: Le nt La VA j Fa À RTE, 3 “ + Le fade 2% ph # ; a] \ Es L) 2 4 A + , — ÿ HISTOIRE HAEPRELLE ; QUADRUPÈDES, TOME ONZIÈME | HISTOIRE NATURELLE Pan BUFFON, € A PR st fé Le "4 Le \ | ! 5” " “ps L { DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. QUADRUPEDES. TOME ONZIEME. Vu asontan Instity RS RICHMOND COLLECTION. | NN # A. À PARIS Q Hional Muse CS ne rs al À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DE P. DIDOT L'AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, ET FiRMIN DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116, : r AN VIT — 1399. HISTOIRE DNA LU RE L LvE PENLA CIVETTE. M. de Ladebat a envoyé , en 1772, à M, Bertin , ministre et secrétaire d'état, une civette vivante. Cet animal avoit été donné par le gouverneur hollandois du fort de la Mine , sur la côte d'Afrique, au capitaine d’un des navires de M. de Ladebat père, en 1770. Elle fut débarquée à Bordeaux au mois de novembre 1772 : elle arriva très-foible ; mais , après quel- ques jours de repos, elle prit des forces, etau bout de cinq à six mois elle a grandi d'environ quatre pouces. On l’a nourrie avec de la chair crue et cuite , du pois- 1 NP MALTE PTE ATEN 6 HISTOIRE NATURELLE son , de la soupe, du lait. On a eu soin. de a tenir chaudement pendant l'hiver ; . car elle paroît beaucoup souffrir du froid, « et elle devient moins méchante lorsqu'elle “ y est exposée *. à * Lettre de M. de Ladebat à M. de Buffon. « Bordeaux, 3 novembre 1772. 4 : z 5 ea = = el . Ex a A E É TD auqut S. t DE LA GENETTE. Jar dit , à l’article de la genette:, que l'espèce n’en est pas fort répandue; qu'il n'y en a point en France ni dans au- . cune province de l’Europe, à l'exception de l'Espagne et de la Turquie. Je n’étois pas alors informé qu'il se trouve des ge- nettes dans nos provinces méridionales, et qu’elles sont assez communes en Poitou, où elles sont connues sous le nom de ge- nettes, même par les paysans, qui assu- xent qu’elles n’habitent que les endroits humides et le bord des ruisseaux °. M. l'abbé Roubaud, auteur de la Gazette d'agriculture et de plusieurs autres ouvrages utiles, est le premier qui ait . annoncé au public que cet animal exis- toit en France dans son état de liberté ; 1l m'en a même envoyé une, cette année 1 Tome III, page 3or: ? Extrait des 4ffñches du Portou, du jeudi 10 février 1774. | ô HISTOIRE NATURELLE 1775, au mois d'avril, qui avoit été tuée à Civray en Poitou, et c’est bien le méme animal que la genette d'Espagne, à quelques variétés près dans les couleurs du poil. Il se trouve aussi des genettes dans les provinces voisines. + —— TES RE « Depuis trente ans que J'habite la pro- vince de Rouergue, m'écrit M. Delpèche, j'ai toujours vu les paysans apporter des genettes mortes, sur-{out en hiver, chez un marchand, qui m'a dit qu 1 y eu avoit peu, mais qu’elles habitoient aux environs de la ville de Villefranche, et qu'elles demeuroient pendant l'hiver dans des terriers , à peu près comme les lapins. Je pourrois en Mae as de mortes s’il étoit nécessaire ! Nous donnons ici la figure d'une ge- nette femelle , qui nous a paru différer assez de la femelle genette ? pour mériter 1 Lettre de M. Delpèche, maïtre-ès-arts, à M. de Buffon. Villefranche de Rouergue, 6 août #77. 3 Tome ILE, planche XV, page 299. DE LA GENETTE. 9 d’être décrite et dessinée. On la montroit à la foire Saint - Germain en 1772 ; elle étoit farouche et cherchoïit à mordre. Son maître la tenoit dans une cage ronde et étroite ,-en sorte qu'il étoit assez difficile de la débeater On ne la nourrissoit que de viande. Elle avoit la physionomie et tous les principaux caractères de la ge- nette du tome IÎl, la tête longue et fine, le museau alongé et avancé sur la mûi- choire inférieure , l'œil grand, la pupille étroite , les oreilles rondes, le poil de la tête et du corps moucheté, la queue longue et velue. Elle étoit un peu plus grosse que celle du tome IT, quoiqu’elle füt encore jeune; car elle avoit grandi assez considérablement en trois ou quatre mois. Nous n’avons pu savoir de quel pays elle venoit ; son maître l’avoit ache- tée à Londres sept ou huit mois aupara- vant. C’est un animal vif et sans cesse en mouvement , et qui ne se repose qu’en dormant. Cette genette avoit vingt pouces de longueur sur sept pouces et demi de hauteur ; elle avoit le dessus du cou plus to HISTOIRE NATURELLE fourni de poil que l’autre genette ; celui de tout le corps est aussi plus long ; les k anneaux circulaires de la queue sont | moins distincts, et même il n’y a point | d’anneaux du tout au-delà du tiers de la queue ; les moustaches sont beaucoup. plus grandes, noires, longues de deux : pouces sept lignes , couchées sur les : joues, et non droites et saillantes comme dans les chats ou les tigres ; le nez noir, ct les narines très-arquées ; au-dessus du nez s'étend une raie noire qui se prolonge entre les yeux , laquelle est accompagnée de deux bandes blanchâtres ; il y a une tache blanche au-dessus de l'œil, et une bande blanche au-dessous ; les oreilles sont noires , mais plus alongées et moins. larges à la base que les oreilles de la pre- mière genette ; le poil du corps est d’un blanc gris, mélé de grands poils noirs dont le reflet paroît former des ondes noires ; le dessus du dos est rayé et mou- cheté de noir ; le reste du corps mou- cheté de même, mais d’un noir plus foible ; le dessous du ventre blanc ; les jambes et les cuisses noires; les pattes DE LA GENETTE. rt courtes; cinq doigts à chaque pied ; les ongles blancs et sa la queue longue de seize pouces , grosse fe deux pouces à l’origine : dans le premier tiers de sa lon- sueur , elle est de la couleur du corps, rayée de petits anneaux noirs assez mal terminés ; les deux autres tiers de la queue sont tout noirs jusqu’à l'extrémité. pieds. pouces. lignes. Longueur du bout du museau à lPangle extérieur de l’œil..... » E Ô Ouverture de Pangle à l’autre... » ni) Q Distance entre les angles exté- rieurs des, VEUX Lu. sie 2 2 IX Distance entre l’angle postérieur de l'œil à Poreille........,. » pis STÈE Longueur de loreille......... .» 5 Larceur 3 has... 2 x > 12 HISTOIRE NATURELLE ÿ À ADDITION A É ARTICLE DE Ére GENETTE. NL. Sonnerat , correspondant du Cabi- net, nous a envoyé le dessin d’un am- mal sous la dénomination de chat mus= qué du cap de Bonne-Æspérance, mais qui nous paroît être du genre des genettes , ct nous en donnons ici la figure. Par la comparaison que nous en avons faite avec celle de la genette de France , déja donnée dans ce volume, et avec la genétte d'Es- pagne * , elle nous paroît avoir plus de rapport avec celle-ci ; cependant cette senette du Cap en diffère par la couleur du Fe qu’elle a beaucoup plus blanc : elle n’a pas / comme Fautre , une tache blanche au-dessous des yeux, parce que sa tête est entièrement blauche, tandis * Tome IL, ple XV. me TO 2 . LL 2.Pag.22. À GENETTE DU CAP DE BONNE-ESPERANCE “ DE LA GENETTE, 15 que la genette d'Espagne a lesjoues noires, ainsi que le dessus du museau. Les taches noires du ‘corps, dans cette genette du Cap, sont aussi différemment distribuées ; et comme les terres du cap de Bonne-Es- pérance sont fort éloignées de l'Espagne et de la France, où se trouvent ces deux premiers animaux , il nous paroît que ce troisième animal que l’on a rencontré à l'extrémité de l'Afrique, doit êtreregardé comme une espèce différente, plutôt que comme une variété de nos genettes d'Eu- rope. g , "ont UE TN ADDITION AUX ARTICLES D:E (LA FOUC SN ET DE LA ZIBELINE. DE LA FOUINE*. Nous donnons ici la figure d’un animal américain qui a été envoyé de la Guiane à M. Aubry , curé de Saint -Louis , et qui est en très - bon état, comme tout ce qu'on voit dans son cabinet. Quoique les” dents manquent à cet animal , il m'a paru , dans toutes ses autres parties, si semblable à nos fouines par la forme du corps, que J'ai pensé qu'on pouvoit le regarder comme une variété dans l’espèce de ia fouine , dont celle-ci ne diffère que par la couleur du poil jaspé de noir et de blanc , par les taches de la tête, et par * Tome If, page 219. k LE 4 vR #5 LIN ñ ya Fa West * Er A ÉD " LA FOUINE DE LA GUYANE . [ D'auquet À. Zom z . CHE Pl 4. Lag 14. . EP LA PETITE FOUINE DE LA GUYANE. ff auguet: F3 #4 HISTOIRE NATURELLE. 5 la queue plus courte. Cette fouine de la Guiane a vingt pouces de longueur du bout du museau jusqu’à la naissance de la queue ; elle est plus grande par consé- quent que notre fouine, qui n’a que seize pouces et demi ou dix-sept pouces : mais la queue est bien plus courte à proportion du corps. Le museau semble un peu plus alongé que celui de nos fouines ; 1lest tout noir, et cenoir s'étend au-dessus des yeux, passe sous les oreilles le long du cou, et se perd dans Je poil brun des épaules. Il y a une grande tache blanche au - dessus des yeux qui s'étend sur tout le front, enve- loppe les oreilles, et forme le long du cou une bande blanche et étroite qui se perd au-delà du cou vers les épaules. Les oreilles sont tout-à-fait semblables à celles de nos fouines ; le dessus de la tête paroît gris et mêlé de poils blancs; le cou est brun , mêlé de gris cendré, et le corps est. couvert de- poils mêlés comme celui du lapin que l’on appelle riche, c’est-à- dire , de poil blanc et de poil noirâtre. Ces poils sont gris et cendrés à leur origine, ensuite bruns , noirs et blancs à leur 16 HISTOIRE. NATURELLE. ( extrémité. Le dessous de la mâchoire est F d'un noir brun qui s'étend sous lecou, : et diminue de couleur sous le ventre, où il est d’un brun clair ou châtain. Les jambes et les pieds sont couverts d’un poil luisant d’un noir roussâtre , et les doigts des pieds ressemblent peut-être ” plus à ceux des écureuils et des rats qu'à … ceux de la fouine : le plus grand ongle | des pieds de devant a quatre lignes de Jong , et le plus grand ongle des pieds de derrière n’en a que deux. La queue est beaucoup plus fournie de poil à sa naïs- sance qu’à son extrémité : ce poilest châ- tain ou brun clair , mêlé de poils blancs. Un autre animal de Cayenne, qui a rapport avec le précédent, est celui dont nous donnons ici la figure. Il a été dessiné vivant à la foire Saint-Germain en 1768 ; il avoit quinze pouces de longueur dur. bout du nez à l’origine de la queue, la- quelle étoit longue de huit pouces, plus : large et plus fournie de poils à sa nais- sance qu'à son extrémité. Cet animal étoit bas de jambe comme nos fouines ou nos martes. La forme de la tête est fort d< à Te var 55 0 Do pr rec hit a Ets Tom mu. -: LUS Lag 17. l Pauguer.S PL DELA FOUINE. 27 approchante de celle de la fouine; à l’ex- ception des oreilles qui ne sont pas sem- blables. Le corps est couvert d’un poil laineux. Il y a cinq doigts à chaque pied, armés de petits ongles comme ceux de nos fouines. LA PETITE FOUINE DE MADAGASCAR. Iz y a plusieurs variétés dans l'espèce de la fouine. Nous donnons ici la descrip- tion d’une petite fouine qu’on trouve à Madagascar. = pieds. pouces, lignes. La longueur du corps, du bout du nez à l’origine de la queue, CASE OT EP T 2 4 Elle a, comme toutes les fouines , les jambes courtes et le corps alongé ; sa tête est longue et menue ; les oreilles sont larges et courtes; la queue est couverte de longs poils. pieds. pouces. lignes. Le troncon de cette partie est de » 5 9 a 38 HISTOIRE NATURELLE nr pouces, lignes 1 La longueur totale de Ja queue, | ÿ compris celle du poil, est de » re Les poils de l'exirérpité de la fuete OL: 2006008 ARE : si poils de Jia le de ont » » Lu Leur couleur est d’un brun roussâtre, ou musc foncé teint de fauve rouge; ce + qui est produit par le mélangé des poils, quisont d’un brun foncé dans la longueur, et d’un fauve rouge à la pointe : ce fauve foncé ou rougeâtre est le dominant aux faces latérales de la tête, sous le ventre et le cou. Cette petite fouine diffère de nos fouines par la couleur, qui est plus rou- geâtre , et par la queue, qui est touffue , Jongue , couverte de grands poils , large à son origine , et qui se termine en une pointe très-déliée. Ai va . : à » 2 ge 25 P 4 % DE LA ZIBELINE.. x) DE LA ZIBELINE. Nous n’avons rien à ajouter à ce que nous avons dit de la zibeline*, que quel- ques faits rapportés par les voyageurs russes , et qui ont été insérés dans les derniers volumes de l'Histoire générale des #0yages. « Les zibelines vivent dans des trous ; leurs nids sont ou dans des creux d'arbres , ou dans leurs troncs couverts de mousse, ou sous leurs racines, ou sur des hau- teurs parsemées de rochers. Elles cons- truisent ces nids de mousse, de branches et de gazon. Elles restent dans leurs trous ou dans leurs nids pendant douzeheures, en hiver comme en été, et le reste du temps elles vont chercher leur nourriture. En attendant la plus belle saison, elles se nourrissent de belettes , d'hemhihes ! d’écureuils, et sur-tout de ae res mais, dans le temps des fruits , elles mangent * Tome VI, page 169. PROC EN US VACCINS r 2 HISTOIRE Re des baies et plus volontiers le fruit du M sorbier. En hiver , elles attrapent des oi- «. seaux et des coqs de bois. Quand il fait \ de la neige, elles se retirent dans leurs trous , où elles restent quelquefois trois _ semaines. Elles s’accouplent au mois de janvier. Leurs amours durent un mois, et souvent excitent des combats sanglans entre les mâles. Après l’accouplement, elles gardent leurs nids environ quinze : jours. Elles mettent bas vers la fin de mars, et font depuis trois Jusqu'à cinq petits, qu’elles allaitent pendant quatre OU Six semaines. On ne les chasse qu’en hiver, et les chasseurs vont ensemble jusqu’au nombre de quarante à cette chasse ; ils y vont en canot, et prennent des provisions pour trois ou quatre mois. Ils ont un chef qui, arrivé au lieu du rendez-vous , ainsi que tous les chasseurs , assigne àchaque bande son quartier , et tous les chasseurs doivent lui obéir. On écarte la neige où l’on veut dresser des piéges ; chaque chasseur en dresse vingt par Jour. On choisit un petit espace auprès des arbres; on l'entoure, à è \ re < Ÿ DE LA ZIBELINE. 21 une certaine hauteur , de pieux pointus ; on le couvre de petites planches, afin que la neige ne tombe pas dedans ; on y laisse une entrée fort étroite , au-dessus de la- quelle est placée une poutre qui n’est sus- pendue que par un léger morceau de bois; et sitôt que la zibeline y touche pour prendre le morceau de viande ou de poisson qu’on a mis pour amorce, ta bascule tombe et la tue.On porte toutes les zibelines au conducteur général, ou bien on les cache dans des trous d'arbres , de crainte que les Tunguses ou d’autres peuples sauvages ne viennent les enlever de force. Si les zibelines ne se prennent pas dans les piéges, on a recours aux filets. Quand le chasseur a trouvé la trace d’un de ces animaux, il la suit jusqu’à son ter- rier , et l’oblige d’en sortir au moyen de la fumée du feu qu'il allume ; il tend son filet autour de l'endroit où la trace finit, et sé tient deux ou trois jours de suite aux aguets avec son chien : ce filet a treize toises de long sur quatre ou cinq pieds de haut. Lorsque la zibeline sort de son terrier, elle manque rarement de so — 3 prendre ; et quand elle est bien embar: rassée dans le filet, les chiens l’étranglent. 22 HISTOIRE NATURELLE. a 1 Si on les voit sur les arbres, on les tue à coups de flèches, dont la pomite est ob- tuse , pour ne point endommager la peau. La chasse étant finie, on regagne le rendez-vous général, et on se rembarque aussitôt que les rivières sont devenues navigables par le dégel *. * Histoire générale des y ages tome XIX, page 144 et suiv. ‘ADDITION À L'ARTICLE DE LA BELETTE. © PR belette , appelée 7zoustelle dans le Vivarais, est naturellement sauvage et carnassière; la chair toute crue cest Le l'aliment qu’elle préfère : elle exhale une odeur forte , sur-tout lorsqu'elle est irritée. _ Les belettes qu’on prend très-Jeunes, perdent leur caractère sauvage etrevêche; ce caractère se change même en soumis- sion et fidélité envers le maître qui pour- voit à leur subsistance. Une belette que J'ai conservée dix mois, et qu'on avoit prise fort jeune, perdit une partie de son agilité naturelle lorsqu'elle fut réduite en captivité, et que je l’eus attachée à la chaîne. Elle mordoit furieu- sement lorsqu'elle avoit farm : on lui coupa les quatre dents canines très-ai- gués, qui déchiroient les mains jusqu’à \ 547 + ee Fa l'os. Dépour vue de ses armes Sn de cn ayant plus que des. dents molaires Ou incisives , peu propres à déchirer, elle + devint moins féroce; et comine elle avoit sans cesse besoin se mes services pour manger ou dormir, elle commença à prendre de Patectitn pour moi, car manger et dormir sont les deux Hans besoins de cet animal. | Favois un petit fouet de fil qui pendoit près de son lit ; c’étoit l'instrument de punition lorsqu’ elle essayoit de mordre, ou qu'elle se mettoit en colère. Le fouiét domta tellement son ‘caractère colé- rique , qu elle trembloit, se couchoit ventre à terre , et Led la tête lors- qu’elle voyoit prendre cet instrument. Je n'ai Jamais vu. la: soumission exté- rieure mieux dépeinte dans aucun ani- mal; ce qui prouve bien que les châti- mens raisonnables employés à propos, accompagnés de soins, de caresses et de bienfaits, peuvent assujettir ét attacher à l’homme les animaux sauvages que nous croyons peu susceptibles d'éduca= tion et de reconnoissance. | 2 à ne , AU "ON : 0 . | Ne DE EX BELDETTE. 25 Les belettes ont l’odorat exquis ; elles sentent de douze pas un petit morceau de viande gros comme un noyau de ce- rise et plié dans du papier. La belette est très-vorace; elle mange de Ja viande jusqu'à ce qu’elle en soit remplie. Elle rend' peu d’excrémens ; mais elle perd presque tout par la trans- pxaton et par les urines, quisont épaisses et puantes. | J'ai été singulièrement surpris de voir un Jour ma belette qui avoit faim, rompre sa chaîne de fl d’archal, sauter sur moi, entrer dans ma poche, déchirer le petit paquet , et dévorer en un instant la viande que j'y avois cachée. Ce petit animal, qui nv'étoit si soumis , avoit conservé d’ailleurs son caractère pétulant, cruel et colérique pour tout autre que moi; il mordoit sans discré- tion tous ceux qui v@uloient badiner avec lui. Les chats, ennemis de sa race, furent toujours l’objet de sa haine : ilmordoit au nez les gros mâtins qui venoient le sentir lorsqu'il étoit dans mes mâins; alors il poussoit un cri de colère et exhaloit une L 3 Fa de ai KA 1 Lun # FAR LD 26 HISTOIRE NATURELLE odeur fétide qui faisoit fuir tous les ani- maux, criant chi, chi, chi, chi. Vaa vu des brebis, des chèvres, des chevaux, reculer à cette odeur; et il est certain que quelques inaisons voisines où il ne manquoit pas de souris, ne furent plus incommodées de ces ana ai, tant que ma belette vécut. Les poussins, les rats et les oiseaux étoient sur-tout l’objet de sa cruauté. La belette observe leur allure, et s’élance ensuite prestement sur eux : elle se plaît à répandre le sang, dont elle se soule; et, sans être fatiguée du carnage, elle tue dix à douze poussins de suite, éloignant la mère par sou odeur forte et désagréable, qu’on sent à la distauce de deux pas. | Ma belette dormoit la moitié du Jour et toute la nuit : elle cherchoit dans mon cabinet un petit recoin à côté de moi ; mon mouchoir ou une poche étoient son lit. Elle se plaisoit à dormir dans le sein ; elle se replioit autour d’elle-même, dormoit d’un sommeil profond, et n’étoit pas plus grande dans cette attitude qu’une DE LA BELETTE. 27 grosse noix du pays, de l'espèce des bom- bardes. | Lorsqu'elle étoit une fois endormie, je pouvois la déplier; tous ses muscles _ étoient alors relächés et sans aucune ten- _ Sion : en la suspendant par la tête, tout son corps étoit flasque, se plioit et pou- voit faire le jeu du pendule cinq à six fois de suite avant que la bête s'éveillât; ce qui prouve la grande flexibilité de l'épine du dos de cet animal. Ma belette avoit un goût décidé pour le badinage, les agaceries, les caresses et le chatouillement; elle s’étendoit alors sur le dos ou sur le ventre, se ruoit et mor- doit tout doucement comme les jeunes chiens qui badinent. Elle avoit même appris une sorte de danse; et lorsque je frappois avec les doigts sur une table, elle tournoit autour de la main, se levoit droite , alloit par sauts et par bonds, fai- sant entendre. quelques murmures de joie : mais, bientôt fatiguée, elle se lais- soit aller au sommeil dormi presque dans l'instant. mad La belette dort repliée autour d’elle- DS. a. OUR A VOUS Éd "+ 23 HISTOIRE NATURELLE NE même comme un peloton, la tête entre les deux jambes de derrière : le museau sort alors un peu au dehors, ce qui facilite la respiration ; cependant, lorsqu'elle n’est pas couchée à son aise, elle dort dans une autre posture, la tête couchée SUE son lit de repos: mais elle se plaît et dort bien plus long-temps lorsqu'elle peut se. plier en peloton ; il faut pour cela qu'elle ait une place commode. Elle avoit pris l'habitude de se glisser sous mes draps, de chercher un des points du mattlas qui forme un enfoncement, et d’y dormir des six heures entières. ROUE | La belette est très-rusée : l'ayant fouet- tée pour avoir fait ses ordures sur mes papiers, contre son usage, elle vint dormir auprès de moi sur ma table ; la crainte l’éveilla souvent au moindre bruit : elle ne changea pas de place; mais elle observa, les yeux ouverts, ma démarche, faisant semblant de dormir. Elle connoissoitgparfaitement le ton. de caresse ou de MMace, et J'ai été souvent surpris de trouvéF tant d'intelligence dans uue bête si petite dans l’ordre des qua- -drupèdes. POP RA BELETTE (, Les phénomènes que nous présente, la belette, sont parfaitement expliqués. La belette a l’épine du dos très-flexible, elle se fourre dans des trous de sept lignes de largeur, elle se plie et se replie en tout sens; son poil ou plutôt sa belle soie est très-fine et très-souple; une langue-très- large pour le corps saisit toutes les sur- faces plates , saillantes et rentrantes ; elle aime à lécher ; ses pattes sont larges ct poiut racornies, courtes : le sens du tou- cher étant ainsi répandu daus tout le corps de la bête, elle a appris à s’en ser- vir; ce qui motive le Jugement que nous portons de son intelligence. Ce sens est d’ailleurs très - bien servi par ceux de l’odorat et dé la vue. : Lorsque J'aubliois de lui donner à manger, elle se levoit de nuit, et se rendoit d’une maison à une autre à Antragues, où elle mangeoitchaque jour. Elle alloit par les cheinins les plus courts, descendant d’abord dans un balcon et dans la rue, descendant éncore et mon- tant plusieurs marches, entrant dans une | basse-cour, passant à travers des amas 5. 30 HISTOIRE NATURELLE de feuilles sèches de châtaigniers , dé trois pieds de hauteur, pour prendre le plus court chemin; ce qui fait vor que l’odorat guide cet animal. Elle passoit en- suite dans la cuisine, où elle mangeoit à l'aise, après avoir fait un chemin de. deux cents pas. | Le mâle est très-libertin : Je l'ai vu se satisfaire sur un autre mâle mort et em- paillé ; mille caresses et murmures de joie et de desir l’animoient : en sentant mes mains qui avoient touché ce cadavre, il reconnut une odeur qui lui plaisoit si fort, qu'il restoit immobile pour la sa-. vourer à son aise. | Ma belette bâilloit souvent; elle se lc- voit après avoir dormi en tiraillant ses membres et soulevant le dos en arc. Elle léchoit l’eau en buvant; sa langue étoit âpre et hérissée de pointes. Elle ronfloit quelquefois en dormant, et avoit communiqué son odeur forte et désa- gréable à une petite cage où elle avoit son lit; son petit matelas étoit aussi puant qu’elle-même dans l'état de colère. DE LA BELETTE, 3x Ma belctte souffroit impatiemment . d'être renfermée dans sa cage, et elle aimoit la compagnie et les caresses ; elle avoit rongé à différentes reprises quatre petits bâtons, pour se faire une issue pour sortir de sa prison. Cet animal aime extrêmement la pro- preté ; sa robe est toujours luisante. En faisant observer un certain régime à ces bêtes, on peut tempérer l’odeur forte qu’elles exhalent , et leur affreuse puanteur lorsqu'elles sont en colère. Le laitage adoucit beaucoup leurs humeurs, de même que le régime végétal. Les belettes ont les yeux étincelans et lumineux : mais cette lumière n’est point propre à cet animal, elle n’est point électrique et ne réside pas dans l'organe de la vue ; ce n’est qu’une simple réflexion de lumière qui à lieu toutes les fois que l’œil de l’observateur est placé entre la lumière et les yeux de la belette, on qu'une bougie se trouve entre les yeux de l'observateur et de l'animal. Ce phéno- mène est commun à un grand nombre de quadrupèdes et à quelques serpens, et 32 HISTOIRE NATURELLE | cette cause est prouvée parles expériences | que J'ai lues, en 1780, à l'académie des sciences, sur les yeux des chats, etc. Les observations de M. de Buffon (t. IX), la description anatomique de M. Dauben- ton, la lettre de M. Giély (rapportée dans … ce ohms, et le présent détail, forment l'histoire complète de la ble M. de Buffon dit (tome Il, page 241) que ces animaux ne s'apprivoisent pas et de- meurent sauvages dans des cages de fer: Je sais par expérience que cela est vrai lorsque les belettes sont prises vieilles, où même à l’âge de trois ou quatre mois. Pour donner aux beleites léducation dont elles sont susceptibles, et leur faire goûter la domesticité, 1l faut les prendre jeunes et lorsqu'elles ne peuvent s'enfuir: on fut obligé de couper les quatre dents canines de celle qu’on m’apporta à An- tragues, et de la châtier souvent pour fléchir son caractère. On voit d’après tout ce que J'ai dit-sur cet anima. , que, quelque petit qu'il soit, c’est un de ceux que la Nature a le moins négligés. Dans l'état sauvage, c'est le LA UE. É \ DELLA BELETTEES 1. 