jaune ^ la Chagrinée^ la Rcuffatre j & la Noirâtre, Le genre des Lézards étant beau- coup plus nombreu:^ que celui des Tortues, & leur conlormition, ainfî que leurs habitudes , préfcntant plus de différences , Tx^utrur a cru devoir former huit diviiîoiis dans ce genre. La pre mitre comprend le Crocodile proprement dit, le Crocodile noir, le Gavial, ou Crocodile du Gange, qui étoit à peine connu, &: dont M. de la Gepcde montre les rapports de gran»- a y ( 10 ) (deiir Se de conformation avec les autr^ Crocodiles , ainfî que huit autres el^ pèces de Lézards. La féconde divilîon lenferme l'Iguane , le Balilic , & trois autres efpèces. Dans la troifième divi- iîon , font rangés le Lé'iard gris ^ le Lc\ard vert, &c fix autres efpcces de Lézards. Dans la quatrième, Ion trouve le Caméléon , & vingt autres efpeces, dont deux n'étoient point connues des Naturalifles. M. de la Cepcde leur a confervé les noms de Mabouya & de Eoquet, qu'on leur a donnés en Amé- rique. L'Auteur a placé dans la cin- quième divîfîcn trois efpeces de Lé- zards , dont une étoit encore incon- nue, & a été appellee, par M. de la Cepede, Lt\ard â tête plate, La iixieme divifion comiprend le Seps & le Chal^ cidc. L'Auteur a cru devoir donner ce dernier nom à un Lézard remaarquable par fa conlormation , & qui n'a voit été décrit , ni niême indiqué par au- cun A'aturaliile. Pans la feptième divi- fion eft place le Dragon -, & eniin les Salanjandres au nombre de lîx, ior- ïiient la huitième diviiion. M. de la ( îr ) Cepède £iît conaoître deux efpèces de ces Scilaaiandres , donc perfonne n'avoic encore parlé. M. de la Cepède paffe enfuitc à la féconde claffe des Quadrupèdes ovipa- res, c*eft- à-dire, à ceux qui n'ont point de queue. Il les divife en trois genres» pour lefquels il alligne des caractères extérieurs, faciles à reconnoître, conf- tans , & qu'il a trouvés en compa- rant attentivement la conformation de ces animaux avec ce qu'il a pu coa- noître de la différence de leurs habi- tudes. Le premier genre uniquement corn- pofé des Grenouilles , en contient douze efpèces -Je fécond genre, qui comprend la Raine -verte d'Europe, & toutes les autres Raines, préfente fept efpèces 5 & dans le troiiieme genre , qui ter- mine rhiftoire des Quadrupèdes ovi- pares, font placées quatorze efpèces de crapauds. L'Auteur ne s'efl pas contenté d'avoir obfervé plufieurs Quadrupèdes ovipares vivans, èc d'avoir examine avec foin plu- fleurs individus de la piapart d:s efpeces a vj f 12 } Sont il traite; lia recueilli les principale? obfervarions des divers Aiueiirs qnî ont parlé des Quadrcpède? ovipares; il a d'ailleurs faii uVige d'un grand nombre de notes manufcrites , qui lui ont été con:miiniquces par plufirurs Natnra- lifte> de divers pays , & dont la plupart avoient voyagé dans les contrées où les Quadrupèdes ovipares font le plus communs. M. le Comte delà Cepède fait connoître prés de vingt efpèces^dont aucun Auteur n'avoit fait mention ^ ou qui n'a voient été m claiîées^ni comparées avec foin; Il préfente en tout la defcriptioa de cent treize efpèces de Quadrupèdes ovipareN. Mais il paroît s'erre attaché princi- palement a ftmpliiier la fcience, & à diminuer le non:Lre dts efiocces arbi- traires que Ton avoit admifes; il a cher- ché avec foin Imfîuence du climat, de rage , du iexe & de la faifon fur les diverfes efpeccs, pour ne regarder que comme d^s variétés le-, individus dont les difrcreiice , ne font pas alfez grandes, ou aiicz permanentes, pour conltituer ( 13 ) une efpèce -, &C il eft tel article où l'Auteur a rapporté à la même elpece cinq ou iix individus, conlldérés par certains Naturalises comme autant d'efpèces diilincles. Chaque article comprend la lifte; non-feulement des noms vulgaires at- tribués à ranimai dans les divers- pays, & par les diiïérens Voyageurs,' mais encore des noms méthodiques qui lui ont été donnés par les Natu- ralises. On trouve , dans l'Ouvrage de M. de la Cepède > la mefure & les propor- tions des diverles parties du corps pour un grand nombre de Quadrnp^.des ovipares. Il a taché, de plus, de join- dre a la deicription de chaque efpèce, rhilloire de fes h^ibiiLides ; il traite de l'endroit où on la trouve, du cems de Taccoupleaient , de celui de la ponte, du nombre & de la forme des œufs ; de la durée de raccroilfement , d? la- longueur de la vie, de la mani.'re de le nourrir, de fe défendre, dic.\ & pour faire mieux con.noitre les Qua- drupè S.rpens, montre qu'il ditrère, par la form.e de la queue, ainiique par l'arrangement & la iigurc defes écailles, de tous le > lézards, & par- ticulièrement du Seps & du Chalcidey avec lefquels il a le plus de rapports; & par conlequent il ne croie pas de- voir le regarder comme un moudre par défaut, ou comme un lézard qui ar.roit perdu dei;x de fe jaiiibe^. Il ne croit pas non -lus dev nr le confiderer comme un moni1;re par exccs^ou comme ( i6) un Serpent , qui , par une forte it nionilruoiîté , feroit né avec deux Jambes , parce que les jambes du Bi- pcde du Mexique, fes pied". , fes doigts, les écailles qui les recouvrent , les on's gks, &c. prélcntent la rymétrie la plus régulière, & parce que ce Eipcde diiiere de tous les Serpens connus par Farrangement de fes écailles, M. Pallas a aufîi prouvé que le Bipède, dont il a donné la defchption dans k^ Mémoires de Péteribourg, ne pouvoit être regar- "dé, ni comme un Lézard, ni comme im Serpent monftrueux. M. le Comte de la Cepcde fait voir; dans l'article où il traite des Bipcdes, qu'excepté celui que M. Palla-^a décrit, êc celui qu'il a reçu du Mexique, tous ks Reptiks bipèdes, mentionné:, juf- qu'à préfent j^^ar les Nat '.ralilles , ne iont que des larves de Salamaudres , 'OU des Lézards , tels que le Seps &: h Chalcide , nés monflrueux , ou privés de àcu\ pattes par quolqu'accident. L'Auteui' a )oint à fon Ouvrage , le deiTm de> j^rincipaks efpèce: de chaque div^H^n, acf.irtout de celles qui ne^ ( 17) font pas encore connues , ou qui ne le font quimparfAiceuient. Quant à Texiftence des Reptiles bi- pèdes, nous ne porterons aucun ju- gement à ce fuj et. Nous croyons que, pour admetre ces animaux comme des efpeces confiantes , il faudroit avoir des obfervations & des preuves plus multipliées. L'Ouvrage de M. le Comte de la Cepede, nous a paru fait avec antant de ibin que d'intelligence. Il y a de la clarté &c de la precillon dans les dei- criptions -, les caractères des dalles , des genres & des efpeces , font bien contraires : la partie hiltoriquc, eft faite avec difcernement. U Auteur n'a pas négligé de rendre fon ftyle agréable ^ pour donner quelqu'atcrait à des dé- rails failidieux , & fouvent dégoûtans ^ par la nature de leur objet. Nous penfouî que cette Hiiloire Natu- reUe des Quadrupèdes ovipares mente d'être approuvée par l'xVcademie, de imprimée fous fou Privilège. Fait au Louvre, le 25 Juillet 1787^ ( i8 ) d'Aubenton, Fougeroux de Bon- DAROY , BROUSSONNET. Je certifie le préfent Extrait conforme à roriginal, & au jugement de l'Aca- démie. A Paris, le 29 Juillet 1787. • Signé j le Marquis DE Condorcet. TABLE DES ARTICLES Contenus dans ce Volume, Table Alphabétique des noms donnés aux Quadrupèdes ovipares , page il Table méthodique des Quadrupèdes ovi- pares, en François , 37 Dii cours fur la nature des Quadrupèdes ovipares , I Les Tortues , 59 Tortues de mer, 71 La Tortue franche. Idem, La Tortue Ecaille-vcrte , ÏI9 La Caouane, 122 La Tortue Naficorne, 132 Le Caret, 134 Le Luth, 141 Tortues d'eau douce §^ de terre , J49 La Bourbeufe, Idem. IL2L Ronde , I58 LaTerrapène, 161 La Serpentine , 163 La Rougeatre, 164 La Tortue Scorpion , 165 La Jaune , 167 La Molle, 170 La Grecque ou la Tortue de terre commune, I75 20 TABLE DES AR TICLES. La Géométrique 3 page T95 La Raboteufe , 200 La Dentelée , 202 La Bombée , • 203 La Vermillon , 204 La Courte-queue, 2c8 La Chagrinée , 209 La Rouliâtre, 212 La Noirâtre , 213 Des Lézrrds, 21 5 Les Crocodiles , 222 Le Crocodile , 220 Le Crocodile noîr,^ 284 Le Gavial, 286 Le Fouette-queue ; 291 La Dragonne ,' 205 Le Tupinnmibis, 305 Le Sourcilleux , .312 La Téte-fourchue y 3 1 6 Le Large-doigt , 318 LeBimaculéj 31g Le Silloné , 321 L'Iguane, 322 Le Bafdic , 3^3 Le Porte-crête, 347 Le Galéote, 3^3 L'Agame, 356 -21 ♦^= i.^. t^mmmmt ^ TABLE ALPHABÉTIQUE De tous les Noms que Von a donnes aux Quadrupèdes ovipares , & dont il efl fait mention dans cet Ouvrage, A. Am^quaquan ^ Voyei jn eo renne i Alligator i Americima y An gui s Quadrup€S, A no le s, Anolis y Arrajfade > Ask y Askalahotes > Axolotl y Ayamaka y Agua. S. Terreflre. Crocodile. Queue-bleue. Améiva. Améiva. S. Terreflre," S* à queue-plateJ Galéote. S. à queue-plate» Iguane. B- Bas meus America* nus* Basilic» Raiae verte. Grenouille commuaci 2z TABLE Bec a faucon , Voye[ Caouane. Bec à faucon j T. Caret« Bin Jawacok Jangur L. Porte-çréte eckor ) B lande , The hîue liiard , Boiak , Brochet de terre , Bufo , Bufo Brafilienjîs , Bufo Calamita'i Bufo Cornutus , Bufo Fufcus y Bufo GibhofuSi Bufo Igné us , Bufo Marmoratus i Bufo Obflreticans , Bufo Pufiulofus y Bufo 3chreherianus j Bufo Ventricofus y Bufo Viridis > Bullfrog y Bumbos y Cazisctrtuia y Canuaneros > Caret , Caudi-vcrhera ^ S. Terreftre. Agame. Caméléon. L. Doré. C. commurii Agiia. Calamité. C. Cornu. Crapaud Brun* C. BofTu. Couleur de Feu, C. Marbré. C. Commun. C. Puiluleux. Rayon-vert. C. Goitreux. C. Vert. Grenouille muglfTante. Crocodile. C. Cayman , Cayrnan ^ L. Vert. Caouane. Caouane. Cordyle. Ciocodiîe. Tupinambis. ALPHABÉTIQUE. 2J ChamcsUo , Voyci Caméléon. Çhamœlco Africamus j Caméléon. Chamœlco BonœSpci , Caméléon. Chamœleo Candidus , Caméléon. Chamœlco Mexicanus , Caméléon. Chamœleo Farifien- Caméléon» Jium , Chamœlco Zclanycus ^ Chamfan y Cordule y Cor dy lus y Cordylus HifpiduSy Cordylus Orbicularis > Cordylus Stellio y Cordylus V crus y CoJJordilos , Crocodile à bec alonge y Crocodile à mâchoires Gavial. alonge'es y Crocodile à tête alon- GaviaL ge'e ,' Crocodile terreflre y Scinque. Çururu j Pipa. Caméléon. Crocodile. S. à queue-plate. Dragonne. Tapaye. Tapaye. Stellion. Cordyle. Stellion. Gavial. D. DiASIKy Doocame y Doogame y Draco major y Draco minor y praco prœpos ^ CROCODILir. T. Bourbeufç. T. Bourbeufe. Dragon. Dragon. Dragon, ^4 TA BLE Draco volans j Foy^î Dragon. JDracunculus , Dragon, Dragon d'Amérique , Bafliic amphibie qui yole y F. ^amocatitrata > Tamocantraton > Fardacho j Feucr Krote ) L. à tête-plate. L- à téte-plate. L. Vert. Couleur de Fêu. G, Gaziote. Galliwafp 3 Gciltabé y Gecko muricatus i Gecko verticillatuSy Gekko teres , Grenouille changeante , Grenouille cinq-doigts. Grenouille mangeable j Grenouille taureau , Gobe-mouche , The grcen turtle y Gros Le'iard , Groffe Tortue, G round Li^ardy Guan y Guana , The Guana > Galéote. L. Doré. Tupin.ambis. Geckotte. Geckotte. Gecko. Rayon-vert. . G. Mugiffante. Grenouille commune. Grenouille Mugiflante, L. Vert. T. Franche. Iguane. Caouane. Améiva. Crocodile- Iguane. Iguane. The Guan» ALPHABÉTIQUE, 25 The Guatiii Li^ard, Guanas , Guano , Guaral 3 . Agame. Iguane. Tiipitiambis. L. Marbré. fJ- TheHawl<'sbillTunIe, Hc'cate y He'liofccpe , Hyla Aurantiaca i Hyla Fufca , Hyla lydâca , J-lylaRiniTjormis, Hyli Rubra, Hyla SclctGO. , Hyla Tibiatrix > Hyla Viridis , T. Caret. T. GéomécL'iqac. L. Plide. ^ R. Oranc^ce. Raine Brune. R. couleur àz Lik. Raine BolTue. R. Rouffe. R. Orangée. R. Fluteufc R. Verte. /• Jacaire j Ignarucu , Jguana Calotes y Iguana Ckalcidica > Jguana Clamofa , Jguana Cnrdylina , Jguana VelicatiJJima , Jguana Salarmuidrina y Jguana Tuberculata ) Jnguete de Agua , Jogamc , Oyiparcs, Tome Crocodile. Draeoane. Galéote. Galéotc. Téte-foiirchuc. Agame. Iguane. Agame. Iguane. s. à queue-pîate. T Bouibeuié. L h ?6 Jficame , Juruca y Jurucua > . Jurucuja ^ TABLE Voyei T. Grecque» Caouaiie. T. Franche. T. Franche» K. Kaouajie , Kimhuta t Jiimfak y Kchl\era Guion^ Ivclotcs y JCrauthun > Caméléon. Cacuane. T. Grecque. Crofodile. Crocodile. Foiicîte-queue% GaUote. L. \'ert. Crocodile* L. Lace rta Akdomi- iialis y JLicerîa Ag^^nay Laccrta. ^g'Ms y Ldc e rtcL Agilis ' (ya rie- tas B ) y l.ac e rtc{ . A^ë^ ^'^ > 'Ls.czna AnibGJnenfis y Laceita Anguiria , Lacerta AnguUtay JLacerta. A jure a y Zacena Aura ta , laccrtii Bafiiiciis ^ Seps. Agame. L. Gris. L. Verr. Algire. L. Porte-crête> Seps. L. Hexagone*, I^. Azuré. L. Doré, Bafiiic^ Dragonn Queue-bleue. S. Terreltre. Iguane. L. Gnlonné, Scinque. !.. Marbré. Geckortc> DragoniiC. 'ALPHABÉTIQUE. 27 Lacerta Blcarinata, Voyci L. Silloné. Lacerta Bullaris , L. Rougc-gorge. Laccrta Caîotcs , Galcotc. LzccîtaCauda-cerulea, Queue-bleiie. LacertaCaudi-verberaj Fouette-queue. Lacerta Dracana ^ Lacerta Fafciata , Lacerta Japonica y Lacerta Lguana , Lacerta Lemnifcata , Lacerta Lybia , Lacerta Marinorata , Lacerta Maiiritanica , Lacerta maxhna Caudi- verhera, Lacerta minor cinerea maculata Afatica^ Lccerta Mop.ïtor , Lacerta Nilotica , Lacerta Oroicularis > Lacerta Palufiris y Lacerta Plica , Lacerta Princij^alis y Lacerta Punâata y Lacerta Punaata j Lacerta quinque U- neata , Lacerta Scutata , Lacerta fex lin eata y Lacerta Stellio , Lacerta Strumofa y Lacerta Supcrciliofa } Grifoii. Tupinatubis'." L. Triaugulaire.' Tapaye. S- à queue-place. L. Plifltr. L. Large-doigt. Double-raie. S.. Ponctuée. L. Strié. Tête-fourchue» L. Lion. Stellion. L. Goitreuse. L. Sourcilleux." b ij a8 TABLE Lacerta Turcica , Voye^ Grifon. Lacerta Umhra. , Umbre. Lacerta Viridis y L. Vert. Lacerta Viridis Jamaù L. R.ouge-gorge« cenfîs , LacertaViridis punSis L. Vert. Jlbis j Lacerta Vulgaris , S. à queue-pîâtc- Lacertus Aquaticus , S- à qiieue-plateo Lacertus Cinereus mi- Roquet. nor , Lacertus Cordyïus , Cordyle. Lacertus Cyprius Sein- Scinque. ce ides y Lacertus Indicus , Améiva. Lacertus Indicus , Dragonne. Lacertus major cinC' Améiva. reus maculât us y Lacertus major viridis^ Améiva, Lacertus maricnus mi- Queiic'-bleiie. nor Cauda-cœrulea t Lacertus w.aximus y Crocodile. Lacertus Viridis , L. Vert. Lacertus Viridis Caro- L. Vert. Unenfis , Lacertus Volans , Drajron. t,i Cicigna , Seps. Jiaganija , Lé/ard Gris. Lûgarto y L. V ert. L^gator , Crocodile. Langrcla ^ L. Gris. Jhclargcgrfy Châma' CaméiéoiL IcOTij ALPHABÉTIQUE. 29 The large fpotted i Voye^ Amciva. Lavcme , S. Tcrrcllte. La[er , h. Verc. The leafl light Browri Roquet. orgrey Li^ard , Leguan y Leguana , Lcviathati , Le\ard coulai r de Sang, Lc'iard Exagonal , Léiard moucheté i Lézard Rayé y Lc'iard Sauveur, Lézard Sauve-garde y Lézard Véloce j Le'iards Amphibies d'Afriqut Ligan y Ligan , Ligans y TkelitleBrownLi\ard, L. Gris. The lodgerheadturtle i Caouane. Iguane, Iguane. Crocodile. Algire. L. Hexagone» Tupinambis. S. Quatre-RaicSà Tupinambis. Tupinambis. L. Gris. S. à queue-plate-o Crocodile.- Tupinambiss Tupinambis. MABOXJTYA y Marafandola y Mirtil y Mouron y Mus Aquatilis y Mus MLiriauSy M- L. Doré. S. à queue-pla?eô S. Terrelh-c. S. Terre lire. T. Bourbeufe. Tortue Franchco b lij 30 TABLE ' N. ^^/^î; Hana Aquatica y Rana Arborea , Kana Bi coloris y RariLi Bufo y Kana Cornu ta y Rana Ffculeraj. 3 o. Tête-fourchue: Galéote. L. Vert. P. C. Commun. C. Conimun. Steliion. S. Terreflre.. T. Franche. S. Terreftre. R. R. Orangée. Grenouille commuas^ R. Verte. Épaule arniée. Grenouille commune^ R. Verte. Raine Verte. C. Commun. C. Cornu. Grenouille commune* ALPllABETiq U£. :\ hana Gihhcfa y Voyei C. Boi:'.-. RanaHàli'cina , G. MuîiiÎKînte. Ran2 Mar^iritifcrj. y G. Perlée. Rana Marina , Epaule armée. Ran2 marina maxima y Epaule armée. Rana maxima , Patte cVOie. Rana max-ima Ame- G. Miigiiranre. ricana aquatica y Rana maxima cow.- prejja mifcella ^ Rana m-Jjica , Rana mutabiii$ y Rana ocellata y Rana paradoxa y R,ana pentadaciyla ^ RancC.pif:is , Rana ridibunda y Rana fitibunda y Rana Surinimenfis y Rana typhonza , Rana vcntricofa y Rana yenulofa y Rana Virginica y R^ana viridis aquatica, Ranunculus Yiiidis , Rat de mer y Rubcta y G. Muginante. C. Criard. Ra} on "S'erf. G. ]\îugilTaiite. vTackie. G. Mugiilaate. Jackie. (.-. Brun. . C Verr. Fipa. G. Galonnée^ C. Goitreux. Grenouille Réticiilaire^ G. Galonnée. Grenouille commune^ R. ^ eite. T. Luth. C. Commun. s. Sabutis i TjRTUEs Terreflres, peut - être Toi'tuei Grecqiîss. b iy r^ TABLE Saleniaitder 3 Voyei S. Salamandj-a aquatica y Salamandra atra y S alamanâraCtylanicay àalamandra y Salamandra îndica , Salamandra maculojay Salamandra minirfta fufca maculis albis notaïa, ■Salamandre , Stilam.angnefa > Salanzantigua j Sanki , Sargan.uma > Sein eus y Seine us y Scincus maximus fuf- CUS y Scineus Officinaîis^ Seinq de terre t S cinq marin > Senembi Terre ftre. S. à queue-plate* S. Terrellre. S. à queue-plate. Gecko. Gecko. S. Terrel>re. Mabouya. L. Doré. Salamandre Terreflre*. S. Terreilre. T. Grecque. Lézard Gris. S. à queue- plate L. Vert. Scinque. Scinque. L. Doré. Scinque. L. Doré* Scinque. L. Doré. L. Doré. Iguane. L. Gris. L. Gris. L. Galonné. L. Gris. Améiva. ALPBABÉ Tiq UE. 3ï S^ps Terrcfirhy Voy€[ L. Gris. Seps Varias y L. Vert. Seps Viridis y Sourd {le) f Stellio y Stellion y Stelllone Tarentolc ^ Stellio punclatus y Stellio falvator y Stellio faurus ^ Suijfe, L. Vert. S. Terrellre. S. Pon6liiéc. L. Vert. Stellion. Double-raiff, Tupinambis. Tiipinambis. S. Terrefti-c»' T. Tjitah ) Takaie , Tamacolin j Tapayaxin y Tapayaxin p Tartamga y Tûjfhty Téjuguacii 0 Temapara , TemaparatupiTia.mhis y Terrapène , The Tcrrapin. y Tefludo atra , Tc'fiudo caretta , Tejiudo carinata > Tefludo Carolina , Tefludo Cartilaginca y Tefludo cephalo ^ Caméléon,' Crocodile, Iguane. Stellion. Tapaye. T. Franche. S. à queue-pkte^ Tupinampis. £. Marbré. Tupinambis. T. Gcomttrkjue. Terrapène. T. Franche, Caouane. T. Bornbée. T. Courte-queue- T. Moiîe, Caouaiie. 34 TABLE Tefiudo co riacea , Voy Xcjiudo corticatavcl corticofa , XeJIudo Dentlculata , Tefludo Europœa , Xejiudo fercx y Tefludo Fimbnata , Tefludo Geomctrica 3 Tefludo GrcEca, Tefludo imhricata , Tefludo Lutariay Tefludo Lyra y Tefludo Marina , Tefludo marina vulga- ris j Tefludo Midas y Tefludo Orhicularis > Tefiudo piâa feu ^\ Stellata , Tefludo Pujilla y Tefludo S cabra y Tefludo Scorpioides y Tefludo Serpentinay Tefludo Squamata, Tefludo terreflris Am- loinenfis niinor y Tefludo terreflris ma- jor Ame ricana y Tefludo terreflris pufil- \ la exJndiaOrientaliy Tefludo terreflris yul' §(iris ^ ei T. Luth. Caouane. T. Dentelée. T. Ronde. T. Molle. T. Scorpion. T. Géométrique» T. Grecque. T. Caret. T. Bourbeule. T. Luth. Tortue Franche^ T. Franche. T. Franche. T. Ronde. T. Géométiique» T. Vermilioa. T. Raboteuie. T. Scorcion. T. Serpentine, T. Caret. T. Raboteufe. T. Courte-queue^ T. Vermillcn* T» Grecque, 3> ALP HAB H TIQ U F,. Tcftudo tejfdlata. mlnor , Voyci T. Géom(?' trique. Tcjhidotejfcllatamlnor T. Vermillon. Africana , Tcftudo tcjfe lia ta mi no r T. Ccinîc-qiicue: Carolincnfis y Tcftudo tefta tcjfcllata T. Goométriqiic, major , Teftu do Vi rglnea y Teftudo viridis , Tilcucti-palli'i y Tiliguerta y Tiligugu y Tilingoni y Tokaie , Toad , Tortue à Clin , Tortue Amazone y Tortue a Bahut , Tortue Bande blanche y Tortue Bâtarde , Tortue Cojfre y Tortue AU rcuriale y Tortue Midas y Tortue Orbiculaire y Tortue Soldat y Tortue TuiU'e > Tortue Verte y Tortue Verte , TortJga de Garriga y Triton Criftalus j T, VermiilOîi. T. Franche. Tiipinambis» L. Vert. I\îâbou\.i. Mabouya. Gecko. C. Commun." T. Luth. T. Écaille-verte*' Cacuane. T. Vermillon, T. Naiî corne. Caoïiane. Tk Luth. T. Franche. T. Ronde. T. Franche. T. Caret. T. Ecailîe-verte« Tortue Franche. T. Grecque. S. à queue-plat .^* V. 36 TABLE JlFHJSÉ TIQUE. The l^^aur cft ^ L. Marbré. S. à queue-plate « Y. YvANA > Iguane. t z. TermoumIau } Algire. TABLE MÉTHODIQUE DES QUADRUPÈDES OVIPARES. PREMIÈRE CLASSE. Quadrupèdes ovipares qui ont une queue» PREMIER GENRE. TORTUES, le corps couvert d^une carapace-, -> — '- PREMIÈRE DIVISION. ILes doigts très-inégaux , & alongés en for/ne de nageoires. ESPECES. CARACTERES, \ Un feui ongle aigu ws- • Tortue Franche. , .-[piç^^ de derrière. 'SS TABLÉ ESPÈCES. ■OHJ CARACTÈRES. ÉCA ILLErVERTE. . j Des écailles vertes fur la Icarapace. C A 0 u A N E Deux ongles ai^us aux ' oieds de derrière. T. NASîC03.NE..f Uniuberculeélevéiurle imufeau. I, C A R E T. ( Les e'caillesdu difqueprà- Jcées au-defius les unes des autres, comme les ardoites fur les toits. 1 i La carapace de confiftance Luth Jde cuir , & relevée par cinq larêtes longitudinales. SECONDE DIVISION.. Les doigts très- courts & prefque égaux. ESPECES. CARACTERES. C La carapace noire, les écail- T. BOURBEUSE -Mes ftriées dans leur contour^ (,& poiaiillées ddas le centre» MÉTHODIQ UE,8cc. 39 ESPECES. CARACTERES. T. RONDE I La carapace aplaiie & ronde. I TerrapÈne. .{La carapace âpiatle S: oval^. T. SERPENTINE.. r La queue auffi longue que j la carapace qui paroît dé- I coupée parderrière en cinq V pointes aiguës. T. ROUGEATRE../ ^ "Div jaune rougeâtré fur îa l tête Sj iur le p'auron. T. S CO R P ION. ./ fescir.q I difquetrès-alongéesjleplal-' } tron ovale. T. JAUNE , La carapace verte , feméô I de taches iaunes. ( '— n^ ^r n T j -r f ^^ carapace loupîe & fâl ^ ecaiHes proprement dit I La carapace très-bombe'e, T. G R E C Q U E. . . . J ^^^ ^""'^^ très-larges,'es doigi^ ^ recouverts par une mem- brane. TABLE ESPECE. CARACTERES. T. GÉOMÉTRIQUE f Des rayons jaunes qvii fe \ réuniflent lur chaque écaille,- *^ j à un centre de la même cou- Jeur, T. RABOTE VSE.. /• Les écai I blanchâtre I très-petiteî Les écailles de îa carapace res & préfentant de- s bandes noirâtres, \ celles du milieu du difque I relevées en arête, ie pialiron (^feftonné pardevant. l- Lacarapaceunpeuenfor-- T. D E N T E L É E. . » J me de cœur,îes bords de cet- te couverture très-denteié*. T. BOMBÉE . Lacarapace très-convexe,> les écailles verdâtres rayées de jaune , leplaltron ovale. T. VERMILLON, . Les écailles de !a carapace variées de noir, de bianc,' de pourpre, de verdâtre dp^ de jaune. T COURTE QUEUE. La carapace échancrée par- devant, les écailles de cette couverture bordées de (tries ^& pointiilées dans le milieu.-, MÉTHODIQUE, êcc. 4î ESPÈCES. CARACTÈRES 1 • I . f Le ditque offeux & cha- La couleur roufiTicre , fa T. R 0 U s 5à T B. E.^ carapace aplatie,, les écailles minces. T. NOIR ATRE..-< La couleur brune-noirâtre, les écailles épaiffes & irès- l douces au toucher. SECOND GENRE. LÉZARDS. Le corps fans carapace. PREMIERE DIVISION. La queue aplatie , cinq doigts aux pieds de devant. ESPECES. CARACTERES. Caocodile. ... {Quatre doigts paîmés aux pieds de derrière, la couleur d'un vert jaunâtre. érl TA BLE ESPECES. CARACTÈRES. Quatre doigts palmés aux Crocodile noir. ^ pieds de derrière, la cou- ieur noire. Gavial Quatre doigts paîme'saux pieds de derrière, les mâ- choires trés-fctroites & très^ l^alorgées. Fouette-queue. Cinq doigts palmés aux oieds de derrière. Dragonne. Cinq doigts f^pares aux pieds de derrière,des écailles relevées en forme de crête fur la queue. TUPINAMBIS ' Des doigts féparés h cha- I que pied, les écailles ovales, .j entourées de très- petits (grains tuberculeux, &' non relevées en forme de crête. t, SOURCILLEUX.. l Une arête failîante au- deiTusdes yeux^ des écaiil.ds relevées en forme de crête, depuis la tâte jufqu'au bout de ia queue. ME THODIQVE, Sec. 43 ESPECES. CARACTERES. de la tête. Lauge-doigts . . L. BIM ACU L Û.». Une membrane fou^ féT cou, l'avant dernière articu- lation ce chaque doigt plus iargê que îes autres. Deux grandes tviches-non ràtres fur ies éoauîes. Deux ftries fur ie dot, îes , . côtés du corps plifics & re- L. S I L L^ N £• • • • ^ levés en arcte , le defTus delà queuerelevé par an^doui)!^ faillie. kC&zsr«>s:sr?SBS'SJSBRr: SECONDE DIVISION. La queue ronde , cinq doigts a chaque pied , & des écailles élevées Jur le dos en forme de crête. ESPECES. CARACTERES. IG U AN E. Une poche fous le cou, .desécai'ies relevées en forme de crcte fous la gorge , & de- puis la tête jufqu*au bout de laquQue, ^; 44 TA BLE ESPECES. CARACTERES. Basilic»....-../ Une poche fur !a tête. I ETE J vée Une membrane très-rele- t. PaRTE-^CB.ÉTE.<[vée &une lorte de crête j écaiileufe au-deUus de la V queue. Caléotï. \ Des écailles relevées au-' deiTous des ouvertures de9 oreilles , & depuis ia tête jufqu'au milieu du dos J id deffus des ong'es noir. Ac àme. Des écailîes relevées en ■ forme de crête au-delfus do la partie antérieure du dos, ] celles qui garniïTent le der- I rière de iatête tournées vert V le mufeau. TROISIEME DIVISION. La queue ronde , cinq doigts aux pieds de dey antres bandes écailleufisjous le ventre. ESPECES. CARACTERES. L. Gris. / La couleur grife, de gran- \ des plaques fous le ceu. MÉ THODiq UE,Scc. 4j ESPECES. CARACTERES. L. VERT. -C 0 R D Y L E. f La couleur verte, degran- ï desplaquesfous'e cou. <■ La queue girnie de très- longues écailles terminées en ^ épines aJon^ées , & qui ^or- I ment des anneaux larges & l fertonnés. . r La queue préfentant fix L, HEXAGONE.). ', ^ ^ Ame I V a.. • » • • arêtes tres-vives. La couleur grife ou verte, fans grandes écailles Ibus U cou. L. LION L. GALONNÉ. ! I Trois raies blanches & trois raies noires de chaque côté du dos. Depuis fepl jufqu'àonze bandes blanchâtres far le dos , les cuifles mouchetées de bianc. Nota. Nous n'avons pas vu l'hexagone , nous prcfa- mons qu'il a des bandes écaillcufes fur le ventre. S'il n'en avoit point , il faudroit le placer dans h quatrième divilion , apics le Teguixin. 46 TABLE »Ai.gfl j «icr met QUATRIÈME DIVISION. JLa queue ronde , cinq doigts eux pieds de devant jj ans bandes Lcailleufesjous le ventre^ L S P £ C E s. C A R A C T E ]^ E S. C A M É L É 0 X . r t Les doigts réunis trois à trois , & deux à deux par une rneîr, brune. Qr Cinq raies ; au nacres fur le U E U E-B L E U E . I I , ^ r ■ [dos, a queue b:eue. L. AZURÉ. Des écailles pointues. \t dos bleu. jG R I S 0 X / La couleur orile, marquée ) de points rouiïàtreSj des ver- (^rueSi'urle corps. TVoM. Comme nous n'avons pas tu la queue bleue , l'azuié ,*le grifon , i'umbie , ni le plifle . nous pouvons •ieu-eraent piélumer, d'après les ddcripticns desAuteurs, x^e ces eiiiq IpzPjds n'ont point de bandes cciilleulcs furie ventre. S'ils en a\ oient, ii faudioit les p'açei dans ia tioifièmc Uivilion , à la fuite du galoniie. MÉ THODIOUE, S:c. ^rj ESPECES. C A 11 A C T È R E S. XJ ]M B E. E L. PLISSÉ... A L G I R E i S T E L L I 0 N . . ^ C 1 K Q U E . C Une callolite fur l'occiput, y un pli fous la gneule. ( Deux plis fous fagueuïe, j deux verrues garnies de j pointes derrière les ouver- (^lures des oreilles. Quatre raies jaunes fur fe dos. i Tout le corps garûi Je J tubercules aigus , la queue I couverte d'anneaux deii- l. celés. Tout le corps garni d'<»> cailles qui fe recouvrent comme les ardaifes des toits, la mâchoixe fupe'rieure plus .ayaiicéeque Tinferieure. Jî A E 0 U Y A . Tout le corps garni d'é- caiiles *qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits, la machoiîe inférieure aulTi ivancée que la fupérieure , ia queue plus courte t^ue îç ^corps. 4S TABLE ESPECES. CARACTERES. L. D 0 R £ f Tout fe corps garni d'é- caiiies qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits , une raie blanchâtre de chaque côté du dos, la fa queue plus longue que ie ^ corps. T AP A Y E Strié Le .corps arrondi 8c garni de pointes aiguës. r Six raies jaunes fur la I léte , cinq raies jaunes fur ie coiDS. (Des écailles relevées en forme de petites dents fous ^ a,x X. x^ ^ iv oi. . , ^a gorge, le deifus des ongles la queue relevée par arêtes longitudinales.^ j noir, I neuf 1 I La couleur de feuille mor- te, marquée de taches jau- -D ^ n TT w T ) nés & noirâtres, une petite ^^^^^^ '1 membr'ane de chaque côté I de l'extrémité des doigts. KouGi-cojieE La couleur verte , une vé- licule rouge fous la gorge. L, Goitreux, ME THODIQ UE^Scc. 49 ESPÈCES. CARACTÈRES. La couleur grife muiée de L« OoiTREUX.. t»run, une poche couverte de petits grains rougeâtres Uous la gorge. T ÉG U IX I N. . Pluûeurs plis le long dej côtés du corps. r rr, r L'extrémité de fa aueue L.TRiANOULAiaE.jen forme de pyramide a trois faces. f Deux raies d'u nj au ne fafe, D 0 U B L E - R A I E.J & fix rangées de points noî- trâtres furie dos. SPUT ATEUR- . De petites plaques dcaiî- . leules au bout des doiors. g==*gg^HtgaMJMM>ijiBKaBsgggBsai;Mmggsgag. î^aœtSEsas^iCSE^T'îsa CINQUIEME DIVISION. Les doigts garnis pardejfous de grandes écailles qui Je recouvrent comme les ardoifes des toits. ESPECES. Gecko CARACTÈRES. ■ j les difpofécs fur' la queue en Des tubercules fous les cuifîes, de très petites écail- ^bandes circulaires. Ovipares. Tome L ç 5^^ TABLE ESPÈCES, CARACTERES. Geçkott E..... tubercules. ( Le de flous des cuilTes fans "i Le delTous du corps & de h tête très-aplatîs , iaqv.eue TÊTE-PLATE. < ^^^jg (jes deux côtés , d'une membrane. aimw.MMUU»**^'.'-*'''''*^ SIXIEME DIVISION. Trois doigts aux pieds de devant & aux pieds de derrière. ESPÈCES. j^^RACTÈRES.^ \ Les écailles placées les SEPS l unesau-defius des autres. f Les écailles dirpoft'es c^ti C H A L c I D E . . .| ar^neaux, SEPTIEME D I V I S î O ÎT. Ves membranes en forme d'ailes^ ^^ """""^ "~ i Trois poches aloiip,écs5« p ». A G 0 N [pointues fous la gorge. MÉTHODIQUE, ^cc. 51 -c.»^ HUITIEME DIVISION. Trois ou quatre doigts aux pieds de dtVijnt j quatre ou cinq aux pieds de derrière. ESPECES. CARACTERES. r La queue ronde , ces la- Sala ï E R R E s T ». E ches jaunes , marquées de ■ points noiiS. (' La queue garnie pardefTus S.A QUEX7E PLATE.-» & paidcffous d'un^ msin- > brime verticale. 5. r 0 N c ï u £ E . . Deux rangî de points lia;. es Tui" ic clos. ' Quatre raies jaunes fur le QUATPE - kAlES. Jqs_ , I ■ ' D i grandes écai'fes S: des S A R R 0 U E £; ongl-^s recourbes au dsfibus .desdu:g:s. Trois - doigts . . r Trois doigts aux pieds ce . devar.t, quatre doigts a.ix (_j.^ieûs d'. der/ ict- ^ V TA BLE SECONDE CLASSE. Quadrupèdes ovipares qui n'ont point de queue. fiBS^ "'l """*i»i«'V1 i'nii ■' '- i^ .'-'■"?!-V*'"l:-'^.JiiJ.'**°^ PREMIER GENRE, GRENOUILLES. La tek & le corps donnés , ïun ou ï autre. anguleux. ESPECE s. CARACTERES. \ La couleur verte , trois Grenouillïj raies jaunes le long du dos , c 0 M :^i u N E. \ les deux extérieures lail- iantes. . E N 0 u I L L ï I 0 M :^i u NE. < ' l I G, ROUSSE La couleur rouiïe , une tache noire de chaque côté, entre les yeux *S; les pattes de devant. MÉTHO DiqUE, 5:c. 5 j ESPECES. CARACTERES. G. PLUVIALE.. Des verrues fur le corps, le deiibus ce la partie polté- . rieure parremc de poin^.j. G. SONNANTE.^ La couieur noire, îe delTu du corps hérilfé à^ point lai'lans , un pli tranlverfa 4ous fe cou. n T,^•DT^rr ^^^ bordure de chaque l cote Gu corps. G. RLTicuLAiRE.f Le defTus du corps Veiné, i les doigts féparés. . P A T T E - d' o I E . . Ees doigts de chaque pied I réunis par une membrane. Un bouclier charnu fur ÉPAULE- ARMÉE. • 1 ^^^^"^ ^P^^^ ^ "^'l^''^ §'°^ boutons a la partie polte- rieure du corps. G. MUCISSAl^'TE. . G, P E a LÉ E. . . Des tubercules fous toutes ^ les phalanges des doigts. La tece triangulaire , de petits grains lougeâtres ù\: \iç corps. c iij 54 TABLE ESPECES. CARACTERES. 1 ; La couleur veraâtre mou* J A C E I E ^ chetée,îes cuiHesftriées oblî- [ quement par derrière. r- Quatre eu cinq lignes lon- G. GALONNÉS. J giiudinaîes & relevées iur h (dos, ^f^ METHODIQUE, Sec. 55 SECOND GENRE. RAINES. Le corps alongé , des pelottes vifqueujcs fous les doigts. ESPECES. CARACTERES. Le dos vert , deux raies ^ , jaunes bordées de "vioIec, & Raine vertej^ j^,^^^^^^^^^ ;3j,^^. m c 0 M M UN E. \ ^^^.^, j^f^^^aux pieds de der- riére. R. BOSSUE { Une boffe fur le dos. R. BRUNE. / La couleur brune , des '«"ubercules fous les pieds. R. COULEUR DE LAIT. r La couleur blanche ou bleuâtre -pâle, des bandes .cendrées fur le bas-ventre. R. tlvteuseJ Des taches rouges fur Ic t dos. ^6 TABLE ESPECES. CARACTERES. 8-. ORANGÉE. (La couleu foLivent un( . rouxdechac R. ROUGE. { La couleur jaune, le plus le tile de points :haque côté du dos, 1 qui eft quelquefois panaché ï de rouge. I La couleur rouge , quel- quefois deux raies jaunes le long du dos. t' MÉTHODIQUE, Sec. 57 Ji.^ggBggigwgT!.l^syJ.»g,■^ri'^iai5,&^^i!■gg^^ TROISIÈME GENRE. C R A P A U D S. Le corps ramajje & arrondi. ESPECES. CARACTERES. C R A p A u D C O M M U N. C. VERT Un tubercuie en forme de rein , au-deffus de cha- que oreilîe. * Des taches vertes bor- , dées de noir,& réunies piu- fieurs enfemble. Rayon vert. C. BRUN. Des lignes vertes en forme de rayons. La peau liiîe, de grandes taches brunes, un faux ongle Ifous la piante des pieds de de-rrière. I C A L A Ikl I T E . . . Trois raies jaunes ou roiî- geâtres le long du dos , deux faux-ongles fous chaque pied ^de devant, 38 TABLE ESPECES. I CARACTERES. C. C 0 U L E U K] DE FEU. Le clos d'une couleur oli- vâtre très-foncée , & tache- -tée de noir. C. PUSTULEUX. . ., ' Des tubercules en forme d'épines fur les doigts, des pultules fur le dos. Ç Un gonflement fous îâ C. Goitreux. ... g.^'§^ ' i" ^^'.^^^ ^\''8'^* ^^f^" \ rieurs . V réunis. des pieds de devant C, î 0 S S U I * I Une bande longitudinal® pè'e & dêntelfie fur le dos qui eu convexe en forme de boffe. Pipa C La tête très-large & très- plate, les yeux très-pctiis & .très-diftans l'un de l'autre. C. CORNU Les paupières fupérieures fes en forme de 1 très-relevéç l^cône aigu. I rLedosgris, femédetacîies ,^ ^ ^ ^^ roufiatres &: prefque couleur (^de feu. MÉ THODIQ UE, Sec. 59 t0>m ESPECES. CARACTERES. r Le dos marqué de rouge & C. M A R B R É , . . . i de jaune cendré , le ventre (jaune moucheté de noir. C. CRIARD.. Le dos moucheté de brun y {es épaules relevées & très- poreufes , cinq doigts à cha-- che pied. .v"^^ 6o TJBLE METHODIQUE, Sec. REPTILES BIPÈDES. BMfoem^BfliBHNiaeMFEBBHaaai PREMIERE DIVISION. Deux pieds de devant, ESPECES. I CARACTÈRES. (Des demi - anneaux fur le ^__ , corps & fur le ventre, des Î3IPE] qui eft très-courte. I anneaux -entiers fur ia queue Iqui SECONDE DIVISION. Deux pieds de derrière. ESPECES. CARACTERES. (Un fiHon longitudinal de chaque côié du corps, les o XI XX. i u or ^ o i A. X trous auditifs aflez grands, j ia queue au moii>6aufil lon- V.g'^e que le corps. HISTOIRE ■^'^^AA.^'''^^' HISTOIRE •NATURELLE DES QUADRUPEDES OVIPARES. DISCOURS Slt /^ nature des Quadrupèdes ovipares. Lorsqu'on jette les yeux fur îe nombre immenfe des êtres organiiés Se vivans qui peuplent & animent le globe , les premiers objets qui attirent les re- gards 5 font les divexfes elpcces des Qua- drupèdes vivipares ,•& des oifeaux, dont les iformes , les qualités & les mœurs ont été repréfentées par le Génie dans un ouvrage immortel -, parmi les féconds objets qui arrêtent l'attention, (^ trou- Ovipares. Tome L A ^ HiJIoire naturelle vent les Quadrupèdes ovipares , qui ap-^ prochent de très-près des plus nobles & des premiers des animaux , par leur organi- fation , le nombre de leurs fens , la cha- leur qui les pénètre, & les habitudes auxquelles ils font fournis. Leur nom feul , en indiquant que leurs petits vien- nent dun œuf, défigne la propriété re- marquable qui les diflingue des vivi- pares : ils diifèrent d'ailleurs de ces der- niers , en ce qu'ils n'ont pas de ma- melles -, en ce qu'au lieu d'être couverts de poil , ils font revêuis d'une croûte ofleufe , de plaques dures , d'écailles aiguës , de tubercules plus ou moins fail-=- îans , ou d'une peau nue & enduite d'une liqueur vifqueufe. Au lieu d'étendre leurs pattes comme les vivipares , ils les plient & ks écartent de manière à être très-peu élevés au-dcffus de la terre , fur laquelle ilsparoiilent devoir plutôt ramper que marcher. C'eft ce qui les a fait com- prendre fous la dénomination générale de reptiles , que nous ne leur donnerons ce- pendant pas ,' & qui ne doit appartenir qu'aux ferpens Se aux animaux qui , pref- qu'entièrement dépourvus de pieds , ne des Quadrupèdes ovipares. 5 changent de place qu'en appliquant leur corps mcme à la terre (a). Leurs efpcces ne font pas à beaucoup près en auiïî grand nombre que celles des autres Quadrupèdes. Nous en con- noifTons à la vérité cent treize -, mars MM. le Comte de BufFon & d'AubentoA ont donné Thifloire & la defcriptron de plus de trois cens Quadrupèdes vivipares. Il efl: cependant difficile de les compter toutes , & plus difficile encore de ne compter que celles qui exiflent réelle- ment. Il n'efl peut-être en effet aucune clafTe d'animaux à laquelle les Voyageurs aient fait moins d'attention qu'à celles des Quadrupèdes ovipares : c'eil; ordi- nairement d'après des rapports vagues, ou un coup-d'œil rapide , qu'ils fe font permis de leur impofer des noms mai (aj Voy.'z à ce fujet l'excelfent Ouvrage fur îes Quadrupèdes ovipares & fur les ferpens, (^om- pofé par M. d'Aubenton, & dont ce grand Natu- raiifte a enrichi l'Encyciopédie méthodique. N'o.is failiffons , avec em,jreiîement, cette première o:ca- fion de lui cémoig ler publiquement not.e recon-. noifiance , pour les fecours que nous avons trouvés dans fes lumières ^ dans Ion amitié. 4 'lîijioire Naturelle conçus : n'ayant prefque jamais eu re- cours à des informations sûres, ils ont le plus fouvent donné le même nom à divers objets , & divers noms aux mêmes arnimaux : & combien de fables abfurdes n'ont pas été accréditées touchant ces Quadrupèdes , parce qu'on les a vus prefque toujours de loin , parce qu'on ae les a communément recherchés que pour des propriétés chimériques ou exa- gérées , parc^ qu'ils prélentent des qua- lités peu ordinaires , & parce que tous l'es objets rares ou éloignés pailent aifé- ment lous l'em/pirc de l'imagination qui les embellit ou les dénature {b)\ Les Voyageurs ont -'ils toujours reconnu , d'ailleurs , les caraélères particuliers ,gers d'un inflind indivi- duel , pcrfedionné ou afFoibli par dts caufcs accidentelles. Mais, avant de nous occuper en dé- tail des faits particuliers aux diverfes erpèces^confidéronsfous les mêmes points de vue tous les Quadrupèdes ovipares-, repréfentcns-nous ces climats favorifés du foleil, où les plus grands de ces animaux font animés par toute la chaleur de i'at- mofphère, qui leur eil: néceflaire. Jetons les yeux fur l'antique Egypte , périodi- quement arrofée par les eaux d un fleuve îrnmenfe, dont les rivages couverts aii loin dun limon humide, préfentent un 'féjour fi analogue aux habitudes & à k nature de ces Quadrupèdes : fes arbres , fes forêts, fes monumcns , te ut, jufqu'à fes orgueilleufes pyramides , nous en mon- trerons quelques ei^èccs. Parcourons les côtes brûicintes de l'Afrique , les bords ardens du Sénégal, de la Gambie-, les rivages noyés du nouveau monde, ces folitudcs profondes, ou les Quadrupèdes .ovipares jouiilent de la chaleur; de i'hu- des Quadrupèdes ovipares. 7 midité & de la paix -, voyons ces bcUes contrées de l'Orient , que U Nature pïroit avoir enrichies de toutes les proaudtionsi n'oublions aucune des lues baignées par les eaux chaudes des mers voihnes de la zone torride -, appelions , par la penlee, tous les Quadrupèdes ovipares qui en peu- plent les diverfes plages, & reuniiions- les autour de nous pour les mieux con- îioître en les comparant. Obfervons d'abord les diverfes eipeces de tortues,' comme plus femblables aux vivipares par leur orgamfation interne -, confidérons celles qui habitent les bords des mers, celles qui préfèrent les eaux douces , & celles qui demeurent au milieu des bois fur les terres élevées -, voyons enfuite les énormes crocoQiies qui peuplent les eaux des grands Heuves, & qui paroiffent comme des geans de- mefarés à la tête des diverfes légions de lézards -, jetons les yeux fur les àiàc rentes efpèces de ces animaux , qui rcu- iiillent tant de nuances dans leurs cou- leurs , à tant de diverlité dans leurs oreanes, & qui préfentent tous les dé- cris de la grandeur depuis une longueui 8 ^Hifiolre Naturelle de ^qiielqiies pouces , jufqu^à ceîîe de vingt-cinq ou trente pieds; portons enfin nos regards fur à,s efpèces pîus petites , confierons les Quadrupèdes ovipares que la Nature paroît avoir confines dans la £inge à.., .p.arais, afin d imprimer par-tout luiiage du mouve- ment & de^ia vie : malgré la diverfité de leur contormation, tous ces Quadru- pèdes Te rellemblent entre eux, & dif- férent de tous les autres aninjaux par d^t caraéleres & des qualités remarquables • examinons ces carac1:cres diflindifs & Voyons^ d;abord quel degré à^vï^S^ d^adf. vite a été départi à ces Quadrupèdes. ' Y^ animaux diflèrent des végétaux^ ^ iur-tout de la matière brute, en pro- portion du nombre d<. de Tadivité des iens dont ils ont été pourvus , & quf en les rendant plus ou moins fenfibles aux imprefïïons des objets extérieurs ies font communiquer avec cts mêmes x^h)^ts dune manière plus ou moins intime. Pour déterminer la place qu^ocv cupent les Quadrupèdes ovipares dans la chame immenfe des êtres , connoilTons donc .le nombre & la force de leurs fens lis ont tous reçu bcliù de k vue. Le des Quadrupèdes ovipares. 