« £ + , DE ss 1 pr, 2 RES à FRE : S Ô ñ ne. ‘ . | | LÆ : { É È L de Ne + É » Ne: Ro | 4 j ” À . L | / 7 s k ni : = “HisvToras NATURELLE Q U A D RU P ÿ D ES, | TOME DIXIÈME F4 no ste HISTOIRE = 229. NATURELLE Par BUFFON, DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. QUADRUPEDES. TOME DIXIEME. ARR 20267 4 Fnsonlan Int sit oh RICHMOND. © COLLECTION. ch. + A PARIS, À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE BE P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, \ ET FIRMIN DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116. AN VII. — 1799. CHU lo # ‘E SOU Had Sade rit chi * $ SE uquét S : Ÿ ff Jaug ut ÿ LE Æ CN MORE A MATE CEE 77 ENT à , à "à « bi Fe « à We E 4 : vs a x :| 1 Ne P AE À PA". 4 : "A d : je HE 6 4 [: | Ï S S ; (l S O Il fi KR | À FI TI ‘ ï ! LS ri 1 NATURELLE i PRE [4 DU NIL-GAUT. » + ‘» sa ch Cr animal est celui que plusieurs voyä- geurs ont appelé bœuf grès du “Mogol, quoi- qu'il soit connu sous le nom de #i1- - gaut dans plusieurs endroits de l'Inde. Nous avons vu vivans le mâle et la femelle dans le parc du château royal de la Muétte, où où les nourrit encore aujourd’ hui (juin 2778), et où on les laisse en ! pleine liberté : nous les avons fait déssiner tous deux d’ après nätüre. | Quoique le nil-gaut tienne du cerf p par le cou et la tête, ét T bœuf ér Je’ cornes et la queue! il est néanmoins plus” éléigné de l’un et de l’autre de ces genres que de celui des’ gazelles ou des grandes chèvres ? 6 - HISTOIRE NATURET à nine Les climats chauds de l'Asie et ha de r De frique soft ceux où les grandes espèces des gazelles ét des chèvres sont plus multipliées : à on trouve dans les mêmes lieux, ou à peu. de distance les uns desautres , le:condonras- Ye bubale, Fe et le nil-gaut dont il est äci question. L'espèce de barbe qu'il a sous le cou et le poitrail, la disposition de son pied et de ses: sabots, plusieurs autres rap- ports de conformation avec les grandes chèvres, le rapprochent de cette famille plus que de celle des cerfs ou de celle des bœufs ; et dans les animaux d'Europe, c'ést au chamois. -qu'on pourroit le. comparer plu- iôt qu’à tout autre animal : mais, .dans là réalité, le, nil-gaut est seul de son genre , et d’une espèce particulière qui, ne tient au genre du bœuf, du cerf, de la chèvre, de la gazelle et du chamois, .que par quelques caractères. Qu, rapports particuliers. Il a, comme . tous ces animaux, Ja faculté de : ruminer;, il court. de mauvaise grace et plus mal que. le cerf, quoiqu'il ait la tête et l’en- colure, aussi légères : : mais ses jambes sont plus massives. et. plus inégales en hauteur: celles de derrière. étant considérablement . Le ‘DU NIL LCAMDTAIN 7 plus. courtes. que celles de devant il porte la queue. horizontalement en. courant, et la tient basse.et entre les jambes lorsqu: il es, en repos, Le mâle a des cornes,.et,la femelle n'en, a-point; ce.quile rapproche, encore, dix genre des, chèvres, dans lequel d'ordinaire la femelle, n’a point de.cornes :, celles du mil- gaut sont creuses, et ne: tombent pas comme le bois des.cerfs ; des daims et.des chevreuils ; caractère qui. le: sépare absolument de ce Bone d'animaux, Comme il, vient.d'un, pays où, la,chaleur'est plus grande que dans notre climat ,.il sera, peut-être difficile de le mul- tiplierici.: ce séroit néanmoins une.bonne acquisition-à faire, parce que.cet, animal, quoique, vif etyagabond. comme-les, chèvres, est assez doux pour.se laisser. regir, et; qu n: douneroit, comme elles, de Ja char. man- geable,. du bon suif et des peaux plus-épaisses et se ferrags. La ferai ss; somelement mais set Rs peutrêtre, ps. di même couleur. grise avec l’âge. op LRO 24 “Voici le détaiL'de la. sant, “ie ; lai faite. de ces: deux;animaux ayecM. de Sève, qui.les a dessinés. Le mâle étort de. la gran 8: HISTOIRE NATOR AS deur d'un cerf dé taille moyeriies les end n avoient que six pouces dé longueur sur. deux: paucés neuf lignes de 'grossetir à La base. Il n'y avoït point de dents incisivés à la mächoire supérieure ; celles ‘de la” mâ= choire inférieure étoient larges et peu Ton gues :'il ÿ à un espace vidéremeré elles et! les' mâchelières. Le train de derrière, Sorri le mâle; est plus bas que celüi de devant, et l’on voit une espècé de bosse ou d éléva- tion sut les'épaules, et cet endroit'est'sarni d’une petite crinière qui prend' du somimet de latête et finit au milieu! du dos :. Sur la poitriné sé trouve uüné touffe de longs’poils voirs. Le "pelage de tout le corps est dut gris d’ardoise : mais la têté est garnie d’un Goib plus fauvé, mêlé de grisätre, et le tour des yeux d’un poii fauve clair ,: lavéérune petite tache blanche à F angle de chaque œil; le dessus du nez brun; les naseaux sont'noirs avec uñeé- bande blanche à côté!} Lés' oreilles sont fort grandes et larges’, rayces de trois bandes noires vers leurs extrémités ; la face exterieure de l'oreille est d’un gris roussâtre, avec une tache blanche à l'extrémité. Le sommet de la tête est garni d’un poil noir, _ DU MMIAGATETEIN mêle de brun, qui forme, sur le haut du D | front, une espèce de: fer-à-cheval ; M Y'a sous le cou, près de la gorge, une grande tache blanche; lé ventre est gris d’ardoise comme lé corps. Les jambes de devant et les cuisses sont noires'sur la face extérieure, et d’un gris plus foncé que celui du corps sur la face intérieure. Le pied est court et res _ semble à celui du cerf; les sabots en: sont noirs: il ÿ a, sur la face externe des pieds de devant, une tache blanche, et sur l’in- terne deux autres taches de même couleur. Les jambes de dérrière sont beaucoup plus fortes que celles dé devant : elles sont cou- vertes de poils noirâtres , avec deux grandes taches blanches sur les pieds, tant en de-- hors qu’en dedans; et plus bas il y a de grands poils chätains qui forment unetouffe frisée. La quéue‘est d’un gris d’ ardoise vers le milieÿ, et blanche sur les côtés; elle est terminée par une touffe de grands ‘poils noirs ; le dessous est en peau nue. Les poils blancs des côtés de la queue sont fort longs s ét ne sont point couchés sur la ‘peau comme ceux des autres parties du corps; ils s’é— jendent au contraire en ligne droite de ? LOT 4 v SLA 7"), 1 VMC Ts 00 MERE. NAN \ CO ENTE Mr EL x HIS TOIRE. NATURELLE CR chaque “côté. Le fourreau de. la verge est peu apparent , et l’on a, observé que le jet de l’urine est fort petit dans le mâle. : Il y a à L'École vétérinaire une peau bour- yrée d’un de ces animaux qui diffère de celui _ qu'on vient de décrire, par la couleur du poil, qui est beaucoup plus brune, et par les cornes, qui sont plus grosses à leur base, et cependant moins grandes , ayant que quatre pouces et demi de longueur. La femelle du nil-gaut, qui étoit au pare: de la Muette, vient de mourir au mois d'oc- tobre 1774; elle étoit bien plus petite que le: mâle, et en même temps plus svelte et plus haute sur ses jambes; sa couleur étoit rous- satre, mélangée d'un poil fauve pâle et de poils d un brun roux, au lieu que le pelage du mâle était, en général, de couleur ardoi- sée, La plus grandesdifférence qu'il y eût: entre cette femelle et son mâle, ét#it dans le train de derrière, qu’elle avoit plus élevé que celui de devant, tandis que c'est le contraire dans le mâle; et cette différence pourroit bien n’être qu’individuelle, et ne. se pas trouver. dans l'espèce entière. A reste, ce mâle et cette femelle se ressem- x JEUN ED GA UMT. ©" ‘1 bloient par tous Les âutres caractèrés exté- rieurs et même par les taches; ils parois soient avoir un grand attachement l’un pour l’autre; ils se léchoient souvént,'et, quoi- qu'ils fussent en plèine liberté dans le parc, ils ne se cha raremèné, et ne se | M. Willian. nc dééteis en HAE) membre de la société de Londrés, à donné, dans les Transactions philosophiques *, un . Mémoire sur le nil-saut, avec une assez bonne figure: M. Eeroy, de l’Académie des sciences de Paris, én ayant fait la traduc- tion avec sôf, j'ai cru faire plaisir aux amateurs de: l’histoire naturelle dé la joindre ici, d'autant qué M. Huntèr a observé cet animal de beaucoup plus près que je n’ai pu Le faire. ; « On doit DUT dit M. Hunter, au : nombre dés richèsses qui nous ont été ap- portées des Indes dans ces dérniers temps, un bel añitmal appelé 2i/-ghau ; il est fort à souhaiter d'os ce se HIBDAET en A LEE * Volume Éxi pour l’année 1771, page Fe AT ‘ PA bi Lil ve US it A2: M 12 HISTOIRE NATURELLE de manière à devenir un. de nos animaux Jes plus utiles, ou au moins un: de ceux qui parent le plus nos campagnes : il est plus grand qu'aucun des ruminans del ce pays= < CL, excepté le. bœuf; il! ya tout lieu de croire qu’on en trouvera la chair excellente’; - et, s’il peut étre assez apprivoisé pour s’ac— | coutumer au travail, 1l y a toute apparence que. sa force et sa grande vitesse pourront être employées avantageusement. Les représentations exactes des animaux par la peinture, en donnént' des idées beau coup plus justes que de simples descriptions. Quiconque jettera les yeux, sur le portrait qui a été fait sous mes yeux par M. Stublo, cet excellent peintre d'animaux, ne sera jamais embarrassé de. reconnoitre le mil= ghau par-tout où il pourra le rencontrer. Quoi qu’il en soit, je vais tenter la descrip- . tion de cet animal, en y. joignant ensuite tout ce que j'ai pu apprendre de son histoires Ce détail ne sera pas très-exact : mais les naturalistes auront une sorte de plaisir en apprenant au moins quelque, chose de ce qui regarde ce bel et grand animal, dont juüs- qu'ici nous n'ayious ni.descriptions ni peiu- tures, /DU,NIL-GAUT::: 13. Le nil-ghau mâle me frappa à la pre- Mmiére vue, comme étant d’une nature moyenne entre le taureau et le cerf, à peu près comme nous supposerions que seroit ‘un anfmal qui seroit Le produit de ces deux espèces d'animaux ; car il est d’ autant plus petit que lun, qu'il est plus grand que l’autre , et on trouve dans ses formes un grand mélange de ressemblance à tous les deux; son corps, ses cornes et sa queue ressemblent assez à ceux du taureau, et sa tête , son cou et ses jambes approchent beau- coup de celles du cerf. ar à Sa couleur. La couleur est, en général, cendrée ou grise, d’après le mélange des poils noirs et blancs: la plupart de ces poils sont à moitié noirs et à moitié blancs; la partie blanche se trouve du côté de la racine. La couleur, de ses jambes est plus foncée que celle du corps : on.en peut dire de même de la tête, avec cette singularité que cette cou- leur plus foncée n’y est pas générale, mais seulement dans quelques parties qui/sont presque toutes noires; dans quelques autres endroits, dont nous parlerons plus bas, le poil est d’ une belle couleur blanche, Ne. , 14 HISTOIRE NATURELLE Mae Le tronc. La hauteur de son abs ; où il Y a une légère éminence au-dessus de l’omo- plate, est de quatre pieds un pouce (anglois); et à là partie la plus élevée immédiagement derrière lés reins, cette hauteur n’est LR de quatre piéds ; la longueur du tronc en géné- ral, vu de profil depuis la racine du cou jusqu'à l’origine de la quese est d’ environ quatre piéds, ce qui est à à peu près la hau- teur de l'animal; de façon que, vu de profil, et lorsque ses jambes sont parallèles, son dos ét ses membres forment les trois côtés d’un quarré , dont Île terrain sur lequel il est placé, fait le quatrième. IL a quatre pieds dix pouces de circonference immédia= tement derrière les épaules , et quelque chose de plus au-devant des jambes de derrière; mais cette dernière dimension doit varier beaucoup, comme on l’imagine bien , selon que l’animal a le corps plus ou moins plein de nourriture. | Son poil. Le poil sur le corps est, en gé< néral, plus rare, plus fort et plus roide que celui du bœuf; sous le ventre et aux parties : supérieures de ses muscles, 11 est plus long et plus soie) que sur les côtés e et sur le dos; PE DU NIL- GAUT. UE tout le bus du cou “ de Véniue. du dos, jusqu’à la partie postérieure de l'élévation qui est au-dessus des omoplates, le poil est plus noir, plus long et plus redressé, for- mant une espèce de courte crinière rare et élevée ; les régions ombilicales et hypogas- iriques. du ventre, l’intérieur des cuisses, et toutes les parties qui sont. recouvertes, par la queue, sont blanches ; le prépuce n'est point marqué par une touffe de poils, el ce prépuce ne saille que, très-peu. Les testicules. Les testicules sont oblongs, et pendans comme dans le taureau ; la queue, déscend jusqu” à deux pouces au-dessus de V'os du talon; l'extrémité en est ornée de longs poils noirs , ainsi que de quelques poils blancs ,, particulièrement du côté de d'intérieur : la queue, sur cette face inté- xieure, n’est point garnie de poils, excepté, comme on vient de le dire, vers son extre- mité; mais, à droite et à gauche, il ya une bordure de longs poils blancs. di Les jambes. Les jambes sont minces en proportion de leur longueur, non pas autant que celles de notre cerf, mais plus que celles de nos taureaux ; les jambes de devant onk »| ee 16 HISTOIRE NATURELLE " un peu plus de deux pieds sept pouces ad long. Il y a une tache blanche sur la partie de devant de chaque pied, presque immé= diatement au-dessus de chaque sabot, ét une autre tache blanche plus petite au- devant du canon, et au-dessus de chacune il y & une touffe remarquable de longs poils blancs, qui tourne autour en forme de boucles pen- dantes. Les säbots des jambes de devant pa- roissént être d’une longueur trop grande : cette singularité étoit Fort remarquable dans chacun dés cinq nil-ghaux- que j'ai vus ; ‘$ cependant on coujecture que cela venoit d'avoir été vrenfermés , et’ en l’éxaminant daus l’animal mort, la conjecture 8 'est trou. vée fondée. | | Le cou. Le cou est long et mince comme dans le cerf; il y a à la gorge une belle tache de poils blancs de la forme d’un bou- cliér: et plus bas, au commencement de l'arrondissement du cou, il y a une touffe de longs poils noirs en forme de barbe. La téte. La tête est longnie et mince ; sa longueur depuis les cornes jusqu'à l'extré— milé du nez, est d'environ un pied deux pouces trois quarts ; la cloison qui sépare » Sn EU RENE OUR, CRE Lo Te NT 197 les narines , avoit été percée pour y passer _ une Corde où une bride, selon la manière des Orientaux d’attacher et de mener le bétail. La bouche. La fente de la bouche est fougue , ‘et là mâchoire inférieure est blan- che ; dans toute’ ’étendue de cette fente , la mäthoire Supérieure ü est PAR qu'aux narines: "ja viue MN RP EN | ah CÔTE r'aés mâchoires , ‘et huüit’incisives à là mâchoire inférieure 5’ ral prémière des imcisives est fort large, et: les: autres plus petites ‘en proportion de’ce: qu "elles sont pla- cées plus en avant ou en arrière. à * Les yeux? Les yeux , en Béét SOITÉ d’une couléur foncée; car toute la partie dé la conjonctive qu’on peut Voir ; ‘est ‘de: cetté couleur: de profil, la "cornée! ét ‘tout ‘cé qu'oñ peut voir au travers’, pdroît bleu comme Vaciér bruni ; là pupille est ovale et transvérsalément oblongte, et l'iris est presque Moir : i91] HER STE TL NATION Les drties: Les oreilles sont grandes ét bélles ; elles ont plus de! sept pouces de long; ets ’élargissent considérablement vers Jeurs extrémités ; elles sont blanches’à Téurs bords 2 + ar” AE AU dan TA AU ja, 40 \h | 18 HISTOIRE. NATURELLE 7 1 et dans l'intérieur, ‘excepté dans l’endroit où deux bandes noires. raR ARE à le SE dE J'oreilless :! sara 88 ue NP Les cornes. Les. cornes ant sept pee long ; elles, ont, six pouces de tour à.leux origine, et.diminuent par degrés; elles. sg terminent en une pointe mousse, Elles.ont, à leur origine trois faces plates, séparées par autant'd'angles : l’un de ces ;jangles est en devant de la corne, et par conséquent l'une _ des faces. en, forme le derrière; mais, celle forme triangulaire diminue peu à peu, et se perd vers l'extrémité, [Il y.a sur, la base. à l’origine des cornes , de, légers. plis. ou,rides circulaires, dont le. nombre correspond à l’âge de l'animal. La corne ; depuis. la base jusqu’en haut, en, est unie, et le bout est d'une couleur fort foncée. Ces corness’élèvent en haut.et en avant , formant.un angle fort obtus avec le. front ou la face; .elles..sont légèrement, courbées ;, la concavilé, en; est tournée vers l’intérieur et un peu,en devant; leur interrallse à. lepr origine, est. de. fois NERF A: ces un quArL, et dans FE ile milieu , in peu moins de Six pouces... | 7 = a Du, NIL- GA UT. | 19 Sa nourriture. Il mange de l’avoine , mais pas avidement; il aime mieux l'herbe et. le. _ join: cependant ce qu’il aime encore davan- tage ,.c’est le pain de fromenk, qu'il mange toujours avec délices. Quand. il est altéré, il boit j jusqu’à huit pintes d' Ca te ut Sa: fiente.. Sa. fiente est en forme de petites boules rondes de. la grosseur Le noix, mus- cade, Ses mœurs. (ri on m eût rapporté qu'il étoit extrèmement farouche, jai trouvé, tant que je FN al eu,en ma garde, que c'éloit _ dans le fond , un animal très- doux, et qui paroissoit , aimer qu'on se familiarisât : avec lui. , léchant toujours | la main de celui qui le flattoit ou qui lui présentoit. du, pain. , et n'ayant jamais tenté de se servir de ses. armes ; pour blesser quique ce soit. Le. sens, de V odo- nur dans. cet amimal paroît très- fin, gt semble Le. guider. dans tous.ses mouvemens ; ; quand quelque personne L approche à il. la flaire eux faisant un, certain bruit: ilen faisoit antant quand on lui apporloit. à boire ou. à. manger ; et.ilétoit,si facilement offensé par une,odeux extraordinaire, ou si circonspect., qu'il ne vouloit pas goûter Je,pain que je Jui présu on * æ HISTOIRE NATURELLE M tois, lorsque ma main avoit touché de l'huile dé térébenthine, ou Lens liqueurs spiré- fueuses. Sa manière de se battre’ ‘est fort singulière ; “, mylord Clive l'a observéé sur deux mâles qui avoientété enfermés dans une petite enceinte, ét il : me l’a racontée comme il suit : : « Étant É &éncoré à üne distance APE Ble TE « de l'autre, ils se préparèrent au combat & er ‘tombant sur leurs genoux de devant, «et s’avancèrent l’un vers l’autre d’un pas «assez rapide, en tortillant toujours et age- « nouillés de cette manière ; ‘et quand ils . « furent arrivés à Sn La de distance; «ils firent un saut, ét Ponons Fun $ « contre l'autre: » FU 1 L Pendant tout le temps que j'en eus deux. dans mon écurie , je remarquai que , toutes les fois qu ’on vouloit les touchér , ils tomi= boieut sur leurs genoux de devant; ce qui leur arrivoit même quelquefois lorsque je m ’avançois devant eux : mais, comme ils ne s’élançoient jamais contre moï, j étois si loim de penser que cette posture annonçoit leur colère ou-une dispositién äu combat ; que je Ja regardois au contraire comme une expres* fi “AR ie tue | ) DU NIL-GAUT. © 2: Sion de timidité ou d’une La dotceur, OU même d'humilité. | La ‘femelle: La femelle diffère tellement du mâle, qu’à peine pourroit-on les croire de la même espèce ; elle est beaucoup plus petite : elle ressemble , par sa forme et par sa couleur jaunâtre, à une jeune biche, et n'a point de cornes ; elle a quatre teltes, et l’on croit qu’elle porte neuf mois ; quelquefois elle produit deux petits, mais le plus souvent elle n’en fait qu'un. Le nil-shau mâle, étant jeune: ressemble beaucoup par sa couleur à la femelle , ‘et Cet à un jeune HÉROS 7j pan Son espèce. Lorsqu'on nous présente un nouvél animal , il est souvent fort difficile, et quelquefois même impossible , de déter- miner son espèce uniquement par ses carac- -tères extérieurs ; mais, lorsque cet animal est disséqué par un anatomiste habile dans l'anatomie comparée , alors la question se décide communément avec certitude. | D’après les caractères extérieurs unique- ment, je soupçonnai ou plutôt je crus que * Te nil-ghau étoit un animal particulier et d'une espèce distincte. Quelques-uns de mes # 4 FOOT ANNEE # 22 HISTOIRE NATURELLE amis le prirent pour un cerf; mais je! fus convaincu qu’il n’étoit pas de ce genre, par la permanence de ses cornes quine tombent pas. D'autres pensèrent que c’étoit une anti- lope’: mais les cornes et la grandeur de l’ani- mal me firent croire encore que ce n'en €toit pas une ; et il avoit tant de rapport par sa forme, particulièrement la femelle, avec le ceré.. que je ne pouvois pas le regarder comme du même genre que le taureau. Dans le temps du rut, on mit un de ces mâles, nil-ghau avec une biche ; mais. on ne re marqua ni amour , ni même aucune,atten— tion particulière , entre ces deux animaux. Eofin , l’un de ces animaux étant mort, je | fus assuré par mon frère, qui la disséqué, et qui a disséqué presque tous les quadrupèdes connus , que le nil-ghau est un animal d’une espèce nouvelle. ; Son histoire. Plusieurs de. ces animaux _ mâles et femelles ont été apportés en Angle- terre depuis quelques années : les premiers furent envoyés de Bombay en présent à mylord Clive ; ils arrivèrent au mois d'août 1767; il y en avoit un mâle et l’autre femelle , et ils continuèrent de produire | DU NIL-GAUT. 3 dans ce pays-ci chaque année. Quelque temps aprés , on en amena deux autres qui furent présentés à Ja reine par M. Sukivan ; et cette princesse , étant toujours disposée à encou- rager toute éspèce de recherches curieuses et utiles dans l’histoire naturelle, me fit donner la permission de les garder pendant quelque temps; ce qui me mit à portée, non seulement de pouvoir les décrire et d’en ) avoir une peinture bien exacte, mais encore de disséquer , avec le secours de mon frère, l'animal mort , ét d'en conserver là peau et le squelette. Mylord Clive a eu la bonté de me donner tous Les éclaircissemnens qu’il a pu ie fournir pour en faire l’histoire, ainsi que Je sénéral Catnat , et quelques autres per- sonnes, | | Ces animaux sont resardés comme des faretés dans tous les établissemens que nous avons dans l'Inde ; ils y sont amenés de l’in- térieur du pays en présent aux nababs et autres personnes considérables. Le lord Clive, le pénéral Carnat, M. Walsh, M. Watts , et beaucoup d’autres personnes qui ont vu une grande partie de l'Inde, m'ont tous dit qu’ils ne l’avoient jamais vu sauvage. Bernier, / re ” MR NAE E VA Maries à ver d 4 en, A 24 HISTOIRE NATURELLE autant que je lai pu découvrir , est le PE | auteur qui en fasse mention. Dans le qua= trième volume de ses: Mémoires , il. fait le récit d’un voyage qu il entreprit en 1664, depuis Delhi jusqu’à la province de Cache= mire,, avec l'empereur mogol Aureng-zeb) quialla dans ce paradis terrestre , comme le regardent les Indiens , pour éviter les cha- leurs de l'été. En parlant de la chasse, qui faisoit l’'amusement de l'empereur dans ce voyage , il décrit, parmi plusieurs autres animaux, le nil-ghau , mais sans rien dire. de plus de cet animal , sinon que quelque- . fois l’empereur en tusit un si grand NOM bre , qu'il en distribuoit des quartiers tout entiers à tous ses omrahs ; ce qui montre qu’ils étoient en hit nombre , sauvages dans cette contrée , et qu’on en regardoit la chair ou la viande comme fort bonne ou déli- cieuse. | , Ceci paroïit s’accorder avec la rareté de ces animaux au Bengale, à Madras et à - Bombay. Cachemire est une des provinces les plus septentrionales de l'empire du Mo- gol; et ce fut en allant de Delhi vers cette province , que, Bernier vit l'empereur les chasser. | +. 7 pe dE KE ‘ DU NIL-GAUT.. 25 . .. Sor nom. Le mot nil-ghau (car telles sont … les lettres composantes de ce nom qui cor- respondent au persan ), quoique prononcé comme s’il étoit écrit zeel-vau (en françois nil-ga ), signifie une sache bleue, ou plutôt un faureau bleu, gau étant masculin. Le mâle de ces animaux a en effet de justes titres À ce nom, non seulement par rapport à sa ressemblance avec le taureau, mais en- core par la teinte bleuâtre qui se fait remar- quer sensiblement dans la couleur de son corps; mais il n’en est nullement de même de la femelle, quia beaucoup de pement: et quant’ à la couleur et quant à la forme, avec notre cerf. Les nil- -Shaux qui sont venus: en Aneléterre, ont été presque tous apportés de Surate ou de Bombay, et ils paroissent moins rares dans cette partie de l'Inde que dans le Bengale ; ce qui donne lieu de con- | jecturer qu "ils poutroient être indigènes dans la province de Guzarate, l'une des provinces les plus occidentales de l'empire du Mogol, étant située au nord de Surate, ._et s'étendant jusqu’à l’océan indien. Un officier * qui a demeuré long-temps LA #Le général Carvat. Te 6 SION ME TINNNR uit qui TA 55 HISTOIRE An ou No dans l'Inde, a écrit pour obtenir toutes les L connoissances et tous les éclaircissemens | qu'on pourroit se procurer sur cel animal. “Nous espérons recevoir en conséquence, dans le cours dé l’année prochaine, quelques dé- tails satisfaisans à ce sujet, quoique les ha- bitanis de ces contréés, selon ce qu’en dit cet officier, aient peu d’inclination pour 4 histoire naturelle , et même, en Eu 0 pour toute espèce de connoissances. ) 1 Eu comparant la gravure de” cet duimal donnée dans les Transactions philosophiques, avec les dessins que nous avons faits d’après nature dans le parc de la Muette, près de Paris, nous avons reconnu que , dans la gravure angloise, les oreilles sont plus courtes, les cornes un peu plus émoussées, le poil, sous la partie du cou, plus court, plus roide, et ne faisant pas un flocon. Dans cette même gravure, on ne voit pas la touffe de poil qui est sur les éperons des pieds de derrière du mâle; enfin la crinière sur le garrot paroît aussi plus courte que dans nos dessins : mais toutes ces petites différences n’empêchent pas que ce ne soit s ie même animal, ES RD LL. GALL Ti. eg M. Forster m'’écrit, au sujet du nil-gaut, que, quoique M. Hunter, qui en a donné la description , ait dit qu'il est d’un nouveau axée il paroît cependant qu AE appartient à la classe des antilopes, et que ses mœurs et sa forme, comparées avec quelques unes des grandes espèces d’antilopes , semblent prouver qu'on ne devroit pas l'en séparer. IL ajoute que l’animal décrit par le docteur Parsons est certainement le même que le nil-gaut; mais il croit que M. Parsons n’a pas: bien remarqué les, pieds : car ils sont ordinairement marqués de blanc dans tous ceux que l'on a vus depuis; et il dit, comme M. Hunter, que ces animaux avoient produit en, Angleterre, et que même on l’a assuré quil y avoit.exemple d'une femelle qu ayoit fait deux petits à la fois. | ADDITION AUX ARTICLES, me he CERF, ‘DU DAIM , DU CHEVREUIL er DU RENNE. ODU.CERE* O N sait que dans plusieurs animaux, tels! que les chats, les chouettes, etc., la pupille” de l’œil'se rétrécit au grand jour et se dilate” dans l'obscurité; mais on ne l’avoit pas remarqué sur les yeux du cerf. J'ai reçu de’ M. Beccaria, savant physicien et célèbre pré: fesseur à Pise, la lettre suivante, datée de Turin le 28 octobre 1767, dont voici la tra-. duction par extrait : « Je présentois du pain, dit M. Beccaria, à un cerf enfermé dans un endroit obscur, pour l’attirer vers la fenêtre, et pour admi- * Tome II, page 12. Tom 20 . JPouquer ES. PE HISTOIRE NATURELLE. 29 rer à loisir la forme rectangulaire et trans- | versale de ses pupilles, qui, dans la lumière vive, u’avoient au plus qu une demi-ligne de largeur sur environ quinze lignes de’ longueur. Dans un jour plus foible , elles s élargissoient de plus d’ une ligne et demie, mais en conservant leur figure rectangu- laire; et dans le passage des ténèbres, elles s’'élarbisoient d'environ quatre lignes, tou- jours transversalement, c’est-à-dire, hori= zontalement, en conservant la même forme rectangulaire. L'on peut aisément s'assurer de ces faits en mettant la main sur l'œil d'un cerf; au moment qu’ on découÿfira cet œil, on verra la pupille s "élargir de Le de quatre lignes. » | | Cette observation fait pérser avec ‘raison à M. Béccaria que les autres animaux du genre des ‘cerfs! ot la même facutté” ‘de dilater et” de contracter leurs pupilles”: mais ce qu'il y'a de” plus” remarquable ici ,”c'est que la pupille’dés chats , des! chouëties et de plus sieurs aütres auimau#? Se dilâte et se con tracte Verticalement, au lié que la pupille du cerf se contracte ét se dilate horizontae lem ent. a . | | " OPA ON EE 5 HISTOIRE NATURELLE | _Je dois encore ajouter à l'histoire du » 1 un fait qui m'a été communiqué par M: le, marquis d'Amezaga , qui joint à beaucoup. de connoissances une grande ERP TRASRI de: la chasse. : ist «Les cerfs, dit-il, mettent leur tête bas LA au mois de mars ; plus tôt, ou, plus. tard, selon leur âge. A la. fin de juin, les sros og ont leur tête alongée, etelle commence à \ leur. démanger. C'est aussi dans ce même temps. qu'ils commencent à toncher au. hois, pour. se défaire de la peau veloutée qui entoure le merrain et les andouillers. Au commence- nent d'août, la tête commence à prendre la. consistance qu’elle doit avoir pour le xeste de, l’année. Le 17 octobre, l'équipage de S. A. S. Mg le prince de Condé attaqua un, cerfrde dix cors jeunement : c’est dans cette saison: que les cerfs tiennent Jeur rut, et, par.con+, séquent ils sont alors bien moins vigoureux;, et ce fut avec grand. étonnement que. nous. vimes ce cerf aller grand'train,'et nous Con, duire à près de six lieues, de son lancé. ,.,.,: Ce cerf pris, nous trouvâmes sa tête blanche; et sanguinolente, comme elle auroit dû L'étre. | à HOUR RER | or A dans le temps que les cerfs ordinaires s touchent au bois; cette tête étoit couverte de lambeaux de la peau veloutée qui se détache de la ra- . uure : il avoit andouillers sur andouillers et chevillures, avec deux perches sans em paumures. Tous les chasseurs quiarrivèrent à la mort de ce cerf, furent fort étonnés de ce phénomène ; ; mais, ils le furent bien, davantage lorsqu on voulut] lui lever. les dain- tiers: on n’en trouya point dans le SCrOLLTR ; : mais, après avoir ouvert le corps, on trouva en- dedans deux petits daintiers gros comme des noisettes, et nous vines clairement qu 1 n'avoit point donné au rut comme les autres, el nous estimämes que. même in "y avoit ja, mais donne. Ou. sait que pendant. les. mois de juin, juillet et août, les cerfs sont pro- digieusement chargés de suif, et qu au 25 septembre ils pissent ce suif, en sorte qu ik ue leur reste que. de la chair : celui dont je parle avoit conservé tout son. suif, (Par. la xaison qu'il n étoit point. en. état de ruter. Ce cerf avoit un autre défant, que nous ob- servames en lui levant les pieds; sil lui man- quoit dans le pied droit l’os du dedans du | pied, et cet os, qui se trouvoit dans le pied PEN doit ma A 3% HISTOIRE NATURELLE es gauche, étoit long d un ‘démi-pouce, pointe et gros comme un cure-dent. du IL est notoire qu "un cerf: que Von coupe” quand il n'a pas sa tête, , elle ne repousse" plus : : On sail aussi que lorsque l'on coupe un cerf qui à sa tête dans sa perfection," it Ja conserve toujours. Or il paroit ici que les trés-petites parties dé la génération de l’ani- mal dont je viens de parler, ont sun pour Jui faire changer de tête, mais que la Nature’ a toujours été tardive dans ses opérations pour Ja conformation naturellé de cet ani’ mal ; car nous n° avons trouvé aucune trace d’accidens qui puisse faire croire que ce même érdre de” ‘la Nature ait pu être dérangé ; en sorte qu on peut ‘dire, avec grande raison , que ce retardement ne Vient que du'peu de facultés des parties de là génération dans cet animal, Tésquelles : étoient néanmoins suffi -santes pour produire la RATE et là renais— née de 14 tête, - puisque" 1e métles nous! indiquoient qu it avoit eu sa tête de dagüet sà seconde têtel, ‘sa troisième," Ja quattiène et dix cors jeunément, ce Lu, témps où ‘nous 80Q 25 (4 : dus ( À: #1 110 l'avons pris. D ASIA Ne ; NT (0 À EFTN cv: À y, à fie sT $ 0 Y HO 6: a “ 7 d À € l \ LA SR RE AE Ha Cette observation dé M.le marquis d'Ame- ZAga semble prouver encore mieux que toutes les observations qu’on avoit faites précédem-" ment, que la chûte et le renouvellement de la tête des cerfs dépendent en totalité de la- présence des daintiers où testicules , et en partie de leur état plus où moins complet; car ici les testicules étant, pour ainsi dire, imparfaits et beaucoup trop petits, la tête. étoit par cette raison plus long-temps à se formér, ét tomboit aussi beaucoup Fa tard” que dans les autres cerfs. aie Nous avons donné * une indication assez détaillée au sujet d’une race particulière de cerf, connu sous le nom de cerf noir ou cerf dés Ardennes ; mais nous ignorions que cette race eût des variétés. Feu M. Collinson m'a écrit que le roi d'Angleterre , Jacques I‘, avoit fait venir plusieurs cerfs noirs, ou du moins très-bruns, de différens pays, mais sur-tout du Holstein, de Danemarck et de Norvége ; ‘et il m’observe en même temps que ces cerfs sont différens de celui que j'ai décrit dans mon ouvrage. * Tome IT, page 53; ct tome V, page 277. 34 HISTOIRE NATURELLE «Ils ont, dit-il, des. empaumures. larges et applaties à à leurs bois comme les daims ; ce. qui n’est pas dans celui des Ardennes. LL, ajoute que le roi Jacques avoit fait mettre RE EE 0 CPAS PE A CNE SIP CENT ONE PR EURE ONE . TR F # CL a A bac y® | » plusieurs de ces cerfs dans deux forêts voisines è de Londres, el qu’il en avoit envoyé quelques. autres en Écosse, d’où ils se sont répandus dans plusieurs endroits. Pendant l'hiver, 1ls paroissent noirs et ont le poil hérissé ; l'été, ils sont bruns et ont le poil lisse : mais ilsne sont pas si bons à manger que les cerfs ordi- naires. » ‘hu L'il Pontoppidam, en parlant des cerfs de Nor- vége, dit « qu'il ne s’en trouve que dans les. diocèses de Berghen et de Drontheim, c est à-dire , daus la partie occiden tale du royaurne, | el que ces animaux traversent quelquefois en troupes les canaux qui sont entre le conti- nent et les îles voisines de la côte, ayant la. tête appuyée sur la croupe les uns des autres ;. et quand le chef de la üle est fatigué, il se retire pour se reposer , et Le plus vigoureux prend sa place. » | Li Quelques gens ont pensé qu'on pOourroié » A ve à cle Re rendre domestiques les cerfs de nos bois, en les traitant comme Îles Lappons traitent les réunés, avec soin et doucéur. Nous pouvons citer à ce sujet un exemple qu'on pourroit suivre. Autrefois il n'y avoit point de cerfs à l’île de France; cesont Les Portugais qui em ont peuplé cette ile. Ils sont petits et ont le poil plus gris que ceux d'Europe, desquels néanmoins ils tirent leur origine. Lorsque les Français s’établirent dans l'ile, ils trou- vèrent une grande quantité de ces cerfs ; ils en ont détruit une partie, et le reste s'est réfugié dans les endroits les moius fréquentés de l’île. On est parvenu à les rendre domes- tiques, et quelques habitans en oùt des trou- peaux *. | Nous avons vu à l’École vanité unë petite espèce decerf qu'on nous a dit venir du cap de Bonne - Espérance, dont la robe étoit semée de taches blanches, comme celle de l'axis; on lui donnoit le nom de cerf-co- chon, parce qu’il n’a pas la même légéreté de corps, et les jambes plus srosses quelesautres animaux de ce genre. On en peut voir la figure * Note communiquée par M. le vicomte de Querhoent à M, de Buffon. 136 HISTOIRE NATURELLE. (planche NH}. Ï n avoit que trois pieds quatre pouces et demi. de long, depuis, le bout du anuseau jusqu'à, l'extrémité qu corps ; les jambes. courtes, les. pieds et les sabots fort petits; le pelage. fauve , semé. de taches J 4 ! 