- à x. » SHOT F 1 OT A n 4 a “à | L # S a = un) = Fr a N T : = SR — Ek Oo € D. : EAU D ris. ea ne È - a t ee (es < as MUSEUM OF C Re : RE Ne "ef HISTOIRE: NATURELLE ne DES OISEAUX. Tome Quatrième. A HE SA RE 2 EE EME) LL AP ARTIS, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. De ce qui eft contenu dans cé Volume. - bi ane “ 1,» , h ,, - . - ste 0e ï k a “ss ee. ? , “a, — h ie F AVE A on se 5 ataes CPE Ph PL Se VIRE Rte te, * CT a" PLU Sex Ra d se F + FF #2 1 22e 4 te a: sa au ve ee RE re « FRERES euro ve LT ET A ° » rene smer pen RE vu AU TE PAON (a). Planche 1 de ce volume. di L'EMPIRE appartenoit à [a beauté & non à la force, le paon feroit, fans € 434 la femelle. fa) Le Paon. En Grec, Tasc: en, Latin, Pavo ; en Efpagnol, Pavon ; en Italien, Payone : en Allemand, Pfau; en Anglois, Peacock; en Suédois, Paofogel ; en Polonoïis, Paw. — Paon. Bélon, Hifl. nat. des Oifeaux, page 223. — Pavo. Gefner. 41. page 656. — Pavo. Frifch, planche cxpIII, avec une figure coloriée du mâle. Oiféaux ; Tome IF. À 2 Hifloire Naturelle contredit , Île roi des oïfeaux; :1l n’en eft point ‘fur qui la Nature ait verle {es trélors avec plus de profufon : la tatlle grande, le port impofant , la de- marche fière , {a figure noble, les pro- portions du corps élégantes & fveltes , tout ce qui annonce un être de dif- tintion lui a été donné ; ie aigrette mobile & lécère, peinte des plus riches couleurs , orne fa tête & l'élève fans la charger ; fon incomparable plumage, femble réunir tout ce qui flatte nos yeux dans le coloris tendre & frais des plus” belles: fleurs ; tout ce. qui des éblouit dans les reflets pétillans des pierreries, tout ce qui les étonne dans l'éclat majeftueux de Tarc-en-ciel ; non- feulement 1a Nature a réunr fur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel & de Îa terre pour en faire le chef-d'œuvre de fa magnificence , elle ies a encore mêlées , aflorties , nuan- cées, fondues de fon inimitable pinceau, & en a fait un tableau unique , où elles tirent de leurs mêlanges avec des uances plus fombres , & de leurs oppoñtions entrelles ; un nouveau du Paon. : luftre & des effets de lumières fi fu- blimes que notre art ne peut nt les imiter n1 les décrire. el paroit à nos yeux. le plumage du paon, lorfquil fe promène païñble & feul dans un beau jour de prin- temps : mais fi fa femeïls vient tout- à-coup à paroitre , f1 les feux de l'amour fe joignant aux fecrettes influences de D lon, 6: tment. de.lon repos, lur infpirent une nouveile ardeur & de nouveaux defirs ; alors toutes fes beautés fe multiplient , fes yeux s'anument & prennent de l'expreflion , {on aigrette s'agite far fa tête & annonce l'émo- tion intérieure ; les longues plumes de {a ‘queue déploient, en fe relevant , leurs richefies éblourffantes, fa tête & fon cou fe renverfant noblement en arrière , {e deflinent avec grace fur ce front radieux , où Îa lumiere du {oleil fe joue en mille manières , fe perd 6 [E reproduit fans celle , &. femble: prendre un nouvel éclat Le doux & plus moélleux , de nouvelles couleurs plus variées & plus harmo- nieufes; chaque muovement de lorfeau Ai A Hifloire Naturelle produit des milliers de nuances nou- velles, des gerbes de reflets ondoyans & fugitifs , fans cefle remplacés par d'autres reflets & d’autres nuances tou- jours diverles, & toujours admrrables. Le paon ne femble alors conneître fes avantages que pour en farre hom- mage à fa compagne qui en eft privée, fans en être moins chérie, & 1la viva- cité que lardeur ide Fhôur mêle à fon aétion, ne fait qu'ajouter de nou- velles grâces à fes mouvemens qui font naturellement nobles , fiers & majef- tueux , & qui, dans ces momens font accOMpPa Agnes d'un murmure énergique & fourd qui exprime le defir [B ). Mais ces plumes Piillantes qui fur- pafient en éclat les plus belles fleurs, fe fiétriflent aufli comme elles , & tombent chaque année. fc) 3 le: paon, comme sil fentoit la honte de fa perte, _(b} Cuin ffridore procurrens. Palladius, pz Re RuUsTICA’, Mb: T1, Cap. XXVUT (e) Amittét pennas cum primis arborum frondibus . eu Lt cum germuine earumaem. Arifiote , Hifi. ANLM HD NS Gp. x. LL du Paon. $ Brant idernfe, faire ivoir. dans: cet. état humiliant, & cherche les retraites Îles plus ombres’ pour sw cacher À ‘tous VEUX, jufqu'à ce qu'un nouveau printemps fui re: dant fa parure accou- tuimée .1le-ramène furla fcène. pour y jouir des hommages düs à fa beauté ; car on prétend qu'il en jouit en eflet, quil eft fenfble à l'admiration ; que Îe vrat moyen de l'engager à étaler {es belles plumes ,c'eft def lur. donner des regards d'attention & des louanges ; ét Quau contraire , y e e paroït le regarder froidement & fans beaucoup d'intérêt, il replie tous fes trélors & le Ciche à quinine:.fatt point : les admirer. | : . Quoique Île paon foit depuis long- temps comme naturalifé en Europe, cependant ïl n'en eft pas plus origi- maire ; ce font les Indes rénales à c'eft le climat qui produit le fapbir 2 ét rubis, LR topale ; qui doit. être regardé comme fon pays natal ; celt de-A qu'il a pañlé dans la partie occi- dentale de PAfe , où, felon le témoi- gnage poltif de Théophrafte cité par À iij 6 Hifloire Naturelle Pline, tl avoit été apporté d'ailleurs f d ); au feu qu'il ne paroït pas avoir pafié de la partie la plus orientale de l'Añe, qui eft la Chine, dans les Indes: car les Voyageurs s'accordent à dire, que quoique les paons foient fort communs aux Indes orientales, on ne voit à la Chine que ceux qu'on y tranfporte cles autres pays fe), ce qui prouve au moins quis font très-rares à la Chine, ‘| Élien aflure que ce font les Bar- bares qui Ont fait ‘prélent à Er de ce bel otfeau 2 & ces Barbares ne ons guère être que les Indiens; purique Pet aux Indes qu “Alexandre , qui avoit parcouru TÂlfe , & qui connoïfioit bien 1a Grèce, en a vu {d l) Quippè cum Theophraftus tradat inveltitias elfe in ae etiam Columbas & Pavones. Plinii, Hifi. mat. b2::X:, cap. CU, Lf / Navarrette, Deféript. de la Chine, page 4e (f) Ex Barbaris ad Grecos exportatus effe dici- ur, pe autem din rarus. Élien, Hif. Anim “Hd, V,icap, XL. du Paon. 7 pour la première fois (g/: d'atlleurs il neft point de pays où ïls fotent plus généralement répandus ; & en auf grande abondance que dans Îles Indes. Mandeflo / 4) & Thévenot (i) en ont trouvé un grand nombre dans la province de Guzaratte : ; Tavernier dans toutes les Indes ; mais particulière- ment dans Îes territoires de Baroche, , de Cambaya & de Broudra (k); Fran- çois Pyrard aux environs de Calicut [2 ; les Hollandois fur toute Îa côte de Malabar (im); Linticot dans file de (g FE Élien, Hifl. Anim. lib. V, cap. XxI. (h) Mandeflo, Voyage des Indes, tome If, livre r, page 147. (i) Thévenot, Voyage au Levant , tome II, page 18. (k) Voyage de Tavernier , tome LIT, livre 1, pages 57 & 58. (1) Voyages de François en tome Fr, page 426. (m) Recueil des Voyages qui ont fervi à létabliffement de la Compagnie des Indes, tome IV, pase 16. À 1v 8 Hifloire Naturelle Ceylan (n.): l'Auteur du fecond voyage de Siam, dans les forêts fur Îles fron- teres de :ce eue du Baie ;1e Camboge (o), & aux environs de la rivière de at (P.) 40e Gentil à Java, Gemelli Carreri dans les îles Calamianes /q), fituées. entre Îles Phr- lrppines & one ;1 (ii (On ,AJ0ne LA cela que dans preique toutes ces con- trées , les paons vivent dans l'état de fauvage , qu'ils ne font nulle part, ni fi grands «at nt fi féconds (f), on ne pourra sempècher de regarder, les (n) JT. Hugonis Linfcot, Navigatio in Orientem, THEN 180 Co) Second Voyage de Siam, page 75. (p) Idem, page 248. (q) Gemelit Carerï, Voyage autour du Monde, tome V, page 270: (r) Sunt & Pavones in Indid maximi omnium, Ælan, de Naturâ Animal. Hib. XVI, cap. 11. (F) Petrus Martyr, de Rebus Oceani, dit que jes paons pondent aux Indes de virgt à trente œuis. du. Paon. 9 Indes comme leur climat naturel { #) 5 & en effet , un fi bel otfeau ne pou- voit guère manquer d'appartenir à ce pays fi riche , fi abondant en choles précreufes , où fe trouvent 14 beauté, la richefle en tout genre , l'or , les perles , les pierreries, & qui doit être regardé comme le climat du luxe de la Nature : cette opinion eft confirmée en quelque [orte par le texte facré ; car nous voyons que les paons font comptés parmi Îes choles précieufes que Îa flotte de Salomon rapportoit tous les trois ans; & il eft clarr que ceft ou des Indes , ou de la côte d'Afrique la plus voifine des Indes, que cette flotte , formée & équipce fur la mer rouge ({ u ), & qui ne pour- voit s'éloigner des côtes, tiroit {es richefles : or 1 y a de fortes raifons de croire que ce nétoit point des côtes d'Afrique ; car jamais Voyageur n’a (+) Foyez Seconde Relation des Hoilandois, page 370. ) (u) Voyez le troïfième Livre des Rois, chap. IX, ÿ. 120: | À y bi 10 Hifloire Naturelle dit avoir apercu dans toute l'Afrique, nt même dans les Ifles adjacentes, des prons fauvaces qui puflent être regardés 7 MERE PROPRES & naturels à ces pays, fi ce n'eft dons l’'üe de Sainte-Hélène, où lanural Verhowen trouva des paons qu'on ne pouvoit prendre quen les tuant à coups de fufñil fx); mais on ne fe perfuadera pas apparemment que la flotte de Salomon qui n'avoit point de bouflole, fe rendit tous les trors ans à l'ile de Sainte-Hélène , où d'arlleurs elle n'aurott trouvé nt or ; ni argent , ni Ivoire ; ni prefque rien de, fout ce qu'eïle cherchoït (y ) : de plus il ne paroît vratfemblable que cette ïle , éloignée de plus de trois cens lieues du continent , avoit pas même de paous du temps de Salomon ; mais que ceux qu'y trouvèrent Îles Hollan- dois y avoïent été fâchés par Îes Por- (x) Recueïl des Voyages qui ont fervi à l’éta- Dlifement de la Compagnie des Indes , tome IV, | page I61. (y) Aurum , arsentum , dentes Elephantorum ; € Juntas & paros. Res. Hb. II], tap. x, ya, du Paon. II tugaïs, à qui elle avoit appartenu , OU par d'autres, & qu'ils s'y étotent mul- tipltés d'autant plus facilement , que ile de Sainte-Héiène n’a, dit-on , nt bête venimeufe, ni animal vorace. On ne peut guère douter que les dons que Kolbe à vus ‘au cap de Bonne-efpérance , & qu’il dit être par- faitement femblables à ceux d'Europe, quoique la figure qu'il en donne s'en éloigne beaucoup / 7), n'euflent la mème origine que ceux de Sainte- Hélène , &e qu'ils ny euflent été apportés par quelques-uns a vatfleaux Européens qui arrivent en foule fur cette cote. On peut dire la même chofe de ceux que les Voyageurs ont aperçus au royaume de Congo (a), avec des dindons qui certainement m'étoient potat des oïtfeaux mit le , & encore de (x) Voyez l'Hiftoire générale des (hu , 5 tome W, plunche XXIV 4 (4) Voyase du P. ‘Vandenbroeck , dans le Melbeil des Voyages qui ont fervi à l’établiffement de la Conpaguie des Indes, tome IV , page 321. J'AI 12 Hifloire Naturelle ceux que lon trouve fur les. confins d'Angola , dans un bois environné de murs , où on. les entretient pour : le Roc .du.opaysif À) cette conjecture eft fortifiée par le témoignage de Bof- man, qui dit en termes formels qu'il n'y a point de paons fur la Cote-d'or, & que loifeau pris par M. de Fo- quembrog &c Re d'autres , pour un paon, eft un oifeau tout différent , appelé kroon-vogel ( c }. De plus,fa dénomination de paon d'Afrique , donnée par la plupart des Voyageurs aux demoïfelles de Numi- die /{ d ), eft encore une preuve directe que l'Afrique ne produit point de paons ; & fi l'on en a vu ancienne- ment en Lybie , comme le rapporte Fuftathe , c'en étoit fans doute qui avoient pafñlé ou quon avoit portes dans cette contrée sl l'Afrique , lune ‘{b) Relation de Pisafetta, pages 02 & fuir. fc) Voyage de Gumée, Lettre XV, page 268. (Cd) Voyez Labat, . me Il, page 1413 fa Reïation du Voyage de M. de Genres au détroit de Magellan, par le fieur Froger, page 41. du Paon, 13 des plus votfns de la Judée ; où Sa- lomon en avoit mis long-temps aupa- ravant; mais Il me paroit pas quils leuflent adoptée pour leur patrie, & qu'ils s'y fuflent beaucoup multipliés, puifqu'il y avoit des loix très-févères contre ceux qui en avoient tué, ou feulement bleflé quelques-uns / e ). II eft donc à préfumer que ce n'étoit point des côtes d'Afrique, que la flotte de Salomon rapportoit les paons, des côtes d'Afrique, dis-je, où ils font fort rares, &e où l'on n’en trouve point dans l'état de fau- vage ; maïs bien des côtes d’Afe où ils abondent , où ls vivent prelque par-tout en liberté, où ils fubüftent & fe multiplient fans le fecours de l'homme, où ts ont plus de grofleur, plus de fécondité que par-tout ailleurs, où ts font en un mot, comme font tous Îles animaux dans leur climat naturel. Des Indes tls auront facilement pañlé dans [a partie occidentale de l'Añe; auf voyons-nous dans Diodore de Siciie, qu'il y en avoit’ beaucoup dans {e) Aldrovande , de Avibus, tome Il, page &, 14 Hifloire Naturelle la Babylonte : là Médie en nourrifoit aufh de très-beaux & en fi grande Quantité} que cet ‘oHEau ÉTAT EN ME furnom d'avis Medica [f). Phioftrate parle de ceux du Phale, qui avoient une huppe bleue / 5), & les Voyageurs en ont vu en Perle [#7 De l'Afe tls ont paflé dans la Grèce, où ts furent d'abord fi rares, qu'à Athenes on Îes montra pendant trente ans à chaque néoménie comme un objet de curiofté, & qu’on accouroit en foule des villes voifñines pour Îles VO On ne trouve pas l'époque certaine de cette migration du paon de lAle (f) Aldrovande, Ornithol, tom. II, page 12. (g) Ibidem, pag. 6. (A) Thévenot, Voyage du Levant, tome IT, page 200. (2) Tanta fuit in urbibus Pavonis prerogativa ut Aithenis am à viris quam à mulieribus ffatuto pretio fpetatus fuerit ; ubr fingulis norilunits © viros & mulieres admittentes ad hujufinodi Jpeltaculum , ex eo fecere queflum non mediocrerr, multique è Lacedemone ac Theffaliä videndi caufà eo confluxerint, Ælhan, if. Animal. , Hb. V, cap. XXI. Less EME À “ER Se 27 du Paon. 1$ dans la Grèce ; maïs dl y a preuve qu'il n'a commencé à paroïître dans ce der- nier pays, que depuis le temps d'Ale- xandre, & que fa première ftation au {or- tir de l'A fe a été l'île de Samos. Les paons nont donc paru dans la Grèce que depurs Alexandre ;'cariice conquérant n'en vit pour la première fois que dans les Indes ,; comme je far déjà remarque , & 1 fut tellement frappé de leur beauté, quil défendit de les tuer fous des peines très-févères ; mais il y a toute apparence que peu de temps après Alexandre É & même avant la fin de fon règne , ils devinrent fort communs ; Car nous voyons dans Île poëte Antrphanes , contemporain de ce Prince , & qui lur a furvécu , qu'une feule paire de paon apportée en Grèce, s'y Ctoit multiphée à un tel point, qu'il y en avoit autant que de caïlles Ck D: & d'ailleurs Ariftote, qui ne furvéquit que deux aps à DE Eye ) HUE CÆE) Pavonum tantummodo par unum adduxit quif- piam rarum ÉUNC ayem, RuIC vero plures Jin quam coturiièces, 16 Hifioire Naturelle plufeurs endroiïts des paons comme d'orfeaux fort connus. En fecond lieu , que lie de Samos ait été leur première flation à leur psflige d'Afie en Europe , c'eft ce qui eft probable par Îa polition même de cette ile , qui eft très-voiline du conti- nent de l'AÂfe; & de plus, cela eft prouvé par un paflage formel de Menodotus f { ) ; quelques-uns mème forçant le fens de ce pallage:, de prévalant de certaines médailles Sa miennes fort antiques , où étoit repré- fentée Junon avec un paon à {es pieds { m ), ont prétendu que Samos ctoit la patrie première du paon ; ie vrai lieu de fon origme , d’où xl sétoit répandu dans PO enr comme dans (2) Sunt ibi pavones Junoni facri, primi quidem in Samo editi ac nr indeque deduëti ac in alias regiones deve@i, veluti Guaili è Perfide € quas Me- lagridas pvocant ex Æolia (fèu Ætolia). Vide Athe- nou, die DV, cap. x XV. {m) On en voit encore aujourd’hui quelques- unes, & même des médailions qui repréfentent le temple de Samos avec Junon & fes paons. Foyage du Levant de M. de Tournefort, tome Î, page 425 du Paon. vd l'Occident ; mais 1 elt atfé de voir, en pefant les paroles de Menodotus , qu' 7l n'a voulu dire autre chofe , finon qu on avoit vu des paons à 5amos, avant d'en avoir vu dans aucune autre contrée fituée hors du continent de lAfñe, de mème quon avoit vu dans l'Éolre ( ou l'Etholie ), des mélé sagrides qui font bien connues pour être. des orleaux d'Afrique, avant d'en “te en aucun Pute henide lai.Grèce, (feluiens. quas meleagridas vocant ex Æ tholià } : d'arlleurs (ile de Samos offroit aux paous un climat qui leur convenoit, puifqu'ils y fubfftoient dans l'état de fauvage (nn), & qu Aulugelle regarde ceux de cette Île comme les plus beaux de tous fo ). Ces raïfons étoient plus que fufi- fantes pour fervir de fondement à la dénomination d’oifeau de Samos , que Cm) Pavonum greges agrefles tranfinarini effè di- cuntur in 1nfulis Sami in luco Junonis. . .. Varro, de Re Rufucà, lib. III, page vr. je M) Aulugelle No 4nice ee Hb. : Vif”, Cap, XVI. 18 Hifloire Naturelle quelques Auteurs ont donnée au pion ; mais on ne pourroit pas la lur appliquer aujourd'hur ; puifque M. de Tournefort ne fait aucune mention du paon dans la defcription de cette Ifle, qu'il dit être pleine de perdrix, de bécafies | de bécaflines , de grives , de pigeons fau- vages , de tourterelles ; de bec-figues, œ d'une volaille excellente ip); M nya pas d'apparence que M. de Tour- nefort ait voulu comprendre fous Îa dénomination générique de volaille, un oïfcau auf confidérable & auf diftingue. Les paons ayant pañlé de TAïe dans la Grèce , {e font enfuite avancés ‘dans les parties méridionales de lEu- rope,. & de prothe en proche en France, en Allemagne , en Suifle & jufque dans la Suède //g ), où , à Ia (p) M. de Tournefort, Voyage du Levant, tome [, page 412. (g) Nota. Les Suiffes font Ja feule nation qui fe foit appliquée à détruire, dans leur pays, cette belle efpéce d’oifeau, avec autant de foin quetoutes les autres en ont mis à la multiplier; & cela en haine des Ducs d’Autriche, contre lefquels ils du Paon. 15 vérité , ils ne fubfftent qu'en petit nombre, à force de foins {r), & non fans une altération confidérable dé leur plumage , comme nous le verrons dans 1a fuite. Enfin les Européens qui, par lé- tendue de leur commerce & de leur navigation, embrafient le globe entier, les ont répandus d'abord fur les cotes d'Afrique, & dans quelques iles adja- centes; enfuite dans le Mexique, & delà dans le Pérou & dans quelques- unes des Antilles { f°), comme Sarnt- Domimgue & a Jamaïque, où lon en voit beaucoup aujourd'hur / 2), & où avant cela ïl n'y en avoit pas uu feul , par une fuite de la lot générale du climat , qui exclut du nouveau Monde tout animal terreftre , attaché s’étoient révoltés, & dont l’Écu avoit une queue de paon pour cimier. (r) Linnæus, Syf. Nar. edit. X, page 156. (f) Hiftoire des Incas, rome II, page 329. {t) Voyez lHifloire de Saint-Domingue de Char- levoix, tome I, pages 28 — 32 ; & Ia Synopjis Aviuin de Ray, page 1832. 20 Hifloire Naturelle Fat fa nature aux pays chauds dé Fan: cien continent, loi à laquelle les orfeaux pclans ne font pas moins aflujettis que les quadrupèdes: or lon ne peut nier que les paons ne foïent des oïfeaux pefans ,; & les. Anciens l'avorent fort bien remarqué (4), il ne faut que jeter ‘un coup-d'œil fur leur conformation extérieure, pour juger qu'ils ne peuvent pas voler bien baut nt bren long-temps; la groffeur du corps, la brièveté des ailes & Îa longueur embarraflante de la queue, font autant d'obftacles qui les empêchent de fendre lair avec Îé- géreté : d'ailleurs les climats fepten- trionaux ne conviennent point à leur nature, & ïils ny reftent jamais de leur BIEUL Ne x be e coq-paon na guère moins d'ardeur pour fes femelles , nt guère moins d'acharnement à fe battre avec (u) Necfublimiter pofunt nec per longa fpatia volare. Columelle, de Re Rufhica, lib. VIII, cap. XI. (x) Habitat apud nofrates rarius , præe/ertim in aviariis mognatum non vero fponte, Linnæus, Faux Suecica, page Go. | M + [ e] | k du Paôon. 21 es autres mâles que le coq ordinaire { y ); il en auroit même davantage sil étoit vrei ce qu'on en dit, que lorfqu'il n'a MWuve ou deux poules, 1 les’ tour- mente , les fatigue , les rend ftériles à force de les féconder , & trouble l'œuvre de 12 génération à force d'en répéter les actes : dans ce cas les œufs fortent de l'oyiduëtus avant qu'ils arent .eule temps d'acquérir leur maturité{ z ) ; pour mettre à profit cette violence de tempérament, 1 faut donner au mâle cinq ou fix femelles f/ a) ; au Îreu que (y) Voyez Columelle , de Re Ruflica,Hb. VII, Cap. XI. (x) Quinque gallinas defiderat, nam ft unam aut alteram fœtam fæpius comprefferit, vixdum concepra in alvo pitiat opa, nec ad partum finit perduci , quo= giam immatura genitalibus locis excedunt. Columeile , de Re Rufhicé, loco citato. (a) Je donne ici opinion des Anciens; car des perfonnes intelligentes que j’at confultées, & qui ont élevé des paons en Bourgogne , m'ont afluré, d’après leur expérience, que les mâles ne fe bat- goient jamais, & qu’il ne falloit à chacun qu'une ou deux femelles au plus; & peut-être cela n’ar- rive-t il qu’à caufe de la moindre chaleur cu climat 22 Hifloire Naturelle le coq ordinaire qui peut fufhre à quinze ou vingt poules , s'il eft réduit à une feule , la féconde encore utilement , & la rend mère d’une multitude de petits pouffins. ù Les paones ont aufli Îe tempéra- ment fort lafcif , & lorfqu'elles font privées de mâles, elles s’excitent entre elles , & en fe frottant dans la pouf- fière ( car ce font orfeaux pulvérateurs), & fe procurant une fécondité impar- faite , elles pondent des œufs clairs & fans germe, dont 1 ne réfulte rien de vivant ; mais cela n'arrive guëre qu'au printemps ; lorfque le retour d'une chaleur douce & vivifante re- veille Île Nature , & ajoute un nouvel aiguton au penchant qu'ont tous les êtres animés à fe reproduire ; & ceft peut-être par cette raïon qu'on a donné à ces œufs le nom de zéphy- riens ( ova zephyria ) ; non qu'on fe {oit perfuadé qu'un doux zéphyr fufhfe pour imprègner les paones & tous les oïfeaux femelles qui pondent fans Îa coopération du mâle ; maïs parce qu'elles ne pondent guère de ces œufs que du Paon. 2 3 dans {a nouvelle farfon , annoncée ordi- nairement & même défignée par les zéphyrs. Je croirois aufli fort volontiers que la vue de leur mâle praflant autour d'elles , étalant fa belle queue, farfant la roue , & leur montrant toute lex- preflion du defr , peut Îes animer en- core davantage & leur faire produire un plus grand nombre de ces œufs ftériles 3 mais ce que je ne croiïrai ja- mais, ceft que ce manège agréable , ces carefles fuperfcielles , &, fi j'ofe ainh parler , toutes ces courbettes de petit -maitre , puiflent opérer une fé- condation véritable , tant qu'il ne s'y joindra pas une union plus intime & des approches plus efhcaces ; & fi quel- ques perfonnes ont cru que des paones avotent été fécondées ainfi par les yeux, ceft qu'apparemment ces paones avoient été couvertes réellement , fans qu'on s'en Mb aperçu (Bb): ù L'âge de la pleine fécondité pour (b} « L’on ne peut bonnement accorder ce que quelques pères de familles racontent; c’eft que « sa Eifioire N aturelle .ces ‘oïfeaux , left à trois ans, felon Amiftote [c) & Columelle /d/" 068 même felon Pline fe )) qui en répé: tant ce qu'a dit Ariftote, y fait quelques changemens ; Varron fixe cet âge à deux ans ff), & des perfonnes qui ont obferve ces oïfeaux , m'aflurent que Îles femelles commencent déjà à pondre dans notre climat à un an, fans doute des œufs ftériles ; maïs prefque tous s'accordent à dire que l'âge de trois ans elt celui où les mâles ont pris leur entier accroïflement, où COR RENE RARE LE 0 » les paons ne couvrent leurs femelles, ains qu'ils > les empliffent en faïfant la roue devant elles, &c. Bélon, Nature des Oifeaux, page 234. (c) Parit maxime à trimatu. Hifi. Animal. Hb. VI, Caps EX: (d) De Re Rufica, lib. VIIL, cap. XI, oc genus Avium cum trimatum expleyit , optime progenerat ; fi quidem tenerior ætas aut fherilifant parum fecunda. (e) À trimatu parit; primo anno urum aut alterum opum , fequenti quaterna quinave , cæteris duodena non amplius. Plin. li. X, cap. L1x. (f) Ad admifjuram he minores bimæ non 1donee , nec-jam majores natu, Varro, de Re Ruflicà, Hib, HI, op VE. | ils du: Paon. £$ ils font en état de cocher leur poule, & où da purflance d'engendrer s'an- nonce en eux par une production nouvelle très-confidérable [9 ); celle des longues & belles plumes de eur queue, & par l'habitude qu'ils prennent auflitôt de les déployer en fe pavanant & farfant la roue Ho le luperfiu de la nourriture n'ayant plus rien à produire dans l'individu, va s'employer à la re- production de l'efpèce. C'eft au printemps que ces oies fe recherchent &Tfejoignent (4); f on veut Îles avancer, on us donnera le matin à jeun, tous les cinq jours, des fèves légèrement grillées, félon le précepte de Columelle / #4). La femelle pond fes œufs peu de temps après qu'elle a été fécondée ; elle ne pond pas tous les jours , mars feu- fe) Voyez le. tome TI de cette Hope Na- turelle , générale & particulière, page 465 & fuivantes. (k) Colores incipit fandere i in trimatu. Plin. dbrXs Cup x (z) Ab idibus fébruariis ante menfem MOTTE Columelle, de Re Ruflicä, Kb. VIT, cap. XIe (k) Ibidem. Oifeaux ; Tome IF, B 26 | Hifhoire Naturelle lement de trois ou quatre jours l'un: elle ne fait quune ponte par an,felon Ariftote (l), & cette ponte, eft de huit; œufs la première année, & de douze les années fuivantes: mais cela doit s'entendre des paones à qui on laifle le foin de couver elles-mêmes Jéurs œufs & de mener leurs petits ; au lieu que fi on Îeur enlève leurs œufs à mefure quelles pondent, pour les faire couver par des poules vul- gaires {m), elles feront trois pontes, (L) Semel tantum modo ova parit duodecim aut paulo pauciora, nec contifuatis diebus fèd binis ter- nifve interpofitis. Hifl. Animal. Gb. VI, cap. IX: primipare oétoua maxime eduni. Ybidem. (in) Nota. Ariftote dit qu’une poule ordinaire ne peutouèêre faire éclore que deux œuis de paon ; mais Coiumelle {ui en donnoit jufqu’à cinq, & outre cela quatre œufs de poule ordinaire, plusou moins cependant , felon que la couveufe étoit plus ou moins grande : il recommandoit de retirer çes œufs de poule Ie dixième jour, & d’en fubftituer un pareil nombre de même efpèce, récemment pondus, afin qu’ils vinflent à éclore en même temps que les œufs de paon , qui ont befoin de dix jours d’incubation de plus: enfin il prefemvoit .de retourner ceux-ci tous lesjours , fr Ia couveufe n'avoit pu Île faire à caufe de leur groffeur; ce qu’il eft aifé de reconnoître . fi l’on a eu Ia pré- du Paon. 27 felon Columelle (n); la première de cinq œufs, la feconde de quatre , & la trorhième de deux ou trois: 1l paroït qu'elles font moins fécondées dans ce pays-ci, où elles ne pondent guère que quatre ou cinq œufs par an; & qu'au contraire, elles font Peaucoup plus fécondes aux Indes, où, felon Pierre Martyr, elles en pondent de vingt à trente , comme je l'ai remarqué plus baut: cell qu'en général la tem- pérature du climat a beaucoup d'in- fluence {ur tout ce qui a rapport à Îa génération, & c'eft la clef de pluñeurs contradiétions apparentes qui {e trouvent | entre ce que difent les Anciens, & ce qui fe palle fous nos ja Daistiue pays plus chaud , les mâles feront plus ardens, ïls fe battent entr'eux, 1l leur faudra un plus grand nombre de fe- melles, & celles-ci PRRUR un nr caution ‘4 remarquer ces un un côté, Laye Columelle, de Re Ruflicà, loco citato. | (n) Feminæ Pavones que non incubant , ter anno partus edunt ; primus efl partus quinque fere ovorum, fécundus quatuor , tertius trium aut duorum. Columelle, de Re Ruflica, lib. VIT)" x. Bi 28 Hifloire Naturelle grand nombre d'œufs; au lieu que dans un pays plus froid, elles feront moins fécondes, & les mâles moins chauds & plus paifbles. Si on laifie à la paone Ia liberté d'agir {elon fon inftinét, elle dépofera {es œufs dans un fieu fecret & retiré: {es œufs font blancs & tachetés comme ceux de dinde, & à peu-près de Îa ême grofieur; lorfque fa ponte ef finte, clle fe met à couver. On prétend qu'elle eff fujette à pondre pendant la nuit, ou plutôt à laifler échapper fes œufs de deflus le juchoir. où elle eft perchée [o);. cet pos on recommande d'étendre de la paille au-deflous pour empêcher qu'ils ne fe brifent. Pendant tout le temps de Tincuba- tion, Îa paone évite foigneufement le mâle, & tâche fur-tout de lui dérober fa marche lorfqu'elle retourne à fes fo) Pluribus fframentis exagerandum efè aviarium quo tutiusintegri fœtus excipiantur, Ham payones cum ad noëurnam requiem venerunt.… perticis infiflentes enituntur op... Columelle, 48. VIIT, Cap. XI CR a — du Paon, 29 œufs ; caf dans cette efpèce, comme dans celle du coq & de bien d'autres/p}), le mâle plus ardent & moins fidèle au vœu de 12 Nature, eft plus occupé de fon plaïfir particulier que de la multiplication de fon efpèce; & s1l peut furprendre la couveufe fur fes œufs , 1! les cafle en sapprochant d'elle , & peut-être y met-1l de Tintention, & cherche-t-il à fe délivrer d’un obftacle qui l'empêche de jouir: quelques-uns ont ctu qu'il ne les cafloit que pa {on empreflement à les couver lui- même /g), ce feroit un motif bien difiérent. L’Hiftoire Naturelle aura tou- jours beaucoup d'incertitudes ;1l faudroit pour les lui ôter, obferver tout par fot- même; mais qui peut tout obferver! La paone couve de vingt-fept à trente jours, plus ou moins, felon la température du climat & de la farfon () Quam ob caufam aves nonnullæ fylveftres pas riunct , fugientes marem € incubant. Ariftote, Hiféor. Animal. Kb. VI, cap. 1x. (g) Voyez Aldrovande, Ari. tomelIl, page 14 B ii 30 Hifloire Naturelle (r): pendant ce temps on a foin de lui mettre à portée une quantité fufh- fante de nourriture, de peur qu'étant obligée d’aller fe repaître au loin, elle ne quittât fes œufs trop long-temps, & ne les laïffit refroidir ; 11 faut aufli . prendre garde de la troubler dans fon nid, & de lui donner de l'ombrage; car, par une fuite de {on naturel nquièt & défant, fi elle fe voit découverte, elle abandonnera fes œufs & recom- mencera une nouvelle ponte qui ne vaudra pas la première, à caufe de la proxuinité de l'hiver. On prétend que la paone ne fait Jamais éclore tous fes œufs à -Îa -fois, mais, que dès quelle voit quelques pouflins éclos , elle quitte tout pour les conduire ; dans ce cas , 1 faudra prendre les œufs qui ne feront point encore ouverts & Îles mettre éclore fous une {r) Excludit diebns triginta aut paulo tardius, Ariftore, Hifloria Animalium , Kb. VI, cap. 1X. — Partus excluditur ter novenis aut tardius tricefimo. Plin. 46. X, cap. zix. du Paon. ; 31 | autre couveufe ou dans un four d’in- | Cubation { f"). | Élien nous dit que la paone ne relte pas conftamment fur fes œufs, & qu'elle pafle quelquefois deux jours fans y revenir, ce qui nuit à Îa réuflite de la couvée ft). Mais je foupçonne quelque méprife dans ce pañlage d'Élien, qui aura appliqué à fincubation ce qu'A- rifiote & Pline ont dit de Îa ponte, “ris en effet eft interrompue par deux ou trois jours de repos ; au lieu que de pareïlles interruptions dans l’'attion de couver , paroiïflent contraires à l'ordre de la Nature, & à ce qui s’oblerve dans toutes les efpèces con: nues des oïfeaux, fi ce n'eft dans les pays où la chaleur de Tair & du fol approche du degré néceflaire pour lincubatton 4). Quand les petits font éclos, 11 faut ics laifler fous Îa ae pendant vingt- | + (f) Maïfon see tome T, page 138- (4) Ælian, Hifior. Animal. lib. V , cap. XXXIT. {(u) Voyez VAifloire de be D a tome II, page 212 € fui. B 1 32 Hifloire Naturelle quatre heures, après quoi on pourra les tran{porter fous une mue/x). Erifch veut qu'on ne les rende à la mère que quelques jours après (y). Leur première nourriture fera a fa- rine d'orge, détrempée dans du vin; du froment ramoilr dans l’eau, ou anême de la bouillie cuite & refroidie: dans la fuite, on pourra leur donner du fromage blanc bien prefle, & fans aucun petit lait, mêlé aveé des poireaux hachés; & même des fauterelles, donf on dit qu'ils font très-friands; mais dl faut auparavant Oter Îes pieds à ces infectes (x). Quand ils auront fx moïs, #ls mangeront du froment , de lorge, du marc ‘de, cidre. &...de, peteoes même ïüs pinceront Vherbe tendre; imais cette nourriture feule ne fufhroit point, quoiquAthénée les. appelle sraminivores. Lie (x) Similiter ut gallinacer primo die non amoveantur, poftero die cum educatrice transferantur in caveam.. Columelle, 46. VIIT, cap. x1. (y) Frifch, planche cxix. (x) Columelle, de Re Ruflica, ïb. VII £ap. XL. dy Paon. 33 On a obfervé que Îles premiers jours ; la mère ne revenoit jamais coucher avec {a couvée, dans le nid ordinaire, nt même deux fois dans le même en- droit; & comme cette couvée fi tendre & qui ne peut encore monter fur les arbres, eft expolée à beaucoup de rifques , on doit y veïller de près pen- dant ces prenuers jours, épter l'endroit que la mère aura choïfi pour fon gîte, & mettre fes petits en fureté fous une mue, ou dans une enceinte formée en plein champ avec des claies prépa- HémiOc, (a): | Les paoneaux, jufquà ce qu'ils fotent un peu forts, portent mal leurs ailes, les ont traînantes /b), & ne favent pas encore s'en fervir: dans ces: commencemens,la mère les prend tous- les foirs does dos, & les porte lun: aprés. Pautre fur, la. branche où ïüs- doivent pafler la nuit ; le lendemain: matin , elle faute devant eux du haut de: l'arbre en bas, & les accoutume. à eñ: (a) Maïfon Ruftique , rôme I, page 138. {&) Bélon, Nature des Oifèaux, page B'w B- y’ 34 Hifloire Nature Île faire autant pour la fuivre, & à faire ufage de leurs aïles /c). | Une mère paone, & même use poule ordinaire, peut mener jufqu'à vingt-cinq petits paonaux , felon Co- lurmelle ; maïs feulement quinze, felon ._Palladius ; & ce dernier nombre eft _plus que fufhfant dans les pays froids, où les petits ont beloin de fe réchauffer de temps en temps, & de fe mettre à l'abri fous Îes aîles de Îa mère qui ne pourroit en garantir vingt-cinq à- la- fois. On dit que fi une poule ordinaire qui mène fes pouflins, voitune couvée de petits paoneaux, elle eff tellement frappe de leur beauté, qu'elle {e dé- goûte de fes petits, & les abandonne pour s'attacher À ces étrangers (d); ce que je rapporte ici non comme un Are: (y) Maïfon Rufique, rome T, page 139. (d) Columelle, Lib. VIII, cap. x1. Satis convenit inter autores: non debere alias gallinas que pulios fui generis educant , 1h eodem loco pa/ci ; nam cum conf- pexerunt pavoniam prolem, [uos pullos dilisere definunr… perofe videlicer quod nec magnitudine nec /pecie pavont par lite ‘di Paom es 35 fait vrar, maïs comme un fait à véri- fer; d'autant plus qu'il me paroît s'écar- ter du cours ordinaire de la Nature, & que , dans les premiers temps, les petits paonaux ne font pas beaucoup plus beaux que les pouflins. | À mefure que les jeunes paoneaux . fe fortifient, Hs commencent à fe battre (fur-tout dans les pays chauds) ; & c'eft pour cela que les Anciens qui pa- roïflent s'être beaucoup plus occupés Que nous de léducation de ces ot- {eaux (e ), les tenoit dans de petites cales féparées (f): mais les meilleurs endroits pour les élever, c'étoit, felon eux, ces petites îles qui fe trouvent en quantité fur Les côtes d'Italie /g), telle, par exemple, que celle de Pla- nañe, appartenante aux Pifans (A ); ce font en effet les feuis endroits où (e) Pavonis educatio magis urbani patris familie quam tetrici ruférci curam pofcir...,..,Columeiïle, dio. VIII, cap, x1. (f) Varro, de Re Raflicé, lib, I, Cap. VI. {g) Columelle , loco citaro, (4) Vaxro, loco citato. CE vi 36 Hifloire Naturelle. lon: puifle: les larfler en liberté, .& prefque dans Flétat de fauvage , fans craïndre quils. s'échappent, Rd qu'ils volent peu & ne nagent point. du. tout, & fans craindre qu'ils de- viennent la proie. de leurs ennemis , dont. La. petite île doit être purgée : ‘ils. peuvent y vivre felon leur naturel. & leurs appèétits, fans contrainte, fans. inquiétude ,. ils y profpéreroient mieux, & ce qui nétoit pas négligé par les Romains , leur chair étoit d'un meilleur. goût; aan pour avoir l'œil defius,. & reconnoitre fi leur. nombre augmen- toit ou.diminuoit, on les accoutumoit à fe rendre tous les jours à une heure marquée & à. un certain hgnal , autour de la maïfon_où on leur jettoit quelques. poignées de grain pour = atiiser (a. “Lorfque les petits ont un mois d'âge ou un. peu plus, l'argrette commence : à leur pouiler, & alors ts font ma- lâdes comme les dindonneaux lorfqu'ils, poufient Ze rouge: ce n'eft que de ce: moment que le cog-paon les reconnoïit. pour les fiens ;. car tant qu'ils n'ont- Peur rome gamme 2. < fr) Columelle,. Ioco. cisato... du Paon. FT point d'aigrette, il les pourfuit comme: étrangers (k); on ne doit néanmoins les mettre avec les grands que lorfqu'ils ont fept mois, & “ils ne fe perchoient pas d'eux-mêmes fur 1e juchoir, 1l faut les y accoutumer , & ne point fouftrir qu'ils dorment à terre , à caufe du froid & de humidité [7 ). L'aigrette eft compolée de petites plumes, dont la tige eft garnie depuis la Dale jufqu'auprès du fommet, non de barbes, maïs de petits filets rares & détachés ; le fommet eft formé de bar- bes ordinaires unies enfemble, & pe in- tes des plus belles couleurs. Le nombre de ces petites plumes eft variable ; j'en at compté. vingt-cinq dans un mâle ,.& trente dans une fe- melle ; maïs je n'ai pas obfervé un aflez grand nombre d'individus pour aflurer qu'il ne puilie pas y en avoir plus ou moins. | L'aigrette n'eft pasun cône renverlé. comme on Île pourroit croire, {a bafe CE ) Palladius,. de Re Ruflicé , Mb. 1, Cap. XXVIIL. {L) Columelle, Joco cisato.. 38 Hifioire Naturelle qui eft en haut, forme une ellipfe fort alongte, dont le grand axe eft pofé jelon la longueur de Îa tête; toutes les plumes qui a compolent, ont un mouvement particulier aflez fenfble , par lequel elles s'approchent ou s'é- cartent Îles unes des autres , au gré de l'oïfeau , & un mouvement général par lequel l’argrette entière, tantot {e ren- verle en arrière, & tantôt fe relève fur latte. Q Les fommets de cette aïgrette ont, ainfi que tout le refte du plumage, des couleurs bien plus éclatantes dans le mâle que dans la femelle; outre cela, le coq-paon fe diftimgue de fa poule dès l’âge de trois mois, par un peu de jaune qui paroït au bout de l'aile ; dans a fuite 1 s'en diftingue par la grofieur, par un éperon à chaque pied, par la longueur de fa queue, & par la faculté de la relever & d'en étaler les belles plumes, ce qui s'appelle faire la roue. Willughby croit que le paon ne partage quavec le dindon cette faculté remarquable fm) : cependant on - (m) Wüällughby ,; Ornithologia, pag. 112. \ X du Paon. 39 verra dans le cours de cette hiftoire, qu'elle leur eft commune avec quelques tetras ou cogs de bruyère, quelques pigeons, &c.. | _ Les plumes de Ia queue ; ou plutot ces longues couvertures qui naïlient de deflus le dos auprès du croupion, font en grand ce que celles de laï- grette font en petit; leur tige eft pa- retllement garnie, depuis fa bafe jufque près de l'extrémité, de filets détachés de couleur changeante , &. elle fe ter- mine par une plaque de barbes réunies, ornée de ce qu'on appelle l'æi/, ou le miroir: c'eft une tache brillante, émarllée des plus belles couleurs ; jaune , doré de plufeurs nuances, vert changeant en bleu & en violet éclatant , felon Îes difiérens afpe@ts, & tout cela emprun- tant encore un nouveau luftre de la couleur du centre qui eft un beau noir velouté. Les deux plumes du milieu ont en- viron quatre pieds & demi, & font les plus longues de toutes, les latérales allant toujours en diminuant de lon- gueur jufqu'à la plus extérieure ; l’aïgrette 49 Hifloire Naturelle ne tombe point, mais la queue tombe chaque année en tout ou en partie ;: vers la fin de juillet, & repoufle aa printemps; & pendant cet intervalle, l'oifeau eft trifte & fe cache. La couleur la plus ‘permanente de la tête, de la gorge, du cou & de la. poitrine , c'eft le bleu avec difiérens reflets de violet, d’or & de vert écla- tant; tous ces reflets qui renaïflent &e fe multiplient fans cefle fur fon plu- mage, font une reflource que la: Na- ture femble s'être ménagée pour y faire paroïtre fucceflivement & fans confu- fon, un nombre de couleurs beaucoup plus grand que fon étendue ne fembloit le comporter : ce n'eft qu'à la faveur de cette heureufe induftrie que le paon pouvoit fuflire à recevoir tous les dons. qu'elle lui deftnoit.. De chaque côté de la tête on: voit un renflement formé par les petites plumes qui recouvrent Ie trou de l'oretile. Les paons paroïflent fe careller réci-. proquement avec le bec; mars en y regardant de plus près, jar reconnu du Paon. AY qu'ils fe grattoient les uns les autres a tour de la tête, où ris ont des poux tres-vifs &T très = agiles 3 on les voit courir fur la peau blanche qui entoure leurs yeux, & cela ne peut manquer de leur caufer une fenfation incom- mode ; aufli {e prêtent-ils avec beau- coup de complaifance , lorlqu'un autre les gratte. Ces oïleaux fe rendent les maîtres dans la bafle-cour , & fe font refpeéter de l’autre volaille qui n ofe prendre fa pâture qu'après qu'ils ont fini leur repas : leur façon de manger ef à peu- près celle des gallinacés , ils farfiflent. le grain de la pointe du bec & lava- ent fans le broyer. Pour borre iis plongent le bec dans Veau. où ls font cinq ou fix mouve- mens aflez prompts de la mâchoire inférieure, puis en fe relevant & tenant leur tête dans une fituation horizontale , ils avalent l'eau dont leur bouche s'étoit remplie, fans faire aucun mouvement du bec. Les alimens font recus dans l'æ- fophage, où lon a obfervé un peu 42 Hifioire Naturelle au-deflus de orifice antérieur de lef tomac, un bulbe glanduleux , rempli de petits tuyaux qui donnent en abondance une liqueur limpide, L'eftomac eft revètu à l'extérieur d’un grand. nombre de fibres motrices. Dans un de ces oïfeaux qui a été difléqué par Gafpard Bartholin, il y avoit bien deux conduits biliaïires ; maïs 1! ne {e trouva qu'un feul canal pan- créatique, quoique d'ordinaire il y en ait deux dans les oïleaux. Le cœcum étoit double, & dirigé d'arrière en avant ; il égaloit en longueur tous les autres HR enfemble , & les furpafloit en capacité (2). Le croupion eft très-gros ; parce qu'il eft chargé des muicles qui fervent à redrefler 1a queue & à lépanouir. Les excrémens font ordinairement moulés & chargés d'un peu de cette ma- tière blanche qui fe trouve fur les excré- mens de toutes les gallinacés & de beau: coup d'autres oïfeaux. On_ m'aflure qu'ils dorment , tantô t {n) Voyez A&a Hefnienfie, année 1673, _ obfery, 114 du Pan. en cachant fatête fous Faïle , tantôt en farfant rentrer leur cou en eux-mèmes, & ayant le bec au vent. Les paons aiment la propreté , & ceft par cette raifon qu'ils tâchent de recouvrir & d'enfoutr leurs ordures, & non parce qu'ils envient à l'homime les avantages qu'il pourroit retirer de leurs excrémens {o), quon dit ëtre bons pour le mal des yeux, pour améliorer la terre, &c. mais dont apparemment ils ne connoïflent pas toutes les pro- priétés. | Quoiqu'ils ne puiflent pas voler beaucoup , ils aiment à grimper ; ils paflent ordinairement la nuit fur les combles des maifons, où ïls caufent beaucoup de dommage , & fur les arbres les plus élevés; c'eft de-là qu’ils font fou- vent entendre leur voix qu'on s'accorde à trouver déflagréable, peut-être parce qu'elle trouble le fommeil, & d’après laquelle on prétend que s'eft formé (o) Fimum fuum reforhere traduntur , invidentes hominum utilitatibus. Plin. lib. XXIX , cap. ri. ‘C’eft fur ce fondement qu’on impute au paon d’être envieux, | 44 Hifloire Naturelle leur nom dans prefque toutes Îes langues (/ p?. On prétend que la femelle n'a qu'un feul cri qu'elle ne fait guère entendre qu'au printemps, mais que le mâle en a troïs; pour mot, jar reconnu qu'il avoit deux tons, l'un plus grave, qui tient plus du hautbois; l'autre plus aTEU , précifément à an du premier, qui tient plus des fons perçans de Îa trompette ; & } j'avoue qu'à mon oretile ces deux tons n'ont rien de choquant, de même que je n'ai rien pu vow de difforme dans {es pieds; & ce n'eft qu'en prétant aux paons nos mauvaïs raïifonnemens & même nes vices, qu'on a pu fuppofer que leur cri n'étoit autre chofe qu'un gémiflement arraché à leur vanité , toutes Îles fois qu'ils aperçoivent la laideur de leurs pieds. Théophrafte avance que leurs cris fouvent répétés, font un préfage de pluie ; d'autres qu'ils lannoncent auflt lerfqu'ils grimpent plus haut que de nee rence een UE (p) Volucres plereque à fuis vocibus appellare , ut he... Upupa , Cuculus, Ulula.... Paye. Varro: de Linguâ Latinà , Lib, 1V. du\Paan ol 44 coutume (g); d’autres que ces mêmes cris pronoftiquoient la mort à quelque voilin; d'autres enfin, sit oïfeaux portotent toujours fous l’arle un morceau de racine de lin comme un amulette naturel pour fe préferver des fafcina- os tant ileft vrai que toute chofe dont on a beaucoup parlé a fait dire beaucoup d'inepties. Outre les difiérens cris dont j'ai fait mention, le mêle & Îa femelle pro- durfent encore un certain bruit fourd, un craquement étouffé, une voix inté- rieure & renfermée, qu'ils répètent fouvent & quand 1ls font inquiets, & quand ils paroïflent tranquilles ou même contens. Pline dit qu'on a remarqué de {a fympathie entre les pigeons & les paons (f°); & Cléarque parle d'un de ces derniers, qui avoit pris un tel atta- chement pour une jeune Peienne que 1e Voyez | le Livre de Naviré rerUMe (r) Ælan, Hiflor. Armar HD EI, Cap. XVIII. ([) Plin. Hiflor. Animal. lib. X, cap. xx. 46 Hifloire Naturelle l'ayant vu mourir, il ne put lui fur- vivre (£). Mais une fympathie plus naturelle & mieux fondée , c'eft celle qui a été oblervée entre les paons & les dindons : ces deux oïfeaux font du petit nombre des oïfeaux qui redrefient leur queue & font la roue, ce qui fuppole bien des qualités communes, aufli s'accordent -ils mieux enfemble qu'avec tout le refte de la volaille; & lon prétend même qu'on a VU un coq- paon couvrir une poule d'inde {u), ce qui indiqueroïit une grande analogie entre les deux efpèces. La durée de fa vie du paon eft de vingt-cinq ans , felon les Anciens (x), & cette détermination me paroïît bien fondée , puriqu'on fait que le paon eft entièrement formé avant trois ans, & que les oifeaux en général vivent plus apr que Îles perte parce fi) Re Athénée, Da lib. AE Cap, XXX. (u) Voyez Bélon , Nature des Oifeaux, page 234. (x) Ariftot. Hiflor. Animal. Kb. VI, cap. 1x. = Fine: 40, Xi) cop) Ka du Paon. 47 que leurs os font plus duétiles ; mais je fuis furpris que M. Willughby ait cit, ur l'autorité d'Éljen que: cet oïfeau vivoit jufqu'à cent ans, d'autant plus que le récit d'Élien eft mêlé de plufeurs circonftances viñiblement fa- buleufes [y }. | Pat déjà dit que Îe paon fe nour- rifloit de toutes fortes de grains comme les gallinacés; les Anciens lui donnoïent ordinairement par mois un borfleau de froment , pefant environ vingt livres /7 ); il eft bon de favoir que la fleur de fu- feu! leut eft contraire fa}, @& que la feuille d’ortie eft mortelle aux jeunes paonaux , felon Franzius (b). Comme les paons vivent aux Indes dans l'état de fauvage, c'eft auffi dans ce pays qu'on a inventé l'art de leur donner la chafle : on ne peut guère les approcher de jour, quoiqu'ils fe (y) Voyez Ælian, de Nawr “Animal, Üb. XI, Cap. XXKIII. ‘ (x) Varro, de Re Ruflicä, lib. II, cap. vi. (a) Linnæus, Syf. nar. edit, X, pag, 166, (b)Franzius, Hiflor. Animal. pag. 218, 48 Hifloire Naturelle répandent dans Îes champs par troupes aflez nombreules, parce que, dès qu'ris découvrent le Cbhafleur, 1ls furent de- vant lui plus vite que la perdrix, & s'enfoncent dans des brouflailles où n'eft guère poflible de. les fuivrestte neft donc que la nuit qu'on parvient à les prendre, & voici de quelle ma- nière fe fait cette chafle aux environs de Cambare. On s'approche de Farbre fur lequel ils font perchés, on leur préfente une efpèce de. banniere qui porte deux chandelles alkimées, & où lon a peint des paons au naturel; le paon ébloui par cette lumière, ou bien occupé à confidérer les paons en peinture qui font fur la bannière, avance ie cou, le- retire, l'alonge encore, & loriqu'il {e trouve dans un nœuf coulant qui y a té placé exprès, on tire la corde & on fe rend maître de loifeau {c). Nous avons vu que les Grecs far- foient grand cas du paon, mais ce n'étoit que pour raflañer leurs yeux fc) Voyage de J. B. Tavernier, come III , page 57. | 1 de du Paon. 49 de la beauté de fon plumage ; au lieu que, les Romains qui ont poufié plus loin tous les excès du luxe, parce qu'ils étoient plus puiffans ; Le Me Hip réellement de fa chair ; ce fut l'orateur Horteañus qui gra le premier d'en ae demar dur fa table (d), @& on exemple ayant été fuivi , cet otïleau devint très-cher à Rome, & les Empe- reurs renchériflint fur le RENTE parti- cuirers, on vit un Vitellius , un Héltoga- bale mettre ve gloire à remplir des plats immenies /[e) , de têtes ou de cervelles de Le de langues de Fe micopteres , de fuies de fcares {f), & à en compofer des mets infipides , qur navoient d'autre mérite que de fuppoler une dépenle. prodigieule & un luxe excefliveément deftiucteur. . Dans ces temps-là un troupeau de cent de ces oileaux pouvoit rendre fotxante mille Re , en nexigeant (à) Varro, de Re Ruflicä, lib. III, cap. vi, (e ) Entre autres dans celui que Vitellius fe plai- foit à nommer V'Ezide de Pailas. (f) Suétone, dans la vie de ces Ermpereurs. Oifeaux , Dors IF SO - Hifloire Naturelle de celui à qui on en confioit le foin : , que trois paons par couvée { g); ces {oixante mille fefterces reviennent, felon Pévaluation de ‘Gaflendi, à den ou douze mille francs 3 chez les Grecs le mâle & la femelle fe vendoïent mille _dragmes (HA Ne qui revient à huit cens quatre-vingt-lept livres dix BE felon la plus forte évaluation ;* & à vingt-quatre livres, felon la plus foible ; mais il mé paroît que cette dernière eft beaucoup trop foible, fans quoi le pafla age fuivant d’Athénée ne figniheroït rien. N'y a-t-1l pas de la fureur à ñourritr des paons dont le prix n’eft pas moindre que celui des ftatues 4) F ce prix étoit bien tombé au commen- cement du xvi. fiècle ; purfque dans la nouvelle coutume du Bourbonnoïs ; qui eft dé 1$21 , un paoh hétbit eftimé que deux use is deniers de ce pa). $ Varro, deRe Ruflicé, lb. II , a VI. (4) Eien , Hijtor. Animal. lb, V s: CAPs: ENT, Cr) AN non Juriofum ef£ alere domi pavones , cum eorum pretio queant em Jiatue ? Anaxandrides apud Athenæum , 48. XIV, cap. xxr. du -Poon ext Si rnips- D. ! que M. Dupré de Saiat- Ma lue à trois livres. quinze fous d'aujourd’ hur : Mais.rl paroît que. :peu après--cette époque + le.