ts: Lanftls x F Cl ” À y HN ÿ jh à El 4 , >" | "" Le" 72 ii L£ HISTO PRE D92 Q .. Ç NATURELLE Par BUFFON, t£ * DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. OISEAUX. TOME DOUZIEME,. RAR CS FRONT, n COLLECTION. de & # | Hationas fs #° À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DÉ P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU Louvre, N°8, . ar Firmin DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116, AN VII, — 1799. Sigur. a) HISTOIRE MNATURELLE LES COUROUCOUS, O U , HR | COUROUCOAIS. | ÿ à Css oiseaux, dans leur pays natal, au Bresil, sont nommés Curucuis, qu’on doit prononcer couroucouis OÙ couroucoais ; et ce mot représente leur voix d’une ma- _mière si sensible, que les naturels de la ‘Guiane n’en ont supprimé que la pre- mière lettre, et les appellent ovroucoais. Leurs caractères sont d’avoir le bec court, crochu , dentelé , plus large en travers u'épais en hauteur, et assez semblable D : ER on. no 6 HISTOIRE NATURELLE à celui des perrodi oil Lg c'est entouré . à sa base de plumes efhlées , ‘couchées en avaut , mais moins longues que celles, des oiseaux barbus dont nous parlerons dans la suite. Ils ont de plus les pieds fort courts et couverts de plumes à peu de distance de la naissance des doigts, qui sont disposés deux en arrière et deux en devant. Nous ne connoissons que trois espèces de ces oiseaux , qu'on pourroit peut-être même réduire à deux, quoique les nomenclateurs en aient indiqué six , dont les unes ne sont que des variétés de celui-ci, et les autres des oiseaux d’un genre différent. 7” PT Cr A, Li 16 mi ” DES COUROUCOUS.: 7 LE COUROUCOU A VENTRE ROUGE *. Première espèce. € ET oiseau a dix pouces et demi de [on- gueur. La tête, le cou en entier, et le commencement de la poitrine, le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue, sont d’un beau verd brillant, mais changeant, et qui paroît bleu à un certain aspect ; les couvertures des ailes sont d’un gris bleu , varié de petites lignes noires en zigzag ; et les grandes pennes des ailes sont noires, à l'exception de leur tige, qui est en partie blanche; les pennes de la queue sont d’un beau verd comme * Voyez les planches enluminées, n° ‘452, sous la dénomination de couroucou à ventre rouge de Cayenne. MAL . , ds | ” . , 8 HISTOIRE NATURELLE le dos, à l'exception des deux extérieures; qui sont noirâtres et qui ont de petites lignes transversales grises ; une partie de la poitrine , le ventre et les couvertures du dessous de la queue, sont d’un beau rouge ; le bec est jaunâtre, et les pieds sont bruns. Un autre individu , qui paroît être la Y*emelle de celui-ci, n’en différoit qu’en ce que toutes les parties qui sont d’un beau verd brillant dans le premier, ne sont dans celui-ci que d’un gris noirâtre et sans aucun reflet ; les petites lignes en Zigzag sont aussi beaucoup moins apparentes, parce que le brun noirâtre y domine, et les trois pennes extérieures de la queue ont sur leurs barbes exté- rieures des bandes alternatives blanches et noirâtres ; la mandibule supérieure du bec est entièrement brune , et l’inférieure est jaunâtre ; enfin la couleur rouge s'é- … tend beaucoup moins que dans le pre- mier, et n’occupe que le bas - ventre et les couvertures du dessous de la queue. Il ÿ a un troisième individu * au Cabi- * Voyez les planches enluminées, n° 737, sous DES COUROUCOUS. 0 net du roi, qui diffère principalement des deux précédens, en ce qu’il a la queue plus longue, et que les trois pennes exté- rieures de chaque côté ont leurs barbes extérieures blanches , ainsi que leur ex- trémité; les trois pennes extérieures de l’aile sont marquées de taches transver- sales alternativement blanches et noires sur le bord extérieur ; on appercçoit de plus une nuance de verd doré changeant sur le dos et sur les pennes du milieu de la queue , ce qui ne se trouve pas sur le précédent ; mais la couleur rouge se trouve située de même, et ne commence que sur le bas-ventre, et le bee est aussi semblable par la forme et par la cou- leur. | M. le chevalier Lefebvre Deshayes ; correspondant du Cabinet, que nous avons déja eu occasion de citer plusieurs fois comme un excellent observateur , nous a envoyé un dessin colorié de cet oiseau, avec de bonnes observations. IL dit qu’on l’appelle à Saint - Domingue le la dénomination de couroucou gris à longue queue de Cayenne. LL E L'al it. ro HISTOIRE NATURELLE caleçon rouge, et que, dans plusieurs. autres îles, on le nomme demoiselle ou dame angloise. «C’est dans l'épaisseur des forêts, ajoute- t-il, que cet oiseau se retire au temps des amours ; son accent mélancolique et mème triste semble être l'expression de la sen- sibilité profonde qui l’entraîne dans le désert, pour y Jouir de sa seule tendresse et de cette langueur de l'amour , plus douce peut-être que ses transports. Cette voix seule décèle sa retraite, souvent inaccessible , et qu'il est difficile de recon- noître ou remarquer. Les amours commencent en avril. Ces oiseaux cherchentun trou d'arbre etle gar- nissent de poussière ou de bois vermou- lu ; ce lit n’est pas moins doux que le co- . ton ou le duvet. S’ils ne trouvent pas du bois vermoulu, ils brisent du bois sain avec leur bec et le réduisent en poudre:; le bec, dentelé vers la pointe, est assez fort pour cela : ils s’en servent aussi pour élargir l'ouverture du trou qu'ils choisissent lors- qu'elle n’est pas assez grande. Ils pondent “ DES COUROUCOUS. #r trois ou quatre œufs blancs et un peu moins gros que ceux de pigeon. | Pendant que la femelle couve, l’occu- pation du mâle est de lui porter à man- ger , de faire la garde sur un rameau voi- sin et de chanter. Il est silencieux et même taciturne en tout autre temps ; mais tant que dure celui de l’incubation de sa fe- imelle , il fait retentir les échos de sons languissans , qui, tout insipides qu'ils: nous paroissent, charment sans doute les ennuis de sa compagne chérie. Les petits, au moment de leur exclu- sion , sont entièrement nuds, sans au- cun vestige de plumes , qui néanmoins paroissent. pointer deux ou trois Jours après. La tête et le bec des petits nouvel- lement éclos semblent être d’une prodi- gieuse grosseur, relativement au reste du corps ; les jambes paroissent aussi ex- cessivement longues, quoiqu'elles soient fort courtes quand l'oiseau est adulte. Ie mâle cesse de chanter au moment que les petits sont éclos ; mais 1l reprend son chant en renouvelant ses amours aux tuois d'août ct de septembre. —— de, 4. 7 CET AP TER ” d * =. Le 17 F7 CA ; DS jé | de là a y , L! 12 HISTOIRE NATURELLE Ils nourrissent leurs petits de vermis- ‘seaux, de chenilles, d'insectes ; ils ont pour ennemis les rats, les couleuvres et les oiseaux de proie de jour et de nuit : aussi l'espèce des ouroucoais n’est pas nombreuse; car la plupart sont dévorés par tous ces ennemis. Lorsque les petits ont pris leur essor, ils ne restent pas long-te0s ensemble ; ils s’abandonnent à leur instinct pour la solitude et se dispersent. | Dans quelques individus, les pattessont … de couleur rougeâtre ; dans d’autres, d’un bleu ardoisé. On n’a point observé si cette diversité tient à l’âge, ou appartient à la différence du sexe. » M. le chevalier Deshayes a essayé de nourrir quelques uns de ces oiseaux de l’année précédente : mais ses soins ont été inutiles ; soit langueur ou fierté, ils ont obstinément refusé de manger. « Peut- «tre, dit-il, eussé-je mieux réussi en « prenant de petits nouveau-nés : mais « un oiseau qui fuit si loin de nous, et « pour qui la Nature a mis le bonheur à ° ii À gd hi: de sf DES COUROUGMUS. ‘À, ; « dans la liberté et le silence du désert, « paroît n'être pas né pour l'esclavage , et « devoir rester étranger à toutes les habi- « tudes de la domesticité. » A [LA 14 HISTOIRE NATURELLE d ne: k | ‘ WLE CŒUR'O DCE À VENTRE JAUNE #*. Seconde espèce. Cr oiseau à environ onze pouces de longueur ; les ailes pliéesnes’étendent pas _tout-à-fait jusqu’à la moitié de la lon-. gueur de la queue. La tête et le dessus du cou sont noirâtres, avec quelques reflets d’un assez beau verd en quelques endroits; le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont d’un verd brillant, ainsi que les cuisses ; les grandes couver- tures des ailes sont noirâtres , avec de pe- tites taches blanches ; les grandes pennes des ailes sont noirâtres, et les quatre où cinq plus extérieures ont la tige blanche ; les pennes de la queue sont de même cou- * Voyez les planches enluminées, n° 195, sous Ja dénomination de couroucou de Cayenne. \ DES COUROUCOUS. 19 leur que celles des ailes, excepté qu’elles ont quelques reflets de verd brillant ; les troisextérieures de chaque côté sontrayées transversalement de noir et de blanc ; la gorge et le dessous du cou sont d’ün brun noirâtre ; la poitrine , le ventre et les cou- vertures du dessous de la queue sont d’un beau jaune ; le bec est dentelé et paroît d'un brun noirâtre, ainsi que les pieds; les ongles sont noirs; la queue est étagée, la plume de chaque côté ayant deux pouces de moins que les deux du miliet qui sont les plus longues. Il se trouve entre le couroucou à ventre rouge. et le couroucou à ventre jaune, quelques variétés que nos nomenclateurs ont prises pour des espèces différentes : par exemple, celui que l’on a représenté dans les planches enluminées, n° 765, sous la dénomination de couroucou de la Guiane, n’est qu’une variété d'âge du couroucou à ventre jaune , duquelil ne diffère que par la couleur du dessus du dos , qui, dans l'oiseau adulte, est d’un Fat bleu d’azur , et, dans l’ oiseau Jeune, d'une couleur cend. 6 HISTOIRE NATURELLE De même, l’oiseau représenté dans les planches enluminées , n° 756, sous la dé- nomination _de COUTOUCOU à queue rousse de Cayenne, est encore une variété pro- venant de la mue de ce même couroucou à ventre jaune, puisqu'il n’en diffère que par la couleur des plumes du dos et de la queue, qui sont rousses au lieu d’être bleues. On doit rapporter encore comme variété à ce même couroucou à ventre Jaune, l'oiseau indiqué par M. Brisson sous la dénomination de couroucou verd à ventre blanc de Cayenne, parce qu'il n’en diffère que par la couleur du ventre qui pa- roît provenir de l’âge de l’oiseau ; car les plumes de cet oiseau, décrit par M. Bris- son, n’étoient pas entièrement formées. Ce pourroit être aussi une variété acci- dentelle qui ne se trouve que dans quel- ques individus ; mais il paroît certain que ni l’une ni l’autre de ces trois variétés ne doivent être regardées comme des espèces distinctes et séparées. Nous avons vu un autre individu de cette même espèce, dont la poitrine et le DES COUROUCOUS. x} ventre étoient blanchâtres avec une teinte de Jaune citron en plusieurs endroits; ce qui nous a fait soupconner que le cou- roucou à ventre blanc, dont nous venons de parler, n’étoit qu’une variété du cou- roucou à ventre Jaune. 13: HISTOIRE NATURELLE LE COUROUCOU A CHAPERON VIOLET. Troisième espèce. £ Cx couroucou à la gorge , le cou, la poitrine, d’un violet très-rembruni ; la tête de même couleur, à l'exception de celle du front, du tour dès yeux et des oreilles , qui est noirûâtre; les paupières sont Jaunes ; le dos et le croupion d’un verd foncé avec des reflets dorés ; les couvertures supérieures de la queue sont d’un verd bleuâtre avec les mêmes reflets dorés; les ailes sont brunes, et leurs cou- vertures ainsi que les pennes moyennes sont pointillées de blanc ; les deux pennes intermédiaires de la queue sont d’un verd tirant au bleuâtre, et terminées de noir ; Jes deux paires suivantes sont de la même couleur dans ce qui paroît, et noirâtres *. à 15 | , L 4 DES COUROUCOUS. RC] dans le reste; les trois paires latérales - sont noires , rayées et terminées de blanc; Je bec est “: couleur plombée à sa base, Pet blanchâtre vers la pointe; la hole * dépasse les ailes pliées de deux pouces neuf lignes, et la longueur totale de l'oiseau est d'environ neuf pouces et demi. M. Koelreuter a appelé cet oiseau /a- nius ; mais il est bien différent , même pour le genre , de celui de la pie-grièche, du lanier et de tout autre oiseau de proie. Un bec large et court, des barbes autour du bec inférieur, voilà ce qui marque la place de cet oiseau parmi les couroucous; et tous les attributs qui lui sont. com- muns avec les coucous, tels que les pieds très-courts et couverts de plumes jusqu'aux doigts, qui sont foibles et dis-. posés par paires, l’une en avant et l’autre en arrière, les ongles courts et peu cro- chus, enfin le manque de membrane au- tour de la base du bec, sont tous des: caractères qui l’éloignent entièrement de Ja classe des oiseaux de proie. Les couroucous sont des oiseaux soli- 20 HISTOIRE NATURELLE 4 taires qui vivent dans l'épaisseur des forêts humides, où ils se nourrissent d'insectes. On ne les voit Jamais alle en troupe ; ; 11s se tiennent ordinairement sur les branches à une moyenne hauteur, le mâle séparé de la femelle qui est posée sur un arbre voisin. On les entend se rappeler alternativement en répétant leur siflement grave et monotone owroucoais. Ils ne voient point au loin, mais seule- ment d’un arbre à un autre, et encore rarement ; car ils demeurent tranquilles au même lieu pendant la plus grande partie de la journée, et sont cachés dans les rameaux les plus touffus , où l’on a beaucoup de peine à les découvrir , quoi- qu'ils fassent entendre leur voix à tout moment : mais comme ils ne remuent: pas , on ne les apperçoiït pas aisément. Ces oiseaux sont si garnis de plumes, qu’on les juge beaucoup plus gros qu'ils ne le sont réellement ; ils paroiïssent de la gros- seur d’un pigeon , et n’ont pas plus de chair qu'une grive : mais ces plumes si nombreuses et si serrées sont en même temps si légèrement implantées, qu’elles DES COUROUCOUS. 2Y tombent au moindre frottement ; en sorte . qu'il est difficile de préparer la peau de - ces oiseaux pour les conserver dans les D binets; Ce sont , au reste, les plus beaux oiseaux de l'Amérique méridionale, et ils sont assez communs dans l'intérieur des terres. Fernandès dit que c'est avec Îles belles plumes du couroucou à ventre rouge , que les Mexicains faisoient des portraits et des tableaux très-agréables , et d’autres ornemens qu'ils portoient les jours de fête ou de combat. _Il y a deux autres oiseaux indiqués par Fernandès, dont M. Brisson a cru devoir faire des espèces de couroucous : mais il est certain que ni l’un ni l’autre n’appar- tiennent à ce genre. Le premier est celui que Fernandès a dit être semblable à l’étourneau , et du- quel nous avons fait mention à la suite des étourneaux (tome V ). Je suis étonné que M. Brisson ait voulu en faire un cou- roucou, puisque Fernandès dit lui-même qu'il est du genre de l’étourneau , et qu'ils sont semblables par la figure : or les étour- neaux ne ressemblent en rien aux cou- dors 22 HISTOIRE NATURELLE. roucous; le bec, la disposition des doigts; la forme du corps, tout est si éloigné, si différent dans ces deux oiseaux, qu'il n’y … a nulle raison de les réunir 6 un même genre. Le second oiseau que M. Brisson a pris pour uñ couroucou, est celui que Fer- nandès dit être d’une grande beauté, gros comme un pigeon, se trouvant sur le bord de la mer , et qui a le bec long, large, noir, un peu crochu. Cette forme du bec est, comme l’on voit, bien dif- férente de celle du bec des couroucous, et cela seul devoit suffire pour le faire exclure de ce genre. Fernandès ajoute qu'il ne chante pas, et que sa chair n’est pas bonne à manger; qu’il a la tête bleue, et le reste du plumage d’un bleu varié de verd , de noir et de blanchäâtre. Mais ces indications ne nous paroissent pas encore suffisantes pour pouvoir rapporter cet oi- seau du Mexique à quelque genre connu. | LE COUROUCOUCOU. Exvre la grande famille du coucou et celle du couroucou , il paroît que l'on peut placer un oiseau qui semble parti- ciper des deux , en supposant que son iudication donnée par Seba soit moins fautive et plus exacte que la plupart de celles qu’on trouve dans son gros ouvrage: voici ce qu'il en dit. « Il a la tête d’un rouge tendre , et surmontée d’une belle huppe d’un rouge plus vif et varié de noi. Le bec est d’un rouge pâle; le dessus du corps d’un rouge vif ; les couvertures des ailes et le dessous du corps sont d’un rouge tendre ; les pennes des ailes et celles de la queue sont d’un jaune ombré d’une teinte noi- “râtre. » Cet oiseau est moins gros que la pie ; sa longueur totale est d'environ dix pouces. n ‘4 NE * | L R.," 24 HISTOIRE NATURELLE: ‘ Il faut remarquer que Seba ne parle point de la disposition des doigts, et que, dans la figure, ils paroissent disposés trois et un, et non pas deux et deux ; mais ayant donné à cet oiseau le nom de COUCOU, c'étoit dire assez qu'il avoit les doigts dis- posés de cette dernière manière. . Ru g N LE TOURACO, JP auguet I PR IL.—. 00 (V Etre" à Vans ie LE TOURACO*. Cr oiseau est un des plus beaux de l'Afrique , parce qu’indépendamment de son plumage brillant par les couleurs , et de ses beaux yeux couleur de feu, il porte sur la tête une espèce de huppe, ou plutôt une couronne qui lui donne un air de distinction. Je ne vois donc pas pourquoi nos nomenclateurs l’ont mis dans le genre des coucous, qui, comme tout le monde sait , sont des oiseaux très-laids, d'autant que le touraco en diffère non seulement par la couronne de la tête, mais encore par la forme du bec , dont la partie supé- rieure est plus arquée que dans les cou- cous , avec lesquels il n'a de commun que d’avoir deux doigts en avant et deux en arrière ; et comme ce caractère appar- tient à beaucoup d'oiseaux , c’est sans _ aucun fondement qu’on a confondu avec es coucous le touraco, qui nous paroît être d’un genre isolé. * Voyez les planches enluminées, n° 601. 2 us. … ont LE 26 HISTOIRE NATURELLE Cet oiseau est de ia grosseur du geai : mais sa queue large et longue semble agrandir sa taille, quoiqu'il ait les ailes très-courtes ; car elles n’atteignent qu’à l'origine de sa longue queue. 11 a la man- dibule supérieure convexe , recouverte de plumes rabattues du front , et dans les- quelles les narines sont cachées : son œil \ vif et plein de feu est entouré d’une pau- | pière écarlate , surmontée d’un grand nombre de papilles éminentes de la même couleur. La belle huppe ou plutôt la mitre qui lui couronne la tête, est un faisceau de plumes relevées , fines et soyeuses, et composées de brins si déliés, que toute la touffe en est transparente : le beau camail verd qui lui couvre tout le cou , la poitrine et les épaules, est com- posé de brins de la méme nature, aussi déliés et soyeux. Nous connoissons deux espèces, ou plutôt deux variétés dans ce genre, dont l’une nous est venue sous le nom de fouraco d’Abissinie , et la seconde sous celui de fouraco du cap de Bonnc-Es- pérance. BU TOUR A CC. 27 Elles ne diffèrent guère que par des teintes , la masse et le fond des couleurs étant les mêmes. Le touraco d’Abissinie porte une huppe noirâtre , ramassée et rabattue en arrière et en flocons : les plumes du front , de la gorge et du tour _du cou, sont d’un verd de pré; la poitrine et le haut du dos sont de cette même couleur , mais avec une teinte olive qui vient se fondre dans un brun pourpré, renaussé d’un beau reïflet verd; tout le dos , les couvertures des aïles et leurs pennes les plus près du corps , ainsi que toutes celles de la queue, sont colorées de même : toutes les grandes pennes de l’aile sont d’un beau rouge cramoisi avec une échancrure de noir aux petites barbes vers la pointe ; nous ne concevons pas com- ment M. Brisson n’a vu que quatre de ces plumes rouges : le dessous du corps est gris brun, foiblement nuancé de gris clair. Le touraco du cap de Bonne-Espérance ne diffère de celui d’Abissinie que par la huppe relevée en panache, tel que nous venons de le décrire , et qui est 28 HISTOIRE NATURELLE d’un beau verd clair , quelquefois frangé de blanc : le cou est du même verd qui va se fondre et s’éteindre sur les épaules dans la teinte sombre , à reflet verd lustré. Nous avons eu vivant le touraco du Cap. On nous avoit assuré qu'il se nour- rissoit de riz , et on ne lui offrit d’abord que cette nourriture : il n’y toucha pas, s’affama , et, dans cette extrémité , il avaloit sa fiente ; il ne subsista pendant deux ou trois Jours , que d’eau et de sucre dont on avoit mis un morceau dans sa cage : mais voyant apporter des raisins sur la table , 1l marqua l'appétit le plus vif ; on lui en donna des grains, il les. avala avidement ; il s'empressa de même pour des pommes, puis pour des oranges; depuis ce temps on l'a nourri de fruits pendant plusieurs mois. Il paroît que c’est sa nourriture naturelle, son bec courbé n'étant point du tout fait pour ramasser des graines : ce bec présente une large ouverture , fendue Jusqu’au-dessous des yeux. Cet oiseau saute et ne marche pas 5 il a les ongles aigus et forts, et la serre DU MOT À 4 CO: 29 bonne , les doigts robustes et recouverts de fortes écailles." IL est vif et s’agite beaucoup. Il fait entendre à tout moment un petit cri bas et rauque, creû , crei, du fond du gosier , et sans ouvrir le bec : mais de temps en temps il jette un autre cri éclatant et très-fort , co,co, co, co, co, co, co; les premiers accens graves, les autres plus hauts , précipités et très- bruyans., d’une voix percante et rude. Il fait entendre de lui-même ce cri quand il a faim ; mais il le répète à volonté quand on l’excite et qu’on l’anime en l’umitant. Ce bel oiseau m'a été douné par ma- dame la princesse de Tingri, et je dois lui en témoigner ma respectueuse recon- noissance : il est méme devenu plus beau qu’il n’étoit d’abord ; car il étoit dans un état de mue , lorsque J'en ai fait la des- cription qu'on vient de lire : aujourd’hui, c'est-à-dire quatre mois après , il a refait son plumage et repris de nouvelles beau- tés ; 1l porte deux traits blancs de petites plumes ou poils ras et soyeux , l’un assez court à l’angle intérieur de l’œil , l’autre devant l’œil et prolongé en arrière à l'angle M) x 36. HISTOIRE NATURELLE. ‘4 extérieur ; entre deux est un autre trait * de ce même duvet , mais d’un wiolet foncé : son manteau et sa queue brillent d’un riche bleu pourpré , et sa huppe est verte etsans franges. Cesnouveaux carac- tères me font croire qu'ilne ressemble pas exactement au touraco du cap de Bonne- Espérance, comme Je l’avois cru d’abord; il me paroît différer aussi par ces mêmes caractères de celuid’Abissinie. Voilà donc trois variétés dans le genre du touraco; mais nous ne pouvons encore décider si elles sont spécifiques ou individuelles, périodiques ou constantes, ou seulement sexuelles. | Il ne paroît pas que cet oiseau se trouve en Amérique , quoiqu’Albin l'ait donné comme venant du Mexique. Edwards assure qu'il est indigène en Guinée, d’où il est possible que l'individu dont parle Albin ait été transporté en Amérique. Nous ne savons rien sur les habitudes naturelles de cet oiseau dans son état de liberté ; mais comme :il est d’une grande beauté , 1l faut espérer que les voyageurs le remarqueront et nous feront part de leurs observations, LIN # LE CON CO'U* Dis le temps d’Aristote, on disoit com- munément que Jamais personne n "avoit vu la couvée du coucou : on savoit dès- lors que cet oiseau pond comme les au- tres, mais qu’il ne fait point de nid; on savoit qu'il dépose ses œufs ou son. œuf (car il est rare qu’il en dépose deux au même endroit } dans les nids des autres oi- seaux, plus petits ou plus grands, tels que les fauvettes, les verdiers, les alouettes, les ramiers , etc. ; qu’il mange souvent les œufs qu'il y trouve; qu'il laisse à l’étran- gère le soin de couver, nourrir, élever sa géniture ; que cette étrangère, et nomimé- ment la fauvette, s’acquitte fidèlement * Voyez les planches enluminées, n° 817. En italien , cuculo, cucco, cuco, cucho ; en espagnol , cuclillo ; en francois, coucou, coquu ; en allemand, gucker, guggauch, kukkuk , gugc- kuser; en flamand , kockok ou kokuut, kockuunt; en anplois, a cukkow, a gouke. $ $ RS, 0e V7 32 HISTOIRE NATURELLE de tous ces soins, et avec tant de subcës 5% que ses élèves deviennent très-gras, et” sont alors un morceau succulent : on sa- voit que leur plumage change beaucoup lorsqu'ils arrivent à l’âge adulte; on sa- voit enfin que les coucous commencent à paroître et à se faire entendre dès les premiers Jours du printemps, qu'ils ont l'aile foible en arrivant, qu'ils se taisent pendant la canicule; et l’on disoit que certaine espèce faisoit sa ponte dans des trous de rochers escarpés. Voilà les prin- cipaux faits de l’histoire du coucou; ils étoient connus il y a deux mille ans, et les siècles postérieurs n’y ont rien ajouté; quelques uns même de ces faits étoient tombés dans l'oubli, notamment leur ponte dans des trous de rochers. On n’a pas ajouté davantage aux fables qui se débitent depuis le même temps à peu près sur cet oiseau singulier : le faux a ses limites ainsi que le vrai; l’un et l’autre est bientôt épuisé sur tout sujet qui a une grande célébrité, et dont par conséquent on s'occupe beaucoup. Le peuple disoit donc il y a vingtsiècles, en” 2 MAP D UC O U C OU. 33 comme il le dit encore aujourd'hui, que _le coucou n’est autre chose qu’un petit - épervier métamorphosé ; que cette méta- morphose se renouvelle tous les ans à une époque déterminée; que lorsqu'il revient au printemps, c’est sur les épaules du: milan, qui veut bien lui servir de mon- ture, afin de ménager la foiblesse de ses ailes ( complaisance remarquable dans un oiseau de proie tel que le milan ); qu'il jette sur les nlantes une saiive qui leur est funeste par les insectes qu'elle engendre ; que la femelte coucou a l’atten- tion de ponäre dans chaque nid qu’elle peut découvrir, un œuf de la couleur des œufs de ce nid * pour mieux tromper la mère; que celle-ci se fait la nourrice ou la gouvernante du Jeune coucou; qu’elle lui sacrifie ses petits, qui lui paroissent * Le véritable œuf du coucou est plus gros que celui du rossignol , de forme moins alongée, de couleur grise presque blanchâtre, tachetée vers le gros bout de brun violet presque effacé, et de brun foncé plus tranché; enfin marqué, dans sa partie moyenne , de quelques traits irréguliers couleur de Marron. r l ». Fr 4 54 HISTOIRE NATURELLE” moins Jolis !; qu'en vraie marâtre elle les néglige, ou qu'elle les tue et les lui : fait manger. D’autres soupconnent que la mère coucou revient au nid ,où elle a déposé son œuf, et qu'elle chasse ow mange les enfans de la maison pour mettre le sien plus à son aise; d’autres vouloient que ce soit celui-ci qui en fasse ‘sa proie, ou du moins qui les rende vic- times de sa voracité, en s’appropriant exclusivement toutes Les subsistances que peut fournir la pourvoyeuse commune. Élien raconte que le jeune coucou sen- tant bien en lui-même qu'il est bâtard ow plutôt qu'il est un intrus, et craignant d’être traité comme tel sur Les seules cou- leurs de son plumage. s'envole dès qu’il 5e; peut remuer les ailes, et va rejoindre sa véritable mère ? ; d’autres prétendent que 1 Les coucous sont hideux lorsqu'ils viennent d’éclore , et même plusieurs jours après qu’ils sont éclos. 2 On a dit aussi, en se jetant dans l’excès op- posé, et même opposé à Loutes les observations ; que la mère coucou, oubliant ses propres œufs, couvoit des œufs étrangers. | » = D U *"Æ OU C'O'U: 35 c’est la nourrice qui abandonne le nour- risson, lorsqu'elle s’appercoit, aux cou- leurs de son plumage, qu’il est d’une autre espèce; enfin plusieurs croient qu'avant de prendre son essor, le nour- risson dévore la nourrice qui lui avoit tout donné, iusqu’à son propre sang. Il semble qu'on ait voulu faire du coucou un archétype d’ingratitude *; mais il ne falloit pas lui prêter des crimes physique- ment impossibles. N’est-il pas impossible en effet que le jeune coucou, à peine en état de manger seul, ait assez de … force pour dévorer un pigeon ramier, une alouette, un bruant, une fauvette? … Il est vrai que l’on peut citer en preuve de cette possibilité un fait rapporté par un auteur grave, M. Klein, qui l’avoit observé à l’âge de seize ans. Ayant décou- vert dans le jardin de son père un nid de fauvette, et dans ce nid un œuf unique, qu'on soupconna être un œuf de coucou, il donna au coucou le temps d’éclore * Ingrat comme un coucou, disent les Alle- mavds. Mélanchthon a faitune belle harangue. contre lingratitude de cet oiseau, 8 HISTOIRE NATURELLE et même de se revêtir de plumes ; après quoi il renferma le nid et l’oiseau dans une cage qu'il laissa sur place : quelques jours-après , il trouva la mère fauvette prise entre les bâtons de la cage, ayant la tête engagée dans le gosier du jeune coucou, qui l’avoit avalée, dit-on, par. mégarde, croyant avaler seulement la. chenille que sa nourrice lui présentoit apparemment de trop près. Cé sera quel- que fait semblable qui aura donné liew à la mauvaise réputation de cet oiseau; mais il n’est pas vrai qu’il ait l'habitude de dévorer ni sa nourrice ni les petits de sa nourrice. Premièrement, il a le bec trop foible , quoiqu’assez gros ; le coucou : de M. Klein en est la preuve, puisqu'il mourut étouffé par la téte de la fauvette, dont il n’avoit pu briser les os. En second lieu , comme Îles preuves tirées de l’im- possible sont souvent équivoques et pres- que toujours suspectes aux bons esprits, j'ai voulu constater le fait par la voie de l'expérience. Le 27 juin, ayant mis un Jeune coucou de l’année, qui avoit déja neuf poñgfes de longueur totale, dans ke L DU COUCOU. 37 une cage ouverte, avec trois Jeunes fau- vettes qui n’avoient pas le quart de leurs plumes, et ne mangeolent point encore seules, ce coucou, loin de les dévorer ou de les menacer, sembloit vouloir re- connoître les obligations qu'il avoit à d'espèce ; il souffroit avec complaisance que ces petits oiseaux, qui ne paroissoient point du tout avoir peur de lui, cher- chassent un asyle sous ses nb et s'y réchauffassent comme ils eussent fait sous les ailes de leur mère, tandis que dans le inéme temps une ARE chouette de l’an- mée, et qui m’avoit encore vécu que de la becquée qu’on lui donnoit, apprit à . manger seule en dévorant ax vivante _ une quatrième fauvette que l’on avoit _ attachée auprès d'elle. Je sais que quel- ques uns, pour dernier adoucissement . ont dit que le coucou ne mangeoit que les petits oiseaux qui venoient d’éclore et n'avoient point encore de plumes. A la vérité, ces petits embryons sont, pour ainsi dire, des êtres intermédiaires entre l’œuf et l'oiseau , et par conséquent peuvent absolument être mang. par un Oiseaux. XTTI: #4 \ 38 HISTOIRE NATURELLE animal qui à coutume de se nourrir d'œufs couvés ou non couvés ; mais ce fait, quoique moins invraisemblable, ne doit passer pour vrai que lorsqu'il aura été constaté par l'observation. Quant à la salive du coucou , on sait que ce n’est autre chose que l’exsudation écumeuse de la larve d’une certaine cigale appelée la bedaude!. Il est possible qu’on ait vu un coucou chercher cette larve dans son écume, et qu’on ait cru l'y voir déposer sa salive ; ensuite on aura remar- qué qu'il sortoit un insecte de pareilles écumes , et on se sera cru fondé à dire qu'on avoit vu la salive du coucou engen- drer la vermine. Je ne combattrai pas sérieusement la … prétendue métamorphose annuelle du coucou en épervier ? ; c’est une absur- 1 On a dit que les cigales qui sortoient de cette larve, donnoiïent la mort au coucou en le piquant sous l’aile. C’est tout au plus quelque fait particu- lier mal vu, et plus mal-à-propos généralisé. 2 Je viens d’être spectateur d'une scène assez singulière. Un épervier s’étoit jeté dans une basse- . \ °° , cour assez bien peuplée; dès qu’il fut posé, un L# L 4 - CT LM DU COUCOU. 39 dité qui n’a Jamais été crue par les vrais naturalistes , et que quelques uns d'eux ont réfutée : je dirai seulement que ce qui a pu y donner occasion, c’est que ces deux oiseaux ne se trouvent guère dans nos climats en même temps, et qu'ils se ressemblent par le plumage *, par la cou- leur des yeux et des pieds, par la longue queue , par leur estomac membraneux, par la taille, parle vol, par leur peu de fécondité, par leur vie solitaire, par les longues plumes qui descendent desyambes sur le tarse , etc. Ajoutez à cela que les couleurs du plumage sont fort sujettes à varier dans l’une et l’autre espèce, au jeune coq de l’année s’élanca sur lui et le renversa sur son dos ; dans cette situation, l’épervier se couvrant de ses serres et de son bec, en imposa aux poules et dindes qui crioient en tumulte autour de lui; quand il fut un peu rassuré, il se releva , et alloit prendre sa volée, lorsque le jeune coq se jeta sur lui une seconde fois, le renversa comme la premitre, et le tint ou l’occupa assez long-temps pour qu’on püt s’en saisir. * Sur-tout élant vus par-dessous, tandis qu'ils volent. Le coucou bat des aïles en partant, et file ænsulte comme le tiercelet. ‘ — é V9 HO NNIIRS | | 40 HISTOIRE NATURELLE f point qu'on a vu une femelle coucou, : bien vérifiée femelle par la dissection , qu’on eût prise pour le plus bel émeril- lon, quant aux couleurs, tant son plu- mage étoit Joliment varié !. Mais ce n’est point tout cela qui constitue l'oiseau de proie : c’est le bec et la serre; c’est le cou- rage et la force, du moïns la force rela- tive , et à cet égard il s’en faut bien que le coucou soit un oiseau de proie ? ; il ne l’est pas un seul Jour de sa vie, si ce n’est en apparence et par des circonstances sin- gulières , comme le fut celui de M. Klein. M. Lottinger a observé que les coucous de cinq OU siX mGiIs sont aussi niais que. les Jeunes pigeons; qu'ils ont si peu de mouvement, qu'ils restent des heures dans la même place, et si peu d’appétit, qu'il 1 M. Hérissant a vu plusieurs coucous qui , par a A 3 E x leur plumage, ressembloient à différentes espèces d’émouchets ou mâles d’éperviers, et un autre qui. ressembloit assez à un pigeon biset. l. 2 Aristote dit, avec raison, que c'est un oiseau timide; mais je ne sais pourquoi il cite en preuve de sa timidité son habitude de pondre au nid d’autrUle : ll ou: 2 MM C'OU CAT A . faut les aider à avaler. Il est vrai qu’en vieillissant ils prennent un peu plus de hardiesse , et qu’ils en imposent quelque- fois à de véritables oiseaux de proie. M. le vicomte de Querhoent, dont le témoignage mérite toute confiance , en a vu un qui, lorsqu'il croyoit avoir quelque chose à craindre d’un autre oiseau, héris- soit ses piumes , haussoit et baissoit la tête lentement et à plusieurs reprises, puis s'élancoit en criant , et, par ce manége , mettoit souvent en fuite une crécerelle qu’on nourrissoit dans la même maison *. * Un coucou adulte, élevé chez M. Lottinger, se jetoit sur tous Îes oiseaux, sur les plus forts comme sur les plus foibles, sur ceux de son espèce comme sur les autres, attaquant la tête et les yeux par préférence : 1l s'élancoit même sur les oiseaux empaillés ; et quélque rudement qu’il fût repoussé, il revenoit toujours à la charge, sans se rebuter jamais. Pour moi, j’ai reconnu, par mes propres observations, que les coucous menacent la main qui s’avance pour les prendre, qu’ils s'élèvent et s’abaisseut alternativement en se hérissant , et même qu’ils mordent avec une sorte de colère, mais sans beaucoup d’effet. 4 7 dal ei à Pt in MS as , - * 42 HISTOIRE NATURELLE Au reste, bien loin d’être ingrat, le cou- cou paroît conserver le souvenir des bien- faits et n’y être pas insensible. On pré- tend qu’en arrivant de son quartier d’hi- ver, il se rend avec empressement au lieu de sa naissance , et que lorsqu'il y re- trouve sa nourrice ou ses frères nourri- ciers, tous éprouventune Joie réciproque, qu'ils expriment chacun à leur manière ; et sans doute ce sont ces expressions diffé- rentes , ce sont leurs caresses mutuelles, leurs cris d’alégresse, leurs Jeux, qu'on aura pris pour une guerre que les petits oiseaux faisoient au coucou. Il se peut néanmoins qu'on ait vu entre eux de véritables combats ;- par exemple, lors- qu'un coucou étranger , cédant à son ins- tinct *, aura voulu détruire leurs œufs * Aristote, Pline, et ceux qui les ont copiés ou qui ont renchéri sur eux, s’accordent à dire que le coucou est timide; que tous les petits oiseaux lui courent sus, et qu’il n'en est pas un d’eux qui ne le mette en fuite : d’autres ajoutent que cette persécution vient de ce qu'il ressemble à un oiseau de proie. Mais depuis quand les petits oiseaux poursuivent-ils les OIsCaux de proie ? < fs DU COUCOU. 