| D: DE 0 ee a Ds à + 2" =" 4-2 DL M6 w Fe 0, Ne à DD SE 4.2. | L: ‘4 ' h p: RÉ TAREN) Au 4, dt FR. el À qui # , F, A &: LEP, , Rte R'. NL. 0 LL, | à: me AL 2 . ve D -h L FE ‘0 F On ' d 12 #5 SN DA L'7 s % k A … 0 L! 7 k à D. : ” * ( 4 . 0 Li ? À 1 Er. , eh “LU LA À AL. | OPA: + ELBRART OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY, M TE GIFT OF THEODORE LYMAN OF THE Class of 1855. EL TE> RE SPL De Eng 7 ET GA su HR \ ré 1 JOURNEE -æ Se É : CRETE RE HISTOIRE NATURELLE : DES OISEAUX. | Tome Second. À PARIS, DE L'IMPRIMERIE ROYALE, UM DOCLAX FA. PR TS Te ps Din ir Pre RME A Een 2. Le , TABLE . De ce qui eft contenu dans ce Hat ET Rlamnehicd LE Faucon... ..Pi9e Oifeaux FER Re ont rapport au Gerfaut & aux Faucons. 31 D lobreanin in: NE Oz Creflerelle 2. 50.. t48 D Hochier DEL NO UE 6 | VILLIERS 59 Les Pie ÉTGRE Le lsute 67 » La Pie-prièche grife...... 70 Fa si tres US SU 78 L’Écorcheur. . DA NES E à Oiféaux bandes quë ont pre “va Pre - er os srie & a le à ORNE ET I. EL. III. IX V. VL VIT. VU. IX. À: XI. Le Ménenhs, serstsscevases 3 Rouge-queue. ...... du APE à 88 Langraien & Tcha-chert....... 89 Bécardes VAE 91 Becardes à ventre jaune....... 92 Le Vanga ou Becarde à ventre Dre RER RD 93. Le Sohehel ii er te xt 94 Le Tchæ-chertDéi ee nv 95 Le GonokkK. 7... MM re: 96 Le Cali-Calic & le Bruia..... 97 La Pie-grièche huppee...... Ibid, Les Orfeaux de proie noëlurnes, 99 Le Duc ou grand Duc... 120 Le Hibou ou moyen Duc.. 135 Le Scops ou petit Duc. :., 150 Le HONOR Le Char: huant, SES URSS L'Effraie ou la Frefaie . : 168 La Chouerte ou la grande | Chepédhe tits Re NE LaChevécheouperireChouerte, 183 \Oiféaux étrangers qui ont rapport aux Hiboux GauxChouettes. 19% E' Le Cobure ou: Cabouté. 50: Ibid, 1e Coparacoch ii, ne 194 MR Le Hadame ee se 197 “AV. Le Chat-huant de Cayenne. ....., 202 V. La Chouette ou grande Chevéche de POUR ER Ds er dede eur “203 VI. La Chouette ou grande Chevéche de Saint-Domingue. ...,,.,.,..,,, 204 Orfeaux qui ne peuvens voler. 105 RAC NERO NET à D HOar 45.4... 306 Ro Drome NB D. 5: 329 Le Solitaire & l'Oifeau de DÉARATÉ Le Aline ts "336 Par M. 0E BurFroN. L) L ; \ # 71 è u \ ‘ * À z Le] | ‘ L ! LL] | # 0 à : à: Le Ÿ Î { 3 7 : ’ fe L2 \ L À Ed ‘ Ÿ . HO GORE T ROUE, LÉ SEL ITEA ER ARMES ÿ EN Ÿ RAR MENR ÉEREV TE TN PS À IN ÉRRERRARAEE AP ECRIRE LR 1 Î 2 de EAP CR HISTOIRE NATURELLE - DES OISEAUX. LE FAUCON/(a). 4 Lorsou’ox jette les yeux fur les lrftes de nos Nomenclateurs d'Hiftoire (a) En Grec moderne, &zaxœv ; en Latin mo- derne, Falco ; en Italien Falone ; en Efpagnol, Halkon; en Aïlemand, Falck ; en Polonois, Soko/s en Anglois, Falcon. — Falco apnd Firmicum , Sui- dan € recentiores. Gefner. Jcon. Avi. page 110. — Faucon. Belon, Hifl Nat. des Oifeaux , page 115. — Falco. Afdrov. Avi. tome 1, page 4204 — Accipiter fufèus. Vrifch , Planche Lxx1r , avec une figure coloriée. — Accipiter fufeus oris pennarunt rufeftentibus reëtricibus fufeis fufco faturatiore tranf? veïftm ffriatis........ Falco , le Faucon. Briñon, Orntth. tome 1, page 321, | Oifeaux ; Tome IL, : À Le - . re, À C1 o. / #] \ 3 Hifloire Naturelle Naturelle /#), on Yeroit porté à croire quil y a, dans l'efpèce du Faucon, autant de variétés que dans celle du pigeon, de la poule ou des autres orfeaux do- meftiques : cependant rien n'eft moins via; l'homme na point infué fur {a y) M, Briflon compte treize variétés dans cette première efpèce, favoir; le faucon-fors, le faucon hagard ou bou, le faucon à tête blanche, fe faucon blanc , le faucon noir , le faucon tacheté, le faucon brun, le faucon rouge des Indes, le faucon d'Italie, le faucon d’Iflande & le (0) à & enmèênie temps il compte douze autres efpèces ou variétés de faucons, différentes de Ia première, favoir; le faucon gentil, le faucon-pélerin, dont ke faucon de Barbarie & le faucon de Tartarie ._ font des variétes ; le fauconà collier, Ie faucon de roche ou rochier ; le faucon de montagne où mon- taoner, dont Île faucon de montagne cendré eft une variété ; le faucon de la baie de Hudfon , le faucon- étoilé, le faucon huppé desIndes, le faucon des Antilles , & le faucon-pécheur de e Caroline, M. Linnæus comprend fous Pindication générique du faucon, vingt-fix efpèces différentes ; mais il eft vrai qu'il confond fous ce même nom, comme il fait .en tout , les efpèces éloignées, auffi- bien que les efpéces voifines, car on trouve, dans cette lifie de faucons, les aigles, les pygargues , les oïfraies, les crefferelles, les bufes , &c. Au moins la lifie de M. Brifon , quoique d’un tiers trop hombreufe, eft faite avec plus de circonfpedion € de difcernement. | du Faucon. ” 3 nature: de ces:animaux ; quelqu'utiles aux plaïfirs, quelqu'agréables qu'ils foient pour le fafle des Princes chafleurs, jamais of n’a pu en élever , en muiti- pher lefpèce : on dompte, à la vérité, le, naturel féroce de ces oïfeaux, par la force de l'art & des privations ( c ): ES « (cy Pour: drefier le faucon, Pon commence par l’armer d’entraves | appelées jers, au bout . defquels on met un anneau , fur lequel eft écrit lé nom du maître, on y ajoute des fonnettes qui fervent à indiquer Îe lieu où il eft lorfqu’il s’é- carte de la chafle ; on le porte continuellement fur le poing ; on Poblige de veiller : s’il eft mé. chant & qu’il cherche à fe défendre, on lui plonge da tête dans l’eau ; enfin on Île centraint par {a faim & par [a Haffitude à fe laïfler couvrir la tête _ d’un chaperon qui lui enveloppe les veux ; cet exercice dure fouvent trois jours & trois nuits de fuite : 1 eft rare qu’au bout -de ce temps, les befoins qui le tourmentent & la privation de 1a lumière ne lui faffe pas perdre toute idée de Ii- berté : on juge qu'il a oublié fa fierté naturelle, lorfqu’il fe Jaife afément couvrir la tête , & que découvert il faifit le. pât ou la viande qu’on a foin de lui préfenter de temps en temps; la répétition de ces leçons en affure peu-à-peu Île fuccès : les befoins étant le principe de la dépendance , on cherche à lesaugmenter en ui nétoyant l’eftomac par des cures; ce font de petites pelottes de filafe qu'on lui fait avaler, & qui augmentent fon ap- AE SAN € À ij 4 Hifloire Naturelle on leur fait acheter leur vie par des mouvemens qu'on leur commande ; cha que morceau de leur fublftance ne leur eft accordé que pour un fervice rendu : on les attache, on les garotte, on les affuble , on les prive même de Fa lumière & de toute nourriture, pour les rendre plus dépendans , plus do- ciles, & ajouter à leur vivacité naturelle limpétuofité du befoin (d); mais ils pétit ; onle fatisfait après lavoir excité, & la recon- noïfflance attache Poifeau à celui même qui Pa tour. menté. Encyclopédie , à l’article de la fauconnerie. (d) Lorfque les premières feçons ont réuffi, & que loifeau montre de la docilité, on Îe porte fur le gazon dans un jardin ; là, on Île découvre, & avec l’arde de la viande, on le fait fauter de fui- même Îur le poing ; quand ïl eft afluré à cet exercice , on juge qu’il eft tems de fui donner le vif, & de fui faire connoître le leurre; c’eft unerepréfentation de proie, un aflemblage de pieds & d’ailes, dont les fauconniers fe fervent pour ré- clamer les oifeaux , & fur lequel on attache leur viande ; ileft important qu'ils foient non-feulement accoutumés, mas affriandés à ce leurre ; dès que Voifeau a fondu deffus & qu’il a pris feulement une beccade , quelques fauconniers font dansPufage de retirer lefeurre , mais, par cette méthode, on court rifque de rebuter loifeau ; il eft plus für, dorfqu’il a fait ce qu’on attend de lui, de fepaître rout-à-fait, & ce doit être la récompenfe de fa du Faucon, ; fervent par néceflité, par habitude & fans attachement; 1ls demeurent captifs, fans devenir domeftiques; l'individu feul = docilité, [le leurre eft Pappât qui doit Ie faire revenir lorfqu’il fera élevé dans les airs, mais # ne feroit pas fuffifant fans la voix du fauconnier qui Pavertit de fe tourner de ce cûté-là; ïl faut que ces leçons foient fouvent répétées.... Il faut cher- cher à bien connoître le caractère de Poifeau, parler fouvent à celui qui paroît moins attentif à la voix, laifler jeûner celui qui revient moinsavi- dement au leurre ; laifler auffi veiller plus Iong- temps celui qui n’eft pas aflez familier 3 couvrir fouvent du chaperon celui qui craint ce genre d’aflujettiflement : lorfque la familiarité & la docilité de l’oifeau font fufifamMent confirmées dans un jardin, on Île porte en plaine campagne, mais tou- jours attaché à la filière , qui eft une ficelle longue d’une dixaine de toiïfes; on [le découvre , & en Pappellant à quelques pas de diftarce, on lui montre Je leurre ; lorfqu’il fond deflus, on fe fert de Ia viande & on lui en laiffe prendre bonne gorge; pour continuer de Paflurer, Te [lendemain on Îa Jui montre d’un peu plus loin, & if parvient enfin à fondre deffus du bout de la filière, c’eft alors qu’il faut faire connoître & manier plufieurs fois à f’oifeau le gibier auquel on le deftine; on en conferve de privés pour cet ufage , celas’appelle donner l’efcap; c’eft [a dernière leçon, mais elle doit fe répéter juiqu’à ce qu’on foit parfaitement afluré de l’oileau : alors on Îe met hors de filière , & on le vole pour lors. Encyclopédie, art, de la fauconnerie. à À 1 6 Hifloire Naturelle éft éfclave , l'efpèce eft toujours libre, toujours également éloignée de l'empire de l'homme : ce n'efl même qu avec des peines infinies qu'on. en. fait .quel- ques-uns prifonuters , & rien n'eft plus difhcrle que d'étudier leurs mœurs dans l'état de nature ; comme 1ls Habitent les rochers les plus éfcarpés des plus hautes montagnes , qu'ils s’approchent très-ra- rement de terre, quils volent d'une hauteur & d’une rapidité fans égale ; on ne peut avoir que peu de faits fur leurs habitudes naturelles : on a feulement remarqué qu'ils chorfiflent toujours pour élever leurs petits “es rochers expolés au midi 4 quils fe placent dans les trous & les anfraëlures les plus imaccef- jibles; qu'ils font ordinatrement quatre œufs, dans les derniers mois de l'hiver, qu'ils ne couvent pas long-temps, car les petits font adultes vers le 1$ de Mar; qu'ils changent de couleur fur ut de fexe , l'âge & Ia mue; que les femelles font … éonfidérablement plus grofles que les mâles; que tous deux jettent des cris perçans , défagréables & préfque continuels, dans le temps qu'ils chafient leurs petits pour les dépailer, du Fancsnt °° ? ce qui fe fait, comme chez les aigles, par da dure néceflité qui. rompt les liens des familles & de toute fociété, dès qu'il n'y a pas aflez pour partager; ou qu'il y a mmpofñfibrité de trouver aflez de vivres pour fubfüfter enfemble dans les mêmes terres. Le faucon eft peut-être l'oifeau dont le courage eft le plus franc, le plus grand, relativement à fes forces : il fond fans détour & perpendiculairement fur fa proie; au lieu que flautour & la ! plupart des autres arrivent de coûté : aufli prend-on l'autour avec des fiets dans lefquels le faucon ne s'empêtre jamais ; 1 tombe à plomb fur loifeau viétime , expofé au milieu de l'enceinte des filets, le tue , le mange fur le lieu. sil eft gros, ou l'emporte sil n'eft pas trop lourd , en fe relevant à plomb : s'il y a quelque fatfanderie dans fon voi- finage , il choïfit çette proie de préfé- rence ; on le voit tout-à-coup fondre {ur un troupeau de faifans, comine &il tomboit des nues, parce qu'il arrive de fi haut, & en fi peu de temps, que fon apparition eft toujours imprévue & | À 1v 8 Hifloire Naturelle fouvent inopinée : on le voit fréquem= ment attaquer le milan , foit pour exercer fon courage, foit pour lur en- ever une proie; mais il lui fait plutot la honte que la guerre ; rl le traite comme un fiche, le chafle, le frappe avec dé- dain , & ne le met point à mort, parce que le milan fe défend mal, & que probablement fi chair répugne au fau- con encore plus que fa lâcheté ne lur déplait. Les gens qui habitent dans le voi- finage de nos grandes montagnes , en Dauphiné , Bugey , Auvergne & aux pieds des Alpes > peuvent s'aflurer de tous ces faits fe). On a envoyé de Genève à 11 fauconnerie du Roï , des jeunes faucons pris dans Îles montagnes voifines au mois d'avril, & qui pa- rofflent avoir acquis toutes les di- menfons de leur taïile & toutes leurs forces avant le mois de juin, Lorfqu'ils font jeunes on Îles appelle faucons-fors , {e) INota. Hs m'ont été rendus par des témoins oculaires , êc patieque rement par M. Hébert, que j'ai déjà cité plus d’une fois, & qui achañé pendant cinq ans dans les montagnes du Bugey. du Faucon. 9 ‘comme Ton dit harengs-fors ; parce qu'ils font alors plus bruns que dans les années fuivantes * { voyez planche 1 de ce volume ); & lon appelle Îles vieux faucons , hagards , qui ont beaucoup plus de blanc que les jeunes / f), voyez planche 11 de ce volume ? ; le faucon, qui eft repréfenté dans cette dernière planche’, nous paroît être de Ia feconde année , ayant encore un aflez grand nombre de taches brunes fur là poitrine & fur le ventre; car à la troifième année ces taches diminuent, & la quantité du blanc fur le plumage augmente , comme on ie peut voir dans le faucon repré- fenté © , dans laquelle on a gravé par erreur , le nom de /anier, au lieu de rier- celet de faucon de la troifième année. Comme ces otfeaux cherchent par- tout les rochers les plus hauts, & que a Voyez Les Planches enluminées , n.° 470. (f) Nota. Puifque le faucon-fors & le faucon- hagar ou boffu ne font que Îe même faucon , jeune & vieux, on ne doit pas en faire des variétés dans l’efpèce. D Voyez les Planches enluminées , n.° 421. © .Jbidem 9 ps: y 430: jy À v ao Hifloire À Naturelle la, plupart des îles ne: font : que des groupes & des pointes de montagnes ; 1l y en a beaucoup à Rhodes , en Chy- pre, à Malte, & dans les autres iles de la Méditerranée, aufli-bien qu'aux Or- cades &en Iflande ; mais on peut croire que , fuivant les pr chumats ,. 1is paroïflent fubir des. variètés diférentes dont ïl eft néceflarre que nous faflions quelque mention. Le faucon, qui eft naturel en France, eft gros comme une poule: il à dix- huit pouces de longueur, depuis Île bout du bec jufqu'à celur de la queue, & autant jufquà celur des pieds : Îa queue à un peu plus de cinq pouces de longueur, & 11 a près de trois pieds & demi de vol ou d'envergure : {es ailes, lorfqu'elles font pliées, s'étendent prelque jufqu'au bout de la queue; je ne dirai rien des couleurs, parce qu'elles changent aux différentes mues, à mefure que loeifeau avance en âge, & que d'ail- leurs elles font fidèlement repréfentées par les trois planches enluminées que nous venons de citer ci-deflus. J'obfer- verai feulement que la couleur la plus : duFaucon 11 ordinaire des pieds du faucon, eft ver- dâtre , & que, quand 1! s'en trouve qur ont ks pieds & la membrane du bec jaune * , les fauconniers Îles appellent faucon bec jaune , & les regardent comme les plus laïds & Îes moins nobles de tous les faucons ; en forte qu'ils les rejettent de l'école de Îa fauconnerie : j'obfer- verat encore qu'ils fe fervent du Etre de‘fucon, c'eft-à-dire du mâle, icquel eft d’un tiers plus petit que la femelle, pour voler les perdrix , pies, geaïs , merles & autres orfeaux de cette efpèce ; au leu quon emploie la femelle au vol du hèvre, du milan, de la grue & des autres grands otfeaux. I paroît que cette efpèce de faucon, qui eft affez commune en France, fe trouve aufli en Allemagne. M. Frifch (g) à donné la figure colortée d'un e * : Voyez celui qui eft repréfenté dans la Planche enluminée , n°. 430. (g) Nota. “Voici ce que M. Frifch dit de cet oifeau, qu’il appelle L’ennemi des canards où Pantour d'un run noir. À a été pourvu par fa Nature de Jongues ailes &' de plumes ferrées Jes unes fur ‘les autres. .... C’eft des oifeaux de proie Pun des À V) 12 Hifloire Naturelle faucon-fors à pieds & à membrane du bec jaune, fous le nom de enten-ffoffèr ou fchwartz -braune habiot , & 1l s'eft trompé en lur donnant le nom d'autour brun; car il difière de l'auteur par la grandeur & par le naturel. Il paroit quon trouve aufll en Allemagne , & quelquefois en France , une efpèce dif- férente de ceile-cr, qui eft le faucon pattu à tête blanche , que M. Frifch appelle mal-à- propos vaurour. « Ce »»vautour à pieds velus ou à culotte »de plume , eft, dit-1l, de tous les )>o1feaux de proie diurnes à bec crochu, sole fenl qui ait des plumes jufquà Ia »païtie Imférieure des pieds, auxquels selles s'appliquent exactement : l'aigle >» des rochers a aufli des plumes fem- 5blables, mais qui ne vont que juf- »1qu'à la moitié des pieds : les orfeaux de >proie nocturnes, comimne les chouettes, ‘1»en ont Jufqu'aux ongles , maïs ces plumes > font une efpèce de duvet : ce yautour 3»pourfuit toute forte de proie , & “plus vigoureux, il pourfuit de préférence les ca- nards , les poules d’eau & autres oïfeaux d’eau, Planche LXX1IV, oi du Faucon. 13 on ne Îe trouve jamais aüprès desc cadavres { h), 2 c’eft parce que ce n'eft pas un vautour, mais un faucon, qu'il ne fe nourrit pas de cadavres; & ce faucon a paru à quelques-uns de nos Naturaliftes aflez femblable à notre faucon de France / i), pour nen faire qu'une variété : s'il ne difiéroit en eflet de notre faucon que par la blancheur de la tête, tout le refte eft aflez fem- blable pour qu'on ne düt le confidérer que comme variété ; mais le caractere des pieds couverts de plumes jufqu'aux ongles, me paroït être fpécifique , ou tout au moins l'indice dune variété conftante, & qui fait race à part dans l'efpèce du faucon. Une feconde variété eft le faucon blanc , qui {e trouve en Ruffie , & peut- être dans les autres pays du Nord; y en a de tout-à-fat blancs & fans (h) Frifch, Planche 1 x x y ; avec une figure co- loriée. — Le Faucon à tête blanche. Briflon, tome T, page 325 , & tome VI, fupplément , page 22, Planche I. (:) Voyez lOrnithologie de M, Brion, page 325+ 14 Hifloire Naturelle taches , à l'exception de l'extrémité des grandes plumes des aïles qui font noi- râtres : 11 y en a d'autres de cette efpèce, qui font aufli tous blancs, à l’exception de quelques taches brunes fur le dos & fur les arles, & de quelques raies brunes fur la queue ( #&) : comffie ce faucon blanc eft de la même grandeur que notre faucon, & qu'il n'en difière que par la blancheur, qui eft la couleur que les oïrfeaux, comme les autres anfmaux, prennent aflez géne- ralement dans les pays du Nord , on peut prélumer avec fondement que ce n'eft qu'une varicté de l’efpèce commune, pro- duite par l'influence du climat : cepen- dant ïl paroët qu’en Iflande, 1l y a auffi des faucons de la même couleur que les nôtres, mais qui font un peu plus gros, & qui ont les arles & la queue plus longues; comme ils reflemblent prefqu'en tout à notre faucon, & qu'ils n'en diffèrent que par ces légers caractères, on né doit pas les féparer de l'efpèce commune. Il en eft de même de celui qu'on appelle faucon £ (&) Brion , tome T, page 326. du Faucon: = 4$ gentil, que prefqme tous les Naturaliftes ont donné comme diférent du fiucon Eve ; tandis que c'eft le même, & que le nom de gentil ne leur eft ap- pliqué que lorfqu’ils font bien élevés, bien faits & d’une jolie figure ; auffi nos anciens Auteurs de fauconnerte ne comp- toient que deux efpèces principales de faucon, le faucon- gentil ou fiucon de notre pays, & le faucon-pélerin ou étran- ger , & regardorent tous les autres comme de fimples variétés de l’une ou de Fautre de ces deux efpèces. Il arrive en eflet quelques faucons des pays étrangers, qui ne font que fe montrer fans s'ar- rèter, & qu'on prend au pañlage : il en vient fur-tout du coté du midi, que lon prend à Malte, & qui font beau- coup plus noirs que nos faucons d'Europe ; onen a pris même quelquefois de cette “efpèce en France ; & celui dont nous donnons la figure enluminée *, a été pris en Brie : c'eft par cette rarlon que nous avons cru pouvoir l'appeler faucon paffager, 11 paroïît que ce faucon no U% Voyez les Planches enluminées, n° 460, 16 Hifloire Naturelle pañle en Allemagne comme en France; car c’eft le même que M. Frifch à donné fous le noni de f/co fufcus, faucon brun (Planche zxXX1I11 ), & qu'il voyage beaucoup plus loin ; car c’eft encore le même faucon que M. Edwards à décrit & reprélenté, tome T, page 4 , fous le nom de faucon noir de la baie de Hud/on, & qui en effet lui avoit été envoyé de ce climat. J'obferverai à ce fujet, que le faucon paflager ou pélerin , décrit par M. Brifion, page 341 , n'eft point du tout un faucon étranger nt pañlager ; & que c'eft abfolument le même que notre faucon-hagard *, en forte que lefpèce du faucon commun ou pafñlager, ne nous eft connu jufqu'à préfent que par le faucon d'Iflinde , qui n'eft qu'une variété de l'efpèce commune, & par le faucon noir d'Afrique, qui en diffère aflez, fur- tout par la couleur , pour pouvoir être regardé comme formant une efpèce dif- férente. On pourroit peut-être rapporter à # Voyez celui qui eft repréfenté, Planche eulu- mince, n° 421. du Faucon. 17 cette efpèce le faucon Tunifen ne de nicten dont parle Belon /Z), & qu'il dit être un peu plus petit ai ce Te faucon pélerin, qui à la tête pluses 5e & ronde, & qui reflemble parce a grandeur & le plumage au lanier ;,5 peut-être auffi le faucon de Lartarie (m } qui au contraire, eft un peü plus grand que le faucon pélérin, & que Belon dit en différer encore, en ce que le deflus de fes ailes eft roux, & que fes doigts {ont plus alongés. En raflemblant & reflerrant les drfic- rens objets que nous venons de pré- {enter en détail sil paroît, 1.° qu'il n'y a en France qu'une feule efpèce de fau- con bien connue, pour y faire fon aire dans nos provinces montagneulfes ; que cette même efpèce fe trouve en Sutile , en Allemagne , en Pologne & juiqu'en Iflande vers le nord, en Italie /n), en Efpagne & dans les ifles de la Mé- diterranée, & peut - être jufqu'en Egypte (!) Belon , Hif!. Nat. des Oifeaux , page 117 _ (m) Ibidem, page 116. {n) Aldrov. Avi, tone Î, page 429. 28 Hifloire Naturelle fo) vers lemidi; 2.° que le fancon blane n’eft dans cette même efpèce, qu'une va- rièté produite par l'influence du climat, du Nord; 3.° que le faucon-gentil nef pas une efpèce différente de notre fau- con commun (p); 4.° que le faucon: pélerin ou pañager eft d’une efpèce différente, qu'on doit regarder comme étrangère, & qui peut-être renferme quelques variétés , telles que Île faucon de Barbarie, le faucon Tunifisn, &c. {o) Profper Alpin, Ægypt. tome I, page 200. (p) Nota. Jean de Franchières, qui ft l’un dés plus anciens & peut-être le meilleur de nos Auteurs fur la fauconnerie , ne compte que fept efpèces d’oifeaux auxquels il donne le nom de faucon, favoir ; le faucon-centil ; Ie faucon-pélerin, le faucon tartaret, de verfaut , e facre, de lanier & le faucon tunifien ou tunicien : en retranchant de cette lifte le gerfaut, le facre & le lanier, qui ne font pas proprement des faucons, i ne refte que le faucon -gentil & le faucon- pélerin , dont le tartaret & le tunifien font deux variétés. Cet Auteur ne connoïfloit donc qu’une feule efpèce de faucon naturelle en France, qu’il indique fous le nom de faucon-gentil, & cela prouve eneore ce que j'ai avancé, que le faucon -centil & de faucon commun ne font tous deux qu’une feule & même eipèce. RSS du Faucon, 19 A n'ya donc, quoiqu'en difent les No- menclateurs , que deux efpèces réelles -de faucons en Europe, dont la première et naturelle à notre climat, & fe mul- tiplie chez nous , & l'autre qui ne fut qu'y pafler , & quon doit regarder -comme étrangère : en rappellant donc à l'examen la lifte la plus nombreulfe de nos Nomenclateurs , au fujet des faucons , .& fuivant article par article celle de M. Brion , nous trouverons 1. que le faucon-fors n'eft que le jeuae de l'efpèce commune ; 2.° que le fau- .con- hagard , n'en eft que le vieux ; -3.°. que le faucon à tête blanche & à pieds pattus eft une varité ou. race -conflante . dans cettè même, efpèce ; A fous le nom de faucon - blanc, M. Baifion indique deux difiérentes -efpèces d’orfeaux , & peut-être trois, car le premier & le trothème pourroient être , ablolument parlant des faucons -qui auroient. fubt la variété, commune aux oifeaux du Nord, qureft le blanc; . Maïs pour le fecond , dont M. Briflon ne paroït parler que d'après M. Frifch, dont 1l cite la planche Lxxx, cen 'elt La ‘20 Hifloire Naturelle certainement pas un faucon , mais ün oïfeau de rapine commun en France, ra on donne le nom de harpaye : que le faucon noïr eft le véritable han. pélerin ou paflager k qu on doit regarder comme étranger ; 6.° que le faucon tacheté, n'eft que dej jeune de ce même faucon étranger ; 7.° que le faucon brun eft moins un faucon qu'un bufard: M. Frifch eft le feul qui en ait donné [a repréfentation (4), & cet Auteur dit que cet oïfeau attrape quelquefois en vo- ant les pigeons fauvages ; ; que fon vol eft très-haut, & qu'on le tire rarement, mais que néanmoins 1l guette les orfeaux aquatiques fur les étangs & dans les autres lieux marécageux : ces indices réunis, nous portent à croire, que ce faucon brun de M. Briflon n'eft vraifem- blablement qu'une variété dans l'efpèce des bufards , quoiqu'il n'ait pas la queue aufli longue que les autres bufards; 8.° que le faucon rouge n'eft qu'une variété dans notre efpèce commune du faucon, que Belon dit, avec quelques anciens Fau- (g) Frich , tome T, Planche Lxx ri, du Faucon. 24 conniers fe trouver dans les lieux maré- cageux qu'il fréquente de préférence ; O que le. faucon rouge des Indes eft oïfeau étranger dont nous parlerons dans la fuite; 10.° que le faucon d'Itake , dont M. Briflon ne parle que d’après Jonfton, peut encore être, fans fcru- pule , regardé comme une variété de l'efpèce commune de notre faucon des Alpes ; 11.” que le faucon d'Iflande eft, comme nous l'avons dit, une autre varièté de l'efpèce commune, dont il ne difière que Par un peu plus de gran- deur ; 12° que le facre neft point , comme le dit M. Briflon, une variété du faucon, mais une efpèce difisrente qu'il faut confidérer à part; 13.° que le faucon gentil n'eft point une efpèce différente de celle de notre faucon com- mun, & que ce n'eft que le faucon-fors de cette efpèce commune, que M. Briffon : a décrit fous le nom de faucon gentil ; mais dans un tems de mue, différent de celui qu'il a décrit fous le fimple nom de faucon; 14° que le faucon ap- pslé pélerin par M. Briflon , neft que notre mème faucon commun, devenu. 22 Hifloire Naturelle par Fâge fucon-hagard #, & que par conféquent ce nelt qu ie variété de l'âge £ & non pas une diverfité d’ef- pèce ; 15. que le faucon de Barbarie n'eft qu'une variété dans Pefpèce du faucon étranger QUE POMSATERS nommé faucon paflager ? 5 16.° qu'il en ef de même du: faucon de Tartarie; 17.° que le faucon à collier n'éft point un faucon, mais: Un oHeau de tout aütre genre, auquel nous 'avons donné le nom de Jfoubu/e ; 18.” que le faucon de roche n'eft point encore un faucon , puifqu'il approche beaucoup . du hobreau & de la crefierelle; & que par confé- quent ,c'eit uñ rer quil faut confi- dérer à part; 19.° que le faucon de montagne mel qu'une variété du ro- chier ; 20.° que le faucon de montagne cendré neft qu'une Variété de lefpèce commune du faucon; 21.° que le faucon de la bae de Hudfon eft un oïfeau étranger , d'une efpèce difiérente de à Voyez les Planches enluminées, n.° 421. b + ONE celui qui eft repréfenté , Planche enlu mnee » n.° 469... ‘ du Faucon. 23 célle d'Europe , & dont nas parlerons hs Particle foivant : ; 22.° que le faucon étoilé eft un ofleau d'un autre genre que le faucon; 23.° que le’faucon huppé des Indes, le faucon des Antilles, le faucon - pêcheur des Antilles, & le fau- con- pêcheur de la Carolime, font en- core des offeaux étrangers dont ïl fera fait méntion dans la fuite, On peut voir, par cette longue énuthération , qu'en féparant méme les ofleaux etrangers, & qui ne font pas précilément des faucons 3. & en Otant encore le faucon pattu; qui n'eft. peut - étre qu'une varièté ou une efpèce très-vothine de celle du faucon cominun, 1! y en a dix-neuf que nous réduifons à quatre efpèces ; favoir, le faucon commun , le faucon pañager le facre & le bufard , dont il n'y en a plus que deux qui foïent en eflet des faucons. Après cette réduétion faite de tous les prétendus faucons , aux deux ef- pèces du faucon commun ou gentil, & du faucon pailager ou pélerm ; voici les difiérences que nos anciens 24 Hiftoire Naturelle Fauconniers trouvoïent dans leur nature; & mettoient dans leur éducation. Le faucon-gentil mue dès le mois de Mars, & même plus tôt; le faucon pélerin ne mue qu'au mois d'Août : il eft plus plein fur les épaules , & ïl a les yeux plus grands , plus enfoncés, le bec plus gros, les pieds plus longs & mieux fendus que le faucon-gentil { r ) : ceux qu'on preñd au nid s'appellent faucons- niais ; lorfqu'ils font pris trop jeunes, ils font fouvent criards & difhciles à élever ; 1l ne faut donc pas les dénicher avant qu'ils foient un peu grands, ou fi lon eft obligé de les ôter de leur nid , ïl ne faut point les manier, mais les mettre dans un nid le plus fem- blable au leur qu'on pourra, & les nourrir de chair d'ours, qui eft une viande aflez commune dans les mon- tagnes où lon prend ces oïfeaux , & au défaut dé cette nourriture , on leur : (fr) Fauconnerie d’Artelouche, imprimée à Ja fuite de {a Vénerie de du Fouilloux , & des Fau- conneries de Jean de Franchières & de Guillaume Tardif, Paris, 1614 , page 89. donnera BMEaiCon Rs ÿf donnera de la chair de poulet : fi lon ne prend pas ces précautions , les aïles ne leur croiflent pas (/7), & leurs jambes fe caflent ou fe déboîtent arfément : les faucôhs—{ors, qui font les jeunes, & qui ont été pris en feptembre, octobre &: novembre, font les meïlleurs & les plus aïfés à élever : ceux qui ont été pris plus tard en hiver ou au printemps fuivant, & qui par conféquent ont neuf ou dix mois d'âge , font déjà trop. ac- coutumés à leur liberté pour fubir aïfé- ment la fervitude, & demeurer en cap- tivité fans regret, & on n'eft jamais sûr de leur obétfiance & de leur fidélité dans le fervice ; ils trompent fouvent leur maitre, & quitent lorfqu'il sy attend le moins. On prend tous les ans les faucons-pélerins au mois de fep- tembre, à Îeur paflage dans les îles, ou fur les falailes de la mer. Ils font de leur naturel prompts, propres à tout (f) Recueïl de tous fes oifeaux de proie, qui fervent à la fauconnerie, par G. B. imprimé à Îa fuite des Fauconneries citées dans la note précé- dente , page 114, verfo. Oïféaux, Tome II. B 26 Hifloire Naturelle faire, dociles & fort aïfés à inftruire (4): on peut les farre voler pendant tout le mois de mai & celui de juin, parce qu'ils font tardifs à muer; mais aufli, dès que la mue commence , ils fe dépouillent en peu de temps. Les lieux où l'on prend le plus de faucons-pélerins, font non-feulement les côtes de Barbarie, mais toutes les îles de la Méditerranée, & particulièrement celle de Candie, d’où nous venoïient au- trefots les merlleurs faucons. Comme les Arts n'appartiennent point à l’'Hiftoire Naturelle, nous n’entrerons point ici dans les détails de l’art de Ia fauconnerie ; on les trouvera dans l'En- cyclopédie (u), dont nous avons déjà emprunté deux notes. 6 Un bon faucon, » dit M. le Ror, auteur de l'article Fau- » connerie, doit avoir la tête ronde, Îe (+) Fauconnerie de Jean de Franchières, page 2, 1eËto. (u) Voyez cet article Fauconnerie, au fujet de éducation des faucons, de fes maladies & des foins sropres à les prévenir, ou des remèdes nécefaires pour les guérir. Par M. le Roy, Lieutenant des Chaffes de Sa Majellé, à Verfüilles, du Faucon. à _ bec court & gros, le cou fort long ,ce la poitrine Herve, les mahutes larges ,cc les cuifles longues , les jambes courtes, ce la main large, les doigts déliés , alongés ce & nerveux aux articles , Les ongles ce fermes & recourbés, les aïles longues ;c& les fi ignes de force & de courage are les mêmes pour le gerfaut & pour lece tiercelet, qui eft le mâle dans toutesce les efpèces d'orfeaux de proie, &ece quon appelle ail, parce qu'il eftc d'un tiers plus petit que la femelle 36e une marque de bonté moins équi-ce voque dans un oïffeau, eft de chevau-ce cher contre Îe vent, c'eft-à-dire, decc fe roïdir contre , & fe tenir "RE far ce le poing lorfquon fly expole : lece pennage d'un faucon doit être brunce & tout d’une pièce, c'eft-à-dire, dece même couleur; la bonne couleur desce mains eft de vert-deau; ceux dontce les mains & le bec {ont jaunes, ceuxce dont le plumage eft femé de taches, ce font moins eflimés que les autres ce on fait cas des faucons notrs, maïsce quel que foit leur plumage, ce font toujours les plus forts en coürage quice Bi 2.8: Hifloire Naturelle s>font des metlleurs..... Il y a des’ s>faucons fâches & parefleux, il y en sa d'autres fi fiers, qu'ils s'irritent. scontre tous Îes moyens de les appri- >svoiler ; ïl faut abandonner les uns & 3)les autres, &c. »2 M. Forget, Capitame du vol à Ver- pal: a bien voulu me communiquer la notice furvante : ce I n'y a, dit-il, de différence eflen- stielle entre les faucons de différens »>pays, que par la grofieur; ceux qui ssviennent du Nord, font ordinaire- ment plus grands que ceux des mon- mtagnes des Alpes & des Pyrénées ; s>ceux-ci fe prennent, maïs dans leurs »nids, les autres fe prennent au pañlage, > dans tous les pays; ils paflent en oc- sstobre & en novembre, & repafent sen février & mars... L'âge des g»faucons fe défi igne très - diftinétement 3la feconde année, c'eft-à-dire, à la première mue,-mais dans la fuite les s»connoiflances deviennent bien plus sdifhciles; indépendamment des chan- F2 gemens de couleur , on peut les difiin- N PTT LOS 2 We 0) \ } HER S { TRANS | CNRS \L A LE FAUCON SORT. Lara ea a be “AR A LE bee fs Mi = dihng À { vu nt 3 9 Li ÿ La 0h dt We ML Etre rien ER | Hi vit "e # * à 4 } + : PZ, TT. pag, 28. | = | | Il! (| IL | Une LE FAUCON HAGARD. du Faucon. 3 s) Gé jufqu'à la trotfième mue, c’eft-à-dire , ce par la couleur des pieds & celle de. ls Membrane du bec,» \ oi PE . Biÿ 30 Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS, Qui ont rapport au GERFAUT 6 aux FAUCONS. L: raucon D JISLANDE, que nous avons dit être une variété dans 'efpèce de notre faucon commun, & qui n'en difière en cfet qu'en ce qu'il eft un peu plus grand & plus fort. LI. Le FAUCON Noir * qui fe prend au paflage à Malte, en France, en Alle- magne , dont nous avons parlé, & que Mes Frifch (a) & Edwards (b) ont indiqué & décrit, qui nous paroiît ètre d'une efpèce étrangère & différente de ceile de notre faucon commun : J'ob- # Voyez les Planches exluminées, n.° 460. (a) Frifch, tome 1, Planche zxxx111. (&) Edwards, tome I, page 4, Planche 174 des Oifeaux étrangers, &c. 31 ferverat que la defcription qu'en donne M. Edwards eft exaéte, mais que M. Frifch n'eft pas fondé à prononcer que ce faucon doit ètre fans doute le plus fort des oïfeaux de proie de fa grandeur , parce, que, près de lextré- mité du bec fupérieur, il y a une ef- pèce de dent triangulaire ou de pointe tranchante, & que les jambes font garnies de plus grands doigts & ongles qu'aux autres faucons ; car, en com- parant les doigts & Îles ongles de ce faucon noïr, que nous avons en na- ture , avec ceux de notre faucon, nous n'avons pas trouvé quil y eût de dific- _fence ni pour la grandeur, nt pour la force de ces parties, & en comparant _de même le bec de ce faucon noir avec le bec de nos faucons; nous avons trouvé que, dans la plupart de ceux-cr;, 1l y avoit une pareïlle dent triangukarre, vers lextrémité de la mandibule fupé- rieure ; en forte quil ne difière point à ces deux égards du faucon commun, comme M. Frifch femble linfinuer ; au refte, Îe faucon tacheté dont M. Edwards donne la AN Lis & la IV 32 Hifioire Naturelle figure (c), & quil dit être du même climat que le faucon noir, c'eft-à-dire, des terres de la baie ds Hud{on, ne nous paroît être en effet que le fäucon- fors ou jeune de cette même efpèce, & par conféquent ce n'eft qu'une va- rièté produite dans les couleurs par la différence de Âge, & non pas une _ varièté réelle ou variété de race dans cette elpèce. On nous a afluré que Îa plupart de ces faucons noirs arrivent du côté du midi; cependant nous en avons vu un qui avoit été pris fur les côtes de l'Amérique feptentrionale , près du banc de Terre-neuve; &, comme M. Edwards dit qu'il fe trouve auf dans les terres voilines de la baïe de Hudfon, on peut croire que fefpèce eft fort répandue, & qu'elle fréquente Également les climats chauds , tempérés ou froids. Nous obferverons que cet oifeaü ; que nous avons eu en nature , avoit les pieds d'un bleu bien décidé, & que ceux que l'on trouve repréfentés dans (c) Edwards, rome I, page 3, Planche 148 des Oifeaux étrangers, &c. 33 Tes planches enluminées de M." Edwards & Frifch avotent Îles pieds jaunes ; cependant 1l .n'eft pas douteux que ce ne fotent les mêmes orfeaux : nous avons déjà reconnu, en examinant les balbu- zards, qu'il y en avoit à pieds bleus, & d'autres à pieds jaunes; ce caractère eft donc beaucoup moins fixe qu'on ne limaginoit : 1l en eft de la couleur des pieds à-peu-près comme de celle du plumage; elle varte fouvent avec l'âge, ou par d'autres circonftances, F &d L'orsEAU quon peut appeler Îe faucon rouge des Indes orienteles , très- bien décrit par Aldrovande (d), & à- peu-près dans les termes fuivans. La femelle, qui eft d'un tiers plus grofle, que le mâle, a le deflus de la tête large & prelque plat; la couleur de la tête, du cou, de tout le dos & du deflus _ des aïles, eft d'ün cendré tirant fur Je brun; le bec eft trèsgros, quoique (d) Falco rubeus Indicus. AÏdrov, Api, page 4945 fs. pages 495 & 496. | By 34 Hifloire Naturelle 4e crochet en foit aflez petit : la bale du bec eft jaune, & le refte, jufqu'au crochet ,.eft de couleur cendrée; la pu- pille des yeux eft très-noire, lire brune; la poitrine entière, la partie fupérieure du deflous des Me le ventre, Île crou- pion & les cufles font d'un orangé preique rouge; ïl y a cependant au- deflus de la poitrine, fous le menton, une tache Îongue M couleur cendrée ; & quelque petite tache de cette même couleur fur la poitrine; Îa queue eft rayce de bandes en demi-cercle, alter- nativement brunes & cendrées ; les Jambes & les pieds font jaunes, & les ongles noirs. Dans le mâle, toutes les parties rouges font plus rouges, & toutes les parties cendres font plus . brunes; le bec eff plus bleu, & les pieds font plus jaunes. Ces faucons, ajoute Aïdrovande, avoïent été envoyés des Indes orientales au grand Duc Fer- dinand, qui les fit defliner vivans (e). {q) Rouge faucon eft fouvent trouvé ès lieux pleins & en marais : il eft Bardi, mais difficile à gouverner. T'auconrerie de Tardif, première partie, chapitre III. Fe. des Oifeaux étrangers, &c. 3$ Nous devons obferver ici que Tardf(f), Albert & Crelcent fg), ont parlé du faucon rouge comme d'une efpèce ou d'une variété quon connotfloit en Eu- rope, & qui fe trouve dans les pays de plaines & de marécages ; mais ce faucon rouge n'eft pas aflez bien décrit, pour qu'on puile dire fi c'eft le même que le faucon rouge des Indes, qui pourroit bien voyager & venir en Europe comine le faucon paflager. HN L'oisEAU sat par Willughby /4), fous la dénomination de falco indicus cirratus , qui eft plus gros que le faucon, & prefque égal à l'autour, qui a fur la tête une huppe dont l'extrémité fe divife en deux parties qui pendent fur le cou. Cet oïfeau eft noir fur toutes les parties fupérieures de a tête & du corps ; mais fur la poitrine & le ventre, {on plu- ESRI DRE RATE TERRE Ti (f) Albert, verfo, 23, cap. x11. (g) Petr. Creftentius, Bb. X, cap. 1v. (4) Willaghby, Ornithol, page 48. 36 Hifloire Naturelle mage Cft traverfé de lignes noires & blanches alternativement : les plumes de la queue font aufli rayées de lignes al- ternativement noires & cendrées; les pieds font couverts de plumes jufqu'à l'origine des doigts; l'iris des yeux , la peau qui couvre la bafe du bec & les pieds font jaunes ; le bec eft d’un bleu notrâtre , & les ongles font d’un beau noir. Au refte, 1 paroït par le témorgnage des Voyageurs, que le genre des fau- cons eft l'un des plus, univerfeilement répandus ; nous avons dit qu'on en trouve par-tout en Europe, du Nord au Midi, quon en prend en quantité dans les iles de la Méditerranée, qu'ils. font communs fur la côte de Barbarie. M. Shaw (2), dont j'ai trouvé les re- lations prefque toujours fidèles, dit qu'au royaume de Tunis, 1l y a des aucons & des éperviers en affez grande abondance, & que ia chafle à lorfeau eft un des plus grands plaïhirs des Arabes & des gens un peu au-deflus du commun : on les trouve encore plus (i) Voyage de M. Shaw, tome 1, page 389, Ed des Oifeaux étrangers , &c. 37 fréquemment au Mogol (&k) & en Perfe (1), où lon prétend que lart de _ (k) On fe fert du faucon au Movol, pour Îa chaffe du daim & des gazelles. Voyage de Jean Ovinoton , tome I, page 279. (L) Les Perfans entendent tout-h-fait bien à enfeigner Îles oifeaux de chaffe, & ordinairement ils drefflent les faucons à voler fur toutes fortes d’oifeaux, & pour cela ïls prennent des grues & d’autres oïfeaux qu’ils laïffent aller , après leur avoir bouché les yeux ; auffi-tôt ils font voler le faucon, qui les prend fort aïfément.... I y a des faucons pour la chaffe de Ia gazelle, qu’ils inftruifent de la manière qui fuit : ils ont des gazelles contrefaites (empaillées), fur le nez deïquelles ils donnent toujours à manger à ces faucons, & jamais ailieurs : après qu’ils les ont ainfï élevés, ils es mènent à Ia campagne , & lorfqu’ils ont découvert une gazelle, is chent deux de ces oifeaux, dont l’un va fondre fur le nez de la gazelle, & lui donne en arrière. des coups de pieds : la gazelle s’arrête & fe fecoue pour s’en délivrer ; l’oifeau bat des ailes pour fe retenir, ce qui empêche encore Îa gazelle de bien courir, & même de voir devant elle ; enfin, lorf- qu'avec bien de la peine, elle s’en eft défaite , autre faucon qui eft en l'air, prend la place de celui qui eft à bas , lequel fe relève pour fuccéder à fon com- pagnon quand il fera tombé ; &, de cette forte, ils retardent teliement la courfe de la gazelle , que les chiens ont le temps de Pattraper. I y a d’autant plus de plaifir à ces chafles, que Îe pays eft plat & découvert, y ayant fort peu de bois. Relation de Theyenot, tome 11, page 200...., Voyage de 38 Hifloire Naturelle la fauconnerie eft plus cultivé que par: tout aïlleurs /m); on en trouve jufqu'au Jean Ovington, tome I, page 279. —La manière dont les Perfans dreffent les faucons à la chafle des bêtes fauves, eft d’en écorcher une & d’en remplir la peau de paille, & d’attacher toujours la viande dont on repaît les faucons, fur la tête de cette peau bourrée, que lon fait mouvoir fur quatre roues par une machine, tant que Poifeau mange, afin de fly accoutumer..... Si la bête eft grande, on fiche plufeurs oïfeaux après elle, qui la tour- mentent l’un après Pautre...... Ils fe fervent auf de ces oifeaux pour les rivières & Îes marais, dans lefquels ils vont, comme les chiens, chercher le gibier... . Comme tous les gens d’épée font chaffeurs, ïls portent d’ordinaire à larçon de {a felle une petite timbale de huit à neuf pouces de diamètre , qui leur fert à rappeler loifeau en frappant deflus. Voyage de Chardin, tome 11, pages 32 € 33. — La Perfe ne manque pas d’oifeaux &e proie; il s’y trouve quantité de fau- cons, d’éperviers & de lannerets & autres fem- blables oïfeaux de chafle, dont la Vénerie du Roi eft trés bien pourvue , & on y en compte plus de huit cents ; les uns font pour le fanglier, l'âne fauvage & la gazelle; les autres pour voler les grues, les hérons, les oïes & les perdrix. Une grande partie de ces oifeaux de chafle s’apporte de Ruffie ; mais les plus grands & les pius beaux viennent des montagnes qui s'étendent vers le midi, depuis Schyras jufqir'au golfe Perfique. Voyage de Dampier, tome 11, page 23 & fiur. {m) Les Perfans, qui font fort patiens , prennent, wp des Oifeaux étrangers, &c. 39 Japon, où Kæœmpfer { 7) dit qu'on les tient plutôt par fafte, que pour Putilité de Ia chafle, & ces faucons du Japon viennent des parties feptentrionales de cette ile. Kolbe (o) fait aufli mention des faucons du Cap de Bonne- efpé- rance, & Bofian de ceux de Guinée /p); en forte qu'il n'y a, pour ainfi dre, aucune terre, aucun climat dans lan- cien continent, où l’on ne trouve lef- pèce du faucon; & comme ces orfeaux fupportent très-bien le froid, & qu'ils volent facilement & très- ra nIdeMENEs on ne doit pas être furpris de les retrouver dans Île nouveau continent ; en auf plaïfir à dreffer un corbeau dela même maniere qu’is dreflent un épervier. Voyage de Dampier , tome IT, page 25. (n) Kœmpfer, Hifi. du Japon, tome I, page 115. / (v) Koïbe, Deftription du cap de Bonne-efp£rance s tome III, page 146. (p) Sur cette côte de Guinée, on voit encore un autre offeau de proie qui reflemble fort à un faucon , & qui, quoiqu’un peu plus gros qu’un pigeon, eft 1 hardi & fi fort, qu ‘if fe jette fur les plus grofes poules s & lesemporte. Voyage de Guillaume Bofinan , lettre 15.