-prix, de ice otfeaux fe -réleva.; car Bruyer nous apprend qu'aux. environs: de: Laileux où lon. avoit la facilité de les nourrir avec du marc.de cidre , on -en : élevoit des troupeaux dont on tiroit- heaucaup de profit, parce que, comme Hs étorent fort rares dans le refte du royaume: on_ en envoyoit de-là dans Mir les grandes villes pour Îles repas d'appa- reil (#& ) : au refte, il n'y a, guère que les: jeunes que Ton purfle ianger. , des vieux {ont trop durs, & &autant plus durs que leur chair eft. naturellement fort sèche ; &- c'eft fans doute à-6ette qualité qu'elle . doit: la :proprièté- fim- guhère ,.& qui paroit à allez avérée ; de Ye conferver fans corruption pendant plufieurs années ue BUT 74 ON CH LE Ce) I. Bruyer , de Re Cibari , b. XV, cap. PNÉRENELD IE ,G (1) Voyez D. Huron de Corde Dei, Hb. XXI, Cap. LV, — Aldrov. Avi tome II, page 274; C 1} L $2 Hifloire Naturelle cependant quelquefois de vieux , maïs ceft plus pour l'apparerl que pour Tufage ; car on les fert revètus de leurs belles plumes, & c'eft une recherche ‘de luxe aflez bien entendue, que Félé- gance A ajoutée à la magnificence effrénée des Anciens : c'étoit {ur un paon aïnfi pré- paré , que nos anciens Chevaliers fai- lotent dans les grandes occañonseurvœu appelé le vœu de paon ((m ). On employoït autrefois Îles plumes de es à faire des efpèces d'éven- tails (2) , on en formoït des couronnes en .guile de laurier , pour les Poëtes appelés Troubadours , o ); Gefner à vu une étoffe dont la chaîne toit de foie & de fil d’or , & la trame de ces mêmes plumes /p ); tel étoit fans doute Le man- teau tiflu de plumes de paon, qu'en- (in ) VoyezMém. de F'Acad. des Infcrip. some XX, NS 30: (n) Frifch , Merche CXVIIT. (o) Traité des Tournois, par le P. Ménefrier , age 40. tp) Cefner, de Avib LD US, SSI N NES SSS NS 7 NI ff tn ne ——— DIT ss nn | LE | Hi no nn nl = ana mn LF PAON. du Paon, $3 voya le Pape Paul ITT au rot Pépin { 4 ). Selon Aldrovande , les œufs. de paon font regardés par tous les Modernes comme une mauvaïife nourriture ; tandis que les Anciens les mettoient au pre- mier rang, & avant ceux dore & de poule commune {Kk): 1l NE er de cette: contradiétion en difant qu'ils font bons, au beout & mauvais dla /fanté: ff} telletà examens. Hi: la température du chmat n’auroit pas encore ici quelque influence. (q) Généalogie de Montmorency, page 20. ) Athénée Deipnofoph. Ub. IL, cap. XVIL. (f) Aldrovande , Avi. tome IL, page 29. C tj $4 ah ABS | LÉ PAON PURES Le CLIMAT ninflue pas moins fur le plumage des oifeaux que fur le: pelage dés quadrupèdes : nous avons vu dans les volumes précédens , que le lièvre, Thermine 6 là plupart des autres ani maux , étoient fujets à devenir blancs dans les pays froids ; fur-tout pendant l'hiver fa) 3 & voicr Une efpèce de Paons, ou fi l'on veut une variété qui LS paroit avOIr Fa les mêmes effets par la ième cale, & plus grands. ENCOTE ; puilque elle a Ta une race, conftante SE ELS KA à dans cette efpèce, & qu’elle femble avoir agi plus fortement fur les pe de Cet nil ; car la blancheur des lièvres & des hermines n'eft que pañagère, & n'a lieu que pendant l’hivet, aimffque celle de la gélmotte hlanche oudwlagopède ; au lieu que Île paon blanc ef toujours Diane 4 ‘6 a ) Voyez tome VII de cette Hiftoire Naturelle, pages 115 g 4e de l’édition en treize volumes. .du. Paon bancs: 55 dans.tous les pays l'été comme Due. : à Rome comme à .Tornéo ; & cette couleur nouvelle eft même fi fixe , que des. œufs de cet oifeau pondus & éclos en Italie, donnent encore des paons blancs. Celui qu *Aïdrovande a fait. def- finer étoit né à Bologne, d’où il avoit pris occafion is douter que cette variété fût propre aux pays froids (à ) : cepen- dant la plupart des Naturalifles s’accor- dent.à regarder la Norwège &lesautres contrées du, Nord ; comme fon .pays patal { c)3 & il paroît qu'il y. vit dans l'état de fauvage ; car il, fe répand pen- dant l'hiver dans VAI lemagne. OL Lo en. prend aflez communément dans cette faïfon ,(d L) on en trouve. même dans des contrées, beaucoup. plus méridiona- les, telles que {a France & TItalie de, imais-dans l'état de domefticité feulement. ” b) ghdrér Ornithologia , tome IT, page 05 °c) Frith ; planche CXX. .— dec à Grass à PAPE T2. | «u(d) Frifch, planche CH Xe à fins # e) ur Aie > Ornithologia ; da pige 27 ARE OS Fois ban QE 56 Hifloire Naturelle M Linnæus aflure en général, comme je ar dit plus haut, qué les paons ne reftent pas même en Suède de leur plein gré , & il n’en excepte point les paons blancs ( f ). | | Ce n'eft pas fans un laps de temps confidérable , & fans des circonftances fingulières , qu'un oïfeau né dans Îes * chimats fi doux de l'Inde & de TAlfe; a pu Saccoutumer à Vâpreté des pays feptentrionaux ; s'il n’y a pas été tranf porté par les hommes, ila pu y pafler, foït par le nord de lAfe, foit par le nord de l'Europe : quoïqu'on ne fache pas précifément l'époque de cette mi- gration , je foupconne quelle n'eft pas fort ancienne; car je vois d'un coté dans Aldrovande (9 ), Longolius , Sca- IH'ajoute auffi lesiles Madères ; en citant Cadamofto> de Navigatione. Je n’aï point la relation de ce Voyageur pour vérifier la citation; maïs je vois dans l’Hifloire générale des Voyages, tome IT, p.270, qu’on trouve des paons blancs à l’île de Madère, & cela eft dit d’après Nicols & Cadamofto. (f) Habitat apud nofirates rarius, prefértim ir aviariis Magnatum non vero fponte. Lianæus, Fauna Suecica, pages 60 & 120. .… (g) Aïidrovand, Ornithologia, tome II , page 27. du Paon blanc. s7 liger (h ) & Schwenckfeld [ ), que les paons blancs n’ont cefié d’être rares que depuis fort peu de temps ; &, d’un autre côté, je fuis fondé à croire que les Grecs ne Îes ont point connus, purfqu’Ariftote ayant parlé dans fon Traité de la géné= ration des Animaux ({ R), des couleurs variées du paon, & enfuite des perdrix blanches , des corbeaux blancs, des moineaux blancs, ne dit pas un mot des paons blancs. Les Modernes ne difent rien non plus. de lhiftoire de ces orfeaux; fi ce n'eft que leurs petits font fort délicate à élever (2): cependant ïl eft vraifem- blable que l'influence du climat ne s'eft point bornée à leur plumage , & qu’elle {e fera étendue plus ou moins jufque fur leur tempérament , leurs habitudes, leurs mœurs ; & je métonne qu'aucun Naturalifte ne fe foit encore avifé d'ob- (4) Exercitatio, LIK; & CCXXXVIIT. (i) Schwenckfeld, Aviarium Silefie, page 227. (k ) Ariftote . LB, W, cap. r1. (1) Schwenckfeld, Apiarium re 327. V 58 Hifloire Ne äturelle ; &c, ferver: les progrès, ou du moins le ré fultat de ces obfervations plus intérieures & plus profondes; il me femble ‘qu'une feule oblervation de ce genre feroit plus inféreffante ; ferait plus pour l'Hiftoire Naturelle, que d'aller compter fcrupu- Rem toutes les plumes des oïfeaux, &. décrire. laborieufement toutes les teïntés & demi-teintes de chacune de leurs barbes dans les quatre parties du monde. … Au refte, quoique leur plumagé foit ‘entièrément blanc, soi particulièrement les longues plumes de leur queue ; cepen- dant on y difingue encore à Perte des veftiges marqués de ces miroirs qui en faïfoient lé plus bel ornement (m) , tant l'empreinte des couleurs primitives étoit profonde ! Il feroit curieux de chercher à reflufciter ces couleurs , & de déterminer par l'expérience , combien de temps & quel nombre de générationsil faudroit-dans un.-climat convenable , tel que les Indes , pour Jeur rendre leur premier éclat. (mn )-Frifch , planche CRE | LE ; PAON PANACHÉ. Pare croit que le paon panaché,; n’eft autre chofe que le produit du mélange des deux précédens , je veux dire du paon ordinaire & du paon blanc’; & ïl porte en eflet fur fon plumage l'empreinte de cette double Origine ; car la du blanc fur le ventre”, fur les aïles & fur les joues ; & , dans tout le refte, il eft comme le paon ordinaire , fl_ce n'eft que les miroirs de la queue ne font ni fi larges, ni fi ronds, nt fi bien terminés: tout ce que je trouve dans les Auteurs fur lhifioire particulière de ‘cet oïfeau , fe réduit à cect , que leurs petits ne sont pas’ aufli délicats à élever: que ceux du paon blanc. . Un ge Cv) 60 Arai Naturelle * LE FAISAN (a). Le surrtr de nommer cet oïfeau pour fe rappeler Îe eu de fon origme ; Île Faïfan , c’eft-à-dire , l’oifeau du Phafe étoit, dit-on, confiné dans la Colchrde avant lexpéditron des Argonautes { b ); ce font ces Grecs qui , en remontant le Phafe pour arriver à Colchos, virent es beaux offeaux répandus fur les bords du fleuve ; & qui, en Îles rapportant # Voyez les planches enluminées ,n.° 121 , le mâles € n.° 122 , Ia femelle. (a) En Grec , Sasrarès; en: Lo , Phafianus,; en Turquie, Suralun ; en Italien, Fa/fano ; en Allemand, Fafen: | en Anglois, Pheafant. — Fuifan. Bélon , EG. narureliel bles Oifeaux , page 253, avec une figure aflez benne. — Phafianus. Gef- ner, Avi page 683. — Phaifan, Ajbin, tom I, page 23, avec des figures du mâle & de la femelle, planches xxv & xxv1.— Fagiano. Olina , page 49 , _avee une figure. — Phaffanus. Frifch , avec une bonne figure coloriée , planche CxXIII. (B} Aroivä primèm fum tranfportata carinä Ante mihi notum nil, nifi Phofis, eat. Martial, du Faifan. 61 dans eut patrie , lui firent un préfent plus fiche que celui de la Toifon d'or. Encore aujourd'hur Îes faifans de la Colchide ou Mingrélie, & de quelques autres contrées voïlines , font les plus beaux & Îes plus gros que l’on con- molle fc);:ceft de- qu'ils fe font répandus d'un coté par la Grèce à l'Occident, depuis la mer Baltique (4) jufqu'au cap de Bonne-efpérance (e) & à Madagafcar ( f ); & de l'autre par la Médie dans l'Orient jufqu'à lextré- (c) Marco Paolo aflure que c'eft dans les pays foumis aux Tartares qu’on trouve les plus gros faifans , & ceux qui ont la plus longue queue, ( d ) Regnard tua dans les forêts de [a Bothnie,, deux faifans. Voyez fôn Voyage de Lapponie , page ICS, (e } On ne remarque aucune différence entre les faifans du cap de Bonne-efpérance & les nôtres, Voyez Koïbe, tome I, page 152. (f)_ Voyez Deftription de Madagafear , par Rennefort, page 120. Il y a à Madagafcar quan- uté de gros faifans , téls que les nôtres. Poyez Fiac- court, Hifioire de Madagafter, page 165. 62 Hifloire Naturelle mité.de la Chine / g) & au. Japon ct &. même dans la Tartarie ; jedis par la Médie, car 11 paroït que, cette con- trée fi. beabie aux oïfeaux , & où Ton trouve les plus beaux. paons » les plus belles poules, &c.a été aufli une nouveile patrie pour les faïfans, qui s'y font. multipliés au point que ce pays feul en a fourni à beaucoup d'autres pays (i) ; ïls font en: fort grande abon- dance en Afrique , fur-tout {ur la cote des Efclaves (4), la Côte-d'or (1); * {g) Voyezrles “Re de Gerbillon:de da Chine deu la Tartarie occidentale, à la fuite de l’Em2 pereur ow par fes ordres. Paffin.— Dans la Corée, on voit en abondance des faifans, des poules, des aHouettes | &c. Hamel , tata dela Care à page 587. JA aauffi au me des faifans d’une a beauté, Kœmpfer , TE du or ; tome I, page 112. (i) Atheneus olim hafte volucres ex Medià guafr ibi copiofiores aut meliorés effent accerfiri folifas tradit. Aidrovand. Ornitholog. tome Il, page 50. (#) Bofman, Deftripricn de la Guince, page 390, ft) Villault de Bellefond, Relation des côtes d'Afrique, Londres, 16704. page 270 à iii ‘du Faifan. 63 Ia Côte-d’ivoire ; aù pays d'Ifini /m } & dans Îés - royaumes de Congo ê& d'Angola (nn), où les Nègres les appellent galignoles : Gn-en trouve aflez communément dans ka différentes par- ties de l'Europe, en Elpagne , en Italre, fur-tout dans ‘la campagne de Rome, le Milanès /'o ) & quelques îles du golfe de Naples ; en Aïlemagne, en France ; en Angleterre (p), dans. ces derñières contrées 1ls' ne font pas généralement répandus : les Auteurs de la Zoologie Britännique aflurent pofitivement que dans toute Îa Grande-Bretagne / q is On né -troûve aucun farfan dans l'état de fauvage. Sibbald s'accorde avec les (im ) Hiftoire générale des Voyages, tome IIT, page 422 ; éitant le P. Lover. (n) Pigafette, page 92. '(o) Olina , Uccellaria / page 49. Re. ‘Ornithologia , tome IT, pages 50 & 51. Hieme per frtvas Pagari Phafianos € fepius Coloniæ in horto fuo inter falviam & sutam latitantem obferpal]e fe tradit Albertus. (p} Hiftory of Harwich App. une 297%. 9) Briifch Zoology ; page 87.0: 64 Hifloire Naturelle Zoologiftes, en difant qu'en Ecoffe quelques Gentilshommes élèvent de ces oïfeaux dans leurs maïfons {r ). Boter dit encore p'us formellement que Le lande n'a point de faïfans { [). M. Lin- næus nen fait aucune mention dans le dénombrement des oïfeaux de Suède {r ) ; ils étoient encore très-rares en Siléfie du temps de Schwenckfeld (x): on ne farfoit que commencer à en avoir en Prufle , H y a vingtans/ x ) , quoique la Bohème en ait une très- grande quantité {y )s & s'ils fe font multrpliés en Saxe , ce na êté que par les foins du duc Frédéric qui en cha deux cens (r) Prodromus Hiflorie naturalis Scotie, part. IT, lib, 311, cap. 111, page 16. | Willughbvy , Ornithologia, page 118. nt ë 5 (t) Voyez Linnæus, Fauna Suecica. (ü) Rariffima avis in Silefià noftrâ, nec nifi ma- gnatibus familiaris, qui cum magno © fingulari fludio alere folent. Schwenckfeld ,, Aviarium Silefie , page 2232. LP) a ; (x) Modo & in Prufià colitur. Klein ; Orde Avium ,; page 114. | (y) In Bohemiâ magna eormm copia. Kbidem, du Faifan. 6$ dans 1e pays , avec défenfe de les prendre ou de les tuer {7 ). Gefner, qui avoit parcouru Îles montagnes de Suifle, aflure n’y en avoir jamais vu {fa );1l eft vrai que Stumpfus aflure au contraire, qu'on én trouve dans ces mêmes mon- tagnes; mais cela peut fe concilier , car il eft fort pollible quil s'en trouve en effet dans un certain canton que Gefner “auroit point parcouru , tel, par exemple, que la partie qui confine au Milanès , où Olfina dit qu'ils font fort communs (b);1il s'en faut bien qu'ils forent généralement répandusen France , Où nen voit que tresrarement dans nos provinces feptentrionales, & pro- bablement on n'y en verroit point du tout, fi un oïfeau de cette diftinétion ne devoit être le principal ornement des plaïfirs de nos Rois; mais ce n’ef que par des foins continuels , dirigés avec la plus grande intelligence, qu'on peut les y fixer en leur faifant, pour (x) Aldrovand. Ormitholog. tome II, page De (a) Gefner, de Avibus. ii (6) Olina, Uccellaria, page 494 66 H: iffoire. Naturelle ainf. dire, un climat artificiel convenable à: leur nature ; &jcela. eff, vrai qu'on. nevoit pas, qu ls. fe foient: multipliés dans la Brie, où, il s'en, échappe . tou. jours . quelques - uns des... Capitaineries Voilines.,. & où même. ils s'apparient, quelquefois ; parce .qu'il ef arrivé à M. le Roï., Lieutenant des. _chafles de Verfailles os Het trouver le nid & les ‘œufs dans les grands bois de cette province’; cependant. ils, y. vivent, dans l'état de liberté , état fi, .favorablé à la multiplication. des anfMAUXx: 1:16, néanmoins; infufhfant.pour:.ceux. même qui, comme les faifans ; paroïfent en mieux Aentin, le prix. lorfque le. climat eft contraire :..nous.avons, vu en Bouir- gogne, un homme : riche faire tous: fes: eflorts..& ne. rien,, épargner pouf, en: peupler, fa. terre htuce dans l'Auxois} fans, , en pouvoir, venir.à bout.:., tout, cela me donne des doutes fur les deux faifans que Regnard prétend avoit tués [c) C’eft à Jui que je dois la plupart de ces faits : il eft peu d’hommes qui ait fi bien obfervé Jes animaux qui font à fa difpoñtion, & qui ait communiqué fes obfervations..avec plus de zèle. du Faifn.\ 1 67 cn..Bothnie (d.), ainfi. .que fur ceux qu'Ohüs. Magnus dit fe trouver dans {a Scandinavie, & y pañer lhiver fous la neige. fans prendre de nourriture fe) : cette façon de pañler lhiver, fous.la neige, a-plus de rapport avec des.ha- bitudes. des cogs de bruyère & .des gélimottes , qu'avec celle : des: faïfans ; de même que le nom de gallæ fyvejtres qu'Olatis donne à ces prétendus fai- fans ; . convient. .beaucoup nueux aux tetras ou coqs. de bruyère ;. & ma con- Jecture a d'autant plus de force, que ni M. Linoæus ,-nt aucun bon OQblfer- vateuf n'a dit. avoir. vu de. véritables faifans dans les- pays. feptentrionaux 3 en- forte .qu’on peut CIOÏTEI QUE. ce nom de faifan aura été d’abord appliqué pat les habitans de ces pays «à des: tetras ou des gélinottes qui. font ‘en effet très-répandus dans le Nord, & qu'en- fuite ce. nom aura. étés. adopté, fans (d) Regard, | Voyage de Hot Dane Li (e) cire Magnus non folum Phaftaros five gailos fylvelbres.in quibufdam Scandinavie locts reperiri feribie, at quod mirum eft fub nive abfque cibo latitare. Voyez Aldrovande, Ornihologia, tome Il, page 51. 638 Hifioire Naturelle | beaucoup d'examen, par les Voyageurs, & même par les Compilateurs , tous gens peu attentifs à diftinguer les efpèces. Cela fuppofé , il fufhit de remarquer que le faifan a l'aile coutte, & con(e- quemment le vol pefant & peu élevé, pour conclure qu'il n'aura pu franchir de lui-même les mers interpolées entre les pays chauds ou même tempérés de fancien continent , & lAmérique ; & cette conclufion eft confirmée par lex- périence , car, dans tout Île nouveau Monde , 1l ne s'eft pomt trouvé de vrais farfans; mais feulement des oïfeaux qui peuvent, à toute force, être regardés comme leurs repréfentans ; cer je ne parle point de ces faïfans véritables qui abondent aujourd'hur dans les habita- tions de Saint-Domingue, & qui y ont été tranfportés par les Européens, amf que les paons & les peintades (f). Le farfan eft de la grofleur du coq ordinaire (g ), & peut en quelque forte (f) Hiftoire de lle Efpagnole de Saint Do- MInoue, page 30. g) Aldroyande qui a obfervé & décrit cet = du Faifan. 69 le difputer au paon pour Îa beauté ; il a le port auili noble, la démarche aufli fière, & le plumage prefque auffi diftingué ; celui de la Chine a même les couleurs plus éclatantes , mais il n'a pas comme le paon ,; la faculté d'étaler fon beau plumage , ni de re- leyer Îes longues plumes de fa queue; faculté qui fuppofe un appareil partr- culrer de mufcles moteurs dont le paon eft pourvu , qui manquent au faïlan, & qui établifient une difiérence aflez confidérable entre les deux efpèces : d'ailleurs ce dernier n'a nt l'aigrette du paon , nt fa double queue, dont l'une plus courte eft compofte des véritables pennes directrices , & l'autre plus longue n'eft formée que des cou- vertures de. celles-là : en général , le farfan paroït modelé fur des proportions moins légères & moins élégantes , ayant TE PS | oïfeau avec foin, dit qu’il en a examiné un qui pefoit troïs livres de douze onces f L'bras tres duodecim unciarum) , Ce que quelques-uns ont rendu par trois livres douze onces: c’eft une différence de vingt-quatre onces fur trente fix, Re PE Hifloire Naturelle le corps plus ramañié, cou plus race | courcr ; [x tête plus droite ete | FES qui: y'A"dE plus” rematquiite dans fa phyfonomie . ce font- deux ièces de couleur écarlate’, au milieu defquelles font placés lés yeux, &'dèux bouquets de plumes d’un vert- dort qui, dans le temps des amours , s'élèvent de chaque côté au-defius des orerlles ; car, dans Îes animaux, 1 y a prefque toujours , ainf que je l'ai remarque, une production nouvelle, plus ou morts fenfble , qui eft comme le fignal d'une Hontelle ‘génération : ces bouquets ‘de plumes font apparemment ce que Pine appeloit, tantôt des crerlies (h ÿ , tantot de petites cornes Ve on HER eur bafe une élévation formée -par leur mufcle releveur [k ): le farfan à oùtre FRE à Aie oretle, des Pins dort CR ORNE ci AT EE . (h) Geminas ex plumê aures frise fubri- guntque. Plin. if. nat. b. 1X CAP XAXMEE LE à -] Phafane corniculis: hd. lib,: Xsk ee EXXVIE, | (k) Aïldrovand. OH, tome Il ; page 3%. du Haifan, gr il fe fert pour en fermer à fon gré l'ou- verture qui eft fort grande / }. 3 Les plumes du cou & du croupion ont le: bout échancré en cœur, comime certaines plumes de la queue du paon ( m ). | Je n'entrerar peut ici. dans le. détail des” couleurs du plumage * , je dirai feulement quelles out. beaucoup moins d'éclat dans la femelle que dans lié mâle, “&'que dans celui-ct même, les reflets en font encore plus :fugitifs que dans le paou ; & qu'iis dépendent non-feur- lement de lincidence de la lunère,, mais encore de la réunion & de da poñ- tion refpective de ces plumes ; car fi on en prend'une feule à part, lesr reflets verts s'évanouiflent , & l'on ne voit à leur Rene que du brun ou du noir ( 7 ”. ; ..(L) Aldrovand. rites tome Il ) page 50. ” (im) Voyez Brion, 6}. rithologie , tome Il, page 262, # Voyez Les planches enluminées ,n,% 1217, où les couleurs du plumage font repréfentées avec añez d’exatituce. (n) Voyez Adrovande , Onitthalgia: tome it, page 5°. 7e Hifioire Naturelle les tiges des plumes du: cou & du dos font d'un beau jaune - doré ; & font l'effet d'autant de lames d'or (0 ) 5 les couvertures du deflus de la queue vont en diminuant , & finiflent en. efpèces de filets : la queue eft compofée deidix- huit pennes , quoique ochwenckfeld n'en compte que ferze ( p ), les deux du milieu font les plus longues de toutes, _& enfuite les plus voifines de celles-là : chaque pied eft muni d'un éperon court & pointu, qui a échappé à quelques Delcripteurs , & même au Deflinateur de nos planches enluminées, n°1275 les doigts font joints par une membrane plus large qu'elle n'eft ordinairement dans les oïfeaux puilvérateurs ( 9) ; cette membrane imterdigitale plus grande, femble être une première nuance (par laquelle les oïfeaux de ce genre fe rap- prochent des oifeaux de rivière ; & en effet , Aldrovande remarque que le (o } Voyez. Aldrovande, Ornichologia , tome II, page 50. (p) Schwenckfeld, Aviarium Silefie, p. 332. (4) Aidrovande ; Oraithologia , ôco citato. faifan du Faifen 7 3 farfan fe plaît dans les lieux marécageux; & il ajoute qu'on en prend quel quefois dans les marais qui font aux shrons de Bologne /r): Oklna, autre Italien ue & M.lc Roi, Lieutenant des Chañfles de Verfatlles, ont fait la même obfervation ; ce dernier aflure que c’eft toujours dans les lieux les plus humides & le long des mares qui fe trouvent daus Îles grands bois de la Brie, que {e tiennent les failans échappés des ca- pitaïneries vorlines ; quoiqu'accoutumés à la focicété de bare. quoique com- blés de fes bienfaits, ces fzifans s'é- loïgnent le plus quil eft poifible de toute habitation Hhumaïne ; car ce font des oïfeaux très-fauvages, & quil eft: extrémement difhcile d'apprivoïler : ‘ On prétend néanmoins qu'on les accou- tume à reyenir au coup de fifflet (ce), {r) Aldrov. Ornithol, tome I, page SI. ([) Olina, Uccellaria, page 409. (1) Voyez le Journal Économique, mois de Sep- tembre 1753. Il y a grande apparence que c’étoit-Aà tout le favoir fire de ces faifans ap} privoifés qu’on nourrifloit, felon Elien, dans 1a ménagerie du Roi Oifeaux ; Tome "IF. \ 7 4 Hifloire Naturelle c'eft-à-dire , qu'ils s'accoutument à ve=. nié prendre la nourriture que ce coup de fifflet leur annonce toujours; mais, dès que leur befoin eft fatifait, ils reviennent à leur naturel & ne con- noïfient plus la main qui les a nourris; ce font des efclaves indomptables qui ne peuvent {e plier à la fervitude , qui ne connoïflent aucun bien qui puifle entrer en comparaïfon avec la Hberte, qui cherche continuellement à fa re- couvrer, & qui nen manquent jamais l'occafñon ( ) ; les fauvages qui viennent de Îa perdre, font furieux ; ts fondent à grands coups de bec fur les compa- nons de leur captivité, & n'épargnent pas même Îe paon ( x ). Ces oïfeaux fe plaifent dans les bois des Indes. De Naturk Animalium, Mb. XIII, ap. XVIIL. (u) Non oflante che vinghin’ allevati nella cafa, & che füno nati Jotto la gallina, non s’addumeflicana mel, angL ritengono la falyaticheyza loro. Ofina, Uccellaria , page 49. Cela eft conforme à ce que j'ai vu moi-même. (x) Voyez Longolius apud Aldrovandrum , Orni- thologia , some II, page £a, Fai/an. 7$ en plaine, difiérant en cela des tetras ou coqs de bruyère, qui fe plaifent dans les bois en montagne ; Hpeenr la nuit, tls : perchent au haut des arbres (y) ils y dorment la tête fous l'aile : leur cri, c’eft-à-dire, Îe cri du mâle, car [a femelle n’en a prefque point, eft entre celur du paon & celur de Îa perntade; mais plus près de celur-cr, & par conféquent très-peu agréable. Leur -naturei eft fi farouche, que non-feulement ils évitent l'homme, mais qu'ils s'évitent les uns les autres , fi ce neft au mois de mars ou d'avril, ui eft le temps ou le mâle recherche D & 1left facile alors de Îes trouver dans Îes bois, parce quils fe trahifient eux-mêmes par un battement d'ailes qui fe fait entendre de fort loin {7 ): les cogs-faïfans font moins ardens que les coqs ordinaires: Frifch prétend que dans l'état de fauvage ils n'ont chacun qu'une feule femeïle ; mais l'homme, qui fait gloire de foumettre l'ordre de | HU (y) Voyez Frifch , planche cxx11rr. (x) Ofina, Uuccllaria, page 40. k i}, 76 Hijicire Naturelle a Nature à fon intérêt ou.à fes fan tailles; à changé, pour armh dif tie naturel de cet oiIeèu, en accoutuinant -baque coq à avoir jufqu'à fept poules, .& ces fept pouies à fe contenter dun feul mâle pour elles toutes; car on a eu la patience de faire toutes les obler- vations néceflaires pour déterminer tette combinatfon ,; comme la plus avantageufe pour. tirer parti de la fé- condité de cet oïfeau (a) : cependant quelques économiftes ne donnent que deux femelles à chaque mâle (8), & j'avoue que cet 14 inéthudé qui a Îe mieux réuffi dans Î1 conduite d'une petite farfanderie que jar eu quelque temps fous les yeux. Mais ces difiè- rentes combinaïions peuvent être toutes bonnes felon les circonftances, la tem-- pérature du climat, la nature du fol, la qualité & Îa quantité de la nourri- ture , détendue & lexpolition de la °ONPET DE {a) vu Journal Économique , Seprenbre 1553. — Le mot Fai/anderie dans ? Encyclopédie. (b) Voyez Frifch , planche cxx11r. — Meïon Ruftique , tome I, page 136; | L du Faifan. 77 faifanderie , les foins du -Faïfandier ; comme feroit celui de retirer chaque poule auffitôt après qu'elle eft fécondée par le coq, de ne les lui préfenter. qu ‘une à une, en obfervant les inter- valles convenables ; de lui donner pen- dant ce temps du blé farrazin & autres. nourritures échaufiantes , comme on Îuf en donne fur la fin de l'hiver, lorf- qu'on veut avancer Îa faïfon de l'amour, La farfane fait fon nid à elle feule; elle choïfit pour cela le recoim le plus obfcut de fon habitation ; elle y emploie a païle , les feuilles & autres chofes femblables; & auorqu'elle le fie fort croflièrement en apparence ,. elle le préfère ; ainfi fut, à tout autre mieux conftruit, mais que ne le feroït point par elle-même ; cela eft au point que fi-on lüi en. prépare un tout fait & bien fait, elle commence par le détruire & en éparpile tous les matériaux , qu'elle arrange enfuite À fa manière. Elle ne fat quune ponte chaque année , du moins dans nos climats; cette ponte eft de vingt œufs felon les D u) me 78 Hifloire Naturelle uns { c), & de quarante à cinquante felon les autres, fur-tout quand on exempte Îa faifane du foin de cou- ver {d); maïs celles que jai eu occa- fon de voir n’ont jamais pondu plus de douze œufs, & quelquefois moins, quoiqu'on eût lattention de faïre cou- ver leurs œufs par des poules com- imunes : elle pond ordinairement de deux ou trois jours lun; fes œufs font beaucoup moins gros que ceux de poule, & la coquille’en eft plus mince que ceux mème de pigeons; leur cou: . leur eft un gris- verdâtre , marqueté de petites taches brunes, comme le dit très - bien Ariftote fe), arrangées en zones circulaires autour de lœuf ; (c) Palladius, de Re Ruflica, Mb. I, cap. 29. (d) Voyez Journal Économique, Sepr. 1783. fe) Pun&lis diflinéta funt ova Meleagridum & Pha- fanarum. Rubrum tinunculi eff modo mini. Hiftoria Animalium , l6. FI, cap. 11. Pline aïtérant appas remment ce paffage , a dit : 4/ia punis diflinéta ut Meleagridi ; alia rubri coloris ut Phafianis ; cenchridi. Hiforia naturalis, /0. X, cap, Lit. du Fan. 79 chaque faifane en peut couver jufqu'à dix-huit. Si l'on veut entreprendre en grand une éducation de fatfans , il faut y defiiner un parc d'une étendue proportionnée , qui foit en partie gazonné & en partie femé de buïffons, où ces oïfeaux puiflent trou- ver unabrt contre la pluie & la trop grande chaleur , & même contre loifeau de proie : une partie de ce parc fera divifée en plufieurs petits parquets de cinq ou fix toifes en carré, faits pour recevoir chacun un coq avec fes femelles; on les retient dans ces parquets, foit en les éjointant, c'eft-à-dire , en leur coupant le fouet de Paile À l'endroit de Ia join- ture, ou bien en couvrant les parquets avec un filet: on fe gardera bien de renfermer ju ieurs mâles dans la même enceïnte; car ils fe battroïent certaine- nent, & finiroient peut-être par fe tuer (f)3; 1 faut même faire en forte qu'ils ne puifient nt fe voir nts’entendre, autrement les mouvemens d’inquictude (f) Voyez le Journal Économique, Septembre 17538: D :iv fr 80 Hifloire Naturelle ou de jaloufie que s'infpireroient les uns les autres, ces mâles fi peu ardens pouf leurs femelles , & cependant fi ombrageux | pour leurs rivaux, ne manqueroïent pas d'étouffer ou Lab des mouvemens ples doux, & fans lefquels 11 n'eft point de génération. Aïnfi, dans quelques ant- maux, comme dans l’homme , le degré de 1a on fe n'eft pas toujours proportionné au befoïa de jouir. Palladrus veut que les cogs foient de: l'année précédente {9 ); & tous les Nituraltftes s'accordent à dire qu'il ne faut pas que les poules arent plus de troïs ans, Quelquefoïs , dans Îes endroits qui font bien peuplés de faïlans, on ne met que des femeiles dans chaque par- quet, & on Lille aux coqs fauvages le foin de les féconder. Ces oïfeaux vivent de toutes fortes de grams & d'herbages, & l'on con- {elle même. de mettre une partie du parc en jardin potager, & de cultiver dans ce jardin des fêves, des carottes, des pommes de terre, des ire (g) Journal Économique, Septembre 1753+ id du Faifan. | 8r des laitues & des panais , fur - tout des deux dernières , dont ïls font. très- friands ; on dit qu'ils aiment aufli beau- coup le gland, les baïes d’aube-épine & la graine d'abfynthe {/h ) ; mais le froment eft la meilleure nourriture qu'on purfle leur donner , en y joignant les œufs de fourmis ; quelques-uns recommandent de bien prendre garde qu'il n’y ait des four- mis mêlées, de peur que les fatfans ne fe dégoûtent des Ne : mais Edmond King veut qu'on leur donne des four- mis même, & prétend que c'eft pour eux une nourriture très- falutarre , & feule capable de Les rétablir lorfqu'ils font fotbles & abattus ; dans [a drlette, on y fubftitue avec fuccès des fauterelles , des perce-oreilles, des mille - pieds : l'auteur Anglois , que je viens de citer , aflure qu'il avoit perdu beaucoup de failans avant qu'il connût la proprièté de ces infeétes ; & que depuis quil avoit appris à en faire ufage , il ne fur en étoit pas mort un feul de ceux qu'il <2 “ms (h) Gerbillon , Voyage de la Chine & de La Tartarte, D # 8:2 Hifloire Naturelle avoit élevés / 3 ): mais quelque nourri- ture qu'on leur donne , il faut la leur melurer avec prudence , & ne point trop les enoraïfler ; car les coqs trop . gras font moins chauds , & les poules trop grafles font moins fécondes , & pondent des œufs à coquille molle & faciles à écraler. La durée de l'incubation eft de vingt à vingt-cinq jours ; fuivant la plupart des Auteurs ( Æ ) & ma propre obler- vation : Palladius la fixe à trente {7 ), mais c'eft une erreur qui n’auroït pas dû reparoître dans la Maïfon Ruf- tique {/{m) 3 car le pays où Palladius écrivoit étoit plus chaud que le notre, lies œufs de farfans n’y devoient pas être plus de temps à éclore que dans Îe nôtre , où ïls éclofent au bout d’én- viton trois femaines ; d'ou ïl fuit que CE (3) Voyezles Tranfa@ions Philofophiques, n.° 23, art. VI ,(#) Gefner. — Schwenc'eld. — Journal ÆEconomique. — M.leRoï, &c. aux endroits cités. _ (L) Païladius, de Re Ruflicé, Kb. I , cap. XXIE, {m) Voyextomel page 135. du Faifam 8 3 le mot rrigefiinus a été fubfritué par les copiftes au mot vigefimus. TU faut tenir la couveufe dans un en- droit éloïone du bruit & un peu enterré, afin qu'elle y foit plus à l'abri des iné- galités de la température & des impref- fions du tonnerre. Dès que les petits faïfans font éclos , ils commencent à courir comme font tous les gallinacés ; on les laifle ordi- païrement vingt-quatre heures {ans Îeur rien donner ; au bout de ce temps , on met la mère & les petits dans une boite que l'on porte tous Îles jours aux champs , dans un lieu femé de blé, d'orge , de gazon, & fur-tout abon- dant en œufs de fourmis : cette boîte doit avoir pour couvercle une efpèce de petit toit fermé de planches légères , qu'on puifle Oter & remettre à volonté, felon les circonftances ; elle doit aufñ avoir à l’une de fes extrémités un retran- chement où Ton tient la mére renfer- mée par des cloïfons à claire-voie , qui donnent paflage aux faifandeaux : du refte, on leur laïfle toute liberté de fortir de la boîte & d'y rentrer à eur D vj 84 Hifoire Naturelle gré ; les glouflemens de la méré pri- lonnière & le befom de fe réchauffer de temps en temps fous fes aïles , les rappelleront fans cefle , & les empêche- tont dé s'écarter beaucoup : on a cou- ‘tume de réunir trois ou quatre cou- vées à peu-piès de même Âge, pour n'en former qu'une feule bande capable d'occu- per la mère, & à laquelle elle pure fufñre. On les nourrit d’abord comme on nourrit tous les jeunes pouflins , avec un mélange d'œufs durs, de mie de pain & de feuilles de laitue ; haches enfemble , & avec des œufs de four: mis de prés; mis 1l y a deux attentrons efentiellies dans ces premiers temps, première eft de ne les point larffer boire du tout, & de ne les cher chaquz jour que lorfque Îa rofée eft évaporée, vu qu'à cet âge toute humidité leur lt contratre ; :&c'efl ; pour Aéidire en paflant , une des ratfons pourquet : les couvées de faifans fauvages ne réufliflent guère dans notre p:ys ; car ces faifans , comme je lai remarqué plus haut, fe tenant par préférence du Faifan. 85 dans les lieux les plus frais & les plus humides , il eft difficile que les jeunes faifandeaux n'y périient : da UE attention qu'il faut avoir , c'eit de Îeur donner peu & fouvent , & des le an en entre - mêlant toujours les œufs de fourmis avec les autres alimens. Le fecond mois on peut déjà Teur donner une nourriture plus fubftan- tielle ; des œufs de fourmis de bois, du: turquis ; du blé, de. l'orge, .du millet , des féves mouiues , en aug- ontant infen{ iBk ement la diftance des repas. Ce temps eft celui où ils commencent à être fujets à la vermine ; la plupart. des Modernes recommandent pour Îles en délivrer, de nettoyer. ia boîte, & mème de la fupprimer entièrement , à l'exception de fon petit toit que l’on conferve pour leur fervir d’abri ; mais Oïna donne un confeif qui a êté indique par ÂArtiitote , & qui me paroit mieux réfléchi & plus conforme à fa nature de ces orleaux ; ts font du nombre des puivérateurs, & ts périfient 86 Hifloire Naturelle lorfqu'ls ne fe poudrent. point (n.). Ofina veut donc qu'on mette à leur por- tée des petits tas de terre sèche ou de fablon très-fin, dans lefquels ils puiffent fe vautrer , & fe délivrer ain des piquures incommodes des infeétes (o }. Il faut être aufli très- exact à leur donner de l’eau nette, & à la Îeur re- nouveler fouvent , autrement ïis cour- roïent rilque de la pépie , à laquelle il y auroit peu de remède fuivant Îles Modernes , quoique Palladius ordonne tout uniment de Îa eur ôter comme on lote aux poulets, & de leur frotter le bec avec de l'ail broyé dans de la poix liquide. Le trofñième moïs amène de nou- veaux dangers : Îes plumes de leur queue tombent alors , & il leur en poufle de nouvelles , c’eft une efpèce de crile pour eux comme pour es paons ; (n) Arfiote , Hifloria Animalium, Hb.V,, cap. XXXI. {(e) Ofna, Uccellaria, page 49. du Faifan, 87 mais les œufs de fourmis font encore ici une reflource, car 1ls hâtent le mo- Hu critique , 6 en dnuent, le danger , pourvu qu'on ne leur en donne pas trop , car l'excès en feroit per- RICIEUX, À mefure que les jeunes faïfandeaux deviennent grands, leur régime aDpro= che davantage de celur des vieux , & dès la fin du troiñième mois on peut les cher dans l'endroit que l'on veut peupler ; mais tel eft l'effet de Îa do- mefticité te les animaux qui y ont vécu quelque temps , que ceux même qui, comme les faifans , ont le penchant le plus invincible pour la liberté , ne peuvent y être rendus tout d'un coup & fans obferver des gradations ; de ême qu'un bon eftomac affoibli par des alimens trop légers , ne ES s'accou-. tumer que peu-à-peu à une nourriture plus foite. Il faut d’abord tranfportex a boîte qui contient la couvée , dans r endroit où lon veut les fâcher ; on aura foin de leur donner Îa Ho ture qu'ils aiment le mieux , maïs jamais dans le même endroit , & en düninuaat S8 Hifloire Naturelle la quantité chaque jour , afin de Îes À ae à chercher eux-mêmes ce qui leur convient , & à faire connoïflance avec a re lorfqu'ils feront en état de trouver leur fublffance , ce {era le mo- ment de leur donner la liberté & de les rendre à la Nature; is deviendront bien- tôt aufli fauva ages que ceux qui font nés dans Îes boïs , à si prés qu'ils confer- ront une forte d'affection pour les lieux où ts auront été bien traités dans leur premier Âge. L'homme ayant réufli à forcer ie na- turel du faifan, en laccoutumant à fe Jomdre à plufñeurs femelles, a tenté de lur f:ire encore une nouvelle violence , en l'obligeant de fe mêler avec une efpèce étrangère ,_& fes tentatives ont u quelques fuccès , Imaïs ce na pas Ne beaucoup de foins & de pré- te (p): on a pris un jeune coq- Banner ms een cannes res nr 2 on (p) Jamais les faifans libres ne cochent les poules qu'ils rencontrent ; ce n’eft pas que, le coq ne faîle quelquefois des avances, rnais fa poule ne jes fouffre point. C’efi à M. le Roi, Lieutenant des Chaffes de Verfaiiles , que je dois certe obférvation , & beaucoup d'autres que j'ai inférées dans cet article: il feraità du Faife ae 89 faifan qui ne sétoit encore accouplé avec aucune fatfane , on la renfermé dans un Heu étroit & foiblement éclairé par en haut ; on ur a choïfhi de jeunes poules , dont le plumage approchoit de celur de Îa farfane ; on a mis ces JURes poules dans une cafe, attenant à cel le du coq-faïfan , & qui n'en étoit féparée que par une efpèce de grille, dont Îes marlles étoient aflez grandes pour laïfer paller la tête & le cou , mais non le cofps de ces oïfeaux ; on a aïnfi accou- tumeé le coq-faifan à voir ces poules , & même à vivre avec elles, parce qu'on ne lui a donné de nourriture que dans leur cale , joignant la grüle de fépa- tation ; torfque la connoïflance a été faite, & qu'on a vu la faïfon de l'amour approcher , on a nourri ce jeune coq & Les poules de He mañière la. plus propre à les échaufter & à leur faire éprouver, le beloin de fe joindre ; & quand ce, befoin a été bien MATQUÉ ; on a ouvert la communication : il eft fouhaiter que fur l’hifloire de chaque oifeau | oneiût à confulter quelqu'un qui eût autant de connoiffances , de lumières & d’empreffemenst à les communiquer, oo Hifioire Naturelle arrivé quelquefois que le faifan fidèle à la Nature , comme mmdigné de Îa méfailiance à laquelle on vouloit le ‘contraindre , a maltraité & même mis à mort les premières poules qu'on lur avoit données ; sl ne s'adoucifloit point, on le domptoit en lui touchant le bec avec un fer rouge d'une part, & de lautre en excitant fon tempéra- ment par des fomentations appropriées; enfin le beloin de s'unir augmentant tous les jours, & 1a Nature travarllant fans cefle contre elle-même, le faïfan s'eft accouplé avec les poules ordr- naïres , ©& 11 en a réfulté des œuf pointillés de noir comme ceux de la faifane , mais beaucoup plus gros , lef- quels ont produit des bitards qui par- ticipoient des deux efpèces , & qui étorent même , felon queiques - ns ; plus délicats & meilleurs au goût que les légitimes ; mais incapables , à ce qu'on dit , de perpétuer leur race, quoique felon Longolius Îles femelles de ces mulets , jointes avec leur père, donnent de véritables faifans. On a encore obfervé de ne donner au coq- du Faifan, 91 faifan que des poules qui n'avoïent jamais été cochées, & même de les renouveler à chaque couvée , foit pour exciter davantage le farfan, ( car l'homme juge toujours des autres êtres par lui- même }, loit parce qu'on à prétendu re- marquer que lorfque les mêmes poules étotent fécondées une feconde fois par le même faïfan , 1l en réfultoit une race dépénérée ( q ). n dit que le farfan eft un oïfeau flupide , qui fe croit bin en füreté lorfque fa tête eft cachée , comme on la dit de tant d’autres, & qui fe larfle prendre à tous les pièges ; lorfqu'on Îe chafie au chien courant, & qu'il a été rencontré , 11 regarde fixement le chien tant qu'il eft en arrèt, & donne tout le temps au Chafleur de le tiref à fon aife {r) : il fut de lui préfenter fa propre image , ou feulement un mor- ceau d’étofle rouge fur une toile blanche, (ga) Voyez Longolius , Dialog. de Avibus. — Journal Economique , Septembre 1753. — Maïfon Ruftique , rome I, page 125. (r) Olina Uuccellaria , page 77. 