4 g blanches ; : l'œil noir et bien ouvert , avec, de leur, de ventre de biche, mêlée de grisätre, brune sur le chanfrein et à côté des yeux ; : grands poils noirs à la paupière supérieure ; : es naseaux noirs; une bande noirâtre des naseaux aux coins de la bouche ; la:tête cou- les oreilles.forE larges , garnies de poilsblancs en, dedaus,..et. d’un poil ras, gris mêlé de fauve en dehors. Le bois de ce cerf avoit onze pouces, sept lignes de long sur dix lignes de. grosseur ; le dessus du dos étoit plus brun que le reste du corps; la quene fauve dessus, et blanche dessous; et les jambes étoientd'uu brun noirâtre. Il paroît que cet animal approche plus de l'espèce du cerf que de celle du daim; on en peut juger ‘par Ja seule inspection de, son bois. fui un, PENE HISTOIRE NATURELLE 37 DU DAIM sr DE L'AXIS. M. le duc de Richmond avoit dans son parc, en 1765, une grande quantité de cette espèce de daims qu'on appelle vulgairement cerfs du Gange, et que j'ai nommés ais: M. Collinson m'a écrit qu’on lui avoit assuré qu'ils engendroient avec les autres daims. « Ils vivent volontiers avec eux, dit-il, et ne forment pas des troupes séparées. IL y à plus de soixante ans que l’on a cette espèce en Angleterre : elle y existe avant celle des daims noirs et des daims blancs , et même avant celle du cerf , qui sont plus nouvelles dans l’île de la Grande-Bretagne, et que je crois avoir été envoyées de France; car il n’y avoit auparavant en Angleterre que le daim commun (fa/low-deer), et le chevreuil en Ecosse : mais , indépendamment de cette pre- mière espèce de daim, il y a maintenant le daim axis, le daim noir, le daim fauve et le daim blanc. Le mélange de toutes ces cou leurs fait que dans les parcs il se trouve de trés-belles variétés. » Quadrupèdes, K: & ' "AE GA BE Mecs hu LES OMAN ANNE) ee | F 7à 38 HISTOIRE NATURELLE, Il y avoit, en 1764 , à la ménagerie de Ver sailles, deux daims chinois, l’un mâle, et l’autre femelle : ils n’avoient que deux pieds trois ou quatre pouces de hauteur; le corps et la queue étoient d’un brun minime, le ventre et les jambes fauve clair, les jambes courtes, le bois large , étendu , et garni d’an- douillers. Cette espèce, plus petite que celle des daims ordinaires, et même que celle de l'axis, n’est peut-être néanmoins qu’une variété de celui-ci, quoiqu'il en diffère en ce qu’il n’a pas de taches blanches ; mais on a observé qu’au lieu de ces taches blanches , il avoit en plusieurs endroits quelques grands poils fauves qui tranchoient visiblement sur le brun du corps. Au reste, la femelle étoit de la même couleur que le mâle, et je pré- sume que la race pourroit non seulement se perpétuer en France, mais peut-être même se mêler avec celle de l’axis, d'autant que ces animaux sont également originaires de lorient de l'Asie. _ HISTOIRE NATURELLE % DU CHEVREUIL. J' Az dit en plusieurs endroits de mon ou- vrage, que, dans les animaux libres, lefauve, le brun et le gris, sont les couleurs ordi naires , et que c’est l’état de domesticité qui a produit les daims blancs, les lapins blancs,etc. Cependantla Nature seule produit aussi quel- quefois ce même effet dans les animaux sau- vages. M. l'abbé de la Villette m'a écritqu' um particulier des terres de M. son frère, situées près d'Orgelet en Franche-Comté, venoit de lui apporter deux chevrillards, dont l’un étoit de la couleur ordinaire, et l’autre , qui étoit femelle, étoit d’un blanc de lait, et n’avoit de noirâtre que l’extrémité du nez et les ongles. Dans toute l'Amérique septentrionale, on trouve des chevreuils semblables à ceux d'Eu- xope; 1ls sont seulement plus grands, ef d'autant plus que le climat devient plus tem- péré. Les chevreuils de la Louisiane sont ordinairement du double plus gros que ceux de France. M. de Fontenette , qui m’a assuré ce fait, ajoute qu’ils s’apprivoisent aisément. ; po 4 PRE RE A 5, LD Sr 4 " (CS | al L'Q “ $ x 4 HISTOIRE NATURELLE M. Kalm dit la même chose; il cite un che- vreuil qui alloit, pendant le jour, prendre i 4140 Nr: sa nourriture av bois, et revenoit le soir à la maison. Mais dans les terres de l'Amérique méridionale , 1l ne laisse pas d'y avoir d’as- sez grandes variétés dans cette espèce. M. de la Borde , médecin du roi à Cayenne, dit: «Qu'on y connoît quatre espèces de cerfs, qui portent indistinctement, mâles et fe- melles , le nom de biches. La première espèce, appelée biche des bois, ou biche rouge, se tient toujours dans les bois fourrés, pour être moins tourmentée des maringouins. Cette 71 biche est plus grande et plus grosse que l’autre espèce qu’on appelle biche des palétuviers, qui est la plus petite des quatre; et néan- moins elle n’est pas si grosse que la biche appelée biche de barallou, qui fait la seconde espèce, et qui est de la même couleur que la biche des bois. Quand les mâles sont vieux, leurs bois ne forment qu’une branche de me- diocre grandeur et grosseur; et en touttemps ces bois n’ont guère que quatre ou cinq pouces de hauteur. Ces.biches de barallou sont rares, et se battent avec les biches des hois. On L 2 DU CHEVREUIL. RU" remarque dans ces’deux espèces , à la partie latérale de chaque narine, deux glandes d’une grosseur fort apparente, qui répandent une humeur blanche et fétide. La troisième espèce est celle que l’on ap- pelle la biche des savanes. Elle a le pelage grisâtre , les jambes plus longues que les pre- cédentes, et le corps plus alongeé. Les chas- seurs ont assuré à M. de la Borde que cette biche des savanes n’avoit pas de glandes au- dessus des narines comme les autres ; qu'elle en diffère aussi par le naturel, en ce qu’elle est moins sauvage, et même curieuse au point de s'approcher des hommes qu apperçoit. DAS La quatrième est celle des paliers ù plus petite et plus commune que les trois autres. Ces petites biches ne sont point du tout farouches ; leur bois est plus long que celui des autres, et plus branchu, portant plusieurs andouillers. On les appelle bickes des palétuviers , parce qu’elles habitent les savanes noyées et les terrains couverts de “palétuviers. Ces animaux sont friands de mañioc, eten détruisent souvent les plantations. Leur chaix 4 4 HISTOIRE NATURELLE 1 est fort tendre et d’un très-bon goût ; les vieux se mangent comme les jeunes , et sont d’un goût supérieur à celui des cerfs d'Europe: Elles s’apprivoisent aisément ; on en voit dans les rues de Cayenne, qui sortent dela ville et vont par-tout, sans que rien les épou- vante : 1l y a même des femelles qui vont dans les bois chercher des mâles sauvages, et qui reviennent ensuite avec leurs petits. Le cariacou est plus petit; ; son poilest gris ! tirant sur le blanc; ses bois sont droits et pointus. IL est plutôt de la race des chevreuils que de celle des cerfs. Il ne fréquente pas les endroits habités ; on n’en voit pas aux enwvi- rons de la ville de Cayenne : mais il est fort commun dans les grands bois; cependant on l’apprivoise aisément. Il ne fait qu’un petit tous les ans.» Si l’on compare ce que l’on vient de lire avec ce que nous avons dit à l’article des mazames (tome V, page 272), on verra que tous ces prétendus cerfs ou biches de M. de la Borde ne sont que des chevreuils ; dont les variétés sont plus nombreuses dans le nouveau continent que dans l’ancien. Zorr 10 . : JL Poauquet .. ns. HA: 2 * HISTOIRE NAT URELLE 43 DU RENNE. Nous n'avons pu jusqu'alors nous procurer cet animal ;vivant, ou assez bien conservé pour le faire dessiner; nous donnons ici la figure d’une femelle renne qui étoit vivante à Chantilly, dans les parcs de S. A. S. Mgr. _ le prince de Condé, auquel le roi de Suède l’avoit envoyée avec deux mäles de même espèce, dont l’un mourut en chemin , et le second ne vécut que très-peu de temps après son arrivée en France. La femelle a résisté plus long-temps ; elle étoit de la grandeur d'une biche , mais moins haute de jambes et plus épaisse de corps : elle portoit un bois comme les mâles , divisé de même par an- douillers , dont les uns pointoient en devant et les autres en arrière ; mais ce bois étoit plus court que celui des mâles. Voici la des- cription détaillée avec les dimensions de cet animal, telles que M. de Sève me les a don- nées. La hauteur du train de devant est de deux pieds onze pouces , et celle du train de derrière , de deux pieds onze pouces neuf 44 HISTOIRE Mu F né fe RAR lignes. Son poil est épais et uni comme celui : du cerf ; les plus courts sur le corps ont au moins quinze lignes de longueur. Il est plus long sousle ventre, fort courtsur les jambes, et très-long sur le boulet jusqu'aux ergots. La couleur du poil qui couvre le corps , est … d’un brun roussâtre, plus ou moins foncé dans différens endroits du corps, et mélangé ou jaspé plus ou moins d’un blanc jaunâtre; sur une partie du dos, les cuisses , Le dessus de la tête et le chanfrein , le poil est plus foncé, sur-tout au-dessus du larmier, que le renne a comme le cerf. Le tour de l'œil est noir. Le museau est d’un brun foncé, et le tour des naseaux noir ; le bout du mu- seau jusqu'aux naseaux est d’un blanc vif, ainsi que le bout de la mâchoire inférieure, L'oreille est couverte en dessus d’un poil épais , blanc , tirant sur le fauve , mélé de poil brun ; le dedans de l oreille est garni de srands poils blancs. Le cou et la partie supé- rieure du corps sont d’un blanc jaunâtre ow fauve très-clair , ainsi que les grands poils qui lui pendent sur la poitrine au bas du cou. Le dessous du ventre est blanc. Sur les côtés au-dessus du ventre , est une bande. nf. 2 DURENNES" " 45 large et brune comme à la gazelle. Les jambes sont fort menues pour le corps : elles sont, ainsi que les cuisses, d'un brun fonce , et d'un blanc sale en dedans , de même que extrémité du poil qui couvre les sabots. Les pieds sont fendus comme ceux du cerf. Les deux ergots de devant sont larges et minces ; les deux petits de derrière sont longs, assez minces et plats en dedans; ces quatre ergots sont très-noirs. pieds, pouces. lignes. Longueur du corps depuis le | museau jusqu’à l’anus, en ligne superhciellets. 4.224.420 5 I 2 La même longueur mesurée en io 9 Hanerdrone. 4e ue eut 4 7 » Longueur de la tête jusqu’à l’ori- giue dés cornes LS EL T7 Lr T » Circonférence du museau, prise derrière les naseaux 4.1... » IL us Ouverture des narines......... » " Contour de la bouche.......... 8 Distance entre les angles de la 1) mâchoire inférieure........, » I 8 Distance entre les angles de la mâchoire supérieure, .,..... » 2 9 o DUR à a A LU PARA | ETS 4 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces. lignes. # Distance entre l’angle postérieur et Poreillet. ie 6e Sn 9 Distance entre les angles anté- ( rieurs des YEUX. «es. : 2 5 3 Circonférence de la tête, prise devant les cornes, .......... 9 A Longueur des oreilles......,.. » 4 x Largeur de la base, mesurée sur la courbure extérieure....... » 4 3 Distance entre les oreilles, prise | en bas, suivant la courbure du chionmon, .....\ 404 .824ih RO 4 7 Longueur du cou. ... ess ss DIUMEO » Circonférence près la tête...,. 1 (e) 10. Circonférence près les épaules... >» 2 2 Hauteur du train de devant... 2 9 9 Hauteur du train de derrière.,. 2 II » Circonférence du corps derrière les jambes de devant........ 3 8: 171 Même circonférence devant les | jambes de derrière. ee. e 3 IT >» Longueur du tronçon de la queue » 4 3 Circonférence à son origine.... » 8 . Lougueur du bras depuis le coude jusqu'au genou. 1, 4008 80e IL 3 Circonférence à l'endroit le plus DU RENNE., © pieds pouces. lignes . it OCR EP GUAee Et AAASSS : ï : Circonférence du genou....... » DV 4 Donanbur du: canot, TU 6 6 Circonférence à l’endroit le plus ; PRE Ne EU 3 7 Circonférence du boulet........ » 5 7? Longueur du paturon......... » ANS Circonférence du paturon...... » 5 3 Circonférence de la couronne... » 7 6 Hauteur depuis le bas du pied Dan seau: (21e "Use > Longueur de la cuisse depuis la rotule jusqu'au arret! ....,.1 » 5 Circonférence près le ventre... 7 TO 5 Longueur du canon depuis le jarret jusqu’au boulet....... 7 » » Llcaniérénres 4 0: AUS 5 T Longueur des ergots.........., 3 6 Hauteur des sabots........... > 174 %0 Longueur depuis la pince jus- qu’au talon, dans les pieds de MR LOU. Cia 6 3 Longueur dans les pieds de der- RTS Re. De ob à 8 à 15 0 3 Largeur des deux sabots daus les pieds de devant. ,...,....,.. » 3 » AE AM à le | 38 HISTOIRE NATURÉLLE pieds, pouces, lignes. + La même largeur dans ceux de de depiisre th 104 24 Lace 3 5% Circonférence des deux sabots dans les pieds de devant..... » Di io Circonférence des deux sabots dans les pieds de derrière... »’ 5 ri Longueur du boïs mesuré en ligne ER à eu at date Re en 7 Et de l’origine à la branche plus | coupté et plus large. ...4#.5 0 7 6 Circonférence. à son origine.... » 3 10 Au reste, il ne faut pas juger par la figure que nous donnons du renne, de l’étendue en longueur et en grosseur de son bois. Il y a de ces bois qui s'étendent en arrière , depuis la tête de l’animal jusqu'à sa croupe , et qui pointent en avant par de grands andowillers de plus d’un pied de longueur. Les grandes cornes ou bois fossiles que l’on a trouvés dans plusieurs endroits, et notamment en Irlande, paroissent avoir appartenu à l'es pèce du renne. J’ai été informé par M. Collin: son , qu'il avoit vu de ces grands bois fos- siles qui avoient dix pieds d'intervalle entre leurs extrémités, avec des andouillers qui i | | DU RENNE. 49 s'étendent en avant de la face de l’animal, comme dans le bois du renne. C’est donc à cette espèce, et non pas à celle de l’élan , que l’on doit rapporter les bois ou cornes fossiles de l’animal que les Anglois ont appelé 7z00se-deer ; mais il faut néan- moins convenir qu'actuellement il n’existé pas des rennes assez grands et assez puissans pour porter des bois aussi gros et aussi longs que ceux qu'on a trouvés sous terre en Irlande , ainsi que dans quelques autres en- droits de l’Europe et même dans l’ BpaGriqie septentrionale. | Âu reste , je ne connoissois qu’une seule espèce de renne , auquel j'ai rapporté le caribou d'Amérique, et le daim de Groen- land , dont M. Edwards a donné la figure et la description ; et ce n’est que depuis peu d'années que j'ai été informé qu’il y en avoit deux espèces ou plutôt deux variétés, l’une beaucoup plus grande que l’autre. Le renne dont nous donnons ici la figure et la description , est de la petite espèce, et proba- blement le même que Le daim du Groenland. de M. Edwards. Quelques voyageurs disent que le renneest D MAG ou bo HISTOIRE NATURELLE le daim du Nord, qu’ il est nn lg Groen- land , et que les plus forts n’y sont que de la grosseur d’une génisse de deux ans: Pontoppidan assure que les rennes péris- sent dans tous les pays du monde , à l’ex- ception de ceux du Nord , où il faut même qu’ils habitent les montagnes ; mais il ajoute des choses moins croyables, en disant que leur bois est mobile , de façon que l'animal peut le plier en avant ou en arrière, et qu’il a au-dessus des paupières une petite ouver- turè dans la peau, par laquelle il voit un peu, quand une neige trop abondante l’em- pêche d'ouvrir les yeux. Ce dernier fait me paroît imaginé d’après l’usage des Lap- pons , qui se couvrent les yeux d’un mor- ceau de bois fendu , pour éviter le trop grand éclat de la neige, qui les rend aveugles en peu d'années, lorsqu'ils n’ont pas l'attention de diminuer par cette précaution le reflet de cette lumière trop blanche, qui fait grand mal aux yeux. Une chose remarquable daus ces animaux, c'est le craquement qui se fait entendre dans tous leurs mouvemens : il n'est pas mème néçessaire pour cela, que leurs jambes soient \ M 4 DU RENNE. 5t en mouvement ; il suffit de leur causer quel- que surprise ou quelque crainte en les tou- chant , pour que ce craquement se fasse en- tendre. On assure que la même chose arrive à l'élan ; mais nous n’avons pas été à portée de le vérifier. . NOUVELLE Mn AUX ARTICLES DU CERF xr DU CHEVREUIL. a N ous devons ajouter aux faits que nous avons rapportés dans l’histoire naturelle de ces animaux, et dans ce volume, quelques autres faits intéressans qui m'ont été com— muniqués par M. le comte de Mellin , cham- bellan de sa majesté prussienne , qui joint beaucoup de connoissances à un discerne- ment excellent, et qui s’est occupé en obser- vateur habile et en chasseur infatisable, de tout ce qui a rapport aux animaux sauvages du pays qu’il habite, Voici ce qu'il m’a écrit au sujet du cerf et du chevreuil, par sa lettre datée du château d'Anizow , près Stet- tin, L 5 novembre 1784 : « Vousdites, Monsieur lecomte, dans votre histoire naturelle du cerf, tome IT, page 39, . HISTOIRE NATURELLE. 53 de votre édition : Za disette retarde donc Laccroissement du bois , et en diminue le volume très-considérablement; peut-être méme ne seroit-il pas impossible , en retranchant beaucoup la nourriture, de supprimer entiè- rementcette production , Sans afoir l'ECOUTS & la castration. Ce cas est arrivé, Mousieur , et je puis vous dire que votre supposition a été pleinement vérifiée. Un cerf fut tué de nuit au clair de la lune, dans un jardin, au mois de janvier. Le chasseur qui lus avoit porté le coup , le prit pour une vieille biche, et fut très-surpris, en l’approchant, de le reconnoitre pour un vieux cerf, mais qui n’avoit pas de bois : il examina d’abord les daintiers , qui étoient en bon état; mais, en approchant de la tête, 1l vit que la mâ- choire inférieure avoit été emportée en partie par un coup de fusil lons-temps auparavant. La blessure en étoit guérie ; mais la diffi- culté qu’avoit eue le cerf de prendre sa nour- riture , l’avoit privé de toute surabondance et avoit absolument retranché la production du bois. Ce cerf étoit d’une si grande mai- greur , qu'il n’avoit que la peau et les os ; et son bois une fois tombé, il ne lui avoit y PL RS RTE * LP ET MR" 64 HISTOIRE NATURELLE plus été possible d'en reproduire un autre : lés couronnes étoient absolument sans re- ‘faits ; et simplement recouvertes d’une peau veloutée , comme elles le sont les premiers jours que le cerf a mis bas. Ce fait, peut-être … unique , est très-rare ; il est arrivé dans le : voisinage de mes terres que j'habite , et. pourroit ètre attesté juridiquement si on le demandoit. » / Dans une lettre postérieure , M. le comte de Mellin me fait part de quelques expé- riences qu’il a faites en retranchant le bois des cerfs ; ce qui les prive, comme la castra- tion , de la puissance d’engendrer. « IL est clairement démontré que les dain- tiers et une surabondance de nourriture sont la cause de l’accroissement du bois du cerf et de tous les animaux qui portent du bois, et qu’ainsi le bois est l’efef, et les daintiers et la surabondance la cause. Mais qui eût imaginé que dans le cerf il y eût une reac- tion de l'effet à la cause, et que si l’on coupoit le bois du cerf d’abord après qu'il est refait , c’est-à-dire, ayant le rut, on détrui- DU CERF ET DU CHEVREUIL. 55 roit‘en lui , pour cette année, les moyens de se reproduire ? et cependant il n’y a rien de plus vrai. J’en ai été convaincu cette année par une observation très-remarquable. J’a- vois enfermé , en 1782 , dans un parc de daims que j'ai à côté de mon château , un cerf et une biche , tous les deux du même âge , et qui tous deux étoient parfaitement apprivoisés. L’étendue du parc est assez con- sidérable ; et malgré les daims qui y sont, l'abondance de nourriture y est si grande, que le cerf ,immédiatement après la chüte des dagues , refit un bois ( en 1782) de dix cors , portant cinq andouillers sur chaque perche. Cependant ce cerf devint dangereux pour ceux qui se promenoient dans mon parc , et cela m'engagea à lui faire scier les perches tout au-dessous du premier an- douiller , d'abord après qu’il eut touché au bois. En automne, ce cerf entra en rut, raya fortement , couvrit la biche et se comporta “comme un vieux cerf ; mais la biche ne conçut point. L'année suivante , en 1783, le cerf porta un bois plus fort que le précé- dent; je le fis scier de même. Ce cerf entra encore en rut ; mais ses accouplemens ne 7 F CA ME APN é SAR NT CITES À Tell part tx \ ; \ \ HEC LAN CA Né: A \ NAS * 56 j HISTOIRE NATURELLE furent pas prolifiques. La biche, qui n’avoit _ jamais porté, n'étoit entrée dans le parc que. lorsque le cerf avoit perdu ses premières dagues , le seul bois que je ne lui avois pas fait couper. La troisième année , 1784, le cerf étoit plus grand et plus fort que le plus vieux cerf de mes forêts, et portoit un bois de six andouillers sur chaque perche , que je fis encore scier ; et quoiqu'il entrât em rut , il ne produisit rien encore. Cela m’en- gagea à lui laisser son bois l’année suivante 1785 , parce que l’état de vigueur dans lequel. lui et la biche se trouvèrent , me fit douter que peut-être leur stérilité pouvoit provenir de ce que je lui avois fait toujours couper le bois, et l'effet m’assura que j'’avois eu raison ; car, l'automne passé, je m'apperçus que la biche ne souffrit que peu de temps les appro- ches du cerf. Elle concut , et j'en ai eu cette année , en 1786 , un faon qui vit encore, € qui est gros et vigoureux ; mais pour la biche , je l’ai perdue cette année pendant le. rut , le cerf lui ayant fait une blessure d’un coup d’andouiller , dont elle est morte and ques semaines après. » LL E: DU CERF ET DU CHEVREUIL. 57 - Je n’ai parlé dans l’histoire naturelle du chevreuil que de deux races, l’une fauve où plutôt rousse, plus grande que la seconde, . dont le pelage est d’un brun plus ou moins foncé ; mais M. le comte de Mellin m'a donné connoissance d’une troisième race dont Le pelage ést absolument noir. & En parlant du pelage du chevreuil , m’é- _ crit cet illustre observateur, vousnenommez pas l’evactement noir, quoique dans ce vo— lume, page 39, vous faites mention d’un chevrillard tout blanc. Cela me fait croire qu'une variété constante de chevreuil toué noir vous est peut-être inconnue ; elle sub- siste cependant dans un très-petit canton de l'Allemagne , et nulle part ailleurs. C’est dans une forêt nommée la Lucie, du comté Ld de Dannenberg , appartenant au roi d'An- gleterre comme duc de Lunebourg , que ces chevreuils se trouvent. Je me suis adressé au grand-maître des forêts de Dannenberg pour avoir de ces chevreuils dans mon parc, et voici ce qu'il me répond : Les chevreuils noirs sont absolument de la méme grandeur et ont les mêmes qualités que les fauves ou LES FC 58 HISTOIRE NATURELLE. les bruns : cependant c’est une variété que. : _est constante, et je crois que c’est le chevreuil, | et non la chevrette, qui donne la couleur aw faon (j'ai fait la méme observation sur le\ daim ): car j'en ai vu de noirs qui avoienf des faons fauves. J'ai observé qu’en 1781 une chevrette noire avoit deux faons, l’un fauve et l'autre noir; une chevrette fauve avoif deux faons noirs ; une autre chevrette fauve avoit un faon noir, et deux chevrettes noires, en revanche, deux faons fauves. Il y en &. qui ne sont que noirûtres , mais la pluparé sont noirs comme du charbon. Entre autres il y a un chevreuil, le plus beau de son espèce, qui a le pelage noir comme de l'encre de læ Chine, et le bois de couleur jaune. Au reste, j'ai fait bien des tentatives pour en élever ; mais inutilement; ils sont tous morts ; au lieu que les faons fauves qu’on m’a apportés, ont été élevés heureusement. Je conclus de là que de chevreuil noir a le tempérament plus dé- dicat que les fauves..... Quelle peut être la cause d’une variété si constante, et cependant si répandue ? » ADDITION DE L'ÉDITEUR HOLLANDOIS (M. le professeur ALLAMAND). à L'ÉLAN, LE CARIBOU gr LE RENNÉ, Cle avec raison que M. de Buffon croit que l'élan de l'Europe se trouve aussi dans l'Amérique septentrionale , Sous le nom d’orignal". S'il y a quelque différence entre les animaux désignés par ces deux noms, elle ne consiste guère que dans la grandeur, qui, comme l'on sait, varie beaucoup sui- vaut le climat et la nourriture; et encore même n'est-il pas bien décidé quels sont ceux qui sont les plus grands. M. de Buffou croit que ce sont ceux d'Europe et il est naturel de le croire, puisque l’on voit que . x Tome V, page 196. 2 Ibid. page 197. 60 HISTOIRE NATURELLE les mêmes animaux sont constamment plus petits dans le nouveau monde que dans l’ancien continent ; cependant la plupart des voyageurs nous représentent l’orignal comme plus grand que notre élan. M. Dud- ley, qui en a envoyé une très-bonne descrip- tion à la société royale, dit que ses chas-. seurs en ont tué un qui étoit haut de plus de dix pieds& il a besoin d’une: pareille taille pour porter les énormes cornes dont sa tête est chargée , et qui pèsent cent cin-. quante et même jusqu'à trois ou quatre cents livres, s’il en faut croire la Hontan. Mylord duc de Richmond, qui se fait un. plaisir de rassembler , pour l'utilité pu- blique, tout ce qui peut contribuer à la perfection des arts et à l’augmentation de nos connoissances en histoire naturelle, a eu une femelle d'orignal, qui lui avoit été envoyée par M. le général Carleton, gouver- neur du Canada, en 1766. Elle n’avoit alors qu’une année, et elle a vécu pendant neuf ou dix mois dans son parc de Goedvyoed. Quelque temps avant qu'elle mourût, il en fit faire un dessin fort exact, qu’il a eu la bonté de me communiquer, J'ai cru qu'on DE L° ÉLAN, ct. DA ee ke: verroit ici avec Dies pour suppléer à celui que M. de Buffon n’a pas eu le temps de faire achever à Paris. Comme cette fe- melle étoit encore jeune, elle n’avoit guère plus de cinq pieds de hauteur : sa couleur étoit d’un brun foncé par-dessus Le corps, et plus clair par-dessous. | J'ai aussi reçu du Canada la tête d’une femelle d’orignal plus âgée. Sa longueur, depuis le bout du museau jusqu'aux oreilles, est de deux pieds trois pouces; sa circonfe- rence, prise des oreilles, est de deux pieds huit pouces, et, près de la bouche, d’un pied dix pouces ; ses oreilles sont longues de neuf pouces: mais, comme cette tête est dessé— chée, on comprend que ces dimensions sont plus petites que dans l'animal vivant. M. de Buffon est aussi dans l’idée que le caribou de l'Amérique est le renne de Lap- pouie*; et l’on ne peut pas refuser de se rendre aux raisons par lesquelles il appuie son sentiment. J'ai donné une planche du renne, qui ne se trouve point daus l'édition de Paris; c’est la onzième du douzième tome: elle est une copie de celle qui a été publiée * Tome V, page 100. (AN 62 HISTOIRE NATURELLE par le fameux peintre et graveur Ridinger, qui a dessiné l’animal d'après nature. Ici je crois devoir ajouter une autre planche, qui représente le caribou d'Amérique. C’est encore au duc de Richmond que j'en suis redevable. Cet animal lui a été envoyé du Canada, et il a vécu assez lonug-temps dans son parc : son bois ne faisoit que commen cer à pousser quand il a été dessiné. Quoi- que je ne puisse rien dire pour l’éclaircis- sement de cette planche, je suis persuadé qu’on la verra ici avec plaisir; c'est la seule qui représente au vrai le caribou: En la comparant avec celle du renne, il paroitra d’abord qu’il y a une assez grande différence eutre les deux animaux qui y sont repré- sentés ; mais l'absence des cornes dans le caribou change beaucoup sa physionomie. La différence entre ce caribou et le renne paroiîtra encore plus marquée, si l'on jette les yeux sur la planche VI*. Elle représente un animal qui a été vu en 1769 à la foire d'Amsterdam. S'il en faut croire les mate- lots qui le faisoient voir, il avoit eté pris dans la mer du Nord, à 76 degrés de latitude, * Tome XV, édition de Hollande. DE L’ÉLAN , etc. 63 et environ à cinquante lieues de terre. Le capitaine Bré, de Schiedam, qui comman- doit un vaisseau destiné à la pêche de la baleine, vit quatre de ces animaux nageant en pleine mer; il fit mettre d’abord quel- ques hommes dans la chaloupe, qui Les sui- virent à force de rames pendant près de trois heures sans pouvoir les atteindre. Enfin ils en attrapèrent deux qui étoient jeunes : l’un est mort avant que d'arriver en Hollande, et l’autre est celui dont je donne la figure, et qui a été montré à Amsterdam. Voilà l'histoire de la prise de cet animal, telle qu'elle a été racontée par des matelots qui disoient en avoir été les témoins, On ne sera pas fort disposé à la croire : la circonstance de ces animaux nageant à cinquante lieues de toute terre, est plus que suspecte. Le capitaine Bré auroit pu me donner là-dessus des informations plus sûres : aussi ai-je voulu m'adresser à lui pour lui en deman- der; mais j'ai appris qu’il étoit parti pour un nouveau voyage, dont il n’est pas en-— core de retour. | Quoi qu’il en soit de cette histoire, ce animal yenoit sûrement d'un pays très- 64 HISTOIRE NATURELLE. froid; la moindre chaleur l’incommodoit , et pour le rafraichir on lui jetoit souvent des seaux d’eau sur le corps, sans que son poil en parût mouillé : il n’y eut pas moyen de le conserver long-temps en vie; il mou- rut au bout de quatre mois à Groningue, où on le faisoit voir pour de l’argent. On le donnoit pour un renne, et c'en étoit véri- tablement un. Il ressembloit fort à ce dainx de Groenland dont M. Edwards nous a con- servé la figure, et que M. de Buffon a pris pour un renue. Ces deux animaux ne dif- féèrent presque qu’en ce que le bois de ce daim est sans empaumures ; mais les varié- tés que M. Daubenton a trouvées entre les bois de renne qui sont dans le Cabinet du roi, nous prouvent assez: que les empau- mures n’ont rien de constant dans ces ani maux, et que les caractères distinctifs qu’om en voudroit tirer, sont très-équivoques. pa LS Tom 20 NU 2 » ADDITION A L'ARTICLE RL LAN. Nous donnons ici la figure de l'élan mâle que l’on a vu vivant à la foire Saint-Ger- main en 1784; il n’avoit pas éncore trois ans. Les dagues de son bois n'avoient que deux pouces ; les dernières étoient tombées dans le commencement de janvier de la même année; et comme il m'a paru né- cessaire de donner une idée de ce même _ bois, lorsque l'animal est adulte, j'ai fait représenter sa tête surmontée du bois figuré dans la planche VIII du tome XII de l’édi- toin in-4°. Ce.jeuné animal avoit été pris à cinquante lieues au-delà de Moscou; et au rapport de son conducteur, sa mère étoit une ou deux fois plus grande qu'il'ne l’étoit à cet âge de trois ans. IL étoit déja plus grand qu’un cerf, et beaucoup plus haut monté sur ses jambes; mais il n’a point da forme élégante du cerf, ni la position 6 66 HISTOIRE NATURELLE noble et élevée de sa tête. Il semble quel 4 ce qui oblige l'élan à porter la tête basse, c’est qu’indépendamment de la pesanteur de son large-bois, il a le cou fort court. Dans le cerf, le train de derrière est plus haut que celui de devant : dans l'élan, au contraire, le train de devant est le plus éleve ; et ce. qui paroît encore augmenter la hauteur du. devant de son corps, c'est une grosse partie charnue qu'il a sur le dos, au-dessus des épaules, et qui est couverte de poils noirs. Les jambes sont longues et d’une forme légère ; les boulets larges, sur-tout ceux de derrière; les pieds sont très-forts, et les sabots, qui sont noirs, se touchent par leur extrémité, qui est menue et arrondie. Les deux ergots des pieds de devant ont déux pouces neuf lignes de longueur : ils sont longs, droits et plats, et ne se touchent point; mais leur extrémité touche presque à terre. Ceux des pieds de derrière ont de longueur en ligue droite deux pouces neuf. ligues; ils sont plats, courbes, élevés au+ dessus de terre de deux pouces cinq lignes, et se touchent derrière le boulet. La queue est très-courte, et ne forme qu'un tronçon. couvert de poils. : : DB LrÉLAN - 67 La tête est d’une forme longue, un peu applatie sur les côtés; l'os Fréral forme un creux entre les yeux; le nez est un peu bombé en dessus ; le bout du nez est large, applati, et faisant un peu gouttière au mi- lieu; le nez et les naseaux sont grisâtres. La bouche a d'ouverture en ligne droite quatre pouces trois lignes ; il y a huit incisives dans la mâchoire inférieure, et il n’y en a point dans là supérieure. L'œil est saillant, l'iris d'un brun marron ; la prunelle, lorsqu’elle est à demi fermée, forme une ligne horizontale; la paupière supérieure est arquée et garnie de poils noirs. L’angle antérieur de l'œil est ouvert; il forme, en se prolongeant, une espèce de larmier. L’oreille est grande , élevée , et finit en pointe arrondie; elle est d’un brun noi- râtre en dessus, et garnie en dedans de grands poils grisâtres à la partie supérieure, et brun uoirâtre à l’inférieure. On remarque au-dessous des mächoires un grand flocon de poil noir; le cou est large, court, et couvert de grands poils noi-. râtres sur la partie supérieure , et gTis rous= satre a l’inférieure. 6 HISTOIRE NATURELLE La couleur du corps de ce jeune animal étoit d’un brun foncé mêlé de fauve et de gris ; elle étoit presque noire sur Les pieds et le paturon, ainsi que sur le cou et la partie charnue au-dessus des épaules. Les plus longs poils avoient cinq pouces dix lignes; sur le cou, ils avoient six pouces six lignes; sur le dos, trois pouces : ceux du corps étoient gris à leur racine, bruns dans leur longueur , et fauves à leur extrémité. Les dimensions suivantes sont celles qu'a- voit ce jeune élan à la fin de mars 1784. pieds, pouces, lignes, Longueur du corps, mesuré en ligne droite, depuis le bout du museau jusqu’à Panus....... 6 2 4 Longueur suivant la courbure du CRPDS se ele de de sos OS SDS 8 » Hauteur du train de devant.... 4 in. 9 Hauteur du train de derrière... 4 9 2 Longueur de la tête, depuis le bout du museau jusqu’à Pori- : Pine CM Pois. die LU 4 3 Longueur du bout du museau | a > | 7à ie de: « jusqu d'Hoctiput. UE LONR T 9 (7 Longueur du bout du museau à TR Re Sue 0 TOR ? IE S … = 4 DE L’ÉLAN. 69 250 TA pieds. pouces, lignes, €irconférence du museau prise | * derrière les naseaux..... .….. Coxitour-de la bouche......... Distance entre les angles de la mâchoire inférieure......... Distance entre les naseaux en bas Distance entre les deux paupières lorsqu'elles sont ouvertes. ... Distance entre l’angle antérieur et le bout des lèvres. ....... > Longueur de l’œil, d'un angle à. l'autre OUR Lee er, ON Re STAR EN QT Distance entre Pangle postérieur EL ROME, M men DL 0 MOT Distance entre les angles auté- : rieurs des yeux , mesurée en Pencdiode. nai. Circonférence de la tête, prise au-devant du bois........,. Distance entre les deux dagues CD gt CAN PACE TA Le LES Distance entre le. bois. et les ee 0h. PR moon Longueur des oreilles......... Longuetñr de la hase, mesurée * sur la conrbure extérieure... IO IF @\ yo HISTOIRE SATUREULE À Etates en ue les deux ‘oreilles. 16 Longueur du cou.......,1.... Circonférence près de la tête... Circonférence près des épaules . Hauteur des épaules. ...... 544 Circontérence du corps, prise 5 330 derrière les jambes de devant 4 4:11} 5100 Circonférence à l'endroit le plus h SLOS ere rss ses 5 Lu 3 Circontérence devant les jambes de derrière... . 4. lan dite. 4 | 9 3 Distance du dessous du ventre à | fECLÉ: eue co naioié a mie CIS 7 34 Longuear du troncon de la queue. .» x 8 j Circonlérence de la queue à son . :: a M { OLISINE.. «esse Mesh se AI UT Longueur du-canon dans les l jambes de devantis..:45n si à 10 (à Circonférence à l’endroit le plus | | MCE. 4, ele: ta MEN TENIE 4 9 Circonférence du bouler..,.... .».... 9 113 Longueur du paturon......... » 3 10 Circonférence du paturon.!:... » 6 9 Longueur de la jambe depuis la ; rotule jusqu'au jarret.......'x 5 7 | Circonférence de la cuisse près } ‘4 DU véRiré,. is NS ERREURS 4 3 DE L'ÉLAN pieds, pouces. lignes. Longueur du canon.......... Circonférence du caron....... Longueur des ergots........., Hauteur des sabots.........., Longueur, depuis la pince jus- qu'au talon, dans les pieds de DéVanE ee some son, Longueur dans les pieds de der- D as... Largeur des deux sabots pris en- semble dans les pieds de de- LR soude Largeur dans les pieds de der- PRÉC EMARON CHAN M Distance entre les deux sabots. . Ciiconférence des deux sabots réunis, prise sur les pieds de RE IS ACT TN EU RNP APE LE EAU Circonférence prise sur les pieds detre el sos 0 8 NW à 10 XO FE » 3 9 j 3 [+] 10 19 Vin ë : ET ee 7 : éd UT CAT A 72 HISTOIRE NATURELLE SUITE DE L'ADDITION A L'ARTICLE DE L’ÉLAN. Prusreurs voyageurs ont prétendu qu’il existe dans l'Amérique septentrionale des … élans d’une taille beaucoup plus considé- rable que celle des élans d'Europe, et même de ceux qu’on trouve le plus communément . en Amérique. M. Dudley, qui a envoyé à la societe royale de Londres une très-bonne description de l’orignal, dit que ses chas- seurs en tuèrent un qui étoit haut de plus de dix pieds. Josselyu assure qu’on a trouvé dans l’Amé- rique septentrionale des élans de douze pieds de haut. Les voyageurs qui ont parlé de ces élans gigantesques, donnent Six pieds de longueur à leur bois; et, suivant Josselyn , les extrémités des deux perches sont éloignées : l’une de l’autre de deux brasses, ou de dix à | DE L’ÉLAN,. Le nze pieds. La Hontan dit qu'il y a des bois d’élan d'Amérique qui pèsent jusqu'à trois eë quatre cents livres. Tous ces récits peuvent être exagérés, ou n'être fondés que sur les xapports infidèles des sauvages, qui pré- tendent qu’il existe à sept ou huit cent mille au sud-ouest du fort d’Yorck une espèce d’élan beaucoup plus grande que l'espèce ordinaire, et qu’ils appellent #asfesser : mais ce qui cependant pourroit faire pré— sumer que ces récits ne sont pas absolument faux, c’est qu’on a troûvé en Irlande une grande quantité d'énormes bois fossiles que Von a attribués aux grands élans de l’Amé- rique septentrionale dont Josselyn a parlé, parce qu'aucun autre animal connu ne peut être supposé avoir porte des bois aussi grands et aussi pesans. Ces bois diffèrent de ceux des élans d'Europe ou des élans ordinaires d’ Amérique , en ce que les perches sont en proportion plus longues; elles sont garnies d’andouillers plus larges et plus gros, sur- tout dans les parties supérieures. Un de ces bois fossiles, composé de deux perches, avoit cinq pieds cinq pouces de longueur, depuis son insertion dans Le crâne jusqu’à la Quadrupèdes, K: 7 74 HISTOIRE NATURELLE. pointe; les andouillers avoient onze pouces de longueur; l’empaumure, dix-huit pouces de largeur, et la distance entre les deux extrémités étoit de sept pieds neuf pouces : mais cet énorme bois étoit cependant très- petit en comparaison des autres qui ont été : trouvés également en Irlande. M. Wright a donné la figure d’un de ces bois qui avoit huit pieds de long, et dont les deux extré- mités étoient distantes de quatorze pieds. Ces très-srands bois fossiles ont peut-être appartenu à une espèce qui ne subsiste plus depuis long-temps, ni dans l’ancien ni dans le nouveau monde : mais s’il existe encore des individus semblables à ceux qui portoient ces énormes bois, l’on peut croire que ce sont les élans que les Indiens ont nommés #as- kesser: et dès-lors les récits de M. Dudley, de Josselyn et de la Hontan, seroient entière- ment confirmes. DESCRIPTION DU RENNE, _ Par M. le professeur ALLAMAND. Lx renne qui est représenté dans la plan- che VI *, étoit un mâle. La couleur de son poil étoit d’un gris cendre. à l’extrémité, mais blanche vers sa racine. Tout son corps étoit couvert d’un duvet fort épais, d’où _ _sSortoient en divers endroits quelques poils assez roides, dont la pointe étoit brune. La partie inférieure de son cou se faisoit remarquer par des poils de huit à neuf pouces , dont elle étoit toute couverte, e£ qui étoient beaucoup plus fins que des crins, et d’un beau blanc. Le bout de son museau étoit noir et velu. Chacune des perches de son bois étoit chargée de trois andouillers : ceux qui sortoient de la partie inférieure, étoient dirigés en avant sur le front; ils se terminoient tous en pointe, et ce n’étoit qu à l'extrémité supérieure de chaque perche * Tome XV, page 52, édition de Hollande. JTE Mo. 76 HISTOIRE NATURELLE qu'on remarquoit des empaumures ;.mais vraisemblablement il en auroit paru d'au- tres, si l'animal avoit vécu plus long-temps. Je vois par un dessin que M. Camper a fait de cet animal, lorsqu'il étoit plus âgé de quatre mois, et qu’il a eu la bonté de me communiquer, que les empaumures du haut. du bois s’étoient élargies, qu’elles commen. coient à former de nouveaux andouillers, et que ceux qui sont représentés pointus dans notre planche, avoient acquis plus de largeur. Ce renne avoit les jambes plus courtes, mais plus fortes et plus grosses que celles du cerf. Ses sabots étoient aussi beaucoup plus larges, et par-là mème plus propres à le soutenir sur la neige; le bout de l’un.étoi£ placé sur l'extrémité de l’autre. Voici les di- mensions de ses principales parties. “pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, mesuré en ligne droite, depuis le bout du museau jusqu à .lPanus....... Hautenr du train de devant... Hauteur du train de derritre... 3 * 2 Longueur de la tête, depuis le CES © © > 3» =” : DU RENNE. pieds, pouces. lignes. bout du. museau, jusqu’à l’ori- gine des COrNES. ss... Longueur des cornes. ......... Longueur de landouiller qui esé dirigé au-devant de la tête... _ Distance entre les cornes... ….. Distance entre les deux naseaux Distance d’un œil à l’autre. ... Longueur de l'œil d’un angle à LEE EMA RESNT IN AE Se Ge Hauteur des jambes de derrière jusqu’à l’abdomen.......... Longueur de la queue........ Circonférence du corps , prise au- ONE VEMELES 0 eu 5e a 4 » ÿ Ÿ vw y 4 f ÿ OÙ # ND 77 ÿ -N ww Ce renne n’est pas le seul qui ait paru dans nos provinces : M. le professeur Camper en a reçu un qui malheureusement n’a vécu chez lui que vingt-quatre heures; sa prompte mort est une perte pour l’histoire naturelle. Si cet animal avoit pu être observé pendant quelque temps par un homme aussi exact et pénétrant que M. Camper, nous serions par- faitement instruits de tout ce qui le regarde ; cependant mous avons lieu de nous féli= LA 78 HISTOIRE NATURELLE citer qu’il soit tombé en si bonnes mains… * M. Camper l’a anatomisé avec soin, et il m’en a envoyé une description très-intéres- sante, qui le fera connoître mieux qu'il ne nous est connu par tout ce que les autres en ont dit jusqu’à présent; on la lira ici avec plaisir : la voici donc telle qu’il a bien voulw me la communiquer. OBSERVATIONS SUR LE RENNE, Faites à Groningue par M. le professeur P. Camper. | Lr renne qu’on m’avoit envoyé de la Lapponie par Drontheim et Amsterdam, arriva à Groningue le 21 juin 1771. Il étoit fort foible, non seulement à cause de la fatigue du voyage et de la chaleur du cli- mat, mais probablement sur-tout à cause d’un ulcère entre le bonnet ou deuxième estomac et le diaphragme, dont il mourut le lendemain. Dès qu’il fut chez mot, il mangea avec APE de l'herbe, du pain et autres choses qu’on lui présenta, et il «7 ù } DU RENNE. 