° page 268. 40 Hifloire Naturelle il y en a dans le Groënland//g), dans Îes parties montagneules de l'Amérique fep- tentrionale & méridionale (r), & juique dans les îles de la mer du Sud (f). | (q) On trouve dans le Groënland des faucons blancs & gris, en très-grand nombre, & plus qu’en autre lieu du monde. On portoit ancienne- ment de ces oïfeaux pour grande rareté aux Rois de Danemarck, à caufe de leur bonté merveilleufe, * & les Roïs de Danemarck en faifoient des préfens aux Rois & Princes leurs voifins ou amis, parce que la chaffe de l’oifeau n’eft du tout point en ufage dans le Danemarck, non plus qu’aux autres endroits du Septentrion. Recueil des Voyages du Nord, tome I, page O0. R (r) On a envoyé plufieurs & diverfes fortes de faucons de la neuve Efpagne & du Pérou aux feigneurs d’Efpagne , d’autant qu’on en fait grande eftime. Il y a même des hérons & des aigles de diverfes fortes, & il n’y a point de doute que ces efpèces d’oifeaux & autres femblables n’y aient pañlé bien plutôt que les lions & les tigres. Hif- toire naturelle des Indes occidentoles ; par Acofla, Page 193. — Nota. L’oïfeau que les Mexicains appeloient Hotli, indiqué par Fernandès, paroît être le même que le faucon noir dont nous avons arlé, | ([) Hiftoire des Navigations aux Terres Auf- trales, come III, page 197. LE] des Oifeaux étrangers , &cc. 41 12) L'oiseau appelé sanas par les Nègres du Sénégal, & qui nous à été donné par M. Adanfon, fous le nom de faucon-pécheir *, il reflemble prefqu'en tout à notre faucon par les couleurs du plumage ; 1l eft néanmoins un peu plus petit, & 1l a fur la tête de longues plumes éminentes qui {e rabattent en arrière, & qui forme une efpèce de huppe, par laquelle on pourra toujours diftinguer cet oifeau des autres du même genre : flaau ki le bec jaune, moins courbé & plus gros que le faucon; 1l en diffère encore en ce que les deux mandibules ont des dentelures très-fenhñbles; & fon naturel eft auffi différent, car il pêche plutôt qu’il ne chafe : je crois que c'eft à cette efpèce qu'on doit rapporter l'otfeau duquel Dam- pier (t) fait mention fous ce même nom de faucon-pécheur. ce Il reflemble, dit-il, à nos plus petits faucons pour la couleur cc & la figure ; il a le bec & les ergots faitsce * Voyez les Planches enluminées, n.° 478. (t) Nouveau Voyage autour du monde, par Guillaume Dampier, tome III, page 318. 42 Hifloire Naturelle, &c.. tout de même; il fe perche fur les troncs »2 des arbres & fur les branches sèches qui s>donnent fur l'eau dans les criques, les nrivières ou au bord de la mer; &, dès que 2ces oïfeaux voient quelques petits poif- 5 fons auprès d'eux, ts volent à fleur d’eau, 7 les enfilent avec leurs grifles, & s'élèvent ssaufli-tôt en lair, fans toucher l’eau de 22 leurs aïles. »> [Tajoute : ce qu'ils n'avalent >> pas le poïflon tout entier, comme font les autres oïfeaux qui en vivent, mais > qu'ils le déchirent avec leur bec, & le h Mangent par MOICEAUX, 22 43 pe LE HOBREAU (a). \ Voyez planche 111 de ce Volume. L: Hosrrav eft bien plus petit que Îe faucon, & en difière auffi par les habi- tudes naturelles : le faucon eft plus fier, plus vif & plus courageux; 1l attaque des oiïfeaux beaucoup plus gros que lui. Le hobreau eft plus lâche de fon naturel ; car, à moins quil ne foit dreflé, il ne prend que les alouettes & les caïlles ; mais ïl fait compenfer ce défaut de cou- ‘rage & d'ardeur par fon induftrie : dès 3e Voyez les Planches enluminées , n.0s 431 € 432. (a) En Anglois, Hobby; en Italien, Bacelle. — Hobreau. Belon, Hifloire Naturelle des Oifèaux , page 118. — Subbuteo. Aldrov. Avi. tome 1, pagé .373.:... Falco arborarius. Aldrov. Avi. tome I, page 492. — Hobreau. Albin, tome T, page 7, PL r1,avec une figure coloriée., — Zuitho- falco five æfalus, Rochier, æfalon. Frifch, Planche LXxxp1,avec une figure coloriée. —Le Hobreau. Briflon, Ornirhol. tome I , page 375. — The Hobby. Britifch Zoology, Planche À 9, avec une figure çoleriée. 44 Hifloire Naturelle qu'il apperçoit un chaffeur & fon chren, il les fuit d'afiez près ou plane au-detlus de leur tête, & tâche de faïfir les petits oïfeaux qui s'élèvent devant eux; fi le chien fait lever une alouette, une caïlle, & que le chafleur la manque, 1 ne fa manque pas : il a l'air de ne pas cramdre le bruit, & de ne pas connoître l'effet des armes à feu, car 1 s'approche de très-près du chafleur qui le tue fouvent lorfqu'i ravit {à proie; il fréquente les plaines voilines des bois, & fur-tout celles où les alouettes abondent;, il en détruit un trés-grand nombre, & elles connoïfient fi bien ce mortel ennemi, qu'elles ne l’apperçoïvent jamais fans le plus grand eflroi, & qu'elles fe precr- pitent du haut des airs, pour fe cacher fous l'herbe ou dans les buiflons : c'eft la feule manière dont elles puilient échapper ; car, quoique lalouette s'élève beaucoup , le hobreau vole encore plus baut qu'elle, & on peut le drefier au leurre comme le faucon & les autres oïfeaux du plus haut vol : 1l demeure & niche dans les forêts où 1l fe perche fur les arbres les plus élevés. Dans quel- du Hobreau. 4$ ques-unes de nos provinces, on donne le nom de hobreau (b) aux petits feigneurs qui tyrannifent leurs. payfans, & plus particulièrement au gentilhomme à lièvre, qui va chafler chez fes voilins , fans en être prié, & qui chafle moins pour fon plaifir que pour le profit. On peut obferver que, dans cette efpèce , le plumage de loifeau eft plus noïr dans la première année, qu'il ne left dans les années fuivantes : ïl y a aufli dans notre climat une variété de cet oïfeau, qui. nous a paru aflez fin- guhère pour mériter d'être reprélentée *; les difiérences confftent en ce que Ia _ gorge, le deflous du cou, la poitrine, une partie du ventre & les grandes plumes des aïles font cendrées & fans taches; tandis que, dans Îe hobreau commun , la gorge & le deflous du cou font blancs, la poitrine & le deflus (b) Ce nom de Hobreau , appliqué aux Gentils- hommes de campagne, peut venir auffi de ce qu’autrefois tous ceux qui n’étoient point aflez . riches pour entretenir une fauconnerie , fe conten- toient d’élever des hobreaux pour Îa chafñe, # Voyez les Planches enluminées ; n.° 431, 46 Hifloire Naturelle du ventre blancs auffi, avec des taches : longitudinales brunes, & que Îles grandes plumes des aïles ee prefque noirâtres : il y a de même d'aflez grandes difié- rences dans les couleurs de la queue, qui, dans le hobreau commun, eft blan- châtre par-deflous, traverfée de brun, & qui, dans l'antre, eft abfolument brunes; mais ces différences n'empêchent pas. que ces deux oiïfeaux ne puifent être regardés comme de la même. efpèce ; car ils ont la même grandeur, le même port, & fe trouvent de même en Dance , & d'ailleurs 1ls fe reflemblent par un caraétère fpécifique très-parti- culier, c'eft qu'ils ont tous deux le bas du ventre & les cuïrfles garnies de plumes d'un roux vif, & qui tranche beaucoup fur les autres couleurs de cet oïfeau; ïl n'eft pas même. impoflble que cette variété, dont toutes les différences fe réduifent à des nuances de couleurs, ne provienne de l'âge ou des diffitrens temps de la mue de cet oïfeau; & c'eft encore une ratfon de plus pour ne Jes pas féparer de l’efpèce commune. Au refte , le hobreau fe porte fur le poing jus | IT 0 - 4 LA LL @ Ë LL LU L C4 / LA 4) LL = LG \\ AA ANNE KL AN \ \ NT \ \ ANNE à À \\ 6 \ Jo ube v 1 ve «4ÿ FES re LG ST AE à du Hobreau. 47 découvert & fans chaperon ; comme lémertllon, l'épervier & lautour, & l'on en faïfoit autrefois un grand ufage pour la chafle des perdrix & des caïlles, —.# 438 Hifloire Naturelle qe | | SEA CRESSERELLE (a). Voyez la planche 17 de ce Volume. LA Crrsserize * eft Foiféau de proie le plus commun dans la plupart de nos * Voyez les Planches enluminées , n.0s 401 & 471. à (a) En Grec, Kéyxps ou Kévypis 5 Cenchris feu miliaria dicitur hæec avis, ait Gefnerus, quod punéis nigris milii æmulis infignis fit : en Latin, Tinnunculus ; en Italien, Canibello, Tittinculo, Tin- zarello , Garinelle ; en Efpagnol ; Cernicalo ou Zernicalo ; en ANemand , Roethel-weih où Wannen- wacher, quod alas extendat (ait Schwenckfeld ) ven- tiletque inflar ventilabri quod vannum nominant ; en Polonoïs, Puflo/ka; en Anglois, Kefiril ou Keffrel. INota. Ce pourroit être de ce mot Anglois Keffrel, qu’eft dérivé le nom Criflel que les Bourguienons donnent à cet oïfeau; en Ecofle, Sranchel ou Stannel où Sionegall; on la auffi appelé en vieux François, & encore actuellement dans quelques provinces de France, Cercerelle, Quercereile, Ecre- celle. Salerne dit qu’on l’appelle en Sologne, Mezy ; à Châlons-fur-Marne , Rabaillet; en Provence, Rarier; en Touraine, Pütriou; à Saumur, Pitri; | provinces æ de la-Crefferelle. 49 provinces de France, & fur-tout en Bourgogne : ïl n'y a point d'ancien château ou de tour abandonnée qu'elle ne fréquente & qu'elle n'habite ; c'eft fur-tout le matin & le foir qu'on la voit voler autour de ces vieux bâtimens, & on d'entend encore plus fouvent qu’on ne la voit ; elle a un cri précipité, pli, pli, pl ou pré, pri, pri, quelle ne cefle de répéter en volant, & qui -eflraie tous Îles petits oïfeaux fur lefquels elle fond comme une flèche, & qu'elle fait avec fes ferres; fi, par hafard, elle Îles manque du premier coup , elle les en Beauce, Preneur de mulots , Eÿc.... Crefferelle ou Cercerelle. Belon, Hifhoire Naturelle des Oifèaux , page 114.— Tinnunculus feu. Cenchris, Aldrov. Avi. tome I, page 356.— Crecerelle. Albin, rome I, page 8, Planche 711, avec une figure coloriée , qui eft celle de {a femelle... .. Coq de Windhover, Albin, tome IIT, Planche 7 , avec une figure co- Joriée , qui eft celle du mâle. — Tinnunculus verns. Frifch, Planche zxxx1r,avec une figure coloriée , qui eft celle du mâle....... Falco rufus. Frifch, Planche Lxxx 7111, avec une figure coloriée, qui eft celle de la femelle. — La Crefferelle, Briflon, Ornithol, tomelT, page 393. — Kefiril. Britifch Zoology, Planche À 8, fig. 1, The male, The female, fig. 2, ces deux figuresfont coloriées. Oifeaux , Tome IL, ie Ô so Hiffoire Naturelle pourfuit fans crainte du danger jufque dans les mmaïfons ; j'ai vu plus d'une fois mes gens prendre une creflerelle & le petit oïfeau qu'elle pourfuivoit , en fermant la fenêtre d'une chambre ou la porte d’une galerie , qui étotent éloignées de plus de cent toifes des vieïlles tours d'où elle étoit partie : orfqu'elle à faif & emporté l'orfeau, elle le tue & le plume très- proprement avant de le manger : elle ne prend pas tant de peine pour les fouris & Îles mulots ; elle avale les plus petits tout entiers, & dé- pèce les autres. Foutes les parties molles du corps de Ia fouris fe digèrent dans Teflomac de cet oïleau ; mais Ia peau fe roule & forme une petite pelote, quil rend par le bec, & non par le bas; car fes excrémens font prefque Ir- quides & blanchätres : en mettant ces pelotes qu'elle vomit , dans l'eau chaude, pour les ramollir & les étendre , on re- trouve la peau entière de la fouris comme fi on leût écorchée. Les ducs, les chouettes, les bules, & peut-être beau- coup d'orfeaux de proie , rendent de pareilles pelotes dans lefquelles , outre de la Crefferelle. Si 11 peau roulée , il fe trouve quelquefois des portions les plus dures des os; il en eft demême des oïfeaux pêcheurs ; les arêtes & les écailles des poiflons fe roulent dans leur eftomac, & ïls Îles rejettent par le bec. La crefferelle eft un aflez bel oïfeau ; elle a l'œil vif & la vue très-perçante, le vol aïfé & foutenu : elle eft diligente & courageufe : élle approche par le naturel, des oïfeaux nobles & géné- reux; on peut même la drefler, comme les émérillons, pour la fauconnerie. La femelle eft plus grande que le mâle, & elle en difière en ce qu'elle a la tête roule, le deflus du dos, des aïles & de la queue rayé de bandes tranfver- fales brunes ; & quen même temps toutes les plumes de là queue font d’un brun roux plus ou moins foncé ; au lieu que dans le mâle , [a tête & la queue font grifes , & que les parties fupérieures du dos & des aïles font d’un roux vineux, femé de quelques petites taches noires; on peut voir les difié- rences du mêle & de la femelle dans Ci $2 Hifloire Naturelle les planches enluminées que nous - avons citées. Nous ne pouvons nous sac d'obferver que quelques - uns de nos Nomenclateurs modernes (2), ont ap- pelé épervier des alouettes , la creflerelle femelle , & qu'ils en ont fait une efpèce particulière & difiérente de celle de la crefierelle, Quoique cet oïfeai fréquente habi- tuellement les vieux bâtimens , 1l y niche plus rarement que dans les bois ; & lorfqu'il ne dépofe pas fes œufs dans des trous de muraïlles ou d'arbres creux, il fait une efpèce de nid très- négligé , compofé de büchettes & de racines, & aflez femblable à cel des geais, fur es arbres les plus élevés des forêts ; quelquefois il occupe auf les nids que les corneïlles ont aban- donnés ; # pond plus fouvent cinq œufs que quatre, & quelquefois fix & mème fept , dont les deux bouts {ont teints d'une couleur rougeätre ou jau- nâtre , aflez femblable à celle de fon (b}) Bxiflon, tome I, Page 379: 4 de la Crefferelle. $3 plumage. Ses petits , dans le premier âge , ne font couverts que d'un duvet blanc ; d'abord 1l les nourrit avec des infectes , & enfuite il leur apporte des mulots en quantité qu'il aperçoit fur terre du plus haut des airs où 1l tourne lentement, & demeure fouvent ftation— naire pour épier fon gibier fur lequel if fond en un inftant : 1l enlève quel- quefois une perdrix rouge beaucoup plus pefante que lui; fouvent aufli il prend des pigeons qui s'écartent de leur compagnie ; maïs fa proie la plus or- dinaire après les mulots & les reptiles, font les moïneaux, les pinçons & les autres petits oïfeaux: comme ïl produit en plus grand nombre que la plupart des autres oïfeaux de proie , l'éfpèce eft plus nombreufe & plus répandue ; on la trouve dans toute l'Europe , depuis la Suède /c) jufqu'en Italie & en Efpagne (d); on la retrouve mème dans les pays tempérés de l'Amérique \ + (c) Linn. Faun, Suec. n.° 67. (d) Aldrov. Avi, tome I, page 356. LT: $4 Hifloire Naturelle feptentrionale /e): pluñeurs de ces otfeaux reftent pendant toute l'année dans nos provinces de France ; cepen- dant j'ai remarqué qu'il y en avoit beau- coup moins en hiver quen été, ce qui me fait croire que plufeurs quittent le pays, pour aller pañler aïlleurs 1a mauvar{e farfon. J'ai fait élever plufeurs de ces of feaux dans de grandes volières; ils font, comme je lai dit, d'un tres-beau blanc pendant le premier mois de leur vie, après quoi les plumes du dos deviennent rouflâtres & brunes en peu de jours: ts font robuftes & aïfés à nourrir ; 1ls mangent la viande crue qu'on leur pré- fente , à quinze jours ou trois femaines d'âge; ils connoïfient bientot la perfonne qui les foigne , & s’apprivoifent aflez pour ne jamais l'offenfer : ils font en- tendre leur voix de très-bonne heure, & quoiïqu'enfermés, 1ls répètent le même cri qu'ils font en liberté: j'en at vu s'échapper & revenir d'eux-mêmes à Îa volière après un jour ou deux d’abfence, & peut-être d’abfimence forcée. (e) Hans Sloane, Jamaïc. page 294. 0 1) Il | ] f W ‘ | / ji | Li ) HAN te D ,/7 BI, / D ul 04 == TS = 2 //, LPC A1 YA CRESSERELLE . A ':CKR L À 1 ” M'ONT TR J 4 1h Fi LE Q N POUR AE NIET ER À : ES D. AP EN CET 4 ne UE À FAN RR TA 1e Me Pen Le di PRINT SR TRE NN TEEN dette Het Det De 7e LAN ARS dés oRE fu Mad QR. - "A : { 1 ‘e $ M : « die Lau à À ed + { En : se » ” # 2 à 22 « + L id ; . gun | = LEPAT 0n » “ 1e “A oL) c s j | . ” À + "4 ‘ LE " { " , * ‘ / 1 \ [ ; { k LA r L m1 y ‘ Le ‘ de la Crefférelle. ÿ$ Je ne connoïs point de variétés dans cette efpèce que quelques individus qui ont la tête & Îes deux plumes du milieu _ de la queue grifes, tels qu'ils nous _ font repréfentés par M. Frifch ( Planche Lxxxy ); mais M. Salerne fait mention d'une crefferelle jaune qui fe trouve en Sologne, & dont les œufs font de cette même couleur jaune. ce Cette creflerelle, dit-il, eft rare, & quelquefois elle fece bat généreufement contre le jean-le-ce blanc, qui, quoique le plus fort, eftce fouvent obligé de lur céder: on les ace vus, ajoute-t-1l, s'accrocher enfemble en ce l'air, & tomber de la forte par terrece comme une motte ol une pierre: 5» ce fait me paroît bien fufpeét; car loïfeau jean-le-blanc eft non-feulement très-fupé- rieur à la creflerelle par la force; mais il a le vol & toutes les allures fi différentes, qu'ils ne doivent guère fe rencontrer. s6 Hifloire Naturelle * LE ROCHIER (a) L'orsEeAu qu'on a nommé faucon de roche ou rochier, n'eft pas li gros que la creflerelle , & me paroït fort fem- lable à l'émérillon , dont on fe fert dans la fauconnerie : 1l fait, difent les Auteurs, fa retraite & fon nid dans Îes rochers. M. Frifch eft le feul avant nous qui ait donné une bonne indi- cation de cet oïfeau , & lon peut com- parer dans fon ouvrage, la figure du *# Voyez les Planches enluminées , n.° 447. (a) Litho-falcus. Gefner , Avi. page "à. — Falco lapidarius. Aidrov. Avi. tome T , page 400. — Dendro-falco five fmerus. Emérikon. Frifckr, Planche zxxxv11, avec uhe figure coloriée. — Le Faucon de roche ou Rochier. Brion, Ornthol. tome I , page 349, Nota. Il me paroît qu’on doit rapporter à cette efpèce le faucon de mon- tagne cendré ; Briffon tome I, page 355, ou le f'alconis montant fècundum genus d’Aldrovande , Avi. tome I, page 79 ; & que ces Auteurs ont fait un double emploi en féparant ces deux efpèces d'ofeaux. à … du Rochier, $7 rochier ; Planche TXXXVII j âvec Ia nôtre , & aufli avec les creflerelles mâle & femelle , qui, toutes trois font aflez bien rendues; leurs rapports de reflem- blance & de différence , font encore mieux exprimés dans nos planches en- Juminées ; en confidérant attentivement la forme & les caractères de cet oïfeau, & en les comparant avec la forme & les caractères de lefpèce d’émérillon, dont on fe fert dans la fauconnerte *, nous fommes très-portés à croire que le rochier & cet émérillon font de Îa même efpèce ,; où du mois. d'une efpèce encore plus voiine Tune de * Tautre , que de celle de la crefferelle. On verra, dans l'article fuivant , qu'il y a deux efpèces d'émérillons , dont la première approche beaucoup de celle du rocher, & Îa feconde de celle de la creflerelle : comme tous ces oïfeaux font à peu-près de la même taille, du même naturel, & qu'ils va- tient autant & plus par le fre & par l'âge, que par la différence des efpèces, * Voyez les Planches enluminées , n.° 46 C | C v 53 Hifloire Naturelle, &e. il eft très-difhcile de les bien recon- noître , & ce neft qu'à force de com- paraifons faites d'après nature , que nous fommes parvenus à les diflinguer les uns des autres. 59 dl ; | * L'ÉMÉRILLON (a). Voyez Planche » de ce volume, L'oiseau dont il eft ici queftion; n'eft point lémérillon des Naturaliftes, maïs lémérillon des Fauconniers , qui n'a été indiqué ni bien décrit par aucun de nos Nomenclateurs ; cependant c’eft le véritable émérillon dont on fe fert tous les jours dans la fauconnerie , & que l'on drefle au vol pour la chaffe; cet otfeau eft, à l'exception des pie- grièches, le plus petit de tous les oifeaux de proie, nétant que de la grandeur * Voye les Planches enluminées , n.° 468. (a) En Grec, Aurtawv ; quod omni tempore appareat ; en Latin, Æ/fàab; en Italien , Smerlo où Smeriglio ; en Allemand ; Myrle où Smyrin; en Pologne, Orzemdik ; en Anglois , Merlin ; en Ecoffe on appelieie mâle , Jack ; en vieux François, Loyette ; en quelques provinses de France, Paf]e- tier , Preneur de Paflé où Pafférets. — The Merlin, British Zooloëy, Pi À 12, — Frifch, some I, page 89. s C vj Go Hifloire Naturelle d'une grofle grive ; néanmoins on doit le regarder comme un oïfeau noble, & qui tient de plus près qu'un autre à 'efjpèce du faucon; 1 en a le plu- mage (b), la forme & lattitude ; il a le même naturel , la même docilité , & tout autant d'ardeur & de courage : on _ peut en faire un bon oïfeau de chafle _ pour les alouettes , les caïlles , & même les perdrix qu'il prend & tranfporte , quoique beaucoup plus pefantes que lui ; fouvent 1l les tue d’un feul coup ; en les frappant de l'eftomac, fur la tête ou fur le cou. | Cette petite efpèce, fi voifine d’ail- leurs de celle du faucon par le courage & le naturel /c), reflemble néanmoins plus au hobreau par la figure , & encore plus au rochier ; on le diftinguera ce- pendant du hobreau, en ce qu'il a Îles (3) Nota. I reffernble en effet par les nuances & la diftribution des couleurs au faucon-fors. (ce) Plufieurs Auteurs ayant fait Ja remarque de la conformité de l’émérillon avec le faucon, lont appelé petit faucon , falco , parvus merlinus ; Schwenck- feld, Ari. Sil. page 3%0.— Falconellus.Rzac. Auët, Hif. net, Pol, page 254. } F 4 de l’Émérillon. Gr aîles beaucoup plus courtes, & qu'elles ne s'étendent pas à beaucoup près juf- qu'à lextrémité de la queue , au lieu que celles du hobreau s'étendent un peu au-delà de cette extrémité; maïs, comme nous l'avons déjà fait fentir dans l'article précédent , fes reflemblances avec le rochier font fi grandes , tant pour la groffeur & la longueur du corps, la forme du bec , des pieds & des ferres, les couleurs du plumage , la diftribution désiitiches, &c,,.....01eu'on\ finit très-bien fondé à regarder le rocher: comme une variété de l'émérillon, ou du moins comme une efpèce fi voiline , qu'on doit fufpendre fon jugement fur la diverfñité de ces deux efpèces : au refte , l'émérillon s'éloigne de l’efpèce du faucon & de celle de tous Îles autres oïfeaux de proie, par ün attribut qui le rapproche de la clafle commune des autres oïfeaux ; c’eft que le mâle &la femelle font dans l'émérillon de la même grandeur , au lieu que dans tous les autres otfeaux de proïe , lé mâle eft bien plus petit que la femelle: cètte fingularité ne tient donc point à leuf manière de vivre: 62 Hifloire Naturelle ni à rien de tout ce qui diftingue les oïfeaux de proie des autres oïfeaux; elle fembleroit d'abord appartenir à a gran- deur, parce que dans les pie-grièches , qui font encore plus petites que les émé- riHons, le mâle & la femelle font aufli de la même grofleur ; tandis que, dans les aïgles , les vautours , les gerfauts, les autours , les faucons & les éperviers, le mâle eft d'un tiers ou d’un quart plus petit que la femelle. Après avoir ré- fléchi fur cette fingularité, & reconnu quelle ne pouvoit pas dépendre des caufes générales , j'at recherché s'il n'y en avoit pas de particulières auxquelles on püût attribuer cet effet; & j'ai trouvé, en comparant les pañflages de ceux qui ont difléqué des oïfeaux de prote, qu'il y a dans la plupart des femelles un double cœcum aflez gros & aflez étendu; tandis que dans les mâles ïl n’y a qu'un cæcum ; & quelquefois point du tout ; cette différence de la conformation 1n- térieure , qui fe trouve toujours en plus dans les femelles que dans les mâles, peut être la vraie caufe phyfque de leur excès en grandeur, Je life aux gens de l’Émérillon, 63 qui s'occupent d'anatomie à vérifier plus exactement ce fait, qui feu! m'a paru propre à rendre raïfon de la fupériorité de grandeur de la femelle fur le mâle, dans prefque toutes les efpèces des grands erfeaux de proie. L'émérillon vole bas, quoique très- vite & très-lépèrement , il fréquente les bois & les buflons pour y faïfir les petits oïfeaux , & chafle feul fans être ac- compage de fa femelle ; elle niche dans les forêts en montagnes, & produit cinq ou fix petits. Mais indépendamment de cet émé= rillon dont nous venons de donner lhif- totre & la repréfentation, xl exifte une autre efpèce d’émérillon mieux connue des Naturalifies |, dont M. Frich a donné la figure { Planche LXXX1X }, & qui a été décrit d'après nature par M. Briflon, tome I , rage 382: cet émérillon diflère en effet par un aflez . grand nombre de caraétères de lémé- rillon des Fauconniers; ïl paroït même approcher beaucoup plus de l'efpèce de la creflerelle , du moins autant qu'il nous eft permis d'en juger par 1 6h ifloire Naturelle repréfentation, n'ayant pu nous le pro: curer en nature; mais ce qui femble appuyer notre conjecture , c'eft, que les orfeaux d'Amérique qui nous ont été envoyés fous les noms d'émérillon de Cayenne * , & émérillon de Saint-Domin- gue ?., ne nous paroïffent être que des variétés d'une feule efpèce , & peut- être lun de:ces oïfeaux n'’eft-il que le mâle ou la femelle de l'autre ; maïs tous deux reflemblent fi fort à Tlémé- rillon donné par M. Frifch , qu'on doit les regarder comme étant d'efpèces très- voifines ; & cet émérillon d'Europe, aufli-bien que :ces émérillons d’Amé- rique dont les efpèces font fi voilnes, paroitront à tous ceux qui les confi- déreront attentivement beaucoup plus près de la creflerelle que de lémérillon des Fauconniers : 1 fe peut donc que. cette efpèce, ait pañlé d’un continent à. l'autre ; & en eflet M. Linnæus fait mention des crefierelles en Suède Re. ne dit pas que les émérillons s'y trou- vent ; ceci femble confirmer encore ‘8 Voyez les. Planches A dpt |: Ag 444 Ibjdem, n° 465:,, ; . de l’Émerillon. 6$. notre opinion, que ce prétendu émé- rillon des Naturalifies n'eft qu'une va- riété , ou tout au plus une efpèce tres- voifine de celle de la creflerelle ; on pourroit même lui donner un nom par- ticulier , fi on vouloit la diftinguer, {oit de l'émérillon des Fauconniers , foit de «la creflerelle , & ce nom feroit celur qu'on lut donne dans Îles iles Antilles. « L'émérillon , dit le P. du Tertre, que nos habitans appellent BTY gry,04 à caufe quen volant 1 jette un crice qu'ils expriment par ces [yllabes gryce gry ; ef un autre petit oïfeau de proie ce qui neft guère plus gros qu'unece grive ; il a toutes les plumes de deflusce le dos & les aïles roufles , tachéesce de noir, & le deflous du ventre blanc, ce moucheté d'hermine ; ïl eft armé dece bec & de s& eriffes à proportion de {ace grandeur ; ; il ne fait la chafle qu'auxce. petits lézards & aux fauterelles , &ce _ quelquefois aux petits poulets quindec ils font nouvellement éclos; je leur enxç ai fait lâcher plufeurs fois , ajoute-t-1l ,ce la poule fe défend contre lui & luice 66 Hifloire Naturelle, &c. s> donne la chafle ; les habitans en man: gent , maïs il n'eftpas bien gras (d). » La reflemblance du cri de cet émé- rillon du P. du Tertre (e), avec le cri de notre creflerelle eft encore un autre indice du voifinage de ces efpèces; & 1l me paroît qu'on peut conclure aflez poftivement que tous ces oïfeaux donnés . par les Naturaliftes , fous les noms d’e- mérillon d'Europe, émérillon de la Caroline ou de Cayenne , & émérillon de Saint- Domingue ou des Antilles, ne font qu'une variété dans l'efpèce de la creflerelle à laquelle on pourroit donner le nom de” gry gry pour la diftinguer de la crefle- relle commune. (d) Hift. Nat. des Antilles, par le Père du Tertre, tome 11, page 253 © 254. (e) Nota. Le cri de la crefferelle eft pri pri, ce qui approche beaucoup de gry gry, qui eft le nom qu’on donne aux Antilles à cet oifeau à caufe de fon cri SE Ve —ISR NS | À (ETEN NT , G au MTS LL Al (ul) Un All |] il L'EMERILLION. QU | ART dE PORTE L fn Le 4. SUAS RAR (os . LOon p« LR 2,71 Les À DAT v s X r4 ‘ EX ÿ p: | * l + f « F Y | L] ‘ AL) A LES PIE- GRIÈCHES. Css o1sraux, quoique petits, quoi- que délicats de corps & de membres, doivent néanmoins par leur courage, par leur large bec, fort & crochu, & par leur appétit pour la chair, être mis au rang des oïfeaux de prote , même des plus fiers & des plus fanguinaires; on eft toujours étonné de voir lintré- pidité avec laquelle une petite pie- grièche combat contre Iles pies , Îles corneilles , les creflerelles , tous oïfeaux beaucoup plus grands & plus forts qu'elle ; non-feulement elle combat pour fe défendre , maïs fouvent elle attaque, & toujours avec avantage , fur-tout lorfque le couple fe réunit pour éloigner de leurs petits les oïfeaux de rapine; elles n'attendent pas qu'ils approchent, il fufht qu'ils paflent à leur portée, pour qu'elles atllent au-devant ; elles les atta- quent à grands cris , leur font des >. 68 Hifloire Nururelle | bleflures cruelles, & les chafflent avec tant de fureur, qu'ils furent fouvent fans ofer revenir ; &, dans ce combat inégal contre d'aufli grands Ennemis , il eft rare de les voir fuccomber fous la force , ou fe laifler emporter ; 1! arrive feuleinent qu’elles tombent quelquefois avec l'oifeau contre lequel elles fe font accrochées avec tant d’acharnement, que le combat ne finit que par la chûte & la mort de tous deux ; aufli les oïfeaux de proie les plus braves les refpectent; les milans , les bufes, les corbeaux pa- roïfient les craindre & les fuir plutot que les chercher ; rien dans la Nature ne peint mieux la puiffance & les droits du courage , que de voir ce petit oï- feau, qui.n’eft guère plus gros qu'uné aloueite , voler de pair avec les éperviers, les faucons & tous les autres tyrans de l'air, fans les redouter; & chailer dans leur domaine , fans craindre d’en êtré puni ; car, quoique les pie-grièches fe nourtiflent communément d’infectes , elles aïment la chair de préférence: elles pourfuivent au vol tous Îes petits o1- {eaux ; on en a vu prendre des perdreaux =. des Pie-grieches. 69 & de jeunes levrauts ; les grives, les merles , & les autres orfeaux pris au lacet ou au piége, deviennent leur proie Ia plus ordinaire ; elles les farfiffent avec les ongles, leur crèvent la tête avec Îe bec , leur ferrent & déchiquètent le cou, & après les avoir étranglés ou tués , elles les plument pour les manger, les dépecer à leur aïfe , & en emporter dans leur nid les débris en lambeaux. Le genre de ces oïfeaux eft compolfé d'un aflez grand nombre d'efpèces ; mais nous pouvons réduire à trois prin- cipales ceux de notre climat, la pre- . mière eft celle de Ia {pre-prièche grile , la feconde celle dela pie-grièche roule , & la troifième celle de la pie-grièche ap- pelée vulgairement l'écorcheur. Chacune de ces trois efpèces mérite une defcrip- tion particulière , & contient quelques varictés que nous allons indiquer. 70 Hifloire Naturelle BRUNET ESSENCE T AR NSN EMPIRE CENT AR MESSE ERN ONE AENR L 4 PIE-GRIÈCHE GRISE (a). Voyez la Planche vr de ce volume. Cette nie - criÈècHE grtfe * eft trés- commune dans nos provinces de France, (a) En Grec moderne , Komëpæv; en Latin, Lanius ; en Italien, Gaza fperviera , Falconelb, Orefio ; Caflrica , Verla , Stragazyina , Ragazzoia; en Savoie, Montagaffe | Arneat ; en Bourgogne, Pouchari où Bouchari, mot qui vient de PAngiois, Butcher, Butchery, qu’on prononce en François Boutcher ; Boutchery ; Boucher , Boucherie ; en Alle- mand, Thorn-Kretzer , Thorn- Tracer ; Walot-he , Warkengel; Nun-moerder | T'un-toeder ; en Polonois, d’Zierzgha | Strokos | Wiekfzy ; en Suède , War- fogel ; en Anglois, Butcher-bird ;_Adder-bird , Ma- tagaffe. — Lanius Cinereus. Gefner, Avi. page 579. Cum icone maris. — Collurio. Aldrov. Avi. tome I, page 389. Cum icone fœminæe. — Grande Pie- grièche. Belon, Hifl. nat. des Oifeaux, page 126; fig. page 127. — Caflrica palumbina. Olina , page 41 , avec’ une figure. — Grand Écorcheur cendré. Albin, tome 11, page 9 , avec une figure coloriée, planche XI11.— Lanius medius feu fecunduss Pica mediæ magaitudinis. Frifch , tab. Lx. Icones maris € fœmine. # Voyez les Planches enluminées , n.° 445. de la Pie-grièche grife. 7x & paroît être naturelle à notre climat; car elley pañle l'hiver & ne le quitte en aucun temps ; elle habite les bois & les montagnes en été , & vient dans les plaines & près des habitations en hiver ; elle fait {on nid fur les arbres les plus élevés des bois ou des terres en montagnes ; ce nid eft compoié au dehors de moufle blanche entrelacée d'herbes longues , & au dedans 1l eft bien doublé & tapifié de laine ; ordi- naïrement 1l eft appuyé fur une branche à double & triple fourche; la femelle qui ne diffère pas du mâle par la grof- feur, mais feulement par la teinte des couleurs plus claires que celles du mâle, pond ordinairement cinq ou fix & quel- quefois fept, ou même huit œufs gros comme ceux d'une grive; elle nourrit fes petits de chenilles & d’autres infeétes dans les premiers jours, & bien:- tôt elle feur fait manger de petits mor- ceaux de viande que leur père leur apporte avec un foin & une diligence admirables ; bien diflérente des autres oïfeaux de proïe qui chaflent leurs petits avant qu'ils fotent en état de fe pourvoir 72 Hifloire | Naturelle d'eux-mêmes , la pie-grièche garde & foigne les fiens tout le temps du premier âge , & quand ils font adultes , elle les foigne encore ; la famille ne fe fépare pas, on les voit voler enfemble pendant lautomne entier, & encore en hiver, fans qu'ils fe réuniflent en grandes troupes : chaque famille fait une petite bande à part, ordinairement compolée du père , de la mère & de cinq ou fix petits , qui tous prennent un intérêt commun à ce qui leur arrive, vivent en paix & chaflent de concert, jufqu'à ce que le fentiment ou le befoin d'a- mour , plus fort que tout autre fenti- ment , détrutfe les liens de cet attache- ment , & enlève les enfans à leurs parens; la famille ne fe fépare que pour en former de nouvelles. | Il eft aifé de reconnoître les pie- grièches de loin, non-feulement à caufe de cette petite troupe qu'elles forment après le temps des nichées, mais encore à leur vol quin'eft nt direct, nt oblique à la même hauteur, & qui fe fait tou- jours du bas en haut, & de haut en bas alternativement & précipitamment ; on peut de la Pie-grieche grifé. 73 en peut aufli les reconnoître, fans Îes voir, à leur cri aïgu roui troui, quon entend de fort loin, & qu'elles ne ceflent de répéter lorfqw'elles font perchées au fommet des arbres. Il y a dans cette première efpèce; variété pour la grandeur , & variété pour la couleur : nous avons au Cabinet une pie-grièche qui nous a té envoyée d'Italie, & qui ne difière de la pie- grièche commune, que par une teinte de roux fur là poitrine & le ventre *; ‘on en trouve d'abfolument blanches dans les Alpes /b), & ces pies-grièches blanchès, aufli- bien que celles qui ont une teinte de roux fur le ventre, font de la même grandeur que la pie - grièche grife, qui n'eft elle-même pas plus grofle que le mauvyis (c ), autrement la grite # Voyez les Planches enluminées, n° 32, figure 1. (b) Lanius albus, Aldrov. Avi. tome I, page 387. Cum icone, . {c) Lanius major. Gefner. Avi. page 581. Cum icone. — Pica cinerea feu lanius major. Frifch, tab. 1x, ayec des figures coloriées du mâle & de la femelle. Ÿ | Oifeaux , Tome IL, D « —f 24 Hifloire Naturelle mauviette (d)3 maïs 1l s'en trouve d’autres en Allemagne & en Suïfle, qui font un peu plus grandes, & dont quelques Naturaliftes ont voulu faire une efpèce particulière , quoiqu'il n'y aît aucune autre différence entre ces oïfeaux, que celle d’un peu plus de grandeur, ce qui pourroit bien pro- venir de la nourriture, c'eft-à-dire, de abondance ou de la difette des pays qu’ils habitent ; ainh la pie-grièche grife varie, même dans nos climats d'Europe, par la grandeur & par les couleurs: on ne doit donc pas être furpris fi elle varie encore davantage dans des climats plus éloignés, tels que ceux de l'Amérique, de l'Afrique & des Indes; fa pre-grièche grtfe de La Louifane *, eft le même oïfeau que là pie- grièche grife d'Europe , de laquelle elle Re D À ee ne ce ee (d) Nota. Elle diffère de la première en ce qu’elle eft plus grande & plus groffe, & en ce qu’elle a fes plumes fcapulaires & les petites cou- vertures du deflus des aïles d’une couleur rouffâtre 3 mais comme elle reffemble par tout le refte à la pie-grièche commune , ces différences, qui peut- être ne font pas générales ni bien confiantes, ne nous paroïffent pas fuffifantes pour établir une efpèce diftincte & féparée de la première. # Voyez les Planches enluminées ; n.° 476. fig. 2, de la Pie-grièche grife. 7$ paroït difiérer aufli - peu que la pie- grièche d'Italie; on n'y remarqueroit même aucune différence bien fenfible, fi elle n'étoit pas un peu plus petite & un peu plus foncée de couleur fur les parties fupérieures du corps. La pie-grièche du Cap de Bonne- efpérance * fe), la pie-grièche grife du Dénépal **, & la pie-grièche bleue de # V vez les Planches enluminées, n° 477, fig. 1. (e) Nota. C’eft à cette efpèce qu’on doit auf rapporter l’oïfeau des Indes orientales, que Îles Anglois, qui fréquentent les côtes de Bengale , onc appelé Dial-Bird (Yhorloge ou le cadran ), & qui a été indiqué par Albin, tome 111, page 8, avec des figures coloriées du mâle PI. x 11), & de la femelle {PL x y 111): « cette pie-grièche, dit-il, eft grande à peu-près comme notre pie-orièche ce grife, avec le bec noir, les coins de la bouche « jaunes, Piris des yeux de la même couleur , les ce jambes & les pieds bruns : Ie mâle a a tête, Le ce cou, le dos, fe croupion, les couvertures du « deflus de la queue, les plumes fcapulaires , fa ce gorge & Îa poitrine noires ; le ventre, Îles côtés ce & les couvertures du deffous de la queue blanches ; «s toutes les plumes de la queue écalement longues, 6e noires en deffus & blanches en deflous : fa femelle «e ne diffère du mâle qu’en ce que les couleurs font « moins foncées. » ** Voyez les Planches enluminées, n.° 297, fie. 1 76 } Hifloire Naturelle Madagafcar *, font encore trois variétés très-voilines l'une de l'autre, & appar- tiennent également à l'efpèce commune de la pre-grièche grife d'Europe; celle du Cap ne difière de celle d'Europe qu'en ce qu'elle a toutes les parties fupérieures du corps d'un brun- noïrâtre; celle. du Sénégal les à d’un brun plus clair, & celle de Madagafcar a ces mêmes parties d'un beau bleu; maïs ces différences dans la couleur du plumage, tout le refte étant égal & femblable d’arlleurs, ne fufhfent pas, à beaucoup près, pour en faire des efpèces diftinétes & féparées de la pie-grièche commune. Nous donnerons plulieursexem- ples de changemens de couleur tout auffi grands dans d'autres oïfeaux, même dans notre climat; à plus forte raïfon ces chan- gemens doivent-ils arriver dans des cli- mats diflérens & aufli éloignés les uns, des autres : l'influence de la température { marque par des rapports que des gens attentifs ne dorvent pas laifler échapper; par exemple, nous trouvons ici que Îa prie-grièche étrangère qui reflemble le plus Dennis den cependant ep En REDON OPA, # Voyez les Planches enluminées, n.° 298, fig. x. *. SSSS Su Rvessress SSSR SR NES \ LA PIE-GRIECHE GRISE. « ; 27 x 2 na mi 4 Fibre 4 4} ‘ { x &. à “ v À Du 4 Léa PEN À \ MAT 2 UT FE À 44 4 ht ut AH ae | me" Li T Al s re ï 4x &1 LOL À "ti | NP ) à Uk i Ÿ 4 : "4 | Al à Hu i ; Û t 3 es Ne #2 i Ca n fn à u # h PRO TON EL RP , AE de le Pie-grièche grife.. 77 à notre pie-grièche d'Italrs, eft celle de la Louiifiane : or la température de ces deux climats n'eft pas fort inégale, & nous trouvons au contraire que celle du Cap, du Sénégal & de Madagafcar, reflemble moins, parce que ces climats font en eflet d'une température très-difiérente de celle d'Italie. | | Il en eft de mème du climat de Cayenne; où la pie-grièche prend un plumage varié ou rayé de longues taches brunes *; mais comme elle eft de la même grandeur que notre pie-grièche grife , & qu'elle lui reflemble à tous autres égards, nous avons cru pouvoir la rapporter avec fondement à cette efpèce commune. . # Voyez les Planches enluminées, n° 297. 78 Hifloire Naturelle L A PIE-GRIÈCHE ROUSSE (a). à Csrre Pir-criècue rousse * eft un peu plus petite que la grile, & très- aifée à reconnoitre par le roux qu'elle a fur la tête, qui eft quelquefois rouge, &e ordinairement d'un roux vif; on peut aufli remarquer quelle a les yeux d'un gris blanchätre ou jaunâtre; au lieu que la pie-grièche grrfe les a bruns; elle a auffi le bec & Îes jambes plus noires : le naturel de cette pie-grièche roufle eft à très- peu près le même que celui (a) Collurionis primum genus. AIdrov. Avi. tomel, page 389. Cum icone maris, — Ecorcheur à tête rouge. Albm, tome IT, page 103 avec une figure coloriée du mâle, Planche x r1...Petit Ecorcheur femelle , Planche x y. — Pica minima ; Lanius minor feu tertius. Frifch , tab. Lx1, avec des figures coloriées du mâle & de la femelle. — Ampelis dorfd grifeo maculà ad oculos longitudinali ( fœmina ). Linn. Faun. Suec. tab. 2, n.° 180. — Lanius rufus. La Pie-grièche rouffe. Briflon, tome II, page 147. # Voyez les Planches enluminées, n.° 9, figure 2, le mâle; & n.° 31, figure 1, la femelle. de la Pie-grièche rouffe. 9 de la pie-grièche grife : toutes deux font auffi hardies , aufli méchantes l'une que l'autre; mais ce qui prouve que ce font néanmoins deux efpèces différentes, c'eft que la première refte au pays toute l’année; au lieu que celle-ci le quitte en automne, & ne revient qu'au printemps; la famille qui ne fe fépare pas à la fortie du nid, & qui demèure toujours raflémblée , part vers le commencement de feptembre, fans fe réunir avec d’autrés familles, & fans faire de longs vols: ces oïfeaux ne vont. que d'arbre en arbre, & ne volent pas de fuite, même dans le temps de leur départ; ils reftent pendant l'été dans nos cam- pagnes, & font leur nid fur quelque arbre touffu; au lieu que la pie-grièche grife habite les boïs dans cette même farfon, & ne vient guère dans nos plaines que quand la pie-grièche roufle eft partie: on prétend aufli que de toutes les pies- grièches , celle - ci eft la meïliéure, ou, fi lon veut, la feule qui foit bonne à manger (b). Es (B) Lanius minor rutilus ad cibum aptior reliqurs, delicatus & falubris. Sch,. Theriotrop. Sil. page 292. | D iv 80 Hiftoire Naturelle, &c. Le mâle & la femelle font À très-peü près de la même groffeur; mais ils diflè— rent par Îles couleurs, aflez pour paroître des oïfeaux de différente efpèce : nous renvoyons fur cela aux Planches enlu- minées que nous venons de citer, & qu'il fufira de comparer pour le reconnoître ; nous obferverons feulement, au fujet de cette efpèce & de la fuivante, appelée lécorcheur, que ces oïfeaux font leur nid avec beaucoup d'art & de propreté, à peu-près avec les mêmes matériaux qu'em- ploie la pie-grièche grife ; la moufle & la laine y font fi bien entrelacées avec Îes petites racines fouples, les herbes fines & longues, les branches pliantes des petits arbuftes, que cet ouvrage paroit avoirété tifiu : ils produrfent ordinairement cinq ou fix œufs, & quelquefois davantage ; & ces œufs, dont le fond eft de couleur blan- châtre, font en tout ou en partie tachés de brun ou de fauve. | à SE *LÉCORCHEUR (a Voyez la Planche v1r de ce volume. | ÉCORCHEUR eft un peu plus petit que la pie-grièche roufle, & lui reflemble aflez par les habitudes naturelles, comme elle y arrive au printemps, fait fon nid fur des arbres, ou même dans des buiflons, en pleine campagne , & non pas dans les bois, part avec fa famille vers le mois de . LC Piya les Planches PT PAR n.° 31, figure 23 & n.° 475; figure 14 (a) Petite Pie-grièche ,: Pie-efcrayère , Pie= ancrouelle. Belon, Hif. Nat. des Oifeaux, page 128; & Portraits d'Oifeaux , page 21, re, avec figure. — Collurionis parvè tertium genus. Aldrov. Avi. tome 1, page 390. Cum icone..-.. Merule cou- generalia. Idem, tome II, page ER Cum alter@ Fédmé” Le Ampelis dorfo grifeo macul@ ad oculos' lon- gitudinali, Linnæuss Faun. Suec. ‘n.