5 tigre des petits individus. Il se garantit par son agilité des quadrupèdes plus - grands que in il est bieu servi par l'o- reille et par la vue. Il est pourvu d'armes offensives dont il fait usage en peu de temps avec une sorte de discernement : 1l aime le sang et.le carnage, et se plaît à la destruction sans qu’il ait même be- soin de-satisfaire son appétit. En état de domesticité, ses sens se per- fectionnent et ses mœurs s'adoucissent par le châtiment. La belette devient sus- ceptible d'amitié, de reconnoissance et de crainte ; elle s'attache à celui qui la nourrit, qu’elle reconnoît à l’odorat et à la simple vue. Elle est rusée et libertine à l'excès; elle aime les caresses, le repos et le sommeil; elle est gourmande et si vorace, qu'elle pèse jusqu’à un cin- quième de plus après ses repas. Sa vue est percante, son oreille bonue , l’odorat est exquis, le sens du toucher est répandu dans tout son corps, et la flexibilité de ce petit corps menu et long favorise infini- ment la bonté de ce sens en lui-même. Tous ces phémomènes tiennent à l'état 34 HISTOIRE NATURELLE de ses sens qui sont achevés et pare faits *. : Ces observations sur les habitudes de la belette en domesticité s'accordent par- faitement avec celles que mademoiselle de Laistre a faites sur cet animal , et! qu'elle a bien voulu me communiquent par une lettre datée de Brienne , le 6 dé- cembre 1782, « Le hasard, dit mademoiselle de Laistre, m'a procuré une jeune belette de la piété espèce. Sollicitée par quel- qu'un à qui elle faisoit pitié, et sa foi- blesse m'en inspirant, je lüi donnai mes soins. Les deux premiers jours , je la nourris de lait chaud; mais, jugeant qu'il Jui falloit des alimens qui eussent plus de consistance, je lui présentai de la viande crue, qu’elle mangea avec plai- sir : depuis she a vécu de bœuf, de veau ou de mouton indifféremment, et s’est * Extrait d’une lettre adressée à M. le comte de Bufon, DE LA BELETTE, 35 privée au point qu'il n’y a ral de chien plus familier. + J’ose vous assurer que ce petit animal ne préfère pas la victuaille corrompue ; il ne se soucie pas même de celle qui est hâlée, c’est toujours la plus fraîche qu’il choisit : à la vérité, il mange avec avi- dité, et s'éloigne ; mais souvent aussi it mange dans ma main et sur mes genoux, il préfère mème de prendre les morceaux de ma main. Il aime beaucoup le lait : je lui en présente dans un vase, il se met auprès et me regarde; Je le lui verse. peu à peu dans ma main, il en boit beau- coup ; mais si Je n'ai pas cette complai- sance, à peine en goûte-t-1l. Lorsqu'il est rassasié , il va ordinairement dormir; mais il fait des repas plus légers qui ne troublent point ses plaisirs. Ma chambre _ 3 9 . Contour de l’ouveriure de la bou- 0 OPA : 7 Distance entre les deux naseaux. » » 3 Distance eñtre le bout du mu- seau et l’angle antérieur de. Le EEE. ES >» » 8 Distance entre l’angle postérieur one nt tr RU ie + » 6 Longueur de l'œil d’un angle à NE Le A Na to >» 3 Distance entre les angles anté- rieurs des yeux , mesurée en suivant la courbure du chane OM SRB RSS MATE » 10 La nième distance mesurée en ligue re OP CA OIL Ut ES » Ô Circonférence de la tête prise entre les yeux et les oreriles. , Longueur des oreilles. ..,....:" » ÿ + (SL LAMY ne \ : Sp Ag 22 ul. 52 HISTOIRE NATURELLE | … pieds. pouces. ligness Largeur de 1 ut mesurée sur la courbure extérieure. ..... » » © Distance entre les deux oreilles, prise dans le bas en droite \ hgnes.. 00e 4 6 Circonférence du -cou....,...4421 20 42002 14 Circonférence du corps, prise derrière les jambes de devant » 4 3: Circonférence prise à l'endroit le plus &ross..4 tee een 00e RSS Circonférence prise devant les jambes de derrièrei.43..14124.tits ADMET Longueur du tronçon de la queue » x 1Q DU SURIKATE. Nous avons dit * que le surikate ne faisoit aucun mal aux enfans , qu'il ne mordoit que quelques personnes adultes, et, entre autres , le maître de la maison, qu'il avoit pris en aversion. J’ai appris de- puis , qu’en effet il ne mordoit ni la femme ni les enfans de cette maison , mais qu’il a mordu nombre d’autres personnes des * Tome VI, page 78. DU SURIKATE,. 53 deux sexes. M. de Sève a observé que c'étoit par l’odorat qu'il étoit induit à mordre. Lorsque quelqu'un le prenoit , le cartilage du bout du nez se plioit pen- dant qu'il flairoit , et, suivant l’odeur qu'il recevoit de Lx personne, 1l mordoit ou ne mordoit pas. Cela s’est trouvé cons- tamment sur un assez grand nombre de gens qui ont risqué l’épreuve ; et ce qu'il y a de singulier , c’est que quand il avoit mordu une fois quelqu'un , il le mordoit toujours , en sorte qu’on ne pouvoit pas dire que ce fût par humeur ou par ca- price. Il y avoit des gens qui lui déplai- soient si fort, qu’il cherchoit à s'échapper pour les mordre; et quand il ne pouvoit pas attraper les jambes, il se Jetoit sur les souliers et sur les jupons, qu’il déchiroit; il emploÿoit même quelquefois la ruse pour approcher les personnes qu'il vou- loit mordre. M. Vosmaër, dans une note, page 7, de sa description d’un écureuil volant, fait une remarque qui m’a paru juste, et dont Je dois témoigner ici ma recon- noissance. 5 54 HISTOIRE NATURÉLLE « M. de Buffon, dit M. Vosmaër, 2 vraisémblablement été tromipésurlénomt w de szrikate et sux lé lieu del origine de cet animal , qui a été envoyé l'été der- hier par M. Tulbagh à S. A. S. Monsci- _gneur le prince d'Orange. Il n’äppartient point à l'Amérique ; mais bien à PAfrique. Ce petit animal , dont on m’avoit adressé deux de sexe différent , maïs dont la fe- inellé est morté pendant le voyagé , n’a pas été connu de Kolbe , qui du moins n’en fait aucune mention ; et il paroît qu'il ne se trouve que fort avant dans les terres , ce qu'on peut inférer dé la lettre de M. le gouverneur ; que Je récus en même temps ,; ét Où il est dit : « J'ai encore rémis audit capitaine deux « petits animaux vivans , mâle et femelle, « auxquels nous ne ponson cependant < donner de non, ni les rapporter à au- « cune autre espèce, attendu qu’on me « les à envoyés pour la première fois , «et de bien loïn, des déserts et mon- « tagnes de pierres de cette vaste contrée. « Ils. sont fort doux , gentils , et mangent « de la viande fraiche, cuite ou crue, des “ DU SURIKATE. 55 « œufs cruds et des fourmis, quand ils « peuvent en attraper. Je souhaite que « ces petits animaux arrivent en vie, puis- « que je me crois pas qu’on en ait encore « vu en Europe de pareils. » Ce témoignage de M. Tulbagh est posi- tif, et ce que dit auparavant M. Vos- maër est juste : J’y souséris avec plaisir ; car , quoique j'aie eu cet animal vivant pendant long-temps, et que jé l’aie dé- _crit et fait représenter *', Je n’étois assuré ni de son nom , ni de son climat origi- naire, que par le rapport d’un marchand d'animaux qui me dit l'avoir acheté en Hollande sous le nom de swrikate, et qu'il venoit de Surinam. Ainsi nous di- rons maïntenant qu'il ne se trouve point à Surinam ni dans les autres provinces de FAmérique méridionale , mais en Afrique , dans les terres montagneuses, au-dessus du cap de Bonne-Espérance. Et à l'égard du nom, il ne fait rien à la chose , et nous changerons volontiers * Tome VI, pl. VIII. 56 HISTOIRE NATURELLE celui de surikate lorsque nous serons mieux informés. . Lou f: DE LA MANGOUSTE. Nous donnons ici la figure dune ) grande mangouste qui nous paroît for- mer une variété dans l'espèce des man- goustes ; elle a le museau plus gros et un peu moins long, le poil plus hérissé. et plus long, les ongles aussi plus longs, la queue Lis héri issée , et aussi plus longue à proportion du corps. L DU VANSIRE. LE vansire est, comme nous l’avons dit , un animal de Madagascar et de l’in- térieur de l'Afrique, qui ressemble beau- coup au furet, à l'exception du nombre et de la forme des dents, et de la lon- sueur de la queue, qui est beaucoüpplus grande dans le vansire que dans notre furet. Nous donnons ici la figure d’un ‘animal qui nous a été envoyé de la par- tie orientale de l'Afrique , sous le nom de LA GRANDE MANGOUSTE . 1 Pau qu P 1 Fugue M 0 LLE. lag 57 LA DU VANSIRE. 57 neipse. Par sa forme , aussi-bien que par cette dénomiuation , j’ai- reconnu que c’étoit une espèce de furet; car zems ou nins est le nom du furet en langue arabe, et ces furets d'Arabie ou ces zemns res- semblent beaucoup plus au vansire qu’à nos furets d'Europe. Voici la description qu'en a faite M. de Sève. ._ « Le zems est un vrai furet, à le consi- dérer dans le détail de sa forme et de sa souplesse: Quand il marche, il s’alonge et paroît bas de jambe. Il a beaucoup de conformité avec nos furets. Celui-ci étoit mâle, et avoit treize pouces dix lignes de longueur du museau à l'anus , le troncon : de la queue un pied ; la hauteur du train de devant est de cinq pouces six lignes , celle du train de derrière six pouces six lignes ; l'oreille est sans poil et de la même forme que celle du furet commun. Sou œil est vif, et l'iris d’un fauve foncé; son museau, qui est très-fin , ne m'a pas paru avoir de moustaches. Tout le corps est couvert d’un poil long, jaspé d’un brun foncé , mélé d’un blanc sale qui a LAON LE #) 58 HISTOIRE NATURELLE. dix lignes de longueur ; ce qui fait que : par ses rayures , il ressemble au lapin . riche. Le ventre est couvert d'un poil … fauve clair sans mélange; le fond du poil de la tête, autour de l'œil, est d’une cou- leur jaunâtre claire, et sur lé nez, les joues, les autres parties de la face où le poil est court, un ton fauve plus ou moins fl brun par endroits règne par - tout sans j mélange, se continue et se perd en dimi- muant dans les parties de la tété au-dessus des yeux ; ses Jambes sont couvertes d’un ‘poil ras fauve foncé ; les pattes ont quatre doigts, et un petit doigt par derrière; les ongles sont petits et noirs ; la queue, qui est au moins du double plus longue que celle de nos furets, est très-grosse au commencement du troncon , et très-me- nue au bout, qui finit en pointe; de grands poils jaspés comme sur le corps, couvrent cette Are Cet animal ne boit point, à ce qu'a dit avoir observé le gar- con qui en à Soin, NOUVELLE ADDITION À L'ARTICLE DUPNANSIRE M. Forster a bien voulu m'envoyer les remarques suivantes au sujet de cet ani- mal. « J'ai vu, dit-il, à la ménagerie du cap de Bonue-Espérance , un animal du genre des mangoustes , qui venoit de l'ile de Madagascar, et qui répondoit exactement à la description du vansire donné par M. de Buffon *. 11 se plaisoit beaucoup à être dans un baquet rempli d’eau , d’où il sortoit de temps en temps. Le garde qui prenoit soin de la ménage- rie, nous assura que lorsqu'on tenoit cet animal pendant quelque temps à sec et hors de l’eau , il s’y replongeoit avec empressement dès qu’on lui en laissoit la liberté. La figure qu’en a donnée * Tome VI, page 122, 7: vu ot il NAT AU a 6o HISTOIRE NATURELLE. 5 _ M. de Buffon*, est assez exacte; mais elle Ne paroît un peu tr op alongée, parce qu'elle … a été donnée sur une peau bourrée de cet animal, et d’ailleurs le poil est plus court « que celui du vansire de la ménagerie du Cap. Ce dernier étoit à peu près de la taille « de la marte ordinairé ; sa queue égaloit ! eu longueur celle du corps jusqu’à la à tête ; son poil étoit de couleur brune « noirâtre; il y avoit cinq doigts à chaque 4 pied, bien divisés et sans imcinbrames. Les dents incisives étoient au nombre de six , tant en haut qu’en bas; il y avoit. huit mâchelières à chaque machoire, \ c'est-à-dire, quatre de chaque côté, et + les canines étoient isolées ;:ce qui fait enr tout trente-deux dents. L'aniinal mar- choit comme les mangoustes, en ap- puyant sur le talon. » * Tome VI, pl. XIV. ZOrrr.zz, D) Ç A0) \ A GRANDE MARTE DE LA GUYANNE 2.LE TOUAN . À Paquet. p DE LA GRANDE MARTE DE LA GUIAN_E. Cgr animal , Qui nous a été envoyé de Cayenne , et dont nous donnons ici la figure , est plus grand que notre marte de France ; il a deux pieds de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue. Son poil est noir , à l'exception de celui de la tête et du cou jusqu'aux épaules , qui est grisâtre; le bout du nez et les naseaux sont noirs ; le tour des yeux et des mâchoires, ainsi que Île des- sus du nez , sont d’un brun roussatre. Il y a douze dents incisives, six en haut et six en bas; ces dernières sont les plus petites ; les canines sont très-fortes , et nous n’avons pu compter les mâchelières. Il ya, comme dans la fouine et la marte de France , de longs poils en forme de moustaches de chaque côté du museau; les oreilles sont larges et presque rondes 6 —n 62 HISTOIRE NATURELLE — comme celles de nos fouines A 20 on voit sur le cou une grande tache d’un blanc jaune qui descend en s’élargissant sur la poitrine. Tous les pieds ont cinq: doigts , avec des ongles blanchâtres courbés en gouttière ; les ongles des pieds de devant ont six lignes de longueur, et ceux de derrière cinq seulement. La queue, qui a dix-huit pouces de long , et dont l’extrémité fimit en pointe, est couverte de poils noirs comme celui du corps, mais longs de deux ou trois pouces. Cette queue est plus longue à proportion que celle de notre marte ; car elle est des trois quarts de la longueur du corps, tandis que, dans cette der- nière , elle n’est que de la moitié. .s «196 ua oh, ÆO U,.A N. Nous donnons ici la figure d’un petit animal qui nous a été envoyé de Cayenne par M. de la Borde, sous le nom de fouan, et dont nous né pouvons rappor- ter l’espèce qu’au genre de la belette. Dans la courte notice que M. de la Borde nous a laissée de cet animal, il c$t dit seule- ment qu’ étoit adulte, qu'il se tient dans des troncs d’arbres , et qu'il se nour- rit de vers et d'insectes. La femelle pro- duit deux petits qu’elle porte sur le dos. Ce touan adulte n’a que cinq pouces neuf lignes de longueur , depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue ; il est plus petit que la belette d'Europe, qui a communémentsix pouces six lignes de long : mais il lui ressemble par la forme de la tête et par celle de son corps alongé sur de petites Jambes, et il en diffère par les couleurs du poil. La tête n’a qu'un pouce de longueur ; la queue " LAMPE dia k Ra | ie L y Po MT MER Q k ‘te A À Wal 1 Pas 64 HISTOIRE NATURELLE. a deux pouces trois lignes, au lieu que la queue de notre belette d'Europe n’est longue que de quinze lignes, et n’est pas, comme celle du touan, grosse et épaisse à sa naissance, et très-mince à 7 son extrémité. Le touan a cinq doigts armés d’ongles à chaque pied ; le dessus du museau , de la tête et du corps jus- qu'auprès de la queue , est couvert d’un poil noirâtre ; les flancs du corps sont d'un roux vif; le dessous du cou et du corps entier d’un beau blanc ; les côtés : de la tête, ainsi que le dessus des quatre jambes , sont d’un roux moins vif que celui des flancs ; la queue est couverte, depuis son origine jusqu’à un tiers de sa longueur, d’un,.poil semblable à celui qui couvre les jambes , et dans le reste de la longueur , elle est sans poil; l'in- térieur des Jambes est blanc comme le dessous du corps. Tout le poil de ce petit animal est doux au toucher. « LE MONAX. /Fauquet- F KL ADDITION AUX ARTICLES * DE LA MARMOTTE eT DU HPASTOR, DES RATS ET SOURIS, DU RAT DE BLÉ ou HAMSTER. DE LA MARMOTTE *. Nous donnons ici la figure de l’ani- mal que nous avons indiqué sous le nom de monax, marmotte de Canada*. Le dessin nous en a été envoyé par M. Coliinson, _ mais sans aucune description. Cette espèce de marmotte me paroît différer des autres marmottes, en ce qu’elle n’a que quatre doigts aux pieds de devant, tandis que la marmotte des Alpes et le bobak ou marmotte de Pologne en ont cinq ,coinme aux pieds de derrière. Il y a aussi quelque difference dans la forme de la téte, qui * Tome TIT, page 6. 4 s! «Ah 2 EN dv," KA ON 'Y AANDE RE 66 HISTOIRE NATURELLE est beaucoup moins couverte de poil. La: queue est plus longue et moins fournie dans le monax que dans notre marmotte, en sorte qu’on doit regarder cet animal du Canada comime une espèce voisine, plutôt que commé une simple variété de la marmotte des Alpes. Fe présume qu’on peut rapporter à cette espèce l’animal dont parle le baron de la Hontan*, et qu'il nomme s/ffeur. Il dit qu'il se trouve dans les pays septentrionaux du Canada; qu'il approche du lièvre pour la grosseur, | mais qu'il ést plus court de corps; que la peau en ést fort estimée , et qu'on ne recherche cet animal que pour cela, parce que la chair n’en est pas bonne à manger. [l ajoute que les Canadiens ap- pélléent cés animaux siffeurs , païcé qu'ils silent en effet à l'entrée dé leurs tanières lorsque le temps est beau. Il dit avoir entendu lui-méème ce sifflet à diverses re- prises. On sait que nos marmottes des Alpes siflent de même et d’un ton très- aigu. | * Voyage. du baron de la Hontan, tome [°, page g9. | é X DE LA MARMOTTE. 67 MARMOTTE DE KAMTSCHATKA. LEs voyageurs russes ont trouvé dans les terres du Kamtschatka un animal qu'ils ont appelé marmotte, mais dont ils ne donnent qu’une très-lésère indica- tion : ils disent seulement que sa peau ressemble de loin, par ses bigarrures , au plumage varié d’un bel oiseau ; que cet animal se sert, comme l’écureuil, de ses pattes de devant pour manger, et qu'il se nourrit de racines, de baies et de noix de cèdre *. Je dois observer que cette expression, noix de cèdre, présente une fausse idée ; car le vrai cèdre porte des cônes , et les autres arbres qu’on a dési- snés par le même nom de cèdres, portent des baies. * Histoire générale des voyages, tome XIX, page 293. 68. HISTOIRE NATURELLE DE LA MARMOTTE DU{CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. C'Es Tr encore à M. Allamand, savant naturaliste et professeur à Leyde, que nous devons la première connoissance de cet animal. M. Pallas la indiqué sous le nom de cavia capensis, et ensuite M. Vos- maër sous la dénomination de #armotte bétarde d'Afrique. Tous deux en donnent la même figure tirée sur la même plan- che, dont M. Allamand nous avoit en- voyé une gravure. Il marquoit à ce sujet à M. Daubenton: « Je vous envoie la figure d’une espèce de cabiai ( Je ne sais par quel autre nom le désigner ) que j'ai recue du cap de Bonne-Espérance. Il n’est pas tout-à-fait aussi bien représenté que je le desirerois ; mais comme J'ai cet animal empaiklé dans mon cabinet, je vous l’enverrai par la première occasion, si vous souhaitez de le voir. LA MARMOTE DU CAP. LP au Pi a à ! Lib MENT UNE f DE LA MARMOTTE. 69 Nous n'avons pas profité de cette offre très-obligeante de M. Allamaud , parce que nous avons été informés peu de temps après qu'il étoit arrivé en Hollande un ou deux de ces animaux vivans, et que nous cspérions que quelque naturaliste en fe- roit une bonne description. En effet, MM. Pallas et Vosmaër ont tous deux décrit cet animal, et je vais donner ici l'extrait de leurs observations. .« Cet animal, dit M. Vosmaër, est connu au cap de Bonne-Espérance sous le nom de blaireau des rochers, vraisembla- blement parce qu'il fait son séjour entre les rochers et dans la terre, comme le blaireau , auquel néanmoins il ne res- semble point ; il ressemble plus à la mar- motte, et cependant il en diffère... C’est Kolbe qui le premier a parlé de cet ani- mal, et a dit qu’il ressemble mieux à une marmotte qu'à un blaireau., » Nous adopterons donc la dénomination de marmotte du Cap, et nous la préfére- .rons à celle de cavia du Cap, parce que y sè HISTOIRE NATURÉÉLE Pantumal dont 1l est ici question, est Le Li différent du cavia ou éabiai : 1°. par le climat, le cavia étant de l'Amérique mé- fidionale , tandis sud celui-cinesetrouvé . qu’en Atritqad ; ; 2°. parce que le nom dé casia est un mot brasilien, qui ne doit point être transporté en Afrique, puis- qu’il appartient au cavia, qui est le vrai eabiai, et au cavia-cobaïa , qui est le cochon d'Inde; 3°. enfin parce que le cabiai est un animal qui n’habite que le bord des eaux , qui a des membranes éntre les doigts des pieds, tandis que fa marmotte du Cap n’habite que les rochers ét les terres les plus sèches qu’elle peut creuser avec ses ongles * « Le premier animal de cetté espèce , - dit M. Vosmaër, qui ait paru én Europe, â été envoyé à M. le prince d'Orange par M. ‘Tulbagh , et on en conserve la dé- pouille dans le cabinet de ce prmce. La couleur de.ce premier animal diffère beaucoup de celle d’un autre qui est _ * Voyez la figure (DELA MARMOTTE:: mx arrivé depuis ; il étoit aussi fort jeune et très-petit. Celui que je vais décrire étoit un male, et il r'a été envoyé par M. Berg- meyer , :d'Amsterdam. . ... Le genre de vie de ces animaux , suivant les infor+ matious qui m'en ont été données, est fort triste, dormant souvent pendant la journée, Leur mouvement est lent, et s'exécute par bonds ; mais , dans leur état de nature, peut-être est-il aussi vif que celui des lapins. Ils poussent fréquein- ment des cris de courte durée, mais aigus et perçans. » _ Je remarquerai en passant que ce carac- tère rapproche encore cet animal de la marmotte ; car on sait que nos mar- mottes des Alpes font souvent entendre un sifllet fort aigu. « On nourrissoit en Hollande cette espèce de marmotte du Cap, continue M. Vos- maër , avec du pain et diverses sortes d'her- bes potagères. li est fort vraisemblable que ces animaux ne portent pas long-temps leurs petits, qu'ils mettent bas souvent et 72 HISTOIRE NATURELLE à ; en grand nombre. La-forme de leurs pieds paroît aussi dénoter qu’ ils sont propres a fouir la terre. Cet animal étant mort à Amsterdam, je le donuai à M. Pallas pour le hisser Il ressemble beaucoup pour la taille au lapin commun ; mais il est plus gros et plus ramassé : le ventre est sur-tout fort gros. Les ÿeux sont beaux et médiocre- nent grands ; les paupières ont en des- sous et eu dessus quelques petits poils courts et noirs , au-dessus desquels on en voit cinq ou six noirs, mais longs, qui sortent à peu près du coin de la paupière alitérieure ,. et retournent en arrière vers la tête; il y a de pareilles moustaches sur la ièvre supérieure , vers le milieu‘ du museau. | Le nez est sans poil, noir, et comme divisé par une fine couture qui descend. jusque sur la lèvre ; les narines paroissent comme un cordon rompu au milieu ; sous 1e museau, vers le gosier et sur les joues, on voit quelques longs poils noirs plus ou moins longs , et tous plus roides que l’autre poil; des poils de même espèce A DE LA MARMOTTE- M. 193 2 sont semiés de distance en distance sur tout le corps..... Le palais de la bouche a huit cannelures ou sillons profonds ; la langue est fort épaisse, passablement longue , gaïnie de petits mamelons , et ovale à son extrémité. La mâchoire supé- rieure a deux dents fort longues , sail- läntes au-devant du museau , et écartées - l'une de l’âäutre; eîles ont la forme d’un _ triangle alongé et applati : les dents de la mâchoire inférieure sont poséesau-devant du museau ; elles sont coupantes, fort serrées, et au nombre de quatre; elles sont assez longues , plates et larges... Les dents molaires sont assez grosses, quatre en haut et quatre en bas de chaque côté ; on en pourroit compter une cinquième, plus petite que les autres. .... Cet ani- mal a les jambes de devant fort courtes, et cachées à moitié sous la peau du corps: les pieds sontnuds et ne présentent qu'une peau noire; ceux de devant ont quatre doigts, dont trois très-apparens, et celui du miheu le plus long ; le quatrième , qu: est au côté extérieur , est beaucoup plus court que les autres , et comme adhérent Quedrupèdes, XI, 7 ET 74 HISTOIRE NATURELLE " au troisième : le bout de ces doigts est armé d'onglets courts et ronds, attachés à la peau, de la même facon que nos ongles. Les à de détriète ont trois doigts, dont il n’y a que celui du milieu qui ait un ongle courbe; le doigt exté- rieur est un peu plus court que les autres. L'animal saute sur ses pieds de derrière comme le lapin....... 11 n’y a pasle moindre indice de queue ; l'anus se montre fort long, et le prépuce, en bout- relet rond, découvre un peu la verge. La couleur du poil est lé gris ou de brun fauve, comme le poil des lièvres ou des lapins de sarenne ; il est plus foncé sur la tête et sur le dos , et il est blanchâtre sur la poitrine et le ventre. 11 y a aussi une bande blanchâtre sur le cou, tout près des épaules : cette bande ne fait pomt un collier , maïs se termine à la hauteur des jambes de devant; et en général le poil est doux et laimeux. » KES Nous ne donnerons pas ici la descrip- tion des parties intérieures de cet animal; onlatrouvera dans l'ouvrage de M. Pallas, DE LA MARMOTTE. 