Ame ne um gt martine 4 Le D gg Por rs be ha een ne me Vee 016 Je ee ue mu nn ge arts Pen me dE a ner are re nement es tn es ane» PE 060 dr D Paper PRO T E S ne er ne OS dre DM ARABE EN 2 A re stresse nn mA je de nn an re AA ea P ErA Pire R M ne Ph A ONMETENCR D 7e) 2er at + nan nm 8 SN SRI Et nn te PA ab _ rene w ANA DRE EEE ES a PT nd € en re no Tarn 5 2 AT De se ne tr ae Bien mt à 2 aimer A 2 om 9 TN em Da 8 An 37 Ds TER or Em NS mag 2e tte Pa DM en pe TS mA 2 2 9 Dar à RS 9 RE ne tn a tome nt à NACRE Ù Le y Âge HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. «* RESORT NE STRASBOURG ; IMPRIMERIE DE F. G. LEYRAULT; RUE DES JUIFS N«° 33, varaeu ; jÉ PROS Division of Fish s À[h Fu $ 68, 7 # U, $, National Museum Î62) HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, PAR M. Le B.°Y CUVIER, © Grand-Officier de la Légion d'honneur, Conseiller d'État et au Conseil royal de linstruction publique, lun des quarante de l’Académie française, Associé libre de l'Académie des Belles-Lettres, Secrétaire perpétuel de celle des Sciences, Membre des Sociétés et Académies royales de Londres, de Berlin, de Pétersbourg, de Stockholm, de Turin, de Geættingue, des Pays- Bas, de Munich, de Modène, etc. ; ET PAR M. VALENCIENNES, Aide- Naturaliste au Muséam d'Histoire naturelle. TOME SEPTIÈME. À PARIS, Chez F. G. LEVRAULT, rue de la Harpe, n.° 81; STRASBOURG, même Maison, rue des Juifs, n.° 33; BRUXELLES, Librairie parisienne, rue de la Magdeleine, n.° 438. 1831. MU EMR EUR A Re tm Me TE LAN TA Fons LT 4 FA We run Ag 2e Mr Dm 76 vec # Vi at es. ai Mo A AS ARTS jh He pe PT #i MA DAT IPIRTNTES (AMENER ER di PTT, ra entiers eat ES on CUT rs. sf F7. RL mai Logbntait rate. Mooy A tt ape Le à so ne ii “nier mé s es La ds c04 : RÉSSLR e " sn ty: L Dur ‘4 Eater 4 nos à Son LT U/LTS AGE vi: se es dose. old gi , f! NL US f 46h 33, # a peste : ot dé me ét ge | éiisena mani aol: En 6 : ENT Fu ‘ah ie a. | x: HEURE ÿ si $ ar Lu 44 x RS Ÿ k + LM na % # 7 mi : .. LT pe j æ ” AE de Æ ” SU G ‘A 4 v" n° L 7 ”t Q! à] À FAN © SA t pa RS AVERTISSEMENT. Lis deux familles des squammipennes et des poissons à appendices labyrinthiformes aux branchies dont nous traitons dans ce volume, n'en ayant pas rempli toute l'étendue, nous avons profité de l’espace qui nous restait pour faire connaître principalement les nouvelles espèces de percoïides que nous avons reçues depuis l'impression de notre deuxième et de notre troisième volume. Le nombre en est con- sidérable, grâce au zele généreux des natura- listes et des voyageurs qui de toute part veulent bien ençourager notre travail. Au premier rang doit se placer M. Dussu- mier, qui vient de déposer au Muséum plus de quinze cents poissons, formant près de cinq cents espèces, et tous dans l’état de conserva- tion le plus parfait. Cette collection magnifique V] AVERTISSEMENT. a été faite dans les mers de PInde pendant un voyage de trente-trois mois : elle offre près de cent espèces nouvelles et une infinité de détails nouveaux sur celles qui étaient déjà connues; car M. Dussumier, aussi bon naturaliste que négociant habile et entreprenant, a eu soin de mettre par écrit tout ce qui pouvait avoir rap- port à l’histoire des objets qu'il recueillait. Ses notes sur les couleurs des poissons à l’état frais nous seront surtout précieuses, comme remplis- sant un des principaux besoins de Pichtyologie. C'est aussi un service que l’on devra à MM. Desjardins et Delise, qui continuent de nous envoyer de lIsle-de-France des dessins précieux, exécutés avec un grand talent en couleurs na- turelles. M. d’Orbigny continue aussi à travailler avec courage pour le Muséum, et vient d'envoyer du Chili nombre d’espèces nouvelles. Mon dernier voyage à Londres n’a donné encore de nouvelles preuves de la générosité des naturalistes anglais, non moins que de Par- deur éclairée avec laquelle ils s’occupent des progrès de leur science. M. Gray m’a fait con- naïître sans réserve les nouvelles acquisitions du AVERTISSEMENT. vil Muséum britannique, et M. Éd. Bennett celles de la Société zoologique. M. Brown m'a remis surtout une collection faite à Madère par M. Ri- chardson, où se trouvent des espèces nouvelles en quantité plus considérable qu'on ne laurait supposé dun parage si voisin de Europe. MM. Holbroock et Ravenel, de Charlestown, nous ont adressé deux envois, qui nous ont mis à même d'enrichir et d’éclaircir histoire des pomotis et des genres voisins, seulement ébau- chée, si l’on peut s'exprimer ainsi, dans notre troisième volume. MM. de Humboldt et Ehrenberg, ainsi que nous l'avons annoncé dans lavertissement du volume précédent, ont recueilli et ont bien voulu nous communiquer les poissons des ri- vières de la Russie orientale, jusqu’à lOby et à l’Irtisch, et même une partie de ceux de la mer Caspienne, attention d'autant plus impor- tante, que les poissons d’eau douce des pays éloignés sont en général beaucoup moins con- nus que ceux des côtes. La plupart de ces pois- sons appartiennent aux malacoptérygiens, et toutefois il s’y est trouvé deux espèces intéres- santes, le sandre berschik et lacérine babir, vi] AVERTISSEMENT. dont nous n'avions pu parler que sur la foi de Pallas et de Guldenstedt. Nous attendons la collection des poissons du lac Baïkal, due aux recommandations de M. de Humboldt et à la protection dont $. A. [. madame la grande- duchesse Hélène continue d’honorer notre tra- vail. Outre les poissons de la Russie d'Europe que nous devions déjà à cette princesse, elle a bien voulu nous envoyer récemment des échan- tillons du sterlet en état parfait de conservation. MM. de Schreibers et Fitzinger nous ont com- muniqué aussi des descriptions et des dessins fort exacts des esturgeons du Danube, qui, joints aux documens et aux échantillons qué NM. Le- sueur nous à envoyés des États-Unis , et à la Monographie des esturgeons d'Europe, publiée récemment par MN. Brandt.et Ratzeburg, jet- feront un jour tout nouveau Sur un genre peu étudié. La structure singulière des organes accessoires à la respiration dans la famille des poissons à pharyngiens labyrinthiformes, nous a engagés à donner deux nouvelles planches anatomiques, où l’on trouvera la représentation de cet appa- reil remarquable, qui fait des poissons qui en AVERTISSEMENT. IX jouissent une sorte d’amphibies, dont la nature a été peu connue jusqu’à ce jour, quoique leur faculté de vivre au sec ait été remarquée dès les premiers temps de lhistoire naturelle. Nous avons cru devoir consacrer aussi une planche aux os singuliers de léphippus géant. A la liste des voyageurs qui ont servi lich- tyologie dans le dix-septième siecle, et que nous avons donnée tome Î, page 85, nous devons ajouter Jean Bargor, qui, dans la Description des côtes de Guinée et d'Angole, imprimée dans le cinquième volume de la Collection des voyages de Churchill, a donné une trentaine de figures très-reconnaissables de poissons, dont plusieurs appartiennent à des espèces rares, et que nous avons été les premiers à retrouver. Dans le volume qui suivra celui-ci, nous traiterons d’une des familles de poissons dont l’homme tire le plus de parti, celle des scom- béroïdes, qui comprend les thons, les germons, les bonites, les maquereaux et une infinité d’au- tres espèces utiles. Au Jardin du Roi, Décembre 1830. x S dis DU | st rt. Ed. SRI ane “diner: TABLE DU SEPTIÈME VOLUME. LIVRE SEPTIÈME. Des SQUAMMIPENNES.,...4.......4 04 PREMIÈRE TRIBU. Des SQUAMMIPENNES À DENTS EN BROSSE (CHÆTO- CHAPITRE PREMIER. Des Caéropons PROPREMENT pis (CHÆTODON , HOD:) . - SANS EUROS EN ROSE ER NETEANNE À Le Chétodon barré (Chætodon striatus , Linn.). Le Chétodon à huit bandes (Chætodon octofas- ciahés,, Bl.ÿGimel: ét Tatép.): 2000 1. 2 Le Chétodon de Meyer (Chætodon Meyeri, BI1.). Le Chétodon très-orné (Chætodon ornatissimus , er vb Pa ae CE vor agite rte ap A Le Chétodon de Frehmle (Chætodon Frehmli, BED) SR NN UM à Are ' Le Chétodon rubanné (Chætodon strigatus,Langs- Le Chétodon miliaire (Ckætodon miliaris, Q.etG.). Le Chétodon citronnet (Chætodon citrinellus , Brouss.; Douwing-princesse, Ren.)....... Le Chétodon à points et lignes (Chætodon punc- tato-fasciatus ,nob.)..,..... rain Pages. Planch. 170 xi] TABLE. Pages. Planch, Le Chétodon verdâtre (Chætodonvirescens,nob.). 30 Le Chétodon de Klein (Chætodon Kleinit, B1.). Zbid. Le Chétodon maillé (Ckætodon reticulatus, nob.; Chœtodon superbus, Brouss.) ........... 32 Le Chétodon princesse (Chætodon princeps,nob.). 33 Le Chétodon trois-bandes (Chætodon vittatus, BI. Schn.; Chætodon trifasciatus, Mungo-Park). 34 Le Chétodon en deuil (Chætodon luctuosus,nob.). 37 Le Chétodon T-noir (Chæiodon tau-nigrum,nob.). 38 Le Chétodon demi-masqué (Chætodon semilar- patus, EREERDI ES ER RNAUUES 4 Ur, «ORAN 39 Le Chétodon d'Uliétéa (Chætodonulietensis,nob.). Ibid, Le Chétodon linéolé (Chætodon lineolatus, Q. et Gi ie se AE PÉPRQURS ES AE ASE RE à 40 Le Chétodon faucille (Chætodon falcula, BL). . 41 Le Chétodon à chevrons aigus (Chætodon strigan- SUIS, SOA ES SAR 'RRUE EU 42 Le Chétodon triangle (Chætodon triangulum, K. LV. ts, ee a rs RO D EPA NUe, 44 Le Chétodon baronne (Chætodon baronessa,nob.) : 45 Le Chétodon masqué (Chætodon larvatus, Ehr.). Ibid. Le Chétodon karraf (Chætodon karraf,nob.).. 46 Le Chétodon de Mertens (Chæiodon Mertensü, : noob.) 25 00, PR PRIRENT RS ER 47 Le Chétodon bifascial (Chætodon bifascialis,nob.; Chætodon taunay, Q.etG.)............ 48 Le Chétodon de Leach (Chætodon Leachii,nob.). 49 Le Chétodon vagabond (Chætodon vagabundus, LU )S de 9 )e ef 9 OMR jar MAUR 5a Le Chétodon de Seba (Chætodon Sebæ, nob.). 52 Le Chétodon à collier (Ckætodon collare, BL). 53 171 TABLE. xiil Pages. Planch. Le Chétodon croisé (Chætodon decussatus, nob.). 54 Le Chétodon peint (Chætodon pictus, Forsk.).. 55 Le Chétodon demi-deuil (Chætodon mesoleucos, Forsk.; Chætodon hadjan, BI. Schn.) ..... 56 Le Chétodon lune (Chætodon lunatus, Ehrenb.). 57 Le Chétodon bordé (Chætodon marginatus, Ehr.). Zbid. Le Chétodon de Desjardins (Chætodon Abhortani, HObS). . CE UN PE NS A Rue ot à € 58 Le Chétodon croissant (Chætodon lunula, nob. ; Pomacentre croissant, Lacép.).......... 59 Le Chétodon rubanné (Chætodon fasciatus,Forsk.; Chætodon flavus, BI. Schn.) ............ 61 Le Chétodon à deux ocelles(Ckætodon biocellatus, HO) ue de PRE EN EE yes TER NS à 62 Le Chétodon de l’Isle-de-France (Ckætodon neso- Saions ; mob). ee LE Qi A) Tete 63 173 Le Chétodon bridé (Chætodon capistratus, L.). 64 Le Chétodon à deux taches (Chætodon bimacula- MR CT A EN ES LE PU A, Re 67 Le Chétodon plébéien (Chætodon plebeius, Br.). 68 Le Chétodon à queue ocellée (Chætodon ocelli- MeudiLs, MOD) AL NT CAS 69 Le Chétodon dorsal (Ckætodon dorsalis,Reinw.). 70 Le Chétodon à dos noir (Chætodon melanotus, LOT ju OA SR EE AE RE Eur Ce 71 Le Chétodon à une seule tache (Chætodon uni- maculatus Dh) eu. 3 4x out 72 Le Chétodon à miroir (Chætodon speculum, K. et 1. 2ÿ GPANT ASE A 2 AN AN EPTER HONOR PORTA 73 Le Chétodon à tache au flanc (Sriofen spilo- pleura, Remw.). ........... ERA SEAT D XV] TABLÉ. Pages. Planch. Le Scatophage orné (Scatophagus ornatus,nob.). 143 180 Le Scatophage pourpré (Scatophagus purpuras- cens mobi). "Re, CR een. 144 Le Scatophage rubanné (Scatophagus fasciatus, nob.; Chétodon tétracanthe, Lacép.)....... Ibid. 8 É Des-Tauricures N rte PS Ve ECO EN 146 Le Taurichte varié (T'aurichthys varius, nob.). 148 181 Le Taurichte vert ( Z'aurichthys viridis, nob.). 151 CHAPITRE V. Des HoLAcANTHES ET DES POMACANTHES ....... 153 Des Horacanwans: dus ON asile Locke art Ibid. L'Holacanthe ciliaire (Æolacanthus ciliaris, Lac. ; Chaætodon ciliaris, Linn. et BL. ; Chétodon cou- ronné, Desmar.) ..... PAR ET AY VER V9 VE AS RARE" L’Holacanthe tricolor (Æolacanthus tricolor,nob.; Chætodon tricolor, BL). ....... HOME 162 L’Holacanthe bicolor (Holacanthus bicolor, nob.; Chætodon‘hicolor, BP) Es 168 L'Holacanthe mulat ( Holacanthus mesoleucos, nob.; Chœtodon mesoleucos, Bl.; Chætodon mesomelas, Gm.; le Mulat, Lacép.)....... 170 L’Holacanthe amiral ( olacanthus navarchus, DOME ce pt ES VON EE AO RER RE 171 L’Holacanthe trompette (Holacanthus tibicen,nob.). 173 L’Holacanthe asfur (Ckætodon asfur, Forsk.).. 174 L'Holacanthe haddaja ( olacanthus haddaja, For} delle es MN EE LEE 175 L’Holacanthe tacheté (Æolacanthus maculosus , nob.; Chætodon maculosus, Forsk.),...... 176 TABLE. xvi] Pages. Planch. L’Holacanthe mokhella (Holacanthus mokhella, Elrenbuse:s8s.… ie dattes: ue 177 L'Holacanthe anneau ( Æolacanthus annularis, Lacép.; Chætodon annularis, BL) ........ 178 L’Holacanthe empereur (Æolacanthus imperator, nob.; Chætodon imperator, B1., Lacép.).... 180 L'Holacanthe duc (Æolacanthus dux, Lacép.; Chætadon, fasciatus: BI.) : us 184 L’Holacanthe à queue jaune (ÆHolacanthus chry- “oumass mob.) fée ae ol nn à 188 L’Holacanthe géométrique (Æolacanthus geome- tricus, Lacép.; Chætodon nicobareensis, B1.). 189 L’Holacanthe à demi-cercles (Zolacanthus semi- cireulatis ob). dur en ment dltés ve 191 183 L’Holacanthe à lignes alternes (olacanthus al- torparns no): ace re tee oadid A 193 . L'Holacanthe bleu (Æolacanthus cæruleus, Ehr.). 194 L'Holacanthe à six bandes (Æolacanthus sexstria- eus; Is SE He) 2 à oûs FRONT: Ibid. L’Holacanthe à trois taches (Æolacanthus trima- culatus , Lacép.)..... ser. eue à sel à 196 182 L’Holacanthe tout-jaune ( Holacanthus flavissi- MUGde En e - SN pa E aid ES LT 197 L’Holacanthe orangé (Æolacanthus luteolus, nob. ; Chætodon luteolus, Park.).............. 198 L'Holacanthe Lamarck (Æolacanthus Lamarck, Lagon). AS EE en dE Ibid. 184 DIE ROMAGANEHES de à da e » aie Ne D 0 DUBe eue 200 Le Pomacanthe doré (Pomacanthus aureus, nob. ; Chætodon aureus, BL.) ....,... ee Éotete 202 7. b XVI] TABLE. Le Pomacanthe noir (Pomacanthus paru, nob.; Chætodon paru, BL).................. Le Pomacanthe à écharpe (Pomacanthus baltea- tusbmoh.). .…. «a c: ÉRRRNRSRR à Le Pomacanthe à ceinture ( Pomacanthus cingu- latus, mob. } . és. Hi SRE ist Le Pomacanthe à cinq bandes (Pomacanthus quin- quecinctus, mob.) . ; as déléie 81308 Le Pomacanthe arqué ( Pomacanthus arcuaius, Lacép.; Chætodon arcuatus, Linn. et BI.). .. CHAPITRE VI. Des Prarax (Pramax, mob.) diam sect ae Le Platax de Gaimard (Platax Gaimardi, nob.). Le Platax de Raynaud (Platax Raynaldi, nob.). Le Platax d'Ebrenberg (Platax Ehrenbergü,nob.). Le Platax de Bloch (Platax Blochü, nob.; Chæ- todon uesper UC, BEN PRET NERNUE Le Platax de Leschenault (Platax Leschenalti, OPEL LE CRE TEME COOL RAI ; Le Platax de Batavia (Platax Batavianus , nob.). Le Platax teïra (Platax teira, nob.; Chætodon deire, BL} ss sarm est L ouate td Le Platax à gouttelettes (Platax guittulatus, nob.; Platax albipunctatus, Rupp.)........... Le Platax pointillé (Platax punctulatus, nob.). Le Platax ocellé (Platax ocellatus, nob.)..... Le Platax noduleux (Platax arthriticus, nob.; Chætodon arthriticus, Bel)............ Le Platax orbiculaire (Platax orbicularis, nob.; Chætodon orbiculuris, Forsk.)....,...... Pages. Planck. 205 208 209 185 229 232 TABLE. XIX Pages. Planch. Le Platax pentacanthe( Platax pentacanthus,nob.; Chætodon pentacanthus, Lacép.) ......... 235 Le Platax scalaire (Platax? scalaris, nob.; Zeus scmaris dub. 0 be re té 237 CHAPITRE VIL Des Pserrus (Pserrus, Comm.).,......... 240 Le Psettus de Seba (Psettus Sebæ, nob.; Chæ- iodon rhombeus, BI. Schn.)............. 241 , Le Psettus rhomboïdal (Psettus rhombeus , nob.; Scomber rhombeus, Forsk.) ............ 245 Le Psettus de Commerson (Psettus Commersoni, nob.; Monodactyle falciforme, Lacép.).... 250 DEUXIÈME TRIBU. Des SQUAMMIPENNES À DENTS TRANCHANTES , . ... 254 CHAPITRE VIII. Des Pimérerrères (Prmererrerus, Lacép.) er DEg Daréionons (y. 7, ER END , Eee Ibid. DES" PEMNELENTRRES, LS A LE RER Ibid. Le Piméleptère de Bosc(Pimelepterus Boscü,Lac.). 258 Le Piméleptère oblong (Pimelepterus oblongior, DODL} EME ONE M ENT PLEASE de 26% Le Piméleptère brun (Pimelepterus fuscus, nob.; Xyster fuscus, Comm.; Xyster nigrescens, En). + : à AU CRE AO UE Ibid. Le Piméleptère inciseur ( Pimelepterus incisor, nob.; Chætodon incisor, Park.).......... 266 Le Piméleptère marciac ( Pimelepterus marciac, Q. et G.).. ..... nr ess ss nee 267 187 £X TABLE. Pages. Planth. Le Piméleptère lembo (Pimelepterus lembus,nob.) 269 : Le Piméleptère indien (Pimelepterus indicus , K. et VS EN. AE OR TRE 270 Le Piméleptère à hautes nageoires (Pimelepterus altipinnis, nob.).& 2.7. ....-" 4204. 2.. Ibid. Le Piméleptère de Dussumier (Pimelepterus Dus- stniert, mobe).1..0227 2 CORRE ERREURS Je 2793 Le Piméleptère de Raynaud (Pimelepterus Ray- nel, mob.) 5202. 32 RAP ASIA 274 Des DR SÉRODONS 2 Le hate tete tea raie de rm teTS Ibid. Le Diptérodon du Cap (Dipterodon capensis, ROLE LL LR Eu À ÉLAER en rx, 276 TROISIÈME TRIBU. Des SQUAMMIPENNES À DENTS EN VELOURS OU EN CARDES AUX MACHOIRES ET AU PALAIS... ..... 281 CHAPITRE, IX. Des Casracnozes ( Brama, Bl. Schn.), er EN PARTICULIER DE L'ESPÈCE DE LA MépitTEreanéE. bit, La Castagnole de Dussumier (Brama Dussumieri, ND). cer Me DPI SAS RE RC La Castagnole du germon (Brama orcini, nob.). 295 CHAPITRE X. Des Pemraérines (PrmPxErts, nob.)....... 296 La Pemphéride d’Oualan (Pempheris oualensis, ADR ie sh DE . La Pemphéride d'Otaiti ( Pempheris otaitensis, noi LR RS dé sd rosé TRE 304. 188 190 TABLE. XX] Pages. Plancm La Pemphéride du Bengale (Pempheris mangula, DORE. Le EC LT 304 La Pemphéride de Vanicolo (Pempheris vanico- LÉ 5 a EE, RSR à A CARE ER 305 La Pemphéride de l'Isle-de-France ( Pempheris nesogallie NON). SPRL TE Re .. 306 La Pemphéride des Moluques (Pempheris moluca, no): irons HS dit LE Jun Ibid. La Pemphéride du Malabar (Pempheris malaba- FTP ODA LE els NE AUS 308 La Pemphéride du Mexique (Pempheris mexicana, Ti ORAN D ANUS 2 RONNE Ibid. CHAPITRE XI. Des Arcuers (ToxorTes, nob.).......,.... 310 L'Archer sagittaire (Toxotes jaculator, nob. ; Sciena: jaculatrirs:Pall}. Liens af ee « 314 mm LIVRE HUITIÈME. Des Poissons A PHARYNGIENS LABYRINTHI- FORMES. 4... FAP TOR CA A HR PE TS 323 CHAPITRE PREMIER. Des Anasas (ÆnaBas, nob.)....,........ 325 L’Anabas sennal ({nabas scandens, nob.; Perca scandens, Dald.; Ænihias testudineus, B1.).. 333 CHAPITRE IT Des HéLosromes (/ezosroma4, K. et V.H.).. 341 192 193 XXI] TABLE. Pages. Planch. L'Hélostome de Temminck (Æelostoma Temmin- chuis et VO)... saunas e 342 CHAPITRE II. Des Poryacantaes(PozracanTaus,K.etV.H.). 353 Le Polyacanthe de Hasselt (Polyacanthus Has- sels, not) ATTEND IS TR Ibid. Le Pihiihe d’Arian-Coupang (Polyacanthus CUDEILUS SOI) OR RE EP RRRE2S e 357 Le Polyacanthe chinois (Polyacanthus chinensis, nob.; Chætodon chinensis, Bl.; Chétodon chi- noi Hacépe): 1: ave dé aprés )en es à sac Ibid. CHAPITRE IV. Des Côvisa (Cozrsa , nob.}.4.48 6281 00 à 4 359 Le Colisa vulgaire (Colisa vulgaris, nob.; Tri- chopodus colisa, Buchanan) ............ 362 Le Colisa béjéi (Colisa bejeus, nob.; Trichopo- dusibejeus Bach} AE PMR Me ie 365 Le Colisa cotra (Colisa cotra, nob.; Trichopodus cotra, Budhe} 2 Si ANG ARR LE e of éaleié 366 Le Colisa lali (Cokisa lalius, nob.; Trichopodus lalius } Buch.). .,,, db ares de Que Ibid. Le Colisa sota (Colisa sota, nob.; Trichopodus soie Buehi)!r.4 esse Ne ns Others 367 Le Colisa chuna (Colisa chuna, nob.; Trichopo- dus’ chunas Bach )iol na TUE 368 Le Colisa unicolor (Colisæ unicolor, nob.) . . .. Ibid. Le Colisa rubanné (Colisa fasciata, nob.; Tricho- gaster fasciatus, BL. Schn.)............. 369 Le Colisa de Pondichéry(Colisa ponticeriana, nob.). 370 194 TABLE. xx] CHAPITRE V. Pages. Planch. Des Macrorones (Macroropus, Late: : 7. "373 Le Macropode vert-doré (Macropodus viridi- Ce CEACOR.). -. 20. Re 373 Le beau Macropode (Macropodus venustus,nob.) 375 197 CHAPITRE VI. Des OsrxromÈnes (OspHromEnNus, Comm.)... 377 Et particulièrement de l’Osphromène gourami (Osphromenus olfax, Comm.).......... Ibid. 198 CHAPITRE VII. Des Tricuorones (TricHopus, Lac.; T'ricHo- case, Pl Sehn )ns. Rit ae fitateule 388 Et particulièrement du Trichopode trichoptère (Labrus trichopterus, Pall.)............ Ibid, 199 CHAPITRE VIII. Des Srirosrancaes (SPrroBrRANcHUS, nob.).. 392 Le Spirobranche du Cap (Spirobranchus capen- ge Or cn NACRE 66 Ibid. 200 APPENDICE AU LIVRE HUITIÈME. Des OrnicéPaaLes (OPxicePHALus, BI.)..... 395 L'Ophicéphale karouvé (Ophicephalus punctatus, MDEL.. ob adaemnanis soi eds 4 404 L’Ophicéphale bordé (Ophicephalus marginatus, nob. ; Ophicephalus gachua, Buch.?)...... 411 201 XXIV TABLE. Pages. Planch L'Ophicéphale cora-mota (Ophicephalus cora- mono: Ps. : ee. 2. ns Ce. 414 L’Ophicéphale brun (Ophicephalus fuscus, nob.). Ibid. L’Ophicéphale orangé (Ophicephalus aurantiacus, Bocbans}à eus ONAE D ER ON 415 L'Ophicéphale tète-de-brochet (Ophicephalus lu- cius,(. Gt'Ve EE ap sé pe UE ÉRIRNN, AEr 416 L'Ophicéphale strié (Ophicephalus striatus, BL). 417 L'Ophicéphale à tête aplatie (Ophicephalus pla- nicbpes PONS) RE RE R REE 424 L’Ophicéphale sowara (Ophicephalus sowara, ROBE NE ne rt fau a AE LE 426 L'Ophicéphale à petites plaques (Ophicephalus HUGTOPERES, A: CLÉS SEA TELE 427 L'Ophicéphale serpentin (Ophicephalus serpenti- nus be} cynisme les: Le ÈS dns à 429 L'Ophicéphale noirâtre (Opkidéphals nigricans, nob.).. at 0 ndmentt amuehlegedsmien 431 L’Ophicéphale marule (Ophicephalus marulius, Buchan. )t-dus remets: M Lomgls de 2 432 L'Ophicéphale œillé (Ophicephalus ocellatus , -nob.; Bostrichoïde œillé, Lacép.)........ 434 L’Ophicéphale grélé (Ophicephalus grandinosus, DOMDh au du due rte tte RENE homiane Tbid. L'Ophicéphale barca (Ophicephalus barca, Buch.) 436 L'Ophicéphale tacheté (Ophicephalus maculatus, nob.; Bostriche tacheté, Lacép.). ........ 437 L'Ophicéphale miliaire (Ophicephalus miliaris , nobe}l: slash 4bthuase leon à hs 14 Au 439 L'Ophicéphale iris (Ophicephalus iris, nob.)... Ibid. (Par M, le B.” Cuvier.) 202 203 TABLE. ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX TOMES I, III ET VII. Pages. Additions au tome second............ TT AE Addition à l’arüicle du Sandre bâtard de Russie. Ibid. L’Apogon oreillard (Æpogon auritus, nob.)... 443 Le Mérou pavonin (Serranus pavoninus, nob.). Ibid. La Diacope bourgeois (Diacope civis, nob.) ... 444 La Diacope à tache blanche (Diacope alboguttata, DO RS SU: à ro. LS die) s . 445 Le Mésoprion madras (Wesoprion madras, nob.). 446 Le Mésoprion à mâchoire rose (Wesoprion ery- thrognathus, nob.)........ nn. des à AE T Additions et corrections au tome troisième... 448 Addition à l’article de la Gremulle commune.. .. Ibid. Addition à l’article du Babir des Russes. . .... 449 Le Centropriste hirundinacé (Centropristis hirun- dinaceus, nob.)....... ARTE EE: RP re 4 Ro Le Niésonitie géorgien ue istes georgia- nuSyMOob.).bks., aatsrse CAMERA A RUN TUE es BR Additions et corrections au chapitre XX...... 454 Des Centrarchus, des Pomotis et d'un nouveau genre nommé BRYTTE............. snel bide Correction et addition à l’article du Centrarchus sparoidesssharsts statues dat à A séint 4aB Correction à l’article du Pomotis gulosus, et transport au genre centrarchus. . ....... « 459 Le Centrarchus vert (Centrarchus viridis, nob.). 460 Le Centrarchus à quatre épines (Centrarchus te- tracanthus; nob.}3,6 88 ar es id, XXV Planch, XXV] TABLE. Pages. Planch. Des Barres (Barrruseunob.).. 4%... 461 Le Brytte pointillé (Bryttus punctatus, nob.). 462 Le Brytte maillé (Pryttus reticulatus, nob.)... 463 Le Brytte unicolore (Bryttus unicolor, nob.)... 464 Additioñszan genie Pomotis.s LUN 4 Ibid. Le Pomotis de Ravenel (Pomotis Ravenelü,nob.). 465 Le Pomotis d’Holbroock (Pomotis Holbroocki, ne die de sit va 2). ee 466 Le Pomotis coupeur (Pomotis incisor, nob.)... Ibid. Le Pomotis bossu (Pomotis gibbosus, nob.)... 467 Le Pomotis sun-fish (Pomotis solis, nob.).... 468 Le Pomotis de Catesby (Pomotis Catesbei, nob.). 469 Additions au chapitre XXI............... Ibid. Le Priacanthe aux grandes ventrales (Priacanthus matropus,)nob) tn itntrefuirens Ibid. Le Priacanthe macroptère (Priacanthus macrop- lerusnob.). sé réh vante oh Lion einen. 471 Le Priacanthe miroir (Priacanthus speculum,nob.). Ibid. Le Priacanthe fanal (Priacanthus fax, nob.)... 473 Addition à l’article du Doules bordé. ....... 474 Le Doules de Guam (Dules guamensis, nob.). Ibid. Addition à l’article du Doules à queue rayée... 475 Le Doules tacheté (Dules maculatus, nob.).... Ibid. Addition à l’article du Doules de roche... .... 477 Le Doules de Vanicolo (Dules vanicolensis,nob.). 478 Le Doules malo (Dules malo, nob.)......... 479 Addition à l’article du Thérapon jerboa...... Ibid. Le Datnia rubanné (Dainia virgata, nob.).... 480 Des Nanous (Vanpus, nob.)...........4.. 481 Le Nandus marbré (Vandus marmoratus, nob.; Coius nandus, Buch.)............ Petar) 4813 07 TABLE, XXVI} Pages. Planch: Addition à l’arucle du Myripristis du port Praslin. 486 Le Mvripristis kunté (Myripristis kuntee, nob.; Sullanaroo-kuntee, Russ.).............. 487 Le Myripristis de Bourbon (Myripristis borboni- CuSMBODS )PA LC à 22.0 CAN LU SEM ... 489 Addition à l’article du Myripristis hexagone . .. Ibid. Addition à l’article du Myripristis à petites dents. 490 Le Myripristis axillaire ( Myripristis axillaris, no DE an Re AA PORTE JE, ertREr 3 491 Le Myripristis rayé (Myripristis vittatus, nob.). 492 Le Myripristis lime (Myripristis lima, nob.)... 493 Addition à l'article du Myripristis murdjan. .. 495 Addition à l'article de l’Æolocenirum à longues nageObres MSP EESNEMTEETS LIN VarFrRt 496 Addition à l’article de l’'Aolocentrum des Indes orientales. ..,.. NE 0 nd J'EN 497 Addition à l’article de l'Zolocentrum lion. .... Ibid. Addition à l’article de l’Æolocentrum spinifère d'Arabie... ... CHR D ANS OT QE TS PTS 498 Addition à l’article de l’Æolocentrum à grosses ÉPRÈIÉS v4 AV ER PNG PAT SMNOMTE TE 499 Addition à l’article de l’Æolocentrum à téte large. 500 L’Holocentrum operculaire ( Æolocentrum oper- culare, nob.)....... vas pl, PORC 5o1 L’Holocentrum argenté (Æolocentrum argenteum, 1110 07) PENSE CREER AE EE TES 5o2 L'Holocentrum piqüre-de-mouche (Æ/olocenirum stercus muscarum, nob.) .:............ 503 Du Ravyncuicute (RayNcnrcHTHys)...... . Ibid. Le Rhyÿnchichte de la Bonite (Rkynchichtys pe- lamidis, nob.)....... 3 PAR UE, .... 504 208 XX VII] TABLE. | Pages. Planch. Addition à l’article du Percis à six ocelles.... 5o7 Addition à l’article de la Sphyrène bécune . . .. Ibid. La Sphyrène de Dussumier (Sphyræna Dussu- mieri, nobe}... 4, idee Lire osent 508 Addition à l’article de la Sphyrène de Forster. 509 Corrections et additions au chapitre XXXIL.... 510 Le Paralepis corégonoïde (Paralepis coregonoi- dés; Passons srnuesete sus nt Ibid. Addition à l'article du Polynème à longs filets. 