9 plus grand nombre de ces anîmiux ont même les yeux affez fliillans & afi'ez î;ros relativement au volume de leur corps. Habitant la plupart les rivages des mers , 5c les bords des fleuves de la zonetorride, ou le foleil n'eft prefque jamais voilé par les nuages, & où les rayons lumineux font réfléchis par les lames d'eau & le fable des rives , il faut que leurs yeux foient affez forts pour n'être pas altérés & bientôt détruits par les flots de lumière qui les inondent. L'organe de la vue doit donc être aiïe-z adif dans les Quadrupèdes ovipares r. on obfers^e en effet qu'ils apperçoivcnt les objets de très-loin *, d'ailleurs nous remarquerons , dans les yeux de plufîcurs de ces animaux , une conformation par- ticulière, qui annonce un organe délicat & fenfible : ils ont, prefque tous, les yeux garnis d'une membrane clignotante ^ comme ceux des oifeaux -, & la plu- part de ces animaux , tels que les cro- codiles, & les autres lézards , jouijffcnt, ainfi que les chats , de la faculté de con-i: tradter & de dilater leur prunelle de manière à recevoir la quantité de lu- A V lO Hifloire Naturelle mrcre qui leur eft nccefTciire, ou à em- pêcher celle qui leur ftroit nuihbîe d'entrer dans leurs yeux {c). Par-là, ils diftrnauent les objets au milieu de Tob- icurite des nuits , Se lorfque le foleil îe plus brillant répand Tes rayons : leur organe eft très-exercé , & d'autant plus délicat qu il n'eft jamais ébloui par une clarté trop vive.* Si nous trouvions dans chacun des fens des Quadrupèdes ovipares , la même force que dans celui de la vue, nous pourrions attribuer à ces animaux une grande fenfibilité, mais celui de Touïe doit être plus foible dans ces Quadru- pèdes que dans les vivipares & dans les oifeaux. En effet, leur oreille intérieure n'cft pas compofée de toutes les parties qui fervent à la perception des fons dans les animaux les mieux organifés ( J) j & l'on ne peut pas dire que la limplicilé ( c) Voyez l'Hiftoire naturelle & îa defcriptioiî du chat, par MM. le Comte de Buffon & d'Au- benton. (rov;ck. EÏJàis de pfjyfTq^rte;. (/') On objeûera peut-être que dans It u'.uc 'A yj: 1 1 HiJIoirs Naturelle On ne doit pas non plus regarder ïciir odorat comme très-fin. Les animaux dans k^fquels il ell; le plus fort, ont en général le plus de peine à fupporter les odeurs très-vives, & lorfqu'ils demeurent trop long-tems expofés aux imprelîîons de ces odeurs exaltées , leur organe s'endurcit , pour ainfi dire , 3c perd de fj fenfibilité. Or le plus grand nombre de Quadrupèdes ovipares vivent au milieu de Todeur infecte des rivages vafeux , Se des marais remplis de corps organifés en putréfaction -, quelques-uns de ces Quadrupèdes répan- dent même une odeur, qui devient très^- forte loriqu'ils fontraffembiés en troupes. Le iîège de To dorât eit auiïî très-peu apparent dans ces animaux , excepté dans r»» » I I ■ — ^— grand nombre de ces animaz^x , l'organe de 'a voix lî'elc point compofé ces parties qui paroifi'ent.Ies plus néceflaires pour former des Ibnâ, & qu^il ie refiife entière^Tiemc à des tons diftincts Se à une forte de fangage nettement prononcé; mais c'eft une preuve de pKis de la foibîelTe de leur ouïe; quelque ienfibîe qu'elle pût être par elie-mème% eUe le reflentiroit de Pimperfeâion de for^ane tîe leur voix. Voycià eefiijiit un Mémoire de M. yicf- d' yiiyr fur la voix des animaux, infcrt dans aux. d&. l'Acadéir.iê de l ■ 'j^J^ des Qiiadrupè'des ovlpar&s\ i 3 le crocodile -, leurs narines font trcs-peii ©uvertes ', cependant , comme elles iont les parties extérieures les plus fenfibles de ces animaux, & comme les nerfs qui y aboutilîentront d'une grandeur extraor- dinaire dans plulieurs de ces Quadru- pèdes (g) , nous regardons l'odorat comme le fécond de leurs fens. Celui du goût doit en effet être bien plus foible dans ces animaux : il eft en raifon de la feniibilité de l'organe , qui en eft le fiège -, & nous verrons dans les détails relatifs aux divers Quadrupèdes ovipares , qu'en général leur langue eft petite ou enduite d'une humeur vilqucufe , & conformée de manière à iie tranfnaettre que difficilement les im- pi:effions des corps favoureux. A l'égard du toitcher , on doit le regarder comiUie • bien obtus dans, ces animaux. Prefque tous recouverts^ i^'êt eailles dures , enveloppés dans une cou^ yerture offeuic,ou cachés fous des bou- cliers /olides, ils doivent .recevoir bieiii peud'impreffions diftinélespar le toucher. ( g^^ Mémoire. % pour f^rvir à i" Hifloire nafûrellô r/es ÇiiliuaitXj^jyù/jklu Tm^ie d&. terre ii OifomandcU ï4 Hijloire Naturelle Pluficurs ont les doigts réunis de manière à ne pouvoir être appliqués qu'avec peine à la furfice des corps , & h quelques lézards ont des doigts très-longs & très-féparés îes uns des autres, ledelîous même de ces doigts efc le plus fouvent g.'rni d'écaillés alTez épaifîes pour ôter preique toute fenfibilité à cette partie. Les Quadrupèdes ovipares préfentent donc, à la vérité, un aufîi grand nombre de lens , que les animaux les mieux confor- més. Mais, à l'exception de celui de la vue ^ tous leurs fens font fi foibles, en compa- raifon de ceux des vivipares , qu'ils doi- vent recevoir un bien plus petit nombre de fenfations, communiquer moins lou- vent & moins parfaitement avec les objets extérieurs, être intérieurement émus avec Tn^ins de force d^ de fréquence *, & c'eâ ce qui produit cette froideur d'aifeétions,. cette efpèce d'apathie, cetinflind: confus, "ces intentions peu décidées,que Ton remar* que fouvent danspiulieurs de ces animaux.. • La foiblciTe de leurs fens fufHt peut- ctre pour modifier leur organiiation in- ;térieurG , pour y modérer la rapidité des Kiouvemens , pour y ralentir le cours cies dâs Quadrupèdes ovipares, i 5 humeurs, pour y diminuer li force des frottemens, & par conféquent pour faire décroître cette chaleur interrwe, qui, née du mouvement & de la vie , les entre- tient à Ton tour •, peut-3tre au contraire cette foibleile de leurs fens eft-elle un effet du peu de chaleur qui anime ces animaux : quoiqu'il en loit, leur fimg eft moins chaud que celui des vivipares : on n'a pas encore fait , à la vérité , d'obi ervations exades fur la chaleur naturelle des cro- codiles , des grandes tortues , & des autres Quadrupèdes ovipares des pays ^pÉ^nés •, le degré de cette chaleur doit d'ailleurs varier fuivant les efpcces , piiiiqu'elies lubliftent à différentes latitudes *, mais en eft bien allure qu'elle eft dans tous les Quadrupèdes ovipares inférieure de beaucoup à celle des autres Quadrupè- des , & fur-tout à celle des oifeaux -, fans cela ils ne tomberoient point dans un état de torpeur à un degré de froid qui n'engourdit ni les oifeaux, ni les vivi- pares. Leur iang eft d'ailleurs bien moins abondant {h). Il peut circuler long-tems (//) Hafielquift , c^ui a difiequé un crocodHe. ï^ Hljloire Naturelle ilins pafTer par les poumons, puirqii'oft a vu une tortue vivre pendant quatre jours , quoique ks poumons fuiTent au- .verts & coupés en plulîeurs endroits , & qu'on eût lié i'artertf qui va du cœur à^cet organe. Ces poumons paroifTcK^t d'ailleurs ne recevoir jamais d'autre fang que celui qui efl nécefîaire à leur nour- riture (i). Auffi celui des Quadrupèdes ovipares étant moins fouvent animé , re- jaouvellé , revivifié , pour ainfi dire , par î'air atmofphérique qui pénètre dans ies pouin€«îs , il eft plus épais ^ il ne reçoit & ne communique que des mouvemens au Caire en 1751 , rapporte que k fang fleuri & .ippauvri, ne couia pas en grande quantité de ïa .Sjrande artère, lorfqu^eiie f-Jt coupée. D'aiiieurs , continue ce Voyageur naturalifte, u !es vaifleaux » des poumons, ceux des mufcles , & les autres vaif- » féaux étoientprefque vides de fang. La quantité »» de ce fluide n'eit donc pas en proportion auffr " grande dans le crocodile , que dans les Qua- »y drupèdes : il en eft de même dans tous les >* i\iriphibies. ( FJafielquift comprend tous ies Quadrupèdes ovipares fous cette dénomination. ) Voya^çre en Palejfim de Frédéric Hajfdquijl de l'Jca- déuiifi des Sciences de Stockolm , p. 346. (i) Mémoires pour fervir à l'Hijîoire naturelle d^s- (faimau:^- , un. d& la Tortue de CorwiandeU des Quadrupèdes ovipares, i 7 plus lents 5 & fouventprcrqueinlcnlibics -, & il y a long-tems qu'on a reconnu que le fan^ ne coule pas auiîi vite dans certains Quadnipèdes ovipares , & par exemple dans les grenouilles, que dans les autres Quadrupèdes & dans les oifeaux. Les caufes internes Te rcuniiîent donc aux caules externes pour diminuer Taétivité intérieure des Quadnipcdes ovipares. Si l'on conlidcre d'ailleurs leur char* pente offeufe , on verra qu'elle efl; plus iimple que celle des vivipares \ plufîeurs familles de ces animaux , tels que la plu- part des flilamandres , les grenouilles, les crapauds ( m ) MémmTis pour fèruîr à l'^Hft'Vre nntnrtUe du guimaux , art. de. la Tortue de terre de Cdromandel. (f/) M Dans pkifieurs Quadrapé:!es ovipare s, iî paroîc, qu^ii manque quelques pa.ties dans les or- » ganes deftinés aux fécrécions, &: que ces der- «) nières doivent y être opérées d\:ne manière ♦» plus limple. »» Ohfervatious auatomiques de Gérard Blafius^ page 65. Voye^ d'ailleurs les Mémoires pour fervir à l'trfloiie naturelle des animaux , articles di la Tortue de terre , du Crocodile , du Caméléon j du TukcÀ (QeckoJ a dii la Salamandre^ 2 0 Hijîolre Naturells c'efl-à-dire , pour qu'il Toit plus difficile «'arrêter dans ces animaux le mouvement vital , dont le principe répandu , en quel- que forte , dans un efpace plus étendu , ne peut être détruit que lorfqu'il efl at- taqué dans plufieurs points à-la-fois. Cette organifation particulière des Quadrupèdes ovipares, doit encore être comptée parmi les caufes de leur peu de fenhbilité s 8c cette efpèce de froideur de tempérament n'eft-clie pas augmen- tée par le rapport de leur fuLfiance avec Teau? Non-iculement, en efiet, ils re- cherchent la lumière acStive du foleil ^ par défiut de chaleur intérieure , mais encore ils fc piaifer.t au milieu des ter- reins fangeux Se d'une humidité chaude par analoe:ie de nature. Bien loin de leur être contraire, cette lumidité, aidée de la chaleur, fert à leur développement-, elle ajoute à leur volume , en s'intro- duifant dans leur organifation , & en de- venant portion de leur fabilance -, & ce qui prouve que (^tte hum.eur aqueufe, dont ils font pénétrés , n'ell: pas une vaine fcoufîillure , un gonflement nui- fible y Se une caufe de dépériilcmcnt des Qu-adrupèJes ovipares, ii plutôt que d'un accroiiiement vcritablc*, c'efl que bien loin de perdre quelqu'une de leurs propriétés, lodque leur fubr- tance eft, pour aind dire, imbibée de riiumidité abondante dans laquelle ils lont plongés , la faculté de le repro- duire paroît s'accroître dans ces animaux à mefure qu'ils font remplis de cette humidité chaude , il analogue à 'la na- ture de leur corps. Cette convenance de leur nature avec l'humidité 5 montre combien leur mou- rement vital tient , pour ain(î dire , à plulieurs reilorts alî'ez indépendans les uns des autres : eji etîet cette furabon- dance d'eau eft avantageul^ aux êtres dans lefqiiels les mouvemens intérieurs peuvent être ralentis fans être arrêtés , dans lefquels la moleffe des fub fiances peut diminuer fans inconvénient la communication des forces, & dont les divers membres ont plus befoin de parties groffières & de mo-r- iécules qui occupent une place , que de principes adtifs&de portions délicatenaent organifée's. Elle caufe , au contraire , le dé- périllement des êtres pleinement doués de vie , qui exiftexit par une grande rapi- 2 2r Hijloire NaturelU dite des mouvemens intérieurs , par une grande éiafticité des diverfes parties, par une communication prompte de toutes les impreffions , & qui ont moins befoin, en quelque forte , d'être nourris que mis en mouvement , d'être remplis que d'être animés. Voilà pourquoi les efpèces des animaux les plus nobles dégénèrent bientA fur ces rivages nouveaux , où d'immenfes forêts arrêtent & condenfent les vapeurs de l'air, où des amas énor- mes de plantes bafles & rampantes re- tiennent fur une vafe bourbeufe une hu* midité que les vents ne peuvent diffiper , &: où le foleil n'élève par fa chaleur une partie de ces vapeurs humides , que pour en imprégner davantage Tatmolphère , la répandre au loin , Se en multiplier les pernicieux elîets. Les infed:es , au contraire , craignent fi peu l'humidité , que c'eft précifément fur les bords fan- geux , à peine abandonnés par la mer & toujours plongés dans des flots de vapeurs & de brouillards épais , qu'ils acquièrent le plus grand volume , Se font parés des couleurs les plus vives. Mais 3 quoique les Quadrupèdes ovi- des Quadrupèdes ovipares, 1 5 pares paroifleiit être peu favorifés à cer- tains égards, ils font cependant bien fupérieiirs à de grands ordres d'animaux; Se nous devons les confidérer avec d'au- tant plus d'attention , que leur nature , pour aind dire , mi-partie entre celle des plus hautes Se des plus baiTes claiTes des êtres vivans & organifés , montre les relations d'un grand nombre de faits im- portans qui ne paroiiTorentpas analogues Se dont on pourra entrevoir la caufe , par cela feul qu'on rapprochera ces faits , & qu'on découvrira les rapports qui les lient. Le féjour de tous ces Quadrupèdes n'efî: pas fixé au milieu des eaux. Plu^ heurs de ces animaux préfèrent les ter- reins fecs & élevés *, d'autres habitent dans des creux de rochers -, ceux-ci vivent au milieu des bois Se grimpent avec vîteiTe jufqu'à l'extrémité des branches îes plus hautes : mais prefque tous nagent Se plongent avec facilité. Se c'eft en partie ce qui les a fait comprendre, par plufieurs Naturalises , fous la déno- mination générale d'amphibies. Il n*efl: cependant aucun de ces Quadrupèdes qui n'ait befoin de venir de tems en teins 1 4 Hyïo ire Natu re Us à la furface de Teau , dans laquelle il aime à fe tenir plongé. Tous les ani- maux qui ont du fang doivent refpirer l'air de ratmofphère, & fi les poiiîbns peuvent demeurer très- long -tcms rai fond des mers & des rivières , c'eft qu'ils ont un oreane particulier qui fépare de Teau tout l'air qu'elle peut contenir, &: le fait parvenir juiques à leurs vaii- feauxTanguins. Les Quadrupèdes ovipares font donc forcés de relpircr de tems en tems-, Tair pénètre ainli juiques dans leurs poumons-, il parvient jufqu'à leur fang-, il le revivifie, quoique moins fré- quemment que celui des Quadrupèdes vivipares , ainll que nous l'avons dit -, il diminue la trop grande épaiileur de ce fluide & entretient fa circulation. Les jQuadrupcdcs oviparespérifîentdonc faute d'air, lorfqu'ils demeurent trop de tems fous Teauj Ce. n'eft que dans leur état de torpeur qu ils paroilTent pouvoir fc palier pendant trè^-long-tems de refpirer, une grande fluidité n'étant pas nécei- faire pour le foible mouvement que leur faiigdoit conferver pendant leur engour- diiîement. Les Quadrupèdes des Quadrupèdes ovipares. 2 5 Les Quadrupèdes ovipares, moins fcn- fibles que les autres, moins mimés par des pafîîons vives, moins agites au-de- dans, moins agiifans à l'extérieur, font en général beaucoup plus à l'abri des dangers j fis s'y expofent moins, parce qu'ils ont moins d'appétits violens -, S: d'ailleurs les accidens font pour eux moins à craindre. Ils peuvent être privés de parties allez conlidérables , telles que leur queue & leurs pattes, fans cepen- dant perdre la vie (o)\- quelques-uns d'eux les recouvrent (;?) , fur-tout lorf- (0) Pline y LU'!c II, Chap. IlL — Voyez auffi l'article des Salamandres à queue pîate. L'on cenlerve , au Cabinec du Roi , un grand lézard, de Pelpéce appeiiée Dragonne ^ auquel ii manque une patte; il paioîc qu'il i'avo't perdue par quelqu'accident, loriqu'il étoit déjà aflez gros; car la cicatrice qui s'elt formée eft coalidérable. C'elt M. de la ik)rde , Médecin du Roi h. Cayenne , & correfpondant du Cabinet du Roi, qui la en- voyé. Il a rencontré, dans l'Amérique méridio- nale, un lézard d'une autre efoéce , & n'ayant également que trois pattes. H en fait mention dans un recueil d'obfervatiors nouvelles & tres-intéref- fantes, qu'il fe propofe de publier fur l'Hiftoire naturelle de l'Amérique méridionale. (p) Voyez deux Mémoires de M. Bonnet, Ovipares, Tome I, B z6 Bijloire Naturelle que la chaleur de i'atmofphère en favo- rîfe la reprodudlion-, & ce qui paroîtra plus furprcnant à ceux qui ne jugent que d'après ce qu ils ont communément fous les yeux, ii eft des Quadrupèdes ovi- pares qui peuvent fe mouvoir long- tems après qu'on leur a enlevé la partie de leur corps qui paroît la plus nécef- ûire à la vie -, les tortues vivent plu- ' fleurs jours après qu'on leur a coupé la tête {q)\ les grenouilles ne meurent pas tout de fuite, quoiqu'on leur ait arraché le cœur-, &, dès le tems d'Aridote, on favoit que quelques niomens après qu'on avoit diiléqué un caméléon. Ton cœur palpitoit encore (j)^Cc grand phénomène ne fuiEroit-il pas pour démontrer com- bien les diiiérentes parties des Quadru- pèdes ovipares dépendent peujes unes des autres ? Il prouve non-feulement que leur fv'ilême nerveux n'efl pas aufîi lié que celui des autres Quadrupèdes, publiés dar.3 le Journal de Phyfiqiie, l'un en Novembre 1777 ^ ^"^ ^'-"^^^^ ^" •^^"''^^'' '779; ^ (7) Voyez l'article de la Tortue, appeileç fa Grecq CO ^^oyez les articles particuliers de leur-hiitoire, B ij 2 s HiJIoire Naturelle La plupart de ces animaux font revêtus d'écaillés ou d'enveloppes ofFeufes, qui ne laifTent paffer la tranfpiration que dans un petit nombre de points : ayant d'ailleurs le ftng plus froid, ils perdent moins de leur fubftance , & par conféquent ils doivent moins la réparer. Animés par une moindre chaleur , ils n éprouvent pas cette grande deffication , qui devient une foif ardente dans certains animatix -, ils n ont pas befoin de rafraîchir, par une boiffon très-abondante, des vaiiTeaux intérieurs , qui ne font jamais trop échaui- fés. Pline , ^ les Anciens , avoient reconnu que les animaux qui ne fuent point, 8c qui ne po{îedent pas une grande chaleur intérieure , mangent très- peu. En effet, la perte des forces n'eil- elle pas toujours proportionnée aux réhflances ? les réfiftances ne le font-elles pas aux frottemensï les frottemens à la rapidité des mouvemens -, & celte rapMité ne l'eft-elle pas toujours à la chaleur intérieure ? Mais fi les Quadrupèdes ovipares réfif- tent avec facilité à des coups qui ne portent que fiu' certains points de leur âes Quadrupèdes ovipares. 1 9 corps , à des chocs locaux , à des lélions particulières 5 ils fiiccombent bientôt aux efforts des caufes extérieures , énergiques Se confiantes qui les attaquent dans tout leur enfcmble -, ils ne peuvent point leur oppofer des forces intérieures affez actives : & comme la caiife la plus con- traire à une foibie chaleur interne, c(h un froid extérieur ulus ou moins ri^ou- 'reux, il n'eil pas iurprenant que les Quadrupèdes ovipares ne puiffent réiif- ter aux effets d'une atmofphère plutôt froide que tempérée. Voilà pourquoi on ne rencontre la plupart des tortues de mer , les crocodiles Se les autres grandes efpèces de Quadrupèdes ovipares, que près des zones torrides, ou du moins ■à des latitudes peu élevées, tant dans l'ancien que dans le nouveau Continent*, & non-feulement ces grandes efpèces font confinées aux environs de la zone torride -, mais encore à mefure que les individus & les variétés d'une même efpèce hcV bitent un pays plus éloigné de l'équa- tçur, plus élevé .ou plus humide, & par conféquent plus froid, leurs dim€n- Biij jo UiRoire Naturelle fions font beaucoup plus petites {t). . Les crocodiles des contrées lesplus chaudes Remportent fur les autres par leur gran- deur 8c par leur nombre -, ^ fi ceux qui vivent très-près de la ligne, font quelquefois moins grands que ceux que 3'on trouve à des latitudes plus élevées , comme on le remarque en Amérique , c'efl: qu'ils font dans des pays plus peuplés , où on leur fait une guerre ■plus cruelle, & où ils ne trouvent ni la paix ni k nourriture , fans ieiqueiics ils ne peuvent parvenir à leur entier accroii^ femcnt. La clialeur de ratmofpbèrc efl: même Il néceifiire aux Quadrupèdes ovipares , que lorfque le retour des faifons réduit les pays voiiins des zones torrides , à la froide température des contrées beau- coup plus élevées en latitude , les Qua- drupèdes ovipares perdent leur activité ^ leurs fens s'émouflent -, la chaleur de leur fing dim.inue *, leurs forces s'af- ->!■ - IT. , ■ I ■ I I - - Il (t) Les plus gros crocodiles, & Fe plus grand l^ombre de ces animaux, habitent la zone torride, CiVe ', Hijlairs iiatwcik di la CoiqUih , volume. 2^ des Quadrupèdes ovipares, 5 i fbibiiiicnt , ils s'empreilent de gagner des retraites obfcures , des antres dans les rochers, des trous dans la vafe, ou des abris dans les joncs & les autres végétaux qui bordent les grands fleuves» Ils cherchent à j jouir d'une tempéra- tiu'e moins froide , & à y conferver , pendant quelques momens, un refte de chaleur prêt à leur échapper. Mais le froid croifîant toujours, & gagnant de proche en proche , fe fait bientôt fen- tir dans leurs retraites, qu'ils paroiiTent choifir au milieu de bois écartés, eu fur des bords inacceilîbles , pour fe dérober aux recherches & à la voracité de leurs ennemis pendant le tems ae leur fopeur , où ils ne leur offriroient qu'une maiTe fans défenfe & un appas fans danger. Ils s'endorment d'un fom- meil profond-, ils tombent dans un état de mort apparente \ 8c cette torpeur eft fi grande , qu'ils ne peuvent être réveillés par aucun bruit , par aucune fecouiî'e, ni mcme par des blefliires : ils paiîent inertement la faifon de l'hiver dans cette efpèce d'infenfibilité abfolue où ils ne confervent de l'animal que II B iv 5 2 Uijîoire Naturelle forme, & feulement aiïez de mouve- ment intérieur pour éviter la décompo- lition à laquelle font foumrfes toutes les fubftances organifées réduites à un repos abfoiu. Ils ne donnent que quelques foibles marques du mouvement qiiî relie encore à leur fmg, mais qui eft ^'autant plus lent, que fouvent. il neft animé par aucune expiration m infpi- ration. Ce qui le prouve , c'eil: qu'on trouve prefque toujours les Quadrupèdes ©vipares engourdis dans la vafe , & cachés dans des creux le long des rivages où les eaux les gagnent & les furmontent iouvent, ciî ils ioint par coniequent beau- coup de tems fans pouvoir refpirer, & où ib reviennent cependant à la vie dès que la chaleur du printems fe fait de nouveau relîentir. Les Quadrupèdes ovipares ne font pas les feuis animaux qui s'engourdiilent pendant fhiver aux latitude^ un peu f levées : les ferpens, les crudacées, font également fujets à s'engourdir -, des ani- maiLx bien plus parfiits tombent auiîî dans une torpeur annuelle , tels que les iïiiirnjottes^ les loirs, les chauves- des Quadrupèdes ovipares, 3 3 fouris, les hérifTons, &c. Mais ces der- niers animaux ne doivent pas éprouver une fopeur aufîî profonde. Plus fenfî- bles que les Quadrupèdes ovipares , que les ferpens & les cruftacées , ils doivent conferver plus de vie intérieure ; quel- qu'engourdis qu'ils foient , ils ne cefient de reipirer , & cette acSlion , quoiqu'af- foiblie, n'augmente-t-elle pas toujours leurs mouvemens intérieurs? Si , pendant Thiver , il furvient «n peu de chaleur , les Quadrupèdes ovipares iont plus ou moins tirés de leur état ■ de fopeur (u)--, Se voilà pourquoi des Voyageurs , qui pendant des journées douces de Thiver ont rencontré dans certains pays des crocodiles, & d'autres Quadrupèdes ovipares , doués de pref- que toute leur a<5î:ivité ordinaire , ont affuré , quoiqu'à tort , qu'ils ne s'y en- gourdifîoient point. Ils peuvent au/Ii être préfervés quelquefois de cet engour- di flement annuel par la nature de leurs alimens. Une nourriture plus échauffante (u) Obfervations fur le crocodile de la Louijianf , par M, ds k Coudwiiùre, Jouinai de Phyjiqut 2782. ' B V 34 HiJIoire Naturelle _& plus fubilantielle augmente la force -.de leurs folides, la quantité de leur fan g , ra(5livitc de leurs humeurs , & leur donne ainh affez de chaleur interne pour compenfer le défaut de chaleur extérieure. Il arrive fouvent que les ^Quadrupèdes ovipares font dans cet état de mort apparente pendant près de iîx mois 5 & même davantage : ce long tems n'empêche p^s que leurs facultés fufpen- , .dues ne reprennent leur activité. Nous verrons dans Thillioire des falamandres 4iquatiques qu'on a quelquefois trouvé de ces animaux engourdis dans des mor- ceaux de ^lace tirés des glacières pendant l'été , & dans lefquels ils étoient enfermés depuis plufieurs mois -, lorfque la glace étoit fondue, &: que les falamandres étoient pénétrées d'une douce chaleur, elles re- venoient à la vie. Mais , comme tout a iin terme dans •la ^viture , fi le froid devenoit trop rigoureux ou duroit trop long-tems , les Quadrupèdes ovipares engourdis péri- roient : la machine animale ne peut en effet conferver qu'un certain teras les mouvemens intérieurs qui lui ont Âié des QuadrupèJes ovipares. 3 j communiqués. Non-fculemcnt une nou- velle nourriture doit réparer la perte de la fub fiance qui fe difTipe , mais ne faut-il pas encore que le mouvement intérieur foit renouvelle , pmir ainfi dire , par des fecouiles extérieures , & que des fenlations nouvelles remontent tous les rellorts ? La maire totale du corps des Quadi «.- pèdes ovipares ne perd aucune partie très- fenlible de fubRance pendant leur longue torpeur (y) : mais les portions les plus (»;)<« Le 7 Odobre 1651 , M. le Chevaîier Georges Ent pefa exadement une tortue ter- u relire , avant qu'elle ne fe cachât fous terre. « Son poids étoit de quatre livres trois onces & *« trois drachmes. Le 8 Octobre 1652, ayant tiré « la tortue de la terre où elle s'étoit enfouie la « veille, il trouva qu'elle pefoit quatre livres t< fix onces & une drachme. Le 16 Mars 1653 , •« la tortue fortit d'elle-même de fa retraite telle #« peîoit alors quatre livres quatre onces. Le « 4 Odobre 1653, la tortue , qui avoit été quel- « ques jours faas manger, fut retirée du trou «* où elle s'étoit enterrée; fon poids étoit de « quatrelivres cinq onces. Les yeux, qu'elle avoit « eus long-tems fermés, étoient dans ce moment <* ouverts & fort humides. Le 18 Mars 1654, la «< tortue fortit de fon trou , ôc mife dans la ba- m B vj 3 6 Hijhire Naturelle extérieures , plus foumifes à radioa deiîéchante du ïïo'id , & plus éloignées du centre du foible mouvement interne qui refte alors aux Quadrupèdes ovipares, fiLbiiFent une forte d'altération dans la » lance, pefoit quatre livres quatre onces & deux 9i drachmes. Le 6 Octobre 1654 , étant fur le point 9f d'hiverner , elle pefoit quatre iivres rieuf onees » & trois drachnnes. Le dernier Février 1655 ,jour » auquel la tortue avoit abandonné fa retraite , 9# fon poids étoit de quatre iivres fept onces & » fix drachmes. Ainfi , eile avoit perdu de fon » ancien poids une once & cinq drachmes. Le >» 2 Octobre 1655 , la tortue , avant de fe retirer » dans fon trou pour y paiïer l'hiver , pefoit *» quatre livres neuf oTJces Elfe avoit déjà pafTé » un peu de tems fans prendre de nourriture. Le j> 25 Mars 1656 , îa tortue , au fortir defon trou , r> pefoit quatre livres fept onces & deux drachmes. >• Le 30 Septembre 1656 , la tortue , furie point M de fe retirer dans la terre, pefoit quatre livres » deux onces & quatre drachmes. Enfin , le j) 5 Mars 1657 , la tortue, de retour fur la terre , 3> pefoit quatre livres onze onces & deux drachmes M & demie. On peut juger, par ces obfervations, »» combien cet asimal, ainfi que tous ceux qui >» fe cachent fous terre , pour fe garantir des »» froids de l'hiver, perdent peu de feur fubftance ty par la tranfpiration , pendant un jeune abfolu >♦ de plufieurs mois. » ( Colk^ion académique j Tmc KIJ,pag(s 120 6* lai. des Quadrupèdes ovipares, 3 7 plupart de ces animaux. Lcrlque cette couverture la plus extérieure de ces Quadrupèdes n'ell: pas une partie oileufe & très-folide, comme dans les tortues & dans les crocodiles , elle fe deiîèche , perd Ton organilation, ne peut plus être unie avec le refte du corps organifé , & ne participe plus ni à Tes mouvemens internes , ni à fa nourriture. Lors donc que le printems redonne le mouvement aux Quadrupèdes ovipares, la première peau , foit nue , foit garnie d'écaillés , ne fait plus partie en quelque forte du corps animé ^ elle n'efl; plus pour ce corps qu'une fubftance étrangère -, elle efl repoullée, pour ainli dire, par des mouvemens inté- rieurs qu'elle ne partage plus. La nour- riture qui en entretenoit la fubftance fe porte cependant comme à l'ordinaire vers la furfice du corps *, mais au lieu de répa- rer une peau qui n'a prefquepîus de com- munication avec l'intérieur , elle en forme une nouvelle qui ne celTe de s'accroître au-deifous de l'ancienne. Tous ces efforts détachent peu-à-peu cette vieille peau du corps de l'animal, achèvent d'oter toute liâifon entre les parties intérieures & lorfque le principe vital l'emporte , il répare & renouvelle. Mais cet équilibre peutêtrerompu demille Emilie manières, &:les effets qui en réfultentfont diverlifiés f autant la nature des êtres organilés qui les éprouvent. Il en eft donc de cette propriété de fe dépouiller , ainfi que de toutes les autres propriétés & de toutes les formes que la i> tous les lézards & les ferpens , iorfque la cha- ») leur du printems les fait fortir de ieurs retraites. fi La fraîcheur de fes couleurs &, la dtiicateffe de r> É3 peau me l'avoient prouvé lorfque je ie pris.» des Quadrupèdes ovipares. 4 1 Nature diftribue aux différentes efpcces , & combine de toutes les manières, comme il elle vouloit en tout épuifer toutes les modifications. C'efl fouvent parce que nos connoifîanccs lont bornées, que l'imagination la plus bizarre nous paroît allier des qualités & des formes qui ne doivent pas Te trouver en femb le. En étu- diant avec Çom la Nature, non-ieulement dans les grandes produdions , mais encore dans cette foule immenfe de petits êtres , où il femble que la diverfité des figures extérieures ou internes, & par conféquent celle deshabîtudes ontpuetre plus facile- ment imprimées à des mafTes moins conii- dérables. Ton trouver oit des êtres naturels, dont les produits de Timagination ne feroient fouvent que des copies. Il y aura cependant toujours une grande différence entre les originaux , & ces copies plus ou moins fidèles: rimigination, en alfem- blantdcs formes & des qualités difparates , ne prépare pas à cette réunion extraordi- naire -, elle n'emploie pas cette dégradation lucceffive de nuances diverfifiées à Tinfinî qui petivent rapprocher les objets les plus Hoignés, & qui en décelant la vraie puif- 42 Hljîoire Naturelle fance créatrice , font le fceau dont îa Nature marque Tes cuvr.-gcs durables, de les diflrngue des praduclions pallagères de la vainc imagination. Lorfque les Quadrupèdes ovipares quit- tent leurs vieilles couvertures , leur nouvelle peau efl fouvent encore aflez molle pour les rendre plus fenfibîes au choc des objets extérieurs : auili font-ils plus timides, plus réfervés, pour aind dire, dans leur démarche, & Te tiennent- ils cahés autant qu'ils le peuvent, jufqu'à qiie cette nouvelle peau ait été fortifiée par de nouveaux fucs nourriciers 8c endur- cie par les imprellî.ms de Tatmofphère. Les habitudes des Quadrupèdes ovipares fjnt en général afTez douces : leur carac- tère effc fans férocité •, fi quelques-uns d'eux , comme les crocodiles , détruifent beaucoup, c'eftparcequ'ilsontune grande malle à entretenir (y) -, mais ce n'eft que dans les articles particuliers d^ cette Hiftoirç que nous poiirr ons montrer com- ment ces mœurs générales cc coinmunes (;') Voyez particulièrement l'Hlftoke des Ci'occdiies. d^s QuaJrvpèJes ovipares. 45 à tous les Quadrupèdes ovipares, font plus ou moins diverlîfiées dans chaque efpcce par leur orginifation particulière, & par les circonftances de leur vie. Nous verrons, par exemple, les uns fe nourrir de polirons , les autres donner la chaffe Je préférence aux animaux qui rampent fur la terre , aux petits Quadrupèdes , aux oiie.uixmcme qu ils peuvent atteindre fur ies branches des arbres *, ceux-ci fe nourrir uniquement desinkéles qui bour- donnent dans ratmofphère^ ceiix-ià ne vîrvre que d'herbe, & ne choinr que les plantes parfumées , tant la Nature fait varier les moyens de fubfiflance ddns toutes les dalles , & tant elle les a toutes liées par un grand nombre de rapports, La chaîne prefque infinie des êtres , au lieu de fe prolonger d'un feul coté, & de ne fuivre, pour ainli dire, qu'une ligne droite, revient donc lans cefîe fur elle- même, s'étend dans tous les iens, s'élève , s'abailfe, fe replie , & par les difîérens contours qu'elle décrit, ies diverfes /inuofités qu'elle forme, les divprs en- diTits où elle fe réunit, ne repréfente- t-ellepas ime forte de folide, dont toutes 44 HiJIoire Naturelle les parties s'enlacent & Te lient étroite- ment, où rien ne pourroit être divifé lans détruire Tenreinble, où Ton ne reconnoît ni premier ni dernier chaînon, Sz oiî même Von n'entrevoit pas comment la Nature a pu former ce tillu aufîî immenfe que merveilleux ? Les quadrupèdes ovipares lont fouvent réunis en grandes trouves ; Von ne doit cependant pas dire qu'ils forment une vraie fociété. Qu'eû-ce en effet qui rélulte de leur attroupement ? aucun ouvrage , aucune cha^e, aucune guerre, qui pa- roilTent concertés. lîs ne conflruifent jamais d'afyle -, & , lorfqu'ils en choilii^ fent fur des rivages , dans des rochers , dans le creux des arbres, Szc. ce n'efi: point une habitation commode qu'ils préparent pour un certain nombre d'in- dividus réunis , 6c qu'ils tachent d'ap- proprier à leurs difrérens beioins •, mais c'eft luie retraite purement individuelle, où ils ne veulent que fe cacher , à laquelle ils ne changent rien, & qu'ils adoptent également, foit qu'elle ne fuf- fife que pour un feul animal, ou foit qu'elle ait affez d'étendue pour receler pluficurs de ces Quadrupèdes. des QuadrupèJes ovipares. 4 j Si quelques-uns chailent ou pèchent enfcmble , c'efl: qu'ils font également attirés pir le mcnic appât *, s'ils atta- quent à-la-fois, c'eft parce qu'ils ont ia même proie à leur portée -, s'ils fe défendent en commun , c'efl parce qu'ils font attaqués en méme-tems -, & li quel- qu'un d'eux a jamais pu fauvcr k troupe entière, en TavertilTant par les cris de -quelqu'embûche , ce n'eft point, comme on Ta dit des linges & de quelques autres Quadrupèdes , parce qu'ils avoient été , pour ainli dire, chargés du foin de veiller à la sûreté commune , mais feulement par un efret de la crainte que l'on re- trouve dans prefque tous les animaux, & qui les rend fans ceiTe attentifs à leur coniervation individuelle. Quoique les Quidrupèdes ovipares paroilfent moins fenfiblcs que les autres Quadnipèdes , ils n'en éprouvent pas moins, au retour du printems, le ien- timent impérieux de l'amour, qui, dans la plupart des animaux, donne tant de force aux plus foibles , tant d'activité aux plus lents, tant de courage aux plus Hches. Malgré le iîlence habiruel de 4<> Hijïolre Naturelle plufieiirs de ces Quadrupèdes , ils ont prerqiie tous des fons particuliers peur exprimer leurs deiirs. Le maie appelle fa femelle par un cri exprcfîif, auquel elle répond par un accent femblabie. L'amour n efl peut-être pour eux qu'une flamme légère , qu ils ne reiffentent jamais très-vivement , comme ii les humeurs , dont leur corps abonde , les garantif- foient de cette chaleur intérieure & prc- du (fer Jce, qu'on a comparée avec plus de raifon qu'on ne le penfe à un vé- ritable feu , & qui ed de même amortie ou tempérée par tout ce qui tient au froid élément de l'eau II femible cepen- dant que la Nature a- voulu fuppléer dans le plus grand nombre de ces Qua- drupèdes , à î'adîvité ijitérieure qui leur manque , par une conformation des plus propres aux jouiirances de l'amour. Les parties fexuelles des mâles lont toujours renfermées dans l'intérieur de leur corps jufqu'au moment où ils s'accouplent avec leurs femelles (:() -, la chaleur interne. (^) C'eft par l'anus que les mîlles des lézarc's & 4es tortues font furtir & introduiienc leurs parties des QnadnipdJcs ovipares. 47 qui ne ceife de pénétrer les organes défîmes à perpétuer leur efpccc, doit ajouter à la vivacité des fenfations qu'ils éprouvent •, 8c d'ailleurs ce n^eil pas pen- dant des inftans très-courts , comme la plupart des animaux , qiie les tortues ma- rines , 8z plufieurs autres Quadrupèdes ovipares communiquent , Se reçoivent la iîamme qu'ils peuvent reffentir : ccd pendant plulieurs jours que dure TunTon intime du mille & de la femelle, flins qu'ils puifîent être iéparés par aucune crainte , ni mcme par des bleiîures pro- tondes (a). Les Quadrupèdes ovipares font raifîî féconds que leur union eR quelquefois prolongée. Parmi les vivipares, les plus petites efpèces font en général celles dont les portées font les plus nombreu- fes ■-, cette loi confiante pour tous ces animaux , ne s'étend pas jufques fur les fexudles, & que ceux (îes grewouiîles , des cra- pauds & des raines, répandent ieur liqueur fécon- dante fur les œufs que pondent leurs femeiles, ainfi que nous le verrons dans les articles particu- liers de leur hiftoire. (a) Voyez l'atticlç de h Tortue franche. 