7à but assez copieusement. Il ne mourut point faute de nourriture; car, en l'ouvrant, je trouvai ses estomacs et ses boyaux remplis; Sa mort fut lente et accompagnée de con- vulsions qui étoient tantôt universelles et tantôt uniquement visibles à la tête: les yeux sur-tout en souffrirent beaucoup. C'étoit un mâle âgé de quatre ans : tous les os de son squelette ofroient encore les épiphyses; ce qui prouve qu'il n’avoit pas atteint son plein accroissement , auquel 1 ne seroit parvenu qu'à l’âge de cinq ans. Ainsi on en peut conclure que cet animal peut vivre au moins vingt ans. La couleur du corps étoit brune et mélée de noir, de jaune et de blanc : le poil du ventre , et sur-tout des flancs, étoit blanc avec des pointes brunes, comme dans les autres bêtes fauves ; celui des jambes étoit d'un jaune foncé; celui de la tête tiroit sur le noir ; celui des flancs etoit très-touffu ; celui du cou et du poitraïl étoit aussi fort épais et très-loug. Le poil qui couvroit le corps étoit si fra gile, qu’il se cassoit transversalement dès qu'on le tiroit un peu : il étoit d’une figure L ISA CA A EC ON RME RE RTS 4 ad. ATEN TTE 2 ee, de. À VOTE ENT - h 4 FR À 18 MEVA 4 PRNE ASE ' PE * y , 80 HISTOIRE NATURELLE ve et d’une substance assez semblable à celle de la moelle des joncs dont on fait les nattes ; sa partie fragile étoit blanche. Le poil de la tête, du dessous du cou et des jambes jusqu'aux ongles, n’avoit point cette fragilité; 1l éloit au contraire aussi fort que celui d’une vache. La couronne des sabots étoit recouverte de tous côtés d’un poil fort long. Les pieds de derrière avoient entre les doiots une pel- licule assez large, faite de la peau qui cou- vroit le corps, mais parsemée de petites glandes. À la hauteur des couronnes des sabots, il y avoit une espèce de canal qui pénétroit jusqu’à l'articulation du canon avec les osselets des doigts : 1l étoit de la largeur du tuyau d’une plume à écrire, et rempli de Fort longs poils. Je n’ai pas pu découvrir un semblable canal aux pieds de devant, et j'en ignore l'usage. La figure de cet animal différoit beaucoup de celle qui a été décrite par les auteurs qui en ont parlé, et de celle que j'ai dessinée il y a deux ans, et cela parce qu’il étoit extre- mement maigre. MM. Linnæus, les auteurs = CRT ED n LS DU RENNE. O1 de l'Encyclopédie et Edwards, le dépeignent tous fort gras, et par conséquent plus rond et plus épais. _ Voici les dimensions de ses principales parties, prises avec le pied de Groningue, qui est un peu moins long que celui de France. pieds. pouces, lignes, Longueur de la-tète, depuis le bout du museau jusqu’à la PU QU) ED.. Unesco ee Hauteur verticale de la téte, là où elle cst la plus grosse... Longueur des oreilles. ........ Longueur des vertèbres du cou, entre la tête et la première A D CNT DT ot Longueur du corps, depuis lé- paule jusqu'à lPextrémité de ne LU NU due Das de Longueur de l’omoplate....... Longueur de Pos du bras. LR Longueur du canon. -...... Longueur des doigts du die de devant avec les sabots. .,.... Longueur de Pos de la jambe... > bel Ux © D IE 83 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces. lignes. Longueur du canon.........:. ZX À RU Longueur des doigts du pied de derrière avec les sabots...) 12) His Hauteur du train de devant...! 3. » Longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’anus....... 5 > » Distance entre l'os des îles et la FOIE, Lu scie cu e eu RUNE 4 » Distance entre l’extrémité de l’is- chion et la rotule......1:..,-/ ER 1e » Hauteur de la partie inférieure du corps par-dessus terre... I 6 » Distance entre le poitrail et le DENIS sed aide déiee een die 2 à x! Longueur de l’espace qu’occupent les côtes dans les flancs du mublette se ue AS E » » Les yeux ne diffèrent pas de ceux du daim ou du cerf; la prunelle est transversale, et Piris brun tirant sur le noir ; ses larmiers, , semblables à ceux des cerfs, sont remplis d’une matière blanchäâtre, résineuse , et plus ou moins transparente. Il y a deux points lacrymaux et deux canaux, comme dans le daim. La paupière supérieure a des cils fort DU RENNE. 83 longs et noirs : elle n’est pas percée, comme l'ont prétendu quelques auteurs; elle est ens tière. L’évèque Pontoppidan, et, sur son autorité, M. Haller, ont mème voulu rendre raison de cette perforation de la paupière ; ils l'ont jugée nécessaire dans un pays presque toujours couvert de neige, dont la blancheur auroit pu nuire par son éclat aux yeux de ces animaux sans ce secours. Les hommes, faits pour pouvoir vivre dans tous les cli- mats, préviennent, autant qu'ils peuvent, Ja cécité par des voiles ou de petites machines trouées, qui affoiblissent l'éclat de la lu- mière. Le renne, fait pour ce seul climat, n’avoit pas besoin de ce mécanisme ; mais il a cette membrane ou paupière interne si visible dans les oiseaux, et qui se trouve dans plusieurs quadrupèdes , sans y être mobile que dans un petit nombre, Cette membrane n’est pas non plus percée dans le renne; elle peut couvrir toute la cornée, jusqu'au petit angle de l’œil. Son nez est fort large, comme daws les vaches, et le museau est plus ou moins plat, couvert d’un poil long grisâtre, et qui s’é- tend jusqu'à FPintérieur des marimes. Les NN D DL &4 HISTOIRE NATURELLE lèvres sont aussi reyêtues de poils, excepté un petit bord qui est noirâtre, dur et très- poreux. Les narines sont fort éloignées l’une de l’autre. La lèvre inférieure est étroite , et la bouche très-fendue, comme dans la brebis. . Il a huit dents incisives à la mâchoire in-— férieure, mais très- petites, et très-lâche- ment attachées ; il n’en a point à la mâchoire supérieure, non plus que les autres rumiI- nans : mais j'ai cru y remarquer des érochets, quoiqu’ils ne paroissent pas encore hors des gencives ; dans la mâchoire inférieure, je n’en ai vu aucun indice. Les chevaux en ont aux deux mâchoires; mais 1l est rare que les jumens en aient. Les daims, tant mâles que femelles, n’en ont presque jamais ; mais j'ai préparé cet été La tête d’une biche nouvelle- ment née, qui a un très-grand crochet à la mâchoire supérieure du côté gauche. La Na- ture varie trop dans cette partie pour qu’on puisse y déterminer rien de constant. Il y a six dents mâchelières à chaque côté des deux | mächoires, c'est-à-dire qu'il y en a vingt- quatre en tout. : Je n’ai rien à remarquer au sujetdes cornes ; elles ne faisoieut que de naitre, L'une avoit S = Sr JS DU RENNE. 85 un pouce, et l’autre un pouce et demi de hau- teur ; leur base étoit située entre l'orbite et l’occiput, un peu plus près de ce dernier. Le poil qui les couvroit, étoit joliment con- tourné , et d’un gris tirant sur le noir ; en le voyant d'une certaine distance, on auroit pris les deux touffes de ce poil pour deux grandes souris posées sur la tête de l'animal. Le cou est court et un peu plus arqué que celui de la brebis, mais moins que celui du chameau. Le corps paroit robuste; le dos est un peu élevé vers les épaules, et assez droit par-tout ailleurs, quoique les vertèbres soient un peu formées en; arc. La queue est fort petite, recourbée en bas, et très-garnie de poils. | Les testicules sont très-petits, et ne pa roissent point hors du corps. La verge n’est pas grande : le prépuce est sans poil , Comme un nombril ; il est fort ridé en dedans, et chargé ou couvert d’une croûte picrreuse. Les sabots sont grands, longs et convexes en dehors; mais ils n’avoient pas les bouts placés les uns sur les autres, comme ceux du renne que j'ai dessiné il y a deux ans. Les ergots sont aussi fort longs, et ceux des pieds 8 86 HISTOIRE NATURELLE extérieurs touchoient à terre quand l’ animal étoit debout: mais ceux des pieds postérieurs étoient placés plus haut, et ne descendoient pas si bas; aussi les os des doigts en sont-ils plus courts. Ces huit ergots étoient creux , apparem-= ment parce que l’animal ne les usoit pas. Les intestins étoient exactement semblables à ceux du daim. Îl n’yavoit point de vésicule du fiel ; les reins étoient lisses et sans divi- sion ; les poumons étoient grands; la trachée- artère étoit extrèmement large. Le cœur étoit d’une grandeur médiocre, et, comme celui du daim, ne contenoit qu'un seul osselet. Cet osselet soutient la base de la valvule semi-lunaire de l'aorte , qui est op- posée aux deux autres, sur lesquelles les ar- tères coronaires du cœur prennent leur ori— gine. Ce mème osselet donne de la fermeté à la cloison membraneuse qui est entre les deux sinus du cœur, et à la base de la val- vule triglochine du ventricule droit. Ce qui m'a paru de plus remarquable dans cet animal, est une poche membraneuse et fort large, placée sous la peau dun cou, etqu£ prenoit son origine entre l'os hyoïde et le DU RENNE. 87 eartilage thyroïde par un canal conique. Ce canal alloit en s’élargissant , et se changeoit en une espèce de sac membraneux, soutenu par deux muscles oblongs. Ces muscles tirent leur origine de la partie inférieure de l'os hyoïde, précisément là où la base, l'os gra- niforme et les cornes se réunissent. Ces muscles sont plats, minces , larges d'un demi-pouce , et descendent des deux côtés de la poche jusqu’au milieu du sac, où les fibres se séparent et se perdent dans la' membrane extérieure et musculeuse de la poche ; ils relèvent et soutiennent cette par- tie à peu près comme les crémastères sou- tiennent et élèvent le péritoine, qui est au- tour des testicules dans les singes et autres animaux semblables. Cette poche s'ouvre dans le larynx, sous la racine de l’épiglotte, par un large orifice qui admettoit mon doigt très-aisément. Lorsque l’animal fait sortir avec force l’air des poumons, comme quand il fait des mu- gissemens, l'air tombe dans cette poche, l’enile , et'cause nécessairement une tumeur considérable à l'endroit indiqué ; le son doit aussi nécessairement changer beaucoup par- 88 HISTOIRE NATURELLE. là : les deux muscles vident la poche de l'air quand l'animal cesse de mugir. 1 J'ai démontré, il y a vingt ans, une sem- blable poche dans plusieurs papions et gue— nous; et, l’année passée, j'ai eu occasion dè faire voir à mes auditeurs qu’il y en avoit une double dans l’orang-outans. J'en donne- rai la description, et la figure dans un Me- moire que je me propose de publier sur la voix de l’homme et de plusieurs animaux. Je ne saurois déterminer si la femelle renne a cette poche commele mäle. Dansles singes, les deux sexes en sont pourvus. Je ne me souviens pas de l’avoir trouvée dus le daim ; la biche ne l’a pas. » HISTOIRE NATURELLE. 89 SÛITE DE L’ADDITION A L'ARTICLE DU RENNE. = \ Nous ajouterons à ce que nous avons dit au sujet du craquement qui se fait entendre dans tous les mouvemens du renne, une ob- servation que M. le marquis d'Amezaga a eu la bonté de nous communiquer. «On pour- roit croire, dit-il, que ce bruit ou craque- ment vient des pinces du pied, qui se frappe- roient l’une contre l’autre comme des casta- gnettes , d'autant que les rennes ont le pied long et plat. Je cherchai à reconnoître d’où provenoit ce bruit dans les rennes que le roi de Suède avoit envoyés à S. À.S. Mgr le prince - de Condé; je le demandai aux Lappons qui les avoient amenés. Ils touchèrent assez lé- gèrement l’un de ces rennes , et j’entendis le craquement sans pouvoir distinguer d’où il venoit. L'animal avoit été touché si foible- 8 \ l go HISTOIRE NATURELLE ment, qu'il n’avoit pas même changé de place. Je jugeai dès-lors que le bruit ne venoit pas de ses pinces. Je me mis sur le ventre, et, sans faire marcher le renne, je guettai le moment où il leveroit son pied. Dès qu'il fit ce mouvement, j'entendis l'articulation du pied faire le bruit que j’avois entendu d'a- bord, mais plus fort, parce que ce mouve- ment avoit été plus grand. Je restai dans la même attitude pour m'’assurer du craque- ment dans les pieds de derrière comme dans ceux de devant ; j'entendis aussi celui du ge- nou, mais bien moins fort que celui du pied ; celui du jarret ne s'entend presque pas. » Ces rennes sont morts tous deux à Chan-— tilly, de la même maladie ; c’est une inflam- mation à la gorge, depuislalanguejusqu'aux bronches du poumon. On auroit peut-être pu les guérir en leur donnant des breuvages rafraichissans ; car ils se portoient très-bien, étoient même assez gras jusqu’au jour où ils ont été atteints de cette inflammation. Ils paissoient comme des vaches, et ils étoient très-avides de la mousse grise quis cc aux arbres. -… DU RENNE. ÿz fl est donc certain, par les observations ” de M. le marquis d'Amezaga, que, dans les rennes, ce n’est qu'aux articulations des os des jambes que se fait le craquement, et 1l est plus que probable qu'il en est de même dans l’élan et dans les autres animaux qui font entendre ce bruit. | En Lapponie et dans les provinces septen- trionales de l'Asie, il y a peut-être plus de rennes domestiques que de rennes sauvages ; mais dans le Groenland, les voyageurs disent qu'ils sont tous sauvages. Ces animaux sont timides et fuyards , et sentent les hommes de loin. Les plus forts de ces rennes du Groenland ne sont pas plus gros qu'une génisse de deux ans , et c’est ce qui me fait présymer qu'ils sont la petite espèce qu'Edwards appelle daims de Groen- land, moins grands de plus d’un fiers que ceux de la grande espèce. Les uns et les autres perdent leur bois au printemps, et leur poil tombe presque en mème temps : ils maigrissent alors, et leur peau devient mince ; mais en automne ils engraissent , et leur peau s’épaissit. C'est par cette alternative, dit M. Anderson, que tous les animaux du Nord EU TE LL 92 HISTOIRE NATURELLE supportent mieux les extrèmes du froid etdu chaud ; gras et fourrés en hiver, légers et secs durant l’éte. Dans cette dernière saison } ils broutent l’herbe tendre des vallons; dans l’autre, ils fouillent sous la neige et cherchent la mousse des rochers. f DURENNE. 93 ADDITION A L'ARTICLE DU RENNE. Extrait de la lettre de M. le comte de Mellin, chambellan du roi de Prusse, datée du chéteau d'Anizow, près Steltin, le 15 novernbre 1784. | J'ar encore l'honneur de communiquer à M. le comte la gravure d’un renne mâle, que j'ai peint d'après nature : celle de la femelle et du faon, je l’attends tous les jours ‘de mon graveur ; j aurai l'honneur de vous en envoyer un exemplaire, si vous le desi- rez. Le renne, lorsque je l'ai peint, n'avoit que deux ans, et portoit son second bois : c'est pourquoi il n’est pas encore si large d’empaumure , et chargé de tant de chevilles ou de cornichons que ceux que ces mêmes xennes portent présentement. Il faut aussi ) 04 HISTOIRE NATURELLE remarquer que le graveur a fait une faute | en donnant à la barbe pendante du renne, la figure d’une crinière qu’on diroit des- cendre du côté opposé. Si je puis, Monsieur, vous faire plaisir par des miniatures peintes en couleur d’après nature, de ces animaux, que j'ai faites avec beaucoup de soin, je vous les enverrai avec bien de la satisfac- tion... S. À. $. ME Le margrave de Bran- debourg Sch dt Frédéric-Henri, cousin du roi de Prusse, en a fait venir de la Suède et de la Russie, et-m’a donné la permission de les dessiner, de les mesurer et de Les ob- server. J'ai publie dans les Mémoires de la societé de Berlin, en allemand, les observas tions que j'ai faites, ei j'ai l’honneur de vous en communiquer la substance. Il y a, comme vous le remarquez, M. le comte, deux espèces * ou plutôt deux variétés, l’une beaucoup plus grande que l'autre, du renne; je les connois toutes les deux. La différence entre ces deux espèces est aussi remarquable qu'entre le cerf et le daim. Les grands rennes, qui sont de la taille de nos cerfs, furent * Voyez la page 49 de ce volume. | DU RENNE. | 95 envoyés de la province Mezeu, dans le gou- vernement d'Archangel, province renom-— mée pour avoir les plus beaux et les plus grands rennes de toute la Russie : ce sont deux mâles et deux femelles. Deux femelles et un mâle vinrent de la Suède, qui n’étoiené guère plus grands que nos daims, c’est-à- dire, les rennes femelles ; car le mâle n’est pas parvenu jusqu'ici, étant mort sur le vaisseau. Voici quelques dimensions princi- pales qui vous feront voir d’un coup d'œil combien les rennes de Russie surpassent en grandeur ceux de Suède. 06 HISTOIRE NATURELLE RENNES ÎRE ENNE | DE RUSSIE. [DESUÈDEN Longueur du corps en ligne droite, depuis le museau jusqu’à l'anus... Hauteur du train de devant......... Hauteur ‘du train ON CO Üx D = O L®à) SI (ee) QT N pi Pi ÿY de derrière,...... Circonférence du corps mesuré de- vant les cuisses. Circonférence du corps au milieu. Circonférence du corps derrière les épaules. Longueur de L tête jusqu’à l’origine Y bel el el y Ë Circonférence du museau prise der- rière les naseaux. 3 » [IT SOA 2 Longueur du cou. 7 I 4 TZ I >. Circonférence der- rière. la tête... 4 TE 4 T2!) Circonférence de- j vant les épaules. "6 2 2 TRE: mi v : ES où di - ER ) œ DU RENN£. À 07 - Ce qui est très-remarquable, et dont ce- pendant aucun naturaliste ne fait mention, c’est que les faons des rennes ont d’abord en . naissant des bossettes, et qu'âgés de quinze jours, ils ont déja de petites dagues longues d’un pouce, de manière qu’ils touchent au bois peu de temps après leur mère. Les faons des rennes de Russie avoient le bois long d'un pied, et chaque perche avoit trois an- douillers, au lieu que ceux de Suède ne portoient que des dagues moins longues, qui se séparoient au bout en deux andouillers. ÆLa figure du daim de Groenland que donne M. Edwards, me paroît être celle d’un faon de trois mois, à la couleur près, qui est toute différente. Il est singulier que les fe— melles qui étoient pleines en arrivant, et qui depuis trois ans qu'elles sont à Schwedt ont mis bas chaque année un faon, n’ont produit que des femelles : ainsi je ne sau- rois dire si les faons mâles portent des bois plus longs et plus chargés d’andouiilers que les femelles; mais on peut le supposer en jugeant de la grande différence qu'il y a entre le bois du mâle et celui de la femelle. Les faons naissent aux mois de juin et 10 * Le Ji DCE OI TOR CE EMPIRE NPA 2e) FOR NEXUR 98 HISTOIRE NATURELLE de juillet, et ne portent pas de livrée: ils sont bruns, plus foncés sur le dos, et plus roux aux pieds, au cou et au ventre: ce pendaut cette couleur se noircit tous les jours , et au bout de six semaines ils ont le dos, les épaules, les côtés, le dessus du cou, le front et le nez, d’un gris noir; le reste est jaunäâtre, et les pieds fauves. J’ai dit que les faons touchent au bois d’abord après leur mére; cela arrive au mois d'octobre, et c’est aussi alors que le rut commence. . Les rennes mâles poursuivent long-temps les femelles avant d’en pouvoir jouir. Les femelles russes entroient en rut quiuze jours plutôt que les femelles de Suède; il y eut même une femelle des faons russes qui, quoiqu'ägée à peine de cinq mois, souffrit au commencement de novembre les ap- proches du mâle, et mit bas l’année sui- vante un faon aussi grand que les autres. Cela prouve que le développement des parties de la génération du renne est plus prompt que dans aucun autre animal de cette grandeur; peut-être aussi la plus grande chaleur de notre climat, et la nourriture abondante dont ils jouissent, ont hâte l’ac- DU RENNE. 99 croissement de ces rennes. Cependant le bois que portent les rennes femelles à l’âge de cinq mois ; n'indiqueroit-1l pas une sura- bondance de molécules organiques, qui peut occasionner un développement plus prompt des parties de la génération ? il se peut même que les faons mâles soient en état d'engen- drer au même âge. Le comportement du renne mâle que j'observois pendant le rut, ressembloit plus à celui du daim qu’à celui du cerf. En s’approchant de la femelle, il Ja caressoit de sa langue, haussoit la tête et rayoit comme le daim, mais d'une voix moins forte , quoique plus rauque. Il gon- floit en même temps ses grosses lèvres, et, en en faisant échapper l'air, 1l les faisoit trembloter contre les gencives; alors il baissoit les jarrets des pieds äe derrière, et je crus qu'il couvriroit ainsi la femelle, qui sembloit aussi l’attendre : mais, au lieu de cela, il fit jaillir beaucoup de semence sans bouger; après quoi il étoit pendant quel- ques minutes comme perclus des pieds de derrière, et marchoit avec peine. Jamais je ne l’ai vu couvrir de jour , mais c’étoit tou jours la nuit; il s'y prètoit lentement et 14 La À MAN en a TN CPAS VUS \ \ À és TUNE IRAN r 14 CEA x Ur ui 4 à k WT v \ | } {y 300 HISTOIRE NATURELLE point en fuyant, comme les cerfs et les. daims, qui,ainsi que je l’ai souvent observé dans mes bois et dans mon parc, sautentsur les biches tout en courant, en les arrêtant et les serrant quelquefois si rudement des: pieds. de devant, qu’ils leur enfoncent les. ergots à travers la peau, et mettent leurs côtés en sang. Le rut commence à la mi- octobre, et finit à la fin dn mois de no- vembre. Les rennes mâles ont pendant ce temps une odeur de bouc extrèmement forte. On a fait des tentatives infructueuses poux faire couvrir des biches ou des daims par le renne. Le premier renne qui vint à Schwedt, fut pendant plusieurs années sans femelles; et comme il parut ressentir les impressions du rut, on l’enferma avec deux biches et deux daines dans un parc, mais il n’en approchoit pas. On lui présenta des vaches l’année sui- vante, qu'il refusa constamment, quoiqu'il attaquât des femmes, et que plus il avançoit en âge, plus il devenoit furieux pendant le rut. Il donnenon seulement des coups violens du haut de son bois, mais il frappe plus dangereusement des pieds de devant. Je me souviens qu'un jour le renne étant sorti da LA DU RENNE. OZ la ville. de Schwedt, et se promenant par les champs, il fut attaqué par un gros chien de boucher; mais lui , Sans s’épouvanter, se cabra et donna des pieds de devant un coup si violent au chien, qu’il l'assomma sur la place. Il n’avoit pas de bois dans ce temps-là. Le bois tombe aux mäles vers Noël et au commencement de l’année, selon qu'ils sont plus ou moins vieux, et ils l'ont refait au mois d'août : les femelles au contraire muent au mois de mai, et elles touchent au bois aw mois d'octobre ; elles ont donc leur bois tou£ refait au bout de cinq mois, au lieu que les mâles y emploieut huit mois : aussi les mâles, passé cinq ans, ont des bois d’une longueur prodigieuse ; les surandouillers ont des empaumures larges, ainsi que le haut des perches; mais il est moins gros et plus cassant que celui du cerf.ou du daim. C’est peut-être aussi pour le garantir d'autant plus lorsqu'il est encore tendre, que la Na- ture l’a recouvert d'une peau beaucoup plus grosse que celle du refait du cerf : carle refait du renne est beaucoup plus gros que celui du cerf; et cependant, lorsqu'il a touché au ; A : 4 kois , les perches en sont bien plus minces. TE 102 HISTOIRE NATURELLE Le renne ne peut guère blesser des andouil- lers comme le cerf, mais il frappe des em-— paumures du haut en bas; ce que Gaston Phæœbus a déja très-bien observé dans la des- cription qu’il donne du rangier (page 97 de la J’énerie de Dufouilloux)..…... Tous ceux qui ont donné l’histoire du renne, préten- dent que le lait qu’on tire des femelles ne donne pas de beurre; cela dépend, je crois, ou de la nourriture, ou de la manière de traiter le lait. Je fis traire à Schwedt les rennes, ét trouvai le lait excellent, ayant un goût de noix; j'en pris avec moi dans une bouteille pour en donner à goûter chez moi, et fus très-surpris de voir à mon arri- vée que le cahotement de ma voiture, pen- dant trois heures de chemin qu’il faut faire pour venir de Schwedt à mon château, avoit change ce lait en beurre; il étoit blanc comme celui de brebis, et d’un goût admi- xable. Je crois donc, fonde sur cette expe- rience, pouvoir assurer que le lait de renne donne de très-bon beurre si est battu d’a- bord après avoir été tiré, car ce n’est que de la crème toute pure. En Suède, on pré- tend que Le lait de renne a un goût rance €t ut Ÿ A : Un | A Ci DU RENNE. 103 désagréable; ici j'ai éprouvé le contraire. Mais, en Suède, la pâture est très-inférieure à celle d'Allemagne : ici, les rennes paissent sur des prairies de trèfles, et on les nourrit d'orge; car l’avoine, ils l’ont constamment refusée; ce n’est que rarement qu'on leur donne du Âchen rangiferinus, qui croît ici en petite quantité dans nos bois, et ils le mangent avidement. J’ai remarqué que le craquement que les rennes font entendre en marchant, n’est formé que par les pinces des sabots qui se choquent , et par les ergots qui frappent contre les sabots. On peut s’en convaincre aisément en mettant un linge eutre les pinces des sabots, et en envelop- pant les ergots de même; alors tout cra- quement cesse. Je crus, comme tout le monde, que ce craquement se formoit entre le boulet et le genou, quoique cela ne me parût guère possible ; mais un cerf appri- voise que jai dans mon parc, me fit en- tendre un craquement pareil, quoique plus sourd, lorsqu'il me suivoit sur la pelouse ou sur le gravier, et je vis très-distincte- ment en l’observant de près, que c’étoient les pinces des sabots qui, en claquant l’uné CAES Et À ARE RAR UE f 104 HISTOIRE NATURELLE contre l’autre, formoient ce craquement. En réitérant cette observation sur les rennes, je me suis convaincu qu’il en est tout de même avec eux. Je remarque aussi que, sans marcher, ils font entendre le même craque- ment, lorsqu'on leur cause quelque surprise ou quelque crainte en les touchant subite- mént; mais cela provient de ce qu’en se tenant debout ils ont toujours les sabots éloignés et distinctement séparés, et que, dès qu’ils s’effraient ou qu’ils lèvent le pied pour marcher, ils joignent subitement les pinces du sabot et craquent. Au reste, c’est un événement très - remarquable pour un naturaliste, que ces rennes se conservent et se multiplient dans un pays où la tempéra- ture du climat est bien plus douce que dans leur patrie; dans un pays où les neiges ne sont pas fréquentes et les hivers bien moins rudes, tandis qu’on a déja tenté inutilement, depuis le seizième siècle, de les naturaliser en Allemagne, quoiqu'alors le climat fût bien plus rude et les hivers plus rigoureux. Le roi Fréderic I de Prusse en reçut de Suède, qui moururent quelques mois aprés leur arrivée , et cependant dans ce temps DU RENNE, 105 à il y avoit dans la Poméranie et dans la Marche, ainsi qu'aux environs de Berlin, beaucaup plus de marais et bien plus de bois, et il y faisoit, par cette raison, beau- coup plus froid qu’à présent. IL y a présen- tement cinq ans que ces rennes subsistent eE se multiplient à Schwedt; et étant voisin de cette petite ville, et S. À, KR. me permet- tant de venir souvent chez elle, j'ai eu de fréquentes occasions de les voir et de les ob- server, et tout ce que j'ai eu l'honneur de vous dire au sujet de ces rennes, est le fruit de ces observations fréquemment réitérées. nl ji _ 306 HISTOIRE NATURELLE ADDITION A L'ARTICLE DU RENNE. en: Extrait d’une leftre de M. le chevalier de Buffon à M. le comte de Buffon. Lille, 30 mai 178$, Tr vient d'arriver ici trois rennes, dont un mâle âgé de six ans, une femelle âgée de trois ans , et une petite femelle âgée d’un an. L'homme qui les conduit et qui les montre pour de l’argent, assure qu'il les a achetés dans une peuplade de Lappons, nommée en suédois Deger Forth Capel, dans la province de Wertu bollo, à quatre-vingt-dix milles (deux cent soixante-dix lieues de France ) de Stockholm, ethuitmilles(vingt-quatrelieues) d'Uma. Il les a débarqués à Lubeck au mois de novembre de l’année dernière. Ces trois jolis animaux sont très-familiers ; le jeune : qe A DU RENNE. 107 sur-tout joue comme un chien avec ceux qui le caressent.1ls sont gras, fort gais, et $e portent très-bien. J'ai compare, le livre à la main, ces rennes à la description que vous en faites; elle est parfaite sur tous les points. Le mâle à un bois couvert de duvet, comme le refait du cerf ; ce bois est très-chaud au toucher : chaque branche a dix-sept pouces de lou gueur , depuis la naissance jusqu'à l’éxtré- mité où l’on commence à reconnoître deux andouillers qui se forment à tête ronde et nou pointue comme ceux du cerf, Ces deux branches se ne la forme que je vous présente ; à leur courbure est en avant : elles sont uni- formes et de la plus belle ve- nue. Les deux andouillers qui sont près de la tête, croissent en avant en se rapprochant du nez de l’animal, deviennent plats et larges avec six petits andouillers, le - tout imitant la forme d’une main qui auroit six doigts écartés , et le reste du bois produi- sant beaucoup de rameaux qui croissent pres que tous en avant, autant que j ai pu en ju= ger par un dessin très-mal fait que Le maitre À EAN ONNNE * 18 HISTOIRE NATURELLE ss de ces rennes m'a présenté du dernier bois du renne qu’il a vendu en Allemagne. Ce bois avoit quatre pieds de hauteur , et pesoit vingt-sept livres. L’extrémité de chaque branche se termine par de larges palettes qut portent de petits andouillers comme celles qui sont près de la tête. La régularité du jeune bois que j'ai vu, et sa belle venue," annoncent qu'il sera superbe. Ils mangent du foin, dont ils choisissent les brins qui portent la graine. La chicorée sauvage , les fruits et le pain de seigle, sont la nourriture qu’ils préfèrent à toute autre. Quand ils veulent boire , ils mettent un pied dans le seau et cherchent à troubler l'eau en ki battant. Ils ont tous trois le mème usage , et laissent presque toujours leur pied dans le seau en buvant. La femelle a deux proéminences qui an- noncent la naissance du refait ; le petiten a de même. J’ai vu le bois de la femelle de l’anc- née dernière ; il n’est pas plus grand qu’un bois de chevreuil : 1l est tortueux, noueux, et chaque branche est d’une forme très-irré- guère. J'y ai reconnu tous les caractères que vous = $ RE. - + +. gi à PE Ce PPT ODU RÉÈNNE. | og désiguez : le craquemment des pieds lorsqu'ils marchent, et sur-tout après le repos ; Le poil Joug et bianchätre sous le cou ; leur forme, qui tient de celle du bœuf et du cerf: la tète semblable à celle du bœuf, ainsi que les yeux ; la queue très- courte et semblable à celle du cerf; le derriere de la croupe blan— * chatre comme sur le cerf. Ce renne n’a dans ses mouvemens ni la pesanteur du bœuf, ni la légéreté du cerf; mais il à la vivacité de ce dernier, tempérée par sa forme, qui nest _ pas aussi svelte. Je Les ai vus ruminans ; ils se mettent à genoux pour se coucher. [ls ont horreurdes chiens ; ils les fuientavec frayeur, ou cherchent à les frapper avec les pieds de devant. Leur poil est d’un brun fauve: ce fauve se dégrade jusqu’au blanchätre sous le _ venire , aux deux côtés du cou et derrière la croupe. On remarque au-dessous de l'angle inté- rieur de chaque œil üne ouverture longitu— dinale où il seroit aisé de faire eutrer un gros tuyau de plume ; c’est sans doute le lar- mier de ces animaux. Les deux éperons qu’ils ont à chaque jambe en arrière, sont gros et assez longs pour que Quadrépèdes, Xe 10 { ) 110 HISTOIRE NATURELLE la corne pointue dont ils sont armés, pose à à terre lorsque l'animal marche ; les éperons s’écartent dans cette position, et l'animal marque toujours quatre pointes en marchant, dont les deux de derrière entrent de quatre à cinq lignes dans le sable. Cette conforma- tion doit leur être fort utile pour se cram- ponner dans la neige. | Le mâle a cinq pieds six pouces de Lon- sueur depuis le bout du museau jusqu’à la naissance de la queue, et trois pieds quatre pouces de hauteur depuis la sole jusqu’au garrot. | La femelle, quatre pieds six pouces de longueur, et trois pieds de hauteur. Le petit, quatre pieds un pouce de lon= gueur, et deux pieds sept pouces de hauteur; il croit à vue d'œil. Ils ont huit petites dents incisiyes du plus bel’émail, et rangées à merveille à l’extré- mité antérieure de la mâchoire inférieure, cinq molaires de chaque côté au fond de la bouche. Il y a un espace de quatre doigts entre les molaires et les incisives de chaque côté, dans lequel espace il n’y a point de … dents. La mâchoire supérieure a demême et vi DU RENNE, TIE seulement cinq molaires de chaque côté au fond de la bouche ; mais elle n’a aucune in- cisive. Le temps du rut est le même que celui du cerf. La femelle a été couverte au mois de novembre de l’année dernière, à quatre lieues d Upsal. | En voilà bien longs et peut-être beaucoup trop sur des animaux que vous connoissez mieux que moi sans les avoir vus; mais comme il n’en a pas par jusqu'ici de vivans en France, j'ai pensé que mes observations pouxrroient vous être agréables , etc. FA ADDITION AUX. ARTICLES. DE LA BREBIS, DU Re. sr DES BREBIS ÉTRANGÈRES. / Jr donne ici la figure de notre brebis com= mune , parce qu'ell e n'a pas êLé bien rendue | planche [IL, tome 1°. Nous dounons aussi les figures (pl. VII et VIII) d'uu belier et d’une brebis dont le dessin wa élé envoyé par fen M. Collinson, de la socielé royale de Londres , sous les noms de Z’alachian ram et Falachian ewc, c'est-a-dire, belier et brebis de Valachie. Comume cet habile naturaliste est décéde peu de temps après, je n’ai pu savoir si cette xace de brebis, dout les cornes sont d’une forme assez differente de celle des autres » est commune en Valachie , ouUsice ne sont . que deux individus qui se sont trouvés par hasard différer de l'espèce commune des beliers et des brebis de ce même pays. Fe ic + SRE GET à £ LT HU Ne RE COMMUNE . (4 p| = = = < — LE BELIER VALACHIEN. 1 Pauguet S L € “ A chine des dr” GE — ler PE RSS AS rs m2 Æ Éd oil de cn onu rie Éhblts D 2Eae + -Æù rs æ £ 2 . Ë -* . n ‘ ; : . £ Ë “ : Ê 4 ’ 5 k le À : 7 £ _” # \ { .. 1 1 . Î . . = , x g 28 ui Vie) TERRIER Win ré A HE a Ur ti CRE ARE à Dh. Lt RE O6 À ax CS Le. FES * Tom 10 | FPS 2 SN ÿ » y ps 1,7) 136) 4 ss AE LE BELIER DE TUNIS. J Pauquet S \ ‘294 We” 7 ma TA & HISTOIRE NATURELLE. 113 Nous donnons aussi la figure (pl. IX)d’un belier que l’on montroit à la foire Saint-Ger-- Wwain, en 1774, sous le nom de belier du cap de Bonne-Espérance. Ce mème belier avoit été présenté au public, l’année précédente " sous le nom de belier du Mogol à grosse queue; mais nous avons su qu'il avoit été acheté à Tunis, et nous avons jugé que c’é- _ toit en effet un belier de Barbarie, qui ne diffère de celui dont nous avons donné la figure que par la queue, qui est beaucoup plus courte, et en même temps plus plate et plus large à la partie supérieure. La tête est aussi proportionnellement plus grosse, et tient de celle du belier des [udes ; le corps est bien couvert de laine , et les jambes sont courtes , même en comparaison de nos mou tons ; les cornes sont aussi de forme et de grandeur un peu différentes de celles du mouton de Barbarie. Nous l’avons nommé belier de Tunis, pour le distinguer de l’autre ; mais nous sommes persuadés que tous deux sont du même pays de la Barbarie, et de races très-voisines ?. | 1 Tome V, planche VII, 2 Le belier de Tunis diffère de ceux de notre 19 4 ‘Add. 4: NP US PAL TION RUN ete " RER NS ANNE éd al vF4 HIST OIRE NATURELLE | Enfin nous donnons aussi la figure (bL. x }. | d’un belier que l’on montroit de même à la . pa" pays non seulement par sa grosse et large queue , mais encore par ses proportions : il est plus bas de jambe, et sa tête paroît forte et plus arquée que celle de nos beliers ; sa lèvre inférieure des- cend en pointe au bout de la mâchoire, et fait Je bec-de-licvre. Ses cornes, qui font la volute, vont en arricre ; elles ont six pouces mesurées en ligne droite, et dix pouces une ligne de circonvo= luuon, sur deux pouces deux lignes de grosseur à l’origine; elles sont blanches et annelées de rides, comme ‘dans les autres beliers. Les cornes qui passent par-dessus les oreilles, les rendent pen- dantes ; elles sont larges , et finissent en poiute. Cet animal domestique ‘est fort laineux , sur-tout sur le ventre, les cuisses, le cou et la queue. Sa laine +. 4 de six pouces de long en bien des endroits ; elle est blanche en général, à l'exception qu’il y a du fauve foncé sur les oreilles, et que la plus grande partie de Ja tête et les pieds sont anssi d'un fauve foncé tirant sur le brun. Ce que ce belier a de singulier, c’est la queue, qui lui couvre tout le derrière : elle a onze pouces de large, sur treize pouces neuf ligues de long; son épaisseur est de trois pouces onze lignes ; cette partie charnue est ronde, et finit en pointe (par une pette vertèbre , qui a quatre pouces trois lignes de longueur), en 1 pe" \ | DES BREBIS 115 foire Saint-Germain, en 1774, sous le nom - de morvant de la Chine. Ce Abe est singu- passant sous le ventre, entre les jambes ou tom- bant tout droit : pour lors , le floc de laine du bout de la queue semble toucher à terre. Cette queue est comme méplate dessus comme dessous, s'enfonce dans le milieu, et ÿy forme comme une foible gouttière : le dessus de cette queue, et la plus grande partie de son épaisseur, sont couverts de grande laine blanche; mais le dessous de cette même queue est sans poil et d’une chair fraîche, de sorte que, quand on lève cette queue, on croi- roit voir une parle des fesses d’un enfant. k pieds. pouces, lignes. La longueur de son corps, me- suré en ligne droite depuis le bout du museau jusqu’à l’anus, LE POSE AS NE RARE PE Longueur de la ‘tête Ce le bu du museau jusqu’à l’ori- sine des cornes Li, 4 04, 43 7 TE Longueur de l'œil d’un angle à : 4.511 PS PE EAN PAENARES PE" L: 2 Distance enire les angles ‘anté- FERMES moe 2204 UE 20 ln UNS 9 Distance entre l’angle antérieur et le bout des lèvres... . 1... » 5 . fe die HISTOIRE ù E NATURI Je k lier en ce qu’il porte sur le cou une € de crinière, et qu'il a sur le poitrail et sous pieds. pouces. tu a \ Longueur desoreilles. 444 6 * aYh0 US x | Largeur de la base........... 2 LE 0 Distance entre les oreilles et les à | ÉOETES Ms Ut OR EC LOUE ie LCA Distance entre les deux oreilles, à prise sens bis ax à a RNA N 4 4 6 Lungueur du:cou es, 4... 10e Le » Circonférence près de la tête... 7 6 4 Hau eur du train de devant... 2 >» 5 Hauteur du:train de derrière... 2 #1 4 LA Circonférence du corps, prise LR derritre les jambes de devant. 3 2 6 Circonférence à l'endroit le plus EE DRE COMPARE 8 2 j frence devant les jambes PAeafiene LU RMS QE 4 Longueur du troncon de la queue 7x T O Da léPseur.,. nd ne die AU II > Longueur du bras depuis le coude jusqu'au aPMO Le raeusese R 7 9 Lougueur du tanon..,..,.4.+4 1 ) 6 Longueur du paturon......... » x 6 Circon érence de la couronne... » 4 TZ * Hauteur depuis le bas du pied JUSQU au BENQ. s 4 Lee ce ser st À MINE 4 pes À A DES BREBIS. t17 le cou de très-grands poils, qui pendent et - forment une espèce de longue cravate, mêlée de poils roux et de poils gris, longs d’envi- pieds. pouces. lignes. ‘ Longueur de la cuisse depuis la | rotuletusmPan: Jirret us le ZE © | 3 Longueur du canon depuis le | jarret jusqu'au boulel.,..,.. » 6 (e] Longueur des ergots....,...,.. 2 x ÉlmIebr Ou Sabots. . 4... ec) 2 T 6 Longueur depuis la pince jus- qu’au talon, dans les pieds de MU DE MT unie à 3 Z Longueur dans les pieds de der- a a on 2 Longueur des deux sabots pris ensemble dans les pieds de de- OX A CEUE 0 AIS TS OPAAP A TE ES CONS PRO A RS SRE >) XI Largeur dans les pieds de der- rière. . 