512 Le Polynème aux pectorales noires (Polynemus mnelañochir, 20h.) : 14; sr io euil sis 513 Addition à l’article du Polynème tétradactyle... 514 Addition à l’article du Polynème à six brins... Ibid. Le Polynème à six fils (Polynemus sexfilis, nob.). 515 Le Polynème à filets jaunes (Polynemus xantho- nemuys, nob;), : Siren pete it De de 517 Addition à l’article du Polynème à quatre fils. 518 Addition à l’article du Polynème à neuf brins. Ibid. L’Upénéus à deux rubans (Upeneus bipittatus, nob M ubumes at. 5h bte 520 Addition à l’article de l'Upénéus de Ceilan.... Ibid. L’'Upénéus de Vanicolo (Upeneus vanicolensis, ñob:}. cu «ruse ie leteie hrs 521 L’'Upénéus jaune (Upeneus luteus, nob.)..... Ibid. L'Upénéus à grosses levres (Upeneus crassilabris, IS A ER à eo LOMME 5a3 L'Upénéus capucin (Upeneus fraterculus, nob.). 524 L'Upénéus à deux raies (Upeneus bilineatus, nob.). 525 L'Upénéus athérinoïde (Upeneus atherinoides, ob.) 8 sn taueéé Wochanetée tal RES 526 L'Upénéus cyprinoïde (Upeneus cypr de nob.) Zbid. TABLE. XXIX Pages. Planch, Addiions au tome septième. ............. 527 Le Chétodon à deux baudriers (C.ætodon dizos- ter nas ec 08 Plus. AR A Ibid. Le Tranchoir à moustache épineuse (Zanclus ca- nescens, nob.).. ..,...,. VORE : 11538 (Par M. Valenciennes.) | And is “À: EM TA w' on \ LAS Nr 4 MIA DRE s # na y Fa KL’ ‘ju « + État \ 4 LA Planches. 170. 171. 172. 173. 174. 175. 176. 177. 178. 179. 180. 181. 182. 183. 184. 185. 186. 187. 188. 189. 190. 191. AVIS AU RELIEUR POUR PLACER LES PLANCHES, Chætodon strigatus. ........ vis-à-vis la page 25 Chætodon reticulatus. . ...... HU se ee 32 Chætodoh strisansulus),. à 2e 42 Chelodon ae ES ete ee soul ete 60 Chetodon ephippum: :.. 25,7. ...,.2.24 80 Chefmon longirostris.ss 0,2. 4 4 erstae die 90 Heniochus macrolepidotus. .............. 96 Zanclus cornutus, ...... RP NP ALES 110 Ephippus goreensis. ss se fé ten d'au. 126 Drepane punctata. . Ji... me de {22 PE Scatpphabus ornatus, : 2," tt. 143 T'aurichthys vais. IS Lt : L'ete <£2kD0 Holacanthus trimaculatus.. .......... dt "196 Holacanthus semicirculatus,. ............. 192 Holacanthus Lamarck........... PORTER 198 Pomacanthus cingulatus ................ 209 Platar gutlulalus. "es ... SR are Platas punetilatis. Ds ee re 4? Pimelepierus, Bosci is tn A M ae 262 Dipierodôn capensis .\:. .......... De ae 280 PROS SR. LEP QT CR 244. Brema au. 722 0 À: RO RPPOR NE 292 Pempheris otaitensis. .............. PE Planches. 192. 193. 194. 195. 196. 197. 198. 199. 200. 201. 202. 203: 204. 205. 206. 207. 208. Toxotes jaculator. ....... .. vis-à-vis la page 318 ÆAnabas' scandensii. : 5. : NL ds. + PM O Helosioma Temminckü ............... Fe «302 Polyacanthus Hasselli........... Sas vo OI Colsatvulsars ee. . ER ROSE #64 Macropodus venustus . ....... ET 2" 300 Osphromenus "alfa... ae ne. dr. 382 Trichopoduswrichopierus.. : + LL"... “ee 390 Spirobranchus capensis. ....:........... 394 Ophicephalus marginatus. ....... NE CR 412 Ophicephalus striatus .... 4... .:, 422 Ophicephalus grandinosus . .... DL SR de eh 434 Os renflés de l'ephippus gigas............ 124 Appareils labyrinthiformes . .............. Tête d’ophicéphale . . . .. SN 7 47 es Nandus marmoratus. .....,......... Seal VA DE Rhynchichthys pelamidis1 ............. .. 506 1. Ces deux dernières planches seront distribuées avec la livrai- son prochaine. | CT. VIL, p. 2.) POISSONS OSSEUX. ACANTHOPTÉRYGIENS. il SQUAMMIPENNES. A corps comprimé, écailleux, et à nageoires dorsale et anale fortement couvertes d’écailles, au moins dans . leur partié molle. Point de dénis au palais. Dents en brosses aux deux mâchoires. Préopercule non épineux. Dorsale unique, entièrement écailleuse. Aucuns des aiguillons dorsaux prolongés. CHÉTODONS. Museau court; dents en longues soies. CHELMONS. Museau prolongé ; dents courles, comme en velours: Quelques aiguillons dorsaux prolongés en filamens. HéniocHus. Corps couvert de grandes et fortes écailles. ZaAxcLus. Écailles petites, réduites pour l’œil à de simples âpretés. Dorsale double ; la portion molle seule écailleuse. Trois épines à l’anale; écailles grandes. ÉPurppus. Pectorales courtes. DRÉPANES. Pectorales longues, et taillées en faux. Quatre épines à l’anale ; écailles petites, absorbées sous l’épiderme. SCATOPHAGES. Pectorales courtes. Dorsale seulement échancrée. TAURICHIES. Deux cornes au-dessus des yeux, au-devant d’une forte protubérance occipitale. Préopercule armé d’une forte épine. HorAcANTHES. Corps ovalaire; les aiguillons de la dorsale presque égaux; le sous-orbitaire et le préopercule den- telés. ; POMACANTHES. Corps plus élevé ou arrondi; les épines de la dorsale augmentant rapidement de longueur ; le sous-orbitaire et le préopercule sans dentelures. Dents de la rangée extérieure tranchantes, divisées en trois lobes ou dentelures ; les autres sétiformes. PLATAx. Corps, dorsale et anale très-élevés ; une épine et cinq rayons aux ventrales. Dents en velours ras aux mâchoires. Pserrus. Corps irès-élevé; les ventrales presque réduites à une très-courte épine. Des dents au palars. Dents tranchantes aux deux mâchoires. PIMÉLEPTÈRES. Dorsale unique ; les dents implantées sur les mâchoires au moyen d’un talon prolongé horizonta- lement en arrière. DiPTÉRODONS. Dorsale double; les dents sans talon. Dents en cardes aux deux mâchoires. CASTAGNOLES. Dorsale et anale longues, et étendues sur la plus grande portion du dos ou du ventre. Dents en velours. PEMPHÉRIDES. Dorsale courte et à épines faibles, avancée sur le dos; anale longue et étendue le long de la partie inférieure du poisson. ARCHERS. Dorsale courte, reculée en arrière , à épines très- fortes ; anale courte sous la dorsale. ET. VIL, p. 324.) POISSONS OSSEUX. ACANTHOPTÉRYGIENS. A PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES, ou munis d’un organe ou appareil divisé en feuillets plus ou moins compliqués, et situé sous le crâne, au-dessus des branchies. Point de dents au palaïs. Ventrales à rayons non prolongés en longs filets. ANABAS. Bord de l’opercule, du sous-opercule, de l’interoper- cule, du sous-orbitaire dentelés; celui du préopercule sans dentelures. HÉLOsTOMESs. Bouche petite, protractile; dents attachées sur les lèvres, et mobiles comme elles; l’opercule seul sans dentelures. POLYACANTHES. Dents implantées sur les mâchoires; opercules non dentelés. Un ou plusieurs rayons des ventrales prolongés en longs filets. CozisA. Sous-orbitaire dentelé; préopercule et opercule sans dentelures; ventrales réduites à un seul filet très-long. MACROPODES. Rayons de la dorsale, de l’anale et des lobes de la caudale prolongés en longs filets; ventrales à cinq rayons alongés. OSPHROMÈNES. Dentelures à peine visibles au sous-orbitaire et à l’angle du préopercule ; dorsale longue. TRICHOPODES. Dentelures sensibles au sous-orbitaire et au bord du préopercule; dorsale courte. Des dents au palaïs. SPIROBRANCHES. Pièces de l’opercule sans dentelures. à u È 1108 Je ge deu S'HMSAEE HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. LIVRE SEPTIÈME. DES SQUAMMIPENNES. Nous réunissons dans cette famille l'ancien genre des chétodons de Linnæus, caractérisé par des dents en forme de soies ou de brosses, et quelques petits genres qui diffèrent de celui- là par la dentition, mais qui ont en commun avec lui un corps comprimé et les nageoires dorsale et anale tellement couvertes d’écailles, au moins dans leur partie molle, que lon voit à peine leur séparation d'avec le tronc. Cette disposition est très-frappante, et fait recon- naître ces poissons au premier coup d'œil. Quelques sciénoïdes, telles que les nébris, les lépiptères et particulièrement les èques, ont les nageoires écailleuses, presque de la même manière; mais leurs dents ne sont jamais en soies flexibles, et ia plupart se distinguent par une tête caverneuse et un museau renflé, 7: 1 2 LIVRE SEPTIÈME. qui ne permettent pas de les confondre avec les poissons auxquels nous réservons le nom de squammipennes. D'autres sciénoïdes, telles que les hémulons, offrent encore quelque chose d'approchant; mais il s'en faut que leurs nageoires aient la même épaisseur et soient avec le corps dans la même continuité. L'ancien genre des chétodons, ou les squam- mipennes à dents en brosse, maintenant très- subdivisé, forme la première tribu de cette famille et de beaucoup la plus nombreuse ; une seconde tribu est composée de deux genres à dents tranchantes, les pimélepteres et les diptérodons de Lacépède; et nous réu- nissons dans la troisième des genres qui ont des dents en velours ou en carde, non-seule- ment aux mächoires, mais au palais. Ils s’éloi- gnent déjà assez des autres, et diffèrent même assez entre eux; car il n’est pas possible que les rapports des genres soient toujours du même degré : il suflit pour un arrangement naturel qu'il ny ait pas de genres plus voisins à pla- cer entre ceux que l'on rapproche. A l'article de chaque tribu, nous entrerons dans plus de détails sur ses caractères et sur ceux des genres qui la composent. * 1. Voyez le tableau ci-joint, Dsl Lex. = SOUAMMIPENNES. PREMIÈRE TRIBU. DES SQUAMMIPENNES A DENTS EN BROSSE. (CHæTopoNn , Linn.) Les mers de la zone torride n’ont rien à envier aux terres dont elles arrosent les côtes pour la vivacité et l’agréable disposition des couleurs de leurs productions. Si les contrées chaudes de l'Afrique et de l'Amérique ont leurs soui-mangas, leurs colibris, leurs cotingas et leurs tangaras, l'Océan indien et celui des Antilles possèdent des milliers de poissons encore plus éclatans, dont les écailles reflètent les teintes des métaux et des pierres pré- cieuses, relevées par des taches et des bandes plus sombres, et distribuées avec une symétrie et une variété également admirables. Les ché- iodons surtout forment une famille presque innombrable , et que la nature semble s'être jouée à revêtir des ornemens les plus propres à plaire à la vue; le rose, le pourpre, l'azur, le noir velouté, sont répartis à la surface de leurs corps en raies, en écharpes, en anneaux, en taches ocellées, sur des fonds dorés et ar- gentés, ou nuancés, comme le plus beau nacre, de toutes les couleurs de l'iris; et l'œil de l'homme jouit d'autant plus de toutes ces beautés, que ces poissons, peu volumineux, 4 LIVRE SFPTIÈME. habitués à se tenir près de la côte et entre les rochers où il y a peu d'eau, s’y agitent sans cesse à la lumière du soleil, comme pour lui ‘ faire éclairer d'un jour plus vif tous les orne- mens quils ont recus de la nature. Ce genre a été créé par Artedi, qui en con- naissait seulement six espèces véritables, mais qui y avait réuni, coutre le caractère qu'il lui assignait, des acanthures et des glyphisodons. Ses successeurs ont porté encore plus loin cet abus, et les genres que nous avons formés ou adoptés sous les noms d'amphacanthes, de pomacentres, de dascylles, de premnades, ont été en tout ou en partie placés au nombre des chétodons par Linnæus, Bloch, Gmelin, Shaw et les autres naturalistes de leur temps. Bloch dans son Systema, et M. de Lacé- pède dans sa grande Histoire des poissons, ont commencé à débarrasser ce genre de ces richesses incommodes, et nous avons terminé leur ouvrage en composant cette première tribu , dans laquelle nous avons cherché à renfermer les vrais chétodons à eux seuls, mais en les subdivisant en plusieurs genres. Cette tribu ne comprend plus que des espèces caractérisées par des dents grêles, flexibles, serrées comme les soies d'une brosse, et par des nageoires dorsales et anales enveloppées L= 2 SQUAMMIPENNES, 9 presque jusqu'aux bords par des écailles sem- blables à celles du corps. Leur forme est généralement comprimée et plutôt courte qu'alongée , souvent même plus haute que longue. Le nom de chétodon exprime la nature singulière de leurs dents, et signifie dents en forme de soies (de yxæirn, soie, et d’ed&s, dent). Ces poissons n’en ont qu'aux mâchoires, et leur palais ni leur langue n'en portent aucune. Leur bouche est très- petite ; leurs ouïes mé- diocrement fendues ; leur membrane bran- chiostège soutenue par six rayons seulement. Plusieurs chétodons ont des particularités remarquables dans leur ostéologie : des renfle- mens à la crête du crâne et à quelques-uns de leurs interépineux, ou même aux apophyses de leurs vertèbres, qui ont fait remarquer et recueillir ces os avant que l’on connût bien les espèces dont ils provenaient. Définis comme nous venons de le faire, débarrassés des acanthures, des amphacanthes et des autres genres qu'on leur avait associés si mal à propos, ils forment une réunion très- naturelle, dont il ne serait possible de rien écarter; néanmoins leur grand nombre nous a engagés à les subdiviser, et nous en avons trouvé les moyens dans l'armure de leur préo- G LIVRE SEPTIÈME. percule, les inégalités de leur dorsale, et le plus ou moins de développement de leurs ventrales. M. de Lacépède nous a déjà prévenus à l'égard de plusieurs de ces divisions, et nous avons cru devoir conserver ses holacantkhes, reconnaissables à la forte épine du bas de leur préopercule, et ses acanthopodes, dont les ventrales se réduisent à un petit aiguillon; mais nous réunissons au premier de ces genres ses pomacanthes, qui n’en différaient que par l'ab- sence de dentelure à leur préopercule, et au secord, ses monodactyles, qui ont seulement le corps moins élevé. Quant à ses chétodons proprement dits, qui n'ont point d'aiguillon au préopercule et dont la dorsale est continue, nous les subdi- visons en chétodons plus particulièrement ainsi nommés, à corps ovale, à dorsale peu élevée, et tenant ses bords à peu près paral- lèles à ceux du dos; en chelmons, semblables aux chétodons pour le corps, mais dont le mu- seau s'alonge en un tube fendu seulement au bout; en hkeniochus, qui ont à peu près la forme des chétodons, mais dont un des rayons épineux s'élève comme un fouet beaucoup au- dessus des autres; en platax, dont le museau est si court et dont la dorsale s'élève si rapi- SQUAMMIPENNES. 7 dement que, lanale descendant à peu près de même, leur corps avec ces nageoires a plus d’élévation que de longueur : leurs dents du rang extérieur se divisent en trois pointes. Nous subdivisons aussi ses chétodipteres, où Ja dorsale est divisée en deux, en éphippus, en drépanes eten scatophages, d'après la forme de leurs pectorales et d'autres caractères. Les Hollandais des Moluques, dans les pa- rages desquelles on voit le plus de ces pois- sons, leur donnent le nom générique de AZp- visch (poisson de roche), ou celui de dou- wing, auquel ils ajoutent, pour distinguer les espèces, des titres de dignités, tels que ducs, marquis, etc. Les Espagnols leur donnent des noms de femmes au diminutif : ssabelita, catalineta, eic. Nos colons des Antilles les appellent demoiselles. Le nom de bandoulière, par lequel Bloch les a désignés en francais, est d'un usage beau- coup moins général. Ces poissons, ainsi que l'a remarqué M. Schneider, n'étaient pas inconnus des anciens. Élien (1. XI, c. 23) en décrit, sous le nom de citharædus, deux espèces de la mer Rouge. Nous avons même trouvé ses descriptions assez exactes pour qu'on puisse reconnaitre les poissons sur lesquels elles portent; le premier 8 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. de ces citharædus nous paraît l'holacanthe empereur, et le second, le chætodon vittatus. Aucun chétodon n'habite nos mers d'Eu- rope; mais il parait quil y en a qui s y égarent quelquefois et qui y arrivent attirés par les substances alimentaires qui sortent de certains navires. C'est ainsi que le chætodon capistratus a été pris une fois à Nice, selon M. Risso *: M: Naccari cite le chætodon octofasciatus parmi les poissons de Chioggia ?*; mais 1l est contredit, en ce point par M. de Martens. ÿ Quant au chétodon que M. Couch décrit # comme ayant été pris une fois sur les côtes de Cornouailles, sa description ne me met pas en état de le reconnaître; mais les quatre longues dents que cet auteur lui attribue en avant de la mâchoire inférieure, ne me per- mettent pas de croire qu'il appartienne à ce genre. C'est peut-être une castagnole (sparus Rait, BL), poisson que l’on trouve quelque- fois sur cette côte d'Angleterre. 4. Ichtyologie de Nice, 2.° édit., p. 432. — 2. Giornale di fisica, t. XV, p. 555. — 8. Voyage à Venise, t. Il, p. 436. — 4. Trans. Zinn., t, XIV, p. 78 et 79. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 9 CHAPITRE PREMIER. Des Chétodons proprement dits (Chætodon, nob.). Nos chétodons proprement dits forment la tribu la plus nombreuse de la famille. On en voit des variétés infinies le long des côtes ro- cheuses des deux hémisphères, et surtout des Indes orientales, car le nombre des espèces américaines est assez petit. Partout ils se meu- vent avec rapidité et comme en se jouant au soleil; partout ils offrent des couleurs bril- lantes et agréablement combinées. Leur forme est presque toujours la même: un corps com- primé; une circonscription verticale elliptique ou presque orbiculaire; la queue courte et la caudale tronquée ; la tête petite; la bouche très-pelite, peu ou point sailante; presque toujours douze ou treize aiguillons à la dor- sale et trois à lanale ; les rayons épineux et mous de la dorsale se continuant en une courbe à peu près uniforme; sa partie molle terminée en angle arrondi, ou au moins fai- blement aiguisé. Leur taille demeure médiocre ou petite; leur chair est généralement de bon goût. 10 LIVRE VIL. SQUAMMIPENNES. Ils ont même de la constance dans certaines parties de leur coloration, et l'on voit dans presque tous une bande noire, qui prend de la nuque, descend à l'œil, et de là au milieu de l'interopercule : nous lappellerons /4 bande oculaire. Les bandes, les points et les lignes de diverses directions qu'ils ont sur le corps, à défaut de caractères plus essentiels, seront nos principaux guides dans l'arrangement des espèces. Celles dont les bandes sont verticales parai- tront les premières. Le CHÉTODON BARRÉ. (Chætodon striatus, Linn.) Nous en commencerons l'énumération par l'une de celles qui se péchent le plus abon- damment aux Antilles, et nous lui donnons cette préférence parce que la simplicité de ses couleurs la rend facile à distinguer parmi les autres. Seba', Klein *, Linnæus *, Duhamel‘ et Bloch en ont publié de bonnes figures. 1. Seba, t. TI, pl. 25, fig. 9. — 2. Miss. IV, pl. 10, fig. 4, et pl. 11, fig. 4. — 8. Mus. Ad. Fred., t. 1, pl. 35, fig. 7. — 4. Pèches, sect. 4, pl. 13, fig. 3. C’est la meilleure. — 5. Bloch, pl. 205, fig. 1; copiée dans l'Encyclopédie méthodique, planches ichtyologiques, fig. 177. CHAP. TL CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 11 Selon Duhamel, ce poisson portait de son temps à la Guadeloupe les noms de zébre ou d'onagre. I] n'est connu aujourd'hui dans nos îles que sous celui de demoiselle, qui lui est commun avec les autres espèces du genre; on Py nomme aussi quelquefois portugais. Choris nous l’a envoyé sous ce nom. Nous l'avons recu de Saint-Domingue , de la Martinique et de Saint-Thomas. Bloch prétend l'avoir trouvé dans une col- lection du Japon, et y rapporte likan-batoe- moelia de Valentyn (n° 163); mais d'une part on sait trop combien Bloch a été trompé sur l'origine des poissons qu'il achetait des marchands hollandais; de lautre, cette figure de Valentyn n'est point assez exactement des- sinée, et les couleurs indiquées dans le texte sont trop différentes, pour que l'on puisse admettre sans autre preuve l'existence de ce poisson dans les deux océans. Son corps représente un disque presque rond, deux fois échancré en arrière pour la disunetion des trois nageoires verticales, et un peu pointu en avant pour la proéminence du museau. Sa hauteur est une fois et demie dans sa longueur totale; son épaisseur quatre fois et demie dans sa hauteur. Sa tête a le 4. I le dit vert de mer et les bandes pourpres. 12 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. quart de la longueur totale, et est aussi haute que longue. La courbe convexe du dos devient, au-dessus de l'œil, légèrement concave jusqu’au museau, dont la proéminence répond au milieu de la hauteur de la tête, mais est un peu au-dessous du milieu de celle du corps. La courbe de la gorge et du ventre est moins convexe que celle du dos. La dorsale et l'anale ont leur partie molle terminée en angle obtus; et la caudale est tronquée carrément. La fente de la . bouche est à peine du cinquième de la longueur de la tête. Sa protractilité est médiocre; la parte visi- ble du maxillaire peute, oblongue; le sous-orbitaire oblong, un peu pointu en avant, caché sous la peau. Les dents, comme dans tout le genre, représentent les soies d’une brosse; celles d’en bas sont les plus longues. L’œil est au-dessus du milieu de la hauteur de la tête; mais à peu près au milieu de sa longueur, dont son diamètre fait le uers. Les orifices de la na- rine sont très-près l’un de l’autre et du bord anté- rieur de l'œil, et fort visibles. L’antérieur à un léger rebord; le postérieur est un peu plus rond et un peu plus large. Les deux bords du préopercule sont rec- ülignes et à peu près à angle droit; mais son angle est arrondi ; 1l n’a ni épine ni dentelure. L'opercule, du double plus haut que large, a à son bord posté- rieur, vers le tiers inférieur, un angle un peu obtus. La fente de l’ouie n’est ouverte que jusque sous l'œil où la membrane s’unit à l'isthme; les deux inter- opercules sont serrés contre l'isthme et l’un contre l'autre, de manière que l'appareil operculaire n’a pas beaucoup de jeu. Il y a six rayons branchiaux ; mais le CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 13 premier est caché dans l'endroit où la membrane s’'unit à l'isthme, en sorte qu’on ne le trouve qu’en la disséquant. L’épaule n’a point d'armure. La pec- torale n’a pas non plus d’écaille particulière sur son asselle; elle est demi-ovale ; sa longueur est com- prise quatre fois et demie dans la longueur totale, et l’on y compte quinze rayons, dont le premier est moitié moindre que ceux qui le suivent, et dont les derniers sont fort peuts. L'attache des ventrales est exactement sous celle des pectorales. Leur lon- gueur est la même. Au-dessus est une pièce écail- leuse et pointue, des deux uers plus courie. Leur épine n'a qu'un quart de moms en longueur que leurs premiers rayons mous. La dorsale à douze ai- guillons et vingt ou vingt-un rayons mous. Les quatre premières épines ne sont point garnies d'écailles; mais les suivantes en sont de plus en plus garnies, et l’on n’en voit plus sorur que la pointe des dernières; la partie molle est entièrement écailleuse à un peut bord près : ce sont les troi- sième, quatrième et cinquième aiguillons qui sont les plus forts, et ils le sont mOn sur- tout le cinquième. L'anale commence à l'aplomb du cinquième rayon de la dorsale; elle a trois aiguillons, dont le deuxième est très-fort, et seize ou dix-sept rayons mous; le troisième aiguillon est seul un peu compris dans les écailles ; mais toute la partie molle est écailleuse. La portion de queue derrière les deux nageoires n’a guère plus du dixième de la longueur totale, soit en longueur, soit en hauteur. La caudale en a le sepuème; elle s’arrondit un peu quand on Â4 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES, étale ses rayons, qui sont, comme dans presque ious les acanthoptérygiens , au nombre de dix-sept. Sa base est sensiblement écailleuse ; mais les écailles diminuent tellement sur le reste de sa longueur, qu'elles y disparaissent à l'œil. B. 6; D. 12/20; A. 3/16; C. 17; P. 15; V. 15. Les écailles du corps sont presque arrondies, un peu plus hautes que larges, très-finement cihées dans leur partie visible et striées sur leur limbe, et ont un éventail de quinze rayons et autant de crénelures peu saillantes à leur bord radical : on en compte environ trente-six Sur une ligne depuis louie jusqu'a l'endroit où elles deviennent très-pe- ütes sur la caudale, et dix-neuf ou vingt sur une ligne verticale ; mais leurs rangées supérieures sui- vent en avant la courbe du dos, et les inférieures celle du ventre, en sorte qu’en arrière il s'en inter- cale entre elles. Toute la tête est écauilleuse, même le museau, le sous-opercule et les mâchoires. Les lèvres, petites et minces, sont seules exceptées. La ligne latérale, au quart supérieur de la hauteur, dé- crit une courbe à peu près parallèle à celle de la dor- sale, et se marque par une légère élevure longitu- dinale sur chaque écaille. # Le fond de la couleur est un blanc légèrement irisé. Des lignes grisätres suivent le milieu de chaque rangée d’écailles, en sorte que:celles de la moitié supérieure vont en montant en arrière; celles de l'in- férieure marchent à peu près longitudinalement. Cinq bandes noires diversifient ce fond: la première est la CHAP. TL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 15 bande oculaire ordinaire; elle part d’au-devant du pre- mier rayon dorsal, descend obliquement jusqu’au bord supérieur de l'œil , reprend de son bord infé- rieur et descend verticalement au milieu de celui de l’interopercule; la seconde est plus large, et, par- tant des deuxième, troisième et quatrième aiguillons de la dorsale, passe sous la pectorale et abouut au ventre vis-à-vis la deuxième moiué des ventrales; la troisième, plus large encore, part des quatre der- niers aiguillons de la dorsale, et arrive au milieu de l’'anale. De son extrémité supérieure part la quatrième, qui couvre la base de la partie molle de la dorsale, presque toute la queue et la base de la partie molle de l’anale, pour s'unir de nouveau à la troisième par son extrémité inférieure. La dorsale et l’anale ont en outre une large bordure noire et un liséré jaunâtre. Sur la caudale il y a d'abord une bande du blanc du fond, puis une bande noire, puis une ligne étroite blanche ou jaunâtre, et enfin un peut liséré gris. L'espèce ne parait pas devenir très-grande ; nos in- dividus les plus forts n’ont que cinq pouces de lon- gueur. La cavité abdominale des chétodons n’a d’éten- due qu'en hauteur. Il en résulte que chaque viscère en particulier n’a pas un gros volume, et que l'intes- un n’a de longueur que par les nombreuses circon- volutions qu'il fait avant de s’ouvrir à l’anus. Le foie du chælodon striatus se compose de deux lobes inégaux, triangulaires et pointus, placés de chaque côté de l'œsophage. Le lobe droit est le plus petit. } LS 6 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. La vésicule du fiel est assez grande, à proporuon du volume du foie; elle est cachée par le duodénum. Le canal cholédoque est gros, court, et débouche à la crosse antérieure du duodénum en arrière des appendices cœcales. Sa tunique est épaisse et de couleur de blanc d'argent mat. L'œsophage est court, étroit, et descend oblique- ment dans l'abdomen. L’estomac est ovoide, comprimé de droite à gau- che; ses parois sont minces et sillonnées par de nombreuses et grosses rides irrégulières. Le pylore s'ouvre sur la face dorsale de l'estomac, au-dessus du cardia. Il a huit appendices cœcales, dont sept, longues et grèles, sont appliquées sur la face in- férieure de l'estomac ; la huitième est petite, courte, et se contourne sur la face gauche de l'estomac, de manière à ce que sa pointe se dirige vers le dos du. poisson. Le duodénum s'appuie sur les deux tiers de la face supérieure de l'estomac, qu'il entoure, Son diamètre est plus que le double de celui du reste de l'intestin, qui, après s'être roulé en spirale plus de huit fois dans l'hypocondre gauche, se dilate de nouveau peu avant de déboucher à l'anus. La rate est petite, globuleuse, noirûtre, et située entre le duodénum et l’estomac. Les ovaires de la femelle que nous avons dissé- quée, sont rejetés vers l'arrière de l'abdomen; ils ne forment presque qu’un seul sac, fublement fourchu vers le diaphragme. La vessie aérienne est grande, alongée; elle donne en avant deux peutes cornes courtes et obtuses. Sa CHAP, I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS, 17 tunique externe est épaisse, sohde, fibreuse, et d’une couleur argentée matte. La tunique propre est mince et brille d’un bel éclat d'argent pol. Le péritoine est noirâtre. Dans le squelette?, tout le crâne jusqu'a locciput est solide, convexe, lisse: on ne voit de crêtes qu’à loccipui. La mitoyenne est en triangle vertical, plus haut que long. Son sommet s’unit immédiatement à une petite pièce osseuse, qui sert de tête commune aux deux premiers interépineux , lesquels sont grèles et ne portent pas d'épines. Ceux des sept ou huit premières épines dorsales ont au contraire des lames longitudinales et iransversales larges, quoique minces. Il en est de même du premier de la queue, qui porte les trois épines anales ; les autres sont grêles. IL y a dix vertèbres abdominales et quatorze caudales. Les côtes embrassent une grande partie de l'abdomen, et sont augmentées en arrière d'une lame mince qui en suit toute la longueur. Le CHÉTODON À HUIT BANDES. (Chætodon octofasciatus, Bl., Gmel. et Lacép.) Le chétodon à huit bandes, représenté par Seba (t IT, pl. 25, fig. 12), par Klein (Miss. IV, pl. o, fig. 3) et par Bloch (pl. 215, fig. 1), 1. M. Rosenthal (Planch. ichtyotom., 3.