48 Hijtoire Naturelle Quadriipcdes ovipares , dans lefqucls fa force eit vaincue par la nature de leur organifâtion. Il paroît même que les grandes efpèces de ces derniers Quadru- pèdes font quelquefois bien plus fécondes ' que les petites , comme on pourra le voir dans Thiftoire des tortues marines , &c. Mais fi les Quadrupèdes ovipares fem- bîent éprouver afTez vivement l'amour , ils ne relTentent pas de même la ten- drefîe paternelle. Ils abandonnent leurs œufs après les avoir pondus ; la plupart, à la vérité, clioifiiîent la place 011 ils les dépofent -, quelques-UKS , plus atten- tifs , la préparent 8z l'arrangent , ils creu- fent mcme des trous où ils les renfer- ment & où ils les couvrent de fable .8c de feuillages *, mais que font tous ices foins en comparaifon de l'attention vigi- lante dont les petits qui doivent éclprre font Tobjet dans plulieurs efpèces d'oî- feaux ? & Ton ne peut pas dire que la conformation de la plupart de ces ani- maux ne leur permet pas de tranfporter êc de mettre en œuvre des matériaux né- ceffaires pour conftruire une eipèce de nid des Quadrupèdes ovipares, 49 nid plus parfait que les trous qu'ils creu- fent, &c. Les cinq doigts longs & fé- parés qu ont la plupart des Quadrupèdes ' ovipares, leurs quatre pieds, leur gueule Se leur queue , ne le«r donneroient-ils pas en ef^et plus de moyens pour y par- venir , que deux pattes & un hec i\cn donnent aux oileaux? La grolTeur de leurs œufs varie , fui- vant les efpèces , beaucoup plus que dans ces derniers animaux-, ceux des trcs-petits Quadrupèdes ovipares ont à peine une demi -ligne de diamètre , tandis que Its^ œufs des plus grands ont de deux à trois pouces de longueur. Les embiyons qu'ils contiennent ie réunif- ient quelquefois avant d'y être renfermés, de manière à produire des monflruoiités , anifi que dans les oifeaux. On trouve dans Séba la figure d'une petite tortue à deux têtes ^ & Ton conferve au Cabinet du Roi un très-petit lézard vert qui a deux têtes & deux cous bien diitindts {b). -Ma. ^ (h^ Ha été'envoyé par M. !e Duc de h Roche- ioucauk, qui ne celfe de donner des preuves de les lumières & de Ion zéfe pour l'avancement des iciences. Ovipares, Tome L C ^o Hijîoire Naturelle L'enveloppe des œufs des Quadrupèdes ovipares n ell pas la même dans toutes les efpèces -, dans prefque toutes , & particulièrement dans pluiieurs tortues , elle eft Toupie , molle , & femblable à du parchemin mouillé -, mais , dans les crocodiles & dans quelques grands lé- zards , elle efl d'une fubflance dure Se crétacée comme les oeufs des oi féaux , plus mince cependant, &: par conféquent plus fragile. Les œufs des Quadrupèdes ovipares ne font donc pas couvés par la femelle. L'ardeur du foleil & de Tatmofphère les fait éclore , & Ton doit remarquer crue tandis que ces Quadrupèdes ont befoin pour fubfifter d une plus grande chaleur que les oifeaux , leurs œufs ce- pendant èclofent à une température plus froide que ceux de ces derniers animaux. Il femble que les machines animales les plus compofées , & par exemple celle des oifeaux, ne peuvent être mifes en mouvement que par une chaleur exté- rieure trcs-adbive -, mais que, lorfqu'elles jouent, les frottemens de leurs diverfes parties produifent une chaleur interne. des Quadrupèdes o vif ares, j i qui rend celle de ramolphère moins nécelîaire pour la coniervation de leur mouvement. Les petits des Quadrupèdes ovipp/zc-^, ne connoilTent donc jamais leur mère , ils n'en reçoivent jamais ni nourriture, ni foins , ni lecours , ni éducation \ ils ne voient , ils n'entendent rien qu'ils puiffent imiter \ le hcÇoïn ne leur ar- rache pas long-tems des cris, qui n'é- tant point entendus de leur mère, fe perdroient dans les airs , & ne leur procureroient ni afîiflance ni nourriture ; jamais la tendrefîe ne répond à ces cris j êc jamais il ne s'établit parmi les Qua- drupèdes ovipares ce commencement d'une forte de langage fi bien fenti dans plufieurs autres animaux \ ils font donc privés du plus grand moyen de s'avertir de leurs dilîérentes fenfitions , & d'e- xercer une fenfibiiité qui auroit pu s'ac- croître par une plus grande communi- cation de leurs affections mutuelles. Mais il leur fenfibiiité ne peut être augmentée, leur naturel eft fouventmodi- fié. On eft pai*venu à apprivoifer les crocodiles , qui cependant font les plus ' Cij C2 Hijtoire Naturelle grands , les plus forts , & les plus dan- gereux de ces animaux-, & à Tégard des petits Quadrupèdes ovipares , la plupart cherchent une retraite autour de nos habitations -, certains de ces animaux par- tagent même nos demeures , où lis trouvent en plus grande abondance les infectes dont ils font leur proie -, & tan- dis que nous recherchons les uns , tels que les petites efpèces de tortues, ^ tandis eue nous les apportons dans nos jardins, où ils font foignés , protégés & nourris , d'autres , tels que les lézards gris , pre- fentent quelquefois une lorte de domei- ticité moins parfaite, mais plus li.:>re, puifqu'elleeft entièrement de leur choix, plus utile , parce qu ils dctruiient p us rfinfec1:es nuifibles, &, pour ainli dire , plus noble , puifqu^ils ne reçoivent derhomme ni nourriture préparée, ni retraite par- ticulière. ^ T ^J Prefaue tous les Quadrupèdes ovi- pares répandent une odeur torte, qui ne difTere pas beaucoup de celle du m.uic, mais qui efl moins agréable & qui par coni^quentrelTemble un peu à ceiie qu ex- halent des animaux d'orares biens dit- des Quadrupèdes ovipare^ 5 3 férens, tels que les lei-pens, les fouines, les belettes, les putois, les niouffctes d'Amérique , piulieurs oifcaux , tels que Li huppe, 8cc. cette odeur plus ou moins vive eil le produit de fccrétions parti- culières , dont l'organe eft très-apparent dans quelques Quadrupèdes ovipares , 6c particulièrement dans le crocodile, ainft que nous le verrons dans les détails de cette Hiftoire. Les Quadrupèdes ovipares vivent en général très-long-tems. On ne peut guère douter , par exemple, que les grandes tortues de mer ne par^^iennent, ainii que celles d'eau douce & de terre , à un âge très- avancé V Se une très-longue vie ne doit pas étonner dans ces animaux, dont le i^ing eil peu échauffé, qui tranfpirent à peine, qui peuvent fe parfer de nourriture pendant pîuiieurs mois , qui ont Ci peu d'accidens à craindre, & qui réparent il aifément les pertes quils éprouvent. D'ailleurs ils vivent pendant un bien plus grand nombre d'années que les Quadrupèdes vivipares, fi l'on ne calcule l'exiftence que par la durée. Mais (1 l'on veut coinpter les vrais momens de leur vie . C iij j4 Hifloire Naturelle les- feuls qiie Ton doive eflimer, ceux ou ils iifent de leur force Se font ufage de leurs facultés, on verra que iorf- qu ils habitent un pays éloigné de la ligne, leur vie eft bien courte, qiior- qu elle paroifTe renfermer un grand ef- pace de tems. Engourdis pendant près de fix mois, il faut d'abord retrancher k moitié de leurs nombreufes années -, 8c pendant le refte de ces ans, qui paroiilent leur avoir été prodigués, combien ne faut-il pas oter de jours pour ce tems de maladie, ou dépouillés de leur première peau, ils font obhgés a attendre dans une retraite qu'une nou- velle couverture les mette à Tabri des dangers ! Com-bien ne faut-il pas oter d'inilans pour ce fommeil journalier , . auquel ils font plus fujets que pluiieurs autres animaux , parce qu'ils reçoivent moins de fenfations qui les réveillent. Se fur-tout parce qu ils font moins prelTés par l'aiguillon de la faim î II ne reilera donc qu'un très-petit nombre d'années où les Quadrupèdes ovipares foient réellement feniibles 8c adifs , où ils emploient leurs forces , où ils ufent leur ■yiÊ des Quadrupèdes ovipares, j 5 machine , où ils tendent avec rapidité vers leur dépérifîement. Pendant tout îe tems de leur fopeur, inaccc(îibles à toute imprefîîon , froids, immobiles & prefque inanimés , ils font en quelque iorte réduits à l'état des matières brutes , dont la durée eft très-longue parce que îe tems n'eii: pour ces fubilances qu'une fuccelTion d'états paiïïfs & de poiitions inertes fans euets productifs, & par conféquent fans caufes intérieures de deftruction , bien loin de pouvoir être compté par de vives jouiifances, & par les effets féconds qui déploient mais ufent tous les refforts des êtres animés. Pluneurs Voyageurs ont écrit que quelques lézards & quelques Quadru- pèdes ovipares fans queue renferment un poifon plus ou moins adtif. Nous verrons dans les articles particuliers de cette Hiftoire , que l'on ne peut regar- der comme venimeux qu'un très-petit nombre de ces Quadrupèdes. D'un autre côté , l'on fait qu'aucun Quadrupède vivipare & qu'aucun oifeau ne font infectés de venin -, ce n'efi que parmi les ferpens , les poiflbns , les vers , les Civ ^6 Hijloire Naïunllc infedes & les végétaux que l'on ren- contre pluiieurs cipcccs plus ou moins vemmeufes. li feniJbl croit donc que l'abondance des fucs mortels , eft d'au- tant plus grande dans les êtres vivans , que leurs humeurs font moins échauf- fées , & que leur organifation intérieure Q^ plus limple. Maintenant nous allons examiner de plus près les divers Quadrupèdes ovipares dont nous avons remarqué îes qualités communes & obfervé les attri- buts généraux. Nous commencerons par îes diverfes efpèces de tortues de mer , d'eau douce' & de terre-, nous conlidé- rerons enfuite les crocodiles & les dif- férens lézards, dont les efpèces les plus petites , & particulièrement celles des falamandres , ont tant de rapports avec les grenouilles & les autres familles de Quadrupèdes ovipares qui n'ont pas de queue, &: par rhiftoire defqucis nous ter- minerons celle de tous ces animaux. Nous ne nous arrêterons cependant beaucoup qu'à ceux qui, par la linguîarité de leur conformation, l'étendue de leur volume, la grandeur de leur puifl'ance, la préé- des Quadruvèdes ovipares, j 7 minence de leurs qualités, mériteront un plus grjnd intérêt & une attention plus marquée -, pour parvenir à peindre la Nature , tâchons de l'imiter \ Se de même que les efpcces diftinguées paroif- fent avoir été les objets de la prédilec- tion , qu'elles loient ceux de notre atten- tion particulière, comme réfléchifTant vers nous plus de lumière , & conmie en répandant davantage lur tout ce qui les en- vironne. Et lorfqu'il s'agira de tracer les limites qui féparent les eipèces les unes des autres , lorfquc nous ferons indécis fur la valeur des caractères qui Te pré- Tenteront , nous aimerons mieux ne compter qu'une efpèce que d'en admettre deux, bien alTurés c[ue les individus ne coûtent rien à la Nature 5 mais que, malgré ion immenfe fécondité, elle n'a point prodigiié i-ratilement les efpèces. Ses eriets font ians nombre, mais non pr.s les eau Tes qu'elle fait agir. Nous croirions donc mal repréfenter l'augufte /implicite de Ion plan, & mal parler de fa force, en lui rapportant fans railon une vaine multiplication d'elpèces*, nou5 penfons, au contraire , mieux révé- C V j8 Uîpire Naturelle îer fa puiffance , en dllant que toutes ces différences qui font la magmh- cence de l'univers , que toutes ces variétés qui Vembelliffent , elle les a fbuvent produites en modifiant de diverles ma- nières les efpèces réellement diftindtes. Bien loin d'enrichir la fcience, ne î'appauvriffons pas-, ne la rabaiflons pas en la furchargeant dun poids mutile d'efpèces arbitraires -, & n'oublions jamais que du haut du trône fublime ou hege la Nature , dominant fur le tems & fur l'efpace, elle n'emploie quun petit nombre de puiffances pour animer h matière , développer tous les êtres , Se iroUYoir tous les corps dece vafte univers.. des Quadrupèdes ovipares, 5 ^ tTSi.*^i'mx»*MJUti'ijutaB:am LES TORTUES, La Nature a traité prefque te us les animaux avec plus ou moins de faveur : les uns ont reçu la beauté , d'autres la force ; ceux-ci la grandeur , ou des armes meurtrières *, ceux-là des attributs d'indé- pendance, la faculté de nager ou celle de s'élever dans les airs. Mais expofés en naillant aux intempéries de ratmofphère , les uns font obligés de fe creufer avec peine des retraites fouterraines & pro- fondes -, les autres n ont pour afyle que les antres ténébreux des hautes montagnes ou des vâfles forêts -, ceux-ci , plus petits > font réduits à fe tapir dans les creux des arbres & des rochers ou à aller fe réfugier jufque dans la demeure de leurs plus cruels ennemis , aux yeux defquels ni leur petiteile , ni leur ruie ne peuvent les dérober long-tems -, ceux-là, plus malheureux, moins bien conformés , ou moins pourvus a'inftincl: , font forcés de pailer triftement leur vie fiu' la terre nue , Cvj 6o Hijloire Naturelle & n*ont pour tout abri contre les froids rigoureux & les tempêtes les plus violen- tes, que quelques branches d'arbres ëc quelques roches avancées : ceux dont la demeure eft la plus commode Se la plus sûre 5 ne jouillent de la douce paix qu'elle leur procure, qu'à force de travaux 3c de foins ', les tortues feules ont reçu en naif- fant une forte de domicile durable. Cet afyîe, capable de réiiftcr à de très-grands efforts , n'efl: pas même fixé à un certain efpace: lorfquela nourritiue leur manque dans les endroits qu'elles préfèrent, elles ne font pas contraintes d'abandonner un toit conftruit avec peine, de perdre tout le fruitde longs travaux, pour aller peut-être avec plus de peine encore arranger une ha- bitation nouvelle fur des bords étrangers; elles portent par-tout avec elles l'abri que la Nature leur a donné , & c'efl avec toute vérité qu'on a dit qu'elles traînent *leur maifon, fous laquelle elles font d'autant plus à couvert qu'elle ne peut pas être dé- tniitepar les etîorts de leurs ennemis. La plupart des tortues retirent quand elles veulent leur tête , leurs pattes & leur queue fous i' enveloppe dure èc oiieiiie qui les des QuadnipèJes ovipares. 6 1 revêt par-delîiis & pcir-delîoiis, & dont les ouvertures font aiiez étroites pour que les ferres des oifeaux voraces , ou les dents desQu.idrupèdescarnalîîers n'y pénètrent que dîtiiciicmcnt. Demeurant immobiles dans cette poiition de défenle, elles peuvent quelquefois recevoir 1 ans crainte > comme fans danger, les attaques des animaux qui cherchent à en faire leur proie. Ce ne iont plus des êtres fenfibies, qui oppoient la force à la force, qui fbuflrent toujours par la réiiftance, ôc qui font plus ou moins bielles par leur victoire même : mais , ne préientant que leur épailfe enveloppe , c'eit en quel- que forte contre une couverture infenii- ble que font dirigées les armes de leurs ennemis y les coups qui les menacent ne tombent, pour ainli dire, que fur la pierre, & elles font a.lors aulîi à l'abri fous leur bouclier naturel, qu'elles pour- roient l'être dans le creux profond de inacceffible d'une roche dure. Ce bou- clier impénétrable qui les garantit efl compofé de deux elpcces de tables oiîeufes plus ou moins arrondies & plus ou moins convexes. L'iine eft placée ^2 Hijloire Naturelle au-deiTus & Tautre au-defToiis du corps.r Les cotes 8c Tépine du dos font partie de la fiipérieiire , que Ton appelle carapace y ^rinférieure, que Ton nomme plajtron , eft réunie avec les os cjui compcfent lejlernum. Ces deux couver- tures ne fe touchent & ne font attachées enfemble que par les côtés : elles laîilent deux ouvertures , Tune devant & Tautre derrière -, la première donne pallage à la tête & aux deux pattes de devant j la féconde aux deux pattes de derrière, à la queue & à la partie du corps où eft fitué Tanus. Lorfoue les tortues veu- lent, ou marcher, ou nager, elles font obligées d'étendre leur tête , leur col Se leurs pattes , qui paroilfent alors à Texté- rieur, & ces divers membres, ainfi que la queue, le devant & le derrière du corps, font couverts dune peau qui s'attache au-deiibus des bords de la carapace & du plaftron , qui forme plulieurs plis , lorfque les pattes & la tête font retirées, qui cft allez lâche pour fe prêter à leurs divers mouvemens d'exten- fion, & qui eft garnie de petites écailles comme celle des lézards, des fcrpens & âes Qiiadniphdes ovipares, ^5 des poifTons , avec lelquels elle donne aux tortues un trait de refî'embLince. La. tête, dans prefque toutes les efpèces de ces animaux, ell; un peu arrondie vers le muleau, à rextrêmité duquel font fi tuées les narines : la bouche efl placée en-dellous -, Ton ouverture s'étend jus- qu'au-delà des oreilles. La mâchoire fupéricure recouvre la mâchoire infé- rieure^ elles ne font point communément garnies de dents , mais les os qui les compofent font fellonnés , & aflez durs pour que les tortues puifîent hrifer aifé- ment des lub fiances très-compadces. Cette polition 6c cette conformation de leur feouche leur donnent beaucoup de facilité pour brouter les algues & les autres plantes dont elles Te nourrilTent. Dans prefque toutes les tortues , la place des oreilles n'eft fenfible que par les plaques ou écailles particulières qui les recou- vrent -, leurs yeux font gros & faillans. Le plafrron eil prefque toujours plus court que la carapace , qui le déborde & le recouvre pardevant, & fur-tout parder- rière-, il ell aiifli moins dur, & fouvent prelque plat. Ces deux boucliers fout 64 HiJIolre Naturelle compofés de plufieiirs pièces offeufes , dont les bords font comme dentelés > &qiii s'engrènent les unes dans les autres d'une manière plus ou moins fenfible ; dans certaines efpèces, celles du pkftron peuvent fe prêter à quelques mouve- mens. La couverture fupérieure , ainii que l'inférieure , font garnies de lames ou écailles qui varient par leur grandeur , par leur forme & par leur nombre , non-feulement iuivant les ef- pèces , mais même fiiivant les individus. Quelquefois le nombre & la figure de ces écailles correfpondent à ceux d^s pièces ofTeufes qu'elles cachent. On diftingue les écailles qui revêtent îa circonférence de la carapace d'avec celles qui en recouvrent le milieu , ce milieu eft appelle difque. Il eft le plus fouvent couvert de treize ou quinze lames , placées en long iur trois rangs; celui du milieu efl: de cinq lamc^, & les deux des cotes font de quatre. La bordure eft com^munément garnie de vingt - deux ou vingt - cinq lames *, le nombre de celles du plaftron varie de douze à quatorze dans certaines elpèces •> des Quadrupèdes ovipares, 6 f 8c de vingt -deux à vingt -quatre dans d'autres. Ces écailles tombent quel- quefois par Teftet d'une grande defïï- cation , ou de queîqu'autre accident :.. elles font à demi-tran (par entes, pliantes , élaftiques *, elles préfentent , dans cer- taines efpcces , telles que le caret , &c. des couleurs allez belles pour être re- cherchées Se fervir à des objets de luxe; 6c ce qui les rend d'autant plus pro- pres à être employées dans les arts , c'eft qu'elles fe ramollilTent Se fe fondent à un feu allez doux de manière à être réunies , m.ouiées , & à prendre toute forte de figures. Les tortues font encore diflinguéeç des autres Quadrupèdes ovipares par piuiieurs caradcères intérieurs allez re- marquables. Se particulièrem_ent par la grandeur très-confidérable de la vefîie qui m.anque aux lézards , ainfi qu'aux Quadrupèdes ovipares lans queue. Elles en dilierent encore par le nombre des vertèbres du cou j nous en avons compté huit dans la tortue de mer, ap- pelléc la tortue frjnche , dans la grecque &. dans la tortue G*eau douce, que nous 66 Hijtoirc Naturelle avons nommée la jaune , tandis que îes crocodiles n'en ont que fept , que la plupart des autres lézards n'en ont jamais au- defTus de quatre, &: que les quadru- pèdes ovipares fans queue en font en- tièrement privés. Tels font les principaux traits de la conformation générale des tortues : nous connoiflbns vingt-quatre efpèces de ces animaux -, elles diffèrent toutes les unes des autres par leur grandeur , & par d'autres caractères faciles à diitinguer. La carapace des grandes tortues a depuis quatre jufqu'à cinq pieds de long , fur trois ©u quatre pieds de largeur j le ccrp-s entier a quelquefois plus de quatre pieds d'épailleur verticale à l'endroit du dos, le plus élevé. La tête a environ fept ou huit pouces de long & lix ou fept pouces de large -, le cou eft à-peu-près de la même longueur , ainii que la queue. Le poids total de ces grandes tortues excède ordinairement huit cens livres , & les deux couvertures en pèfent à-peu-près quatre cens. Dans les plus petites efpèces, au contraire , on ne compte que quel- ques pouces depuis i'extruiûté dumufeau des Quadrupèdes ovipares, 6 y jurqu'aii bout de la queue, même lori^ que toutes les parties de la tortue font étendues , & tout Tanimal ne pèle pas quelquefois une livre. Les vingt -quatre efpèces de tortues diffèrent auffi beaucoup les unes des autres par leurs habitudes : les unes vivent prefque toujours dans la mer-, les autrcj, au contraire, préfèrent le féjour des eaux douces ou des terreins fecs & élevés. Nous avons cru d'après cela devoir former deux divilions dans le genre des tortues. Nous plaçons dans la première fix efpèces de ces animaux , les plus grandes de toutes, & qui habitent îa mer de préférence. Il efl aifé de les didinguer d'avec les autres , en ce que leurs pieds très-alongés & leurs doigts très-inégaux en longueur , & réunis par une membrane, repréiententdes nageoi* res dont la longueur efl: louventde deu:^ pieds , & égale par conféquent pKis du tiers de celle de la carapace. Leurs deux boucliers fe touchent d'ailleurs de chaque côtés dans une plus grande portion de leur circonférence : l'ouverture de de- vant &: celle de derrière font par-là 6 8 Hifioïre Naturelle moins étendues, & ne-kiffent quun paf- fage plus étroit à la griffe des oifeaux de preie & aux dents des caymans , des lîgres 5 des cougars, & des autres ennemis des tortues -, mais la plupart des tortues marines ne cachent quà-demi leur tête & leur pattes fous leurs carapace, & ne peuvent pas les y retirer en entier , comme les tortues d'eau douce ou ter- reftres. Les écailles qui revêtent leur plaftron , au lieu d'être difpofées ^ iur lieux rangs, comme celles du praftron des tortues terreflres ou d'eau douce, forment quatre rangées , «S: leur nombre trc beaucoup plus grand. Les tortues marines repréfentent parmi les Quadrupèdes ovipares , la nombreufe tribu des Quadrupèdes vivipares , com^- pofée des morfes, des lions marins, dQS lamantins & des phoques , dont les doigts font également réunis , & qui tous ont plutôt des nageoires que des pieds : comaTie cette tribu, elles appartiennent bien plus à rélément de Teau qu à celui de ia terre , & elles lient également Tordre dont elles font partie avec celui des poii- fons auxquels elles reffemblent par une des Quadrupèdes ovipares, 6 9 partie de leurs habitudes & de leui' conformation. Nous compofons la féconde divilion de toutes les autres- tortues qui habitent , tant au milieu des eaux douces que dans les bois & fur des terrcins fecs -, nous Y comprenons par conféquent la tortue de terre, nommée la grecque, qui fe trouve dans prefque tous les pays chauds , & la tortue d'eau douce , appellée la bourbeufe , qui cil; affez com.mune dans la France méridionale , & dans les autres contrées tempérées de i'Europe. Toutes les tortues de cette féconde divifion ont les pieds très-ra- malîés, les doigts très-courts & prefque égaux en longueur : ces doigts, garnis d'ongles forts & crochus , ne reifem- blent point à des nageoires *, la carapace & le plaftron ne lont réunis l'un à l'autre que dans une petite portion de leur contour-, ils laiiTent aux différentes parties des tortues plus de facilité pour leurs divers mouvemens -, 8c cette plus grande liberté leur eft d'autant plus utile, qu'elles marchent bien plus fouvent qu'elles ne nagent -, leur couverture fupérieure eft 70 HiJIoire NûtureUc d'ailleurs commiin-ément bien plus bom- bée -, auffi , lorfqu'elies k nt renveriées fur le dos , peuvent-elles la plupart fe retourner Se fe remettre fur leurs pattes, tandis que prefque toutes les tortues marines , dont la carapace efl; beaucoup plus plate, s'épuifent en efforts inutiles lorfqu'elles ont été retournées , & ne peuvent point reprendre leur première pofition. T^cmt ■ I- Ft^.I.jyg^ yj LJdy w '--V C-^ IlA TORTUE FRATs^CHE.a.LE OARET./^^y.^ des QiitidrupèJes ovipares, 7 1 PREMIERE DIVISION. TORTUES DE MER. LA TORTUE FRANCHE, i^) Un des plus beaux préfens que îa Na- ture ait faits aux habitans des contrées équatoriales , une des productions les plus utiles qu'elle ait dépofées fur ies confins de la terre & des eaux. (fl) En latin ^ teftudo marina & mus marinus, En anglois , the green turtîe. Jurucua, au BréfiL Tartaruga, par Us Portugais, Tortue Mydas. M. d'Aubenton^ Encyclopédie mé" thodique. Teftudo Mydas. Linnaus fyjîema Natnr-x^ amphi- bia reptilia , edido xiii.'^ tefl. Mydas. 3. Ray, fynopfis Quadrupedum, pa^e 254. Teftudo înarina vulgaris. Rsch^fart , Tortue franche, •J^ TJijlQÎre Naturelle eft îa grande tortue de mer, à laquelle on a donne le nom de tortue tranche. L'homme emploieroit avec bien moins d'avantage le grand art de la navigation , fi vers les rives éloignées , où Tes deiirs l'ap- pellent, il ne trouvoit dans une nour- riture aufîî agréable qu'nbondante , un remède aiTuré contre les fuites funeftes d'un long féjour dans un cfpace refTerré, Se au milieu de fubftances à demi-pu- ■ i ■ ' ■ I II — — ^— Mus. ad.fr. i. p. 50. teltudo atra. Du Tertra , t(>rtue franche. Labat, tortue franche. Séba , mus. /, tûb. 79; ^g. 4, 5, 6. The green turtie. Patrick Brov^'v. Natura! hlÇiory of Jamaica, p. 465. Tefîudo unguibus paimarum duobus, plantarum lînguiaribus. HaiisSlo.ijie. P'^oyageaux Iflss Mcdèrc , Bnrèade , &c. avec i'Hifioire riatureik de ces Ijics. Londres y 1725. roi. 2, page 331. Osbeck. it. 293. Gefmr, Qundrup. ovïp. page 105. tefiudo marina. jildroif. Quadrup. 712. tab. 714. Olear. mis. 27, lab. 17, fig, I. Bradl. natur. tab. 4 , fig. 4. Catesby , Ilijloire naturelle de la CaroVina. vol. 2, page 3 S. Marcgrave. Brafil. 24I. Jurucuja Brafilienfibus. Teftudo viridis. ll:fl^ natur. da Tonnes , par M. Jean Sclmudcr, à Lupjkt , 1783. trcfiécs , des Qiiadnipè.fes ovipares, j 5 tréfiées, que la chaleur & l'iTiuiiidité ne ceiîent d'altérer {b). Cet aliment pré- creux lui eft fourni par les tortues franches -, & elles lui font d'autant plus utiles qu'elles habitent fur -tout ces contrées ardentes , oii une chaleur plus vive accélère le développement de tous les germes de corruption. On les rencontre en efîet en très -grand nom- bre, fur les cotes des liles & de? Contmens iitués fous la zone torride , tant dans l'ancien que dans le nouveau monde; les bas-fonds qui bordent ces Ifles & ces contmens , font revêtus d'une grande quantité d'algues (r) & d'autres plantes que la mer couvre de Tes ondes > (i) « On fait des bouillons gc tortues franches^ que Ion regarde comme exceilens pour les t< pulmoniques , ies cachectiques , les fcor^va- a tiques, &c. La chair de cec animal renferme «j un fuc adoucifiant , nourridunt, inciûf & dia- « phorétique, duntj 'ai éprouvé de tits-bans effets. »» Nofe communiquée par M. de ta Borda , Médecin du Roi à Cayennt. (c) Marc Cdtes^y , H'jloira nafu-elU delà Caro- line j d^ la Floride , if dts Ifles de Bahama , revut par M Edivaris. Londres, 1754; vol. 2 y page 38. Ovipares, Tome L D 74 Uijloiré Naturelle mais qui font affez prcs de îa furflicc des eaux pour qu'on puiiTe les dif- tinguer facilement lorfquc le tcms efl: calme. C'eft lur ces elpèces de prairies que l'on voit les tortues franches fe promener pailiblement. Elles le nour- rirent de l herbe de ces pâturages {d). Elles ont quelquefois (îx ou iept pieds de longueur , à compter depuis le bout du mufenu jn^qu'à rextrcmité de la queue , fur trois ou quatre de largeur éc quatre pieds ou environ d'epaifFeur, dans l'endroit le plus gros du corps *, elles pèfcnt alors près de 8oo livres -, elles font en li grand nombre qu\^')n fer oit tenté de les reg.irder comme une eipcce de troupeau raficmblé à deflein pour la nourriture & le fou- ( on trouve entre pluûeurs autres efpéces d'ani- u maux marins , une prodigieufe quantité de »» tortues. *• Defaiption dt l'ijle Efpagnok ', llijl. généfale des ycyages, partie 3, liyre 5. des Quadrupèdes ovipares, 7 y Lîgcment d(^s Navig.itcurs qui abordent auprès de ces b.is-fonds : & les trou- peaux marins qu'elles forment le cèdent d'autant moins à ceux qui pailFent l'herbe de la lurfice sèche du globe , qu'ils joignent à un goût exquis & à une chair (ucculente & fubftantieiie , une vertu des plus ad:ives & des plus falutaires. La tortue franche fe diflingue faci- lement des autres par la forme de fa carapace. Cette couverture fupérieure , qui a quelquefois quatre ou cinq pieds de. long fur trois ou quatre de largeur, efl ovale & entourée d'un bord compofé de lames , dont les plus grandes font les plus éloignées de la tote , & qui , terminées à l'extérieur par des lignes courbes, font paroître ce mcme bord comme onde : le difque ou le mdicu de cette couver- ture fupérieure, efl recouvert ordinai- rement de quinze lames ou écailles, d'un roux plus ou moins fombre, qui tombent fouvent ainli que celles de la bordure, par l'effet d'une grande defîîcation ou de quclqu'autre accident , & dont la forme &: le nombre varient d'ailleurs 7 6 Hijioire Naturelle fuîvant rage & peut-être fuivant le fexe; nous nous" en fommcs allures en exami- nant des tortues de différentes tailles {e). Lorique l'aninnl eft dans l'eau , la carapace paroît d'un brun clair tacheté de jaune (/). Le plaftron eft moins dur & plus court que la carapace -, il eft garni commu- nément de vingt-trois ou vingt -quatre lam.es, difpofées fur quatre rangs (^O ', & c eft à caufe des deux boucliers dont la tortue franche eft armée , qu'on lui a (c^ mal, a,nu que (^es Quadrupèdes ovipares. 7 7 donné le nom de foldat dans certaines contrées {h). Les pieds de la tortue franche font très-alonpés *, les doigts en font réunis par une membrane -, ils relfemblent beaucoup à de vraies nageoires *, auHTi lui fervent - ils à nager bien plus fouvent qu'à marcher , & lui donnent- ils une nouvelle conformité avec les poiflbns & avec les phoques qui ha- bitent comme elle au milieu des eaux. Sans cette conformation, elle abandon- îa longueur & la largeur de îa carapace, en fuivant fa convexité de cette couverture fupérieure. Longueur depuis le bout du mufeau jufqu'h l'extrémité poftérieure de ia carapace... Longueur de la tête Largeur de la tête Longueur de la carapace Largeur de la carapace Longueur des pattes de devant.. Longueur des pattes de derrière. Nous avons compté neuf côtes de chaque côttf , dans cette jeune tortue. (/^) ConradGefner, Qnadrup. ov!p. Zurich, 1554, P^^ë' 1^5. ^ ... i) î') pieds. pouc. iign. 3 7 8 3 9 I 11 6 1 10 7 I 2 3 II 7o Hifioire Nature-lie neroit un élément où elle auroit trop de peine à frapper Teau avec des pieds qui , préfentant une trop petite furface , n'op- poferoient à ce fluide prefque aucune réfiftance : elle habiteroit fur la terre sèche 5 ou elle marcheroit avec facilité ccmnae les tortues de terre , que l'on trouve au milieu des bois. Dans les pieds de derrière , le pre- mier doigt , qui eft le plus court, eft le leul qui foit garni d'un ongle aigu &: bien apparent ^ le fécond doigt Tefl d'un ongle moins grand & plus arrondi , & les trois autres n'en préfentent que de membraneux & peu fenfibles , tandis qu'aux pieds de devant, les deux doigts intérieurs font terminés par des ongles aigus 5 & les trois autres pnj: des on- gles membraneux ; au relie ^ il fe peut que la forme , le nombre & la poii- tion des ongles varient dans la tortue franche ( i) -, mais il n'y en a imais qu'un d\iigu aux piedis ce derrière , èc c'cft un caradère diftindif de cette clpccc. »« ■■ ■ • ■ »■ ^t) LJnn. am^^hib, rept. tejîuh mjdas. des Quadr^pèJes ovipares. 7 9 La tcte, les pattes Se la queue , lont recouvertes de petites écailles comme le corps des lézards , des ferpens, Se des poilTons , & de même que dans ces ani- maux 5 ces écailles iont un peu plus grandes fur le fommet de la t3te que iur le cou > la vue d'un canot, fait des efforts pour s'échap- »» per ; mais il la retient avec Tes deux nageoires » (ou pattes) de devant. Lorfqu'on les furprend f» accouples, le plus sûr eft de darder la femel!e : « on eft sûr alors du mâle.»» DampUr, Tome l , page II 8. M. de ïa Borde, Médecin du Roi à Cayenne, & Correfpondant du Cabinet d'Hiltoire naturelle, foupçonne que la forme des parties iexueiles du mâle contribue k ce qu'il demeure uni à fa fe- Tnelie, quoiqu'on les pourfuive, les prenne, les blefle, &c. Noie commun iquie par ce NatiiraliJIe, des Quadrupèdes ovipares. 8 5 £ible les fruits d'une union qui fcuibioit devoir être moins pall^igcre. II paroît que le tcms de l'accouplement des tortues franches, varie dans les difîérens pays fuivant la température, la poiition en deçà ou au-delà de la ligne , îa fliifon des pluies , &c. C'eft vers la fin de Mars eu dans le commencement d'Avril, qu'elles fe recherchent dans la plupart des contrées chaudes de l'Amé- rique feptentrionale -, & bientôt après les femelles commencent à pondre leurs œufs fur le rivage -, elles préfèrent les graviers, les fables dépourvus de vafe & de corps marins, ou la chaleur du ioleil peut plus aifément faire éclore des œufs , qu'elles abandonnent après les avoir pondus (o). Il fembie cependant que ce n'efl pas par indifférence pour les petits qui (fl) Cefait efi contraire à l'opinion d'Arifîote Si à ceiie de Pline ; mais il acte mis hors de doute par tous les Voyageurs & îes Gbiervaceurs modernes; ii paroît que Piine & Ariftote ont eu peu de ren- feignemens exaéîs relativement hvix Quadrupèdes ovipares, dont ils ne concoilToient qu'un très- pccit nombre. 8(> Hijloire Naturelle lui devront le jour , que îa mcre tortue lailîe ces œufs fur le fable : clic y creufe , avec fcs nageoires , & au-deilus de Tcn- droit où parviennent les plus hautes vagues , un ou plufieurs trous d'environ un pied de largeur , Se deux pieds de profondeur : elle y dépofe fes œufs au nombre de plus de cent (p ) ; ces œufs font ronds , de deux ou trois pouces de diamètre , & la membrane qui les couvre reflemble , en quelque iorte , à du parchemin m.ouïllé { q)» Us ren- ferment du blanc qui ne fe durcit point, dit-on, à quelque degré de feu qu'on l'expo fe y &: du jaune qui fe durcit comme celui des œufs de poule (r). Rien ne peut diftraire les tortues de leu-rs foins maternels -, uniquement oc- cupées de leurs œufs , elles ne peuvent êtres troublées par aucune crainte (s) y (/? ) Mémoires manufcrits fur ks tortues^ rédigés pnr M. de l'ou^croux, ((/) Ray y Jy'i'^pfi^ animalium. ( r ) Nouveau voyage aux Ijles de l* Amérique, Tome /, page 304. ( s) CaUiiy , Hijl. natur, de la Carolim , vol. 2 ,page 38. des Quadrupèdes ovipares, 8 7 ^ comme li elles vouloient les dérober aux yeux de ceux qui les recherchent, elles les couvrent d'un peu de fable , mais cependant allez légèrement pour que la chaleur du loleil purile les échauiïer & les faire éclore. Elles font plukeurs pontes , éloignées l'une de l'autre de quatorze jours ou environ (f), & de trois lemaines d.ins certaines contrées {11) \ ordinairement eNes en font trois (v). L'expérience des dangers qu'elles courent, lorfque le jour éclaire les pourluites de leurs ennemis , & peut-être l^i crainte qu'elles ont de la chaleur ardente du foleil dans les contrées torrides , font qu'elles choiliilent prefque toujours le tems de la nuit pour aller dépofer leurs œufs , & c'eft apparemment d'après leurs petits voyages nocturnes , que les Anciens ■♦» ( ^) Cateshy, Hifi. natur. de la Caroline , v. 2 ,page 38. fuj Mémoire manujcnts fur les toi tues, rédigés pif M. de Fougtroux. (i») <« Les tortues renouveHent leur ponte : fur les côtes d'Afrique, il y en a qui pondent <« en tout julqu'à deux cens cinquante œufs; " Labat, Afrique occidentale^ vol. -a. La fécondité <« de ces Quadrupèdes ovipares eft quelquefois plus «« grande. j> 8 8 Hijïolre Naturelle ont penfé qu'elles convoient pendant les ténèbres (x). Pour tous leurs petits foins , il îeur faut un fable mobile -, elles ont une lorte d'afFecltdn marquée pour certains parages plus commodes , moinsfréquentés. Se par conféquent moins dangereux \, elles traverfent mêmes des efpaces de mer très-étendus pour y parvenir. Celles qui pondent dans les Ifles de Cayman (y) 5 voiiines de la côte m.éridionaîe de Cuba 5 où elles trouvent Tefpèce de ri- vage qu'elles préfèrent , y arrivent de de plus de cent lieues de diftance. Celles qui paffent une grande partie de Tannée fur les bords des liles Gallapagos , /ituées fous la ligne & dans la mer du Sud, fe rendent pour leurs pontes fur les cotes occidentales de TAmérique méri- (x) Pline , Vwn IX, Chacun XIL Cj) Les Ifles de Cayman font fi favorables aux tortues, que, lorfqu'eiles furent découvertes, on ieur donna le nom efpagnol de Las-Tonugcis , à caufe du grand nombre de tortues dontleurs bords étoient couverts. HiJIoire siénérale des Voyages , 7//- Pank^Lw. y, Voyage de Chnp.Ofhi^ BarthcUini Colomb, des Qiiadrupèdes ovipares. S 9 dionaîe, qui en font éloignées de plus de deux cens lieues *, & les tortues qui vont dépofer leurs œufs fur les bords de rifle de TAfcenfion , font encore plus de chemin, puifque les terres les plus voifînes de cette Ifle,font à trois cens lieues de diftance ( :( ). La chaleur du foleil fuifit pour faire éclore les œufs des tortues dans les contrées qu'elles habitent, vingt ou vingt- cinq jours après qu'ils ont été dépofés , on voit fortir du fable les petites tortues, qui préfcntent tout au plus deux ou trois pouces de longueur , fur un peu moins de largeur , ainfi que nous nous en femmes affurés par les mefures que nous avons prifes fur des tortues franches enlevées au moment oii elles venoient d'éclore , elles font donc bien éloignées de ia grandeur à laquelle elles peuvent parvenir. Au refle , le tcms néceffaire poiu: que les petites tortues puiiîbnt éclore , doit varier fuivant la tempé- rature. Froger afîiire qu'à Saint-Vincent, lAe du Cap-Vert , il ne faut que dix- (^) Dar.ipier , tome T. çû Hifioire Naturelle fept jours pour qu'elles fortcnt de leurs ctufs •, mais elles ont befoin de neuf jours de plus pour devenir capables de gagner la mer {a). L'inflindt dont elles font déjà pourvues, ou, pour mieux dire , la conformité de leur organilation avec celle de leurs père & mère, les conduifent vers les eaux voihnes, ou elles doivent trouver la sûreté <$c l'ali- ment de leur vie. Elles s'y traînent avec îenteur -, mais trop foibles encore pour réfifter au choc des vagues, elles font rejetées par les flots iiir le iable du rivage , ou les grands oifeaux de mer , les crocodiles, les tigres, ou les cougars , fe raffemblent pour les dévorer {b), Auffi Tx'en échappe-t-il que très-peu. L'homme en détruit d'ailleurs un grand nombre avant qu'elles ne foient déve- loppées. On recherche même dans les Ifics 011 elles abondent, les aufs qu'elles iajiîcnt fur le iable , & qui donnent une nouriture aulTî agréable que faine. (û) Froger ^ relation d'un loji^: à la mer du Sud » page S'^' ( (J ) Idem , ïh'idmu des Quadrupèdes ovipares. 9 i C'efl depuis ic mois d' Avril jufqii au mois de Septembre , que dure l.i ponte des tortues franches lur les cotes des Ifles de l'Amérique, voilines du golfe du Mexique : mais le tems de leurs diverfes pontes varie fuivant les pays *, fur la cote £ljjini , en Afrique , les tortues viennent dépofer leurs œufs depuis le mois de Septembre jufqu'au mois de Janvier ( c) \ pendant toute la faifon des pontes , Ton va non-feule- ment à la recherche des œufs, mais encore à celle des petites tortues que Ton peut faifir avec facilité , iorfqu'o» !es a prifes, on les renferme dans des efpaces plus ou moins grands, entourés de pieux , Se où la haute mer peut parvenir \ 8c c'efb dans ces efpèces de parcs qu'on les laiffe croître pour en avoir au befoin , fans Courir les hafards d'une pêche incertaine , Se fans éprouver les inconvéniens qui y font quelquefois attachés. Les Pêcheurs choifiifcnt auiïi cette faifon pour prendre les grandes tortues femelles qui leur échappent (c ) f"'oya^e de Loytr à Iffini fur la cou d'Or, 5 2 Uijloïre Naturelle Air îes rivages plus difficilement qii'à îa mer, & dont la chair eft plus eftimée que celle des mâles , fur-tout dans le tems de la ponte ( d). Malgré les ténèbres dont les tortues franches cherchent, pour ainfî dire, à s* envelopper lorfqu'elles vont dépofer îeurs œufs , elles ne peuvent fe dérober à la pourfuite de leurs ennemis. A l'entrée de la nuit , fur-tout îorfqu'il fait clair de lune, les Pécheurs fe tenant en fdence fur la rive, attendent le moment où les tortues fortent de Teau ou re- viennent à la mer après avoir pondu \ ils les afTomment à coups de maiTue (e) y ou ils îes retournent rapidement, fans leur donner le tems de fe défendre, ëc de les aveugler par le fable qu'elles font quelquefois rejaillir avec leurs na- geoires. Lorfqu'elles font très-grandes, il faut que plufîeurs hommes fe réunif- fent (f) , & quelquefois même fe fervent ( vcl. 41 j cdit. in-12^ '^IB^- Ovipares. Tanu f, E 5)8 Hijloire Naturelle pieds , fur qiir.rante ou cinquante de long. Les mailles ont un pied d'ouver- ture en quarré, & le lil a une ligne & demie de groileur. On attache de deux en deux mailles, deux flots , d'un demi-pied de longueur, faits d'iuie tige épineufe , que les Indiens appellent moucGU - moucou , Se qui tient lieu de îiègc. On attache auffi au bas du filet quatre ou cinq grofcs pierres , du poids de quarante ou cinquante livres , pour ie tenir bien tendu. Aux deux bouts qui font à fleur - û eau , on met des bcuces , c'eft-à-dire de gros morceaux de mcucou-moucou qui fervent à mar- quer Tcndroit où efl le filet : en place ordinairement les foies fort près dc^ Illots , parce que les tortues vont brouter des efpcces de fucus, qui croif- fent fur les rochers, dont ces petites ïiles font bordées. Les Pêcheurs vifitcnt de tems en tems les filets. Lorfque la fçle commence a caler, fuivant leur langage, c'cR-à- dire, lorfqu'ellc s'enfonce d'un coté plus' que de l'autre, on fe hâte de la retirer. Les tortues ne peuvent fe dé- des Quadrupèdes ovipares. 