92002 + 0 € © o . +0 0 9 + © >» ï Disiance entre les deux sabots. » y 2 Circonférence des deux sabots réunis, prise sur le pied de D : ME nne Dais alt D 7 9 Circonférence prise sur les pieds D EN EI 2 PEUR NAS RSR 6 Œ (Description et mesures prises par A, de NE772) ” AA MANS ARE OU ETUIS un Moi | vi #10 HISTOIRE NATURELLE ton: ron dix pouces, et rudes au toucher. Il porte . sur le cou une crinière de poils droits, assez peu épaisse, mais qui s’étend jusque sur le milieu du dos. Ces poils sont de la même couleur et consistance que ceux de la cra- vate ; seulement ils sont plus courts et mé- lés de poils bruns et noirs. La laine dont le corps est couvert est un peu frisée, et douce au toucher à son extrémité; mais elle est droite et rude dans la partie qui avoisine la peau de l’animal : en général, elle est longue d'environ trois pouces, et d’un jaune claïf. | Les jambes sont d’un roux foncé; la tête est tachetée de teintes plus ou moins fauves ; la queue est fauve et blanche en plus grande partie, et, pour la forme, elle ressemble assez à la queue d'une vache, étant bien fournie de poil vers l’extrémité. Ce belier est plus bas de jambes que les autres beliers aux- quels on pourroit le comparer. C’est à celur des Indes ! qu’il ressemble plus qu’à aucun . autre. Son ventre est fort gros et n’est élevé de terre que de quatorze pouces neuf lignes ?. 1 Tome V, Pin VIII. pieds. pouces, ni be 2 Longueur du corps AE en bue droite du museau à l'anus 3 7 X QUES BREBIS. 119 M. de Sève, qui a pris les mesures et donné la description de cet animal, ajoute que Ja pieds. pouces. lignes, “ Longueur du corps en Hone su- FLE ANNONANMENMARRENR En Hauteur du train de devant... Hauteur du train de derrière. . Longueur de la iête depuis le bout du museau jusqu’à l’ori- Aime des COraes. lu ue Longueur de lœil d’un angle à A M EU RE Distance entre les angles anté- ME Es FOURS dires 43 Distance entre l’angle antérieur eu le bout des lèvres........ Longueur des oreilles......... Largeur de la base. D OT AE Distance entre les oreilles et les MES du pie UT ialLiu Distance entre les oreilles, prise Lou suce Lou REC . 546 ep e 00e Circonférence près de la tête... Circonférence du corps, prise derrière les jambes de devant Bb D K © \© >» 9 10 ON © EN Go ‘une brebis pleine, Les cornes sont à pêu près Re. À pieds. pres lignes. Girconférence à à lenttou le plus HAE U Là ei rael MN I en Circonférence devant les jambes de derrière #2 ve UNE Longueur du troncon de la queue Sa largeur. .................. Longueur du bras depuis le coude jusqu’au genou....... Longueur du canons.......... Lougueur du paturon.......4. Circouférence du paturon.. HI Circonférence de la couronne... Hauteur depuis le bas du pied jusqu'au. penou. à 2 4. lens Longueur de la cuisse depuis la rotule jusqu'au jarrei....... Longueur du canon depuis le jarret jusqu’au bouler...,... Longueur du pied de devant... Longueur des ergots..4..,..., Hauteur des sabots: ..,.4 400 Longueur depuis la pince Jus- qu'au talon dans les pieds de devant ..,.......seeseeroce 3 15 Ÿ Ü Gr. 1 K gi: 2 ET 2 RU À g « T U 3 ‘8.4 5 10° à 9 NA oi 7 4 2 I DES BREBIS 42 comme celles de nos beliers ; mais les sabots < des pieds ne sont point élevés, et sont plus longs que ceux du belier des Indes. Nous avons dit, et nous le répétons ici, que le mouflon est la tige unique et primor- diale de toutes les autres brebis, et qu'il est d'une nature assez robuste pour subsister dans les climats froids , tempérés et chauds ; son poil est seulement plus ou moins épais, plus ou moins long , suivant les différens climats. Les beliers sauvages du Kamtschatka, dit M. Steller, ont l'allure de la chèvre et le poil du renne. Leurs cornes sont si grandes et si grosses, qu il y en a quelques unes qui pèsent jusqu'à vingt-cinq à trente livres. On en fait des vases, des cuillers et d’autres pieds. pouces, lignes. Longueur dans les pieds de der- OP AS Re D >» É: AUS Largeur des mêmes pieds..:.... » x 10 Distance entre les deux sabots. » 2» 3 Circonférence des deux sabots réunis ,,prise sur les pieds de A A 2 PP NEO EE RER IX 4 Circonférence prise sur les pieds le CRETE on se à vo et 2 9 . € 122 HISTOIRE NATURE | ustensiles. Ils sont aussi vifs et aussi lése que les chevreuils ; ils habitent les mon- tagnes les plus escarpées au milieu des pré. cipices. Leur chair est délicate, ainsi que la graisse qu’ils ont sur le dos; mais c'est pour avoir leurs fourrures qu’on se donne la peine » | _de les chasser. _ Je crois qu’il reste actuellement très-peu, \ ou plutôt qu'il ne reste point du tout de k vrais mouflons dans l’île de Corse; les grands | mouvemens de guerre qui se sont passés dans cette île, auront probablement amené leur destruction : mais on y trouve encore des indices de leur ancienne existence , par la forme même des races de brebis qui y sub sistent actuellement. Il y avoit, au mois d'août 1774, un belier de Corse, appartenant à M. leduc de la Vrillière. Il n’étoit pas srand, même en comparaison d’une belle brebis de France qu’on lui avoit donnée pour compa- gne. Ce belier étoit tout blanc, petit et bas de jambes, la laine longue et par flocons. IL portoit quatre cornes larges et fort longues "2 dont les deux supérieures étoient les plus considérables ; et ces cornes avoient des rides comme celles du mouilou. - | 4 | DES BREBIS. 123 Dans Les pays du nord de l’Europe, comme en Danemarck et en Norvége, les brebis nè sont pas belles; et pour en améliorer l'es pèce , on fait de temps en temps ver des beliers d'Angleterre. Dans les îles qui avoi- sinent la Norvése, on laisse les beliers en pleine campagne pendant toute l’année. Ils deviennent plus grands et plus gros, et ont la laine meilleure et plus belle que ceux qui sont soignés par les hommes. On prétend que ces beliers qui sont en pleine liberté, passent toujours la nuit au côté de l’île d’où le vent doit venir le lendemain; ce qui sert d'avertissement aux mariniers , qui ont grand soin d'en faire l’observation. En Islande, les beliers, les brebis et les moutons diffèrent principalement des nôtres en ce qu'ils ont presque tous les cornes plus grandes et plus grosses. Il s’en trouve plu- sieurs qui ont trois cornes, et quelques uns qui en ont quatre,icinq, et même davantage. | Cependant il ne faut pas croire que cette par- ticularite soit commune à toute la race des beliers d'Islande, et que tous y aient plus de deux cornes; car, dans un troupeau de quatre ou cinq cents moutons, on en trouve à peine w ADDITION AUX ARTICLES DES CHÈVRES, ÉTRANGÈRES; GRANDES ET PETITES. ‘DES CHÉVRES D'EUROPE. Poxrorrrpax rapporte que les chèvres sont en Norvege en si grande quantité, que, dans le seul port de Berghen , on embarque tous les ans jusqu'à quatre-vingt mille peaux de boucs non apprètées , sans compter celles _ auxquelles on a deja donné la façon. Les chèvres conviennent en effet beaucoup à la nature de ce pays ; elles vont chercher leur nourriture jusque sur les montagnes les plus escarpées. Les mâles sont fort courageux, ils . ne craignent pas un loup seul , et ils aident même les chiens à défendre le troupeau. DU BOUC DE JURA na) Nous donnons ici (planche XI) la figure ii dun bouc de Juda ou Juida, qui nous a paru avoir quelques différences avec celui que nous avons donne *. M. Bourgelat l’avoit vivant à l'École vétérinaire, et il en conserve encore la dépouille dans sou beau cabinet d'anatomie zoologique. Ce bouc étoit consi- dérablement plus grand de corps que celui de notre planche XX ; il avoit deux pieds neuf pouces de longueur , sur un pied sept pouces de hauteur , tandis que l’autre n’a- voit que vingt-quatre pouces et demi sur dix-sept pouces de hauteur. La têle et tout le corps sont couverts de grands poils blancs, le bout des narines noir ; les cornes se tou- chent presque eu naissant, s’écartant ensuite, et sont beaucoup plus longues que celles du premier bouc, auquel celui-ci ressemble e par les pieds et par Les sabots qui sont fort courts. Ces différences sont trop légères pour séparer _ces deux animaux , que nous croyons être tous deux des variétés de la même espèce. $ Tome V, planche XX. Tom 10. . ; PE at K NN \ S NS LE BOUC DE JUIDA. Î PuguerS : LE DES CHÈVRES. 129 : Nous avons parlé * des chèvres de Syrie à oreilles pendantes, qui sont à peu près de la grandeur de nos chèvres , et qui peuvent produire avec elles, même dans notre cli- mat : mais il existe à Madagascar une chèvre considérablement plus grande, et qui a aussi les oreilles pendantes , et si longues que, lorsqu'elle descend, les oreilles lui couvrent les yeux; ce qui l'oblige à ul mouvement de tête presque continuel pour les jeter en arrière, en sorte que, quand on la poursuit, elle cherche toujours à grimper et jamais à descendre. Cette indication , qui nous a été donnée par M. Commerson, est trop suc- cincte pour qu'on puisse dire si cette chèvre est de la même race que celle de Syrie, ou si cest une race différente qui auroit égale- ment les oreilles pendantes. M. le vicomte de Querhoent nous a com- munique la note suivante: « Les chèvres et les cabris qu’on a lâchés à l’ile de l’Ascension , y ont beaucoup mul- tiplié; mais ils sont fort maigres , sur-tout * Tome V, page 195. 128 HISTOIRE : NATURELI dans la saison sèche. Toute l'ile est patine (qu des sentiers qu’ils ont faits; ils se retirent Me nuit dans les excavations des montagnes; | ils ne sont pas tout-à-fait aussi grands que À les chèvres et les cabris ordinaires; ils sont si peu vigoureux, qu'on les prend quelque- fois à la course ; ils ont presque tous le poil d'un brun foncé, » LE BOUC à longs Jabots , V£ higuer S 41 Da APS PO Hs. Au DES CHÈVRES ra À Fa DES CHÈVRES er DES BREBIS. à 1 | Nous donnons ici (planche XIT) la figure d’un bouc , dont les sabots avoient pris un … accroissement extraordinaire ; ce defaut , ou plutôt cet excès , est assez commun dans les Doucs et les chèvres qui habitent Les plaines et les terrains humides: Il y a des chèvres beaucoup plus tes que les autres, selon leur race et leur climat. AT. Secretary, chevalier de Saint-Louis, étant à Lille en Flandre en 1773 et 1774, a vu, chez madame Denizet, six beaux chevreaux, qu'une chèvre avoit produits d’une seule portée ; cette même chèvre en avoit produit dix dans deux autres portées, et douze dans trois portées précédentes. Feu M. de la Nux , mon correspondant à l'ile de Bourbon, m'a écrit qu'il y a aussi dans cette île des races subsistantes depuis plus de quinzé ans, provenant des chèvres de PALM US TS PNR ET EN \ +! Ur 130 HISTOIRE NATURELLE France et des boucs des Indes : ; que nouvelles ment on s’étoit procuré des ne de Gox très-petites et très-fécondes, qu’on a mêlées avec celles de France , et qu'elles se sont per- pétuées et fort multipliées. J’ai rapporté, dans l’article des mulets (tome VIII, page 8), les essais que j'ai faits surle mélange des boucs et des brebis ; et ces essais démontrent qu’on en. obtient aisément des métis, qui ne diffèrent. guère des agneaux que par la toison, qui est ' plutôt de poil que de laine. M. Roume de Saint-Laurent fait à ce sujet une observation qui est peut-être fondée. « Comme l’espèce des chèvres , dit-il , et celle des brebis, pro- duisent ensemble des métis nommés chabins, qui se reproduisent , il se pourroit que ce’ . mélange eùt influé sur la masse de l'espèce, et füt la cause de l’effet que l’on’a attribué au climat des îles, où l'espèce de la chèvre a dominé sur celle de la brebis. » On sait que les grandes brebis de Flandre produisent communément quatre agneaux. chaque année : ces grandes brebis de Flandre viennent originairement des Indes orien— ‘tales , d’où elles ont été apportées par les Hollandois , il y a plus de cent ans ; et l’on DES CHÈVRES. 131 prétend avoir remarqué qu'en général les animaux ruminans qu’on aamenés des Indes en Europe , ont plus de fécondité que lee races européennes. M. le baron de Bock a eu Ft bonté de m’informer de quelques particularités que j'iguorois sur les variétés de l'espèce de la brebis en Europe. Il mr'écrit qu'il y en a trois espèces en Moldavie, celle de mon tagne , celle de plaine et celle de bois. « Il est fort difficile de se figurer, dit-il, la quantité innombrable de ces animaux qu’on y rencontre. Les marchands grecs, pour- voyeurs du grand-seigneur, en achetoient, au commencement de ce siècle, plus de seize mille tous les ans , qu'ils menoient à Cons- tantinople , uaiquement pour l'usage de la cuisine de sa hautesse. Ces brebis sont pré- _férées à toutes les autres , à cause du bon goût et de la délicatesse de leur chair. Dans les plaines, elles deviennent beaucoup plus grandes que sur les montagnes ; mais elles y multiplient moins. Ces deux premières espè- ces sont réduites enservitude, La (troisième, qu'ou appelle érebis des bois, est entièrement | sauvage ; elle est aussi très = différente de “4 toutes les brebis, que nous connoissons : S& lèvre supérieure dépasse l’inférieure de Fa pouces, ce qui la force à paître en reculant ; + le peu-de longueur et le défaut de flexibilité dans son cou l’empêchent de tourner la tête. de côté et d'autre ; d’ailleurs , quoiqu'elle ait les jambes très-courtes , elle ne laisse pas de courir fort vite , et ce n’est qu'avec grande peine que les chiens peuvent l’atteindre; elle ‘a l’odorat si fin, qu’elle évente, à la distance d’un mille d'Allemagne , le chasseur ou la . nimal qui la poursuit, et prend aussitôt la fuite. Cette espèce se trouve sur les frontières de la Transilvanie , comme daus les forêts de Moldavie : ce sont des animaux très:sau- vages ,.et qu'on n’a pas réduits en domesti- cité; cependant on peut apprivoiser les petits. Les naturels du pays en mangent la chair; et sa laine, mêlée de poil, res- semble à ces fourrures qui nous viennent d’Astracan. » Il me paroît que cette troisième brebis dont M. le baron de Bock donne ici la des cription d'après le prince Cantemir , est le _ HES CHÈVRES 133 même animal que j'ai indiqué sous le nom de saïga , et qui se trouve par conséquent eu Moldavie eten Transilvanie, comme dans la Tartarie et dans la Sibérie. Et à l'égard des deux premières brebis, savoir , celle de plaine et ceile de montagne, je soupçonne qu’elles ont beaucoup de vie ports avec les brebis valachiennes, dont j'ai donne les figures * ; d'autant plus que M. le baron de Bock m’écrit qu'ayant comparé les figures de ces brebis valachiennes, gravées dans ce volume , avec sa description de la brebis des bois (saga), elles ne lui ont paru _ avoir aucun rapport; mais qu’il est très-pos= sible que ces brebis valachiennes soient les mêmes que celles qui se trouvent sur les montagnes ou dans les plaines de la Mol- davie. À l'égard des Dagbie d'Afrique: et du Cap de Bonne- Espérance » M. Forster a observé les particularités suivantes. «Les brebis du cap de Bonne-Espérance ressemblent, dit-il, pour la plupart, au belier de Barbarie ; néanmoins les Hottentots © Voyez les planches VIT et VIT de ce volume. 12 YOU OR NN 1, 22 EMA \ > à (AONNNES RO A4 134 HISTOIRE NATURELLE avoient des brebis lorsque les Hollandois s’ y M. établirent : ces brebis ont , pour ainsi dire, une masse de graisse au lieu de queue. Les Hollandois amenèrent au Cap des brebis de Perse ; dont la queue est longue et très- grosse jusqu’à une certaine distance de lori- gine , et ensuite mince jusqu’à l'extrémité. Les brebis que les Hollandois du Cap élè- vent à préseut , sont d’une race moyenne entre les brebis de Perse et celles des Hotten- tots : on doit présumer que la graisse de la queue de ces animaux vient principalement de la nature ou qualité de la pâture; après avoir été foudue, elle ne prend jamais de la consistance comme celle de nos brebis d'Eu- rope , et reste au contraire toujours liquide comme l'huile. Les habitans du Cap ne lais- sent pas néanmoins d’en tirer parti, en ajou= tant quatre parties de cette graisse de queue avec une partie de graisse prise aux rognons; ce qui compose une sorte de matière qui à de la consistance et le goût même du sain- doux que l’on tire des cochons : les gens du commun la mangent avec du pain, et l’em- ploient aussi aux mêmes usages que le sain- doux et Le beurre. Tous les environs du Cap ef INDES CHÈVRES)". 7 43% sont des terres arides et élevées , remplies de particules salines , qui, étant entraînées par les eaux des pluies dans des espèces de petits lacs , en rendent les eaux plus ou moins saumätres. Les habitans n’ont pas d'autre sel que celui qu'ils ramassent dans ces mares et salines naturelles. On sait combien les brebis aiment le sel, et combien il contri- bue à les engraisser ; le sel excite la soif qu'elles étanchent en mangeant les plantes grasses et succulentes qui sont abondantes dans ces déserts élevés , telles que le seduzn, l’'euphorbe , le cotyledon , etc. et ce sont appa- remment ces plantes grasses qui donnent à leur graisse une qualité différente de celle qu elle prend par la pâture des herbes ordi- naires ; car ces brebis passent tout l’éte sur les montagnes qui sont couvertes de ces plantes succulentes ; mais en automne on les ramène dans les plaines basses pour y passer l'hiver et le printemps-: ainsi les brebis , étant toujours abondamment nour- ries , ne perdent rien de leur embonpoint pendant l'hiver. Dans les montagnes , sur- tout dans celles du canton qu’on appelle Dockenland où pays des chèvres, ce sont des «+ 136 HISTOIRE NATURELLE i MT esclaves tirés de Madagascar et des Hotten= Vi tots, avec quelques grands chiens, qui pren- ment soin de ces troupeaux, el les défen- dent contre les hyènes et les lions. Ces trou- peaux sont très-nombreux , et les vaisseaux qui vont aux Indes ou en Europe, font leurs ‘provisions de ces brebis: on en nourrit aussi les équipages de tous les navires pendant leur séjour au Cap. La graisse de ces animaux est si copieuse , qu'elle occupe tout le croupion et les deux fesses , ainsi que la queue : mais 1l semble que les plantes grasses, succulentes et salines qu'elles mangent sur les montagnes pendaut l'été, et les plantes aromatiques eë arides dont «elles se nourrissent dans les plaines pendant l'hiver, servent à former deux différentes graisses; ces deux dernières plantes ne doivent donner qu’une graisse solide et ferme , comme celle de nos brebis qui se dépose dans l’orzentum, le mésentère et le voisinage des rognons , tandis que la nourriture qui provient des plantes grasses, forme cette graisse huileuse qui se dépose sur le croupion , les fesses et la queue. [l semble aussi que cette masse de graisse huileuse empêche l'accroissement de la queue, qui, de k DES CHÈVRES ‘239 génération en génération , deviendroit plus courte et plus mince, et se réduiroit peut- être à n’avoir plus que trois ou quatre arti- culations , comme cela se voit dans les brebis des Calimouques, des Mongoux et des Kir- - shises, lesquelles n’ont absolument qu'un tronçon de trois ou quatre articulations : mais, comme Le pays du Cap a beaucoup d’étendue , et que les päturages ne sont pas tous de la nature de ceux que nous venons de décrire, et que , de plus, les brebis de Perse à queue grosse et courte y ont été autrefois introduites , et se sont mêlées avec celles des Hottentots, la race bâtarde a con- servé une queue aussi longue que celle des brebis d'Angleterre, avec cette diFérence que la partie qui est attenante au corps, est déja renflée de graisse , tandis que l'extré- mité est mince comme dans les brebis ordi- naires. Les pâturages, à l’est du Cap, n’étant pas exactement de la nature de ceux qui sont au nord , il est naturel que cela influe sur la constitution des brebis, qui restent dans quelques eydroits sans dégénéralion , et avec la loire et une bonne quan- tité de graisse aux fesses et au croupion, sans | ss 12. » aies xtlbisire cette monsirieuse He à de graisse par laquelle les brebis des Cal- mouques sont remarquables; et comme ces, brebis changent souvent de maitre, et sont mences d’uu päturage au nord du Cap à un autre à l’est, ou imême dans le voisi- nage de la ville , et que les différentes races se mèlent ensemble , il s'ensuit que les brebis du Cap ont plus ou moins conservé la longueur de Leur queue. Dans notre trajet du cap de Bonne - Esperance à la nouvelle Zelande , en 1772 et 1773, nous trouyâmes que ces brebis du Cap ne peuvent guère être trausporlees vivantes dans des climats très éloignés; car elles n'aiment pas à manger de l'orge ni du blé, n'y etant pas accoutu- mées , n1 mème du foin , qui n’est pas de boune qualité au Cap : par conséquent, ces. animaux depérissoient de jour en jour; als furent atiaques du scorbut’; leurs dentsn'é- ioieutplus fixes, el ne pouvoient plus broyer la nourriture; deux beliers et quatre brebis moururent , et il n’échappa que trois mou- tons du troupeau que nous avions embarqué. Après notre arrivée à la nouvelle Zélande, on leur offrit toutes sortes de verdures : mais à. 1) : \ AIRES CHÈVRES: 139 ils les refusèrent , et ce ne fut qu'après deux ou trois jours que je proposai d'examiner leurs dents ; je conseillai de les fixer avec du vinaigre , et de les nourrir de farine et de son trempés d’eau chaude. On préserva de cette manière les trois moutons qu'on amena à Taïti, où on en fit présent an roi ; ils reprirent leur graisse dans ce nouveau climat en moins de sept à huit mois. Pen— dant leur abstinence dans la traversée du Cap à la nouvelle Zelande , leur queue s’é- toit non seulement dégraissée , mais déchar- née et comme desséchée , ainsi que le crou- pion et les fesses. » M. de la Nux, habitant de Pile de Bourbon, m'a écrit qu’il y a dans cette île une race existante de ces brebis du cap de Bonne- Espérance, qu’on a mêlée avec des brebis venues de Surate, qui ont de grandes oreilles et la queue très-courte. Cette dernière race s’est aussi mêlée avec celle dés brebis à - grande queue du sud de Madagascar, dont la laine n’est que foiblement ondée. La plu-. part des caractères de ces races primitives sont effacés, el on ne reconnoit suère leurs -x40 HISTOIRE NATURELLE | variétés qu’à la longueur de la queue: mais il est certain que, dans les îles de France et de Bourbon, toutes les brebis transportées d'Europe, de l'Inde, de Madagascar et du | Cap, s’y sont mêlées et également perpétuées, et qu'il en est de même des bœufs srands et petits. Tous ces animaux ont été amenés de différentes parties du monde ; car il n’y avoit dans ces deux îles de France et de Bourbon, ni hommes, ni aucuns animaux ierrestres , quadrupèdes ou reptiles, ni mème aucuns oiseaux que ceux de mer : le bœuf, le cheval , le cerf, le cochon, les singes, les perroquets, etc. y ont été apportés. A la vé- rité, les singes n’ont pas encore passé (en 1770) à l’île de Bourbon, et l’on a grand intérêt d'en interdire l'introduction, pour se ga- rantir des mêmes dommages qu'ils causent à l’ile de France. Les lièvres, les perdrix et les pintades, y ont été apportés de la Chine, de l'Inde ou de Madagascar : les pigeons, les ramiers, les tourterelles, sont pareillement venus de dehors. Les martins, ces oiseaux utiles, auxquels les deux îles doivent la conservation de leurs récoltes par la des- truction des sauterelles, n’y sont que depuis rs DES CHÈVRES. T4 vingt ans, quoiqu'il y ait peut-être déja plu- sieurs centaines de milliers de ces oiseaux sur les deux iles. Les oiseaux jaunes sont venus du Cap, et les bengalis de Bengale. On pourroit encoïe nommer aujourd'hui les personnes auxquelles est due limporta- tion a plupart de ces espèces daus l'ile de Bourbon, en sorte qu’excepté Les oiseaux d’eau, qui, comme l’on sait, font des émi- grations considérables, on ne reconnoit au— cun être vivant qu’on puisse assisnier pour. ancien habitant des îles de France et de Bourbon. Les rats qui s’y sont prodigieu- sement multipliés, sont des espèces euro= péennes venues dans les vaisseaux. M. Parras pense que le saïga, qui se trouve en Hongrie, en Transilvanie, en Valachie et en Grèce, peut aussi se trouver daus l'ile de Candie; et 1l croit qu'on doit lui rapporter le sérepsiceros de Belon. Je ne suis pas du même avis, et jai rapporté le. strepsiceros de Belon au genre des brebis, et non à celui des gazelles. « Saïgis, saïga, dit M. Gmelin, est un animal qui ressemble beaucoup au chevreuil, sinon que ses cornes , au lieu d’être bran-— chues, sont droites et permanentes, au lieu que celles du chevreuil sont annuelles. On. ne counoit cet animal que dans quelques cantons de la Sibérie ; car celui qu'on appelle saïsa dans la province d’'Irkutzk, est le musc. Cette espece de chèvre sauvage (le saïga ) est assez commune dans certaines contrées : On en mange la chair; cependant notre compa- gnie ne voulut point en goûter, vraisembla _ l 1 \ HISTOIRE NATURELLE. 743 blement parce que nous n'y étions pas accou- tuimés, et que d'ailleurs il est dégoûtant de voir dans cet animal des vers, même de son vivant, nichés entre la peau charnue et l'épiderme ; c’est une grande quantité de vers blancs et gros, d'environ trois quarts de pouce de long, et pointus des deux côtés. On trouve la même chose aux élans, aux rennes et aux biches : les vers de ces chèvres paroissent être les mêmes que ceux de ces aulres animaux , et n’en différer que par la grosseur. Quoi qu’il en soit, il uous sufñ£ d'avoir vu les vers pour ne point vouloir de cette viande, dont on nous dit d'ailleurs que le goût étoit exactement semblable à celle du cerf. » | \ J'observerai que ce n’est que dans une saison , après le temps du rut, que les cerfs, les élans, et probablement les saïoas, out des vers sous la peau. Voyez ce que j'ai dit de la production de ces vers à l’article du cerf, tome II. M. Forster m'a écrit « que le saïga se trouve depuis la Moldavie et la Bessarabie, jusqu'à la rivière d'irtish en Sibérie. Il \ 77. HISTOIRE CNATURBLLE aime les déserts secs et remplis d’ absinthes, auronnes et armoises, qui font sa priucipale nourriture. Il court très-vite, et il a l’odorat fort fin; mais il n’a pas la vue bonne, parce qu'il a sur les yeux quatre petits corps spon- gieux qui servent à le défendre du trop grand reflet de la lumière dans ces terrains, dont le sol est aride et blanc en été, et couvert de neige en hiver Il a le nez large, et l’odorat si fin, qu'il sent un homme de plus d'une lieue lorsqu'il est sous le vent, et on ne peut même l’approcher que de l’autre côté du vent. On a observé que le saïga semble réunir tout ce qui est nécessaire pour bien courir: il a la respiration plus facile qu'aucun autre animal, ses poumons étant très-srands, la trachée-artère fort large, et les narines ainsi que les cornets du nez fort étendus, en sorte que la lèvre supérieure est plus longue que l’inférieure : elle paroit pen- dante, et c’est probablement à cette forme des lèvres qu’on doit attribuer la manière dont cet animal paît; car tl ne broute qu’en retrogradaut. Ces animaux vont la plupart en troupeaux , qu’on assure être quelquefois usqu’au nombre de dix mulle; cependant MORES EREVRES ie Jes voyageurs modernes ne font'pas mention de ces grands attroupemens : ce qui est plus certain , c'est que les mâles se réunissent pour défendre leurs petits et leurs femelles contre les attaques des loups et des renards; car ils. forment un cercle autour d'elles, et combattent courageusement ces animaux de _ proie. Avec quelques soins, on vient à bout d'élever leurs petits et de les rendre privés : leur voix ressemble au bélement des brebis. Les femelles mettent bas au printemps, et ne font qu'un:chevreau à la fois, et rare ment deux. On en mange la chair eu hiver comme un.bon gibier ; mais on la rejette en été; à cause des vers qui sengendrent sous la peau: Ces animaux sont en chaleur en automne, et 1ls ont alors une forte odeur de musc. Les cornes du saïga sont transpa- rentes, et estimées pour différens usages ; les Chinois sur-tout les achètent assez cher. On trouve quelquefois des saïgas à trois cornes , et même on en voit qui n’en ont qu’uné seule, ce qui est confirmé par M. Pal- . las ; et il semble que c’est le même animal dot Rzaczÿynski parle, en disant : Aries : campestris (baran poluy) znius cornu in-. Quadrupèdes. X. À 13 146 HISTOIRE NATURELLE, structus Spectatur in desertis locis ultra Bra- 1 laviam Oczokoviam usque protensis. | 4 Le saïga est de la grandeur d’une chèvre commune. Les cornes sont longues d’un. pied, transparentes, d’un jaune terne, ri- ‘dées en bas d’anneaux, et lisses à la pointe ; “elles sont courbées en arrière, et les “pointes se rapprochent. Les oreilles sont droites e6 terminées en pointe mousse. La tête est arquée où en chanfrein, depuis le front jusqu’au museau , et, en la regardant de _ profil, on lui trouve quelque rapport avec celle de la brebis. Les narines sont grandes et en forme de tube. Il y a huit dents incisives à la mâchoire inférieure; elles ne tiennent pas fortement dans leurs alvéoles, et tom- bent au moindre choc. Il n’y a que les mäles qui aient des cornes, et les femelles en sont dépourvues. La queue est courte, n'ayant à peu près que trois pouces de longueur : le poil du dessus et des côtés du corps ést'de couleur isabelle, ‘et celui du ‘ventre vest blanc ; il y a une ligne Sisisegt le de l’épine du dos. Saïga est un mot tartare qui signifie chèvre sauvage; mais communément ils appellent le mäle /7atgaick, et la femelle saga. » \ + ADDITION A L'ARTICLE HIS CAZELLÉES ET DES ANTILOPES. ( pd. ? \ <> Drrvis l'année 1764 que j'ai publié Ie: tome V de l’histoire naturelle, dans lequel: j'ai traité des gazelles et des chèvres étran- gères , quelques voyageurs naturalistes ont reconnu, en Asie et en Afrique, de nouvelles espèces dans le genre de ces animaux, et ont donné des figures entières de quelques autres dont je n’avois pu donner que quelques parties détachées, comme les têtes, les cornes , etc. - M. Pallas, docteur en médecine, de l’uni- versité de Leyde, a publié à Amsterdam en 1767 un premier ouvrage sous le nom de Miscellanea zoologica; et peu de temps après il en a donné une seconde édition corrigée et imprimée à Berlin dans la même année, sous le titre de Spicilegia zoologica. Nous avous lu ces deux ouvrages avec satisfaction ; lJ'auteu* V # È \ “4 f l PEAU 2 À De à NL “ d ru HISTOIRE NATÜREEt E À à Ÿ ÿ montre par-tout autant de discernement que de connoissances , et nous donnerons l'extrait de ses observations. D'autre part, MM. Forster père et fe, qui ont accompagné M. Cook dans son se- cond voyage, ont eu la bonté de me commu- ; niquer les remarques et observations qu'ils e ont faites sur les chèvres du cap de Bonne- Espérance, aussi-bien que sur les lions ma- … xins, ours marins, etc. dont ils m’ontdonné .des figures très bien dessinées. J'ai reçu toutes ces instructions avec reconnoissance, et l'on verra que ces savans naturalistes m'ont éte d’un grand secours pour perfectionner l'his- toire de ces animaux. PR Enfin M. Allamand, que je regarde comme l'un des plus savans naturalistes de l Europe g ayant pris soin de F édition qui se fait en Hol: lande, de mes ouvrages, y a joint d’excel- lentes remarques et de très-bonnes descrip_ tions de quelques animaux que je n’ai pas été à portée de voir. Je réunis ici toutes ces nou- velles connoissances qui nrout été commu- niquées, et je les joins à celles que j'ai ac- quises par moi-même depuis lannée 1764 jusqu’en 1780. k Va SAC \ . DES GAZELLES. 149 M. Pallas impose aux gazelles et aux chè- vres sauvages le nom générique d’antilopes , ét il dit que les zoologistes méthodistes ont eu tort de joindre le genre des gazelles à celui des chèvres, et qu’il en est plus éloigné que du genre des brebis. La Nature, selon lui,a placé le cenre des gazelles entre celui des cerfs et celui des chèvres. Au reste, il con- vient avec moi, dans son second ouvrage, que les gazelles ne se trouvent ni en Europe, nien Amérique, mais seulement en Asie, et sur-tout en Afrique, où les espèces ensont très-variées et fort nombreuses. Le chamois est, dit-il, le seul animal qu’on pourroit re- garder comme une gazelle européenne , et le bouquetin semble faire la nuance entre les chèvres et certaines espèces desazelles. L’ani- mal du musc, ajoute-t-1l, et les chevrotains ne doivent point être rangés avec les gazelles, mais peuvent aller énsemble, parce que les uns et les autres, dans les deux sexes , män- queñt de cornes , et ont de grandes dents ou défenses dans la mâchoire supérieure. Ce que je rapporteici d’après M. Pallas, souffre quelques exceptions; car il y a une espèce de cheyrotain dont le mâlea des cornes, FE RUN FE 50 HISTOIRE NATURELLE Es et le chamois, qu’il prétend ètre du geuredes x gazelles et non de celui des chèvres , S'unit f néanmoins avec les chèvres ; on les a souvent vus s’accoupler , et l’on nous a même assuré qu'ils avoient produit ensemble. Le premier fait est certain, et suffit séul pour démontrer. que le chamois est non seulement du même genre, mais d'espèce très-voisine de celle dé la chèvre commune. Et d’ailleurs le genre des chèvres et: cc des brebis est si voisin , qu’on peut les faire produire ensemble, comme j’en ai donné des exemples: ainsi l’on ne peut guêre admettre. un genre intermédiaire entre eux; de même que l’on ne doit pas dire que les gazelles, dont les cornes sont permanentes dans toutes les espèces, soient voisines du genre des che- vreuils ou des cerfs, dont les bois tombent et se renouvellent chaque année. Nous ne nous arrêterons donc pas plus long - temps sur cette discussion méthodique de M. Pallas, et nous passerons aüx observations nouvelles que nous avons faites sur chacun de ces ani maux en particuliers. : 6 \ “ aigue e à | | ! TAN L + Su Pi ae 0 ÿ nr D * L { wi x DES CAZELLES. +": 257. DE LA GAZÉLLÉ PASAN. 11 \ \ J: donne ici , d'après une peau hourrée, 14 figure de la gazelle pasan , dont j'ai parlé {tome V, page 219), et de laquelle nous n’avons au Cabinet du roi qu’un crâne sur monté de ses cornes , dont j'ai fait sraver la figure. M. Pallas pense avec moi que le pasan. et l’alsazel ne sont que deux variétés de Ja même espèce. J'ai dit ( tome V, page 219) que ces deux espèces, l'algazel:et le pasan , me paroissoient très-voisines l’une de l’autre, qu’elles sont des mèmes climats, mais que néanmoins l’algazel n’habité guère que dans, Les plaines, et le pasan:dans les montagnes; c’est par cette seule différence des habitudes, naturelles que j’ai cru qu’ou pouvoit en faire deux espèces. J'ai même dit positivement . (page 225 ) que je présumois que l’alsazel et le pasan n'étoient -que,deux. variétés de la même espèce, et j'aiété fort satisfait de voir 152 HISTOIRE NATUREBLE | que M. Pallas est du même sentiment. Il dit * au sujet de ce dernier animal, que M. Hout- tuyn en a aussi donné une figure d'après les tableaux de M. Burman ; mais je'n’'ai pas eu occasion de voir ces tableaux, et j'ignore si celui du pasan ressemble ou non à la figure que je donne ici. MM. Forster: m'ont écrit que la: gazelle, pasan porte aussi.le nom de camdisdu Cap: | et celui de chèvre du bézoard, quoiqu'il y ait ane autre chèvre du bézoard em Orient ,: dont M. Gmelin le jeune a donné une des- cription sous le nom üe paseng, qui ést dif! férente du pasan. Îl ajoute que dans la fe- melle les cornes ue sont pas aussi: grandés qué dans le mate ; que ces cornes sonb-mar— quées vers leur origine d’une large bande noire en demi-cercle, qui s'étend jusqu'à. une autre grande tache de même couleur noire , laquelle couvre en partie le miseau,- dont l'extrémité est grise : que de plus: 1k ÿ; a deux baudes noires qui partent du museaw et s'étendent jusqu'aux cornes, et nue Ligne: noire le long du dos, qui se termine äu erou- pion et y forme ‘une plaque triangulaire ; qu'on voit aussi une bande noire entre la, 7 2 ee < Rd DES GAZELLES. 153 jambe et la cuisse de devant, et une tache ovaie de même couleur sur le genou; que les pieds de derrière sont aussi marqués d’une tache noire sous la jointure , et qu’il y. a une ligne noire de longs poils le long du cou , au-dessous duquel se trouve une espèce de fanon qui tombe sur la poitrine; qu’enfin le réste du corps est gris, à l'excep- tion du ventre, qui est blanchâtre, ainsi que les pieds. A Cet animal , dit M. Forster, a près de quatre pieds de hauteur ,; en le: mesurant aux jambes de devant ; les cornes ont jusqu’à trois pieds de lougueur. Ces gazelles ne vont point en troupes , maisseulementpar paires, - etil me semble que c’est le mémeanimal que le parasol du Conso, dont parle le P. Charles de Plaisance. | ) 4 dés as Lu, HE RS 7 to NA . HISTOIRE NATURELLE \ ADDITION A L'ARTICLE DU PASAN ONE Par M. le professeur ALLAMAND.. k} PS M. de Buffon a donné à la gazelle du : bézoard le nom de pasan , qui est celui que les Orientaux lui donnent *. Il n’en a vu que le crâne surmonté deses cornes, dont M. Daubenton a donné une description fort exacte. On trouve souvent de ces cornes dans les cabinets de curiosités naturelles ; j'en ai placé deux dans celui de notre université, qui m'ont été envoyées du cap de Bonne- Espérance. Mais l'animal qui les porte a été peu connu jusqu'à présent : je suis même tenté de dire qu’il ne l’a point été du tout; car je doute fort que ce soit le même quia | e * Tome V, page 210. ie # | DES GAZELLES, |! 155 été indique par Kæmpfer , sous le nom de pasen ou pasan. La description qu'il en a donnée ne lui convient point à plusieurs ‘égards, et la figure dont il l’a accompagnée, toute mauvaise qu'elle est, représente sûre- ment un animal différent. Tous les autres auteurs qui ont parlé de la gazelle du bézoard, sont peu d'accord entre eux, quoiqu'ils lui donnent le même nom pasan. Tavernier, qui en a eu six vi- vantes , se contente de dire que ce sont de très-jolies chèvres, fort hautes et qui ont un poil fin comme la soie. Chardin assure que le bézoard se trouve aux Indes dans le corps des boucs et des chèvres sauvages el domes- tiques , et en Perse dans le corps des mou- tons. Le P. Labat a donné une figure de l'animal qui porte le bézoard en Afrique ; mais c'est la copie de celle qu’a donnée Pomet dans son }istoire des drogues, et qui est celle d’une chèvre avec des cornes char- gées de deux où trois andouillers , c’est-à- dire , d’un animal fabuleux. Clusius, ou plutôt Garcias, dit que le bézoard se trouve dans le ventricule d’une sorte de bouc, dont il a fait représenter une corne ; eile ne res- L2 À PRE pe c” 26 , X ur AAA + AA VF LA Fe \ 4 \ ñ ue, 256 HISTOIRE NATURELLE semble point à celle de notre pasan. ÆEa. figure + 1 qu'Aldrovandé a donnée de. cet animal ; ; est celle de l antilope , et Klein a copié ce. qu'i en dit. L'auteur de l'Histoire naturelle qui se publie en hollandois , a fait représenter l'algazel pour l'animal qui fournit le bé- zoard. | Que faut-il conclure de ces différentes descriptions , et de PÉUSIQUES autres qu’ on pourroit y ‘ajouter ? C’est qu'on trouve des | bézoards dans diversés espèces, de chèvres ou de gazelles, dont aucune n’est bien con- nue : ainsi cé n’ést pas sans raison que jai _dit que l'animal que je vais décrire a été inconuu jusqu'à présent, qu'il:étoit peut-— ètre different du pasan de Kæmpfer. On en trouve cépendant une figure.passable , quoi- que fautive à bien des égards , dans les Deliciæ Naturæ selectæ de Kunorr,: mais cet autéur s’est sûrement trompé en le prenant pour la chèvre bleue de Kolbe,; il n’en a ni les cornes , ni la couleur, ni les sabots. C'est encore à M. le docteur Klockner qu’on doit la connoissance de ce bel animal; il a eu occasion d’en acheter une peau bien complète, qu'il a préparée avec sa dextérité ‘ É Er TRES 2e DES GAZELLES. 