HARVARD UNIVERSITY Library of the Muséum of Comparative Zoology SEULE Ér3ÎTJON COMPLETE DES SUITES A BUFFON, FORMAT IN- 18. REPTILES. TOME DEUXIEME. Cette Collection, primitivemsul publiée p.ir les soins (le M. Déterville, et qui est Jcveuue la propriété de M. Roret, ne peut être donnée par d'autres édi- teurs, n'étant pas, comme les OEuvres de Buffon , dans le domaine public. Les personnes qui auraient les suites de Lacépède, contenant seulement les Poissons et les Reptiles, auront la libeVté de ne pas les prendre dans cette Collection. Cette Collection formera io8 volumes, ornés d'en- viron 600 Planches , dessinées d'après nature , par Desève , et précieusement terminées au burin. Elle se composera des ouvrages suivans : HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, par MM. de Ticwr et Baongvîart. 20 vol. — DES VÉGÉTAUX , par M. de Mirbel. 3o vol. — DES COQUILLES , par M. Bosc. 10 vol, — DES VERS , par M. Bosc. 6 vol. — DES CRUSTACÉS , par M. Bosc. 4 vo!. — DES MINÉRAUX , par M. Patein, 10 voî. — DES POISSONS , de Bloch , par M, Castei. 20 vol. — DES REPTILES, par MM. Sonwiki et Lateeille. 8 vol. Prix de chaque volume, 75 c. Prix de chaque Livraison de Figures , composée d'environ 5 Planches , pour les souscripteurs 35 cent, en noir, et i fr. Fig. coloriées. Il paraîtra régulièrement, le samedi de chaque semaine, 2 volumes et 2 Livraisons de Planches , à partir du l«f février i83o. Nota. Une partie de ces ouvrages ayant déjà paru, en réunissant les deux volumes ou parties qui seront en vente chaque samedi , on pourra les faire relier ou cartonner à volonté. HISTOIRE NATURELLE DES REPTILES, AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRES NATURE; PAR C. S. SONNINI, NATURA.HSTE, ET PAR P. A. LATREILLE, Membre de l'Académie des Sciences, NOUVELLE ÉDITION. TOME DEUXIÈME. .-rai»®^^*.. PARIS, A LA LIBRAIRIE ENCYCLOPEDIQUE DE RORET, rite hautefeuille , au coin de vk. eîîe du battotb, Chkz .RAYNAL, bue Pavre-Saint-Awdek, n° i3. i83o. l'iranBi.toMue. of Oomp.'SooI'' HISTOIPtE NATUPlELLE DES REPTILES. V^^ GENRE. DRAGON , Draco. Caractères génériques. Quatre pattes très appa- rentes et de grandeur relative; cinq doigts li- bres et onguiculés à chaque; deux espèces d'ailes, nue de cliaque côté du corps; langue courte et libre à son extrémité. Ce genre de reptile est dans cette clas- se, ce qu'est celui du polafouche dans la classe des quadrupèdes ovipares. Je n'é- tends pasce parallèle aux chauvesouris; ces derniers animaux ayant reçu de la natu- re , et presqu'au même degré que les oi- seaux, la faculté de voler; tandis que les Rcpt. IL ft 2 HISTOIRE NATURELLE polatouclics, legaléopilhèquc et les rep- tiles appelés dragons, ne peuvent se sou- tenir en l'air que peu de temps , et ne s'y élever qu'à une très faiLle hauteur. Les lézards du genre que nous allons faire connaîlre , se rapprochent beaucoup des iguanes : la forme de leur langue est la ftcme ; ils ont également sous la gorge ane espèce de goitre ; mais ils s'en éloi- gnent, ainsi que des autres reptiles, par ce caractère particulier et unique, consis- tant dans la présence de deux ailes , for- mées des premières côtes qui s'écartent ^u corps, réunies par une membrane, et plissées en éventail. Les dragons, à l'aide de ces ailes, sautent de branche en bran- che , soit pour saisir les différents insec- tes ou autres petits animaux qui leur ser- vent de nourriture, soit pour se dérober à la poursuite de leurs ennemis. Nous indiquerons, dans la description de la seule espèce qui soit encore connue, les autres caractères de ce genre de rep- tiles. Reptiles- Tl z4. fieifeve i/el, 1 i.LIo^naiie a Ivmdes . 3.L& Di'aQ.'oii volant. 5 . T i c C a n 1 é 1 é on f'oiii' cliit DU DRAGON. 3 Le Dragon volant , Draco Qoîans, Le dragon de la mythologie des poè- tes est assez connu ; ne parlons que de celui auquel les naturalistes ont donné ce nom, et occupons-nous de faits plutôt que de chimères. Le lézard, appelé dragon volant, a quelquefois huit pouces deux lignes de longueur totale ; la queue en emporte un peu plus de la moitié : la couleur du corps est brune , parsemée de taches blanches, avec quelques teintes et quelques raies bleues sur le derrière de la tête , sur les pattes; la tête est petite , ovale, une fois plus large que le cou , et légèrement con- vexe par-Jessus , les yeux sont ovales et garnis à leur extrémité postérieure de points saillants ; les oreilles sont recou- vertes d'une membrane mince, arrondie, et occupent les côtés inférieurs de la tête ; la gueule est très fendue et armée de dents , du moins la mâchoire supérieure j 4- HISTOIRE NATURELLE les narines sont situées près du museau ; leurs ouvertures sont petites, arrondies et saillantes ; la gorge a trois poches , que l'animal peut gonfler à volonté; celle du milieu est plus mince que les deux autres^ et comprimée; celles-ci sont chargées de tubercules : les deux ailes sont soutenues par six rayons osseux , inégaux en lon- gueur, courbés en arrière, et réunis par une membrane; elles prennent naissance auprès des pattes antérieures, et vont se réunir à celles de derrière : ces rayons osseux ne sont que les premières côtes de l'animal; chacune de ces ailes ressem- ble, pour sa figure , à un triangle dont la base est appuyée contre le dos; leur sur- face supérieure est garnie de petites écail- les , imbriquées en partie : le dos a trois rangées de tubercules dont le nombre varie; la queue est longue, déliée, et couverte d'écaillés relevées en arête ; les pieds ont cinq doigts longs séparés et ar- més d'ongles crochus. Cet animal est très innocent , et soo DU DRAGON. 5 caractère est doux et tranquille : on le trouve dans les bols, aux Grandes-Indes et en Afrique. G HISTOIRE NATURELLE , VP GENRE. CAMÉLÉON, Cham^mo. Caractères génériques. Qnatre pattes; cinq doigts, réunis par trois et par deux. Langue vermiforme, terminée par un tubercule spongieux ; mâchoi- res sans dents, séparées; yeux grands, recou- verts, et n'ayant qu'une petite ouverture ; point de trou auditif externe ; corps comprimé , sans écailles, n'ayant que de petits tubercules; queue prenante. Ce genre est établi sur une telle abon- dance de caractères, et ces caractères sont si tranchants, qu'il serait ridicule de ne pas l'admettre. Les caméléons vivent dans les lieux ombragés de l'Afrique et de l'Inde; ils ont le corps , mais surtout la tête , com- primés, garnis de petits tubercules au lieu d'écaillés ; la nuque est déprimée , et la partie antérieure de latetc forme un mu- seau triangulaire ou prolongé en pointe;. DES CAMÉLÉONS. 7 le globe de l'œil est grand, mais il est re- couvert par une membrane épaisse , cba- grinée , et ne laisse qu'une fente , à tra- vers de laquelle on aperçoit une pru- nelle d'un éclat très vif: on ne découvre point de trou auditif extérieur, quoi- que ces animaux aient cependant des oreilles ; la gueule est très fendue ; les mâchoires n'ont pas de dents isolées; l'os de ces mâchoires est simplement denté : la langue est très longue , suscep- tible d'alongement, ressemble à un ver et se termine par une espèce de nœud spongieux et gluant ; le dos est relevé eu carène ; la grosseur du corps varie par des contractions et des dilatations volon- taires , et qui font aussi changer sa cou- leur : les pieds sont assez longs; ils ont tous cinq doigts onguiculés , presque égaux , séparés comme en deux paquets de trois ou de deux chaque ; la queue est ie la longueur du corps et prenante. La marche des caméléons est fort len- te; ils restent pendant plusieurs jours près- 8 HISTOIRE NATURELLE qu'immobiles sur les branches d'arbres où ils se nourrissent d'insectes; ils pous- sent hors leurs langues, dit Belon , les dardant avecroideur aussi vîtement qu'une arbalète ou un arc fait le trait. Le caméléon est assez élevé sur ses jambes, et il a moins l'air de ramper que les autres lézards. Il a à chaque pied cinq doigts très longs, presque égaux, et gar- nis d'ongles forts et crochus. Ces doigts sont réunis par la peau de la jambe d'une manière particulière : ils sont envelop- pés et comme divisés en deux paquets^ l'un de trois doigts et l'autre de deux, avec cette différence , qu'aux pieds de devant c'est le paquet extérieur qui n'a que deux doigts, et qu'aux pieds de der- rière, c'est l'intérieur. Une telle disposition dans ces parties donne à ces animaux une plus grande fa- cilité pour saisir les branches d'arbres et s'y tenir perchés à la manière presque des perroquets. Leur queue est d'ailleurs longue est douée d'une assez grande DES CAMELEONS. g iorcc; ils s'en servent comme les singes qu'on appelle sapajous , en la repliant autour des corps auxquels ils veulent se pendre. Les caméle'ons ont aussi une espèce degoîlre, de mi^me que les iguanes, mais Lien moins sensible. Ces animaux sont fort doux; et comme ils détruisent beau- coup d'insectes, qu'ilsne font aucun mal, les Indiens les voient avec plaisir dans leurs maisons: ils n'ont rien d'ailleurs qui puisse les rendre agréables à la vue. Leurs mouvements sont assez lents, et ce n'est qu'avec une sorte de circonspec- tion, qu'après avoir tâtonné, qu'ils avan- cent quelques pas. Les haies des jardins du Caire, les lieux couverts, ceux prin- cipalement qui sont le long des rivages du ISil, sont remplis de ces reptiles, dont les vipères, les cérastes et les mangous- tes font une grande consommation. Le caméléon n'a reçu presque aucune arme pour se défendre : ne marchant qu'avec beaucoup de lenteur , il ne peut échap- Rept. II. 3 lO HISTOIRE NATURELLE per, par la fuite, à la poursuite de ses ennemis. Il doit dès lors être fort timi- de, et sujet h éprouver souvent des agir talions intérieures. C'est à ces mouve- ments de trouble et de crainte que Pline attribuait les changements de sa couleur. Hasselquist veut le faire provenir d'une maladie, d'une espèce de jaunisse. On a remarqué que ses couleurs devenaient plus faibles lorsqu'il était en repos , et privé surtout de l'influence des rayons solaires, qu'il pâlissait même la nuit. Il jouit à un degré éminent du pouvoir d'en- fler les différentes parties de son corps , de leur faire acquérir un volume consi- dérable , et de demeurer dans cet état pendant quelque temps. Perraut pense qu'il peut faire sortir de ses poumons l'air qu'il respire , et le faire glisser entre les muscles et la peau. Cette augmentation de volume peut lui être favorable pour s'élever sur les arbres et y grimper de branche en branche. DES CÂMELEOIfS. Il Le Caméléon commun, Chamœleo Qulgaris. Les anciens ont débité bien des fables sur ce lézard. On a supposé qu'il chan- geait souvent de forme, qu'il n'avait point de couleur en propre , mais qu'il prenait celle des objets dont il approchait; qu'il se nourrissait d'air. Les poètes ont em- belli ces fictions , et le caméléon est ainsi devenule miroir fidèle du courtisan, l'em- blème de la basse et vile flatterie. Ecar- tons de cet animal ces qualités fabuleuses, et faisons-le voir tel qu'il est. Nous connaissons actuellement qua- tre espèces de ce genre ; trois plus par- ticulières à l'Afrique, et dont est celle- ci ; et une propre aux Grandes-Indes , décrite récemment par M. Brongniart. Le caméléon ordinaire et les autres espèces d'Afrique , ont le museau court et entier j on ne peut ainsi les confondre 12 HISTOIRE NATURELLE avec le caméléon fourchu des Grandes- Indes, qui semble avoir une espèce de l>ec refendu : une saillie sur l'occiput, en forme de pyramide à cinq faces , ou une sorte de capuchon plan en dessus, entier; telle est la note indicative de l'espèce que nous nommons caméléon ordinaire. Sa taille varie ; les plus grands n'ont guère plus de quatorze pouces de lon- gueur totale. Sa peau est parsemée de petites éminences , de petits grains qui la rendent chagrinée. On voit un rang de dentelures sur les saillies de la tête , sur le dos, sur une partie de la queue , et en dessous du corps , depuis le museau jus- qu'à l'anus. Sa couleur, lorsqu'il est li- bre, sans inquiétude et se portant bien, est d'un beau vert , à quelques parties près , qui offrent une nuance mêlée de brun rougeâtre ou de blanc gris. Mais son corps est susceptible d'avoir, suivant les circonstances , des modifications dans la couleur dominante qui peut passer au yert de Saxe ; au vert foncé , en tirant DES CAMÉLÉOÎÎS. l5 sur le bleu, et au vert jaune. Inquiété ou menacé de quelque danger, l'animal passe alternativement par ces trois nuances de vert. Si on le laisse mourir de faim, c'est le jaune qui domine, et la putréfaction arrivant , ce jaune se change en couleur de feuille morte. L'observateur qui nous a fait connaî- tre ces singularités d'Opsonville , les ex^ pliqTÎe ainsi : le sang du caméléon est d'un bleu violet , et sa peau, ainsi que les tu- niques de son corps , sont jaunes. Il en résulte que , selon que la passion ou une impression quelconque fait passer plus de sang du cœur à sa surface et aux extré- mités , le mélange du bleu , du violet et du jaune, produit plus ou moins de nuan- ces différentesàtraversl'épidermequiest transparent. Dansl'étatde santé, le bleu du sang doit dominer sur le jaune , et la peau doit paraître d'un vert bleuâtre. Au contraire , lorsque l'animal est faible , malade ou mourant , c'est le jaune , cou- l4. HISTOIRE NATURELLE. leur des tuniques du corps, qui doit l'em- porter. La tête du caméléon commun est aplatie par -dessus et sur les côtés. Du mu- seau qui est court, arrondi, et sur lequel sont situées les narrines , partent deux arêtes élevées ; elles passent presque au- dessus des yeux, et vont se réunir en pointe derrière la tête; elles y rencontrent trois autres saillies , dont deux venant de la gueule , et une troisième prenant naissance du sommet de la tête. On n'a- perçoit point d'ouverture extérieure pour les oreilles : on avait même cru que cet animal était privé de l'ouïe; mais M. Cam- per vient de lui découvrir cet organe. Les yeux sont gros , très saillants , et recou- verts parune membrane quileurestadhé- rente et qui suit leurs mouvements. Cette membrane est divisée par une fente ho- rizontale, à travers de laquelle on aper- çoit une prunelle vive et de couleur d'or. On voit ici une précaution de ïa nature , qui a voulu prémunir ces orga- DES CAMÉLÉONS. l5 nés contre l'impression trop forte que la lumière du soleil, plus éclatante dans ces climats , aurait pu produire sur eux. Ces yeux ont encore cela de particulier, qu'ils sont mobiles , indépendamment l'un de l'autre; moyen qui remédie à la petitesse de la fente servant de passage aux rayons lumineux. Les deux mâchoires sont composées d'un os dentelé quitient lieu de véritables dents. La langue du caméléon est longue de cinq à six pouces, creuse, attachée à une espèce de stylet cartilagineux qui entre dans sa cavité , et sur lequel l'animal peut la retirer : elle est enduite d'une ma- tière gluante qui retient les mouches , les sauterelles, et en un mot, tous les insec- tes dont il se nourrit. Elle est terminée par un nœud gros et spongieux. Le battement du cœur du caméléon est si faible qu'on a de la peine à le sen- tir. Sa conformation ne lui permet pas de pousser de véritables cris. On dit ce- l6 HISTOIRE NATURELLE pendant qu'il siffle lorsqu'on le surprend. 11 passe l'hiver engourdi et caché dans des trous en terre ou dans d'autres retrai- tes qui le mettent à couvert. La ponte de la femelle est de neuf à douze œufs. M. deLacépède en a comp- té dix dans le ventre d'un individu qu'on avait envoyé du Mexique : ils étaient ovales, revêtus d'une membrane mollas- se , et longs de sept à huit lignes. Transporté dans les pays un peu froids^ le caméléon refuse toute nourriture , se tient immobile sur une branche , et pé- rit bientôt. On trouve le caméléon dans toutes les contrées chaudes de Tancien et du nou- veau monde. Tuer cet animal est un cri- me pour certains nègres : ils le secou- rent même lorsqu'il éprouve quelque dif- ficulté dans sa marche, mais s'ils en trou- vent de morts , ils les font sécher et les mangent. M. de Lacépède ne croit pas qu'il faille regarder comme espèces différentes de DES CAMÉLÉONS. IJ celle-ci des caméléons du Sénégal , du Cap-de-Bonne-Espérance, qui n'ont pas sur le derrière de la tête cette élévation triangulaire, ce casque que l'on observe dansle caméléon ordinaire. Nous croyons avec lui qu'il doit exister dans cette es- pèce plusieurs variétés , et que l'on doit prendre garde à ne pas trop multiplier les espèces; niais nous pensons aussi qu'il faut examiner avec soin ces éloignements des caractères ordinaires, les faire con- naître, et s'appesantir particulièrement sur les différences de formes , qui lors- qu'elles sont notables, indiquent pres- que toujours une autre espèce. Je vou- drais encore que l'on eût bien comparé entre eux ces caméléons d'Amboine , d'Afrique, d'Espagne et du Mexique, que l'on nous dit être semblables. -' l8 HISTOIRE NATURELLE Le Caméléon fourchu, Chamœleo hijidus, Parsons , dans le cinquante-huitième volume des Transactions philosophiques, avait plutôt énoncé que décrit cette sin- gulière espèce; Riche l'a rapportée des Grandes-Indes, et c'est sur cet individu que M. Brongniart a fait la description qu'il en a puhliée. Bulletin des Sciences , n9 36, pL (^ijîg' 2. Ce reptile est à peu près de la gran- deur du caméléon commun; son museau est avancé , et terminé par deux prolon- gements comprimés ; le dessus de la tête est aplati : le contour de cette dépres- sion est dentelé, ainsi que le commen- cement de l'arête du dos. Le dessous de sa gorge paraît être suscesptible de gon- flement. Il ressemble d'ailleurs au camé- léon ordinaire. Heptile- \r. n.jô. De^eve aeZ. Jiacùie Jcu^^ a . Le Cainéleoai d>iiinque 2, . Le SteEioii coaniiuni . 3 . Le S . orljiciJaii'e . DES CAMELEONS. ig Le Caméléon d'Afrique , Chamœleo africanus. Il diffère des autres caméléons par sa couleur noire, et par son bouclier sur- monté d'une petite carène blanche. Il a la taille d'un caméléon ordinaire. Sa langue est très extensible. Il a sur l'épine dorsale, jusqu'à l'extrémité de la queue , une très petite crête formée d'é- cailles blanches , courtes et redressées , laquelle crête est placée sur une large bande noirâtre. Le dessus de la tête , du corps et de la queue est peint de flammes d'un cendré clair. Séba (i) l'a figuré d'après un individu qui lui avait été envoyé des côtes de Bar- barie. Il a les mêmes habitudes que le (i) ScLa, Thés. tum. i , pi. 83, fig. 4« 20 HISTOIRE NATURELLE caméléon ordinaire. Gmelin a prétendu, dans le Systema Naturœ^ sans doute d'a- près Laurenti , qu'on le trouve aussi en Espagne. Le Caméléon nain , Chamœleo pumilus. On distingue facilement cette espèce aux côtés de son corps qui spnt bleuâtres, et à deux lignes jaunâtres. Sa longueur est au plus de six pouces, en y comprenant la queue, qui est un peu plus courte que le corps. Séba (i) est le seul auteur qui ait vu et figuré ce petit caméléon. 11 dit que sa crête ou couronne est plate , oblongue, à bords dentelés, et s'étend depuis la pointe du museau jusque sur le cou, où elle se plisse en forme de collet ; mais il ressemble par la forme des autres par- ties, au caméléon ordinaire : il est cou- (i) Sélsa, Thés, i , pi. 85, fig. 5. DES STELLIONS. 21 vert de petites écailles minces et con- vexes. Sa couleur consiste principale- ment dans des marbrures blanches et bleues, avec deux lignes jaunes. 11 habite au Cap-de-Jionne-Espérance. VIP GENRE. STELLION , Stellio. Caractère générique. Quatre pattes très apparentes et de grandeur relative: cinq doigts, libres, longs , inégaux, grêles et onguiculés à chaque pied: corps aplati, couvert d'écaillés: celles du ventre pas plus grandes qne les autres : point de goitre sous la gorge : langue courte , libre et arrondie à son extrémité : queue ordinaire- ment courte, grosse et hérissée de pointes. Les stellîons se rapprochent des lé- zards proprement dils, par la forme gé- nérale de leur corps ; mais ils ont un port qui annonce moins d'agilité. Leur Rep. IL 3 22 HISTOIRE NATURELLE langue est courte et entière : les écailles du ventre ne sont pas plus grandes que celles qui recouvrent la partie supérieure du corps ; leur queue est courte , et épaisse à sa base ; les écailles dont elle est garnie ; ont des arêtes ou des aspéri- tés nombreuses qui la font paraître hé- rissée de petites pointes : ces écailles sont ordinairement disposées en an- neaux. Le long des cuisses postérieures règne , du moins dans quelques espèces, un cordon de tubercules glanduleux ; nous parlerons des propriétés que l'on attribue à ces tubercules à l'article du gecko. Les stcUIons se trouvent dans les pays chauds sous les pierres , dans les vieilles masures , etc. où ils se nourrissent d'in- sectes et de vers. Le Stellion commun, Stellio migaris. Ce reptile charme la vue , en offrant, le plus souvent, une douce et agréable DES STELLIONS 23 marbrure de blanc , de noir , de gris et quelquefois de vert. Il ressemble un peu, par la tête , au crapaud. Cette partie est garnie, ainsi que tout son corps, et plus particulièrement la queue, de tubercules ou de piquants. Sa patrie est l'Afrique. Je parle du pays où il est le plus commun ; car il pa- raît qu'on le trouve à des latitudes assez distantes de cette portion de l'ancien monde , dans les îles de l'Archipel , en Sardaigne même , où Celti dit qu'il ha- bite les maisons, et y est nommé ta- rentols. Cet animal est très abondant en Egypte : on l'y trouve spécialement au- tour des pyramides et des anciens tom- beaux. On recherche , comme autrefois, leurs excréments, qu'on appelait croco- dilea. Supposerait-on qu'ils viennent, du crocodile , et serait-ce une trace du culte superstitieux qu'on lui rendait 't I^s Turcs ont fait de ces excréments une gran- de consommation , les mettant au nom- 24 HISTOIRE NATURELLE bre des cosmétiques et s'en fardant le visage. Le Stellion cordyle , Stellio cordylus. Le cordyle ( ïcicei-ta cordylus. Lin. ) a pour caractères la queue garnie de très longues écailles terminées en épines alongées et qui forment des anneaux lar- ges et festonnés, et les écailles des flancs relevées en carène , ce qui les fait paraî- tre comme hérissées. La tête est très aplatie , élargie par- derrière , couverte de grandes écailles en dessus : les mâchoires sont bordées de deux ranes d'écaillés. Le corps est très aplati : le ventre est revêtu d'écaillés assez grandes , pres- que carrées, qui forment des bandes transversales , mais celles du dos sont plus grandes. La queue est d'une longueur à peu près égale à celle du corps , et est com- posée de dix-neuf à vingt-un anneaux DES STELEIOT^S. 2 5' festonnés par des écailles piquantes très relevées par le bout. Les écailles des pattes sont aiguës, et relevées d'une arête , et sur le bord inté- rieur des cuisses on voit une rangée de tubercules comme dans le lézard gris, etc. On trouve ce stellion , en Afrique et en Asie ; Ray dit même l'avoir rencon- tré auprès de Monipellier. La descrip- tion que nous venons de faire est extraite de celle qu'adonnée le professeur Lacé- pède , sur les individus placés dans la galerie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Séba (i) l'a figuré et décrit assez bien dans son ouvrage sur l'Histoire natu- relle. Nota. Nous croyons convenable de séparer de cette espèce un cordyle d'A- mérique qui a plusieurs caractères dif- férents de ceux, assignés au vrai cordyle. (i) Séba , Thés, tom i , pi. 84, fig. 3, 4. ^O HISTOIRE NATURELLE Le Slcllion orbiculaire , Siel/io orùlcu- cularis, . Cette espèce {laceria orhiculavis ^ Lin.) a pour caractères distinctifs un corps arrondi et trapu , avec le dos et le som- met de la tête garnis d'aspérités , et la queue moyenne dans sa longueur. Sa longueur totale est de six pouces environ, et sa queue est un peu plus courte que le corps. Sa tête ressemble un peu à celle d'un caméléon , à cause de sa forme effilée en devant, et grosse par- derrière ; son corps ramassé et parsemé en dessus de piquants , lui donne un aspect lelle^ ment hideux , que Séba a joint à son nom de tapuyaxîn celui de crapaud épi- neux. Sa couleur est d'un gris-cendré clair, ombré de taches brunes plus ou moins foncées. DES STELLIONS. 27 Il habite dans les montagnes et les creux des rochers de l'Amérique me'- ridionale , principalement au Mexique. Pvay prétend , d'après le témoignage des voyageurs , qu'il n'est ni méchant ni dangereux , et qu'on peut aisément l'apprivoiser , même l'habituer aux ca- resses, Séba est le seul auteur qui ait figuré ce lézard ( i) , et son dessin est conforme aux divers individus que j'ai observés dans les collections de Paris. Il a été décrit sons le nom de Tapaye par Daubenton et par Lacépède. Le Slellion plissé, Stellio plica. Ses caractères sont d'avoir la queue à peine verticillée, mince , et du double plus longue que le corps , l'occiput cal- (i) Séba , Thés. tora. r,pl. 19, fig. 6; pi. 83, 38 HISTOIRE ^'ATUi\ELLE leux , muni d'une verrue muriquée près , de chaque oreille, et le cou verruqueux sur ses côtés, ayant en dessous un double pli prolonge jusque sur les pieds de de- vant et replié sur le milieu du dos. Il est à peine plus long que le doigt. Partout sa peau est recouverte d'é- cailles coniques. Les sourcils sont un peu crénelés, membraneux en dessus , avec un sillon transversal et divisé en trois parties. La suture dorsale est comme créne- lée antérieurement; de plus, la queue est couverte de très petites écailles: enfin les doigts sont longs, hérissés en dessous d'écaillés aiguës , avec leurs on- gles comprimés. Selon Linnée, on trouve ce stellion dans l'Amérique australe et dans l'Inde. M. de Lacépède le regarde comme voi- sin de Tumbre, et il soupçonne le la- certa helioscopa de Pallas comme syno- nyme. J^eptili «r. Tl.17- 1 . Le Slellioii coTU'te - queue. 2 .Le Geclto (vlancUilenx . 5 rcxti'énvité posterieine tlo Ton coiYS-vue eaide^ 4. . Le CT . tête -pL^te . DES STELLIONS. H^ Le Stellion courte -queue, Stellio breoicauda. Cotte espèce diffère flu vrai cordyle par sa queue large et mince , de moitié plus courte que le corps, formée d'an- neaux à écailles pointues, et redressées seulement en dessus, de plus, toutes les écailles de son corps sont très petites , surtout sur le cou et sous la gorge, et elles sont rudes au toucher; aussi sa peau îmite-t-elle en quelque sorte du chagrin; les écailles du ventre sont lisses et lui- santes. Sa longueur totale est de quatre pou- ces , et sa queue en a au plus un et demi. Sa tête est un peu ovale, plus étroite en devant, couverte de movennes écailles en dessus, avec les mâchoires bordées dc' deux rangs d'écaillés. Les écailles des flancs et celles des pat- tes sont simples et sans carène ui arole; un ne voit pas de tubercules sous les 3o HISTOIRE NATURELLE cuisses , et le corps est un peu cylin- drique. Sa couleur est cendrée , plus pâle et luisante sous le ventre ; une étoile à cinq rayons sur le front , une large tache sur chaque œil ; et de larges handes transver- sales en dessus du corps et des pieds, toutes d'un beau hleu foncé , lui font un très joli ornement. Ses doigts intermédiaires sont, surtout ceux des pieds postérieurs, unis à leur base et longs. Le steliion courte-queue habite dans les parties intérieures de la Guiane, d'où il a été envoyé à la Société d'His- toire naturelle de Paris, parLeblond; Levaillant, l'a aussi rapporté de Suri- nam. Le Steliion hélioscope, StelUo helioscopa. Il a pour caractères les écailles de la queue imbriquées , un pli transversal DES STELLIONS. 