75 qui a pour titre , Spicilegia zoologica. Cet habile lite l'a faite avec beaucoup de soin , et il faudroit la copier en entier pour ne rien perdre de ses observations. Addition et corrections à l'article de la marmotte du cap de Bonne-Espérance. Nous avions donné à cet animal le nor de marmotte du Cap, d’après Kolbe et M. Vosmaër, parce qu’en effet il a quelque ressemblance avec la marmotte. Cependant il n’est point du genre des marmottes, et n’en a pas les habitudes; mais M. Allamand nous a informés qu’on appeloit £li;pdas ce même animal, auquel on donnoit aussi le nom de blaireau des rochers. Nous l'avons fait dessiner de nouveau, d’après la figure qui nous a été envoyée par ce célèbre naturaliste, et nous avons adopté le nom de {/ipdas, parce qu’en effet il n’est ni du genre des marmottes ni de celui des blaireaux. M. le comte de Mellin , que nous avons déja eu occasion de citer avec éloge, m'a envoyé la gravure faite d’après le RUN qi M FAU MORE MURS YOU SUPER AMC NE AOC TE HUGTL ENT ANEMINURSS 76 HISTOIRE NATURELLE dessin qu'il a fait lui-même de cet ani- mal vivant, et il a eu la bonté d'y ajou- ter D enEe observations intéressantes sur ses habitudes naturelles. Voici l’ex- trait de la lettre qu'il na écrite à ce sujet. | « M. le comte a donné (dans ce volume, page 68) l'histoire d’un petit animal auquel il donne le nom de ”armotte du - cap de Bonne-Espérance. Permettez-moi, M. le comte , de vous dire que cet ani- mal n’a dans ses mœurs aucune ressem- blance avec la marmotte. J'en ai recu une femelle du cap de Bonne - Espé- rance qui vit encore, et que j'ai donnée à ma sœur, la comtesse Borke, qui la présentement depuis quatre ans. Je l'ai peinte d’après nature , et J'ai l'honneur de vous envoyer une gravure faite d’a- près cette peinture, et qui représente ce petit animal très au naturel. Celle qui est dans votre ouvrage, copiée de cellé qui se trouve dans le Spicilegia zoologica de M. Pallas, est absolument manquée, DE LA MARMOTTE ‘ 99 Le genre de vie de ces petits animaux n'est pas aussi triste que le prétend M. Vosmaër ; tout au contraire, il ‘est d’un naturel gai et dispos : cela dépend de la manière dont on le tient. Pendant les premières semaines que Je l’avois!, Je le tins toujours attaché avec üné ficelle à sa petite loge, et il passa la plus grande partie des Jours et des nuits à dormir blotti dans sa loge : et que pouvoit - il faire de mieux pour supporter l’ènnui de l'esclavage ? Mais depuis ‘qu'on lui permet de courir en liberté’par les cham- bres , ‘il se montre tout autre; il est non seulement très-apprivoisé , mais même susceptible d’attachement. Il $se.plaît' à êtré sur les genoux de sa maîtresse ; il la distingue des autres au point que , quand il est enfermé dans une chambre et qu’il l'entend venir , il reconnoît sa marche, il s'approche de la porte, se-met aux . écoutes ; et si elle s’en retourne sans en- trer chez lui, il s’en retourne tristement ct à pas lents. Quand on l'appelle, il répond par un petit cri point désagréable, et vient promptement chez la personne 7 - Ltd TPM À A x, DL! nd "r Th: ie ri do HA Li. LRO UE Far f ÿ ‘ 58 HISTOIRE NATURELLE qui le: demande. Il saute très- légèr ement et.avec. beauco up de précision. IL est fri- leux, et, cherche de préférence à se eou- cher. tout au haut du poêle ,:sur lequel il ‘saute. em deux sauts. Il ne grimpe pas; mais il saute aussi légèrement que de È chats, sans jamais rien renverser. Il aime à être tout à côté du feu;.et comme le poële de la chambre est ce que nous nommons ui #irdofen qu'on chauffe par une espèce de cheminée pratiquée dans le poêle, et qu'on ferme d’une porte de fer , 1l.est déja arrivé qu'il s'est glissé dans: le poêle pendant que le-bois y brû- loit ;:et comme on avoit fermé la porte sur lui, ne sachant pas qu'il y étoit, àl souffrit une chaleur bien violente pen- dant quelques minutes, jusqu'à ce.qu'il mit le nez à la petite porte.de fer qui est pratiquée dans la grande porte, et qu’on avoit laissée ouverte pour y faire entrer l'air; sur quoi on le fit sortir prompte- ment. Quoiqu'il se fât brûlé le poil des deux côtés, cet accident ne l’a pas rendu plus prévoyant , et il recherche encore toujours à être bien près du feu. Ce petit DE LA MARMOTTE.N animal éstextremement propre, au point qu’on la accoutumé à sé servir d'uupot pour y faire ses ordures et y lâcher son eau: Onremarqua que, pour se vider, il lui falloit un lieu commode et urie atti- tude particulière; car alors 4l se dresse sur les pattes de derrière:, en les ap- puyatit contre un mur ou dde chose de stable. qui ne recule pas sous lui, et il pose:les pieds de devant sur un bâton ou quelque chose d’éleyé ; en lé- chant sa bouche avec sa -languüe. peén- dant tout le temps que l'opération dure, On diroit qu'il se décharge avec peine; et pour profiter de l’inclination qu'il a pour la propreté | où lui à préparé un lieu commodé , une espèce. de chaise percée dont il se sert toujours. | Il se nourrit d'herbes , de fruits, de patates , qu'il aime beaucoup crues et cuites , et même il mange du bœuf fu- mé ; mais ilne mange que de cette viande, et jamais de la cruc ni d’autres ee Apparemment que, pendant son trans- port par mer, on lui a fait connoître eette nourriture, qui doit cependant être & HISTOIRE NATURELLE souvent variée; car 1l 2e ‘lasse bientôt , et perd lappétit lorsqu’ on lui donne tà- même pendant plusieurs jours: alors il passe une Journée entière sans manger; mais le lendemain il répare le temps perdu. Il mange la mousse et l'écorce du chêne, et sait se glisser adroitement jus qu’au fond de la caisse à bois pour l'enle2 ver des bûches qui en sont encore coû-— vertes. Il ne boit pas ordinairement}, et ce n’est que lorsqu'il a mangé! du bœuf salé qu'on l’a vu boire fréquemment: ‘II se frotte dans le sable comme les oiseaux pulvérateurs, pour se défaire de la ver- mine qui lincommode, et ce'n’est'pas en se vautrant comme les chiens ;' les renards, mais d’une manière tout étran- gère à tout autre quadrupède , et exac- tement comme le faisan ou la perdrix. Il est toujours très - dispos pendant tout le cours de l’année, et il me paroît être trop éveillé pour imaginer qu'il puisse passer une partie de l'hiver dans un état de torpeur comme la marmotte ou le loir. Je ne vois pas non plus qu'il puisse se creuser un terrier comme lesmarmottes DE LA MARMOTTE. 81 ou les blaireaux , n'ayant ni des ongles crochus aux doigts, ni ceux-ci assez forts pour un travail aussi rude; ïl ne peut que se susser dans les crevasses des rochers pour y établir sa demeure et pour échapper aux oiseaux de proie, qu'il craint beaucoup : au moins chaque cor- neille que le nôtre voit voler lorsqu'il est assis sur la fenêtre , place favorite pour lui, l'alarme; il se précipite d’abord et court se cacher dans sa loge, d’où il ne sort que long-temps après, lorsqu'il ima- gine le danger passé. Il ne mord pas vio- lemment ; et quoiqu'il en fasse des ten- tatives lorsqu'on l'irrite , il ne peut guère se défendre à coups de dents , pas même contre le petit épagneul de sa maîtresse, qui , jaloux des faveurs qu’on lui pro- digue , prend quelquefois querelle avec lui. Il ne trouve probablement, en état _de liberté, son salut que dans la fuite et dans la célérité de ses sauts, talens très- utiles pour ce petit animal, qui , Selon le rapport des voyageurs, habite les rochers du sud de l'Afrique. Quoiqu'il'engraisse beaucoup lorsqu'on le tient enfermé ou à 82 HISTOIRE NATURELEÆE l'attache, 1l ne prend guère plus d’em- bonpoint qu’un autre animal bien nourri , dès qu’on lui donne pleine liberté de cou- rir et de se donner de l'exercice. » DU JCA SERA Nous avons dit que le castor étoit un animal commun aux deux continens ; il se trouve en effet tout aussi fréquemment en Sibérie qu’au Canada. On peut les apprivoiser aisément , et même leur ap- prendre à pècher du poisson et le rappor- ter à la maison. M. Kalm assure ce fait. « J'ai vu, dit-il, en Amérique des cas- tors tellement apprivoisés, qu’on les en- voyoit à la peche, et qu'ils rapportoient leurs prises à leur maître. J’y lai vu aussi quelques. loutres qui étoient si fort acs coutumées avec les chiens et avec leurs maîtres , qu’elles les suivoient , les accom- pagnoient dans le bateau , sautoient dans l’eau, et, le moment 1 d'après revenoient avec un poisson * x e 2 * Voyage de Ra tome IT, page 350. L'Jarquet- 4 2 BU' CAS TOR !: e3 Nous vimes, dit M. Gmelin, dans une petite ville de Sibérie , un castor qu’on élevoit dans la chambre , et qu’on ma- nioit comme on vouloit. On m’assura que cet animal faisoit quelquefois des voyages à une distance très-cousidérable , et qu’il enlevoit aux autres castors leurs femelles qu'il rtmenoit à la maison, et qu'après le temps de la chaleur passée, elles s’en retournoient seules, et sans qu'il les con- duisît *.».. j à DES SOURIS ET DES'RATS. Nows donnons ici la figure de la sou- ris commune , parce qu’elle n’a pas été bien rendue tome IT, pl. XXII. Nous avons dit , à l’article de la souris, que les souris blanches aux yeux rouges n’étoient qu’une variété , une sorte de dégénération dans l'espèce de la souris. Cette variété se trouve non seulement dans nos climats tempérés, mais dans les contrées méridionales et septentrionales des deux continens. | Foyage de Kamtschaika, page 73. . 1 ; de È ; a : \ \ 84 HISTOIRE NATURELLE « Les souris blanches aux yeux rouges , dit Pontoppidan, ont été trouvées dans la petite ville de Molle ou Roms-dallem: mais on ne sait si elles y sont indigènes, ou si elles y ont été apportées des Indes orientales. » 5 ù CE Lé ®, Cette dernière présomption ne paroit fondée sur rien ; etil y a plus de rai- son de croire que les souris blanches se trouvent quelquefois en Norvége, comme elles se trouvent quelquefois par-tout ailleurs dans notre continent ; et les sou- ris, en général , se sont même actuel- lement si fort multipliées dans l’autre, qu’elles sont aussi communes en Amé- rique qu’en Europe , sur-tout ‘dans les colonies les plus habitées. Le même au- teur ajoute : | « Que les rats de bois et les rats d’eau ne peuvent vivre dans les terres les plus septentrionales de la Norvége, et qu'il y a plusieurs distrites, comme celui de Har- denver, dans le diocèse de Berguen , et d’autres dans le diocèse d'Aggerhum , où. # \ DES RATS ET DES SOURIS. 85 l’on ne voit point de rats, quoiqu'il y en ait sur le bord méridional de la rivière de Vormen, et que, lorsqu'ils sont trans- portés de l’autre côté , c’est-à-dire, à la partie boréale de cette rivière, ils y pé- rissent en peu de temps ; différence qu'on ne peut attribuer qu’à des exhalaisons du sol contraires à ces animaux. » Ces faits peuvent être vrais ; mais nous avons souvent reconnu que Pontoppidan n'est pas un auteur qui mérite foi entière. Dans les observations que M. le vicomte de Querhoent a eu la bonté de me com- muniquer/ il dit que les rats transportés d'Europe à l'ile de France par les vais- seaux s’y étoient multipliés au point qu'on prétend qu'ils firent quitter l'ile aux Hollandois. Les Francois en ont di- minué- le nombre, quoiqu'il y en ait encore une très-grande quantité. Depuis quelque temps, ajoute M. de Querhoent, un rat de l'Inde commence à s’y établir : il a une odeur de musc des plus fortes, qui se répand aux environs des lieux qu’il habite; et l'on croit que lorsqu'il 12 28 ah è on du no FR 4 * n = | ni 86 HISTOIRE NATURELLE passe dans un endroit où il y a du vin, il le fait aigrir *. Il me paroît que ce rat d'Inde , qui répand uné odeur de musc, pourroit être le même rat que les Portu- gais ont appelé c£eroso, ou rat odorifé- rant. La Boullaye-le-Gouz en à parlé. | AE « Ilest, dit-il, extrêmement petit ; il est à peu près de la figure d’un furet ; morsure est venimeuse ; quand il entre dans une chambre, on le sent inconti= nent , et on l'entend crier #ric, Æric, hric ?. » Ce même rat se trouve aussi à Maduré, où on le nomme rat de senteur. Les voya- geurs holiandois en ont fait mention; ils disent qu'il a le poil aussi fin que la taupe , mais seulement un peu moins moir *. | À Note communiquée par M. le vicomte de Querhoent à M. de Buffon. | 2 Voyage de la Boullaye-le-Gouz, page 256. 3 Recueïl des voyages qui on! servi à l’établis= sement de la compagnie des Indes Griéniaies » tome huge page is er pu HAMSMER eu DU HAMSTER, ou RAT DE BLÉ. ON trouve FEU la Gazette de littérature, du 15 septembre 1774, un extrait des ob- servations faites sur Île hamster, et tirées d’un ouvrage allemand de M. Caldes ; que J'ai cru devoir donner ici. « Le rat de blé:, en allemand Zarnster, ne pouvoit êtremicux décrit ni plus com- modément qu'à Gotha , où, dans une seule année , on en a livré onze muile cinq cent soixaänte-quatorze peaux à l'hôtel-de-ville ; dans une autre, cin- quante-quatre mille quatre cent vingt- neuf; et une troisième fois, quatre-vingt mille cent trente-neuf. Cet animal habite en général les pays tempérés : quand il est irrité, Le cœur lui bat jusqu’à cent quatre- vingts fois par minute; le poids du cer- veau est à celui de tout le corps comme 1 est à 103. Ces rats se font des magasins, où ils placent Jusqu'à douze livres de grains. En hiver, la femelle s'enfonce fort avant 88 HISTOIRE NATURELLE dans la terre. Cet animal est courageux: il se défend contre les chiens, contre les chats, contre les hommes : il est natu- rellement querelleur, ne s'accorde pas avec son espèce, et tue quelquefois, dans sa furie, sa propre famille. Il dévore ses semblables lorsqu'ils sont plus foibles, aussi-bien que les souris et les oiseaux, et il vit avec cela de toutes sortes d’herbes, de fruits et de grains : il boit peu. La femelle sort plus tard que le mâle de sa retraite d'hiver ; elle porte quatre se- maines, et fait jusqu’à six petits. Il ne faut que quelques mois pour que les petites femelles deviennent -fécondes. L'espèce de rat qu'on nomme pus *, tue le hamster. ? Quand l’animal est dans son engour- dissement, on n’y observé ni respiration, ni aucune sorte de sentiment. Le cœur bat néanmoins environ quinze fois par minute , comme on s'en appeïcoit en ouvrant la poitrine ; le sang demeure fluide , les intestins immobiles ne sont UE rs désigne le putois, ét non pas un rat, comimne le dit ici l’auteur. DU HAMSTER. &g pas irritables ; le coup électrique mème ne réveille pas l'animal, tout est froid en dui. Âu grand air, il ne s’engourdit jamais. » M. Sulzer rapporte par quels degrés il passe pour sortir de son engourdissement.. . « Cet anifnal n’a guère d’autre utilité que celle de détruire les re mais il mt bien plus de mal qu'elles ? oui eussions desiré que M. iles eût indiqué précisément le degré de froid ou de manque d'air auquel ces. animaux s’engourdissent ; car nous répétons ici. affirmativement ce que nous avous dit?, que dans une chambre sans feu, où il geloit assez fort pour y glacer l’eau, un hamster. qui y étoit dans une cage, ne s’engourdit pas pendant l'hiver de1763. On. va: voir la pleine confirmation de ce fait dans les additions que M. Allamand a fait imprimer à la suite de mon ouvrage ;-et que je viens.de recevoir. * Observations sur le rat de ble , par M. Sulzer. (Gazetré de hitiérature , 13 septembre 1774.) 2 Tome VI, page 04 L es RON TOUT OR TS ARTE k 99 HISTOIRE NATURELLE À DD ET RS (A DE L'ÉDITEUR HOLLANDOIS. LE HAMSTER. t, Le hamster est un Are à du. geure des souris, qui passe l’hiver à dormir , comme Îles marmottes. Il'a les jambes basses , le cou court, la tête: un peu grosse, la bouche garnie de‘moustaches des deux: côtés, les oreilles grandes et presque sans poil, la queue courte et à demi nue, les yeux ronds et sortant de:la tête, le poil mêlé de roux ; de jaune, de blanc et de noir : tout cela ne lui donne pas la figure fort revenante. Ses mœurs ne le rendent pas plus recommandable. Il n’aime que son propre individu, et'n’a pas une seule qualité sociable. Il'attaque et dévore tous les autres animaux dont il peut se rendre maître, sans excepter ceux de sa propre race. L'instinct mêmc ne. U LATE \ DU HAMSTER. Fu qui le.porte vers l’autre sexe, ne'dure que quelques jours , au bout desquels sa. femelle n’éprouveroit pas un meilleur sort, si elle ne prenoit pas la précaution d'éviter la rencontre de son ingrat, ou de le prévenir et de le tuer la première. À ces qualités odieuses la Nature a néan- moins .su.en allier d’autres, qui, sans rendre cet animal plus aimable, lui font mériter une place distinguée dans l'his- toire naturelle des animaux. Il. est du petit nombre de ceux qui passent l'hiver dans un état d’engourdissement., et le seul en Europe qui soit pourvu de ba- joues. Son. adresse à se pratiquer une demeure. sous terre, et l’industrie avec laquelle il fait ses provisions d'hiver, ne méritent pas moins l'attention des curieux... Le hamster n’habite pas indifférem- ment dans toutes sortes de climats ou de terrains : on ne.le trouve ni dansles pays trop chauds, ni dans les pays trop froids, | _ Comme il vit de grains et qu'il demeure sous terre, une terre pierreuse, sablon- neuse , argilleuse , lui convient aussi peu STE Mn la M RE LE 4 à LE dur Lu Ag #2 . HISTOIRE À ETS Le. | que les prés , les forêts et les éndrdits bourbeux. Il lui faut un terroir! aisé à creuser, Qui néanmoins soit assez ferme pour ne point s'écrouler. Il choisit en- core des contrées fertiles en toutes sortes de graines, pour n'être pas obligé de cherchér sa nourriture au loin", étant peu propre à faire de longues éorseés Les terres de Thuringe réunissant toutes ces qualités, les hamsters s’y trouvent en plus grand nombre ‘que par tout ailleurs. FEES Le terrier que le hamster se creuse, à trois où quatre pieds sous terré, consiste, pour l'ordinaire, en plus ou moins de - chambres , selon l’âge de ‘l'animal’ qui l'habite. La principale est tapissée de paillé, et sert de logement; les autres sont destinées pour y conserver les pro: visions, qu'il ramasse en grande quantité dans le temps des moissons. Chaque ter- rier a deux trous ou ouvertures, dont celle par laquelle l'animal ést arrivé sous terre, descend obliquement ; l'autre qui a été pratiquée du dedans en dehors, est perpendiculaire et sert pour entrer ‘et sortir. | Z 2 DU HAMSTER. 93 Les terriers des femelles, qui ne de- meurent Jamais avec les mâles, diffèrent des autres en plusieurs points. Dans ceux où elles mettent bas, on voit rarement plus qu’une chambre de provision, parce que le peu de temps que les petits de- imneurent avec la mère, n’exige pas qu’elle amasse beaucoup de nourriture; mais, au lieu d’un seul trou perpendiculaire, il y en a Jusqu'à sept ou huit qui servent à donner une entrée et une sortie libre aux petits. Quelquefois la mère ayant chassé ses petits, reste dans ce terrier ; mais, pour l'ordinaire, elle s’en pratique ur autre, qu'elle remplit d'autant de pro- visions que la saison lui permet d’en ramasser. . die Vars Les hamsters s'accouplent la première fois vers la fin du mois d'avril, où les mâles. se rendent dans les terriers des femelles, avec lesquelles ils ne restent cependant que peu de jours. S'il arrive que deux mâles, cherchant femelle, se ‘reneontrent dans le même trou, il s'élève un combat furieux entre eux, qui, pour l'ordinaire, finit par la mort du plus foible. 94 HISTOIRE NATURELLE Le vainqueur s'empare de sa femelle, et l'un et l’autre, qui, dans tout autré temps, se persécutent et s’entre-tuent déposent leur férocité naturelle pendant le peu de jours que durent leurs amours. Ils se défendent même réciproquement contre les agresseurs. Quand on ouvre un terrier dans ce temps-là, et que la femelle s’appercoit qu’on veut lui enlever son mari, elle s'élance sur le ravisseur, et lui fait souvent sentir la fureur de sa vengeance par des morsures ia et douloureuses. “Eee Les femelles mettent bas deux ou trois fois par an : leur portée n’est Jamais au- dessous de six , et le plus souvent de seizé à dix-huit petits. Le crû de ces animaux ést fort prompt. À l’âge de quinze jours, ils essaient déja à creuser la terré': peu après , la mère les oblige de sortir du ter- rier, de sorte qu’à l’âge ans OT {rOIS se- maines ils sont abandonnés à leur propre conduite. Cette mère montre en général fort peu de tendresse mate tele pour ses petits : elle qui, dans le temps de ses amours, défend si courageusement som DU HAMSTER. (! 95 mari, ne counoît que la fuite quand sa famille est menacée d’un danger; son unique soin est de pourvoir à sa propre conservation. Dans cette vue , dès qu’elle se sent poursuivie, elle s'enfonce en creu- sant plus avant dans la terre; ce qu’elle exécute avec une célérité surprenante. Les petits ont beau la suivre, elle est sourde à leurs cris, et elle bouche même la retraite qu’elle s’est pratiquée. Le hamster se nourrit de toutes sortes d'herbes , de racines et de grains, que les différentes saisons lui fournissent. I s’ac- commode même très-volontiers de la chair des autres animaux dont il devient le maître. Comme il n’est pas fait pour les longues courses , 1l fait le premier fonds de son magasin par ce que lui présentent les champs voisins de son établissement ; ce qui est la raison pourquoi l’on voit souvent quelques unes de ses chambres remplies d'une seule sorte de grains. Quand les champs sont moissonnés ,' il va chercher plus loin ses provisions, et prend ce qu'il trouve dans son chemin poux le porter dans son habitation et l'y 96 HISTOIRE NATURELLE déposer sans distinction. Pour lui faciliter le transport de sa nourriture, la Nature l'a pourvu de bajoues de chaque côté de l'intérieur de la bouche. Ce sont deux poches membraneuses, lisses et luisantes eu dehors, et parsemées d’un grand nombre de glandes en dedans ; qui dis= tillent sans cesse une certaine humidité, pour les tenir souples et les rendre ca- pables de résister aux accidens que des grains souvent roides et pointus: pour- roient causer. Chacune de ses bajoucs peut contenir une once et demiedegrains, que cet animal, de retour dans sa de- meure, vide moyennant ses deux pieds de devant, qu'il presse extérieurement contre ses Épai pour en faire sortir les grains. Quand on rencontre un hamster, ses poches remplies de provisions, on peut le prendre avec la main, sans ris- quer d’être mordu , parce que, dans cet état, il n’a pas le mouvement des mâ- choires libre; mais, pour peu qu’on lui laisse du temps, il vide promptement ses poches et se met en défense. La quan- tité de provisions qu'on trouve dans les. V4 DU HAMSTER. 97 terriers, varie suivant l’âge et le sexe de l'animal qui les habite :les vicux hamsters amassent jusqu'à cent. livres de grains; mais les Jeunes et les femelles se con- tentent de beaucoup moins. Les uns et les autres s’en servent, non pour s’en nourrix pendant lhiver, temps qu'ils passeut à dormir et sans manger, mais pour avoir de quoi vivre après leur ré- veil au printemps, et pendant l’espace de temps qui précède leur engourdis- sement. ; | À l’approche de l'hiver , les hamsters se retirent dans leurs habitations souter- raines , dont ils bouchent l’entrée avec soin ; ils y restent tranquilles et vivent de leurs provisions, jusqu’à ce que, le froid étant devenu plus sensible, ils tom- bent dans un état d'engourdissement sem- blable au sommeil le plus profond. Quand, après ce temps-là , on ouvre un terrier, qu'on reconnoît par un monceau de terre qui se trouve auprès du conduit oblique dont nous avous parlé, on y voit le hamster mollement couché sur un lit de paille menue et très-douce. Il a la tête 9 98 HISTOIRE NATURELLE retirée sous le ventre , entre ‘les deux jambes de devant ; cellés de derrière sont appuyées contre le museau. Les yeux sont fermés ; et quand on veut écarter les pau pières , elles se referment dans l'instant. Les membres sont roides commeceux d’uit animal mort, et tout le corps est froid au toucher comme la glace. On ne re- marque pas la moindre respiration ni autre signe de vie : ce n’est qu’en Le dis- séquant dans cet état d’engourdissement qu'on voit le cœur se contracter et se dilater ; mais ce mouvement est si lent, qu'on peut compter à peine quinze pul- sations dans une minute, au lieu qu'il y en à au moins cent cinquante dans le même espace de temps lorsque l’ani: imal est éveillé. La graisse est comme figée ; les intestins n’ont pas plus de cha- leur que l'extérieur du! corps, et sont insensibles à l’action ‘de l’esprit-de-vin et même à l'huile de vitriol qu’on y verse , et ne marquent pas la moindre irritabilité. Quelque douloureuse que soit toute cette opération , l'animal ne paroît pas la sentir beaucoup : il ouvre quel: TA DU HAMSTER. 