92 Hifioire Narirelle pour l’attirer dans le piége : on le prend encore en tendant des lacets ou des filets fur les chemins où ïl pañle Îe {oir & le matin pour aller boire; enfin on le chafle à l'ofeau de proie, & l'on prétend que ceux qui font pris de cette manière {ont plus tendres & de meilleur goût. { f° ). L'automne eft le temps de l'année où ils font le plus gras : on peut engraïller les jeunes dans lépinette ou avec a pompe ; comme toute autre volaille ; inaïs 1l faut bien prendre garde en 114 introduifant la petite boulette in le gouer, de ne leur pas renverfer la langue , car ils mourrotent fur le champ. Un fatfandeau bien gras ‘ef un mot= Ceau exquis , & en même temps une nourriture très faine ; aufli ce mets a-t-il été de tout temps réfervé pour la table des riches ; & l’ona regarde comime une prodigalite infenfée , da fantaile qu'eut Héliogabale d'en nourrir les Hions de fa ménagerie. | ([) Aïdrovand., Ornicholog. tom. Il, pag. 57. D ——— Ant pre du SR EN du Faifan, 9 3 Suivant Olina & M. le Roi, cet oïfeau vit comme les poules communes, environ fix à fept ans (25 & ceît fans aucun fondement quon a prétendu connoïtre fon âge par le nombre: des bandes tranfverfale sde, farqueus: (t 1 Olina, Uccellaria , page 49: 94 Hifloire Naturelle à 4 RNA La je Ter D Def FEAT) AT A RD Qt De re IR CR GA de Set ME SANS CAEN A ET PP CAUSE ARTE: CRU AE CR MRC LE FAISAN BLANC. Ox ne connoîr point aflez Fhiftorre de cette variété de lefpèce du faïfan, pour favoir à quelle caufe on doit rapporter la blancheur de fon plumage : l'analogie nous conduiroit à croire qu'elle eft un effet du froid, comme dans le paon blanc. Il eft vrat que le faifan ne s'eft point enfoncé dans les pays feptentrionaux autant que Îe paon; mais aufli fa blancheur n'eft point par- faite, puifqu'il a, felon M. Biifion [a ), des taches d'un viclet foricé fur le cou, & d’autres taches rouflitres fur Île dos; & que, felon Olina, les mâles montrent quelquefois Îes couleurs franches des faifans ordinaires fur la tête & fur le cou: ce dernier Auteur dit que les Farfans blancs viennent de Flandre ; mais fans doute qu'en Flandre on dit (a) Brion, Ornithologie, tome I, ‘page 268. du Faifan blanc. 95 qu'ils viennent encore de plus Tom du coté du Nord : 1l ajoute que les femelles font d'une blancheur plus parfaite.que les mâles [4 ); & je're- marque que la femelle du fafan ordi- naire a auffi plus de blanc dans fon plumage que nen a Îe mâle, = (3) Voyez Olina, Uccellaria, pag. 49. remet PPS. LR METRE PEER Eu 26 Hifioire Naturelle 4 LE FAISAN VARIE: ï L Couss le paon blanc , mêlé avec le paon ordinaire , a produit le paon varié ou panaci bé, ainfi on peut croire que.le fa Han blanc fe mêlant avec Îe faifan ordin: alle ; a produit le Faïfan varié dont ïl s'agit icr , d'autant plus que ce dernier, a exactement &/inemer forme & la mème grofleur que Tefpèce ordinaire, & que fon plumage dont le fond eft blanc, fe trouve lemé de taches qui QE toutes.les couleurs de notre fie (Ua Frifch que ape le faifan varié neft point Hoi pour la PrPENNRS GE (a) Voyez Briflon, Ornirhologie , tome I, Y Q, (ë) Frifch, article de la planche cxx1v, LE COCQUAR 2ÉCOCOUZR OU LE FAISAN BATARD Planche 11 de ce volume. Le nom de faifan-huneru, que Frifch donne à cette variété du fan , Indique quil le regarde comme le produit du mélange du faifan avec la poule ordi-. naïre ; @&. en efet, le Faifan bâtard reprélente Tefpèce du faifan par fon cercle rouge autour des yeux & par fa longue queue ; & ï fe rapproche du coq ordinaire par les couleurs com- munes & obfcures de fon plimage, ui a beaucoup de gris plus ou moins fonce : le faifan bâtard eft auffi plus petit que le farfan ordinaire , & ïl ne vaut rien pour perpétuer l’efpèce , ce qui convient aflez à un métis, ou fi l'on veut à un mulet. : | | Frifch nous apprend qu'on en élève Oifeaux , Tome IF, E o8 Hifloire Naturelle, beaucoup en Allemagne , à caufe du profit qu'on en retire , & c'elt en effet un très-bon manger (a). (a) Voyez Frifch, planche cxxr. Nota. Ce feroit ici le lieu de parler du farfan- dindon qui a été vu en Angleterre ,; & dont M. Edwards a donné la defcription & fa figure, planche CCCxX XVII ; mais jen ai dit mon avis ci-deflus à Particle du Dindon. To 14 | PL pag. 98. TE PT | ty à db Il | D IT pa Li TU ni co S NL Il PE sul À à) … M0 = ve cocouar. OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport au Faifan. j E NE PLACERAI point {ous ce titre plu- fieurs orfeaux auxquels Îa plupart des Voyageurs & des Naturaliftes ont donné le nom de faifans ; & qui fe trouvent même fous ce nom dans nos planches enlummées ; mais que nous avons reconnu après un plus mûr examen pour des oïffeaux d'elpèces fort différentes. De ce nombre font, r.° le farfan des Antilles de M. Brifon [a), qui eft le faifan de ile Kayriouacou du P. du Tertre / b ), lequel a les jambes plus longues & la queue plus courte que le farian. _ 2° Le fafan couronné des Indes (a) Briflon , Oruithologia , tome I, page 269. (b) Voyez le P. du Tertre, Hifloire générale des Antilles, tome I, page 255. Ei 100 Hifloire Naturelle de M. Brion { c), qui eft repréfenté fous le même nom *, & qui diftère du faifan par fa conformation totale, par la forme particulière du bec, par fes mœurs, par fes habitudes , par fes ailes qui font plus longues, par fa queue plus courte , & qui, à fa groflenr pres, paroît avoir beaucoup plus de rapport avec le genre du pigeon: ; 3.” L'oifeau d'Amérique * * que nous avons fait repréfenter fous le nom de faifan huppéde Cayenne ; parce qu'il nous avoit été envoyé fous ce nom ; mais qui nous paroiït difièrer du faïfan par fa grof- feur , par le port de fon corps, par fon cou long & menu, fa tête petite , fes longues ziles , &cc. 4.7 Le hocco-faifan de la Gurane ***, qui n’eft rien moins qu'un farfan , comme il eft aïfé de s’en convaincre par la com= parailon des figures : EEE TT | fc) Briffon, Ornithologie, tome I, page 270, *# Voyez des planches enluminées , n,9 118, %#%# Woyez idem , n.° 337. #&% Voyez idem , n.° 86. des Oifeaux étrangers ; 6c. 104 s° Tous Îles autres hoccos d’Amé- rique que M Bron & Barrere, & pui eurs autres, entraînés par leurs mé- thodes , ont rapportés au genre du failan , quoiqu'ils en diffèrent par un grand nombre d'attributs, & par quel-- ques-uns même de ceux qui avoient été choïlis pour en fe les caractères de ce genre. | | hs DR FAISAN DORE $ O [8] ° LoN lbs LRLCOLOR Hurr£ de la Chine. Querques AUTEURS ont donné À cet oïfeau Île nom de faifan rouge [d ), on eût été prefque auf bien Foie à lut donner celui de faifan bleu , & ces deux dénominations auroient été aufli imparfaites que celle de Faïfan doré, (d) Kleïn , Ordo Apium, page 114. — Albin , tome LIT, page 154 id E ij 162 ÆHifloire Naturelle puifque toutes les troïs n’indiquant que lune des trois couleurs éclatantes qui Brillent fur fon plumage , femblent exclure les deux autres : “née qui m'a donné lidée de lui impoler un nouveau nom , & jai cru que celur de Tricolor huppé de fa Chine le caractériféroit mieux , puilqu'il pré- fente à lefprit fes attributs Les ns apparens. On peut regarder ce faifan comme une variété du failan ordinaire, qui s ef£ embell: fous un ciel plus De ce font deux branches d'une même famille qui le font féparées depuis long-temps, qui mêine ont formé deux races diftinctes, & qui Ra fe reconnotilent en- core; car elles s'ailient, fe mélent & produifent enfemble ; mais 1l faut avouer que leur produit tient un peu de Îa ftérilité des mulets, comme nous le verrons plus bas; ce qui prouve de plus en plus Fanctenneté de la fépa- ration des deux races. | Le tricolor huppé de la Chine ‘eft plus petit que notre faifan; & je dois avertir à cette occañon que, dans notre des Oijeaux étrangers, Gc. 103 planche enlumimée , 2.2 2175 on à omis le module qui doit être de deux pouces neuf lignes. La beauté frap ppante detiicet oifeau lui à valu d'être cultivé & multiplié dans nos faifanderies , où ïl eft afilez commun aujourdhui : fon nom de tricolor huppé indique le rouge , Îe jaune - doré & le bleu qui dominent dans fon plumage, & les longues Se belles plumes qu'il a fur la tête, & qu'il relève quand ïl veut en mantèr de huppe; il a l'iris, le bec, les pieds & les ongles jaunes, la queue plus longue à proportion que notre farfan, plus émaïrllée, & en général : plumage plus brillant : au-deflus des plumes de 1a queue fortent d’autres plumes longues & étroites > de couleur écarlate, dont la tige eft jaune ; 1l n'a point les yeux entourés d'une peau rouge comme le farfan d'Europe; en un mot, il paroit avoir fubir fortement influence du climat. La femelle du faifan doré eft un peu.plus petite que le mâle, elle à la quERe moins longue ; les couleurs de Ë iv 104 Hifloire Naturelle fon plumage font fort ordinaires, & en: core imoïni agréable es que celles de notre failane ; mais quelquefois elle devient avec le temps aufli belle quele mâle : on en à vu en Angleterre, chez Miladr us qui, dans lefpace de fix ans , avoit raduellement changé fa couleur ignoble de bécaif: en la belle couleur du “alé À duquel elle ne fe diftinguoit plus que par les yeux & par la longueur de la queue (e } : des perfonnes. in:clligentes qui ont été à portée d'obferver ces o1t- feaux , nront afluré que ce changement de couleur avoit lieu dans la plupart des femelles , qu'il commençoit lorf- qu ‘elles avoient quatre 1e temps où le mâle commençoit auffl à prendre du dé- goût pour elles 8 à les maltraiter ; qu'il leur venoit alors de ces plumes longues & étroites, qui dans Île mâle accom- pagnent Îes plumes de la queue ; en un mot , que plus elles avançoïrent en âge, plus elles devenoient femblables aux mâles , comme cela a lieu plus ou moins dans prelque tous les antimaux. eee non ni "| (e) Voyez Edwards, planche Lxrri. des Oifeaux etrangers, &c. 105$ M. Edwards aflure quon a vu pa- reillement chez le duc dé Leeds , une faifane commune , dont le plumage étoit devenu femblable à celui du faifan male ; & il ajoute que de tels changemens de couleurs n’ont guère lieu que parmi Îes oïfeaux qui vivent dans la domefti- eu Le c | Les œufs de la faifane dorée rel- femblent beaucoup à ceux de la pein- tade, & font plus petits à proportion que. ceux de Îa poule domeftique , Sc plus rougeitres que ceux de no$s faifans. | Le docteur Hans Sloane a confervé un mâle environ quinze ans ; il paroit que c'eft un oïfeau robufte , puifqu'il vit fi long -temps hors de fon pays; il s'accoutume fort bien au notre (g }, & y muitiplie aflez facilement ; 5! muitt- plie même avec notre faifane d'Europe. M. fe Ror, Lieutenant des Chafies de Verfailles , ayant mis une de ces )fatfanes de la Chine avec un coq -faifan (f) Edwards , Glanures., Partie IIL® page 2684 : (g) Ibidem , planche Lx Var. E v 106 Hifioire Naturelle de ce pays-cié 11 en a réfulté deux far- fans mâles fort reflemblans aux nôtres ; cependant avec le plumage mal teint, RAC" TI ayant que quelques plumes jaunes fur la tête comme le faïfan de la Chine : ces deux jeunes mâles métis ayant été mis avec des failanes d'Europe , lun féconda la fienne la feconde année, & il en à rélulté une poule faifane qui na jamais pu devenir féconde ; & les deux Hé se métis nont rien produit de plus jufqu'à la quatrieme année, temps où ils trouvèrent Î: moyen de s'échapper à travers leurs filets. Il y a grande apparence que le tri- color huppé dont 1l s'agit dans cet article, eft ce beau farfan dont on dit que les plu- mes fe vendent à [a Chine plus cher que l'otfeau même 4); & que c'eft aufli celui que Marco-Paolo admira dans un de fes voyages de la Chine , & dont la queue avoit deux à trois pieds de long. (h) Hiftoiïre générale des Voyages , tome WT, page 487. Li des Oifeaux étrangers, &c, 107 LA 4 LE FAISAN NOIR & He C de la Chine * LA ricure de nos planches enfumi- nées na été deflinée que d'après l’oïfeau empaillé, & je ne doute pas que celle _ de M. Edwards (à " qui a été faite & re- touchée à lorfir d'après le vivant , & qui a cté recherchée pour les plus petits dé- tails d'après l’oifeau mort, ne repréfente plus exactement ce faïfan, & ne donne une idée plus jufte de fon port, de fon air ; GC. Rd juger par la feule inf- pection de la figure, que c'e une variété du farfan , modelée pour fa. forme totale fur les proportions du tri- color huppé de Ia Chine ; mais beaucoup * Voyez les planches enluminées , n° 123, le mêle ; € n.° 124, la femelle. (i) Voyez Edwards, Hifl, nat. des Oifeaux , planche Lx VI. E v} 08 Hifloire Naturelle plus gros , puifqu'il furpañle même Ie faifan d'Europe : 1 a avec ce defnier un trait de refiemblance bien remar- | quable, c'eft la bordure rouge des yeux qu'il a même plus lRge & plus éten- due ; car elle lui tombe de chaque côté au-deflous du bec inférieur en forme de barbillons, & d'autre part elle s'élève comme une double crête au-deflus du bec fupérieur. La femelle eft un peu plus, petite que le mâle, dont elle diffère beau- coup. par la couleur; ellen'a) nie deflus u corps blanc comme lui, nt le deflous d’un beau noïr avec des reflets PA pourpre ; on n’aperçoit dans tout {on plumage qu'une échappée de blanc au- defious ce yeux ; le refte eft d'un rouge-brun plus où moïns foncé, excepté fous le ventre & dans les plumes latérales de la queue, où l'on voit des bandes noires tran{verfles {ur un fond. gri ‘’à tous autres de la femelle diffère moins du mâle dans cette race que dans toutes les ALES races de fatfan; elle a comme lui une buppe fur la tête, Îes yeux entourés d'une 5 */ ° des Oifraux etrangers, ec. ro9 bordure rouge , & les pieds de mème couleur. | * Comme aucun Naturalifie, ni même aucun “pa pt ne nous a donné le plus léger indice fur Forigime du Faïfan noir Fi bla anc , nous noie réduits fur cela aux fules conjectures ; la mienne feroit , que de mêne que Île faïfan de Géorgie s'étant avancé vers lOrient, & ayant fixé fon féjour dans les pro- vinces méridionales ou tempérées de Îa Chine, eft devenu Île tricolor Buppé ; ainfi, le faifan blanc de nos pays ir ou de la Tartarie, ayant paflé dans les provinces ut amaies de la Chine, eft devenu le farfan noir & blanc de cet article, lequel aura pris plus de groffeur que le farfan primitif ou de Géorgie ; parce qu'il aura trouvé dans ces provinces uue nourriture plus abon- dante ou plus analogue à fon tempeé- rament, mais qui porte l'empreinte du nouveau clunat dans fon port, fon air, fa forme extérieure, femblable au port, à larr , à la forme extérieure du tricolor huppé de la Chine, & qui a confervé du fafan primitif la bordure rouge des Œ- 110 Hifloire Naturelle yeux , laquelle même a pris en lui plus d'étendue & de volume, fans doute par les mêmes caufes sg ai rendu lur- même plus gros & plus gen que Îe alfan ordinaire. ET LARGUS ou 1e LUEN. Ox TROUVE au nord de la Chine une efpèce de faïfan, dont les ailes & la queue font femées d’un très - grand nombre de taches rondes femblables à des Yeux »; do on lui a donné Îe nom d'Areus 3 5 les deux plumes du milieu de la queue font très-longues , & excèdent de beau- coup toutes les autres : cet oïfeau eft de la groflcur du dindon ; il a fur a tête une double huppe qui fe couche en … arrière € #K (Æ) Voyez les Tranfations Phrofophiques , tome LV, page 88, planche 111. \ des Oiféaux etrangers, Gc. 111 I V. | D'EuN A RARE ou FAISAN cornu (l). M. Epwros, à qui nous devons Îa Connoïflance de cet oïfeau rare , Île range parmi les dindons , comme ayant autour de 1a tête des excrorflances char- nues /72) , & CePEudant il lui donné Île nom de faifan corna ; je crois en efet quil approche plus du faifläan que du _ dindon ; car les excrotflances charnues ne font rien moins que propres à ce dernier ; le coq, la peintade , lorfeau royal , le cafoar & bien d’autres oïfeaux des deux continens en ont auf; elles ne font pas même étrangères au faïfan, puifqu'on peut regarder ce large cercle de peau rouge dont fes yeux font en- tourés , comme étant à peu- près de Bones: seu 7. " (L) Voyez Edwards, EHiff. nat. des Oiféaux, planche cxvI. (m) Voyez Gleanings, &c, some LIT , page 331. C3 112 Hifloire Naturelle même nature , & que, dans le failan noir & blanc de la CHE ; cètte peau : forme réellement une double crête fur le bec & des barbillons au - deffous ; ajoutez à cela que le napaul eft du climat des faïfans, puifqu'il a été envoyé de Bengale à M. Meed ; qu'il a le bec, les pieds, les Éperons , les atles & la forme totale du farfan ; & l’on conviendra qu'il eft plus naturel de le rapporter au faifan , qu'à un otfeau d ÀÂmeé érique , tel que le dit i1don. " Le _papaul ou Rire cornu eft arf aueie parce qu ïl a en- eflet deux cornes fur la tête; ces cornes font de couleur bleue, de forme cylindrique, obtules à leur extrémité, couchées en arrière, & d'une fubftance analogue à de la chair calleule : il n'a point autour. ces yeux.ice cercle de peau tous, quelquefois pointillée de noir, qu'ont les faifans , maïs 1l a tout cèt efpace garni de poils noirs en guite de plumes; au-deflous de cèt efpace & de la bafe du bec inférieur, prend naïffance une forte de gorgerette formée d'une peau che; laquelle toinbe & flotte librement des Oiféaux é étrangers, GC. 113 fur là gorge & la partie fuperieure du cou: cette gorgerette eft noire dans fon milieu , femée de quelques poils de même couleur , & fillonnée par des rides plus ou moins profondes, en forte qu'elle paroît capable d'extenfon dans l'oifeau vivant , & Ton peut crorre qu'il fait la gonfler ou la reflerrer à fa volonté : Îles parties latérales er font bleues , avec quelques taches orangées, & {ans aucun poil en dépens maïs la face intérieure qui s'applique fur Île cou elt garnie de petites plumes noires, ainh que la paitie du cou qu elle re- couvre ; Le fommet de Îa tête eft rOUGE ; la partie antérteure du corps rougeître, la partie poltérieure plus rembrunie ; fur le tout , y compris la queue & les arles , on voit des taches Elanches entourées de noir, femées près à près aflez régulièrement : ces taches font rondes fur lavant, oblongues ou en forme de larmes fur larrière, & celles-ci tournées de manière que la pointe re- garde la tête; les aïles ne patient guère J'origine de la queue, d’où lon peut conclure que c'eft un oifeau pelant ; la 114 Hifloire Naturelle longueur de la queue n'a pu être déter- nunce par M. Edwards, vu qu’elie y cit reprélentée dans le deflin original, comme ayant été ufte par quelque frot- tement, V. Lx QUATRACA. Quoiou À vrai dire il ne fe fcit point trouvé de véritables faïfans dans l'Amérique , comme nous l'avons établi ci-deflus , néanmoins parmi la multitude d'oiïfeaux différens qui peuplent ces valtes contrées , on en voit qui ont plus ou moins de rapports avec le faïlan ; & celui dont ïl s'agit dans cet article, en approche plus quaucun autre, & doit être regardé comme fon repré: fentant dans le nouveau Monde; il le repréfente en eflet par fa forme totale, par fon bec crochu, par fes yeux bor- dés de rouge & par fa longue queue ; néaumoïns comme ïl appartient à un climat, & même à un monde difiérent ,; & qui eft incertain sil fe mêle avec des Oifeaux étrangers, Éc. 115 nos faifans d'Europe , je le place icr apres ceux de la Chine qui s “sccouplent certar- nement & produifent avec les nôtres. L'hiftoire du Katraca nous eft totale- ment inconnue ; tout ce que je puis dire d'apres l'infpection de fa forme exté- treure, celt que le fujet Her nous paroïît être le mâle , à caufe'de fa longue queue & de Îa foin de fon corps HE arrondie qu'alongée. Nous lui conferverons Île nom de karraca qu'il porte au Mevique, fuivant le P. Feurllée. # Voyez les planches enluminées , n.° 146. xr6 Hifioire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui paroiffent avoir rapport avec le PaonN 6 avec le FAISAN, Je range fous ce rire indécis quelques Oijeaux étrangers ; trop peu connus Pour qu'on paiffe le+r alfigner “ne she plus Jire. E Le CHINQUIS. Dans Pincertitude où je fuis, fi cet oïfeau eft un véritable racn ou non, je lur donne , ou plutot je lur conferve le nom de Chinquis , formé de fon nom Chinois chin-tchien- khi , c’eft la dixième efpèce du genre des faïfans de M. Briilon { a ) ; il fe trouve au Tibet, (a) Voyez Briflon, Ornithologte, tome 1. P: 294% des Oifeaux étrangers ,6c. 117 d'où cet Auteur a pris occafñon de le nommer paon du Tibet : {a grofieur eft celle de là perntade ; 1l a Piris des yeux hiune, le bec cendré:, les pieds BUS » le fond du plumage cendré , varié de lignes noires & de ponts blancs ; mais ce qui en fait lornement principal & diftinctif , ce font de belles & grandes taches rondes d'un bleu éclatant, chan- geant en violet & en or, répandues une à une fur les plumes du dos & les couvertures des ailsc : deux à deux fur Îles pennes des ailes, & œuatre à quatre fur les ae couvertures de la ques dont les deux du milreu font les plus longues de toutes ; les latérales allant toujours en fe raccourcifflant de chaque coté. On ne fit, ou plutôt on ne dit rien de fon hiftoire , pas même s’il fait la roue en relevant en etat les belles plumes chargées de miroirs. | Ji ne faut pas confondre Ile chinquis avec le kinkr ,; ou poule dorée de la Chine , dont ïl eft parlé dans les rela- tions de Navarette, Trigault, du Halde, x qui > eutant qu’ on en peut juger par 118 Flifloire Naturelle des defcriptions imparfaites , n’eft autre . chofe que notre tricolor huppé (b ). TL LES PI CFA OR J’APPELLE ainfi le huitième farfan de M. Brion { c ), qu Aldrovande a nom- | mé paon du Japon ; tout en avouant qu'il ne reflembloit à notre paon que par les pieds & 1< queue (CHR Je lui ai donné le nom de Spicifère, | à caufe de laigrètte en forme dep qui s'élève fur fa tête ; cette aïgrette | eft haute de quatre pouces , & paroït émaïilée de vert & de bleu ; le bec eft de couleur cendrée , plus long & plus menu que celui du paon ; l'iris eft jaune, & le tour des yeux rouge comme dans (Bb) Voyez M. l'Abbé Prévôt , Hifloire générale des Voyages, tome VI, page 487. (c) Briffon ; Ornithclogie , tomelT, page 280. {d) Aldrovand. Ornichol. tome II, page 35. "17 4 , ; € des Oifeaux étrangers, Se. 119 _ le failan: les plumes de la queue font en plus petit nombre , le fond en eft plus rembrunt & les miroirs plus grands, mais brillans des mêmes couleurs que dans notre paon d'Europe ; la diftri- Dution des couleurs forme fur la poi- trine, le dos & la partie des aïles la plus proche du dos, des efpèces d’é- caïlles qui ont différens reflets en difc- rens endroits, bleus fur la partie des ailes la plus proche du dos, bleus & verts fut le dos, bleus, verts & dorés ba portrine.s ice cutrec pennes de l'aile font vertes dans Île mriteu de leur longueur , enfuite jaunâtres & finiflent par tre noires à leur extrémité : le fommet de {a tête € le haut du cou ont des taches bleues mêlées de blanc fur un fond verditre. Telle eft à peu-près la defcription qu'Aldrovande a faite du mâle, d’après une figure peinte que l'Empereur du Japon avoit envoyée au Pape; ïl ne dit point s1! étale fa queue comme MAPS Dion ;. Ce, quel, y à dé certain, c'eft quil ne l'étale pont dans La fisure d'Aldrovande , & qu'il y eft même 120 Hifloire Naturelle reprélenté fans éperons aux pieds, quoi- qu'Aldiovande n'ait pas oublié d'en faire paroître dans la figure du paon ordinaire, qu'il a placée vis-à-vis pour fervir d'objet de comparaïfon. RO Hs Selon cet Auteur, la femelle eft plus petite que Île mâle, elle à les mêmes eou- leurs que lui fur la tête, le cou, la por- trine , le dos & les aïles ; mais en dif- fère en ce qu'elle a le deflous du corps noir , & en ce que les couvertures du croupion , qui font beaucour PIUS EOuries que les pennes de !« queue, font ornées de quatre ou cinq miroirs afiez larges, relati- vement à la grandeur des plumes , le vert eft la couleur dominante de la queue, les peunes en foat bordées de bleu : & les tiges de ces pennes font blanches. Cet oïfeau paroit avoir beaucoup, de rappoit avec celui dont parle Kæœmpfer dans fon hifioire du Japon, fous le nom de faifan ( f ) ; ce que he Eu jen (f)'« H y a au Japon une efpèce de faifans qui # fe difiinguent par la diverfité de leurs couleurs, » par leciat de feurs plumes, & par la beauté de leur queue, qui égale en longueur la moitié . #2 ià des Oifeaux étrangers , Gc. 121 Jen at dit fufht pour faire voir qu'il y a plufieurs traits de conformité & plu- fieurs traits de diflemblance, foit avec le paon , foit avec Île faifan; & que par conféquent , il ne devoit point avoir d'autre place se cellé que je lui donne 1ci, L t LÉPERONNIER". Cer orsrau nef guère connu que par La figure & la defcription que M. Edwards a publiées du mâle & de {a temens ot), & qu'il avoit faites fur le vivant. Au premier coup d'œil, le mâle la hauteur d’un homme, & qui par ce mélange « @& par une variété charmante des plus belles cou-" «e Jeurs , particulièrement de lP’or & de l’azur, ne « cède en rien à celle du paon. » Kœmpfer, Hifioire du Japon, tome I, page 112. * Voyez les planches enluminées , n.°5 492 & 493. (g) Edwards, Hif. nat, of Birds, planches LX VII & LXIX. Oifeaux , Tome I F. Un. #22 jifioire Naturelle paroiït avoir rt rapport avec le farfan & le paon; comme eux 1l a la queue Zongue , il la femée de miroirs comme le paon , & quelques Naturaliites s'en tenant-à ce premiér coup,d'æil, Font admis dans le genre du farfan # Res mais quoique , d'après ces rapports faper- ficiels, M: Edwards ait cru pouvoir lui donner ou lui conferver le nom de faifan- paon ; néanmoins, en y regardant de plus près, il a bien jugé qu'il ne pouvoit appar- tenir au genre du faïfan, 1.° parce que les longues plumes de fa queue font arron- dies & non Doiphe par le bout; 2.” parce qu'elles font droites das toute Îeur longueur ; & non recour- bées en en bas; 3. parce qu'elles ne font pas la gouttière renverfée par le renverlement de leurs barbes , comme dans Le faifan; ‘4° enfin ; parce qu'en marchant , 1 ne recourbe pot fa queue en en faut. Mais 1 appartient encore bien. m OÏNS LR | (h) Klein, Ordo Avium, page 114 —Brifon, Ornithologza, tome [, page 291, Genre vu Eipèce IX. \ des Oifeaux étrangers, Ge. 123 à l’efpèce du paon dont il d'fère non- feulement par le rapport de la queue, par la configuration & le nombre des pennes dont elle eft compofée ; mais en- core par les proportions de fa forme extérieure , par la groffeur de latête & du cou, & en ce qu'il ne redrefle & n'épanouit point fa queue comme le paon (à), qu'il n'a au dieu d'aïgrette qu'une efpèce de huppe plate, formée par les plumes du formmet de fa'tête qui fe relèvent, & dont la pointe revient un peu en avant: enfin le mâle diffère du coq-paon & du cog-faifan, par un double éperon qu'il a à chaque pied; caractère prefque unique d'après lequel je Iut ai donné le nom d'Éperonnier. ie Ces difiérences extérieures qui cer- tanement en fuppofent beaucoup d’autres plus cachées, paroïtront aflez confidérables à tout homme de fens, : 4 (:) M. Edwards ne dit point que cet oifeau faffe la roue ; & de cela feul je me croïs en droit de conclure qu'il ne la fait point: un fait aufficon- fidérable n’auroit pu échapper à M. Edwards ; &, s’il Peût obfervé, H ne lauroit point omis. Fi Si F22 Hifioire Naturelle & qui ne fera préoccupé d'aucune méthode , pour exclure léperonnier du nombre des paons & des faïfans , encore qu'il aît comme eux les doigts féparés , les pieds nus , les jambes re- vêtues de plumes jufqu'au talon, le bec en cône courbé , la queue longue & la tète fans crête nt membrane: à hé vérité ; je fais tel Méthodifte qui e poufroit fans inconféquence ne pas is reconnoitre pour un paon ou pour un faifan, puifqu'il a tous les attributs par lequel ce genre eft caractérilé dans fa méthode ; mais aufli un Naturaïiite fans méthode & fans préjugé, ne pourra le reconnoïtre pour le paon de la Na- ture; & que s'enfutvra-t-il delà, finon ue l’ordre de la Nature cft bien loin de la méthode du Naturalrfte. Énvain me dira-t-on que purfque loifeau dont ïl s'agit icr a les princt- paux caractères du genre du faifan, les petites variètés par lefquelles 11 en diffère , ne doivent point empêcher qu'on ne le rapporte à ce genre; car je demanderai toujours, qui donc ofe fe croire en droit de déterminer ces des Oifeaux etrangers, &c. 125 caractères principaux ; de décider > par exemple , que lattribut négatif de n'avoir ni crête nt membrane, foit plus eflentrel que celui d'avoir la tête de telle ou telle forme, de telle ou telle grofleur ; & de prononcer que tous les oifeaux qui fe reflemblent par des caractères choïfis ar- bitratrement, doivent aufli fe reflembler dans leurs véritables propriétés ? Au refte, en refufant à l'éperonnier le nom. de paon de 1 Chine, je ne fais que me conformer aux témoignages des Voyageurs, qui aflurent que dans ce valte pays, on ne voit de paons que ceux qu'on y apporte des autres contrées [# }. L'éperonnier a l'iris des yeux jaune, ainfi que l’efpace entre la bafe du bec, l'œil & le bec fupérieur rouge, Tinfe- rieur brun-foncé & les pieds d'un brun- fale: fon plumage eft d’une beauté admirable ; la queue eft, comme je l'ai dit, femée de miroirs Gun (de taches Er , de forme ovale, & d’une (&) Navarette , Deftription de la Chine, pag. 40 à 42. | Fu) 526 . Hijloire Naturelle belle couleur de pourpre avec des re- flets bleus, verts & or ; ces miroirs font d'autant plus d'effet qu'ils {ont terminé & détachés du fond par un double cercle , Vun noir & lautre “orangé-obicur : chaque penne de fa queue a deux de ces miroirs accoles. eus à l'autre, la tige entre deux; & malgré cela, comme cette queue à infiniment moins de plumes que celles du paon , elle eft beaucoup moins chargée de miroirs ; mais, en récom- penfe , léperonnier en a une très- grande quantité fur ie dos & fur les ailes , où le paon n’en à poiat du tout ; ces miroirs des aïles font ronds, & comme le fond du plumage eft brun, en crotroit vo une belle peau de wartre zibeline enrichie de faphirs; d'opales , d'émeraudes & de topales. Les plus grandes pennes de faïle nont point de rairoïrs, toutes Les autres en ont chacune un , & quel qu'en foit Péclat, leurs couleurs, {oit dans les aïles, {oit dans la queue , ne pénètrent point jufqu’à l'autre furface de la penne,. dont. Le deflous et d'un fombre unrforme... des Oifeaux étrangers, ee 27 Lemâle furpañe en potes le fafan ordinaires; la femelle eft d'un tiers plus er que le mâle; & paroît plus lefte & plus éverllée ; elle a Coïnme, lué, ltris jaune, maïs point de rouge dans le bec, & là queue beaucoup plus petite: quoiqué fes couleurs approchent plus de cellés du mâle que dans l'efpèce des paons & des faïffans, cependant elles font plus mattes, plus éteintes , nont point ce luftre D'ÉE. jeu "ces ondulations de lumière qui font un fi bel efiet dans les miroirs du mile / 7) Cet oifeau étoit vivant à Éd Vannée dernière , d'où M. le chevalier Codrington én à envoyé des deffins colories à M. Daubenton le jeune, d'après lefquels nous avons fait graver & enluminer les planches 7.” 492 493 ;. dont le premier repréfente le mails, & Île fecond la femelle de ct oïfeau, + CL) Voyez Edwards, planches 1xPr1 & 1x1 2%. s, FI = » ÉLRY LITER À 128 Hifloire Naturelle LES HOCCOS. Tous ces OISEAUX que Von défigne ordinarrement fous cette dénomination | prife dans une acception. générique. {ont étrangers à Europe ,.&c appar- tiennent aux pays chauds de l'Amé- rique ; les divers noms que les différentes tribus de fauvages leur ont donnés, chacune en fon jargon , n'ont pas moins contribué à en enfler la lifte, que les phrales m ultipliées de nos. No- menclateurs; & je vais tâcher, autant que la difette d’obfervations me le per- mettra , de réduire ces efpèces nomi- nales aux efpèces réelles. d Le HOCCO, proprement dit Ÿ Planches 17 & v de ce volume. | ture Js comPrENDs, fous cette efpèce ; # Voyez les planches enlümunées, n.°$ 86 & 125. des Oifeaux étrangers, Gc. 129 _non-feulement 1e mitou & le mitou- poranga de Marcgrave que cet auteur regarde en effet comme étant de la même efpèce / a); le coq-indien de M. de l'Académie { b ), & de pluñeurs autres /c), le mutou ou moytou de Eat (d) & de Léry fe), le témo- choïlr des Mexicains , & leur Le tolt ou oïfeau de montagne (f), quirizao ou curaflo de la Jamaïque / 9 Fa à le pocs de Frifch ne le hocco de ri Marcerave , Hip naturalis Supra , He Nla cap. IIL., page 196. {b) Mémoires de l’Académierovale des Sciences , tome III, partie 1, page 221. (c) Longolius, Dialogus de Avibus. — Gefner , de Aribus, lb. II. — Aldrovande, Ornithologia , HA LN , Gp. XL, @e. (d) Laët, Novus orbis , page 616. (e) Léry, Voyage au Bréfil, page 172. (f) Voyez Fernandez, Hifh Avi. nov. Hifp. CAD. ) 138 Hifloire Naturelle moins vers le milieu de la fourchette ée hs comme dans quelques :oïféaux aqua- tiques, toutes chofles fort difiérentes: de ce qui fe voit dans le dindon. Maïs fi le hocco n'eft point un dimn- -don ,; les Nomenclateurs inodernes étotent encore moins fondés à en faire un M car, eutre les différences qu'il eft facile de remarquer, tant au dehors qu'au dedans, d'après ce que je viens de dire , jen vois une decifive dans le naturel de ces animaux: le faïfan ef toujours fauvage , & quoiquélevé de jeuneff e, quoique toujours bien traites bien nourri, 1l ne peut jamais le faire à la domeftrcité; ce n'eft point un do- meftique ; Ceft un prifonnier toujours inquiet , Fou cherchant fes moyens: d'échapper , & qui maltraite même fes compagnons d'efclavage , fans jamais faire aucune focièté avec eux; ques recouvre fa liberté, & qu'il foit rendu à Lu de à ANASLP pour EPA il femble ” co Mém. de lAcad. tome III, pag. 226: ES füipantes. des Oifeaux etrangers, Gc. 139 être fait, rien n'eft encore plus défiant & plus ombrageux, tout objet nouveau lur eft fufpett, le moindre bruit l'ef- frate, le momdre mouvement linquiète; Émbré d'une branche agitée fufht pour lus faire prendre fa volée, tant ul *eft: attentif à {a confervation: au contraire, le hocco eft un oiïfeau paiñble, fans défiance , & même fluprde , qui se voit point le danger, ou du moins qui ne fait rien pour léviter : 1 femble: soublier lui-même , & s'intérefler à peine à fa propre exiftence. M. Aubiet en atué juiqu' à neuf de la même . avec le même fufñi qu'il rechargea au- tant de fois qu'il fut néceflaire s ils: eurent cette patience : on conçoit bren- qu'un pareil oifeau eft fociable | qu'il s'accommode fans peine avec Îes autres. offeaux domeftiques, & quil sappri- voile arfément ; quoiqu'apprivoité 1l s'é- carte pendant le jour, & va même fort: loin .mais il revient touiours pour enucher ; à ce que maflure le même M, Aublet ; 11 devient même familier eu point de heurter à là porte avec fon. bec pour fe faire ouvrir, de tirer les. 140 Hifloire Naturelle domeftiques par Fhabit Iorfqu'ils lou blient, de fuivre fon maître par-tout, &, s’il en eft empêché, de fattendre avec inquiétude , & de lui donner à fon retour des marques de la joie la plus vive (à). IT eft difhcile d'imaginer des mœurs plus oppolées ; & je doute qu'aucun Naturalifte , & même qu'aucun No- menclateur sil les eût connus, eut entrepris de ranger ces deux oifeaux fous un même genre. Le hocco fe tient volontiers fur Îes montagnes ; f1 lon s'en rapporte à Ia fignification de fon nom Mexicain repetetole ; qui veut dire oifeau de mon- tagne /e ): on le nourrit dans la vohère, de pain , depitée: & autréslcheles … femblables / f); dans l'état de fauvage, les fruits font le fonds de fa fubfftance : il aime à fe percher fur Îes arbres, ‘Aur-tout pour y pañler la nuit; il vole (d) Fernandez , Hifh Avi nov Hifpanie , cap. CI. | k (ee) Idem, Ibidem. (f) Ibidem, / DA — SG + \ 77) NN) D) ALL ] 4 TE HOCCO MALIÆ L LAC LL LIL LL L 17 LE HOCCO FEMELLE. des Oiféaux étrangers , Éc,t AI pelamment , comme je lai r:marqué plus haut , mais 1l a la démarche fière { g): fa chair eft blanche, un peu sèche, cependant lorfqu'elle eft gardée fufh- famment c'eft un fort bon manger ( À }. Le chevalier Hans Sloane dit en parlant de cet oïfeau , que fa queue HA Que deux pouces de long /c 5 fur quor M. Edwards le relève, & prétend qu'en difant dix pouces au Îieu de deux, M. Hans Sloane auroit plus approché du vrart f'Æ); mais je crois cette cenfure trop générale & trop ab- folue ; car je vois Aldrovande qui, d'après le portrait d'un oïfeau de cette efpèce , aflure qu'il n’a point de queue (1) ; & de l'autre M. Barrère qui rap- porte, d'après fes propres obfervations faites fur les lreux, que la femelle de (g) Voyez Barrère, France Equinoxiale ; p. 139. (k) Fernandez, Marcgrave € les autres, (i) Hans Sloane, Hifi. nat. de la Jamaïque, tome Il, page 302. {k) Edwards, Glanures, page 182. (1) Aldrovande, Ornirholos. tome II , pag. 332. 142 Hifloire Naturelle fon hocco des Amazones , qui eft Île hocco de curaflou de M. Brifion, a la queue très-peu longue f m ); d'où 4 senfuivroit que ce que; le chevalier - Hans Sloane dit trop généralement du hocco , doit être reftretnt à la feule femelle, du moins dans certaines races, TL Le PAUXI ou ze PIERRE ŸY, Nous Avons FArITrepréfenter cet oïfeau fous le nom de Pierre de Cayenne: & c'elt en eflet le nom quil portoit à la ménagerite du Ror, où nous lavons fait Riu d'après Île vivant: mais comme il porte dans fon pays, qui ef le Mexique , le nom de pauxi, felon Fernandez { 2) ; nous avons cru devoir limdiquer fous ces deux noms; ceft Île (rm) a) Novum, Ornithol. fpecimen, pag. 82. 4 * Voyez les planches enluminées , n.° 78. {n) Fernandez , Hifk Avi. novi Hifanie, des Oiféaux étrangers, Éc. 143 quatorzième fatfan de M. Briflon, qu'il appelle hocco du Mexique. Cet oïleau reflemble à plufieurs £gards au hocco précédent , mais 1ïl en diffère aufli en plufeurs Dés : 1] n'a point, comme lui, la tète furmontée d'une huppe ,' le tubercule qu'il a fur le bec eft plus gros, fait en forme de poire & de couleur bleue. Fernandez dit que ce tubercule a la dureté de Îa pierre, & je foupconne que c'eft dez là qu'eft venu au pauxi le nom d'oifeau à pierre , egfuite celui de pierre, comme il a pris Le nom de cufco ou de cushew bird ; & celui de poule Numidique de ce mème ‘tubercule, à qui les uns ont trouvé de la se fembianes avec la noix d'Amérique appelée cufco ou cushew _(o), & d'autres avec le calque de la peintade ( p.). Quor qu'il en foit, ce ne font pas-là les feules différences qui diftinguent Îe pauxi des hoccos précédens; il eft plus # (d) Voyez Edwards, planche coxcr. (a) Voyez Aldrovande, Ornirhologia, tom. If, pag. 234 144 Hifloire Naturelle petit de taille, fon bec eft plus fort, plus courbé & Dréfque autant que celur d'un perroquet; d'ailleurs il nous eft beaucoup plus rarement apporté que Île hocco ; M. Edwards qui a vu ce dernier dans prefque toutes les ménageries ; n'a jamais rencontré qu'un feul cho oi pauxi dans le cours de fes recherches {{q }. Le beau noir de {fon plumage à des reflets bleus & couleur de pourpre, qui ne paroïflent ni ne pourroient gucre paroître dans la figure. Cet oifeau fe perche fur-les arbres; mais 1l pond à terre comme Îles faifans mène fes petits & Îcs rappelle de même: les petits vivent d'abord d'infectes, & enfuite , quand tls font grands, de fruits, de gräins & de tout ce qui convient à L volaille fr) Le pauxt eft aufi doux, &, fi lon veut ,aufii ftupide que ies autres hoccos ; car il fe laïflera tirer jufquà fix coups (g) Voyez: Edwards , ne à des Oifeaux rares, planche ccxcv. {r) M. Aublet. — Fernandez , page “6 e ES pc des Oiféanx étrangers ,Éc. 145$ de fuñl fans fe fauver, avec cela 1l ne fe Laïfle ni prendre nt toucher, LE Fernandez { f ); & M. Aublet m'afiure qu'il ne fe trouve que dans Îles Îkux inbabités , c'eft probablement l'une des caufes de fa rareté en Europe. M. Briflon dit que la femelle né diffère du mâle que par les couleurs, ayant du brun par-tout où celui-ci a du noir, & quelle lui et femblable dans tout Île refte /2/: mais Aldro- vande , en reconnoïfiant que le fond de fon plumage eft brun, remarque qu’elle a du cendré aux aïles & au cou, le bec moins crochu & point de queue /A), ce qui feroit un trait de conformité avec le hocco des Amazones de Bar- rère, dont la femelle, comme nous l'avons vu, a la queue beaucoup morins longue que le mâle /5), & ce ne font pas les feuls oïfeaux d'Amérique qui (f) Fernan pu, page Ne (g) Brifion , Ornithologie , tome I , page 303. (h) Voyez Aldrovande , Ornitholocia , tomell , pase 334: (i) Barrère, Nov, Ornith. fpecimen , péee, 52. Ouen Tome IF, 146 Hifloire Naturelle n'aient point de queue, ïl y a même tel canton de ce continent, où les poules tranfportées d'Europe ne peuvent vivre long-temps fans perdre leur queue & même leur croupion, comme novs favons vu dans l'hiftoire du coq. 1IL L'IF O AZ EN CET Oiseau eft repréfenté dans nos planches enluminées, fous Ie nom de Faifan huppé de Cayenne, du moins il n'en diffère que très-peu, comme on peut en juger en comparant notre planche 237 à la defcription de Her- nandez. Selon cet auteur, Fhoazin n'eft pas pas tout-à-fait auf gros qu'une poule d'Isde; ïl a le bec courbé, la por trine d'un blanc - jaunâtre , les aïles & la queue marquées de taches ou rates _ blanches à un pouce de diftance les unes des autres, le dos, le defius du pes: E FRA # Voyez les planches enlumänées ,n.° 337 . . F4 l a des Oifeaux étrangers , Ge. 147 cou, les côtés de latête d’un fauve- brun; Îles pieds de couleur obfcure : il porte une huppe compolfée de plumes blanchitres d’un coté , & noires de l'autre; cette huppe eft plus haute & d'une autre forme que celle du hoccos , & il ne paroït pas qu'il puifle la baïfler & la relever à fon gré; Ha auffi la tête p'us petite & le cou plus réle. Sa voix eft très-forte, & c'eft moins Un cri quun hurlement: on dit quil prononce fon nom apparemment d'un ton lugubre & effrayant ; 1l n'en falloit pas davantage pour le faire pañler chez des peuples groiliers pour un oïfeau de mauvais augure ; & comme par- #out on fuppofe beaucoup de puiffance à ce que l’on craint, ces mêmes peuples ont cru trouver en lur des remèdes aux maladies les plus graves; mais on ne dit pas quils s'en nourrifient; 1ls s'en abftiennent en effet peut-être par _une fuite de cette mème crainte, ou par répugnance fondée fur ce qu'il fait fa pâture ordmatre de ferpens ; il fe tient communément dans les grandes forêts, Gi 148 Hifloire Naturelle perché fur des arbres le long des eaux, pour guetter & furprendre ces reptiles. Il fe trouve dans les contrées les plus chaudes du Mexique; Hernandez ajoute “qu'il paroît en automne, ce qui feroit foupconner que c'eft un oïfeau de paflage [a ). | M. Aublet m'aflure que cet oïfeau qu'il a reconnu facilement fur notre planche enluminée, 7.° 237, s'appri- voile ; qu'on en voit par fois de do- {a) Voyez Hernandez, l8. IX, cap. x, p. 320. Fernandez parie d’un autre oïfeau auquel if donne le nom d'hoazin, quoique par fon récit même foit très-différent de celui dont nous venons de parler, car outre qu’il eft plus petit, fon chant eftfort agréable, & reflemble quelquefois à Péclat de rire d’un homme & même à un rire moqueur & l’on mange fa chair quoiqu’elle ne foit nitendre ni de bon goût : au refte. c’eft un oïfeau qui ne s’apprivoife point. Voyez Hift. Avi nov. Hifp. EGp. LXI, PAS. 27. Je retrouveroïs bien plutôt l’hoazin dans uñ autre. oifeau dont parle le même auteur au chapitre cex XIII , pag. 67, à Ja fuite du pauxi; voici fes termes: Alia avis Pouxi anne&enda...... Cicorniæ magnitudine , colore ciierè, crifià oëo uncias longè mrultis aggeratà plumis.... in ap litudinem orbicula - Ju: precipuè @itca Junmum dilataus. Voilà bien 1a buppe de l’hoazin & fa taille, des Oiféaux étrangers ; GC. 149. meftiques chez es Indiens, & que les François les appellent des paons: ïls nourriflent leurs petits de fourmis, de vers & d'autres infectes. | I Y. pre CP UE Cer Oiseau s'eft nommé lui-même; car fon cri, felon Marcgrave, eft yacou, d'où lui eft venu le nom d'iacupema : pour moi, jai préféré celui d'Yacou, comme plus propre à le faire recon- noître toutes les fois quon pourra Îé voir & l'entendre. Marcgrave eft le premier qui ait [éd rl el Na- pariè de cet orieau/a » queiques INa turaliftes, d'après lur, “Pont . mis an nombre des faifans (b )s & d'autres, (a) Voyez Marcorave , Hifloria Avium Brafil, lib. V , Cap. V, pag. 108. (ë) Klem, Ordo Avium, pag. 114, n.9 2, — Ray , Synopf. Avi. pag. 56, &c. IX] 5$o Hifloire Naturelle tels que M. Briflon (c) & Edwards (d), l'ont rangé parmi les dindons; mars ïl n'eft n1 lun nt lautre: …1 neft point . un dindon , quoïqu'il ait une peau rouge fous le cou; car il en diffère à beau- coup d'autres égards & par fa taille qui eft à peine égale à celle d'une poule ordinaire , & par r fatête qui eft en partie revêtue de plumes, & par fa huppe qui approche beaucoup plus de ceile des hoccos que de celle du dindon buppe, & par fes pieds qui n'ont point d'éperons; d'ailleurs on ne lur voit pas au bas du cou ce bouquet de crins durs, nt fur le bec cette earoncuke amufcuieufe qu'a le coq-d'inde, & il ne fat point la roue en relevant les plumes de fa queue ; d'autre part ,il n'eft point un faifan; car 1l a le bee grèle & along, la huppe des hoccos, 1e cou menu, une membrane charnue fous {a gorge, les pennes de la queue €) toutes Ales & le naturel doux & fo) Ornith. , tome I, page 162 (d) Edwards, Hiff nat. des Oifeaux rares 3. Plnche XIII | des Oiïfeaux étrangers, 6c. 1 st tranquille, tous attributs par lefquels ïl diffère des faifans ; & 1 diffère par fon cri du faifan & du dindon: Mars que fera-t-11 donc! il fera un yacou, qui aura quelques rapports avec le dimdon {la membrane charnue fous la gorge, & la queue compofée de penres toutes égales); avec les faifans (leïl entoure d'une eau noire, les aïles courtes ia la queue longue}; avec les hocc (cette longue queue, la huppe & L naturel doux); mais qui s'éloignera de tous par des différences aflez caracté- rifées, & en aflez grand nombre pour conftituer une efpèce à part, & empêé- cher quon ne puifle {le confondre avec aucun autre oïfeau. | On ne peut douter que le suan où le quan de M. Edwards { planche XI11 ), ainfi appel , felon lui, dans les Indes occidentales , apparemment par quelque tribut de Sauvages, ne foit au moins une variété dans l’efpèce de notre yacou ; dont xl ne diffère que parce qu'il eft moins haut monté ( “ue & ini les yeux l'endroit cité, G 1Ÿ 1$2 Hifloire Naturelle | font d'une autre couleur {f); maïs on fait que ces petites diférences peuvent | avoir lieu dans la même efpèce, & {ur- | tout parmi les races diverfes d’une efpèce apprivot(ée. Le noir mêlé de brun eft la couleur | principale du plumage, avec difiérens | reflets & quelques mouchetures blanches | {ur le cou, la poitrme , le ventre, &c. les pieds font d'un rouge aflez vif. La chair de lyacou eft bonne à manger ; tout ce que l'on fait de fes autres propriètés fe trouve indiqué dans lexpolé que j'ai fait au commencement de cet article, les différences Lu le diftinguent des oifeaux auxquels on à voulu” le comparer. M. Ray le regarde comme étant de la même efpèce que le. coxolits de Fernandez (4 g)3 cependant celur-cr eft beautoup plus gros, & n’a point fous la gorge cette membrane charnue qui caractérile l’yacou ; c'eft pourquoi Je l'ai Taflé avec les hoccos proprement dits. 2 (f) Oculi nigreféentes, dit Marcgrave ; Of @ dark dirty orange colour, dit M. Edwards. (g) Voyez Ray, Synoplis Avium, pag. 57: des Oifeaux etrangers , 6c 153 V. LE MA À AL. Les AuTeurs ne nous difent rien dé, a, femelle. dé, lyacou, excente M. Edwards qui coniecture qu'elle n’a point de huppe (a): d'après cette in- dication unique, & d'après la compa- taifon des figures Îles plus exactes, & des oïfeaux eux-né nes confervés, je foupconne que célut que nous avons fait repréfenter * fous le nom de Faifan verdätre de Cayenne , & quon appelle coïmunément ÂMarail dans cette île, pourroit Être fa femelle, où du moins une varièté de lefpèce de l'yacou ; car Jy trouve plufisurs rapports mar- ques avec le puan de M. Edwa:ds (planche X111), dans la seroffeur , [a couleur du piumage, la forme totale, à la Huppe près que la femelle ne doit point avoir; dans le port du corps, la A Pan À (a) Brad! ui nat. des Oùfeaux rares, page 13. | * Voyez les planches enluminées , n.