3l SOUS le COU, et la tôte hérissée de callo- silés. Il a l'aspect du gecko maure , et est aussi long que le doigt. Sa tête , entièrement parsemée de cal- losités , est très obtuse , avec les lèvres peu saillantes et les narines placées sur le front : les somxils sont un peu écail- leux; les paupières non saillantes et gar- nies de petits points grossièrement gra- nuleux sur les bords. Le cou est comme étranglé par un fil , avec un pli transversal en dessous ; près de chaque épaule, en dessus, on voit un tubercule oblique et muriqué, souvent entouré d'une aréole écarlate. Le corps est court , ventru sur les flancs, muni en dessus de petites écailles élevées; et d'autres un peu plus grandes et aiguës en dessous, avec des verrues muriquées , éparses , plus nombreuses vers les flancs. La queue est également écailleuse , épaisse à sa base , ensuite un neu fdifor- 33 UÏSTOÎRE NATURELLE me, puis amincie à son bout, qui est brun en dessus , souvent écarlate , et ra- rement pâle en dessous. Il est d'un gris blanchâtre ou cendre , souvent parsemé de petites gouttes bru- nes ou glauques en dessus, et blanchâ- tres en dessous.. 11 habite, selon Pallas (i), en grand nombre sur les collines brûlantes des dé- serts de la Sibérie Australe : souvent il tient sa tele redressée et perpendiculaire au sol : il est infiniment prompt dans sa course , mais alors il serpente moins que notre lézard agile. Nota. Suivant le professeur Lacépède, c'est le même animal que le lacertapUca de Linnée. Le Stellion hexagone , Stelllo hexagonus. Il est facile de reconnaître ce lézard aux écailles carénées et piquantes qui i) Pallas, Toy. en Russie, app. n° 82. DES STELLIO^^S. 33 couvrent le dessus de son corps , et à sa queue hexagone une fois et demie plus longue que le corps. Kolander a fait connaître à Linnée cette petite espèce de stellion d'Améri- que ( lacerta angulata. ) Outre les caractères énoncés ci-dessus, de plus le corps est brun en dessus , à «cailles non piquantes en dessous; sous la gorge on voit deux grandes écailles ar- rondies ; la tête est nue, inégalement ri- dée , et comme tronquée en arrière dans l'endroit où commence les écailles du cou. Nous avons vu , dans la collection en- voyée de Hollande , un stellion, qui ne paraît différer de celui-ci que par sa couleur d'un brun rouge , tacheté de brun en dessus, et d un roux clair en dessous. Rept. IL 34 HISTOIRE NATURELLE Le stellion azuré , siellio azureus. Celte espèce a une queue courte, ver- ticillée , et est couverte d' écailles re- dressées et pointues ; tout le dessus de son corps est orné d'une belle couleur bleue azurée, et le dessous est plus pâle. 11 est un peu plus grand que l'iguane umbre. Linnée a décrit cette espèce d'après un individu qu'il a observé dans le cabi- net du prince Adolphe Frédéric : il cite comme synonyme la figure qu'en a donné Séba , dans le tome II , pi. 62 , fig. 6 , de son ouvrage : il regarde comme première variété le cordyle du Brésil , décrit par Laurenti ; mais sa seconde variété , établie d'après une autre figure de Séba, est nr-> lézard à tête bleue. Il fît habiter dans les contrées les plus chaudes du nouveau continent , sur- tout à Surinam. DES STELLIONS. 35 Ces observations sont de M. Daudin. Le stellion nègre , stellio niger. Les caractères distinclifs de cette es- pèce , établis par M. Daudin , consistent dans des écailles rhomboïdes d'un noir foncé , et dans deux larges taches blan- ches sur chaque côté du côté du cou. Sa longueur est de sept pouces , en y comprenant la queue qui est longue de quatre pouces et demi , et verticillée. Par sa forme , il ressemble beaucoup au stel- lion ordinaire. Le dessous du corps est plus pâle que le dos , et d'un noirâtre tirant uu peu sur le violet. Les doigts des pieds sont longs et un peu aplatis comme ceux du scinque commun : leurs ongles sont noirâîres. Le naturaliste Van-Ernesl a envoyé de Hollande cette description à M. Dau- din , qui me l'a communiquée. Selon lui , on trouve le sleilion nègre sur les 56 ilîSTOîRE NATURELLE rochers arides voisins du Cap-de-Bonne- Espérance , où il chasse aux insecics , et se tient long-temps exposé à l'ardeur du soleil, sans parailrc en souffrir. Le slellion goutteux , stclUo podagricus. Les caractères qui lui sont propres consistent dans les bords de la mandibule inférieure d'un jaune vif , marqué de traits transversaux noirs ; et dans un gros tnbercuie écaiileux , rude sous chaque articulation des phalanges. Sa longueur est de deux pouces et demi , non compris la queue qui en a quatre. La tête est brune , recouverte en des- sus de petites plaques lisses , avec les na- rines entourées d'un rebord saillant, formé d'écaillés très petites et nombreu- ses. Tout le corps est garni de petites écailles rhomboïdes , d'un vert olivâtre: ainsi que les pieds et la queue; mais le DES STELLIONS. 3/ ventre est seulement tl'an verl jaunâtre : la queue est formée de petits anneaux très nombreux, cylindriques et plus alon- gés â mesure qu'ils s'éloignent de l'anus. ^ Les pieds sont alongés, maigres, tous munis de cinq doigts longs, surtout les postérieurs, outre les tubercules placés sur les phalanges des doigts; déplus , les ongles sont noirs et crochus. C'est au savant naturaliste voyageur W an-Ernest, que M. Daudin doit la ^description de cette espèce de slellion d'Afrique , qu'il a observé chez un mar- chand de curiosités à Amsterdam. \- 38 HISTOIRE NATURELLE Le stellîon pelluma , stelUo pelluma. On peut le reconnaître à sa queue verticillée , aussi longue que le corps, qui est garni d'écaillés rhomboïdes. Sa longueur totale est de vingt-deux pouces. Son corps est couvert en dessus de petites écailles , et varié de vert , de jaune , de bleu et de noir; mais en des- sous il est d'un jaune verdâtre luisant. Ses pieds ont chacun cinq doigts ar- més d'ongles très robustes. Selon Molina (i) , il habite sous terre dans les champs du Chili. Les habitants emploient sa peau pour faire des petites bourses. (i) Molina , Hist. nat. Chil. pug. lyo. DES STEI.LIONS. Sg Le stellion de l'Oural, stelUouraîensis, Celui-ci, voisin de l'orbiculaire , a , pour principaux caractères , une tête un peu grosse et arrondie , un pli sous le cou ; le dessus du corps d'un cendré rous- sâtre , avec des rides petites et raboteu- ses ; le ventre blanchâtre ; et de plus , la queue noire à son bout , a six bandes transversales noirâtres. La longueur totale est de quatre pou- ces ; la queue est aussi longue que le corps , cylindrique et non formée d'an- neaux distincts en dehors. Les pattes postérieures et leurs doigts sont courts à proportion des postérieurs: les ongles sont petits et crochus. Cette espèce, très alerte dans ses mou- vements, a été découverte parLépéchin, dans les déserts de l'Oural ; et elle a été figurée par cet observateur russe dans la relation de ses voyages en Russie C.l« 1 » pi. 22 , fig. I ). M. Daudin paraît penser 4-0 HISTOIRE NATURELLE que l'autre steliion , représenté après ce- lui de rOural (fsg. 2,3) et nommé par Gmelin, ïaceria giiituia , est un jeune individu de la même espèce; ]>uis({u il a une forme semblable et qu'il habite les mêmes lieux ; mais qui n'en diffère prin- cipalement que parceque le dessus de son corps n'est pas encore devenu raboteux, et qui n'a que quatre bandes transversa- les noires , au lieu de six sur la queue. Le steliion ondule , stellio undidatus, M. Daudin doit la connaissance et la description de cette nouvelle espèce au naturaliste Bosc. Elle a pour caractères «ne queue aussi longue que le corps : a onze angles ou côtes ; le corps à écailles careneV piquantes , d'un gris obscur on- dulé de brun en dessus , blanc ponctué de gris en dessous , avec deux taches bleues sur le cou. Sa tête est ovale , obtuse , très élevée dans son milieu, couverte de plaques DES STETXIONS. 4^1 glabres presque toulcs hexagones, gri- ses, maculées de brun , avec deux ban- des noires au-dessus des yeux; une lu- nule de même couleur en avant , et un point blanchâtre en arrière ; les yeux sont enfoncés avec l'iris jaune ; les nari- nes rondes, légèrement saillantes, les lèvres ponctuées de noir ; les dents peti- tes, nombreuses; la langue est épaisse ; les oreilles sont ovales , peu enfoncées ; enfm le menton est blanc , fascié et ponctué de brun , avec deux taches ver- dâlres , assez grandes vers le cou. Le cou, le dos, les pattes el la queue sont d'un gris diversement nuancé , avec des fascies ondulées , irrégulières , quel- quefois interrompues, d'un brun foncé bordé de blanc ; dans toutes ces parties , les écailles sont en lozanges , carénées , ei munies d'une pointe très courte. Tout le dessous du corps el des jam- bes est blanc, tacheté et ponctué de gris, avec les écailles lisses et non piquantes. Les pattes ont toutes cinq doigts on- 42 HISTOIRE NATURELLE guiculés , dont les antérieurs ont une large tache noire à leur base. Ce stellion , quoique très voisin de l'hexagone par la forme , en diffère beau- coup parles couleurs. Il habite dans les grands bois de la Caroline , et se cache sous les écorces sèches , on ne peut fa- cilement l'attraper, parcequ'il est fort agile. Le stellion sillonne , stelîio blcarinatus» II a pour caractères spécifiques la queue de moyenne longueur, compri- mée , munie d'une double carène en dessus , avec le dos carène strié en qua- tre parties. 11 est de petite taille. Le corps est gris ; le dos a deux stries élevées, et chaque flanc a une autre strie carénée ; les écailles sont tuberculées , convexes. Le ventre est garni de vingt-quatre rangées transversales, formées chacune de six écailles. DES STELLIO^S. 4-3 La queue est h peine une fois et de- mie plus longue que le corps , slriée en dessous , et lisse sur ses côtés. Selon Linnée , ce sleîlion habile dans les îles de la côte nord-ouest de l'Amé- rique et dans l'Inde. C'est le lézard sil- lonné de Daubenton et de M. de Lacé- pède. 44 UÎSTOIRE NATURELLE VHP GENRE. GECKO, GECKO. Caractères génériques. Quatre pattes très appa- rentes et de grandeur relative ; cinq doigts à chaque , presque égaux , dilatés latéralement , - "arnis en dessous de lauies imbriquées , et ter- minés par un ongle peu apparent, très crochu ; point de paupières ; langue courte , libre , et un peu échancrée à son extrémité. Les geckos ont une confornialîon de doigts si particulière qu'il est impossi- ble de les confondre avec de^ reptiles d'un autre genre. Lesdoitgs de leurs pat- tes sont fort larges , la peau qui les re- couvre se dilatant sur les côtés ; la sur- face inférieure de ces doitgs est garnie d'écaillés imbriquées , l'ongle qui ter- mine est peu apparent, aigu, et très cro- chu ; le corps des geckos est en général aplati , couvert de petits tubercules , DES GECKOS. 4^5 et dans quelques endroits , d'écaiiies e'galeîiieiit petites ; la tête est grande et triangulaire; les trous audilifs sont fort apparents ; les yeux sont gros et sans paupières ; la langue est libre , courte , et un peu échancrée au Ijouî ; la queue est courte ou d'une grandeur moyenne. Les geckos vivent dans les pays chauds de l'ancien continent. Us marchent assez vile , sans avoir cependant l'agilité des lézards proprement dits : ils se cram- ponnent très bien aux niurs , aux bran- ches d'arbres , et se nourrissent d'insec- tes. Une espèce de ce genre est réputée très venimeuse. Le gecko glanduleux , gecko oirosus. Je nomme ainsi celte espèce , à rai- son des tubercules glanduleux de ses cui- ses postérieures , ce caractère lui est pro- pre. 11 est du moins certain que le gecko de Mauritanie, ou le geckotte de M. de Lacépède , n'en a pas, et que le gecko à Rept. IL 5 4.6 HISTOIRE NATURELLE tête plaie , du mcine , paraît en èiré aussi dépourvu, à eu juger par le silence de ce naturaliste sur cet objet. Le corps de ce reptile est d'un vert clair , tacheté de rouge éclatant , couvert d'écaillés et de petits tubercules. La tête est conique, convexe sur le sommet, et parsemée entièrement d'as- pérités ; son museau est pointu et sa gorge un peu renflée; les yeux sont gros; la langue a de petites écailles. Bontius dit que les dents de ses mâchoires sont si acérées et si dures , qu'elles font im- pression sur l'acier même : le tronc est renflé vers l'anus. On observe sur la face interne des cuisses un rang de tubercules glandulifères. Linnée avait prétendu que les doigts des pieds n'avaient pas d'on- gles ; mais c'est une erreur que M. de Lacépède a détruite ; la queue est envi- ron de la longueur du corps ; sa base offre plusieurs bandes sensibles , formée par des écailles disposées sans ordre et sans symétrie. DES GECKOS. 4^7 Kiiorrreprésenle cet animal sous une couleur d'un gris bleuâtre , spéciale- ment sur la partie postérieure du dos , arec des teintes jaunâtres sur les côtés du corps ; des tubercules blancs ; le bout de la queue obscur , et la membrane des doig?s brune. Le gecko glanduleux rend , pendant la nuit , un son semblable à celui d'une grenouille. Son nom de gecko vient, sui- vant Bontius , de ce que le cri qu'il rend , lorsqu'il doit pleuvoir , et surtout à la fm du jour, exprime ce mot. On trouve ce reptile en Egypte et aux Grandes-Indes. Il se tient de préférence dans les creux des arbres à demi-pour- ris ; il entre même dans les maisons; mais on redoute sa présence , sa morsure passant pour être mortelle. Lorsqu'on est blessé, il n'y a point, assure t-on , d'autre parti à prendre que de couper ou de brab;r sur-le-cbamp la partie atteinte ; l'attouchement de ses pieds passe même pour dangereux. 4^8 HISTOIRE NATURELLE îiasselqiiist dit que ce iczard recîierclie les corps imprégnés de sel marin , et qu'en couraiit dessus , il y Laisse un ve- nin très actif : il vit au Caire trois fem- mes près de mourir , pour avoir mangé d un fromage sur lequel cet animal avait répandu son poison. Cenaluralisle ajoute qu'une personne ayant voulu prendre ce reptile avec sa main , éprouva dans cette partie des démangeaisons sembla» blés à celle que produit l'attouchement de l'oriie , et acconip?îgnées de pustules et de rougeurs. M. de Lacépède soup- çonne que ce poison est peut-être dis- tillé par les tubercules glanduleux des cuisses de ce reptile dangereux. La démarche du gecko glanduleux est assez lente : il va à la chasse des fourmis et des vers. C'est surtout après la pluie qu'il quitte sa retraite : ses œufs sont ovales, et communément de la grosseur d'une noisette. Le lézard que les Siamois appellent /o^- kaie^ est le même , à ce qu ilparaît , que DES GECKOS. ^g notre gecko glanduleux. Les mathémati- ciens jésuites, envoyés dans les Indes orientales par Louis XIV , ont décrit et figuré le tockale des Siamois. L'individu qu'ils ont examiné , avait un pied six li- gnes de long , depuis le bout du museau jusqu'à l'extrémiié de la queue. Le gecko de Mauritanie, gecko mau- ritaniens. M. de la Lacépède a nommé cette es- pèce geckotte , à cause de sa grande res- semblance avec l'espèce précédente : elle en diflère par qijelques caractères sensi- bles. Le gecko de Mauritanie a le corps plus court et plus épais; sa queue est plus courte eî plusgrosse; ses cuisses n'ont pas de tubercules glanduliières ou de points calleux , ainsi que les nomme Linnée. Dans sa jeunesse ce reptile a sa queue recouverte d écailles , qiii paraissent for- mées des verticlUes , et qui ont ch cune un tubercule , en forme d'aiguillon ; ces 5o IIÏSTOIRE NATURELLE anneaux écailloux disparaissent avecl' âge; les plus voisins de l'extrémité de la queue tombent les premiers. C'est une observation qu'on n'a encore faite que sur cette espèce. Après ce changement , la queue du gecko de Mauritanie est proportionnelle- ment plus courte et plus grosse qu'elle n'était dans la jeunesse de l'animal : elle n'est plus couverte que de très petites écailles , placées sans régularité .* le corps a aussi beaucoup de tubercules , dont quelques uns sont rassemblés et forment des rosettes : quelques parties en sont plus abondamment pourvues. Cette espèce se trouve non seulement dans toute l'Afrique , aux Grandes-In- des , mais encore en France dans les dé- partements qui sont sur le bord de la Méditerranée : on l'y appelle tarente. Il se plaît dans les lieux chauds , sous les toits, dans les fentes et crevasses des murs, et y passe l'hiver, sans être ce- pendant tout-à-fait engourdi : il sort de DES GECKOS. 5l sa retraite dès les premiers Jours du printemps ; mais il s'éloigne peu de son trou. Sa marche alors est lourde , et ce n'est que dans les fories chaleurs qu'il se meut fort vite quoique avec moins d'agilité que les lézards proprement dits; il se cramponne très aisément avec ses ongles, et court, non seulement le long des murs, mais encore au-dessous des planchers. On dît, sans preuve, qu'il est veni- meux. M. Olivier, qui a communiqué à M. de Lacépède d'excellentes observa- tions sur ce reptile , assure qu'il ne jette aucun cri, et qu'il ne sort point de son trou lorsqu'il doit pleuvoir. 5 s niSTOlRE NATURELLE Le gecko fouelte-qacuc , gecko caudi-verhera. Ce reptile avait été mis , par Téditcur du système de la nature de Limiée , dans la division des cordjles. M. Bron- gniart le place avecles geckos. 11 semble se rapprocher aussi des iguanes par sa facilité à gonfler sa gorge, et par la crête qui règne tout le long de son dos. A dire le vrai , ce lézard est du grand nombre de ceux qui sollicitent les regards et les observations du naturaliste. lie P. Feuillée lui a donné le nom de salamandre aquatique; ce qui m'a fait déjà douter que ce reptile soit un gecko. Je suis même porté à croire, d'après la descrij;îion qu on a faite de cet animal , qu'il est une véritable salamandre. La forme de ses doigts, celle de sa queue , sa crête découpée, me T indiquent suffi- samment. Quoi qu'il en soit , voici ce que l'on en dit. DES GECKOS. 53 Sa longueur , depuis le nez jusqu'à la queue , est de quatorze pouces et scptli- gnes: sa peau est sans écailles , légère- ment chagrinée de couleur noire , tirant un peu sur le bleu ; la tcte est élevée, un peualongée, avec les yeux jaunes; la pru- nelle bleue ; les narines très ouvert.es , et ayant un rebord charnu ; son museau est pointu , sa bouche est bien fendue , et a deux rangs de petites dents cro- chues ; sa langue est large , d'an beau rouge , tenant , par sa base , au gosier qui est pourvu d'un jabot fort large, que Fanimal peut contracter et gonfler comme une vessie ; les oreilles lui manquent , comme à tous les lézards aquatiques de LInnée : cet animal a , depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue , une es- pèce de crête découpée. Les pattes anté- rieures sont plus courtes que les autres , ont cinq doigts, sans membrane, et ter- minéesparuncartillage arrondi qui rem- place longie. La queue est étroite, ar- rondie à sa base , s'élargit vers la pointe 54 HISTOIRE NATURELLE en forme de spaîule de pr^s de deuxpou- .ces de largeur, et dont les bords sont découpes en scie. (JMoIina^ lîist. du Chil.^ trad. ils Gruçc.l , pag. ig6 _). l^oiil cela ne peut convenir qu'aune salamandre aqua- tique. Le gecko tefe -plate , gecko funlriatus. Celte espèce, décrite par M. de Lacé- pède, ressemble au caméléon par la for- me de sa léte et de son corps , par ses couleurs , et aux salamandres aquati- ques , par sa queue bordée d'une mem- brane. Les plus grands individus sont longs de buit pouces six lignes. La tête de ce replile est fort aplatie en dessus et en dessous, triangulaire ; les yeux sont gros et saillants , et l'ouver- ture de la gueule les dépasse ; les mâ- clioires sont garnies d'un grand nombre de petites dcnls ; la langue est- plate et DES GECKOS. 55 fourchue ; les ouvertures des oreilles sont très petites et placées auprès des aiigles de ia gueule ; le museau va en pente. Tout le corps est hérissé de petites élévations qui rendent la peau chagri- née : on voit sur chacun de ses côtés une memhrane frangée , qui commence au museau, s'étend sur les (lancs et se termine aux pattes postérieures ; cette memhrane est formée par un prolonge- ment de la peau. La queue est garnie, de part et d'autre , d'une expansion semhlahle, ce qui la fait paraître fort large , et ressembler à une espèce de rame : elle est bien plus courte que le corps, n'ayant guère que le quart de sa longueur. Le dessous du corps de ce gecko est constamment d'un jaune éclatant ; mais le dessus éprouve des variations de cou- leurs, et peut offrir successivement du rouge , du jaune , du vert et du bleu. • Cet animal n'est point venimeux. Il 56 HISTOIRE NÂTLTiELî.E passe Oîdinairement le jour sur les ar- bres, sauîant avec assez d'a2;iiilé de bran- elle en branche, pour attraper des insec- tes dont il se nourrit , et se retire , la nuit, dans les trous de ces arbres, ou dans les fentes des murailles. On l'a découvert à Madagascar et au Sénégal. Le gecko spulaleur, gecko spuiator* 9 Sparman l'a décrit, le premier , dans les Mémoires de l'Académie des Scienr ces de Stockholm, ann. 1784.. Cette es- pèce de lézard avait été envoyée de l'île Saint-Eustache. M. de Lacépède a décrit le même animal d'après un indi- vidu venant de Saint-Domingue. La longueur totale est de deux poucet, et la queue en fait la moitié: toutes ses écail- les sont luisantes, le dessous du ventre est blanchâtre , et le reste du corps d'un gris varié de brun foncé ; la mâ- choire supérieure est bordée d'un brun Reptiles Tl.jô. W^-='=" dit M. de Lacépède, elles n'élèvent pas i> son corps disproportionné au - dessus » de la fange qu'il habile ; s'il' a des j) yeux, ce n'est point, en quelque sorte, j) pour recevoir une liimière qu'il fuit , :» inangeant des herbes puantes ou vé- » néneuses , caché dans la vase , tapi » sous des tas de pierres, retiré dans, « des trous de rochers , sale dans son if habitaîion , dégoûtanf par ses habî- 98 HLSTOIRE NATURELLE » tudes , difforme dans son corps , obs- ^> cur dans ses couleurs, infecte par son j> haleine, ne se soulevant qu'avec « peine ; ouvrant , lorsqu'on l'attaque , y> une gueule hideuse , n'ayant pour « toute puissance qu'une grande re'sis- « tance aux coups qui le frappent , que » l'inertie de la matière , que l'opiniâ- ^> treté d'un être stupide , n'employant * d'autres armes qu'une liqueur fétide « qu'il lance, que paraît-il avoir de ^> bon, si ce n'est de chercher, pour « ainsi dire , à se dérober à tous les ^> yeux, en fuyant la lumière du jour ?» I.es crapauds ont le corps trapu , ra- massé , couvert ordinairement de ver- rues ou de pustules, et n ayant presque toujours que des teintes sombres ou obs- cures ; le dos est convexe , dilaté même quelquefois d'une manière extraordi- naire : c'est lorsque l'animal est irrité. Sa peau est assez dure pour résister assez long-temps à la force des corps poinius avec lesquels on cherche à le DES CRAPAUDS. gg percer. La lete est arrondie , d'une forme presque triangulaire, à peine sé- parée du tronc. Les yeux sont vifs et craignent la lumière du jour , leur pru- nelle se rétrécissant lorsqu'on tire ces reptiles de leurs retraites ténébreuses. L'ouveriure de la gueule est très gran- de ; la langue n'est libre que par der- rière. On a dit que les mâchoires n'a- vaient pas de dents ; mais cela ne pa- raît pas être toujours exact. Les oreilles sont formées par une membrane , de même que dans les grenouilles. Les pa- rotides sont souvent très saillantes. Le bas du ventre est gros ; il n'y a point de queue. I^es pattes sont au nombre de quatre ; les pieds antérieurs ont quatre doigts courts et séparés les uns des au- tres ; les pieds postérieurs en ont cinq très inégaux , et réunis souvent par une membrane plus ou moins grande ; les pattes postérieures sont plus cour- tes que le corps ou à peine de sa lon- gueur : aussi ces animaux sont lourds ; X lOO HISTOIRE NATURKIXE et ne sautent qu'à une très petite hau- teur. Les crapauds se nourrissent de vers ^ d'insectes, de limaçons, etc. ; mais c'est la nuit qu'ils rôdent et vont à la pour- suite de leur proie. On prétend qu'ils aiment la sauge, et surtout la ciguë, que l'on a appeliée quelquefois le percil du crapaud. Dans les climats dont la température est froide, ils passent Thiver engourdis et cachés dans des trous ou sous des pierres ; ils s'y rassemhlent même quel- quefois plusieurs. Ils font entendre , dès que les premières chaleurs du printemps les ont réveillés, et vers le coucher du soleil^ un cri assez doux, celui de l'a- mour prohablem.ent. Ils ont le sens de l'ouïe si fin . que pour peu que F on ap- proche du lieu d'ouest parti le son , ils gardent sur-le-champ le silence. Ce n'est souvent qu'après un temps assez long , qu'après plusieurs points de repos , qncj l'on découvre leur retraite. DES CRAPAUDS. 