43 pour placer le sien dans leur nid, et qu'ils lauront pris sur le fait. C’est cette habi- tude bien constatée qu'il a de pondre dans le nid d'autrui, qui est la principale singu- larité de son histoire , quoiqu’elle ne soit pas absolument sans exemple. Gesner parle d'un certain oiseau de proie fort ressemblant à l’autour , qui pond dans le nid du choucas ; et si l’on veut croire que cet oiseau inconnu, qui ressemble à l’au- tour , n’est autre chose qu'un coucou, d'autant plus que celui-ci a été souvent pris pour un oiseau de proie, et que l’on ne connoît point de véritable oiseau de proie qui ponde dans des nids étrangers , du moins on ne peut nier que les torcous n'établissent quelquefois leur nombreuse couvée dans des nids de sittelle, comme je m'en suis assuré ; que les moineaux ne s'emparent aussi des nids d’hirondelles, etc. : mais ce sont des cas assez rares, sur- tout à l’égard des espèces qui construisent un nid, pour que l'habitude qu’a le cou- cou de pondre tous les ans dans des nids étrangers, doive être regardée comme un phénomène singulier. / 4 HISTOIRE NATURELLE Une autre singularité de son histoire ; c'est qu'il ne pond qu’un œuf, du moins qu'un seul œuf dans chaque nid ; car il est possible qu'il en ponde deux, comme le dit Aristote, et comme on l’a reconnu possible par la dissection des femeiles, dont l'ovaire présente assez souvent deux œufs bien conformés et d’égale gfos- scur. Ces deux singularités semblent tenir à une troisième , et pouvoir s'expliquer par elle; c’est que leur mue est plus tardive et plus complète que celle de la plupart des oiseaux. On rencontre quelquefois, l'hiver, dans le creux des arbres, un ou deux coucous entièrement nuds, nuds au point qu'on les prendroit, au premier coup d'œil, pour de véritables crapauds. Le KR. P. Bougot, que nous avons cité plusieurs fois avec la confiance qui lui est due , nous a assuré en avoir vu un dans cet état, qui avoit été trouvé, sur la fin de décembre, dans un trou d'arbre. De quatre autres coucous élevés, l’un chez M. Johnson, cité par Willighhy. le second chez M. ï comte de Buffon, le troi- TITRE HUE GC CO D: 45 sième chez M. Hébert, et le quatrième chez moi, le premier devint languissant aux approches de l'hiver , ensuite galeux, et mourut; le second et le troisième se dépouillèrent totalement de leurs plumes dans le mois de novembre ; et le qua- trième, qui mourut sur la fin d'octobre, en avoit perdu plus de la moitié : le se- cond et le troisième moururent aussi ; mais avant de mourir ils tombèrent dans une espèce d’engourdissement et de tor- peur. On cite plusieurs autres faits sem- blables ; et si l’on a eu tort d’en conclure que tous les coucous qui paroisseut l'été dans un pays, y restent l'hiver dans des arbres creux ou dans des trous en terre, engourdis * , dépouillés de plumes, et, selon quelques uns, avec une ample pro- vision de blé ( dont toutefois cette espèce ne mange Jamais ),on peut du moins, ce me semble, en conclure légitimement * Ceux qui parlent de ces coucous trouvés l’hiver dans des trous, s’accordent tous à dire qu'ils sont absolument nuds, et ressemblent à des “RATER, Cela me feroit soupconner qu’on a pris quelque- fois pour des coucous des grenouilles qui passent 46 HISTOIRE NATURELLE 4 1°, que ceux qui, au moment du départ ; sont malades ou blessés , ou trop Jeunes, en un mot trop foibles, par quelque rai- soli que ce soit , pour entreprendre une longue route , restent dans le pays où ils se trouvent, et y passent l'hiver , se mettant de leur [mieux à l’abri du froid dans le premier trou qu'ils rencontrent à quelque bonne exposition , comme font les cailles, et comme avoit fait appa- remment le coucou vu par le KR. P. Bou- got ; 2°. qu’en général ces sortes d’oi- seaux entrent en mue fort tard, que par conséquent ils refont leurs plumes aussi fort tard, et qu’à peine elles sont refaites au temps où ils reparoissent, c’est-à-dire, au commencement du printemps. Aussi ont-ils les ailes foibles alors, et ne vont- ils que rarement sur les grands arbres ; mais ils se traînent, pour ainsi dire, de buisson en buisson, et se posent même véritablement l'hiver dans des trous sans manger, sans pouvoir manger, avant la bouche fermée et les deux mâchoires comme soudées ensemble. Au démeurant, -Aristote dit positivement que les cou= gous ne paroissent point lJ’hiver dans la Grèce. Hu) COUT C'OUL ” quelquefois à terre où ils sautillent comme les grives. On peut donc dire que, dans la saison de l’amour, le superflu de la nourriture étant presque entièrement absorbé par l’accroissement des plumes, ne peut fouruir que très-peu à la repro- _duction de l’espèce ; que c’est par cette raison que la femelle coucou ne pond ordinairement qu’un œuf ou tout au plus deux ; que cet oiseau ayant moins de ressources en lui-même pour l’acte prin- cipal de la génération , il a aussi moins d'ardeur pour tous les actes accessoires tendant à la conservation de l'espèce, tels que:la nidification , l’incubation, _ l'éducation des petits , etc. tous actes qui partent d’un même principe et gardent entre eux une sorte de proportion. D’aii- leurs , de cela seul que les mâles de cette espèce ont l'instinct de manger les œufs des oiseaux , la femelle doit cacher soi- sneusement le sien; elle ne doit pas re- . tourner à l’endroit où elle l’a déposé, de peur de l'indiquer à son mâle ; elle doit donc choisir le nid le mieux caché, le plus éloigué des endroits qu’il fréquente; + { 48 HISTOIRE NATURELLE elle doit même , si elle a deux œufs, les ÿ distribuer en différens nids; elle doit les! confier à des nourrices étrangères, et se reposer sur ces nourrices de tous les soins nécessaires à leur entier développement : c’est aussi.ce qu'elle fait, en prenant. néanmoins toutes les précautions qui lui. sont inspirées par la tendresse pour sa géniture, et sachant résister à cette ten-. dresse méme pour qu'elle ne se trahisse point par indiscrétion. Considérés sous ce point de vue, les procédés du coucou. rentreroient dans la règle générale, et supposeroient l’amour de la mère pour ses petits, et mème un amour bien entendu , qui préfère l'intérêt de’ l’objet aimé à la douce satisfaction de lui prodi- guer ses soins. D'ailleurs la seule disper- sion de ses œufs en différens nids, quelle qu’en puisse être la cause, soit la né- cessité de les dérober à la voracité du mâle, soit la petitesse du nid *, sufüiroit * Des personnes dignes de foi m'ont dit avoir vu deux fois deux coucous dans un seul nid, mais toutes les deux fois dans un nid de guive : or ua à du: dut dn db à ie" vas sit D U COUC'OU. 49 seule et très-évidemment pour lui @ rendre l’incubation impossible : or cette dispersion des œufs du coucou est plus que probable, puisque, comme nous l'avons dit, on trouve assez souvent deux œufs bien formés dans lovaire des femelles , et très-rarement deux de ces œufs dans le même nid. Au reste, le cou- cou n’est pas le seul parmi les oiseaux connus, qui ne fasse point de nid; plu- sieurs espèces de mésanges, les pies, les. martins-pécheurs , etc. n’en font point non plus. Il n’est pas le seul qui ponde dans des nids étrangers, comme nous venons de le dire. Il n’est pas non plus le: seul qui ne couve point ses œufs : nous avons vu que l’autruche , dans la zone torride , dépose les siens sur le sable, où la seulé chaleur du soleil suffit pour les. faire éclore. Il est vrai qu’elle ne les perd guère de vue, et qu’elle veille assi- dument à leur conservation : mais elle n’a pas les mêmes motifs que la femelle nid de grive est beaucoup plus grand qu’an nid de fauyette, de chantre ou de rouge-gorge. D. Ne 2 5o HISTOIRE NATURELLE pk du coucou pour les cacher et pour dissi- muler son attachement ; elle ne prend pas non plus , comme cette femelle , des précautions suffisantes pour la dispenser de tout autre soin. La conduite du coucou n’est donc point une irrégula- rité absurde , une anomalie monstrueuse, une exception aux lois de la Nature, comme l'appelle Willughby ; maïs c’est un effet nécessaire de ces mêmes lois, une nuance qui appartient à l’ordre de leurs résultats , et qui ne pourroit y manquer sans laisser un vide dans le système géné- ral, sans causer une interruption dans la chaîne des phénomènes. Ce qui semble avoir le plus étonné cer- tains naturalistes , c’est la complaisance qu'ils appellent dénaturée de la nourrice du coucou, laquelle oublie si facilement ses propres œufs pour donner tous ses soins à celui d’un oiseau étranger, et même d’un oiseau destructeur de sa propre famille. Un de ces naturalistes , fort habile d’ailleurs en ornithologie, frappé de cette singularité, a fait des “observations suivies sur cette matière, la Y DT. Led did ia Mare, PDO OT NA, OR LR AR its héhé à id N e à SU: EC OU CO St en Otant à plusieurs petits oiseaux Îles œufs qu'ils avoient pondus, et y substi- tuant un œuf unique de quelque oiseau autre que le coucou et que celui auquel appartenoit le nid : il s’est cru en droit de conclure de ces observations, qu'aucun des oiseaux qui se chargent de couver l'œuf du coucou, même au préjudice de sa propre famille, ne se chargeroit de couver un œuf unique de tout autre o1- seau qui lui seroit présenté dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire, qui seroit substitué à tous les siens, parce que cette complaisance est nécessaire au seul coucou, et que lui seul en jouit en vertu d’une loi spéciale du Créateur. Mais que cette conséquence paroîtra précaire et hasardée , si l’on pèse les ré- flexions suivantes ! 1°. Il faut remarquer que la proposition dont il s’agit est géné- rale , par cela même qu’elle est exclu- sive; qu'à ce titre il ne faudroit qu'un seul fait contraire pour la réfuter ; et que même en supposant qu’on n’auroit point connoissance des faits contraires , il faudroit , pour l’établir , un peu plus 52 HISTOIRE NATURELLE de quarante-six observations ou expé- riences faites sur une vingtaine d'espèces; 2°. qu'il en faudroit beaucoup plus en- core et de plus rigoureusement vérihées , pour établir la nécessité et l'existence d’une loi particulière , dérogeant aux lois générales de la Nature en faveur du coucou ; 3°. qu’en admettant que les ex- périences eussent été faites en nombre suHsant et suffisamment vérihées , il eût fallu encore, pour les rendre concluantes, en assimiler les procédés, autant qu'il étoit possible , dans toutes leurs circons- tances, et n’y souffrir absolument d’autres différences que celles de l'œuf. Par exemple, il n’est pas égal , sans doute, que l'œuf soit déposé dans un nid étran- ger par un homme ou par un oiseau; par un homme qui couve une hypothèse ché- rie, contraire à la réussite de l’incubation de l'œuf, ou par un oiseau qui paroît ne desirer rien tant que cette réussite: or, puisque l’on ne pouvoit pas se servir du coucou , du merle, de l’écorcheur, de la fauvette ou du roitelet, pour substituer un œuf unique de ces différentes espèces DU C'O'U COU: 53 aux œufs des chantres, rouge-gorges, la- vandières, etc. il eût fallu que la même main qui avoit agi dans ces sortes d’expé- riences faites avec des œufs autres que celui du coucou, agît aussi dans un pareil nombre d'expériences correspon- dantes faites avec l’œuf méme du coucou, et comparer les résultats; or c’est ce qui n’a pas été fait : cela étoit néanmoins d'autant plus nécessaire , que la seule apparition de l’homme, plus ou moins fréquente, sufht pour faire renoncer ses propres œufs à la couveuse la plus échauffée, et même pour lui faire aban- donner l'éducation déja avancée du cou- cou *, comme J'ai été à portée de m'en assurer par moi-même. 4°. Les assertions fondamentales de l’auteur ne sont pas toutes exactes ; car le coucou pond quel- quefois , quoique très-rarement , deux œufs dans le même nid, et cela étoit * On a vu une verdière des prés, dont le md étoit à terre sous une grosse racine, abandonner. l'éducation d’un jeune coucou, par la seule inquié- tude que lui causèrent les visites réiiérées de quel= ques curieux. 5 545 HISTOIRE NATURELLE vonnu des anciens. De plus, l’auteur sup+ pose que l'œuf du coucou est toujours seul dans le nid de la nourrice , et que la mère coucou mange ceux qu'elle trouve dans ce nid, ou les détruit de quelque autre manière. Mais on sent combien un pareil fait est difficile à prouver, et com- bien 1l est peu vraisemblable. 11 faudroit donc que Jamais cette mère coucou ne déposât son œuf ailleurs que dans le nid d’un oiseau qui auroit fait sa ponte en- tière, ou que Jamais elle ne manquât de revenir à ce même nid pour détruire les œufs pondus subséquemment : autrement ces œufs pourroïent être couvés et éclore avec celui du coucou, et il y auroit quel- ques changemens à faire , soit dans les conséquences tirées , soit dans la loi par- ticulière imaginée à plaisir; et c’est pré- cisément le cas, puisqu'on m'a apporté nombre de fois des nids où il y avoit plusieurs œufs de l'oiseau propriétaire *, * 16 mai 1774, cinq œufs de charbonnière avec F’œuf du coucou, les œufs de la mésange ont dis- paru peu à peu. … +22 £ es BU':COU'CGOU. L* 1 avec un œuf de coucou, et même plu- sieurs de ces œufs éclos ainsi que celui du coucou *. 5°. Mais ce qui n’est pas moins décisif, c’est qu'il y a des faits incontestables , observés par des per- 19 mai 1776, cinq œufs de rouge-gorge avec Pœuf du coucou. 10 mai 1777, quatre œufs de rossignol avec , l'œuf du coucou, 17 mai, deux œufs de mésange sous un jeune coucou , Mais qui ne sont pas venus à bien. C’est quelque hasard semblable qui aura donné lieu de dire que le jeune coucou se chargeoit de couver les œufs de sa nourrice. Voyez Gesner, p. 365. * Le 14 juin 1777, un coucou nouvellement éclos dans un nid de grive, avec deux jeunes grives qui commencoient à voltiger. Le 8 juin 1778, un jeune coucou dans un nid de rossignol , avec deux petits rossignols et un œuf clair. d } Le 16 juin, un jeune coucou dans un nid de rouge-2orge, avec un petit rouge-gorge qui pa- rojssoit plus anciennement éclos. M. Lottinger m'a mandé un fait, eonslaté par 5 , Mons 56 HISTOIRE NATURELLE sonnes aussi familiarisées avec les oi= seaux qu'étrangères à toute hypothèse *, lesquels faits, tous différens de ceux rapportés par l’auteur, réfutent invin- ciblement ses inductions exclusives , et font tomber le petit statut particulier qu'il a bien voulu ajouter aux lois de la Nature. Première expérience. Une serine qui couvoit ses œufs et les fit éclore , couva en meme temps , et lui-mème, dans sa lettre du 17 octobre 1776 : « Au « mois de juin, un coucou nouvellement éclos dans « un nid de fauvette à têle noire, avec une jeune « fauveite qui voloit déja, et un œuf clair ». Je pourrois citer plusieurs autres faits semblables. :*Je dois la plus grande partie de ces faits à une de mes parentes (madame Potot de Mont- beillard) , qui depuis plusieurs années s'amuse utilement des oiseaux , se plaît à étudier leurs mœurs, à suivre leurs procédés, et quelquefois à bien voulu faire des observations et tenter des expériences relatives aux questions dont j’étois # OCCUPÉ « | M DU COUCOU 57 encore huit jours après, deux œufs de merle pris dans les bois; elle ne cessa de les couver que parce qu’on les lui ôta. Seconde expérience. Une autre serine ayant couvé pendant quatre jours , sans. aucune préférence marquée , sept œufs, dont cinq à elle et deux de fauvette , les abandonna tous, la volière ayant été transportée dans l'étage inférieur : ensuite elle pondit deux œufs qu’elle ne couva point du tout. Troisième expérience. Une autre serine dont le mâle avoit mangé ses sept premiers œufs, à couvé pendant treize Jours ses deux derniers avec trois autres, dont l’un étoit d’une autre serine , le second de linotte, et le troisième de bouvreuil : mais tous ces œufs se sont trouvés clairs. 58 HISTOIRE NATURELLE! Quatrième expérience. Une femelle troglodyte a couvé et fait éclore un œuf de merle; une femelle friquet a couvé et fait éclore un œuf de pie. _ Cinquième expérience. Une femelle friquet couvoit six œufs qu’elle avoit pondus ; on en ajouta cinq; elle continua de couver : on en ajouta encore cinq; elle trouva le nombre trop grand , en mangea sept, et couva le reste; on en Ôta deux , et on mit à la place un œuf de pie, que là femelle friquet < couva. et hit éclore avec les sept autres. Sivième expérience. Une manière connue de faire éclore sans embarras des œufs de serin, c’est de les donner à une couveuse br neret, prenant garde qu'ils aient à peu près le mêmedegré d’incubation que ceux de la couveuse qu’on a choisie. "M WA 5, y LL Es - DU COUCOU: 5 Septième expérience. Une serine ayant couvé trois de ses œufs et deux de fauvette à tête noire pendant neuf à dix jours, on retira un œuf de fauvette dont l'embryon étoit non seulement formé, mais vivant : dans ce même temps on lui donna à élever deux petits bruants à peine éclos, dont elle a pris soin comme des siens, sans cesser de couver les quatre œuis restans, qui se trouvèrent clairs. Huitième expérience. Sur la fin d'avril 1776, une autre serine ayant pondu un œuf , on le lui enleva ; trois ou quâtre Jours après, cet œuf lui ayant été rendu, elle le mangea; deux ou trois jours après , elle pondit un autre œuf et le couva; on lui en donna deux de pinson qu'elle couva, après avoir cassé les siens : au bout de dix jours on lui ôta _ces œufs de pinson qui étoient gâtés; on iui donna à élever deux petits bruants qui ie faisoient que d’éclore, et qu’elle éleva \ n it Lé 4 CONTE NTI S 4 { À , _6o HISTOIRE NATURELLE très-bien ; après quoi elle fit un nouveau nid, pondit deux œufs, en mangea un; et quoiqu'on lui eût Ôté l’autre , elle couvoit toujours à vide, comme si elle eût eu des œufs : pour profiter de ses bonnes dispositions , on lui donna un œuf unique de rouge-gorge qu’elle couva et fit éclore. | Neuvième expérience. Une autre serine ayant pondu trois œufs , les cassa presque aussitôt; on les remplaca par deux œufs de pinson et un de fauvette à tête noire, qu'elle a couvés, ainsi que trois autres qu'elle a pondus successivement. Au bout de quatre ou cinq Jours, la volière ayant été trans- portée dans une autre chambre de létage inférieur, la serine abandonna : peu de temps après, elle pondit un œuf auquel on en Joignit un de sittelle ou torche- pot; ensuite elle en pondit deux autres auxquels on en ajouta un de linotte : elle couva le tout pendant sept Jours, mais par préférence les deux étrangers; car elle éloigna constamment les siens, et PE DU CO. U CO UÙ. Gr). elle les jeta successivement les trois Jours suwivans : l’onzième Jour, elle Jetta celui du torche-pot; en un mot, celui de linotte fut le seul qu’elle amena à bien. Si par hasard ce dernier œuf eût été un œuf de coucou, que de fausses conséquences _n’eüt-on pas vu éclore avec lui! Dixième expérience. Le 5 juin, on a donné à la serine de la septième expérience un œuf de cou- cou, qu'elle a couvé avec trois des siens; le 7, un de ses trois œufs avoit disparu; le 8, un autre; le 10, le troisième et der- nier; enfin le 11, quoiqu’elle se trouvât précisément dans le cas de la loi particu- lière, celui où le coucou met ordinaire- ment les femelles des petits oiseaux, et qu'elle n’eüût à couver que l’œuf privi- Jégié, elle ne se soumit point à cette pré- tendue loi, et elle mangea l'œuf unique du coucou comme elle avoit mangé les siens. Enfin on a vu une femelle rouge- gorge qui étoit fort échauffée à couvér, se réulur avec son mâle devant leur nid RU A 2 6 “ F. NA LÉ 62 HISTOIRE NATURELLE pour en défendre l'entrée à une femelle coucou qui s’en étoit approchée de fort près, s'élancer en criant contfe cet enne- mi, l’attaquer à coups de bec redoublés, le mettre en fuite, et le poursuivre avec tant d’ardeur, qu’ils lui ôtèrent toute en- vie de reveuir. \ Ed Il résulte de ces expériences, 1°. que les femelles de plusieurs espèces de petits oiseaux qui se chargent de couver l'œuf du coucou, se chargent aussi de couver d’autres œufs étrangers avec les leurs propres; 2°. qu’elles couvent quelquefois ces œufs étrangers par préférence aux leurs propres, et qu’elles détruisent quel- quefois ceux-ci sans en garder un seul; 5°. qu’elles couvent et font éclore un œuf unique autre que celui du coucou; 4, qu’elles repoussent avec courage la fe- melle coucou lorsqu'elles la surprennent venant déposer son œuf dans leur nid; 5°. enfin, qu’elles mangent quelquefois cet œuf privilégié, mème dans le cas où il est unique. Mais un résultat plus im- portant et plus général, c’est que la pas- BU ;00 U'CODI NE". 6 sion de couver, qui paroît quelquefois si forte dans les oiseaux, semble n'’etre point déterminée à tels ou tels œufs, ni à des œufs féconds, puisque souvent ils les mangent ou les cassent, et que plus souvent encore ils en couvent de clairs; ni à des œufs réels, puisqu'ils couvent des œufs de craie, de bois, etc.; ni même à ces vains simulacres, puisqu'ils couvent quelquefois à vide; que par conséquent une couveuse qui fait éclore, soit un œuf de coucou, soit tout autre œuf étranger substitué aux siens, ne fait en cela que suivre un instinct commun à tous Îles oiseaux, et par une dernière conséquence, qu'il est au moins inutile de recourir à un décret particulier de l’auteur de la Nature, pour expliquer le procédé de la femelle coucou. Je demande pardon au lecteur de m’etre arrété si long-temps sur un sujet dont peut-être l'importance ne lui sera pas bien démontrée ; mais l'oiseau dont il s’agit a donné lieu à tant d’erreurs, que j'ai cru devoir non seulement m'attacher à en purger l'histoire naturelle, mais en- M core m’ Hole à à l'étoprité de ceux qui les vouloient faire passer dans la méta- physique. ] Rien n’est plus contraire à la saine métaphysique que d’avoir recours à autan de prétendues lois particulières qu'il ya de phénomènes dont nous ne voyons point les rapports avec les lois. générales : un phénomène n’est isolé que parce qu'il n’est point assez connu ; il faut donc tâcher de le bien connoître avant d’oser l'expliquer; il faut, au lieu de prêter nos petites idées à la Nature nous efforcer d’atteindre à ses grandes vues, par la comparaison attentive de ses ouvrages , et par l'étendue approfondie de leurs rapports. Je connois plus de vingt espèces d’oi- seaux dans le nid desquels le coucou dé- pose son œuf; la fauvette ordinaire, celle à tête noire, la babillarde, la lavandière, le rouge-gorge, le chantre, le troglodyte, la mésange, le rossignol , le rouge-queue, l’alouette , le cujelier, la farlouse , la dinotte, la verdière, le bouvreuil, la grive, le geai, le merle et la pie-grièche. On ne trouve jamais d'œufs de coucou, ou du moins ses œufs ne réussissent Ja- mais dans les nids de cailles et de per- drix, dont les petits courent presque en FARPNE il est même assez singuker qu'on en trouve qui viennent à bien dans les nids d’alouettes, qui j comme nous . | l'avons vu dans leur histoire, donnent moins de quinze jours à l’éducation de. leurs petits, tandis que les jeunes cou- cous, du moins ceux qu on élève en cage, sont usivars mois sans manger ul mais, dans l’état de nature, la nécessité, la liberté, le choix de la nourriture qui leur est propre, peuvent contribuer à accélérer le développement de leur ins- tinct et le progrès de leur éducation *; ou bien seroit-ce que les soins de la nour- rice n’ont d’autre mesure que les be- soins du nourrisson ! On sera peut - être surpris de trouver * Je ne dois pas dissimuler ce que dit M. Sa- lerne, que cet oiseau se fait nourrir des mois entiers par sa mère adoptive, et qu'il la suit autant qu’il peut, criant sans cesse pour lui demander à man- ger; mais on sent que c’est un fait difficile à oh- server. 6 v PO TONNES VUS ; HISTOIRE NATURELLE 1 M à oiseaux granivores, tels_que la linotte, la verdière et le bouvreuil , dans la liste des nourrices du coucou; mais il faut se souvenir que plusieurs granivores nourrissent leurs petits avec des insectes , et que d’ailleurs les matières végétales, macérées dans le jabot de ces petits oi- sceaux , peuvent convenir au Jeune Cou- cou à un certain point, et jusqu'à ce qu'il soit en état de trouver lui-méeme les che- nilles, les araignées, les coléoptères et autres insectes dont il est friand , et qui le plus souvent fourmillent autour de son habitation. ; Lorsquele nid est celui d’un petit oiseau, et par conséquent construit sur une pe- tite échelle, 11 se trouve ordinairement Tort applati et presque méconnoissable, eFet naturel de la grosseur et du poids du Jeune coucou. Un autre effet de cette cause, c’est que les œufs ou les petits de la nourrice sont quelquefois poussés hors du nid : mais ces petits, chassés de la maison paternelle, ne périssent pas tou- jours lorsqu'ils soat déja un peu forts, que le nid est près de terre, le lieu bien | a LE ie à B U € OU COTE: CO exposé et la saison favorable ; ils se mettent à l'abri dans la mousse ou le feuillage , et les pères et mères en ont soin , sans aban- donner pour cela le nourrisson étranger. Tous les habitans des bois assurent que lorsqu'une fois la mère coucou a déposé son œuf dans le nid qu’elle a choisi, elle s'éloigne , semble oublier sa géniture et la perdre entièrement de vue, et qu’à plus forte raison le mâle ne s’en occupe point du tout. Cependant M. Lottinger a observé, non que les père et mère donnent des soins à leurs petits, mais qu'’iis s’en approchent à une certaine dis- tance en chantant ; que de part et d'autre ils semblent s’écouter , se répondre et se prêter mutuellement attention. Il ajoute que le jeune coucou ne manque jamais de répondre à l’appeau, soit dans les bois, soit dans la volière , pourvu qu'il ne voie personne. Ce qu’il y a de sûr, c'est qu’on fait approcher les vieux en imitant leur cri, et qu'on Îles entend quelquefois chan- ter aux environs du nid où est le jeune, comme par-tout ailleurs ; mais il n’y a aucune preuve que ce soient les père et 68 HISTOIRE NATURELLE | mère du petit :ils n’ont pour lui aucune de ces attentions affectueuses qui décèlent la paternité ; tout se borne de leur part à des cris stériles, auxquels on a voulu prêter des intentions peu conséquentes à leurs procédés connus, et qui, dans le vrai, ne supposent toute chose, sinon la sym- pathie qui existe ordinairement entre les oiseaux de même espèce. Tout le monde connoît le chant du coucou , du moins son chant le plus or- dinaire ; il est si bien articulé et répété si souvent*, que dans presque toutes les langues il a influé sur la dénomination de l'oiseau , comme on le peut voir dans la nomenclature. Ce chant appartient ex- clusivement au mâle , et c’est au prin- temps, c’est-à-dire, au temps de l'amour, * Cou cou, cou COU; COU COU COU, {OU COU COtlLe Cette fréquente répéution a donné lieu à deux fa- cons proverbiales de hu. lorsque quelqu'un ré- pète souvent la même chose , cela s’appelle en Allemagne, chanter la chanson du coucou. On le dit aussi de ceux qui, n’étant qu’en petit nombre, semblent se multiplier par la parole, et font croire, en causant beaucoup et tous à la fois, qu'ils forment une assemblée considérahle. Li DU COUCOU. 1 :0ù que ce mâle le fait entendre, tantôt per- “ché sur une branche sèche , et tantôt en volant ; il l’interrompt quelquefois par un râlement sourd , tel à peu près que celui d’une personne qui crache, etcomme s’il prononcoit cou, crou, d’une voix en- rouée et en grasseyant. Outre ces cris, on en entend quelquefois un autre assez so- nore , quoiqu'un peu tremblé, composé de plusieurs notes , et semblable à celui du petit plongeon ; cela arrive lorsque les mâles et les femelles se cherchent et se poursuivent '. Quelques uns soupconnent que c’est Le cri de la femelle. Celle-ci, lors- qu'elle est bien aimée, a encore un glous- sement , glou, glou, qu’elle répète cinq ou six fois d’une voix forte et assez claire, en volant d’un arbre à un autre. Il semble que ce soit son cri d'appel ou plutôt d’a- gacerie vis-à-vis son mâle; car , dès que ce mâle l'entend, il s'approche d’elle avec ardeur , en répétant son fou cou cou?. ? Ceux qui ont bien entendu ce cri, l’expriment ainsi, 20, 20, guet, guel, guëte 2? Note communiquée par M. le comte de Rioliet, 70 HISTOIRE, NATURELLE Malgré cette variété d’inflexion , le chant du coucou n’a jamais dû être comparé avec celui du rossignol, sinon dans la fable !, Au reste , il est fort douteux que ces oiseaux s’apparient ; ils éprouvent les besoins physiques , mais rien qui res- semblé à l'attachement ou au sentiment. _ Les mâles sont beaucoup plus nombreux. que les femelles?, et se battent pour elles assez souvent; mais c’est pour une femelle F l qui se fait un louable amusement d'observer ce que tant d'autres ne font que regarder. 1 On dit que le rossignol et le coucou disputant le prix du chant devant l’âne , celui-ci l’adjugea au coucou ; que le rossignol en appela devant l’homme, lequel prononca en sa faveur , et que depuis ce temps le rossignol se met à chanter aussitôL qu’il voit l’homme, comme pour remercier son juge, ou pour justifier sa sentence, ? On ne tue, on ne prend presque Jamais noi des coucous OUR » et par conséquent mâles." J'en ai vu tuer trois ou quatre dans une seule “ chasse, et pas une femelle. La Zoologie britan= à nique dit que dans le même été, sur le mèm . arbre et dans le même piége, on a pris cinq cou . €ous, tous cinq mâles DU COUCOU. 77 en général, sans aucun choix, sans nulle prédilection; et lorsqu’ilsse sont satisfaits, ils s’éloignent et cherchent de nouveaux objets pour se satisfaire encore et les quit- ter de même , sans les regretter, sans pré- voir le produit de toutes ces unions fur- tives , sans rien faire pour les petits qui en doivent naître ; ils ne s ‘en occupent pas même après qu’ils sont nés : tant il est vrai que la tendresse mutuelle des pèr e et mère est le fondement de leur affection commune pour leur géniture, et par conséquent le principe du bon ordre puisque sans l'affection des père et mère, les petits et même les espèces courent risque de périr, et qu'il est du bon ordre que les espèces se conservent ! Les petits nouvelleinent éclos ont aussi leur cri d'appel, et ce cri n’est pas moins aigu que celui des fauvettes et des rouge- gorges leurs nourrices, dont ils prennent Je ton par la force de linstinct imita- teur * ; et comme s'ils sentoient la néces- Fa de solliciter, d’importuner une mère 20 # « La structure singulière de leurs narines COIL= CRE D A MEN PE RU 2 HISTOIRE NATURELLE ÿ adoptive, qui ne peut avoir les entrailles d’une véritable mère, ils répètent à chaque instant ce cri d'appel, ou, si l’on veut, cette prière, sans cesse excitée par des besoins sans cesse renaissans, et dont le sens est très-clair, très- déterminé par un large bec qu'ils tiennent continuellement ouvert de toute sa largeur ; ils en aug- mentent encore l’expression par le mou- vement de leurs ailes qui accompagne chaque cri. Dès que leurs ailes sont assez « tribue peut-être, dit M. Frisch, à produire ce & cri aigu. » Il est vrai que les narines du coucou sont, quant à l’extérieur;, d’une structure assez singulière, | comme nous le verrons plus bas; mais je me suis assuré qu'elles ne contribuent nullement à modi- fier son cri, lequel est resté le même, quoique j'eusse fait boucher ses narines avec de la cire. J’ai reconnu, en répétant cette expérience sur d’autres” oïseaux , et notamment sur le iroglodvte, que leur # cri reste aussi le même, soit qu'on bouche leurs narines, soit qu’on les laisse ouvertes. On sait d’ail=w leurs que le siége des principaux organes de la voix des oiseaux est, non pas dans les narines, ni même dans la glotte, mais au bas de la trachée-artère, « un peu au-dessus de sa hifurcation. À L à / *, 6 DU! C'OULC ONE: |: 73 fortes , ils s’en servent pour poursuivre leur nourrice sur les branches voisines lorsqu'elle les quitte, ou pour aller au- devant d’elle lorsqu'elle leur apporte la becquée. Ce sont des nourrissons insa- tiables * , et qui le paroissent d'autant plus , que de petits oiseaux, tels que le rouge-sorge, la fauvette, le chantre et le troglodyte, ont de la peine à fournimgla subsistance à un hôte de si grande dé- NT pense, sur-tout lorsqu'ils ont en même temps une famille à nourrir, comme cela arrive quelquefois. Les jeunes coucous que l’on élève conservent ce cri d'appel, selon M. Frisch , jusqu’au 15 ou 20 de septembre , et en accueillent ceux qui leur portent à manger ; mais alors ce cri commence à devenir plus grave par de- grés , et bientôt après ils le perdent tout- à-fait. | _ La plupart des ornithologistes con- ennent que les insectes sont Le fonds de la nourriture du coucou, et qu'il a un appétit de préférence pour les œufs d’oi- * C’est de là que lon dit proverbialement, avaler comme un coucou. "7 : Oiseaux. XII. | ) T. + 4 HISTOIRE NATURELLE seaux, comme je l'ai dit ci-dessus. Ray. a trouvé des chenilles dans son estomac ; : j'y ai trouvé, outre cela, des débris très reconnoissables de matières végétales , de petits coléoptères bronzés, verd doré, etc., et quelquefois de petites pierres. M. Frisch prétend qu'en toute saison 1l faut donner _à manger aux Jeunes coucous aussi ma- tin et aussi tard qu’on le fait ordinaire- ment dans les grands jours d’été. Le même auteur a observé la manière dont ils man- gent les insectes tout vivans: ils prennent _ les chenilles par la tête; puis les faisant passer dans leur bec , ils en expriment et. font sortir par Pure tout le suc ; après quoi ils les agitent encore et les secouent plusieurs fois avant de les avaler. Ils prennent de même les papillons par la tête , et les pressant dans leur bec, ils les cb UE vers le corselet, et les avalent avec leurs hiles. Ils marigeest aussi des : vers ; mais ils préfèrent ceux qui sont, vivans. Lorsque les insectes manquoient, Frisch donnoit à un Jeune qu'il élévoit, M du foie, et sur-tout du rogron de mou: ton, coupé en petites tranches louguettes à 4 MIE GOUU COUT) 7 de la forme des insectes qu’il aimoit. Lors- que ces tranches étoient trop sèches, il falloit les humecter un peu, afin qu'il pût les avaler. Du reste, il ne buvoit jamais que dans le cas où ses alimens étoient ainsi desséchés ; encore s’y pre- moit-il de si mauvaise grace, que l’on voyoit bien qu’il buvoitavecrépugnaunce, pour ainsi dire, à son corps défen- dant : en toute autre circonstance, il re- jetoit, en secouant son bec, les gouttes d’eau qu’on y avoit introduites par force ou par adresse * , et l’&ydrophobie pro- prement dite Pret être son état habi- tuel. si Les jeunes coucous ne chantent point la première année, et les vieux cessent de chanter, ou du moins de chanter assi- dument , vers la fin de Juin : mais ce * J'ai observé la même chose, ainsi que le char- treux de M. Salerne, et comme l’observeront tous ceux qui prendront la peine d'élever ces sortes d'oiseaux. Seroit-ce à cause de cette hydrophohie paturelle, quon a imaginé de conseiller contre Ja vraie maladie de ce nom une décoction de la fiente du coucou dans du vin ? 76 HISTOIRE NATURELLE silence n’annonce point leur départ ; on « en’trouve même dans les plaines jusqu’à la fin de septembre , et encore plus tard, Ce sont sans doute les premiers froids et la disette d'insectes qui les déterminent à passer dans des climats plus chauds. Ils : vont la plupart en Afrique , puisque MM. les cominandeurs de Godeheu et des Mazys les mettent au nombre des oiseaux qu’on voit passer deux fois chaque année dans l'île de Malte ?. A leur arrivée dans notre pays , ils semblent moins fuir les lieux habités ; le reste du temps, ils vol- tigent dans les bois, les prés, ete., et. par-tout où ils trouvent des nids pour y poudre et en manger les œufs, des in- sectes et des fruits pour se nourrir. Sur l’arrière-saison , les adultes, sur-tout les femelles, sont bons à manger, et ausst x M. le commandeur de Querhoent et M. Hébert w ont vu plusieurs fois de jeunes coucons rester dans le pays jusqu’au mois de septembre, et quelques uns jusqu'à la fin d'octobre. ? M, Salerne dit, d'après les voyageurs, que : - les coucous se posent snblanéleis en grand nombre sur les navires. se 7 | raeiuéue ct SDL dé US Se 42 D: CO U-CrO: U: ‘ 777} gras qu'ils étoient maigres au printemps |. Leur graisse se réunit particulièrement sous le cou ?, et c’est le meilleur morceau ‘de cette espèce de gibier. Ils sont ordinaire- ment seuls, inquiets , changeant de place à tout moment, et parcourant chaque jour un terrain considérable, sans cepen- dant faire jamais de longs vols. Les an- ciens observoient le temps de l'apparition et de la disparition du coucou en Italie, Les vignerons qui n’avoient point achevé de tailler leurs vignes avant son arrivée, étoient regardés comme des paresseux, et devenoient l’objet de la risée publique; les passans qui les voyoient en retard, leur reprochoiïent leur paresse en répétant le cri de cet oiseau, qui lui-même étoit l'emblème de la fainéantise, et avec très- grande raison , puisqu'il se dispense des devoirs les plus sacrés de la Nature. On 1 C’est dans cette saison seulement que la facon 4 parler proverbiale, maigre comme un COUCOU sa juste application. 2 J'ai observé la même ché dans un jeune merle de roche que je faisois élever, et qui est mort au mois d'octobre, L - 7 78 HISTOIRE NATURELLE disoit aussi, fx comme un coucou ( car om peut être à la fois fin et paresseux }), soit parce que, ne voulant point couver ses œufs, il vient à bout de les faire couver" à d’autres oiseaux , soit par une autre raison tirée de l’ancienne mythologie *. Quoique rusés, quoique solitaires, les -coucous. sont capables d’une sorte d'é- ducation; plusieurs personnes de ma con- noissance en ont élevé et apprivoisé. On les nourrit avec de la viande hachée, cuite ou crue, des insectes , des œufs, du pain mouillé, des fruits, etc. Un de ces cou- cous apprivoisés reconnoissoit sonmaître, venoit à sa voix, le suivoit à la chasse, perché sur son fusil ; et lorsqu'il trouvoit x bétiter s'étant appercu que sa sœur Juno étoit seule sur le mont Diceien » autrement dit Thornax , excita un violent orage, et vint sous la forme d’un coucou se poser sur les genoux de la déesse, qui, le voyant mouillé, transi, battu de da tempête, en eut pitié, et le réchauffa sous sa robe ; le dieu reprit sa forme à propos, et devint l'époux de sa sœur. De cet instant, le mont Di- ceien fut appelé Coccygien, ou montagne du coucou > et de là l'origine du Jupiter cuculus. DU COUC'O U. 79 en chemin un griottier , il y voloit, etne revenoit qu'après s re. rassasié bites ; ment : quelquefois 1l ne revenoit point à son maître de toute la journée, mais le suivoit à vue, en voltigeant d'arbre en arbre. Dans la maison, il avoit toute li- berté de courir , et passoit la nuit sur un juchoir. La fiente decet oiseau estblanche et fort abondante: c’est un des inconvé- miens de son éducation. Il faut avoir soin de le garantir du froid dans le passage de l'automne à l'hiver : c’est pour ces oiseaux de temps critique ; du moins c’est à cette époque que J'ai perdu tous ceux que J'ai voulu faire élever , et beaucoup d'autres oiseaux de différentes espèces. à Oliua dit qu’on peut dresser le coucou pour la chasse du vol comme les éper- viers et les faucons ; mais il est le seul qui assure ce fait, et ce pourroit bien être une erreur occasionnée, comme plusieurs autres de l’histoire de cet oiseau, par l& ressemblance de son plumage avec celui de l’épervier. Les coucous sont répandus assez géné- ralement dans tout l’ancien continent; Pl * pr” 80 HISTOIRE NATURELLE et quoique ceux d'Amérique aient des habitudes différentes, on ne peut s'em- pêcher de reconnoître dans plusieurs un air de famille : celut dont il s’agit icime se voit que l'été dans les pays froids ou méme tempérés, tels que l’Europe , et l'hiver seulement dans les climats plus chauds, tels que ceux de l’Afrique sep- tentrionale ; il semble fuir les tempéra- tures excessives. | Cet oiseau posé à terre ne marche qu’en sautillant, comme je l'ai remarqué : mais 11 s’y pose rarement ; et quand cela ne se- roit point prouvé par le fait, 1l seroit fa- cile de le juger ainsi d’après ses pieds très- courts ct ses cuisses encore plus courtes. Un jeune coucou du mois de juin, que j'ai eu occasion d'observer, ne. faisoit aucun usage de ses pieds pour marcher: mais il se servoit de son bec pour se traî- ner sur son ventre, à peu près comme le perroquet s’en sert pour. grimper; et lorsqu'il grimpoit dans sa cage, J'ai pris garde que le plus gros des doigts posté- rieurs se dirigeoit en avant, mais qu'il servoit moins que les deux autres anté- qu BU CO U COD:: St rieurs *: dans son mouvement progressif il agitoit ses ailes comme pour s’en aider. : J'ai déja dit que le plumage du coucou étoit fort sujet à varier dans les divers individus ; il suit de là qu’en donnant la description de cet oiseau, on ne peut prétendre à rien de plus qu’à donner une _idée des couleurs et de leur distribution, telles qu’on les observe le plus commu: nément dans son plumage. La plupart des mâles adultes qu’on m’a apportés, res- sembloient fort à celui qui a été décrit par M. Brisson : tous avoient le dessus de la tête et du corps, compris les couver- tures de la queue, les petites couvertures des ailes, les grandes les plus voisines du * Si cette habitude est commune à toute l’es- pèce, que devient l’expression digiti scansorti, appliquée par plusieurs naturalistés aux doigts disposés comme dans le coucou, deux en avant et deux en arrière ? D'ailleurs ne sait-on pas que les sittelles, les mésanges, el les oiseaux appelés grimpereaux par excellence, grimpent sh périene rement, quoiqu’ils aient les doigts disposés à la manière vulgaire, c'est-à-dire, trois en avant et um seul en arrière. CHE * "4 . » à { } di 7 NORCTE 1 82 HISTOIRE NATURELLE dos et les trois pennes qu’elles recouvrent, d'un Joli cendré; les grandes couvertures du milieu de l'aile, brunes, tachetées de roux et terminées de blanc; les plus éloi- gnées du dos et les dix premières pennes de l’aile d’un cendré foncé, le côté inté- rieur de celles-ci tacheté de blanc rous- sâtre; les six pennes suivantes brunes, marquées des deux côtés de taches rousses, terminées de blanc ; la gorge et le de- vant du cou d’un cendré clair; le reste du dessous du corps rayé transversalement de brun sur un fond blanc sale ; les plumes des cuisses de même, tombant de chaque côté sur le tarse en facon de manchettes; le tarse garni extérieurement de plumes cendrées jusqu’à la moitié de sa longueur ; les pennes de la queue noirâtres et ter- minées de blanc; les huit intermédiaires tachetées de blanc près de la côte et sur le côté intérieur; les deux du milieu ta- chetées de même sur le bord extérieur, et la dernière des latérales rayée trans- versalement de la même couleur; l'iris noisette, quelquefois jaune; la paupière interne fort transparente; le bec noir au r RU COUCOU NX 4 dehors, jaune à l’intérieur; les angles de son ouverture orangés; les pieds jaunes ; un peu de cette couleur à la base du bec ‘inférieur. J’ai vu plusieurs femelles FA ressem- bloient beaucoup aux mâles; J'ai appercu à quelques unes, sur les côtés du cou, des vestiges de ces traits bruns dont parle Linnæus. | Le docteur Derham dit que les femelles ont le cou varié de roussâtre, et le dessus du corps d’un ton plus rembruni*; les ailes aussi, avec une teinte roussâtre, et les yeux moins jaunes. Selon d’autres observateurs, c’est le mâle qui est plus noirâtre : il n’y a rien de bien constant dans tout cela que la grande variation du plumage. | Les jeunes ont le bec, les pieds, la * Une personne digne de foi m’assure qu'elle a vu quelques uns de ces individus plus bruns, qui étoient aussi de plus grande taille. S1 d’étoient des femelles, ce seroit un nouveau trait de conformité entre l'espèce du coucou et les oiseaux de proie. D’un autre côté, M. Frisch a remarqué que de deux jeunes coucous de différens sexes qu’il nour- xissoit, le mâle étoit le plus brun. 84 HISTOIRE NATURELLE queue et le dessous du corps à peu près comme dans l'adulte, excepté que les pennes sont engagées plus ou moins dans le tuyau; la gorge, le devant du cou et le dessous du corps, rayés de blanc et de noirâtre, de sorte cependant que le noi- râtre domine sur les parties antérieures plus que sur les parties postérieures ( dans quelques individus il n’y a presque point de blanc sous la gorge); le dessus de la tête et du corps Joliment varié de noirâtre, de blanc et de roussâtre, distribués de manière que le roussâtre paroît plus sur lé milieu du corps, et le blanc sur les extrémités; une tache blanche derrière la tête, et quelquefois au-dessus du front; toutes les pennes des ailes, brunes, termi- nées de blanc, et tachetées plus ou moins de roussâtre ou de blanc; l'iris gris ver- dâtre ; le fond des plumes cendré très-clair. Il y a grande apparence que cette femélle si joiiment 7zadrée dont parle M. Salerne, étoit une Jeune de l’année. Au reste, M. Frisch nous avertit que les jetines cou- cous élevés dans les bois par leur nour- rice sauvage, ont le plumage moins varié, Fr so CAO VC 85 plus approchant du plumage des coucous adultes, que celui des Jeunes coucous élevés à la maison. Si cela n’est pas, il semble au moins que cela devroit être; car on sait qu’en général la domesticité est une des causes qui font varier les couleurs des animaux, et l’on pourroit croire que les espèces d'oiseaux qui parti- cipent plus ou moins à cet état, doivent aussi participer plus ou moins à la varia- tion du plumage : cependant je ne puis dissimuler que les Jeunes coucous sau- vages que J'ai vus, et j'en ai vu beau- coup, u’avoient pas les couleurs moins variées que ceux que J’avois fait nourrir jusqu’au temps de la mue exclusivement. 