/ /CT-ir 7" HARVARD UNIVERSITY Library of the Muséum of Comparative Zoology ■'.. / SEULE ÉDITION COMPLÈTE DES SUITES A BUFFON, FORMAT IN-i8. REPTILES. TOME PREMIER. Cette Collection , primitivement publiée par les soin* de M. Déterville , et qui esf devenue la propriété de M. Roret, ne peut être donnée par d'autres édi- teurs, n'étant pas, comme les OEuvres de Buffoa, dans le domaine public. Les persoùues qui auraient les suites de Lacépèdfi, contenant seulement les Poissons et les Reptiles , auront la liberté de ne pas les prendre dans cette Collection. Cette Collection formera io8 volumes, ornés d'en- viron 600 Planches , dessinées d'après nature , par Desève, et précieusement terminées au burin. EUe se composera dss ouvrages suivans : HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, par MAL db Tigîty et Brongnia.rt. 30 voL — DES VÉGÉTAUX, par M. de M^rbel. 3o vol. — DES COQUILUIS , par M. Bosc. 10 toL — DES VERS, par M. Eosc. 6 vol. — DES CRUSTACÉS, par M. Bosc. 4 vol. — DES MINÉRAUX, par M. Pateiw. 10 vol. — DES POISSONS, deBLOcH, par M. Castei. 20 voL — DES REPTILES, par MM. Sonn/m et Latreiile. 8 vol Prix de chaque volume ,760. Prix de chaque Livraison de Figures, composée d'environ 5 Planches, pour les souscripteurs 35 cent, en noir, et i fr. Fig. coloriées. Il paraîtra régulièrement , le samedi de chaque semaine , 2 volumes et 2 Livraisons de Planches , à partir du i" février i83o. Nota. Une partie de ces ouvrages ayant déjà paru» en réunissant les deux volumes ou parties qui seront en vente chaque samedi , on pourra les faire relier ou cartonner à volonté. HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES, AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRES NATURE - PAR C. s. SONNINIy NATURALISTE, ET PAR P. A. LATREILLE, Membre de l'Académie des Sciences. NOUVELLE ÉDITION. TOME PREMIER. r\ PARIS, LA LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, HUB HAUTKFEC1I.I.B, AU COlH DB tA ROB DIX BATTOIB. Chkz RAYiNAL.arB Patée-Saint-Aw»»»» m" .3. i83o. àB . TO M us , Ol JOHip , »^' ">>»' iV AVEUTISSEMENT. Cette histoire naturelle des rep- tiles est l'ouvrage de deux écri- vains liés par l'amitié et par une longue associatio n de travau x; cha cun d'eux s'est chargé d'une par- tie de cette branche intéressante de l'histoire de la nature. Celle des tortues, des lézards, des grenouil- les, des crapauds, des raines et des serpents, a été rédigée par Latreil- ^ ATEÏlTISSi.':^lE1\''T. le, et celle des salamandres appar- tient à Sonnini, de même que le discours préliminaire. PRÉLIMINAIRE. Tout se lie dans la nature , tout s'y tient par une série non inter- rompue de productions, par la chaîne immense des œuvres de la création. En vain l'homme , dans son désespoir de ne point embrasser cette immen^ site d'êtres dont l'univers est peuplé, a cherché des divisions , des espaces •vides , des limites dans un ensemble où l'union, quoique graduel' e, quoi- ^ que modifiée avec un art admirable , n'en est pas moins intime, où les tran- sitions d ua objet à un autre ne sonl; TV DISCOURS • jii brusques , ni souvent très sensi- bles, où enfin il n'y a d'autres bornes que celles de la nature elle-même ;se5 tentatives ont été la preuve de son insuffisance, et de la faiblesse de ses moyens. Ce serait donc non seule- ment un travail futile , mais encore une orgueilleuse prévention , une ma- nie anibhieuse et outrageante, que de res'irder comme des divisions réelle- ment existantes, les dirtérentes cou»- pures que notre conception trop rétré- cie a imce que celle des tortues fluvialiles et terrestres : renversées sur le dos , celles-ci peuvent se relever ; mais celles-là feraient des efforts inutiles pour se remettre sur leurs pieds. Quand on n'aurait que l'envelop- pe osseuse d'une tortue , il serait facile, d'après ce que nous avons dit , de recon- naître par îe nombre des rc:ngées des écailles du plastron , si ce test appartient à une espèce marine ou non. J'ai encore remarqué un caractère distinctif, qui ne souffre du moins que peu d'exceptions ; DES TORTUES. 31 fes tortues marines oat leur plastron fi- guré en une sorte de croix. La tortue serpentine est la seule , des espèces flu- viatiles , qui contrarie ccttQ note, indica- tive. En parlant de la forme des tortues , Hous n'avons examiné que les rapports généraux. Quelques espèces , m.ris en très petit nombre , s'éloignent des au- tres , soit par la carapace , qui n'est point garnie d'écaillés , dont la substance même n'est pas quelquefois osseuse , soit par l'absence du plastron ; le museau de quelques tortues est cartilagineux à son extrémité , alongé en forme de trompe , et ne ressemble pas mal au museau d'une taupe ; tous ces caractères sont très pro- pres à fournir de bonnes divisions dans ce genre nombreux. 22 HISTOIRE NATURELLE PREMIÈRE FAMILLE. tES TORTUES DE MER , Chelonia. Brongiir Pieds disposés en nageoires : doigts inégaux , alongés , élargis , et dont le grand nombre n'a que des ongles larges et arrondis. La Tortue franche , Testudo mydas. Liniie'e , M. de Lacépède , ont donné pour caractère à cette espèce, de n'avoir qu un seul ongle aux pieds de derrière» Schœpff dit formellement , dans sa belle histoire des tortues, que celle-ci a , ainsi que le caret , la caouane , deux ongles à tous les pieds. La conformation de la carapace de la tortue franche , me paraît offrir des ca- ractères plus faciles à saisir et moins équivoques que le précédent. Cette ca- rapace est ovale , d'un vert oLscur , qui se convertit en une couleur brune ou Reptili\f n. ^ 'eo~eve c/el. f?Tiiriizeit ifciiçy ■ 1 . La Toi'hie Jh'iviiclie . a . La T. cavet . ^ DES TORTUES. 2 3 noirâtre : elle est recouverte en dessus de pclites écailles qui ne sont pas imbri- quées par leur bords , comme dans le caret , et dont celles du disque^ à l'ex- ception de celles du dos , n'ont pas , du moins dans les adultes , de carène bien prononcée. Les pieds de la tortue fran- che sont plus grands , proportions gar- dées , que dans les espèces voisines ; la queue est aussi plus pointue. La tortue franche parv^ien? à une gran- deur considérable. On voit des individus qui ont six à sept pieds de longueur , à coJDpler depuis le museau jusqu'à l'ex- trémité de la queue , trois ou quahe de largeur , et quatre environ d'épaisseur. Leur poids est alors d'environ huit cents livres. On renconlre môme quelquefois des individus beaucoup plus grands , et dont la chair peut fournir au repas de cent personnes. La carapace sert de ba- telet aux sauvages , et deux suffisent pour la construction d'une cabane. La tète , les pattes et la queue de la 34 HISTOIRE Î^ATURELLE tortue franche , ont leur peau (léfendue' comme celle du corps des lézards, des serpents , par un grand nombre de peti- tes écailles : celles du sommet de la tête sont plus grandes ; son cerveau n'est pas plus gros , dit-on , qu'âne fève; la bou- che s'ouvre jusqu'au-delà des oreilles ; les mâchoires ne sont pas garnies de denJs , niais les gencives sont très dures , très fortes , et parsemées de nombreu- ses aspérités ; c'est avec ce puissant se- cours qu'elles broutent les plantes mari- nes , et qu'elles brisent les coquillages dont elles se nourrissent aussi ; quelque- fois Ijs pierres me nie ne résistent pas à l'aclion de ces mâchoires ; le museau est presque conique , comprimé , et un peu plus court que celui '\\i caret. La carapace est ovale et ses bords sont comme ondes ; le disque , ou le milieu de cette couverture supérieure , est peu convexe , en dos d'âne dans le milieu de sa longueur : il est recouvert de treize lames ou écailles , qui loiiibent quelque- DES TCrtTUES. _ 2li fols , ainsi que celles de la circonféren- ce , par l'effet d'une grande dessicaiion ou de qiielqu' autre accident ; les cinq du dos sont inégales , plus larges que lon- gues , hexagones , à 1 exception de la dernière , qui ressemble à un segment nature ait faits aux habiianfs des con- » tt-ées équatoriales, dit M. de Lacépè- j> d: , Wîie des productions les plus utiles ^ qu'elle ait déposées sur les confins de » la terre et des eaux , est la grande tor- n tue de mer , à laquelle on a donné le ^> nom de franche. L'homme emploierait » avec bien njoins d'avantage le grand » art de la navigation , si vers les rives « éloignées , où ses désirs Pappellent , M il ne trouvait dans une nourriture aussi i> agréable qu'abondante , un remède *> assuré contre les suites funestes d'un » long séjour dans un espace resserré , i> et au milieu des substances à demi- » putréfiées, que la chaleur et Thumidité Pœpt. î. 5 28 HÎSTOIPŒ NATURELLK M ne cessent ii'alférer. Ceî; aliment pré- j> cîeux lui est fourni par les torLi^es » franches; et elles lui sont d'auîant plus » lililes , qu'elles liaLitent, surtout ces M contrées ardentes, où une chaleur plus » vive accélère le développement de Icus » les germes de corrupiion. » La chair de ces animaux ren terme un suc adou- cissant, nourrissant, incisif et diaplipré- tique ; on en fait des bouillons dtmt' oh vante l'efficacih; dans la pulnio^i^^-,* iîa cacîiexie et le scorbut. C'est dans les bas-fonds, tapissés sur- tout d'une grande quanîilé d aiguës, sur les côtes des îles et des conîinenis de la zone torride , que les tortues fraïiches ont établi leur domicile. Leurs pâturages sont ordinairement teiiement près de la surface des eaux , qu'il est facile d'y voir paiire ces imiinaux , lorsque la mer est tranquille : ils se rassemblent en si gran- de quantité , qu'ils forment de vrais troupeaux. Ils procurent au navigateur une nourriture aussi agréable que sâlu- TTES TORTUES. 2a faire , Lien plus précieuse alors pour îui que celle que lui fournirait la chair des ai^imaux doioestiques qui broutent l'her- be de nos prairies. Les tortues iVanclies , après s'être repues au fond de la mer , se rappro- client ah l'einboucbure des grands tleu- ves, et viennent y ciiercher l'eau douce , dans laquelle elles paraissent se com- plaire ; mais ce n'est qu'avec méfiance quelles jouissent de ce plaisir. Elles n'ignorent pas que ces lieux où elles res- pirent un air plus agréable , en élevant conlinuellement la tête au - dessus de Teau, sont le séjour d'ennemis nom- breux, qui les guettent et méditent leur perte : aussi le moindre objet les met en fuite. Cet acte de prudence est à peu prés le seul de riiistoir^de leurs mœurs et de leur instinct , qui mérite de fixer l'attention. î^lles n'ont que des propriétés passives : si elles se réunissent par ban- des nombreuses, ce n'est ni pour se dé- fendre ni pour attaquer. Couvertes d'un 3o UÎSTOÎRE NATURELLE bouclier impénétrable et que des poids fort lourds ne peuvent écraser, eiies ne redoutent point les autres habitants de l'onde : d'un naturel tranquille , rencon- trant presque toujours une nourriture abondante , pouvant même s'en passer un laps de temps considérable •>, pour- raient-elles avoir des sujets de guerre avec eux? Leurs rasseuiblenienis n'ont d'autre cause que l'identité de leurs goûts et de leurs habitudes. <' La douceur et la force pour résis- 5) ter , sont donc , dit M. de Lacepede , 3> ce qui distingue la tortue franche : et :» c'est peut être à ces qualités que les a Grecs firent allusion , Icrsqu ils ia 3> donnèrent pour compagne à ia beauté, »> lorsque Phidias la plaça comme un }> symbole aux pieds de sa \ énus. » Rien de b^ lant dans ses mœurs , )) non plus que dans les couleurs dont » elle est variée ; mais ses habitudes sont *> aussi constantes que son enveloppe a » de solidité; plus patiente qu'agissante, DES TORTUES. 3l » elle n'éprouve presque jamais de désirs » véhéments. Plus prudente que coura- y> eeuse , elle se défend rarement , mais j> elle cherche à se melîre à l'abri ; et j> elle emploie toute sa force à se cram- « ponner , lorsque ne pouvant briser sa j) carapace , on cherche à l'enlever avec » celte couverture. » Le mâle recherche sa feinelle avec ardeur ; et leur accouplement qui se fait au milieu des ondes , plastron contre plastron , dure près de neuf jours ; s' em- brassant fortement avec leurs nageoires , ils voguent ensemble , toujours réunis et. sans s' abandonner au milieu des plus grands périls. Le trait de la mort a percé la femelle , elle est couverte de son sang , et le mâle la serre encore étroitement. Le temps de l'accouplement des tor- tues franches varie suivant la tempéra- ture , la saison des pluies , des lieux où elles se trouvent. Dans les contrées chaudes de l'Amérique septentrionale , l'union a lieu vers la fm de mars et au Sa HISTOIRE NATURELLE commencement d'avril ; peu de temps après la femelle va déposer ses œufs sur le sable le plys propre à recevoir la cha- leur du soleil , et à hâter ainsi la nais- sance de sa postérité. Mais , quoique d'après les lois établies par l'auteur de la nature, elle se repose sur l'astre du jour du soin de vivifier ces germes précieux qu'elle lui confie , nous voyons encore , dans la manière dont elle fait ce dépôt , toute la tendresse , toute la sollicitude d'une mère. Les tor- tues , à Taide de leurs nageoires , creu- sent dans le sable et au-dessus du point que peuvent atteindre les plus hautes vagues , un ou plusieurs trous , ayant environ un pied de largeur sur deux de profondeur ; elles y enfouissent , au nombre de plus de cent , leurs œufs qui sont ronds , de deux ou trois pouces de diamèrre , dont la membrane qui les couvre ressemble en quelque sorte à du parchemin mouillé , et dont le blanc , dit- on y ne durcit pas étant exposé à l'ac* DES TORTUES. 3 tion de la chaleur la plus active. Eiies font plusieurs pontes , éloignées Tune de l'autre de deux ou trois semaines, sui- vant les contrées : soit qu'elles veuillent se dérober à la vue de leurs ennemis , soit qu'elles craignent les rayons ardents du soleil , elles choisissent presque tou- jours le temps où cet astre est éloigné de rhorizon pour faire leur ponte. Il çsl certains parages que les tortues affectionnent , comme étant plus favo- rables , sans doute, pour recevoir leurs œufs , et parcequ ils sont moins fréquen- tés. Celles qui habitent les bords des iles Galiapagos, situées sous la ligne et dans la mer du sud, vont faire leur ponte sur les côtes occidentales de l'Amérique , éloignées de plus de deux cents lieues de leur point de départ : quelques unes font même trois cents lieues ; telles sont les tortues qui , faisant leur séjour près des terres du continent de l'Afrique , se rendent à l'île de l'Ascension pour dépo- ser leurs œufs sur ses rives propices. 34- HISTOIRE NATURELLE Nous avons dit que lépoque de l'ac- coupleinenl de la forUie franche répon- dait aux prenûers mois de notre prin- temps , c'est donc alors que commence la ponte ; elle dure jusqu'au mois de sep- tembre. 11 est des plages , telle que celle de la côle d issioi , en Afrique , où celle pon'e se fait plus tard , et ne finit qu'en janvier. La température des contrées où ces œufs ont éié déposés étant différente , il en résulte aussi une inégalité dans le temps que les œufs sont à éclore ; il est de dix-sept à vingt-cinq jours. Les petites tortues n'ont au plus , à leur naissance , que deux ou trois ponces de longueur sur un peu moins de largeur : elles ne sont pas encore capables de gagner la mer ; il faut qu'elles soient âgées d'en- viron neuf jours : elles s'y traînent avec lenteur ; mais arrivées au port , elles y périssent en très grand nombre : hors d'éiat de résister à l'impétuosité des va- gues , plusieurs d'elles sont re jetées par DES TORTUES. 35 les fîots sur le rivage , et y devieiiDcnt la proie des oiseaux de mer ^ des crocodi- les, des aniraaux carnassiers. L'homme leur fait aussi la guerre. 11 recherche avec avidité et les œufs qui donnent une nourriture aussi saine qu'agrc'able , et les petits qui viennent de naître , pour les renferiner dans un parc sur le bord de la mer , où on les laisse croître pour en avoir au besoin : usage tout- à-fait sem- blable à celui que l'on pratique sur no*y côîes , à r égard des huîtres. C'est aussi à la même époque que les pêcheurs prennent les grandes torlues femelles , dont la chair est plus estimée que celles des mâles, principalement au temps de la ponre. Dès l'entrée de la nuit, et surtout lorsque la lune leur prête une lumière favorable , ils se rendent sur le rivage où les tortues ont coutume de pondre : là ils attendent dans le si- lence qu'elles sortent de l'eau ou qu'elles y reviennent : dès qu'ils les aperçoivent, ils les assomment à coups de massue , 36 HISTOIRE NATURELLE les retournent avec rapidité , sans leur donner le temps de se défendre , de lancer une grande quantité de sable , qu elles font quelquefois rejaillir sur les assaillants avec leurs nageoires. Plusieurs ïionimes se réunissent pour cetle pêche , emploient même le secours des leviers lorsque les individus sont îrès grands. La carapace des tortues marines étant presque plate , ou du moins peu con- vexe , ne leur permet pas de se remettre sur les paties ; et une fois renversées ou chcmvées, pour me servir de Texpression des pêcheurs , elles périssent dans cet état. Les amateurs de fahles pourront nous dire , que les tortues ne pouvant plus se défendre , jetlent des cris plaintifs et versent des torrents de larmes. Nous n'ajouterons point de foi à ce merveil- leux , et nous penserons seulement que la g-ainte , le sentiment de la douleur peuvent faire produire à cet animal une espèce de gémissement. DES TORTUES. 3/ Si les matelots sont en assez bon nombre , ils retournent , dans 1 espace de trois heures , quarante à cinquante tortues , qui renferment une grande quantité d'œufs : ils traînent dans les parcs , et renversées , celles qu'ils veu- lent conserver; les autres sont mises en pièces ; la chair, les intestins même , les œufs en sont salés : la graisse leur fournit une huile jaune et verdàlre , ern- plovée dans les aliments lorsqu elle est fraîche , et qui sert toujours à brûler : les grandes tortues en donnent jusqu'à trenie-trois pintes. Les côtes de Cuba , celles des îles situées dans son voisinage , et principa- lement des îles de Cayman , sont les lieux d'où les pécheurs des x\nfilies ti- rent leur cargaison : le produit de leur pèche , qui dure deux mois , plus ou moins , est desiiné à servir de nourri- lare au peuple , aux esclaves , et tient lieu de morue salée dans la plupart des eoioiîies d'Araérique. 38 HISTOIRE NATURELLE On prend aussi les tortues au milieu des eaux , toujours à la faveur de la nuit, et , s'il est possible , d'un beau clair de lune : deux pêcheurs montés sur un petit canot , conduit par l'un d'eux , vont à la découverte de ces animaux ; ils en reconnaissent la présence par une écu- me qu'ils produisent lorsqu'ils gagnent la surface de l'eau : dès qu'ils sont à proximité de la tortue , l'un des pêcheurs lui lance son harpon avec tant de vigueur, qu'il perce sa carapace et pénètre jus- qu'à la chair : elle se précipite inutile- ment au fond de l'eau ; une corde retient le harpon , et lorsqu'elle a perdu ses forces avec son sang , on la tire dans le bateau , ou on l'amène au rivage. Dans l'Océan pacifique , un plongeur hardi profite de f instant où les tortues endormies nagent sur la surface des eaux* , pour les saisir fortement près la queue , les empêcher de s'enfoncer , et donner le temps aux pêcheurs qui rac- compagnent de les prendre. I>ES TORTUES. ' 89 Un filet large àe quinze à vingt pieds sur quarante à cinquante de long , dont les niailles ont un pied d'ouverture en carré , et auxquelles , de deux en deux , sont attachés deux flots faiîs d'une îiae épineuse, le moucou-moucGii des Indiens , bien tendu par de grosses pierres , est l'instrument que l'on emploie sur les côîes de la Guyane pour pécher les tor- tues : on place ce liict , appelé sole , près d'un îlot ; les lames d'eau y étant plus fortes , produisent z^xz^. deux extrémités du filet un mouvement conîiiiuel qui étourdit ces animaux : lorsque le filet commence à s'enfoncer d'un côîé , ou à caler ^ on s'empresse de le retirer. Les requins et les espadons dévoreîit quel- quefois les tortues prises dans le piège qu'on n'a pas visité , et brisent la sole. Cette pêche se fait depuis janvier jus- qu'en mai. On les prend encore d'une manière plus simple , en s' approchant d'elles Pvept. I. 6 4© HISTOIRE NATUREÎXE lorsqu'elles domient à la surface de la mer, en les relournan! avant qu elles ne s'éveillont , et les poussant devant soi jusqu'à terre. U paraît que cette méthode de pécher est la même que celle des anciens. Pline dit qu'on les entend ronfler de fort loin. M. de Lacépède remarque que ce bruit peut être attribué au peu d'ou- verture de la glotte de ces animaux, qui ont ainsi plus de facilité à ne pas avaler l'eau. Les tOi tues augmentent ou diminuent le poids de leur corps , en introduisant dans leurs poumons une quantité d'air plus grinde , ou en en expulsant une partie de celui qu'ils contiennent : mais leur pesanteur spécifique comparée avec celle de l'eau , est telle que si la cara- pace vient h se des --cher par un séjour trop considérable sur la surface de l'élé- ment qu'elles habitent , et par une trop forte chaleur , la tortue perd presque la BES TORTUES. 4* facuîlé àe plonger : ceUe diminuiion de p-saiiieur n'égale cependant jamais le seizième do poids toi al du corps. Ces animaux ont beaucoup de force , pouvant porter autant d'hommes que leur dos peut en tenir , et vu qu'il en faut souvent plusieurs pour les arracher des objets auxquels ils se cramponnent. On peut encore en juger par la vigueur de leurs mâchoires. Si on ne veut point saler la tortue afin de la mangei^ fraîche avec foules ses qua- liies , on. enlève le i)las5ron , la tête , les pâlies ainsi que la queue , et on fait cuire la chair daiîs la carapace. La poriion contiguë au plastron est la plus esti««ée. Les sucs de la chair , ainsi que les œufs , conviennent pariicuîièrement dans les maladies où la masse du sang a besoin d'ëlre épurée. Ces, vertus réelles, et quelques autres imapinaires , comme d'être uii contre- poison, portèrent quelques peuples d'A- 42 HISTOIRE NATURELLE mérique à avoir un respect singulier pour la tortue , et de là lai est venu le nom de poisson de Dieu. La différence des plages fre'quente'es par les tortues modifie la couleur de, ces animaux : il y en a de noires , de jaunes et de vertes. C'est même sous cette der- nière dénomination que des voyageurs indiquent la tortue franche. Nous ne parlerons pas de ces concré- tions qu'on a , dit-on , trouvées dans le corps de ce quadrupède ovipare , de ces Lézoards , préférés par les Indiens aux fcézoards orientaux , ni des propriétés que l'ignorance ou la superstition leur attribuent : sa carapace a une utilité plus reconnue ; des Indiens s'en sont servi pour couvrir leurs maisons. Des peuples voisins de la mer ïlouge en faisaient , au rapport de Diodore de Sicile , de petites nacelles ; elles furent , ces cara- paces , les premiers boucliers des hom- mes; et plusieurs peuples sauvages y DES TORTUES. i-^ îrouvent encore aujourd'hui le même objet de défense. La nature compacte et très serrée de la couverture des tortues , la grandeur que plusieurs acquièrent , indiquent suf- fisamment qu'il leur faut un temps con- sidérable pour avoir tout leur volume. On esfime que ce développement n'est parfait et entier qu'au bout , environ , de vingt années. Ces animaux habitant le même élément que les poissons , doi- vent aussi participer à leurs propriétés et vivre iong-temps. Nous ne préten- dons cependant pas donner à cette in- duction une trop grande étendue , l'or- ganisation des poissons, la nature de leur charpente osseuse diffèrent de celles des tortues. Les présomptions que l'analogie nous a fait soupçonner à ce sujet , doi- vent être modifiées et perdre une partie de leur application. On n'a pas de faits bien précis relativement à la durée de la vie de ces quadrupèdes ovipares. Il est 44 niSTOIRE JSATURr.LLE néanmoins certain qu'elle est fort lon- gue , qu'elle peut même aller ;^' un siècle , et peut-être plus. Une *ortue d'eau douce , la bourbeuse , a vécu quatre- vingts ans , et il est probable que les espèces marines , les grandes surtout , poussent plus loin leur carrière. « Cette j> longue durée de la vie des tortues les » a fait , dit M. de Lacépède , regarder j> par les Japonais comme un emblème ^> du bonheur ; et c'est apparemment >» par une suite de cette idée , qu ils 3» ornent des images plus ou moins (iéfi- î» gurées de ces quadrupèdes , les tem- ») pies de leurs dieux , et les palais de »> leurs princes. » Une seule tortue pouvant , à chaque ponte , donner l'existence à trois cents individus , peuplerait facilement une plage fort vaste , si cette multiplication ne trouvait point d'obstacles ; mais le trentième des jeunes tortues écloses à peine piospère-t-il 5 des ennemis sans^ DES TORTUES. 