101 L'accouplement se fait , dans ncs pays , en mars et en avril : il s'opère dans l'eau : le mâle est sur le dos de la femelle , qu il serre étroitement , et qui marche ainsi surchargée de ce poids : Tunion dure sept à huit jours, même plus de vingt , lorsque la saison ou le climat sont froids, ils coassent perpé- tuellement : le mâle , en particulier , jette un cri ressemhlant à un grogne- ment assez fort, lors qu'on cherche à le séparer de sa femelle , ou lorsqu'il voit arriver quelque mâle dont il éloigne l'approche avec ses pieds de derrière. Désuni par force , blessé , saignant même , il revient à sa compagne , et s'accouple de nouveau. Dans le moment de la ponte , il ramasse quelquefois les œufs avec ses pattes de derrière, les en- traîne au-dessous de son anus , les fé- conde , et les repousse ensuite. Le cra- paud accoucheur mâle les porte autour de ses pattes jusqu'à l'instant où ils sont prêts à éclore. Ces œufs, renfermés dans î 02 IIÎSTOiRE N ATU RELLE une liqueur transparente et visqueuse , forment deux cordons attachés à Tanus de la femeiie. A cîiaque ponte, et il y en a ordinairement neuf à dix, ces cor- dons s'alongent de quelques pouces : ils se détachenS; lorsque les œufs sont tous sortis et fécondés , c'est à dire au bout de douze heures environ , et ils ont alors quelquefois plus de quarante pieds de longueur. ï^cs œufs sont noirs , ran- gés en deux fdes , et n'occupent que le plus petit espace possible. Le mâle et la femelle viennent par intervalles , et tout le temps que dure la ponte, respi^ rer l'air à la surface de l'eau. Comme ils craignent la lumière du jour, ce n'est que lorsqu'elle est très faible , le ma- tin , ou même la nuit , que leur union a lieu. Roessel a vu des mâles rester ac- couplés pendant plus d'une journée en- tière, quoique la femelle eût déjà ter- miné sa ponte. Les œufs ne pourraient se développer, s'ils n'étaient pas pla- cés dans un endroit aquatique ou du DES CRAPAUDS, Io3 moins humide. Dix ou douze jours après la ponte, ils ont une grosseur dou- ble ; les globules qu'ils renferment , et qui étaient d'abord noirs d'un côté et blanchâtres de l'autre , offrent quelques linéaments. Le petit têtard est sensible le dix-septième ou le dix-huitième jour : deux ou trois après , il se dégage de la matière visqueuse qui l'enveloppait, tombe au fond de l'eau, acquiert au bout de quelques jours , deux bran- chies : ce sont deux organes situés , un par un , de chaque côté du cou , formés de cinq à six appendices frangés, ré- pondant aux ouïes des poissons , et qui disparaissent tout-à-fait le vingt-troi- sièm.e ou vingt-quatrième jour. Le dé- veloppement du létard des crapauds est au reste le même que celui des jeunes grenouilles.Dès qu'il est achevé, l'animai sort de l'eau , et va chercher à terre , et dans les lieux humides, sa forme primi- tive, il s'est nourri de -plantes aqualiques cl de différentes substances véeélaics fort O loi HISTOIRE KATUilELLE altéimées et qui nageaient dans l'eau. La régénération du crapaud pipa nous présente un fait bien extraordi- naire. Dès que la femelle a pondu ses ceufs , le mâle les rassemble , les étend sur le dos de la femelle , les arrose d'une liqueur qui les féconde, et qui concourt à former des espèces de cellules au nom- bre de deux cent vingt quelquefois , dans lesquelles les œufs éclosen^ et se développent entièrement. Les nègres mangent ces crapauds avec avidiié. La grandeur des crapauds varie sui- vant les espèces et suivant les climats: ils sont beaucoup plus grands dans les pays cbauds. On en trouve à la Côte d'Or de si gros, qu'on les prendrait pour des tortues de terre. La chaleur paraît aussi donner plus d'âcreté à la liqueur qu'ils éjacuient par l'anus lorsqu'on les a inquiétés, liqueur qu'on regarde même comme très venimeuse. Eosnian a vu de ces animaux combattre avec des ser- pents. DES CRAPAUDS. Io5 Le crapaud ne peut se reproduire qu'au bout de quatre ans. Quelques au- teurs ont avancé que sa vie ordinaire n'était que de quinze ou seize années ; mais cette assertion n'est pas assez fon- dée : on a même des faits qui prou- vent que cet animal peut vivre trente-six ans , témoin celui qu'on a élevé et nourri , en Angleterre , dans un état d'une espèce de domesticité. Il habitait sous un escalier qui était devant la porte d'une maison , se montrait tous les soirs au moment où il apercevait de la lu- mière et ne s'irritait point lorsqu'on le toucbait. Il devint tellement familier , qu'il fut l'objet d'une curiosité générale , de celle des dames mêmes. Il se nourris- sait d'insectes, de cloportes, et surtout de pe'iits vers qu'il saisissait en lançant sur eux , et avec rapidité , sa langue. Au bout de trente-six ans, il eut un œil crevé , et ne pouvant plus attraper sa proie avec la même facilité ; il périt d^ langueur un an après. Rept. II. lo loG UISTOIRE NATURELLE On s'est servi des crapauds en mé- decine : j'ai mcme vu des pharmaciens le faire entrer dans la composition S. ÏO7 mes , de même couleur que le corps , qui est court et trapu , ainsi que les membres. Le ventre est un peu plus pâle que le tlos. On trouve communément ce crapaud en Europe , dans les lieux humides , près des liaLitalions. Vers le soir , il quitte son trou souterrain pour chasser aux insectes : on le voit aussi sur la terre après les pluies, parce qu'il craint l'eau. Lorsqu'on le tourmente , il lance son urine ^ et fait sortir de ses parotides une salive écumeuse. L 'accouplement o lieu dès les premiers jours du prin- temps , sur la terre , et la femelle va ensuite pondra dans les eaux ses œufs , qui sont ranges deux à deux dans un long cordon , et enveloppés d'une glaire aîbumineuse. Le înâle , cramponné sur le dos de sa femelle, l'aide alors, à l'aide de ses pieds postérieurs, à pondre ses œufs, et il les féconde en même temps à mesure qu'ils paraissent au dehors; et lo8 HISTOIRE NATURELLE c'esl surtout dans ce temps, après le coucher du soleil , que le mâle jette un coassement très sonore. Nota. On a confondu jusqu'à ce jour , avecle cendré, un crapaud vert à ta- ches noirâtre^, qui est très commun dans les contrées méridionales de l'Eu- rope. Nous le nommons Crapaud de RoeseL Le Crapaud de Roesel , Bufo Roeselii, On peut le reconnaître très aisément à son corps verdâtre , parsemé çà et là de verrues peu saillantes et noirâtres , à sa tête arrondie en devant, à ses pieds antérieurs demi-palmés , et à ses pos- térieurs palmés. Outre qu'il diffère du crapaud cendré par ses couleurs , il a de plus près du double de grosseur , son corps est moins ramassé et ses pieds moins courts. Le dessous du corps est d'un verdâtre ceiidré pâle. DES CRAPAUBS. lOQ On le trouve assez communément dans le midi de l'Europe et en Allema- gne. 11 recherche les bois humides , le bord des chemins , et se cache ordinai- rement sous des touffes d'herbes. Le Crapaud brun , Bufo f usais. Il est facilement reconnaissable à sa peau presque lisse, d'un brun jaunâtre ou grisâtre , marquée de taches plus fon- ce'es , noirâtres sur leur bord , avec une raie sur le milieu du dos , formée par le défaut de taches. Sa longueur est de deux pouces environ , et le mâle dif- fère de sa femelle par son corps plus gros , et par son ventre d'un blanc jau- nâtre uniforme» Les doigts des pieds antérieurs sont fendus , et ceux des postérieurs demi- palmés ; de plus , les pieds postérieurs ont une petite saillie cornée qui imite un sixième doigt. II habite dans les eaux di^j midi de ÏIO HISTOIRE NATURELLE l'Europe , et nage en tenant ordinaire- ment sa t^ié élevée au dehors ; rare- ment il va sur la terre , et il saute as- sez loin. Le cri du mâle imite un peu le coassement de la grenouille rousse ^ et la femelle a un petit grognement. Lorsqu'on tourmente ce crapaud , il fait sentir une forte odeur d'ail. Les œufs sont attachés en cordons aux roseaux.. Roesel l'a figuré dans son ouvrage ( pi. 17, 18 et 19). Le crapaud rieur que Paiias a trouvé en ahondance aux environs de la mer Caspienne, dans le \ olga et l'Oural, est , suivant le professeur Lacépède , uû synonyme du crapaud brun. Le Crapaud s"onnant, Bufo bombinus. Le dessus du corps est d'un gris ob- scur, parsemé de vçrrues, et le dessous est d'un jaune orangé , presque lisse , marbré de taches bleuâtres. DES CRAPAUDS. îll Sa longueur est d'un pouce au plus. La forme de son corps est oLlongue ; sous sa gorge on voit un pli trtins> ersah Les pieds sont amincis , les doigls sont courts , fendus aux pieds antérieurs, et demi-palmés aux postérieurs. On le trouve plus communément dans les eaux stagnantes et croupies des par- ties méridionales de l'Europe. Lors de l'accouplement , le mâle jette un gémissement lugubre , et pendant îe reste de la belle saison , son cri imite un peu le son d'une cloclie , lorsqu'il est entendu dans l'éloignement , selon Lin- née. il sort quelquefois de Teau, et lorsqu'on le tourmente, il renverse si tête sur le dos , et se replie ainsi sur lui- même. La femelle pond ses œufs en plasieurs paquets , et les têtards n'ac- <|uèrent leur état parfait qu'au bout de trois années, srîon Pioesel , qoî en a donné la figure dans son ouvrage (pi. 22 et 20). La Qrencuille pJuoiale ^ et le crct^ paud couleur de feu des auteurs modèH- 112 HISTOIRE NATURELLE nés, doivent être rapportés à ce cra- paud, ainsi que le petit crapaud , hufo: salsus , trouvé par Schranck dans les eaux stagnantes et salées du Berchtesgaden en j^triche. Le Crapaud ïiccoucheur , Bufo ohsietricans. Ce crapaud , d'un cendré verdâtre sale , marqué de petites taches brunes , irrégulières en dessus, et blanchâtres en dessous, diffère essentiellement du cra- paud de Roesel, par sa longueur, d'un pouce quatre lignes au plus , et surtout parcequ'il n'a aucune apparence exté- rieure de parotides. Ses yeux sont saillants et ses iris dorés. Sa peau est parsemée de petits tuber- cules écartés. Les doigts des pieds antérieurs sont séparés , et ceux des postérieurs sont à peine demi-palmé js» / Keptiles. Ml £9 J>e^ret>e de/ . /■"^Ta/'Ji'eu dculf' '£. 1 . Le Crapaiid accouclieur a . Le C . pipa DES CRAPAUDS. Il3 On doit la description de ce crapaud au naturaliste Alex. Brongniard, qui l'a fait graver dans le Bulletin de la Société Pliilomatique ( n'* 36 , i\g, 4- )• H habite dans toute la France , surtout aux en- virons de Paris et dans les jardins pu- blics de cette ville. La femelle pond en- viron soixante œufs parfaitement sem- blables à des grains de chenevis , et réu- nis entre eux par des filets courts et forts. Le mâle excite sa femelle à les pondre à l'aide de ses pieds postérieurs, et s'at- tache ensuite tous ces œufs en un paquet après ses jambes , sur ses reins , et les promène partout après lui. Il cherche ainsi quelque marais pour y déposer les têtards qui doivent naître. Lorsque ce crapaud a acquis son état parfait, on' ne le voit jamais dans l'eau. Nota. C'est sans doute cette espèce dont Demours a parlé dans les Mémoires de l'Académie, pour 174^ » sous le nom de peiii crapaud terrestre^ Ïl4 HISTOIRE NATURELLE Le Crapaud calamité , Bufo calamita. Le dessus de son corps est olivâlre , avec des verrues nombreuses d'un brun roux ; de plus , il a sur le milieu du dos une ligne étroite jaune , prolongée jus- qu'à l'anus, et une autre ligne d'un rouge jaunâtre sur chaque flanc. Sa longueur est de deux pouces el demi ou trois pouces au plus. Le dessous de son corps est entière- ment granulé, blanchâtre, à petites ta- ches noires : sa forme ressemble à celle du crapaud cendré ; ses parotides sont aussi distinctes , et l'iris de ses yeux est d'un jaune doré. Ses pieds sont trapus, et les doigts courts, noirâtres à leur bout, et quel- quefois demi-pabncs aux pieds posté- rieurs. Ce crapaud, que lloesci a figuré dans son Histoire des Grcnouilies (pi. 24), DES CPtAPAUDS. H5 et que Schneider a nommé porte-croix , habite dans les contréCiT^ tempérées de l'Europe , réuni en petites sociétés : il passe l'hiver dans des fentes de murail- les , dans des crevasses de rochers , dans des trous de vieux arbres, ou même sous le sable , selon Pennant. L'accouple- ment a lieu au milieu du printemps , dans les eaux stagnantes. Le coasse- ment du mâle ressemble un peu à celui de la rainette ver(e , et est produit à l'aide d'une vessie placée à l'entrée du gosier. Les paysans saxons le nomment hausuuh , c'est à dire crapaud domes- tique , parcequ'il est commun dans leurs maisons. Goetze prétend qu'il mange les parcelles de nitre attachées contre les murs des caves. Le Crapaud vert, Bufo viridis, 11 est tacheté ou marbré de vert , avec des verrues rou^eâtres <, sur un fond d'un blanc livide. Il6 HISTOIRE NATURELLE Il ressemble Leaucoup , par sa forme et par ses mœws, au calamité, et il est à peine plus grand. L'iris est doré ; les taches vertes sont tellement rapprochées l'une de l'autre, que le corps paraît parsemé entre elles de dessins ou de lignes géographiques blanchâtres ; les doigts des pieds anté- rieurs sont séparés , et ceux des posté- rieurs sont à peine demi-palmés. Ce crapaud, qui n'est pas rare dans le midi de l'Europe , surtout en Italie et en Allemagne , se retire dans les fen- tes des rochers en hiver, et on le trouve pendant les autres saisons dans les eaux stagnantes. Lorsqu'on le frappe , il ré- pand une odeur d'abord ambrée , et en- suite assez semblable à la fétidité de la morelle noire ou solanum nîgnim des botanistes. 11 a été nommé , par la plupart des auteurs, crapaud oert^ ou rayon vert ; Laurent! l'a aussi nommé crapaud schrebenen ; Sturm , dans le second ca-> Tieptilej-- FI. oo. j)('j'eifp f/e/. /f 7'tTr(û'eu lPcu/^ -^ Le C'i^.i •1 . l. O (" . IX'l- l< p <■ 1- lo DES CRAPAUDS. II7 hier de sa Faune d'Allemagne , Ta nom- mé crapaud variable , et l'a figuré dans les planches i et 2. Le voyageur Pallas a décrit dans son voyage en Russie , sous le nom de rana sitibunda, un cra- paud d'un vert glauque cendré, parsemé de taches vertes et itoires : peut-être n'est-il qu'une variété de notre crapaud vert. On le trouve près de la mer Cas- pienne , dans les lieux: secs , voisins de riaïk. Le Crapaud cornu, Bufo comutus. Ce hideux reptile a la tête d'un très gros volume, avec une proéminence co- nique et pointue au-dessus de chaque œil. Il est long de quatre pouces. Sa mâchoire supérieure est mui^e de petites dents. Sa couleur est d'un ver- dâtre sali sur le corps ; il a quelques pe- tites verrues brunâtres et aplaties sur les côtés du dos et sur les tlancs , qui Rept, IL n Il8 HISTOIRE NATURELLE sont beaucoup plus clairs , ainsi que le ventre. On volt quelques Landes brunâtres dessus les membres. Les pieds antérieurs ont quaîre doigts fendus , et les posté- rieurs cinq demi-palmés. Les adultes , et surtout les vieux , ont le dos, l'anus et les cuisses garnis d'épi- nes , selon Laurenti. On le trouve dans la Virginie et à Su- rinam. La figure publiée par Séba (tom. i ,• pi. 72 , fig. 1 , 2 ) n'est pas correcte. Le Crapaud perlé , Bufo margarlUfer. On peut facilement reconnaître ce crapaud à un pli élevé au-dessus des yeux et prolongé jusqu'aux parotides, ainsi qu'à trois rangées d'épines cour- tes , placées longiludinalement sur la moilié antérieure du corps. DES CRAPx\UDS. I ig Sa longueur est de trois pouces en- viron. 11 a une teîe triangulaire , à nez pointu et à bouche ample. Le dessus du corps est d'un Lrun rouge parsemé de tubercules rougeâtre» et arrondies comme des perles; sur le dos, est une bande longitudinale d'un gris rougeâtre clair. Les pieussont amincis; les antérieurs ont quatre doigts fendus , et les posté- rieurs cinq demi-palmés. Cette espèce habite au Brésil , où elle est nommée aguaqua selon Séba , qui en a figuré plusieurs individus (tom. i, pî. 71 , fig. (i , 7 , 8), dont un a cinq doigts aux quatre pieds. C'est la gre- nouille perlée de.Daubenton. « Le Crapaud bossu, Bufo gîhbosus. Cette espèce est facile à distinguer par son corps trapu , par sa têîe petite dont la bouche est étroite , et par une large 120 HISTOIRE NATURELLE ligne d'un blanc jaunâtre dentée en scie, et placée sur le milieu du dos depuis le nez jusqu'à l'anus. Il est long de deux pouces et large d'un pouce et demi ; sa couleur est d'un Jjîanc jaunâtre , excepté sur les côtés de la bande dorsale , qui sont bruns, parse- més de points roussâtres. Derrière les yeux on voit une tache brune ; tous les membres sont très courts , avec les doigts fendus au nom- bre de quatre aux pieds de devant , et de six aux pieds de derrière. Ce crapaud , déjà décrit par plusieurs naturalistes, existe dans les Indes orien- tales. Quelques individus ont le dos en- tièrement parsemé de points roussâtres , sans aucune trace de la bande longitu^ dinale indiquée ci-dessus. Le Crapaud pipa , Bufo dorslger. Cette espèce est très remarquable par son corps large , aplati et granulé DES CRAPAUDS. 12 î en dessus ; par sa tête courte, aussi large que le corps , et dont les coins de la bouche sont munis d'un appendice co- riace crénelé ; et surtout par ses doigts antérieurs séparés , terminés chacun par quatre petites pointes. Sa longueur est de cinq pouces qua- tre lignes au plus , et sa largeur de trois pouces et demi. Les yeux placés sur la tête , sont pe- tits et très écartés ; l'ouverture de la bou- che est très large ; la couleur tire sur un olivâtre plus ou moins rembruni et par- semé de très petites taches roussâtres ; la peau est raboteuse, avec quelques petites verrues sur les côtés du corps et sur les cuisses. Les pieds antérieurs sont un peu amin- cis, par rapport aux postérieurs qui ont cinq doigts entièrement palmés et près- qu'également longs. Cet animal dont l'aspect est hideux, habite sur le continent de l'Amérique méridionale, et se tient presque toujours Ï32 HISTOIRE NATURELLE dans les eaux, il est nommé pipa par les habitants de Surinam , îedo par ceux de la Guyane , et airuru par ceux de la noTifclle Espagne. La manière qu'il emploie pour pré- server et faire croître sespetits , l'a rendu très intéressant à connaître. Mademoi.- se.Ue Mérian l'a d'abord décrit , en 171g, dans son histoire des insectes de Surinam ; Firmin a publié, en jyGô, un petit livre intitulé Développement par- fait du mystère de la génération du fa- meux crapaud pipa; Bonnet a fait im- primer un mémoire sur le même sujet , dans le journal de physique de 1779; Camper et Spallanzani ont ensuite ob- servé et décrit les organes sexuels et les métamorphoses de ce crapaud. D'abord on avait soupçonné que les œufs se formaient sur le dos de la fe- melle , et que le mâle venait les y fé- conder ; mais des observations faites sur l'animal vivant , et son inspection ana- tomique , ont fait reconnaître la faus- DES CRAPAUDS. Î23 seté de cette opinion. On est assuré maintenant que la femelle pont ses œufs comme les autres crapauds, et que le mâle, cramponné sur elle, la recouvre de ses œufs après qu'ils sont fécondés. Les œufs sont alors enveloppés d'une li- queur qui fait entier autour de chacun d'eux la peau de la femelle , et ils sont logés par ce moyen dans des alvéoles rondes. Les têtards y naissent munis d'une queue membraneuse, s'y dévelop- pent, et ne s'en vont au-dehors que lorsqu'ils ont acquis leur état parfait; leur longueur est alors de cinq ou six lignes. La femelle se dépouille ensuite de toutes les alvéoles , en frottant son dos contre des corps durs. Mademoiselle Mérian et Séba ont prétendu que îa chair de ce crapaud sert quelquefois de nourriture aux nègres. 124 HISTOIRE NATURELLE Le Crapaud ventru , Bufo i^entricosus. Il est remarquable par sa petite tête, par sa bouche très étroite , et surtout par 6on corps trapu, dont la peau très lâche peut se gonfler comme une vessie , et enveloppe les cuisses. Il a deux pouces et demi environ de longueur ; ses yeux sout petits et non saillants; il a ses mâchoires lisses, carti- lagineuses, et on ne lui voit pas de pa- rotides externes ; sa couleur est brune , sombre en dessus et blanchâtre , un peu tacheiée de noirâtre en dessous : on voit de plus sur le dos des verrues simples et peu nombreuses. Les pieds sontcourts, avec leurs doigts minces et petits ; ceux des pieds posté- rieurs sont à peine demi-palmés , et les autres fendus. Qn le trouve dans les Indes orientales. Le crapaud systome, décrit par Schnei- der d'après un individu appartenant à DES CRAPAUDS. 12 5 liîoch, est le même que le crapaud ven- tru. Cet auteur lui donne pour caractères dislinctifs, le corps ovale et marLré, les cuisses cachées dans la peau du corps , qui est lâche et gonflée , deux callosités près du pouce des pieds postérieurs, et de plus une bouche étroite. Tout son corps est blanchâtre , ta- cheté ou marbré de brun en dessus ; une Lande blanche et courbée , placée sur la paupière supérieure , se prolonge en de- vant, etane strie blanche est placée entre les narines et la lèvre supérieure. C'est encore à cette espèce qu'il faut rapporter le crapaud ventru de Linnée , le goitreux de Daubenton, et peut-être même le crapaud du Brésil figuré par Séba (tom. i , pi. 74^ %• i )• M, Daudin m'a communiqué celle description. *> 120 HISTOIRE NATURELI-E Le Crapaud demi-laaé, Bufo sendhinaius. Ce crapaud est noirâtre, avec une tache blanche ronde derrière les paro- tides, et avec une autre lâche blanche en demi-croissant derrière le tympan, qui est d'un brun sombre; les doigts des pieds antérieurs sont séparés, et ceux des postérieurs demi-palmés. Sa longueur est de trois pouces en- viron. Il a les yeux saillants , la tête lisse et déprimée dans son milieu ; tout le reste du corps et les membres couverts de verrues d'égal volume. Vers le milieu da dos , de chaque côlé, on voit une tache blanchâtre , longue et élroiîe ; la tache en demi-croissant a sa convexité tournée en devant; les pieds antérieurs ont leurs doigts séparés, avec le pouce épais et le troisième doigt très long; les postérieurs ont leur cinquième doigt très long ; tous les pieds ont en outre près du DES CRAPAUDS. 12 J pouce onc callosité qui ressemble un peu à un doigl. Ce crapaud , voisin par sa forme du criard, a été envoyé de Surinam au na- turaliste Blocîi . et Schneider l'a décrit dans son histoire des amphibies. Le Crapaud criard , Bufo musicus. Cette espèce a la tête obtuse, presque lisse , et canaliculée entre les yeux , à cause des sourcils relevés. Son corps ramassé et trapu comme celui du crapaud cendré , est long de trois pouces, et large de deux pouces et demi. Les yeux'sont très saillants , avec le sourcil verruqueux brun , marqué d'une bande plus foncée ; le dessous des yeux est plus pâle , avec une bande oblique , foncée et verruqueusc ; l'iris est doré , les narines sont très petites et presque rondes ; la parîie supérieure du cou est brune, avec des tubercules oblus j et ses 128 HISTOIRE NATURELLE côtés sont Llancliâtres , arec des tuber- cules pointus; ses deux parotides sont grosses , réniformes et poreuses, avec une tache brune foncée au-dessous de chacune. Le corps et le ventre sont d'un brun foncé sur le dos et pâle sur les côtés, cou- verts partout de tubercules , avec de larges taches d'un brun foncé ; le des- sous du corps et des membres est blan- châtre , sale et granulé. Les membres ont en dessus des ban- des transversales foncées sur un fond brunâtre, tout couverts de tubercules pointus. Les doigts des pieds antérieurs sont séparés, et ceux des postérieurs demi- palmés. Le naturaliste Bosc a fréquemment trouvé dans la Caroline ce crapaud, qui a un cri désagréable , ainsi que les au- tres crapauds, et non un chant musical comme quelques personnes l'ont cru. DES CRAPAUDS, I29 Le Crapaud de Panama , Bufo pana- rïiensis* Son caractère consiste dans des glan- des parotides très distinctes et prolon- gées en pointe sur les flancs , et dans ses pattes courtes à doigts demi-palmés. Il a la taille et la forme de notre cra- paud cendré ; sa peau est d'un cendré jaunâtre , parsemée de pustules , rem- brunies et un peu violettes , seulement à leur sommet ; son ventre est d'un blanc jaunâtre un peu granulé près de Tanus. 11 habite dans quelques marais de l'isthme de Panama, selon Ruiz de Xelva , naturaliste espagnol très zélé , qui a bien voulu communiquer à M. Daudin quelques notes sur l'histoire naturelle du Mexique, Rept. IL 12 l3o HISTOIRE NATURELLE Le Crapaud agua , Bufo agua. Ce crapaud qui est sans doute le plus gros du genre, puisqu'il a près d'un pied de longueur, a la paupière supé- rieure garnie de verrues fet saillante , avec tout le corps couvert de gros tu- bercules , disposés entre des rides et agréablement varié de teintes et de^ mar- brures grises , jaunâtres et brunes sur un fond cendré pâle. Le corps et latete sont très épais , les tubercules sont marqués de brun dans le milieu , surtout ceux qui recouvrent les membres ; et les parotides sont très grosses. Les doigts des pieds antérieurs sont courts et séparés, et ceux des posté- rieurs sont longs et demi-palmés à leur base. C'est principalement au Brésil et dans l'île de Cuba qu'on trouve ce crapaud monstrueux. Séba l'a figuré sous plu- \eptih es. Tl ■ Ôi. ^ed'evc aei . W JariTieu i.Pcv^> 1 . lie Cvapaii^d «lo^iia . a . L e C . l'iide . DES CRAPAUDS. l3l sieurs noms , ma's ses figures sont à peine reconnaissaLles. ( Séba , tom. i, pi. 73, fig. 1,2; pi. 76, fi§, I.) L'épaule-armée est un synonyme de ce crapaud : quelques auteurs l'ont nommé en lalin hufo marimis , parce - qu'on croit qu'il peut vivre également sur terre et dans l'eau salée de la mer. Le Grapaudà taches jaunes, Bufo gutiatus. Son corps est oî}lcr:% , d'un gris jau- nâtre, tacheté de goutteî^en dessus, avec ia tête aplatie et lisse , et avec de gros- ses parotides. Le tympan est très apparent et de la même couleur que le corps ; le dos et le dessus des memhres est couvert de gros- ses glandes rondes , rapprochées et ter- nies; les pieds sont aiongés et amâncis ; les doigts des pieds posiérieurs sont unis par une membrane éîroilc et d'une couleur foncée. l32 aiSTOIRE NATURELLE Cette espèce a été décrite par Schnei- der , d'après un individu envoyé des Indes orientales , au célèbre Bloch. Le Vaillant a assuré à M. Daudin avoir vu dans l'intérieur de la Caffrerie, un gros crapaud d'un beau jaune de soufre , qui est peut-être de la même espèce que celui-ci. Le rana marginata ^ indiqué par Lin- née dans la description du muséum d'Adolphe-Frédéric , est sans doute une espèce de crapaud; et Schneider dit avoir vu désigné sous ce nom , dans la collecSion de feu Bloch de Berlin , le crapaud que nous décrivons ici d'après lui. Le Crapaud à pustules bleues , Bufo cyanoplilyctis. Cette espèce est remarquable par la couleur d'un bleu brun qui teint le des- sus du corps, par une rangée de pustules bleues qui s'étend depuis les yeux sur DES C[L\PâLDS« l'yS chaque flanc jusqu'à l'anus, et par ses pieds postérieurs palmés. La mâchoire supérieure est manie de dents coniques assez longues et serrées ; le bout de la lan^fue est libre et bifule ; de plus les trous des narines sont petits et surmontés d'un petit lobe cutacé. Outre la rangée de pustules placée sur chaque flanc , on en voit une autre sur chaque côté du ventre qui est blanchâtre et parsemée de taches brunes très rappro- chées. Le dessus des membres est noir, avec des bandes bleues. Près du pouce des pieds postérieurs , il y a un tubercule qui ressemble à uu^ sixième doigt. Il habite daas les Indes orientales, selon John : Schneider en a observé deux individus dans la collection de Bloch , et il les a rangés , mais à tort , parmi les grenouilles : la descripîiou qu'il en a dounée est très imparfaite ^ U l34. HISTOIRE NATURELLE puisqu'elle n'indique pas les dimensions ni la forme du corps. Le Crapaud rude, Bufo scaher. Son corps , d'un gris jaunâtre clair , est couvert de verrues épineuses . prin- cipalement sur les membres^ et les lè- vres , ainsi que le front , sont Lordés d'une belle ligne noire. Sa longueur varie de deux, pouces et demi à quatre pouces. La lete et le corps sont courts et épais; les épines des verrues sont noirâtres : derrière le tympan on voit une grosse parotide pointillée de noir et poreuse. Les pieds antérieurs sont amincis et courts , ainsi que leurs doigts qui sont séparés; lespostérieurs sontalongés ainsi que le tarse, et terminés par quatre doigts courts et par deux saillies noirâtres assez semblables à de petits doigts. La femelle est plus grosse , et est DES CRAPAUDS. l35 moins couverte de verrues épineuses. Ce crapaud , nommé le pustuleux par DauLenton et de Lacépède, hufo mela- nostlctus et scaber par Schneider, n'ha- bite pas au Brésil , comme Ta cru Séba (tom. I, pi. 74 î %• i) ) mais dans les Indes orientales. Le Crapaud goitreux , Bufo gutturosus* Les caractères qui doivent servir à le distinguer des autres crapauds , consis- tent dans le gosier qui est goitreux , et dans sa couleur d'un gris hrunâlre clair, marquée en dessus de plusieurs taches l^oirâtres. Sa longueur est de deux pouces et demi. Il a la tête pointue , avec des yeux saillants. Le dessus du corps et des membres est garni de petits tubercules nombreux et bruns à leur pointe. l36 HISTOIRE NATURELLE Les pieds sont un peu courts, sur- tout les antérieurs , ainsi que tous les doigts qui sont tous séparés. Le goitre est rude et granulé , ainsi que le dessus du corps. La patrie de ce crapaud est inconnue : il ne faut pas le confondre avec le goi- treux de quelques auteurs que nous rap- portons au crapaud ventru. XIW GENRE, GRENOUILLE, Rana. Caract. 'génériq. Point de queue ; pattes poslc- rieures une demi-fois au moins plus longues que le corps ; point de pelote visqueuse au bout des doigts; ils ne sont pas terminés par un em- pattement Si les grenouilles ont plusieurs poinis de ressenablance avec les crapauds, ces ctre§ qui nous inspirent linc horreur DES GRENOUILLES. I07 dont nous ne pouvons souvent nous défendre , elles ont cependant plusieurs caractères qui les en éloignent , et elles ne doivent point partager leur disgrâce. On chercherait en vain dans les cra- pauds cette forme svelte , ces membres déliés et souples , ces couleurs variées et comme brillantes que la nature ac- corda aux grenouilles , un corps d'une masse lourde , ne se traînant que dans la fange et dans les lieux ténébreux , dont la peau n'offre que des inégalités disposées presque toujours sans ordre , qui n'a pour couleur que des teintes sombres , tels sont les principaux traits qui signalent les crapauds. Mais les gre- nouilles , au contraire , loin d'être bas- sement accroupies dans la boue, ne vont que par sauts très élevés , leurs pattes de derrière se pliant et se débandant comme un ressort. L'élasticité et la sensibilité de ces animaux sont telles, qu'on ne peut les saisir sans que levi^ corps ne prenne toutes les courbures ^ î38 HISTOIRE NATURELLE ne fasse tous les mouvements nécessai^ res pour se débarrasser : elles cherchent l'élément de l'air, et leur plus grand plaisir est de jauir de la lumière , sur- tout lorsqu'elles y sont invitées par l'as- tre du jour. même en rlJer la surface , et préscn - » les douces teintes que donne la trans- » parence des eaux. » Les grenouilles ont ordinairement quatre doigts aux pieds de devant et cinq aux pieds de derrière , comme dans les autres reptiles de celte division ; les doigts postérieurs sont réunis par une membrane ; 1 intérieur est écarté des autres, et le plus gros à tous les pieds. Le cœur d'une grenouille conserve , quoique séparé du corps , son battement pendant sept ou huit minutes , et même plusieurs heures. Suivant Haller , le mouvement du sang est inégal ; il est poussé goutte à goutte et à de nom- breuses reprises : dans sa jeunesse , la grenouille ouvre et ferme la bouche et les yeux à chaque battement du cœur ; les deux lobes du poumon sont compo- sés d'une infinité de cellules , ressem- blant à des alvéoles d'une ruche ; elles sont destinées à recevoir l'air ; et leur l4o HISTOIRE NATURELLE contraction ou leur dilataliou, que Tanî- mal peut prolonger long-temps , aug- mente ou diminue sa pesanteur rela- tive. La grenouille est de tous les quadru^ pèdes ovipares de cette section , celui dont l'organisation est la plus parfaite : il a meilleure vue , le corps plus souple et plus susceptible de grands mouve~ ments , et plus de finesse dans l'ouïe ; les oreilles sont recouvertes par une membrane qui fait , par son élasticité , l'effet d'une corde , et qui communique les vibrations de l'air agité parles corps sonores. Ces animaux sont voraces; ils avalent souvent des animaux plus considérables qu'eux, de petits oiseaux , de jeunes souris , etc. ; mais leur nourriture ordi- jiaire consiste en insectes aqualiques que leur langue relient facilement , étant enduite d'une mucosité gluante. 