° 328. G v 154 Iiffoire Naturelle longueur de a queue, le cercle de peau roufle autour des yeux (h), lef- pace rouge & nu fous la gorge, læ conformation des pieds & du bec, &cc. javoue que jy ai aufli aperçu cuélques d fférences; les pennes de la queue font en tuyaux d'orgue comme dans le faifan, & non point toutes égales comme dans Île guan d'Édwards, & les ouvertures des narines ne font pas fi près de lorigine du bec: mais on ne feroit pas embarraflé de citer nombre d'efpèces où la femelle diffère encore plus du malé, & où d'y ardelre riétés encore plus éloignées les unes des autres. .. M. Aublet qut à vu cet RG dans fon pays natal, m'aflure qu'il sappri- voile très-arfément, & que fa chair eft délicate & meilleure que celle du faïfan, en ce qu'elle eft plus fuccu- lente: 1l ajoute que c'eft un véritable dindon ; mais feulement plus petit que (b) Cette peau nue eft bleue dans P yacou, & youge dans {e maraïl; mais nous avons déjà ob- fervé la même variation de couleur d’un fexe à Pautre.dans. les membranes charnues de Ia peintade, des Oifeaux étrangers, Êc. 155 celui qui s'eft naturaltfé en Europe» & c'eft un trait de conformité de plus qu'il a avec lyacou , d’avoir été pris pour un dindon. Cet oïfeau fe trouve non-feulemen tà Cayenne, maïs encore dans Îes pays qu'arrofe la rivière des Amazones, du moins à en juger par l'identité du nom; car M. Barrère parle d'un maraïl des ÂAmazones, comme d'un oïleau dont Îe plumage eft noir, le bec vert & qui n'a point de queue (c): nous avons déjà vu dans Fhiftoire du hocco pro- prement dit, & du pierre de Cayenne, qu'il ÿ avoit dans ces efpèces des in- dividus fans queue , qu'on avoit pris pour des femelles; cela feroit-il vrai auffi des maraïls? Sur la plupart de ces oïfeaux étrangers & Î1 peu connus, on ne peut f lon eft de bonne for, parler qu'en hé fitant & par conjecture. (c) Phafianus , niger, aburus, viridi roftro. France Ë quin. page 139. Nora. Je crois que cet auteur à entendu per le mot fatin barbare, aôurus , fans queue ; ou qu’il aura écrit aburus au lieu de abrutus qui, comme erutus; POUITOÏT lignilier arraché tronqué, G vi > 156 Hifloire Natire Île | UL LE CARACARA. J’ArPELLE atnfi, d'après fon propre cri, ce bel oïlezu des Antilles, dont le P. du Tertre a donnéla defcription (a }; fitous les oïfeaux d'Amérique qui ont été pris pour des farlans , doivent fe rapporter aux hoccos, le Caracara doit avOIr place parmi ces derniers; car les François des Antilles, & d'après eux le P. du Tertre, Îur ont donné le nom de failan, ce ce farfan, dit-il, eft un 2» fort bel otfeau, gros comme un cha- » pon/é), plus haut monté, fur des 31 pieds de paon ;il a le cou beaucoup ». plus long que celur d'un coq, & p Le bec & la tête approchant de ceux » du corbeau; 1 à toutes les plumes {a) Le P. du Tertre, Hifloire générale des An- tilles, tome I, traité V, . VIII (b) Comment le P. du Tertre , En nr int des oifeaux de cette grofeur , at-il pules défgner fous le nom de certai ns petits oifeaux comme il Île fait à Peudrois cité, page 255? # des Oifeaux etrangers , Êc. 157 du cou & du poitrail d'un beau ce bleu luifant & aufli agréable que ce les plumes des paons , tont le dos ce eft d'un gris brun , & les aïles &la «c queue qu'il a afléz courtes, font ce noires. : ce Quand cet oïfeau eft apprivoilé, ce Il fait {e maître dans la maïfon, & ce en chafle à coups de bec les poules- 6e d'inde & les poules communes, & «ce les tue quelquefois ; 1l en veut même ce aux chiens qu'il b:cque en traître … ce J'en at vu un.... qui étoit ennemi 6e mortel des Nègres, & n'en pouvoit «e fouftrir un feul dans la cafe qu'il ne ce Pecquât par les jambes & par les cc pieds jufqu'à en faire fortir le fang. 53 Ceux qui en ont mangé m'ont afluré que {a chair eft aufli bonne que celle des faifans de France. Comment M. Ray a-t1l pu foup- conner qu'un tel oïfeau fût l'ofeau de proie dont parle Marcorave fous le même nom de caracara fc); 1l eft vrai quil fait la guerre aux poules, maïs (c) Marcgrave, Héfloria Arium Brafil. pag. 213 153 Hifloire Naturelle c'eft feulsment lorfqu'il eft apprivoifé & pour les chafler, en un mot , comme il fait aux chiens & aux Nègres: on reconnoît plutot à cela le naturel jaloux d'un animal domeftique qui ne fouffre point ceux qui peuvent partager avee fur la faveur du maître , que les mœurs féroces d’un oïfeau de proie qur fe jette fur Îes autres oïfeaux pour les déchirer & sen nourrir : d'ailleurs ïl n'eft point ordinaire que 2 chair d’un oifeau de proie foit bonne à manger, comme left celle de notre caracara : enfin 1 paroït que le caracara de Marcgrave a la queue & Îles aïles beaucoup plus Îongues à proportion que celui du P: du Tertre. VII. LE CHACAMEZ. FERNANDEZ parle d’un oïfeau qui ef du même pays, & à peu-près de la même groffeur que les précédents , & qui fe nomme en langue Mexicaine, Chachalacamelt , d’où j'ai formé le nom de Chacamel, afin que du moins on des Oùfeaux etrangers , ce. 159 purffe le prononcer: fa principale pro- prièté eft d’avoir le cri: comme la pouie ordinaire , ou plutot comme plufieurs poules: car ïl eft, dit-on, fi fort & continuel, qu'un feul de ces oïfeaux fait autant de bruit qu'une bafle-cour entière ; & c'eft de-là que lui vient fon nom mexicain , qui ignife oifeau criard: il eft brun fur le dos, blanc tirant au brun fous le ventre, &le bec &les pieds font bleuâtres. Le chacamel fe tient ordinairement fur les montagnes , comme la os des hoccos, & y élève fes petits (a). NILI LE PARRAKA Pris HOTTE ALEOTI. AUTANT quon peut en juger par les indications incomplètes de Fernandez & de Barrère, on peut, ce me femble rapporter ici, 1.° le Parraka du de érnier (a) Voyez Fernandez, Hift. Avi nov, Hifpanie, €ap. XLL. 160. Hifloire Naturelle qu'il appelle faifar, & dont il dit que les plumes de fa tête font de couleur fauve & lui forment une efpèce de Buppe fa); lhoitlalloït ou otïfeau iong du premier / h), lequel habite les plus chaudes contrées du Mexrque; cet oïfeau à la queue longue, Îles aïles courtes & le vol pefant, comme la plu- part des précédens, maïs ‘1l devance à la courfe Îes chevaux les plus vites: il eft' moins grand que les hoccos , nayant que dix-huit pouces de 1on- sueur du bout du bec au bout de Îa queue 3 fa couleur générale cft le blanc Ürant au fauve; les environs de la queue ont du noir mêlé de quelques taches blanches; mais la queue elle - même : eft dun vert changeant , & quia des reflets à peu-pies comme Î:s plumes du paon. Au fond, ces otfcaux font trop peu connus pour quen puille les rapporter {a) Barrère, Faflunus vertice julro, cirrato” Fr èce Equin oviale , pe ve 140. (è) Fernandez, Hi, Ari no. Hifpanie, Cap. Lil, pag. 25. | des Oifeaux étrangers , &c, 161 enr à leur véritable TES “je re + les place ici que parce que le peu que l'on fait de leurs qualités les rapproche plus des oïfeaux dont nous venons de parier que tous les autres, ceft à lob- fervation à fixer leur véritable place : en attendant je crotrai avoir aflez fait, fi ce que j'en dis ici peut infpirer aux perlonnes qui fe trouveront à portée, l'envie de les connoître mieux, & d'en donner une hiftoire plus complete t 0 162 Hifloire CREER SERRE SOC TRES NES Naturelle LES PERDRIX. 1. Esrèces les plus généralement connues font fouvent celles dont Th toire eft le plus difficile à débrouiller, parce que ce font celles auxquelles chacun rapporte naturellement les ef- pèces inconnues qui fe préfentent la prenuère fois, pour peu quon y apercoive quelques traits de conformité, &z fans faire beaucoup d'attention aux traits de difiemblance fouvent plus nom- breux ; en forte que de ce bizarre aflem- blage d'ètres qut fe rapprochent par quelques rapports fuperficiels , mais qui fe repouflent par des différences plus confidérables, 11 ne peut réfulter qu'un cahos de contradiétions d'autant plus xévoltantes, que l’on citera plus de faits particuliers de Thiftorre de chacun; la plupart de ces faits étant contraires entreux & d'une abfurde compati- büité lorfqu'on veut les appliquer à une feule efpèce , ou même à un feul genre; des Perdrix. 163 nous avons vu plus d'un e emple de cet inconvénient dans les articles que nous avons traités ci-defluy, & 11 y a grande apparence que celui que va nous fournir l'article de la perdrix ne fera pas le dernier. Je prends pour bafe de ce que fai à dire des perdrix, & pour. première pibéce de Ce genre, célle de notre perdrix grile, comme étant la plus connue , & par conféquent la plus propre à fervir d'objet de comparaïfon pour bien juger de tous les autres o1- eaux dont on a voulu faire des per- drix; jy réconnoïs une variété & trois races conftantes, Je regarde comme races conftantes, 1. If) perditx prile 'oreinae °c comme variété de cette race celle que M. Briflon appelle perdrix grife-blanchie (a)3 2° la perdrix de Damas, non ed de Bélon /b) , qui eft une gélinotte; # Voyez Les planches enluminées , n.o 27, (a) Briflon, Ornithologie , tome I, page 223. {b] Bélon, Nature des Oifèaux, page 258. 164 Hifioire Naturelle mais celle d’Aldrovande/‘c ) qui eft plus petite que notré perdrix grife , & qui me paroit être la même que la Dei perdiix de pañage que eft bien connue | de nos :Chafeurs, 3,9 bperdume-ele Monsen que nous avons fait repré- | 4 fenter *, & aut femble farre la nuance entre Le perdrix griies & Îles rouges. Fadmets pour feconde efpèce celle | de {a perdrix rouge , dans laquelle je reconnois deux races conftantes répan- | dues en France, une variété & deux races Étrangères. Les deux races conftantes de petr- drix rouges du pays font , EH? sel de la planche enluminée , 7.° 150: 2,1\La Eartavelle de: L planche en< lunsimée..2, 227. Et Îes deux races où efpèces étran- oères font... 1.° la perdrix rouge ‘de Barbarre d'Edwards, planche LXX: 2. La perdrix de roche qu'on trouve fur les bords de la Gambra. Et comme Îe plumage de 1a perdrix (e) Aïdrovand. Ornitelog. tom. Il , pag. 142. “ Woyez les planches enluminées, n.° 126. ml RS EE fe des Perdrix. 16$ rouge eff fujet à prendre du blanc de même que celui de la perdrix grile, il en réfulte dans cette efpèce yne variété parfaitement analogue à celle que jai reconnue dans l'efpèce gorile ordinaire, Texclus de ce genre plufieurs efpèces qui y ont été rapportées mal-à-propos. 1.° Le francoïin que nous avons fait reprélenter *, & que nous avons cru devoir {épar er de la perdrix, parce qu'il en diffère non-feulement par la forme totale, mais encore par quelques ca- raétères particuliers, tels que les épe- rons, &cC. 2.° L'orfeau appelé par M. Brion, perdrix du Sénégal , & dont il a fait fa huitième perdrix { d }; ‘cet olfeau qui elt repréfenté fous le même nom de perdrix du Sénégal, nous paroît avoir pius de rapport avec les francolins qu'avec Îes perdrix; & comme c'eft une efpèce particulière qui a deux ergots à ch:que jambe, nous lui donnerons le nom de bis-ervor. * Woyez les planches enluminées , n°%S. 147 & 148. Brion, Ornirhologie , tome I, pag. 227, 166 Hifloire Naturelle 3.9 La perdrix rouge d'Afrique *. 2 La troïfième elpèce étrangère donnée par M. Briflon fous le nom de groffe perdrix du Bréfil [e), quil croit être le sracucagua de Marcorave (f) ; puifqu'il en copie la defcription, & quil confond mal-à-propes avec l'agamie de Cayenne *, lequel eft un oïfeau tout différent, & du macucagua & de Îa perdrix. : O 5” L'yambou de Marcograve (g), qui eft la perdrix du Bréfl de M. Brif {on, & qui na ni la forme , nt Îes habitudes, nt les propriétés des perdrix, … puifque, felon M. Brifion lur-même {À ), il a le bec alongé, qu'il fe perche fur les arbres , & que {es œufs font bleus, + # Woyez Les planches enluminées, n° 180, (e) Brifion, Ornithologie , tome 1, page 227, efpèce 7. (f) Marcgrave, Hifloria Avium Brafil. p. 213 * Woyez les planches enluminées, n.° 169. (g) Marcgrave, Hifloria Avium Brafil. p. 192. {h) Brion, Ornichologie, tome L, page 227 des Perdrix. 167 6° [La perdrix d'Amérique de Catefby [i) & de M. Brifion (4), laquelle fe perche aufll & fréquente les bois plus que les pays découverts, ce qui ne convient guère aux perdrix que nous connoïffons, 7° Une multitude d’oifeaux d'Amé- rique que le peuple ou Îes voyageurs ent jugé à propos dappeler perdrix, d'après des reflemblances très - légères, & encore plus légèrement obfervées ; tels font les oïfeaux qu'on appelle à la Guadeloupe, perdrix rouffes, perdrix noires & perdrix grifes , quoique felon le témoignage des perfon nes plus inf truites, ce foient des pigeons ou des tourterelles , puifqu'ils n'ont ni le bec, nt la chair des perdrix , qu'ils fe per- chent fur les arbres, qu'ils y font leur nid,qu'iisne pondent que deux œufs, que leurs petits ne courent point dès qu ils font éclos ; maïs que les père & mère les nourriflent dans le nid comme font Îles (4) Catesby , Appendix , planche XII, avec une figure coloriée. (k) Brion, Ornithologie, tome I , page 230 #68 - Hifioire Naturelle , tourterelles [4 ‘ " tels font encore, felon toûte apparence, ces) pérdriz à (tête bleus que Carrert a vues dans les mon- tagnes de la Havanne {m) ; tels font les mambouris , Îes pégaljous , ! les péga- cans de Léry & peut-être quelques- unes des perdrix d'Amérique que jai rapportées au genre des perdrix fur 1a foi des Auteurs, lorfque le témorgnage n'étoit point contredit par les faits, quoiqu'il le foit à mon avis par La Îor du climat, à laquelle un oïfeau auf pefant que he perdrix ne peut guère man- tin d'être pa (Î ) Fe oyezle P. du Tertre, Hifloire générale des Antilles ,tome II, page 254. (m) Gemelit Carreri, Voyages. tome VI page 326. *L A LA PERDRIX GRISE (a). UOIQU ALDROVANDE, jugeant des autres pays par celui qu'il habitoit, dife que les perdrix griles font com- munes par-tout, 1 elt certain n£an- moins quil ny en a point dans lile * Voyez les planches enluminées , n,® 27. Comme le mâle & la femelle fe reflembient refqu’en tout, nousne donnons que l’un des eux , afin de ne pastrop multiplier les planches : enfuminées. (a) En Latin, Perdix ; en Efpagnol, Perdrr: en ltalien, Perdice; en Afiemand , #ild-hun ou Feldhun ; en Suédois, Rapp-hoena; en Anglois, . Partridge ; en Polonoïs, Kuroptwa. — Perdrix grife ou gouache , Perdrix gringette , Perdrix sriefche, Perdrix orie ; Perdrix goache , Perdrix des champs. Bélon , Nature des Oifèaux , page 257; & Portraits d'Oïfeaux , page 62, b. — Perdix minor five cinerea. Aldrovande, Ornithologie, tome Il, page 140. — Perdix. Frifch , planche CXIV, avec une figure coloriée. La Perdrix grife. Briflon, Ornithologie , tome Î, page 210. | Ojfeaux , Tome IF. H 170 Hifloire Naturelle de Crète 4); & ïl eft probable qu'il ny en a jamais. .en dansi la L'GPeE, puifqu'Athénée marque de la furprife de ce que toutes Îles perdrix d'talre navoitent pas le bec rouge, comme elles lavorent eu Grèce {/c); elles ne font pas même également communes dans toutes les parties de l'Europe; & il paroïît en général qu'elles fuient 1a grande chaleur comme le grand froid, car on nen voit point en Afrique nt en Lapponie { d ); & les provinces les plus tempnérées de la France & de PAI- lemagne, font celles où elles abondent le plus : il eft vrar que Boterius a dit qu'il ny avoit point de perdrix en Irlande (e); mais cela doit s'entendre (b) Voyez les Obfervations de Bélon, lv. T, | chap. X. | (c) Voyex Gefner, de Avibus, pag. 680. (4) La Barbinais le Gentil nous apprend qu’on a tenté inutilement de peupler lîle Bourbon de perdrix. Voyage autour du Monde, tome Il, p. 104. (e) Voyez Aldrovande, Ornithologia, tome IT, page 110. | “4 Pere AA ocre de la Perdrix grile. 191 des perdrix rouges qui ne fe trouvent pas même en Angleterre (felon les merlleurs Auteurs de cette nation}, & qui ne fe font pas encore avancées de ce côté-1là au-delà des îles de Jerley & de Guernefey: la perdrix grile eft aflez répandue en Suède, où M. ELinnæus dit quelle pañe Pr Nécte neige dans des efpèces de clapiers qui ont deux ouvertures {f); cette maniere d'hiverner fous la neïge, reflemble fort à la perdrix blanche dont nous avons donné Phiitoire fous le nom de lago- pède; & fi ce fait n'étoit point attefté par un homme de Îa réputation de M. Linozw, j'y QuPeoneros queique méprile, d'autant plus qu'en France , les longs hivers & fur-tout ceux où tombe. beaucoup de neige, détruifent une grande quantité de perdrix: enfin comme c'eft un oïfeau fort pefant, je doute qu'il ait paflé en Amérique; & je foupconne que Îles otfeaux du nou- veau monde , quon a voulu rapporter (f) Voyez Linnæus, Syflema Nature, edit. X, pag. 160. H à 172 Hifloire Naturelle au genre des perdrix, en feront féparés dès qu'ils feront mieux connus. La perdrix grife diffère à bien des . égards de la roùge ; maïs ce qui m'au- torife principalement à en faire deux cfpèces diftinétes, ceft que felon la en Re qui favent es quoiqu'elles fe tiennent quelquefois dans les mèmes endroits, elles ne fe mêlent pornt lune vec l'autre, & aue fi lon a vu quei- ne un mâle vacaut de lune des deux efpèces, s'attacher à une paire de l'autre efpèce , la fuivre & donner des maïques d'empreflement & mème de jaloufe, jamais on ne Fa vu s'ac- coupler avec la femelle , quoiqu'il éprou- vit tout ce qu'une privation forcée, : & le fpeétacle perpétuel d'un couple heureux pouvoient ajouter au penchant de la Nature & aux inäuences du printemps. : 2 perdrix grue eft aff d'un na turel plus doux que la rouge f g fr &z (g) M. Ray dit le contraire, page 57 de fà - Syropfis ; mais , comme il avoue qu’il n’y a point. de la Perdrix grifé. 173 neft point difhcile à apprivoiler; 1or{- qu'elle n'eft point tourmentée, elle fe famriiarife aifément avec l'homme; ce- pendant on nen a jamais formé de troupeaux qui fuffent fe laïfler conduire comme font Îles perdrix rouges ; car Olina nous avertit que cet de cette dernière efpèce que l'on doit entendre ce que les Voyageurs nous difent en général de ces nombreux troupeaux de perdrix qu'on élève dans quelques iles de la Méditerranée [ A): {es perdrix grtfes ont auffi finftin@ plus (focal entrelles, car chaque famille vit tou- jours réunie en une feule bande , qu'on appelle volée où compagnie, jufqu'au temps où l'amour qui Flavoit formée {a divife pour en unir Îes membres plus étroitement deux à deux; celles même dont par quelque accident les pontes n'ont point réufli fe rejoignant en- femble & aux débris des compagnies de perdrix rouges en Angleterre, il n’a pas été à portée de faire la comparaifon par lui- même, comme font fait les Obfervateurs d’après qui je parle. (4) Olina , page 57. | He 174 Hifloire Naturelle qui ont le plus fouflert, forment fur la fin de lété de nouve ie compagnies fouvent plus nombreufes que les pre- mières, & qui fubfftent jufqu'à la pa- - tiade de l'année fuivante. Ces oïfeaux fe plarfent dans les pays à blé, & fur-tout dans ceux où les terres font bien cultivées & marnées, fans doute parce qu'ils y trouvent une nourriture plus abondante, foit en grains, foit en imfectes, ou peut-être aufii parce que les fels de la marne qui contribuent fi fort à Îa fécondité du fol, font analogues à leur tempé- rament ou à leur goût; les perdrix grifes atment Îa pleine campagne, &e ne fe réfugient dans Îes tail ts & les vignes que lorfqu'elles font pourfuivies par le Chsffeur ou par F'orfeau de proie; mais jamais elles ne s’enfoncent dans les forêts, & l'on dit pie aflez com- munément qu'elles ne paflent jamais Ia nuit dans les buiflons n1 dans les vignes; cependant on a trouvé un nid de perdrix dans un buiflon au pied d'une vigne: elles commence pt à s'apparter dès Îa fin de lhiver après les grandes Bei de la Perdrix grife. 175 c'eft-à-dire, que chaque mûâle cherche alors à s’aflortir avec une femelle ; mais ce nouvel arrangement ne fe fait pas fans qu'il y ait entre les mâles, & quelque- fois entre les femelles des combats fort vifs: faire la guerre & l'amour ne font prefque qu'une même chofe pour la plupart des snimaux, & fur-tout pour ceux en qui l'amour eft un befoin aufli preflant qu'il left pour la perdrix; aufit les femelles de cette efpèce pondent- elles fans avoir eu de commerce avec le mâle, comme les poules ordinaires. Lorfque les perdrix font une foïs appa- rites elles ne fe quittent plus, & vivent dans une union & une fidélité à toute épreuve: quelquefois, lorfqu'après Ia pariade , 1! furvient des froïds un peu vif, toutes ces paires fe réunifient & fe reforment en compagnie. Les perdrix grifes ne s’accouplent guère, du moins en France ,que fur la fin de maïs, plus d'un mots après qu’elles ont commencé de sapparier, & elles ne fe mettentà pondre que dans les mots de maï & même de juin, lorfque H iv gt | La 0 Rae Naturelle lhiver.a été long : en général, elles font leurs nids fans beaucoup de foims & dapprèts; un peu d'herbe & de paille grofflièrement arrangées dans le - pas d'un bœuf ou d'un cheval, quel- quefoirs même celle qui sy trouve naturellement, ïl ne leur en faut pas davantage : ET on a remarqué que les femelles un peu âgées & déjà inftruites par l'expérience des pontes précédentes, apportoient plus de pré- caution que les toutes jeunes, foit pour Pre ir le nid des eaux qui pour roient le fubmerger , {oit pour le mettre en fürsté contre leurs ennemis, en choïfiffant un endroit un peu élevé, & défendu naturellement par des brouf- faïlles: elles pondent ordinairement de quinze à vingt œufs, & quelquefois juiqu'à vingt-cinq ; mais les couvées des toutes jeunes & celles des vieilles , font beaucoup moins nombreufes, ainf que les fecondes couvées que des perdrix de bon âge recommencent lorlque la première n'a pas réuili, & qu'on appelle en certains pays des recoquées : ces œufs 7 à «À &- de la Perdrix grifé. 177 font à peu-près de [a couleur de ceux de pigeon: Pline dit qu'ils font blancs /), la durée de l'incubation eft d'environ trois femaines, un peu plus, un peu moins, fuivant les degrés de chaleur. La femelle fe charge feule de cou- ver, & pendent ce temps elle éprouve une mue confidérable, car prelque toutes les plumes du ventre fut tombent; elle couve avec beaucoup d'afliduité , & on prétend qu'elle ne quitte jamais fes œufs fans les couvrir de feuilles: le mâle fe tient ordinairement à portée du nid, attentif à {a femelle, & tou- jours prêt à l'accompagner lorfqu'elle fe lève pour ailer chercher Ia nour- riture , & fon attachement eft fi fidèle & fi pur, quil préfère ces devoirs pénibles à des plarfirs faciles que lui annoncent les cris répétés des autres perdrix , auxquels 1l répond quelque- fois, maïs qui ne dut font jamais aban- donner fa femelle pour fuivre l'étrangère : au bout du temps marqué, lorfque la faifon eft favorable & que [a couvée (i) Pline, Ub. X,cap. ir. H v 178 Hifloire Naturelle va bien, les petits percent leur coque aflez facilement, courent au moment même qu'ils éclofent, & fouvent em- poent avec, eux.une «partie (de eut coquille; mais ïl arrive aufli quelque- fois qu’ils ne peuvent forcer leur prifon, & qu'ils meurent à la peine: dans ce cas, on trouve les plumes du jeune oïfeau collées contre les paroïs inté- rieures de l'œuf, & cela doit arriver néceffairement toutes les fois que l'œuf a éprouvé une chaleur trop forte : pour remédier à cet inconvénient, on met les œufs dans l'eau pendant cinq ou fix minutes, l'œuf pompe à travers fa. coquiile les paities les plus tenues de l'eau , & l'eñict de cette humidité eft de difpofer les plumes qui font collées à la coquille à s'en détacher plus facr- lement ; peut-être aufli que cette efpèce de bain rafraïchit le jeune oïfeau, & fur donne aflez de force pour brifer fa coquille avec le bec: il en eft de même des pigeons, & probablement de plu- fieurs oïfeaux utiles dont on pourra fauver un grand nombre par le procédé. que je viens d'indiquer, ou par quel- qu'autre: procédé analogue. de la Perdrix grife, 179 : Le mûle qui n'a point pris de part au fois de couver Îles œufs, partage avec la mère celur d'élever les petits; ils les mènent en commun, Îles appellent fans cefle, leur montrent la nourriture qui eur convient, & Îeur appren- nent à fe la procurer en grattant a terre avec leurs ongiess il neft pas rare de les trouver accroupis l’un auprès de l'autre, & couvrant de leurs ailes leurs petits pouflins, dont les têtes fortent de tous côtés avec des yeux font Mie cidanscencas le, père «6 ia mère fe déterminent difhcilement à partir, & un Chafléur qui ame Îa confervation du gibrer fe détermine en- core plus difhcilement à les troubler dans une fonction fi intéreflante maïs enfin fi un chien s'emporte, & qu'il les approche de trop près, c'eft tou- Jours le mâle qui part le premier en pouflant des cris particuliers, réfervés pour. cette :feule circonftance ; fl ne manque guère de fe pofer à trente ou quarante pas, & on en a vu plufeurs fois revenir fur Le chien en battant des ailes, tant l'amour paternel infpire de H vj 180 Hifloire Naturelle courage aux animaux Îles plus timides! mais quelquefois 1} infpiré encore à. ceux-ci une forte de prudence, & des moyens combinés pour fauver leur couvée: on a vu le mâle , après sêtre. préfenté , prendre la fuite ; maïs fuir pefamment & en trainant l'aile, comme - pour attirer l'ennemi par lefpérance d'une proie factie, & fuyant toujours affez pour n'être point pris, maïs pas aflez pour décourager le Chafeur, 1l Vécarte de plus en plus de la couvée; d'autre côté, la femelle qui part un inftant après le mâle s'éloigne beaucoup plus & toujours dans une autre direc- tion; à peine s'elt-elle abattue qu'elle evient fur-le - champ en courant le long des fillons, & s'approche de fes: petits qui fe font blotis chacun de fon côté dans les herbes & daus les feutlles ; elle les raflemble promptement; &, avant que le chien qui s'eft emporté après le mâle ait eu le temps de revenir, elle les à déjà emmenés fort loin, fans que le Chafleur ait entendu Îe moindre bruit: c'eft une remarque aflez généralement vraie parmi Îes animaux, que lardeur a, de la Perdrix grife, 181 Qu'ils éprouvent pour l'acte de [a géné- ration eft la melure des foms qu'ils prennent pour Île produit de cet acte : tout eft conféquent dans la Nature, & la perdrix en eft un exemple ; caf 1] y a peu d'oifeaux aufli lafcifs, comme il en eft peu qui foignent leurs petits avec une vigilance plus affidue & plus courageufe : cet amour de la couvée dégénère quelquefois en fureur contre les couvées étrangères que Îa mère pourfuit fouvent & maltraite à grands coups de bec, Les perdreaux ont les pieds jaunes en naïflant ; cette couleur PA enfuite & devient blanchître, puis elle brunit ; & enfin devient tout-à-fait noire dans les perdrix de trois ou quatre ans: ceft un moyen de connoître tou- jours leur âge, on le connoiït encore à la forme de la dernière plume de latle , laquelle eft pointue après la pre- mière mue, & qui > ‘l’année fuivante, eft |- entièrement arrondie. | La première nourriture des pe erdreaux, ce {ont les œufs de fourmis , les petits infectes qu'ils trouvent fur la terre & 152 Ab; ifloire Naturelle cs herbes ; ceux quon nourrit dans les maifons refufent la graine aflez long- temps, & il y a apparence que c'eft leur dernière nourriture; à tout âge, - is préfèrent la laitue la ehreoree, "1e mouron, le laitron; Îe feneconlié même la pointe des blés verts, dès le mois de novembre on fleur en trouve le, jabot HANpe à & pendant hiver tls favent bien l'aller chercher fous la neige ; lorfqu'eelle eft endurcie per la gelée, ils font réduits d'aller auprès des Eau taines chaudes qui ne font point gla- cées , & à vivre des herbes qui croïffent fur leurs bords, & qui leur font très- contraires ; en été, on ne les voit pas bôire. Ce neft qu'après trois mois pales que les jeunes perdreaux pouffent Îe rouge ; car les perdrix griles ont aufli du rouge à coté des tempes entre l'œil & loretlle, & le moment où ce rouge commence à paroïtre eft un temps de crile pour ces oïfeaux, comme pour tous Îles autres qui font dans le Cass cette crile: annonce Tage! adulték avant ce temps, üs font délicats, ont. dRla Béhdne orife. 183 peu d'aile & craignent beaucoup lhu- midité ; mais, après qu'il eft pale , ils deviennent robuites , commencent à avoir de l'aile, à partir tous enfemble, à ne fe plus quitter, & fi on eft par- venu à difperf er da compagnie ANS favent fe réunir malgré toutes les prée- cautions du Chaffeur. C'eft en fe rappelant qu'ils fe réu- nifient ; tout le monde connoiït Îe chant des oo. qui eft fort peu agréable, ceft moins un chant ou un ramage, qu'un cri aïgre imitant aflez bien le bruit d’une {cie ; & ce neft pas fans intention que les Mytholosiftes ont MN AROrphor en perdrix l'inventeur de cet inftrument { # ) : le chant du mile ne diffère de celur de la femelle qu'en ce qu'il eft plus fort & plus trainant ; le mel fe diftingue encore de . fe- melle par un épéron obtus qu'il a à chaque pred , & par une marque noire en forme de fer à cheval qu :l a fous le ventre, & que la femelle n'a rs Dans cette efnèce comme dans (%) Ovide, Métamorphofès, lib. VIIL * 184 Hiffoire Naturelle Beaucoup d’autres , 1! naît plus de mâles que de femelles {{), & 11 importe pour 12 réuffite des couvées de détruire les. mâles furnuméraires, qui ne font que troubler Îles paires aforties & nutre à la propagation : la manière la plus uñtée de les prendre, ceft de les faire rappeler au tenps de la pariade par une femelle à qui, dans cette circonftance, on donne le nom de oo: * la meilleure pour cet ufage eft celle qui à éte prife vieille; les mâles sccourent à fa voix & fe Irvrent aux Chafieurs, ou donnent dans les pièges qu'on leur a tendus; cet appeau naturel les attire fi puiflamment, qu'on ‘en a ‘vi Venir fur le) toit Ines marfons, & jufque fur l'épaule de lOiï- cleur : parmi les pièges qu'on peut leur tendre pour s'en rendre maitre, le plus [ür & le moins fujet à inconvéntens, c'eft la tonnelle ; efpèce de grande nafle où font pouflées les perdrix par un homme déguifé à peu-près en ie & pour que lillufon foit plus / 1) Cela va à environ un üers de Hot , felon M, le Roï EE F L L'OUAR ir 4 F # * de la Perdrix grife. 185$ complète, tenant en fa maim une de ces petites clochettes qu'on met au cou du bétail /72); lorfquelles font enga- | gées dans les filets, on choïft à la main lies mâles luperilus, quelquefois mème tous les mâles, & on donne la liberté aux femelles. Les perdrix griles font oiïfeaux 12 dentaires, qui non -feulement reftent dans le même pays, mais qui s'écartent le moins qu'ils peuvent du canton où ils ont paf leur jeunefle, & qui y reviennent toujours: elles craignent beaucoup l'oifeau de proie; forfqu'elles l'ont apperçu, elles fe mettent en tas les unes contre les autres & tiennent ferme, quoique loïfeau qut les voit aufli fort bien es approche de très-près en rafant Îa terre, pour tâcher d'en faire _ partir quelqu'une & de la prendre au vol: au milieu de tant d’ennemis & de dangers, on fent bien qu'il en eft peu qui vivent âge de perdrix; quel- ques-uns fixent la durée de leur vie à fept années, & prétendent que la force (mn) Voyez Olina , page 57. 186 Hifloire Naturelle de l’âge & le temps de la pleine ponte, eft de deux à trois ans, & qu'à fix elles ne pondent plus. Olina dit qu'elles vivent douze ou quinze ans. On a tenté avec fuccès de Îles mul- tiplier dans les parcs, pour en peupler les terres qui en étorent dénucées, &e lon a reconnu qu'on pouvoit les élever à très - peu - près comme nous avons dit qu'on élevoit les faifans; feulement 1ïl ne faut pas compter fur les œufs des perdrix domeftiques. Il eft rare qu'elles pondent dans cet état, encore plus rare qu'elles s'appartent &z saccouplent; mais on ne les a jamais vu couver en prilon, je veux dire renfermés dans ces parquets où les faïfans multrpi ient fi aifément. On eft donc réduit à faire’ chercher par la campagne des œufs de perdrix lauvages & à les farre couver par des poules ordinaires: chaque poule peut en faire éclore environ deux dou- zaïnes, & mener pareil nombre de petits, après qu'ils font éclos: ils fui- vront cette étrangère comme ïls auroient fuivi leur propre mère; mais Hs ne reconnoïflent pas fi bien fa voix; ils de la Perdrix grile 187 la reconnoïflent cependant jufqu'à un certain point, & une perdrix ainf élevée, en conferve toute fa vie lha- bitude de chanter auflitot qu'elle entend des poules. Les perdreaux gris font beaucoup moins délicats à élever que les rouges, & motns fujets aux maladies, au moins dans notre pays, ce qui feroit croire que cet leur climat naturel. HN neft pas même néceflaire de leur donner des œufs de fourmis , & l'on peut les nourrir . Comme les poulets ordinaires, avec la mie de pain , les œufs durs, &c. Lorf- qu'ils font aflez forts, & qu'ils com- mencent à trouver par eux-mêmes leur fubfftance , on les âche dans l'endroit même où on les a élevés, & dont, comme je lai dit, ils ne s'élorgnent jamais beaucoup. La chair) de la: perdrrx. oxrle |'eft connue depuis très -long-temps pour être une nourriture exquile & falutaïre ; elle à deux bonnes qualités qui font rarement réunies, ceft d'être fuccu- lente fans être grafle. Ces oïfeaux ont vingt-deux pennes à chaque aïle, & 188 Fifloire Naturelle, dix-huit à la queue, dont les quatre du milieu font de la couleur du dos {n). Les ouvertures des narines, qui fe trouvent à la bafe du bec, font plus qu'à demi recouvertes par un opercule de même couleur que 1 bec , mais d'une fubftance plus molle, comme dans les poules. L'efpace fans plumie qui eft entre l'œil & Torerlle, eft dun rouge plus vif dans le mûle que dans la femelle. Le tube inteftimal a environ: deux pieds & demi de long, les deux cœcum cinq à fix pouces chacun. Le jabot eft. fort petit (o), & le geler fe trouve plein de graviers mélés avec la nourri- ture, comme ceft l'ordinaire dar ans les SranivOres. {») Wiughby , pag. 120. (0) Ing gluvies ompla, dit Willughby , pag. 1205. mais Les perdrix que j’ai fait ouvrir lav oient fort petit. SE ke, né LA, PERDRIX GRISE-BLANCHE (a). LE ETTE PERDRIX à été connue d'Arifote (b), & oblervée par Sca- liger {c) , purfque tous deux Hhiicat der perdrix blanche, & on ne peut point foup- conner que n! ae D bleu parler du lagopède appelé mal -à- propos _perdrix blanche par quelques- uns ; car pour ce qui regarde Ariftote , il ne pouvoit avoir en vue le lagopède qui eft Ctranger à la Grèce, à TlAfe & à tous les pays où 1l avoit des cor- refpondances, & ce'\iqui le prouve, c'eit qu il n'a jamais parlé de la pro- pricté caractériftique de cet oïfeau , qui BB PRESENT AT (a) Voyez Briflon , Orsirhologie, tome I , p. 223. (b) Jam enim Perdix vifa efl alba, & Corvus, & pie Axifiote, de Generatione Animalluin , BV; : Cap. VI. (c) Scaliger , Exercitationes in Cardanums Exercit, 59. Perdices albas & Lepores citavimus, 190 ÆHiffoire Naturelle eft d’avoir les pieds velus jufque fous les doigts; & à l'égard de Scaliger, ïl na pu confondre ces deux efpèces , puifque dans le même chapitre où ïl parle de la perdrix blanche qu'il a man- gée, 1! parle un peu plus bas & fort au long du Lagopus de Plme, qui a les pieds couverts de plumes & qui eft notre’ vrai lagopède { d }. Au refte, il s'en faut bien que 1a per< drix grife-blanche foit auf blanche que le lagopède , il n'y a que le fond de fon plumage qui foit de cette couleur, & lon voit fur ce fond blanc les mêmes mou- chetures que dans la perdrix grile, & diftribuées dans Île même ordre; mais ce qui achève de démontrer que cette diffé- rence dans la couleur du plumage, nelt qu'une altération accidentelle, un efiet particulier , en un mot une variété propre- ment dite & qui n'empêche point qu'on ne doive regarder la perdrix blanche comme appartenante à l'elpece de la per- drix grile, c'eft que, felon les Naturalrftes, (d) Scaliger , Exercitationes in Cardanum, Exercit. 59. de la Perdrix grife-blanche, 195 8: même felon les Chafleurs, elle fe mêle & va de compagnie avec elle. Un de mes amis fe) en a vu une com- pagnie de dix ou douze qui étoient toutes blanches, & Îles a aufli vu fe êler avec les griles au temps de la pa- riade; ces perdrix blanches avorent les yeux ou plutot les prunellies TOULES comme les ont les lapins biancs, les fouris Blanches, &c. fon bec & fe pieds étorent de couleur de plomb. (e) M. le Roi , Lieutenant des Chafles de Ver- failles. 162 Hifloire Naturell SIREN res U NEA ER PRES NERO REP LA LE TRE PERDRIX GRISE.. K J'aAPPE1LE ainf la perdrix de Damas. d'Aldrovande, qui eft probablement 1a même que la petite perdrix de paflage qui fe montre de temps en temps en différentes provinces de France. Elle ne diffère pas feulement de Îa perdrix grife par fa taille, qui eft conf- tamment plus petite, mais encore par. fon bec qut eft plus alongé, par La couleur jaune de fes pieds, & furetout par l'habitude quelle a de changer de lieu & de voyager. On en voit quel- quefois dans la Brie & atileurs, paller par bandes très - nombreufes, & pour- fuivre Îeur chemin fans s'arrêter. Un Chafleur des environs de Montbard, qui chafloit à Îa chanterelle au mois de mars dernier (1770), en vit une volée de cent cinquante ou deux cens, qui parut fe détourner, attirée par le cri de la chantereile ; mais qui, dès! | le & de la petite Pirdrix grife. 193 le Jendemaïn avoit entièrement difparu: ce feul fait qui eft très-certatn, annonce & les rapports & les difiérences, qu'ii y a entre ces deux perdrix; les rapports, puifque ces perdrie étrangeres furent attirées par le chant d’une perdrix grile; les différences , puifque ces étrangères traversèrent fi rapidement un pays qui convient aux perdrix griles & même aux rouges, les unes & les autres y demeu- rant toute l’année; & ces différences fuppofent un autre inftinct, & par con- équent une autre organilation, & au Moins une autre race. | Il ne faut pas confondre cette per- drix de Damas ou de Syrie, avec la Jyroperdix d'Élien (a), que l’on trou- voit aux environs d'Antroche , qui avoit le plumage noir, le bec de couleur fauve, la chair plus compacte & de meïlleur goût, & le naturel plus fau- | yage que les autres perdrix, car Îles ! couleurs, comme fon voit, ne fe rap- | portent point; & Élen ne dit hi que (a) Élien , de Naturê Animalium , lib. XVI, cap. VII. Oifeaux , Tome IF. I 194 Hifioire Naturelle, &c. {a Jyroperdix foit un oifeau de paflage ; il ajoute, comme une fingularite , qu'elle mangeoit des pierres, ce qui, cependant, eft aflez ordinaire dans les granivores. Scaliger rapporte, comme témoin oculaire, un fait beaucoup plus ‘ingulier , Qui à rapport à celui-cr; c'eft que dans un canton de Îa Gal- cogne où le terrein eft fort fablonneux, la chair des perdrix étoit remplie d’une quantité de petits grains de fable fort incommodes (Bi {b) Scaliger, Comm. in P. L. ari. de Plant, MAP ER D IRI X DE MONTAGNE#*, Îe pars une race diftinéte de cette Perdrix, parce quelle ne reflemble ni à l'efpèce grife ni à la rouge; mais il feroit difiicle d'afligner celle de ces deux efpèces. à laquelle elle doit {e- rapporter ; car fi, d’un coté, l’on aflure qu'elle fe mêle quelquefois Aecues perdrix griles (a), d'un autre côte fa Hémeure ordinaire fur les montagnes, & la couleur rouge de fon bec & de fes pieds, la rapproche auf beaucoup des is rouges, avec qur je foup- conne fort qu'elle fe mêle comme avec les griles, & par ces raïlons je fuis porté * Woyez les planches enluminées, n° 136. | (y) Voyez Briflon, Ormxhologie, tome I, h page 226. | C1; 196 Hifloire Naturelle, &c. à la regarder comme une race inter=. médiaire entre ces deux efpèces prin- cipales : elle eft à\'peu-près de grofieur de la perdrix sertie, éehells a vingt pennes à la queue, LES PERDRIX ROUGES. L 4 BAR T' A VELLE ou PERDRIX GRECQUE *, C'est aux Perdrix rouges , & prin: cipalement à la Bartavellé, que doit {e rapporter tout ce que Îes Anciens ont dit de la perdrix. Ariftote devoit mieux connoitré a perdrix grecque qu'aucune autre, & ne pouvoit guère connoître que des perdrix rouges, puifque ce font les feules qui {e trouvent dans a Grèce, dans les ïles de la Mé- diterranée {/ a }s &,; lelon toute apparence, dans la partie de l’Afie conquile par Alexandre , laquelle eft à peu-près fituée fous le mème climat que la Grèce & * Voyez les planches enluminées, n.° 231. (a) Voyez Bélon, Mature des Oiféaux pag. 257 { x 198 Hifloire Naturelle la Méditerranée / b E & qui étoit pro- bablement celle où -Arifote avoit fes principales correfpondances ; à l'égard des Naturaliftes qui font venus depuis, tèls que Pine, Athenée,. dr. a voit aflez clairement que quoiqu'ils con. nueñt en Ltalle des: perdrix autres que des rouges (c) ,; iisfe: font contentés de copier ce qu ’Ariftote avoit dit des per- drix rouges : 1left vrai que .-ce:dérnier éconnoïf une, diférence dans detehant des perdrix (d);-mais on ne peut èn conclure légitimement une. différence dans l'efpèce ; car la diverfté. du:chant dépend fouvent de celle de lâge :& du {ex Ke ; elle a Jreu quelquefois. dans Île même individu , & elle peut être l'eflet ( b)t paroît que la skis des pays habités ou connus par les Juifs, (depuis l? Égypte jufqu’à Ba- bylone) étoit la perdrix rouge, où du moins n’étoit pas la orite, puifqu’elle fe tenoït fur.les montagnes. { Sicu ? perféguiter Perdix in montibus ). Reg. pe FE cap. XXVI. {c) Perdicum in Tealiâ genus alterum efl es minus, clore obfeurius roflro non chnabarino. Ath en. (d) Alie Kana os 58 9 aliæ Tepié 86 Le HN , difloria Animalium, Hb. IV, cap. des Perdrix lOuUSes. 199 de quelque caufe particulière , & même de l'influence du climat, felon les Anciens eux - mêmes , puifque Athénée prétend que les perdrix qui pafloïent de l’Attique dans la Béotie fe reconnoifloient à ce qu'elles avoient changé de crtfe); d'ailleurs Théo | phralte qui remarque auffl de Varictés dans Îa voix des perdrix, rela- tivement aux pays qu elles habitent , fuppole expreflément qu toutes ces perdrix ne font point d'efpèces difié- rentes, puiiquil pus de leurs difié- rentes voix dans fon livre de variä voce Ælyium ejufdem generis (f ). En examinant ce que des Ancieps ont dit ou répété de cet oïfeau, j'y af trouvé un aflez orand nombre de faits vrais & d'cblervations exa étes, mêles d'exagérations & de fables, dont quel-. ques Modernes fe font moqués ({g), ce qui nÉtoit pas difhcile ; maïs dont je me (e) Voyez Gefner , de Avibus, page 677. (f) Il eft aifé de voir que ces mots, cjufder generis, fignifient ici de {a même efpèce. (g) Di MARS Ornithologia , pag. 120. Liv AUOT 200 Hifioire Naturelle propofe ci de rechercher le fondement | dans les mœurs & Île naturel même de la perdrix. Âriflote, après avoir dit que c'eft un oifeau puivérateur, qui aun jabot, un oclier & de très- petits cæcum (h), qui vit qui 1ze ans & davantage (1), qui de même que tous les autres oïfeaux qui ont le vol pefant , ne conftruit point de nid, maïs pond fes œufs à plate-terre , ES un De d'herbe ou de feuil'es arrangées négligemment {#4 ), ê cependant. en un lieu bien expolé Sc: défend contrer es Ge proie; que ; dans cette efpéce qu eee lafcive, les mâles fe battent entreux 7 22e RE ER EE 20 PONT La ee (h) Ariftote , Æiforia AA Hb; ir, cap. ultimo; & lib. VE cap. (1) Idem , ibidem , Gb. IX, cap. VII. Gaza a mis mal-à-propos vingt cinq ans dans fa tradu@ion , erreur qui a été copiée par Aldrovande, Ornirko- lozie lib. XIE, page 110: tÜme Athénée fait dire à Ariftote que fa femelle vit plus long-temps que le mâle, comme c’eft l’ordinaire parmi les. ojfeaux. Voye Gefner, de Avibus , page 674. (k) Arifitote, Hifloria Animalium, Kb. VI, cap. I des Perdrix rouges. 201 avec acharnement dans la faifon de Pa- mour, & ont alors les tefticules tres- apparens , tandis qu'ils font à peine vihbles en hiver / Z ); que les femelles pondent des œufs fans avoir eu com- ierce avec le mâle [fm ) : que le mâle & la femelle s'accouplent en ouvrant le bec & tirant fa langue (7); que leur ponte ordinaire eft de douze ou! quinze œufs, quelles font quelquefois fi pref- fées de pondre que leurs œufs leur échappent par-tout où elles fe trouvent (o); Aritote, dis-ie, après avoir dit toutes ces chofes qui font inconteftables & confirmées par le témoignage de nos GCbfervateurs , ajoute plufeurs circonf- tances où le vrai paroït être mêlé avec le faux, & quil {ufht d'analyfer pour 1e 1 D DR nn NE A D md nr (L) Ariftote, Hifloria Animalium , Nb. II, cap. 1. (mm) Idem , ibidem. (n) Idem, ibidem, Gb. V , Cap. V. Avicenne a pris de-ià l’occafion de dire que les perdrix fe pré paroient par des b:ifers à des carefles plus intimes , comme les pigeons, mais c’eft une erreur. (o) Ariftote , Hifloria Animalium, Kb. IX cap. NE, I v 2 202 Hifloire À Naturelle en tirer la vérité pure de tout mélange. Il dit donc, 1.