SP OENAE L 0% HISTOIRE : 927 NATURELLE sé Par An DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. QUADRUPEDES. TOME TREIZIEME. "1 | NS VA £ e F4 ee7 | Knsonlan ins Insttss Pa NN f RICHMOND ” | % COLLECTION, A PARIS rond use: ie ‘4 ue "7 À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE PE P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, ET FimmiN DIDOT , RUE DE Tuionvizre, N° 116. AN VIL.—:799.. D." à | BTS TOTR E NATURELLE. ADDITION A L'ARTICLE QU CGHLE NE M. de Mailly, de l'académie de Dijon, connu par plusieurs bons ouvrages de lit- térature, m'a communiqué un fait qui mérite de trouver place dans l'histoire naturelle du chien. Voici l'extrait de la lettre qu'il m'a écrite à ce sujet , le 6 octobre 1772 : « Le curé de Norges, près de Dijon, « possède une chienne qui, sans avoir * Tome 1, page 276. Tas 6 HISTOIRE NATURELLE «jamais porté ni mis bas, a cependant «tous les sympiômes qui caractérisent «ces deux manières d’être. Elle entre en chaleur à peu près dans le même temps «que tous les autres animaux de son « espèce, avec cette différence, qu’elle ne : « souffre aucun mâle : elle n’en a Jamais « recu. Âu bout du temps ordinaire de sa portée, ses mamelles se remplissent « comme si elle étoit en gésine, sans que « son lait soit provoqué par aucune traite « particulière , comme il arrive quelque- « fois à d’autres animaux auxquels on en «tire, ou quelque substance fort sem- « blable, en fatiguant leurs mamelles. IL « n’y a rien ici de pareil; tout se fait selon « l'ordre de la Nature, et le lait paroît « être si bien dans son caractère, que cette « chienne a déja allaité des petits qu’on « lui a donnés, et pour lesquels elle a au- « tant de tendresse, de soins et d’atten- « tion, que si elle étoitleur véritable mère. « Elle est actuellement dans ce cas, et Je « n’ai l'honneur de vous assurer que ce « que je vois. Une chose plus singulière « peut-être, est que la même chienne, À À DES CHIENS. 7 «il y a deux ou trois ans, allaita deux « chats, dont l’un contracta $i bien les «inclinations de sa nourrice, que son «cri s’en. ressentit ; au bout de quelque « temps, on s’appercut qu'il ressembloit « beaucoup plus à l’aboiement du chien _« qu’au miaulement du chat.» Si ce fait de {a production du lait , sans accouplement et sans prégnation, étoit plus fréquent dans les animaux quadru- pèdes femelles , ce rapport les rapproche- roit des oiseaux femelles qui produisent des œufs sans le concours du mâle. VARIETES DANS LES CHIENS. Iz y avoit, ces années dernières , à la. foire Saint-Germain , un chien de Sibérie, qui nous a paru assez différent de celui qui est gravé ‘, pour que nous en ayons retenu une courte description. Il étoit couvert d’un poil beaucoup plus long, et qui tomboit presque à terre. Au pre- mier coup d'œil, 1l ressembloit à un gros 8 Tome E, planche XV, page 276. | _ 8 HISTOIRE NATURELLE bichon ; mais ses oreilles étoient droites et en même temps beaucoup plus grandes. Il étoit tout blanc , et avoit vingt pouces et demi de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l'extrémité du corps, onze pouces neuf lignes de hauteur, mesuré aux Jambes de derrière, et onze pouces trois lignes à celles de devant ; l’œil d’un brun châtain ; le bout du nez noirâtre, ainsi que le tour des narines et le bord de l'ouverture de la gueule. Les oreilles, qu'il porte toujours droites , sont très- garnies de poil, d’un blanc jaune en de- dans, et fauve sur les bords et aux ex- trémités. Les longs poils qui lui couvrent la tête, lui cachent en partie les yeux, et tombent Jusque sur le nez; les doigts et les ongles des pieds sont aussi cachés par les longs poils des jambes, qui sont de la même grandeur que ceux du corps; la queue, qui se recourbe comme celle du chien-loup, est aussi couverte dettrès- grands poils pendans , longs en général de sept à huit pouces. C’est le chien le, plus vêtu et le mieux fourré de tous les chiens. DES CHIENS. 9 D'autres chiens amenés à Paris par des Russes, en 1759, et auxquels ils don- noient le nom de chiens de Sibérie, étoient d’une race très-différente du précédent: ls étoient de grosseur égale, le mâle et la femelle, à peu près de la grandeur des lièvres de moyenne taille, le nez pointu, les oreilles demi-droites, un peu pliées par le milieu. Ils n’étoient point eflilés comme les lièvres , mais bien ronds sous le ventre. Leur queue avoit environ huit à neuf pouces de long, assez grosse et obtuse à son extrémité. Ils étoient de cou- leur noire et sans poils blancs ; la femelle er avoit seulement une touffe grise au milieu de la tête, et le mâle une touffe de même couleur au bout de la queue. Ils étoient si caressans , qu'ils en étoient incommodes , et d’une gourmandise ou plutôt d’une voracité si grande, qu’on ne pouvoit jamais les rassasier ; ils étoient en même temps d’une mal-propreté insup- portable, et perpétuellement en quête pour assouvir leur faim. Leurs jambes n'étoient ni trop grosses ni trop inenues ; mais leurs pattes étoient larges, plates # xo HISTOIRE NATURELLE et même fort épatées ; enfin leurs doigts étoient unis par une petite membrane. Leur voix étoit très-forte. Ils n’avoient nulle inclination à mordre , et caressoient indistinctement tout le monde; mais leur vivacité étoit au-dessus de toute expres- sion !. D’après cette notice , il paroît que ces chiens prétendus de Sibérie sont plu- tôt de la race de ceux que j'ai appelés chiens d'Islande, dont la figure est gra- vée ?, qui présentent un grand nombre de caractères semblables à ceux qui sont in- diqués dans la description ci-dessus. « Je me suis informé , m’écrit M. Collin- «son, des chiens de Sibérie. Ceux qui « tirent des traîneaux:cet des charrettes, « sont de médiocre grandeur ; ils ont le «nez pointu, les oreilles droites et lon- « gues ; ils portent leur queue recourbée; « quelques uns sont comme des loups, et « d’autres comme des renards: et il'est « certain que ces chiens de Sibérie s’ac- î Extrait d’une lettre de M. Pasumot, de l’aca- démie de Mo + à M.de Buffon, en ie du 3 mars 1779. # Tome I, planche XV, page 270. DES CHIENS: 11 « couplent avec des loups et des renards. « Je vois, continue M. Collinson, par vos expériences, que quand ces animaux « sont contraints, ils ne veulent pas s’ac- « Sonpler ; mais en liberté ils y consen- «tent : je l'ai vu moi-même en Angle- « terre pour le chien et la louve ; mais Je « n’ai trouvé personne qui m'ait dit avoir «vu l’accouplement des chiens et des « renards : cependant, par l'espèce que « J'ai vue venir d’une chienne qui vivoit « en liberté dans les bois, je ne peux pas « douter de l’accouplement d’un renard «avec cette chienne, Il y a des gens à « la campagne qui connoissent cette es- « pèce de: si A qu'ils appellent chien- « renard *. . La een des chiens du Groenland sont blancs ; mais il s’en trouve aussi de noirs et d’un poil très-épais. Ils hurlent et grognent plutôt qu'ils n’aboient : ils sont stupides, et ne sont propres à aucune sorte de chasse ; on s’en sert néanmoins pour tirer des traîneaux, auxquels on les * Lettre de feu M. Collinson à M. de Buffon, datée de Londres , 9 février 1764, À HISTOIRE NATURELLE attelle au nombre de quatre ou six. Les Groenlandois en mangent la CRE ) Ct se font des habits de leurs peaux. Les chiens du Kamtschatka sont gros siers ; rudes et demi-sauvages comme leurs maîtres. Ils sont communément blancs ou noirs, plus agiles et plus vifs que nos chiens. Ils mangent beaucoup de pois- $ son. On les fait servir à tirer des traî- neaux. On leur donne toute liberté pen- dant l'été : on ne les rassemble qu’au mois d'octobre pour les atteler aux traîneaux ; et pendant l'hiver on les nourrit avec une espèce de pâte faite de poisson qu’ou laissé - fermenter dans une fosse. On fait chauffer et presque cuire ce mélange avant de le leur donner. % | Il paroît, parces deux dernicrs passages tirés des voyageurs, que la race des chiens de Groenland et deKamtschatka , et peut- être des autres. climats séptentrionaux ressemble plus aux chiens d'Islande qu’à toutes autres races dé chiens ; car Ja des- cription que nous avoris donnée ci- -déssus! des deux chiens amenés dé Russie à Paris, aussi - bien que les notices qu’on viént de np» DESTORTDENS. ‘! 4 lire sur les chiens de Groenland et sur ceux du Kamtschatka, conviennent assez entre elles, et peuvent se rapporter éga- lement à notre chien d'Islande. Quoique nous ayons donné toutes les _ variétés constantes que nous avons pu rassembier dans l'espèce du chien, il em reste néanmoins quelques unes que nous n'avons pu nous procurer. Par exemple, ail y a une race de chiens sauvages dont j'ai vu deux individus, et que je n'ai pas été à portée de décrire ni de faire dessi- ner. M. Aubry, curé de Saint-Louis , dont tous les savans connoissent le beau cabi- net, et qui Joint à beaucoup de connois- sances.en histoire naturelle, le goût de les rendre utiles par la communication ‘franche et honnête de ce qu’il possède en ce genre, nous a souvent fourni des ani maux nouveaux qui nous étoient incon- nus; et, au sujet des chiens, il nous a dit avoir vu, il y a plusieurs années , un chien de la grandeur à peu près d’un épagneul de la moyenne espèce, qui avoit _ de longs poils et une grande barbe au menton. Ce chien provenoit de parens 3 14 HISTOIRE NATURELLE de même race, qui avoient autrefois été À donnés à Louis XIV par M. le comte de Toulouse. M. le comte de Lassai eut aussi de ces mêmes chiens; maïs on ignore ce que cette race singulière est devenue. À l'égard des chiens sauvages, dans lesquels il se trouve, comme dans les chiens domestiques, des races diverses, Je n’ai pas eu d’autres informations que celles dont J'ai fait mention dans mon ouvrage ; seulement M. le vicomte de Querhoent a eu la bonté de me commu- niquer une note au sujet des chiens sau- vages qui se trouvent dans les terres voi- sines du cap de Bonne-Espérance. Il dit « qu'il y a au Cap des compagnies très- « nombreuses dechienssauvages, quisont « de la taille de nos grands chiens, et qui « ont le poil marqué de diverses couleurs. « Ils ont les oreilles droites, courent d’une « grande vitesse, et ne s’établissent nulle « part fixement. “Is détruisent une quan- «tité étonnante de bêtes fauves. On en « tue rarement, et ïls se prennent diffici- « lement aux piéges ; car ils n’approchent « pas aisément des choses que l'homme a DES CHIENS. 19 « touchées. Comme on rencontre quel- « quefois de leurs petits dans les bois, on « a tenté de les rendre domestiques ; mais « ils sont si méchans étant grands , qu’on « Y a renoncé. » 16 HISTOIRE NATURELLE DU CHIEN. Oxa vu dans l’histoire et la description que J'ai données des différentes races de chiens, que celle du chien de berger paroît être la souche ou tige commune de toutes les autres races, et J'ai rendu cette conjecture probable par quelques faits et par plusieurs comparaisons. Ce chien de berger , queje regarde comme le vraichien de nature, se trouve dans presque tous les pays du monde. MM. Cook et Forster nous disent « qu'ils remarquèrent à la « nouvelle Zélaude un grand nombre de « chiens que les habitans du pays pa- « roissent aimer beaucoup, et qu'ils te- « noient attachés dans leurs pirogues par «le milieu du ventre. Ces chiens étoient « de l'espèce à longs poils, et ils ressem- « bloient beaucoup au chien de berger « de M, de Buffon, Ils étoient de diverses DES CHIENS. 17 « couleurs , les uns tachés , ceux-ci en- « tièrement noirs, et d’autres parfaite- < ment blancs. Ces chiens se nourrissent _« de poisson ou des mêmes alimens que _« leurs maîtres, qui ensuite les tuent pour « manger leur chair et se vêtir de leurs « peaux. De plusieurs de ces animaux « qu'ils nous vendirent, les vieux ne vou- « lurent rien manger ; mais les jeunes « s’accoutumèrent à no0s provisions. «A la nouvelle Zélande, disent les « mêmes voyageurs, et suivant les rela- «tions des premiers voyages aux îles tro- « piques de la mer du Sud, les chiens « sont les animaux les plus stupides et « les plus tristes du monde; ils ne pa- « roissent pas avoir plus de sagacité que « nos moutons; et comme à la nouvelle « Zélande on ne les nourrit que de pois- « son, et seulement de végétaux dans les «îles de la mer du Sud, ces alimens « peuvent avoir contribué à changer leur « instinct. » M. Forster ajoute « que la race des « chiens des îles de la mer du Sud res- « semble beaucoup aux chiens de berger: 3 3 %: Lac a | “4 +3 HISTOIRE NATURELLE « mais leur tête est, dit-il, prodigieuse- | « ment grosse. Ils dût des yeisx d’une pe- « titesse ittthsest dus à des oreilles poin- « tues , le poil long , et une queue courte « et touffue. Ils se nourrissent sur-tout de « fruits aux îles de la Société; mais sur « les îles basses et à la nouvelle Zélande, «ils ne mangent que du poisson. Leur « stupidité est extreme. Ils aboïent rare- « mentou presque Jamais ; mais ils hurlent « de temps en temps. Ils ont l’odorat très- « foible, et ils sont excessivement pares- «seux. Les naturels les engraissent pour « leur chair, qu'ils aiment passionnément, «et qu'ils préfèrent à celle du cochon : « ils fabriquent d’ailleurs avec leurs poils « des ornemens ; ils en font des franges, « des cuirasses aux îles de la Société, et « ils en garnissent leurs vêtemens à la « nouvelle Zélande. » On trouve également les chiens comme indigènes dans l'Amérique méridionale, où on les a nommés chiens des bois, parce qu'on ne lés a pas encore réduits ; comme nos chiens, en domesticité constante, LA RS. 1.LE CHIEN DES BOIS DE CAYENNE © +218 CHIEN DE SIBERIE . | DES CHIENS. Ty # LE CHIEN DES BOIS DE CAYENNE. Is y a en effet plusieurs animaux que les . habitans de la Guiane ont nommés cziens des bois, et qui méritent ce nom, puis- qu'ils s’accouplent et produisent avec les chiens domestiques. La première espèce est celle dont nous donnons ici la figure, et de laquelle M. de la Borde nous a en- voyé la dépouille. Cet animal avoit deux pieds quatre pouces de longueur ; la tête, six pouces neuf lignes, depuis le bout du nez jusqu’à l’occiput : elle est arquée à la hauteur des yeux, qui sont placés à cinq pouces trois lignes de distance du bout du nez. On voit que ses dimensions sont à peu près les mêmes que celles du chien de berger, et c’est aussi la race de chien - à laquelle cet animal de la Guiane res- semble le plus ; car il a , comme le chien EU D PP en TC. À 20 HISTOIRE NATURELLE Û | de berger, les oreilles droites et courtes; » et la forme de la tête toute pareille : mais il n’en a pas les longs poils sur le corps , « ‘la queue et les jambes. Il ressemble au * loup par le poil, au point de s'y mé-. prendre, sans cependant avoir ni l’enco- lure ui la queue du loup. Il a le corps plus gros que le chien de berger, les jambes et la queue un peu plus petites ; le bord des paupières est noir, ainsi que le bout du museau ; les joues sont rayées de deux petites bandes noirâtres ; les mous- taches sont noires ; les plus grands poils ont deux pouces cinq lignes. Les oreilles n’ont que deux pouces de longueur sur quatorze lignes de largeur à leur base ; elles sontgarnies, à l’entrée,d’un poil blanc Jaunâtre , et couvertes d’un poil court roux mélé de brun. Cette couleur rousse s'étend des oreilles Jusque sur le cou ; elle devient grisâtre vers la poitrine, qui est blanche ; et tout le milieu du ventre est d’un blanc jaunâtre, ainsi que le dedans des cuisses et des jambes de devant. Le poil de la tête et du corps est mélangé de noir, de fauve, de gris et de blanc. Le ul a MÉD'ES"CHTENS. 27 fauve domine sur la tête et les jambes ; mais il y a plus de gris sur le corps , à cause du grand nombre de poils blancs qui y sont mélés. Les jambes sont menues, et le poil en est court; il est, comme, . celui des pieds, d’un brun foncé, mêlé d’un peu de roux. Les pieds sont petits, et _ m'ont que dix-sept lignes jusqu’à l’extré- mité du plus long doigt; les ongles des pieds de devant ont cinq ligues et demie: le premier des ongles internes est plus fort que les autres ; il a six lignes de lon- gueur et trois lignes de largeur à sa nais- sance : ceux des pieds de derrière ontcinq lignes. Le tronçon de la queue a onze pouces ; il est couvert d’un petit poil jau- nâtre tirant sur le gris ; le dessus de la queue a quelques nuances de brun, et son extrémité est noire. Plusieurs personnes m'ont assuré qu'il y a de plus dans l’intérieur des terres de la Guiane, sur-tout dans les grands bois du canton d'Oyapok, une autre espèce de chiens des bois, plus petite que la précé- dente , dont le poil est noir et fort long ,la tête très-grosse et le museau plus alongé. 22 HISTOIRE NATURELLE Les sauvages élèvent ces animaux pour la chasse des agoutis et des acouchis. Ces petits chiens des bois s’accouplent aussi avec les chiens d'Europe, et produisent des métis que les sauvages estiment beau- coup, parce qu'ils ont encore plus de talent pour la chasse que les chieñs des bois. Au reste, ces deux espèces chassent les agoutis, les pacas, etc. ; ils s'en saisissent et les tuent : faute de gibier, ils montent sur les arbres dont ils aiment les fruits, tels que ceux du bois rouge, etc. Ils marchent par troupes de six ou sept. Ils ne s’apprivoisent que diflcilement, et conservent toujours un caractère de mé- chanceté. nt | À * % À DES CHIENS 23 re mot af ti Tr PROS | LE CHIEN DE SIBÉRIE. Novs donnons ici la figure d’un chien de Sibérie, dessiné d’après nature vivante, dont J'ai donné la description dans ce volume, page 7, sans y joindre la figure parce que Je n’avois pu me procurer cet animal pour le faire dessiner. En le com- parant avec le chien de Sibérie du t. I, planche XV, on verra que ce sont deux _races assez semblables , mais qui diffèrent néanmoins par la grandeur du poil, par celle de la queue, des jambes, celui-ci les ayant plus courtes et le poil considé- rablement plus long , plus soyeux et tout blanc. L 24 HISTOIRE NATURELLE D'UN :C € E EN ER ORAN ET CRESDEN dy L = Jr donne encore ici la figure d’une très. petite chienne qui appartenoit à madame la présidente de Saint-Fargeau , et qu’elle dei a permis de dessiner. Cette petite chienne étoit âgée de treize ans, et avoit eu pour mère une gredine toute noire, plus grosse que celle-ci, qui n’avoit qu’un pied de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue, sept pouces de hau- teur aux Jambes de devant , et sept pouces neuf lignes au train de derrière. La tête est très-grosse à l’occiput, et forme un enfoncement à la hauteur des yeux; le museau est court et menu; le dessus du nez noir, ainsi que l'extrémité et les na= seaux ; les mâchoires d’un brun noirâtre; le globe des yeux fort gros ; l'œil noir , et les paupières bien marquées ; la tête et le Z-LE CHIEN TURC ET GREDIN 2.LE GRAND CHIEN LOUP ,. LI) auquet # | : |! DES CHIENS... 23 corps d'un gris d’ardoise clair, mêlé de couleur de chair à quelques endroits; les oreilles droites et longues de deux pouces dix lignes sur quinze lignes de diamètre à la base : elles sont lisses et sans poil en dedans , et de couleur de chair, sur-tout à leur base; elles finissent en une pointe arrondie , et sont couvertes à l’extérieur de poils blanchâtres assez clair-semés. Ces poils sont longs sur-tout à la base de l’o- reille, où ils ont seize lignes de longueur; et comme tout le tour de l'oreille est garni de longs poils blancs, il semble qu’elle soit bordée d’hermine : le corps, au con- traire, est antérieurement nud, sans au- _cun poil ni duvet. La peau forme des rides sur le cou, le dos et le ventre, où l'on voit six petites mamelles. Il y a de longs poils, en forme de soies blanches, autour du cou et de la poitrine, ainsi qu'autour de la tête. Ces poils sont clair- semés sur le cou jusqu'aux épaules : mais ils sont comme collés sur le front et les joues ; ce qui rend le tour de la face blan- châtre. La queue, qui a trois pouces onze lignes de longueur, est plus grosse à son À è 26 HISTOIRE NATURELLE l Ne origine qu’à son extrémité, et sans poils, L comme le reste du corps. Les jambes sont . de la couleur du corps, nues et sans poil; les ongles sont fort longs, crochus, et d’un noir grisätre en-dessus. 1 On voit, par cette description , que cette petite chienne , née d’une gredine noire et d'un père inconnu, ressemble au chien turc par la nudité et la couleur : de son corps. Elle est, à la vérité, un peu plus basse que le chien turc repré- _senté t. I, pl. XXV : elle a aussi la tête plus grosse, sur-tout à l’occiput ; ce qui lui donne, par cette partie , plus de rap- port avec le petit danois représentétomel, pl. XXIV. Mais ce qui semble former un caractère particulier dans cette petite chienue , ce sont ces grandes oreilles tou- jours droites qui ont quelques rapports avec les oreilles du rat, ainsi que la queue, qui ne se relève pas, et qui est horizon- talement droite ou pendante entre les jambes. Cependant cette queue n’est point écailleuse comme celle du rat; elle est seulement nue et comme noueuse en quelques endroits. Cette petite chienne DES CHIENS. 27 ne tenoit donc rien de sa mère, excepté le peu de poil aux endroits que nous - avons ändiqués , et il y a apparence que le père étoit un chien turc de petite tailie. Elle avoit l'habitude de tirer la langue et de la laisser pendante hors de sa gueule souvent de plus d’un pouce et demi de longueur ; et l’on nous assura que cette habitude lui étoit naturelle, et qu’elle tiroit ainsi la langue dès le temps de sa naissancé. Au reste, sa mère n’avoit pro- dui: de cette portée qu’un chien, mort assez gros, et ensuite cette petitechienne, si singulière, qu’on ne peut,la rapporter à aucune des races connues dans l'espèce du chien. : 28 HISTOIRE NATURELLE LE GRAND CHIEN LOUP. A ME. 1e marquis d'Amezaga, par sa lettre datée de Paris, le 3 décembre 1782, m'a donné connoissance de ce chien, et l'on en trouvera la figure dans cevolume. M. le duc de Bourbon avoit ramené ce chien de Cadix. Il a à très-peu près, quei- que très-Jeune , la forme et la grandeur d’un gros loup, bien fait et de grande taille ; mais ce chien n’est pas, comme le loup , d’une couleur uniforme : il pré- sente, au contraire, deux couleurs, le brun et le blanc, bien distinctes et assez irrégulièrement réparties ; on voit du brun noirâtre sur la tête, les oreilles, autour des yeux, sur le cou, la poitrine, le des- sus et les côtés du corps, et sur le déssus de la queue ; le blanc se trouve sur les mâchoires, sur les côtés des Joues, sur une partie du museau , dans l’intérieur des oreilles, sous la Queue, sur les jambes, DES CHIENS. 29 les faces internes des cuisses , le dessous du ventre et la poitrine. Sa tête est étroite, son museau alongé; et cette conformation lui donne une phy- sionomie fine. Le poil des moustaches est court; les yeux sont petits, et l'iris en est verdâtre. On remarque une assez grande tache blanche au-dessus des yeux, et une petite en pointe au milieu du front. Les oreilles sont droites et larges à la base. La queue a seize pouces de lon- gueur jusqu'à l'extrémité des poils, qui sont longs de six pouces neuf lignes : il la porte haute; elle représente une sorte de panache, et elle est recourbée en avant comme celle du chien loup. Les poils qui sont sur le corps sont longs d’un pouce; 1ls sont blancs à la racine, et bruns dans leur longueur jusqu’à leur extrémité. Les poils de dessous le ventre sont blancs, et ont trois pouces deux ligues ; ceux des cuisses ont cinq pouces : ils sont bruns dans leur longueur, et blancs à leur extrémité ; et en général, au-dessous du long poil il y en a de plus court, qui est laineux et de couleur fauve. La tête 3 Le 30 HISTOIRE NATURELLE est pointue comme celle desloups-levriers ÿ { < car les chasseurs distinguent, dit M. d'A: « FRA à Longueur depuis le poignet jus- qu’au bout des ongles......... » 4 Ô Longueur de la jambe depuis le genou jusqu’au talon.......... » 5 6 Largeur du haut de la jambe... » ns) » Largeur à lendroit du talon..,. » HUE Circonférence du métatarse....,, se) 2 Longueur depuis le talon jusqu’au bout des ongles gs UNIL QE 7 8 Largeur des pieds de devant.... » 3 » Largeur des pieds de derrière... » 2 ‘11r Longueur du plus grand ongle... »# >» 6 [| À 11 | (| Î | | 11 11 : | Hem D oh 1 où LÉ à an ton GE À 1.LE GRAND CHIEN DE RUSSIE MALE 2LE GRAND CHIEN DE RUSSIE FEMELE| Ar” À DES CHIENS. 