11 paraît cependant qu'elle a encore, malgré sa voracité , son ardeur à se je- DES GnENOUILI.ES. ï!^.l 1er sur sa proie-, mie sorte cle délicatesse dans son goût , ne saisissant que les corps en mouvement, ou les animaux dont les ca.laVres ne sont pas pulreiiés ; lenr œsoph.ige est ivè^ grand , se dilafe beaucoup; il en devient ainsi plus pro- pre à contenir une quaoliîé considéra Lie d'aliments. Dès que ie printemps est de retour , la grenouille se plaît, surtout la nuit, à jeter un cri , souvent répété , composé di- sons rau(jues , de sons discorilants , e- d'autant plas dés si^réables qu'ils sonf produils à la fois par un grand nombre de ces animaux : ces clameurs rudes e'c fatigantes sont connues sous le nom de coassen^enl. Les mâles font le plus de bruit; ils enflent , de chaque côié du cou, deux vessies qui, se remplis ant d'air , deviennent pour eux des Instruments de musique. La femelle ne fait que goniler sa gorge , et son cri ne consiste que dans un grognement assez sourd. Les vessies des mâles sa remarquent fort bien îors- Kept. IL i3 l42 HISTOIRE NATURELLE qu'on presse leur corps , et lorsqu'on met ces animaux sous le récipient d'une machine pneumatique. Tel est le chant ordinaire de ces animaux , si cependant on peut donner ce nom à un cri qui blesse si fortement notre oreille. L'a- mour a son accent propre: c'est un son sourd et comme plaintif. Une matière graisseuse , renfermée dans le tronc de la veine-porte, alimente les grenouilles lorsquVngourdies par le froid elles se tiennent cachées dans le fond des marais, des lacs, ou dans des trous en terre : celles qui habitent les ré- gions équaloriales ne doivent point , à raison de la chaleur du climat , tomber dans une torpeur semblable : on peut, par une chaleur ou par un froid artifi- ciels , les rappeler à la vie , exciler chez elles les douces sensations qu'elieséprou- vent au retour de la belle saison ; ou bien au contraire les priver de mouve- ment, convertir pour elles un beau jour d'été en un triste jour d'hiver , et les en- ©ES GRLNOITÎI.LES. l43 gourdir totaleiiienl : expériences cepen- dant qui ne laissent pas de leur être fu- nestes. Ces quadrupèdes ovipares muent fort souvent loiijiquil fait chaud; la peau dont elles se dépouillent alors , presque tous les huit jours , ressemble à une mu- cosité délayée. Le moment de l'amour est annoncé dans les mâles par une verrue noire à papilles , qui leur croît aux pieds de de-> vant ; c'est un moyen de retenir plus fa- cilement les femelles : ils montent sur leur dos , les embrassent étroitement, les doigts entrelacés, nagent ainsi, avec elles , pendant plusieurs jours , et ne se quittent point que la ponte n'ait été faite. On a coupé la lête à un mâle accou- plé , et il n'a pas cessé de féconder pen- dant quelques temps les œufs de sa fe- melle. Les deux sexes sont réunis, et quel- ques jours s'écoulent ; au bout de ce l44 HISTOIRE NATUBELLE . temps h femelle fait enJendre un coas- sement un peu sourd , pond ses œufs qui foniieni un cordon, étant collés en- semble par une irsalière glaireuse : le nîsîe les arror.e de sa liqueif^- séminale au monient où ils s'échappent de l'anus de la fe.nella. Telle est la seule manière d':?ccoupIeinent qui exisie entre ces ani- m^uK , de ïuif-ne que dans, Lous les rep- ti]'?s tie celte division. La fécondation une lois opérée, ]e m^iie se si^pare de sa compa^^ne et reprend son agilité ordi- naire. L'œuf, iV«îcîiement pondu, cor.siste daiis uf! gloliule noir d'un coté , Llan- châlre de i aaire, ?>laré au cenU'e d'un autre globule glalineux , transparent, servan! de nourriture à l'eJîibryon : ce. te substahce àîi?ncntaire est contenue dans deux enveloppes membraneuses qui re- présenleni la coque de l'œuf. Suivant un temps plus ou moins long e* qui dé;)end des différents degrés de chaleur de l'atmospiière, le globule du CES GRENOlTÎLtES. I^^ cenlre se développe et prend le nom de têtard, gyrhms : cel embryoîi déchire alors les peliicuîes qui le recouvraient , et nage dans la liqueur glaireuse cn/iron- nanie, conservant pendant quelque temps son cordon orabilical qui est attache à la tête : il s'orr un peu quelquefois de cette matière, y revient pour y prendre de la nourriture, grossissant toujours, de ma- nière qu'on commence à lui distinguer la lele , la poitrine , le ventre et la queue. ' La bouche des têtards est placée sur la poitrine , ce qui les oblige , de même que les poissons qui sont dans ce cas , de se renverser sur îe dos lorsqu'ils veulent saisir quelque objet nageant sur la sur- face de l'eau, ou chasser Pair renfermé dans leurs poumons : ces mouvements sont exécuïés avec beaucoup de vitesse. Au bout de quinze jours lesyeax com- mencent quelquefois à paraître, encore fermés, etl on aperçoit 'es rudiiucntsdes patîes de derrière ; la peau qui recouvre les linéaments de ces pattes s'étend à î4-6 lliSTOïRt NATURELLE mesure qu'elles croissent ; les doigls sont indiqués par des boutons , et la forme du pied est reconnaissable ; les pattes antérieures demeurent encore cachées ; elles paraissent cependant quelquefois les premières. Deux mois après avoir commencé à se développer, les têtards prennent la vraie forme de grenouille : la peau du dos se fend près de la tête , et c'est par cette ouverture que sort peu à peu le nouvel animal, dont l'on voit d'abord la tête et les pattes de devant ; la dépouille est repousséc en arrière , et le reste du corps est à découvert, mais pourvu en- core d'une queue qui diminue insensi- blement de volume , et finit à la longue par s'oblitérer. Tous les autres quadru- pèdes ovipares de cette section subissent de semblables métamorpliorses. Les couleurs des grenouilles pâlissent après l'accouplement, ce qui fait croire à des personnes du peuple que ces reptiles se changent l'élé 4;n crapauds. DES GRENOUILLES. I^J Les grenouilles doivent vivre assez long-temps : on peut lirer celle induc- tion de la ténacité de leur vie , qui n'est pointdétruite par une seule blessure par- tielle de leur corps , et qui est encore prolongée de quelques moments dans un individu auquel on a arraché le cœur et les entrailles: elles sont accoutumées à demeurer quelques temps sous l'eau sans respirer, la circulation du sang ayant lieu chez ces reptiles d'une manière un peu dilférente de celle que l'on observe dans les quadrupèdes vivipares, comme nous l'avons déjà dit en parlant de l'organisa- tion générale des reptiles , il n'est donc pas surprenant qu'elles résistent davan- tage à la privation de l'air, étant renfer- mées sous le récipient de la machine pneumatique. Outre les serpents d'eau , plusieurs poissons , les oiseaux de rivages , diffé- rents quadrupèdes, les grenouilles, ont pour ennemis l'homme, auquel leur chai^ li8 HISTOIRE NATURELLE fournît un mets très agréable: on les pê- che à la ligne, avec des hameçons garnis (le vers, (l'insectes, ou mieux el plus sinjoiemcnt avec un morceau (i'éfoffe rouge : oii les prend aussi avec des filels à \â clarîc des (lambeaux, dont la lumiè- re les effraie el les rend immobiles. Les Suissesse servent de râteaux à longues i]erf?s. La médecine fait encore usage de ces anlniaux , ainsi que de leur frai. La Grenouille commune, Rana escu- le ni a. Ce reptile est tellement connu qu'il sérail superdu de s'apesantir sur sà yits- cripiion. ï! noussuffiia d'énoncer les ca- ractères qui le font disunguer des auîres espèces du même genre: sa couleur en dessus est d'un vert plus ou moins fon- ce , avec des taches noires qui s'agran- dissent avec 1 âge, et trois r^âcs jaunes qui s'étendent le long du dos ; les deux I DES GRENOUILLES. 1^9 latérales forment une saillie , et celle du lîiilieu au contraire est enfoncée : le des- sous du corps est blanc, le museau se termine en pointe ; les yeux sont gros , brillants , avec 1 iris de couleur d'or ; le dos présente quelques inégalités; les pieds de derrière sont réunis pir une membra- ne: la longueur de la grenouille commu- ne est , dans nos p-ys, e (fel. ffnhei- il('ulf> 1 . La Gveiiomlle roiiss'e . 2,- La G. ;^>aloiiiiee ,inale . 5 . La ieiiielle . DES GRENOUILLES. ibl Les grenouliles rousses passent une grande partie de la belle saison à terre , dans les jardins , dans les prés , les lieux couverts , et s'éloignent un peu de Peau, habitude qui les distingue de la gre- nouille commune; elles regagnent les endroits marécageux vers la fin de l'au- tomne, et passent l'hiver enfoncées dans la vase, ou dans quelque trou; la cha- leur les ranime de bonne heure ; les jeunes se répandent dans la campagne ; celles qui sont âgées de trois ou quatre ans , ou qui sont capables de se repro- duire , restent dans l'eau jusqu'à ce que le temps "de leurs amours soit passé ; elles demeurent unies pendant quatre jours environ. Les métamorphoses sont dans celte espèce les mêmes que celles de la gre- nouille commune , leur période est seu- lementun peu plus longue; ce n'estqu'au bout de trois moisqueie développement entier du corps est achevé. Les jeunes grenouilles profilent, dii-on, de la nuit iSl HISTOIRE NATURELLE pour quitter les lieux qui les ont vu naî- tre et gagner les terres; le jour elles se cachent sous les pierres et sous.différents arbres. L'abondance de ces voyageuses est quelquefois telle, que le peuple s'est imaginé qu'elles étaient tombées des nues. On a débité aussi que les grenouilles rousses étaient venimeuses , ni'^is on les mange sans éprouver le moindre acci- 1 dent dans plusieurs pays de l'Europe : ces animaux habitent presque la toiaiiré de celte parîie de l'ancien continent. M. de Lacépède conjecture que cette espèce est celle que Gaslesby nomme grenouille de terre ^ et qui se Jrouve dans la Virginie et dans la Caroline. 11 paraî- trait, d'après les observations de ce der- nier naturaliste, que cet animal préfère pour nourriture les insectes qui sont phosphoriques; iî éprouva constamment qu'il saisissait de petits corpsendammés. Keptile -0U1LLES. l53 La Grenouille mugissaiite, Ranapipîens» Cette espèce est remarquable par sa couleur verdâtre , parsemée détaches ir- régulières noirâtres, et par une bande longitudinale jaunâtre, partant du nez, tout le long du dos jusqu'à l'anus. C'est la plus grande espèce connue , puisqu'elle a huit pouces de long sur trois pouces et demi de large. Les yeux sont un peu saillants , le tympan est grand et brunâtre , entouré d'un cercle jaunâtre ; la mâchoire supé- rieure est munie de petites dents nom- breuses , et le palais a quatre saillies , dont les deux du milieu sont garnies de dents ; le dessous du corps est d'un gris jaunâtre; les pieds anîérieurs ont quatre doigts courts et fendus, et les postérieurs en ont cinq longs et palmés. C'est principalement dans la Caroline qu'on trouve cette grenouille , qui est nommée par les Anglo-Américains bull- Rept. IL i4 ï54 HISTOIRE NATURELLE frog^ parceque son coassement imhe ei quelque sorte le mugissement d'un tau- reau : ce nom a aussi été donné à lagre nouille ocellée et à la criarde : quelque personnes assurent qu'elle avale quelque fois des jeunes canards lorsqu ils nageD sur les marais près des habitations. 11 ne faut pas rapporter à cette espèc le rana plpicns de Schreber , qui est 1 synonyme de la grenouille criarde. Nous observerons en outre que M. d Lacépède a réuni avec la grenouille mu gissante celle que nous nommons 06"^// 1 . La Rame coiuuiuiie . 2 . La R.bitoloi'o DES RÀiNES. 169 que les jeunes raines soient parvenues à avoir la forme qu'elles doivent conser- ver toule leur vie. Cet instant arrivé , elles quittent leur berceau, l4 vont clans les bois et les lieux ombragés. La raine verte ou la commune peut vivre aisément dans les maisons, en lui fournissant une nourriture et une tem- pérature convenables. M. de France , amateur zélé d'histoire natuf.ile, m'a communiqué sur cette espèce un fait bien singulier qu'il a observé en nour- rissant chez lui ce reptile. Il avale les peaux dont il se dépouille à chaque mue. La Raine verte ou commune , Hyla viridis. Elle est très facile à reconnaître à sa couleur d'un vert gai en dessus , et à une ligne jaune bordée en dessous de violet , laquelle ligne un peu crénelée IJO HISTOIRE NATURELLE en feston , se prolonge des lèvres sur les côîés du corps, et forme un sinus sur les lombes. Sa longueur est d'un pouce et demi. Le dessous du corps est granulé, c'est à dire couvert de petits grains rappro- chés , et teint de jaunâtre très pâle et de rougcàîre. l'ous le^ doigts sont un peu rouges en dessus, se,' ares aux pieds antérieurs , et demi-palmés aux postérieurs. On la trouve dans les parties méri- dionales de 1 Svurope. M. Daudin a indiqué , dans son his- toire naturelle desquadrupèdesovipares, d'après Roesel , trois variétés de la rai- nelle commune , savoir : i^ La raineite brunâtre: 2'^ la rainette cendrée-blanchâ- tre; 3" et /« rainette d'un bleu <>erdâtre clair. La Raine à tapirer, îlyla tinctoria. M. de Lacépède avait regardé celte espèce comme synonyme de la raine Jieptiù es. Tl. 4S. Di.' d'elfe i/el . Le lillain ifcii'^> 1 . La Uaiiio a fapiror . 3 . La 1^ ■ a Lande a »i • 0 ■ I.a R . livpoclion- 7)c.ret>e t/c/ . Ifitfier ifculp . La llaiiie pa(te- d'Oie DES KAÎNES. IjS L.es doigts des pieds sont demi-pal- nés. Cette jolie raine , que M. D mdin a 'eprésenîée avec ses couleurs dans la pre- mière livraison de son Histoire des qui- drupèdes ovipares, existe à Surinam. Les premiers auteurs qui en ont parlé , sont ilereis de Helmstadt et Gronovius. Les ercnouilles tachetées et bicrarrées décrites par Bonaterre dans 1 Encyclo- pédie méthodique, sont les synonymes de la raine à batideau. L'indivi !u que possè;le Le Vaillant, a deux taches sur chaque jambe ; mais celui qui est au Muséum d'histoire na- turelle de Paris, n'a qu'une seule tache blanche alongée. La Raine patte-d'oie , Hyla paimata. Ses caractères consistent dans des marbrures d'un brun rougeâtre , sur un 174 HISTOIRE NATURELLE fond rougcâtrc pâle , avec des bandes bifides dessus les pieds qui sont tous palmés. Elle a cinq pouces de longueur. Sa lete esî arrondie , et plus large que le corps. On voit une tache cendrée blanciiâire au coude , au genou et au talon. On la trouve à la Caroline et en Vir- ginie. Séba la figurée dans son grand ouvrage , lom. i,pl. 72, fig. 3. Dauben- ton, M. de Lacépèdeloninomniée patte- d'oie, et l'ont rangée parmi les grenouil- les ; mais M. Daudin remarque, avec raison , que cet animal ayant les doigts terminés par une pelotte visqueuse, doit être placé dans ce genre. La Raine bicolore , Hylabicolor. Celle-ci est d'un beau b'eu d'azur en dessus , avec le dessous de son corps d'un jaunâtre pâle marqué de quelques taches blanches entourées d'un cercle violet. DES RÂl-'SES. 17 5 Elle a jusqu'à quatre pouces de lon- gueur. Sa îete est aussi large que le corps; sa bouche est très ample : on voit derrière ses oreilles et sur chaque flanc , un large tubercule aplati et criblé de pores. Son abdomen et ses cuisses sont granulés , tous ses doigts sont séparés. On la trouve à Surinam, en Améri- que. L'individu qui est figuré dans la première livraison de l'Histoire des qua- drupèdes ovipares de M. Daudin , est placé dansla collection duMuséam d'his- toire naturelle de Paris. La Raine reticulaire, Hyîa venulosa. Elle est d'un rougeâtre pâle , mar- brée irrégulièrement de larges bandes longitudinales rougeâtres , pointillées de brun rouge ; ses flancs sont munis de quelques tubercules ; les doigts de^ lyG HISTOIRE NATURELLE pîeds antérieurs sont fendus , et ceux des posîérieurs demi-palmés. ^ Le maie est muni d'une vessie ro- cale à chaque côté du cou près la mâ- choire inférieure. Sa longueur varie de trois à quatre pouces : le dessous du corps est d'un blanc jaunâtre à gros grains serrés; de plus, ii y a des bandes transversales rougeâtres, pointillées de brun dessus les membres, çl les doigts sont aplatis comme à la raine marbrée. Elle existe dans quelques parties de TAniérique septentrionale. Elle a été nommée gre- nouille réticulaire par quelques auîeurs. Nota. Peut-elre doit- on regarder comme synonymes de cette espèce , la raine fiûteuse et la raine orangée de Daubenton. La Raine rouge , Hyla iiibra. Cette espèce qui a été ainsi nommée par plusieurs autres et entr' autres par Beptilej-. ^l ^7- 7)e,fene Jel . Muber jCciiIp . x.La Haine roiio^e . o 2, . X< A H . 111 aiAir e e . o . La ïv . l)eii£;laiiie , DES RAINES. 1^7 i)auberifoii et M. de Lacépède , est faci- lement reconnaissàLle à sa couleur d'un Lrun rouge , ornée sur .les cuisses de ta- ches arrondies biancliâtres : elle est lon- gue de quatorze ligues ou environ. Sa tête est petite : une ligne d'un cendré pâle s'étend des yeux sur chaque flanc jusqu'auprès de 1 anus. Les doigts des pieds antérieurs sont séparés, et ceux des postérieurs demi- palmés. Cette raine existe en Améritjtie, se- lon Séba. M. Daudin croit que la raine squelette de Daubenton est la même que celle-ci. LaPiaine hypochondriale , Hyla liypo cil Gudrialis. Cette jolie espèce es', en dessus d'un gris bleuâtre , avec les flancs , et les cô- tés des membres transversalement bar- rés de brun sur un fond ^is. Rept, II, i6 1^8 mSTGIRE NATURELLE Elle est longue de près d'un pouce et demi. Sa tête est petite, avec les lèvres blan- cliâlres. Le dessous du corps est entièrement grande el blanchâtre. Tous les doigls sont fendus. Le Vaillant a trouvé à Sur-inam cette nouvelle espèce que M. Daudin a fait peindre dans la seconde livraison de son Histoire des quadrupèdes ovipares. La Raine lactée , /ij'/« lactca. Sa couleur est d'un blanc de lait uni- forme , avec une ligne brunâtre prolon- gée depuis les narines sur les côtés de la lêle jusqu'aux yeux. Sa longueur est au plus d'un pouce quatre lignes : sa tête est peiile et trian- gulaire ; sa peau lisse en dessus, et gra- nulée dessous luS cuisses et l'abdomen ; les doigts des pieds antérieurs sont demi-palmés, et ceux dos postérieurs sont I>ES RAÏ^'E3. T79 palmés ; leurs peloltcs visqueuses sont un peu larges. Cette nouvelle espèce existe en Amé- rique y et a été décrite par M, Daudin. La Raine bi-rayée , Hyla hiîineatn. Sa couleur est, en dessus, d'un vert brun , avec deuc lignes parallèles longi- tudinales, un peu arquées et blanches sur le dos. Sa longueur est d'un pouce au plus. Entre les deux lignes blanches du dos , on voit deux rangées de taches branes disposées en long. Le dessous du corps est d'un vert très pâle et entièrement granulé. Les doigts des pieds aaîéri'^urs sont fendus , et ceux des postérieurs demi- palmés. Cette nouvelle espèce a été découverte dans les bois de 1 lie Java, par Wurmb et Van-Ernest. M. Daudin l'a décrite le premier. i8o UISTOIRE NATURELLE La R.aine flanc rsiyé , Hyla lateraîû. Elie est d'un joli vert clair en dessus, Comme notre rainette d'Europe , et d'un vert bianclîâlre en dessous ; ce qui la distingue principalement, c'est une ligne jaùnâîre y droite et non crénelée , sur les côtés de la tête, du corps et des mem- bres. On trouve cette raine dans l'Améri- que septentrionale , sous \ts feuilles des arbres les plus élevés \ elle saute avec lé- gèreté sur les branches, et fait entendre sans cesse , selon Catesby , un coasse- ment qui imite les syllabes tchit-tchit-^ tcliit-iclilL Bosc i'a souvent reiicoatrce près de Charleslown. DES RAÎÎvES. 18 1 La Raine fémorale , Jlyîa femoralîs. On peut la reconnaître à la couleur herbacée qui teint le dessus de son corps, et à des taches jaunes au nombre de sept ou environ qui sont placées sur chaque cuisse. Elle est longue de huit à quatorze lignes. Son dos est parsemé de petits points bruns; le dessus des cuisses est d'un vert sombre près des taches jaunes ; les doigfs des pieds antérieurs sont fendus, et ceux des postérieurs demi-palmés. Elle a été découverte et décrite par Bosc, en Caroline. La Raine squireîle , liyla squirella . Elle a pour caractères le corps d'un vcrl obscur, irrégulièrement pointillé de brun, avec deux r^n>s de tacbes brunes l82 HISTOIRE NATURELLE sur chaque côté du dos ; ses fesses sont de couleur jaune. Elle a quinze lignes de long au plus. Ses lèvres sont blanchâtres, et l'abdo- men est granulé, ainsi que le dessous des cuisses. Les doigts des pieds antérieurs sont sé- parés , et ceux des postérieurs demi- palmés. Les jeunes ressemblent complètement à la grenouille commune d'Europe. Le naturaliste Bosc a trouvé plusieurs fois cette nouvelle espèce sous les écor- ces des arbres , en Caroline. La Piaine bigarrée , Hyla intermlxia. Cette espèce, sur laquelle M. Dau- din m'a communiqué ses observa- tions , est remarquable par sa couleur brune i chaussée de taches vertes fine- ment dentelées sur leurs bords , et par des bmdes transversales vertes sur ses membres. DES RAINES. l83 Salongueur est cVun pouce etdemi en- viron; et par sa for^ne elle ressemble un peu à la raine à tapirer. Le dessous du corps est granulé : les doigts des pieds antérieurs sont séparés, et ceux des postérieurs sont demi-palmés. Comme on trouve cette espèce à Suri-^ nam, et que par ses couleurs elle res- semble beaucoup à celle figurée par Ma- demoiselle Mérian, dans son ouvrage ( pi. 56 ), Je la regarde comma syno- nyme, mais il pourrait se faire qu'elle fût une femelle, d'autant plus que celle de Mademoiselle Mérian a seule une vessie vocale comme les màîes: elle pond dans les eaux, près des rivages, et se mé- tamorphose comme les grenouilles» l84. HISTOIRE NATURELLE La Raine marbrée, Hyla marinorata Oïl peut aisément la reconnaîîre à sa couieur ci'un cendré jaunâtre, marbrée de rougeâtre en dessus , et parsemée de petites taches rondes d'un noir sombre en dessous .; de plus ses doigts sont apla- tis et palmés. Sa longueur est d'un pouce et demi. Le dessus de la tête et les flancs sont remarquables par quelques petits tuber- cules; et c'est sans doute à cause de cela que cette raine a éîé rangée au nombre des crapauds par Daubenton , Lau- rent! , etc. etc. Séba l'a figurée dans le tome I*^"^ de son ouvrage (pi. 71, ftg. 4 et 5 ). On la trouve à Surinam. La Raine beuglante, Hyla boans, EHe est d'un cendré blancîiâlre, avec des bandes larges transv^ersales, d'un brun DES RAINES. l85 rouge dessus le corps, sa tête et l'ouver- ture de sa bouche sont larges. Sa longueur est de deux pouces au plus. ^ Une ligne blanchâtre borde les lèvres et le côté exlèrieur des inenibres ; une autre ligne brune s'élend sur le mileu du dos jusqu'à l'anus. Le dessous du corps est bianchâtre , seulement granulé sur l'abdomen et sous les cuisses. Les doigts des pieds antérieurs sont fendus , et x:eux des postérieurs demi- pal iiiés. Cette espèce, qui habile à Surinam, a des couleu^rs très altérables dans les li- queurs spirllueuses, et y devient quel- quelquefois entièrement blanche ; aussi a t-elle été nommée raine couleur de lait par Daubenion et le savant professeur de Lacépède. On doit regarder comme synonyme la raine f ciselée de Schneider ; mais la boanle du môme auteur appar-s; tient à notre réticulaire. 1 86 HISTOIRE NATURELLE La Raine à verrues , Hyla vernicosa. Elfe est très reconnaissaLîe à son corps parsemé de verrues écarlées en dessus et granulées en dessous. Si longueur est d'un poLice et demi. Eiie a la tête obîuse , la bouche am- ple et les yeux saillants. Sa couleur est entièrement d'un rouge de bis'tre ; mais peut être n'es^-elle pas la mi^me lorsque lanimal est vivant. Les doigts des pieds antérieurs sont fendus , et ceux des postérieurs demi- pal m tés. L individu, d'après lequel M. Daudin a faiî celte description , est placé dans la galerie du Muséum d histoire naturelle de Paris. Jignore quelle est sa patrie. La Raine oculaire , Hy/a ocularîs* Elle est d'un gris argenté , finement pointillé de brun , avec une bande assez DES lUlNES. 