° queles perdrix femelles dépolent la Sie grande partie de leurs œufs dans un Îreu caché pour les ga- rantir.. de a pétu lance du mile qui cherche à Îes détruire, comme faïfant obftacle à {es plaïfirs {p), ce qui a été traité de fable par Willughby {q); mais à mon avis un peu trop abfolu- ent ;, uilqu’ en diftinguant le phyfique | du oo & féparant le fait. obfervée. de l'intention dire ppolée, ce qu'Ariftote a dit fe trouve vrat à la lettre & fe réduit à ceci, que la perdrix 4, comme“ prelque toutes les autres femelles parmi lés oïfeaux , linftin@t de cacher fon nid, & que les mâles, fur-tout les fur- numéraires, cherchant à s'accoupler au“ temps de l'incubation, ont porté plus ‘une fois un préjudice notable à la d f Pré) couvée, fans autre intention que celle de jouir de fa couveulfe ; c'eft par cettehl rafon que de tout temps on a recom- mandé la deftruétion de ces mâles fur-b! mn | (p) Ariftote, Hiflor. Animal. ib. IX, Cap. VITE. (3) Willughby, Ornitholeg la, pag. 120. des. Perdrix rouges, 203 numéraires , comme un des moyens les plus efficaces de favorifer La multi phication de Tefpèce, non-feulement des perdrix, mais de pluñeurs autres oifeaux fauvages. Ariftote ajoute en fecond lieu, que la perdrix femelle partage les œufs d'une eule ponte en deux couvées ; qu'elle fe charge de lune & le mâle de l'autre, jufqu'à la fin de Téducation de petits qui en proviennent /r); & eck: con- tredit poñtivement l'inftinét qu'il fup- pole au mâle, comme nous venons de le voir, de chercher à cafler les œufs de fa femelle : mais, en conciliant Arif- tote avec lui-même & ayse-da vérité, on peut dire que comme Îa perdrix femelle ne pond pas tous fes œufs dans le même endroit, pufquils lui échap- pent fouvent malgré elle par - tout où elle fe trouve , & comme le mâle par- tage apparemment dans Cétte) ClDCCE. ou du moims dans quelques races de cette efpèce, ainfi que dans la grile, (r) Ariftote ; Hifioria Animalium , Kb. VI, Cap, VIIE I vj 204 Hifloire Naturelle le foin de l'éducation des petits 3 of aura pu croire qu'il partageoit pe ceux de l’incubation , & qu 1 couvoit à part tous les œufs qui n’étoient point - fous 11 femelle. Arifote dit en troiième lieu, que les mâles fe cochent les uns les autres, S& même qu'ils cochent leurs petits pos qu'ils font en état de mar- cher [ f7), & Ton a mis cette aflertion au rang des abfurdités : cependant jar eu occalion de citer plus d'un exemple avéré de cet excès de nature, par lequel un mâle fe fert d'un autre mâle & même d: tout autre meuble / 4), comme d'une aies ie ; & ce délordre doit avoir Heu {à plus forte raïfon) parmi des offeaux aufii lafcifs ne les “pérde, dont les mâles crlau’ils font bien animés né peuvent entendre’ de! crder lèure femciles fans répandre leur liqueur RS or PE M DR CCE RS (+) Axiftote, Hifforia Animalium, b. IX, €ap. VIiil. ; (+) Voyez ci-deffus lhiftoire du coq, celle de lapin , & les Glanures d'Edwards ‘3 partie AE, page HAE 7 HET ee des Perdrix rouges. 205$ féminale (us & qui font tellement tranfportés & comme enivrés dans cette failon d'amour, que malgré leur naturel fauvage, ils viennent cle uefois fe pofer jufque fur l'Orfèleur ; & combien leur ardeur n'eft-elle pas di vive dans un climat aufll chaud que celui de la Grece, &: lorfqu'ils ont: été, privé long-temps de femelles, comme cela arrive au temps de lincubation {x ) ! Ariftote dit en quatrième lieu, que les perdrix femelles conçoivent & pro- duifent des œufs lo LES {e trouvent fous le vent de leurs mâles, ou lorfque ceux-ci pafient a oi d'elles en volants, 8 mène lorfqu'elles entendent leur, voix (y); & on a répandu du ridicule fur is paroles du Pbhrlofophe grec , comme 1 elles euflent fignifié qu'un courant d'air imprégné par les corpufcules fécondans du mâle, ou leulement mis en vibration par Le fon L (u) Euflath apud Gefuer, de Avibus, pag. 672. fi ? Voyez Arifote, Hiflorie Animalium, 10C0 citato gi Ibidém , Bb. .V , cap. Y. 206 Hifioire Naturelle de fa voix , fufoit pour féconder réellement une femelle ; tandis qu’elles ne veulent dire autre chofe, finon que Îles perdrix femelles ayant le tempéra- ment aflez chaud pour produire des œufs d'elles-mêmes , & fans commerce avec le mâle, comme je l'ai remarqué ci-deflus, tout ce qui peut exciter leur tempérament doit augmenter encore en elles cette puiflance ; & Ton ne niera point que ce qui leur annonce La pré- fence du mâle ne puifle & ne doive avoir cet effet, lequel d'atlleurs peut cire produit per un fimple moyen mé- canique qu'Ariftote nous enfeigne on ou par le feul frottement qu'elles éprou- vent en fe vautrant dans la pouflère. D'après ces faits, il eft aïfé de con- cevoir que quelque paffion qu'ait la perdrix pour couver, elle en a quel- quefors encore plus pour jouir, & que, dans certaines circonftances , elle pré- férera le DE de fe jomdre à fon _ (x) Sed idem faciunt ps oya hypenemia feu gzephiria pari unt) f: digito genitale palpetur. Ariftote x Hifloria Animalium , “ib. "YI I, cap. II. des Perdrix rouges. 707 mâle, au devoir de faire éclore fes pe- tits ; il peut même arriver qu'elle quitte la couvée par amour pour la couvée même , ce fera lorique voyant fon mâle attentif à la voix d'une autre perdrix qui le rappelle, & prêt à l'aller trou- Ver ;. € elle vient s'offrir à fes defirs pour prévenir une inconftance qui feroit nuihible à a nue , elle tâche uk le rendre fidéie en le rendant heureux { a Élien a dit encore que biiléuie on vouloit farre combattre Îes mâles avec plus d'ardeur , cétoit toujours en pré- fence de leurs femelles ; païce qu'un mâle, ajoute-t-1l, aimeroit mieux mourir que de M seege de la lcheté en pré- fence de fa femelle , ou que de paroitre devant el lle après avoir été vaincu ( b); mais cell encore ici le cas de parer le fait de listentron : ïl eft certain que Re (a) Sepè & femina incubans exurgit, cum marem femme penatricl attendere fenferit, occurenfque fe ipfam prebet libidini maris ut fatiarus neghgat venatricemM. Ariftote , Hifloria Animalium , lib. LX , cap. VIIT. Adeoque vincit libido etiam faetus caritatem , ajoute Pline, /6 X, cap. xxx111. {(b) Élien, de Naturû Animalium , Kb. LV ; cap. 1. 208 Hifloire Naturelle la préfence de la femelle anime fes miles au combat, non pas en leur inf- piränt un. certain pot at d'honne eur, MAIS parce qu'elle exalte en eux la jaloule toujours Proportionnée daus les animaux. au beloin de jouir ; & nous venons de voir combien ce beloin eft preflant . les perdrix, C'eft amû qu’en diftinguant le phy- fique du moral, & les faits réels des fuppoftionn précaires, on retrouve la vérité trop fouvent défigurée dans l'hif- toire des animaux, par les fictions de l'homme & par la manie qu'il a de prêter à tous les autres êtres {a nature propre, & fa manière de voir e de {entir. Comme les bartavelles ont beaucoup de chofes communes avec les perdrix orties, 1} fufhra pour achever leur hif- toire, d'ajouter ici les princrpales diffe- rences par Îefquélles elles fe diftinguent des dernières. Bélon qui avoit voyagé dans Îeur pays natal, nous apprend qu'elles ont le double de grofleur de nos perdrix, queiles font fort com- munes , & plus communes quaucun des Pardi rouges, 209 autre oïfeau dans la Grèce, Îles îles Cyclade pre prinerpalement fur les cotes de ile de Crète (aujourdhur Candie) ; qu'elles chantent au temps de l'amour, qu'elles prononcent à peu- près le mot chacabis ,; d'où les Latins ont fait fans doute Îe mot cacabare pour exprimer ce cri, @& qui peut-être a eu quelqu'infuence fur la formation des noms cubeth , cubata ; cubeji, &c. par lefquels on a défigné la perdrix rouge dans les langues orientales. Délôn, hôus apprend encore que les bartavelles fe tiennent ordinatrement parmi les rochèrs ; mais qu'elles ont linftinét de ‘delcendre dans Ra plaine pour y faire leur nid, afin que leurs petits trouvent en naïl ne une fubüf- tance facile : qu'elles poudent de huit juiqu'à feize œufs , de la grofleur d'un petit œuf de poule, blancs, marqués de petits points rougeîtres, & dont le jaune qu'il appelle moyeu, ne fe peut durcir: enfin, ce qui perfuade à un Obfervateur he fa perdrix de Grèce eft d'autre elpéce ” notre -perdrix Douse,...celt quil y a en Îtalie des 210 . Hifloire Nébifelle : lieux où ‘elles font connues lune & Tautre , & ont chacune un nom difié: rent; là perdrix de Grèce celui de, cothurno ; & Vautre celui de perdice (c), lcérimerifhile peuple qui impole les noms navoit put fe méprendre , ou même dfmguer par deux dénomina- tions différentes deux races difbmékes, appartenantes à une feule & même efpèce? enfin 1 conjecture ,; & non (ronde que celt cette grofle ibes qu : fuivant Ariftote, s'eft mêlée ecla bidule ordinaire , & a produit avec elle des imdividus féconds, ce qui. n'arrive que rarement felon le philo- fophe Grec, & n'a lieu que dans Îes efpèces les plus’ lafcives', telles que celles du coq & de la perdrix f d ), ou | | | | (c) Voyez Bélon, Nature des Oifeaux, p. 255. {4 ) Je rapporte en entier le pafage d’Ariftote, parce qu'il préfente des vues très-fames & très-phi, lofophiques. Er ideo que non unigena coeunt (quod ea faciunt , quorum tempus par, & uteri geftatio proxima , €? corporis magnitudo non multo diférepans), Rec pri mMOS partus finie fi edurit, communi generis utriufque fpecie : quales . ... . (ex Perdice & Gallinacee ) [éd tempore proceden'e diperfiex divers provententes, demum des Perdrix. fQUSeS. _21L de la bartavelle, qui. €eft la perdrix d’A- ‘riftote: celle-ci à encore une nouvelle analogie. avec. la: poule ordinaire, c'eft de couver des œufs étrangers à dif UÉ des fiens ; 1l y a long-temps que cett remarque, au ÉtC faite, puifqu'il en_ ef ct dans les livres facrés fe ). j Ariliote a remarqué que les perdre .imâles chantoïrent ou crioient principale- ment dans {a fafon de l'amour, lorfqu’ ls fe battent en tr'eux, & même avant de fe battue f): 1 ee qu'ils ont pour leur femelle fe tourne alors en rage. contre Meurs rivaux ;. & de-là. tous cés'cris , ECS combats, cette ‘elpèce, divrefle ; cet oubli d'eux-mêmes, cet abandon de leur propre confervation qui les a précipités plus dune fois, je ne dis “forma femine inflituti evadunt, guomodo fémina pere- grina ad pofremum pro terre naturà redduntur, hec enim matercam corpufque feminibus præflat. De Gene- _ratione Animallum, lb. 1T, cap. 17. le) Perdix fovitova que non peperit. Jerem. Prop. | Cap. XVII ; 4 k (f) Ariftote, , Hifloria Animalium , UDLAIV LMCAP. IX. 262 Hifloire Naturelle pas dans les pièges, maïs jufque dans les mains de l'Otfeleur p ). | On a profité de la connoiffance de! leur naturel pour les attirer dans Îel piège, foit en leur préfentant une fe-. melle vers laquelle ils accourent pour | en jouir, foit en eur préfentant un. mâle fur lequel ïls fondent pour le! combattre /h); & Von à encore tiré! partie de cette haïne violente des mâles! contre les mâles pour en faire une forte. de fpectaclé , où ces animaux ordinais. rement fi timides & fi pacifiques fe battent entre eux avec acharnement, &e on na pas manqué de les exciter, comime je fat dit, par la préfence de leurs femelles {i): cet ufage elt encore très=! commun aujourd'hui dans l'ile de Chypre [{ k)3 & nous voyons dans Lampridius, que empereur Alexandre Sévère s'amus {oit ti dece genre de combats. (g) Ariftote, Pr Animal. lb. iX, cap. vi (h) Ibidem, üb. IV, cap. L | (i) Élien, de Naturd Animal. Ub. IV, cap. 1. (Æ J Voyez P'Hifloir: de Chypre de François Stephano Lufznano. | | des Perdrix rouges, 213 rer LA PERDRIX ROUGE D'EUROPE" Planche VI de ce'yolume. (Csrre Prrprrx tient le milieu pour |4a grofleur entre Îa bartavelle & a yperdnix grile; elle neft pas aufii ré- Ppandue que cette dernière, & tout kclumat ne fut eft pas bon: on la trouve k dans la plupart des pays montagneux & tempérés de l'Europe, de l'Afe & de NVAfrique ; mais elle eft rare dans Îles 1 Pays-bas [a ), dans plufeurs parties de IWAllemagne & de la Bohème, où lon ka tenté inutilement de la multiplier , k quoique les faifans y euflent bien réuffi La {{b): on n'en voit point du tout en * Voyez les planches enluminées , n.® 150. D (a) Voyez Aldrovande, Ornithologia, tome I, || page 110. Ml (5) Idem, ibidem, page 106, 214 Hiftoire Naturelle Angleterre {c) ni dans certaines îles des environs de Lemnos {/d); tandis qu'une feule paire portée dans la petite île d'Anaphe (aujourd'hui Nanfo), y puliula tellement que les habitans furent {ur le point de leur céder la place fe); ce féjour leur eft fi favorable qu'encore aujourd'hui l'on eft obligé d'y détruire: leurs œufs par milliers vers les fêtes de Pâques, de peur que Îles perdrix qui en viendroïent, ne détrurfflent entière- ment les moiflons,; & ces œufs accom- modés à toutes fauces nourifient Îes infulaires pendant pluñeurs jours ff). Les perdrix rouges {e tiennent fur les montagnes qui produifent beaucoup. de bruyères & de broufilailles, & quel- quefois fur les mêmes montagnes où. {e trouvent certaines gélinottes, mal-à- (c) Voyez Ray , Synoplis Avium , page 57.— Hifloire naturelle des Oifèaux d'Edwards, pl. 1xx. (4) Anton. Liberalis apud Aldrop.tom.Il, p. 110. {e) Athénée, Deipnofèph , Hb. IX. (f) Voyez Tournefort, Voyages du Levant, come {, page 275. | des Perdrix rouges. 215 propos appelés perdrix blanches ; maïs dans des parties moins élevées, & par conféquent moins froides & moins fau- vages (g ): pendant l'hiver, elles fe recèlent fous des abris de rochers bien expolés & fe répandent peu; le refte de l’année, elles fe tiennent dans Îles: “Prouflailles , s’y font chercher long- temps par les Chafleurs , & partent difficilement : on m'aflure qu'elles ré- fiftent fouvént mieux que les grifes aux rigueurs de l'hiver, & que bien qu'elles foïent plus aïfées à prendre dans les difiérens pièges que les grifes, ïl s'en touve toujours à peu-près le même nombre au printemps dans les endroits “qui leur conviennent; elles vivent de grain, d'herbes, de limaces , de che- nilles, d'œufs de fourmis & d'autres: infectes ; mais leur chair {e fent quelque- fois des alimens dont elles vivent. Elren: rapporte que Îes perdrix de Cyrrha, ville maritime de ia Phocide , fur le … golfe de Corynthe, font de mauvais (g) Sumpfius apud Gefüer, de Avibus, pag. 682, 216 Flifioire Naturelle goût ; parce qu'elles. fe nourriflent . d'ail (4), Elles volent pefamment 8. Dep effort, comme font les grifes ;.‘®œ of peut les reconnoitré de mème fans Îles voir , au feul bruit qu’elles font avec leurs aïles en prenant leur volée : leur tnftinct eft de plonger dans les préci- pices lorfqu'on Îles apres fur les montagnes, & de regagner ie fommet lorfqu'on va à [a remile : dans les plaines elles filent droit & avec roideur; iorfqu'elles font fuivies de près & poul- fées vivement, elles fe réfugient dans les bois, fe perche ent même fur Îes arbres, & fe terrent quelquefois, ce que ne font point les perdrix grifes. Les perdrix rouges diffèrent encore des griles par le naturel & les mœurs , elles font moins focrales : à a vérité, elles vont par compagnies ; maïs ïl ne règne pas dans ces compagnies une union. auf PAFFAE quoique nées , quoiqu'élevées enlémble. les perdrix (E) Élien , de Naturë Avium, lib, IV , cap. xT1x. TYOoUuges des Perdrix rouges. 217 rougés fe tiennent plus éloignées Ies unes des autres, elles ne partent point enfemble , pe vont Pas toutes du mêine côté, & ne fe rappellent pas enfuite avec le même empref{lement, fi ce n'eit au temps de l'amour , & alors même chaque paire fe réunit féparément; enfin, lorfque cette faïfon eft pallée . & que la femelle eft occupée à couvef , e rnâle la quitte & la aile, {eule chargée du foin de la famille; en quoi nos perdrix rouges paroïflent auf différer des perdrix rouges de l'Égypte ; pu ifque Les prêtres Égyptiens avoient éboili pour Pme d'un bon mé- nage deux perdrix, l’une mâle & l'autre femelle ; couvant chacune” de fon coté fi) à Par une fuite de leur naturel fau. vage , les perdrix rouges que fon tâche de multiplier dans les parcs, & que : l'on élève à. peu - près comme Îles faï- fans, font encore plus difaciles à élever, exigent plus de foins & de précautrons (:} Voyez Aldrovande , Ornithologia, tome I, pig, 120. Oifeaux, Tome IF. K 218 Hifloire Naturelle pour les accoutumer à l captivité, ou pour mieux dire, elles ne s'y accou- tument jamais, puifque les petits per- dreaux rouges qui font éclos dans 1a faifanderie, & qui n’ont jamais connu la Hberté, fanguiflent dans cette pri- fon, qu'on cherche à leur rendre agréable de toutes manières, & meu- rent! bientôt d’ennur ou d’une maladie qui en eft la fuite, fi on ne les che dans le temps où ts commencent à avoir la tête garnie de plumes. | Ces faits qui m'ont été fournis par M, le Roy, paroiïflent contredire ce qu'on rapporte des perdrix d'Afie (4) & de quelques ïles de FArchrpel { Z )s (k) In regione carca Trapezuntem ..... pidi homi- nem ducentem fècum fupra quatuor millia Perdicum. fs iter facichat per terram, perdices per acrem volar bant, quas ducebat ad quoddam caftrum..., quod à Trapezunte diflat trium dierum itinere: cum huic ho= mini quiefcere .….. libebat, Perdices omnes quiejtebant circa eum , € capiehat de ipfis quantum volebat nu- merum. Odoricus de Foro-Julii apud Gefner, de Avibus, pag. 678. (1) H y a des gens du côté de Veñfa & d’Élata (dans l’île de Scio), qui élèvent des perdrix avec foin: on les mêne.. .à ja campagne chercher des Perdrix rouges. 219 _ & mème de Provence où on en a vu des troupes nombreufes / m ), qui obéïf- foient à Îa voix de leur conducteur avec une docilité fingulière. Porphire parle d'une perdrix privée venant de Carthage, qui accouroit à [a voix de fon maître , le carefloit, & exprimoit fon attachement par des imflexrons de voix que le fentiment fembloit pro- duire, & qui étotent toutes différentes de fon cri ordinaire /2). Mundella & Gefner en ont célevé eux-mêmes qui étoient devenues très-familières fo) ; :l paroït même, par pluñeurs paflages des leur nourriture comme des troupeaux de moutons; chaque famille confe les fiennes au gardien com- mun , qui les ramène fe foir ; & on Îes rappelle chez foi avec un coup de fifflet, même pendant la journée. Voyez le voyage au Levant de M. de Tournefort, tome I, page 386... (in) Jai vu un hommeen Provence , du côté de Grafle , qui conduifoit des compagnies de perdrix à la campagne, & qui Les faifoit venir à lui quand il vouloit ; il les prenoit avec la main, les mettoit dans fon fein, & les renvoyoit enfuite..... avec les autres. Zbidem. {n) Porphire , de Aôflinentiâ à carnibus , Gb, IL {o) Voyez Géfner , de Ayibus, pag. 62. K ij 220 Hifloire Naturelle Anciens, qu'on en étoit venu jufquà leur apprendre à chanter ou à perfée- tionner leur chant naturel qui, du moins dans certaines races, FEAT pour un ramage agréable (p). Mais tout cel: peut fe concilter en difant que cet otfeau eft moins ennemi de l'homme que de flelclavage, quil eft des moyens d’apprivoiler & de fubjuouer animal le plus fauvage, c'eft- à- die, le plus amoureux de fa fberte, & que ce moyen eft de Îe traiter felon fa nature, en lui larflant autant de 1 | berté qu TR poffible: fous ce point | de vue, fa focrété de la perdrix appri- voilée avec l'homme qui fait s'en faire obéir, eft du genre le plus intéreflant & le plus noble; elle n'eft fondée nt fur le hefoin ; nt fur lintérèt, ni fur une douceur flupide, mars fur la fym- pathie, le goût récIproque , le choix volontaire ; 1! faut même pour bien réuffir qu ‘elle foit sbfolument volontaire & fi : Atnénée, roue — Pluterque , Utra Animalium, &ce. Ellen, de Naturä Animalium Db. IV ; Cape XIE LA I pag.220. Sà SSS = / RSS > SS SSSS } ) ; / 7 7 SS IS SK S RSS >= SSS SS ES = = = À ( = NS {fl U( Æ 2( > Si DNESSI SNS SNS % —— SINSSSS N S ù SN | D N' ; ÿ NN S SSS SR + È SS& ÈS NI N DS = SNS LA PERDRIX ROUGH. & des Perdrix rouges, 221 libre : {a perdrix ne s'attache à l'homme » ne fe foumet à fes volontés qu'autant que lhomme lui lafle perpétueile- ment le pouvoir de le quitter : .& lorfqu'on veut lui impofer une loi trop dure , : une contrainte au-delà de ce quexipe toute focrètés; en un ‘mots lorfqu'on veut la réduire à l'efclavage domeftique , fon naturel fi doux fe ré- volte, & le regret profond de fa fHiberté perdue étoufle en elle Îes plus forts penchans de la Nature; celur de fe con- ferver, on Pa vu fa fe tourmenter PAU prifon jufqu'à fe cafler la tête & mourir; celur de fe reprodurre, elle y montre une répugnance invincible ; & fi quelquefois on la vit cédant à lardeur du tempérament & à l'influence de la fafon, s'accoupler & pondre en cage, jamais on ne la vue s'occuper efhcacement , dans la volière Ia plus commode & la plus fpacieule, à per- pétuer une race efciave. PR 4 are Eee 222 Hiftoire Naturelle, L 4 PER D RUN ROUGE-BLANCHE(a). Dans la race de la perdrix rouge ; la blancheur du plumage eft comme dans la race de la perdrix grife, un effet accidentel de quelque caufe par- ticulière, & qui prouve l’analogie des deux races: cette blancheur neft ce- pendant point univerfelle, car la tête conferve ordinatrement fa couleur ; le bec & Îles pieds reftent rouges; & comme d'ailleurs on fa trouve ordinaï- rement avec les perdrix rouges, on eft fondé à la regarder comme une variété inviduelle de cette race de perdrix. | fa) Brion, Ornithologie, tome I, page 238. LE FRANCO LIN*. | Ce noM de Francolhin eft encore un de ceux qui ont été appliqués à des oueaux fort différens : nous avons déjà vu crdeflus qu'il avoit été donné à Vattagass & 1l° paroït par un paflage de Géfner , que foifeau connu à Venrie fous le nom de Francolin, eft une ef- pèce de gélinotte [ hazel-huhn ) [a). Le francolin de Naples eft plus gros qu'une poule ordinaire , & à vrai dire, la longueur de {es pieds, de {on bec & de fon cou, ne permettent point d'en faire nt une gélinotte nt un fran- colin fb ). | Tout ce qu'on dit du francoïin de * Voyez Les planches enluminées , n.95 147 & 148, (a) Eft autem ( Francolinus }) eadem Gerinanorum Hazel-huhn, ut ex icone Francolini Venetiis di&i quam dotüffimus Medicus Aloyfius Mundella ad me mifit citra ullam dubitationem cognovi. Gefner , de: Avibus ; PAZ. 2285. (5) Gefner, ibidem, K 17 224 Fi ifloire Naturelle Ferrare, c'eft qu'il a Îles pieds rouges & vit de poilions (c): loifeau du Spitzherg, au quel on a donné le nom # francoli in, S'appelle aufA coureur .de vase, parce quil ne s'elorgi ne jamais Due aucoup de Îa cote où 1 trouve a pourriture qui lur convient; favoir, Lo vers gris & des che: vrettes; maïs 11 n'eft pas plus gros qu'une alouette f{d'). Le francolin dont ii donne la delf- cription & la fioure fe), eft celui dont. il s'agit ici : celui de M. Edwards en ditière en ner es points ( f), & par- roît être exactement le même oïtfeau que le Radooft de M. Tournefort fe) qui fe rapproche auf de celui de . are; en ce qua Æ Pie fur Les cotes de la mer & dans les lieux marécageux. (c) Ali alium quemdain Francolinum faciunt eru- ribus rubris, pifcibus viventem, Ferrarie , ut audio, HDEUM. Cine ioidem. (4) Voyage de M. PAbbé Preyôt ; , tome XW, page 276. (e) Olina, page 33. (f) Rdwards > Planche CCXLVI. (z) Voyages au Levant de M. de Tournefort, éome I, page 412; & tome IT, page 103. du Flneiiss 2 2$ mu É notre paroït différer de ces trois derniers, & même de celui de M. Brion (h}), foit par la couleur du plumage & même du bec, foit par les dimenlions & le port de Îa queue , qui eft plus longue dans a figure de M. Briflon, plus épanouie dans la notre, & tombante dans celles de M. Fdwards & dOfina; mais, malgré cela, je crois que le Francoïin d Olina , celur de M. de Tournefoit, celut d'Eté ards, celur de M. Brion & Île mien font tous de 1 même efpèce, attendu qu'ils ont beaucoup de os oies que es petites différences qu'on a obfervées entreux ne font pas aflez caraétéri{ées pour conftituer des efpèces diverfes, & peuvent d’ailleurs être relatives à l'âge, au fexe , au climat, où à d'autres caules particulières. Il eff certain que le francolia a beau- coup de rapport avec [a perdrix; & Roll detquw, à porté nt & Brifion àles r ranger parmi 1es per- drix. Pour mot, après avoir examiné pere ù fh ) Bi Mon, Oruishologie ,tome I, page 24%, Kw 226 Hifloire Naturelle de près & comparé ces deux fortes d'oifeaux , jai cru avoir obfervé en- tr'eux aflez de différences pour les fe- parer; en effet, le francolin diffère des. perdrix, non-feulement par les cou- leurs du plumage, par Îa forme totale. par le port de la queue & par fon cri, mais encore parce qu'il a un épe- ron à chaque jambe / £ ); tandis que la perdrix mâle n’a qu'un tubercule calleux au lieu d'éperon. Le francolin eft aufli beaucoup moins répandu que la perdrix: il paroït qu'il ne peut guère fubffter que dans les pays chauds; lEfpagne, l'Italie & la Scicile , {ont prefque les feuls pays de l'Europe où 1l fe trouve: on en voit auf à Rhodes [4), dans l'ile de Chypre (4), à Samos { m), dans Îa - ft) Celui d’Olina n’en a point; mais il y a apparence qu’il a fai defliner Ia femelle. (4) Ofina.. {l) Tournefort.. {m) Edwards... .. M. Edwards dit qu'il n’eft: pas queftion du Francolin dans le texte du Voyage. au Levant de M. de Tournefort, quoiqu'il y ait du Francolin. 227 Barbarie, & fur-tout aux environs de Tunis (2), en Égypte, fur Îles côtes d'Afe /o) & à Bengale {/p } Dans tous ces pays, on trouve des francoiins & des perdrix, qui ont chacun leurs noms diitincts & leur efpèce féparée. La rareté de ces oïfeaux en Europe, jointe au bon goût de leur chair, ont donné lieu aux défenfes rigoureules qui ont été fautes en plulieurs pays de les tuer ; & de-à on prétend qu'ils ont eu Île nom de francolin , comme jouiflant d'une forte de franchife fous la fauve- garde de ces défenfes. une figure de cet oïifeau, fous le nom de Franz colin ; forte d’oifeau qui fréquente les marais. Cette affertion eit fautive ; voici ce que je trouve, tome F de ce Voyage , page 412, édition du Louvre: «J.es francolins n’y font pas communs ( dans l’e de « Samos), & ne quittent pas [a marine , entre « le petit Boghas & Cora , auprès d’un étang ma- «« récaseux.... On lesapppelig Perdrix des prairies. 4e La figure de l’oifeau porte limplement en tête le nom de francolin. | F. {n) Olina , page 323. (o) Tournefort, Voyage au Levant, tome IE, page 103. (p) Edwards. 228 FHifioire Naturelle On fait peu de chofe de cet oïfeati au-delà de ce que montre la fete fon plumage eft fort beau; 1 a un coller très-remaïquable de couleur orangée; fa grofleur furpafle un peu celle de la perdrix grife : [a femelle eft un peu plus prtite que le mâle & les couleurs de fon plumage font plus fot- bles & moins variées. Ces orfeaux vivent de grams : on: peut les élever dans des volières; mais rl faut avoir l'attention de leur donner à chacun une petite loge où ts puifent fe tapir & fe cacher, & de répandre dans Îa volière du fable & quelques pierres de tuf. | Leur cri eft moins un chant qu'un fifflement très-fort, qui fe fait entendre de fort loin {a). Les francolins vivent à pe u- près autant que Îles perdrix (r); leur chair et exquile , elle eft quelquefois préférée à celle des perdrix &c des farlans. {a } Olma, {x} Ide To: du Francolir. 229 M. Linnæus ff) prend Îa perdrix de Damas de Willughby pour le fran- coïn (ct); fur quoi il y a deux re- Marques à faire; a première, que cette perdrix de Damas eft plutôt ie de Bélon qui en a parlé le premie r (au), que celle de Willughby qui n'en à parlé que d'après Bélon; la feconde ; que ébtté perdrix de Damas diffère du francolin, & par fa petitefle puifqu’ elle eft moins grofle que Ia perdrix grife felon Bélon, & par fon plumage, comme on peut le voir en comparant les figures de nos planches enluminées & par {es pieds velus, qui ont évsbéhé Bélon de la ranger parmi les rîles de genèt ou les pluviers. M. Linnzus auroit dû reconnoître le francolin de Tournefort dans celui d'Oftna, dont Willughby fait mention {x) ; enfin le naturalifte Suédois fe trompe encore en fixant exclulivement (f) Einnæus, Sy£. nar. edit. X, pag. 161, {t) Wilughby, Ornirholegie | page 128. (u) Bélon , Obfer». page 152. (z) Willughby , Ornithologie, page 12%. = 230 Hifloire Naturelle, &c. l'Orient pour le climat du francolin; puilque cet oïfeau fe trouve, comme js l'ar déjà remarqué, en Sicile , en Italie, en Efpagne , en Barbarie, & dans quel- ques autres contrées qui n appartiennent point à l'Orrent. Ârtftote met Tlattagen, que Bélon regarde comme le francolin, au rang des oïfeaux pulvérateurs & frugivores (y) : Bélonlur fait dire de plus que cet oïfeau pond un grand nombre d'œufs fa quoique cela ne {e trouve point à l'endroit cité; mais c'eft une confé- quence que lon peut tirer, dans les principes. d'Ariftote, de ce que cet oïfeau eft frugivore & pulvérateur: Bélon dit encore, d'après les Anctens, que Îe francolin eft fréquent dans fa campagne de Marathon, parce qu se: fe plait dans les lieux marécageux; &c cela s'accorde très-bien avec ce que M. de Tournefort rapporte des franco- _ Ainsde Samos fa). (y) Ariftote, Hiflor. Animal. 1ib. IX, cap. XLIX. (z) Avis no de ef? attagen. Bélon ») Nat. des. Oifèaux , page 241. | {9 Tournefort , some T, page 412. 237 Pr DIS LE RGOT, he: PREMIÈRE ESPÈCE qui nous paroit VOïfine du francolin, c’eft l’oifeau qui nous a été donné fous le nom de Per- drix du Sénégal* : cet oïfeax a à chaque Pied deux ergots, ou plutôt deux tu- bercules de chair dure & calleufe , & comme ceft une efpèce où race par- ticulière, nous lui avons donné {e nom de Bis-ergot , à caufe de ce ca- ractère de deux ergots qu'il a à chaque pied. Je le place à la fuite des franco- lins , parce qu'il me paroïît avoir plus de: rapports avec eux qu'avec Îles perdrix,. {oit par fa groffeur , foit par la longueur du bec & des ailes, foit par fes éperons.. * Woyez les planches enluminées , n.9 137: 2:32. Hifloire Nate” Ls GORGE- NUE ET 14 PERD Rouvcr D'AFRIQUE. CG OISEAU que nous avons vü vivant à Paris, chez feû M. le Marquis de Montmirail, a le defious du cou & de la gorge état de plumes & fim- plement couvert d'une peau rouge; le refte du plumage eft beaucoup moins varié & moins agréable que celur du francolin. Le gorge -nue {e rapproche de cette efpèce par fes pieds rouges & fa queue épanouie , & de l'efpèce pré- cédente, qui eft celle du bis-ergot, par le double éperon qu fa pareïllement à chaque pied. Le défaut d'oblfervations nous met hors d'état de juger à laquelle de ces deux efpèces elle refflemble le plus par {és mœurs ou par fes habitudes. M. Âu- blet m'aflure que c'eft un oïfeau qui fe perche. + du Gorge-nue. 233 LA psRDrix ROUGE d'Afrique * eft plus rouge que nos perdrix rouges, à caufe d’une large tache de cette cou- leur qu'elle a fous la gorge; mais le refte de fon Pure eft beaucoup MOINS agréable : elle diffère des trois efpèces Brécédentes par deux caractères fort apparens, fes éperons plus longs & plus pointus, & fa queue plus épa- noue que ne l'ont are les perdrix, le défaut d'obfervations nous met hors d'état de juger fi elle en diffère aufli As fes mœurs ou par fes habitudes. * Voyez les planches enluminées, n,° 180, 2 3 + Hifoïr : NON Île | OISEAU X ÉTRANGERS Qus ont rapport aux PERDRIX. EL, | Lu Perorix rouge de Barbarie, don- née par M. Edwards, planche LXX 5 nous paroît être une efpèce différente de notre perdrix rouge d'Europe, elle ef plus petite que notre perdrix grife; elle a le bec, le tour des yeux & les pieds rouges comme la bartavelle ; maïs elle a fur le haut des aïles des HAE d'un beau bleu bordé de rouge-brun; & autour du cou une efpèce de collier formé par des taches blanches, répan- dues fur un fond brun, ce qui, joint à fa petitefle, diftingue cette efpèce des deux races de perdrix rouges qui font connues en Europe. des Oiféaux étrangers ,Ec. 235$ L:0 La PERDRIX DE ROCHE OU DE 1A GAMBRA. CETTE PErRDRiIx prend fon nom des lieux où elle à coutume de fe tenir par préférence; elle fe plait, comme les perdrix rouvés, paru les, rochers & les DOOper fa couleur générale eft un brun obfcur , & elle a fur la por- trine une tache Rs de tabac d'Ef- pagne. Âu refte, ces perdrix fe rap- prochent encore de Îa perdrix rouge par la couleur des pieds, du bec & du tour des Yeux : elles font moins grofles que les nôtres, & retrouflent la queue en courant ; mais , Comme elles, elles courent très-vite, & onten gros la même forme (a); lux chair elt excellente. (a) Voyez Journal de Stibbs, page’ 287; & Fabbé Prevôt, rome III, page 309% 236 Hifioire Naturelle, LITE La PER D'AIS SPERLÉÉ, DE La O4 Ne CETTE PErDrix qui n'eft connue que par Ja defcription de M. Briflon (4), paroït propre à l'extrémité orientale de l'ancien continent; elle eft un peu plus grofle que notre perdrix reuge, elle a la forme , Îe port de 12 queue, la brie- veté des aïles & toute la tournure de Îa perdrix; elle a de notre rouge ordi- naire { n° 150 ), la gorge blanche; & de celle d'Afrique {n° 180), Îles épe- rons plus longs & plus pointus; mais. ellé na pas, comiue elle, le bec, 6e les pieds rouges: ceux-ci font tours & le bec eft noirâtre amh que Îles ongles: le fond de fon plumage eft de couleur obfcure égayée fur la poi- trine & Îes cotés par une quantité de petites taches rondes de couleur plus che d'où jé) pris, occaliontde th (8) Brion, O@rnihologie , tome I, page 234. des Oifeaux etrangers, ÉC. à 37 nommer perdrix perlée : elle a outre cela quatre bandes remarquables qui partent de la bafe du bec & fe prolongent fur les côtés de la tête; ces bañdes font alternativement de couleur claire & rem- Drunie. I V. dr A PER ERAX de la nouvelle ANG:IETERRE (c). Je mers cet oïfeau d'Amérique & les furvans à Îa fuite des perdrix , non que je Les regarde comme de véritables pe Re mais tout au plus comine leurs D repréfentans ; parce que ce font ceux des oïfeaux du nouveau monde qui ont le plus de rapport avec les perdrix, Iefquelles certainement n'ont pas laile . aflez forte nt le vol affez élevé, pour avoir pu traverfer les mers qui féparent le vieux continent du nouveau. L'orfeau dont il s'agit 11 eft plus poub'que perdre (gere: dia l'iris (c) Briflon, Ornithulogie, tome I, page 229, 238 Hifloire Naturelle, &c. jaune, le bec noir, la gorge blanche; deux bandes de la même couleur, qui vont de Îa bafe du bec jufque der- rière la tête en paflant fur les yeux : 1l a auf quelques taches blanches au haut du cou : le deflous du corps eft jaunitre rayé de noir, & Île deflus d'un brun tirant au roux , à peu-pres comme dans la perdrix rouge, mais bigarré de noir: cet oïfeau a la queue courte comme toutes les perdrix ; il fe trouve non-feu- lement dans {a nouvelle Angleterre, mais encore à Îa Jamaique, quoique ces deux climats fotent différenss — M. Albm en a nourri aflez long- temps avec du blé & du chenevis (d). . (4) ie tome L pas ge 25. DAC AT: LME v( a), Planche VII de ce Volume, M'rornnusre trouvoit une f wrande reflemblance entre les Perdrix & les Caïlles, qu'il donnoit à ces der- hières le nom de Perdrix naines; & c'eft fans doute par une fuite de cette méprile, ou par une erreur femblable, que les Portugais ont appelé la perdrix codornix , & que les Italiens ont appliqué le nom de corurnice à Îa bartavelle ou * Woyez les planches enluminées , n° 170— Nota. Frifch prétend, planche cxyir , que du temps de Charlemagne on fui donnoit le nom de Quacara; quelques-uns lui ont auffi donné celui de Currelius, & j'en dirai plus bas la raifon : quoi qu’il en foit, ces deux noms ont été omis par M. Brifion. (a) O'oruË, en Grec; en Latin, Coturrix; en Efpagnol, Cuaderviz; en Italien, Quaglia; en Allemand , #achtel; en Anglois, Quail; en Po- Jonnois, Pryepiorka. — Coturnix, Gefner, Avium pag. 352....... Aldroyande, Avi. tom. If, page 150... Frifch , pl. cxy11 , avec une figure coloriée du Mâje & une de la femelle, 240 Hifloire | Naturelle perdrix grecque. [ eft vrat que 4e perdrix & les caïlles ont beaucoup de rapports entr'elles; Îles unes & Îes autres _font des oïfeaux pulvérateurs, à aïles & queue courtes & courant fort vite {b), à bec de gallinecés, à plumage gris moucheté de brun & quelquetois tout blanc fc); du refle, 1e'nenette s'accouplant , conftruifant leur nid, couvant leurs œufs, menant leurs pe- tits à peu-près de la même manière, & toutes deux ayant le tempérament fort lafcif, & les males une He difpofition à fe battre: mais, quelque nombreux que foient ces rapports, xls fe trouvent balancés par un nombre prefqu'épal de difiemblances, qui font de lefpèce des caïlles une efpèce tout- à-fait féparée de celle des perdrix: en one 1.° Îles caïlles font conftamment plus petites que les perdrix, en com- parant les plus grandes races des unes aux plus grandes races ‘des autres, & (b) Currit fatis velociter unde Currelium vulco dix cimus. Comeftos & ali. {c) Ariftote , Hib. de Coloribus , cap. vx, les de la Caille. 241 les plus petites aux plus petites ; 2.° clles n'ont point derrière les yeux cet Hiie nu & fans plumes qu'ont les pet rdrix \ ni ce fer - à - cheval que les mâles de celles-cr ont fur la poitrine , & jamais on n’a vu de véritables catiles à bec & pieds rouges ; 3.° leurs œufs font plus ne- tits & d’une toute autre couleur ; 4.° leur voix eft aufli diférente , & quoique les unes & Îles autres faflent entendre eur cri d'amour à peu-pres dans le même temps , il n'en eft pas de même du crt de colère, car la perdrix le fait entendre avant de fe battre , & la caïtlle D CU battant ia 5 #9. R'ichair : de celle-c1 eft d’une faveur & d'une texiure toute dtiérente , & elle eft beaucoup plus chargée de graïfle ; 6.° fa vie eft plus courte ; 7° elle eft moins rufée que Îa perdrix , & plus facile à attirer [ARE piège , fur -tout lorfquelle eft encore jeune & fans expérience : elle à les mœurs moins douces & le naturel plus rêtif ; car 1l eft extrêmement rare d'en voir de privées , à peine peut-on {d) Ariftote, Hifi. Animal. Üb. VIII, cap. XIE, Oifeaux ; Tome IF. : 242 Hifloire Naturelle les accoutumer à venir à [a voix étant renfermées de jeunefle dans une cage : elle à les inclinations moins fociales ; car elle ne fe réunit guère par 7. pagnies, fi cé, neft lorique, Roues encore jeune demeure attachée à la mère dont. les fecours. lun font} ape ceflires, ou lorlquune même caule e 2 \ F É agiffant fur toute l'efpèce à-'a-fois & dans le même temps, on en voit des troupes nombreules traverfer les mers & aborder dans le mème pays ; maïs cette aflociation forcée ne dure qu'autant que [a caufe qui la produite "Cal. des que les caiïlles {ont arrivées dans le pays qui {eur con- vient , & quelles peuvent vivre à Îeur gré , elles vivent folitairement. Le be- foin de l'amour eft le feul Ken qui les réunit , encore ces fortes d’unions font- elles fans AE pendant leur courte durée ; car les mâles qui recherchent les femelles avec tant d ardeur , n’ont d'attachement de préférence pour au cune en particulier. Dans cette efpèce : les accoupi emens font fréquens , maïs Von ne voit pas un feul couple ; ; lorique | le def de jouir a ceflé, tonte fociété eft de la Caille. 2 4 3 rompue entre les deux fexes , le mâle alors non - feulement quitte & feimble fuir {es femelles , maïs ti les repouile à coups de bec, & ne s'occupe en aucune façon du foin de la famille ; de leur coté, les pitits font à peine taire qu'ils fe féparent ; & fi on les réunit par force dans un lieu fermé, ils fe battent À ou- trance les uns contre Îles autres, fans . ditinction de fexe, & ils finiflent par fe détruire (e. ! L'inclination de voyager & de changer | de chinat dans certaines faifons de l'an- née, eft, comme je l'ai dit arlleurs [ f ), lune des affections les plus fortes de l'inftinct des caïlles. PA cané.de ce. delir be peut être qu'une caufe très - générale , puifqu'elle agit non - feulement fur toute l'efpèce, mais fur les individus même féparés, pour aimf dire , de leur efpèce, & à (e) Les Anciens favoient bien cela, fa ils difoient des enfans quereileurs & mutins >) qu'ils étolent querelieurs comme des cailles tenues en cage. Arifiophane. ‘4 [) Tome I de cette Hiftoire naturelle des Oïfeaux , page 16. L ï 244 Hifloire Naturelle qui une étroite captivité ne laïfle au- cune communication avec leurs fem- blables. On a vu de jeunes caïlles éle- vées dans des cages, prelque depuis ‘ {eur naiflance & qui ne pouvotent ni connoïtre nt regretter la rbertes éprouver régulièrement deux fois par an pendant quatre années , une Inquié- tude & des agitations fingulières dans les temps ordinaires de {a pañle ; favoir, au mois d'aviil & au mois de feptem- bre ; cette mmquiétude duroit environ trente jours à chaque fois , & recom- mençoit tous les jours une heure avant le coucher du fclerl ; on voyoit alors ces. : catlles:\ pruonnières aller &yèenre d'un bout de Ia cage à l'autre , purs s'élancer contre le filet qui lui fervoit de couvercle, & CE avec une telle violence , qu'el Man be tombotent tout étour- dress la voit le is prefqu'entière- ment dans ces agitations , & ; le jour futvant, elles parorflorent triftes , abat- tues , fatiguées & endormies On 2 remarqué que les cailles qui vivent dans l’état de liberté, dorment aufli une grande partie de la journée; & fi l'on 7e de la Caille 24$ ajoute à tous ces faits qu'il eft très- rare de les voir arriver de jour, on fera, ce me femble , fondé à conclure que c'eft pendant {a nuit qu'elles voyagent (g)) & que ce defr de voyager eft inné chez elles , foit qu'elles craïgnent les températures exceflives ,. puifquelles fe rapprochent confiamment des contrées feptentrionales pendant lété , & des méridionales pendant Thiver ; ou, ce qui femble plus vrar!emblable , qu'elles nabandonnent fucceflivement les difié- rens pays , Que pour : Dafler de ceux où les récoltes font déjà faites dans ceux où elles font encore à faire , & qu'elles ne changent ainfi de deineure , que pour trouver toujours uné nourriture convenable pour elles & pour leur couvée. Jeldis que cette dernière ccaufe ef la plus vraifemblable ; car , d'un côté, (g) Les caïlles prennent Tour volée plutôt de nuit que de jour. Bélon, Nature des Oifèaux , page 265. Et hoc Len “ou , dit Pline en par- lant des volées de caïlles, qui fondant toutes-à-la- fois fur un navire pour fe repofer , le faifoient cou- Jer à fond par leur poids. | L ii 246 Hifioire Naturelle il ft acquis par l’obfervation que lés catlles peuvent très-bien réfifter au froid , purfqu'il s'en trouve en lande, elon M. Horrebow [h), & qu’on én a confervé plufieurs années de fuite dans une chambre fans feu, & qui même étoit tournée au nord , fans que les hivers les plus rigoureux aient paru es Incommoder, ni même apporter le moïndre changement à leur manière de vivre ; d’un autre coté , il femble qu'une des chofes qui les fixent dans un pays , ceft T:hondance de lherbe, purfque , felon la remarque des Chaf- feurs , lorfque le printemps eft ec, & que par conféquent l'herbe eft moins aboñdante , 11 y a aufli beaucoup inoïns de catiles le refte de l’année ; d'aïlleurs le beloin actuel de nourriture eft une caufe plus déterminante , plus analogue à l'inftinét borné de ces petits animaux, & fuppole en eux moins de cette pre- voyance que les Phtlofophes accordent trop libéralement aux bêtes : Ioriquils {h) Voyez HMorrebow, Hifloirs générale des Voyages , tome V, page 203. | | de la Caille, 247 ñe trouvent point de nourriture dans un pays, il eft tout fimple qu'ils en aïllent chercher dans un autre; ce be- foin eflentiel Les avertit, les prefle, met en action toutes leurs facultés ; ils quittent une terre qui ne produit plus rien pour eux , ts s'élèvent en l'air, vont à la de- couverte d'une contrée moins dénuée , s'arrêtent où tis trouvent à vivre ; & l'habitude fe jorgnant à Finftin qu'ont tous Îes animaux, & fur-tout {es anr- maux aïlés ; d'éventer de loin leur nourriture ; 1! n'eft pas furprenant quil en réfulte une affection , pour asnfi dire , innée , & que les mêmes cailles reviennent tous les ans dans les mêmes endroits ; au lieu qu'il feroit dur de fuppofer avec Ariftote / à ), que c'eft d'après une connoïflance réfléchie des faifons qu'elles changent deux fois par an de cäimat, pour trouver toujours fa température qui leur convient, comme falorent autrefois Îles rois de Perte ; encore plus dur de fuppoler avec Ca- fr) Afiftote | 46. FT, capxrr. En ju iV 248 Hifloire Naturelle tesby [/ Æ), Bélon (l) & quelques autres , que lorfque elles changent de clr- mat, elles pañlent fans s'arrêter dans Îes dieux qui pourroient leur convenir en- - deçà de la Ligne , pour aïler chercher aux Antipodes précilément le même degré de latitude > auquel clles étotent accou- tumées de lautre coté de J'Équateur , ce qui fuppoferoit des connoïflances , ou plutôt des erreurs fcrentifiques aux- quelles linftinét brute eft ie ip moins fujet que la raifon cultivée, Quoi qu'il en foit , lorfque les, caïlles font libres , elles ont un temps pour arriver ; «@& un, temps Dour repartir: elles quittoient la Grèce , fuivant Arif- tote , au mois bocdromion { m), lequel comprenoit la fin d'août & le com- imencement de feptembre. En Sel LE o elles arrivent au mois de mar, & s'én an, (E) Pa oyez Catesby , Tranfaëtions ne ilofophiques , n.° 466, art. VI, page 161. | (l) Bélun, Nature des Oifèaux , page 265. (m) Voyez Ariftote, Hifler. Animal. Üib. VIIL, cap. HE de la Caille. 249 vont fur la fin d'août [ n ) : nos Chaf- feurs difent qu'elles arrivent dans notre He Mersiie 1OXou mel 12 de mai ; Aloyfus Mundella dit qu'on les voit Paroïître dans les environs de Venife vers le milieu d'avril, Olina fixe leur arrivée dans la campagne de Rome aux premiers jours d’avrii ; maïs prefque tous conviennent quelles s'en vont à la première gelée d'automne / o ), dont l'efiet eft d'altérer la qualité des herbes, & de faire difparoiître les infectes ; & fi les gelées du mois de mai ne les déterminent point à retourner vers ji f{ud , c’eft une nouvelle preuve que neft point le froid quelles Ras ‘ mais qu'elles cherchent de Îa nourri- ture dont elles ne font point privées par les gelées du mois de mar, Au refte, 11 ne faut pas regarder ces temps marques par les Obfeivateurs comme des époques fixes auxquelles la Nature (n) Voyez Schwenckfeld , Aviarium Silefie , page 240. (S) Voyez Gefner, de Avibus, page 264. EL y 250 Hlifioire Naturelle däigne s'aflujettir, ce font, au contraire ; des termes mobiles qui varient entre cer- tatnes limites d’un pays à l'autre, fuivant la température du climat, & méme d'une année à l'autre ; dans le même pays ; fuivant que le chaud & Île froid com- mence plus tot ou plus tard ; & que par conféquent la maturité des récoltes & la génération des infectes qui fervent de nourriture aux caïlles, eft plus ou moins avancée. Les Anciens & Îles Modernes fe font beaucoup occupés de ce pañige des caïlles & des artres oïfeaux voya- geurs : Îces uns Pont chargé de circon{- ances plus ou moins merveilleufes , Îles autres confidérant combien ce petit oïfeau vole difcilement & pefamment, l'ont révoqué en doute , & ont eu recours pour expliquer la difparition uhère des caïlles en certaines farfons de année , à des fuppoñtrons beau- COUP plus révoltantes ; mais il faut avouer qu'aucun Fa Anciens navoit élevé ce doute ; cependant ïls fivorent bien que les caïlles font des cilezux lourds, qui volent très - peu & prefque 260 de la Caille. 