4^5 îiomLre et de toute espèce cherchent à les détruire dans le principe mease , en enlevant les œufs. NonohstaTil cette guerre cruelle, les tortues franches sent généralement ré- pandues , et en quantité , sur les côtes basses , sablonneuses des contrées chau- des des deux -mondes. Les limites de leur habitation ordinaire s'étendent à quelques degrés de plus que celles de la zone torride. On en trouve jusques vers le cap de la Floride. Seulement la diver- sité des températures , la diversité des herbes qu'elles paissent et des animaux marins dont elles tirent aussi leur nour- riture , doivent produire quelques légers changements dans l'espèce. Nous avons vu que le besoin de trou- ver un lieu favorable pour leur ponte y leur faisait entreprendre des voyages très lointains. D'autres circonstances , telles que celle d'une population trop grande , la nécessité de chercher des pâturages 46 HISTOIRE NATURELLE plus abondants, peuvent les forcer à éta- Llir ailleurs des colonies: quelques unes inême dépassent quelquefois la ligne de leur habitation , et se rendent dans les mers voisines de nos côtes. On en a pris sur celles des ci - devant provinces du Languedoc et de la Provence ; peut-être fréquentent- elles les parages méridio- naux de la Méditerranée , ceux de la Barbarie , de l'Egypte. Sans parler ici des tortues que des accidents particuliers peuvent transporter à une haute latitude:, pourquoi des causes plus naturelles , mais qui nous seraient inconnues comme tant d'autres , ne pourraient-elles pas déterminer ces animaux à quitter les lieux qui les virent naître , ces régions brûlantes , pour gagner des plages où l'inOuence de l'astre du jour et du père de la nature est plus douce ? Dieppe a vu prendre , en 1752 , une tortue franche qu'une tourmente avait jetée dans son port. Elle pesait huit à DES TORTUES. 4^7 neuf qiûnlaux , et avait six pieâs de long sur quatre de largeur. On en a pris d'autres auprès de l'embouchure de la Loire. Mais la véritable patrie de la tortue franche , les lieux où elle peut en paix se développer, croître et jouir d'une longue vie , sont les rivages déserts des pays peu distants de la ligne , ceux que baigne particulièrement la mer Pacili- quc. Là elle n'a d'autre maître que la nature, d'autres lois que les siennes. M. de Lacépède , dont nous venons d'a- n&lyser l'histoire de la tortue franche , termine son article par ce vœu si digne d'un bon citoyen : les y faire éclore. L'acquisition d'une 48 niSTOÎRE ÎÎATURELLÎ*: » t^spèce aussi fffcoude serait certaîne- « ment une des plas uiiles; et celte ri- « chesse reeile , qui se conserverait et » se niulîiplierait d^elie-meine , n'exci- * Jerai'i pas au inoins les regrets de la ij philosophie , comme les richesses fu- » nestes arrachées avec tant de sueurs au » sein des terres équaloriales. » La Tortue à écaiiîe-verte , Testudo xuridis. Plusieurs voyageurs ont appelé cette espèce torfue-verie ; maiscomui la tortue franche a reçu aussi la même dénomi- nation , M. de Lacépède, pour éloigner toa'e équivoque , nomme l'espèce dont nous allons ])Sir\er écai/fâi^nie. I-es pièces de sa carapace sont en effet plus vertes que celles des autres tortues ; ajoutez à cela quelles sont très belles, transpa- rences, er qu'elles peuvent être employées à plusieurs ouvrages^ DES TORTUES. ^q Ces torliies sont d un quart environ l^lus peiites que les Jorrues franches , et îeur chaires! aussi e^unée. Leurs œufs, sales ai séchés au soleil , passeur pour un excellent me «s. Cette espèce n a pas encore été dé- couverte dans 1 ancien continent. Elle paraît propre au Nouveau-Monde', dont elle fi équenîe les conîrées ies p'us ch^m- des, telles que les côtes de la Nouvelle- Espagne , le golfe du Mexique, la mer du Sud , etc. Les connaissances qu on a sur elles sont très vagues , et nous ne pouvons en donner la description ; cette tortue n'est peut-être qu'une variété de Ja tortue franche. 5o HISTOIRE NATURELLE La Tortue Caret , Tesiudo imbricata. Celte espèce est facile à reconnaître par la disposiîiofi de ses écailles , qui se recouvrent de même que les ardoises de nos toits , et dont la couleur luisante est jaspée. Daubenton l'appelle la luilée , mot qui n'est que la traduction française du nom spécifique imbricata^ que Lin- née avait donné à cette torrue. Pour nous , à l'exemple de M. de Lacépède , et de plusieurs naturalistes , nous lui conserverons la dénomination de cai'et , qu'elle porte dans son pays natal. Cette espèce est beaucoup plus petite que la tortue franche. Sa téfe et son cou sont bien plus longs. La mâchoire su- périeure , par son avancement sur celle d'en bas et par sa forme, donne au mu- seau quelque ressemblance avec le bec d'un oiseau de proie ; aussi les Anglais l'appelient-ils bec àjaucon. La carapace DÈS TORTUES. '5l €St plus bombée que celle de la tortue franche. Elle a presque la forme d'un cœur ; son disque est garni de treize écailles: placées sur trois rangs, et dont les dorsales ont une arête ; sa circonfé- rence a une bordure composée de vingt- cinq lames, et qui par leurs angles avan- cés semblent être dentée en scie; les écail- les sont fort belles , très fines , transpa- rentes, d'un jaune doré, jaspées de rouge et de blanc, ou d'un brun presque noir. Toutes celles qui revêtent la couverlure supérieure pèsent ensemble de irois à quatre livres, et même de sept à huit. Le plastron est arron
  • tentrionale , dit M. de Lacépède , en » iTiai, juin et juillet : il ne dépose pas » ses œufs dans le sable , mais dans un i) gravier mêlé de petits cailloux. Ces »> œufs sont plus délicats que ceux des n autres tortues. « Cette tortue hahite non seulement les contrées chaudes du Nouveau-Mon- de , mais encore les mers de l'Asie , et c'est de là que les anciens , long-temps même avant Pline , tiraient les écailles fines qu'ils faisaient servir au luxe de DES TORTUES. 53 leurs meubles. Nous les employons aussi depuis un temps immémorial , à des usages sertiblables. La demi-transparen- ce , l'éclat et la souplesse de l'écaillé ren- dent cette matière précieuse pour les arts. L'opticien , le tabletier savent , surtout , la mettre à profit ; elle est le cadre qui renferme ce verre qui fournit mi supplément heureux à notre vue ; elle est le support de ce bijou auquel vous confiez le portrait de ce que vous avez de plus cher. Pour façonner l'écaille , on la ramollit avec de l'eau chaude , on la met dans un moule dont elle prend la forme , et les pieires précieuses , l'or , l'argent con- courent ensuite à l'embellir. La Tortue caouane , Tesiudo caretta. LiiSNÉE, et d'autres naturalistes, ont décrit cette espèce , sous le nom de caret ; mais comme ce nom a été appli- 54 niSTOÏKE NATURELLE que à la tortue précédente , dans diffé- rents voyages, nous préférons appeler celle-ci caouane : dénomination sous la- quelle elfe esl désignée par les naturels des pays qu'elle habite. ç La caouane est plus grande que la tortue franche ; sa tête est plus grosse ; sa gueuie plas grande ; sa niâclioire supé- rieure plus alongée eJ plus forte ; la peau du cou est ép;Js3e, lâche, ridée, et gar- nie d'écailies calleuses ; la forme du corps est ovale , un peu en cœur , la carapace semble dentée en scie sur ses Lords par ia disposition des lames qui forment sa circonférence , el qui sont au iioml're de Wngt - cinq ; le disque a quinze écailles , tanuis que la tortue franci.e et le caret n'en ont que treize ; les pièces du milieu se relèvent en bosse , et l'arête se termine en pointe , dans les adallcs ; leur figure est hexa- gone, avec les -^ixigles latéraux saillants, et pins cbfus que dans les autres espè- ces voisines. Lorsque l'animal est dana DES TORTUES. 55 l'eau, la carapace paraît d'ur^jaisne ta- cheté de noir , le plastron est composé d'environ vingt-deux lames : il finit , du côté de l'anus , par une sorte de poin(e arrondie au bout ; la queue est courte ; les pieds ont des écailles épais- ses. On trouve la caouane dans les pays chauds des deux mondes ; mais les bor- nes de son habitation s'étendent plus aa nord, que celles des tortues décrites précédemment : elle n'est pas rare dans la Méditerranée ; on en fait des pèches abondantes auprès de Cagliari et de Caste 1-S arda. Elle y pèse souvent jusqu'à quatre cents livres , poids de Sardaigne. Pxon- delet en a nourri une chez lui pendant quelque temps : elle avait été prise fur les côtes du Languedoc, qu'il habitait; on l'entendai! quelquefois Jeter des es- pèces de soupirs, semblables à ceux que Ton attribue à la tortue franche. L'écaillé de la caouane est mainte- 56 HISTOIRE NATURELLTÎ liant peu employée dans le commerce , étant défectueuse à raison d'une sorte de gale qui la recouvre. Cette tortue est plus hardie , plus carnassière que les autres. On prétend même que , retirée dans les creux situés le long des rivages, elle y attend les cro- codiles pour les attaquer avec plus de su- périorité . la longueur du corps de ces derniers les obligeant d'entrer à reculons dans ces cavités, sans leur permettre de se retourner, les caouanes les saisissent fortement par la queue, et n'ont rien à craindre de leurs dents. La chair de ces tortues tient aussi de la nature de leurs habitudes. Entre- tenue par un chyle que fournit une plus grande portion de substances animales , elle est huileuse , coriace , et d'une odeur de musc plus forte que dans les autres espèces ; fétide même. Des navi- gateurs qui en ont mangé l'ont trou- vée échauffante. On la sale , dit-on , quelquefois pour l'usage des nègres. DES TORTUES. 5; L'huile qu'on en retire avec abondance , ne peut être employée que dans la pré- paration des cuirs , et qu'à enduire les vaisseaux. Moins ulile que les autres espèces, la caouane n'est pas si poursuivie, et se ré- pand en plus grand nombre. Plus hardie , plus vigoureuse , elle entreprend aussi de plus fréquents et de plus longs voya- ges. On l'a rencontrée à huit cents lieues des terres ; se nourrissant d'ailleurs de poissons, de grands mollusques qu'elle déchire ou brise avec facilité , elle doit s'éloigner des côtes à une distance plus considérable. Il est dangereux de cher- cher à la saisir , car elle se défend avec une telle force , qu'on risque d'être griè- vement blessé. Son opiniâtreté ne lui permet pas de lâcher prise. La Tortue nasicorne , Testudo nasicornis» Cette espèce a été confondue avec la caouane j mais elle en est très distin- 58 BÎStOÏRE NATURELLE guée par un tubercule charnu qui s'é- lève au-dessus de .son museau, et dans leqaeî sonl {jjjicées les narines. M. (ie Lacépède pense que celte tor- tue a encore plus de rapports avec la torîue franche qu'avec la caouane. On la niange , tandis qu'on ne se nourrit presque pas de la chair de celle-ci ; se- raiî-cïle la tortue bâtarde des pécheurs d'Amérique ? Les tortues marines , et particulièrement la nasicorne , ont été peu observées, et lorsqu on les étudiera avec soin et sur les lieux , on y décou- vrira un plus grand nombre d'espèces. La tortue nasicorne est un habi- tant des mers équatoriales du nouveau Continent. La Tortue luth , Testudo coriacea. Cette espère a des caractères si tran- chants et si distinciifs, qu'il est impos- sible de la confondre avec celles qui Jl^tile^s' Tl.2>. D. ,/e/. ^'f Tizrdieit JVj///> ■ 5. La T . o^éométritiixe . ^ j. / DES TORTUES. - Sg nous sont connues. Elle n'a point de plastron apparent : sa carapace n'est point garnie d'écailles ; une peau , qui , par sa consistance et sa couleur ., res- semble à un cuir dur et noir , la revêt ; cette couverture est placée sur le dos de l'animal comme une espèce de cuirasse , sans s'étendre assez aux deux extrémi- tés pour mettre à l'abri la tête, les pat- tes et la queue ; cinq grandes arêtes la parcourent dans toute sa longueur , et de plus elle est terminée en pointe , ce qui ferait croire , au premier coup d'œil , que la tortue a une double queue : la partie inférieure du museau est recour- bée et se loge dans une fente , placée à l'extrémité de la mâclioire supérieure ; par les pieds, la tortue luth se rapproche plus que les autres des phoques, des la- nienîins ; ces parties sont recouvertes d'une peau très coriace et noirâtre. On ne leur donne point d'ongles ; mais cette observation est-elle exacte? La tortue luth se trouve dans l'Océan « 6o HISTOIRE NAÏURELLÎÎ et dans la Méditerranée. Elle choisit de préférence , du inoins à l'époque de la ponte , les rivages déserts et sablonneux des côtes de Barbarie : elle semble craindre le froid des latitudes élevées , puisqu'elle parvient rarement jusqu'à la mer Noire , et qu'elle remonte peu la mer Adriatique. On en a pris en Fran- ce , sur les bords de la Méditerranée, Rondelet en avait vu une prise à Fron- tignan , et qui était longue de cinq cou- dées sur deux de large : elle donna une grande quantité de graisse et d'huile bonne à brûler. Amoureux fils en a décrit une autre , pëchée au port de Cette , et dont la longueur totale était de sept pieds cinq pouces. On en prit une en 1725, à treize lieues de Nantes , au nord de rembouchure de la Loire. Elle était presque aussi grande que la précédente. On lui cassa la tête à coups de crochets de fer ; elle fit alors des hurlements qui auraient pu être enten- dus d'un quart de lieue. Sa gueule ex- DES TORTUES. 6i halait une vapeur très-infecte. En lySG, vers le milieu de l'été , il en fut pris une sur les côtes de Cornouailles , en Angleterre. La tortue luth fréquente les côtes de l'Amérique et celles de l'Afrique , qui sont voisines de l'équateur. Ce n'est que dans les grandes chaleurs qu'elle gagne la partie septentrionale de la zone tem- pérée. Commune dansla mer Egée, les Grecs la connurent plus particulièrement que les autres peuples , et leurs premiers inventeurs de musique firent de sa ca- rapace un corps d'instrument , ils y at- tachèrent des cordes, et telle fut, dit ]VI. de Lacépède , la première lyre gros- sière qui servit à faire goûter à des peu- ples peu civilisés encore, le charme d'un art dont ils devaient tant accroître la puissance ; aussi la tortue luth a-t-elle été , pour ainsi dire , consacrée à Mer- cure , que l'on a regardé comme l'in- venteur de la lyre. Les modernes l'ont 62 UISTOÎRE NATUREI-LE même souvent , à l'exemple des anciens, appelée lyre ainsi que luth. SECOISDE FAMILLE. LES TORTUES D'EAU DOUCE ET DR TERRE. Pieds propres pour marcher , point disposés eu nageoires ; doigts presque égaux , courts ou peu alongés, munis presque tous d'un ongle crochu et distinct. Ohseivailons sur cette famille. Cette famille étant fort nombreuse €n espèces , il serait important de la sous-diviser ; mais comme nous nien- quons souvent de moyens pour rem- plir avec exactitude le cadre des coupes que l'on peut y former , nous sonnnes contraints de donner la série des espèces de cette famille , sans offrir des points de repos. Nous avons cependant , au- tant qu'il nous a été possible , rappro- DES TORTUES. 63 ché les espèces suivant leur identité de conforniaiion et d'habitudes. Nous commençons par les tortues terrestres; distinguées par leurs doigts libres , très courts , et dont on ne voit même sou- vent que les ongles. Leur carapace est plus bombée que celle des tortues d'eau douce : elle est toujours dure , couverte d'écaillés , et le plastron , de consis- tance également osseuse , est ovale ou elliptique. Les pieds antérieurs ont cinq ongles, ou du inoins quatre. Je termine la suite des tortues terrestres à celle qu'on appelle vermillon. Succèdent les tortues d'eau douce , remarquables par la membrane qui réunit leurs doigts , ce qui leur donne de la facilité pour na- ger. La tortue molle et l'espèce qui vient après elle, doivent en être séparées par la. nature et la conformation de leurs tests , qui sont mous , sans écailles ni sutures , ainsi que par le nombre ter- naire des ongles des pieds antérieurs. La tortue chagrinée , qui précède la Rept. L , 8 64 uisromE naturelle niolle , n'a même pas sa carapace cou- verte d'écaillés ; mais cette enveloppe a du moins des sutures. La serpentine commence à se rap- procher des dernières espèces. Les deux tests, quoique revêtus d'ailleurs de la- ines , comme à l'ordinaire , sont mous. Le plastron est disposé en croix , et nous sommes ainsi préparés à voir les chan- gements qui signalent les tortues placées à la fm de la famille. La manière dont le plastron est uni à la carapace ; son jeu , son mouvement , ou toujours général , ou quelquefois par- ticulier , et s'effectuant par le moyen d'une charnière qui divise en deux bat- tants cette couverture , eussent fourni d'excellents caractères ; mais les obser- vations nous manquent encore ici , et en indiquant It voie , nous avouons qu'elle esf fermée en ce moment pouf- nous. DLS TGinXEiJ. 65 La ïorlue grecque , Testudo grœca. Cette espèce n'a porté fort long-temps que le nom de tortue tenrstre : une désignation aussi vague ne pouvait être du goût des bons naturalistes; ils Font un peu reclifiée : et cette tor- tue terrestre est devenue la tortue de terre commune , la tortue grecque. On comprend aisément que cette dernière dénomination est motivée sur l'abon- dance de ce quadrupède ovipare , dans les pays qui répondent à l'ancienne Grèce. La tortue grecque est du nombre de celles qui vivent toujours , ou la plupart du temps , hors de l'eau ; on la trouve dans les bois , sur les lieux élevés , les montagnes , et il paraît même que les in- dividus qui habitent les hauteurs sont plus forts que ceux de la plaine. La len- teur de cet animal est connue de tout le 66 HISTOIRE NATURELLE monde , et a passé en proverbe. La pe- santeur de son bouclier , la charge qui l'accable , la position des pailes trop re- jetées sur le côté et trop écarîées , peu- vent nous rendre raison de la difficulté et de la lenteur de sa marche ; car on voit d'ailleurs que son sang n'est pas plus froid que celui des autres animaux de la même classe , et que les diverses parties de son corps, considérées isolé- ment , sont susceptibles d'une assez grande agilité ; mais au surplus tran- quillisons-nous sur le compte de la tor- tue : si elle ne peut éviter ses ennemis par une fuite prompte et rapide, si elle tombe nécessairement en leur pouvoir, elle sait leur opposer un bouclier impé- nétrable , et se moquer de leurs vains efforts. Nous allons décrire la tortue grecque d'après Schœpff , dont le travail sur cette partie mérite une confiance par- ticulière. 11 n'est pas d'accord avec M. deLacépède, conimc nous le verrous DES TORTUES. 67 plus l)as. la taille de la tortue grecque varie. Il paraît cependant que sa lon- gueur moyenne , à prendre depuis le bout du museau jusqu'à la queue , est communément de sept pouces , et sa largeur de trois et demi , ou près de quatre ; la tê!e a environ un pouce de long sur neuf lignes de large et sept de hauteur ; la partie supérieure est un peu convexe , et garnie de quelques écailles plus larges ; le front va légère- ment en pente ; les narines sont rap- prochées sans être proéminentes , le museau finit brusquement ; l'extrémité de la mâchoire supérieure a de chaque côté des espèces de dents ; les bords des deux mâchoires ont aussi des aspérités qui en tiennent lieu ; le cou est long d'environ un pouce ; il est reçu dans mie sorte de capuchon formé par les plis de la peau. Toul le corps est recou- vert de peSiles écailles , qui sont plus grandes sur les pieds ; les doigts ne sont pas apparents : on aperçoit seule- 68 HISTOIRE NATURELLE ment leurs ongles , qui sont au nom- bre de cinq aux pattes antérieures , et de quatre aux postérieures. Les pieds sont renflés à leur extrémité , comme en massue ; ceux de derrière sont plus forts. La queue est courte , épaisse et terminée par une pointe de consistance de corne, jaune et longue d'environ un demi-pouce. La carapace est très bombée ; son disque est composé de treize lames , dont les latérales sont plus grandes : celles de la circonférence ont aussi, pro- portions gardées , plus d'étendue que dans les autres espèces ; les deux der- nières , ou les voisines de la queue , se prolongent en dessous. Toutes ces écailles forment une sail- lie un peu courbe ; soit celles du dis- que , soit celle du bord , ont leur sur- face , à l'exception du centre , très striée ; le fond de leur couleur est jaune , et toutes ont communément une tache noirâtre : sur les écailles du DES TORTUES. 69 dos , la tache semble suivre les con- tours , ou former des espèces de carré ouvert par un bout ; la tache des écailles latérales du disque a son centre évidé ; le jaune v paraît , ainsi que sur un des cotés de la longueur : elle est pleine , avec quelques dentelures sur les lames des bords. Le plastron est aussi marbré de jaunâtre et de noir ; il est strié , très échancfé postérieurement , et composé de douze ou treize lames. F.orskal dit qu'il est plan dans les mâles , et con- cave dans les femelles ; la queue est ter- minée , du moins à certain âge , par une pointe dure comme de la corne. Les tortues franches , une fois ren- versées sur le dos , ne peuvent plus se relever : mais il n'en est pas ainsi de la tortue grecque , sa carapace étant plus bombée , s'applique moins sur le plan de position : l'animal a donc plus de disposition à se mouvoir , sa tête , son cou lui servent à s'appuyer , à tâ- tonner jusqu'à ce qu'il ait trouvé le 7© HISTOIRE NATURELLE côlé du terrain qui , par un<î inclinai- son plus forte , oppose une moindre ré- sistance. Le fardeau que la tortue grecque supporte , sa grande facilité à briser les corps les plus durs, sont une preuve de sa force , on a vu ses mâchoires claquer encore , avec un bruit remarquable i «ne demi-heure après que la tête avait été séparée du corps. 11 résulte même des expériences de Rédi , que ces ani- maux peuvent vivre dans cet état douze jours au moins, le cœur palpitant en- core , et la circulation du sang y ayant lieu au bout de cet intervalle de temps. On en a vu vivre six mois , quoiqu'on leur eût enlevé la cervelle. Les natu- ralistes ont remarqué à cet égard que leur cerveau était d'une petitesse in- croyable , n'étant pas plus gros qu'une fève. Des fruits, des herbes, des insec- tes et des vers, telles sont les matières dont la tortue grecque se nourrit. D'un naturel tranquille, on en fait aisément DES TORTUES. ^1 un animal domestique , qui détruit les insectes de nos jardins. Son entretien n>st pas coûteux , il ne faut qu'un peu de son et de farine : il peut suppor^ ter une diète considéraljle. Blasius en garda une chez lui pendant dix mois sons qu'elle eût pris le moindre aliment ni la moindre boisson, et si elle mou- rut au bout de ce temps-là , ce fut plu- tôt Iffiet d'un froid rigoureux que de sa longue abstinence. La tortue grecque vit trèslong-lemps. Ceiti en a vu une en Sardaigne, qui pe^ sait quatre Inres, et qui vivait depuis soixante ans dans une maison. Ces animaux se terrent , vers la fm de l'hiver, dans les lieux où la tempé- raJure de cette saison est plus froide. En Sardaigne , ils s'enfoncent dans les trous qu'ils se sont creusés v:*rs la fm de novembre. Leur engourdissement finit au retour de la belle saison , et peu de temp3 après ils s'accouplent. Les maies ont les organes de la gêné- 72 HISTOIRE NATURELI-E ration très grands, et leur ardeur pour la femelle est dans la même proportion. On a même prétendu qu'animés par le sentiment le plus impérieux de tous , ils se livraient alors , pour la posses- sion d'une compagne , de violents coinbats. La chaleur des contrées qu'habite la tortue grecque n'étant pas la même , il s'ensuit que le temps de la ponte varie aussi suivant les températures. En Sardaigne , elle pond , vers la fin de juin , trente à quarante œufs , qui sont ronds et gros comme ceux de pigeon : ils sont déposés dans un trou qu'elle forme avec de la terre ou du sable : les petits éclosent vers la fin de septembre, et ne sont pas alors plus gros qu'une co- que de noix. Cette espèce ne va presque jamais à l'eau, quoique son organisa- tion intérieure soit cependant à peu près semblable à celle des espèces aqua- tiques. On trouve la torlae grecque dans la DES TORTUES. 73 partie méridionale de l'Europe , en Ma- cédoine , en Grèce , en Italie , même en France : on la rencontre surtout dans les déserts de l'Afrique , en Syrie. Les hahitans de la campagne des envi- rons d'Alep en conduisent au marché plusieurs charretées, qu'ils donnent à bas prix. Nous n'avons pas de notions assez certaines sur les espèces de tor- tues qni habitent les Grandes-Indes , pour affirmer d'une manière positive que la tortue grecque fréquente aussi ces contrées de l'ancien monde. Les voyageurs nous parient en général des tortues de terre , sans nous donner à connaître quelles sont les epèces qu'ils ont vues ; et on n'a pas plus de raison pour appliquer à la tortue grecque ce qu'ils nous disent des habitudes de ces animaux qu'à tout autre. Nous n'a- vons pas des observations plus exactes sur les tortues terrestres de l'Amérique méridionale : on se sert, pour les pren- dre , de chiens dressés à cette chasse ; 74 HiSTOiRE NATURELLE ils les dëcouvreat à la piste , et aver- tissent leurs maîtres par leurs aboie- ments , qu'ils prolongent jusqu'au mo- ment de leur arrivée : on les emporte en vie et on les renferme dans un parc , où on les nourrit d'herbes et de fruits. Elles y multiplient beaucoup. La chair, quoiqu'un peu dure , est bonne et dé- licate ; elle est , dit-on , interdite aux Grecs modernes et aux Turcs ; mais il paraît qu'ils se relâchent les jours de jeûne , en assimilant cette viande à cei!e du poisson : ils en boivent le sang cru et avec avidii'é ; on fait cuire la^air , particulièrement le foie et les œufs. Les médecins arabes prescrivent surtout le sang cru et les œufs des tortues terrestres dans la colique et la fièvre lente : on fait sécher ces sub- stances, et l'on en fait prendre aux en- fanls inquiets et qui se plaignent ha- bituellement , la valeur pesante d'ua grain , mêlé avec du lait de leur nour- rice. DES TORTUES. ' y S Les jeunes torlues croissent , du TTioins d'une manière plus sensible à Tœil , pemiant sept ou Luit ans : les femelles s'accouplenî; n'ayant encore atteint que la moitié de la grandeur ; mais il faut que les mâles aient , dit-on , acquis tout leur développement , ce qui contredirait un peu les idées que les anciens nous ont irânsmises sur l'ar- deur des mâles et sur la retenue des fe- melles. Il paraîtrait qu'à quelques change- ments près, la tortue grecque se retrou- verait dans l'Amérique septentrionale et dans les îks qui l'avoisinent. Mais avant que de rien affirmer à cet égard, il fau- drait comparer avec soin la prétendue tortue grecque de ces pays avec la nôtre. Bien des choses se ressemblent lorsqu'on les examine superficiellement. M. de Lacépède fait mention de quel- ques indiv idus de cette espèce , remar- quables par leur grandeur. Un de ceux- là, apporté de la côte de Coromandel^ Kept. L Of 76 HISTOIRE NATURELLE avait quatre pieds et demi de long, de- puis l'extrémité du museau jusqu'au bout de la queue : la verge qui était renfer- mée dans le rectum avoit neuf pouces de longueur sur un pouce et demi de diamètre : la vessie était d'une gran- deur extraordinaire , et contenait douze livres d'urine claire et limpide : la queue était très grosse ; après la mort de l'animal , elle était tellement inflexible qu'il fut impossible de la redresser : sa pointe était formée d'une substance dure et cornée : serait-ce une défense pour cet animal ? Schœpff pense que cette grande tortue de la côte de Coro- mandel n'appartient pas à la tortue grecque , mais a une autre espèce dont nous parlerons sous le nom de tortue des Indes. 