33 LE GRAND CHIEN DE RUSSIE. Ex 1783, mon fils amena de Pétersbourg à Paris un chien, et une chienne d’une race différente de toutes celles dont j'ai donné la description. Le chien, quoiqu'’en- core fort jeune, étoit déja plus grand qu'e le plus grand danois; son corps étoit plus alongé et plus étroit à la partie des reins, la tête un peu plus petite, la physiono- mie fine et le museau fort alongé: les oreilles étoient pendantes, comme dans le danois et le levrier, les jambes fines et les pieds petits. Ce chien avoit la queue pendante et touchant à terre dans ses momens de repos; mais dans les mouve- mens de liberté, il la portoit élevée, et les grands poils dont elle étoit garnie, - formoient un panache replié en avant. Il diffère des grands levriers non seule- ment par la grande longueur de corps, mais encore par les grands poils qui sont 34 HISTOIRE NATURELLE 1 autour des oreilles, sur le cou, sous Île ventre, sur le derrière des jambes de de- vant, sur les cuisses et sur la APS où ils ni le plus longs. | Il est presque entièrement couvert de” poil blanc , à l’exception de quelques” taches grisâtres qui sont sur le dos et entre les yeux et Îes oreilles. Le tour des veux et le bout du nez sont noirs ; l'iris de l'œil est d’un jaune rougeâtre assez clair. Les oreilles, qui finissent en pointe, sont Jaunes et bordées de noir; le poil est brun autour du conduit auditif et sur une partie du dessus de l’orcille. La queue, longue d’un pied neuf pouces, est très- garnie de poils blancs, longs de cinq pouces ; iis n’ont sur le corps que treize lignes , sous le ventre deux pouces deux lignes, et sur les cuisses trois pouces. La femelle étoit un peu plus petite que le mâle dont nous venons de donner la description; sa tête étoit plus étroite, et le museau plus effilé. En général, cette chienne étoit de forme plus légère que le chien, et en proportion plus garnie de’ longs poils. Ceux du mâle étoient blancs - Tara D'E'S' "CH LENS. 35 presque sur toutle corps, au lieu que la femelle avoit de très-grandes taches d'un brun marron sur les épaules , sur le dos, sur le train de derrière et sur la queue, qu'elle releyoit moins souvent; mais par tous les autres caractères , elle ressembloit au mâle. TazLze des dimensions du chien et de la chienne de Russie. ! MALE, FEMELLE, Sas Sons mm” Longucur du corps mesurée en ligne droite depuis le bout du museau jusqu’à pi: po. li. pi. po. lis Pnue 0020, 2... con ein AA In, SENS Longueur mesurée suivant la courbure du corps... 4 2 6 3 0 3 4 Hauteur du train de derrière 2 RAT DE bel ON D pl Hauteur da train de devant 2 Longueur de la tête depuis Je bout du museau jusqu'à te ns 9-20 mn HS 0 S 6 Circonférence du bout du mmisPane AN #6 m1 IE _Æirconférence du museau 3% HISTOIRE NATURELLE (MÂLE, FÉMELLE. ol pi po. li pi po. li. prise au-dessous des yeux » 9 3 » 9 x. Contour de l’ouverture de la a bouche...: io. set de SM CNE Distance entre les deux na- SCALE, ie » 0 ia ain este RSS AE > » 42 Distance entre le bout du museau et l'angle antérieur pi de Pœil si sectes DURS Distance entre l’angle posté- v rieur. et l'okgille, 4.52" 0 0 VENTES Longueur de l’œil d’un angle | à l’autres.. 2. 25,0 OU NU Dh € MoN Er Ouverture de l'œil... 1h mien muite tm 6 Distance entre les angles an- térieurs des‘yeux... Posts te dx see Circonférence de la tête prise . entre les yeux -et les. oreilles. ie Et age tot at iai e EN Qt v as) ON y» Longueur des oreilles..... Largeur de leur base me- surée sur la courbure ex- térieure. esse foto AURAI Distance. entre iles deux erciiles prises dans lebas » 3 8 »,3.3 DÉS CHIENS. 37 MALE. FEMELLE, Br: pos He Vdu/po. di. Lonseur dico... 52 #0» 1 Circonférence du cou...... ? +10 ,# 3 3 Circonférence du corps prise : derrière les jambes de de- Re à 2, 2, ss Circouférence prise à l’en- Den pins sros.. 0, 2"3 3 "21 5 Circonférence prise devant les jambes de derrière... # 6 8 1 4 6 Hauteur du bas du ventre au-dessus de la terre sous en... ou TR à 0 La même hauteur sous Îa M D a danse (DO R L 272 Longueur du troncon de la QU... rass CE O2) 2,0 7 Circonférence de la queue à | lompine du troncon..:4' "3 "S'IL x 9 Ir Longueur de l’avant-bras de- | puis le coude jusqu’au poi- I ON EU A. 19 917 200 4 Largeur de l'avant-bras près UT NN ARTS PES ARS RE à Épaisseur de l’avant-bras au FOÉRE SMMENT Nes seu à Le ON tel 9 Quadrupids, KITII. 4 LA L _… mbétiir ni ds mit 38 HISTOIRE NATURELLE é MALE. FEMELLE Pi po: di, Pi pee Circonférence du poignet... » 4 6 » 4 5. Circonférence du métacarpe » 3 7 » 3 6 Longueur depuis le poignet : jusqu'au bout des ongles. >» bb 6 » 6 5 Longueur de la jambe de- puis le genou jusqu’au ta- Dog Li Re ir RULES » 10 7 » II 3 Largeur du bautdela jambe » 4 8 2» 4 9 M DAISSEUE « Le 0e ne pee 2. 14: SUR Largeur à l’endroit du talon » 2 3 » 2 3 Circonférence du métatarse » 3 3 » 3 7x Longueur depuis le talon jusqu’au bout des ongles. » 8 7 » 4 Largeur du pied de devant » #10 °» 2 » Largeur du pied de derrière » 7 8 » xxx Longueur des plus grands ongles de nn ne iles pe de s #2 > >» © Largeur à leur base. ...... >, 2 8 sa À DES CHIENS. 39 CHIENS-MULETS PROVENANT D'UNE LOUVE ET D'UN CHIEN BRAQUE. M. Surirey de Boissy , que J'ai déja cité, m'a fait l'honneur de m'écrire, au mois de mars 1776, une lettre par laquelle il m'informe que, de quatre Jeunes animaux produits le 6 juin 1773 par lechien braque et la louve, deux femelles avoient été données à des amis, etn’avoient pas vécu ; que la dernière femelle et Le seul mâle produit de cette portée , ont été conduits alors à une des terres de M. le marquis de Spontin, où ils ont passé l’automue, et qu'après Le cruel accident arrivé au cocher de sa maison par la morsure de la mère louve, on l’avoit tuée sur - le - champ. M. de Boissy ajoute que, de ces deux mé- tis, la femelle, dès sa Jeunesse, étoit moins sauvage que le mâle, qui sembloit 40 HISTOIRE NATURELLE tenir plus qu’elle des caractères du loup; qu'’ensuite on les a transférés en hiver au château de Florennes, quiappartient aussi à M. le marquis de Spontin; qu'ils y ont été bien soignés, et sont devenus très-fa- miliers ; qu'enfin, le 30 décembre 1775 ,cés deux animaux se sont accouplés , et que * Ja nuit du 2 au 3 mars, la femelle a mis bas quatre jeunes, ete. | Ensuite M. le marquis de Spontin a eu Ja bonté de m'écrire de Namur, le 21 avril 1776, que dans le desir de me satisfaire pleinement sur les nouveaux procréés de ces animaux métis, il s’est transporté à sa campagne pour observer attentivement les différences qu’ils pouvoient avoir avec leurs père et mère. Ces jeunes sont au nombre de quatre, deux mâles et deux femelles. Ces dernières ont les pattes de devant blanches, ainsi que le devant de la gorge , et la queue très-courte , comme leur mère ; cela vient de ce que le mâtin qui a couvert la louve, n’avoit pas plus de queue qu’un chien Pan L'un des mâles est d’un brun presque noir ; il res semble beaucoup plus à un chien FA à un He SC HI ENS. 41 2 » loup, quoiqu'il soit le plus sauvage de tous. L’autremâle n’arienquile distingue, et paroît ressembler également au père et à la mère. Les deux mâles ont la queue comme le père. M. le marquis de Spontin ajoute obligeamment. « Si vous vouliez, « Monsieur, accepter l’offre que J'ai l’hon- « neur de vous faire , de vous envoyer ct « faire conduire chez vous, à mes frais, « le père, la mère et deux Jeunes, vous « m'obligeriez sensiblement ; pour moi, « Je garderai les deux autres jeunes, pour « VOIr si l’espèce ne dégénérera pas, et « s'ils ne redeviendront pas de srais loups « ou de vrais chiens.» Par une seconde lettre, datée de Namur le 2 juin 1716, M. le marquis de Spontin me fait l'honneur de me remercier de ce que J'ai cité son heureuse expérience dans mon volume de supplément à l'Histoire naturelle des animaux quadrupèdes , et il me mande qu'il se propose de faire la tentative de l’accouplement des chiens et des renards; mais que pour celle du loup et de la chienne, il en redouteroit l’en- treprise, imaginant que Île caractère cruel | 4 4 HISTOIRE NATURELLE et féroce du loup le rendroït encore plus dangereux que ne l’avoit été la louve. «Le . « porteur de cette lettre, ajoute M. de « Spontin , est chargé de la conduite des « deux chiens de la première génération , « et de deux de leurs Jeunes, entre les- « quels j'ai choisi les plus fortset les plus « ressemblans tant au père qu’à la mère, «que je vous envoie avec eux. Il m'en «reste donc deux aussi, dont l’un a la « queue toute courte, comme le chien Pa: « voit, et sera d’un noir foncé. Il paroît « étre aussi plus docile et plus familier « que les autres : cependant il conserve encore l’odeur de loup , puisqu'il n’y a < aucun chien qui ne se sauve dès qu'il le « sent; ce que vous pourriez éprouver « aussi avec ceux que je vous envoie. Le « père et la mère n’ont Jamais mordu per: « sonne , et sont même très-caressans ; « vous pourrez les faire venir dans votre « chambre , comme je faisois venir la À « louve dans la mienne, sans courir le « moindre risque. Le voyage pourra les « familiariser encore davantage. J'ai pré- « féré de vous les envoyer ainsi, necroyant DSC H FEN IS” 43 « pas qu’ils pussent s’habituer dans un « panier, n'ayant Jamais été enfermés ni « attachés , etc.» Ces quatre animaux me sont en effet arrivés au commencement de Juin 1776, et Je fus obligé d’abord de les faire garder pendant six semaines dans un lieu fermé; mais, m'appercevant qu'ils devenoient plus farouches , Je les mis en liberté vers la fin de juillet, et je les fis tenir dans mes Jardins pendant le jour, et dans une petite écurie pendant la nuit. Ils se sont toujours bien portés, au moyen de la li- berté qu’on leur donnoit pendant le Jour ; et après avoir observé pendant tout ce temps leurs habitudes naturelles, j'ai donné à la ménagerie du roi les deux vieux, c’est-à-dire, le mâle et la femelle, qui proviennent immédiatement du chien et de la louve, et j'ai gardé les deux jeunes , l’un mâle, et l’autre femelle, provenant de ceux que j'ai envoyés à la ménagerie. Voici l’histoire et la description parti- culière de chacun de'ces quatre aui- maux. 4 HISTOIRE NATUREËLE DU MATE: PREMIÈRE GÉNÉRATION. Planche IF. Îs avoit plus de rapport avec le loup qu'avec le chien par le naturel ; car il conservoit un peu de férocité : il avoit l'œil étincelant , le regard farouche et le caractère sauvage. Il aboyoit äu pre- mier abord contre tous ceux qui le regar- doient ou qui s’en approchoient ; ce n’é- toit pas un aboiïement bien distinct, mais plutôt un hurlement qu'il faisoit entendre fort souvent dans les momens de besoin et d’ennui : il avoit même peu de dou- ceur et de docilité avec les personnes qu’il connoissoit le mieux; et peut-être que s’il eût vécu en pleine liberté, il fût devenu uü vrai loup par les mœurs. Il n’étoit fa- milier qu'avec ceux qui lui fournissoient CHIEN MULET MÂLE 7’ Generation . 2.CHIEN MULET FEMPELE 7’ Generakon ee Ets 8: mn DES CHIENS. 48 de la nourriture. Lorsque la faim le pres- soit, et que l’homme qui en avoit soin lui donnoit de quoi la satisfaire , il sem- bloit lui témoigner de la reconnoissance en se dressant contre lui, et lui léchant Je visage et les mains. Ce qui prouve que c’est le besoin qui le rendoit souple et caressant , c’est que dans d’autres occa- sions il cherchoit souvent à mordre la main qui le flattoit. Il n'étoit donc sen- sible aux caresses que par un grossier intérêt , et il étoit fort jaloux de celles que fon faisoit à sa femelle et à ses petits, pour lesquels il n’avoit nul attachement ; il les traitoit même plus souvent en enne- mi qu’en ami, et ne les ménageoit guère plus que des animaux qui lui auroient été étrangers , sur-tout lorsqu'il s’agissoit de partager la nourriture. On fut obligé de la lui donner séparément, et de l’atta- cher pendant le repas des autres; car il étoit si vorace, qu'il ne se contentoit pas de sa portion, mais se Jetoit sur les autres pour les priver de la leur. Lorsqu'il voyoit approcher un inconnu, il s’irritoit et se mettoit en furie, sur-tout s’il étoit mal 46 HISTOIRE NATURELLE vêtu ; ihaboyoit, il hurloit, grattoit la terre, et s'élançoit enfin sans qu'on pût Pappaiser , et sa colère duroit jusqu’à ce que l’objet qui l’excitoit se retirât et dis- parüût. Tel a été son naturel pendant les six premières semaines qu'il fut, pour ainsi dire, en prison; mais après qu’on l’ent mis en liberté, il parut moins farouche et moins méchant. Il Jouoit avec sa fe- melle, et sembloit craindre, le premier jour, de ne pouvoir assez profiter de sa liberté ; car il ne cessoit de courir, de sauter et d’exciter sa famille à en faire autant. Il devint aussi plus doux à l'égard des étrangers; il ne s’élançoit pas contre eux avec autant de fureur, et se conten- toit de gronder ; son poil se hérissoit à leur aspect, comme 1il arrive à presque tous les chiens domestiques lorsqu'ils voient des gens qu'ils ne connoissent pas, approcher de leur maître, où méme de son habitation. Il trouvoit tant de plaisir à être libre, qu'on avoit de la peine à le reprendre le soir pour l'emmener coucher. Lorsqu'il voyoit venir son gouverneur # DES CHIENS. pr avec sa chaîne , il se défioit, s’enfuyoit, et on ne parvenoit à le joindre qu'après l'avoir trompé par quelquesruses ; etaussi- tôt qu'il étoit rentré dans son écurie, il faisoit retentir ses ennuis par un hurle- ment presque continuel, qui ne finissoit qu’au bout de quelques heures. Cemäâleetsa femelle (plancheIV}étoient âgés de trois ans et deux mois, en août 1776, temps auquel je les ai décrits : ainsi ils étoient parfaitement adultes. Le mâle étoit à peu près de la taille d’un fort mâ- tin , et il avoit même le/corps plus épais en tout sens; cependant il n’étoit pas, à beaucoup près, aussi grand qu’un vieux loup : il n’avoit que trois pieds de lon- gueur , depuis le bout du museau jusqu’à _ l'origine de la queue, et environ vingt- deux pouces de hauteur depuis l’épaule jusqu’à l'extrémité des pieds, tandis que le loup a trois pieds sept pouces de lon- gueur , et deux pieds cinq pouces de hau- teur. Il tenoit beaucoup plus du chien que du loup, par la forme de la tête, quiétoit plutôtronde qu’alongée. Il avoit, £æomme le mâtin , le front proéminent, À Î te LÉ T'NVER : 4 48 HISTOIRE NATURELLE ! f le museau assez gros, et le bout du nez peu relevé. Ainsi l’on peut dire qu’ilavoit exactement la tête de son père chien mais la queue de sa mère louve; car cette queue n'’étoit pas courte comme celle de son père, mais presque aussi longue que celle du loup. Ses oreilles étoient recourbées vers l’extrémité, et tenoient un peu de celles du loup, se tenant toujours droites , à l'exception de l'extrémité qui retomboit sur elle-même en tout temps, même dans les momens où il fixoit les objets qui lui déplaisoient; et ce qu'il y a de singulier , c’est que les oreilles, au lieu d’être recourbées cons- tamment dechaque côté dela tête, étoient souvent courbées du côté des yeux, et il paroît que cette différence de mouvement dépendoit de la volonté de l'animal. Elles étoient larges à la base, et finissoient en pointe à l'extrémité. Les paupières étoient ouvertes pres-. que horizontalement, et les angles inté- rieurs des yeux assez près l’un de l’autre à proportion de la largeur de la tête. Le bord des paupières étoit noir, ainsi > L 2 Li DES CHIENS. 49 que les moustaches, le bout du nez et le-bord des lèvres. Les yeux étoient pla- cés comme ceux du chien, et les or- bites n’étoient pas inclinées comme dans le loup. L'iris étoit d’un jaune fauve ti- rant sur le grisâtre : au-dessus des angles intérieurs des yeux, il y âvoit deux taches blanchâtres posées vis-à-vis l’une de l’autre ; ce qui paroissoit augmenter l’air féroce de cet animal. Il étoit moins haut sur ses Jambes que son père chien, et paroïssoit tenir beaucoup du loup par les proportions du corps et par les couleurs du poil : cependant le train de derrière _sembloit être un peu plus élevé que dans le loup, quoiqu'il fût plus bas que dans le chien; ce qui provenoit de ce que les jambes de derrière dans le loup sont beau- coup plus coudées que dans le chien, et c’est ce qui donne au loup l’air de mar- cher sur ses talons. Cet animal avoit aussi plus de ventre que les chiens ordinaires, -et tenoit encore ce caractère de sa mère louve. Au reste, les jambes étoient fortes et nerveuses, ainsi que les pieds, dont les ongles étoient noirs en plus grande 5 5o HISTOIRE NATURELLE | partie, et plus alongés que dans le chien: l'animal les écartoit en marchant, en sorte que la trace qu’il imprimoit sur la terre étoit plus grande que celle des pieds du chien. Dansles pieds de devant, l’ongle externe et l’ongle quisuit l’interne, étoient blancs ou couleur de chair ; dans le pied gauche de derrière , les deux ongles qui suivent l’interne, étoient de cette même couleur de chair; et dans le pied droit de derrière , 1l n’y avoit que l’ongle externe qui fut de cette même couleur. La queue étoit longue , fort semblable à celle du loup, et presque toujours traînante ; ce n’est que dans les momens de la plus graude joie que l’animal la relevoit : mais, dans la colère, il la tenoit serrée entre ses jambes , après l'avoir tenue d'abord hori- zontalement tendue et l’avoir fait mou- voir sur toute sa longueur ; ce qui est une habitude commune aux chiens et aux loups. Le poil de cet animal ressembloit en tout à celui du loup ; le tour des yeux étoit mêlé de fauve ct de gris, et cette couleur venoit se réunir avec le brun DES CHIENS. S£ roux qui couvroit le dessus du nez: ce brun roux étoit mélé d’une légère nuance de fauve pâle. Le bas des joues, les côtés du nez, toute la mâchoire inférieure, le dedans des oreilles et le dessus du cou, étoient d’un blanc plus ou moins sale ; la face extérieure des oreilles étoit d’un brun mêlé de fauve ; le dessus de la tête et du cou , d’un Jaune mélé de gris cendré; les épaules, la face antérieure de la jambe, le dos , les hanches et la face extérieure des cuisses , étoient de couleur noire mê- lée de fauve pâle et de gris. Le noir domi- noit sur le dos et le croupion, ainsi que sur le dessus des épaules, où néanmoins 1l étoit comme rayé par le mélange du gris. Sur les autres parties des épaules, sur les flancs et les cuisses, le poil étoit d'une légère teinte de jaune pâle Jaspé de noir par endroits ; le dessous du ventre étoit d’un jaune pâle et clair, un peu mélé de gris : mais il étoit blanc sur la poitrine et autour de l’anus. Les jambes étoient d’un fauve foncé en dehors, et en dedans d’un blanc grisâtre ; les pieds étoient blancs , avec une légère teinte de 5e HISTOIRE NATURELLE - fauve. Sur l'extrémité du corps, on re- marquoit de grands poils fauves, mêlés de poils blancs, qui venoient se réunir avec ceux qui environnoient l'anus. La queue étoit bien garnie de poils, elle étoit même touffue; la disposition de ces poils la faisoit paroître étroite à sa naissance, fort grosse dans sa longueur, courbe dans sa forme, et finissant par une petite huppe de poils noirs : ces poils étoient blancs par-dessous et noirs en dessus; mais ce noir étoit mêlé de gris et de fauve pâle, - DES CHIENS. 93 DE LA FEMELLE, . PREMIÈRE GÉNÉRATION. L E naturel de cette femelle nous a paru tout différent de celui du mâle : non seu- lement elle n’étoit pas féroce, mais elle étoit douce et caressante; elle sembloit même agacer les personnes qu’elle aimoit, et elle exprimoit sa Joie par un petit cri de satisfaction. Il étoit rare qu’elle füt de mauvaise humeur ; elle aboyoit quelque- fois à l’aspect d’un objet inconnu, mais sans donner d’autres signes de colère : son aboiement étoit encore moins décidé que celui du mâle ; le son ressembloit à celui de la voix d’un chien fort enroué. Souvent elle importunoit à force d’être cares- sante : elle étoit si douce, qu'elle ne se défendoit même pas des mauvais traite- mens de son mâle; elle se rouloit et se 5 $4 HISTOIRE NATURELLE couchoit à ses pieds, comme pour de- mander grace. Sa physionomie, quoique fort ressemblante à celle de la louve, ne démentoit pas ce bon naturel; elle avoit. le regard doux , la démarche libre, la taille bien prise, quoique beaucoup au- dessous de celle du mâle, n'ayant que deux pieds neuf pouces depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue : sa hauteur étoit dans la méme proportion, n'étant que de vingt et un pouces trois lignes depuis l'épaule jusqu’à l’extrémité du pied. Elle avoit beaucoup de rapport avec sa mère louve, par la forme de la tête et la couleur du poil de cette partie; elleavoit, comime la louve, le museau épais auprès des yeux, de manière que les angles en étoient beaucoup plus éloignés l’un de l’autre que dans le chien, et même que dans le mâle que nous venons de décrire: elle avoit aussi, comme la louve, le front plat, le bout du nez un peu relevé, les orbites des yeux un peu inclinées , Les oreilles courtes et toujours droites; mais elle tenoit du chien par sa queue, qui DES CHIENS. 55 étoit courte et émoussée, au lieu que le mâle tenoit sa queue de la louve. Elle avoit les oreilles droites, larges à la base, et finissant en pointe sans se replier , comme celles du mâle : ainsi elle ressem- bloit encore parfaitement à sa mère par ce caractère. Elle étoit d’une grande légé- reté, étant plus haute sur ses jambes à proportion que le mâle. Elle avoit aussi les cuisses et les jambes plus fines ; elle sautoit à une hauteur très-considérable, et auroit aisément franchi un mur de six ou sept pieds : elle avoit six mamelons sous le ventre. Au reste, elle avoit, comme le mâle, le bord des paupières, les lèvres et le bout du nez noirs; l'iris étoit Jaunâtre; le tour des yeux fauve foncé, plus clair au-dessus des paupières supérieures ; les joues et les mâchoires blanches : entre Les deux yeux étoient des poils bruns, qui formoient une pointe sur le sommet de la tête. Le poil du corps étoit noir, Jaspé de gris par le mélange des poils blancs: le noir étoit plus marqué depuis les épaules jusqu’au croupion ; en sorte que, dans cet endroit, cette femelle 56 HISTOIRE NATURELLE étoit plus noire que le mâle. Les côtés du corps et le cou jusqu'aux oreilles étoient de couleur grisâtre; les poils étoient blancs à la racine et noirs à leur pointe ; le derrière des épaules et les faces du cou étoient fauves. Le dedans des oreilles, le tour de la lèvre supérieure, toute la mâchoire inférieure, la poi- trine, le ventre, le dessous de la queue et le tour de l’anus étoient plus ou moins blancs; mais ce blanc étoit moins net et moins apparent que dans le mâle, et il étoit, dans quelques endroits, mêlé de jaune pâle ou de gris cendré. Le sommet et les côtés de la tête, le dessus du museau , le dehors des oreilles, la face extérieure des Jambes, et le bas des côtés du corps, étoient roussâtres ou jaunâtres ; le dedans des Jambes étoit,, comme le ventre, presque blanchâtre : elle n’avoit pas, comme le mâle, des. taches blanches sur les yeux ni sur le cou. Le tour des lèvres, les sourcils , les paupières, les moustaches, le bout du nez et tous les ongles étoient noirs. La queue ressembloit à celle du père chien; 190 LU (… DES CHIENS. 57 elle étoit toute différente de celle du mâle, qui, comme nous l’avons dit, res- sembloiït à la queue de la mère louve. Celle de cette femelle étoit courte, plate et blanche en dessous, couverte en CRC de poils noirs Fc nuancés d’un peu de fauve , et terminée par des poils noirs. En comparant Îa couleur du poil des pieds à celle des ongles dans ces deux individus mâle et femelle, il paroît que la couleur des ongles dépendoit beau- coup de la couleur du poil qui les sur- montoit; Je crois même que ce rapport est général, et se reconnoît aisément dans la plupart des animaux. Les bœufs, les chevaux , les chiens , ete. qui ont du blanc immédiatement au-dessus de leurs cornes, sabots , ergots, etc. ont aussi du blanc sur ces dernières parties; quel- quefois même ce blanc se manifeste par bandes, lorsque les Jambes et les pieds sont de différentes couleurs. La peau à dé même beaucoup de rapport à la cou- leur du poil, presque toujours blanche 58 HISTOIRE NATURELLE où le poil est blanc, pourvu qu'il le. soit dans toute son étendue; car si le poil n’est blanc qu’à la pointe, et qu'il soit rouge ou noir à la racine, la peau est alors plutôt noire ou rousse que blanche. Tom .13 | PL.5. Para. 60. f ol DS gd UE ce OUAIS z. CHIEN MULET MÂLE 2° ‘Génération 2CHIEN MULET FEMELE 2° Géneralon , IAE Pauqu Pan de * DES CHIENS. 