09 quefois la bouche , comme pour respi- rer; mais son engourdissement est trop fort pour s’éveiller entièrement. On a cru que la cause de cet engour- dissement dépendoit uniquement d’un certain degré de froid en hiver. Cela peut être vrai à l'égard des loirs, des lérots, des + Ste mais , pour mettre le hamster dans cet état, l’expérience prouve qu'il faut encore que Pair exté- rieur n'ait aucun accès à l'endroit où il s'est retiré. On péut s’en convaincre en enfermant un hamster dans une caisse remplie de terre et de paille; on aura beau l'exposer au froid le plus sensible de l'hiver et assez fort pour glacer l’eau, on ne parviendra Jamais à le faire dor- mur : mais, dès qu'on met cette caisse à quatre ou cinq pieds sous terre, qu'il faut avoir soin de bien battre. pour empêcher l'air extérieur d'y pénétrer, on le trouvera , au bout de huit ou dix ; Jours, engourdi comme dans son terrier. Si le retire cette caisse de la terre , le hamster se réveillera au bout de quelques heures, et se rendormira de nouveau quand on to HISTOIRE NATURELLE le remet sous terre. On peut répéter cette expérience avec le même succès , ‘aussi long-temps que le froid durera , pourvu qu’on observe d'y mettre l'intervalle de temps nécessaire. Ce qui prouve encore L que, l'absence de l'air extérieur est une des causes de l’engourdissement du hams- ter, c'est que, retiré de son terrier au plus gros de l'hiver , il'se réveille 1m- inanquablement au bout: de quelques heures , quand on l’expose à l'air. Qu'on fasse cette expérience de jour ou de nuit, cela est indifférent , de sorte que la lu- mière n'y à aucune part. C’est un spectacle curieux de voir pas- ser un hamster de l’engourdissement au réveil. D’abord il perd la roideur des mem- brés ; ensuite il respire profondément, mais par de lougs intervalles ; on re- marque du mouvement dans les jambes ; il ouvre la bouche comme pour bäiller, et fait entendre des sons désagréables et semblables au râlement. Quand ce Jeu # duré pendant quelque temps , il ouvre! enfin les yeux et tâche de se mettre sur les pieds ; mais tous ses mouvemens sont tFDU'HAMSTER.T CII xos encore peu assurés ct chancelans comme eeux d’un homme ivre. Il réitère-cepen- dant ses essais: jusqu’à ce qu'il parvienne à se tenir sur ses Jambes. Dans cette atti- tude, il reste tranquille, comme pour se reconnoître, et se reposer ;:deses fa- , tigues; mais peu à peu il commence à marcher, à manger et à agir comme il faisoit avant le temps de son sommeil, Ce passage de l’engourdissement au ré- veil demande plus ou moins de temps, selon la température de lendroit où se trouve l'animal. Si on lexpose à un air sensiblement froid } il faut. quelquefois plus de deux heures pour le faire éveiller ;. et dans. un. lieu plus tempéré, cela se fait en moins d’une heure. ll ést vraisemblable que, dans:les terriers , cette catastrophe arrive imperceptiblement, et que l’ani- mal ne sent. aucune des incommodités qui accompagnent un réveil forcé et subit. La vie du hamster est partagée entre les soins de, satisfaire aux besoins natu- rels et la fureur de se battre. Il paroît n'avoir d'autre passion que celle de la colère, -qui.le porte à attaquer tout ce 9 to3 HISTOIRE NATURELLE qui se trouve en son chemin, ‘sans faire attention à la supériorité: des forces de l'ennemi. Ignorant absolurnent l'art de sauver sa vie en se retirant du combat, il se laisse plutôt assommer de: coups de bâton que de céder. S'il trouve le moyen de saisir la main d’un homme;'il faut le tuer pour se débarrasser de‘lui..Ea' gran- deur du cheval l'effraie aussi peu que Pa: dresse du chien. Ce dernrer aime à lux donner la chasse : quand lehamster l'ap- perçoit de loin , il commence:par vider ses poches, si par hasard.il les'a remplies de grains; ensuite il les enfle si -prodigieu- sement, que la tête et le cou surpassent beaucoup en grosseur lé réste du corps; enfin il'se redresse sur ses jambes de der- rière , et S'élance dans cette ‘attitude sur l'ennemi; sil Pattrape, il'né'le quitte qu'après l'avoir tué ou perdu Ha vie : mais le chien le prévient pour lordinaire, en cherchant à le prendre par derrière et à l'étrangler. Cette fureur de se battre fait que le hamster n’est en paix avec aucun des autres animaux ; ilfait méme la guerre à ceux de sa race sans en .excep+ | NUL ELA MSILER. STE 103 ter la femelle. Quand deux hamsters se rencontrent ; "15 nc manquent Jamais de s'attaquer réciproquement . _jJusqu'à ce que le plus foible succombe sousles coups _ du plus fort, qui le dévore. Le combat entre un mâle et une femelle dure pour l'ordinaire ;plus long-temps que celui de mâle à mâle. Ils commencent par se don- ner la chasse et se mordre ; ensuite cha- cun se retire d’un autre côté, comme pour prendre haleine : peu après, ils renouvellenit le combat, et continuent à se fuir et à se battre ; jusqu’à ce que l’un ou lPautre succombe. Le vaincu sert tou- jours de repas au vainqueur. ou 04 HISTOIRE NATURELLE é * NOUVELLE. ADDITION À L anTre Et " nt De. DES RATS ET DES SOURIS: x Ne €. L'r ESPÈCE du rat paraît: exister de | toutes les contrées habitées ou fréquen- tées par les hommes ; car , suivant le récit des’ voyageurs, elle a été trouvée:et re- connue par-tout, et même dans les pays nouvellement découverts. M. Forster dit que le rat « se trouve dans les îles de la mer du Sud , et dans les terres de la nouvelle Zélande; qu'il y en a une pro- digieuse quantité aux îles de la Société, et sur-tout à Taïti, où ils vivent des restes d’alimens que les naturels laissent dans leurs huttes, des fleurs et des casses de l’erytrina corallodendrum, de bananes et d’autres fruits , et, à ce défaut, d’ex- crémens de toute sorte : leur hardiesse va DES RATS ET DES SOURIS. 105 jusqu'à mordre quelquefois les pieds des naturels endormis. Ils sont: beaucoup plus rares aux Marquises et aux îles des Amis, et on les voit rarement aux nou- velles Hébrides !. » LPO DE d | Il est assez singulier qu'on ait trouvé les espèces de nos rats dans ces îles et terres de la mer du Sud ;’tandis que, dans toute l'étendue du continent ‘de Fe l'Amérique, ces mêmes espèces ne se sont pas trouvées , et que tous les räts qui existent actuellement dans ce nouveau continent, y sont arrivés avec nos vais- seaux. Suivant M. de Pagës?, il y a dans les déserts d'Arabie une espèce de rat très-diférente de toutes celles que nous ‘connoissons. « Leurs yeux, dit-il, sont vifs et grands ; leurs moustaches , leur museau £ Voyez le second Voyage de Cook, tome V, page 170. À ? Foyage aulour du monde (manuscrit), par M, de Pagès. LR ER D he te : ,, f &E LL a ET PORN MERE TNT LUPNAERS PANDA à « 14 106 HISTOIRE NATURELLE à et le haut du front sont blancs, ainsi que le ventre, les pattes et le bout,de la queue ; le reste du corps est jaune et d’un poil assez long et très-propre : la queue est médiocrement longue ; mais elle est grosse, de couleur jaune comme le corps, et terminée de blanc. Mes com pagnons arabes mangeoient ces rats après les avoir tués à coups de bâton, qu'ils lancent avec, beaucoup d'adresse sur le chemin du quadrupède ou de: l'oiseau qu ‘ils veulent attraper. » Zom.2z, À Pauquet. S . DES RATS ET DES SOURIS. 107 \ L'EUR A T PE RCGH'A L. Cz rat, dont M. Sonnerat nous a ap: porté la peau sous la dénomination de fat perchal, est plus gros que nos rats ordinaires. | pieds. pouces. lignes. Sa, longueur est de..." "és L'ART NS 2 Longueur de la tête, du bout du ner à Fotéiput..7:..7, LT we 3 5 Elle est plus alongée que celle de nos rats; les oreilles nues, sans poil, sont de la forme et de la couleur de celles de tous tes rats. Les jambes sont courtes j et le pied de derrière est très-grand en comparaison de celui de devant, puisqu'il a , du talon au bout des ongles, deux pouces , et que celui de devant n’a que dix lignes du poignet à l'extrémité des ongles. La queue, qui est semblable. en tout à celle de nes rats, est moins longue 108 HISTOIRE NATU RE LLE en proportion , quoiqu'elle n'ait que huit pouces trois ligues de longueur. Le poil est de couleur dot brun musc foncé sur la partie supérieure de la tête, | du cou , des épaules, du dos, jusqu'à … la croupe et sur la partie supérieure des flancs ; le reste du corps a une couleur grise plus claire sous Le ventre et le cou... Les moustaches sont noires et longues de deux pouces six lignes ; la queue est écailleuse , comme par anneaux ; sa cou- leur est d’un brun grisâtre. Les poils sur le corps ont de longueur onze lignes, et sur la croupe, deux pouces ; ils sont gris à leur racine, et bruns dans leur longueur jusqu’à l'extré- mité ; ils sont mélangés d’autres poils gris en plus grande quantité sous le ventre et les flancs. | Ce rat est très-commun dans Yade , et l'espèce en est nombreuse. Il ui - dans les maisons de Pondichéry , comme le rat ordinaire dans les nôtres, et les habitans de cette ville le trouvent bon à nanger. DES RATS ET DES SOURIS. 109 LE SCHERMAN, ou RAT D'EAU DE STRASBOURG. Jx donne ici la figure d’une espèce de rat d’eau qui m'a été envoyé de Stras- bourg par M. Hermann, le 8 octobre 1776. «Ce petit animal, m'écrivit-il, a échap- pé à vos recherches , et Je l’avois pris moi-même pour le rat d’eau commun ; cependant il en diffère par quelques ca- ractères. Il est plus petit; il a la queue, le poil et les oreilles différens de ceux du rat d’eau. On le connoît autour de Strasbourg sous le nom de sckerman. L'espèce en est assez commune dans les jardins et les prés quisont proche de l’eau. Cet animal nage et plouge fort bien; on Quadrupèdes, ur. 10 :INONRE OT CE NT RUN "ARRET as FR à À L LPO ne ‘ex + Pe D | DEA Foy Wu 7 # wi « 1e ÿ 110 HISTOIRE NATURELLE en trouve assez souvent dans les nasses des pêcheurs, et ils font autant de dégâts dans les terrains cultivés. Ils creusent la terre , et il y a quelques années que, daus une de nos promenades publiques, appelée le Contade, hors de la ville, un homme qui fait métier de prendre les hamsters , en a pris un bon nombre dans les mêmes piéges *.» Par ces indications et par la descrip- tion que nous allons donner de ce petit animal , il me paroît certain qu'il est d'une espèce différente, quoique voisine de celle de notre rat d’eau, mais que ses habitudes naturelles sont à peu près les mêmes. Au reste, l'individu que M. Her- mann a eu Ha bonté de nous envoyer pour le Cabinet , y a été placé , et il est très-bien conservé. Il ne ressemble en effet à aucun des rats dont nous avons donné les figures , qui tous ont les oreilles assez grandes; celui-ci les a presque aussi courtes que la taupe , et elles sont cachées * Extrait d’ure Jettre de M. Hermann, dalée de Strasbourg le 8"octobre 1776. DES RATS ET DES SOURIS. 111 sous le poil, qui est fort long. Plusieurs rats ont aussi la queue couverte de pe- tites écailles , tandis que celui-ci l’a cou- verte de poil comme le rat d’eau. La longueur du corps entier, depuis l'extrémité du nez jusqu'à l'origine de la queue, est de six pouces ; la queue est longue de deux pouces trois lignes : mais il nous a paru que les dernières vertèbres y manquent , en sorte que, dans l’état de nature, elle peut avoir deux pouces neuf lignes. La couleur du poil est, en général, d’un brun notrâtre, mélé de gris et de fauve , parce que Île poil, qui a quinze ligues de longueur, est d’un noir gris à la racine, et fauve à son extrémité. La tete est plus courte et le museau plus épais que dans le rat do- mestique, et elle approche, par la forme, de la tête du rat d’eau ; les yeux sont petits ; l'ouverture de la bouche est bor- dée d’un poil blanc et court ; les mous- taches, dont les plus grands poils ont treize lignes de longueur , sont noires ; le dessous du ventre est d’un gris de souris. Les jambes sont courtes et couvertes d’un SK LOS DENON "4 :112 HISTOIRE NATURELLE. petit poil noirâtre, ainsi que les pieds ; qui sont fort petits : il y a, comme dans plusieurs rats, quatre doigts aux pieds- de devant , et cinq à ceux de derrière ; les ongles sont blancs et un peu courbés en gouttière. La queue est couverte de petits poils bruns et cendrés , mais moins fournis que sur la queue du rat d’eau. { 1P aqueË P [4 ADDITION A L'ARTICLE DE LA MUSARAIGNE. LA MUSARAIGNE MUSQUÉE DE L'INDE. Car TE musaraigne , apportée de Pondi- chéry par M. Sonnerat, est beaucoup plus grande que la musaraigne de notre pays , qui n’a que deux pouces onze lignes , au lieu que celle-ci a cinq pouces deux lignes , le corps étendu. | Elle a la tête longue et pointue ; le nez est effilé , et la mâchoire supérieure avance sur l’inférieure ; les narines sont petites , et le bout du nez est séparé comme par deux petits tubercules ; les yeux sont si petits, qu’on a peine à les appercevoir. Les oreilles sont courtes , rondes, nues et sans poil. | Les poils des moustaches et ceux du dessus des yeux sont grisâtres , et les plus grands ont sept lignes de longueur. 10 ir4 HISTOIRE NATURELLE. Les jambes sont petites et courtes; il y a cinq doigts à tous les pieds. La queue a un pouce huit lignes de longueur ; elle est couverte de petits poils courts , et parsemée de grands poils fins et grisatres. La couleur du poil de cet animal est d'un gris de souris ou d’ardoise clair, teint de roussâtre qui domine sur le nez, le dos et la queue. . Cette musaraigne, qui, à beaucoup d’é- gards , ressemble à la musaraigne d’Eu- rope, a une odeur de musc si forte, qu'elle se fait sentir dans tous les endroits ôù elle passe. Elle habite dans les champs; rais elle vient aussi dans les maisons. MODITION AUARTICLE DU LT RO T. LE LÉROT A QUEUE DORÉE. pe donnons ici, d’après M. Alla- mand , la description et la figure de ce petit animal qui ressemble au lérot par la taille , la figure et la forme de la queue, mais qui , par la position et la forme des . oreilles, et par la couleur dorée de la rnoitié de la queue , ressemble au mus- cardin ; il semble donc faire une espèce moyenne entre celles de ces deux ani- maux. « C’est , dit M. AlHamand, à M. le doc- teur Klockner qu’on doit la connois- sance de ce petit lérot ; il l’a recu de Surinam , sans aucune notice ni du nom qu’on lui donne dans le pays, ni des Lieux où il habite. Jusqu'à présent il n’a 116 HISTOIRE NATURELLE Jamais été décrit, ni mème connu, quoi- . qu'il soit marqué de façon à s’attirer l’at- tention. Les nomenclateurs à systèmes ne nranqueront pas de le ranger dans la classe des glires ou loirs de M. Linnæus ; et effectivement 1l mérite bien autant d'y avoir place que le rhinocéros ; et sans doute ils en feront un membre de la fa- inille des rats, qui comprend tant d’autres atiimaux qui en approchent moins que celui-ci. Mais sans chercher à déterminer le genre auquel il appartient , J'en don- nerai une description exacte qui m'a été. fournie par M. Klockner , qui , toujours zélé pour l'avancement de l’histoire na- turelle , a bien voulu me la communi- quer en m’envoyant l'animal même, afin que je pusse mieux me convaincre de son exactitude. J’ai d'abord été embar- rassé sur le nom que je lui donnerois. Je n'aime pas ces. noms composés qui déter- minent l’espèce à laquelle on doit rap- porter l'animal qui le porte, lorsqu'il n’est pas très-évident qu’il en soit. Cependant j'ai cru devoir adopter celui que lui a douné M. Klockner, qui est eu droit de le DU LÉROT. 117 désigner par celui qu'il Juge le plus con- venable : il l’a appelé /érot à queue dorée, sans prétendre qu’il tombe dans cet en- ._gourdissement causé par le froid aux loirs d'Europe ; un quadrupède habitant de la zone torride ne paroît pas devoir y être sujet. Quelque conformité de figure, et sur-tout de sa queue avec celle de nos lérots , lui a fait préférer cette dénomina- tion à toute autre. | | C’est par la singularité et la beauté de ses couleurs que cet animal se fait re- marquer. Son corps est de couleur de marron tirant sur le pourpre, plus fon- cée aux côtés de la tête et sur le dos, et plus claire sous le ventre. Cette couleur x s'étend sur la queue , à une petite dis- tance de son origine : là les poils fins et courts qui la couvrent, deviennent tout- à-fait noirs jusqu’à la moitié de sa lon- gueur , où ils sont plus longs, et où ils prennent , sans aucune nuance intermé- diaire , une belle couleur d'orange , ap- prochant de celle de l'or, et qu’ils gardent tusqu'à l'extrémité de la queue. Une .ongue tache de cette même couleur 18 HISTOIRE NATURELLE jaune orne aussi le front : elle prend son origine au-dessus du nez; là elle est fort étroite ; ensuite elle va en s’élargissant jusqu'à la hauteur des oreilles, où elle finit. Cet assemblage de couleurs si fort tranchantes , et si rares dans les quadru- pèdes, offre un coup d’œil très-frappant. Sa tête est fort grosse à proportion de son corps ; il a le museau ct le front étroits, les yeux petits. Ses oreilles présentent une large ouverture ; mais elles sont courtes, et ne s'élèvent pas jusqu’au- dessus de la tête : elles sont couvertes em dehors et en dedans de poils très-fins ; il y en a de plus longs sur leurs bords, mais il faut les regarder de près pour les appercevoir. La mâchoire supérieure avance sensiblement au-delà de l’infé- rieure. L'os du nez est assez élevé, et le haut du museau est couvert de poils ; ce qu'on ne voit guère dans les autres quadrupèdes. La lèvre de dessus est fen- due du haut en bas, comme dans tous les animaux de cé genre, et les bords de la fente vont en s’écartant vers les côtés; ce qui donne à l'extrémité du groin læ DU LÉROT. . tg -forme d’un triangle isocèle. Cette divi- sion laisse voir deux dents incisives fort blanches et courtes ; il y en a aussi deux à la mâchoire inférieure , mais qui sont plus grandes. Cette mâchoire , avec la lèvre qui la couvre , est plus reculée du côté de la gorge. Aux deux côtés de la lèvre supérieure il y a une touffe de poils d’un brun som- bre ; leur longueur surpasse celle de la tête : ceux qui forment la partie inférieure de cette moustache, sont moins longs, et dirigés en bas. Derrière chaque œil, il y a une verrue d’où partent aussi six longs poils ; et il y en a deux de même lon- gueur placés au-dessus des yeux. Les Jambes de devant sont courtes ; leurs pieds ont quatre longs doigts armés d'ongles crochus et aigus; plus haut est un petit bouton obtus qui forme une es- pèce de pouce , mais sans ongle. Au-des- . sous de ces pieds il y a cinq éminences très-remarquables, couvertes d’une peau mince et fort douce au toucher. Les jambes de derrière sont plus longues, et leurs pieds ont cinq doigts, qui sont x20 HISTOIRE NATURE £LLE aussi plus longs que ceux de devant, et sont de même garnis d'ongles crochus et pointus , excepté les deux doigts inté- rieurs, dont les ongles sont un peu obtus. La plante de ces pieds postérieurs res- semble à celle des antérieurs : mais les protubérances qu'on y voit, sont plus grandes. La queue est fort longue , et très- as près du corps ; mais son dar dimi- nue à mesure qu'elle s’en éloigne, et elle se termine en pointé. Quand on en écarte un peu les poils, on voit que sa peau est écailleuse comme celle du rat. Au derrière de la tête, et tout le long du dos , parmi les poils ut l'animal est couvert , il y en a qui sont plats, et de la longueur d’un pouce; aussi ils s’é- lèvent au-dessus des autres: ils sont aussi plus roides , et résistent davantage quand on les touche. Ils paroissent sortir de petits étuis transparens ; leur nombre va en diminuant sur les côtés , et ils de- viennent plus petits ; sous le ventre ils disparoissent tout-à-fait. Leur conforma- tion est assez singulière : près du corps DU LÉROT. ‘{: ‘Ts ils sont cylindriques et fort minces , en- suite ils deviennent plats, et leur largeur augmente jusqu’à égaler une demi-ligne , après quoi ils $e terminent en une petite pointe fort fine. Dans la partie plate du milieu , les bords sont relevés, et forment une espèce de gouttière, dont le fond, vu au microscope , paroît Jaunâtre et trans- parent, et dont les côtés sont bruns; ce qui occasionne un double reflet de lu- mière qui donne ce coloris pourpré dont J'ai parlé. Le corps , à l'exception du ventre, est couvert d’une peau ou plutôt d’un cuir fort rude. lu L'animal qui vient d’être décrit, est une femelle qui a huit petites mamelles : il y en a deux entre les cuisses, les six autres sont placées obliquement en $’écartant de côté et d'autre, et les deux dernières sont entre les jambes de devant. : Il paroît être fait pour grimper sur les arbres, dont il mange les fruits. C’est dom- mage qu'un si joli animal ne soit connu que par ce seul échantillon, dont les cou- leurs ont sans doute perdu une partie : | 1] L 132 HISTOIRE NATURELLE de leur beauté dans la liqueur où ül a été mis pour être envoyé. On se formera une idée juste de sa grandeur par les di- inensions suivantes. » pieds. pouces. lignes, Longueur du corps depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de da queue eu Ut UN, Longueur de la queue”... 4 Longueur de la tête, mesurée de- puis lé commencement du nez jusqu’au-dessus du front, et suivant sa -COurpure.: .. Circonférence de la tête mesurée entre les yeux et les oreilles... Circonférence du cou.......... Longueur des oreilles. ........ Leur leurs, 40, ne Le Circonférence du corps mesurée derrière les jambes de de- PS Circonférence du corps mesurée devant les jambes de derrière Longueur des jambes de devant, depuis les doigts jusqu’au coude Lougucur des jambes entières, depuis l'épaule iusqu’auxdoigts Ë OU ŸY y (Sa) 2 pi R €©0 © m à» 4% É y : FD «' MODE OT 123 . pieds. pouces, lignes, Longueur des jambes de derrière, depuis les doigts jusqu’au ge- OPA ES d'a ss sa Bel ee a 00 le D LI 2 Longueur totale depuis la hanche jusqu’à lPextrémité des doigts.. »- 3 » ADDITION À L'ARTICLE DU RATON* ME. Blanquart des Salines m'a écrit de Calais , le 29 octobre 1775 , au sujet de cet animal , dans les termes suivans : « Mon raton a vécu toujours enchaîné , avant qu'il m'appartint : dans cette cap- tivité , il se montroit assez doux, quoi- que peu caressant. Les personnes de la maison lui faisoient toutes le même ac- cueil , mais il les recevoit différemment; ce qui lui plaisoit de la part de l’une, le révoltoit de la part d’une autre, sans que jamais il prît le change. » (Nous avons observé la même chose au sujet du surikate.) « Sa chaîne s’est rompue quelquefois , * Tome IIT, page 60. HISTOIRE NATURELLE. 125 et la liberté le rendoit insolent; 1l s’em- paroit d’un appartement, et ne souffroit pas qu’on y abordât. Ce n’étoit qu'avec peine qu’on raccommodoit ses liens. De- puis son séjour chez moi, sa servitude a été fréquemment suspendue. Sans le perdre de vue, je le laisse promener avec sa chaîne, et chaque fois mille gentil- lesses m'expriment sa reconnoissance. Il n’en est pas ainsi quand il s'échappe de lui-même ; alors il rôde quelquefois trois ou quatre Jours de suite sur les toits du voisinage , et descend la nuit dans les cours , entre dans les poulaillers, étrangle la volaille, lui mange la tête, et n’épargne pas sur-tout les peintades. Sa chaîne ne le rendoit pas plus humain, mais seule- ment plus circonspect; il employoit alors la ruse, et familiarisoit les poules avee lui , leur permettoit de venir partager ses répas; et ce m'étoit qu'après leur avoir inspiré la plus grande sécurité qu’il en saisissoit une et la mettoit en pièces. Quelques jeunes chats ont de sa part éprouvé le même sort... Cet animal, quoique très-léger , n’a que des mouve- 1 126 HISTOIRE NATURELLE mens obliques, et je doute qu’il puisse attraper d’autres animaux à la course. Il ouvre merveilleusement les huîtres ; il suffit d’en briser la charnière , ses pattes . font le reste. Il doit avoir le tact excel- lent. Dans toute sa petite besogne , rare- ment se sert-il de la vue ni de l’odorat : pour une huître , par exemple , il la fait passer sous ses pattes de derrière ; puis, sans regarder , il cherehe de ses mains l'endroit le plus foible ; il y enfonce ses ongles, entr’ouvre les écailles, arrache le poisson par lambeaux , n’en laisse aucun vestige , sans que, dans cette opération, ses yeux ni son nez, qu'il tient éloignés, lui soient d'aucun usage.! Si le raton n’est pas fort reconnoissant des caresses qu'il recoit , il est singulière- ment sensible aux mauvais traitemens. Un domestique de la maison l'avoit un jour frappé de quelques coups de fouet : vainement cet homme a-t-il cherché de- puis à se réconcilier ; ni les œufs , ni les sauterelles marines , mets délicieux pour cet animal, n’ont jamais pu le calmer. À son approche , il entre dans une sorte af * 4 7 MA ; 7 | DU RATON. 127 de rage ; les yeux étincelans, il s’'élance contre lui, pousse des cris de douleur ; tout ce qu’on lui présente alors , il le refuse , Jusqu'à ce que son ennemi dis- paroisse. Les accens dela colère sont chez lui singuliers ; on se figureroit en- tendre tantôt le sifflement du courli, tantôt l’aboiement enroué d’un vieux chien. Si quelqu'un le frappe , s’il est attaqué par un animal qu’il croie plus fort que Jui , il n'oppose aucune résistance ; sem- blable à un hérisson, il cache et sa tête et ses pattes, forme de son corps une boule : aucune plainte ne lui échappe ; dans cette position, il souffriroit la mort. J'ai remarqué qu'il ne laissoit Jamais ni foin ni paille dans sa niche; il préfère de coucher sur le bois. Quand on lui: donne de la litière, il l’écarte dans l'instant même. Je ne me suis point appercu qu'il fût sensible au froid ; de trois hivers il en a passé deux exposé à toutes les rigueurs de l'air. Je l’ai vu couvert de neige, n'ayant aucun abri et se portant très- bien..,., Je ne pense pas qu'il recherche b'euts 128 . HISTOIRE NATURELLE beaucoup la chaleur : pendant les gelées dernières, Je lui faisois donner séparément et de l’eau tiède et de l’eau presque glacée pour .détremper ses alimens ; celle-ci a constamment eu la préférence. Il lui étoit libre de passer la nuit dans l'écurie , et souvent il dormoit dans un coin de ma cour. | | Le défaut de salive, ou $on peu d’abon- dance, est, à ce que J'imagine, ce qui en- gage cet animal à laisser pénétrer d’eau sa nourriture. Il n’humecte point une viande fraîche et sanglante ; Jamais il n’a mouillé une pêche ni une grappe de rai- sin : il plonge au contraire tout ce quiest sec au fond de sa terrine. Les enfans sont un des objets de sa haine ; leurs pleurs l’irritent ; il fait tous ses efforts pour s’élancer sur eux. Une petite chienne qu'il aime beaucoup, est sévèrement corrigée par lui quand elle s’avise d’aboyer avec aigreur. Je ne sais pourquoi plusieurs animaux détestent également les cris. En 1770, J’avois cinq souris blanches : Je m'’avisai par hasard d’en faire crier une, les autres se jetèrent Re HU'R'AT ON. 129 sur elle; je continuai, elles l’étranglèrent. Ce raton est une femelle qui entre en chaleur au commencement de l’été. Le besoin de trouver un mâle dure plus de six semaines : pendant ce temps, on ne sauroit la fixer; tout lui déplaît; à peine se nourrit-elle : cent fois le Jour elle passe entre ses cuisses, puis entre ses pattes de devant, sa, queue touffue , qu'elle saisit par le bout avec ses dents, et qu’elle agite sans cesse pour frotter ses parties naturelles. Durant cette crise , elle est à tout moment sur le dos, grognant et appelant son mâle ; ce qui me feroit pen- ser qu’elle s’accouple dans cette attitude. L’entier accroissement de cet animal ne s’est guère fait en moins de deux ans et demi. » LA MOUFETTE DU CHILI. M. Dombey , correspondant du Cabinet du roi, et que nous avons eu occasion de citer plusieurs fois, nous a rapporté la dépouille d’un individu de cette es- pèce. Cette moufette se trouve au Chili, et appartient à la famille du zorille, du conépate et d’autres animaux appelés bétes puantes, et qui se trouvent également dans l'Amérique méridionale. Ses habi- tudes, sur lesquelles nous n’avons recu aucune observation particulière, doivent être assez semblables à celles de ces ani- maux puans , dont elle se rapproche par sa conformation , ainsi que par la distri- bution de ses couleurs. L’individu dont nous avons vu la peau bourrée , étoit mâle. Il avoit la tête large et courte, les oreilles rondes et un peu applaties, le corps épais et large à l'endroit des reins , les cuisses larges et charnues , les jambes courtes , les pieds petits, cinq doigts à HISTOIRE NATURELLE. 