157 ordinaire. On lui a dit qu’elle avoit été en- voyée du cap de Bonne-Espérance, et je n’en doute pas ; puisque les différentes cornes que nous avoñs ici nous viennent de cet endroit: et de plus, c’est vraisemblablement le même animal qui a été tué par M. le capitaine Gordon , dont j'ai eu plus d’une fois occa- sion de citer le témoignageACet officier étant _à une assez srande distance du Cap, vit sortir d’un petit bois une très-belle chèvre qui avoit des cornes fort longues et droites , et dont la tète étoit singulièrement bigarrée de couleurs tranchantes ; il tira dessus à balle, | et le coup l'ayant fait tomber , il accouroit pour l’examinéer de près : mais l'Hottentot qui l’accompagnoit Ile retint , en Ini disant que ces animaux étoient très-dangereux ; qu'il arrivoit souvent que n'étant que blessés ou tombés de peur, ils se relevoient tout d’un coup, et se jetant sur ceux qui les ap- prochoient, ils les perçoient de leurs cornes qui sont très-pointues. Pour n’en avoir rien à craindre , il lui tira un second coup, qui le convainquit qu’elle étoit bien morte. Comme :M. Gordon, est retourné au Cap, d'où nous avons bien des choses curieuses 14 158 HISTOIRE NATURELLE open à attendre de lui, je ne puis pas lui montrer. la figure de notre pasan, pour être assuré _ que c’est le même animal qu'il a. vu: La des- criplion que j'en vais donner est tirée de ce que M. Klockner m'en a écrit : ainsi l'on peut compter. sur son exactitude, | La taille de cet animal est un peu plus petite que celleggu condoma : la forme de sa tête ne ressemble point à celle du cerf ni à celle du bouc ; elle approche plus de celle du nanguer de M. de Buffon *, Mais le sin- gulier mélange des couleurs dont elle est ornée , la rend fort remarquable: le fond en est d’un beau blanc; entre les déux cornes il y à une tache noire qui descend environ deux . pouces sur le front, et qui s'étendant de côté et d'autre jusqu’à la moitié des cornes , y paroitroit quarrée sans une petite pointe qui s’avance du côte du nez ; une autre grande tache , aussi noire, couvre presque tout l'os du nez, et, des deux côtés, elle se joint avec deux bandes de mêémecouleur , que, prenant leur origine à la racine des Cories , traversent les yeux et descendent jusqu'au-dessous de # Tome V, planche XXIV. POUDES GAZELLES : «59 Ja mâchoire inférieure, où elles deviennent brunes. De pareilles bandes noires , qui passent par les A0gE , sont rares dans les quadrupèdes : il n’y a que le blaireau et le coati qui nous en fournissent des exemples. L'extrémité du museau est d’un blanc de neige. L'on comprend que ce bizarre assem- blage de couleurs offre un coup d'œil très- frappant ; s’il se trouvoit sur la gazelle du bezoard , ceux qui en ont parlé n’auroient pas manque d’en faire mention : Kæmpfer lauroit-il insinué en disant que pour juger si ces animaux renferment des bézoards, on observe leurs sourcils et les traits de leur front ? s'ils sont bien noirs, c’est une bonne marque. Le poil court qui couvre les côtés » les cuisses et la croupe de cet animal, n'est guère moins remarquable par sa couleur ; il est d’un gris cendre tirant sur le bleu, avec une légère teinte d’un rouge de fleur de pommier : sa queue est brune presque jusqu’à son extrémité qui est noire; cette couleur brune s’étend sur le dos , où elle forme une bande assez large , prolongée jusqu'aux épaules ; là les poils sont plus longs et se 160 HISTOIRE NATURELLE dirigent en tout sens , en figure étoile, | et continuent de couvrir le dessus du cou; ils devienneut plus courts en s’approchant de la tête, sur laquelle ils disparoissent ; ils sont tournés en avant , et ainsi ils forment une espèce de crinière. La partie inférieure des jambes de devant est blanche; mais ily a. une tache ovale de couleur de marron fon- cée , presque noire, qui commence au-dessus des sabots , et qui a cinq pouces de longueur sur un pouce de largeur. On voit unesem-. blable tache sur les pieds de derrière , mais plus mêlée de poils blancs ; elle s’étend tout le long de la face antérieure de la jambe, sur laquelle elle paroit comme une simple ligne , de couleur de plus en plus claire, jusqu à ce qu'elle se coufonde avec des poils d'un brun presque noir, qui couvrent le devant des cuisses et qui y paroissent comme une bande large de trois ou quatre doigts!: cette bande est continuée sur la partie infe- rieure du corps, qu’elle sépare du ventre; et. elles'étend jusqu'aux jambes de devant, dont elle environne le häut, et déscend même assez bas. | ff On voit encore anx deux côtés de la. 4 \ “ = Re | à pe DES GAZELLES. «6 eroupe une autre grande tache ovale, qui descend presque jusqu'à la jambe ; les poils qui la composent sont d’un brun clair tirant sur le jaune, etleur pointe est blanche. Sur le cou , il y a une bande brune qui s'étend jusqu'aux jambes antérieures , où l’on re- marque quelques restes de longs poils , dont il semble que la gorge a été garnie. Les oreilles ressemblent assez à celles du eondoma ; leur longueur est de sept pouces, et leur largeur de quatre pouces et demi ; elles sont bordées, au haut, d’une rangée de poils bruns. Les cornes sont bresque droites, à une légère courbure près qu’on a peine à xemarquer : elles sont noires, et leur lon- gueur est de deux pieds un pouce ; ce qui me faisoit croire qu'elles n’étoient pas encore _ parvenues à toute leur hauteur. Celles que J'ai placées au cabinet de notre académie, égalent deux pieds quatre pouces, et la cir- conférence de leur base est de six pouces. Ces cornes sont très-exactement représentées dans la figure qu’en a donnée M. de Buflon, et on ne peut rien ajouter à la description qu’en a faite M. Daubenton ; elles sont envi- ronnées d'anneaux obliques jusqu’à la moitié 14 \ AR F jan Ut La QE * ETES FLAT NE 162 HISTOIRR NATURELLE de leur longueur, et le resté en est a et terminé par une pointe fort aiguë. La corne des pieds offre une singularité qu'il ne faut pas omettre : la partie inférieure de chacun des sabots a la figure d’ un triangle isocèle fort alongé, au lieu que , dans les autres animaux à pieds fourchus, elle forme un triangle presque équilatéral ; cette confi- suration donne au pied du pasan une base plus étendue, et par-là même plus de fer meté. Au-dessus du talon il y a deux ergots noirs fort pointus, ét longs d’un pouce et demi. Le port de cet animal a quelque chose de fort gracieux ; et soit qu’on le range dans la classe des gazelles, à laquelle il paroît qu'il appartient , puisqu'il n’a point de barbe , soit qu’on le compte parmi les chè- vres, c’est sûrement une espèce très-dis- tinguée par sa couleur et par ses taches, aussi-bien que par ses cornes. Il a le cou moins long que la plupart des animaux de ce genre ; mais cela ne diminue en rien sa beaute. Il est très-vraisemblable , à en juger par la forme des cornes de ses pieds 4 qu'il ‘habite sur les montagnes , et cela dans des lieux assez éloignés du TE puisque jusqu à fie 6 DES GAZELLES. à dis: ï 63 présent il n’a été connu que des Hottentots. Voici une table de ses dimensions. pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, depuis le bout du museau jusqu’à Pori- Dane dé le queen. 4. ie Hauteur du train de devant... Hauteur du train de derrière... Longueur de la tête depuis le museau jusqu'aux COTNES. . » .. Longueur des oreilles. ........ Largeur du milieu des oreilles. . Longueur des cornes, prise en suivant leur courbure, qui est très-peu remarquable. DA A a Circonférence des cornes à leur . LE UEou A 3 LICE FO BE ARS ARE LR Distance entre leurs bases... Distance entre leurs pointes... Longueur de la queue.......... Longueur des plus longs poils de la UEUE. ss... Longueur des poils qui forment D enmomes Li. at. Lonsueur des sabots...,...... Hour tireonfrénée. 1... Épaisseur de la peau, tant de la poitrine que des côtés, ....e. an" an. » » 2 RON ee) 10 es Lo AA a _ 164 HIST OIRE NATURELLE. À DE LA GAZELLE RE | M. Pallas observe , avec grande raison , qu'il y a des animaux, $ur-tout dans le genre des chèvres sauvages et des gazelles pt 4 dont les noms donnés par les anciens de= meureront éternellement équivoques ; celui de cervi-capra que j'ai dit être le même ani- mal que le strepsiceros des Grecs ou l’adax des Fe ha , doit être applianérr suivant M. Pallas , à la gazelle que j'ai nommée CRE “3 dit, eh c'est la vérité, qu'Al- figure des cornes; et nous avons donné uon seulement les cornes, mais lesqueletteentier de cet animal. Je pensois alors qu’il étoit l'un des cinq que MM. de l'académie des sciences avoient disséqués sous le nom de gazelle; mais M. Pallas me fournit de bonnés rai- sons d’en douter: J'avois cru de même que Ja corne dessinée * pouvoit appartenir à tiné * Tome XII in-4° de l’éditivn avec Ja prhe anatomique. ! Puguet S \ 7 di FA IF: üguet Ÿ. C2 À r ® E. ï FO 4431 + L “AM »] J € , AGE. LG nnrigeis pret 7 #> (NI: DESIGAZELLES: : : 165 espèce différente de notre antilope ; mais M. Pallas .s'est assuré qu’elle appartient à _ cétte espèce, et que la seule différence qu’il y ait, C'est! que la corne représentée appar- tient à l’animal adulte, tandis que les autres plus petites sont du même animal jeune. J'ai dit que l'espèce de l’antilope parois soit avoir des races différentes entre elles *, et j'ai insinué qu'elle se trouvoit non seule- ment en Asie, mais en Afrique, ét sur-toué en Barbarie, où elle porte le nom de Zidmée.. M. Pallas dit la mème chose, et il ajoute à plusieurs faits historiques une bonne des- cription de cet animal , dont nous croyons devoir donner ici l'extrait. j Gt « J'ai eu occasion, dit-il , d'examiner et de bien décrire ces animaux qui vivent depuis dix ans dans la ménagérie de Mer le prince d'Ofange, lesquels , quoiqu’amenés de Beu— gale en 1755 ou 1756, non seulement ont vécu , mais ont multiplié dans le climat de la Hollande ; on les garde avec les axis ‘ou daims mouchetés ; ils vivent en paix et y élèvent également leurs petits. * Tome V, page 223. Le premier mâle étoit énvidhll lors de son arrivée, et la femelle étoit adulte. Ce mâle est mort en 1766 : mais la femelle étoit encore vivante alors; et quoiqu’elle fût âgée Fr de plus de’ dix ans, elle avoit mis bas l’année . précédente 1765. Le mâle, qui étoit très-sau- vage, ne s’est jamais apprivoisé. La femelle, au contraire, est ‘très-familière : on la fait aisément approcher et suivre en lui présen-. tant du pain; elle se lève comme les axis sur les pieds de derrière , pour y atteindre lorsqu'on le lui présente trop haut : cepen- dant elle se fiche aisément dès qu’on la tour- mente, elle donne même des coups de tête comme un belier; on voit alors sa peau et son poil frémir. Les jeunes, à l'exemple du père, sont sauvages, et fuient lorsqu'on veut les-approcher : ils vont en troupes, mar chant d’abord assez doucement, ensuite par petits sauts; et quand ils précipitent leur fuite, ils bondissent et font des sauts qu'on ne peut comparer qu'à ceux du cerf ou du chamois. Je n’ai jamais entendu leurs voix; cependant les gardes de la ménagerie dé- posent que, dans'le temps du rut, les mâles ont une espèce de hennissement. On les \ D." L | “= 4 44 . DES GAZELLES. 167 nourrit comme les autres animaux rumi-— nans, et ils supportent assez bien nos h1i- vers : ils aiment la propreté, car la troupe entière choisit un terrain pour aller faire ses ordures. Le temps de la chaleur des femelles n’est pas fixe ; elles sont quelque- fois pleines deux mois après avoir mis bas: les mâles en usent en toutes saisons, ils ne . s’en abstiennent que quand elles sont pleines. L’accouplement ne dure que très-peu de temps. La femelle porte près de neuf mois, ne produit qu’un petit qu’elle allaite sans se refuser à en allaiter d’autres. Les petits restent couché$ pendant huit jours après leur naissance, après quoi ils accompagnent la troupe. Les jeunes femelles suivent les mères lorsqu'elles se séparent de la troupe. Ces animaux croissent pendant trois ans, et ce n’est guère qu’à cet âge que les inâles sont en état d’engendrer : les femelles sont mûres de meilleure heure, et peuvent pro- duire à deux ans d'âge. Dans les six pre- mières années, il y a peu de différence entre les mâles et les femelles ; mais ensuite les femelles se distinguent aisément par une bande blanche sur les flancs près du dos, 468. HISTOIRE NATORGLE par un caractère envore moins. équivoque, A c'est qu'il ne leur vient jamais de: COrNnES sur la tête, tandis: que dans le mâle'on peut appercevoir les rudimens des cornes dè& l’âge de sept mois , ‘et cés cornes forment deux tonrs de vis, avec dix joù douze rides à lâse de trois ans : c’est alors aussi que les bandes blanches du dos ‘et dela tête commencent à s'évanouir ; la couleur des ‘épaules et du dos noircit, let le dessus du cou devient jaune: ces mêmes couleurs prennent une teinté plus foncéé à mesure que l'animal avance en àge.... Les cornes croissent bien lentement... Ces‘animaux, sur-tout après leur mort; ont une légère odeur qui n’est pas désagréable ,.et qui est pareille à cellé que les cerfs :et les daims exhalent aussi après leur mort: :.. Au reste, cet animal approche de l’espèce que M: de Buffon a appelée la gazelle, par la couleur | noire des côtés dn cou et du corps, par les touffes de poil au-dessous des genoux dañs les jambes de devant ; elle approche du izeiran et de Ja primme de M: de Buffon, “parce qué les femelles n’ont de cornes dans aucune de ces trois espèces : mais elle diffère nt IUDES GAZLLLES. 3169 en général de toutes les autres gazelles en ce qu'il n'y a aucune espèce où le mâle et la: femelle devenus adultes soiént de cou- leurs aussi différentes que dans celle-ci. » M. Pallas donneen même temps les figures du mâle et de ‘là femelle en deux planches séparées qui m ont paru trés-bonnes ; je lés ai fait copier et graver ici. Voigi-en quelques remarques de M. Pal s parties extérieures de cet animal. « IL est à peu près dela même figure de notre daim d'Europe;-cepeñndant il en diffère par la forme de la tête: et il lui cède en grandeur. Les narines sont ouvertes; Îk cloison qui les sépare est: épaisse, nue et mnoire,... Les poils du menton sont blancs, _ et le tour de la bouche brun; la lanoue est plane et arrondie : les dents de devant sont ‘au nombre de huit ; : celles du milieu sont fort larges et bien tranchantes , et celles des côtés plus aiguës... Les yeux sônt envi- ronnés d’une aire blanche, et l’iris est d’un brun jaunâtre ; il y a une raie blanche au-devant des yeux, au commencement de 15 CA 4 # S 19 SAP es PAP PR Vs À kr 12) OR EMEA" CL ê ÿ 4 ) ." w , do: PE ten Hit 79 HISTOIRE NATURELLE laquelle se trouvent les narines. Les crées. sont assez grandes, nues en dedans, bordées de poils blancs, et couvertes en dehors d’un poil de la mème couleur que celui de la. tête.... Les jambes sont longues et menues, mais celles de derrière sont un peu plus hautes que celles de devant : les sabots sont noirs, pointus, et assez serrés l’un contre l'autre. La queue est plate et nue par-des- sous Verfison origine. La verge du mäle est appliquée Jongitudinalément sous le ventre: le scroturn est si serré entre les cuisses, que l’un des testicules est devant et l’autre der rière. Le poil est très-fort et très-roide au— dessus du cou et au commencement du dos; il est blanc comme neige sur le ventre et. au-dedans des cuisses et des jambes, ainsi qu'au bout de la queue. » 4 IF guet S LE REG a RAIN NREEEERSS | ACL ii } 4 PE 1 se HAN E DES 'GAZELLES. . 11 Fr L . DE LA GAZELLE TZEIRAN. LA M. pallas remarque, avec raison, que MM. Houttuyn et Linnæus ont eu-tort de nommer cervi-capra cette gazelle, d'autant plus qu’ils citent en même temps les figures du cervi-capra de Dodard et de Jonston, qui sont très-différentes de celle de notre tzeiran : mais M. Pallas auroit dû adopter le nom 1zeiran que celte gazelle porte dans son pays * natal, et l’on ne voit pas pourquoi il a pré- féré de lui donner celui de pygargus. Il à juge par la grandeur des peaux que cet ani- mal est plus grand que le daim : la descrip- tion qu'il en donne ajoute peu de chose à ce que nous en avons dit, et la signification du mot pygargus ne peut pas distinguer cette gazelle du chevreuil, ni même de quelques autres gazelles qui ont une grande tache blanche au-dessus de la queue. MM. Forster père et fils m'ont donné sur cet animal les notices suivantes. Ed 172 HISTOIRE NATUI RATS (NE VAR RE RAR ANTENNES : | FU « Jusqu'ici on ignore, disent-i des tzeirans en Afrique, et il paroît qu als affectent le:milieu de l'Asie. On les trouve en Turquie, en Perse , en Sibérie, dans le 3 voisinage du lac Baïkal, en Daourie et à la Chine. M. Pallas décrit une chasse à l'arc avec des fièches très-lourdes, qu'un grand nombre de chasseurs décochent à la fois sur ces animaux qui vont en troupes. Quoiqu’ils passent l’eau à la nage de leur propre mou- vement, et pour aller chercher leur pâture au-delà d’une rivière, cependant ils ne s’y jettent pas lorsqu'ils sont poursuivis et pres= - sés par Les chiens et par les hommes ; ils ne \ s’enfuient pas même dans les forêts voi- sines, et préférent d'attendre leurs ennemis. Les femelles entrent en chaleur à la fin de automne, et mettent bas au mois de juin. Les mâles ont sous le ventre, aux environs du prépuce, un sac ovale qui est assez grand, et dans lequel est un orifice particulier : ces: sacs ressemblent à la poche du musc; mais ils sont vides, et ce ne peut être que dans la saison des amours qu’il s’y produit quel- que matière par sécrétion. Ce sont aussi les. mâles qui ont des proéminences au larynx; D MATE OMAN NE DES GÂZELLES. 7478 rares grossissent à mesure que les cornes prennent de l'accroissement. On prend quel- quefois des faons de izeiran, qui s’appri- voisent tellement qu'on les laisse aller se repaitre aux champs, et qu'ils reviennent régulièrement le soir à l’étable. Lorsqu'ils sont apprivoisés, 1ls prennent en affection leur maitre. Ils vont en troupes dans leur état de liberté, et quelquefois ces troupes de izeirans sauvages se mêlent avec les trou- peaux de bœufs et de veaux ou d’autres animaux domestiques ; mais ils prennent la fuite à la vue de l’homme. Ils sont de Ja grandeur et de la couleur du chevreuil ei plus roux que fauves. Les cornes sont noires, un peu comprimées en bas, ridées d'anneaux et courbées en arrière de la lon- gueur d'un pied. La femelle ne porte point de cornes. » & \ ] Je vais ajouter à ces notices de MM. Forster la description et la figure du tzeiran que M. le professeur Allamand à publiées dans l'édition faite en Hollande de mes ouvrages sur l’histoire naturelle. 15 po DE RE UN NN CR ME SR RS 174 HISTOIRE NATUR «On a vu, dit ce savant natura l'article où j'ai parlé du pasan, que je dou tois fort que l'animal auquel j'ai donné ce. nom, fût celni qu’on appelle ainsi dans l'Orient ; cependantyje lui ai conservé ce nom, parce que c'est vraisemblablement le mêine que le pasan de M. de Buffon. Une sem- blable raison m'engage à nommer /zeiran V animal qui est représenté (planche LXIIE*.) Par ta heureux hasard, mais qui ne se présente qu’à ceux qui méritent d’en être favorises , M. le docteur Klockner en a dé- couvert la depouille dans la boutique d’un marchand. Ses cornes sont les mêmes que celle que M. de Buffon a trouvée dans le Cabinet du roi, et qu'il a jugé appartenir à une gazelle que les Turcs appellent /zeiran, et les Persans au. Il en a porté ce jugement à cause de sa ressemblance avec les cornes que Kæmpfer a donnees à son tzeiran dans la figure qu'il en a fait graver; mais cette figure est si mauvaise, qu'on ne peut guère se former une idée de J’animal qu’elle doit représenter, et d’ailleurs , .comme M. de * Tome IV du supplément, édition de Hollande. Î 7 1 DES GAZELLES. vs Buffon l’a remarqué, elle ne s'accorde point avec la description que Kæmpfer en a don- uée, et même dans la planche on trouve le nom d’aéz sous la figure de l’animal qui dans le texte porte le nom de pasan, et celui de pasaz sous la figure du /zeirar. Si le tzeiran de cet auteur est, comme M. de _ Buffon paroït le supposer, le même animal que M. Gmelin a décrit dans ses 7’oyages'en Sibérie, et qu’il a appelé dskeren, et dont il a donné la figure dans les Nouveaux Actes de l’académie de Saint-Pétersbourg; sous le nom de caprea carnpestris gutturosa, 11 est _ encore plus douteux que la corne trouvée dans le Cabinet du roi lui appartienne; car elle ne ressemble aucunement à celle que porte Le dskeren de M. Gmelin, si au moins on peut compter sur la figure qu’il en a pu- - bliée, et qui le représente avec de courtes cornes de gazelle, tandis que, dans le texte, il est dit qu'elles sont semblables à celles du bouquetin. | M. Pallas nomme le {zeiran antilope py- gargus , et il lui donne des cornes pareilles à celles que M. de Buffon lui suppose, puis- qu'il renvoie à la figure qu'il en a publiée; :76 HISTOIRE NATUREL 1 et cependant, dans la description qu'il en en faite , il dit que ses cornes sont recourbées em forme de lyre, et plus petites à proportion que celles de la gazelle : or il n’y à qu’à jeter les yeux sur la figure qu’il cite, pour se con- vaincre qu’elle représente une ‘corne très- différente de celles qu'il déerit. | Je ne déciderai point si l'animal dont je A parler est le véritable tzeiran de Kæmpfer ou non: pour lui en conserver le nom , il me sufñt qu'il ait des cornes semblables à celles que M. de Buffon lui attribue ; l’on n'en doutera pas, si l’on compare-la corne, quoique tronquée, qui est représentée, avec celles que porte notre tzeiran; elles sont an- nelées de même, et quelques uns de leurs anneaux se partagent en forme de fourche; leur courbure est aussi semblable, et leur grosseur ne paroît pas différer , non plus que. leur longueur , comme on le verra en com- parant les dimensions que nous en donné- rons , avec celles que M. Daubenton en à rapportées. Je n’oserai pas en dire autant de la corne qui est gravée dans Aldrovande,, liv. [, de bisulcis, page 757. Les anneaux de celle-ci me semblent être différens , aussi ns. LS, 24 PAL DES GAZELLES. 47e _. bien que sa longueur, sa grosseur et sa cour- bure: cependant ce n’est pas sans raison que M. de Buffon croit que c’est la même que celle qu’il donne au tzeiran. Cet animal est rangé par Kæmpfer parmi ceux qui portent des bézoards , et Aldrovande a fait repre- senter cette corne dans le chapitre où il est question de ces animaux. | J'ai déja remarqué que c’est à M. le docteur Kiockner que l’on doit la découverte de notre izeiran ; et c’est à lui aussi que l’on est rede- _ vable de la description que j’en vais faire. IL en a préparé la peau avec beaucoup de soin, _et elle est actuellement un des principaux ornemens du riche cabinet d'histoire natu- relle que feu M. J. C. Sylvius van Lennep, conseiller et échevin de la ville de Harlem , a laissé par testament à la société hollan- doise des sciences, établie dans ladite ville. Celui de qui il acheta cette peau, ne put lui dire de quel endroit elle avoit été envoyée ; mais la manière dont elle étoit empaquetée, et quelques autres circonstances , lui firent juger qu’elle venoit du Cap. | Cet animal a la grandeur et la figure d’un cerf; mais son front avance plus en devant: be 178 HISTOIRE NATURELLE - sa couleur est à gris “blanchâtre : mr. Pat se trouvent quelques poils ; tirant sur le noir ; sous le ventre, il est Lo aFait blanc; la tête est d’un gris plus sombre, et au-devant des yeux il y a une large tache d’un blanc pâle qui descend , en devenant moins large } presque jusqu'au coin de- la bouche. Ses cornes forment un arc de cercle , mais dont la courbure est plus forte que celle de la corne qui est représentée dans la figure 6 du tome XII; elles sont noires et creuses ; elles sont environnées d’anneaux circulaires jus- qu'aux trois quarts de leur longueur , et ces anneaux sont plus éminens du côté intérieur que du côté opposé; le reste de ces cornes est fort lisse, et se termine en une pointe très— aigue. c Les oreilles sont: pointues et d’une lon- gueur remarquable à proportion de la tête. Le cou ressemble à celui d’un cerf; mais il est un peu plus mince. Les poils qui le couvrent, tant en dessus qu’er dessous, sont singulièrement arrangés : sur une moitié ils sout dirigés vers en bas, et sur l’ autre moitié ils sont tournés vers en haut. Un pareil ar- rangement a lieu sur le dos : sur la parte CRE | ANS D'ART E LINE) AE DES GAZE ILLES. 179 antérieure les poils sont dirigés vers la têtes et sur la partie postérieure jusqu’à la queue, | ils sont placés en sens contraire, et ils sont d’une couleur plus sombre: de côté et d'autre du cou'on voit des places de la grandeur d’un écu , où les poils sont disposés en rond, et semblent partir d’un centre, comine autant de rayons dirigés un peu obliquement vers la circonférence d’un cercle. La queue est plus longue que dans la Hu part des animaux de ce genre, et elle est ter- minée par une touffe de poils. _ Les jambes ressemblent à celles d’un cerf, mais elles n’ont point de brosses de poils sur ‘le genou; celles de devant sont tant soit peu plus courtes que celles de derriére ; au lieu d’ergots au-dessus des talons, il y a une sim- ple éminence ou bouton. | _ En général, cet animal se rapproche plus de la race des boucs que de toute autre es— _ pèce : si c’est le tzeiran de Kæmpfer, sa fem _melle n’a point de cornes , ou n’en a que de très-petites. On se formera des idées plus justes de sa grandeur par les dimensions que M. Klockner en a prises. » ACTA Lbé. HISTOIRE NAT URELLE. pieds. pouces. lignes. Longueur du corps mesurée le long du des, depuis le bout du museau jusqu’à la queue. . Hauteur du train ‘de devant... Hauteur du train de derrière. … Longueur de la tête, depuis de commencement du nez jus- QU'AUX CODES, à see ee ape Longueur de la tête jusqu'aux . oreilles. Sos ete due 0 Longueur des oreillese. set Longueur des cornes prise en sui- vant léur courbure.......... Contour des cornes près de la VAN rt Pa rs ER Circonférence du corps derrière les jambes de devant. ....... Circonférence du milieu du corps Circonférencé devant les jambes de demmrièeé sul, d.9 4 4e Hauteur des jambes de devant, depuis la plante du “pied jus qu'àla poiuaihe.s..::cal a. Hauteur des jambes de derrière. . | Cd Lovgueur de la QUEUE : passes Le Longueur de la touffe de poils qui est au bout de la queue. , © 2 » 36. h L Ë © & © / À mp ; à: Langue S u NEA à. RL QE ren Nath at PL 2 DE LA GRIMM.E: À 5x faits historiques que nous avous pu recueillir sur cet animal, nous n'avons joint que la figure de deux têtes, l’une décharnée, et l’autre couverte d’une partie de la peau *. MM. Vosmaër et Pallas ont donné depuis des descriptions de ce joli animal , avec une bonne figure que noûs avons fait copier , et que nous donnons ici (planche XVII). Nous femarquerons que les têtes de la grimme qui sont au Cabinet du roi,ont lescornes un peu courbes en avant à leurs extrémités, au lieu qüe les cornes de la grimme de MM. Vosmaër et Pallas sont au contraire un peu courbes en arrière dans leur longueur. Les oreilles de là grimme qui est au Cabinet du roi, sont - rondes à letirs extrémités, au lieu que, dans la figure donnée par MM. Pallas et Vosmaër , ées inêmes oreilles finissent en pointe. Seroit- * Tome XXV, planche XL ; figures À et 3 page 124, édition en trente-üun volumes. Quadrupides, Xe x6 ‘ 182 HISTOIRE NATURELLE — ce variété de nature, ou incorrection de des- sin? La grimme de MM. Vosmaër et Pallasta. le bout du nez noir, et une bande noire qui s'étend depuis le-nez de long du chanfrein, et finit au bouquet ou à l’épi de poils qui est placé. sur le haut du front. La tête qui est au Cabinet du roi, n’a point cette bande noire sur le chanfrein. Ces lesères différences n’ eme pêchent pas que ce ne soit le même animal ; et nous allons donner ici un extrait de la description qu’en fait M. Vosmaër. | Il appelle cet animal petit bouc damoiseau de Guinée, apparemment à cause de sa gen tillesse et de l'élégance de sa figure; mais le mom ne fait rien à la chose, et nous lui con- serverons celui de chèvre de Grimm, parce qu’il est connu sous ce nom de tous les na turahstes. « L'animal étoit mâle, dit M. Vosmaër; 1] est des plus jolis et des plus mignons qu’on puisse voir : il fut envoyé de Guinée en Hol- . lande avec treizeautres de même espèce et des deux sexes, dont douze moururent pendant le voyage, et de ce nombre furent toutes les femelles ; en sorte qu’il ne resta que deux | n..' ke ) DE LA GRIMME 183 mâles vivans , que lon mit dans fa ména- gerié de M. le prince d'Orange, où l'un des deux mourut bientôt , péndant l'hiver 1764. Suivatit nos informations , Jés femelles de cette espèce né portent point de cornes. Ces añimäux sont d’un naturel fort timide: le bruit }étsur-tout le tonnerre, les effraie beau- coup. Lorsqu'ils sont surpris, ils marquent leur éponvante én soufflant du néz subite- ment et avec force. Celui qüi'ést encore vivant ‘dans la mé- nagerie da'M: le prince d' Orange (en 1766), toit d’abord sauvage : Mais il est devenu , à avec le temps, assez privé; il écoute quand on l'appéile par son nom felje, et en lap- prochañt doucènrent avéé ün morceau de pain, M se laissé volontièrs gratter la tête etle coù! Ilaïmela propreté, au point de ne jamais souffrir aucune petite siduré NE tout son. corps , se grattant soûvent'à cet effet de l’un de sés pieds de derrière ; êt c’est, ce qui lui a fait doufer ici lé nom dè ere , dérivé de leitig";C éstacdiré, 264 OU PrOPTÉ : ‘cependant, sion le ‘frotte un peu long - téinps sur le corps, il s'attache aux doigts une HRRÈRUE blanche , comme celle des chevaux qu'on étrille. AA cu: 364 HISTOIRE. NATURELLE Cet animal est d'une extrême xls ; et lorsqu'il est en repos, il tient souventun de ses pieds de devant élevé et recourbé , ce qui lui doune un airtrès-agréable. Ou le nourrit avec du pain de seigle et des carottes,; til mange volontiers aussi des pommes de terre; il est rauminant , et il rend ses excremens en petites pelotes, dont le volume est fort con- sidérable , relativement à sa taille. ...» Le docteur, Herman Grimm a dit que l'humeur jaunatre, grasse et visqueuse; qui _suinte sur les cavités pu enfoncemens que porte cet animal au-dessous des yeux, a une odeur qui participe du castoréeum et du musc. M. Vosmaër observe que , dans le sujet vi- vant qu’il décrit , il n’a pu découvrir la moindre odeur dans cette matière yisqueuse; et il remarque avec raison que la figure donnée par Grimm est défectueuse à tous égards , représentant sur le devant de la tête une touffe de poils qui n’y est pas, et son sujet, qui étoit femelle, n'ayant point de cornes ; « au lieu que le nôtre, dit M..Vos- maër, qui est mâle, en a d’assez grandes à proportion de sa taille; et au lieu de celte DE LA GRIMME. 183 haute et droite touffe de poils , il a seulement entre les cornes un petit bouquet de poils qui s’élève un peu en pointe. Il est à très-peu près de la grandeur d’un chevreau de deux mois » (quoiqu âge probablement de trois ou quatre ans : je crois devoir faire cette obser-- vation , parce qu'il avoit été envoyé avant l'hiver 1764, et que M. Vosmaër a publié sa description en 1767). «Il a les jambes fines et très- bien assorties à son corps ; la tête ‘belle et ressemblant assez à celle d’un che- vreuil ; l'œil vif et plein de feu; le nez noir et sans poil, mais toujours humide ; les na- _rines en forme de croissant alongé ; les bords du museau noirs. La lèvre supérieure, sans être fendue , paroît divisée en deux lobes. Le menton a peu de poils; mais plus haut il y a, de chaque côté, une espèce de petite mous- tache , et sous le gosier un poireau garni de poil » (ce qui rapproche encore cet animal du genre des chèvres, dont la plupart ont de même sous le cou des espèces de poireaux garuis de poils). « La langue est plutôt ronde qu’oblongue qu pointue, ...... Les cornes sont noires, 16 v 1 ue 1 5:86 HISTOIRE NATURELLE finement sillonnées du haut et bas / et lon- .gues d'environ trois poutés , droites sans la moindre courbure, et sé terminant par le haut en une pointe asséz aiguë. À leur base, elles ont à peu près l'épaisseur de trois quarts de pouce; elles sont ornées de trois anneaux qui s'élèvent un peu en afrière vers le corps. Les poils du front sont ün peu plus droits que les autres, rudes, gris et hérissés à l’ori- gine des cornes, entre lésquélles lé poil dé la. tête se redresse encore davantage , et y foïme une espèce de toupét pointu et noir, dont descend au milieu du front une raie de même couleur qui vient se perdre dans le nez. Les oreilles sont grandes , et ont en dehors trois cavités ou fosséties , qui $e dirigent du haut en bâs. Aù sommet, du côté intérieur , elles sont garnies d’un poil ras et blanchâtre ; du resté, nues et hoirâtres. Les yeux sont assez grands et d’ün brun foncé. Le poil des paupières est noir, serré et long aux pau- pières supérieures. Au - dessus des yeux se voient encore quelques poils longuets , mais clair-semés ou plus dispersés. | Des deux côtés , entre les yeux et le nez, se montre cette propriété remarquable et \ FADELA GRIMME. * it singulièré , ‘qûi fit d'abord’ teconnoitre cet animal, ‘ét dont'hôus avons déja parlé. Cette partie est moins élévée, nue et noire. Dans son milieu parôit üne cavité ou fossette, qui est comme calleusé et toujours humide ; j il en découle, mais én petite quantité, une hüméur visqueusé , gluante et gommieuse , qui , avec lé temps, se durcit et devient noire. L'animal <émble se ‘débarrasser de temps à autre dé cètte thatière exérémen- tiellé ; dr on la trouve durcie et nôire aux bâtons de sa loge, comme si elle y ävoit été essuyée. Quant à l'odeur dont PA ARAÉAEUER et ses copistes , € D ai pu la découvrir. Le cou, qui est médiocrement lons ,: RE couvert au bas d’un poil a88€Z, ans gris jaunâtre, tel que celui de la lèle , mais des au gosier et à la partie supérieure du cou en dessous. | Le poil du corps est noir et roide, quoique doux au toucher. Celui des parties antérieures est d'un beau gris clair ; plus enarrière, d’un brun trés-clair; vers le ventre, on et plus bas tout-à-fait blanc. Les jambes sont très- minces , noiratres äu bas près des sabots. Les pieds de devan 388 HISTOIRE NATURELLE. sont, par- devant jusqu’auprès des genoux, ornés d une raie noire : ils n ’ont point. d’er- gots ou d’ éperons ongulés; mais à leur place on voit une légère excroissance., Ces..pieds sont fourchus , et pourvus de beaux sabots noirs, pointus et lisses. La queue est fort courte, blanche, et en dessus marquée d'une bande noire. À l'égard des parties naturelles, elles sont fortes, et consistent en un gros scro/ym noir, pendant entre les jambes , accompagné. d’un sample prépuee, » M: Allamanda donné la même figure de la grimmé dans ses additions à mon ouvrage ; mais il n'ajoute rien à ce qu’en ont dit MM. Pallas et Vosmaer. DE LA GRIMME, 189 | ê . ADDITION A L'ARTICLE DE LA GRIMME,- Jr dois ajouter à ce que j'ai dit de cet ani- mal *, quelques remarques de M M. Forster. « Le docteur Grimm est le premier, disent: ils , qui ait décrit cet animal au cap de Bonne- Espérance; mais comme il n’en a vu que la femelle , Linnæus a cru qu’elle appartenoit au chevrotain à musc. M. de Buffon a été le | premier qui ait rangé la grimme avec les ga- zelles; et après lui M. Pallas ayant examiné un mâle de cette espèce à la ménagerie du prince d'Orange, en a donné une belle et très- exacte description. M. Vosmaër, directeur de cette ménagerie , se plaignit amèrement que M. Pallas eût donné le premier une con- noissance exacte de cet animal au public ; * Tome V, page 265, # «0 Se 0 NVRIMUEMARNTENER RE 190 HISTOIRE NATURELLE cependant il n’étoit pas capable de corriger la description du savant Pallas, qui est un excellent zoologue. Étant au cap de Bonne- Espérance, je fis l'acquisition d’une corne qu'on me donnoit pour celle d’une céèvre plongeante (duykerbok}); et j'appris qu'on l’appeloit chèvre plongeante, parce qu’ellese tenoit toujours parmi les broussailles, et que, dès qu'elle appercevoit un homme , elle s’éle- voit par un saut pour découvrir sa position et ses mouvemens, après quoi elle replongeoit dans les broussailles , s’enfuyoit, et de temps en temps reparoissoit pour reconnoîtresi ellé étoit poursuivie. M. Pallas avoit connois- sance de cêtte chèvre plongeante, parce qu’il l’avoit trouvée dans Kolbe ;: mais 1l ne sa- voit pas que c’étoit le mênie animal que la grimme : il l'appelle en latin capra nictitans. Je fus encore informé que , dans cette espèce, la femelle n’a point de cornes, mais qu’elle porte, comme le mâle, un pétit toupet dé poil sur le front. Les cornes n’ont qué quatre pouces de longueur ; elles sont droites, noires , ridées d'environ quatre ou cinq an- neaux peu distincts : elles m'ont paru un peu comprimées , avec une strie sans rides POSER CRUE UT : 14 - DE LA GRIMME. 197 sur la face postérieure ; le reste jusqu’à la pointe en est lisse. On m'a aussi assuré que cette grimme n'excédoit jamais la grandeur d’un faon de daim. » a DE LA GAGERN OR L à DR CHÈVRE SAUTANTE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. N ous donnons ici la figure de cet animal d’après un dessin qui m’a été communiqué par M. Forster, et qu'il a fait d’après nature vivante. Îl me paroît qu’on doit le rapporter au geure des gazelles plutôt qu'à celui des chèvres , quoiqu'on lait appelé chèvre sau- tante. L'espèce de ces gazelles est si nom- breuse dans les terres du Cap, où M. Forster ies a vues, qu’elles arrivent quelquefois par milliers , sur-tout dans de certains temps de l’année , où elles passent d’une contrée à l’autre. Il m’a assuré qu'ayant vu , pendant son séjour en Afrique, un grand nombre de gazelles de plusieurs espèces, il a reconnu que la forme et la direction des cornes n’est pas un caractère bien constant, et que, dans D | DL 10»! LA GAZELLE . ou CHEVRE SAUTANTE DU CAP ; JParquers + HISTOIRE NATURELLE. 192 la même espèce ; on trouve des individus dont les cornes sont de différente grandeur et contournées différemment. Au reste, il paroît que , dans les terres du cap de Bonne-Espérance, il se trouve - deux espèces de ces gazelles ou chèvres sau- tantes;, car on m’a donné un dessin que j'ai fait graver , dont l'animal porte le nom de #lippspringer (sauteur de rochers), et dont nous parlerons dans l’article suivant. En comparant sa figure avec celle de la chèvre sautante , on voit que ce sauteur de rochers a les cornes plus droites et moins longues, la queue beaucoup plus courte, le pelage plus gris, plus uniforme que la chèvre sau- tante: ces différences me paroissent plus que. suffisantes pour en faire deux espèces dis- tinctes. | | | Voici les observations que M. Forster a faites sur la première espèce de ces chéè- vres sautantes , qui jusqu'ici n’étoit pas bien connue. à - « Les Hollandois du cap de Bonne-Es- pérance appellent , dit-il, ces animaux springbok (chèvres sautantes). Elles habitent 17 3194 HISTOIRE NATURELLE. | les terres intérieures de l'Afrique , et n’ap= prochent les colonies du Cap que lorsque la grande sécheresse, ou Le manque d’eau et … d’herbage, les force de changer de lieu; mais . c’est alors qu'on en voit des troupes, depuis dix mille jusqu'à cinquante mille , quoi- qu’elles soient toujours accompagnées ou suivies par les lions, les onces, les léopards, et les hyènes qu'on appelle au Cap cziens sauvages , qui en dévorent une grande quan- tité. L’avant-garde de la troupe , en s’ap- prochant des habitations , a de l’embon- point ; le corps d'armée est en moins bonne chair , et l’arrière-garde est fort maigre et mourant de faim , mangeant jusqu'aux ra- cines des plantes dans ces terrains pierreux : mais en s’en retournant, l'arrière-garde de= vient à son tour plus grasse , parce qu’elle part la première ; et l'avant-garde, qui alors se trouve la dernière , devient plus maigre. Au reste , ces chèvres ne sont point peureuses lorsqu'elles sont ainsi rassemblées , et ce n’est même qu'à coups de fouet ou de bâton qu'un homme peut passer à travers leur troupe. En les prenant jeunes, elles s’appri- voisent aisément ; on peut les nourrir de DES GAZELLES. 