° cah., pl. 15, fig. 2) donne un squelette sous le nom de chœætodon striatus, mais qui n’est point de cette espèce. C'est celui d’un ephippus, probable- ment du fasciatus. n. 2 4 48 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. a la dorsale et l’anale arrondies, et le museau mé- diocre. Huit bandes brunes traversent verticalement le blane de son corps. La première, ou la bande oculaire, est quelquefois divisée en deux; la seconde passe par le bord postérieur de l’opercule; la troi- sième répond à la fin des ventrales, la quatrième à Ja naissance de lanale : ces deux sont un peu rap- prochées; la cinquième et la sixième, aussi un peu rapprochées, aboutissent au milieu de lanale; la . Septième traverse l'extrémité de la dorsale, de l’anale et la base de la queue; la huitième enfin est sur la caudale. D. 41/22; A. 3/7; C. 47; P. 15; V. 1/5. Le Cabinet du Roi possède un petit indi- vidu de cette éspèce, mais sans note sur son origine. Bloch assure que l'espèce vient des Indes orientales, mais sans nous apprendre comment il-le sait, car les auteurs qu'il cite n'en disent rien; il paraît n’en avoir eu qu'un individu desséché ,; dont il a mal compté les rayons mous.” Linnæus avait rapporté la figure de Seba à son perca nobilis, poisson de l'Amérique. septentrionale, qui, d'après les nombres de ses rayons, ne peut guère être un chétodon.* 1. Il les donne comme il suit, chiffrés à notre manière : D. 11/17; A. 3/14; C. 12; P. 16; V. 15; mais sa figure ne laisse pas de doute sur l'espèce. 2. Voici ces nombres rendus à notre manière : D. 19/18; À. 3/7; C, 17; P. 15; V. 15. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 19 Aussi Gmelin la-t-il laissé dans les perches, en supprimant la citation, et a-t-il placé dans les chétodons le poisson de Seba et de Bloch. Ce perca nobilis est devenu le lutjan ma- gnifique de M. de Lacépède (t. IV, p. 222). Après ces espèces distinguées par des bandes verticales, nous en placerons où les bandes (l'oculaire exceptée) sont obliques ou longi- tudinales. Le Cnéronon DE MEYER. (Chætodon Meyeri, BL1) La première est celle que M. de Lacépède, la croyant nouvelle, a nommée Aolacanthe Jaune-et-noir*, en quoi il a commis plus d’une erreur; Car ce nest point un holacanthe, mais un chétodon proprement dit, dont le préoper- cule na aucune armure : il n'est pas jaune et noir, mais blanc ou gris et noir; et loin que l'espèce n'ait pas été décrite, elle l'a été plu- sieurs fois. Renard l'a représentée (1. partie, pl 25, fig. 135) sousle nom de douwing-mar- 1. Syst. posth., p. 223, n.° 27. 2. Holacanthe jaune-et-noir, Lacépède, t. IV, p. 529 et 538, pl: 13, fig. 2. 20 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. quis, et même cette figure est meilleure que beaucoup de celles de son livre. Gmelin a eu grand tort de la rapporter au chætodon an- nularis, qui est un holacanthe. Elle paraît aussi dans Valentyn (n° 347), mais altérée, et s'y nomme zkan-baloe-jang- aboe-aboe-betina, ce qui, dit-1l, signifie fe- melle du poisson de roche gris. On la revoit beaucoup mieux (n° 428) sous le nom de pampus de Camboÿe. Bloch a introduit cette espèce dans son Système posthume, et ly appelle chætodon Meyeri, d'après un médecin de Leyde, dans le cabinet duquel il l'avait vue : il y rapporte avec raison la figure de Renard. C’est un très-beau poisson, bien remarquable par la direction des nombreuses raies qui le diversi- fient. 11 ÿ à d’abord une bande noire à la lèvre infé- rieure; puis un anneau noir qui entoure le museau derrière les lèvres. La bande oculaire est noire, lisé- rée en avant et en arrière de blanc; de sa partie su- périeure part une petite bande noire, qui va rejoin- dre les deux premiers aiguillons de la dorsale. Une autre bande noire, qui traverse sur la jonction de lopercule avec le préopercule, se courbe en haut et en bas; sa parue supérieure se continue tout le long du bord de la dorsale, dont elle n’est séparée que par un léger liséré jaune; sa partie inférieure passe sur la base de la ventrale, et suit la base de l’anale CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. DA jusqu’au bout, ayant à son bord supérieur et à l'in- férieur une ligne blinche, suivie en dessous, à l’anale, d’une ligne noire, puis d’une autre blanche, puis d'une brune lisérée de noir, enfin, du liséré de la nageoire elle-même, qui est jaune. Derrière cette grande bande elliptique, mais sur l’opercule seule- ment, il y a une ligne blanche. Une autre grande bande noire part du bord même de l’opercule, et se dirige en dessus vers le milieu de la partie épineuse de la dorsale, où elle se recourbe sur elle-même, et redescend à la base de la pectorale, traverse cette base, et se dirige parallèlement à la parue inférieure de la précédente, et en suivant la base de l’anale jus- que sur la queue, qu’elle traverse obliquement. Entre les deux dernières branches sont encore deux ban- des, partant de la région derrière l’aisselle de la pec- iorale, et montant obliquement en arrière pour se recourbèr en avant et se terminer l’une à la fin de la partie épineuse, l’autre sur le milieu de la partie molle de la dorsale. Ajoutez deux lignes brunes ou noires; lune au tiers postérieur, l'autre tout près du bord de la caudale, et deux lisérés blanchâtres à cette dernière, et vous aurez une idée de la singu- lière distribution des bandes et des traits qui distin- guent ce poisson. Dans la liqueur le fond de sa couleur paraît jaune; mais, d’après la figure origi- nale de Vlaming, ce doit être dans le frais un blanc bleuâtre. Ses nombres de rayons sont : D. 19/22; À. 3/19; C. 17; P. 16; V. 4/5. Sa dorsale et son anale sont arrondies en arrière, 22 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. et son museau est peu sallant. Sa hauteur est une fois et deux tigrs dans sa longueur. L'individu que nous avons décrit est long de cinq pouces. Il vient des Moluques. Cest le même que M. de Lacépède a fait représenter. La figure qu'il en a donnée est assez exacte, à la bouche près, qui est un peu déformée : elle ne montre pas plus que l'original de trace de piquant à l'opercule ; en sorte que nous ne comprenons pas comment M. de Lacépède a pu faire de ce poisson un holacanthe. Valentyn assure que c'est un mets déli- cieux. Le CHÉTODON TRÈS-ORNÉ. (Chætodon ornatissimus, Soland.) La seule espèce qui se rapproche un peu de la précédente par la distribution de ses rubans, a été rapportée récemment d'Otaiti par MM. Lesson et Garnot; mais elle y avait déjà été décrite, et fort exactement, par So-: lander, qui l'avait nommée chætodon ornatis- Simus. | Sa beauté est aussi très-grande. La lèvre inférieure, l'anneau autour de la bouche, la bande oculaire, y sont comme dans le chætodon Meyeri, et avec des lisérés citrons. Une bande noire, lisérée aussi de jaune en arrière, monte parallèlement à l'oculaire, . CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 23 sur le préopercule et derrière l'œil, jusqu’à la ligne du dos, où elle suit les bases des épines et ensuite tout le bord de la partie molle, qui a encore une ligne jaune et un petit liséré noir. La jonction du préopercule et de l'opercule est aussi marquée par une ligne noire, et l’on en voit une petite sur le bord même de l’opercule, dont le disque est citron. Dans la partie antérieure du dos il y a, derrière la ligne qui va border la dorsale, une large teinte ci- tron; ensuite le disque du poisson est dessiné de sept bandes qui paraissent orangées et lisérées de violet, et courent obliquement sur un fond blanchätre, Les quatre premières vont en montant se perdre sur la dorsale; la cinquième arrive à son bord postérieur ; la sixième coupe obliquement la queue, et est inter- rompue sous la pectorale; la septième marche paral- lèlement à la ligne du ventre, et suit la base de l’anale. Il y a en outre le long du bord de l’anale une bande noire, suivie d’une ligne jaune et d’un petit liséré noir comme à la dorsale, La caudale a sur son milieu une bande noire, et vers son bord une brune, pré- cédée d’un liséré jaune et suivie d’un liséré blanc. Les pectorales et les ventrales sont de la couleur du fond, qui parait un blanc jaunâtre, mais qui dans le frais est un blanc bleuitre. Entre la pectorale et la gorge il y a trois lignes parallèles orangées. La hau- teur de ce poisson est une fois et demie dans sa lon- gueur. Sa dorsale et son anale se terminent en angle obtus et un peu arrondi. Ses épines sont fortes, mais sortent peu d’entre les écailles. D. 12/26; À. 3/21; C. 17, etc. 24 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Il est long de Six pouces. Sôlander a entendu nommer ce poisson parahah à Otaïuü; mais cest un nom généri- que. Selon MM. Lesson et Garnot son nom propre y est param-outou. Le CHéroDoON DE FREHMLE. {Chætodon Frehmlii, Bennet.) M. Valenciennes a dessiné dans le Cabinet de la société zoologique de Londres un beau chétodon des îles Sandwich, que M. Ed. Ben- net a nommé chætodon Frehmli, et qui, par les lignes longitudinales qui le décorent, doit se placer auprès des précédens. Son museau est assez saillant; sa dorsale et son anale sont arrondies en arrière, Le fond de sa cou- leur est jaune, et il a sept lignes longitudinales bleues, un peu obliques, dont la première se rattache à la troisième , derrière le bout de la seconde. Sur la nuque, en avant de la dorsale, est une tache noire; et une large bande verticale noire occupe l'arrière de la dorsale et la base de la queue. La caudale a deux lignes verticales noires, et le bord blanc. Nous n'avons pas ses nombres de rayons. L'individu est long de cinq pouces. CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 35 Le CHÉTODON RUBANNÉ. (Chætodon strigatus, Langsd.) M. Langsdorf a rapporté du Japon un ché- todon qu'il nomme strigatus, et dont les préopercules sont sensiblement, mais fine- ment dentelés tout autour. Son museau est d’ailleurs avancé comme dans le s{riatus; mais ses nageoires verticales sont moins hautes proporüionnellement. Sa troisième épine dorsale dépasse la prenuère et la deuxième , et les autres lui demeurent à peu près égales. Sa deuxième épine anale est très-forte, beau- coup plus que la première et la troisième, qui sont aussi, la première de moitié, la troisième d’un quart plus courtes. D. 11/17; A. 3/14; C. 17; P. 16; V. 1/5. Il a de larges bandes noirâtres, disposées en lon- gueur, comme le striatus en a de verticales. La pre- mière règne le long du bord de la portion épineuse de la dorsale; la deuxième, sur le dos, le long de la base de cette portion, et s'étend sur le milieu de la poruon molle; la troisième part du dos devant la dorsale, et se termine sur la fin de la portion molle, et en parte sur le tranchant supérieur de la queue; la quatrième, de la nuque, et aboutit au milieu de Ja base de la caudale, en coupant deux fois la ligne latérale ; la cinquième, du front, et se termine sur la fin de l'anale; la sixième , qui est moins marquée, part de l'aisselle, et se perd vérs la base de la partie 26 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. molle de l’anale, ou descend même un peu sur ses premiers rayons. Le fond de la couleur paraît avoir été blanchätre ou jaunatre. L'individu est long de huit pouces, et haut de quatre. Il y a aussi de ces chétodons qui ont les flancs semés de points ou de taches brunes sur un fond clair. Tel est Le CHÉTODON MILIAIRE, (Chætodon miliaris, Q. et G.) que MM. Quoy et Gaimard ont rapporté des iles Sandwich, et dont ils ont publié une bonne figure.’ Son museau est un peu pointu. Sa dorsale et son anale se terminent en angle très-obtus. Son corps est blanc jaunâtre, marqué d’a peu près autant de points ou de petites taches brunes que d’écailles, disposées comme en séries verticales, alternativement plus gros- ses et plus petites. Sa tête, sa poitrine et ses nageoires n’en ont pas. Il a d’ailleurs, comme la plupart des au- tres, la bande oculaire noire, et le dessus et le dessous de sa queue ont aussi un peu de cette couleur. D. 1922; A. 8/19; C. 17; P. 14; V. 1/5. L'individu n’est pas long de plus de trois pouces. 1. Zoologie du Voyage de Freycinet, pl. 62, fig. 5, et Diction- aire classique d'histoire naturelles CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. Ar 4 La bibliothèque de Banks possède une figure faite aux iles Sandwich par Weber, qui représente un individu long de quatre pouces et demi, que nous rapportons à cette espèce; il ne diffère du nôtre que parce que ses points sont moins nombreux et que sa bande oculaire s’élargit davantage dans le haut: il est intitulé bowe-eparra. MM. Quoy et Gaimard ont entendu appeler l'espèce manini dans ces mêmes iles. Le CHÉTODON CITRONNET. (Chætodon citrinellus, Brouss.; Douwing- princesse, Ren.) Les mêmes naturalistes ont rapporté de l'ile Guam un chétodon assez semblable au pré- cédent, mais Où les taches du dos sont disposées sur un fond jaunâtre, en lignes qui suivent les écailles et parais- sent bleuâtres. Le long de la base de la dorsale, qui est une parte roussâtre, a des points bruns. La bande oculaire est plus oblique qu’au précédent, et lisérée de blanc à ses deux bords. Son anale a une bordure noire et un liséré jaune au bord intérieur du noir. On ne voit de noir n1 sur sa dorsale n1 sur sa queue. Ses ventrales et ses pectorales sont jaunes. D. 14/21; À. 3/16; C. 17; P. 163 V. 1/5. Notre individu n’a que deux pouces de longueur. 28 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Cest manifestement un jeune de l'espèce que Renard représente (1. part., pl. 8, fig. 59) sous le nom de douwing-princesse. Il existe dans la bibliothèque de Banks un dessin de Parkinson, fait à Otaïu, qui en représente un plus grand que le nôtre, mais de même forme et colorié de même. Il ny a pas à douter qu'il ne soit de cette espèce : il est intitulé chætodon punctatus. Une des- cription correspondante de Solander nous dit que dans le frais les points du corps sont violets, quil y en a de verdätres sur la dor- sale, laquelle est lisérée de blanchätre. Nous avons aussi reconnu l'espèce dans un individu de la collection de Broussonnet, qui est éti- queté citrinellus, nom porté dans le catalogue de Cmelin, et que par cette raison nous avons dû conserver. Enfin, nous en avons vu tout récemment de belles figures dans Les recueils de MM. de Mertens et de Ketlitz, naturalistes de la dernière expédition russe. A Otaïti l'es- pèce se nomme parahah et hereaota-parha. Le CuÉTODON A POINTS ET LIGNES. (Chætodon punctato-fasciatus, nob.) Un troisième de ces chétodons mouchetés a sa bande oculaire päle dans le milieu, et presque CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 29 réduite à une ligne brune sur chaque bord. Ses taches paraissent rousses, et il a en outre six bandes verticales pâles ei peu marquées, descendant jusque vers le milieu du flanc, où elles s’effacent. Sa dorsale et son anale ont chacune une ligne brune ou noire parallèle au bord, lisérée d’une ligne blanche. Sur le milieu de sa caudale est une bande noire, qui représente un croissant, parce qu'elle est plus large dans le milieu. Sa dorsale et son anale sont arron- dies en arrière. La seconde épine de son anale est longue et forte. D. 13/22; A. 3/16; C. 17; P. 14; V. 1/5. Ce chétodon est depuis long-temps au Ca- binet du Roi sans note sur son origine. Mais nous en avons vu une figure parfaitement ressemblante parmi les dessins de l'expédition russe. } Un grand nombre de chétodons manquent de ces bandes ou de ces points multipliés, et joignent seulement à la bande oculaire une ou deux bandes interrompues sur l'arrière du corps, et quelquefois une ou deux taches ou ocelles plus ou moins distinctement lisérés. Il y en a même qui sont absolument ré- duits à la bande oculaire. Tel est 50 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le CHÉTODON VERDATRE; (Chætodon virescens, nob.) espèce rapportée de Timor par Péron, et que M. Desjardins vient de nous envoyer de lIsle- de-France. Son corps et ses nageoires paraissent d’un vert prononcé sur la tête, ohivâtre sur le dos et les flancs, . plus pâle cependant sur un espace assez large en avant et en arrière de la bande oculaire, et sur un autre au milieu du corps. Cette bande seule et le front y sont noirs ou d'un brun foncé. Ses ventrales sont un peu teintes de noirâtre. Il a le museau peu saillant. Sa dorsale et son anale sont arrondies. D. 13/25; A. 3/20, etc. Les individus n’ont que trois pouces. Le coitade de Renard (t. I, pl 5, fig. 50) pourrait bien être voisin de cette espèce; mais ses couleurs sont variées de verdâtre, de jaunâtre et de rougeûtre dans des direc- tions longitudinales. Le CHéropon DE KLEIN. (Chætodon Kleinii, BL, pl. 218, fig. 2.) Le chætodon Kleini de Bloch parait res- sembler à celui que nous venons de décrire par sa forme et par sa couleur; mais l'auteur lui donne des nombres de rayons assez diflé- CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 34 rens, et qui seraient même uniques dans ce sous- genre. D. 17/19; A. 3/20. Il le croit le même que celui qu'a repré- senté Klein (Miss. IV, pl. 10, fig. 2), et en effet ce nombre de dix-sept rayons s'observe dans cette figure ainsi que la forme et la cou- leur égales, sauf la bande oculaire. Au surplus, rien ne nous assure que cette couleur uniforme soit bien celle de l'état frais. Klein et Bloch disent l'espèce des Indes. On en a des individus de quatre et cinq pouces. Les nombreuses espèces qui ont outre la bande oculaire quelque partie noire en arrière, mais sans ocelles et sans filet à la dorsale, nous paraissent pouvoir être réparties d'après la di- rection des stries ou lignes de reflets qui se montrent sur les côtés de leur corps. Il y en a par exemple où ces lignes, entou- rant les bords des écailles, se croisent de ma- nière à faire paraître les flancs mailles. “ 52 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, Le CHÉTODON MAILLÉ. (Chætodon reticulatus, nob.; Chætodon superbus, Brouss.) Cest ainsi qu'Otaïti a procuré à MM. Les- son et Garnot un beau chétodon remarquable par ses flancs maillés ou réticulés en séries lon- gitudinales. Le petit bord des lèvres est jaune, le museau noir, séparé seulement par une ligne jaune citron de la bande oculaire, qui est très-large et qui a en arrière un autre liséré citron. Entre les yeux ces deux par- ües noires sOnt aussi séparées par le front, qui est gris. Le noir de la bande oculaire se continue sous la gorge et la poitrine jusqu'aux ventrales, qui sont aussi noires. Les côtés de la poitrine entre les pec- torales et ce noir du dessous sont citron, et cette couleur passe au gris sur l’opercule et en montant jusqu'au dos. Tout le reste du côté est d’un brun violet, avec une tache ronde de couleur citron sur chaque écaille, ce qui le fait paraître comme réuculé. Le violet devient uniforme et plus pâle, ou presque cendré, sur la dorsale; 1l devient uniforme aussi, mais plus foncé et presque noir, sur l’anale et sur la queue. Le bord de la dorsale est citron , avec un très- peut liséré noirâtre. Sur l'anale le jaune est plus étroit et le bord noir plus large; mais son bord pos- térieur derrière l'angle est tout rouge. La caudale est d'un gris violätre, et a vers son bord deux lignes CHAP. I. CHÉTODONS PROPRÉMENT DITS. 39 d'un noir violet, entre lesquelles est une ligne c1- tron. Le dernier liséré est citron. Ce poisson est long de près de six pouces. Sa hau- teur est une fois et demie dans sa longueur. Il a le museau court, et la dorsale et l’anale terminées en angle un peu arrondi. D. 12/27 ; A 3/22; C. 17, etc. Les Otaïtiens le nomment pararacia. Nous lavons trouvé dans la collection de Brousson- net; il y porte l'épithète de superbus, que lon ne voit pas dans la liste donnée par Gmelin (p- 1269). Les naturalistes de l'expédition russe commandée par le capitaine Lütke, l'ont pris à Uléa, une des Carolines. : Le CHÉTODON PRINCESSE. (Chætodon princeps, nob.) MM. Lesson et Garnot ont rapporté de la Nouvelle-Irlande une autre espèce maillée, dont nous avons trouvé une excellente figure dans le recueil inédit de Vlaming (n° 11), sous le nom de douwing-princess : elle est copiée sous celui de douwing-prince dans Re- nard (1° part., pL 8, fig. 58); mais cette copie est altérée, et l'on y a transformé en taches et en lignes ce qui dans l'original n'est que le reflet des bords des écailles. 7. 5 d QT n P # LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Son museau est saillant, et son chanfrein concave. Sa dorsale est un peu anguleuse. Tout le fond de sa couleur est jaune. Ses écailles sont grandes et rhom- boïdales, en sorte que les reflets de leurs bords re- présentent un réseau à larges mailles ou un pavé. La bande oculaire est presque verticale. La partie molle de la dorsale a un ruban noir parallèle à ses bords, et plus large en arrière, placé entre deux lignes blanches. Sur l’anale 1l n’y a qu’une ligne noire très- étroite et un bord blanc. La caudale a une bande noire en forme de croissant, suivie d’un ruban blane, d’une très-fine ligne noire et d’un liséré gris. Ses pectorales et ses ventrales sont blanches ou jaunâtres. D. 18/21; A. 849; C. 17; P. 14; V. 1/5. Notre individu est long de quaire pouces el demi. Gmelin rapporte le douwing-prince de Re- ard au chætodon vagabundus ; mais cest une espèce différente. En d’autres de ces chétodons à bandes noires vers l'arrière, les stries sont longitudinales. Le CHÉTODON TROIS-BANDES. {Chætodon vittatus, BI. Schn.; Chætodon trifasciatus, Mungo-Park.) Tel est le douwing-baron de Renard (t. I, L 20, fig. 109); figure fort reconnaissable d’une espèce que Seba représente aussi fort CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 5h bien (t. ILE, pl 29, n° 18), et dont nous trou- vons un bon dessin parmi ceux de Parkinson que l'on conserve dans la bibliothèque de Banks. Ce dessin a été fait à Otaïti, et il nous est venu des individus de la même espèce de l'île Guam et de l'ile d'Oualan par les expédi- tions de MM. Freycinet et Duperrey. Les pein- tres de Renard et de Valentyn l'ont observée à Amboine, et MM. Quoy et Gaimard, pendant leur séjour à Bourbon, en ont recu des indi- vidus de Madagascar. Enfin, M. Julien Des- jardins vient de nous en envoyer un de&in fait par lui-même à lIsle-de-France. Ainsi elle est répandue dans toutes les parties chaudes de la mer des Indes et de la mer du Sud. C'est une de celles dont le museau est le plus court; 1l dépasse à peine la courbe générale de l'ovale du corps. Sa hauteur n’est qu’une fois et deux uers dans sa longueur totale. Sa dorsale et son anale sont arrondies. Le tour de sa bouche, la bande oculaire et une ligne qui lui est parallèle et qui descend dès les premières épines de la dorsale sur l’opercule, sont noirs. La bande oculaire est lisérée de citron; une bande noire, également lisé- rée de citron, commence en pointe sur la parue molie de la dorsale, suit sa base, et descend même sur une partie de la base de la queue. Une bande semblable règne sur la base de l'anale, mais se ter- mine à son bord postérieur. Sur le milieu de la cau- 36 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dale est une bande verticale noire. Sur la parue de la dorsale, en dehors de la bande, sont deux lignes étroites brunes, sur un fond de couleur orangée pâle, comme celui de tout le corps, sur lequel des lignes brunûtres suivent les rangées des écailles, qui, dans cette espèce, sont toutes dirigées longitudinalement. D. 13/21 ; A. 3/20; C. 173 P. 143 V. 1/5. Nous n'avons pas d'individus de plus de quatre pouces. LS Valentyn, qui en donne (n.° 03) la même figure que Renard, dit qu'on le nomme en malais :kan-badjoue-besi ou poisson cuirassé, parce qu'on trouve quelque rapport entre la distribution de ses couleurs et celles d’une armure, apparemment telle que la portent les indigènes. Il ajoute que c'est un excellent man- ser. Au n.° 450 il le reproduit sous le nom de pampus du Tonquin, et lui attribue la même quante La description que Mungo-Park' donne de son chætodon trifasciatus, qui est nommé vittatus dans le Bloch posthume (p. 227, ‘41)*, nous paraît très-bien convenir à ce 1. Trans. Uinn. soc., 1. IL, p. 54. 