11 peut se faire que les jeunes coucous sauvages que M. Frisch a trouvés plus ressemblans à leurs père et mère, fussent plus âgés que les Jeunes coucous domes- tiques auxquels il les comparoit. Le même auteur ajoute que les jeunes mâles ont le . plumage plus rembruni que les femelles, le dedans de la bouche plus rouge, et le cou plus gros *. * M. Frisch soupconne que la grosseur du cou, 8 4 du : à il NT ul : { : U à ñ _ 10 fr id 4 Le D'aut, n 4: RUE: d : wi 86 HISTOIRE NATURELLE Le poids d'un coucou adulte pesé le 12 avril étoit de quatre onces deux gros et demi ; le poids d’un autre pesé le 17 août étoit d'environ cinq onces : ces oiseaux pèsent davantage en automne, parce qu’alors ilssontheaucoupplus gras, et la différence n’est pas petite ; J'en aï pesé un jeune le 22 juillet , dont la lon- gueur totale approchoit de neuf pouces, et dont le poids s’est trouvé de deux onces deux gros ; un autre qui étoit presque aussi grand , mais beaucoup plus maigre, ne pesoit qu’une once quatre gros, c’est- à-dire , un tiers moins que le premier. Le mâle adulte a le tube intestinal d'environ vingt pouces ; deux cœcums d'inégale longueur , l’un de quatorze lignes ( quelquefois vingt-quatre), l'autre de dix ( quelquefois jusqu’à dix-huit), qui-est propre au mâle, pourroit bien avoir quel= . A que rapport au cri que les mâles, et les seuls tuâles, font entendre : cependant je n’ai point re= marqué , dans le grand nombre de dissections que j'ai faites, que les organes qui contribuent à la formation de la voix eussent plus de volume dans les mâles que daus les femelles. + ' re UrEOQUCIOME ST 67 tous deux dirigés en avant, et adhérant dans toute leur longueur au gros intestin parune membrane mince et transparente ; une vésicule du fel ; les reins placés de part et d'autre de l’épine , divisés chacun en trois lobes principaux , sous-divisés eux-mêmes en lobules plus petits par des “tranglemens , faisant tous la sécrétion d’une bouillie blanchâtre ; deux testicules de forme ovoide , de grosseur inégale, attachés à la partie supérieure des reins , et séparés par une membrane. L'œsophage se dilate à sa.partie infé- rieure en une espèce de poche glandu- leuse, séparée du ventricule par un étran- glement. Le ventricule est un peu mus- culeux dans sa circonférence , membra- neux dans sa partie moyenne , adhérant par des tissus fibreux aux muscles du bas-ventre et aux différentes parties qui l'entourent ; du reste , beaucoup moins gros et plus proportionné dans l’oiseau sauvage nourri par le rouge-gorge ou la fauvette , que dans l'oiseau apprivoisé et élevé par l’homme: dans celui-ci, ce sac , ordinairement distendu par l'excès Ma: al OUT ee an A et le dan 88 HISTOIRE NATURELLE de la nourriture , égale le volume d’un. moyen œuf de poule , occupe toute la partie antérieure de la cavité du ventre depuis le sternum à l’anus , s'étend quel- quefois sous le sternum de cinq ou six lignes , et d’autres fois ne laisse à décou- vert aucune partie de l'intestin , au liew que, dans des coucous sauvages que J'ai fait tuer au moment même où on me les apportoit , ce viscère ne s'étendoit pas tout-à-fait jusqu’au sternum , et laissoit paroître entre sa partieinférieure et l'anus deux circonvolutions d’intestins, et trois dans le côté droit de l'abdomen. Je dois ajouter que, dans la plupart des oiseaux dont J'ai observé l’intérieur , on voyoit, sans rien forcer ni déplacer , une ou deux circonvolutions d’intestins dans la cavité du ventre à droite de l'estomac, et une entre le bas de l'estomac et l'anus. Cette différence de conformation n’est donc que du plus au moins , puisque dans la plupart des oiseaux , non seulement la face postérieure de lestomac est séparée de l’'épine du dos par une portion du tube intestinal qui se trouve interposée, Ft DOTCIDTUNMCIQULALTE 4 amais que la partie gauche de ce viscère n’est jamais recouverte par aucune por- tion de ces mêmes intestins ; et il s’en faut bien que je regarde cette seule diffé- rence comme une cause capable derendre le coucou inhabile à couver, ainsi que l’a dit un ornithologiste. Ce ñ’est point apparemment parce que cet estomac est trop dur, puisque, ses parois étant mem- braneuses , il n’est dur en effet que par accident et lorsqu'il est plein de nour- riture; ce qui n’a guère lieu dans une femelle qui couve. Ce n’est point non plus ,' comme d’autres l’ont dit |, parce que l'oiseau craindroit de refroidir sou estomac , moins garanti que celui des autres oiseaux; car 1l est clair qu'il cour- -roit bien moins ce risque en couvant qu'en voltigeant ou se perchant sur les arbres : le casse-noix est conformé de même , et cependant il couve. D'ailleurs ce n’est pas seulement sous l’estomac, mais sous toute la partie inférieure du corps, que les œufs se couvent: autrement Ja plupart des oiseaux qui, comme les perdrix, ont le sternum fort prolongé, A sn ae ne 1, Vo nart nb ré rad Mis hu ) 4 HR. Vothge #2 ait 7" cu } 4 ! à : 1y y \ L Le b (0 A in k 2 a L' xaal \ dia CN Ü M t 1 LP s a k : à né À M P , — “ Pr ) ia a) los WAR don ATARI TS Ld La trail: Ÿ x 0 X A Ve et Pr ef ‘ g HISTOIRE NATURELLE ne pourroient couver plus de trois ot quatre œufs à la fois , et l’on sait que le plus grand nombre en couve davantage. J'ai trouvé dans l'estomac d’un Jeune * coucou que je faisois nourrir, une masse de viande cuite presque desséchée , ct qui n’avoit pu passer par le pylore ; elle étoit décomposée, ou plutôt divisée en fbrilles de la plus grande finesse, Dans un autre jéune coucou , trouvé mort au milieu des bois vers le commencement d'août , la membrane interne du ventri- cule étoit velue; les poils ; longs d'environ une ligne, sembloient se diriger vers l'orifice de l’œsophage. En général , on xencontre fort peu de petites pierres dans l'estomac des jeunes coucous , et presque jamais dans l'estomac de ceux où il n’y 1 a point de débris de matières végétales. IL est naturel que l’on en trouve dans l’es- tomac de ceux qui ont été élevés par des verdières | des alouettes et autres oiseaux qui nichent à terre : le sternum forme un angle rentrant. Longueur totale , treize à quatorze pouces ; bec, treize ligues et demie; les " gba te-oeaut, À à Des SORTE DU. coucot | + bords de la pièce supérieure échancrés près de la pointe ( mais non dans les tout jeunes ) ; narines elliptiques, ayant leur ouverture environnée d’un bord saillant, et au centre un petit grain blanchôâtre qui s'élève presque jusqu'à la hauteur de ce rebord ; langue mince à la pointe , etnon née nier >tarse , dix lignes ; cuisse , moins de douze ; l'intérieur des ongles postérieurs le moins fort et Le plus erochu de tous ; les deux doigts antérieurs unis ensemble à leur base par une membrane; le dessous du pied comme chagriné et d’un grain très-fin ; vol, environ deux pieds ; queue, sept pouces et demi , com- posée de dix pennes étagées * ; dépasse les ailes de deux pouces. * M. Ray n'a compté que huit penves dans la queue de Pindividu qu’il a observé en 1693 ; mais assurément :} en manquoll deux. Dh à # à "A k 4 : û y / SEC à {, an "» A s TER "1 DA pete Lis F # : 2 HISTOIRE NATURELLÉ VARIÉTÉS DU COUCOU. Ok aura vu sans doute avec quelque surprise, en lisant l’histoire du coucou, combien le type de cette espèce est in- constant et variable : ce qui en effet n’est pointordinaire chez les oiseaux qui vivent dans l’état de nature, et sur-tout chez ceux qui S'apparient; Car pour ceux au contraire qui ne s’apparient point et qui n’ont qu'une ardeur vague , indéter- minée , pour une femelle en général, sans aucun attachement particulier , à force d’être étrangers à toute fidélité per- sonnelle, ou, si l’on veut, individuelle, ils sont plus exposés à manquer aux lois encore plus sacrées de la fidélité due à l'espèce , et à contracter des alliances irrégulières , dont le produit varie plus ou moins , selon que les individus qui se sont unis par hasard , étoient plus ou moins différens entre eux : de là la diversité BAD CID UC: ONU 93 que l’on remarque entre les individus , soit pour la grosseur, soit pour les formes, soit pour le plumage ; diversité qui a donné lieu à plus d’une erreur , et qui a fait prendre de véritables coucous pour des faucons , des émerillons , des autours, des éperviers, etc. Mais sans entrer ici dans le détail de ces variétés inépui- sables et qui paroissent n'être rien moins que constantes , je me bornerai à dire que l’on trouve quelquefois en différens pays de notre Europe des coucous qui diffèrent beaucoup entre eux par la taille*, et qu'à l'égard des couleurs, le gris cendré , le roux, le brun, le blanchâtre, sont distribués diversement dansles divers individus , en sorte que chacune de ces couleurs domine plus ou moins , et que, par ia multiplicité de ses teintes, elle augmente encore les variations de leur * Le coucou varié aux pieds rouges des Pyrénées, de Barrère, est encore une de ces variétés, et peut-être son coucou cendré d'Amérique. [l en est de même du cucule francescano de Gerini, et de son cucule rugginoso. Mais ces deux derniers sont des variétés d'âge. 94: HISTOIRE NATURELLE plumage. À l'égard des coucous étran- gers , J'en trouve deux qui me semblent devoir se rapporter à l'espèce européenne comme variétés de climat , et peut-être en ajouterois-je plusieurs autres si J’avois été à portée de les osserver de plus près. L LE coucou du cap de Bonne-Espé- rance, représenté dans nos planches enlu- minées , n° 390, a beaucoup de rapport avec celui de notre pays , et par ses pro- portions, et par la rayure transversale du dessous du corps , et par sa taille, qui n’est pas.beaucoup plus petite. Il a le dessus du corps d’un verd brun ; la gorge, les joues , le devant du cou et les nantes supérieures des ailes, d'un roux foncé ; les pennes de la tete, d’un roux un ne plus clair , terminées de blanc ; la poitrine et tout de reste du dessous du corps , rayés transversalement de noir sur un fond blanc ; l'iris jaune; le bec brun foncé ; et les pieds d’un brun rougeâtre. Il a de longueur totale un peu moins de douze pouces. Seroit-ce ici l'oiseau connu au cap de FH 44 NO Va tds 1 PAU D SRB ET OR TIMES ge % Er # à \ CA y ’ LR q | : ' DU CGTO'U COUT L 95" Bonne - Espérance sous le nom d'’édolio, et qui répète en effet ce mot d’un to bas et mélancolique ? Il n’a point d’autre chant , et plusieurs habitans du pays, non pas Hottentots , mais Européens, sont persuadés que l’ame d’un certain patron de barque qui prononcoit souvent le même mot, est passée dans le corps de cet oiseau ; car nos siècles modernes ont aussi leurs métamorphoses : celle-ci n’est pas moins vraie que celle du Jzpiter cuculus , et nous lui devons probablement la connaissance du cri de ce coucou. On seroit trop heureux si chaque erreur nous valoit une vérité. I. Les voyageurs parlent d’un coucou du royaume de Loango en Afrique le- quel est un peu plus gros que le nôtre, mais peint des mêmes couleurs et qui en difière principalement par sa chanson: ce qui doit s'entendre de l'air, et non des paroles ; car il dit coucou comme le nôtre, mais sur un ton différent. Le mâle com- mence, dit-on , par entonner la game, et chante seul les trois premières notes ; 96 “HIS STOIRE NATURELLE, | ensuite la femelle l'accompagne à lumis= son pour le reste de l’octave , et diffère en cela de la femelle de notre coucou, qui ne chante point du tout comme son môle dé et qui chante beaucoup moins. C’est une raison de plus pour séparer ce coucou de Loango du nôtre, et pour le considérer comme une ratés dans l'espèce. dns à Là À er ctde da ie NE HOME de Mg A eat LES COUCOUS ÉTRANGERS, L>ss principaux attributs du coucou d'Europe consistent, comme on vient de le vo, en ce qu'il a la tête un peu grosse, l'ouverture du bec large ; les doigts dis- posés, deux en avant et deux en arrière; les tarses garnis de plumes ; les pieds courts , les cuisses encore plus courtes; les ongles foibles et peu crochus; la queue longue et composée de dix pennes éta- gées. Il diffère des couroucous, et par le nombre de ces mêmes pennes ( car les couroucous en ont douze à la queue), et sur-tout par son bec, qui est plus alongé, et dont la partie supérieure est plus con- vexe. Il diffère des barbus, en ce qu'il n’a point de barbes autour de la base du bec. Mais tout cela doit être entendu sai- nement , et il ne faut pas s’imaginer qu'on ne doive admettre dans le genre dont le coucou d'Europe est le modèle, que des espèces qui réunissent exacte- ment tous ces attributs. C’est le cas de 9 98 HISTOIRE NATURELLE répéter qu'il n’y a rien d’absolu dans la Nature, que par conséquent il ne doit y avoir rien de strict dans les méthodes : faites pour la représenter , et qu'il seroit : moins difficile de réunir dans une vaste volière toutes les espèces d'oiseaux , Sépa- rées par paires bien assorties, que de les séparer intellectuellement par des carac- tères méthodiques qui ne se démentissent jamais : aussi, parmi les espèces que nous rapporterons au genre du coucou, en trouvera-t-on plusieurs en qui les attri- buts propres à ce genre seront diverse- ment modiñés, d’autres qui ne les auront pas tous, et d’autres qui auront quelques uns des attributs des genres voisins. Mais si l’on examine de près ces espèces di- versés , on reconnoîtra qu'elles ont plus de rapport avec le genre du coucou qu’a- vec aucun autre; ce qui suffit, ce me semble, pour nous autoriser à les ras- sembler sous une dénomination com- mune , et pour en composer un genre, non pas strict, rigoureux, et par cela même imaginaire , mais un genre réel et vrai, tendant au grand but de toute . Média ert à x en ) RQ RU RAT ODA DES COUCOUS ÉTRANGERS. og généralisation , celui de faciliter le pro- grès de nos connmoissances , en réduisant au plus petit nombre tous les faits de détail sur lesquels elles sont nécessaire- ment fondées. On ne sera donc point sur- pris de trouver ici parmi les coucous étrangers des espèces qui ont la queue quarrée , comme le coucou tacheté de la Chine, celui de l'ile de Panay, le vou- xou-driou de Madagascar, et une variété du coucou brun piqueté de roux des Indes ; d’autres qui l’ont, pour ainsi dixe , fourchue, comme le coucou qui a deux longs brins à la place des deux pennes extérieures ; d’autres qui l'ont plus qu'étagée et semblable à celle des veuves, comme le san-hia de la Chine et le coucou huppé à collier ; d’autres qui l'ont étagée seulement en partie, comme le vieillard à ailes rousses de la Caroline, lequel n’a que deux paires de pennes étagées , et comme une variété du jacobin huppé de Coromandel, qui n’a que la seule paire extérieure étagée, c'est-à-dire, plus courte que les quatre autres paires, lesqueiles-sont égales entre CL f. (DRE à oué Pelé de LE Ne 0 à 100 HISTOIRE N LTURECES elles ; d’autres qui ont douze pennes à la queue, comme le vourou-driou , et le coucou indicateur du Cap; d’autres qui n’en ont que huit, comme le guira-can- tara du Bresil, si toutefois Marcgrave ne s’est point trompé en les comptant ; d’autres qui ont l'habitude d’épanouir leur queue lors même qu'ils sont en re- pos , comme le coua de Madagascar, le coucou verd doré et blanc du cap de Bonne-Espérance , et le second coukeel de Mindanao ; d’autres qui en tiennent toutes les pennes serrées et superposées, les intermédiaires aux latérales ; d’autres qüi ont quelques barbes autour du bec, comme le san-hia, le coucou indicateur, et une variété du coucou verdâtre de Madagascar; d’autres qui ont le bec plus long et plus gréle à proportion , comme le tacco de Cayenne ; d’autres qui ont le doigt postérieur interne armé d’un long éperon, semblable à celui de nos alouettes, comme le houhou d'Égypte , le coucou des Philippines , le coucou verd d’An- tigue , le toulou et le rufalbin ; d’autres enfin qui ont les pieds plus ou moins OR RE RTS me D NE PEER GP US GE PR MR LR OR OU EAU DUO E 77 DES COUCOUS ÉTRANGERS. or courts , plus ou moins garnis de plumes ; ou même sans aucune plume ni duvet. Il n’est pas jusqu’au caractère réputé le plus fixe et le plus constant, je veux dire la disposition des doigts tournés deux en avant et deux en arrière , qui ne par- ticipe à l’inconstance de ces variations, puisque J'ai observé dans le coucou que lun de ses doigts postérieurs se tournoit quelquefois en avant, et que d’autres ont observé dans les hiboux et les chat- huans, que l’un de leurs doigts anté- rieurs se tournoit quelquefois en arrière : mais ces légères différences, bien loin de mettre du désordre dans le genre des cou- cous, annoncent au contraire le véritable ordre de la Nature, puisqu'elles repré- sentent la fécondité de ses plans et l’ai- sance de son exécution, en représentant les nuances infiniment variées de ses ou- vrages , et les traits infiniment diversifiés qui, dans chaque famille d'animaux, distinguent les individus sans leur ôter l'air de famille. Une chose très-remarquable dans celle des coucous, c’est que la branche établie a 4 D Ed nude ls à à. ji 102 D LÉ D En es NATURELLE dans le nouveau monde est celle qui paroît être la moins sujette aux varia- tions dont Je viens de parler, la moins dégénérée , celle qui semble avoir con- servé plus de ressemblance avec l'espèce eur DE considérée comme tronc com- mun, et s’en être séparée plus tard. À la vais , l'espèce européenne fréquente les pays du Nord, pousse ses excursions jusqu’en Danemarck et en Norvége, et par conséquent aura pu aisément fran- chir les détroits peu spacieux qui, à ces hauteurs , séparent les deux continens: mais elle a pu franchir avec encore plus de facilité l’isthme de Suez d’une part ou quelques bras de mer fortétroits, pour se répandre en Afrique ; et du côté de l'Asie, elle n’avoit rien du tout à franchir; eu sorte que les races qui se sont établies dans ces dernières contrées, doivent s’etre séparées beaucoup plus tôt de la souche primitive, et lui ressembler beaucoup moins : aussi ne compte-t-on guère em Amérique que deux ou trois exceptions ou anoimnalies extérieures sur quinze es- pèces ou variétés, tandis que dans lA- ‘ PUE VN A à PP asile kise ne rl RO NT DTA ee Ne DOPRS M PPNE RT pperl fi ht AIME LOC RUR à. nyeieuide PS ER J %. DES COUCOUS ÉTRANGERS. 103 frique et l’Asie on en compte quinze où vingt sur trente-quatre ; et sans doute on en découvrira davantage à mesure que tous ces oiseaux seront plus connus. lis le sont si peu, que c’est encore un problème , si parmi tant d'espèces étran- gères il en est une seule qui ponde ses œufs dans le nid des autres oiseaux, comme fait le coucou d'Europe; on sait seulement que plusieurs de ces espèces étrangères prennent la peine de faire elles-mêmes leur nid et de couver elles- mêmes leurs œufs: mais quoique nous ne connoissions que des différences super- ficielles entre toutes ces espèces, nous pouvons supposer qu’il en existe de con- sidérables et de générales , sur-tout entre les deux branches fixées dans les deux continens , lesquelles ne peuvent man- quer de recevoir tôt ou tard l’empreinte du climat ; et ici les chainats sont très- différens. Par exemple, j'ai observé qu’en général les espèces américaines sont plus petites que les espèces de l’ancien conti- nent , et probablement par le concours des mêmes causes qui, dans cette méine 104 HISTOIRE NATURELLE: Amérique, s'opposent au développement plein et à l’entier accroissement , soit des quadrupèdes indigènes, soit de ceux qu'on y transporte d’ailleurs. Il y a tout au plus en Amérique deux espèces de cou- cous dont la taille approche de celle du nôtre , et le reste ne peut être comparé à cet égard qu’à nos merles ct à nos grives; au lieu que nous connoissons dans l’an- cien continent plus d’une douzaine d’es- pèces aüssi grosses ou plus grosses’ que _ l’'européenne , et quelques unes presque _ aussi grosses que nos poules. | En voilà assez , ce me semble, pour justifier le parti que je prends de sépa- rer ici les coucous d'Amérique de ceux de l'Afrique et de l’Asie, en attendant que le temps et l'observation , ces deux grandes sources de lumière , nous ayant . éclairés sur les mœurs et les habitudes naturelles de ces oiseaux, nous sachions à quoi nous en teuir sur leurs différences vraies, tant intérieures qu’extérieures , tant générales que particulières. PISE AUX DU VIEUX CONTINENT QUI ONT RAPPORT AU COUCOU. I. LE GRAND COUCOU TACHETÉ. J= commence par cet oiseau , qui n’est point absolument étranger à notre Eu- rope , puisqu'on en a tué un sur les ro+ .chers de Gibraltar. Selon toute apparence, c’est un oiseau de passage, qui se tient l'hiver en Asie ou en Afrique, et paroît quelquefois dans la partie méridionale de l'Europe. On peut regarder cette espèce et la suivante comme intermédiaires , quant au climat, entre l’espèce commune et les étrangères; elle diffère de la commune, non seulement par la taille et le plumage, mais encore par ses dimensions relatives. 506 HISTOIRE NATURELEE L’ornement le plus distingué de ce coucou, c’est une huppe soyeuse, d’un gris bleuâtre, qu’il relève quand il veut ; mais qui, dans son état de repos, reste couchée sur la tête. Il a sur les yeux un bandeau noir qui donne du caractère à sa physionomie : le brun domine sur toute la partie supérieure, compris les ailes et la queue ; mais les pennes moyennes et presque toutes les couvertures des ailes, les quatre paires latérales de la queue et leurs couvertures supérieures , sont ter- minées de blanc, ce qui forme un émail fort agréable ; tout le dessous du corps ést d’un orangé brun , assez vif sur les parties antérieures , plus sombre sur les postérieures; le bec et les pieds sont noirs. Il a la taille d’une pie; le bec de quinze à seize lignes ; les pieds courts ; les ailes moins longues que notre coucou ; la queue d'environ huit pouces, composée de dix pennes étagées, dépassant les ailes de quatre pouces et demi. ” DES OISEAUX ÉTRANGERS. 109 LI LE COUCOU HUPPÉ NOIR ET BLANC. Vorcr encore un coucou qui n’est qu'à demi étranger , puisqu'il a été vu, une seule fois à la vérité, en Europe. Les auteurs de l'Ornithologie italienne nous apprennent qu'en 1739 un mâle et une femelle de cette espèce firent leur nid aux environs de Pise ; que la femelle pondit quatre œufs , les couva, les fit éclore, etc.*; d’où l’on peut conclure que c’est une espèce fort différente de la nôtre , que certainement on ne vit jamais nicher ni couver dans nos contrées. Ces oiseaux ont la tête noire, ornée d’une huppe de même couleur, qui se couche en arrière ; tout le dessus du corps, compris les couvertures supérieures, noir et blanc ; les grandes pennes des ailes rousses, terminées de blanc; les pennes *x Ces auteurs disent expressément que jusque là: on n’avoil jamais vu de ces oiseaux dans les envi- rons de Pise, et que depuis on n’y en à pont revu. dé ro8 HISTOIRE NATURELLE de la queue noirâtres , terminées de roux clair ; la gorge et la poitrine rousses; les couvertures inférieures de la queue rous- sâtres ; le reste du dessous du corps blanc, même les plumes du bas de la jambe qui descendent sur le tarse ; le bec d’un brun verdâtre ; les pieds 4 Ce coucou paroît un peu plus gros que le nôtre, et il a la queue plus longue à APE il a aussi les ailes plus Luce et la queue plus étagée que le grand cou- cou tacheté, avec lequel il a d'aflleuxe assez de han LiE LE COUCOU VERDATRE DE MADAGASCAR Fa LA grande taille de cet oiseau est son attribut le plus remarquable. Il a tout le dessus du corps olivâtre foncé, varié sourdement par des ondes d’un brun plus sombre ; quelques unes des pennes laté- rales de la queue terminées de blane ; la * Voyez les planches enluminées, n° 815. { | "DES OISEAUX ÉTRANGERS. 109 gorge d’unolivâtre clair, nuancé de jaune; la poitrine et le haut du ventre fauve; le bas-ventre brun, ainsi que les couver- tures inférieures de la queue ; les jambes d’un gris vineux ; l'iris orangé ; le bec noir ; les-pieds d’un brun jaunâtre ; le tarse non garni de plumes. Longueur totale, vingt-un pouces et demi; bec, vingt-une à vingt - deux lignes ; queue , dix pouces, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes, qui.ne sont pas fort longues, de huit pouces et plus. Je trouve une note de M. Commerson sur un coucou du même pays, très-res- semblant à celui-ci, et dont je me con- tenterai d'indiquer les différences. | Il approche de la taille d’une poule, et pèse treize onces et demie. Il a sur la tête un espace nud, sillonné légèrement, peint en bleu, et environné d’un cercle de plumes d’un beau noir; celles de la tête et du cou douces et soyeuses ; quel- ques barbes autour de Ia base du bec, dont le dedans est noir, ainsi que la langue , celle-ci fourchue : slirisrougeñtre; Oiseaux, KIT: 10 dd cuisses et le côté intérieur doi pennes "A de l'aile noirâtres ; les pieds noirs. - "à Longueur totale , vingt-un pouces trois quarts ; bec, dix-neuf lignes, ses bords tranchans ; les narines semblables à celles des gallinacés ; l'extérieur des deux doigts postérieurs pouvant se tourner en avant. comme en arrière ( ce que j'ai déja ob- servé dans notre coucou d'Europe ); vol, : vingt-deux pouces ; dix-huit pennes à chaqueaile. Tout ce que nous à apprend M. Com- merson sur les mœurs de cet oiseau , c’est qu'il va de compagnie avec les autres ! coucous. Il paroît que c’est une variété dans l'espèce du coucou verdätre, et peut- être une variété de sexe : dans ce cas, je croirois que c’est le mâle. AE ASS 0 | dé RO V.n | LE COUA *. er Jr conserve à dr coucou le nom qui lui : * Voyez les planches enlutminées, n° 589, où M cet oiseau est représenté sous le non de coucou huppé de Madagascars a Tom 12. 3 Lnguo. Coucow «e Madagascar. J Panquet Fi UHOAU) des #: RAT HW r 4 ü 5 si QE w diet gts dre ue ds Ltd ! Ep ‘rhol bye rte FRERE Val pl AS RON SNS ANT Ai * 1e ds 8 . dl TR % TT ; ! \ Ton DES OISEAUX ÉTRANGERS. xx a été imposé par les habitans de Madagas- car , sans doute d’après son cri ,ou d’après quelque autre propriété. Il a une huppe qui se renverse en arrière, et dont les plumes, ainsi que celles du reste de la téte et de tout le dessus du corps, sont d’un cendré verdâtre; la gorge et le devant du cou cendrés ; la poitrine d’un rouge vineux ; le reste du dessous du corps blan- châtre ; les jambes rayées presque inper- ceptiblement de cendré ; ce qui paroît des pennes dela queue et des ailes, d’un verd clair, changeant en bleu et en violet éclatant, mais les pennes latérales de la queue terminées de blanc ; l'iris orangé ; le béc et les pieds noirs. Il est un peu plus gros que notre coucou , et proportionné différemment. Longueur totale, quatorze pouces ; bec, treize lignes ; tarse , dix-neuf lignes ; les doigts aussi plus longs que dans notre coucou ; vol, dix-sept pouces: queue, sept pouces, composée de pennes un peu étagées ; dépasse les ailes de six pouces. M. Commerson à fait la description de ._££ coucou au mois de novembre , sur les 2 HISTOIRE NATURELLE | W lieux et d’après le vivant. Il ajoute qu'il porte sa queue divergente, ou plütôt épa- nouie; qu'il a le cou court, les ouver- tures ‘des narines obliques et à jour , la - langue finissant en une pointe cartilagi- neuse , les joues nues, ridées et de cou- leur bleue, La chair de cet oiseau est bonne à man- ser ; on le trouve dans les bois aux envi- rons du Fort-Dauphin. V. »“ LE HOUHOU D'ÉGYPTE *. CE coucou s'est nommé lui-même; car son cri est Lou , Lou, répété plusieurs fois, de'suite sur un ton grave. On le voit fré- _“quemment dans le Delta. Le mâle et la femelle se quittent rarement ; mais il est encore plus rare qu’on en trouve plu- sieurs paires réunies. Ils sont acridophages dans toute la force du mot ; car il paroît que les sautcrelles sont leur unique ou du moins leur principale nourriture. Ils * C’est le nom que les Arabes donnent au cou- cou d'Égypte d'après son cri; ils l’écrivent Leur, 7 heut. ? nl à, \ . ' " # À VAT: PR HAT PUS OPA PCT PCM CON MERE te ñ : | FU a L > LL ‘ : . + DES OISEAUX ÉTRANGERS. 113 ne se posent Jamais sur les grands arbres, encore moins à terre, mais sur les buis- sons , à portée de quelque eau courante. | Ils ont deux caractères singuliers : le pre-- mier, c’est que toutes les plumes qui recouvrent la tête et le cou sont épaisses et dures , tandis que celles du ventre et du croupion sont douces et efflées ; le second , c’est que l’ongle du doigt posté- rieur interne est long et droit comme célui de notre alouette. : La fémelle ( car Je n’ai aucun rensei- gnement certain sur le mâle } a la tete et le dessus du cou d’un yerd obscur, avec des reflets d’acier poli; les couvertures, supérieures des ailes, d’uu roux verdâtre; les pennes des aïles rousses, terminées de verd luisant, excepté les trois der- nières qui sont entièrement de cette cou- leur, et les deux ou trois précédentes qui en sont meélées; le dos brun, avec des re- flets verdatres ; le croupion brun, ainsi que les couvertures supérieures de la queue, dont les pennes sont d’un verd luisant, avec des reflets d'acier poli; la gorge et tout le dessous du corps d’un blanc rous- \ +19 “ 314 HISTOIRE NATURELLE sâtre, plus clair sous le ventre que sur des parties antérieures et sur les flancs 3. l'iris d’un rouge vif; le bec noir, et les pieds noirâtres. Longueur totale , de quatorze ponpes et demi à seize et demi ; bec, seize à dix- sept lignes ; narines , trois lignes, fort étroites ; tarse, vingt-une lignes ; ongle postérieur interne , neuf à dix lignes ; ailes , six à sept pouces; queue , huit. - pouces, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de cinq pouces. M. de Sonini, à qui Je dois la connois- sance de cet oiseau ét tout ce que j'en ai dit, ajoute qu'il a la langue large, légère- ment découpée à sa pointe , l'estomac comme le coucou d'Europe; vingt pouces de tube intestinal, et deux cœcums,, dont le plus court a un pouce. Après avoir comparé attentivement, : et dans tous les détails , cette femelle avec l'oiseau représenté dans nos planches en- luminées, n° 824, sous le nom de coucou des Philippines, je crois qu'on peut regar- der celui-ci comme le mâle, ou du moins comme une variété, dans Lrenobsie: Ha la DES OISEAUX ÉTRANGERS. 115 même taille, les mêmes dimensions rela- tives , le même éperon d’alouette, lamême roideur dans les plumes de la téte et du cou , la même queue étagée : seulement ses couleurs sout plus sombres ; car, à l'exception de ses ailes, qui sont rousses comme dans le houhou, tout le reste de son plumage est d’un noir lustré. L'oiseau décrit et représenté par M. Sonnerat dans _ son J’oyage à la nouvelle Guinée , sous le nom de coucou verd d’Antigue *, ressemble tellement à celui.dont Je viens de parler, que ce que J'ai dit de l’un s'applique na- turellement à l’autre. Il a la téte, le cou, la poitrine et le ventre, d’un verd obs- cur tirant sur le noir ; les ailes d’un rouge brun foncé ; l’ongle du doigt interne plus délié et peut-être un peu plus long ; toutes ses plumes généralement sont dures et roides ; les barbes en sont effilées , et cha- cune est un nouveau tuyau qu porte d’autres barbes plus courtes. A la vérité, la queue ne paroît point étagée dans la figure ; mais ce peut être une inadver- tance. Ce coucou n’est guère moins gros que celui d'Europe. * Page 121, planche LXXX. “x DRE "4 eu 3 a NS 16 HISTOIRE NATURELLE Enfin l'oiseau de Madagascar, appelé toulou\, a, avec la femelle du houhoud'É- gypte, les mêmes traits de ressemblance que J'ai remarqués dans le coucou des Philippines ; son plumage est moins som- bre, sur-tout dans la partie antérieure, où le noir est égayé par des taches d’un roux clair. Dans quelques individus , l’olivâtre prend la place du noir sur le corps, et il est semé de taches longitudinales blan- châtres , qui se retrouvent encore sur les ailes ; ce qui me feroit croire que ce sont des Jeunes de l’année, d'autant plus que, dans ce genre d'oiseaux , les couleurs du plumage changent beaucoup, comme on sait, à la première mue. \ Y I. LE RUFALBIN 2 ON verra facilement que le nom que nous avons imposé à ce coucou du Séné- ‘1 Voyez les planches enluminées, n° 205 , fig. r. 2 Voyez les pl. enlum. n° 332, où ce coucou est représenté sous le nom de coucou du Sénégal. _ d | | DES OISEAUX ÉTRANGERS. 117 gal , est relatif aux deux couleurs domi- nantes de son plumage, le roux et le blanc. Lorsqu'il est perché, sa queue, qu'il épanouit comme le coua en manière. d'éventail , est presque toujours en mou- vement. Son cri n’est autre chose qu’un bruit semblable à celui qu’on fait en rap- pelant de la langue une ou deux fois. IL a, comme les deux précédens , l’ongle du doigt postérieur interne droit, alongé, fait comme l’éperon des alouettes ; le des- sus de la tête et du cou noirâtre ; les côtes de chaque plume d’une couleur plus fon- cée , et néanmoins plus brillante ; les ailes, pennes et couvertures rousses , celles -là un peu rembrunies vers le bout ; le dos d'un roux très-brun ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue rayés transversalement de brun clair, sur un fond brun plus foncé ; la gorge, le devant du cou et tout le dessous du corps, d’un blanc sale , avec cette différence que les piumes de la gorge et du cou ont leur côte plus brillante , et que le reste du dessous du corps est rayé transversalement et très-Hinement d’une couleur plus claire; » x18 HISTOIRE NATURELLE lac queue noirâtre; le bec noir, et les pieds gris bruu. Son corps n’est guère plus gros que celui d'un merle ; ; mais il a la queue beaucoup plus longu & | Longueur totale, quinze à seize pouces ; bec, quinze lignes ; tarse, dix - neuf ; ongle du doigt postérieur interne, cinq lignes et plus; vol, un pied sept à huit pouces ; queue, bé pouces, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes d'environ quatre pouces. V LE LE BOUTSALLICK. M. Edwards voyoit tant de traits de ressemblance entre ce coucou de Bengale et celui d'Europe, qu'il a cru devoir indi- quer spécialement les traits de disparité qui en font, à son avis, une espèce dis- tincte. Voici ces différences, indépendam- ment de celles du plumage, qui sautent aux yeux, et que l’on pourra toujours reconnoître par la comparaison des figures ou des descriptions. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 19 Il est plus petit d’un bon tiers , quoi- que de forme plus alongée , et que son corps, mesuré entre le bec et la queue, ait un demi-pouce de plus que celui du coucou ordinaire ; avec cela il a la tête plus grosse , les ailes plus courtes et la queue plus longue à proportion. Le brun est la couleur dominante du boutsallick, plus foncée et tachetée d’un brun plus clair sur la partie supérieure, moins foncée et tachetée de blanc, d’o- rangé et de noir, sur la partie inférieure ; les taches de brun clair ou roussâtre for- ment, par leurs dispositions sur les pennes de la queue et des ailes , une rayuretrans- yersale un peu inclinée vers la pointe des pennes ; le bec et les pieds sont jaunâtres. Longueur totale , treize à quatorze pouces ; bec, douze à treize lignes ; tarse, onze à douze; queue, environ sept pouces, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de près de cinq pouces. A | vo HISTOIRE NATURELLE . VIIL LE COUCOU VARIÉ DE MINDANAO *. CET oiseau est en effet tellement varié, qu’au premier coup d'œil on pourroit preudre son portrait colorié fidèlement , inais dessiné sur une échelle plus petite, peur celui d’un Jeune coucou d'Europe. Il a la gorge, la tête, le cou et tout le dessus du corps, tachetés de blanc ou de roux plus ou moins clair, sur un foud brun, qui lui-même est rss et tire au ul doré plus où moins brillant sur toute la partie supérieure du corps, com- pris les aïles et la queue ; maïs les taches changent de disposition sur les pennes des ailes, où elles forment des raies trans- versales d’un blanc pur à l'extérieur et teinté de roux à l’intérieur, et sur les pennes de la queue , où elles forment des raies transversales de couleur roussâtre ; si Voyez les planches enluminées, n° 277, où cet oiseau est représenté sous le nom de coucou / - tacheté de Mindanao. ) | LT e 4 à. be où A conan ÉRIC, à LES EU Li dd US de DES OISEAUX ÉTRANGERS. 