187 large , se prolongeant des yeux jusqu'au milieu des flancs. Sa longueur est de six à dix lignes au plus. Le dessous du ventre est granulé ; le dessus des membres a des bandes trans- versales brunes ; les doigîs des pieds postérieurs sont demi-palmés , et ceux des antérieurs sont fendus. Bosc a fréquemment trouvé celte nouvelle espèce dans les grands bois de la Caroline sur les arbres. ïS8 HISTOIRE NATURELLK XV'^ GENRE. SALAMANDRE , Salamakdra. itarnt. génér. Trois ou quatre doigts aux pieds de devant, et quatre ou cinq aux pieds de der- rière; la langue large, non fourchue, et fixée dans toute sa longueur. Une queue. Le premier pas à faire, lorsque l'on traite d'une division , ou si l'on veut , d'un genre d'animaux , est de tracer s'il est possible , une ligne de démarcation qui les sépare des animaux des auli es divisions , et empêche qu'on ne les con- fonde entre eux. Au premier aspect , et pour quiconque n'y apportera qu'uiic attention superficielle , les salamandres ne seront que des espèces de lézards, ne différant des auîres que par quelques attributs spécifiques, et ne formant en- semble qu'une même famille ; mais ectle opinion trop légèrcnient con(j:ue et DES SALAMÂ>DRES. ïSg vulgaire , fera bientôt place à un senli- ixieul tout opposé , si l'on appelle Tob - servalion , seul guide qui puisse con- duire d'une main assurée au travers de rimmensilé des êtres, et révéler une partie des détails infinis dont la nature a composé leur essence. Et que l'observalion ne dédaigne pas de s'appliquer à des animaux paresseux et tristes, que d'anliques préjugés accom- pagnent ; revêtus d'une peau nue et à teintes livides; se traînant à peine dans les lieux sombres , sur un sol bu- mide , qu'ils busuectent encore d'une liqueur visqueuse et fétide qui suinte de toutes les parties de leur corps , ou re- légués dans des fossés et des marres; inspirant enfin Tborreur que fait naître tout ce qui rampe dans l'ombre. Ces animaux pesants et laids, nous offrent des merveilles dignes de piquer îolre curiosité , et ils ont été l'objet des 'ecbercbes et des expériences des plus iabiles physiciens. D'ailleurs , aux yeux Rept. IL 17 igo HISTOIRE NATURELLE du philosophe , rien dans la nature n'csl à proprement parler, ni hideux , ni ab- ject; si ce n'est l'homme , lorsqu' ou- bliant réminence de sa dignité et la su- prématie que le créateur lui a départit surtout ce qui respire, il s'enfonce danj la fange de la corruption ; ou que rem- porlant l'épouvanlable avantage de sur- passer le tigre en cruauté, il fait couler ; grands Oots le sang de ses semblables; \ En comparant donc les salamandre aux lézards, l'on reconnaîtra d'abon qu'elles en diffèrent par lanature deleu enveloppe extérieure: elles ont une peai nue et luisante , au lieu que le corps de lézards est défendu des impression élrangères par des écailles plus ou moin grandes , plus ou moins serrées enfr clit'5:, et dont l'arrangement, varié etsy nié { ri que , est souvent aussi agréable la vue que les couleurs dont elles briîlen! mais celle dissemblance dans la robe es la nmins saillante de toutes celles qi éloigncni Uà salamandres des lézards, t DES SALAMANDRES. I9I les rejeîtcnt au dernier rang des repîDes avec les grenouilles , auxquelles elles ont plus de rapports qu'aux lézards. En effet , si l'on coiUlnue l'examen des salamandres, on leur verra des pat- tes plus courtes, proportion gardée, que c lies deslézards, des doigis de longueurs in ''gales, à la vérité , mais tous dépour- vus d' ongles, qui ne manquent pas aux lézards \ elles ont du reste àts yeux munis de paupières , placés sur la pariie s«i:>érieure^ie la tête ; et les niachoires armées de très petites dents , de même que les orbites des y euK, qui sont saillantes danslinJérieur du palais; mais, et ceci est une beîk et récente observation d'ua naturaliste français, Alexandre Bron- gniart, la langue des salamandres, qui est large , épaisse et non divisée à son extrémité, et adhérente par toute sa face inférieure , caractère qui distingue ces animaux de tous les autres reptiles, et les rapproche des poissons. A peu près privées de la faculté d'ouïr, I0 2 UÎSTOÎRE NATURELLE les salamandres n'oisl qu'une manière d'exister îrès peu active. Leurs fausses côtes sont très coaries, et ne présentent que des rudiments de ces parties osseu- ses; ce sont avec les serpenls el tes gre- nouilles, les seuls rophles dont le cœur n'ait qu'une oreliiette. Comme les gre- nouiiies , les salamandres n'ont point d'accouplement réel , et la confonnalioa des organes de la généradon s'o^^pose à ce nu' en effet eïîcs .puissent s'unir a la manière des autres reptiles ; enfin les grenouilles et les saiamandresont encore cela de commun qu'elles subissent égale- ment plusieurs métamorphoses avant d'acquérir la forme de ranimai parfait. Tant d'attributs propres, de caractères particuliers et Lien sallants , font des salamandres un groupe de reptiles qui s'aitache , il est vrai , aux aulres grou- pes de la même classe, et même, en quelques points, à une classe différente, mais qui s'isole assez distinctement pour que Ton ne se permette pas de le con- DES SALAMANDRES. igB fondre avec d'autres famiiles ; et Ion s'éiomie que des naturalistes très exercés aient inlroduit des espèces de lézards parmi les salamandres , et que d'autres alentdécrit devraies salamandi'es corume des espèces de lézards. Mon dessein n'est pas d'entrer dans ces discussions systé- matiques , qui font le mécanisme de la science et non la science elie-mënie : il me suffit d'av^oir exposé les différences aussi nombreuses que tranchées , qui sé- parent le genre des salamandres , de ceux auxquels on pourrait le comparer , et r histoire naturelle que je vais donner des espèces de ce genre, fera connaître de nouveaux développements. Î94 HISTOIRE NATURELLE La Salamandre terrestre , Laceita Saîainandra. LiN. «c H n'y a paysan en Gascogne , dit » Belon ( observations, chap. 2,pag. 6), « qui ne saciie nommer la salamandre » myrtil; ea Savoie une plmnne , car on » la voit quand il pleut; au Maine un j) sourd ^ car il seniLle qu'elle soit sour- » de , et toutefois aucun ne sait que « c'est la sala «andre. » Ce repîile est en effet assez répandu dans presque toutes les parties de la France, où elle porte différents noms; et le peuple , tjui les lui a imposés , ne se doute guère que c'est de cet ani- mal que l'on a dit qu'il pouvait vivre au milieu des flammes et sur le Lrasier le plus ardent. Aristote qui ne parle que très peu de la salamandre , rapporte que l'opinion commune est qu'elle marche au travers du feu , el qu'elle l'éteint sur son passage* Quelques auteurs ne se Keptiles. TJ . S-2 Deseve (/e/ . J^e ////a/'/t fCcuh) . 1 . La SalaniaJidre terrestre 2. . La S . marbrée . 5 . La S . a crête . DES SALAMANDRES. ig5 sont pas contentés d'une propriété déjà si merveilleuse , ils ont ajouté que la sa- lamandre vivait dans le feu comme dans son élément propre, et qu'elle se nour- rissait de sa substance. Des représenta- tions monstrueuses de l'animal en fai- saient un être aussi extraordinaire q'ie sa manière de vivre. On le croyait un animal fort redouta- ble ; sa morsure donnait , disait-on , la mort comme celle de la vipère; et quel- ques auteurs graves n'ont pas craint d'é- crire qu'un homme mordu par la sala- mandre devait , s'il voulait conserver quelque espoir de gtiérison, appeler au- tant de médecins que le reptile a détaches. Toutesceserreurs, enfants d'une ima- gination égarée, se sont transmises d'âge en âge et ont composé , jusqu'au siècle dernier , Ihéritage bizarre de la crédu- lité. Des hommes célèbres , ayant T ha- bitude des découvertes , n'ont pas dé- daigné de travailler à dissiper ces préju- gés : ils ont senli que détruire une er- f If)6 HISTOIRE NATURELLE reur était l'cquivalcnt de la promulga- tion d'une vérité. Tii'îiglas en Allema- gne , Perrault et Maiiperluis en France , ont démontré que si on a la barbarie de jeter une salamandre au feu , elle y ré- si^>le quelque temps , parcequ'il découle des glandes qui aboulissent à sa peau une liqueur assez abondante ; mais qu'elle fmit pur y être consumée. L'cînpire du merveilleux a tant d'at- traits et de puissance surcertains esprits, qu'il n'a pas tenu à de prétendus obser- vateurs de faire revivre , comme une chose réellement exislante , la f^ble jus- tement proscrite de l'incombuslibililé de la salamandre. L'on a imprimé, en i 78g, dans plusieurs feuilles périodiques, et parliculièrement dvins la bibliothèque physico-économique , recueil très ré- pandu, une lettre de M. Poihonier , sur ce sujet. Cet ancien consul de P\hodes,' après s'être pidintavec beaucoup d'amer- tume de r incrédulité du siècle , et avoir fait des reproches aux naturalistes , et DES SALAMANDRES. jqj nomméiocm à l'illustre de Lacepède à avoir rejeré comme absurdes lesconlel q«e les anciens oui débifés , sans aiœrm égard pour ceux qui nouf les ont transm's r^'pporie une anecdote , dont le but est de retaU,r la salamandre dans son p riv- iege de vivre au milieu du feu, oéme 1^ plus ardent. • » J'élais, dit-il, occupé à écrire dirs » i^îon cabinet, à 1 ilc de Rhodes; ?en- ^' tends tout à coup des cris extraordi- » naires dans ma cuisine; j'y cours, et » je trouve le cuisinier tout eiTrayé, qui » me dit , dès qu il m'ai ercut, que le -^> diable était dans le feu : jeVegarde, et » je vois au milieu d'un feu {rès ardent >^ on petit animal , la gueule béante et 3> le gosier palpitant Je Texamine , et » après m être assuré qne ce n'éiait pas ^ t-ne illusion , je prends les pinces pour >^ ie sais.r ; à h première tentative que )) je fais , cet animal , qui avait été im- )' mobile jusqu'à cet instant, c'est à dire ^ pendant un intervalle de deux oa trois îg8 HISTOIRE NATURELLE » minutes, s'enfuit dans le coin de la ), cheminée ; je lui coupai le pelit bout î) de la queue : il se cacha dans un amas « de cendres chaudes ; je l'y poursuivis. » Étant parvenu à le découvrir , je l'at- )) teignis d'un second coup sur le mi- )) lieu du corps , et je le saisis. C'était » une espèce de petit lézard , que j'en- )) fermai pour le conserver dans un bo- » cal rempli d'esprit-de-vin. J'ai fait » part , dans le temp3 , de ce phéno- » mène à M. le comte de Bul'fon ; je lui » ai donné ma salamandre : ill a trouvée )) différente de toutes celles qu'il avait > déjà: il m'a beaucoup questionné sur » ce fait exiraonlioaire , et m'a dit qu'il n ne manquerait pas d'en faire mention: » il m'a demandé la permission de me )) citer. On me reprochera sans ikule » de n'avoir pas assez mis d'ordre, as- )) sez de méthode danscelte observation; )) mais peu accoutumé à en faire de ce j) genre, je n'ai pas pensé d'abord à .w l'importance dont elle pouvait être. » f DES SALAMANDRES. ig^ Il faut , en effet , que l'observateur émerveillé ait mis beaucoup de désordre da^.s son observation , et que son ima- gination troublée l'ait trompé et sur le temps que le reptile a passé dans le feu, et sur son entière conservation. Quelque importance que M. Pothonier ait voulu donner à ce qu'il appelle son expérience, en se targuant de l'atiention que Buffou a, dit-il , apportée à son récit, je me serais bien gardé d'en faire mention, s'il n'était pas consigné dans des recueils qui se trouvent en beaucoup de mains , et si je n'avais pas été moi-même à peu près témoin de celte prétendue mer- veille. Je passai à Rhodes peu de jours après que M. Pothonier , homme fort estimable , mais d'une ignorance com- plète en tout ce quia rapport à l'histoire naturelle , eut mis sa salamandre dans l'esprit-de-vin. 11 s'empressa de me la montrer , et il avait encore l'esprit si rempli du prodige qu'il avait cru voir , il en parlait avec tant d'enthousiasme et de 200 ÎIISTOÎRE NATURELLE prévénîion , que je re voulus pas lui donner le chagrin de le déUomperet de dissiper son illusion , qui Tempi^cliait d apercevoir que ]iis paites et quelques places sur le corps d'un reptile incom- busliblc à ses yeux , éiaiei^t à demi- grill ee s. La liqueur que h douleur occasionëe par le feu excite h salaaiandre à jeter au delsors , est blanchâtre ; elle découle par mie multitude de pelits trous ou de pores, la plupart visibles à l'œil comme de poiiîs points noirs, dont la peau est criblée ; llmmidité que ce suintement laiteux procure à 1* peau est sufrisaiite pour éteindre quelques petits charbons enflammés , de la m^eme manière qu'un linge mouillé les éteindrait; mais elle se tarit bienlôt et se désèche sur un brasier, et l'animal , aussi bien que tout autre , ■ fmit par y brider. Il est probable que les nombreux ma- inelons dont la peau de la salamand^^e est garnie , sont les réservoirs où celle ' / DES SAÎAMANDIIES. 201 liqueur s'amasse et s'élabore ; l'animal peut la rJpani-rî à volonté, et cest tou- jours lorsqu'îl est vîvèmeiit affecîé ; en pressant son corps, on la fait cquicravec assez d'aljon.'lance; il a la faculté. de la • faire jaillir Uu-rneme à uni assez grande distance , et c'est le seul moyen de dé- fense qu'il ail à opposer aux altaques de ses ennemis. Mais cette défense est faible et peu re- doutable, au moins àl égard de Ihom.me et de presque tous lus animaux; quoique rinimeur laiteuse qui découle des pores de la peau de la salamandre ait une odeur forte et pénétrante ; quoiqu'elle soit même d'une grande âcreîé, ce n'est pas, il s'en faut bien , un poison mortel , ainsi qu'on le croyait dans l'antiquité ; et cet>e opinion était tellement accrédi- tée, que les lois romaines prononçaienlip contre celui qui aurait fait manger à un autre quelques parties d'une salaman- dre , la peine dont elles frappaient les si- caires et les empoisonneurs : cependant llept. n 18 202 HISTOIRE NATtJRELLB l'honime n'éprouve aucun mal ni de la liqueur , ni de la chair même de ce rep- tile; et l'on en a la preuve dans This- toire que les éphémérides des curieux de la nature rapportent , d'une femme qui , voulant se défaire de son mari , lui fit manger une salamandre sans qu'il en souffrît la plus légère incommodité. Les expériences de Mauperluis prou- vent aussi que ce reptile n'est pas plus funeste à presque tous les animaux , soit qu'on leur en fasse avaler les tron- çons à l'instant qu'on les sépare de l'animal vivant , soit qu'on leur donnt des aliments détrempés dans la liqueui dont son corps se couvre , soit enfn qu'on en introduise dans leurs veines Je ne pense pas néanmoins qu( l'on soit jamais tenté de se servir de; • salamandres comme aliment ; et uik pareille nourriture . malgré les expé- riences que l'on en a faites, ne pour- rait être sans quelque danger. Er «ffet , l'humeur dont le corps de cei DES SALAMANDRES. 2o5 animaux est imprégné , a trop d'à- creté pour être avalé impunément ; si Ton en met seulement une goutîe sur la langue , elle occasione une très légère douleur à la vérité , mais l'epiderme ne laisse pas d'en être of- fensé ; et , selon Mariiai , elle a la propriété de faire tomber les cheveux. Il paraît que les salamandres de l'Inde, dont parla Fouché d'Obsonville, dans ses Essais phllosopJuijHes sur les mœurs de divers animaux étrangers , sont d une nature diiférenîe des nôtres; car il as- sure que leur chair est agréable au goût, qu'on la fait cuire avec des épices , et que les consommés que Ton en tire font d'excellents restaurants. Mais il y a tout lieu de présumer que ces préten- dues salamandres sont plutôt des espè- ces de lézards. J'ai dit que tous les animaux , à peu d'exceptions près , n'avaient rien à craindre de la salamandre , et cette restriction est devenue nécessaire, de- 204- HISTOIRE NATURELLE puis que M. Laureti.i a éprouvé que l'hameur laiteuse de ce reptile donne la mort aux lézards : ce naturaliste fit mordre mie saiasnandre par deux peliis lézards gris , elle employait les plus grands efforts pour s'enfuir et évi- ter les morsures de ces peîiîs animaux ; mais ne pouvant s'y soustraire , eiie lança sa liqueur dans la booiche de ses ennemis: l'un mourut à l'insiai;t même; le second fut aifaqué deux minuîes après de convulsions qui le firent périr : un autre lézard , dont M. Laurenli enduisit la boLuhe avec ia même liqueur, tomba également en convulsions , puis en pa- ralysie d'un côté entier da corps ; symp- tômes^qni furent bientôt Sijuiyis delà nîort. La morsure des salaMaftdres**erres- tres passait aussi pour être exîf'êmemf^it dangereuse ; mais cette morsure est une chimère, aussi bien que le venin que l'on y croyait attaché : le naturel doux et ti- mide de ces animaux leur ô!e toute vo- lonté de se servir de leurs dents pour se DES SALAMANDRES» 2o5 défcnilre ; l'on a Leau les irriter , ils ne cherchent jamais à mordre ; et en sup- posant que l'envie leur en prît , ils ne le pourraient pas. En effet ^ quoique leurs mâchoires soient découpées par une rangée de petites deri4s aiguës, ces den's sont si faibles qu'elles sont hors d'état de pénétrer dans la chair d'aucun animal ; elles se dérangèrent plutôt que d entamer la cuisse d'un poulet dé- plumé , que Maupertuis plaça de force dans la bouche d'une salamandre et qu'il essaya valnemenS; de faire mordre en serrant les mâchoires du rcpliie ; il en appliqua aussi les dents sur les lè- vres et la langue d'un chien , sur la langue d'un coqd'inde, et Tobservateur ne vit point de symptôme qui pût faire soupçonner la présence d'aucune sorte de venin. La salamandre terrestre est donc un animal innocent, doux , extrêmement crainiif, dont l'amour du merveilleux avait fait mal à propos un être exiraor- 2o6 HISTOIRE NATURELLE dinaire par des qualités qui semblaient tenir du prodige , et par l'effroi qu'elle inspirait : ses sensations sont obtuses , parceque les organes dont elles éma- nent sont imparfaits. Quoique ses yeux * soient assez gros, la salamandre voit mal ; aussi sa marche est-elle traînante , et elle se raet rarement en mouve- ment. On ne voit point au dehors d'o- reilles apparentes ; l'on remarque seu- lement de chaque côté , derrière les yeux, un groupe de petits trous sem- blables à des piqûres d'épingles , qui, suivant toute probabililé , tiennent lieu des organes extérieurs de l'ouïe, et à bien prendre , ces organes ne sont que des rudiments informes, très peu pro- pres à recevoir les sons. En écartant les mâchoires et ouvrant la bouche de la salamandre , si l'on ôte la peau et les muscles adjacents, on ne trouve aucun vestige du tympan ; cette partie du crâne est épaisse , et c'est là qu'est caché l'organe acoustique , recouvert BES SALAMANDRES. 207 en dessus et en dessous par une petite lame ; au-dessous est un vesîibule assez ample , et au-dessus paraissent les ca- naux demi-circulaires. Les ouverlurcs des narines sont très pelites , et annon- cent que cet animal est aussi mal par- tagé par l'odorat que par la faculté d'ouïr. Une peau nue, tantôt sèche , tanîôt enduite d'une humeur épaisse et visqueuse , des pattes de crapaud , les doigts mousses , dénués d'ongles pré- servateurs et presque sans mouvement , sont des moyens bien faibles de ressen- tir les impressio!is des corps étrangers , et rendent l'organe du toucher aussi ob- tus que les autres : enfin, la salamandre, presque sourde ^ voyant fort mal , peu susceptible de recevoir des sensations du dehors, est er.core muclîe , ou peu s'en faut. C'est dans les lieuK frais et humides qu'elle fixe le séjour de son existence triste et peu active : on la trouve dans les caves où règne l'humidité , dans 2o8 IIÎSTOÏRE NATURELLE les masures , les décombres et sous les tas (le pierres amassées depuis loog-lenips , au iiiilieu des champs. J ai habiîé pendant plusieurs années une campagne , dont la maison plicée au fond d'un vallon étroit était bâtie près des bords de la Saône , vers la source de ceHe rivière ; je n'^ai yu nulle part plus de salamandres terrestres ; elles se tenaient dans les lieux que je viens d'indiquer , mais jamais elles ne se rendaient dans l'eau de la Saône , ni de quelques marres environnantes pour y déposer leur progénilure. Mes pro- pres observaiioDs sur ce sujet s'ac- cordeiil parfaitement avec celles de mon savant ami Lairellle , qui a publié tout récemment une excelT^nle bisioire natu- relle des salamandres , et je ne puis mieux faire que de rapporier ici ce qu'il a écrit sur Piiabitude que 1 on a suppo- sée à la salamandre terrestre, de pro- ' duire dans les eaux. DES SALAMANDRES. 2O9 « Les jeunes salamandres terrestres ont -elles di^s Lr.iûcliies ? Voila u.ie question qne Je luels encore au r:ing des problèmes , ou que je ne vois pas du moins enîièrement résolue. » Des riaiuraiisîes du plus grand poids ont avancé qu'elles en avaient, que les mères se rendaient à F eau pour y donner naissance à leurs fœ- tus. Je me soumelîrais dociicment à une telle assertion , si je savais qu'elle fut élai)lie sur im fait bien observé , e' non sur une induction tirée de 1 a- naîogie. » J'ai étudié les salamandres dans un pays où la terreslre est très commune. Je n'en ai jamais rencontré soit d'adul- tes , soit en état de larve , dans l'eau ou sur ses bords. Elles vivent dans des lieux frais ei humides , mais souvent à une dislaiire considérable ^^es eaux sta- gnantes. Elles habitent fréquemment des masures dans 1 intérieur des villes, \ 210 HISTOIRE NATURELLE souvent même en familles assez nom- breuses. Or, se rendre à un marais, à un fossé , pour y choisir le berceau de sa poslcrité , me semble être pour elles, dans cette circonstance , un parli né- cessaire , et sujet à des difficultés insur- montables. J'éprouve , je l'avoue , une grande répugnance à croire la possibilité d'une telle émigration. !Nous avons vu que la fécondation des œufs et la durée de la ponte se faisant par intervalles as- sez distants les uns des autres, prolon- gent la durée des amours des salaman- dres. Les mâles devront donc accom- pagner les femelles dans leur voyage ; et ïi'esl-ce pas une autre difficulté ? Ce sera sans doute aussi à la faveur des ténèbres qu ils exécuteront: leur marche péril- leuse ; car la salamandre terrestre craint la lumière du jour. Observez encore que sa qufue, conformée d'une autre ma- nière que celle des salamandres aquati- ques, lui refusera ses services lorsqu'il sera question de nager. Mais quelles que DES SALAMANDRES. 311 soient ces réOexions , je me soumellrai avec la confiance la plus entière , dès qu'un naturaliste éclairé me dira : « J'ai j> vu la salamandre terrestre déposer ses » œufs ou ses foetus dans le sein des » eaux. C'est un fait, et non une induc- i» tion qui en a pris les formes et les cou- y leurs. » » Si les jeunes salamandres terrestres ont des branchies, je verrai ici une pré- voyance de plus de l'auteur de la na- ture ; il aura étendu sa sagesse conserva- trice à tous les cas , à celui particuliè- rement où l'objet de sa tendre sollicitu- de viendrait à rencontrer une quantité d'eau suffisante pour menacer ses jours. Des branchies lui seraient, dans son naufrage, une planche salutaire qui l'ai- derait à se sauver (i). » (i) Histoire naturelle des Salamandres de France , précédée d'un tableau métbodique des antres reptiles indigèaes , par P. A. Latreille, pag. ly et suiv. 212 HISTOIRE NATURELLE Quant à la uiaulèrc dont la salaman- Hianortaiciit deux sortes de nageoires assez longues, du côté de la tête, dont la gros- seur n'avait point de proportion avec celle du corps; ces petites salamandres, mises dans l'eau, nageaient fort bien et pa- raissaient être dans T élément qui leur convenait. D' autres prétendent avoir trou- vé dans le corps de la salamandre femelle une cinquantaine de petits , ressemblant à leurs parents, à la grandeur près. C'est à ces observations contradictoires , et qui paraissent en appeler d'autres pour fixer le degré de confiance que chacune d'elles mérite, que se réduisent nos con- naissances sur la reproduction des sala- niandres terrestres; et je n'ai placé ici ces dlffé renies remarques, qu'afm d'en- gager à les répéter, et de mettre sur la voie pour déterminer ce qu'elles con- tiennent de vrai, de faux ou d'exagéré. Mais de quelque manière que se fasse la reproduction de la salamandre, c'est un animal très fécond. Pendant les froids de nos hivers, la DES SALAMANDRES. 2î5 salamandre terrestre s'engourdit dans les crevasses des vieux murs , dans les trous d'arbres creux, et même dans les ouver- tures de la terre ; la douce inHuence du printemps la tire de cet état de torpeur, et lui fait ressentir le penchant h^ sa re- production, besoin iinpérieux, loi géné- rale de la nature, qui, dans les êtres les plus froids, répand un feu subit qui les étonne et les dévore , et dont la triste et comme disgraciée salamandre ressent toute l'activité. Lorsqu'elle est en repos, elle se replie souvent en spirale sur elle- même , à la manière des serpents ; elle ne sort ordinairement de son trou que dans les temps pluvieux , parceque la fraîcheur lui est agréable, ou peut-être nécessaire, et que d'ailleurs elle trouve plus facilement alors les insectes et les vers dont elle compose sa subsistance. Elle peut supporter long-temps la prive?- tion de toute nourriture : si on la plong(» dans l'eau, elle s'efforce d'élever au-des- sus de la surface ses narines pour respi- 2 1 6 HISTOIRE ^' aturelle rcr ; quoiqu'elle ne recherche pas elle- même les ca«x, mais seulement, comme je l'ai dit plus haut, la fraîcheur et l'hu- midité: on la conserve pendant plus de six mois dans de l'eau de puits sans au- cune nourriture, et avec la seule attention de changer assez souvent l'eau du vase dans lequel on l'a mise. C'est, du reste , un animal dur et vi- vace : il est difficile de le tuer, mais si on place une salamandre sur un petit mon- ceau de sel, on la verra tourner, s'agiter et mourir enfin après avoir roule tout son corps en spirale. La même chose arrive, dit-on , si on la trempe dans du vinaigre. On trouve la salamandre terrestre , non seulement en France , mais encore dans plusieurs autres contrées de l'Eu- rope. Elle a quaire doigîs séparés aux pat- tjs de devant : les deux du milieu sont liis plus longs , et celui qui représente le pouce n'est qu'un rudiment de doigt ; les DES SALAMANDRES, 21^ piecls postérieurs en ont cinq ëgalement séparés et de grandeur différente. Tous ces doigls sont dépourvus d'ongles, ainsi que je l'ai déjà remarqué. La queue est petite, presque cylindrique, mais un peu comprimée sur les côtés vers sa base, et toute couverte d'anneaux. Un noir som- bre et livide, tiqueté de jaune, couvre le dessus du corps ; deux larges bandes jaunes qui partent des côtés de la tête , et dont la figure varie sur différents indi- vidus , s'étendent parallèlement jusqu'à la naissance de la queue ; mais elles sont très rarement d'une seule pièce , et la couleur noire en interrompt le plus sou- vent la continuité : cette même couleur prend une teinte bleuâtre sur le ventre qui , de même que les autres parties du reptile, est varié de taches jaunes plus pales sur les parties inférieures. 2l8 HISTOIRE NATURELLE La Salamandre noire ^ Salaman- dra atra. Celle-ci est entièrement noire , sans aucune tache jaune ni d'autre couleur : elle est du double plus petite que la sa- lamandre commune , et ses pieds et ses doigrs sont aplatis et moins charnus. Sur le derrière de la tête sont de pelilca élévations ohlongues et aplaties. Le cou est beaucoup plus étroit que la tête , au lieu qu'il est à peu près de la même grosseur dans l'espèce précédente ; enfin l'on voit une sorte de verrue , en forme de nombril , sur chacune des côtes. Les Autrichiens appellent cette sala- mandre lattennandl ., et on la trouve dans les cavernes et les ouvertures des mon- tagnes d'Etschcr, où l'on ne rencontre jamais la salamandre terrestre ordinaire. Cette particularité, ainsi que les différen- ces de formes , plus décisives que celles DES SALAMAÎJDRES. 219 tîes couieurs , ont engagé Laurenil h donner la salamandre de cette arlicle , comme une espèce distincte. Celle opi- nion m'a paru trop bien fondée , pour ne pas la préférer à celle de Gnielin et de Lacépède, qui n'ont vu dans la sala- mandre noire , qu'une variété de la sala- mandre terrestre. Laurenti a soumis celte espèce aux mêmes expériences que la précédente ; et il a reconnu qu'elle n'avait pas plus de danirer par sa morsure et la liqueur lai- teuse qui découle aussi de son corps. Quant à salamandre noire en dessus , et jaune en dessous, dont parle Matlslole dans ses commentaires sur Dioscoridc , je pense , avec de Lacépède , que c'est une simple variété de la salamandre ter- restre. Il en est de même de la salamandre d'un brun livide , sans aucune iaclie , et que Gesner rencontra dans les Alpes. I..orsque ce naturaliste l'eut frappée, ii. sortit de la plaie la même liqueur lai- 220 UISTOIRE NATURELLE teuse dont le corps de la salamandre ter- restre est imprégné. L'on ne peut guère douter que cet animal ne soit qu'une va- riété individuelle, quoique Laurent! l'ail prise pour une espèce séparée. Le même auteur parle encore de deux autres salamandres , qu'il distingue en espèces différentes, et que Gmelin ne présente que comme des variétés de la salamandre commune. Je me range- rais plus volontiers à l'avis de Laurenti, et je présume que l'observation le con- firmera. La première est la salamandre Llanclie : elle est entièrement blanche , et la queue est à peu près cylindrique. On l'a trouvée dans le Padouna. La se- conde est la petite salamandre des envi- rons de Vienne , dont la couleur est brune, et la queue un peu aplatie sur les côtés. Elle vit dans les broussailles «'es valions humides et fangeux; elle perce la vase de plusieurs trous, et elle s'y en- fonce lorqu'elle aperçoit quelque dan- ger. L'on doit remarquer qu'il n'y a DES SALAMAÎÎDRES. 221 point d'au(res salamandres dans la même contrée ; ce qui fait conjecturer , avec beaucoup de vraisemblance, que celle-ci est une espèce particulière, ou du moins une race constante. La Salamandre marbrée , Triton Gesneii, C'est une des espèces de salamandres aquatiques , que de Lacépède a réunies sous la dénomination de salamandre à qiêeue plate. Mais Latreille , après avoir apporté dans Texamen de ces animaux, dont l'âge et le sexe changent et les for- mes et les couleurs , l'attention scrupu- leuse et l'esprit de discussion qui le dis- tinguent et le rendent un naturaliste très profond, a reconnu qu'il existait entre les salamandres aquatiques des distinc- tions assez saillantes et assez tranchées pour ne plus les confondre les unes avec les autres. 2 2 2 HISTOIRE NATURELLE Mais avant d'entrer clans les de'tails qui concernent ces différentes espèces, il convient de dire quelque cliosc des salamandres aquatiques en général. Si l'on a prétendu faussement que la salamandre terrestre , fille de l'élément le plus actif, ne pouvait être consumée par les flammes , il est vrai que les sala- mandres d'eau résistent aux plus grands froids, et ne périssent pas même au mi- lieu des glaces dans lesquelles ces rep- tiles se trouvent quelquefois pris et en- fermiés. Cette position pénible , capable de donner la mort à presque tous les ani- maux, ne fait, pour l'ordinaire, qu'en- gourdir celui-ci; et lorsque le soleil du printemps vient dissoudre leur prison, ils sortent de leur léthargie , seul effet qu'ils éprouvaient de l'excès du froid; et pleins de vie et des feux intérieurs qui les portent vers leur reproduction, ils semblent ne plus exister que pour don- ner la vie à une nonibrcuse postérité. DES SALAMANDRES. 