99 g'\ger aifcment de cette forte de rets , parce que les lames d'eau, qui font allez fortes près des Iflots , donnent aux deux bouts du filet un mouvement continuel qui ies étourdit , ou les em- barralîe. Si Ton dificrc de viiiter les filets on trouve quelquefois les tortues noyées j lorfque les requins & les efpa- dons rencontrent des tortues prifes dans la fcle, & hors d'état de fuir & de le défendre, ils les dévorent, & brifent le filet (p). Le tems defolerh tortue franche, efc depuis Janvier julqu'en Mai (g). L'on fe contente quelquefois d'ap- procher doucement d.ms un efquif des tortues franches , qui dorment & flottent à la furface de la m.er : on les retourne, on les faifit, avant qu'elles n'aient eu le tems de fe réveiller & de •s'enfuir -, on les pouffe enfuite devant foi jufqu'à la rive -, & c'eil à-peu-près Cp) Note communiquée par AI. de la Borde , Médecin du Rri à Cayeune. (<7 ) Hiftofre gén, des ^by, tome 54 , pages 380 6* fuiv. édit. in- 12, Eij jLOO Hijloire Naturelle de cette manière que les Anciens îe<» pêchoient dans les mers de Tlnde (r)» Pline a écrit qu'on les entend ronfler d'aiTez loin , iorfqu'elles dorment en flottant à la furface de Teau. Le ronflement que ce Naturalise leur at- tribue, pourroit venir du peu d'où-» verture de leur glote , qui efl: étroite , ainfl que celle des tortues de terre {s)\ ce qui doit ajouter à la facilité qu'ont ces anim.aux de ne point avaler Teaii dans laquelle ils font plongés. Si les tortues demeurent quelque tems fur Teau exporées pendant le jour à toute Tardeur des contrées équatoriales, lorique la mer eft prcfque calme âd que les petits flots ne pouvant point atteindre jufqu'au-defrus de leur cara- pace , ceiTent de le baigner , le foleil deiicche cette couverture, la rend plus légère , &: empêche les tortues de plon- ger aifémxcnt, ta;it leur légèreté Tpéci- fique efl: voifine de celle de Teau, & tant elles ont de peine à augmenter y" , '■■ (r) Pline ^ Liv. IX , Chap. xij. ( 5 ) Mém.poiirfemr à l'HIfloire naturelle des animaux^ fpU d(. la. tijnue àe Coremandelt des (Quadrupèdes ovipares, î c î îeur poids ( t).. Les tortues peuvent en effet Te rendre plus ou moins pefantes, en recevant plus ou moins d'air dans leurs poumons , & en augmentant ou diminuant par4à le vo- lume de leur corps, de même que les poilîons introduïfent de Tair dans leur velTîe aérienne lorfqu'ils veulent s'élever à la furface de Teau ; mais il faut quc le poids que les tortues peuvent Te donner en chaffmt Tair de leurs pou- mons ne foit pas très - confidérable , puiiqu'il ne peut balancer celui que leur fait perdre la deiîication de leur carapace, & qui n'égale jamais le ^qI" zième du poids total de l'animal , ainii que nous nous en fommcs allures par l'expérience rapportée dans la note fuivante {a). ( f ) Pline , Liv. IX, Chap. xii. ( // ) Nous avons pefé avec foin îa carapace d'une petite tortue franche : nous l'avons enluite mife dans un grand vafe rempli d'eau , où nous l'avons lailTée un moi§& demi ; nous l'avons pefée de nouveau en la tirant de i'eau , & avant qu'elle eût perdu celle dont elle étoit pénétrée. Son poids a été augmenté par l'imbibition de ~^A : ladcfiica- l iij I02 Hijloire Naturelle La dsiïïcation de la carapace des tortues 5 en les empêchant de plonger, donne aux pêcheurs plus de facilité pour les prendre. Lorfqu'ellcs font très- près du rivage ou Ton veut les entraî- ner 5 elles fe cramponent avec tant de force, que quatre hommes ont quel- quefois bien de la peine à les arracher du terrein qu'elles faifillent : & comme' tous leurs doigts ne font pas pourvus d'ongles, & que n'étant point féparés les uns des autres , ils ne peuvent pas embrafier les corps, on doit fuppofer, dins les tortues , une force très-grande, qui d'ailleurs ell prouvée par la vigueur de leurs mâchoires , & par la facilité avec laquelle elles portent fur leur dos autant d'hommes qu'il peut y en tenir (v ). t:on que !a chaleur du foieil produit dans la cou- \Trture fupérieure d'une tortue franche, qui fiotte à la furface de la mer, ne peut donc la rendre pfus légère que de ^^^ : la carapace des plus grandes tortues ne pefant guère que 278 livres ou environ , l'ardeur du loieil ne doit ia rendre plus légère que de 45 livres , qui font au-defious du feizième de Soo livres, ooids total des très-grandes tortues Cp) L'u.iidenSj fyf:zma r^-atura y amphi'bia reptihe. T^JIudo MydùS, des QuadrupèJes ovipares, i o j On a même prétendu que , d.ms rOcéan Indien , il y avoit des tortues allez fortes , oz allez grandes , pour tranfporter quatorze hommes {x) : quelqu'exagéré que puille être ce nom- bre, Ton doit admettre, dans la tortue franciie, une puilîance d'autant plus remarquable , que malgré fa force , fes habitudes font paihbles. Lorfqu'au lieu de faire faler les tortues franches, on veut les manger fraîches , Se ne rien perdre du bon goût de leur chair, ni de leurs proprié- tés bienfaifantes , on leur enlève le pîaf- tron, la tête, les pattes 8c la queue, 6c on fait enfuite cuire leur chair dans la ca- rapace, qui fert de plat. La portion I.-i plus eftimée ell celle qui touche de plus près cette couverture fupérieure , où le piaftron. Cette chair ainii que les œufs de la tortue fi'anche , font principale- ment très-faiutaires dans les maladies aux- quelles les gens de mer font le plus fujcts : on prétend même que leurs fucs ont une I»'"" ' ■ — ' ■■ (jr) Voyez ce que dit k ce fujet Ray, dsiis fon ouvrage, intitulé ; Synojifs aiiimaitum ,yj^, 255. E iv 104 Hljloire Naturelle afiez erande aâ:ivité , au moins dans lea pays les, plus chauds , pour être des re- mèdes très-puifî'ans dans toutes les ma- ladies qui demandent que le fang foit épuré (j). Ilparoîtque c'eft la tortue franche que quelques peuples Américains regardent comme un objet facré, & comme un préfent particulier de la Divinité-, ils 3a nomment poijjbn de Dieu y à caufe de Feflet merveilleux que fa chair produit, difent-ils , lorfqu^on a avalé quelque breuvage empoifonné. La chair des tortues franches efî: quelquefois d'un vert plus ou moins foncé •, & c'eiî: ce qui les a fait appeller , par quelques Voyageurs, Tortues- Vertes; mais ce nom a été aulîî donné à une féconde efpèce de tortue m.arine -, & d'ail- leurs nous avons cru devoir d'autant moins l'adopter, que cette couleur verdâtrede îa chair n'eft qu'accidentelle -, elle dépend de la différence des plages fréquentées par les tortues-, elle peut provenir auffi iy ) Barrère , ejfai fur l'HiJî, naturelle de la Francs ^uinoxiak^ des (Quadrupèdes ovipares. 105 de la diveriité de la nourriture de ces animaux , & elle n'appartient pas dans les mcmes endroits à tous les individus. On trouve en eftet fur les rivages des petites Ifles voilines du continent de la nouvelle Elocîcrne , & fituées au midi de Cuba, des tortues tranches, dont ks unes ont la chair verte , d'autres noire , ^ d'autres jaune. Seba avoit dans la colledlion pîu/ieurs concrétions femblables à des bézoards , d'un gris plus ou moins mclé de jaune , ^ dont la furface étoit hérihée de petits tubercules. Il en avoit reçu wuq partie des grandes Indes, & Tautre d'Amérique. On les lui avoit envoyées comme des concrétions très-précieufes, trouvées dans le corps de grandes tortues de mer. Les Indiens y attachoient encore plus de vertu qii'aux bézoards orientaux , à caufe de leur rareté, & ils les employoicnt particulièrement contre la petite vérole , peut-être parce que les tubercules , que leur furface préfentoit, relîembloicntaux boutons de la petite vérole (;[). La vertu (0 Siba , tomi 2 5 pa^c 141. E V iq6 HiJIolre Naturelle de ces concrétions ttoit certainement aufïi imag'nairc que celle des bézoards , tant orientaux qu'occidentaux-, mais elles aur oient pu être formées dans le corps de grandes tortues marines , d'autres concrétions de même nature ayant été inconteftablement produites dans des Quadrupèdes ovipares, ainli que nous le verrons dans la fui te de cette hiltoirc. Mais fi les bézoards des tortues miirincs ne doivent être que des productions inutiles^ il n'en ciï pas de même de tout ce que ces animaux peuvent fournir : non- feulement on recherche leur chair 8c leurs œufs , mais encore leur carapace a été employée par les Indiens pour couvrir leurs mailons ( j) -, & Diodore de Sicile , ainli que Pline, ont écrit que des peuples voiiins de l'Ethiopie & de la mer Rouge s'en fervoient comme de nacelles pour naviguer près du continent (b). Dans les tems anciens , lors de l'enfance ( û ) Voyei JElien , 6* Pline , Hift. naurellc , Vw. IX» Chap. XII. ( ^) Voyex Diodon de Sicile , ^ Pline à l'endroit déjà (ité. des Qiiadrupèdes ovipares, 107 des focîétés, ces giMndcs c.irapaccs d'une lubftjincetrès-'jompadte, &:aiin diamètre de plulleurs pieds, étoient les boucliers de peuples qui n^ivoientpas encore décou- vert Tart funefte d'armer leurs flèches d'un acier trempé plus dur que ces enveloppes oiieuies-, & les Hordes à demi- fauvages qui habitent de nos jours cer- taines contrées équatoriales , tant de l'ancien que du nouveau monde, n'ont pas imaginé de dctenies plus foiides. Les diverfes grandeurs des tortues franches font renfermées dans des limites îdez éloignées, puiique, de la longueur de deux ou trois pouces, elles parviennent quelquefois à celle de fix ou (ept pieds -, èc com^me cet accroiilement ailez grand a lieu dans une couverture très-olleufe , très- compacte, très-dure, & où par conféquent lamatière doit être, peur cinfi dire, refferrée, prefîce,&:le développe- ment plus lent, il n'eft pas furprenaat que ce ne foitqu'aprèspluficurs années que les tortues acquièrent tout leur volume. Elles n'atteignent à-peu -près à leur entier développement qu'au bout de vingt ans ou environ : <5c l'on a pu ^n Evj io8 HiJIoire Naturelle juger d'une manière certaine par des tor- tues élevées dans les efpcces de parcs dont nous avons parlé. Sï l'on devoit edimer la durée de la vie dans les tor- tues franches de la même manière que dans les Quadrupèdes vivipares , on trouveroit bientôt , d'après ces vingt ans employés à leur accroiliement total , le nombre des années que la Nature leur a deflinées -, mais la même proportion ne peut pas être ici employée. Les tortues demeurent fouvent au milieu d'un fluide dont la température eft plus égale que celle de Tair y elles habitent prefque tou- jours le même élément que les poilTons *, elles doivent participer à leurs proprié- tés 5 & jouir de même d'une vie fort longue. Cependant , comme tous les ani- maux périiient lorlque leurs os font de- venus entièrement folides , & comme ceux des tortues font bien plus durs que ceux des poifTons , & par conféquent beaucoup plus près de Tétat d'ofîifîcaticn extrême , nous ne devons pas penfer que la vie des tortues foit en proportion aufïî longue que celle des poifTons *, mais .elles ont avec ces animaux unafTez grand des Quadrupèdes ovipares, 109 nombre de rapports , pour que d'après les vingt ans que leur entier développe- ment exige , on penfc qu'elles vivent un très-grand nombre d'années , même plus d'un liècle , 8c dès-lors on ne doit point être étonné que l'on manque d'ob- iervations lur un elpace de tcms qui furpaiîe beaucoup celui de la vie des obfervateurs. Mais 11 Ton ne connoît pas de faits précis relativement à la longueur de la vie des tortues franches , on en a re- cueilli qui prouvent que la tortue d'eau douce , appellée la Bourbeufe , peut vivre au moins quatre-vingts ans , & qui confirment par conféquent notre opi- nion touchant Tage auquel les tortues de mer peuvent parvenir. Cette longue durée de la vie des tortues les a fait regarder par les Japonois comme un em- blcmedu bonheur-, & c'eft apparemment par une fuite de cette idée , qu'ils ornent des images plus ou moins défigurées de ces Quadrupèdes , les temples^ cb leurs dieux , 8c ks palais de leurs princes (c). ^«^^— .»— — «••li^»»— «"-^""•""■*^"'"^^— ""'"■"^^"""*'^"''"^^^^^^^^^ (c) HiJIoire géiiér. des P^oya^is, mu ^o, j>ag. 381? édit, llir-12. î I o IJiJloire Naturelle Une tortue franche, peut, chaque été, donner l'exiflence à près de trois cens individus, dont chacun, au bout d'un aflez court efpace de tems , pourroit fiire naître à Ton tour trois cens petites tortues. On fera donc émer- veillé, li Ton penfe au nombre pro- digieux de ces animaux, dont une feule tortue peut peupler une vafte plage pendant la durée totale de fi vie. Toutes les cotes des zones torrides devroient êtres couvertes de ces Quadrupèdes , dont la multiplication , loin d'être nuifible , feroit certainement bien plus avantageufe que celle de tant d'autres cfpèces ', mais à peine un trentième de petites tortues éclofes peuvent parvenir à un certain développement -, un nom- bre immenfe d'œufs font d'ailleurs en- levés, avant que les petits aient vu le jour -, & parmi les tortues qui ont déjà acquis une grandeur un peu confidérable , combien ne font point la proie des ennemis de toute efpèce qui en font la chalfe , & de l'homme qui les pourfuit fur la terre & iur les eaux ? Malgré tous les dangers qui ks des Quadrupèdes ovipares, i ri: environnent , les tortues franches font rép-indues en allez grande qiiintiié fur toutes les plages chaudes, tcînt e i'anc'en. que du nouveau Continent ' rf,, où les cotes font balles & fablonneufes : on les rencontre dans TAmérique rcptentrronale.. ( J ) Elles font en fi grand nombre aux liîes du Cap-Vert, que piulieurs vailVeaux viennent s'en charger tous les ans , & Its Talent pour les îranfporter aux colonies d'Amérique. ^ On dit qu'elles y mangent de l'ambre gris, que l'on y rencontre quelquefois fur les cô:es. Voyage de Georpes Robert au Cùv-J^ert èf aux îsles de même mm s> en 1721 , &c. Auprès du Cap-Blanc , les tortues font en grand nombre & d'une telie grofieur , qu'une feule fuffit pour raliafisr trente hommes ; leur carapace n'a pas moins de quinze pieds de circonférence. Voxasi de Lemaire aux hUs Canaries , &c. Dampier a vu des tortues vertes ( tortues fran- ches') fur les côtes de l'Ifle de Timor : Voyage de Cuiliaume Dampier , aux terres aujlraks. M. Coûk les a trouvées en très-grande quantité auprès des rivages de la nouvelle Hollande- A Cayenne, on en prend environ trois cens tous les ans, pendant les mois d'avril, de mai & de Juin , où elles viennent faire leur ponte fur le8 amas de fable, hôte communiquée par M. de la Borde. * Defcription des îles du Cêp'Vert, Hijl. générch des Voyages fLi y, V, ti2 Uljîoire Naturelle jurqu'aux nies de Bahama , Se aux c6te$ voilines du cap de la Floride fe). Dans toutes ces contrées des deux mondes, diftantes de l'équateur de vingt-cinq ou trente degrés, tant au nord qu'au iud, on retrouve ia même efpcce de tortues franches , un peu modifiée feulement par la différence de la température , 6c par la diveriité des herbes qu'elles paiffent, ou des coquillages dont elles fe nour- rirent-, & cette grande & précieufe efpèce de tortue ne peut-elle pas paircr facilement d'une lile à une autre? Les tortues franches ne fo^nt-elles pas en effet des habitans de la mer, plutôt que de la terre ? pouvant demeurer affez de tems fous l'eau , ayant plus de peine à s'enfoncer dans cet élément qu'à s'y élever, nageant avec la plus grande facilité à fa furface, ne jouiffent-eiles pas dans leurs migrations de tout l'air qui leur eft néceffairc ? Ne trouvent - elles pas fur tous les bas-fonds , Therbe & les coquil- lages qui leur conviennent ? ne peuvent- elles pas d'ailleurs le palier de nourriture ^ — ■ "' ■ ' ■ - ' ■ ■ ■ — »— — — ^— (^e) Causby , ouyra^e déjà cité des Quadrupèdes ovipares, i i 3 pendant pluficurs mois ? Se cette polïï- biiité de faire de grands voyages n'efl- elle pas prouvée par le fait, puirqu'elles traverfent plus de cent lieues de mer , pour aller dépofer leurs œufs fur les rivages qu'elles préfèrent , & puilque des navigateurs ont rencontré à plus de fept cens lieues de toute terre , des tor- tues de mer d'une eipèce peu différente de la tortue franche (/) ? ils les ont même trouvées dans des régions de la mer aflez élevées en latitude , où elles dormoient painblement en flottant à la furface de l'eau. Les tortues franches ne font cependant pas 11 fort attachées aux zones torrides , C.f ) Troijïèms Voyage du Capitaine, Cook , Traduction Françoife. Paris , 1782 , pag. 269. Cacesby rapporte qu*étant, le 20 avril 1725, à trente degrés de latitude , & à-peu-prés à une diftance égale des Ifles Açores ar M, U Chevalier f/jf I I 8 Hij%ire Naturelle fou vent en devient îe tymn, ncn-feu- lemcnt repoiiile dans les déicrts les efpèces dangereuies, mais encore ion iniatiable avidité fe tcurne foiivent contre elle-même, & relègue fur les plages éloignées, les efpèces les plus utiles & les pins douces *, au lieu d'augmenter fes jouilTances , il les diminue , en dctruifant inutilement dans des indi- vidus, privés trop tôt de la vie, la pof- térité nombreufe qui leur auroit du le jour. On devroit tacher d'acclimater les tortues franches fur toutes les cotes tempérées où elles pourrcient aller chercher dcins les terres , des endroits un peu lablcnîieux, & élevés au-delfus des plus hautes vagues , pour 7 dépo- fer leurs œufs , & les 7 faire éclore. L'acquifition d une efpèce auiïî féconde feroit certainement une des plus uti- les -, & cette richefle réelle , qui fe ccnfei-veroit 8z fe multiplieroit d'elle- mêm.e , n'exciteroit pas au moins les regrets de la philolophie , commie les richeffes funeftes arrachées avec tant de fueurs au (^m des terres équatoriales* des Quadriipc des ovipares, i i 9 Occupons-nous maintenant des diveiTes efpcces de tortues qui h:ibitent au milieu des mers comme la tortue franche , Se qui lui font allez analogues par leur forme , par leurs propriétés , & par leurs habitudes, pour que nous puif- fîons nous contenter d'indiquer les dif- férences qui les diftinguent. LA TORTUE ECAILLE-VERTE (j). rvous NE co2n'Servons PAS l\ la tortue, dont il efl ici qucflron , le nom de tortue- verte 5 qui lui a été donné par plulieurs Voyageurs, parce qu'on Ta appliqué auiîî à la tortue franche , cz que nous ne fau- rionsprendre trop deprécautions pour évi- ter Toblcurité de la nomenclature -, nous ne lui donnons pas non plus celui de tortue Ama^om qu'elle porte dans une grande partie de l'Amérique méridio- nale , & qui lui vient du grand fleuve des Amazones dont elle fréquente les bords (^ ) , parce qu'il paroît que ce nom ( fl ) La tortue verte , Dampier , tem. I. (Z») La tortue écaille- verte n'elt pas la feule 120 HiJIoire Naturelle a été auffi employé pour une tortiie qui n'eft point de mer. Se par conféquent qui eft très- différente de ceile-ci. Mais nous la nommions écaille-verie , à caufe de ia cou- îeur de Tes écailles , plus vertes en effet que celles des autres tortues ) elles font d'ailleurs très-belles, très-tranfparentes , très-minces , & cependant propres à plur- fleurs ouvrages. La tête des tortues écaille-vertes efl petite & arrondie. Elles refîemblent d'ailleurs aux tortiies fraa-^ ches , par leur forme & par leurs mœurs ; elles ne deviennent pas cependant aufli grandes que ces dernières ^ & , en géné- ral , elles font plus petites environ d'un quart (r). On les rencontre en allez grand nombre dans la mer du Sud , auprès du cap Blanco , de la Jiouvelle qui fréquente la grande rivière de TAmazone. << Les tortues de l'Amazone font fort recherche'es fi à Cayenne , comme les plus délicates; ce fleuve »» en nourrit de diverfes grandeurs S: de diverfes 9^ efpèces en fi grande abondance, que, feules yt avec leurs œufs , elles pourroient fiiffirc à la BouTriture des habitacs de les bords. Hijl. générale des Voyages, tom. 53, vag. 438, éiic. in- il. (c) î^ou communiquée par M. le Chevalier di ÏVldc0'ff.achy Correfpoudauî du Cabinet du Roi. Eipagne d€S QiiadrupèJes ovipares, i 1 1 Eipagn.e (d). Il paroît qu'on les trouvé aiiffi dans le golfe du Mexique , 6c qu'elles habitent prefque tous les rivap-es chauds du nouveau monde , tant en-decà qu'au-delà de la ligne -, mars on ne les a pas encore reconnues dans Tancieii Continent. Leur chair efl: un aliment auflî délicat & peut-être auffi fain que celle des tortues franches -, & il >- a même des Pays où on les préfère à ces dernières. (i) « J'ai remarqué qu'à B/ano , cap de h nouvelle Efpagne dans la mer du fud, fes i r- a tues vertes ( l'efpèce dont parle ici Dampier, c< elt^ celle que nous nommons écaille-verte), <* qui font les l'eules que l'on y trouve , font plus « grolTes que touces celles de "la mêm.emer. Elles «« y pèlent ordinairement deux cens quatre-vingt « ou trois cens livres; le gras en elt jaune , le *■» maigre blanc, &: la chair extraordinairement « douc«. A Bocca-Toro de Verragua, elles ne it font pas fi grolTes ; leur chair çÇi moins blanche, et & leur gras moins jaune. Celles des baies de u Honduras & de Campéche font encore plus « petites; le gras en eft vert , & le maigre plus ce noir; cependant un Capitaine Angiois en prit u une à Port-Royal, dans la baie de Campêche, u qui avoit quatre pieds du dos au ventre , & « iix pieds de ventre en largeur. Le gras produifit c* huitgaions d'huile, qui reviennent a trente-cinq t.- pintes de Paris. »» Dampi&T , tome J, pag. 113. Ovipares, Tome L P 111 Hi/Iolre Naturelle Leurs œufs falés & fécbés iiu foleîî ,, font très-bons à manger. M. Bomare ell ie fcul Naturalifte qui ait indique cette efpèce de tortue que nous n'avons pas vue , & dont nous ne parlons que d'après les Voyageurs & les obfervation'i de M. le Chevalier de Widerfpach. fSSOKSiXIJfSBTBf^SaBKBK^S' LA CAOUANE (^). La plupart des Naturalistes qui ont décrit cette troificme cipcce de tortue de mer, lui ont donné ie nom de Caret , mais comme ce nom efl (a) Le Caret. M, d'Juhsnton , Encyclopédie méthodique. Teftudo Caretta, 4 Linn. Jmph, repf. (^Nous devons obferver que la figure de Séba, indiquée pour cette tortue par M. Linné, ne repréiente pas la t( rtue avet de ce Naturaiilte , mais celle qu'il a délignée par i'épichéte latine de imbricata , & qui eft notre caret. Teftudo Cephak), lHjl. Naturelle des tortues, par M' Schneider. nr r j Ray, Synopfis Quadrupcdum , pas;. 257. Teltudo ynarina, Caouana dida. Thelodgar head Turtie. Brom, Hlp.. Natur, de ..^ d-fs QuaJrupèJes ovipares. 1 1 3 rvppiiqué , depuis long-tems , par les Voyageurs, à la tortue qui fournit les plus belles écailles, nous conferveron à ^ celle dont il cft ici qucdion , la dénomination de Caouane fous laquelle elle ed: déjà très-connue , & uniquement de^lignée par les naturels des contrées où on la trouve. Elle furpalTe en grandeur la tortue franche (b). Se elle en dillcre d\me manière bien marquée par la grofTeur delà tête, la grandeur de la gueule , Talongcment & la force de la mâchoire fupérieure j le cou eft Jamaïque , pag. 465. Teftudo 3, ungurbus utriuque binis acutis, fquamis dorfi quinque gibbis. Tortue caouane , Rochefort, Hift. des Jniilies. pngi 248. Id, Lal?at, page 308. Kaouane , du Tertre , page 228. Teftudo marina, Caouana dicfta. Sloane^ Voyaot aux Isks Madère, Barbade , i-fc. vol. 2, ;;. 331. ^ Cateshy^ Car. vol. 2 , pag. 39. Teiuido corticata vel corticofa. Rondelet ^Ulfîobe des poijjons, Lynu , 1558,^7.7^. 337. Canuaneros & Juruca, au x^ Antilles. Dia'iounahe d'HiJlone Naturelle, par M. Valmoni dt Bomare. (6) Catesby, Hijïoire Naturelle de la Caroline, vol. 2 , pag. 40. KGUçomimwiquéeparM, le Chevalier de Widerfpach. F ij 124 J^ljioire Ndtur:!le épais & couvert d'une peau iâchc , ridée es: garnie de diftance en diftancc d'é- cailies calieufes ( c ) ', le corps efi; ovale •, Se la caparace plus large au milieu 8c plus étoite parderrière , que dans les autres efpèces (d). Les bords de cette couverture font garnis de lames , placées de manière à les faire paroitre dentés comi>ie une fcie : le difquc préiente trois rangées longitudinales d'écaillcs *, les picces de la rangée du milieu fe relèvent en bolle & hnilTent parderrière en pointe -, la couvc'-'ture iupérieure paroit d'un jaune tacheté de noir, lorfuue Tanimal efl dans l'eau ( e ). Le plailron fe termine du côté de l'anus y par une forte de bande un j:ïeu arrondie par le bout : il eft garni communément de vingt-deux ou vingt- quatre écailles. La queue efl courte -, les pieds qui font couverts d'écaillés dpaiifcs , 8c dont les doigts font réunis ( c ) Broiyn , Iiip,QLre Naturelle de la Jamaïque , j>Gg, 465. . , , . , (^d ) Catesh' » à l'endroit déjà cité. (^c^ Mc/uoircs manu faits cor.uniuiiqaéi par M. FoU' ptTQ'ix de Bondaroy , de l'Académie des Sciences^ des QiiadriipèJes ovipares, i 2 ^ par une membrane, ont une fc>fn>c très-alongée èc rellcmblent à des na- geoire?, linii que dans la tortue franclic -, ceux de /ievant font plus iongs , mar*; moins larges que ceux de derrière : ployée pour les alimens, parce qu'elle fcnt très-mauvais *, mais elle eft bonne fmj Fr.wn, à l'eiiffroir d^jà c'tc. fnj r.'ote commun. qtiii par Ai. /e Clci^ai:er de PVide:fp ich. (o ) Rrown , ¥i jl Is'at. de la Jamaëque , ya^z 466, ( p ) Nouveui f^t,yj^e aux IsUs d-z i'^men^ue ^ tonii I y page 308. des Çuù.irupcdes ovipares. > 2 9 à hruicr -, elle fert raifïï à préj3ircr les cuirs, & à enduire ics vaiffeaux qu'elIe^ prcferve , dit-on , des vers pcut-ctre à cdufe de la mauvailc odeur qu'elle répand. La Caouane n'efi: donc point fi utile que îâ tortue franche : aufîi a-t-clie étc moins pourluivie , a -t- elle eu moins d'ennemis à craindre, &ei]:-clle répandue en plus grand nombre fur certaines mers* Naturellement plus vigoureufe que les autres tortues , elle voyage davantage : ori i'a rencontrée qdIus de huit cens lieues de terre, ainii que nous l'avons déjà rapporté* D'ailleurs, le nourriffnnt quelquefois de poiiTons , elle efl: moins attachée aux côtes ou croiiî'ent les algues. Elle rompt avec facilité de grandes coquilles , de grands buccins, peur dévorer ranimai qui Y c il contenu *, & , fuivant les pécheurs de l'Amérique feptentrionaie, ontrouvefouvent de très-grands coquil- lages, à demi-brifés par la Caouane {q), Il eil quelquefois dangereux de cher- ( q J CaUsh^'^ vo{. Il j page ^o. I 3 o Hijloire Naturelle cher à îa prendre. Lorfqu'on s'appro- che d'elle pour îa retourner , elle le d<;fend avec fes pattes & fîi gueule -, & il eft très - difïicile de lui faire lâcher ce qu'elle a faifi avec les mâchoires. Cette grande réliftance qu'elle oppofe à ceux qui veulent la prendre , lui a fait attri- buer une forte de méchanceté : on lui. a reproché, pour ainfi dive^ une jufte défenie : on a condamné l'ulage qu'elle fait de fes armes pour fauver fa vie : mais ce n'eft pas la première fois que îe plus fort a fciit un crime au plus foible de ce qui a retardé fes jouiflances ou mêlé quelques dangers à fa pour- fuite. Suivant Catefby , on a donné le nom de Coffre à une tortue marine affez rare , qui devient extrêmement grande , qui efl: étroite, mais fort épalife, & dont la couverture fupérieure , efl beaucoup plus convexe que celle des autres tortues marines (r). C'eft certainement la mêmie (r) Teftudo arcuata , tortue appelles coffre. des Quadrupèdes ovipares, i 3 t que la tortue dont Dampicr {s) fait Cl première efpcce , & que ce Voya- geur appelle grojfè - tortue j tortue à bahut ou coffre. Toutes deux font plus grolîes que les autres tortues de mer, ont ia carapace plus relevée , font de mauvais goût & répandent une odeur défigréable, mnis fournilTent une grande quantité dliurle bonne à brûler. Nous les plaçons à la fuite des Caouanes , auxquelles elles nous paroillent appar- tenir , jufqu'à ce que de nouvelles oblervations nous obligent à les en réparer. ( ^) Ilfiolrs ginlr&U des Voyagzs, tome 48 , /. 344 6* fuiv. F Vf 132 HiJIoire Naturelle LA TORTUE NASICORNE (a). Les Naturalistes ont confondu cette efpcce avec la Caoïiane , quoiqu'il foit bien aifé de îa diftinguer par un carac- tère allez Taillant, qui manque aux vé- ritables Caouancs , 8c dont nous avons tiré le nom que nous lui donnons ici. C'eftun tubercule d une lubftance molle, qui s'élève au-dedus du muieau , & dans lequel les narines font placées. La Naficorne fe trouve dans ics mers du nouveau Continent, voifines de i'équa- teur*, nous manquons d'obfervations pour parler plus en détail de cette nouvelle efpèce de tortue -, mais nous nous ree^rdons comme très-fondés à la féparer ('aj C'eft h cette torrue qu'i! faut rapporter celle qui efî décrite d^ns Gronovius. Mus. 2, page 85, N.° 69 , & que M. Linné a regardé comme éta.t la même que fa tortue caret , qui eft notre caouane. Cette tortue de Gronovius a au-deOus du mufeau le tubercule qui difiiugue ia >^itliiorne. d^s Qiiadrupèues ovipa''es. i 5 5 de La Caoïune , avec laquelle elle a mrrae moins de rapports qu'avec la tortac franche , fuivant un des Cor- refpondans du C.ibînet du Roî {b) '. on ia mange comme cette dernière, tandis qu'on ne le nourrit prefque point de ]\ chair de la Caouane. Nous invitons ks Voyageurs à s'occuper de cette tortue, qui pcurroit être la tortue bâtarde des pécheurs d'Amérique, ainli qu'àoblerver celles qui ne font pas encore connues^ il efl: d'autant plus important d'exami- ner les diverles efpcces de ces animaux , que quoiqu'elles ne foient diftinguées à l'extérieur que par un très-petit nom- bre de caraélères , il paroît qu'elles ne fe mêlent point enlemble , & que par confcqucnt elles lont très-différentes les unes des autres {c). (b) M. le Chevalur de IVid-rfpacH. ( € ) Note cùmmunlqiiéi par M. le ChtvallcT ie. Widètfpsçh, e^-f;^ 13 4 JJiJloire Naturelle LE CARET ^û ^ L-E Philosophe mettra toujours au premier rang la tortue franche , comme celle qui fournit la nourriture la plus agréable & la plus filutaire -, mais ceux fa ) La Tuilée. M. d'Auknton , Encylopédli mithodique. Teiîudo imbricata. i. L'uin. amph. rejitllia. Tortue caret. Roc/iefon. Teftudo imbricata, HJI. Natur. des Tortues, par M. Jean Sckmider. Teltudo caretta. Catesly, HiJI. Nat. delà Carol'me, vol. Il, page 39. Gtouqv. Zoophy. 72. Ray j Syuopfis animalium quadrupedum , page. 258, Teftudo caretta dicta. Bout. jav. 82 5 Teftudo fquamata. The hawk*f-bill Turtle. Teftudo i major, nngui' bus utrinque quatuor. Bron-ii , Hifloire ^'aturelU de la Janaïque , Londres , 1756 , page 465. Seba , mus. I , tab. 80, /fg. 9, Teftudo caretta, Sloane. Voyage aux IsUs Madère, Barbade , &c. vol. 2. Caret. Du Tertre, tome 1, page 229, N.^ 24. Caret , Labat , p. 315. Caret, Diction. d'Hijloui Naturelle , par M. Fal^ mnjit ds Boinare^ àes Quadrupèdes cvlparcs, i 3 J qui ne recherchent que ce qui brille, préféreront la tortue à laquelle nous Conicrvons le nom de Caret, qui lui eft généralement donné dans les pays qu'elle habite •, c'efl principalement cette tortue que l'on voit revêtue de ces belles écailles qui , dès les fiècles les plus reculés, ont décoré les palais les plus fomptueux : effacées dans des tems plus modernes par l'éclat de l'or & par le feu que la taille a donné aux pierres dures & tranfparentes , on ne les emploie prefque plus qu'à orner les bijoux hmplcs, mais élégarts de ceux dont la fortune eft plus bornée , oc peut - être le gciît plus pu^. Si elles fervent quel- quefois à parer la beauté, elles font cachées par des ornemens plus éblouif- fans ou plus recherchés qu'on leur préfère, & dont elles ne font que les fupports. Mais H les écailles de la tortue Caret ont perdu de leur valeur par leur comparaifon avec des fubltances plus éclatantes , & parce que la décou- verte du nouveau monde en a répandu une grande quantité dans l'ancien, leur ufage cfl devenu plus général ; on s en î 3 6 Hijlolre Natun île fert d'autant plus qu'elles coûtent moins : combien de bijoux & de petits ouvrages ne font point garnis de ces écailles que tout le monde connoît, & qui réunillent à une demi-tnmfparence Téclit de ccr-- tains Ciiftaux colorés , & une fcupicfre que l'on a efTayé envain de donner au verre ! II eft aifé de reconnoitre la tortue Garet au luîfant des écailles placées iiir fa carapace , & fur-tout à la manière dont elles font difporées. Elles le rccoui' vrent comme les ardoilcs qui font fur nos toits \ elles font d'ailleurs commu- nément au nombre de treize fur le clique , & elles 7 font placées fur trois rangs, com.me dans la tortue franche', le bord de la carapace, qui efc beau- coup plus étroit que dans la plupart des tortues de mer , eft garni ordi- nairement de vingt-cinq lames. La couverture fupéricure arrondie par le huit, & pointue par le bas, a prefqne la forme d'un coeur : le Caret cft d'ailleurs diflin^ué des autres tortues marines par f.i tcte & fon cou , qur ^nt beaucoup plus longs que dans les des QuaJrupèdts ovipares, 137 autres efpèces -, la mâchoire fupérieure avance aiiez fur rinférieiire, pour que le mufeau ait une forte de rcliemblance avec le bec d'un oifeau de proie -, & c'cft ce qui l'a fait appeller par les Anglois bec à ftucon (b). Ce nom a un peu fcrvi à obfcurcir Thifloire des tortues y lorfque ies NamraiipLCS ont tranfporté celui de Caret à la Caouane , ils n'en ont point féparé celui de bec à faucon, qu'ils lui ont aulîi appliqué (r) *, 6c , en hîftoire nitureiie , lorfque les noms font ies mêmes, on n'cft que trop porté à croire que les objets fe refTemblent. On rencontre le Caret , ainfî que la plu- part des autres tortues , dans les coatrées chaudes de l'Amérique [d)\ rruiis on on le trouve dans les mers de TAiie. C'eft de ces dernières qu'on apportoit lans doute les écailles fines dont le ier- voient les anciens , même a^rr.nt le tems de Fiine , & que les Rcmains dévoient ( h ) Cates5y j Hijioire Katuretie de la Caroline , \ol. IT^ p. 7,ij. ( e } Browi , à l'en lirait dJjà cité. (d ) Suivant I\impier, on n'en voit point dans la mer du Sud. r 3 s HlJJore Naturelle d'autant pins efi;imer , qu'elles étoient plus rires 8c venoient de plus loin -, car il femble qu'ils n'attachoient de valeur qu'à ce qui étoit pour eux le figne d'une plus grande puilîance, & d'une domination plus étendue. Le Caret n'cft point aulTî grand que la tortue franche-, Tes pieds ont égale- ment la forme de nageoires, & font quelquefois garnis chacun de quatre ongles. La faifon de fa ponte eft com- munément 5 dans l'Amérique fcpten- trionale , en Mai , Juin & Juillet-, il ne dépofe pas fes œufs dans le lable , mais dans un gravier mêlé de petits cailloux : ces œufs font plus délicats que ceux des autres efpèces de tortues, mais fa chair n'efl point du tout agréable *, elle a même , dit-on , une forte vertu purga-» tive (e) •, elle caufe des vomiÂfemens violens ^ ceux qui en ont mangé font bientôt couverts de petites tumeurs , ôc attaqués d'une fièvre violente , mais qui efl: une crife falutaire lorlqu'ils ont filiez de vigueur pour réfiRcr à l'aélivité (t J Dampkr , tome /, des Qualrvpddes ovipares, 139 du remède. Aurefte, Dampier prétend que les bonnes ou mauvaiies qualités de îa chair de la tortue , dépendent de l'ali- ment qu^elîe prend , & par conféqucnt trcs-fouvent du lieu qu elle habite. Le Caret , quoique plus petit de beaucoup que la tortue franche, doit avoir plus de force, puiiquon Ta cru plus méchant -, il fe défend avec plus d'avantage , lorfqu'on cherche à le prendre -, & Tes morfures font vives & douloureufes -, fi couverture fiipé- rieure cfl plus bombée , & fes pattes de devant font en proportion de fa gran- deur , plus longues que celles des autres tortues de mer -, aulîî , lorfqu il a été renverfé fur le dos , peut - il , en fe balançant, s'incliner allez d'un coté ou de l'autre , pour que fes pieds fiifi lient la terre, qu'il fe retourne, & qu'il fe remette fur fes quatre pattes. Les belles écailles qui recouvrent fa carapace pèfent ordinairemxnt toutes enfemble de trois à quatre livres (/; , «Se quelque- fois même de fept à huit {g)» On ^w»~ I ■ » I I ■■ I — — — ai^ ( f J Djnipier, tome 1. ( ^J Ro)' , Synof/ïs quadrupcdum j v, 2^^* i 40 Hijîcire Naturdle cftime ie plus celles ç^xù font épaife ckires ,^ tranfparcntes, a un jaune doré,' ^ jafpées de rouge & de blanc, ou dun brun prefcue noir {h). Lorfqu^on veut les façonner , on ies ramollit dan's de l'eau chaude , on les met dans un moule dont on leur fait prendre aîfé- ment la forme, à Taide d'une forte preiie de fer s on les polit cnfurte , ^- on 7 ajoute les cifelures dor & d'argent , & les autres ornemens étran- gers avec iefqueis on veut en relever ies couleurs. On prétend que, d?ns certaines con- trées, & partrcuiièrcmenî fur les cotes orientales Caicsby ^ à l'endroit dcjà cité. Tom- J. ^/ ■ JT. /^a/^ . j^^ i.LE 1. II TH. 2. LA ROKDF. .pa.^.jBS. des Qu.:dri>pèJcs o vipares. 141 fc»*»*."»*---**'- » |-^^^— ■ ■■ ———— — — — —— -"" ■-■■'■■.■■ i « ■ 1 1^ LE LUTH {a), La plupart des tortues marines , dont nous avons parlé , ne s'éloignent pas beaucoup des régions équatorialcs i ta Caouane n'eft cependant pas la feule . que l'on trouve dans une des mers qui baignent nos contrées *, on rencontre aajG[î dans k méditerranée , une efpcce de ces Quadrupèdes ovipares , qui lur^ palle même quelquefois par fa longueur îes plus grandes tortues fï'anches. On la nomme Je Luth -, elle fréquente ce préférence , au moins dans le tems dii }a ponte , les rivages déferts &c en partie fablonncux , qui avoiiinent les ( a J En latin > lyra. Rat dé mtTj & tortue, à cliii , par les pécheurs jde pkifieurs contrées. Tortue iuth. M. d'jiul?cnton j Eticyçlopédlz mé- thodique. Teltucio Coriacea. i . L'wu. amphïbia rzptilia. Tortue couverte comme de cuir , ou tortue mercuriale. /^on^ Mémoires manufcrits , rédigés par M. de foiigeroux. Ovipares Tome.I, Q 14^ Hijîoire Naturelle crures profondes des deux mâchoires de la tortue Luth^ d'ailleurs la forme ^ la poiîtion de ces éminences répondent à celles des prétendues dents de la tortue péchée auprès de Nantes. Cette dernière tortue Luth poulToit d'horribles cris, fuivant M. de la Font, quand on lut caffa la tcte à coup de crochet de fer. Tes hurlenicns auroient pu être entendus à un quart de lieue-, Se fa gueule écumante de rage, exhaloit une vapeur très-puante (/'), En 1756, un peu après le milieu de l'été, on prit aulîî, une aiïez grande tortue Luth, fur les côtes de Cornouaille, en Angleterre (g). M. Pennant a donné, dans les tranf-idtions philofophiques, la defcription & la figure d'une très-petite tortue marine de trois pouces trois lignes de long , fur un pouce & demi de Large, Il efl évident , d'après la figure Se la defcription, que cette très-jeune tortue étoit de l'efpèce du Luth, Se Cf) H'fioirc de l'Académie, des Sciences, année 1729. ( iJ '2'oo/io^/e Britannique , Londres , 1 7 76 , vol. II, des Quadrupèdes ovipares, i^j âvoit été prife peu de tems après fi fortie de l'œuf, ainfi que le foupçonne M. Pennant. Ce Naturalifte avoit vu cette torttie chez un Marchand de Londres , qui ignoroit d'où on Tavoit apportée {h) La tortue Luth , eft une de celles qnc les anciens Grecs ont îe mieux connues , parce qu'elle habitoit leur patrie : tout îe monde fait que dans les contrées de la Grèce , ou dans les autres pays iitués fur les bords de la Méditerranée, la carapace d'une grande tortue fut employée par les inventeurs de la niufique comme un corps d'infurument, fur lequel ils attachèrent des cordes de boyaux ou de métal. On a écrit qu'ils choilirent la. couverture d'une tortue Luth ••, Se telle fut la première lyre groiîîère qui fervit h faire goûter à des peuples peu civiiilés encore, le charme d'un art dont ils dévoient tant accroître la puiliance» Auffi la tortue Luth a-t-elle été, pour ainti dire , conlacrée à Mercure , que (hj Tran factions phUofophiqnes , crinés 177] f'o/. 6î. 148 JrliJIoire Mature lie Ton a regardé comme l'inventeur de ia l/re. Les Modernes Tont même fou- venj: , à l'exemple des Anciens , appellée Lyre:, ainfi que Luth; & il convenoit que fon nom rappellât le noble & brillant ufage que Ton fît defon bouclier, d^ns les premiers âges des belles régions baignées par les eaux de ia Méditerranée. 71^ m . Tr Pl/If.pa.j.7^ T.l.A BOURBEUSE. 2-1. A GE OME IKiq^UE ./'^ .r^ des Quadrupèdes ovipares. 