12r la poitrine et tout le dessous du corps jusqu'à l'extrémité des couvertures infé- rieures de la queue, sont blancs ,; rayés transversalement de noirâtre ; le bac: est - aussi noiratre dessus, mais RES YED des- sous, et les pieds gris Mrtin Ce coucou se trouve aux Philippinés : il est beaucoup plus gros que célui de notre Europe. l | 1 Longueur totale, quatorze pouces et demi ; bec, quinze lignes; tarse, quinze lignes ; le plus long doigt, dix-septlignes; le plus court, sept lignes ; vol, dix-neuf pouces et deini; queue, sept pouces, composée de dix pennes à peu près égales; - dépasse lesailes de quatre pouces et deini. Re k I X. E&eCUIL:*. Tex est le nom que les habitans de Malabar donnent à cet oiseau , et qui ; Voyez les planciies enlumirées , n° 294, où cet oiseau est représenté sous le nor de COUCOL de Malabar. 11 Lt a ét die 16 dé due dd à | “+ 122 HISTOIRE NATURELLE, ee" être adopté par toutes les autres nai ions , pour peu que l’on veuille s’en— tendre. C’est une espèce nouvelle que l'on doit à M. Poivre, et qui diffère de la précédente, non seuleinent par sa taille : & plus petite, mais par son bec pluscourt, et par sa queue, dont les pennes sont fort inégales entre elles. Il a la tête et tout le dessus. dû corps d’un cendré noirâtre , tacheté de blanc avec régularité ; la gorge et tout le des’ L: sous du corps blancs, rayés transversa- lement de cendré ; je pennes des aïles noirâtres ; celles de la queue cendrées, rayées les unes et les autres de blanc ; l'iris orangé clair; le bec et les pieds d'un cendré peu foncé. Le cuil est un peu moins gros que le’ coucou ordinaire : il est en vénération sur. la côte de Malabar, sans doute parce qu'il se nourrit d'insectes nuisibles. La superstition en général est toujours une erreur : mais les superstitions particu- | lières ont quelquefois un fondement rai- sonuable. | | Longueur totale, onze pouces et Rp 7. #, » 26 ’ cé fa HR et DRAM E LAN NE RE HE il E PPT CNE RENE pu Lom 22; [IR SA \ TN LE TOULOU, Autre Coucoë de Madagascar &. Luquer. Foie ao AVES AN AA aps gen A SEA MAG" EMA FR EAUX ÉTRANGERS. bec, onze lignes ; ; tarse , dix ; queue | cinq pouces et demi, composée de dix . pennes étagées, la ue extérieure né tant guère que la moitié de la paire in= termédiaire ; dépasse les ailes de trois. pouces et demi. | k u cu coucou , au- W fe | Lo: yée ici d'nshé pour eng ager ris navigateurs qui aiment Yhistoire patn- relle à se procurer des connoissances plus ' 1 On sait que ces îles sant situées dans les mêmes ers que l’île de Taïti. à 2 Los IV, pige 272 | à à | ie ù Métailiées sur éese espèce nouvelle, cten ‘ général sur tous les animaux éireé: KA TT * œ I. Le Là LE COUCOU BRUN PIQUETÉ DE R ROUX *. Ox le trouvéliix Indes orientales et jusqu'aux Philippines. Il a la tête et tou le dessus du corps piquetés de roux nd un fond brun; mais les pennes des ailes et dé la queue , et les couvertures supé-. rieures de celle-ci, rayées transversale- ment, au lieu d’être piquetées ; toutes les penues de la queue terminées de roux clair; la gorge et tout le dessous du corp rayés transversalement de brun noirâtre sur un fond roux; une tache oblongue d’un roux clair sous les yeux; l'iris d'un roux jaunâtre ; le bec couleur de corne, et les pieds gris brun. 6 LE La femelle a le dessus de la tête et au * Voyez les planches enluminées, n° 771, où cet oiseau est représenté sous le nom de coucou tacheté des Indes orientales. + du A Le 5 ul \ sn Ars Vs OISEAUX ÉTRANGERS. 125 anguet” 7e 1 LA n 4 X X I LE'TAIT-SOU *. ve the agisit __ SELON ma coutume, je conserve à cet oiseau son nom pete qui est or- dinairement le meilleur et le plus carac- à N'téristique. Le tait-sou, ainsi appelé à Madagascar, son pays Datal a tout le plumage d’un beau bleu. ,et cet belle uniformité est encore relevée par des nuances très-écla- tantes de violet et de verdqui réfléchissent les pennes des ailes, et par des nuances _de violet pur, sans we plus Bu à: (pre de verd, que PéeRpsent les DA de la tableau. Longueur totale, dix-sept pouces : bec, seize lignes; Aa , deux pouces; vol, près de vingt pouces; queue, neuf pouces, -* Voyez les planches enluninées , n° 295, fig. 2, cet oiseau est représenté sous L nom de coucou u de M adas gascar. ] RE Te, TER BR AU AVES RS PONS cndaidt NULLE (Des OISEAUX ÉTRANGERS. tae a LA dre We Lie +42 HISTOIRE FA TURELEE L composée de dix pennes, dont les Lu R intermédiaires sont un peu plus longues que les latérales ; dépasse les ailes ‘oi siX pouces. X XI L LE COUCOU INDICATEUR. f - C’£zsr dans l’intérieur de l'Afrique, à quelque distance du cap de Bonne- Espérance, que se trouve cet oiséau, connu par son singulier instinct d’indi- quer les nids des abeilles sauvages. Le “matin et le soir sont les deux temps de la Journée où 1l fait entendre son cri , Chirs, chirs * > qui est fort aigu, et suillle ap- peler les chasseurs et autres personnes qui cherchent le miel dans le désert; * Selon d’autres voyageurs, le cri de-cet oiseau est mieki, wieki; et ce mot #ieki signifie rniel dans la langue hottentote. Quelquefois ilest arrivé que le chasseur allant à la voix de ce coucou a été dévoré par les bètes féroces , et on n'a pas man qué de dire que Poiseau s'entendoit avec elles pour leur livrer leur proie, RS \ DES OISEAUX ÉTRANGERS. 13 ceux-ci lui répondent d’un ton plus grave, en s’approchant toujours : dès qu'il les appercoit, il va planer sur l’arbre creux où il connoît une ruche; et si les chas- seurs tardent à s’y rendre, il redouble ses cris, vient au-devant d'eux, retourne à sou arbre sur lequel il s’arrète et voltige, et qu'il leur indique d’une manière très- marquée ; il n'oublie rien pour les exciter à profiter du petit trésor qu’il a décou- vert, et dont il ne peut apparemment jouir qu'avec l’aide de l'homme, soit parce que l'entrée de la ruche est trop étroite, soit par d’autres circonstances que le relateur ne nous apprend pas. Tandis qu'on travaille à se saisir du miel, . il se tient dans quelque buisson peu éloi- gné , observant avec intérêt ce qui se passe, et attendant sa part du butin, qu’on ne manque Jamais de lui laisser, mais point assez considérable, comme on pense bien, pour le rassasier, et par conséquent risquer d’éteindre ou d’affoiblir son ar- deur pour cette espèce de chasse. … Ce n’est point ici un conte de voyageur, - est l'observation d’un homme éclairé _ t44 HISTOIRE NATURELLE. qui a assisté à la destruction de plusieurs républiques d’abeilles trahies par ce petit espion, et qui rend compte de ce qu'il a vu à la société royale de Londres. Voici la description qu'il a faite de la femelle, sur les deux seuls individus qu'il a pu se procurer, et qu'il avoit tués, au grand scandale des Hottentots; car dans tout pays l'existence d’un être utile ést une existence précieuse. Il a le dessus dela tête griss la gorge, le devant du cou et la poitrine blanchâtres, avec une teinte de verd qui va s’affoiblis= sant et n’est presque plus sensible sur la poitrine; le ventre blanc les cuisses de même, marquées d’une tache noire oblongue ; le dos et le croupion d’un gris roussâtre ; les couvertures supérieures des ailes gris brun, les plus voisines du corps marquées d’une tache jaune, qui, à cause - de sa situation, se trouve souvent cachée sous les plumes scapulaires; les pennes des ailes brunes; les deux pennes inter- médiaires de la queue plus longues, plus étroites que les autres, d’un brun tirant A € à la couleur de rouille; les deux paires DES OISEAUX ÉTRANGERS. 149 suivantes noirâtres, ayant le côté inté- rieur blanc sale; lc suivantes blanches, \terminées de brun, marquées d’une ue noire près de leur base, excepté la der- mière paire, où cette tache se réduit pres- que à rien; l'iris gris roussâtre ; les pau- pières noires ; le bec brun à sa base, jaune au bout, et les pieds noirs. Loaiour totale, six pouces et demi; bec, environ six lignes, quelques barbes autour de la base du bec inférieur; narines oblongues, ayant un rebord saillant, situées près de la base du bec supérieur, et séparées seulement par son arête; tarses courts ; ongles foibles; queue étagée, composée de douze pennes; dépasse les ailes des trois quarts de sa longueur. / Oiseaux, X 11e 15 sn Qi Mu 4e Qne LS" \ | il FC RE LA HISTOIRE NATURELLE 7 X XIIL. LE VOUROU-DRIOU *. CETTE espèce et la précédente diffèrent de toutes les autres par le nombre des pennes de la queue; elles en ont douze, au lieu que les autres n’en ont que dix. Les différences propres au vourou-driou consistent dans la forme de son bec plus long , plus droit et moins convexe en- dessus; dans la position de ses narinés, qui sont oblongues , situées obliquement vers le milieu de la longueur du bec; M: dans un autre attribut qui lui est com- |, mun avec les oiseaux de proie, c’est que la femelle de cette espèce est plus grande que son mâle , et d’un plumage fort dif- férent. Cet oiseau se trouve dans l’île de Madagascar, et sans doute dans la partie correspondante de l'Afrique. Le mâle a le sommet de la tête noirâtre * Voyez les planches enlurminées , n° 587, le mâle, sous le nom de grand coucou mâle de Madagascar. # Fa \ DES OISEAUX ÉTRANGERS, 147 avec des reflets verds et couleur de cuivre de rosette; un trait noir situé oblique- ment entre le bec et l'œil ; le reste de la tête , la gorge et le cou , ceudrés ; la poi- trine et tout le reste du dessous du corps, . d’un Joli gris blanc ; le dessus du corps, jusqu’au bout dela queue, d’un verd chan- geant en couleur de cuivre de rosette ; les pennes moyennes de l’aile à peu près de même couleur ; les grandes, noirâtre tirant sur le verd ; le bec brun foncé, et les pieds rougeûtres. d La femelle * est si différente du mâle, que les habitans de Madagascar lui ont donné un nom différent ; elle s'appelle cromb en langue du pays. Elle a la tête, la gorge et le dessus du cou, rayés transver- salement de brun et de roux; le dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue, d’un brun uniforme: les petites couvertures supérieures des ailes brunes, terminées de roux ; les grandes verd obs- cur, bordées et terminées de roux; les * Voyez les planches enluminées, n° 588, où cette Salle est représentée sous le nom de femelle du grand coucou de Madagascar. 148 ISTOIRE NATURELLE pennes de l’aile comme dans le mâle}; excepté que les moyennes sont bordées de roux ; le devant du cou et tout le reste. 4 du dessous du corps, roux clair, varié de noirâtre ; les pennes de la queue d’un . brun lustré, terminées de roux ; lebecet . les pieds à peu près comme le mâle. 4 Voici leurs dimensions comparées : LR Le mâle. La femelle. pouces. lignes, | pouces. lignes, . Longueur totale 15 O. lrasdev dé 17 6 0. 2 ! u iso... sse LA Bécet.d re O 4 Tarserte 2000 TE 3 3 Mobile die be: TT MR RAA 9 9 4 7 RAGE Lis ant db mul RE: Dépasse les ailes 2 nnsest Lite ÈS 2 Ce - ra CNE A go LE TR SG \ OISEAUX D'AMÉRIQUE . QUI ONT RAPPORT AU COUCOU. LE COUCOU p1T LE VIEILLARD, où L’'OISEAU DE PLUIE. O donne à cet oiseau le nom de vieil lard, parce qu'il a sous la gorge une es- pèce de duvet blanc, ou plutôt de barbe ‘blanche, attribut dé la vieillesse. On lui donne encore le nom d'oiseau de pluie, parce qu'il ne fait jamais plus retentir les bois de ses cris que lorsqu'il doit pleuvoir. Il se tient toute l’année à la Jamaïque, non seulement dans les bois, mais par- tout où il y a des buissons, et il se laisse approcher de fort près par les chasseurs avant de prendre son essor. Les graines-et 13 | DES OISEAUX ÉTRANGERS Pr gts (HISTOTR les vermisseaux sont sa nourriture of | maire. , % Il a le dessus de la tête couvert ds plumes duvetées et soyeuses, d’un brun foncé ; le reste du dessus du corps, com- pris les ailes et les deux intermédiaires . ; de la queue , cendré olivâtre ; la gorge _ blanche, ainsi que le devant du cou; la poitrine et le reste du dessous du corps | roux; toutes les pennes latérales de la queue noires, terminées de blanc, et la plus extérieure bordée de même; le bec supérieur noir, l’inférieur presque blanc ;’ ses pieds d’un noir bleuâtre. Sa taille est . un peu au-dessus de celle du merle. L'estomac de celui qu'a disséqué M. - Sloane, étoit très-grand proportionnelle- ment à la taille de l’oiseau , ce qui est un trait de conformité avec l'espèce eu- : ropéenne ; il étoit doublé d’une mem- brane fort épaisse; les intestins étoient roulés circulairement comme le cable d'un vaisseau , et recouverts par une _ quantité de graisse Jaune. Longueur totale, de quinze pouces à seize trois quarts ; bec , un pouce; tarse ; / Le ti chti prs aux ÉTRANGERS. 15 treize lignes; vol, comme la longueur totale ; queue, de sept pouces et demi à huit et demi, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de presque toute sa longueur. Variétés du vieillard, ou oiseau de pluie. I ZLz vieillard à ailes rousses *. Il a les mêmes couleurs sur les parties supérieures et sur la queue ; presque les mêmes sur le bec: mais le blanc du dessous du corps, qui, dans l'oiseau de pluie, ne s'étend que sur la gorge et la poitrine, s'étend ici sous toute la partie inférieure ; de plus, les ailes ont du roussâtre, et sont plus longues à proportion. Enfin la queue est plus courte et conformée différem- nent, comme on le verra plus bas à l’ar- ticle des mesures. Ce coucou est solitaire ; il se tient dans les forêts les plus sombres ; et aux ap- proches de l'hiver il quitte la Caroline * Voyez les planches enluminées, n° 816, où cet oiseau est représenté sous le nom de coucqu de Li Caroline. s # 182 “HISTOIRE NATU! 4 :!. En pour aller men ds une Den dede vi: plus douce. - | Longueur totale , treize pouces ; bec , quatorze lignes et demie ; tarse, treize lignes ; queue , six pouces , composée de dix pennes, dont les trois paires intermé- diaires plus longues, mais à peu près égales entre elles, et les deux paires laté-. rales courtes, et d'autant plus courtes qu'elles sont plus extérieures ; les plus longues dépassent les ailes de quatre pouces. | II. LrE petit vieillard, connu à Cayenne sous le nom de coucou des palétuviers *. Cet oiseau , et sur-tout la femelle, a tant de ressemblance avec le vieillard ou oiseau de pluie de la Jamaïque, soit pour les couleurs , soit pour la conformation gé- nérale, qu’en un besoin la description de l’un pourroit servir pour l’autre, toutefois à la grandeur près ; car celui de Cayenne est plus petit, raison pour- quoi Je l’ai nommé petit vieillard. Il paroît * Voyez les planches enluminées, n° 813. #. . DES OISEAUX ÉTRANGERS. 153 aussi _æ il a la queue un peu moins longue à 1e) he : mais celà n’em- pêche pas qu’on ne puisse le regarder comme une variété de climat. Il vit d’in- sectes, et spécialement de ces grosses che- -nilles qui rongent les feuilles des palétu- viers; et c’est par cette raison qu'il se plaît _ sur ces arbres, où il nous sert en faisant Le la guerre à nos ennemis. Longueur totale, un pied; bec, treize lignes ; tarse, dise ; queue, cinq pouces et demi , composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de trois pouces un tiers. I I. LE-TACCO *. M. Sloane dit positivement qu’à l’ex- ception du bec, que cet oiseau a plus alongé, plus grêle et plus blanc , il res- * Voyez les planches enluminées, n° 772, où cet oiseau est KE day sous le nom de coucou à long bec de la Jamaïque. On lui donne aux Antilles le surnom de acco, d’après son cri. Les nègres l’appellent cracra ‘et D À 184 HISTOIRE NATURELLE | semble de tout point à l'oiseau de pluies il lui attribue les mêmes habitudes, et en conséquence il lui donne les mêmes noms. Mais M. Brisson, se fondant ap- paremment sur cette différence notable dans la longueur et la conformation du bec , a fait de l'oiseau dont il s’agit ici une espèce distincte, avec d'autant plus de raison, qu’en y regardant de près on lui découvre aussi des différences de plu- mage , et qu'il n’a pas même cette gorge ou barbe blanche qui a fait donner le nom de vieillard à l'espèce précédente. D'ailleurs M. le chevalier Lefebvre-Des- hayes, qui a observé le tacco avec atten- tion, ne lui reconnoît pas les mêmes ha- Débside que M. Sloane a remarquées dans le vicillard. | _ Tacco.est le cri habituel , et néanmoins peu fréquent , de ce ARE et ; mais, pour le rendre comme il le prononce, il faut articuler durement la première syllabe , tacra Bayo ; on ne sait pourquoi. (M. le chevalier Lefebvre Deshayes.) On le nomme colivicou à Saint-Domingue, sui= yaut M. Salerne. : EE” | * MR ED Ne À FA DES OISEAUX ÉTRANGERS. 155 et descendre d’une octave pleiñe sur la seconde : il ne le fait jamais entendre qu'après avoir fait un mouvement de la queue , mouvement qu'il répète chaque fois qu’il veut changer de place , qu’il se pose sur une branche , ou qu'il voit quelqu'un s'approcher de lui. 11 a encore un autre Cri, qQuU@, QuU@, qua, qua, MAIS qu'il fait entendre seulement lorsqu'il est effrayé par la présence d'un chat ou de quelque autre ennemi aussi dangereux. M. Sloane dit de ce coucou comme de celui qu'il a nommé oëseau de pluie, qu'il annonce la pluie prochaine par ses cris redoublés ; mais M. le chevalier Des- hayes * n’a rien observé de semblable. in Quoique le tacco se tienne communé- ment dans les terrains cultivés, 1l fré- quente aussi les bois, parce qu’il y trouve aussi la nourriture qui lui convient ; cette nourriture , ce sont les chenilles, les coléoptères , les vers et les vermisseaux , les ravets, les poux de bois et autres * Cest de M. le chevalier Deshayes que je tiens tout ce que je dis ici des mœurs et des habitudes “lu tacco. & | Sr ) ; 156 | ua 00 TU NA TOURS insectes qui ne sont malheureusement que trop communs aux Antilles, soit dans les lieux cultivés, soit dans ceux qui ne Je sont pas ; il ee aussi la chasse aux petits. lézards appelés anolis, aux petites couleuvies , aux grenouïlles, aux Jeunes rats, et même quelquefois , dit-on , aux petits oiseaux ; il surprend les lézards dans le moment où , tout occupés sur les branches à épier Le mouches , ils sont moins sur leurs gardes. - A l'égard des couleuvres , il les avale par la tête ; et à iuesure que la partie avalée se digère, il aspire la partie qui reste pendante au dehors. C’est donc un animal utile, puis- qu'il détruit les animaux nuisibles : ül pourroit même devenir plus utile encore si on venoit à bout de le rendre domes- tique ; et c’est ce qui paroît très-possible, vu qu'il est d’un naturel si peu farouche et si peu défiant, que les petits nègres le prennent à la main , et qu'ayant un bec assez fort , 1l ne songe pas à s'en servir pour se défendre. E Son vol n’est Jamais élevé : il bat des ailes en partant; puis » épanouissant sa DES OISEAUX ÉTRANGERS. 157 queue , il file, et plane plutôt qu'il ne vole ; il va d’un buisson à un autre, il saute de branche en branche , il saute méme sur les troncs des arbres ‘auxquels il s'accroche comme les pics ; quelque- fois il se pose à terre , où il sautille encore, comme la pié, et toujours à la poursuite des insectes ou des reptiles. On assure qu'il exhale une odeur forte en tout temps , et que sa chair est un mauvais manger ; ce qui est facile à croire, vu les. mets dont il se nourrit. Ces oiseaux se retirent , au temps de la ponte , dans la profondeur des forêts, et s’y cachent si bien, que Jamais per- sonne n'a vu leur nid; on seroit tenté de croire qu’ils n’en font point , et qu’à l'instar du coucou d'Europe , ils pondent dans le nid des autres oiseaux : mais ils différeroient en cela de la plupart des. coucous d'Amérique , qui font un nid et couvent eux-mêmes leurs œufs. Le tacco n’a point de couleurs bril- lantes dans son plumage ; mais en toutes circonstances il conserve ur air de pro- preté et d'arrangement qui fait plaisir à 14 158 HISTOIRE NATURELLE " voir. Il a le dessus de la tête et du corps, compris les couvertures des ailes , gris un peu foncé avec des reflets verdâtres sur les grandes couvertures seulement ; le devant du cou et de, la poitrine gris cendré ; sur toutes ces nüances de gris : _ une teinte légère de rougeûtre ; la gorge fauve clair; le reste du dessous du corps, les cuisses et les couvertures inférieures des ailes comprises, d’un fauve plus ou moins animé ; les dix premières pennes de l’aile d’un roux vif, terminées d’un brun verdâtre , qui dans les pennes sui- vantes va toujours gagnant sur la cou= leur rousse ; les deux pennes intermé-. diaires de la queue, de la couleur du dos avec des reflets verdâtres ; les huit autres de même dans leur partie moyenne, d’un brun noirâtre avec des reflets Mai près de leur base , et terminées de blanc ; l'iris d’un jaune brun ; les paupières rouges ; le bec noirâtre dessus , d’une couleur un peu plus claire dessous , et les pieds bleuâtres. Ce coucou est moins gros que le nôtre ; son poids est d’un peu plus de: trois onces : il se trouve à la Jamaïque à à Saint-Domingue , etc. L \ Longueur totale , quinze pouces et demi (dix.sept un tiers, suivant M.Sloane); bec , dix-huit lignes , suivant M. Sloane ; vingt-une , selon M. le chevalier Des- hayes ; et vingt-cinq , suivant M. Brisson ; langue cartilagineuse , terminée par des filets ; tarse | environ quinze lignes ; vol, comme la longueur totale ; queue , huit: pouces , selon M. Deshayes, ethuit pouces trois quarts, suivant M. Brisson , com- posée de dix pennes étagées ; les intermé- diaires superposées aux latérales ; dépasse- les ailes d'environ cinq pouces et demi. itE. LE GUIRA-CANTARA. CE coucou est fort criard ; il se tient dans les forêts du Bresil, qu'il fe retentir de sa voix plus forte qu’agréable. IL a sur la tête une espèce de huppe , dont les plumes sont brunes , bordées de jaunâtre; celles du cou et des ailes au contraire jaunâtres, bordées de brun ; le dessus et le dessous du corps , d’un jaune pâle ; Les PT NT EU dal sé PRO AE DES OISEAUX ÉTRANGERS. " | "NAN D 4 M 160 HISTOIRE NATURELLE | pennes des ailes brunes ; celles dela queue brunes aussi ,- mais PHARE Er de blanc ; l'iris brun ; le bec d’un jaune brun ; Les pieds verd de mer. Il est de la taille de la pie d’ a: _ Longueur totale , quatorze à quinze pouces ; bec, environ un pouce , un peu crochu par le bout; tarse, un pouce et demi , revètu de plumes ; queue , huit pouces, composée de huit pennes , selon Marcgrave ; mais n’en manquoit-1il au- cune ? elles paroissent égales dans la figure. | | I V. LE QUAPACTOL, ou LE RIEUR. ON a donné à ce coucou le nom d'oiseau rieur, parce qu'en effet son cri ressemble à un éclat de rire; et par la même raison, dit Fernandès , il passoit au Mexique pour un oiseau de mauvais augure avant que le jour de la vraie religion eût lui dans ces contrées. À l’é- gard du nom mexicain guapachtotoil, que DES OISEAUX ÉTRANGERS. 167 j'ai cru devoir contracter et adoucir , il a rapport à la couleur fauve qui règne sur toute la partie supérieure de son corps, et-:mêéme sur les pennes deses ailes ; celles de la queue sont fauves aussi, mais d’une teinte plus rembrunie; la gorge est cen-- drée , ainsi que le devant du cou et la poitrine ; le reste du dessous du corps est noir ; l'iris blanc , et le bec d’un noir bleuñâtre. fe Ro La taille de ce coucou est à peu près celle de l’espèce européenne; il a seize pouces de longueur totale ; et la queue seule fait la moitié de cette longueur. 4 V. LE COUCOU CORNU , ou L'ATINGACU DU BRESIL. LA singularité de ce coucou du Bresil est d’avoir sur la tête de longues plumes qu’il peut relever quand il veut, et dont il sait se faire une double huppe; de là le nom de coucou corru que lui a donné M. Brisson. Il a la tête grosse et le cou 14 court , comme c’est l'ordinaire dans ce . 4 : : genre d'oiseaux ; tout le dessus de la tête et du corps, de couleur de suie; les ailes aussi, et même la queue , mais celle - ei d’une teinte plus sombre ; et ses pennes ont à leur extrémité une tache de blanc roussâtre ombré de noir, qui Bnit parle blanc pur ; la gorge est cendrée, ainsi que tout le dessous du corps; l'iris ed d’un rouge de sang, le bec d’un verd jaunâtre, et les pieds cendrés. : Cet oiseau est encore remarquable par Ja longueur de sa queue ; car , quoiqu'il ne soit pas plus gros qu’une litorne ou grosse grive, et que son corps n'ait que ‘trois pouces de long, sa queue en a neuf; elle est composée de dix pennes étagées, les intermédiaires superposées aux laté- rales; le bec est un peu crochu par le bout; les tarses sont un peu courts et couverts de plumes par-devant*. | | * Marcgrave dit que les doigts de cet oiseau sont disposés de la manière la plus ordinaire ; INaIs la figure les présente deux €n avant ei AE cit arrière. JR Pan D 2: TA je dé és si FF as ; sd di + hi : À ji te Des OISEAUX ÉTRANGERS. 163 - DU LE COUCOU BRUN VARIÉ DE ROUX*. Cr coucou de Cayenne a le dessus du corps varié de brun et de différentes nuances de roux ; la gorge d’un roux clair varié de brun; le reste du dessous du corps, d’un blanc roussâtre, qui prend une teinte de roux clair décidé sur les couvertures inférieures de la queue ; les’ pennes de celle-ci et des ailes brunes , bordées de roux clair, avec un œil ver- dâtre , principalement sur les pennes la- térales de la queue; le bec noir dessus, roux sur les côtés , roussâtre dessous, et. les pieds cendrés. On remarque, comme une singularité , que quelques unes des couvertures supérieures de la queue s’é- tendent presque jusqu'aux deux tiers de ’ sa longueur. On compare cet oiseau, pour _ la taille, au mauvis. * Voyez les planches enluminées, n° 812, où - cet oïsean est représenté sous le nom de coueox tacheté de Cayenne. : L4 dé HISTOIRE NATURELLE FA Longueur totale, dix ‘pouces deux tierss à bec, neuf lignes ; trs , quatorze ligness. vol, un pied et plus; queue, environ six phielol composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de quatre pouces. Le coucou appelé à Cayenne oiseau . des barrières * est à peu près de la taille du précédent, et en approche beaucoup pour le plumage : en général, il a un peu inoins de roux ; c’est le gris qui en tient la place, et les pennes latérales de la- queue sont terminées de blanc; la gorge est gris clair , et le dessous du corps blanc : ajoutez qu il a la queue un peu plus . longue. Mais , malgré ces petites diffé- rences , il est difficile de ne pas le rap- porter, comme variété , à l'espèce précé- dente ; ; peut-être même évite une variété de ‘sexe. Son nom d'oiseau des barrières vient de ce qu’on le voit souvent perché sur les palissades des plantations. Lors- qu’il est ainsi perché, ir remue continuel- 1lement la queue. Ces oiseaux , sans être fort sauvages, | LE / # C’est M. de Sonini qui m'a donné celle variétés. — DES OISEAUX ÉTRANGERS. 165 ne se réunissent point en troupes ; quoi- qu'il: s’en trouve plusieurs à la fois dans le mème canton, ils ne fréquentent guère les grands bois. On assure qu'ils sont plus communs que les coucous piayes, tant à Cayenne qu’à la Guiane. VIit LE CENDRILLARD. JE l'appelle ainsi, parce que le gris cendré est la couleur dominante de son plumage, plus foncée dessus , jusques et compris les quatre pennes intermédiaires de la queue , plus claire dessous et mêlée de plus ou moins de roux sur les pennes des ailes ; les trois paires des pennes laté- rales de la queue sont noirâtres , termi- nées de blanc, et la paire la plus exté- rieure est bordée de cette même couleur blanche ; le bec et les pieds sont encore gris brun. Cet oiseau se trouve à la Loui- siane et à Saint-Domingue, sans doute en des saisons différentes. On le dit à peu près de la taille de la petite grive rene mauvis. Wie.) ke M PARA * Lrat 1) : Le 4 } ar Dir a d ù LC AN ANR Nc dE A « N CPR NE | S ail 166 (HISTOIRE MAUR ELLE 1.4 de J'ai vu dans le cabinet de M. Mauduit une variété , sous le nom de petit coucou gris, laquelle ne différoit du cendrillard qu'en ce qu’elle avoit tout le dessous blanc , qu’elle étoit un peu plus grosse, : et qu’elle avoit le bec moins long. Longueur totale, de dix et demi à onze pouces; bec, quatorze ou quinze lignes, les deux pièces recourbées en en.-bas; tarse, un pouce ; vol, quinze pouces et demi ; queue, cinq pouces un tiers , com- posée de dix pennes étagées; dépasse les ailes de deux pouces et demi à trois pouces. VIIL LE COUCOU PIAYE *. J'ADoPTE le surnom de piaye que l’on donne à ce coucou dans l’île de Cayenne; … mais Je n’adopte point la superstition qui le lui a fait donner. Piaye signifie diable dans la langue du pays, et encore préfre, " Voyez les planches enluminées , n° 211, où cet oiseau est représenté sous le nom de coucou de Cayenne. di F jar os tit his bis à à Ne tn do DES OISEAUX ÉTRANGERS. 167 c’est-à-dire, chez un peuple idolâtre, ministre Où interprète du diable. Cela in- _ dique assez qu’on le regarde comme un oiseau de mauvais augure; c’est, dit-on, par cette raison que les naturels, et même les nègres, ont de la répugnance pour sa chair : mais cette répugnance ne vien- droit-elle pas plutôt de ce que sa chair est maigre en tout temps ? | Le piaye est peu farouche ; il se laisse approcher de fort près, et ne part que lorsqu'on est sur le point de le saisir. On compare son vol à celui du martin-pê- cheur ; il se tient communément au bord des rivières, sur les basses branches des arbres où il est apparemment plus à portée de voir et de saisir les insectes dont il fait sa nourriture. Lorsqu'il est perché, il hoche la queue et change sans cesse de place. Des personnes qui ont passé du temps à Cayenne, et qui ont vu plusieurs fois ce coucou dans la campagne, n’ont jamais entendu son cri. Sa taille est à peu près celle du merle. Il a le dessus de la tête et du corps d’un marron pourpre, compris meme les pennes de la queue, qui 568 HISTOIRE NATURELLE . L sont noires vers le bout , terminées de blanc , et les pennes des pere qui sont Di jotrist G de brun; la gorge et le devant du cou aussi marron pourpre, mais d’une teinte plus claire, et variable dans les différens individus ; la poitrine et tout le dessous du corps cendrés ; ” bec et les pieds gris brun. Longueur totale, quinze pouces neuf | Hénes bec, fu atoité lignes; tarse, qua- torze Loi ché et demie; vol, quinze pouces ‘un tiers; queue, dix pouces, composée . de dix pennes étagées et fort inégales; dé- « passe les ailes de huit pouces. L’individu « …, 1! “as qui est dans le cabinet de M. Mauduit, ee] | un peu plus gros. | J'ai vu deux variétés dans cette espèce: 1 l'une à peu près de même taille, mais. différente pour les couleurs ; elle avoit. le bec rouge, la tête cendrée, la gorge et la poitrine rousses, et Le redbe du dessous du corps cendré ndiréitits L'autre variété a à très-peu. près les. mêmes couleurs ; seulement le cendré du dessous du corps est teinté de brun. Elle” a aussi les mêmes habitudes naturelles, ; ct, "0 | \:, me diffère réellement que par sa taille, qui est fort approchante de celle du mauvis. Longueur totale, dix pouces un quart; bec , onze lignes; tarse, onze lignes et plus; vol, onze pouces et demi; queue, près de six pouces, composée de dix pennes étagées ; dépasse les ailes de près de quatre pouces. I X. LE COUCOU NOIR DE CAYENNE *. PRESQUE tout est noir dans cet oiseau, excepté le bec et l'iris, qui sont rouges, et les couvertures supérieures des ailes, qui sont bordées de blanc : mais le noir lui-mème n’est pas uniforme, car il est moins foncé sous le corps que dessus. Longueur totale, environ onze pouces ; bec, dix-sept lignes; tarse huit lignes; queue composée de dix pennes un peu étagées , dépasse les ailes d'environ trois pouces. * Voyez les planches enluminées, n° 572. 15 | to HISTOIRE NATURELLE M. de Sonini m'a assuré que cet oiseau avoit un tubercule à la partie antérieure de Paile. Il vit solitaire et tranquille, ‘ordinairement perché sur les arbres qui _se trouvent au bord des eaux, et n’a pas #4 pr à beaucoup près autant de mouvement. que la plupart des coucous; en sorte qu L paroît faire la nuance ail ces oiscaux et les barbus. X. LE PETIT COUCOU NOIR DE CAYENNE *. CE coucou ressemble à l'espèce précé- dente, non seulement par la couleur do- minante du plumage, mais éncore par les mœurs et les habitudes naturelles. Il ne fréquente pas les bois, mais il n’en est pas moins sauvage : il passe les journées perché sur une branche isolée, dans un lieu découvert, et sans prendre d'autre * Voyez les planches enluminées, n° 505. Nous devons la connoissance de cetie espèce et de ses mœurs à M. de Sorimi. tie dti ls Li da ta AE Ne APS ji Aa CA DES OISEAUX ÉTRANGERS. “age mouvement que celui qui est nécessaire pour saisir les insectes dont 1l se nourrit. Il niche dans des trous d'arbre ; ; quelque- fois même dans des trous en terre, mais 4 © ‘+ lousque il en trouve de tout pe Ce coucou est noir par-tout, excepté sur la partie Dre du vogÿs , qui est blanche, et ce blanc, qui s s'étend sur les ebes est séparé du noir de la partie antérieure par une espèce de ceinture dre Au reste, dans l'individu qd j'ai vu chez M. Mauduit, le blanc ne s’é-. tendoit pas autant qu il paroît s'étendre dans la planche enluminée. Longueur totale, huit pouces un quart; bec, neuf lignes; tarse très-court; la queue n’a pas trois pouces, elle est un peu étagée et ne dépasse pas de beaucour Jes ailes. CR. CUS CIN LES ANIS À xx est le nom que les # Bresil donnent à cet oiseau, É 44 est pr noir brunâtre } à la couleur d’une carotte de tabac; car ce que dit le >, du Tertre, que son ramage prononce, Petit bout de je n'est ni Vrai ni pro- | bable, d'autant que les créoles de Cayenne : _ lui ont donné une dénomination plus ap= propriée à à son ramage ordinaire, en l’ap- D eur dose , Ce qui nu dire qu'il imite le bruit que fait l’eau bouil- lante dans une marmite ; et c’est en effet son vrai ramage ou CAGE , très-diffé- rent, comme l’on voit, de l'expression de ‘a parole que lui suppose le P. du Tertre, : Dre di | Qu J #% : $ \ Mr 74 = RS DR En : oh rc nn DA Ag 17%; À Paiqut Ne HISTOIRE NATURELLE. de On lui a aussi donné le nom d'oiseau diable, et l'on a même appelé l’une des espèces diable des savanes, et l’autre diable des palétuviers , parce qu’en effet les‘uns se tiennent constamment dans les savanes, et les autres fréquentent les bords de la mer et des marais d’eau salée, où croissent les palétuviers. | Leurs caractères génériques sont d’avoir deux doigfs en avant et deux en arrière, le bec court, crochu, plus épais que large, dont la mandibule inférieure est droite , et la supérieure élevée en demi- cercle à son origine ; et cette convexité remarquable s'étend sur toute la partie supérieure du bec, jusqu'à peu de dis- tance de son extr évite , qui est crochue : cette convexité est compr imée sur les côtés, et forme une espèce d’arête presque tranchante tout le long du sommet de la manudibule supérieure ; au-dessus et tout autour s'élèvent de petites plumes effñ- lées, aussi roides que des soies de cochon, longues d’un demi-pouce, et qui toutes se dirigent en ayant. Cette conformation 16 ï à singulière du bel suffit pote. qu on puisse. | reconnoître ces oiseaux, et paroît exiger qu'on en fasse un genre particulier, qui néanmoins n’est composé que de deux À espèces. Gr 1 » | — < » - % Fa # # ' i As ' ; 4 | (à - 0, Ÿ À }, s° ; È x” î We 7 “ | r LI = Wei { 4 n No # fx Ne 1 F1 t L a id ED rar Ho, EN RARE Le Ne TM rh 7 EU CS * + EN "ESA AVE DES L’ANI DES SAVANES *. Première espèce. { | Cor ani est de la grosseur d’un merle; mais sa grande queue lui donne une forme alongée : elle a sept pouces; ce qui fait plus de la moitié de la longueur to- _tale de l’oiseau, qui n’en a que treize et demi. Le bec, long de treize lignes, a neuf lignes et demie de hauteur ; il est noir, ainsi que Îles pieds, qui ont dix-sept lignes de hauteur. La description des couleurs sera courte : c’est un noir à peine nuancé de quelques reflets violets sur tout le corps , à l'exception d’une petite lisière d'un verd foncé et luisant qui borde les plumes du dessus du dos et des couver- tures des ailes, et qu’on n’appercoit pas * Voyez les planches enluminées, n° 102, fig. 2, sous la dénomination de petit bout de petun. PAT à ST NN CPR à une certaine dooes car ces oiseaux paroissent tout noirs. La PSE ne diffère pas du mâle. Ils vont ‘constamment par bandes, et sont d’un naturel si sociable, qu'ils demeurent et pondent plusieurs ensemble dans le même nid : ils cons- truisent ce nid avec des bûüchettes sèches, sans le garnir; mais ils le font extrème- ment large, souvent d’un pied de dia- mètre; on prétend même qu'ils en pro- portionnent la capacité au nombre de camarades qu'ils veulent y admettre. Les: femelles couvent en société; on en a sou- vent vu cinq ou six dans le méme nid. Cet instinct, dont l’effet seroit fort utile à ces oiseaux dans les climats froids, paroît au moins supertlu dans les pays méridio- naux, Où il n’est pas à craindre que la chaleur du nid ne se conserve pas : cela vient donc uniquement de l'impulsion de leur naturel sociable ; carils sont toujours ensemble, soit en volant, soit en se re- posant , et ils se tiennent sur les branches des arbres tout le plus près qu'il leur est possible les uns des autres. hs ramagent aussi tous ensemble , presque à toutes les. » DES ANT: 177 heures a jour; et leurs moindres troupes sont de huit ou dix, et quelquefois de vingt-cinq ou trente. Ils ont le vol court et peu élevé : aussi se posent-ils plus sou- vent sur les buissons et dans les halliers que sur les grands arbres. Ils ne sont ni craintifs ni chan et ne fuient ja- mais bien loin.Le bruit des armes à feu ne les épouvante guère, il est aisé d’en tirer plusieurs de suite : mais on ne les recherche pas, parce que leur chair ne peut se manger , et qu'ils ont même une mauvaise odeur lorsqu'ils sont vivans. Ils se nourrissent de graines et aussi de petits _serpens , lézards et autres reptiles ; ils se posent aussi sur les bœufs et sur les vaches pour manger les tiques , les vers et les insectes nichés dans le poil de ces ani- maux. {RS Ce dt a Are A A PE AR ae Lt + ? - L'ANI DES PALÉTU VIERS *. Seconde espèce. Cr oiseau est plus grand que le pré- _cédent, et à peu près de la grosseur d’un geai; il a dix-huit pouces de longueur en y comprenant celle de la queue, qui * Voyez les planches enluminées, n° 102, fig. 1, sous la dénomination de grand bout de petun de Cayenne. Le tour des yeux, qui est rouge dans cette plan- che, n’est pas de cette couleur dans la nature, mais ‘brun noirâtre, comme on le voit dans la même planche, fig. 2. | Ani, Supplément à PEncyclopédie, 1. À, arücle ant, par M. Adanson. Nous devons observer que le savant auteur de cet article paroît douter que les anis porndent et couvent ensemble dans le même nid : cependant ce fait nous a été assuré par un si grand nombre de témoins oculaires , qu'il n’est plus possible de le mier. RARES AT LR 179 tn fait plus de moitié. Son plumage est à peu près de la même couleur, noir bru- nâtre, que celui du premier : seulement il est un peu plus varié par la bordure de verd brillant qui termine les plumes du dos et des couvertures des ailes; en sorte que si l’on en jugeoit par ces diffé- rences de grandeur et de couleurs, on pourroit regarder ces deux oiseaux commé des variétés de la même espèce. Mais la preuve qu'ils forment deux espèces dis- tinctes, c’est qu'ils ne se mêlent jamais; les uns habitent constamment les savanes découvertes, et les autres ne se trouvent que dans les palétuviers : néanmoins ceux-ci ont les mêmes habitudes natu- relles que les autres; ils vont de même en troupes ; ils se tiennent sur le bord des eaux salées; ils pondent et couvent plusieurs dans le même nid, et semblent n'être qu’une race différente qui s’est accoutumée à vivre et habiter dans un terrain plus humide , et où la nourriture est plus abondante par la grande quan- tité de petits reptiles et d'insectes que produisent ces terrains humides. J 180 HISTOIRE NATURELLE Comme je venois d'écrire cet article ; 4 j'ai recu une lettre de M. le chevalier Lefebvre Deshayes, au sujet des oiseaux de Saint-Domingue, et voici l’extrait de ce qu'il me marque sur celui-ci : « Cet oiseau, dit-il, est un des plus communs dans l’île de Saint-Do- Mmingae.....s.. Les nègres lui donnent dif- férentes dénominations, celles de bout de tabac , de bout de petun, d’amangoua, de perroquet noir, etc. Si on fait attention à la structure des aïlés de cet oiseau, au peu d’étendue de son vol , au peu de pe- santeur de son corps relativement à son volume , on n'aura pas de peine, à le reconnoître pour un oiseau indigène de ces climats du nouveau monde. Com- ment, en effet, avec un vol si borné et des ailes si foibles, pourroit-il franchir le. vaste intervalle qui sépare les deux con-« tinens ?...