11 rapporte la figure et la description de la tortue grecque , don- nées par cet illustre naturaliste à une espèce différente, qu'il appelle bordée, planche xi , pag. 52. La carapace de celle-ci est plus alongée et resserré* DES TORTUES. 77 de chaque côté, vers le milieu de ses Lords ; son extrémité postérieure est élargie, déprimée, et ne se prolonge pas iiiférieurement comme dans la tor- tue grecque ; les lames de la circonfé- rence sont au nombre de vingt- quatre au lieu de vingt-cinq'; elles ont d'ail- leurs , ainsi que les treize du disque , des stries nombreuses ; le brun ou le noirâtre domine plus que le jaune sur le dessus de la carapace : c'est cette dernière couleur qui forme des taches : le plastron est mélangé de jaune et de noirâtre. M. de Lacépède a vu cette tortue vi- vante , elle était longue de près de qua- torze pouces sur dix environ de large : la tête avait un pouce dix lignes de long sur un pouce deux lignes de largeur , et un pouce d'épaisseur : le dessus en était aplati et triangulaire : les yeux étaient garnis d'une membrane clignotante , et la paupière inférieure était seule mo- bile , les mâchoires étaient très fortes,, jS HISTOIRE NATURELLE crénelées , avec des aspérités à l'inté- rieur, qu'on a prises pour des dents, le& Irous auditifs éfaient recouverts par la peau : la queue était très courte et n'a- vâil que deux pouces de longueur, toute la peau était grenue , parsemée d'é- cailles inégales , brunes , quelques unes àe celles qui terminent les pattes étaient assez grandes pour être confondues au premier coup d'œil avec des ongles : les pieds étaient courts et ramassés, les doigts n'étaient sensibles que par leurs ongles : comme l'animal en fait un usa- ge plus continuel que la tortue d'eau douce, ces ongles sont aussi plus émous- sés. » Lorsque la tortue grecque , /a hor- 3> dée de Schœpff , niarcbe , dit M. de » Lacépède , elle frotte les ongles des « pieds de devant , séparément et l'un j> après Taufre contre le terrain , en » sorte que lorsqu'elle pose un des pieds w de devant à terre , elle appuie d'abord » sur l'ongle intérieur , ensuite sur ce- » lui qui vient après , et ainsi sur tous DES TORTUES. yg * successivement jusqu'à l'ongle exté- 3> rieur ; son pied fait en quelque sorte , 3> par là, l'etfet d'une roue, comme si j> la tortue cherchait à s'élever très peii i> sur ses pattes, et à s'avancer par une j> suite de petits pas successifs , pour i> éprouver moins de résistance de la ■» part du poids qu'elle traîne. ^> Il me paraît assez évident que la tor- tue grecque de M. de Lacépède diffère , jusqu'à un certain point, de celle que Schœpff a décrite , et nous , d'après lui , sur le même nom. Mais je ne vois pas trop d'abord pourquoi cette tortue , que le naturaliste allemand appelle la grec- que , serait plutôt celle qui porte ce nom dans Linnée , que l'espèce que M. de Lacépède a regardée comme telle. Les caractères que le Pline suédois assigne à sa tortue grecque , conviennent autant à l'espèce que M. de Lacépède décrit sous ce nom , qu'à celle de Schœpff. Cette expression même , iord latéral très od- iusj s'appliquerait mieux à la tortue de / Sa HISTOIRE NATURELLE M. de Lacépède. Mais cependâiil comme nous pouvons réputer pour tortues grecques les individus qui , portés du Levant sous la dénomination de tortue terrestre , se ressemblent en plus grand nombre , comme le naturaliste alle- mand paraît en avoir vu une quantité assez considérable , les avoir comparés » et s'être décidé là-dessus, nous parta- gerons son sentiment , n'affirmant pas toutefois que la tortue grecque de M. de Lacépède soit une espèce et non une variété de celle que nous donnons pour telle. La Tortue géométrique , Tesiudo geometriui. La conformation des pattes de cette espèce a tellement de rapports avec celle des pattes de la tortue grecque , qu'il est facile de j*Jger que celle-ci vit à peu près de même , ou qu'elle fait son séjour babituei hors de l'eau : les DES TORTUES. 8l doigts sont réunis par une peau cou- verte de différentes écailles , ce qui fait paraître le pied comme une masse ar- rondie , qui n'est point divisée , et qui est simplement munie d'ongles poin- tus : les pieds de devant en ont cinq ^ et ceux de derrière quatre. Parmi les écailles qui recouvrent l'extrémité infé- rieure des pattes, il en est que l'on pren- drait , à leur grandeur et à leur forme , pour d'autres ongles. L'individu décrit par M. de Lacé- pède avait dix pouces de long sur huit de large, et quatre d épaisseur. Les couleurs de cette tortue sont très variées , et de là lui sont venues ses noms à^éioilée , de géométrique, etc. Les lames de la couverture supérieure sont noires ; mais leur centre offre une tache jaune à six côtés ^ d'où partent différents rayons de la même couleur, souvent contigus à d'autres par leur extrémité : ces lames sont hexagones y fortement striées et relevées en bosse 82 HISTOIRE NATURELLE dans leur milieu : le disque en a treize ^ et la bordure de la circonférence vingt- quatre à vingt-six : le plastron composé de douze à treize lames, est aussi mé- langé de jaune et de brun noirâtre ; il est échancré à un des bouts : le corps de cette tortue est très bombé. M. de I acépède a vu plusieurs indi- vidus qui différaient de celui que nous venons de décrire , par l'élévalion des écailles, le nombre et la disposition des rayons , et par une couleur jaunâtre plus ou moins uniforme sur le plastron,, dont les lames avaient d'ailleurs peu de saillie ; mais il ignore si ces variétés sont constantes, et si elles dépendent du climat ou du sexe. Schœpff , pag. III, planeb. 25 , parle, d'après Seba et Commerson , d'une tor- tue qui a de grandes affinités avec la géométrique. Celte espèce, qu'il appelle élégante j est hémisphérique et couverte de petites écailles ; ses doigts ne sont distincts que DES TORTUES. 83 par les ongles. Sa couleur est d'un bai foncé ou noirâtre , la carapace a deux pouces huit lignes de long, deux pou- ces trois lignes de large , et un pouce et demi de hauteur ; les laines du disque sont au nombre de treize y à cinq ou six côtés , marquées parallèlement , et sou- vent à angles droits , de côtes et de sil- lons profonds et très élevés ; le milieu de ces lames ou l'aréole est plan, ponc- tué et jaunâtre ; la surface de cette aréole est grande à proportion de l'é- caille , et plus large que longue , carac- tères qui éloignent cette espèce de la tor.'ue géométrique. Du point central des l-,mes, partent quatre rayons jau- iiâtrcs , divergents, qui par leur con- fluence avec ceux des laines voisines, forment des espace^ symétriques, trian- gulaires, rhomboïdes ou hexagones. Les écailles de la circonférence sont au nom- bre de vingt-trois , petites , presque carrées , à peu près sillonnées comme celles du disque , mélangées de jaunâtre 84 HISTOIRE NATURELLE et de brun , mais ne formant point d'é-* toiles ; la bordure est très obtuse , même échancrée en devant , et assez fortement crénelée postérieurement : l'écaillé qui la lennlne est beaucoup plus large que les autres. Le plastron est composé de douze pièces , échancré aux deux bouts, et varié de jaune et de noirâtre. Le museau de celte tortue est mousse, le bord de la mâchoire supérieure a des stries , la queue est courte , conique , jaunâtre , ainsi que les pieds et là tète. On trouve la tortue élégante à Mada- gascar, aux Indes orientales. La géomé- trique habite plusieurs contrées méri- dionales de l'Europe , l'île de l'Ascen- sion , le cap de Bonne-Espérance , et une partie de l'Asie ; mais il faudrait examiner et comparer entre eux les in- dividus portés de climats si éloignés les uns des autres , avant d'affirmer que ces tortues appartiennent à la même es- pèce. D'après les observations de Bru- DES TORTUES. 85 guière , la tortue géométrique pondrait de douze à quinze œufs. Il est douteux que la tortue hécate de Brovvn , la terrapène de Dampier ne soient que des variétés de cette espèce. Je n'assurerai pas non plus que la tor- tue que Pison donne pour être du Bré- sil , tab. io5, soit encore la tortue géo- métrique. Il arrive tous les jours qu'on est obligé de séparer des objets réunis sans examen , d'après de pures ressem- blances de couleurs- La Tortue à marqueterie , Testudo tahulata, Séba, Stobée, Walbaum , etSclisepff particulièrement , ont fait connaître cette espèce. Elle a pour patrie lAmé- rique méridionale et l'Afrique. Elle est peut-être \q jciboti des habitons du Bré- sil , disent quelques auteurs. Ses rapports avec la tortue grecque sont si grandis , que feu Hermann, célèbre professeur de \ S6 HISTOIRE NATURELLE Strasbourg , ne pensait pas qu'elle en fut distinguée. La longueur de la carapace de l'indi- vidu que possédait ce naturaliste , était de dix pouces six lignes , sa largeur de six pouces et demi , et sa hauteur de cinq pouces. La tête de cette tortue est figurée comme celle des serpents , ta- chetée de jaune en dessus , de rouge en dessous. On ne lui distingue pas de con- duit auditif apparent et de paupière su- périeure. La langue est large et arron- die , les mâchoires sont semblables à celles des autres tortue;8 , les yeux sont noirs , presque toujoi^rs humides , leur regard est languissait , ils jettent sou- vent des larmes , et l'animal siffle, écu- me en même temps. Le cou est couvert d^une peau noirâtre , ridée , à petites écailles , il peut s'étendre à près de qua- tre pouces. Les pattes ont les cuisses épaisses, arquées , tachetées de rouge; les pieds antérieurs ont cinq ongles , et les postérieurs quatre. La queue est DES TORTUES. 87 épaisse, conique, longue d'un pouce, et snscepîibie de raccourcissement ou d'a- Jo-igcment. il paraît que la couleur de la carapace est, eu général, d'un brun noi- râtre, plus clair ou tirant sur le jaunâlre vers le milieu des lames. La forme de cette couverlure supérieure est oblongue et renQée. Le disque a treize écailles, grandes, faiblement pentagones ou pres- que carrées, et siiloniiées dans tout leur contour jusque près du milieu qui est un peu renflé , et raboteux dans plusieurs. La circonférence est resserrée sur les côtés, formée de vingt-trois lames gran- des , et presque semblables à celles du disque. La dernière ou la plus voisine de la queue se courbe un peu en des- SOUS. Le plastron est mélaîjgé de brun et de jaune , strié et échancré postérieure- ment. Cet animal a vécu long-temps, buvant peu , se nourrissant de racines do pom- mes de terres, de bâtâtes , de fiente de poule et de pigeon. Le professeur Thun- Repl. L 10 SS HISTOIRE NATURELLE Lerg, en nous donnanl la figure des ob- jets que les Hottenîots porfeiit autour de leur cou, a représenté la couverture d'un petit individu de cette espèce , d'où Schœpff conjecture qu'elle est plutôt ori- ginaire d^ l'Afrique que de l'Aniérique. Gautier paraît aussi avoir connu cette tortue. Voyez ses observations sur f His- toire naturelle, toni. i, part. m, pag. i5o, tab. loo. Schœpff donne la ligure d'un jeune individu de cette espèce. 11 diffère prin- cipalement de l'adulte , en ce que les stries de ses lames sont bien moins nom- breuses*, on n'en voit que dans leur cor.- tour. Cette tortue doit avoir les mêmes ha- bitudes que la grecque, dont elle est peu éloignée par ses caractères physiques. it -RepnTe 'es FL *v_^ De<)^eve Je! . J^?Ttiri/z(^zc dcu/p- a . L, a T. matamata. en dessTis 3 . La même en dessoTis . DES TORTUES. 8g La Tortue noirâtre , Tesiudo suhnigra. On ne connaît que la carapace et le plastron de cette tortue. La couverture supérieure est un peu bombée , ronde ^ ayant cinq pouces quatre lignes de dia- mètre ; sa couleur est très foncée et noirâtre. Le disque est recouvert de treize écailles épaisses ^ striées dans leur contour , mais très unies , paraissant comme onctueuses sur le reste de leur surface. Les cinq écailles du dos sont un peu relevées dans leur milieu en crête longitudinale ; les bords sont garnis de vingt-quatre lames ; le plastron en a treize, et il est écliancré par-derrière. La manière de vivre , la patrie de cette tortue sont inconnues. Son enve- loppe est conservée au Muséum d'His- toire naturelle , et c'est M. de Lacépède qui l'a le premier décrite. gô niSTOIRE NATURELLE La Tortue des Indes, Testudo indica. ' Schneider, Schœpff, rapportent à cette espèce la tortue des Indes dont Perrault nous a donné la description anatomique dans les Mémoires de l'Académie des Sciences. Schœpff pense aussi que la tortue grecque de la côte de Coroniandel dont parle M. de Lacépède, est la même. Cette tortue a quatre pieds et demi de long depuis le bout du museau jusqu'à celui de la queue : sa hauteur est de qua- torze pouces ; la couverture supérieure est longue de trois pieds sur deux de large. La couleur de l'animal et celle de son enveloppe sont d'un gris fort brun ; la tête , le cou et les pieds sont couverts d'une peau lâche, ridée, etgrenée comme du maroquin ; celle de la tête, qui a sept pouces de long et cinq de large , est plus înince que celle des autres parties du corps. Les mâchoires ont deux rangs d'aspérités en forme de dents, les doigts DES TORTUES. 9I des pieds ne sont pas distincts : on n'a- perçoit que leurs ongles f les pieds de devant en ont cinq , et les aulres quatre. La queue est longue de quatorze pou- ces, et terminée par une pièce d'une con- sistance tirant sur celle de la corne. On n'a point décrit, du moins suffisamment, l'enveloppe de cette torlue. On lui assi- gne pour caractères d'avoir l'extrémité antérieure de la carapace recourbée ou relevée , et un gros tubercule sur cha- cune des trois lames antérieures du dis- que. La figure qu'on en a donnée ne pa- raît pas assez exacte pour nous servir de guide. Cette tortue vient des Indes orienta- les. Nous avens eu occasion d'en parler à l'article de la tortue grecque , et nous y renvoyons nos lecteurs. 93 HISTOIRE NATURELLE La Torlue vermillon , Testudo piisllîa. AVorm a nourri pendant quelque temps, dans son jardin, cette tortue que des marchands lui avaient vendue comme venant des Grandes-Indes. Sur le som- met de sa teîe, dont la forme a été com- parée à celle d^un perroquet, s'élève une protubérance d'une couleur de vermil- lon, mélangé de jaunâtre. C'est de là que M. de Lacépède a |)ris occasion de nom- mer cette espèce , la tortue vermillon, Daubenton l'av^ait appeléda bande blan- che ( Encycl. met. ). Un agréable mélange de noir , de blanc , de pourpre , de verdâtre et de jaune orne la carapace , qui est à peine longue de quatre doigts; exfoliée, elle ne présente pins qu'un fond d'un jaune noirâtre. Le plastron est blanchâtre ; les pieds sont revêtus d'écaillés très du- res, et armés de quatre ongles. La peau des cuisses resseuibie à du cuir ; la queue DES TORTUES. gS est très coiirle. Cette description est la substance de celle qu'a donnée M. de La- eépède. Il est aisé de sentir combien elle est insuffisante : sa synonymie me paraît douteuse en bien des points. Je vois cette tortue réclamer à la fois pour sa patrie , l'Asie, l'Afrique et l'Amérique ; mais sur quelles preuves? Kolbe nous dit que les grands aigles de mer des environs du Cap-de-Bonne- Espérance , et nommés orfraies , sont très avides de la chair des tortues; qu'ils enlèvent celles de terre , et qu'après les avoir transportées au plus haut des aVrs , ils les laissent tomber à plusieurs repri- ses sur les rochers où leur enveloppe écailleuse se brise. Kolbe attribue ainsi aux aigles de cette partie de l'Afrique le même instinct que Ton prête depuis un temps immémorial aux aigles d'Eu- rope, sans citer cependant un témoi- gnage respectable pour appuyer ce pré - tendu fait. M. de Lacépèdc croit trou- ver dans la tortue vermillon la tortue 94 IIÎSTOÎRE NATURELLE terrestre de ce voyageur , et lui appli- que ce qu'il en rapporte. Mais cette ap- plication peut convenir à toutes les tor- tues terrestres du Cap-de-Bonne-Espé- rance. Kolbe ne décrivant point la forme de l'animal dont il est question, l'éditeur du Système de la nature de Linnée y Gmelin , donne plus de détail que nous sur cette tortue : sa synonymie n'y étant pas plus épurée qu'à l'ordinaire, je crains de parler d'après lui. La Tortue Matamala , Tcsiudo Mutamata» Le célèbre helmintologiste Bruguière nous a fait connaître cette singulière tortue dans le Journal d'Histoire natu- relle, Paris, 1792, tom. i. pag. 253. Les naturels de Cayenne la nomment mata- muta. La saillie de son corps hors du test ou de la carapace est telle , que l'ani- mal , dans les instants de la plus forte contraction , même lorsqu'il se sent DES TORTUES. 9$ blessé , ne peut en faire rentrer qu'une partie. Ceîte espèce est encore remar- quable par la largeur et l'aplarissemenl disproporfionnés de sa tête avec les au- tres parties du corps , par la configura- tion de son museau, et enfin par la gros- seur de son cou , et par les appendices frangés dont ses côtés, le dessous de la gorge et les bords des mâchoires sont ornés. C'est ce qui lui a fait donner, par Schœpff, le nom spécifique de frangée , La tortue que Linnée a désignée sous le nom de scurpioides ^ a de grands rap- ports avec celle-ci ; mais l'onglet crochu qui termine la queue de la première , et qui ne se voit pas dans la nôtre; la forme singulière du museau de la tortue mafa- mata, et qui lui paraît propre , à en ju- ger du moins par le silence de Linnée, décrivant la tortue scorpioïde , sont des raisons assez solides pour nous faire croire que ce sont deux espèces diffé- rentes. gG IIÎSTOIKE NATURELLE La longueur totale de la tortue mafa- mata, est de deux pieds trois pouces huit lignes: sa tête est grande , aplatie, ar- rondie antérieurement, ridée et verru- fjueuse , ayant sur le derrière une callo- sité saillante qui se divise postérieure- ment en trois lobes, et sur les côtés, deux espèces d'ailerons membraneux; le mu- seau est cylindrique, en forme de trompe^ long de dix lignes , et divisé par deux narines qu'un cartilage sépare ; les yeux sont ronds et situés à la base de la trom- pé ; la bouche est grande , les mâchoires sont également avancées; l'inférieure a en dessous deux appendices tendineux , tournés en avant. Le cou est très saillant , verruqueux en fiessus , avec six appendices frangés, membraneux, dont trois alternativement plus grands et Irois plus petits, disposés sur sa longueur ; la face inférieure a quatre rides longitudinales et autant d'ap- pendices tendineux vis-à-vis les deux ailes latérales de la tète. à DES TORTUES. nj Les pieds sont couver! s de petites e'cail- les, avec les doigts à peine séparés, mu- nis d'ongles forts , longs et très pointus ; les pieds de devant ont leurs cinq doigts onguiculés ; mais ceux de derrière n'en ont que quatre. La queue est longue d'un pouce, légèrement arquée, et granulée à sa superficie. La carapace est ovale , longue de quinze pouces et large de onze. Le dis- que a treize écailles , quatre fois plus grandes que celles de la circonférence, inégales entr'eiles, presque coniques, avec des rides qui partent près du som- met et qui sont disposées en rayons obliques. Les trois rangées des lames du disque forment trois arêtes longitudina- les , plus saillantes vers la queue. Les écailles de la circonférence sont au nom- bre de vingt-cinq, presque carrées , ri- dées en rayons obliques , de même que les autres , et dentées à4eiir bord inté- rieur. Le plastron est moins long d'un pouce que le test supérieur , et presque gS HISTOIRE NATURELLE du double moins large , figuré en ovale aloîigé, aplati, fourchu postérieurement, et composé de treize écailles , disposées sur deux rangs ; Técaille impaire est pla- cée en avant et figurée en coin. La cou- leur de l'animal est d'un brun noirâtre et uniforme, plus clair sur le plastron. Cette tortue éLait commune autrefois ^ans les rivières qui entourent l'île de Cayenne ; mais poursuivie par les chas- seurs qui font grand cas de sa chair, elle s'en est éloignée et ne se trouve plus maintenant , en abondance , qu'à vingt- cinq lieues au sud de Cayenne. Elle pâ- ture pendant la nuit, se nourissant d her- bes qui croissent sur les bords des riviè- res, des lacs , dont elle s'écarte peu. L'individu décrit par Bruguière était une femelle , que Gautier avait facilement nourrie avec du pain et des substances végétales. Elle pondit cinq à six œufs, dont un vint à éclore dans un tiroir où il avait été renfermé. \ DÉS TuPiTUES* 99 î.a Tortue Scorpion, Testiido Scorpioides, Cette tortae , qui a été découverte à Surinam, diffère peu de la tortue mata- îTiata: l'espèce de pointe dure et osseuse dont Texlrémité de sa queue est armée, et qui paraît manquer dans la tortue précédente, lui a fait donner le nom spé- cifique qu elle porte. Les plus grandes carapaces de cette tortue, du moins celles des individus qui sont dans la collection du Muséum d'His- toire naturelle, n'ont que six ou sept pou- ces de longueur sur quatre ou cinq de largeur: elles ont été apportées de la Guyainie , dans les savannes de laquelle habite la tortue. Cette couverture supé- rieure est ovale, noirâtre, avec trois arê- tes longitudinales sur le dos ; le disque a treize lames, dont celle du milieu fort ûloûgés ; la circonférence en a vingt- trois et le plastron douze. La tête de cette tortue est couverte, au-devaiit, d'une peau P^ept. L II ÎOO HISTOIRE NATURELLE calleuse, divisée sur le front en trois io- Les; les pieds oist cinq doigts, un peu sé- parés , et munis d'un ongle, excepté les extérieurs des pieds de derrière. La Tortue à petites raies , Testudo vîrgulata. Cette espèce a été apportée de la Ca- roline par M. Bosc, ex-consul à Char- lestovvn , savant si recommandable par son zèle pour l'histoire naturelle , par ses travaux dans toutes les parties de cetie science , et d'autant plus digne de notre estiiac, que ses connaissances et sa riclie collection sont en quelque sorte le do- maine de tous ceux qui courent la même carrière. La tortue à petites raies est très voi- sme,. suivant ce bon observateur, de la tortue à courte quene , mroUna de Lin^ née , et doit venir après elle. Il faut les ranger parmi les tortues terrestres , les pieds de la première n'étant point pal- Heptiles PI. 4^. J)t J^/. /^Tai'dieu d^culp . T . La Toi^tiie a petites- a^aies . ^ . La T. ")a"ai\e . 