1% chaque pied , et les ongles longs, crochus et recourbés en gouttière !. Sa queue, relevée au-dessus du dos comme celle des écureuils , étoit large et garnie de poils touffus, longs de près de trois pouces. Le poil qui couvroit sa tête, son corps, ses Jambes et le dessus de sa queue vers l’origine de cette partie, avoit en quelques endroits un pouce de lon- gueur , et étoit d’un brun noirâtre et lui- sant ; le reste du poil qui garnissoit sa queue étoit blanc, et l’on voyoit sur le dos deux larges bandes blanches qui se réunissoient en une seule?. 1 L’ongle le plus long des pieds de devant avoit onze lignes de longueur; et celui des pieds de der- rière, cinq lignes. 2, Cet individu avoit un pied sept pouces trois lignes, depuis le bout du museau jusqu’à l’anus ; et la queue étoit longue de sept pouces quatre lignes, en y comprenant la longueur Gu poil. Les dents manquoient à la dépouille. DU SARIGUE. Novs donnons ici la figure d’un sa- rigue qui nous paroît n'être qu’une va- riété dans cette espèce, mais dont les différences sont néanmoins assez grandes pour que nous ayons cru devoir le faire représenter. Ce sarigue se trouve dans le pays des Illinois, et diffère de l’autre par la couleur et par le poil, qui est long sur tout le corps ; il a la tête moins alongée et entièrement blanche, à l’ex- ception d’une tache brunâtre qui prend du coin de l'œil, et finit en s’affoiblissant du côté du nez, dont l’extrémité. est la seule partie de la face qui soit noire; la queue est écailleuse et sans poil dans toute sa longueur, au lieu que celle du sarigue de la planche XVII, tome IV , est garnie de poil depuis son origine jus- qu'à plus des trois quarts de sa longueur. Cependant ces différences neme paroissent pas suflisantes pour constituer deux es- | HISTOIRE NATURELLE. 133 pèces : et d’ailleurs, comme le chmat des Illinois et celui du Mississipi, où se trouve le premier sarigue-, ne sont pas éloignés, il y a toute apparence que ce second sa- -rigue n’est qu’une simple variété dans l'espèce du premier. pieds. pouces. lignes. Longueur du corps entier, de- puis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue........ 7 a: 3 Losueur dc orcillés......... > £ Li Es enndes oreilles... .....,. » 9 Longueur des moustaches...... x 2 : Longueur -de la queue....,.... » z 3 Les oreilles sont d’une peau lisse, sem blable à du parchemin brun, sans aucun poil en dedans ni en dehors; le poil qui couvre le corps Jusqu'à la queue , ainsi que les jambes , est d’un brun plus ou moins nuancé de cendré, et mêlé de longs poils blancs qui ont jusqu’à deux pouces trois lignes sur le dos, et deux pouces six lignes près de la queue; le dessous du corps est d’un cendré blanchâtre. Il y a 12 154 HISTOIRE NATURELLE cinq doigts à tous les pieds ; le pouce ou doigt interne des pieds de derrière a un ongle plat qui n’excède pas la chair ; les autres ongles sont blancs et crochus. - Zom.2. LU 17. Lug 135 LE SARIGUE & 4rgv forte. ; f PDeuquer: a 7 DU SARIGUE. 139 LE SARIGUE A LONGS POILS. Nous donnons ici la figure d’un sarigue mâle à longs poils, qui est d’un quart plus grand que le précédent , et qui en diffère aussi par la queue , qui est beau- coup plus courte à proportion. La lon- gueur de ce sarigue est de vingt pouces trois lignes du bout du museau jusqu’à l'origine de la queue, au lieu que lautre n’a que quinze pouces trois lignes; la têté est semblable dans tous deux , à l’ex- ception du bout du nez, qui est noir dans le précédent , ‘et couleur de chair dans celui-ci ; les plus grands poils des mous- taches ont près de trois pouces de lon- gueur. Il y a encore une petite différence; c'est que , dans le sarigue illinois , les deux dents incisives du milieu de la mâ- choire supérieure sont les plus petites, tandis que, dans celui-ci, ces deux mêmes dents incisives sont les plus grandes. Ils 156 HISTOIRE NATURELLE. diffèrent encore par les couleurs du poil , qui, dans ce sarigue , est brun sur les jambes et les pieds, blanchâtre sur les doigts , et rayé sur le corps de plusieurs bandes brunes indécises, une sur le dos jusqu’auprès de la queue, et une de chaque côté du corps, qui s'étend de Paisselle jusqu'aux cuisses ; le cou: est xoussâtre depuis l'oreille aux épaules, et cette couleur s'étend sous le ventre, et domine par endroits sur plusieurs parties du corps; la queue est écailleuse et gar- - mie à son origine de poils blancs et de poils. bruns. Nous ne déciderons pas, par cette simple comparaison, de l'identité ou de: la diversité de ces deux espèces de sa- rigues, qui toutes deux pourroient bien n'être que ‘des variétés de celle du sa: rigue commun. | } DE LA MARMOSE. O N saït qu'en général les sarigues , mar- moses et cayopollins portent également leurs petits dans une poche sous le ventre, et que ces petits sont attachés à la ma- melle long -temps avant d’avoir pris leur accroissement entier. Ce fait, l’un des plus singuliers de la Nature , me faisoit desirer des éclaircissemens au sujet de la génération de ces animaux, qui ne naissent pas à terme comme les autres. Voici ce que M. Roume de Saint-Laurent w'’en a écrit en m'envoyant le catalogue du cabinet d'histoire naturelle qu'il a fait à l’île de la Grenade. « Des personnes dignes de croyance, dit M. de Saint-Laurent , m'ont assure avoir trouvé des femelles de 7zzanicou ( marmose ) dont les petits n’étoieut point encore formés ; on voyoit au bout des mamelons de petites bosses claires , 13 138 HISTOIRE NATURELLE dans lesquelles on trouvoit l'embryon ébauché. Tout extraordinaire que ce fait doive paroître, je ne puis le révoquer en doute, et je vais ajouter ici la dissection que Je fis d’un de ces animaux en 1767, qui peut donner quelques lumières sur la facon dont la génération s'effectue dans cette espèce. | La mère avoit dans son sac sept petits , au bout d'autant de mamelons, auxquels ils étoient fortement fixés, sans qu'ils y adhérassent ; ils avoient environ trois lignes de longueur, et une ligne et demie de grosseur ; la tête étoit fort grosse à proportion du corps, dont la partie an- térieure étoit plus formée que la posté- rieure ; la queue étoit moins avancée que tout le reste. Ces petits n’avoient point de poil; leur peau très-fine paroissoit sanguinolente ; les yeux ne se distin- guoient que par deux petits filets en cercle. Les cornes de la matrice étoient gonflées, fort longues, formant un tour, et se portant ensuite vers les ovaires : elles contenoient un mucus blanc, épais, et parsemé de globules d'air nombreux. 0 DE LA MARMOSE. 129 L'extrémité des cornes se terminoit par des filets gros comme de forts crins, d’une substance à peu près semblable à celle des trompes de Fallope , mais plus blanche et plus solide. On suivoit ces filets jusque dans le corps glanduleux des mamelles, où ils aboutissoient chacun à des mame- lons , sans que l’on pût en distinguer la fin , parce qu’elle se confondoit dans la substance des mamelles. Ces filets pa- roissoient être creux et remplis du même mucus qui étoit contenu dans les cornes. Peut-être les petits embryons produits dans la matrice passent-ils dans ces ca- naux pour se rendre aux mamelons con- tenus dans le sac. » Cette observation de M. de Saint- Laurent mérite assurément beaucoup d'attention ; mais elle nous paroît si sin- gulière , qu'il seroit bon de la répéter plus d’une fois, et de s'assurer de cette marche très-extraordinaire des fœtus et de leur passage immédiat de la matrice aux mamelles, et du temps où se fait ce passage après la conception : il faudroit 149 HISTOIRE NATUREELE. pour cela élever et nourrir un certain nombre de ces animaux , et disséquer les femelles peu de temps après leur avoir donné le mâle, à un jour, deux Jours , trois Jours, quatre Jours après l’accouplement ; on pourroit saisir Le pro- grès de leur développement, et recon- noître le temps et la manière dont ils passent réellément de la matrice aux ma- melles qui sont renfermées dans la poche de la mère. ADDITION AUX ARTICLES DU SARIGUE, DE LA MARMOSE, gr DU CAYOPOLLIN :. MT. de la Borde, médecin du roi à Cayenne, m’a écrit qu'il avoit nourri trois sarigues dans un petit tonneau, où ils se laissoient aisément manier. Ils mangent du poisson, de la viande cuite ou crue, du pain, du biscuit, etc. Ils sont continuellement à se lécher les uns les autres : ils font le même murmure que les chats quand on les manie. « Je ne me suis pas appercu, dit-il, qu'ils eussent aucune mauvaise odeur. IL y a des espèces plus grandes,, et d’autres plus petites ?. Ils portent également leurs 1 Tome IV, pages 142, 174 et 177. 3 On m'a nouvellement envoyé, pour le Cabi- net, une peau de ces petits sarigues de Cayenne, qui wavoit que trois pouces et demi de longuüeur;, quoique l'animal fût adulte, et la queue quatre pouces et demi. f *. | À 142 HISTOIRE NATURELLE petits dans une poche sous le ventre; et ces petits ne quittent jamais la mamelle, même lorsqu'ils dorment. Les chiens les tuent, mais ne les mangent pas. Ils ont un grognement qui ne se fait pas entendre de fort loin. On les apprivoise aisément. ls cherchent à entrer dans les poulaillers, où ils mangent la volaille; mais leur chair n’est pas bonne à manger : dans certaines espèces, elle est même d’une odeur insup- portable, et l'animal est appelé prvant par les habitans de Cayenne. » Il ne faut pas confondre ces sarigues puans de M. de la Borde avec les vrais puans ou moufettes, qui forment un genre d'animaux tres-différens de ceux-ci. M. Vosmaër, directeur des cabinets d'histoire naturelle de S. A.S. Ms le prince d'Orange, a mis une note, page 6 de la Description d’un écureuil volant, Awnster- dam , 1767, dans laquelle il dit : « Le coescoes est le bosck ou beursrult des Indes orientales. le philander de Seba, et le didelphis de Linnœæus. Le savant M. de DU SARIGUE. etc. 143 Buffon * nice absolument son existence aux Indes orientales , et ne l’accorde qu’au nouveau monde en particulier. Nous pou- vons néanmoins assurer ce célèbre natu- raliste que Valentin et Seba ont fort bien fait de placer ces animaux, tant en Asie qu’en Amérique. J’ai moi-même recu, ‘l'été dernier, des Indes orientales, le mâle et la femelle. La même espèce a aussi été envoyée à M. le docteur Schlosser, à Amsterdam, par un ami d'Amboine, quoique pour moi je n’en connoisse pas d’autres que ceux-ci; de sorte qu'ils ne sont pas si communs. La principale diffé- rence entre le coescoes des Indes orientales et celui des Indes occidentales, consiste, suivant mon observation, dans la couleur du poil, qui, au mâle des Indes orientales, ‘ est tout-à-fait blanc, un peu Jaunûtre; celui de la femelle est un peu plus brun, avec une raie noire ou plutôt brune sur le dos. La tête de celui des Indes orien- tales est plus courte; mais le mâle me paroît l'avoir un peu plus longue que la * Tome IV, page 145. LA on DANS t4 HISTOIRE NATURELLE femelle, Les oreilles, dans cette espèce ; sont beaucoup plus courtes qu’à celle des Indes occidentales. La description de la. seconde espèce, dont parle aussi Valentin, est trop diffuse pour pouvoir s’y rapporter avec quelque certitude. » Je ne doute pas que M. Vosmaër n'ait recu des Indes orientales des animaux inâdes'et femelles sous le nom de coescoes ; mais les différences qu'il indique lui- méme entre ces coescoes et les sarigues, pourroient déja faire penser que ce ne sont pas des animaux de même espèce. J'avouc néanmoins que la critique de M. Vosmaër est Juste, en ce que J'ai dit que les trois philanders de Seba n’étoient que le même animal, tandis qu’en effet le troisième, c’est-à-dire, celui de la planche XXXIX de Seba, est un animal différent, et qui se trouve réellement aux Philippines, et peut-être dans quelques autres endroits des Indes orientales, où il est connu sous le nom.de coescoes, OU cuscus, ou cusos. J'ai trouvé dans le Voyage de Christophe Bar pH YEAS la notice sui- vante: DU SARIGUE, cie 145 « Dans l’île de Lethy, il y a des cuscus ou cusos dont la chair a à peu près le goût * de celle du lapin. Cet animal ressemble _ beaïticoup, pour la couleur, à une mar- motte ; les yeux sont petits, ronds et brillans, les pattes courtes, et la queue qui est longue, est sans poil. Cet animai saute d’un arbre à un autre comme un écureuil , et alors il fait de sa queue uu crochet, avec lequel il se tient aux branches pour manger plus facilement les fruits. Il répand une odeur désagréable qui approche de celle du renard. Il a une poche sous le ventre, dans laquelle ül porte ses petits, qui entrent et sortent _ par- dessous la queue de l'animal. Les vieux sautent d’un arbre à l’autre en portant leurs petits dans cette poche *, » Il paroît, par le caractère de la poche sous le ventre et de la queue prenante, que ce cuscus ou cusos des Indes orien- tales est en effet un animal du même genre que les philanders- d'Amérique : * Voyage de Barchewitz ; Erfurt, 1791; page 532: | | Quadrupèdes, KT. 13 dé 14 HISTOIRE NATURELLE mais cela ne prouve pas qu'ils soient de la méme espèce d'aucun de ceux du nou- veau continent; ce séroit le seul exemple d’une pareille identité. Si M Vosmaëreut fait graver les figures de ces À comme il le dit dans le texte, on seroit plus en état de juger tant de la réssem- blance que des différences des coescoes d'Asie avec les sarigues ou philanders de l'Amérique , et je demeure toujours per- suadé que ceux d’un continent ne se trou- veront pas dans l’autre, à moins qu’on ne les y ait apportés. Je renvoie sur cela le lecteur à ce que j'en ai (tome IV, page 145). Ce n’est pas qu’absolument parlant, et même raisonnant philosophiquement, il ne füt possible qu'il se trouvât &ans les climats méridionaux des deux contiuens quelques animaux qui seroiént précisé- ment de la même espèce. Nous avons dit ailleurs , et nous le répétons ici, que la même température doit faire dans les différentes contrées du globe les mêmes effets sur [a Nature organisée, et par cou- séquent produire les mêmes êtres, soit DU) SARAEGUE ; etc :, 147 animaux , soit végétaux , si toutes les autres circonstances étoient, comme la température, les mêmes à tous égards: mais il ne s’agit pas ici d'une possibilité philosophique qu’ou peut regarder comme plus ou moins probable ; il s’agit d’un fait, et d’un fait très-général , dont il est aisé de présenter les nombreux et très- nombreux exerples. Il cest certain qu’au temps de la découverte de l'Amérique, il n’existoit dans ce nouveau monde au- eun des animaux que Je vais nommer, Péléphant , le rhinocéros, l’hippopo- tame, la girafe, le chameau, le droma- “daire, le bufle, le cheval, l'âne, le lion, le tigre, les singes , les babouins, les gue- ons , et nombre d’autres dont J'ai fait Tl'énumération, et que de même le tapir, le lama , la vigogne, le pecari, le jaguar, le couguar, l’agouti, ie paca, le coati, l’u- nau, l'ai, et beaucoup d’autres dont j'ai donné l’énumération, n’existoient point dans l’ancien continent. Cette multitude d'exemples, dont on ne peut nier la vé- rité, ne suffit-elle pas pour qu’on soit au moins fort en garde lorsqu'il s’agit dé / 148 HISTOIRE NATURELLE prononcer, comme le fait ici M. Vosmaër, que tel ou tel animal se trouve également dans les parties méridionales des deux continens ? C’est à ce cuscus ou cusos des Indes qu'on doit rapporter le passage suivant. « Il se trouve, dit Mandeslo, aux îles Moluques un animal qu’on appelle cusos; 1l se tient sur les arbres, et ne vit que de leurs fruits. Il ressemble. à ün lapin, eta le poil épais, frisé et rude, entre le gris et le roux; les yeux ronds et vifs, les pieds petits, et la queue si forte, qu'il s’en sert pour se prendre aux branches afin d’at- teindre plus aisément aux fruits * Il n’est pas question, dans ce passage, de la poche sous le ventre, qui est le carac- tère le plus marqué des philanders : mais, je le répète, si le cuseus ou cusos des Indes orientales a ce caractère, 1l est certainement d’une espèce qui approche beaucoup de celle des philanders d’Amé- * J'oyage de Mandeslo, suite d'Oléantus , tome IL, page 384 et suiv. DU SARIGUE, cc. 149 rique, et Je serois porté à penser qu'il en diffère à peu près comme le jaguar du léopard. Ces deux derniers animaux, sans être de la même espèce, sont les plus ressemblans et les plus voisins de tous les animaux des parties méridionales des deux continens. LUE Sy LE CRABIER. Lx nom crabier, ou chien crabier, que l’on a donné à cet animal, vient de ce qu'il se nourrit principalement de crabes, 11 a très-peu de rapport au chien ou au renard, auxquels les voyageurs ont voulu le comparer. Il auroit plus de rapport avec les sarigues; maïs ik est beaucoup plus gros, et d’ailleurs la femelle du cra- bier ne porte pa , comme la femelle du sarigue, ses petits dans une poche sous le ventre : ainsi le crabier nous paroît être d’une espèce isolée et différente de toutes celles que nous avons décrites. Nous en donnons ici la figure, dans laquelle on remarquera la longue queue écailleuse et nue , les gros pouces sans ongles des pieds de derrière, et les ongies plats des pieds de devant. Cet animal, que nous conservons au Cabinet du roi, étoit encore Jeune lorsqu'on nous a en- voyé sa dépouille : il est mâle; et voici la description que nous en ayons pu faire. Zorn.2. L0.16 .Lag.160. { Pauguet Au HISTOIRE NATURELLE. xÿr La longueur du corps entier, depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue, est d'environ dix-sept pouces. Là hauteur du train de devant, de six pouces trois Jignes; et celle du train de derrière, de six pouces six lignes. La queue, qui est grisâtre, écailleuse et sans poil, a quinze pouces et demi de longueur sur dix higries de grosseur à son commencement ; elle est très- menue à son extrémité. Comme cet animal est fort bas de jambes , il a de loin quelque ressem- blance avec le chien basset : a tête même m'est pas fort différenté de celle d’un cluen ; elle n’a que quatré pouces une ligne de longueur ; depuis le bout du nez Jusqu'à. l’océiput., L’œil n’est pas grand ; le. bord des paupières est noir; et au-dessus de l'œil se trouvent de longs poils qui ont jusqu’à quinze lignes de longueur:: il y en à aussi de semblables à côté de la joue vers l'oreille. Les HnOous- taches autour de la gueule sont noires, et ont jusqu’à dix-sept lignes de long. L’ou- verture de la gueule est de près de deux LA x52 HISTOIRE NATURELLE pouces; la mâchoire supérieure est armée; de chaque côté, d’une dent canine cro- chue , et qui excède sur la mâchoire in- férieure. L’oreille, qui est de couleur brune , paroît tomber un peu sur elle- même; elle est nue, large, et ronde à son extrémité. Le poil du corps est laineux et parsemé d’autres grands poils roides, noirâtres , qui vont en augmentant sur les cuisses et vers l’épine du dos, qui.est toute cou- verte de ces longs poils ; ce qui forme à éet animal une espèce de crinière, depuis le milieu du dos jusqu’au commence- ment de la queue. Ces poils ont ‘trois pouces de longueur ; ils sont d’un blanc sale à leur origine jusqu’au milieu , et ensuite d’un brun minime jusqu'à l’ex- trémité. Le poil des côtés est d’un blanc jaune , ainsi que sous le ventre; mais il tire plus sur le fauve vers les épaules, les cuisses , le cou, la poitrine et la tête, où cette teinte de fauve est mélangée de brun dans quelques endroits. Les côtés du cou sont fauves. Les jambes et les pieds sont d’un brun noirâtre. Il y a cinq DU CRABIER. 153 doigts à chaque pied : le pied de devant a un pouce neuf lignes , le plus grand doigt neuf lignes, et l’ongle en gouttière deux lignes. Les doigts sont un peu pliés, comme ceux des rats : il n’y a que le pouce qui soit droit. Les pieds de der- rière ont un pouce huit lignes, les plus grands doigts neuf lignes , le pouce six lignes; il est gros, large et écarté, comme dans les singes ; l’ongle en est plat, tandis que les ongles des quatre autres doigts sont crochus et excèdent le bout des doigts. Le pouce du pied de devant est droit, et n’est point écarté de l'autre doigt. M. de la Borde m'a écrit que cet ani- mal étoit fort commun à Cayenne, et qu'il habite toujours les palétuviers et autres endroits marécageux. « ILest, ditil, fort leste pour grim- per sur les arbres, sur lesquels il setient plus souvent qu’à terre, sur-tout pendant le jour. Il a de bonnes dents, et se défend contre les chiens. Les crabes font sa prin- cipale nourriture, et lui profitent ; car 154 HISTOIRE NATURELLE il est toujours gras. Quand il ne peut pas tirer les crabes de leur trou avec sa patte, il y introduit sa queue, dont il se sert comme d’un crochet. Le crabe, qui lui serre quelquefois la queue, le fait crier ; ce cri ressemble assez à celui d’un homme, et s'entend de fort loin : mais sa voix or- dinaire est une espèce de grognement semblable à celui des petits cochons. Il produit quatre ou cinq petits , et les dépose dans de vieux arbres creux. Les naturels du pays en mangent la chair, qui a quelque rapport à celle du lièvre. Au reste, ces animaux se familiarisent aisément, et on les nourrit à la maison comme les chiens et les chats, c’est-à- dire, avec toutes sortes d’alimens : ainsi leur goût pour la chair du crabe n’est point du tout un goût exclusif *. » On prétend qu'il se trouve dans les terres de Cayenne deux espèces d’ani- maux auxquels on donne le même nom de crabier, parce que tous deux mangent * Lettre de M. de la Borde à M, de Buffom Cayenne, 12 juin 1774. DU CRABIER. 155 des crabes. Le premier est celui dont nous venons de parler ; l’autre est non seule- ment d’une espèce différente, mais pa- roît même être d’un autre genre. Il a la queue toute garnie de poil, et ne prend les crabes qu'avec ses pattes. Ces deux animaux ne se ressemblent que par la tête, et diffèrent par la forme et les pro- portions du corps , aussi-bien que par la conformation des pieds et des ongles *. * Note communiquée par MM. Aublet et Olivier. APRAITION SERRES DU TAMANOIR, DU TAMANDUA, D U FOURMILIER, ET DES TATOUS.. DU TAMANOIR. N aus avons donné * la figure du tama- noir ou grand fourmilier ; mais, comme le dessin n’a été fait que d’après une peau qui avoit été assez mal préparée, 1l n’est pas aussi exact que celui qu’on trouvera ci, qui a été fait sur un animal envoyé de la Guiane, bien empaillé, à M. Mau- duit, docteur en médecine, dont le cabinet ne contient que des choses pré- cieuses , par les soins que cet habile na- turaliste prend de recueillir tout ce qu’il y a de’plus rare, et de maintenir les ani- maux et les oiseaux dans le meilleur état * Tome IV, pl. XI. 1Pauguet +. LOS AS \/ FÈSNEN HISTOIRE NATURELLE. 157 - possible. Quoique le tamanoir que nous donnons ici soit précisément de la mème espèce que celui de nôtre tome IV, on verra néanmoins qu'il a le museau plus court , la distance de l'œil à l'oreille plus petite , les pieds plus courts; ceux du devant n’ont que quatre ongles , les deux du milieu très-grands, les deux de côté fort petits, cinq ông tés aux pieds dé der- rière , et tous cés oniglés noirs. Le museau jusqu'aux oreilles est couvert d'un poil brun fort court; près des oreilles le poil commence à "IAE plus grand ; il a deux pouces et demi de longueur sur les côtés du corps ; il est rude au toucher, comme celui du sanglier ; il est mélé, de poils d’un brun foncé, et d'autres d’un blanc sale. La bande noire du corps n’a point de petites taches blanches décidées et qui la bordent, comme dans le /tamanoir gravé tome TV. Celui-ci a trois pieds onze pouces de longueur, c’est-à-dire , trois pouces de plus que le premier, Voici ses autres dimensions. - 158 HISTOIRE NATURELLE piéds. pouc Hauteur du train de devant... Hauteur du tram de derrière... Longueur du bout du museau à l'angle de lit. bios. ais sets Ouverture de l’œil............ Ouverture de la bouche. ......…… Ouverture des narines......... Distance de l’œ1l à l’oreille.. .. Grandeur de loreille..,....... Longueur du COU., 54. os m8 ofs Longueur du tronçon de la queue Longueur du pied de devant... Longueur de l’ergot intèrne.….. Longueur de ce même ergot à SOU OPEN cm0 Longueur de Pergot suivant... Sa largeur à son origine...... Longueur du troisième ergot... Sa largeur à son origine. ..... Longueur de lergot extérieur. . Sa largeur à son origine... .... Longueur du pied de derritre. Longueur de l’ergot interne. …. Longueur des trois autres ergots Loxéeur à lPonstues 4): Longueur de l’ergot externe... Largeur à son origine.......,. TL D po 8 7 v "y 3 À ÿ ÿ v © © HN % bi L NI es. lignes. AND ÿ N #1 À #1 D QU Or D D u O1 © & Q\ & 0 J © | DU TAMANOIR. 