… Son espèce est particulière 4} | Hits nie méridionale. Lorsqu'il vole , il étend et élargit sa queue; mais il vols moins vîte et moins long-temps que les. - perroquets... I ne peut soutenir le vent,» Sul MT EC & ; [R ‘. DES ANIS. 6e | et les ouragans font périr RE dE de ces oiseaux. « Ils habitent les endroits cultivés, où ceux qui l'ont été anciennement; on n’en rencontre Jamais dans les bois de haute futaie. Ils se nourrissent de diverses es- pèces de graïnes et de fruits ; ils mangent des grains du pays, tels que le petit mul, le maïs, le riz, etc. Dans la disette, ils font la guerre aux chenilles et à quelques autres insectes. Nous ne dirons pas qu'ils aient un chant ou un ramage, c'est plu- tôt un sifflement ou un piaulement assez simple. Il y a pourtant des occasions où sa facon de s'exprimer est plus variée; elle est toujours aïgre et désagréable ; elle change suivant les diverses passions qui agitent l'oiseau. Appercoit-il quelque chat ou unautre animal capable de nuire, il en avertit aussitôt tous ses semblables par un cri très-distinct, qui est prolongé - et répété tant que le péril dure. Son épou- , vante est sur-tout remarquable lorsqu'il a des petits, car il ne cesse de s'agiter et de voler autour de son nid... Ces oiseaux vivent en société sans être en aussi: Oiseaux, XII, 16 182 HISTOIRE NATURELLE grandes bandes que les étourneaux; ils ne s’éloignent guère les uns des autres... et même, dans lé temps qui précède la poñte, on voit plusieurs femelles et mâles travailler ensemble à la construction du nid, et ensuite plusieurs femelles cou- ver ensemble , chacune leurs œufs, et y élever leurs petits. Cette bonne intelli- gence est d’autant plus admirable, que l'amour rompt presque toujours dans les animaux iles liens qui les attachoïent à d’autres individus de leur espèce... Ils entrent en amour de bonne heure : dès le amois de février les mâles cherchent les femelles avec ardeur, et, dans le moïs suivant, le couple amoureux s'occupe de concert à ramasser les matériaux pour la construction du nid... Je dis amoureux, parce que ces oiseaux paroissent l'être autant que les moincaux ; ét pendant toute la saison que dure leur ardeur , ils sout beaucoup plus vifs et plus gais que dans tout autre temps... Ilsmichent sur les arbrisseaux, dans les cafers, dans les buissons et dans les hâîes; ils posent leur e « . } S ° - . . dy “nid sur l'endroit où la tige se divise en DES ANIS. 1 plusieurs branches... Lorsque les fe- melles se mettent plusieurs ensemble dans le même nid, la plus pressée de pondre n'attend pas les autres, qui agran- dissent le nid pendant qu'elle couve ses œufs. Ces femelles usent d'une précaution qui n'est point ordinaire aux oiseaux, c'est de couvrir leurs œufs avec des feuilles et des brins d'herbe à mesure qu'elles les pondent.….…. Elles couvrent également leurs œufs pendant lincu- bation, lorsqu'elles sont obligées de les quitter pour aller chercher leur nourri- . ture... Les femelles qui couvent dans le même nid,ne se chicanent pas comme font les poules lorsqu'on leur doune un pauier commun ; elles s’arrangent les unes auprès des autres : quelques unes cepeudant , avant de pondre, font, avec des brins d'herbe, une séparation dans le nid, afin de contenir en particulier leurs œufs ; et s’il arrive que les œufs se trouvent mélés ou réunis ensemble, une seule femelle fait éclore tous les œufs des autres avec les siens ; elle les ras- semble, les entasse et les entoure de 184 HISTOIRE NATURELLE 1 feuilles : par ce moyen , la chaleur se rer partit dans toute la masse , et ne peut se dissiper... Cependant Lib quié femelle fait plusieurs œufs par ponte... Ces oiseaux construisent leur nid très-solidement, quoique grossièrement , avec de petites tiges de plantes filamenteuses, des bran- ches de citronnier ou d’autres arbris- seaux : le dedans est seulement tapissé et couvert de feuites tendres et qui se \ fanent bientôt; c’est sur ce lit de feuilles que sont déposés les œufs. Ces nids sont fort évasés et fort élevés des bords ; il y en a dont le diamètre a plus de dix-huit pouces : la grandeur du nid dépend du nombre des femelles qui doivent y pondre. Il seroit assez difficile de dire au juste si toutes les femelles qui pondent dgns le méme nid, ont chacune leur mâle : 1 se peut faire qu’un seul mâle suflise à plu- sieurs femelles , et qu’ainsi elles soient en quelque facon obligées de s'entendre lors- qu'il s’agit de construire les nids : alors il ne faudroit plus attribuer leur union à l'amitié, mais au besoin qu'elles ont les unes des autres dans cet ouvrage....….Ces LA DES'ANIS. 185 œufs sont de la grosseur de ceux de pi- -geon ; ils sont de couleur d’aigue-marine uniforme, et n’ont point de petites taches vers les bouts , comme la plupart des œufs des oiseaux sauvages... [Il y a apparence que les femelles font deux ou trois pontes par an; cela dépend de ce qui arrive à la première ; quand elle réussit , elles at- teudent l’arrière-saison avaut d’en faire une autre : si la ponte manque, ou si les œufs sont enlevés, mangés par les cou- leuvres ou les rats, elles en font une se- conde peu de temps après la première ; vers la fin de juillet ou dans le courant d'août , elles commencent la troisième. Ce qu'il y a de certain, c’est qu’en mars, en mai et en août, on trouve des nids de ces oiseaux... Au reste, ils sont doux et faciles à apprivoiser, et on pré- tend qu’en les prenant Jeunes, on peut leur donner la même éducation qu'aux perroquets , et leur apprendre à parler, quoiqu'ils aient la langue applatie et ter- minée en pointe, au lieu que celle du perroquet est charnue , épaisse et arron- ie: , + 16 ANT PILMUT V7 186 HISTOIRE NATURELLE » La même amitié, le même äccord qui ne s’est point démenti pendant le temps de lincubation ; continue après que les petits sont éclos : lorsque les mères ontcouvé ensemble, elles donnent successivement à manger à toute la petite famille... Les mâles aident à fournir les alimens. Mais lorsque les femelles ont ‘couvé séparément, élles élèvent leurs pe- Uts à part, cependant sans Jalousie et sans colère; elles leur portent la becquée à tour de rôle , et les petits la prennent _-de tautesles-mères. La nourriture qu’elles leur donnent dépend de la saison : tantôt ce sont des chenilles, des vers, des in- sectes ; tantôt des fruits; tantôt des grains, eomme le mil, le maïs, leriz, l'avoine sauvage, etc... Au bout de quel- ques semaines les petits ont acquis assez de force pour essayer leurs ailes ; mais ils ne s’aventurent pas au loin: peu de temps après, ils vont se percher auprès de leurs père et mère , sur ;les arbrisseaux , et | c’est là que les oiseaux de proie les sat sissent pour les emporter... » L'ani n’est point un oiseau nuisible: DES ANIS ‘‘Ÿ :8 il ne désole point les plantations de riz, comme le merle ;, il ne mange pas les amandes du cocotier comme le charpen- tier ( le pic); il ne détruit pas les pièces de mil comme les a ir et les per- ruches. » / nb ms er dé: eg À à à LE HOUTOU, ou MOMOT #*, ! “ N f s OUS conservons à cet oiseau le nom de Zoutou que lui ont donné les natu- rels de la Guiane, et qui lui convient parfaitement , Dares qu’il est l'expression même de sa voix :il ne manque Jamais d’articuler L2outou brusquement et nette- ment, toutes les fois qu’il saute. Le ton. de cette parole est grave , et tout sem- blable à celui d’un homme qui la pronon- ceroit ; et ce seul caractère sufhroit pour faire reconnoître cet oiseau lorsqu'il est vivant, soit en liberté , soit en domesti- cité. | Fernandès, qui le premier a parlé du | _ houtou, ne s’est pas appereu qu'il l'in- * Voyez les abs enluminées, n° 370, sous la dénemimation de motmot du Bresil. On auroiït dû. dire, motmot du Mexique; car molmot estuu nom mexicain que Fernandès a cité pour cet oiseau, tandis qu’au Bresil il ne porte pas le nom de mot mot, mais celui de guira-puainumbi, que Marc-, SYAVE HOUS à CONSELVÉ. Zoom? . 22. LE HOUTOU ou MOMOT. Î Oacput A Hi LirE ne BUT Una ra 0 ra } \ F L 7 HISTOIRE NATURELLE. 19 diquoit sous deux noms différens; et cette méprise a été copiée par tous les nomenclateurs , qui ont également fait deux oiseaux d’un seul. Marcgrave est le seul des naturalistes qui ne se soit pas trompé. L'erreur de Fernandès est venue de ce qu’il a vu un de ces oiseaux qui n’avoit qu’une seule penne ébarbée : il a cru que c'étoit une conformation natu- rellé, tandis qu’elle est contre nature ; car tous les oiseaux ont tout aussi néces- sairement les pennes par paires et sem- blables, que les autres animaux ont les deux jambes ou les deux bras pareils. li y a donc grande apparence que dans l'individu qu’a vu Fernandès, cette penne de moins avoit été arrachée, ou qu’elle étoit tombée par accident; car tout le. reste de ses indiçations ne présente aucune différence : ainsi l’on peut présumer, avee tout fondement, que ce second oiseau qui n’avoit qu’une penne ébarbée , n'’étoit qu'un individu mutilé. Le houtou est de la grosseur d’une pie; il a dix-sept pouces trois lignes de lon- gueur jusqu’à l'extrémité des grandes » 199 HISTOIRE NATURELLE pennes de la queue; il a les doigts dis- posés comme les martin- pêcheurs , les manakins , etc. Mais ce qui le distingue de ces oiseaux et même de tous les autres, c’est la forme de son bec, qui, sans être trop long pour la grandeur du corps, est de figure conique, courbé en bas et den- telé sur les bords des deux mandibules.Ce caractère du bec conique , courbé en bas et dentelé , sufliroit encore pour le faire reconnoître; néanmoins 1l en a un autre plus singulier , et qui n'appartient qu’à lui : c’est d’avoir dans les deux longues pennes du milieu de la queue un inter- _valle d'environ un pouce de longueur, de peu de distance de leur extrémité , le- quel intervalle est absolument nud , c’est- à-dire , ébarbé; en sorte que la tige de la plume est nue dans cet endroit : ce qui néanmoins ne se trouve que daus l'oiseau adulte : car dans sa jeunesse ces pennes sont revêtues de leurs barbes dans toute leur longueur , comme toutes les autres plumes. L'on a cru que cette nudité des pennes de la queue n’étoit pas produite par la Nature, et que ce pouvoit être un _ Le BU HOUTOU. IGT caprice de l'oiseau , qui arrachoit,lui- mème les barbes de ses pennes dans lin- tervalle où elles manquent : mais l’on a observé que dans les Jeunes ces barbes sont continues et tout entières , et qu'à mesure que l'oiseau vieillit, ces mêmes barbes diminuent de longueur et se rac- courcissent , en sorte que dans les vieux elles disparoissent tout-à-fait. Au reste, nous ne donnons päs ici une description plus détaillée de cet oiseau , dont les cou- leurs sont si méêlées , qu’il ne seroit pas possible de les représenter autrement que parle portrait que nous en avons donné dans notre planche enluminée, et encore: auieux par la planche d'Edwards, qui est plus parfaitement coloriée que la nôtre. Néanmoins nous observerons que les cou- leurs en général varient suivant l’âge ou le sexe; car oh a vu de ces oiseaux beaucoup moins tachetés les uns que les autres. | On ne les élève que difficilement, quoi- que Pison dise le contraire. Comme ils vivent d'insectes , il n’est pas aisé de leur en choisir à leur gré. On ne peut D'ONTS 0) du | 192 HISTOIRE NATURELLE nourrir ceux que l’on prend vieux; ils sont tristement craintifs , et refusent constamment de prendre la nourriture. C'est d’ailleurs un oiseau sauvage très- solitaire, et qu’on ne trouve que dans la profondeur des forêts ; il ne va n1en troupes ni par paires : on le voit presque toujours seul à terre, ou sur des branches peu élevées; car il n’a, pour ainsi dire, point de vol; il ne fait que sauter vive- ment, et toujours prononcant brusque- ment /outou. Il est éveillé de grand matin, et- fait entendré cette voix Zouwtou avant que les autres oiseaux ne commencent leur ramage. Pison a été mal informé lorsqu'il a dit que cet oiseau faisoit son nid au-dessus des grands arbres : non seulement il n’y fait pas son nid, mais il n’y monte Jamais ; il se contente de chercher à la surface de la terre quelque trou de tatous, d’acouchis ou d’autres petits anjmaux quadrupèdes , dans lequel il porte quelques brins d'herbes sèches pour y déposer ses œufs, qui sont ordinai- rement au nombre de deux. Au réste ,” ces oiseaux sont assez communs dans DU HOUTOU. 1063 l'intérieur des terres de la Guiane; mais ils fréquentent très-rarement les environs des habitations. Leur chair est sèche, et n’est pas trop bonne à manger. Pison s’est encore trompé en disant que ces oiseaux se nourrissent de fruits ; et comme c’est la troisième méprise qu’il a faite au sujet de leurs habitudes natu- relles , il y a grande apparence qu'il a appliqué les faits historiques d’un autre oiseau à celui-ci, dont il n’a donné la des- cripuion que d’après Marcgrave, et que probablement il ne connoissoit pas; car il est certain que le houtou est le même oiseau que le guira-guainumbi de Marc- _ grave, qu’il ne s’apprivoise pas aisément, qu'il n’est pas bon à manger, et qu’enün il ne se perche ni ne niche au-dessus des arbres , ni ne se nourrit de fruits, comme le dit Pison. LES HUPPES,. LES PROMEROPS, E | LES GUÉPIERS. 2 S- 1 1 est vrai que la comparaison soit le véritable instrument de la connoissance, c’est principalement lorsqu'il s’agit d’ob- jets qui ont plusieurs qualités communes, et qui se ressemblent à beaucoup d’é- sards. On ne peut trop comparer ces sortes d'objets; on ne peut trop ies ras- sembler sous le même coup d'œil : il ré- sulte de ces rapprochemens , de ces com- paraisons , une lumière qui fait souvent découvrir des différences réelles où l’on n'avoit d’abord appercu que de fausses analogies , pour avoir trop isolé les ob-- jets et ne les avoir considérés que l’un après l’autre. Par ces raisons, j'ai dû réu- nir dans un seul article ce que j'ai à dire K HISTOIRE NATURELLE. 195 de général sur les genres très-voisins des huppes, des promerops et des guépiers. Notre huppe est bien connue par sa belle aigrette double, qui est presque unique dans son espèce, puisqu'elle ne ressemble à aucune autre, si ce n’est à celle des kakatoes, par son bec long, memu et arqué , et par ses pieds courts. La huppe noire et blanche du Cap diffère de la nôtre en plusieurs points, et notam- ment par son bec plus court et plus poin- tu , comme on le verra dans les descrip- tions : mais on a dû la rapporter à ce genre, dont elle approche plus que de tout autre. Les promerops ont tant de rapports avec le genre de la huppe, qu’on pour- roit dire, en adoptant pour un moment les principes des méthodistes, que les promerops sont des huppes sans huppe : mais la vérité est qu'ils sont un peu plus _ baut montés , et qu'ils ont communé- ment la queue beaucoup plus longue. Les guépiers ressemblent , par leurs pieds courts, à la huppe comme au martin-pêcheur, et plus particulière: 17% 196 HISTOIRE NATURELLE L. ment à ce dernier par la singulière dispo: sition de leurs doigts, dont celui du mi- . lieu est adhérent au doigt extérieur Jus- qu’à la troisième phalange , et au doigt intérieur jusqu’à la première seulement. Le bec des guêpiers, qui est assez large à sa base et assez fort, tient le milieu entre les becs grèles des huppes et des promerops d’une part , et les becs longs, droits , gros et pointus des martin-pe- cheurs, d’autre part; toutefois s’appro- chant un peu plus des premiers que des derniers, puisque le guépier vit d'insectes comimne les huppes et les promerops , et non de petits poissons comme les martin- pêcheurs : or l’on sait combien la force et la conformation du bec influent sur le choix des alimens. On trouve encore quelques vestiges d'analogie entre le genre des guêpiers et celui des martin-pêcheurs. Premièrement, la belle couleur d’aigue-marine qui n’est rien moins que commune dans les oiseaux d'Europe, embellit également le plumage de notre martin-pêcheur et celui de notre guépier. En second lieu , dans le plus « DUDES, HUPPES "|, 107 grand nombre des espèces de guëpiers , les deux pennes intermédiaires de la queue excèdent de beaucoup les latérales, et le genre du martin-pécheur nous pré- sente quelques espèces dans lesquelles ces deux intermédiaires sont de même excé- dantes. Troisièmement, il nous présente aussi des espèces qui ont le bec un peu courbé , et qui en cela se rapprochent des guêpiers. D'un autre côté, quelque voisins que soient les deux genres des guépiers et des promerops , la Nature, toujours libre, toujours féconde , a bien su les séparer, ou plutôt les fondre ensemble par des nuances intermédiaires qui tiennent plus ou moins de l’un et de l’autre : ces nuances , ce sont des oiseaux qui sont guêpiers par quelques parties , et prome- rops par d’autres parties. J’applique à ce petit genre intermédiaire;ou, si l’on veut, équivoque , le nom de #erops. Tous ces différens oiseaux qui ont déja tant de rapports entre eux, se res- semblent encore par la taille. Dans cha- cun de ces genres , les espèces les plus 17 r98 HISTOIRE NATURELLE grosses ne le sont guère plus que les grives, et les plus petites ne sont guère … plus petites que 1 moincaux-æt les bec- figues : s’il y a quelques exceptions , elles | sont peu nombreuses , et d’ailleurs elles ont également lieu dans ces différens genres. _ À légard du climat, il n’est pas de même pour tous. Le promerops se trouvent en Asie, en Afrique et en Amé- us ; On n’en voit Jamais en Europe ; s'ils sont aborigènes du vieux (conti- huis et que par conséquent ils aient passé plus tôt ou plus tard dans le nou- veau ,4äl faut que ce soit par le nord de l'Asie. La huppe est attachée exclusivie- ment à l’ancien monde; et J’en-dis autant des guépiers, quoique l’on :‘trouve dans nos planches 'enluminées la figure ‘d'un oiséau appelé guépier de Cayenne. Mais où a de fortes raisons de ‘douter qu'il soit en effet originaire de cette île :-des .or- nithologistes qui y ‘ont fait plusieurs voyages , ne-ly. ont Jamais vus et lPin- dividu d’après lequel la figure de mos planches a été dessinée et gravée, est “ DEMI AU PP RS), 7 799 unique à Paris jusqu’à présent, quoi- qu'en général les oiseaux de Cayenne y soient très-communs. Quant aux deux guêpiers donnés par Seba, comme étant l’un du Bresil et l’autre du Mexique, on sait combien l'autorité de Seba est sus- pecte sur cet article; et ici elle l’est d’au- tant plus, que ce seroient les deux seules espèces de guépiers qui fussent origi- naires du nouveau continent. 200 HISTOIRE NATURELLE LA HUPPE#*. UÙ + auteur de réputation en ornitholo- gie ( Belon ) a dit que cet oïseau avoit pris sôn nom de la grande et belle huppe qu'il porte sur sa tête : il auroit dit tout Je contraire s’il eût fait attention que le nom latin de ce même oiseau , wpupa, d'où s’est évidemment formé son nom français, est non seulement plus ancien de quelques siècles que le mot géné- rique £uppe, qui signifie dans notre langue une touffe de plumes dont certaines es- pèces d'oiseaux ont la tête surmontée, mais encore plus ancien que notre langue elle-même, laquelle a adopté le nom propre de l'espèce dont il s’agit ici, pour exprimer en général son attribut le plus remarquable. La situation naturelle de cette touffe * Voyez les planches enluminées, n° 52. Pa 8.Lag. 200 + Zom .12, LA HUPPE 4 f? auquel SJ ES kr FR F L En D'AT \ D. VER US Es ne #8 Da ns NM PAT di ch Ne ni 4 à fe | Fan, Ni! à 1 ve ns DES HUPPES. 204 de plumes est d’être couchée en arrière, soit lorsque la huppe vole, soit lorsqu'elle prend sa nourriture, en un mot lors- qu'elle est exempte de toute agitation in- térieure *. J'ai eu occasion de voir un de ces oiseaux qui avoit été pris au filet, étant déja vieux ou du moins adulte, et qui, par conséquent , avoit les habitudes de la Nature : son attachement pour la personne qui le soignoit, étoit devenu très-fort et même exclusif; il ne paroissoit content que lorsqu'il étoit seul avec elle. S'il survenoit des étrangers, c’est alors que sa huppe se relevoit par un effet de surprise ou d'inquiétude, et il alloit se réfugier sur le ciel d’un lit qui se trou- voit dans la même chambre ; quelquefois il s'enhardissoit jusqu’à descendre de son asyle, mais c’étoit pour voler droit à sa maîtresse : 1l étoit occupé-uniquement de cette maîtresse chérie, et sembloit ne voir * On ajoute qu’elle cherche le feu , qu’elle aime à se coucher devant la cheminée, à s’y épanouir. Celle dont je vais parler appartenoit à mademoiselle Lemulier, mariée depuis à M. Dumesniel, mestre- de-camp de cavalerie. e. 202 HISTOIRE NATURELLE | qu’elle. Il avoit deux voix fort différentes: l’une plus douce, plus intérieure, quisem- bloit se former dans le siége même du sentiment, et qu'il adressoit à la personne aimée; l’autre plus aigre et plus percante, qui exprimoit la colère ou l’effroi. Jamais on ne le tenoit en cage ni le Jour ni la nuit, et il avoit toute licence de courir : dans la maison; cependant, quoique les fenêtres fussent souvent ouvertes, il ne montra jamais, étant dans son assiette ordinaire , la moindre envie de s’échap- per, et sa passion pour la liberté fut tou- jours moins forte que son attachement. À la fin toutefois 1l s’'échappa : mais ce fut un effet de la crainte; passion d'autant plus impérieuse chez les animaux, qu’elle tient de plus près au desir inné de leur propre conservation. Il s’envola donc un jour qu'ilavoit été effarouché par lappa- rilion de quelque objet nouveau: : encore s'éloigna-t-il fort peu ; et n'ayant pu re- gaguer son gîte, il se jeta dans la cellule _ d’une religieuse qui avoit laissé sa fenêtre ouverte: tant la société de l’homme, ou ce qui y ressemble, lui étoit devenue né- PRENSE U DH EIS 0 1 208 cessaire! 11 y trouva la mort, parce qu’on ne sut que lui donner à manger; il avoit cependant vécu trois ou quatre mois dans sa première condition avec un peu de pain et de fromage pour toute nourriture. Une autre huppe a été nourrie pendant dix-huit mois de viande crue !: elle l’ai- moit passionnément, et s’élancoit pour l’aller prendre dans la main; elle refusoit, au contraire, celle qui étoit cuite. Cet appétit de préférence pour la viande crue indique une conformité de nature entre les oiseaux de proie et les insectivores, lesquels peuvent être regardés , en effet, comme des oiseaux de petite proie. La nourriture la plus ordinaire de la huppe dans l’état de liberté, ce sont les insectes en général, et sur-tout les insectes terrestres , parce qu'elle se tient beaucoup plus à terre que perchée sur les arbres ?.. x Gesner en a nourri une avec des œufs durs; Olima avec des vers et du cœur de bœuf ou de mou- ton coupé en petites tranches Jonguettes, ayant à peu près la forme de vers: mais 1] recommande sur- tout de ne la point renfermer dans une cage. # Les arbres où elle se perche le plus volontiers, 204 HISTOIRE NATURELLE J'appelle insectes terrestres ceux qui passent leur vie, ou du moins quelques périodes de leur vie, soit dans la terre, soit à sa surface; tels sont les scarabées,, les fourmis !, les vers, les demoiselles, les abeilles sauvages , plusieurs espèces de chenilles, etc.?: c’est-là le véritable ce sont les saules, les osiers, et apparemment tous ceux qui croissent dans les, terres humides. Les huppes apprivoisées se tiennent aussi bien plus sou- vent à terre que perchées. 1 M. Frisch dit qu’elle fouille, avec son long bec, dans les fourmillières pour y chercher des œufs de fourmis. Celle qu'a nourrie Gesner étoit très - friande en effet de ces œufs ou nymphes de fourmis ; mais elle rejetoit les fourmis elles-mêmes. 2 M. Salerne ajoute qu’elle purge la maison de souris : mais C’est sans doute en les poursuivant et les mettant en fuite; car il est évident qu’avec un bec aussi grêle, des serres aussi foibles, et un gosien aussi étroit, elle ne peut ni s’en saisir, n1 les dé-. -vorer, encore moins les avaler tout entières. Om sait qu'elle mange aussi les substances végétales à entre autres des baies de myrte et des raisins. J'ai # trouvé dans le gésier de celles. que j’ai disséquées , œutre les insectes et les vers , tautôt de l'herbe, des _ Le NE NU DES HUPPES. 205 appât qui, en ‘tout pays, attire ki huppe dans les terrains humides !, où son bec long et menu peut facilement pénétrer , et celui qui , en Égypte , la détermine, ainsi que beaucoup d’autres oiseaux, à régler sa marche sur la retraite des eaux du Nil, et à s’avancer constam- ment à la suite de ce fleuve; car, à me- sure qu'il rentre dans ses bords ?, il laisse successivement à découvert des plaines engraissées d’un limon que le soleil -échauffe, et qui fourmille bientôt d’une quantité innoimbrable d'insectes de toute espèce * : aussi les huppes de passage -petiles graines, des bourgeons, tantôt des grains ronds d’une matière terreuse, quelquefois de pe- tites pierres, quelquefois rien du tout. 1 C’est parce qu'elle court aïnsi dans la vase qu'on lui trouve presque toujours les pieds crottés. 2 On voit par cela seul pourquoi l'apparition de la huppe en Egypte annoncoit aux habitans de ce pays la retraile des eaux du Nil, et consé- quemment la saison des semuailles : aussi jouoit- elle un grand rôle dans les hiéroglyphes égyptiens. 3 Entre autres, d une espèce d’insecte particulière à l'Égypte, et qui ressemble au cloporte. Le Nil R 10 206 HISTOIRE NATURELLE sont-elles alors très-grasst*; et très-bonnes à manger. Je dis les huppes:de passage; car il y en a dans ce méme pays de sé- dentaires que l’on voit souvent sur Îles dattiers, aux environs de Rossette , et qu'on ne mange Jamais. 1l en est de nméime de celles qui se trouvent en très- grand nombre dans la ville du Caire ?, où elles nichent en pleine sécurité sur les terrasses des maisons ?. On peut, en effet, concevoir que des huppes vivant loin de l'homme, et dans une campagne inba- bitée , sont meilleures à manger que laisse aussi beaucoup de petites grenouilles, etmême du frai de grenouille, dans les endroits qu'il a inondés ; et iout cela peut, en cas de hestins sup- pléer aux insectes. 1 On en mange à Bolcgne, à Gènes, et dans quelques autres conirées de l’Italie et de la France tant méridionale que sepientrionale. Quelques uns les préfèrent aux cailles. Il est vrai.que toules n0s buppes sont de passage. 2? Ces deux dernières noies m'ont été communi- quées par M. de Senimi, dans deux lettres datées du Caire et de Rossette, les 4 septembre et F novembre 1777. +R. DES'TEU MRRS'EIN 207 celles qui vivent à portée d’une ville con- sidérable , ou des grands chemins qui y dnduieut: les premières cherchent leur vie, c'est-à-dire les insectes, dans la vase, le ben , les terres bic) en un mot dans le sein de la Nature , au lieu que les autres les cherchent dans les immondices de tout genre qui abondent par-tout où il y a un grand nombre d'hommes réu- nis; Ce qui ne peut manquer d'inspirer du dégoût pour les huppes des cités, et méme de donner un mauvais fumet à leur chair *. 1l y en a une troisième classe qui tient le milieu entre les deux autres, et qui , se fixant dans nos jardins, trouve à s’y nourrir suffisamment de chenilles et de vers de terre. Au reste, tout le monde convient que la chair de cet oiseau, qui passe pour être si sale de son vivant, n’a * C’est donc uniquement à ces huppes des cités, à ces huppes sédentaires, que l’on doit rapporter ce que Belon dit, peut-être trop généralement, de toutes les huppes, « que leur chair ne vaut rien, « et que ny a personne en aucun pays qui en « veuille tâter ». C’étoit et c’est encore une nour- riture immonde chez les Juifs. MCE CS 0 IE & 23 HISTOIRE NATURELLE d’autre défaut que de sentir un peu trop. le musc, et c’est apparemment la raison pourquoi les chats, d’ailleurs si friands d'oiseaux, ne touchent jamais à ceux-ci. En Égypte, les huppes se rassemblent, dit-on , par petites troupes ; et lorsqu'une d’entre elles est séparée des autres, elle rappelle ses compagnes par un cri fort aigu à deux temps, z, z:?. Dans la plu- part des autres pays, elles vont seules, ou tout au plus par paires. Quelquefois, au temps du passage, il s’en trouve un assez grand nombre dans le même canton; mais c'est une multitude d'individus iso- lés qui ne sont unis entre eux par aucun lien social , et par conséquent ne peuvent former une véritable troupe : aussi par- tent-elles les unes après les autres quand elles sont chassées. D’autre part, comme ‘Ty a plusieurs moyens indiqués pour faire passer ce goût de musc : le plus généralement re- commandé, c’est de couper la tête à la huppe au moment qu'elle vient d'être tuée. Cependant les parties postérieures sont plus musquées que les par« ties anlcrieures. 2 Note communiquée par M. de Sonmi. n hd DES HUPPES.. 209 elles ont toutes la même organisation, toutes doivent être et sont mues de la même manière par les mêmes causes ; et c’est la raison pourquoi toutes en s’envo- lant se portent vers les memes climats, et suivent à peu près la même route. Elles sont répandues dans presque tout l’ancien continent, depuis la Suède , où elles habitent les grandes forets, et meme depuis les Orcades et la Lapponie Jus- qu'aux Canaries et au cap de Bonne- Espérance, d’une part , et de l’autre Jus- qu'aux îles de Ceylan et de Java. Dans toute l'Europe elles sont oiseaux de pas- sage et n’y restent point l'hiver, pas méme dans les beaux pays de la Grèce et de l'Italie. Ou en trouve quelquefois en mer, et de bons observateurs * les mettent au nombre des oiseaux que l’on voit passer deux fois chaque année dans lile de Malte. Mais il faut avouer qu'elles ne suivent pas toujours la méme route; car souvent il arrive qu'en un même pays on en voit beaucoup une année, et très-peu * Entre autres M. le commandeur des Mazys. 18 fi MAN AA En RUN à a HISTOIRE NATUREZRLE où point du tout l’année suivante, De plus , il y a des contrées, comme l'An | gleterre, où elles sont fort rares, et'où elles ne nicheut jamaiss d’autres ;' comme le Bugey, qu'elles semblent éviter absolu- rent : toutefois le Bugey est un pays montagueux ; il faut donc qu’elles ne soient pas attachées aux montagnes , du inoins autant que le pensoit Aristote. _ Maïs ce n’est pas le Seul fait qui combaitte lassertion de, ce philosoghe; car les hup- pts établissent tous les jours léur domi cile au milieu de nos plaines, et l’on ‘en voit fréquemment sur les aïbres isolés ui croissent dans les ‘îles sablonneuses; telles que ‘celle ‘de Cämargue ‘en Pro- véncée *. Frisch ‘dit qu'elles ont, comme les pics , la faculté de grimper sur Pécorce dés ‘arbres ; ‘ét cela n’à rien qué ‘dé con- forme à lanalogie, Yuisqu’elles font, coune les pics, leür ponte dans des'trous d'arbre : elles ÿ déposentile plus souvent leurs œufs, ainsi Œue dans des troûs de muraille, sûr'le térfeau ouh poussière "* Note communiquée par M. le marquis de PIED OU Ro met ; D E'S HUPPES. 213 qui se trouve d'ordinaire au fond de ces sortes de cabités, saus les garnir, dit Aristote , de paille ni d'aucune litière. Mais cela est encore sujet à quelques ex- ceptions, du moins apparentes : de six couvées qu'on m'a apportées, quatre étoient en effet sans litière, et les deux autres avoient sous elles un matelas très- mollet , composé de feuilles , de mousse, de laine , de plumes , * etc. Or tout cela peut se concilier; car il est très-possible que la huppe ne garnisse jamais son nid de mousse ni d'autre chose , mais qu'elle fasse quelquefois sa ponte-dans des trous qui auront été occupés l’année précédente par des pics, des. torcols, des mésanges et autres oiseaux qui les auront matelas- sés, chacun suivant son instinct. * {1 y avoit au fond de l’un de ces nids plus de deux litrons de mousse, des débris de hanne- tons, quelques vermisseaux ‘échappés sans doute du bec de la mère ou de ses-petits. Les six arbres où se sont trouvés ces: nids, sont troïs grioitiers, deux chênes et un poivier. Les plus bas .de ces mds étoient à trois ou quatre pieds de 1erre; les plus bauts, à dix. ; 3 212 HISTOIRE NATURELLE On a dit, il y a long-temps, et l'onæ ! beaucoup répété, que la huppe enduisoit son nid des matières les plus infectes, de la fiente de loup, de renard , de cheval, de vache, bref de toutes sortes d'ani- maux, sans excepter l’homme !; et cela, ajoute-t-on , dans l'intention de repousser par la mauvaise odeur les ennemis desa couvée ? : mais le fait n’est pas plus vrai “ TI] est assez singulier que les anciens, qui regar- doient la huppe comme une habitante des montagnes, des forèts, des déserts, lui aient imputé d'employer ‘à son nid les excrémens de l’homme : c’est encore ici un de ces laits particuliers mal-à-propos géné- ralisés. Îl a pu arriver qu’une huppe couveuse ait ramassé sur des immondices quelconques les insectes qu’elle destinoit à ses petits; qu’elle se soit salie en les ramassant, et qu’elle ait fait son nid :,1l m'en alloit pas davantage à des observateurs su- perficiels pour conclure que c’étoit une habitude commune à toute l’espèce. | 2 On a dit aussi que c’étoit afin de rompre les charmes qui. pouvoient être jetés sur sa couvée; car la buppe passoit pour être fort savante -dans ce genre : elle connoïssoit toutes les herbes qui dé- iruisent l’effet des fascinations, celles qui rendent da vue aux aveugles, celles qui ouvrent les portes les’ DES HUPPES. 213. que l'intention; car la huppe n’a point l'habitude d’enduire l’orifice de son nid, comme fait la sittelle. D’un autre côté, il est très-vrai qu’un nid de huppe est. très-sale et très-infect , inconvénient né- cessaire , et qui résulte de la forme mème du nid , lequel a souvent douze , quinze et jusqu'à dix-huit pouces de profondeur : lorsque les petits viennent d’éclore et sont encore foibles, ils ne peuvent Jeter leur fiente au dehors; ils restent donc fort long-temps dans leur ordure , et on ne mieux fermées. L’on a voulu donner crédit à cette derniére fable, en y ajoutant une autre fable non moins absurde. Elien raconte sérieusement qu’un homme ayant bouché trois fois de suite le nid d une buppe, et ayant bien reconnu l’herbe dont elle se servit autant de fois pour l’ouvrir , 1l employa avec succès la même herbe pour charmer les serrures des coffres-forts. La mort même ne fait qu’exalter ses vertus ct leur donner une nouvelle énergie : son cœur , son foie, sa cervelle, etc. mangés avec cere taives formules mystérieuses, appliqués, suspen- dus sur différentes parties du corps, conmu- niquent le don de prophétie, guérissent la migraine, Féablissent la mémoire , procurent le sommeil , - 214 HISTOIRE NATURELLE ; . 1 péut guère les ianier sans s’infceter les doigts *, C’est de là sans doute qu'est vent le proverbe , sale comme une huppe: Mais ce provérbe induiroit en erreur, ‘8i l’on vouloit en ‘conclure que la huppe a Île goût ou l’habitude de la mal-propreté : cile ne s’appercoit point de la mauvaise, odeur tant qu'il s’agit de donner à sés petits les soins qui leur sont nécessaires ; dans toute autfe circonstance, elle dé- ment bien le proverbe; car celle dont J'ai \ donrent des songes agréables ou terribles , etc. Autrefois elle passoit en Angleterre pour un oiseau de mauvais angure ; encore aujeurd'hui le peuple de Suède regarde son apparition comme un pré- sage de guerre, Les anciens étment mieux fondés, ce me semble, à croire que lorsqu'on l’entendoit chanter avant le temps où l’on avoit coutume de cominencer la culture de la vigné, elle annoncoit de bonnes vendanges : en effet, ce chant préma- iuré supposoit un printemps doux, et par consé- quent une année hâtive, toujours favorable à la vigne ét à la qualité de son fruit. * C’est ce qu'éprouva Schwenckfeld étant encore enfant, et voulant tirer d’un chêne creux une cou vée de huppes qui y éloit établie. | …_ DES HUPPES. 215 parlé ci-dessus, non seulement ne fit Ja- mais d’ordure sur sa maîtresse, ni sur les fauteuils, ni même au milieu de la chambre, mais elle se retiroit toujours pour cela sur ce même ciel-de-lit où elle se réfugioit lorsqu'elle étoit eHarée; et l’on ne peut nicr que l'endroit ne fût bien choisi, puisqu'il étoit tout à la fois le plus éloigné, le plus gaGR et le-moins accessible, ."e La femelle “pond er deux jusqu'à sept œufs *, mais plus communément quatre ou cinq: ces œufs sont grisatres, un peu moins gros que ecux de perdrix, et ils n'écloseñt pas tous, à beaucoup près, au iméime {erme; Car Où m'a ap porté une couvée de trois jeunes huppes prises dans le même nid, qui différoient beaucoup entre elles par la taille : dans la. plus grande, les pennes de la queue * M. Linnæus et Jes auteurs de la Zoologie Britannique ne parlent que de deux œufs; maïs ce cas êst aussi rare, du moins dans nos contrées , que celui de sept œufs. 11 peut se faire que dans Jes pays plus sepient inonaux, tels que la Suède, les huppes soient moins fécondes. d 216 HISTOIRE NATURELLE sortoient de dix-huit sci hors du tuyau. et dans la plus petite de sept lignes seule- ment. On à vu souvent la mère porter à manger à ses petits; mais Je n’ai Jamais entendu dire que le père en fît autant. . . . * à Comme on ne voit guère ces oiseaux en troupes , il est naturel de penser que la famille se disperse dès que les jeunes sont en état de voler : cela devient encore plus probable, s’il est vrai, comme le disent les auteurs de l’Ornitholôgie italienne, que chaque paire fasse deux ou trois pontes par an. Les petits de la première couvée sont en état de voler dès la fin de juin. C'est à ce peu de faiis et de conJec- tures que se bornent les connoissances , e : # \ ; | que j'ai pu me procurer sur la ponte de la huppe et sur l'éducation de ses petits. Le cri du mâle est bou, bou, bou ; c’est . sur-tout au printemps qu’il le fait en- tendre, et on l’entend de très-loin*. Ceux qui ont écouté ces oiseaux avec atten- * Aristophane exprime ainsi le chant de cés Olseaux , €P0p0E ; POpOpO , pOpOe , pOpOe ; 10 , 10, 210, 110, i10, 110; mais il me semble qu’il les fait un peu parler grec. De tous les noms qui leur ont été dounés, celui qui rend le mieux leur yraï chant « Dés BUPDES . 