3 .La T . l'o^ide . BES TORTUES. iOî rjîés, et ceux de celle-ci ne l'étant que très faiblement ; leur plastron est à char- nière mobile, caractère qui se retrouve dans quelques espèces fluvialiles, et dont on ne peut ainsi se servir pour séparer les tortues qui vivent dans les eaux dou- ces de celles qui habitent à terre. La tortue à petites raies est longue de quatre pouces et demi, large de trois et demi, et haute de deux et demi : sa tête estalongée, aplatie en dessus, brune, marquetée de jaune, avec une grande ta- che à la joue et à la mâchoire inférieure de la même couleur. Cette dernière par- lie de la tête a trois raies brunes ; les pattes sont brunes, et les. pieds n'ont pas de membranes; ceux de devant ont cinq ongles et ceux de derrière quatre ; les écailles qui recouvrent les seconds sont plus petites ; la queue est très courte et d un brun pâle. La couverture supérieure est entière sur les bords qui sont légèrement rele- vés : les écailles sont très unies, brunes. t02 HISTOIRE NATURELLE marquées d'un giarid nombre de taches ou de petites raies jaunes , irrégulières , et dont les postérieures sont moins colo- rées : le disque a treize lames ; les laté- rales sont carrrées, et celle du dos pres- que hexagones; leur côté anlérieur ayant un angle rentrant , et le côié opposé en ayant un de rentrant : la circonférence m'a paru avoir de vingt-quatre à vingt- cinq lames, dont l'antérieure très petite ; le plaslron est d'un jaune uniforme, à charnière mobile , et ne tient à sa cara- pace que par une simple membrane. Cette espèce se trouve dans les grands bois de la Caroline : elle y est rare. DES TORTUES. Io3 La Torlue jaune , Testudo europœa. M. de Lacépède a décrit cette tortue sous le nom spécifique de jaune , et a pensé qu il n'en était pas fait mention dans aucun des naturalistes dont les ou- vrages son S les plus répandus. Nous soup- çonnons cependant que c'est celle qui se trouve dans Linnée , édit. de Gmelin y sous la dénomination à'orùiru/art's; nous croyons qu'elle est la tortue bourbeuse, la torlue ponctuée de plusieurs auteurs ^ et la tortue européenne de Schneider. Le continuateur de Buffon a vu plu- sieurs individus de celte espèce vivants. On les avait fait venir d'Ainérique dans des baquets remplis d'eau, pour les em- ployer dans divers remèdes. On con- serve au Muséum national d'Histoire nalurelle une carapace d'un individu de cette espèce , qui a sept pouces neuf li- gnes de longueur ; le corps est d'un vert d'herbe un peufoncé, varié agréablement I04. HISTOIRE NATURELLE d'un jaune imitant la couleur <1e l'or : cette dernière couleur y iornie des taches fort petites, très serrées, disposées quel- quefois en rayons, et ofiVanl un mélange qui fait plaisir à l'œil : la carapace est un peu aplatie dans les individus âgés , plus convexe et presque en carène dans les jeunes: le disque est composé de treize lames , et la circonférence qui sert de bordure , de vingt-cinq; le plasîron, dit M. de Lacépède, est garni de douze la- mes , et la partie postérieure de celte couverture est terminée par une ligne droite , comme dans la bourbeuse , avec laquelle la jaune a beaucoup de rapports; les doigts des pieds sont réunis par une membrane , car cette espèce vH dans l'eau douce: les antérieurs ont cinq on- gles et les postérieurs quatre , longs et crochus à tous ; la queue est menue, ta- chetée de même que le corps, et presque aussi longue que la moitié de la ca- rapace : lorsque la tortue marche , elle DES TORTUES. lo5 l'étend et la porte horizontalement , comme la bourbeuse. Eie se meut avec moins de lenteur que les tortues terrestres : près de s'ac- coupler, elle fait entendre une espèce de cri, que 1 on prendrait pour un gémisse- ment hors de cette circonstance. Il paraît, d'après M. de Lacépède , qu'elle se trouve en Amérique, à l'île de l'Ascension : mais elle n'est pas particu- lière à ces contrées : n'étant pas rare en Sarda!gne,en Corse, en Italie, en Hon- grie: on la rencontre jusque dans la Prusse. Elle habite les marais , les lieux fan- geux, où elle se nourrit d'insectes aqua- tiques, de limaçons, de vers, ou de dif- férentes substances végétales ; on la con- serve dans des réservoirs , dans des cuves ; et on lui donne du pain , des lai- tues, de jeunes pousses d'avoine et d'au- tres herbes. Sa chair est lioniie à man- ger, et cette tortue est ainsi devenue un objet de commerce. La femelle pond îo6 HISTOIRE NATURELLE des œufs semblables à ceux de poule , mais plus petits et plus longs ; elle les enfouit au commenceuienUlupriniemps, dans le sable, mais de telle manière qu'ils soient exposés à la cbaleur bienfaisante du soleil : les petits ne naissent ^ d'après Marsigli , qu'au bout d'un an , et leur croissance est fort lente. L'âge , le sexe , le climat font beau- coup varier cette espèce. Nous avons puisé ce que nous avons dit de ses mœurs dans l'ouvrage de Scbœpff , qui a donné une bonne figure de cet animal , pi. i. Cet auteur paraît l'avoir prise lui-même dans d'autres, tels que Cetti , Marsigli. Je suppose que la synonymie de Scbœpff est exacte ; car si ces derniers naturalistes avaient eu en vue la bourbeuse , dont nous par- lerons bientôt , il en résulterait une fausse application , et les babitudes de la tortue jaune resteraient inconnues. DES TCniTES. 107 La Tortue ronde , Teshido rofimda. Nous avons oit , à l'article de la tor- tue jaune , que nous soupçonnions que cette espèce était celle que Linnée ap- pelle orbîciiîaris. M. de Lacépède a cru reconnaître cette dernière dans une tortue différente de la jaune, et qui fait partie de la collection nationale d'his- toire naturelle. 11 l'a donc considérée comme une espèce distincte qu'il nomme la ronde , orLiciihuis de Linnée , suivant lui ; il y rapporîe aussi la tortue euro- péenne de Schneider. La forme arrondie de la couverai re supérieure de cette tortue , ses petites taches me paraissent être les seuls mo- tifs qui aient pu donner lieu à l'appli- cation de cette synonymie , mais il faut avouer que ces caractères étant assez va- gues , ne peuvent être d un grand se- cours dans la détermination de cette espèce. Puisque la tortue jaune est ré- Io8 niSTOIRK NATURELLE paiidue dans une parfie de l'Europe, en Prusse même ; puisqu'elle a d'ailleurs le même signalement que la tortue orbicu- laire de Linnée , nous persistons dans notre piemier sentiment, et nous ver- rons dans la tortue ronde de M. de La- cépède une espèce particulière. La carapace de la tortue ronde est revêtue en dessus de trente-six lames, dont treize sur le disque , et vingt-trois à sa circonférence: elles sont très unies, d'une couijur assez claire , et semées de très petites taches rousses , plus ou moins foncées : le plastron est échan- cré par-derrière et recouvert de douze écailles ; le museau se termine par une pointe forte et aiguë, en forme de très petite corne ; la queue est très courte ; les pieds sont couris et ramassés ; leurs doigts sont réunis par une membrane, et ne sont presque sen^iibles que par leur ongle , qui est assez fort et assez long : ces ongles sont au nombre de DES TORTUES. log )'iï\q aux pieds de devant, et de quatre à eux de derrière. Cette tortue est fort peîite. Les deux idividus du Muséum national n'ont pas lus de trois pouces neuf lignes de lon- ueur totale, sur deux pouces cinq lignes e largeur. M. de Lacépède pense cependant que 2S individus n'avaient pas encore l teint toute leur grandeur ; et que si ette conjecture était vr:àe , il pourrait î faire que la tortue ronde ne fût qu une iriété de sa terrapène. Mais attendu ; défaut d observations relatives à ce ijet , il croit devoir séparer ces deux )rtues. Nous ne devons pas passer sous si- gnée un fait intéressant qu'il a recueil- , en examinant les deux tortues rondes ue possède le Muséum : les avant-der- ières pièces du plastron étaient sépa- ses et laissaient passer la peau nue du entre , qui forrnait uiie poche ou un onflenient , plus considérable dans une lïO niSTOIRÉ NATURELLE de ces tortues : on remarquall au milieu de ceHe poche, à un individu surtout , l'orimnc du cordon ombilical. L'on a oLservé dans le crocodile et dans les lé- zards un fait analogue, et on le retrou- vera peut-être dans un grand nombre de quadrupèdes ovipares , lorsqu'on les étudiera avec plus de soins. M. de La- cépède prend de là occasion d'exhorter les naturalistes à examiner si le plas- tron des jeunes tortues a une scissure semblable. Nous observons ce même fait dans quelques tortues de l'Amérique septentvionale , celle dont le plastron est mobile et à charnière. Scliœpff , pi. 5 , donne la figure de la carapace d'une tortue qu'il appelle ponctuée, et qui , par les petites taches rondes dont clic est parsemée , a des rapports avec l'espèce décrite ci-dessus. I^a carapace de la tortue ponctuée est longue de quarante - cinq lignes, sur trente-trois de largeur et treize environ de hauteur, elle est oblongue , peu coa- DES TORTUES. III vexe , lisse , noirâfre et inoiichetée de points jaunes ; le disque a treize lames et la circonférence vingt-cinq : le plas- tron est panaché de noir , de brun et de jauuâlre ; ses suîures sont noires ; le bout postérieur est écliancré ; l'anté- rieur est presque de niveau avec le bord de la carapace. Celte espèce se trouve dans les marais de rAinérique sep- tentrionale. Schœpff a vu de ses pe- tits aux environs de Philadelphie , dans le mois de mai ; ils étaient à peine aussi gros que des œufs de pigeon, très noirs et mouchetés d'un jaune sa- fran. Séba a figuré, tab. 82, fig. y, une tortue , qu'il dit venir de lîle d'Am- boine, et qui est très voisine de la ponc- tuée. Schneider décrit sous le nom de mou- chetée une tortue qui en diffère peu. Le nombre et la disposition des points ne sont pas tout-à-fait les mêmes : la taille est un peu plus pctiie ; le corps est Rept. I. 13 ÎI2 HISTOIRE NATURELLE de la couleur de la carapace, et a, dans toutes ses parties , la forme de la tortue jaune ; la tête est mouchetée de jaune safran , ainsi que la couverture supé- rieure ; la queue est droite , et dépasse de neuf lignes cette enveloppe. Comparez cette tortue avec la prisonnière striée de M. Bonnaterre. Schneider est d'avis , d'après la ma- nière dont se fait la jonction de la cara- pace et du plastron de celte tortue , d'a- près le rétrécissement latéral de cette carapace , qu'il faut ranger cette espèce dans la famille des tortues terrestres ; mais Schœpff pense qu'il faut la mettre parmi les tortues aquatiques. La Tortue Lourbeuse , Tcsiudo lutaria. Des naturalistes très recommanda- bles pensent qu'il faut rémiir les tor- tues que Linnée a désignées sous les noms spécifiques d'orbiculaire et de J^eptdej'- PL 5. ?tret>e al la porte éîendue lorsqu'il marche: delà lui est venu le nom lie rut afjuatiqiie. 11 tait eniendre quelquefois une espèce de sifliemenl, de même que les autres tortues. Cette espèce se trouve , dit-on , non Ï)ES TORTUES. Il5 seulement dans les climats chauds et tempérés de l'Europe , mais en Asie y au Japon , aux grandes Indes : on la rencontre même dans les rivières de Silésie. T{lle supporterait , cependant très diflscilement un climat très ri- goureux, s'engourdissant pendant l'hi- ver dans les p^ys tempérés. Sa relraîfe» durant cette saison , consiste en un trou de six pouces de profondeur , qu'elle creuse dans la terre vers la fin de l'au- tomne, et qui exige d'elle un travail de la durée d'un mois : elle n'y est pas tou- jours bien recouverte, la terre des bords de son trou ne retombant pas quelque- fois sur elle. Le printemps la ranime et la fait changer de demeure : elle passe la plus grande partie de cette saison danjj l'eau , s'y tenant souvent à la surface lorsqu'il fait chaud , et que le soleil luit. L'été , elle est presque toujours à terre. La tortue bourbeuse multiplie beau- coup en plusieurs endroits aq^uaiiques Il6 HISTOIRE NATURELLE des départements les plus méridionaux de la France., auprès du Khône, dans les marais d'Arles , etc. On trouva , une année , dan's un marais des plaines de la Darance , une si grande quantité de ces animaux , qu'ils suffirent plus de trois mois à la nourriture des habitants de la campagne des environs. Cette tortue , ainsi que les autres y dépose ses œufs hors de Peau, dans un trou qu'elle creuse, et qu'elle comble ensuite. La coque en est moins molle que celle des œufs de la tortue franche ^ et leur couleur est un peu variée. A leur naissance, les jeunes tortues n'ont quel- quefois que six lignes ou environ de lar- geur. Ayant à porter un poids moins lourd que la tortue grecque , la bourbeuse marche avec moins de lenteur ; elle croît pendant très long-temps , pas au- tant néanmoins que la tortue franche , étant plus petite et ayant une vie plus courte : on a observé qu'elle pouvait par; DES TORTUES. II J venir à l'âge de quatre-vingts ans et plus : son goût pour les limaçons , les insectes et les vers, la rend ulile dans les jardins , et soit par cette raison , soit parceque sa chair est employée m médecine , on en fait un aiiimal domes- tique , que l'on conserve dans des bas- sins pleins d'eau, et ayant une planche inclinée , pour qu'il puisse sortir à vo- lonté. Si elle ne trouve pas une nourriture suffisante , on y supplée avec du son et de la farine : elle supporte la faim pen- dant mi temps considérable : et est même tellement vivace , qu'on a vu son corps conserver du mouvement long-temps après que la tête en avait été séparée. Si cette tortue est utile dans les jar- dins , elle est nuisible dans les étangs ; elle saisit , à ce qu'on rapporte , des poissons, même assez gros, sous le ven- tre , leur fait perdre leur sang par des blessures cruelles , et les entraîne au fond de l'eau , où elle les y dévore, ne laissant que les arêtes et les parties les Il8 nîSTOIRE NATURELLE plus cartilagineuses. Leur vessie aérien- ne est quelquefois rejelée , et leur pré- sence sur la surface des eaux , décelé le terrible deslructeur de ces poissons. La plupart de ces observations sont communes à la tortue jaune , ou peut- être même bien des faits qui n'ont rap- port qu'à celle-ci , sont appliqués par la confusion des deux espèces^ à la tortue bourbeuse. La Tortue à treis carènes, Testudo tricurlnatcu Feu Hermann, célèbre professeur de Strasbourg , possédait celte torlue , et c'est d'après cet individu qu'on l'a décrite et figurée dans l'ouvrage de Scbœpff, plane. 2. Retzius l'a vue dans le Mur- séum d'histoire naturelle Britannique. ÏNous la possédons aussi à Paris , et M. Daudin, qui l'a observée dans une collection de celJe ville, m'a dit qu'on avait reçu cet individu de Cayenne. DES TOrxïUES. Iig Sa patrie avait été ignorée jusqu'à ce jour. I.a tortue à trois carènes est petite. L'individu du Muséum de Londres, n'a que deux poijc^^s trois lignes de long, un pouce et neuf lignes de î^rge, sur dix lignes environ de hauteur. Il parait ce- pendant que ceUe espèce parvient à une grandeur plus forte , 1 individu que nous avons à Paris , ayant près de six p(uices de longueur. Le corps est en général noirâtre et couvert de petites écailles ; la tête est grande , en proportion du volume de l'animal; les côlés, le dessous de la mâ- choire inférieure et le cou, sont tache- tés de blanc ; les pattes sont courtes , mais fortes; les pieds ont les doigts reu- nis par une membrane ; les antérieurs on^ cinq ongles , et les postérieurs qua- tre ; la queue est fort courte. La carapace est ovale , faiblement convexe, très entière dans son contour; le disque a treize lames ,. dont le centre Ï20 HISTOIRE NATURELLE a de petites élévations grenues , et dont les bords ont quelques faibles stries, sui- vies, en avançant vers l'aréole , de plu- sieurs rides ou petites lignes élevées ; mais ce qui caractérise ces lames, c'est une carène longitulinale, qui se remar- que vers le milieu de toutes; la carapace a ainsi trois arêtes qui en parcourent la longueur; la circonférence est formée de vingt-irois écailles, qui ont aussi quel- ques irrégularités à leur surface ; ses bords en dessous et le plastron sont jau- nâtres, avec quelques taches brunes; cette couverture inférieure et ovale, et le lobe du milieu n'est point divisé par une suture transversale , comme dans la tor- tue jaune. Cette tortue doit vivre dans les eaux douces. La Tortue roussâtre , Testudo suhnifa. Sonnerat a trouvé celte espèce dans les Grandes-Indes , et c'est d après i in- DES TORTUES. 121 lividii qu'il a déposé au Muséum d'his- oire naturelle de Paris , que le p ofes- eur Lacépède l'a décrite. La carapace st aplatie , longue de cinq pouces et lemi , et large d'autant; les lames sont ninces , légèrement striées , unies dans îur centre , d'un roux marron ; le dis- [ue en a treize , et la circonférence ouze , suivant Lacépède , caractère lumérique qui éloigne cette espèce des utres torlues connues: le plastron est orme de douze lames , son extrémité lostérieure est échancrée : la tête est ilus plate que dans les autres espèces e ce genre : les ongles sont longs et ointus , ce qui , avec l'aplalissemenî e la carapace, fait présumer à M. de La- épède , que cetle tortue est plutôt 'eau douce que terrestre. Tous les pieds nt cinq doigts : la queue manque à individu apporté pas Sonnerat : c'est ne femelle : le plastron est plat : son orps renfermait plusieurs oeufs, ovales , 122 HISTOIRE NATURELLE longs d'un pouce et d'une substance molle. La Tortue odorante, Tesiudo odonita. Je dois la coiiimunicaîion de celte tortue au naturaliste Bosc , qui l'a ob- servée dans la C i;rolIne, Elle est , d'a- près lui-même , très voisine de la tor- tue de Pensylvanîe de I .innée , qui est pour Lacépèdc et pour nous , la rou- geàlre : mais elle en diffère , en ce que sa taille est plus petite: quelle a une carène sur le dos , des lignes jaunes sur la tête: un bec plus obius: la pointe cornée de sa queue est moins longue , et récbancrure de son plastron est plus aiguë. La tortue odorante est longue de trois pouces, et large de deux et demi: sa tête est aplatie , pointue , brune , avec deux lignes jaunes etun peu (It'cueuses ile chaque côic : elles parlent du nez , DES TORTUES. 12^ Tane au-dessus , l'autre au-dessous, ren- ferment l'œil et vont mourir à 1 oreil- le ; la ligne supérieure a la forme d un Y ; le menton a quelques tubercules jau- nes, en forme de barbillons ; les pattes sont brunes , avec des nuances plus clai- res et pâles ; les pieds sont palmés ; on voit cinq ongles à ceux de devant , et quaîre à ceux de derrière ; la queue est très courie , chargée de tubercules char- nus, blanchâtres, en forme d'épines. La carapace est d'un brun noir et uni - forme ; les écailles sont très lisses , ex- cepté celles du dos qui ont une légère carène plus marquée postérieurement , le disque en a treize ; la première de celles qui forment la rangée du milieu , est triangulaire , alongée ; les autres sont un peu imbriquées, presque hexagones, avec le côté qui regarde la tere et celui qui lui est opposé , irréguliers et souvent échancrés ; la circonférence a vingt- trois lames, dont l'antérieure très petite, et les postérieures beaucoup plus gran- Pvept. I. j3 Ï24 HISTOIRE NATURELLE des ; le plastron est étroit, avec une écuancruiC aigaë au bout qui regarde la queue ; les salures sont cartilagineuses, le devant du plas'ron se fermant sur la tête. Je suis porté à croire, d'après cette description que m'a fournie en majeure pariie M. Bosc , que cette tortue diffère très peu de la tortue rougeâtre, surtout de l'individu que nous avons donné , comme en étant peut-être une variété. La tortue odorante habite les eaux dor- mantes de la Caroline , où elle est rare ; elle répand, lorsqu'elle est en vie, une légère odeur de musc qui n'est pas désa- gréable. La Tortue réticulairc , Testudo retlcu- laria. Cette espèce, que M. Bosc a trouvée dans la Caroline et dont il m'a donné la description accompagnée du dessin , est remarquable par Télargissement de la partie postérieure de sa carapace j la Jfûptdej' n.6. Ded-eve (7e I . Hactne l Cciilp . X . La Tortue roticTilaave a . L .1 T. ,1 lio;aes coiiceuh'iques . 3 . La T . ra(>otoiLse . DES TORTUES- 12$ longueur du corps est de sept pouces , sa largeur de quatre et demi , et sd haulcur de trois. La tête est brune en dessus , avec un grand nombre de lignes jaunes et peu marquées , qui la parcourent dans sa lon- gueur ; les côtés sont colorés de noir, et ont en oufre, derrière les yeux une raie jaune , large , et qui semble prendre naissance d'une tache pareillemeni jaune; cette couleur domine à la partie inférieure de la tête et y forme avec des lignes bru- nes différents dessins ; les yeux offrent aussi un semblable mélange ; leurs pau- pières sont brunes avec de petits traits jaunes ; les narines ont peu de relief. Le cou a les mêmes couleurs que la tête ; les pa'tes antérieures sont brunes avec une raie en dessus , et huit à neuf fascies en dessous, d'un jaune citron ; les doigts sont réuuis par une lueiiibra- ne , au nombre de cinq, et terminés par un oiigle ; les pattes postérieures sont presque semblables aux antérieures , le Ï26 HISTOIRE NATURELLE dessus est brun et le dessous jaunâtre , avec sept ou huit lignes ou bandes de la couleur précédenle ; les pieds ici , n'ont que quahe ongles ; la queue est courte , rayée de brun et de jaune. La carapace est peu bombée, plus large à sa pariie postérieure, légèrement raboteuse, d'un brun sur lequel des li- gnes jaunes nombreuses, mais peu sen- sibles, forment un treillis ; )e dessous est jauiie, avec cinq faciles brunes, iné- gales ; le disque a treize lames ; leslalé- rales sont carrées , celles du dos appro- chent de l'hexagone ; la circonférence est formée d'environ vingt-cinq lames, dont l'antérieure fort petite ; le plastron est d'une seule pièce , avec deux dents laté- rales à sa partie antérieure , et une lé- gère échancrure à l'autre bout. La tortue réliculaire se rapproche de l'espèce qu'on a nommée bourbeuse ^tX doit être pi scée dans son voisinage : elle est peut-être la toraa des marais (pd/iis- tris) de Brown. Sa conformation dénote DES TORTUES. 12 J qu'elle est autant aquatique que tci rcslrer on la trouve, mais rarement, ea Caroline. La Tortue courtr-queue , Testudo ca— rolina, w Je laisse à cette espèce le nom que Daubenton lui adonné, et qui a été con- servé par Lacépède. 11 etit cependant éié, peut-être , plus à propos d'employer celui de Linné, afin d'éviter la confusion qui résulte de tant de dénominations dif- férentes appliquées au même oî)jet. Tout le corps de celte tortue est re- couvert d'écaillés dures , et qui ressem- blent à des callosités r les doigts sont réunis ; les pieds de devant ont cinq on- gles, et ceux de derrière quatre. La ca- rapace, dansl'individu du Muséum d'His- toire naturelle de Paris, a dix pouces six lignes de long, et huit pouces dix li- gnes de large. Elle est échancrée par de- vant ; ses lames sont larges , striées sur leurs bords, et pointillées dans leur mi-* 128 HISTOIRE NATURELLE lieu ; le contour de cette couverlure su- périeure n'est point ou peu denté ; la queue est des plus courtes. Cette descripîion est extraite de l'His- toire naturelle des Quadrupèdes ovipa- res de Lacépède. Schœpff, page 32, pi. y, donne à celle espèce , d'après quelques auteurs , la dé- nomination de prisonnière , tcstiido clau^ sa. Lin. ( éd. Gmelin ). La carapace de la tortue qu'il décrit sous ce nom , est ovale , forlement et également convexe ; ses écailles sont , les unes pentagones ou hexagones, savoir le plus grand nombre de celles du disque , les autres presque carrées: ce sont les lames de la circonfé- rence ; elles ont toutes une quantité con- sidérable de slries , dont la direction suit celle du contour des lames; les écail- les dorsales sont relevées en dos d'âne \ la circonférence en a vingt-cinq. Le fond de la couleur de la carapace est d'un bai foncé, avec des taches et des bandes jau- nâtres. Mais le plastron e£t très remar- DES TORTUES. I2y quaLle par 5a grandeur et sa disposîlion particulière, il est divisé transversale- ment en deux portions inégales , et qui sont mobiles par le moyen d'un ligament cartilagineux ; leur application contre la carapace est si exacte , la clôture est si parfaite, que ranimai peut s'y renfermer dans la plus grande sécurité ; la portion antérieure de ce plastron est réfléchie en haut, et s'écarte beaucoup du plan hori- zontal. La tête de cette tortue est d'une forme ovale alongée .; le corps est long de cinq à six pouces , et de la couleur de la cara- pace ; les pieds antérieurs ont cinq on- gles , et les postérieurs quatre ; la queue est courte , afin que la tortue puisse la faire entrer plus facilement sous la cou- verture supérieure. Cette espèce est plutôt terrestre qu'a- quatique. On l'a souvent aus.^i bien trou- vée dans des lieux secs , sur des monta- gnes, que dans les marais ; elle paraît même n'avoir pas une grande i;tpiilade à l3o HISTOIRE NATURELLE nager. Son enveloppe est tellement forte, qu elle résiste à la pression d'un poids de cinq à six cents livres , sans en elre bles- sée. Sa chair est estimée des uns et reje- tée des autres ; mais ses œufs, qui éga- lent ceux d un pigeon, sont recherchés de tous : ils sont cause qu'on lui donne la chasse. Elle se nourrit de petits quadru- pèdes, comme de souris, de loirs , de li- maçon*, d'insectes , même de serpents qui ont quatre à cinq pieds de long ;elle les saisit par le milieu du corps , et les étouffe en les serrant contre les valves de son enveloppe. Son accouplement dure quatorze jours. On a des faits qui prouvent qu'elle vit au moins quarante- six an^. Cette tortue hahite les provinces sep- tentrionales de 1 Amérique. Edwards la donne comme le terrapin de la Caroline» \ DES TORTUES. i3i La Tortue terrapène , Tesiudo palusins. Celte espèce est encore peu connue. M. de Lacepede n'en parle que 4'après Brown, qui i avait observée aux Antilles, particulièrement à la Jamaïque : elle y est 1res commune dans les lacs et dans les marais , parmi les plantes aquatiques qui y croissent. Son corps est ovale et comprimé ; sa longueur va quelquefois au-delà de huit ou neuf pouces. Sa chair est réputée aussi saine que délicate. Les habitants du pays nomment cette tortue terrupène. M. de Laccpède soupçonne que cette espèce est la tortue hécate du voyageur Dampier. Ce qu'il en dit convient en effet à laterrapène ; mais il y a trop de vague et trop peu de détail dans son rap- port, pour pouvoir se former, sur de tels indices, une opinon même probable. Scliœpff , pag. 64 , pi- 25 , rapporte à cette espèce une tortue qui se trouve r32 HISTOIRE NATUr^ELLE dans l'Amérique seplentrionaîe , qui s vend menne au marché de Philadelphli sous le nom de terrapin. Ce naluralisf en avait reçu deux carapaces , dont I plus grande avait six pouces et demi à\ lon.2: sur quatre pouces neuf lignes de lar ge et un pouce et demi de hauteur : s forme est oblongue , aplatie ; sa parfi» antérieure est sinuée , ses côtés son droits , et le bout posiérieur est crénelé Les lames du disque sont , pour la plu part, pentagones ou hexagones, et celle de la circonférence presque carrées ; elle sont d'un brun cendré , sillonnées pres- que jusque dans leur milieu , et parallèle ment à leurs bords : ces lignes sont plu. claires. L'aréole est lisse ou rude swivan les individus, peut-être suivant Tâge. Lt disque a treize écailles : celles qui son sur la partie aniérieure du dos ont unt forte carène. Le contour de la circonfé- rence est formé de vingt-cinq lames relevées ea cote sur les côiés par la dis- position de leurs replis. Le plaslron esi DES TORTUES. l33 jaunâtre , avec des lignes noirâlrcs ; ses deux bouts sont échancrés. Cair.parez celte tortue avec la tortue à lignes con- centriques. La Tortue rougeâlre , Testudo pensyha- nica. Edwards a décrit le premier cette tor- tue que Barlram lui avait envoyée de la Pensyivanie , et que M. de Lacépède a désignée sous la dénomination de rou* geâtre. Schœpff, pi. 24, représente deux ca- rapaces qui peuvent, à quelques différen- ces près , se rapporter à ceîîe espèce: l'une et l'autre sont elliptiques , brunes, presque planes , lisses, et remarquables, en ce que la première des lames dorsa- les, ou Tantérieure est presque triangu- laire , et que les suivantes sont rliomboï- dales et un peu imbriquées. î.a circonfé- rence de ces carapaces n'a que vingt-trois écailles ; mais le plastron de l'une est î34 HISTOIRE NATURELLE fi-xe ; celui de l'autre est divisé en trois lobes, dont l'antérieur principalement est mobile. La couverture supérieure , dans l'in- dividu qui a son plastron mobile, est longue de trois pouces trois lignes , lar- ge de deux pouces trois lignes sur un pouce de bauleur ; la couleur est d'un bai jaunâtre, plus foncé à une des extré- mités ; les écailles sont minces, fragiles, et en général lisses. Le disque en a treize; les latérales sont presque carrées ; mais celles du milieu sont de dift'é rentes figu- res ; l'antérieure forme un triangle équi- latéral ; les autres sont plus longues que larges, irrégulières, et presque toutes échancrées enlevant ; les premières ont une figure rbomboïdale ; les lames laté- rales du milieu de la circonférence ont du jaune. Le plastron est plus petit que la carapace , mélangé de jaunâtre et de brun , et partagé en trois lobes : celui du milieu est fixé à la carapace et immobi- le : les deux autres tiennent à celui-ci DES TORTUES. l35 par un ligament qui leur donne la facilité de se mouvoir : le lobe postérieur est échancré. Cet animal est la tortue prison- nière de M. Bonaterre. La carapace de l'individu dont le plas- tron est immobile , est plus étroite , plus longue , d'un brun plus pur, et qui do- mine sur le plastron : les lames du dos ont une petite arcte : la première est bien triangulaire : mais elle est plus alongée que dans l'individu précédent. Les écail- les latérales du milieu de la circonféren- ce n'ont pas de jaune : les sutures du plastron dont les lobes n'ont pas de mouvement propre , sont blanchâtres. Le nombre de ces pièces est de onze dans les deux individus. Cette différence de conformation n'a peut-être d'autre cause que la différence ies sexes. La tête et le cou de la tortue rou- >eâtre sont d'une couleur sombre , avec e tour des mâclioires et le contour des (^eux rougcâtres tirant sur le jaune. Tous Bot. L i4 i3G HISTOIRE natuVœlle les pieds sont palmés et couverfs d'une peau noifâlre et inégale: les pieds de de- vani ont cinq ongles , et ceux de derrière quatre. La queue est courte, noirâtre , avec une pointe aiguë et cornée à son ex- Iréinijé. L'animal, dit-on, sent le musc lors- cju'ii est en vie. La carapace dont le plastron est im- mobile pourrait bien appartenir à un individu de l'espèce que nous appelons la tortue odorante. Consuliez cet arlicle. M. Bosc, a observe dans la Caroline une tortue qu'il croit dev-oir rapporter à cette espèce. L'ayant décrite sur le vi- vant, nous nous taisons un vrai plaisir de donner ici cette description, qu'il nous a communiquée, et qui rectifiera ce que nous avons dit sur celle espèce , d'après différents auteurs. Elle est longue de quatre pouc<^s et demi sur deux et demi de large. La tête est aplatie en dessus, brune, avec des tacbcs jaunes , irrégulières et peu nom-' BES TORTUES. 