5 + DU MALE, SECONDE GÉNÉRATION. Lis mâle et la femelle de la premiere génération, nés le 6 juin 1773, se sont accouplés le 30 décembre 1775, et la fe- melle a mis bas quatre petits le 3 mars 1776 : elle étoit donc âgée de deux ans et environ sept mois lorsqu'elle est entrée en chaleur, et la durée de la gestation a été de soixante-trois Jours, c’est-à- dire, égale au temps de la gestation des chiennes. Dans cette portée de quatre pe- its, il n’y avoit qu'un mâle et trois fe- melles, dont deux sont mortes peu de temps après leur naissance, et il n’a sur- vécu que le mâle et la femelle (voyez planche V), dont nous allons donner la description prise en deux temps différens de leur âge. Au 3 de septembre 1776 , c’est-à-dire, à TC TR « # ns ÿ 6o HISTOIRE NATURELLE l’âge de six mois, ce jeune mâle avoit les dimensions suivantes. pieds. pouc. lign, Longueur du corps mesuré en ligne droite , depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue.... 2 = » Hauteur du train de devant...... I 6 » Hauteur du train de derrière.,... % 5 » Lonoueur du museau jusqu’à loc- COUR SL Lu Le nas RSR RS 7 » Distance du bout du museau jusqu'à . Poptl US Lt Rat ue a SES 2 Jo Distance de l’œil à l'oreille. ...., » ï 9 Longueur dé l'oreille, ;,:2.2.2008 4 » Largeur de loreille à sa base... 2 4 Longueur de la queue....:..... > 9 >» Depuis le ventre jusqu’à terre... » 9 6 \ Il n’a pas été possible de prendre ces mêmes dimensions sur le père mâle, à cause de sa férocité. Ce même naturel pa- roît s'être communiqué , du moins en. partie, au Jeune mâle, qui, dès l’âge de six mois, étoit farouche et sauvage; son regard et son maintien indiquoient ce ca- ractère. S'il voyoit un étranger, 1l fuyoit et alloit se cacher; les caresses ne le DIES CHIENS. 6x rassuroient pas, et il continuoit de re- garder de travers l’objet qui l’offusquoit; il froncoit les sourcils, tenoit sa tête bais- sée et sa queue serrée entre ses Jambes; il frémissoit et trembloit de colère ou de crainte, et paroissoit se défier alors de ceux qu'il connoissoit le mieux; et s’il ne mordoit pas, c'étoit plutôt faute de har- diesse que de méchanceté. L'homme qui en avoit soin, avoit beaucoup de peine à le reprendre le soir dans les jardins où il étoit avec ses père et mère pendant Île jour. Il avoit, comme son père et sa grand'mère louve , la queue longue et traînante , et tenoit de son père et de son grand-père chien par la tête qui étoit assez ramassée, par les orbites des yeux qui étoient à peu près horizontales, et par. l'intervalle entre les yeux qui étoit assez petit. Par tous ces caractères il res- sembloit exactement à son père, mais il avoit les oreilles plus grandes à propor- tion de la tête; elles étoient pendantes sur presque toute leur longueur, au lieu que celles du père n’étoient courbées qu'à leur extrémité, sur environ un tiers de | 6 | 62 HISTOIRE NATURELLE leur longueur. Il différoit encore de son père par la couleur du poil, qui étoit noir : sur le dos, sur les côtés du corps, le des- sous du cou et de la queue, et par une bande de même couleur noire qui passoit sur le front, et qui aboutissoit entre les oreilles et les yeux. Le poil étoit mélangé de fauve, de gris et de noir sur le haut des cuisses, le derrière des épaules, Île dessus et les côtés du cou, et un peu de roussâtre tirant sur le brun dans la bande qui passoit sur le front : le poil du ventre étoit fort court, aussi rude au toucher et aussi grisâtre que celui d’un vrai loup. Le sommet de la tête, le tour des yeux, les côtés et le dessus du nez, le dehors des oreilles et le dessus des jambes, étoient couverts d’un poil de couleur roussätre ou jaunâtre, mêlé de brun seulement sur le bord extérieur des oreilles jusqu’à leurs ! extrémités, et sur le sommet de la tête. Cette couleur jaunûâtre étoit plus pâle sur la face intérieure des jambes de devant. La partie supérieure de la face intérieure des cuisses, ainsi que celle des jambes, le devant de la poitrine, le dessous de la. * DES CHIENS. 63 queue, le tour de l'anus, le dedans des oreilles, le bas des Joucs et toute la ma- choire inférieure étoient d’un blanc sale mêlé d’un Jaune pâle en quelques eu- droits : les oreilles étoient bordées à l’in- térieur de cette même couleur Jaunûtre, et l’on en voyoit des traces au-devant de la poitrine et sous la queue. Les jambes de devant étoient comme celles des chiens : mais celles de derrière étoient coudées, et même plus que celles du père; elles étoient un peu torses en dedans. Il avoit aussi les pieds à proportion plus forts que ceux de ‘son père et de sa mère. Il avoit les ongles noirs, ainsi que le dessous des pieds aux endroits qui étoient sans poils, et ce dernier caractère lui étoit commun avec son père et sa mère. | Aa vR MU 64 HISTOIRE NATURELLE DE LA FEMELLE, SECONDE GÉNERATION. Crrre Jeune femelle, âgée de six mois, le 3 septembre 1776, avoit les dénre so suivantes: - pieds. pouc. PL Longueur de la tête et du corps mesurés en ligne droite , depuis le bout du nez jusqu? à l'origine | de’ Ta queue. NX M A Ou A ‘ 2 » Hauteur du train de re TA ae | 2 É- Hauteur du train de derrière.... ŒE : » Depuis le bout du nez 1 Poc- CA... ddl ie SNMP RENE SUIS 7 6 Du bout . nez à et eu ARE » 3 3 Distance de l’œil à l’oreille..... » 2 Louguéur de l'oreille, s, 24404 108 5 ‘6 Largeur de l'oreille à sa base... » 2 3 Longueur de la queue... 40e 57,709 Depuis le ventre jusqu’à terre... » 9» 7 3 IDES CHIENS. 65 On voit, par ces dimensions, que cette femelle avoit le corps un peu moins haut que le mâle du même âge : elle étoit aussi plus fournie de chair. Ces deux jeunes. animaux ne se ressembloient pas:plus que leurs père et mère par leurnaturel; car cette Jeune femelle étoit doucecomme sa mère, et le jeune mâle avoit le carac- tère sauvage et le regard farouche de son père. La présence des étrangers n'’irritoit nine choquoit cette jeune femelle; elle se familiarisoit tout de suite avec eux, pour peu qu'ils la flattassent ; elle iles prévenoit même lorsqu'ils étoient indif- férens, quoiqu’elle sût les distinguer, de ses amis , qu’elle accueilioit toujours de préférence, et avec lesquels elle étoit si caressante, qu'elle en devenoit, He tune, | Elle avoit, comme sa mère etsom ets père chien, in queue courte et émoussée: elle étoit couverte d’un poil blanc en des- sous jusqu’à la moitié de sa longueur, et sur le reste, de fauve pâle nuancé de cendré : mais le dessus de la queue étoit noir mélangé de fauve pâle et de cendré, 6 66 HISTOIRE NATURELLE et presque tout noir à son extrémité: Elle avoit la tête un peu alongée, et sensi- blement plus que celle du jeune mâle, les:orbites des yeux inclinées, et les yeux éloignés l’un de l’autre, mais cependant un peu moins que ceux de sa mère, de laquelle elle teuoit encore par la couleur Jjaunâtre du sommet de la tête, du front, du contour des’ yeux, du dessus et des côtés du nez jusqu’à environ un pouce de la lèvre supérieure, du dehors des oreilles et des jambes, et des côtés du ventre; enñn elle lui ressembloit encore par les poils grisätres qu’elle avoit sur le front, et depuis les yeux jusqu'au bout du nez. Cependant la couleur jaune ou roussâtre étoit beaucoup moins foncée que sur sa mère : elle tiroit même un peu sur Île blanc ; ce qui sembloit provenir du père, dont le poil étoit d’un Jaune presque blanc sur les mêmes endroits. Elle tenoit de son père par les pieds et les ongles, qui étoient blanchâtres, et par les oreilles, qui étoient pendantes. À la vérité, il n’y avoit que sept ongles blanchâtres dans le père, au lieu qu'ils DES CHIENS. 6" étoient tous de cette couleur, à peu près, dans cette jeune femelle. Elle avoit aussi les oreilles entièrement pendantes, au lieu que celles du père ne l’étoient qu’au tiers. Elle avoit de plus, comme son père, une grande tache longitudinale sous le cou, qui commencoit à la gorge, s’éten- doit en s’élargissant sur la poitrine, et finissoit en pointe vers le milieu de la partie inférieure du corps. Elle lui ressem- bloit encore par la couleur blanchätre du poil sur les joues, sur le bord de la lèvre supérieure, sur toute la mâchoire infé- rieure, sur la face intérieure des jambes, le contour de l'anus et les pieds, etenfin par la couleur du ventre, qui étoit blan- châtre, mélé d’un gris cendré. | Elle avoit de commun avec son père et sa mère, la couleur grisâtre du dos et des côtés du corps, le mélange de fauve et de blanchâtre sur le cou , le derrière des épaules et le dessus de la face extérieure des cuisses. : D’après l'examen et les descriptions que nous venons de faire de ces quatre ani- anx, il paroît qu’ils avoient plus de LR) 65 HISTOIRE NATURELLE rapport avec la louve qu'avec le chien _par les couleurs du poil ; car ils avoient, comme la louve, toute la partie supé- rieure et les côtés du corps de couleur. grisâtre , mêlée de fauve en quelques en- droits. Ils avoient aussi, comme la louve, du roussâtre et du blanchâtre sur la tête, sur les jambes et sous le ventre: seulement le mâle de la première génération avoit plus de blanc et moins de Jaune que sa femelle ; ce qui sembloit venir du père chien , qui étoit plus blanc que noir. Cependant la qualité du poil n’étoit pas absolument semblable à celle du poil de la louve ; car, dans ces quatre animaux, il étoit moins rude, moins long et plus couché que dans la louve , qui d’ailleurs, comme tous les autres animaux carnas- siers et sauvages , portoit un second poil court et crépé immédiatement sur la peau, lequel couvroit la racine des longs. poils. Dans nos quatre animaux, nous , . \ . e . » avons remarqué ce petit poil; mais il n’é- toit ni si crèpé ni si touffu que dans la louve, auquel néanmoins il ressembloit par ce caractère, puisque ce second poil | DES CHIENS. 69 ne se trouve pas communément dans nos chiens domestiques. D'ailleurs le poil de ces quatre animaux, quoique différent par la qualité de celui de la louve, était en même temps plus rude et plus épais que celui du chien ; en sorte qu'il sem- bloit que la mère avoit influé sur la cou- leur , et le père sur la nature de leur poil. saut .… À l'égard de la forme du corps, on peut dire que, dans le mâle et la femelle de la première génération , elle provenoit plus de la mère louve que du père chien; car ces deux animaux avoient, comme la Jouve, le corps fort épais de bas en haut et beaucoup de ventre. [lsavoient le train de derrière fort affaissé; ce qui étoit pro- duit par la forme de leurs jambes de der- rière, qui étoient plus coudées que celles des chiens ordinaires , quoiqu’elles le soient moins que celles des loups. Cela s'accorde parfaitement avec ce que J'ai dit des mulets * , et semble prouver que * Voyez Particle des muleis, tome VII; € celui des serins , dans l'Histoire naturelle des ciseaux , tome VI. ) ( jo HISTOIRE NATURELLE la mère donne la grandeur et la forme du corps , tandis que le père donne celle des parties extérieures et des membres. | On voit aussi, par les rapports de ces quatre animaux avec le chien et la louve dont ils étoient issus, que le père influe plus que la mère sur les mâles, et la mère plus que le père sur les femelles; car le mâle de la première génération avoit, comme son père chien, la tête courte, les oreilles demi-pendantes, les yeux ouverts presque horizontalement et assez voisins l'un de l'autre, les ongles et les picds blancs ; et le jeune mâle de la seconde génération avoit de même la tête courte, les yeux ouverts horizontalement et assez voisins l’un de Pautre, et les oreilles en- core plus pendantes que celles du père. Il paroît en même temps que la mère louve avoit autant influé sur la forme de la queue des mâles que sur celle de leur corps ; car ces mâles, soit de la pre- mière, soit de la seconde génération, avoient également la queue longue et traînante , comme leur grand'mère louve. IL paroît aussi que la mère louve a eu plus DES CHIENS. 7x d'influence que le père chien sur la forme de la tête des femelles, puisque toutes deux , celle de la première et celle de la seconde génération, avoient la tête plus alongée , les yeux plus inclinés et plus éloignés , le bout du nez plus relevé et les oreilles plus droites; caractères qui ne peuvent provenir que de la louve, tandis qu'au contraire ces mêmes deux femelles avoient la queue courte du grand-père chien, et la couleur blanche du dessous du cou, des pieds et des ongles ; ce qui prouve encore que les parties les plus ex- térieures sont données par le père, et non. par la mère, En résumant les faits que nous venons d'exposer , il en résulte, 1°. Que le grand-père chien paroît avoir eu plus de part que la grand’mère louve à la formation de la tète du mâle et de la queue de la femelle de la première géné- ration, et que réciproquement la louve a eu plus de part que le chien à la forma- tion de la tête de la femelle et de la queue du mâle de cette mème première généra- ton. 72 HISTOIRE NATURELLE 2°, IL semble que le mâle de cette pre= mière génération aït transmis les carac- tères qu’il a reçus du chien et delalouve, au Jeune mâle de Ja seconde génération, et que réciproquement sa femelle ait aussi transmis à la Jcune femelle de la seconde génération les caractères qu’elle ‘avoit recus de la louve et du chien, excepté les orcilles et le blanc des pinili et des ongles , qui, dans cette Jeune femelle, paroissoient provenir de son père; ce qui semble prouver que le père influe non seulement sur les extrémités des mâles, mais-aussi sur les extrémités des femelles: En effet, ces quatre animaux, mâles et femelles, tenoient beaucoup plus du chien que du loup par la forme des pieds, quoi- qu'ils eussent les jambes de derrière ‘un peu coudées : ilsavoient, comme le chien, le pied large à proportion de la jambe; et d’ailleurs, au lieu de marcher, comme le loup , sur la partie inférieure du poi- gnet , ils avoicnt, au contraire, comme le chien, cette partie assez droite en mar chant, de sorte qu'il n’y avoit que-le: dessous de leurs pieds qui posât à terre. | DES CHIENS. et . Autant le mélange physique des par- ties du corps du chien et de la louve se reconnoissoit vite dans ces quatre ani- maux, autant le mélange qu’on pourroit Feet dl moral, paroissoit sensible dans leur naturel et ou habitudes. 1°. Tout le monde sait que les chiens lèvent une jambe pour uriner lorsqu'ils sont adultes ; car, quand ils sont trop jeuues, ils s’accroupissent comme Îles femelles : notre mâle adulte, c’est-à-dire, celui de la première génération, levoit la jambe de même, et le jeune mâle, âgé de six mois, s’accroupissoit. 2°. Les loups hurlent et n’aboient pas ; nos quatre animaux aboyoient, à la vé- rité d’un ton enroué , et en mème temps ils hurloient encore comme les loups, et ils avoient de plus un petit cri, murmure de plaisir ou de desir, comme celui d’un chien qui approche son maître. Quoi- qu'ils parussent aboyer avec diHicuité, cependant ils n’y manquoient jamais lors- qu'ils voyoient des étrangers ou d’autres objets qui les inquiétoient. Ils faisoient entendre leur petit cri ou m Hrmure dans Quadrupèdss, KITI. EN 1 W" Fk D A TN MAA TES "ra 74 HISTOIRE NATURELLE le desir et la joie , et ils hurloient tou- jours lorsqu'ils s’ennuyoient ou qu'ils avoient faim ; mais en ceciils ne faisoient que comme les chiens que l'ou tient trop long-temps renfermés. Ils sembloient sen- tir d'avance les changemens de l’air ; car ils hurloieut plus fort et plus souvent aux approches de la pluie et dans les temps humides que dans les beaux temps. Les Joups dans les bois ont ce même instinct, et on les entend hurler dans les mauvais temps et avant les orages. Au reste, les deux jeunes animaux de la seconde géné- ration aboyoient avec moins de difficulté que ceux de la première ; ils ne burloient pas aussi souvent, et ce n’étoit jamais qu'après avoir aboyé- qu'ils faisoient en- tendre leur hurlement. Ils paroïssoient donc se rapprocher par la voix beaucoup plus de l'espèce du chien que de celle du loup. \ .‘ 5°. Ils avoient une habitude assez sin- « gulière , et qui n’est pas ordinaire à nos chiens; c’est de fouiiler la terre avec leur museau, pour cacher leur ordure ou pour serrer Le reste de leur manger, tandis que Va L (l M4 Ü DES CHIENS. 75 les chiens se servent pour cela de leurs ongles. Non seulement ils faisoient de petits trous en terre avec leur museau, mais ils se creusoient mème une forme assez grande pour s'y coucher; ce que nous n’avons jamais vu dans nos chiens domestiques. 4, L'on a vu que . nos quatre ani- maux , les deux mâles étoient farouches et méchans, et qu’au contraire les deux femelles étoient familières et douces ; le vieux mâle exercoit même sa méchan- ceté sur toute sa famille, comme s’il ne leüt pas connue : s’il caressoit quelque- fois sa femelle, bientôt il la maltraitoit, ainsi que ses petits ; 1l les terrassoit, Îles mordoit durement , et ne leur permettoit de se relever que quand sa colère étoit passée. Les femelles, au contraire, ne s’ir- ritoient contre personne, à moins qu’on ne les provoquât : elles aboyoient seule- ment contre les gens qu’elles ne connois- soient pas ; mais elles ne se sont Jamais élancées contre eux. | 5°, Le mâle et la femelle de la première génération avoient l’odorat très-bon; ls 76 HISTOIRE NATURELLE sentoient de très-loin , et, sans le secours de léuts yeux , ils distitigu hell de loin les étrangers et ceux qu’ilsconnoissoient : ils sentoient même à travers les murïs'et les clôtures qui les renfermoient ; car ils hurloient lorsque quelque étranger mar- choit autour de leur écurie, et témoi- gnoient au contraire de la Joie lorsque c’étoient des gens de connoiïssance. Mais on a remarqué que c’étoient les mâles qui sembloient être avertis les premiers par l’odorat ; car les femelles n’abovyoient ou ne hurloient dans ce cas qu'après les mâles. | Ils exhaloient une odeur forte qui teuoit beaucoup de l’odéur du loup; car les chiens domestiques ne s’y mépre- noient pas, et les fuyoient comme s'ils eussent été de vrais loups. Dans le voyage de nos quatre animaux de Namur à Paris, les chiens des campagnes, loin de s’en approcher, les fuyoient au contraire dès qu'ils venoient de les appercevoir ou de les sentir. | 7°. Lorsque ces quatre animaux Jouoient eusemble , si l’un d’eux étoit mécontent, 1 DES CHIENS. 77 et s’il crioit parce qu’il se sentoit froissé ou blessé , les trois autres se jetoient aus- sitôt sur lui, le rouloient, le tiroient par la queue , par les pieds, etc. Jusqu'à ce qu'il eût cessé de se plaindre , et ensuite ils continuoient de Jouer avec lui comme auparavant. J'ai vu la même chose dans plusieurs autres espèces d'animaux, et même dans celle des souris. En général, les animaux ne peuvent souffrir le cri de douleur dans un de leurs semblables, et ils le punissent s’il rend ce cri mal-à- propos. | 8°. Je voulus savoir quel seroit l'instinct de nos quatre animaux , soit en aversion, soit en courage; et comme les chats sont ceux que les chiens haïssent de préfé- rence , on ht entrer un chat dans le jar- din fermé où on les tenoit pendant le jour. Dès qu’ils l’appercurent, ilss’empres- sèrent tous de Îe poursuivre ; le chat grimpa sur un arbre, et nos quatre ani- maux s'arrangèrent comme pour le gar- der , et n’Otoient pas la vue de dessus la proie qu'ils attendoient. En effet, dès qu'on fit tomber le chat en cassant la « 4. ñ | ALARME 5 A d Ml 4 2 NL AT ue EU: ART TUE RS #° 58 HISTOIRE NATURELLE branche sur laquelle il se tenoit, le vieux mâle le saisit dans sa gueule avant qu'il n’eût touché terre. Il acheva de le tuer à l’aide de sa famille, qui se réunit à lu: pour cette expédition; et uéanmoins ni les uns ni les autres ne mangèrent de sa chair, pour laquelle ils marquèrent au- tant de répugnance que les chiens ordi- naires en ont pour cette sorte de viande. . Le lendemain , on fit entrer dans le même Jardin une grosse chienne de la race des dogues, contre laquelle on lâcha le vieux mâle , qui s'élança tout aussitôt vers elle, et la chienne, au lieu de se défendre , se coucha ventre à terre. 11 la flaira dans cette situation ; et dès qu'il eut reconnu son sexe, il la laissa tran-. quille. On fit ensuite entrer la vieille fe- melle , qui, comme le mâle, s’élanca d’abord vers la chienne , puis se jeta des- sus, et celle-ci s'enfuit et se rangea contre un mur, où elle fit si bonne contenance, que la femelle se contenta d’une seconde attaque , dans laquelle le mâle se rendit médiateur entre sa femelle et la chiennes il donna même un coup de dent à sa * AS Qi Me RE. DES CHIENS. ny femelle pour la forcer à cesser le combat. Cependant, ayant mis le médiateur à la chaine pour laisser toute liberté à sa femelle , elle ne fit que voltiger autour de la chienne, en cherchant à la prendre par-derrière ; et c’est-là la vraie allure du loup, qui met toujours plus de ruse/que de courage dans ses attaques. Néanmoins le vieux mâle paroissoit avoir de la bar- diesse et du courage; car il ne balancçoit pasàse Jeter sur les chiens : 11 les attaquoit en brave ,etsanschercher à les surprendre par-derrière. Au reste, ni le mâle ni la fe- melle de nos animaux métis n’aboyoient comme fontles chiens lorsqu'ilsse battent; leur poil sehérissoit , etils grondoientseu- lement un peu avant d'attaquer leur en- nent. . Quelques Jours après, on fit entrer un mâtin à peu près aussi grand et aussi fort que notre vieux mâle , qui n’hésita pas à l’attaquer. Le môâtin se défendit d’abord assez bien, parce qu'il étoit excité par son maître ; mais cet homme ayant été forcé de se retirer | parce que notre vieux mâle wouloit se jeter sur lui, et l'avoit déja : ré 80 HISTOIRE NATURELLE saisi par ses habits, son chien seretrancha aussitôt contre la porte par laquelle son maître étoit sorti, et il n’osa plus repa- roître dans le jardin. Pendant tout ce temps , la vieille femelle marquoit beau- coup d’impatience pour combattre; mais, avant de lui en donner la liberté, oncrut devoir attacher son mâle, afin de rendre le combat égal. Ayant donc mis cette femelle en liberté, elle s’élança tout de suite sur lechien, qui, n’ayant pas quitté son poste, ne pouvoit être attaqué que par-devant : aussi, dès la première at- taque, elle prit le parti de ne point hasar- der un combat en règle; elle se contenta de courir lestement autour du chien pour tâcher de le surprendre par - derrière , comme elle avoit fait quelques Jours au- paravant avec la chienne ; et voyant que cela ne lui réussissoit pas, que resta tran- quille. Comme l'on présumoit que le peu dé résistance et de courage qu’avoit montré ce mâtin, qui d’ailleurs passoit pour être très - fort ét très-méchant, que ce peu de courage, disje, venoit peut-être de ce # md al LS. | | PES CHIENS: 8r _ qu'il étoit dépaysé, et qu'il pourroit _ être plus hardi dans la maison de son maître, on y conduisit le vieux mâle par la chaîne. Il y trouva le mâtin dans une petite cour ; notre vieux mâle n’en fut pas intimidé, et se promena fièrement dans cette cour : mais le mâtin, quoique sur son pailler, parut très-effrayé , et n’osa pas quitter le.coin où il s’étoit ren- | coigné, en sorte que, sans combattre , il fut vaincu; car, étant chez son maître, il n’auroit pas manqué d’attaquer notre mâle, s’il n’eût pas reconnu, dès la pre- mière fois, la supériorité de sa force. On voit, par ces deux épreuves et par d’autres faits semblables que les conduc- teurs ou gouverneurs de ces animaux nous ont rapportés, que Jamais aucun chien n’a osé Îles attaquer ; en sorte qu'ils semblent reconnoître encore dans leurs individus leur ennemi naturel, c’est-à- dire, le loup. DE LA FEMELLE, TROISIÈME GÉNÉRATION. D, + s le mois de novembre de l’année 1776, je fis conduire dans ma terre de Buffon le mâle et la femelle de la seconde génération, qui étoient nés le 3 mars pré- cédent. On les mit en arrivant dans une grande cour, où ils ont resté environ deux ans, et où je leur fs faire une petite cabane pour les mettre à couvert dansle mauvais temps et pendant la nuit. Ils y ont toujours vécu dans une assez bonne union , et on ne s’est pas appercu qu'ils aient eu de l’aversion l’un pour l’autre : seulement le mâle parut, dès la fin de sa première année, avoir pris de l’autorité sur sa femelle; car souvent il ne lui per- mettoit pas de toucher la première à la nourriture, sur-tout lorsque c’étoit de la viande. | ci PR Nes à fly 82. “Ah a” | CHIEN MULET FEMBLE %°Geréralion - CHIEN MULET MÂLE Génération . 