2. Chœtodon longitudinaliter striatus, fasciis tribus capitis nigris; stris sedecim, fuscis, longitudinalibus; squamis ciliatis, in trunco magnis, in capile exilibus ; fascia nigra , flavo-marginata in pinna dorsali; altera ad basin pinnæ anal ; tertia per medium caudæ insignilus; pinnis flavis. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 357 poisson, et les nombres de rayons qu'il lui assigne (D. 15/22; A. 3/18, etc.), ne sont pas assez différens pour que nous ne jugions pas que cet auteur à vu la même espèce que nous. Il l'avait observée à Sumatra parmi les bancs de corail, et l'y avait vue longue de trois pouces seulement. Ce poisson de Mungo-Park est devenu le chétodon trois-bandes de M. de Lacépède (1 IV, p. 498 ). Cest l'espèce actuelle qu'Ælien nous paraît avoir décrite comme le deuxième citharædus de la mer Érythrée’. « D'autres citharèdes, « dit-il, sont pourpres, et ont des lignes do- « rées disposées par intervalles : leur tête est « entourée de ceintures violettes; une au- « devant de l'œil, jusqu'aux branchies; une « à l'œil même, jusqu'au milieu de la tête ; « la troisième entourant le cou, comme un «collier. ? Le CHÉTODON EN DEUIL. (Chætodon luctuosus, nob.) Le Cabinet du Roi possède depuis long- temps un chétodon dont je ne puis indiquer les couleurs, parce qu'il est devenu entièrement noir, 1. Ælien, 1. XI, c. 23. 38 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. mais qui a les formes, le museau court et les stries longiudinales du wiftatus. Ses nombres de rayons, différens de tous les autres, prouvent que c’est une espèce à part, quelles que soient ses couleurs dans Vétat naturel. D. 14/17; À. 3/16; C. 17; P. 15; V. 1/5. Les individus sont longs de cinq à six pouces. Je l'appelle en attendant chætodon luctuo- sus. On en ignore l'origine. Je ne le place 1ci, comme on dit dans les comptes, que pour mémoire. Le Cnéropon T-xorr. (Chætodon tau-nigrum, nob.) Un très-petit chétodon, encore découvert dans l'ile Guam par MM. Quoy et Gaimard, a le museau court et les siries longitudinales du vrt- latus. Sur sa queue, entre la fin de sa dorsale et de son anale, est une ligne noire, à l'arrière de laquelle se joint un triangle de même couleur, en sorte que le tout ressemble à un marteau ou à un T. Sa bande oculaire est étroite. Toutes ses nageoires sont pâles. D. 13/21; A. 5/20, etc. C’est au plus sil est long d’un pouce. En d’autres de ces chétodons les stries sont verticales. CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 39 Le CHÉTODON DEMI-MASQUÉ. (Chætodon semilarvatus, Ehrenb.) M. Ehrenberg a rapporté de la mer Rouge une espèce quil appelle semilarvatus, et dont il a bien voulu donner un échantillon au Cabinet du Roi. Les Arabes de Lohaia la nomment makahal. Son museau est avancé; sa dorsale et son anale sont arrondies et élevées, en sorte que sa hauteur totale, les nageoires comprises, n’est que d'un cinquième ou d’un sixième moindre que sa longueur. IL est d’un jaune brillant. Son ironc est orné de raies ver- ücales rouges ou orangé vif, au nombre de douze de chaque côté. Une grande tache noire occupe chaque côté de la tête derrière l'œil, et couvre les pièces operculaires et une partie de la joue. La partie molle de sa dorsale et de son anale est orangée, et a une bordure jaune, le long du milieu de laquelle court un filet noir. La czudale est jaune, et a au bout une raie brune, suivie d’un bord blanc. D12/265"A"8/275" CTP TSENE US. Ce beau poisson est long de quatre à cinq pouces. Le Cuéropon Dp'ULIÉTÉA. (Chætodon ulietensis, nob.) Parmi les dessins de Parkinson conservés à la bibliothèque de Banks, nous en trouvons 40 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. un fait dans l'ile d'Uliétéa, représentant un ehétodon qui nous paraît devoir se placer ici. Son museau est avancé et pointu. Sa dorsale et son anale sont arrondies, et prennent plus d’éléva- tion à sa partie postérieure. Son corps a des stries verticales, et en outre deux larges bandes verticales peu marquées; l’une répondant au milieu de la par- üe épineuse, l'autre au commencement de la parue molle de sa dorsale. Sa queue est aussi traversée d’une bande noire entre la fin de la dorsale et celle de l’anale. Sa bande oculaire monte obliquement vers la nuque, et son front a des lignes transver- sales claires. Je ne puis donner les nombres de ses rayons. La figure le représente long de trois pouces et demi. Le CHÉTODON LINÉOLÉ. (Chætodon lineolatus, Q. et G.) MM. Quoy ét Gaimard ont décrit et des- siné à l'Isle-de-France un chétodon assez voi- sin de l'uletensis et du semularvatus, qu'ils ont apporté au Cabinet du Roi, et auquel ils ont donné le nom de Znéolé, que nous lui conservons. Son museau est plus sallant, son corps plus oblong; et sa dorsale et sa caudale plus anguleuses qu'aux deux précédens. Il est d’un gris violâtre, traversé verticalement de lignes noirâtres. Une large CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. Aî bande oculaire noire, verticale, a au milieu entre les yeux une tache jaune. Une autre large bande noire occupe la base de la dorsale, à compter de la huitième épine, traverse la base de la queue, et finit sur la base postérieure de l’anale. Le reste de la dor- Sale et de l’anale est orangé. La caudale est jaunätre, avec deux lignes verticales brunes. Les pectorales et les ventrales sont blanchîtres. D. 12/27 ; A. 3/22, etc. Les individus sont longs de sept pouces. Le CHÉTODON FAUCILLE. (Chætodon falcula, B1., pl. 426, fig. 2.) Nous croyons encore devoir placer ici le chætodon falcula de Bloch, qui a sur le dos deux bandes noires, lisérées en avant de blanc, et descendant jusque vers le milieu du flanc, où elles finissent en pointe. La première, un peu courbée en S, répond au commencement de la dor- sale; la seconde, courbée en croissant, au commen- cement de lanale. Tout le corps a des siries verti- cales. Sa bande oculaire l’est aussi, et lisérée de blanc des deux côtés. Sur la queue est une bande noire, et un ruban de même couleur suit le bord des trois nageoires verticales. Son museau est très-avancé, son profil bien concave; et sa dorsale et son anale sont anguleuses. B. 6; D. 13/24; A. 3/23; C. 17; P. 15; V. 15. Nous n'avons pas vu ce poisson, et nous en 49 * LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. empruntons la description de Bloch. II l'avait recu de Coromandel, probablement par son ami, le missionnaire John. Nous doutons beaucoup que les dentelures du préopercule, s'il en existe, soient aussi fortes que sa figure les marque; cependant c'est cette exagération qui a engagé M. de Lacépède à placer ce poisson parmi ses pomacentres. LS Il y à de ces chétodons où les stries sont brisées dans leur milieu, et forment ainsi des chevrons dont l'angle est dirigé en avant. Le CHÉTODON À CHEVRONS AIGUS. (Chætodon strigangulus, Soland.) Les compagnons de Cook, pendant son pre- mier voyage, en avaient pris un de cette sorte à Otaiti, que Solander décrivit sous le nom de strigangulus, et dont Parkinson fit un des- sin qui est demeuré dans la bibliothèque de Banks; l'individu même est dans la collec- tion de Broussonnet, et Gmelin le mentionne (p. 1269) parmi les espèces non décrites de ce genre. M. Valenciennes en a vu un autre exem- plaire apporté des Moluques au Musée royal des Pays-Bas par M. Reinwardt, qui l'avait nommé chætodon triangulum. W s'en trouve CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 43 une figure parmi les dessins des naturalistes de la dernière expédition russe autour du monde. C’est le même poisson que M. Ruppel a donné (pl 9, fig. 3) sous le nom de triangularts ; mais le pesque-douwine de Renard (pl 43, n° 218), quil lui rapporte, ne lui appartient pas. M. Ruppel avait pris ce poisson auprès de Tor, et ne l'y a trouvé qu'une seule fois. Les Otaitiens, selon Solander, le nomment pal- hahäh; mais ce nom est générique. Il est oblong. Sa hauteur est deux fois dans sa longueur. Son museau est assez saillant. Ses nageoires verticales sont coupées en angle. D. 14/15; A. 5/14; C. 17; P. 14; V. 1/5. Tous ses flancs sont occupés par des stries bleuà- tres en chevron, dont la pointe est dirigée en avant. Sa bande oculaire noire est lisérée de jaune et de blanc. Sa dorsale et son anale sont orangées , avec un liséré noir et un blanc. Toute la caudale est noire, bordée de jaune par trois côtés. Le bord postérieur a un liséré noir et. blanc. Le fond de la couleur, selon Solander, est glau- que. La figure de Parkinson le représente d’un vert pâle, et celle des naturalistes russes d’un gris urant au violet. Le bord noir de la dorsale est aussi plus large dans cette dernière figure, ei l’on n’y voit pas le bord jaune du dessus et du dessous de la caudale; néan- moins nous ne regardons pas ces différences comme spécifiques. A4 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. Il n'y a que quatre épines à l’anale dans l’exem- plaire de Broussonnet et dans celui des naturalistes russes ; mais M. Valenciennes en a compté cinq à celui du Musée des Pays-Bas. Ces nombres seraient lun et l’autre assez caractéristiques. La longueur de nos individus est de quatre à cinq pouces. Le CHÉTODON TRIANGLE. (Chætodon triangulum, K. et V.H.) MM. Kubhl et Van Hasselt ont fait dessiner à Batavia un chétodon fort semblable au strz- gangulus | par la coloration de sa queue et par ses lignes en chevrons; mais les angles de ses chevrons sont plus ouverts, et son corps est plus haut à proporuon. Il a en outre trois bandes à la tête : une au front et au museau, la bande oculaire, et une troisième qui tra- | verse l’opercule et la poitrine. Ces bandes tirent au roux dans leur partie supérieure. Le fond de la cou- leur est jaunâtre, et se change en gris-roux sur l'ar- rière. Une bande claire, lisérée de brun , descend de derrière la dorsale sur la base de l’anale, où elle finit en pointe. La dorsale a son bord postérieur, et l'anale toute sa partie molle, lisérés de noir et ensuite de blanc. Sur la queue est un triangle noir tout en- iouré de blanc. 11 n’y a que trois rayons à son anale. L'individu est long de quatre pouces. Nos jeunes naturalistes l'ont nommé chæto- don triangulum. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 45 Le CHÉTODON BARONNE. (Chætodon baronessa, nob.) Le douwing-baroness de Vlaming (n.° 228), copié, mais avec une mauvaise enluminure, par Renard (pl. 43, fig. 218) sous le nom de pesque-douwing , doit être fort voisin de ce triangulum, si ce n'est pas lui-même. Il y en a aussi une copie altérée dans Va- lentyn (n.° 145), intitulée pampus-flambé. Ses raies jaunes en chevron sur un fond gris sont pareilles, et la par tie postérieure de son corps est aussi de couleur sombre, avec un bord päle aux nageoires. Il a aussi trois bandes à la tête; les deux antérieures noires, la postérieure fauve, et la bande blanche sur la queue. Mais, au heu d’un triangle noir sur la caudale, cette nageoire est brune, avec un tri- ple liséré noir, blanc et fauve à son bord postérieur. Il restera à examiner si ses différences vien- nent du peintre ou de la nature. Le CHéroponN MAsQué. (Chætodon larvatus, Ehrenb.) Parmi les poissons de la mer Rouge rap- portés par M. Ehrenberg, il en est un qu'il nomme /arvatus, qui a aussi des raies disposées en chevron, mais sur un angle plus obtus que les précédens ; .elles A6 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, sont jaunes sur un fond gris. Toute la tête et le museau, depuis la nuque jusqu’à la gorge, est d’un brun rouge de brique. La parüe postérieure du corps, y compris l'extrémité de la dorsale et de l’anale, et presque toute la caudale, sont noires, un peu teintes de roux vers le bas. Un trait jaune sé- pare le roux antérieur, et un autre le noir posté- rieur, du fond gris du corps. Le bout de la queue est blanc, ainsi que le bord postérieur de la dorsale , etde l’anale. D. 11/27; A. 3/92, etc. Les individus sont longs de trois pouces à trois pouces et demi. M. Ehrenberg a bien voulu en donner un échantillon au Cabinet du Roi. Le CHÉTODON KARRAF. (Chætodon karraf, nob.) Un autre petit chétodon de la mer Rouge, dessiné par M. Ehrenberg, a encore des raies en chévron, mais grises sur un fond bleu. Le museau est brun-roux, séparé par une ligne blanche de la bande oculaire noire, qui a une autre ligne blanche à son bord postérieur. L’arrière du corps a aussi du noirâtre, et à la base de la cau- dale est un anneau noir, séparé du noirâtre du corps par une ligne blanche. La caudale elle-même est bleue. Nous n’avons malheureusement pas ses nombres. L'individu n’a guère plus d’un pouce. CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. A7 Il est encore plus voisin du baronessa que le Zarvatus. Les Arabes de Massuah le nomment {arraf. Le Cuétropon DE MERTENS. (Chætodon Mertensii, nob.) M. de Mertens, l’un des naturalistes de lex- pédition russe du capitaine Lütke, nous a montré la figure d’un chétodon dont la forme est à peu près celle du triangulum, mais Où l'angle de la dorsale est plus aigu et le mu- seau un peu plus saillant. Le fond de sa couleur est blanc et tire un peu au rosé, avec des stries grises : en chevron. Il n’a qu’une seule bande oculaire noire, A assez étroite. La partie épineuse de sa dorsale est jon- quille. Une large bande orangée occupe la partie molle, et toute la partie du tronc située au-dessous, et se termine en se rétrécissant sur la partie posté- rieure de l’anale; elle y a un fin liséré noir. Sur le milieu de la caudale est une bande verticale jaune. ————— Parmi ces espèces à stries en chevron, il y en a qui se distinguent encore des autres par les petits nombres de leurs rayons mous. 48 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le CHÉTODON BIFASCIAL. (Chætodon bifascialis, nob.; Chætodon taunary, Q. et G.!) | MM. Quoy et Gaimard en ont rapporté de Pile Guam un petit, oblong, qui, outre sa bande oculaire noire, lisérée d'argent des deux côtés, en a une large, qui descend verticalement et sans interruption de la parue molle de la dorsale, qu’elle couvre en entier, sur la moitié | postérieure de celle de l'anale; elle a un liséré d’ar- gent à son bord antérieur. Sur la base de la caudale : est une ligne verticale noire. Le fond de la couleur est un gris jaunâtre, plus blanc vers le bas. Le dos a des stries qui descendent, et le ventre en a qui montent obliquement en avant, en sorte qu’elles font des angles très-ouverts. D. 14/16; A. 4/16. Sa longueur est de dix-huit lignes. Cette espèce est représentée dans la zoolo- sie du Voyage de Freycinet (pl. 62, fig. 5) sous le nom de chætodon taunay; mais la figure est peu exacte. Quant à la dorsale et aux raies en chevrons, elles y sont oubliées. 1. Zoologie du Voyage de Freycinet, p. 379. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 49 Le Céropon DE LEAcx. (Chætodon Leachii, nob.) Lesmêmes nombres de rayons, si rares dans ce sous-genre (D. 14/46; À. 4/16), se sont re- trouvés dans un chétodon que nous a donné le docteur Leach, et qui a malheureusement perdu toutes ses couleurs, dont il ne reste de trace que les deux lisérés blancs de sa bande oculaire. Il est oblong comme le bifascials et a le museau encore plus court. La partie molle de sa dorsale est en pointe aiguë, qui va presque aussi loin que la caudale. C'est le cinquième iayon mou, qui est le plus long. L’anale est simplement anguleuse; la cau- dale est coupée carrément. D. 14/16; A. 4/16; C. A7; P. 15; V. 15. Sa longueur est de cinq pouces. Nous devons faire remarquer aussi que dans ces deux espèces les dents inférieures attachées A i D en paquet au-devant de la machoire, sont plus longues que les autres et terminées en cro- chets. Ce sera peut-être un jour un caractère de sous-genre. Le plus grand nombre des chétodons dont nous parlons a ses stries latérales obliques, et k f 50 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, très-souvent elles sont à demi croisées, c'est- à-dire que les antérieures descendent oblique- ment d’arrière en avant, et que les postérieures montent de facon à rencontrer la dernière des antérieures, et à y aboutir par des angles droits ou à peu près. Elles les croiseraient, si elles se prolongeaient. Le CHÉTODON VAGABOND. (Chætodon vagabundus, Linn.) Le chætodon vagabundus de Linnæus est l'exemple le plus connu de cette disposition. Il a le museau un peu saillant, et le profil con- cave. Sa dorsale pq son anale sont arrondies. Les lignes brunes de la partie antérieure de son dos, depuis la dernière épine de la dorsale jusqu’à la pec- torale, montent obliquement en arrière. Celles du flanc et du ventre, en arrière de la pectorale, mon- tent au contraire obliquement en avant ; en sorte que, si elles étaient continuées, elles croiseraient les autres. Outre la bande oculaire, il a une bande noire, qui suit la base de la partie molle de la dorsale, coupe la base de la queue, et descend sur une moitié de la base de la parue molle de l’anale. En outre, ces parties de nageoires sont bordées de noir, avec un liséré blanc; et sur la caudale il ÿ a deux bandes noires, dont celle qui est plus près de la base est un peu en croissant. Le fond de la couleur est plus ou moins jaune. Dans le frais on voit sur le brunâtre CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 54 du front quelques lignes transverses jaunes, qui se perdent par la dessiccauon. D. 13/25; À. 3/22; C. 17; P. 175 V. 1/5. La disposition et même la forme des viscères du chœtodon vagabundus ne diffèrent presque pas de ce que nous avons observé dans le chætodon stria- dus. Le foie est un peu plus gros, et la vésicule du fiel plus petite. Le canal cholédoque s’insère au même endroit sur le duodénum. Il y a deux cœcums de plus au pylore, c’est-à-dire huit à gauche et deux à droite de l'estomac. La vessie natatoire a un peu moins de capacité, et ses parois sont beaucoup plus minces. Ce poisson a été rapporté de lTsle-de-France par Péron et M. Freycinet, et de Vanicolo par MM. Quoy et Gaimard lors de leur second voyase. Il habite aussi les Moluques, car les mêmes naturalistes l'ont rapporté d'Amboine. On en trouve dans Renard (1° part., pl 23, fig. 156) une figure prise de Vlaming (n° 214), et correctement dessinée. Les bords y sont seulement enluminés en rouge, au lieu de noir ou de violet. Renard l'appelle douwing- duchesse; dans Vlaming elle est en effet éti- quetée douwing-hartoginne, mais il l'appelle aussi major. La figure de Bloch (pl. 204) est aussi très-bien dessinée; mais faite d’après le sec, elle est coloriée trop en brun. 52 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Bloch cite dans sa synonymie quelques figures qui appartiennent à d’autres espèces, comme Renard, t. 1, pl 8, fig. 58, qui est notre chætodon princeps; pl. 21, fig. 116, qui est notre chætodon decussatus; et il en est de même de Klein (Miss. IF, pl. o, fig. 2). Les n.” 34, 43 et 157 de Valentyn sont à peu près indéchiffrables. La figure de Seba (t& IE, pl 25, fig. 18), que Bloch cite aussi, n'a pas du tout les mêmes lignes sur le corps ni les mêmes bandes sur les nageoires. C'est une espèce toute différente. Parkinson avait dessiné à Otaiti Le chæto- don vagabundus, mais sans le reconnaitre, et il l'avait appelé chætodon speciosus. Sa figure est conservée dans la collection de Banks, et nous avons vu le poisson même dans celle de Broussonnet. Cest sans doute l'espèce annoncée sous ce nom et comme non décrite dans la liste que Gmelin a placée à la fin de son genre chætodon (p. 1269). Le CHÉTODON DE SEBA. (Chætodon Sebæ, nob.) Il y a une espèce voisine du vagabundus, mais moins ornée, que MM. Quoy et Gaimard viennent de rapporter de la Nouvelle-Guinée, CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. D9 et dont nous ne trouvons d'indication que dans Seba (t. ITT, pl. 26, n.° 36), ce qui nous a engagés à lui donner le nom de ce fameux collecteur. | Elle à les nageoires verticales un peu plus arron- dies. Du reste ses formes, ses stries, sa bande ocu- lire, le bord noir de la dorsale et de l’anale, la bande transverse sur la base de la caudale, sont les mêmes que dans le vagabundus; mais il y manque la grande bande verticale de l'arrière du corps, et la seconde ligne de la caudale. D. 13/26; A. 3/21; C. 17; P. 16; V. 45. Notre individu n’a que deux pouces. Seba en a un de quatre. Le CRÉTODON A COLLIER. (Chætodon collare, BL.) Il ne serait pas impossible que le chæto- don collare de Bloch (pl. 216, fig. 1) für de l'espèce de ce chætodon Sebæ, et que le brun d'avant et d'après le liséré pâle de la bande oculaire y eüt été exagéré, de manière à pré- senter comme trois bandes verticales brunes ou noires sur la tête; cependant Bloch lui compte deux rayons mous de plus à la dorsale. D. 12/28; A. 3/21, etc. Sa dorsale montre une ligne blanchätre en de- 54 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dans du bord, et 1l y a une bande noträtre sur le milieu de sa caudale. La figure lui donne environ cinq pouces de lon- gueur. Bloch prétend l'avoir recu du Japon, et lui rapporte le n.” 10 de la planche 25 , tome 3, de Seba; mais cette figure, comme celle de Bloch, est faite d’après un individu mal con- servé; elle semble avoir le profil moins verti- cal que celle de Bloch. Le CHÉTODON CROISÉ. (Chætodon decussatus, nob.) Le golfe du Bengale nourrit une belle es- pèce, dont les siries sont disposées comme dans le vagabundus, et qui, outre sa bande oculaire, a la partie molle de sa dorsale et de son anale entièrement noire. La por- üuon de queue qu est entre elles, est même teinte de noirâtre, On remarque seulement une ligne blan- châtre ou jaunâtre en dedans du bord de l’anale. La caudale est jaune, et a le bord , et une bande en croissant sur son milieu, de couleur noire. Ses pec- torales et ses ventrales sont blanches ou jaunes. Le fond de sa couleur est d'un gris blanchätre. Son museau est assez saillant, son profil un peu con- cave, et sa dorsale et son anale sont anguleuses. D. 13/25 ; À. 3/21; C. 17; P. 16; V. 1/5. Notre individu est long de six pouces. CHAP. IL. CHÉTODONS PROPRÉMENT DITS. 55 Ce poisson nous a été envoyé par M. Lesche- nault de Pondichéry, où on le nomme taraté. Russel l'a parfaitement représenté (fig. 83) sous le nom de painah, qu'il porte à Vizagapatam ; mais il le soupconne à tort d'être le vagabun- dus de Linnæus. C'est aussi, à ce quil nous semble, cette espèce dont Klein (Miss. IF, pl. 9, fig. 2) a donné une figure, que l’on a également rapportée au vagabundus. M. Leschenault nous assure qu'elle est com- mune dans la rade de Pondichéry, et quelle y parvient à une longueur de dix pouces. C'est un bon manger. Le CHÉTODON PEINT. (Chætodon pictus, Forsk.) Le chætodon pictus de Forskal (p. 65, n.° 92) doit bien peu différer de ce decussatus. La disposition de ses stries, les nombres de ses rayons, sa bande oculaire, celle de sa queue, les rubans de sa caudale, sont les mêmes. Sa dorsale est aussi de couleur noire'; mais Forskal décrit au vertex cinq lignes transverses fauves, dont ni Russel 1.1 Ja probablement ici dans le texte de Forskal une faute d'impression : Pinna dorsalis nigra ante radios spinosos. On doit eut ‘il faut écrire pone au lieu d’ante; car avant les rayons épineux la nageoire dorsale n’est pas ; elle ne commence qu'avec eux. ss 5G LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. ni MOI n'avons aperçu aucune trace dans le decus- salus, et qui sont sans doute analogues à celles du vasabundus. Forskal avait observé ce poisson à Moka. Le CHÉTODON DEMI-DEUIL. (Chætodon mesoleucos, Forsk.; Chætodon hadjan, BI. Schn.) * Le chætodon mesoleucos du même voya- geur (p. 61, n.° 83) doit également être fort semblable et au decussatus et au pictus. Sa partie antérieure est blanche; la postérieure brune, avec douze stries noirâtres. Sa caudale est noire, bordée de blanc à son extrémité ; et_elle porte sur sa base une bande en croissant de couleur blan- che, à pointe fauve. Sa bande oculaire est comme dans les espèces voisines. Les ventrales sont blanches. B. 6; D. 13/24; A. 822; C. 17; P. 16; V. 15. Forskal avait vu ce poisson à Moka, où on l'appelle kadjan. Cest le chætodon hadjan de Bloch dans son Système posthume, et il ne faut pas le confondre avec son chætodon mesoleucos ou chætodon mesomelas de Gmelin, qui est un holacanthe. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS, 57 Le CHÉTODON LUNE. (Chætodon lunatus, Ebhrenb.) M. Ebrenberg a rapporté de la mer Rouge un chétodon fort voisin du vagabundus, mais qui a les nageoires plus arrondies. Sa bande oculaire est plus large, et il a à sa parue frontale, au milieu, une tache de la couleur du corps, qui est argenté. Une large bande noire descend, en se cour- bant, depuis la moitié postérieure de la dorsale épi- neuse jusque tout près du commencement de la partie molle de l'anale. Les nageoires sont jaunes et sans bordures, excepté la caudale, qui a vers le bout un large bord noir et un liséré blanc. D. 19/25; A. 3/15; C. 17; P. 16; V. 1/5. M. Ehbrenberg nomme cette espèce chæto- don lunatus. L'échantillon a sept pouces de longueur. Le CuHéÉTroDoN BORDÉ. (Chætodon marginalus , Ehrenb.) Une autre espèce, également due à M. Eh- renberg, et qu'il a nommée marginatus, a comme le /unalus un museau médiocrement sail- lant, et les nageoires verticales arrondies. Son corps est argenté, à stries obliques notrâtres. Sa bande ocu- laire est réduite à une ligne étroite. Il a les nageoires jaunes, une tache noire à la poitrine, une ligne 58 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. noire sur la base de la caudale, dont le bord pos- térieur est blanc. L'individu, long de quatre pouces, a été pris à Massuah. Le Cuéropon DE DESJARDINS. (Chætodon Abhortani, nob.) . M. Desjardins vient de nous envoyer de [Tsle-de-France un chétodon qui se place ici dans la série. Sa nuque se relève. Son museau est médiocrement saillant, Son corps, argenté, avec des reflets olivâtres, a dix-sept lignes noirâtres, toutes au-dessous de la ligne latérale, toutes descendant obliquement d’ar- rière en avant; une seule bande oculaire, noire, lisé- rée de blanc; une large teinte d’un brun noirâtre sur l'arrière du dos et la base de la dorsale; une bande brune, mal terminée, plus large en avant, le long de la base de l’anale ; une bande brune sur la queue et une ligne noire sur la caudale : l'intervalle est jaune; le reste de la caudale grisätre. Sur l'arrière de la dor- sale et de l’anale est une teinte d’un orangé vif. Ces deux nageoires sont lisérées de blanc. Les ventrales sont jaunes, les pectorales grisâtres. D. 12/21 ; A. 3/18; C. 17; P. 15; V. 15. Longueur, trois pouces et demi. CHAP. IL CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 59 Le CHÉTODON CROISSANT. (Chætodon lunula, nob.; Pomacentre croissant, Pacép., t IV,p 507 et 529) Nous placerons ici un des chétodons de la mer des Indes, qui est peut-être le plus singu- lièrement coloré. Commerson en a laissé deux individus secs, et une description fort exacte, de laquelle M. de Lacépède a extrait son ar- ücle du pomacentre croissant, quoique rien dans cette description n'indique d'autres ca- ractères que ceux des chétodons. Depuis lors M. Mathieu nous en a rapporté de l'Isle-de- France d’autres individus dans la liqueur, et nous en avons vu parmi les dessins conservés à la bibliothèque de Banks une très-belle figure, faite à l'ile du Prince-de-Galles entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Hollande ; enfin, MM. Quoy et Gaimard viennent de le décrire et de le peindre à l'Isle-de-France. Il y en a aussi une très-bonne figure dans le recueil de Vlaming (n. 233); et je m'étonne beaucoup que ni Valentyn ni Renard ne l'y aient copice : elle sy nomme douwing-zhaar (czar), titre qui convenait en effet à la bizarre maguificence de son vêtement. Il est assez élevée. Sa hauteur n’est pas tout-à-fait 60 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. La deux fois dans sa longueur totale. Sa dorsale et son anale sont arrondies. Son museau est saillant, mais assez gros, ce qui fait que son profil est oblique, mais presque reculigne. Son museau est jaune. Sa bande oculaire, qui est fort large, ne monte pas obliquement vers la nuque; mais elle va directement d'un œil à l’autre en traversant le front: elle se ter- mine de chaque côté au bord inférieur du préoper- cule. Derrière elle en est une autre, blanche ou même argentée, qui entoure la tête depuis la nuque jusqu’au bas de l'opercule. Une large bande noire, lisérée de jaune, prend de l'épaule, et monte obliquement en se rétrécissant vers le mieu de la partie épineuse de la dorsale. Une tache impaire noire, lisérée aussi de jaune, embrasse le devant de cette nageoire et ses trois premières épines, et va quelquefois rejoindre de chaque côté la bande dont nous venons de par- ler. L'intervalle entre cette tache, la tête et la bande, tire sur l'orangé ou le brun jaunâtre. Toute la parue du corps qui est derrière la bande humérale, est jau- nâtre OU ürant au verdatre, avec des stries brunes assez fortes, qui descendent obliquement en avant, au nombre de huit ou neuf. La dorsale est orangée. Une ligne noire suit sa base, et se courbe en s’élar- gissant, pour se terminer, sur le côté de la queue, par une dilatauon arrondie, ou une sorte d’ocelle: elle est lisérée aux deux bords de jaune. En outre le bord de la partie molle de la dorsale et de l’anale a un ruban obscur qui, dans nos individus, parait noir, mais que la figure dont nous avons parlé re- présente rouge. Celle de MM. Quoy et Gaimard CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 61 donne à ces deux nageoires un ruban orangé et un noir au bord. Il y a du rouge ou de l'orangé sur la base de la caudale, et un ruban noir ou rouge foncé règne parallèlement à son bord. Les pectorales et les ventrales sont jaunätres. D. 19/24 ; A. 3/19; C, 47; P. 17; V. 1/5. La longueur de nos différens individus va de qua- tre à six pouces. Le CHÉTODON RUBANNÉ. (Chætodon fasciatus, Forsk.; Chætodon Jflavus , BI. Schn., p. 225, n.° 57.) Le chætodon fasciatus de Forskal (p. 59, ° 80) est aussi voisin de ce lunula quil est possible à deux espèces de l'être. Ses formes, ses nombres de rayons, ses stries sont les mêmes. Sa bande oculaire noire est suivie d’une bande blanche plus courte, qui s’élargit dans le bas. Le devant du dos est jaune; le reste, jusqu’à la ligne latérale, noir. Une bande fauve suit la base de la dor- sale, qui ensuite est noire, puis fauve jaunâtre, et a le bord fauve terminé par une ligne brune. L'anale est fauve jaunâtre. La caudale jaunâtre à au milieu une bande brune, et au bord une ligne brune, une jaune et une blanche. Les ventrales sont jaunes, les pectorales grises. B. 6; D. 19/24; A. 3/19 : C. 17; P. 16; V. 1/5. L'individu décrit par Forskal était long de trois pouces, haut d'un et demi. 62 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Les Arabes de Djidda appellent l'espèce tabak-el-kus, nom qu'ils donnent aussi à d’au- tres espèces du genre. On en voit une bonne figure dans le Voyage de M. Ruppel { pl. 9, fig. 1). 5 IS Nous passons maintenant aux chétodons qui, avec des bandes plus ou moins nombreu- ses et des stries de diverses directions, ont encore ce qu'on nomme des ocelles, c'est-à- ‘ dire des taches rondes, ordinairement entou- rées d'un cercle blanc ou jaune. Quelques- uns d'entre eux sont tellement semblables à une partie de ceux que nous venons de décrire, que l'on pourrait être tenté de croire que ces ocelles sont seulement des distinctions de sexes. Le CHÉTODON A DEUX OCELLES. (Chætodon biocellatus, nob.) Ainsi MM. Lesson et Garnot ont apporté de l'ile d'Oualan un chétodon qui ressemble presque au lunula en toute chose. Même forme grosse et saillante du museau; mêmes nombres de rayons; mêmes stries descendant obli- quement. La bande oculaire passant de même en travers du front, suivie de même d’une large bande blanche ou jaune, qui entoure Ja tête et d’où une CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 63 bande noire remonte vers la partie épineuse de la dorsale. Les nageoires verticales sont coupées et bordées de mème; mais au lieu d’une bande cour- bée, qui dans le /unula descend le long de la partie molle de la dorsale et se termine en s’élargissant sur la queue, 1l y a dans celui-ci deux grandes taches noires bordées de jaune ou de blanc : la première bien ronde sur le milieu de la partie molle de la dorsale; la seconde sur la queue même, dont elle occupe la hauteur entre la fin de la dorsale et de l’anale. D. 19/24; A. 3/18; C. 17; P. 15; V. 1/5. L'individu de MM. Lesson et Garnot n’a guère que dix-huit lignes; mais 1l y en a un d’ancienne date au Cabinet, qui mesure deux pouces et demi. Le Cuéropon DE L'ISsLE-DE-FRANCE. (Chætodon nesogallicus, nob.) Il a encore été rapporté de l'Isle-de-France par MM. Quoy et Gaimard, un petit chéto- don extrêmement semblable au vagabundus par la forme, par la direction croisée des stries, par la bande oculaire et celle qui règne sur la dor- sale et sur l’'anale; mais cette dermière est interrom- pue sur la queue, et, au lieu d’un simple bord noir, la dorsale porte au milieu du bord de sa partie molle un ocelle noir bordé de blanc. Il n’y a qu'une seule ligne noire et peu marquée sur la base de la caudale. D. 13/24; A. 9/22; C. 17; P. 15; V. 45. 64 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Les individus sont à peine longs de deux pouces. Nous trouvons ce petit poisson dans Vla- ming (n° 193) sous le nom de color-æillade. Le fond de sa couleur est gris d'argent sur le corps et jaune sur les nageoires; les deux bandes sont noires; et l’ocelle bleu. Cest une copie défigurée et tout autrement coloriée de cette figure que donne Renard (1. part., fol. 5, fig. 35), sous le nom de dou- wing-color. Cest probablement aussi cette espèce que Nieuhof a représentée sous le nom de Ælip- visch où soldaten-visch (poisson de roche ou poisson soldat), et que Willughby a repro- duite (appendice, p. 6, tab. 5, fig. 4). Nieuhof dit que c'est un des meilleurs pois- sons des Indes, ce qui me parait devoir sap- pliquer à une grande partie du genre. Le CHÉTODON BRIDÉ. (Chætodon capistratus, Linn.) a le museau médiocrement saillant, et la dorsale et lanale terminées en angle, mais peu marqués. Sa hauteur est une fois et deux uers dans sa longueur totale. Des siries brunes, assez foncées, couvrent son corps, et se dirigent obliquement en avant; mais les supérieures en descendant, les inférieures en mon- tant, de manière à fre ensemble des angles ou des CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 65 chevrons. Une grande tache ronde, noire, entourée d’un cercle blanc, est placée en arrière tout près de l'angle rentrant qui sépare la fin de la dorsale et,Ja queue. Une ligne brune, accompagnée d’une ligne blanchâtre, règne sur la dorsale et sur lanale paral- lèlement à leurs bords, et 1l y en a deux semblables qui coupent verticalement la caudale. La bande ocu- laire est lisérée de blanc des deux côtés, et monte obliquement à la nuque. Le fond de la couleur, qui parait jaunâtre dans nos individus secs ou conservés dans la liqueur, est dans le frais, selon M. Poey, d’un violet clair. Le tour de la bouche et la gorge y sont jaunâtres; les ventrales, la base des pectorales et le bord de l’opercule, jaunes. M. Ricord l’a vu d’un jaune verdâtre, rayé de gris foncé ; le bout du museau, la base de la queue, celle de l’anale, d’un jaune serin ; l'ocelle noir velouté, bordé du même jaune; les ven- trales jaunes. D. 13/19; A. 3/17; C. 17, etc. Les viscères du chælodon capistratus diffèrent très- peu de ceux du striatus. Le foie est un peu plus peut; la vésicule du fiel est grande, et placée comme celle du chætodon striatus. L’estomac est étroit et alongé. Il y a huit appen- dices cœcales longues et grèles, réunies sur le côté gauche de l'estomac ; une neuvième sur le côté droit, pliée en V, et qui embrasse dans sa fourche la rate, qui est peute et globuleuse. L'intestin fait de nombreux replis dans l'hypo- condre droit. La vessie aérienne est grande; sa tunique externe 7. 5 66 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. a des parois fibreuses fortes et de couleur argentée, La membrane propre est mince et faiblement argen- iée. La vessie donne deux cornes minces, bifides, dont la bifurcation supérieure s'élève entre les mus- cles du cou derrière l’occiput. L'inférieure a une direcüuon horizontale, traverse le diaphragme, et ” pénètre dans le crâne derrière la sortie des nerfs de la huitième paire. C'est ici une des espèces les plus connues, parce qu'elle habite les côtes des colonies d'A- mérique les plus fréquentées des Européens. Nous l'avons recue de la Martinique, de Saint- Domingue, de Saint-Thomas et de Cuba. On la nomme dans les premières de ces îles de- moiselle, comme ses congénères, et à Saint- Thomas joung-sirl, ce qui revient au même, et c'est une de celles qui ont recu à la Havane le nom de catalineta. Linnæus', Seba*, Klein°, en ont publié des figures avant Bloch, et Du- hamel surtout en a une excellente4 De son temps on donnait à l'espèce à la Guadeloupe le nom particulier de grisette ou de coquette. Brown l'a décrite à la Jamaïque sous le nom de striped-angelfish; mais il n'en est question ni dans Margrave, ni dans Parra, ni dans Ca- tesby. 1. Mus. Ad. Fred., pl. 33, fig. 4. — 2. Mus., t. IT, pl. 25, fig. 16. — 3: Miss. IV, pl. 44, “fig. 5, — 4, Péches, 2° part. , sect. 4, pl. 13; fig. 2. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 67 On en prend toute l’année dans des nasses le long des côtes rocailleuses des îles. Sa chair est peu estimée, et il ny a guère que les Nè- gres qui sen nourrissent. Le CHÉTODON A DEUX TACHES. (Chætodon bimaculatus, BI., pl. 219, fig. 1.) Bloch, ignorant l’origine de son chætodon bimaculatus, suppose quil vient des Indes orientales; mais c'est une erreur : il est améri- cain, comme Île capistratus, et il ne parait pas rare dans le golfe du Mexique. Nous l'avons recu plusieurs fois de la Havane, et M. Poey ÿ en a fait une description et une figure qu'il a bien voulu nous communiquer. M. Achard nous la envoyé de la Martinique; plus récem- ment il en est arrivé de Porto-Rico dans les collections laissées par feu Plée, et M. Ricord en a envoyé de Saint-Domingue. Son museau est sallant et assez gros, son profil légèrement concave; sa dorsale et son anale un peu de AE Les stries de son corps montent presque toutes obliquement d'avant en arrière, excepté les quatre ou cinq inférieures, qui se dirigent parallèle- ment à la ligne du ventre; elles sont au reste toutes assez peu marquées. Sa bande oculaire va de la gorge à la nuque. 11 y a sur la base de la pare molle de la dorsale une tache ronde noirâtre, et à sa pointe un 68 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. peut ocelle très-noir et bien tranché. L’anale a un double liséré noirâtre, très-fin et très-peu marqué. Dans la liqueur, et desséché, tout ce poisson parait jaunâtre; mais à l’état frais, d’après la descripuüon de M. Poey, le fond de sa couleur est blanc, et ses na- geoires sont d’un beau jaune. Le bord de la caudale est transparent, et 1l y a quelquefois une ou deux lignes brunûtres. & D. 19/21 ; A. 3/17; C. 17; P. 15; Y. 15. LI À la Martinique on l'appelle robot, comme beaucoup d’autres poissons de ce genre. Cest aussi une des espèces que les colons espagnols de la Havane nomment catalineta; mais à Porto-Rico ils l'appellent mariquita. | Je n'en trouve pas plus de mention que de la précédente, ni dans Parra ni dans Margrave. Le CHÉTODON PLÉBÉIEN. (Chætodon plebeius, Brouss.) C'est ici que vient se placer d’après ses ta- ches, quoiqu'il ait des nombres de rayons bien différens, le chætodon plebeius nommé seule- ment par Gmelin (p. 1269), et que nous avons trouvé dans la collection de Broussonnet. Son ocelle noir, bordé de blanc, occupe la moitié supérieure de l’espace entre sa dorsale et sa caüdale. Sa bande oculaire est lisérée de blanc ou de jaune, CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 69 et tout son corps paraît avoir été plus ou moins jau- nâtre ou verdatre, uirant au gris ou au brun sur les nageoires verticales. Sa forme est ovale, son museau peu saillant; sa dorsale et son anale terminées en angle arrondi. Il est long de près de quatre pouces. D. 14/17; A. 4/15. Ces nombres répondent à ceux du chælodon fas- cialis et du chætodon Leachii. Il vient de la mer du Sud. Le CHÉTODON À QUEUE OCELLÉE. (Chætodon ocellicaudus, nob.) Le Cabinet du Roi possède, du voyage de Péron, un petit chétodon remarquable par un ocelle noir bordé de blanc, qui occupe pré- cisément toute la hauteur de sa queue à la base de la caudale. La bande oculaire s’y voit comme à l’or- dinaire, et descend jusque sous la gorge; mais il n’a pas d'autre marque noire. Toutes les stries de son corps ont la même direcuon, et montent oblique- ment en arrière. Son museau est médiocrement sail- lant; sa dorsale et son anale sont arrondies. D. 19/20; A. 3/17; C. 17; P. 15; V. 15. Il est long de dix-huit lignes. 70 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le CHÉTODON DORSAL. (Chætodon dorsalis, Reinw.) M. Reinwardt a nommé dorsalis un chéto- don des Moluques, qui paraît devoir être placé ici. M. Valenciennes en a fait la description à Leyde. Sa forme est celle du decussatus, du vagabun- ‘ dus, eic.; mais toutes ses stries montent obliquement en arrière. Sa bande oculaire est étroite. Une grande parüe noire, le long de la base de la dorsale, se perd par nuances sur le dos. Sur le iroisième rayon de lanale est une tache noirätre peu marquée, et il y en a deux noires sur la queue; l’une à son tranchant supérieur, l'autre à l'inférieur. Le bord de la partie molle de la dorsale et le milieu de la caudale ont chacun un trait fin et noir. Le fond de la couleur est jaunâtre. Les ventrales sont jaunes. D. 19/93 ; A. 3/19; C. 17; P. 14; V. 1/5. Il est long de cinq pouces. M. Ruppel a donné le même poisson (pl. 9, fig. 2), du moins tout semble l'annoncer; mais il compte : ï D. 19/19; A. 3/18. Ses couleurs, prises sur le frais, sont un peu dif- férentes; le fond tre au cendré bleuâtre, prend vers le dos une teinte noirâtre. La tête est jaune, avec une bande oculaire noire. Le bord inférieur du corps et toutes les nageoires sont jaunes : il y a un liséré CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 71 noir à la partie molle de la dorsale et de l’anale, une tache ovale noire à la base de l’anale, près des aiguillons, et une double tache noire à la base de la caudale, dont la moitié postérieure est cendrée. L'individu, long de cinq pouces, a été pris à Mohila, où l'espèce ne paraît pas fort commune. Le CHÉTODON A DOS Norr. (Chætodon melanotus, Reinw.) Un autre chétodon, rapporté également des Moluques par M. Reinwardt, et nommé par lui melanotus, a le corps orbiculaire, le museau pointu; mais le front élevé et droit, comme dans le co/lare. Sa hau- teur fait plus de moitié de sa longueur totale. Outre sa bande oculaire, il a un bord noirâtre à la par- üe molle de sa dorsale et de son anale, et deux taches noires sur la caudale, une en dessus et l’autre en dessous. Ses ventrales sont noires; mais ses autres nageoires et tout le fond de sa couleur sont jau- nâtres. D. 19/25; A. 3/18; C. 173 P. 15; V. 1/5. L'individu est long de quatre pouces. Le melanotus de Bloch a aussi deux ta- ches sur la queue; mais on lui en donne une 1. Syst. posth., p. 224, n.° 29. 72 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. de plus à la base de l'anale, avec des stries obliques et le dos brun. D. 1920; A. 3/20. Il venait de Tranquebar. Le CHÉTODON A UNE SEULE TACHE (Chætodon unimaculatus, B1., pl. 201, fig. 1.’) a le museau court, les nageoires dorsale et anale ar- rondies. Outre sa bande oculaire 1l porte une tache ronde et noire sur le milieu de sa ligne latérale, une bande autour de la queue, et un bord de même cou- leur à la partie molle de sa dorsale et de son anale. Le fond de sa couleur est jaunâtre vers le dos, blan- châtre au ventre. Au-dessus de la pectorale est une grande aire blanche, avec six ou sept lignes jaunes. Il parait qu'il y a des stries verticales sur la parue antérieure de son dos, et d’autres obliques sur ses flancs et sur l'arrière du corps. Les ventrales et l’anale sont jaunes, les pectorales et la caudale transparentes. D. 13/29; A. 3/20; C. 17; P. 14; V. 1/5. C'est une des espèces que nous n'avons pas vues. Nous en empruntons les caractères de Bloch, d'un dessin que Parkinson en avait fait à Otaiti, et qui est dans la bibliothèque de Banks, intitulé chætodon ocellatus, et d’une description de Solander correspondante à ce 1. Copié dans l'Encyclopédie méthodique, fig. 387. CHAP. IL. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 73 dessin. Nous ajoutons peu de foi à l'assertion de Bloch, qu'il lui avait été envoyé du Japon, puisque lui-même, une ligne auparavant, dit qu'il habite les Indes orientales. Dans plusieurs autres circonstances nous nous sommes Con- vaincus qu'il avait été trompé par les marchands hollandais, ou même qu'il ne distinguait point Java du Japon, non plus que le malais du ma- labare. A Otaïiti l'espèce se nomme, comme beaucoup d'autres, palhala, où aussi parha- parhahatranu. Le CHÉTODON À MIROïTR. (Chætodon speculum , K. et V. H.) MM. Kubl et Van Hasselt ont fait dessiner à Batavia un chétodon très-voisin de l’unima- culatus, et qui a la même forme et la même bande oculaire; mais sa tache noire est ovale et beaucoup plus grande, et :l est tout entier d’un jaune d’or très-brillant, sans aucun anneau noir sur la queue, n1 aucun liséré noir aux nageoires. Nous croyons voir treize épines à la dorsale, et trois à l’anale; mais les autres rayons ne sont pas figurés disunctement. L'individu est long de cinq pouces. Nous lui conservons le nom de speculum, qui lui a été donné par ces deux voyageurs. 74 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le CHÉTODON A TACHE AU FLANC. (Chætodon spilopleura, Reinw.) M. Reinwardt a rapporté des Moluques une espèce qui doit fort ressembler à l’urnimacu- latus par les couleurs; mais ses nombres de rayons sont assez différens. Selon la description que M. Valenciennes en a faite, ses formes générales sont les mêmes. Le fond de sa couleur est jaune. Une irès-grande tache ovale se montre de chaque côté près de la dorsale. La base de la dorsale et de l’anale est brune, et la première de ces nageoires a dans ce brun une tache noirûtre. La bande oculaire est comme à l’ordinaire. D. 14/17; A. 8/16; C. 17; P. 14; V. 1/5. L'individu est long de six pouces. Le CHÉTODON SEBAN. (Chætodon sebanus, nob.) Il est venu de diverses parties de la mer des Indes, de Timor, de Guam, de Tonga- tabou et de FIsle-de-France par MM. Quoy et Gaimard, d'Oualan par MM. Lesson et Garnot, et de Batavia par M. Raynaud, etc., un ché- todon à peu près de la forme du decussatus, et qui a les stries disposées de même, c’est-à-dire celles de la partie antérieure du dos descendant en avant, et celles du reste du corps montant en avant, CHAP. L CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 75 ou dans une direction croisée avec les premières ; mais ces stries sont plus larges. Il n’a outre sa bande oculaire qu’une seule marque, savoir un ocelle rond, bordé de blanc à la partie molle de sa dor- sale, près de son angle. Cette dorsale a aussi un léger liséré brun. Tout le reste des nageoires parait de la couleur pâle ou gris-jaunâtre du fond. D’après un dessin de M. Raynaud, on voit seulement une teinte brune sur la base de la dorsale, et sur le bord de l’anale et de la caudale. La caudale et la partie postérieure de la dorsale ont un liséré cendré. D. 13/24; A. 3/21; C. 17; P. 153 V. 1/5. Nous en avons des individus depuis un pouce jusqu'à cinq. Cest, à ce quil nous paraît, cette espèce que Seba a représentée (t. IT, pl. 25, fig. 11), et aucun autre auteur n'en ayant parlé, nous lui donnons le nom de chætodon sebanus. M. Raynaud nous apprend que l'espèce est commune à Batavia, et que sa chair y est peu estimée. Le CHÉTODON oElLLÉ. (Chætodon ocellatus, BI.) Bloch rapporte la figure de Seba (t. IIT, pl 25, fig. 11) que nous venons de citer, à son chætodon ocellatus; mais celui-ci (pl. 211, fig. 2), si la figure est exacte, a son ocelle plus grand et posé différemment: il n’est 76 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. pas près du bord n1 à la parte la plus saillante de la nageoire, mais vers sa base, et plus près des rayons épineux. Pour tout le reste, il est très-vrai que le poisson de Bloch est fort semblable au nôtre. D. 12/22; A. 3/19; C. 17; P. 16; V. 1/5. Il l'avait recu des Indes orientales. . Nous placerons ici des espèces distinguées des autres par un long fil qui résulte du pro- longement d'un ou de plusieurs des premiers rayons mous de leur dorsale. Celles qu'on connaît viennent de la mer des Indes. Le CHÉTODON SÉTON. (Chætodon setifer, B1., pl. 426, fig. 1.1) Le chætodon setifer ou séton de Bloch res- semble tellement au chætodon sebanus que nous venons de décrire, que c'est une ques- tion de savoir sil n'est pas le male de l'espèce dont le sebanus serait la femelle, et si le long filet qui prolonge le cinquième rayon mou de sa dorsale n'est pas une marque de son sexe. Il a le museau pointu et saillant, le profil con- cave jusqu’au-dessus des yeux, ensuite montant droit à la nuque ; la dorsale et l’anale arrondies ; une large 1. Pomacentre filament , Lacépède, t. IV, p. 506 et 511. CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 7E bande oculaire, allant verticalement de la gorge à la nuque; quatre traits rouges ou jaunes, allant d’un œil à Fautre au travers du front; le corps grisätre pâle, passant au jaune orangé sur les nageoires ver- ticales; cinq stries d’un gris plus foncé, montant obliquement en arrière à la partie antérieure de son dos; le reste de son corps portant douze ou treize de ces stries, la plupart assez larges, et montant obliquement en avant jusqu'à ce qu’elles rencontrent la cinquième des précédentes; un ocelle noir, bordé de blanc près du bord de sa dorsale, depuis le cin- quième jusqu'au dixième rayon; un fin liséré noir à la dorsale et à anale, une bande jaune, suivie d’une double ligne noirâtre près du bord de sa caudale, qui est transparente. Le filet de sa dorsale, qui égale quelquefois la moitié de la longueur de son corps, est de couleur jaune. D. 13/24 ; A. 3/21; C. 17; P. 15; V. 15. La longueur de l'espèce ya à Six ou sept pouces. Ce beau chétodon habite toutes les parties chaudes de la mer des Indes et de l'océan Pa- cifique. Renard et Valentyn le comptent parmi les poissons des Moluques, et en ont déjà donné des figures reconnaissables. Le premier le nomme douwing-duc *, le second simple- ment poisson-douwing*. Commerson l'avait 1. Renard, 1. part., fol. 39, fig. 198; 2. part., pl. 31, fig. 145. 2. Valentyn, n.° 116. 78 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. parfaitement fait dessiner à l'Isle-de-France sous le nom de porte-queue, et en avait laissé une description très-détaillée; mais M. de La- cépède n'a point fait graver la figure, et a sim- plement rapporté la phrase caractéristique de cet observateur au chætodon auriga de Fors- kal, qui n'en diffère guère, en effet, que par l'absence d'une tache à la dorsale. . Bloch, ayant recu un bel individu de cette espèce de Coromandel par son ami le mission- naire John, en a donné vers la fin de son grand ouvrage (pl. 426, fig. 1) une figure très-bien dessinée ; mais il l'a enluminée d'un rouge vif, tandis qu'elle devait l'être d’un gris argenté et d’un jaune d'ocre. C'est ce qui est arrivé trop souvent à ce naturaliste, pour avoir voulu co- lorier des figures qui n'étaient point faites d’a- près le frais. [la commis une faute encore plus grave, en donnant au préopercule des dente- lures qui n’y sont point, et il a induit M. de Lacépède à reproduire ce poisson dans les po- macentres, ne se rappelant pas qu'il l'avait déjà mis parmi les chétodons, comme appartenant à l'auriga. M. Lesson, qui nous l'a récemment apporté de Bolabola, l'une des îles de la Société, y a joint un dessin colorié fait sur les lieux, et c'est d'après ce document et d'après la des- CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 1% cription de Commerson que nous avons décrit les couleurs. Le CHÉTODON COCHER. (Chætodon auriga, Forsk.) Le chætodon auriga de Forskal (p. 60, n.” 81) pourrait être appelé un chætodon se- tifer sans ocelle à la dorsale; car, ce point excepté, il en a tous les autres caractères, et particulièrement ce long fil formé par le cin- quième rayon mou de la dorsale. Il est d’un blanc bieuâtre. Ses six premières stries descendent en avant, les dix autres montent. Tout l'arrière et la queue sont fauves. Le bord postérieur de la dorsale est noir. L’anale a une ligne noire, une blanche , et un bord jaune. La caudale est fauve, avec une ligne jaune en croissant et un bord blanc. Sur son front sont quatre lignes transverses fauves. Sa longueur est de cinq pouces, sa hauteur de trois. B. 6; D. 13/24; A. 3/21; C. 17; P. 16; V. 1/5. Forskal l'avait vu à Djidda et à Lohaia. M. Ehrenberg l'a aussi rapporté de Massuah, et en a donné un échantillon au Cabinet du Roi. Les Arabes l’'appellent moktz, schausch et tabak-el-kuss. S0 LIVRE VIL. SQUAMMIPENNES. Le CHÉTODON A HOUSSE. (Chætodon ephippium , nob.) Les mêmes mers produisent une espèce très-voisine du setifer, et portant de même un filet à sa dorsale; mais for- mé du prolongement de trois rayons, et où de plus l'ocelle est si grand, qu'il couvre comme une housse presque toute la dorsale et une parte du dos. Il s’a- vance sur la partie épineuse jusqu’au huitième rayon. Un large ruban jaune, suivi d'une ligne noire et d’un bord blanc liséré de noirâtre, empêche qu'il ne cou- vre toute la partie molle. Une large écliarpe blanche le borde inférieurement , allant en ligne courbe du sixième et du sepuème aiguillon du dos au bord supérieur de la queue. Tout le reste du corps et des nageoires paraît dans la liqueur jaune ou rougeûtre, mais est verdâtre dans le frais. Le museau est pointu, le profil concave, la nuque relevée, et en général toutes les formes sont semblables à celles des deux précédens; mais 1l n’y a point de stries sur Le corps. Ce sont le troisième, le quatrième et le cinquième rayons mous de la dorsale qui forment le filet. D: 13/24 ; A. 3/21; C. 17; P. 15; V. 15. Ce beau poisson est long de six à sept pouces. M. Reinwardt l'a rapporté des Moluques, et MM. Lesson et Garnot de Bolabola, l'une des îles de la Société. Il y en a dans la biblio- thèque de Banks une belle figure coloriée, CHAP. 1. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. SA faite à Otaïu par Weber lors du troisième voyage de Cook. Le CHÉTODON DE PRINCE. . (Chætodon principalis, nob.) On trouve dans Renard (2° part., pl. 56, fig. 230), et dans Valentyn (n.° 407) la figure d'un chétodon entièrement semblable à celui que nous venons de décrire, par les formes, par le filet, et par la grande tache noire de la dorsale; mais qui s'en disungue parce que son anale a aussi une tache pareille. Le fond de sa couleur est gris bleuâtre, et l’on y voit pales stries longitudinales. Je ne doute pas que ces figures n'aient été faites d’après un poisson réel, et très-voisin de notre ephippium. Renard le nomme chretse- visch, Ou poisson toile-peinte, nom que les Hollandais des Indes donnent à plusieurs chétodons, et Valentyn zkan-poetra-jang- adjaib, ce qui en malais signifie, dit-il, ad- mairable poisson de prince. Nous terminerons cette longue liste de ché- todons proprement dits, par quelques espèces qui, au moyen du petit nombre des épines 7. 6 82 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. deleur dorsale, nous conduisent aux chelmons. Elles viennent aussi de la mer des Indes. Le CHÉTODON A RUBANS D'OR. (Chætodon chrysosonus, K. et V. H.) MM. Kubl et Van Hasselt en ont décou- vert à Java une très-belle, de forme orbicu- laire. Sa longueur sans la caudale est égale à sa hauteur. Ses nageoires sont arrondies ; son museau est peu saillant, et néanmoins son profil est un peu concave. Elle se distingue éminemment des précédentes par le nombre de ses épines dorsales, qui n’est que de neuf, fortes et élevées. Sa bande oculaire, quoique verti- cale, atteint la nuque: en dessous elle se prolonge sur la poitrine, Le museau et un espace derrière celte bande qui s’élargit vers le bas jusqu'aux ventrales, sont argentés ou dorés. Le corps a des lignes nom- breuses de points argentés, contigus, qui rempla- cent les stries des autres espèces. Sur le dos elles descendent obliquement en avant; sur les flancs et sur le ventre elles marchent horizontalement. Il n'en parait rien sur les nageoires verticales, qui sont jaunes. La dorsale a sur le milieu de sa partie molle un ocelle noir, bordé de blanc. Une bande noire entoure la queue près de la base de la caudale. L'anale à un très-fin liséré brun. Les ventrales, pro- longées en poinie et atteignant jusqu'à la seconde épine de l’anale, sont entièrement noires. Les pec- CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 83 torales sont plus courtes, demi-ovales et transpa- rentes. D. 9/29; A. 3/21; C. 17; P. 15; V. 15. Sa longueur est de cinq pouces. On possédait depuis long-temps au Cabinet du Roi un individu sec de cette espèce, que nous avions même appelé chætodon ennea- canthus ; mais nous aimons mieux lui conser- ver le nom que lui avaient donné les jeunes et malheureux naturalistes à qui nous en de- vons de plus beaux échantillons. Le CHÉTODON LÉVRÉ. (Chætodon labiatus, K. et V.H.) Ces naturalistes ont encore fait dessiner un poisson de la même côte, qu'ils ont nommé labiatus, et qui ressemble à leur chrysozonus par les nombres des rayons, par les longues ventrales noires, par la bande oculaire, par locelle noir de la dorsale, et même par celui qui occupe comme une bande le côté de la queue ; mais il a sur un fond blanc deux larges bandes verticales jaunes, nuancées d’au- rore; lune allant de la partie antérieure de Ja dorsale aux ventrales; l’autre occupant la partie postérieure de la dorsale, anale et l’espace intermédiaire, Le fond blanc de leur intervalle est tout semé de points assez serrés. La dorsale et l’anale sont lisérées de bleu et de blanc. Le bord des ocelles est bleu, etil y a un long trait bleu, recourbé sur la bande jaune postérieure. 84 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L’antérieure à, vers le bas, des stries noirâtres 1rrégu- lières. La caudale est jaunâtre , et a le bout cendré. L'individu n’a aussi que cinq pouces. Le CHÉTODON A VENTRALES NOIRES. (Chætodon melanopus, nob.) M. Reinwardt a rapporté des Moluques une espèce très-voisine des deux précédentes, ‘ et de même forme, avec les mêmes longues ventrales noires, la mème bande noire sur la queue, et un ocelle au même endroit de la dorsale; mais qui en a aussi un sur l’anale, et où l’on ne voit pas les lignes de points argentés, si remarquables dans le chryso- zonus, ni les points jaunes du /abiatus. D. 10/27; A. 3/17; C. 17; P. 14; V. 1/5. L'individu est long de quatre pouces six lignes. Nous l'appelons melanopus, à cause de la couleur de ses ventrales. Le CHÉTODON DE BENNET. (Chætodon Bennetti, nob.) M. Éd. Bennet nous a fait voir au Muséum de la Société zoologique de Londres un ché- todon de Sumatra, à neuf épines dorsales, différent des précédens par la forme plus oblongue de son corps, qui est deux fois aussi long que haut. Le fond de sa couleur CHAP. I. CHÉTODONS PROPREMENT DITS. 85 est jaune. Sa bande oculaire et un grand ocelle ovale, sur le uers postérieur du dos, sont noirs, lisérés de bleu, et 1l a sur le côté deux lignes longitudinales bleues, descendant un peu obliquement en arrière, l'une au-dessus, l’autre au-dessous de la pectorale. $S6 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE IT. Des Chelmons (Chelmon, nob.). Nous avons distingué les chelmons des ché- todons proprement dits, seulement à cause de la forme extraordinaire de leur museau, qui est long et grêle, formé par l'intermaxillaire, qui se prolonge horizontalement outre mesure, et par la mâchoire inférieure, prolongée égale- ment et dans le même sens. Une membrane les unit sur moitié ou les deux tiers de leur longueur, en sorte que la bouche n’est qu'une petite fente horizontale au bout de cette es- pèce de cylindre ou de cône alongé. Les dents entourent les bords des mächoires, et sont en fin velours plutôt qu'en soies. Le maxillaire se montre verticalement au côté de la base de ce cône, comme un petit disque presque rond. Leur profil, concave au-devant des yeux, se relève presque verticalement, de manière que le museau répond au quart ou au cin- quième inférieur de la hauteur de la tête, et que l'œil est plus élevé d’un autre cinquième. Pour tout le reste les chelmons ressemblent aux chétodons proprement dits : leur corps est très-élevé ; leur dorsale et leur anale sont CHAP. Il CHELMONS. 87 hautes et écailleuses; leur caudale est coupée carrément; leurs écailles sont assez grandes; leur ligne latérale est rapprochée du dos, dont elle suit à peu près la courbure : ils ont même des rapports avec certains chétodons pour les couleurs, ainsi que pour les bandes et les ta- ches qui les diversifient. Xehuoy, dans Hesychius, est le nom d'un poisson indéterminé. On n’en connaît que deux espèces, toutes les deux de la mer des Indes. Le CHELMON A BEC MÉDIOCRE, (Chætodon rostratus, Linn.; Chætodon enceladus, Shaw.) qui est le plus anciennement connu, a le museau du sixième seulement de sa longueur totale, laquelle n’est pas-tout-à-fait double de la hauteur; et si l’on comprend la dorsale et l’anale dans la hauteur, elle n’est comprise qu'une fois et un tiers dans la longueur. Ces nageoires sont angu- leuses, surtout la dorsale. Le corps a des stries lon- gitudimales et cinq bandes verticales, savoir : locu- laire; une deuxième, qui descend de la nuque sur lopercule et jusqu’à la base des ventrales; une troi- sième, qui va des derniers aiguillons de la dorsale au-devant de l’anale; une quatrième, allant du mulieu de la partie molle d’une de ces nageoires à lautré, et la cinquième sur la queue, à la base de la cau- 88 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dale. Elles sont d’une couleur plus foncée que le fond, lisérées de brun encore plus foncé, et de blanc en dessous du brun. On voit de plus sur la dorsale, au üers de la longueur des rayons mous, du neu- vième au treizième, un ocelle ou grande tache ronde, noire, entourée de blanc. N'ayant observé ce pois- son qu'à l’état sec, et n’en trouvant point de des- cripuon faite d'après le frais, nous ne pouvons indiquer ses véritables teintes. Il n’y a à la dorsale que neuf aigullons comprimés, légèrement arqués et assez forts. L’aiguillon de la ventrale est égale- ment assez fort, comprimé et un peu arqué. D. 9/29; A. 3/19; C. 16; P. 15; V. 15. Notre individu est long de près de six pouces. On assure que ce poisson habite les côtes de la mer et des rivières de l'ile de Java, et que, lorsqu'il voit un insecte sur quelque brin d'herbe du rivage, il a l'instinct de lui lan- cer d'assez loin et avec la plus grande adresse une goutte, qui le fait tomber dans l'eau, de manière quil peut le saisir. Schlosser a, décrit cette industrie dans les Transactions philosophiques de 1764 (p. 89), d’après Hummel, directeur de l'hôpital de Batavia. M. Reinwardt en a été récemment témoin. Cest même un amusement des Chinois de Java de tenir de ces poissons dans des vases, au-dessus desquels ils placent un insecte sur un fil ou sur un bâton. Le chelmon, pour le CHAP. II. CHELMONS. 89 faire tomber, lance des gouttes d'eau à plus d'un pied de hauteur. Nous parlerons ailleurs d'un poisson d’un tout autre genre, le toxotes, qui a recu le même instinct de la nature. Seba (t. LL, pl. 25, fig. 17) et Bloch (pl. 202) ont donné des figures de cette espèce, con- formes à l'individu que nous avons sous les yeux. Celle de Linnæus ' est d’une forme plus alongée, et montre sur son anale des traces de bandes qui ne sont pas dans les autres. Dans celle de Shaw* la dorsale est trop arron- die, les écailles trop petites et les bandes mal distribuées. Celle de Schlosser est encore plus mauvaise, en ce qu'elle ne montre aucune des bandes du corps. Le CHELMON A LONG BEC, (Chætodon longirostris, Brouss., Déc. ichtyol.) qui n'a été encore décrit que par Broussonnet, a le bec bien plus long que le précédent, et contenu seulement quatre fois et demie dans sa longueur. Sa hauteur est moindre, et est dans sa longueur près de deux fois et demie. Ses écailles sont beaucoup plus petites, ses aiguillons plus forts à proportion, et au nombre de onze ou de douze à sa dorsale#, entre 1. Mus. Ad. Fred. , pl. 33, fig. 2. — 2. Chœtodon enceladus, Nat. Misc., p. 67. — 3. Trans. phil., 17964, pl. 9. 4. Broussonnet n’en compte que onze; nous en trouvons douze. 90 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. lesquels la membrane est profondément échancrée ainsi qu'entre les trois de l’anale, qui sont égale- ment très-foris. Ces deux nageoires ont leur partie molle arrondie. La pectorale est très-pointue, du uers de la longueur totale; et la ventrale a son pre- mier rayon mou prolongé en pointe, en sorte qu’elle égale presque la pectorale. Le bord postérieur de la caudale est à peine concave. Tout le corps de ce poisson, dans Ja liqueur, pa- . rait d’un gris roussâtre; mais, selon Broussonnet, il est, dans le frais, d’un jaune citron. Au lieu de bande oculaire, il a une grande tache brune en forme de triangle, dont la base est à la hauteur du milieu de l'œil, le sommet à la nuque, un des angles à l'angle de l’opercule, et dont l’autre se prolonge en avant et se joint à son semblable pour former une ligne brune sur le haut du bec. Entre ces deux taches il y a sur le front un espace gris. La partie molle de la dorsale et de l'anale a un liséré brun ou noitrâtre fort étroit. Un ocelle très-noir, entouré de blanc, est sur les six derniers rayons de l’anale, près de son bord. B. 5? D. 19/29; A. 3/18; C. 17; P. 15; V. 1/5.. Notre individu est long de six pouces; celui de Broussonnet était à peu près de la même taille. La figure quil en a donnée est fort exacte. Le Muséum de Banks avait recu cette espèce des iles de la Société et de celles de Sandwich; mais on la trouve aussi dans la mer des Indes, car M. Matthieu la envoyée de lIsle-de-France au Cabinet du Roi, et il CHAP. II. CHELMONS. s 91 y en a une excellente figure dans le Recueil de Vlaming (n° 212), intitulée douwing-songo. C'est une de celles que ni Renard ni Valentyn n'ont copiées. Conforme pour les couleurs avec la description de Broussonnet, elle nous ap- prend de plus que la caudale est verdatre. On ne nous dit pas si cette espèce a les mêmes habitudes que la précédente, mais cela paraît assez probable d’après son organisation. 92 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE IE .. Des Héniochus et des Zanclus. » Il y a des chétodons assez semblables à ceux auxquels nous laissons ce nom en par- ticulier, mais qui s'en distinguent par la crois- sance rapide de leurs premiers aiguillons du dos, et surtout parce que le troisième ou le quatrième se prolonge en un filet quelquefois double de la longueur du corps; il ressemble à une espèce de fouet, et c'est de là que, dans notre Règne animal, nous avons d'abord tiré leur nom, qui signifie cocher." Depuis lors un examen plus attentif de leurs caractères nous a déterminé à les subdiviser, et à rétablir pour ceux qui n'ont que de petites écailles le genre zanclus, ou tranchoir, autre- fois créé pour eux par Commerson. DES HÉNIOCHUS PROPRES. Ils se reconnaissent aisément aux grandes écailles dont ils sont couverts. Nous en pos- sédons maintenant deux ou trois espèces. 1. Règne animal, 1."édit., €. IE, p. 335; 2.‘édit., t. IL, p.191. CHAP. III. HÉNIOCHUS. 93 L'HÉNIOCHUS COMMUN. (Heniochus macrolepidotus, nob.; Chætodon macrolepidotus, L. BI., pl. 200, fig. 1.) La première est un grand poisson célèbre dans les Indes par son excellent goût, et connu des colons hollandais sous les noms de porte- enseigne, porle-pavillon”, par où ils ont voulu rappeler cette espèce de long mat qu'il a sur le milieu du dos. Ils l'appellent aussi tafel- visch, parce que cest le poisson dont ils se nourrissent le plus, et Ruysch assure qu'à Amboine on ne donne point de repas un peu recherché sans l'y servir. Il le compare pour le goût aux meilleurs pleuronectes. ? Linnæus l'a appelé chætodon macrolepido- tus, bien que plusieurs autres chétodons aient les écailles proportionnellement aussi grandes; mais cette épithète gappelait le caractère le plus apparent qui le distingue de l'espèce, alors la plus voisine : du chætodon cornutus, qui est maintenant de notre genre zanclus. 1. Vlaming , n.° 02, alpherus. Renard, t. 1, pl. 31, fig. 168, vlagman (porte-pavillon); t. IT, pl. 14, fig. 66, et Ruysch, pl. 1, n.° 35, vaandrager ( porte-drapeau). Valentyn, n°18, ckan-alferes- hidam-hidjæ (poisson porte-enseigne noir et vert); mais dans d’au- tres figures (n.” 201 et 324) il lui donne des noms différens, soit malais, soit même composés de malais et de portugais, comme (n.° 372) ikan-pampus-jang-balejar (pampus voilier). 2. Ruysch, pl. 1, fig. 2. 94 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Son corps est très-élevé; la courbe supérieure presque en demi-cercle, sur laquelle la dorsale élève un angle obtus d’où part le long filet; la courbe infé- rieure presque droite et terminée en arrière par l'angle de l’anale. La hauteur n’est qu'une fois et demie dans la longueur totale, la caudale comprise. Le museau, quoique court, est assez pointu, attendu que le profil est concave. Le front et la crête du crâne s'élèvent presque perpendiculairement, en sorte que la longueur de la tête ne fait que les deux uers de sa hauteur. La nuque est presque verticale, et la hauteur de la tête n’est que des trois cinquièmes de la hauteur totale, qui parait encore augmentée par la saillie de la dorsale. Le diamètre de l'œil est du üers de la longueur de la tête, et il est placé un peu au-dessus du milieu, très-près du profil. Les deux orifices de la narine en sont très-voisins; le posté- rieur, plus peut et rond, est un peu plus élevé que l'antérieur, qui est ovale et plus grand, sans rebord ni à l'un ni à l’autre. La bouche est fort petite, peu protracuüle; la mâchoire inférieure plus saillante que l'autre; les dents simples et très-menues. Un peut bout ovale de maxillaire parait derrière la commis- sure. Ni le sous-orbitaire ni le préopercule n’ont de dentelures; mais ce dernier a une légère échancrure au-dessus de son angle, qui est arrondi. L’opercule finit en angle obtus, surmonté d’un arc rentrant. La membrane branchiostège est fort cachée, et conuent cinq rayons; elle n’est séparée de celle de l'autre côté que par un isthme fort étroit. La dorsale s’élève d’a- bord assez rapidement, ses deuxième et troisième ai- CHAP. TI. HÉNIOCHUS. 95 | guillons étant chacun à peu près double du précédent. Le quatrième se prolonge en un filet autant et plus long que le corps, accompagné sur toute sa longueur en arrière d'une prolongation étroite de la membrane qui se dilate quelquefois au bout. Il en vient ensuite sept et quelquefois huit autres. Le prenuer des sept, ou le cinquième, est seulement un peu plus long que le quairième, et les suivans diminuent, mais lentement. Les rayons mous se relèvent lentement aussi, et suivent pour cette parlie de la nageoire la courbure d’un arc de cercle. Cette partie molle égale l'autre en longueur. Le nombre des rayons y est de vingt-quatre ou de vingt-cinq. L'anale a trois aiguil- lons ei dix-septou dix-huit rayons mous ; elle est taillée en angle saillant, dont le sommet appartient au cinquième et au sixième rayon. La caudale est coupée carrément. La pectorale est en demi-ovale assez pointu : sa longueur, ainsi que celle de la cau- dale, est du quart de celle du corps. La ventrale finit en pointe, qui atteint le premier rayon de l'anale; son épine, forte et comprimée, n’est que d’un quart plus courte que le grand rayon mou. D'ou MES AP 6/18 CET PE TTEN US" Il y a environ quarante-cinq écailles sur une ligne longitudinale, et trente et quelques sur une verti- cale : en y ajoutant, celles de la dorsale, on en au- rait plus de quarante en hauteur; il y en a de plus larges que longues, et d’autres dont les dimensions sont égales. Leur limbe est si finement strié, qu'il faut la loupe pour s’en apercevoir. Leur éventail a douze et quinze rayons; mais les crénelures de leur bord 06 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. radical sont insensibles ou peu marquées. Il y en à sur toute la tête, et la dorsale et l’anale en sont gar- nies jusque très-près du bord. Le fond de sa couleur est d’un blanc argenté. Le dessus du bout du museau et l'intervalle des yeux, quelquefois même tout le chanfrein, sont colorés de noir. Deux larges bandes noires traversent le corps : la première va depuis les trois premiers rayons de la dorsale, en s’élargissant, jusqu’au ventre, où elle oc- cupe depuis la base des ventrales jusqu’à la naissance _de lanale; en passant elle occupe aussi le bord de lopercule. La pectorale est implantée sur cette bande et a sa base noire; mais le reste de la nageoïre est jaune citron. Les ventrales, implantées*sous le bord anté- rieur de la bande, sont entièrement noires. La deuxième bande descend des sixième, septième et huitième rayons épineux de la dorsale, en se portant obliquement en arrière; elle finit sur l’anale, dont elle couvre la moitié postérieure, au-dessus de son angle. La partie molle de la dorsale et toute la caudale sont d’un jaune citron , comme Ja pectorale, Je juge par les enluminures de Vlaming, que, dans le frais, le noir a une teinte bleuâtre, et l’ar- genté une teinte verdatre. Nos plus grands individus n° ont ‘ue dix pouces de longueur. Mais l'espèce atteint une taille beaucoup plus grande, si, comme Renard et Valentyn l'assurent, il y en a de vingt et vingt-cinq li- vres ; cependant M. Leschenault nous dit qu'à CHAP. III. HÉNIOCHUS. 97 Pondichéry, où on le nomme tal-parété, on n'en voit que de neuf à dix pouces. Il est vrai que ce poisson y est rare; mais il abonde dans tout le reste de la mer des Indes. Les Hollandais que nous avons cités, en ont recu les figures des Moluques. Commerson l'a fait dessiner à lIsle-de-France', où MM. Dussumier, Desjardins, Quoy et Gaimard l'ont vu éga- lement. M. Dussumier nous l'a rapporté de Manille; MM. Quoy et Gaimard de Célèbes et de la Nouvelle-Guinée, et M. Raynaud de Trinquemalé. Les viscères de lhenzochus à grandes écailles oc- cupent peu de place dans l'abdomen de ce poisson. Le foie remplit l'hypocondre droit, et l'intestin est roulé sur lui-même cinq à six fois dans le côté gauche. L'œsophage est assez long ; les parois s’épaississent un peu vers le cardia. L’estomac est un sac pointu, assez grand, dont les parois sont minces. Le pylore s'ouvre “sous le cardia ; tout auprès de lui il y a six appendices cœcales courtes, dont trois du côté droit de l'estomac. La vessie aérienne est petite, et ses parois sont très- minces. Le squelette a la surface du crâne très-lisse; sa crête haute comme la moitié du reste de la tête, très- pointue au sommet; son bord inférieur un peu élargi 1. M. de Lacépède a fait graver ses figures tome IV, pl. 11, fig. 5, et pl. 12, fig. 1. 7- 7 98 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. à droite et à gauche par un rebord; une petite proé- minence au bord antérieur de l'orbite, qui se voit aussi dans le poisson desséché; vingt-trois vertèbres, dont quatorze à la queue et neuf à l'abdomen; les côtes comprimées, un peu canaliculées à chaque face, avec de petits appendices grêles près de leur base; deux interépineux très-grêles, à sommet re- courbé en avant, entre le crane et celui qui porte la première épine dorsale, lequel a lui-même son som- met en forme d’épine couchée en avant. Celui de © l'anale n’a point dans le bas de partie dirigée en avant. L'HÉNIOCHUS POINTU. (Heniochus acuminatus, nob.; Chætodon acuminatus, Linn.) Le chætodon acuminatus de Linnæus, tel qu'il l'a représenté’, ne diffère de notre hé- \ “ niochus à grandes écailles que parce que sa quatrième épine est plus courte, ce qui peut être un accident de l'individu, et parce que sa deuxième grande bande noire semble s'étendre sur l'arrière du dos, jusqu’à la base de la parue molle de la dorsale. Je doute que l’on puisse établir une espèce sur des caractères aussi peu importans. Ce qui aura contribué à faire conserver celle-là dans les listes, c'est que Linnæus donne à sa dor- 1 Mus. Ad. Fred., pl. 55, fi ai CHAP, III. HÉNIOCIUS. 99 sale des nombres étranges (3/25); mais sa figure même montre douze ou treize aiguillons bien distincts, ainsi que l'a déjà fait remarquer Schneider': peut-être n'est-ce qu'une faute d'impression, 3 pour 13. L'HÉNIOCHUS RENVERSÉ. (Heniochus permutatus, Ed. Benn.) Peut-être est-ce aussi parmi les variétés qu'il faut placer un individu que M. Éd. Bennet nous a montré dans le Cabinet de la Société zoologique de Londres, et dont les couleurs sont changées de mamière que ce qui est blanc dans les individus ordinaires, y est LA de ; noir, et vice versd. Nous devons attendre une description plus exacte de ce poisson, que promet l'excellent ichtyologiste à qui nous en devons la com- munication. L'HÉNIOCHUS BOUCHE-D'OR. (Heniochus chrysostomus, nob.; Chætodon chrysostomus, Park.) Mais il se trouve dans la Bibliothèque de Banks un dessin de Parkinson, fait à Otaïti, et 4. Bloch, Système posthume, pl. 232. 100 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, intitulé chætodon chrysostomus, qui, sil est fidèle, pourrait annoncer plus qu'une variété. La première bande noire prend du front, couvre la tempe et l'opercule, et passe devant la pectorale pour aboutir sur les ventrales ; la seconde prend des troisième, quatrième et cinquième aiguillons dor- saux, etse rend obliquement, comme dans la première espèce, sur la moïué postérieure de l’anale, et 1l y en a une troisième, contiguë dans le haut à celle-là, mais qui suit le dos le long de la base de la dorsale jus- ‘qu’à la caudale exclusivement. Du reste, cette der- nière nageoire, ainsi que la partie molle de la dor- sale et la pectorale, sont jaunes. Il y a aussi du jaune dans l'intervalle des deux dernières bandes, et le dessus du museau est orangé. On voit distinctement dans ce dessin une petite pointe au-dessus de chaque orbite. L'HÉNIOCHUS LICORNE, (/Zeniochus monoceros, nob.) rapporté récemment de Tfsle-de-France par MM. Quoy et Gaimard, parait devoir être regardé avec plus de probabilité comme une espèce particulière. Ses formes , ses nombres de rayons ne diffèrent pas de l'espèce commune, si ce n’est qu'il a au milieu de sa crête frontale, à une distance au-dessus de l’or- bite égale à celle de orbite au museau, une saillie conique, obtuse, tout-à-fait caractéristique. Ses pointes aux orbites sont aussi plus marquées. Le noir et le CHAP. III. HÉNIOCHUS. 101 blanc ne sont pas tout-àa-fait distribués de même. Une bande brune occupe toute la crête antérieure du crâne. Arrivée à la hauteur des yeux, elle prend de chaque côté une petite tache noire : il y a ensuite une bande transverse pâle; puis une bande transverse noire d’un œil à l’autre, sous laquelle est encore une bande pâle. Tout le museau au-dessous de l'orbite est noir, excepté les lèvres. La grande bande noire antérieure du tronc ne part pas des premiers rayons épineux, en avant du grand, mais au contraire des deux qui suivent ce grand rayon; cependant elle se termine inférieurement comme dans l’espèce commune, et le noir y teint de même les ventrales et le bord anté- rieur de l’anale. La deuxième bande ne remonte pas sur la dorsale, et n’occupe que la partie postérieure du ironc; elle prend de même la moitié postérieure de l’anale, et elle est plutôt brune que noire. D. 12/26; A. 3/19 , etc. Notre individu est long de sept pouces. Il se pourrait qu'il y eût encore parmi les figures que nous avons citées des anciens au- teurs hollandais, des poissons qui, malgré leur ressemblance avec l’entochus macrole- pidotus, en diffèrent par quelque caractère, que l'observation parviendra à mieux déter- miner un jour. Leur porte-drapeau, par exem- ple, qu'ils disent’ ne pas servir à la nourriture, 4 Ruysch, pl. 1, n° 3; Renard, 2.