1?,'] breuses. Celte dernière couleur domine sur les joues, sur le bec et sur le menîon, qui est pointillé de brun, et a qua?rc Lar- bilions jaunes ; l'iris des yeux est de la meiîie couleur ; le cou est brun et garoi de papilles : les pattes sont brunes, cou- vertes d'écaillés nombreuses et inégales en dessus et sur les côtés : les pieds sont palmés, les antérieurs ont cinq ongles et les postérieurs quatre : la queue est épaisse, de la longueur et de la coulem* des pattes, chargée de plusieurs rangs de papilles en forme d'épines, et terminée par un ongle recourbé en dessous et un peu obtus. La carapace est ovale , plus bon-bée vers le derrière : le disque est composé de treize grandes lames, presque lisses, d'un brun verdâtre, bordé de noir : la circonférence est échancrée en devant , et formée de vingt petites écailles ( on en compte cependant communément vingt-trois ). Le plastron est arrondi en devant : mais T extrémité opposée a cinq î38 HISTOIRE NATURELLE angles , dont celui du milieu est plus pro- fond : les arliculations, et surtout celle qui traverse le plastron près du bout an- térieur, sont mobiles de bas en baut. Cette tortue vit dans les eaux dorman- tes de la Caroline. Elle passe T hiver dans la boue , d'où elle sort vers la fin de février. M. Bosc n'a pas remarqué qu'elle sentît le musc. La ponte a lieu dans le mois de mai. DES TORTtîES. 189 La Tortue à boîte , Testudo dansa. Bloch a fait connaître cette espèce , sur laquelle le célèbre Caiîij3er a donné aussi des renseignements. Elle doit être placée à la suite de la tortue roi/gedtre ^ dont elle a plusieurs caractères. La tortue à boîte a pour patrie l'Amé- rique septentrionale. Elle est longue de quatre pouces trois lignes , et large de trois pouces. La carapace est très bom- bée ; son disque est garni de quatorze pièces placées sur trois rangs loiigiîudi- naux , dont celui du milieu en a six , et les autres quatre : les bords de la cara- pace sont revêtus de vingt -cinq lames ; elle est échancrée aux deux bouts, aiin que l'animal ait plus de facilité dans ses ënouvemenis. Le plasîron n'est point «échancré : métis ses parties antérieures et |)osiérieures forment deux espèces de l)attants qui jouent sur une charnière cartilagineuse^ couverte d'une peau élas- ï4.0 HISTOIRE NATURELLE tique , et placée à l'endroit où le plastron se réunit à sa couverture supérieure. La tortue peut ouvrir ou fermier à volonté ces deux battants, en les appliquant con- tre les bords de la carapace , do manière à être alors renfermée comme dans une boîte , d'où lui vient son nom. Le bat- tant antérieur est plus petit que l'autre; la couleur de la couverfure supérieure est brune et jaune, celle du plastron est d'un jaune pâle, tacheté de noirâtre. On ne connaît pas l'animal. La for- me très bombée de son test pourrait faire soupçonner qu'il vit plus sur terre que dans l'eau. Nous plaçons cependant cette espèce parmi les tortues aquatiques, à cause de ses rapports avec la tortue rougeiUre , jusqu'à ce que nous ayons ac-«- quis des connaissances sur ses mœurs^ DES TORTUES. l4l La Tortue peinte, Testuda picia. Séba a figuré , tom. i , pï. 80, 11° 5, une torluc fie la Nouvelie-Espagne, et appe- lée par les Portugais ragado d'agno; elle a une grande ressemblance avec celle que nous allons décrire d'après Schneider, et surtout d'après Schœpff qui Ta représen- tée, pi. 4- La tortue cendrée de ce der- nier naturaliste, a, comme nous l'avons déjà fait observer, plusieurs points de rapprochement avec la tortue peinte : mais celle-ci, d'abord plus grande, s en éloigne ensuite par le nombre des lames du disque : mais il n en a que treize , ainsi que le commun des espèces : la circonférence en a une de plus que la tortue cendrée , c'est à dire vingt-cinq au lieu de vingt-quatre. La tortue peinte a près de huit pouces de longueur, à prendre du bout du mu- seau jusqu'à l'extrémité de la queue : sa tête est petite relativement à la grandeur l4.2 inSTOIRE ÎÎATUHFXLE du corps , oblongue et aplatie : la peau est ridée , couverte de petites écailles , noirâtre et mélangée de jaune. Les pieds sont palmés, armés d'ongles longs, ar- qués et poinfus : ceux de devant en ont cinq , et les postérieurs quatre : les on- gles de ces derniers sont moins forts. La queue est noire , écailleuse , rayée de jaune dans sa longueur , qui fait à peu près le quart de celle du corps. La cara- pace est oblongue, très lisse, faiblement et également convexe : elle a cinq pouces et demi de long sur trois et neuf lignes de largeur. Les lames sont d'un biun noirâtre , presque carrées , et séparées par des lignes jaunes : les écailles du dis- que sont beaucoup plus grandes et sans taches: celles de la circonférence ont des lignes noirâtres entremêlées de jaune. Le plastron est jaunâtre, grand, de la lon- gueur de la couverture supérieure , ur^ peu crénelé aux deux bouts, arrondi e» devant, et tronqué à la partie poslérieit- re. On y remarque , outre les sutures oi>- BES TORTUES. l43 dinaîres, trois lignes transversales et coyrbes: de plus, une tache oblongue , Boiraire, avec une apparence d'ombilic dans le milieu. Cette torJue est fluviatile. On la trouve dans l'Amérique septentrionale, enPeii- sylvanie, où ouiàTiOmmu flatboockiurlle, La Tortue cendrée , Tcstitdo cinerea. C'est au naturaliste anglais Brovvn que nous sommes redevables de la connais- sance de cette espèce. Schneider en a en- suite parlé d'après un individu fliisant partie de la collection da célèbre Bloch : lequel individu , au témoignage du mar- chand qui l'avait vendu, avait été pris dans l'Amérique septentrionale , sur les bords du fleuve Saint-Laurent. Bonaterre et Schœpff ont copié la fi- gure de Erown. La tortue cendrée se rapproche beau- coup de celles que nous décrivons sous le nom de tortue peinte-, mais elle parak ï|4 IIîSTOÏ RE NATURELLE avoir, autant que ion peut en juger d'a- près la comparaison des figures, des ca- ractères particuliers , et qui ne permet- tent pas de la confondre avec d'autres. Celte espèce n'est pas grande , n'ayant guère que deux à six pouces de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à la poin- te de la queue. Le corps est cendré , ta- cheté de noir, surtout la tête. Tous les pieds ont cinq doigts et cinq ongles : la queue est courte : la carapace est ovale , aplatie, avec une arête le long du dos, qui est blanchâtre ou jaunâtre , ainsi que toutes les sutures des écailles. Le disque a quinze lames , deux de plus que dans les espèces connues: elle diffère ainsi de la tortue peinte , qui en est voisine. La circonférence de celle-ci a en outre une écaille de plus, vingt-cinq au lieu de vingt-quatre : les lames de la carapace de la tortue cendrée sont lisses: son con- tour est agréablement mélangé de noir et de jaunâ!re:leplastronest de cette der- nière couleur. Ses deux extrémités sont DES TORTUES. l45 arrondies et entières. Il a de chaque cô- té et au mifieu deux avancements, il est attaché à la couverture supérieure par une membrane tendineuse. La Tortue à lignes concentriques, Tes- tudo ccntrata. Un homme que j'ai déjà cité plusieurs fois, à raison de ses recherches et de ses travaux dans toutes les parties de l'his- toire naturelle, M. Bosc, m'a commu- niqué la description et le dessin de cette tortue qu'il a apportée de de la Caroline, province qu'il a visitée avec une ardeur incroyable, afin d'étendre le domaine de la science de la nature. Cette tortue me semble se rapprocher de la tortue courte- queue de Lacépède , testudo caroUna. Lin. J'y découvre beau- coup de caractères communs , l'échan- crure antérieure de la carapace , sa for- me, celles de ses écailles , une ressem- blance dans les proporiions de la queue, l46 HISTOIRE NATURELLE les (îimeiisioiis du corps, et un même lieu naial : mais n'ayant pas ces animaux sous les yeux, et n'en parlant que d'après les auteurs, je laisse la que ui on indécise. La tortue à lignes concentriques est longue de huit pouces, large de cinq et haute de deux et demi. Le corps est cen- dré : ses écailles ont des taches noirâtres, quelquefois grises a leur centre, irréga- lières, réunies quelquefois deux par deux ou formant des marbrures: la tête est large, ohiuse, avec des taches noires sur les cotés et- en dessous : les lèvres sont Llanches, sans dents : les yeux sont pe- tits et de couleur grise. Les pattes sont palmées: les antérieures ont cinq doigts, les postérieures quatre. La queue est courte, et fortement carénée en dessus. La carapace est ovale, échancrée en devant, sinuée à son exirémiié posté- rieure. Le disque est revêtu de treize l.inies qui sont d'un vert saie, marquées de trois à quatre lignes • irrégulières et qui suivcntlc contour des bords presque BES TORTUES. 14.7 parallèlement. Les trois écailles du dos ont chacune une forle arête lonsitudi- nale. La circonférence a vingt-cinq la- mes dont l'antérieure , ou celle qui ré- pond au milieu du cou , est fort petite. Le plastron estécliancré aux deux bouts, d'un jaune sale , presque aussi long que la carapace, à laquelle il tient par une jointure fort large. Cette espèce habite les grands marais de la Caroline, où il est très difficile de la pêcher. On la voit lorsque le soleil brille, et souvent en grand nombre sur les arbres morîs et renversés, ou sur les mottes de terre : ces torîues sont d'un na- turel craintif et moins méchant que les autres espèces. Sa chair est fort estimée, moins cependant que celle de la tortue de Spengler, qui esl d'ailleurs plus grosse et plus lacile a prendre, voyageant beau- ce ud^ La femelle a la tête plus obtuse que le mâle, les taches du corps plus larges et la carapace plus en carène cl moins colorée. Rept. h i5 148 HISTOIRE NATURELLE Cette tortue a des rapprochements avec celles que Schœpff nomme terrapin. Con- sultez son article. La Tortue raboteuse , Testudo scahra. Les caractères que I^inné assigne à cette espèce sont si peu tranchants , les notessecondaires qu'il donne à leur appui sont si courtes quil n'est pas surprenant que plusieurs habiles naturalistes, tels que Schneider, Retzius, A^ albaum , Schœpff, aient été embarrassés dans la détermination de cette tortue. Il me semble cependant qu'ils n'ont pas assez profilé d'un moyen qu'ils avaient de dimi- nuer ces difficultés ; c'était celui d'avoir recours à la synonymie entière indiquée par Linné. Séba et Gronovius sont les auteurs qu'il cite, comme ayant parlé de la tortue raboteuse. Il faut donc chercher chez eux le supplément de sa discription, quoique ce supplément ïui-même en de- mande un autre. En rassemblant tous DES T0RTUE5. 1^9 ces caractères, l'on voit que celte espèce est longue d'environ trois pouces, me- surée (l'une extrémité du corps à l'autre; que sa tête est figurée en cœur, pointue en devant, noire, mélangée de lignes blanches, avec le museau proéminent, en forme de coin, sans défenses, et la mâ- choire inférieure dépoui'vue de barbes ou de cirrhes ; que le cou est plus mince que la tête , recouvert d'une peau lâche : l'on voit que la carapace est très large , orbiculaire , sinuée antérieurement, sans dents ou crénelures dans son contour , excepté à la partie postérieure : que le dos est parcouru dans sa longueur par une arête longitudinale et un peu con- vexe, tandis que les antres lames sont planes et lisses. 11 résulte encore des des- criptions de Séba et de Gronov ius , que le plastron est plat, tronqué et lobé an- térieurement, aiTondi postérieurement: que les pattes sont couvertes d'écaillés imbriquées , qu'elles sont munies de cinq doigts réunis par une membrane - \ l5o IIÎSTCÎRE NATURELLE cî que les pieds antérieurs ont cinq on- gles et les autres quatre. Ajoutons enfin : la queue est courte ; la couleur de cette tortue est blanchaîre , comme marLrée de lignes noires, principalement sur la co'jverture supérieure et sur la tête. D'après cela, la tortue raboteuse de Reizius, la tordue verruqueuse de Wal- baum diffèrent certainement de l'es- pèce que LinrîC appelle raboteuse. On peut consulter les articles relatifs à ces quadrupèdes ovipares. La raboteuse de Lacépède ^st certainement la même que celle qui porte ce nom dans Linné. C'est dans les Indes orientales, et parliculièrement à Amboine , que Toît trouve cette tortue. Je ne crois pas, ou du moins je doute qu'elle habite aussi la Caroline. Schœpff donne, pi. 3, fig. 2, le des- sin d'une torlue qu il nomme tortue écrite, testudo scripta , el qui est voisine de notre tortue marbrée : on en doit la connaissance à 1 hunberg, qui la regar- DES TORTUES. l5i dait aussi comme le scabra de Linné , tant il est vrai qu'une description vague et incomplète est susceptible d'applica- tions aussi nombreuses qu'erronées. La carapace de la tortue écrite est très aplatie, presque ronde , jaunâtre , avec différentes lignes brunes- en zigzag , qui formcfttdes marbrures, ou représentent des caractères d'écriture : ses bords sont crénelés ; les trois lames du milieu du dos ont une arête aiguë : la circonfé- rence a vingt-quatre lames, marquées chacune en dessous, d'une tache brune : le plastron est jaunâtre, obtus , mais sans échancrure aux deux bouts : il ne tient pas seulement à la couverture supérieu- re par le milieu , nnais encore par la di- latation des ailes du lobe antérieur, dit Schœpff, ainsi que dans plusieurs es- pèces ; rattache latérale est fixée aux cinquième , sixième, septième et hui- ti,ème lames de la circonférence. Cette tortue est d'eau douce, mais on ne connaît ni sa patrie ni sçs habitudes» l52 HISTOIRE ÎS^ATURELLE La Torlue à casque , Testudo galeafa^ Iletzius a pris celte espèce pour celle que Linné appelle raboteuse, scahra \ mais elle diffère de celle-ci par plusieurs caractères : comme d'avoir deux cir- rhes à la mâchoire inférieure , la cou- verture supérieure raboteuse sur presque toutes ses écailles , sans marbrures ; et cinq ongles à tous les pieds. La tète de la torlue à casque e$4 longue de près de huit lignes , large de six , cuirassée et lisse : le museau est très court ; les yeux en sont voisins ; leur contour est circulaire , et ils sont assez grands : on remarque une tache blanchàire, ovale , avec une ligne en- foncée louî autour au dessus des oreil- les : le sominet de la tète a plusieurs sutures : elle est , ainsi que la partie in- férieure du cou et le bord de la mâchoi- re supérieure, d une couleur blanchâtre : il y a de chaque côté , au bord de la DES TORTUES. i53 mâchoire inférieure , deux cirrhes fili- formes, courts et rélractiles ; ce sont deux espèces de verrues : le cou est à peu près de la longueur de la tète , dont la séparation est distinguée, lorsqu'il n'est pas fort tendu par une ride ou un pli : les pieds sont palmés , noirâtres en dessus, d'un blanc sale en dessous r les cuisses ont des rugosités, et les jam- - bes sont couvertes d'écaillés imbri- quées : tous les pieds ont cinq doigts et cinq ongles pointus : la queue est courte et conique. La carapace est à peine de deux pou- ces et demi de long sur deux de large et un de hauteur : le disque a treize la- mes : celles du milieu du dos ont une arête longitudinale peu élevée , moins sensible sur l'écaillé de chaque extrémi- té : ces lames sont d'un cendré livide , pointillé de noir, avec le bord noirâtre et luisant, des stries très légères tout au- tour , et des points alongés en relief , dirigés vers le centre : la circonférence l54. HISTOIRE NATURELLE a vingt-quatre lames de la même cou- leur que celles du disque, excepté à leurs bords qui sont blancs : elles sont lisses : leurs séparations ou leurs sutures sont noires. Celte espèce vient dans les Indes orientales. Retzius la nourrie pendant deux ans avec du pain, soit de froment, soit de seigle : elle mangeait quelque- fois et avec avidifé des mouches , dont elle laissait les ailes et les pieds : on la conservait dans de l'eau , mais elle la* quittait de temps en temps et restait quelques heures hors de cet élément : elle ne prenait aucun aliment depuis- le commencement d octobre jusqu'à la fm de mai : alors elle ne montrait que rarement sa tête et n'avait aucune éva- cuation : les excréments qu'elle rendait dans d'autres temps, étaient blancs et ressemblaient à ceux des souris : mais ils tenaient los uns aux autres : elle passait l'hiver près d'un poêle, et Ketzius l'en- tendit pousser une fois , dans celle sai- ©ES TORTUES.. l55 son , un petit cri faible et rauque : la chaleur du soleil lui était agréable : ex- posée aux rayons de cet astre , elle es- sayait de monter sur les côtés du vaisseau de verre où on la renfermait avec de l'eau : on ignorait 1 âge et le sexe de ceite tortue. l56 HISTOIRE NATUHEîLS ^ La Tortue à verrues , Tesludo oeirucosa. Gmelin , éditeur du Système de la Nature de Linné , s'autorisant de l'opi- nion de \Yalbaum, nous donne la tortue à verrues de celui-ci pour l'espèce que le naturaliste suédois nomme raboteuse , scahra. C'est une erreur qu'il est aisé de détruire en comparant les descriptions des deux animaux. La tortue à verrues est fort petite, son corps n ayant que la longueur du petit doigt : sa peau est couverte de petites ver- rues et d'écaillés çà et là : la couverture supérieure est ovale, longue de vingt-deux lignes et large de quinze, médiocrement réluse en devant, convexe, crénelée dans son contour, arrondie, faiblement den- tée en scie, et échancrée à sa partie pos- térieure: les écailles sont anguleuses et parsemées d'aspérités : la circonférence en a vingt-cinq : le plastron est échancré DES TORTUES. iSy €l crénelé postérieurement : tous les pieds ont quatre doigts et quatre ongles. I^a Tortue carrelée , Testudo areolata. On ne sait pas au juste d'où cette tor- tue est originaire. Séba la dit du Brésil et la donne pour le j'unu'a de Marcgrave. Thunberg , qui l'a décrile dans les nou- veaux acles de Stockholm, avait apporté sa carapace des Indes orientales , sans avoir pu cependant apprendre le lieu natal de ce quadrupède ovipare. Sa couverture supérieure est longue de trois pouces trois lignes, large de deux pouces et demi , et haute d'un pouce , à compter , comme nous avons toujours fait, du bord du plastron: elle est d'une figure oblongue , plus étroite en devant, bombée moyennement : les lames sont élevées, presque carrées généralement , «triées et sillonnées assez fortement dans leur contour: l'aréole, ou l'espace du milieu, est aplatie , inégale et d un brua Jt.^8 IIÎSTCÎRE NATURF_LLE fauve : les côîes internes sont plus éle- vées et d'un bianc jaunâtre : celles du bord sont d'un Lai foncé , il y en a envi- ron cinq à six: les intervalles des James sont d'un brun foncé: le disque est com- posé de treize pièces, et la circonférence de vingl-quatre , dont la dernière , ou la plus près de la queue, est très large, sil- lonnée au milieu, et saillante: le plas- tron est strié, jaunâtre, avec une échan- crure à son extrémité postérieure : les pieds sont dlgilés, suivant Thunberg : mais on ne voit peul-être , comme dans toutes les tortues proprement dites ter- restres, que les ongles des doigts. Voyez Scliœpff, pag. io4> pi. 23. Beptih 'ej: M. J)e9 La Tortue dentelée, Testudo denticulaia. Toutes les connaissances que nous avons de cette espèce viennent de Lin- née. Ses pieds ressemblent à ceux des tortues terrestres , leurs doigts n'étant pas réunis par des membranes et étant à peine distincts ; les pieds de devant ont cinq ongles et les autres quatre : la cara- pace a un peu la forme d'un cœur; son diamètre n'est ordinairement que d'un ou deux pouces; les écailles sont hexago- nes, d'un blanc sale , et relevées par des points saillants; celle des bords sont den- telées. Cette tortue se trouve en Virginie. La Tortue Serpentine, Tesiiido serpcn- - tina» Linnée indique la Chine pour le pays natal de la tortue serpentine , ainsi nom- mée de ce que sa tête a la forme de celle Rept. L i6 ï6o HISTOIRE NATURELLE des serpents. L'espèce dont nous allons parler habitant la Caroline , on peut avoir quelque raison de douter que ce soit la même. Si on veut cependant observer que ces indications sont souvent inex;ac- tes , qu'il n'est même pas impossible à la rigueur, qu'un animal soit commun à deux pa}S irès distants Tun de l'autre, on ne s'arrêtera pas à ces considérations, pourvu d'ailleurs que les caractères ex- primés dans la phrase spécifique con- viennent à l'objet: or le signalemeni que Linnée donne de sa tortue serpentine , se retrouve dans la nôtre. Schœpff a pu- blié une bonne fîgure de cette espèce, pi. 6 pag. 28. M. Bosc m'en a communi- qué un dessin qu'il a fait sur le vivant, et nous le donnons ici avec le témoignage le plus sincère de notre gratitude. Voici la description que ce naturaliste a eu l'a- milié d'y joindre. Cette tortue est très remarquable par la longueur de sa queue et par les écail- les dont elle est chargée , qui la font pa- DES TORTUES. l6l raître dentée. Un tel caractère lui a valu, de la part des habitants du pays, le nom à^ alligator tortoin; elle a, en effet, de la ressemblance avec le crocodile. Le peu de largeur de sa carapace , sa souplesse , la forme de la tête , celle du plastron, la rapprochent de la tortue molle , près de laquelle on doit la pkcer. Sa tète ost ovale , aplatie , tubercule'e au milieu de son somuiet , brune , avec les côtés et le dessous de la mâchoire inférieure bigarré de blanchâtre ; les yeux sont saillants, éloignés l'un de l'au- tre, et leurs paupières ont de petites élé- vations : les mâchoires, dont la supérieure est plus large que celle de dessous, sont terjninées par un bec très pointn , celle- ci a deux barbillons ; le cou est aussi long que la tète , plissé et rugueux: les pattes sont chargées d'écaillés larges, salllaules, et de tubercules de même nature, disp^^- sés en séries, surtout en dessous: les pos- térieures en ont moins en dessus : tous ses pieds sont palmés : les antérieurs ont l62 HISTOIRF, NATURELLE cinq ongles , et les postérieurs quatre : la queue est aussi longue que le corps, très épaisse à sa base , surmontée en dessus d'une espèce de crête formée d'une suite d'écaillés saillantes, faites en coin, et qui diminuent d'épaisseur et de hauteur vers la pointe : les côtés ont deux ou trois rangées d'écaillés plus pe- li(es, qui se convertissent à la fin en tu- bercules d'abord petits et pointus, en- suite larges et aplatis. La carapace est longue de trois pou- ces et demi, sur deux pouces neuf li- gnes de large : elle est brune , presque flexible , peu mais régulièrement bom- bée: son bord posiérieur est remarqua- ble par cinq echancrures plus profondes,^ le disque est composé de treize lames , couvertes de rides inégales et convergen- tes vers le milieu du côté postérieur: celles qui avoisinent la queue , sont re- levées en carène : la circonférence est composée de vingt-quatre à vingt-cinq lames > dont les postérieures ont une sail- DÈS TORTUrS. iG5 lîe en fornic de dent : le plastron est pe- tit, disposé un peu en croix, d'an blanc sale , tacheté entièrement oe Lrun , un peu membraneux, et sans articulations à charnière r le corps principal est formé d'an ovale alongé , rétréci en pointe à chaque bout, et dix pièces: ses deux supports latéraux consistent chacun en une lame alongée , contiguë au corps du plastron , et en deux autres plus petites , placées à l'extrémité cle celle-là , et qui s'appuient sur la carapace : ainsi ce plas- tron a vraiment quatre rangées de lames, considéré dans le sens de la longueur. La tortue de Spengler , de Linnée , édition de Gmelin, me paraît peu diffé-. rer de la serpentine. Cette espèce est rare en Caroline , ei V est fort recherchée. l64 HISTOIRE NATURELLE La Tortue chagrinée , Testiido scahra. Cette espèce , qui a été apportée des Indes orienlales parSonnerat, s'éloigne de toutes les autres par la singulière coi. - formation de sa carapace ; celte couver- ture supérieure est presque ronde , et a trois pouces neuf lignes de longueur, sur trois pouces et demi de largeur : elle pa- raît double , le disoue s'en détachant en quelque sorte, pour former une seconde carapace , longue de deux pouces huit li- gnes, large de deux pouces, osseuse, par- semée d'un très grand nombre de points, d'où cette tortue aéténommée chai^rinée. Ce disque < st coniposé de vingt-lrois piè- ces nues ou sans écailles , disposées sur trois rangs , savoir , deux latéraux cha- cun de huit pièces plus larges, et le troi- sième au milieu, formé de six: la vingt- troisième pièce est placée à la partie an- térieure du disque , et sert de base aux , trois rangées : les bords de la carapace Beptih w. PI. 8. Dea-eve t/e/ . H acme J'ciilp ■ 1 . La Tovhie molle . 