323 Et que l'on ne croie pas que les sala- mandres si froides , et en même temps si insensibles à l'âpreté des frimas , soient des êtres indolents dans l'acte de leur propagation ; ils y apportent tout ce qui en fait les délices , ardeur et amour ; les caresses, doux assortiments à la cho- se , n'y sont point épargnées. Le mâle commence par poursuivre la femelle, et à la provoquer à des jouissances mys- térieuses. Celle-ci fuit d'abord , mais pour se laisser bientôt atteindre : des feintes, des agaceries se succèdent; en- fin la femelle se rend , et l'union a lieu. • Mais cette union n'est point intime; il n'y a pas d'accouplement réel, ni même de contact immédiat. Le mâle et la fe- melle s'approchent de manière que la partie inférieure de la tête du mâle tou- che la partie supérieur de la tête de la femelle ; leurs corps s'écartent l'un de l'autre ; ils forment donc un angle aigu, dont le sommet est au point de contact des deux têtes, Dans cette position, le 2 24 HlSTOIPiE NATURELLE inâle redresse et agite sa crcle , ou, pour parler plus exactement , le bord mem- braneux de son dos, attribut dislinctif de son sexe , rapproche son museau de celui de la femelle, comme pour lui don- ner des baisers amoureux; sa queue, en mouvement continuel, se contourne en tous sens , et il la ramène de temps en temps vers les lianes de la femelle, dont il frappe légèrement les flancs. Ce sont- là les préludes de la volupté : bientôt le mâle fait jaillir en abondance du cloaque commun à toutes ses déjections , partie qui éprouve àl'exlérieur, dans ces instants de crise amoureuse , un gonflement ex- traordinaire, la liqueur fécondante blan- che et épaisse qui, délayée dans l'eau, atteint les organes correspondants de lafe- melle.Toule la fécondation consiste donc dans ce jet de liqueur lancé à une petite distance et par intervalles ; car le mâle ^ au bout de quelques instants de repos y répèle la même éjaculation. Celte union si tenace s(î prolonge pen- DES SALAMANDRES. 225 dant vingt jours, et quelquefois jusqu'à trente ; sa durée est nécessaire pour la fécondation de tous les œufs que la sa- lamandre femelle peut produire. Lorsque les œufs sont descendus près de l'ouver- ture par laquelle ils doivent sortir, les premiers jets de la liqueur spermatique du mâle , fécondent les premiers œufs qu'ils rencontrent. La femelle dépose bientôt ces premiers œufs , au nombre de cinq ou six , d'autres les remplacent à l'exlrémité de Vovidiicius ; le mâle les féconde encore, et ainsi de suite, jus- qu'à ce que tous les oeufs contenus dans les ovaires, aient été imprégnés des prin- cipes de la vie. Dès que les œufs s'échappent du cor^ de la femelle , ils tombent au fond de l'eau. Pendant les premiers jours ^ leur forme est celle de petites sphères alon- gées : ils prennent ensuite celle d'un rein ou d'un testicule de poulet ; leur volume continue de s'augmenter : l'on remarque en eux des mouvements spontanés assez Rept. IL 20 226 HISTOIRE NATURELLE vifs, auxquels succèdent des insLiDls de repos; l'œuf prend les apparences d'une peille salamandre : on en découvre la queue , un rudiment de vertèbres et de bras, les ouïes dans lesquelles le sang circule, et deux petites élévations , qui sont ic^s yeux. En continuant l'observa- tion à l'aide d'une loupe, on distingue nettement que la salamandre naissante n'est pas enveloppée immédiatement par la glaire , mais par un cercle transpa- rent, qui est la circonférence de l'am- nios, rempli de liqueur dans laquelle nage le petit animal. Plus long que le diamètre de ce cc/cle , il s'y tient dans une position arquée , mais lorsqu'il a pris tout l'accroissement que la nature lui a fixé dans cet état, il frappe vive- ment contre la membrane de Tamnios,, parvient à la rompre, se dégage de toutes les entraves qui le retenaient captif, et se jette dans l'eau, où iln^ge avec vitesse. C'est ordinairement le onzième jour, à compJcr de la pon'c , que la jeune DES salama:ndres. 227 salamandre sort de son enveloppe, et au bout de vingt-deux ou de vingt-quatre jours, qu'elle acquiert son entier déve- loppement. Spallanzani à qui l'on doit la con- naissance parfaite du mode de la fé- condation des salamandres, a fait plu- sieurs expériences pour féconder artifi- ciellement leurs œufs, que l'on peut re- garder en quelque sorte comme des fœtus, puisqu'ils croissent et changent de forme , après avoir été déposés par la femelle. Ce célèbre observateur ima- gina d'abord d'ouvrir le ventre d'une sa- lamandre femelle , de mettre à nu l'op/- ductiLS^ et d'en arroser les œufs avec de la liqueur spermatique du mâle; mais ce moyen ne réussit pas ; tous les œufs arrosés de cette façon se gâtèrent : il ne réussit pas mieux en répandant de cette même liqueur sur des œufe, à l'instant où des femelles retenues isolées les met- taient bas. Spallanzani prêt h abandon- ner la fécondalion artificielle des ani- 228 HISTOIRE NATURELLE maux de ce genre , fit réflexion que dans la fécondation Daturelle , la li- queur spermatiqne du mâle n'est point lancée immédiatement , et ne s'intro- duit dans les parties sexuelles de la fe- melle qu'après s'être mêlée avec de l'eau : en imitant la nature , il obtint le succès qu'il désirait. Au temps des amours , l'on fait sortir aisément des œufs , en pressant légèrement le ventre des salamandres femelles. Spallanzani en eut vingt-sept par ce m.oyen : il les plon- gea dans l'eau après y avoir mêlé une petite quantité de liqueur spermatique d'un maie- et de ces vingt-sept œufs, il naquit dix salamandres. Un naturaliste français, M. Dufay, a puLlié des observations non moins importantes, sur l'organisation des sala- mandres aquatiques : il a montré que ces reptiles avaient des ouïes ou bran- cliies, dans leur première jeunesse; ces ouïes sont recouvertes par un opercule, au - dessous duquel naît une houppe DES SALAMANDRES. 229 frangée en forme de panache. Lalrcille ajcru reconnaître que ce panache est composé de trois à quatre tiges inégales, et garnies , sur deux rangs, d'appendices membraneuses et laciniécs. Il vient une époque où ces organes devenus inutiles par le développement et l'accroissement des sacs pulmonaires , ne reçoivent plus de nourriture, disparaissent avec la mue, et s'oblitèrent. C'est sur les salamandres aquatiques, que Spallanzani a découvert , et que Bonnet a vérifié l'admirable propriété de la régénération des membres coupés, propriété plus réelle et en même temps plus merveilleuse , que la prétendue fa- culté de vivre dans le feu , attribuée pendant des siècles à la salamandre terrestre. Il est inutile de prêter à la nature les écarts de notre imagination ; ses œuvres sont toutes des prodiges ; ses opérations une suite non interrompue de miracles, et c'est l'outrager , que de lui atU;ibuer les rêveries et les petites aSo HISTOIRE Î^A-fURELLE ^vues émanées de la sphère étroite de nos idées. Il serait trop iong de rapporter les belles expériences que Eonneta recueil- lies dans des mémoires très intéressants, au sujet de la reproduction des membres des salamandres aquatiques , et si d'un côté l'on admire la patiente et ingé- nieuse sagacité du physicien , combien , de l'autre ; n'est-on pas émerveillé des ressources incommensurables de là na- ture ! Il résulte de ces expériences, dont on ne peut contester la vérité, que les pattes et les pieds des salamandres , re- tranchés de quelque manière que ce soit, sont réparés sous le même nombre de parties ou d'organes, particulière- ment aux jeunes animaux , et dans la saison des amours, au bout de trois mois; que cette régénération ne consiste d'a- bord qu'en un mamelon conique , qui s'alonge et se divise ensuite , jusqu'à ce qu'enfin toutes les parties qui rempla- cent les anciennes , se soient complète- DES SALÀMAJÎDRES. 23l ment développées; que la queue se re- proclulî; par le moyen d'une peau qui s'épaissit et se fortifie peu à peu; qu'enfin les yeux même arrachés, se renouvellent au bout d'un an. Les salamandres aquatiques changent très souvent de peau, surtout pendant les chaleurs de l'été. Bonnet a vu une salamandre de médiocre grandeur, qui a mué onze fois depuis le i^ juillet jusqu'au 7 de septembre. La dépouille que ces animaux rejettent, est blan- châtre , extrêmement fine et transpa- rente; à la loupe, elle paraît un très joli tissu à réseaux , et semblable à de la gaze. On reconnaît que la salamandre est prête à muer par une teinte blan- châtre qui se répand sur son dos, comme s'il était recouvert d'une toile d'araignée. A l'époque de la mue , cette peau fine commence à se détacher du corps ; la tête se dépouille la première, quelque- fois la peau que rejette la tête , forme autour du cou de l'animal une sorte de 232 HISTOIRE NATURELLE collier ou de cravatte qui paraît élre de gaze ; d'autres fois elle s'ajuste sur sa tête comme une coiffe ou un capuchon. L'entier dépouillement ne s'achève qu'au bout d'un jour ou deux, et même qu'a- près trois jours; l'animal ne paraît point en souffrir, et il ne laisse pas d'aller et de venir au fond de l'eau, de se jeter sur sa proie , et de la dévorer. Quelquefois cependant ce change- ment de peau devient difficile : dans ce cas, l'animal a recours à divers moyens pour hâter l'opération. Bonnet a obser- vé qu'il élève et abaisse alternative- ment, et avec vitesse, le bras droit et le bras gauche, la jambe droite et la jambe gauche; qu'il se donne de légers trémoussements de tout le corps ; que souvent il s'élance d'un mouvement brusque vers la surface de l'eau, pour se précipiter au fond un moment après; qu'enfin il répète ces mêmes manœu- vres et ces mêmes tressaillements d'im- patience pendant plus d'une demi-heure. DES SALAMANDRES. 233 Lorsque la dépouille est rejeîée en très grande parlîe ^ et que pour achever de s'en débarrasser, la salamandre s'élève avec vitesse vers la surface de l'eau, elle semble nager au milieu d'un petit nuage que n'imite pas mal, par sa blancheur, sa fmesse et sa demi-transparence, la dépouille qui l'enveloppe et flotte au- tour d'elle. M. Dufay avuque la mue n'était point toujours sans accident pour la salaman- dre aquatique • il leur reste quelquefois à l'extrémité d'une patte un lambeau de la dépouille dont elle ne peut se défaire. Ce fragment de l'ancienne peau se cor- rompt , et fait tomber la patte en putré- faction ; mais cette privation d'un des membres principaux , ne paraît pas af- fecter beaucoup la salamandre, et elle n'a pas l'air de s'en porter plus mal. Quoique l'on ait distingué les sala- mandres en terrestres et en aquati- ques ; ces dernières n'ont pas un tel besoin d'eau qu'elles ne puissent en sor- 234 HISTOIRE NATURELLE tir sans inconvénient : ce sont de vrais amphibies , qui vivent également dans l'eau et sur la terre , mais néanmoins plus habituellement dans l'eau : elles ont , comme les salamandres terreslres, la faculté de faire jaillir des porcs dont leur peau esî cribléii , une liqueur acre et laiteuse , dont les propriétés sont les mêmes; elles ont aussi le wiême excès de vitalité qui leur fait supporter de fort longs jeûnes . et de cruelles mutir- lalions qui ne semblent pas les faire beaucoup souffnr. Bonnet venait de couper les deux pieds antérieurs d'une salamandre ; il sortit un filet de sang, plus gros qu'une soie de cochon , et qui jaillit près de deux minutes sans inler-- rapîion : non seulement le reptile ne parut point affaibli par l'opération ni par la perle de son sang, mais à peine un quart d'heure fuî-il écoulé, qu'il avala coup sur coup deux vers de terre. Les salamandres aquatiques ont beau- coup de voracité , mais elles ne s'at- DES SALAMANDRES. 235 tachent qu'aux proies vivantes ; elles dé- daignent les cadavres : les insectes com- posent le fond de leur subsistance , elles aiment particulièrement les vers de terre : quoique leurs mâchoires soient garnies d'un grand nombre de petites dents , elles ne paraissent pas mâcher , et elles ne font qu'avaler; il est très vraisemblable néanmoins que cette qumlilé de dents , à la vérité très fai- Jjles, ne leur sont pas absolument inu- tiles , surtout pour retenir la proie qui fait effort pour s'échapper ; mais leurs pieds antérieurs , sortes de mains assez Lien articulées et flexibles , ne leur ser- vent pas pour saisir les insectes ou les vers , les porter à la bouche ou les re- tenir ; les salamandres n'en font usage que pour nager. Ces reptiles ne poursuivent pas leur proie ; ils ne la saisissent que quand ils l'ont rencontrée dans leur chemin , ou qu'ils en sont fort près; leurs yeux se fixent d'abord sur elle , et bientôt ils se iîSG HISTOIRE NATURELLE jettent dessus la bouche ouverte : dès qu'ils l'ont saisie, ils la laissent rare- ment échapper : en avalant un ver un peu gros , ils sont deux ou trois minu- tes avant d'en venir à bout ; on les voit se donner de petites secousses de tout le corps , et prolonger ces efforts de déglutition pendant deux ou trois minu- tes, a Un jour , dit Bonnet , qu'une w grande salamandre venait d'avaler , » en ma présence, un gros ver de terre, » je lui en servis un second de plus de « quatre pouces de longueur et gros à » proportion : elle le saisit aussitôt et « l'avala presqu'en entier, en sorte qu'il » n'en restait hors de sa bouche qu'une w portion d'environ une ou deux lignes ; V mais quelques instants après -, elle M rejeta le ver en entier par un mou- » vcment subit : cela fut répété deux » fois, et chaque fois le ver ressortit M bien vivant du corps de la sala- T> maodre. *. DES SALAMANDRES. aSj Après ces généralités au sujet des sa- lamandres aquatiques , je reviens à l'es- pèce qui fait l'objet particulier de cet article ilalongucur ordinaire de son corps est de cinq pouces et demi ; il est ea dessus d'un vert plus ou moins foncé on d'un cendré bleuâtre , avec des taches sur la tête, sur le dos , et des marbrures sur les côtés , d'un brun rougeâtre ; le dessous du corps est d'un rouge obscur ; pointillé de blanc ; la queue est tachetée de noir en dessus ; et de brun noirâtre en dessous ; une bande d'un blanc luisant s'étend sur les côtés ; le mâle porte de la tête au bout de la queue une membrane en forme de crête dentelée, qui manque à la femelle ; celle-ci se distingue encore par la teinte plv^ livide et moins poin- tillée de sa gorge, une ligne orangée qui règne le long du dos , et la couleur blan- châtre du dessous de sa queue. Les organes de la génération du mâle consistent , suivant les observations de Latreille , en deux pièces creusées en Rept. U. 21 2 38 HISTOIRE NATURELLE cullleron , contiguës à un des bouls et s'écartant ensuite , renfermant une pièce charnue , plate , presque triangulaire et perce'c à son extrémité. Une fenîe lon- gitudinale , dont les deux lèvres ren- flées ont plusieurs rangs de tuLercules : tel est l'appareil qui caractérise le sexe de la femelle, (^Histoire naturelle des Sa- lamandres de FranceS) L'on trouve communément celte es- pèce de salamandre dans le midi de la France ; on la rencontre aussi , mais plus rarement , aux environs de Paris : elle s'éloigne de l'eau assez fréquem- ment , et se traîne avec peine et lenteur dans les endroits battus , l'humeur lai- teuse qui découle de sa peau lui fait con- tracter une odeur assez fétide. DES SAIAMANDrvES. 289 I^a Salamaiiflre à creie. Grosse. Sala- mandre noire de Bufay [Mémoires de P Académie des Sciences). Quoique d'autres espèces de salaman- dres aient le dos hérissé d'une crête meiîiLrancuse comme déchiquetée, cel- le-ci , ou pour parler plus exactement , le mâle de celle-ci a cet attribut plus saillant que le mâle des autres espèces à crête ; en sorte que la dénomination de salamandre à crête paraît devoir lui ap- partenir plus spécialement : d'un autre côté ^ cette dénomination a été employée récemment par Latreille et par Schnei- der , naturaliste allemand , qui a donné , comme le premier , une excellente his- toire des salamandres ; et la continuelle versatilité des noms est un des oLsîacles les plus rebutants que Ton rencontre dans l'étude de la science de la nature. La peau de cette salam.andre est noi- 24o HISTOIRE NATURELLE re ; sur ses flancs sont de très petits points blancs ; tout le dessous du corps est d'un jaune orangé , avec des taches arrondies , noires et nombreuses ; une bande argentée parcourt toute la lon- gueur de la queue en dessous : la crête membraneuse du mâle a deux lignes de largeur ; elle s'étend depuis le milieude la tête , entre les deux yeux , jusqu'à l'extrémité de la queue ; son bord est dentelé comme celui d'une scie, à l'excep- tion de la partie qui couvre la queue, et qui est plus étroite et rarement dentelée. Jacobseus , professeur de l'université de Copenhague , a publié la description anatomique de cette espèce de salaman- dre , et voici ce qu'il a observé : Le péritoine est marqueté de petits points noirâtres ; il s'étend jusqu'à la région des pieds de devant y et sert à séparer non seulement le diaphragme , mais encore le cœur, les poumons et les viscères de l'abdomen. L'œsophage , comme daui les gre- DES SALAMANDRES. 24.1 nouilles , s'avance beaucoup au-delà â\i gosier , environne le palais et s'étend dans toute la circonférence de la mâ- choire inférieure. L'estomac n'est point incliné du côlé gauche comme dans les autres animaux ; mais il descend en droite ligne depuis Tœsophage. La rate est ohlongue et noirâtre. Le foie , qui est rouge et d'une gros- seur considérable , est divisé en quaire lobes ; il s'étend sur l'estomac et sur une partie des intestins , et il couvre le poumon droit. La vésicule du fîel est d'un bleu pâle. Deux petits sacs clairs , transparents et propres à recevoir l'air ^ composent les poumons; ces sacs s'étendent le long du conduit alimentaire , depuis le com- mencement de l'œsophage jusqu'aux ovaires. Le cœur est blanchâtre et lâcheté de petits points noir? , comme dans îê crapaud. 242 HISTOIRE NATURELLE Aux reins , qui sont oblongs , sont attachés de pciits sacs rcmj)lis d'une matière huileuse. L'ovaire est double , de même que dans l^; le'zard commun , la grenouille et le serpent : le fœlus paraît comme une substance blanche ^ marquée dans le milieu de petits points noirâtres. Les trompes de fallope s'élèvent , en serpentant , jusqu'à la région des pieds de devant, et se joignent par l'une et l'autre extrémité. Les mâles ont quatre grands testi- cules ; les uns exactement ronds , les autres en forme de poire : à ces quatre testicules sont attachés plusieurs autres testicules plus petits , qui sont peut- être les épldidvmes.Dans la salamandre, comme dans la gTcnoiûiie , les testicules ont de petits sacs adhérents, pleins d'une matière huileuse et pareils à ceux des reins. Du reste , la salamandre à cr/^'tc a quatre à cinq pouces de longueur « elle / Heptile^. nu. \Z)etreve J^l . JûurdoTi ifcu^ . J. . La S alainaiiài^e des inarais • 2 . J,a o . a cciixtxu'e . 3 . La S . poiaitiUee . f . La S. palaiiipérle • DES SALAMANDRES. 243 est fort ccïîimuce dans plusieurs parîies de l'Europe , et particulièrement en France et en Allemagne. *b" La Salamandre des marais , Laceria palustris, LiN. Le nom que l'on a donné à cette es- pèce indique les lieux où elle se trouve ; c'est dans les eaux stagnantes de plu- sieurs contrées de l'Europe qu'elle fait sa demeure liaLituelle. Sa longueur n'excède guère trois pouces: elle est en dessus d'un brun foncé , et en dessous d'un blanc jau- nâtre , qui prend une teinte orangée a la gorge , et sous les pattes et la queue : de petits points blanchâtres sont semés sur les flancs , où l'on remarque aussi une ligne noire qui s'étend de chaque côté depuis le cou jusques vers l'extré* mité de la queue ; et de nombreux traits noirâtres sillonnent la gorge. Le mâle de cette espèce n'a point de 244 HISTOIRE NATURELLE crête ; on remarque seulement une pe- tite élévation membraneuse qui com- mence au milieu du dos , et augmente insensiblement de hauteur sur la queue ; ie dos delà femelle est un peu déprimé , et a de chaque côté une espèce d'arête. Le sexe et l'âge apportent de nom- breuses dispariîés dans les couleurs des différents individus de celte espèce ; en sorte que l'on serait souvent tenté de prendre ces variéfés pour des sujets d'es- pèces différentes. Mais Laurent! décrit une salamandre de la Martinique , qu'il regarde comme, une variété de notre salamandre des ma- rais, produite par la différence des cli- mats. Les connaissances acquises à son sujet sont insuffisantes pour décider si elle n'est pas une espèce distincte. Quoi qu'il en soit , cette salamandre des ma- rais d'Amérique a trois fois plus de gros- seur que celle d'Europe , et ses flancs sont parsemés de points noirs, distribués sans aucun ordre. J^aurenli a vu une DES SALAIMÂNDRES. S 4^ dépouille de cette salamandre dans le ca- binet d'histoire naturelle à Turin. La Salamandre h ceinture , Triton Saîamand. amrjbani. Laur. Le trait le plus saillant de la robe de cette salamandre , est une bande de points alternativement blancs et noirs , qui, s'étendant d'un bout à l'autre suc chacun des côtes du corps , forme une espèce de ceinture. Le dessus de la tête et le dos sont d'un vert noirâtre , avec quelques marbrures d'un teinte plus foncée ; celle des flancs est moins som- bre ; la gorge et le ventre sont jaunes , aussi bien que les lèvres et les pieds , mais ces dernières parties sont pointil- lées de noir. La queue porte aussi des points de la iTiême couleur ; mais ils sont , pour l'ordinaire , disposés £ur deux lignes. Mon savant ami Latreille a observé que le mâle de celte espèce n'a pour 24-G KISTGir.E ^"ATT:^iELLE crôtc qu'un feuillet très court , entre- coupé de noir et de jaune ; que les cô- tés de la queue sontdiviscsparuiie bande longltudiïiale d un Liane luisant , mais peu prvoriOcré , et que les organes sexuels ont des taches noires. La femelle a l'arête du dos , comme le Lord supé- rieurde la queue , d'un jaune très falLlc. La longueur ordinaire de celfe sala- mandre est d'environ trois pouces; c'est une espèce commune en France, en Al- lemagne, et dans d'autres pays de l'Eu* rope. DES SALAMA^'DRES. ll^J La SabmandfC poinSlii^e , Tr'iion Pansliius. LAUHE^TI. Son corps est brun ou pldiôt jaunâ- tre , et tout couvert de taches Doircs ; la tête est rayée de lignes, qui prenant naissance aii cou , se réunissent au-des- sus des narines ; la tranche inférieure de la queue porte une bande blanchâtre sur un fond d'un rouge vif. Toute la longaeur du dos est mar- quée à son milieu , par une arête qui s'élève assez sur le dos du mâle pour y former une crête distincte , qui s'étend aussi sur la queue. Cette crête a des ta-^ ches et des dentelures. L'on îrouvc communément c.ettç sa- lamandre dans les eaux croupissantes i\^ l'Europe. 248 HISTOIRE NATUREI.LE La Salamandre palmipède ^ Lacerta aquatica, LlN. M. de Razoumowsky a décrit le pre- mier cette espèce de salamandre dans son Histoire naturelle du Jorai; il l'a appelée salamandre suisse ; mais com- me elle se trouve en plusieurs autres pays que la Suisse , qu'elle est très com- mune dans les contrées méridionales de la France , et qu'on la rencontre même, mais assez rarement , aux environs de Paris , j'ai mieux aimé lui conserver la dénomination caractéristique de pal- mipède que Latreille lui a donnée dans son beau Mémoire sur l'histoire natu- relle des salamandres de France. Une conformation particulière au mâle de cette espèce , est d'avoir les cinq doigts des pieds de derrière unispar une mem- brane noirâîre , commes les doigts des autres animaux à pieds palmés. Mais il paraît que cette membrane , qui est DES SALAMA>DRES. o/q évasce en argle aigu entre chaque doigt ne dure pas autant que l'cinimal kd- me.iîie, et qu'elle s'oblitère avec l'âoe • et c'est sans doute ceîte dernière circon- stance qui a fait oinettre à M. Linnœus Je caractère des pieds palmes dans sa description du lézard aquatique , laquelle a tant de rapporîsà celle de lasalainandre palmipède, ciua l'on ne peut douter que toutes deux ne s'appliquent au même repiile. Bu reste , la salamandre palmipède ressemble beaucoup à la* salamandre - pointillée; mais elle est constamment pluspeîiie, n'ayant ordinairement que deux pouces et denîi de longueur. Vuq raie noire, commençant de thaque côté de la tète du museau au" bout, passe par îesyeux, et se termine au cou, lesyeax'sont vifs et leur iris est doré ; la couleurde ia partie supérieure du corps et des flancs est d'un vert d'olive brun, avec des taches plus foncées en dessus, et une bande d'un blanc jamiâlre, parsemée de taches Fvept. II. - 2 3 2 5o IILSTOÏRE NATURELLE noires, et de petites puslulesLlanches sur les côtés du corps , de la poitrine et du cou. Le dessous du corps est bian châtre^ avec une bande jaunâtre au milieu du ventre , et quelques petites taches noires et clair semées. La queue plate et com- primée verticalement est blancbe sur ses bords, et jaunâtre dans son milieu : il y a de chaque côté un rang de taches noi- res sur îa partie jaunâtre. Indépendamment de la membrane qui joint les doigts des pattes postérieu- res du mâle, il a encore d'autres attri- buts distinctifs de son sexe. Le bord su- périeur de sa queue est légèrement ar- que; cette partie se termine brusquement! en un petit filet cylindrique, saillant d'environ trois lignes hors de la partie plate de la queue. La forme de son corps est anguleuse , son dos est aplati, et deux lignes élevées et saillantes , prenant leur origine à l'extrémité du museau, passent au-dessus des yeux, et se prolongent des DES SALâMANMIRS. 2^1 lieux côsés du dos jusqu'à la naissance de la queue. M. de Razoumowsky dit qu'il a commence a voir assez fréquemment la salamandre palmipède, aussi bien que 'a salamandre à crête, qu'il nomme la sa- lamandre acjuatlque , vers le milieu de mars, au pays de Vaud, dans le bassin de la fontaine de Veruens , où sans doute leurs œufs avaient été entraînes par l'eau courante ; ce qui , ajouîe ce Tiaturaliste, contredit ce qu'avance M. de Lacépède au sujet de la saîamandrei aquatique (c'est la salamandre à queue plate de Lacépède ), qu'on ne la ren- contre presque jamais dans les eaux cou- rantes. Latreille a observé des ouïes ou bran- chies aux jeunes salamandres de cette espèce , et il a trouvé leur esioiiiac rcra- pU de pelils buccins. 202 n ÎSTOIUE N A T U R£LL£ La S^iianiandrc à points blancs , Lacerta punntata. LiN. Deux lignes de points blancs , qui se réunissent en une seule sur la queue , s'élendeiit le long du dos de cette sala- mandre, dont la couleur générale est un brun sombre ; sa queue est cylindrique, et de moyenne grosseur ; et ses pieds de devant n'ont que quatre doigts. Calesby a décrit cette espèce , que l'on trouve à la Caroline. La Salamandre à quatre raies , Lacerta quadrilineata, LiN. L'on trouve encore dans l'Amérique septentrionale une espèce de salaman- dre dont le corps est rayé sur sa longueur de quatre lignes jaunes : elle a la queue longue et cylindrique ; quatre doigts aux pieds de devant , et quelque apparence d'ongles à tous les doigts. JiepCcle d'une petite membrane, et par-des- » sous d'un ongle crochu, placé entre )) un double rang d'écaillés qui se re- » couvrent comme les ardoises des j> toits , ainsi que dans le lézard à tête i> plate qui vit aussi à Madagascar , et » avec lequel le sarroubé a de très » grands rapports. Ces deux derniers 258 HISTOIRE NATURELLE » lézards se ressemblent encore , en ce » qu'ils ont tous les deux la queue plate )) et ovale; mais ils différent l'un de » l'autre, en ce que le sarroubé n'a » point la membrane frangée qui s'é- M lend tout autour du corps du lézard )) à tête plate; et d'ailleurs il n'a que 3) quatre doigts aux pieds de devant , » ainsi que nous l'avons dit. »( /f/5- toire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpents , par de Lacépéde , article du sarroubé. ) La Trois-doigts. De Laccpède est encore le premier qui ait parlé de celte espèce, qu'il a nommée Trois-doigts , parcequ'elle n'a en effet que trois doigts aux pieds de de- vant et quatre aux pieds de derrièi'e, carac- tère qui la distingue des autres salaman- dres; elle en diffère encore par les côtes dont elle n'est point dépourvue comme les salamandres proprement dites : sa DE LA SIRÈNE. 