° part., pl. 14, fig. 66. 402 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. demeurer petit et vivre en troupes, pourrait bien nétre pas le même que le grand fafel- visch; mais nous ne pourrions le placer dans notre liste quautant que nous lui aurions . , . ? reconnu des différences positives. Nous n'en parlons donc ici que pour engager les voya- geurs à le rechercher. a DES TRANCHOIRS (Zawcrus, Commers.) Avec le jong filet des héniochus, les zanclus ont les écailles réduites pour l'œil à une légère âpreté, qui fait ressembler leur peau à un cuir pareil à celui qui couvre certains acanthures. Le TRANCHOIR CORNU. ( Zanclus cornutus, nob.; Chætodon cornutus, Linn. BIl., pl. 200, fig. 2.) L'espèce la plus répandue, celle que les petites pointes de ses orbites ont fait nommer * cornue, assez semblable aux héniochus pour les formes et les couleurs, en diffère beaucoup pour les écailles et pour d'autres particularités extérieures et intérieures. Son corps, moins le museau et les nageoires, offre un contour circulaire, ce qui lui a fait donner par les Hollandais des Moluques le CHAP. HIT. ZANCLUS. 103 nom de besan”. Ils lui donnent aussi ceux de piquier *, de trompette® et de porte-en- seigne*. Sa figure extraordinaire et ses petites cornes l'ont rendu lobjet de la superstition de certaines peuplades, et Renard assure que les pécheurs des Moluques, lorsqu'il leur ar- rive d'en prendre un, le rejettent à la mer après lui avoir fait des génuflexions”, et donné d’au- tres marques de respect. Cest d’ailleurs comme la grande-écaille un excellent poisson, qui a le goût du turbot, et pèse jusqu’à douze et qüinze livres®. On en a de bonnes figures dans Seba”, dans Klein°, dans Bloch (pl. 200, fig. 2). Com- merson l'avait décrit à Otaiti en 1767, et en avait fait un genre sous le nom de zanclus(tran- choir) : l'ayant retrouvé en 1770 à l'Isle-de- France, où l'on nomme ce poisson fil-en-dos, il l'y décrivit une seconde fois comme un chétodon, et, à ce qu'il paraît, sans se rappeler son genre zanclus. Des individus entièrement semblables aux 1. Besaantje, Vlaming, n.° 203; Renard, 1." part., pl. 15, fig. 76.— 2. Idem, 2° part., pl. 16, fig. 75. — 8. Valentyn, n.° 168; bonne figure. — 4. Idem, n.° 456. — 5. Moorse-afgodt (idole des Maures), Renard, 2.° part., pl. 9, fig. 44. Ruysch, pl. 1, fig. 5. — 6. Renard, 2.° part., pl. 9, fig. 44. 7. Copié dans l'Encyclopédie méthodique, ichtyologie, fig. 168. 8. Miss. IV, pl. 12, fig. 2 et 5. 104 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. siens ont été rapportés des Carolines par MM. Lesson et Garnot, et des îles Sandwich, de Tongataboo, de Vanicolo et de Célèbes par MM.Quoy et Gaimard. Ainsi l'espèce ne s'étend pas moins dans l'océan Pacifique que dans la mer des Indes. Nous avons déjà dit que la forme de son tronc est presque circulaire; mais de ce cercle sortent un museau conique et pointu , une dorsale et une anale Fée et la pointe de la dorsale se prolongeant en’ filet deux fois plus long que le corps; enfin, une caudale qui s’évase un peu en croissant. Sa hauteur, prise du devant de la dorsale à la base des ventrales, est une fois et deux cinquièmes dans sa longueur, prise du bout du museau à celui de la caudale. Son épaisseur est cinq ou six fois dans sa hauteur. À compter de la dorsale, la nuque ou plutôt le crâne descend rapidement; et à compter des yeux, la courbe du profil est très-concave, ce qui fait saillhir le museau comme un cône une fois aussi long que large; et malgré cette saillie, la lon- gueur toute entière de la tête ne fait que les trois cin- quièmes de sa hauteur. La bouche est très-peu fendue et garnie de dents en soies simples, inclinées en avant : on ne disüngue ni le maxillaire ni le sous- orbitaire au travers de la peau. Les deux bords du préopercule forment un angle très-obtus, et dont le sommet est arrondi. L’opercule, trois fois plus haut que long, a son bord arrondi et sans angle. Ce qui donne au tronc de ce poisson une forme CHAP. III. ZANCLUS. 105 eirculaire, c’est surtout la convexité de la poitrine vers le bas, produite par le grand élargissement des os de l'épaule. Il en résulte que le museau est pres- que au milieu de la hauteur du corps. L'œil est près du profil, et à peu près au milieu de la hauteur de la tête; son diamètre est du septième de cette hau- teur. Près de son bord, vers le bas, sont les deux orifices de la narine, fort rapprochés, petits, à peu près égaux. L’antérieur est un peu inférieur, et a un léger renflement à son bord supérieur. Un peu au- dessus de la narine, et au-devant de l'œil, est de cha- que côté une petite pointe ou corne aiguë, mais à base large, dirigée obliquement en avant et en haut. La fente des ouies ne s'étend que depuis la hauteur de l'œil à celle de la bouche, et il reste entre elle et sa correspondante de l’autre côté un isthme charnu et épais. On ne distingue pas les rayons branchiostèges au travers de la peau; mais la dissection m’en a montré quatre. Commerson dit qu'il n’y en a qu'un, mais c’est une erreur; il se trompe aussi en ajoutant que la quatrième branchie avorte : il y en a quatre de chaque côté, divisées chacune assez profondément en deux feuillets. La dorsale commence près du som- met de la tête, qui est aussi le point le plus élevé du corps, par deux très-petits aiguillons ; mais le troi- sième se prolonge en un fil flexible deux fois plus long que le corps. Le quatrième Léeus presque. Les suivans décroissent assez vite jusqu’au sepuème, après lequel commencent les rayons articulés, qui eux- mêmes décroissent aussi très-vite, en sorte que la nageoire est basse sur les deux tiers de sa longueur; 106 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. elle a quarante de ces rayons mous. L’anale est aussi bien plus haute en avant, où son premier rayon mou à les deux cinquièmes de la hauteur du tronc: il y en a en tout trente-trois, précédés de deux aïguil- lons; le premier très-petit, le second du tiers de la longueur du premier rayon mou. La portion de queue derrière les nageoires n’a pas le douzième de la longueur totale; mais sa hauteur est du huitième. Les pointes de la caudale, dont le bord est légère- « ment concave, en ont le huitième. La pectorale est en demi-ovale, d'un peu moins du quart de la lon- gueur. La ventrale est un peu plus longue, et sur- tout beaucoup plus pointue. B. 4? D. 1140; A. 9/33; C. 17; P. 16; V. 15. Lorsqu'on examine avec une forte loupe la peau de ce poisson, elle montre pour toutes écailles des lames verucales fort étroites, assez courtes, très- serrées les unes contre les autres, et finement den- telées à leur bord antérieur et postérieur. Il s’en porte de semblables sur la moitié de la hauteur de la dorsale et de lanale. La ligne latérale, qui ne se marque que par un léger reflet, suit la forte cour- bure du dos, en demeurant à une distance de la nageotre égale au septième de la hauteur totale. Toutes les figures montrent à ce poisson trois larges bandes noires. La première, la plus large de toutes, part de la nuque, embrasse l'œil, couvre l'épaule, lopercule, la moitié de la joue et tout l'in- tervalle entre l’ouie, la pectorale et la ventrale, qu’elle teïnt aussi en noir ; la deuxième règne depuis la se- CHAP. III. ZANCLUS, 107 conde moitié de la pointe de la dorsale jusque sur une partie plus considérable de celle de l'anale ; la troisième couvre la caudale, excepté son bord, qui forme un croissant blanc. Le museau et la parte antérieure de la joue sont blancs, et ce blanc se prolonge en pointe sous la gorge dans le noir de la première bande; mais il y a une tache noire sur le dessus de la mâchoire inférieure, et tout le bout de l'inférieure est aussi noir. Une ligne noire des- cend le long du profil, et donne à droite et à gauche une branche qui entoure un triangle orangé, dont chaque côté du museau est orné. Deux lignes blanches partent du haut de l'œil, et se rendent, la première, en travers du front, la seconde, oblique- ment vers la nuque. Une autre ligne blanche part de l’ouïe et descend obliquement en se courbant un peu vers la racine de la ventrale; souvent il y a aussi une ligne blanche qui descend de la base de la pec- torale vers le ventre, en se tenant parallèle au bord postérieur de la première bande noire. Une ligne blanche semblable suit aussi de près le bord posté- rieur de la deuxième, et il y a un liséré blanc au bord antérieur de la troisième. L’intervalle de la pre- mière à la seconde bande est blanc antérieurement, et jaune sur le reste de son étendue ; celui de la deuxième à la troisième est tout jaune. Le blanc et le jaune s'étendent sur les portions correspondantes de la dorsale et de l’anale, qui ont en outre dans leurs parties basses une ligne orangée, une blanche et une noire tout-à-fait au bord. La pectorale est grise. 108 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Cette description des couleurs est prise d'une figure coloriée laissée par Commerson, et conforme à des individus très-frais, rap- portés récemment par MM. Lesson et Garnot; mais dans les sujets desséchés ou conservés dans la liqueur, le jaune disparaît, et l'on ne voit que du noir et du blanchätre. Il arrive aussi très-souvent que les petites cornes des sourcils sont usées jusqu'à la ra- cine, et il paraît que dans les très-jeunes in- dividus elles ne se montrent point encore. Nous avons de ces poissons de neuf à dix pouces de longueur, mais ils deviennent plus grands. Les différences que nous présentent les viscères de l'héniochus cornu, comparés à ceux du chétodon macrolépidote, sont tout aussi grandes que celles que nous avons trouvées dans leurs formes exté- rieures. Le foie est grand, placé sous l’œsophage, qu'il embrasse à peine dans ses lobes. Le lobe gauche est le plus peut; il est d’une forme alongée et un peu renflée à sa réunion avec le droit. Celui-ci est grand et divisé en cinq lobules, dont deux internes sont minces et pénètrent entre les replis du tube intesuinal. 1. M. de Lacépède en donne une copie rapetissée (t. IV, pl.11, fig. 1). CHAP. IIL. ZANCLUS. 109 La vésicule du fiel est grosse, arrondie, un peu alongée ; elle est suspendue à un canal cholédoque très-gréle, très -long, qui reçoit plusieurs vaisseaux hépato-cystiques, et qui débouche ensuite à la base d’un des cœcums. L'œsophage est un gros tube cylindrique, à parois épaisses et chargées en dedans de grosses rides lon- gitudinales. Il s’étend jusqu'à la moitié de la longueur de la cavité abdominale; il s'infléchit vers le bas, et se dilate en une grande poche qui forme l'estomac. Ce viscère se trouve ainsi placé dans une position oblique, de haut en bas et d’arrière en avant, dans l'abdomen. Sa capacité est médiocre; ses parois sont épaisses ; sa veloutée est chargée en dedans de grosses rides, qui sont les prolongemens de celles de l’œso- phage. Le pylore, placé à l'extrémité de ce sac, pres- que sous le diaphragme, s'ouvre par un trou assez large; 1l est entouré de quatorze appendices cœcales, longues, appuyées sur l'estomac, dont elles suivent le contour. L'intestin remonte sous le diaphragme entre les lobes du foie; 1l passe sous l’œsophage, se courbe en même temps que lui, et revient auprès du duo- dénum; se courbe de nouveau, se porte en arrière en suivant la face inférieure de l'estomac, de manière à remonter jusqu'auprès de l’épine derrière l'œso- phage; se courbe encore, descend sous l'autre pli, et se porte vers Le diaphragme jusques entre les lobes du foie en avant du duodénum; il remonte alors dans lhypocondre gauche, et, le traversant obliquement sans faire aucun autre repli, il débouche à l'anus. 110 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. LS La rate est petite, alongée, et repose sur l'estomac entre les replis de l'intestin et les appendices cœcales. Les ovaires sont de médiocre grandeur, et reje- tés vers l'arrière de l'abdomen. Le squelette de lhéniochus cornu: est surtout remarquable par le développement que prennent la lame postérieure de l'huméral et tout le cubital : ce sont ces larges lames qui enveloppent la poitrine de ce poisson dans une espèce de coffre osseux, tran- chant en dessous. Je ne lui trouve que vingt-deux vertèbres, dont neuf abdominales; elles ont des apo- physes transverses, assez larges. La neuvième se di- late de chaque côté en dessous, et forme ainsi un peut bassin pour la fin de la vessie natatoire. L'in- ierépineux, qui porte la première épine dorsale, forme à son sommet en avant de cette épine, comme dans plusieurs scombéroïdes, une petite pointe ai- guë, couchée et dirigée en avant. Au-devant de cet interépineux en est un seul sans épine, simple, droit et grèle. Celui qui porte les deux premières épines anales, se termine dans le bas par une lame triangu- laire, dont la pointe est dirigée en avant. Le chætodon canescens de Linnæus (ché- todon grison, Lacép.), établi sur une figure de Seba (t. IE, pl 25, n.° 3)°, n’est qu'un jeune individu de cette espèce, desséché et déco- 1. Il y a une figure de ce squelette dans les Planches ichtyoto- miques de M. Rosenthal, 3.° cah., pl. 13, fig. 5. 2. Copiée dans l'Encyclopédie méthodique, fig. 166: CHAP. III, ZANCLUS. 411 loré. L’échantillon même de Seba est au Cabi- net du Roi, et ne laisse pas de doute sur cette identité; mais nous noserions aflirmer que dans les nombreuses figures de Renard et de Valentyn, quinesemblent différerque par l'en- Juminure, il n’y en ait point qui n'appartien- nent à des espèces vraiment distinctes. Ce sera un sujet intéressant d'observations pour les naturalistes voyageurs. 412 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE IV. Des Éphippus, des Drépanes, des Sca- tophages et des Taurichtes. Nous avions appelé éphippus (cavaliers) les chétodons qui ont deux dorsales, ou du moins dont la dorsale est profondément échancrée entre sa partie épineuse et sa partie molle, et qui se distinguent encore des autres, parce que la partie épineuse n’est point garnie d'écailles, et peut se replier, comme celle des sciènes, dans un sillon formé par la peau du dos. Leur corps est généralement de forme ovale ou approchant de lorbiculaire. On en distingue trois petites subdivisions, dont nous avons cru devoir former autant de genres. La première, à laquelle nous conser- vons le nom d'éphippus, a trois épines à l'anale, et les pectorales ovales; elle possède des es- pèces en Amérique et aux Indes. La seconde, que nous appelons drepanis, est exclusivement des Indes, et, avec les mêmes épines à l'anale, a de longues pectorales pointues, taillées en faux. La troisième, les scatophages, aussi des 1. Règne animal, 1." édit. . t. Il, p. 535; 2.fédit., t. IE, p. 191. CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 113 Indes, a les pectorales courtes, et quatre épines à l'anale. Ses écailles sont beaucoup plus pe- tices. DES ÉPHIPPUS. L'ÉPHIPPUS FORGERON. (Ephippus faber, nob.; Chætodon triostegus, L.; Chætodon faber, Brouss., BI. et Lacép.) L'éphippus d'Amérique le plus connu a été décrit et représenté par Sloane' sous les noms de faber marinus, fere quadratus ou de prlot-fish. Linnæus* a placé ensuite cet article de Sloane parmi les synonymes de son chæto- don triostegus, qui dans la réalité était un acanthure, ainsi que le prouvent la description quilen a insérée dansle Prodrome du deuxième volume du Musée d’Adolphe-Fréderic (p. 70), et l'autre synonyme, qu'il a tiré de Seba (+. LIT, pl. 25, fig. 4); mais il embrouille encore son histoire en y joignant un troisième synonyme, tiré de Brown’, et qui est un chétodon pro- prement dit (le chætodon capistratus). Broussonnet crut avec raison devoir con- sidérer ce nom de chætodon triostegus comme 1. Jam., t.IL, pl. 251, fig. 4. — 2. Douzième édition, p. 463. — 3. Jam., p. 454. 7. © 114 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. appartenant particulièrement à l'acanthure’, et donna à l'éphippus qui nous occupe, et dont il a publié une bonne figure et une description détaillée, celui de faber, qu'il prit dans Sloane, et que Bloch et M. de Lacépède lui ont con- servé; mais Broussonnet, de son côté, confon- dit ce faber avec le stront-visch des Indes de Nieuhof et de Willughby, qui est le chætodon argus Ou l'un de nos scatophages, ce qui lui a fait avancer que l'espèce appartient aux deux océans. Bloch (pl. 212, fig. 2), qui a à peu près copié sa figure?, n'a pas adopté cette erreur; mais il réduit ce poisson à des limites trop étroites, en bornant son séjour aux côtes de l'Amérique méridionale. Nous sommes certains qu'on en prend depuis New-York jusqu'à Rio- Janéiro. Nous l'avons recu du premier de ces 4. La phrase caractéristique de Linnæus et la description qu’il y ajoute, telles qu’elles se trouvent dans la douzième édition du Systema naturæ, n’indiquent pas exclusivement l’acanthure. Les trois rayons branchiaux mêmes ne s’y rapporteraient pas, car les acanthures en ont quatre; et quoique les éphippus en aient six, ils n’en montrent que trois à l’extérieur, et pour voir les trois autres, il faut enlever la peau de l’isthme. Mais ce qui ne laisse aucun doute, c’est la description des dents dans le tome II du Musée d’Adolphe-Fréderic (dentes octo seu decem, pectinati, quinquedentati). Cependant il n’y est pas parlé d’épines aux côtés de la queue : peut- être étaient-elles tombées, ou l’auteur ne les a-t-il pas remarquées; peut-être a-t-il lui-même confondu deux poissons différens. 2. Bloch dit avoir pris cette figure de Plumier; mais tout annonce qu'il en a au moins corrigé les détails d’après celle de Broussonnet. CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 415 ports par M. Milbert, et du second par M. De- lalande et MM. Quoy et Gaimard. Les points intermédiaires nous en ont aussi envoyé: Cuba, par M. Poey; Porto-Rico et Saint-Barthélemy, par M. Plée; la Martinique, par M. Achard; Cayenne, par M. Poiteau. Il avait été adressé de la Caroline à Linnæus par Garden; et M. Mitchill l'a représenté (pl. 5, fig. 4), mais sous le nom de cloudy-chætodon, parce qu’à tort il le jugeait nouveau. À Rio-Janéiro il se nomme inchada. Parmi les colons espagnols il par- tage avec d’autres chétodons les noms de chi- rivita et de palometa, et chez nos colons de la Martinique on lui donne celui de monbin, en commun avec l'holacanthe tricolor, et probablement aussi avec d’autres, tant il est vrai que les nomenclatures populaires n’ont jamais de fixité. Ce qui le prouve encore, c'est qu'à Saint-Domingue on l'appelle demoiselle, et qu'une variété un peu plus pale sy nomme demoiselle-marguerite. Au reste, il n'en est que trop souvent de même des nomenclatures scientifiques, et, outre ce que nous avons dit au commence- ment de cet article, le poisson dont nous par- lons en offre encore un autre exemple. Gmelin’ 4. Linn. Gmel., p. 1225. 116 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. a fait de la figure de Sloane un zeus, quil nomme zeus quadratus, et M. de Lacépède a fait de ce zeus de Gmelin sa sélene quadran- ulaire’, tout en conservant dans sa liste des chétodons le chétodon forgeron, qui est la même chose. Le corps de cet ephippus est presque orbiculaire et parait prendre de la hauteur avec l'âge; car nous trouvons les grands individus plus élevés que les petits. En général, sa hauteur serait égale à sa lon- ‘gueur, si l’on en retranchaït la queue? et la caudale, et lorsqu'on les y comprend , elle en fait un peu moins des trois quarts. La courbe du dos descend par un arc de cercle uniforme au museau, qui ne saille point hors de cet arc. La tête a en longueur un peu moins du quart de celle du poisson, et cette longueur fait les trois cinquièmes de sa hauteur. L'œil est au milieu de la hauteur, un peu plus près du profil que de l’ouïe, et a le tiers de la longueur en diamètre. La bouche est au cinquième inférieur de la hauteur, horizontale, et fendue seulement jus- que sous le bord antérieur de l'œil. Les dents sont en soies simples et pointues. L’orifice postérieur de la narine est une fente verucale, très-près du bord antérieur de l'orbite; l'antérieur un petit trou rond, entre le précédent et le bout du museau. L’intervalle des yeux est arrondi transversalement; mais la crête du crâne est tranchante. Le préopercule est rectan- 1. Lacépède, t. IV, p. 564. 2. J'entends la portion de queue derrière la dorsale et l’anale. CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 417 gulaire; mais son angle est arrondi; ses bords n’ont aucune dentelure, ou tout au plus le doigt en per- coit-il quelque vestige près de l'angle. L’opercule osseux a un angle obtus. La fente des ouïes est pres- que verticale ; sa parte inférieure répond sous l'angle du préopercule, et se montre un peu à découvert, mais est fort séparée de sa correspondante, tout le dessous de la mâchoire inférieure restant entier. On voit assez aisément les trois rayons branchiostèges supérieurs; mais 1l y en a trois autres, que l’on ne découvre qu’en enlevant la peau de l'isthme. La pec- torale est petite et arrondie, ou demi-ovale, et s’at- tache au quart inférieur de la hauteur. Sa longueur n'est que du sixième de celle du corps; elle a dix- sept rayons. Les ventrales sont deux fois plus lon- gues; leur premier rayon mou, aiguisé en pointe, atteint la naissance de l’anale. L’épine n’a que moitié de sa longueur. La dorsale épineuse commence au point le plus élevé du dos, à laplomb du milieu de la pectorale, par un aiguillon à peine visible, suivi d'un second un peu plus grand, et d’un troisième qui a le quart de la hauteur totale et est encore prolongé du double par un filament membraneux ; le quatrième est trois fois plus petit, et les quatre suivans diminuent encore; mais le neuvième, qui est adossé à la partie molle, se relève un peu. Il n’y a vraiment de membrane que jusqu’au cinquième. La dorsale molle à d’abord une partie pointue, des deux cinquièmes de la hauteur du corps; puis elle dimi- nue de manière à faire la faux : ses derniers rayons sont assez courts ; 1l y en a en tout vingt-deux; west 18 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. le quatrième qui est le plus long et va former le som- met de la pointe. L’anale a trois aiguillons courts et forts, qui forment en quelque sorte une première nageoire, comme dans beaucoup de scombres. Sa partie molle ressemble à celle de la dorsale; mais est un peu moins longue, et n’a que dix-huit rayons. La porüon de queue derrière elle a le dixième de la longueur totale, et est d’un tiers plus haute. La cau- dale a un cinquième de plus en longueur, et est cou- , pée carrément; quand on l’étale, la distance entre ses angles est du üers de la longueur totale. B. 6; D. 8— 1/22; A. 3/18; C. 17; P. 17; V. 1/5. Les écailles sont presque orbiculaires, très-fine- ment striées à leur partie visible, et divisées en quatre ou cinq crénelures à leur bord caché. Elles ne sont pas grandes : on en compte au moins cinquante entre l’ouie et la caudale, et plus de quarante entre le dos et le ventre; 1l n’en manque à la tête que dans la partie inférieure du museau et aux mà- choires. Sur la seconde dorsale et l’anale elles s’éten- dent presque jusqu’au bord. La ligne latérale, courbée comme le dos et demeurant un peu au-dessus du uers supérieur, se marque par une légère élevure tubuleuse à chacune de ses écailles ; elle atteint jus- qu’à la caudale. Tout ce poisson paraît dans la liqueur teint de brunâtre, et cependant, quand on le regarde de près, on voit que chaque écaille a le milieu couleur de laiton, et les bords couleur d’étain. Six bandes verti- cales obscures, peu prononcées et de couleur iné- CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 119 gale, se dessinent sur ce fond. La prenuère va du sommet de la tête à l'œil, et de l'œil à la gorge; c’est une vraie bande oculaire; la deuxième va de la nu- que à la pectorale ; la troisième, qui est plus étroite, de la partie épineuse de la dorsale au uers inférieur de la hauteur du corps; la quatrième, de la fin de la dorsale épineuse à la portion correspondante de lanale : c’est la plus large; la cinquième, du milieu de la partie molle de la dorsale à celui de l'anale; enfin, il y en a une sur la fin de la queue, à la base de la caudale. La membrane de la dorsale épineuse et les bords antérieurs de la seconde dorsale et de l’anale molle sont plus bruns que le fond, et les ventrales sont noires. D’après les notes que nous a commu- niquées M. Poëy, ces bandes verticales ont dans le poisson frais une teinte bleue, et le fond de sa cou- leur est plus blanchâtre que brun. Les bandes, comme il arrive d'ordinaire, sont moins prononcées dans les grands individus que dans les peuts. Nos individus ont depuis trois jusqu'a neuf pouces. Le squelette du faber a la crête du crâne compri- mée, mince, de la hauteur de moitié du reste de la tête. Le bord antérieur en est à peine un peu épaissi. Il y a trois interépineux grêles entre cette crête et celui qui porte le premier aiguillon dorsal. Aucun interépineux n’a de renflement. Les premiers de l'anale sont seulement plus forts, et soudés ensemble pour en porter les aigwllons comme dans tous les chétodons et la plupart des acanthoptérygiens. Il y a neuf vertèbres abdominales et quatorze caudales ; 120 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. leurs apophyses épineuses sont comprimées, et 1l se pourrait qu'avec l'âge quelques-unes prissent des nodosités, dont 1l semble que l’on voit déjà des ves- uges. Il y a quelque variété dans la longueur des pointes des nageoires de l'ephippus faber ; on en voit où elles se réduisent presque à une saillie anguleuse, et d’autres où elles vont aussi loin en arrière que la caudale. Je soupçonne que c'est une de ces dernières variétés, esquis- sée par Plumier, et copiée de lui dans le grand ouvrage de Bloch (pl. 211, fig. 1), qui est deve- nue le chætodon Plumieri. Cette idéeme paraît d'autant plus plausible, qu'une peinture faite par Aubriet d’après le même dessin, ou la même esquisse de Plumier , donne aux bandes non pas une teinte verte comme l’enluminure de Bloch, mais une teinte bleue telle quon lobserve dans le faber frais. Il est certain aussi qu'il ne nous est jamais venu des iles d'éphip- pus dessiné comme cette figure le représente (avec six bandes entières et sans l’oculaire). Le chætodon Plumiert n'existerait donc pas, et Bloch semble l'avoir pensé lui-même, puis- qu'il a exclu cette espèce de son Système posthume. Cependant c'est uniquement de ce chætodon Plumier: que M. de Lacépède a composé son genre chétodiptere, dont la dé- CHAP, IV. ÉPHIPPUS. 