2 . Ij a T . a bec, en dessus 5 . lia moine en dessous . DES TORTUES. l65 sont cartilagineux et à tlemi-transparents: ces bords laissent apercevoir les côtes de ranim:jl , qui sont au nombre de huit de^ cliaquecôte : ces bords sont relevés latërt.- leuient: le plastron déborde, aux deux ex- trémités, la carapace : il est un peu échan- cré en devant, carîilagineux, transparent, formé de sept plaques osseuses, chagri- nées, inégales et pL ies trois en devant, deux au milieu, et deux vers le derrière. Celte tortue peut alonger facilement sa tête, qui ressemble à celle des tortues d'eau douce: elle en a probablement les habitudes. L'individu du Muséum d his- toire naturelle est incomplet, n'ayant ni pattes ni queue. La Tortue molle , Testmloferon. Pennant est le premier qui ait parlé de cette tortue , qu'il avait reçue de la Caroline méridionale , où on l'appelle lorkie à écailles molles^ et c'est de là que M. de Lacépède l'a nommée la molh. l6G HISTOIRE NATURELLE Elle habite en grand nombre les rivières du sud de celle province : elle est aussi 1res commune dans la Floride orientale , où elle parvient à une grandeur très con- sidérable , et pèse quelquefois jusqu'à soixante et dix livres. Le naturaliste Oarden en a conservé une vivante, près de trois mois, sans qu'il s'aperçut qu'elle mangeât de ce qu'oï- lui offrait : elle pe- sait de vingt-cinq à trente livres. La tête de cet individu était petite, un peu triangulaire, s'élargissait du côté du cou, qui était épais, long de treize pou- ces et demi, et que l'animal pouvait re- tirer facilement sous ia carapace : les yeux étaient placés à la partie antérieure et supérieure de la tête , et assez près l'un de l'autre: les paupières étaient grandes et mobiles: la prunelle était petite, et l'iris entièrement rond, l'extrémité pos- térieure surtout , était d'un jaune fort brillant. Ceiîc tortue avait une membrane clignotante, qui se fermait lorsque l' ani- mal s'endormait ou était saisi de quelque DES TORTUES. 167 frayeur: la mâchoire supérieure se ter- iiiinait par un prolongement cartilagi- neux, un peu cylindrique, long au moins de neuf lignes, tendre, menu, transpa- rent, ayant à son extrémité les narines qui s'ouvraient aussi dans le palais: les paties étaient recouvertes d'une peau ri- dée et d'un vert sombre , comme tout le corps, épaiffses et fortes : les pieds avaient cinq doigls réunis par une membrane, et dont trois se\ilement munis d'ongles qui étaient crochus, les pieds avaient en ou- tre des faux doigts , servant à étendre la membrane qui les réunit tous, savoir les antérieurs deux , et ceux de derrière un: la queue était grosse, large et courte. I.a carapace avait vingt pouces de long , et quatorze de large : son milieu élait dur et osseux ; mais ses bords étaient mous, pliants, Oexibles , et ressemblant à du cuir tanné. On remarquait près des deux boufs, des élévations unies et oblon- gues: celles du côté qui regarde la tcte, étaient un peu plus grandes. l58 HISTOIRE ^^\TUREI,LE Le plastron clait blanchâtre: il avan- çait en devant, de telle sorte que l ani- inol retirait sa tête, pouvait la reposer sur cet avancement , qui était pliant et cartilagineux: la partie postérieure était dure, osseuse, relevée et conformée de manière à représenter une espèce de selle à cheval. L individu apporté à Garden, et sur lequel la description précédeniçfut faile, était une fenjelle qui pondit quinze œufs: on en trouva un pareil nombre dans son corps. La (orfue molle passe pour très bonne à manger, et sa chair même CLt, dit-on , plus délicate que ce!le de la torlue fran- che ; mais il est dang* r. ux d attaquer cet animal, ayant beaucoup de force: il ar- rive qu'il se levé quchiuefois sur ses pat- tes, tombe avec furie sur son agresseur, et le mord fortement. M.deLacépède , duquelnousavonsliré cet extrait, iiiit connaître une observation d'un ancien correspondant du cabinet DES TORTUKS. 169 d'histoire naturelle de Paris, d'après la- quelle il résulterait que cette espèce de tortue ne sérail pas étrangère à laGuianc. La Tortue à bec, Testitdo rostrafa. Tel est le nom que Tlmnberg a donné à une tortue fort voisine de la molle par la consistance et la disposition de sa ca-* rapace : d'autres auteurs l'ont appelée iOTiUe nie/n//ranruse y tortue rai't/' farineuse ^ tortue de Boddatrt^ I orîue à trois ongles^ etc. Gmelin ( Système de la nature j fait clés deux premières et de la dernière autant d'espèces différentes, que Schapff a réu- nies en une , la tortue à bec de Thun- berg (pag. q3, pi. 20). Pour affirmer ce- pendant avec certitude que ces tortues ap- partiennent à la même espèce , il faudrait les avoir toutes exanûiiées et comparées les unes avec les autres. Elles pourraient bien ne se ressembler que par quelques rapports généraux, ceux de famille , par exemple. On doit être d'autant plus cir- î 70 HISTOIRE * NATU ÎIELLE conspect à prononcer , qae la patrie de quelques uns de ces animaux est diffé- rente, comme la Guiane, la Floride et rÉgyple. A la vérité, on est très pea instruit sur leur origine. La tortue à bec de Th:uiberg est pe- tite, sa longueur n'allant pas au-delà de quatre à cinq pouces. Tout le corps, ainsi que le test, est grisâtre; la tête est déprimée, lisse , avec les lèvres larges , et dont^a supérieure est repliée en des- sus , et l'inférieure en dessous ; le museau est prolongé en forme de bec cylindri- que; les yeux sont grands, proportion- nellement à la petitesse du corps; la pau- pière supérieure est plus large que l'in- férieure, le cou est environné de plis nombreux et épais formés par la peau ; tous les pieds sont très courts ; réunis par des membranesà cinq doigts, et dont trois seulement sont onguiculés; la queue est très courte ; la carapace est presque ronde, d'une seule pièce ou n'ayant point d'écaillés, d'une consistance coriace et Des tortues. ' 171 ion osseuse, carénée sur le dos , avec les rides ou des stries obliques, formées tardes suites de points élevés ; le devant e cette carapace est élevé, et la partie pposée est assez plane. J'ai remarqué ans les individus du Muséum national, ne échancrure au bord postérieur. Le lastron est, de même que la couverture ipérieure, d'une figure presque ronde , une seule pièce et d'une nature cartila- neuse, excepté aux supports latéraux li sont osseux : il est uni et entier; le gment de son extrémité postérieure irait plus court et plus étroit que celui i l'antérieure ;le disque est un peu plus evé; et cette convexité est oblongue. Schœpff ne pense pas seulement qu'il e faut faire qu'une même espèce des >rtues mentionnées ci-dessus ; il n'est lême pas éloigné de croire que la tor- le molle doive y être rapportée. Nous 'adopterons pas une telle opinion et des onjecîures semblables. Si le naturaliste oit craindre de multiplier les espèces ; Kept. I. 17 in2 HISTOIRE NATURELLE il doit aussi appréhender de tomber dans un excès contraire , et qui est peut-elre plus dangereux : la prudence nous com- mande de suspendre notre jugement jusqu'à ce que de nouvelles observations aient éclairci nos doutes. Forskal décrit une tortue qu'il nomme tortue à trois ongles, triunguis , et que Schœpff, comme nous 1 avons déjà dit, rapporte à celle dont nous venons de parler. DES LÉZARDS. ÎJ^ INTKODUCTIOK A l'histoire des animaux connus géne- ^ RALEMEÎ^T SOUS LE NOM DE LEZARDS. Les quadrupèdes ovipares dont nous allons nous occuper sont ceux dont M. Alexandre Brongnlart a composé son ordre des sauriens. Ce sontles lézards de M. de Lacépède, à Texceprion des sa- lamandres, et de ses reptiles bipèdes. Le mot de lézard devant servir à désigner un genre particulier de celte grande fa- mille, ou plutôt de cet ordre, je devrais, à la rigueur, lui subsilucrdans les géné- ralités que je vais donner sur tous ces animaux , une dénomination commune, celle qui est propre à cet ordre, les sau- riens. On éviterait ainsi les équivoques et les méprises qui peuvent résulter du double emploi du mot de lézard. Mais celui de sauriens n'étant pas encore assez connu, j'ai craint de me rendre moins 174. HISTOIRE NATURELLE inlelligible par uo ciiaiigement préma- turé de noms. Je continuerai donc d'ap- peler, en général, lézards les animaux de la famille que nous allons traiter, sauf à nommer lézards proprement dits ceux qui appartiennent au genre désigné par ce mot. Les lézards n'ont pas , ainsi que les tortues , un test ou enveloppe osseuse et commune , qui leur sert de maison et de bouclier ; leur corps est simplement couvert de petites écailles , disposées souvent par imbrication, et si dures dans quelques uns , qu'elles deviennent , par leur ensemble , une sorte de cuirasse presque impénétrable. L'organisation in- térieure de ces animaux paraît être la même que celle des reptiles dont nous ve- nons de donner Thistoire. Leslézardsont cependant des dents véritables, au lieu de gencives cornées, caractère qui éloigne encore les lézards des tortues. Les ser- pents, les salamandres, les crapauds, les grenouilles et les raines ne sauraient être DES LÉZARDS. î'jb confondus avec ces quadrupèdes ovipares; les serpents, parcequ ils n'ont pas de pattes ; les autres , parce que leur peau est nue, que leurs doigts ne sont pas on- guiculés , que leur langue n'est pas en- tièrement libre , et parcequc leur ma- nière de se reproduire est fort différente, se rapprochant de celle des poissons. Les lézards ont depuis deux ou trois pouces jusqu'à trente pieds de longueur. La forme de leur corps est, en général , alongée et presque cylindrique , à pren- dre du cou jusqu'à la naissance de la queue ; la tête est -riangulaire ou ovale. Les yeux , dans quelques espèces y. telles que celles de la division du camé- léon , sont singulièrement remarquables: ils sont recouverts par une membrane chagrinée , remplaçant leurs paupières , et obéissant à tous leurs mouvements. Cette membrane est divisée par une fente horizontale , à travers laquelle oit distingue la prunelle , vive et brillante , comme celle des yeux de presque tous 176 HISTOIRE NATURELLE les lézards. Dans ces mêmes espèces, le trou auditif n'est point apparent. La langue des lézards est alongée et rétractile , dans ceux qui se nourrissent surtout d'insectes et de vers ; courte dans les espèces qui , à raison de leur gran- deur, font leur proie de plus grands ani- maux, entière ou plus oumoins échancrée. Les écailles , dont le corps est revêtu, sont ou lisses, ou raLoteuses et relevées en carène , arrondies dans les uns -, car- rées ou hexagones dans les autres , dis- posées sans ordre ou verticillées ; celles du dos et même celles de T origine de la queue forment quelquefois des franges dentées ou des espèces de crêtes ; la peau , dans les iguanes , est très dilata- ble sous la gorge, et y produit, aubesoin, un gonflement représentant un goitre. Les dragons ont les premières côtes écartées du corps et réunies par une membrane en forme d'ailes. Une obser- vation relative aux écailles dont la peai* est garnie et qui devient très essentielle» DES LEZARDS. 177 VU la bonté des caractères qu'elle fournit, est la différence respective de la gran- deur de ces écailles : elles forment dans plusieurs lézards des espèces de plaques sous le ventre , de même que dans le grand nombre des serpents. M. de Lacé- pède s'est servi, avec le plus grand avan- tage, de celle considération, que j'ai aussi moi-même fait plus valoi-i' encore dans la détermination des variétés des lézards de France. lia forme et les proportions de la queue varient : elle est alongce , même très longue dans les uns , courte dans les autres, ici ronde , là comprimée : tous retendent horizontalement. Le plus grand nombre des lézards a quatre pattes : ceux qui avoisinent les serpents les ont déjà très courtes, pres- gu'imperceptibles : les derniers de tous, tels que les bipèdes et les sheltopusiks de M. de Lacépède , n'en ont absolument que deux. Les pattes de devant sont plus courtes 178 HISTOIRE NATURELLR ^ que celles de derrière ; elles ont dans la plupart cinq doigts , dont l'cxtérieuf séparé des autres, comme une espèce de pouce , et le troisième, ainsi que le qua- trième , plus alongés. Le nombre de leurs phalanges est plus considérable que celui des phalanges des doigts des qua- drupèdes vivipares ; il est quelquefois de quatre. Aussi ces animaux ont-ils plus de facilité pour saisir les branches des arbres sur lesquels ils grimpent. L'ongle crochu dont ces doigts sont pourvus à leur extrémité, leur donne le moyen de s'accrocher à des corps qui offrent même peu de prise : on en voit plusieurs courir avec agilité sur les murailles. Ces doigts sont grêles et alongés dans un grand nombre , quelques espèces , comme les geckos, les ont courts , larges et imbri- qués en dessous ; leur direction est iné- gale et singulière dans les caméléons. Trois de ces doigts sont opposés aux deux autres : les crocodiles les ont palmés. Si la conformation extérieure des lé- DES LEZARDS. 179 zards esl diversifiée, leurs habitudes ne le sont pas moins. Les plus grands , tels que les crocodiles , habitent les fleuves et les marais : les autres vivent , les uns au milieu des bois, dans les déserts ; les autres, dans les lieux habités, sous les pierres, dans les murs. Les dragons se tiennent sur les arbres , et s'élancent , avec le secours de leurs ailes , d'une branche à une autre. Les lézards ont la vie très dure ; ils supportent des diètes de plusieurs mois ,. et malgré ces longs jeûnes, ils subissent leur mue, comme s'ils avaient été nour- ris pendant ce temps. Les époques aux- quelles ils prennent une robe nouvelle , sont le printemps et l'automne. La sai- son de l'hiver venant à détruire ou à faire disparaîire les insectes , les vers dont ils s'alimentent, on les voit se retirer dans des trous où ils s'engourdissent, jus- qu'à ce que le soleil les ranime avec la nature. Les lézards de nos contrées com- mencent à sortir de leur retraite vers la l8o niSTOÎRE NATURELLE fin de février. Les premiers essais de leur liberté consistent à sortir la tête hors de la fente de la muraille qu'ils ha- bitent, et à recevoir la chaleur bienfai- sante de l'astre du jour. Ils le chargent bientôt après du soin de vivifier et de faire éclore leurs œufs, qui ont une co- quille calcaire , de même que ceux des tortues, et qu'ils enfouissent dans la terre ou dans le sable. M. de Lacépède a partagé ce genre en huit tribus. La première a pour caractère d'avoir ]a queue aplatie , et cinq doigts aux pieds de devant. Elle comprend le crocodile , le crocodile noir , le gavial, le fouette- queue , la dragonne , le tupinanibis, le sourcilleux , la tête-fourchue, le large- doigt, le bimaculé et le sillonné. lia seconde renferme des reptiles qui ont tous la queue j-onde, cinq daitgs à cha- que pied , et des écailles relevées sur le dos en forme de crête. On y voit les espèce* DES LÉZARDS. l8l saivanles : iguane , basiiic, port-crête , galéote, agame. Les lézards de la troisième tribu ont la queue ronde , cinq doigts aux pieds de devant , et des bandes écailîeuses sous le ventre. Ses espèces sont : le lézard gris , le vert , le cordylle, T hexagone , 1 amei- va , le lion et le galonné. La quatrième tribu ne diffère de la précédente , que parceque les animaux dont elle est composée n'ont pas de Lan- des écailîeuses sous le ventre. Le caméléon, la queue-bleue , l'azuré, le grisou, l'am- bre, le plissé , l'algire , le stellion , le scinque, le mabouya, le doré, le tapaye, le strié, le marbré, le roquet , le rouge- gorge, le goitreux, le téguixin, le trian- gulaire, la double-raie, et le spulateur, appartiennent à cette division. La cinquième tribu est distinguée des antres par les écailles grandes et imbri- quées dont le dessous des doigts est garni. Il n'y a que trois espèces : le gecko , 1« geckotte et la têle-plate. l82 HISTOIRE NATUPiELf.E On reconnaît facilement la sixième tribu aux caractères suivants : trois dohti^ à tous les pieds. Ici sont placés le seps et le chalcide. La septième division est encore plus distincte ; elle est destinée aux lézards qui ont des membranes en forme d'ailes. Elle n'a qu'une espèce: le dragon. La dernière tribu comprend leslézards qui ont trois ou quatre doigts auX' pieds an- iéricurs^ et quatre ou cinq aux autres. Elle ne renferme que des salamandres dont les espèces sont : la terrestre , la queue plate, la ponctuée, la quatre-raies; la sarroubé , et la trois-doigts. Vient en- suite la seconde classe composée des quadnipèdes ovipares qui n'ont pas de queue. Elle est formée de trois genres : grenouille, raine , crapaud. Les reptiL^s bipèdes terminent la première grande division des reptiles. Le professeur Alexandre Brongniâit divise son ordre des sauriens ou les lé- zards en neuf genres: crocodile, iguane, DES LÉZARDS. l83 dragon, steliion, gecko ^ caméléon , lé- zard, scinque et chalcide. Les salaman- dres, les grenouilles, les raines et les crapauds sont: des inés, comme nous l'a- vons déjà dit , à composer son dernier ordre des reptiles, celui qu il appelle ba- trachiens. Ces divisions étant fort naturelles, ser- viront de base au travail que nous allons donner sur les lézards. Nous nous per- mettrons cependant quelques chanoe- ments dans l'ordre de ces genres. Il me semble que les lézards proprement dits doivent venir après les crocodiles. Les caractères pris de la forme et de la dis- position des écailles du ventre, ceux des mœurs et des habitudes offrent tant de points de rapprochements entre ces ani- maux , que je croirais violer Tordre naturel , si je mettais des intermédiaires entre ces deux familles de lézards. Des considérations générales doivent l'em- porter sur quelques caractères partiels et éloignés , quoique communs; je pas- Hept. L la. l8/f HISTOIRE NATURELLE serai donc des crocodiles aux lézards proprement dits , de ceux-ci aux igua- nes, aux dragons et aux caméléons. Je leur ferai succéder les stellions, les gec- kos et les scinques. Les reptiles qui ont quatre pattes très petites ou qui n'en ont même que deux, feront la clôture des lézards ; mais je ne crois pas qu'il faille n'en faire qu'un genre , à l'exemple de M. Brongniart. Des animaux qui diffè- rent entre eux par le nombre de leurs pattes, méritent certainement d'être sé- parés générlquement, et on n'eut jamais de caractère d'une valeur plus impor- tante. Ces derniers reptiles sont très pro- pres à nous introduire dans l'ordre des ophidiens. % BES^ CROCODILES. l8S IP GENRE. CROCODILE , Crocodilus. Caractères génériques. Qaatre pattes très appa- rentes et de grandeur relative. Corps couvert d'écaillés : les supérieures et les inférieures plus grandes et en forme de petites plaques ; langue courte, attachée presque jusque sur ses bords ; doigts postérieurs réunis par une membrane; queue comprimée. Tel est le signalement auquel on pourra reconnaître les animaux dange- reux , appelés crocodiles. Ils compo- sent une famille bien plus nombreuse en espèces qu'on ne l'avait d'abord cru. I.a plupart des naturalistes ne s'étant décidés qae d'après des rapports géné- raux, n'ayant pas eu le bon esprit de soupçonner que des animaux , quoique rapprochés^ mais habitant des parties du l86 HISTOIRE ISATUPŒLLE globe bien différences , pourraient bien aussi n'être pas les mëines , n'ayant point coinp jré entre eux ces divers quadrupè- des ovipares, ont tout confondu, comme à r ordinaire , le crocodile du Nil, celui qui habite les fleuves de l'Amérique cqualoriale, le cayman , se sont tous vus regardés comme frères. Mais des yeux plus clairvoyants que ceux du trop grand nombre de ces superficiels obser- vateurs de la nature, Gronovius , Cuvier surtout, ont cherché à dissoudre une so- ciété aussi informe. Nous regrettons que l'excellent Mémoire sur les croco- diles, lu par ce dernier à 1 Institut , n'ait pas encore été publié ; nous eussions fait connaître ici les caractères qui sont propres à chacune de ces espèces d'ani- maux, et surrcxactitue que celle d A- frique , du Nil principaiement. C'est au printemps que les deux sexes «e recherchent : la femelle est , dit-on » DES CROCODILES. 197 renversée sur le dos dans Taccouplc- menl; mais la durée de son union avec le mâ'e n'est pas connue; on présume qu'elle doit être plus courte que celle des tortues. Les observations de Laborde nous ont appris que le cayman fait deux, et quel- quefois trois pontes de vingt à vingt-qua- tre œufs, et à peu de distance les unes des autres. Linnée a avancé que le cro- codile pondait aussi quelquefois jusiu'à cent œufs : ils sont déposés le long des rivages que ces animaux fréquentent , et contlés à la chaleur vivifiante de T astre du jour. La femelle du cayman met ce- pendant un peu plus de sollicitude dans la manière dont elle fait sa ponte : elle prépare, assez près des eaux qu'elle ha^ bile , une espèce de nid dans le creux de quelque terrain élevé, en y ramassant des feuilles et des débris de végétaux , dont la fermentation accélère le dévelop- pement du germe de l'œuf. Aux envi- rons de Cayenne , le temps de la ponte ïgo HÎSTOîaE NATURELLE est le nicine que celui des tortues, c'est à dire le mois d'avril: mais il est plus prolongé. Suivanî Cateshy, l'œuf du cro- codile de lâ Caroline, 1 alligator, n'est pas plus grand que l'œuf d'une poule d'Inde, mais ceux du crocodile ordinaire soni bien plus grands : ces œufs sont ovales, Llanchâires, et leur coque es* d'une substance crétacée , semblable à celle des œufs de poule. Les petits crocodiles sont repliés sur eux-ïi?émes dans l'œuf, et n'ont que six à sept pouces de long lorsqu'ils sortent de la coque : ils la cassent soit avec la tête, soit avec les tubercules écailleux de leur dos; l'insertion du cordon ombilical paraît encore quelque temps après qu'ils sont éclos ; ils le traînent même , à leur naissance , accompagné du reste du jaune de 1 auf, et d'une espèce d'arrière-faix. On a aussi remarqué dans de jeunes toriues, une ienle au plastron , indiquant la place où le cordon ombilical avait eu son attache. DES ORCCODILES. ÎQ^ La clialcur de Tatmosphère fait seule éclore les œufs du crocodile. Dès que les petits sont nés, ils vont se jeter dans l'eau pour y chercher leur nourriture et leur sûreté ; mais à un âge aussi tendre , ils deviennent souvent la proie des poissons voraces, des crocodiles même. La durée de la vie de ces animaux est inconnue; il est cependant à présumer qu'elle doit être plus longue que celle de la tortue franche , qui paraît vivre plus d'un siècle : on a nourri des caymans dès leur sortie de Tœuf, et vingt-six mois après, ils n'avaient encore que vingt pouces environ de longueur : d'où l'on peut conclure que leur accroissement est fort lent. C'est sur les rives des grands fleuves, et qui offrent une grande quantité de tes- tacés, de tortues, de poissons, de gre- nouilles, près des lieux où il est facile de se mettre en embuscade, au milieu des lacs marécageux et des savannes noyées, que les crocodiles, les caymans établis- 200 HISTOIRE NATURELLE sent leur demeure. C'est là qu'ils atten- dent dans le silence l'instant favorable pour tomber sur leur pi cie. Les béliers, les cochons, les bœufs nie me , sont quel- quefois attaqués. Elevarit la partie supé- rieure de leur tête au-îinssus de la surface des eaux, ils guelîen .es animaux qui viennent boire ; dès qu'ils en aperçoi- vent quelqu'un, ils plongent, vont jus- qu'à lui en nageant entre deux eaux, le saisissent par les jambes et l'enlraînent pour le noyer. Pressés par la faim, ils se jettent sur riiomme, sur le nègre prin- cipalement. Quoique le crocodile soit lourd et d'un volume considérable , il se remue cepen- dant avec agilité , et dans l'eau spéciale- ment, il y est d'autant plus dangereux, qu'il y jouit de Joute sa force : il se pré- cipite avec rapidité sur l'objet dont il veut faire sa proie, la renverse d'un coup de queue , la saisit et la déchire aussitôt avec les armes redoutables dont il est muni. DES CROCODILES. 