° 180, Cum icone maris non accuratà. Nota. M. Linnæus s’eft trompé en prenant l’efpèce précédente & celle-ci pour la fémelle & le mâle de la même efpèce. — Petit Ecorcheur. Albin, rome TI, page 103 avec une figure -coloriée, Planche x1r+.. Collurio. | L’Ecorcheur. Briflon, tome II, page IST. D v 82 - Hifloire Naturelle feptembre, fe nourrit communément d’in= fetes, & fait aufli la guerre aux petits oïlfeaux ; en forte qu'on né peut trouver aucune différence eflentielle entr’eux, finon la grandeur, la diftribution & les nuances des couleurs, qui paroïlient être conftam- ment différentes dans chacune de ces efpèces, tant celles du mâle que celles de la femelle; néanmoins comme entre Île mâle & la femelle de chacune de ces deux efpèces, 1 y a dans ce même caractère de la couleur encore plus de différence que d'une efpèce à l'autre, on feroit très-bien fondé à ne les regarder que comme des variétés ; & à réunir, fous la même efpèce, la pie- grièche roufle , Fécorcheur & l'écorcheur varié (b), dont quelques Natu- raliftes ont encore fait une efpèce diftinéte, & qui cependant pourroit bien être la femelle de celur dont 1l eft icr queftion; nous renvoyons aux Planches enluminées, pour en juger par la comparatfon, | (b) Collurionis parvi fecundum genus. Aldrov. Avi, tome Ï, page 390. Cum icone.... Collurio variuss L’Ecorcheur varié. Briflon, rome 11, page 154 Ai pracedentis f@mina. Idem , ibidem ; page x58. de l’Écorcheur. ue. NS Au refte, ces deux efpèces de pie- grièches , avec leurs variétés , nichent dans nos ciimäts, & fe trouvent en Suède comme en France; en forte qu'elles ont pu pañler d'un continent à l'autre; 1l eft donc à préfumer que les efpèces étran- gères de ce même genre, & qui ont des couleurs roufles, ne font que des variétés de l'écorcheur, d'autant qu'ayant l’ufage de pañler tous les ans d’un climat à l'autre, elles ont pu fe naturahfer dans des cli- mats éloïgnés, encore plus aïfément que la prie-grièche qui refte conftimment dans notre pays. Rien ne prouve mieux le paflage de ces oïfeaux de notre pays dans des climats plus chauds, pour y pafler l’hiver, que de les retrouver au Sénégal; la pie-grièche rouffe * nous a été envoyée par M. Adan- fon, & c’eft abiolument le même oïfeau que notre pie-grièche roufle d'Europe; 1} y en a une autre * * qui nous a Été épale- ment envoyée du Sénégal, & qui doit n'être regardée que comme une fimple .# Voyez les Planches enlumunées , n.° 477 fig. 25 #% Ilidem, n.° 470. | D vj 84 Hifloire Naturelle variété dans l’efpèce, puifqu’elle ne difière _des autres que par la couleur de la tête quelle a noire, & par un peu plus de longueur de queue, ce qui ne fait pas, à . beaucoup près, une aflez grande différence pour en former une efpèce diftincte & Âéparée. | 4 Ileneft de même de l'oifeau que nous avons appelé lécorcheur * des Philip- pines (c), & encore de celle que nous avons appelée. pie - grièche de la Loui- fiane ** , quinous ont été envoyées de ces RERO D RS CE RES Se DE ane | * Voyez les Planches enluminées , n.° 476, fig. 1. (c) Il nous paroît que cet oïfeau eft Ie même que celui que M. Edwards a donné fous le nom de pie-prièche rouge ou rouffe huppée. « Cet oïfeau, s» dit-il, s’appelle Carach, dans le pays de Ben- » gale, & dfffère de nos piegrièches par une huppe »5 qu’il porte fur la tête; »» mais cette différence eft bien lécère, car cette huppe n’en eft pas une, c’eft feulement une difpofition de plumes qui pa- roifient hériffées comme celles du geai Jorfqw’il eft en colère, & que M. Edwards avoue lui-même qu'il n’a vue que dans l’oifeau mort : en forte qu’on ne peut pas aflurer fi ces plumes n’avoient pas été redreffées par quelque froiffement avant ou après la mort de l’oifeau, ce qui eft bien différent d’üne huppe naturelle. La preuve de ce que je viens! de dire,.c’eft qu’on voit une femhiable #* Voyez les Planches enluminées , n°399. x : L TIR NEEZLZ COLLE ÈS EST Ne * rz 7 \ , AJ TAN SJ LUN AT (4 A ZA À RSS = CL SA S NS SNS É St Ÿ \ NUS > LL > Ÿ CRAN À NN = SNS \ L'ECORCHEUR. de PÉcorcheur. 8$ deux climats fi éloignés lun de laütre, & qui néanmoins fe reflemblent afflez pour ne paroître que le même oifeau, & qui, dans le réel, ne font enfemble qu’une variété de notre écorcheur, à la femelle duquel cette varièté refflemble prefqu’en tout. huppe fur la tête de la pie-grièche blanche & noire de Surinam, dont le même M. Edwards a donné la figure dans la première partie de fes Glanures /a): or nous avons cette efpèce au Cabinet du Roï, & il eft certain qu’elle n’a point de huppe; dès lors nous ne pouvons nous empêcher de préfumer que cette apparence de huppe, ou plutôt de plumes hériflées fur la tête, qui fe trouve dans ces deux pie - grièches de M. Edwards, ne foit une difpo- fition accidentelle ou momentanée, & qui proba- blement ne fe manifefte que quand loifeau eft en . colère; aïnfi, nous perfiftons à croire que cette pie- grièche de Bengale n’eft qu’une variété de l’efpèce. de fa pie-grièche roufie ou de f’écorcheur d'Europe, {z) Glanures d'Edwards, partie I, page 35, Pl, ÇCXXVt ÉD 86 Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport à la Prs-crIÈCHE grile & à l’'ÉcorcHEUR. I. LE FING AH. L OISEAU des Indes orientales, appelé à Bengale Fingah, dont M. Edwards a donné la defcription fous le nom de pie grièche des Indes , à queue fourchue, quieft certamement une efpèce différente de toutes les autres pie - grièches. Voïct 1a traduétion de ce que dit M. Edwards à ce fujet : la forme du bec, les mouftaches ou poils, qui en furmontent la bafe, la force des jambes , m'ont déterminé à donner à cet orfeau le nom de pie-grièche, quoique fa queue foit faite tout autre- ment que celle des pies - grièches, dont les plumes du milieu font les plus longues; au lieu que dans celle-cr elles font beau- des Oifeaux étrangers, &c. 87 coup plus courtes que les plumes exté- rieures; en forte que la queue paroit fourchue, c'eft-à-dire, vide au milreu vers fon extrémité : il a le bec épais & fort , voüté en arc, à peu-près comme celui de l'épervier, plus long à pro- portion de fa grofleur, & moins crochu, avec des narines aflez grandes; la bale de la mandibule fupérieure eft environnée de poils roïdes........ La tète entière, 12 cou, le dos & les couvertures des aes, font d’un noir brillant, avec un reflet de bleu, de pourpre & de vert, & qui {e décide ou varie fuivant linct- dence de ia lumière........ La poitrine eft d’une couleur cendrée, fombre &: notrâtre : tout le ventre, Îles jambes & les couvertures du deflous de la queue {ont blanches ; les jambes , les preds & les ongles font d'un brun noïrâtre : je doutois, ajoute M. Edwards, fi je devois ranger cet oïfeau avec les pie - grièches ou avec les pics; car il me parotfloit également voifin de chacun de ces deux genres, & je penfe que tous deux pour- rorent nen faire qu'un, les pres con- venant , en beaucoup de chofes, avec les 88 ‘ Hifloire Naturelle pie -grièches ; quoique perfonne, en Angleterre , ne l'ait remarqué , il paroît. qu'en France on y à fait attention, & qu'on a obfervé cette conformité de nature dans ces deux oïfeaux, puifqu'on lès à tous deux appellés pies (a). | DE ROUGE-QUEUE: L'oiseau des Indes orientales ; indiqué & décrit : par - Albin, fous le nom de Rouge-queue de Bengale , ikeft, de la même grandeur que la pie-grièche, gufe-d'Europe:: le bec eft d’un cendré. brun ; l'iris des. yeux eft blanchître ; le deflus & le derrière de la tête noirs; il y a au-deflous des yeux une tache d'un rouge vif terminée de blanc, &: fur le cou quatrestachés noires en por-, tion de cercle; le deflus du cou,.le. dos , le croupion, les couvertures du. deflus de la queue, celles du deflous, L = L } b ; (a) Edwards, Hif. wat. of birds, t. IT, page 56, PE 2 pi, avec une figure bien çoloriée. + < #48 se x, — des Oifeaux étrangers , &tc. 89 des aïles, & Îles plumes fcapulaires font brunes ; la gorge, le deflus du cou, la poitrine , le haut du ventre, les cotés & les jambes, font blanches ; le bas du ventre & les couvertures du deflous de la queue font rouges; 11 queue eft d'un brun clair ; les pieds & les ongles {ont noirs (b). LITE LANGRAIEN Re: TCHA-CHERT." LES o1sE Aux envoyés de Manille & de Madagafcar, le premier fous le nom de ZLangraien, & le fecond fous celui de Tcha-chert, que lon a rapportés peut-être mal-à-propos au genre des {(b) Rouge-queue de Bengale. Albin, tome FIT, page 24, Planche 1 y 1, avec une figure coloriée, — La piegrièche de Bengale. Briflon , tome II, page. 170. | * Woyez les Planches enluminées , n.° 9, figure 1 ÿ 6 n.° 32, figure 2. 90 Hifloire Naturelle pie-prièches / c), parce qu'ils en difie- rent par un caractère eflentiel, ayant les aïles, lorfqu'elles font pliées, aufli Tongues que la queue; tandis que toutes fes autres pre-grièches, aïnfi que les oï- feaux étrangers que nous y rappor- terons , ont Îles aïles beaucoup plus courtes à proportion, ce qui pourroit faire croire que ce font des oïfeaux d'un autre genre : néanmoins, comme celur de Madagalcar approche aflez de Tefpèce de notre pie-grièche grile, à cette différence près de la longueur des alles , on pourroit le regarder comme farfant la nuance entre notre pie-grièche & cet oiïfeau de Manille , auquel ïl reflemble encore plus qu'à notre pie- grièche ; & comme nous ne connotif- fons aucun genre d'otfeaux , auquel on puifle rapporter directement cet oïfeau de Manille, nous avons fuivi le fenti- ment des autres Naturaliftes, en lui donnant le nom dé pie - grièche , aufli- bien qu'à celui de Madagalcar ; mais nous avons Cru devoir ICI marquer nos (c) Briflon, tome IT, pages 180 & 105. des Oiféaux étrangers ,&c. où doutes fur la juftefle de cette dénomi- _ nation. I V. BÉCARDES*+ LES o1sE Au x envoyés de Cayenne; le premier , ne 304, fous le nom de Pie-grièche grife ; & 1e fecond, fous celui de Pie-grièche tacherée ; qui font dune efpèce diflérente de nos pie- orièches d'Europe, & que nous avons cru devoir appeler bécardes, à caule de la grofleur & de la longueur de leur bec, qu'ils ont aufli de couleur rouge ; ces bécardes diffèrent encore de nos pies-grièches, en ce qu’elles ont la tête toute noire, & l'habitude du corps plus parle & pius longue ; mais d'ailleurs elles leur reflemblent plus qu'à tout autre oifeau. Au refte, l'une nous paroît être le mâle & autre la femelle de la même efpèce, fur laquelle nous obfer- verons quil fe trouve encore d'autres * Voyez les Planches enluminées , n.°5 304 & 377+ o2 Hifloire Naturelle efpèces femblables par la grofleur du bec, dans ce même climat de Cayenne, & cine d'autres climats très-élorgnés, comme on va le voir dans les articles fuivans, V. BÉ CAR DE A4 VENTRE JAUNE."* L'orsrAU envoyé de Cayenne; fous le nom de Pie-grièche ] Jaune ; qui; par fon long bec, nous paroït être d'une efpèce aflez voiline de la précédente, & que, par cette rarfon, nous avons appelé la bécarde à ventre jaune; car elles ne difièrent guère que par les couleurs: les Planches enluminées fufñront pour les faire reconnoître , & diftinguer re ment l'une de l'autre. # Voyez les Planches enluminées , n.° 296, des Oifeaux étrangers, &c. 93 vil LE VANGAoOUBÉCARDE . A VENTRE BLANC. * L'orseAu envoyé de Madagafcar par M. Poivre, fous le nom de Fanga, . & qui; quoique différent par lefpèce de nos pies-grièches & de nos écor- cheurs, peut - être même étant d'un autre genre, a néanmoiïns plus de rap- port avec ces oïfeaux quavec aucun autre; c'eft pour cette raïfon que nous Tayons nommé fur les Planches enlu- minces, pie-grièche ou écorcheur de Mada- gafcar. Maïs on pourroit, à plus jufte titre, le rapporter au genre des bécardes dont nous venons de parler , & l'appeler bécarde à ventre blanc. # Voyez Les Planches enlaminées, n.° 228. 94 Hifloire Naturelle VE L'E 'SCHET-B.E." L'oiseau envoyé de Madagafcar par M. Poivre, fous le nom de Schet-bé, & dont lefpèce nous paroiït fi voifine de la précédente, qu'on pourroit les regarder toutes deux comme n'en farfant qu'une, fi le climat de Cayenne n'étoit pas aufh élor- gné qu'il eft de celur de Madagafcar. Nous avons appelé cet oïfeau pie-grièche rouffe de Madagafcar, par la même raïfon que nous avons appelé le précédent pie-grièche jaune de Cayenne; & 11 faut avouer que cette pie-grièche roufle de Madapafcar, approche, un peu plus que celle de Cayenne, de nos pre - grièches d'Europe, parce qu'elle a le bec plus court, & par conféquent différent de celur de nos pie- grièches d'Europe ; au refte , ces deux cfpèces étrangères font plus voïlines l'une de l'autre , que de nos pie - grièches d'Europe. * Voyez les Planches enluminées ; n.° 298, fig. 2. des Oiféaux étrangers ,&c. 9$ NTLL LE TCHA-CHERT-BÉ.* L'orsEAu envoyé de Madagafcar pai M. Poivre, fous le nom de Ttha- chert-bé, & que nous avons nommé au bas de nos Planches enluminées, grande * pie-grièche verdätre, & qui ne nous paroït être qu'une efpèce très-voifine, ou même une variété d'âge ou de fexe dans Fefpèce précédente, dont ells ne diffère guère , que parce qu'elle a le bec un peu plus court & moins crochu, & les couleurs un peu. différemment diftribuées. Au refte, ces cinq oïfeaux étrangers & à gros bec; favoir , la pie-grièche grife & Ia pre-grièche jaune de Cayenne, la pre-grrèche roule, l'écorcheur & la pie-grièche verditre de Madagalcar , pourroient bien faire un petit genre à part auquel nous avons donné le nom de bécardes , à caufe de la grandeur & de la grofleur de leur bec , parce que, dans le réel, tous ces * Voyez les Planches enluminées ; n° 374 96 Hifloire Naturelle oïfeaux diffèrent aflez des pie - grièches pour devoir en être féparés. I X. LE GONOLEK.* L'oisEAU qui nous a été envoyé du Sénégal par M. Adanfon, fous le nom de Pie-grieche rouge du S'nérol, & que les Nègres, dit-il, appellent gonolek , c'eft-à- dire, mangeur d’infectes. C’eft un oïfeau remarquable par les couleurs vives dont il eft peint; 1l eft à très-peu près de là même grandeur que la pie-grièche d'Europe, & n'en difière, pour ainfi dire, que par les couleurs, qui néanmoins faivent dans leur diftribution à peu- près le même ordre que fur là pie-grièche grile d’ Europe ; mais comme les couleurs en elles-mêmes font très - difiérentes, nous avons cru devoir regarder cet oïfeau comme étant d'une efpèce différente. _ % Woyez les Planches enluminées, n.° 56, des Oifeaux étrangers. 97 senior * LE CALI-CALIC ET 1E BRUTA. L'oiseau envoyé de Madagafcar par M. Poivre, tant le mâle que la femelle, le premier fous le nom de Cak-calic, & le fecond fous celui de Bruia, que Jon peut rapporter au genre de notre écorcheur d'Europe , à caufe de fa peti- tefle ; maïs qui du refte en diffère aflez pour être regardé comme un oifeau d'ef- pèce différente, UD » PIE GRIÈCHE HUPPÉE. L'oiseau envoyé du Canada fous le nom de Pie-prièche huppée , & qui porte en eflet, fur le fommet de la tête, une huppe moile & de plumes longuettes qui retombent en arrière; maïs qui du. refte eft une vraie pie-grièche, & aflez # Voyez les Planches enluniinées, n° 209, fo. I, le mâle; & fig. 2 , la femelle. D Voyez les Planches enluminées | n.° 475 y ÎQ. 2« Oifeaux ; Tome II. E 98 Hifloire Naturelle, &c. femblable à notre pie-grièche roufle par la difpolition des couleurs , pour qu'on puille la regarder comme une efpèce voiline, qui n'en diffère guère que par les caractères de cette huppe &.. du bec quieft un peu plus gros, 99: Ps mea es ee 0 SR LES OISEAUX DE PROIE. NO: CA UURANLELS. | Les veux de ces oifeaux font d’une fenfbilité {1 grande, qu'ils paroïflent être éblouis par la clarté du jour, & entièrement offufques par les rayons. .du foleil : 1 leur faut une lumière plus : douce , telle que celle de l'aurore naïf , fante ou du crépufcule tombant ; c’eft alors qu'ils fortent de leurs retraites pour chafler, ou plutot pour chercher leur proie, & ils font cette quête avec grand avantage; car ïls trouvent dans ce temps . les autres oïfeaux & les petits anunaux . endormis , où prêts à l'être : les nuits où la lune brille font pour eux les beaux jours, les jours de plaïfir, les jours d'abondance , pendant lefquels ils chaflent plufeurs heures de fuite, & fe pourvoient d'amples provifions : les _ nuits où la Iune fait défaut font beau< E ÿ 100 Hifloire Naturelle coup moins heureulfes; ils n’ont guère qu'une heure Îe foir & une heure le matin pour chercher leur fubfftance ; car 1l ne faut pas croire que la vue de ces oïfeaux qui s'exerce fi parfaitement à une foible lumière , pufle fe pañler de toute lumière , & qu'elle perce en effet dans lobfcurité la plus profonde ; dès que la nuit eft bien clofe, tls ceflent de voir, & ne diffèrent pas à cet égard des autres animaux, tels que les lèvres, les loups, les cerfs, qui fortent le foir des bois pour repaître ou chafler pen- dant la nuit : feulement ces animaux voient encore mieux Île jour que la nuit ; au lieu que la vue des oïfeaux nocturnes eft f1 fort offufquée pendant le jour , qu'ils font obligés de fe tenir dans le même lieu fans bouger, & que quand on les force à en fortir, ils ne peuvent faire que de très-petites courfes , des vols courts & lents, de peur de fe heurter ; les autres otfeaux, qui s'aperçoivent de leur crainte ou de la gêne de leur fituation , viennent à l'envi les imnfulter ; Îes mézanges , les - pinçons , les rouge-gorges , les merles, des Oiféauxdeproienoëlurnes. 10% les geais, les grives , &c. arrivent à oi file : lorfeau de nuit perché fur une branche , immobile , étonné, entend leurs mouvemens, leurs cris qui redou- blent fans cefle , parce qu'il ny répond que par des geftes bas, en tournant fa tête , {es yeux & fon corps dun ax ridicule ; il fe [aile même aflarilir & frapper , fans fe défendre ; les plus petits, les plus foïbles de fes ennemis font les plus ardens à le tourmenter, les plus opinfitres à le huer : c’eft fur cette efpèce de jeu de moquerte ou d'antipathie naturelle , qu'eft fondé le petit art de la pipée ; 1! fufht de placer un oïfau noéturne , ou même d'en con trefatre la voix , pour faire arriver les otfeaux à l'endroit où l’on a tendu les gluaux (a) ; 1 faut Sy prendre une heure avant la fin du jour, pour que (a) Nota. Cette efpèce de chafle étoit connue des Anciens; car Ariftote Pindique clairement dans les termes faivans : Die cetere avicule omues noc- tam crreumvolant | quod mirart vocatur, advolantef- que percutiunr. Qua PropEer ed con flitutà aricularum genera © paria rmulta capiunt. Hift. anim. lib. IX ; Cap. I, E 5) \ ‘702 Hifioire Naturelle rcette chafle foit heureufe ; car fi or attend plus tard , ces mêmes petits of. : feaux, qui viennent pendant le jour pro— -voquer l'otfeau de nuit, avec autant d’au- -dace que d'opmiâtreté , le furent & le -redoutent dès que l'obfcurité lui permet de fe mettre en mouvement, & de dé- Dloyer fes facultés. :. Tout cela doit néanmoins s'entendre avec certaines reftriétions qu'il eft bon - d'indiquer , 1.° toutes les efpèces de hiboux & de chouettes , ne font pas ‘également offufquées par la lumière du jour ; le grand duc voit aflez clair pour voler & fuir à d’aflez grandes diftances -en plein Jour; la chevêche , ou la plus petite efpèce de chouettes chafie, pour- uit & prend des petits oïfeaux long— temps avant le coucher & après le ever “du foleïl. Les Voyageurs nous aflurent que le grand duc ou htbou de l'Amé- rique feptentrionale (2), prend les gé- :Ainottes blanches en plein jour, & même Zorfque a neige en augmente encore ‘a lumiere; Belon dit très-bien dans fon (3) Voyage de la baie d’Hudfon , tome 1° page 56. des Oifeaux de proienoclurnes. 10 3 vieux langage (c) , que quiconque prendra garde à la vue de ces oiféaux , nela trou- vera pas f£ inbécille qu’on la crie; 2° paroït que le hibou commun ou moyen duc voit plus mal que le fcops ou petit duc, & que c'eft de tous les hiboux celui qui eft le plus offufqué par la lu- mière du jour, comme le font aufli Îe - chat-huant, l'effraie & le hulotte; car on ‘voit les oifeaux s'attrouper également * pour les infulter à la pipée ; mais, avant de donner les faits qui ont rapport à . Chaque efpèce en particulier, ïl faut en Séfenter les diftinétions générales. _ On peut divifer en deux genres prin- - Cipaux les otfeaux de proie nocturnes, le genre du hibou &-celui de la chouette, ‘qui contiennent chacun plufieurs ef .pèces différentes ; le caractère diftinétif - de ces deux genres, c'eft que tous Îes hiboux ont deux‘aïigrettes de-plumes en (c) Belon ; Hiff. Nat. des Oifeaux , page 133. - Nota. C’eft en effet avec cette reftriction qu’on - doit entendre ce .que difent à cet égard la plupart . des Ecrivains, & entr’autres Schwenckfeld. Noa perfpicaciffimè videntes., diu cæcutientes. Theriotrop. Si, page 308, | ; E 104. Hifhoire Notuselle | forme d'oreilles, droites de chaque côté de la tête (d), tandis que les chouettes ont la tête arrondie fans aïgrettes & fans aucunes plumes proéminentes (e); nous réduirons à trois les efpèces contenues dans le genre du hibou. Ces trois efpèces font, 1.° le duc ou grand duc, 2.° le hibou ou moyen duc, 3.° le fcops ou petit duc ; mais nous ne pouvons ré- dure à moins de cinq les efpèces du genre de la chouette, & ces: efpèces dont , 1.° la hulotte ou huette , 2.° le chat-huant , 3.9 l'effrate ou freflare , 4. la chouette ou grande chevêche, 5. la .chevèche ou petite chouette : ces huit efpèces fe trouvent toutes en (d) Nota. Ces oïifeaux peuvent remuer & faire baïfler ou élever ces aïgrettes à volonté, (e) I paroît que Pline avoit remarqué cette différence générique, lorfqu’il dit: Pennatorum ani- malium buboni tanim € oto plumæ velnt aures. Lib. XIE, cap. 37. Et aïlleurs : Otis bubone minor ef! , noëuis major , auribus plumeis eminentibus | unde © nomen illi ; quidam latinè afionem vocant. Lib. X, cap. 23. Nota. Qu'il y a trois efpèces de hiboux qui ont en effet des aïgrettes de plumes , & que ces trois efpèces font le grand duc, éubo ; le moyen duc ,otus ; & le petit duc, af, que Pline confond avec lotus. ; | _ des Oiféaux de proienoëurnes. 105$ Europe & même en France ; quelques- unes ont des variétés qui paroïflent dé- pendre de la différence des climats ; d'autres ont des repréfentans dans le nouveau continent; la plupart des hi- boux & des chouettes de l'Amérique ne différent pas aflez de celles de l'Eu- rope ; pour quon ne puifle leur ar pofer une même origine, | Ariftote fait mention de douze ef. pèces d'oifeaux qui voient dans l'obf- curité , & volent pendant la nuit ; & comme dans ces douze efpèces 11 com- prend Torfrate & le tette-chèvre ou crapaud volant, fous les noms de phinis & d'œpotilas; & trois autres fous les noms de capriceps , de chalcis & de. charadrios , qui {ont du nonbre des oïfeaux pêcheurs & habitans des marais ou des rives des eaux :: des torrens ;1l paroïît qu'il a réduit à fept efpèces tous les hiboux & toutes les chouettes qui étoient connus en Grèce de fon temps; le hitbou ou moyen duc qu'il appelle Q'ros , otus, précède & conduit, dit-il, les cailles , loriqu elles partent ; pour V1 U de de 106. Hifloire Naturelle changer de climat ff); & ceft par -cêtte raïon qu'on appelle cet oïleau dix: ou duc ; létymologie me paroiït ‘sûre, mais le fait eft plus qu'incertain: älieft vrai que les caïlles, qui, lorfqu'elles partent en automne, font furchargées dé graïfle, ne volent guère que la nuit, & qu'elles fe repofent pendant le jour à l'ombre pour éviter la chaleur , & -qué par conféquent on a pu saperce- - voir que le hïbou accompagnoit où précédoit quelquefois ces troupes de page Te - | € tr is 108 Hifloire Naturelle pendant la nuit leur appartient aufli- bien qu'aux autres, mais que , n'ayant pas d'aufli bons yeux , & ne voyant pas de lom, ils ne peuvent fe former un tableau d'une grande étendue de pays , & que c'eft par cette raïfon qu'ils n'ont pas , comme la plupart des autres otfeaux , linftinét des migrations, qui fuppofe ce tableau pour fe déterminer à faire de grands voyages ; quoi qu'il en foit ,'l paroït qu'en général nos hiboux & nos chouettes font aflez fédentaires : on m'en a apporté de prefque toutes les efpèces, non-feulement en été, au printemps , en automne, mais! même dans les temps les plus rigoureux de hiver ; il n'y à que le /cops ou petit duc qui ne fe trouve pas dans cette faïlon ; & j'ai été en effet informé que cette petite efpèce de hïbou part en automne, & arrive au printemps ; aïnfr, ce feroit plutot au petit duc qu'au moyen duc qu'on pourroit attribuer la fonction de conduire Îles carlles ; maïs encore une fois ce fait n’eft pas prouvé, & de même je ne fais pas fur quoi peut être fondé un autre fait avancé par LA des Oifeaux de proienoëlurnes, 109 _ Ariflote, qui dit que le chat - huant ( glaux , nocua , felon fon Interprète _ Gaza) (h), fe cache pendant quelques jours de fuite; car on m'en a apporté dans la plus mauvaiïfe faïfon de Fannée, qu'on avoit pris dans les bois ; & fi l'on prétendoit que le mot gleur , noëlua, indique ici l'effrate, le fait feroit encore moins vrai; car, à l'exception des fotrées très-fombres & pluvieufes, on entend tous les jours de l’année fouffler & crier à l'heure du crépufcule. Les douze oïfeaux de nuit; M La par Arifiote, font : yas À otos »/0PS » phinis à ægotilas à eleos A ny dicorax k agolios L glaux : raies ï halees 5 ægocephalos ; traduits en latin par Théo- dore Gaza. Mc t 2 3 4 Bubo , a ,; af, “e ar y CA= primuleus | le À son ul ulula , HA fé ulula s 4 k) Paucis quibufdam diebus ( glaux ) no@ua lates, Arf. Hifl, anim, Mb, viit, cap. 16, 110 Hifloire Naturelle 12 charadrius chalcis , Capriceps 3 Jat Cru devoir interpréter en françois les neuf premiers comme 1 fuit: | + Le duc où orand duc , le hibou ou moyen duc , le petit duc ; l'orfraie " fe “tette = chèvre ou DRE volant ; Veffraie ‘ou frefaie , la huloëe l k. chouette ou grande chevéche , le chat-huant. _ Tous les Naturaliftes & les Litté- “fateurs conviendront atfément avec mot, 1.” que Îé byas des Grecs, bubo des Latins , eft notre duc ou grand duc ; 2.° que Fotos des Grecs, otus .des La- tins, eft notre htbou ou moyen duc; 3° que Île /cops des Grecs, afio des Ea- tins , eft notre petit duc ; 4° que le phinis des Grecs, offifraga des Latins, ef notre orfraie ou grand aïgle de mer; 5. que lœporilas des Grecs, caprimuleus des [Latims, eft notre tette- chèvre ou crapaud volant ; 6.° que F eleos des Grecs, aluco des ELatins , eft notre effraie ou frefate ; mais ils me demanderont en p' À des Oifeaux de proieno&urnes.x xx même temps par quelle raïfon je pré- tends que le glaux eft notre chat-huant, le nyéicorax notre hulotte, & l'ægolios notre chouette où grande chevéche ; tandis que tous les Interprètes & tous les Naturaliftes, qui m'ont précédé, ont attribué Îe nom ægolios à 1a hulotte, & qu'ils font forcés d’avouer qu'ils ne favent à quel oïfeau rapporter celui de nyélicorax , non plus que ceux du cha- radrios , du chalcis & du capriceps , & qu'on ignore abfolument quels peuvent être les oïfeaux défignés par ces noms; & enfin ils me reprocheront que c’eft mal-à-propos que je tranfporte aujour- d'hut le nom de glaux au chat-huant, n tandis quil appartient de tout temps, c'eft-à-dire , du confentement de tous ceux qui mont précédé, à la chouette ou grande chevèche , & même à Ia petite chouette ou chevêche proprement dite, comme à la grande. Je vais leur expofer les raïfons qui m'ont déterminé , & je les crois afiez fondées pour les fatisfaire, & pour éclaircir l'obicurité qui réfulte de ieurs doutes & de leurs faufles interprétations. 112 Hifloire Naturelle De tous les otfeaux de nuit dont nous avons fait l'énumération , le chat-huant eft le feui qui ait les yeux bleuîtres, & la hulotte la feule qui les ait noiïrâtres; tous les autres ont l'iris des yeux d'un jaune couleur d'or, ou du moins cou- leur de fafran. Or les Grecs, dont j'ai fouvent admiré la juftefle de difcerne- ment & la précifion des idées, par les noms qu'ils ont impolés aux objets de la Nature, & qui font toujours relatifs à leurs caraëteres diftinctifs & frappans, n'auroïent eu aucune rarfon de donner le nom glaux ( glaucus ) vert de mer ou bleuâtre , à ceux de ces oïfeaux qui # nont rien de bleuâtre , & dont les yeux _ font noirs ou orangés ou jaunes; & ils auront avec fondement impofé ce nom à l'efpèce de ces orfeaux, qui parmi toutes les autres , eft la feule en eflet qui aït les yeux de cette couleur bleui- tre ; de même ils n’auroient pas appelé nyélicorax , c'eft-à-dire , corbeau de nuit , des oïfeaux qui ayant les yeux jaunes ou bleus , & le plumage blanc ou gris, n'ont aucun rapport au corbeau, & 1ls auront donné avec jufte raïfon ce nom des Oiftaux deproienoëurnes. 1 1 3 à la hulotte, qui eft la feule de tous ces oïfeaux nocturnes, qui ait les yeux noïrs & ie plumage auffi prefque noir, -& qui de plus approche du corbeau plus qu'aucun autre par fa grofleur. Il y a encore une ratfon de conve- nance qui ajoute à la vraïfemblance de mon interprétation, c'eft que les nyc- ticorax chez les Grecs, & même chez les Hébreux, étoit un oïfeau commun Se connu, puriqu'ils en empruntoïent des -comparatfons f ficut nyélicorax in domi- cilio ); 1l ne faut pas s'imagiuer , comme le croient la plupart de ces Littérateurs, que ce füt un otfeau fi folitarre & fi rare, quon ne pute aujourd'hui en retrouver lefpèce : la hulotte eft par- tout aflez commune; c’eft de toutes les chouettes la plus grofle, la plus noire & la plus femblable au corbeau: toutes les autres efpèces en font abloïument “différentes ; je crois donc que cette ob- fervation, tirée de la chofe mêine, doit avoir plus de poids que l'autorité de ces Commentateurs, qui ne connoïllent pas aflez la Nature , pour en bien inter- piéter l'hiftoire. ; ï: 2e 114 Hhifioire Naturelle Or le glaux étant le chat-huant ; où; fi Ton veut , la chouette aux yeux bleuîtres, & le nyélicorax étant Ia hu- lotte ou chouette aux yeux noirs, le- golios ne peut être autre que la chouette aux yeux Jaunes ; CECI MÉTITE encore quelque difcuflion. | Théodore Gaza traduit le mot »yc- ticorax , d'abord par cicuma , enfuite par ulula, & enfin par cicunia ; cette dernière interprétation n'eft vrafembla- blement qu'une faute des Copiites, qui de éicuma ont fait cicunia , car Feftus, avant Gaza, avoit également traduit nyélicorax par cicuma ; & Iidore par ce- cuma , & quelques autres par cecua 3 c'eft mème à ces noms qu'on pourroit rap porter l'étymologie des mots zueta en italien, chouette en françois: fi Gaza eût fait attention aux caractères du 2yélicorax , 1 s’en feroit tenu à fa feconde interpré- tation ulula , & il neût pas fait double emplot de'ce terme, car 1l eût alors tra- duit egolios par cicuma ; 11 me paroît donc par cet examen comparé de ces différens objets & par ces raïfons critiques , que le glaux eft Le chat-huant, le nyéiçorax des Oifeaux deproienoclurnes. 115$ 1 hulotte ; & lecolios la chouette où rande chevêche. . Irefte le charadrios , le chalcis & 1e : capriceps. Gaza ne leur donne point de noms latins particuliers; & fe contente de copier le mot grec, & de les indi- quer par charadrius , chalcis & capriceps ; comme ces oïfeaux font d'un genre différent de ceux dont nous traitons, & que tous trois paroïflent être des oïfeaux de marars, & habitant le bord des eaux, nous n’en ferons pas ici plus ample mention ; nous nous réfervons d'en parler lorfqu'il fera queftion des oïfeaux pêcheurs, parmi lefquels 1l y a, comme dans les oïfeaux de proïe , des efpèces . qui ne voient pas bien pendant ie jour, & qui ne péchent que dans le temps où les hiboux & les chouettes chaflent, ceft-à-dire, lorfque la lumière du jour ne les offufque plus: en nous renfer- mant donc dans le fujet que nous traï- tons, &. ne confidérant à préfent que les orfeaux du genre des hiboux & des chouettes , je crois avoir donné la jufte interprétation des mots grecs qui Îles défignent tous ; il ny a que la feule 116 Hifloire Naturelle chevêche ou petite chouette dont je ne trouve pas le nom dans cette langue. ÂArïftote n’en fait aucune mention nulle part, & il y a grande apparence qu 1 n'a pas diftingué cette petite efpèce de chouette de celle du /cops ,ou petit duc, parce qu'elles fe reflemblent en effet par la grandeur , la forme , la couleur. des yeux, & qu'elles ne diffèrent effen- tellement que par la petite plume pro- éminente que le fcops porte de chaque côté de la tête, & dont la chevêche ou petite chouette eft dénuée: maïs toutes ces différences particulières feront ex- polées plus au long dans les articles fuivans. Aldrovande remarque avec raïfon, que la plupart des erreurs en Hiftoire Naturelle, font venues de la confufon des noms, & que dans celle des orfeaux nocturnes, on trouve l’obfcurité & Îles ténebres de la nuit; je crois que ce que nous venons de dire pourra les difliper en grande partie : nous ajouterons, pour achever d'éclairer cette matière, quel- ques autres remarques ; le nom a eule en Allemand; owl, houlét en Anglois : des Oifkaux de proie noëturnes. 1 1 7 huette , hulotte en François, vient du Latin ulula, & celui-ci vient du cri de ces oïfeaux nocturnes de la grande ef- pèce ; ïl eft très-vraifemblable , comme le dit M. Frich, quon na d'abord nommé ainfi que les grandes efpèces de chouettes, mais que les petites. leur seflemblant par la forme & par le na- turel, on leur a donné le même nom, qui dès-lors eft devenu un nom général & commun à tous ces oïfeaux ; de-là la confufon à laquelle on n'a qu'impar- faitement remédié , en ajoutant àce nom 7 UE général une épithète prile du lieu de leur demeure ou de leur forme particulière, “ou de leurs différens cris; par exemple, flein-eule , en Allemand , chouette des rochers , qui eft notre chouette ou grande chevèche ; Æirch-eule en Alle- mand, churchowl en Anglois , chouette des églifes ou des clochers en François, qui efl notre eflrate , qu’on a aufli ap- pelé fchleyer-eule, chouette voile , perl- eule , chouette perlée ou marquée de petites taches rondes ; orh-eule en Alle- mand , Aorn-owl en Anglois, chouette où hibou à oreilles en François, qui ef 118 Hifioire Naturelle notre hibou où moyen-duc ; Ærappreule ; chouette qui fait avec fon bec le bruit que l'on fait en caflant une noïfette, ce qui néanmoins ne peut déligner aucune efpèce particulière , puifque toutes les grofles efpèces de hiboux & de chouettes font ce même bruit avec leur bec; le nom bbo , que les Latins ont donné à la plus grande efpèce de hibou, c'eft-— ä-dire au grand duc, vient du rapport de fon cri avec le mugiflement du bœuf ; & les Allemands ont défigné le nom de l'animal par le cri même, ulu ( ouhou ), puhu , ( pouhou ). Les trois efpèces de hiboux & les cinq efpèces de chouettes que nous venons d'indiquer par des dénomina- tions préciles, & par des caractères aufi précis, compolent le genre entier des otfeaux de proïe nocturnes ; ils diffèrent des oïfeaux de proïe diurnes. 1.° Par le fens de la vue , qui eft excellent dans ceux-ci, & qui paroit fort obtus dans ceux-là , parce qu'il eft trop fenfble & trop affecté de l'éclat de la lumière; on voit leur pupillé , qui eft très-large, fe rétrécir au grand jour d'une manière _ des Oifeaux deproienoëlurnes. 1 19. différente de celle des chats ; la pupille | des oïfeaux de nuit refte toujours ronde en fe rétréciflant concentriquement ; au lieu que celle -des chats devient perpen- _diculairement étroite & longue. 2.° Par de fens de l'ouie , il paroït que ces oï- {eaux de prote nocturnes ont ce fens fupérieur à tous les autres oïfeaux, & peut-être même à tous Îles animaux ; car ils ont, touté proportion gardée, les conques des oreilles bien plus grandes qu'aucun des animaux ; 1l y a aufli plus d'appareil & de mouvement dans cet organe, qu'ils font maîtres de fermer & d'ouvrir à volonté, ce qui n'eft donné _à aucun animal, 3.° Par le bec dont la _bafe n’eft pas comme dans les oïfeaux de proïe noéturnes, couverte d’une peau Aile & nue , maïs eft au contraire garnie de plumes tournées en devant ; & de plus ïls ont Le bec court & mobile dans {es deux parties comme le bec des per- roquets (h), & c'eft par la facilité de ces (h) Utrumque roférum five mandibule ambæe mobiles. fünt ; infignefque fuperiori mufculi ab utrâque parte datë qui illud removeant adducantque ad inferius rofirum re- liGus adduëtorum alter in ano latere gb accipite yeniers 120 Hifloire Naturelle, &c. deux mouvemens, qu'ils font fi fouvent craquer leur bec, & qu'ils peuvent aufi l'ouvrir aflez pour prendre de très-gros morceaux que leur gofer aufli ample, aufli large que l'ouverture de leur bec, leur permet d'avaler tout entiers. 4.° Par les ferres dont 1ls ont un doiïst antérieur de mobile , & qu'ils peuvent à volonté retourner en arrière, ce qui leur donne plus de fermeté & de facilité qu'aux autres pour fe tenir perchés fur un feul pied. 5. Par leur vol qui fe fait en culbutant lorfqu'ils fortent de leur trou, & toujours de travers & fans aucun bruit, comme fi le vent les emportoit : ce font-là les différences générales entre ces oïfeaux de proie nocturnes , & les oïfeaux de proie diurnes, qui, comme lon voit, n'ont, pour amf dire, rien de femblable que leurs armes , rien de com- mun que leur appétit pour la chair & leur goût pour la rapine. tendinosà expanfione in palato definit. Klein, de Avib. page 54. Ye LEDUC MLE DUC fa) OU CRAN D'DVC Voyez laplanche viii de ce Volume. Lzs Postes ont dédié l'Aïgle à Ju- piter, & le Duc à Junon ; c'eft en # Voyez les Planches enluminées , n.95 435 & 385. {[a) En Grec Béxc; en Latin , Bubo; en Ef- pagnol, Buho ; en Portugais, Mocho; en Italien, Duco, Duge; en Savoyard, Chaffeton; en Aïle- mand , Uhu, Huhu , Schuffur, Bhu, Becghu , Huhuy, Hub , Huo , Puhi, en Polonoiïis, Puhacz , Sowa- lezna ; en Suédois, Uf; en Angloiïs, Great horn owl, Eagle-owl.— On lappelle aufit en François, Grand Hibou cornu ; en quelques endroits de f’ltalie , Bar- bagiani ; en quelquesjendroits de Îa France, Bar- baïan ; en Provence , Petuyve. — Bubo. Gefner, Avium, page 233. -— Aldrov. Avi. tome I, page 502. — Grand duc. Belon. Hifi. Nat. des Oifeaux , page 135. — Grand chat-huant. 4/bin , tome IT, page 5, Planche 1x, avec une figure colorée, — Bubo nofua maxima. FWrifch, Planche xcrir, avec une figure coloriée, — Le grand duc. Briflon, Oruith. tome I, page 477. Oiféaux, Tome IL, _ pe Les | 4 : 122 Hifloire Naturelle effet l'aïgle de la nuit, & le roi de cette tribu d'orfeaux, qui craignent la lumière du jour, & ne volent que quand elle s'éteint: [e duc paroiït être au premier coup - d'œil aufli gros , aufli fort que l'aigle commun, cependant ïl eft réel- lement plus petit , & les proportions de {on corps font toutes différentes ; il a les jambes , le corps & la queue plus courtes que l'aigle , la tête beaucoup plus grande , les aïles bien moins lon- gues, l'étendue du vol ou lenvergure n'étant que d'environ cinq pieds : on diftingue aifément le duc à fa groffe figure , à fon énorme tête, aux larges & profondes cavernes de fes oreilles aux deux aïgrettes qui furmontent fa tête, & qui font élevées de plus de deux pouces & demi ; à fon bec court, noir & crochu ; à fes grands yeux fixes & tranfparens:; à fes larges prunelles noires & environnées dun cercle de couleur orangée ; à fa face entourée de poils , ou plutôt de petites plumes blan- ches & décompolées qui aboutiflent à une circonférence d’autres petites plumes fées; à fes ongles noirs, très-forts du Duc ou grani Duc. 123 & très-crochus; à fon cou très - court, à fon plumage d'un roux brun taché de notr & de jaune fur le dos, & de jaune fur le ventre, marqué de taches noires & traverfé de quelques bandes brunes, mêlées aflez confufément ; à {es pieds couverts d’un duvet ‘épais & de plumes rouflitres jufqu'aux ongles ( ); enfin à fon cri effrayant ( c) hüthou, {b) Nota. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce que les plumes fur le corps, fes aïles & la queue font d’une couleur plus fombre. (c) Voïci ce que rapporte M. Frifch au fujet des différens cris du Puhu, Schuffut où Grand Duc, qu’il a longtemps gardé vivant ; lorfqu’il avoit faim , dit cet Auteur, il formoit un fon afñez fem- blable à celui qui exprime fon nom (en Allemand, Puhu) Pouhou ; lorfqu’i entendoit toufler ou cra- cher un vieïllard , il commençoit très-haut & très- fort , à peu-près du ton d’un payfan ivre quiéclate en riant, & il faïifoit durer fon cri Oukou où Pouhou, autant qu’il pouvoit être de tems fans reprendreha- Leïne; il m’a paru, ajoute M. Frifch, que cela arrivoit Aorfqu’il étoit en amour , & qu’il prenoit ce bruit qu’un homme fait en touflant, pour Îe cri de fa femelle : maïs quand ïl crie par angoifle ou de peur, c’eft un cri très-defagréable, très-fort & cependant atfez femblable à celui des oïfeaux de proie diurnes. Traduit de © Allemand de Frifch, article du Bubo ou Grand Duc, | FE. 124 Hifloire Naturelle houhou, bouhou , pouhou , qu'il fait re: tentir dans le filence de la nuit, lorfque tous les autres animaux fe talent ; & c'eft alors qu'il les éveille, les inquiète, les pourfuit & les enlève, ou les met à mort pour les dépecer & les emporter dans les cavernes qui lur fervent de retraite ; auflil\ n'habite-t-1l que les ro- chers ou les vieilles tours abandonnées & fituées au-deflus des montagnes : 1l defcend. rarement dans les plaines, & ne fe perche pas volontiers fur les arbres, mais fur les églifes écartées & {ur les vieux châteatix. Sa chaile la plus ordinaire, font les jeunes lèvres, les lapins , les taupes , les mulots, les fouris, qu'il avale tout entières, & dont 1l digère la fubftance charnue , vomit le poil (4), (d) J’aï eu deux fois , dit M. Frifch , des grands ducs vivans , & je les aï confervés long-temps; je les nourriflois de chair .