251 malgré eux ( p} ; que, quoique très- ardens pour leurs femelles , fes mâles ne fe fervent pas toujours de leurs atles pour accourir À leur voix , mais qu'ils font fouvent plus d'un quart de lieue 1%, à travers l'herbe la plus ferrée pour le venir trouver; enfin qu'ils ne prennent l'eflor que lorfqu'iis font tout - à - fait preflés par les chiens ou par Îles Chaf- feurs: les Anciens favorent tout cela, & néanmoins il ne leur eft pas venu dans lefprit que les caïlies fe retiraflent aux ch: ï dans des approcncs ne froids dans des trous pour y pañler l'hiver , dans un état de torpeur & d'engourdiflement , comn font les lors, 1 hériflons , Îles mar- mottes. les chauve-fouris , &c. C’étoit ablurdité réfervée 2 ] Mo- ne abiurdité rélervée à queiques Mo tes un ls qui ronorotent fans doute Fe la chaleur intérieure des anima: UX. Baoeig ai pù minor, dit Ariftote, Anima- lium, Nb. IX, cap. viir. {q) Coturuicem mülti credunt trans mare avolare , quod fatfum efe conpincitur Guontam trans mare per hiemen non invenitur , latet erso ficut aves cetere quibus fäperflui lentique humores FRAME fant. Aïbert me Gelnerum , de Avibus, page 354. v) 22 Hlifioire Naturelle fujets à l’engourdiflement, étant beau- coup momdre qu'elle ne left commu- pément dans les autres quadrupèdes, & à plus forte raïfon dans les oïfeaux, elle avoit belom d'étret\aniéel\ per chaleur extérieure de l'air, comme je Var dit ailleurs {r ) ; & que lorfque ce fecours vient à leur manquer, ls tombent dans l'engourdiflement & meurent même bientôt s'ils font expofés à un froid trop rigoureux. Or certainement cela neit point applicable aux caïlles en qui fon a même reconnu généralement plus de chaleur que dans Îes autres OLEAUXx ; AU point, qu'en France EME PA en : proverbe’ ff) SE Eee Chine on fe fert de ces oïfeaëx pour fe tenir chaud en Îles portant tout vivans dans Îes mains / 2 ): d'ailleurs on seit afluré par ob'ervation continuée pendant (r) Voyez ci-deffus rome VII de cette Hiftoire naturelle , générale & particulière , pages 341 & 342: LION" (() Qn dit vulgairement, chaud comme une Caille. , (t). Voyez Osborn. Iter, 190. \ de la Calle. 253 pluñeurs années qu'elles ne s'engourdiflent point, quoique tenues pendant tout l'hr- ver dans une chambre expofée au nord & fans feu, ainfi que je l'ai dit ci-deflus, d'aprés plufieurs témoins oculaires & très - dignes de foi qui me font afluré: or, fi les caiïlles ne fe cachent n1 ne sengourdiflent pendant l'hiver , comme il eft für qu’elles difparoïflent dans cette failon , on ne peut douter qu'elles ne pañlent d’un pays dans un autre, & c'eft .ce qui eft prouvé par un grand nombre d'autres obfervations. Bélon, fe trouvant en automne fur un navire qui pañloit de Rhodes à Aïexan- drie , vit des caïlies qui afloient du Septentrion au Midi ; & plufeurs de ces caïlles ayant été prifes par les gens de léquipage , on trouva dans leur jabot des grains de froment bien en- tiers. Le printemps précédent , Île même Oblervateur , paflant de fie de /ante dans 12 Morée, en avoit vu un grand nombre qui alloient du Midi au Septen- thon 0 sde al idit qu'en Europe (u) Poyez les Obfervations de Bélon, fi. 90, 254 Hifioire Naturelle comme en Âfe, les caïlles font généra- lement orfeaux de paflage. M. Ie Commandeur Godeheu fes a vus conftamment pañer à Malte, au mois de mai , par certains vents, & repañler au mois de feptembre {x ) : plufñeurs Chaf- feurs m'ont sffuré que pendant les belles nuits du printemps , on les entend arrt- ver, & que lon diftingue très-bren leur cri, quoiqu'elles forent à une très-grande hauteur ; ajoutez à cela , qu'on ne fait nulle part une chafle auïi abondante de ce gibier que fur celles de mos'cotess qui font oppofées à celles d'Afrique ou d'AÂfie, & dans les iles qui {e trouvent entre deux : prelque toutes celles de Archipel, & jufqu'aux écuetis, en font couverts , felon M. de Tourtéfost ) dans certaines faïfons de l'année (y); rerfo ; & Ta Nature des Oiféaux du même auteur, page 264 & Juivantes. (x) Voyez les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l’Académie royaie des Sciences par divers Savans , &e. 10me II, pages OI Ci 02. (y) Voyez Fournefort, Woyage au Leyant,tomeT, pages LOGE: 2134 &c. de la Caille, 255$ & plus d'une de ces iles en a pris le nom d'Ortygia ( ai Dès le hècle de Varron, l’on avoit remarqué qu'au temps de Tarrivée & du départ des cailles , on en voyoit une multitude prodigieule dans les iles. de Pontn, Pandataria & autres qui avoifinent Îa partie méridionale de ftalie {a ), & où elles farfoient apparemment uns fation pour fe repofer. Vers le com- mencement de l'automne, on en prend une fi grande quantité dans file de Caprée , à l'entrée du golfe de Naples, que le produit de cette chaffe fait le principal revenu de l'Évèque de lie, appelé : par cette raifon l'Évéque des cailles : on en prend aufhi beaucoup dans les environs de Pelaro fur Re rate Adriatique , vers la fin du printemps PE APP AIR DIRE {z) Ce nom d’Orthygia, formé du mot grec OPR£, qui funiñe Caclle | a été donné aux deux Délos , felon Phanodémus dans Athénée : on l’a encore appiiqué à à une autre petite Île vis-à-vis Siracufe , & même à fa ville d’Éphéfe , felon Étienne de Byfance & Euftathe. | (a) Varro , de Re Ruflicé, lib. II, cap. v. 2$6 Hifloire Naturelle qui eft la faïfon de leur arrivée f b) ; enko ïl en tombe une quantité fi pro- digieufe fur les côtes occidentales du royaume de Naples, aux environs de . Nettuno , qu: fur une étendue de cote de quatre ou cinq milles, on en prend quelquefois juiqu'à cent miüliers dans un jour, & qu'on Îes donne pour quinze juies le cent (un peu moins de huit livres de notre monnoïe) à des efpèces de Couïtiers , qui les font palier à Rome où elles font beaucoup moins commu- nes { c ) ; # en arrive aufli des nuées au printemps fur les côtes de Provence, parti- culièrement dans Îes terres de M. l'Evêque de Fréjus, qui avoifinent la mer, elles font fi faticuées , dit-on, de la traverfée, que Îles premiers jours ou Îes prend à la main. Mais, dira-t-on toujours , comment Co 7 (Bb) Aloyfius Mundella, apud Gefnerxm , p. 354. (c) Voyez Gefner , de Avibas , page 356 ; & Aldrovande , Ornithol. tome II , page 164. Cette ces eft f lucrative , que le terrein où elle fe fait par des habitans de Nemo , eft d’une cherté exorbitante, de la Caille. 267 un oïfeau fi petit, fi foible , & quiale vol fi pefant & fi bas, peut-il , quoique preiié par fa fan , traverfer de grandes étendues de mer ? J'avoue que quoique ces grandes étendues de mer foient in- terrompuss de diltance en diftance par plufeurs iles où les cailles peuvent fe re- pofer , telles que Mino crue , La Corle, la Sardaïgne, la Sicile, les iles de Malte, de Rhodes, toutes les îles de l'Archipel , J'avoue dis-je , que malgré cela il feur faut encore du fecours ; & Ariftote l’avoit port. bien fenti , ïl Lo même quel étoit celui dont elles ufaïent le plus commu- nément ; mais 1l s'étoit trompé , ce me {emble ; fur la manière dont elles se aidoïent : «& Lorfque le vent du Se foufile , dit-il , les caïlles voyagent cc eureufement ; maïs fi c'eft le vent ce du midi , comme fon efet eft d'appe- ce fantir & d'humecer , elles volent ce alors plus d: Éedenent , & elles ex- 6e priment la peine & FR | par les cris ce qu'elles font entendre en volant {4 ). Je crois, en effet, que c'eft le vent eee, Dem + ms + à me (d) Ariftote, Hifior. Animal. Kb, VIII, cap. XII, 258 Hifloire Naturelle qui aide les caïlles à faire leur voyage, non pas le vent du nord, mars le vent favorable ; de même que ce n'eft point le vent du fud qui retarde leur courfe, mais le vent conirarre ; & cela eft vrai dans tous les pays où ces orfeaux ont un trajet confdérable à faire par-deflus les fiers fe. . M. le Commandeur Godcheu a très- bien remarqué qu'au printemps , les caïlles n'ahbordent à Malte aWavec le nord-oueft , qui leur eft contraire pour gagner la Provence , & qu'à leur re- tour, c'eft le fud-eft qui les amène dans cette ilé ; parce qu'avec ce ‘vent elfes ne peuvent aborder en Barbarie ff ) : nous voyons mème que l'Auteur dé la Nature seft fervi de ce moyen, comme le plus conforme aux ioix g£né- rales qu'il avoit établres , pour envoyer de nombreufés volées de caïlles aux (e) Aur@ tamen vehi volunt propter pondus corpo- rum. virefaue parvas. Pline, Hiflor. nat, Hib. X, cap. XATA Te (f) Mémoires préfentés à Académie royale des Sciences par divers Savans , tome [11, page 02. de la" Calle... 259 Hraëlites dans le défert (g ) ; & ce vent qui étort le fud-oued , paffoit en efñet en Égypte, en Ethiopie, fur les cotes de la mer Rouge , &,en un mot, dans les pays où les Lille OA es abon- dance ( h ). | Des Marins , que j'at eu occafñon de confulter , m'ont afluré que quand les cailles étorent furpriles dans Ieur paf- fage par le vent contraire , elles s’abat- totent fur les vaiffleaux qui fe trouvotent à leur portée , comme Pline Fa remar- Qué fi), &e tomboïent fouvent dans Îa mer , & qualors on les. voyoït flotter & fe débattre fur les vagues une aïle en Tair, comme pour prendre le vent ; d'où quelques Naturalrftes ont pris cuafdn de dire , qu'en partant elles fe muniflotent (g) Tanflulit auffrum de cœlo & induxit in virtute Juë Africum & pluit fuper eos ficut pulverem carnes , € ficut arenam maris volatilia pennata. Pfalm. 77. (h) Sinus arabicus coturnicibus plurimam abundat , M. Jofeph. 46, TITI , cap. r. (i) Advolant.... non fine periculo navigantium cum appropinquavere terris , quippe velis féæpe infi- dent , & hoc fémper noËu , merguntque navigia. Fline, Hifl, nat, Lib. ZX, cap. XXIHL, 26@ Hijtoire Naturelle d'un petit morceau de boïs, qui püt leur fervir d'une efpèce de point d'appur ou de radeau , fur Îequel elles fe délaf- foïent de temps en temps , en voguant fur les flots , de la fatigue de voguer dans l'air [4 ): on leur a fait aufli por- ter à chacune trois petites pierres dans le bec, felon Pline { / ), pour fe foutenir contre le vent ; & , felon Oppien /"”); pour reconnoitre , en les laiflant tomber une à une , fi elles avoient dépañlé la mer ; & tout cela fe réduit à quelques petites pierres que les caïlles avalent. avec leur nourriture comme tous Îles granivores : en général, on leur a prèté des vues, une fagacité , un difcerne- ment , qui ferotent prefque douter que ceux qui leur ont fait honneur de ces (k) Voyez Aldrovande, Ornithologia , tome IT, page 156. (1) Quod fi ventus agmen adverfd flatu , cœperit inhibere , ponduftulis apprehenfis , aut gutture arend repleto flabilite volant. Hib. X , Cap. xX111. On voit à travers cette erreur de Pline, qu’il favoit mieux qu’Ariftote comment les cailles ciroïent parti du vent pour pañer les mers, | (im) Oppian. Jreuts de la aille, 261 qualités en atent fait beaucoup d'ufage eux-mêmes. On a oblervé que d’autres oïfeaux voyageurs , tels que le Râle ter- reftre , accompagnoïent les caïlles , & que l'oifeau de prote ne manquoit pas d'en attrapper quelqu'une à leur arrivée; de-ià on a prétendu qu'elles avoient de bonnes rafons pour {e choïfir un guide ou chef d'une autre efpèce , que l’on a appelé roi des cailles (ortygomerra ); & cela, parce que la première arrivante devant être la proie de l'orfeau carnafier , elles tâchoient de détourner ce malheur fur une tête étrangère { n ). Au refte , quoiqu'il foit vrat en géné- ral que les caïlies changent de climat il en refte toujours quelqi ués --uns qui n’ont pas la force de fui tvre te AtaR, {oit qu'elles atent été bleffées à l'aile, foit qu’elles foient furchargées de graïfle, foit que provenant d'une feconde HOTEL elles foïent trop jeunes & trop foibles au temps du départ ; & ces caïlles AZUR: Sec Pt Fa) Prima earum terre approsinguantem accipiter rapit. Pline , loco citato. Ac proprerea opera ef} uni- werfis ut follicitent avem gener!s externi per quem fraffrentur prima diférimina, Solinus, cap. xr rt 262 FE ifloi re Naturelle traïineufes tâchent de s'établirdansies meil- leures expolitions du pays où elles font contraintes de refter ( o ). Le nombre en eft fort petit dans nos provinces ; mais les Auteurs de la Zoologie Britannique affurent ‘qu'une pattie feulement de ceiles qu'on voit en Angleterre, quitte entièrement l'ile , & que l’autre partie fe contente de Ho ne de quartier, paflant vers le mois d'octobre de lintérreur des terres dans les provinces maritimes , & principalement dans celle d'Eflex où elles reftent tout l'hiver : 1orfque la ge- lée ou la neige les obligent de quitter les jachères & les terres cultivées , elles | gagnent les côtes de la mer, où elles fe tiennent pets les plantes maritimes , cherchant les meïlieurs abris , & vivant de ce qu'elles peuvent attraper fur les algues , entre les limites de la haute & bañle mer : ces mêmes Auteurs ajoutent que leur première apparition dans Île comté d'Eflex , {e rencontre! exacte- ment chaque année avec ieur diiparition (o) Coturnices quoque difcedunt , hifi peicæ in locis apicins remanferint. Aviftot. Hiflor. Animal. lib. VIII, cap. XII. de la Caille, 263 du milieu des terres / p). On dit aufi qu'il en refte un afez Bon nombre en Éfpagne & dans le fud de ftalie, où lhiver n'eft prefque jamais aflez “ae pour faire périr ou difparoître entière- ment les infectes ou les graines qui leur fervent de nourriture. A l'égard de ue qui paflent les mers, il ny a que celles qui font fecon- dées par un vent favorable qui arrivent heureufement ; & fi ce vent favorable {ouffle rarement au temps de la pañle, il en arrive beaucoup moins dans Îes contrées où elles vont pafler l'été : dans tous les cas > On peut juger aflez fürement du lieu d'où elles viennent par la direc- tion du vent qui les apporte. Auf - tot que les caïlles font arrivée dans nos contrées , elles fe mettent pondre ; elles ne s ‘apparient point comme je l'ai déjà remarqué, & cela {eroïit AE cile , fi le nombre des miles eft, comme on laflure , beaucoup plus grand que celur des f:melles ; la fidélité, la confiance , l'attachement perfonnel, PERRET POITRINE D REP GR ER ES RER es \ a (p) Voyez Britifeh Zoology > PAGE 87e 264 Hifloire Naturelle qui feroient des qualités eftimables dans les individus ferorent nutlbles à l’efpèce; la foule des mâles célibataires trouble- roit tous les mariages , & finiroit par les rendre ftériles ; au lieu que ny ayant point de mariage, ou plutot n'y en ayant qu'un feul de tous les mâles avec toutes les femelles , 1l y a moins de jaloufe, moins de rivalité, &, fi l’on veut, moins de moral dans leurs amours : mais auill Hip beaucoup de phylique ; on à vu un mâle réitérer dans un jour jufquà douze fois {es approches avec plufeurs femelles imdiftinctement ; ce neft que dans ce fens qu'on a pu dire que chaque mâle fufhfoit a pluñeurs fe- melles [ 915 &-R''Nature que infpire cette efpèce de lbertinage en tire parti pour la multiplication de l'ef- pèce ; chaque femelle dépole de quinze à vingt œufs dans un nid qu'elle fait creufer ans la terre avec fes ongles, qu'eik le garnit d'herbes & de feuriles , (q) Voyez Aldrovande, Dee , tomelT, de 159 ; & Schwenckleld, Aviibp Silépe pê page 248. & de la Caille. 26$ & qu'elle dérobe autant qu'elle peut à l'œil perçant de f'orfeau de proie; -ces œufs font mouchetés de brun fur un fond grisâtre; elle les couve pen- dant environ trots femaines; lardeur des mâles eft un bon garant qu'ils font tous fécondés, & 1l eit rare qu'il s'en trouve de fcéries. Les Auteurs de la Zoologie Britan- nique difent que les caïiles en Angie- terre, pondent rarement plus de fix ou fept œufs /r) ; fi ce fait eft géncral & conftant, 1! faut en conclure qu'elles y font moins fécondes qu'en France, “en Italie, &c.; refte à obferver fi cette moindre fécondité tient à [a température plus froide ou à quelqu'autre qualité du climat. Les caïlletaux font en état de courir -prefqu'en fortant de la coque, ain que des perdreaux; maïs ts font plus ro- buftes à quelques égards, purfque, dans état de fiberté, tls quittent la mère bezu- coup plus tot, & que même dès le l'huitième jour, on peut entreprendre de () Voyez Britifch Zoolosy , ne 87. Oifeaux ; Tome IF. 266 Hifloire Naturelle les élever fans fon fecours. Cela à donné lieu à quelques perfonnes de croire que les carlles farfotent deux coù- vées par été (f. 73 ; maïs j'en doute fort , fi ce n’eft peut-être celles qui ont été troublées & dérangées dans leur pre- mière ponte; il n'eft pas même avéré qu'elles en recommencent une autre lorfqu'elles font arrivées en Afrique au mois de feptembre, quoique cela foit beaucoup plus vrarfemblable, puifqu'au moyen de leurs migrations régulières, elles ignorent lautomne & Thiver, & que année n'eft compolée pour elles, que de deux printemps & de deux : étés, comme fi elles ne changeoïent de | climat que pour fe trouver perpétuelle-| ment dans la faifon de l'amour & de la! fécondité. | Ce qu'il y a de für, c'eft qu’elles ! quittent leurs plumes deux fois par! an, à la fin de l'hiver & à la fin de! | l'été; chaque mue dure un mois, & ARS RER > ([) Aldrovande , Ornithologia, tom. Il, p. 159! prétend que les caïlles de l'année fe mettent À pon-, dre dès le mois d’août, & que cette premiére, couvée eft de dix œufs au moins. | de la Caille. 267 lorlque leurs plumes font revenues, elles s'en fervent auflitot pour changer de climat fi elles font libres ; & fi elles font en cage, c’eft le temps où fe mar- quent ces inquiètudes périodiques qui répondent au temps de paflage. I ne faut aux caïlletaux que quatre mois pour prendre {eur accrorflement & fe trouver en état de fuivre leurs pères & mères dans leurs voyages. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle eft un peu plus grofle felon Aldrovande ( d’autres la font égale, & d'autres plus petite); qu'elle a la pois trine blanchitre, parfemée de taches noires & prefque rondes, tandis que ie mâle l'a rouflâtre fans mélange d'autres couleurs; il a auf le bec noir, ainfi que la gorge & quelques poils autour de la bafe du bec fupé- rieur (+); enfin on a rematiqué qu'il fe Voyez Aldrovande , Ornithologia, tom. II, pape. 154- Nota. Quel ques Naturaliftes ont pris le mâle pour la femelle; j’ai fuivi dans cette occafion l'avis des Chafleurs, & fur-tout de ceux qui en chaffint favent obferver. M i 268 Hifloire Naturelle avoit les tefticules très-gros , relative: ment au volume de fon corps {‘w ): maïs cette obfervation a fans doute été faite dans la fafon de l'amour , temps où en général les tefticules des oïfeaux groffiffent confidérablement. Le mâle & la femelle ont chacun deux cris, l'un plus éclatant & plus fort, l'autre plus foible ; le mûâle fait ouan,ouan , ouan ; Ouan, 11 re donne fa voix fonore que lorfqu'il eft éloigné des femelles, & il ne a fait jamais entendre en cage pour peu Quil ait une compagne avec lui; là femelle à un cri que tout le monde connoït, qui ne lur fert que pour rappeller . mâle , & quoique ce cri foit fotble, & que nous ne puiffions l'entendre qu'à une petite difance, les mâles y ac- courent de près d'une demi- fieue; elle a aufli un petit fon tremblotant cri, cri. Le mâle eft plus ardent que la femelle ; car celle - ci ne court point à la voix du mâle, comme le mâle accourt à la voix de la femelle dans (y) Willugbby , Ornithologia ; pags 127+ de la CH: 269 à le temps de l'amour, & fouvent avec une telle précipitation, un tel abandon de lui-même qu'il vient la chercher jufque dans la main de loifeleur /x), La caïlle, ainf que la perdrix & _ beaucoup d’autres animaux, ne produit que lorfqu'elle eft en liberté: on à beau fournir à celles qui font prifon- nières dans des cages, tous Îes maté- riaux qu'elles emploient ordinairement dans la conftruction de leurs nids, elles ne nichent jamais, & ne prennent aucun foin des œufs qui leur échappent & quelles femblent pondre malgré elles. On à débité plufeurs 2bfurdités fur la génération des caïlles; on a dit d'elles comme des perdrix, qu'elles étoient fécondées par le vent, cela veut dire qu'elles pondent quelquefois fans le fe- cours du mâle /y); on a dit quelles sengendroïent des thons que la mer agitée rejette quelquefois fur les cotes de Lybie; qu'elles paroïflorent d’abord (x) Ariftote, Hiflor. Animal. Kb, VIII, cap. XII. (y) Ibidem, M ii; 270 Hifloire Naturelle fous la forme de vers, enfuite fous celle de mouches, & que grofiflant par degrés, elles devenoient bientot des fauterelles & enfin des cailles /x), ceftà-dire que des gens groflers ont " vu des couvées de carlles chercher dans les cadavres de ces thons laïflés par la mer, quelques mmfectes qui y étorent clos, & qu'ayant quelques notions vagues des métamorphofes des infectes, ls ont cru quune fauterelle p ouvoit fe changer en caille comme un ver fe change en un infecte alé; enfin on a dit que le mâle s'accouploit avec Île cra- paud femelle { a ),ce qui n'a pas même d'apparence de fondement. Les caïlies fe nourriflent de blé, de millet, de chenevis, d'herbe verte, d'infectes, de toutes fortes de graines; même de celle d’ellébore, ce qui avoit donné aux Anciens de la répugnance pour eur chair, joint à ce quäils croyoient que ceétoit le feul animal avec l’homme qui füt fujet au mal (x) Voyez Gefner, de Avibus, pag. 358. {a) Phanodemus apud Gefherum , pag. 355, de la Caille, 271 caduc ff): maïs l'expérience a détruit ce préjugé. En Hollande, où il y a beaucoup de ces oïfeaux, principalement fur Îles cotes, on appelle les bates de brione ou coulevrée, baies aux cailles { c), ce qui fuppofe en elles un appétit de préférence pour cette nourriture. _ : T1 femble que le boire ne leur foit pas abfolument néceflaire; car des chafleurs m'ont affuré quon ne les voyoit jamais aller à l’eau, & d'autres, qu'ils en avoiént nourrt: pendant une année entière avec des graïnes sèches & fans aucune forte de boïflon, quoi- qu'elles boivent aflez fréquemment lorf- qu'elles en ont la commodité; ce retranchement de toute boiflon eft même le feul moyen de les guérir lorfqu'elles rendent leur eau, ceft-à- dire, lorfqu'elles font attaquées d’une (6) Coturnicibus veratri (alias veneni ) fèmen gratif fémus cibus , quam ob caufam eam damnavere menfe , ÉÿCe Pime, “Hiffnats bi! X,' cap. XXII. (c) 4pud Hollandos brioniæe acini quartels beyen dicuntur, Hadrien. Jun, Nomenclar. M 1y 272 Hifloire Naturelle efpèce de maladie dans laquelle elles ont prefque toujours une goutte d'eau au bout du bec. Quelques - uns ont cru remarquer ge elles troubloïent l'eau avant, que de boire , & Von n’a pas manqué de dire que c’étoit par un motif d'envie, cat on ne finit pas fur les motifs des bêtes: elles fe tiennent dans les champs, les prés, les vignes, maïs très-rarement dans les bois, & elles ne {e perchent jamais fur les arbres; quoi qu'il en foit, elles prennent beaucoup.plus de graïfle que les perdrix : on croit que ce qui y contribue, c'eft lhabitude où elles {ont de pafler la plus grande partie de la chaleur du jour lans mouvement; elles fe cachent alors dans l'herbe la plus ferrée, & on les voit quelquefois, demeurer quatre heures de fuite dans a même place, couchée fur le côté & Îles jambes étendues: 11 faut que le chien tombe abfolument def lus pour les fire partir. On dit qu'elles ne vivent guère au- delà de quatre ou cinq ans, & Ofina regarde la brièvetc de leur vie comme de la Caille 276 une fuite de leur dilpoñtion à sen- graifler /d) : Artémidore lattribue à leur caractère trifte & querelleur Çe }'; & tel eft en effet leur caractère , aufli na-t-on pas manqué de les faire battre en public pour amufer la multitude : Solen vouloit même que les enfans & les jeunes gens viflent ces fortes de combats, pour y prendre des lecons de courage; & il falloit bien que cette forte de gymnaftique qui nous femble puérile, fût en honneur parmi les Ro- mains & qu'elle tint à leur politique, puifque nous voyons qu'Augufte punit de mort un Préfet d'Egypte pour avoir acheté & fait fervir fur fa table un de ces oïfeaux qui avoit acquis de La cé- Iébrité par fes victoires; encore aujour- d'hur on voit de ces efpèces de tour- nois dans quelques villes d'Italie; on prend deux caïlles à qui on donne à manger largement; on Îles met enfuite vis-à-vis lune de lautre, chacune au bout oppofé d’une longue table , & l’on (4) Ofina , Uccellaria, pag. 58. (e) Artemidore, lib. IT, cap. r. M v 274 Hifioire Naturelle jette entre deux quelques grains de millet (car parmi les animaux 1 faut un fujet réel pour fe battre); d'abord elles fe lancent des regards menaçans , puis par- tant comme un éclair, elles ra joignent, s'attaquent à coups de bec, & ne, ed _ a ceflent de fe battre, en dreflant la tête | & s'élevant fur leurs ergots, jufqu'à ce | que l'une cède à l'autre le champ de bataïlle / f) : autrefois on à vu ces ef- pèces de duels fe pafler entre une caille & un homme, fa caïlle étant mife dans une grande aile , au milieu d'un cercle ui étoit tracé fur le fond, homme RE lut frappoit la tête ou le bée avec un | feul doïgt, ou bien lur arrachoïit quek ques plumes : : fi la catlle en fe défendant ne fortoit pont du cerele tracé, c'étoit fon maître qui gagnoit Îa gageures mais fi elle: mettoit un pred hors de la circonférence, c’étoit fon digne adver- faire antagonifte qui étoit déclaré vain- queur, & les cailles qui avoient été louvent viétorieufes fe vendoient fort ie [ f ) Vivez atdroquites bhrdièld gia, tom. I, pag. 161. de la Caille. 2 cher fg). TI eft à remarquer que ces otfeaux , de même que les perdrix & plafieurs autres, ne fe battent ainfi que contre ceux de leur efpèce, ce qui fuppofe en eux plus de jaloufie que de courage où même de colère, On juge bien qu'avec Thabitude de changer de climat, & de s’aider du vent pour faire fes grandes traverfées, la caïlle doit être un otfeau fort répandu; &,en effet, on la trouve au cap de “he efpérance fh) & dans toute l'Afrique habitable / i), en Efpagne , en Italie (4), en France, en Suifle 1), dans les Pays-bas /77) & en Allemagne po ;en Angleterre {o), en Écoffe (p), (&) Voyez Juï. Pollux, de Ludis , Tib. IX. (À) Voyez Kolbe, tome T, page 152. (4) Voyez. BE Joféph. hé. IIT, cap +, Comeftor ANCLC ; : (k) Voyez Aldroyande. (1) Stumpfus Aldrovandï , Ornithologia, tome IE, PP4S- 157- (in) Aldrevande , ibidem. (n) Frifch, planche cxr11. (o) Britifch Zoology , pag. 87. (p) Sibbaldus, Hifloria Animalium im Scorià, | pas: 16. M v) 276 Hifloire Naturelle en Oucde 4), & jufqu'en Iflande (r) & du côté de TES en Pologne [f), en Ruffie /r) , “en: lartanien fusions jufqu'à la Chine fx } 5 efhomeme très - probable qu'elle à pu pañler en Amérique, pui{qu'elle fe répand chaque année aflez près des Cercles polaires, qui font Îes points où les deux con- tinens fe rapprochent Le plus; &, en effet, on en trouve dans les îles Malouines, comme nous Îe dirons plus bas ; en gé- {g) Fauna Suecica , pag. 64. | {r) Horrebow , Nouvelle Deftription de l’Islande, (f) Rzaczynsky , Au@uarium Polonie , p. 376. (t) In campis Rufficis & Podolicis reperiuntur co- turnices ..... Martin Cramer, de Polonié ; & Rzaczynsky , loco citato. d (4) Gerbälon, Voyages faits en Tartarie à la fuite ou par ordre de l’empereur de la Chine. Voyez {’Hifloire générale des Voyages, tome VII, pages 465 & 505. (x) Voyez Glanures d'Edwards , tome T , pag. 78. Les Chinois, dit-il , ont auffi notre caille commune dans leur pays, comme ïi paroît vifiblement par leurs tableaux , où l’on trouve fon portrait d’après nature, ide taille. ‘home _néral, on en voit toujours plus fur les cotes de 12 mer & aux environs que dans l’intérieur des terres. La caïlle fe trouve donc par-tout ; & par-tout on Îa regarde comme un fort bon gibier, dont la chair eft de bon goût & aufli faine que peut l'être une chair aufli grafle; Aïldrovande nous apprend même qu'on en fait fon- dre la graifle à part & qu'on la garde pour fervir d’aflafonnement {y ); nous avons vu plus haut que les Chinois {e fervoïent de loifeau vivant pour s'é- chaufler les marns. On { fert aufli de Îa femelle ou d'un appeau qui imite fon cri, pour attirer Îles mâles dans le piége; on dit même qu'il ne faut que leur préfenter un muüroir avec un filet au devant, où ils fe prennent en accourant à leur image qu'ils prennent pour un autre oïfeau ne leur élpece, à 14° Chine" oh iles prend au vol avec de troubies légères que les Chinoïs manient fort adroite- eSxerais (y) Voyez Aldrovande Ornichologia, tome I, gage 172. 258 Hifloire Naturelle ment {7 ); &,en général, tous Îes : piéges qui réufliflent pour es autres olfeaux, font bons pour les caïlles, fur-tout pour les mâles qui font moins défians & plus ardens que leurs fe- melles, & que fon mène par-tout où lon veut en imitant la voix de celles-cr. Cette ardeur des caïlles a donné fieu d'attribuer à leurs œufs / a), à leur graifle , &c. la propriété de relever les forces abattues & dexciter les tempe- ramens fatigués ; on a même été jufqu'à dire que la feule préfence d'un de ces otfeaux dans une chambre, procuroit aux perfonnes qui y couchoïent, des fonges vénériens {h); 11 faut citer les erreurs afin qu'elles fe détruifent elles- mêmes. | ET TRE TRE ONE DE USE RES EEE TE () Gemelli Carreri. (a) Qva coturnicis inunëta teflibus volaptatem indu- cunt € pota libidinem augent. Kiranides, (b) Frifch, planche cxr11. PL VII pag. 276. LEUR (= \ ul AL BOL N/ AP { £ C7) 6 | Ar / Cod E LA CAILL des Cailles. 279 PE CH RATE LI ou grande CATL LE de Pologne, Nous ve connorssons cette Calle que par le Jéfuite Rzaczynskt, auteur Polonois, & qui mérite d'autant plus de confiance fur cet article, qu'il parle d’un oïifeau de fon pays: elle paroît avoir la même forme, le même inftinct que la caille ordinaire, dont elle ne diffère que par fa grandeur (a); ceft pourquoi je Îa confdere fimplement comme une variété de cette efpèce. Jobfon dit que les caïlles de la Gam- bra font auff grofles que nos bécafes ({b): fi le climat n'étoit pas aufli diffé- rent, Je crotroïs que ce feroit le même oifeau que celui de cet article. ; (a) Voyez Rzaczynskt, Hifi. natur. Polonie, pag. 277: (b) Voyez Colledion de Purchaf, rome FF, page 1567. 280 Hifloire Naturelle LAaïCAITLLE ‘BzANCu E. ÂAxisrorr eft le feul qui ait parlé ‘de cette Caïlle /a),qui doit faire va- riété dans l’efpèce des caïlles, comme la perdrix grile- blanche & la perdrix rouge-blanche font variété dans ces deux efpèces de perdrix; l’alouette blanche dans celle des alouettes, &c. Martin Cramer parle des caïlles aux pieds verditres {virentibus pedibus) (b): eft-ce une variété de fefpèce, ou fim- plement ün accident individuel. _{a) Voyez Ariftote , de Celoribus, cap. VI. (è) Martin Cramer, de Polonié , lib. I, p. 474- des Cailles. | 38 L A CAILLE DES ISIES MALlOUINES * \O* rourro1r encore regerder cette efpèce comme une variété de lefpèce _ commune qui eft répandue en Afrique & en Europe, ou du moins comme une efpèce très-voïfine; car elle nen paroît diférer que par la couleur plus brune de fon piumage, & par lon bec qui eft un peu plus fort. Mais ce qui soppole à cette idée, c'eft le grand intervalle de mer ju fépare les continens vers le Midi; ïl faudroit que nos caïles euflent et un très-grand voyage, fi lon fuppofoit qu'ayant t pañfé é par le nord de lEurope en Amérique, elles fe trouvent ju _ quau détroit de Magellan; je ne dé- cide donc pas fi cette caïlle des îles Malouines eft de la même efpèce que motre canule, hr, {1 elle ‘en. provient * Woyez les planches enluminées, n,° 222. 282 Hifloire Naturelle CR e 9 ñ originarrement, ou fi ce n'eft pas plutôt une efpèce propre & particulière au climat des îles Malouines. | La FRAISE où CAILLE DE LA CHINE. | Cr Orsrau ef reprélenté dans nos planches fous le nom de Cailles des Philippines , parce qu'elle a été envoyée de ces îles au Cabinet; mais elle fe trouve auflil à Ta Chine, &' je Pa appellée la Fraife, à caule de Tefpèce de fraife blanche qu'elle à fous la gorge, & qui tranche d'autant plus que fon plumage eft d’un brun -nor râtre : elle eft une fois plus petite que la nôtre. M. Edwards à donné la figure du mâle, planche CCXLVII, 11 diffère de la femelle repréfentée dans nos planches enluminées, en ce qu'il eft un peu plus gros, quoiquil ne le foit pas plus qu'une alouette; en ce qu'il % Voyez les planches enluminées , n.° 126, des Cailles. 283 a plus de caractère dansla phyfionomie les couleurs du plumage plus vives & plus variées , & les preds plus forts. Le fujiet defliné & décrit par M. Edwards, avoit été apporte vivant de Nanquim en Angjeterre. Ces petites carlles ont cela de com- mun avec celles de nos climats, quelles fe batt:nt à outrance les unes contre les autres, fur-tout les mâles; & que les Chinois font à cette occalion des gageures confidérab'es, chacun priant pour fon oïleau, comme on fait en Angleterre pour les cogs {a): on ne peut donc guère douter qu'elles ne forent du même genre de nos caïlles, maïs c’eft probzblement une efpèce différente de l'efpèce commune; & c'eft par cette raï- fon que j'ai cru devoir lui donner un nom propre & particulier. (a) Voyez George Edwards, Gleanines , tomel, page 78. 284 Hifloire Natureile LE TDURNIX,. où CAMILLE DE MADAGASCART. Nous AVONS DONNÉ à cette caille le nom de Turnix , par contraétion de celur de Coturnix, pour Îa diftinguer de a caïlle ofdinaire dont elle diffère à bien des égärds, car premièrement, elle ef plus petite; en fecond lieu , elle a le plumage différent, tant pour le fond des couleurs, que pour l'ordre de leur diftribution ; enfin elle n’a que trois doigts antérieurs à chaque pied, comme les outardes , & n'en a point de poltérieur. * Voyez les planches enluminées , n.@ 171. | is Miéiée Ru. ms RÉVEIL - MATIN où A CAILLE pe JavA (a). L. O1sEAU qui n'eft pas beaucoup plus gros que notre caïlle, lui ref- femble parfaitement par les couleurs du plumage, & chante aufli par inter- valles; mais il s’en diftingue par des Long nombreules & confidérables ; ° par le fon de fa voix qui eft très- D très-fort, & aflez femblable à cette efpèce de mugiffement que poul- fent les butors en enfonçant leur bec nu la vafe des marais /4). 2.° Par la douceur de fon naturel Ru la rend fufceptible d'être appri- voifte au même degré que nos poules domeftiques. 3.° Par - les impreflions Frpnies (o Voyez Bontius, Hifioria naturalis & medica Indie Orientalis, pag. 64. (&) Les Hoflandois appellent ce mugifflemenr, Pirtoor, felon Bontius, 286 Hifioire Naturelle que le froid fait fur fon tempérament, elle ne chante, elle ne vit que Lorf- qu'elle voit le foleil; dès quil eft cou- ché, elle le retire à écart dans quel- que trou où elle s’enveloppe, pour am dire , de fes atles pour y pañler La nuit ; &, a qu ’1l fe lève, elle fort de fa Σ- thargie pour célébrer fon retour par des cris d'allégrefle qui réverilent toute la maïlon /c): enfin, forfqu'on 1 tient en çage, hell ma pas continuellement le foletl, & qu'on n'ait pas lattention dé couv a cage avec une couche de fable fur du linge, pour conferver la chaleur, elle languit, dépérit & meurt bientôt. 4° Par fon inftinét ; car ïl paroït par 1a relation de Bontrusl qu'elle la fort focral, & qu'elle va par compagnie: | Bree ajoute qu'elle fe trouve his les | forêts de l'île de Java; or nos caïlles : vivent ïlolées & ne fe trouvent jamais dans les bors. (ce) Bontius dit qu’il tenoit de ces oifeaux en À cage exprès pour fervir de réveil-matin ; & en effet | leurs premièrs cris annoncent toujours le lever du ! foieil. À | | des Cailles, 287 $.” Enfin par la forme de fon bec qui eft un peu plus alongé. Au refte, cette efpèce a néanmoins un trait de conformité avec notre caïlle, .& avec beaucoup d'autres efpèces ; ceft que Îles mâles fe battent entr'eux avec acharnement, & jufquà ce que mort senfuive ; maïs on ne peut pas dou- ter qu'elle ne foit très - différente de l’e£ pèce commune ; & ceft par cette rarlon que je lui ai donné un nom particulier, Lo 288 Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui paroiffent avoir du rapport avec les PERDRIX & avec les CAILLES, | À La Les COLINS. "pa Coins font des oïfeaux du Mexique, qui ont été indiqués plutot que décrits par Fernandez /'a) , & au fujet defquels il a échappé à ceux qui ont copié cet Ecrivain plus d’une mé- | pride qu'il eft à propos de rectifier avant | tout. Fremièrement, Nieremberg qui fait profeffion dene parler que d'après Les autres, & qui ne parle ict des colins que Mt Fernandez Cb 5 DE fa aucune | (a) Voyez Fernandez, Hif}, Av. move Hifpanie, CAp. XXIV,XXV, XXXIX, LXXXV/CSIC NEIL (b) Voyez Joan. Eufeb. Nierermberoi Hifhrie | | nature | a — des Ofiaux étrangers, Éc. 289 aucune mention du cacacolin du cha- pitre CXXXIY , quoique ce foit un oïfeau de même efpèce que les colins. En fecond lieu, Fernandez parle de deux acolins ou caïlles d’eau , aux chapitres x & cxxXI ; Nieremberg fait mention du premier, & fort mal- à-propos , à la fuite des colins, puifque ceft un oïfeau aquatique , aïnfñ que celur du chapitre CXXXI dont …ï…l ne dit rien. Troilièmement , 1l ne parle point de l'ococolin du chapitre LXXXv de Fernandez, lequel eft une perd:ix du Mexique , & per confèquent fort appro- chant des colins, qui lont aufli des perdrix , fuivant Fernandez, comme - nous Lallons voir. En quatrième lieu, M. Ray copiant Nieremberg, copiite de Fernandez, au . fujet du coyolcozque ; change fon ex- “preflion, & altère à mon avis le fens “de la phrafe ; car Nieremberg dit que “ce coyolcozque eft femblable aux ci More maximè peregrinæ. Lib. X , Cap. LXXII, | pas e 2232. … Oifeaux, Tome IF. N ï 290 Hifloire Naturelle ainfi appelées par nos Efpagnols (€) (lefque's font certainement les colis), & finit par dire qu'il eft ung efpèce de perdrix d'Efprgne f d ); & M. Ray lur fait dire qu'il eft femblable aux cailles d'Europe, & fupprime ces mots, ejt enim fpecies perdicis Hifpanice (e ): cependant ces derniers mots font effen- tiels, & renferment la véritable opinion de Fernandez fur Fefpèce à laquelle, ces oïfeaux doivent fe rapporter, puil=. qu'au chapitre XXXIX, qui roule tout, entier fur les colins ; il dit que Les | Efpagnols les appellent des cailles ,. parce quils ont de Îa reflemblance | avec les cailles d'Europe , quoique | cependant ïls appartiennent trés nement au genre des perdrix : rl ef! vrai qu'il répète encore dans ce même chapitre , que tous Îes colins font rap-| portés aux cailles 5 mais ïl eft aifé de! voir au milieu de toutes ces incertitudes, (ce) Corarnieibus vocatis à nofrés fimilis, À Pendi roi cité, page 223. (d ) Efl enim ejus (perdicis Hifpanicæ) fpecies. 1bide {e) Synopiis methodica Avium appendix, Pa, 1 58. des Oifeaux etrangers, &c. 291 que lorfque cet Auteur donne aux ca- lins le nom de caïlles, c'eft d'après Le vulgaire /f), qui dans limpoñtion des noms fe détermine fouvent par des rapports fuperficiels, & que fon Opinion AA Èbe eft que ce font des efpèces de perdrix. F'aurois donc pu, men rapportant à Fernandez, le feul obfervateur qui ait vu ces oifeaux, placer les colins à la fuite des perdrix 5. Inais j'ai mieux armé me prêter autant qu'il étoit poflible à Fopinion vulgaire qui n’eft pas dénuée de tout fonde- ment , & mettre ces orfeaux à la fuite des caïlles, comme ayant rapport aux caïlles & aux perdrix. Suivant Fernandez, les coltns font fort communs dans Îa nouvelle Ef pagne ; leur chant, plus ou moins ([) H dit toujours, en parlant de cette efpèce, Coturnicis Mexicane (Cap. XXIV). Coturnicis vocate (cap. XXXIV), quamvocantCoturnicem(cap. KXXIX )s & quand il dit Coturnicis noflre (cap. xxV), il eft évident qu’il veut parler de ce même oiïfeau appelé Caille au Mexique, puifqu’ayant parlé dans le chapitre précédent de cette caïile Mexicame il die ici (cap. XXV), Coturnicis noflræ quoque ef! fpeciese 1) 292 Hifloire Naturelle agréable, approche beaucoup de celut de nos caïlles; leur chaïr eft un manger très-bon & très-fain , même pour les malades, lorfqu'elle eft gardée quelques jours: ïüls fe nourriflent de gran, & on les tient communément en cage/g}), ce qui me feroit croire qu'ils font dun naturel différent de nos caïlles & même de nos perdrix. Nous allons donner les indications particulières de ces oï- feaux dans les articles fuivans. I I. Lez ZONÉCOLIN(h). CE NoM, abrégé du nom Mexicain Quanhtyonecolin , défigne un oïfeau de | grandeur médiocre , & dont le plu- mage eft de couleur obfcure ; maïs ce qui le diftingue ceft fon cri qui eft aflez flatteur , quoiqu'un peu plaintif, & la huppe dont fa tête eft ornée, Fernandez reconnoït dans le même (g) VoyezFernandez, Hifloria Avium, Cap. xxx1x. + {k jVoyez Ibidem, des Oifeaux étrangers, 6c. 293 chapitre un zutre colin de même plu- mage, mais moins gros & fans huppe; ce pourroit bien être la femelle du pré: cédent, dont ïl ne fe diftingue que par des caraétères accidentels, qui font fujets à varier d'un fexe à l’autre. LL LE GRAND COLIN (i). CesT ici la plus grande efpèce de tous ces Colins , Fernandez ne nous apprend point fon nom; 1! dit feule- ment que le fauve eft fa couleur do- minante , que la tête eft varice de blanc & de noir, & quil y a auffi du blanc fur le dos & au bout des arles, ce qui doit contrafter agréablement avec la cou- leur notre des pieds & du bec. (i) Voyez Fernandez, cap. xxx1x; & Brifon, Ornithologie , tome Ï, page 257. N ui) 294 Hifloire Naturelle un | Le. Cd CO EI CET O1SEAU, appelé Cacacolin par Fernandez, eft felon lui une efpèce de caille 4) , c'eft-à-dire de colin, de même grandeur, de même forme, ayant Îe même chant, fe nourriflant de même, & ayant le plomage pet prefque des mêmes couleurs que ces caïlles Mexicaines. Nieremberg, Ray, ni M. Briflon n'en parlent point. V, Le COFTOLCOGS C'Esrt ainfi que j'adoucis Île nom Mexicain Coyolcozque : cet oïfeau rel femble par fon chant, fa groffeur, fes mœurs , {a manière de vivre & de voler aux autres colmns , mais il en diffère par fon plumage: le fauve mêlé (#) Coturnicis vocate fpecies. Vo yez Fernandez » ape EXXXIVe | des Oiféaux étrangers, &c. 295 de blanc eft la couleur dominante du deflus du corps ; & le fauve feul celle du deflous & des pieds: le fommet de la tête eft noir & blanc, & deux bandes de la même couleur defcendent des yeux fur le cou: 1l fe tient dans les terres cultivées; voilà ce que dit Fernandez, & c’eft faute de lavoir avec aflez d'attention, ou plutôt c'eft pour avoir fuivi M, Ray, que M. Brifion dit que le coyolcos refismble à notre \ caïlle, par fon chant, fon vol, &c. (4); tandis que Fernandez aflure pofñtive- ment qu'il reflemble aux cailles , ainli appelées par le vulgaire, c’eft-à-dire aux colins, & que c'eft en efet une éfpèce de perdrix ( m ). (1) Voyez Briffon, Orxithologie, tome I, p. 256. (m ) Perdicis Hifpanicæe ..... fpecies efl..... Hifloria animalium nove Hifpanie. Pag. 16. Cap. XXIV. 296 Hifloire Naturelle à VE Lre COLENICUTI. Friscu donne (planches CxIII), la figure d’un otleau qu'il appelle petite ne de bois d’ Amérique , & qui ref- femble, felon lui, aux gélinottes par de bec & ïes pieds, & par fa forme totale, quoi que cependant elle n'ait nf les pieds garnis de plumes, nt les doigts bordés de dentelures, nt les yeux ornés de fourcils rouges, aimf qu'il paroit par fa figure. M. Bo qui regarde cet olfeau comme le même que le Colenicuiltic de Fernandez ({ nr ), l'a rangé parmi les caïlles fous Île nom de caille de la Louifane, & en à donné la f- sure (o ); mais,en comparant les figures ou les A de M. Brifon, de Frifch & de-Kernandez, j'y trouve de {n) Fernandez, Pi Avium nor Hifi, cap. XXV, page 19. {o) Briflon, Oruithologie, tome I, page 258, € planche XXII. des Oifeaux étrangers ,&e. 197 trop grandes difiérences pout convenir qu'elles puïflent fe rapporter toutes au même oïfeau : car, fans m'arrêter aux couleurs du plumage, fi difüciles à bien peindre dans une defcription, & encore moins à l'attitude qui neft que trop arbitraire, je remarque que le bec & les pieds font gros & jaunâtres felon M. Frifch, rouges & de médiocre grofieur felon M. Briflon, & que les pieds font bleus felon Fernandez /p ). Que fi je marrèéte à TFidée, que l'afpect de cet oïfeau a fait naître chez ces trois Naturaliftes , l'embarras ne fait qu'augmenter ; car M. Frifch n'y a vu qu'une feule poule de bois, M, Briflon qu'une caille, & Fernandez qu'une perdrix; car quoique celui-ci dile au commencement du chapitre XXV , que -Ceft une efpèce de caïlle, 1l eft viñble qu'il fe conforme en cet endroit au langage vulgaire; car ïl finit ce même chapitre en aflurant que Île colenicuileic reflemble, par fa grofleur, fon chant, fes mœurs & par tout le refte /'ceteris {p) Fernandez, à l’endroit cité, page 20. N v 258 Hifloire Naturelle cunctis }, à l'oileau du chapitre XXIV à | or cet otfeau du chapitre xx1v elt le \ e ue" coyolcozque, efpèce de colin; & Fer- nandez , comme nous lavons vu, met es colins au nombre des per- dix (g ). Je ninffie fur tout cect que pour faire fentir & éviter, s'il eft pofhble, un grand inconvénient de nomenclature. Un méthodifte ne veut pas qu'une feule elpèce , quelque anomale qu'elle foit, { fl e e échappe à fa méthode; 1l lur afligne donc parmi fes clafles & fes genres la place qu'il croit lut convenir le mieux; un autre qui a imaginé un autre fyflème en fait autant avec le même droit; & pour. peu que lon connoïfle Le procédé des méthodes & Îa marche de la Nature, on comprendra facilement quun même otfeau pourra très-bien être placé par trois méthodtites dans trois clafles difié- rentes , & n'être nulle part à fa place. _ Lorfque nous aurons vu Poifeau ou { q) Colin genera ( quas Coturnices vocant Hifpani, guontai noffratibus fant fimiles , etfi ad perdicum fpecies fint citra dubium referende). Cap. XXXIX. des Oifeaux étrangers , Éc. 299 les oïfeaux dont 1l s'agit ict , & fur-tout lorfque nous aurons foccañon de les voir vivans , nous les rapprocherons des efpèces avec lefquelles ïls nous pa- roïtront avoir le plus de rapport , loit par la forme extérieure, foit par les mœurs & les habitudes naturelles. Au refte, le colenicut eft de R grof- feur de notre caïlle, felon M. Briflon; mais il paroit avoir les aïles un peu plus longues : il eft brun fur le corps, gris-fale & noir par-deflous:; 1 a La gorge blanche & des efpèces de four- cils blancs. V:EX L'OCOCOLIN où PERDRIX de montagne du Mexique (r). CETTe EsrÈcE que M. Seba à pris pouf Île rollier buppé du Mexique / /), (r) Voyez Fernandez, chap. Lxxxr. Briflon, » some Î, page 2926, ([) Voyez l'Ornichologie, de Briflon , tome IF page 84. En général les roliers ont le bec plus droit, & la queue plus longue que les perdrix. N vi NS 300 Fifloire Naturelle, &c. séloigne encore plus de 1a caïlle & même de la perdrix que le précédent: elle eft beaucoup plus grofle, & fa chair n'eft pas moins bonne que celle de la caïlle, quoïque fort au - defious de celle de la perdrix. L’acocolin fe rapproche un peu de la perdrix rouge, par la couleur de fon plumage, de fon bec & de ‘fés” pieds ; ere) qu corps eft un mêlange de brun, de gris-clair , & de fauve ; celle de la partie inférieure des aïles eft cendrée; leur partie fupérieure eft femée de taches obfcures , blanches & fauves, de même que la tête & le cou: il fe plait dans les climats tempérés & même un peu froïds , & ne fauroit vivre ni fe perpétuer dans es climats brülans. Fernandez parle encore d'un autre ococoïn, mais qui eft un oïfeau tout difiérent. (t) Ococolin genus Pici, rofèro longo Ë acuto. .