201 Ses mouvements sont plus gênés lors- qu'il est à terre , mais il y est encore bien à craindre, marchant très vite dans les terrains plats et unis.; ne pouvant se tourner avec promptitude, on l'évite en faisant beaucoup de détours. 11 fauï se tenir avec soin sur ses gardes, lorsqu'on se trouve sur le bord des eaux peuplées de crocodiles; on en a vu grimper sur des canots , dans le temps que les passa- ers se livraient au sommeil. Quelle que soit la voracité du crocodile , il ne f^ut pas leur imputer le reproche de dévorer une partie de leur fauiiile , comme les petits qui ne peuvent se rendre à l'eau, où on suppose que le père et la mère veulent les conduire. Ces animaux demeurent quelquefois beaucoup de fenips sans manger: ils ava- lent alors de petites pierres, des mor- ceaux de bois, afm d'empêcher la con- traction des intestins : ils s'engourdis- sent aux approches de l'hiver, du moins aux laliludes voisines des tropiques. Ga-s 202 HISTOIRE NÂTtl RELIE tesby dit que ceux de la Caroline soi feiit de leur état de sommeil, en faisant en- tendre des mugissements horribles et qui relentissent au loin. On dit que leur voix est plus forte que celle du taureau. Les crocodiles de Cayenne , de l'Afrique, poussent des cris qui doivent être encore plus terribles, ayant plus de force. Ces quadrupèdes ovipares ne muent point, et leur ouverture étant écailleuse, n'éprouve point d'altérations. Ils vont par troupes nombreuses, même au nom- bre de deux cenJs, dans les pays où ils ne sont pas inquiétés parFiiomme. Cette habitude de se réunir ainsi, prouve que leur naturel n'est pas du moins aussi féroce qu'on le suppose : on est venu à bout de les apprivoiser. Aristote a dit que l'on y parvenait, en lui donnant une nourriture abondante. Le roi de Saba, en Afrique, a deux étangs remplis de crocodiles , qu'il nourrit par ostentation. Les nègres du Sénégal osent attaquer un animal av.ssi dangereux. Dès qu'ils DES CROCOBÎLES. 2o3 l(î surpreiinenl donnant dans des endroits où il n'a pas assez d'eau pour nager, ils vont à lui le bras gauche enveloppé dans U!j cuir, l'attaquent à coups de lance aux parlies qui sont moins ou pas du tout cuirassées, lui ouvrent la gueule, et le tiennent ainsi sous l'eau, jusquà C£ qu'il qu'il soit suifoqué par ce liquide, qu'il est obligé d'avMler en quantité. En Egypte on i'efiraie à grand cris; pour le faire tomber dans un fossé profond couvert de branches, et qu'on a ouvert sur son pas- sage près du bord de 1 eau. On le prend ailleurs par le moyen d'un crochet auquel on a suspendu un appât, comme un agneau dont les cris attirent le crocodile : il y a même , dit-on , des gens assez té- iriéraires , pour aller en nageant sous lui, et lui percer la peau du ventre. Les tigres, les hippopotames font la guerre a celui d'Afrique , et les cougars à ceux de l'A- mérique. Le crocodile du TSil , importuné par la présence de l'homme , a fui la basse 2o4 HISTOIRE NATU RELIE Egypte, et s'est relire dans la haute. Le cayman , ou le crocodile de rAinérique méridionale , habiiant des pays moins populeux , s'y est multiplié à un tel point, qu'il y remplit les lacs, les ri- vières, et qu'il gêne la navigation; on peut les écarter à coups de rames lors- qu'ils ne sont pas très grands : ils n'es- saient même pas de renverser les pyro- gues qu'ils rencontrent et n'attaquent pas i'iiomme. Les nègres d'Afrique et d'autres peu- ples font beaucoup de cas des reufs du crocodile , quoiqu'ils aient une forte odeur de musc. Les singes, la mangous- te , plusieurs oiseaux , vont aussi à la re- cherche de ces œufs , et en font une grande destruction. On trouve quelquefois dans le corps^ des crocodiles , des bézoards formés , ainsi que les autres , de couches placées les unes sur les autres : ils sont de la gros- seur d'un œuf de canard, un peu plus longs, et parsemés d'aspérités : ils sont DES CRCCODÎLES. 2o5 marbrés, iVun cendré obscur avec un mélange de blanc. L'édile Scaurus fit voir le premier, des crocodiles au peuple Romain. Sous Auguste, des hommes combattirenl pu- bliquement avec ces animaux. Ilélioga- bale en nourrissait. Il fut un temps où la terreur en fit des dieux ; on leur consacr." la ville d'Arsi- noè* , et leurs cadavres étaient renfermés dans les pyramides , auprès des tombeaux des rois. 2o6 HISTOIRE NATURELLE Le Crocodile du Nil , et le Cayman , Crocodilus niloticus et Crocod. alligator. Il est bien difficile, d'après Grono- yius, qui a voulu distinguer les différen- tes espèces de crocodiles, d'assigner pour celle du Nil et pour le cayman, des ca- ractères nets et bien tranchés. Ce natu- raliste rapporte à la description qu'il donne du premier, une partie des syno- nymes du second, et celui-ci paraîtrait ne s'éloigner de l'autre , que parceque ses pieds de derrière ne seraient qu'à moitié palmés, au lieu de l'être dans leur totalité : il parle ensuite plus bas j) d'une espèce de Ceilan, dont les mêmes pieds ne sont aussi qu'à demi-palmés, à l'exception des deux doigts extérieurs. A l'article du cayman, il cite àcs figures ! de Séba , qui n'appartiennent pas à cet-e espèce. Suivant Blumemback , le crocodile ordinaire a la têle cuirassée, la nuque Beptjles ■ /)i:r<'oe . I.e Ci'ococliJo Vf <^lii ^il DES CRCCCDÎLES, 20; relevée en r.rcîe, et la queue garnie en dessus de deux fortes crêîes latérales. Le cayman est distingué par sa tête plane, couverJe d'écaillés inibriquées ; par sa nuque sans écailles, et par sa queue qui a au-dessus deux lignes élevées. Cesnofes indicatives ne me paraissent pas suffi- santes pour bien signaler ces deux espè- ces, et nous sentons encore jdus la né- cessité de jouir du travail de M. Cuvier sur les crocodiles. Je me bornerai à dire ici, que le crocodile du NiJ diffère du cayman par i'dlongenient de son museau et la saillie de quelques dents de la mâ- choire inférieure, ces dents n'étant pas reçues comme les autres dans des cavités de la gencive de la mâchoire supérieure, mais paraissant au-dehors, en forme de crochets : j'ajouterai encore que le dessus du cou du crocodile du Nil n'a que quel- ques îubercules osseux, et que derrière la partie postérieure de la tète est un intervalle garni simplement de petites écailles, landis que dans le cayman ces P^ept. I. zo Xo8 HISTOIRE NATURELLE tubercules sont très nombreux , et com- îiiencent à la naissance du cou ; enfin les pieds postérieurs de celui-ci ne sont qu'à 4emi-palmés. Je renvoie pour Thistorique de ces deux espèces, aux généralités du croco- dile, M. Faujas de Saint-Fond a bien voulu me communiquer les deux excellents dessins qu'il a fait faire du crocodile du Nil et du gavial ; les figures que nous en donnons ici , ont été prises sur ces modèles. ï^e Crocodile Gavial , CrococUlus gange-^ tiens. Cette espèce habite les bords du Gan- ge , où elle porte le nom de gcwial: elle est très distinguée des précédentes par ia forme étroite et TaJongement de ses mâchoires , qui représentent une espèce de bec ; ses dents sont, en outre , de la hiême grandeur : on en a compté sur uii lej'- \r^t}t Le ni/iim II rit//'. L e (KlAial DES CR0C<3DILES. ^0(J individu du Muséum iialioiial cinqiji biJudes des mis ei des autres ^ me sein- bleui l'indiquer. La dragonne, par exem- ple, et qui est certainement un lézard, a tant de rapports avec le crocodile, que «les auteurs 1 ont nommée lézard-cayman. Quoiqu'il en soit, les reptiles de ce genre ont des caractères très faciles à saisir ; ils sont les seuls de cette famille qui n'ayant pas les doigts palmés, ont des plaques sous le ventre. Nous ne parle- rons pas de leur manière de vivre ; ren- voyant , à cet égard , à ce que nous en av ons dit dans les généralités. M. Daudin , connu avantageusement par son Ornithologie , et par plusieurs mémoires sur les mollusques, a eu l'a- mitié de me communiquer, par extrait, des descriptions qu'il a faites de plusieurs reptiles de la famille des lézards, ainsi qu'un auîre abrégé du travail qu'il vient de donner, et de celui qu'il prépare sur les crapauds, grenouilles, raines, etc. Plusieurs figures ont été copiées sur ses dessins. Il me sera doux, en le citant, 2l6 HISTOIRE NATURELI-E de lui payer à la fois le tribut de mon estime et celui de l' amitié. La Dragoïiïîe , Laceria dracœna. Ce reptile ayant la faculté de mouvoir très facilement et en sens divers, sa queue, a été confondu, tantôt avec le crocodile fouette- queue , tantôt avec le cordyle ou avec d^1atres animaux pour- vus de la même faculté ; mais ses doigts libres et non palmés, les plaques dont le dessous de son ventre es> garni, l'é- loignent évidemment et des uns et des autres. La dragonne se rapproche beaucoup ducayman, parPa forme générale de son corps par la largeur de sa gueule , les tu- bercules de son dos, et T aplatissement de sa queue. Sa couleur est aussi d'un jaune roux foncé et plus ou moins mêlé de vcnlâtre. Ces traiîs de ressemblance l'ont fait prendre sur lf;s côtes orientales de l'Amérique, pour une petite espèca ILS LÉZARDS. 217 de cayman : mais nous venons d'obser- ver qu'elle n'est pas <]u môme genre , ses doigis n'étant poini palmés, et sa langue étant longue, rétractiie, bifurqué comme dans les vrais lézards. Wormius a%*aii un individu de dra- gonne qui avait quatre pieds romains de longueur. Celui que Ton conserve au Mu- séum national d'Histoire nalurellje , et qui a été envoyé de Cayenne , est long de deux pieds cinq pouces quatre lignes de nos anciennes mesures. La tête de ce reptile a un peu la for- me d'une pyramide à quatre faces , dont le museau serait le sommet : elle est aplatie par dessus, et comprimée latéra- lement , les yeux son! gros el brillants ; l'ouverture des oreilles est grande et bor- dée d'écaillés; le corps est épais, arrondi, couvert d'écailes dures et osseuses comme celles da crocooilc, et ayant presque toutes uire arête; plusieurs de celies du dos sont relevées i^ar des tubercules en A forme de crêtes, dont les plus hauts sont 2 1^ HISTOIRE NATURELLE près de la queue , qui est fort longue, et qui a aussi deux rangs de pointes élevées, senibîables à des dentelures de scie : cçs deux lignes se réunissent en une vers l'extrémité de la queue. Les pieds ont tous cinq doigts, armés d'ongles aigus et crochus. W ormius avait remarqué que ce lé- zard à dix-sept dents de chaque côté de la mâchoire inférieure ; que celles de devant sont petites et aiguës, et celles de derrière grosses et obi uses. M. de Lacé- pède a fait les mêmes observations sur l'individu du cabinet d'Hisloire naturelle de Paris. M. de Laborde l'avait envoyé de Cayenne, et nommait cet animal lé- zfird-cayman. 11 le regardait comme fai- sant la nuance entre les crocodiles et les lézards proprement dits. Il fréquente les savannes noyées, les terrains marécageux; mais il se tient plus souvent à terre que dans l'eau : il est assez difficile de le pren- dre , parcequ'il se renferme dans des trous. M. de Laborde a gardé chez lui , DES LÉZARDS. 219 pendant qoelqucs temps, une dragonne en vie : elle passait des heures entières dans Teau et s'y réfugiait lorsqu'elle avait peur : elle en sortait souvent pour aller se chauffer aux rayons du soleil. Ce rep- tile mord cruellement , et darde sa lan- gue de même que les serpents La femelle pond ordinairement plusieurs douzaines d'œufs qui sont recherchés à Cayenne. Les habitants des Anhlles comparent , pour sa bonté , la chair de la dragonne à celle du poulet. Ce quadrupède ovipare doit avoir pour ennemis ceux du cayman , et il doit mê- me moins résister, étant plus faible. iJi'guaruca du Brésil a de la ressem- blance avec la dragonne , dont il ne dif- fère que par une couleur plus foncée et des ongles moins forts. Il grimpe facile- ment sur les arbres. Rept. L 2% 2 20 HISTOIRE NATURELLE Le Lézard Tuplnambîs, LacerUi Monitor. Tel est le nom que les haLiiants de quelques contrées de rAmcrique don- nent à ce lézard. Des auteurs Vont ap- pelé sauve-garde, sauveur parcequ'on a supposé qu'il avertissait de la présence ♦ du crocodile , par un sifflement : de la aussi est venue l'éplthète de mor./Vor , par laquelle Linnée désigne ce reptile. Cer- tains voyageurs lui ont encore donné les noms de cayman, de guane , ligan , etc., ce qui l'a fait confondre avec les iguanes et les caymans, dont il s'éloigne beau- coup. L individu décrit sous le nom de tupi- nambls par M. de Lacépède , venait du Cap-de-Bonne-Espérance. J'avoue qu'il me faut l'autorlié d'un si bon naturaliste pour me persuader que le reptile, porté d'Afrique, soit le vrai tupinambis des A.néricaiîis. On remarque, en générai. DES LÉZARDS. 22 1 une si grande différence entre les pro- ductions de ces deux parties du globe , que je puis élever quelques doutes sur r identité de ces aniusaux. Une fouie d'ob'ets d'histoire naturelle paraissent être les mêmes au premier coup d œil ; mais un examen scrupuleux et sévère détruit Lientôl Ces prétendues identités. Le crocodile d'Afrique ei le ca\man vien- nent de nous en fournir une preuve. Marie-SvLille Mérian a publié deux figures du lézard sauve-garde , 1ns. de Su- rinam, pi. 4- et 70. Elie dit que cet ani- mal devint grand comme un crocodile de dix ou douze pieds ; mais comme l'ob- serve M. de Lacépède , n'est-ce pas une méprise ? Sa couleur est d'un brun noirâtre , son museau est fascic alternativement de blanc et de noir ; le dessus du corps a un grand nombre de taches, colorées de même , dont les unes forment des yeux et les autres des lignes; celles des côtés imitent des dentelures ; les pieds sont 22 2 HISTOIRE NATURELLE mouchetés ; ses écailles soiit minces et polies. Le lupinamLis se nourrit, d'après le rapport de Mérian , de charognes ; mais il n'aUaque pas l'homme, ainsi que le crocodile, La femelle creuse dans le sable et sur les Lords de quelques rivières, un ou plusieurs trous, pour y déposer ses œufs, et laisser ensuite au soleil le soin de les faire éclore. Ils sont gros comme ceux d'une poule d'Inde, mais un peu plus longs : les Indiens les mangent Ce reptile fait non seulement la guerre aux poissons , aux charognes qu'il trouve dans l'eau; mais, pressé par la faim, il va sur terre pour y chercher soit de pe- tits lézards , soit des insectes dont il se nourrit alors : il mange encore des œufs d'oiseaux. Le lézard que M. de Lacépcde décrit sous le nom de tupinambis, et qui ve- nait du Cap-de-Bonne-Espérance , avait trois pieds huit pouces de long. Il en avait vu un autre individu, porté du Se- DES LÉZARDS. 22 3 négal , et ayant quatre pieds dix pouces de longueur; tout le corps est garni de petites écailles, ce qui le distingue suffi- samment de la dragonne et de quelques autres reptiles voisins, à queue plate comme lui. Ces écailles sont ovales , du- res, un peu élevées, presque toutes en- tourées d'un cercle de petits grains durs, placées à côté les unes des autres, et dis- posées en Landes circulaires et transver- sales. Leur gran<3 diamètre est à peu près d'une demi-ligne dans l'individu du Cap-de-Bonne-Espérance ; la queue est de la longueur du corps, qui offre de grandes taches ou bandes irrégulières d'un blanc assez éclatant, et paraît ainsi marbré ; tous les pieds ont cinq doigts longs armés d'ongles forts et crochus.^ 2 24 HISTOIRE NATUPiELLK Le Lézard Ameiva, Lacerfa Ameîoa. Le nom de ce lézard a été appliqué à tant de rcpllbles différents, qu'il faudrait peut-être le changer. On a bien de la peine à reconnaître la véritable ameiva, et la diftlculté est d'autant plus gande^ que cet animal porte un autre nom dans d'autres contrées. Le lézard que M. de Lacépède appelle ameiva , a beaucoup de rapports avec notre lézard vert et notre lézard gris; mais sa tête est plus aîongée et plus comprimée sur les cô- tés que celle de ces dernières espèces , le dessus de cette tête est plus jétroit. et le museau se termine plus en pointe. Le cou de Tameiva n'a pas ce collier de grandes écailles, que l'on rembarque dans les précédents; les écailles du corps sor4 même plis petites, à peine sensi- bles , ce reptile est d'ailleurs plus grand que nos lézards. L'individu décrit paF Hep files. n.iô. ^ ^ 5^- , 1 ) ^^^^^^ ^ /)i\ret>e (/e/ ■ /y 7ar8 HISTOIRE îs'ATURELLE de Lleuâtre , et des bandes d'un gris soiiibre ; tout le dos et la partie exté- rieure des cuisses sont marqués de points blancs , ovales et épars ; il y en aussi sur la queue , mais en moindre quantité ; la tête cie ce lézard a une forme oblon- gue , ciplatie , et terminée en pointe ; le dernier rang des lames qui la recou- vrent en dessus, a trois écailles angir- leuses , ce qui donne à la tête de ce lé- zard quelque ressemblance avec celle des serpents ; la peau du cou est lâche , avec des taches plus noires que celles des au- tres parties du corps ; des stries circu- laires, très noirïbreuses , el comme ar- ticulées , sillonnent le corps , dont les côtés ont une multitude de plis ; la queue est composée d'environ deux cents seg- ments , ;Jteniativenient circulaires . et simplement en arc: elle est une demi- fois plus longue que le corps, et se ter- mine en pointe aiguë. Tous les pieds ont cinq doigts pour- l^eptih Vv. m. u. Dcsevr Jcl . J^TarJii'u t feu//' . 1 . I,o Lozai'd çriMs . 5 . J,o I,. tète-bletie a . Le I, . vei't . DES LEZARDS. 229 VUS tVonglcs 1res aigus et légèrement re- courbés. Ce lézard se trouve au Brésil , d'a- près Séba cité par Liiinée. Quelques au- îeurs ont aussi donué le nom de teguixin au tupinanibis. Le Lézard gris, Laceiia agi lis. Ce lézard est connu de tout le monde. Il est peu de personnes qui n'en aient fait, dans leur enfance , un sujet d'amu- semenî : c'est un aniiual presque domes- tique, et dont la présence nous est d'au- tant plus précieuse , qu'il nous délivre d'une foule d'insectes 'ncommodes : les anciens l'appelèrent l'ami de Tliomnie. Il varie beaucoup pour la grandeur de son corps et par les teiates de sa cou- leur : il a communément cinq à six pou- ces de long , sur un demi-pouce de lar- ge ; le dessous du corps est d'un grîs cendré tacheté de noir; mais ces taches forment tantôt de simples marbrures , ^3o HISTOIRE NATtRELI-E tantôt des espèces de raies qui sont en- tremêlées de lignes d'un gris clair, al- ternativementplus larges, avec des poinls blanchâtres sur plusieurs; dans les uns le ventre a six rangs longitudinaux d'é- cailles, celles des bords non comprises; la gorge , les côtés du ventre et la queue sont pointillés de noir ; dans les autres l'abdomen a huit rangs d'écailies oi* de petites plaques et le dessous du corps n'est pas moucheté ; les premiers ont un cordon de dix- sept tubercules aux cuisses postérieures , et les seconds en ont un de vingt -quatre à vingt -six; mais ils ont tous la tête triangulaire , aplatie , couverte de grandes écailles ; les yeux vifs , recouverts de leurs pau- pières , les oreilles rondes , ouvertes et situées derrière la tête ; la gueule grande , formée de deux mâchoires , également longues , et armées de pe- tites dents fines , un peu crochues et tournées vers le gosier; la langue est rou- gcâtre , plate ,, assez longue , et bifide , DES LÉZARDS. 23l comme dans les reptiles de ce genre; les pattes ont cinq doigts fort déliés , de longueur inégale, munis de petits ongles crochus ; le doigt qui répond à l'index est le plus long; la queue eslronde, allant toujours en diminuant de grosseur et de la longueur du corps. Le lézard gris est un animal innocent et que l'on peut tenir entre les mains sans crainte; il suce avec avidiié la sa- live des enfants, qui renferment ces rep- tiles dsns des boîtes pleines de son , et prennent plaisir à les faire battre ensem- ble. Si Ton met du tabac en poudre dans leur gueule, ils tombent sur-le-cliamp en convulsion, et périssent peu après : ils changent de peau deux fois par an- née, au printemps et en automne. De même que les autres quadrupèdes ovi- pares, ce reptile s'engourdit aux appro- ches de l'hiver. 11 se cache au fond des trous des vieilles masures, où il demeu- re habituellement , et où il dépose ses œufs. <' Lorsque dans un beau jour di* l\epl. L 22 232 IÎI6T0IKE ÎSATURELLE » printemps, dit M. de Lacépède , une » lumÎQre pure éclaire vivement un ga- - » zon en pente, ou une muraille qui aug- >) nienie la ciialeur en la réfléchissant, » on le voit s'étendre sur ce mur, ou sur » l'herLe nouvelle , avec une espèce de i> volupté: il se pénèlre avec délices de" » cctle chaleur bienfaisante : il marque » son plaisir par de molles ondulations » de sa queue déliée: il se précipite coni- j> me un trait pour saisir une petite proie ï) ou pour trouver un abri plus commo- M de. Bien loin de s'enfuir à l'approche « de l'homme, il paraît le r;^garder avec » complaisance; mais au moindre bruit » qui l'effraie, à la chute d'une feuille, » il se roule , tombe cl demeure pen- » dan» quelques instants comme étourdi j> par sa chute; ou bien, il s'élance, dis- » parait, se trouble , revient, se cache » de nouveau, reparaît encore, décrit » en un instant plusieurs cirruiîs tor- » tueux que l'œil a de la peine à suivre , ♦> se replie plusieurs fois sur lui-même, DES LKZARDS. 233 w et se retire enfin dans quelque asyie , » jusqu'à ce que sa crainte soit dissi- » pée. » Ce lézard se nourrit de mouches , de fourmis, de grillons, de sauterelles, et d'autres insectes : il saisit les plus petits avec sa langue parsemée de petites aspé- rités , et qu'il darde avec vitesse. Ed- Avards dit avoir surpris un de ces animaux attaquant un petit oiseau. Les œufs sont presque ronds et n'ont quelquefois pas plus de cinq lignes de diamètre. Dépesés au pied d'une mu- raille louvnée vers le, midi, ils n'ont be- soin pour éciore que de la chaleur de l'atmosphère. La queue de ces lézards étant formée de petites vertèbres très fragiles, est sou- vent exposée à être coupée ou muiiiée ; mais la nature répare cette perte ; cette queue repousse , et la partie régénérée se distingue facilement par le contraste de sa couleur, avec celie du corps. On a vu des individus avec deux et même 234- IITSTOÎRE NATURELLE Irois queues. La dissection qu'on en a faile , prouverait que les vertèbres ne soni reujplacées que par de simples car- tllaii^es. M. de Lacépède regarde comme une variété du lézard gris , celui que Pallas appelle véloce, ef qu'il a renconiré par- mi les pierres , auprès du lac Diderskoï. Voyez son arhcle. Le Lézard vert , Lacerta vlridis, Linnée n'en a fait qu'une simple va- riété du précèdent. Mais Daubenlon , M. de I^acépède, le regardent comme mie espèce différente : sa couleur verte, sa taille constamment plus grande, ses habitudes particulières, semblent en effet le prouver. Nous observerons ici ce- pendant que le beau lézard vert de la ci- devant Provence , décrit par M. de La- cépède, a des caractères propres, et qu il ne faut pas appliquer en toute ri- BES LÉZARDS. 2 35 gucur sa description au vcritaLIc lézard verl , celui qne Ton trouve plus commu- iiéirienl en France. L'examen d'un grand nombre d'individus, de celui même que M. de Lacépède a fait connaîlre , nous a convaincus qu'il y avait dans ceîte es- pèce plusieurs variétés très distinctes ; nous les avons indiquées dans notre ta- Lloau des reptiles de la France, auquel nous renvoyons, pour éviter une énumé- ralion qui serait fastidieuse. Le beau lézard vert envoyé au nui- séum d'histoire naturelle de la ci-devant Provence a vingt pouces de long sur deux de largeur ; il est en dessus , d'un veii. bleuâtre , picoté et finement marbré de noir , le dessous du corps est jaunàîre ; les cuisses postérieures ont chacune une rangée de tubercules, au bout desquelles on voit un mamelon, 1 abdomen a huit rangs longitudinaux de plaques , noa compris ceuj^ des bords qui sont moins distincts. Les environs de Paris, mais surtou-t 236 HISTOIRE N^^TURELLE les départements du midi, nous offrent un lézard que l'on peut regarder, au mi- lieu de tant de variétés , comme ie type de l'espèce , le vrai lézard vert : il est d'un tiers ou d'un quart plus petit que le précédent , sa tête a des points blancs Lordés de brun , le dessus de son corps est d'un vert tirant sur le bleu et picoté de noir; les cuisses postérieures ont cha- cune un rang d'environ dix-sept tuber- cules. Je soupçonne que ce lézard , rare au- tour de Paris, ne vient pas en Suède ; et que Linnée a désigné par le nom de vert quelqu'une des autres variétés plus petites et plus répandues. Le lézard vert est remarquable par la beauté ell'écîat de son vêtement : il s'ar- rête lorsqu'il voit l'homme , dit M. de Lacépède , on dirait qu'il l'observe avec complaisance ; et qu'au milieu des forêts qu'il habite; il a une sorte de plaisir à faire brillera ses yeux ses couleursdorées, comme dans nos jardins, le paon étale DES LÉZARDS. 