2% lêle est aplalie et arrondie par- devant ; sa queue , plus longue que la tête et le corps pris ensemble , est délie'e , et l'a- nimal la replie à volonté ; sa couleur est un brun foncé , mêlé de roux sur la tête, les pieds , la queue et le dessous du corps ; enfin sa longueur totale est de vingt-sept lignes et demie. Cette petite espèce de reptile a été prise sur le cratère même du Vésuve. XV^ GENRE. LA SIRÈNE , SiREN Lacertina. Lin, Caractères génériques. Le corps alongé et re- vêtu d'écailles; deux pieds à doigts garnis d'ongles ; des poumons et des ouïes. Cet animal singulier fut trouvé pour la première fois en 1765 , par le doc- teur Alexandre Garden, près de Charles- 56o iiistoiiTe naturelle ïown , dans la Caroline méridionale,' On l'envoya à M. Linneeus, et voici comment cet illustre naturaliste s'en ex- plique dans une lettre datée d'Upsal, le ^7 décembre 17 65. « J'ai reçu le rare bipède à ouïes et à » poumons du docteur Garden. L'ani- » mal est probablement la larve de quel- i) que espèce de lézard , et je désire fort » que le docteur en fasse la recherche. )) Si cet animal n'éprouve aucune mc- )) tamorphose , il appartient à l'ordre )) des liantes qui ont des poumons et » des ouïes; et si cela est, ce doit être » un genre nouveau et bien distinct, qui )j serait très convenablement nommé )) sirène. Je ne puis vous exprimer com- )) bien ce bipède m'a occupé. Si c'est » une larve , le docteur en trouvera )) sans doute quelques unes avec quatre » pieds. )) Il n'est pas aisé de concilier cet i) animal avec la larve de la famille des )> lézards , ses doigts étant garnis de DE LA SIRÈNE. 26 ï )) griffes. Toutes les larves des lézards » que je connais en sont exemptes )) ( dlgitls mutlcis ), )).... Après tout , je n'ai jamais vu )) de créature dont j'aie plus désiré de » connaître la véritable nature. )) Depuis l'époque où cette lettre a été écrite, M. Linnseus a classé la sirène à la suite des amphibies nageurs ( amphibia nanies)^ et en a fait un nouvel ordre sous la dénomination à'amphihia meanies ; ordre qui n'est composé que d'un seul ^enre, et ce genre que d'une seule espèce. L'on est à peu près certain à présent que les sirènes ne changent point de forme , et que, par conséquent, ce ne sont point des larves de lézards ni d'aucun autre animal. Ces observations nouvelles con- firment pleinement le sentim^ent de M. Linnceus , et détruit l'opinion de Camper qui avait fait un poisson de la sirène ; et celle de Gmelin qui, dans sa nouvelle édition du Système de Lin- nœus , a placé ce reptile au rang des mu- P\cpl. II. 23 2 62 HISTOIRE NATURELLE renés , sous la désignation de murœna slren. La forme de son corps approche as- sez de celle de l'anguille ou du serpent : une membrane adipeuse sans rayons, et semblable à celle de l'anguille, s'é- tend le long de la queue ; la tête a aussi quelque ressemblance avec celle de ce poisson , mais elle est plus comprimée. Les yeux sont petits , peu apparents , et dans la même position que ceux de l'an- guille. La bouche est petite , à propor- tion du corps , et le palais , de même que le dedans de la mâchoire inférieure, est garni de plusieurs rangs de petites dents aiguës. La peau noirâtre est com-1 me chagrinée , et couverte de petites écailles de forme et de grandeur diffé- rentes sur les diverses parties du corps où elles sont appliquées ; deux lignes dis- tinctes, formées de petits traits blancs , s'étendent sur les côtés du corps depuis les pieds jusqu'à la queue. Les pieds DE LA SIRÈNE. 263 sont places en avant, et divisés en qua- tre doigts mnitis d'ongles. Les parties intérieures de la sirène ont été observées par Cuvier , savant anatomisle : il a vu i" que la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côsé , quatre osse- lets demi-circulaires , pour soutenir les branchies ou les ouïes qui sont bien ap- parentes au deîiors; 2° qu'au milieu de cette langtie de poisson est un vrai la- rynx de reptile , qui descend dans des poumons très longs, et semblables à ceux des salamandres ; d^ que le reste des intestins ressemble aussi beaucoup h ceux des reptiles ; 4*^ qu'enfin cet ani- mal est presque le seul qui soit vrai- ment amphibie , puisqu'il a en même temps les organes propres à respirer l'eau , et ceux propres à respirer l'air. On le trouve à la Caroline , dans les lieux marécageux , sur les bords des mares , et sous les troncs des vieux ar- bres qui sont inclinés au-dessus de l'eau. 264 AVERTISSEMENT. , Les naturels de la Caroline rappellent mud-iguami. Sa longueur ordinaire est de trente à quarante pouces. 1 AVERTISSEMENT. Nous terminons ce second volume par la description de quelques espèces de lézards , notamment le . lieltopusik de M. de Lacépède, omis par inadvertence; et par un tableau méthodique de tous les reptiles que nous avons fait connaître. ^ L'illustre naturaliste que je viens de ci- ter ayant donné un tableau semblable pour tous les reptiles dont il a fait une mention spéciale , nous avons cru devoir suivre son exemple. Cela est d'autant plus nécessaire, que la description des espèces n'étant pas précédée d'une phrase spécifique, de ce signalement qui vous peint , en peu de mots , les traits les plu-s essentiels de l'objet , il faudrait employer beaucoup de temps AVERTISSEMENT. sGS pour arriver à la connaissance d'une es- pèce que l'on chercherait à déterminer. On aime d'ailleurs h voir d'un coup d'œil l'ensemble d'un travail: on le juge plus aisément, et on le grave mieux dans la mémoire. Nous donnerons à la fin de l'histoire des serpents qui forment notre seconde division , un second tableau relatif à celte partie. Si tous les reptiles dont nous avons parlé nous avaient passé sous les yeux , si nous avions pu bien exami- ner et comparer avec beaucoup d'atten- tion les espèces , surtout celles qui se rapprochent les unes avec les autres , nous aurions pu espérer d'offrir aux na- turalistes de bons caractères spécifiques. Mais , nous ne cesserons de le répéter , nous n'avons étudié ici qu'un très petit nombre d'objets. Nous n'avons vu que trop souvent par les yeux des autres : et et qu'est-ce que méditer la nature dans des livres? J'avais heureusement un avantage inappréciable : celui de jouir 366 UÎSTOÏRE NATURELLE des travaux de M. deLacépède. C'est un nom qui se retrouve à chaque page dans cette histoire , et encore plus dans mon souvenir. Le Lézard tete-rouge , Laccrta erytvocepliala. Ce lézard a un pied un pouce onze li- gnes, et quelquefois trois fois plus de longueur totale. La queue en fait un peu plus de la moitié : il est d'un vert très foncé , mêlé de hrun, avec une portion du dessus de la tête , les côtés et ceux du cou rouges. La gorge est blanche et la poitrine noire. Le dos a plusieurs raies noires transversales et ondées. Les côtés du corps ont une bande longitudi- nale , formée aussi de p!usieirs lignes noires transversales. Le ventre est ru- bané de noir , de bleu et de blanchâtre. Le dessus de la télé a ses écailles plus grandes que celles du do5. Les cuisses DE l'iguane cornu. 267 ont une ligne de tubercules , de intime que plusieurs espèces de lézards. Le lézard téte-rouge se trouve à l'île de Saint-Christophe , où il avait été ob- servé par Badier. L'Iguane cornu , Igiiana coimita. On retrouve dans ce reptile que M. de Lacépède nomme le lézard cornu, la grandeur, les proportions du corps, celles des pattes et de la queue , la forme des écailles et la crête dorsale de l'igua- ne vulgaire. Sa tête est conformée de même que la sienne ; on y voit jusqu'aux tubercules gros , élevés etpointus qu'elle a sur les côtés. Les dents offrent aussi plusieurs petites pointes. Mais l'iguane cornu a le goitre plus petit que l'autre espèce, et dépourvu de crête. On re- marque en outre , sur le dessus de sa tête , entre les narines et les yeux , qua- tre tubercules d'une consistance dure , et derrière lesquels s'élève une corne 268 HISTOIRE NATURELLE osseuse, conique, revelue d'une dcaïUe «l'une seule pièce. L'individu qui fait partie de la collection du muséum d'his- toire naturelle de Paris , a trois pieds sept pouces de longueur , depuis la tête jusqu'au bout de la queue. La corne est haute de six lignes. On dit que cet iguane est fort com- mun à Saint-Dominique. Le Stellion Quetz-paleo , StcUio Quetz-paleo. Le nom spécifique de ce lézard est ce- lui qui lui a été donné par les bihitants du Brésil. Ce reptile a environ un pied et demi de longueur totale. Le corps est gris en dessus et hlancliatre en dessous. Sa tête est aplatie par-dessus, compri- mée sur les côtés , d'une forme appro- chant de la triangulaire, et couverte de petites écailles. Chaque mâchoire a plus de trente dents , qui diminuent de gran- deur en approchant du museau. Les rnj STELLior^ , etc. 269 écailles du dos et du dessus des jambes sont encore plus petites que celles de la tcfe , et font paraître la peau chagrinée. La petitesse de ses écailles supérieures distingue ce stellion du cordyle , avec le- quel il a des rapports par la conforma- lion de sa queue , qui est d'un brun très foncé, et revêtue d'écaillés très^grandes, carinées, très pointues, disposées par vér- ticilles larges et fort distinctes. Celles du ventre et du dessous des pattes postérieu- res sont un peu plus grandes , mais bien moins que dans le cordyle , où elles for- ment, suivant M. de Lacépède , des demi-anneaux. Sur la surface extérieure des Jambes de derrière , sur une partie de celles de devant , et le long des reins, sont répandus différents tubercules iné- gaux, et dont quelques uns 1res durs. Les cuisses en ont plus de quinze percés à leur extrémité en dessous. Voyez la figure de ce reptile dans Séba, vol. I , pî. 97, fîg. 4. ; c'est le cordyle du Brésil de Laurenli, 270 HISTOIRE NATURELLE Kous observerons ici , à l'égard du genre stellion , que parmi les caraclères que nous lui avons assignés , il en est un qui doit être modifié ; celui qui est près du défaut de petites plaques sous le ventre, ou d'écaillcs plus grandes que les autres. Quelques espèces , ayant d'ail- leurs le port et le faciès des reptiles de ce genre , s'en éloignent un peu cepen- dant, et se rapprochent des lézards par les écailles du ventre. Il faudrait peut- être les séparer. Le cordyle serait no- tamment dans ce cas. Nous avons terminé l'histoire des sau- riens par des observations sur les lézards bipède Qi apode de Linnée, observations qui nous avaient été communiquées par M. Daudin , et qui nous avaient engagés à regarder le genre shellopusik de M. de Lacépède (^"L.Apus^ Lin. éd. Gmel. ), comme établi sur des caraclères douteux. Les organes sexuels du mâle , saillants DU SHELTOPUSÎK. 27* dans certaines circonstances , pou- vaient très bien avoir été pris pour de véritables pattes , et le sheltopusik ne serait qu'un anguis placé hors de rang. Mais Pallas ayant examiné ce reptile avec attention . ayant dit que ses pieds, dont on est tenté de mettre en problème Texistence ou la nature , sont couverts d'écaillés , qu'ils ont deux espèces de doigts, nous pensons aujourd'hui qu'il serait déraisonnable de combattre de telles observations avec des raisonne- ments et des probabilités , et qu'il faut conserver le genre sheltopusik. Il succé- dera immédiatement à celui de bipède. SHELTOPUSIK , Sheltopusik. Caractères génériques. Point de pattes de devant, deux postérieures très petites ; corps fort alongé. Les habitants du désert de Naryn , près du Volga , ont appelé sheltopusik le 272 HISTOIRE NATURELLE reptile qui fait le sujet de ce genre. M. (le Lacépède lui ayant conservé ceUc dcnominalion, quoique vicieuse , parce- qu elle est déjà appliquée à un aulre reptile ^ et qu elle est un peu barbare , nous l'adopterons aussi pour ne pas brouiller sans cesse les noms. M. Pallas a décrit avec beaucoup de détails, dans les nouveaux Mémoires de l'Académie des sciences de Pélersbourg ( 1774)? l(î slieîtopusik , auquel Je donne le nom trivial de didactyle. Ce saurien se rapproche du bipède cannelé par ic défaut de deux pattes j mais daijs celui- ci , ce sont les postérieures qui man- quent , et dans celui-là ce soi^ celles de devant. Le corps est également fort ' alongé, semblable à celui d'un serpent , couvert partout d'écaillés imbriquées ^ un peu festonnées , et dont \iî.s inférieu- res ne paraissent pas plus grandes. La tête est grande, plus épaisse que le corps^ couverte en dessus de grandes écailles ^ avec les paupières mobiles et des ou- DU SHELTOPUSIK. 27^ vertures pour les' oreilles. Le museaa est obtus ; les narines sont bien ouver- tes ; les mâchoires sont armées de peti- tes dents , et les bords ont des écailles mi peu plus grandes que celles qui les avoisinent. On voit près de l'anus deux petits pieds , défendus par quatre écailles , et dont le bout se divise en deux doigts aigus. Le Sheltopusik didactyle , Sheltopiisik didactylus* Le corps a depuis le bout du museau jusqu'à l'anus, un pied six pouces de longueur, et la queue a deux pieds qua- tre pouces. Sa couleur est d'un jaune pâle , assez uniforme. lia, de chaque côté , une espèce de ride ou de sillon longitudinal. Ce reptile habite plus particulière- ment les vallées ombragées et où T herbe est abondante. Il va à la cliasse des pe-^^ Rept. IL 24 2 74. HISTOIRE NATURELLE tits lézards, du gris surtout. Il se cache parmi les arbrisseaux , et s'enfuit dès qu'on s'approche de lui. L'éditeur du Système de la nature de Linnée , Gmelin , appelle cette espèce lacerta apus, La Grenouille écailleuse , Raiia squamosa, Nous devons la connaissance de ce singulier quadrupède ovipare à M.A'V ail- Laurn. Il l'a placé parmi les grenouilles; mais j'avoue que jusqu'à ce que je l'aie examiné de mes propres yeux , ou jus- qu'à ce qu'il ait été observé avec une très grande attention, j'aurai toujours quelques doutes dans mon esprit sur le . placement naturel de ce reptile ou sur «es caractères. Quoiqu'il en soit, la grenouille écailleuse est environ de la grandeur de la grenouilla commune : elle a deux pouces neuf lignes de Ion- DE LA GRENOUILLE, CtC. ayS gueur depuis le bout du museau jus- qu'à l'anus ; sa couleur est grise , mar- brée et taclietée en divers endroits , de brun et de marron fonce. Les taches forment par places , particulièrement sur le dos , des lignes en zigzag. La peau est plissée sur les côtés et sous la gorge; mais un caractère bien singulier , et qui a fait donner à ce reptile le nom spéci- fique qu'il porte, est la présence d'une suite nombreuse de très petites écailles h demi-transparentes , ayant chacune un sillon longitudinal , imbriquées et disposées sur quatre rangs, formant , par leur réunion , une bande qui part desreins , et gagnant le dessus des épau- les, enîoure par devant le dos du rep- tile. Ces pièces ne sont pas des tu- bercules, mais de véritables écailles. M. Wallbaum en a vu aussi sur la patte gauche de derrière. L'aiiisnal était altéré , et il présume que les autres pat- tes en avaient aussi. Les pieds de de- 276 HISTOIRE NATURELLE, elC. vaut avaient quatre doigts h demi-réunis par une membrane , et les pieds de der- rière cinq , entièrement palmés. On ignore quel est le lieu natal de ce reptile. TABLEAU MÉTHODIQUE DES REPTILES. PREMIÈRE DIVISION. QUADRUPÈDES OVIPARES. Corps pourvu de pattes. PREMIÈRE SECTION. Doigts défi pattes onguiculés. PREMIER GENRE. TORTUE. Corps ref eta d'une ou de deux pièces en t'oime de bouclier. PREMIÈRE FAMILLE. LES TORTUES DE MER. Pieds disposés en nageoires , à doi^t* très itiéjav.x , «longés, élargis, et dont le jilus grand noinbre n'a ^ue de» ongles larges e.1 arrondis. ESPÈCES. I. La Tortue FRANCHE. Carapace à écailles point ou peu im- briquées , et sans carène, cîanS^lcp^us 278 TABLEAU MÉTHODIQUE grand nombre. Disque composé de treize lames-. Remarque, La tortue à écailles vertes n'en est qu'une variété. 2. La Tortue caret. Carapace à écailles imbriquées et jas- pées : disque composé de treize lames; mâchoire supérieure avancée* 3. La Tortue caouane. Carapace à écailles , dont quinze for- ment le disque ; circonférence paraissant dentée en scie : point de tubercule élevé sur le museau. 4.. La Tortue nasicorne. Carapace à écailles ; un tubercule élevé sur le museau. S. La Tortue luth. Carapace nue ou sans écailles , à cinq arêtes longitudinales. DES REPTILES. 279 DEUXIÈME FAMILLE. LES TORTUES D'EAU DOUCE ET DE TERRE. Pieds à doigts presque égaux , peu alongés , munis presque tous d'un ongle crochu et dis- tinct. 6. La Tortue grecque. Carapace à écailles très striées , ex- cepté à leur centre , jaunes , avec une ligne noire qui en suit les contours ; écailles latérales plus grandes; dos très bombé ; plastron marbré de jaune et de noir , slrié , échancré. 7. La Tortue géométrique. Carapace à écailles très striées , rele- vées en bosse au milieu , noires , avec une petite tache jaune , ravonné , sur chaque : dos très bombé. 8. La Tortue élégante. Carapace hémisphérique , à écailles sillonnées, planes et ponctuées au milieu aSo TABLEAU MÉTHODIQUE noirâtres , avec une tache jaune , large et rayonnéc ; dos très bombé. Voyez-en In description à V article de la iortiie précédente. g. La TORTUE A MARQUETERIE. Carapace oblongue renflée , resserrée sur les côtés ; écailles sillonnées dans leur contour, d'un brun noirâtre , avec le mi- lieu plus clair ou jaunâtre , grandes , presque égales pour la forme ; la plus près de la queue un peu courbée. 10. La Tortue noirâtre. Carapace ronde, bombée , noirâtre ; écailles striées dans leur contour ; celles du dos un peu relevées dans leur milieu; les autres très unies et lisses au centre. 11. La Tortue des Indes. Carapace relevée antérieurement , avec un gros tubercule sur chacune des trois écairlles du devant du disque. Rem, Je fais observer que Schœpff ne décrit cette espèce que d'après une fi- DE(S REPTILES. 281 gure, et qu'il pourrait fort bien y avoir erreur dans les caractères. 13. La Tortue vermillon. Carapace à écailles variées de diffé- rentes couleurs j une protubérance d'un rouge vermillon , mélangé de jaunâtre sur la te te. i3. La TouTUE Matamàta. Tête toujours saillante , avec plu- siem's appendices inégaux , et prolongée en trompe ; carapace ovale , à écailles ; celles du disque beaucoup plus grandes, avec une arête longitudinale , et des ri- des rayonnécs; queue nue et sans dé- fense â son extrémité. «4' La Tortue Scorpion. Tête ayant sur le front une peau cal- leuse et 'trilobée ; carapace à écailles , dont celle du disque ayant une arête ; «ne pointe dure et osseuse ^au bout de la queue. 282 TABLEAU MÉTHODIQUE i5, La Tortue a petites raies. Corps et carr.pace marqués de petites ra'es jaunes; écailles brunes , très unies; treize sur le disque , dont les latérales carrées, et les dorsales hexagones, vingt- qualre à vingt-cinq à la circonférence ; plastron d'un jaune uniforme , à char- nière ; queue très courte. 16. La Tortue jaune. Corps et carapace verts très pointil- lés de jaune ; treize lames au disque ; vingt-cinq à la circonférence ; queue de la longueur de la moitié de la carapace. Plastron terminé postérieurement par une ligne droite. JJ 17. La Tortue ronde. ' Carapace ronde , à écailles unies, par- semées de petites taches rousses ; treize écailles au disque ^ vingt-trois à la cir- conférence ; museau terminé en pointe -4 iorte et aiguë ; queue très courte. 18. La Tortue ponctuée. Carapace ovale , lisse, noirâtre , mou- DES- REPTILES. 283 cîietée de jaune ; treize écailles au dis- que , vingt-cinq à la circonférence ; plastron panaché de noir, de brun et de jaunâtre ; son bord antérieur de ni- veau avec celui de la couverture supé- rieure. Voyez l'article de la Tortue ivnde , de même que pour la Torlue mouchetée de Schneider. 19. La Tortue bourbeuse. Carapace noire, à écailles striées dans leur contour , et poinlillées au centre ; treize au disque, dont les dorsales rele- vées en crête; vingt-cinq à la circonfé- rence ; queue de la longueur delà moitié de la carapace ; plastron terminé poslé- rieurement par une ligne droite. 20. La Tortue a trois carènes. Corps noirâtre; côtés de la tête et des- sous des mâchoires tachetés de blanc ; carapace ovale , à trois carènes longitu- dinales ; écailles striées dans leur con- tour , inégales et à points élevés dans 1^4 TABLEAU MÉTHODIQUE sur centre ; treize au disque , vingt-trois^ à l'a circonférence. 21. La Tortue KoussATRE. Carapace ronde, d'un roux marron ;. écailles minces, très unies au centre ; treize au disque , vingt-quatre à la cir- conférence.. 2 2. La Tortue odorante. Tête brune , avec des lignes jaunes ; menton ayant des tubercules jaunes, en forme de barbillons; carapace d'un brun noir , à écailles très lisses, excepté celles du dosqui sont carinées ; treize au dis- que, presque bexagones ; vingt-trois à la circonférence , dont les postérieures l>cauGOup plus grandes. J^oyez la Tortue rougeâtre. 23. lia Tortue réticulaire. Corps mélangé de brun , de noir et de Jaunâtre; carapace peu convexe, plus large à sa partie postérieure, légèrement raboteuse, d'un brun rayé en divers sens de petilcs b'gncs jaunes; treize la- DES REPTILES. 285 mes au ciisque, vingt-cinq environ à la circonférence ; plastron sans charnière , ou sans articulations. 24^. La Tortue courte-queue. Carapace presque ronde , à écailles dures, comme recouverfes de callosités, larges , striées à leur Lord, pointillées au cenire ; son bord antérieur échancré ; queue très courte. Rej?i, Schœpff donne à cette espèce la dénomination de prisonnière. La cara- pace est , suivant lui , ovale , fortement et également convexe, d'un Ijai foncé avec des taches et des lignes jaunes ; ses écailles sont très striées ,- celles du dos ont une arefe ; le disque en a treize , el la circonférence vingr-cinq ; le plastron est à charnières. 2 5. La Tortue terrapène. Rem, M. de Lacépède n'a pas vu cette espèce, et les caractères qu'on lui assigne sont trop vagues pour la distinguer. La terrapène de Schœpff a la carapace ohloHgue , aplatie à écailles d'un hrun Kept. lï, 25 ^86 TABLEAU MÉTHODIQUE cendré , très striées; le disque en a treize , dont les antérieures du dos cari- nées ; la circonférence vingt-cinq. 26. La Tortue rougeatre. Corps Lrun ; côtés de la tête et milieu de ceux de la carapace jaunâtres ; cara- pace ovale, à écailles lisses, treize sur le disque , rangée du milieu ayant celles de devant triangulaires , les autres irré- gulières. Plastron à charnière. Rem, Nous décrirons à son article, et d'après Schœpff , une tortue voisine de celle-ci ; mais qui en diffère en ce que les lames du dos ont une petite arête , et que le plastron n'a pas de mouvement propre. Nous présumons que cette tortue doit être rapportée à l'espèce que nous nom- mons ordorante, 27. La Tortue a boîte. Carapace très Lambée ; disque à(^ tjuatorze écailles. 28. La Tortue peinte. Carapace oblongue , très lisse et peu DES REPTILES. ^Sj convexe; écaiJJes d'un brunnoirâlre, sé- parées par des lignes jaunes ; treize lames au disque , beaucoup plus grandes, et sans taches ; vingt-cinq à la circonfé- rence , ayant des lignes noirâtres entre- mêlées de jaune. 29. La Tortue cendrée. Carapace ovale , aplaiie , avec une arête sur le dos , jaunàlre ainsi que les sutures; quinze écailles au disque, vingt- quatre a la circonférence. 30. La Tortue a lignes concentri- ques. Carapace ovale , échancréc en devant, sinuée postérieurement ; treize lames verdâtres , marquées de trois à quatre lignes , irrégulières dans leur contour; lames dorsales , relevées fortement en carène longitudinale ; vingt-cinq à la circonférence. Plastron d'un jaune sale ; échancré aux deux bouts , presque aussi long que la carapace ; queue courte. Voyez la Tortue courte-queue. 288 TABLEAU MÉTHODIQUE 3i. La Tortue raboteuse. Corps blanchâtre , marbré de b'gnes noires; museau prominent ; carapace or- biculaire, large, à écailles du dos relevées en carène, les autres lisses ; queue courte. 32. La Tortue écrite. Carapace très aplatie , ronde, arec des lignes brunes , formant des marbrures ou des caractères d'écriture ; écaille du mi- lieu du dos ayant une arête ; vingt-quatre écailles , ayant chacune en dessous une tache brune à la circonférence. Voyez l'article précédent. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la torîue vermil/ou, nom spécifique qu'il faut sub- stituer à celui ihmafbree, torn. i , pag. loi. 33. La Tortue a casque. Deux espèces de cirrhes à la mâchoire inférieure ; carapace ovale ; treize lames, d'un cendré livide, pointillé de noir , striées légèrement dans leur contour, et ayant des points élevés , alongés au cen- tre , sur le disque ; celles du milieu du DES REPTILES. 289 dos en carène ; vingt-quatre écailles à la circonférence , lisses , avec les bords Lianes et les sutures noires. 34. La Tortue a verrues. Carapace ovale , à écailles inégales ; celles de la circonférence au nombre de vingt-einq , séparées les unes des autres par des échancrures ou des sinus qui font paraître le contour crénelé ; plastron échancré et crénelé postérieurement. 35. La Tortue carrelée. Carapace oblongue , plus étroite en. devant , à écailles élevées , presque car- rées, sillonnées dans leur contour , pla- nes et d'un brun fauve au centre ; dis- que composé de treize lames, et circon- férence de vingt-cinq , dont la dernière ou la plus près de la queue très largQ et jaunâtre; plastron jaunâtre, strié, échan- cré à son extrémité postérieure. 36. La Tortue dentelée. Carapace ayant un peu la forme d'un ago TABLEAU METHODIQUE cœur , écailles hexagones , d'un blanc sale , relevées par des points saillants ; celles des bords dentelées. 37. La Tortue serpentine. Carapace presque flexible , à écailles chargées de rides inégales et convergen- tes ; cinq échancrures profondes au bord postérieur. Plastron étroit , disposé en forme de croix. 38. La Tortue chagrinée. Carapace ronde , cartilagineuse sur ses bords ; disque paraissant détaché , osseux, parsemé d'un grand nombre de points , et divisé en vingt-trois pièces nues et sans écailles ; plastron cartilagi- neux. 39. La Tortue molle. Carapace ovale , cartilagineuse , ex- cepté le milieu du disque, sans divisions et sans écailles ; de faux doigts , et trois ongles à chaque pied ; plastron cartila- gineux. DES REPTILES. agi 4-0. La Tortue a bec. Carapace ronde , cartilagineuse ; sans divisions et sans écailles , dos cariné ; des stries obliques , formées de points élevés ; plastron cartilagineux ^ de faux doigts , et trois ongles à chaque pied. 292 TABLEAU METHODIQUE IP GENRE. CROCODILE. Quatre pattes très apparentes et de grandeur re- lative ; corps couvert d'écaillés , dont les supé- rieureset les inférieures plus grandes, en forme de petites plaques ; langue courte ; pattes pos- térieures palmées. 1. Le Crocodile du Nil. Des dents saillantes à la mâchoire in- férieure , et point reçues dans les genci- ves de la supérieure ; tubercules peu nombreux sur le cou. Rapportez y le crocodile noir comme variété. 2. Le Cayman. Toutes les dents de la mâchoire infé- rieure reçues dans les gencives de la su- périeure ; tubercules du cou fort nom- breux. DES REPTILES. 298 Le Crocodile foiietfe-queue n'en est probablement qu'une variété. 3. Le Gavial. Museau étroit et fort alongé , en for- me de bec. IIP GENRE. LÉZARD. - Qnatre pattes très apparentes et de grandeur re- lative ; doigts libres, alongés et inégaux ; corps couvert de petites écailles ; celles du dessous du ventre disposées en petites plaques ali- gnées; langue longue, bifurquée. 1. Le Lézard dragone. Corps couvert d'écaillés dures, osseu- ses , avec une arête , des tubercules en f&rme de cretc sur le dos et sur la queue, qui est comprimée. 