7 7? auquel LU %« | 4 Ha NU Ni sé } v 4 " Ü BAS 0 7 4 de LAN ETS à # Lt ” gui hs : DES CHIENS: : 03 J'ordonnai qu’on ne les laissât pas aller avec les chiens du village, sur-tout dès qu'ils eurent atteint l’âge de dix-huit à vingt mois, afin deles empêcher de s’allier _ avec eux. Cette précaution me nd né- cessaire ; car mon objet étant de voirsi, au bout Dan certain nombre de sé nÉra tions, ces métis ne retourneroient pas à l'espèce du loup, ou bien à celle du chier, il étoit essentiel de conserver la race oi: Jours pure, en ne faisant allier ensemble que les individus qui en proviendroient. On sent bien que si, au lieu de faire unir ensemble ces animaux métis, on les avoit faitconstamment et successivement allier avec le chien, la race n’auroit pas man- qué de reprendre petit à petit le type. de cette dernière espèce, et auroit à la fin perdu tous les caractères qui la faisoient RRUEAEt du loup. Il en eût été de même, quoiqu’avec un résultat différent, si on les eût alliés au contraire constamment et successivement avec le loup; au bout d’un certain nombre de générations, les individus n’auroient plus été métis, mais des animaux qui auroicnt sent é cn tout à hi du loup. & HISTOIRE NATURELLE sr | À la fin de l’année 1777, ce mêle le cette femelle de seconde génération pa- rurent avoir acquis tout leur accroisse- ment; cependant ilsnes ’accouplèrent que le 50 ou 31 décembre 1778, c’est-à-dire, à l’âge d’environ deux ans et dix mois. C’est aussi à peu près à cet âge que d’es- pèce du loup est en état de produire; et dès-lors il paroît que nos animaux métis’ avoient plus de rapport avec le loup, par le temps auquel ils peuvent engendrer, qu'ils n’en avoient avec le chien, qui produit ordinairement à l’âge d’un an et quelques mois. À ce premier rapport entre le loup et nos animaux métis, on doit en ajouter un second, qui est celui de la fé- condité, laquelle paroiïssoit être à peu près la même. Nos métis, tant de la première que de la seconde génération, n’ont pro- duit qu’une seule fois en deux ans; car le mâle et la femelle de la première géné- ration , qui ont produit pour là première fois le 5 mars 1776, et que J'ai envoyés à la ménagerie de Versailles au mois de novembre de la même année, n’ont pro- duit pour la seconde fois qu’au printemps ge DE SC HT EN 25 de 1778; et de même le mâle et la femelle de la seconde génération, qui ont produit pour la première fois dans ma terre de Buffon, n’avoient pas donné le moindre signe de chaleur ou d'amour vingt et un mois après leur première production. Et à l’égard de la fécondité dans l’espèce du loup vivant dans l'etat de nature, nous avons plusieurs raisons de croire qu’elle n’est pas aussi grande qu’on a voulu le dire, et qu’au lieu de produire unc fois chaque année, le loup ne produit en effet qu'une seule 0 en deux et peut- être même en trois ans; Car, 1°. 1l paroît certain que si la louve mettoit bas tous les ans six ou sept petits, comme plusieurs auteurs l’assurent, l’espèce du loup se- roit beaucoup plus nombreuse, malgré la guerre que l’on ne cesse de faire à cet en- nemi de nos troupeaux; d’ailleurs lana- Jegie semble être ici une preuve que l’on ne peut récuser. Nos animaux métis, par leurs facultés intérieures, ainsi que par l'odeur et par plusieurs autres caractères extérieurs, avoient tant de rapport avec le loup, qu’il n’est guère possible de croire 8 86 HISTOIRE NATURELLE qu'ils en différoient dans un des points les plus essentiels, qui est la fécondité. 2°, Pour un loup que lon tue, il y a peut- être cent chiens qui subissent le même sort, et néanmoins cette dernière espèce est encore infiniment plus nombreuse que celle du loup, quoique, selon toute Li ‘ de k apparence , elle ne soit que quatre fois plus féconde. 5°. On peut encore remar- quer que lorsqu'on a vu dans une forêt une portée de Jeunes louveteaux avec leur mère, il n’est pas ordinaire d’y en voir l’année suivante, quoique cette mère Fu ‘n'ait pas changé de lieu, à moins qu'il n’y ait encore d’autres louves avec elle : et si la louve mettoit bas tous les ans, on verroit chaque année , au contraire, les petits, conduits par leur mère, se ré- pandre au printemps dans les campagnes, pour y chercher leur uourriture ou leur proie : mais comme nous n’avons pas d'exemple de ce fait, et que d’ailleurs toutes les raisons que nous venons d’ex- poser nous paroissent fondées, nous per- sistons à croire que la louve ne produit tout au plus qu’une fois en deux ans, DE S:CHIENS. 87 eomme les femelles de nos animaux métis. | fon . Le 4 mars 1779, la femelle métisse dela seconde génération mit bas ses petits, qui étoient' au nombre de sept, et qui pa- rurent être de couleur brune ou noirâtre, comme le père, ou comme de jeunes lou- veteaux qui viennent de naître ; et comme cette femelle avoit été couverte le 30 ou 31 décembre précédent, il est évident que le temps de la gestation n’a été que de soixante-trois Jours, comme dans l'espèce du chien, et non pas de trois mois et demi, comme on le dit, mais peut-être sans fondement , de l’espèce du loup: car en prenant encore ici l’analogie pour guide , il n’est guère possible de se refuser à croire que la gestation ne soit pas de même durée dans l'espèce du chien et dans celle du loup, puisque ces animaux se ressemblent à tant d’égards, et ont tant de rapports entre eux, qu'on ne peut pas douter qu'ils ne soient de méme genre, et d'espèces beaucoup plus voisines que celles de l’âne.et du cheval; car ces der- nicrs animaux ne produisent enscmble \ 88 HISTOIRE NATURELLE que des êtres qui ne peuvent se perpétuer par la génération, c’est-à-dire, des êtres imparfaits, auxquels la Nature a refuséle plus précieux de ses dons, celui de vivre ou d’exister dans une postérité même au- delà du terme de sa vie, tandis que le Ioup et le chien produisent, par leur union, des individus qui peuvent donner _ l'existence à d’autres individus, parce qu'ils sont doués de toutes les facultés né< cessaires à la reproduction. ; Quelques heures avant de mettre bas, cette femelle arrangea dans un coin, ct avec beaucoup de soin, un lit de paille pour y déposer sa famille : c’étoit un creux qui avoit la forme d'un grand nid, lequel étoit défendu par un rebord élevé qui régnoit tout autour. Lorsque les pe- -tits furent nés, elle s’empressa de s’ac- quitter envers eux de ses premiers de- voirs de mère ; elle ne cessa presque pas de les lécher, de les caresser, de chercher à les mettre à leur aise; elle ne permet- toit pas à son mâle d’en approcher, et elle sembloit craindre qu'il ne leur fit du mal. Mais cette sollicitude, ces marques DES CHIENS. 89 de tendresse et d'affection maternelle , ne furent pas de longue durée; elles furent bientôt remplacées par une fureur bar- bare. Deux ou trois heures après leur naïs- sance, la personne qui devoit soigner ces jeunes animaux fut assez curieuse pour aller les visiter; elle voulut les toucher ou les manier pour les examiner de près, et il n’en fallut pas davantage pour irriter la mère , qui se jeta tout aussitôt sur ses petits nouveau-nés, ou les arrachoit des mains avec furie pour les dévorer en- suite et pour en faire sa proie, car elle les mangea comme s'ils eussent été sa nourriture ordinaire. Six de ces jeunes animaux, qui furent ainsi touchés ou maniés, ent le même sort; de manière qu'il ne nous resta de cette première por- tée, que la Jeune femelle dont nous don- nons la figure et la description. Nous observerons à ce sujet qu'il y a plusieurs animaux femelles qui dévorent ainsi les petits de leur première portée lorsqu'on les touche au moment où ils viennent de naître; les truies sont princi- palement de ce nombre, et elles y sont M As à | HS go HISTOIRE NATURELLE plus sujettes qu'aucune autre gai 2. mais ces actes d’une barbarie atroce, quelqu” étranges qu'ils puissent être, se sont néanmoins que le résultat d'un trop. grand attachement, d’une affection trop excessive, ou plutôt d’une tendresse phy- sique qui tient du délire; car la Nature, en chargeant les mères du soin d'élever leur famille et de la nourrir de leur lait, les a douées en même temps d'affection et de tendresse; sans cela elle eût manqué son vrai but, qui est la conservation et la propagation des êtres, puisqu’en suppo- sant les mères absolument dénuées d’af- fection pour leurs petits, ces derniers pé- | riroient, faute de soins, presque aussitôt qu'ils seroient nés. On peut donc croire, avec quelque fondement , que ces pets mères ne font périr leur fiat naissante que dans la crainte qu’on ne la leur ra- visse, ou bien qu’elles veulent que ce dé- pôt précieux que la Nature leur a confié, ne doive son bien-être qu'à leur propre soin. sidi, Au reste, la femelle métisse de la se- conde génération dont nous parlons ici, DES CHIENS. gx à toujours été fort attachée à sa fille. Elle ne souffroit pas, comme on l’a déja dit, que son mâle s’en approchât dans les commencemens , et ce ne fut qu’au bout de plusieurs semaines qu’elle lui permit de prendre quelque part à l'éducation de leur petite compagne. Mais tous deux n'ont pas cessé depuis ce temps de lui donner leurs soins; ils ne la laissoient presque jamais aller seule, ils l’'accompa- _gnoient presque dans toutes ses démar- ches ; ils la forcoient même quelquefois à se tenir au milieu d'eux en marchant, et ils touchoient rarement à la nourriture avant qu'elle n’en eût pris sa part. On leur donnoit souvent des moutons entiers pour leur nourriture : alors le père et la mère sembloient exciter leur petite com- pague à s’en repaitre la première; mais lorsqu'elle ne pouvoit pas entamer cette proie , le père et la mère lui donnoient la facilité d'en manger en l’entamant eux- mêmes. Cette Jeune femelle de la troisième gé- nération, née le 4 mars 1779, n’a recu qu'une éducation demi - domestique ; | " À ae 4 ORAN ET ATEN RES y ) Li L “ 2 HISTOIRE NATURELLE depuis sa naissance,elle a presque toujours été enfermée dans un vaste caveau ave: son père et sa mère, d’où on ne les faisoit _ sortir que quelquefois pour respirer dans une cour le grand air; on se contentoit de leur donner la nourriture à certaines heures , et on croyoit inutile de donner à cette jeune femelle des mœurs familières et sociales, parce qu’en effet mon but, en conservant ces animaux, n’a été que d'observer le produit de leur génération. Aussi cette Jeune femelle étoit-elle très- timide ct très-sauvage, mais néanmoins elle n'étoit ni féroce ni méchante; elle étoit au contraire d’un naturel tout-à-fait doux et paisible. Elle se plaisoit même à jouer avec les chiens ordinaires , sans chercher à leur faire du mal, quoiqu’elle fût âgée de vingt et un mois, et qu’elle eût par conséquent déja assez de force pour attaquer ou pour se défendre : mais je dois remarquer que les chiens ne s’en approchoient qu'avec répugnance, et comme s'ils sentoient encore en elle l’o- deur de leur ennemi. Si on entroit dans l'endroit où elle étoit enfermée, elle se DES CHIENS. 03 contentoit de se tapir à terre comme si ‘ellese croyoit alors bien cachée, de suivre avec des yeux inquiets tous les mouve- mens que l’on faisoit, et de ne pas toucher à sa nourriture pendant qu’on la regar- doit. Si, lorsqu'on étoit auprès d’elle ; on lui tournoit le dos et qu’on laissât pendre ses mains, elle s’approchoit doucement et venait les lécher; mais dès qu’on se re- tournoit de son côté, elle se retiroit bien vîte, et se tapissoit de nouveau sur la terre, où on pouvoit la toucher, lui preudre les oreilles et les pattes, et même lui ouvrir la gueule, sans qu’elle montrât aucune envie de mordre, Si on lui don- noït la liberté dans un Jardin, elle m’étoit pas, à la vérité , fort aisée à reprendre, parce qu’elle fuyoit dès qu’on vouloit en approcher; mais lorsqu'elle étoit une fois prise, elle se laissoit emmener et méme emporter si l’on vouloit, sans faire de ré- sistance et sans montrer de colère. On peut donc dire que cette Jeune femelle, quoique timide et sauvage, tenoit néan- moins, par la douceur de ses mœurs et de son naturel, de sa grand’mère et de sa . PE OV NN PTE 64 HISTOIRE NATURELLE, mère, lesquelles ayant recu une éduca- tion toute domestique, ont toujours été très-douces, très-caressantes et très-fami- lières ; et c’est une nouvelle preuve de ce que nous avons dit au sujet de ces ani- maux; savoir, que le chien, en s’alliant avec la louve, semble avoir donné aux fe- melles qui sont provenues de cette union, son naturel et ses mœurs, et que, les fe- melles ont aussi transmis ces mêmes qua- lités intérieures aux autres femelles dont elles ont été mères ; que réciproquement la louve, en s’alliant avec le chien, avoit donné aux mâles qui sont provenus de cette union, son naturel et ses mœurs, et que ces mâles ont aussi transmis ces mêmes qualités intérieures aux autres mâles dont ils ont été pères. ! Nous allons donner la description de cette femelle qui nous est restée de la troi- sième génération : nous exposerons d’a- bord ce que cette jeune femelle avoit de commun avec le loup, et ensuite les rap-. ports qu’elle pouvoit avoir avec le chien, ct nous verrons par cette comparaison, qu'elle avoit, comme toutes les autres | | L4 à | DES CHIENS. 95 femelles de cette race, beaucoup plus de ressemblance avec le loup qu'avec Île _ chien. 11 eût été bien à desirer d’avoir aussi un mâle de la même portée, comme nous en avious pour décrire les deux gé- nérations précédentes : nous aurions vu si ce mâle eût été, ainsi que son grand- père et son père, plus semblable par la forme de la tête à l’espèce du chien qu’à celle du loup, et si ses mœurs eussent été analogues à celles de ce dernier animal ; cela auroit confirmé ou infirmé ce que nous avons dit précédemment au sujet de l’influence des mâles et des femelles dans la génération de ces animaux. 1°. Cette jeune femelle de la troisième génération avoit par son air, sa marche, sa manière de courir, et la faculté qu’elle avoit de hurler, beaucoup d’analogie avec le loup : on ne l’a point entendue aboyer; mais le ton et les inflexions de _sa voix, lorsqu'elle hurioit, étoient exac- tement les mêmes que ceux du loup. 2°, Elle avoit aussi, comme le loup, le corps fort épais de bas en haut vers le ventre, et plus élevé au train de devant 06. HISTOIRE NATURELLE qu’à celui de derrière, qui alloit en s’a: _baissant fort sensiblement jusqu’à l'ori gine de la queue. 3°. Elle ressembloit en- core au loup par la forme de sa tête, dont ? le museau étoit épais auprès des yeux et mince à son extrémité, et par les oreilles, qui étoient courtes, droites et terminées en pointe ; 4°. par les dents canines, qui, à proportion de la taille de l'animal, étoient plus grandes et plus grosses que celles des chiens ordinaires. Voilà les principaux caractères qui rapprochoiïent cette femelle de l’espèce du loup, et qui paroissent avoir été transmis à toutes les femelles de la première génération. Nous rémarque- rons seulement que dans la p'anche qui représente la femelle de la seconde géné- ration, c’est-à-dire, la mère de celle que nous décrivons ici, les oreilles sont à. demi courbées, parce que l’animal étoit jeune lorsqu'il a été dessiné, et que ses oreilles n’avoient pas encore acquis la propriété de se tenir tout-à-fait droites ; mais depuis elles l'ont été, et ont eu la même forme que celles des autres femelles. | Nous ajouterons encore que la femelle de EE* WT M DES CHIENS. 97 la troisième génération dont il s’agit dans cette description , avoit la queue longue, bien fournie de poil, et exactement sem- blable à celle du loup; et que, par ce dernier caractère, elle sembloit s'éloigner desagrand’mère et de samère,quiavoient la queue courte, et se rapprocher de son aïeul et de son père, qui avoient la queue fort longue. Elle tenoit de son père, 1°. par la cou- leur brune mélangée de grisâtre qu’elle avoit sur le dos, les côtés du corps, le dessous du cou, et par le noirâtre qui étoit sur la tête et sur le front. Nous ob- _serverons au sujet de cette couleur du poil, que dans la planche qui représente le mâle de la seconde génération, c’est-à- dire le père de la femelle dont il est ici question , le poil est d’une couleur plus brune , parce que ce mâle, qui a été des- siné à l’âge de six à sept mois, n’avoit pas encore acquis sa véritable couleur, la- quelle a été ensuite à peu près semblable à celle de la femelle dont nous parlons ici, c’est-à-dire, bruue mélangée de gris. Nous ajouterons que cette femelle avoit Fe URELLE LA À de plus que son père etsa mère , du noi- fâtre sur toute la partie suyéien} di -du museau. 2°. Elle tenoit de son père par le gris mélangé de blanc sale qu’elle avoit sous le corps depuis le bas de la poitrine jusqu’ auprès du ventre; par le roussâtre qui étoit sur le côté extérieur des jämbes, sur les côtés du nez et sur le dehors des oreilles, où il étoit nuancé de brunâtre, et par le noirâtre qui bordoit les oreilles ; par ie blanc qui étoit sur la surface inté- rieure ‘des oreilles , le bas des joues, la mâchoire inférieure, la partie intérieure des cuisses et des jambes, et sur le bas- ventre et autour de l’anus : mais nous de- vons remarquer à ce sujet, que, dans tous les individus mâles et femelles de cette race de métis, il y avoit toujours eu plus ou moins de blanc sur toutes ces dif- férentes parties, et que par conséquent les pères et les mères peuvent avoir éga= lement contribué à leur transmettre cette couleur. 3°. Enfin cette femelle tenoit de son père par la couleur de tous les ongles, et par la forme et la situation des yeux, dont les orbites étoient, comme dans le | 98 HISTOIRE N/ Sa | LE ONE AN ñ $ | DES CHIENS. 99 chien, posées à peu près horizontalement; mais elle tenoit du père et de la mère par la qualité du poil, qui n’avoit point de duvet à sa racine , et qui, sans Ctre aussi rude au toucher que celui du loup, l’étoit néanmoins beaucoup plus que ce- lui du chien. 4. tm En comparant cette description avec les précédentes, on'verra qu’elle tend à confirmer la plupart des raisonnemens que nous avons déja établis au sujet de ces animaux métis ; cependant il est vrai que la mère ne paroissoit pas avoir influé ici sur la forime des yeux, qui, dans toutes les femelles , ont toujours été inclinés comme ceux du loup, tandis que ceux de notre femelle, troisième génération, étoient posés horizontalement comme ceux du père, ou plutôt comme ceux du chien : d’ailleurs, au lieu d’avoir la queue courte et émoussée comme sa gsrand'mère et sa mère, elle l’avoit au contraire fort longue et traînante; ce qui semble indiquer qu'ici le mâle avoit plus influé sur ces différentes parties, que les autres mâles dans les générations précé- dentes. Au reste, tous ces faits bien consi- ali No ORPI ul 100 HISTOIRE NATURELLE dérés ne détruisent pas ce que nous avons précédemment établi, puisque nous avons toujours cru que les mâles influoient plus que les femelles sur la forme des extrémi- tés du corps ; mais, malgré ces expériences déja réitérées , on sent bien qu’il n’est guère possible de rien établir encore de bien positif sur l'influence réciproque des mâles et des femelles dans la génération; et qu'elles ne suffisent pas pour recon- noître et saisir la marche ordinaire de la Nature. Il y a tant de causes qui peuvent induire en erreur dans un sujet aussi dé- licat , que quelque sagacité que puisse avoir un observateur naturaliste, il aura toujours raison de se méfer de ses opi- nions, s’il n’a pas un corps de preuves complet pour les appuyer. Par exemple, 1l est assez probable que s’il y a de la dif- _ férence dans la vigueur et le tempéra- ment de deux animaux qui s’accouplent, le produit de cet accouplement aura plus de rapport avec celui des deux qui aura le plus de vigueur et de force de tempéra- ment; et que si c’est le mâle qui est supé- rieur à cet égard, les petits tiendront plus du père que de la femelle. DES CHIENS. ‘se DU MALE, QUATRIÈME GÉNÉRATION. L4 femelle de la troisième génération étant devenue en chaleur, fut couverte par son père , et mit bas au printemps de l’année 1781 quatre petits, tant mâles que femelles , dont deux furent mangés par le père et la mère. Il n’en resta que deux, l’un mâle et l’autre femelle. Ces jeunes animaux étoieut doux et cares- sans ; cependant ils étoient un peu vo- races , et attaquoient la volaille qui étoit à ia proximité. | Le mâle de cette quatrième génération conservoit toujours la physionomie du loup. Ses oreilles étoient larges et droites ; son corpss’alongeoiten marchant, comme celui du loup; la queue étoit un peu cour- bée et pendante entre les jambes, Il tenoit encore du loup par la couleur du poil sur la tête et sur le corps. Ÿ 102 HISTOIRE NATURELLE A l’âge de près d’un an, sa longueur ; mesurée en ligne droite du bout du nez à l'anus, étoit de deux pieds huit pouces six lignes, et, suivant la courbure du corps, de trois pieds quatre pouces neuf lignes , | Il avoit les paupières , le nez et les na- rines noirs, les joues blanches, ainsi que le dessous de la mâchoire inférieure , et l'on voyoit aussi du blanc à la poitrine et sur les faces internes. des jambes et des cuisses ; le dessous du veutre, en gagnant la poitrine, étoit d'un blanc sale tirant + sur le jaunâtre. La queue avoit neuf pouces six lignés de longueur ; elle étoit grosse et garnie d’un poil touffu et assez court, noirâtre au-dessus de la queue, jaunâtre en-des- sous , et noir à l'extrémité. | 14, 0 T4 1.CHIEN MULET FEMPBLE Z * Generation :| 2RÈËNARD BLANC. DES CHIENS. 103 DE LA FEMELLE, QUATRIEME GÉNÉRATION. CG: TTE louve-chienne, de la méme por- tée que le lonup-chien précédent, tenoit de sa bisaïeule la louve par sa physiono- mie , son regard , ses grandes oreilles et la queue pendante entre les jambes. Elle _étoit un peu plus petite que le mâle, et plus légère dans les formes du corps et des Jambes. Au même âge de près d’un an, sa lon- gueur du bout du nez à l’anus, mesurée en ligne droite, étoit de deux pieds quatre pouces une ligne, et, suivant la cour- buüre du corps, de deux pieds huit pouces neuf lignes ; ce qui faisoit quatre pouces cinq lignes de moins que dans le mâle. Cette femelle en différoit encore par les Sormes du corps, moins lourdes, et te- nant plus de son bisaïcul chien: elle avoit 304 HISTOIRE NATURELLE la tête plus alongée et plus fine que son frère, la queue beaucoup plus longué, ainsi que les oreilles, dont l’extrémité étoit tombante, au lieu qu'elle étoit droite dans le mâle. Les couleurs de son poil tenoïient en général beaucoup plus de celles du chien que de celles de la louve dont elle tiroit son origine. | Le bout du nez, les naseaux etleslèvres étoient noirs. Elle étoit encore plus douce et plus craintive que le mâle, et souffroit plus patiemment les châtimens et les coups. [4 DES CHIENS. to SUITE DES CHIENS MÉTIS. M. Leroy, lieutenant des chasses et inspecteur du parc de Versailles, par sa lettre du 13 juillet 1778, m'a fait part des observations qu'il a faites sur le chien- loup que je lui avois envoyé. « J'ai, dit- «il, à vous rendre compte des chiens- « loups que vous m'avez confiés, D'abord «ils ont produit ensemble , comme ils « avoient fait chez vous. J'en ai donné « deux à M. le prince de Condé ; M. d’A- « mezaga doit lesavoir suivis, et il pourra «< vous dire ce qu'ils ont fait. J’en ai gardé «un, pour voir s’il deviendroit propre à « quelque usage. Dans son enfance, on « l’a laissé libre dans une maison et dans < un grand enclos. Il étoit assez familier « avec les gens de la maison, se nourris- « soit de tout, mais paroissoit préférer 106 HISTOIRE NATURELLE &« À À À À À la viande crue à tout le reste. Sa figure ressembloit beaucoup à cellé du loup, à la queue près, qui étoit plus courte, mais qui étoit tombante comme celle: des loups. Il avoit suï-tout dans la phy- sionomie Ce /o7vus quisappartient parti- culièrement au loup.Sa manière de cou- rir et de marcher étoit absolument sem- blable à celle de cet animal. Lorsqu'il étoit appelé par quelqu'un de ceux avec lesquels il étoit le plus familier , il ne venoit jamais directement à lui, à moins qu'il ne füt exactement sous le vént;. sans cela, il alloit d’abord prendre le vent, et ne s’approchoit qu'après que le RENE de son nezavoit assurécelui de ses yeux. Eu tout il n’avoit rien de la gaieté folâtre de nos jeunes chiens, quoi- qu'il jouât quelquefois avec eux; toutes ses démarches étoient posées et annon- #1 coient de la réflexion et de la méfiance. Il avoit à peine six mois, qu'on fut obligé de lenchaîner, parce qu’il com- mencoit à faire une grande destruction de volailles. On avoit essayé dè le COrTI- ser ; mais, outre qu'il n’étoit mi aisé ni, “1 DES CH TDENS: 107 « sûr de le saisir, le châtiment ne pro- « duisoit eu lui que de l'hypocrisie. Dès « qu'il n’étoit pas appercu, son penchant « à la rapine agissoit dans toute son éner- « gie. Parmi les volailles , il préféroit sur- « tout les dindons. Lorsqu'on le tint atta- «ché, sa férocité ne parut pas s’augmen- « ter par la perte de sa liberté. I1ne devint « pas non pluspropre à lagarde:ilaboyoit « rarement : ses aboiemens étoient courts « et ne marquoient que l’impatience; 1l « grondoit seulement quand il étoit ap- « proché par des inconnus, et la nuit il « hurloit souvent. À l’âge d’un an, je l'ai & fait mener à la chasse; et comme il « paroissoit hardi et tenace, J'ai voulu « essayer s'ii donneroit sur le sanglier : «mais son audace lui à été funeste ; il a « succombé à la première épreuve. On l’a « lâché avec d’autres chiens sur un san- « glier qu'il a attaqué de front, et qui l’a « tué tout roide. Voilà l’histoire de cet «individu. « J'ai marié son père, l’un de ceux que « veus aviez donnés, avec une jeune « louve que nous avions à la ménagerie. ” + LAN EREES RE PAR TT à "14 #7". 