149 *^^^^^^ ^^ SECONDE DIVISION. . TORTUES D'EAU DOUCE ET DE TERRE, LA BOURBEUSE {a). Les différentes toe.tuës dont nous avons déjà écrit i'hifloire, non- feulement vivent au milieu des eaux (a) En latin , mus aquatiîis. En Japonais /jog^mc ^ ou doogame,o« doocame. La Bourbeufe, M, d'Aubenton , Encycloj>édie mé- thcdique. Teftudo lutaria , 7. Linn, amphih. rept, Ray y Synopjis quadrupêdnm , page 254 , Tefiudo aquarum duîcium , feu lutaria. Rondelet, Hifinire des poijjons. Lyon ^ I55§ 5 ficondà fartie, p ige 170. Teltudo lucaiia, 9. Schneider. ^-\ • • • G iij I j 0 Hiftoîre Naturelle faiées de li mer , mais recherchent encore r l'eau douce des fleuves qui s'y jettent : elles vont au5îi auelqucfois à terre , ioit pour 7 dépofer leurs œufs, foit '•pour Y paître les plantes qui y croilTent. On ne peut donc pas les regarder comme entièrement reléguées au milreii des grandes eaux de l'Océan , de même on doit dire qu'aucune des tortues dont il nous refte à parler, n'habite exclufivem.ent l'eau douce ou les terrains élevés : toutes peuvent vivre , fur la terre , toutes peuvent demeurer pendant . plus ou m.oins de tems au milieu de l'onde douce & de l'onde amcre, & l'on- ne doit entendre ce que nous avons dit de la demeure des tortues de mer, & ce que nous ajouterons de celles des tortues d'eau douce & des tortues de terre, que comme l'indication du féjour qu'el- • les préfèrent , plutôt que d'unehabitation exclufive. Tout ce qu'on peut affurcr relativement à ces trois familles de tor- tues, c'eft que le plus fouvent on trouve la ])remière au milieu des eaux faiées , 'la k'conde au milieu des eaux douces, la troifième fur les hauteurs ^ ou dans les âes Q^iiaJnwedes cvipres, i j t bois j & leur habitation particulière a été déterminée par leur conformation tant intérieure qu'extérieure , ainli que par la dirrérence de ia nourriture qu'elles recherchent , Se qu'elles ne peuvent tFouver que lur la terre , dans les fleuves ou dans la mer. La Bourbeufe eft une des tortues que Ton rencontre le plus fcuvent au milieu des eaux douces -, elle eil; beaucoup plus petite qu'aucune tortue marine ^ puifrjue fa longueur , depuis le bout du mufeau jufqu'à Textrémité de la queue , n'excède pas ordinairement fept ou huit pouces , &: Ta largeur trois ou quatre. Elle cfl auili beaucoup plus petiie que la tortue terreflre, appellée la Grecque : commu- nément le tour de la carapace efl garni de vingt-cinq lames , bordées de llries légères i le difque Tefl de treize lames ftriées de même, foiblem.ent pointiliees dans le centre , S: dont les cinq de la ran- gée du milieu fe relèvent en arête lon- gitudinale. Cette couverture -TupérieiirG eft noirâtre & plus ou moins foncée. La partie poftérieure du plaftron eft terminée par une ligne droite *, la cou- G iv ï ^ z Hijioire Naturelle leur générale de la peau cle cette tortue tire lur le noir , ainii que celle de la carapace *, les doigts font très-diflindls IVm de l'autre , mais réunis par une meiTibrane -, il y en a cinq aux pieds de devant , & quatre aux pieds de derrière ; îe doigt extérieur de chaque pied de devant eft: communément fans ongle -, la queue eft à-peu-près longue comme la moitié de la couverture fupérieure-, au lieu de la replier lous fa carapace ^ ainfi que la plupart des tortues de terre , la Bourbeufe la tient étendue iorrqu'cUe marche (3)-, & c'cfl de-là que lui vient le nom de rat aquatique , mus aquatilis , que les anciens lui ont donné ( c)\ lorf^ qu'on la voit marcher , on croiroit avoir devant les yeux un lézard dont le corps leroit caché lous un bouclier plus ou moins étendu. Ainii que les autres tor- tues , elle fait entendre quelquefois im fifflement entrecoupé. On la trouve non-feulement dans ( b ) Hijîoire Naturelle des amphibici a" des poijfail^ ie la Sardaigne ^ pa^e 12. / cj Roiidext, à l'endroit déjà cité* àts Quadrupèdes ovipares, i ^ 5 îcs climats tempères & chauds de TEu- rope ( ^ ; 5 mais encore en A lie , au Japon {e) -, dans les grandes Indes , ^cC- On la rencontre à des latitudes beaucoup plus élevées que les tortues de mer > on Ta pêchée quelquefois dans les ri- vières de la Siiéiie -, mais cependant elle ne fupportcroit que très-diiîiciie- ment mi climat très- rigoureux , & du moins elle ne pourroit pas v multiplier. Elle s'engourdit pendant l'hiver, même dans les pays tempérés. C'eil: à terre qu'elle demeure pendant la torpeur : dans le Languedoc, elle commence ver3 la fin de rautomne à préparer fa retraite 5 elle creufe pour cela un trcu , ordinai- rement de llx pouces de profondeur^ elle emploie plus d'un mois à cet ouvrage. Il arrive fouvent qu elle paife Thiver fans être entièrement cachée , parce que la terre ne retombe p^s toujours iur (d ) Elle eft en grand nonibre dans toutes les rivières de la Sardak'rne. Hip.oire J^atuTzlh des ant' vhibks & des poijjons de ce Rû\arimê , par M. François Cet'.i. A S<^JJan , 1777 ^ pa^^ i-. ("ej H'ftoirz générale des yujageSf îom& j^o , p. 382» idit.on in-12, G y ' î 5 4 HifiOire Naturelle eîie , îoiTqu'eile s'eil placée au fond de Ton trou. Dès les pren^iers jours du printcms elle change d'afyle j elle pafTe alors la plus grande partie du tems dans reau j elle s y tient fouvent à la furfac.e , & iur-tout lorfqu'ii fait ch^ud, & que le -folcil luit. Dans Tété , elle eft prefquc •toujours à terre. Elle multiplie bcau- 'coup dans plufieurs endroits aquati- ques du Languedoc , ainii qu'auprès -du Rhône , dans les marais d'Arles , &: dans plufieurs endroits de la Pro- vence (/). M. le Préiîdent de la Tour •ci'Aygue, dont les lumières & le goût pour les Sc'iQncçs naturelles font con- Tius, a bien voulu m'apprendre qu'on trouva une fi e;rande qumtité de tortues Bourbcufcs dans un mxarais d'une demi- lieue de furface, fitué dans la plaine dela'Durance, que ces anim;Hix fuHirent pendant plus de trois mois à la nourri- ture des payfans des environs. Ce n'eft qu'à terre que la Bourbcufe (f) Ces faits m'ont été communiqué? par M de Touchy 5 de la Société loycde de Monij* pallier. des Quadrupèdes ovipares, i j ^ pond ics œufs -, elle les dépole, comme les tortues de mer , dans un trou qu'elle crcufe, & elle les recouvre de terre ou de fable -, la coque en cft moins molle , que celle des ceufs des tortues franches , & leur couleur eft moins uniforme. Lorfque les petites tortues font éclofes, elles nont quelquefois queiix lignes ou environ de largeur (g), La Bourbeufe ayant les doigts des pieds plus féparés , & une charge moins pe- fante que la plupart des tcrtues , 8z fur-tout que la tortue terreftre , nppellée îa Grecque , ilnedpas furprenant qu'elle marche avec bien moins de lenteur lorf- qu'elle eft à terre , & que le terrain eft uni. Les Eourheufes , ou les tortues d'eau douce proprement dites , croilient pen- dant très-long-tems , ainfi que les tortues de mer j mais le tems qu'il leur faut pour atteindre à leur entier développement eft moindre que celui qui eft nécef- faire aux tortues franches, attendu qu'elle^ f C, ) Note commuuiiuu par M. le Préfiinn de ia Tout d'Jy^uc, G v; I j 6 HiJIolre Naturelle font plus petites : aiiffi ne vivent-eîles pas il iong-tems. On a cependant oh- fené que lorfqu'elles n'éprouvent point d'accidens, elles parviennent jufqu'à l'âge de quatre-vingts ans & plus , & ce grand nombre d'années ne prouve-t-il pas ia longue vie que nous avons cru devoir attribuer aux grandes tortues de mer ? Le goût que îa tortue d'eau douce a. pour ies limaçons, pour les vers, 8c pour les infectes dépourvus d^ailes qui riabitent les rives qu'elle fréquente , ou qui vivent fur la furface des eaux , l'a rendue utile dans les jardins, qu'elle dé~ Hivre d'animaux nuiiîblcs , fans y caufer aucun dommage. On îa recherche d'ailleurs à caufe de Tufage qu'on en £iit en médecine , ainfl que de quel- ques autres tortues : elle devient comme domeflique-, on îa conferve dans des fcafïïns pleins d'eau , fur îes bords def^ quels on a foin de mettre une planche qui s'étend jufqu'su fond, qu.^nd ces mêmes bords font trop efcarpés , afin içu'clie puiiïe fortir de fa retraite , 8c aller cîiercher fa petite proie. Lorfque Yqd peut craindre qu'ejl® ne trouve pas ies Quadrupèdes ovipares, i ^ 7 une ncurritiire dlez abondante, on y fupplée par du Ton &: de la farine. Aa refte , elle peut , comme les autres Quadrupèdes ovipares , vivre pen- dant long - tems fiins prendre aucun aliment , & même quelque tem.s après avoir été privée d'une des parties du corps qui paroilîent le plus effentielles à la vie , après avoir eu la tête cou^» pée. {h) Autant on doit la multiplier dans le^ jardms que l'on veut garantir des ïn-^ icCtQS voraccs, autant en doit remuêcher de pénétrer dans les étangs & dans îes autres endroits habités par les poiA Tons. Elle attaque m.eme , dit-on , ceux qui font d'une certaine groii'eur \ eiiç les [à'mt ious le ventre -, elle les yf mord , & leur tait des bleiTures aiïez profondes , pour qi.i^ils perdent leur fâng 5 &z s'aiîoibli/rent bientôt , elle îes entraîne alors au fond de l'eau ^ Se elle les Y dévore avec tant d'avidité , qu'elle n'en laifTe que îes arêtes , & quelques (h) Ray, Synopfis arànidium , Londres , 1693J I j B Hijloire Naturelle parties cartilagincuCes de la tête : eîîe rejette auiîi quelquefois leur velîîe aé- rienne, qui s'élève à la furface de Teau, & par le moyen des velîies à air , que l'on voit nager fur les étangs , Ton peut juger que le fond eft habité par des tortues bourbeuies. t,i£ii:^ dysdt ft'» vga..ggy ■ta*'^ aa^ fjk^Hfj&Jt JiW- Aasaaga L A R O N D E [a). C'est dans TEurope méridionale, fuivant M. Linné, que l'on trouve cette tortue : fa carapace efl: prcfque entièrement ronde , & c'eft ce qui lui a fait donner ie nom à'orhiculaire. Les bords de cette carapace font recouverts de vingt-trois lames, dans deux individus confervés au Cabinet du Roi , & le dirquereilde treize. Ces lames font très-unies , 8c leur couleur , afTez claire, efliemée de très-petites taches rouiles, plus ou moins foncées. Le piaf- tron eft^'éch ancré parderricre , & reccu- >■ ' ' ■ ' ■ ■ [ ■■(a) La Ronde. M. d'-Jubenton, Encyclopédie Viéihodsqiie. Tefiudo oibicuîaris. 5. L'inv. cmphib.itpt. Teliuuo euro^aa, 5. Schncidtr. des Quadrupèdes ovipares, i j ^ vert de douze lames. Le miifeau Te termine par une pointe forre &,aigne , en forme de ti'ès-petite corne. La queue efl trcs- -courte. Les pieds font ramafîés , arron- dis*, & les doigts réunis par une mem- brane commune, ne font, en quelque forte, feniibles que p.ir des ongles afîez forts & aiTez longs. Ces ongles font au nombre de cinq dans les pieds de devant, & de quatre dans les pieds de derrière. La tortue Ronde habite de préférence au milieu des rivières & des marais , & fes habitudes doivent reffem- bler plus ou moins à celles de la Bour- beufe , fuivant le plus ou le moins d'égnité de leurs frrces. On rencontre les tortues Rondes , non-f: ulcment dans les pp.ys Méridionaux de TEurope, mais encore en Pruile (b) : les Payfins de ce Royaume les prennent Se les gardent d.ans des v^iifTeaux, qui contiennent la nourriture dcilinéeà leurs cochons-, ils penfent que ces derniers animaux s'en portent iTiicux & en en- eraiflcnt davantage : les tortues Rondes C b ) Ichthyologia ca-u amrhih'is reoni Poruffici methodo finmeaiia difpofiia à Jo/iaii, Chrijlo^h, M'niffi 1 60 mjîûire Naturelle vivent quelquefois plus de deux aiii dans cette lorte d'habitation extraor-? dinaire (c). Il fe pourroit que la Ronde parvînt à une grandeur un peu confidérable , malgré la petite taille des deux individus que nous avons décrits, & qui n'ont pas plus de trois pouces neuf lignes de longueur totale, iur deux pouces cinq lignes de largeur, parce que ces deux petites tortues préfentcnt tous les lignes du premier âge & d'un développement très-peu avancé. Si cela étoit , nous /erions tentés de la ïQçnxdQT comme une variété de la Terrapène , dont nous allons parler. Mais , julqu'à ce que nous ayons recueilli un plus grand nombre d'obiervations, nous les féparerons Tune de Tautre. Les petites tortues Rondes , que nous avons examinées , nous ont préfenté un fait intérefî^mt : les avant-dernières ptcces de leur plallron étoient léparécs & laif- foient paiîer la pe.ui nue du ventre , qui formoit une efpèce de poche ou Il I ■■■■'■' ( c ] WulfFj ouyrapQ déjà cité, des Quadrupèdes ovipares. i6i de gonflement plus confidérable dans Tune qiie dans l'autre , & au milieu duquel on diftrnguoit, dans une fur-tout, Torigine du cordon ombilical. Nous invitons les Naturalises à remarquer fi , dans les autres efpèces , les très-jeunes tortues préfentent cette fcilTure du pîaf^ tron , éc cette marque d'un âge peu avancé. L'en a obfervé dans le crocodile & dans quelques Itzards , un fait ana- logue que Ton retrouvera peut-être dans un très-grand nombre de Quadru- pèdes ovipares. LA TER.RAPÈNE M, Nous CONSERVONS à Cette tortue de marais ou d'eau douce, le nom de Terrapène qui lui a été donné par Brown. On la trouve aux Antilles , & particulièrement à la Jamaïque -, elle (a j The Terrapin , teftudo quarta minima îacuftris , unguibus paîmariim quinis , plantarum quaternis, tefta deprefla, Brown , IJift. iVflf. ds, la Jamaujue j p a^e ^66<< i6i HîJIolre KaturelU y eft très-Commune dans les îacs & dans ks marais où cile habite parmi les plantes aquatiques qui y croilTent. Son corps , dit Brown ^ eft en général , evale & comprimé -, fa longueur excède quelquefois huit ou neuf pouces. Sa chair eft regardée com.me un mets aulïi fain que délicat (b). Il paroît que cette tortue eft la même que celle que Dam.pier a cru devoir nommer kécûte. Suivant ce Voyageur , cette dernière aime en eftet Teau douce *, elle cherche les étangs & les lacs, d'où elle va rarement à terre. Son poids eft de douze ou quinze livres. Elle a les pattes courtes, les pieds plats, le cou long & menu. Sa chair eft un fort bon aliment (c). Tous ces caradères femblent convenir à la Terrapène. (b) Brown y à V endroit déjà cité. (cj Dampier, tome I. àts Quadrupèdes ovipares, i 6^ ^>9ZH 3ftC- Z!ïSEiai LA SEPvPENTINE (^). Il est aisé de difringucr cette tortiie de toutes ies autres , par la longueur de £i queue, qui égaie prcfque celle de la carapace. Cette couverture fupc- rieure efl un peu relevée en arête longi- tudinale, & comme découpée parder- rière en cinq pointes aiguës. Les doigts dQS pieds font peu Téparcs les uns des autres. La Serpentine habite au milieu des eaux douces de la chine. Ilparoit que Tes mœurs fe rapprochent de celles de la Bourbeufe -, & que non- feulement elle déti'uit les infedes , mais encore qu'elle fe nourrit de poiflbns. fa) La tortue ferpentine. M. d'Jukntonj En" cyclopédie méthodique. Tefiudo lerpencina, 15. Linu. amphib. rept, Tefiudo ferpentina, 8. Schneider, ^VvJv 1(^4 Uijloire Naturelle — a—a— BB— — —JtJJkMt^Jt LA ROUGEATRE. -Nous DONNONS ICI la notîce d'une torttie envoyée de Pen{)dvanic , fous le nom de tortue de marais , & décrite par M. Ed-R-ards {a). Le bout de la queue efl: garni d'une pointe aiguë & cornée comme celle dcpluiieurs tortues Grecques & de ia tortue Scorpion. Ses doigts font réunis par une membrane. Sa cou- leur générale efl brune , mais les lames qui garnirent Tes cotés, & les écailles qui recouvrent le tour de Tes mîichoires & de Tes yeux, font d'un jaune rou- -geâtre que Ton retrouve auili fur foa plaftron. (a) Glanures J'H'Jîoire 'Naturelle , par GeorgâS Edwards. Londres, l']bj^, féconde paitUfQhap, LXXVllf. flancha 287. ^ des QiiadrupèJes ovipares, i (?j LA TORTUE SCORPION {a). G'est à Surinam qu'habite cette tortue-, fa canipace cil: ov.iicj d'une couleur très-foncée , & relevée fur le dos par trois arêtes longitudinales , le difque eft garni de treize lames , dont les cinq du milieu font trcs-aiongées, & on en com.pte communément vingt-trois fur les bords : douze lames recouvrcTit le plaf- tron, qui n'efl prefque point échan- cré ; la tête eil couverte pardevant d'une peau calieufe , qui fé divife en trois lobes fur le front. La tortue Scorpion a cinq doigts à chaque pied*, ils font un peu féparés, & garnis d'ongles, excepte les doigts extérieurs des pieds de derrière : mais ce qui lui a fait împofer fon nom , & ce qui fer t à la fairi? reconnoître , c'eft une arme dure , en ttH (a) La tortue fcorpion. M. d'Juknton ^ Encyo "Jopédiz méthodique. Teiîudo fcorpioides, 8. Linn. amnhib. Tcpt^ ïeltudo iimliriata, 12, i5'c/2;ie/(/er(, i66 Hijîoire Naturelle forme de corne ou d'ongie crochu , qu'elle porte au bout de ia queue, & qui a une forte de reffembiance avec raiguilîon du fcorpion. M. Linné a fait connoitre cette tortue, dont on conferve au Cabinet du Roi plufieurs carapaces & plallrons. Ils ont été en^ voyés comme a/ant appartenu à une petite tortue de marais qui habite dans les favanes de la Guyane, & qui ne pai-vient jamais à une taille plus con- (idérable que celle qui eft indiquée par les couvertures envoyées au Cabinet du Roi : les plus grandes de ces carapaces ont iix ou fept pouces de longueur , fur quatre ou cinq de largeur. Voilà donc itne erpcce de tortue d'eau douce ou de marais , dont la queue eft garnie d'une callolité -, nous remarquerons un carac- tère prefque femblable dans plulieurs tortues grecques ou tortues terrcftres proprement dites, & particulièrement dms celles qui ont atteint leiu: entier développement. Ja/n ■ -I. Pl,B/iWig:fûri, dont il s'eùfervi poivr déligner les pieds de la grecque \ cette remarque a déjà été faite par M. François Cetti , dans fon Hiftoire naturelle des Amphibies & des Poiflbn» de la Sardaigne 5 imprimée à Safiari , en 1777^ page 8, il Vj 1 8 o Uijloire Naturelle enfuite fur celui qui vient après , Se ainli fur tous iucceiîîvement juiqu'à Tongle extérieur : f on pied fait, en quel- que iorte , par-là i'etîet ci\ine roue, fcomme fi la tortue cherchoit à élever trcs-peu Tes pattes, & à s'avancer par une luite de petits pas fucceiîifs, pour éprouver moins de réliftance de la part du poids qu'elle traîne. Treize lames , flriées dans leur contour, recouvrent la carapace ; les bords font garnis de vingt- quatre lames , toutes , & Tur-tout celles de derrière , beaucoup plus grandes en proportion que dans la plupart des autres efpèces de tortues s 8c par la manière dont elles font placées les unes relativement aux autres, elles fontparoître dentelée la circonférence de la couver- ture fupérieure. Le plaflron efl ordinai- rement revêtu de douze ou treize lames ; il y en avoit treize dans la tortue que nous avons décrite. Les lames, qui recouvrent îa carapace, font marbrées de deux cou* leurs , Tune plus ou moins foncée , Se l'autre blanchâtre. La couverture fupérieure de la Grecque ell très'bombée, l'individu que noitô des Quadrupèdes ovipares, i 8 i avons décrit avoit qu.itre pouces trois lignes d'épailleur -, & c'efl ce qui tût que lorfqu'cUe efl: renveriée fur le dos , elle peut reprendre fa première Iituation, & ne pas refier en proie à Tes ennemis , comme les tortues franches. Ce n'efl pas feulement à Taide de fes pattes qu'elle s'efforce de fe retourner -, clie ne peut pas allez les écarter pour atteindre juf- qu'à terre : elle fe fert uniquement de fa tête & de fon cou , avec lefquels elle s'appuie fortement contre le terrein, cherchant, pour ainli dire , à fe foulever, & fe balançant à droite & à gauche jufqu'à ce qu elle ait trouvé le coté du terrein qui efl: le plus incliné , & qui lui oppofe le moins de réliilance. Alors , au lieu de faire des eiîorts dans les deux fens , elle ne cherche plus qu'à ie rcn- verfer du côté favorable , & à fe retour- ner allez pour rencontrer la terre avec fes pattes, 8c fe remettre entièrement fur fes pieds. Il paroit qu'on peut diftinguer les maies d'aveè les femel- les , en ce que celles - ci ont leur plaflron prcfque plat, au lieu que les I 8 2 HiJIoire Naturelle mâics l'ont plus ou moins concave ( c). L'élément dans lequel vivent les tortues de 'mer &c les tortues d'eau douce, rend leur charge plus légère, car tout le monde fait qu'un corps plongé dans i'eau perd toujours de fon poids -, mais celle des tortues de terre n'efr pas aïnii diminuée. Le fardeau que la Grecque iupporte efl donc une preuve de la force dont elle jouit : cette force eft d'ailleurs confirmée par la grande facilité avec laquelle elle brife dans la gueule des corps très-durs -, Tes mâchoires font mues par des mufcîes fi vivaces , que l'on a rem.arqué dans une petite tortue, dont la tête avoit été coupée une demii-heure auparavant , qu'elles claqu oient encore avec un bruit affez feniible \ & , dès le tems d'Ariflote , on regardoit la tortue comme l'animal qui avoit en proportion le plus de force dans les miuchoires. Mais ce fait n'efl pas le feul phénomè- ne remarquable que les tortues Grecquc^s fcj Hifloire Naturelle des amphibies z^f des poijjhn^ de la Sardai^uc, par jV/, Fwic'jis Cuti y pj^e lo. des QtiadrupcJes ovipares, i 8 3 préfcntent rcLitivemciit à la difficulté que Ton éprouve lorfqu'on veut ôter Li vie aux Qu.idrupèdes ovipares. Fran- çois Rédi a fait à ce lujet, enTofcane, des expériences dont nous allons rap- porter les principaux rélultats (d). II prit une tortue Grecque au commen- cement du mois de Novembre •, il fit une large ouverture dans îe crâne, & en enleva la cervelle, fims en laiiTer aucune portion dans la cavité qui la contenoit , & qu'il nettoya , pour ainli dire, avec foin. Dès ie moment que la cervelle fut enlevée, les yeux de la tortue fe fermèrent pour ne plus fc rouvrir : mars Tanimal ayant été mis en liberté , continua de fe mouvoir , 8c de marcher comme s'il n'avoit reçu aucun mal. A la vérité il ne s'avançoit , en quelque lorte , qu'en tâtonnant , parce qu'il ne voyoit plus. Après trois jours , une nouvelle peau couvrit l'ou- verture du crâne , êc la tortue vécut Siarfta (dj Offèrvaiioni di Francifco Redl, intorno Àt^il ammcAi v'weuti , chc (î troyaiiQ iiegli Qiilinali vknitU Kavuli , 1687, f. 126. I 8 4 Hijloire NaturdU ainli, en exécutant tous Tes mouvemerrs ordinaires julqu'au milieu du mois de Mai , c'eft-à-ûire , à-peu-prcs pendant fix mois. Lorfquclle fut morte Rédi examina la cavité du crâne d'où il avoit otc la cervelle , Se il n'y trouva qu'un petit grumeau de fang Çcc 8c noir *, il répéta cette expérience fur plulieurs tortues , tant terreftres que d'eau douce , êc même de mer*, 8c tous ces divers animaux vécurent fims cervelle pendant un nombre de jours plus ou moins confidérable. Rédi coupa enfuite la tête à une grolTe tortue Grecque , & après que tout le fang qui pouvoit s'écouler des veines du cou fe fut épanché , la tortue continua de vivre pendantpluiieurs jours 5 ce dont il fut facile de s'appercevoir par les mouvemens qu'elle fe donnoit , êc la manière dont elle remuoit les pattes de devant 8c celles de derrière. Ce grand Phylicien coupa auiîî la tête à quatre autres tortues , 8c les ayant ou- vertes douze jours après cette opéra- tion , il trouva que leur cœur palpitoit encore-, que le fang quireftoit à ranimai y entroit 8c en fortoit , de par confc- des Quadrupèdes ovipares. \ 8 j qucnt que la tortue étoit encore en vie. Ces expériences , qui ont été depuis répétées par plufieurs Phyficicns , ne prouvent- elles pas ce que nous avons déjà dit de la nature des Quadrupèdes ovipares ( ^ ) ? La tortue Grecque fe nourrit d'herbes , de fruits & même de vers, de lima- çons & û'infecbes -, mais comme elle n'a pas l'habitude d'attaquer des ani- maux qui aient du fan g, & de manger des poinbns comme la Bourbeufe que Ton trouve dans les Heuves & dans les marais , où la Grecque ne va point j les mœurs de cette tortue de terre font afTez douces •, elle eft aufïï paifible que fa démarche q^ lente -, Se la tranquillité de Tes habitudes en fait aifément un animal domeftique , que l'on peut nourrir avec du Ton éc de la farine, & que Ton voit avec plaiiir dans les jardins, où elle détruit les infedtes nuifîbles. Comme les autres tortues, & tous ^e) Voyez, h ïa tête de ce vofume, le Difcours fur- In nature des Quadrupède; ovipares* îS6 Hijîoirt Naturelle îes Qiicidrupèdes ovipares , elle peut fe pafTer de manger pcndcint très-long- tems. Gérard Blafius garda chez lut une tortue de terre , qui , pendant dix mois , ne prit abfolument aucune cfpcce de nourriture ni de boiiTon. Elle mourut au bout de ce tems , mais elle ne périt pas faute d'alimens , puiT- qu'on trouva fes inteflins encore remplis d'excrémens , les uns noirâtres, & les autres verts & jaunes : elle fuccomba feulement à la rigueur du froid [f]» Les Tortues Grecques vivent trcs- long-tcmps : Pd. François Cetti en a vu une en Sardaigne qui pefoit quatre livres, Se qui vivoit depuis foixante ans dans une maifon , où on la rcgardoit comme un vieux domeftique [g). Aux latitudes un peu élevées , les Grecques pafTent Thiver dans des trous fouterrains, qu'elles creufent même quelquefois , & où elles font plus ou moins engourdies , fuivc^nt ( f ) Qbfcn-atlous anaiomiques de Gérard BiapiUSy page 64. (g) HWo'iTt Naturelk des amphibks àf des j>o''Jf.Ss di la Sdfdjigiis j p. 9. des Quadrupèdes ovipares^ i 8 7 la rigueur de îa faifon. Elles le cachent ainlî en vSardaigne vers la fin de No- vembre {h). Elles fortent de leur retraite au prin- tems-, & elles s'accouplent plus ou moins de tems après la fin de leur torpeur , fui- vant la température des pays qu'elles habitent : on. a écrit & répété h'iQn des' fables ( i ) touchant l'accouplement de ces tortues , l'ardeur des maies , les craintes des femelles , &c. La feule chofe que Ton auroit du dire, c'ell: que les mâles des tortues grecques, ontreçu des organes très-grands pour la propagatian de leur efpèee \ auflî paroinent-ris re- chercher leurs femelles avec ardeur , & refTentir l'amour avec force -, on a même prétendu que , dans les contrées de l'Afrique ou elles font en très - grand nombre , les mâles fe battent fouvent pour la libre poÛeffion de leurs femelles *, & que dans ces combats , animés par un des fentimens les plus impérieux , ils (h) Hifloire NataTctU diS àmphihss Ùf des £oiJJhfls de la Sar daigne , /?• 9. (i. } Conrad G^ftrcr. • 1 8 8 Hif.olre Naturelle s'avancent avec courage , quojqu'avêc lenteur , les uns contre les autres , ^^ s*attaquent vivement à coups de tête (Jt), Le tems de la ponte des tortues Grec- ques varie avec la chaleur des contrées ciî on les trouve. En Sardaigne , c'eft vers la fin de Juin qu'elles pondent leurs œufs-, ils font au nombre »de quatre ou de cmq , & blancs comme ceux de pip-eon. La femelle les dépofe dans un trou qu'elle a creufé avec Tes pattes de devant; & elle les recouvre de terre. La cha- leur du folcîi fait éciore les jeunes tor- tues qui fortent de l'œuf dès le com- mencement de Septembre , n'étant pr.s encore plus grolles quum coque de noix (/). La tortue Grecque nevaprefque jamais à l'eau -, cependant elle eft conform.ée à l'intérieur comme les tortues de mer [ni) : (k ) M. Linné , à l'endroit d'jà cité. (l) Hifioire ISaturelle des amphibiss 6* des poijfu/ts ie la Sardaigne^ p. lo. fmj Gérard Blalius, en dilTéquant une tortue de terre, trouva Ion péricarde rempli d'une quan- tité coniide'rable d'eau limpide.^ Nous verrons * Obprvations anatomiques de Girard Blajlus , tagc 63. des Quadrupèdes ovipares, i 8 9 fi elle n'cft point amphibie de fait & par f^s mœurs , elle Teft donc jufqu'à un certain point par Ton organifation. On trouve la tortue Grecque dans preique toutes les régions chaudes & nicme tempérées de l'ancien Continent, dans TEurope méridionale , en Macé- doine, en Grèce, à Amboine, dans Tlle âç. Ccylan , dans les Indes , au Japon in ) , dans riile de Bourbon io) , dans celle deTAlceniion , dans les déferts de l'Afri- que : c'eft fux'-tout en Libie & dans les Indes que la ch.:ir de la tortue de terre eft plus délicate d: plus faine que celle de plu (leurs autres tortues ; & l'on ne voit pas pourquoi il a pu être défendu dans l'article du crocodile , que le péricarde d'un aUig?.tor , difféqué par Sloane , étoit également rempli d'eau. (a ) Hifcoire générale des P^oyageSj tome :\o,p. 382 , édlt. in- 12. (9) ««L'Iile de Bourbon abondoic autrefois en tortues de terre ; mais les vailTeHux en ont tant «t détruit , qu'il ne s'en trouve plus aujourd'hui m que dans la partie occidentale, où les habitan* *< même n'ont la periniiHon d'en tuer que pen- *< dant le carême. »» Foya^^e di la Barbinuii-U-C&ntU autour du monde. 190 Hijîoire Naturelle aux Grecs modernes 8c aux Turcs de s'ea nourrir. ^ Ce n'eil que d'après des obfervations qui manquent encore que Ton pourra déterminer h les tortues terreilres de l'Amérique méridionale , font différentes de ia Grecque {p)\ Ci elles y font natu- relles, ou il elles y ont été portées d'aii- ieurs. Dans cette même partie du monde, où elles font très-communes, on les prend avec des chiens drefiés à les chaffer. Ils les découvrent à la pifte , & lorfqu'ils les ont trouvées , ils aboient juiqu à ce que les challeurs foicnt arrivés. On les em- porte en vie -, elles peuvent peler de cijiq à (ix livres , & au-delà. On les met dans Un jardin, ou dans une efpèce de parc, on les y nourrit avec des herbes & des fruits -, & elles y multiplient beau- coup. Leur chair , quoiqu'un peu co- ( pj u}^ Y 2L des tortues de terre qui Te nomment 9> Saèiitis dans ia langue du Bréiii, & que les habi- »» tans du Para préfèicnt aux autres e^"pèces. Toutes »» le confervent plulieiirs mois hors de l'eau lans nourriture fenlible. « l:lijh'ne ^éncraU d^s l-''ovj^ei :, ti/int 53 > page 43^ ? ^(''^i' in-l'Z, des Quadrupèdes ovipares» i 9 i ricice , eft d'afTe^ bon goût -, les petites tortues croiiîent pendant fept ou huit ans -, les femelles s'accouplent quoiqu'elles n'aient acquis que la moitié de leur gran- deur ordinaire , mais les mâles ont atteint prefque tout leur développement lorf- qu'ils s'unrllent à leurs femelles -, ce qui paroîtroit prouver que, dans cette efpèce, les femelles ont plus de chaleur que les mâles ( ^ ) , & ce qui fembleroit contraire l'ardeur que les Anciens ont attribuée aux mSles , ainfi qu'à refpècc de retenue qu'ils ont ruppofée dans les femelles. A l'égard de l'Amérique feptentrro- nale , & des Illes qui l'avoilinent , il pa- roît que les tortues Grecques s'y trouvent avec quelques légères différences dépen- dantes de la diverfité du climat. Leur grandeur dans les contrées tem- pérées de l'Europe efl: bien au-deilous de celle qu'elles peuvent acquérir dans les régions chaudes de l'Inde. On a apporté de la cote de Coromandel , une tortue Grecque qui étoit longue de quatre pieds ' (q) Note commufiiquêe par M. ds la Bordi, I 9 i HîJIcire Naturelle êc demi, depuis l'extrémité du mufeau jufques au bout de la queue , & épaille de quatorze pouces. La tcte avoit fept pouces de long fur cinq de large , le cerveau Se le cervelet n'avoient en tout 0ue feize lignes de longueur fur neuf de largeur -, la langue , un pouce de lon- cueur , quatre lignes de largeur , une ligne d'épaiffeur *, la couverture fupé- ricure , trois pieds de long fur deux pieds de large. Cette tortue étoit mâle , & avoit le plaftron concave -, la verge , qur ctoit enfermée dans le re6tum , avoit neuf pouces de longueur, fur un pouce & demi de diamètre : la velïïe étoit d'une grandeur extraordinaire -, on y trouva douze livres d'une urine claire & limpide. La queue étoit très-groiïe -, elle avoit fix pouces de diamètre à Ton origine , & quatorze pouces de long. Après la mort de l'animal , elle étoit tellement inflexible , qu'il fût impofïïble de la redrefîer-, ce qui doit faire croire que la tortue pouvoit s'en fcrvir pour frapper avec force. Elle étoit terminée par une pointe d'une (ubftance dure comme de la corne 3 des Quadrupèdes ovipares, i 9 3 ^a corne (;-),& ailez iembLible h. celle que Ton remarque au bout de la queue de la tortue Scorpion. Les grandes tor- tues de terre ont donc reçu , indépen- damment de leurs boucliers, des armes otFenfivcs afTez fortes : elles ont des mâ- choires dures & tranchantes, nne queue &: des pattes qu'elles pourroient em- ployer à attaquer j mais comme elles n'en abufent pas , Se qu'il paroît qu'elles ne s'en fervent que pour fe défendre, rien ne contredit, Se au contraire tout con- firme la douceur d^s habitudes , & la tranquillité des mœurs de ia Grecque. L'on conferve, au Cabinet du Ror , là dépouille de deux tortues Grecques , qui étoient auiïï très-grandes 5 la carapace de l'une a près de deux pieds cinq pouces de longueur, 8c la féconde, près de deux pieds quatre pouces. Nous avons remar- qué au bout de la queue de la première, une callofité femblable à celle de ia tor- tue de Coromandel : nous ne croyons cependant pas que cette callolité foit un yrj Mémoires pour fenir à l'Hifloire Naturelle dès cnimaux , article delà tortue de Coromandel. Ovipares, Tome I, I î5)4 Hijioire Naturelle attribut de la grandeur dans les tortues Grecques -, nous avons vu en effet une dureté fcmblâble au bout d'une tortue vivante , qui étoit à-peu*prcs de la taille de celle que nous avons décrite au com- inencement de cet article : à la vérité, comme elle en difîéroit par la couleur vcrdatre Se allez claire de Tes écailles , il pourroit fe faire que cet individu , iur lequel nous n'avons pu recueillir aucun renfcignement particulier, confliiuat une variété confiante , dont la queue Teroit garnie d'une callofîté beaucoup plutôt que dans les tortues Grecques ordi- jiaires (s)* Le Cabinet du Roi renferme anfîî une tète de tortue de terre apportée de l'illê Rodrigue , & qui a près de cinq pouces de longueur. fsj Voyez l'Hiftoire Naturelle des tortues, par M. Schneider, imprimée à Leipfick en 1783 j page 348 , & l'obrervation de M. Hermann, favant y£ofçif«ur de Strasbourg, qui y eft rapportée. - d€s Quadrupèdes ovipares, i o j atsmanxu LA GÉOMÉTRIQUE i^). Cette tortue terrestre a beaucoup de rapports avec la Greccrue -, ies doigts bien loin d'être divifés , font réunis par une peau couverte de petites écailles , de manière à n'être pas difiingués les un? des autres & à ne former qu'une patte épaiife Se arrondie, au-devant de laquelle leurs extrém.ités font feulement indiquées par les ongles. Ces ongles lont aunombre de cinq dans les pieds de devant Se de quatre dans les pieds de derrière -, d'aifez grandes écailles recouvrent le bas des pattes , Sz comme elles n'y tiennent que fa ) La Géométrique. M. d'Aubzutou > Encyclovédi& méthodique. ' Teltudo geometrica, 13. Liiw. amphih. rept. Teftudo picta l'eu ftellata , Wormïus, mus. giT» Ray ^ Syiiopfii quadr. psga 259 , teftudo tefîeHaca minor. Teftudo tefta tefTeliata meijor. Grsty. mus. 36 j. tah. ^, fig. i àf 2. « Scba, mas l , tab. 80, fig. 3 £;* I. Teltudo geometrica j 13. SchimdcT. ic)8 Hijloire Naturelle vant ce Voyageur , naturelle au con- tinent de l'Amérique , mais cependant très-commune à la Jamaïque ou on en. porte fréquemment. Sa carapace eft cpaiile ^ a fouvent un pied & demi de long r la furface de cette couverture eft divifôe en hexagones oblongs v des lignes déliées partent de leurs circonférences & s'éten- dent Jufqu a letu*s centres qui font jaunes. Nous penfons auffi que cette hécate de Êrown 5 ainfi que la Géométrique font peut-être la même efnèce que la Terra-- pêne dç Dam^r^;^^.. '£es Terrapênes de ce "^^'r.gïîtetir font beaucoup moins groffes ^ue" les tortue? qu il. lioumie A^ff f:: , ^ qui font les Terrapênes de Brown , ainfi que nousFavons dit. Elles ont le dos plus 3^nd , quoique d'ailleurs elles leur ref- femblent beaucoup. Leur carapace eft comme naturellement taillée , dit ce (Voyageur -, elles aiment les lieux hu- mides &: marécageux. On eftime leur chair *, il s'en trouve beaucoup fur les, côtes de l'Ifle des Pins , qui eft entre le continent de l'Amérique & celle de Cuba *, elles pénètrent dans les forêts , oi\ ks chaffçurs ont peu de peine à h%. des Quadrupèdes ovipares, 199 prendre. Ils les portent à leurs cabanes ^ & , après leur avoir fait une marque fur la carapace , ils les laiifent aller dans les bois , bien affurés de les retrouver à il peu de di fiance , qu'après un mois de chalfe 5 chacun reconnoît les /îennes , 8c les emporte à Cuba ( d). Au refte , nous ne cefferons de le repéter, Thiftoire des tortues demande encore un grand nombre d'obfervations pour être entiè- rement éclaircic, nous ne pouvons qu'in- diquer les places vuides , montrer la manière de les remplir , & fixer les points principaux autour defquels il fera aifé d'arranger ce qui refte à découvrir* WlÊtiÊmÊiiimÊmt0mma^Ê»tm^mm»mmmmtÊÊmmmi^» ( cz// ■ -1 o o > i, J i.-_ri LyfUU/Uil-C - i.I..^ RABOTEUSE. 2 XA BOtJSS.\TFE./'^ii/:2 des Quadrupèdes ovipares, i o r tonné pardevant -, le milieu en étoit un peu concave dans l'individu que nous avons décrit, & qui avoit prcs de trois pouces de long , depuis le bout du mu- leau juiqu'à l'extrémité de la queue, fur près de deux pouces de largeur (Z>). Sui- vant Séba , la Raboteufe ne devient jamais plus grande. Cette tortue a cinq ongles aux pieds de devant , Se quatre aux pieds de der- rière , dont le cinquième doigt cft fans ongles -, la queue ell; courte -, la couleur de la tête , des pattes Se de la queue rei^ femble beaucoup h celle de la carapace *, elle eft d'un blanc tirant fur le jaune , varié par des bandes & des taches brunes, mais plus larges en certains endroits , Se fur-tout fur la tête , que celle que Ton voit fur la couverture fupérieure. C'cft dans les Indes orientales , Se particulièrement à Amboine qu'habite cette tortue, qui appartient aufîî au nouveau monde, Sz y vit dans la Caroline. f b J Cet individu Ïmz partie da la colleâ:ion du Cabinet du Roi. I V aOi Hifoîre Naturelle LA DENTELEE («). V^ETTE TORTUE n'cit conniic que par ce qu'en a rapporté M. Linné j Tes doigts ,. au nombre de cinq dans les pieds de devant, & de quatre dans ceux de derrière,. ne font pas féparés les uns des autres ;. ils fe réuni lient de manière à former une patte ramaflée & arrondie , comme- belles de beaucoup de tortues terreftres. La couvertiu'e fupérieure a un peu la forme d'un cœur , fon diamètre elî ordi- nairement d'un ou deux pouces 5 les bords en font dentelés y 8c comme déchirés» Les lames qui la couvrent font hexagones,, relevées par des points faillans -, & lent couleur eft d'un blanc file. On trouve cette tortue dans la Virginie. (aJLd. DenteUe.^ M, d'Jubcnton, EncydopéiljL. ■jnéthodiqut. Teftudo" diênticufata,"9, L'um. amphib, rtpt'iL. . îcfiudo^ecticulata, 17, iyc/2//e;Vty, ^^^/v des Quadrupèdes ovipares. 20? LA BOMBÉE i^). O N R E N c o N T R E Jins les pays chauds , fuivant M. Linné, cette tortue qui doit être terreftre, & qui eft difnngtiee de autres en ce que les doigts de les pieds ne font pas réunis par une membrane, que fa couvei-ture fupéneure eft Dombe* , que les quatre lames antérieures qui Lniffentledos font relevées en are e & que le plaftron ne prefente aucune échancrure. Nous avons vu dans la col- ledion de M. le Chevalier de la MarcK , Ïne carapace & un plaftron de cette tor- tue. La carapace avoitfix pouces de long, Sr rixpaucL& demi de large LaW devoir avoir deux pouces fept lignes d'épaiffeur-, le difque ^^^ gf "^^^"f ^,^ hmes légèrement ftriées , les bords de (■ « j La Bombée.. M. d'Juknm . Encychiidh mcthodique, . ,. Teftudo carinata, 12. Lwn. amph. repU ï V) 2 04 Hijloin Naturelle carapace étoit d'un brun verdatre, fur lequel des raies jaunes s'ctendoient en tout fens. Les couleurs de la torute Jaune font prefque feniblables , mais elles font difpoiées par taches, & non pas par raies , comme celles de la Bombée -, ie plaftron étoit jaunâtre. w LA VERMILLON i'^). Au CAP de Bonne-efpérance , habite une petite tortue de terre , que Worm a vue vivante , & qu'il a nourrie pendant quelque tems dans Ton jardin. Des mar- (a) La Bande blanche. M. d' Auoenton ^ Eiicy- tlopcdie méthodique. Teftudo pvifilla, 14. Linn. amphib. rept. Teftudo terreftris puûlla , ex Indiâ orientaii , Worm. mus. 333. Teftudo v^rginea, Grew. mus, 38, Tab. 7,^f- 3. Rny , Synopfis guadrupsdum , page 259. Teftudp lerreitris puliUa ex India orientaii. Geo'^c Edwards, Hifîolre Naturelle des Oifeaux , Londres^ 1751- Teftudo teflcllata minor Africana. The African land Tortoife, leltudo puûlla j 15. Schmider, des Q^aaJrupèles ovipares. 