& de foie de bœuf, dont ils avaloient fouvent de fort gros morceaux ; lorf- quon jettoit des fouris à cet oifeau , il leur brifoit les côtes & Îes autres os avec fon bec, puis iles “avaloit l’une après l’autre, quelquefois jutqu’à cinq de fuite; au bout de quelques heures ; les poils & les os fe raflemblaient, fe pelotonnoient dans {on efiomac par petites males, après quoi il les du Duc où grand Duc. 125$ les os & 11 peau en pelottes arrondies ; 1l mange auflt Iles chauve-fouris, Îes ferpens, Îes lézards, les crapauds, Îes grenouilles , & en nourrit fes petits: ïl chafle alors avec tant d’aétivité, que fon nid regorge de provilons ; 1l en raflem- ble plus qu'aucun autre oïfeau de proie. On garde ces oifeaux dans Îles ménageries à caufe de leur figure fin- gulière; lefpèce nen eft pas aufli nombreufe en France que celle des autres hiboux , & ïl n'eft pas für qu'ils reftent au pays toute l'année, 1ls y nr- chent cependant quelquefois {ur des arbres creux, & plus fouvent dans des cavernes de rochers , ou dans des trous de hautes & vierlles muraïlles; leur nid ramenoit en haut, & Îles rejetoit par le bec; au défaut d’autre pâture , il mangeoit toute forte de poiflons de rivière , petits & moyens, & après avoir de même brifé & pelotonné les arêtes dans fon eftomac, il les ramenoit le long de fon cou, & les rejetoit par le bec : if ne vouloit point du tout boire, ce que j’af obfervé de même de quelquesoifeaux de proie diurnes. Nora Qu’à dla vérité ces oifeaux peuvent fe pafler de boire, mais que cependant, quand üls font à portée, ïls boivent, en fe cachant, Voyez fur cela l’article du jean-le-blanc. F ui} PA 126 - Hifloire Naturelle a près de trois pieds de diamètre, & eft compolé de petites branches de bois ec entrelacées de racines fouples, &. garnt de feuilles en dedans: on ne trouve fouvent qu'un œuf ou deux dans ce nid, & rarement trois; la cou- leur de ces œufs tire un peu fur celle du plumage de forfeau ; leur grofleur excède celle des œufs de poule: les petits {ont très-voraces , & Îles pères & mères très-habiles à [a chaffe qu'ils font dans le filence ,; & avec beaucoup plus de légèreté que leur groffe corpulance ne paroiït le permettre; {ouvent ïls fe battent avec les bules, & font ordinaïire- ment les plus forts & les maitres de la proie qu'ils leur enlèvent ; 1is fupportent plus afément la lumière du jour que les autres oïfeaux de nuit , car ils fortent de metlleure heure le foir & rentrent plus tard le matin; on voit quelquefois le duc aflaïilt par des troupes de corneïlles qui le fuivent au vol & l'environnent par mil- liers ; il foutient leur choc fe), poufle des wat ne me (e) Fortifima avis fepius valde tumultuatur inter millenaris numeri cornices,. Klein, Ave pages 54 & fuivantes. du Duc où grand De. à 7 cris plus forts qu’elles, & finit par les dif- perler, & fouvent par en prendre quel- qu'une lorfque la lumière du jour baïfle ; ‘quoïqu'ils aient les aïles pluscourtes que la plupart des orfeaux de haut vol, ils ne laïfient pas de s'élever aflez haut, fur-tout à l'heure du crépufcule ; mais ordinarrement ils ne volent que bas & à de petites dif- tances dans les autres heures du jour : on fe fert du duc dans la fauconnerte pour attirer le milan ; on attache au duc une queue de renard, pour rendre fa figure encore plus extraordinaire ; 1l vole à fleur de terre, & fe pole dans la campagne, fans fe percher fur aucun arbre; le milan qui l'apperçoit de loin, arrive & s'appro- che du duc, non pas pour le combattre ou l'attaquer: mais comme pour ladmi- rer, & 1l fe tient auprès de lui affez long- temps pour fe larffer tirer par le chafieur, ou prendre par les orfeaux de proïe qu'on che à fa pourfuite : la plupart des farfan- _diers tiennent aufli, dans leur farfanderie, un duc qu'ils mettent toujours en cage fur des juchoïrs dans un lieu découvert, afin que les corbeaux & les corneïlles s’af femblent autour de lui, & qu'on pure F iv 128 Hifloire Naturelle tirer & tuer un plus grand nombre de ces oïfeaux criards qui inquiètent beaucoup les jeunes faifans; &, pour ne pas effrayer les faifans , on tire les corneïlles avec une farbacane { f). On aobferve, à l'égard des parties in- térieures de cet oïfeau, quil a la langue courte & aflez large, leftomac très- ample , l'œil enfermé dans une tunique cartilagineule en forme de capfule, & le cerveau recouvert d’une fimple tunique “plus épaifle que celle des autres oïfeaux, qui, comme Îles animaux quadrupèdes, ont deux membranes qui recouvrent Îa cervelle (9). TH paroïît qu'il Ya dans cette efpèce une première varièté qui femble en renfer- mer une feconde, toutes deux fe trouvent {f) Voyez Frifch, à Particle du Grand Duc. (g) Vide Schwenckfeld , Thertorrop. Sil. page 208. INota. Ceux qui voudront avoir des con- noïfances exactes fur la ftrucure des parties in- térieures des oïfeaux de ce genre, les trouveront dans les cbfervations 21 & 52 de Jean de Mu- ralto. Éphémérides des Curieux de la Nature, année 1682; € Coll. Acad. Fete étrangère , tome JIT, pages 474 & 478. ui ‘du Die où grand Duc, 129 en Îtalie, & ont été indiquées par Aldro- vande, on peut appeller l'un le duc aux ailes noires { h), & le fecond le duc aux pieds nuds ( à); le premier ne diffère en effet du grand duc commun que par les couleurs qu'il a plus brunes ou plus noires fur Îles arles, le dos & la queue; & Île fecond qui reflemble en entier à celur-ci par ces couleurs plus noires, n’en diffère que par la nudité des jambes & des pieds qui font très-peu fournis de plumes; is ont aufli tous deux lés jambes plus menues & moins fortes que le duc commun. Indépendamment de ces deux variétés qui fe trouvent dans nos climats, il y en a d’autres dans des climats plus éloi- gnés : le duc blanc de Lapponie, marqué Dec rame arnrme anne mo rt {h) Bubo nofler. Aldrov. Avi. tome 1, page 508. — Grand duc aux aïles noires. Albin , tome III, page 3. — Le grand duc d'Italie, Brifion, tome I ; page 482. — Le grand hibou cornu d’A- thènes. Edvards , Glanures | page 37, planche CCXXVII. | | ‘: (à) Bubo noffer. Aldrov. Avi. tome 1: page ‘508. — Le grand duc déchauñé. Briflon, ro 1 } page 483. " ” 1 ns 14 +2! F y 130 . Hifloire Naturelle de taches noires , qu'indique Linnæus /Æ); ne paroît être qu'une variété produite . par le froid du Nord; on fait que a plupart des animaux quadrupèdes font naturellement blancs ou le deviennent dans Îles pays très-froids ; 1l en eft de même d'un grand nombre d'oifeaux : celui-ci qu'on trouve dans les montagnes de Lapponie eft blanc, taché de noir, & ne difière que par cette couleur du grand duc commun; aïnfi, on peut le rapporter à | cette efpèce comme fimple variété. _ Comme cet oïfeau craint peu le chaud , & ne craint pas le froid, on le trouve éga- lement dans les deux continens au Nord & au Midi, & non-feulement on y trouve l'efpèce même, mais encore les variètés de l’efpèce : le jacurutu du Brefi( Z ) dé- erit par Marcgrave , eft abfolument le même oïfeau que notre grand duc com- APR A om bars de Co 2e 4e de nd (A) Strix capite aurito, corpore albido, Linnæus, Faun. Suec. numero 46. — Le grand duc de Lapponie, Brion, tome I, page 486. (L) Jacuru, Brafilienfibus ; Bufo Lufithanis noËtua eff magnitudine æquat anfères : caput habet retundum inflar felis : roflum aduncum nigrum, fu= du Duc Où grand Duc, 13 mun; celui qui nous à été apporté des terres Magellaniques* , ne difière pasaffez du grand duc d'Europe pour en faire une efpéce féparée; celui qui eft mdiqué par l’Auteur du voyage à la baie de Hudfon , fous le nom de hibou couronné (m), & par M. Edwards, fous le nom de duc de periori parte longius ; oculos magnos, elatos, rotundos € fplendentes' inflar cryflalli ,; in quibus interius cir- culus flavus verfus extrema apparet : latitudo oculorum aliquanto major groffo mifnico; prope aurium foramina plumas habet duos digitos longas , que inflar auriurm in acutum definunt € attolluntur : cauda lata ef?, neque ale pertingunt ad illius extremitatem : crura pen- -mis veflita ufque ad pedes , in quibus quatuor digiti, tres anterius , unus poflerins verfus , atque in quolibet unguis incurvatus , niger , plufquam digitum longus & acutiffimus; pennæ totius corporis vartegantur à flavo s albo €? nigricante pereleganter. Marcg. Hifl. Nat. Brafil. page 199. ; * Voyez les Planches emuminées, n.° 385. (m) Le grand hibou couronné eft fort commun dans les terres voifines de la baie de Hudfon; c’eft un oifeau fort fingulier, & dont la tête n’eft guère plus petite que celle d’un chat; ce qu’on appelle fes cornes, font des plumes qui s’élèpent précifément au-deffus du bec, où elles font mêlées de blanc, devenant peu-ä-peu d’un rouge brun marqueté de noir. Voyage de la baie de Hudfon , tome 1, pagess. V} 132 Hifloire Naturelle Virginie (n), font des variétés qui fe trouvent en Amérique les mêmes qu’en (n) s Cet oïfeau, dit M. Edwards, eft de Ia » plus grande efpèce des hiboux . & très-approchant > de la grandeur du hibou cornu, que nous ap- >> pellons Abou aigle (orand duc}; fa tête eft auiü » grofle que celle d’un chat....... 1e beceft noir, » la mandibule fupérieure en eft crochue & fur- >» pañle la mandibule inférieure comme dans les » aigles ; il eft recouvert d’une peau dans laquelle >> font placées les narines, & qui eft recouverte à s> ia bafe par des plumes orifes qui environnent le » bec; les yeux fontorands, & l'iris en eft brillante » & couleur d’or....... les plumes qui compofent ss les cornes , prennent Leur naiffance immédiatement » au-deffus du bec, où elles font mélangées d’un »» peu de blanc; mais, à mefure qu’elles s’élèvent : au-deflus de la tête , elles deviennent d’unrouge- > brun & fe terminent par du noir au-dehors; » le deffus de la tête, du cou, du dos, des ailes ss & de la queue, font d’un brun obfcur, taché » & entre-mêlé aflez contfufément de petites lignes » tranfverfales, rougeâtres & cendrées.... le haut »» de la gorge, fous le bec, eft blanc ; un peù plus » bas, jaune orangé, taché de noir; le bas de fa # poitrine, le ventre, les jambes & le deffous de » ja queue eft blanc ou d’un oris-pâle, aflez réou- » lièéreinent traverfé de barres brunes ; le dedans » des ailes eft varié & coloré de la même façon, » les pieds font couverts , jufqu’aux ongles, de + plumes d’un gris blanc, & les. ongles font d’une »» couleur de corne brune & foncé : j’ai defliné, du Duc ou grand Duc. 133 Europe ; car la différence la plus remar- quable qu'il y ait éntre le duc commun & le duc de la baie de Hudfon & de Vir- ginie, ceft que les argrettes partent du bec au lieu de partir des oreilles, Or on peut voir de même dans les figures des trois ducs , données par Aldrovande , qu'il n'y a que le premier, c'eft-à-dire, le duc commun dont les aïgrettes partent des oreilles, & que dans les autres, qui néanmoins font des variétés qui fe trouvent en Italie , les plumes des aïgrettes ne par- ajoute M. Edwards, cet oifeau vivant à Londres, ce où il étoit venu de Virginie : j’en ai chez moi «e la dépouille d’un autre qui eft empaillé, & quice a été apporté de la baie de Hudfon ; if m’a «e paru qu’il étoit de Ia même efpèce que le pre- mier, étant de a même grandeur & n’en différant « que par quelques nuances de couleur. » Je ne ferai qu’une réflexion fur cette defcription dont je viens de donner Îa traduction par extrait, c’eft qu’il n’y a que le caractère des aigrettes partant du bec, & non pas des oreilles , qui puife faire regarder cet oïfeau d'Amérique, comme faifant une variété confiante dans l’efpèce du grand duc; & que cette variété fe trouvant en Europe auffi-bien qu’en Amérique , elle eft non-feulement confiante, mais générale , & fait une branche particulière , une famille différente dans cette efpèce. 134 Hifloire Naturelle, &c. | | tent pas des oreïlles, maïs de la bafe dif bec , comme dans le duc de Virginie, dé- crit par M. Edwards : il me paroït donc que M. Klein a prononcé trop légèrement, lorfqu'il a dit que ce grand duc de Virgr- nie étoit d'une efpèce toute différente de T'efpèce d'Europe , parce que les aigrettes partent du bec , au lieu que celles de notre duc partent des oreilles ; s’il eût comparé les figures d’Aldrovande & celles de M. Edwards , 1l eût reconnu que cette même difiérence qui ne fait qu'une va- rièté, fe trouve en Italie commeen Vir- ginie , & qu'en général les aïgrettes dans ces Offeaux ne partent pas précifément du bord des oreilles , maïs plutôt du deflus des yeux & des parties fupérreures à la bafe du bec. : FR À è | 7... oo PL VIT. pag 134. = CZ LR <Æ LU AS NE ) HA) 0 NN) (9 at () (} à \ \ 2 rte \ PL LS Lee rit asze À À QU = h À A RSS RSR RSS == = LOT LI UE # RSS IIYVF,YYSS SEINS DhHOYOSNSYYSN EYE Wii x à FRET NRA IP SURES NY L'IAET GS PAL Te ER : LL ANR - : LENS - : +1 . ' ra NT 4 M | 13$ LE HIBOU fa) O U MOYEN DUC Voyez la Planche 1x de ce Volume. Lz Hisou, Oftus ou moyen Duc; a , comme le grand duc, les oreilles * Voyez les Planches enluminées ,n.°$ 29 & 473. (a) En Grec, Oreœ, en Latin, Æ#/o ou Otus; en Italien, Gufo, Barbagtannt ; en Efpagnol, Mochuelo , en Allemand , Orheule où Rautzeule Ofrreutz, Kautzlein ; en Polonoïis, Cluk-nocny où Sowa-urfata; en Suédois, Hora-ugla; en Anglois, Horn-owl ; on l’appelle en quelques endroits , Chat- Buant commu; en Bourgogne ; Chouc Cornerote; en Gafcogne, Ducquer, c’eft-à-dire, Petit Duc ; em Sologne , Chat- huant de bruyères, parce qu’il fe tient dans les landes & bruyères ; en Anjou & en Bretagne , Chouant ; & dans quelques antresendroits Cloudet | à caufe de fon cri clou, cloud. — Afie. Gefner', Avi. page 223.... Otus idem, page 635, — Moyen Duc où Hibou cornu. Belon. Hifi Nat. des Oifeaux , page 137. — Grand Duc. Albin, some Î, page 6 ; Planche x , avec une fgure 236 Hifloire Naturelle fort ouvertes , & furmontée d’une aigrette compolfée de fx plumes tournées en avant (b ); mais ces aïgrettes font plus courtes que celles du grand duc, & n'ont guère plus d'un pouce de longueur, elles paroïfient proportionnées à fa tarlle, car il ne pèfe qu'environ dix onces, & neft pas plus gros qu une corneïlle ; il forme donc une eipèce évidemment différente de celle du grand duc , qui eft gros comme une oïe, & de celle du Scops ou petit duc, qui n'eft pas plus grand qu'un merle , & qui na au-deflus des oreïlles que des aïgrettes très-courtes, Je fais cette remarque, parce qu'il y a des Naturalites qui n'ont regardé ie moyen & le petit duc, que comme de fimples coloriée. — JNo@ua minor aurita. Scops. Frifch, Planche x crx, avec une figure coloriée. — Le moyen Duc ou Je Hibou. Brifion, Ornithologie , tome L ; page, 486. — The long Béred owl. Le Hibou à longues oreilles. Britifch Zoology , PL PB 49 fe. I, (8) Nota. Aldrovande dit avoir obfervé que chaque plume auriculaire qui compofe Paigrette, peut fe mouvoir féparem ent, & que la peau qui recouvre da cavité des oreilles naît de la partie in- térieure la plus voifine de l’œil, - du Hibou OU moyen Duc, : 37 variétés d’une feule & même efpèce : le moyen duc a environ un pied de fongueur de corps, depuis le bout du bec jufqu'aux ongles, trois preds de vol ou d'envergure, & cinq ou fix pouces de longueur de queue; 1l a le deflus de a tête , du cou, du dos & des arles rayés de gris, de roux & de brun; la poitrine & le ventre {ont roux, avec des bandes brunes irrégulières & étroites; le bec eft court & noïrâtre , les yeux font d'un beau jaune, les pieds font cou- verts de plumes roufles jufqu'à l'origine des ongles, qui font rh grands & d'un brun noirâtre ; on peut oblerver de plus qu'il a la lingue charnue & un peu fourchue , les ongles très-aigus & tres- tranchans, le dorgt extérieur mobile, & pouvant fe tourner en arrière, Tef- tomac aflez ample , la véficule du fiel très-grande, les boyaux longs d'environ vingt pouces, les deux cæcum de deux. pouces & demi de profondeur , & plus à proportion que dans les autres otfeaux de proie. L'efpèce en eft commune & beaucoup plus nombreufe dans nos » 138 Hifloire Naturelle chmats (e), que celle du grand ducs qu'on ny rencontre que rarement en hiver ; au lieu que le moyen duc y refte toute l’année, & fe trouve plus atfément en hiver qu'en été : 1 habite ordinai- rement dans les anciens bâtimens ruinés, dans les cavernes des rochers (d) dans le creux des vieux arbres, dans les fo- rêts en montagnes , & ne deicend guère dans les plaines ; lorlque d'autres ofeaux l'attaquent, 1l {e fert très-bien , & des grifes & du bec; ïl fe retourne auff fur le dos, pour fe défendre, quand xl eft aflault par un ennemi trop fort. I paroïit que cet oïleau , qui eft commun dans nos provinces d'Europe, fe trouve aufli en Afe; car Belon dit en avoir rencontre un dans les plaines de Cülicie. [c) Nota. I eft plus commun en France & en Italie qu’en Angleterre. On le trouve très-fré- quemment en Bourgogne , en Champagne, en Sologne & dans les montagnes de l’Auvergne. (d) Sta il Gufo nelle grotte , per le buche degli alheri , nell’antriaglie o crepature di muri e tetti di cafe difabitate, ne dirupi e luoghi eremi. Olina. Uc- ceiler. fog. 36. du Hibou ou moyen Duc. 139 I ya dans cette efpèce plufeurs va. riétés dont la prenuère fe trouve en Italie , & a été mdiquée par Aldrovande ; ce hibou d'Italie eft plus gros que le hibou commun, & en difière auffi par les couleurs : voyez & comparez les defcriptions qu'il a faites de l'une & de autre (e). Ces oïfeaux fe donnent rarement 1a peine de faire un nid, ou fe l'épargnent en entier; car tous les œufs & les petits qu'on mi a apportés > ont toujours été trouvés dans des nids étrangers, fouvent dans des nids de pies, qui, comme l'on fait, aban- donnent chaque année eur nie, pour en faire un nouveau; quelquefois dans des nids de bufes, maïs jamais on n'a pu me trouver un nid conftruit par un h:bou : 1ls pondent ordinatrement quatre ou cinq œufs , & leurs petits qui font blancs en naiflant , prennent des couleurs au bout de quinze jours. Comme ce hibou n'eft pas fort fen- fble au-froid , qu'il pafle l'hiver dans notre pays, & ‘qu'on le trouve en Suède _(e) Aldrov. Ari. tome I, page 519. 140 Hifloire Naturelle commeen France ( f),ila pu pañler d’un continent à l'autre; 1l paroït qu'on Île re- trouve en Canada & dans plufeurs autres endroits de l'Amérique feptentrionale (£); il fe pourroit même que le hibou de la Cf) Strix capite aurito, peunis fex. Linn. Faun. duec.'n.° 47. (g) Nota. 1.° C’eft au hibou commun ou au moyen duc qu’il faut appliquer le paflage fuivant. >» Onentend durant la nuit, prefque dans toutes » nosifles, une forte de chat-huant qu’on appelle »> canot, qui jette un cri fuoubre, comme qui s» crieroït au canot, ec qui lui a fait porter ce 5 nom; ces oïfeaux ne font pas plus gros que des » tourterelles, maisils font tout fembiables en leur #» plumage aux hiboux que nous voyons commu- # nément en France; ils ont deux ou trois petites » plumes aux deux côtés de la tête, qui fembient » être des oreilles ; ils fe raflemblent quelquefois _» fept ou huit de ces oifeaux au-deflus des toits où ils ne ceffent de crier pendanttoute la nuit, » Nota. 2.° Par la comparaïfon de la orandeur de ce hibou avec une tourterelle , il fembleroit que c’eft le fcops ou petit duc ; mais s’il a, comme le dit PAuteur, plufieurs plumes éminentes aux côtés de Ja tête , ce ne peut être qu’une variété de lefpèce du moyen duc. Ce même Auteur ajoute que le chant-huant Canadien n’a de différence du Fran- çois, qu’une petite fraife blanche autour du cou & un cri particulier. Hifloire de la mouvelle France, par Charlevoix , tome III , page 56. du Hibou ou moyen Duc. 1: 41 Caroline, décrit par Catefby { A), & celui de l'Amérique méridionale, mdiqué par le Père Feuillée / :), ne fuflent que des variétés de notre hibou, produites par la différence des climats, d'autant qu'ils font à très-peu près de la même grandeur , & qu'ils ne difièrent que par les nuances & Ia diftribution des couleurs. On {e fert du htbou & du. chat- huant ( # ), pour attirer les otfeaux à la (h) Voyezla defcription & la figure coloriée de ) fifte que dans ces oreïlles : toutes les >> demoïlelles de Numidie, que nous > avons difléquées, avoient aux côtés des » oreilles, ces plumes qui ont donné le 5» nom à lotus des Anciens. ....... Leur 22 plumage étoit d'un gris-cendré, tel qu'il >2 eft décrit par Alexandre Mÿndien dans 3» l'otus. 1 Comparons maintenant ce qu'Ariftote dit de lotus , avec ce qu'en dilent tic Mr de Académie: otus no&uæ fimilis eft; pinnulis circiter aures eminentibus pr@ditus, unde nomen accepit ; quaft auritum dicas ; nonnull: eum ululam ere alii afio- nem. Platero hic eft, & hallucinator & planipes , faltantes enim imitatur. Capitur intentus n altero aucupe , altero circumeunte ut noëua. Lotus, c'eft-à-dire le hibow ou moyen duc, eft femblable au noëua , c'eft-à-dire au chôte huant; tls font en effet femblables, foit par la grandeur, {oit par le plumage, foit par toutes les habitudes naturelles : tous deux ils forit offeaux de nuit, tous deux du inême genre & d'une efpèce très voifine, au du Hibou où moyen Duc. 147 leu que la demoilelle de Numidie eft fix fois plus grofie & plus grande, d'une forme toute différente, & d'un genre très-éloigné, & qu'elle n'eft point du nombre des oïleaux de nuit; l’orus ne diffère , pour ainfi dire, du rnoëua, que par Îles aigrettes de Cldincs qu'il porte fur la tète auprès des oreïlles, & c'eft pour diftimguer l'une de Fe qu'Ariftote dit, pinnulis circiter aures eminentibus præditus , Dore nomen accepit quafi auritum dicas. Ce font des petites plumes, pénnule , qui s'élèvent droites & en aïgrettes auprès des oreïlies, circiter aures erminentibus , & non pas de longues plumes qui fe rabattent & qui pendent de chaque coté de Îa tête, comme dans la demoïifelle de Numidie: ;cen ‘eft donc pas de céêt oïfeau, qui n'a point d’at- srettes de plumes relevées & en forme d'oretlles, qu'a été tiré le nom de otus, quai auritus ; c'eft au contraire du hibou qu'on pourroit appeier noëua aurita ; que vient évidemment ce nom; &, ce qui achève de le démontrer, c'e ce qui fuit immédiatement dans Ariftote, nonnulli um (otum ) ululam D ue à 1} 148 Hifloire Naturelle” alii afionem. C’eft donc un oïfeau du genre des Hiboux & des chouettes, purfque quelques - uns lur donnotent ces noms; ce nef donc point la demoïfelle de Numidie , aufli difiérente de tous ces oïfeaux, qu'un dindon peut l'être d'un épervier, Rien, à mon avis, n'eft donc plus mal fondé, que tous ces prétendus rapports que lon a voulu établir entre Votus des Anciens, & forfeau appelé demoifelle de Numidie, & Ton voit bien que tout cela ne porte que fur les geites & les mouvemens ridicules que {e donre la demorifelle de Numidie ; elle a en effet ces geftes bien fupé- rieurement au h1Eou, mais cela n’em- pêche pas que celui - ci, aufli - bien que la plupart des oïfeaux de nuit, ne foit blatero , bavard ou criard ( Z ); hallucinator, fe contrefaifant ; planipes , bouffon. Ce n’eft encore qu'au hibou (1) M. Frifch, en parlant de ce hibou, dit. que {on cri eft très-fréquent & fort, qu’il reflemble aux huées des enfans lorfqu’ils pourfuivent quel- qu’un dont ils fe moquent; que cependant ce cri eft commun à plufeurs efpèces de chouettes, Veyez Frifch ; à l’article des Oifeaux nocturnes, _ du Élibou où moyen Duc. 149 qu on peut attribuer de fe laïfler prendre aufli aifément que les autres chouettes, comme le dit Ariftote, &c. Je pourrois m'étendre encore plus für cette critique ; en expofant & comparant ce que dit Pline à ce fujet; mais en voilà plus qu'il nen faut pour mettre la chofe hors de doute, & pour aflurer que Fotos des Grecs na jamais pu défi igner la demoifelle de Numi- die, & ne peut s'appliquer qu'à loileau de nuit, auquel nous donnons {e nom de hibou où moyen duc : j'oblerverat feule- ment que tous ces mouvemens bouffons ou fatyriques, attribués au hibou par les Anciens , appartiennent aufli à à prefque tous les orfeaux de nuit te m), & que, dans le fat, ils fe réduifent à une contenance étonnée , À de fréquens tournemens de cou, à des mouvemens de tête, en haut, Oscar À (m) Tous les hiboux peuvent tourner leur tête comme loifeau appelé wreu. Si quelque chofe d’extraordinaire FE ive | ils ouvrent de grands veux, _ dreffent leurs plumes & paroifent une fois plus gros; ils étendent auñi les ailes, fe baiffent ou s’ac- croupiffent, mais ils fe relèvent promptement, comme étonnés ; ils font craquer ne ou trois fois leur bec. Idem, ibidem. ie Gif 1$ o. ar foire Naturelle, &c. en bas & de tous côtés, à des craquemens de BR à des ART de jambes, & de mouvemens de pieds dont 1ls portent un doigt, tantôt en arrière, & tantot en avant, & qu'on peut aïfément remarquer tout celen gardant quelques-uns de ces ot {eaux en captivité; mais j'obferverarencore qu'il faut les prendre très jeunes, lorfqu'on veut les nourrir : les autres refufent toute la nourriture qu’on leur préfente dès qu'its font enfermés, Or. À, SSS (NII LIL LT A ULLLLLATLLLSIZSZ, BASAAG III LIN INT LL IL 00/1 ANA SAT SIT : OLD TT TS TI SSII Shi POLE TAILO VPN SE SSSR SNS SSSS S S SES SSSR SRI SSSS SSSS à à SSS SISSRRK SS SSSS SI RS à RSS YHSS SSSS IE HSYSSS KE SR ESS IIÏIYIYISS YYVYVNVYS S SSS SN S RSS 1. 714 JAP C4 fi 7 = SSSS SK NS 72 / SS SSSR OSSYYYS ETAEALT IT 14 AN LL ALL LL LIL dt 17 Le COLA SELS IA TILATTA LE. CII IL LILI LZZ Al #4 LL LA AL LL LLE 122 f: " III LE UE) 1W 1W! SANT OULATTUNT 1 OUTONINTT II 10 (4 4 % GA #41 AU UN AOL ET ‘ RU NT IUT CAUT LEE ! LE T1 “ur ’ 0 4 ' CLORTUTITIIT NII Mu tte CETTE OAI] I] RAITITTIN CO IT 11111) ULTIME 17111) TI ID OUIIT 1 nuit ZTALIN UT OUT: QUAI 7: Asanminn UT Ü UT UUULATUT LUI ANT TUTELL Pirones QT LIL UE CIE LE HIBOU v MOYEN DUC. ES == S=S = A y, NN) 1) IPN 114, MIAL/ 111 O1) 1, 100 = 2 PLIZX pag. 2801 | a, $ HO * \ + ee" CAT LL EE rfi LE SCO PO TEe) O U PTIT UC.) Voyez la Planche x de ce Volume. Vorer h ttoifème &:dernière efpèce du genre des Hiboux, c'eft-à-dire, des # Voyez les Planches enluminées, n.° 436. (a) En Grec, Zxù ; en Latin, fo; en Italien, Ziverta où Zuetta, Alochavello, Chivino ; en Allemand, Stokeule; en Polonois, Sowka; en Anglois , Lattle horn-owl. Scops Aldrovandi, Avi, tome I, page 530. — Huette o Hulotte oz Chouette, nommée par aucuns, Perit Duc. Belon, Hif. Nat. des Oifeaux , page 141. Et Portraits d’oi- feaux, page 27. — Noîua minor, noËua aucuparia, Scops Plinu. Rzac. Hifl. Nat. Pol, page 288. Noftua minor. Scops Aldrovandi. Rzac. Au&. Hifl. Nat. Pol. page 398. — Scops Aldropandi. Wilughby, Ornith. page 65, tab. x11. — Le petit Duc. PL XXXVII, fig. 1. Ornith. Brifion, tome I, page 495. — The short cared owl. Le hibou à oreilles courtes. Britifch Zoology , pl B3; & pl. B4, fg. 2. Nota. C’eft pour ne rien omettre & pour tout indiquer, que je cite ici la Zoologie Britan- G iv : s2 Hifloire Naturelle oïfeaux de nuit, qui portent des plumes élevées au - defius de la tête, & elle eft CS nique ; car cet ouvrage, dont le principal mérite confifte dans Îles Planches, eft même à cet égard encore très-défectueux : par ekemple , es aiorettes des hiboux, qui ne font compofées que de plumes, y font repréfentées comme fi c’étoit de vraies oreilles de chair, &c.......De même ïl eft dit dans le texte que le hibou à oreïlles courtesatreize pouces & demi Anglois de longueur, ce qui fait plus de douze pouces & demi de France : or ce même oïlfeau n’a que fept pouces & demi tout au plus; ainfi, c’eft probablementle moyen duc, que l’Auteur aura pris pour Îe petit duc; & ce qui prouve encore fon peu de connoiïflance & d’exactitude , c’eft d’avoir également indiqué ce même oïfeau dans les pl, B3 & B4, fig. 2. On voit, au premier coup - d'œil, que ce ne doit pas être le même oifeau, puifque fa figure repré- fentée dans fa plenche B4, fig. 2, eft d’un tiers plus petite que celle qui eft repréfentée dans la planche B 3, & que lesmoyen duc qui eft repré- fenté dans fa planche BA, fig. 1, n’eft pas plus grand que le petit duc, B 4, fig. 2: or le moyen duc ayant, comme le dit Wiluehby, quatorze pouces & demi; fi le petit duc en avoit treize & demi, comme le dit PAuteur de la Zoologie Britannique , pourquoi ne pas appuyer fur ce fait, & relever l’erreur de ceux qui ne lui don- - nent que fept pouces? ou bien dire qu'en An- gleterre les petits ducs font plus gros qu'ailleurs, : ou bien encore que c’eft une efpèce particulière du Scops Ou petit Duc. 153 aïfée à diftinguer des deux autres, d’abord par la petitefle même du corps del oïfeau, qui n'eft pas plus gros qu'un merle, & enfuite par Le raccourciflement très-marqué de ces aïgrettes qui furmontent les orerlles, lefquelles, dans cétte efpèce, ne s'élèvent pas d'un demi- PODES & ne font com- pofées que d’une feule petite plume fb); ces deux caractères fufh{ent pour diftinguer le petit duc du moyen & du grand duc, & on le reconnoïtra encore atlément à la tête, qui eft proportionnellement plus petite par rapport au corps, que celle des à la Grande - Bretagne : cela valoit bien la peine d’être difcuté ; ais cet PART ne diicute rien, ne dit rien de nouveau , ni même rien de moderne; car il paroît ignorer beaucoup de chofes qui ont été dites avant fui fur les fujets qu’il traite. L'ouvrage de M. Edwards eft infiniment meilleur ; car, indé- pendamment de ce que Îes deffins & les Planches coloriées font plus correctes, c’eft que fes defcrip- tions font plus exactes, fes comparaifons plusjuites, € que par-tout ïl paroit avoir une pieine connoif- fance de ce qui a été fait avant lui fur les objets qui ont rapport à ceux qu’il nous préfente. (b) Aures vel plumule in aurium modum furre®æ in mortuo pix apparent, in vivo mantfeflores, ex un £antüm pinnulà conflantes. ME Avi. tome L, page 531. G v 154 Hifloire Naturelle deux aûtres, & encore à fon plumagë plus élégamment bigarré & plus diftinc- tement tacheté que celui des autres; car tout fon corps eft très-joliment varié de gris, de roux, de brun & de noir; & fes jambes font couvertes, jufqu'à l'origine des ongles, de plumes d’un gris-rouflitre mêlés de taches brunes; il diffère auffi des deux autres par le naturel, car 1l fe réunit en troupe en automne & au prin- temps, pour pafler dans d’autres climats; ïl n'en refte que très-peu, où poimt du tout en hiver dans nos provinces, & on les voit partir après les hirondelles, & arriver à peu-près en même temps; quoI- qu'ils habitent de préférence les terreins élevés, 1ls fe raflemblent volontiers dans ceux où les mulots fe font le plus muitt- plits, & y font un grand bien par la deftruction de ces animaux, qui fe multi- plient toujours trop, & qui, dans de certaines années, pullulent à un tel point, qu'ils dévorent toutes les graines & toutes les racines des plantes les plus néceflaires à la nourriture & à l’ufage de l'homme : on a fouvent vu dans les temps de cette efpèce de fléau, les petits ducsærriver en du Scops ou petit Duc. 155 troupe, & faire & bonne guerre aux mu- lots, qu'en peu de jours tis en purgent la terre /c); les hiboux ou moyens ducs fe réuniflent aufli quelquefois en troupe de plus de cent; nous en avons été informés deux fois par des témoins oculaires, mais ces aflemblées font rares , au lieu que celles des fcops ou petits ducs fe font tous les ans; d'atlleurs c'eft pour voyager qu'ils fmblent fe riflembler, & il n'e: refte point au pays , au lieu qu'on y trouve des hiboux ou moyens ducs en tout temps; ïl eft même à prélumer que les petits ducs font des voyages de long cours, & qu'ils (c) Nota. 1.° Samuel Dale en cite deux exemples d’après Childrey, & il les rapporte dans Îles termes fuivans. In the year 1580 at hallontide an army of mices fo overrun the marshes near fouth-minfier that the eat up graff to the very roots........ PE Bat at lenght a great number of Strange painted ow4s came and devoured all the mice. The like appened again in Effix anno 16438. Childrey , Britanniä bota- mic, page 100. — Dale’s appendix tho the hiflory of Harwich. London , 1732, page 397. Nota. 2.9 Que quoique Dale rapporte ces faits à Potus ou moyen duc, je crois qu’il faut les attribuer au fcops ou petit duc , à caufe de l’indication Strange painted owis, qui fuffit pour faire reconnoître ici le fcups ou petit duc. | Gy] 156 Hifloire Naturelle pañlent d’un continent à autre; l'oifeai de la nouvelle Efpagne mdiqué par Nie- remberg , fous le nom de talchicuarli, et ou de Îa même efpèce, ou d'une efpèce très-voifine de celle du fcops ou petit duc (4); au refte, quoiqu'il voyage par troupes non Breu(es. il eft aflez rare par- tout, & dihctle à prendre: on n'a jamais pu m'en procurer ni les œufs ni les petits, & on a même de la perne à l'indiquer aux Chafieurs, qui le confondent toujours avec la chevèche, parce que ces deux oïfeaux {ont à peu-près de la même srofleur, & que les petites plumes éminentes qui dif- tinguent le petit duc, font très-courtes , & trop peu apparentes pour faire un caractère qu'on pu'fle reconnoitre de loin. Au refte, la couleur de ces oïfeaux varie beaucoup, fuivant l’âge & le climat, & peut-être le {exe ; ils {ont tous gris dans le premier âge, ïl y en a de plus bruns AE er A ÉERS (4) Exoticum oti genus talchicuatli videtur : cornuta avis ef} Jive auriculata, parva *eorpore, refima, roffro brevi, nigra lumine , luteä crubefèens viride fufca & cinerea plumis Rae ad crura , atra © incurva unguibus. Cetera fimiis noftrati oto. Eufeb. Nieremb. Hip Né Lib. X, cap. XXXIX, page 221. om ; LL, We 2LX. pag: 156. Not NAN | AN \ \ (l 1} : lg ù }!} » | Te nn NTID LE SCOPS vx PETIT DUC. « LE > . os , Fe” Let AS … _ du Scops ou petit Duc. 157 les uns que les autres, quand ils font adultes, la couleur des yeux paroît fuivre celle du plumage, les gris n’ont les yeux que d’un jaune très-pâle , les autres les.ont plus jaunes ou d’une couleur de noïfette plus Drune , mais ces lésères différences ne {ufh- {ent pas pour en faire des efpèces diftinétes & féparées. 158 Hifloire Naturelle pme mo EE "LA HU LOTTEC) La Hurorrer, qu’on peut appeler auffi la chouette noire, & que les Grecs appe- lotent nyélicorax ou le corbeau de nuit, _ # Voyez les Planches enluminées , n.° 447. (a) En Grec, Nuxrimteaf ; en Latin, Uula, & auffi en Italien, felon Gefner, 4/ocho, & quel- quefois Lucharo, felon Aldrovande ; en Portugais, Corufa ; en Catalogne, Xwra, K'uta ; en AHemand, Huhu; en Polonois, Lelok, Sowka, Pufruk; en Anglois, Howlet ; on l’appelle en Bourgogne, Choüe, ce qui eft un augmentatif de Chouette. Salerne dit qu’on lappelle en Champagne le Trembleur, parce que cet oifeau crie comme en friflonnant & trem- blant de froid. Ulula. Gefner. Avi. page 772. — Aldrov. Avi. tome I, page 538. — Ulula La- anis. Ray; Syn, Avi. page 26, n.° 4......,:. Ulula Gefner:, idem , tbidem,n.° 8. — Ulula Aldro- yandi. Willugh. Ornith. page 68. — Hibou fans cornes ou Chat-huant. Belon, Hif?. Nat. des Oifeaux, page 139......: Hibou, Chat-hbuant, appelé auffi Dame. Idem. Portraits d’Oïfeaux , page 26 A. Nota, Cette dénomination Dame vient probable. ment de ce que cet oïfeau a fa face environnée d’un collier & d’une efpèce de chaperon affez fem- blable à ceux que portent les femmes pour fe couvrir la tête; mais on peut dire la même chofe de la Hulotte. 19 eft la plus grande de toutes les chouettes ; elle a près de quinze pouces de longueur , depuis le bout du bec à l'extrémité des ongles; elle à la tête très -grofle, bien arrondie & fans aigrettes, la face enfoncée & comme encavée dans {a plume, les yeux auffi enfoncés 8: environnés de plumes grifäâtres & décompolées, l'iris des yeux noirâtre ou plutôt d'un brun foncé, ou couleur de noïfette obfcur, le bec d’un blanc - jaunâtre ou verditre, le deflus du corps couleur de gris-de-fer foncé, marqué de taches noïres & de taches blanchîtres, le deflous du corps blanc, croifé de bandes noires tran{verfales & longitudinales ; la queue d'un peu plus-de fix pouces, les de lPeffraie & du chat-huant, — Ulula. Aldrov. Avi. tome I, page 538...... ss. AlUcO; idem, tome I, page 534. — Chouette noire. Albin, tome III, page 4, Planche yrrr, avec une figure - mal coloriée. Nota. Albin me paroît avoir fait une faute, en difant dans fa defcription , que cet oïfeau a liris des yeux jaune, à moins qu’i n’appelle jaune le brun couleur de noïfette, couleur où il entre en effet un peu de jaune obfcur. — No&ua major. Frifch, Planche xcrr, avec une figure bien coloriée. — La Hulotte. Briffon, Ornithol. tome I, page 507. … 160 Hifloire Naturelle aïles s'étendent un peu au - delà de fon extrémité, l'étendue du vol de trois pieds, les jambes-couvertes jufqu’à l’origine des doigts, de plumes blanches tachetées de points noirs (b); ces caractères font plus que fuffhi{ans pour faire diftinguer la hulotte de toutes les autres chouettes; elle vole légèrement & fans faire de bruit avec fes atles, & toujours de coté, comme toutes les autres chouettes; c’eft fon cri {c), hou ou ou ou ou ou ou , qui reflemble aflez au hurlement du loup, qui lui a fait donner, par les Latins, le nom d'ulula , qui vient d'ululare ,heurler ou crier comme le loup, & c'eft par cette même analogie {b) On peut encore ajouter à ces caractères un fione diftinétif, c’eft que la plume Ia plus exté- rieure de laïle eft plus courte de deux ou trois pouces que Ja feconde, qui eft elle-même plus courte d’un pouce que la troïfième, & que les plus longues de toutes font la quatrième & la cin- quième, au lieu que, dans leffraie, la feconde & la troiïème font les plus longues, & l’extérieure n’eft plus courte que d’un demi-pouce. (c) Cet oifeau poufle {4 nuit, fur tout quand il gèle, une voix terrible, qui fait peur aux femmes & aux enfans. Salerne, Oruithol. page 53. de la Hiloreé, TONER ‘qüe les Aflemands Fappellent Au Au, ou plutot Aou hou (d). | La hulotte {e tient pendant l'été dans les bois, toujours dans des arbres-creux; quelquefois elle s'approche en hiver de nos habitations, elle chafle & prend les petits orfeaux, & plus encore les mulots & _ es campagnols; elle les avale tout entiers, & en rend aufli par le bec les peaux rou- lées en pelotons : lorfque la chafle de la campagne ne lui produit rien, elle vient dans les granges pour y chercher des fouris & des rats: elle retourne au bois de grand matin, à l'heure de la rentrée des lièvres, & elle fe fourre dans les taillis les plus épais, ou fur les arbres les plus feuillés, (d) Nota. C’eft d’après Gefner que je dis ici que les Allemands appellent cette chouette, 4u Au ; cependant c’eft le grand duc auquel appartient ce nom: il dit auffi qu’ils Pappellent w/ & eul. M. Frifch ne lui donné que Île nom générique eule, & dit que les autres furnoms qu’on lui donne en Allemand font fans fondement, comme celui de knapp eule, par exemple, qui exprime le craque- ment que cet olfeau fait avec fon bec, maïs que toutes les efpèces de chouettes font également, & nacht eut, qui fignife chouette de nuit, puifque toutes les chouettes font également des oifeaux de nuit. 162 Hifloire Naturelle, &c. & y pañle tout le jour, fans changer de Îteu : dans la mauvaïfe faifon, elle demeure dans des arbres creux pendant le jour, & n'en fort qu'à la nuit; ces habitudes lui font communes avec le htbou ou moyen duc , aufli-bien que celle de pondre leurs œufs dans des nids étrangers, fur-tout dans ceux des bufes, des crelierelles, des cor- netlles & des pies; elle fait ordinatrement quatre œufs d'un gris {ale, de forme arron- die, & à peu-présaufli gros que ceux d'une petite poule. | LE “CHA T-HUANT(a), Voyez la Planche x1 de ce volume. Arnts LA HULOTTE, qui eft la plus grande de toutes les chouettes, & qui a les yeux noirâtres, fe trouvent le Chat-huant qui les a bleuâtres, & l'Efraie qui les à jaunes : tous deux font à peu-près de la SOA ét CIE R % Woyez les Planches enluminées , n° 437. {a) En Grec, ThavË£; en Latin, Nora; en Catalogne , Cabeca ; en Allemand, Mikhfanger, Kinder, Melcker, Stock-eule ; en Angtois, Common brown - owl où Leech - owl, — Strix. Gefner. Avi, page 738. — Aldrov. Avi, tome [ , page 561. Chouette. Albin, tome T, page 10, Planche 1x, avec une figure mal coloriée. — Nofua major. Frifch, Planche xcy 1, avec une figure coloriée du mâle; € Planche xcy, avec une figure coloriée de la femelie. — Le Chat huant. Briflon, Ornirhol. tome I, page 500. — The tawny owl. Britifch Zoology , Planche B 3. Nota. Que faute d’exadtitude, PAuteur de la Zoolooïe Britannique a marqué du même numéro B3, deux Planches différentes, & que lune de ces Planches repréfente fe hibou ou moyen duc, & Pautre le chat-huant dont il eft ici queftion, nu] + 164 Hifloire Naturelle Même grandeur; ils ont environ douze à treize pouces de longueur, depuis le bout du bec jufqu’à l'extrémité des pieds, ainf ils n'ont guère que deux pouces de moins que la hulotte, mais ils paroïfent fenfi— blement moins gros à proportion. On reconnoïtra le chat-huant d’abord À fes yeux bleuâtres, & enfuite à la beauté & à la variété diftincte de fon plumage /b); & enfin à fon cri koho , hoho , hohohoho ÿ par lequel il femble huer , hôler ouapp cler à haute voix. Gefner, Aldrovande, & pluleurs autres Naturalifies après eux, ont employé le mot frix , pour défigner cette efpèce, mais je crois qu'ils fe font trompés, & que c’eft à l'effraie qu'il faut le rapporter : ffrix, pris dans cette acception, c’eft- à- dire, Comme nom d'un oïfeau de nuit, eft un nm ER À PS CRE TANT Ponte RE UE : 5 EPS ECS M (b) Voyez-enladefcription très-détaillée & très- exacte dans lOrnithologie de M. Briflon, tome 1, page 500 Ë füuivantes : H fuffit de dire ici que les couleurs du chat-huant font bien plus claires que celles de la hulotte; le mâle chat-huant eft, à fa vérité, plus brun que la femelle, mais il n’a que très-peu de noir en comparaifon de Ja hulotte. qui, de toutes les chouettes, eft Ja plus grande & la plus brune, Po TA = Ês LE, on nt étend M mo du Chat-huant. 165$ mot plutôt fatin que grec ; Ovide nous en donne l'étymologie, & indique aflez clai- rement quel eft l'orfeau noéturne auquel il appartient, par le paflage fuivant : Strigum Grande caput , flantes oculi , roffra apta rapinæ Canities pennis , unguibus kamus enef?. Ef illis ffrigibus nomen , Sed Me hujus Caufa quod horrenda ftridere noële Jolent. La tête grofle, les yeux fixes, le bec propre à la rapine , les ongles en bamecon, font des caractères communs à tous ces Oïfeaux ; maïs la blancheur du plumage, canities pennis , appartient plus à l’efraie qu'à aucun autre; & ce qui détermine fur cela mon fentiment, c’eft que le mot féridor, qui figniñie en latin un craquement, un grincement, un bruit défagréablement entreconpé & femblable à celui d’une foie, | l eft précifément le cri gre , grei de leffraie; au lieu que le cri du chat-huanteft plutôt une voix haute, un hôlement qu'un orin- _cement, - On ne trouve guère Îles chats-huans _aïlleurs que dans les bois; en Bourgogne, ils font bien plus communs que les hulottes, ils fe tiennent dans des arbres creux > ét "Hd | 166 : Hifloire Naturelle l’on en a apporté quelques-uns dans le temps le plus rigoureux de l'hiver, ce qui me fait préfumer qu'ils reftent toujours. dans le pays, & qu'ils ne s'approchent que rarement de nos habitations. M. Frifch donne le chat-huant comme une variété de l’efpèce de la hulotte, & prend encore pour une fecünde variété de cette même. efpèce, le mâle du chat-huant : fa Planche cotée xC1V ,eft la hulotte; la P/anche xCr, la femelle du chat-huant, & la Planche : Xc71, le chat-huant mâle : aim, au leu de trois variètes qu'ilindique, ce font deux efpèces différentes, ou, fi l'on vouloit que Je chat huant ne füt qu'une variété de l'efpèce de la hulotte, il fiudroit pouvoir nier les différences conftantes, & les carac- tères qui les diftinguent l’un de lautre, & qui me paroifient aflez fenfbles & aflez multipliés, pour conflituer deux efpèces difunétes & féparées. Comme le chat-huant fe trouve en Suède & dans les autres terres du Nord fc), il a pu pañier d'un content à l'autre ; aufli £ € ) Strix capite lavi » Corpore ferragineo , remige tri longiore. Linn. F'aun, Suec. n° 55. PLAT. pag, 266, \ == EST 77 C1 x Ÿ SS etre TS RS ) / | 4 / ; ; PTT "y, 1 < SITES SE D, Un f Ÿ HA AAA HA t14 9022 224 AI # 4 Pa UN 12, 4 Le 4 CHAT-HUANT LE L € n no OS: “ 4 pal & du Chat-huant. 167 le retrouve-t-on en Amérique jufques dans les pays chauds. Il y a au cabinet de M. Mauduyt, un chat-huant qui lur à été envoyé de Saint-Domingue, qui ne nous paroît être qu'une variété de lelpèce d’Eu- rope, dont il ne difière que par l'unifor- mité des couleurs, fur la AMIE & fur Le ventre, qui font rouffes & prefque fans taches, & encore pat les couleurs plus foncées des parties fupérieures du corps. F3 CALE FF IA TE OR LA FRESAIE(s) Voyez la planche x11 de ce Volume. L ÉFFRAIE, quon à appelle communé= ment la Hope des clochers, effrate en effet par fes foufflemens, che, chei, * Voyez Les Planches enluminées, n.°$ 474 & 440. (a) En Grec, E’Aéos ; en Latin, Æluco; en Allemand & en Flamand, Kirch eule, ce qui fignifie Chouëtte des églifes ; Schleyer- eule , Chouette voilée , parce qu elle femble avoir la tête encapuchonnée ; Perl-eule, parce que fon plumage eft parfemé de taches rondes comme des perles ou des gouttes de liqueur ; en Anglois, ÆWhite-owl, Chouette blanche. Nota. Salerne dit qu’on lappelle dans FOrléanois, la Sologne, &c....., #4 . Fréfaie ; en Poitou, Préfüie ; en Gafcogne, Brefague ou Frefaco; dans le Vendômois, Chouart — Kffraie ou Frefaïe. Belon, Hif. Nat. des Oifeaux, page 142........ Petit Chat huant plombé. 1dem. Portraits d’oifeaux, page 26, B; Nota. I paroît que Belon confond, cher , de l’Effraie ou la Frefaie. 169 cheu , chiou , fes cris âcres & lugubres grei, gre, crei, & fa voix entrecoupée qu'elle fait fouvent retentir dans Le filence de la nuit; elle eft, pour ainû dre, domeftique, & Habite: au milieu des villes les mieux peuplées, les tours, les clochers, les toits des églifes & des autres biîtimens élevés lui fervent de retraite pendant le jour, & elle en fort à l'heure du crépul- cule ; fon foufflement, qu'elle réitère fans cefle, reflemble à celui d’un homme qui dort la bouche ouverte; elle poufle aufii en volant & en fe repofant, difiérens {ons aïgres , tous fi défagréables, que cela , _joint à l'idée du voilinage des cimetières & des églifes, & encore à lobicurité à quelques égards , l’effraie ou frefaie a avec Île tette- chèvre ou crapaud-volant , & Gefner le ui a re- proché avec jufte raïfon. — A/nco minor. Aldrov. Avi. tome I, page 536. Ulule genus alterum quod guidam flammeatum coguominant, Gefner , Avi. page 774. — Aluco winor Aldrovandi. Willugh. Ornith, page 67, tab. XIII. — Lucheran ou ?Chouette- blanche. Albin, tome II, page 7, Planche x1, avec une figure ohne, — Noûua pguttata. F rich » Planche xcr11,avec une figure coloriée. — Le petit Chat-huant. Briflon, Ornith. tome r: page 503" — The White owl Britifch Zoolosy, PE: B Oifeaux , Tome IL PL 170 Hifloire Naturelle de la nuit, infpire de l'horreur & de la crainte aux enfans , aux femmes & même aux hommes foumis aux mêmes préjugés, & qui croient aux revenans, aux forciers, aux augures ; ils regardent l’effraie comme loïfeau funèbre, comme le meflager de la mort ; ils croïent que quand ïl fe fixe {ur une maïfon , & qu'il y fait retentir une voix difiérente de fes cris ordinaires, c’eft pour appeler quel- qu'un au cimetière. On Ia diftingue arfément des autres chouettes par la beauté de fon plumage; elle eft à-peu-pres de la même grandeur que le chat-huant, plus petite que la hulotte, & plus grande que la chouette proprement dite, dont nous parlerons dans l'article fuivant ; elle a un pied ou treize pouces de longueur depuis le bout du bec jufqu'à l'extrémité de la queue , qui n'a que cinq pouces dé lon- ueur ; elle a le deflus du corps jaune, ondé de gris & de brun, & taché de points blancs; le deflous du corps blanc , marqué de points noirs; les yeux environnés très -répulièrement d'un cercle de plumes blanches & fi fines, de l’Effraie ou la Frefaie. 