2. Le Lézard tupïnambîs. Corps d'un brun noirâtre , avec un très grand nombre de petites tacbes , dont plusieurs disposées en raies et en 294 TABLEAU MÉTHODIQUE petits yeux : museau fascié de blanc et de noir. Pattes mouchetées ; écailles pe- tites , queue comprimée. Rem. Le tupinambis d'Afrique , dé- crit par M. de Lacépède , me paraît dif- férer spécifiquement du tupinambis d'A- mérique. Ses taches forment des bandes nombreuses, iransversesettrèsdistinctes; la queue a surtout beaucoup de fascies ; les écailles sont entourées d'un cercle de petits grains ; le dessous du ventre of- fre même des caractères différents. 3. Le Lézard âmeîva. Vert ou grisâtre , nuancé ; écailles fort petites : celles du cou ne formant point une espèce de collier. 4. Le Lézard galon:sé. Bleu ; huit à neuf bandes blanches et longitudinales sur le dos ; queue longue et marbrée. 5. Le Lézard téguixin. Bleuâtre , avec des bandes d'un gris sombre , et plusieurs points blancs , DES REPTILES. agS Ovales et épars ; cou ayant des taches plus foncées , queue fort longue. 6. Le Lézard gris. Cendré brun , tacheté de noir ; une espèce de collier formé par des écailles plus grandes. 7. Le Lézard vert. Vert, avec des marbrures noires et des points b'ancs , souvent meaie en forme d'yeux dans d'autres ; une espèce de collier formé par des écailles plus grandes. Rem. Cette espèce offre un grand nombre de variétés. 8. Le Lézard tiliguertâ. Vert parsemé de taches noires , ou Lrun ; queue verticillée et une fois plus longue que le corps ; écailles abdomina- les ; au lîonibre de quatre-viagls. 9. Le Lézard véloce. Cendré , avec cinq raies longitudina- les plus pâles , et des points bruns en dessus ; côtés tachetés de noir et poiiitil- 296 TABLEAU MÉTHODIQUE lés de bleuâtre ; une espèce de coliier formé par des écailles plus grandes. Rem. N est-ce pas une des variétés du lézard vert qui se trouve en France i" 10. Le Llzard verdelet. D'un vert clair en dessus; et d'un vert jaune en dessous ; queue très longue. 11. Le Lézard tête bleue. Corps fascié de jaunâtre , de brun et de bleu; tête bleue. 12. Le Lézard a queue bleue. Brun avec cinq raies longitudinales et jaunâtre sur le dos ; queue bleue. i3. Le Lézard a six raies. Six lignes blanches sur le dos ; queue longue et verticillée. Voyez le Lézard galonné. I/f. Le LÉZARD DU DÉSERT. Noir en dessus, blanc en dessous; six lignes sur le dos , un peu en zigzag , et des points entremêlés , blancs ; queue verticillée , de la longueur du corps. DES REPTILES. 297 i5. Le Lézard rembrum. Dos d'un brun pâle ; les flancs plus foncés , avec une bande longitudinale grisâtre ; des petites taches éparses j écailles lisses. 16. Le Lézard a museau pointu. D'un vert glauque en dessus , avec des bandes noires nombreuses , transverses; des taches en forme d'yeux ; un cellier formé d'écaillés plus grandes ; queue amincie brusquement en pointe, 17. Le LÉZARD EXÂNTilÈME. Deux lignes noires près de chaque œil ; des taches blanches arrondies sur le dessus du corps, et des bandes brunes sur le ventre; écailles parsemées de pe- tits grains ou inégales. 18. Le LÉZARD TETE ROUGE. D'un vert foncé , mêlé de brun , avec la gorge blanche et la poitrine noire ; une portion de la tête et le cou sur les côtés ^ rouges ; dos rayé. îlept, IL 2^8 TABLEAU MÉTHODIQUE IV*^ GENRE. IGUANE. Quatre pattes très apparentes , et de grandeur re- lative ; doigts libres , longs , inégaux , non op- posés ; corps comprimé ; langue courte , en- tière ; une espèce de goitre dilatable sous la gorge. ï. L'IguaiNE vulgaire. Des écailles relevées en forme de crêle sous la gorge , sur la tête , et tout le long du dos jusqu'au bout de la queue. 2. L'Iguane cornu. Une élévation en forme de corne sur la tête ; une crête sur le dos. 3. L'Iguane basilic. Tête surmontée d'un capuchon; une crêle sur le dos , et dont plusieurs des pointes sont réunies par une membrane. 4-. L'Iguane galéote. Une crelc composée d'écaillés lancéo- lées et piquantes sur la partie antérieure BrS REPTILES. 299 du dos ; tête plus large et épineuse pos- térieurement ; queue trois fois plus lon- gue que le corps. 5. L'Iguane agame. Une crête épineuse sur le dos , et des écailles aussi épineuses et dirigées en avant ; queue mince , un peu plus lon- gue que le corps. 6. L'Iguane umbre. Une callosité sur l'occiput; nuque un peu en crête ; trois stries sur le dos. 7. L'Iguât^e marbre. Goitre petit , avec un petit pli , légè- rement dénié en scie ; dos lisse ; queue trois fois plus longue que le corps. 8. L'Iguane fourchu. Tête grosse, avec une saillie pointue derrière chaque œil ; un gros tubercule sur le bout du museau; une crête très petite sur le dos. tj. L'Iguane sourcilleux. ïête courte , grosse, saillante en des- sus ^couverte d'écaillés redressées; sour- 3oO TABLEAU MÉTHODIQUE cils fort saillants ; nuque et dos garnis d'une crête dentée. 10. L'Iguane a bandes. D'un brun foncé en dessus, avec qua- tre bandes d'un bleu plus faible trans- versales ; queue trois fois plus longue que le corps. 1 1. L'Iguane rouge gorge. Gris vcrdàtre en dessus , mélangé , et ayant un rang de petites taches brunes le long du dos ; queue mince et articulée; doigts lobés. I a. L'Iguanl larges doigts. Museau très délié ; membrane du goitre sans dentelure ; queue deux fois plus longue que le corps , comme divi- sée en plusieurs portions , formées cKa- cune de cinq anneaux ; l'avant dernière | articulation de chaque doigt plus large que les autres. i DES REPTILES. 3oi V« GENRE. DRAGON. Quatre pattes très apparentes et de grandeur re- lative ; doigts libres , alongés et inégaux ; lan- gue courte ; deux espèces d'ailes, une de chaque côté du corps. I . Le Dragon volant. Corps brun , parsemé de taches blan- elles , avec des teintes et des raies bleues; trois poches dilatables sous la gorge , dont celle du milieu plus longue. 302 TABLÎiÂU METHODIQUE VP GENRE. CAMÉLÉON. Quatre pattes tiès apparentes et de grandeur rela- tive ; doigts réunis en deux paquets , opposés ; îangTie vermiforme ,' terminée par un tubercule spongieux; yeux grands , recouverts, n'ayant qu'nne petite ouverture ; corps comprimé ; queue prenante. 1. Le Caméléon commun. Museau entier ; une saillie pyrami- dale sur l'occiput. 2. Le Caméléon foukchu. Museau avancé , avec deux prolonge- ments comprimés au bout ; dessus de la tête aplati , avec le contour de la dé- pression dentelé. 3. Le Caméléon d'Afrique. Noir ; un bouclier sur la tête , avec une petite carène blanche. 4-. L • Caméléon nain. Côtés du corps bleuâtres, avec deux lignes tirant sur le jaune. DLS REPTILES. 3o3 VIP GENRE. STELLION. r Quatre pattes très apparentes et de grandeur re- lative ; doigts libres , inégaux , grêles et non opposés ; corps aplati , garni d'écaiiles , celles du dessous du ventre de la grandeur des au- tres ou guère plus grandes ; langue courte et entière ; queue grosse et hérissée de pointes. I. Le Stellîon commun. Corps marbré, couvert de tubercules et de piquants. 2;. Le Stellîon Cordyle. Ecailles du dessous du ventre dispo- sées en bandes ; celles des flancs ayant un arc'.e , et celles de la queue formant des anneaux laiges et fesîonnes , et ler- jninées en pointes longues. 3. Le Stellîon oRiiicuLAiRE. Corps arrondi ; sommet de la tele et dos garnis d'aspérités j queue moyenne. 1 3o4- Tableau méthodique 4-. Le Stellion plissé. Occiput ayant une callosité , une ver- rue près de chaque oreille , et d'autres sur les côtés du cou, dont le dessous est plissé ; queue à peine verticillée , une fois plus longue que le corps. 5. Le Stelliois courte-queue. Ecailles du corps très petites et rudes; queue de moitié plus courte que le corps et dont les anne aux à écailles pointues, redressées seulement en dessus ; une tache rayonnée sur le front, et des ban- des sur la partie supérieure du corps. 6. Le Stellion hélioscope. Tête hérissée de callosités ; un pli sous la gorge ; écailles de la queue im- briquées ; corps moucheté. y. Le Stellion hexagoise. Ecailles du dessus du corps carinées et piquantes ; queue hexagone une fois et demie plus longue que le corps. 8. Le Stellion azuré. D'un bleu d'azur en dessus ; queue DES REPTILES. 3o5 courte , verticiilée , el dont les écailles sont redressées et pointues. 9. Le Stellîon nègre. Ecailles du dessus du corps rhomboï- dales et d'un noir foncé ; une tache blaa- che et large à chaque côté du cou. 10. LcStellion goutteux. Bords de la mâchoire inférieure d'un jaune vif, rayé de noir ; un gros tuber- cule écailleux , rude , à chaque articula- tion des phalanges. 11. Le Stellion pelluma. Corps bigarré en dessus; queue de longueur moyenne , verticiilée , à écail- les rhomboïdales. Re7}î. Cette espèce est très peu con- nue , comme tous les animaux qui sont dans Molina. 12. Le Stellîon de l'Oural. D un cendré roussâtre en dessus, avec des rides petites et raboteuses ; tête gros- se , arrondie , avec un pli sous la gorge ; queue fasciée de noirâtre. 3o6 TABLEAU MÉTHODIQUE 1 5. Le Stellion ondulé. Dessus du corps gris, ondulé de brun, à écailles ayant une carène piquanic ; queue de longueur moyenne, à onze arêtes ou côtes. i{. Le Stellion sillonné. Dos strié ; queue de longueur moyen- ne , avec deux arêtes eu dessus. DES REPTILES. 3o7 VHP GENRE. GECKO. Quatre pattes très apparentes et de grandeur r&- lative ; doigts libres, presqu'égaux, dilatés la- téralement , garnis en dessons de lames im- briquées , et terminés par un ongle peu a})pa- rent ; point de paupières ; langue courte et un peu échrancrée. 1. Le Gecko glanduleux. Des tubercules glanduleux et alignés aux cuisses postérieures. 2. Le Gecko de Mauritanie. D'un grisâtre en dessus assez uni- forme ; beaucoup de tubercules , dont quelques uns groupés ; queue courte -, grosse et conique. 3. Le Gecko fouette-queue. Une crête sur le dos; queue s' élargis- sant vers la pointe ; peau légcrenient chagrinée. 3o8 TABLEAU METHODIQUE Rem. N'est-ce pas platôL une sala- mandre ? 4- Le Gecku tête-plate. Corps hérissé d'aspérités , avec une membrane frangée de chaque côté , près des flancs ; têle plate ; queue en forme de rame. 5. Le Geckc sputateur. D'un gris mélangé de brun en dessus; quatre bandes noires et transversales sur la tête et sur le dos; queue annelée ; doigts terminés par une petite plaque écailleuse. - i 6. Le Gecko turc. Gris , parsemé irrégulièrement -de points , de petites taches roussâlres et de verrues; queue de longueur moycn- lie, un peu verticillée. 7. Le Gecko a queue turbinée.' Blanchâtre , tacheté de brun , à ver- rues petites, égales et très rapprochées; oreilles concaves ; queue turbinée , ou courte et conique. DES REPTILES. 3og 8. Le Gecko a banbe blanche. Jaunâtre , avec quelques verrues ; une bande blanche et fourchue sur le dos ; queue mince , longue et fasciée. 9. Le Gecko a oreilles. Une crête demi-orbiculaire à chaque coin de la bouche; doigts du milieu den- tés en scie. IX« GENRE. SCINQUE. Qqatre pattes apparentes et courtes, doigts libres, corps alongé, couvert partout d'écaillés égales; imbriquées et arrondies sur leurs bords; cou de la largeur de la tête ; langue courte , un peu écbancrée. I. Le SciNQUE COMMUN. D'un roux blanchâtre , comme argen- té en dessus, avec des bandes brunes sur le dos ; mâchoire supérieure avançant au-delà de l'inférieure; queue courte et comprimée. , Rept. IL 37 3lO TABLEAU MÉTUODIQTJB 2. Le SciNQUE MâBOUYA. Mâchoires de longueur égale ; queue courte. 3. Le vSciNQUE DORÉ. D'un gris argenté, tacheté; mâchoi- res de longueur égale ; queue plus lon- gue que le corps. 4. Le SciNQUE TiLIGUGU. Noirâtre eh dessus , avec des grou- pes nombreux de points noirs ; queue de longueur moyenne et conique ; doigts bordés. 5. Le SciNQUE Algire.. Brun en dessus, avec deux raies jau- nes de chaque côté ; queue verticillée , un peu plus longue que le corps. 6. Le SciNQUE A CINQ RAIES. D'un brun noirâtre en dessus, avec cinq raies blanches, dont celle du milieu fourchue près du cou; queue de longueur moyenne. DES REPTÎBLES. 3n 7. Le SCINQUE ENSAISGLANTÉ. Brun en dessus, avec plusieurs raies Llanches sur la lête et sur le dos ; un pli sous le cou , queue versiclllée , cendrée en dessus, rouge en dessous, blanchâtre à l'extrémité. 8. Le SCINQUE OCELLÉ. Gris vcrdâtre en dessus , avec de pe- tites taches brunes, cerclées de blanc; queue courte et mince. g. Le SciNOîiE interponctué. Deux lignes jaunes sur le dos, avec des poinls noirs parsemés dans l'intervalle; plusieurs rangées longitudinales de points bruns sur les côlésj queue mince, lon- gue et ponctuée. 10. Le Sci^îQUE HARBAI. Une rangée de verrues sur les bras; queue longue et à écailles imbriquées. Rem. Cette espèce n'est presque pas connue. 3l2 TABLEAU METHODIQUE il. Le SciNQUE SÉPIFORME. Verdâtre obscur; dos plat; des points calleux sur les jambes postérieures, der- rière les cuisses , queue courte. X^ GENRE. CHALCIDE. Quatre pattes à peine apparentes, très courtes, faibles, ayant dans quelques uns moins d... cinq doigts; corps fort alongé , presque cylindrique, rampant; langue courte, échancrée. I. Le ClIALCIDE SEPS. D'un gris livide en dessus, avec deux raies d'une teinte plus claire , et bordées de noir sur le dos , écailles ne formant point d'anneau; trois doigts à chaque pied; queue courte. 2. Le Chalcide jaunâtre. Ecailles disposées en rangées circulai- res; trois doigts à chaque pied, queue longue. DEL REPTILES. Bl^ a. Le Chalcide serpentin. Cinq doigts à chaque pied ; cendré ou bai en dessus , avec quinze ou vingt raies brunes. Le Cuaicide pentadactyle. Cinq doigts à chaque pied; queue lon- gue. 5. Le Chalcide anguin. Pieds subulées, à doigts nuls ou peu distincts; corps et queue verticiilcs. XP GENRE. BIPEDE, Point de pattes postérieures , les antérieures très petites , et dont les doigts sont onguicxilés; corps fort alongé ; cylindrique. I. Le Bipède cannelé. Ecailles du dessus du corps formant des demi - anneaux , séparés par un iillon qui s'étend depuis la tête jus- 3i4. TABLEAU MÉTHODIQUE qu'à l'anus; queue à anneaux complets. Remarques. Nous n'avions point fait d'abord le genre sheltopusik àt M. de Lacépèdc , parceque les rétlexions de M. Daudin nous avaient portés à croire que ces reptiles pourraient bien être des arjguis maies , dont les organes sexuels suraient éié pris pour des pieds. Mais nous pensons aujourd hui que ce genre doit être conservé. ( Voyez le supplément qui précède ce tableau.) Ses caractères seront : point de pattes de devant ; deux postérieures très petites ; corps fort alongé, Nous appellerons l'espèce décrite par Pallas , le sun/rcPUSîK didactyle : il est d un jaune pâle , avec une ride ou sillon longitudinal de chaque côté du corps. TES REPTILES. 3l5 SECONDE SECTION. Doigts des pattes dépourvus d'ongles j peau sans écailles. XIP GENRE. CRAPAUD. Corps court, ramassé, souvent très raboteux, san» queue postérieure ; point de pelotte visqueuse au bout des doigts ; pattes postérieures de la longueur du corps , ou le dépassant très peu. 1. Le Crapaud commun. Parotides larges et saillantes ; corps cendré ou d'un cendré jaunâtre en des- sus, blanchâtre en dessous; des verrues d'un rouge obscur; pieds postérieurs de- mi-palmés. 2. I^e Crapaud de Roesel. Corps verdàtre en dessus, parsemé de verrues noirâtres ; pieds postérieurs palmés. 3l6 TABLEAU MÉTHODIQUE Le Crapaud brun. Corps presque lisse, d'un brun jau- nâtre ou grisâtre , avec des taches plus foncées et noirâtres sur leur bord ; une raie sur le milieu du dos , formée par le défaut de taches, pieds postérieurs de- mi-palmés , avec une saillie imitant un sixième doigt. 4.. Le Crapaud sonnant. D'un gris obscur et parsemé de ver- rues en dessus, d'un jaune orangé, mar- bré de bleuâtre en dessous ; pieds posté- rieurs demi-palmés. 5. Le Crapaud accoucueur. D'un cendré verdâtre, tubercule, mar- qué de petites taches brunes en dessus , blanchâtres en dessous, parotides point ou peu saillantes ; pieds postérieurs légè- rement demi-palmés. 6. Le Crapaud calamité. Parotides saillantes, olivâtres, avec des verrues nombreuses d'un brun roux en dessus, une ligne jaune sur le milieu DES REPTILES. Siy du dos ; pieds postérieurs demi-palmés quelquefois. 7. Le Crapaud vert. D'un blanc livide, marbré de vert, avec des verrues rouges en dessus; pieds posié rieurs légèrement demi-palmés. 8. Le Crapaud cornu. Corps d'un verdâtre sale, avec des ver- rues ou des aspériiés en forme d'épines en dessus ; une proéminence conique et pointue au-dessus de chaque œil; pieds postérieurs demi-palmés. 9. Le Crapaud perlé. Un pli élevé au dessus des yeux; trois rangées d'épines ou de pointes longi- tudinales, et placées sur la moitié anté- rieure du corps ; pieds postérieurs demi- palmés. 10. Le Crapaud bossu. Corps fort trapu, d'un blanc jaunâ- tre , avec des points roussâtres en des- sus j tête petite ; bouche étroite ; une il8 TABLEAU MÉTFIODIQUE arge ligne jaune et dentée au milieu iu dos ; pieds postérieurs paraissant voir six doigls, et presqu'entièrement ibres. 11. Le Crapaud pîpa. Corps large , aplati , raboteux , oli- ^âlre foncé, avec des petites tax^hes rous- iâtres en dessus; télé courte, aussi large ]ue le corps; un appendice coriace, cré- îelé à chaque angle de l'ouverture de la jouche ; doigis antérieurs terminés cha- cun par quaîre petites pointes; pieds pos- érieurs palmés 12. Le Crapaud VENTRU. Corps fort trapu, d'un brun sombre, avec quelques verrues en dessus , blan- châtre , avec des taches noirâtres en des- sous ; tête petite : pieds courts ; les pos-« térieurs à peine demi-palmes. i3. Le Crapaud demi-luné. Noirâtre et verruqueuxen dessus, avec une tache blanche et ronde derrière les parotides, et une autre tache blanche, DES Reptiles 819 en croissant, derrière le tympan ; pieds postérieurs demi-palmés. i^. Le Crapaud criard. D'un brun foncé sur le dos et pâle sur les côtés, avec des taches d'un brun fon- cé et des verrues, blanchâtre et granulé en dessous; verrues latérales pointues; parotides saillantes, avec une tache d'un brun foncé en dessus; bord supérieur de l'orbite des yeux élevé et verruqueux ; pieds postérieurs demi- palmés. i5. Le Crapaud de Panama. D un cendré jaunâtre en dessus, avec des verrues plus foncées et un peu vio- lettes à leur sommet ; d'un blanc jaunâ- tre en dessous ; parotides très dislinctes €t prolongées en pointe sur les flancs ; pattes courtes, demi-palmées. ip. Le Crapaud agua. Corps et teîe très épais , variés de di- verses couleurs , avec des gros tu.bercu^ 320 TABLEAU MÉTHODIQUE les disposés entre des rides, en dessus; paupière supérieure, saillante et garnie de verrues ; parotides ires grosses ; pieds postérieurs deini-palniés. 17. Le Crapaud a taches jaunes. Corps oblong , d'un gris jaunâtre à petites taches, et des verrues en dessus j paroiides très grosses; pieds postérieurs demi-palmés. 18. Le Crapaud a pustules iîleues. Corps d'un Lieu brun en dessus, avec une rangée longitudinale de verrues Lieues de chaque côté; pieds postérieurs palmés; memLres fasciés de noir et de Lieu. ig. Le Crapaud rude. D'un gris jaunâtre clair; verrues épi- neuses ; front et lèvre Lordés d'une ligne noire; parotides grosses et pointillces de noir, pieds postérieurs paraissant avoir six doigts séparés. DES REPTILES. 321 20, Le Crapaud goitreux. D'un gris bien clair, avec plusieurs taches noirâtres , et àe petits tubercules en dessus ; tcte pointue ; gosier goitreux j doigts des pieds séparés. XlIP GENRE. GRENOUILLE. ; v Corps oWong et sans queue postérieure ; point de pelolte visqueuse au bout des doigts ; pattes postérieures une demi-fois au moins plus lon- gues que le corps. , 1. La Grenouille commune. Corps vert ou d'un vert jaunâlre en dessus, avec des taches noires et tro-iâ raies jaunes. ^ 2. La Grenouille ROUSSE, Rousse ou jaunâtre en dessus ; une tache noire de cliaque côté de ia tête ; cuisses rayées de brun. ,■ Rept. IL 28 32 a TABLEAU MÉTHODIQUE 3. La Grenouille mugissante. Verdâtre en dessus , parsemée de lâ- ches noires irrégulières, avec une bande longitudinale et jaunâtre au milieu du dos. ^ 4.. La Grenouille grognante. Corps brun et noir en dessus, d'un blanc taché de brun en dessous; les en- virons de la bouche et lèvres jaunes ; des bandes noirâtres sur les membres, 5. La Grenouille ocellée. Corps d'un cendré sale en dessus , avec des taches rondes et brunes , en- tourées d'un cercle jaunâtre en forme d'yeux ; doigts séparés, 6. La Grenouille criarde. Corps d'un cendré obscur, parsemé de points noirs, et légèrement tuberculeux; en dessus d'un blanc argenté, tacheté de brun en dessous ; lèvre supérieure d'un vert obscur ; membres fasciés de brun. DES REPTILES. 323 7. La Grenouille galonnée. Corps d'un gris rougeâtre en dessus, avec des pcîites taches arrondies d'un brun noirâtre , et cinq lignes jaunâtres , luîjgiludinales et saillantes. 8. La Grenouille rougette. Corps d'un rouge couleur de rouille en dessus , avec une ligne plus foncée sur le dos, et deux sur les flancs; une tache blanchâtre , triangulaire sur le front ; des- sous blanchâtre , avec des taches tirant sur le roux; membres fascics de brun foncé ; pieds postérieurs légèrement de- mi-palmés. 9. La Grenouille tachetée. Corps d'un brun rouge en dessus, avec trois taches d'un vert clair sur la tête, et deux autres de même couleur, arrondies aux épaules, une à chaque; doigts sé- parés. 10. La Grenouille Jackie. Dessus du corps verdâtre , lisse , avec àes marbrures d'un brun rouge; des- 324 TABLEAU METHODIQUE SOUS blanchâtre, avec quelques lignes roussâlres et obliques sur les cuisses ; pieds postérieurs palmés. Obs. La grenouille écailleusc est une espèce imaginaire. XIV« GENRE. RAINE. Corps ordinairement lisse en dessus , sans queue postérieure ; une pelotte visqueuse placée sur un empattement au bout des doigts : pattes postérieures fort longiies. I. La PiAINE VERTE. Verte en dessus, avec une ligne jaune bordée de violet de chaque côté. 2, La Rainera tapirer. D'un brun rouge foncé ou d'un bleu ardoisé sombre en dessus , avec deux lignes jaunâtres , partant du front et se prolongeant jusqu à l'anus. 3. La Raine a bandeau. Dessus du corps d'un brun rougeâ- trej, avec une bande blanche frontale ,. DES REPTILES. 325 prolongée sur les côtés antérieurs du dos ; de petites taches arrondies et blan- ches sur le dessus des membres. 4.. La Raine pàtte-d'oie. Dessus d'un rougeâtre pâle ; avec des marbrures plus foncées et des bandes bifides sur les membres ; pieds palmés. 5. La Raine bicolore. Dessus d'un bleu d'azur ; dessous d'un jaunâtre pâle , avec des taches blanches , entourées d'un cercle violet ; doigts séparés. 6. La Raine réticulaire. Dessus d'un rougeâtre pâle , mar- bré de larges bandes longitudinales plus foncées , pointillées de rouge ; quelques tubercules sur les flancs ; pieds posté- rieurs demi-palmés. 7. La Raine rouge. Dessus d'un brun rouge; avec une ligne d'un cendré pâle de chaque côté , et des taches arrondies et blanchâtres sur 3^6 TABLEAU MÉTHODIQUE. les cuisses ; pattes postérieures demi- palmées. 8. La Raine hypochondriale. Dessus d'un gris bleuâtre , avec les flancs et les côtés des membres rayés de brun sur un fond gris ; doigts séparés. g. La Raine lactée. D'un blanc de lait uniforme, avec une ligne brunâtre de chaque côté du nmseau; pieds postérieurs palmés. 10. La Raine bi-rayée. Dessus d'un vert brun , avec deux lignes blanches parallèles, longitudinales, un peu arquées, sur le dos ; pieds posté- rieurs demi-palmés. 1 1. La Raine flanc-rayé. D'un vert clair en dessus et d'un vert blanchâîre en 3essous ; une ligne jaunâ- tre, droite , sur les côtés de la tête , du corps et des membres. 12. La Raine fémorale. Verte en dessus , avec de petits points DES REPTILES. 3^7 l>runs sur le dos , et environ sept taches jaunes sur chaque cuisse. i3. La Raine squirelle. D'un vert obscur en dessus , avec des points bruns , et deux rangées de taches de même couleur sur le dos , de chaque côté; fesses jaunes j pieds postérieurs demi-palmés. 1 4.. La Raine bigarrée. Brune en dessus , avec des taches vertes dentelées, et des bandes de même couleur sur les membres ; pieds posté- rieurs demi-palmés. iD. La Raine marbrée. D'un cendré jaunâtre , marbré de rougeâtre en dessus , et tachetée de noi- râtre en dessous ; pieds palmés j quelques tubercules sur les flancs. 16. La Raine beuglante. Dessus d'un cendré blanchâtre avec des bandes d'un brun rouge , larges , transverses ; lèvres et côté extérieur des membres bordés d'une ligne blan- 328 TABLEAU MÉTHODIQUE. châtre ; une raie brune sur le milieu et le long du dos ;piltes postérieures demi- palmées. 17. La Raine a verrues. Dessus rougeâtre parsemé de ver- rues écartées ; pieds postérieurs demi- palmés. 18. La Raine oculaire. D'un gris argenté , finement poin- tillé de brun , avec une bande assez large , se prolongeant des yeux jusqu'au milieu du front ; pieds postérieurs de- mi-palmés. XV^ GENRE. SALAMANDRE. Corps terminé par une queue ; quatre pattes. I. La Salamandre terrestre. Plus de trois doigts à chaque pied ; corps noirâtre , à grandes taches jaunes; queue arrondie et épaisse. DES BEPTILES. Sifi)' 3î La Salamandre marbrée. Plus de trois doigts à chaque pied ; corps vert en dessus , marbré de brun , avec une crête sur le dos dans les mâ- les : dessous rougéâtre , pointillé de blanc ; queue très comprimée. 3. La Salamandre a crête. Plus de trois doigts à chaque pied ; corps varié de noirâtre et de vert foncé en dessus , d'un jaune orangé , avec des taches noires en dessous ; une crête sur le dos dans les mâles ; queue très com- primée. ' s 4^. La Salamandre des marais. D'un brun foncé en dessus , avec une iigne noirâtre de chaque côté , tout le long du corps ; son dessous blanchâtre , avec une teinte brangée dans quelques espèces. 5. La Sx\lamandre ceinturée. Dessus d'un gris verdâtre ou jaunâr- tre , avec des points noirs de chaque 33o TABLEAU MÉTHODIQUE côté , disposés en bande ; dessous sa- frané et sans taches. 6. La Salamandre poI^^TILLÉE. Brun verdâtre ou jaunâtre , tacheté de noir; tête rayée; une bande blan- châtre sur un fond d'un rouge vif à la tranche inférieure de la queue. Une crête grande, tachetée et dente- lée sur le dos, dans les mâles. 7. La Salamandre palmipède. D'un gris verdâtre , tacheté de noi- râtre en dessus , blanchâtre , presque sans taches en dessous ; pieds posté- rieurs palmés , et queue terminée par un fdet dans les mâles. 8. La Salamandre a points blancs. D'un brun sombre , avec deux lignes de points blancs se réunissant en une seule à la queue ; queue cylindrique. N^ est-ce pas plutôt un lézard ? 9. La Salamandre a quatre raies. Corps rayé de quatre lignes jaunes ; iqueue longue et cylindrique. DES REPTILES. :33l Rem, Je présume que ce reptile n'ap- partient pas à cet ordre. 10. La SALAMAÎSfDRE DES MONTS Al- LÉGANÏS. Brune , avec tine teinte plus claire en dessus. 1 1. La Salamandre Sarroubé. Jaune tigré de vert ; un double rang d'écaillés sous le cou ; doigts garnis de chaque côté d'une membrane , terminés par un ongle , quatre aux pattes poslé- rieures. Rem, 3è respiecte beaucoup l'autorité de M. de Lacépède ; mais j'avoue que je ne place ici ce reptile qu'avec une ex- trême répugnance. Ses caractères contre- disent tous ceux de cet ordre , et je suis convaincu que cette prétendue salaman- dre est un gecko. 12. La Salamandre trois-doigts. Trois doigts aux pieds de devant, et quatre à ceux de derrière ; d'un brun fon- cé , queue longue. 332 TABLEAU MÉTHODIQUE, etc. Hem. J'ai quelques doutes sur le place- ment de ce reptile.Cette queue longue yct qui se replie à volonté ^ n'est pas ordinaire dans les salamandres ; mais surtout la présence des côtes l'co éloigne singuliè- rement. , XV« GENRE. SIRENE. Corps alongé et revêtu de petites écailles (i)? . deux pieds à doigts garnis d'ongles; des pou- mons et des ouïes. " ï. La SîRÊNE LACERTINE. "Noirâtre, avec deux lignes de traits blancs le long des côtés du corps. (i) SuivantEllis, ^t ce «^ue je ne crois pas.'^ FIN DU TOME SECOND. '^rri^î