205 chands la lui avoîent vendue comme venant des grandes Indes , ou il le peut en efîet qu'on la trouve. La cou- verture fupérieure de cette petite & jolie tortue , eft à peine longue de quatre doigts -/les lames en font agréablement variées de noir , de blanc , de pour- pre , de verdâtre & de jaune > & lorf- qu'elles s'exfolient, la carapace préfente à leur place du jaune noirâtre. Le pla.C tron ert: blanchâtre, & fur le fbmmet de la tête, dont on a comparé la forme à celledelatéte d'un perroquet, s'élève une protubérance d'ime couleur de vermillon mélangé de jaune. C'eft de ce dernier caradtère , par lequel elle a quelque rap- port avec la naiicorne , que nous avons tiré le nom que nous lui donnons. Les pieds de cette tortue font garnis de quatre ongles, & d'écaillcs trcs-dures •, les cuilles font revêtues d'une peau qui refîemble à du cuir -, la queue eft effilée & trcs- courte. La Nature a paré cette tortue avec foin -, elle lui a donné la beauté : mais , en la réduifint à un très-petit volume, elle lui a oté prefque tout l'avantage du bouclier naturel fous lequel 2o6 tJîflo ire Natii relie elle peut fc renfermer : car il paroît qu'orc doit lui appliquer ce que rapporte Kolb- de la tortue de terre du Cap de Bonne- efpérance. Suivant ce Voyageur, les grands aigles de mer, nommés Orfraie y font très-avrdes de la chair de la tortue i malgré toute la force de leur bec & de leurs ferres , ils ne pourroient brifer fa dure enveloppe, mais ils Tenlèvent aifémcnt-, ils remportent au plus haut des airs 5 d'où ils la laiiîent toinbcr à plu- licurs reprrfes fur des rochers très-durs : la hauteur de la chute & la très-grande TÎteffe qui en rérulte,produi(ent un choe violent-, & la couverture de h. tortue bientôt brifée, livre en proie à f aigle •carnacier l'animal quelle auroit m.is à couvert, fi un poids plus confidérable avoit réilfté aux efforts de Taigle, pour l'élever dans les nues (/>). De tous les tems on a attribué le même inftindt aux aigles de l'Europe, pour parvenir à dévorer les tortues grecques -, Se tout le monde fiit que les anciens fe font plu à raconter la mort > I !■ I I I r {bj. Voyage, dt Kolb ott Kolb en , roL 2, p» içS» âeSr Quadrupèdes ovipares, 207 ilngulière du fameux pocte Efchyle ,. qui fut tué , dit-on , par le choc d'une tortue, qu'un aigle lailTa tomber de trcs- haut fur fii tête nue {c). La tortu-e Vermillon n'habite pas feulement aux environs du Cap deBonne^ efpérance -, il paroît qu'on la rencontre aulîî dans la partie feptentrionale de l'Afrique. M. Edwards a décrit im individu de cette efpèce , qui lui avoit été apporté de Sancia-Crux y dans la Barbarie occi- dentale {d)*. (c) Voytx Conrad Gefiier y Imi, Il dis Quadrupède ^i^ipares, article des Tortues. ( dj G&orgi Edwards y owrage d^jà cité j p. 204, io8 Hijioire Naturelle LA COURTE-QUEUE (^}. On trouve à la Caroline cette tortiie terrcftre , dont la tête & les pattes font recouvertes d'écaillés dures , femblables à des calloiités. Les doigts font réunis -, elle a cinq ongles aux pieds de devant, Se quatre à ceux de derrière. Un de fcs caractères diftinc^ifs , efl: d'avoir la queue des plus courtes *, mais elle n'eft pas abfolument fins queue , ainii que Ta dit M. Linné. La couverture fupérieure échancrée pardcvant en forme de croif- Tant, n'offre point de dentelures fur les (a) La Courte- queue. Ai. d' Jubenton ^ Ency- êlopedie méthodique. Teltudocarolina, ii , Linii. amphib. rept. George Edwards , Hijïoiie h^ainrelle des oifcaux ^ •p. 205. Teftudo teflellaca minor Carolinenfis. Teftucio pedibus digitatis callofo-fquamoris , tefia ovali fubconvexa , l'cuteliis p^anis Itriatis medio punâatis. Grou. Zoopb. , 17. N.° 77. Seha mvf. 1. Tab. 'éo^fig. i , Teftudo ter reftris major Americana. Tertudo carolir^a, 7 , Schneider. Tcmt- . j' . -Pc- T^I .t?a.c/ ■ 20 i.LA CHAGRINEE . 2. LA :N"OIRATRE ^^. 21'b des Quadrupèdes ovipares, lo^ bords , & les lames qui la garnirent, font larges, bordées de ftries, & pointiUecs dans leur milieu. Ilparoît que la Courte- queue devient allez grande. On confervc au Cabinet du Roi une carapace de cette tortue ', elle a dix pouces hx lignes de long, & huit peuces dix lignes de large. LA CHAGRINÉE. Nous DONNONS cc nom à une nouvelle efpèce de tortue apportée des grandes Indes au Cabinet du Roi , par M. Sonnerat. Elle eft très-remarquable par la conformation de fa carapace qur. ne reffemble à celle d'aucune tortue con- nue. Cette couverture fupérieure a trois pouces neuf lignes delongueur , fur trois pouces fix lignes de largeur-, elle paroit compofée , pour ainfi dire , de deux ca- rapaces placées l'une fur l'autre , & dont celle de deilus feroit plus étroite & plus courte. Cette efpèce de féconde carapace, qui repréfente le difqKC , eft longue de deux pouces huit lignes , large de deux 2 I o HiJ?cire Nature lie ponces 5 un peu raillante , ofleufe , par- femée d'une grande quantité de petits points qui ia font par oître Chagrinée ; & c'eft de-la que nous avons tiré le nom de i'anïmaî. Ce difqiie^ efl compofe de vingt-trois pièces , qui ne font recou- vertes d'aucune écaiile.Seize de ces pièces , plus larges que les autres , font placées fur deux rangs léparés vers la tête par une troifième rangée de lîx pièces plus petites -, Se ces trois rangs fe réunrlfent à une dernière pièce , qui forme la partie antérieure du difque. Les bords de la carapace font cartilagineux Se à demi- tranfparens •, ils laiilent appercevoir les cotes de Tanimal , le long defquellcs cette partie cartilagineufe e(i un peu re- levée, & qui font au nombre de huit de chaque coté -, ces bords font par» derrière prefque aufîî large que le difque. Le plaftron eft plus avancé pardevant êc parderrière que la couverture fupc- rieure -, il eil un peu échancré pardevant, cartilagineux , tranfparent êc garni de fept plaques offeufes, chagrinées, fem- biables aux pièces du dilque, différentes cûtr'elles par leur grandeur 6c par Leur ies Quadrupèdes ovipares. 2 i i figure, placées trois vers le devant, deux vers le milieu , & deux vers le derrière du plaftron. La tête refTemble à celle des tortues d'eau douce -, les rides de la peau qui environne le cou , montrent que Tanimal peut l'alonger facilement. Comme nous n'avons rien appris relativement aux habitudes de cette tortue , & comme les pattes & k queue manquoient à l'in- dividu que nous venons de décrire , nous ne pouvons point dire fi la Cha- grinée ell terreftre ou d'eau douce.^ Ce- pendant comme fa couverture fupérieure n eft prefque pas bombée , nous préfu- mons que cette tortue fingulière çft plutôt d'câtt 'douce qpê de terre.. ^.\ufe '%|^ 2 1 1 Hifloire Naturelle LA ROUSSATRE. C Kii 110 Hijloire Naturelle verra les raifons à l'article particulier du Dragon. La huitième dîvifion enfin comprend flx efpcces de lézards , parmi lefquelles nous rangeons la Salamandre terreftre & la Salamandre aquatique. Toutes les fix font diftinguées des autres, en ce qu'elles ont trois ou quatre doigts aux pieds de devant , & quatre ou cinq aux pieds de derrière. Nous laiffons exclu- sivement à ces animaux , le nom de tS^/a- ynandre , qui a été fouvent attribué à pluheurs lézards, très^diftérens des vraies Salamandres , & même très^diftérens les uns des autres *, ils ont beaucoup de rap- ports» avec les grenouilles & les autres Quadrupèdes ovipares qui n'ont pas de queue *, ils leur reffcmblent non-feule- ment par leur peau dénuée d'écaillés ap- parentes, mais encore par leurs habitudes, par les efpèces de métamorphofes qu'ils fubifîent avant de devenir adultes , &: par le féjour, plus ou moins long, qu'ils font au milieu des eaux. Ils s'en rapprochent encore par leurs parties in- térieures , & par la forme & le nombre de leur^ q^. S'ils ont des vertèbres cer^ des Quadrupède s ovipares, m vicales , de même que les autres lézards 5 ils manquent prcfque tous de côtes , comme les grenouilles, 8c ils font ainfî la ilitance qui réunit les Quadrupè- des ovipares qui ont une queue avec ceux qui en font privés : prefque tous les lézards n'ont que deux ou quatre vertèbres cervicales ', mais le crocodile placé 5 par fa grandeur & par fa puif- fance , à la tcte de ces animaux , ôc occu- pant 5 dans la chaîne qui les réunit , Textrémité oppofée à celle où fe trouvent ies Salamandres , a fept vertèbres au cou, comme tous les Quadrupèdes vivipares. Il lie par-là les lézards avec ces animaux mieux organifés ; pendant que , d\m autre côté , il les rapproche des tortues de mer par une grande partie de fes ha* bitudes & de fa conformarion. i^^^fe^ ♦ Kiiî 2,2 2 HiJIoire Naturelle t^^^TD^^i^^ -». V ::> PREMIERE DIVISION. LEZARDS Dont la queue ejî aplatie y & qui ont us avons penfé qu'ils font abolument des Quadrupèdes ovipares, ii^ de la même efpèce que ces crocodiles d'Egypte -, ils ne préfcntent aucune diiierence remarquable, qui ne puilîe être rapportée à l'influence du climat. En efFet, Il leurs mâchoires font quelque- fois moins alongées , elles ne diftèrent jamais aflez, par leur raccourcifTemcnt , de celles des crocodiles du Nil, pour que les Caymans conftituent une efpèce diftincfte , d'autant plus que cette dif- férence eft très-variable , & que les crocodiles d'Amérique refîemblent autant à ceux du Nil par le nombre de leurs dents , qu'un individu reHemble à un autre parmi ces derniers crocodiles. On a prétendu que le cri des Caymans étoit plus foible , leur courage moins 2:rand ^ & leur longueur moins confidérable 9 mais cela n^eft vrai tout au plus que des crocodiles de certaines contrées de l'A- mérique , & particulièrement des côtes de la Guiane. Ceux de la Lcuiiiane font entendre une forte de mugifie- ment pour le moins auiïi fort que celui des crocodiles de l'ancien continent^ qu'ils furpailent quelquefois par leur grandeur & par leur hardieifc, tandis Kv zi6 Hljloire Naturelle p^^^î 287 cf fuiyams, K y ^28 Hijloire Naturelle tous les pays , quatre glandes qui rcpan^ dent une odeur de mufc bien feniîbîe. Les grands lézards que Dampier a voulu comprendre parmi ces animaux , n'en ont point , fuivant lui -, nous avons donc ime nouvelle preuve que ces lézards de Dampier ne forment pas une quatrième efpèce de crocodiles. Nous allons examiner de près les trois efpcces que nous croyons devoir compter parmi ces lézards géans , en commençant par celle qui habite les bords du Nil, &: qui eft la plus anciennement comme. Ti^r/i . /. -/y. Vnr.^cu/: 23g X. LE CRO C ODILE . 2 . LE GAVIAL .^a^. 286'. âes Quadrupèdes ovipares, ii^ ^^ LE CROCODILE, OU LE CROCODILE PROPREMENT DIT (a), La Nature, en accordant à Taigle les hautes régions de Tatmolphère , en don- nant au lion, pour fon domaine, les ^» I (a) KpoKoliiu? & f^tixo)if Alligator, y)/r Us côtes d*Jfriqm, Diaûk, par les Nègres du SéiiégaU Cayman , en Amérique. Takaie, par les Siamois. Lagartor , dans l'Inde , par les Portugais» Jacare, au Bréjil. Kimbuta, dans l'Ish de. Ceylan^ félon Ray. Leviathan de l'écriture, fuivanc Scheuchzer? fhyjique de Job, Champ fan , en Egypte, Kimfak , en certaines provinces de la Turquie. Le crocodile. M. d'Jubenion^ Encyclopédie métho» Sque, Lacerta crocodiî»us. i. Linn. amphih. reptil, Gromv. mus. page 74 , N,° 47 , crocodilus. Couradi Gefneri , Hi florin anima'iuni y lib. II, àe Quadrup. ovip. crocodilus. j4ldT0v. aquat. 677 , crocodilus, Siba, I. Tab, 103 6* 104, ^1- ^50 HlJIoire Naturelle vaftes déferts des contrées ardentes, abandonné au crocodile les rivages des mers & des grands fleuves des zones torrides. Cet animal énorme, vivant fur les confins de la terre ôc des eaux, étend fa puifiance fur les habitans des mers , & lur ceux que la terre nourrit. L'emportant en grandeur fur tous les Bdlon. nquat. 4T , crocodiîus. Crocodilus^ Broivn , page 461. Crocodikis, 5i7rrèr^, 152. Crocodiius> Jobi Ludolphi commen tarins. Crocodifus, Profper Alpin, Lugduni Batavorum Î735 , toim l, chap, K. JoiiJÎ. Qiiiidr. , taL 79 ^ fig- ^ > crocodiîus. Crocodiîus NHoticus , crocodiîus Americanus^ crocodiîus Africanus , crocodiîus terreftris. Laumiti Jpec'niien madicum , &c^ yiznm^ 1768, pages ^"i^ &* 54^ ^M. Laurenti, favant Naturalifte, qui a tait con- iioître plufieurs efpèces nouvelles de Quadrupèdes ovipares, auroit certainement regardé, comme de Jaméme efpccc , les quatre individus que nous venons d'indiquer, s'il ne s'en étoit point rapporté à Séba^. Roy, Quadr. 261 , Lacertus Maximus. Bout. jav. tah. 55, crocodiîus cayman. Ohar, mus. 8 , tah. 'J > fig- 3 ^ crocodiîus. Valiiftn. Nat. i , tab. 43. Catcshy, HlJIoire Naturels di la Caroline , vol. tp Lac ei tus Muximus, des Quadrupèdes ovipares, 231 animaux de (on ordre , ne partageant fa fiiblillance ni avec le vautour, comme î 'aigle , ni avec le tigre , comme le lion, il exerce une domination plus abloiue que celle du lion & de l'aigle -, & il jouit d'un empire d'autant plus durable , qu'appartenant à deux élémens , il peut échapper plus aifément aux pièges *, qu'ayant moins de chaleur dans le iang, il a moins beioin de réparer des forces qui s'épuifent moins vite •, & que pouvant réhrter plus long-tems à la faim , il livre moins fouvent des com.bats hafardeux» Il kii-pafTe, par la longueur de fcn corps , & l'aigle Se le lion , ces fiers rois de l'air & de la terre -, & ii l'on excepte les très-grands quadrupèdes , comme l'éléphant, l'hippopotame, &ic. & quelques fei-pens démefurés , dans lei quels la Nature paroi t fe complaire à prodiguer la matière, il leroîtleplus granddes animaux, 11, dans le fond des niers dont il habite les bords , cette Nature pulTante n'avoit placé d'immenfes cétacées. Il eftà remar- quer qu'à melure que les animaux font deflinés à fendre l'air avec rapidité, à marcher fur U terre, ou à ciagler au 2 3 i HiJIoire Naturelle milieu des eaux, ils font doués d*un-e grandeur plus confidérabie. Les aigles & les vautours font bien éloignés d'égaler en grandeur le tigre , le lion , & le chameau -, à mefure même que les qua- drupèdes vivent plus près des rivages, il femiDle que leurs dimenfions augmen- tent, comme dans l'éléphant & dans rhippopotame, & cependant, la plupart des animaux quadrupèdes, dont le vol- ume eft le plus étendu , font moins grands que les crocodiles qui ont atteint le dernier degré de leur développement. On diroit Que la Nature auroit eu de îa peine à donnera de très-grands animaux des refforts afTcz puifTans pour les élever au milieu d'un î'iément auffi léger que Tair, & même pour les faire marcher fur la terre, & qu'elle n'a accordé un vohurie, pour ainfi dire gigantcfque, aux êtres vivans & animés, que lorfqu'ils ont dû fendre l'élément de Teau, qui, en leur cédant par fa fluidité, les a foutenusparrapefanteur.L'artderhomme, qui n'eft qu'une application des forces de la nature , a été contraiiit de fuivre la mêrnc progreflion^ il n'a pu faire ies Quadrupèdes ovipares, 233 bouler fur la terre que des mafTes peu conlidérables -, il n'en a élevé dans les airs que de moins grandes encore -, & ce n'eft que fur la Turflice des ondes .qu'il a pu diriger des m^ichines énormes. Mais cependant comme le crocodile ne peut vivre que dans les climats très- chauds , & que les grandes baleines , &c. fréquentent de préférence, au contraire, les régions polaires , le crocodile ne le cède en grandeur qu'à un petit nombre des animaux qui habitent les mêmes pays que lui, C'eft donc allez fouvent fins trouble qu'il exerce Ton empire fur les Quadrupèdes ovipares. Incapable de defîrs •très-ardens , il ne relient pas la férocité (/>). S'il fe nourrit de proie \ s'il dévore les autres animaux *, s'il attaque même quel- quefois l'homme, cen'efl: pas, comme on l'a dit du tigre, pour aîTouvir un appétit cruel , pour obéir à ime foif à^ .Gng que rien ne peut étancher , mais uniquement pour fatî^ifaire des beloins d'autant plus impérieux, qu'il doit entretenir unemifîe plus conildérable. Roi dans Ton domaine. (h) Ariftote eft le prçmiec Naturalifte qui l'ai* reconnu. 2 34 Hijîoire Naturelle comme Faigle 8c le lion dans les leurs 5 il a, pour ainh dire, leur noblefle, en mémc-tems que leur puiilance. Les ba- leines , les premiers des cétacées auxquels nous venons de le comparer , ne dc- truifent également que pour fe conferv'er ou le reproduire-, & voilà donc les quatre grands dominateurs des eaux , des rivages , des déferts & de Tair , qui réunifient à la fupériorité de la force, une certaine douceur dans l'inftinct , & laillent à des efpèces inférieures, à des tîrans iubalternes, lacrUcautéransbefoin, La forme générale du crocodile ell aiïez femblable , en grand, à celle des autres lézards. Mais Ci nous voulons fiifir les caractères qui lui font particuliers, nous trouverons que fa tête efl: alongée, aplatie, ôc fortement ridée-, le muieau gros &: un peu arrondi -, au-defTus cft un efpace rond, rempli d'une fubfbance noirâtre, molle & rpongieufe, ou font placées les ouvertures des narines •, leur forme efl: celle d'un croitlant, & leurs pointes font tournées en arrière. La cueulc s'ouvre julqu'au-delà des oreilles ^ les mâchoires ont quelquefois plulicurs des QuadrupèJts ovipares, 235 pieds de icngueiir-, Tinférieure cil ter- minée de chaque cote par une ligne droite -, mais la fupéricure eft comme tcftonnée -, elle s'élargit vers le gotier , de manière à déborder de chaque coté la michoire de defTous^ elle fe rétrécit enfuite, êc la laille dépalîer juiqu'ùu jnufeau , ou elle s'élargit de nouveau , 3c entermc , pour ainii dire 3, la mâchoire inférieure. Il arrive de-là que les dents placées aux endroits où une mâchoire déborde^ l'autre , paroiiTent à l'extérieur comme des crochets ou des efpèces de dents canines : telles font les dix dents qui garnillent le devant de la mâchoire fupé- rieure. Au contraire , les deux dents les plus antérieures de la mâchoire inférieure, non-leulement s'enfoncent dans la mâ- choire de deilus iorfque la gueule efl fermée , mais elles y pénètrent il avant , qu'elles la traverfent en entier, & s'élèvent au-deilus du mufeau , où leurs pointes ont l'apparence de petites cornes -, ce[i ce que nous avons trouvé dans tous les indi- vidus d'une longueur un peu confidé- rable que nous avons ex.iminés. Cela cft t^6 Uijloire Naturelle même très-fenfible dans un jenne cro- codile du Sénégal , de quatre pieds trois ou quatre pouces de long, que Ton conferve au Cabinet du Roi. Ce caractère remirquable n'a cependant été indiqué par perfonne, excepté par les Mathéma- ticiens Jéfuites 5 que Louis XIV envoya dans rOrient , & qui décrivirent un crocodile dans le Royaume de Siam (r). Les dents font quelquefois au nombre de trente-fîx dans la mâchoire Tupérieure , &: de trente dans la mâchoire inférieure , mais ce nombre doit fouvent varier. Elles font fortes , un peu creules , flriées , coniques , pointues , inégales en lon- gueur {d)^ attachées par de grofTes raci- nes , placées de chaque côté fur un feul rang , & un peu courbées en arrière , principalement celles qui font vers le bout du mufeau. Leur difpofition efl telle que , quand la gueule efl: fermée , elles pahent les unes entre les autres : îes pointes de pîufieurs dents inférieures ( cj Mémoire pour fervir à l'Bijloire NaturelU des gnimcux , tome 3. ('d J Ce font les plus longues que Pîine appelle Canines. H^poire Naturelle y liv. XI j cbap.ixi. des Quadrupèdes ovipares, i^j occupent alors des trous creufés dans les gencives de defîUs , & réciproquement. MM. les Académiciens qui diiîéquèrent un très-jeune crocodile , amené en France en 1681, arrachèrent quelques dents, & en trouvèrent de très-petites, placées dans le fond des alvéoles -, ce qui prouve que les premières dents du croccxîile tombent , E< font remplacées par de nou- velles , comme les dents incifives de l'homme (^ de pluiieurs Quadrupèdes vivipares ie), La mâchoire inférieure eft la feule mobile dans le crocodile, ainfi que dans les autres Quadrupèdes. Il iufiit de jeter les yeux fur le fqaelette de ce grand lézard , pour en être convaincu , malgré tout ce qu'on a écrit à ce fujct if). Dans la plupart des vivipares , la mâchoire inférieure , indépendamment du mouvement de haut en bas , a \\\\ mouvement de droite à gauche , & de p-auche à droite, néceilaire pour la tri- (t) Mémoires pour fervir à l'HijIoire Naturelle d^ gnimaux , tome 3 , article du crocodile^ (f) Lahat,iol.2, p. 344. flajp Syn'jpjli anlmalium, p, 262» 2 3 8 Hïjloire Naturelle turation de la nourriture. Ce mouvement a été rehifé au crocodiie, qui d'ailleurs ne peut mâcher que difficilement fa proie , parce que les dents d'une mâchoire ne font pas placées de manière à rencon- trer celles de l'autre : mais elles retien- nent ou déchirent avec force les animaux ou il faifit , & qu'il avale le plus fouvent Kns les broyer (g) : il a par-là avec les poifTons un trait de rellemblance , auquel ajoutent la conformation & la pofition des dents de pluiieurs chiens de mer , afîez femblables à celles dçs dents du crocodile. Les anciens {h) ^ Se mêm.e quelques modernes fi), ont penfé que le croco- dile n'avoit pas de langue ^ il en a une cependant fort large , & beaucoup plus Cg) 4« Le crocodile avafe Tes alimens fans ies M mâcher & fans ies mêler avec de h ù.uve : il »> les digère cependant avec facilité, parce qu'il >» a en proportion une plus grande quantité de bile & de fucs digeftifs qu'aucun autre animal. »» ycyei le J^oyageen Palejlim ^ par HafplquijQ , p. '^.\6. (h) Vcyei Pline t l'iv. XI, chap. LXf^ (ij Hijloirc naturelle de la Joma'bquz , pege^^ït des Qtiadrupèdts ovipares, 239 cônildérable en proportion que celle du bœuf, mais qu'il ne peut pas alonger ni darder à l'extérieur , parce quelle eft att.ichée aux deux bords de la mâchoire inférieure , par une membrane qui la couvre. Cette membrane eft percée de plulieurs trous , auxquels aboutifTent des conduits qui partent des glandes de la langue (^). Le crocodile n'a point de lèvres ; auffi 5 lorfqu'il marche ou qu'il nage avec le plus de tranquillité , montre-t-il Tes dents , comme par furie -, & ce qui ajoute à l'air terrible que cette confor- mation lui donne , c*eft que Tes ^eux étincelans , très-rapprochés l'un de l'autre , placés obliquement , & préfentant une forte de regard finiftre , font garnis de deux paupières dures , toutes les deux mobiles ( /) , fortement ridées , furmon- tées par un rebord dentelé , & , pour ainll dire, par un fourcil menaçant. Cet ( k) Mémoires pour ftrv'ir à l'Hljhire naturelle des animaux , article du crocodile. , flj Piine a écrit que fa paupière inférieure du crocodiie étoit feule mobile i mais l'obfervution eft jiûmraire à cette opinion. 240 HiJIoire Naturelle afped affreux n'a pas peu contribué , fans doute , à la réputation de cruauté infatiabie que quelques Voyageurs lui ■ ont donnée : fes yeux font auffi , comme ceux des oifeaux , défendus par une membrane clignotante , qui ajoute à leur force {m). Les oreilles , fitviées très-près Se au- defTus des yeux , font recouvertes par une peau fendue êc un peu relevée , de ma- nière à repréfenter deux paupières fer- mées , Se c'eft ce qui a fait croire à quel- ques Naturaliftes que le crocodile n'avoit point d'oreilles , parce que plufieurs au^ très lézards en ont louvcrture plus fen- fible. La partie fupérieure de la peau qui ferme les oreilles , eft mobile -, Se lorl^ qu'elle eft levée , elle laide appercevoir îa membrane du tambour. Certains Voya^ gcurs auront apparemment penfé que cette peau , relevée en forme de pau- pières , recoiivroit des yeux -, Se voilà pourquoi Ton a écrit que Ton avoit tué des crocodiles à quatre yeux (/i). Quel- (m J Brown , HiJIoire nalurdU de la Jamaïque , pa^e 46 i. (n) Jlijloire des Mofvqnzitî'w. Il , pags 116. qUQ des QuaJrupèJes ovipares. 241 que^ peu proéminentes que ibrent ces oreilles , Hérodote dit que les habitans de Memphis attachoient des efpcces de pendans à des crocodiles privés qu'ils nourriiloient. Le cerveau des crocodiles efl trcs-petit (o) . La queue eft trcs-longue -, elle cft , à fon origine , auffi grofîe que le corps dont elle paroît une prol on jtTati on -, fa forme aplatie, & ailez femblable à celle d un aviron , donne au crocodile une grande facilité pour fe gouverner dans Feau , & frapper cet élément de manière à y nager avec vîtefTe. Indépendamment de ce fecours, les doigts des pieds de derrière font réunis par des membranes , dont il peut fe fervir comme d'efpèce» de nageoires : ces doigts foiit au nombre de quatre -, ceux des pieds de devant , au nombre de cinq -, dans chaque pied, il n'y a que les trois doigts intérieurs qui foient garnis d'ongles, &ïâîongueurdeces ongles tfl ordinairement d un ou deux pou?es. La Nature a pourvu à ia sûteté des ••«kMMrtMkii foj Mémoires pour fervir à VHifloire naturelle ■> On peut comparer ces détails avec ceux que donne Han'elquift dans fon Voyage en Palefiine; fa^e 344 & l'uiy. L iv 2^S Hijîoire Nature fîe favorables, comme lescôtesdekGuiane, leur longueur ordinaire ne s'étend pas au-delà de treize ou quatorze pieds (i/j. (itj Brown prétend que fes crocodiles par- Tiennent fouvent à 1h longueur de quatorze ù Tingt-quatre pieds. Ilijl. nat. dz la Jama^iie^p 461. Les crocodiies, ou aili^ators, lent trû:-communs fur fes côtes & dans les rivières profondes de b Jamaïque , otï on en prit un ds dix- neuf pieds «le lorg, dont on offrit la peau comme une raietu à Sloaue. Voyage uux hUs Madàe , Baroade , di Id Jamù'iq:!Q , çfc. pur S'oane j vol. 2, poR^^^l. »• La rivière du Sénégal abofitfe, auprès de >* Ohiun , en crucodiJes , beaucoup plus gros & p!u» »» dan|72rei'}{ que ceux qui fe trouvent \\ l'tm-r fi LoUvhiiîe. Les îaptots du Générai en prirent un »» de vingt-cinq pieds de long, à la joie extrême M des habitans, qui fe Ijgurérer.t que c'étoit le •»' père de tous (es autres, & que fa mort jettercit l^effroi parmi tous ie? monfires de fa race, a Second yoy:iire du Ji:ur Brus fur /e Se/iégal. Hijhire générale des f^cya^ts. Quelques Voyageurs ont attribué une grandeur plus confidérable au crocodile. Earbot dit qu'il s'en eft trouvé drais le Sénégal & dans la Gambie ^ qui n'avoient pas moins de trente pieds de lora : fuivant Smith , ceux de Sierra— Léona ont la même longueur. Jobfon parle aufii d'un crocodile de trente-trois pieds de long; mais comme il n'avoit mefuré que la trace que cet animal avoit laiffée fur le fabie , fon témoigniige ne doit pas être eouîpté. Swùth , i^oyagt en Quinée, l'oyage da. Cap, des Quadrupèdes ovipares, 1 4 L'n individu de cette longueur , dont ia peau ell: conrervée rai Cibinet du Roi, Jehfjn. Hi(loire générale des Voyjgss , Livre Vil. On trouve, fuivant Catesby, à la Jamaïque, & dans piulîeurs endroits du continent de l'Amérique fsptentrionale , des crocodiies de plus de vingt pieds de long. On peut voir dans Gefner, liv. 11 , article du crocodile , tout ce que îes anciens ont écrit touchant la grandeur de cet animal, auquel quelques-uns d'eux ont attribué une longueur de vingt-ilx coudées. HaflTvflquift dit, dans fon voyage en Paleftine, page 347, q'Je les œufs de crocodile qu'il décrit, avoient appartenu à une femelle de trente pieds. « Sur le bord d'une rivière qui fe jette dans fa baie de Saint-Augurtin, Ille de Madagafcar , *% fes gens du. Capitaine Keeling tuèrent à coup « defufils un alligator , efpéce de crocodile, qu'il» «« virent marcher fort lentement fur h rive, »« Quoique mort d'un grand nombre de Coups , a IfS mouvemens convulûfs qui lai refioient <« encore étoient capables d'infpirer de la fraveur. ♦< avoit feize pieds de fong; & fa gueule étoit <« li large, qu'il ne parut pas furprenant qu'elle ** pût engloutir un homme. Keeling fit tranf- «» porter ce mf)nftre jufqu'à fon vailTeau , pour t» en donner le fpedacle à tous fes gens. On r> l'ouvrit : l'odeur qui s'en exhala parut foit •« agréable; mais, quoique la cbair ne le fût pas « moins à la vue, les pl-us hardis matelots n'osèrent »• en goûter, r» Vovagt du Capitaine IVUHam Kailng i B^vitam à' à Banda, tn itcj. h V 250 Hijfoire Naturelle a plus de quatre pieds de ciixonférence dans Tendroit le plus gros du corps, ce qui fuppofe une circonférence de huit à neuf pieds dans les plus grands croco- ■diles. Au refle, on pourra juger des pro- portions de ce grand Quadrupède ovi- pare, par la note luivante (y) qui pré- fyj Longueur totale Longueur de la tête Longueur depuis l'entre - deux des yeuX; jufqu'au bout du mufeau Longueur de la mâchoiie lu- pcrieure Longueur de la partie de la mâ- choire qui i^ft armée de dents. Î3iftance des deux yeux Grand diamètre de Tceil Circonférence du corps à l'en- droit le plus gros ■ . . Largeur de la tête deriiére les yeux Largeur du mufeau à l'endroit le plus étroit Longueur des pattes de devant julqu'au bout d«s doigts. . Longueur des patt-rs de derrière jufqu'au bout dws doigts^.. . Longueur de la queue... •.. Ciiconf'-rence de la queueàfon origine. • • > 1 « « « 1 1 1 1 1 1 1 1 > • pieds, poiic. lign. 13 2 2 6 9 3 10 7 8 9 10 3 6 6 3 3 des Quadrupèdes ovipares, 251 fente les principales dimcnlions de i in-r dividii dont nous venons déparier. C'clc au commencement du printems que l'amour fait éprouver Tes feux au crocodile. Cet énorme Quadrupède ovi- pare s'unit à fa femelle, en la renver- fant fur le dos, ainii que les autres lézards-, & leurs embraiîeraens paroil- fent très-étroits. On ignore la durée de leur union intime ', mais , d'après ce que l'on a obfervé , touchant les lézards de nos contrées , leur accouplement , quoi- que bien plus court que celui des tor- tues , doit être plus prolongé, ou du moins plus fouvent renouvelle que celui de piuiieurs vivipares *, & loriqu'il a ceUé 5 l'attention du mâle p^ur fa com- pagne ne palfe pas tout-à-fait avec fes deurs, 8c il aide à fe remettre lur les pattes. On a- cru , pendant îong-tems , que les crocodiles ne failoient qu'une ponte*, mais M. de la Borde nous apprend que ^ dans l'Amérique méridionale , la femelle fait deux 8c quelquefois trois pentes éloignées l'une de l'autre de peu de jours; chaque ponte efl de vingt à vingt-quatre Lvj zyi Hijîolre Naturelle ceiifs {x) , 8c par conféquent il eft pcf- iible que le crocodile en ponde en tout Soixante- douze , ce qui fe rapproche de Taffertion de M. Linné , qui a écrit que. les GEufs du crocodile étoient quelque-» fois au nombre de cent. La femelle dépofe Tes œufs fur le fable 5 le long des rivage qu'elle fré- quente-, dans certaines contrées comme aux environs de Cayenne & de Surimim (j), elle prépare afîez près des eaux qu'elle habite, un petit terrain élevé, & creux dans le milieu -, elle y rama (le des feuilles Se des débris de plantes , au milieu defquels elle fait fa ponte \ elle recouvre fes œufs avec ces mêmes feuilles -, il s'excite une forte de fermentation dans ces végétaux , & c*eft la chaleur qui en provient, jointe^ celle de ratmoiphcre, qui fait écloreles œufs. Le tems de la ponte commence aux environs de Cavenne , en même-tems que celui de la ponte des tortues, c'eft- a-dire , des le mois d'Avril -, mais il (x ) I\ote co'nmuuiquét par M. de în Borde , Médtc'iM iu R'ii à Cayunne , c" Covtfpondain du Cabinet de S'€ fy/ Noti camriifn^uie'parM. de'ià Borde, des Quadrupèdes ovipares, 2 5 J eft plus prolongé. Ce qui efl très-hngulier , c'cfl que TcTuf d 011 doit fortir un animal auffi grand que l'alligator, n'cft guère plus gros que Tccuf d'une poule dinde , fuivant Cateiby f:[). li y a, au Cabinet du Roi, un œuf d'un crocodile de qua- torze pieds de longueur , tué dans la haute Egypte, au moment où il venoit de pondre. Il eft ovale & banchâtre v fa coque eft d'une fiibftance crétacée, femblable à celle des œufs de poule, mais m^oins dure-, la tunique intérieure qui touche à l'enveloppe crétacée , effcplus épaîire & plus forte que dans la plupart des œufs d'oileaux. Le grand diamètre n'eft que de deux pouces cinq lignes, & le petit diamètre d'un pouce onze lignes. J'en ai meluré d'autres, pondus par des crocodiles d'Amérique , qui ctoient plus dongés , m« muniquer. M. de Fontange a pris à Saint- Domingue de jeunes crocodiles qu'il a vus fortir de l'œuf-, il les a nourris , & a elTayé de les amener vivans en France 5 le froid qu'ils ont éprouvé dans la tra- verféeîesa fait périr. Ces animaux avoient déjà vingt-lix mois, & ils n'avoient encore au'à-peu-près vingt pouces de longueur. On devroit donc compter vingt-fix mois d'âge pour chaque vingt pouces que Ton trouveroit dans la longueur des grands crocodiles, fi leur accroillenicnt ie far- foit toujours iuivant la mcme proportion i 258 Hijîoire Naturelle mais , dans prefque tous les animaux ^ le développement efl: plus conhdérabie dans les premiers tems de leur vie. L'on peut donc croire qu'il faudroit fuppofer bien plus de vingt-lix mois pour chaque vingt pouces de la longueur d'un croco- dile. Ne comptons cependant que vingt- fix moi^5 parce qu'en pcurroit dire que , îorfque les animaux ne jouilîent pas d'une liberté entière, leur accroid'emcnt cCt retardé , & nous trouverons au'un crocodile de vingt-cinq pieds n'a pu at- teindre à tout Ton développement qu'an bout de trente-deux ans ^ demi. Cette lenteur dans le développement du cro- codile , cft confirmée par robfervation des Millionnaires mathématiciens que Louis XIV envoya dans l'Orient, & qui, ayant gardé un très-jeune crocodile en vie pendant deux mois , remarquèrent que Tes dimcniions n'avoient pas au- gmenté, pendant ce tems , d'une manière fenfîble (e). Cette m^me lenteur a fait naître , fans doute , l'erreur d'Arifiote & de Pline , qui penfoicnt que le crocodile ( c) Mémoires pour fzryir à i Hijîoire T^iawdlc des Mjumaux, (oms 3. des Quadrupèdes ovipares, 259 •croiiîoit jufquà la mort-, & elle prouve combien la vie de cet animal peut être Ion crue. Le crocodile habitant en efîet au milieu des eaux, prelque autant que les tortues marines , n étant pas revêtu d'une croûte plus dure qu'une carapace , & croiiïant pendant bien plus de tems que la tortue franche, qui par oit être entic*. rement développée après vingt ans, ne doit-il pas vivre plus long-tems que cette grande tortue , qui cependant vit plus d'un ilècle ? Le crocodile fréquente de préférence les rives des grands neuves, dont les eaux furmontent fouvent leurs bords, & qui , couvertes d'une vafe limonneufe > ourent en plus grande abondance les teftacées , les vers , les grenouilles , les lézards dont il fe nourrit (/}. Il fe plaît , ■ ■ ■ . ■■ ■ M.. ■ (fj u Les crocodiles de l'Amérique fepten- trionaîe fréquentent non- feulement les rivières *« faites proche de la mer, mais auiïi le courant « des eaux douces plus avant dans les terres , & u les lacs d'eaux faiécs & d'eaux douces. Ils fe <» tiennent cachés fur leurs bords, parmi les rofeaux, « pour furprendre le bétail & les autres animaux. >» Causby , HiJIo.n I^atunlle di la Caroline, younns a s fa^c 63. i6o Hijloire Naturelle fur-tout dans l'Amérique méridionaîe (^, ,- au milieu des lacs marécageux & des favanes noyées. Catefby , dans Ton Hif- toire Naturelle de la Caroline (h) , nous repréfente les bords langcux, baignés par les eaux Talées, comme couverts de forêts épaiiles d'arbres de banianes , parmi lefqueis des crocodiles vont le cacher. Les plus petits s'enfoncent dans des buiilons épais , où les plus grands ne peuvent pénétrer , & ou ils font à cou- vert de leurs dents meurtrières. Ces bois aquatiques iont remplis de poillons def- truCtêurs 5 Se d'autres animâlT:-: qui fe dévorent les uns les autres. On y ren- contre auiîî de grandes tortues *, mais elles font le plus iouvent la proie de ces poiiTons carnaciers, qui, à leur tour, fer- vent d'aliment aux crocodiles , plus puif fans qu'eux tous. Ces forets noyées préfentent les débris de cette forte de carnage , & l'on y voit flotter des reftes de carcafles d'animaux à demi- dévorés. C gj Obfcrvat'wns commuinquéei par M* de /i Borde. ( hj Catesby j roi, 2, pagQ 63.. des Quadrupèdes ovipares, 16 1 C'cfl: dans ces terrains fangeux, que, couvert de bouc , & reiîembiant à un arbre rcnverfé , il attend immobile , 4 Hijtoire Naturelle dant quelques mois à fçc^ fans pouvoir regdgner aucune rivière, vivant de gibiçr, ou fe paffant de nourriture , Se étant alors très-dangereux. Il y a peu d'endroits peuples de cro- codiles un peu gros 5 ou Ton puilTe tom- jber dans Teau , fans rifquer de perdre la vie (;z)» Ils ont fouvent , pendant la nuit, grim]}é ou fauté dans des canots , dans iefquels on étoit endormi. Se ils en ont dé- voré tous les paffagers. Il faut veiller avec (oin lorfqu'on fe trouve le long des ri- vages habités par ces animaux. M. de la Borde en a vu fe dreiler contre les très- petits bâtimens. Au refte , en comparant fil) « Les crocodiles font plus dangereux danis pt h grande rivière de Macr.fiar, que dans aucune H autre rivière de l'Orient; ces monltres ne fe T> bornent point à faire la guerre aux poilfons , »» s'aHembient quelquefois en troupes , & fe »» tiennent cachés au fond de l'eau , pour attendre •» le pallage des petits LâtiiTiens. Us hs arrêtent^ f > & , fe fervant de leur queue comme d'vn croc 9 5» ils les renverfenï, & fe jettent fur les hommes il & les animaux , qu'ils entraînent dans leurs retraites.»' Dcfcilption de 1*1 de Cetèheê , où Macaffat, Hijloire générait d&i l^cya^es, tome 39 , page 248) édit. in- 12, les relations des Quadrupèdes ovipares. 2. 5 y les relations des Voyageurs, il paroit que la voradté &: la hardieiîc des crocodiles augmentent . diminuent , Se même palTent -enticrcment, fuivant le cli;.Tiat, la taille, l'âge, l'état de ces animaux, la nature , & fur-tout l'abondance de leurs alimens. La faim peut quelquefois les forcer à fc nourrir d'animau^: de leur efpcce, ainû que nous l'avons dit^ & îorfqu'un extran* befoin les domine , le plus foible devient la vidimc du plus fort-, mais, d'après tout ce que nous avons expofé , l'on ne doit point penfer, avec quelques Naturalises, -que la femelle du crocodile conduit à Teau fes petits lorfqu'ils font cclos , & que le maie & la femelle dévorent ceux qui ne peuvent pas fe traîner. Nous avons vu crue la chaleur du foleii ou de i. l'atmolphcre faifoit éclore leurs œufs 5 que. les petits allorent d'eux-mêmes à li mer -, &: les crocodiles n'étant jamais cruels que pour aiTouvir une f.jm plus cruelle , ne doivent point être accufés de Tefpèce de choix barbare cru on leur a mipute. Malgré îa diverfitc des alimens que recherche le crocodile, la facilité que Ovipares. Tome L M iG6 HiJIoire NatureUe la lenteur de fa marche donne à plii- ilcurs animaux pour Tcviter, le contraint quelquefois à demeurer beaucoup de tems & même pluiieUrs m^ois ians man- ger ( o ) : il avale alors de petites pierres & de petits m.orceaux de bois capables d'empêcher ies inteftins de le reiTer- rer {p). Il paroît, par les récits des Vovageurs , que les crocodiles , qui vivent près de l'équateur, nes'engourdiiient dans aucun tems de l'année ', mais ceux qui habitent vers les tropiques ou à des latitudes plus élevées, fe retirent, Icrfque le froid ar- rive , dans des antres profonds auprès des rivages , & y font , pendant l'hiver, dans un état de torpeur. Pline a écrit que les crocodiles pafToient quatre mois «■ (oj Brown dit que Tûii a obfervé pldjeurâ fois des crocodiles qui ont vécu pluiîeurs mois Ians prendre de nourriture, & qu'on s'en eft afTuré, en leur iiant le mufeau avec un fil de métal, & en les laiilant ainfi liés dans des étangs , où ils venoient de tems en tems h la furface de i'"eau pour refpirer. Hfioire l^aturelk de la Jamaïcue, yage 461. ( py Broun , H'-JIolre KafureL'e de la Jamaïqueyp. 461. des Quadrupèdes g vipares . 