159 M. de la Borde, médecin du roi à Cayenne , m'a envoyé les observations suivantes au sujet de cet animal. « Le tamanoir habite les bois de la Guiane. On y en connoît de deux espèces ; les individus de la plus grande pèsent jusqu’à cent livres. Ils courent lentement et plus lourdement qu’un cochon ; ils traversent les grandes rivières à la nage, et alors il n’est pas difficile de les assom- mer à coups de bâton. Dans les bois , on les tue à coups de fusil. Ils n’y sont pas fortcommuns, quoique leschiens refusent de les chasser. Le tamanoir sesert de ses grandes griffes pour déchirer les ruches de poux de bois qui se trouvent par-tout sur les arbres, sur lesquels il grimpe facilement. Il faut prendre garde d’appracher cet animal de trop près ; car ses griffes font des blessures profondes : il se défend même avec avantage contre les animaux les plus féroces de ce continent , tels que les Jaguars, couguars, etc. ; il les déchire avec ses griffes , dont les muscles et les ITA In # LU /: | CHLORE NES EUR 1 \ rl à FAR ER AU 160 HISTOIRE NATURELLE tendons sont d’une grande force. Il tue beaucoup de chiens, et c'est par cette raison qu'ils refusent de le chasser. On voit souvent des tamanoirs dans les grandes savanes incultes. On dit qu'ils se nourrissent de fourmis. Son estomac a plus de capacité que celui d’un homme. J'en ai ouvert un quiavoit l'estomac plein de poux de bois qu'il avoit nouvellement mangés. La structure et les dimensions de sa langue semblent prouver qu'il peut aussi se nourrir de fourmis. Il ne fait qu'un petit dans des trous d’arbre près de terre. Lorsque la femelle nourrit, elle est tres-dangereuse , même pour les hommes. Les gens du commun à Cayenne mangent la chair de cet animal ; elle est noire, sans graisse et sans fumet. Sa peau est dure et épaisse; sa langue est d’une forme presque conique , comme son museau. » M. de la Borde en donne une descrip- tion anatomique que Je n'ai pas Cru devoir publier ici, pour lui laisser les prémices de ce travail qu’il me paroît avoir fait avec soin. + 44 4 d DU TAMANOIR. 167 «Le tamanoir , continue M. de la Borde, n’acquiert son accroissement en- tier qu’en quatre ans. Il ne respire que par les narines. À la première vertèbre qui Joint le cou avec la tête, la trachée-artère est fort ample ; mais elle se rétrécit tout- à-coup, et forme un conduit qui se conti- nue jusqu'aux narines, dans cette espèce de cornet qui lui sert de mâchoire supé- rieure. Ce cornet a un pied de longueur, et il est au moins aussi long que le reste de la tête. Il n’a aucun conduit de la tra- chée-artère à la gueule , et néanmoins l'ouverture des narines est si petite , qu’on avoit de la peine à y introduire un tuyau de plume à écrire. Les yeux sont aussi très -petits, et 1l ne voit que de côté. La graisse de cet animal est de la plus grande blancheur. Lorsqu'il traverse les eaux, il porte sa grande et longue queue repliée sur le dos et Jusque sur la tête. » MM. Aublet et Olivier m'ont assuré que le tamanoir ne se nourrit que par le moyen de sa langue, laquelle est enduite d’une humeur visqueuse et gluante , avee 14 162 HISTOIRE NATURELLE laquelle il prend des insectes. Ils disent aussi que sa chair n’est point mauvaise à manger. DU TAMANDUA. Nous croyons devoir rapporter à l’es- : pèce du tamandua l'animal dont nous donnons ici la figure, et duquel la dé- pouille bien préparée étoit au cabinet de M. le duc de Caylus, et se voit actuelle- ment dans le Cabinet du roi. Il est diffé-- rent du tamanoir, non seulement par la grandeur , mais aussi par la forme. Sa tête est à proportion bien plus grosse : l'œil est si petit, qu'il n’a qu'une ligne de grandeur; encore est-il environné d’un rebord de poils relevés. L’oreille est ronde et bordée de grands poils noirs paï- dessus. Le corps entier n’a que treize pouces , depuis le bout du nez jusqu’à l'origine de la queue, et dix pouces foibles de hauteur. Le poil de dessus le dos est long de quinze lignes ; celui du ventre, qui est d’un blanc sale, est de la même longueur, La queue n'a que sept pouces DOUAN DU TAMANDUA. 163 et demi de longueur, couverte par-tout de longs poils fauves, avec des bandes ou des anneaux d’une teinte légèrement noi- râtre. | . Il n’y a, dans toute cette description, que deux caractères qui ne s'accordent pas avec celle que Marcgrave nous a donnée du tamandua ; le premier est la queue, qui est par-tout garnie de poils, au licu que celui de Marcgrave a la queue nue à son extrémité ; le second, c’est qu'il y a cinq doigts aux pieds de devant dans notre tamandua , et que celui de Marcgrave n’en avoit que quatre : mais du reste tout convient assez pour qu’on puisse croire que l’animal dont nous donnons ici la figure , est au moins une variété de l'espèce du tamandua , s’il n’est pas précisément de la même espèce. M. de la Borde semble l'indiquer, dans ses observations , sous le nom de pesis damanor. «Il a, dit-il, le poil blanchätre, long d'environ deux pouces. Il peut peser un peu plus de soixante livres. Il n'a point 164 HISTOIRE NATURELLE de dents ; mais il a aussi des griffes fort longues. Il ne mange que le jour, comme l'autre , et ne fait qu’un petit; il vit aussi de même, et se tient dans les grands bois. Sa chair est bonne à manger ; mais on le trouve plus rarement que le grand tama- noir. » | J'aurois bien desiré que M. de la Borde m'eûtenvoyé des indications plus précises et plus détaillées, qui auroïent fixé nos incertitudes au sujet de cette espèce d’a- nimal. Voici ce qu'il m’écrit en même temps sur le petit fourmilier, dont nous avons donné la figure *. «Il a le poil roux , luisant, un peu doré , se nourrit de fourmis, tire sa langue, qui est fort longue et faite comme un ver, €t les fourmis s’y attachent. Cet animal n’est guère plus grand qu’un écu- reuil. Il n’est pas difficile à prendre; il marche assez lentement, s'attache, comme * Tome IV, pl. XI. LA DU TAMANDUA. r65 le paresseux, sur un bâton qu’on lui pré- sente, dont il ne cherche pas à se dé- tourner , et on le porte ainsi attaché où : l'on veut. Il n’a aucun cri. On en trouve souvent d’accrochés à des branches par leurs griffes. Ils ne font qu’un petit dans des creux d'arbre, sur des feuilles qu'ils -charient sur le dos. Ils ne mangent que la nuit. Leurs griffes sont dangereuses, et ils les serrent si fort, qu'on ne peut pas léur faire lâcher prise. Ils ne sont pas rares, mais difhiciles à appercevoir sur les arbres. » M. Vosmaër a fait une critique assez mal fondée de ce que j’ai dit au sujet des fourmiliers. «Je dois remarquer, dit-il, contre le sentiment de M. de Buffon*, que l’année passée M. Tulbagh a envoyé un animal sous le nom de porc de terre, qui est le myrmécophage de Linnæus , en sorte que Desmarchais et Kolbe ont raison de dire * Tome IV, page 145. \ 166 HISTOIRE NATURELLE que cet animal se trouve en Afrique aussi bien qu’en Amérique. À juger de celui-ci quiaété envoyé dans l’esprit-de-vin, pa- roissant étre tout nouvellement né, et ayant déja la grandeur d’un bon cochon de lait, l'animal parfait doit être d’une taille fort considérable. Voici les princi- pales différences, autant qu’on peut les reconnoître à cet animal si Jeune. | Le groin est à son extrémité un peu gros , rond et aussi comme écrasé en dessus. Leurs oreilles sont fort grandes, longues, minces , pointues et pendantes. Les pieds de devant ont quatre doigts; le premier et le troisième d’une longueur égale, le second un peu plus long , et le quatrième ou l'extérieur un peu plus court que le troisième. Leurs quatre on- glets sont fort longs, peu crochus, poin- tus , et à peu près d’une égale grandeur: Les pieds de derrière ont cinq doigts, dont les trois intermédiaires sont presque également longs , et les deux extérieurs beaucoup plus courts ; les onglets en sont moins grands , et les deux extérieurs les plus petits. Sa queue, sans être fort DU TAMANDUA. 167 longue , est grosse et se termine en pointe. Les deux myrmécophages de Seba ! sont certainement les mêmes, et ne diffèrent entre eux que par la couleur. La figure en est fort bonne. C’est uné espèce parti- culière, tout-à-fait différente du taman- dua-suacu de Marcgrave, ou tamanoir de M. de Buffon. » On croiroit, après la lecture de ce passage, que Je me suis trompé au sujet de cet animal donné par Seba ?. Cepen- dant j'ai dit précisément 5 ce que dit ici M. Vosmaër. Voici comme je me suis exprimé : L'animal qué Seba désigne par le non de tamandua myrmécophage d’Amé- rique , {ome Î#, page 60, ef dont il donne la figure, planche XXXFIT, n° 2, ne peut se rapporter à aucun des trois dont il est ici question. Ox les trois animaux d’A- mérique dont J'ai parlé, sont le tama- noir , le tamandua et le petit fourmi- ? Tome Lx, pl. XXX VIT, fe. 2; et pl. XL, fig. x. 2 Planche XXX VIT, no 2, 3 Tome IV, page gr. 168 HISTOIRE NATURELLE lier ; donc tout ce que dit ici M. Vosmaër. ne fait rien contre ce que J'ai avancé ; puisque ce que J'ai avancé se réduit à ce que le tamanoir , le tamandua et le four- milier ne se trouvent qu’en Amérique , gt non dans l’ancien continent. Cela est si positif, que M. Vosmaër ne peut rien y opposer. Si le myrmécophage de Seba (planche XXXVITI, fig. 2) se trouve eu Afrique , cela prouve seulement que Seba s’est trompé en l'appelant 72yrmécophage d'Amérique ; mais cela ne prouve rien contre ce que j'ai avancé, et je persiste, avec toute raison, à soutenir que le tamanoir, le tamandua et le fourmilier ne se trouvent qu’en Amérique, et point en Afrique. | ‘D'ES TA T O0 Us: Nous avons donné * la gravure d’une dépouille d’encoubert, ou tatou à six bandes mobiles; nous n'avons pu alors nous procurer l'animal entier : il nous est * Tome [V, planche XV. fi ee Zom 11. PL.22.Lug.168. LE TATOU A LONGUE QUEUE . Paques Zom a LL 21. Lag.16! "a QU 339447 42 y nu 24 D) ee AA L'ENGOUBERT . ns a Dauquet- 1 RC Er Sat a RP À At ; NE ds RE D lame eV STORES 7 AOL AS M: : % D 4 à a x D #:1-DÉS TATOLS: :: 169 . ‘arrivé depuis, et nous en donnons ici la figure dessinée d’après nature vivante par M. de Sève ;:qui m'a remis en même temps la description suivante. \ 4 « L' encoubert mâle a ‘quatorze pouces de longueur sans la queue. Il est assez bn Ibrie à la description qui se trouve dans l’ Histoire naturelle ; mais il est bon d'observer qu'il est dit dans cette descrip- tion que le bouclier des épaules est formé par cinq bandes ou rangs parallèles de petites pièces à cinq angles avec un ovale dans chacune. Je pense que cela varie ; car celui que J'ai dessiné a le bouclier des épaules composé de six rangs parallèles, dont les petites pièces sont des Heron irréguliers. Le bouclier de la croupe a dix rangs parallèles , composés de petites pièces droites, qui forment comme des quarrés; les rangs qui appr ochent de l’ex- trémité vers la queue, perdent la forme quarrée et deviennent plus arrondis. La queue, qui à été coupée par le bout, .a actuellement quatre pouces six lignes; Je J'ai faite dans Ie dessin de Six pouces, parce 19 a vo HISTOIRE NATURELLE qu’elle a quinze lignes de diamètre à son origine, et six lignes de diamètre au bout. coupé. En marchant , il porte la queue haute et un peu courbée. Le troncon est revêtu d’un têt osseux comme sur le corps : six bandes inégales par gradation commencent ce tronçon ; elles sont com- posées de petites pièces hexagones irré- gulières. La tête a trois pouces dix lignes de long , et les oreilles un pouce trois lignes. L'œil, au lièu d’être enfoncé , comme il est dit dans l’Afstoire naturelle, est, à la vérité, très-petit; mais le globule est élevé et très-masqué par les paupières : qui le couvrent. Son corps est fort gras, et la peau forme des rides sous le ventre; il y a sur cette peau du ventre nombre de petits tubercules , d’où partent des poils blanes assez longs , et elle ressemble à celle d’un dindon plumé. Le tét , sur la plus graude largeur du corps, a six pouces sept lignés. La jambe de devant a deux pouces deux lignes ; celle de der- rière, trois pouces quatre lignes. Les ongles de la patte de devant sont très-longs : le plus grand a quinze lignes, celui de côté D + DE6 TATOGUS. 7x quatorze lignes, le plus petit dix lignes; les ongles de la patte de derrière ont au plus six lignes. Les jambes sont couvertes d’un cuir écailleux Jaunâtre jusqu'aux ongles. Lorsque cet animal marche, il se porte sur le bout des ongles de ses Hottes de devant. Sa verge est fort longue : en la tirant, elle a six pouces sept lignes de long sur près de quatre lignes de gros- seur en repos ; ce qui doit beaucoup augmenter dans l'érection. Quänd cette verge s’alonge d'elle-même , elle se pose sur le ventre en forme de limacon , lais- sant/environ une ligne ou deux d’espace dans les circonvolutions. On m'a dit que quand ces animaux veulent s’accoupler, la femelle se couche sur le dos pour re- cevoir le mâle. Celui dont il est ques- tion n’étoit âgé que de dix-huit mois. » M. de la Borde rapporte dans ses obser- yations qu'il se trouve à la Guiane deux espèces de tatous : le tatounoir, qui peut peser dix-huit à vingt livres, et qui est le plus grand; l’autre, dont la couleur est brune, ou plutôt gris-de-fer, a trois griffes 172 HISTOIRE NATURELLE plus longues les unes que les autres; sa queue est mollasse, sans cuirasse, cou- verte d'une simple peau sans écaille : il est bien plus petit que l’autre, et ne pèse | di environ trois livres. « Le gros tatou, dit M. de la Borde, fait huit petits et méme jusqu’à dix, dans des trous qu’il creuse fort profonds. Quand on veut le découvrir, il travaille de son côté à rendre son trou plus profond, en descendant presque perpendiculairement. Il ne court que la nuit, mange des vers de terre, des poux de bois et des four- mis : sa chair est assez bonne à manger, et a un peu du goût du cochon de lait. Le petit tatou gris cendré ne fait que quatre ou cinq petits; mais 1l fouille la terre encore plüs bas que l’autre, et ïl est aussi plus difficile à prendre : il sort de son trou pendant le jour quand la pluie l’inonde, autrement il ne sort que la nuit. On trouve toujours ces tatous seuls , et l’on connoît qu'ils sont dans leurs trous lorsqu'on en voit sortir un grand nombre de certaines mouches qui \ D E S TATOUS: se suivent ces animaux à l'odeur. Quand on creuse pour les prendre, ils creusent aussi de leur côté, jetant la terre en arrière, et bouchent tellement leurs trous, qu’on ne sauroit les en faire sortir en y faisant de la fumée. Ils font leurs petits au com- mencement de la saison des pluies. » Il me paroît qu’on doit rapporter le grand tatou noir dont parle ici M. de la Borde, au kabassou, dont nous avons donné la figure *, qui est en effet le plus grand de tous les tatous; et que l’on peut de même rapporter le petit tatou gris de fer au tatuète, quoique M. de la Borde dise que sa queue est sins cuirasse, ce qui mériteroit d’être vérifié. : __ Nous donnons encore ici la figure d’un tatou à neuf bandes mobiles et à très- longue queue. La description et la figure se trouvent dans les Transactions philo- sophiques, volume LIV, planche VIL. M. William Watson, docteur en méde- cine, a donné la description de ce tatou, * Tome IV, pl. XIIT, 15 174 HISTOIRE NATURELLE. | dont voici l’extrait. Cet animal étoit vi- vant à Londres, chez mylord Southwell ; il venoit d'Amérique : cependant la figure que cet auteur en donne dans les Transac- tions philosophiques, n’a été dessinée qu’a- près l'animal mort, et c’est par cette rai- son qu’elle est un peu dure et roïde , comme elle l’est aussi dans la DRE que nous donnons ici. Cet animal pesoit sept livres avoirdupois, et n'étoit que de la grosseur d’un chat ordinaire : c'étoit un mâle, qui avoit même assez grandi pendant AE mois qu’il a vécu chez mylord Southwell; on le nourrissoit de viande et de lait; il refusoit de manger du grain et des fruits. Ceux qui l’ont apporté d'Amérique, ont assuré qu'il fouilloit la terre pour s’y loger. ADDITION A L'ARTICLE | DE L’UNAU «er DE L’AÏ. « Ox connoît à Cayenne, dit M. de la Borde, deux espèces de ces animaux, l'une appelée paresseux honteux, l'autre mouton paresseux : celui-ci est une fois plus long que l’autre, et de la même grosseur ; il a le poil long, épais et blanchâtre, pèse environ vingt-cinq livres. Il se jette sur les hommes depuis le haut des arbres, mais d'une manière si lourde et si pesante, qu'il est aisé de l’éviter. IL mange le jour comme la nuit. Le paresseux honteux a des taches noi- res, peut peser douze livres, se tient tou- jours sur les arbres, mange des feuilles de bois canon, qui sont réputées poison. Leurs boyaux empoisonnent les chiens qui les mangent, et néanmoins leur chair est bonne à manger; mais ce n’est que le peuple qui en fait usage. 176 HISTOIRE NATURELLE Les deux espèces ne font qu’un petit ; qu'ils portent tout de suite sur le dos. IL y a grande apparence que les femelles mettent bas sur les arbres; maïs on n’en est pas sûr. Ils se nourrissent de feuilles ‘de monbin et de bois canon. Les deux espèces sont également communes , mais un peu rares aux environs de Cayenne. Ils se pendent quelquefois par leurs grifles à des branches d'arbres qui se trouvent sur les rivières, et alors il est aisé de couper la branche et de les faire tomber dans l’eau ; mais ils ne lâchent point prise, et y restent fortement atta- chés avec leurs pattes de devant. Pour monter sur un arbre, cet animal étend nonchalamment une de ses pattes de devant, qu'il pose le plus haut qu'il peut sur le pied de l'arbre; il s'accroche ainsi avec sa longue griffe, lève ensuite son corps fort lourdement , et petit à petit pose l’autre patte, et continue de grimper ainsi. Tous ces mouvemens sont exécutés avec une lenteur et une non- chalance inexprimable: Si on en élève dans les maisons, ils grimpent toujours DELUNAUETDE L’ATI. 77 sur quelques poteaux ou mémesur les por- tes, et ils n'aiment pas à $e tenir à terre. Si on leur présente un bâton lorsqu'ils sont à terre, ils s’en saisissent tout de suite, et montent j usqu’à l'extrémité, où ils se tiennent fortement accrochés avec les pattes de devant, et serrent avec tout le corps l'endroit ou jé se sont ainsi per- chés. Ils ont un petit cri fort plaintif et langoureux qui ne se, fait pas entendre de loin !. » On voit que le paresseux mouton de M. de la Borde est celui que nous avons appelé vnau, et que son paresseux hon- teux est l'aÿ, dont nous avons donné les descriptions et les figures ? : M. Vosmaër, habile RE et ae” recteur des cabinets de $. À. S. M le prince d'Orange , m’a reproché deux choses que J'ai dites au sujet de ces ani- maux : la première, sur la manière dont * Extrait des observations de M. de la Borde, médecin du roi à Cayenne. 2 Tome VI, planches V, Vlet VIT * nl | 1478 HISTOIRE NATURELLE. ils se laissent quelquefois tomber d’un arbre. Voici les expressions de M.Vosmaër. « On doit absolument rejeter le rapport de M. de Buffon, qui prétend que ces animaux (l’unau et l’aï), trop lents pour descendre de l'arbre, sont obligés de se laisser tomber comme un bloc lorsqu'ils veulent être à terre *. Cependant je n'ai avancé ce fait que sur le rapport de témoins oculaires, qui m'ont assuré avoir vu tomber cet animal quelquefois à leurs pieds ; et l’on voit que le témoignage de M. de la Borde, médecin es du roi à Cayenne, s'accorde avec ceux qui m'ont raconté le fait, et que par conséquent l’on ne doif pas, comme le dit M. Vosmaër, absolument rejeler mo rapport à cet Fa Le second Ge est mieux fondé. J'avoue très-volontiers que j'ai fait une méprise lorsque j'ai dit que l’unau et l'aï n’avoient pas de dents, et Je ne sais point * Description d'un paresseux pentadactyle de Bengale; Amsterdam , 1767 ; page 5. DE L’UNAU ET DE L’AIL 17 du tout mauvais gré à M. Vosmaër d’avoir -remarqué cette erreur, qui n’est venue que d’une inattention. J'aime autant une personne qui me relève d’une erreur, qu’une autre qui m'apprend une vérité, parce qu’en effet une erreur corrigée est une vérité. LE. K'OUTRT, ou LE PETIT UNAU.. Noire donnons ici la figure d’un ani- mal dont l'espèce est voisine de celle de l'unau : il est, à la vérité, de moitié plus petit ; mais il lui ressemble beaucoup par la forme du corps: Cet animal a été trouvé dans une habitation de la Guiane françcoise; il étoit dans la basse-cour, au milieu des poules, et il mangeoit avec elles : c’est, dit-on, le seul individu de cette espèce que l’on ait vu à Cayenne, d’où il nous a été envoyé pour le Ca- biret du roi, sous le nom de fowri; mais nous n'avons eu aucune information sur ses habitudes naturelles, et nous sommes obligés de nous restreindre à une simple description. Ce petit unau ressemble au grand par un caractère essentiel : il n’a, commelui, que deux doigts aux picds de devant, au LL.23.Lag 180 ). NCL24 nd He ATP 2" 471 | KZ % La LE KOURIouLE PETIT UNAU ] Qoaugutg HISTOIRE NATURELLE. 18$ lieu que l’aï en a trois, et par conséquent il est d’une, espèce A éreute de celle de l’aï ; il n’a que douze pouces, de longueur, joue l'extrémité du nez jusqu'à l’ori- gine de la queue, tandis que l’unau, dont nous avons donné l’histoire et la descrip- tion, tome VI, avoit dix- -sept. pouces si# lignes : à SA TR ce petit unau parois- soit être adulte. 11 a, comine le rand, deux doigts aux. Fe de devant: et At à ceux de derrière : mais il en diffère non seulement par la taille, mais encore par son poil , qui est d’un Con INUSC nuancé de grisâtre et de fauve; et ce poil est bien plus court et-plus terne en, couleur que dans le grand unau; sous le ventre, il est d’une couleur de muse clair, nuancé de cendré,, et cette couleur s rt en core PART sous le cou jusqu'aux ‘épaules, où il forme comme une bande foible de fauve pâle. Les. plus grands ‘ongles de ce petit unau n’ont que neuf lignes, tandis que ceux du grand ont un pouce sept lignes et demie. Nous avons eu le grand unau vivant; MAIS , comme nous n° avons pu faire la Quadruplaes. © X Æ 10 182 HISTOIRE NATURELLE | deseription dü petit que d’après une peau bourrée, nous ne sommes pas’ en état de prononcer sur toutes les différences qui peuvent se trouver entre ces deux ‘animaux : nous présumons néanmoins qu'ils ne forment qu’une seule et même espèce, dans laquelle il se trouve deux races, l’une plus grande et l'autre plus pétités k J'ai dit, d’après M. de la Borde, dans ce volume, que le paresseux qu’il nomme znouton, se jette sur les hommes depuis le haut des arbres; cela a été mal exprimé par M. de la Borde. Il est certain qu’il n’at- taque pas lés hommes; mais comme tous les paresseux én général ne peuvent des- cendre des arbres, ils sont forcés de se laisser tomber, et tombent quelquefois sur les hommes, M. de la Borde, dans ses nouveaux mémoires, indique quatre es- pèces de parésseux; savoir, le paresseux cabri, le paresseux mouton, le paresseux dos brilé, et le nouveau paresseux que nous venons d'appeler fouri. Comme il ne donne point la description exacte de ces quatre espèces, nous ne pouvons les Nan DK OUR 108 comparer avec celles que nous connois- sons ; nous présumons seulement que son paresseux cabri et son paresseux mouton sont notre aï et notre unau. Il nous a envoyé une peau qui nous paroît être celle de sôn paresseux dos brûlé, mais qui n’est pas assez bien conservée pour que nous puissions juger si elle vient d’un animal dont l'espèce soit différente &e celle dé l'ai, à laquelle cette peau nous paroît. édeath ler ne Le Re de l'unau. LE COCHON DE TERRE. Nous avons:dit et répété souvent.qu'au- cune espèce des animaux. de l'Afrique me s'est trouvée dans l'Amérique méridio- nale, et que réciproquement aucun des animaux de cette partie dé l'Amérique ne s’est trouvé dans l’ancien Continent. L'animal dont il.est ici question ,: à pu induire en erreur des observateurs peu attentifs, tels que M. Vosmaër : mais on va voir par sa description et par la com- paraison de sa figure avec celle des four- miliers d MnerTERe qu'il est d’une es- pèce très-diférente, et qu'il n’a guère d’autres rapports avec eux que d'etre de même privé de dents, et d'avoir une langue assez longue pour l’introduire dans les fourmilières. Nous avons donc adopté le nom de cochon de terre, que Kolbe donne à ce mangeur de fourmis, de préférence à celui de fourmilier, qui doit être réservé aux mangeurs de four- mis d'Amérique, puisqu’en effet cet ani: LE COCHON DE TERRE. {PPatquet À HISTOIRE NATURELLE. 