195 lait , de pain , de blé, de feuilles de choux, etc. Les mâles sont assez pétulans et mé- chans même en domeésticité , et ils donnent des coups de cornes aux personnes qu'ils ne connoissent pas ; lorsqu'on léur jette des pierres, ils se mettent en posture de défense, et parent souvent lé coup de pierre avec les cornes. Uné de ces chèvres sautäntés , âgée de trois ans , que nous avions prise au Cap, et qui étoit fort farouche , s’apprivoisa sur le vaisseau , au point de venir préndre du pain dans la main , et éllé devint si friande dé tabac, qu’elle en démandoiïit avec empres- sement à ceux qui en uüsoient ; elle sem- bloët le savourér et l’avaler avec avidité ; on lui donna une 4ssez grande quantité de tabac en feuille, qu’elle mangea de même avec Les côtes et les tiges de ces feuilles : mais nous remarquämes en même temps que les chè- _vres d'Europe qu’on avait embarquées sur le vaisseau pour avoir du lait , mangeoient aussi très-volontiers du tabac. Les chèvrés sautantes ont une longué tache blanche qui commence par une ligne au milieu du dos , et finit vers le croupion en s'élargissant ; Cette tache blanche n’est pas Le 196 HISTOIRE NATURELLE apparente sur le dos lorsque l'animal est w tranquille, parce qu’elle est couverte par les Le longs poils fauves qui l’entourent : mais , lorsqu'il saute ou bondit en baissant la tête, on. voit alors cette grande tache blanche à découvert. | Les chèvres sautantes sont de la grandeur des axis du Bengale : mais le corps et les membres en sont plus délicats et plus déliés ; les jambes sont plus hautes. Le pelage en gé-: néral est d’un fauve jaunätre, ou d’une cou- leur de cannelle vive; la partie postérieure des pieds, une partie du cou, la poitrine, le ventre et la queue , sont d’un assez beau blanc, à l'exception de l'extrémité de la queue , qui est noire. Le blanc du ventre est bordé par une bande d’un brun rougeätre, qui s'étend tout le long .du flanc; il y a aussi une bande de brun noirâtre qui.des- cend depuis les yeux jusqu'aux coins de la bouche ; et sur le front une autre bande triangulaire de fauve jaunâtre, qui descend quelquefois jusque sur le museau, où elle finit en pointe, et qui, en remontant sur le sommet de la tête , où elle s’élargit, se joint au fauve jaunâtre du dessus du corps : le LA DES GAZELLES. 197 reste de la tête est de couleur blanche; elle est de forme oblongue. Les narines sont étroites et en forme de croissant ; leur cloi- son répond à la division de la lèvre supé- rieure , qui est fendue , et c’est là qu'on re- marque un amas de petites éminences hémi- sphériques, noires , dénuées de poils et tou- jours humides. Les yeux sont grands, vifs et pleins de feu; l’iris est de couleur brune ; sous l'angle antérieur de chaque œil 1l y a un larmier dont l’orifice est presque rond. Les oreilles sont à peu près aussi longues que la tête entière ; elles forment d’abord _un tube assez étroit, s’élargissent ensuite et finissent en pointe mousse. Le cou est assez long, grêle, et un peu comprimé sur les côtes. Les jambes de devant paroissent moins hautes que celles de derrière, qui sont diver- gentes , de manière qu'en marchant l’ani- mal semble se balancer de côté et d’autre. Les sabots des quatre pieds sont petits , de forme triangulaire et de couleur noire , de même que les cornes, qui ont environ un pied de longueur , avec douze anneaux à compter depuis la base , et qui se terminent en une pointe lisse. | r98 HISTOIRE NATURELLE … Il semble que ces chèvies säutantes aient quelque pressentiment de l'approche dumau-:. vais temps, sur-tout du vent de sud-estiqui, au cap de Bonne-Espérance , est trèsorageux et très-violent ; c’est alors qu'elles foût des sauts et des bonds , et que la taclie blanche qui ést sur le dos et le croupion, pafoit à découvert : les plus vieriles commencent à sauter, et bientôt tout le reste de la troupe en fait de nrême. Là femelle, das cette espèce , a des cornes ainsi que le mâle , et la corne qui est figuréé dans le tome XII de l'Histoire naturelle *, est celle d’un vieux mâle. Au reste, lès cornes sont de figures si différentes dans ces animaux , qüe }; si on vouloit ranger l’ordre des gazelles pär'ce caractère , il ÿ auroit des chèviés sautantes dans toutes les divisions. » Après avoir comparé cette description de M. Forster , et la figure que nous donnons ici de cette chèvre sautante du Cap,.il pa- xoitroit au premier coup d'œil que c’est le même animal que celui que M. Allämand * Edition in-4°, avec la partie anatomique. | DES GAZELLES. . 199 appelle bontebok , et dont il donne la descrip- tion et la figure dans le nouveau supplé- ment à mon ouvrage , LA à Amster- dam cette année 1781 , et que j'ai fait copier ici; cependant j avoue qu'il me reste encore quelque doute sur l'identité de ces deux espèces , d'autant que la chèvre sautante est appelée springerbok ; et non pas bontebok , par les Hollandois du Cap. IL se pourroit donc que cette chèvre sau- tante, décrite par M. Forster, fût de la même espêcé ou d’urie espèce très:Voisine de celle que M. Allamand a nomriñée la gazelle _ à bourse sur le dos , d'autant que tous déux s’accordent à dire qu’on n’apperçoit la baride blanche qui est sur le dos, que quand cette chèvre ou gazelle court ou saute ; et qu’on ne voit pas ce blanc lorsqu'elle ést en repos. Voici ce que ce savant naturaliste eu a pu- blié dans le supplément à mes ouvrages , volume IV , édition de Hollande ; page 142: É, 200 HISTOIRE NATURELLE « J réagit | va Li) ‘ LE: » DE LA GAZELLE A BOURSE SUR LE DOS; Par M. ALLAMAND. Avr sa sagacite ordinaire, M. de Buffon a éclaireci tout ce qui a été dit jusqu'à présent d’embrouillé au sujet des gazelles : il en a exactement décrit et détermine toutes les différentes espèces qui sont parvenues à sa connoissance , et il en a connu plus que per- sonne avant lui; mais dans la nombreuse liste qu’il nous en a donnée , il n’a pas cru qu’il les avoit toutes comprises. Ces ani- maux habitent pour la plupart l'Afrique, dont l'intérieur est presque encore entière- ment inconnu : ainsi on ne peut pas douter qu'il n'y en ait nombre d'espèces qui n’on£ point été décrites. La gazelle dont je vais parler, en est une preuve; c’est à M. Le capi- LE PORN Er DES GAZELLES. 201 faine Gordon que nous en isommes yede- vables. Cet officier, que j'ai eu plus d’une fois occasion de nommer, joint à toutes les connoissances de l’art militaire un vif desix d'enrichir l’histoire naturelle de nouvelles découvertes : c’est ce qui l’a déterminé, il y a quelques années, à entreprendre un voyage au cap de Bonne-Espérance, et à y retourner l'année passée, après avoir obtenu de la compagnie des Indes un emploi de confiance qui ne pouvoit être mieux exercé que par lui, mais qui ne l’empéchera point de pousser ses recherches comme naturaliste. Depuis qu’il y est arrivé, j'ai eu la satisfac- tion d'apprendre par ses lettres qu'il a déja découvert trois animaux qu’il m'envoie, et qui jusqu'à présent n'ont point été vus en Europe. En les attendant avec impatience, je vais faire connoître la gazelle qui fera le sujet de cet article, et qu’il avoit placée dans la ménagerie du prince d'Orange : c’étoit la seule qui füt restée en vie d’une douzaine qu'il avoit amenées avec lui. Nous sommes redevables du dessin de cette gazelle à M. J. Temminck, receveur de la compagnie des Indes, amateur bien OR dis PDA 202 HISTOIRE NATURELLE is A connu par sa ménagerie précieuse d'oiseaux 4 vivans, el par son cabinet d’oiseaux pré parés très - rares. Cette gazelle ressemble presque en tout à la gazelle commune , dé- crite par MM. de Buffon et Daubenton. Elle a les cornes annelées et contournées de la même façon, et également noires ; elle est de la même couleur, avec les fnêmes taches : elle est un peu plus grande : mais ce qui la distingue, est une raie de poils blancs, longue de dix pouces, qui aù premier coup d'œil : n'offre rien de particulier, et qui est placée sur la partie postérieure du dos, én s’éten- dant vers l’origine de la quéue. Quand elle court, on est frappé de voir tout d'un coup cette raie s’élargir et se convertir en une grande tache blanche qui s’étend presque de côté et d'autre sur toute la croupe : voici comment cela s’opère. L'animal a sur le dos une espèce de bourse faite par la peau, qui, se repliant des deux côtés, forme deux lévres qui se touchent presque : lé fond de cette bourse est couvert de poils blancs, et c’est l'extrémité de ces poils qui, passant entre les deux lèvres, paroit êtré une raie ou ligne blanche. Lorsque la gazelle court, "% DES GAZELLES. 203 . cette bourse s’ouvre, le fond blanc paroît à découvert; et dès qu’elle s'arrête, la bourse se referme. Cette belle gazelle n’a pas vécu longtemps dans ce pays; elle est morte quelques mois après son arrivée. Elle étoit fort douce et craintive ; la moindre chose lui faisoit peur et l'engageoit à courir. J'ai joui très-souvent du plaisir de lui voir ow- vrir sa bourse. : 204 HISTOIRE NATURELLE | - LE KLIPPSPRINGER, O0 U SAUTEUR DES ROCHERS. \ oIcr la seconde espèce de gazelle ou chèvre sautante dont MM. Forster ont bien voulu me donner le dessin, et que F4 fait graver. « M. Kolbe est le seul, disent-ils, qui ait jamais parle de ce bel animal, Le plus leste de tous ceux de son genre. Il se tient sur les rochers les plus inaccessibles ; et lorsqu'il apperçoit un homme , il.se retire d’abord vers des places qui sont entourées de préci- pices : il franchit d'un saut de grands inter- valles d’une roche à l’autre, et sur des pro- fondeurs affreuses ; et lorsqu'il est pressé par les chiens ou Les chasseurs, il $e laisse \ és Ÿ° LE KLIPP SPRINGER. ou LE, SAUTEUR DES ROCHERS :. | {Pauguer M NT. DES GAZELLES. 205 tomber sur de petites saillies de rocher, où l’on croiroit qu'à peine il y eût assez d’es— pace pour le recevoir. Quelquefois les chas— seurs, qui ne peuveut les tirer que de très loin et à balle seule, les blessent et les font tomber dans le fond des précipices. Leur chair est excellente à manger, et passe pour le meilleur gibier du pays. Leur poil est léger, peu adhérent, et tombe aisément en toute saison : on s’en sert au Cap pour faire des matelas, et même on pique avec ces poils des jupes de femme. | Ce sauteur des rochers est de la grandeur de la chèvre commune; mais il a les jambes beaucoup plus longues. Sa tête est arrondie ; elle est d'un gris jaunâtre, marqueté par-ct par-là de petites raies noires ; le museau, les lèvres et les environs des yeux sont noirs; devant chaque œil il y a un larmier avec un grand orifice de forme ovale; les oreilles sont assez grandes, et finissent en pointe. Les cornes ont environ cinq pouces de lon- gueur; elles sont droites et lisses à la pointe, mais ridées de quelques anneaux à la base: la femelle n’a point de cornes. Le poil du corps est d’un fauve jaunâtre; chaque poil 18 506 HISTOIRE NA est blanc à sa racine, brun où L lieu, et d’un jaune grisàtre à l’extrér les pieds et les oreilles sont couverts de: blanchâtres. La queue est très-courte. » ADDITION A L'ARTICLE DU NANGUER Tr DU NAGOR. Nous mettons cés deux animaux ensemble, parce qu'ils ont un caractère commun, qui n'appartient qu'à eux; c’est d’avoir les cornes recourbées en avant, au lieu que ,-dans toutes Îles autres espèces de gazelles et de chèvres, les cornes sont recourbées en arrière ou tout-à- _ fait droites. J'ai donné, tome V, pl. XXIV et XX VII, la figure du nanguer et celle du nagor, et j'ai dit, d'après M. Adanson , qu'il y avoit trois variétés ou trois espèces de ces animaux, dont la première, c’est-à-dire, le nanguer, paroit être le dama des anciens. M. Pallas est du même avis : il dit que la femelle et le mâle nanguer ont également des cornes; et 1l a remarqué, comme dans le kob, une dis- position singulière dans les dents *. * Solum hujus animalis caput cum cornibus vidi, è quo dentium primorum ?n inferiore mazxilla pumerum plané vsingularem esse didici : habef NC L'OURTAPSPA TE D se LH VUX 208 HISTOIRE NATURELLE La seconde espèce est le nagor. M. Pallas “avoit écrit dans son premier ouvrage ( Mis- cellanea ) que cet animal étoit le mazame de Seba : mais il avoue dans son second ouvrage (Spicilegia) qu’il s’étoit trompé; et 1l con- vient avec moi que ce n’est point le mazame d'Amérique, mais une gazelle d'Afrique. Au reste, l'espèce du nanguer paroît être isolée et sans variété; mais celle du nagor a des espèces voisines, dont je dois la con- noissance à MM. Forster : ils ont bien voulu . me donner le dessin de la tête d’une de ces variétés du nagor du cap de Bonne -Espe- rance, qui me paroît différer du nagor dont j'ai donné la figure, tome V, pl. XXVIF, en ce que ce nagor du Cap a le museau un peu effilé, et les cornes un peu moins courbées en avant que le nagor du Sénégal. Voici les notices qu’ils m'ont données à ce sujet. « La chèvre que l’on appelle seenbok ou bouquetin au cap de Bonne-Esperance, nous enim tantüm senos, quorum duo medii latissimr, subobliqui, rectà transversé acie terminä@ntur ; laterales vero parvi, lineares sunt. (Pallas, Spicilegia zoologica, pag. 8). pU NANGUER. | 2og _ paroiît être une variété du nagor donné par M. de Buffon. On trouve ces animaux sur les rochers qui font la pointe des terres du cap de Bonne-Espérance , et sur les plateaux de ces montagnes pierreuses parmi les brous- sailles. Ils courent avec une menerande vi- _tesse, et font des sauts de huit à neuf pieds de hauteur ; comme leur chair est “Lrès-bonne à manger, on les chasse sans cesse, et l’on en a beaucoup détruit. Cet animal est de la grandeur d’une chèvre commune, d'environ deux pieds six pouces de hauteur. Son poil est d’un rouge brun sur le dos et les côtés du corps, et d’un blanc sale sous le ventre; 11 ya au-dessus des yeux, sous le cou et sur les fesses, une tache de cette dernière couleur blanc sale : le poil des oreilles est fauve ; elles sont arrondies à leurs extrémités. On voit sous chaque œ1l un lar- imier avec un petit orifice. Les cornes n’ont que cinq ou six pouces de longueur; elles sont noires , ridées à la base, lisses à la pointe, extrêmement efhiées et courbées en ayant. La queue est courte, à peu près comme celle des chèvres ordinaires. Une autre espèce ou variété du nagor, est 18 _— 210 HISTOIRE NATURELLE l'animal que l’on appelle au Cap grysbol ou chèvre grise; elle diffère du steenbok par la couleur de son poil, qui est gris, au lieu que celui du steenbok est rouge brun. Ce grysbok est une seconde espèce de napor; il est de la grandeur d’une chèvre commune, elila les jambes plus longues que le stéen- bok à proportion du corps. Son poil ne pa- roît gris que parce qu'il est mêlé de longs poils blancs; car en voyant l’animäl dé près, on s’apperçoit que le fond est d’un brun roussätre ou marron : la tête et les pieds sont d’un brun plus clair qué lé corps, et le ventre est d'une couleur encore moins foncée ; le museau est noir; les yeux sont environnés de poils de cette même couleur noire. Il y a, comme dans les autres chevres, des larmiers sous les ‘angles antérieurs des yeux. Les oreilles sont à peu près de même longueur que la tête ; elles sont de forme ovale, et couvertes en dehors de‘poils courts et noirs. Les cornes ont environ cinq poutes de longueur; elles sont ridees d’un ou deux anneaux à la base, lisses vers 1à pointe qui est très-aigué, courhées en avant, ét de cou- Jeur noire. DU NANGUER 2rr Cette espèce de nagor se trouve toujours dansles plateaux au-dessus desmontagnes par- mi les rochers, les broussailles et la bruyère. . Il n'est pas si léger à la course que le steen- bok, car les chiens l’atteignent quelquefois à la chasse. Sa chair est aussi bonne à manger que celle du steenbok , et on les trouve quelquefois ensemble sur les montagnes du cap de Bonne-Espérance. Une troisième espèce de nagor est leb/eekbof ou chèvre péle, qui ressemble presque en tout au s/eenbok, à l'exception de la couleur du poil, qui est beaucoup plus pâle; ce qui lui a fait donner son nom. » # : En comparant ces trois animaux d'après les notices que nous venons de citer, il me paroît qu'il n’y a tout au plus que deux es- pèces distinctes , c’est-à-dire , le nagor steen- bok et le nagor grysbok, et que le et » est qu’ une variété du premier. (LE RCE RON Car animal me paroît être une troisième variété dans l’espèce du nagor: voici la des- cription qu'en a donnée M. Allamand, et que j'ai cru devoir rapporter ici , sans y rien changer. « L’animal dont le mâle est représenté dans la planche XX , et la femelle dans la planche XXI, est nommée par les Hollandois habi- tans du cap de Bonne-Espérance, rictrheebok, que l’on prononce ritrébok. C’est un mot composé qui signifie ckevreuil des roseaux. Ce n’est pas un chevreuil : ainsi c’est mal- à-propos qu'on lui en donne le nom. Jai cru devoir lui laisser celui de 7ictbok ou ritbok , qui signifie bouc des roseaux : quoi- qu'il soit aussi composé, il ne paroîtra point tel aux François. Il ne m’a pas été possible de lui conserver celui que les Hottentots lui donnent:ils l’appellent a , ec, a.en pronon- çant chacune de ces trois syllabes avec un JS auquet SP LE RITBOK FEMELLE. JPauquet: S HISTOIRE NATURELLE. 213 | claquement de langue que nous ne saurions exprimer. Cet animal n’est pas un bouc, iln’en a pas la barbe; il n’a pas non plus toutes les mar- ques auxquelles on peut reconnoitre les ga— zelles : cependant il appartient à leur classe plus qu'à toute autre. M. Gordon, qui m'en a envoyé lies dessins et la peau, me mande que, quoique la race de ces animaux soit assez nombreuse, ils marchentcependant en petites troupes, et quelquefois même le mâle est seul avec sa femelle ; ils se tiennent près des fon- ‘faines , parmi les roseaux, d’où ils ont tiré leur nom , et aussi dans les bois ; il y en a d'une couleur différente, mais qui paroissenE cependant être de la même espèce , qui se tiennent le plus souvent sur les montagnes. Ceux dont nous parlons ici ont tout le dessus du corps d’un gris cendré ; ils ont le dessous du ventre, la gorge, les fesses blanches : mais ils n’ont point cette bande roussâtre ou noire qui sépare la couleur du ventre d’avec celle du reste du corps, et qui setrouve dansla plu- part des autres gazelles. Leur tête estchargée de deux cornes noires , environnées d’an- neaux jusqu'au-delà de la moitié de leur 214 HISTOIRE NA TURELLE GE mais ils ne sont pas fort proémi- mens: j'en ai compté dix sur celles dé ces ga° zelles dont; j ai la peau bourrée. Ces cornes sont tournées en avant, et se terminent par une pointe lisse et fort aiguë : leur longueur est considérable pour la taille de l'animal ; en droite ligne elles ont dix pouces de hauteur, et, en suivant leur courbure, elles sont lon- gues d’un pied trois pouces. Les oreilles sont aussi très-longues ; elles sont blanches en dedans : près de chacune d’elles il y à uue tache chauve ou sans poils Ces animaux ont dé beaux yeux noirs €t des larmiers au-dessous ; ils ont quatre ma- melles , à côté desquelles il y a ces deux ou- vertures dans la peau , qui forment deux tubes , où l’on peut faire entrer le doigt, et dont il a été parlé dans l’article précédent sur les gazelles ; leur queue est longue, platg, et garnie de longs poils blanchätres. M. Gordon m'a envoyé la peau d’un autre individu de cette espèce , qui ressemble tout-à-fait par les cornes: à celui que je viens de décrire , mais qui en diffère par sa touleur , qui est d'un fauve roussätre très— foncé : c’est apparemment un de ceux qui habitent les montagnes, | DU RITBOK, 213 Les femelles des ritboks ressemblent par leur couleur aux mâles ; mais elles n’ont point de cornes, et elles sont plus petites; comme on pourra le voir par leurs dimen- sions, que je donnerai à la fin de cet ar- ticle. ; Pour trouver ces auimaux, il faut aller assez avant dans l'intérieur du pays: M. Gordon n’en a vu qu’à cent lièues du Cap. Leurs cornes, tournées en devant, font d’abord penser au nanguer décrit par M. de Buffon * : mais ce dernier animal a les cornes beaucoup plus courbées en crochet vers leur pointe, et moins longues que celles - du ritbok; il est aussi plus petit, sa couleur est différente , et il y a sur son corps beau- coup plus de blanc. Il est vrai que M. Adan- son a observé qu’il y a trois espèces ou va= riétés de ces nanguers, qui ne diffèrent que par la couleur : ainsi la couleur ne suffit pas pour prononcer que ces animaux ne soft pas de la même espèce; mais ce sont les cornes qui l’indiquent. Je crois, avec M. de Buffon , que le nanguer est le dama des * Voyez tome V; pl. XXIV: 216. HISTOIRE NATURELLE anciens : on ne peut guère se refuser preuves qu’il en donne. Or Pline compare les cornes du dama à celles du chamoïs, avec cette seule différence, que ces dérniers les’ ont tournées en arrière, au lieu que dans les autres elles sont tournées en avant. Cor= nua, dit-il, zupicapris in dorsum adunca , damis in adversum. Je doute que Pline se fût exprimé ainsi, s’il avoit voulu parler des cornes du ritbok;:; leur courbure n’a rien de commun avec celle des cornes du cha-— _ mois. Les cornes de l'animal que M. de Buffon a nommé zagor *, leur ressemblent davantage ; elles sont aussi dirigées en avant, mais légèrement: cependant elles sont beau- coup plus courtes que celles du ritbok, puis- qu’elles ne s'élèvent pas à la hauteur de six’ pouces, et elles n’ont que deux ou trois anneaux près de la base, autant au moins qu’on en peut juger pat la figure que M. de . Buffon en a donnée. Ajoutez à cela que le nagor a une queue fort courte. Ces diffé- rences paroissent indiquer une diversité de race, et non pas une.simple varieté dans la * Tome V, planche XX VII. UT er. ESS x Lolf | DU RITBOGK. | 217 même espèce. M. de Buffon croit que ce nagor est le même animal que Seba a re- présenté daus la planche XLIT, fisure3, de son ouvrage, et auquel il a donné très- impropremeut, le nom de A#azame, ou cerf d'Amérique. Mais ce prétendu cerf améri- cain a les cornes tournées en arrière, assez grandes et environnées d’une arèie contour- née en spirale, depuis la base presque jusqu’à l'extrémité, et, de plus, une fort grosse queue; caractères qui ne conviennent point au nagor. | À celte occasion, je remarquerai encore que la quatrième figure de la même planche de Séba, que je viens de citer, ne me paroît pas représenter le kob ou la petite vache brune du Senépal, comme Le suppose M. de Buffon, mais le bubale, qu’on reconnoit à la conformation de ses cornes, et aux taches noires qu'il a sur les cuisses. M. Pallas l’a bien reconnu : cependant il n’en est pas moins vrai que Seba s’est grossièrement trompé en appelant cet animal femama- cama, et en le disant originaire de la nou- velle Espagne. » | Quedrupèdes, X. 19 Dimensions du ritbok mâle. + Niue 1} sine de la queue jusqu’au bout du museau 402870 0h PSE Hauteur du train de devant.... Hauteur du train de derrière, .. Longueur de la iête depuis le bout du museau jusqu’à la base Des /COTHES 2. 00,00 ON ANS Longueur des cornes en ligne ere UNS nn Longueur des cornes en suivant Ia'courbüreit, 5m DE OER Circonférence de la base des cotes) XL dut UE Ur ES Distance entre les pointes des rOrneESs aa Vu MIE Cod tee Distance entre leurs bases..... Longueur des oreilles........, Disiance entre leurs bases. .... Longueur de la queue. ....,,.. LZ D) VO v y Ÿ 10 pieds. pouces. lignes. : Longueur du corps depuis l’ori- . | | RE à as D DU RITEOK. 219 Dimensions de la femelle du ritbok. pieds. pouces, lignes, Longueur du corps depuis Pori- . ! e ,, gine de la queue jusqu’au bout du mA... 19 9 6 Hauteur du train de devant.... 2 7 6 Hauteur du train de derrière... 2 9 6 Longueur des oreilles. .....,., » 7 » Ponsneur de li queue... ...:,. » 10 2 NBA CN À : NU: tel A LE CHEVROTAIN tue 1% N ous donnons ici la figure d’un chevro- ain diflérent de celui de notre ouvrage (tome V, page 260). Nous avons dit que le | chevrotain à peau imarquetée de taches blanches, et que Seba dit se trouver à Su- ‘rinam , ne se trouve point en Amérique, mais au contraire aux grandes Indes, où il s'appelle memina. Nous avons reçu la dé- pouille d’un chevrotain de Ceylan sons ce nom memina, qui a une parfaite ressem=— blance avec la description que j'en ai pu- bliée, et c’est celui duquel je donne ici la figure. En la comparant à celle du tome V, on verra que ces deux petits animaux sont également sans cornes, et qu’ils ne font tous deux qu’une simple variété dans la même espèce. Tom 210 , : PL 22. LD auquet E ”r HISTOIRE NATURELLE, 224 Noestene stone manne rem en nm nr nan ar en LE CHEVROTAIN APPELE A JAVA PETITE GAZELLE. Nous donnons ici la figure d’un chevrotain venu de Java sous le nom de pefite gazelle, et qui nous paroît être de la même espèce, à très-peu près , que celle du chevrotain z2e- mnmina de Ceylan : les seules différences que nous puissions y remarquer sont, qu'il n’a point, comme le memina , de bandes ou de livrée sur le corps; le poil est seulement ondé ou jaspé de noir , sur un fond couleur de -musc foncé, avec trois bandes blanches dis- tinctement marquéessur la poitrine; le bout du nez est noir, et la tête est moins arrondie et plus fine que celle du memina, et les sabots des pieds sont plus alongés. Ces diffe- rences, assez légères , pourroient n'être qu’in- dividuelles , et ne doivent pas nous empêcher de regarder ce cheyrotain de Java comme DO 222 HISTOIRE NATURELLE une simple variété dans l’espèce du memina de Ceylan. Au reste , nous n'avons pas eu d’autre indication sur ce petit animal , qui n'est certainement pas du genre des gazelles, mais de celui des cheyrotains: EH DE LA GAZELLE KEVEL. t M. Pallas me paroît se tromper en avançanf que le kevel et la corine ne sont pas äeux espèces différentes, zzais le mâle et la femelle dans la méme espèce de gazelle : s'i eût fait attention que j'ai decrit les deux sexes, ce savaut naturaliste ne seroit pas tombe dans cette méprise. $ " LE BOSBOK Vor c1 encore une très-jolie gazelle, dont M. Allamand vient de publier la description dans le nouveau supplément à mon ouvrage sur les animaux quadrupèdes ; nous en don- nons ici la figure, et croyons ne devoir rien omettre de’ce qu'en dit ce savant natu- raliste. « Les Hollandois du cap de Bonne-Espé- rance donnent le nom de boshok à une très— jolie gazelle. Ce mot, que j'ai conservé, signifie Ze bouc des bois, et c’est effectivement dans les forêts qu'on trouve cette gazelle. Ses cornes ont quelque rapport avec celles du ritbock ; elles sont dirigées et courbées en avant , mais si légèrement, qu’on a peine à s’en appercevoir : cependant ,s’iln"y avoit que cette différence dans la courbure des cornes, je n'hésiterois pas à regarder le bosbok comme une variété dans l’espèce du ritbok; mais ils diffèrent si fort à d’autres égards , qu’on ue LI HISTOIRE NATURELLE 225 peut guère douter qu’ils nd Lo enrt à deux familles distinctes. Le bosbok est pius petit que le ritbok : la longueur de son corps est de trois pieds six pouces, c’est-à-dire, d'environ un pied plus courte que cellé du ritbok. Il en diffère en-— core plus par les couleurs : le dessus de son corps est d’un brun fort obscur, mais qui tire un peu sur le roux à la tête et sous le cou ; son ventre est blanc, de même que l’in- térieur de ses cuisses et de ses jambes; il a aussi une tache blanche au bas du cou : les fesses ne sont pas blanches , comme dans la plupart des autres gazelles ; mais la croupe est parsemée de petites taches rondes d’un blanc qui se fait d’abord remarquer, et qui luisont particulières : ses cornes sout noires et torses en longues spirales , qui s'eiendent au-delà de la moitié de leur hauteur: ou voit sur son front une tache noire. [1 n’a point de lar- miers ; Ses oreilles sont longues et pointues; sa queue a prés de six pouces, et elle esi gar- mie de longs poils blancs ; il a quatre ma- melles, et à leur côté les deux poches où tubes qui se trouvent dans le ritbok. | Les femelles diffèrent des mäles en ce 226 HISTOIRE NATURELLE, qu’elles n’ont point de cornes , et qu elles sont un peu plus rousses. M. Gordon , em m'envoyant le dessin de cet animal, y a joint la peau d’une femelle , où j'ai trouvé les mêmes taches blanches qui sont sur la croupe du mâle. Les bosboks ne se trouvent guère qu'à soixante lieues du Cap ; ils se tiennent, comme je l'ai déja dit, dans les bois, où ils se font souvent entendre par une sorte d'aboiement assez semblable à celui du chien. Dimensions du bosbok. pieds pouces. lignes, Longueur du corps depuis le bout du museau jusqu’à l’ori- giue de ‘la queue.:7:4107893 6 » Hauteur du train de devant... 2 5 6 Hauteur du train de derrière... 2 3 Longueur de la tête depuis le bout du museau jusqu’à la base des SorRESL LE 2.16 ae 4e 1m 7 3 Longueur des cornes......... > 10 » Longueur des oreilles..,....... > 6 2 Longueur de la queue......... 6 » DE LA CHÈVRE BLEUE. ec C ETTE antilope, dit M. Forster, est très-commune au cap de Bonne-Espérance, où on l'appelle la chèvre bleue ; cependant sa couleur n’est pas lout-à-fait bleue, et encore moins bleu céleste, comme Hall l’a supposé, dans son Aisfoire des quadrupèdes , mais seulement d'un gris tirant un peu sur le bleuâtre : cette couleur n’est même occa- sionnée que par le reflet du poil, qui est hé- risse lorsque l'animal est vivant ; car dès qu il est mort , le poil se couche ou s’appli- que sur le corps , et alors tout le bleuâtre disparoit entièrement , et on ne voit à sa place qu’une couleur grise. Cet animal est plus grand que le daim d'Europe; son ventre est couvert de poils blancs, ainsi que les pieds; la touife de poil qui termine la queue, estaussi blanche, et il y a sous chaque œil une ta- che de cette même couleur ; la queue n’a que sept pouces de longueur ; les cornes sont noires , ridées d'environ vingt anneaux, un peu courbées en arrière, et ont dix-huit ou vingt pouces de longueur ; la femelle en porte aussi-bien que le mâle. » LE CHEVREUIL DES INDES. \ Novs donnons ici la figure d’un animal des Indes, qui nous paroît être d’une espèce très- voisine de celle de nos chevreuils d'Europe, mais qui néanmoins en diffère par un carac-. tère assez essentiel, pour qu’on nepuissepasle considérer comme ne formant qu’une simplé variété dans l'espèce du chevreuil ; ce carac-. tère consiste dans la structure des os supé- rieurs de la tête , sur lesquels sont appuyées les meules qui portent le bois de ce chevreuil. C’est encore au savant professeur M. Alla- mand que je dois la connoissance de cet ani- mal; et je ne puis mieux faire que de rap- porter ici la description qu'il en a publiée dans le nouveau supplément à mon ouvrage sur les animaux quadrupèdes. « Nous avons vu , dans les articles précé- dens, que l’Afrique renferme grand nom- bre d'animaux qui n’ont jamais été décrits ; cela n’est pas étounaat, l’intérieur de cette Tom 10. LE CHEVREUIL.: I des frdes / Auquet ÿ me pee : ne > “ &= 4 es € RCE Ü NA A À ve, 1° Æ re ‘ 4 Fe und nb se of anna, A Vote TRE 0e * æ HISTOIRE NATURELLE. 229 vaste partie du monde nous est presque en- core entièrement inconnu. On a plus de raison d’être surpris que l'Asie , habitée en général par des peuples policés , et très-fré- quentée par les Européens, en fournisse sou- vent dont aucun voyageur n'a parlé : nous en avons un exemple dans le joli animal qui est représenté dans cette planche. Il a été envoyé de Bengale, en 1778 , à feu M. Van der Stel, commissaire de la ville d'Amsterdam ; il est arrivé chez lui en très- bon état, et il y a vécu pendant quelque temps. Îonorant le nom sous lequel il est connu dans le pays dont il est originaire, je lui ai donné celui de chevreuil, parce qu’il lui ressemble par son bois et par toute sa figure, quoiqu'il soit beaucoup plus petit. Celui de cLevrotain auroit mieux répondu à sa taille : mais ceux d’entre les chevrotains qui portent des cornes , les ont creuses, et non pas solides comme le sont celles de l’ani- mal dont nous parlons, qui parconséquent en diffère par un caractère essentiel. IL a plus, de traits de ressemblance avec le cerf: mais il en est trop différent par la grandeur, pour qu’on puisse lui en donner le nom; à peine 20 ” N ‘ UY Lea , LÉ re Qui AUTO TRS LH Qt A w | Li 230 HISTOIRE NATURELLE a-t-il deux pieds sept pouces de longueur; et sa plus grande hauteur n’est que d’un pied et demi. i Le poil court dont sou corps est couvert, est blanc depuis sa racine jusqu’à la moitié de sa longueur, l'extrémité en est brune ; ce qui fait un pelage gris, où cependant le brun domine , principalement sur le dos et moins sous le ventre ; l’intérieur des cuisses et le dessous du cou sont blanchâtres ; les sabots sout noirs et surmontés d’une petite tache blanche; les ergots sont à peine visibles. Sa tête,comme celle de la plupart des ani- maux mâles à pieds fourchus , est chargée de deux cornes qui offrent des singularités bien remarquables. Elles ontuneorisinecommune à la distance de deux pouces du bout du mu- seau ; là elles commencent à s’écarter l’une de l’autre, en faisant un angle d'environ 40 de- grés sous la peau, qu’elles soulèvent d'une manière très-sensible: eusuite elles montent en ligue droite le loug des bords de la tête, toujours recouvertes de la peau, mais de façon que l’œilpeut les suivre avec autant de facilité que l’attouchement les fait découvrir; caf elles forment sur les os auxquels elles sont DU CHEVREUIL DES INDES. 23r appliquées , une arête d’un travers de doigt d'élévation. Parvenues au haut de la tête, elles prennent une autre direction ; elles s'élèvent perpendiculairement au-dessus de l'os frontal, jusqu'à la hauteur de trois pouces, sans que la peau qui les environne là de tous côtes , les ait quittées : à ce degré d'élévation , elles sont surmontées par ce * qu'on nomme les meules et leurs pierrures dans les cerfs ; elles couronnent la peau qui reste en dessous. Du milieu de ces meules, les cornes continuent à monter, mais INE6gA- lement. La corne gauche s'élève jusqu’a la hauteur de trois pouces , et elle est recour— bée à son extrémité, quise termineen pointe; elle pousse, presque immédiatement au-des- sus de la meule, un andouiller dirigé en avant, de la longueur d’un demi-pouce : la corne droite n’a que deux pouces et demi de longueur , et il en sort un andouiller plus petit encore que celui de la gauche, et dirigé en arrière. La figure qui a été faite d’après l'animal vivant , représente bien tout ce que je viens de dire. Ces cornes sont sans écorces, lisses, et d’un blanc tirant un peu sur le jaune ; elles sont sans perlures , et par con= séquent sans goutlières. 232 HISTOIRE NATURELLE Cet animal n’a pas vécu fort long-temps dans ce pays, et rien n’a indiqué son âge: ainsi j'ignore s’il auroit mis bas sa tête j comme les chevreuils , ou si celle qu'il avoit étoit naissante, et seroit devenue plus grande et plus chargée d'andouillers. Si l’on regarde comme une portion du bois cette partie qui a son origine près du museau , qui s'étend sous la peau de la face, et qui en reste couverte jusqu'à la meule, on ne peut pas douter que ce bois ne soit per- manent; et, dans ce cas, cet animal offrira, de même que la girafe, une anomalie très- remarquable dans la classe des animaux qui ont du bois ou des cornes solides. Mais on sait que le bois des cerfs, des. daims et des'chevreuils, pose sur deux émi- nences de l’os frontal. Dans notre chevreuil indien , ces éminences sont des tubérosites beaucoup plus’élevées, dont des prolonge- mens s'étendent entre les yeux jusqu'au mu- seau , en s'appliquant fortement aux os du nez , si même ils ne font pas corps avec eux; car, quelque effort que j'aie fait pour insinuer à travers la peau une pointe entre deux , il m'a été impossible d'y réussir. (TR VER NW Li L DU CHEVREUIL DES INDES. 22% Comme la dépouille de cet animal ne m’ap-. partient pas, je regrette de w’avoir pas la per- mission d'enlever la peau qui couvre ces os, pour savoir au juste ce qui en est. Quoi qu'il en soit, il peut mettre bas sa tête avec autant de facilité que le cerf, puisque, posée sur le haut de ces éminences , les meules ne sont pas plus fortement adhérentes à ce point d'appui que dans les autres- animaux qui perdent leur bois chaque année ; ainsi je suis très-porté à croire qu'il le perd aussi : mais ce qu'il y a ici de certain, c’est que cette singulière conformation en forme une espèce particulière dans la classe des rumi- nans , et non pas une simple variété , telle qu'est le cuguacu apara du Bresil , qui est à peu près de la même grandeur. Au milieu du front , entre les deux pro- Jongemens des tubérosités dont je viens de parler, il y a une peau molle, plissée et élas- tique, dans les plis de laquelle on remarque une substance glanduleuse, d’où il suinte une matière qui a de l’odeur. | Il a huit. dents incisives dans la mâchoire inférieure , et six dents molaires à chaque côte des deux mâchoires. Il a de plus deux 20 | ï LA Out ol M NN LU RUN 234 HISTOIRE NATURELLE crochets dansla mâchoire supérieure ,comme le cerf, qui ne se trouvent point dans le chevreuil d'Europe ; ces crochets se projettent tant soit peu en dehors, et ils font une légère impression sur la lèvre inférieure. | Il a de beaux yeux bien fendus : au-dessous sont deux larmiers très-remarquables parleur grandeur et leur profondeur , comme ceux du cerf; ces larmiers, qui manquent au chevreuil avec ses deux dents en crochets , m'ont fait diré ci-dessus, qu’il avoit pins de traits de ressemblance avec le cerf qu avec ce dernier animal, IL a la langue fort longue : il s’en servoit non seulement à nettoyer ses larmiers, mais encore ses yeux, et quelquefois même il la poussoit au-delà. Ses oreilles ont trois pouces en longueur ; elles sont placées à un demi-pouce de dis- tance de la partie inférieure des éminences qui soutiennent le bois. Sa queue est fort courte , mais assez large ; elle est blanche en dessous. La figure de cet animal avoit la même srace et la même élégance que celle de notre che- vreuil ordinaire ; il paroissoit même être plus (É DU CHEVREUIL DES INDES. 