… »ivitin Telzcocanarum fylvarum arboribus , ubi fobolema educat : uon cantillat, Fernandez, cap. €Cxt. 1% > CARTER LE PIGEON. Planche VIII & fuivantes de ce volume, ÊL £rorr aisé de rendre domeftiques des oïfeaux pefans, tels que les coqs, les dindons & les paons ; mails ceux qui font légers & dont le vol eft ra- pide , demandotent plus d'art pour être fubjuguës ; une chaumière bafle dans un terrein clos, fufht pour contenir, élever & faire multiplier nos volailles ; il faut des tours, des bâtimens élevés faits exprès, bien enduits en dehors & garnis en dedans de nombreufes cel- lules , pour attirer , retenir & Îoger Îles Pigeons ; 1ls ne font réellement ni do- meftiques comme les chiens & les che- vaux, ni prilonniers comme les poules, ce font plutot des captifs volontaires, des hotes fugitifs, qui ne fe tiennent dans le logement quon leur offre qu'autant quils sy plaifent , autant qu'ils y trouvent {a nourriture abon- dante , le gite agrcable & toutes Îles 302 Hifloire Naturelle commodités , toutes Îles aïfances nécef- faires à la vie: pour peu que quelque chofe leur manque ou leur déplarfe, 1ls quittent & fe difperfent pour aller ailleurs, Il y en a même qui préfèrent conf- . tamment Îes trous poudreux des vieilles murailles aux Boultns les plus propres de nos colombiers ; d’autres qui fe gîtent dans des fentes & des creux d'arbres ; d'autres qui femblent fuir nos habita- tions & ‘que rien ne peut y attirer; tandis qu'on en voit au contraire qui n'ofent les quitter, & qu'il faut nourrir autour de leur volière qu'ils n'aban- donnent jamais, Ces habitudes oppo- fées , ces différences de mœurs fem- bleroïent indiquer qu'on comprend fous le nom de pigeon, un grand nombre d'efpèces diverles dont chacune auroit fon naturel propre & différent de celui des autres: & ce qui fermbleroit con- firmer cette idée, c'eft l'opinion de nos Nomenclateurs modernes qui comptent, indépendamment d'un grand nombre de variétés, cinq efpèces de pigeon, fans y comprendre ni les ramiers nx les tourterelles. Nous féparerons d'abord du Pigeon. 303 ces deux dernières efpèces de celle de pigeons ; & comme fe font en efet des otfeaux qui diffèrent fpécifiquement les uns des autres , nous traiterons de chacun dans un article féparé. | _ Les cinq efpèces de pigeons indiqués par nos Nomenclateurs font , 1.” Îe pigeon domeftique; 2.° le pigeon ro- main , fous lefpèce duquel 1ls com- prennent feize variétés ; 3.° le pigeon brlet ; 4.” le pigeon de roche avec une varièté; 5.” Le pigeon fauvage (a ): Or ces cinq efpèces, à mon avis, nen font qu'une , & voici la preuve ; le pigeon domeftique & le pigeon romain avec toutes fes variétés, quoique difié- tens par la grandeur & par les couleurs, font certainement de la même efpece, puifqu'ils produifent enfemble des in- dividus féconds & qui ie reproduifent. On ne, doit donc pas regarder des. pigeons de volière & les pigeons de colombiers, c'eft-à-dire , les grands & (a) Briffon, Oruithologie, tome I, page 68 fau $ ) 5 Pro guiqu à 9. 304 Hifloire Naturelle les petits pigeons domeftiques , comme deux efpèces difiérentes ; & ïl faut fe borner à dire que ce font deux races dans une feule efpèce, dont lune eft plus domeftique & plus perfeétionnce ‘que l'autre ; de même, Îe pigeon bifet, le pigeon de roche & le pigeon fau- vage , font troïs efpèces nominales qu'on doit réduire à une feule, qui eft celle du bifet, dans laquelle le pigeon de roche & le pigeon fauvage ne font que des variétés tres-lécères ; puilque de laveu même de nos Nomenclateurs, ces trois offeaux font à peu-près de [a mème grandeur ; que tous trois font de pañage, fe perchent, ont en tout les mêmes habitudes naturelles, & ne diffèrent entr'eux que par quelques teintes de couleurs. | Voïlà donc nos cinq efpèces nomi- nales déjà réduites à deux; favoir, Îe brfet & le pigeon; entre lefquelles deux, il n'y a de différence réelle, finon que: le premier eft fauvage & le fecond eft domeftique: je regarde le burfet comme la fouche première de laquelle tous les autres pigeons tirent {eur or du Piveon. 30$ gme, & duquel ils diffèrent plus ou moiïns , felon qu'ils ont été plus ou moins maniés par les hommes ; quoique je mate pas été à portée d'en faire l'épreuve , je fuis perfuadé que le bilet & le pigeon de nos colombiers pro- duiroient enfemble s'ils étoient unis; car Il y a moins loin de notre petit pigeon domeftique au bifet, qu'aux gros pigeons patti us OU romains avec lefquels néanmoins 1l s'unit & produit. d'ailleurs nous voyons dans cette el- pèce toutes les nuances du fauvage au … domeftique , fe prélenter fucceflivement & comme par ordre de généalogie, ou plutot de dégénération. Le bifet nous eft repréfenté d'une manière à ne pouvoir sy méprendre , par ceux de nos pigeons fuyards qui défertent nos colombiers, & prennent Thabitude de fe percher fur les arbres, ceft la pre- miere & la plus forte nuance de leur retour à l'état de nature: ces pigeons, quoiqu'élevés dans l'état de domeftr- cité , quoiqu'en apparence accoutumés comme les autres à un domicile fixe, à des hebitudes communes, quittent 306 Hifloire Naturelle ce domicile, rompent toute fociété & vont s'établir dans les bots, 1ls retournent donc à leur état de nature pouflés par leur feul inftinét. D’autres apparemment moins courageux, moins hardis, quoi- qu'également amoureux de {eur liberté, futent de nos colombiers pour aller habiter folitairement quelques trous de muraille, ou bien en petit nombre fe réfugient dans une tour peu fréquentée, & malgré les dangers , la difette & Îa folitude de ces lieux où ts manquent de tout, où 1ls font expofés à ia be- lette, aux rats, à la fouine, à la chouette, & où 1ls font forcés de fubyventr en tout temps à leurs befoins par leur feule 1n- duftrie, ïls reftent néanmoins conftam- ment dans ces habitations mmcommodes, & les préfèrent pour toujours à leur premier domicile , où cependant is font nés, où is ont été élevés, où teus Îes exemples de la fociété aurotent dû les retenir; voilà Ta feconde nuance: ces pigeons de muratlles ne retournent pas en entier à l'état de nature, ïls ne fe perchent pas comme les premiers, & {ont néanmoins beaucoup plus près de du Pigeon. 307 Jétat libre que de la condition domef- tique. La troïfième nuance eft celle de _ nos pigeons de colombiers, dont tout le monde connoît les mœurs, & qui, lorfque leur demeure convient, ne l'abandonnent pas, ou ne la quittent que pour en prendre une qui convient en- core mieux, & ils n'en fortent que pour aller s’égayer ou fe pourvoir dans îes champs voïfins: or, comme c'eft parini ces pigeons même que fe trouvent les fuiards & les déferteurs dont nous ve- nons de parler, cela prouve que tous nont pas encore perdu leur inftinct d'origine, & que Fhabitude de la tibre . domefticité dans laquelle 1ls vivent, n'a pas entièrement efface Îes traits de leur première nature à laquelle ils pourrotent encore remonter: mais 1 n'en eft pas de même de la quatrième & derniere nuance dans l'ordre de dégénérations; ce font les gros & petits pigeons de vo- lière, dont les races, les variétés, les mêlanges font prefque innumérables, parce que depuis un temps imimémorial ïls font abfolument domeftiques ; & Fhotnme, en perfectionnant les formes 308 Hifloire Naturelle extérieures , a en même temps altéré leurs qualités intérieures, & détruit juf- qu'au germe du fentiment de la liberté; ces oïfeaux, la plupart plus grands, plus beaux que les pigeons communs , +9 2A ont encore l'avantage pour nous d'être. plus féconds, plus gras, de meilieur goût; & ceft par toutes ces raïilons quon les a foïgnés de plus près, & qu'on a cherché à les multiplier malgré toutes les peines qu'il faut fe donner pour leur éducation & pour le fuccès de leur nombreux produit & de leur plsine fécondité : dans ceux-ci aucun ne remonte à l’état de nature, aucun même ne s'élève à celui de liberte, 1ls ne quittent amais les alentours de Îeur voliere , 11 faut Les y nourrir en tout temps ; la faim la plus preffante ne les détermine pas à aller chercher ailleurs, ils fe laiflent mourir d’inanition plutot que de quêter leur fubfftance; accou- \ tumés à La recevoir de Îa main de 23 \ ] ; ! { homme ou à la trouver toute préparée, toujours dans le même lieu, 1ls ne favent vivie que pour manger, & n'ont aucunes des rellources , aucuns des ES EE du Pigeon. 309 petits talens que le befoin infpire à tous les animaux : on peut donc regarder cette dernière clafle dans l'ordre des pigeons , comme ablolument domef- tique , captive fans retour, entièrement dépendante de Fhomme : & comme il a créé tout ce qui dépend de lui, on ne peut douter qu'il ne foit l'auteur de toutes ces races efclaves, d’autant plus perfeétionnées pour nous, qu’elles {ont plus dégénérées, plus viciées pour a Nature. | | Suppofant une fois nos colombiers établis & peuplés, ce qui étoit le pre- mier point & le plus difhcile à rem- plir pour obtenir quelquempire fur une efpèce aufli fugitive, aufll volage, on fe fera bientot apercu que dans le grand nombre de jeunes pigeons que ces établiflemens nous produifent à chaque faifon , il s’en trouve quelques-uns qui varient pour la grandeur , la forme & : les couleurs. On aura donc choifi les plus gros, les plus finguliers, les plus beaux, on les aura féparés de la troupe commune pour Les élever à part avec des foins plus affidus & dans une captivité 310 Hifloire Naturelle p'us étroite ; les defcendans de ces efclaves choilis auront encore prélenté de nouvelles variétés qu'on aura dif- tinguées , féparées des autres, uniflant conftamment & mettant enfemble ceux qui ont paru les plus beaux ou les plus utiles. Le produit en grand nombre cit la première fource des variétés dans des efpèces : mais le maintien de ces variètés , & même leur multiplication, dépend de la main de homme ; 1l faut recuetlhr de celle de 11 Nature Îles in- dividus qui {e reflemblent le plus, les féparer des au tres , les unir enfemble, prendre les mêmes foins pour les va-. _riétés qui fe trouvent dans les nombreux. produits deileurs defcendans; &, par ces attentions fuivies, on peut avec le temps créer à nos yeux, ceft-à-dire,, amener à la lumière une infinité d'êtres, nouveaux que la Nature feule n’auroit, jamais produits ; les femences de toute matière vivante lui appartiennent , elle en compole tous les germes des êtres ofganifés; mais la combinailon, la fuc-A ceilion, laflortiflement , Îa réunion ou Ta féparation de chacun de ces êtres 1 | | | du Pigeon. 31f dépendent fouvent de Ia volonté de l'homme ; dès-lors 11 eft le maître de forcer la Nature par {es combinaifons de la; fixer par {on induftrie;< de deux individus finguliers qu'elle aura produits comme par hafard, il en fera une race conftante & perpétuelle , & de laquelle il tirera plufeurs autres races qui, fans fes foins, n'auroient jamais vu le Jour. Si quelqu'un vouloit donc faire Thiftoire complette & la defcription dé- taillée des pigeons de volière, ce feroit moins lhiftoire de la Nature que celle de l'art de l’homme ; & c'eft par cette raifon que nous croyons devoir nous borner ici à une fimple énumeération, qui contiendra fexpoftion des prin- cipales variétés de cette efpèce, dont le type eft moins fixe & Ia forme plus variable que dans aucun autre animal. Le Biser (b) ou pigeon fauvage {B) Bifet. Bélon, Hiff, des Oiféaux, p. 211... “Bifet, Croifeau. Idem, portraits d’oifeaux , p. 77, b. Nota, Le nom Crotféau vient peut être de croifé ,. ‘312 Hifloire Naturelle ‘eft La tige primitive de tous les autres pigeons *; communément il eft de la, même grandeur & de la même forme, mais d'une couleur plus bi‘e que le pigeon domeftique , & ceit de cette couleur que lui vient fon nom ; cepen- dant il varie quelquefois pour les cou- leurs & fa grofleur, car le pigeon dont Frifch a donné la figure fous le nom de Colurmba agreftis (€) 3 met ol bifet blanc à tête & queue roufles; & celui que le même Auteur a donné: fous la dénomination de #7 inago ; five columba montana ( d), neft encore. 0 ag D D arr Pa Te D ETS re mm em ms fes a ailes & la queue du bifet étant croifées de idée noires ou brunes. — Co/umba livia. Gefner Ari. par. 200... Palumbus vel palumbes minor. Idem. | Icon. Avi. pag. 66. — Columba fera faxatilis. Schwenckfeld; Therior. Sil, pag. 140. — Columba | faxatilis M. Varronis. Aldtov. Ai. tom. Il, p.483. — Bifet. Albin, som. Fil, p. 18, avecune figure ; planche Fo Le Bifet. Briflon, ge L ur page 62. # Voyez les planches enluminées , n.° 510. (ec) Frifch, planche cxzrir , avec une bonne figure coloriée. (d) Idem, planche CXXXIX, avec une FER figure coloriée. | qu un : du Pigeon. 33 qu'un bifet noir-bleu.; ceft le même .qu'Albm a décrit fous le nom de pigeon ramier (e e ), quine lui convient pass & le mème encore dont Bélon parle fous le nom de pigeon fuyard , qui lui convient mieux (hi cas on peut prélumer que l’origine de cette variété dans les bifets vient de ces pigeons. dont j'ai parlé , qui furent . & défertent nos colombters pour fe rendre fauvages , d’autant que ces bifets notrs-bleus nichent non -feulement dans les arbres-creux , mais aufli dans les trous des bâtimens ruinés & les rochers qui font dans les forêts, ce qui leur. a fait donner par quelques Natura- Mutes le nom de pigeons de roche ou rocheraies 3 &, comme ïls aiment aufli les terres élevées & les. montagnes, d'autres les ont appelés pigeons de montagne. Nous remarquerons même que lés Anciens ne connotfloient que cette 3 6ARAeE de se te , qu'ils le) Albin , rome IT, page 31 , avec une figure, lanche xLr1. | (f) Bélon, Hifl. nat. des Oifequx, page 3124 Oifeaux ; Tome IV, Q 314 Hifloire Naturelle appelotent O’wés où Winago , & qu'ils ne font nulle mention de notre brfètis, qui néanmoins elt de feul pigeon vrai: ment fauvage , & qui n'a pas paflé par l'état de domelticité. Un fait qui vient à | l'app pui de mon opinion fur ce point; ceft que, dans tous les pays où il y a des pigeons domefiiques , on trouvew su des cenas , depuis la Suède {1 jufque dans les climats chauds ( 4), au lieu que Îles bifets ne fe trouventu | | | (g) Columba ceruleftens , collo nitido ; macul@m duplici alarum nigricante. Linn. Faun. See | n.o T'/4. (k) On trouve par-tout dans Ia Perfe des pi- 1 geons fauvages & domeftiques , mais les fauvaces font en bien plus orande quantité ; & comme Ia) fente de pigeon eft le meilleur fumier pour les. melons , on élève grand nombre de pigeons , & | avec foin , dans tout le royaume ; c'eft, je croise le pays du monde où l’on fait les plus beaux colom- biers........ on compte plus de trois mille co lombiers autour d'Hifcabam ; c’eft un plaifir du | peuple de prendre des pigeons à la campagne. ... par le moyen des pigeons apprivoifés & élevés à cet ufase , qu’ils font voler par troupes tout les long du jour après les pigeons fauvages ; ils 165" 1) mettent parmi eux dans leur troupe, & {es aménent} . ainfi au colombier. Voyage de Chardin , tome IL4 pages 29 & 30, Voyez auf, Tavérhier » tome Il ) res du Pigeon. gts "pas dans les pays froids, & ne reftent que pendant fété dans nos pays tem- pérés : ils arrivent par troupes en Bour- gogne, en Champagne, & dans les autres provinces f:nte émotiles de la France, ‘vers la fin de février & au commence- ment de mars ; ils sétabirfient dans les Dors, y nichent dans des creux d'arbres, pondent deux ou trois œufs au prin- temps , & vralemblablement font une feconde ponte en été ; à chaque ponte ‘ils nélèvent que deux petits, & sen retournent dans le mois de novembre; 1ls prennent leur route du côté du midfr, & {e rendent probablement en Afrique par l'Éfpagne pour y pañler l'hiver, De Le: ‘brlet ou pigeon fauvage SE d'oenas ou le pigeon délerteur, qui re- tourne à l'état de fauvage , {e perchent , .& par cette habitude fe diftinguent PEUR PRIT pages 22 & 23. — Les pigeons de l’île Rodrigue font un peu plus petits que Îes nôtres , tous de couleur d’ardoife |, & toujours fort gras & fort : bons ; ils perchent & nichent fur les arbres , & on les prend très-aifément. Voyage de Eeouat, tome}, page 106, a O :ï 316 Hifloire Naturelle du pigeon de muraille qui déferte auf nos colombiers , mais qui femble craindre de retourner dans les boïs, & ne fe perchent jamais fur les arbres : après ces trois BIBEONS , dont les deux. derniers font plus ou moins prêts de l'état de nature, vient le pigeon (4) de nos colombiers * » qui , COMIMNE nous l'avons. dit , ci qu'à demi-domel- tique , & retient encore de {on pre- mier infün& l'habitude de voler en troupe : sil a perdu le courage inté- (i) En Grec, TMepsepà én Latin, Columbas en Efpagnol , Colont ou Cp je ‘en, italien, Colombo, Éioetie ; en Allemand , Taube ou Tauben ; en Saxon, Duve ; en Suédois, Due ; en Angiois , Dove, common dove houfè pigeon ; en Polonois , Golab.— Pigeon. Bélon, Hifi. nat. des Oiféaux , page 313.... Coulon, Golombe, Pigeon , Pigeon privé. Idem, Portraits doifeaux, page 718, a.— Columba vulgaris. Gefner, de Avibus, K page qi — Columba. Profper. Alpin. Æzsypr vol. T, page 198. — Columba yulgaris. Sloane , Du page 202. — Pigeon. Du Tertre , Hifi. des Antilles , tome 11, page 266. — Pigeon fauvage ordinaire. Albin, rome III, page 17, avec une 1 figure , planche xzi1. — Le Pigeon domeftique. « PEHMO Ornithol. tome 1, page ‘68. # Voyer les planches eulumnées » 1 486: di Pigeon, 7 rieur d'où dépend le fentiment de l'indépendance , 1 a acquis d’autres qualités qui GARE moins nobies aroïfient plus agréables par leurs efets. fe produifent fouvent trois fois l année , "& les pigeons de volière produifent juiqu'à dix & douze fois , au leu que le bifet ne produit qu'une ou deux fois tout au plus: combien de plailirs de plus fuppofe cette différence , fur-tout dans une efpèce qui femble les goûter dans toutes Îeurs nuances, & en jouir plus pleinement qu'aucune autre ? ïls 5 sil à deux jours de diftance, preique toujours deux it » rarement trois, & n'élèvent preique jamais que deux petits, dont ordmarrement Pan fe trouve mile & l'autre femelles xl Fr. même plufeurs , & ce ue plus jeunes qui ne pondent qu'une fois oct dertproduitredu printemps eft toujours plus nombreux ; c'eft-à« dire , la Quantité de pigeonneaux dans le même colombier plus abondante quen automne , du moins dans ces climats. Les meilleurs colombiers où les pigeons fe plaifent & multiplient Oïiÿ 318 Hifloire Naturelle le plus , ne font pas ceux qui font trop voifins de nos habitations ; placez- les à quatre ou cinq cens pas de diftance de la ferme , fur Îa partie Lac plus élevée de votre terrein | & ne craignez Pas que cet él lorgnement nuife à leur mul Hiplication ; ils ament Îes eux paifibles ; la: belles vues Vexpo- fitton au levant , Îa fituation élevée où ils puifient jouir des premiers rayons du foleil : j'ai fouvent vu les pigeons de plufeurs colombiers , fitués dans Île bas d'un vallon , en fortir avant le lever du foleïl, pour gagner un colom- bier fitué au-defius de la colline, & s'y rendre en fi grand nombre , que le toit étoit entièrement couvert de ces pigeons étrangers , auxquels Îes domi- ciliés étorent obligés de faire places .8a quelquefois même forcés de la céder: c'eft fur-tout au printemps & en au- tomne qu'ils femblent rechercher Îles premières induences du foleil , la pureté de l'air & les lieux élevés. Je puis 2jou- ter à cette remarque une autre obferva- tion, c'eft que le peuplement de ces colombiers rolés , élevés & fitués haut. du Pigeon. 319 eft plus facile, & le produit bien plus nombreux que dans les autres colom- biers. J’at vu tirer quatre cens paires de pigeonneaux d'un de mes colom- biers, qui par fa fituation & la hauteur de fa bitifle , étoit élevé d'environ deux cens: pieds au -deflus-des autres colombrers tandis que ceux-ci ne pio oduifotent que le quart ou le; tiers. tout au pl lus, c'eft-à-dire, cent ou cent trente paires ::1 1 faut RAR aVOIÉ foin de veïller à l'oifeau de proie qui fréquente de préférence ces colombiers élevés & Holés , & qui.ne date pas d'inquiéter les pigeons, fans néanmoins en détruire beaucoup , car 1l ne peut faifir que ceux qui fe féparent de Ia troupe. Après le pigeon de nos colombiers, qui neft quà demi-dome fique sde prélentent les pigeons de volière, qui le font entièrement ; & dont nous avons fi fort Étoile la propagation des variètés , les mélanges & la multi- plication des races , quelles deman- deroient un volume d'écriture & un autre de planches , fi nous voulions O y 320: Hifloire Naturelle es décrire & les repréfenter toutes ; mais , comme je l'ar déjà fait fentir, ceci eft plutot un objet de! curiohtérée d'ait qu'un fuiet d'Hiftorre Naturelle ; & nous nous bornerons à indiquer les! principales branches de cette famille im= menfe , auxquelles on pourra rapporter les rameaux & les rejettons.des variétés lecordaires. Les Curieux en ce genre , donnent ie nom de bifer à tous les pigeons qui vont prendre leur vie à la cam- Pagne, & quon met dans de. grands colombiers : ceux qu'ils appellent pi- geons domefliques ; ne le tiennent que dans de petits colombiers ou voheres, Sc ne fe répandent pas à la campagne ; 1 y En a de, pius grands & de plus petits : par exemple, les pigeons culbu- fans & Îes pigeons tournans , qui font des plus petits de tous les, pigeons de vokère , le font plus que Îe pigeon de colombier ; ïls font auifi plus Iègers de vol & plus dégagés de corps ; & quand üils fe mêlent avec les pigeons de coiombier , ils perdent habitude - de tourner & de culbuter : 1 femble du Pigeon. 321 que cé foit l'état de captivité forcée qui leur fait tourner la tête , & qu'elle re- prend fon afliette dès “a ‘ils recouvrent leur liberte. Les races pures , C'eft- à- die , les va- #iétés principales de pigeons domeftiques avec lefquelles on peut faire toutes les variétés lecondaires de chacune de ces races ; font 1.° les pigeons appeles groffes gorges ((k), parce qu'ils ont la faculté d'enfler prodigieufement leur jabotien afpirant & retenant Fair ; 2.° les pigeons mondains qui font les plus re- commandables par leur fécondité, ainñ que ies pigeons romains , Îes pigeons pattus & les nonains { / ) ; 3.° les pigeons - paons ({ m) qui éèvent & étalent leur iarge qr aeue comme le din- don ou le paon ; 4.” le pige con cravate ou à gorge frifée ( n Fe 3 5. le pigeon- (k) Voyez les planches VIII & IX de ce ve- lume. (1) Voyez la planche x de ce volume. {m) Voyez fa planche XIII de ce volume. Qu) Voyez la Pl lanche XIV de a : \2 322 Hifloire Naturelle coquille Holiandois Ge pigeon- hirondelle ; 7.° le pigeon: -carme ; 8.° le pigeon-heurté ; ; 4 les pigeons Suiffes : 10.° le pigeon culbutant; 1 1.° le pigeon tournant. / La race du pigeon grofe - gorge eft compofée des variètés {fuivantes, 1.” Le pigeon grofle-gorge foupe-en- vin, dont les mâles font très - beaux , parce qu'ils font panachés, & dont les Ér Îles ne panachent point. © Le pigeon grofle - sorge chamois panché ; le femelle ne panache point: c'eft à cette variété qu'on doit rapporter le pigeon de la planche CXLVI de Frifch , que les Allemands appellent Kropf - taube ou Kroüper , & que cet auteur a indiqué feus la dénomination de columba frumofa feu columba æfo- so inflato. ° Le Pigeon grofle - gorge, blanc comme un cigne. 4° Le pigeon grofle-gorge blanc , pattu & à longues aïles qui fe croifent fur la queue, dans lequel la boule de fa gorge paroît fort détachée, du Pigeon. 323 . Le pigeon grofle-gorge gris panaché , & le gris doux , dont la cou- leur eft is FREE par tout le COrps. 6. Le pigeon grofle- gorge gris-de- fer gris barré & à rubans. re De pigeon grofle-gorge gris piqué comme argenté. 8° Le pigeon grofle - gorge - jacinte d'une couleur bleue ouvragée en blanc. G.® Le pigeon grofle - gorge couleur de feu ; 1 y a fur toutes fes plumes une barre bleue & une barre rouge, &-la plume eft terminée par une barre noire, 10° Le pigeon grofle - gorge couleur de bors de noyer. 11.” Le pigeon grofle -sorge couleur de marron , avec les pennes de laile ct blanches. © Le pigeon groffe- gorge maurin au beau noir velouté , avec les ‘dix plumes de Vale blanche comme dans le groffe- gorge marron ; ïls ont tous deux la bavette ou le mouchoir blanc O v) 324 Hifloire Naturelle fous le cou, & dans ces dernières races à vol blanc & à grofle- gorge, la fe- melle eft femblable au mâle ;'au refle, dans toutes les races de grofles-gorges d'origine pure, c'eft-à-dire , de couleur - uniforme , Îles dix pennes font toutes blanches jufqu’à la moitié de farle , & on peut ao ce caractère comme général. ..13.° Le pigeon groffe-sorgé ardotfé avec le vol blanc & la cravate blanche; a femelle eft femblable au mâle. Vorlà Àes races principales des pigeons à grofle- gorge; mais 11 y en a encore plulieurs autres moins belles, comme les rouges, Les olives, les couleurs de nuit, &c. Fous les pigeons en général ont plus ou moins la faculté d’enfier eur jabot en infpirant l'air; on peut de même Îe faire enfler en. foufflant de l'air dans deur gofier ; maïs cette race de pigeons Bob gorge, ont cette même faculté d'enfler leur. jabot fi. fupérieurement ; qu’elle doit dépendre d’une confor- mation PRACUAETS dans Îes organes; £e jebot prefqu'aufll gres que tout le Üu Pigeon. 325 felte du corps , & qu'ils tiennent con- tinuellement enflé , les oblige à retirer leur tête ; & les empêche de voir devant eux : aufli pendant qu'ils fe ren- gorgent , l'offeau de proie les faïfñt fans qu'uls:. l'apercoivent :: on. les . élève donc plutot par curiofñté que pour l'utilité. | Une autre race eft celle des pigeons mondaïns ; c'eft la plus commune & en même temps la plus eftimée à caule de fa grande fécondité. Le mondaim eft à peu-près d'une moitié plus fort que le bifet ; la fe- melle reflemble aflez au mâle; ils pro- duifent prefque tous les mois de lan- née , pourvu qu'ils foient en petit nombre dans a même volière , & ïül leur faut au moins à chacun trois où quatre paniers ou plutot des trous un peu profonds formés comme des cafes , avec des planches , afin qu'ils ne fe voient pas lorfqu'ils . couvent ; car chacun de ces pigeons défend non- feulement fon panier , & fe bat contre les autres qui veulent en approcher ; 326 Hifioire Naturelle mais même 1l fe bat auffi pour tous {es paniers qui font de fon côte. Par exemple, 1l ne faut que huit paires de ces pigeons mondains dans un efpace carré de huit pieds de côté ; & les per- ‘ fonnes qui en ont élevé ; aflurent qu'avec fix paires on pourroit avoir tout autant de produit : plus on augmente leur nombre dans un efpace donné ; plus il y a de combats, de tapage & d'œufs caflés. Il y à dans cette race aflez fouvent des mâles ftériles, & auf des femeiles infé- condes , & qui ne pondent pas. Ils font en état de produire à huit ou neuf mois d'âge , mais ils ne font en pleine ponte qu'à la troifième année ; cette pleine ponte dure juiqu'à fix ou fept ans , après quoi le nombre des pontes diminue, quoiqu'il y en aît qui pondent encore à l’âge de douze ans; la ponte des deux œuts fe fait'quelque- fois en vingt-quatre heures , & dans l'hiver en deux jours ; en forte qu'il y a un intervalle de temps difiérent , fuivant Ta faifon , entre’ là ponte’de. chaque œuf ; la femelle tient chaud — du Pigeon. 327 fon premier œuf, fans néanmoins le couver aflidüment : elle ne commence à couver conftamment qu'après la ponte du fecond œuf ; l’incubation dure ordi- naïrement dix-huit jours, quelquefois dix-fept , fur-tout en été, & jufqu’à dix-neuf ou vingt jours en hiver : Tattachement de la femelle à fes œufs eft fi grand, fi conftant, qu'on en a vu foufirir les incommodités les plus grandes, & les douleurs les plus cruelles, plutot que de les quitter. Une femelle entrautres , dont les pattes gelèrent & tombèrent , & qui, malgré cette fouf- Manee ‘CC CCtte DOHel dé Dictibres) continua fa couvée jufqu'à ce que fes petits fuflent éclos : fes pattes avotent gelé , parce que fon panier. étoit tout près de la fenître de fa volrère. Le mâle , pendant que fa femelle couve , {e tient fur Îe panier le plus voilin, & au momentque, preflce par le beloin de manger , ellé quitte fes œufs pour aller à la tremie, le mâle qu'elle a appelé auparavant par un petit roucoulement , prend fa place, 328 Hifloire Naturelle” couve fes œufs ; & cette incubatron du mâle dure deux ou trois heures chaque fois , & fe renouvelle ordi- natrement deux fois en vingt-quatre heures. On peut réduire à variètés de la race des pigeons mondains à trois pour la grandeur , qui toutes ont pour carac- tère commun un filet rouge autour des yeux. 1.” Les premiers mondaïns font des olfeaux lourds , & à peu- près gros comme de petites poules ; on ne Îes recherche quà caufe de eur grandeur , car ils ne font pas bons pour la multi- PR ns 2.° Les bagadaïs font de gros mon- daïns avec un tubercule au-deflus du bec en forme dune petite morille , & un _ uban rouge beaucoup plus large autour des yeux, c eft-à-dire , une feconde pau- pière charnue rougeître , qui leur tombe même fur les yeux lorfqu'ils font vieux, & les empêche alors de voir : ces pi- geons ne produifent que difhcilement & en petit nombre. du Pigeon. 329 Les bagadais ont le bec courbé & crochu , & ils préfentent plufieurs va- riétés ; 1 y en a de blancs, de noirs, de rouges , de minimes , &c. 3. Le pigeon Efpagnol , qui eft en- Core ‘un pigeon mondain, aufli gros “qu'une poule , & qui eft très-béau ; fl diffère du bagadaïs en ce qu'il na pont de moriile au-deflus du bec, que la feconde paupière charnue eft moins fail- lante , & que le bec eft dreit au lew . d'être courbé : on le mêle avec le baga- dais , & le produit eft un très-gros & très-grand pigeon. nn 4." Le pigeon turc qui 2, comme le bagadais , une grofle excroïllance au- deflus du bec avec un ruban rouge, qui sétend dépuis le bec autour des yeux : ce pigeon turc elt très-gros , “huppé, bas de cuifies, large de corps & de vol: 1l y en a de minimes ou Druns prefque noirs , tels que celui qui eft réprefenté dans la planche CXLIX de Frifch ; d’autres dont la couleur . lt gris-de-fer, gris-de-lin, chamois _ & foupe-en-vin : ces pigeons font très 330 Hifloire Naturelle lourds, & ne s'écartent pas de. eut volitre, 5. Les pigeons romains , qui ne font pas tout-à- ae fi grands que les turcs » maïs qui ont le voi aufll étendu , N ’ont point de huppe ; il y en a de noirs, de minimes & de tachetés F Ce font-à les plus gros pigeons do- neftiques ; 1l y.en a.d’a autres de moyenne LR deur + & d'autres plus p petits Dans ‘es pigeons pattus qui dr les pieds ouverts de plumes jufque fur. les on-. pe es, on diftingue le pattu fans huppe Eh Frifch a donné la figure ; planche CXLY , fous la dénomination de rrumel taube. en allemand ,. &..de columba tympanifans en Lee > pigeon tambour. en françois : s & le pattu buppé dont le même Auteur a donné la figure, planche CXLIY , fous le nom de mon taube en allemand , & fous la déno- mination latine , Partie menftrua feu criftata pedibus plumofr. s : ce. pigeon pattu, que lon appelle pigeon tambour , # Voyez les planches enluminées , n.@ 110, du Pigeon. 33L fe nomme aufli p'seon glou glou , parce quil répète continuellement ce fon, & que fa voix imite le bruit du tam- bour entendu de loin : le pigeon pattu … huppé eft auf appelé pigeon de mois, parce qu 1l produit tous les mois, & “quil n'attend pas que {es petits fotent en cCtst de manger feuls pour couver de nouveau ; c'eft une face fecorm- mandable par fon utilité , c’eft-à-dire, par la grande fécondité , qui cependant ne doit pas fe compter de douze fors per an, mais communément de huit & neuf pontes, ce quieft encore un très- grand produit. Dans les races moyennes & petites de pigeons domeftiques , on diftingue le pigeon nonain dont il y a plufieurs variétés ; favoir , le foupe-en-vin , le rouge panaché , le chamoïs panache ; mais dont Îles femelles de tous trois ne font jamais panachées : il y a aufhi dans la race des nonaïins une varié qu'on appelle pigeon maurain ; Qui F tout noir avec la tête blanche & le bout des ailes aufli blanc ; & c'eft à _ 332 Hifioire Naturelle cette variété qu’on doit rapporter le pr- geon de [a planche CL de Frifcb, auquel tl donne en allemand ie nom de ehley er où parruquen taube; & en latin, columba galerita ; & qu'il ti fade en françois par pigeon cbr mais en général tous les 10NaiNnS , fie maurins ou autres, font coiftés , où plutôt tls ont comine un demr-c capuchon fur 4: tête qui defcend le long du cou, & s'étend fur la poitrine en forme de cravate compolée de’ plu= mes redreflées : cette variété eft voifiné de la race du pigeon grofle - gorge ; car ce pigeon coffié eft de la même gran- deur , & fait aufli un peu en fer fon jabot ; 1Î ne produit pas autant que les autres nonaïins , dont les plus parfaits {ont tout blancs ; & font ceux qu'on regarde comme Îes meilleurs de la race : : tous ont le bec très-court ; ceux-ci pro: dutfent beaucoup , maïs les pigeonneaux font très-petits. Le pigeon-paon eft un peu plus gros que le pigeon nonam ; on l'appelle pi- geon-paon, paice quil peut redrefler- da queue & l'étaler comme le paon, du Pigeon. 333 Les plus beaux de cette race ont jufqu'à trente - deux plumes à Îa queue, tandis que Îles pigeons d’autres races n’en ont que douze ; lorfqu'iis redreflent leur queue , ils la pouflent en avant , & comme 1ls retirent en même temps la tète en arrière , elle touche à la queue. ls trembient auf pendant tout le temps de cette opération , foit par la forte contraction des mufcles , foit par quel- qu'autre caule, car il y a plus d’une race “de pigeons trembleurs fo ) ;, c'eft ordi- harrement quand ïls font en amour qu'ils .Ctalent ainfñ leur queue, mais ils le font aufli dans d’autres temps : Îa femelle relève & étale fa queue comme le mâle, & l'a tout aufli belle ; il y en a de tout blancs , d’autres blancs avec la tête & {o) Nota. On connoît , en effet, un pigeon trembleur , différent du pigeon paon, en ce qu’il n’a pas la queue fi farge à beaucoup près. Le pi- geon-paon a été indiqué par Wiflughby & Ray, fous la dénomination columba tremula laricauda ; . & le pigeon tremblieur , fous celle de Columba Mitremula anguflicauda feu acuticauda : celui - ct, fans relever o"1 étaler fa queue, tremble(dit-on ) prefque continuellement, | x 334 Hifloire Naturelle la queue noires , & ceft à cette fo conde variété qu’il faut rapporter le pi. geon de [a planche CL1 de Frifch , quil appelle en allemand pfau DT humerfchwantz , & en latin columba caudata. Cet Auteur remarque que, dans le même temps que le pigeon-paonw étale fa queue , il agite fièrement &\ conftamment fa tête & fon cou , à peu-} près comme l'oifeau appelé rorcol : ces pigeons ne volent pas aufli bien que 1 | autres ; leur large queue eft caufe qu'ils (| font fouvent emportés par lé vent , Ga qu'ils tombent à terre ; aïnf, on lesd élève plutôt par curiofñté que pour l'utilité. Au refte, ces pigeons, qui par eux - mêmes ne aire faire de longs | voyages , ont été tran{portés fort loin par tes hommes : 1l y a aux Philippines ,\ dit Gemelli Carrert , des pigeons qui relèvent & étalent leur queue commet le paon, ! Les pigeons - polonoïs / p ) font plus gros que les pi IgEONs - paons ; ils ont” pour caraëtère d'avoir le bec très-gros {p) Voyez la planche XI de ce volume. ci du Pigeon, 3 ENS "& très-court , lss yeux bordés d’un large cercle rouge , les jambes très- bafles : il y en a de différentes cou- leurs , beaucoup de noïrs, des roux, des chamoïs , des gris piqués & de tout blancs. Le pigeon-cravate eft l'un des plus petits pigeons ; Il n'eft guère plus gros qu'une tourterelle ; & en les appartant enfemble , ts produrfent des mulets ou métis, On diftingue le pigeon- cravate du pi geon-nonaïn , en ce que le pigeon- ‘cravate n'a point de demi - capuchon {ur la tête & far le cou, & quil na précilément qu'un bouquet de plumes qui femblent fe rebroufler fur la poi- itrine & fous la gorge ; ce font de très- jolis pigeons , bien faits, qui ont l'air très propre, & dont il y en a de foupe- ‘en-vin ; de chamoïs , de panachés , de roux & de. eris , de tout blancs & de tout noirs , “& d’autres blancs avec des manteaux noirs ; c'eift à cette dernière variété qu'on peut rapporter Île pigeon repréfenté planche CXLVII de Frifch, {ous le nom allemand Mowchen , & L dénomination latine , Columba collo hire N / “\ re ù 336 Hifloire Naturelle Juto. Ce pigeon ne sapparie pas vo lontiers avec les autres pigeons, &: n'eft pas d'un grand preduit : d'ailleurs left petit, \@&: 1e. H1daule lanement! prendre par Voifeau de proie; ceft par toutes ces raifons qu'on en élève guère. | | Les pigeons qu'on appelle coquille- holiandoïs , parce qu'ils ont derrière la tète des plumes à rebours qui forment comme une efpèce de coquille, font auffi de petite taille ; ïls ont la tête! noire , le bout de la queue & Îe bout - des aïles aufll noirs, tout le refte du corps blanc. Il y en a aufli à tête rouge, à tête bleue, & à tête & queue jaunes; & ordinairement la queue eft de la même couleur que la tête, mais le vol eft toujours tout blanc. La pre- Era mière variété qui a la tête noire, ref- femble fi fort à lhirondelle de mer, que quelques-uns lui ont donné ce nom, avec d'autant plus : d'analogie, que ce pigeon na pas le corps rond comme a plupart des autres , mais alongé & fort dégagé. | | Ii y a.indépendamment des têtes & queues | { du Pigeon. 337 queues bleues qui ont la coquille ; dont nous vénons de parler, d'autres pigeons qui ont himplement le nom de tête & queué bleues , d’autres de tête D.) queué : noires, d'autrest de..tête: & queue rouges, & d’autres encore, tête & queue jaunes, & qui tous quatre _ ont Textrémité des aïles de 1a même couleur que Îa tte;1ls font à peu- près gros comme les pigeons-paons, leur plumage eft très - propre & bien arrange. Il y en a qu'on appelle aufli pigeons- kirondelles, qui ne font pas plus gros que des a ayant le corps alongé de même, & le vol trésrèger “ tout le deflous de leur corps eft blanc, & ïis ont toutes Îes parties fupirieures lu, Corps: tainhique le cou, fa tête & la queue noirs, ou rouges, Où bleus, ou jaunes, avec un petit cafque de ces mêmes couleurs fur la tête, maïs Îe deflous de Îa tête eft toujours blanc comme le deflous du cou C'eft à cette variété quil faut rapporter Île pi- geon cuirafié de Jonfton (a) er de Las Coluréba ue one C AL. pag. ? À Oifeaux, Tome I V. ‘il 338 Hifioire Naturelle Willugbby (r), qui a pour caraébtre particulier d'avoir les plumes de la tête, celles de la queue & Îes pennes des ailes toujours de Îa même couleur, & le corps d'une couleur difiérente , par exemple Île corps blanc , & 1a Ses la queue & les aïles noirs, ou de quel- qu autre couleur que ce foit. Le pigeon-car! me, qui fait une autre race, eft peut-être le plus bas, & le plus petit de tousnos pigeons; il paroît accroupi comme l'orfeauquefonappellele crapaud- volant :ileftauff très-pattu, ayant les preds fort courts, & Îles plumes des jambes très- longues. Les femelles & les mâles fe reflemblent, aïnfi que dans la plupart des autres races; on y compte auf quatre var iétés, qui font les mêmes que dans les races précédentes , favoir, les gris de-fer , les chamois, les foupe- en-vin & les gris-doux , mais ts ont tous, le deffous du corps & des aïles blanc, tout le deflus de leur corps étant des couleurs que nous venons (r) Columba galeara Wal ughby, Oncle. pag. 132, n°, 11e da, Pigeon: 339 d'indiquer : ils font encore remarquables p2t leur bec qui eft plus petit que celui d'une tourterelle, & ils ont auffi une petite aigrette derrière la tête qui poufle en pointe comme celle dé, l'as louette huppée. Le pigeon tambour ou glou glou, dont nous avons parlé, que Pon appelle aïnfi , parce qu ‘11 forme ce fon glou glow, qu 1 répète fort fouvent lorfqu'il eft au- D'près de fa femelle, eft auffi un as | fort bas & fort pattu, maïs il eft plus gros que le pigeon-carme, & à peu-près de Ia taille du pigeon-polonors. Le pigeou-heurté, c'eft-à-dire, mal- que comme d'un coup dé pinceau noir, bleu, jaune ou rouge, au-deflus du bec feulement, & jufqu'au milieu de la tête avec la queue de la même couleur & tout le refte du corps blanc, eft un pigeon fort recherché des Curreux: ap ‘eft point pattu, & eft de la grofleur des pigeons mon- dans ordinaires. | Les pigeons-fuifles font plus petits que les pigeons ordinaires, & pas plus gros que les pigeons bifets; ïüls font de même tout aufli légers de vol : Pi 340 Hifioire Naturelle sl y en a de plufeurs fortes, favoir; des panachés de rouge, de bleu, de jaune fur un fond blanc fatiné, avec un collier qui vient former un plaftron fur a poitrine , & qui eft dun rouge rembrunt; t1ls ont fouvent deux rubans {ur les aïles, de la mème couleur qe celle du plaftron. IH 4 dauires PEU fuifles qui ne font point panachés, & qui font ardotfés de couleur mere fur tout le corps, fans collier nt plaftron ; d’autres qu'on appelle colliers Jaunes-jafpés , colliers Jaunes maïllés ; d'autres colliers jaunes fort maillés , &c, parce qu'ils portent des colliers de cette couleur. Il y a encore dans cette race de pigeons-furfics, une autre variété qu'on appelle PÉOE ayuré ; palce qu il ef d'une couleur plus bleue que les ardoïfés. Le pigeon culbutant eft encore un des plus petits pigeons ; celui que M. Frifch a fait reprélenter p{ CxLvV117, fous les noms de rumimel taube , rh # columba gefluofa Jeu geflicularia , eft d'un TOUX brun, mais il y en a de gris & de variés de roux & de gris :1l tourne du Pigeon. 341 fur lui-même en volent, comme un corps qu'on jetteroit en Fair, & c'elt par cette raïon qu'on la nommé pigeon culbutant ; femble que tous fes mouve- mens fappofent des vertiges ; Quis comme je l'at dit, peuvent être attribués à la captivité. IT vole très-vite, s'élève le plus haut de tous, & fes mouvemens {ont très- précipité & fort irrégulrers. Frifch dit que comme pie fes mouve- mens , il mnite ‘en quelque façon, les as & les fauts des danfeurs de corde & des voltigeurs ; on lui a donné Îe nom de Hp Et Columba pefluofa. Au refte , fa forme eft afiez (éroblable à .celle du bifet, & l’on s'en fert ordinairement pour: attirer, les pigeons des autres “colombiers, parce qu'il vole plus haut, plus loin & plus long-temps que les autres, & qu'il échappe: plus aïfément à Toileau de prÔie, Jen eft de mème du pigeon tour* nautique Mt Bron, (Qi)... dapres ([) Columba perenflor. Wiughby, Ornitholog, Pr] 342 Hifloire Naturelle “Willugbby, a appelé le pigeon batteur; il tourne en rond lorfqaurl vole, & bat fi fortement des ailes: qu'il fait, autant de bruit quune claquette, & ouvent 1 fe rompt quelques plumes. de aile par la violence de ce mou- vement qui femble tenir de la convul- fon : ces pigeons tournans ou batteurs font communément gris avec des taches noires fur les aïles. Je ne dirat qu'un mot de quelques autres variétés équivoques ou fecon- darres dont Îles Nomenclateurs ont fait mention, & qui reflortillent fans doute aux races que nous venons d'indiquer, mais qu'on auroit quelque peme à y rapporter directement & fürement, d'après les defcriptions de ces Auteurs; tels font, par exemple, 1.° le pigeon de Norvège, indiqué par Schwenckfekd (t), qui eft blanc comme neige, & qui pour rroit bien être un pigeon pattu. huppé plus gros que Îles autres. pag. 132, n.° 9. — Le Pigeon batteur. ro “4 @rnithol. tom. I, pag. 79. {) Schwenckfeld . Therior. Sil. pag. 220. du Pigeon. 343 NBIEE piseondidel Crète. fuivant Aldrovande (4), ou de Barbarie, felon Willughby (x), qui a le bec très- court & les yeux entourés d'une large bande de peau nue, le plamage bleuâtre & marqué de deux taches noirâtres fur chaque aiïle. ; 3.” Le pigeon-frifé de Schwenck- feld y) & d'Aldrovande {7 ), qui eft tout blanc & frifé fur tout Le corps. 4° Le pigeon-mefager de Willu- ghby (a ), qui reflemble beaucoup au pigeon turc, tant par fon plumage Brun que par fes yeux entourés d'une peau nue , & fes narines couvertes _(u) Aldrovande, Avi. tom. Il, pag. 478. (x) Columba Barbarica fèx Numidica. Willugh. Orhirholt ; pag. 1132409 8 "planche, x x xI7, fous fa dénomination de Columba Numidica fèu Cypria. | (y)Columba crifpa. Schwenkfeld , Therior. Si pag. 220. d: (x) Columba crifpis pennis. Aldrovande, Ari. tom. Il, pag. 470, avec une ficure. (a) Columba tabellaria. Willughbv, Ornitohlos. pag. 132,n:° 5 avec une figure, Pl. XXXIV. - AV 344 Hifloire Narurelle d'une membrane épañle: on $eft, dit- on , fervi de ces pigeons pour portér promptement des lettres au loi , ce qui leur a fait donner le nom de meflagers. 