7x qu'on les prendroit pour des poils ; l'iris d’un beau jaune, le bec blanc, excepté le bout du crochet qui eft brun ; les pieds couverts de duvet blanc, les doigts blancs & les ongles noïrîtres ; il y en a d’autres qui, quoique de Îa même efpèce, paroïfient au premier coup-d’œil être aflez différentes ; elles font d’un beau jaune fur fa poitrine & fur le ventre, marquées de même de points noïrs; d'autres font parfaitement blanches fur ces mêmes parties, fans la plus petite tache notre; d’autres enfin font parfaitement jaunes & fans aucune tache *, J'at eu plufeurs de ces chouettes vivantes; il eff fort aïfé de les prendre, en oppofant un petit filet, une trouble à porflon aux trous quelles occupent dans les vieux bâtimens; elles vivent dix ou douze jours dans Îes volières où elles font renfermées, mais elles refufent toute nourriture , & meurent d'’inanttion au bout de ce temps ; le jour, elles f tiennent, fans bouger, au bas de la vo- lière ; le foir, elles montent au fommet or # Voyez les Planches enluminées, n° 440. H 1} x72 Hifloire Naturelle des juchoirs où elles font entendre leur foufflement, che, chei, par lequel elles femblent appeler les autres: j'ai vu plu- fieurs fois, en effet, d'autres effraies arriver au foufflement de l'effraie pri- fonnière , fe pofer au-deflus de la volitre, y faire le même foufflement, & sy laifler prendre au filet. Je n'ai jamais entendu leur cri âcre (Jéridor ), crei , grei dans les volières ; elles ne pouflent ce cri qu'en volant & lorf- qu'elles font en pleine liberté ; la femelle eft un peu plus grofle que le mâle, & a les couleurs plus claires & plus dif- tinctes; c'eft de tous les otfeaux noéturnes celur dont le plumage eft le plus agréa- blement varie. L'efpèce de leflraie eft nombreule, & par-tout très-commune en Europe; comme on la voit en Suède aufli-bien qu'en France (b), elle a pu pafñler d'un continent à l'autre; aufli la trouve-t-on (b) Strix capite Levi, corpore luteo, Linn. Faun. Suec. n.° 44. Nota. M. Salerne s’eft trompé lorfqu’il a dit que Linnæus n’en parle point, & qu’appa- ‘*emment la frefaie ne fe trouve point en Suëde, Poyez Saleme, Ornithol, page 50, _ de 'Effraie ou la Frefaie. 13 en Amérique, depuis les terres du Nord jufqu’à celles du Midi. Marcgrave l'a vue & reconnue au Brell , où les Naturels du pays lappellent tuidara (c). L'effraie ne va pas comme [a hulotte & le chat-huant, pondre dans des nids étrangers ; elle dépole fes œufs à crud dans des trous de murailles, ou fur des {olives fous les toits, & aufli dans des creux d'arbres; elle ny met n1 herbes ni racines, ni feutlles pour les recevoir ; elle pond de très-bonne heure au prin- temps, c'eft-à-dire, dès la fin de mars ou le commencement d'avril; elle fait ordinairement cinq œufs & quelquefois fix & même fept, d'une forme alongée _& de couleur blanchître; elle nourrit fes petits d’infectes & de morceaux de chair de fouris; ts font tout blancs dans le premier âge, & ne font pas mauvais à manger au bout de trois femames, car ils font gras & bien nourris ; îes (a) Tuidara Brafilienfibus ; ulule eff fpecies, Ger- manis SCHLEIER-EULE , Belois kerkuyle. . . . .. Defcribitur © à Gefhero. Marcgr. Hifl. nat. Brafik page 206: +1 H 174 Hifloire Naturelle pères & mères purgent les églifes de fouris ; ils boivent aufli aflez fouvent ou plutot mangent l'huile des lampes, fur-tout hi elle vient à fe figer; ïs avalent les fouris & les mulots, les petits offeaux tout entiers, & en rendent par le bec, les os, les plumes & les peaux roulées, leurs excrémens font blancs & liquides comme ceux de tous les autres oïfeaux de proie; dans la belle faïfon, la plupart de ces otfeaux vont le fois dans les bois vorlins ; mais 1ls reviennent tous Îes matins à leur retraite ordinaire, où ils dorment & ronflent jufqu'aux heures du foir, & quand la nuit arrive, ls fe larflent tomber de leur trou, &"* volent en culbutant prefque jufqu'à terre; orfque le froid eft rigoureux , on les trouve quelquefois cinq ou fix dans le méme trou, ou cachées dans les four- rages ; elles y cherchent abri, lai tempéré & la nourriture; les fouris font en effet alors en plus grand nombre dans les granges que dans tout autre temps : en automne, elles vont fouvent vifiter pendant la nuit les lieux où l’on a tendu des rejettoires & des lacets pour De HR EE Sssecs RAAAATLINS TSI AIS SR Ssss ns ess PEINE 110 RS RE 2 EE (11482 SES 11 DATI) AN) 11710 1 A a SES L'EFFRAIE., de l’Effraie où 1a Frefaie. 17$ prendre des bécafles & des grives (4); elles tuent les bécafles qu'elles trouvent fufpendues, & les mangent fur le lieu, mais elles emportent quelquefois les grives & les autres petits oïfeaux qui font pris aux lacets ; elles les avalent fouvent entiers & avec la plume, mais elles déplument ordinairement, avant de les manger, ceux qui font un peu plus gros : ces dernières habitudes, auffi-bien que celle de voler de travers, c’eft-à-dire , comme fi le vent les emportoit, & fans faire aucun bruit des ailes, font communes à l’effraie, au chat- huant , à la hulotte & à la chouette pro- prement dite, dont nous allons parler. Res 2 2 0 DD 2 AR ÉD LL PR RE SE (d) Rejettoire | baguette de bois vert courbée, au bout de laquelle on attache un lacet”, & qui, par {on reflort, en ferre Le nœud coulant & enlève VPoifeau. LV LUE 176 Hifloire Naturelle CE LA CHOUERTE OU LA GRANDE CHEVÉCHE (a). Voyez la Planche xr1r1 de ce volume. Crrrs ESPÈCE, qui eft la Chouette, proprement dite, & qu'on peut appeler la chouette des rochers ou la grande che- véche , eft aflez commune; mais elle n'approche pas auili fouvent de nos #. Voyez.les Planches.enluminées, n.° 438. (a) En Grec, A’ryéues, en Latin, Cicuma; en Allemand , Srein-kutz où Stein-eule ; en Polonoïs, Soswa ; en Anolois, Great Brown owl,. — No&ua güam faxatilem Helvetit cognominant. No@ua fuxa- lis. Gefner , Avi. page 622. Aldrov. Avi. tomel, page 545. — Grande Chevêche. Belon, Hifloire Naturelle des Oifeaux , page 140...... Chevêche grimaut ; Machette, dem. Portraits d’oifeaux, page 27. A. Grande Chouette brune. Albin, tome III, page 4» Planche y 11, avec une figure mal coloriée. Ulula flammeata. Kutz Jaune fans oreilles ou Sten- eule, Chouette ou Souette. Frifch, Planche xcry1rr, avec une bonne figure coloriée. — La grande Chouette, Briffon ; Orithol tome I, page 511. de la Chouette NOT. 177 habitations que Peffraie ; elle fe tient De plus volontiers dans les carrières, dans les tochers , dans les bâtimens ruinés & éloïgnés des lieux habités : il femble qu'elle préfère les pays de montagnes, & qu'elle cherche les précipices efcarpés & les endroits folitaires ; cependant on ne la trouve pas dans les bois, & elle ne fe loge pas dans des arbres creux (2); on [a diftinguera atfément de la hulotte _& du chat-huant par a couleur des yeux qui font dun très-beau jaune, au lieu que ceux de la hulotte font d’un brun prefque noir, & ceux du chat- huant d'une couleur bleuitre; on la diftinguera plus difhcilement de l'effrate, parce que toutes deux ont l'iris des yeux jaunes, environnés de même d'un grand cercle de petites plumes blanches, que toutes deux ont du jaune fous le ventre, & qu'elles font à-peu-près de a même (&) Nous laiflerons (dit M. Frifch}) à cette Chouette fon nom diftinctif Srein-eule, parce que je ne fai jamais trouvée dans des arbres. creux, mais feulement dans des bâtimens en ruine, ou du moins abandonnés depuis long-temps , & dans fes: rochers. Erifth, article des Oifeaux noëturnes. Y 178 Hifloire Naturelle grandeur; mais la chouette des rocheré eft, en général, plus brune, marquée de taches plus grandes & longues comme de petites flammes , au lieu que les taches de l'effraie, lorfqu'elle en a, ne font, pour aimfi dire, que des points ou des gouttes, & c'eft par cette raïfon quon a appelé lefiraie noûua guttata , & 11 chouette des rochers dont il eft 1ct queftion , noëlua flammeata; elle a aufli les pieds bien plus garnis de plumes. & le bec tout brun, tandis que celur de leffraie eft blanchître, & na de: brun qu'à fon extrémité; au refte, la femelle ; dans cette efpèce, a les cou— leurs plus claires, & les taches plus petites que le mâle, comme nous l'avons aufli remarqué fur la femelle du chat- Ruant. Belon dit que cette efpèce s'appelle. la grande chevéche; ce nom n'eft pas impropre, car cet oïfeau reflemble aflez par fon plumage & par fes pieds bien: garnis de duvet, à la petite chevêche que nous appelons fimplement cheyéche ; 1} paroiït être aufll du même naturel, ne { tenant tous deux que dans les rochers de la Chouette, &c. 179 les carrières , & très-peu dans les boïs : ces deux efpèces ont aufli un nom par- ticulier, kaurz où kautz-lein en Aïle- mand , qui répond au nom particulier , chevêche en François. M. Salerne dit que la chouette du pays d'Orléans eft certainement [a grande chevêche de Belon; qu'en Sologne , on l'appelle ehe- vêche, & plus communément chayoche ou caboche; que les Laboureurs font grand cas de cet oïfeau, en ce qu'il détruit quantité de mulots; que, dans le mois d'avril, on l'entend crier jour & nuit gout, mais d'un ton aflez doux ; & que, quand il doit pleuvoir, elle change de cri, & femble dire goyon; qu'elle ne fait point de nid, ne pond que trois œufs tout blancs , parfaitement ronds, & gros comme ceux d'un pigeon ramier. Il dit aufli qu'elle loge dans des arbres creux ,.& qu'Olina fe trompe lourdement quand il avance qu'elle couve les deux derniers mois de lhiver ; cepen- dant ce dernier fait h'eft pas éloïgné dé vrai : non-feulement cette chouette, maïs même toutes les autres pondent ax commencement de mars, & couven# ET vj F 180 Hifloire Naturelle par conféquent dans ce même temps; & , à l'égard de la demeure habituelle de da chouette ou grande chevêche dont il eft ici queftion, nous avons obfervé qu'elle ne {a prend pas dans des arbres creux, comme laflure M. Salerne, mais dans des trous de rochers & dans les car- rières, habitude qui lui eft commune avec la petite chevèche dont nous allons parler dans l'article fuivant ; elle eft aufli confidé- rablement plus petite que la hulotte, & mème plus petite que le chat-huant, n'ayant | gucre que onze pouces de longueur depuis le bout du bec jufqu'aux ongles. I! paroît que cette grande chevêche, qui eft aflez commune en Europe, fur-tout dans les pays de montagnes, c-retrouvé en Amérique dans celle du Chily, & que l'efpèce mdiquée par le Père Feuillée, fous le nom de cheyéche lapin (6), & à laquellé il a donné ce furnom de lapin, parce qu'il la trouvée dans un trou fait dans la (c) Efpèce de chevêche-lapin ou ulula cunicularia.. Feuillée , Journal des Obfervations phyfiques , page. £62.— La chouette de Coquimbo. Brifion, Ornit. tome F, page 525, eù l’on peut en voir la defcrip- tion: aufli-bien que dans l’ouvragei du P. Feuillée., * de la Chouette, &c. 18& terre ; que cette efpèce , dis-je , n’eft qu'une ‘variété de notre grande chevèche ou chouette des rochers d'Europe; car elle eft de là même grandeur, & n'en difitre que par la diftribution des couleurs, ce qui n'eft pas fuffifant pour en fätre une efpèce diftincte & féparée. Si cet orfeau creufoit lui-même fon trou, comme le Père Feuillée paroit le croire, ce feroit une raïfon pour le juger d'une autre efpèce que notre chevèche /d), & m°me que {d) Nota. 1.° Le P. du Tertre, en parlant de Poifeau nocturne, appelé diable dans nos îles de PAmérique, dit qu’il eft gros comme un canard, qu'il 4 la vue affreufe, le plumage mêlé de blanc & de noir, qu’il repaire fur les plus hautes mon- tagnes, qu'il fe territ comme le lapin dans les trous qu'il fait dans la terre, où il pond fes œufs, les y couve & élève fes petits....... qu’il ne defcend jamais de la montagne que de nuit, & qu’en volant H fait un cri fort lugubre & effroyable. Hifloire des Antilles, tome IT, page 2857. Nota. 2.9 Cet oïfeau eft certainement le même que celuï du P. Feuillée, & quelques-uns des habitans de nos îles fe trouve- ront peut-être à portée de vérifier s’il creufe en effet un terrier pour fe loger & y élever fes petits. Tout Îe refite des indications que nous donnent ces deux Auteurs, s'accorde à ce que cet oifeau foit de la même efpèce que notre chevêche ou chouette ‘ des rochers, 182 Hifloire Naturelle, &c. toutes nos autres chouettes ; maïs 1 né s'enfuit pas, de ce qu'il a trouvé cet oïfeau au fond d'un terrier, que ce foit l'otfeau qui l'ait creufé ; & ce qu'on en peut feule- ment induire, c'eft qu'il eft du même natu- rel que nos chevèches d'Europe, qui pré- fèrent conftamment les trous, foit dans les pierres, foit dansles terres, à ceux qu'elles pourrotent trouver dans les arbres creux. PR En de = Op EN l'or. /£ PL, XI. pag 182. | ( En Ë | \ RS == — ee HE li LS N LUN 1N N qu N S tant oi HN LA CHOUETTE. | te LA CHEV ÉCHE (a). PET IMErCHOMET TER Voyez la planche X1r de ce volume. LA Cusvicne & le Scops ou petit Duc, font à-peu-près de la même * Woyez les Planches enluminées, n.° 439. (a) Nota. Les Grecs & les Latins n’ont pas diftingué cette efpèce par un nom particulier, & ils Pont vraifemblablement confondue avec celle du feops ou petit duc, afio. Il en eft de même des. Italiens quiles appellenttous deux Zuetta ou Civetta 3. en Efpagnol, Lechuza; en Portugais, Mocho; en: Aflemand , {Kutz ou plutôt Kautzlein; en Polonoïs. Szowa ; en Anelois, Latile owl. Nofue genus parvum.. Gefner ; Icon. Avi. page 15. — Petite Chevêche. Belon, Hifloire naturelle des Oifeaux, page 140. PV Gras Aldrovande , Avi. tome I, page 543. — Petite Chouette, Albin, tome IT, page 8, Planche x11, avec une figure Aer — Petit Hibou , Edwards. Gianures » page 39; Pl ccxxrirI, avec une bonne figure coloriée. — La petite Chouette ou la Chevêche. Briflon, Oruithologie, tome I, page 514, — The Little owl, 184 Hifloire Naturelle grandeur , ce font les plus petits orfeaux du genre des hiboux & des chouettes ; ils ont fept ou huit pouces de longueur , depuis le bout du bec jufqu'à l'extré- mité des ongles, & ne font que de la grofleur d'un merle; mais on ne les prendra pas l'un pour lautre, fi l'on fe fouvient que le petit duc a des a1- orettes , qui font, à la vérité, très-courtes & compofées d’une feule plume, & que la chevèche a la tête dénuée de ces deux plumes éminentes; d’ailleurs elle a Prris des yeux d'un jaune plus pâle ; le bec brun à la bafe, & jaune vers le bout, au lieu que le petit duc a tout le bec noir ; elle en diffère aufli beaucoup par les couleurs, & peut atfément être reconnue par la régula- rité des taches blanches qu'elle a fur les Britifch Zoology, Planche B 5. Nota. M. Edwards, M. Frifch & l’Auteur de la Zoologie Britannique ont chacun donné une planche coleriée de cet oïfeau ; la meilleure & Ia plus refflemblante à la Nature, eft celle de M. Edwards; elle repréfente la femelle de cette efpèce. La planche de la Zoologie Britannique & celle de M. Frifch reprélentent le mâle; mais ce dernier Auteur a fait une faute en donnant des veux d’un bleu noirâtre à cet oifeau. car il les a d’un jaune pâle. de la Chevéche, &c. 185$ aïles & fur le corps, & aufli par fa queue courté comme celle d'une perdrix; elle a encore les arles beaucoup plus courtes, à proportion , plus courtes même que la grande chevèche; elle a un cri ordimaïre, poupou , poupou , qu'elle poulie & répète en volant, & un autre cri qu'elle ne fait entendre que quand elle et pofée, qui reflemble beaucoup à la voix d’un jeune homme qui s'écrieroit, aime, heme , efrne plufieurs fois de fuite /b ); elle fe tient rare- ment dans les boïs ; fon domicile ordinaire eft dans les mafures écartées des fieux peu- (b) Nota. Etant couché dans une des vieilles tours du château de Montbard, une chevêche vint fe pofer un peu avant le jour, À trois heures du matin, fur la tablette de Ia fenêtre de ma chambre, & m'éveilla par fon cri, heme, edme ; comme je prétois l'oreille à cette voix , qui me parut d’abord d’autant plus tingulière , qu’eile étoit tout prés de moi, j'entendis un de mes gens qui étoit couché dans la chambre au-deflus de [a mienne, ouvrir fa fenêtre, &, trompé par la reffemblance du fon bien articulé edme , répondre à loifeau : quë eft-ta là-bas, je ne m'appelle pas Edme , je m’appelle Pierre Ce domeftique croyoit, en effet, que c’étoit un homme qui en appelloit un autre, tant la voix de Ja chevêche reffemble à Ia voix humaine, & articule difiinétement ce mot. 186 Hifloire Naturelle plés, dans Îles carrières, dans les ruines des anciens édifices abandonnés; elle ne s’éta- blit pas dans les arbres creux, & reflemble par toutes ces habitudes à à grande che- vêche ; elle n’eft pas abfolument orfeau de nuit ; elle voit pendant le jour beaucoup mieux que Îles autres oïfeaux noéturnes , & fouvent elle s'exerce à la chaffe des hiron- delies & des autres petits orfeaux, quoique aflez mfructueufement, car ileft rare qu'elle en prenne ; elle réuflit mieux avec Îles four1s & les petits mulots qu'elle ne peut avaler entiers, & quelle déchire avec le bec & les ongles; elle plume aufli très-propre- ment les oïfeaux avant de les manger, au leu que les hiboux, la hulotte & les autres chouettes les avalent avec la plume qu'elles vomifient enfuite, fans pouvoir la digérer; elle pond cinq œufs qui font tachetés de blanc & de jaunâtre, & fait {on nid pref- qu'à crud dans des trous de rochers ou de vieilles muraïlles, M. Frifch dit que comme cette petite chouette cherche la folitude, qu'elle habite communément les églifes, les voûtes, les cimetières où lon conf- truit des tombeaux, quelques-uns lont nommée oi/eau d’églife ou de cadavre , er ee ? de la Chevéche, &c. 187 Rircken-oder , leich enhuhu, & que comme on a remarqué aufli qu'elle voltigeoit quelquefois autour des maïfons où 1 y'avoit des mourans............ Le peuple fuperftitieux, la appelée oi/eau de mort ou de cadavre , s'imagimant qu'elle préfageoit la mort des malades. M. Frifch n'a pas fait attention que c’eft à leffrate, & non pas à la che- vêche, qu'appartiennent toutes ces 1m- putations; car cette petite chouette eft très-rare en comparaïon de l'efrie; elle ne fe tient pas comme celle-ci dans les clochers, dans les toits des églifes; elle n'a pas le foufflement lugubre, nt le cri âcre & effrayant de lautre, & ce qu'il y a de certam, ceft que fi cette petite chouette ‘ou chevèche eft regardée en Allemagne comme lorfeau de la mort, en France c’eft à l’effrare qu'on donne ce nom finiftre. Au refte, la chevèche ou petite chouette dont M. Frifch a donné la figure, & qui fe trouve en Allemagne, paroït être une varièté dans l'efpèce de notre chevêche, elle eft beaucoup plus noire par le plu- mage, & a aufli l'iris des yeux noir, 188 _Hifloire Naturelle au feu que notre chevèêche eft beaucoup moins brune, & a l'iris des yeux jaune : nous avons aufli au Cabmet une variété de l’efpèce de la chevèche qui nous a été envoyée de Saïnt- Domingue , & qui ne difière de notre chevêche de France, qu'en ce qu'elle a un peu moins de blanc fous la gorge , & que la poitrme & le ventre font rayés tranfverfalement de bandes brunes affez régulières ; au lieu que, dans notre chevêche, 1l n’y a que des taches brunes femées irrégulièrement fur ces mêmes parties. Pour préfenter en raccourci, & d’une maniere plus facile à faïfir, les caractères qui diftimguent les cinq efpèces de chouettes dont nous venons de parler, nous dirons: 1.9 Que la hulotte eft la plus grande & la plus grofle, qu ‘elle a les yeux noirs, le plumage nofrâtre , & le bec d'un blanc- faunâtre, qu'on peut la nommer la groffe chouette noire aux yeux noirs : 2.° Que le chat-huant eft moins grand & beaucoup moins gros que la hulotte, qu'ila les yeux bleuitres, le plumage roux mêlé de gris- de-fer, le bec d'un blanc verdâtre, & qu'on peut l'appeler la chouette rouffe GE de la Chevéche, &e. 1 89 gris-de-feraux yeux bleus ; 3.° que l'effraie eft à-peu-près de la mème grandeur que le chat-huant, qu'elle a les yeux jaunes, le plumage d'un jaune blanchître, varié de taches bien diftinétes , & le bec blanc, avec le bout du crochet brun, & qu'on peut l'appeler la chouette blanche ou jaune aux yeux orangés; 4.° que la grande che- vêche ou chouette des rochers n'elt pas fi grande que le chat-huant nt l’effraie , quoi- qu'elle foit à-peu-près aufli grofle, qu'elle a le plumage brun, les yeux d'un beau jaune & le bec brun, & qu'on peut l'appeler la chouette brune aux yeux Jaunes & au bec brun; $.° que la petite chouette ou che- vèche eft beaucoup plus petite qu'aucune des autres, qu’elle a le plumage brun, ré- gulhièrement taché de blanc, les yeux d’un jaune pâle , & Le bec brun à la bafe & jaune vers le bout, & qu'on peut l'appeler la petite chouette brune aux yeux Jaunätres, au bec brun & orangé. Ces caractères fe trouveront vrais en général; les femelles & les mâles de toutes ces efpèces fe reflem- blant aflez par les couleurs, pour que les différences ne foïent pas fort {enfbles; ce- pendant ïl y a ici, comme dans toute la z90 Hifloire Naturelle, &c. Nature, des variétés aflez confidérables; __ Aur-tout dans les couleurs. Il fe trouve des … . hulottes plus noires les unes que lesautres, des chat-buants plutot couleur de plomb que gris-de-fer foncé, des effraies plus blanches ou plus jaunes les unes que les autres, des chouettes ouchevêches grandes & petites, plutot fauves que brunes; maïs, en réuniflant enfemble & comparant les caractères que nous venons d'indiquer, je crois que tout le monde pourra les recon- noître, c'eft-à-dire, les diftinguer les unes des autres, fans s'y méprendre, ?1, 2777 Pag:290: LP DIN f14: 72 4, 4 SSSS RSR TS TS . NUL ll ÈS => HR ( NET SS —— l'ITE CHOUETTE. LA CHEVECHE 04 PE Vu: CAR Fr 1 À ; PR | Fe Leu : ÿ à LL NRA 44 L 4 v À L | À IOI OISEAUX ÉTRANGERS, Quz ont rapport aux HIBOU x G aux CHOUETTES. . 3 L'orseau appelé Cabure ou Caboure par les Indiens du Brefñl, qui a des aigrettes de plumes fur la tête, & qui n'eft pas plus gros qu'une litorne ou grive des genevriers; ces deux carac- tères fufhient pour indiquer qu'il tient de très-près à l'efpèce du fcops ou petit duc, fi même 1l neft pas une varitté de cette efpèce. Marcgrave eft le feul qui ait décrit cet oïfeau /a), ïl n’en donne pas la figure ; c'eft, dit-il, une efpèce de hibou de la grandeur d'une litorne (turdela) jxl a la tête ronde, le bec court, jaune & crochu, avec deux trous pour narines ; les yeux beaux, grands, ronds, jaunes , avec la pupille noire ; fous les yeux & à côté du bec, (a) Marcgrave, Hif Braf. page 212, b 192 Hifioire Naturelle | il y a des poils longuets & bruns; les jambes font courtes & entièrement cou- vertes, aufli—bien que les pieds, de plumes jaunes; quatre doigts à lordi- naire, avec des ongles fémilunaires, noirs & aigus; la queue large, & à. lorigme de laquelle fe terminent les ailes, le corps, le dos, les ailes & la queue font de couleur d'ombre pâle, marquée fur la tète & le cou de très- petites taches blanches, & fur les aïles de plus grandes taches de cette même couleur; la queue eft ondée de blanc, la poitrine & le ventre font d'un gris- blanchâtre, marqué d'ombre pâle (c'eft- à-dire d’un brun clair). Marcgrave ajoute que cet otfeau s'apprivoife aïfé- | ment , qu'il peut tourner la tête & alonger le cou, de manière que lextrémité de fon bec touche au milieu de fon dos; qu'il joue avec les hommes comme un finge, & fait à leur afpeét diverfes bouflonneries & craquemens de bec; | qu'il peut, outre cela , remuer les plumes ! ut font des deux cotés de la tête, de manière quelles fe dreflent & repré- fentent des petites cornes ou des oreïlles ; enfin / des Oiféaux étrangers, &c. 193 enfin qu'il vit de chair crue: on voit; par cette defcription, combien ce hibou approche de notre fcops ou petit duc d'Europe, & je ne ferois pas éloigné de croire que cette même efpèce du Brefl fe retrouve au cap de Bonne- efpérance. Kolbe dit que les chouettes qu'on trouve en quantité au Cap, font de la même taille que celles d'Europe, que leurs plumes font partie rouges & partie noires , avec un mélange de ta- ches grifes qui les rendent très-belles , & quil y a plufñeurs Européens au Cap, qui gardent des chouettes appri- voifées , quon voit courir autour de leurs maïfons, & qu'elles fervent à net- toyer leurs chambres de fouris {b): quot- que cette defcription ne foit pas aflez détaïllée pour en faire une bonne com- paraïon avec celle de Marcgrave, on peut croire que les chouettes du Cap, qui sapprivorfent aïfément, comme les hiboux du Brefñl, font plutôt de cette même efpèce que de celles d'Europe, parce que les influences du clunat font (8) Defcription du Cap de Bonne-efpérance ; tome III, pages 198 € 199. Oifeaux , Tome IL L 194 Hifloire Naturelle à peu-près les mêmes au Brefil & aùü Cap, & que les différences & les va- rictés des efpèces font toujours analogues aux influences du climat. TT. L'orseau de la baie de Hudfon, appelé dans cette partie de l'Amérique, Caparacoch, très-bien décrit, defliné, gravé & colorié par M. Edw:rds, qui la nommé awk-owl { c), chouette- épervier, parce qu'il participe des deux, & qu'il femble faire en effet la nuance entre ces deux genres d'otfeau; 1l n'eft guère plus gros qu'un épervier de Îa petite ce À fparrow hawk | » la épervier des moineaux longueur de fes aïles & de fa queue lui donne l'air d'un épervier ; mais la forme de fa tète & de fes pieds démontre qu'il touche de plus près au genre des chouettes; cependant 1l vole, chafle & prend fa proie en plein jour, comme les autres oïfeaux de proïe diurnes; fon De (c) The Lite Liawk-owl. Edwards, Hif. of Birds, tom. LI, page 62, planche Lxr1, avec une bonne figure coloriée. des Oifeaux étrangers, GC. 195$ bec eft femblable à celui de l'épervier ; mais fans angles fur les cotés ; il eft luifant & de couleur orangée, couvert prefqu'en entier de poils, ou plutôt de petites plumes décompolées & priles, comme dans la plupart des efpèces de chouettes; l'iris des yeux eft de la même couleur que celle du bec c'eft-à-dire, orangée ; üls font entourés de blanc, ombragés d’un peu de brun moucheté de petites taches longuettes & de couleur obfcure , un cercle noir environne cet efpace blanchâtre, & s'étend autour de la face jufqu'auprès des oreilles; au delà de ce cercle noir fe trouve encore un peu de blanc ; le fommet de la tête eft d'un brun foncé, marqueté de petites taches blanches & rondes ; le tour du cou & des plumes, jufqu'au milieu du dos, font d’un brun obfcur & bordées de blanc; les aïles font brunes & élé- gamment tachées de blanc; les plumes {capulaires font rayées tranfverfalement de blanc & de brun; les trois plumes les plus voifines du corps ne font pas tachées , mais feulement bordées de blanc ; la partie inférieure du dos, le I ïj 196 Hifloire Naturelle, &c. croupion & les couvertures du deflus de la queue font d'un brun foncé, avec des raies tranfverfales d’un brun plus léger; la partie inférieure de la gorge, la poitrine, Île ventre, les côtés, les jambes, la couverture du deflous de la queue & les petites couvertures du deflous des aïles font blanches , avec des raies tranfverfales brunes ; les grandes font d’un cendré obicur, avec des ta- ches blanches fur les deux bords; la première des grandes plumes de F'aïle eft toute brune , fans taches nt bordure bianches , & 1l n'y a rien de femblable aux autres plumes de faille, comme on peut aufli le remarquer dans les autres chouettes ; les plumes de la queue font au nombre de douze , d'une cou- leur cendrée en deflous , d’un brun obfcur en deflus avec des raïes tranf- verfales étroites & blanches ; les jambes & les pieds font couverts de plumes fines , douces & blanches comme celles du ventre, traverfées de lignes brunes plus étroites & plus courtes; les ongles font crochus, aïous & d'un brun foncé. Un autre individu de la même efpèce des Oifeaux étrangers Jocc. 1 ir | étoit un peu plus gros, & avoit les couleurs plus claires, ce qui fait pré- famer que celui qu'on vient de décrire eft le mâle, & ce fecond-ci la femelle : tous deux ont été apportés de la bare de Hudfon en Angleterre, par M. Ligth , à M. Edwards. II L LE HARFANG *. L'orseau qui fe trouve dans les terres feptentrionales des deux continens, que nous appelerons Harfang, du nom harfaong (4), qu'il porte én Suède, & qui, par fa grandeur, eft à l'égard des chouettes, ce que le grand duc eft à l'égard des hiboux:car ce harfang na point d'aigrettes fur la tête, & 1l eft encore plus grand & plus gros que le nn * Voyez les Planches enluminées , n° 458. (d) Strix capite Levi, corpore alsido. Harfaong. Linn. Faun. Suec. n° 54....... Nictea. Szrix capite Levi, corpore aloido, maculis lunatis diflantibus fufcis. Idem. S:f2. nar. edit. x..... INoëlua fcandiana maxima ex abo € cinereo variegata. Rudbeck cité par Linnæus, Z4/4 Ti 198 Hifloire Naturelle grand duc; comme la plupart des oi- {eaux du Nord, 1l eft prefque par- tout d'un très-beau blanc , maïs nous ne pouvons rien faire de mieux ici, que de traduire de l'Anglois la bonne def cription que M. Edwards nous a donnée de cet oïfeau rare, & que nous n'avons pu nous procurer : & la grande s>chouette blanche , dit cet Auteur, eft »1 de la première grandeur dans le genre des oïfeaux de proie nocturnes , & »Ceft en même temps d'efpèce la plus » belle à caufe de fon plumage qui eft blanc comme neige ; fa tête n’eft pas #f grofle, à proportion , que celle des nautres chouettes; fes aïles , lorfqu'elles » font pliées , ont ferze pouces ( Anglois), depuis l'épaule jufqu'à l'extrémité de »la plus longue plume, ce qui peut » faire juger de fa grandeur : on dit que c'eft un otfeau diurne, & qu'il » prend en plein jour les perdrix blan- »ches dans les terres de la baie de »Hud{on fe), où 1l demeure pendant (e) Notz. Que ces perdrix blanches des terres du nord de l’Amérique ne font pas des perdrix, mais des gélinottes. des Oifeaux étrangers, Kc. 199 toute l’année ; fon bec eft crochuc comme celur d'un épervier , n’ayantes point d'angles fur les côtés ; ïl eftce notr & percé de larges ouvertures ous narines, 1l eft de plus prefqu'entière- Seruthio ; en Efpagnol, Aveflruz ; en Italien > Strutgo : en Allemand, Srruf] où Strauff ; en Anglois, Offrich. — Autruche, Belon, Hifloire Naturelle des Oifeaux , F38€ 231. — Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Animaux , partie I] » Page 113, avec une allez bonne figure, — Albin, zome [IT , page 13, Planche xxxr, avec une figure coloriée. (6) Habitabunt ibi flrutkiones. Waïe, Cap. XIII, Ÿ. 21. — Filia popuü mei crudelis guafi firuthio in deférto. Jérém. Thren. CAP. IV, Ÿ. 3. — Lulum quafi flruthionum, Mich, Cap. 1, X. 8. de l'Autrucke, 21 3 | felon toute apparence , une viande com- mune, au moins parmi le peuple, puilque le Légiflateur des J uifs La leur interdit comme une nourriture im- | » 1e plus ancien des Hif toriens profanes {d), & dans les Ecrits (c) Levitic, CAP. XI, Ÿ. 16. — Deuteron. Cap. XIV, Ÿ. 15. (d) Nota. Hérodote, fi l’on en croit M. de Salerne / Ornitholgie, Page 79 }, parle de trois fortes d’: ; le ffrouthos aquatique Où marin, qui eft le poiflon plat nommé plye : Vaërien, qui eft notre moïneau , & le terreftre CÆatagaios ) , qui eft notre efpèces , la dernière eft la feule dont j’aie trouvé Pindication dans Hérodote (In Melpomene , verfus fiiem ), encore ne puis-je Être de l’avis de M. Salerne fur la manière d’en- moins s'il en eût fait mention, Il auroit omis # 214 Hifloire Naturelle des premiers Philofophes qui ont traité 14 des chofes naturelles ; en effet, come), | ment un animal fi confidérable par fan l’épithète de terreftre, qui n’ajoutoit rien à Pidéen que tout le monde en avoit; &en cela cet Hi£ FA +4 r] >. torien n’eût fait que fuivre {es propres principes, puifqu’il dit ailleurs { #" Thalia ) en parlant du ‘chameau, Grœcis urpotè füientibus non puto deftri=t bendum. H faut donc, pour donner au pañage ci deffus un fens conforme à l’efprit de PAuteur; rendre le Æatagaios comme je Paï rendu , d'autant plus qu’il) exifte réellement des oifeaux qui ont l’inftinét de fe | cacher dansle fable, & qu'il eft queftion dans le même pañage de chofes encore plus étranges, comm JR de ferpens & d’ânes cornus, d’acéphaïes, &c. &M, Von fait que ce Père de V'Hitoire n’étoit pas tou“ jours ennemi des fables ni du merveilleux. . | A égard des deux autres efpèces de ffrouthoss Î Paërien & laquatique, je ne puis non plus accorder à M. Salerne que ce foit notre moineau & Île rs nommé plye, ni imputer avec lui à la angue Grecque fi riche, fi belle , fi fage , Pénormes difparate de comprendre fous un même nom des} êtres auf diffemblables que l’autruche, le moineaus & une efpèce de poiflon. S'il falloit prendre um parti fur les deux dernières fortes de ffrouthos 3* Paërien & l’aquatique, je dirois que le premier eft! cette voutarde à long cou, qui porte encore à SJ jourd’hui dans plus d’un endroit de lAfrique 1e nom d’eutruche volante, & que le fecond eft quels ue gros ojfeau aquatique à qui fa pefanteur ou Ia} foiblefie de fes ailes ne permet pas de voler. f | : de l’Autruche, 215$ grandeur , fi remarquable par fa forme, fi étonnant par fa fécondité , attaché d’ailleurs par fa nature à un certain climat, qui eft l'Afrique & une partie de l'Afie, auroit-1l pu demeurer inconnu dans des pays fi anciennement peuplés, où il fe trouve à la vérité des déferts, mais où il ne sen trouve point que l’homme n'ait pénétrés & parcourus? + La race de flautruche eft donc une race trèsancienne , puifquelle prouve jufqu'aux premiers temps, mais elle _neft pas moms pure qu'elle eft an- _cienne ; elle a fu fe conferver pendant cette longue fuite de fiècles , & tou- jours dans la même terre, fans altération comme fans méfalliance; en forte qu’elle eft dans les oïfeaux , comme l'éléphant dans les quadrupèdes , une efpèce ene. tièrement ffolée & diftinguée de toutes les autres efpèces par des caractères auf frappans qu'invartables, L'autruche pafle pour être le plus grand des oifeaux, mais elle eft privée, par fa grandeur mème , de la princi- pale prérogative des oïfeaux , je veux dire la puiflance de voler : l'une de 216 Hhfloire Naturelle celles fur qui Vaïllifnieri à fait fes ob- fervations , peloit, quoique très-maigre, cinquante -cinq livres toute écorchée & vidée de fes parties intérieures ; en forte que paflant vingt à vingt-cinq livres pour ces parties & pour la graïfle qui lur manquoit (e); on peut, fans rien outrer , fixer le pords moyen d'une au- truche vivante & médiocrement grafle, à forxante & quinze ou quatre-vingts hvres : or quelle force ne faudroit-il pas dans les atles & dans les mulcles mo- teurs de ces aïles , pour foulever & {outenir au milieu des as une male aufli pefante ? Les forces de la Nature paroïlent infinies lorfquon la con- temple en gros & d’une vue générale, mais lorfqu'on la confidere de près & en détail, on trouve que tout eft limité, (e) Ses deux ventricules, bien nettoyés, pefoient feuls fix livres; le foie, une livre huit onces, le cœur, avec fes oreillettes & lestroncs des gros vaif- feaux, une livre fept onces; les deux pancréas, une livre ; & il faut remarquer que les inteftins, qui font très-longs & trésgros, doivent être d’un poids confidérable. Voyez Notomia della Strugzo, Tome I des Œuvres de Vallifnieri, pages 239 & fuivantes. & 5 le de l'Autruche. 217 & c'eft à bien faïfir les limites que s’eft prelcrit 1 Nature par fagefle , & non par impuïlance, que conffte la bonne méthode d'étudier & fes ouvrages & fes opérations. Ici un poids de forxante & quinze livres , eft fupérieur par fa 4eule réfiftance à tous les moyens que la Nature fait employer pour élever & faire voguer dans de fluide de latmo- fphère des corps, dont Ia gravité fpé- cifique eft un millier de fois plus grande que celle de ce fluide ; & c’eft par cette raïfon qu'aucun des oïfeaux dont Aa mafle approche de celle de l'autruche; tels que le touyou, le cafoar , le dronte, n'ont nt peuvent avoir la faculté de voler ; il eff vrai que la pefanteur n'eft pas le feul obftacle qui s’y oppole ; la force des mufcles peétoraux, la gran- deur des aïles, leur fituation avantageulfe, 1a fermeté de leurs pennes (f), &c. (f) Nora. J’appelle & dans la fuite j’appelleraf toujours ainfi les grandes plumes de l'aile & de la queue qui fervent, foit à l’action du vol, foit à fa direction, me conformant en cela à l’analogie de Ja langue latine & à Pufage des Écrivains des bons fiècles, lefquels n’ont jamais employé le mot perng L un autre fens. Rapidis fécat pennis, Virgile \ Oifeaux , Tome IE, 218 Hifloire Naturelle feroïent ici des conditions d'autant plus néceflaires , que la réfiflance à vaincre eft plus grande : or toutes ces condi- tions leur manquent abiolumentcricar, pour me renfermer dans ce qui regarde d'autruche, cet oïfeau, à vrai dire, n'a! point d'ailes, purfque les plumes qui {or- | tent de fes arlérons font toutes éfilées,, ! décompofées, & que leurs barbes font ! de longues {oies détachées les unes:des ! autres, & ne peuvent faire corps en- | femble pour frapper l'arr avec avantage, ! ce qui eft la principale fonction des | pennes de faile ; celles de la queues font aufli de la même ftruéture, & net peuvent par conféquent oppoler à l'air4 “une réfiflance convenable ; elles ne font# pas même difpofées pour pouvoir gou-4 verner le vol en s'étalant ou fe ref# ‘errant à propos, & en prenant difié- rentes inclinafons ; & ce qu'il y a de remarquable, c'eft que toutes les plumesh qui recouvrent le corps font encore ‘faites de même ; Fautruche na pas, comme la plupart des autres orfeaux, des plumes de plulieurs fortes , les unes lanuginçufes & duvetées, qui font} Ë de l? Autruche. 21 9 immédiatement fur la peau, les autres d’une confiftance plus ferme & plus ferréé qui recouvrent les premières, & -d’autres encore plus fortes & plus Ion- gues qui fervent au mouvement , & répondent à ce qu'on appelle les œuvres vives dans un varfleau : toutes les plumes de lautruche font de la même efpèce , toutes ont pour barbes des filets dé- tachés, fans confiftance , fans adhérence réciproque, en un mot, toutes font inutiles pour voler ou pour diriger le vol ; aufli lautruche eft attachée à. la terre comme par une double chaine, fon exceflive. pefanteur &:1a confor- mation de fes aïles ; & elle eft con- -damnée à en parcourir laborieufement la furface , comme les quadrupèdes , fans pouvoir jamais s'élever dans Fair; .aufi a-t-elle , foit au-dedans ,. foit: au- dehors, beaucoup de traits: de reflem- blance avec ces animaux : Comme eux, elle a fur 1la plus grande partie du corps du poil plutôt que des plumes; fa tête & fes flancs n'ont même que “peu ou point de poil, non plus que {es cuifles qui font trèsgrofiés , très: K ji 220 Hifloire Naturelle mufculeufes, & où réfide fa principale force ; fes grands pieds nerveux & charnus , qui n'ont que deux dotgts, ont beaucoup de rapport avec les pieds du chameau qui , lur- même, eft un animal fingulier entre les quadrupèdes par la forme de fes pieds ; fes aïles, armées de deux piquans femblables à ceux du porc-épic, font moins des ailes que des efpèces de bras, qui lui ‘ont été données pour fe défendre ; lo- rifice des oretiles eft à découvert , & feulement garnt de poil dans la partie Antérieure: où eft le ‘canal auditif ; fa “paupière fupérieure eft mobile comme dans prefque tous les quadrupèdes, & bordée de longs cils comme dans l'homme & éléphant ; la forme totale de fes yeux a plus de rapport avec les yeux “humains qu'avec ceux des oiïfeaux , -& ïls font difpofés de manière qu'ils peuvent voir tous deux à-la-fois le même objet (g) ; enfin les elpaces calleux (g) Voyez Mémoires de PAcadémie , année 1735» Page 146. | XL | ù À de l’Autruche. 221 & dénués de plumes & de poils qu'elle a comme le chameau, au bas du /fernum ; & à l'endroit des os pubis, en dépolant de fa grande pefanteur, la mettent de niveau avec les bêtes de fomme les plus terreftres, les plus {ourds par elles. mêmes, & qu'on a coutume de furchar- ger des plus rudes fardeaux. Fhévenot étoit fi frappé de la refflemblance de l'’au- truche avec le chameau dromadaire {4}, ul a cru lur avoir vu une boffe far le los { i) ; mais quoiqu'elle aït le dos arqué, on n'y trouve rien de pareil à cette éminence charnue des chameaux & des dromadaires. | Si de l'examen de la forme extérieure; nous paflons à celui de l1 conformation interne , nous trouverons à l'autruche (h) Nota. faut que lesrapports de reffemblance qu'a l’autruche avec le chameau foient en effet bien frappans, puifque les Grecs modernes, les Turcs, les Perfans, l’ont nommée, chacun dans leur lan- oue , 01feau-chameau : fon ancien nom grec, ffrouthos, éft la racine de tous les noms, fansexception, qu’elle a dans les différentes langues de FPEurope. fi) Voyages de Thévenot, rome 1, page 312. % 11] 222 Hifioire Naturelle de nouvelles diflemblances avec les ot- feaux, & de nouveaux rapports avec les quadrüpèdes. fé +48 Une tête fort ‘petite [£), aplatie, & compofée d'os très-téndres & très-foi- bles [/ 7), maïs fortifiée à fon fommet par une plaque de corne eft foutenué dans une fituation horizontale fur une colonne ofieufe d'environ trois pieds de haut, & compofée de dix-fept ver- tèbres : la fituation ordinaire du corps eft aufli parallèle à Thorizon ; le dos a deux pieds de long & fept vertèbres, auxquelles s’articulent fept paires de côtes, dont deux de faufles & cin de vraies : ces dernières font doubles à ieur origine, puis fe réuniflent en une féule branche. La clavicule eft‘ formée (k) Nota. Scaliger a remarqué que plufieurs autres oifeaux pefans, tels que le coq, le paon, le dindon, &c. avoient aufli la tête petite ; au lieu que la plupart des oifeaux qui volent bien, petits & grands, ont la tête plus groffe à proportion. Exercit. in Cardanum , fol. 308, vero. | : {L) Murs de P Académie ont trouvé une fratture au crâne de l’un des fujets qu’ils ont difiéqués. Mé- moires pour fervir à l'Hifloire Naturelle des Animaux ; pärtie II], page 151, | ‘de P'Autrache. 223 d'une troïfième: paire de faufles côtes ; “les cinq véritables vont s'attacher par des appendices cartilagineufes au f/ernum qui ne defcend pas jufqu'au bas du ventre comme dans la plupart des of feaux , 11! ft aufli : beaucoup. moms faillant au dehors ; fa forme à du rap- port avec cellé d’un bouclier, & il a plus de largeur que dans l'homme même. De l'os facrum naîtlune efpèce de queue éompofée” de fept' vertèbres -femblables aux vertèbres hümaines, le fémur à ut _piéd de long, le tibia & le tarfe ;'un pied & demr chacun ; &: chaque doigt eft compolé de trois phalanges comme dans l’homme) & contre ce qui fe voit ordinairement.däné les doigts des offéaux:, lefquels ‘ ont trésarement un nombre Er dé phälnges (rm). D € cébase Si nous pénétrons lus: à: l'iatérieneg &-que--nous-obfervions-les organes de la. digeltion, nous verrons d'abord un pero ans (n #- AETIAl d'une 5490) # = us unes Lie Paré. . Hibie HI ; Capa} as & Vallifnieri, tome I, page 246 & fège . 1.1 (n) Nota. .M. Briflon dit que le bec ef K 1v 224 Hifloire Naturélle très-grande ouverture, une langue fort courte & fans aucun veftige de pa- pilles ; plus loin s'ouvre un ample pharynx proportionné à l'ouverture du bec, & qui peut admettre un corps de la grofleur du poing ; l'œfophage eft aufli très-large & très - fort , & aboutit au premier ventricule qui fait ici trois:.fonétions ; celle de jabot, parce qu'il eft le premier ; celle de ventricule , parce quil eft en partie. mufculeux, & en partie muni de fibres mufculeufes , longitudinales & circu- lires (o) 5; enfin celle du bulbe glan- duleux qui fe trouve ordinairement dans la partie imférieure de l'œfophage la plus voine, du .géler ,;,puifqu'i eft en eflet garni d'un, grand nombre de glandes ; & ces glandes font conglo: mérées, & non conglobées comme dans unguiculé; Vallifnieri, que la pointe en eft obtufe &.fans crothet : la langue n’eft point non-plus d’une forme ni d’une grandeur conftante dans tous les individus. Woyez Animaux de Perrault, parrie IT, page 125, & Vaïlifnieri, wbr füprasr (0) Vaïlifniert, wbi fupra. — Ramby, ne 386 & 413 des Tranf. Philofophiques de Londres, | de l° Autruche. 