287 avec orgueil rémail de ses belles plu- mes : mais ce repos momeniané est , je pense, plulôl 1 efiei de la surprise et de la crainte , que celui de tout autre senti- ment. Cet animal court avec beaucoup d'a- giliîc ; et la promptitude avec laquvdlc il s'clancc au niilieu des broussailles ou des feuilles sèches , excite mi bruit qui fait naître , parce que souvent on ne s'y alLcnd pas, une émotion de trouble ou de frayeur : il saute très fort , se défend hardiment contre les cliiens qui l'atta- quent , se jette môme à leur museau , qu'il mord avec tant d'opiniâtreté, qu'il se laisse tuer plutôt que de lâcher prise; mais sa morsure n'est pas venimeuse , comme le peuple le croit. Ses habiiudes, sa manière de vivre sonl les mêmes que celles du lézard gris ; ses œufs doivent être plus gros , puisque sa taiile est plus considérable ; plus fort que lui il se bat contre les serpents , mais rarement avec avantage : les Africains se nourissent de 238 HISTOIRE NATURELLE . sa chair ; les habi{:aiLs du Karnscbatka les reiiardeiji comme des envoyés des puissances infernales, et s'enipressenf de couper en morceaux ceux qu ils rencon- trent et qu'ils peuvent saisir; s'ils les laissent ech spper , leur frayeur aug- mente , et ils croient mourir à chaque instant. M. de Lacépède parle d'une variété du lézard vert, qui se trouve aux envi- rons de Paris, et qui est distinguée par mie bande, d'un gris fauve , tachetée de brun foncé , parsemée de points jaunâ- tres et occupant toute la longueur du dos. C est notre variété e, ( i ab. des Repîiies. ) Les Italiens appellent le lézard vert stelHon ; mais ncsus r ta çelox,. Quoique très semblable au léznrd gris par sa forme, par sa tête, par son coilier écaillcux, par ses points calleux sous les cuisses et par sa queue verli- cillée, il doit cependant constituer une auîre espèce à cause des caractères sui- vants. Il est beaucoup plus petit et plus grêle. Sa couleur en dessus est constamment cendrée , avec cinq stries loîigitudiaa- ies plus pâîcG, auxquelles tiennent de nombreux points bruns ; la strie du mi- lieu se prolonge à peine au-delà du cou: sur les côtés du corps on voit de gran- des Il elles longitudinales noires , avec des poiî^fs d'usi bleuâtre luisant, dis- p rsés enir'elles ; les pieds postérieurs ont des aréoles arrondies plus pâles que le fond. DKS LÉZARDS. 2/j.ï On le trouve, selon Pallas (i), parmi les rochers et dans les déssrts brûlanls des environs du lac Inderskoï : il court aussi vile qu'un trait lancé. Le Lézard verdelet, Laccrta \nrlduîa, 11 est facile, suivant M. Daudin, de re- connaître cette nouvelle et petite espèce de lézard à sa coulei^r d'un vert clair en- dessus, tirant sur le jaune dessous le corps, et à sa queue verliciilée trois fois plus longue que le corps. Sa longueur totale est de cinq pouces, y compris la queue : il ressemble beau- coup par sa forme au lézard des souches; iliais les plaques qui recouvrent le des- sus de sa têle sont à proportion plus gran- des et moins nombreuses , suivant le na- turaliste espagnol Ruiz de Xelva , qui (i) Palîas, Yoy. en Russie, App. n" 83, 2^2 niSTOÎRL NATURELLE l'a trouvé dans la partie du Mexique la plus voisine de rislhme de Panama. Il habite dans les fentes de rochers et parmi des tas de pierres près des bois : on distingue le mâle à ses couleurs, plus vives dessous le corps; et surtout à une tache orangée, entourée de noirâtre sur l'occiput et le cou. Le Lézard tête bleue , Lacertci cœruleo-cephala. On peut reconnaître facilement ce lé- zard, regardé comme une espèce par M. Daudin , à la couleur bleue du des- sus de sa tête , et aux bandes longitudi- nales d'un blanc jaune, bai et bleues qui ornent le dessus de son corps et les flancs. Le corps est long de quatre pouces , non compris la queue qui est un peu plus longue , et formée de petits anneaux de couleur bleue. DES LÉZARDS. 24-3 On le iroiive dans F Amérique méri- dloiiale. Séba en a figuré deux individus sous les noms brésiliens taragidra et lecumla- na (i); et Linnée a regardé à torl le der- nier comme une simple variéié du stel- Hon azuré : c'est au contraire une espèce voisine du lézard galonné, suivant M. Daudin. Le Lézard à queue Lieue , Lacerta fasciata. Voici une espèce très voisine de la précédente. Linnée l'a nommé lézard à bandes; et Daubenton , M. de Lacépède, lézard à queue bleue; cette dernière dé- nomination caractérise fort bien ce rep- tile ; et nous la conservons , quoiqu'il eàt été primitivement plus convenable d'em- (i) Séba, Thés. tom. r, pf. yi , jfig. 3 et 4. Rept. L 23 •j44 mSTOîHE NATURELLE ployer celle de Liiinée , pour ne pas aug- îïieiitcr la multiplication si vicieuse des noms spécifiques. Ce lézard a environ six pouces de lon- gueur : il esl brun, avec cinq raies jau- nâtres et longitudinales sur le dos; sa queue est menue , bleue et plus longue que le corps : il se trouve en Caroline , se retire souvent dans les creux d'arbres, et pisse pour venimeux ; mais Catesby assure n'avoir été témoin d'aucun fait à cet égard. Marcgrave et Ray parlent aussi d'un lézarf! à queue bleue que l'on renconire au Brésil, et que l'on croit encore êlre yeni'ïîeux : il est long de deux pouces; son dos est couvert d'tfcailles grises ou cendrées; celles de la tcse , des côtés du corps et des cuisses sont jaunes ; on le nomme amerlcima. Le lézard à queue bleue de la Caro- line a aussi de très grands rapports avec l'espèce suivante. DES LÉZARD.S. 2^^ Le liézard à six r^ûes , Lacerta sex-lineata. Ce lézard a la queue longue et verti- cillée, avec six lignes blanches sur le dos. 11 est de la même iailie que nofre lé- zard galonné , et lui ressemble au moins pour la forme. Son dos est blanchâtre , orné de (rois lignes blanches et de trois noires sur cha- que côté; sous son cou il y a deux plis; ses cuisses sont garnies en dessous d'une rangée de points calleux. Il habile dans la Caroline et dans quel- ques îles Antilles : les creux des rochers près de la mer sont les lieux quUI préfè- re; il y court avec une grande vîîessc à l'aide de ses longues jambes, dont les doig's sont armés d'ongles crochus, avec ^ lesquels il se cramponne adroitement. Daubenton et d'autres naturalistes font nommé le Uoji , d'après les Anglais, 2^6 HISTOIRE NATURELLE sans (îoiUc parcequ'il-i'edresse souvent sa queue et qu'il l'agile avec force. Le doc- teur Garden l'a découvert le premier , et mon collègue Bosc l'a retrouvé depuis peu en Caroline. Catesby (i) en a donné une bonne figure. Le Lézard du Nil, Laccria nilotica. Cette espèce a la queue longue et trian- gulaire à son bout, avec le corps nu, ex- cepté sur le dos, où il a quatre lignes écaiileuses. Hasselquist a fait connaître à Linnée ce lézard qu il a trouvé en Egypie , dans les marais voisins du Nil. Ce voyageur assure que Lïs Egyptiens ont la ridicule prévention de croire que ce lézard pro- vient des œufs de crocodile qui cnt été (i) Catesby, Hist. nat. de la Caroline, tom. ■* , pi. 6^. Jlepdlej^ D<>j'eve t/i'/. n an. f^TiTri/ieit il'f/i/p 1 • I.c Lezai'd du Dosort . •2 . Le I. . reiiibiMini . 5 .Iilo'uaiio viilo'aire . DES LÉZARDS. 24^7 pondus dans le sable , et que le croco- dile ne sort que de ceux qui sont dépo- sés dans l'eau. Nota. Comme Hasselquist n'a fait connaître que très imparfaitement ce quadrupède ovipare, et qu ducun auteur après lui n'en a eu connaissance; que d'ailleurs M. Olivier ne la jamais trou- vé en Egypte , je suis presque fondé à croire que ce lézard du IXil est seule- ment un jeune crocodile peut-être mal coiifornié. Ces remarques sont de M. Daudin. Le Lézard du désert , Laceria dcserii. Celte espèce est très reconnaissable à sa couleur noire, marquée sur le "ES. 257 garde un vivant pendant deux mois. Lorsque le mâle est en amour, il re- dresse avec grâce les longues écailles de sa crête, il gonfle fortenient son goitre, et il se promène avec plus de vivacité , soit à terre, soit sur les branches des ar- bres dans Tinlérieur des forêts, en fai- sant entendre un sifflement monotone. Vers le milieu du printemps, les femelles Iguanes s'approchent des rivages de la mer, et viennent déposer dans le sable leurs œufs, dont le nombre est de treize ou ving-cinq. L'iguane se nourrit d'insectes et de plusieurs végétaux; mais quoique pour- vu de fortes mâchoires et de dents aiguës ii avale cependant sa proie sans la mâ- cher, îi est moins commun maintenant en Amérique, parce qu'on en détruit fous les ans un grand nombre , sa chair étant très recherchée pour les tables, surtout celle des femelles, qui est plus tendre et plus succulente que la meilleure volaille^ lorsqu'elle est servie en fricassée. Les œuf$ 2 58 IITSTCÏRE NATURELLE sont égaiemeiit bons. On nomme ce lé- zard, en Ainéiique , îvana, senemhi^ ou tama colin ,, selon Séba, qui en a donné plusieurs figures assez exactes (^i). L'ïguane Basilic, îguana Basiliscus, I^e basilic (Jaccrfa hasilisciis^ Lin.) peut être facilement distinc:ué des autres igua- nés, par une sorte de capuchon qui cou- ronne sa tête, et par une crête qui s^é- tend sur le dos jusqu'au milieu de la queue. Cette crête est formée de longues écailles poinSues, séparées l'une de l'au- tre, et réunies par une membrane; ce qui lui donne l'apparence d'une fausse nageoire. Comme les autres iguanes , il a les (i) Voyez Séb;i , Thés. tom. r, pi. gS, fig. i 2 pi. 9f), fig. 4; pi. 91'. H' 'l'Pl- 98, fig. I. DES IGUANES. 2b() cinq doigts séparés à clwque patle : ii vit principaicment au milieu des forêts de l'Amérique méridionale , en grimpant sur les arbres, en sautillant et s' élançant ' de branche en branche. Sa taille totale es! de deux à trois pieds, en V comprenant la queue qui est un peu plus longue que le corps. Sa peau est couverte de petites écail- les, ainsi que son capuchon, qui est creux et susceptible d'être enflé au gré de l'animal. Cet iguane appelé basilic^ ce qui veut dire petit roi ^ ne paraît avoir été observé et peint d'après nature que par Séba (i), qui l'a regardé comme un animai ûîti- phibie. Nota. 11 ne faut pas confondre ce ba- silic avec l'animai fabuleux du même nom, qui tuait les hommes de son regard, suivant les anciens poètes, ni avec celui (i) Séba, Thés. tom. i, pi. loo , fig. i, 26o HISTOIRE NATURELLS des charlatans, qui n'est formé qu'avec les nageoires desséchées d'une espèce de raie , ou d'autres poissons. « L'Iguane galéote, Iguana calâtes. Cet iguane a pour caractères disfinc- tifc, une queue trois fois environ plus longue que le corps; une crête composée d'ccailles lancéolées , piquantes sur la parlie antérieure de l'épine dorsale, et d'autres épines sur la partie postérieure de la tête laquelle est large , tandis que le devant est aminci. La longueur du corps, non compris îa queue, est de quatre pouces environ, si l'on excepte les écailles piquantes de la crête dorsale et de l'occiput; toutes les autres sont rhomboïdes , disposées en los 3 • I-. lo» . biiiirt cille . DES IGUANES, 26 î des transversales blanches dessus le corps, sur les cuisses et la queue. On peut consulter pour cet iguane ^ les figures qu'en ont donné successive- ment Scba (1) et Edwards (2). Selon ce premier auteur, cet iguane était connu des anciens sous les noms de kolotcs ^ as- kalahotes et ouhlomacus, 11 habite en Espagne, en Arabie, dans i'île de Ceilan et dans les parties les plus chaudes de l'Asie : il vit dans les malsons et court sur les toits, où il attrape des araignées et même des rats. On prétend qu'il se bat contre les serpens, ainsi que l'indique le nom ophiumacus. Laurenti a indiqué comme les varié- tés de l'iguane galéote : 1° Un petit igua- ne ayant le corps livide en dessus et vert en dessous. (i) Séba,Thes. tom. i, pi, 89, fig. i, 2 ; pi. gS", fig. 2; pi. 95, fig. 3 , 4; tom. 2, pi. 7O, fjg. 5- (2) Edwards, Glan. pi. 245, fig. i. 1 262 IIISTOÎHE Î^ÀTURELLE 2° Un iguane luberculé, dont le cou est muni en dessus de larges écailles re- dressées et obtuses. L'Iguane Agame^ Iguana Agama, Ses caractères spécifiques sont d'avoir une queue mince et un peu plus longue que le corps, avec une créle épineuse sur le dos , et des écailles aussi épineuses et dirigées en devant. Son corps a environ six pouces de lon- gueur, est d'un bîeu plus pâle que celui du galéotc , et tire un peu sur le verdâ— tre , selon Sloane. Il habite dans les îles de Cuba et de la Jamaïque. Séba (i) l'a décrit et figuré sous le nom de salamandre d' Améjit^ue , semblable au lézard, à cause de sa tête grosse et large , et il ajoute qu'il est am- phibie. (i) Sél>a,Tkes. lom. i, pi. 107, fig. i, 2, 3. IiES ÏGUA'sES. 26^- Cette espèce est 1 igUcUie cordydilme de Laureoti, le lézard agania de Linnée. L'Iguane umbre, Iguana iimbra. Cette espèce {lacerta umbra, Lin.) se distingue par une callosité suri occiput^ par sa nuque un peu cretée , et par son dos marqué de trois stries. Sa longueur est de trois pouces et de- mi , non couipris la queue qui est mince et aussi longue. La tête est ovale , garnie de plaques sur le front, et elle a derrière les yeux , au-dessus et autour des oreilles, des tu- bercules épineux. De plus, sur ch^.que côté de la nuque ^^l un autre tubercule surmonté de plusieurs piquants. Sur le cou est une rangée de petits pi- quants qui se prolongent en diminuant tout le long de 1 épine dorsale, jusques sur la base de la queue ; au-dessus de chaque épaule , près du cou , est un tu- bercule épineux, d'où part un pli saillant 364 IIÎSTOÎRE NATURELLE qui s'éfend loiigiludinaicment sur les cô- tés du dos : on voit de plus un autre pli moins apparent sur les flancs. ' Toute la peau est couverte de petites écailles, rudes au toucher; sa couleur est d'un gris sombre marqué de petites ta- ches noirâtres en dessus, mais elle Gfst en dessous du corps, des membres et de la queue d'une couleur grise pâle, avec une large tache d'un violet noirâtre sur les côtés et le dessous du cou. Les quatre pieds sont longs, surtout les postérieurs qui ont leurs doigts inter- médiaires très longs. On trouve, mais rarement, cet iguane dans les parties intérieures de la Guiane» Laurenti T appelle iguane sepi-forme. DES IGUANES. 265 L'Iguane marbré, Iguana mamiorata* Le caractère qui sert à distinguer cette espèce des autres iguanes , consiste dans sa queue qui est trois fois plus longue que le corps , et dans sa gorge qui est légèrement goitreuse et munie d'un petit pli légèrement denté en scie, avec le dos lisse. Cet iguane est figuré dans l'ouvrage de Séba (i), et dans les gîanures d'Ed- wards (2) sous les noms de témapara, et de lézard marbré; il est dans Linnée sous ce dernier nom. vSon corps est long de quatre pouces, et sa queue de dix à quatorze ; sa tête est alongée et couverte en dessus de £;randes (i) Séba, Thés. tom. i , pi. 88, %. 4; tom. a, pi. 76,fîg. /,. (2) Edwards, Gl. pi. 245, flg. a. 2Ô6 HISIOIRE NATUnELLK plaques; ses yeux sont entourés fVëcailles semblables à celles qui garnissent toute la peau, soit par leur petitesse, soit par leur forme rhomboïdale ou carrée; celles de la queue sont cependant un peu plus grandes , et munies d'une peiife aréle longitudinale dans quelques individus. Les pieds ont chacun cinq doigts sé- parés et armés d'ongles noirs, seulement en dessus; les doigts intermédiaires des pieds postérieurs sont plus longs que les latéraux, ce qui a lieu dans la plupart des lézards. Le dessous des cuisses est muni de Luit ou dix tubercules, selon le profes- seur Lacépède ; mais elles m'ont tou- jours paru lisses dans les divers indivi- dus que j'ai observés ; le dessus de sa tête est d un gris verdâire, et le reste de sa peau est d'un cendré grisâtre dessous le corps , d'un cendré rougeâfre marbré 4e bai foncé , sur le dos , les flancs et la queue. îi habite en Espagne , en Afrique , et DES IGUANES. 267 même dans les Grandes-Indes , d'où il a été rapporté par Sonnerat ; mais non en Amérique , comme l'a cependant prétendu Séba, On pourrait peut-être regarder com-: me syn.onyme du lézard marbre i, le amrral de \Shaa? , qui existe en Bar- barie. (Description coi»muniquée par M. Daudinr) - - ■ ^ ^y f L'Iguane tête fourchue , Igïiana ' ■ ' - scutaia, 9. ■ ■ ■ ■ . Il est facile de reconnaître cet iguane à sa grosse tête, munie en dessus ,; der- rière chaque œil, d'une saillie pointue. Séba l'a décrit sous le nomide sala- mandre cVAmboine , ayant la tété sur- montée dhin bouclier (i), Laurent! le nomme iguane criard, :'> ... Sa. longueur est d'enviroa «m pied f .') 'if. ' Iv) SéBa , Tbes. tom. i , pi. io9,,fîg;;a ,'4. Rept. 1. 25 208 DISTOrfiE NATURELLE la queue ;^ qui est aussi longue que le corps iy comprise. .'f- ',,,ii(i(ir. Le i)out detson museau epl surmonté d'tm gros tubercule entouré d'autres plus pfeii-tî et>ljlaTi'châtres.-*îij(j .n/rnu)'^ Ls. f>t 1^ Sdtitbut ielong du Hoset sur le des- sus, de t. ia 'tjtiaue une crêle très petite ^ ^ôi^t son xiorps -est" d'un jamie pâle om- bre d'un bleu clair, et marqueté de beau- coup de boutons blancs , ronds et un peu seiîiblables à des perles. ^CJ^i ne voit de ces boutons sur la tête , qu'au des- sous des yeux et autour de la mâchoire inférieures '»'!i^'îWif-"'''''^- ''^^^'" '** • - Ba r ;qwe«!è ' -^i'^' '''-p ' Ses'eKisses,'ses''Jâ'mb'(»§ 'iôt'ses doigts sont longs, minces et revêtus d'assez grandes écailles bleuâtres. -^^ '^ On trouve cet iguane à Amboine ; on a assurera Séba que cet aniftial jette un cri parliculier, qui sert à le rallier avec ses pareils. L'autre animal, figuré par Séba sous î DES IGUANES. 269 le même nom, et à côlé de celui que nous venons de décrire (fig. 4)» n'en dif- fère guère que par sa couleur roussàire ^ comme nuage de blanc* voh e'njal îo L'Iguane sourcilleux , Iguana superciliosa. ■ .., Cette espèce voisine de l'iguane téte- fourchue, et que Linnée a observée dans le Muséum du prince Adolphe-Frédé- ric , est facilement reconnalssable aux ticailles ciliées qui sont placées sur son dos et sur ses sourcils. Sa longueur totale est d'environ un pied , en y comprenant la queue , qui est d'un tiers plus longue que le corps, cylindrique et munie d'une carène ccailleuse en dessous dans toute sa lon- gueur , surtout dans les vieux indi- vidus. La tête est courte , grosse , saiilanlc en dessus, et couverte d'écaillés redres- sées; les sourcils sont très saillants et 270 HISTOIRE NATURELLE plus (^lcv(^s que la tcte ; la nuque est mu- HÎe d'uTîe crele dentée , qui s'étend sur 1j dos et la queue ; les pieds antérieurs et leurs doigts sont très courts en com- paraison des postérieurs. On trouve cet iguane dans l'île de Ccilan. Séba , dans le premier volume de son grand ouvrage, a représenté (pi. g4 » f.g. 4-)i sous le nom de xlézard de Cei- han, un reptile d'un brun clair, tigré de taches d'un bai rouge foncé : nous pensons qu'il doit se rapporter à l'i- guane sourcilleux ; mais nous croyons , contre l'opinion de Linnée , que la sala-' inandre d'Amboine , figurée par Séba (tom. 1, pi. 109, fig. 4-)» n'est pas un second synonyme de cette espèce, et que cet animal doit plutôt être regardé comme le même que l'iguane tcte-four-: chue. DES IGUANES. 271 L'Iguane d'Amboine , Iguana Amboinensîs, Cet 'iguane , nommé porte-crête par Daubenton , a pour caractères distinctifs une crête sur le dos et la queue sembla- ble à celle du basilic , mais il n'a pas de capuchon dessus la tête. 11 a été successivement décrit par Schlosser (i), et par Hornsîedt (2), comme voisin du basilic. Sa taille est de trois ou quatre pieds , et sa queue fait environ les trois quarts de cette longueur. Sa tête est quadrangulaire , plate en dessus, tuberculeuse, avec une écaille orbiculaire et convexe dans son milieu ; sa langue est épaisse , charnue et un peu (i) S chlosser, de Lacertà , Amboin. in-4° i 768 I. I. p(2) Hornestedt, Nov; act. Stokh, 1785, trim^ 2 , pi. 5 , fig. 1 , 2; 2J2 HISTOIRE NATURELLE fendue ; son col près le dessous de la tête, a une sorte de poche goitreuse , aplatie, plissée et couverte de petites écailles rondes. Le corps est garni d'écaillés quadran- gulaires, avec ses quatre pieds munis chacun de cinq doigts séparés et armés d'ongles crochus. Sa couleur est vcrdâtre avec des li- gnes blanches sur la tête et sur le cou ; il est d'un fauve plus ou moins foncé sur la crête et le dos ; d'un gris pâle sur le ven- tre, et on voit de plus sur chaque côté du corps des taches ou bandes blanches , prolongées jusques sur les pieds. Quel- ques individus sont presqu' entièrement verdâtres. Il habite dans les îles d'Amboine et de Java, où il se nourrit de fruits qu'il cherche sur les arbustes : il fréquente de préférence le bord des fleuves , se jette dans l'eau , nage , et y plonge avec adresse, en se servant de sa queue com- primée, et de sa large crête membra- DES IGUANES, 2 70 neuse comme d'une grande rame. Sa chair est très savoureuse , et préférée en quelque sorte à celle de l'iguane. L'Iguane bimaculé , Iguana himaculata. Nous rangeons ici sous une même espèce et comme synonymes , d'après le témoignage du naturaliste Alexandre Brongniart,rignanè bimaculé de Sparr- man (i) et le stéllion roquet {lac. prin-^ cipalis) dé Linnée (2). Les caractères particuliers à cette espèce sont d'avoir la queue une fois plus longue que le corps et un peu ca- rénée en dessus , avec les doigls lobés , à cause ' de leur pénultième phalaneje plus large. (i) Sparrman, Nov. act. Sîocklt. 17^4:]» itiwïi- 3 , pi. 4. j^y il '• - 274 HISTOIRE NATURELLE La longueur de son corps est de deux pouces et demi , et celle de sa queue est presque double lorsqu'il a acquis tout son accroissement. Sa tête est un peu semblable pour la forme à celle de notre lézard gris ; ses yeux sont brillants, et l'ouverture des na- rines est assez grande: sous sa gorge est une très petite crête à peine visible. Son corps est couvert d'une peau "très mince , d'un bleu verdâtre , ordi- nairement tacheté de noir , avec deux plus grandes taches également noires sur les épaules. La queue est composée d'articles, dont chacun est formé par cinq anneaux , et couverte d'écaillés très petites. Cet iguane a été envoyé , de l'Amé- rique septentrionale , au baron de Géer, par le docteur Acrélius , qui l'a trouvé à Saint-Eustache et dans la Pensylva- nie : il est doux , habite dans les bois , dans des trous d'arbres ou des souter- rains ; il fait quelquefois entendre un DES IGUANES.^ -î 275 petitTsifflement. La femelle pond ses œufs en terre. Nous avons observe' au commence- ment que le laceHa pnncîpalis est le même animal : il est connu dans quel- ques Antilles , surtout à la Martini- que , sous le nom de roquet , sans doute parcequ'il tient quelquefois sa tête et sa queue redressées. Sloane (i) en a figuré un petit individu. Quelques individus sont d'une cou- leur feuille-morte , avec des taches jau- nes et noirâtres. L'Iguane à bandes , Iguana jascîata Cette espèce a été rapportée par lliche de son voyage autour du mon- de, à la recherche de la Peyrouse. M. Brongniart l'a décrite dans le bulle- Ci) Sloane , Hist. Jam. {cm. 2 j pi. 373 , J76 HISTPIRE NATURELLE tin des Sciéhces de la société phlloma- tique, n" 36 , et y en a donné la figure. L'iguane à bandes a environ six pou- ces de longueur , du museau à l'anus , et la queue est trois fois plus longue : sa couleur est d'un bleu foncé en des- sus et d'un bleu pâle en dessous; le cou est moucheté en dessus 'de ce dernier bleu, et en dessous de l'autre: la tête est obtuse et la nuque très peu dentée ; quatre bandes d'un bleu faible , trans- versales, et dont la seconde est plus courte, divisent le bleu foncé de la partie supérieure du corps. L'Iguane rouge-gorge , Iguana hullaris. Il a'! pour caractères particuliers la queue mince , articulée, et un peu plus longue que le corps; les doigts lobés, et le corps gris verdàtre , mêlé de diverses nuances , avec une rangée de petites taches brunes irrégulièrcs le long de .MDBS IGUANES. ' 277 l'épine dorsale jusqu'au milieu de la queue. .';:.n:Ty', Sa lojûgueur totale est de quatre pouces'»: Sa tête est alongëe , très aplatie , d'un gris.Terdâtre , avec une ligne jau- nâtre devant les yeux , et une tache foncée derrière ; les yeux sont noirs ; les oreilles concaves et la langue épais- se , non fendue. . ; Le dessous du corps est, entièrement d'un gris blanchâtre , tacheté de fauve pâle. Les pattes sont de mêmercouleur que le corps , toutes à cinq doigts lobés , les postérieurs plus inégaux que les an- térieurs. '-.ui'iA Sa couleur est tantôt brunâtre , tan- tôt d'un vert éclatant. Les écailles ne sont en recouvre- ment que sur la queue et les pattes ; celles du corps sont presque rondes et conniventes ; les lobes des pieds sont peu marqués , alongés , et les écailles 278 HISTOIRE NATURELLE en dessous sont d'une seule pi^èce dans leur longueur. Le naturaliste Bosc , dont j'ai si sou- vent occasion de citer le zèle et les tra- vaux , a communiqué à M. Daudin , avec une complaisance vraiment ami- cale , cette description de l'iguane rou- ge-gorge , qu'il a trouvé fréquemment en Caroline , même pendant l'hiver: il vit de mouches et d'autres insecles qu'il prend, mi-me en présence de l'homme: lorsqu'il est en colère, il gonfle sa gorge qui alors devient rouge, et il fait entendre un petit hruit sourd assez singulier : il peut , comme le ca- méléon , varier sa couleur à son gré. Nota. Nous regardons comme de la même espèce , i*' le goitreux de Dau- benton qu'on trouve dans l'Amérique méridionale ; 2^ la salamandre goi- treuse du Mexique figurée par Séba ( tom. 2 , pi. 20 , fig. 4 ) ; 3*^ les lézards figurés par GatesLy ( tom. 2 , pi. 63,65 DES IGUA^•ES. 37g elG5^. Ces observations sont de M. Dau- din. L'Iguane large-doigt, Iguœia principalls. Ce lézard a, suivant Linnée, une mem- brane sous le cou, assez semblable à celle de l'iguane ordinaire , mais qui n'est point dentelée : sa queue est deux fois plus longue que le corps, comprimée, un peu relevée en carène par-dessus , striée par-dessous et divisée en plusieurs por- tions , ayant chacune cinq anneaux for- més de très petites écailles; sa tête est plate , comprimée latéralement; le mu- seau est très délié ; les ouvertures et les trous des oreilles sont fort petits : mais ce que cette espèce a de plus remarqua- ble, c'est que l' avant-dernière articula- tion de chaque doigt est, à tous les pieds, plus large que les autres. C'est de là que Daubenton et M. de Lacépède ont pris le nom qu'ils ont donné à ce reptile , Rept. I. 26 28o HISTOIRE NATURELLE, ETC. qui se trouve dans les Graiides-Iiides. Linnée , qui l'appelle lacerta princlpa- lis^ n'indique point de figure, et ce n'est que par conjecture que nous le plaçons ici. FIW DU TOME PREMIER.