5. Le pigeon-cavalier de Wiilu- ghby / 8 ) & d'Albin fc), qui provient, dit-on ; du pigeon groile-gorge & du pigeon-meflager participant de lun & de lautre ; car nil a la faculté d'enfer ‘beaucoup si jabot comme le pigeon grofle-gorge, & 1l porte fur fes narines des membranes éparfles comme le pigeon meflsger ; mais 11 Y a appa- rence quon pourroit cCgalement fe fervir de tout autre pigeon pour porter de petites chofes, ou plutôt les rap. porter de loin ; 11 fufht pour «cela de les féparer de leur femelle & de Îes tranf- yorter dans le lieu d’où l’on veut rece- voir des nouvelles ; ils ne manqueront pas de revenir auprès de leur femelle (b} Célumba equess Willughby ; Ornitholog, pag. 132, M7 12. (c) Pigeon-cavalier. Albin, some IT, page 309 avec une "figure, planche XKVe ; du. Pigeon... 345$ dés qu'ils feront mis en liberté / d ), On voit que ces cinq races de pigeons ne font que des variétés fe- condaïres des premières que nous avons indiquées, d’après {es obfervations de quelques curieux qui ont paflé leur vie à élever des pigeons, & particu- lièrement du fieur Fournier qui en fait commerce, & quk'a été chargé, pendant quelques années, du foin des volières & des bafe-cours de $. À. $. Monfeigneur le Comte de Clermont; ce Prince, qui de très-bonne heure {d) Dans les colombiers du Caire on fépare quelques mâles dont on retient les femelles, & on envoie ces mâles dans les villes dont on veut avoir des nouvelles ; on écrit fur un petit morceau de papier qu’on recouvre de cire après lavoir plié ;on l’aufte & Vattache fous l’aie du pigeon mâle, & on le lâche de grand matin après [ui avoir bien donné à manger , de peur qu’il ne s'arrête ; if s’en va aroit au colombier où eft fai : femelle.....il fait en un jour Îe trajet qu’un. bomme de pied ne fauroit faire en tix. Voyage’ de Pietro della Vaile, zome I > pages 416. € 417. — On fe fert 4 Alep de pigeons qui portent en moins de fix heures des lettres d’A- Jexandrette à Alep, quoiqu'il y ait vinot- deux bonnes fieues. Voyage de Thévencot, tome 11, p. 73, = Y ’ 346 Hifloire Naturelle s'eft déclaré proteéteur des Arts , tou: jours animé du goût (des belles con- noïflances ;. a voulu favoir jufqu'où Sétendoient eh Ce vente Ie de la Nature;on a raflemblé par {es - ordres toutes es. efpèces , toutes Îes. races connues des oïfeaux domeftiques ;. on Îles a multipliées. & variées à infini; l'intelligence ; des fotnst PP EEE ont ict, comme en tout , perfectronné ce qui étoit connu, & développé ce Qui ne/létoit pas ; on a PAPICCIORE jufqu'aux arrière-germes de la Nature; on a tiré de fon fem toutes Îles pro- ductions ultérieures qu'elle feule & fans aide n'aufoit pu amener à la lumières, en cherchant à épuiler Fa tréfors de fa fécondité, on a reconnu qu'ils étorent: inépuifables ,, & quavec un feul de fes modèles, ceft-à-dire , avec une feule efpèce, telle que celle du pigeon: ou de la poule, on pouvoit faire un. peuple compolé de mille familles difié- rentes , toutes reconnoïfiables , toutes nouvelles , toutes plus beiles que lef- èce dont elles tirent Îeur première origine. du Pigeon. 347 DS le temps des Grecs on con- notfoit Îles pigeons de volière, puif- qu'Arnitote dit qu'iis produifent dix & onze fois l'année, Care CUS d'É- gypte produtfent j {qu'à douze fois ee lon pourroit croire néanmoins que les grands colombiers où Îes pigeons ne produfent que deux ou trois Le par An, Hefoient Da fott en Uülage ‘dt temps de ce Philofophe : il compole le genre columbacé de quatre efpèces Cf) ; favoir, le ramier //paluwmbes), La tourterelle fturtur)', le bifet [vinago), & 16" pigeon jcolumbar); 6 -celt de ce dernier dont 1} dit que le produit eft de dix pontes par an : or ce pro- duit fi fréquent ne fe trouve que dans: quelques races de nos pigeons de vo- lière ; Ariftote n'en diftingue pas les: di iérences , & ne fait aucune mention: des variétés de ces pigeons domef- tiques ; peut- -être ces. variètés. n'exif- et qu'en petit nombre 3 mais il paroït qu'elles s'étoient bien MH IL fe) Arifote , si Anim. Tb. VI, cap. IV%: (f) Ibid, Hb, VIE Cap. T1I; V]. 348 Hifloire Naturelle du temps de Pline /g), qui parle des grands pigeons de Campanie & des cieux. En ce, entrés qui achetotent à un prix excellif une paire de beaux pigeons dont ïls racontotent lorigime & la noblefle, & qu'ils élevorent dans des tours placées au-deflus du toit de eurs maïfons. Tout ce que nous ont dit les anciens au fujet des mœurs & des habitudes des pigeons doit donc fe rapporter aux pigeons de volière plutot qu'à ceux de nos colombiers qu'on doit regarder comme une efpèce moyenne entre les pigeons Lt — & les pi- geons fauvages, & qui participent en eflet des mœurs des uns & des autres. (g) Columbarum amore enfaniunt multi ; fuper teta exædificant turres Lis ; nobilitatemque fingularum & origines narrant veteres. Jam exemplo L. Axius Egques romanus ante bellum civile pompeianum denarus quadringentis fingula paria vinditavit , ut M. Varro radit ; quin € patriam nobilitavere, in Campani& graudifimæ provenire exiflimate. Pline, Hifl. nas. Hb. X, cap. XXXVIL. Nota. Les quatre cens deniers romains font foixante dix livres de notre monnoie; la manie pour les beaux pigeons eft donc encore plus grande aujourd’hui que du temps de Pline, car nos curieux Îes patent beaucoup plus cher. du Pigeon. 349 Tous ont de certaines qualités qui leur font communes , l'amour de fa {ociété, l'attachement à leurs femblables, 11 douceur de mœurs, Îa chafteté, c'eft-à-dire, la fidélité réciproque, & l'amour fans partage du mâle & de Îa femelle ; fa propreté, Le foin de foi- mème qui fuppolent l'envie de platre; lart de fe donner des grâces qui le fuppole encore plus ; les carefles tendres, les mouvemens doux, les baïfers timides qui ne deviennent intimes & preflans qu'au moment de jouir ; ce moment même ramené quelques inftans après par de nouveaux delrs, de nouvelles approches également nuantées, égale- ment fenties ; un feu toujours durable, un goût toujours conftant , & pour plus grand bien encore {a purflance d'y fatisfaire fans cefle : nulle Rumeur, nul dégoût, nulle querelle ; tout le temps de la vie employé au fervice de Famour & au foin de fes fruits ; toutes les. fonctions pénibles également réparties; le mâle aimant aflez pour Îles partager & même fe charger des foins materneis, couvant régulièrement à fon tour , & 350 Hifloire Naturelle, Ge. les œufs & les petits, pour en épar: gner la peine à fa compagne, pour mettre entrelle & Îur cette égalité dont dépend le bonheur de toute union durable : quels modèles pour homme sil pouvoit ou favoit les imiter! l Tri IT | % ue he PL, VII. pag 330. = JT” TS EE ES TRS HR TYYÉE ZE RL SLA LLLMSIASS Ze CLIS I TI III. TA A LA = RL LL D A LOL LM LOT A LE PIGEON GROSSE-GORGE. Tom. IT; PLIX pag. 360. "1 EN NN — {A NS NN ANS NN _R — | | | LAS FA == I | | jt = Ri 11 IR vu = l}] ! | y : 1) 7 WE ) ) f ie SA A LN/ PR ES de 2 (E) pen S \ LE PIGEON GROSSE-GORGE ENFLEE. +. 860; Zg 2LX p AVS SNS AN D) S RER SRE = \ LE PIGEON NONAIN. Sat ANNE Si fr Tom D. TC LL 11 LEZ f ZLXT. Pag: 360. } }}! > f EE //1/ 7) N E— EU V4 = /f) = j =— nn | a = = AN / VD 77 7, AI EEE) Il — DU 0 | l — LÆ PIGHON-POLONOIS. N À \ JAMAÏT QUE. ET | \\ BEN ÿ SN ji . de fuis afluré qu'elle pond de très bonne beure au printemps, deux & fouvent troïs œufs, car on m'a apporté MORE e | \ e Fe piulieurs nids où 11 y avoit deux & quelquefois trois ramereaux (c) déjà Foassmegménse 2 22e D NE re RE CETTE REGARD VIA TE « (c) M. Salerne dit que Îes Poulaïlliers d’Or- >» léans achettent en Berri & en Sologne , dans Îa » faifon des nids, une quantité confidérable dé » tourtereaux qu'iis foufflent eux-mêmes avec la » bouche, les engraiffent de millet en moins de >» quinze jours pour les porter enfuite à Paris; >» qu'ils engraiflent de même les ramereaux ; qu’ils » y portent aufi des piseons bifets & d’autres pi- »» geons qu’ils appellent des pofles; que ces derniers »» font felon eux des pigeons de colombiers devenus » fuyards ou vagabonds, qui nichent tantôt dans » un endroit & tantôt dans un autre, dans les » éolifes, dans les tours, dans des muraïlles de »» vieux Châteaux ou. dans des rochers. Ormitholog. >> pag. 162.» Nota. Ce fait prouve que les Ramiers, ainfi que tous Îes pigeons & tourterelles, peuvent être élevés comme les autres oïfeaux domeftiques, & que par conféquent ils peuvent avoir donné naïf fance aux plus beïles variétés & aux plus grandes races de nos pigeons de volière. M. fe Roi, Lieu- tenart des chafles & Infpeteur du parc de Vers failles , m'a auf affuré que les ramereaux pris au Le 1 du Ramier. 367 forts au commencement d'avril; quels ques gens ont prétendu que, dans notre climat , ils ne produifent qu'une fois lannée, à moins qu'on ne prenne leurs petits ou leurs œufs, ce qui, comme Ton fait, force tous les o1t- feaux à une feconde ponte. Cependant Frifch aflure qu'ils couvent deux fois par an /d), ce qui nous paroît très- vrai; comme ïl y a conftance & fide- lité dans l’unton du mâle & de a femelle , cela fuppofe que le fent:- ment d'amour & le foin des petits dure toute l'année. Or la femelle pond quatorze jours après les approches du mâle (e), elle ne couve que pendant quatorze autres jours , & il ne faut qu'autant de temps pour que les petits nid, s’apprivoifent & s’engraiflent trèsbien, &. que même des vieux ramiers pr au filet s’accou- : tument aifément à vivre dans des volières, où l’on peut, en les foufflant, leur faire prendre graïfle en fort peu de temps. (d) Voyez Frifch, à l’article du Ringel-taube, planche cxxx VIII. (e) Ariftote, Hifi. Animal, 1ib. VI, cap. 1v. Q 1 363 Hifloire Naturelle puiflent voler & fe pourvoir d'eux mêmes ; amf, il y a toute apparence qu'ils produifent plutôt deux fois qu'une per an ; la première, comme je lat Le au commencement du printemps; & la feconde au folftice de Fét, comme l'ont remarqué les Anciens:il ‘ef très- certain que cela eft ainfi dans tous les climats chauds & tempérés , & très- prob:b'e quil en eft à-peu-près de même dans les pays froids. Ils ont un roucoulement plus fort que celui des p'geons, mais qui ne fe fait entendre que dans la faïfon des amours & dans les ; jours fereins ; car, dès qu'il pleut, ces ns fe taïfent , & on ne les entend que très-rarement en hiver : ils fe nourriflent de fruits fauvages, de glands, de faine , de fraifes dont is font très-avides , & aufli de fêves & de grains de toute efpèce ; * tls font un grand dégât dans les blés lorfqu'ils font verfés ; & quand ces alimens leur manquent , ils mangent de l'herbe: ïls boivent à la manière des pigeons, c'eft-à-dire, de fuite & fans relever la du Ramier. 369 tête qu'après avoir avalé toute l'eau dont ïls ont befoin ; comme ieur chair, & fur-tout celles des jeunes , eft excel- lente à manger , on recherche foigneu- fement leurs nids , & on en détruit ainfi une grande quantité : cette dé- vaftation , jointe au petit produit, qui neift que de deux ou trois œufs à chaque ponte, fait que fefpèce n'eft . nombreufe nulle part; on en prend à la vérité beaucoup avec des filets dans les lieux de eur paflage, fur-tout dans nos provinces voilines des Pyrénées ; mais ce n'eft que dans une Rulon > dc pendant peu de jours. Il paroît que , quoique Îe ramier préfère les climats chauds & tempérés (f), À habite quelquefois dans les pays feptentrionaux , puifque M. Lin- nœus le met dans la lite des oi: (f) Les rochers des deux îles de Ia Madeleine fervent de retraite à un rombre infini de p pigeons ramiers naturels au Pays, & qui ne différent de ceux d'Europe, qu’en ce qu’ils font d’une délica- tefle & d’un goût plus exquis, Voyage au Sénégal par M. Adanfon , page 165. Q md 370 Hiffoire Naturelle feaux qui fe trouvent en Suède (Ceie & ïl paroït aufi qu'ils ont pañlé d’un the à l'autre {h), car il nous eft arrivé des. provinces méridionales de l'Amérique , ainfi que des contrées EE À Ce] (2) Linn. Faun. Jyec, n°717 (A) À la Guadeloupe, les graines de bois d’Inde qui étoïent mûres avojient attiré une infinité de ramiers; Car ces olfeaux aiment pafionnément ces graines ; ils s’en engraiflent à merveille, & leur chair en contrade une odeur de sirofle & de muf cade tout-à-fait agréable... ... Quand ces oïfeaux font gras, ïls font extrêmement parefleux....... plufieurs FOR de fufif ne {es obligent point de s’envoler ; 11s fe contentent de fauter d’une branche à l’aurre en criant & regardant tomber leurs com- pagnons. Nouveau Voyage aux Îles de l? Amérique, tome 1, page 486. — À Ia baie de Tous-les- Saints il y a de deux fortes de pigeons-ramiers, les “uns de la groffeur de nos pigeons-ramiers (d’Eu urope) font d’un. oris obfcur, les autres plus petits font d’un oris- clair ; les uns & les autres font un très-bon manger, & il y en a de fi grandes troupes depuis je mois de Mai jufqu’en Septembre, qu’un feul homme en peut tuer neuf ou dix douzaïnes dans une matinée, lorfque le ciel eft couvert de brouït- Jards & qu’ils viennent manger les baies qui croiflent dans les forêts. Voyage de Dampier , come IW, page 66. | du Ramier. 374 fes plus chaudes de notre continent ; plufeurs oiïfeaux qu ‘on doit regarder comme des variétés ou des efpèces très-voifines de celle du ramier , & dont nous allons faire mention dans l'article fuivant, 1 PAR Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport au RAMIER. Éi i Lx Picrowramer des Moluques ; indiqué fous ce nom par M. Briflon (a), & que nous avons fait repréfen- ter * avec une noix mufcade dans le bec, parce quil fe nourrit de ce fruit; quelqu'éloigné que foit le climat des Moluques de celur de l'Europe, cet oïfeau reflemble fi fort à notre Ramier par la grandeur & fa figure , que nous ne pouvons Îe regarder que comme une variété produite par l'influence du climat. Il en eft de même de lorfeau indi-- qué & décrit par M. Edwards (Bb), {a) Ornithol, tom. E, pag. 148, avec une figure . planche xX111, fig. 0. _ * Woyez les planches enluminées , n.° 164. (b) The sriangular Spotted. pigeon Hifi. of Birds, planche LXXV. des Oifeaux étrangers, ec. 373 qu'il fe dit fe trouver dans les provinces méridionales de a Guinée : comme 1] ct à demi-pattu & à peu-près de la grandeur du ramier d'Europe , nous le rapporterons à cette efpèce comme fimple variété, quoiqu'il en diffère par les couleurs , étant marqué de taches triangulaires fur les aïles, & qu'il ait tout le deflous du corps gris, Îles yeux entourés d'une peau rouge & nue , l'iris d'un beau jaune , le bec noïrâtre : mais toutes ces différences de couleur dans le plumage , le bec & les yeux peuvent être regardées comme des variètés produites par le climat. Une troifième variété du ranuer, qui fe trouve dans l'autre continent , c'eft le pigeon à queue annelée de la Ja- maique, indiqué par Hans Sloane { c) & Browne , qui étant de la grandeur à peu-près du ramier d'Europe, peut y être rapporté plutot quà aucune autre efpèce : 1l eft remarquable par (c) Columba caudà torquatà , feu fafti& fufcà notate: Sloane | Jamaïc. pag. 302. — Columba major à wigro cerulefcens., caudà fafciaté, Browne, p. 468 374 Hifloire Naturelle 1: bande notre qui traverfe fa queue bleue, par liris des yeux qui eft d'un rouge plus vif que celur de Pœïil du ramier, & par deux tubercules qu'il a près de la bafe du bec. hr LE FOUNINGO: L'orsEAU appelé à Madagafcar Founingo-mena-rabou , & auquel nous conferverons parte de ce nom, parce qu'il nous paroit être dune efpèce particulière, & qui, quoique voifine de. celle du ranxer , en difière trop par la grandeur pour qu'on puifle le rexarder comme une fimple varièté { d ). Di. Brion a indiqué Îe premier cet (d) Nota. Ce qui nous fait préfumer que le founingo eft d’une autre efpèce que celle de notre ramier, é’eft que ce dernier fe trouve dans ce même climat. « Nous vimes (dit Bontekoe ) dans » l’île de Mafcarenas , quantité de pigeons-ramiers > bleus qui fe laiffoïent prendre à la main; nous 5» en tuames ce jour-là près de deux cents... » nous y trouvames auffi quantité de ramiers, # Voyage aux Indes orientales, page 16. des Oiftaux etrangers, Êc. 375 oïfeau fe ), & nous avons fait /repré- {enter * {ous la dénomination de pigeon- ramier bleu de Madaga/ftar ; À eit beau- coup plus petit que notre ramier d'Eu- rope ; & de la même grandeur à-peu- près qu'un autre pigeon du même climat qui paroît avoir été imdiqué par Bontius / f), & qui a enfuite été décrit par M. Briflon (g), fur un individu venant de Madagafcar où ül s'appelle founinso maïtfou , ce qui paroït prouver que, malgré la diflérence de couleur du vert au bleu , ces deux otfeaux font de la même efpèce, & qu'il ny a peutêtre entreux d'autre différence que celle du fexe ou de l’âge: on trouvera cet oïfeau vert repréfenté (e) Le pigeon-ramier bleu de Madagafcar. Briflon, Ornirhol. tome [ , page 140, ayec une figure, planche XIV, fig. 7. * Voyez les planches enluminées, n.° 113. (f) Columba viridifimi coloris. Bonti. fnd. or, pag. 62. (g) Le pigeon -ramier vert de Madasafcar Ornith. sine L, page 142, avec une figure, planche XIV, 9, 2 o L 376 Hifioire Naturelle fous la dénornination de pigeon - ramier vert de Madagafcar * dans nos planches enluminées. LL LE RAMIRET LorsEeAuU repréfenté ** fous 12 dénomination de pigeon -ramier de Cayenne , dont l'efpèce eft nouvelle , & na été indiquée par aucun des Naturaliftes qui nous ont précédés ; comme elle nous à paru difiérente de celle du ramier d'Europe & de celle du founinso d'Afrique, nous avons cru devoir lui donner un nom propre, & nous l'avons appelé Rarmirer, parce qu'il eft plus petit que notre ramier; ceft un des plus jolis orfeaux de ce genre, & qui tient un peu à celur: de da tourterelle par la forme de fon cou & Vordonnance des couleurs, mais qui * Woyez les planches enluminées , n.° 111. #* Voyez les planches enluminées , n.Q 213. des Oifeaux étrangers, Ëc. 397 en diffère par la grandeur & par plu- fieurs caractères qui Îe rapprochent plus des ramiers que d'aucune autre efpèce d’oifeau. I V. Le Picron des îles Nincombar où plutot Nicobar, décrit & defliné par Albin {h), qui, felon lui, eft de la grandeur de notre ramier d'Europe , dont la tête & Îa gorge font d’un noir - bleuitre , Île ventre d’un brun- noirâtre, & les parties fupérieures du corps & des ailes variées de bleu, de rouge, de pourpre, de jaune & de vert. Selon M. Edwards qui a donné depuis Albin une très-bonne defcription & une excellente figure de cet oifeau fi), 1l ne paroïfloit que (h) Pigeon de Nincombar. Albin. rome IT, page 20, avec des figures , planche xLV 11, le mâle , & planche xzvrir, Ta femelle. Nota. Cette différence de fexe donnée par Aïbin n’eft pas certaine: voyez craprès ce qu’en dit M. E: dwards. (i) Edwards , Glanures , page 271 & fui planche cocxxxIx. 378 Hifloire Naturelle de la groffleur d'un pigeon ordinaire s'. +. .". Les plumes fur Ie cou font longues & pointues comme celles d’un coq de bafle-cour , elles ont de très- beaux reflets de -couleur variées de bieu, de ronse d'or & de couleur de cuivre 3 le dos &; le deflus:. des alles [ont verts avec des reflets d'or 8 touivte.i; 1) “um Fais, sjolite M. Edwards, brave dans Albin des figures a il appelle le cog & la poule de cette dure jedesi at ture enfuite chez le Chevalrer Sloane, & je n'a pu y trouver aucune différence ie laquelle on pouvoit conclure: que ces oïleaux étotent le mâle & la femelle . à: ,2 : Albin lappelle pigeon Ninkcombar; le vrai nom de le, d’où cet Eee a été apporté, eft Nicobar sac. SOUS y a plufeurs petites iles qui portent ce nom, & qui font fituées au nord.de Sumatra, des Oifeaux etrangers, Êc. 3 79 V. | L'Orse Au nommé par les Hollandoïs Crown-vogel , donné par M. Edwards, planche CCCXXXVII1 , fous le nom de gros pigeon-couronné des Indes ; & par M. Brifion [ # ) , fous celui de faifan= couronné des fass F Quoique cet oïfeau it auffi gros qu'un dindon , ïl paroït certain qu'il appartient au genre du pigeon ; ül en à le bec , la tête , Îe cou , toute 11a forme du corps, Îes jambes , les pieds, les ongles , la voix, le roucou- teme ent , les mœurs , &c.; ceft parce qu Hd, CE COIHDE par À orolteur qu'on na pas fongé à le comparer au pigeon , &. que M. Brion & enfuite notre Deffinateur , l'ont appelé faifan : : Îe dernter volume des Oïfeaux de M. Edwards navoit pas encore paru :,mdis) Voir CE que Giticet (k) Brifon, Ornirh. tome I, page 278 , pl PI3 à vi Es ce” # Voyez les planches enluminées , n.° 118, 380 Hifloire Naturelle habile Orntihologifte. cc Il eft de Ia fa 2> mille des pigeons, quoiqu'auffi gros 2 qu'un dindon de médiocre gran- 21 deur 3.2, M Lotente MiphPnte 2 des Indes plufieurs de ces otfeaux 2». vivans su: . . Li. elt natif devtule æ. de:Banda …........1 M. Eôten ra _ 3 afluré que ceft proprement un pi- 3% geon , & quil en a tous les geftes 59 & tous les tons ou roucoulemens 2 en careflant fa femelle : j'avoue que >> je n'aurois jamais fongé à trouver 2 un pigeon dans un oïfeau de cette » groffeur , fans une telle infor- >> mation 3 { / ). IL eft arrivé à Paris tout nouvelle- ment , à M. le Prince de Soubrfe , cinq de ces oïfeaux vivans 3 ils font tous cinq fi reflemblans les uns aux autres par {a grofleur & a couleur quon ne peut diftinguer Îles mâles & les femelles ; d’ailleurs ils ne pondent pass ,» & M. Mauduit, très-habile Na- turalifte , nous a afluré en avoir vu plufeurs en Hollande où ïls ne (L) Edwards, Glanures , page 269 & fuiv. des Oifeaux etrangers, &c. 381 pondent pas plus qu'en France. Je me fouviens d'avoir lu dans quelques Voyages , qu'aux grandes Indes on élève & nouwrit ces oïfeaux dans des bafle-cours > à-peu-près comme les poules, 882 Hifloire Naturelle E 4 TOURTERELLE (a). L TourTERELLE aïme peut-être plus qu'aucun autre oïfeau , la fraicheur en été & la chaleur en hiver; elle arrive dans notre climat fort tard au prin- temps , & le quitte dès la fin du mois d'août ; au lieu que les bifets & les ramiers arrivent un mois plus tot, © 0e partent qu'un mois plus tard, pluñeurs même reftent pendant oo : toutes les tourterelles , fans en {a } La Tourterelle , en Grec. Tpiyer, en Latin, Turtur; en Efpagnol , Tortota ou Tortora; en Italien , Tortora , Tortorella ; en Allemand, Turtel, Turtel-Taube ; en Anglois, Turhe, Turhe- - dove; en Suédois, Turtur- “dufwva : ; en Polonois, Trakawke. — Tourterelle. Bélon, Hiff. des Oifeaux, page 309..... Tourte ; Turterelle , lonerele , Tourterelle. Idem , Portraits d’ Oise De 17e d. — Turtur. Gefner, Avi. pag. 316.— Tortora nof- trate. Olma , page 34, avec une figure. — Tour- terelle. Albin, some II , page 31 , avec une fioure — Turtur. Frifch, planche x17 , avec une figure cojoriée. de là Tourterelle. 383 excepter une, fe réuniflent en troupes ; arrivent, partent & voyagent enfemble; elles ne féjournent ‘ici que quatre ou cinq mois ; pendant ce court efpace de temps, elles s'apparient , nichent , pondent & élèvent leurs petits au point de pouvoir les emmener avec elles. _ Ce font les bois les plus fombres & les plus frais qu'elles préfèrent pour s'y Ctablir, elles placent leur nid, qui eft-prelque tout plat fur les plus hauts arbres ; dans les lieux les plus élorgnés de nos habitations. En Suède / ), en Allemagne, en France , en Italie, en Grece {/ c), & peut-être encore dans des pays plus froids & plus chauds, elles ne féjournent que pendant l'été & quittent également avant l'automne : feulement Ariftote nous apprend qu'il en refte quelques-unes en Grèce, (b) Linnæus, Faun. Suec. n° 178. | {c) Nec hibernare apud nos patiuntur Turtures . . , volant grecatim Turtures cum accedunt & abeunt..., coturnices quoque diftedunt nift paucæ Locis apricis re= manferint: quod & turtures faciunt, AT, Hifl, Anims Bb. VIIL, pag. 12 384 Hifloire Naturelle dans les endroits les plus abrités : cela femble prouver qu’elles cherchent les climats très-chauds pour y pañer l'hiver. On les trouve prefque par- tout /d) dans l'ancien continent , on les retrouve dans le nouveau fe) & « {d) Nous vimes dans le royaume de Siam, » deux fortes de tourterelles; la première eft fem: > blable aux nôtres & la chair en eft bonne. 1a » feconde a de plumage plus beau, mais la chair » en eft jaunâtre & de mauvais goût. Les cam: » pagnes font pleines de ces tourtereiles. » Second voyage de Siam , page 248 ; & Geronier, Hifi aat, & polit. de Siam, page 35. — Les pigeons: ramiers & les tourterelies viennert aux îles Cana ries des côtes de Rarbarie. Hif?, gén, des Voyages, tome II, page 241.— A Fida, en Afrique, il y a une fi grande quantité de tourterelies, qu’un homme , qui tiroit aflez bien , vouloit s’engager à en tuer cent en fix heures de temps. Boïman, Voyage de Guinée, page 155.— 1H y a des tour- terelles aux Philippines, aux îles de Pulo-condor, à Sumatra. Dampier, rome 1, page 406 ; tome IT, page 82; © 10ome IT, page 155: — My a,ici € à la rouvelle Hollande ) quantité de tourterelles dodues & grañes, qui font un très bon manger, Idem, tome IV, page 139. (e) Les campagnes du Chili font peuplées d’une infnité de la Tourterelle, 38$ & jufque dans les îles de fa mer du infinité d’oifeaux, particulièrement de p'geons-ra- miers & de beaucoup de tourterelles. Voyage de Fréfier, page 74. . . . . Les pigeons-ramiers y font amers, & les tourterelles n’y font pas un grand régal. dem, page 111.— A Îa Nouvelle Efpagne, if y a plufieurs oïfeaux d'Europe, comme des pigeons , des tourterelles grandes comme celles d'Europe, & de petites comme des orives. Gemelli Careri , rome VI, page 212.— Je n’ai vu en aucun endroit du monde, une auf grande quantité de tourterelles & de pigeons-ramiers, qu’à Areca au Pérou. Le Gentil, tome T, page 94. — I] y a dans les terres de Ja baïe de Cam- pêche trois fortes de tourterelles; Îes unes ont le jabot blanc, le refte du plumage d’un gris tirant fur le bleu ; ce font les plus grofles, & elles font bonnes à manger. Les autres font de couleur brune ar-tout le corps, moins grafles & plus petites que les premières : ces deux efpèces volent par paires, & vivent des baies qu’eiles cueïlient fur les arbres. Les troiñièmes font d’un gris fort fombre, on les appelle sourterelles de terre, elles font beau- coup pius groffes qu'une alouette, rondes & dodues ; elles vont par couple fur la terre. Voyage de Dampier , rome IIT, page 310. — On croit | communément qu'il y a à Saint-Domingue des erdrix rouges & des ortolans ; on fe trompe, ce font différentes efpèces de tourterelles ; les nôtres y font fur-tout fort communes. Charlevoix, Hifloire de Saint-Domingue , tome I, pages 28 € 29.— A da Martinique. & aux Antiles, les tourterelles ne fe trouvent guêres que dans Oifeaux , Tome 1F. R 386 Hüfloire Naturelle Sud (f); elles font , comme les Pi: geons , fujettes à varier , & quoique naturellement plus fauvages , on peut néanmoins les élever de même, & les faire multrplier dans des volieres. On unit atfément enfemble les différentes les endroits écartés, où elles font peu chaffées; celles de l’Amérique m’ont paru un peu plus érôfles que’cellés de France... 1 24 NAÈu Dans le temps qu’elles font leurs petits on en prend beaucoup de jeunes avec des filets, on les nourrit dans des volières; elles s’y engraiffent parfaitement bien , mais elles n'ont pas e goût Ît fin que les fau vages ; il eft prefqu’impoñfible de les apprivoifer. Celles qui vivent en liberté , fe nourriffent de prunes de monbin & d'olives fauvages , dont les noyaux leur reftent afez long-temps dans le jabot, ce qui a fait croire à quelques uns, qu’elles mangeoïent ‘ de petites pierres : elles font ordinairement fort * grafles & de bon goût, Nouveaux voyages aux îles de L’ Amérique, tome IL, page 237. | (f) Dans les îles enchantées de la mer du Sud, nous vimes des tourterelies qui étoient f famiières, qu’elles venoient fe percher fur nous. Hill. des Navig. aux terres auftrales , some IT, ape ‘52. , . ...:. El y a force trourterelles aux Îles Gala-pacos, dans fa mer du Sud ; elles font fi privées, qu’on en peut tuer cinq ou fix dou- zaines en une après-midi avec un fimple bâton. Nouveaux voyages aux iles de l'Amérique , tome II, page 67 ts de la Tourterelle, 387 variétés , on peut même Îes unir au pigeon, & leur faire produire des métis ou des mulets, & former ainf de nouvelles races ou de nouvelles vrié- tés individuelles. ce Jai vu, m'écrit un témoin digne de for {g), dans le ce Bugey , chez un Chartreux , un « oïfeau né du mélange d’un pigeon «& avec uue tourterelle ; 11 étoit de la ce couleur d’une tourterelle de France, « Il tenoit plus de Îa tourterelle que « du pigeon; il étoit mquet, & trou- « bloit a paix dans la volière. Le « pigeon- père étoit d'une très-petite « efpèce ,; d'un blanc parfait , avec «e les aïles noires. » Cette obfervation qui n'a pas été fuivie jufqu'au point de favoir fi le métis provenant du pigeon & de la tourterelle, étoit fé. cond , ou fi ce n'étoit qu'un mulet ftérile ; cette obfervation , dis-je , prouve au moins la très-grande proximité de cés deux efpèces : 1l eft donc fort poflible, comme nous avons déjà infinué, que les bifets, les ramiers & a (g) M. Hébert que j’ai déjà cité plus d’une fois, 388 Hifloire Naturelle les tourterelles, dont les efpèces pa: roiflent fe foutentr féparément & fans mélange dans l'état de nature , fe fotent néanmoins fouvent unies dans . celui de domefticité; & que de ‘leur mélange, fotent 1flues la plupart des races de nos pigeons domeitiques , dont quelques-uns font de la grandeur du ramier , & d’autres reflemblent à la toutterelle pu la 'petitefle , par figure , &c. & dont pluñeurs enfin ticanent du bift ou participent de tous trois. Et ce qui femble confirmer la vé- rité de notre opinion, fur ces unions quon peut regarder comme üllé- gitimes, puifqu'elles ne font pas dans le cours ordinaire de la Nature, ceft l'ardeur exceflive que ces oïfeaux ref- fentent dans la faïfon de l'amour : Îa tourterelle ‘lb ‘encore pis tendre , difons plus lafcive , que le pigeon , & met aufli dans fes amours, des pré- ludes plus finguhers. Le Direct mâle fe contente de tourner en rond en. ne & fe donnant des grâces au- tour de fa femelle. Le mâle tourterelle, de la Tourterelle. 389 foit dans les boïs, foit dans une volière, commence par faluer la fienne en fe profternant devant elle dix-huit ou vingt fois de fuite , 1 sincline avec vivacité & fi bas, que fon bec touche à chaque fois la terre ou la branche fur laquelle il eft polé , il fe relève de même; les gémiflemens Îes plus tendres accompagnent ces falutations, d'abord la femelle y paroït infenfñble, mais bientot Fémotion intérieure fe dé- clare par quelques fons doux, quelques accens plamtifs quelle laïfle échapper, & lorfqu'une fois elle a fenti le feu des premières approches, elle ne cefle de bruler , ‘elle ne quitte plus fon mâle, elle lui multiplie les baïfers, les carefles,.l’excite à la jouiflance & len- traine aux plarñrs jufqu'au temps de fa ponte où elle fe trouve forcée de par- tager fon temps, & de donner des foins à fa famille. Je ne citerai qu'un fait qui prouve aflez combren ces oifeaux {ont ardens {/A) ; c'eft qu'en mettant ne | (h) La tourterelle, m’écrit M. Ie Roï, diffère R i 390 Hifloire Naturelle enfemble dans une cage, des toutte- relles mâles, & dans une autre des tour- terelles femelles , on les verra fe joindre & saccoupler comme s'ils étoient de {exe différent; feulement cet excès arrivé plus promptement & plus fouvent aux mâles qu'aux femelles : {a contrainte & la privation ne fervent donc fouvent qu'à mettre la Nature en défordre, & non pas à l’éteindre ! Nous connoïflons, dans fefpèce de la tourterelle , deux races ou variétés conftantes ; la première eft Îa tourte- relle commune *, Îa feconde s'appelle la courterelle à collier ** , parce qu’elle porte fur le cou , une forte de collier du ramier & du pigeon, par fon libertmage & fon inconftance , malgré fa réputation. Ce ne font pas feulement les femelles enfermées dans les volières qui s’abandonnent indifféremment à tous les mâles ; j’en aï vu de fauvages qui n’étoient ni contraintes ni corrompues par la domeïticité, faire deux heureux de fuite fans fortir de là même branche. LR | SAN [a] | * Voyez les planches enluminées , n.° 394. #5 Ibid. 244 de la Tourterelle. 39 noir ; toutes deux fe trouvent dans notre climat, & lorfqu'on les unit en- femble , elles produifent un métis : celui que Schwenckfeld décrit, & qu'il appelle suftur mixtus (à), provenoit d'un male de tourtereile commune & d’une femelle de tourterelle à collier , & tenoit plus de la mère que du père; je ne. doute pas que ces métis ne fotent féconds, & qu'ils ne remontent à la race de la mère dans la fuite des pénérations. Au refte , la tourte- relle à collier eft un peu plus groffs que la tourterelle commune , & ne diffère en rien pour le naturel & les mœurs : on peut même dire quen général les pigeons , les ramiers & Îles tourterelles fe raflemblent encore plus par l'inftimét & les habitudes naturelles, que par la figure : ils mangent & boivent de même fans relever la tète quaprès avoir avalé toute l’eau qui leur eft néceflaire ; ils volent de même en troupes ; dans tous, la voix eft plutot (ë) Theriotrop. Sil. pag, 365. 392 Hifloire Naturelle, &c. un gros murmure ou un gémtilement plantif , qu'un chant articulé : tous ne produifent que deux œufs, quel- quefois trois, & tous peuvent produire plufieurs fois l'année , dans des pays chauds ou dans des volières. SK I È = Ÿ 7 #4 IR RSR Se = #, 7 WE ESS => EE LU, 4, LP, 41 LA TOURTERELLE COMMUNEH. TE ER O7 TT > # TOME Hill nt EE SR SSS 1 IN) J 0 1) 111170 / 7/00) | Le } | / ee IIS ER ESS ATTLTTTTN LA TOURTERFLLE A COLLIER. | ) 07 /)) 4, | NM EN, == Re ÈSSS ÈS IS ES RE SR S = LES LL, AD CDI 4 QU DIET | do N LA TOURTERELLE BLANCHE. SSL Es: cn 2 VB ae AA PSE UE 20 RUN va OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport a la TOURTERELLE. 1 La TourTERELLE , comme le pigeon & le ramier , a fubr des variétés dans les différens climats, & fe trouve de même dans les deux continens. Celle qui a été indiquée par M. Briflon (a), {ous le nom de tourterelle du Canada, & que nous avons fait repréfenter * eft un peu plus grande, & a.la queue plus longue que notre tourterelle d'Eu- rope ; mais ces différences ne font pas afiez confdérables pour qu'on en doive faire une efpèce diftinte & féparée : il me paroit quon peut y rapporter loifeau donné par M. Edwards fous le nom de pigeon à longue queue (planche XV), & que M. Brion a (a) Ornithol. tome I, page 118. * Voyez les planches enluminées, n.° 176. R v 394 Hifloire Naturelle appelé tourterelle d’ Amérique y b) ; ces oïfeaux {e reflemblent b'aucoup , & comme ïls ne différent de notre tour- tereil:, que par leur longue queue, nous _ ne les regardons que c mme des variétés produites par l'influence du climat. | LE La Tourrterezze du Sénégal & la tourterelle à collier du Sénégal * , toutes deux indiquées par M. Briflon fc), & dont la feconde n'eft qu'une va- riété de la première , comme Îa tour- terelle à coliter d'Europe, n'eft qu’une variété de fefpèce commune , & ne nous paroïffent pas être d’une efpèce réellement différente de celle de nos tourterelles , étant à peu-près de Îa " ) ” ! D: même grandeur, & n'en difiérant guère {b) Brion , rome T, page 101. * Voyez les planches enluminées , n.9$ 160 & 161. {c) La Tourterelle du Sénégal, planche x, 1. —La Tourterelie à collier de Sénégal, planche x1, fig. 1. Ornithol. rome Z; pages 122 é7 124. des Oifeaux étrangers, Éc. 395 ue par les couleurs, ce qui doit être attribué à l'influence du climat. Nous préfumons même que Îa tour- terelle à gorge tachetée du Sénégal / d ), étant de la même grandeur & du même climat que les précédentes , n'en eft encore qu'une variété. gi of à LE TOUROCCO. Mais 1 y 2, dans cette mème contrée du Sénégal , un oïfeau qui n’a été indiqué par aucun des Natu- raliftes qui nous ont précédé, que nous avons fait repréfenter * fous la déco mination de tourterelle à large queue du Sénégal ; nous ayant été donné fous ce nom par M. Adanfon : néanmoins, comme cette efpèce nouvelle nous pa- roit réellement difiérente de celle de 11 tourterelle d'Europe , nous avons cru (d) La Tourterelle à gorge tachetée du Sé- négal. Briffon, Ornithologie , tome I, page 128, planche viit, fig. 3. , | * Voyez les planches enluminées , n.° 329. V) 356 Hifloire Naturelle devoir lui donner le nom propre de rou= rocco ; parce que cet orleau ayant le bec & plufeurs autres caractères de la tourte- relle, porte fa queue comme Île hocco. LV La TOURTELETTE. Ux AUTRE OISEAU, qui a rappott à la tourterelle , eft celui qui a été in- diqué par M. Briflon fe), & que nous avons fait reprélenter * fous la Æénomination de tourterelle à cravate noire du cap de Bonne-efpérance ; nous croyons devoir ur donner un nom propre , parce quil nous paroït être d'une efpèce particulière & difiérente de celle de la tourterelle ; nous lappe- Tons donc Tourtelette ; parce qu'il eft beaucoup plus petit que notre tourte- relle .; 1 en difière aufli,en ce quil, à la queue bien plus longue , quoique (e) Brion, Ornithologie, tome [ , page 120, avec une figtre, planche 1x, fig. 2. * Voyez des planches enluminées, n.° 140. des Oiféaux étrangers, &c. 397 moins large que celle du tourocco, il n’y a que les deux plumes du milieu de la queue qui foient très-fongues; ceft le mâle de cette elpèce qui eft repréfenté dans nos planches enlumi- nées ; il difière de la femelle en ce qu'il porte une efpèce de cravate dun noir brillant fous Île cou & fur la gorge ,; au lieu que la femelle na que du gris mêlé de brun fur ces mêmes parties : cet oïfeau fe trouve au Sénéoal comme au cap de Bonne-efpérance, &c probablement dans toutes les contrées méridionales de l'Afrique. Y. LeLURVERT Nous ponnons le nom de Turvert à un oifeau vert qui a du rapport avec la tourterelle , maïs qui nous paroît être dune efpèce diftinéte & féparée de toutes les autres ; nous comprenons fous cette efpèce du turvert les trois oïfeaux repréfentés * ; le premier de ces Voyez les planches enluminées ; Le premier, n.8 142; de fecond, n.9 214; le troilième, n.° 1174 398 Hifioire Naturelle oïfeaux a été indiqué par M. Briflon (ff); fous la dénomination de tourterelle verte d'Amboine , & dans nos planches enluminées {ous celle de rourrerelle à gorge pourprée d’Amboine , parce que cette couleur de Îa gorge eft Le carac- tère le plus frappant de cet oïfeau 2); le f:cond fous ie nom de rourterelle de Batavia ; na été indiqué par aucun Naturalifte, nous ne le regardons pas comme formant une efpèce difièrente du turvert; on peut préfumer qu'étent (f) Brion, Ornithologie, tome I, page 152, avec une figure, planche XV, fig. 2. (g) C’eft vraifemblablement à cette efpèce qu’il faut rapporter les pañlages fuivans. « [1 y » à dans file de Java , un nombre infini de 3» tourterelles de couleurs différentes, de vertes » avec des taches noires & blanches, de jaunes & a blanches, de bi:nches & noires, & une efpèce # dont la couleur eft cendrée : leur groffeur eft » auffi différente que leurs couleurs font variées ; » fes unes font de fa groffeur d’un pigeon, & ss Îles autres font plus petites qu’une grive. » Le Gentil, Voyage autour du Monde, tome III, p. 74. & Il y à aux Fhilippines une forte de touite- » relle qui a les plumes orifes fur le dos & biancies » fur f’eftomac, au milieu duquel on voit une # tache rouge comme une plaie fraîche dont le fang » fortiroit. » Gemelli Careri, tome V, p. 266. des Oifeaux étrangers, Éc. 399 du même climat & peu différent pat la grandeur la forme & les couleurs, ce n'eft qu'une variété peut-être de fexe ou d'âge : le trorhième , fous 1a dénomination de tourterelle de Java, parce qu'on nous a dit qu'il venoit de cette île ainf que le précédent , ne nous paroït encore être qu’une fimple variété du turvert, mais plus caractérifée que la première par la différence de la cou- leur fous les parties inférieures du corps. VE Ce ne font pas-là les feules efpèces ou variétés du genre des tourterelles; car, fans fortrr de lancien continent, on trouve la sourterelle de Portugal (h}, qui eft brune avec des taches noires & blanches de chaque côté & vers Île milieu du cou;1a courterelle rayée de la Chine (i), qui eft un bel otfeau dont {h) Colombe de Portugal. Albin, tome II, page 32 , avec une figure » planche XLVIII, — Briflon, Ornithologie , tome 1, page 08. (i) Colombe de la Chine. Albin , tome IIT, age 19, avec une figure, planche xLF I, — Brion, Ornithologie ; tome E, page 107. 4c0o Hifloire Naturelle la tête & le cou font rayés de jaune; de rouge & de blanc ; la tourterelle rayée des Indes [{ Kk ), qui n'eft pas rayée longitudinalement fur le cou comme la précédente , maïs tranfverfalement fur de corps & les aïless la rourterelle d’'Amboine (l), aufli rayée tranfverfa- lement de lignes noires fur le cou & la poitrine, avec la queue très-longue : maïs, comme nous n'avons vu aucun de ces quatre oïfeaux en nature, & que les Auteurs qui les ont décrits, les nomment colombes ou pigeons , nous ne devons pas décider fi tous appar- tiennent plus à la tourterelle qu'au pigeon. (k) Pigeon-barré. Edwards, Hif. of Birds, tom. [, planche xr1. — Briflon , Ornithologie , tome I, page 100. (l) Columba rufa, caudà longiffimä ; pennis collum € peïtus tegentibus nigricante tran/perfim firiatis ; remégibus fuféis » reAricibus fulco-rufefcentibus ... Turtur Amboinenfis. La tourterelle d’A mboine. Ornith. page 127, avec une figure, Fo IX, fig. 3. des Oifeaux étrangers, êc. 401 MORE re HT OU RE: D À x s le nouveau continent, on trouve d’abord la: tourterelie de Canada, qui, comme je l'ai dit, eft de la mème efpèce que notre tourteréile d'Europe. Un autre oïfeau qu'avec les voya- geurs nous appellerons tourte , eft celur qui a été donné par Catefby /m), fous le nom de tourterelle de la Caroline. W nous paroïît être le même*; la feule différence ‘qu'il y ait entre ces deux oïfeaux, eft une tache couieur d’or, mêlée de vert & de cramoïf, qui dans l'orfeau de Catefby , fe trouve au-deflous des yeux, fur les cotés du cou, & qui ne fe voit pas dans le nôtre, ce qui nous fait croire que le premier eft le mâle, & Île fecond la femelle : on peut avec quelque fondement rapporter à (nm) Hifi. nat. de Ia Caroline, tome F, page 24, avec une figure coloriée. * Voyez les planches enluminées , n.°9 176, 402 Hifloire Naturelle cette efpèce, Île picacuroba du Bréfil, indiqué par Marcgrave fn). Je préfume aufli que la tourterelle de là Jamaïque, indiqué par Albin {o), & enfuite par M. Brifion ({p ), étant du même climat que la précédente *, & nen diflérant pas affez pour faire une efpèce à part, doit être regardé comme une variété dans l’efpèce de la tourte, & c'eft par cette rafon que nous ne lui avons pas donné de nom propre & particulier. Au refte, nous obferverons que cet oifeau a beaucoup de rapport avec celui donné par M. Edwards, & que le fien pourroit bien être la femelle du: nôtre (y). La feule chofe qui s’oppofe à cette prélomption fondée fur les reflemblainces, ceft la diflérence des | (n) Picacuroba Brafilienfibus. Hift. nat. Brañf. page. 204. (o) Aïbin, tome IT, page 32, avec une figure, planche XL1x. (p) Ornithol. tome I , page 1985 , avec une figures planche xX1I1, fig. x, %# Voyez les planches enluminées , n.9 174. (g) Edwards, Hifi. nat. of Birds, tom. 1,pL x1v. * des Oifeaux étrangers, 8c. 403 climats ; on a dit à M. Edwards que fon oïfeau venoït des Indes ortentales, & 1e nôtre fe trouve en Amérique ; ne {fe pourroit-il pas qu'il y eût erreur fur le climat dans M. Edwards? ces oïfeaux fe reffemblent trop entreux, & ne font pas aflez différens de la tourte, pour qu'on putfle {= perfuader qu'ils font de climats fi éloïgnés; car nous fomimnes aflurés que celui dont nous donnons la renréfentation , a été M de la Jamaïque au cabinet du Rol. : Vo TR Le COCOTZIN. L'orseaAu d'Amérique indiqué par Fernandez / r ), fous le nom de Cocorzin, que nous {ur conferverons, parce qu'il eft d'une efpèce différente de tous les {r) Cocotzin. Hiff nat. nov. Hifÿ. pag. 24, Cap. XLIV.— Cocotti. Idem, Ibidem, pag. 23, Cap. XLII. — Cocotzin aliud genus. Idem, Ibid. pag. 24, Cap. XL1iv. Nota. Ces trois olieaux ne pous paroiHent être que de légères variétés dans la même elpèce, 404 Hifioire Naturelle autres; &, comme il eft aufli plus petit qu'aucune des tourterelles , plufieurs Naturaliftes l'ont défigné par ce carac- tère en l'appellant pere rourrerelle ([); d'autres l'ont appellé ortolan (1), parce que n£étant guère plus gros que cet otfezu, il eft de même très-bon à manger. On Ta repréfenté * fous les ([) Turtur minimus , alis maculofis. Ray. Syn. AVI , pag. 184, n.0 25,— Turtur: minimus 4 guttatus. Sioane , Jamaïc pag. 205. — Columba fubfufca minima , &c. Browre, Nar. Hifi. of Jamaïc. pag. 469. Petite tourterelle tachetée. Catesby, rome I, page 26 , avec une figure co- loriée de la femelle, planche xxr1. (+) Ortolan de la Martinique. Du Tertre, Hit. des Antilles | tome IT, page 254. — Les oifeaux à qui nos Infulaires donnent le nom d’oriolan, ne font que des tourterelles beaucoup plus petites que celles d'Europe. . . . . . Leur plumage eft d’un gris-cendré , le deffous de 1a goroe tire un peu fur Îe roux ; elles vont tou- jours par couple, & on en trouve beaucoup dans les bois. Ces oïfeaux aiment à voir le monde, fe promenant dans les chemins fans s’effaroucher, & quand on les prend jeunes, ils deviennent très- privés; ce font des pelotons d’une graifle qui a un goût excellent. Nouveau Voyage aux îles de l'Amérique , tome IT, page 237. , * Woyez les planches enluminées, n.° 243, des Oifeaux étrangers, Ëc. 405$ dénominations de petite tourterelle de Saint- Domingue , figure 1 ; & perire tourterelle de la Martinique, figure 2. Mais, après Îles avoir examinés & comparés en nature, nous prélumens que tous deux ne font que la même efpèce d'otfeau, dont celut repréfenté Mure 2 ,eltile males èc celur sure ve la femelle. IT paroït auf qu'on doit y rapporter Île picuipinima de Pifon & de Marcgrave (u), & la petite tour- terelle d’Acapulco, dont parle Gemellr Carert /x). Ainh, cet oifeau fe trouve dans toutes les parties méridionales du nouveau continent. (a) Picuipinima Pion, Hifi nat. pag. 86 — Picuipinima Brafilienfious. Marcgrave , Hifl nat, Brafil. pag. 204. (x) Aux environs d’Acapulco , on voit des tourterelles plus petites que Îes nôtres avec la pointe des ailes coloriée , qui volent jufque dans les maifons. Gémelli Careri, tome VI, page 9. FIN du quatrième Volume. FU RR PS NAT TIRE "2 ù je IE SA T4 ui TE PR. 7 a?) 2, | 2 mr À EG.