22$ {1 plupart de ces oïfeaux ( p ): ce premier ventricule eft fitué plus bas que le fe- cond, en forte que lentrée de celui-ci que l'on nomme communément l'orifice fupérieur, eft réellement l’orifice inférieur par fa fituation ; ce fecond ventricule neft fouvent diftingué du premier que par un léger étranglement, & quelque- fois 1l eft féparé lui-même en deux cavités diftinétes par un étranglement femblable, mais qui ne paroït point au dehors ; 1! eft parfemé de glandes & revêtu intérieurement d'une tunique vi- eufe prefque femblable à la flanelle, fans beaucoup d'’adhérence , & criblée d'une infinité de petits trous répondant aux orifices des glandes : 1l n'eft pas auffi fort que le font communément les géliers des oïfeaux, mais il eft fortifié par dehors de mufcles très-puiflans, dont quelques-uns font épais de trois pouces; fa forme extérieure approche beaucoup: de celle du ventricule de homme. M. du Vernay à prétendu que: le (4) Mémoires pour fervir à l’Hifioire des Anis Maux , page 120. | K v 226 Hifloire Naturelle canal hépathique fe terminoit dans ce fecond. ventricule { g ), comme cela a lieu dans la tanche & plufeurs autres poiflons , & même quelquefois dans Thomme , felon lobfervation de Ga- lien fr); mais Ramby {[f), & Vallif- niert, (t) aflurent avoir vu conftamment, dans plufeurs autruches , linfertion, de . ce canal dans le duodenum , deux pouces, un pouce, quelquefois même un demi- pouce feulement au-deflous du pylore; & Vallifnier: indique ce qui auroit pu occafionner cette méprile, {1 c'en eft une, en ajoutant plus bas, qu'il avoit vu dans deux autruches une veine allant du fecond ventricule au foie, laquelle veine 1l prit d'abord pour un rameau du canal hépatique, mais qu'il reconnut enfuite dans les deux fujets pour un vaïfleau fanguin , portant du fang au ÉD D RE A SR D ee dns « (g) Hifioire de P’Académie Royale des Sciences, aunée 1694 , page 213. (1) Vallifnieri, ubi fupra. (f) Tranfactions Philofophiques, n.0 386, (t) Vallifnieri, tome 1, page 241, ‘de l’Autruche. 227. foie & non de la bile au ventricule (x); Le pylore eft plus ou moims large daäbs” différens fujets, ordinairement teint en jaune , & imbibé d'un fuc amer, am que le fond du fecond ventricule, ce qui eft facile à comprendre, vu fin- fertion du canal hépatique tout au come mencement du duodenum, & fa direction de bas en haut. | Le pylore dégorge dans le duodenum qui eft le plus étroit des inteftins, & où s'insèrent encore les deux canaux pan- créatiques , un pied & quelquefois deux & trois pieds au-deffous de linfertion de lhépatique, au lieu qu'ils s’insèrent ordinairement dans Îles oïfeaux tout près du cholédoque. | Le duodenum eft fans valvules, ainfi que le jejunum , Viléon en a quelques- unes aux approches de fa jonction avec le colon: ces trois inteftins grèles font à peu-prés la moitié de la longueur de tout le tube inteftinal, & cette longueur eft fort fujette à varier, même dans des fujets d'égale grandeur, étant de forxante (n) Vallifnieri > tome Î, page 245. à K vj 228 Hifloire Naturelle pieds dans les uns (x) ,. &. de vRgbneé dans les autres (y). | Les deux cœcum LE: 4 ou du coke mencement du colon, felon les. Ana- tomiftes de l’Académie , ou de la fin de Filéon, felon le docteur Ramby {z )5 chaque cœcum. forme une efpèce de cone creux ; long de deux ou trois pieds, large d'un pouce à fa bafe ,. garnt à l'intérieur d'une valvule en forme de lame {pirale, faifant environ vingt tours de la bafe au fommet, comme dans. le lièvre, le lapin & dans le renard marin, la raie, la torprlle, l'aiguille de mer, &cC. Le colon.a aufli fes valvules en feuil- let, mais au lieu de tourner en fpiral comme dans le cœcum , la lame ou feurl- let de chaque valvule forme un croif- fant qui occupe un peu plus que la demi-circonfirence du colon ; en forte (x) Voyez Colle&ions Philofophiques , me 5; aticle Virt. (y) Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Ani- maux, partie I], page 132. (x) Tranfaäions Philofophiques ; n° 386. de { Autruche. 22 6 que les ‘extrémités des croïflans oppo- {és empiètent un peu les unes fur les autres. & fe croifent de toute la quan- tité dont elles furpañlent le demi-cercle; ftruture qui fe retrouve dans le colon du finge & dans le jejunum de l'homme, & qui fe marque au dehors de l'inteftin par des cannelures tranfverfales, paral- ” èles, efpacées d'un demi-pouce , & répondant aux feuillets intérieurs ; maïs ce quil y a de remarquable, c'eft que ces feuillets ne fe trouvent pas dans toute Ja longueur du colon , ou plutot c'eft que l'autruche a deux co- lons bien diftinéts , l'un plus large & garnt de ces feuillets intérieurs en forme de croïflans , fur une longueur d'environ huit pieds; l'autre plus étroit & plus long , qui n'a nt feuillets nt valvules , & s'étend jufqu'au redum ; ceft dans ce fecond colon que les ex- erémens commencent à fe figurer felon Vallifniert.. | Le reclum eft fort large, long d’en- viron un pied , & munr à fon extré- mité de fibres charnues : il s'ouvre dans une grande poche ou veflie compolée 2 30 Hifloire Naturelle des mêmes membranes que les inteftins y mais plus épaifles, & dans laquelle on a trouvé quelquefois jufqu’à huit onces d'urine (a) ; car les uretères s'y rendent aufli par une ïnfertion très-oblique, telle qu'elle a lieu dans la veflie des animaux terreftres ; & non-feulement ils y charient l'urine, mais encore une certaine pâte blanche qui accompagne les excrémens de tous les oïfeaux. Cette première poche, à qui ïl ne manque qu'un col pour être une véri- table veflie, communique par un orifice munt d'une efpèce de fnhinéter à une feconde & dernière poche plus petite, qui fert de pañlage à l'urine & aux excrémens folides, & qui eft prefque remplie par une forte de noyaux cartila- gineux , adhérant par fa bafe à la jonétion (a) INota. L’urine d’autruche enlève les taches d'encre, felon Hermolaüs ; ce fait peut n’être point vrai, mais Gefner aeu tort de le nier {ur lefondement unique qu’aucun oïfeau n’avoit d'urine ; car tous les oifeaux ont des reins, des uretères, & par con- féquent de lurine, & ils ne diffèrent ‘des quadru- pèdes, fur ce point, qu’en ce que chez use reîum s’ouvre dans la vefle, de l’Autruche. 233 des os pubis, & refendu par Île milieu à {a manière des abricots. Les excrémens folides refflemblent beaucoup à ceux des brebis & des chèvres , 1ls font divifés en petites mañles , dont le volume n'a aucun. rapport avec la capacité des inteftins où ils fe font formés : dans les inteftins grêles , ils fe préfentent fous la forme d'une bouillie , tantot verte &. tantôt noire, felon la quantité des alimens, qui prennent de la confftance en ap- prochant des gros inteftins , maïs qui ne {e figurent, comme je lai déjà dit, que dans le fecond colon (b). On trouve quelquefois aux environs de l’anus , de petits facs à peu—pres pareïls à ceux que les lions & Îles tigres ont au même endroit. Le méfentère eft tranfparent dans toute {on étendue, & large d'un pied en de certains endroits. Vallifniert pré- tend y avoir vu des veftises non obf- curs de vaïlleaux Iympbhatiques ; Ramby dit aufli que les vaifleaux du méfentère (8) Vallifnierr, ubz fupra 232 Hifloire Naturelle font. fort apparens, & ïl ajoute que fes. glandes en font à peine viibles fc); mais. 1l faut avouer qu'elles ont été ab- folument invilibles pour la plupart des autres obfervateurs. Le foie eft divifé en deux grands lobes, comme dans l’homme : mais ïl eft fitué plus au milieu de la région des hypocondres, & na point de vélicule du fiel : la rate eft contigue au pre- mier eftomac, & pèle au moins deux onces. Les reins font fort grands, rarement découpés en plufeurs fobes, comme dans les oïfeaux, mais le plus fouvent en forme de guittare, avec un baflir aflez ample, Les uretères ne font point non plus comme dans la plupart des autres o1- feaux, couchés fur les reins, maïs ren- férmés dans leur fuBflance (d). | L'épiploon eft très—petit ,& ne. recouvre qu'en partie le ventricule ; { c.) Tran'actions Philofophiques , ge 286. (d) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani: maux, partie Il, page 142 de l’ Autruche. 233 mais à la place de l'épiploon, on trouve quelquefois fur les inteftins & fur tout le ventre, une couche de gratfle ou de fuif, renfermée entre les aponévrofes des muf cles du bas-ventre, épaiïfle depuis deux doigts jufqu’à fix pouces (e); & c'eft de cette graifle mêlée avec le fang, que fe forme la mantèque , comme nous le ver- rons plus bas : cette graïfle étoit fort efti- mée & fort chère chez les Romains, qui, {elon le témoignage de Pline, 1 croyoïent plus efficace que cefle de l'oie, contre les douleurs de rhumatifne , les tumeurs froides, la paralyfie, & encore aujourd’hui les Arabes l’emplotent aux mêmes ufa- ges (f ). Vallifniert eft peut-être le feul, qui, ayant apparemment difléqué des au- truches fort maigres, doute de l'exiflence de cette graïfle, d'autant plus qu'en Italie Ia maïgreur de l'autruche à paflé en proverbe, magro comme uno Struzzo ; il ajoute, que les deux qu'il a obfervées paroïflotent, Ce) Ramby, Tranfaëtions Philofôphiques , n.° 386. — G. Warren, tbid. n.° 394. — Mémoires pour fervir àl’Hiftoire des Animaux, partiel, page 129. (f) The World Difplayed , tome XIII, page 15. 234 Hifloire Naturelle étant difféquées, des fquelettes déchar: nés, ce qui doit être vrar de toutes les” autruches qui mont point de graïle, ou même, à qui on l'a enlevée, attendu qu'elles n'ont point ‘ hair. far la pot- trine nt fur le ventre, les mufcles du bas- ventre ne commençant à devenir charnus que fur les flancs ( £ ). _ Si des organes de la digeftion , je pale à ceux de la génération, je trouve de nouveaux rapports avec Forganifation des quadrupèdes : : le plus grand nombre des offeaux n’à point de verge apparente; Vautruche en a une aflez confdérable, compofée de deux lJigamens blancs, folides & nErVEUX ; ayant quatre lignes de diamètre, revêtus d’une membrane épaille, & qui he ‘s'uniflent qu'à deux doigts près de Pextrérmité : dans quel- ques fujets, on a apperçu de plus dans cette partie, une fubftance rouge, fpon- gieufe, garnie d’uné multitude de vaif {eaux ; en ur mot; fort Murs Lls deg A. 8) Mémoires pour fervir à PHifoire des Anis ur pare Il, page 127. — Vallifnieri, tome L PF de l’Aatruche. Pre corps caverneux qu'on ohferve dans la verge des animaux terreftres ; le tout eft renferme dans une membrane com- mune , de même fubftance que les ligamens > quoique cependant moins épaifle & moins dure : : cette verge na ‘ni gland, ni prépuce, nt même de cavité qui pût donner ïflue à la matière féminale, {elon M. les Anatomiites de Académie (A) ; mais G. Warren pré- tend avoir difléqué une autruche dont la verge longue 3 cinq pouces ée demr, étoit creufés Tongitudinalement dans fa partie fupérieure, d'une efpèce de fillon où gouttière, qui lut paroît être le conduit de la femence ( i } Soit que cette gouttière fût formée par la jonétion des deux ligimens , foit que, G. Warren fe foit mépris, en prenant pour la verge ce noyau caftilagineux . de la feconde poche du reélum , qui eft en efft fendu, comme je Fat re- marque plus haut ; foit que la ftructure & la forme de cette partie foit fujette.à CE) Partie IL; page 135. | (i) Tranfa@ions Phiofophiques, mo 394, arr. r, 236 ifloire Naturelle varier en différens fujets : il paroît que . cette verge eft adhérente par fa bafe à : ce noyaux cartilagineux, d'où {e replnnt en deflous , elle pafle par la petite poche, . & fort par fon orifice externe , qui eft l'anus, & qui étant bordé d’un replr membraneux , forme à cette partie Un faux LPEEQUES ; que le Doéteur Browne a. pris fans doute pour un prépuce véri- table, car ïleft le feul qui en donne un à. l'autruche (4). Tl y a quatre mufcles qui appartiennent à. l'anus & à la verge, & de-là réfulte entre ces parties, une correfpondance de mouvement, en vertu de laquelle lorfque l'animal fiente, la verge fort de plufeurs pouces (2). Les teflicules font de différentes grof- feurs en différens fujets, & varient à cet égard dans la proportion de quarante- huit à un, fans doute felon l'âge, la farfon., le genre de maladie qui a précédé (k) Celleétions Phiofophiques ;n.° $ , art. prrr. (1) Nota. Warren a appris ce fait de ceux qui étoient chargés du foin de plufieurs autruches en Angleterre. Voy. Tranf. Philof. n.° 394. de l Autruche. 237 la mort, &c. Ils varient aufli pour 14 configuration extérieure , mais la ftructure ‘interne eft toujours la mêmes leur place eft fur les reins, un peu plus à gauche quà droite; G. Warren croit avoir ap- perçu des véhicules féminales. Les femelles ont aufli des tefticuless car je penfe qu'on doit nommer ainfi ces corps glanduleux, de quatre lignes de diamètre fur dix-huit de longueur, que lon trouve dans les femelles au- deflus de l'ovaire, adhérans à l'aorte & à la veine-cave , & qu'on ne peut avoir pris pour des glandes furrénales, que par la prévention rélultante de quel- que fyftème adopté précédemment. Les canepetières femelles ont aufli des tefti- cules femblables à ceux des mâles (7), & 1l y a lieu de croire, que les outardes femelles en ont pareillement , & que f Mas les Anatomiftes de Académie, dans leurs nombreufes difleétions , ont cru navoir jamais rencontré que des Es (») Hifioire de PAcadémie des rm, année 1756, page 44 238 Hifioire Naturelle mâles (7), c'eft qu'ils ne vouloïent point! “tré comme femelle, un animal à qui ils voyorent des tefticules, Or, tout. le monde fait que l'outarde eft parmi, Jes oifeaux d'Europe , celui qui a le plus de rapport avec l'autruche, & que Ja canepetière n'eft qu'une petite ou- tarde, en forte que tout ce que j'ai dit dans le traité de a génération fur les tefticules des femelles des quadrupèdes,, s'applique icr de foi-même à toute cette chflé d'oileaux ; &. trouvera peut-être! dans la fuite des PRE encore plus étendues. Au-deflous de ces deux corps glan- duleux , eft placé l'ovaire , adhérant aufli aux gros vaifleaux fanguins ; on le trouve ordinairement garnt d'œufs de difitrentes grolleurs , renfermés. dans Jeur calice comme ‘un petit gland left dans le fien, ‘& attachés à Fovaire par leurs pédicules ; M. Perrault en à vu! quiétorent gros comme des poids, d'autres (n) Mémoires pour fervir à F’Hifioire des Ani- maux, partie Il, page 108. | | “de l’Autruche: 239 commedes noix, un feuk comme les deux poines (o). | . Cet ovarre -eft unique , , comme dans prefque tous les oïfeaux, & cel, pour le dire en pañant, un préjugé de plus contre l'idée de ceux qui veulent que les deux corps glanduleux, qui fe trou- vent dans toutes les femelles des quas drupèdes, reprélentent cet ovaire , qui eft une partie fimple (p), au leu d’a- vouer, qu'ils repréfentent en. effet les teiticules , qui font au nombre des Co) Mémoires pour fervir à l'Hifoire des Ani- HAUX, partie II, pagé ‘138. … Cp ) Nota. Le becharu eft le feul oifeau dans lequel M.'S les Anatomiites de l’Académie aient cru trou: ver deux ovaires ; mais cesprétendusovairesétoient, feion eux, deux corps glanduleux d’une: fubiance dure & doi ide dont l’un CC? eft le gauche) fe divifoit en plulieurs g Ita de oroffeurs. inéyales ; maïs fans m'arrêter à la “différente iructure de ces deux COrPS s &entirer des conféquences contrel’identité de leurs fonctions ; je remarquerai feulement que c’éft uné obfervation unique & dont on ne doit rien conclure jufqu’à ce qu’elle ait été contrmée ; d’ailleurs j’ap- perçois dans cette obfervation même une tendänce à l'unité, puifque l’oridu®us, qui eft certainement une dépendance de lovaire, étoit unique. 240 Hiftoire Naturelle parties doubles, dans Îles mâles des olfeaux comme dans Îes quadrupèdes. L’entonnoir de l'oviduëlus s'ouvre au- deflous de l'ovaire, & jette à droite & à gauche , deux appendices membra- neules, en forme d'arleron , 1efquelles ont du rapport à celles qui fe trouvent à l'extrémité de la trompe dans les ani- maux terreftres (g). Les œufs, qui fe détachent de l'ovaire, font recus dans cet entonnoïr, & conduits le long de oviduëlus dans la dernière poche intef- tinale, où ce canal débouche par un orifice de quatre lignes de diamètre , mais qui paroït capable d’une dilatation propor- tionnée au volume des œufs , étant pliffé ou ridé dans toute fa circonférence ; lin- térieur de l'oviduëlus étoit aufli ridé, ou plutôt feuilleté , comme le tror- fième & le quatrième ventricule des ru- ruinans (r ) | Enfin la feconde & dernière poche inteftinale dont je viens de parler , a (3) Mémoires pour fervir à lHifioire des Ani- maux , partie II, page 136. Cr} dbidem , page 137. té auf de l’ Autruckhe, 241 aufli dans la femelle fon noyau cartilas gineux, comme dans le mâle; & ce noyau, qui fort quelquefois de plus d'un demi pouce hors de l'anus , a une petite appen- dice de la Tongueur de trois lignes , mince & recourbée, que Mr les Anatomiftes de l’Académie regardent comme un cli- toris ( f°), avec d'autant plus de fonde- ment, que les deux mêmes mufcles qui s’insèrent à la bafe de la verge dans les mâles, s’insèrent à la bafe de cette appen- dice dans les femelles. Je ne m'arréterai point à décrire en détail les organes de la refpiration, vu qu'ils reflemblent prefque entièrement à ce qu'on voit dans tous les oïfeaux, étant compofés de deux poumons de fubftance fpongieufe, & de dix cellules à air, cinq de chaque coté, dont la quatrième eft plus petite ici, comme dans tous les autres oïfeaux pefans : ces cellules recoivent Pair des poumons, avec lefquels elles ont des communications fort fenfibles ; maïs 1l faut qu'elles en aïent aufli de moins apparentes (f) Mémoires pour fervir à PHiftoire des Ani= maux, partie Il, page 135. Oiféaux, Tome II, L 24% Hifloire Naturelle avec d'autres parties, puifque Vallifniert, en foufflant dans la trachée - artère, a vu un gonflement le long des cuifles & fous les aïles (4), ce qui fuppofe une confor- mation femblable à celle du pélican, dans lequel M. Mery à apperçu, fous latfelle, & entre la cuifle & le ventre, des poches membraneules qui fe rempliflorent d'air , au temps de l'expiration, ou lorfqu'on fouffloit avec force dans la trachée-artère, & qui en fournifloient apparemment au tiflu cellularre (u). | Le Docteur Browne dit pofñtivement, que l'autruche n'a point d'épiglotte (x): M. Perrault le fuppofe, pur{qu'il attribue à un certain mufcle {a fonction de fermer la glotte, en rapprochant les cartilages du larynx (y) : G. Warren prétend avoir vu une cCpiglotte dans le fujet qui a _(t) Valïlifnieri, tome I, page 249. (u) Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1693 , tome X , page 436. (x) Colle&ions Philofophiques, ».° #, art. yr1re (y) Mémoires pour fervir à lHiftoire des Ani-w Maux, partie II, poge 14% de P Autruche. 243 diféqué (x p; & Vallifniert concilie toutes ces contrariétés, en difant qu'en effet if n'y a pas précifément une épiglotte, mais que la partie poltérieure de fa langue en tient lieu, en s'appliquant fur la glotte dans la déglutition (a). … Il ya auffi diverfité d'avis fur le nombre & la forme des anneaux cartilagineux du larynx : Vallifniert n'en compte que deux cents dix-huit, & foutient, avec M. Per= rault, qu AP (but tous entiers. Warren en a trouvé deux cents vingt-fix entiers, fans compterles premiers qui ne le font point, non plus que ceux qui font immédrate- ment au—deflous de la bifurcation de la trachée, Tout cela peut être vraï, attendu les grandes variétés auxquelles eft fujette. la ftructure des parties internes ; mais tout cela prouve, en même temps, com- bien il «ft téméraire de vouloir décrire une efpèce entière d'après un petit nombre d fndividus , -& combien 1l eft dangereux, par. cette méthode, de prendre ou de fa Tranfaétions Philolophiques, n.0 394 (a) Vallifnieri, tome 1, page 249. Li 244 Hifloire Nüturelle donner des variétés individuelles poté des caractères conftans. M. Perrault a obfervé que chacune des deux branches de la trachée-artere, fe divife en entrant dans le poumon, en plulieurs rameaux membraneux, comme dans l'éléphant /2). Le cerveau, avec le cervelet, forme une mafle d'environ deux pouces & demi de long fur vingt lignes de large; Vallif- nieri aflure que celui qu'il a examiné ; ne pefoit qu'une once, ce qui ne feroit pas la douze- centième partie du poids de l'animal : 1l ajoute, que la ftruéture en étoit femblable à celle du cerveau des oïfeaux , & telle précifément qu'elle eft décrite par Willis ; je remarquerai néan- moins, avec M. les Anatomiites del'Aca= démie , que les dix paires de nerfs pren- nent leur origme & fortent hors du crâne, de la même manière que dans les animaux terreftres; que la partie corticale & la partie moëlleufe du cervelet, font difpofées comme dans ces mêmes animaux; qu'on y trouve quelquefois les deux (&) Mémoires pour fervir à 'Hiftoire des Ani- maux, Partie IT, page 144, *# “de lAutruche. 24$ apophyfes vermiformes qui fe voient dans l’homme, & un ventricule, de Îa forme d’une plume à écrire, comme dans la plupart des quadrupèdes fc. | Je ne dira qu'un mot fur les organes de la circulation, c’eft que le cœur eft prefque rond, au leu que les oïfeaux Font ordi- natrement plus alongé. À légard des fens externes, j'ai déjà parlé de la langue, de l'oreille & de la forme extérieure de flœïil, j’ajouterai feulement ici, que fa ftructure mterne eft celle qu'on obferve ordinatrement dans les oïfeaux. M. Ramby prétend que le globe tiré de fon orbite, prend de lui-même une forme prefque triangulaire (4); il a aufli trouvé l'humeur aqueufe en plus grande quantité, & l'humeur vitrée en moindre quantité qu à l'ordinaire fe). Les narines font dans le bec fupérieur; (c) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux, Partie II, page 153. {d) Tranfactions Philofophiques, ».2 413. (ce) Ibidem, n.° 386. L ni 246 Hifloire Naturelle non loin de fa bafe; ïl s'élève du milieu de chacune des deux ouvertures, une protubérance cartilagineufe revêtue d’une membrane très-fine, & ces ouvertures communiquent avec le palais, par deux conduits qui y aboutifient dans une fente affez confidérable; on fe tromperoit, fi Ton vouloit conciure de la ftructure un peu compliquée de cet organe, que l'au- truche excelle par 1e fens de Todorat; les faits les mieux conftatés nous appren- dront bientôt tout le contraire, &1l paroït en général, que les fenfations principales & dominantes de cet animal, font celles de la vue & du fixième fens. Cet expolé fuccinét de lorganifation intérieure de Fautruche , eft plus que fufhfant pour confirmer fidée que j'ai donnée d’abord de cet animal fingulier , qui doit être rêgardé comme un être de nature équivoque, & faifant la nuance entre le quadrupède & Foifeau (f); fa place , dans une méthode où lon fe (f) Partim avis partim quadrupes , dit très-bien Arifiote , Lib, IV, de partibus animalium , cap. ultime. de l’Autruche, ‘247 propoferoit de repréfenter le vrai fyfe tême de la Nature, ne feroit nt dans la claffe des offeaux, nt dans celle des quadrupèdes , mais fur le paflage de l'une à l'autre; en eflet, quel autre rang afligner à un animal , dont le corps, mi-parti d'otfeau & de quadrupède, eft porté fur des pieds de quadrupède, & furmonté par une tète d'oifeau, dont le mâle a une verge & la femelle un clitoris, comme les quadrupèdes, & qui néanmoins elt ovipare, qui a un gélier comme les oïfeaux, & en même temps plufeurs eftomacs & des inteftins, qui, par leur capacité & leur ftruéture, répondent en partie À ceux des rumit- nans, en partie à ceux d'autres quadru- pèdes ? Dans l’ordre de Ia fécondité , l’au- truche femble encore appartenir de plus près à la clafle des quadrupèdes qu'à celle des oïfeaux ; car elle eft très- féconde, & produit beaucoup. Ariftote dit qu'après lautruche , l'otfeau qu'il nomme arricapilla , eft celur qui pond le plus ; & ïl ajoute que cet oïfeau atricapilla , pond vingt œufs s davan- | IV 48 Hifloire Narurelle tage (g); d'où il fuivroit que lautrüché en pond au moins vingt-cinq: d’ailleurs, felon les Hifloriens modernes & les voya- geurs les plus inftruits, elle fait plufeurs couvées de douze ou quinze œufs cha- cune. Or, fi on la rapportoit à la clafle des Note elle feroit la plus grande, & par conféquent devroit produire Îe moins, fuivant l'ordre que fuit conftam- ment da Nature dati da multiplication des animaux , dont elle paroît avoir fixé la proportion en raïon inverfe de Îa gran- deur des individus; au lieu qu'étant rap- portée à la clafie cs animaux terreftres , elle {e trouve très-petite, relativement aux plus grands, & plus petite que ceux de grandeur médiocre, tels que le cochon, & fa grande fécondité rentre dans Fode naturel & général. Oppien, qui croyoit mal-à-propos que les chameaux de la Bactriane s accouplorent à rebours & en fe tournant le derrière, a cru, par une feconde erreur, qu'un oifeau-chameau (car c'eft le nom qu'on donnoit dés-lors à l’autruche ) ne pourroit Cg) Hill animal, Lib, IX, cap. XXV. de l’Autruche. 249 manqüer de s’accoupler de la même façon, & ïl la avancé comme un fait certain; mais cela n’eft pas plus vrai de L'oifeau - chameau, que du chameau lui- même, comme je l'ai dit ailleurs { A ): & quoique , felon toute apparence , peu d'obfervateurs aient été témois de cet accouplement , & qu'aucun n'en aît rendu compte, on eff en droit de fuppofer qu'il fe fait à la manière accoutumée, jufqu'à ce qu'il y aît preuve du contraire. Les autruches pañlent pour être fort lafcives & s'accoupler fouvent ; & fi Ton fe rappelle ce que j'ai dit ci-deflus des dimenfons de la verge du mâle, on concevra que ces accouplemens ne fe pañlent point en fimples compreflions ; comme dans prefque tous les oïfeaux , mais qu'il y a une or réelle des parties fexuelles du mâle dans celles de Ia femelle. Thévenot eft le feul qui dife qu'elles RE it par paires, & RS (h) Voyez le tome X, page 35 de cette nou- velle édition; & le rome XII, page 324 de l’édition en trente-un volumes. u st 3 L y 250 Hiffoire Naturelle que chaque mâle n’a qu'une femelle» contre l'ufage des otfeaux pefans (i). Le temps de la ponte dépend du climat qu'elles habitent, & c'eft toujours aux environs du folftice d'été, c’eft-à-dire, au commencement de juillet, dans lA- frique feptentrionale /#), & fur la fin de décembre , dans l'Afrique méridio- nale //). La température du climat influe auffi beaucoup fur leur manière de couver; dans la zône torride, elles fe contentent de dépofer leurs œufs fur un amas de fable qu'elles ont formé groflièrement avec leurs pieds, & où la feule chaleur du foleil les fait éclore ; à peine les cour vent-elles pendant la nuit : & cela même n'eft pas toujours néceflaire, puïfqu'on en a vu éclore, qui n'avoient point été couvés par la mère, ni même expolfés aux rayons du foleïl {m) ; mais, quoique les {:) Voyage de Thévenot, tome I, page 213: (k) Albert, de Animal. Lib. XX111. {!) Voyage de Dampier autour du monde, tome II, page 251. | {m) Jannequin étant au Sénégal, mit dans fà , de FAÆutrüche. 257 aütruches ne couvent point ou que trés- _ peu leurs œufs, ïl s'en faut beaucoup qu'elles les abandonnent : au contraire, _ elles veillent affidûment à ler confer vation, & ne les perdent guere de vue; c'eft de-là qu'on à pris occafion de dire qu'elles les couvoient des yeux , à La lettre: & Diodore rapporte une façon de prendre ces animaux, fondée fur leur grand attachement pour leur couvée ; _C'eft de planter en terre , aux environs du nid & à une jufte hauteur, des pieux armés de pointes bien acérées , dans lef- quelles là mère s’enferre d'elle - même lorfqu'elle revient avec emprefflement fe _poler fur fes œufs (n). F4 Quoique le climat de la France foit beaucoup moins chaud que celur de Îa Barbarie, on a vu des autruches pondre à la ménagerie de Verfailles: mais Mr de T'Académie ont tenté inutilement de faire | ete onto homme ra LV es” eaffette deux œufs d’Autruche bien enveloppés _d’étoupes; quelque temps après, 11 trouva que l’un _ de ces œufs étoit prêt d’éclore. Voyez Hifl. générale des Voyages, tome II, page 458. (x) De fabulofis antiquorure gellis. L vj 2$2 Hifloire Naturelle éclore ces œufs par une incübatior artificielle, foit en employant la chaleur du folerl , ou celle d'un feu gradué ê ménagé avec art : ils n'ont jamais pu par- venir à découvrir, dans les uns ni dans les autres, aucune orgänilation commencée, ni méme aucune dfpofition apparente à 11 génération d'un nouvel étre ; le jaune & le blanc de celur qui avoit été expolé au feu, $ ‘étoient un peu éparfls, celui qui avoit été mis au foleil, avoit contracté une très-mauvaife odeur ; & aucun ne pré- fentoit la momdre apparence d’un fœtus ébauché /o) , en forte que cette incubation phtlofophique n'eut aucun fuccès. M. de Réaumur n'exiftoit pas encore. Ces œufs font très-durs, très- pefans & très-gros: mais on fe les repréfente quelquefois encore plus gros qu'ils ne font en eflet , en prenant des œufs de crocodiles pour des œufs d’autruche fp}; on a dit qu'ils étoient comme la tête (0) Mémoires pour fervir à V'Hiftoire des Ani- maux, Partie II, page 138. (p) Belon, Hifi. Nat. des Oifequx , page 239, de l’Autrucke. 253 d'un enfant /g), qu'ils pouvoient con- tenir jufqu'à une pinte de liqueur (r), qu'ils pefoient quinze livres {f), & qu'une autruche en pondoit cinquante dans une année (r ); Elien a dit jufqu'à quatre-vingts; mais la plupart de ces faits me paroïflent évidemment exagérés ; car , 1.” comment fe peut -1l faire qu'un œuf dont la coque ne pèfe pas plus d'une livre, & qui contient au plus une pinte de liqueur, foit du poids total de quinze livres ? II faudroit pour cela que le blanc & le jaune de cet œuf, füt fept fois plus denfe que l’eau, trois fois plus que le marbre, & à peu-près autant que l'étam, ce qui eft dur à fuppofer. | 2.7 En admettant, avec Willughby ; que lautruche pond dans une année Cinquante œufs, pefant quinze livres chacun, il s'enfuivroit que le poids total (4) Wiliughby, Ornithologia, page 105. (r) Belon, Hift. Nat. des Oifeaux , page 233. (f) Léon-PAfricain, Defcription de l'Afrique , Lib. 1X. Willughby , ubi füpra (t) Wiülughby, ibidem, 4 254 Hifloire Naturelle de la ponte , feroit de fept cents cine quante livres, ce qui eft beaucoup pour un animal qui n'en pèle que quatre- vingts, H me paroït donc qu'il y a une ré- duétion confidérable à faire, tant fur le poids des œufs que fur leur nombre, & 1l eft fâcheux qu'on n'ait pas de mémoires aflez fürs pour déterminer avec juftefle la quantité de cette reduc- tion; on pourroit , en attendant, fixer le nombre des œufs d’après Ariftote, à vingt-cinq ou trente; & d'après les Modernes, qui ont parlé le plus fage- ment, à trente-fix : en admettant deux ou troiës couvées, & douze œufs par chaque couvée, on pourroit encore dé- terminer le poids de chaque œuf, à trois ou quatre livres, en paflant une livre plus ou moins pour la coque, & deux ou trois fivres pour la pinte de blanc & de jaune qu'elle contient : mais 1 y a bien loin de cette fixation conjec- turale à une obfervation précife. Beau- coup de gens écrivent , mais 1l en eft peu qui mefurent, qui pèlent, qui comparent ; de quinze ou feize autru- de l'Autruche. 255$ ches, dont on a fait la diflection en différens pays, 1} ny en a qu'une feule qui ait été pefée, & ceft celle dont nous devons la defcription à Vallifnierr. On ne fait pas mieux le temps qui eft néceflaire pour lincubation des œufs : tout ce qu'on fait, ou plutot, tout ce qu'on aflure, c'eft qu'aufii - tôt que les jeunes auéribies font éclofes elles font en état de marcher, & même de courir & de chercher leur nourriture (4), en forte que dans la zone torride , où elles trouvent le degré de chaleur qui leur convient & la nourriture qui leur eft propre, elles font émancipées en naif- fant , & font abandonnées de leur mère, dont les fois leur font inutiles : maïs, dans les pays moins chauds, par exem- pie, au Cap de Bonne-efpérance, Îa mère veille à fes petits, tant que fes fecours leur font néceflaires (x), & par- tout. les foins font proportionnés aux beforns. _(u ) Léon - PAiricain R run de l'Afrique Lib. 1x. (x) Kolbe, Dépt du Cap. 256 Hifloire Naturelle Les jeunes autruches font d’un gris= cendré la première année, & ont des plumes par-tout, mais ce font de faufles plumes qui tombent bientot d’elles- mêmes, pour ne plus revenir fur les par- ties qui doivent être nues, comme la tête, le haut du cou, les cuïfles, les flancs & le deffous des aïles ; elles font rempla- cées fur le refte du corps par des plumes alternativement blanches & noires, & quelquefois grifes par le mélange de ces deux couleurs fondues enfemble ; les plus courtes font fur la partie inférieure du cou, la feule qui en foit revêtue; elles deviennent plus longues fur Îe ventre & fur le dos, les plus longues de toutes font à Tage de la queue & des aïles, & ce font les plus recherchées. M. Klern dit, d'après Albert, que les plumes du dos font très-noires dans les mâles, & brunes dans les femelles {y ): cependant M. de l'Académie, qui ont dificque huit autruches, dont cinq males & trois fer melles, ont trouvé le plumage à peu-près (y) Klein . Hit. ie , page 16. — Alberts Apué Gefherum de Avibus , page 742. de l’ Autruche. 257 femblable dans les unes & les autres /z), mais on nen a jamais vu qui euflent des plumes rouges, vertes, bleues & jaunes, comme Cardan femble Pavoir cru , par une méprife bien déplacée, dans un ouvrage Jür la fubtilité. Redi à reconnu, par de nombreufes obfervations, que prefque tous les orfeaux _ étoient fajets à avoir de la vermine dans Jeurs plumes, & même de plufieurs efpè- ces ; & que la plupart avoïent leurs infectes particuliers, qui ne fe rencontroïent point ailleurs |, mais 1 n'en a jamais trouvé en aucune farfon dans les autruches , quoi- qu'il ait fait fes obfervations fur douze de ces animaux, dont quelques-uns étotent récemment arrivés de Barbarte (a). D'un autre côté Vallifniert, qui en a diféqué deux , n'a trouvé dans leur in- térieur , ni nbtle. ni vers, ni infectes quelconques ( b ); 1 femble qu'aucun (x) Mémoires pôur fervir à l'Hiftoire des Ani- maux, Partie II, page 113. {a) Collection Acad. tome I de l’Hifioire natu= relle, page 464. {b) Œuvres de Vallilniert, tome T, page 246% 258 Hiftoire Naturelle de ces animaux n'ait d'appétit pour la chair de l’autruche, qu'ils lévitent même & la craïgnent, & que cette chair ait quelque qualité contraire à leur multi plication , à moins qu'on ne veuille attribuer cet effet, du moïns pour lin- térieur, à la force de leftomac & de tous les organes digeftifs; car fautruche a une grande réputation à cet égard, il y a bien des gens encore qui crotent qu'elle digère le fer, comme la volaille commune digère les grains d'orge; quel- ques Auteurs ont même avancé quelle digéroit le fer rouge / c ); maïs on me difpenfera , fans deute, de réfuter férieu- fement cette dernière aflertion; ce fera bien aflez de déterminer, d’après les faits, dans quel fens on peut dire que lautruche digère le fer à froid. Il eft certain que ces animaux vivent principalement de matières végétales, qu'ils ont le géfier munt de mufcles tres forts, comme tous les granivores {d), (ce) Marmol, Defcription de l'Afrique, tome I, page 64. | .(d) Nota. Quoique Vautruche foit omnivore dans le fait , il femble néanmoins qu’on doit Ja de l’ Autruche. 2$9 & qu'ils avalent fort fouvent du fer /e), du cuivre, des pierres, du verre, du bois, & tout ce qui fe préfente; je ne nierois pas même qu'ils n'avalaffent quel- quefois du fer rouge, pourvu que ce fût en petite quantité, & je ne penfe pas avec cela que ce fût impunément : il paroït qu’ils avalent tout ce qu'ils trouvent, jufqu'à ce que leurs grands eftomacs foient entière- ment pleins, & que le befoïn de les lefter par un volume fufifant de matière, eft fune des principales caufes de leur voracité.. Dans les fujets difléqués par Waren /f) & par Ramby /g), les ventricules étorent Pa ranger parmi les granivores, puifque, dans fes dé- ferts, elle vit de dattes & autres fruits ou matières végétales, & que , dans les ménageries , on la nourrit de ces mêmes matières: d’ailleurs Strabon nous dit, Lib. 1, que lorfque les chaffeurs veulent Pat- tirer dans le piège qu’ils lui ont préparé, ils Iui préfentent du grain pour appât. _ (e) Je dis fort fouvent, car Albert affure très- poñtivement qu’if n’a jamais pu faire avaler du fer à plufieurs autruches, quoiqu’elles dévoraflent avi- dement des os fort durs & même des pierres. Voyez Gefüer, de Avibus , page 742, C. (f) Tranfations Philofophiques, n.° 394. (g) Ibidem, n° 386. 260 Hifloire N aturelle tellement remplis & diftendus, qüe fa première idée qui vint à ces deux Anato- miftes , fut de douter que ces animaux euffent jamais pu digérer une telle fur- charge de nourriture. Ramby ajoute qu: les matières contenues dans ces ventri- cules, paroïfiorent n'avoir fubi qu'une légère altération. Vallifniert trouva auffi le premier ventricule entièrement plein d'herbes, de fruits, de légumes, de noix, deæordes, de pierres, de verre, de cuivre jaune & rouge, de fer, d'étain, de plomb & de bois; 1l y en avoit entrautres un morceau, & c'étoit le dernier avalé, puif- qu'il étoit tout au-deflus, lequel ne peloit pas loin d'unelivref). M. del Académie aflurent que les ventricules des huit autrus ches qu'ils ont obfervées, fe font toujours trouvés remplis de fom, d'herbes, d'orge, de fèves, d'os, de monnores, de cuivre & de cailloux, dont quelques— uns avoient la grofleur d'un œuf { à ); lautruche entafle donc Îes matières dans mme nement emanen à (h) Opere di Vallifnieri, tome I, page 240. (1) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani« maux, Parue IT, page 129, de l’ Autruche, IC : fs eftomacs à raïfon de leur capacité, & par la nécefité de les remplir ; &, comme elle digère avec facilité & promptitude, il eft atfé de comprendre pourquot elle eft infatrable. fiQ Maïs quelque infatiable qu’elle foit ; on me demendera toujours , non pas pourquoi elle confomme tant de nour-— riture , maïs pourquoi elle avale des matières qui ne peuvent point la nourrir , & qui peuvent même lui faire beaucoup de mal; je répondrai que c'eft parce qu'elle eft privée du fens du goût, & cela eft d'autant plus vraifemblable, que fa langue étant bien examinée par d’ha- biles Anatomiftes, leur à paru dépourvue de toutes ces papilles fenfibles & ner- veufes, dans lefquelles on croit avec aflez de fondement que rélide la fen- fation du goût (Æ) : je crorrois même qu'elle auroit le fens de lodorat fort obtus , car ce fens eft celui qui fert le plus aux animaux pour le difcer- nement de leur nourriture ; & lautruche a fi peu de ce difcernement, qu’elle "0 Vallifnieri, tome F d- pags 249, Ho, 262 Hifloire Naturelle avale non-feulement le fer, les carllouxs le verre, maïs même le cuivre qui a une fi mauvaife odeur, & que Vallifntert en a vu une qui étoit morte pour avoir dévoré une grande quantité de chaux vive (l) : les gallinaces & autres grant- vores, qui n'ont pas les organes du goût, fort PEL » avalent bien de petites. pierres qu’ils prennent apparemment pour de petites graines, lorfqu’elles font mé- lées enfemble; mais fi on leur préfente. pour toute nourriture un nombre connu de ces petites pierres, ils mourront de faim, fans en avaler une feule [#2 ) ; à plus forte raïfon ne toucheroïent- ils point à la chaux vive ; & l'on peut con- clure de-là, ce me femble , que lau- truche eft un des orfeaux dont les fens du goût , de lodorat , & même celui du toucher dans les parties internes de la bouche, font les plus émouflés & les plus obtus ; en quoi 1l faut convenir qu'elle s'éloigne beaucoup de la nature des quadrupèdes. (L) Vallifnieri, rome I, page 239. (m) Collection Académique, teme I de lHifioire naturelle, page 498. de l’ Autruche. 263 Mais enfin que deviennent les fubf- tances dures , réfractaires & nuïfhbles que lautruche avale fans choix & dans la feule intention de fe rémplir? que deviennent fur-tout le cuivre, le verre, le fer ? Sur cela les avis font partagés, & chacun cite des faits à l'appui de fon opinion. M. Perrault ayant trouvé foixante - &-dix doubles dans leftomac d'un de ces animaux , remarqua qu'ils étoient la plupart ufés & confumés prefque aux trois quarts; mais il jugea que c'étoit plutot par leur frottement mutuel & celui des caïlloux , que par l'action d'aucun acide, vu que quel- ques-uns de ces doubles qui étotent boflus, fe trouvèrent fort ulés du côté convexe , qui étoit aufli le plus expolé aux frottemens , & nullement endom- magés du côté concave ; d’où 1l conclut que, dans les oïleaux , la difiolution de la nourriture ne fe fait pas feulement par des elprits fubtils & pénétrans; maïs éncore par l'action organique du ven- tricule qui comprime & bat inceflam- ment Îles alimens avec les corps durs que ces mêmes animaux ont l'inftinct 264 Hifloire Naturelle d'avaler ; & comme toutes les matières _ contenues dans cet eftomac étoient tentes en vert, 1l conclut encore que la diflolu- tion du cuivre s’y étoit faite, non parun diflolvant particulier , ni par voie de digeflion , mais de la même manière qu'elle fe feroit fi l'on broyoit ce métal . avec des herbes, ou avec quelque liqueur acide ou falée : 1l ajoute que Îe cuivre, bien loin de fe tourner en nourriture dans l'eftomac de Fautruche, y agifloit au contraire comme pot{on, & que toutes celles qui en avaloient beaucoup mou- rotent bientot après ( n). Vallifniert penfe au contraire que lautruche digère ou diflout les corps durs, principalement par l’action du diflolvant de leftomac , fans exclure celle des chocs & frottemens qui peu- vent aider à cette aétion principale; voici fes preuves: 1° Les morceaux de bois, de fer ou de verre qui ont féjourné quelque temps dans les ventricules de l'autruche, (n) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Anis maux, Partie Il, page 4129. nc de l’ Autruche. 26$ ñe font point lifles & luifans comme ils devroient l'être , s'ils euflent été ulfés _ par le frottement ; maïs ils font raboteux, filonnés, criblés comme ils doivent l'être, en opblst qu'ils aient été rongés parun Te actif: ° Ce diflolvant réduit lés corps les té durs, de même que les herbes, les grains & les os , en molécules impalpables qu'on peut apercevoir au microfcope & même à l'œrl nu : 3.