3:95 mal d'Afrique en diffère essentiellement par l'espèce, et même par le genre. Le nom de cochon de terre est relatif à ses habitudes naturelles et même à sa forme, et c’est celui sous lequel il est commu- nément connu dans les terres du Cap. Voici la description que M. Allamand a faite de cet animal'dans le nouveau sup- plément à mon ouvrage. « M. de Buffon semble avoir épuisé tout ce qu’on peut dire sur les animaux man- geurs de fourmis : l’article qu’il en a dres- sé *, doit lui avoir coûté beaucoup de peine, tant à cause des recherches qu'il a dû faire de tout ce qui a été dit de ces animaux , que de la nécessité où il a été de relever les fautes de ceux qui en ont parlé avant lui, et particulièrement de Seba. Celui-ci ne les a pas seulement mal décrits, mais 1l a encore rangé parmi eux üun animal d'un genre très-différent, M. de Buffon, après avoir dissipé Ja confusion qui régnoit dans l’histoire de * Tome IV, page 84. à 186 HISTOIRE NATURELLE ces animaux, n’admet que trois espèces de mangeurs de fourmis, le tamanoir, le tamandua , et celui auquel il a con- servé le nom de fourmilier : mais ensuite il a donné la description d’un animal qui semble être une nouvelle espèce de ta- mandua, plutôt qu’une simple variété; enfin il conclut de tout ce qu'il a dit, que les mangeurs de fourmis ne se donné que dans les pays chauds de l’Améri ique, et qu'ils n'existent pas dans l’ancien con- tinent. Il est vrai que Desmarchais et Kolbe disent qu’il y en a en Afrique: mais le premier affirme simplement la chose, sans en rien dire de plus, ni sans en apporter aucune preuve; quant à Kolbe, son témoignage est si suspect, que M. de Buffon a été très-autorisé à n’y pas ajouter foi. J'ai pensé comme lui au sujet de Kolbe, et Je n'ai point cru qu'il y eût des mangeurs de fourmis en Afrique : mais M. le capitaine Gordon m'a tiré de l'erreur où J'étois; il m'a envoyé la dépouille d’un de ces animaux tué au cap de Bonne-Espérance, où ils sont connus sous le nom de cochons de terre; Lé DU COCHON DE TERRE. z07 ‘c’est précisément celui que Kolbe leur donne : ainsi Je lui fais réparation d’a- voir révoqué ici en doute sa véracité, €t je suis persuadé que M. de Buffon lui . rendra la même Justice. Il est vrai que M. Pallas a confirmé le témoignage de Kolbe par ses propres observations ; 1l a donné la description d’un. fœtus de mangeur de fourmis, envoyé du cap de Bonne -Espérance au cabinet de S. A. S. Mer le prince d'Orange : mais un fœtus, dénué de son poil, étoit peu propre à donner une Juste idée de l'animal dont 1l tiroit son origine, et il pouvoit avoir été envoyé d’ailleurs au Cap; cependant le nom de cochon, par lequel on l’avoit désigné, a commencé à me faire reyeniw de mon préjugé contre Kolbe. J'ai fait remplir la peau que M. Gordon m'a envoyée, ce qui m'a très-bien réussi ; et c'est d’après cette peau bourrée que J'ai fait graver la figure. Si l'on doit ap- peler #zangeur de fourmis un animal qui n'a point de dents, et qui a üne langue fort longue qu'il enfonce dans les four- milières pour avaler entuite les fourmis 188 HISTOIRE NATURELLE qui s’y attachent, on ne peut pas douter que celui qui est représenté ici n’en mé- rite le nom; cependant il diffère très-fort des trois espèces décrites par M. de Buffon, et que je crois, avec lui, être particulières à l'Amérique. | Il est à peu près aussi gros et aussi grand que le tamanoir, comme on Île verra par les dimensions que J'en donnerai. Les poils qui couvrent sa tête, le dessus de son corps et sa queue, sont très-courts, et tellement couchés et appliqués sur sa peau, qu'ils semblent y être collés ; leur couleur est d’un gris sale, un peu appro- chant de celui du lapin, mais plus obscur: sur les flancs et sous le ventre, ils sont plus longs et d’une couleur roussâtre ; ceux qui couvrent les Jambes sont aussi beaucoup plus longs, ils sont tout-à-fait noirs et droits. fs Sa téte:est presque un cône tronqué, un. peu comprimé vers son extrémité ; ‘elle est terminée par un plan ou plutôt par un boutoir, tel que celui d’un cochon, dans lequel sont les trous des narines, et qui avance de près d’un pouce au-delà de LÉ DU COCHON DE TERRE. 189 la mâchoire inférieure; celle-ci est très- petite. Sa langue est longue, fort mince et plate, mais plus large que dans les autres mangeurs de fourmis, qui l'ont presque cylindrique ; il n’a absolument aucune dent. Ses yeux sont béaucoup plus près des oreilles que du museau; ils sont assez grands, et, d'un angle à l’autre, ils ont un pouce de longueur. Ses oreilles, assez semblables à celles’ des ‘cochons, s'élèvent à la hauteur de six pouces, et se terminent en pointe; elles sont formées par une membrane présque ‘aussi mince que du parchemin, et cou- vertes de poils à peine remarquables, tant ils sont courts. J'ignore si dans l’animal vivant elles sont pendantes comme dans les tamanduas : M. Pallas dit qu'elles le sont; mais il en Juge d’après celles du fœtus, où leur longueur doit leur faire prendre cette position , sans qu’on en doive conclure qu’elles l’aient dans l’a- nimal lorsqu'il est hors du ventre de sa mère. Sa queué surpasse le tiers dé là longueur de tout le corps; ellé’ést fort grosse à son origine ; et va en diminuant x90 HISTOIRE NATURELLE jusqu’à son extrémité. Ses pieds de devant ont quatre doigts, ceux de derrière en ont cinq, tous armés de forts ongles, dont les plus longs sont aux pieds posté- rieurs, car ils igalent en longueur les doigts mêmes; ils ne sont pas pointus, mais aixgondis à leur extrémité, un peu recourbés et propres à creuser la terre. Il ne paroît pas qu'il puisse s'en servir pour saisir fortement , ou pour se dé- fendre | comme les autres mangeurs de fourmis ; cependant il doit avoir beau- coup de force dans ses jambes, qui sont très - grosses nropor Ann EN ENeEnS à son corps. | On voit, par cette Fa que cet animal es très-différent du tamanoir par son poil, sa couleur, sa tête et sa queue: il surpasse aussi fort en grandeur le ta- mandua, dont il diffère de même par son pelage, par sa couleur et par ses ongles ; je ne dis rien de sa différence avec le fourmuilier., avec UN ou ne le confondra. Il appartient donc à une qua- trième espèce inconnue jusqu’à présents et tout ce que j'en sais de certain, c'est “ L \ DU COCHON DE TERRE. 107 que cet animal fourre sa langue dans les fourmilières , qu’il avale les fourmis qui s’y attachent, et qu’il se cache en terre dans des trous. Quoiqu'il ait une queue qui ressemble un peu à celle du taman- dua, Je doute qu'il s’en serve, comme lui, pour se suspendre à des branches arbre: elle ne me paroît pas, pour cela, assez flexible, et les ongles ne sont pas faits pour grimper. Comme je l’ai déja dit, on lui donne au Cap le nom de cochon de terre; mais il ressemble au cochon, et cela encore très- imparfaitement, uniquement par sa tête alongée, par le boutoir qui la termine, et par la longueur de ses oreilles : d’ail- leurs il en diffère essentiellement par les dents qu’il n’a pas, par sa queue, et prin- cipalement par ses pieds, aussi-bien que par la conformation de tout son corps. Au défaut de bonnes autorités sur ce qui regarde ce mangeur de fourmis ( car c’est le nom que je crois devoir lui don- ner, pour le distinguer des trois espèces décrites par M. de Buffon }, Je mettrai icz r92 HISTOIRE NATURELLE en note ce que Kolbe en! a dit * : il a été plus exact dans la description qu’il en a * La quatrième espèce des cochons se nomme le cochon de terre. Il ressemble très-fort aux co- chons rouges (pourquoi aux cochons rouges ? 1l ne leur ressemble pas plus par la couleur qu'aux autres); 1l a seulement la tête plus longue et le groin plus pointu ; il n’a absolument point de dents, et ses soies ne sont pas si fortes. Sa langue est longue et affilée; sa queue est longue; 5l a aussi les jambes longues et fortes. La terre lui sert de demeure ; 1l s’y creuse une grotte, ouvrage qu’il fait avec beaucoup de vivacité et de promp- titude ; et s’il a seulement la tête et les pieds de devant dans la terre, il s’y cramponne si bien, que l’homme lé plus robuste ne sauroit l’en arracher. Lorsqu'il à faim, ïl va chercher une fourmi= lière; dès qu’il à fait cette bonne trouvaille, il re- garde tout autour de lui, pour voir $i tonL'est tran- quille, et sil n’y a point de danger; il ne mange jamais sans avoir pris cette précaution : alors ilse couche, et, plaçant son groin tout près de la four- milière!, 1] tire la langue tant qu’il peut, les fourmis montent déssus en foule, et, dès qu’elle est bien couverte, il la retire et les gobe toutes. Ce jeu se recommence plusieurs foïs, et jusqu’à ce qu'il soit 3 DU COCHON DE TERRE, x93 faite, qu'il ne l’est ordinairement. Voici ses dimensions: » | pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, depuis le | bout du museau jusqu’à l’ori- sineide la queue....,....53 Ghibielss Circonférence du milieu du corps 2 SAM » Longueur de la tête.......... » IX 2 Sa circonférence entre les yeux et 4 ep AN PEN EE AP Ed eee 5 > — près du bout du museau.... 7 » Longueur des oreilles....:..... 6 rassasié. Afin de lui procurer plus aisément cette nourriture, la Nature, toute sage, a fait en sorte que la partie supérieure de cette langue, qui doit recevoir les fourmis, est toujours couverte et éomme enduite: d’une matière visqueuse et gluante, qui empêche ces foibles animaux de s’en retourner, lorsqu’une fois leurs jambes y sont empêtrées ; c’est Jà leur manière de manger. Ils ont la chair de fort bon goût et très-saine. Les Européens et les Hot- tentots vont souvent à la chasse de ces animaux : rien nest plus facile que de les tuer; 1l ne faut que leur donner un petit coup de bâton sur la tète. ( Description du cap de Bonne-Espérance, par Kolbe, volume IIT, page 43.) 17 / 194 HISTOIRE NATURELLE. Longueur des yeux mesurée d’un ansle à. Pautre. ns re Distance des yeux aux oreilles. . Distance des yeux au bout du MOSQU . à 0e à de Distance entre les deux yeux en Gene Aro Le ie sa Longueur de Ja queue........ Sa circonférence près de l’anus. 7 ptèende l'extrémité... 1. _ Longueur des jambes de devant. Sa circonférence près du corps. DITES du poienei:.. PES Longueur des jambes de derrière Leur circonférence près du corps Re près CE talon EU SSSR >» 2 : pieds. pouces, lignes. Distance entre leurs bases... » Po MIT OA L OT ZT 1 1 Pour S. | DU RATON-CRABIER. Nous donnons ici la figure d’un animal qui nous a été envoyé de Cayenne par M. de la Borde ,; sous la dénomination impropre de chien-crabier, et qui n’a d'autre rapport avec le crabier que l’ha- bitude de manger également des crabes: mais il tient beaucoup du raton par la grandeur, la forme et les proportions de la tête, du corps et de la queue; et comme nous ignorons le nom qu'il porte dans son pays natal, nous lui donnerons, en attendant que nous en soyons infor- més, la dénomination de raton-crabier, pour.le distinguer et du raton et du cra- bier,. dont nous avons donné les figures *, Cet animal a été envoyé de Cayenne avec le nom et l'indication suivante : _ Chien-crabier adulte, femelle prise nour- We Tome. Il, planche IV, et dans œ volume, planche XVIIL. 596 HISTOIRE NATURELLE rissant, trois petits. Mais, comme nous venons de le dire, il n’a nul rapport apparent avec le crabier; il n’en a àüi la forme du corps, ni la queue écailleuse. Sa longueur, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, est de vingt-trois pouces six lignes, et par conséquent elle est à peu près égale à celle du raton, qui est de vingt-deux pouces six lignes; les autres dimensions. sont proportionnellement les mêmes entre ces deux animaux, à l’exception de la queue, qui est plus courte et beaucoup plus mince dans cet animal que celle du raton. si A La couleur de ce raton-crabier est d’un: fauve melé de noir et de gris : le noir do- mine sur la tête, le cou et le dos; mais le fauve est sans mélange sur les côtés du cou et du corps : le bout du nez ef les naseaux sont noirs. Les plus grañds poils des moustaches ont quatre poüces de longueur, et ceux du dessus de l’angle des yeux ont deux pouces deux lignes. Une bande d’un brun noirâtre environne les yeux , et s'étend presque jusqu'aux DU RATON-CRABIER: 197 oreilles ; elle passe sur le museau , se pro- longe et s’unit au noir du sommet de la tête. Le dedans des oreilles est garni d’un poil blanchâtre, et une bande de cette même couleur règne au-dessus des yeux, et 1l y a une tache blanche au milieu du front ; les joues, les mâchoires, le dessous du cou, de la poitrine et du ventre, sont d’un blanc jaunâtre ; les jambes et les pieds sont d’un brun noirâtre, celles de devant sont couvertes d’un poil court; les doigts sont longs et bien séparés les uns des autres. La queue est environnée de six anneaux noirs, dont les intervalles sont d'un fauve grisûtre ; ce qui établit encore une différence entre cet animal et le vrai raton, dont la queue longue, grosse et toufflue, est seulement annelée sur la face supérieure. Ces deux espèces de raton diffèrent encore entre elles par la couleur du poil , qui dans le raton est, sur le corps , d’un noir mélé de gris et de fauve pâle, et sur les jambes, de cou- leur blanchâtre, au lieu que dans celui-ci il est d’un fauve mêlé de noir et de gris sur le corps, et d’un brun noirâtre sur les 17 198 HISTOIRE NATURELLE. jambes. Ainsi, quoique ces deux animaux aient us. rapports entre eux, leurs différences nous paroissent shiidantes pour en faire deux espèces distinctes. DU COATI. Qurrours personnes qui ont séjourné dans l'Amérique méridionale, m'ont in- formé que les coatis produisent ordinaire- ment trois petits, qu'ils se font des ta- nières en terre comme des renards, que leur chair a un mauvais goût de venai- son, mais qu'on peut faire de leurs peaux d’assez belles fourrures. Ils m’ont assuré que ces animaux s’apprivoisent fort aisé- ment, qu'ils deviennent même très-cares- sans , et qu'ils sont sujets à manger leur queue, ainsi que les sapajous, guénons, et la plupart des autres animaux à longue queue des climats chauds. Lorsqu'ils ont pris cette habitude sanguinaire, on ne peut pas les en corriger; ils continuent de ronger leur queue, et finissent par mourir, quelques soins et quelque nour- xiture qu'on puisse leur donner. Il semble que cette inquiétude est produite par une vive démangeaison ; mais peut- 200 HISTOIRE NATURELLE. être les préserveroit-on du mal qu'ils se font, en couvrant l'extrémité de la queue avec une plaque mince de métal, comme l’on couvre quelquefois les perroquets sur le ventre pour les empêcher de se déplumer. GATE | ‘ADDITION AUX ARTICLES DE L’AGOUTI, DU PACA, Er DE L’ACOUCHI. f D'Æ'L" A GOIU TL Novs avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons dit de l’agouti*. M. de la Borde nous écrit seulement que c’est le quadrupède le plus commun de la Guiane ; tous les bois en sont pleins, soit sur les hauteurs, soit dans les plaines, et même dans les marécages. «Il est, dit-il, de la grosseur d’un lièvre ; sa peau est dure et propre à faire des empeignes de souliers qui durent très- long-temps. Il n’a point de graisse; sa chair est aussi blanche et presque aussi bonne que celle du lapin , ayant le même goût et le même fumet. Vieux ou jeune , la chair en est toujours tendre ; mais ceux * Tome IIT, page 78. 202 HISTOIRE NATURELLE du bord de la mer sont les meilleurs. On les prend avec des trappes , on les tue à l'affût, on les chasse avec des chiens; les Indiens et les Nègres, qui savent les sif- ler, en tuent tant qu'ils veulent. Quand ils sont poursuivis, ils se sauvent à l’eau, ou bien ils se cachent , commeles lapins, dans des trous qu’ils ont creusés , ou dans des arbres creux. Ils mangent avec leurs pattes comme les écureuils ; leur nourri- ture ordinaire , et qu'ils cachent souvent en terre pour la retrouver au besoin ; sont des noyaux de maripa, de tourlouri, de corana , etc. ; et lorsqu'ils ont caché ces noyaux , ils les laissent quelquefois six mois dans la terre sans y toucher. Ils peu- plent autant que les lapins; ils font trois ou quatre petits , et quelquefoiscinq , dans toutes les saisons de l’année. Ils n’habitent pas en nombre dans le même trou ; on les y trouve seuls , ou bien la mère avec ses petits. Ils s’apprivoisent aisémént et mangent à peu près de tout; devenus domestiques , ils ne vont pas courir loin, et reviennent à la maison vélontiers : ce- pendant ils conservent un peu de leur Zorr 11 : Piquet de DE L’'AGOUTI. 203 humeur sauvage. En général, ils restent dans leurs trous pendant la nuit, à moins qu'il ne fasse clair de lune; mais ils cou- rent pendant la plus grande partie du Jour ; et il ÿ à de certaines contrées, comme vers l'embouchure du fleuve des Amazonces , où ces animaux sont si nom- breux , qu’on les rencontre fréquemment par vingtaines. » DU PACA. Comme nous n'avons donné * que la figure dessinée sur un très-Jeune paca, qui n’avoit pas encore pris la moitié de son accroissement, et qu’il nous est arrivé un de ces animaux vivant qui étoit déja plus grand que celui que nous avons décrit, je l'ai fait nourrir dans ma mai- son , et depuis Le mois d’août dernier 1774, jusqu’à cé jour 28 mai 1775 , il n’a cessé de grandir assez considérablement. J'ai donc cru devoir le faire.dessiner et en donner la figure , avec les observations * Tome 1V, pl. XVI. 204 HISTOIRE NATURELLE que l’on a faites sur sa manière de vivre: Le sieur Trécourt les a rédigées: avec exactitude , et Je vais en donner ici l’ex- trait. . ë On a fait construire pour cet animal une petite loge en bois, dans laquelle il demeuroit assez tranquille pendant le jour, sur-tout lorsqu'on ne le laissoit pas manquer de nourriture ; 1l semble même affectionner sa retraite tant que le Jour dure, car il s'y retire de lui-même après avoir mangé : mais, dès que la nuit vient, il marque le desir violent qu’il a de sortir en s’agitant continuellement et en dé- chirant avec les dents les barreaux de sa prison ; chose qui ne lui arrive Jamais pendant le jour , à moins que ce ne soit. pour faire ses besoins : car non seulement il ne fait jamais, mais même il ne peut souffrir aucune ordure dans sa petite demeure ; il va, pour faire les siennes, au plus loin qu'il peut. Il jette souvent.la paille qui lui sert de litière, dès qu’elle a pris de l’odeur, comme pour en demander de nouvelle; il pousse cette vieille paille dehors avec son museau, et va chercher DU PACA. | 205 du linge et du papier pour la remplacer. Sa loge n’étoit pas le seul endroit qui parût lui plaire ; tous les recoins obscurs sembloient lui convenir : il établissoit souvent un nouveau gîte dansles armoires qu’il trouvoit ouvertes, ou bien sous les fourneaux de l’office etde la cuisine ; mais auparavant il s’y préparoit un lit ; et quand il s’étoit une fois donné la peine de s’y établir , on ne pouvoit que par force le faire sortir de ce nouveau domi- cile. La propreté semble être si naturelle à cet animal , qui étoit femelle, que, lui ayant donné un gros lapin mâle, dans le temps qu’elle étoit en chaleur ,#pour ten- ter leur union, elle le prit en aversion au moment qu'il fit ses ordures dans leur cage commune. Auparavant elle l’avoit assez bien recu pour en espérer quelque chose ; elle lui faisoit même des avances très-marquées en lui léchant le nez, les oreilles et le corps ; elle lui laissoit même presque toute la nourriture , sans cher- cher à la partager : mais, dès que le lapin eut infecté la cage, elle se retira sur-le- champ dansle fond d’une vieille armoire, 19 26 HISTOIRE NATURELLE où elle se fit un lit de papier et de linge, et ne revint à sa loge que quand elle la vit nette-et libre de l'hôte mal-propre qu'on lui avoit donné. Le paca s'’accoutume aisément à la vie domestique ; il est doux et traitable tant qu'on ne cherche point à l'irriter ; il aime qu'on le flatte, et lèche les mains des personnes qui le caressent ; il connoît fort bien ceux qui prennent soin de lui, et sait parfaitement distinguer leur voix. Lorsqu'on le gratte sur le dos, il s'étend et se couche sur le ventre; quelquefois même il s'exprime par un petit cri de reconnoissance , et semble demander que lon continue. Néanmoins il n’aime pas qu’on le saisisse pour le transporter, et il fait des efforts très-vifs et très - réitérés pour s'échapper. Il a les muscles très-forts et le corps massif ; cependant il a la peau si sensible, que le plus léger attouchement suffit pour lui causer une vive émotion. Cette grande sensibilité |, quoiqu'ordinairement , ac- compagnée de douceur , produit quelque- fois des accès de colère lorsqu'on le con- DU PACA. 207 trarie trop fort ou qu'il se présente un objet déplaisant : la seule vue d’un chien qu'il ge connoît pas, le met de mauvaise humeur ; on l’a vu, renfermé dans sa loge, en mordre la porte et faire en sorte de l'ouvrir, parce qu’il venoit d'entrer un chien étranger dans la chambre. On crut d’abord qu’il ne vouloit sortir que pour faire ses besoins ; mais on fut assez surpris, lorsqu'étant mis en liberté il s’'élanea tout d’un coup sur le chien, qui ne lui faisoit aucun mal, et le mordit assez fort pour le faire crier : néanmoins il s’est accoutu- mé en peu de Jours avec ce même chien. Il traite de même les gens qu'il ne connoît pas et qui le contrarient ; mais il nemord jamais ceux qui ot soin de lui. Il n’aime pas les enfans, et il les poursuit assez vo- lontiers. Il manifeste sa colère par une espèce de claquement de dents et par un grognement qui précède toujours sa pe- tite fureur. Cet animal se tient souvent debout, c’est-à-dire , assis sur son derrière, et quel- quefois il demeure ässez long-temps dans cette situation ; 1l a l’air de se peigner la 208 HISTOIRE NATURELLE tête et la moustache avec ses pattes, qu'il lèche et humecte de salive à chaque fois ; souvent il se sert de ses deux pattes à la fois pour se peigner ; ensuite il se gratte le corps jusqu'aux endroits où il peut atteindre avec ces mêmes pattes de de- vant; et pour achever sa petite toilette, il se sert de celles de derrière, et se gratte dans tous les autres endroits qui peuvent être souillés. C’est cependant -un animal d’une grosse corpulence, et qui ne paroît ni délicat, ni leste , ni léger ; il est plutôt pesant et lourd , et ayant à peu près la démarche d’un petit cochon. Il court rarement, lentement et d'assez mauvaise grace; il n’a de mouvemens vifs que pour sauter, tantôt. sur les meubles et tantôt sur les choses qu'il veut saisir où emporter. Il ressemble encore au cochon par sa peau blanche, épaisse, et qu’on ne peut tirer ni pincer , parce qu’elle est adhérente à la chair. Quoiqu'il n’ait pas encore pris son en- tier accroissement , il a déja dix -huit pouces de longueur dans sa situation na DU PACA. 26) turelle et renflée ; mais, lorsqu'il s'étend, il a près de deux pieds depuis le bout du museau Jusqu'à l'extrémité du corps, au lieu que le paca dont nous avons donné la description ( tome IV), n’avoit que sept pouces cinq lignes ; différence qui ne pro- vient néanmoins que de celle de l’âge, car du reste ces deux animaux se res- semblent en tout. La hauteur prise aux Jambes de de- vant dans celui que nous décrivons ac- tuellement étoit de sept pouces, et cette hauteur prise aux Jambes de derrière étoit d'environ neuf pouces et demi, en sorte qu’en marchant son derrière paroît toujours bien plus haut que sa tête. Cette partie postérieure du corps, qui est la plus élevée , est aussi la plus épaisse en tout sens ; elle a dix-neuf pouces et demi de circonférence , tandis que la partie anté- rieure du corps n’a que quatorze pouces. Le corps est couvert d’un poil court, rude et clair - semé , couleur de terre d'ombre et plus foncé sur le dos: mais le ventre, la poitrine , le dessous du cou et les parties intérieures des Jambes , sont au 18 210 HISTOIRE NATURELLE contraire couverts d’un poil blanc sale: et ce qui le rend très-remarquable , ce sont cinq espèces de bandes longitudinales formées par des taches blanches, la plu- part séparées les unes des autres. Ces cinq bandes sont dirigées le long du corps, de manière qu’elles tendent à se rapprocher les unes des autres à leurs extrémités. La tête, depuis le nez Jusqu'au sommet du front, a près de cinq pouces de lon- gueur , et elle est fort convexe; les yeux sonÿ gros, saillans et de couleur bru- nâtre , éloignés l’un de l’autre d'environ deux pouces. Les oreilles sont arrondies , et n’ont que sept à huit lignes de lon- sueur , sur une largeur à peu près égale à leur base : elles sont plissées en forme de fraise , et recouvertes d’un duvet très- fin, presque insensible au tact et à: œil, Le bout du nez est large, de couleur presque noire , divisé en deux comme celui des lièvres ; les narines sont fort grandes. L'animal a beaucoup de force et d'adresse dans cette partie ; car nous l'avons vu souvent soulever avec son nez la porte de sa loge, qui fermoit à cou- : DU PACA. 211 lisse. La mâchoire inférieure est d’un pouce plus courte et moins avancée que la mâchoire supérieure, qui est beaucoup plus large et plus longue. De chaque côté et vers le bas de la mâchoire supérieure, il règne une espèce de pli longitudinal dégarni de poil dans son milieu , en sorte que l’on prendroit, au premier coup d'œil , cet endroit de la mâchoire pour la bouche de l'animal en le voyant de côté; car sa bouche n’est apparente que quand elle est ouverte , et n’a que six ou sept lignes d'ouverture : elle n’est éloignée que de deux ou trois lignes des plis dont nous venons de parler. | Chaque mâchoire est armée en devant de deux dents incisives fort longues, Jaunes comme du safran , et assez fortes pour couper le bois. On a vu cet animal, en une seule nuit, faire un trou dans une des planches de sa loge, assez grand pour ÿ passer sa tête. Sa langue est étroite, épaisse et un peu rude. Ses moustaches sont composées de poils noirs et de poils blancs , placés de chaque’côté du nez, et il a de pareilles moustaches plus noires , : | 212 HISTOIRE NATURELLE mais moins fournies, dechaque côté de Ta tête au-dessous des oreilles. Nous n’avons pu voir ni compter les dents machelières, par la forte résistance de l'animal. Chaque pied, tant de devant que de derrière , a cinq doigts , dont quatre sort armés d'ongles longs de cinq ou six lignes. Les ongles sont couleur de chair : mais il ne faut pas regarder cette couleur comme un caractère constant ; Car , dans plusieurs animaux , et particulièrement dans les lièvres, on trouve souvent les ongles noirs , tandis que d’autres les ont blanchâtres ou couleur de chair. Le cin- quième doigt, qui est l’interne, ne paroît que quand l'animal a la jambe levée, et n'est qu'un petit éperon fort court. Entre les jambes de derrière , à peu de distance des parties naturelles , se trouvent deux mamelles de couleur brunâtre. Au reste, quoique la queue ne soit nullement ap- parente , on trouve néanmoins , en la recherchant, un petit bouton de deux où trois lignes de longueur, qui paroît en être l'indice. Le paca domestique mange de tout ce MUIPAC ANT 213 qu’on veut lui donner, et il paroît avoir un très-grand appétit. On le nourrissoit ordinairement de pain ; et soit qu’on le trempât dans l'eau, dans le vin et même dans du vinaigre, il le mangeoit égale- ment: mais le sucreet les fruits sont si fort de son goût, que lorsqu'on lui en pré- sentoit , il en témoignoit sa Joie par des bonds et des sauts. Les racines et les lé- gumes étoient aussi de son goût; il man- geoit également les navets, le céleri, les oignons, et même l'ail et l’échalote. IL ne refusoit pas les choux ni les herbes, même la mousse et les écorces de bois ; nous l’avons souvent vu manger aussi du bois et du charbon dans les commence- mens. La viande étoit ce qu'il paroissoit aimer le moins; il n’en mangeoïitquerare- ment et entrès-petite quantité. On pour- roit aisément le nourrir de grain; car sou- vent il én cherchoit dans la paille de sa litière. Il boit comme le chien en soulevant Feau avec la langue. Son urine est fort épaisse et d’une odeur insupportable ; sa fiente est en petites crottes, plus klongées que celles des lapins et des lièvres, 214 HISTOIRE NATURELLE D'après les petites observations que nous venons de rapporter, nous sommes très-portés à croire qu’on pourroit natu- raliser cette espèce en France ; et comme la chair en est bonne à manger, et que Panimal est peu difficile à nourrir , ce seroit une acquisition utile. Il ne paroît pas craindre beaucoup le froid ; et d’ail- leurs, pouvant creuser la terre , 1l s’en garantiroit aisément pendant l'hiver. Un seul paca fourniroit autant de bonne chère que sept ou huit lapins. : M. de la Borde dit que le paca habite ordinairement le bord des rivières, et qu'il construit son terrier de manière qu’il peut y entrer ou en sortir par trois issues différentes. « Lorsqu'il est poursuivi, il se Jette à l’eau, dit-il, dans laquelle il se plonge en levant la tète de temps en temps ; mais enfin, lorsqu'il est assailli par les chiens, il se défend très-vigoureusement ». Il ajoute « que la chair de oet animal est fort esti- mée à Cayenne, qu’on l’échaude comme un cochon de lait, et que, de quelque DU PACA. bis ianière qu’on la prépare , elle est excel= lente. Le paca habite seul dans son terrier, etil n’en sortordinairement que la nuit pour _se procurer sa nourriture. Il ne sort pen- dant le jour que pour faire ses besoins, car on ne trouve Jamais aucune orduré dans son terrier; et toutes les fois qu’il rentre, il a soin d'en boucher les issues avec des feuilles et de petites branches. Ces animaux ne produisent ordinairement qu’un petit, qui ne quitte la mère que quand il est adulte; et même, si c’est un mâle , il ne s’en sépare qu'après s'être accouplé avec elle. Au reste, on en con- noît de deux ou trois espèces à Cayenne, et l’on prétend qu'ils ne se mêlent point ensemble. Les uns pèsent depuis quatorze jusqu'à vingt livres, et les autres depuis vingt-cinq à trente livres. ne 216 HISTOIRE NATURELLE DE L'ACOUCHE Nous avons donné * une notice au sujet de l’acouchi, et nous avons dit. que c'’étoit une espèce différente de l’a- … gouti, parce qu'il a une queue, et que l’agouti n’en a point. Il en diffère encore beaucoup par la grandeur , n’étant guère plus gros qu’un lapereau de six mois. On ne le trouve que dans les grands bois ; il vit des mêmes fruits et il a presque les mêmes habitudes que l’agouti. Dans les îles de Sainte - Lucie et de la Grenade on l'appelle agouti. Sa chair est un des meil- leurs gibiers de l'Amérique méridionale ; elle est blanche et a du fumet comme celle du lapereau. Lorsque les acouchis sont poursuivis par les chiens, ils selaissent prendre plutôt que de se Jeter à l’eau. Ils ne produisent qu'un petit ou deux tout au plus {à ce que dit M. de la Borde; inais je doute de ce fait). On les appri- voise aisément dans les maisons. Ils ont * Tome VII, page 337. Zom .21. 