1 CARTE SU 108 HISTOIRE NATURELLE « Comme ïl étoit plus foft qu’elle, la « commencé par s’en rendre le maître , et « quelquefois il la mordoit des trhbito «ment, apparemment pour l'assujettir. : « La bonne intelligence s’est ensuite réta- « blie : lorsque la louve a eu environ dix- « huit mois, elle est devenue en chaleur, « elle a été couverte, et il en estvenu trois « petits qui tiennent beaucoup moins du «chien que les individus de la première « production ; entreautres choses, le poil «est pareil à celui du louveteau. Une « chose assez rare, c’est que cette louve « étant pleine, et à un mois près de mettre « bas, elle a souffert le mâle ; #l Pa cou- « verte en présence d’un des garcons de la « ménagerie , qui est digne de foi. I dit « qu'ils sont restés attachés un moment « ensemble, mais beaucoup moins long- « temps que ne restent nos chiens... Je « fais élever séparément deux de ces lou- « veteaux, pour voir si l’on pourra en « tirer quelque parti pour la chasse; je les « ferai mener de bonne heure en limiers, « parce que c’est de cette seule manière « qu’on peut espérer d'eux Es doci: d. DES CHIENS x « lité. Je donnerai le troisième pour mari « à la louve, afin que l'on voie quel degré « nee conservera sur la troisième « génération, la race du grand-père qui _« étoit un chien. » Ÿ é 1 d'Ems ! Quadrupèdes. XII. 10 BAUER 1R-:HISTOIRE NATURELLE ‘ f 9:19 + nr Te ne $ " d'a en % PR fr" CE * LA AE - L'EGLISE SO AMONE. GA AO RE 114 # HF Cr ’ té CT HET \ Li "ee 1 y / rad À ê Fr TT Te "Fe SUN RER EE FD,5a40 V 1142 1:28) RO dent PS KA ER à, fe IE es à : LL» %. « ’ “or + PE n| re mu Yu uen 17 2% rurtr : NN 4 4 # H L À 424 14 2.08 4,24 21 + ikAN 1 3? _ SECONDE SUITE : L RER , MOVE PS | ve » ren mea br : er y VERTE CS JAI th uÉR LOUE r if a 13 OO EE. 4) f; T2 ll 722 . ÿ 2 : , (42 i w, si à + '".2v DES CHIENS MÉTIS. A ce premier exemple de la production très-certaine d’un chien avec une louve, nous pouvons en ajouter d’autres, mais dont les circonstances ne nous sont pas à beaucoup près si bien connues. On a vu eu Champagne, dans l’année 1776, entre Vitry-le-Francois et Châlons, dans une des terres de M. le comte du Hamel, une portée de huit louveteaux, dont six étoient d’un poil roux bien décidé, le septième d’un poil tout-à-fait noir, avec les pattes blanches, et le huitième de couleur fauve mêlée de gris. Ces louve- teaux, remarquables par leur couleur ; n’ont pas quitté le bois où ils étoient nés, et ils ont été vus très-souvent par les ha- bitans des villages d’Ablancourt et de Ia L'e [4 P 4 & x 4 ai (DES CHIENS : nr Chaussée, voisins dece bois: On'm'’a as- suré que ces louveteaux piovenotent:de 1 'accouplemrent d'unchiemavécunelouve, parce que lér louveteaux" roux! Fessénr- ‘bloient au point de sy méprendié; à un ‘chien du voisinage: Néatitioins/avec cétte présomption ; il faut ecorésapposer que “lé chien ‘roux, père”détés métis, avoit éw'pour "père ow pdt?! shère un se Tde ÉbiEs les peaux de ces jeurrès dnintaux | -nrént ete apportées du Fardin: il Foi ÿ ét ‘n'éonsultäntün pélletier, ar lés a bise aprèfier coupid'éti?, pour des peaux de AfEns: mais, en As ekaninant debplus | brès, il ä réconnw Les” dentsortes de pôils qui “dstingtéiit lc loup'et les-autiés ani- Maux Säuvages des. chièns domestiques. C’est à M. dé Cérñon que Je dois la con- noissanée dé’ ce fait, ct c’ést lui qui à eù là bonté de ous envoyer les péaux pôur les 'exariiner Il m'a: fait lhonrieutr dè ii'éérire-whe Tettre du” 58 vétébre 3776 , dôfit Voici Péxtagérn! 6 roc 1e LE? Goût fété" pris at 4 vid re pou « eépendant iline put:passié saisir car «tetamimal blessé se fourra dans un ter rien où:ill à été perdu. tit }9 :o4):u109q :l« Le garde-chasse: de M; Loisson ; quila «coutumé)de tenidre-des piéges ;:Houva } «ensleswisitant ; un derces louvetéaux” e saiss-parila jambe; étritherpréit pour éfn « chien ; quelques . autres: ‘hôiimes qe _ é‘étoientavec lhi- en pugèréntde mire > «ion sorte qu'après lavoir: tué ils lé bais> « sèrent surila place; ne cote yaWe pas que” «ce fût un louveteau , :prais persuadée «que é’étoit un chien:.1.1.0. Nous en «No yämes - cherché” ce prétend "chier « qwils vénéiciit de tüer!,° et AOUS MéCom+ .. 22 PESTE A TE ROS e #15 + 1199 ETES ‘ 1] ) ? : 3 "190 09 JA » £ H { , NT ‘ 55 À à fih “ TARA PINIEr ) | li U3N iii 07, LA {41 st + CE 1 LLDIC)T # PAR f:3 3.4 : 1) » "P #7 sie: LIDES CHIENS: © rrè ma TES y : À Covarine EXEMPLE DU PRODUIT. D'UN CHIEN ET D'UNE 4 91 “LOUVE. «x a été attaqné, le 11 août 1784, dans « lés bois de Sillegny , à trois lieues de « Metz, un jeune loup mâle qui a été pris « en plaine, après une heure de chasse, « par l'équipage dela louveterie.Le pelage « de ce loup n’est pas semblable à celui « des loups ordinaires ; il est plus rouge et « approche de celui du chien. Sa queue « estconforme à celle du loup; sesorcilles, « au lieu d’être droites, sont ie tes « depuis le milieu de l'oreille jusqu'aux « extrémités ; ses yeux sont plus grands « que ceux des loups ordinaires, dont il « paroît différer aussi par le regard ; l’ex- - « trémité de ses pieds de derrière près des « ongles, est blanche; et en tout, cet ani- 1 LATE fa TE WA PAL PT RSR NE MER PA UM + SE à ; dr ls MARRANT 2 1 the) À v u. pa Lie Pen 220 HISTOIRE, NATU REL] | < mal paroît tenir autant du sgh que du 1 «loup; ce qui feroit présumer qu'il a été « engendré par une lonye couYere par un «chien. D ba dun Re « On a eh les chiens de l'étran- «gler , et M. le comte d’'Haussonville ; KR « grand louvetier deFrance, le fait élever « pour l'envoyer à la HÉREE On a « déja observé qu'il lape de la même « manière AE les chiens. ». L : à 52 ; } à mob d D'SUACUE DO NUS 2 De CINQUIÈME EXEMPLE DU PRODUIT D'UNE LOUVE AVEC UN CHIEN. «Es 1774 . parut une louve en basse « Normandie, qui se retiroit dans le bois « de Mont Castre: proche le’ château de « Laune et le bourg de la Haye-du-Puits. « Cette louve ayant pris plusieurs bes- « tiaux dans les landes et marais des en. « virons , les habitans du canton lui don- «nèrent la chasse, firent des battues à : « différentes reprises, mais toujours. en. « vain : l'animal, fin et subtil, sut s’es- « quiver; ils parvinrent seulement à l’ex- « puiser du pays, après qu’il y eut séjourné « près d’un an. « Mais ce qui étonna beaucoup dans les « battues que l’on fit, fut de voir plu- « sieurs fois avec cette MA un chien de 2 à 11 322 HI STOIRE AT « l'espèce du levrier ; qui s’étoit joint à <élle, et qui appartenoit au seigneur de « la paroisse de Mobee voisine de la forèt « de Mont-Castre. _«On sut que cette louve. étantsans < doute en chaleur, venoit 1 nuit dans « les environs de: sue maison du seigneur «de Mobec, faire des hurlemens pour « attirer à elle le chien, qui en effet alloit « la joindre ; : ce qui fit Pa des représen- &tations au seigneur de Mobec pour se « défaïre dé son chien, qu’en effet il fit tuer "1" | «Mais la louve étoit pleine; elle mit bas « Ses pétits peu de temps après. Les habi- « fans en trouvèrerit cinq; on en apporta « deux au château de Laune. Le curé d’An- « goville en éleva péudant quelque temps | «< un qui paroissoit tenir du. loup et du « chien; maïs il devint si méchant et si & fat dsté's à la’ basse-coûr , qu'on fut obligé « de le faire tuer. « Le levrier tué, les petits louveteaux « pris, la Jouve ne reparut plus dans le & pays. : _« ['est certain qu *eHé étoit pleine IR d MES CHIENS. : 12 « chien, puisqu'on les avoit vus plusieurs « fois ensemble, qu'il n’y avoit pas de « loup dans le canton, et qu'elle mit bas « ses petits environ ie mois après qu’on « se fut apperou de leur union et des hur- « lemens qu’elle faisoit ne attirer à elle « le chien. «Tout cela s’est passé depuis été de «1774 jusqu’à l'été de 1775, ‘et est à la « connoissance de tous les habitans du « Canton. « On a vu chez M. le comte de Castel. « more un petit chien, âgé d'environ un «an, et d’une assez été forme , que l’on «assuroit provenir d'une petite chienne | « et d’un reard ”: PDP EAN Tous: ces daits confirment cè que les anciens avoient , avant nous, observé où soupconné:; car plusieurs d'eux ont écrit que.les chiens pouvoient s’accoupler et produire.avec les loups et les renards. ÿ æ Extrait dune Jettre écrite de. Paris, le : 12 1e Fri y rre * D'US 0 DLL PS | Nous donnons ici la figure de cet ani- mal, qui manquoit Rae nos volumes précédens. M. le prince Galitzin a eula bonté de demander, à la prière de M. de Buffon, huit souliks, et de donnef tous les ordres nécessaires pour les. faire arriver vivans jusqu'en France. Il s’adressa pour cela à M. le général Betzki, quiles envoya à M. le marquis de Beonsoll alors ambas- sadeur de France.à la cour de Pétersbourg. Ces huit petits animaux arrivèrent vivans à Pétershourg après un long voyage de- puis la Sibérie; mais ils ont péri dans la traversée depuis Pétersbourg er France , quoiqu'on, eüt eu les plus grandes'atten- ‘tions, tant pour leur nourriture que pour les autres soins nécessaires. à leur con$Ser- vation, On avoit recommandé deSibérié!, de ne leur donner à manger que du blé ou du chènevis , de les laisser à l’ air au- tant qu’on re d'empêcher seule- ment que l’eau des grandes pluies ne les LE SOULIK & 72 2 J Paquet ÿ HISTOIRE NATURELLE. 125 inondât dans leur caisse, de leur mettre dans. cette même caisse uue-forte épais- seur: de: sable. assez Jié pour ne, pôuvoir s’ébouler, parce, que, daus leur'état.de nature, ils, font leurs trous dans les,terres légères. ; | Ces animaux: Aa ordinairement les déserts. ; , se, font des tanières sur Îles pentes. des ne. pourvu que le fond de la terre. soit noir. Leurs tanières ne sont pas. égales en profondeur ; ; elles sont. de .sept.ou, huit, pieds de longueur, Jamais, droites. mais tortueuses, nue deux, trois. ; quatre et cinq, Sp à Lie 4 aussi inégale. ayant depuis deux jusqu’à à sept pieds de séparation. Ils pratiquent dans ces tanières différens en- droits, où, en temps d'été, 1ls font leurs provisions pour l'hiver. Dans les terres labourées ils ramassent, pendant le temps de la moisson, les épis de froment, de même que la graine des pois, du lin et du chanvre, qu'ils mettent séparément l’un de l’autre dans les endroits préparés exprès et d'avance à l’intérieur de leurs tamières. Dans les endroits incultes , ils - 11 126 HISTOIRE NATURELLE ramassent dés graines dédifférente Sherbes! En été, ils se nourr issen£ dé grains, ‘d’hér- bes ; de racines ‘ét de jeuries souris! Pour 3 peu qu'ellés soient grosses, Te sôuslik né peut en faire sa proie: Mdéperdamiment des magasins où ces animaux gardent leurs provisions d hiver’, ils se pratiquent encore dans leurs tatièrés des ‘endroits pour reposer, et qui: én sont distans de quelques pieds. Ils rejettent ‘Hèurs ordures hors de leurs retraités. Les femelles portent dépuis deux) jusqu’ à cinq petits; ilsnaissent aveugles et sans poil , et né commencent à voir que quand le poil paroît. On re sait pas au juste le re de la ÉFAEMES a À femelles. " 09 2 PTE 1 y Tim . 13. ZE .9. ag 127. f ñ v, [4 1 : * à PP “4 Ex là , mit À de D . OL À + D - : + | —- : F D KO ps ; = , F .: £ 14 Pr y L t ® ? CC DA D LRU A2, | #,LPaa RAP NP db À à L £ ; ” LT ” C2 15:04 17 247 4 | | Li 4 EC 0 DA + { 5 ; SE cri 32 : À 1 E see la figurede la tatipe > rés qu'elle n’a ‘pas été bien rendué L Pontoppidän assure quela tupe ne se trouve en Norvége que dans la partie oriemtale du pays, et que le reste de ce royaume ést'tellèmerit rempli de roche sde a "elle à he Fa Ê + établir ?. RUMUDE, tal Drruis la rés à du volume dé mon ouvrage Où J'ai donné la descrip- tion de la taupe, il'a paru un très :bôn Mémoire de-M. de la Fdille sur l'histoire naturelle de cet'animal , imprimé en 1769; dont } je” “crois ‘dévoir QE ici l'extrait parce que ce Mémoire contiént plusieurs observations nouvelles et quelques” faits qui ne il'étoient pas connus. ‘ Selon M. de la ne hp pi distine om. 1 Tome I, page 297 ; ; planehe XX VIT, 2 Histoire nalurelle ‘de la Worbége , par Ponwppida. Journal étranger, juin 1756 { 128 HISTOIRE NATURÉLLE + en. Europe ;cinq taupes différentes : AE °, Celle de nos jardins, dont le poil est £a et d’un très-beau noir. 2°, La taupe blanche, qui ne diffère de la taupe noire commune que, par. la cou- leur. Elle est plus commuue. en Hollande qu’en, France, et se trouyeiencore plus fréquemment. do les, contrées Rice trionales.. je ou Sr 17 taupe fauve, pure selon Fée ne se trouve guère que dans le pays d'Aunis, et qui a le poil d’un roux clair, tirant sur le ventre de biche, sans aucune tache nt mélange. Il paroît que c’est une nuance dans l'espèce de la taupe. blanche ;,seule- ment elle est un peu plus;grosse ; mais. M. de la Faille n’en a vu qu’un seul indi- vidu, qui ayoit. été pris;près de. la Ro- LL dans le même terrain. que. la taupe | Le Me AT UN SR | 4°, La taupe jaune ver rdâtee ou FA PRE, de citron, quise trouve dans le, territoire d'Alais en Languedoc. Elle est d'une belle couleur! de citron, et. l’on-prétend jque cette couleur n’est pra qu'à la qualité-de la terre qu'elle habite. C’estentreile bourg { DÉS TAUPES.. 129 d'Aulas et les hameaux qu’on appelle /es Carrières, dans le diocèse d’Alais, que se trouve cette taupe Citron. 5°. La taupe tachetée ou variée qu’on trouve dans plusieurs contrées de l'Eu- rope. Celles de l'Ost-Frise ont tout le corps ‘parsemé de taches blanches et noires ; en Suisse, en Angleterre et dans le pays d’Au- nis , elles ont le poil noir varié de fauve. Indépendamment de ces cinq races de ‘taupes qui:se trouvent en Europe, les voyageurs parlent d’une taupe de l’île de Java, dont les quatre pieds sont blancs, ainsi que la moitié des jambes ; en Amé- rique, celles de Virginie ont Le poil noi- râtre et luisant, mêlé d'un pourpre foncé. Toutes ces taupes ne paroissent être que de simples variétés de l'espèce de la taupe commune , parce qu'elles n’en diffèrent queparles couleurs ; mais il yen a d’autres qui semblent constituer des espèces diffé- rentes, parce qu'elles diffèrent de la taupe commune , non seulement par les cou- leurs, fi ii par la forme du épi a et ‘des membres. | 1 VE et FORNOT Ab dx qu 130 HISTOIRE NATURELLE et, va "D TAUPE DU CAP DE BONNE. ESPÉRANCE, Nous ob ici la figure d’une tag qui se trouve au cap de Bonne-Espérance, . et dont la peau bourrée nous a été donnée par M. Sonnerat, correspondant du-Cabi+ net. Cette taupe ressemble assez à la taupe ordinaire par la forme du corps, par les yeux qu’elle.a très- -petits, par les oreilles qui ne sont point apparentes, et par la queue qu’il faut chercher dans le poil , et _ qui est à peu près de la mème longueur que celle de notre taupe ; mais elle en dif- - fère par la tête qu’elle a plus grosse , et par le museau qui ressemble à celui du cochon d'Inde. Les pieds de devant sont aussi différens; le poil du corps west pas noir, mais d’un brun minime, avec un! peu de fauve à l'extrémité dechaque poil; la queue est couverte de grands poils d'un jaune -blanchâtre ; et en général le’ poil de cette taupe du Cap est plus long que celui de la taupe d'Europe: Ainsi l'on doit conclure de toutes ces différences, qué c'est une espèce particulière, et qui, Le Kb; CEA Ru Rte LES ; pi RD ARE à É Tim 13. 7 20. lag 180. Î Prague P. _Zhm .13 . PL .2.Pag.130 ” dun f ÿ TIDESTTAUPES 134 quoique voisine dé celle de lataupe, ne peut pas être née dée comme une simple | variété. | ‘Dévpusrs la publication de l’article ci- dessus ; j'ai recu de M. Allamand une dés- eription. plus exacte de cette taupe du Cap, avec une figure faïte sur Panimal vivant; et que je crois devoir donner ici, comme plus exacte. Voici cé que cet ha- bile naturaliste à publié, cette année 1781, sur cet amimal, qué jé n’avois guère pu qu'indiquer d’après MM. Sonnerat ét de la Caille: | «M. de Buffon. a donné une figure de « cettetaupe, faite d'après une peau Bour= ærée qui lui'a été donnée par M. Sonne- «rat, et il ne lui étoit pas possiblé d’én « donner une meilleure, parce qu'un tel « animal né péut pas être transpôrté vi- « vant en Europe; mais cette figure re- « présentesrimparfaitement son original, «que Je n'ai pas hésité d'en donner'une « meilleure *. M. Gordon m'en a envoyé « le dessin. * Voyez planches II et IV. “HERCT UN ATOS TER : à sal je ve ; 132 HISTOIRE. NATURELLE | «Cette taupe ressemble à à la Ra naire par les habitudes et par la forme du corps ; mais aussi elle en diffère en « des parties si essentielles, que M. de « Buffon a eu raison de diré que c’étoit « une espèce particulière, qui né pouvoit « pas être regardée comme une simple « variété. Sa longueur est de sept pouces ; «et son poil est d’un brun minime; qui « devient plus foncé et presque noir sur « la tête ; vers les côtés et sous:le von) 3 « il est d’un blanc cendré où bleuâtre: 1: «La téte de cette taupe.est presque aussi « haute que longue , et elle est terminée « par un museau tn et non pas. alon- « gé comme celui de nos taupes : cepen- « dant elle a ceci de commun avec ces. « dernières ; c’est que son. muüseau res- « semble à une espèce de boutoir, de cou< «leur de chair, où l’on voit les OUVEr* « tures des narines, comme dans le co= « chon , mais qui n’avauce point'au-delà « des dents *. La gueule. tes < nn < A * Comparez cette description ‘avec qui que M. Daubenton a donnée de la taupe or dinaire, dans le tome II de cet ouvrage, page 291. PORN CDRS, TA UPES. 133 « d'une bande blanche de la largeur de & quatre ou cinq lignes, qui passe au- «< dessus du museau ; il en part quelques « longs poils blancs qui forment une es- « pèce de moustache. Elle a à chaque mû- « choire deux dents incisives fort longues, « qui paroissent même quand la gueule « est fermée ; celles d'en-haut sont de la « longueur de quatre lignes, et celles d’en- « bas de plus de six. Ses yeux sont extré- « mement petits, et placés presque à égale « distance du museau et des oreilles : ils « occupent le centre d’une tache ovale « blanche dont ils sont environnés ; ce ‘. « qui fait qu’ on n’a pas de peine à les trou- « ver, comme dans nos taupes. Ses oreilles « n’ont point de conque qui paroisse en ‘« dehors ; tout ce qu’on en voit extéricu- «rement, consiste dans l’orifice du canal « vus qui est essez grand, et dont le « rebord a un peu de saillie. Cet orifice « est aussi placé au milieu d’une tache « blanche. Enfin il y a une troisième tache « de la même couleur au-dessus de la « tête ; et c’ést à cause de ces différentes _« taches qu’on la nommeau Cap, blesmol, 12 A FRE LP CP ; NME TL À 4 Hs 534 HISTOIRE hrbR Lee de « ou taupe rachetée. Ses pieds ont tous cinq « doigts munis de forts ongles : : ils sont «sans poils en dessus ; mais ils en ont « d'assez longs en dessous : ceux c de devant « sont faits comme Ceux de derrière , et. «ils n'ont rien qui ressemble à ceux Êt «taupes d’ Europe, qui sont beaucoup & plus grands que les pieds’ postérieurs , « et dont la figure approche de celle d'une «main dont la paume seroit tournée en « arrière. « Sa queue , quine surpasse pas sept ou « huit lignes, est couverte de-longs poils « dé la mème couleur que ceux de côtés. « Ces taupes ressemblent encore aux « nôtres par leurs habitudes; elles vivent « sous terre; elles y creusent des galeries, « et elles font beaucoup de mal aux jar- « dins. M. Gordon a vu, fort avant dans « l’intérieur du pays, une espèce beau- « COUP plus petite et Fe. couleur d'acier ; « aussi lui en donne-t-on le nom : mais « quaut au reste, elle étoit tout-à-fait sem- « blable à celle que nous venons de décrire. « Ce que nous en avonsditestune nouvelle & preuve du peu d'attention que Kolbe a UE = RP »' . { Le DESAUPES.;-.. 133 «donné à ce qu'il a vu. En parlant de la « taupe du Cap, voici comment 1l s'ex- « pr ime : «Il7y a des taupes au Cap, el même en « fort grande quantité, qui ressemblent, à à tous « évards,à celles que nous avons en Europe: « ainsi je n'ai rien à dire sur Ce Sujet. «Il auroit donc pu se passer d'en. faire « un article où 1l n'est question que du « piége qu'on leur tend, en lui, faisant, « tirer une corde qui as partir un coup « de fusil qui les tue; et même encore je « doute qu’on se donne la peine de faire « tant d'appareil pour un aussi petit ani- « mal que cette taupe : le piége paroît « plutôt être tendu pour une autre taupe - « dont il sera question dans l’article sui- « vant, mais dont Kolbe n’aura connu que « le nom. Cependant il seroit dangereux « de prendre ces animaux avec la main; « ils sont méchans et mordent bien fort. «M. de Buffon, dans l’article intéres- « sant qu'il a donné de la taupe ordi- « naire *, a remarqué que, pour la dédom- « mager du sens de la vue dont elle est * Voyez le tome II de cet Ouvrage , page 293. es 1% HISTOIRE NATURÉLLE. dre « presque privée, la Nature lui a accordé « avec magnificence les organes qui ser- « vent à la génération. La taupe du Cap « auroit besoin du même dédommage- | < ment ; mais J'iguore si la Nature a été si « libérale à son égard. « Dans le Journal d’un voyage entrepris « par l’ordre du gouvernement du Cap, «il est dit, dans une note de l'éditeur, < que cette taupe ressemble plus au hams- « ter qu'à tout autre animal de l’Europe. « Je ne comprends pas où l’auteur de cette «note trouve la ressemblance. Si l’on « compare la figure que J'en donne ici « avec celle du hamster qui se trouvedans « le tome Vide cetouvrage,jedoutequ on « trouve aucûn rapport entre elles. » TAUPE DE PENSILVANIE. « ti ya, dit M. Kalm, en Pensilvanie « une espèce de taupe qui se nourrit prin- « cipalement de racines. Cet animal se «creuse dans les champs de petites allées « souterraines, qui se prolongent en for- « maut des détours et des sinuosités...,.. { RES TAUPE S 139 « Il a dans les pattes plus de force et de « roideur que beaucoup d’autresanimaux, « à proportion. de leur grandeur... Pour « creuser la terre, àl se sert de ses pieds « comme.,des avirons». M. Kalim en mit undausson mouchoir; il s’'apperceut qu'en moins. d'une, minute il y avoit fait quan- tité de petits trous, qui avoient l'air d’a- voir été percés avec un poincon......l étoit,très-méchant ; et dès que l’on met- toit ou qu'il'trouvoit quelque chose sur soupassage.,.il y faisoit tout de suite, en, mordant, de grands trous. «Je lui présen- «tai, dit M. Kalm, mon écritoire, qui « étoit d'acier : il commenca d’abord à la « mordre ; mais il fut bientôt rebuté par «la dureté du métal, et ne voulut mordre « après aucune des choses qu’on lui pré- « seutoit. Cet animal n’élève pas la terre «en dôme, comme les taupes d'Europe; « il se fait seulement de petites allées sous « terre: » | | Ces indications ne sont pas suffisantes pour donner connoissance de cet animal, ni même pour décider s’il est vraiment du genre des taupes. 