° Il a trouvé dans un eftomac d’au- truche un clou implanté dans lune de fes parois, & qui traverfoit cet eftomac, de façon que les paroïs oppofées ne pou- “ voient s'approcher , nt par conféquent comprimer les matières contenues , autant qu'elles le font d'ordinaire ; cependant _ Tes alimens étoïent aufli-bien diflous dans ce ventricule, que dans un autre qui n'étoit traverfé d'aucun clou; ce qui prouve au moins que Îa digeftion ne fe fait pas dans lautruche ne ane par grituration : 4 Il a vu un dés à coudre, de cuivre, trouvé dans l'eftomac d'un .: chapon, lequel n'étoit rongé que dans Oùfeaux , To ome II, M 266 Hifloire Naturelle le feul endroit par où 1l touchoit au gélier, & qui, par conféquent, étoit le moins expof aux chocs des autres corps durs; preuve que la diflolution des métaux, dans leftomac des cha- pons, fe fait plutôt par l'aétion d’un dif- {olvant , quel qu'il foit, que par celle des chocs & des frottemens, & cette confé- quence sctend aflez naturellement aux autruches: .” Il a vu une pièce de monnote rongée f profondément, que fon poids étoit réduit à T'OIS grains ; 6.” Les glandes du premier eftomac donnent, étant prefiées, une liqueur vif- queufe, jaurâtre , imfpide, & qui néan- moins imprime très-promptement fur le fer une tache obicure: 7. Enfin lacivité de ces fucs ; la force des mulcles du gélier, & la couleur notre qui teint les excrémens des autruches qui ont avalé du fer, comme elle teint ceux des perfonnes qui font ufage des martiaux & les di- gèrent bien, venant à l'appui des faits précedens, autort{ent Vallifntert à con- jecturer, non pas tout-à-fait, que les de PAutruche, 267 autruches digèrent le fer &s'en noürriflent; comme divers infectes ou reptiles fe nour- 1ilient de terre & de pierres; mais que les pierres, les métaux & fur-tout le fer, diflous. par le fuc des glandes, fervent à tempérer, comme abforbans, les fermens trop actifs de l'eftomac; qu’ils peuvent fe mêler à la nourriture, comme élémens utiles, l'affafonner , augmenter la force des {olides , & d'autant plus que le fer entre, comme on fait, dans la compofition des êtres vivans, & que, lorfqu'il eft fufhfam- ment atténué par des acides convenables, il fe volatilife & acquiert une tendance à véseter, pour ainfi dire, & à prendre des formes analogues à celles des plantes ; comme on le voit dans l'arbre de mars /o); & c'eft en effet le feul fens rarfonnable dans lequel on puifle dire que l'autruche (o) Mémoires de l’Académie des Sciences, années 1708, 1706 & fuivantes. — Vallifnieri, t0me TI, page 2432; & il confirme encore fon fentiment par les obfervations de Santorini fur des pièces de monnoie & des clous trouvés dans l’eftomac d’une autruche qu’il avoit difféquée à Venife, & par les expériences de l’Acadéinie del Cimento , fur la dige{s tion des Oiieaux, Mr 168 Hifloire Naturelle digère le fer, & quand elle auroit ef: tomac aflez fort pour le digérer véri- tablement, ce n'eft que par une erreur bien ridicule qu'on auroit pu attribuer à ce géfier, comme on a fait, la qualité d'un remède & la vertu d'aider la di- geftion , putfqu'on ne peut nier qu'il ne foit par lur-même un morceau tout- à-fait indigefte; mais telle eft Ia nature de lefprit humain; lorfqu'il eft une fois frappé de quelque objet rare & fingulier, 1l fe plaît à le rendre plus fingulier encore, en lur attribuant des propriétés chimériques & fouvent ab- furdes : c'eft amfi qu'on a prétendu que les pierres les plus tranfparentes qu'on trouve dans les ventricules de l’autruche, avoient aufli la vertu, étant portées au cou, de faire faire de bonnes digeftions ; que la tunique intérieure de fon géfier avoit celle de ranimer un tempérament afloibli & d'inmfpirer de Famour; fon foie, celle de guérir le mal caduc; fon fang, celle de rétablir la vue; la coque de fes œufs réduite en poudre, celle de foulager les douleurs de la goutte & de la gravelle, &c, Vallifniert a eu de l’ Autruche, 269. occañon de conftater par fes expériences la faufeté de la plupart de ces prétendues vertus; & fes expériences font d'autant plus décihives, qu'il les a faites fur les perfonnes les plus crédules & les plus prévenues /p). L'autruche eft un oïfeau propre & particulier à l'Afrique, aux iles voifines de ce continent /g), & à la partie de l'Afe qui confine à flAfrique ; ces régions qui font le pays natal du cha- meau, du rhinoceros , de léléphant & de plufeurs autres grands animaux, devoient être aufli la patrie de lau- truche , qui eft l'éléphant des oïfeaux ; elles font très-fréquentes dans les mon- tagnes fituées au fud-oueft d'Alexandrie ; furvant Île docteur Pokoke. Un Mif- fionnaïre dit qu'on en trouve à Goa, mais beaucoup moins qu'en Arabie fr); Et (p) Vallifnieri, rome I, page 253. (g) Le vorou-patra de Madagafcar eft une efpèce d’autruche qui fe retire dans lesiieux déferts, & pond des œufs d’une fingulière groffeur. Hifloire générale des Voyages, tome VIII, page 606, citant Flaccour. (r) Voyage du Fr. Philippe, Carme-déchaufé, page 378. | { M 1j 270 Hifioire Naturelle Phioftrate prétend même qu’'Apollonius en trouva jufqu'au-delà du Gange (f) 3 mais c'étoit fans doute dans un temps où ce pays étoit moins peuplé qu'au- jourd'hur. Les Voyageurs modernes n'en ont point aperçu dans ce même pays, finon celles a on y avoit menées d'ail- leurs (1); & tous conviennent qu ‘elles ne s'écartent guère au-delà du trente- cinquième degré de lititude, de part & d'autre de la Ligne; &, comme lag truche ne vole point, elle eft dans le cas de tous les quadrupèdes des parties méridionales de l'ancien contient, c'eft- à-dire, qu'elle n'a pu pañier dans le nouveau; aufli n'en a-t-on point trouvé en Amérique, quoiqu'on ait donné fon nom au touyou, qui lut refiemble en effet, en ce qu'il ne voie point & par quelques autres rapports, mais qui elt ([) Vita Apollonü, Wb. 111 {t) On en nourrit dans les ménageries du roi de Perfe , felon Thévenot (tome 17, page 200), ce qui fuppofe qu’elles ne font pas communes dans ce pays. — Sur la route d’Ifpahan à Schiras, on amena dans le caravanferal quatre autruches, dit Gemelli Carrçri , tome 11, page 238. de l’ Autruche. 271 d'une efpèce différente , comme nous le verrons bientot dans fon haftoire : par Ia même raïfon, on ne l’a jamais rencontrée en Europe, où elle auroit cependant pu trouver un climat convenable à fa nature dans la Morée, & au midi de l'Efpagne & de l'Italie; maïs, pour fe rendre dans ces contrées, 1l eût fallu ou franchir les mers qui l'en féparoïent, ce qui lui étoit im- poffible, ou faire le tour de ces mers, & remonter jufqu'au cinquantième degré de latitude pour revenir par le Nord en traverfant des régions très- peuplées, nouvel obftacle doublement infurmon- table à la migration d'un animal qui ne fe plaît que dans les pays chauds & les déferts. Les autruches habitent en effet, par préférence , les lieux les plus fohitaires &c les plus arides, où 1l ne pleut prefque jamais /u), & cela confirme ce DER 2 APCE EE PO AE DEC DE À EG RDV GIE AC MEET RC ALT TL AE LE (u) Struthum generari in parte Africe qu non plait , inguit Theophraflus, de Hift. plant. 44, apud Gef° . nerum, page 74. Nota. Tous les Voyageurs & Îles Naturaliftes font d'accord fur ce point; G. Warren eft le feuf qui ait fait un oifeau aquatique de l’au- truche , l’animal le plus anti-aquatique qu’il v ait : il convient bien qu’elle ne fait re nager; mais 4 272 Hifloire Naturelle que difent les Arabes, qu’elles ne boivent | point ; elles fe réuntflent dans ces déferts en troupes nombreules, qui, de loin, ref femblent à des efcadrons de cavalerie, & ont jeté l'alarme dans plus d'une caravane. Leur vie doit être un peu dure dans ces foïitudes vaftes & ftériles; mais elles y trouvent la liberté & l'amour, & quel ” défert, à ce prix, ne feroit un lieu de délices! c’eft pour jouir, au {ein de la Na- ture, de ces biens ineftimables, qu'elles furent l’homme ; mais l’homme qui fait le profit qu'il en peut tirer , les va chercher dans leurs retraites les plus fauvages ; xl {e nourrit de leurs œufs, de leur fang , de elle a Îes jambes hautes & fe cou long, ce qui ui donne le moyen de marcher dans l’eau & d’y faifir fa proie; d’ailleurs on a remarqué que fà tête avoit quelque refflemblance avec celle de loie; en faut-il davantage pour prouver que F’autruche eft un oifeau de rivière ? Voy. Tranfaët. Philof. n.° 394. Ün autre ayant oui dire qu’on voyoit en Abyflinie des autruches de la grofieur d’un âne, & ayant appris d’ailleurs qu’elles avoient le cou & les pieds d’un quadrupede , en a conclu & écrit qu’elles avo'ent le cou & les pieds d’un âne, fuidas. 1 n’y a guère de fujet d’Hifioire naturelle qui ait fait dire autant d’abiurdités que lautruche. 74 de l'Autruche. 273 eur graïfle, de leur chair; il fe pare de leurs plumes : il conferve peut-être l'efpé- rance de les fubjuguer tont-à-fait, & de les mettre au nombre de fes efclaves. L'autruche promet trop d'avantages. à l'homme, pour quelle puifle être en fûreté dans fes déferts. Des peuples entiers ont mérité le nom de Srruthophages, par l'ufage où ils étotent de manger de l’autruche (x}3 & ces peuples étoient voifins des Élé- phantophages , qui ne faioient pas metlleure chère. Apicius prefcrit , & avec grande raïfon, une fauce un peu vive pour cette are (Y > ce qui prouve au moins qu'elle étoit en ufage chez les Romains; mais nous en avons d'autres preuves. L'empereur Hélioga- bale fit un jour fervir la cervelle de fix cents autruches dans un feul repas (7): cet Empereur avoit, comme on fait, la fantaiñie de ne manger chaque jour (x) Strabon, 5. xr1. — Diod. Sic. de Fabul, Antig. gefhs #4 IV. fy) Apicius, Lib. VI, cap. 1. (2) Lamp. in vita Heliogabali. M v 274 Hifloire Naturelle que d’une feule viande, comme faifans; cochons, poulets, & l'autruche étoit du nombre (a), mais apprêtée fans doute à la manière d'Apicius ; encore aujour- d'hui les habitans de la Eybre, de Îa Numidie, &c. en nourriflent de privées, dont ïls mangent la chair & vendent les plumes {b); cependant les chiens n1 Îes chats ne voulurent pas même fentir la chair d'une autruche que Vallifnierti avoit difléquée, quoique cette chair fût encore fraîche & vermeille; à la vérité, l'autruche étoit d'une très-grande maï- greur ({c); de plus, elle pouvoit ètre vieille; & Lcon-l'Afriquain, qui en avoit goûté fur les feux, nous apprend qu'on ne mangeoit guère que les jeunes, & même après les avoir engraïfltes {4 ): le Rabm, David Kimbr, ajoute qu'on préféroit les femelles (e), & peut-être en (a) Lamp. à vita Helogabalr. (b) Belon, Hifl. nat. des Oifeaux, page 9231. — Marmol, Dejcription de l'Afrique, tome III, page 25... L {c) Opere di Vallifnieri. tome }, page 252. {d) Defcription de Afrique, lim 1x. (e) Gefner, de Apibus, page 741. de l Autruche. 275$ eût-on fait un mets pañlable en les fou- mettant à la caftration. Cadamofto & quelques autres Voya- geurs difent avoir goûté des œufs d'au- truche, & ne les avoir point trouvés mauvais, de Brue & ie Maire aflurent que , dans un feul de fes œufs, 1l y a de quoi nourrir huit hommes f); d’autres, qu'il péle autant que trent: œufs de poule /2#); mais il y a bien loin de-R à quinze livres. | On fait avec 1 coque de ces œufs des efpèces de coupes qui durciilent avec le temps, & reflemblent en quelque forte à de l'ivorre. Lorfque les Arabes ont tué une au- truche, 1ls lut ouvrent la gorge, font une ligature au-defilous du trou, & Ia prenant enfuite à trois ou quatre, ils Ia {ecouent & la reïlaflent, comme on reflafleroit une outre pour la rincer ; après quoi, la ligature étant défaite, ïl fort par le trou fait à la gorge une quantité confidérable de mantèque en (f) Voyage au Sénéoal, &c. page 104. (g) Kolbe, Deftription du cap de Boune-efpérances M v) 76. Hifloire Naturelle confiftance d'huile figée; on en tire quelquefois jufqu'à vingt livres d'üne … feule autruche.. Cette mantèqué n'eft autre chofe que le fang de.fanimal | mêlé, non avec fa chaïr, comme on Ta dit, putfqu'on ne. Jui .en trouvoit point far le ventre & la poitrine; oti en effet ïl ny en a jamais, mais avec cette graïfle qui, dans les autruchés grafles, 4 forme , comme nous avons dit, une couche épaifle de plufeurs pouces {ur ! les inteftins. Les habitans du pays pré- tendent que la _mantèque eft un très- bon manger, mais qu'elle donne le couts de ventre /h). Les Ethiopiens écorchent les au- truches, & vendent leurs peaux aux Marchands d'Alexandrie : le cuir en eft très-épais (2), & les Arabes s'en farloient autrefois des efpèces de foubreveftes, qui leur tenorent lieu de cuirafle & de (h} Voyage de Thévenot, rome T, page 313. (1) Nota. Schwenckfela prétend que ce cuir épais eft fait pour garantir l’autruche contre la rigueur du froid; l n’a pas pris garde qu’elle n’habitoit que les puys chauds, Pipe Aviarium Silefiæ , page 350. «de l’Autruche 277 boüclier-( 4). Belon à vu une grande quantité de ces. peaux toutes: emplumées dans les boutiques d'Alexandrie (Z), les longues plumes blanches de la queue & des aïles ont été recherchées dans tous les temps ; les Anciens les ‘em- ployoïient comme ornement 8 commie diftinction militaire , : & elles avorerit fuccédé aux plumes de cygne car és oïfeaux ont toujours été en pofleflion de fournir aux peuples policés, comme aux ‘peuples fauvages ; une partie de ur parure. Aldrovande nous apprend qu'on voit encore à Rome deux ftatués anciennes, lune de Minerve & lautre de Pyrrhus, dont le cafque eft orné de plumes d’autruche 6 m );. c'eit apparem— ment de ces mêmes plumes qu'étoit compofé le pennache des foldats Ro- mains ; dont parle Polybe {[n), & qui confiftoit en, trois plumes noires où rouges. d'environ une coudée de haut; ie k) Pollux , Su Gefherum , de Avibus, page 14, Belon, Oferr. fof. 96. {m) Aldrov. de Avibus, tome a page 596 : ..(n) Polybe, Hifi, Bb, vx, | 278 Hifloire Naturelle c'eft précifément la longueur des grandes plumes d'autruches. En Turquie au- jourd'hut, un Janifaire (o) qui s'eft fignalé par quelques faits d'armes (p), a le droit d'en décorer {on turban, & la Sultane, dans le feraïl, projetant de plus douces viétoires, les admet dans fa parure avec complatfance. Âu royaume de Congo, on mêle ces plumes avec celles du paon, pour én faire des en- feignes de guerre {q), & les Dames d'Angleterre & d'Italie s'en font des efpèces d'éventaïls {r) : on fait aflez quelle prodigieufe cenfemmation il sen fait en Éurope pour les chapeaux, les cafques, les habillemens de théâtre , les ameuble- mens, les dais, les cérémonies funèbres, & même pour la parure des femmes; & 1l faut avouer qu'elles font un bon effet, foit par leurs couleurs naturelles ou artificielles, foit par leur mouvement Negro PR D ES {o) Belon, Obferr..... fol. 06. (p) Aldrov. de Avibus, tome-Il, page 596. | (q) Hiftoire générale des Voyages, tome F3 pat 16. {r) Aldrov. ubi fupra. — Willughby, page 108. dé l'Autruche. 279 doux & ondoyant; mais il eft bon de favoir que les plumes dont on fait le plus de cas, font celles qui s’arrachent à l'ani- mal vivant , & on les reconnoît en ce que leur tuyau étant preflé dans les doigts, donne un fuc fanguinolent ; celles, au contraire , qui ont été arrachées après Îa mort, font fèches, légères & fort fujettes aux vers ( f°). Les autruches, quoique habitantes du défert, ne font pas aufli fauvages qu'on limagineroit : tous les Voyageurs s'accordent à dire qu’elles s’apprivoifent facilement, fur-tout lorfqu'elles font jeunes. Les habitans de Dara, ceux de Lybie , &c. en nourriflent des trou- peaux (t), dont ts tirent fans doute ces plumes dé première qualité, qui ne fe prennent que fur les autruches vi- vantes ; elles s’apprivotfent même fans qu'on y mette de fom, & par la feule habitude de voir des hommes & d'en (L) Hiftoire générale des Voyages, tome 11, page 632. (1) Marmol, Defcription de Afrique, tome LX, pase on 280 Hifloire Naturelle recevoir la nourriture & de bons traitez mens. Brue en ayant acheté deux à Serinpate, fur la côte d'Afrique, les trouva tout apprivoifées lorfqu'il arriva au fort Saint-Louis (u). On fait plus que de Îles apprivoifer ; on en a dompté quelques-unes, au point de les monter comme on monte un : cheval; & ce n'eft pas une invention : LE car le tyran Firmius, qui régnoit en Ecypte fur la fin du troifième fiècle:, fe farfoit porter, dit-on, par de grandes autruches / x). Moore, Anglois, dit avoir vu à Joar, en Afrique, un homme voyageant fur une autruche (y). Vallifnieri parle d’un jeune homme qui s'étoit fait voir à Venrie , monté fur une autruche, & lur farfant faire des efpèces de voites devant le menu peuple (7); enfin M. Adanfon a (u) Hiftoire générale des Voyages, tome II Ê page 608. (x) Firmius imperator ve&us efl ingentibus Strathio vibus. Textor apud Gefnerum , page 573. (y) Hiftoire générale des Voyages, tome 117» page 84. (x) Vallfnieri, tome I, page 254. de l’Autruche, 28x vü au comptoir de Podor deux autruches encore jeunes, dont la plus forte couroit plus vite que le meilleur coureur Angloïs, quoiqu'elle eût deux Nèsres fur fon dos (a); (a) « Deux autruches qu’on élevoit depuis près de deux ans au comptoir de Podor, fur le Niger, «e quoique jeunes encore, égaloient, à très-peu près « la groffeur des plus oroffes de celles que je n’avois «s aperçues qu’en pafant dans les campagnes brûlées «e & fablonneufes de Ja gauche du Niger : celles-cx « étoient fi privées, que deux petits Noïrs mon- «s tèrent énfemble fa plus grande des deux ; celle-ci «e n’eut pas plutôt fenti ce poids, qu’elle fe mit à « courir de toutes fes forces & leur fit faire plu- « fieurs fois le tour du village , fans qu’il fût poflble « de l’arrêter autrement qu’en lui barrant le paf « fage. . .. Pour effayer Ja force de ces animaux, « je fis monter un Nèvre de taille fur la plus petite, és & deux autres fur la plus groffe : cette charge « ne parut pas difproportionnée à leur vigueur ; 6 d’abord elles trottèrent un petit galop des plus « ferrés ; enfuite, lorfqu’on les eût un peu excitées elles étendirent leurs aïles comme pour prendre « le vent, & s’abandonnèrent à une telle vîteffe, 6e qu’elles fembloïent perdre terre.... Je fuis per- « _fuadé qu’elles auroïent laïffé bien foin derrière 6e elles les plus fiers chevaux Anglois. ... If eft vrai « qu’elles ne fourniroient pas une courfe aufi longue « qu’eux ; mais, à coup für, elles pourroient l’exé- is cuter plus promptement. J’ai été plufieurs fois 6 témoin de ce fpectacle , qui doit donner une idée 6e de la force prodigieufe de l’autruche, & faire 282 Hifloire Naturelle tout cela prouve que ces animaux, fans ètre abfolument farouches, font néanmoins d'une nature rétive, & que, {1 on peut les apprivoifer juiqu'à fe laifler mener en troupeaux , revenir au bercaïl, & même à foufirir qu'on les monte, 1l eft difhcile & peut-être impoflble de les réduire à obéir à la main du cavalier , à fentir fes de- mandes, comprendre fes volontés & s'y foumettre: nous voyons, par la re- lation même de M. Adanfon, que. lautruche de Podor ne s'éloïgna pas beaucoup, mais qu'elle fit plufeurs fois le tour de la bourgade, & quon ne put l'arrêter qu'en lui barrant le paflage : à docile à un certain point par ftupidité, elle paroït intraitable par fon naturel; & 11 faut bien que cela foit, dtifque l'Arabe qui a dompté le cheval & fub- jugué le chameau, n'a pu encore maï- trifer entièrement Vautruche : ; cependant jufque-Rà on ne pourra tirer parti de fa 1 . #» connoître de quel ufage elle pourroit être fi on »» trouvoit moyen de fa maîtrifer & de l’inftruire # comine on drefle un cheval. » Voyage au Sénégat , page 4. de lAutruche. 283 vitefle & de fa force, car la force d’un domeftique indocile , fe tourne prefque toujours contre fon maître. Au refte, quoique les autruches courent plus vite que le cheval, ceft cependant avec le chevai quon les court & quon Îles prend, mais on voit bien quil y faut un peu d'induftrie : celle des Arabes confifte à les fuivre à vue, fans les trop prefler, & fur-tout à les mquiéter aflez pour les empêcher de prendre de la nourriture, maïs point aflez pour les déterminer à s'échapper par une fuite prompte; cela eft d'autant plus facile, quelles ne vont guère fur une ligne droite, & quelles décrivent prefque toujours dans Teur courfe un cercle plus où moins étendu ; les Arabes peuvent donc diriger leur marche fur un cercle concentrique, intérieur, par conféquent plus étroit, & les fuivre toujours à une jufte difance, en faifant beaucoup moins de chemin qu'elles : lorfqu'ils les ont ainfi fatiguées & affamées pendant un ou deux jours, 1ls prennent leur moment, fondent fur elles au grand galop, en les menant contre le vent autant 284 Hifloire Naturelle qu'il eft poflible (Bb), & les tuent à coups de bâton, pour que leur fang ne gâte point le beau blanc de leurs plumes: on dit que, lorfqu’elles fe fentent forcées & hors d'état d'échapper aux Chañeurs, elles cachent leur tête & crotent qu'on ne les voit plus fc); mais il pourroit fe faire que l'abfurdité de cette imtention retombât fur ceux qui ont voulu s'en rendre les interprètes, & qu'elles n’euflent d'autre but, en cachant leur tête, que de mettre du moins en füreté la partie qui eft en même temps la plus importante & la plus foible, Les Struthophages avoïent une autre façon de prendre ces animaux; ils fe couvroient d'une peau d’autruche , paf £ L d' A fant leur bras dans le cou, ils lui far foient faire tous les mouvemens que fait ordinatrement lautruche elle-même, & par ce moyen, ils pouvoient arfément (b) Kleïn , Hiff. Avium, page 16. —Hiftoire générale des Voyages, tome II, page 632. (ce) Pline, 48. X, cap. 1. —Kolbe, Deféription du cap de Bonue-e/pérance ,; &c. - de l’Autruche. 28$ les approcher & les furprendre /d) : c'eft ami que les Sauvages d'Amérique fe déguifent en chevreuil, pour prendre les _chevreuils. On s’eft encore fervi de chiens & de filets pour cette chafle; mais il paroït qu'on la fait plus communément à cheval, & cela feul fufñit pour expliquer lantipathie qu on a cru remarquer entre le cheval & l'autruche. | Lorfque celle-ci court, elle déploie fes aïles & les grandes plumes de fa queue fe) , non pas qu'elle en tire aucun fecours pour aller plus vite, comme je lar déjà dit, mais par un effet très- ordinaire de la correfpondance des muf- cles, & de Îa manière quun homme qui court, agite fes bras, ou quun €léphant qui revient fur le Chafeur, drefle & déploie fes grandes oreilles ( f°): la preuve, fans replique, que ce n'eft point pour accélérer. fon mouvement que lautruche relève aimhi fes aïles, (4) Diod. Sicul. de Fabul. Antiq. geflis , lib, Iv. (e) Léon Afric. Defcription, lib. 1x. {f) Élien, Hifi, animal, 286 Hifloire Naturelle c'eft qu'elle les relève lors même qu'elle và contre le vent, quoique, dans ce cas, elles ne puiflent être qu'un obftacle. La vitefle d’un animal neft que l'effet de fa force employée contre fa pefanteur ; &, comme l'autruche eff en même-temps très-pelante & très-vite à la courfe, 1l s'enfuit qu'elle doit avoir beaucoup de force ; cependant, malgré fa force, elle conferve les mœurs des granivores;elle n'attaque point lesanimaux . plus foibles; rarement même fe met-elle | en défenfe contre ceux qui lattaquent; bordée fur tout le corps d'un cuir épais & dur, pourvue d'un large flernum qui : lui tient lieu de cuirafle, munte d’une ! pe Le Se maté 5 feconde cutrafle d’infenfbülité , elle s'ap-. perçoit à peine des petites atteintes du dehors, & elle fait fe fouftraire aux grands dangers par Ja rapidité de fa fuite : fi quel- quefois elle fe défend, c'eft avec le bec, avec les piquans de fes ailes (g), & fur-tout avec Îles pieds. Thévenot en a vu une qu’, d'un coup de pied, renverfa 7 « un chien (hi ). Belon dit dans {on vieux “ (g) Albert, de Animal. apud Gefn. page 742. (h) Voyages de Thévenot, tome I, page 313. de l’Autrucke, 287 Jangage, qu'elle pourroit aïnfi ruer par terre un homme qui furroit devant elle (2); mais qu'elle jette, en fuyant, des pierres à ceux qui la pourfuivent (4): Jen doute beaucoup, & d'autant plus, que la vitefle de fa courfe en avant {eroit autant de retranché fur celle des pierres quelle lanceroit en arrière, & que ces deux vitefles oppofes étant à- peu-près égales, purfqu'elles ont toutes deux pour principe le mouvement des pieds, elles fe détrurroient néceflairement : d’ailleurs ce fait avancé par Pline, & répété par beaucoup d'autres, ne me paroiît point avoir été confirmé par aucun Moderne digne de for, & l'on fait que. Pline avoit beaucoup plus de génie que de critique. Léon lAfricam a dit que lautruche étoit privée du fens de l'ouie {/); ce- pendant nous avons vu plus haut qu'elle panne nest enqar nee = peEnng nes ANSE, (:) Belon, Hifl. nat. des O:feaux , page 233. PAT Cnplbe its. brfulce , comprekerdendis lapidibus utiles , quos in fugâ contra fequentes ingerurt, Lib. X, cap, I. | (L) Reféniptio Africe, Nb. 1x. 288 Hifloire Naturelle paroïfloit avoir tous les organes d’où dépendent les fenfations de ce genre ; ouverture des oreïlles eft même fort grande , & neft point ombragée par les plumes : amf, 1l eft probable ou qu'elle n'eft fourde qu'en certaines circonftances , comime le tetras, c'eft-à-dire, dans Îa faifon de l'amour, ou qu'on a imputé quelquefois à furdité ce qui n'étoit que l'effet de la ftupidité. . C'eft aufli dans la même filon; felon toute apparence, qu'elle fait en- tendre fa voix; elle la fait rarement entendre , car très-peu de perfonnes en ont parlé. Les Ecrivains facrès com- parent fon cri à un gémiflement /m), & on prétend même que fon nom hé- breu , jacnah, eft formé d'ianah , qui fignifie hurler. Le doéteur Browne dit que ce cri reflemble à la voix d'un enfant enroué , & quil eft plus trifte ‘encore {n) : comment donc, avec cela, ne. paroitroit-1l pas lugubre & mème « (im) Michée, cap. 1. Luëtum quafi Struthionum. (n) Collections Philofophiques, n° 5, article « PV'III: terrible ; ». L Domains CE PLXV; pag. 288. Se SSSS SSS NS Ÿ \ \S CLR / ALT LIS SU) KL D 7, NS 7, 7 79 7 L' \ AU TRUCEHE . T4 y d'os doit pe ER | ’ NA A ee le LL D A727 x ax 1 Ke RC PER de EVENTS à » 4 # ( à he? ri à Ad LA fe PONS LL. , "al y a À ï } é 4 £ \ fit , A lasse “ Îu ! " | ? - PA ‘ AA DEA Hu “2 | . Ÿ # « OS À fr | | +. FOR NN #6 “de PAutruche. … 289 terrible ,felon lexpreflion de M. Sandys, à des voyageurs qui ne s'enfoncent qu'a- vec inquiétude dans limmenfité de ces déferts, & pour qui tout être animé, fans en, excepter l'homme, eft un objet à craindre & une rencontre dangereule ? Oiféaux , Tome IL. N 290 Hifloire Nüturélle LE TOUYOU (a). L'Aurrvou £ de l'Amérique méri- dionale , appelée auf aurruche d’Oc- cident , aurruche de Magellan & de lan Guyane, neft pomt une autruche : jen crois que le Maire eft le premier Voya-" geur qui, trompé par quelques traits de reflemblance avec lautruche d’Afri- que, lut ait appliqué ce nom (b). Klein qui a bien vu que lefpèce étoit difé-. rente , s'eft contenté ‘de lappeler au-. ruche bätarde ( c ). M. Barrère {a nomme tantôt un heron (d), tantôt une grug” fa) Touyou o4 Touyouyou. — Struthio. Euf, Nieremberg, page 217 ; Îa figure, page 218, fous Je nom Emeu. — Nhanduguam. Marcgrave, Hifi Nat. Brafil. pag. 190 ; ë Pifon , page 84, avec une figure.—Autruche de Guyane. Defmarchais, rome AIT, page 324. - {b) Voyez fes Navigations Auftrales, page 129; dans le fommaire du n.o 22. {c) Avium Hifi. page 17. éd) Ornithoiogia , page 67. | du T OUY OU: | 29 ferrivore fe), tantôt un émeua long cou (f); d'autres ont cru beaucoup nueux faire en lur appliquant d'après des rapports, à la vérité mieux faifs, cette dénomination compolfée, cafoar gris à bec d’autruche ; Mochring (g) & M. Briflon (A) lui donnent le nom de rhea, auqu:ile dernier ajoute le nom Américain de touyou , for« mé de celur de touyouyou qu'il porte com- munément dans la Guyane.( :) ; d'autres Dauvages lui ont donné d'autres noms, vyardu, yandu, andu & nanduguacu , au Breñl {4); fallian ; dans lifle de Mara- gnan (1); furi, au Chili (m), &c. voilh bien des noms pour un oïfeau Gi nouvel- {e) France Equinoxiale, page 133. (f) Ornithologia, page 64. (g) Meth. Avi. Gen. 65. (h) Briflon, tome V, page 8. (1) Barrère, France. Equinoxiale, page 1233. (&) Nieremberg, page 217; Marcorave, page 190 ; Pifon , page 84; de Laët, &c, ; (1) Hiftoire générale des Voyages, tome XIW, page 316. (m) Nieremberg, page 217. Ni 70 92 Hifloire Naturelle lement connu ; pour moi, j'adopterai vo- at celui de touyou' que luta donné, u plutot que fur a confervé M. Briflon, & je préférerar, fans héfiter , ce nom bar- bare, qui vraïfembliblement à quelque rapport à la voix ou au cri de l'oifeau, je le préférerat, dis-je, aux dénominations fcientifiques, qui trop fouvent ne font propres qu'à donner de faufles idees, & aux NOMS nouveaux qui n Indiquent aucun cara@ère , aucun attribut eflentiel de ètre auquel on les applique. M. Briflon paroit croire qu'Aldro- vande a voulu défigner le touyou fous le nom d'avis eme (nn), & 1l eft très-vrat qu'au come III de lOrnithologie de ce dernier, page 541, il fe trouve une plan- che qui répréfente le touyou & le cafoar, d’après les deux planches de Nieremberg, page 213 ; & qu'au-deflus de la planche d' Allnivinele eft écrit en gros caractère , AVIS EME, de mème que da figure du touyou, dat Nieremberg, porte en tête le nom d’emeu ; maïs 1l eft vifible que ces (n) Brion, tome F de fon DUREE 3 ÊtS" 8e du Touyou. | 293 deuüx titres ont été ajoutés par les Graveurs ou les Imprimeurs, peu inftruits de lin- tention des Auteurs, car Aldrovande ne dit pas un mot du touyou,; Nieremberg n'en parle que fous les noms d'yardou, de furi & d'autruche d'Occident ; & tous deux, dans leur defcription, appliquent les noms d'eme & d'émeuau feul cafoar de Java ;en forte que, pour prévenir la confafon Fan noms, l'eme d Aldrovande & l’émeu de Nieremberg, ne doivent. plus déformais reparoitre dans la lifte des dénominations du touyou. Maregrave dit que les Portu- gais l'appellent emo dans leur langue (0); mais les Portugais qui avoient beaucoup de relations dans les Indes Orientales ,con: : noifloient P éimeu de Java, & ils ont donné fon nom au touyou d'Amérique, qui lui reflembloit plus qu'à aucun autre oïfeau, de même que nous avons donné le nom d'autruche à ce même touyou ; & il doit demeurer pour confiant que le nom d'émeu eft propre au cafoar- des Indes Orientales, & né convient nt au touyou pi à aucun autre oïfcau d'Amérique. (0) Marcgrave Hifl, Nat, Braf. page 190. Ÿ INFEUT 294 Hifioire Naturelle | En détaillant les diflérens noms du touyou, j'ai indiqué en partie les difé- rentes contrées où 1l fe trouve ; c'eft un otfeau propre à l'Amérique méridionale, mais qui n'eft pas également répandu dans toutes les provinces de ce continent Marc- grave nous apprend qu'il eft rare d’en voir aux environs de Fernambouc, il ne left pas mors au Pérou & Ie long des côtes les plus fréquentées, mais il eft plus commun dans la Guyane /p}), dans les capitaine- ries de Scrégippe & de Rio-grande /g), dans les provincesintérieures du Brefil (r) » au Chili [/ f), dans les vaftes forêts qui font au nord de l'enPguhure de la Plata 1) ; dans les favanes immenfes qui s'étendent au fud de cette rivière (4) & (p}) Barrère, France Equinoxiale , page 133, (a) Marcgrave, Hifl. Nat. Brafil. page 190. {r) Hifioire générale des Voyages, some XIF, page 299. CE) Hiftoire des Incas, tome IT, page 274 € fuivantes.. (13 Wafer, Nouveaux Voyages de Dampier , tome: V, page 308. Çu) Ibidem, tome V , page 68. du Touyou. 295$ _ das toute la terre Magellanique (x) , juf qu'au port Defiré, & même jufquà la côte qui borde le détroit de Magellan / y) : autrefois À y avoit des cantons dans le Paraguai qui en étoient remplis, fur-tout les campagnes arrofées par l'Uraguar; mais à mefure que les hommes s’y font multr- pliés, tls en ont tué un grand nombre, & le refte s'eft éloigné (x) : le capitaine Vocod aflure que bien qu'ils abondent fur la côte féptentrionale du détroit de Magellan, 6n nen voit pont du tout fur la côte méridionale (a) ; &, quor- 4 Coréal dife qu'il eu a apperçu dans Tes ifles de ja mer du fud (6), ée actreit paroît être la borne du climat qui con- vient au touyou , comme le cap de Bonne- efpérance eft la borne du climat qui con- _ (x) Wafer, Nouveaux Voyages de Dampier , tome IV, page 69 ; & tome V, page 187, (y) Ibidem, page 192. (x) Hiftoire du Paraguai du P. Charlevoix, rome }, page 33; E tome Il, page 172. Ça) Suite des Voyages de Dampier, rome W, page 192. " Cé) Voyagés de Coréal, rome IT, page 208. N 1 296 Hifloire Naturelle vient aux autruches ; & ces îles de la mer du fud, où Cortal dit avoir vu destouyous, feront apparemment quelques-unes de celles qui avoifinent les côtes orientales, de l’ÂAmérique au- delà du détroit: il pä- roit de plus, que le touyou qui fe plait comme l'autruche, fous la zone torride, s'habitue plus facilement à des pays mois chauds, puifqué la pointe de l'Amérique méridionale, qui eft terminée par le détroit de Magellan, s'approche bien plus du pôle que le cap de Bonne-efpérance ou qu’au- cun autre climat habité volontairement par les autruches ; mais comme, felon toutes les relations , Îe touyou na pas plus que l’autruche la puiffance de voler, qu'il eft, comme elle, un oifeau tout-à- | fait térrefre, & que F Amérique méridio- nale eft féparde de l'ancien continent par des mers immenfes; il s'enfuit qu'on ne doit pas plus trouver de touyous dans ce continent, qu'on ne trouve d’autruches en Amérique. & cela eft en eflet conforme au témoïpgnage de-tous les Voyageurs. Le touyou, fins être tout-à-fait auf gros que l'autruche, eft le plus gros oifeau du nouveau monde, les vieux ont jufqu à du T OuYOu. 207 fx pieds de haut fc); & Wafer qui a mefuré la cuifle d’un des plus grands, l'a retrouvée prefque égale à celle d'un homme (d) ;1la le long cou, la petite tête & le bec aplatt de lautruche (e) ; maïs, pour tout le refte, il a plus de rapport avec le cafoar : je trouve même dans l'Hif- toire du Brefl, par M. PABbé Prévôt { f'), mais point aïlleurs, l'indication d'une ef- pèce de corne que cet oïfeau a fur le bec, & qui, Hi elle exiftoit en effet, feroit un trait de reflemblance de plusavec le cafoar, Son corpseft de forme ovoide, & paroït prefque entièrement rond, lorfquil elt revètu de toutes {es plumes : fes arles font ue Sn, . ((c) Barrère, France Equinoxiale, page 133. (d) Suite des Voyages de Dampier, rome 1W, page 308. | | (e) Nota. On voit dans fa figure de Nieremberg, page 218, une efpèce de calotte fur le fommet de la tête, qui a du rapport à la plaque dure & caileufe que l’autruche a au même endroit, felon le docteur Browne( Voyez!’ H:floire de l’ Autruche) ; mais i n’eft queftion de cette calotte ni dans la Defcription de Nieremberg, ni dans aucune autre. _ (f) Hñtoire générale des Voyages, tome XIV, P96*, 299» | | | N v 298 Hifloire Naturelle très-courtes & inutiles pour le vol, quoi- qu'on prétende qu'elles ne forent pas mu- tiles pour la courfe : il a fur le dos & aux environs du croupion, de longues plumes qui lui tombent en arrière & recouvre l'anus, 11 n'a point d'autre queue : tout ce Dlumagé eft gris fur le dos & blanc furle ventre : c'eft un oïfeau trés-haut monté. ayant trois doigts à chaque pied, & tous trois en avant, car on ne doit pas regarder comme un doigt, ce tubercule calleux & arrondi qu'il a én arrière, & fur lequel le pied fe repole comme fur une efpèce de talon ; on attribue à cette conformation : la difhculté qu'il a de fe tenir fur un terre. gliflant, & d'y marcher fans tomber ; en sécompenfe, 11 court très-lépèrement en pleine campagne, élevant tantot une aïle, tantôt une autre, maïs avec des intentions qui ne font pas encore bien éclaircies ; Marcgrave prétend que c'eft afin de s’en fervir comme d’un voile pour prendre le vent; Nieremberg, que c'eft pour rendre le vent contraire aux chrens qui le pour- fuivent ; Pifon & Klein, pour changer fouvent la direétion de fa rourfe, afin d’e- viter par fes zigzags les flèches des Sau- du Touyou. |: z99 vages 3 d’autres enfin, qu'il chérche à s’ex- citer à courir plus vite, en fe piquant lui- mêmeavec une efpèce d'aigwillon dont fes aïles font armées g }: maïs, quor qu'il en foit desintentions des touyous, il eft certain qu'ils courent avec une très-srande viteile, & qu'il eft difficile à aucun chien de chaffe de pouvoir des atteindre ; ün en cite un qui {e voyant coupé, s'élança avec use telle rapidité qu'il en impofa aux chiens, & s'échappa vers les montagnes /k):dans limpoflibilité de les forcer , les Sauvages font réduits à nier d'adrefle & à leur tendre des prèges pour les prendre /à).Marcgravé dit qu'ils vivent de chair &de fruits /k), (g) Voyez tous ces Auteurs aux endroits indi- qués ci-defus ; maïs il faut remarquer-que Fi(on, Marcgrave ni aucun autre qui ait vu le touyou, ne parlent de cet aïguillon de l’aile, & qu’il pourroit bien: avoir été donné à cet oifeau feuiement par analogie, ou parce qu’on a cru pouvoir urattribuer.. en fa qualité d’autruche,.les propriétés de l’autruche d'Afrique ; fuite mévitable de ta confufion des noms. (4) Navigations aux terres Aufirales, pages 20: 27. (i) Hiftoire générale des Voyages, rome XIV, page 310. | | C£) Marcgrave, Hifi Nat. Braf. ubï fupra à, N vi 300 Hifloire Naturelle mais fi on les eût mieux obfervés, on eût reconnu, fans doute, pour laquelle de ces deux fortes de nourritures 1ls ont un appétit de préférence; au défaut des faits, | on peut conjeéturer que ces oïfeaux ayant le mème nfin@ que celur des autruches & des frugivores, qui eft d'avaier des pierrés, du fer & autres corps durs (/), ils font auf frugivores, & que s’ïis man- ent de la chair, c'eft, ou parce qu'ils font prefic és par la fin, ou qu'ayant les fens du gout & de l’oderat obtus comme fau- trüche, ils avalent imdiftinétement: tout ce qui fe préfente. *: Nieremberg conte des chofes fort étranges au fujet de leur propagation; fcion lur, c'eft le mâle qur fe charge de couver lés œif : ; pour cela, 1l fait en forte de raflembler vingt ou trente femelles, afin qu ‘elles pondent dans un même nid; dés qu'elles ont pondu, 1lleschaffe à grands coups de bec, & vient fe pofer fur leurs œufs, avec la fingulière précaution d'en C2» Marcgrave, Hif. Nat. ubi fupra. — Wafer, Suite des Voyages de Dampier , tome IV, Page 308. | ‘du Touyou. 301 laifler deux à l'écart qu'il ne couve pont; lorfque les autres commencent à éclore, ces deux-là fe trouvent gâtés, & Île mâle prévoyant ne manque pas d’en cafler l'un qui attire une multitude de mouches, de fcarabées & d’autres infectes dont les petits fe nourriflent ; lorfque le premier eft con- fommé, le couveur entame le fecond & s’en fert au même ufage (m) : il eft certain que tout cela a pu arriver naturellement; il a pu fe faire que des œufs inféconds fe foient cafés par accident, qu'ilsaient attiré des infeétes, lefquels aient fervi de pâture aux jeunes touyous : il n’y a que l'intention du père qui foit fufpeéte ici, car ce font toujours ces intentions qu’on prête aliez légèrement aux bêtes, qui font le roman de l'Hiftoire Naturelle. À Fégard de ce mâle qui fe charge, dit-on, de couver à l'exclufion des fe- melles, je feroïs fort porté à douter du fait, & comme peu avéré, & comme con- traire à l’ordre de la Nature : maïs ce n’eft pas aflez d'indiquer une erreur , 1l faut, autant qu'on peut, en découvrir les caufes, ET PET {m) Nierembero, Hifi. Nat. Peregr. page 217. 302 Hifioire Naturelle qui remontent ps gi jufqu'à la vé- rité ; je crotrois donc vol lontiers que celle- et eft fondée fur ce qu'on aura trouvé à quelques couveules des tefticules, & peut- être une apparence de verge cemme on en voit à l'autruche femelle, & qu'on fe fera cru en droit d'en conclure ro c'étoit autant de mâles. | Wafer dit avoir apperçu abs une terre déferte, au nord de la Plata, vers letrente- quatrième degré de latitude méridionale, une quantité d'œufs de touyou dans le fable où, felon luï, ces oïfeaux les latflent cou- ver (n) 3; fi cefait eft vrat, les détails que donne Nieremberg fur Fincubation de ces mêmes œufs, ne peuvent l'être que dans un climat moins chaud & plus voifin du pôle ; en effet, les Hollandoïs trouvèrent aux environs du port Defñré, qui eft au quarante-{eptième degré de latitude, un touyou qui couvoit & qu'ils firent envoler, tls comptèrent dix-neuf œufs dans le nid (o); c'eft amf que les autruches ne (n°) Tome 1 delafuite des Voyages de Dampiers. page 308. (o) Voyages des Holfandois aux Indes Orien- tales, tome Il, page 17 du Touyou. 393% couvent point, ou prefque point leurs œufs fous la zone torride, & qu'elles les couvent au cap de Bonne-efpérance, où la chaleur du climat ne feroit pas fufhfante pour les faire éclore. Lorfque les jeunes touyous viennent de naître , ils font familiers & fuivent la pre- mière perfonne qu'ils rencontrent (p)>; mais en vieilliflant ts acquièrent de l'ex- périence & deviennent fauvages { g ): il paroït qu'en général leur chair eftun affez bon manger ( r ),non cependant celle des vieux quieft dure & de mauvais goût { f)5 on pourroit perfeétionner cette viande en (p}) « Par été fuivi, moi-même, dit Wafer;. par plufieurs de ces jeunes autruches (27 appelle «e ainfi les touyous), qui font fort fimples & inro-«s centés.» Voyages dé Dampier, tome IV, page 308. (g) «IE y a untrès-grand nombre d’autruches: dans cette ifle du port Defiré, lefqueles font fort cs farouches. » Joyage des Hollandois aux Indes Orien- tales, tome II, page 17. —— « Je vis au port Defiré trois autruches, fans pouvoir les approcher aflez « pour les tirer: dès qu’elles m’apperçurent, elles ss Senfuirent. » Navigation aux terres Auflrales , pages 20 — 27. Cr) Marcorave, Hifi. Nat. Brafil. page 190. Cf) Wafer, ubi fupra. 304 Hifloire Naturelle élevant des troupeaux de jeunes touyous, ce qui feroit facile, vu Îles grandes difpo- fitions qu'ils ont à s'apprivoifer, les en- graïflant & employant tous les moyens qui . nous ont réuffi à l'égard des dindons, qui : viennent également des climats chauds & tempérés du continent de l'Amérique. Leurs plumes ne font pas, à beaucoup près, aufli belles que celles de lautru- che (:) ; Coréal dit même qu'elles ne peuvent fervir à rien (x) ; ïl feroit à de- firer qu'au lieu de nous parler de leur peu de valeur, les Voyageurs nous eufent donné une idée jufte de leur ftruéture: on a trop écrit de l'autruche, & pas aflez du touyou ; pour faire lhiftoire de Îa première, la plus grande difculté a été de raflembler tous les faits, de comparer tous les expofés, de difcuter toutes les opinions, de faïfr la vérité égarée dans le labyrinthe des avis divers, ou noyée dans l'abondance des paroles : mais pour par- ler du touyou, nous avons été fouvent obligés de deviner ce quieft, d'apres ce (1) Euft. des Incas, rome IT, page 276. Qu) Voyages de Coréal, tome 11, page 208, du Touyou. 30$ qui doit être ; de commenter un mot échappé par hafard, d'interpréter jufqu’au filence ; au défaut du vraï, de nous con- tenter du vratfemblable, en un mot de nous réfoudre à douter de Ia plus grande partie des faits principaux, & à ignorer prelque tout le refte, jufquà ce que les obfervations futures nous mettent en état de remplir les lacunes que, faute de mé- moires fufafans, nous laïflons aujourd'hui dans fon htftoire, 306 Hifloire Naturelle pe HECASOARNE, Lss Hozranpors font les premiers qui ont fait voir cet oïifeau à l'Europe; ils le rapportèrent de l'île de Java, en 1507, à léur retour du premier voyage qu'ils avotent fait aux Indes Orientales /h ); les habitans du pays lappellent Eine, dont nous avons fait é7reu : ceux qui ont apporté lur ont auffi donné le nom de caffoware (c), que nous pro- nonçons caloar , & que jai adopté, (a) Cafoar, Aux Indes, Eme où Emew : en Eu- rope, Cafoar où Cofoivar.— Emeu. Avis , -Clufii , ÆExot. HD. Y, page 07, avec une aflez bonne figure. page 98.—Cafoar. Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Animaux , partie LI, page 157, Planche zy1,avec une aflez bonne figure. -—Cafowary, Albin, rome IT, page 39, Planche zx, avec une mauvaife figure. — Cafuarius. Frifch, planche cr ; avec une figure coloriée.—Cafoar, Brifon,. Ornitk. tome V, page: 10, planche x, fig. 2. _ (8) Hiftoire générale des Voyages, tome VTIT, page 112.—Clufius, Exotic. Nb. V, cap. 111, page 97, édit. fol. 1605, ex Off. Plantin. | Çc) Bontius.—Frifch, ad Tabulam, page 105. du Cafoar. 307 parce qu'il n'a jamais été appliqué à aucun autre oïfeau ; au lieu que celur d'émeu a été appliqué, quoique mal-à-propos, au touyou, comme nous l'avons vu ci-deflus dans lhiftorre de cet oïfeau. Le cafoar , fans être aufli grand ni même aufli gros que lautruche , paroît plus maflif aux yeux, parce qu'avec un corps d'un volume prefque égal, 1! a le cou & les pieds moins Îongs & beaucoup plus gros à proportion, & {a partie du corps plus renflée, ce qui lur donne un air plus lourd. Celur qui à été décrit par M. de TAcadémie des Sciences , avoit cinq pieds & demi, du bout du bec au bout des ongles {d) : celui que Clufus a obfervé étoit d'un quart plus petit fe). Houtman lui donne une groffeur double de celle du cygne (f), & d'autres (d) Mémoires pour fervir à l’Hifiaire des ani- Maux, partie I], page 157. Ce) Tbidem. —& Clufius, mb: fupra. (f) Voyages d'Houtman , dans le Recueil des. Voyages de la Compagnie Hollandoife aux Indes Orieu- tales, année 1596. 308 Hifloire Naturelle Hoïlandois celle d’un mouton: cette va- rièté de mefure, loin de nuire à la vérité, eft au contraire la feule chofe qui purfe nous donner une connotïflance appro- chée de la véritable’grandeur du cafoar ; car la taille d’un feul mdividu n’eft point la grandeur de lefpèce, & lon ne peut fe former une idée jufte de. celle-ci, quen la confidérant comme une quan- tité variable entre certäines limites ; d'où H fuit qu'un Naturalifie qui auroit comparé avec une Bonne critique, toutes Îes dimenfons & les defcrip- tions des Obfervateurs, auroit des no- tions plus exactes & plus füres de lef- pèce que chacün de ces. Obfervateurs qui n'auroit connu que l'individu qu'il aura mefuré & décrit. Le trait le plus remarquable dans a figure du cafoar, eft cette efpèce de cafque conique, noïr pardevant, jaune dans tout le refte, qui s'élève fur le front, depuis la bafe du bec jufqu'au milieu du fommet de la tête, & quel- quefois au-delà : ce cafque eft formé par le renflement des os du crâne en cet endroit, & 1l eft recouvert d’une du Cafoar. 