27.260. La 200: SE dE D NT up {Dangers DE L'ACOUCHI. oi un petit cri qui ressemble à celui du co chon d'Inde; mais ils ne le font entendre que rarement. Né Nous donnons ici la figure de cet ani- mal, qui manquoit dans notre ouvrage, et que nous avons fait graver d’après sa dépouille bien conservée. MM. Aublet et Olivier m'ont assuré qu'à Cayenne on appelle l’agouti Ze lièvre, et l’'acouchi le lapin , mais que l’agouti est le meilleur à manger ; et, en parlant du gibier de ce pays, ils m'ont dit que les tatous sont encore meilleurs à manger, à l'exception du tatou-kabassou , qui a une forte odeux de musc ; qu'après les tatous, le paca est le inoilldue gibier ; parce oh la chair en est saine et ent ensuite l’agouti , et enfin l’acouchi. Ils assurent aussi qu'on mange le couguar rouge, et que cette viande a le goût du veau. | à Quadrupèdes, à 2 4, à r ADDITION A L'ARTICLE DU CEONDOU ET DU TANREC. DU COENDOU,. Li: Guiane fournit deux espèces de coen- dous. Les plus grands pèsent douze à quinze livres. Ils se tiennent sur le haut des arbres et sur les lianes qui s'élèvent jusqu'aux plus hautes branches. Hs ne mangent pas le Jour. Leur odeur est très- forte, et on les sent de fort loin. Ils font leurs petits dans des trous d'arbres, au nombre de deux. Ils se nourrissent des feuilles de ces arbres, et ne sont pas abso- lument bien communs. Leur viande est fort bonne; les nègres l’aiment autant que celle du paca. Suivant M. de la Borde, les deux espèces ne se mêlent pas : on ne les trouve deux à deux que quand ils sont en chaleur ; dans les autres temps ils sont seuls, et les femeiles ne quittent jamais l'arbre où elles font leurs petits. C2 2 LE KLIPDAS. 5 T Déuguret d on » HISTOTRE NATURELLE. 215, Ces animaux mordent quand on s’y ex- pose, sans cependant serrer beaucoup. Ceux de la petite espèce peuvent peser six livres. Is ne sont pas plus nombreux que les autres. Les tigres leur font la guerre , et on ne les trouve na à terre peint le jour. Nous avons parlé de ces deux espèces de coendous *, lesquelles existent en effet dans les cliniats chauds de ro 5 à méridionale. LE COENDOU A LONGUE QUEUE. UK autre animal à piquans, qui ne nous étoit pas connu, a été apporté de Cayenne à Paris avec la collection de M. Malouet, intendant de cette colonie. _Ilest plus grand que le cocndou. pieds. pouces, lignes, Sa had p, du bout du museau à l’origine de la queue, est de 2 » 6 Longueur de la queue.......,; 1x 5 6 Il est couvert de piquans noirs et blanes à la tête, sur le corps, les Jambes et une * Tome VI, page T4: D 220 HISTOIRE NATURELLE partie de la queue; et sa longue queue le distingue de toutes les autres espèces de ce geure. Elle n’a pas de houppe ou bou- quet de piquans à son extrémité, comme celle des autres porc-épics. Le diamètre de la queue, mesurée à son origine, est de vingt-une lignes ; elle va en diminuant et finit en pointe. Il n’y a sur cette queue d’autres piquans que ceux de l'extrémité du tronc, qui s'étendent jusqu'au milieu de la queue ; elle est noi- râtre et couverte d’écailles depuis ce mi- lieu Jusqu'à son extrémité; et le dessous de cette queue jusqu’au milieu, c’est-à- dire, jusqu’à l'endroit où s'étendent les piquans, est couvert de petits poils d’un brun clair. Le reste est garni d’écailles en dessus comme en dessous. La tête de ce coendou ressemble plus à celle du porc-épic de Malaca qu’à toute autre; cependant elle est un peu moins alongée : les plus grands poils des mous- taches, qui sont noirs, ont quatre pouces cinq lignes de longueur. Les oreilles nues et sans poil ont quel- ques piquans sur le bord, Au reste, il n’a DU COENDOU. 221 pas les piquans aussi grands que les porc- épics d'Italie, et par ce caractère il se rapproche du coendou. La pointe de ces piquans est blanche, le milieu noir, et ils sont blancs à l’origine : ainsi le blanc domine sur le noir. | pieds. pouces. Les plus longs piquans sur le OU... 1/,. 5. D 2 8 Sur les jambes de devant...... » D | x0 Sur celles de derrière. ....... » » 10 Il y a quelques poils longs de deux pouces et demi, interposés entre les pi- quans sur le haut, les jambes de devant et de derrière. | Il n’y a point de membrane entre les doigts des pieds de devant, qui sont au nombre de quatre. Ceux de derrière ont cinq doigts, mais le pouce est peu excé- dant ; ces doigts sont couverts de poils bruns et courts : les ongles sont bruns, courbes et en gouttière. C’est à ce coendou à longue queue que nous croyons devoir rapporter ce que M. Roume de Saint-Laurent a écrit dans 19 == V2 222 HISTOIRE NATURELLE les notices qu'il a bien voulu nous adresser des objets qui composent sa riche collec- tion d'histoire naturelle. x A « Ce coendou, dit-il, qui est un indi- vidu Jeune, m'est venu de l'île de la Tri- nité; sa longueur est d'environ un pied. La queue a dix pouces de long ; elle est couverte de piquans sur la moitié de sa longueur, où ils finissent en se raccour- cissant par gradation : le reste de la queue est recouvert par une peau grise, remplie de rides transversales tres - près les unes des autres, et très - profondes. Les piquans les plus longs ont environ deux pouces un quart; ils sont blancs à leur origine et à leur extrémité, et noirs au milieu. Le poilne se laisse appercevoir que sur le ventre, où les piquans sont * très-courts : les moustaches sont déliées, noires, et ont environ trois pouces de longueur. Le plus grand des ongles des quatre doigts de devant a cinq lignes de longueur, ceux des pattes de derrière sont de la même longueur : il n’a que quatre doigts onglés aux pattes de der- LE JEUNE TANREC . Î auquet a ' DU TANREC. 223 rière , avec un tubercule un peu plus alongé que celui des pattes de devant. Cet individu diffère de celui décrit dans l'Histoire naturelle de M. de Buffon, en ce qu'il a la queue plus longue à propor- tion et én partie nue, qu'il n’a que quatre doigts onglés derrière, que les ongles pa- roissent moins grands que ceux de Pani- mal représenté dans ce méme ouvrage, et qu'il n’apas le corps garni de poils plus longs que les piquans : les bouts des pi- quans de celui-ci sont blancs, et ceux du premier sont noirs. » DU TANREC. M. de Brugnières, médecin du roi, très- habile botaniste, qui a été envoyé pour faire des recherches d'histoire naturelle aux terres australes en 1772, nous a donné un petit animal que nous avons reconnu pour être un jeune tanrec, et que nous avons fait graver. On a vu la figure du tanrec adulte *. La figure du * Tome VI, planche [Y. \ 224 HISTOIRE NATURELLE. jeune tanrec que nous donuons ici, est de grandeur naturelle , et ne diffère de l’autre que par sa petitesse et par trois bandes blanchâtres qui nous paroissent être la livrée de ce jeune animal. La pre- mière de ces bandes s'étend depuis le mu- seau tout le long de la tête, et continue sur le cou et sur l’épine du dos; les deux autres bandes sont chacune sur les flancs ; et comme tous les autres caractères , no- tamment la forme du museau , les longs poils parsemés sur Île corps , la couleur __ noire des piquans , etc. se trouvent, dans ce petit tanrec , semblables à ceux du grand , nous avons cru être fondés à n’en faire qu’une seule et même espèce. MDDILION A L'ARTICLE DU HÉRISSON. J'ai dit, à l’article du hérisson , que je doutois qu'il montât sur les arbres et qu’il emportât des fruits sur ses piquans. Cependant quelques chasseurs m'ont as- suré avoir vu des hérissons monter sur des arbres, et remporter des fruits à la pointe de leurs piquans. Ils m'ont dit aussi qu'ils avoient vu des hérissons nager et traverser même de grands espaces d'eau avec assez de vitesse. Dans quelques campagnes, on est dans l'usage de prendre une peau de héris- son et d'en couvrir la tête d’un veau lorsqu'on veut le sevrer ; la mère , se sentant piquée, lui refuse le pis et s’é- loigne. | Voici quelques observations sur des hérissons que j'ai fait élever en domes- ticité, 2% HISTOIRE NATURELLE Le 4 juin 1781, on m'apporta quatre jeunes hérissons avec la mère. Leurs. pointes ou épines étoient bien formées ; ce qui paroît indiquer qu'ils avoient plu- sieurs semaines d'âge. Je Les fis mettre en- . semble dans une grande volière de fil de fer, pour les observer commodément, et l'on garnit de branches et de feuillages le fond de cette volière, afin de procurer à ces animaux une petite retraite pour dormir. | Pendant les deux premiers Jours, :o1 ne leur donna pour nourriture que quel- ques morceaux de bœuf bouilli qu’ils né mangèrent pas; ils en sucèrent seule- ment toute la partie succulente, sans manger les fibres de la chair. Le troisième jour , on leur donna plusieurs sortes d'herbes , telles que du senecon , du lise- ron, etc. ; ils n’en mangèrent pas. Ainsi on peut dire qu’ils jeûnèrent à peu près pendant ces trois premiers Jours : cepen- dant la mère n’en parut pas affoiblie, et donna souvent à téter à ses petits. Les jours suivans, ils eurent des ce- rises , du pain, du foie de bœuf crud. Ils. ” * DU HÉRISSON. 227 suçoient ce dernier mets avec avidité, et la mère et les petits ne le quittoient pas qu'ils ne parussent rassasiés. Ils man- gèrent aussi un peu de pain; maisils ne touchèrent pas aux cerises. Ils montrèrent beaucoup d’'appétit pour les intestins cruds de la volaille, de même que pour les pois et les herbes cuites. Mais, quel- que chose qu'ils aient pu manger , 1l n’a pas été possible de voir leurs excrémens, et il est à présumer qu'ils les mangent, comme font quelques autres animaux. H paroît qu'ils peuvent se passer d’eau, ou du moins que la boisson ne leur est pas plus nécessaire qu'aux lapins, aux lièvres , etc. ls n’ont rien eu à boire pendant tout le temps qu’on les a con- servés, et néanmoins ils ont toujours été fort gras et bien portans. Lorsque les Jeunes hérissons vouloient prendre la mamelle , la mère se couchoit sur le côté, comme pour les mettre plus à leur aise. Ces animaux ont les jambes si courtes, que les petits avoient peine à se mettre sous le ventre de leur mère. Si elle se tenoit sur ses pieds, ils s’eudor- »28 HISTOIRE NATURELLE moient à la imamelle : la mère ne les ré- veilloit pas ; elle sembloit:même n’oser se remuer, dans la crainte de troubler leur. sommeil. Voulant reconnoître si cette espèce d'attention de la mère pour ses pe- tits étoit un effet de son ‘attachement pour eux ; ou si elle-même n'étoit pas intéressée à les laisser tranquilles | on s’appercut bientôt que quelque amour qu’elle eût pour eux, elle en avoit encore plus pour la liberté. On ouvrit la volière pendant que ses petits dormoient ; dès qu’elle s’en appercut , elle se leva dou- cement , sortit dans le jardin , et s’éloi- gna du plus vîte qu’elle put de sa cage ; où elle ne revint pas d’elle-même , mais où il fallut la rapporter. On a souvent remarqué que lorsqu'elle étoit renfermée avec ses petits, elle employoit ordinaire- ment tout le temps de leur sommeil à _xôder autour de la volière, pour tâcher , selon toute apparence, de trouver une issue propre à s ‘échapper, et qu’elle, ne cessoit ses manœuvres et ses mouvemens inquiets que lorsque ses petits venoient à s’éveiller. Dès - lors il fut facile de juger DU HÉRISSON. 226 que cette mère auroit quitté volontiers sa petite famille, et que si elle sembloit: craindre de lPéveiller , c’étoit seulement pour se mettre à l’abri de ses importuni- tés ; car les Jeunes hérissons étoient si avides de la mamelle, qu’ils y restoient attachés souvent pendant plusieurs heures de suite. C’est peut-être ce grand appétit des jeunes hérissons qui est cause que les“ mères , ennuyées ou excédées par leur gourmandise, se déterminent quelque- fois à les détruire. Dès que les hérissons entendoient mar- cher, ou qu'ils voyoient quelqu'un auprès d'eux, ils se tapissoient à terre et rame- noient leur museau sur la poitrine, de sorte qu’ils présentoient en avant les pi- quans qu'ils ont sur le haut du front, et qui sont les premiers à se dresser ; ils ra- menoient ensuite leurs pieds de derrière en avant, et, à force d'approcher ainsi les extrémités de leur corps, ou plutôt de les resserrer l’une contre l’autre, ils se. donnoient la forme d’une pelote ou d’une « boule hérissée de piquans ou de pointes. Cette pelote ou boule n’est pas tout-à-fait. 20 & 230 HISTOIRE NATURELLE ronde; elle est toujours plus mince vers l'endroit où la tête se Joint à la partie postérieure du corps. Plus ils étoient prompts à prendre cette forme de boule, et plus ils comprimoient fortement les deux extrémités de leur corps : la con- traction de leurs muscles paroît être si grande alors, que lorsqu'une fois ils se sont arrondis autant qu'il leur est pos- sible , 1l seroit presque aussi aisé de leur disloquer les membres, que de les alonger assez pour donner à leur corps toute son étendue en longueur. On essayoit souvent de les étendre; mais plus on .faisoit d’ef- forts, plus ils sembloiïent opposer de ré- sistance, et se resserrer dans l'instant où ils prenoient la forme de pelote. On a re- marqué qu’il se faisoit un petit bruit, une sorte de cliquetis qui étoit occasionné par le frottement réciproque des pointes, lesquelles se dirigent et se croisent dans tous les sens possibles. C’est alors que Îe corps de ces animaux paroît hérissé d’un plus grand nombre de pointes, et qu'ils sont vraiment sur la défensive. Lorsque rien ne les inquiète, ces mêmes pointes DU HÉRISSON.. 231 ou épines, si hérissées quand ils veulent se préserver, sont couchées en arrière les unes sur les autres, comme le poil lisse des autres animaux : néanmoins ceci n’a lieu que lorsque les hérissons étant éverliés jouissent du calme et de la tranquillité; car quand ils dorment, . leurs armes sont prètes, c’est-à-dire que leurs pointes se croisent dans tous les sens, comme s'ils avoient à repousser une attaque. Il semble donc que pendant leur sommeil , qui est assez profond, la Nature leur ait donné l'instinct de se prémunir contre la surprise. Au reste, ces animaux n’ont pas les moyens d'en attaquer d’autres; ils sont naturellement indolens et même pares- seux : le repos semble être aussi nécessaire à leur genre de vie que la nourriture; et l’on pourroit dire avec assez de vérité que leurs uniques et seules occupations sont de manger et dormir. En effet, ceux que nous avons nourris et élevés, cher- choient à manger dès qu'ils étoient éveil- lés ; et quand ils avoient assez mangé, ils ailoient se livrer au sommutil sur des 232 HISTOIRE NATURELLE. feuillages. Ce sont là leurs habitudes pen- dant le Jour : mais pendant la nuit ils sont moins tranquilles ; ils cherchent les limacons , les gros scarabées, et autres insectes dont ils font leur principale nour- riture. 21 TENDRAC 2LE PORC EPIC DE MALACA. DU TENDRAC, | Nous donnons ici la figure d’un très- petit tendrac qui a été envoyé de l’île de France, par M. Poivre, à M. Aubry, curé de Saint-Louis : il est représenté de gran- deur naturelle, et ne nous paroît différer de notre tendrac de la pl. IV, tome VT, que par sa petitesse et par quelques bandes blanches qui semblent être la livrée de cet anima fort Jeune. On a écrit à M. le curé de Saint-Louis qu'il se trouve à Madagascar, et que les François de cette contrée le connoissent sous le nom de rat-épic. Voici les dimensions et la courte description de ce très-petit animal. pieds. pouces. lignes. Longueur du corpsentier , depuis \ le bout du nez jusqu à l’extré- mité du corps près Pants Vs 2 "2 Distance du bout du nez à l'œil » » 6 Distance entre l'œil et l'oreille. » pe NS 29 234 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces, lignes. Longueur de la iète, depuis le bout du ‘nez jusqu’à l’occiput. » » TÉ Lonsteur des piquans.....4..4 huis 4 Longueur des grands ongles des ; pieds de devant... 240040 be » Z Longueur des gvands ongles des pieds de: derrièré.. 2.4 4 950 af » La Cet animal a le museau très-alongé et _ presque pointu; sa tête est couverte d’un poil d’un roux noirâtre, et le corps, qui est couvert du même poil, porte une grande quantité de piquans d’un blanc jaunâtre, qui semblent se réunir par bandes irrégulières. On remarque au- dessus du nez une bande d’un blanc . Jaunâtre, qui s'étend jusqu’au commen- cement du dos, et se termine en pointe à ses deux extrémités : cette bande blanche est du même poil que le brun du corps et des côtés de la tête; ce poil est assez rude, mais cependant fort délié en eomparaison des piquans. Le dessous du cou et du corps est d’un blanc jaune, ainsi que les jambes et les pieds, qui sont néanmoins un peu | "HU TENDRATC. _ 235 mèêlés de brun. Les plus grands poils des moustaches ont huit lignes de longueur. Les pieds ont chacun cinq doigts, et l'on ne voit dans ce très-petit animal aucune apparence de queue. y l Î LE PORC-ÉPIC DE MALACA. N ous avons parlé et donné la figure d’un porc-épie des Indes orientales *, et nous avons dit que ce porc-épic ne nous paroît être qu'une variété de l'espèce du porc-épic d'Italie : mais il existe dans les contrées méridionales de notre continent, et particulièrement à Malaca, une autre espèce de porc-épic que nous avons fait dessiner vivant chez M. Aubry, curé de Saint-Louis, et dont nous donnons ici la figure. Nous en avons vu un tout sem- à blable, aussi vivant, entre les mains d’un _ marchand d'animaux, qui le faisoit voir à Paris au mois d'octobre 1777. Cette es- pèce diffère de l’espèce commune par plu- sieurs caractères très-sensibles, et sur-tout par la forme et la longueur de la queue; elle est terminée par un bouquet de poils longs et plats, ou plutôt de petites la- nières blanches semblables à des rognures * Tome VI, planche II. HISTOIRE NATURELLE. 237 de parchemin ; et la queue , qui porte cette houppe à son extrémité, est nue, écailleuse, et peut avoir le tiers de la lon- gueur du corps, qui est de quinze à seize pouces. Ce porc-épic de Malaca est plus petit que celui d'Europe; sa tête est néanmoins plus alougée, et son museau, revêtu d’une peau noire, porte des mous- taches de cinq à six pouces de longueur. L'œil*est petit et noir; les oreilles sont lisses, nues et arrondies. Il y a quatre doigts réunis par une membrane aux pieds de devant, et il n’y a qu’un tuber- cule en place du cinquième; les pieds de derrière en ont cinq, réunis par une mem- brane plus petite que celle des pieds de devant. Les jambes sont couvertes de poils noirâtres ; tout le dessous du corps est blanc. Les flancs et Le dessus du corps sont hérissés de piquans moins longs que ceux du porc-épic d'Italie, mais d’une forme toute particulière, étant un peu applatis et sillonnés sur leur longueur d’une raie en gouttière. Ces piquans sont blancs à la pointe, noirs dans leur milieu, et plu- sieurs sont noirs en dessus et blancs en À x ‘23 HISTOIRE NATURELLE. dessous : de ce mélange résulte un reflet ou un jeu de traits blancs et noirâtres sur tout le corps de ce porc-épic. Cet animal, comme ceux de son genre , que la Nature semble n'avoir armés que pour la défensive, n’a de même Fous instinct ropidgié et farouche. Loqu'on l'approche, il trépigne des pieds, et vient en s’enflant présenter ses piquans, qu’il hérisse et secoue. Il dort beaucoup'e jour, et n’est bien éveillé que sur le soir. IL mange assis et tenant entre ses pattes les pommes et autres fruits à pepin, qu'il pèle avec les dents; mais les fruits à noyau, et sur-tout l’abricot, lui plaisent davantage : il mange aussi du melon, et il ne boit jamais. Fin du tome onzième. H'A PIRE Des articles contenus dans ce volume. De 1 civelte, page D. De la genette , 7. Addifion à l’article de la genetie, 12. Addiuon aux articles de la fouine et de la zibe- line, 14. De la fouime, zbid. La petite fouine de Madagascar, 17. De la zibeline, 19. Addition à l’article de la belette, 23. Addition aux articles de la belette et de l’hermine, du surikate, de la mangouste et du vansire, 40» De l’hermine, z6id. Le grison, 48. Du surikate, 52. De la mangouste, 56. Du vansire, 1414. Nouvelle addition à l’article du vansire, 59. De la grande marte de la Guiane, 67. 2j 0 ONE Le touan, 63 } Addition aux arucles de la marmotte et du castor. des rats et souris, du ral de blé ou hamster, 65 De la marmotte, ibid. Marmotte de Kamischatka, 67. De la marmotte du cap de Bonne-Espérance, 68 , Addition et corrections à l’article de la marmotte du cap de Bonne-Espérance, 75. Du castor, 82. Des souris et des rats, 63. Du hamster, ou rat de blé, 87. Addition de l’éditeur hollandois, go. Le hamster, z0id, | Nouvelle addition à l’article des rats et des souris. 104. : _ Le rat perchal, 107: Le scherman, ou rat d’eau de Strasbourg, 109. Addition à l’article de la musaraigne, 113. La musaraigne musquée de l'Inde, zb1d. Addition à l’arncle du lérot, 119. Le lérot à queue dorée, zbid. Addiuon à l’article du raton, 124. La moufette du Chili, 130. Du sarigue, 132. Le sarigue à longs poils, 1354 » #4 | DS. 2 De la marmose, 137. . Li: Addition aux articles du sarigue, de la marmose, et du cayopollin, 141. Le crabier, 150. À ddition aux articles du tamanoir, du tamandu, du fourmilier, et des tatous, 156. | .. Du tamanoir, 11. Du tamandua, 162, Des tatous , 168. LE ‘Addition à l’article de l’unau et de l’aï, 179 Le kouri, ou le petit unau, 180, Le cochon de terre, 184. Du raton-crabier , 195. Du coaui, 199. Addition aux articles de l’agouti, du paca, et de Pacouchi, 207. LS De l’agouti, :6:d. | Du paca, 203. De l'acouchi, 216. Addition à l'article du coendow et du tanrec, 218, Du coendou, zhid. Le coendou à longue queue , 219. Du tanrec, 223, Quadrupèdes, XE. 31 AR EDR DCS HA A A ï ù Et + A ‘à FABLE Addition à : die du ent à Act LT SE Da Rs a 233 Le Paie Mic de Malaca, 236. x à D , : 4 L EN ER | Ô ' (£ DE L° "IMPR OERTE DE FLASSAR 2810 n Le) = ‘1 is CRT à He 1 . AN ATTNUMERT L DER TNT AE Pre 1h Art LE LAN HAUT AOL TANT WA DATA ENT P M DER DÉC eR T0 0 "RE NET (LR ATEANES oi, doper LE ü ; “ : LA ue alu ! ® (Lt n: QU H Ni 1] Î , À i en 4 1 ea] U Lo de D) ’ MATIN Hu \ | [iRe Len Le ni lier RULES [A Ris LINTIRAUT Fra : RSC TRE ni L LOUE TI fs : ENei d' AU Hu DT jh Via NAT TE à LUTTE L U * ALES Dur DURE CPV AS DUT AL Ron | ù Dre ) Al LA ir) D A I | dy] WU l di | 1 1 1 OX Le b OA EE Lux EN | t Ne T an il va EI \ AR TAN IN Ve ti h na ML à 1 LIN ‘ AA / ET LS 7 / t x Pa | (l & j| k « / de: sel œ ü et MEUN Her A LT AMRUR OU PT i\ Fr « Î A1 va "UC VIRE nee dai pl MR ASCATEENS tte 1164 1 AIR 1 | ET RARE fi ot NAS NL Û CAL hi |