12 FRE D i A m1 red eh. du pkoi : {, “ Re 2e 2 138 HISTOIRE NATURELLE ne LA TAUPE ROUGE D'AMERIQUE. LA première espèce est la: taüpe d'Anié > rique , qui a le poil roux mêlé de-cendré clair, et qui n’à pas les pieds conformés comme ceux de la taupe d'Europe, n'ayañt que trois doigts aux pieds de devant, ‘ét quatre à ceux de derrière: > qui sont à peu près égaux, tandis que ceux des pieds de devant sie très-inégaux , lé doigt exté- rieur étant beaucoup: plié long'que lés deux autres, et armé d’un ongle plus'fort et plus dre à le second doigt est plus petit , et le troisième l’est encore beaucoup plus. J'ai dit à ce sujet, tomé IE. ; page 297, que cette prétendue taupe étôit ün autre animal qüe notre taupe d'Europe, etJe crois devoir persister dans cette épinion, jusqu’à ce qu'elle ait été mieux observée et décrite plus en détail. | 119 LA GRANDE TAUPE D'AFRIQUE. UNE seconde espèce est la taupe.du. cap de Bonne-Espérance, dont nous avons fait mention dans ce volume, page 130. ul ne . a Là Re, À \ . TR É | Tom . 13. PU 12. Zag 139. J Pauquet-S- | $ + DÉS DAUPES. DUTT. ‘129 Ces. taupes fol ; Suivant M. Fabbé, de la Caille, sont plus grosses que: celles d'Europe, et sont si nombreuses dansiles terres du Cap, qu'elles y forment des trous et.des élévations ‘en si grand nombre, qu'on ne peut les parcourir à cheval sans courir risque de broncher à chaque pas. LA TAUPE, DE CANADA. UNE troisième espèce est celle que M. de la Faille a fait graver à la suite de son Mémoire , et de laquelle nous donnons ici la figure. M. de la Faille dit qu’elle se trouve au Canada, et:qu’elle n’a été indi- quée par aucun auteur; et. voici la courte . description qu’il en donne, | 5b : .« Ce quadrupède. n’a de la taupe vul- «gaire que quelques parties ; dans d’au- «tres, il porte un caractère qui'le rap- «proche beaucoup 'plus'de la classe des «rats ; il en a la forme et la légéreté:; sa « queue, ‘longue de trois pouces , est « noueuse et presque nue, ainsi que ses « pieds, qui ont chacun pit doigts ; ils « sont défendus a de petites écailles | RE yso HISTOIRE NATURELLE «brunes et blanches ” qui n’en couvrent « que’la partie supériéure. Cet animal est’ « plus élevé de terre'et moins rampant' « que la taupe d'Europe; il a le corps effilé «et couvert d’un poil noir, grossier, « moins soyeux et plus long;'il à aussi les « mains moins fortes et:plus délicates... « Les yeux sont cachés sous le poil. Le «< museau est relevé d’une moustache qui « lui est particulière, et ce museau n’est « pas pointu, ni terminé par un cartilage « propre à fouiller la terre; mais il est « bordé de muscles charnus et très-déliés, « qui ont l’air d'autant d’épines : toutes « ces. pointes sont nuancécs d’une belle « couleur de rose , et jouent à la volonté. « de l’animal, de facon qu’elles se rappro- « chent et se réunissent au point de ne for- «mer qu’un corps aigu:éet très - délicat ;: « quelquefois aussi: ces muscles épineux. «s'ouvrent et s'épanouissent à la manière- « du calice des fleurs; ils enveloppentet. «renferment le conduit nasal, auquel ils: « servent d’abri. Il seroit difficile de déci- « der à quels autres usages qu’à fouiller. « la terre, cet animal fait servir une par= « tie aussi extraordinaire, . . .. “ ER KL Le" ] F9 auguét. Ps j ! DES TAUPES T41 « Cette taupe se trouve au Canada , où « cependant elle n’est pas fort commune. « Comme elle est forcée de passer la plus « grande partie de sa vie sous la neige, « elle s’accoutume probablement à vivre « en retraite, et sort fort peu desa tanière, « mème dans le bon temps. Ellemanœuvre « comme nos taupes, mais avec plus de « lenteur : aussi ses taupinières sont- elles « peu nombreuses et assez petites. » M. de la Faille conserve dans son cabi- net l'individu dontil a faitgraver la figure, et on lui doit en effet la connoissance de cet animal singulier. | LA GRANDE TAUPE DU CAP. . Nous ajouterons à toutes ces nouvelles espèces de taupes, celle dont MM. Gor- don et Allamand nous ont donné la des- cription et la figure, sous la dénomina- tion de grande taupe du Cap , où taupe des dunes , et qui est en effet si grande et si grosse, en comparaison de toutes les autres, qu’on n’a pas besoin de lui don- ner un autre nom que celui de grande k Vu 7 Eau db 56 ï DE PT LS des AT. . CUT ÿ + Vu. CU hs M 7, d 342 HISTOIRE NATURELLE jaupe , pour en distinguer et reconnoître aisément l'espèce. « L'animal, dit M. Allamand, qui est « représenté din la planche II, a été jus- « qu à présent inconnu à tous les natura- «listes ; et vraisemblablement il l'auroit « été encore loug-temps sans les soins tou- « Jours actifs de M. le capitaine Gordon, «qui ne néglige aucune occasion Fat « chir l'histoire naturelle par de nouvelles « découvertes. C’est lui quim'’en a envoyé « le dessin. Je nomme cetanimal, avec les « habitans du Cap, la faupe des dunes ; et «c’est un peu malgré moi, je n’aime pas « ces noms composés ; et d'ailleurs celui « de taupe lui convient encore moins qu’à « la taupe du Cap, que j'ai décrite ci-de- « vant. J'aurois souhaité de pouvoir lui « donner le nom par lequel les Hottentots “le désignent ; mais il est lui-même com- « posé et fort dur à l'oreille : c’est celui « de fauw howba. qui signihie taupe hippo- « potame. Les Hottentots l appellent ainsi «à cause de je ne sais quelle ressem- « blauce qu'ils lui trouvent avec ce gros « animal ; peut-être faut-il latchercher DES TAUPES. dE de « dans ses dents i incisives , qui sont très- « remarquables par leur eue Quoi « qu'il en soit, s’il diffère de la taupe à « quelques égards, il a aussi diverses affi- « nités avec elle, et il n’y a point d’autre «animal dont le nom lui convienne « mieux. ; 4 « Ces taupes abritent Hs les dunes « qui sont aux environs du cap de Bonne- « Espérance et près de la mer: on n’en «trouve point dans l’intérieur du pays. Celle dont on voit ici la figure, étoit « un mâle, dont la longueur, depuis le. « museau rade à la queue, ensuivant la « courbure du corps, étoit d’un pied ; sa « circonférence, prise derrière les jambes de devant, étoit de dix pouces, et de « neuf devant les jambes de derrière. La « partie supérieure de son corps étoitblan- . «châtre, avec une légère teinte de jaune, « qui se changeoit en couleur grise sur lés côtés et sous le ventre. «Sa tête n’étoit pas ronde comme celle « dé la taupe du Cap; elle étoit alongée, « et elle se terminoit par un museau plat, « de couleur de chair, assez semblable au À À. A. " ai CS PE EN RE 744 HISTOIRE NATURELLE au: _« boutoir d'un cochon: ; ses yeux étoient « fort petits’, et ses oreilles n ‘étoient mars ‘« quées que par l'ouverture du canal au-, « ditif, placée au milieu d’une tache «nr brte plus blancheque le reste du corps. « Elle avoit à chaque mâchoire deux dents « incisives qui se montroient, quoique la « gueule fût fermée: celles d’en-basétoient « fort longues ; celles d’en-haut étoient « beaucoup plus courtes. Au premier coup « d'œil, il sembloit qu'il y en eût quatre : «elles étoient fort larges, et chacune « avoit par-devant un profond sillon qui « la partageoït en deux et la faisoit pa- « roître double ; mais par-derrière elles « étoient tout-à-fait unies. Ses dents mo- « laires étoient au nombre de huit dans « chaque mâchoire : ainsi, avec les inci- « sives, elle avoit vingt-deux dents en « tout. Les inférieures avançoient un peu au-delà des supérieures : mais ce qu’elles « offroient de plus singulier , c’est qu'elles « étoient mobiles, et que l'animal pou- « voit les écarter ou les réunir à volonté ; faculté qui ne se trouve dans aucun « quadrupède qui me soit connn. t \ À À « << « « « « DES TMUPESTeI 145 « Sa queue étoit plate et de la longueur de deux pouces six lignes; elle étoit cou- verte de longs poils, qui‘, de même que ceux qui formoient ses moustaches, et ceux. de dessous ses pattes, étoientroides comme des soiés de cochon. fé » « IL y avoit à chaque pied cinq doigts, munis d'ongles tort: lougs et blanchä- tres. «Onvoit, par cette description, que si ces anñhaux surpassent de beaucoup lés autres taupes en: grandeur et en grosseur , ils leur ressembleut par les yeux et par les oreilles : mais il y a plus encore, ils viventcommeelles sous terre; ils y font des trous profonds et de longs boyaux ; ils jettent la terre comme nos taupes, en l’accumulant en de très-gros monceaux : cela fait qu’il est dangereux d’aller à chéval dans les eux oùils sont; souvent il arrive que les jambes des chevaux s’enfoncent dans ces trous j}us- qu'aux genoux. « Ilfautque ces taupes multiplient beau- coup , car elles sout très-nombreuses. Elles vivent de plantes et d'oignons, et Quadrupèdes, XIII. 15 146 HISTOIRE NATURELLE. « par conséquent elles causent beaucoup _ « de dommage aux Jardins qui sont près « des dunes. On mange leur chair, eton. « la dit fort bonne. | « Elles ne courent pas vîte, et en mar= « chant elles tournent leurs pieds en de- « dans, comme les perroquets ; maïs elles « sont très-expéditives à creuser la terré. « Leur corps touche toujours lé sol sur « lequel elles sont. Elles sont méchantes; « elles mordent très-fort, et il est ASE « reux de les irriter. "ADDITION A L'ARTICLE DE LA ROUSSETTE »r DE LA ROUGETTE;, CET A L'ARTICLE DES CHAUVE-SOURIS? J'ar trouvé dans une note de M. Com- merson, qu'il a vu à l’île de Bourbon des milliers de grandes chauve-souris ( rous- settes et rougettes ) qui voltigeoient sur le: soir. en bandes , comme les corbeaux , et se posoient particulièrement sur les arbres de vaccoun ; dont elles mangent les fruits. IL ajoute que, prises dans la bonne saison, elles sont bonnes à manger, que leur goût approche absolument de celui du lièvre, et que leur chair est également noire. 1 Tome IV, page 57. . ? Tome IT, page 298. [| 4 ; acer à Ml RONA À CROP : SOEUR + x \: ra dl sv la Ft } n pas À k EE + : 148 HISTOIRE NATURELLE —— | Feu M. de la Nux, qui, étoit. mon Fr 14 respondant dans A inéme île’, m'a en- voyé, depuis l'impression demonouvrage, quelques observations , et de très- bonnes réflexions Mesa: ce’que j'aiditde ces animaux , tome IV, page 57. Voici l'extrait d’une très-longue lettre, fort ins- tructive,,. qu'il m'a écrite, à ce sujet de l’île de FA Do le 24 octobre 1772 : « J'aime co Lou , me dites -vous, « Monsieur, dans votre lettre du 8 mars «1770, J'aime également quelqu'un qui m'apprend une vérité ou quiiné relève « d’une erreur : ainsi écrivéz-moi, 3€ «vous supplie, en toute liberté et toute « franchise... Oh!pourlecoupjé réponds, « Monsieur, on ne peut pas nieux à votre « noble invitation. Je n’ai point hésité de «me livrer aux détails, ét'je'ne veux « point excuser ma prolixités" bicn'fâché «même de n’en savoir pas plus sur les «roussettes , pour avoir à vous en dire « davantage. Les preuves ne peuventêtre trop multipliées (me semble), quand il « s’agit de combattre des erreurs accrédi- « tées depuis long-temps.. L'on diroit que À À w ». DÉMBA ROUSSETTÉ 7149 « l'on m'a vu ces animaux qu'avec les « yeux de l’effroi ; on les a trouvés laids, :< monstrueux ; et, sans autre examen « que la première inspection delcur figure, « on leur a fait des mœurs, un caractère « et des habitudes qu'ils n’ont point du tout, comme si la méchanceté, la féro- «cité, la mal-propreté, étoient insépa- « rables de la laideur.» M. de la Nux observe que , dans ma des- cription *, le volume de la roussette est exagéré, ainsi que le nombre de ces ani- -maux; que leur cri n’a rien d’épouvan- table. Il ajoute qu’un homme ouvrant la bouche et rétrécissant le passage de la voix en aspirant et respirant suCcessive- ment avec force, donne à peu près le son rauque du cri d’une roussette , et que cela n’est pas fort effrayant. Il dit encore que quand ces animaux sont tranquilles sur un grand arbre, ils ont un gazouille- ment de société léger, et qui n’est point déplaisant. Page 62. «Pline a eu raison, dit-il, de « traiter de fabuleux le récit d'Hérodote : 2 /Fome Ver - UE 24 * 15 159 HISTOIRE NATURELLE ‘à « les roussettes , les rougettes , au moins _« dans cesîles , ne se jettent point sur les « hommes ; elles les fuient, bien loin de « les attaquer. Elles mordent, ét mordent « très-dur ; mais c’est à leur corps défen- « dant, mitand elles sont abattues, soït « par le court-béton, soit par le coup de « fusil, ou prises dans des filets ; et . « conque en est mordu ou égratiguil: n’a « qu'à s’en prendre à sa rhulibdrénal et «non à une férocité que l'animal n’a point. À « Le volume des roussettes est ici plus « approchant du vrai. ........ Les « chauve-souris volent en plein jour dans le « Malabar. Cela est vrai des roussettes, ét « non des rougéttes. Les autres volent en « plein Jour : cela veut seulement dire «qu’on en voit voler de temps à autre dans le cours du jour, mais une à une, # e « très-haut et assez pour que leurampleur « paroisse moindre de plus de moitié. « Elles vont fort loin et à tire-d’ailés, et « Je crois très- possible qu'elles traversent « de cette île de Bourbon à l’île de France et point en troupes. Alors elles volent IE Eu R'OUSSETEÆIE. 157 _«æenlassez peu de temps ( la distance est _«aw,A:awoins de trente lieues ). Elles ne «.planent pas comme l'oiseau de proie, « comme la frégate , etc.: maïs dans cette « grande élévation au-dessus de la surface de la terre, de cent, peut-être deux « cents toises et plus , le mouvement de « teurs bras est lent ; il est prompt quand « elles volent bas, et d'autant plus prompt. «-qu’elies sont es proches de terre. «À parler exactement, la roussette ne « vit pas emsociété; le pit d’alimens, « la pâture: les réunissent en troupes, en « compagnies plus ou moins nombreuses. «Ces compagnies se forment fortuite- «nent sur les arbres de haute futaie , ou « chargés ou à proximité des fleurs ou des « fruits qui leur conviennent. On voit Îles roussettes y arriver successivement, se À «prendre par les griffes de leurs pattes de « derrière, et rester là tranquilles fort «long-temps, si rien me les effarouche ; « il y ena cependant toujours quelques «unes, de temps en temps, qui se dé- « tachent et font compagnie. Mais qu'un « oiseau de proie passe au-dessus de € {a HISTOIRE NATURELLE « .& « À À À À « À À À « " | « # Le « « HE: l'arbre, quele tonnérrevienne à die. qu'il setire un coup de fusil ou sur'elles ou dans le canton, ou que; déjäpour- «chassées ctearouchées,elles entrevoient au-dessous d’eiles quelqu'un , soit chas- seur ou autre, élles s’envolent toutes à la fois , et c’est pour lors qu’on voit en plein Jour de cescompagnies qui;'quoi- que bien fournies, n’obscureissent point l'air ; elles ne peuvent voler assez ser- nl rées pour.cela : l'expression estau moins hyperbolique. Mais dire , on soit sur les arbres une infinité de grandes chauve-sou- ris qui pendent aftachées ‘les unes aux autres sur les arbres, c’est dire assez mal une fausseté , où du moins une absur- dité. Les roussettes sont trop hargneuses pour se tenir ainsi par la main ; et, en considérant leur forme, on reconuoît aisément l'impossibilité d’une pareille chaîne. Elles branchent ou au-dessus ou au - dessous ; ou à côté les unes des autres, mais toujours une à une. « Je dois placer icile peu que j'ai à à dire des rougettes. On n’en voit point voler de jour. Elles vivent en société dans de DELA ROUSSETITE.: 153 « grands creux d'arbres pourris, en nom- « bre quelquefois de plus de quatre cents. « Elles nesortent que sur le soir à la grande « brune, et rentrent avant l’aube. L’on « assure, et il passe en cette île pour cons- «tant, que, quelle que:soit la quantité < d'individus qe pertpasent une de ces « sociétés ,11nes’y trouve qu’unseulmäâle. « Je n’ai pu vériñer le fait. Je dois due. j «ment dire que ces animaux sédentaires « parviennent à une haute graisse; que, « dans le commencement de la colonie, « nombre de gens .peu aisés et point déli- « Cats, instruits sans doute par les Mala- « casses, s’approvisionnoient largement « de cette graissé pour en apprèter.leur « manger. J'ai vu le temps où un bois de « chauve-souris (c'est ainsi qu'on appeloit « les retraites de nos rougettes ) étoit une « vraie trouvaille. Il étoit facile, comme «on en peut juger, de défendre la sortie «.de.ces animaux , puis de les tirer en vie _ 3: . 1108) Longueur de ‘la, têl6,4 440 2400 BAT DS HR À Largeur de Ja téte. Mie Rate. ? NA a Epaisseur de la tête... à » 6. Longueur des oreilles. ,......, » RTE à ? _ DES CHAUVE-SOURIS. 1:33 pieds. pouc. lign, Largeur des ometHés Le 4e des a MUR UA Longueur de l’humérus des ailes » F0 Longueur de lavant-bras..... » ADN hopedenciqu Érmur.. 4. » » 7e Longueur des jamhes........ » » Oz Longueur de la queue........ » HUE (CE Longueur de la parue de la queue au-delà de la membrane... » NE En La seconde espèce de chauve-souris, donnée par M. Pallas, sous la dénoimina- tion de sespertilio soricinus, ou chauve-sou- ris-musaraigne , ést du genre de celles qui n’ont point de queue, et qui portent une feuille sur Île nez; mais c’est la plus petite espèce de ce genre : elle est assez commune dans les régions les plus chaudes de l'Amérique, comme aux îles Caribes et à Surinam. Il paroît que la fi- gure en a été donnée par Edwards *. Cette chauve-souris a le museau plus long et plus menu que les autres, et c’est ce qui fait qu’elle a aussi un plus grand nombre de dents. La langue est très-sin- * Planche CCI, foure 1. 15 / : : à Mar 174 HISTOIRE NATURELLE gulière, tant par sa longueur que par sa structure. Le mâle et la femelle ne dif- fèrent presque en rien que par les parties sexuelles. pieds. pouc. lign. | Envergure.f, : Gé sx 44 PRES CS US À Longueur de l’animal jusqu’à la queue... a AU SPAS MAUVE 04 Longueur de la iêté 54442. 0 1 SONO ONE Largeur dé laljéte à es » 10 Longueur de la feuille au-dessus Qt DÉS. D 0000 ra NO NS m1 3 Longueur des oreilles... ....... » » 42 Longueur du lobe interne de | Porete ss oi FRAC DE is s 1 D Larseut'de l'oreille: LR ».!. ‘4 Longueur de l’humérus......4, » TO » Longueur de l'avant-bras..... » AT Longueur du fémur.......... » ; 1 6e Longueur des jaxmbes......... » 61104) Longueur des pieds avec les ongles, 4 Mr ed NE » 6 Je renvoie à l'ouvrage de M. Pallas, pour le détail de la description des par- ties extérieures et intérieures de cet ani- mal , que ce savant naturaliste a faite avec beaucoup de soin et de précision. Zom 23. Fr LU .26 Lay .275. SH. Nue pou SLR ARTE — LA GRANDE SEROTINE DE LA GUYANNE LA G°* CHAUVE-SOURIS'FER DE LANCE DE LA GUYANNE JFuqueS, DES CHAUVE-SOURIS. 175 LA GRANDE SÉROTINE DE LA GUIANE. Nous donnonsici la figure d’unegrande chauve-souris qui nous a été apportée de Cayenne , et qui nous paroît assez différente de celle dont nous avons donné la description * sous le nom de vampire, pour qu’on doive la regarder comme for- mant une autre espèce, quoique toutes deux se trouvent dans le même pays. C’est à celle que nous avons appelée séro- iine de notre climat, que cette grosse chauve-souris de la Guiane ressemble le. plus ; mais elle en diffère beaucoup par la grandeur, la sérotine n’ayaut que deux pouces sept lignes, au lieu que cette chauve -souris de la Guiane a cinq pouces huit lignes de lougueur : elle’ a ce- pendant le museau plus long, et la tête d'une forme plus alongée et moins cou- verte de poil au sommet que celle de la sérotine; les oreilles paroissent aussi être * Tone IV} page 58. x26 HISTOIRE NATURELEE - plus grandes, ayant treize lignes de lon- sueur, sur neuf lignes d'ouverture à la base ; en sorte qu'indépendamment de la très-srande différence de grandeur et de l'éloignement des climats, cette chauve- souris de la Guiane ne peut pas être re- gardée comme une variété dans lespèce À" dela sérotine : cependant, commeelleres- _ semble beaucoup plus à la sérotine qu’à aucune autre chauve-souris, nous l’a- vors désignée par le nom de grande séro- tine de la Guiane, afin que les voyageurs puissent la distinguer aisément du vam- pire et des autres chauve-souris 1e ces climats éloignés. Elle ävoit , avant d’être desséchée, près de deux pieds d'envergure, et elle est très- commune aux environs de la ‘ville de Cayenne. On voit ces grandes chauve- souris se rassembler en nombre le soir , et voltiger dans les endroits découverts, sur- tout au-dessus des prairies: les tette-chè- vres ou engoulevents se mêlent avec ces légions de chauve-souris; et quelquefois ces troupes mêlées d'oiseaux et de qua- drupèdes volans sont si nombreuses et si DES CHAUVE-SOURIS. 7:77 -serrées , que l'horizon:en paroît couvert. Cette grande sérotine a les poils du des- sus du corps d’un roux marron; les côtés du corps ; d’un jaune clair. Sur le dos, le poil est long de quatre lignes ; mais sur le reste du corps, ilest un peu moins long que celui des sérotines de l’Europe ; il est très-court et d’un blanc sale sous leventre, ainsi que sur le dedans des Jambes : les ongles sont blancs et crochus. L'enver- gure des membranes qui lui servent d'ailes, est d'environ dix-huit pouces ; ces hésite sont de couleur noirâtre, ainsi que la queue. DU VAMPIRE. M. RovMmME DE SAINT-LAURENT nous a écrit de ia Grenade, en date du 18 avril 1778 , au sujet de la grande-chäuve-souris où vampire de l'ile de la, Trinité. Les re- marques de ce ;udicieux observateur con- firment tout ce que nous avions dit et pensé d'abord sur les:blessures que fait le vampire , et sur la manière particulière dont il suce le sang, et dont se fait l’ex- | PAU US | 178 HISTOIRE NATUREDLE coriation de la peau dañs ces blessures. J'en avois, pour ainsi dire, deviné la mé- canique : cependant l’amour de la vérité et l'attention scrupuleuse à rapportertout ce qui peut servir à l’éclaircir, an’avoient porté à donner sur ce sujet des témot- gnages qui sembloient contredire mon opinion ; mais J'ai vu qu’elle étoit bien fondée, et que MM. de Saint-Laurent et Gaulthier out observé tout ce quej'avois présumé sur la manière dontces animaux font des plaies sans douleur, ét peuvent sucer le sang jusqu'à épuiser le corps d’un homme ou d’un animal, et les faire mourir. $ LA GRANDE CHAUVE-SOURIS FER-DE- LANCE DE LA GUIANE. CETre chauve-souris mâle envoyée de Cayenne par M. de la Borde, est très-com- mune à la Guiane; elle est assez grande ; ayant quatre pouces du bout du museau à l’anus ; ses ailes ont d'envergure seize pouces quatre lignes. Un poil assez serré couvre tout le corps, la téte et les côtés ; ) DES CHAUVE-SOURIS. :79 la membrane des ailes est noirâtre et gar- nie d’un petit poil ras. Elle diffère re chauve-souris communes, en ce qu’elle n’a point de queue. Les oreilles sont droi- tes, un peu courbées en dehors, arron- dies à leurs extrémités , et sans oreillon. Au-dessus de la lèvre supérieure , est la membrane saillante en forme d’un fer de lance, dont le bord est concave à la partie inférieure , et qui diffère par-là de celle du fer-de-lance * , dont les larges rebords ressemblent à un fer à cheval ; cette imem- _ brane est brunâtre comme les oreilles Le poil de cette chauve-souris est très- doux ; couleur de musc foncé sur tout le corps , excepté sur la poitrine et sur le ventre, où cette couleur est un peu gri= sâtre ; les plus longs poils sont sur le dos où ils ont trois lignes de longueur. Il n’y a point de dents incisives à la mâ- choire supérieure, mais il y a deux ca- nes en haut comme en bas, 7 ra Tome VI, plauche XVIIT, page 136. ; pad: Muni va ro HISTOIRE NATURELLE | A. pieds. pouc, lign' à Longueur de la tête, depuis le pe museau jusqu'à l’occiquts.. ue Distance entre le bout du mu- NS seau et l’angle autérieur de l'œil." 21408 62. Distance de l’œil entre l'angle d | Ë postérieur et l'oreille... Ve EAN . Longueur des oreilles. ..,..... >» 2 7 Distance entre la base des deux EP de 2 Gi »" 0: Longueur de l’avant-bras, de- | puis le coude jusqu’au poignet... ‘> 2" 10. Longueur depuis le porgnet juse qu'au bout des doipts.........:. » 5 5. : Longueur de là jambe, depuis le genou jusqu’au talons... ,.:.,t0% 2% 2 440 Longueur: depuis le talon jus- : s CL PEN qu'au bout des ongles.....,..... x OR Longueur totale de l'aile. ..... » Ô. II. Largeur la plus grande J4 poi- ; gnet aux échancrures..s fs. RS AUTRE CHAUVE-SOURIS DE LA GUIANE. CETFE chauve-souris, dont la lon- gueur , du bout du museau à l'anus, est CHAUVE - SOURIS DE LA GUYANNE . k +: à 1 | nm) n » à , * RS 4 ; | > 1: Hs 4 # + 0. A ER _. DES CHAUVE-SOURIS. 