235 leste et plus éveillé. IL n’aimoit pas à être touché de ceux qu’il ne connoissoit point; 1] prenoit cepéndant ce qu'ils lui présen- toient : il mangeoit du pain, des carottes et toutes sortes d'herbes. Il etoit dans un parc, où àl entra en chaleur dans les mois de mars et d'avril : il y avoit avec lui une femelle d’axis , qu'il tourmentoit beaucoup . pour la couvrir; mais il étoit trop petit pour y réussir. Il mourut pendant l'hiver 1770. Voici ses dimensions : pieds. pouces, lignes, Longueur du corps depuis le bout du museau jusqu'à l’ori- gine de la quees. dis 1 at 7 » Hauteur du train de devant.... ! 4 Hauteur du train de derrière... I 6 » Longueur de la tête depuis le . bout du museau jusqu'aux D M de tion D 7 >) Distance entre le bout du mu- seau et l’extrémité des prolon- gemens des éminenees de l’os frontal, qui soutiennent le LR A un 2 » Longueur de ces prolongemens ‘ Né Ù | au bus dl pe: NN 236 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces. lignes: jusqu'à l'endroit où ils s’élè- PR A FE Me ke vent au-dessus de la tête... ...… » 5. Longueur des éminences de l’os : frontal, qui sont recouvertes de la peau, et terminées par les ANEDIES. UE CS 3 » Longueur de la corne gauche, depuis la meule jusqu’à son $ extrémité en ligne droite.... » 3 » Longueur de son andouiller.... » » 6 Longueur de la corne droite, depuis la meule jusqu’à son ÉRÉTOe lt ee NL. UE CONS 2 6 Longueur de son andouiller..., » > 4 Distance entre les cornes, mesu- rée sûr l'os frontal: ; 212020 RE L: Circonférence des cornes au- dessous de la meule........ % 2 » Longueur des. oreilles. ........ ©» 3 » Longueur des yeux d’un angle à Panne SOL UNE Eu SRE ENS Li » Largeur des oreillesis.."...,.:.7 > 2 » Ouverture des yeux..........."°» » 9 Longueur de la queue........ "» 3 » Circonférence du museau der- rièreMes naséauxs.),2.. 4000.01 10 mn » DU CHEVREUIL DES INDES. 237 pieds. pouces. lignes, Circonférence de la tête entre les cornes et les oreilles...... de 2 TE Longueur du milieu du cou.,. # » Longueur du corps derrière les jambes de devant..... NS IR 9 » Longueur du milieu du corps.. +. 10 Longueur du corps devant les jambes de derrière. ....... PAU. 9 » tr» LAN DAS NN + D'ARASE < LAIT | APE D UC AN NA 444 L1 Jr n'ai d’abord connu cet animal que par ses cornes , dont j'ai donné la description, tome V, page 282, et j'étois assez incertain non seulement sur son espèce et sur son cli- mat , mais même sur le nom cozdous, qui servoit d'étiquette à ces cornes; mais aujour- d'hui mes doutes sônt dissipés ; et c’est à M. Gordon et à M. Allamand que je dois la counoissauce de cet animal , l’un des plus grands de l'Afrique méridionale. Il senomme canna dans les terres des Hottentots, et voici les observations que ces savans naturalistes en ont publiées, celte année 1781, dans un supplément à l'édition de Hollande de mes ouvrages. « M. de Buffon a été embarrassé à déter- miner l'animal auquel avoit appartenu une corne qu'il a trouvéeau Cabinet du roi, sans étiquette, et dont il a donné la figure. Deux semblables cornes qu’il a vues dans le cabinet Zone 10. PL 26 : HISTOIRE NATURELLE, 239 de M. Dupleix , et qui étoient étiquetées , l'ont tiré en partie de son embaras ; l’éti- quette portoit ceci : Cornes d’un animal & peu près comme un cheval, de couleur gri- sûtre , avec une crinière cornme un cheval au — devant de la tête ; on l'appelle ici a Pondichery coesdoes, qui doit se prononcer coudous. Cette description, toute courte qu’elle est, est cependant fort juste ; mais elle ne suffi- soit pas à M. de Buffon pour lui faire con noiître l’auimal qui y est désigné. Il a dû avoir recours aux conjectures , et il a soup- çouné , avec beaucoup de vraisemblance, que le coudous pouvoit bien être une sorte de bufle, ou plutôt le z2y/2hau : effective- meut ce dernier animal est celui dont les cornes ont le plus de rapport à celles dont il s'agit; et ce qui est dit daus l'étiquette lui convient assez, comme on peut le remar- quer par la description que j'en ai donnée *, Cependant cette corne est celle d’un autre animal , auquel M. de Buffon n’a pas pu penser, parce qu'il n’a pas été encore décrit, _* Voyez le premier volume des supplémens, édiuon de Holiande. 249 HISTOIRE NATURELLE ou que du moins il l’a été si imparfaite- ment , qu’il étoit impossible de s’en former une juste idée. Il étoit reservé à M. Gordon! de nous le faire bien connoître ; c’est à lui que je suis redevable de la figure qu’on en voit dans la planche VIT, tome [°' des sup- plémens, et des particularités qu’on va lire. Kolbe est le seul qui en ait parlé sous le nom d'eélan qui ne lui convient point, puis-. qu'il en diffère essentiellement par ses cor- nes, qui n’ont rien d'analogue à celles du véritable élan *. Les Hottentots lui donnent le nom de canna, que je lui ai conservé: les Caffres le nomment z2poo/f. C'est un des | plus grands animaux à pieds fourchus qu’ on voie dans l'Afrique méridionale. La longueur de celui qui est représenté ici, depuis le bout du museau jusqu'à l’origine de la queue, étoit de huit pieds deux pouces ; sa hauteur étoit de cinq pieds, mesurée depuis la partie du dos qui est au-dessus des épaules , et qui forme là une éminence assez remarquable ; sa circonférence , derrière les jambes de de- * Voyez la figure des cornes de l’élan dans le tome V, pl. XVII. Le DU CANNA. 24Y vant , étoit de six pieds sept pouces, et devant les jambes postérieures, de cinq pieds neuf pouces : mais il faut observer qu'il étoit assez maigre ; s’il avoit eu son embonpoint ordinaire , il auroit pesé environ sept à huit cents livres. La couleur de son corps étoit d’un fauve tirant sur le roux , et il etoit blanchâtre sous le ventre ; sa tête et son cou étoient d'un gris cendré, et quelques uns de ces animaux ont tout le corps de cette couleur ; tous ont au-devant de la tête des poils qui y forment une espèce de crinière. _ Jusqu'ici cette description s'accorde fort avec celle du coudous , et les cornes du canna sont précisément semblables à celles que M. de Buffon à décrites ; ainsi on ne peut pas douter que le coudous de Pondi- chéry ne soit notre canna : mais je suis surpris , avec M. de Buffon , qu’on lui ait donné le nom de cozdous, qui n’a jamais été employé par aucun voyageur dans les Indes ; je soupçonue qu'il a été emprunté des Hol- landois , qui l’écrivent effectivement coedoe ou coesdoes , et qui le prononcent coudous. Ils le donnent à l’auimal que M. de Buffon 21 242 HISTOIRE NATURELLE a nommé condoma * , et qui, par sa gran deur , approche un peu du canna. Ces cor- nes , qui se trouvent dans le cabinet de M. Dupleix , n’auroient-elles point eté ap- portées du cap de Boune-Espérance a Pon- dichery ? Celui qui eu a écrit l'étiquette, en suivant l'orthographe hollandoise , ne se seroit mépris que sur le nom. Ce qui auto= rise ce soupçon , c'est le silence des voya— geurs sur un animal aussi remarquable par sa grandeur que le canma. S'il habitoit un pays autant frequente par les Européens que le sont les Indes , 1} est très-vraisembiable que quelques uns en auroient parie. » Je suis ici, comme dans tout Le reste, par- faitement de l'avis de M. Allamand, et je reconnois que le nom holiandois de cuesdoes ou coudous doit rester à l'animal que j'ai nommé cozdoma , et que ce nom. covdous avoit été ecrit mal-à-propos sur l'eétiquelte des cornes que nous reconnoissons être celles - du canna dont il est ici question. « Ses eornes, dit M. Allamand , étoient * Voyez le tome V, page 250. DU CANNA. 243 telles que M. de Buffon les a décrites: elles avoient une grosse arête qui formoit deux tours de spirale vers leur base ; elles étoient lisses daus le reste de leur longueur, droites et noires : leurs bases étoient éloignées l’une de l’autre de deux pouces, et il y avoit l’in- tervalle d’un pied entre leurs pointes; leur longueur étoit d’un pied et demi, mais elle varie dans les differens individus. Celles des femelles sont, pour l'ordinaire , plus me- nues. plus droites et plus longues ; elles sont creuses et soutenues par un os qui leur sert de noyau : ainsi elles ne tombent jamais. À cette occasion , M. Gordon m'écrit qu’on ne conuoit dans l'Afrique méridionale aucun animal qui perde ses cornes ; par conséquent il n'ya ni elans , ni cerfs , ni chevreuils. Kolbe seul les y a vus. Le canua a uv fanon très-remarquable qui lui pend au-deyant de la poitrine , et qui est de la niême coleur que ia tête et Le cou. Celui des femeiles est moins 2rand; aussi sont- elles un peu plus petites que [es mâles; elles out moins de poits sur le front, et c'est presque en cela seuiement que leurs figures different. 24 HISTOIRE NATURELLE Ke J'ai déja dit que Kolbe donne au canna | le nom d’élan; et c’est effectivement celui sous lequel il est connu au Cap, quoique très-im- proprement : cependant il a, comme notre élan du Nord, une loupe sous la gorge, de la hauteur d’un pouce , comme on peut le voir dans la figure. Si l’on en croit M. Linnæus, c'est-là un caractère distinctif de l’élan, qu’il définit : alces, cervus cornibus à caulibus palmatis, carunculé gutturali. Mais M. de Buffon remarque, avec raison, que les élans femelles n’ont pas cette loupe, et qu’elle n’est par conséquent point un caractère essentiel à l'espèce. J'iguore si elle se trouve dans la femelle du canna. | Sa queue, qui est longue de deux pieds trois pouces , est terminée par une touffe de longs poils ou crins noirs : ses sabots sont aussi noirs, et le peuple ( sur la foi du nom) leur attribue la même vertu qu’à ceux de nos élans, c’est d’être un souverain remède contre les convulsions. Il a quatre mamelles et une vésicule du fiel, Quoique sa tête, qui a un pied sept pouces de longueur, ressemble assez à celle du cerf, elle n’a cependant point de larmiers. DU CANNA. . 24, Les cannas sont presque tous détruits dans le voisinage du Cap ; mais il ne faut pas s’en éloigner beaucoup pour en rencontrer : onen trouve dans les montagnes des Hottentots hol- laudois. Ces animaux marchent en troupes de cinquante ou soixante; quelquefois mème on en voit deux ou trois cents ensemble près des fontaines. IL est rare de voir deux mâles dans une troupe de femelles, parce qu'alors ils se battent , et le plus foible se retire : ainsi les deux sexes sont souvent à part. Le plus grand marche ordinairement le premier ; c’est un très-beau spectacle que de les voir trotter et galoper en troupes. Si l'on tire un coup de fusil chargé à balle parmi eux, tout pesans qu’ils sont, ils sautent fort haut et fort loin, et grimpent sur'des lieux escarpés , où il semble qu'il est impossible de parvenir. Quand on les chasse, ils courent tous contre le vent, et, avec un bon cheval, il est aisé de les couper dans leur marche. Ils sont fort doux : ainsi on peut pénétrer au milieu d’une troupe, et choisir celui sur le- quel on veut tirer, sans courir le moindre danger. Leur chair est une excellente venai- son ; on casse leurs os pour en tirer la moelle #7": HAr AC CU NA pi HISTOIRE NATURELLE qu'on fait rôtir sous la cendre ; elle a un bort goût, et on peut la manger même sans pain. Leur peau est très-ferme ; on s’en sert pour faire des ceintures et des courroies. Les poils qui sont sur la tête des mâles, ont une forte odeur d'urine, qu'ils contractent , dit-on, en léchant les femelles. Celles-ci ne font jamais qu'un petit à la fois. Comme ces animaux ne sont point mé— chans, M. Gordon croit qu’on pourroit aisé- ment les rendre domestiques , les faire tirer au chariot, et les employer comme des bêtes de somme; ce quiseroit une acquisition très- importante pour la colonie du Cap. M. Pallas a vu, dans le cabinet de Mr le prince d'Orange, le squelette d’un canna , et il l’a reconnu pour être l’elan de Kolbe. EL l’a range dans la classe des antilopes, sous la dénomination d'azfilope oryx. Je n’examine- rai pas les raisons qu'il a eues pour lui don- ner cette dernière épithète : je me conten- terai de remarquer. qu’il me paroît douteux que le canna se trouve dans les parties sep— tentrionales de l'Afrique ; au moins aucun voyageur ne le dit. S'il est particulier aux contrées méridiomales de cette partie du LA FRA ' \u DU CANNA. 247 monde , il n’est pas apparent que ce soit l’oryx des anciens : d'ailleurs, suivant le témoignage de Pline, l’o7yx étoit une chèvre sauvage, et il est peu vraisemblable quePline, qui ne s’étoit pas formé un systéme de no- menclature, comme nous autres modernes, ait donné le nom de chèvre à un aussi gros animal que le canna. » Avant d’avoir reçu ces remarques très-ju— dicieuses de M. Allamand, j'avois fait à peu près les mêmes reflexions , et voici ce que jen avois écrit et même livré à l'impression. M. Pallas appelle cet animal o7yr, et le met au nombre de ses antilopes ; mais ce nom me paroiîit mal appliqué : je l'aurois néanmoins adopté si j'eusse pu penser que cet animal du cap de Bonne-Espeérance fût V'oryx des anciens ; mais cela n’est ni vrai ni même vraisemblabte. M. Pallas croit que l'élan d'Afrique indiqué par. Kolbe est le même animal que celui-ci, et je ne suis pas fort eloigné de ce sentiment, quoique j'aie rapporté, tome V, page 251, l’élan d'Afrique de Kolbe au bubale : mais, soit qu'it appar- tienne en effet au bubale ou au canna, il est RL UN 248 HI ST OIRE NATURELLE certain que le nom d’é/an lui a pes ue, appliqué, puisque l'élan a des bois solides qui tombent tous les ans comme ceux du cerf, au lieu que l’animal dont il est iot question, porte des cornes creuses et perma- nentes , comme celles des bœufs et des chèvres. | Et ce qui me fait dire que le nom d’o7yx a été mal appliqué à cet animal par M. Pallas, et qu'il n'est pas l’oryx des anciens , c’est qu'ils ne connoissoient qu'une assez petite partie de l’Asie, et la seule portion de l’A- frique quis’étend le long de la Méditerranée. , Orcet animal auquel M. Pallas donne le nom d'oryx, ne se trouve ni dans l'Asie mineure, ni dans l'Arabie , ni dans l'Égypte, ni dans. toutes Les terres de la Barbarie et de la Mau- ritanie. Ainsi l’on est fondé à présumer ‘qu'il ne pouvoit être ni connu ni nommé par les-anciens. M. Forster m'écrit qu Le a vu une femelle de cette espèce , en 1772, à la ménagerie du cap de Bonne-Espérance , laquelle avoit en- viron quatre pieds de hauteur, mesuréeaux jambes de devant. « Elle portoit, dit-1}, une sorte de criuière le long du cou, qui-s'éten- DU CANNA 249 doit jusqu'aux épaules, où l’on voyoit aussi de très-longs poils; il y avoit une ligne noire sur le dos , et les genoux étoient de cette même couleur noire , ainsi que le nez et Le museau ; le pelage du corps étoit fauve, et à peu près semblable à celui du cerf: mais le ventre et le dedans des jambes étoient blanchätres. | On voyoit sous la gorge de cette femelle “une proéminence de la grosseur d'une pomme, qui étoit formée par l’os du larynx, plus apparent et plus grand daus celte es- pèce d'animal que dans toute autre., Ainsi la femelle canna a, comme le mâle, ceile proéminence sous la gorge, au lieu que, dans l’espèce de notre élan du Nord, le mâle seul porte cet attribut. Toutes les dents incisives étoient, selon M. Forster, d'une largeur considérable; mais celles du milieu étoient encore plus larges aue les autres. Les yeux étoient vifs et pleins‘ de feu. La longueur des cornes étoit d'environ un pied et demi; et pour avoir une idee de leur position, il faut se les représenter comme formant un grand V en regardant l’ani- mal de face , et comme s’effaçant parfaite- NX PA di PRES VER 250 HIS STOTRE NATURELLE. ment l'une l’autre en le regardant dans le sens Lransversal. Ces cornes étoient noires , lisses dans leur plus srande longueur, avee quelques rides annulaires vers la base : on remarquoit une arêle mousse qui suivoit les contours de la corne, laquelle étoit droite dans sa direction, et un peu torse dans sa forme. Les oreilles étoient larges; les sabots des pieds fort petits à proportion du corps, leur forme étoit triangulaire, et leur couleur noire, Ç Au reste, cette femelle étoit, très-appri- voisée, et maupgeoit volontiers du paiau, des feuilles de choux , et les preuoit même dans la main: elle étoil dans sa quatrième années. et comme elle n'avoit point de mâle et qu’elle étoit en chaleur , elle sautoit sur des antilopes et même sur une autruche qui étoient dans le même parc. On assure que ces animaux se trouvent sur les hautes mon- tagnes de l’intérieur des terres du Cap: ils font dessauts surprenans, et franchissent des murs de huit et jusqu’à dix pieds de haut. » N° Var rx 4 J Shiguer S HE CO N D OM A, COESDOES. nus donnons ici la figure du condoma qu’on appelle au cap de Bonne-Espérance coesdoes ; cette figure manquoit à mon ou- vrage. N'ayant pas eu la dépouiile entière de l'animal, je n’avois pu donter alors que la figure de la têteet des cornes, etc’estüe là qu'é- toit venue, sur le mot coesdoes où coudous, la méprise que nous venons de rectifier dans l’articie précedent : inais 11 nous est arrivé depuis une peau bien conservée de ce bel animal. M. le chevalier d'Auvillars, lieute- nant-colonel du regunent de Cambresis, en a aussi apporte une,de laquelle M. de Brosse, premier president du parlement de Dijon, m'a envoyé une tres-bonne description qui se rapporte parfaitement ayec tout ce que | ® ï # À | F: ax "# : 252 HISTOIRE NATURELLE j'ai dit, tome V, page 256 , au sujet du con- doma. RE « L'animal entier, dit M. de Brosse, fut donné au chevalier d'Auvillars, au cap de Bonne-Esperance, par M. Bers, secrétaire du couseil hollandois, comme venant de l’inté- rieur de l'Afrique, et d’un lieu situé à er viron cent lieues du Cap; on lui dit qu’il s’appeloit coesdoes. Il y avoit trois de ces aniinaux morts, l’un plus grand , l’antre plus petit que celui-ci : il le fit très-exacte- ! ment dépouiller de sa peau qu’il a apportée en France; cette peau étoit assez épaisse pour faire des semelles de souliers. J’ai vu la peau entière : l’animal sembloit être de la forme d’un petit bœuf, mais plus haut sur ses jambes. Cette peau étoit couverte d’un poil gris de souris assez ras; 1l y avoit une raie blanche le long de l’épine du dos, d'où descendoient de chaque côté six ou huit raies transversales de même couleur blanche:il y avoit aussi au bas des yeux deux raies blanches posées eu chevron renversé, et, de chaque côte de ces raies, deux taches de même couleur ; Le haut du cou étoit garni de |. Re | AT NÉSNAS ESS A CA Éode Je x na + 7 DU CONDO MA. TEE à ‘Jongs poils. en forme de crinière, quise pro= Jongeoit jusque sur le garrot. Les cornes, me- surées en ligne droite , avoient deux pieds cinq pouces sept lignes de longueur , et trois pieds deux pouces trois lignes en suivant exactement leurs triples sinuosités sur l’arête continue; l'intervalle entre les cornes, à leur naissance , n’étoit'que d'un pouce six ligues, et de deux pieds sept pouces à leurs extrémites ;: leur circonference à la base étoit de huit pouces trois lignes:elles eloient bien faites, diminuoient régulierement de grosseur € en s éloignant de leur naissance , €E _finissoient en pointe aiguë; elles étoient de couleur grise, lisses, et assez semblables, _ pour la substance, à celles du bouc , avec quelques rugOSILES dans le bas, mais sans. aucune strie véritable. On pouvoiti enlever: en entier cette corne jusqu'au bout ; après avoir Ôté cette enveloppe cornée, mince € parfaitement évidee , il reste un os de : moindre diamètre, presque aussi long, pa=- reillement contourné, de! couleur blane jauuâtre , mais mal lisse ; d'une substance lâche, peu compacte, friable et cellulaire. La corne du pied ressembloit à celle d’une, Quadrupides, X. 22 di 254 HISTOIRE NATORELLE TR genisse de deux ans. La queue étoit courte et garnie de poils assez longs à l'extrémité. » Cette description faite par M. le HAE AS : de Brosse est très-bonne ; je l’ai confrontée avec les dépouilles de ce même animal que j'avois reçues presque en même temps pour le Cabinet du roi, et je n'ai rien trouvé à y. ajouter ni ri MM. Forster , qui ont vu cet animal vivant, m'ont communiqué Les notices sui- vantes. « Le condoma où coesdoes a quatre pieds de hauteur, mesuré aux jambes de devant, et les cornes ont trois pieds neuf pouces de longueur; leurs extrémités sont éloignées l’une de l’autre de deux pieds sept ou huit pouces ; elles sont grises , mais blan- châtres à la pointe; leur arête suit toutes leurs inflexions ou courbures , et elles sont un peu comprimeées et torses en hélice. La femelle porte des cornes comme le mâle. Les oreilles sont larges ; et la queue , qui w’a qu’un demi-pied de longueur , est brune à son origine , blanche sur le milieu, et noire à Vextrémité , qui est terminée par une touffe de poils assez ce DU CONDOMA. 255 Le pelage est ordinairement gris et baiel- quefois roussâtre. ‘Il y a sur le dos une ligne blanche qui s'étend jusqu’à la queue; ii descend de cette ligne sept barres de même couleur blanche, dont quatre sur les cuisses et trois sur les flancs. Dans quelques indi- vidus , ces barres descendantes sont’au nom- bre de huit et même de neuf ; daus d’autres, il n'y en a que six: mais ceux qui en ont sept, sont les plus communs. Il y a sur l’arête du cou une espèce de crinière formée de longs poils. Le devant’de la tête est noirâtre, et du coin antérieur de chaque œil il part une ligne blanche qui s'étend sur le museau ; le ventre et les pieds sont d'un gris blan- châtre. Il y a des larmiers sous les yeux. Ces animaux se trouvent dans l’intérieur des terres du cap de Bonne-Espérance ; ils ne vont point en troupes comme certaines espèces de gazelles. Ils font des bonds et des sauts surprenans; on en a vu franchir une porte grillée qui avoit dix pieds de hauteur, quoiqu'il n’y eût que très-peu d'espace pour pouvoir s’elancer. On peut les apprivoiser et les nourrir de pain ; on en a eu plu- sieurs à la ménagerie du cap de Bonne-Espé- rance. » { LA “HISTOTRI | ie Nous ajouterons encore à ces” obser excellente description de cet anünal qu e. M. Ailamand vient de publier à la suite du. _ quatrième. ‘volume de mes supplémens à l'Histoire naturelle , édition de Hollande ; il y a joint une très-belle figure d'un ind vidu beaucoup plus grand je celui 7 j ai fait dessiner et graver ici. y | DUCONDOMA: 257 En ADDITION A L'HISTOIRE DU CONDOMA , où COESDOES , Par M. le professeur ALLAMAN D. CR dire les cornes de l'animal à qui _ M. de Buffon a Gonneé le nom de condoma , soient assez connues el se trouvent très-sou- vent dans les cabinets de curiosités natu— relles , l’auimal n'a jamais été décrit ; 1l est pourtant assez remarquabie pour mériter. l'atteution des voyageurs et des naturalistes, M de Buffon à eu raison de dire qu’il approchoit beaucoup de l’anintal que Caius a donné sous le nom de sfrepsiceros , puis- qu'on ue sauroit douter que ce ne soit le même, vu la parfaite conformité des cornes *, * M. de Buffon remarque que Cairs s’est trompé eu donuant à cet animal le noin de :/rep= ‘siceros, qui ne désigne que lPantilope, dont Île 22 on DUAL MAN CAUSE RES 258 ae NATURELLE Ïl soupçonne aussi que ce pourroit bien être. Vanimal auquel Kolbe à donné le nom de chèvre sauvage : et effectivement la descrip- tion que celui-ci en a faite, a quelque rap- port à celle que je vais donner du cozdoma ; mais aussi il y a des différences notables, comme on s’en appercevra bientôt. o nn. condoma diffère beaucoup. Le nouveau iraducteur de Pline prétend que M. de Buffon s’est entière- ment mépris au caractère distinctif des cornes du- strepsiceros , auxquelles 1l n’accorde point la double flexion que M. de Buffon leur attribue : il veut qu'elles soient droites, mais cannelées en spirale ; et cela fondé sur ce passage de Pline : FErecta autem (cornua) rugarumque ambitu con- torta et in leve fastigium exacuta, ut lyras di- eeres , strepsiceroti, quam addacem Africa ap- pellat ; ce qu'il traduit ainsi : « Le chevreuil strepsiceros des Grecs, nommé « addax en A frique , a les cornes droites et 1er- « minées en pointes, mais contourmées en spirale, « et cannelées tout autour, » S'il avoit fait attention qu'il a omis dans sà traduction celle de ces mots, utZyras diceres, qux ne convient qu’à la figure des cornes de l’antilope, il wauroit sans doute pas fait cette critique. ME DU ‘ 7 CONDOMA. 259 M. Pallas , qui dans ses Spicilegia z00- logica , fase. I, page 17, a donné une bonne description des cornes et de la tête du con- doma , croit que M. de Buffon s’est trompé en prenant cet animal pour cette chèvre cs da parce qu’ ‘il n° en a point la barbe. S'il n’a pas d'autre raison que celle-là pour appuyer son avis, c’est lui qui s’est trompé; car le condoma a une barbe trés-remar- quable. Mais sans nous arrêler aux conjectures qu'on à pu former sur la figure de cet ani- mal , faisons le connoïitre véritablement tel qu’il est, en lui conservant le nom de con- doma que M. de Buffon lui a donné, quoique ce ne soit pas celui qu’on lui donne au Cap, où on l'appelle coesdoes ou coudous. Nous avons eu Ja satisfaction d’en voir un ict vivant, qui à été envoyé du cap de Bonne- Espérance, en 1776, à la ménagerie du prince d'Orange. Je lui ai rendu de fréquentes visites ; frappé de sa beauté , je ne pouvois me lasser de l’admirer, et je renvoyois de jour à autre d'en faire une description exacte : Comme je me proposois d'y retourner pour le mieux examiner ,.jeus le ae RE éloit mort ; et ainsi tout ce que j'en pour. rois dire, se réduiroit à ce que ma mémoire me fourniroit. Heureusement avant que d’être conduit à la ménagerie du prince ; avoit passé par Amsterdam ; là M. Schneider ‘en fit faire le dessin... et M. le docteur Klockner , qui ne perd aucune occasion d'augmenter nos connoissances en fait d his- -toire ualturelle, lexamina avec les yeux d’un véritable observateur , et en fit une description , qu’il a eu la bonté de me com- muniquer : ainsi c’est à lui qu’on doit les principaux détails où je vais entrer. Ou est surpris au premier coup d'œil qu’on jette sur cet animal : la legerele de sa mar- che, la finesse de ses jambes, le poil court dout la plus grande parlie de son corps est couverte, la manière haute dont il porte sa tête , la gtandeur de sa taille, tout cela annonce un ires-beau cerf; mais les grandes et singulières cornes dont il est orné , les taches blanches qu'il a au-dessous des yeux, et les raies de même couleur que l'on voit sur son corps, et qui ont quelque-rapport à celles du zebre , font qu'on l'en distingue | DU CONDOMA, 1 26 bientôt , de façon cependant qu'on seroit tenté de lui donner la préférence. La ‘fête du condoma ressemble assez à celle du cerf; elle ;est couverte de poils bruns , avec un petit cercle de couleur roussätre autour des yeux , du bord inférieur de chacun desquels part une ligue blanche, qui s’avance obli- quement et en s’élargissant du côté du mu- seau , etenfin se termine en pointe ; de côté et d'autre de ces lignes , on voit trois taches rondes d’un blanc pâle, dont les deux supé- rieures sont de la grandeur d’une pièce de vingt sous , et celle qui est au-dessous , près du museau, est un peu plus grande. Les yeux sont noirs , bien fendus et ont beaucoup de vivacité; le bout du museau est noir et sans poils ; les deux lèvres sont couvertes de poils blancs , et le dessous de la machoire inférieure est garni d’une barbe grisätre de la longueur de cinq à six pouces, qui se termine en pointe. La tête est sur- montée de deux cornes , de couleur brune tirant sur le noir , et couvertes de rugosités ; elles ont une arête qui s'étend sur toute leur longueur, excepté vers leur extrémité, qui est arrondie et qui se termine en une points fard FORTS NA EN ENS 262 HISTOIRE NATURELLE ES AN noirâtre ; 4 elles ont une double flexion , comme celles des antilopes , et sont préci=. sément telles que celles qui ont été décrites de par MM. de Buffon et Daubenton. Leur lon- gueur perpendiculaire n’étoit que de deux pieds un pouce huit lignes dans l'animal que je décris ; ce qui me porte à croire quil n’avoit pas encore acquis toute sa grandeur , car on trouve de ces cornes qui sont plus longues : j'en ai placé deux paires au cabinet de notre académie , dont les plus courtes ont deux pieds cinq pouces en ligne droite, et trois pieds et demi en suivant les con- tours ; la circonférence de leur base est de neuf pouces ,et il y a entre leurs pointes une distance de deux pieds et demi. Les oreilles sont longues, larges, et de Ja même couleur que le corps , qui est couvert d’un poil fort court, d’une couleur fauve tirant sur le gris. Le dessus du cou est garni d'une espèce de crinière, composée de longs poils bruns , qui s'étendent depuis l’origine de la tête jusqu’au-dessus des épaules ; là ils deviennent plus courts ; changeant de cou- leur , ils forment tout le long du dos jus- qu'à la queue une raie blanche : le reste du " DU CONDOMA. 263 cou est couvert de semblables poils bruns et assez longs , particulièrement dans la partie inférieure jusqu'’au-dessous’ de la poi- trine. De chaque côté de cette ligne blanche qui est sur le dos, partent d’autres raies aussi blanches ; de la largeur d'environ un pouce , qui descendent le long des côtés : ces raies sont au nombre de neuf, et la première est derrière les pieds de devant; il y en a quatre qui descendent jusqu’au ven- tre ; la troisième est plus courte ; les quatre dernières sont sur la croupe, comme on le voit dans la figure. La queue est longue de plus d’un pied ; elle est un peu applatie et fournie de poils d'un gris blanchätre sur les bords , et qui forment à l’extremité une touffe d’un brun noirâtre. Les jambes sont délices, mais ner- veuses, sans cétte toufle de poils ou brosse qui se trouve sur le haut des canons des jambes postérieures des çerfs. La corne du pied est noire et fendue , comme celle de tous les animaux qui appartiennent à cette classe. à Cette description est celle du condoma de la ménagerie du prince d'Orange : cependant ’ $e (Se A e Ft LP te 264 re HOME NATURELLE _il ne faut pas croire que tous 1 onde soient précisément marqués dela même fa- çon. M. Klockner a vu diverses peaux où Les raies blanches différoient par leur longueur et liées leur position : mais on eonidrene qu’une telle différence n’est pas une variélé qui mérite quelque attention. Il y a une chose plus importante à remarquer ici, c’est que la plupart de ces peaux n’ont point de barbe, et l’on en voit une dans le cabinet de la so- ciété de Harlem, qui est très-bien préparée pour représenter au vrai la figure de l’aui— mal, mais aussi sans barbe: Ÿ auroit-il donc des condomas barbus et d’autres sans barbe ? c'est ce que jai peine à croire; et je pense avec M. Klockner,-que la barbe est tombée À : f , » + de ces peaux quand on les a préparées, et cela d'autant plus que si on les regarde avec attention, on voit la place où paroissent avoir été les poils dont la barbe étoit com- posée. | Notre condoma étoit Eee doux ; il ViVOoit en bonne union avec les animaux qui pais= soient avec lui dans le même parc;.et dès. qu'il voyoit quelqu'un s'approcher de la cloisou qui étoit autour, il accouroit pour L DU CONDOMA. 265 prendre le pain qu’on Jui oFroit. On le nour- rissoit de riz, d'avoine, d' herbes, de foin, de carottes, ete. Dans son pays natal, il broutoit l'herbe et mangeoit les boutons et les feuilles des jeunes arbres, comme les cerfs et les boucs. Quoique je l’aie vu très-fré- quemment, je ne lai jamais entendu don- ner aucun son; mais M. Klockner m'ap- prend que sa voix étoit à peu près ae de J'äâue. Voici ses dimensions telles - qu es ont été prises sur l'animal vivant, par le même M. Kiockner , sur la mesure pied- de-roi. pieds. pouces. lignes, Longueur‘ du corps depuis le bout du museau jusqu’à la queue. 5 8 2 Longueur de la tête depuis -le bout du museau jusqu'aux. (4 Papeete US 2 Longueur de la tête jusqu'aux PTE Eu RS PIE MAPS ‘8 6 Longueur des cornes mesurée en hametduentes. 25h di 2 T 8. Longueur des oreilles. ..,,,,.. »,.. 86 4 Lo) Le | 266 HISTOIRE NATURELLE pieds, pouces. lignes. . RUES du train de devant... 4 PT CON Hauteur du train de derrière. 4 La Circonférence du corps derrière les jambes de devañt. . 4.000" Circonférence du milieu du CO PES A ER ) Circonférence du corps devant les jambes postérieures. ..... Loseueur dé là quett 472 memes EN D ÿ En comparant cette dconts du con doma avec celle que Kolbe a donnée de la chèvre sauvage du cap de Bonne-Espérance, on a la confirmation de ce que j'ai dit ci- devant ; c’est que le condoma ressemble , à quelques égards , à cette chèvre : il est de la même taille ; son poil est à peu près de la même couleur grise, et il a, comme elle, une barbe et des, raies qui descendent depuis le dos sur les côtés, En voilà assez pour au- toriser M. de Buffon à dire qu’il n’avoit trouvé aucune notice d'animal qui appro- chàt de plus près le condoma que la chèvre sauvage de Kolbe; mais aussi j'ai observé qu'il y-avoit des différences remarquables entre ces deux animaux. Le nombre des AV DU CONDOMA. 267 raies blanches qui descendent sur leurs côtés n'est pas le même , et elles sont différem- ment posées ; la chèvre ne paroît point'avoir ces taches blanches qui sont au-dessous des yeux du condoma , et qui sont trop frap— pantes pour. qu’on puisse supposer que Kolbe ait oublié d'en parler : mais ce qui distingue principalement ces animaux, sont Les cornes ; celles de la chèvre sont dites sim plement recourbées, ce qui n'exprime point cette double flexion qui est si remarquable dans celles du condoma : aussi, dans la figure que Kolbe a ajoutée à sa description, la chèvre y est représentée avec des cornes qui seroient tout-à-fait droites sans une légère courbure au haut, à peine perceptible. L'auteur d’une histoire naturelle qui se publie en hollandois, a donné la figure d’un animal tué sur les côtes orientales d'Afrique, et dont le dessin lui a été communiqué par un médecin de ses amis. À en juger par les cornes, cet animal est un véritable condoma ; mais s’il est bien représenté, il a le corps plus lourd, et il n’a aucune des raies ni des taches blanches qui se trouvent sur celui que nous avons décrit. ao Muller , qui i travaille en À éclaircir le Systéme de la Nature de Liu: a donné une planche coloriée qui représ _passablement le condoma.. do PORTE “ 4 ral % i à ;; ; D À 4 ’ s F: » Co) A SANTE à Des e “x ; ï es à } 4 A Fr ADDITION À L'ARTICLE. MA BUBALE: s _ N'ovsdennons:ici la figure du bubale, qui manquoit dans notre tome V. M. Pallas dit : avoir vu cet animal vivant : il est ‘doux, mais d’une fisure moins élégante et d'une forme plus robuste que les autres grandes ‘gazelles ; il a même par la grosseur de la tête, par la longueur de la queue et par la figure du corps, une assez grande ressem— blance avec nos genisses ; il est plus haut qu'un âne, et plus elevé sur le train de de- vant que sur celui de derrière. Les dents sont toutes larges , tronquées, égales: celles du “milieu sont néanmoins les plus-grandes. La lèvre inférieure est noire , et porte une mous- tache ou plutôt un petit faisceau de poils. noirs de chaque côte. Il a, sur le museau et Je long du chanfrein , une bande noire ter- minée sur le front par une touffe de poils pla. cée en devant des cornes. Le reste de la courte description de M. Pallas s'accorde avec la 2e -mienne* el avec et de MM. de l académié des sciences, qui ont donné cet animal sous le nom de vache de Barbarie. J'observerai seulement que cet animal est assez différent de toutes les gazelles , pour qu’on doive le regarder comme faisant une espèce particu- lière et moyenne entre celle des bœufs et celle du cerf, tandis que les gazelles forment la nuance entre les chèvres et les cerfs. M. Forster soupçonne que le bubale et le koba sont le même animal, ou que du moins ils sont de deux espèces très-voisines. Il dit aussi que la grande vache bruné ou cerf du. Cap est le mêmeanimal.ÏIla rapporté la peau . d’un de ces prétendus cerfs du Cap, et ildit avoir trouvé que, par tous ses caractères , il ressembloit parfaitement au koba. Les chas- seurs disent que ces animaux ne se trouvent qu’à une grande profondeur dans les terres. du Cap, et qu’ils ne vont jamais en troupes. «Ils disent aussi, ajoute M. Forster, que le bubale a quatre pieds dé hauteur, et qu’il est en tout de la grandeur du cerf d'Europe, mais qu’il est en même temps d'une forme moins élégante. * Tome V, page 249. hu nas DU BUBALE. 272 Le pelage de cet animal est d'un rouge brun, et le poil est lisse et ondoyé; le ventre et les pieds sont d’une couleur plus pâle. Il y a depuis les cornes jusqu’au garrot une ligue noire , ainsi que sur le devant des pieds ; mais, dans ceux de derrière, cette ligne - noire est interrompueau genou. Deux autres bandes de mème couleur descendent de chaque côté de la tête, depuis le dessous des cornes jusqu’au museau, qui est aussi rayé de noir. Ces deux dernières bandes sont sur montées d’une tache blanche, qui est placée tout auprès de l’origine de la corne. Il y a sur le front un épi de poils en étoile qui se dirige en haut. Les poils du menton sont de couleur noire , longs d'environ un pouce et demi, et forment une espèce de barbe auprès de laquelle on voit une tache noire. La queue est terminée par une touffe de longs poils de cette dernière couleur , et est longue de plus d’un pied. La figure des cornes est abso- lument semblable à celle que M. de Buffon a fait graver dans le tome V de l’Æistoire na- turelle ; elles sont ridées de dix-neuf ou vingt anneaux, et ont environ vingt pouces de Jonsueur. » Ds EX, À PA HR LR", Tu Te DE), ZAR MAUR A RENE ea HISTOIRE N ar \ NOUVELLE ADDITION A L'ARTICLE : D'UBUBALME, 744 A» RES avoir écrit cet article sur le bubale, j'ai reçu, de la part de M. Allamand, les observations suivantes, qui confirment ce que je viens de dire; et comme il a joint à ces observations une figure dessinée d’après l'animal vivant, j'ai cru devoir la faire gra- ver(pl. XXIX), afin qu’on puisse la comparer avec la précédente, qui ne me paroit pas aussi exacte que celle-ci. Je vais de même rapporter ici ce que MM. Gordon et Allamand ont observé et publié dans le nouveau sup- plément à mon Histoire des animaux qua- drupèdes, imprimé à Amsterdam cette année 1781. : « Le bubale est'un de ces animaux dont la race est répandue dans toute l'Afrique; au LE CAMAA ox BUPBALE , d'apres M. Maman£ , Ÿ ee Me nan Ménhoe l Prratee HT Fa ANR RE HN | | \ DU BUBALE. 