21 den : SA à avoir remarqué dans leur cri différèntes inflexions, différens accens appropriés aux différentes circons- tances tantôt uu gémissement sourd qui annonce la pluie prochaine, tantôt un cri plus aigü qui avertit. de l’apparition d'uu 4 Ed ie ete. Cela a quelque rapport avec les Du voix de la huppe apprivoi- sée dont J'ai parié plus baut. Celle-ci avoit un goût marqué pour le son des instru- mens : toutes les fois que sa maîtresse jouoit du clavecin ou de la mandoline, elle venoit se poser sur ces. instrumens ou le plus près possible , et s’y tenoit autant de temps que sa maîtresse continuoit de jouer. : On prétend que cet oiseau ne va jamais aux fontaines pour y boire, et que par cette raison il se prend rarement dans les piéges , sur-tout à l’abreuvoir. A la vérité, la huppe qui fut tuée en Angle- terre , dans la forêt d'Epping , avoit évité est celui de boubou , sous lequel ils sont connus en Lorraine et dans quelques auires provinces de France. Iorrucei, en grec, signifie chanter comme une huppe. . | Distaux, LIL. 19 LR 7 TYPE Er Voh A ce. # PR | : . à dons du: \ Con 218 HISTOIRE NATURELLE les piéges multipliés qu onflui avoit {este dus avant de la tirer, dans intention de lavoir vivante; mais il n’est pas moins vrai que la Hépe apprivoisée que j’ai déja citée plusieurs fois, avoit été prise au filet, et qu’elle buvoit de temps en temps en plongeant son bec dans l’eau d'un mou- vement brusque, et sans le relever en- suite, comme font plusieurs oiseaux : ap- paremment que celui-ci a la faculté de faire monter la boisson dans son ‘gosicr par une espèce de succion. Au reste, les huppes conservent ce mouvement brus- que du bec lorsqu'il ne s’agit ni de boire ni de manger : cette habitüde vient, sans doute, de celle qu’elles ont dans l’état sauvage, de saisir les insectes, de piquer les bourgeons , d’enfoncer leur bec dans la vase et dans les fourmilières, pour y chercher les vers, les œufs de fourmis, et peut-être la seule humidité de la terre. Autant elles sont difficiles à prendre dans les piéges, autant elles sont faciles à tirer; car elles se laissent approcher de: fort près*, et leur vol, quoique sinueux et * Ceux quiont voulu juger de ce qu’étoit la Ê ; ; \ ÿ, 2 Ed Eu A PAS F P 1 - 1 { LA ’ Lt Z Re » ‘ (l ve è F "1 Li * DES HUPPES. 219 ( Min: , estipeu rapide, etne e présente aux PRG, ou, si l’on veut, aux ti- reurs , que très-peu de oultéa à : elles battent des ailes en partant, comme le vanneau*, et posées à terre elles mar- chent d’un mouvement uniforme comme les poules. Elles quittent nos pays septentr iouaux sur la fin de l’été ou au commencement de l’automne, et n’attendent jamais les grands froids : mais quoiqu’en général elles soient des oiseaux de passage dans notre Euiope, il est possible qu’en cer- Huppe, par ce qu elle devoit être d’après la mytho- ogie, n'ont pas uianqué de dire qu elle étoit très- sauvage, qu'elle ne s ’enfoncoit dans la profondeur des forêts, qu’elle ne gagnoi la cine des mon- tagnes, etc. que pour fuir les hommes. Au réste, des chasseurs m'ont assuré que cet oiseau se laissoit un peu moins approcher sur l’arricre-saison, sans doute parce qu’il a un peu plus d'expérience. * C'est sans doute à cause de ceite conformité dans la facon de voler, jointe à la belle touffe de plumes dont la iête du vanneau est ornée, qu'on à donné à celui-ci, et qu’on lui donne encore en An- gleterre, le nom de Auppe : ce sont d’ailleurs des oiseaux de même taille.’ Le ) p TO PENSE PTE NS MES | * 20 HISTOIRE NATUREËLE 1 taines circonstances il y'en soit resté" quelques unes; par exemple, celles qui se seront trouvées blessées au moment du. départ, ou malades, ou trop Jeunes, en un mot trop foibles pour entreprendre un voyage de long cours, ou celles qui auront été retenues par quelque obstacle étranger : ces huppes restées en arrière se. seront arrangées dans les mêmes trous qui leur avoient servi de nid; elles y auront passé l'hiver à derni engourdies, vivant de peu et pouvant à peine re toite les plumes que la mue leur avoit fait perdre ; quelques chasseurs en auront trouvé dans cet état, et de là on aura pris occasion de dire que toutes les huppes | passoient l'hiver dans les arbres creux, en- gourdies et dépouillées de leurs ren "1 comme on l’a dit des coucous, et avec aussi peu de fondement. | Selon quelques uns, la huppe étoit, chez les Égyptiens , l'emblème de la té filiale : les jeunes prenoient soin, dit-on, de leurs père et mère devenus caducs ; * C’est par cette raison, dit G. Agricola, qu'on | les voit au printemps presque toutes déplumées, me 7 DES HUPPES.. 22% ils les réchauffoient sous leurs ailes; ils leur aidoient, dans le cas d’une mue labo- rieuse, à quitter leurs vieilles plumes; ils souffloient sur leurs yeux malades et y -appliquoient des herbes salutaires ; en un mot, ils leur rendoient tous les services qu'ils en avoient reçus dans leur bas-âge. On a dit quelque chose de pareil de la cigogne; hé! que n’en peut-on dire autant de toutes les espèces d'animaux ! La huppe ne vit que trois ans, suivant Olina; mais cela doit s'entendre de la huppe domestique , dont nous abrégeons la vie, faute de pouvoir lui donner la nourriture la plus convenable, et dont il nous est facile de compter les jours, puis- que nous l’avons sans cesse sous les yeux : il ne seroit pas aussi aisé de déterminer la vie moyenne de la huppe sauvage et libre, et d'autant moins aisé, qu’elle est oiseau de passage. | Comme elle a beaucoup de plumes, elle paroît plus grosse qu’elle n’est en effet; sa taille approche de celle d’une grive, et son poids est de deux onces et demie à trois ou quatre onces, plus ow 19 AN î YPCUE FEES PP EE PER LUE | | . SN EE 222 HISTOIRE NATURELLE moius , suivant qu’elle a plus où moins de el | L Sa huppe est longitudinale, composée de deux rangs de plumes égaux et paral- lèles entre eux ; les plumes du milieu de chaque rang sont les plus longues, en sorte qu’elles forment , étant relevées, une huppe arrondie en demi-cercle, d’en- viron deux pouces et demi de hauteur; toutes ces plumes sont rousses, terminées de noir: celles du milieu et les suivantes en arrière ont du blanc entresces deux couleurs ; 11 y a outre cela six ou huit plumes encore plus en arrière, apparte- nant toujours à la huppe , lesquelles sont entièrement rousses et les plus courtes de toutes. , Le reste de la tête et toute la partie an- té de l’oiseau sont d’un gris tirant tantôt au vineux, tantôt au roussâtre; le) dos est gris dans sa partieantérieure, rayé _transversalement dans sa partie posté-. rieure de blanc sale, sur un fond rem- bruni ; il y a une plaie blanche sur le _: croupion ; les couvertures supérieures de la queue sont noirâtres; le ventre et le À Le D'E S HU PP ES. 225 reste. du dessous du corps d’un blanc roux ; les ailes et la queue noires, rayées de blanc: le fond des plumes ardoisé. De toutes ces différentes couleurs ainsi répandues sur le plumage, il résulte une espèce de dessin régulier, d’un fort bon effet lorsque l'oiseau redresse sa huppe, étend ses ailes, relève et épanouïit sa queue, ce qui lui arrive souvent; la partie des ailes la plus voisine du dos présente alors de part et d'autre une rayure trans- versale noire et blanche, à peu près per- pendiculaire à l’axe du corps; la plus haute de ces raies a une teinte roussâtre , et s’unit à un fer-à-cheval de mème cou- leur qui se dessine sur le dos, et dont la convexité s'approche de la plaque blanche du croupion; la plus basse, qui borde l’aile dans lafimoitié de sa circon- férence , va rejoindre une autre bande blanche plus large qui traverse cette méme aile à deux doigts de sa pointe, et parallèlement à l'axe du corps ; cette _ dernière raie blanche répond aussi à un croissant * de même couleur qui traverse *, Lorsque Ja queue est entièrement épanouie , # ds VS h +" , + 400 } NET DIEU PE? HISTOIRE NATURELLE la queue à pareillé distance de son ex2 trémité, et forme avec elle le cadre du tableau. Enfin, qu'on se représente l’en- semble de ce joli tableau couronné par une huppe élevée, de couleur d’or et bordée de noir, et l’on aura du plumage de cet oiseau une idée beaucoup plus claire et plus juste que celle qu’on vou- droit en donner en décrivant séparément chaque plume, etchaque Larbe de chaque plume. Toutes les bandes blanches qui parois- sent sur la tee supérieure de Paile, pa- roissent aussi à la face inférieure, et pré- sentent le même coup d'œil lorsque Poi- seau vole et qu’on le voit par-dessous, excepté que le blanc est plus pur, moins terni, moins mélé de roussatre. J'ai vu une femelle , bien reconnue fe- melle par la dissection, qui avoit toutes ces mêmes couleurs et tout aussi décidées: peut-être étoit-elle un peu vieille; ce qu'il ce croissant se Hagen en une bande toute droite, parce que sa convexilé est tournée du côté du corps, et qu'il va toujours s’ouvrant de plus en plus à mesure que les pennes deviennent plus divergentes, ai ( « 4 FF J } | ‘ 1 JE DES HUPPES. 225 y a de sûr, c'est qu’elle n’étoit pas plus grosse que le mâle, quoi qu’en disent les auteurs de l’Ornithologie italienne. Longueur totale, onze pouces envi- ron ; bec, deux pouces un quart (plus ou moins, selon que l'oiseau est plus ou moins vieux), légèrement arqué; la pointe du béc supérieur dépasse un peu celle du bec inférieur , l’une et l’autre sont assez mousses ; narines oblongues et peu re- couvertes; langue très-courte, presque perdue dans le gosier, et formant une espèce de triangle équilatéral, dont les côtés n’ont pas trois lignes de longueur; ouvertures des oreilles, à cinq lignes de l'angle de l'ouverture du bec et dans le méme alignement ; tarse, dix lignes ; doigt du milieu uni au doigt extérieur par sa première phalange; ongle posté- rieur le plus long et le plus droit, sur- - tout dans les vieux; vol, dix-sept pouces et plus; queue, près de quatre pouces, composée de dix pennes égales (et non de douze , comme dit Belon), dépasse de vingt lignes les ailes composées de dix- neuf pennes , dont la première est la plus L en 0 RARES no RON me A A UT 226 HIS TOIRE NATURELLE courte , et la dix-neuvièmela plus longue. | Tube intestinal, du gésier à l’anus, de douze à dix-huit pouces; gésier muscu- leux, doublé d’une membrane sans adhé- rence qui envoyoit un prolongement en forme de douille dans le duodenum ; grand axe du gésier, de neuf à quatorze lignes; petit axe, de sept à douze lignes; ces parties ont lus de volume dans les jeunes que dans les vieux; tous ont une vésicule du fiel, et seulement de très- légers vestiges de cœcum ; à l’angle de la bifurcation de la t'achée-artère, deux petits trous recouverts d’une membrane très-fine ; les deux branches de cette même trachée-artère, formées par-derrière d’une membrane semblable, et par-devant d’an- neaux cartilagineux de forme sémi-circu- laire. Le muscle releveur de la huppe est situé entre le sommet de la téte et la base du bec : lorsqu'il est tiré en arrière, la huppe se relève; et lorsqu'il est tiré du côté du bec, elle s’abaisse. Dans une femelle que J'ai ouverte le 5 juin , il y avoit des œufs de différentes grosseurs : le plus gros avoit une ligne de diamètre. | VARIÉTÉS DE LA HUPPE. Lys anciens disoient que cet oiseau étoit sujet à changer de couleur d’une saison à l’autre : cela dépend, sans doute, de la mue; car des plumes nouvelles doivent être un “geu différentes des vieilles qui sont prêtes à se détacher, et la différence doit être plus sensible EE certaines es- pèces que dans d’autres. Au surplus, des personnes qui ont élevé des huppes, ne se sont, pas appercues de ce changement de couleur. à Belon avance qu'il en a connu deux es- pèces , sans indiquer les attributs qui les distinguent , si ce n’est peut-être ce zoult beau collier mi-parti de noir et de tanné, dont il dit en général que Za huppe a le .cou entourné, et qui manque à l'espèce que nous connoissons. MM. Commerson et Sonnerat ont rap- porté une huppe du cap de Bonnc-Espe- ; 1 - e" x | 7. 223 HISTOIRE NATURELLE. rance fort ressemblante à la uôtre , et que le voyageur Kolbe avoit reconnue long temps auparavant dans les environs de ce cap : elle a en gros le même plumage, la méme forme, le mème eri, les mêmes allures, et se ent des mêmes choses ; muais en y regardant de plus près, of s’apperçoit qu "elle a la taille un peu plus petite, les pieds plus alongés, le bec plus court à proportion, l’aigrette plus basse, qu'il n’y à aucun vestige de blanc EF les plumes qui composent cette aigrette, et en général un peu moins de variété dans le plumage. Un autre individu rapporté du même pays avoit le baut du dos d’un brun assez foncé, et le ventre varié de blanc et de brun. C’étoit sans doute un Jeune ; car il étoit plus petit que les autres, et il avoit le bec de cinq lignes plus court. . Enfin M. le marquis Gerini a vu à Flo- rence, et revu dans les Alpes, près de la ville de Ronta, une très-belle variété, dont l’aigrette étoit bordée de bleu cé-" leste. OISEAU ÉTRANGER QUI À RAPPORT À LA HUPPE. LA HUPPE NOIRE ET BLANCHE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE *. Cr oiseau diffère de notre huppe et de ses variétés par sa grosseur; par son bec plus court ét plus pointu ; par sa huppe, dont les plumes sont un peu moins hautes à proportion , d’ailleurs efilées à peu près comme celles du coucou huppé de Mada- gascar ; par le nombre des pennes de sa queue , car elle en a douze; par la forme de sa langue , qui est assez longue, et * Voyez les planches enluminées, n° 697, où cet oiseau est représenté sous le nom de Set du cap de Bonne-Espérance. L'oiseau de Madagascar que Flaccourt nomme tivouch , paroît avoir du rapport avec celui-ci : sa tête est ornée d’une belle huppe, et son plumage m'est que de deux couleurs , noir et gris On peut supposer que c’est du gris clair. \ 20 ! du D LÉ 230 HISTOIRE NATURELLE î | A dont ex EtBt est divisée en plüsieurs. | filets; enfin par les couleurs de son plu- mage. Il a la buppe, la gorge. et tout le dessous du corps , blancs sans tache; le! dessus du corps, depuis la huppe exclu- sivement jusqu’au bout de la queue, d’un brun dont les teintes varient et sont beau= coup moins foncées sur les parties anté- rieures ; une tache blanche sur l’aile; li- ris d’un brun bleuâtre ; le: bec., lés pieds, et même les ongles , jaunâtres. Cet oiseau se tient dans les grands bois de Madagascar , de l'ile Bourbon et du cap de Bonne- Espérance, On a trouvé dans son estomac des graines, des. baies de pseudobuxus. Son poids est de quatre onces ; mais il doit varier beaucoup EE être plus considérable aux mois de Juin et de juillet, temps où cet oiseau est fort gras. Rest Longueur totale, seize pouces ; bec , vingt lignes, très - pointu; le do eu ayant les bordséchancrés près de la pointe“ et l’arête fort obtuse , plus long que l’ins féricur , celui-ci tout aussi large; dans ® Je palais, quiest fort uui d’ailleurs, des DES OISEAUX ÉTRANGERS. 23r petites tubérosités dont le nombre varie; marines comme notre huppe ; les pieds taussi, excepté que l’ongle postérieur, qui est le plus grand de tous, est très- crochu; vol, dix - huit pouces ; queue, quatre pouces dix lignes, composée de pennes à pen près égales, cepeñdant les deux intermédiaires un peu plus courtes ; dépasse d'environ deux pouces et demi les ailes, qui sont composées de dix-huit pennes, > | f LE PROMERUPE. \ | Leone dote tps. À Cerre espèce vient naturellement pren- dre sa place entre les huppes et les prome- rops , puisqu'elle porte sur la tête une touffe de longues plumes couchées en ar- rière, et qui paroissent capables de former, en serelevant , une aigrette peu différente de celle de notre huppe: or, en différât-elle un peu, toujours seroit-il vrai que, par ce seul caractère, cet oiseau se rapproche de notre huppe plus que tous les autres promerops ; mais, d’un autre côté, il se rapproche de ceux-ci et s'éloigne de la huppe par l’excessive longueur de sa. queue. Seba nous assure que cet oiseau vient de la partie orientale de notre continent, « et qu'il est très-rare. Il a la gorge, le cou, ! la tête et la belle et grosse huppe dont sa « tête est surmontée, d’un beau noir; les ailes et la queue d’un rouge bai clair; le ji ventre cendré clair; le bec et les pieds 4 4 à - \ A l HISTOIRE NATURELLE. 233 couleur plombée. Sa grosseur est à peu près celle d’un étourneau. Longueur totale , dix-neuf pouces ; bec, treize lignes , un peu arqué , très-aigu ; tarse , environ neuf lignes ; ailes courtes ; queue , quatorze pouces un quart, Com- posée de pennes fort inégales ; les deux intermédiaires dépassent les latérales de plus de onze nie ,'et les ailes de plus de treize. 26 x ‘ PM LE PROMEROPS A AILES BLEUES. Lo Cr promerops se plaît sur les hautes montagnes ; il se nourrit de chenilles, de mouches, de scarabées et autres insectes. _ La couleur dominante sur la partie supé- rieure du corps est un gris obscur, chan- geant en aigue-marine et en rouge pour- pré; la queue est de la même couleur, mais d'une teinte plus foncée, et jette des reflets dorés d'un très-bel effet; les pennes des ailes sont d’un bleu clair et brillant ; le ventre jaune clair ; les yeux surmontés d’une tache de même couleur; le bec noi- \ râtre, bordé de jaune. Cet oiseau est de la taille d’une grive. Longueur totale , dix-huitpouces trois quarts ; bec, ving dt un peu arqué; tarse, huit one et al ailes courtes ; À 1 4 4 | DES PROMEROPS. 235 queue, douze pouces un quart, compo- sée de pennes fort inégales , les quatre in- termédiaires beaucoup plus longues que les latérales ; dépasse les ailes de onze pouces. AN C'A'PAN EPT OR UE PPT PA M L Li 4 Cd 236 HISTOIRE NATURELLE LE PROMEROPS BRUN A VENDRE TACARME. + Cr T oiseau a en effet le ventre tacheté de brun sur un fond blanchâtre , et la poitrine sur un fond orangé brun; la gorge blanc sale, accompagnée de chaque côté d’une ligne brune qui part de l’ou- verture du bec, passe sous l’œil et des- cend sur le cou; le sommet de la tête brun, varié de gris roussâtre ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue verd d'olive; le reste du dessus du corps, compris les pennes de la queue et des ailes, brun; les flancs tachetés de brun; les jambes brunes ; les couvertures infé- _rieures de la queue, d’un beau jaune; le bec et les pieds noirs. ÿ Voyez les planches enluminées, n° 637, où cet oiseau est représenté sous le nom de promerops ! du cap de Bonne-Espérance. \ DES PROMEROPS. 237 L'individu de nos planches enluminées, n° 657 , paroît être le mâle, parce qu'il est plus tacheté et que les couleurs sont plus tranchées ; il a sur les ailes une raie grise très-étroite , formée par une suite de petites taches de cette couleur qui ter- minent les couvertures supérieures. L’in- dividu décrit par M. Brisson n’a point cette raie; ses couleurs sont plus foibles, et il est moins tacheté sous le corps. Je crois que c’est la femelle ; elle est plus petite d’un dix-huitième que son mâle, et n’est guère plus grosse qu’une alouette. Longueur totale du mâle, dix - huit pouces ; bec, seize lignes ; tarse, dix lignes deux tiers ; ailes courtes ; vol, treize pouces ; queue , treize pouces , composée de douze pennes, dont les six intermé- diaires sont beaucoup plus longues que les six latérales : celles-ci étagées ; dépasse les ailes de onze pouces. / — v+ CAL. ‘ É "233 HISTOIRE NATURELLE . AUVEINTRE WAYES. Un { D , .l, + Cr T oiseau se trouve à la nouvelle Gui- née, d’où il a été apporté par M. Sonne- rat. Le mâle a la gorge, le cou et la tête, d'un beau noir , animé sur laltête par des reflets d'acier poli; tout le dessus du corps brun, avec une teinte de verd foncé sur le cou , le dos et les ailes ;. Ja queue d'un brun plus uniforme et plus clair, excepté _ la dernière des pennes latérales, qui a le côté intérieur noir; la poitrine et tout le dessous du corps rayés transversalement de noir et de blanc; liris et les pieds noirs. = _ J'ai vu un individu qui avoit une teinte * Voyez les planches enluminées , n° 638, où cet, oiseau est représenté sous le nom de pronierops de la nouvelle Guinée. À k ‘ ; D ont 3 206. 72 z Hi 2 21 2. & # » 7 | 75 A uguet” PP eg QE \ DES PROMEROPS. 239 de roux sur la tête, comme dans la figure ‘enluminée. La femélle à la gorge, le cou etla tête, du méme brun que le dessus du corps ,.et sans aucun reflet; dans tou Le reste, elle ressemble à san mâle. . Longueur totale, vingt-deux pouces ; bec, deux pouces et demi, étroit, arron- di; fort arqué:; queue ; tréize "poucés , composée de douze pennes étagées:, fort inégales entre elles : les ‘plus courtes ont quatre pouces; les plus longues dépassent les ailes de neuf pouces. ( LE ns EE 240 HISTOIRE NATURELLE À x an LE GRAND PROMEROPS APAREMENS FRISÉS Le s paremens. frisés qui sont ém même temps la parure et le caractère de cette espèce ?, consistent en.deux gros bouquets de plumes frisées, veloutées , peintes des plus belles couleurs qu’elle a de chaque côté du corps, et qui lui donnent un air 1 Voyez les planches enluminées, n° 639, où cet olseau est représenté sous le nom de grand promerops de la nouvelle Guinée. g e . 1,r V4 Le nom de guatre-ailes, qui a été donné par des voyageurs à un oiseau de proie d'Afrique , pébEae, très-bien convenir au proiuerops dont :1l s’agit iC1. 2 Le sifilet décrit ci-devant (tome, V ) a aussi des espèces de paremens; mais ils w’ont point la mème forme, ni ne sont composés des mêmes plumes, et ceux du manucode noir, dit Ze super be,, 0 sout dirigés en sens contraire, : / DES PROMEROPS. - 24r tout - à - fait distingué. Ces bouquets de plumes sont composés des longues çou- vertures des, ailes , au nombre de. ucuf, lesquelles. se relèvent en se courbant. sur leur côté supérieur, dont les barbes sont fort courtes, et Hole avec d'autant plus d'ayantage les longues barbes du CÔTÉ opposé ,., qui devient. alors le côté con- yvexe. Les couvertures moyennes desailes x au nombre de quinze, et même quelques unes des scapulaires , participent à cette singulière configuration , se relèvent de méme en éventail ,.et de Dis sont ornées à leur extrémité. d’une bordure d’un verd brillant , changeant en bleu et violet, d’où résulte sur les ailes une sorte de guir- lande qui va s'élargissant un peu en re- montant vers le dos. Autre singularité : sous ces plumes frisées naissent de chaque côté douze ou quinze longues plumes, dont les plus voisines du dos sont décom- posées, et qui toutes ont les mêmes reflets jouant entre le verd et le bleu. La tête et le ventre sont d’un beau verd changeant, mais d’un éclat moins vif que la guirlande du parement. 21 PES NAN RP NET FT 2 HI STOIRE REP r >Dañs tout le resté du Plumge, ‘la coù Icur dominante est un noir Tustré, enri- chi de’reflets bleus et violets , » ét toités les plumes , dit M. Sonherat, ont le mocl- leux du velours, non sain Er À à l'œil, ais au toucher. Ai ajoute que Le Corps de cét oifeau , quoique d'iñe forme me paroît court et excessivement petit ,: compardison de sa très-longue queue. Le beë: et lès piéds sont noirs. M. Sonnerat a rapporté ce Re ‘de la nouvelle Guinée. L'ébigtieus 12h “trois pieds et demi (quatre, suivant M. Sonnerat ); bec, près de trois pouces; ailes courtes ; MAT. vingt-six à vingt-sept pouces, composée de douze pennes étagées , larges et poin- tues : les pluscourtesontsix à sept pouces ; les plus longues dépassent les ailes d’en- vir on vingt pouces. "DES PROMEROPS.: : 243 LE PROMEROPS ORANGÉ: L: couleur orangée règne sur le plumage de:cet oiseau , et prend différentes teintes en différens endroits : une teinte dorée sur la gorge , le cou , la tête et le bec ; une teinte rougeâtre sur les pennes de la queue et les grandes pennes des ailes; enfin une teinte jaune sur tout le reste. La base du bec est entourée de petites plumes rouges. | Tel est, à mon avis, lemâle de cette espèce , qui est à peu près le Ja taille de l’étourneau. Je regarde comme sa femelle le cochitototl de Fernandès, qui est de _la méme taille, du méme continent, et dont le plumage ne diffère guère de celui du promerops orangé que, comme dans ‘beaucoup d’espèces , le plumage du mâle diffère de celui de la femelle. Ce cochito- totl a la gorge , le cou, la tête et les ailes, variés , sans aucune régularité, de cen+ Tr Us | aj4 HISTOIRE Na RUE LE | dré et de noir : tout le reste de son plu- mage est jaune ; l'iris d’un jaune pâle ; le bec noir; grêle, arqué:, trèsepointu et les pieds cendrés. Il vit de graines et d’in- sectes , et se trouve dans les contrées les plus chaudes du Mexique , où il n’est recherché ni pour la beauté de son chant, ni pour la bonté de sa chair. Le promerops? orangé, que je regarde comme le mâle de’cette espèce , se trouve au nord de la Guiane, dans les petites fles que forme la rivière dé Berbice à son embouchure *,au nord de la Guiane. Longueur totale de ce mâle, environ neuf pouces et demi ; bec, treize lignes ; tarse, dix; queue , près de AR pouces, composée de pennes égales ; ss LE les) ailes d'environ un pouce. .* Seba dit 27 insulis Barbicensibus, qui se tra- Ps mieux, ce me semble, par fe de la Berbice, que par Mes Barbades. 1 4 or ” md ; } DES PROMEROPS. 245 LE FOURNIER#*. Css ainsi que M. Commérson a nom- mé cet oiseau d'Amérique, qui fait la nuance de passage entre la famille des promerops et celle des guêpiers. Il diffère des promerops en ce qu'il a les doigts plus longs et la queue plus courte; il dif- fère des guêpiers en ce qu’iln’a pas comme eux le doigt extérieur Joint et comme soudé à celui du milieu dans presque toute sa longueur. On le trouve à Buenos- Ayres. | Le roux est la couleur dominante de son plumage , plus foncé sur les parties supérieures , beaucoup plus clair et tirant au Jaune pâle sur les parties inférieures; les pennes de l’aile sont brunes ; avec quelques teintes de roux plus ou moins fortes sur leur bord extérieur. * Voyez les planches enluminées, n° 739, où cet oiseau est représenté sous le nom de fournier de Buenos- A (yres. 21 lignes Ni hr le Sete A) tous; queue, un peu moins de trois | pouces ; dépasse les ailes d'environ un DORE SO rc TE sat 1406 AR 4 Me Le < y 0 ap ” : . il 4 a = 4 D À . n A Sex + 4 » ; ” L ERP TT D At? _ 1.1 f PACE # - L EE cl SRE ÿ PE ’ \ kr ri ñ À L j ? FN Im k £ ! x t{ # # f ; N ; M #3 À 91 “ ro £ 4 LE. À f : 2 F1 : ÿ À 4 "e M LE ta » ? TN 5) ; (RAD E LE: RU ) } + Lu ] u ! { C4 C4 : DES PROMEROPS. 247 ? ( LASP OL O CH FE 'O'NT CRT D ES RC "T's est le nom et le cri habituel de cet oiseau des Moluques ; il le répète sans cesse , étant perché sur les plus hautes branches des arbres; et par le sens qu’a ce mot dans la langue moluquoise, il semble inviter tous les êtres sensibles à l'amour et à la volupté. Je le place encore entre les promerops et les guêpiers, parce que je lui trouve le bec de ceux-ci et les picds de ceux-là. Le polochion a tout le plumage gris, mais d’un gris plus foncé sur Îles parties supérieures , et plus clair sur les infé- * Ce mot, en langue des Moluques, signifie baisons-nous ; ei en conséquence M. Commerson propose de nomimer cét oiseau phrlemon, où phi= ledon, ou deosculator, c'est-à-dire, faiseur. Il me paroît plus convenable de lui conserver 1e nom sous lequel 1] esi connu aux îles Moluques', d’au- tant plus qu'il exprime son cri. 248 HISTOI RE NATURELLE rieures ; les joues noires ; le bec noirâtre; lés yeux environnés dané peau nue; le derrière de la tête varié de blanc. Les plumes du toupet font sur le front un angle rentrant, et les plumes de la naïs- sance de la gorge se terminent par une espèce de soie. L’individu qu'a décrit M. Commerson, venoit de l’île de Bouro, l’une des Moluques soumises aux Hollandois ; il pesoit cinq onces, et avoit à peu près la taille du coucou. | Longueur totale, quatorze pouces ; bec, très-pointu , long de deux pouces , large à sa base de cinq lignes, à son milieu de deux lignes, épais à sa base de septlignes, au milieu de trois lignes et demie , ayant ses bords échancrés près de la pointe; na- rines ovales, à Jour, recouvertes d’une membrane par-derrière , situées plus près du milieu du bec que de sa base ; langue égale au bec, terminée par un pinceau de poil ; le doigt du milieu uni par sa base avec le doigt extérieur ; le postérieur le plus fort de tous; vol, dix-huit pouces ; queue , cinq pouces deux tiers, compo- sée de douze pennes égales, à cela près DES PROMER O PSE ji que la paire extérieure est un peu plus courte que les autres; dépasse de trois pouces les ailes, composées de dix-huit pennes ; la plus ‘extérieure une fois plus courte que les trois suivantes , qui sont les plus longues de toutes. LE. MEROPS. ROUGE ET. BLEU Spa , à qui nous devous la connois- sance de cetoiseau , paroît avoir été ébloui de son plumage, et avec raison ; car la couleur du rubis brille sur sa tête , Sa gorge et tout le dessous du corps ; elle se remontre sur les couvertures supérieures des ailes, mais sous une nuance plus fon- cée ; un bleu clair et brillant règne sur les pennes de ces mêmes aïles et sur celles de la queue : l'éclat de ces belles cou- leurs est relevé parle contraste des teintes plus sombres et des espaces variés de noir et de blanc distribués à propos sur la. partie supérieure. Le bec et les pieds sont jaunes, et les ailes sont doublées de la même couleur ; les plumes wiges du des- sous du corps ont quelque chose desoyeux, et sont aussi douces au toucher que bril- Jantes à l'œil, 40 . Ant ACTES Te | ï fe vi | | ti nr PUR TTDLS DROMERODES St Cet oiseau est du Bresil, si l’on en | croit Seba, que l’on ne doit presque jamais croire sur cette matière. Il est à peu près « de la taille de notre guépier ; il en a les pieds courts : mais je ne,vois rien dans la description n1 dans la figure qui indique la, mrême disposition de doïgts.; d? ailleurs son bec: a plus de rapport ayec celui des promerops.: c’est pourquoi. je: le ‘range _ dans la classe interméqiAies | , 11 5 ts U « Cr Panne RTL non seulement les guëpes, qui lui ont donné son nom fran- cois, et les abeilles’ qui lui ont dontié ‘sont mom latin , angloïis, etc. , mais il mangé aussi les béuidonis les cigales, les cou- sins , les mouéliés ét autrés-inseètes qu’il atlas en volant, ainsi que font les hi- rondelles ; c’est la nu ! aont 1l est le plus friand , et les enfans de l’île de Candie s'en servent comme d’appât pour le pé- cher à la ligne au milieu de l’air, demême qu'on pêche les poissons dans l’eau. Ils * Voyez les planches enluminées, n° 938. En italien, dardo , dardaro, barbaro, gaulo, ievolo , lupo dell api; en Sicile, piccia ferro (bec de fer); en espagnol , aveiuruco ; en alle- mand, imbenwolf, imbenfrass , gelber-bienen- wolf; en polonoïs, zona, zotcawa. | À Malte, il est connu sous le nom de cardinal, quoiqu'il n’ait de rouges que les yeux et les pieds ; en Provence, sous celui de serene. Zom . 22. LT .10 Lag 252. LE GUEPIER. Î À augu dt - e- HISTOIRE NATURELLE. 253 passent une épingle recourbée au travers d’une cigale vivante ; ils attachent cette épingle à un long fil : la cigale n’en vol- tige pas moins, et le guépier l’apperce: vant, fond dessus, l’avale ainsi que l'ha- mecon , et se trouve pris. À défaut d’in- sectes , il se rabat sur les petites graines, même sur le froment* ; et il garoît qu’en ramassant à terre cette Fi à 4 ramasse en même temps de petites pierres, comme font tous les granivores , et sans y - mettre plus d'intention. Ray soupçonne, d’après les rapporis multipliés , tant in- _ternes qu'externes, de cet oiseau avec le martin-pécheur, qu'il se nourrit aussi quelquefois de poisson comme ce dernier. Les guépiers sont très-communs dans l’île de Candie, et si communs, qu'iln’y a endroit dans cette île, dit Belon, té- moin oculaire, où on ne les voie voler. Il ajoute que les Grecs de terre ferme ne les * Le seul que j'aie eu occasion d’ouvrir avec M. le docteur Rémond, avoit cinq gros bourdons dans son gésier. Belon a trouvé dans lPestomac de cœux qu’il a ouverts, des graines de lampsane, de caucalis, de navét, de froment , etc, Oiseznx, XII. 22 PROC SANTO TRIER 204 HISTOIRE NATURELLE connoissent point , ce qu'il avoit pu ap- prendre de bonne source en voyageant dans le pays : mais il avance trop légère- nent qu’on ue les a Jamais vus voler em Italie ; car Aldrovande , citoyen de Bo- logne , assure qu’ils sont assez communs aux environs de cette ville, où on les prend aux filets et aux gluaux. Willughby en à vu sieurs fois à Rome, exposés dans les marchés publics; et il est plus que probable qu’ils ne sont point étrangers au reste de l'Italie, puisqu'ils se trouvent : dans le midi de la France, où même om ne les rés point comme oiseaux de passage * : c'est de là cependant qu'ils se répandent quelque fes par petites troupes de dix ou douze dans les pays septentrio- naux. Nous ayons vu une de ces troupes qui arriva dans la vallée de Sainte-R eine | en Bourgogne, le 8 mai 1776: ils se tiurent X æ * Belon doutoit qu’ils restassent pendant Phiver dans l’île de Candie; mais il n’avoit aucune obser- vation là-dessus. Ce que je dis ici de ceux de Pro vence, je le tiens de M. le marquis de Piolenc: Jes ne sais pourquoi M. Frisch.a cru que ces oiseaux. se plaisoient dans les déserts. - v aide d'a di DES GUE LPIERS. 255 toujours ensemble, et crioient sans cesse comme pour s'appeler et se répondre. Leur cri étoit éclatant sans être agréable, et avoit quelque rapport au bruit qui se fait lorsqu'on siffle dans une noix percée * ils le faisoient entendre étant posés et en volant. Ils se téenoient par préférence sur les arbres fruitiers, qui étoient alors eu fleurs, et conséquemment fréquentés par les guêpes et les abeilles : on les voyoit souvent s’élancer de dessus leur branche pour saisir cette petite proie ailée. Ils pa- rurent toujours défians, et ne se laissoient guère approcher ; cependant on vint à bout d’en tuer un qui se trouva séparé .TR NE -7 17% LA br 4 4 1 ATUSION ÆN 2 LC SERRE à n k AE = : : » ; Û 4 j l - > * Belon le compare « au son tel que feroit. « un homme en sublant ayaut la bouche close en « rondeur , qui chanteroit grulorurururul, aussi « haut comme un loriot ». D'autres prétendent qu’il dit crou, crou, crou. L'auteur du poème de Philomele le donne comme approchant beaucoup de celui du roitelet et de l’hirondelle de cheminée : _Regulus atque merops et rubro pectore Progne Consimili modulo zinzibulare solent. Mais on sait que le naturaliste doit presque toujours apporter quelques modifications aux EPP au poète. # VO 256 HISTOIRE NATURELLE des autres et perché sur un picéa , tandis que le reste de la troupe étoit dans un verger voisin : ceux-ci, cffrayés du coup de fusil, s’envolèrent en criant tous à la fois, et se réfugièrent sur des noyers qui étoient dans un côteau de vigne peu éloi- gné ; ils y restèrent constamment sans reparoître dans les vergers , et au bout de quelques jours ils prirent leur volée pour ne pius revenir. | On en a vu une autre troupe , au mois de juin 1777, dans les environs d’Ans- pach. M. Lottinger me mande que ces oi- seaux se montrent rarement en Lorraine, qu'il n’en a jamais vu plus de deux en- semble, qu'ils se tenoïent sur les branches les plus basses des arbres ou arbrisseaux, etqu'ilsavoientun air d’embarras, comme s'ils cussent senti qu'ils étoient dévoyés. Ils paroissent encore plus rarement en Suède, où ils se tiennent près de la mer; mais ils ne se trouvent presque Jamais en Angleterre, quoique ce pays soit moins septentrional que la Suède, et qu'ils aient | l'aile assez forte pour franchir le pas de Calais. Du côté de l'Orient , ils sont ré= DES GUËPIERS. 257 pandus dans la zone tempérée, depuis la Judée jusqu’au Bengale, et sans doute bien au-delà ; mais on ne les a pas suivis plus loin. Ces oiseaux nichent, comme l’hirondelle de rivage et le martin-pécheur , au fond des trous qu'ils savent se creuser avec leurs pieds courts et forts, et leur bec de fer, comme disent les Siciliens, dans les côteaux dont le terrain est le moins dur, et quelquefois dans les rives escarpées et sa- blonneuses des grands fleuves. Ils donnent à ces trous Jusqu'à six pieds et plus, soit en longueur , soit en profondeur ; la fe- melle y dépose, sur un matelas de mousse, quatre ou cinq et même six ou sept œufs blancs , un peu plus petits que ceux de merle, Mais on ne peut observer ce qui se passe dans l’intérieur de ces obscurs sou- terrains ; tout ce qu’on peut assurer, c’est que la Jeune famille ne se disperse point: il est même nécessaire que plusieurs fa- milles se réunissent ensemble pour former ces troupes nombreuses que Belon a vues dans l’île de Candie , suivant les rampes des montagnes où croît le thym, et où AR NA Ut TON NN RES 4 | 298 HISTOIRE NATURELLE elles trouvent en abondance les guëêpes et les abeilles , attirées par les étamines par- fumées de cette plante. On compare le vol du guêpier à celui. de l’hirondelle, avec qui il a plusieurs autres se ppoHt) , Comme on vicut de le voir. Il ressemble aussi, à bien des égards, au martin-pêcheur, sur-tout par les belles couleurs de son plumage et la singulière conformation de ses pieds. Exifin M. le docteur Lottinger, qui a le coup d'œil juste et exercé , lui trouve quelques unes des allures du tette - chèvre ou engoule- vent. Une singularité qui distingueroit cet oiseau de tout autre, si elle étoit bien avérée , c’est l'habitude qu’on lui prête de voler à rebours. Élien admire beau- coup cette singulière facon de voler : 1l eût mieux fait d'en douter; c’est une er- reur fondée , comme tant d’autres, sur quelque fait unique ou mal vu , qu’on peut se représenter aisément. Il en est de méme de cette piété filiale dont on a fait honneur à plusieurs oiseaux, mais dont on semble avoir accordé Ja palaità à ceux- \ { f Le. DES GUÈPIERS 25 ei, puisque , si l'on en croit Aristote , Pline , Élien, et ceux qui les ont copiés, ls n’attendent pas que leurs soins de- viennent nécessaires à leurs père et mère _ pour les leur consacrer ; ils les servent dès qu'ils sont en état de voler, et pour le seul plaisir de les servir ; ils leur portent à manger dans leurs trous, et préviennent tous leurs besoins. On voit bien que ce sont des fables ; mais du moins la morale en est bonne. Le guépier mâle a les yeux petits, mais d'un rouge vif, auxquels un bandeau noir donne encore plus d'éclat; le front d'une belle couleur d'aigue-marine; le dessus de la tête marron, teinté de verd ; le derrière de la tête et du cou marron sans mélange, mais qui prendune nuance toujours plus claire en s’approchant du dos ; le dessus du corps d’un fauve pâle, avec des reflets de verd et de marron plus ou moins apparens , selon les différentes incidences de la lumière; la gorge d’un jaune doré éclatant , terminé, dans quel- ques individus , par un collier noirâtre; le devant du cou, la poitrine et le des- 1 w » 1 PA SN RE 260 HISTOIRE NATURELLE C4 sous du corps , d’ un bleu d’a aigue-marine ; | qui va toujours s’éclaircissant sur les par=< ties postérieures : cette meme couleur règne sur la queue avec une légère teinte de roux, et sur le bord extérieur de l’aile sans aucun mélange; elle passe au verd et se trouve mélangée de roux sur la par- tie de ces mêmes ailes la plus voisine du dos; presque toutes leurs pennes sont tet- minées de noir ; leurs petites couvertures supérieures sont teintes d’un verd obscur, les moyennes de roux, ‘et les grandes: nuancées de verd et de roux; le bec est noir, et les pieds brun rougeâtre ( noirs, selon Aldrovande } ; les côtes des pennes de la queue brunes dessus et blanches des- sous. Au reste, toutes ces différentes cou- leurs sont très - variables, et dans leur, teinte, et dans leur distribution ; et de là la différence des descriptions. Cet oiseau est à très-peu près de la taille du inauvis , et de forme plus alongée. Il a le dos un peu convexe. Belon dit que la Nature l’a fait bossu ; et après en avoir cherché la raison , il n’a pu én trouver d'autre , sinon que cet oiseau aime tou- : 1 DES GUÉPIERS. 