18: de trois pouces quatre lignes , a été en- voyée de Cayenne par M. de la Borde. Elle est commune dans la Guiane, et géné- ralement à peu près de la grosseur de notre noctule. Elle a , comme toutes les chauve-souris, les yeux petits, le bout du nez saillant, les joues alongées et applaties sur les côtés ; le bout du nez est large; là distance entre les deux naseaux est d’une ligne et demie ; la longueur de la tête, du bout du museau à l'occiput, est de dix lignes. Les oreilles , qui sont applaties sur les côtés, prennent du milieu du front en formant plusieurs plis, et s'étendent sur les joues en s’applatissant sur le conduit auditif; l’orcillon qui est placé au-devant _de ce conduit, est petit, large et rond à son extrémité. Cette forme écrasée qu’ont les oreilles , et le rebord supérieur qui est saillant , donnent à cette chauve-souris uu caractère qui la distingue de toutesles -autres espèces. Mais un caractère qui lui est encore propre , c’est d’avoir les ailes très-longues et fort étroites ; elles ont quinze pouces deux nes d'envergure ; chaque aile a sept pouces de longueur sur Quadrupides. KXI1LTe 16 PRE » 182 HISTOIRE NATURELLE . deux pouces àsa plus grande largeur. L'os du bras paroît attaché au corps , plus bas que dans d’autres chauve-souris; ce qui balance la grande longueur des aïles. La membrane des ailes, qui couvre les jambes et la queue , est de couleur brune ou gri- sâtre. La queue, enveloppée dans la mem- brane, a treize lignes de longueur; elle est étroite et términée par un petit crochet. Le poil sur le corps a deux lignes et de- mie de longueur; sa couleur est d’un brun marron foncé ou ñoiïrâtre qui s'étend sur la tête; la couleur est moins foncée sous le ventre, et cendrée sur les côtés : la face et les oreilles sont de même couleur que les ailes. Le nez, les joues et les mâchoires sont couverts d’un duvet ou poil très- court. La mâchoire supérieure n’a point d’in- cisives ; il ÿ a de chaque côté une grande canine et une petite dent pointue qui l’ac- compagne. La mâchoire inférieure a deux très-petites incisives qui se touchent ; les deux canines d’en-bas finissent en pointe, et leur côté présente un sillon dans la ca- vité duquel s'appliquent les canines supié- rieures. + Ut À a Le 4 À 4 a, sn #3 si k de ” Lu dir Huy su Thm . 23. LL ,128. Pag.183. : Te , AUTO ‘ o TE 5e C PRE ge 104 hrs F 2 TT) FAIT & Nr 24 MA 2 less K 49 J {auquet +. ADDITION A L'ARTICLE DU GLOUTON. Nous dounons ici la fgure du glouton, qui manquoit dans le tome VI. Cetanimal m'a été envoyé vivant des parties les plus septentrionales de la Russie ; il a néan- moins vécu pendant plus de dix-huit mois à Paris; il étoit si fort privé, qu'il n’étoit aucunement féroce et ne faisoit de mal à personne. Sa voracité a été aussi exagérée que sa cruauté : il est vrai qu'il mangeoit beaucoup ; mais il n’importunoit pas vi- vement ni fréquemment quand on le pri- voit de nourriture, Le dessin représente très-bien cet animal , dont néanmoins J'ai cru devoir donner ici la description. Il avoitdeux pieds deux pouces de longueur depuis le bout du nez jusqu’à l’origine de la queue; le museau noir jusqu'aux sour- cils; les yeux petits et noirs; depuis les sour- cils jusqu'aux oreilles le poil étoit blanc mêlé de brun; les oreilles fort courtes, æ 184 HISTOIRE NATURELLE | | c’est-à-dire ; d'un pouce de longueur ; ; le poil ras sur les oreilles ; sous la mâ- choire inférieure ; il'est tacheté de banc, ainsi qu'entre les deux pieds de devant ; les jambes de devant ont onze pouces de longueur depuis l'extrémité des ongles jusqu’au corps; celles de derrière un pied ; la queue huit pouces, y compris quatre poucesde poil à son extrémité ; les quatre jambes, la queuc et le dessus du dos noirs, ainsi que le dessous du ventre; au nom- bril une tache blanche; les parties de la génération rousses ; le poil roux , depuis les épaules jusqu'à l'origine de la queue; le poil intérieur ou duvet blanc, il n’est pas aussi épais dans ces endroits qué Sur 1e dos ; les pieds de devant, depuis le ta- Jon jusqu'au bout des ongles, longs de trois pouces neuf lignes; cinq ongles fort crochus et séparés, celui du milieu d’un pouce et demi de long ; cinq durillons sous les ongles , quatre se tenant ensem- ble et formant sous lé pied un demi-cercle etunautre au talon; cinqongles demême aux pieds de dette) neuf ‘&urillons et point de talon. Largeur du pred de de- Mipu'éroutTont! vant, deux pouces et demi; longucur des pieds de derrière, quatre pouces’ neuf li- gnes ; largeur des pieds de derrière, deux pouces neuf lignes. Six dents incisives à Ja mâchoire supérieure , dontune de cha- que côté, un peu plus grosse que les qua- . tre autres; deux grosses dents de sept li- gnes delongueur un peu crochues, comme on le voit dans la tête au bas de [a plan- che; cinq dentsimâchelières, dont une du côté de la gorge entre en dedans de la gucule ; et dont deux sout beaucoup plus grosses que les trois autres. Cinq dents mâchelières à la mâchoïireinférieure, dont une fort grosse ; deux grandes dents un peu crochues , et six petites presque ras. Un peu de poil de deux pouces de lon- sueur autour de la gueule et au-dessus des yeux. | Cet animal étoit assez doux ; il craint l’eau , il a peur des chevaux etdes hommes habillés de noir ; 1l marche en sautant, mange considérablement. Quand il avoit bien mangé , et qu’il restoit de la viande, il avoit soin de la cacher dans sa cage et de la couvrir de paille, En buvant , li lape 16 186 HISTOIRE N ATURELLE comme un chien ; il n’a aucun cri. Quand il a bu, il Jette avec ses pattes ce qui reste d'eau par-dessous son ventre. Il est rare de le voir tranquille, parce qu'il se remue toujours. Il mangeroit plus de quatre li- vres de viande par jour si on les lui don- noit; ilne mange point de pain, et mange si goulument presque sans mâcher, qu'il s’en étrangle. | Cet animal, qui n’est pas rare dans la plupart des contrées septentrionales de l'Europe, et même de l’Asie, ne se trouve fréquemment en Norvége, selon Pontop- pidan, que dans le diocèse de Drontheim. 11 dit que la peau en est très-précieuse, et qu'on nele tire point à coups de fusil pour ne la pas endommager ; que le poilen est doux et d’un noir nuancé de brun et de jaune*. Nous donnons aussi la figure d’un ani- mal d'Amérique, dont on a envoyé la peau bourrée à M. Aubry, curé de Saint- Louis, sous le nom de carcajou, mais qui * Histoire naturelle de la Norvège, par Pon- toppidan, Journal étranger, juin 760. Ê " s : * auquel - SP 1 de y à AA ‘ ce bc k : 0e F'EURE « ; DU GLOUTON. 187 n’a pas autant de rapport que je l’aurois pensé avec cet animal que j'ai dit être le même que le glouton de notre nord; car il semble même approcher de très-près de l'espèce de notre blaireau &’Europe : ses ongles ne sont point faits pour déchirer une proie, mais pour creuser la terre ; en sorte que nous le regardons comme une espèce voisine , OU même comme une va- riété de l’espèce du blaireau ; il ne faut que le comparer avec la figure de notre blaireau * pour en reconnoître la ressem- blance. Cependant il en diffère en ce qu’il n’a que quatre doigts aux pieds de de- vant, tandis que notre blaireau en a cinq; mais le cinquième petit doigt , qui paroît lui manquer , peut avoir été oblitéré dans la peau desséchée. Il différoit également du carcajou ou glouton par ce même ca- ractère ; car le glouton a aussi, comme le blaireau, cinq doigts aux pieds dedevant: ainsi nous doutons beaucoup que cet animal, envoyé sous le nom de carcajou, soit en effet le vrai carcajou. Nous joi- * Tome IT, planche XIII, page 295. 2 188 HISTOIRE NA TÜRELLE gnons ici la description de sa peau bou: | rée, qui est bien conservée dans le cabinet de M. le curé de Saint-Louis. On lui a as- suré qu’il venoit du pays des Esquimaux. 13 a deux pieds deux pouces du bout du museau à l’origine de la queue. Quoiqu'il ressemble beaucoup au blaireaw , il en diffère par la couleur et la qualité du poil, qui est bien plus doux , plus soyeux et plus long ; et ce n’est que par ce seul ca- actère qu'il pourroit se rapprocher du carcajou et du glouton du nord de l'Eu- rope. Il est à peu près de la couleur du loup-cervier, d’un blanc grisâtre ; sa tête est rayée de bandes blanches , mais diffé- remment de celle du blaireau.Les oreilles sont courtes et blanches: il a trente-deux dents , six incisives, deux canines fort grosses , quatre mâchelières de chaque côté , et le blaireau en a cinq. Le bout du z est noirâtre. Les poils du corps , qui outcommunément quatre pouces et demi ou cinq pouces, sont de quatre couleurs dans leur longueur, d'un brun clair de- puis l’origine jusqu’à près de la moitié, ensuite fauve clair, puis noirs près de DU GLOUTON. 189 l'extrémité qui est blanche, le dessous du corps est couvert de poils Hu de : : les jam- bes sont aussi couvertes de longs poils d’un brun musc foncé. Les pieds de de- vant n’ont que quatre doigts, et ceux de derrière cinq. Les ongles des pieds de de- vant sont fort grands ; le plus long a jus- qu'à seize lignes, et le plus long dés pieds _de derrière n’en a que sept. La queue n’a que trois pouces huit lignes de tronçon ; elle est terminée par de longs poils qui l'environnent , et qui sont de couleur fauve. R Jr suis persuadé que le carcajou d’A- mérique est le même animal que le glou- ton d'Europe, ou du moins qu’il est d’une espèce très-voisine ; mais Je dois observer que , faute d’être assez informé , Je crois être tombé dans une méprise occasionnée par la ressemblance du nom et de quel- ques habitudes naturelles, communes à deux animaux différens. J'ai cru que le kinkajou étoit le mème animal que le caï- cajou* , et Je n'ai reconnu cette erreur * Tome VI, page 170. 199 HISTOIRE NATURELLE qu'à la vue de deux animaux, dont l'an étoit à la foire Saint-Germain, en 1773, annoncé sur l’affiche, animal inconnu à tous les naturalistes; et il l’étoit en effet. Un autre tout pareil est encore actuellement vivant à Paris, chez M. Chauveau, qui l'a amené de la nouvelle Espagne , et M. Messier |, astronome de l'académie des sciences, l’a nourri pendant deux ou trois ans. C’est celui dont nous donnons ici la figure , et que nous croyons être le vrai kinkajou. M. Chauveau pensoit que:ce pouvoit être un acouchi ou un coati; il dit qu’à la vérité il n’a ni le nez alongé ni la queue annelée du coati, mais qu'il a d’ailleurs le même poil , les mêmes mem- bres , le même nombre de doigts, et sur- tout des dents canines pareilles, et telles que M. Perrault les a fait dessiner pour le coati, c’est-à-dire, anguleuses et canne- lées sur les trois faces. M. Chauveau avoue qu'il diffère encore du coati par sa queue prenante, avec laquelle il se suspend et s'accroche à tout ce qu'il rencontre lors- qu'il veut descendre. « Il ne la redresse même, dit-il, que € DU GLOUTON. TJ « quand ses pieds sont assurés ; il s’en sert « neureusement pour saisir et approcher « de lui les choses auxquelles il ne peut « atteindre. se couche et dort dès qu'il « voit le jour , et s’éveille à l'approche de « la nuit. Alorsil est d’une vivacité ex- « traordinäaire. Il grimpe avec une grande « facilité, et furete par-tout. Il arrache « tout ce qu’il trouve, soit en jouant, « soit en cherchant des insectes: sans cela «on pourroit le laisser en liberté ; et « même, avant d’être en France , on ne « l’attachoit pas du tout, il sortoit et al- « loit où 1l vouloit pendant la nuit, et le « lendemain matin on le retrouvoit tou- « jours couché à la même place. On vient «à bout de l’éveiiler en l’excitant pen- « dant le jour; maïs il semble que le soleil «ou sa réverbération l’effraie ou le sutf- « foque. Il est assez earessant, sans ce- « péndant être docile; il sait seulement « distinguer son maître et lesuivre. Il boit « de tout , de l’eau, du café, du lait, du « vin, et même de l’eau-de-vie, sur-tout « s'il y a du sucre; et il en boit jusqu’à « s’enivrer, ce qui le rend malade pen- 192 HISTOIRE NATURELLE À À À « « À < Ca € A L< . ñ L< LaN < A 16 EN L< Pa L< "“ _« « Le # < ai L< A LS Le A « dant plusieurs jours.. Il mange aussi de - tout indistinctement,, ;du, pain, de la viande, des légumes , des racines, prin- cipalement des fruits; on lui a donné long - temps pour nourriture ordinaire du pain trempé de lait, des légumes et des fruits. Il aime pre os les odeurs, et est très-friand de sucre ét de confitures. « Il se jette sur les volailles, et c’est toujours sous l'aile qu'il les saisit; il paroît en boire le sang ,.et il les. laisse sans les déchirer : quand il a le choix, il préfère un canard à une poule ,!et cependant il craint l’eau. Il a différens cris; quand il est seul pendant la nuit, on l'entend très-souvent jeter des sons qui ressemblent assez en petit à l'aboie- ment d’un chien, et 1l commence tou- Jours par éternuer. Quand il Joue, et qu'on lui fait du mal, il se plaint par un petit cri pareil à celui d’un Jeune pigeon. Quand il menace , il siffle à peu près comme une oie; quand il est en coière , ce sont des cris confus et écla- tans. Il ne se met guère en colère que ( HAPGEOUTON:: 7 155 “quand il a faim; il tire une langue «d'une longueur démesurée lorsqu'il « bâille. C’étoit une femelle, et l’on a cru « remarquer que, depuis trois ans qu’elle « est en France, elle n’a été qu’une fois « en chaleur ; ÊTe étoit alors presque tou- « jours furieuse *. Voici la nero que M. de Sève a faite d’un animal tout semblable, qui -étoit à la foire Saint-Germain en 1975. | « Par le poil , dit-il, il a plus d’analogie « à la loutre qu'aux autres animaux ; maïs «il n’a point de membranes entre les "« doigts des pieds : il _a la queue aussi « longue que le corps, au lieu que celle « de la loutie n’est que moitié de la lon- «gueur du corps. Il a bien en marchant « l'allure de la fouine par son eorps alon- «gé; mais il n'y ressemble pas par la « queue, ni par les formes de la tête, qui « ont plus de rapport, däns cette partie, « à celle de la loutre. L’œil est plus gros « que celui de la fouine, qui a le museau * Note communiquée par M. Simon Chauveau à - M, de Bufon. 17 194 HISTOIRE NATURELLE « plus alongé; la tête, de face, tient un peu du petit chien Anne Il a une langue extrèmement longue et menue , qu'il alonge quelquefois dans la pt 2 cette langue est douce lorsqu'il lèche ; car cet animal paroît être d’un assezbon naturel. Il étoit fort doux ce carémeder- nier , quand J'ai commencé à le dessi- ner : mais le public, qui l’agace, l’a ren- du méchant ; à présent ilmord quelque- fois après avoir léché. IL.est jeune, et ses dents ne me paroissent pas formées, comme Je le dirai ci-après. Il est d’un tempérament remuant, aimant à grim- per; souvent il se tient sur son derrière, segratteavecses pieds de devant comme « les singes, Joue, retourneses pattes l’une dans l’autre, et fait d’autres singeries. Il mange comme l’écureuil, tenant entre ses pattes les fruits ou herbes qu’on lui donne. On ne lui a Jamais donné de viande ni de poisson. Lorsqu'il s'irrite, il cherche à s’élancer, et son cri, dans sa colère , tient beaucoup de celui d’un gros rat. Son poil n’a aucune odeur. Il a la dextérité de se servir de sa queue pour > DU GLOUTON. 195 « accrocher les différentes choses qu'il veut « attirer à lui. Il se pend avec cette queue, « et aime à s'attacher de cette facon à tout «ce qu'il rencontre. J'ai observé que ses «pieds, dont les doigts ont une certaine « longueur, seréunissent volontiers quand «il marche ou grimpe; ils ne s'écartent « point en s'appuyant , comme. font les « doigts des autres animaux, et les pieds « ont par conséquent une forme alongée ; «1l a aussi en marchant un peu les pieds « en dedans. Enfin cet animal ( au dire de « Saint-Louis , oiseleur, rue de Richelieu , « à Paris, qui l’a acheté d’un particulier } « vient de la côte d'Afrique ; on l’appeloit « kinkajou, et l’espèce en est rare. Il se « figure que c’est le nom de l’île ou du « pays d’où il vient, ne pouvant avoir, « par les personnes qui le lui ont vendu, « les éclaircissemens nécessaires. Je dirai « seulement que ce kinkajou , qui est fe- « melle, tient en général plus de la loutre «que des autres animaux, par rapport « aux poils , qui sont courts et épais , mê- «lés de quelques poils plus longs. Les « poils de la tête, comme ceux du corps L! t Et LT 196 HISTOIRE NATURÆLLE ’. « et de la queue, sont d’uue teinte jaune. « olivâtre, mélée de gris et de brun; par « le luisant du poil, qui est changeant à « l'aspect du jour, il forme des tons dif- « férens, plus gris, plus verdâtres (qui « est le dominant ) ou plus bruns. Ce poil « est de couleur grise, blanchâtre dans la « plus grande partie, et d’un fauve ver- « dâtre sale à l'extrémité ; il est mélangé « d’autres poils dont l'extrémité est de «couleur brune , indépendamment de « plus grands poils noirs, mélés plus «ou moins dans les autres poils, et qui forment à côté des yeux des bandes qui « s'étendent vers le front , et une autre, «au milieu qui s’affoiblit vers le cou. « L’œil tient beaucoup de celui de la « loutre; la pupille est fort petite, et l'iris « d’un brun musc ou roussâtre. Le mu- « seau est d’un brun noir, comme le tour « des yeux. Le bout du nez est méplat, « comme aux petits chiens, et les narines « très-arquées. L'ouverture de la bouche « est de quinze lignes. Les dents, qui pa- roissent jaunes, sont au nombre de trente-deux. Dans la mâchoire supé- À > # PL DU GLOUTON. : 197 « rieure, il y a six incisives, comme dans «la mâchoire inférieure, deux canines « au-devaut de chacune , et quatre mà- « chelières de chaque côté aux deux mâ- «choires. Ces dents canines sont très- « grosses ; la supérieure croisel’inférieure: «aussi dans la mâchoire inférieure y a- «t-il un vide entre les incisives et la ca- « nine inférieure pour y recevoir la supé- «rieure. Les mâchelières paroissent peu « fournies , sur-tout les dernières, qui « annoncent la Jeunesse de ce petit ani- « mal. Ainsi il a douze dents incisives, « quatre canines , seize mâchelières, qui « lui font trente-deux dents. Ses oreilles, plus longues que larges , sont arrondies « à leurs extrémités, et couvertes d’un « poil court de la couleur de celui du « corps. Les côtés et le dessous du cou, le « dedans des jambes, sont d’un jaune « doré extrêmement vif par endroits. Cette « même teinte dorée et plus foncée do- « mine dans plusieurs endroits de la tête « et des jambes de derrière. Le ventre est « d’un blanc grisâtre, teint de Jaune par « endroits. La queue est par-tout garnie À ren: :.: DAPE pe y RE HRRA AR UR. U W ) | L #98 HISTOIRE NATURELLE « de poils; elle est grosse à l’origine dr «tronçon, et va en diminuant impercep- « tiblement, et finit en pointe à l’extré- «mité. Il la porte horizontalement en « marchant. Le dessous de ses pattes, qui «est sans poil, est couleur de chair ver- « meille. Les ongles sont blancs, cro- < chus et faisant la gouttière en dessous ». pieds pouc. lign. Longueur du corps entier, prise ea ligoe superficiélle. ...,..4. a 5 6. Longueur du corps entier , mesuré £u digne; drao... 2 cu à: 140 Longueur de la tête, du bout du museau à l’occiput............ » 2 50: Circonférence du bout du museau » 3, 9: Circonférence du museau au-des- QUS GES TOUR sd ht LE D Distance entre le bout du museau : et l’angle antérieur de Pœil.... » Lo Même distance entre l’angle posté- eur de Poil. 4.300 20000006 L' 7: Largeur de l'œil d’un angle à l’au- Le à A NSARNE eNRE MUBUE iU » mé Ouverture de l’œil............4 » » 6; Distance entre les angles pos LÉ DU GLOUTON. pieds pouc. lign. rieurs des yeux en ligne super- SE RE ANR à La même distance en ligne droite Circonférence de la tête entre les MERE oreles ne Longueur des oreilles..,....... Largeur de la base mesurée en TT TL. POTSRRERE A RA PA Pomeuenr (rcou. 2... 0. Liconérence deon. 2... Hauteur du train de devant...... Longueur de lavant-bras depuis le coude jusqu’au poignet. .... Longueur de l’avani-bras près du RE PR EC TE EE Épaisseur de l'avant-bras près du UT A PR A ER ER Circonférence du poignet....... Circonférence du métacarpe..... Longueur du poignet jusqu’au bout eagle. @ SU S R CUaiR Ciconférence du corps, prise der- rière les jambes de devant... Circonférence du corps prise à Pendroit le plus gros......... Circonférence du corps, devant les » » 3 3» » OO © 4 FE D 10 II € 19% IT. 9: 200 HISTOIRE NATURELLE pieds pouc. lign. jambes de de à in 8 re DO Hauteur du train de derrière... Longueur de la jambe depuis le genou jusqu’au talon......... Largeur du haut de la jambe... Epaisseur à eee NDS Largeur à l’endroit du 1alon..,.. Circonférence du métatarse..... Longueur depuis le talon jusqu'au boutgdes ongles st. Largeur? du pied de devant... ,.. Largeur du pied de derrière... Longueur des plus grands ongles Liarpeur à "la base... fus Longueur de la queue.......,.. Circonférence de la queue à son. Dre es NU AS UT ANUS Diamètre de la queue à son ori- gine * 00000... La conformité des noms * Description donnée par M. de Sève. » O. 10. 7. 3. 4 7. AT : PARA Ti vate 2 9. 2 9 : AUS Le EN EU À 4 CO. 2. de Âinkajou ct de carcajou m'’avoit porté à croire, avec tous les autres naturalistes, qu'ils appartenoient au même animal. Cepen- Eu af dur ti j 1,2 k AE UM Xi Lauqut S _: DU GLOUTON. tr | 207 dant, ayant recherché dans les anciens voyageurs, J'ai retrouvé ce même passage de Denis, que je n’avois cité qu’en par- tie *, parce que jJ'avois imaginé que ce voyageur s'étoit trompé en disant que le kinkajou, que Je prenois alors pour le carcajou , ressembloit à un chat, d'au- tant que tous les autres voyageurs s’ac- cordoient à donner au carcajou une figure différente et semblable à celle du glou- ton. Voici donc ce passage en entier. « Le kinkajou ressemble un peu à un « chat d’un poil roux brun; il a la queue « longue et la relève sur son dos, pliée « en deux ou trois plis: il a des griffes ct « grimpe sur les arbres, où il se couche « tout de son long sur les branches pour « attendre sa proie et se Jeter dessus pour « la dévorer. Il se jette sur le dos d’un ori- « gnal, l’entoure de sa queue , lui ronge « le cou au-dessus des oreilles, jusqu’à ce «qu’il tombe. Quelque vîte que puisse « courir l’orignal, et quelque fort qu'il « puisse se frotter contre les arbres ou les * Tome VI, page 172. nn l à AU RAA SU ES se 202 HISTOIRE NATURELLE & «buissons, le kinkajou ne lâche jamais « prise ; mais s'il peut gagner l’eau, il est « sauvé, parce qu’alors le kinkajou lâche « prise et saute à terre. Il y a quatre ans « qu’un kinkajou m'attrapa une génisse « et lui coupa le cou. Les renards sont ses | « chasseurs ; ils vont à la découverte tan- « dis que le kinkajou est en embuscade, «oûil attend l’orignal, que les renardsne « manquent pas de lui amener. ». Cette notice s'accorde assez avec la figure et la description que nous venous de don- ner de cet animal, pour présumer que c’est le même , et que le carcajou et le kinkajou sont deux animaux d'espèces distinctes et séparées , qui n’ont de com-. mun entre eux que de se jeter sur les ori- gnaux et sur les autres bêtes fauves pour en boire le sang. | : Nous venons de dire que le kinkajou se trouve dans les montagnes de la nouvelle Espagne ; mais il se trouve aussi dans celles de la Jamaïque, où les naturels du pays le nomment poto, et non pas #irka- jou. M. Collinson m'a enveyé le dessin de ce poto ou kinkajou, que je donne ici avec la notice suivante. | £ OZIV «33 - PL. 27 lag.202), ee À Louguet. S. | DU GLOUTON. 203 .« Le corps de cet animal est de couleur « uniforme, et d’un roux mêlé de gris « cendré; le poil court , mais très-épais; « la tête arrondie , le museau court, nud et noirâtre: les yeux bruns, les orcilles « courtes et arrondies; des poils longs tout « autour de la gueule , qui sont appliqués « sur le museau et ne forment point de « moustaches; la langue étroite , longue, « et que l'animal fait souvent sortir de sa « gueule, de trois ou quatre pouces ; la « queue de couleur uniforme, diminuant « toujours de grosseur jusqu’à l’extrémi- « té, qui se recourbe lorsque l’animal le « veut, ct avec laquelle il s'attache et « peut saisir et serrer fortement. Cette - « queue est plus longue que le corps , qui «a quinze pouces , depuis. le bout du nez « jusqu'à l'extrémité du corps , et la queue « en a dix-sept. «Cet animal avoit été pris dans les mon- « tagnes de la Jamaïque. Il estdoux , et on « peut le manier sans crainte ; ilestcomme « endormi la Journée, et très -vif pen- « dant la nuit. Il diffère beaucoup de < tous ceux dont le genre est déterminé. À 2043 HISTOIRE NATURELLE « Sa langue n’est pas si rude quecelle des « chats ou des autres animaux du genre « des viverra, auquel il à rapport par la « forme de la tête et par celle des griffes. « Il a autour de la bouche beaucoup de « poils longs de deux à trois pouces, qui « sont bouclés et très-doux. Les oreilles « sont placées bas et presque vis-à-vis de « l'œil. Quand il dort, il se met en boule, .