273 moins se trouve-t-il dans les contrées méri- dionales et septentrionales de cette partie du monde. L'espèce est très-notnbreuse près du cap de Bonne-Esperauce; et on la retrouve dans la Barbarie. MM. de l'académie royale des sciences en out decrit la femelle sous le nom de vache de Barbarie, et‘ M. de Buffon — a prouvé, par des raisons qui me paroissent’ couvaincantes , que notre bubale est le vrai butbalus des anciens Grecs et Romains, qui -sûrement n’ont pas couuu les animaux qui n’habitent qu'aux environs du Cap. MM. de l'académie des sciences ont ajouté à la description qu'ils out faite de la femelle bubaie, uue figurequi est très-exacte, mais qui ue sufht pas pour faire comprendre ce quejedirai sur ses differentes couleurs et sur la forme de ses cornes. Je donne ici la figure d'un male. \ Le dessin en est fait d’après l’animal vi vant , et j'en suis redevable à M. Gordon, qui m'a envoyé en mème temps la peau d'une femelle, que j'ai fait remplir, et que j'ai placée dans le cabines de notre academie. Ouivant sa coutume, 1! a joint à cet envoi ses observations ; elles me fournirontdiverses \ 1 3 (AAA ES CHE GE PCENTORE AA dut me d, 74 HISTOIRE NATURELLE. particularités qui n'ont pas pu être connues par M. de Buffon, qui, n'ayant point vu le bubale, n’en a parlé que d’après MM. de l'académie *. Il est vrai qu'il ne pouvoit pas suivre de meilleurs guides ; mais ce qu'ils ont dit de cet animal se borne presque à une description anatomique. Le bubale est nommé cazzaa par les Hot- tentots, et Zicama par les Caffres. Sa lon- gueur, depuis le bout du museau jusqu’à l'origine de la queue, est de six pieds quatre pouces, six lignes; il a quatre pieds de haut : la circonférence de son corps derrière les jambes de devant est de quatre pieds deux pouces , et devant les jambes de derrière, de quatre pieds. On voit, par ces dimensions, qu’il est plus petit que le canna que j'ai de- crit dans l’article précédent. La couleur de son corps est d’un roux assez fonce sur le dos, mais qui s’éclaircit sur les côtés ; le ventre est blanc, de même que la croupe, l’intérieur des cuisses et des jambes, tant intérieures que postérieures. Sur la partre extérieure des cuisses, il ya une grande tache noire qui s’étend sur les jambes : on voit une * Tome V, page 252. 1, + RU y Li PARU NOR ALE: TT 5 semblable tache sur les jambes de devant, laquelle commence près du corps, et par- vient extérieurement jusqu'aux sabots, qui sont noirs aussi; une bande de cette même couleur, qui a son origine à la base des * cornes et se termine au museau, partage tout le devant de sa tête en deux parties égales: Cette bande a été remarquée par J. Caius, qui a donné une bonne description du bubale , qu’il a nommé éselaphus. C’est la seule qu’on voie sur les femelles, dont tout le corps est couvert de poils d’une même _ couleur rousse. Sa tête est assez longue à pro- portion de son corps : mais elle est fort étroite ; elle n’a guère que six pouces dans e 2 La & | ” l'endroit le plus large: Ses yeux, comme MM. de l'académie l’ont observé, sont situes fort baut : ils sont grands et vifs ; leur cou- leur est d’un noir qui tire un peu sur le bleu. Ses cornes, qui s'élèvent au-dessus de sa tête, en s'écartant un peu de chaque côté, sont presque droites jusqu'à la hauteur de six pouces ; là elles s’avancent obliquement en devant à peu près aussi jusqu'à la distance de six pouces, et ensuite formant un nou- vel angle, elles se tournent en arrière, #6 HISTOIRE NATURELLI comme la figure l'indique : elles sont noires leurs bases se touchent et ont une circonfé- | rence de dix pouces : elles ont des anneaux | saillans, comme des pas de vis qui seroient usés aux côtés, et qui s'étendent, maïs quel quefois peu sensiblement, jusqu'à la hauteur de huit ou dix ponces; là parlie qui est re= tournée en arriere est lissé et se termine en pointe ; leurs extremites sont éloisnées en- viron d'un pied l’une de l’autre. Les femelles sont un peu plus petites que les mâles : ausst leurs cornes sont moins grosses et moins Jonoues. Les bubales ont des larimiers au-dessous des yeux, comme les cerfs. Leur queue, : longue de plus d'un pied , est sarnie en pb: ! sus d’une rangee de poils placés à peu près comme les dents d'un peigue. On a vu, dans l’articie précédent, que le canua étoit nommé é/an par les habitans du Cap. M. de Buflon, qui ignoroit cela, et qui ne connoissoit point cet animal, dont aucun voyageur n'a parlé, à cru que sous le nom d'élan Kolbe avoit désigné le bubale; mais ce que Kolbe en. dit ne lui convient pas. IL assure que ce prétendu élan a Ja tête +4 fe .* db AR | ‘QE LR Fa W | L'ORAPES.. : 6, DU RUBALE. M 208 courte à proportion de son corps » que sa hauteur est de cinq pieds , et que la couleur de son corps est cendrée. Ce sont là autant de caractères qui se trouvent dané le canna F mais dont aucun n’est applicable au bubale. Je croirois plutôt que Kolbe en a parlé sous le nom de cerf d'Afrique; et c’est effective- ment celui qu'on lui donne au Cap. Voici de quelle manière il en décrit les cornes : «Ses cornes sout d’un brun obscur, environnées comme d’une espèce depetite vis, pointues et droites jusqu’au milieu , où elles se courbent tant soit peu; depuis là elles continuent à suivre une ligne droite, de manière qu’en dessus elles sout à peu près trois fois plus éloignées l’une de l’autre qu'à la racine». On _reconnoit à celte description, tout impar- faite qu’elle est, les cornes du bubale; mais, “quoique Kolbe assure qu’il a vu plus de mille de ces animaux , je doute-qu'il en ait examiné un seul attentivement, puisqu'il dit que ce cerf africain est si semblable à ceux d'Europe, qu’il seroit superflu de le décrire , et seal est persuadé que c’est le spies-hirsch qu'on trouve communément en Allemagne. 24 278 hrsre OIRE NATU RELLE. . Les bubales , de mème que les cannas , se si sont éloignés des lieux habités du Cap, et se sont retirés dans l’intérieur du pays, où on les voit courir en grandes troupes, et avec. une vitesse qui surpasse celle de tous les. autres animaux ; un cheval ne sauroit les atteindre. M. Gordon n’en a jamais rencon— tré sur les montagnes; ceux qu'il a vus ! étoient toujours dans les plaines. Leur cri est une espèce d’éternument. Leur chair est d’un très - bon goût : les paysans qui sont éloignés du Cap, en coupent des ee fort minces qu’ils font sécher au soleil, qu'ils mangent souvent avec d'autres me au lieu de pain. Les femelles n'ont que deux mamelles, pour l'ordinaire , elles ne font qu’un petit à la fois : elles mettent bas en sep- tembre , et quelquefois aussi en avril. _ M. Pallas a donné une bonne description du bubale; et M. Zimmerman a soupçonne : que M. de Buffon pourroit s'être mepris en prenant cet animal pour l'élan de Kolbe. » | D ROBA sr DU KOB. { ie donné, d’après M. Adanson , le nom de £oba à un animal d'Afrique que quelques - voyageurs ont appelé grande vache brune , et dont l’espèce n’est pas éloignée de celle du "bubale. J'ai donné de même le nom de #06 à un auimal un peu moins grand, et que les voyageurs ont appelé perite vache brune. Le koba est grand comme un cerf, et par con- séquent approche de la grandeur du bubale, tandis que le kob n’est pas tout-à-fait si grand qu’un daim. M. Pallas dit que, de toutes les antilopes, celle-ci lui paroît être la plus voisine du genre des cerfs, le pelage étant _ semblable. Nous avons donné la figure des cornes du kob *: elles ont à peu près un pied de longueur; ce qui ne s'accorde pas avec ce que dit M. Pailas, qui ne leur donne qu’un demi-pied :et ce qui me paroît démontrer que M. Pallas n’avoit pris cette mesure des * Planche XXXII, fig. 7, tome XII de l’édition in-4° avec la partie anatomique. 280 HISTOIRE NATURELLE. | cornes que sur un jeune individu, c’est que M. Forster m'a écrit qu'il avoit rapporté du cap de Bonne-Espérance des coriies de cet animal kob, de même grandeur , et toutes semblables à celles que j’ai fait représenter. “Il dit que cet animal avoit une tache trian= _ gulaire blanche au bas des cornes , que son pelage est én général d’un rouge brun ; etil pense, comme moi, que le kob n’est qu’une variété du koba, et que tous deux ne s’é— Joignent pas de l'espèce du bubale. [F9 auquel. # ADDITION A L'ARTICLE DE LA GERBOISE. « Nous donnons ici la figure de la gerboise (gerbo), qui manquoit dans le tome VI de. _motre ouvrage, où nous avons donné une courte histoire des différentes espèces de ger- boises, et une description particulière de _ celle-ci, tirée d'Edwards et d'Hasselquist. Les petites différences qu’on pourroit y remar- quer, ne feroient tout au plus qu'une légère variété dans cette espèce, dont les couleurs et la longueur des pattes de devant et des ongles ne paroissent pas constantes. ïl existe dans le désert de Barca une ger- boise différente de celle-ci, en ce qu elle a le corps encore plus mince , les oreilles plus longues, arrondies, et à peu près également larges du haut en bas; les ongles des quatre pieds beaucoup plus courts, et les couleurs en genéral moins foncées ; la bande sur les cuisses moius marquée; les talons noirs ; la 22 HISTOIRE NATURELLE : pointe du museau beaucoup: plus appuie rl On voit que ces disconvenañces sout encore assez légères, et qu’on peut les regarder 4 comune de simpies varielés. > E Les gerboises se. trouvent dans tons les. climats de l'Afrique, depuis la Barbarie jus- * qu'au cap de Boune-Espérance; on en voit aussi en Arabie et dans plusieurs autres con- trées de 'Asie : mais il paroit qu’il y en a de graudeur tres-dilférenie, et il est assez éton- nantque, dansces animaux à longues jambes, il s’en trouve de vingt et même de cent fois plus gros que les petites gerboises dont nous avons parle. LL { / «J'ai vu, dit M. le vicomte de Querhoent, à la ménagerie du Cap, un animal pris dans le pays, qu'on nomyue lièvre sauteur. WU est de la grandeur du lapin d'Europe ; 1l'a'la tête à peu près comme lui, les oreilies au moins de la même longueur , les pattes de devant très -courtes et très- petites : il/s’en sert pour porter à sa eueule, et je ne crois pas qu'elles Jui servent beaucoup a\înarcher; il'les tient ordinairement ramassées dans son long poil, qui les recouvre entièrement : les DE LA GERBOISE 283. pattes de derrière sont grandes et grosses ; les doigts du pied, au nombre de quatre, sont longs et séparés; la queue est de la lon gueur du corps au moins, et couverte de _ longs poils couchés; le poil du corpsest jau- mâtre : le bout des oreilles et celui de la queue sont de la même couleur; les yeux sont . moirs, grands et saillans. On le nourrissoit de feuilles de laitue. Il aime beaucoup à ron- ger ; on lui mettoit exprès dans sa cage de petits morceaux de bois pour l’amuser.» \ M. Forster nous a communiqué un dessin de cette grande gerboise ou lièvre sauteur du. Cap, que nous donnons ici. Ce dessin étoit accompagné de la notice suivante : « Cette gerboise, dit-il, a cinq doigts aux pieds de devant, et quatre à ceux de der- rière : les ongles du devant sont noirs, longs, minces et courbés ; ceux des jambes de der- rière sont bruns, gros, courts, de figure conique, un peu courbés vers l'extrémité: l’œil est noir et fort gros; le nez et les na— seaux sont d’un brun roux ; les oreilles sont grandes, lisses, nues en dedans, et couvertes 684 HI STOIR E NA ATURELLE en dehors d’un petit poil court qui est cou leur d'ardoise. La tête ressemble assez à celle des petites gerboises ; il y a des moustaches autour de la gueule et aux angles des yeux. Les jambes , OU pl utôt les bras de devant, sont trés-courts, et les mains fort petites ; les jambes de derrière, au contraire, sont très-. grosses, et les pieds excessivement longs. La queue, qui est aussi fort longue et fort char - gée de poil, paroît mince à sa naissance, et fort grosse à son extrémité : elle est d’un fauve foncé sur la plus graridé partie de sa longueur, et d'un brun minime versle bout. Les jambes et les pieds sont d’un fauve pâle mêlé de gris ;. la couleur du corps et de la - tête est d’un jaune pâle presque blanc; les cuisses et le dessous du corps sout plus jaunes; tout le dessus du corps, ainsi que l'extrémité de la mâchoire, ledessus du nez, les mains, ont une teinte de fauve : le der- rière de la tête est couvert de grands poils mèêlés de noir , de gris et de fauve. » Au reste, nous pensons que cette gerboise du Cap, décrite par M de Querhoent et par M. Forster, est la même que celle dont LA 6 kr } DE LA GERBOISE. _ 285 M. Artist a donné l’histoire et la figure (planche XV de l’Æistoire ind bit édition de Hollande). _ Il nous paroît aussi que l’animal dont nous avons donné la description, tome VI, page 79, sous le nom de farsier, est du mème genre que les serboises, et qu’il appartient à l'ancien continent. Aucune espèce de ger- boisés , grandes et petites, ne se trouvant qu’en Afrique et en Asie, nous ne pouvons guère douter que le tarsier ne soit de l’une ou de l’autre de ces parties du monde. J'ai vu plusieurs figures de serboises dessi- nées d’après des pièces antiques, et sur-tout d’après une äncienne médaille de Cyrène, qui portoit en revers une gerboise, dont la figure ne ressemble point à celle de la ger- boise dont le docteur Shaw a donné la des- cription sous le nom de darnan-israël; car elle en diffère beaucoup par la grandeur, par la forme de la tête, par les yeux, et par plusieurs autres caractères. Il est aisé de démontrer que le docteur Shaw s’est troinpé en rapportant le daman-israëi a cette espèce de gerboise. Celle qui est dessinéé sur la mé- daille de Cyrène, est une vraie gerboise, et EME NE TRES 2 ET TR IC AN Ur TE _286 HISTOIRE NATURELLE LÀ n'a nu) rapport avec le data Dans d'ad! tres gravures tirees des Marbres antiques d'Oxford, j'ai vu la figure de quelques ger- boises. dont les unes avoient les pattes de devant, et sur-iout les oreilles, beaucoup, plus long oues que celles dont nous donnons ici les es Mais au reste ces gerboises gravées sur des marbres anliques ne sont. pas assez bien représentées pour pouvair les rapporter aux espèces que nous venons d'in- diquer. RE ‘ DE LA GERBOISE. 287 NOUVELLE ADDITION DE L'ÉDITEUR HOLLANDOIS (M. le PCA ALLAMAND) | A L'ARTICLE DE LA GERBOISE ou GERBO. x, D'ixs l'histoire des gerboises , M. de Buffon distingue quatre espèces différentes * de ces animaux : mais il n’eu a vu qu’une, qui est celle du tarsier; aussi est-ce Îa seule dont il ait donné la figure. Ce qu’il a dit des trois autres, est tiré des auteurs qui en on£ parlé avant lui : il a emprunté entre autres la description du gerbo qui appartient à Ja seconde espèce, de MM. Edwards et Hassel- quist. Cet animal est actuellement vivant à Amsterdam, chez le docteur Klockner, qui A DRASS REP “AR FN ee HISTOIRE. NATUR | nous a permis de le faire dessiner, et qui a bien voulu nous communiquer ce qu'il. a offert de plus remarquable. C’est en faisant usage de ses observations, que nous allons ajouter quelques particularités à celles que M. de Buffon en a rapportées. La description que celui-ci en a faite, est très-exacte. On reirouve dans le dérbe de. M. Kiockner tout ce qu il en a-dit, à l excep- tion de cette grande bande noire transver- sale en forme de croissant qui est au bas des reins, près de la queue : c’est une fe- muelle, et peut-être cette bante ne se voit- elle que sur le mâle ; ce qui me porte à le croire, c’est que j'ai mis dans le ca#ffnet de . l'académie de Leyde la peau d’un autre gerbo femelle, où cette bande ne paroit pas non plus. agé . M. Klockner a reçu cette gerboise de Tue la caisse dans laquelle elle lui a été apportée, étoit garnie en dedans de fer-blanc; elle en. avoit enleve avec ses dents quelques pièces, et en avoit rongé le bois en différens en- droits. Elle fait ia même chose dans la cage où elle ést actuellement sardée; elle n'aime pas à être renfermée : cependant elle n’est point DE LA GERBOISE, 269 farouche ; car elle souffre qu’on la tire de sou nid et qu'on l’y remette avec la main nue, sans qu'elle morde jamais. Au reste, elle ne s’apprivoise que jusqu’à un certain point, comme l’a remarqué M. de Buffon; car elle ne paroît mettre aucune différence entre celui qui lui donne à manger et des étrangers. Lorsqu'elle est en repos, elle est assise sur ses genoux, et ses jambes de der- rière étendues sous le ventre atteignent pres- que ses jambes de devant, en formant une espèce d’arc de cercle : sa: queue alors est posée le long de son corps; dans cette attitude, elle recueiile les grains de blé ou les pois dont elle se nourrit : c’est avec ses pattes de devant qu'elle les porte à sa bouche, et cela si promptement, qu’on a peine à en suivre | de l'œil les mouvemens ; elle porte chaque grain à sa bouche, et en rejette l'écorce pour ne manger que l'intérieur. | Quand elle se meut, elle ne marche pas en avançant un pied devant l’autre, mais en sautant comme une sauterelle, et en s'appuyant uniquement sur l'extrémité des doigts de ses pieds de derrière ; alors elle tient ses pieds de devant si bien appliqués contre \ Fe Quadrupedes Re, 29 muC ! 200. HISTOIRE NATURELLE sa poitrine, qu’il semble qu’elle n’en à poiut. La figure qu’en offre la planche, la représente dans lattitude où elle est quand elle se prépare à sauter, et il est difficile de concevoir comment elle peut se soutenir; quelquefois même son corps forme, avec . ses jambes, un angle plus aigu encore: mais, pour l'ordinaire, elle se tient dans une situation qui approche plus de la per- pendiculaire. Si on l’épouvante, elle saute à sept ou huit pieds de distance. Lorsqu'elle veut grimper sur une hauteur, elle fait usage de ses quatre pieds; mais lorsqu'il faut des- cendre dans un creux, elle traîne après soi ses jambes de derrière sans s’en servir, et elle avance en s’aidant uniquement des pieds de devaut. IL semble que la Jumière incommode cet animal; aussi dort-1l pendant tout le jour; et il faut qu'il soit bien pressé par la faim pour qu ’il lui arrive de id quand le soleil tuit encore : mais dès qu'il commence à faire obscur, il se réveille, et durant toute la nuit il est {continuellement en mouve- . ment, ét c’est alors seulement qu'il mange. Quand Le jour paroît, il rassemble en tas le DE LA GERBOISE : 2gr sable qui est dispersé dans sa cage; il met par- dessus le coton qui lui sert de lit, et qui est fort dérangé par le mouvement qu'il vient de se donner; et après avoir raccommodeson nid , il s’y fourre jusqu’à la nuit suivante. Pendant le voyage qu’il a fait de Tunis à Amsterdam, et qui à été de quelques mois, on l'a nourri de gruau ou de biscuit sec sans Jui donner à boire. Dès qu’il fut arrivé, le premier soin de M. Klockuer fut de lui pré- senter un morceau de pain trempé dans l'eau, ne doutant pas qu'il ne füt fort altéré; mais il ne voulut point y toucher, et il pré- féra un biscuit dur : cependant M. Klockner, ne soupçonnant pas qu’il püt se passer d’eau, lui donna des pois verds et des grains de blé qui en étoient imbibés; mais ce fut inutile- ment, il n'en goûta point: il fallut en reve- nir à ne lui donner que du manger sec sans eau ; et jusqu à présent , depuis une année et demie, il s’en est bien trouvé. ue Quelques auteurs ont rangé cet animal parmi les lapins, auxquels il ressemble par la couleur et la finesse de son poil, et par la Jougueur deses oreilles; d’autres l’ont pris pour un rat, parce qu’il est à peu près de \ AT no da ie 2 DR 292 HISTOIRE NATURELLE la même grandeur : mais il n’est ni lapin ni rat; l'extrême disproportion qu'il y a entre ses jambes de devant et celles de der- rière, et l’excessive longueur de sa queue, le AiSHUBHNRS des uns et des autres. IL forme un genre à part et même très- -singulier avec l'alagtaga, dont M. Gmelin nous a donné la description et la figure, mais qui approche si fort de notre gerbo, qu’on ne peut le re- garder, avec M. de Buffon, que comme une variété de la même espèce. Il ne faut pas oublier que le serbo a au- tour de la bouche une moustache composée de poils assez roides, parmi lesquels 1l y en a un de côté d’une longueur extraordinaire, puisqu'il est long de trois pouces. Je me suis servi de la peau bourrée qui est dans le cabinet de l'académie de Leyde, pour prendre les dimensions que vorct. pieds. pouces, lignes, Longueur du corps entier, mée- surée en ligne droite, depuis le bout du museau jusqu’à l'anus... sis tele le sin din 1e 1e loliotetlete » AGE 7 Longueur des oreilles...,..... Distance entre l’oreille et l'œul, » » 6 . DE LA GERBOISE. 293 pieds, pouces, lignes, Longueur de l’œil d’un angle à MR ER cales. à die ce » 6: Quxerture de leæil.. 4... sde 358 » 5) Distance entre l'œil et le bout | du museau Lt ie de T « Circonférence du bout du mu- Re du at ep 6 Circonférence de la tête entre les * oreilles et les yeux......... » 5 ” Circonférence du corps prise der- rière les jambes de devant... » ee Circonférence prise devant les jambes de” derrière: . 2/2.» "7 6 x Longteur des jambes de devant, depuis ‘l'extrémité des doigts jusqu la poitrinest. oui rs #9 10 Longueur des jambes de der- _rière,: depuis Pextrémité des : | pieds jusqu’à Pabdomen. Su GTR TOC Longueur de la queue.......:»: 8 di Ces dimensions sont celles du gerbo dont j'ai la dépouiile , et elles sont à peu près celles du gerbo de M. le docteur Klockner, et .de presque tous ceux qui ont'été décrits par les naturalistes ; il y en a cependant qui sont beaucoup plus grands. Prosper Alpin, 04 HISTOIRE NATURELLE en parlant du daman ou agneau d'Israël, que M. de Buffon range’ avec raison, au nombre des gerboises , avoit déja dit que cet antmal ést plus gros: que notre Japin d'Europe; ce qui a paru douteux au doc- teur Shaw et même à M: dé Buffon. À pré- sent nous somines certains que cet auteur n’a point exagéré. Toute l’Europe sait que MM. Banks et Solander, animés d’un zèle, je dirois presque héroïque, pour avancer nos connoissances dans l’astrouomie et dans l’histoire naturelle, ont entrepris le tour du monde : à leur retour.en Angleterre, ils ont fait voir deux gerbos qui surpassent ex grosseur nos plus grands lièvres; én Courant sur leurs deux pieds de derrière, ils mettent en défaut les meilleurs chiens. Ce n’est là qu'une des moindres curiosités qu'ils onE apportées avec eux ;. ils en ont fait une ample collection, qui leur fournira de quoi remplir un millier de planches. On pré- pare, par ordre de l’amirauté d'Angleterre, uue relation de leur voyage : on y verra des particularités très-intéressantes sur un pays des terres australes, que nous necounoissions jusqu'à présent que de nom; je veux parler de la nouvelle Zélande, etc. Tom 10. PL S2. 2 # F ; {. LA GRANDE GERBOISE ox Zcoredautur: / F Parquet P DE LA GERBOISE. >95 SECONDE ADDITION dé s 408 PARC E DES GERBOISES, Par! M'°'AT LAMAND. « Daxs l'histoire que j'ai donnée du gerbo, j'ai remarqué que Prosper Alpin a eu raison de dire que. le daman , qui appartient au genre des gerboises * , étoit plus gros que notre lapin d'Europe. J'ai avancé cela, fondé sur ce qu'on m'avoit écrit d'Angleterre, que M. Bauks, revenu de son voyage autour du monde , avoit apporté un de ces animaux * Le daman du docteur Shaw appartient en. effet au genre des gerboiïses; mais nous verrons , comme nous venons d’en avertir , les raisons qui nous persuadent que le docteur Shaw a mal ap- Ra : pliqué à cet animal le nom de darman. 206 HISTOIRE NATURELLE qui surpassoit en grosseur nos plus grands Tièvrés. A présent je suis en état de dire quelque chose de plus positif sur cet animal, dont M. Banks a eu la bonté de me faire voir la dépouille, et dont nous avons la. description et la figure dans la relation du voyage de M. le capitaine Cook. Il diffère de toutes les espèces de gerboises décrites jus qu'à présent, non seulement par sa gran- deur , qui approche de celle d’une brebis , mais encore par.le nombre ou l’arrange- ment de ses doigts. Parkinson , qui étoit parti avec M. Banks en qualité de son dessinateur , et dont on a publie les mé- moires, nous apprend qu'il avoit cinq doigts aux pieds de devant , arimés d'ongles cro- chus , et quatre à ceux de derrière ; comme c’étoit un jeune qui n’étoit pas encore par- venu à toute sa grandeur , il ne pesoit que trente-huit livres ; sa tête, son cou et ses épaules étoient fort petits en comparäison des autres parties de son corps ; ses jambes de devant avoient huit pouces de longueur, et celles de derrière en avoient vingt- deux ; il avançoit en faisant de très-grands sauls et en se tenant debout; il tenoit ses DE LA GERBOISE. . 297 jambes de devant appliquées à sa poitrine, et elles paroissoient ne lui servir qu'à creuser la terre; sa queue étoit épaisse à son origine, et son diamètre alloit en diminuant jusqu’à son extrémité ; tout son corps étoit couvert d’un poil oris-de-souris foncé , excepté à la tête et aux oreilles, qui avoient quelque ressemblance à celles d'un lièvre. Par cette description , on voit que cet animal n’est pas le gerbo qui a quatre doigts aux pieds de devant et trois à ceux de der- rière , ni le daman ou agneau d'Israël , qui a quatre doigts aux pieds de devant et cinq à ceux de derrière * , avec lequel par consé- quent je n’aurois pas dû le confondre: l’alas- taga est l'espèce des gerboises qui en appro- che Le plus par le nombre des doigts ; il en a cinq aux pieds de devant et lrois à ceux de derrière , avec un éperon qui peut passer pour un pouce ou quatrième doigt , comme le remarque M. de Buffon : mais la diffé- * Cela est vrai du prétendu daman du docteur Shaw, qui est une gerboise, mais faux à l’égard du véritable daman, qui n’a que trois doigts aux pieds de derrière. (Voyez son article dans le tome XIIL.) à LA D » SON PPT LINE tes PU LE 4 URSS 298 HISTOIRE NATURELLE rence de grandeur , la distance des lieux et la diversité du climat où ces deux animaux se trouveut, ne permettent guère de les regarder comme une seule et même espèce: Celui que M. Banks nous a fait connoître, est habitant de la nouvelle Hollande, et l'alagtaga est commun en Tartarie et sur le Wolga. Nous avons actuellement en Hollande un animal vivant , qui pourroit bien être le même que celui de la nouvelle Hollande : on en jugera par la description suivante, dont je suis redevable à M. le docteur Klock- ner, à qui j'ai dû aussi celle que j'ai donnée ci-devant du petit gerbo.. Cet animal a été apporté du cap de Bone Espérance par le sieur Holst, à qui il ap= partient; il a été pris sur une montagne nommée Szenwberg, située à une très- grande distance du Cap et fort avant dans les terres ; les paysans hollandois lui don- nent le nom de aerdmannetje , de springen- dehaas ou lièvre sautant; il est de la gran- deur d’un lièvre ou d’un lapin ; son pelage est de couleur fauve par le haut, mais de couleur de cendré sur la peau , et entremélé DE LA GERBOISE. 299 de quelques poils plus longs, dont la pointe est noire ; sa tête est fort courte , mais large et plate entre les oreilles , et elle se termine par un museau obtus qui a un fort petit nez; sa mâchoire supérieure est fort ample et cache l’inférieure, qui est trés-courte et pe tite; il n'est point de quadrupède connu qui ait l'ouverture de la gueule si en arrière au- dessous de la tête. | | Les oreilles sont d’un tiers plus courtes que celles du lapin ; elles sont fort minces et transparentes au orand jour ; leur partie supérieure est noirätre , l’inférieure est de couleur de chair et plus transparente que la partie supérieure. Il a de grands yeux à fleur de tête, d'un brun tirant sur le noir: ses paupières sont garnies de cils et surmontées de cinq ou six poils très-longs. Chaque imächoire est garnie de deux dents incisives très-fortes ; celles de la supérieure ne sont pas si longues que celles de la mâchoire infé- rieure : la lèvre d’en haut est garnie d’une moustache composée de longs poils. Les pieds de devant sont petits, courts, et situés tout près du cou : ils ont chacun cinq doigts aussi très-courts , placés sur la même DE a A D en ve dE EL | 300 HISTOIRE NATURELLE ligne; ils sont armés d'ongles crochus, de deux tiers plus grands que les doigts mêmes ; il y a au-dessous une éminence charnue sur laquelle ces ongles reposent. Les deux jambes de derrière sont plus grandes que celles de devant : les pieds ont quatre doigts, dont les deux intérieurs sont plus courts que Le trois sième , qui est un tiers plus grand que l’ex= térieur; ils sont tous garnis d'ongles, dont le dos est Fleraé et ” sont concaves em dessous. | M Le corps est étroit en avant et un peu plus gros en arrière; la queue est aussi longue que le corps ; les deux tiers en sont couverts de longs poils fauves, et l’autre tiers de poils nours. TEE Comine les autres sortes de gerboises , 1l ne se sert que de ses pieds de derrière pour marcher, ou, pour parler juste, pour sau- ter: aussi ces pieds sont-ils très-forts; et si on le prend par la queue, il en frappe avec beaucoup de violence. On ‘n’a pas pu déterminer la longueur de.ses plus grands sauis , parce qu'il ne peut pas exercer sa force dans le petit appartement où il. est renfermé : dans l’état de liberté, on dit que DE LA GER BOIS E:W: 11.807 ces animaux font des sauts de vingt à trente pieds. Son cri est une espèce de grognemenf. Quand il mange, il s’assied en étendant horizontalement ses grandes jambes et en courbant son dos. Îl se sert de ses pieds de devant comme de mains pour porter sa nour- riture à sa gueule : il s'en sert aussi pour creuser la terre ; ce qu’il fait avec tant de promptitude , qu’en peu de minutes il peut s'y enfoncer tout-à-fait. | Sa nourriture ordinaire est du pain, des racines , du blé, etc. Quand il dort, il prend une attitude sin- gulière ; 1l est assis avec les genoux étendus; il met sa lête à peu près entre ses jambes de derrière, et avec ses deux pieds de devant il tieut ses oreilles appliquées sur ses yeux : il semble ainsi protéger sa tête par ses mains. C’est pendant le jour qu'il dort, et pendant la nuit il est ordinairement éveillé. Par cette description on voit que cet ani- mal doit être rangé dans la classe des ger- boises décrites par M. de Buffon , mais qu’il en diffère cependant beaucoup, lant par sa grandeur que par le nombre de ses doigts. it 302 HISTOIRE inehircne Nous eu donnons ici la figure , qui, quoi= qu elle ait beaucoup de rapport avec celle que nous avons donnée du gerbo, en diffère cependant assez pour qu'on ne puisse pas les confondre : nous avons fait graver, au bas de la planche, les pieds de cet animal, pour qu'on comprenne mieux ce que nous en avons dit. S'il est le même animal que celui qui a été décrit dans la relation du voyage du capitaine Cook , comme il ÿ a grande appa- rence , la figure qui s’en trouve dans l’ou- vrage anglois et dans la traduction fran- çoise , n’est pas exacte ; la têle en est trop longue ; ses jambes de devant ne sont jamais dans la situation où elles sont représentées comme pendantes vers le bas : le nôtre les tient toujours appliquées à sa poitrine, de façon que ses ongles sont placés immédia- tement sous sa mâchoire inférieure :; situa- tion qui s'accorde avec celle que leur donne l’auteur anglois , mais qui a été mal expri- mée par le dessinateur et par le graveur. Voici les dimensions de notre grand gerbo, qui feront mieux connoîtrecombien il diffère de toutes les autres espèces décrites. » ® DE LA GERBOISE... 303 pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, mesurée en ligne droite, depuis le bout du ii _ museau jusqu’à origine de la R QUEUE... .ssossrsosvesseose I 2 » à Longueur des oreilles. ........ » 2 Distance entre les yeux....... » 2 » Longueur de l’œil d’un angle à rites ï x nue de lil UT St » Circontérence du corps prise der- rière lés Jambes de devant... » 1 » Circonférence prise devant les jambes de derrière. ......,., # de 2 Hauteur des jambes de devant, depuis lextrémité des ongles Jusqu'à la poitrine, ... ...., » Sir Longueur des jambes de derrière, | depuis lPextrémité des pieds -jusqu'#, l’abdomen. ; «Luce. ss 2 521 8 9 Longueur de la queue........ Zu ds En comparant ces descriptions de M. Alla- mand , et en résumant les observations que l’on vient de lire, nous trouverons dans ce senre des gerboises quatre espèces bien dis- tinctement connues : 1° la gerboise ou gerba Nan “ 304, HISTOIRE NATURELLE d'Edwards, d'Hasselquist et de M. Allamand, dont nous avons donné la description, tome VI, pages 102 et 103, et dont nous donnous ici la figure, et à laquelle nous laissons simplement le nom de gerboise , en persistant à Jui rapporter l’alastaga , et en Jui rapportant encore, comme simple variété, la gerboise de Barca de M. le chevalier Bruce; 2°. notre /arsier , planche IX , tome VI, qui est bien du genre de la gerboise , et même de sa taille, mais qui néanmoins forme une espèce différente, puisqu'il a cinq doigts à tous les pieds ; 3°. la grande gerboise ou lièvre sauteur du Cap, que nous venons de reconnoitre dans les descriptions de MM. de Querhoent , Forster et Ailarmand,, et dont nous donnons ici la figure; 4°. la frès- grande gerboïse de la nouvelle Hollande, appelée fanguroo par les uaturels du pays: elle approche de la grosseur d’une brebis, et par conséquent est d’une espèce beaucoup plus forte que celle de notre grande gerboise ou lièvre sauteur du Cap, quoique M. Alla- mand semble les rapporter l’un à: l’autre. Nous n’avons pas cru devoir copier la figure de cette gerboise, donnée dans le prenuier dun | DE LA GERBOISE. 305 Voyage du capitaine Cook , parce qu'elle nous paroît trop défectueuse: mais nous de- vons rapporter ici ce que ce celébre naviga- teur a dit de ce singulier animal, qui, jusqu’à ce jour, ne s’est trouvé nulle part que dans le continent de la nouvelle Hol- Jande. « Comme je me promenois le matin à peu de distance du vaisseau, dit-il( à la baie d'Endeavour, côte de la nouvelle Hollande ), je vis un des animaux que les gens de l’équi- page m'avoient décrits si souvent : 1l étoit d'une lésère couleur de souris , et ressem- bloit beaucoup , par la grosseur et la figure, à un levrier; et je l'aurois en effet pris pour un chien sauvage, si, au lieu de courir, il n’avoit pas sauté comme un lièvre ou un daim... M. Banks, qui vit imparfaitement cet animal, pensa que son espèce étoit en- core inconnue... Un des jours suivans, comme nos gens partoient au premier cré— puscule du matin pour aller chercher du gi- bier , ils virent quatre de ces animaux, dont deux furent très-bien chassés par le levrier de M. Banks ; mais ils le laissèrent bientôt DRE OA 306 HISTOIRE NATURELLE derrière , en sea par - dessus l'herbe longue et épaisse qui empèchoit le chien.de courir. On observa que ces animaux ne mar- choient pas sur leurs quatre jambes ,:mais qu'ils sautoient sur les deux de derrière *;; comme le gerbua où nus jaculus...:: Enfnr M. Gore, mon lieutenant, faisant , peu de. jours après, une promenade dans l'interieur du pays avec $où fusil, eutle bonheur de tuer un de ces quadrupèdes qui avoient été si souvent l’objet de nos spéculations. Cet ani- mal n’a pas assez de rapportavecaucuntautre déja connu , pour qu’on puisse en faire la comparaison : sa figure est très-analogue à celle du gerbo, à qui il ressemble aussi par ses mouvemens ; mais sa orosseur est fort différente, le gerbo étant de la taille d’un rat ordinaire, et cet animal parvenu à son entière croissance, de celle d’un mouton. Celui que tua mon lieutenant étoit jeune; et comme il n’avoit pas encore-pris tout son accroissement, il ne pesoit que trénte“huit hvres. La tête, le cou et les épaules sont * Le traducteur dit les deur de devant; mais c’est évidemment une faute, comme le prouve ce qui suil. "NDE LA GERBOISE. :: 307 très-petits en proportion des autres parties du corps. La queue est presque aussi longue que le corps ; elle est épaisse à sa naissance, et elle se termine en pointe à l'extrémité. Les jambes de devant n’ont'que huit pouces de long , et celles de derrière en ont vingt-deux; il marche-par sauts.et par bonds ;, il tient alors la tête droite, et ses pas sont fort longs; il replie ses jambes de devant tout près de la poitrine, et il ne paroît s’en servir que pour creuser la terre. La peau est couverte d’un poil court, gris ou couleur de souris: foncé ; il faut en excepter la tête et les oreilles, qui ont une lésère ressemblance avec celles du lièvre. Cet animal est appelé fazguroo par les naturels du pays... Le mème M..Gore., dans une autre chasse, tua un second #az- guroo qui, avec la peau, les entrailles et la tète, pesoit quatre-vingt-quatre livres; et néanmoins, em l’examinant, nous recon- nümes qu'il n’avoit pas encore pris toute sa croissance, parce que les dents. mâche- lières intérieures n’étoient pas encore, for- mées…...Ces animaux paroissent être l'espèce de quadrupèdes la plus commune à la nou- velle Hollande ; et nous en rencontrions # MX À AU ANUS REUTT 38 HISTOIRE N ATU UIRE LL presque toutes les fois que nous allions _—. les boisi-» ‘4 0/00 | $ On voit clairement par cette description historique, que le kanguroo ou très-grande gerboise de la nouvelle Hollande n’est pas le même animal que la grande gerboise ou lièvre sauteur du cap de Bonne-Espérance; et MM. Forster , qui ont été à portée d’em faire la comparaison avec le kanguroo de la nouvelle Hollande, ont pensé, comme nous, que c’étoient deux espèces différentes dans le genre des gerboises. D’un autre côté, si l’on compare ce que dit Le docteur Shaw de l’ani- mal qu'il appelle darnan , avec la descrip- tion du lièvre sauteur, on reconnoîtra aisé- ment que ces deux animaux ne font qu'une seule et mème espèce, et que ce savant voya- geur s’est trompé sur l'application du nom daman ; qui appartient à un animal tout différent. On peut aussi inférer de ce qui vient d’être dit, que l’espèce du lièvre sauteur appartient non seulement à l'Afrique, mais encore à la Phénicie, la Syrie, et autres régions de l'Asie mineure, dont la communication avec _ DE LA GERBOISE. 309 YAfrique est bien établie par l'Arabie, pour des animaux sur-tout qui vivent dans les sables brülans du désert. En séparant donc le vrai daman des gerboises , nous devons indi- quer les caractères qui les distinguent. Fin du tome dixième. / TABLE. Des articles contenus dans ce nie” Il { Ds ni- -gaut, page 5. r. NS Addition aux articles du cerf, du ae, du che- vreuil et du renne, 26. Du cerf, cbid. : Du daim et de l’axis, 37e Du chevreuil, 39. Du renne, 43. Nouvelle addition aux articles du cerf et du che- vreuil, 52. $ Addition de l’éditeur hollandoïs (M. le professeur Allamand) , 50. | L’élan, le caribou et le renne, 1bid. Addition à l’article de l’élan, 65. Suite de l'addition à l'article de l'élan, 72. Description du renne, par M. le professeur Alla- mand, 75. Suite de l’addition à l’arucle du renne, 69. Additions à l’article du renne, 93 et 106. MES € A TABLE. à Addition aux articles de Ja brebis, du mouflon, et des brebis étrangères, 112. Addition aux articles des chèvres, étrangères, grandes et petites, 129 Des chèvres d’Europe , zbid. Du bouc de Juda, 126. Des chèvres et des brebis, 129. Du suiga, 142 Addition à Particle des gazelles et des antilopes, 147. De la gazelle pasan, 151. Addition à l’article du pasan, par M. Ie pro- __ fesseur Allamand, 154. Jr De la gazelle anulope, 164 De la gazeile izeiran , 171, De la grimme, 161. Addition à Particle de la grimme, 189. De la gazelle , ou chèvre sautante du cap de Bonne- Espérance, 192. De ja gazelle à bourse sur le dE par M. Alla- Peu 200. Le pie , Ou sauteur des rochers, 204. Addition à l’article du nanguer et du nagor, 207. Le ritbok, 212. | Le chevrotain, 220. Le te appelé à Java pete ga zelle, 22e LA | | De. de. igazelle Lérall ; po à Le bosbok , 224; sat pr ue De la chèvre bleue, 297. he | CL BAL A ‘4 Le’ chevreuil des ‘Indes, 28. Ge. 1: et 0 “Et Du canna, 238. RS tee Rex 0 Du condoma, ou x -coesdoes , 2$1. | ne: Addition à Pbistoire du condoma, ou coesdoes; pit M. le professeur Allamand, 27. 1 Addition à Particle du bubale, 269. Nouvelle addition à Varticle du bubale, 272. | Du koba et du. Kob, 279« Addition à l'article de la-serboise, 281. ; : Nouvelle addition de l'éditeur hollandoiïs (M. le professeur Allamand ) à l’article de # get boise ou gerbo, 287... : k Seconde addition à Particle des es par #° M.'AIR ind, ma UT 3 9088 00769 6461