267 jours à voler. C'est une raison peu satis- faisante ; mais on conviendra quelabonne n’étoit pas facile à trouver. 4) Longueur totale, dix à onze pouces ; bec, vingt-deux lignes, large à sa base, un peu arqué ; langue mince , terminée. par de longs filets; narines recouvertes d’une espèce de poils roussâtres ; tarse, cinq à six lignes, assez gros proportion- nellement à sa longueur ; le doigt exté- rieur adhérent à celui du milieu dans pres- que toute sa longueur, et l’intérieur par sa première phalange seulement , comme dans le martin-pêcheur ; l’ongle posté- rieur le plus court de tous et le plus cro- chu ; vol, seize à dix-sept pouces ; queue, quatre pouces et demi, composée de six paires de pennes, dont les cinq paires latérales sont égales entre elles; la paire intermédiaire les dépasse de neuf ou dix lignes, et d'environ dix-huit lignes les ailes , qui sout composées de vingt-quatre pennes selon les uns , et de vingt-deux selon les autres. L’individu que j’ai ob- servé n’en avoit que vingt-deux. s Bsophage, long de trois pouces, se F ( _262 HISTOIRE NATURELLE dos ; l'iris rouge ; le bec noir et.les pieds | cendrés : voilà les couleurs principales de dilate à sa base en une poche glanduleuse ; ventricule plutôt membraneux que mus- culeux , de la grosseur d’ une! noix ordi- - naire ; Hole du fiel grande et d’un verd d’émeraude; foie d’un jaune pâle; : deux cœcums , l’un de quinze lignes, l'autre de seize et demie. On n’a pu me- surer le tube intestinal, parce qu’il avoit … été trop maltraité par le coup de fusil. ! ‘pl RTE L Ù “ F 0 DS GUÉPTENS. 26 LÉ CURPIER À TÊTE JAUNE ET BLANCHE. A crprovAnDE a vu cette espèce à Rome. Elle est remarquable par la lon- gueur des deux pennes intermédiaires de sa queue, et par son bec plus court à proportion. Elle a la tête blanche, variée de jaune et de couleur d’or ; les yeux jaunes ; les paupières rouges ; la poitrine rougeûtre ; le cou, le ventre et le dessous des ailes, blanchâtres ; le dos Jaune ; le croupion, la queue et les ailes, d’un roux très-vif; le bec d’un Jaune verdâtre , un peu arqué , long de deux pouces; et la langue longue et pointue , à peu près comme celle des pics. Cet oiseau étoit beaucoup plus gros que notre guépier, et avoit vingt pouces de vol; les deux pennes intermédiaires FR de ait pc \ térales. Le ioneurC aval oit possesseur, ignoroit gs qu pa Ee | “avoit coutume d’habiter. NUE | " ’ on | | | . à \ e ! \ 1 les ù 1 | {1 4 ! + { East es » 1 17 ‘ | 4 4 Ur \, si Lo v- ’ À « > 1 2 > \ A (4 } l pe À s k; | \ js 1. ) l > - à 1 | ï ; 4 A f à : L 4 fl ; L Pa L 4 pi a t NA î 9 3 1 LA ’ LA L 5j L À 4 ï 7 ï, y mr 7e cé AC à PU QU s 20 , ' LA LL” FA DES GUÉÊPIERS 265 LE GUÉPIER A TÊTE GRISE. Îz pourroit se faire que cet oiseau n’eût d’américain que le nom presque mexicain guauhcilui, qu'il a plu à Seba de lui im- poser. Il est de la taille de notre moineau d'Europe, et appartient au genre des gué- piers par la longueur et la forme de son bec, par la longueur des deux pennes intermédiaires de sa queue, et par ses pieds gros et courts. Il faut supposer qu'il s’y rapporte aussi par la disposition deses doigts. Il a la tête d’un joli gris ; le dessus du corps, du même gris, varié de rouge et de jaune ; les deux longues pennes intermé- diaires de la queue, d’un rouge franc ; la . poitrine et tout le dessous du corps, d’un jaune orangé, et le bec d'un assez beau verd. Longueur totale, neuf à dix pouces; le bec ct la queue en font plus de la moitié, 24 dd PAT PATATE / | f 1 . 266 HISTOIRE NATURELLE $ \ LE GUÉPIER GRIS D’ÉTHIOPIE. NL: Linnæus est le seul qui parle de cette espèce, et il n’en dit qu’un mot d’après un dessin fait par M. Burmann. Ce mot, auquel je ne puis rien ajouter, c’est que le plumage de l'oiseau est gris, qu'il a une tache jaune à l’endroit de l'anus , et que sa queue est très-longue. z DES GUË ÈPIERS. 267 D'EMC'U EE PTER Pam RON'ET PB'L L'UT. LA couleur marron règne sur les parties antérieures du dessus dia corps, compris le haut du dos; la couleur d’aigue- ma- rine sur le reste du dessus du corps et sur toute la partie inférieure , mais beaucoup plus belle et plus décidée sur la gorge, le devant du cou et la poitrine, que par- tout ailleurs ; les ailes sont vertes dessus, fauves dessous, terminées de noirâtre; la queue d’un bleu franc ; le bec noir , et les pieds rougeûtres. Cet oiseau se trouve à l’île de France. Sa taille n’est guère au-dessus de celle de l’alouette huppée, mais beaucoup plus -alongée. * Voyez les planches enluminées , n° 252, où cet oïseau est représenté sous le nom de guépier de l'ile de France. SE A ne QE 268 HISTOIRE NATURELLE Longueur totale, près de onze pouces ; | bec , dix-neuf lignes ; tarse, cinq et de- mic ; doigt postérieur le plus court de tous; vol, quatorze pouces; queue, cinq pouces et demi, composée de douze penhes , dont les deux intermédiaires dé- passent de deux pouces deux lignes les, latérales , et les ailes de trois pouces et demi; ces ailes composées de vingt-quatre pennes , dont la première est très-courte, et la troisième la plus longue. : A L ‘ .. 4 DES GUËÈPIERS 269 MAUR DE T'E. Lr guépier marron et bleu du Sénégal*. C’est une variété de climat. On ne voit dans tout son plumage que les deux cou- leurs que j'ai indiquées dans sa dénomi- nation ; mais elles sont distribuées un peu autrement que dans l’espèce précé- dente : la couleur de marron s'étend ici sur les couvertures et les pennes des ailes, excepté les pennes les plus voisines du dos, et sur les pennes dela queue, excepté la partie excédante des deux intermé- diaires, laquelle est noirâtre. Ce guëpier se trouve au Sénégal, d’où il a été apporté par M. Adanson. Sa lon- sueur totale est d'environ un pied : il est, au reste, proportionné à peu près comme celui de l’île de France. * Voyez les pranghes enluminées , n° 314, où cet oiseau est représenté sous le nom de guépier a longue quèue du Sénégal. 23 #\ A LPS A qu 270 HISTOIRE NATURELLE À LE PATIRICH#*. Lss naturels de Madagascar donnent à? cet oiseau le nom de patirick tirick, qui a visiblement du rapport avec son cri, ct que J'ai cru devoir lui conserver en l’a- \ brégeant. La couleur dominante de son plumage est le verd obscur et changeant en un marron brillant sur la tête , moins obscur sur le dessus du corps , s’éclaircis- sant par nuances sur les parties posté- rieures , plus clair encore sur les parties inférieures, et enfin se dégradant tou- jours du côté de la queue ; les ailes sont terminées de noirâtre; la queue est d’un verd obscur ; la gorge d’un blanc Jau- nâtre à sa naissance , et d’un beau mar- ron à sa partie inférieure. Mais ce qui caractérise le plus cetoiseau , et lui donne :d Voyez les planches enluminées, n° 259 , Où cet oiseau est représenté sous le nom de guépier de Madagascar. f DES GUÉPIERS or une physionomie singulière, c’est un large bandeau noirâtre , bordé dans toute sa circonférence de blanc verdâtre : cette bordure tourne autour de la base du bec et embrasse la naissance de la gorge , en, prenant une teinte Jaunâtre, comme je l'ai dit plus haut. Le bec est noir, et les pieds sont bruns. Cet oiseau se trouve à Madagascar ; il est un peu plus gros que le guepier marron et bleu. : _ Longueur totale, onze pouces un tiers ; bec, vingt-une lignes ; tarse, cinq lignes; doigt postérieur le plus court; vol , quinze pouces deux tiers ; queue, cinq pouces et. demi , composée de douze pennes ; les deux intermédiaires dépassent de plus de deux pouces les latérales, et de deux pouces trois quarts les ailes, composées de vingt-quatre pennes, dont la première est très-courte, et la deuxième la plus. longue. J'ai vu un autre guêpier de Madagas- car , fort ressemblant à celui-ci pour la taille , les couleurs du plumage et leur distribution ; mais elles étoient moins tranchées ; le bec étoit moins fort , et les F4, NS na es dan. . Qu LL (TV er MA PANNE Te ACTES PR en 0 D regis PET NS MNT C 272 HISTOIRE PQ | deux pennes intermédiaires de la quête \ n’excédoient point les latérales. C’étoit sans doute une variété d'âge ou de sexe. Son bandeau étoit bordé d’aigue-marine, et il avoit le croupion et la queue de cette même couleur , ainsi qu’un individu xap- porté par M. Sonnerat ; mais ce dernier avoit les deux pennes intermédiaires de Ja queue fort étroites et beaucoup plus longues que les latérales. nié L! | deili be cSrabEL ii qqun TU AR P INA Pt (OR : DES GUÉPIERS 278 PR OUÉCDIER VENDU. AC OR:GEUBLEUE* Ur petite aventure arrivée à un indi- vidu de cette espèce long-temps après sa mort , fouruit un exemple des méprises qui peuvent contribuer à l’importune multiplication des espèces nominales. Cet individu , qui appartenoit à M. Dandrige, ayant été décrit , dessiné, gravé, colorié par deux Anglois, Edwards et Albin , un Francois , fort habile d’ailleurs, et qui avoit sous les yeux un individu de cette même espèce, a cru que les deux figures angloises représentoient deux espèces dis- tinctes , et en conséquence il les a décrites séparément et sous deux dénominations différentes. Pour nous, nous allons fondre ces descriptions diverses en une seule, et _* Voyez les planches enluminées, n° 740, où cet oiseau est représenté sous le nom de guépier à collier de Madagascar. ÿ à SD de " ANT MN td ki 274 HISTOIRE NATURELLE L toujours dans le même esprit. Nous rap- porterons encore à l'espèce décrite, com- ine simple variété, le petit guépier des Philippines de M. Brisson. L'oiseau de M. Dandrige, observé par M. Edwards, différoit de notre guépier d'Europe en ce qu'il étoit une fois plus petit, et que les deux pennes intermé- diaires de sa queue étoient beaucoup plus . longues et plus étroites. Il avoit le front bleu , une grande plaque de même cou- leur sur la gorge , renfermée dans une espèce de cadre noir formé dans le bas par un demi-collier en forme de croissant renversé ; dans le haut, par un bandeau qui passoit sur les yeux et descendoit des deux côtés du cou, comme pour aller se joindre aux deux extrémités du demi- collier ; le dessus de la tête et du cou orangé ; le dos , les petites couvertures et. les dernières pennes des ailes, d’un verd de perroquet; les couvertures supérieures de la queue, d’un bleu d’aigue-marine; la poitrine et le ventre d’un verd clair; les jambes d’un brun rougeâtre ; les couver- tures inférieures de la queue, d’un verd _ Mis Fi. SU VE LPO TEL MR 7, " DES GUÉPIERS. 275 obscur ; les ailes variées de verd et d’o- rangé , terminées de noir ; la queue d’un beau verd dessus, d’un verd rembruni dessous ; les ct peunes intermédiaires excédant les latérales de deux pouces et plus , et cette partie excédante d’un brun foncé et très-étroite ; les côtes des pennes de la queue brunes , les nié nr Se bec noir dessus, et blanchâtre à sa base dessous. Dans l'individu décrit par M. Bri isson , et qui est à peu près celui de nos plat enluminées,. il n’y avoit point de bleu sur le front ; le verd du dessous du corps parti- cipoit de l’aigue- marine ; le dessus de la tête et du cou étoit du même verd doré que le dos; en’général, il y avoit une teinte de jaune doré jetée légèrement sur tout Je plumage, excepté sur les pennes des ailes et les couvertures supérieures de la queue ; le bandeau noir ne passoit point sur les yeux, maïs au-dessous. M. Brisson a remarqué de plus que les ailes étoient doublées de fauve, et que la côte des pennes de la queue , qui étoit brune dessus, comane dans l'oiseau de M. Edwar ds, étoit 276 HISTOIRE NATURELLE blanchâtre par-dessous. Enfin individail de nos sg enluminées avoit plu sieurs pennes et couvertures des ailes et plusieurs pennes de la queue bordées près du bout et terminées de Jaune doré; mais il est facile de voir que toutes ces petites différences, détaillées ici jusqu’au scru- pule , ne passent point, à beaucoup près, les limites entre lesquelles se jouent les couleurs du plumage, non pas seulement dans les individus d’une même espèce , mais dans le même individu à différens âges, ni, comme on voit, les limites entre lesquelles se jouent ui descriptions diverses faites d’après un même objet. J'en dis autant de l'inégalité des dimen- sions ; inégalité d'autant moins réelle, que plusieurs de ces dimensions ont été prises sur des figures. Celles de la figure d’Albin sont les plus fortes, et très-proba= blement les moins exactes. L'oiseau appelé par M. Brisson, petit guépier des Philippines *, est de même * La phrase de M. Brisson est la même pour) cet oiseau que pour son guêpier à collier de Mada gascar, à lexception de la couleur du bandeau eh 123 et 2: DES. GUÉËÉPIERS. 277 taille et de même plumage que son gué- pier à collier de Madagascar. La princi- pale différence qu’on remarque entre ces oiseaux, c’est que, dans celui des Philip- pines, les deux pennes intermédiaires de la queue, au lieu d’être plus longues que les latérales , sont au contraire un peu plus courtes ; mais M. Brisson soupconne lui-même que ces pennes intermédiaires n’avoient pas encore pris tout leur accrois- sement, et que, dans les individus où elles ont acquis leur Juste longueur, elles dé- passent de beaucoup les pennes latérales. Cela est d'autant plus vraisemblable, que ces deux intermédiaires paroissent ici dif- férentes des latérales, et conformées à peu près de même que le sont, dans leur partie excédante , les intermédiaires du guêpier verd à gorge bleue. Autres diffé- _rences , car il ne faut rien omettre : le bandeau , au lieu d'être noir, étoit d’un verd obscur, et les pieds d’un rouge brun. Mais tout cela n'empêche pas que ce petit N du synciput, de la longueur des deux pennes in- -termédiaires de la queue, et du demi-collier qu’il u’a point. 24 * v = : L ’ Li : 58 HISTOIRE NATURELLE suêpier des Philippines de M. Brisson n€ soit, ainsi que ses deux guêpiers à collier, 1 lun de Madagascar , et l’autre de Ben-. gale, ne soit, dis-je, de la même espèce que notre guêpier verd à gorge bleue. Cet oiseau est répandu , comme on voit, depuis les côtes d'Afrique jusqu'aux îles les plus orientales de l'Asie. Sa grosseur est à peu près celle de notre moineau. Longueur totale, six pouces et demi. (probablement elle seroit d'environ huit pouces trois quarts, comme dans notre ! guêpier verd à gorge bleue , si les deux peunes intermédiaires de la queue avoient | pris tout leur accroissement); bec , quinze lignes ; tarse, quatre lignes et demie ; vol, dix pouces ; les dix pennes latérales de la queue, deux pouces et demi ; dépassent les ailes de quatorze lignes. # », al y Rs re TA : ‘ pis / LL dal Ki: 4 \ Le y | DES GUËÈPIERS. . 2799. LE GRAND GUËPIER VERD ET BLEU A GORGE JAUNE. C'esr une espèce nouvelle, dont on est redevable à M. Sonnerat. Elle diffère de l'espèce précédente par son plumage , ses proportions, et sur-tout par la longueur des pennes intermédiaires de la queue. Elle a la gorge d’un beau jaune qui s'étend sur le cou , sous les yeux et par-delà, ct qui est terminé de brun vers le bas; Île front, les sourcils, tout le dessous du corps , de couleur d’aigue-marine ; les pennes des ailes vertes, bordées d’aiguc- marine depuis le milieu de leur longueur ; - leurs petites couvertures supérieures d’un verd brun , quelques unes mordorées ; les plus longues proche du corps, d’un jaune clair ; le dessus de la tête et du cou mordoré ; tout le dessus du corps verd vtr : HO F2: Fe: NEO CR 280 HISTOIRE NATURELLE doré ; les couvertures supérieures de la. queue vertes. Ra Longueur totale, dix pouces; bec, vingt lignes ; tarse , six lignes ; ongle pos- térieur le plus court et le plus crochu; queue , quatre pouces un quart, com- posée de douze pennes ; les dix latérales à peu près égales entre elles ; les deux intermédiaires dépassent ces ltérate de. sept à huit lignes , et les ailes de dix-huit. < PU IDÉES GUÉPEERS. 2% L LE PETIT GUËÉPIER VERD ET BLEU (A QUEUE ÉTAGÉE* L, petitesse de la taille n’est pas le seul trait de disparité qui distingue ce guêpier du précédent; il en diffère encore par la couleur de la tête, par ses proportions, et sur-tout par la conformation de sa queue , qui est étagée , et dont les deux pennes intermédiaires ne sont pas fort excédantes. À l’égard du plumage, du verd doré dessus, du bleu d’aigue-marine dessous ; la gorge jaune; le devant du eou marron ; une zone pointillée de noir en forme de bandeau sur les yeux ; les ailes et la queue du même verd que le * C’est M. Brisson qui a fait connoïtre cette. espèce en la décrivant, et la faisant graver sur un } 5 dessin d’après nature, communiqué par M, Poivre 24 RAA ie as AR OR AE "à Ce ei: (ua ‘# { 4 LES ts 4 > HISTOIRE NATURELLE nu cet oiseau, qui est le plus petit des guê- piers. Il se dr. ouve dans le royaume d'An- gola en Afrique. C’est le seul.oiseau dece genre qui ait la queue étagée. Longueur totale , environ cinq pouces et demi ; bec , neuf lignes; tarse, quatre lignes et demie ; doigt postérieur le plus court; queue, deux pouces et plus, com- posée de douze pennes étagées; dépasse les ailes d'environ un pouce. La ‘ + "HO Lun & DES GUÉPIERS. 283 \ LE GUÉËÉPIER VERD ACOUVEUE D'AZUR” s LL a tout le dessus de la tête et du corps d’un verd sombre , changeant en cuivre de rosette : les ailes de même couleur, terminées de noirâtre , doublées de fauve clair ; les pennes dix-neuvième et ving- tième marquées d’aigue - marine sur le côté extérieur, et les vingt- deuxième et vingt-troisième sur le côté intérieur; toutes les pennes et les couvertures de la queue d’un bleu d'aigue - marine, plus clair sur les couvertures inférieures ; un bandeau noirâtre sur les yeux ; la gorge jaunâtre tirant au verd et au fauve; cette dernière teinte plus forte vers le bas ; le dessous du corps et les jambes d’un verd * Voyez les planches enluminées, n° 57, où cet olseau est représenté sous le nom de grand gué- pier des Plulippines. 284 HISTOIRE NATURELLE jaunâtre changeant en fauve ; le bec noir, PORTE PMP NES RC ROPNSEMRMERRERERNTES * et les pieds bruns. Cet oiseau se trouve aux Philippines ; sa taille est au - dessous de celle de notre guêpier. Longueur totale , huit poucesdix lignes ; bec, vingt-cinq lignes; l'angle de son ouverture bien au-delà de l’œil ; tarse, cinq lignes et demie ; doigt postérieur le plus court; vol, quatorze pouces dix lignes ; queue, trois pouces huit lignes , eomposée de douze pennes à peu près égales: dépasse de onze lignes les ailes, . Qui ont vingt-quatre pennes : la première est très-courte, et la seconde est la plus longue de toutes. = \ be LE ‘dl \ LE GUÊPIER ROUGE AMÉÈTE BLEUE, Ux £ belle couleur d’aigue-marine brille . d’une part sur la tête de cet oiseau , et sur sa gorge , où elle devient plus foncée , et d’autre part sur le croupion et toutes les couvertures de la queue ; il a le cou et tout le reste du dessous du corps , Jus- qu'aux Jambes , d’un rouge cramoisi, nuancé de roux ; le dos , la queue et les ailes , d’un rouge de brique , plus brun : sur les couvertures des ailes ; les trois ou quatre pennes des ailes les plus proches du dos, d’un verd brun, avec des reflets bleuâtres ; les grandes pennes terminées de gris bleuâtre , fondu avec le rouge ; les moyennes terminées de brun noirâtre ; le * Voyez les planches enluminées, n° 649, où cet oïseau est représenté sous le nom de guépier de Nubie. | | DES GUÉPIERS. 285 | D FA Ang Le cd 266 HISTOIRE NATURELLE bec AUX , et les pieds d’un “peniisé clair. | C’est une espèce nouvelle qui se trouveen | Nubie , où elle a été dessinée par M. le chevalier Bruce. Elle n'est pas tout-à-fait si graude que notre espèce d'Europe. | Longueur totale, environ dix pouces; bec , vingt-une lignes ; tarse, six lignes ; ougle postérieur le plus court de tous; queue , environ quatre pouces, un peu fourchue; dépasse les ailes de vingt-une- lignes. . DES GUËÊPIERS 2% LE GUÊPIER ‘ROUGE ET VERD DU SÉNÉGAL : F LL a le dessus de la tête et du corps, compris les couvertures supérieures des ailes et celles de la queue, d'un verd brun, plus brun sur la tête et le dos, plus clair sur le croupion et les couvertures supé- rieures de la queue ; une tache encore plus foncée derrière l’œil ; les pennes de la queue et des ailes rouges , terminées de noir ; la gorge Jaune ; tout le dessous du bôtpe blanc sale; le bec et les pieds noirs. * Voyez les planches enluminées, n° 318, où cet oiseau est représenté sous le nom de petit &uépier rouge et verd du Sénégal. Nous devons cette espèce à M. Adanson. La figure et la description sont aussi exactes qu’elles peuvent l'être, ayant été faites sur la peau de loi- seau , desséchée et conservée en herhjer, c’est-àX- dire, entre deux feuilles de papier. DES GUËPIERS. ., 289 2 à L LE GUÉËÉPIER. A TÊTE ROUGE. O1 le nom de cardinal convient à quel: que guêpier , c’est certainement à celui- ci; çar 1l a une espèce de grande calotte rouge qui lui couvre non seulement la tête , mais encore une partie du cou:il a de plus un bandeau noir sur les yeux ; le . dessus du-corps d’un beau verd; la gorge jaune ; le dessous du corps orangé clair; les couvertures inférieures de la queue jaunûâtres, bordées de verd clair; les ailes et leurs couvertures supérieures d’un verd foncé ; la queue verte dessus, cendrée dessous ; l'iris rouge ; le bec noir, et les pieds cendrés. On trouve cet oiseau dans les Indes. LR vE, ini Sa taille est à peu près celle du guépier verd à gorge bleue. % - Longueur totale, six pouces hecyts Oiseau èX I ka 29 - " ; # W'e Pos e TRE. y + 4 s Fr su LATE REA A De | postérieur 1 lus FORD Set Rates \ ‘une lign posée de douze penn ( égales ; dépasse les ailes de dix lignes. à DES GUËPIERS 20r LE GUÉPIER VERD. A AILES ET QUEUE ROUSSES *. à Pour compléter la description de-cette espèce nouvelle, déja fort ébauchée dans la dénomination , il faut ajouter seule- ment que le verd est plus foncé sur la par- tie supérieure du corps, et plus clair sous la gorge que par-tout ailleurs; que les pennes des ailes sont blanches à leur ori- gine ; que leur côté, ainsi que celles des pennes de la queue, est noirâtre; les pieds d’un brun jaunâtre, un peu plus longs qu'ils ne sont ordinairement dans les oi- seaux de ce genre, et te bec noir. Ce guêpier ressemble beaucoup , par la couleur de sa queue et de ses ailes, à notre * Voyez les planches enluminées , n° 454, où cet oiseau est représenté sous le nom de guépier à queue et ailes rousses de Cayenne. a LE à Vip t'Os HR "ARNO va nid à # 292 HISTOIRE NATURELLE guépier à téte jaune et blanche; mais'il. en diffère dans tout le reste du plumage : d’ailleurs ilest beaucoup plus petit, et n’a 1 4 | #4 LA pas les deux pennes intermédiaires de la queue excédantes. On m'a assuré qu'il ne se trouvoit pas à Cayenne. Je suis d'autant plus porté à le croire paroit appartenir à l’ancien continent, comme Je lai dit plus haut. Au reste, M. de la Borde, Cayenne, nous enverrabientôt lasolutiow immédiate de ce petit problème. que le genre des guépiers me: qui est actuellement à PRNPDES GUÉPIERS, ‘"s M'ICTÉROCÉPHALE, O U LE GUÉPIER A TÊTE JAUNE. PART LA Le jaune de la tête n’est interrompu que par un bandeau noir, et s'étend sur la gorge et tout le dessous du corps ; le dos est d’un beau marron; le reste du dessus du corps est varié de Jaune et de verd ; les ‘petites couvertures supérieures des ailes sont bleues ,,les moyennes variées de jaune et de bleu, et les plus grandes en- tièrement Jaunes ; les pennes des ailes noires, terminées de rouge ; la queue mi- partie de deux couleurs , jaune à sa base, et verte à son extrémité ; le bec noir, et les pieds jaunes. Ce guépier est un peu plus gros que notre guépier ordinaire, et son bec est plus arqué. Il ne se montre que très-rare- ment dans les eñvirons de Strasbourg, dit Gesner. 25 L, | La L'ENGOULEVENT: { ddl dr" Lonsou’ ILS agit de nommer un animal, ou , Ce qui revient presque au même , de Jui choisir un nom Pen tous les noms À g Pie » LA # uluminées , n° 193, 5 24 où cet oiseau est représenté sous le nom de cra- * Voyez les planche sc ï : paud volant. Caprimulgus ; en anglois, {he goat-sucker ; ! dans la province de Shropshire, the Jern-owl k dans la province d’Yorck, 1he churn-owl , à cause: du bruit qu’il fait en volant ; en provençal, chau-1\ che crapaout , ce qui revient au ca/caboito des Bolonois ; crapaud-volant ou tette-chèvre , chasse paud , nr en Sologne, chauche- branche ; dans l'Orléanois, coucou rouge 5 Saintonge, fresaie (ce qui a pu donner Fa) à Vérieu ue Belon), autrefois caprimulge ; en Tos-. cane, nottola ; à Ravenne, cova-terra ; à Malte , ohne ou Bodo dans ques ues endroits de. Ja Bourgogne, sèche-trappe, € | ’est-à-dire, sèche- on habitude prétendue terrine, Ce qui a rapport à som hab: de téter les chèvres. 0 ONE :2ZZ. ZT 1. Pag 294. L'ENGOULEVENT. ou TETTE CHEVRE. Fr: Fuguet- S HISTOIRE NATURELLE. 295 qui ont été donnés , il fiat ce me sem- | ble , préférer celui qui Gciheite une idée plus juste de la nature, des propriétés , des habitudes de cet animal, etsur-toutrejeter impitoyablement ceux qui tendent à ac- créditer de fausses idées et à perpétuer des erreurs. C’est en partant de ce principe que . j'ai rejeté les noms de sefte-chèvre, de cra- paud volant, de grand merle, de corbeau de nuit, et d’Airondel Ile à queue quarrée, donnés par le peuple ou par les savans à l’oiseau dont il s’agit ici. Le premier de ces noms a rapport à une tradition , fort ancienne à la vérité, mais encore plus suspecte : car il est aussi difficile de supposer à un oiseau l'instinct de téter une chèvre, que de supposer à une chèvre la complaisance de se laisser téter par un oiseau; etil n’est pas moins difficile de comprendre com- ment , en la tétant réellement, il pourroit Jui faire perdre son lait : aussi Schwenck- feld, ayant pris des informations exactes dans un pays où il y avoit des troupeaux nombreux de chèvres parqués, assure n'avoir oui dire à personne que Jamais chèvre se fût laissé téter par un oiseau \ Mis OA PT" TU S RAT USENT CET PL TS y 4 h, ue HISTOIRE NATURELLE quelconque *. *, I] faut que ce soit le nom de crapaud volant, donné à cet oiseau, ‘qui lui ait fait attribuer une habitude dont on soupçonne les crapauds, et peut- être avec un peu plus de fondement. J'ai partillement rejeté les autres noms, parce que l'oiseau dont il est iei question n’est ni un crapaud , ni un merle, ni un corbeau, ni une chouette , ni même une hirondelle, quoiqu'il ait avec cette der- nière espèce plusieurs traits de ressem- blance , soit dans la conformation exté- rieure, soit dans les habitudes ; ‘par exemple, dans ses pieds courts, dans son petit bec suivi d’un large gosier, dans le choix de sa nourriture, dans la manière de la prendre : mais, à d’autres égards , il en diffère autant nee un oiseau : de nuit peut différer d’un oiseau de jour, * M. Linnæus applique mal-à-propos à l’engou- levent ce vers d’Ovide: Carpere dicuntur lactentia viscera Fostris. (Fast. Lib AWVL, Ne LIT © Ce vers doit se rapporter à aux chouettes. Aristote ajoute que les “Tee ainsi tétées _ devenoïent . aveugles. ï f 3 + ( | « DE L'ENGOULEVENT. 297 autant qu'un oiseau solitaire peut diffé er d’un oiseau sociable ;etencoreparsoncri, # par le nombre de ses œufs, par l'habitude qu'il a de les déposer à crud sur la terre, par le temps de ses voyages; et d’ailleurs on verra dans la suite qu'il existe réelle- ment des espèces d’hirondelles à queue quarrée , avec lesquelles on ne doit pas le confondre. Enfin J'ai conservé à cetoiseau le nom d’ergoulevent qu’on lui donne en plusieurs provinces, parce que ce nom, quoiqu'’un peu vulgaire, peint assez bien l'oiseau , lorsque , les ailes déployées , l'œil hagard et le gosier ouvert de toute sa largeur , il vole, avec un bourdonne- ment sourd , à la rencontre des insectes, dont il fait sa proie, et qu’il semble ex gouler par aspiration. à L’engoulevent se nourrit en effet d’in- sectes , et sur - tout d'insectes de œuit *; car 1l ne prend son essor et ne commence sa chasse que lorsque le soleil est peu = * Charleton dit qu’il vit de guëpes, de bourdons, principalement de scarabées , de cantbarides. Klein lui a trouvé dans le sen UIe des mouches de dif- férentes espèces, de petits scarabées, six grands SE : wa NS MR ah PU à 170 { À i \ 298 HISTOIRE NATURELLE élevé sur l'horizon * ; ou s ‘il la commence au milieu du jour, c’est lorsque le temps est nébuleux : dans une belle journée, il ne part que lorsqu'il y est forcé , et dans ce cas son vol est bas et peu soutenu : àl a les yeux si sensibles ; que le grand Jour l’éblouit plus qu'il ne l’éclaire, et qu'il ne: peut bien voir qu'avec une lumière affoi- blie ; mais encore lui en faut-il un peu, et l’on se tromperoit fort si l’on se persua- doit qu’il voit et qu’il vole lorsque l’obs- curité est totale. Il est dans le cas des autres’oiseaux nocturnes : tous sont, fond , des oiseaux de crépuscule RAT ché oiseaux de nuit. stercoraires noirs à la fois. La Zoologie britan- nique ajoute les teignes et les cousins ; et Wil- Jughby les graines. Un ami de M. Hébert a trouyé dans le gosier d’un de ces oiseaux, de ces petits hannetons que‘lon voit sur la fin de l'été. On ne peut guère douter qu'il ne happe aussi les pha- iènes où papillons de nuit qui se trouvent sur son passage. * C'est sans doute par cetie raison qu’Aristote le donne pour un oiseau paresseux ; mais il ne le seroit out au plus que le soir. N\ |! \ 1 S w DE L’ENGOULEVENT. 299 Celui-ci n’a pas besoin de fermer le bec pour arrêter les insectes qui y sont entraî- nés; l’intérieur de ce bec est enduit d’une espèce de glu qui paroît filer de la partie supérieure , et quisuflit pourretenir toutes les phalènes et même les scarabées dont les ailes s’y engagent. en Les engoulevents sont très-répandus, et cependant ne sont communs nulle part; ils se trouvent, ou du moins ils passent dans presque toutes les régions de notre continent , depuis la Suède et les pays en- core plus septentrionaux Jusqu'en Grèce et en Afrique d’une part, de l’autre jusqu'aux grandes Indes, et sans doute encore plus loin. M. Sonnerat en a envoyé un au Cabi- net du roi, venant de la côte deCoroman- del , et qui est sans doute une femelle ou un jeune, puisqu'il ne diffère guère du nôtre qu'en ce qu’il n’a point sur la tête etles ailes ces taches blanches dont M. Linnæus fait un caractère propre au mâle adulte. M. le commandeur de Godeheu nous ap- prend qu’au mois d'avril le vent du sud- ouest amène ces oiseaux à Malte ; et M. le chevalier des Mazis, très-bon observateur, 300 HISTOIRE NATURELLE me mande qu'ils passent en égale aboñ- dance en automne. On en rencontre dans les plaines et dans les pays de montagnes, . dans la Brie et dans le Bugey , en Sicile! et: en Hollande, presque toujours sous un buisson ou dkbe de jeunes taillis, ou bien : _ autour des vignes : ils semblent préférer les térrains secs et pierreux,, les bruyères , etc. Ils arrivent plus tard dans les pays plus froids, et ils en partent plus tôt ?; ils nichent, chemin faisant, dans les lieux qui leur conviennent , tantôt plus au midi, * Un voyageur instruit m’a rapporté que, sur les montagnes de Sicile, on voyoit ces olseaux paroître une heure avant le coucher du soleil, et se ré- pandre pour chercher leur nourriture, de compa- guie avec les guépiers , et qu'ils allée quelque= fois cinq ou six eusemble. 1 2 En Angleterre, ils arrivent sur la fin de mai, eL ils s’en vont vers le milieu d’août, suivant la: Zoologie britannique. En France, M. Hébert en. a vu dans le mois de novembre : un chasseur m'a. assuré en avoir vu lhiver. | 5 Les chasseurs que j’ai consultés prétendent qu'ils ne nichent pas dans le canton de la Bour- sogne que j'habite (l’Auxoiïis), et quais ny pa- roissent que dans le temps dés vendanges. RS > à Fr + L, à AU DE L’'ENGOULEVENT. 3o1 ” tantôt plus au nord. Ils ne se donnent pas la peine de construire un nid; un petit trou qui se trouve en terre ou dans des pierrailles , au pied d’un arbre ou d’un rocher , et que le plus souvent ils laissent bee ils l’ont trouvé, leur suffit !. La femelle y dépose deux ou trois œufs plus 4 gros que ceux du merle et plus rembru- mis ?; et quoique l'affection des père et mère pour leur géniture se mesure ordi- nairement par les peines et les soins qu'ils \ * Telle est l’opinion la plus généralement recue ; mais Je ne dois pas dissimuler que, selon M. Lin- pæus, 1ls construisent un nid avec de la terre hu- mectée , de forme orbiculaire, entre des rochers. M. Salerne dit aussi que M. de Réaurmur a vu un nid de crapaud volant où 1l y avoit trois œufs , etc.; mais il dit au même endroit que le crapaud volant ne fait point de nid. Il a donc voulu dire que M. de Réaumur avoit. vu Pendroit où une femelle de cette espèce avoit pondu ses œufs. 2 [ls sont oblongs, blanchâtres et tachetés de brun , dit M. Salerne ; marbrés de brun et de pourpre sur uà fond blanc, dit le comte de Ginanni _ dans l’Ornithologie fente: celui-ci ajoute que la voque en est exirèmement mince. 26 À h “ra T4 CURE w* dé ; DS, à AU 32 HISTOIRE NATURELLE se sont donnés pour elle, il ne faut pas croire que l’engoulevent ait peu d’atta- « chement pour ses œufs : on m'assure au * contraire que la mère les couve avec une grande sollicitude , et que lorsqu'elle s’est _appercue qu'ils étoient menacés ou seule- _ ment remarqués par quelque ennemi ( ce qui revient au même), elle sait fort bien les changer de place en les poussant adroi- tement, dit-on, avec ses ailes, et les faisant rouler dans un autre trou qui { n’est ni mieux travaillé ni mieux arrangé _ que le premier, mais où elle les juge ap- paremment mieux cachés. La saison où l’on voit plus souvent vo- ler ces oiseaux, c’est l'automne. En géné- ral, ils ont à peu près le vol de la bécasse et les allures de la chouette. Quelquefois ils inquiètent et dérangent beaucoup les chasseurs qui sont à l'affût. Mais ils ont une habitude assez singulière ét qui leur est propre : ils feront cent fois de suite le tour de quelque gros arbre effeuillé, d’un vol fort irrégulier et fort rapide ; on les voit de temps à autre s’abattre brus- quement et comme pour tomber sur leur | . DÉ L’'ENGOULEVENT. 303 proie, puis se relever tout aussi brusque- ment. lis donnent sans doute aihsi la chasse aux insectes qui voltigent autour de ces sortes d'arbres : mais il est très- rare qu'on. puisse, dans cette circons- tance , les approcher à la portée du fusil ; lorsqu'on s’avance , ils disparoissent fort promptement et sans qu’on puisse décou- vrir le lieu de leur retraite. : | Comme ces oiseaux volent le-bec ou- vert, ainsi que.je l'ai remarqué plus haut, et qu'ils volent assez rapidement, on comprend bien que l'air, entrant et sor- tant continuellement , éprouve une col- lsion contre les parois du gosier, et c’est ce qui produit un bourdonnement sem- blable au bruit d'un rouet à filer. Ce bour: ‘donnement ne manque Jamais de se faire entendre tandis qu'ils volent, parce qu’il est l'effet de leur vol, et il se varie sui- vant les différens degrés de vitesse respec- tive avec lesquels l'air s’engouffre dans Ieur large gosier. C’est de là que leur vient le nom de #weel-bird, sous lequel ils sont connus dans quelques provinces d’An- g'eterre. Mais est-il bien vrai que ce cri 4 TUE \ és à ” \ #4: SNS TAN er TT PTEN" 304 HISTOIRE NATURELLE ait passé généralement pour’ un cri de _ mauvais augure, comme le disent Belon, : Klein, et ceux qui les ont copiés ? ou plu- « tôt ne seroit-ce pas une erreur née d’une « autre méprise, qui a fait confondre l’en- goulevent avec l’effraie ? Quoi qu'il en soit, lorsqu'ils sont posés, ils font en-. tendre leur cri véritable, qui consiste dans un son plaintif répété trois ou quatre fois de suite; mais il n’est pas bien avéré + qu'ils ne le fassent Jamais entendre en. volant. | Ils se perchent rarement ; et lorsque cela leur arrive, on prétend qu'ils se, posent, non en travers comme les autres oiseaux, mais longitudinalement sur la branche qu'ils semblent c4ocher ou cocher comme le coq fait la poule , et de là le. nom de ckauche-branche. Souvent, lors- qu’un oiseau est connu dans un grand nombre de pays différens , et qu'il a été nommé dans chacun , ilsufhit , pour faire connoître ses principales habitudes, de rendre raison de ses noms divers. Ceux ci sont des oiseaux très-solitaires: la plupart du temps on les trouve seuls, et l’on n'en, De. dé k DE L’ENGOULEVENT. sont-ils souvent à dix ou douze pas lun de l’autre. J'ai dit que l’engoulevent avoit le vol de la bécasse, et l’on peut dire la même chose du plumage; car il a tout le dessus du cou, de la tête et du corps s et méme le dessous, joliment variés de gris et de noirâtre , avec plus ou moins de roussâtre sur le cou , les scapulaires, les Joues, la gorge, le ventre, les couvertures et les pennes de la queue et des ailes ; tout cela distribué de manière que les teintes les plus foncées règnent sur le dessus de la tête , la gorge, la poitrine , la partie anté- rieure des ailes et leur extrémité : mais cette distribution est si variée, les détails en sont si multipliés et d’une si grande finesse , que l'idée de la chose se perdroit dans les particularités d’une description d'autant plus obscure qu’elle seroit plus minutieusement complète; un seul coup d'œil sur l’oiseau , ou du moins sur son portrait, en apprendra plus que toutes les paroles. Je me contenterai donc d’a- jouter ici les attributs qui caractérisent 26 305: voit guère plus de deux ensemble encore ee Li MARS RE seu 306 HISTOIRE E NATURELLE l'engoulevent. If a la Hbhoir e inférieure Bbrdéo d'une raie blanche qui se prolonge : jusque derrière la tête; une tache'de la ! mémé couleur sur le côté intérieur des trois premières pennes de l’aile et au bout des deux ou trois pennes les plus extérieures de la queue , maïs ces taches blanches sont propres au mâle, suivant M. Linnæus* ; la tète grosse ; les yeux très- saillans ; l’ouverture des oreiiles considé- rable ; celle du gosier dix fois plus grande que celle du bec ; le bec petit, plat, un peu crochu ; la langue courte , pointue, non divisée par le bout; les narines rondes, leur bord saillant sur le bec; le crâne transparent ; l’ougle du doigt du milieu dentelé du côté intérieur , comme dans lc héron ; enfin les trois doigts antérieurs unis par une membrane Jusqu'à la pre- - mière phalange. On prétend que la chair … * Willughby a observé uu individu en qui ces taches étoient d’un jaune pâle, teintées de noir et _ peu marquées. J'ai observé la même chose sur deux individus. Ce sont apparemment les femelles. L’un de ces individus étoit plus petit que les autres, et j'ai jugé que c’étoit une jeune femelle. _ de Rate A UE des jeunes cs | qu'elle ait un arri Longueur totale, Fa pouces. et demi : ; bec, quatorze ne: : tatset a lignes , garni de plumes presque jusqu’au bas ; ER doigt du milieu, neuflignes ; doigt pos- térieur le plus pe de tous, ne devroit point s'appeler postérieur, vu qu'il NU beaucoup de disposition à se tourner en avant , et que souvent 11 y est tourné tout-à-fait ; vol, vingt - un pouces et de- ini; queue, cinq pouces, quarrée, COM- posée dé dix pennes seulement; dépasse les ailes de quinze lignes. ,: (PA “ L'RHE N+ # OISEAUX ÉTRANGERS. QUI ONT RAPPORT A L'ENGOULEVENT. 