309 enveloppe dure, compolée de plufieurs couches concentriques, & analogues à la fubftance de la corne de bœuf ; fa forme totale ft à peu-près celle d'un cône tronqué, qui a trois pouces de haut, un pouce de diamètre à fà bafe, & trois lignes à fon fommet. Clufus: penloit que ce cafque tomboit tous les ans avec les plumes, lorque l'oifea étoit en mue /g) : mais M de lAca- démie des Sciences ont remarqué, avec raflon, que c'étoit tout au plus l'enve- loppe extérieure qui pouvoit tomber amh, & non le noyau intérieur, qui, comme nous l'avons dit, fait partie des os du crâne, & même äls ajoutent qu'on se seit point appercu de la chûte de cette enveloppe à la ménagerie de Ver- failles, pendant les quatre années que le cafoar qu'ils décrivoient y avoit paf- fées {h) : néanmoins il peut fe faire qu'elle tombe en effet, mais en détail, & par une efpèce d’exfoliation fuccef- (g) Clufius, Exoric, ubi Jupra, page 08. C4) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- Maux, partie IT, page 161. | 310 Hifloire Naturelle five, comme le bec de plulieurs oïfeaux, & que cette. particularité ait échappé aux Gardes de la ménagerie. L'iris des yeux eft d'un jaune de el & la cornée fingulièrement petite, rela- tivement au globe de l'œil (4), ce qui donne à l'animal un regard égale- ment farouche & extraordinaire ; la mr pière inférieure eft la plus prande 1& celle du deffus eft garnie, dans fa partie moyenne, d'un rang de petits poils noirs, lequel s’arrondit au-deflus de l'œil en ranière de fourcil, & forme aucafoar (#) une forte de phyfionomie que la grande ouverture du bec achève de rendre menaçante , les orifices extérieurs des marines font fort pres de la pointe du bec fupérieur. Dans Île bec, 11 faut diféinguer fa charpente du tégument qui la recouvre: cette charpente conffte en trois pièces (:) Le globe de F’œil avoit un pouce & demi de diamètre ; %e criftallin , quatre lignes, & la cornée trois lignes feulement. Mémoires pour fervir à l’Hif- toire des Animaux, partie II, page 167. (4) Ibidem, page 164. du Cajoar. 31I _ très-folides, deux defquelles forment le À THUN © 17 A A y pourtour, & Île troiième larèête fupé- rieure , qui eft beaucoup plus relevée que dans l'autruche ; toutes les trois font re- couveftes par une membrane qur remplit les entre-deux. Les mandibules fupérieure & inférieure du bec, ont leurs bords un peu échancrés vers le bout, & paroïflent avoir chacune troïs pointes. La tête & Île haut du cou n'ont que quelques petites plumes, ou plutôt quel ques poils noirs & clair-femés ; en forte que, dans ces endroits, la peau paroït à découvert; elle eft de différentes cou- leurs, bleue fur Îles cotés, d'un violet ardoïfé fur la gorge , rouge par-derrière en plufieurs places, maïs princrpalement vers le milieu ; & ces places rouges font un peu plus relevées que le refte, par des efpèces de rides ou de hachures obliqués , dont le cou eft fillonné : mais il faut avouer qu'il y a variété dans la difpoñtion de ces couleurs, Les trous dés oretlles étoitent fort grands dans Îe caloar décrit par M, de 312 Hifloire Naturelle l'Académie (7), fort petits dans celui décrit par Clufus (77), maïs découverts dans tous deux, & environnés, comme les paupières, de petits porls noirs. Vers le milieu de la partie antérieure du cou, à l'endroit où commencent Îles grandes plumes, naïflent deux barbillons rouges, & bleus, arrondis par le bout, que Bontius met dans la figure immé- diatement au-deflus du bec, comme dans les poules. Frifch en a repréfeuté quatre, deux plus longs fur les côtés du cou, & deux en dévant, plus petits & plus courts; le cafque paroît aufh plus large dans fa figure, & approche de la forme dun turban (n). Il y a au Cabinet du Roï une tête qui paroît être celle d'un caloar, & qui porte un tubercule diffé- rent du tubercule du cafoar ordinaire ; c'eft au temps & à l'oblervation à nous apprendre fi ces variètés & celles que (1) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Anï- maux, partie Il, page 161. (m) Ciufius, Exotic. Hi). V, Cap. IT, page 98. Qu) Frifch, page 105. nOUS du Cafèar. 313 nous remarquerons dans la fuite, font- conftantes ou non; fi quelques-unes ne viendrotïent pas du peu d’exactitude des Deffinateurs, ou fi elles ne tiendroïent pas à la différence du {exe ou à quelqu'autre circonftance, Frifch prétend avoir reconnu dans deux cafoars empaïllés des variétés qui diftinguotent le mâle de la femelle ; mais il ne dit pas. quelles font ces différences. Le cafoar à les ares encore plus petites que l’autruche, & tout aufli inutiles pour le vol; elles font armées de piquans & mème en plus grand nombre que celles de l'autruche. Clufñus en a trouvé quatre à chaque aïle; M." de l'Académie cg, & on en compte f{ept bien diftinétes dans la fig. de Frilch, PL. 105 ; ce font comme des tuyaux de plumes qui paroïflent rouges à leur extrémité, & font creux dans toute leur longueur ; 1ls contiennent dans leur cavité une efpèce de moëlle femblable à celles des plumes naïflantes des ‘autres oïfeaux : celui du milieu a près d’un pied de longueur, & environ trois lignes de diamètre ; c’eft le plus long de tous : les latéraux vont en décroïffant de part & d'autre, comme les doigts de la main, Oifeaux ; Tome IL, 314 Hifloire Naturelle & à-peu- près dans le même ordre. Swam- merdam s'en fervoit en guife de chalumeau pour fouffler des parties très-délicates , comme Îles trachées des infeétes, &c. [o). On à dit que ces aïles avorent été données au cafoar pour Faïder à aller plus vite /p); d'autres, qu'il pouvoit s'en fervir pour frapper , comme avec des houflines (g); mais perfonne ne dit avoir vu quel ufage il en fait réellement : le cafoar a encore cela de commun avec lautruche , qu'il n’a qu'une feule efpèce de plumes fur tout le corps, aux ailes, autour du croupion, &c.. maïs {a plupart de ces plumes font doubles, chaque tuyau donnant ordinairement naï{- fance à deux tiges plus ou moins Iongues & fouvent inégales entr'elles ; elles ne font pas d'une ftruéture uniforme dans toute leur longueur , les tiges font plates, noires & luifantes , divifées par nœuds en deflous, & chaque nœud produit une barbe ou (o) Collect. Acad. étrangère , tome IT de l'Hif- toire Naturelle, page 217. (p) Clufius, Erotic. lib, V, cap. 111, page 98. (q) Mémoires pour fervir.à lHiftoire des Ani- maux , partie IT, page 160, À du Cafoar. 3L$ ün filet, avec cette différence que, depuis la racine au milieu de la tige, ces filets font plus courts, plus fouples, plus bran- chus, &, pour ainfi dire, duvetés & d'une couleur de gris-tanné , au lieu que, depuis le milieu de [a même tige, à fon extrémité, ils font plus longs , plus durs & de couleur noire; &, comme ces derniers recouvrent les autres, & font lés feuls qui paroïfient, le cafoar, vu de quelque diftance, femble être un animal velu, & du même pori que l'ours ou le fanglier : les plumes les plus courtes font au cou, les plus longues autour du croupion, & les moyennes dans l'efpace intermédiaire; celles du croupion ont jufqu'à quatorze pouces, & retombent fur la partie poftérieure du corps; elles tiennent lieu de la queue qui manque ab- folument (/r). Il y a, comme à l'autruche, un efpace calleux & nu fur le f/ernurn , à l'endroit où porte le poids du corps lorfque l'orfeau eft couché , & cette partie eft plus farllante & (r) Mémoires pour fervir à l'Hiftoire dès Ani- maux, partie IT, page 158. Oij 316 Hifoire Naturelle plus relevée dans le cafoar que dans l’au- truche (f). … Les cuifles & les jambes font revêtues de plumes prefque jufqu'auprès du genou, & ces plumes tiroïent au gris de cendre dans Le fujet obfervé par Clufius ; les pieds, qui font très-gros & très-nerveux , ont trois doigts & non pas quatre, comme le dit Bontius, tous trois dirigés en avant : les Hollandoïs racontent que le cafoar fe {ert de fes pieds pour fa défenfe , ruant & frap- pant parderrière comme un cheval (+); felon les uns, & felon les autres, s'élançant en avant contre celur qui l'attaque, & le renverfant avec les pieds , dont il lui frappe rudement la poitrine /u).Clufius, qui en a vu un vivant dans les jardins du comte de Solms à la Haye, dit qu'il ne fe fert point de fon bec pour fe défendre , maïs qu’il fe porte obliquement fur fon adverfaire, & qu'il le frappe en ruant; il ajoute que le même comte de Solms lui montra un arbre [[) Voyages de Ia Compagnie Hollandoïfe, tome VII, page 240. (t) Hiftoire générale des Voyages, tome VIIT, page 112. (u) Ibidem du Cafoar. 377 ros comme la cuïfle , que cet oïfeau avoit tmaltraité, & entièrement écorché avec es pieds & Les ongles (æ) : left vrai qu'on h'a pas remarqué ah ménagerie de Ver failles, que les cafoars qu'on y a gardés , faffent fi méchans & fi for ts ; maïs peut-être étotent-ils plus role que celui de Clüfius ; d’ailleurs ts vivotent dans l'abon- dance & dans une plus étroite captivité; toutes circonftances qui adouctffent à la longue les mœurs des animaux qui ne font pas abfolument féroces, énervent leur courage , abitardifient leur naturel, & les rendent méconnotflables au travers des habitudes nouvellement acquifes. el Les ongles du cafoar font très-durs, noirs au-dehors & blancsen-dedans/y). Limnæus dit qu'il frappe avec l'ongle du milieu qui eft le plus grand 7) ; cependant les def- criptions & les figures deM." de F Acadé- mie & de M. Briflon , repréfentent l'ongle (x) Clufius, Exotic. lib. V, cap. 111. (y) Mémoires pour fervir à PHifioire des Ani- maux , page 162. | k ( z) Gen. di edit, x. Ungue intermedio majoré ETile O x 318 Hifioire Naturelle du doïgt intérieur comme le plus grand, & 1l l'eft en effet fa). Son allure eft bizarre; 1 femble qu'il rue du derrière, farfant en même-temps un demt-faut en avant {b); mais, malgré la mauvaïfe grace äe fa démarche, on } ° À e prétend qu'il court plus vite que le meilleur coureur { c); la vitefie eft tellement l'at- ! tribut des oïfeaux, que les plus pefans de cette famille font encore plus légers à la courte que les plus légers d'entre les ant- maux terreftres. | Le Cafoar à la langue dentelée fur es bords, & fi courte, qu'on à dit de wi, comme du coq de bruyère, qu'il n'en avoit point : celle qu'a obfervée M. Perrault, avoit feulement un pouce de long & huit dignes de large [d); ïl avale tout ce qu'on fur jette, c'eft-à-dire tout corps dont le voiume eft proportionné à l'ouverture de GE ire gone rem gene cer 6 gr 7 A AE PRE (a) Mémoires pour fervir à PHifoire des Ani- maux, partie 11, page 158. — Ornithologie de : Briflon, tome V, page 11. (b) Voyage des Hollandoïs, rome WII, page 349. (c) Ibidem. (4) Mémoires pour fervir à l’Hifioire des Ani- maux, partie IT, page 167. du Cafoar. 319 {on bec. Frifch ne voit avec rarfon, dans cette habitude, qu'un trait de conformité avec les gallinacés , qui avalent leurs alr- mens tout entiers, & fans les brifer dans leur bec {e); mais {es Hollandoïs, qui pa- rotflentavoir voulurendreplus imtéreflante l'hiftoire de cet orfeau, dejà f finguler, en y ajoutant du merveilleux, n'ont pas manqué de dire, comme on l'a dit de lau- truche, qu'il avaloit non—feulement les pierres, le fer, les glaçons, &c. mais encore des charbons ardens, & fans même en paroïtre incommodé {f). On dit aufli qu'ilrend très-promptement ce qui a pris (g), & quelquefois des pommes de la groffeur du poing, auf entières qu'il les avoit avalées (A) ; &, en efet, le tube inteftimal eft fi court, que les alimens doivent palier très-vite ; & ceux qui, par leur dureté, font capables de quelque réfiftance , doivent éprouver peu d'altération dans un fi petit trajet, fur-tout (e) Frifch, page & figure 105. _ (f) Hiftoire générale des Voyages, tome VIIE, page 112. ; (g) Voy. des Hollandoïs, tome VIT, page 349. (4) Hifi. gén. des Voyages, £, VIII, Pe 112 O 1v LA 320 Hifloire Naturelle lorique les fonctions de l’eftomac font dé- rangées par quelque maladie : on a afluré à Clufius que ;"dans ce cas, il rendoit quel- quefois les œufs de poule dont 1l étoit fort friand, tels qu il les avoit pris, c'eft-à-dire, Bien entiers avec la coque, & que, les avalant une feconde fois, il les digéroit bien (4) : le fonds de 12 nourriture de ce même cafoar, qui étoit celui du comte de Solms, c’étoit du pain blanc coupé par gros morceaux;ce qui prouve qu'il eft frugivore, ou plutot left omnivore, putfqu'il dévore en eflet tout ce quon qui prélente, & que, s’il a le jabot & le double eftomac des animaux qui vivent de matières vége- tales (#4), il a les courts inteftins des ani- (1) Clufius, Exotic. Lib. V, cap. 111, page 99. (E) Mém pour fervir à l’Hifioire des Animaux, partie IT, pages 155, 156, 157 & 170. Nota. I y a dans ce dernier endroit une ligne omife au bas de a page qui indiquoit ia différence qui fe trouve entre les ventricules dans divers mdividus ; cette différence confifte , fi je ne me trompe, en ce qu’ils font tantôt mufculeux & tantôt mem- 7 braneux ; ftructure imdécife , & qui convient afez. à la nature équivoque d’un ‘animal qui m’eft pro- prement ni oifeau ni quadrupède’, & qui réunit les \ eftomacs des granivores avec les inteftins des car- naffers, du Cafoar. 321 maux Carnafliers : le tube inteftinal de celui qui a été difléqué par M." de l'Académie, avoit quatre pieds huit pouces de long & deux pouces de diamètre dans toute fon étendue : le cæcum étott double & n’avoit pas plus d’une ligne de diamètre fur trois, quatre & cinq pouces de longueur (2); à ce compte, le cafoar a les inteftins treize fois plus courts que lautruche, ou du moins . de celles qui les ont le plus longs, &, par cette raïfon, ti doit êtreencore plus vorace, & avoir plus de difpolition à manger de la chair : ceft ce dont on pourra s'aflurer, lorfqu'au heu de fe contenter d'examiner des cadavres, les Obfervateurs s’attache- ront à étudier la Nature vivante. Le cafoar a une véfñcule du fiel, & fon canal qui fe croife avec le canal hépatique; va s'inférer plus haut que celui- ci dans le duodenum, & le pancréatique s’infère en- core au-deflus du cyftique {m) , conforma- tion abfolument différente de ce qu'on voit dans l'autruche. Celle des parties de la gé- (l) Animaux de Perrault, page 163, (m) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux , partie 11, page 163. O y 322 Hiftoire Naturelle nération du mâle s'en éloigne beatcoup. moins ; la verge à fa racine dans la partie fupérieure du reéum, fa forme eft celle d'une pyramide triangulaire, large de deux pouces à fa bale & de deux lignes à fon fommet; elle eft compofée de deux liga- mens cattilagineux très-folides, fortement attachés l’un à l'autre en-deflus, maïs féparés en-defious, & laïflant entr'eux un demi- canal qui eft revêtu de la peau ; les varfleaux déférens & les uretères n’ont aucune com= munication apparente avec le canal de Ia verge (n), en forte que cette partie qui paroiït avoir quatre fonétions principales dans les animaux quadrupèdes, la première de fervir de conduit à l'urine, la feconde de porter la liqueur féminale du mâle dans la matrice de la femelle, la troifième de contribuer par {a fenfibrlité à l'émiffion de cette liqueur, la quatrième d'exciter Îa femelle, par fon action, à répandre da. fienne , femble être réduite dans le cafoar -& l’autruche aux deux dernières fonctions, qui font de produire dans les réfervoirs de (r) Mémoires pour fervir à l’Hifioire des An maux , partie 11, page 164. | du Cafoar. 323 _ {a liqüeur féminale da mâle & de Ia femelle _ les mouvemens de correfpondance nécef- faires pour l'émiffion de cette liqueur. On à rapporté à Clufius que, l'animal étant vivant, on avoit vu quelquefois fa verge fortif par l'anus /o), nouveau trait de reffemblance avec l’autruche. Les œufs de la femelle font d’un gris de cendre, tirant au verdâtre , moins gros & plus alongés.que ceux de l’autruche, & femés d’une multitude de petitstubercules d'un vert foncé; la coque n’en eft pas fort épaïle felon Clufius, qui en a vu plufeurs; 4e plus grand de tous ceux qu'ila obfervés, avoit quinze pouces de tour d’un fens, & Un peu plus de douze de l’autre { p }. = Le cafoar a les poumons & les dix cel- lules à atr comme lesautres oïfeaux, & par- ticulièrement comme les oïfeaux pefans, cette bourfe ou membrane noire propre aux yeux dés oïfeaux, & cette paupière interne qui, comme on fait, eft retenue dans le grand angle de l'œil des oïfeaux par | Co) Clufius, Æxotic. ubi fupra, page 99. (p) Idem, ibidem, Ova puiétis excavatis, dit Linnæus : cela ne reffemble point à ceux que Clufius a obfervés, 1 O v 324 Hifloire Naturelle deux mufcles ordinaires (g), & qui eft{ ramenée par inftans fur la cornée par « Taction d’une efpèce de poulie mufculaire, M qui mérite toute la curiofité des Anato- M miftes ( r ). Le midi de Îa partie orientale de l'Afie M paroît être le vrai climat du cafoar; lon do- “ maine commence > pour ainfi dire, où finit : celui de l'autruche, qui n'a jamais beaucoup dépaffé le Gange, comme nous l'avons vu dans fon hrftorre, au lieu que celui-ci {e trouve dans Îes iles Moluques, dans celles : de Banda, de Java, de Sumatra, & dans les parties correfpondantes du continent / f); mais il s’en faut bien que cette efpèce foit auffi multipliée dans fon diftrict que l'au- truche left dans le fien , puifque nous voyons un rot de Joardam, dans l'ile de Java, faire préfent-d’un cafoar à Scellinger , capitaine de vaïfleau Hollandois, comme (a) Hiftoire de FAcadémie royale des Sciences, de Paris, tome II, page 279. (r) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux, partie II, page 167. {f} Voyage des Hollandoïis, tome VII, page 349. — Clufius, Exotic, Dh. V, cap. III, page 99. DT PT I ES TT ES EE IS PE SE NS RM RS nn | . . { du Cafoar. 325$ d'un oïfeau rare ft); la raifon en eft,ce me femble, que les Indes ortentales font beau- coup plus peuplées que PAfrique; & lon fait qu’à mefure que l’homme fe multiplie dans une contrée, ïl détruit ou fait fuir devant lui les animaux fauvages qui vont touiours cherchant des afiles plus païfñbles, des terres moins habitées ou occupées par des peuples moins policés, & par confé- quent moins deftructeurs. | IL eft remarquable que le caloar, l'au- truche & Île touyou, les trois plus gros ot- feaux que fon connoïfle , font tous trois attachés au climat de la zone torride, qu'ils femblent s'être partagée entr'eux , & où ils fe maintiennent chacun dans leur terrein ; fans fe mêler nt fe furmarcher, tous trois véritablement terreftres, incapables de voler, maïs courant d'une très grande vi- tefle ; tous trois avalent à-peu-près tout ce qu'on {eur jette , grains, herbes, chaïrs, os, * pierres, caïlloux, fer, glaçons, &cc. tous trois ont le cou plus ou moins long, les pieds hauts & très forts, moins de doigts (:) Hiftoire générale des Voyages, rome VII, pese 112, 326 Hifioire Naturelle que la plupart des oïfeaux, & l'autruche encore moins que les deux autres ; tous trois n'ont de plumes que d'une feule forte, dif- férentes des plumes des autres oïfeaux, & différentes dans chacune de ces trois ef- pèces ; tous trois n'en ont point du tout fur la tète & le haut du cou, manquent de queue proprement dite, & n'ont que des ailes imparfaites , garnies de quelques tuyaux fans aucunes barbes, comme nous avons remarqué que les quadrupèdes des pays chauds avoient moins de porl que ceux des régions du Nord; tous trois, en Un mot, paroiïfient être la production natu- relle & propre de la zone torride ; maïs, malgré tant de rapports, ces trois efpèces font différencices par des caractères trop frappans, pour qu'on putfie les confondre : l'autruche fe diftingue du cafoar & du touyou par fa grandeur, par fes pieds de chameau & par la nature de fes plumes; elle difière du cafoar ,en particulier , par la nudité de {es cuifles & de ‘fes flancs, par la longueur & la capacité de fes inteftins, & parce qu'elle n’a pont de vélicule du fiel ; & le cafoar differe du touyou & de fau- truche par fes cuilles couvertes de plumes, du Cafoar. 327 prefqüe jufqu'au tarfe, par les barbillons roHgES qui lui tombent fur le cou, & par le calque qu'il a fur la tête. Maïs j'aperçois encore dans ce dernier caractère diftmctif une analogie avec les deux autres efpèces ; car ce cafque n'eft autre chofe, comme on fait, qu'un renfle- ment des os du crâne, lequel eftrecouvert d'une enveloppe de corne ; & nous avons vu dans lhiftorre de lautruche & du touyou , que la partie fupérieure du crâne de ces deux animaux étoit paretllement munie d’une plaque dure & calleule, 328 Hifloire Naturelle ph o L'E D'RO N FAN 47 es Le ag 7 s 1 O f ‘dE f 1 N REGARDE communément la légereté comme un-attribut propre aux oïfeaux ; maïs , fi l'on vouloit en faire le caractère eflentiel de cette clafle , le dronte n'auroit aucun titre pour y être admis, car, loin d'annoncer la légèreté par fes proportions ou par fes mouvemens, 1l paroît fait exprès pour nous donner l'idée du plus lourd des êtres organilés ; repréfentez-vous un corps maflif & prefque cubique, à peine foutenu fur deux piliers très-gros & très-courts, fur- monté d'une tête {1 extraordinaire, qu'on la prendroit pour la fantaïfie d'un Peintre de grotelques ; cette tête portée fur un cou renforcé & gorftreux,confifte prefquetoute entière dans un bec énorme où {ont deux gros yeux noirs entourés d'un cercle blanc, ee {a) Dronte eft le nom que lui donnent Îes habi- tans de l’île Maurice & des lieux voifins ; les Por- tugais Pont appellé Dodo ;les Hollandois, Dod-aerts & Walgh-vogel. — Dronte alus, Dod-aerts. Bontius, Indes Orientales , page 30. — Gallinaceus gallus pere- srinus. Clufius, Exotic. fib. v, page 99. Edwards, Glanures, Planche ccxcir. du Dronte, 329 & dont l'oûverture des mandibules fe pro- longe bien au-delà des yeux, & prefque juf- qu'aux oretlles : ces deux mandibules con- caves dans le milieu de leur longueur, ren- flées par les deux bouts, & recourbées à la pointe en fens contraire;reflemblent à deux cutllers pointues , qui s'appliquent l'une à l’autre la convexité en dehors : de tout cela , il réfulte une phyfionomie ftupide & vorace, & qui, pour comble de diflormité, eft accompagnée d'un bord de plumes, lequel, furvant le contour de la bafe du bec, s’'avance en pointe fur le front, puis s’ar- rondit autour de Îa face en manière de ca- puchon, d'où lut eft venu le nom de cygne encapuchonné (cycnus cucullatus ). La grofleur qui, dans les animaux, fup- pofe la force , ne produit ici que la pefan- teur : l'autruche , TéMtouyou, le cafoar ne font pas plus en état de voler que le dronte, mais du moins ils font très-vites à la courfe, au lieu que Ie dronte paroit accablé de fon propre poids, & avoir à peine la force de {e trainer : c'eft dans les oïfeaux ce que le _parefleux eft dans les quadrupèdes; on diroit qu'il eft compofé d’une matière brute, inactive, où les molécules vivantes 330 Hifioire Naturelle ont èté trop épargnées ; il a des ailes, maïs ces aïles font trop courtes & trop foibles pour l'élever dans les airs ; 1l a une queue, mais cette queue eft difproportionnée & hors de fa place; on le prendroit pour une tortue qui fe feroit affublée de la dépouille d'un orfeau ; & la Nature , en lut accordant ces ornemens inutiles, femble avoir voulu ajouter l'embarras à la pefanteur, la gau- cherie des mouvemens à l’inertie de la mafle , & rendre fa lourde épaifleur encore plus choquante, en faïfant fouvenir qu'il eft un otïfeau. Les premiers Hollandois qui le virent dans l’île Maurice, aujourd'hut file de France / b), l'appellèrent walch-vogel , orfeau de dégoût , autant à caufe de fa figure rebutante que du mauyaïs goût de fa chair, cet oïfeau bizarre eft très-gros, & n'eft fur- paifé, à cet égard, que par les trois précé- dens, car il furpañle le cygne & le dimdon. (3) Nora. Les Portugais avoient auparavant nommé cette île, ZUha do Cine, c’eft-à-dire, Ifle aux Cygnes, apparemment parce qu’ils y avoient aperçu des drontes qu’ils prirent pour des cygnes. Clafius , Exotic, page 101. du Dronte. 331 M. Briflon donne pour un de fes carac- tères d’avoir la partie mférieuré des jambes dénuée de plumes; cependant la planche CCXC1 d'Édwards le repréfente avec des plumes , non-feulement jufqu'au bas de Ia jambe , maïs encore jufqu'au-deffous de fon articulation avec le tarfe ; le bec fupérieur eft notrâtre dans toute fon étendue, ex— cepté fur la courbure de fon crochet, ot 1ly a une tache rouge; les ouvertures des narines font à-peu-près, dans fa partie moyenne, tout proche de deux replis tranf- verfaux qui s'élèvent en cet endroit fur f " furface. Les plumes du dronte font, en général, fort douces; le gris eft leur couleur domr- nante , mais plus foncé {ur toute la partie fupérieure & au bas des jambes, & pius clair fur leftomac, le ventre & tout le deffous du corps; 11 y a du jaune & du blanc dans les plumes des ailes & dans celles de la queue , qui paroïffent frifées, & {ont en fort petit nombre. Clufus n'en compte que quatre ou cinq. Les pieds & les doigts font jaunes, & les ongles notrs; chaque pied a quatre doigts, dont trois dirigés en avant , & le quatrième 332 Hifloire Naturelle enarrière ; c'eft celui-ci quia l'ongle le plus long (c). Æ RELLE PE P B Re ee Quelques- uns ot vrétendu que le dronte | avoit ordinatrement dans l’eftomac une pierre aufli grofie que le poing (d), & à la. quelle on na pas manqué d'attribuer {a même origine & Îles mêmes vertus qu'aux bézoards ; maïs Clulius qui a vu deux de ce pierres dé forme & de grandeur Ré rentes (e), penfe que l'otfeau les avoit ava- 1ées comme font les granivores, & qu'elles nes’étotent point formées dans foneftomac. Le dronte paroït propre & particulier aux iles de France & de Bourbon, & pro- bablement aux terres de ce continent qui en font les moins éloignées; mais je ne fache pas qu'aucun Voyageur ait dit lavoir vu ailleurs que dans ces deux îles. Quelques Hollandoïs l'ont nommé do- darfe ou dodaers ; les Portugais & les An- glors, dodo ; droite eft fon nom original, Je veux dre celur fous lequel 1f eft connu fc) Voyez Clufius, Exotic. page 100.—Edwards, figure ccxcir. (4. Voyage des Hollandois aux Indes Orientales, tome ÎT, page 2 14. (e) Clufius, abi fupre du Dronte. 333 dans le lieü de fon origine; & c'eft par cette ratfon que j at cru devoir le lur conferver , & parce qu'ordinairement lesnoms impolfés par les peuples fimples ont rapport aux propriétés de la chofe nommée : on lui a encore appliqué les dénominations de cygne à capuchon ( f), d'aurruche encapu- chonnée (g), de cog étranger (h) , de walgh- vogel ; & M. Moehring, qui n'a trouvé au- cun de ces noims à fon goût , a imaginé celui de ruphus , que M. Briflon à adopté pour fon nom latin, comme s'il y avoit quelque avantage à donner au même animal ün nom différent dans chaque langue, & comme fi l'effet de cette multitude de fynonymes. n'étoit pas d’embarrafler la fcience, & de jeter de la confufon dans les chofes: ne mul- tiphions pas les êtres, diforent autrefois les Philofophes ; mais aujourd'hur on doit dire & répéter fans cefle aux Naturaliftes , ne multipliez pas les noms fans nécefité. (f) Nieremberg, Hifl, nat. maximè peregrinæ s page 231. (g) Linnæus, Gen. 86, fpec. 4. (Ah) Clufius, Exotic. page 100: AA 334 Hifloire Naturelle mms me a ane mn 2 + mac + 0 0 LE SOLITAMRE E FT L'OISEAU DE NAZARE. Lx Sorrrame dont parlent Leguat (a) & Carré /6),& lotfeau de Nazareth dont parle Fr. Cauche (c), paroïflent avoir beau- coup de rapports avec le dronte ; maïs ils en difièrent aufli en plufeurs points, & j'ai cru devoir rapporter ce qu'en difent ces Voyageurs, parce que, fi ces trois noms ne défignent qu'une feule & unique efpèce, les relations diverfes ne pourront qu'en com- pléter l'hiftoire ; & fi, au contraire, ils dé- fignent trois efpèces différentes , ce que j'aï à dire, pourra être regardé comme un com- mencement d'hiftoire de chacune, ou du ions comme une notice de nouvelles ef pèces à examiner , de même que l’on voit Cyan gr on 2 Mg 2 D en RÉ (a) Voyage en deux îles défertes des Indes Orientales, tome I, pages 98 — 102. (b) Voyage de Carré, cité dans lHifloire géné- rale des Voyages, tome IX, page 3. {c) Defcription...., de l’île de Madagafcar , page 130 © fu. du Solitaire, &c. 335$ dans les cartes géographiques une indica- tion des terres inconnues ; dans tous les cas, ce fera un avis aux Naturaliftes qui {e trou- veront à portée d'obferver ces otfeaux de plus près, de les comparer, s'ileft poflible, & de nous en donner une connoïffance plus diftincte & plus préci{e : Les feules queftions que l'on a faites fur des chofes ignorées, ont valu fouvent plus d’une découverte. Le folitaire de l'ile Rodrigue eft un très- gros oïfeau, puifqu'il y a des mâles qui pelent jufqu'à quarante-cinq livres: le plu- mage de ceux-ci eft ordinarrement mêlé de gris & de brun; mais dans les femelles , c’eit tantot le brun & tantôt le jaune-blond qui domine. Carré dit que le plumage de ces oïfeaux eft d’une couleur changeante, tirant fur le jaune; ce qui convient à celui de la femelle, & il ajoute qu'il lur a paru d'une beauté admirable. Les femelles ontau-deflus du bec comme un bandeau de veuve ; leurs plumes {fe renflent des deux côtés de la poitrine en deux touffes blanches, qui repréfentent imparfaitement le {ein d'une femme; Îes plumes des cuiffes s’arrondiflent par le bout en forme de coquilles, ce qui fait un fort 336 Hifloirée Naturelle bon effet; &, comme fi ces femelles fen< ” toient leurs avantages, elles ont grand foin : d’arranger leur plumage, de le polir avec | 1e bec & de l’ajufter prefque continuelle- : ment, en forte qu'une plume ne pañle pas l'autre; elles ont, felon Leguat, l'air noble & gracieux tout enfemble, &ce Voyageur . aflure que fouvent leur bonne mine leur a fauvé la vie (d) : fi cela eft anfñ, & que le folitaire & le dronte foient de la même ef- pèce, 1l'faut admettre une très-grande dif- férence entre le mâle & la femelle quant à la bonne mine. Cet oïfeau a quelque rapport avec le dindon ; il en auroit les pieds & le bec, fi fes pieds n’étotent pas plus élevés & fon bec plus crochu; il a aufli Le cou plus long pro- portionnellement, l'œil noir & vif, la tête fans crète nr huppe, & prefque point de queue ; {on derrière , qui eft pp à-peu- grès comme la croupe d'un cheval, eft re- vètu de ces plumes qu'on appelle couver- tures. Le folitaire ne peut fe fervir de fes aïles (4) Voyez Ia figure (page 98) du Voyage de Leguat, pour du Solitaire, &c 337 pour voler; mais elles ne lui font pas inu- tiles à d’autres égards : l'os de Farleron fe renfle à fon extrémité en une efpèce de bouton fphérique qui fe cache dans les plumes & lui fert à deux ufages, première- “ment pour fe défendre, comme 1 fait auffi avec le bec; en fecond iteu, pour faire une efpèce de battement ou de moulinet, en pirouettant vingt ou trente fois du même coté dans l’efpace de quatre à cinq minutes; c'eft ain, dit-on, que le mâle rappelle fa compagne avec un bruit qui a du rapport à celui d’une creflerelle & s'entend de deux cents pas. On voit rarement ces orfeaux entroupes; quoique l'efpèce f{oit aflez nombreulfe, quelques-uns difent même qu'on n'en voit guère deux enfemble fe . Is cherchent les lieux écartés pour faire leur ponte; 1ls conftruifent leur nid de feuilles de palmiers amoncelées à Ia hau- teur d'un pied & demt; la feinelle pond dans ce nid un œuf beaucoup plus gros (e) Hifiorre générale des Voyages, tome IX, page 3, citant le Voyage de Carré. . Oifeaux, Tome IL P L 338 Hifloire Naturelle qu'un œuf d'oie, & Île mâle partage avet elle la fonction de couver. Pendant tout le temps de l'incubation, & même celut de l'éducation, ïls ne fouffrent aucun orfeau de leur efpèce à plus de deux cents pas à la ronde; & Fon prétend avoir remarqué que c'eft le mâle qui chafle les mâles, & Îa femelle qui chafle les fe- melles; remarque difhcrle à faire fur un oïfeau qui pafle fa vie dans les lieux les plus fauvages & les plus écartés. L'œuf, car il paroït que ces oïfeaux n’en pondent qu'un, ou plutôt n'en couvent qu'un à-la-fois ; l'œuf, dis-je, ne vient à éclore qu'au bout de fept femaines /f), & le petit n’eft en état de pourvoir à fes be foïns que plufeurs mois après : pendant. tout ce temps, le père & la mère en ont foin, & cette {eule circonftance doit lui procurer un inftinct plus perfectionné que celui de f’autruche, laquelle peut, en naïf- fant , fubliter par elle-même, & quin'ayant jamais belorn du fecours de fes père & mère, vit tfolée, fans aucune habitude intime avec (f} Nota. Ariftote fixe au trentiéme jour le terme de Pincubation pour les pius gros oifeaux , tels que V’aiole , loutarde, Poie; 1l eft vrai qu‘ifne cite point fautruche en cet ‘endroit. Hifi. Anim. b, VI, c. VE du Solitaire, 8. 339 eux, & fe prive ainfi des avantages de leur fociété qui, comme je lai dit ailleurs, eft la première éducation des animaux & celle qui développe le plus leurs qualités natu- relles ; aufli lautruche pafle-t-elle pour le plus ftupide des oifeaux. | Lorfque l'éducation du jeune folitatre eft finie le père & la mère demeurent toujours unis & fidèles l'un à Tautre , quoiqu'il aïllent quelquefois fe mêler parmi d’autres otfeaux de leur efpèce : les foins qu'ils ont donnés en commun au fruit de leur unton, {emblent en avorr reflerré les liens, & lorf- que Îa far{on les y invite , ils recommencent une nouvelle ponte, On aflure qu'à tout âge on Ieur trouve üne pierre dans le gclier, commeau dronte; cette pierre eft grofle comme un œuf de poule , plate d'un côté, convexe de l'autre; & un peu raboteule & allez dure pour fer- vir de pierre à aïguifer ; on ajoute que cette pierre cft toujours feule dans leureftomac, & qu'elle eft trop grofle pour pouvoir paf- {er par le canal intermédiaire qui fait la feule communication du jabot au gélier, doù lon voudroit conclure que cette pierre {e forme naturellement & à la ma- Bi | 340 Hifloire Naturelle nière des bézoards, dans le pcfier du Hot taire ; mais pour mor j'en conclus feulement que cet otfeau eft granivore, qu'ilavale des pierres & des cailloux comme tous les OI- faux de cette clafle, notamment comme ! l'autruche, le touyou, le cafoar & le dronte, & que lé canal de communication du jabot au géler eft fufceptible d’une dilatation plus grande que ne l'a cru Leguat. Le feul nom de folitaire indique un na- turel fauvage; & comment ne le feroitil pas ? Comment un oïfeau qui compole lut feul toute la couvée, & qui, par confe- quent, pañle les premiers temps de fa vie fans aucune focièté avec d’autres oïfeaux de fon âge, & n ayant qu'un commerce de nc- ceffité avec fes père & mère, fauvages'euxe mêmes, ne feroit-1l pas maintenu par exemple & par l'habitude? On fait com Dien les habitudes premières ont d'in- fluence fur les premières inclinations qui forment le naturel ; & 1 eft à préfumer que toute efpe Fe où la nee ne COUVErà Qu'un œuf à-la-fois, fera fuvige comme notre folitaire ; MAT t il paroît encoré plus timide que fauvage, car il fe larfle appro+ cher, &s approche mème affez familière | et. ére à du Solitaire, &c. 34r nent ; fur- tout lorfqu’on ne court pas après lur, & qu'il n’a pas encore beaucoup d’ex- périence ; mais 1! eft impoflible de Fappri- voler. On l'attrape dificilement dans les bois, où il peut échapper aux chaleurs par la rule & par fon adrefle à fe cacher ; mais, commeïlne court pas fort vite, on le prend aïfément dans les plaines & dans les lieux ouverts : quand, on l'a arrêté, il ne jette aucun cri; mais 1l laifle tomber des larmes, & refufe opinritrément toute nourriture. M. Caron, Directeur de la Compagnie des Andes à Madagafcar, en ayant fait embar- quer deux venant de file de Bourbon pour es envoyer au Roi, ils moururent dans le _vaïfleau, fans avoir voulu boire n1 man- ger (8). Le temps de leur donner la chafle eft depuis le mois de mars au mois de fep- tembre, qui eft l'hiver des contrées qu'ils habitent, & qui eft auffi fe temps où ils font les plus gras : la chair des jeunes fur- tout eft d’un goût excellent. Telle eft l'idée que Leguat nous donne du folitaire (4) ; 1l en parle non-feulement LS (8) Voyage de Carré aux Indes, (k) Voyage de Leguat, tome I, pages 98 — 102, P fj 342 Hifloire Naturelle comme témoin oculaire, maïs comme üff Obfervateur qui s'étoit attaché particuliès rement & long-temps à étudier les mœurs & les habitudes de cet oïfeau ; &,eneflet, fa relation , quoique gâtée en quelques en- droits par des idées fabuleufes (i), contient néanmoïns plus de détails hiftoriques fur Le folitaire que je n’en trouve dans une foule d'écrits fur des oïfeaux plus généralement & plus anciennement connus. On parle de Tautruche depuis trente fiècles, & lon ignore aujourd'hui combien elle pond d'œufs, & combien elle eft de temps à les couver. | L'orfeau de nazareth, appelé fans doute ainf par corruption, pour avoir été trouvé dans l’île de Nazare /#), a été obfervé par Fr. Cauche dans l'ile Maurice , aujourd'hur File Françoïfe ; c'eft un très-gros orfeau & plus gros qu'un cygne ; au lieu de plumes, (1) Par exemple, au fujet du premier accou- plement des jeunes folitaires, où fon imagination prévenue lui a fait voir les formalités d’une efpèce de mariage , au fujet de Ja pierre de l’eftomac, &c. (k) L'île de Nazare eft plus haute que File Maurice à 17 degrés de latitude fud. Voyez la Def- cription........ de Madagafcar, par Fr. Cauche, gage 130 © fuir, du Solitaire, &xc. 343 il a tout lé corps couvert d’un duvet noir; & cependant 1! n’eft pas ablolument fans. plumes, car 1l en a de noires aux aïles & de frifées fur le croupion, qui lui tiennent lieu de queue ; il a le bec É recourb£ un peu par-deflous, les jambes (c’eft-à-dire , les pieds } hautes & couvertes d'écailles, trois doigts à chaque pied, le cri de Potlous & fa chair eft médiocrement bonne. La femelle ne pond qu'un œuf, & cet Œuf eft blanc & gros comme un pain d'un fou; on trouve ordinairement à côté une pierre blanche , de ia grofeur d'un œufde poale, & peut- être cette pierre fait-elle ici le même effet que ces œufs de craie blanche que les Fermrères ont coutume de méttre dans le nid où elles veulent faire pondre leurs poules ; celle de Nazare pond à terre dans les forêts fur de petits tas d'herbes & de feuilles qu'elle à formés; fi on tue le etit, on trouve une pierre pis dans fon péfier; la figure de cet orfeau , eft-il dit dans une note //), fe trouve dans le Journal de la feconde Navigation des Hollandois aux {L) Voyez la Defcription .... de Madagafcar, par Fr. Cauche ; page 130 & fuir. 344 Hifloire Naturelle Indes orientales , & ils appellent oi/eau de Naujée : ces dernières paroles femblent dé- cider la queftion de l'identité de lefpèce entre le dronte & l'orfeau de Nazare, & Îa prouveroïent en effet , fi leurs defcriptions ne préfentoient des différences eflentielles } notamment dans le nombre des doigts; \ mais, fans entrer dans cette difcufhion par- ticulière, & fans “prétendre réfoudre un problème où 1l n'y a pas encore aflez de données, je me contenterai d'indiquer : ICI les rapports & les différences qui réfultent de la comparatfon des trois defcriptions. Je vois d'abord, en comparant ces trois oïfeaux à-la-fois, qu'ils appartiennent au même climat & prefqu'aux mêmes con- trées ; car le dronte habite l'ile de Bourbon & l'ile Françoïfe, à laquelle 1l femble avoir donné fon nom d'ile au cygne , comme je l'ai remarqué plus haut; le folitaire habitoit l'ile Rodrigue dans le temps qu ‘elle étoit entièrement délerte, & on l’a vu dans File Bourbon; l'oifeau de Nazare fe trouve dans l'ile de Nazare, d’où il a tiré fon nom, & dans l'ile Françoife ( rm ) : or ces quatre îles : (m) Voyez ci-deffus Fhifioire de ces oifeaux, di Solitaire, &c. 345$ font vorfines les unes des autres, & il eft x remarquer qu'aucun de ces oïfeaux n'a été aperçu dans le continent! | Hs fe reflemblent aufli tous trois plus ow moins par la groffeur , par limpuiflance de voier, par la forme des aïles, de la queue & du corps entier, & on leur a trouvé à tous une ou plufeurs pierres dans le géfier, ce qui les. fuppofe tous trois granivores: outre cela. ilsont tous trois une allure fort ente; car, quoique Leguat ne dife rien de celle du folitarre, on peut juger, par la figure qu'il donne de la femelle /7), que ceft un oïfeau très-pefant. Comparant enfuite ces mêmes oïfeaux pris deux à deux, je vois que le plumage du dronté fe rrer-4che dé celur du foli- taire pour la couleur ; & de celui del’oifeau de Nazare pour & qualité de la plume qui n'eft que du duvet; & que ces deux der- niers oïtfeaux conviennent encore en ce qu'ils ne pondent & ne couvent qu'un œuf, Je. vois de plus qu'on. à appliqué au dronte & à l’oifeau de Nazare le mème nom d'orfeau de dégoût. ! anne OI, je ARE A EE : {n) Voyage de Leguat, rome TI, page 98 346 Hifloire Naturelle Voïlà les rapports, & voici les diffé= ences : | Le folitaire a les plumes de Ia cuïffe ar rondies par le bout en coquilies, ce qui fuppofe de véritables plumes, comme en ont ordinatrement les otfeaux, & non du duvet, comme en ont ke dronte & l’oifeau de Nazare. ” La femelle du folitaire à deux touffes de plumes blanches fur la poitrine ; on ne dit rien de pareil de la femelle des deux autres. Le dronte a les plumes qui bordent Îa bafe du bec difpofées en manière de capu- chon, & cette difpofition eft fi frappante: qu'on en a fait le trait caractériftique de fa dénomination f{cycnus cucullatus ); de plus; ïl a les yeux dans le béc, ce qui n’eft pas moins frappant; & l'on peut croire que Leguat n’a rien vu de pareïl dans lé folitaire; pui{qu’il fe contente de dire de cet oïfeau u'il avoit tant obfervé, que fa tête étoit ds crête & fans huppe ; & Cauche ne dit rien du tout de celle de l'oifeau de Nazare. Les deux derniers font haut montés, au lieu que Îe dronte a les pieds très-gros & très-courts. Celui-ci, & le folitaire qu'on dit avoir æ du Solitaire, &c. 347 à-peü-près les pieds du dindon, ont quatre doigts, & l'oifeau de Nazare n’en a que trois, felon le témoignage de Cauche. Le folitaire a un battement d'ailes très- remarquable, & qui n’a point été remarqué dans les deux autres. Enfin il paroît que la chair des {olitaires ; & fur-tout des jeunes, eft excellente; que celle de l’oifeau de Nazare eft médiocre, & celle du dronte mauvaife. Si cette comparatfon, quia été faite avec la plus grande exactitude, ne nous met pas en état de prendre un parti {ur la queftion propolée, c'eft parce que les obfervations ne font nt aflez multipliées n1 aflez füres : il feroit donc à defirer que les Voyageurs ; & fur-tout les Naturaliftes , qui fe trouve- ront à portée, examinaflent ces trois of- feaux, & qu'ils en fiflent une delcription exacte, qui porteroit principalement : Our la forme de la tête & du bec: Sur la qualité des plumes: Sur la forme & les dimenfons des pieds : Sur le nombre des doigts: Sur les différences qui {e trouvent entre le mâle & la femelle : Entre les pouflins & les adultes; 348 Hifioire Naturelle ; &x. Sur leurfacon de marcher & de courir: En ajoutant, autant qu'il feroit poffble, | ce que l’on fait dans le pays fur leur géneé- ration, c'eft-à dire, {ur leur manière de fe Pibpelér: de 'accouplér ; de faire leur nid & de couver. Sur le nombre, la forme , la couleur ; le pes & le volume de ieurs œufs: | Gur le temps de l'imcubatton : Sur leur manière d'élever leurs petits: our | la façon dont is fe nourrifient eux- mêmes : Enfin fur la forme & les dimenfons de leur eftomac, de leurs mteftins & de leurs parties fexuelles. Fin du fecond Volume des Oifeaux. + À > Ed £ . as - € L.: - 2 TE s ; mea à / d L ù ES Se a x Lx £ | re » ; : =. L ee L . L | , . PE eut ee. LU 4. -à 1e 'e * 0 D. Er DER DCR ON, à UC: LEURS NE ve or + Li SR AR + pui d SP ut A LT + Ve VEN À gs il A Se “R d' VATAR T e2 + AA ET" ONE À, A'RANN 54 : 21e { à 4 Paule QYPE À n A LA " * da ke En DuTs 2, 000 D 4 1‘ "1 "44 + 4 FT qui à AL Ya D - - + LUI hr À | à È 4 te : ME LUI LIT TR ACT à > me