« à peu près comme le hérisson , ses pieds « ramassés en devant et étendus-sous les « joues. Ilse sert de sa queue pour tirer un « poids aussi pesant que son corps. * Il est évident , en comparant les deux dessins et la description de M. Collinson avec celle de M. Simon Chauveau, qu’elles ont toutes deux rapport au même ani- mal , à quelques variétés près, qui n’en changent pas l'espèce. J'Ar dit ci-dessus, page 186, que le glouton n’est pas rare dans Îles contrées #” septentrionales de l’Europe et même de: * Note envoyée par M. Collinson à M. de Buffon, 12 décembre 1766. DU NN ES 205 VAsie. M. Kracheninnikow rapporte à ce sujet qu'il y a au Kamtschatka un animal appelé glouton, dont la fourrure est si estimée , que pour dire qu’un homme est richement habillé, on dit qu’il est vêtu de fourrure de glouton. « Les femmes de « Kamtschatka, dit-il, ornent leurs chc- _« veux avec les pattes blanches de cet « animal, et elles en font très-grand cas; « cependant les Kamtschatdales en tuent « si peu, qu'ils sont obligés d’en tirer des < Jakustki, qui leur reviennent#ort cher. « Ils préfèrent les blanches et les jaunes, « quoique les noires et les brunes soient « plus estimées. .. .. Ils ne peuvent faire «un plus grand présent à leurs femmes « ou à leurs maîtresses, que de leur don- « ner une de ces peaux ; et c’est pourquoi « elles se vendoient autrefois depuis trente «jusqu’à soixante roubles ; ils donnent « pour deux de leurs pattes jusqu’à deux « Castors marins ( saricoviennes }. On « trouve aussi beaucoup de ces gloutons « dans les environs de Karaga , d'Ana- « dirska et de Kolima. Ils sont Mbiadroits « à la chasse des cerfs, et voici la manière 15 7 26 HISTOIRE NATURELLE « dont ils s’y prennent pour les tuer. Ils «montent sur un arbre avec quelques « brins de cette mousse qu'ils ont-cou- « tumce de manger : lorsqu'ils en voient « venir quelques uns, ils la laissent tom- « ber à terre ; et prenant le moment que « le cérf s'approche pour la manger, ils « s'élancent sur son dos , le saisissent par «le bois, lui crèvent les yeux, et le tour- « mentent si fort, que ce malheureux ani- . « mal, pour mettre fin à ses peines etse « débarrasser de son ennemi, se heurte la « tête contre un arbre, ettombe mort sur « la place. Il n’est pas plutôt à bas, que «le glouton le dépèce par morceaux, « cache sa chair dans la terre , pour em- « pêcher que les autres animaux ne la «mangent, et il n’y touche point qu’il « ne l’ait mise en sûreté. Les gloutons qui « se trouvent aux environs du fleuve Léna, « s’y prennent de la mème manière pour « tuer les chevaux. Cependant , quelque cruels que paroissent ces animaux, on « les prive aisément , et ils paroissent « alors bien moins voraces. » | À DU GLOUTON. 207 _ Nous avons reconnu que le kinkajou, que nous n'avons pas d’abord distingué du carcajou ou glouton d'Amérique, est néanmoins d’une espèce toute différente ; l’on peut voir ce que nous en avons dit dans ce volume , page 180. Il ne nous reste qu’à y ajouter une note que M. Simon Chauveau * nous a donnée depuis, sur les habitudes du kinkajou qu'il a gardé vivant durant plusieurs années. «Son attitude favorite est d’être assis « d'aplomb sur son cul et ses pattes de « derrière, le corps droit avec un fruit « dans les pattes de devant, et la queue « roulée en volute horizontale. _ «J'ai plusieurs fois pris la résolution, « continue M. Simon Chauveau, de vous «offrir cet animal vivant, pour le sou- «mettre à vos observations : mais il ve- «noit dans ces instans me caresser si « doucement et jouer autour de moi avee « tant de gaieté , que, séduit par ses gen- « tillesses , je n’ai jamais eu le courage de * Lettre à M. de Buffon, datée de Paris le 31 janvier 1780. * Pude tt ‘ 208 HISTOIRE NATURELLE, “p «m'en séparer. Il est mort le 3 janvier de «cette année (1780), et c'étoit le neu- « vième hiver qu'il passoit à Paris, sans : « que le froid ni aucune autre chose eût « paru l'avoir incommodé. » ADDITION A L'ARTICLE DU COCHON, DU SANGLIER DU CAP VERD, DU BABIROUSSA, #T DU . PECARI ou TAJACU. DU COCHON#. "Ja n'ai rien à ajouter aux faits histori- ques que J'ai donnés sur la race de nos cochons d'Europe , et sur celle des co-. chons de Siam ou de la Chine , qui toutes trois se mêlent ensemble, et re font par conséquent qu’une seule et même espèce, quoique la race des cochons d'Europe soit considérablement plus grande que l’autre par la grosseur et la grandeur du corps ; elle pourroïit même le devenir encoreplus, si on laissoit vivre ces animaux pendant un plus grand nombre d'années dans leur état de domestieité. M. Collinson , de Ja société royale de Londres, m'a écrit qu'un cochon engraissé par les ordres de ) » * Tome I, page 242. ) 18 | Î D MN CT 210 HISTOIRE NATURELLE M. Joseph Leastarm ; et tué par le sieur Meck, boucher à Cougleton en Czester- shire, pesoit huit cent cinquante livres; savoir , l’un des côtés trois cent treize livres , l’autre côté trois cent quatorze livres, et la tête, l’épine du dos, la graisse intérieure, les intestins, etc. deux cent vingt-trois livres !. DU SANGLIER DU CAP VERD. Nous avons donné une notice ? au su- jet d’un animal qui se trouve en Afrique, et que nous avons appelé sanglier du cap Perd. Nous avons dit que, par l’énormité des deux défenses de la mâchoire supé- rieure , il nous paroissoit étre d’une race et peut-être même d’une espèce différente de tous les autres cochons, desquels il diffère encore par la lougue ouverture de ses narines, et par la grande largeur et la forme de ses mâchoires; que néanmoins 1 Lettre de.M, Collinson à M. de Buffon. Lou- dres, 30 janvier 1767. : Tome VIT, page 325. _ DU SANGLIER DU CAP VERD. 211 . nous avions vu les défenses d’un sanglier tué dans nos bois de Bourgogne , qui ap+ prochoïent un peu de celles de ce sanglier du cap Verd, puisque ces défensesavoient environ trois pouces et demi de long , sur quatre pouces de circonférence à la base, etc. ce qui nous faisoit présumer , avec quelque fondement, que ce sanglier du cap Verd pouvoit être une simple variété et non pas une espèce particulière dans le genre des cochons. M. Allamand, très- célèbre professeur en histoire naturelle à Leyde , eut la bonté de nous envoyer la gravure de cet animal , et ensuite il écrivit à M. Daubenton dans les termes suivans : ni « Je crois avec vous , Monsieur, que le « sanglier représenté dans la planche que « Je vous ai envoyée, est le même que ce- « lui que vous avez désigné par le nom « de sanglier du cap Ferd. Cet animal est « encore vivant ( 5 mai1767 ) dans la mé- < nagerie de M. le prince d'Orange. Je vais « de temps en temps lui rendre visite, et « cela toujours avec un nouveau plaisir. « Je ne puis me lasser d'admirer la forme 212 HISTOIRE NATURELLE « singulière de sa tête, J'ai écrit au gou- : 4 ; « verneur du cap de Bonne-Espérance , « pour le prier de m'en envoyerun autre, … « s’il est possible ; ce que je n’ose pas es- « pérer, parce qu’au Cap même il a passé « pour un monstre, tel que personne n’en « avoit jamais vu de semblable. Si, contre « toute espérance , il m'en vient un, Je « l'enverrai en France, afin que M. de « Buffon et vous le voyiez. On a cherché « à accoupler celui que nous avons ici. « avec une truie ; mais dès qu'elle s’est « présentée , 1l s’est jeté sur elle avec fu- « reur et l’a éventrée. » C’est d’après cette planche gravée , qui: nous a été envoyée par M. Allamand, que nous avons fait dessiner et graver ce même animal dont nous donnons ici la figure. Nous avons retrouvé dans les Xiscellanea et les Spicilegia zoologica de M. Pallas, et aussi dans les descriptions de M. Vosmaëér, la même planche gravée; et ces deux der- nicrs auteurs ont chacun donné une des- cription de cet animal: aussi M. Alla- anand , par une lettre datée de Leyde le 51 octobre 1:66, écrivoit à M. Daubenton. DU SANGLIER DU CAP VERD. 213 qu'un jeune médecin établi à la Haye en avoit donné la description dans wñ ou- vrage qui probablement ne nous étoit pas encore parvenu , et qu'ilen avoit fait faire la planche. Ce jeune médecin est proba- blement M. Pallas, et c’est à lui par cou- séquent auquel le public a la première obligation de la connoissance de cet ani- mal. M. Allamand dit, dans la méme lettre, que ce qu'il y a de plus singulier dans ce cochon, c'est la tête; qu'elle dif- fère beaucoup de celle de nos cochons , sur-tout par deux appendices extraordi- naires en forme d'oreilles qu'il a à côté des yeux. Nous observerons ici que le premier fait rapporté par M. Allamand , du dédain et de la cruauté de ce sanglier enversla truie en chaleur, semble prouver qu'il est d’une espèce différente de nos cochons. La dis- convenance de la forme de la tête, tant à l'extérieur qu'à l’intérieur, paroît le prou- ver aussi. Cependant , comme il est beau- coup plus voisin du cochon que d'aucun autre animal, et qu'il se trouve non seu- lement dans les terres voisines du cap at4 HISTOIRE N À D Verd , mais encore dans celles du cap de Bonne-Espérance, nous l'appellerons En sanglier d'Afrique; et nous allons en don- ner l’histoire et la description par extrait. d’après MM. Pallas et Vosmaër. Celui-ci l'appelle porc à large groin ou sanglier d'Afrique ; ik le dsStnENe , avec raison , du porc de Guinée à lt oreilles pointues, et du pécari ou tajacu d'Amérique , et aussi du babiroussa des Indes. | | « M. de Buffon, dit-il, parlant d’une « partie des mâchoires, de la queue ét des « picds d'un sanglier extraordinaire du « cap Verd, qu’on conserve dans lé Cabi- «net du roi, dit qu'il y a des dents de « devant à ces mâchoires ; or elles man- « quent à nôtre sujet. » Et delà M. Vosmaër insinue que ce n’est pas le mème animal; ; cependant on vient de voir que M. AMdmañà pense, comme moi, que ce sanglier du cap Verd, dont Je n’avois vu qu'une partie de là téte, se trouve néanmoins être le même pose à large groin que M. Vosmaër dit être inconnu à tous les naturalistes. of. L1 DU: SANGLIER DU CAP VERD. 215 M. Tulbagh, gouverneur du cap de Bonne-Espérance, qui a envoyé ce san- glier, a écrit qu'il avoit été pris entre la Cafrerie et le. pays, des grands Nama- quas, à environ deux cents lieues du Cap, ajoutant que c’étoit le premier de cette espèce qu'on eût vu, en vie. M. Vosmaër recut aussi la peau d’un animal de même espèce, qui paroïssoit différer, à plu-. sieurs égards, de celle de l'animal vivant. « On avoit mis cet animal dans une « cage de bois ; et comme J'étois prévenu, « dit M. Vosmaër, qu'il n'étoit pas mé- «chant, je fis ouvrir la porte :de sa cage. « Il sortit sans donner aucuné marque de « colère ; il couroit bondissant gaiement « ou furetant pour trouver quelque nour- «riture, et prenoit avidement ce que « nous lui présentions ; ensuite, layant « laissé seul pendant quelques momens, « Je le trouvai , à mon retour, fort occupé « à fouiller en terre, où, nonobstant le « pavé fait de petites briques bien liées, il « avoit déja fait un trou d’une grandeur «incroyable ,| pour se rendre maître, « comme uous le découvrimes ensuite ;, + 216 HISTOIRE NATURELLE | « d’une rigole très-profonde qui paloit « au-dessous. Je le fis inter rence dans « son travail , et ce ne fut qu'avec beau- «coup de peine, et avec l’aide de plu- «sieurs hommes, qu’on vint à bout de « vaincre sa résistance, et de le faire ren- « trer dans sa cage , qui étoit à claire-voic. « Il marqua son chagrin par des cris aigus «et lamentables. On peut croire qu’il a « été pris jeune dans les boïs de l’Afrique, « car il paroît avoir grandi considérable- « ment ici; il est encore vivant (dit l’au- «teur dont l’ouvrage a été imprimé en « 1767). Il a très-bien passé l'hiver dernier, « qURE le froid ait été fort rude, et « qu’on l'ait tenu enfermé la plus gr nage « partie du temps. « Il semble l'emporter en agilité sur les « porcs de notre pays; il se laisse frotter «< volontiers de la main et même avec un « bâton : il semble qu’on lui fait encore « plus de plaisir en le frottant rudement; « c’est de cette manière qu’on est venu à « bout de le faire demeurer tranquille “ pour le dessiner. Quand on l’agace ou « qu'on le pousse ; il se recule en arrière, ÿ ee À DU SANGLIER DU CAP VERD. 219 « faisant tou;ours face du côté qu'il se & .e « « « « « « « « « « « « « L< A « « « trouve assailli, et secouant ou heurtant vivement de la tête. Après avoir été long-temps enfermé, si on le lâche, il paroît fort gai; il saute et donne la - «chasseaux daims etauxautres animaux, en rédressant la queue, qu’autrement il porte pendante. Il exhale une forte odeur, que je ne puiscomparer, et queje ne trouve pas désagréable. Quand on le frotte de la main, cette odeur approche beaucoup de celle du fromage verd. IE mange de toute sorte de graines; sa nourriture à bord du vaisseau étoit le maïs et de la verdure autant qu’on en avoit; depuis qu’il a goûté ici de l’orge et du blé sarrasin , avec lesquels on nourrit plusieurs autres animaux de læ ménagerie , il s’est décidé préférable- ment pour cette mangeaille, et pour les racines d'herbes et de plantes qu'il fouille dans la terre. Le pain de seigle est ce qu'il aime le mieux; il suit les personnes qui en ont. Lorsqu'il mange, il s'appuie fort en avant sur ses genoux « courbés; ce qu'il fait aussi en buvant, | Quadrupèdes, METRE 19 | au LT TN TO EE 218 HISTOIRE NATURELLE. “1 | « en humant l’eau de la surface, et ilse « tient souvent dans cette position sur les « genaux des pieds de devant. Il a l’ouie « et l’odorat très-bons ; mais il a la vue « bornée , tant par la petitesse que parla « situation de ses yeux, qui l’empêchent « de bien appercevoir les objets qui sont « autour de lui, les yeux se trouvant non « seulement placés beaucoup plus haut et « plus près l’un de l’autre que daus les « autres porcs , mais étant encore à côté « et en dessous plus ou moins offusqués « par deux lambeaux que bien des gens « prennent pour de doubles oreilles. I a « plus d'intelligence sd le porc’ ordi- «naire. | « La tête est d'une figure affreuse; la « forine applatie et large du nez, jointe «à la longueur catho ie de la tête, « à son large groin, aux lambeaux sin- « guliers, aux protuhérances pointues, « saillantes des deux côtés de ses yeux, « et à ses fortes défenses, tout cela lui « Gonne un aspect des plus monstrueux.» f [ DU SANGLIER DU CAP VERD. 219 Dimensions ” { ie du Rhin.) pieds. pouces. Longueur du corps entier.......,. 4 S#, Hauteur du train de deyant......., 2 si Hauteur du train de derrière. ......, T 11 < ‘La plus grande épaisseur du corps... 3 + La moindre épaisseur du corps , près nl. 4... ....,. 49 JO Longueur de la tête jusqu’entre les Ne 5... 40"... E 5. Largeur de la tête entre les lam- ie à 9 =. Largeur du groin entre les défenses... >» 6. O —. Longueur de la Et ab dé » I « Lu forme du corps approche assez de «celle de notre cochon domestique. Il me «paroît plus petit, ayant le dos plus ap- « platien dessus, et les pieds plus courts. « La tête, en comparaison de celle des «autres porcs, est difforme, tant par la «structure que par sa grandeur. Le mu- « seau est fort large, applati et très - dur. «Le nez est mobile, à côté un peu re- «courbé vers le bas et:coupé, oblique- « ment. Les narines sont grandes, éloi- AR RO TC dr TOR e mn Re nr | i ns 220 HISTOIRE NATURELLE ENT _«gnées l’une de l’autre ; elles ne se voient «que quand on Me RER à tête. La lèvre su- « périeure est dure et épaisse à côté, près « des défenses, par-dessus et autour des- « quelles elle est fort avancée et pen- «dante, formant, sur-tout derrière les « défenses , une fraise demi-ovale pen- « dante et cartilagineuse , qui couvre les «coins du museau. « Cet animal n’a point de detits de de- «vant, ni en dessus ni en dessous ; mais «les gencives antérieures sont lisses , ar- « rondies et dures. je A « Les défenses , à la mâchoire supé- «rieure, sont à leur base d’un bon pouce « d'épaisseur, recourbées et saïllantes de «cinq pouces et demi dans leur ligne «courbe , fort écartées en dehors et. se «terminant en une pointe obtuse;:elles « sont aussi, à côté de chacune, pour- « vues d’une espèce deraieou canneluré: « celles de la mâchoire inférieure sont « beaucoup plus petites, moins recour- « bées, presque triangulaires et usées par «leur frottement continuel contre Îles « défenses supérieures; elles paraissent DU SANGLIER DU CAP VERD. 2er - Aux flancs, sur le ventre et aux DS Un te ras due NA 4,7 9e! Il se trouve au-dessous de ces poils qui sont longs et fermes, un duvet ou feutre très-doux et fort touffu d’un blanc jau- nâtre. pieds. pouc. lign, Les poils des moustaches qui sont blancs, ont de longueur...... » 7 10% \s PARA MAO RESTE Loue fbice DATE Qre me 256 HISTOIRE: NATURELLE ke pieds, pouc. PAPA # La pc de ne io BRENT Le troncon. se se eee eeeeia se e EX We ». 1 | 6. ; : . . Cette queue est épaisse et garnie de poils dans tonte sa longueur. Les ongles des pieds sont presque égaux entre eux; ils sont blancs et erochus. :: pieds. pouc. lien, Le plus grand du pied de devant a » PONT 7 Celui de derrière, ... . + A PSN IE SR TS >» » 6. araeur à la base, 01540000 » » Ph Epaisseur. : 3 ic MR RON » DU :C'HA-C AL ob AN Nous donnons ici la figure d’un chacal que nôus croyons être le pétit ehacal ou adive: Le dessin m'en a été envoyé d’An- gleterre , sous le SRE nom de chacal. M. le chevalier Bruce m'a assuré que cette espèce ici représentée étoit commune en Barbarie, où on l'appelle sLaléb ; etcommé la figure ne ressemble pas à la description que nous avons donnée du chacal *, je. # Tome VI, page 164. 1€ DU CHACAL. 2517 suis persuadé que c’est celle de l’adive ou petit chacal dont nous avons parlé, et qui diffère du grand chacal par la figure autant que par les mœurs, puisqu'on peut apprivoiser celui-ci et l’élever en domes- ticité , au lieu que nous n'avons pas ap- pris que le grand chacal ait été rendu do- anestique nulle part. HO PTIT CHACAT, ou CHACAL ADIVE. L A peau de cet animal, donnée au Ca- bivet du roi par M. Sonnerat, sous le nom de renard des Indes, est celle d’un chacal adive, comme on peut le voir par celui qui est gravé dans ce volume. Quoique ce dernier ait été fait d’après un dessin envoyé d'Angleterre sans description , on reconnoît toujours dans les caractères l’es- pèce que l’on retrouve ici dans cettepeau, où il y a peu de différences marquées avec l'adive représenté dans notre sixième volume. | Cechacaladive NOR ving t- un pouces du nez à l’occiput, et vingt- ç pe 258 HISTOIRE NATURELLE trois pouces dix lignes suivant la cour- bure du corps, est un peu plus petit que le renard, et plus iéger dans les formes; sa tête, qui a cinq pouces trois lignes du bout du nez à l’occiput, est longue et menue ; le museau est effilé, ce qui lui. rend la physionomie fine; les yeux sont grands, et les paupières inclinées, comme dans tous les renards. Les couleurs de cet adive sont le Prat le gris et le blanc. C’est le mélange de ces” trois couleurs, où le blanc domine, qui fait la couleur générale de cet animal. Lo tête est fauve, mêlée de blanc sur l’occi- put, autour “A l'oreille, aux joues , ct plus brunâtre sur le nez et les mâchoires; le bord des yeux est brunâtre. De l’a Anse antérieur de l’œil part une bande qui s "é- largit au coin de l'œil, et s'étend Jusque ur la mâchoire supérieure ;. celle qui part de l'angle postérieur, est étroite, et se perd en s'affoiblissant dans la Joue, sous l'oreille. Le bout du nez et lés naseaux, le contour de l'ouverture de la gueule ct le bord des paupières, sont noirs, ainsi que les grande poils au-dessus des Eux , DU CHACAL: 250 et les moustaches, dont ies plus grands poils ont trois pouces deux lignes de lon- gueur ; tout le dessous du cou, la partie supérieure du dos, lesépaules et les cuisses sont de couleur grisâtre, mais un peu plus fauve sur le dos et aux épaules ; la partie extérieure des jambes de devant et de derrière est d’un fauve foncé, mais pâle sur le dessus du pied ; la face interne est blanche et fauve, pâle en partie. Le pied de dat a cinq doigts, dont le premier, qui fait pouce, a l’ongle placé au poignet. Le plus grand ongle a huit lignes. Le pied de derrière r’a que quatre doigts, et a les ongles plus petits, puisque le plus grand n’a que cinq lignes ; les ongles sont un peu courbes et en gout- tière. La queue est longue de dix pouces six lignes ; elle est étroite à son origine, large et touffue dans sa longueur ; sa cou- leur est d’un fauve pâle, teint de blane jaunâtre et de brun foncé jusqu’à plus d’un tiers de son extrémité , avec quelques taches de même couleur sur la face pos- térieure. La longueur des poils est de vingt- deux ligues, ks 1 £ 260 HISTOIRE NATURELLE DE L'ISATIS Lo Par une tkéthe datée de AH le 19 février 1768, M. Collinson m’écrit FRA les termes suivans : «Un de mes amis, M. Paul Demidoff, « Russien , quiadmire vosouvrages, vous « Longueur de haitète. 4 .4)404 1404 02e ME, Eongueur des oreilles. . PAU MINE © C7 Distance entre les pe Ré DIN OTTIE NI 131 31 16) Longueur de la queue, 443. annoté 7: ’ ZLom.. 13 . | * PL.25. Pag 181, DE L’'ISATIS. 267 « La forme de la tête, le doux regard « et l’aboiement de cet animal, semblent « le rapprocher du chien ; néanmoins il a « de commun avec le renard sa queue et « sa fourrure très-belle et très-douce. Son « sang est d’une näture ardente, et il ré- _« pand une assez mauvaise odeur par la « respiration, comme lechacaletleloup.» Il m'a parü, par ce dessin, et encore _ plus par cette courte description de M. Demidoff et par celle de M. Gmelin, que cet animal est l’isatis dont nous avons parlé *, et c’est pour cela que Je l'ai fait graver. * Tome VI > page 164. Fin du tome freizième. La Des articles contenus dans ce volume; 3 LD 4 ‘ , | A DDITION à l’article du chien, page 5. Variétés dans les chiens, 77. Du chien, 16. Le chien des bois de Cayenne, 19. Le chien de Sibérie, 23. 3)’un chien turc et gredin, 24. Le grand chien loup, 28. Le grand chien de Russie, 33. Chiens-mulets provenant d’une louve et d’un chien braque, 30. | Du mâle, première génération, 44e De la femelle, première génération, 53. : Du mâle, seconde génération, 59. | De la femelle, seconde génération, 64 De la femelle, troisième génération, 82. - Du mâle, quatrième génération, ror. re De la femelle, quatrième génération , 103 Suite des chiens métis , 105. Seconde suite des chiens anétis , 1Fa, < ag” » L « VA UP | 0 NT #7 4 F: LUE ÿ | TAB TL M | 263 Troisième exemple du produit d'en chien et 734 d’une louve, 117. Re Quatrième exemple du produit d’un chien et d’une louve, 119. Cinquième exemple du produit d’une louve avec un chien, 121. Du soulik, 244 De la tanpe 127. Taupe du cap de Bonne it a 130: Taupe de Pensilvanie, 136. La taupe rouge d'Amérique, 136. La grande taupe d'Afrique, 232. à La taupe de Canada, 139 La grande taupe du Cap, 141, Addition à Particle de la roussetite et de la rou- _gette , et à l’article des chauve-souris, 147. Addition à article des chauve-souris, 167. La grande séroune de la Guiane, 175. Du vampire, 177: La grande chauve-souris fer - de - lance de l4- | Guiane, 178. : | Al Autre chauve-souris de la Guiane, 180. Addition à Particle du glouton, 183. Addiuon à Particle du cochon ; du sanglier du cap : ALT :. "S ni e Addition aux arasiés di dés et. du renard; Fi f me D. *ABI DE. © Verd;, da babiroussa , et .. _ _ 209. FU “a Rs Du FR D # 13 M 5 “ ë em Du sanglier du cap Verd, DD LCA . Da sanglier d'Afrique. Addition. de Péditur È hollandois (M. le professeur Allemand) 229: A. Du babiroussa , 250. + ur 112 af % Du pecari où tajacu , 240, 14 Fe sais dt ‘ù LEE #9 Le cochon de Siam ou: de la Cine, 2e chacal et de J'isatis > 249 0 OT DES ie 2 fe . Du loup, ibié. EE i ‘à 3j À tp) * #4 î Du rend, 567. CRT NP) % É ubstout bar db Da chacal, 256. Du petit chacal, ou “chats aëite, 25 ni PA À De l’isaus, 260. | NT Le | AZ sh A . AUS ù OL TE LA 4 DE L'1 MPRIMERIE DE PLASSAN.