4... - ‘on Ces il n’y a qu’ une seule espèce de ce genre établie dans les trois parties de l’ancien continent , et qu il s° en trouve dix ou douze établies dans le nouveau, on pourroit dire , avec quelque fonde- ment, que l'Amérique est la principale résidence de ces oiseaux , le vrai lieu de leur origine , et par cn regarder notre race européenne comme une race étrangère, séparée de satige, exilée, trans- portée par quelque cas fortuit dans un autre univers , Où elle a fondé une colo- nie qui Émhlétoit devoir être toujours subordonnée à la race mère, et ne devoir Jamais de le pas dans aucun - & Ü # LA PU 0 ‘one que nous ado commencer l'his- dé à toire de cette famille par les races améri- caines qui représentent ici la métropole ; et nous aurions en effet suivi cet ordre, qui, sous ce point de vue, paroît être celui de la Nature, si nous n’eussions été déterminés par des raisons encore plus fortes à suivre uu ordre tout différent, et cependant tout aussi naturel , du moins plus analogue à la nature de nôtis enten- dement ; ordre qui consiste à procéder du plus connu au moins connu , et nous prescrit à nous autres Européens de com- mencer l'histoire d’une classe d'animaux quelconque par les espèces européennes , comme étant les plus connues dans les pays-où nous écrivons, et les plus propres à jeter de la lumière sur l’histoire des espèces étrangères *, sauf aux naturalistes * C’est par cette mème raison que j'ai com- mencé l’histoire du coucou par celle de l’espèce ; - européenne , et que jai considéré celle-ci comme étant le tronc commun des branches répandues dans les trois autres parties du monde. Mais tout ce que j'ai dit dans cetle supposition ne se trouve pas moins vrai : il sera toujours vrai de dire que [4 #| A Rs ee c vi n histoire qu ils feront Le la? para C et plût au cicl qu ils en fissent une ! ) par les productions de l'Amérique. 4 Les principaux attributs qui appar 4 tiennent aux engoulevents, c’est un bec applati à sa base, ayant la pointe légère- ment crochue , petit en apparence , mais suivi d'une NS ouverture, plus large que la tète , disent certains auteurs ; de gros yeux saillans, vrais yeux d'oiseaux nocturnes , et de longues moustaches noires autour du bec. Il résulte de tout cela une physionomie morne et stupide, inais bien caractérisée ; un air de famille lourd et ignoble , tenant des martinets et des oiseaux de nuit , mais si bien mar- Û L les races provenant d'un tronc commun s’éloigne- ront d'autant plus de cette race primilive, qu elles ‘en aurout été séparées plus anciennement ; que. par conséquent la race européenne ayant plus de ressemblance avec celle d’A mérique qu’avec celles d'Afrique et d'Asie, doit être censée dériver nou- vellement et immédiatement de la race américaine, quelle peut elle-même être issue, mais plus au ciennement, de la race asiatique. v4 à L vo fu 4 en Vous À 2; à RCE Le, + LT, à à A ss x À À « DES OISEAUX ETRANGERS. qué, que l'on distingue au pre er coup d'œil un ie ver: de tout autre oi- seau. Ils ont , outre cela, les ailes et la queue longues, celle-ci rarement et très- peu fourchue, Om po de dix pennes seulement ; les Sie courts et le plus sou-. vent pattus ; les trois doigts antérieurs liés ensemble par une membrane jusqu’à leur première articulation; le doigt postérieur _ mobile et se thaenant quelquefois en avant ; l'ongle du doigt du milieu den- telé ordinairement sur son bord intérieur ; ‘la langue pointue et non divisée par jé bout ; les narines tubulées, c’est-à-dire que leurs rebords saillans formentisur lé bec la naissance d'un petit tube cylin- drique ; l'ouverture des oreilles grande, et probablement l’ouïe très-fine : il semble au moins que cela doit être ainsi dans tout oiseau qui a la vue foible, et le sens de l’odorat presque nul ; car le sens de l’ouïe étant alors le seul qui puisse l’avi- ser de ce qui se passe au dehors à une cer- taine distance , 1l est comme forcé de donner une grande attention aux rap- » ports que lui fait ce sens unique , et de le " TRE sæ & * telé, non sur le bord intérieur , mais sur . geuse ; ne manquer , à la ‘4 . longue de le Her, de le games: re DIRE NATURELLE | Par er de L manière la plus avanta- d'influer sur la bn form don “es pièces qui composent cet organe. Au reste, on … me doit pas se persuader que tous hé at tributs dont j'ai fait l'énumération , ap- D ee sans exception à chaque = # | pèce : quelques unes n'ont poiut de mous- » | taches: : d’autres ont plus de dix pennes à la queue ; d’autres n’ont pas Tongle du ‘milieu dentelé; quelques unes l’ont den-. l'extérieur ; d’autres n ’ont int les na- rines tubulées ; dans d’a utres enfin, le doigt pos térenx ne paroît avoir nue id disposition à se tourner en avant. Mais. une propriété commune à toutes les es= pèces , c’est d’avoir les érganes de la vu À trop sensibles pour pouvoir soutenir la clarté du Jour; et de cette seule propre dérivent les principales différences q i séparent le genre des engoulevents des. celui des hirondelles : de là l'habitude* { * retraite que le soir Re soleil, et d’y rentrer le matin avant ou peu après % _son lever : de là l'habitude de vivre isolés | et tristement seuls : ; car l'effet naturel el des _ d a ‘ténèbres est de ae les animaux QUE à sont condamnés , tristes, inquiets dé- fians, et par conséquent sauvages : de B. la différ ence du cri; Car on sait combien. ) dans les animaux, le cri est nbdi ié par les affections rio - . de là encore , 1 * selon moi, l'habitude de ne point faire de nid; ait il faut voir pour choisir les | NU d’un nid , pour les employer, “ds 4 les entrelacer , les mettre chacun à leur ÿ place, donner la forme au tout, etc. Nul oiseau , que Je sache, ne trop ile à cet ouvrage pendant la HAE et la nuit est longue pour les letonts , puisque sur vingt - quatre heures ils n’ont que trois heures de crépuscule, pendant les- quelles ils puissent exercer avec avantage la faculté de voir : or ces trois heures sont à peine suffisantes pour satisfaire au premier besoin , au besoin le plus pres- sant , le plus impérieux, devant lequel 27 + UE vd PNR ON NO RP TONER # ] ER * 4 ‘ or " ' Li 3x4 HISTOIRE NATURELLE * L | A4 ne [ à 'at | se nn les autres besoins , en ut mot,au besoin demanger. Ces trois heures sont à peine suflisantes , parce qu’ils sont obligés de poursuivre leur nourriture dans le vague de l'air, que leur proie est ailée comme eux, fuit légèrement, leur échappe,- sinon par la vitesse, du moins par l’irré- gularité de son vol , et qu’ils ne peuvent s’en saisir qu'à force d’allées et de venues, de ruses , de patience, et sur-tout à force de temps:il ne leur en reste donc pas assez pour construire un nid. Par la même rai- son, les oiseaux de nuit, qui sont orga- nisés à peu près de même, quant au sens de la vue, et qui, pour la plupart, n’ont l'usage de ce sens que lorsque le soleil est sous l'horizon ou près d’y descendre, ne font guère plus de nids que les engoule- vents, et, ce qui est plus décisif, ne s’en occupent qu'à proportion que leur vue, plus ou moins capable de soutenir une grande clarté, prolonge pour eux le temps. du travail. De tous les hiboux, le grand duc est le seul que l’on dise faire un nid, et c’est aussi de tous celui qui est le moins oiseau de nuit, puisqu'il voit assez clair \ \ di mt ut, » GX we L "+ RP " 2 \ ‘ LRU UE L X CES 2 N h di * DES OISEAUX ÉTRANGERS. 315 ’enplein; jour pour voler etfuir à de grandes distances !. La petite chevéche, qui pour- suit et prend les petits oiseaux avant le coucher et après le lever du soleil, amasse seulement quelques feuilles, quelques brins d'herbe , et dépose ainsi ses œufs, point tout-à-fait à crud , dans des trous de rochers ou de vieilles nes: : enfin le moyen duc, l’effraie, la blue et la grande chevêche, qui, de toutes les espèces uocturnes, peuvent le moins supporter la présence du soleil, pondent aussi dans ‘des trous semblables ou dans des arbres creux, mais sans y rien ajouter, ou dans des nids étrangers $ qu'ils trouvent tout faits ; et j'ose assurer qu'il en est de même de tous les oiseaux qui, par le vice d’une trop grande sensibilité, ou, si l’on veut, d’une trop grande perfection des organes visuels, sont offusqués , aveuglés par la Jumière du jour , au lieu d’en être éclairés. Un autre effet de cette incommode * Voyez tome II de l’Histoire naturelle ges DiSCAUT. L2 2 L1 f z Voyez aux articles des oiseaux cités, 3 Ibidem. l » LS 7. 316 HISTOIRE NATURELLE & ; perfection, c’est que ne: engoulever te ainsi que les autr iseaux de nuit | n’ont aucune couleur éclatante dans leur. plumage, et sont même privés de ces re- : flets riches et changeans qui brillent sur. la robe, assez modeste d’ailleurs, de nos | hirondelles; du blanc et du noir, du “tel qui n’est que le mélange de Lan et de l’autre, et du roux, font toute leur parure, et se bre Mb de manière qu'il en ré- sulte un ton général de couleur sombre $* confus et terne : c’est qu'ils fuient la lu- mière, et que la lumière est, comme l’on sait, la source première de toutes les belles couleurs. Nous voyons les linottes. perdre sous nos yeux, dans les prisons où nous les tenons renfermées, le beau! rouge qui faisoit l’ornement de leur plu- mage, lorsqu’à chaque aurore elles pou- voient saluer en plein air la lumière nais- “sante, et tout le long du jour se pénétrer, s'irnbiber, pour ainsi dire, de ses bril-2 Jantes onto Ce west dit dans la’ froide Norvége, ni dans la ténébreuse! Lapponie, que raie trouve les oiseaux de paradis , les cotingas , les flamands, les + - DES OISEAUX ÉTRANGERS. 37 erroquets , les colibris, les paons; ce n'est pas même dans ces climats disgra a- ciés que se forment les rubis, le saphir , la topaze; enfin les fleurs qui croissent comme malgré elles , et végètent triste-— ment sur une cheminée ou dans l'ombre d’une serre entretenue à grands frais, n’ont pas cet éclat vif et pur que le soleil du printemps répand avec tant de profu- ‘sion sur les fleurs de nos parterres et même sur celles de nos prairies. À la vérité ; les phalènes ou papillons de nuit ont - quelquefois de fort belles couleurs : mais cette exception apparente nes mon idée, ou du moins ne la contredit pas ; car d’habiles observateurs ont re- marqué que ceux de ces papillons noc- turnes qui voltigent quelquefois le Jour, soit pour chercher leur nourriture , soit pour s’apparier , et qui ne sont par con- séquent nocturnes qu'à demi , ont les ailes peintes de couleurs plus vives que les véritables phalènes , les véritables pa- pillons de nuit, qui ne paroissent Jamais tandis que le soleil est sur l'horizon. Jai mème observé que la plupart de ceux-ci ARR | * à ÿ nr. - des engonlevents ; ù si dans le gran L h Lu CE LA £ Craie ds Ce x à pé SA: à (| 316. HISTOIRE NATURELLE ont : -des c juleurs assez semblables ce nombre il s'en trouve qui en aient de. belles , :c’est:: parce que les couleurs du papillon ne peuvent manquer d’étre déja fort ébauchées dans sa larve, et que les larves ou les chenilles des phalènes n’é- prouvent pas moins l’action de la lu- mière que les chenilles des papilipua diurnes. Enfin les chrysalides de ceux-ci, : qui sont toujours sans enveloppe, tou-. jours exposés à l'air bre, ont pour la plupart des couleurs éclatantes, et quel-! ques unes semblent ornées de paillettes d’or et d'argent que l’on chercheroit vai- petñent sur les chrysalides des phalènes , le plus souvent renfermées dans des coques ou enfouies dans la terre. En voilà assez , ce me semble, pour m'autoriser. à croire que lorsqu” on aura fait des ob- servations suivies et comparées sur la. couleur des plumes des oiseaux , des ailes. des papillons , et peut-être du poil des quadrupèdes * , on trouvera que , toutes _* Voyez ci-devant tome I°* des Oiseaux. Le plu-m magc du martin-pêcheur est beaucoup plus brillant L] * re ” . DES OISEAUX ÉTRANGERS. 319 | choses égales d’ailleurs , les espèces . les plus brillantes , les plus riches en cou- leurs , seront presque toujours s celles qui, , dans des différens états, auront été le plus à portée d’éprouver l’action de la lumière, - Si mes conjectures ont quelque fonde- ment, les persounes qui réféchissent, verront sans beaucoup de surprise com- bien un sens de plus ou de moins , où seulement quelques degrés de sensibi- lité de plus ou de moins dans un seul organe , peuvent entraîner de différences cousidérables , et dans les habitudes na- turelles d’un cibles et dans ses pro- priétés tant intérieures qu’extérieures. EL. L'ENGOULEVENT DE LA CAROLINE. S1, comme il y a toute apparence, l'Europe doit les engoulevents à l’'Amé- rique , c’est ici l'espèce qui a franchi le enire les tropiques que dans la zone lempérée , dit M. Forster. 320 HISTOIRE NATU REL: passage du nord pour venirtétab Are * colonie dans l’ancien cont Je le: ; jugé ainsi, parce que cette èce ha- ” bitant l'Amérique septentrionale , s’est trouvée plus à à portée des contrées encore plus septentrionales , d’où le passage en Europe étoit facile , et que d'ailleurs elle réssemble fort à la nôtre, et pour la taille, … et pour les couleurs :entre be ct oi communes, elle a la mâchoire: inférieure bordée de ble ui et une tache de même couleur sur le bord de l'aile. Son princi- pal trait de dissemblance , c’est qu’au lieu d’être variée sous le corps par de _ petites lignes transversales , elle l’est par de petites lignes longitudinales, et qu’elle a le bec plus long. Mais une si grande différence de climat n'auroit-elle pas pu produire des différences encore plus con- sidérables dans la forme et le plumage de cet oiseau ? : Voici ce que Catesby nous apprend de ses habitudes naturelles : il se montre le soir, mais jamais plus fréquemment que ue le temps est couvert; et de là sans | doute son nom d'oiseau de pluie, " lui : 1 | "à & k à k" 4 _ ju € \ » 1 A "À ; 4 PU« _ * : DES OISEAUX ÉTRANGERS. 32r d a à _ est commun avec 7 autres O1- Shogctes ailés dont il fait sa pâture, et son vol est accompagné de bour donnes enfin il pond à terre des œufs semblables à ceux de vanneau. On voit que chaque trait de cette petite histoire est un trait de conformité avec l'histoire de notre es- pèce européenne. gp Longueur totale, onze pouces un quart; bec, dix-neuf lignes, environné de mous- taches noires; tarse, huit ligues ; ongle du milieu dentelé à l’intérieur; les trois doigts antérieurs liés par une membrane qui ne passe pas la première articulation; queue, quatre pouces , dépasse les ailes de seize lignes. me F LE WHIP-POUR-WILL. JE conserve le nom que les Virginiens ont donné à cette espèce , parce qu’ils Le lui ont donné d’après son cri, et que par cela seul il doit être adopté dans toutes les langues. 54 322 HISTOIRE. : NATURE Ces oiscaux arrivent en Virgin milieu d'avril , sur-tout dans la partie OC- . cidentale, et dod les endroits monta gneux : C 'estlà qu'on les entend chanter ou plutôt crier pendant la nuit d’une voix si aiguë et si percante, tellement répétée etmultipliée par les échos des montagnes, qu'il est diflicile de dormir dans les envi- rons, Ils commencent peu de minutes. après le coucher du soleil, et continuent jusqu’au point du Jour. Ils descendent ra- rement sur les côtes ; plus rarement en- core ils paroïissent pendant le Jour. Leur ponte est de deux œufs d’un verd obs- cur , varié de petites taches et de petits traits noirâtres ; la femelle les dépose né- gligemment au milieu d’un sentier battu, sans construire aucun nid, sans mettre en- semble deux brins de mousse ou de paille, et méme sans gratter la terre. Lorsque ces oiseaux couvent, on peut les appro- cher d’assez près avant qu'ils s’envolent, Plusieurs les regardent comme des o1- seaux de mauvais augure. Les sauvages de la Virginie sont persuadés que les ames de leurs ancêtres, massacrés au 2 NE | ae DE OISEAUX ÉTRANGERS. 323 trefois par les Anglois, ont passé dans le. corps de ces oiseaux ; et pour pr euve, ils ajoutent qu'avant botte époque on ne les avoit jamais vus dans le pays. Mais cela prouve seulement que de nouveaux ha- bitans apportent de nouvelles cultures, et que de nouvelles cultures attirent des espèces nouvelles. Ces oiseaux ont le dessus de la tête et de tout le corps , jusques et compris les couvertures supérieures et les pennes de la queue, et même les pennes moyennes des ailes, d’un brun foncé, rayé transver- salement de brun plus clair, et parsemé de petites taches de cette même couleur, avec un mélange de cendré fort irrégu- lier ; les couvertures supérieures des ailes, de même, semées de quelques taches d’un brun clair; les grandes pennes des ailes noires; les cinq premières marquées d’une tache blanche vers le milieu de leur longueur; et les deux paires extérieures de la queue marquées de même vers le bout , le tour des yeux, d’un brun clair tirant au cendré; une suite de taches prangées qui' prend à la base du bec, ve passe au-dessus des ÿeu les côtés du cou; a go large croissant renvé sé R haut, teint d'orangé : ps 13. et dont AA nes se dirigent de chaque côté vers les oreilles ; tout le reste de la partie infé-” rieure, blanc teinté d’orangé, rayé trans- versalement de noirâtre; le bec noir, et les pieds couleur de chair. Cet engou-. levent est d’un tiers plus petit que le nôtre , et a les ailes plus longues à pro- _ portion. Longueur totale, huit pouces ; bec, neuf lignes et demie, sa base entourée de moustaches noires; tarse, cinq lignes ;° l’'ongle du doigt du milieu, dentelé sur son bord intérieur ; queue, trois pouces uu quart, ne dépasse point les ailes. - A : LE GUIRA-QUEREA 0 à Quoique M. Brisson n'ait fait aucune” distinction entre le guira décrit par MA Sloane ct celui décrit par Marcgrave , je ÉTRANGERS. 325 is fon es distinguer ici, du moins comme variét s de climat. J en di- rai les raisons en parlant du guira de Maregrave. Celui e M. Sloane avoit la. tête et le cou variés de couleur de tabac d'Espagne et de noir; le ventre et les couvertures supérieures, de la queue et des ailes , variés de blanchâtre ; les pennes de la queue et des ailes, variées de brun foncé et de blanc; la mâchoire inférieure presque sans plumes ; la tête, au con- traire , en étoit chargée; les yeux sail- lans hors de l'orbite d'environ trois lignes ; la pupille bleuûâtre |, et l'iris orangé. Cet oiseau se trouve au Bresil ; c’est ut habitant des bois , qui vit d’ Lbscalel a et ne vole que la nuit. Longueur totale, seize pouces; bec, deux pouces , de forme triangulaire ; sa base, trois pouces ; le supérieur un peu crochu , bordé de longues moustaches ; narines , dans une rainure assez consi- dérable; gosier à large ouverture; tarse, trois lignes * ; vol , trente pouces; queue, * S'il n’y a point ici de faute d'impression, ce Oiseaux, XIT, / | 25 9 ; laire ; estomac y ] huit pouces ; lar Jeux, contenant des $ce rabé gérées; foie rouge, divisé en ‘deux , È Jun à droite, l’autre à gauche ; les in- testins roulés en plusieurs circonvolu-" tions. À Le guira de Marcgrave avoit deux ca-. ractères très-apparens qui ne se trouvent point dans la description de M. Sloane, et qui cependant n’auroient pu échapper à. un tel observateur; je veux dire un col- lier couleur d’or, et les deux pennes inter-. médiaires de la queue beaucoup plus longues que les latérales. D’ailleurs il est plus petit, car Marcgrave ne le fait pas plus gros qu’une alouette ; et il est difh- cile de supposer à une alouette ou à tout. autre oiseau de cette taille une enver-” gure de trente pouces, comme l’avoit le guira de M. Sloane. Tout cela, joint a quelques autres différences de plumage s guira est, de tous les oïseaux connus, celui qui a. les pieds les plus courts , relativement à la lon. } gueur de ses ailes, eLil mériteroit Ke nom d’ apode\. par excellence. . DES OISEAUX ÉTRANGERS. 327 m° a + regarder celui de Marcgrave comme une variété de climat. Il ax la tête large, comprimée , ‘assez grosse ; yeux gr ture ; à. arrondi; le plumage d’un cendré brun, varié de jaune et de blan- châtre ; un collier de couleur d’or teinté de brun; les bords.du bec près de la base, hérissés de longues moustaches noires ; les doigts antérieurs liés par une mem- brane courte ; l’ongle de celui du milieu dentelé; les ailes de six pouces ; la queue de huit, compris les deux pennes inter- médiaires qui excèdent les latérales. | I V. 1 L'IRLIAT. Ox retrouve dans cet oiseau du Bre- sil tous les attributs des engoulevents : téte large et comprimée, gros yeux, petit bec , large gosier , pieds courts, ongle du dois st du STE dentelé sur son bord intérieur , etc. Mais une chose qui lui est propre , c’est l'habitude d’épanouir sa les un petit bec à large ouver= de os € ta0 He la pets x blanche À quelques unes téiritées de jaune; le desc 3 sous du corps, blanc, varié de noir com- me dans l'épervier, et les pieds blancs. k Sa taille est à peu près celle de l'hiron- * delle ; il a la langue très-petite; les na- rines découvertes; tarse, six ligness;, tueue , deux pouces, ne dépasse point les ailes. ‘ Variétés de libijau. T. Le petit engoulevent tacheté de Cayenne * Il a beaucoup de rapports avec l’ibijau , ” et par sa petitesse , quoique moindre , et par la longueur relative de ses ailes , et. par ses autres proportions , et par son plumage noirâtre, tacheté d’une couleur plus claire : mais cette couleur plus claire est du roux ou du gris dans tout le plu-… * Voyez les planches enluminées, n° 734, où cet oïseau est représenté sous le nom de petit crapaud- volant tacheté de Cayenne, d'après un imdividuw qui se trouve dans le cabinet de M. Mauduit. oi ; äl DES OISEAUX ETR mage , excepté sur le co equel: porte en sa partie antérieure une espèce de col- lier blanc, dont Marcgrave n’a point parlé dans la description de l’ibijau , et qui fait la marque distinctive de cette variété; elle a aussi le dessous du corps plus rembruni. Longueur totale, huit pouces ; hec, quinze lignes, noir, garni de petites moustaches ; queue, deux pouces et demi. IT. Le grand ibijau. Ce n’est en effet qu'une variété en grandeur, et la diffé- rence est considérable à cet égard. Celui-ci est de la taille d’une chouette, et il a l’ou- verture du bec si grande, qu’on y met- troit le poing : du reste, ce sont les mêmes couleurs et les mêmes proportions. Marc- grave ne dit pas qu'il ait l'habitude d’épa- nouir sa queue comme le petit ibijau ; il dit encore moins qu’il ait une corne sur la partie antérieure de la tête, et derrière cette corne une petite huppe, comme on pourroit se le persuader d’après la figure. Mais on sait combien les figures données par Marcgrave sont peu exactes , €t com- GERS. 39. Nu 330 HISTOIR bien ilest} lu s« | r at texte : or le texte dit.que le grand hé! ne diffère absolument du petit que par ‘la taille; ét comme d’ailleur silne edonne | au petit 1bijau ni huppe ni corne, on peut, ce semble, conflits avec Loute À ù probabilité, que Fe grand n’en a point non plus. - | On doit rapporter à cette espèce le grand engoulevent de Cayenne *, soit à -cause, de sa grande taille, soit à cause de ke. son plumage tacheté de noir, de fauve et | de blanc , principalement sur le dos, les | ailes et la queue. Le dessus de la tête et du | | cou, et le dessous du corps , sont rayés transversalement de diverses teintes dé ces mêmes couleurs : mais la teinte géné- rale de la ‘poitrine est plus brune, et forme une espèce de ceinture.M.de Son en a vu un dont le plumage étoit plus rembruni ; on l’avoit trouvé dans le creux _ d'un très-gros arbre : c’est la demeure _. ordinaire de cet engoulevent ; mais il. : ! ACTES Voyez les planches enluminées, n° ‘325, où : cet oiseau est représenté sous le nom de ane | crapaud-volant de Cayenne. ‘{- LA : | | L D d 3 ï DISE US + de FU N à Tr " À 331 préfère les arbres qui Eh portée des . eaux. Il est à-la-fois le plus grand des oi- scaux de ce genre connus à Cayenne, ” | le plu solitaire. Longueur totale , vingt-un pouces; bec, rois pouces de "+ et autant de ie - le supérieur a une forte échancrure des deux côtés près de sa pointe, l’inférieur s’emboîte entre deux échancrures , et il a ses bords renversés en dehors ; narines mon saillantes et couvertes par les plumes de la base du bec qui reviennent en 4 avant ;tarse, onze lignes, garni de plumes presque jusqu'aux doigts; ongles cro- # ne chus , creusés par-dessous en gouttière,. cette gouttière divisée eu deux par une arête longitudinale; l’ongle du doigt du _ milieu nan dentelé ; ce. do oigt est fort grand , et paroît plus large qu'il n’est en effet , à cause d’un rebord membraneux qu'il a de chaque côté; queue, neuf pouces , un peu étagée; les ailes [a dé- passent de quelques lignes. | L'ENGOULEVENT Ho ON ou LE HA. LEUR. | paire de ct de lat | levent à luneites. Quant à celui de Laleur, el à #soncri D D AIO ES Cet engoulevent vit d'insectes comme Là us les autres, et ressemble, par-la con- é De ; à dc parties intérieures , au guira de M. Sloane , avec leur) il va de compagnies; ear il se trouve à la Ja- maïque comme le guira, et de plus à la % Guiane. Son plumage est varié de gris , de noir et de feuille-morte ; ; mais les | teintes sont plus claires sur la queue et éudbop de plumes sur la tête et.sou | “ai Lon:s ueur , suivant M. Sloane , s° sept. _p Uce: 5 bec petit à grande ouverture ; le cet a iseau et un “ | son nom d'engou pr Juge bien. qu'il doit avoir rapport à 4 Y . | Li des ailes :ila lé bec noir , les pieds bruns, 4 Ù Rs À à + 1 ARE DES OISEAUX ÉTRANG E ts. 333 7 un peu crochu, \one de trois "x (sans doute à étubtes A ebuls la vs: sance des plumes du front ), bordé _ de moustaches noires; tarse avec le pied, _ dix-} uit lignes; vol, dix pouces : sur quoi il faut Maire , 1°. que ces me- _sures ont été prises avec le pied anglois, un peu plus court que le nôtre ; 2°. que M. Brisson indique d’autres mesures que M. Sloane , mais que , selon toute appa- rence , il tdi a empruntées de la figure des par M. Sloane lui-même, loges est beaucoup plus grande que ne lesup- 1) il pose le texte de cet auteur, pris à la lettre ; 3°. que dans cette hypothèse, qui n’est pas sans vraisemblance , la lou- gueur de l'oiseau , fixée à sept pouces par 4 M. Sloane, Con devoir se prendre de la base du bec à la base de la queue , ce Lt. qui concilieroit les dimensions de la fi- gure avec celles qui sont énoncées dans le texte, Cependant je ne dois pas dissi= muler que M. Ray, sans s'arrêter à la y d Er k 1. figure de l'oiseau donnée par M. Sloane, a et sans prendre garde qu'il est fort rare. . re Ÿ NE que l’on donne de pareilles figures gros | 7. ni 4 ne un 334” HIS sics, rod cet ph come un rés petit oiseau. biik. 1 2 MT LS AR 4 # L'ENGOULEVEN DE CAYENNE #4 «ul Tous les oiseaux de ce genre sont va- riés , mais celui-ci l'est plus que les a A tres; c'est aussi l'espèce la plus commune $ dans l’île de Cayenne. Cet engoulevent se tient daus les plantages, les chemins : et autres endroits découverts : lorsqu'il est ‘térre, il il fait entendre un cri foible, d4 * ours accompagné d’un mouvemen le. W re dans les ailes; ce cri a du rap- port avec celui du chepats et si l’engou- levent d'Europe en avoit un semblable, on auroit été bién fondé à lui donuer le o a nom de A bit sc Celui de Cayenne et cie est représenté sous le nom de ere Ds “ie de si ie | 2 “AE à DES OISEAUX ÉTRANGERS. 335 dont il s’agit ici, a encore un autre cri - qui n’est pas fort différent de l’aboiement d'un chien : il est peu farouche, et ne part que lorsqu'on est fort près; encore ne wa-t-il pas loin sans se poser. Il a la tête rayée finement de noir sur un fond gris, avec quelques nuances de roux ; le dessus du cou rayé des mêmes couleurs, mais moins nettement ; de cha- que côté de la tête cinq bandes parallèles rayées de noir sur un fond roux; la gorge blanche, ainsi que le devant du cou; le dos rayé transversalement de noirâtre sur un fond roux; la poitrine et le ventre rayés aussi, mais moins régulièrement. et semés de éslques taches blanches ; : 110 | bas-ventre et les jambes blanchâtres, Ho p. chetés de noir; les petites ct moyennes couvertufes des ailes, variées de roux et de noiïr , de sorte que le roux domine sur les petites , et le noir sur les moyennes; les grandes terminées de blanc, d’où il résulte une bande transversale de > cette couleur ; les pennes des ailes noires; les cinq premières marquées de blanc vers les deux tiers ou les trois quarts de leur lon- . 5 M ee REA HR LT. pouces et demi, dépasse les ailes d’envi-. ron un pouce. | 356 HISTOIRE NATURELLE gueur; les couvertures supérieures et les: deux pennes intermédiaires de la queue. rayées transversalement de noirâtre sur un fond gris , brouillé de noir ; les pennes latérales noires, bordées de blé: ce bord blanc d'autant plus large que la penne est plus extérieure ; l'iris Jaune ; le kr noir ; et les pieds brun jaunâtre. À. Loneritidn totale, environ sept pouc x et demi; bec , dix Lente , garni de mot taches ; thrge , Cinq lignes; queue, trois L'ENGOULEVENT ACUTIPEN! E MONDE LA GULANES 4 dé. ‘ _ CET oiseau diffère de l'espèce précé-" dnté , planche 760, non seulement par ses baie ph relatives, mais par la con: formation des pennes Pr sa queue qu por Il ÿ a aussi quelques pr. Le ÿ] » * Voyez les planches enluminées, n° 732. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 337 dans les couleurs du plumage. Celui-ci a le dessus de la tête et du cou rayé trans- versalement , mais pas bien nettement, de roux brun et de noir ; les côtés de la tète variés des mêmes couleurs, en sorte néanmoins que le roux y domine ; le dos rayé de noir sur un fond gris, et le des- sous du corps sur un fond roux ; les ailes à peu près comme dans l'espèce précé- . dente; les pennes dela queue rayéestrans- versalement de brun sur un fond roux pâle et brouillé , terminées de noir; mais cette tache noire qui termine , est précé- _ dée d’un peu de blanc; le bec et les Pics sont nOIrS. ANT di On dit que ces oiseaux se mêlent quel- quefois avec les chauve - souris ; ce qui 1 à m'est pas fort étonnant, vu qu'ils sortent de leur retraite aux mêmes heures , et At ho qu'ils donnent la chasse au même gibier. | Probablement c’est à ce même engoule= vent que doit se rapporter ce que dit M.de la Borde d’une petite espèce dela Guiane, qu'elle fait sa ponte , ainsi que les ra- miers , les tourterelles, etc., aux mois d’ octobre et de novembre, c'est-à-dire ;, 29 A - v* p Es est aussi dans cette même contrée la saï- _ 33% IISTOIRE NATURELLE deux où trois mois avant les pluies. On sait que la saison des pluies, qu COM mence à la Guiane vers le 15 décembre, son de la ponte pour la plupart des oi- seaux. | | Longueur totale, environ sept pouces et demi ; bec, sept lignes; queue , trois pouces, composée de dix pennées égaless est dépassée par les ailes de quelques lignes. A VELLE L'ENGOULEVENT GRIS. 14 À | Ja ï vu dans le cabinet de M. Mauduit® un engoulevent de Cayenne, beaucoup” plus gros que le précédent ; il avoit plus de gris dans son plumage, étoit propor- tionné un peu différemment, et n’avoit. pas les pennes de la queue pointues, Quant au détail des couleurs, il différoit de l'espèce précédente, en ce qu'il avoit les pennes des ailes moins noires, rayées transyersalement de gris clair; celles de DES OISEAUX ÉTRANGERS. 339 la queue rayées de brun sur un fond gris varié de bruñ , sans aucune tache blanche ni sur les unes ni sur les autres ; le bec brun dessus , et jaunâtre dessous. Longueur totale, treize pouces ; bec, vingt lignes ; queue, cinq pouces un: quart ; dépassoit un peu les ailes. IX. LE MONTVOYAU DE LA GUIANE * MonTvoyau est le cri de cet engou- levent, qui en prononce distinctement _les RE syllabes , et les répète assez sou- vent le soir dans les buissons : on ne doit pas ètre surpris que ce mot soit devenu son nom, Il se rapproche de notre engou- levent par la tache blanche qu'il a sur les cinq ou six premières pennes de l'aile, dont le fond est noir, et par une autre tache ou bande biaioitt) qu part de l'angle de l'ouverture du bec, se prolonge en arrière , et, ce qui n’a pas lieu dans l’es- . # Voxez les planches enluminées, n° 732. J P 3 ï li Wu. 24 hd de si 340 HISTOIRE NATURELLE R pèce européenne , s'étend j jusque sous la gorge. Il a aussi en général plus de fauve et de roux dans son plumage , qui est varié presque par-tout de ces deux cou- leurs : mais elles prennent différentes teintes et sont \disposées diversement sur les différentes parties, par raies transver- sales sur la partie inférieure du corps et les pennes moyennes des ailes , par bandes longitudinales sur le dessus 4 la tête et du cou , par bandes obliques sur le haut. du dos , enfin par taches irrégulières sur le reste du dessus du corps, où le fauve prend une nuance de gris. ae FT Longueur totale, neuf pouces; bec, neuf lignes et demie, environné de mous- taches ; tarse nud ; ongle du milieu den- __telé sur son côté extérieur ; queue, trois pouces ; dépasse les ailes d’un pouce. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 347 | y L'ENGOULEVENT ROUX DE CAYENNE*. D v roux brouillé de noirûtre fait pres- que tout le fond du plumage ; un noir plus ou moins foncé en fait presque tout l’ornement. Ce noir est jeté par bandes longitudinales, obliques, irrégulières, sur la tête et Le dessus du corps : il forme une rayure transversale fine et régulière sur la gorge , un peu plus large sur le devant du cou, le dessous du corps et les jambes; encore uu peu plus large sur les couver- tures supérieures et sur le bord intérieur de l’aile près de l'extrémité ; enfin la plus large de toutes sur les pennes de la queue. Quelques taches blanches sont semées cä et là sur le corps, tant dessus que des- sous. En général, le noirâtre domine sur le haut du ventre , le roux sur le bas- ventre, et plus encore sur les couvertures inférieures de la queue. La partie moyenne *- Voyez les planches enluminées , n° 735, où ect oiseau est représenté sous le nom de crapaud- #olant, ou telte-chèvre de Cayenne. CRE RL 342 HISTOIRE NATURELLE des grandes pennes des ailes, offre un com- 1 partiment de gens quarrés alternative- . ment roux et noirs , qui ont presque là régularité des cases d un échiquier ; l'iris est jaune; le bec brun clair, et les pieds couleur de chair. Longueur totale , dix pouces et derii : + bec, vingt - une lignes; queue, quatre pouces deux tiers ; dépasse les ailes de six jignes. 4 1. HA À . J'ai vu chez M. Mauduit un engoule- vent de la Louisiane, de la méme taille que celui-ci, etluiressemblantheaucoup; seulement les raies transversales étoient plus espacées sur le cou, et leroux y de- venoit plus clair, ce qui formoit une » sorte de collier; le reste du dessous du corps étoit rayé comme dans le précé- dent ; le bec étoit noir à la pointe, et jaunâtre à la base. dr !à Longueur totale, onze pouces; bec, deux pouces , bordé de huit ou dix mous- taches très-roides, revenant en avants queue, cinq pouces, dépassant fort peu les ailes. Fin du tome douzième. # CORNE | | dd M: tæ Ü 9 TAB LE Des articles Conishns dans ce dt (4 (TM : C4 LU Lzs couroucous, OÙ Couroucoais, page D. Le couroucou à ventre rouge, 7. Le couroucou à ventre jaune, 14 Le couroucou à chaperon violet, 16. Le couroucoucou, 23. Le touraco, 25. Le coucou, 31. Variétés du coucou, 92% : 2. % LÉ Z “ . Les coûcous étrangers , 97+ Oiseaux du vieux continent qui ont rapport au coucou, I09. ? Le grand coucou tacheté , zh:d. Le coucou huppé noir et blanc, 107. . Le coucou verdâtre de “a pond > 108: Le coua, 112. Le houhou d Égypte, 110. … Le rufalbm, 116. - Le boutsallick, 118. JR k 7 4 \ ST Le courou varié de Mindanao, 120. Le cuil, 121. Le coucou brun varié de noir, 123. Le coucou brun piqueté de roux ; 124. Le coucou tacheté de la Chine, 126. Le coucou brun et jaune à ventre rayé, 127. Le jacobin huppé de Coromandel , 126. Le petil coucou à tête grise et ventre jaune, 130. Les coukeels, 131. , Le coucou verd-doré et blanc, 134. Le coucou à longs brins, 136. Le coucou huppé à collier, 137. Le san-hia de la Chine, 139. Le tait-sou , 141. Le coucou indicateur, 142. Le vourou-driou , 146. Oiseaux d'Arnérique quiont rapport au Coucou , 149. Le coucou dit le vieillard, ou l’oiseau de lies ibid. Le tacco, 153, Le guira-cantara, 159. Le quapactol, ou le rieur, 160. Le coucou cornu, ou l’atingacu du Bresil, 167. Le coucon brun varié de roux, 163. Le cendrillard , 165, Le coucou piaye , 166. Le coucou noir de Cayenne, 169. Le petit coucou noir de Cayenne, 170. { FAPLE. 345 Les anis, 172. | L’ani des savanes, 175. \ L’ani des palétuviers, 178. AU pe y Le houtou, ou momot, 158. Les huppes, les promerops, et les A > 194 La huppe, 200. Variétés de la buppe 227. Oiseau étranger qui a rapport : à la huppe, 229. Le promerupe, 232. Le promerops à ailes bleues, 234. Le promerops brun à ventre tacheté, 236. Le promerops brun à ventre rayé, 238. Le grand promerops à paremens frisés, 240. Le promerops orangé, 243. Le fournier , 245. il Le polochion, 247. = { Le merops rouge et bleu, 250. Le guépler ; 252. Le guépier à à tête jaune et blanche , 263. Le guépier à têle grise , 269. Le guégier gris d Éthiopie , 266. Le guêpier marron et bleu, 267. Variété, 269. Le patirich, 270. Le guêpier verd à gorge bleue, 273. Yrte sers guêpier verd et bleu à gorge jaune, 27%, LA £ ex 36 VX RA BEEN ES petit guépier verd et bleu à queue élagée, 28 À Le guêpier verd à queue d’azur, 283. Le guépier rouge à tête bleue, 285. Le guépier rouge et verd,da Draps 287+ . Le guépier à tête rouge , 289: : : Le guëêpier verd à ailes et queue rousses, 291» L’ ictérocéphale, ou le guêpier à tête jaune, 293. f L’engoulevent, 294. … Oiseaux ‘étrangers qui ont rapport à l’engoule- vent, 300. ; L'engoulevent de la Caroline, 319. Le wbip- pour-will, 32x. Le guira-querea, 3242 | L'ibijau, 327. tr: s Variétés de l'ibijau , 326. | L’engoulevent Y lunettes , ou le haleur, 332. | L’engoulevent varié de Ctrrun. 334. L’engoulevent acutipenne de la Guiane, 336. L'engoulevent gris, 358. . Le montvoyau de la Guiane, 339. - L'engoulevent roux de Cayenne, 347, DE L’'IMPRIMÉRIE DE PLASSAI 498) © # 1 NN | 3 9088 00769