16 y de l'hiver dans des cavernes , & H^ns nour- riture, ce qui luppofe que les crocodrie.'; du Nil , qui étoient les mieux connus des Anciens , s'engourdiiioient pendant îa faiion du froid (q). En Amérique , à une latitude auili élevée que celle de TEgypte , & par conféquent fous une température moins chaude , le nouveau continent étant plus froid que l'ancien, les crocoddcs iont engourdis pendant l'hiver. Ils lortent dans la Caroline de cet état de lommeil profond, en fciif^mt entendre , dit Catefby , des mugiiremens horribles qui retentilFent au loin (r ). Les rivages habités par ces animaux, peuvent être entourés d'échos qui réfiéchiiîent les Tons fourds formés par ces grands Quadrupèdes ovipares, &en augmentent la force de manière à jufliher, jufqu'i un certain point , le récit de Catelby. D'ailleurs M. de la Coudrcnière dit que, dans la Louiiune, le cri de ces animaux (q ) Plim , lit>. y [II, chapitre xxx vin. L*en- gourdîfiement des crocodiles paroît encore indique par ce que die Pline, livre XI, chapitre 91. (rj Caushy , Hijî. naîurcdc de la Caroune, vol. 2^ pagt 63. M fj 2 68 H/y?c îre Natu re Ile n'cfl jamais répété plulieurs fois de fuite, •mais que leur voix efl auiïl forte que •celle d'un taureau (s)^ Le Capitaine Jobion allure auiîi que les crocodiles , qui iont en grand nombre dans la rivière de Gambie en Afrique , Se que les Nègres •appellent Bumhos , j poulTent des cris que l'on entend de fort loin : ce Vo7a- gcur ajoute que Ton diroit que ces cris fortent du fond d'un puits , ce qui lup- 'pofe , dans la voix du crocodile , beau- coup de tons graves qui la rapprochent KÏwn mucTtîement bas Se comme étoufté '■{t). Et eniîn le témoignage de M. de la Borde que nous avons déjà cité , vient : encore ici à l'appui de l'ailertion de • Catefbf. Si le crocodile s^engourdit à de hautes latitudes comme les autres Qu^^drupcdes ovipares, fa couverture écaïUeufe n'eil: point de nature à être altérée par le froid êc la dîfette , ainh que la peau du plus j M iij ijo Hi flair t Naturelh féroces, c'eit la Hexibiiité de leiirnrLtiirei. On eil; parvenu à les apprivoifer. Dans Tifle de Bouton , aux Moluqucs , on engraiiie quelques - uns de ces animaux devenus par-là en quelque forte domei- tiques -, dans d'autres pays , on les nourrit par oftentaticn. Sur ia cote desEi'claves, en Afrique , le Roi de Saba a , par magnificence , deux étangs remplis dé crocodiles. Dans la rivière de Rio-San- Domingo ^ également près des cotes oc- cidentdes de l'Afrique , où les habitans prennent foin de les nourrir, des enfans ofent, dit-on, jouer avec ces monftrueux animaux (:/). Les anciens connoilToient fu) -i On a remarqué , avec Oronncment, dans <> la rivière de Rio-Sun Domingo -, que Its cnymiins ?» ou les crocodiles, qui font ordinuircment des M animaux ii terribles, ne nuilent ici à perfonne. »j Les eafans en font leur jouet , jufqu'à leur mon- » ter iur le dos , & les battre même fans en rece- »♦ voir aucune marque de relTeinimerit. Cette »> douceur leur vient peut-être du foin que les »* habitans prennent de les nourrir & de les bien ») traiter. Dans toutes les autres paities de l'A- H frique , ils le jettent indifféremment fur les »» hommes & fur les animaux. Cependant il fe M trouve des Nègres aifeï hardis pour les attaquer dfs Quadrupèdes ovipares. 271 cette facilité avec laquelle le crocodile fe laiife apprivoifcr : Ariftote a dit que, pour Y parvenir , il iufHioit de lui don- ner une nourriture abondante , dont le défaut feul peut le rendre très-dange- reux (v). Mais il le crocodile n'a pis la cruauté des chiens de mer & de pluiieurs autres animaux de proie, avec lefquels il a plu- fieurs rapports , 8c qui vivent comme Inr au milieu des eaux , il n'a pas aiTez de. chaleur intérieure pour avoir la fierté de leur courage : auiïï Pline a-t-il écrit qu'il fuit devant ceux qui le pouriuivent, qu'il le kilic ni'jme gouverner par les k coup de poignard. Un Laptoc du Fort Saint- « Louis s'en taifuit tous les jours un amufement, <« qui lui avoiC long tema rcufii ; mais il reçut u enfin tant de bliifllires dans ce combat, -^ue fans «« le lecours de les compagnons, ii auroit perdu u la vie entre les dcints du monitre. »» l^oyagz du Jîeiir Brueaux Jjhsde Bijjao , ô*c. Hijîoird géiùrah des (v ) M. de fa Bnrde a vu à Cayenne, des cay- mans confervéi avec des tortues dans un balTiii plein d'eau. Ils y vivent iong-tems fans faire même aucun mal aux tortues. On les nourrit avec les reftes des cuilines. /v'ore communiq^uéi par M. de la Borde, Miv 2 7^ Jrîi^oire Naturelle hommes aiTcz hardis pour le jeter fur fow des y <*<: qu'il ntk redoutable que pour ceux qui fuient devant lui f x ). Cela pourroit être vrai des crocodiles que Pline ne coiinoiiioit point , qui fe trouvent dans certains endroits de TAmé- TÎque , & qui , comme tous les autres ^r^nds ai-iimaux de ces contrées nouvelles ©û rhumidité l'emporte fur la chaleur, €>nt m.oins de courage & de force que îes animaux qui les repréfentent dans les pays £'Cs de l'ancien continent (y) -, &: (x) Pline, H'fûj'm NaturdU , l'.v. VllI , chapitre xxxyi',1. On pe;:t auffi "voir, Jans ProfptT Aîpin, ce qu'il r:iconte d^ \i manière dont les payùms d'Egypte idil'.iTciénc un crocodiie, lui fioîetit \i gueule & les pattes, ie portoient à des acheteurs, Je faiioient marcher queique tems devant eux après l'avoir dtlié , rattachoient enluite fes pattes & fa gueule , l'égorgeoient pour le dépouiHer , &c. profycr Alpin, Hijloirz Naturelle ce l'Egypte^ « Liyde , 1755, in-4.'^ tome i, chapitre r. (y) «Dans l'Amirique méridionale, aux envi- ♦> rons de Cayeune , les Nègres prennent quel- ♦» quefois de petits caymans , de cinq à lix pieds » de long. Ils leur attachent les pattes , & ces »» animaux fe lailTent alors manier & p' 'fter , même »> fans cnenucsr de motdre. Les plus -prudens leur des Quadrupèdes ovipares, ly ^ cette chaleur cfc lï néceiïarre aux croco- diles, que non-leulement ils vivent avec peine dans les climats trcs-tempércs ({_) > mais encore que leur grandeur diminue à mefure qu'ils habitent des latitudes élevées. On les rencontre cependant: dans les deux mondes à plulieurs degrcs au-defTus des tropiques (a) : Ton a même^ attachent les deux miU-hoires, ou leur mettent <« une grofîe lame dans la gueule. Mais dans cer- <« taines rivières de Saint-Domingue, où le cro- <« codîle ou cayman eft aflez doux , les Nègres *« le pourùiivent; l'animal cache fa tète & une »« partie de ion coips dans un trou. On pafie un <« nœud coulant, fait avec une grolVe corde, à «^ une de fes pattes de derrière ; plulieurs Nègres *« le tirent enlliite, Se le traînent par tout jufque <« dans les maifonSjlans qu'il témoigne la moindre ** envie de le défendre. »j Note communiquée par M^ de la Borde. (l ) Mémoires pour fervir à l'HiJIoire Naturelle des duimaiix, ar'icU du crocodile, (a) K Les rivières de là Core'e font fouvenc infeftces de crocodiles, ou alligators , qui ont ;> quelquefois dix-huit ou vingt aunes de lono^. »> R'daûon de ilumel , Ihllandois , &* defaiption de la Corée, Hijloire générale des Voyages , tome i^^page 244 y in-i2, 1749. • Les rivages de la terre des Papous font avtlîi peuplés de crocodiles, Foya^a de Fer^uuid Merdrr M V / 2 74 Hîjloire Naturelle trouvé des pétrifications de crocodiles à plus de cinquante pieds fous terre dans les mines de Thuringe , ainlî qu'en An- Pinto y H/fioire générale ia Voyages, fcconde partie ^ l'wre IL Dampiera rencontré des alligators fur les côtes de l'Ifie de Timor. Voyage de Guillaume Dampier aux terres Ânfiraks. «♦ l! y a beaucoup de crocodiles dans fe conti- »♦ nent de l'Amérique, dix degrés pius avant vers » le nord que le tropique du Cancer , particu- 8» liérement auffi loin que !a rivière JVcms dans fa » Caroline feptentriona'.e, environ au trente-troi- « lième degré de latitude : je n'ai jamais oui parler 9ï d'aucun de ces ?.nimaux au-deii:. Cette latitude >» répond à- peu-près aux parties de l'Afrique les plus feptentrionaies , où on en trouve aufTi. ♦» Cattûy , Hipohe NatureUc de la Caroline, lolumé i^ page 63. t< Les crocodiles font fort communs dans tout ii le cours de l'Amazone, & même dans la plu- » part des rivières que l'Amazone reçoit. On fi alfura M. de !a Condamine qu'il s'y en trouve « de vingt pieds de long, h même de pius grands. 5) Il en avoit déjà vu un grand nombre , de f» douze, quinze pieds & plus fur la rivière du 9y Guyaquii". Comme ceux de l'Amazone font » moins chalufs & moins pourfuivis. ils craignent 9» geu les hommes. Dans le tems des inondations, f» fis entrent quelquefois dans les cabanes <1q^ Indiens, i^ Hijloire générak des Voyages, tome ^^ y ' I^S' 439» ^<^'^^0H in- 12. des Quadrupèdes ovipares, 275 gîeterre [b) \ mais ce n'efl pas ici le lieu d'examiner le rapport de ces ofîe- mens foffiles avec les révolutions qu'ont éprouvées les diverfes parties du globe. Quelque redoutable que paroilFe le crocodile , les Nègres des environs du Sénégal ofent l'attaquer pendant qu'il efl endormi , & tilchent de le lurprendre dans des endroits où il n'a pas alTez d'eau pour nager •, ils vont à lui audacieuie- ment , le bras gauche enveloppé dans un cuir -, ils l'attaquent à coups de lance ou de zagaye-, ils le percent de pluiieurs coups au gofier & dans les yeux \ ils lui ouvrent la eueule , la tiennent ious i'eau , &: l'empêchent de le fermer en plaçant leur zagaye entre les mâchoires , jufqu'à ce que le crocodile foit lutfoqué par l'eau qu'il avale en trop grande quan- tité {c). (h! On a découvert dans h province de'Nor- tingam , le fqnefette eniier d'un crocodile. J?i^/^- thèqm angloife , t. me 6 , pri^c 406. (cj Lahat , vol. 2,, pas^e 337. t» Un de mes Nègres tua un crocodile de fept pieds de long : il Tavoit apperçu endormi dans <* K5 brouiTailles , au pied d'un arbre, fur le bord «• M vj zj(2 Hijloire Naturelle En Egypte, on creiife fur les traces de cet animal démefuré un foffé profond, que Ton couvre de branchages & de terre -, on cftraie eniuite à grands cris le crocodile qui , reprenant pour aller à la mer le chemin qu'il avoit fuivi pour s'écarter de ies bords , paUe fur la fofle , y tombe, & y eil ailommé ou pris dans des filets. D'autres attachent une forte corde par une extrémité à un gros arbre \ ils lient à l'autre bout un crochet èc un agneau , dont les cris attirent le cro- « d'une rivière. Il s'en approcha aflez doucemenc s» pour ne ie pas éveiller , & lui porta fort adroi-^ »■> tement un coup de couteau dans le côté d\x ?> coi, au défaut des os de la tête & des écailles, ?> & le perç.î , à peu de chofe près, de part en « part. L'animal, bleffé à mort, fe repliant fur rt lui-même , quoiqu'avec peine , frappa les jambes >» du "Nègre d'un coup de fa queue , qui fut fi »» violent, qu'il le renverfa par terre. Celui-ci, s? fans lâcher prife, fe releva dans l'inftant, &, -•'> aJin de n^avoir rien à craindre de la gueule »> meurtrière du crocodile , il l'enveloppa d'une >» pagne, pendant que fon camarade lui retenoit ■>» la queue : je lui montai auGî fur le corps pour >» l'alfujettir. Alors ie Nègre retira fon couteau , kx, lui coupa la tête , qu'il fépara du tronc, jj des Quadrupèdes ovipares. 277 codile ,qin, en vouiant enlever cet appas» fe prend au crochet par la gueule. A me i are qu'il s'agite, ie crochet pénètre plus avant dans la chair : on luit tous les niouvemcns en làchdntk corde , Se on attend qu'il loit mort, pour le tirer du fond de Teau. Les Sauvages de la Floride ont une autre manière de ie prendre j ils fc réunii- Icnt au nombre de dix ou douze -, ils s'avan- cent au-devant du crocodile , cui cherche une proie fur le rivage -, ils portentun arbre qu'ils ont coupé par le pied*, le crocodile va à eux la gueule béante, mais en enfon- çant leur arbre dans cette large gueule , ils Tout bientôt renvcrié Se m'i^ à mort. On dit auiîî qu'il y a des gens allez hardis pour aller en nageant jufque lous le crocodile, lui percer la peau du ventre, qui eft prelque ie leul endroit 011 le fer puilîe pénétrer. Mais Thomme n'eft pas ie feul ennemi que le crocodile ait à craindre : les tigres en font leur proie : Thippopotame le pourluit , & il eft pour lui d'autant plus dangereux, qu'il peut le fuivrc avec acharnement jufqu'au fond de L nier» Les Cou^ars^, quoique j^lus foible^ 278 Hijloire Naturelle que les tigres , détruifent aiiiïï un grand ncmbre ae crocodiles ; iis attaauent ies jeunes caymans -, ils ies attendent en embufcade fur le bord des grands fleuves 5 les faifillent au moment qu'ils înontrent la tête hors de Teau, & les dévorent. Mais iorfqu'ils en rencontrent de gros 8c de forts , ils font attaqués à leur tour-, envain ils enfoncent leurs gritfes dans les yeux du crocodile, cet énorme îézardjpiusvigoureux qu'eux, les entraîne au fond de Teau {d). vSans ce grand nombre d'ennemis , un anmialauiîî fécond crue le crocodile feroit trop multiplié*, tous les rivages des grands fleuves des zones torrides ieroient infeftés par ces animaux monlirueux , qui devrendroient bientôt féroces & cruels , par rimpoinbilité où ils ieroient de trouver aifément leur nourriture. Pui/Tans par leurs armes, plus puiiians par leur multitude , ils auroient bientôt éloigné l'homme de ces terres fécondes & nouvelles que ce Roi de la Nature (d) Hijlo'm gcnirak des Voyages j tome ^'^ , pagi ^/{Oy^dic, in-l2. des QuadrupèJâS ovipares. 279 a quelquefois bien de la peine à leur difputer : cir comment rélifcer à tout ce qu! donne le pouvoir, à la grandeur , aux armes, à la force Sz au nombre? Profper Alpin dit qu'en Egypte , les plus grands crocodiles fuyent le voiiinagc de l'homme , & fe tiennent fur les rivages du Nil , au-deifus deMemphis {e). Mais , dans les pays moins peuplés, il ne doit pas en être de mcme -, ils font Ci abondans dans les grandes rivières de TAmazone &: d'Oyapoc , dans la baie de Vincent Pmçon , 6c dans les lacs qui y commu- niquent , qu'ils y gênent, par leur multi- tude , la navigation des pyrdgiies j ils luivent ces légers bdtimens, fans cepen- aant elEayer de les renverler, 8c uns attaquer les hommes : il eft quelquefois aifé de les écarter à coups de rames, lorsqu'ils ne font pas très-grands (/j. Mais M. de la Borde ranconte que fej Oïl y en rencontre, fuivant cet Auteur, de trente coniéis de long. HiJIoire Naturel'e Je l'Egypte^ par Profper Jlp'n ^ tome i , Cup. K. (fj Note co'^imuniquée par Aï. U Chevalier di M^iderfpach , Curref^ondunt du Caèniit de Sa Majcflc* 2 8 o Hljîoire Naturelle nivigUAiit dans un canot , îc long clc; rivages orientaux de l'Amérique méri- dionale, il rencontra une douzaine de grosca^mans àrembouchure d'une petite rivière dans laquelle il vouloit entrer-, il leur tira plulieurs coups de fulil, ians qu'ils cIin^ngeaiTent de place -, il tut tente de faire palier Ton canot par- deffus ces animaux -, il fut arrcrté cep élu- dant, par la crainte qu'ils ne hiîent chavirer Ion petit bâtiment , & qu'ils ne le dcvorailent lorfqu'il leroit -tombé dans Teau. Il fut obligé d'attendre près de deux heures, après lefquelles les caymans s'éloignèrent , & lui laiilcrent le patlige libre (g). Heilreufement un grand nombre de crocodiles , font détruits avant d'éclore. Indépendamment des ennemis puillans dont nous avons déjà parlé, des animaux trop foiblcs pour ne pas fuir à rafped: de CCS grands léz.irds , cherchent leurs œufs lur les rivages où ils les dépolcnt*, la mangouftc , Its finges , les f^gouins^ les fapajous 8z plulieurs efpèces d'oifcaux /'a-^ A'ai:i i(Mmnuiu^uû jar hL de lu Borde, des (Quadrupèdes ovipares. 281 d'eau, s'en nourrilîent avec avidité (/z), &: en cafî'cnt même un très-arand nom- bre , en quelque iorte pour ie plaiiir de fe jouer. Ces mêmes œufs , ainfi que îa chair du crocodile , fur-tout celle de la queue & du bas-ventre , fervent de nourriture aux Ncgres de l'Afrique , ainfi qu'à certains peuples de l'Inde & de l'Amérique [i). lis trouvent délicate &: fuccuicnte cette chair qui eit très-blanche -, mais il paroit que prefque tous les Européens qui ont voulu en maneer , ont été rebutés par l'odeur de mule dont elle efi imprégnée. M. Adanfon cependant dit qu'il goûta celle çYun jeune crocodile, tué fous fes yeux au Sénégal , & qu'il ne la trouva pas mauvaiie. Au refte, la laveur de cette chair doit varier beaucoup luivant l'âge, la nourriture de l'état de l'animal. On trouve quelquefois des bézoards dans le corps des crocodiles , ainfi que (h) DefcTiprioii de rifle cfpn^noU. Hijloire génér.ih des Kcn'oges^ troijî.'nie Panic , Livre V. (ij Cateihy , Hifioire ISaturdi: de lu CiroUuc , lîi Hijîoire Naturelle dans celui de pluficiirs autres îéz.irds, Séba , avoit dans fa colleclion, plufieurs de ces bézoarcs qui iui avoient été en- voyés d'A mboinc & de Ceylan -, îcs plus grands étcicnt gros comme un œuf de canard, mais un peu plus îongs , &: leur furface préfentoit des éminences de Ia groileur des plus petits grains de poivre. Ces concrétions étoient compofécs comme tous les foézoards, de couches placées au-deîlus les unes des autres *, leur cou- leur étoit marbrée & d'un cendré obfcur plus ou moins mêlé de blanc (k). Les anciens Romains ont été ionr- tcms Gns connoitre les crocodiles par cux-mcmes : ce n'efl que cinquantc-buit ans avant FErc chrétienne, que TEdîle Scaurus en montra cinq au peuple (/). Augufte lui en fit voir un grand nombre vivans, contre Icfquels il fit combattre des hommes. Hélicgabale en nourrifioit. Les tyrans du monde faifoient venir à grands frais de l'Afrique , des crocodiles, des tigres, des lions : ilss'empreiloicntde — — » I I II ■ I ■ I I 1» I ^ Il ■ I II rii I iM^»»^ (k^ Stha , vol. 1, page 139, ' (Ij Pluie, llm y 111 y Chap, jl. dis Quadrupèdes ovipares, 283 réunir autour d'eux ce que la terre paroît nourrir de plus féroce. Les crocodiles étoient donc , pour l,es Romains & d'autres anciens peuples , des animaux très -redoutables : ils venoient de loin : il n'eft p.is furprcnant qu'on leur ait attribué des vertus extraordi- naires. II n'y a prefqu'aucune partie dans les crocodiles, à b quelle on n'ait atta- ché la vertu de guérir quelque maladie. Leurs dents f/n), leurs écailles , leur chair , leurs inteilins , tout en étoit mer- veilleux {n). On fît plus dans leur pays natal. Ils y infpiroient une grande terreur^ ils y répandoient quelquefois le ravage *, la crainte dégrada la raifon , on en fit des Dieux; on leur donna des Prêtres •, la ville d'Arcinoë leur fut confacréc (0) *, on (m) Pi'ni, Ihre XXniF, Chap. xxviii, (n) Voyez, d^ns le voyage en Pdleftined'Hctfleï- quift, pnge347, quelles propriétés vraies ou faulFes, les Egyptiens & les Arabes attribuent encore au fîei, ^ la graifîe , oc aux yeux des crocodiles, (0) Encyclopédie méthodique. Dictionimire d'anti- cultes.) par M. l'abbé Mongex l'alné., Garde du Cabinet d' Aiitiquîs £3* d'Hifioire Naturelle de Sainte-QiiiivUi'Z , ai l'Aoïidemic dus ItifçnpÙQns , &c. 284 Hijlcire Naturelle renfcrmoit religieiifcment leurs cadavres dans de hautes Pyramides , auprès des tombeaux des Roîs ^ & maintenant dans ce même pays , ou on les adoroit il y a deux mille ans , on a mis leur tcte à prix -, de telle cii k viciiïïtude des opinions humaines* I rmi II ■» nwiui LE CROCODILE NOIR. SECONDE ESPÈCE, C^TTE SECONDE ESPÈCE dillère de la première, en ce que fa couleur efr pres- que noire au lieu crctre verdatre ou bronzée comme celle des crocodiles du ISlïl -, c'efl M. Ad.mfon qui a ùit con- noître ces crocodiles noirs , qu'il a vus iur la grande rivière du Sénégal (a). Leurs mâchoires lont plus alongécs que celles des alligators ou crocodiles pro- prement dits, lis font d'ailleurs plus carnaciers que ces derniers, &pourroient (aj Voy-i^i au Sénégal^ par M. Adanfjn , pi^t 73. cf^^s Quadrupèdes ovipares, 285" p.ir conféquent en diticrcr auffi j^ùr des caradcres intérieurs , la diverlité des mœurs étant très-fouvent fondée fur celle de l'organilation interne. Uon ne peut pas dire qu^ils font de la même efpkc que le crocodile du Nil, qui aurort fubi dans l*i couleur, & dans quelques parties de Ton corps, l'influence du climat , puifque , luivant le même M. Adanion , la rivière du Sénégal nourrit auffi un grand nombre de crocodiles ^ verts, entièrement femblables à ceux d'Egypte. Non-feulement on n'a point encore obfervé ces crocodiles noirs dans le nouveau monde -, mais aucun voya- geur n'en a parlé que M. Adanfon ^ & ce Vivant Naturalise ne les a trouvés que fur le grand fleuve du Sénégal ■WÀ 2Î6 Hifcoire Naturelle LE GAVIAL, ou LE CROCODILE A MACHOIRES ALONGÉES- T R O IS I È M E-^ £ S F È C E. V^ETTE TROISIÈ ME ESPECE de CïOCQ- diie fe trouve d.ins les grandes Indes : elle y habite les bords du Gange, oii on Ta nommée Gavial; elle reiiemble aux crocodiles du Nil par la couleur, & parlescaraètèrcs généraux & difundifs dQ-s crocodiles. Le Gavial a , comme Ie5 all'gators , cinq doigts aux pieds de devant, & quatre doigts aux pieds de derrière -, il n'a d'ongle qu'aux trois doigts intérieurs de chaque pied -, mais il diftcre des crocodiles d'Egypte , par des caradicres particuliers &trcs-ieniibles. Ses mâchoires lont plus alongées &beau- boup plus étroites , au point de paroi tre comme uneiorte de long bec quicontrade avec la grolîeur de la tête -, les dents ne font pas inégales en groileur & en lon- gueur comme celles des crocodiles pro- des Qualrupèdes ovipares, 287 prement dits -, elles font plus nombreufcs, Se Ton conferve , au cabinet du Roi , un individu de cette eipèce , qui a environ douze pieds de long , & qui: a cinquante- huit dents à la michoire fupérieure , & cinquante à la michoire intérieure. Le nombre des bandes tranrverfalcs & tuberculeuies qui garniilent le deiîus du corps , ed: plus confidérable de plus d'un quart , dans les crocodiles du Gange que dans Talligator -, d'ailleurs elles fe touchent toutes , & les écailles carrées qui les compoient , font plus relevées dans leurs bords y flms Têtre autant dans leur centre , que celles du crocodile du Nil. Ces ditîérences avec le crocodile proprement dit , lont plus que Tuffifantes pour confeituer un^ ci- pcce diclincce. Les crocodiles du Gange parvien- nent à une grandeur très - coniidéra- ble 5 aini] que ceux du Nil. L'on peut voir , au Cabinet du Roi , une portion de mâchoire de ces crocodiles des grandes Indes , d'après laquelle nous ^vons trouvé que l'animal auquel elle 28 s Hijtoire NafurelU a appartenu devoit avoir tr-cnte pieds dix pouces de longueur (a). Au refte ^Jious ne pouvons donner une idée plus nette de ces énormes animaux qu'en renvoyant à la figure «Se à la note précédente , où (a) Dim^enfions d'un cro-'pjc^isjpouc, "ug^;; codiîe à tête alongée , II 1 Longueur totale Longueur de la téie. Longueur depuis l'entre deux des yeux , jufqu'au bout du mufeau Longueur de la mâchoire fu- périeure • . . . Longueur de la partie de la mâ- choire qui eft armée de dents. Diftance des deux yeux <3rand diamètre de l'œil •Circonférence du corps '^ l'en- droit le plus î;ro3 Circunierence de la tête der-' riére les yeux ^ 2 Circonférence du muieau à l'en droit le plus étroit. ....... Longueur des pattes de devant jurqu'au bout des doigts- . . Longueur des pattes de derrière julqu'au bout des doigts. ... i Longueur de la queue 5 Circonférence de la queue k ion origine 10 I fi i 6 3 2 6 3 % I 8 6 I 9 6 non des Quadrupèdes ovipares, z 8 ^ nous rapportons les prmcipdl es dimcniîons de rindividu de près de douze pieds, dont nous venons de parlai*. ^ C'ell: apparemment de cette cfpècc qu étoient les crocodibsvuspar Tavcrnicr fur les bords du Gange , depuis Toutipour jufqu'au bourg à'Acérût, qui en eft à vingt-cinq cojfès. Ce Voyageur apperçut un très-grand nombre de ces animaux, couchés fur le fable -, il tira fur eux -, le coup donna dans la mâchoire d'un grand crocodile , Se fit couler du fang -, maiç Tanimpi fe retira dans le fleuve. Le len- demain, Tavernier , en continuant de delcendre le Gange , en vit un aufTi grand nombre , également étendus fur: le rivage *, il tira fur deux de ces animaux deux coups de fuiil chargé à trois ballt?s, au même infiant ils Te renversèrent fur îe dos , ouvrirent la gueule > Ôc expi- rèrent {b}, li paroît que le Gavial n'étoit point inconnu des anciens , puilqu'au rapport d'Elien, on difoit de fon tems que l'on ( bj Voyage de TavcTiiier. HiJÏ. gémrale des Voycig^it partie 2 , Livre II. jOyij^arcs, Tome I^ ftî 290 Hijîoire Naturelle trouvoit fur les bords du Gange des cro- codiles qui avoient une elpcce de corne au bout du mufeau. Mais M. Edwards eft le premier Naturalise moderne qui ait parlé du gavial-, il publia, en 1756 , la figure & la defcription d'un individu de cette efpccc , dont il a comparé les mâchoires longues & étroites au bec du harle , & qu'il a nommé crocodile a bec ûlongé ( c). Cet individu , qui prélentoit tous les fignes d'un développement peu avancé, avoit au-defîous du ventre une poche ou bourfe ouverte -, nous n'avons trouvé aucune marque d'une poche fem- blable dans le crocodile du Gange dont nous venons de donner les dimenfions , ni dans un jeune crocodile de la même eipèce , & long de deux pieds trois pouces , qui fait aufïï partie de la col- ïedlion du Cabinet du Roi. Peut-être -cette poche s'efface-t-elle à mefure que l'animal grandit, & n'eft-elle qu'un reftc de l'ouverture par laquelle s'ifiscre le cordon ombilic il -, ou peut-être l'individu de M. Edwards étoit-il d'un lexe dif- (cj Tranfa&ions philofop^qucs , année 1756. des QuadrupcJes ovipares, 291 férent de ceux dont nous avons vu la dépouille. L'on confervc au Cabinet du Roi une portion de mâchoire garnie de dents ^ à demi - pétrifiée , renfermée dans une pierre calcaire trouvée aux environs de Dax en Gafcogne , & envo)^ée au Ca- binet par M. de Borda. Elle nous a paru 5 d'après Texamcn que nous en avons tait, avoir appartenu à un gavial. LE FOUETTE-QUEUE (<»)• dUk'NOM de Fouette-queue a été emi- plbyé par difîércns Nuturalifles , pour déligner diverfes elpèces de lézards qui peuvent donner à leur queue des mou- vemens femblables à ceux d'un fouet : ce (a) Le Fouette-queue. M. d* Aubeuton ^ Encychr pédie méthodique. "'Lacerta caudi-verberaj 2. LInn, amphib. npt, Séba , min 1, tab. 106 , fi^ i. Caudi-verbera peruviana. Laurenn fpeclmm mcdicum t Vicit. l'jfi'è t pa^e 37. ^ FeiiiUce 2 , page 319. Ni-, %^i , Hijîolre Naturelle nom j. été particulièrement appliqué au lézard dont il eft ici quelliou , & à la dja-^onne dont nous parierons dans Tar- tiçle luivant : il en eft réiulté une obfcu-» rité d'autant plus grande dans les faits rapportés par les Voyageurs , relative-r nient aux lézards,, que le nom àp cor-> àylc a été auiîi donné par pluiieurs au-^ teurs, à la dragonne , ce qu'enfuite le nom de fouette-queue a été lié avec celui de eordyle , de manière à être attribué tton^feulement à la dragonne, qui a réeU îement ia propriété de faire mouvoir fa queue comme un fouet , mais encore à d'autres eipèces de lézards , privées de i:etî:e. faculté , & déiignécs également pa|: le norn de cordyle^ Nous croyons donc, pour éviter toute confulion, devoir con- server uniquement au lézard , dont il ^Vgît ici , le nom de fouette-queue. Il habite les climats chauds de l'Amé- rique méridionale, & on le trouve par- ticulièrement au Pérou. Il a quelquefois pluùcurs pieds de longueur. Son dos eft couvert de plaques carrées &: d'éeailles ovaies qui garni^lfent aulTI les côtés. Sa queue, qui paroît dentelée par leb bords ^^ 77r/n / . PI.IK. />a^. a^ço \ LA DKAGONE âts Qiiadrupèdes ovipares, 19} &: qii'il a la facilité d'agiter comme u'îi fouet, l*afiirnile un peu à la dragonne; &^'î^ 'forme applafic de cette même queue, ainfi'que les pieds palmés, le rapprochent du crocodile , dont il eft cependant bien aifé de le diflinguer , parce que - 1^ crocodile n'a que quatre doigts .atix pieds de" derrière , tandis qu é le' f oue tte-qlî eiié . en à ^c i n q à en a qu e pied/ Ceft ce'qui-noiis'à déterminés à regarder comlne un fouette-queue l'ani- mal repréienté dans la planche cent ^xième du premier volume de Séba : M. Linné ra:ir"apporté au crocodile -, mais il a cinq doigts aux pieds de derrière y Se , d'un autre cotéj il ne peut pas être confondu avec ia dragonne , puilque ies pieds font palmés* D'ailleiU'S Séh.t donne l'Amérique pour patrie à ce grand lézard , ce qui s'accorde fort bien avec ce que M. Linné lui-même a dit de celle du Fouette-queue ( b). Nous croyons de- voir ohferver auITi que le lézard repré- fenté dans Séba , tome i , planche î 0^ , figure z j & que M. Linné a indiqué (bj M, Linné ^ à l\niKit déjà atê. M iij z^4 Hijïoire Naturelle comme un Fouette-queue , eft une dra- gonne , attendu que quoique ]e delîîna- teur lui ait donné des membranes aux pieds de derrière , il eft dit dans le texte gu'il n'en a point. Le Fouette -queue nous paroît être, aïnii que nous Tavons déjà dit(r), le lézard que Dampier regardoit comme une fé- conde efpèce de cayman d^Amérique. li y a, dans Tille de Ceyian, un grand lézard j qui , par fa forme , reiiembic beaucoup au crocodile j mais il en diffère par fa langue bleue 8c fourchue > qu'il alonge d^une manière effrayante , lori* qu'ii ia tire pour fifller , pu feulement pour refpirer. On le. nomme Kobbera- Guion. Il a communément lix pieds de longueur ; fa chair ei?c d'un a(fez mauvais- goût v li plonge iouvent dans Teau , mais fa demeure ordinaire eft fur la tei're où il fe nourrit des oi féaux , & des divers ani- maux qu'il peut fiiiir. Il craint l'homme^ & n'ofe' rien contre lui \. mais il écarte Lins peine les chiens & plufieurs des ani- maux qui veulent l'attaquer, en les frap- (c) Artick des crocodiles. des Quadrupèdes ovipares, 295 pant violemment avec Cx queue , qu'il agite & fecoue comme un long fouet. Nous ignorons il les doigts de fes pieds font réunis par des membranes : s'ils le font, il doit être regarde comme de la même efpèce que le Fouette-queue du Pérou , qui peut - être aura fubi Tin- flueuce d'un nouveau climat -, fmon il faudra le coniidérer comme une dra- gonne. LA DRAGONNE (^). La Dragonne reiïcmbîe beaucoup , par fa forme, au crocodile, elle a ,comme lui , la gueule très-large , des tubercules CaJ La Dr?,gonne. M. d'Aubcnton, Encydopédit méthodique. Hi/l. Katurdtc des Çlnadrupides ovipaTcs. Lacerta Dracœna 3. Linnocus. Ray, Synop/ii Quadrupedum , page 270. Lacertus îndicus. Se fia . locupktijjïnii rerum iia!uralii:ni Thcfaurl accurata^ d^pcriptio , tome i , plancha 10 1 , ji^. I. LaceiU îtlixima caudi-verbcra , cordylus. Miifœum IVoTmiaimn , Chap, xxu^ page 313. Laturtus iiKîicuî* N lY zçS HiJIoire Naturelle fur le dos, & la qiieue aplatie j fa gnn^ deiir égale quelquefois celle des jeunes caymans : fa couleur d'un jaune roux fonce 5 & plus ou moins mêlé de ver- dâtre , eft femblable auffi à celle de ces animaux -, c'efl ce qui a fait que , fur les cotes orientales de l'Amérique méridio- nale, elle a été prife pour une petite" efpèce de crocodiles eu de caymans (b). Mais la Dragonne en difîcre principale- ment, parce que, au lieu d'avoir les pieds palmés. Tes doigts, au nombre de cinq a chaque pied , font très-féparés les uns des ajitres , comme ceux de prefque tous les lézards. Ils font d'ailleurs tous garnis d'ongles aigus Se crochus *, la tête, aplatie par-deflus , &: comprimée par les côtés , a un peu la forme d'une pyra-^ mide à quatre faces , dont le mufeau ieroit le fommet -, elle reffemble par-là à celle de plufieurs ferpcns , ainii que la îangue qui cfl fourchue , & cjui loin d'être cachée & prefque immobile comme celle du crocodile , peut être dardée avec faci- w ■ .1 . , - . ■ .11 m (h) Note communiquée par M, k Ch&yalkr i$ ^des Quadrupèdes ovipares. 297 Vite. Les yeux font gros Se brillans ; 1 ouverture des oreilles eft gr.inde, & en- tourée d'une bordure d'écaiiles -, le corps épais , arrondi , couvert d'écnilles dures, offeufes comme celles du crocodde , & prefque toutes earnies d'une arête farl- knte -, plufieurs^de celles du dos font plus grandes que les autres , & relevées par des tubercules en forme de crêtes , dont les plus hauts font les plus voifins de la queue , fur laquelle les lignes qu ûs forment font prolongées par d'autres tubercules. Ceux-ci font plus aigus , & produlicnt deux dentelures iemblables à celle d'une fcie , 8c réunies en une feule vers l'extrémité de la queue , quE cft très-longue. La Dragonne, ainfi que le Fouette-queue , a la facilité de la re- muer vivement . & de Tagiter comme un fouet. Cette faculté lui a fait donner le nom de Fouette-queue, que nous avons conlervé uniquement à refpcce précé- dente , & que nous n'emploierons j.miais en parlant de la Dr:.gonne, pour éviter toute confufion ; on l'a aufli appellee Cordyle : mais nous rcfexyons ce nom pour un lézard diilçrent de celui que N V 298 Hijloire I^^ attire lié nous décnvons,& auquel on Ta déjà donné, Cefl principalement dans rAmérrque méridionale que i on rencontre la Dra- gonne -, il 7 a au Cabinet du Roi , un indi- vidu de cette efpèce, qui a été envoyé .de Cayenne par M. de la Borde, & d'après lequel nous avons fait la delcription que l'on vient de lire te) \ elle eil affez conforme à ce que dit Wormius de cette cfpècc de grand lézard, dont il avoit un individu long de quatre pieds ro- mains {d), Cluiîus connoiiioit aulîî le 5 4 1 o c- 5 4 lign 4 4 (c) Principales dimenfions pieds, pouc. d'une Dragonne qui elî au Cabinet du Roi. Longueur totale Contour de la gueule ' Diftance des deux yeux Circonféience du corps h l'en- droit le plus gros Longueur dts pattes de devant, jufqu'au bout des doigts. . . . Longueur des pattes de derrière, julqu'au bout de doigts 'i^ongueur de la queue Circonférence de la queue à Ion _ 8 1 ( hj Mufaum PVerm.anum; de pedejirihus ^ Caf- 32, 10 6 6 des QuaJrupêJes ovipares, 299 ttiiime animal (J> J^L. X. p a^ / 2> oi De Seoi éeL LE TUPINAMBIS. vettvelœrdieu - des Quadrupèdes ovipares. 50 J ne fc font point trompés à ee fujet , Ton ne doit regarder rignariicu que comme une variété de h 'Dragonne. LE TUPINAMBIS (^). Ce LEZARD habite également les contrées chaudes de Tancien & du nouveau Con- tin de incnt. On a prétendu que fur les bords le la rivière des Amazones , auprès de fa) Tupinambis , m Amérique. Gaitabé , au Sénégal. Cayman , guano, ligan , ïigans, par certains Voyageurs ; ce qui i'a fait confondre avec le5 iguanes, ainfi qu'avec les crocodiles. Tilc'jetz Pallin , dans la vouvcUc Efpagne. Lézard moucheté. M. d'Auh&nton , Er.cychpéâiê méthod:que. Lacerta monitor, 6. Linn. amph. rept. Seha , I , taf). 9^ , fig- 1,2, 3. tab. gô , fig. I j Hj 3. tab. 97, %. 2. I , fab. 99 , %. I. tab. IGO , fig. 3. Z,*tab. 30, f^. 1. tab, 49 * jig. 2- tab. 86 > fig. 2. /a^. 105 j %• I. Steliio Sauras, 89. Laurenti, fpecimeii mcdicumt page 56. "Stellio SalYatorj90. Laurcnti^ fpcc'men mcdicumg- pa^e 56. 3C<> Hijloirs Naturelle Surinam & des pays voiiins , le Tiipi- iiambis acquerroit une grande tailîe & parvenoit julqu'à la longueur de douze pieds : mais on aura furemeiit pris des caymans pour des Tupinambis -, & Ton doit ranger cette fable parmi tant d'autres qui ont défiguré Thifloire des Quadru- pèdes ovipares. Le Tupinambis a tout aU' plus une longueur de fix ou fept pieds dans les contrées où il trouve la nour- riture la plus abondante & la tempéra- ture la plus favorable. L'individu que nous avons décrit &c qui eft au Cabinet du Roi, a trois pieds huit pouces de long en Y comprenant la queue {b)\ïl a été (i) Principales dimenfions da ' Tupinambis. Lorgueur totale Contour de ia gueuie » Circonfércjice du corps a l'en- droit le plus g^'os Longueur des pattes de devant, jufqu'au bout des doigts. . . . Longueur des pattes de derrière , w jufqu'au bout desdoigts. . . Longueur de ia queue Circonférence de ia queue à fon origine pieds pouc. lign. 3 8 4 8 I I D 5 9- I 6 10 l 7 10 1 des Qaadrupèdis ovipares, 307 envoyé du Cap de Bomie-crpérance. J'ai vu un autre individu de cette efpèce , apporté du Sénégal, & dont la longueiu: totale etoit de quatre pieds dix pouces. La queue du Tupinambis cil aplatie & à-peu-près de la longueur du corps. Il a à chaque pied cinq doigts allez longs, réparés les uns des autres & tous armés d'ongles forts & crochus. La queue ne pré fente pas de crête comme celle de la Dragonne, mais le deilus & le dcllous du corps , la tête , la queue , & Iqs pattes font rarnies de petites écailles enii lulîi- roient pour Giltmçuer ie lupinamois i^ autre; grands leurds à queue plate. Elles font ovales, dures, un peu élevées, prefque toutes entourées d'un cercic uc petits grains durs , placées à côté les unes des autres , & dipofces en bandes circu- îaïf es ^tï-àhfverfales.'Leur grand diamètre • ffè-.à-p-u-prcs d'une demi-ligne dans l'individu, envoyé eu Cap de Bonnc- ëfpérance au Cabinet du Roi (/;). La- (c) L*on peut vol'", dans la cC'Hection du Ca- binet du -Roi, un Tupiriambis p.iàle, eue dans (e tems de ûs -amours ^ les parties ie:-:uelles ioncbuf^ 3o8 Hljîoire Naturelle manière dont elles font colorées , donné au Tiipinambrg une forte de beauté *, Ton corps prcfente de grandes taches ou bandes irrégulrères d'un blanc âiïez éclatant qui le font paroître comme marbré, Se forment même fur les cotés une efpcce de dcnteile. Mciis, en ie revêtant de cette parure agréable, h nature ne lui a fait qu'un préfent funefte ? eile Ta placé trop près du crocodile fon ennemi mortel , pour lequel fa couleur doit être comme un figne qui îe fiit reconnoitre de loin. Il a, en eflet ^ trop peu de force pour fe défendre con- tre les grands animaux. Il n'attaque point i'homme-, il fe nourrit d'œufs d'oi-r feau-x (d) , de lézards beaucoup plus petits que lui , ou de poilfons qu'il va cher- cle l'anus; les deux verges , très-fépare'es l'une de l'autre, ont un pouce trois lignes de longueur. L'animal a deux pieds huit pouces de longueur totale. fd) t■> Hi/loire généraU des d:s Quadrupèdes ovipares, 309 cher au fond des eaux -, mais, la'jyantpas ia même grandeur, les mêmes armes, ni -par conléquent la mcme puiilancç que 'le crocodile, & pouvant manquer de proie bien plus iouvent , il ne doit pas être li driticile dans le choix de fa nourriture \ il doit d'ailleurs chafler avec d'autant plus de crainte, que le croco- dile auquel il ne peut réiifler efu en très- grand nombre dans les pays qu'il habite. On rapporte mcme que la prélence des caymans , infpire une ii grande frayeur au Tupinambis, qu'il fait entendre un fifflement très-fort, Ce iiftlemcnt d'effroi eft une efpèce d'averti ilement pour les hommes qui fe baignent dans les envi^ rons -, il les garantit , pour ainfi dire, de la dent meurtrière du crocodile , & c'eft de-là qu'elf veiui au Tupinambis le nom de Sauvegarde ou Sauveur , qui lui a été donné par plulieurs Voyageurs & Natu* raliftes.. li dépole fes œufs comme les caymans , dans des trous qu'il çrcufe dans le fible fur le bord de quelque rivière -, le foîeil les fait éclorc -, ils font f flez gros & ovales j &: les Indiens s'en 3 10 Uijloire Naturelle nournilcnt fans peine ( e ) ', la chair du Tupinambis cfl: auflî trcs-fucculente pour ces mêmes Indiens , & pl«fîeurs Euro- péens qui en av()iènt mangé tant en Amé- rique qu'en Afrique , m'ont dit l'avoir trouvée délicate. '- Cet animal produit des bézoards, ainfl que le crocodile & d'autres lézards; ces concrétions relicmblent aux bézoards des crocodiles, quant à leur forme exté- rieur -, elles font de la groifeur d\\n œuf de pigeon & d'une couleur cendrée claire tachetée de noir. On leur a attri- bué les mêmes vertus chimériques qu'aux autres Bézoards , & particulièrement à ceux du crocodile & de l'iguane { f )\ La difette que le Tupinambis éprouve fréquemment , a dû altérer Tes goûts, tant la faim & la misère dénaturent les habitudes. Il fe ncurrit ■ louvent de corps infcd:s & de hibftanç'es à demi- pourries -, & , lorfque cet aMment abjeéfc lui manque, il le remplace ^par des (e) IJifloire [générale des l^oyages , tome 54 , pagt ^30 , édir. in-12. (fj Seba , volume 2 , page 1 40. des (Quadrupèdes ovipares. 3 r i mouches & p^ir des fourmis. Il va chalîer ces infedres au milieu des bois qu'il fréquente ainli que les bords des eaux : la conformation de fes pieds dont les doirts lont trcs-iéparés les uns des des autres, lui donne une grande faci- lité de grimper fur les arbres où il cherche des œufs dans les nids , mais où il ne peut fouvent que vivre milérabie- ment en pourluivant avec fatigue des animaux bien plus agiles que lui. Le feul Quadrupède ovipare qu'on a cru devoir appeller Sauve- garde , louffre donc une faim cruelle, ne peut [q pro- curer qu'avec peine & inquiétude la nourriture dégoûtante à laquelle il eft fréquenmient réduit , & finit prefque toujours par être la vitlime du plus fort. Le Tupinambis eft le même animal que le lézard du Brélîl, appelle Téju- guacu & Temapara Tupinambis , & dont Ray ainfi , que d'autres Auteurs , ont parlé ig). Marcgrave en a vu un vivre fept mois , fins rien manger -, quelqu'un ayant marché lur la queue de ce Tupi- ■ » ' ' ' 1 I M (g) Ray , Synopfis animaitum , page 265, ""x i z HiJIoire Naturelle nambis , 6c en ayant brifé une partie ,• elle rcpouira de deux doigts : au refle, il eil important de remarquer que ces noms de Téjiicuaca & de Temapara ont été donnés à plulicurs lézards d'elpèces différentes , ce qui n'a pas peu augmen- té la confufion qui a régné dans ThiK toire des Quadrupèdes ovipares. Kgtiqji rJS^iJi^i;»'';i^UiiLA LE SOURCILLEUX W. On trouve dans Tlfle de Cevian , dans celle d'Am.boine , & vraiiemblable- ment dans d'autres régions des grandes Indes, dont la température ne diffère pas beaucoup de ceiles de ces Mes , un lézard auquel on a donné le nom de Sour- cilleux , parce que fa tête eff relevée au- delius des yeux par une arête {aillante^, garnie de petites écailles en forme de (a) Le Sourcilleux. M. i' Aube n ton , Encyclopédie méthodique. jLacerta fupercHiofa. 4 Lînn. amphibie reptilia. Seba, mufaum , :onie I, planche 109, jig. 4, & planche 9.4 , ji^. 4. fourcilsy des Quadrupèdes ovipares. 515 fcurcils. Cet animal eft auffi remarquable par une crête compofée d écailles ou de petites lames droites , qui orne le der- rière de fa tête, èc qui fe prolonge en forme de peigne ou de dentelure, JuP qu'au bout de la queue. Les yeux font grands, ainfi que les ouvertures dos oreilles-, le mufeau eft pointa, la gueule large , la queue aplatie & beaucoup plus longue que le corps \ ce lézard a les doigts très-réparés les uns des autres , & très-longs , fur-tout ceux des pieds de derrière , dont le quatrième doigt égale îa tête en longueur •, les ongles font forts; & crochus \ les écailles , dont tout le corps efl recouvert, font très - petites ,• inégales en grandeur, mais toutes rele- vées par une arête longitudinale, 8c placées les unes au-defTus des autres ,• comme les écailles de pluiicurs poillcns. La couleur générale des Sourcilleux cft d'un brun clair tacheté de rouge plus ou moms fonce *, la longueur totale de l'individu que nous avons décrit , & que Ton conferve au Cabinet du Roi , efl d'un piedc Comme les doigts de ces lézards font très-îon^Ts èc, très-divifés ,- Ovipares. Tonic L O 3 I 4 Hijlolre Naturelle îeurs habitudes doivent approcher à beaucoup d'égards de ceiics de h Dra- gonne. On dit qu'ils pouiîent des cris , qui leur fervent à Te rallier (b). Au rcfte , ce caradtcre très-appa- rent d'écaiiles relevées , cette forte d'armure , qui donne un air diftingué au lézard qui en Cil revêtu , & oue nous trouvons ici pour la féconde fois , n'a pas été uniquement accordé au Sourcil- leux & à la Dragonne. Il en efi: de ce caradère comme de tous les autres , dont chacun eft prefque toujours ex- primé avec plus ou moins de force , dans plufieurs cfpèces différentes. Cette crête 5 que nous venons de remarquer flans le Sourcilleux , fert auffi à dé- fendre qu parer la tête- fourchue, l'iguane, le bafîlic, &:c. NGn-feulcment même elle a des formes diiîércntes dans cha- cun de ces lézards j non - feulement elle préfente tantôt des rayons alongés , tantôt des lames aiguës , larges & trcs- courtes , &c. mais encore elle varie par fa pofition : elle s'élève en rayons iurtout {e corps diibafiliCj depuis le lommet de la fhj Séèa, premier volume , pa^e j']^. des Quadrupèdes ovipares, j 1 1 tête jufqu'à rcxtrémité de la queue ; elle orne de même la queue du porte,-' crête j & garnit enfuite Ton dos en forme de dentelure \ elle revct non-feulement le corps, mais encore une partie de k membrane du cou de Viguine \ elle s'étend le long du dos du mâle de la falamandre à queue pLite ; elle paroît comme unecréneîure fur celui du plijje ç 4 peine fenfible fur le delTous de la gorge du marbré , elle défend, dans le galéote j la tête & la partie antérieure du dos s elle fe trouve aufïï fur cette partie antérieure dans Vagarne; elle fc préfente 5 pour ainii dire, fur chaque écaille dans le Jlellion j Va:{ure\ le té gui' xin ; elle règne le long de la tête, du corps & du ventre du caméléon ; elle paroit à l'extrémité de la queue du cordyk \ 6c , pour ne pas rapprocher ici un plus grand nombre de Quadrupèdes Dvipares,elle eft compofée d'écaillcs clair- femées fur le lézard appelle tête-fourchue ; c!le occupe le deffus du corps, de la tête & de la queue dans le Sourcilleux ^ ôz nous avons vu qu'elle ne s'étendoit qiie fur la queue de ia dragonne, Oii '5 1 6 Hifloîre Naturelle "m LA TETE-FOURCHUE ia\ Dans l'Isle d'Amboine, 8c par conféquent dans le mcmc climat que le fourcilleux , on trouve un lézard qui reiTemble beaucoup à ce Quadrupède ovipare. li a comme lui , depuis la tcte jnfqu'à Textrémitç de la queue, des aiguil- lons courts en forme de dentelure , mais €^iî font fur le dos, plus fcparés les unj àçs autres que dans le fourcilleux, La queue comprimée , comme celle du Crocodile, cil tout au plus delà longueur du corps. Le deffus de la tête qui efl irès^courte Si très-convexe, préfente deux éminences qui ont une forte de reflem- blancc avec des cornes. Suivant Séba, la pointe du mufeau eft garnie d'un gros tubercule entouré d'autres tubercules blanchâtres ; le cou cfl ^^.— I 11 I M faj L*occip ut Fourchu. M. d'Juhenton , Ency^ $lûpédls méthodique. Lacerta fcutata , 5. LTiin amphlh. rept. îguana clamofa , 7^. Lonrenn fpeêimn medicuffi^ •S'tif îfjik'iohç 10^ j figure 3, des Quadrupèdes ovipares. 3 i 7 ■goitreux, & !e corps femé de boutons blancs, ronds, élevés , qiiei'on retrouve en- core aïKÎeiloiis des yeux & de ia mâchoire inférieure. Les cuiil'es , les jambes & îes doigts font longs & déliés. Ce lézard & refpèce précédente ont trop de cara- ôères extérieurs communs pour ne pas fe refîembler beaucoup par leurs habi- tudes naturelles, d'autant plus qu'ils préfèrent l'un & l'autre les contrées chau- des de rinde. Auffi leur attribue- t-on a tous les deux la faculté de fe rallier par des cris (^). MMHi' (^J Séhi, yoUmi l,pa^t 173, Onî 3 1 8 HiJIcire Naturelle LE LARGE-DOIGT C^). Lescaractèp.esdistinctifs de ce lézard, qui fe trouve dans les Indes, font d'avoir la queue deux fois plus longue que le corps 5 comprimce, un peu relevée en carène pardeÛus , frriée pardefTous , Se divifée en plufîeurs portions, compofées chacune de cinq anneaux de très*petites écailles. lia, fous le cou, une membrane allez fembhbie à celle de Tiguane, mais qui n'efl point dente*iéc. A chaque doigt , tuhi des pieds de devant que des pieds de derrière , ravint-dernrère articulation eft pardcilcus plus large que les autre,*, & c'eii de-là que M. d'Aubenton a tiré le nom, que nous lui confervons. La tête eil pinte, & comprimée par Its côtés 5 le muicantrcs-déiîé -, les ouvertures des narines Tons très-petites, ainii que les trous des oreilles. {aj Le Large-doigt. M. d'Jubcnton, Encyclopédie Pléthodiguc. Laeerca principalis, 'j» Lin-n. amphib.rtpt. des Quadrupudes ovipares. 3 1 ^ LE BIMACULÉ. Nous DEVONS la connoifî-ince de cette nouvelle elpèce de lézàrd à M. Sparrm.m , favant Acadéaiicien de Stocicolm, qui en a décrit pluficurs individus envoyés de rAmcrique feptentrionale, par M. le Do61:eur Acrciius , à M. ie Baron de Gécr {a)\ quelques-uns de ces individus avoient le defTus du corps femé de taches noires -, tous avoient deux grandes taches de la mcme couleur fur les épaules ^ & c'efc ce cjui leur a îxit donner , par M. Sp arrrûan, ie nom de Bimaculés, La tcte de ces lézards eft aplati? par les côtés -, la queue cri comprimée cSc deux fois plus longue que le coi'ps. Tous les doigts des pieds de devant & de ceux de dt-rrière , excepté les doigts extérieurs , font garnis de lobes ou Je membranes qui en élargilîent la lurfacc, (a) Mémoires dt l'/icaciémic des Sciences Je Stocklolm^auiiéc 1784. Tfoijiènïî Tyimtfjz , pagt i6y. O IV $2,0 Hijloire Naturelle Se qui donnent au Bimaciilé un nouveâtj rapport avec le large-doigt. Suivant M. le Dodeur Acréliiu , îe Bimaciilén'errpoint méchant, il fe tient louvent dans les Lois, où il fait entendre «n fifflement plus ou moins fréquent. Vn le prend facilement dans un piège fait avec de la paille, qu^on approche dcî lui en fifflant, & dans lequel il {*uite & s engage de lui-même. La femelle dépofe les œufs dans la terre. On le trouve à Saint-nuilache & dans la Penillvanie. Le fond de U couleur varie : il ^Ct quel^j quefois d Uû bleu noirâtre. ' des Quadrupèdes ovipares» 3 z « ■"■■'' ' ' ' I ■ « ■ «a LE S I L L O N É («). On trouve 5 dans les Indes , un afîez petit lézard gris dont nous plaçons ici îâ notice , parce qu il a des écailles con- vexes en forme de tubercules fur les flancs j &z parce que fa queue efl aplatie par les cotés comme celle du crocodile Se des autres lézards dont nous venons 7/i • I . P/.jr/./'iU/. 3:.' 2. L'IGUANE . des Quadrupèdes ovipares. 323 menfes , dont les eaux s'étendant en liberté , inondent au loin des campagnes L'Iguane. ISI. d'Juknton , Encyclopédie mér%- Lac. Igaana, 16, Linn. amphihlareptïUa. Ray, Sy^.op[lS Q//aJriipeduni^ page 265. Lacertus indicus Senembi îSc Iguana dictus. Iguana deîicatifîima, 71. Iguana tuberculata, 72. Lairentl fpecimen medicum. Leguana. Didiioimaire d'IIiJloire Naturelle , par M, Valmont de Domars. Seha, I tal)k 95 , jlg. 1,2, planche g6 , figure 4 , planche 97, figure 3, planche 98, jignre l. The Guana. Bwiviiy Hiftoin Naturelle de la Ja-^ maiqtie. Lacerta , i. Major fquamis dorfi lanceoîaîis créais è nuchâ ad extremitatem cauds porreâis, Idem. Grand le'zard ou Guanas. Catesby ^ îiijloire Natu- relle de la Caroline , volume 1 , page 64. Grand lézard. Dnreitis ^ page 308. Gros lézard , nommé Iguane. Rochefort ^p. 144. Gros lézard. Labat, tome l^page 314. Guana. Sloane , vol. 2. Iguana. Gronov. mus 2, page 82, N.'^ 60. ^loTcgT. Braf 236 , fîg. 236. Senembi feu Iguans. Jonfi. Quadiup. tab. 77, fig 5. Olear. mus, tab. 6'>fig. I. Yvana. Bont. jav. 56, tab. 56. Lacerta Leguan. Nieremberg nat, 2^1, tab. 27 1. IVorm, mufauni. 313. Çluf. MOU lié. Yvana, Ovj 324 lïifloin Naturelle nouvelles , & ou îa main de Thommê nz îamais oppofé aucun obftacle à leur courfe*, fur les rives limonneufes de ces fleuves rapides > s'élèvent de va/les èc antiques forêts. L'humidité chaude & vivifiante font, des vaftes contrées du nouveau isioode 9 un grand & iBâgiûË^uc tabic^îUjr âcs Quaârupèies ovipares» 3 2 j Dne kène animée , auiTi variée qu im* menfe.D'un coté , des ondes majeftueufes roulent avec bruit -, de l'autre , des flots écumans fe précipitent avec fracas de roches élevées , & des tourbillons de vapeurs réfiéchifFent au loin les rayons cblouiilans du foleil -, ici Fémail des fleurs fe mêle au brillant de la verdure, & eft effacé par Téclat plus brillant encore du plumage varié des oifeaux -, là , des cou» îeurs plus vives , parce qu'elles font ren» voyées par des corps plus polis , forment 3a parure de ces grands Quadrupèdes ovi- pares, de ces gros lézards que Ton efl tout étonné de voir décorer le fommet des arbres , & partager la demeure des habitans ailés. Parmi ces ornemeDS remarquables & vivans dont on fe plaît à contempler, dans ces forets épaiffes , ia forme agréable &: piquante , &: dont on fuit avec plaifir les divers mouvemens au milieu des ra- meaux & des fleurs , la dragonne & le tupinambis attirent l'attention \ mais le iézard dont nous traitons dans cet article , fe fait diiliBjguer bien davantage par i^ $i6 Uijloire Naturelle be.nité de fes couleurs , i'écLit de Çéi écarîlles.&laiingularité de fa conformation. Il efl: ailé de reconnoître Tlguane à la grande poche qu'il a au-delTous du cou , & fur-tout à îa crête dentelée qui s'étend depuis la tête, jufqu'à Textrémité de îa queue , & qui garnit aufïï le devant de la gorge. La longueur de ce lézard , depuis îe mufeau, jufqu'au bout de la queue, cftaficz fouvent de cinq ou fix pieds {b)'f celui que nous avons décrit , & qui a été envoyé de Cayenne au Cabinet du Roi ( b) a Pendant îe féjour que Brue fit à Kayor m fur îe wSénégal, on îuilît voir un Guawfl (Iguane) »> îong (Te trois pie-ds , depuis le muleau jufqu'à » îa queue , qui devoit avoir encore deux pieds de pîus. M L'on doit croire que îa queue de ce îézard avoit éprouvé quelque accident , les Iguanes ayant Ja queue plus longue que le corps), a Sa peau w étoit couverte de petites écailles de différentes »> couleurs, jaunes, vertes & noires, lî vives j» qu'elles paroilToient colorées d'un beau vernis. Il y> avoit les yeux fort grands , rouges , ouverts « jufjju'au fommet de la tête. On les auroit pris » pour du feu , lorfqu'il étoit irrité : alors fa gorge s'enfloit auffi, comme celle d'un pigeon. « Hifioirs gàkraU des yoya^ts , iiyre m, chapitre l8. des Quadrupèdes ovipares, ^ij par M. Sonini , a qu.itre pieds de long Ce). La tcte eft comprimée par les cotés , & aplatie pardellus -, les dents font aiguës , Se liiez femblables , par leur forme , à celle des lézards verts de nos provinces méridionales. Le mufeau , Tentre-deux des yeux, Se le tour des mâchoires font (c) Principales dimenfions" d'un Iguane , confervé au Cabinet du Roi. Longueur totale .^. . . . • Circonférence dans Pendroit le plus gros du corps Circonférence à l'origine de la queue Contour de la mâchoire fupé- rieure Longueur de la plus grande écaille des côtés de la tête.. Longueur de la poche qui eft au-deflbus du cou Largeur de la poche Longueur des plus grandes écail- les de la crête Longueur de la queue Longueur des pattes de devant, Jufqu'à l'extrémité des doigts. Longueur des pattes de der- rière liOBgueur du plus grand angl*. pieds. pouc. lign. 4 I 4 5 9 3 3 I - 3 4 I lO 1 10 2 t 7 4 7 I 9 9 5 î 8 Hljloifc Naturelle garnis de larges écailies très-Coîorées , très-unies & très-luifantes -, trois écailles plus îarges que les autres , font placées de chaque coté de la tête , au-deflbus des oreilles *, la plus grande des trois cft ovale 5 Se Ton éclat, femblahle à celui des métaux polis relève la beauté des couleurs de Tlguane-, les yeux font gros-, Tcuverture des oreilles efl grande ; des tubercules qui ont la forme de pointes de diamans, font placés au-deffus dç% narines fur le fommet de-la tcte, & de chaque coté du cou. Une efpèce de crête , compofée de grandes écailles /aillantes, & qui, par leur figure, reft» femblcnt un peu à des fers de lance, s'étend depuis la pointe de la mâchoire inférieure 5 jufques fous la gorge, où elle garnit le devant d'une grande poche, que ilguane peut gonfler à Ion gré. De petites écailies revêtent le corps , ïa queue & les pattes : celles du dos font relevées par une arête. La crête remarquable , qui s'étend, ainfi que nous l'avons dit , depuis le fommet de la tête jufqu à rcxtrémité de la queue , elt compofée d'écailks îiè§? des Quadrupèdes ovipares. 329 longues, très'dgiics & placées vertica* lement -, les plus hautes font fur le dos , &: leur élévation diminue infeniiblement , à mefure qu'elles font plus près du bout de la queue , où on les diftingue à peine. La aueue eft ronde, au lieu d'être aplatie comme celle des crocodiles. Les doigts font féparés les uns des autres, n\i nombre de cinq à chaque pied, ^ garnis d'ongles forts & crochus ; dans les pieds de devant, le premier doigt , ou le doigt intérieur, n'a qu'une phalange-, le fécond en a deux , le troî- îîème trois , le quatrième quatre & 1^ cinquième deux. Dans les pieds de derrière , le premier doigt n'a qu'une phalange , le fécond en a deux , le troifième trois, le quatrième quatre j & le cinquième , qui eft féparé comme un pouce, en a trois. Au-deiTous des cuifîes s'étend , de chi» que côté , un cordon de quinze tubercules creux & percés à ieurfommct, comme pour donner pafîage à quelques fécrétions : nous retrouverons ces tubercules dans pluûeors cfpècej de Uzardsi il fcroU 3 5 o HiJIoire Naturelle intérefEmt d'en connoître exadement rufiige p.iiticulier. La couleur générale des Iguanes efl ordinairement verte, mêlée de jaune, ou d'un bleu plus ou moins foncé*, celle du ventre, des pattes & de la queue efl quelquefois panachée , la queue de rindividu , que nous avons décrit ^ préfentoit plulieurs couleurs difporées par bandes annulaires 8c ailez larges % mais les teintes de Tlguane varient , fui- rant Tâge, le fexe, & le pays (d). Ce lézard eft très-doux -, il ne cherche point iï nuire *, il ne fe nourrit que de végétaux & d'infedles. Il n'eft cependant pas furprenant que quelques Voyageurs aient trouvé Ton afpci^lciirayant, lorfque agité par la colère, & animant fon regard, il a fait entendre Ton fiftlement, fecouéfa longue queue, gonflé C.\ gorge. »!»■ fdj Nous nous en fommesaiïurcs par Pinlpec- tion d'un grand nombre d'individus des deux fexes de dift'érens pays & do ditïerens âges , & c'eit ce qui explique les différences que Pon trouve dans les deCcriptions que les Voyageurs & ies Na^ turaiiites ont données de i'Iguanc. des QuaJrupèdes ovipares, 331 rcdrcfî'é fcs écailics, & relevé fa têt© hériiîée de callolitcs. La femelle de Tlguane ed ordinaire- ment plus petite que le maie -, Tes cou- leurs font plus agréables , {qs propor- tions plus fveltes -, Ton regard efl plus doux , & Tes écailles préfentcnt fouvent réclat d'un trcs-beiu vert. Cette parure 6c ces fortes de charmes ne lui ont pas été donnés envain -, on diroit que le n^^lc a pour elle une pafîîon trcs-vive -, non- feulement , dès les premiers beaux jours de la fin de l'hiver , ilia recherche avec emprclTement , mais il la défend avec fureur. Sa tcndreffe change fon naturel ; la douceur de fes mœurs , cette dou- ceur fi grande , qu'elle a été comparée à la ftupidité , fait place à une forte de rage. Il s'élance avec hardiclfe, lorfqu'il craint pour Tobjet qu'il aime -, il faifit avec acharnement ceux qui approchent de fa femelle , fa morfure n'eft point veni- meufe -, mais pour lui faire lâcher prile , on eft obligé de le tuer , ou de le frapper violemment fur les narines {e). Il I ■ - .... . (e) Causby , Hifioirc Naturelle da U Cardiiw , folumz 2 j page 64. J3 2 Hrjîoire Naturelle C'eil environ deux mois après la fin de i'hiver que les Iguanes femelles defcendent des montagnes, ou fortent des bois , pour aller dépofer leurs œufs fur le fable du bord de la mer. Ces crufs font prefque toujours en nombre impair , depuis treize , jufqu'àving-cinq. ïîs ne font pas plus gros , mais plus longs que ceux de pigeons*, la coque en eft Élanche & foupie, comme celle des cEufs des tortues marines, auxquels ils reflemblent plus qu'à ceux des croco- diles. Le dedans en eft blancbâtre 5c fans glaire. Ifs donnent , difent la plu- part des Voyageurs qui font allés en Amérique , un excellent goût à toutes les fauces 5 ôc valent mieux que ceux de poules» Llguane, fuivant plufieurs Auteurs ^ & de ia peine à nager, quoiqu'il fre* quente de préférence les rivages de h mer ou des fleuves. Catefby rapporte que lorfqu'il eft dans Teau, il ne fe conduit prefque qu'avec la queue, 8c qu'il tient Ces pattes colces contre' fon corps (/). Cela s'accorde fort bien avec (fj CiUsby, MifîQlr^ Naturelle dz la CQralips^ des Quadrupèdes ovipares. 335 k difficulté qu îi éprouve pour (e mou- voir au milieu des flots *, <& cela ne montre-t-il pas combien les Quadru- pèdes ovipares, dont les doigts font divifés 5 nagent avec peine, ainfi que nous l'avons dit , & combien cette conformation influe fur la nature de leurs habitudes ? Dans le printems , les Iguanes man** gent beaucoup de fl.eurs ôc de feuilles des arbres auxquels on a donné le nom de mahotj 8c qui croiflent le long des rivières : ils fe nourriflent aufu d'anones , ainfi que de plufleurs autres végétaux {g)h & Catefby a remarqué que leur graiiîe prend la couleur des fruits qu'ils ont mangés les derniers ; ce qui conFirme ce que j'ai dit des diverfes couleurs que donne à la chair des tortues de mer l'aliment qu elle? préfèrent. Les Iguanes defcendent fouvent des arbres pour aller chercher des vers de terre, des mouches & d'autres infeifles (h)* (g) Cateshy, à l'endroit Jéjà cité. fgj Nots communiquée £ar M. de la Bq^gs, 3 5 4 tiijloirc Naturdle Quoique pcui-vus de fortes mâchoires, ils avaient ce qu'ils mangent prelquc fans le mâcher ( i ). Ils fe retirent dans des creux de rochers , eu d^ns des trous d'arbres ( k ). On les voit s'ébncer avec une agilité fin prenante jufqu'au plus h?.ut des bran- ches, autour deiquelles ils s'entortillent, de manière à cacher leur tête au mJiicu ucs replis de leur corps (/). Lorf- qu'ils font repus , ils vent ie repofcr fur les rameaux qui avancent au-deifus de Teau. C'efl ce momjsnt que Ton clioilit au Eréfîi pour leur donner la chaiîe. Leur douceur naturelle, jointe peut-être à refpèce de torpeur à la- quelle les lézards font iujets, ainii que ^1 ■ ■ I II « I I II •rn^.m—^ m r I ■ ■ (i) Cateshy , h l'endroit déjà cité, (kj Catesby , Hiftoiie Katiirelk de la Caroline, (l) «♦ Une efpèce de jalmin d^ine excellente » odeur, qui croît de toutes parts, en buiflon , dans « les campagnes de Suiimam , i:{x la retraite *") ordinaire des lerpens &; des lézards, fir-tout de >> l'Iguane ; c^eft une chofc admirable que la »j manière dont ce dernier repti'e i-'entortil'e au »♦ pied de cette plante , cachant la tcte au milieu »> de tcus Tes replis. »> llfiaire générale des Voyages » fomc 54 , /?j^e 411 , idit. 111-12, des Quadrupèdes ovipares. 3 3 j les ferpens, lorlqu'ils ont avalé une grande quantité de nourrirare , leur donne cette iorte d'apathie & de tran- quillité remarquée par les Voyageurs, & avec laquelle ils voient approcher le danger, fans chercher à le fuir, quoi- qu'ils 1 oient naturellement très-agiles. On a de la peine à les tuer, même à coups de fulii : miais on les fait périr trcs-vîte, en enfoncent un poinçon , ou feulement un tuyau de paille dans leurs nafeaux { m) \ on en voit fortir quel- ques gouttes de fang , & Tanimal expire. La fbupidité que Ton a reprochée aux Iguanes , ou plutôt leur confiance aveu* gle , prelque toujours le part.tge de ceux qui ne font point de mal , va il loin , qu'il efl très-facile de les fainr en vie. Dans piulieurs contrées de l'A- mérique, OM les chaiTe avec des chiens dreiTés à les pourfuivre -, mais on peut âuiïï les prendre aifément au piège (n) , Le chalfeur qui va à la recherche du f'mj HiJIi'irc générale des Foyages, Livre VII ^ Chapitre xyji. (n) Î^Qpi ceminmequée par f>I. dî la Borde» 3 3 é Hijloire Naturelle lézard , porte une longue perche , atl bout de laquelle efl une petite corde , nouée en forme de lac ( o ). Lorfqu il dé- couvre im Iguane étendu fur des branches &: s'y pénétrant de Tardeur du foleii , il commence à fiffler: le lézard, qui fembîe prendre piaifir à l'entendre , avance la tête -, peu-à-peu le chafTeur s'approche , &: en continuant de fîffler , il chatouille avec le bout de fa perche les côtés &:la gorge dellguane, qui non-feulement fouffrefans peine cette lorte de carefTe , mais fe re* tourne doucement , & paroît en jouir avec volupté. Le chaffeur le féduit, pour ainfidire, enfifflant& en le chatouillant, au point de l'engager à porter fa tête hors des branches , aflez avant pour em- barrafTer Ton cou dans le lac : aufîitôt il lui donne une violente fecouile, qui le fait tomber à terre -, ï\ le faifit à Torigine de la queue-, il lui met un piôd fur le corps -, & ce qui prouve bien que la fliupidité de Tîguane n'eft pas auffi grande qu'on le dit , c'efl: que lorfquc fa confiance eft trompée , & qu'il Te fent (qJ Voyages du P. LcèQt en Jfn^ue à'eiijjnérl^ue. des Quadrupèdes ovipares, 337 pris , il a recours à la force , dont il n'avoit pas voulu uier. li s'agite avec vio- lence •, il ouvre la gueule j il roule des yeux étincelans-, il gonfle la gorge -, mais fes etîorts font inutiles : le chaifeur , en îe tenant fous les pieds , Se en Taccablant du poids de tout fon corps , parvient bientôt à lui attacher les pattes , Se à lui lier la gueule , de manière que ce mal- heureux animal ne puiiîe ni fe défeadje, ni s'enfuir (/?). On peut le gc\rder plufîenrs jours en vie fanslui donner aucunenourriture(^)-,lâCon- fpj Cateshy , HiJIoira Naturelle de la Caroline. (qj Brown dit avoir gardé chez lui un Iguane adulte pendant plus de deux mois. Dans le com- mencement il étoit fier & méchant; mais, au bouc de quelques jours, il devint plus doux: à la fin, il palîoit la plus grande partie du jour fur un lit, mais il couroit toujours pendant la nuit. « Je n'ai jamais obfervé, continue ce Voyageur, que cet t< Jguane ait mangé autre chofe que les particules u imperceptibles qu'il lapoit dans l'air, (ces par- « ticulesétoient fûrement de très-petits info» hifïoire Naturelle di la Jamaïque pir Broim ^ Londres , l^^S, page ^62. (r) Note commaniquk par M, de la. Borde., des Quadrupèdes ovipares, 535 rornement. Sa chair cft excellente à manger , fur-tout celle des femelles qut cil plus tendre & plus graile {s) \ les babitans de Bahama en faifoient même une elpècede commerce, ils le portoient' en vie à la Caroline &: dans d'autres con- trées 5 où ils le faifoient faler pour leur ufage [t) ', dans certaines liles où ils font^ rares , on les réferve pour les meilleures tables {u) \ ^ Thoinme ne s'eft jamais tant exercé à détruire les animaux nuf îibles, c[ii'à faire fa proie de ceux qui peuvent flatter (on appétit. D'ailleurs on trouve quelquefois dans le corps de llguane , arnii que dans les crocodiles &: dans les tupinambis , des concrétions iemblables aux bézoards des Quadru- pèdes vivipares , & particulièrement à ceux que l'on a nommés bézoards occi- dentaux. M. Dombey a apporté deTAm.é- rrquc méridionale au Cabinet du Roi , (s) On dit que îa chair de IMguane eft nuiiible ^ ceux dont le fang n'eu point pur, & M. de h Borde la croit difficile ù digérer. {^tj Cateiby , Hifloire Naturelle de la Carolim, ^ri ) Note Mmmuniquie par M. de la Borde» Pij 3 4- HiJIoire Naturelle un de ces bézoards d'Iguane. Cette con- crétion repréientc allez exactement la moitié d'un ovoïde un peu creux -, elle cft compofée de couches polies , formées de petites aiguilles , & qui préfentent coixii^e d'autres bézoards , une efpèce de criftallilâtion. Elle eit convexe d'un côté , & concave de l'autre -, elle ne doit cependant pas être regardée comme la moitié d'un bézoard plus conlidérable , les couches qui la çompofent étant pla- cées les unes au-deilus des auti'es lur les bords de la cavité , ainfi que fur la partie convexe. Le noyau, qui a lervi à former ce bézoard , devoit donc avoir à-peu- près la même forme que cette concré- tion. La furface de la cavité qu'elle pré- fente 5 n'eft point polie comme celle des parties relevées , qui ont pu fubir un frottement plus ou moins conlidérable. Le grand diamètre de ce bézoard eft de quinze lignes , & le petit diamètre à- peu-près de quatorze. Séba avoit , dans fa colledion , plu- fieurs bézoards d'Iguanes, de la gro fleur d'un œuf de pigeon , & d'un jaune cen- lé avec des taches foncées. Ces con- des Quadrupèdes ovipares, 341 crétions fontappellécs Beguanpaï les In- diens , qui les estiment plus que beau- coup d autres bézoïrds (v). Eiles peu- vent avoir été connues des Anciens , riguane habitant dans les Indes orien- tales , ainii qu'en Amérique -, 8c comme cet animal n'a point été particulièrem.ent indiqué par Ariftote ni par Piine, & que les Anciens n'en ont vraifembiablemierit pÀrié que lous le nom de Lt\ard-vert, aie pourr oit-on pas croire que la pierre , appeliée par Piine Sauritin , à cauie du mot Saur us ■{ Lc\ard) oc que Ton regar- doit , du tems de ce Na tarai ifte, comme ie trouvant dans le corps d'un lézard-vert , n'eft autre chofe que le bézoard de riguane , & qu'elle n'étoit précieufe que par ce qu'on lui attribuoit les faulfes propriétés des autres bézoards ( x ) *, ce qui conFu'me notre opinion , à ce iiîjet, c'eft que ce mot Sûuritln n'a été appliqué par les ancien*; , ni par les modernes à fi'J Seha^ vol. 2, ^^i î^o. /x) Sauritin in ventre viridis îscerti arundîne diirecti tradunt inxeniri. Plim^ Livrz XXX^iî j Chapitre Lxyii, Vil] 5 4^ Hifioirc Naturelle aucun autre corps , tant du règne animal que du règne minéraî. ^ Les Iguanes font très-communs à Su- rinam , aînfî que dans les bois de ia Guiane, aux environs de Cayenne (y) 6 dans la nouvelle Efpagne. Ils font aflez rares aux Antilles , parce qu'on y en a détruit un grand nombre , à caufe de îa bonté de leur chair {i). On trouve auîïï l'Iguane dans l'ancien continent en Afrique , ainfi qu'en Afie {a)\ il eft par-tout confiné dans les climats chauds j les couleurs varient fuivant le fexe , Tage & les diverfes régions qu'il habite ; mais il ell toujours remarquable par Tes habitudes , fa forme & l'ém^ail de Tes écailles. (y) Kote. communiquez par M. ii la Borde, (l) Idem. (a) Auprès de fa Baye des chiens marins, dans la nouvelle Hollande, le V&yageur Dampier trouva des Gu&nos o\x Iguanes, qui , (orfqu'on s'aprochoit d'eux, s'arrétoient & lifHoient fans prendre la fuite, Voyagt de Guillaume Dampier , aux tenes AufiraUs^ Jlmfurdam 1705. des Quadrupèdes ovipares, 345 ;fMtBjAn»-SABWJUJJa»AJl^'l&/jq LE BASILIC (^), L'erreur s'efl fervie de ce nom ce Bafiiic , pour dciigner un animal ter- ribie , qu'on a tantôt repréfenté commxe un fcrpent , tantôt comme un petit dra- gon , 8c dont îe regard perçant donnort la mort. Rien de plus fabuleux que cet animal, au fujet duquel on a répanda tant de contes ridicules , qu'on a doue de tant de qualités mers'eilleules, & dont la réputation lei-t encore à taire admirer entre les mains des Charlatans , par un peuple ignorant Se crédule , une peau de raie deiléchée , contournée d\mc ma- nière bizarre, & que Ton décore du nom fp.meux de cet animal chiiTiérique (3). /"aj Le Bafilic. M. d'Aubcutorty Encyclopédie tnéthodii/ue. Lacerta Bafilii'cus 25, L.'nn. amphib. rspt. Dragon d'Amérique, amphibie qui vole, Bafific, Séba. 1, plenche Ico, fig'ne l. BalU'.cnsAmtTkams , 75, Laure.vti fpecimen medicnii: • Ch)'* Le Ealiiic , que ies CharUtans & les SaUinbanquej expolViU tous ies jours avec tant V iv 3 44 Hi/Ioire Naturelle Nous ne conferverions pas ce nom de Bafiiic, dont on a tant abiifé, à l'animal, réel dont nous parlons , de peur que Texiflence d'un lézard, appelle Bafdic, ne pût faire croire à la vérité de quel- ques-unes des fables attachées à ce nom, il elles n'étoient auiTi abfurdes que rifîbles , ^1 par-là nous n'étions bien ralTurés fur la croyance qu'on leur accorde , & d'ail- leurs il ce nom de Bail Ire n'avoit pas été donné au, lézard dont il efl queflion dans cet article , par tous les Naturalifies gui s'en lont occupés. Le lézard bafilic habite l'Amérique méridionale -, aucune eipèce n'eft aufîî facile à diflinguer, à caufc dune crête très-exhauilée qui s'étend depuis le fom- anet de la tête, jufqu'au bout de la queue , & qui efl compofée d'écaillés en forme de rayons , un peu féparées les unes des autres. Il a d'ailleurs une d'appareil, aux yeux du public, pour l'attirer & lui en impofer, n'eft qu'une forte de petite raie, qui fe trouve dans la méditerrannée , & qu'on fait deflecher fous la b'zarre configuration qu'on y remarque. « Di&ionnaiie d'Hifîoirs I^aCurclk j far M, Falmoiu de Booiare, des ÇuadrupèJes ovipares. 5 4 j forte de capuch®n qui couronne fa tctc v & c'eft de-là que lui vient fon nom de Bafilic 5 qui fignihc petit roi. Cet animal parvient à une taille aflez coniidérable-, il a fouvent plus de trois pieds de lon- gueur > en comptant celle de la queue. Ses doigts, au nombre de cinq à chaque pied, ne font réunis par aucune membra- ne. Il vit fur les arbres , comme prefque tous les lézards, qui ayant les doigts divifés peuvent y grimper avec facilité, & en laiiir aifémcnt les branches. Non- feulement il peut Y courir a (îez vite, mais remplifFant d'air fon elpcce de ca- puchon, déployant fa crcte, augmentant fon volume, & devenant par-làplus léger, il faute & voltige, pour ainfi dire , avec agilité de branche en branche. Son féjour n eft cependant pas borné na milieu des bois, iî va à Teau fins peine ^ & lorfqu'iî veut nager il enfle également fon capu- chon, & étend kizs> membranes. La crête , qui didingue le Bafilic, 8c qui peut lui ierv'ir d'une petite arme défenfîve , eil encore pour lui un bei ornement. Bien loin de tuer par fon regard , comme ranimai fabuleux dont P y 34^ Rifioire Naturelle il porte le nom , il doit être conlidéré avec plaifir , lorfqu'animant la folitudc des imnienfes forêts de T Amérique , il s'éiance avec rapidité de branche en branche , ou bien lorfque dans une attitude de repos , & tempérant fa vi- vacité naturelle, il témoigne une forte de fatisfadtion à ceux qui le regardent , fe pare , pour ainfi dire, de fa couronne, agite mollement fa belle crête , la baifle , îa' relève , & par les différens reflets de les écailles , renvoie aux yeux de ceux qui Texaminent , de douces ondulations de lumière. des Quadrupèdes ovipares. 347' LE PORTE-CRÊTE (^). Nous CONSERVONS à ce lézard le nom de Porte-crcte 5 qui lui a été donné par M. d'Aubenton. Cet animal prélente en effet une crête qui s'étend depuis la tête juTqu'à Textrémîté de la queue. Le plus fouvent elle efi: compofée fur le dos ds Toixante-dix petites écaiiles plates, ion-- gués v'c pointues ', &: , à Torigine de la queue , elle s'élève & repréfente une na- geoire très-longue , très-large , formée de quatorze ou quinze rayons cartilagineux, & gaiHiie à fon bord fupérieur de petites écailles aiguës , penchées fouvent en ar- rière. C'eft dans l'Ifle d'Amboine Se dans faj Bin jawacok jancur eckor, par les Malaïur fun^ast M. Horiifledt. LePoi te-crôte.i\f. d' Aubenton,Ei:cycl1. jcn. T. i- J t'^ 3^ c LA OALEOTE. des Quadrupèdes ovipares, ^^ ^ «m LE GALÉOTE {a). Ce lézard a, depuis la tête jufqii'aii milieu du dos, une crête produite par cîes écailles Téparées l'une de Tautre, grandes , minces & terminées en pointe. Quelques écailles femblabies s'élèvent d'ailleurs vers le derrière de la tête , au-aeiîous des ouvertures des oreilles. Mais cette cr;;te hérilTée ne s'étend pas fiir la gorge, & depuis le lommet de la tête jufqu'à l'extrémité de la queue, comme dans l'Iguane. Toutes Les autres ^j^ Par les Grecs, Kolotes & Askalahotes. Par les Latins^ Ophlomaais. Le Galéote. M. d'Jubenton , Encyclopédie métho^ diçue. Gaîîote. Dictionnaire d'H'Jhire Naturelle , par M. yalmoHt de Bomare. Séba. I. Tiil). 89 j fîg. 2, tah. 93, /zj. 2, ta^, 95 ^ fe 3 ^ 4 > tO!n. 1 , tab. 76 , ,%. 5. Jguana caiotes, 73. Laurcnd fpzcimen mîdicuifit Iguana chalddica, 69. Idem^ Ibidem. Lacerta caloles , 27. Linm. amphib, re-pt^ Ediv'ardî. av. 74 , ^ 245. 3J4 HiJIoire Naturelle écailles qui revêtent le Galéote, pré- ientent une arête Taillante & aigiic , qui le fait paroître couvert d'une multitude de ftries dilpofées dans ie Cens de fa longueur. La tête eft aplatie , très-large parder- riere , Se g liez fembkble par-là à celle du caméléon -, les yeux font gros *, les ouvertures des oreilles grandes-, la gorge Ciï un peu renflée ^ ce qui lui donne un petit trait de refTembbnce avec l'Iguane ; îes pattes font allez longues , ainli que les doigts qui font très-féparés les uns des autres ; le dos des ongles ejfl noir. La queue cfc eiîilée , & plus de trois fois auffî longue que le corps. L'individu que nous avons décrit , & qiù eft confervé au Cabinet du Roi , a trois pouces dix lignes , depuis le bout du muieau juf- qu'à l'anus -, la queue a quatorze pouces de longueur. Quelquefois la couleur du dos efl azurée , & celle du ventre blan- châtre. Le Galéote fe trouve dans îes contrées ch?udes de l'Afie , particulièrement drns rifle de Ceylan, en Arabie, en Efpagne, &:Ci il court dans les maifons 3c fia" les des Quadrupèdes ovipares. 555 toits , où il donne la chafTe aux araignées : on prétend même qu'il eft aflez fort pcnr faire fa proie de petits rats , contre les dents defqiiels il pourroit être un peu défendu, par Tes écailles aiguës, & par la crête qui règne le long de Ton dos. Ce qui eft hïcn certain, c'ell que Tes lono-s doigts, très-divifcs , doivent lui donner beaucoup de facilité pour fe cramponner fur les toits , &y poiurfuivre les rats & les araignées. Il fe bat contr© les petits ferpens, ainli que le lézard vert & piufieurs autres lézards. jS^^^. 356 Hiftoire Naturelle L'AGAME (a). vJ\ TROUVE en Amérique un lézard qui a beaucoup de rapports avec ie Galeôte. Le derrière de la tète & is cou lont garnis d'éc.illes aiguës. Celles oui couvrent le dellus du corus , êc fur- tout celles qui revêtent la queue, font relevées en caréné âc terminées par une épine, ce qui donne une forme angu- leule à la queue, qui d'ailleurs cfl menue Se iongue. Le dos préiente , vers la partie antérieure, uns crite compofée d'écailîes droites , plates Sz aigucs. Le dellous de la crueule eft couvert d'ime peau lâche , en forme de petit fanon. Ce qui le diflingue principalement du faj L'Agime. M. d'Auhînton , Ep.cydof^le métho- dique. Lacerta i^gama, 28. Liiuu amphib» rept, Cronûi'. Z'joph. 13, N. 54. iSt-^j. Tome j » plan: fa IC7, fi^. i, 1, 3. Iguana Cordylina 6"; & Iguana Sâlâii-andrina, 68. Laurenti fpsdmin mcdicuôi. des Qïiadrupèdes ovipares, 3 j 7 Galéote , avec lequel il eft aifé de le confondre , c'eft que les couleurs paroif- ient plus pâles, que Ton ventre (emble moins ftrié , que les écailles, qui garnif^ fent le derrière de la tête, font comme renverrées , & tournées vers le mufeau. Le mâle ne difîcre de la femelle qu'en ce que la crête ell: compofée d'écailles plus grandes , Se fe prolonge davantage fur le dos. D'ailleurs il n'y a point d'épines latérales lur le cou de la fe- melle -, mais on en voit de très-petites fur les côtés du corps , & celles qui défendent la queue & les parties anté- rieures du dos, font plus aiguës que fur le mâle. Suivant Séba , ce lézard fe plaît au milieu des eaux. Nous préfumons que c'eftà cette eipçce qu'il faut rappor- ter le lézard, repréfenté dans l'ouvrage de SlocLnc , planche zy^j figure z {h)^ (h) Lacertus major è viridi cinerens , dorfo crijia hevioTÏ donato. Ce lézard fe trouve en très -grand nombre dans les bois de la Jamaïque ; il diffère très-peu du Guana ( Iguane ) ; mais il eft plus petit , fa couleur eft plus verte , & il a, le long du dos j une crête plus couxte. Il pond des œufs 358 Hi/loire Naturelle ainfî qiije celui que Brown a dit être commun à la Jamaïque, & dont il fait une cinquième efpcce (c). Nous croyons devoir encore regarder , comme un Agame, le lézard bleu d'Edwards (J) -, moins gros que les œufs de pigeon. Sloam,vol.2y pag& 333- ( cj Lacerta, 5 mUwr v'iridis cauda fqnamis ereâfis trijlata. The Guana lizard ; and blue lizard of Edwards. Ce lézard eft très-commun à la Jam:Viqu^; il paroît en général d'un beau vert; mais fa cou- !eur change fuivant fa poûtion , ainfi que celle des animaux de fon genre ; il femble même qu'elle eft plus variable que celle des autres lézards, & qu'elle prend plutôt les différentes nuances qu'elle préfente , fuivant ïendroit où il fe trouve. Son corps eft couvert d'écaillés légères; mais celles qui font au-delTus de la queue , font relevées , & forment une petite crête qui a quelques rapports avec celle du Guaaa (Iguane ); fa longueur excède rarement neuf ou dix pouces ; il elt très - doux. Brown, page 463. ( d ) u Le lézard bleu eft fort particulier , à » caufe de la ftruâure de fes doigts , qui ont de »» petites membranes qui s'étendent de chaqu© 9* côté, non pas de la nature de celles que les oi* »» féaux aquatiques ont aux pattes ; mais plutôt M comme certaines fortes de mouches en ont, »» qui agilVent par voie de fudion : ainfi, je con- w çois que ces membranes leur fervent à fe tenir des Quadrupèdes ovipares. 355^ & ces trois iézards ne nous paroilîent être tout au plus que des variétés de celui dont il eft queftioo dans cet article, Wl I ,— — — Il m— ■— —— ■ I „ & à marcher fur la farface unie des grandes « feuilles des arbres & des plantes : il a une petite « élévation fur le dos . en forme de lilfon , qui « règne tout du (ong , jufqu'à la queue , où elle « devient dentelée : tout le defius du corps eft « bleuâtre , varié tranfverfalement de nuances « plus claires & plus foncées : le dedbus en eft a d'une couleur de chair pâle. >» Glaiwres d'Hifloirt Nutnrelie , par Edwards, page 74, planche 245. Le lézard , décrit par Edwards , ayant été apporté dans de Pefprit-de-vin , de Pille de Nevis , dans les Indes occidentales , il ne feroit pas furpre- nant que fe couleur f^ût été altérée , & de verte fût devenue bleue ; j'ai vu fouvent la couleur de plufieurs lézards confervés dans de i'efprit-de-vin, changer ainli du vert au bleu. Fin du Tome pfemier* m ^i j/ w -M'î-^i^^-^- 0 } m,