491 finition est à peu près la même que celle de nos éphippus, mais dont nous navons pas voulu conserver le nom trop mal composé: il aurait dü, d'après cette définition même, y placer aussi le faber, Vorbis, le falcatus et le punctatus; et il serait difficile de deviner pourquoi il ne Fa pas fait, si l'on ne savait quil s'en est presque toujours rapporté à Gmelin ou à Bloch, et que le chætodon Plu- miert est le seul dans le caractère duquel ces auteurs aient fait entrer l'expression de deux dorsales (dorso bipinnato). L'ÉpuipPus GÉANT. (Ephippus gigas, nob.; Chætodon gigas, Parkins.) L'Amérique produit un autre éphippus qui devient beaucoup plus grand, et se distingue par une teinte argentée ou plombée uniforme ; qui de plus est remarquable par le renflement de sa crête du crâne, et surtout par celui du premier interépineux de son anale, qui donne à cet os la forme d’un maillet ou d’une mas- sue très-grosse au bout. C'est ce dernier os que lon a apporté d'Amérique dans les cabinets de curiosité, que Wormius a décrit le premier”, 4 Mus. Worm., p. 170. 499 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. et dont on a long-temps depuis ignoré la vé- ritable origine. Ces deux circonstances d'or- ganisation lui sont communes avec le chæto- don arthriticus de Bell, qui est un platax ; mais les formes de ces renflemens ne sont pas les mêmes dans les deux poissons. Le Cabinet du Roi recut en 1808 de celui de Lisbonne un individu de cette espèce pré- paré en herbier, et étiqueté enxada et guarer- va. Nous en trouvâmes ensuite une figure dans les dessins que Parkinson avait faits au Brésil en 1768 pour le chevalier Banks, et une autre dans la belle collection de peintures faite au Mexique par les soins de MM. Sessé et Moci- gno ; enfin, nous avons recu le poisson lui- même de New-York par M.Milbert, de Cayenne par M. Frère, et de Rio-Janéiro par M. Dela- lande; en sorte que nous avons la certitude qu'il est répandu sur la même étendue de côtes que le faber. Parkinson le nomme chætodon gigas, et M. Mocigno chætodon albicans. Je suppose que c'est lui qui est indiqué par Gme- lin (p. 1260) sous le nom de chætodon gigas parmi les espèces que Broussonnet se propo- sait de décrire, et en conséquence je lui ai laissé ce nom. Nos Francais des Antilles l'ap- pellent poisson-lune. Son corps présente latéralement un ovale assez CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 193 régulier. La plus grande hauteur, qui est au milieu, est une fois et demie dans la longueur sans la cau- dale, et une fois et trois quarts en ly comprenant ; l'épaisseur esi du quart de la hauteur. La courbe du dos s’arrondit également en avant vers le museau et en arrière vers la queue. Le profil de la crête du crâne est obtus; entre les yeux le front est un peu bombé et arrondi en travers, puis 1l y a une légère concavité au-dessus du museau, qui lui-même est très-court. Les yeux, les narines, la bouche, les denis, toutes les pièces operculaires, les nageoires et la ligne laté- rale sont disposées comme dans le fuber. Les épines de la première dorsale paraissent moins hors de la peau; cependant la troisième est aussi la plus longue et garnie de son lambeau membraneux. Les écailles sont plus hautes que larges, arrondies tout autour. Leur éventail n’a que trois ou quatre rayons. B. 6; D. 8— 1/1; À. 317; C. 17; P. 17; V. 15. Dans la liqueur ce poisson est argenté, avec une bordure grise à chaque écaille. Les nageoires sont d'un gris-brun plus uniforme. Il paraît, d'après Par- kinson, qu'il règne dans le frais une teinte bleuâtre. Sa taille est considérable pour cette famille. Nous en avons un individu de seize pouces. Le squelette de cet ephippus n’est pas moins re- marquable que celui du platax arthriticus. La crête de son crâne est en triangle vertical, dont le bord postérieur égale la base, et dont le bord supérieur ou antérieur est plus long d'un quart. Sa base est 124 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. mince; mais le reste de son étendue est renflé en une masse osseuse, compacte, d’une épaisseur égale à la moitié de sa hauteur. Le bas de l’huméral prend aussi avec l’âge un gros renflement. L'interépineux, auquel s’articulent les deux pre- miers aiguillons de l'anale, est renflé en avant, vers le bas, en une grosse masse, qui a en arrière un sil- lon où s’enchâsse l’interépineux du troisième aiguil- lon; les deux premiers s’articulent dans deux petits anneaux adhérens à son bord inférieur. Cette masse * grandit avec l’âge, surtout dans le sens d'avant en arrière; en sorte que dans les vieux individus elle a toute une autre forme. On pourrait même douter que tous ceux de ces os renflés qui nous arrivent d’Amé- rique soient de la même espèce. Les interépineux du dos n’ont pas de renflemens, du moins dans nos individus; mais ils se joignent les uns aux autres par des lames verticales minces. Il y en a trois gréles et sans rayons entre la crête du crâne et les premiers aiguillons du dos. Les vertèbres sont au nombre de vingt-quatre, dont dix abdomi- nales et quatorze caudales. Les deux premières côtes sont très-pettes ; les sept suivantes embrassent les trois quarts de la hauteur de l'abdomen, et sont comprimées et assez fortes. La dixième vertèbre a en dessous un appendice triangulaire un peu concave, qui donne appui à l'extrémité de la vessie natatoire, Les quatre premières apophyses inférieures de la queue sont comprimées et élargies, et les trois der- nières se touchent même dans leur milieu par leurs élargissemens. La dernière de toutes a six rayons à CHAP. IV. ÉPHIPPUS. 125 son éventail. Indépendamment du premier sous- orbitaire 1l y a un cercle osseux étroit autour de l'orbite. Depuis que nous avons rédigé cet article, nous avons recu une dissertation publiée à Berlin, par M. Benjamin Wolf, en 1824, où il décrit et représente le squelette de cette es- pèce, et les singuliers renflemens de son crâne et de son interépineux anal; mais il croit mal à propos que c'est le chætodon faber. Celui-ci na point de renflemens, et nous nous en som- mes assurés en comparant des squelettes des deux espèces de même grandeur; ces renfle- mens sont donc des différences d'espèce, et non pas d'âge. L'Épnirpus DE Corée. (Ephippus goreensis, nob.) M. Rang vient de nous envoyer de Grorée un éphippus assez semblable au gigas, mais dont les écailles sont plus grandes et les épines de la première dorsale plus longues et plus séparées. Son corps est un peu moins haut à proportion. Sa hauteur est comprise deux fois dans sa longueur totale. Son profil, la convexité de son front entre les yeux, sont les mêmes. Le diamètre de son œil fait le üers de Ja longueur de sa tête. Toutes ses dents sont 126 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. pointues, et forment une brosse, comme dans les autres chétodons. Sept aiguillons presque séparés, tant leur membrane est échancrée profondément, représentent sa première dorsale. Le premier très- petit; le second presque de moiué de la hauteur du corps, mince, assez flexible; les suivans diminuant par degrés, en sorte que le septième n’est guère plus grand que le premier; le huitième, qui commence la seconde dorsale, se relève un peu; les trois de l'anale sont fort courts. La seconde dorsale et l’anale ne forment pas de pointes saillantes comme dans les deux précédens , et sont seulement un peu plus hautes de l'avant que de l'arrière. La caudale est coupée en arc de cercle légèrement rentrant. Les pectorales sont petites, ovales; et les ventrales, d’un üers plus lon- gues, ont le premier rayon mou aiguisé en filet. D. 7— 1/19; A. 3/15; C. 17; P. 15. On ne compte que quarante écailles demi-circu- lures de l’ouie à la éaudale, avec quatre crénelures au bord radical, et cinq stries à l’éventail. Celles des nageoires sont fort petites. Tout ce poisson parait argenté; chaque écaille a un bord étroit brunûâtre. Les nageoires sont d’un gris brun. Tout le devant de la tête est aussi teint de brun. Il n’y a aucun renflement ni aux interépineux du dos ni à ceux de l’anale. La crête du crâne est fort élevée, mais non renflée. Notre individu est long d’un pied. CHAP. IV. ÉPHIPPUS, 127 L'ÉPHIPPUS ORBE. (Ephippus orbis, nob.'; Chætodon orbis, BI.) L'espèce de cette première petite tribu que l’on trouve aux fndes, a été représentée par Bloch (pl. 202, fig. 2). Il l'avait recue de TFranquebar*. M. Leschenault nous l'a envoyée de Pondichéry, et M. Dussumier du Malabar; mais il ne paraît pas qu'elle soit commune, surtout dans les îles, et aucun des autres voyageurs qui nous ont procuré tant de pois- sons de la mer des Indes, ne nous a apporté celui-là. Sa forme est un ovale approchant de l’orbiculaire, Son profil antérieur , depuis la nuque jusqu'aux ven- trales, représente surtout un demi-cercle, dont le museau n'interrompt pas même la conunuité par une saillie. Sa hauteur est une fois et trois quarts dans sa longueur totale. Il est fort comprimé; son dos et la crête de son crâne sont tranchans. La hauteur de sa tête en comprend une fois et demie la longueur, et en ajoutant la gorge, elle la com- prend deux fois. Ses denis sont courtes ; le premier rang est un peu aplati,.mais sans dentelures à la pointe. Les deux premiers aigwllons de sa dorsale 1. Chœtodon orbis, B1., pl. 202, fig. 2, copié dans l’Encyclo- pédie méthodique, pl. 390. Chétodon orbe, Lacép., t. IV, p. 458 et 491. 2. BI. Schn., p. 232, n.° 60. 128 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. sortent à peine d’entre les écailles; mais le troisième, le quatrième et le cinquième s’alongent en filets minces, mais élastiques ; le troisième, qui est le plus long, a plus de moitié de la hauteur du corps. Les quatre suivans sont courts; et le dernier est presque caché dans la base de la dorsale molle. Les épines de l’anale sont courtes, et la première surtout. Ces deux nageoires sont à peu près d’égale hauteur sur leur longueur. La caudale est coupée carrément. Les pectorales sont ovales, obtuses, et n’ont pas tout-à- fait le septième de la longueur totale; mais les ven- trales sont du double plus longues et très-pointues. Leur épine n’a qu'un cinquième de moins que leur premier rayon mou. La pièce écailleuse de leur base en atteint le üers et au-delà. Les nombres de ses rayons Sont: D. 8—1/19'; A. 3/15; C. 17; P. 19; V. 1/6. Les écailles de cette espèce sont grandes : on n’en compie que trente-cinq sur une ligne longitudinale, et dix-neuf ou vingt sur une verticale, toutes lisses et membraneuses aux bords, plus hautes que lon- gues, irrégulièrement crénelées au bord caché, et marquées de quinze ou dix-huit stries courtes, inégales, et qui ne font pas l'éventail; celles des na- geoires sont petites , et ne s'étendent pas fort avant. Sa couleur paraît un bel argenté, un peu teint de violâtre vers le dos; et ses nageoires sont jaunâtres. 1. Lacépède (p. 458) dit : D. 7/21. Il n’aura probablement consulté que la figure de Bonnaterre, copiée de celle de Bloch, mais où l’on a omis les deux premiers aiguillons du dos. Bloch a compté comme nous, CHAP. IV. DRÉPANES. 129 Notre individu est long de six pouces. Celui de Bloch est de même taille; mais il l'a représenté plus petit. Bloch dit ses narines simples et loin des yeux ; c'est qu'il n'a vu que l’orifice antérieur. Le posté- rieur est, comme dans les autres chétodons, une fente verticale, voisine du bord de l'orbite. Ni cet auteur ni M. Leschenault ne donnent aucun renseignement sur les habitudes de ce poisson, ni sur ses qualités comme aliment; M. Dussumier s'en tait également. Cette espèce, peu commune, n'aura pas attiré l'attention. DES DRÉPANES. La mer des Indes produit quelques poissons de ce genre assez semblables entre eux pour que nous puissions en donner une description commune, et remarquables surtout par de longues pectorales taillées en faux, très-poin- tues, et qui atteignent jusqu'à la base de la caudale. Agsryn signifie une faux. Leur forme est presque quadrangulaire , très- comprimée. Leur dos s'élève en angle obtus, et il y a un angle obtus à son opposite, au commence- ment de l’anale. La distance de ces deux sommets est égale à la longueur du corps sans la caudale. Celle-ci est d’un peu plus du cinquième du reste. sË 9 130 LIVRE VII. SQUAMMJPENNES. Du sommet du dos, la ligne de la nuque et du front descend en serpentant un peu, ayant une léotre convexité à son origine, une autre à la nuque, une entre les yeux, et une au museau. Son ensemble ce- pendant a une convexité générale; mais le profil tombe rapidement de l'œil à la bouche. Une autre ligne descend plus uniformément de ce mème som- met vers la queue. Celle qui va de la bouche à la saillie anale est un peu concave derrière les ven- trales; et la quatrième remonte vers la queue, sans . presque avoir d’inflexion. La hauteur de la tête n’est pas tout-à-fait double de sa longueur. L'œil est plus haut que le nulieu de la hauteur, et la bouche au quart inférieur ; elle est très-peu fendue, et a ses dents courtes, serrées, toutes simples et très-fines. Le maxillaire montre en arrière sa moiué posté- rieure elliptique, posée obliquement. Le préoper- cule descend plus bas que la bouche, et a son angle arrondi, avec de fines dentelures à son bord infé- rieur. L'opercule, trois fois plus haut que large, a son bord inferieur très-oblique, et son angle très- obtus. La dorsale nait tout près du sommet du dos par un où deux aiguillons à peine visibles, en avant desquels est une épine couchée et dirigée vers la nuque. Le troisième aiguillon, au sommet même, est un peu plus grand que ceux qui le précèdent; le quatrième, le plus long de tous, a le cinquième de ! la hauteur du corps. Les suivans diminuent par de- grés; tous sont comprimés et poinius, et ont leur base enveloppée de deux lames écailleuses. La dor- sale molle s'élève plus même que l'aiguillon le plus CHAP, IV. DRÉPANES. 4351 iong. Son bord s’arrondit en arrière, et il en est de même de celui de l'anale, dont les trois épines sont courtes; la deuxième est la plus grosse. La caudale est coupée carrément. Les ventrales ont leur deuxième rayon en filet, qui atteint la naissance de l’anale; leur épine est d'un quart plus courte, et la pièce écailleuse de leur base des deux tiers. Les écailles sont médiocres, arrondies, et n’ont que très-peu de rayons à leur éventail : il y en a de peutes sur les parties molles des nageoires dorsale et anale jusque très-près des bords. La ligne latérale fait un angle plus obtus que celui du dos. Le limbe du préoper- cule, la moitié inférieure de l’opercule, et le sous- opercule, n'ont pas d'écailles. B. 6; D. 81/21; A. 3/11; C. 17; P. 163 V. 1/5. Russel a décrit trois espèces ou variétés de ces poissons. La première, son latté (n.° 79), se distingue par des suites verticales de points bruns assez gros, écartés, qui descendent jusqu’au milieu des flancs, sur un fond argenté. La seconde, son terla (n.° 80), est d’une couleur unie, et a seulement les nageoires verucales plus brunes. La troisième (n° 81), quil nomme aussi terla, k a sur ses nageoires verticales une large bande brune, qui suit le milieu de leurs rayons. 132 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Mais l'auteur nous apprend que les pêcheurs confondent souvent ces trois poissons sous ce nom commun de terla. On en fait, selon lui, peu de cas comme aliment. Les deux dernières sortes cependant sont un peu meilleures que la première. La DRÉPANE PONCTUÉE. (Drepane punctata, nob.; Chætodon punctatus, Linn.; Latté, Russel, n.° 70.) Le latté était depuis long-temps au Cabinet du Roi à l’état sec, et on la recu depuis peu, dans la liqueur, du Malabar, par M. Dussumier, et des envois que MM. Kubhl et Van Hasselt ont faits de Java au Musée royal des Pays-Bas. Fout nouvellement MM. Quoy et Gaimard l'ont rap- porté du Havre-Dorey, à la Nouvelle-Guinée. Il nous paraït que c'est le chætodon punctatus décrit par Linnæus d'après un échantillon du Cabinet de l'Académie de Stockholm, et que M. de Lacépède a nommé chétodon faucheur.' Il est d’une belle couleur d'argent brillant, avec 1. Linnæus n’a compté que quatre rayons aux branchies et huit aiguillons au dos: mais c’est une faute qui a dû être difficile à | OPLANS Par 0 , p à 1 1 éviter, s’il n’a pas eu recours à la dissection. Tout le reste de sa description s'accorde, surtout ces mots : Pone anum dilatatum , en les expliquant d’une dilatation dans le sens vertical. Quand il ajouie : Figura cyprini, il entendait sans doute la brême. CHAP. IV. DRÉPANES. 133 des reflets dorés ; ses points bruns sont disposés sur sept ou huit lignes verticales; ses nageoires sont jau- nâtres. Il y a un point brun dans l’aisselle de la pec- torale. Nos individus sont longs de six à huit pouces. Russel en a un d’un pied. | Les individus qui ne passent pas trois ou quatre pouces ont sur la crête du cràne quelques dente- lures pointues, qui s’effacent avec l’âge. Cette espèce habite aussi les côtes méridio- nales de la Chine et le nord de la Nouvelle- Hollande; car nous en avons vu une belle figure faite à Canton par les soins de M. Dus- sumier , êt Solander, qui la décrit bien, dit l'avoir vue remonter dans les rivières près du détroit de l'Endeavour. La DRÉPANE PEIGNE. (Drepane longimana,nob.; Chætodon longimanus, BI. Schn.; Terla, Russel, n.” 80 et 81.) Le premier terla de Russel nous a été en- voyé de Pondichéry par M. Leschenault. On le nomme sur cette côte sipou-taréte, ce qui siguifie tarété-peigne. Plus récemment M. Bélenger nous la en- voyé de Mahé, sur la côte de Malabar, et nous venons de le recevoir en quantité du même pays par M. Dussumier. 1 4134 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. C'est le chætodon longimanus de Bloch", ainsi que nous nous en sommes assurés par.son individu et par l'étiquette de sipou-sarattet que Daldorf y avait inscrite à Tranquebar. Il parait entièrement d’un gris argenté, avec une teinte brunâtre sur une parue des nageoires, dont le fond est jaunâtre. Le deuxième terla de Russel (n.° 81) est au plus une légère variété de l'autre. Les jeunes de cette espèce ont des carac- ières assez marqués pour que l'on puisse les prendre pour une espèce particulière, si l'on nen voyait tous les passages. * Leur corps argenté est teimt de violätre vers le dos, surtout à la tête, avee cinq bandes verticales grisäires. Dans les plus petits la crête du crâne est finement dentelée en scie à sa partie supérieure; et la portion de nuque qui est au-dessus, a des dente- lures en sens contraire, dues aux sommets des in- terépineux qui précèdent l’'épine couchée en avant de la dorsale; mais on voit déja les dentelures dimi- nuées sur les individus un peu plus grands, et les bandes verticales s’y effacent peut à peut. MM. Kuhl et Van Hasselt avaient envoyé de ces jeunes individus de Java, et M. Dussu- mier vient d'en rapporter avec des adultes. 1. Syst. posth., p. 220. CHAP. IV. DRÉPANES, 4355 Nous avons disséqué nos deux drépanes à longues pectorales. Dans la ponctuée le lobe gauche du foie se pro- longe dans l'hypocondre en une pointe assez aiguë; il est moins épais que le lobe droit, qui est tronqué et plus court. La vésicule du fiel est globuleuse, argentée et suspendue à un canal cholédoque assez long, qui débouche sous le cœcum droit. L'œsophage est court, et débouche dans un esto- mac assez grand, globuleux, un peu comprimé de droite à gauche. Ses parois sont minces, et n’ont de plis qu’à la face supérieure. La branche montante est courte et épaisse Nous n'avons vu que deux ap- pendices cœcales courtes, assez grosses. L'intesuün est grêle, 1l n’était pas assez enter pour que nous ayons pu suivre ses replis. La rate est assez grosse, ovoide, et placée dans lhypocondre droit derrière la pointe du foie. Les laitances sont alongées , placées dans le fond de l'abdomen, et pliées dans le milieu de leur lon- gueur, afin de se porter vers le diaphragme pour déboucher auprès de l'anus. La vessie natatoire est grosse, alongée, arrondie en avant, et prolongée par deux cornes assez lon- gues, peu grosses, très-pointues, qui se portent de chaque côté des interépineux de l'anale dans l’épais- seur des muscles de la queue. Les reins sont épais, noirs; 1ls versent lurine par deux uretères assez longs, qui passent entre les cornes de la vessie aérienne et débouchent dans une vessie urinaire assez Longue, placée sous la portion inférieure 436 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. des laitances. Ses parois sont minces et transparentes. Dans la drépane peigne le lobe droit du foie est pointu, et se porte plus en arrière que dans la ponctuee. La vésicule du fiel est un peu plus grosse et plus alongée. Nous avons trouvé trois appendices cœcales au pylore. Les sacs à ovaires sont rejetés dans le fond de l'abdomen, grands, et non pas pliés comme les laï- tances de l’autre espèce. La vessie aérienne est de même forme que dans le précédent; son corps est plus gros, et ses cornes sont un peu plus courtes. Les reins sont semblables, ainsi que le trajet des uretères et la posiuon de la vessie urinaire. L’estomac était rempli de pattes d'insectes, que nous croyons être des débris d'araignées aquatiques. DES SCATOPHAGES. Le dernier genre de ces chétodons à deux dorsales, celui qui a quatre épines anales, a aussi les épines dorsales plus nombreuses; on lui en compte onze, et il se fait remarquer en outre par DNA a petitesse de ses écailles. Le SCATOPHAGE ARGUS. (Scatophagus argus, nob.; Chætodon argus, L.) La première de ses espèces a été décrite depuis long-temps par Nieuhof, qui lui attri- CHAP. IV. SCATOPHAGES. 157 bue un goût singulier pour les excrémens hu- mains, d'apres lequel les Hollandais lui ont donné, dit-il, le nom de stront-visch ( piséis stercorartus). I ajoute que ce poisson se porte près des latrines et des autres lieux où il peut se repaitre de ce mets dégoûtant'. Ruysch ré- pète le même fait, et prétend qu'il suit à cet effet les navires*. Renard”° reproduit aussi las- sertion de Nieuhof; mais Valentyn‘ n'en parle pas. Russel”, qui a vu la même espèce sur la côte de Coromandel, ne fait non plus aucune mention de cette particularité. Blochf, sans dire sur quelle autorité, prétend que cest un poisson d'eau douce qui pénètre dans les ma- rais, et sy nourrit d'insectes. Îl est certain quil se trouve dans le Gange; car nous en avons recu ! de cette rivière par M. Raynaud. Il se trouve aussi à la côte de Malabar, d’où M. Dussumier nous en a rapporté. On nest pas plus d'accord sur le goût de la chair de ce poisson que sur ses habitudes. Selon Russel, il ne paraît jamais sur les tables des Européens. Ruysch dit que l’on n’en mange que faute d’autres alimens. Nieuhof, au con- 1. Nieuhof, t. IT, p. 269, fig. 6, et Willughby, A4pp., p. 2, pl. 2. — 2. Ruysch, p.11,n.°6, 2kan-fuy. — 3. Renard, t. IT, pl. 1, n.° 211, 2kan-taci. — 4. Valentyn, n.° 180. — 5. Russel, t. E, n.° 78. — 6. Bloch, 6.° part., p. 63. 138 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. traire, assure qu'il est très-bon, soit rôti, soit bouilli, et Valentyn le déclare gras et très- délicat au goùt. M. Leschenault se borne à nous dire qu'on le mange à Pondichéry, mais n'en fait point d'éloge particulier. Peut-être toutes ces assertions sont-elles vraies selon les lieux et les circonstances. Cest le chætodon argus de Linnæus et des auteurs méthodiques, ainsi nommé à cause des taches rondes dont son corps est couvert. Bloch en a donné une bonne figure (pl. 204, fig 1), et Russel Le représente aussi très-bien (n.° 58) sous le nom de pool-chitsilloo. | Il y en a encore une très-bonne figure dans M. Buchanan (pL 14, fig. 41), sous le nom de chætodon pairatalis. À Pondichéry on l'appelle pil-sédé. Son nom malais est zkan-cacatoa-babing- lang (poisson-perroquet tacheté).' Son corps est comprimé en ovale COUT, Sa hau- teur nest qu'une fois et demie dans sa longueur, en ny comprenant pas la queue; en la comptant, elle y est presque deux fois. L'épaisseur varie du quart au cinquième de la hauteur. La tête a un peu plus du quari de la longueur totale, et est de moitié plus haute que longue. Le militu du dos est presque reculigne sur plus de moitié de sa longueur, et sa 1. Valentyn, n.° 180. CHAP. IV. SCATOPHAGES. 133 courbe descend à peu près également en avant et en arrière. À la nuque, après être descendue assez rapi- dement, elle devient un peu concave au-dessus des yeux, et redevient convexe pour former un museau court et bombé dans les deux sens. L’œil estau-dessous du milieu et plus près du museau que de l’ouie. Son diamètre est de plus du quart de la longueur de la tête. Les orifices de la narine sont à la hauteur du milieu de l'œil, tous deux grands : le postérieur est une fente elliptique verticale, près du bord de l’or- bite; l’antérieur, un trou rond, légèrement rebordé plus près du bout du museau. La bouche n’est fen- due que jusque sous l’onifice postérieur; elle est médiocrement protractile. Le maxillaire, qui est fort peut, se cache entièrement dans l’état de repos sous le sous-orbitaire, qui est à peu près rectangulaire. Les dents sont très-fines, très-serrées, à pointe simple. Le préopercule a son angle arrondi, sans dentelures. L’opercule a vers le haut une échancrure en segment de cercle entre deux pointes assez aiguës, et son bord, au-dessous de la seconde, descend obli- quement en avant. La membrane des ouies s'unit à sa correspondante, en traversant sous l’isthme , ; auquel elle ‘sattache cependant intimement. La pectorale est ovale, obtuse, et du septième à peu près de la longueur totale. Les ventrales s’attachent plus en arrière, sous le milieu à peu près des pecto- rales , et l’on aurait pu faire de ce poisson un abdo- minal à aussi juste titre que des cirrhites et des cheilodactyles. Leur épine est très-forte, un peu plus longue que la pectorale. Les rayons mous la 440 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dépassent très-peu. La portion épineuse de la dorsale occupe toute la partie recüligne et supérieure du dos. Ses onze rayons, alternativement plus larges à droite ou à gauche, comme dans beaucoup d’autres acanthop'érygiens, n’ont de membrane que jusqu’à moitié ou aux deux üers de leur hauteur : c’est le quatrième rayon qui est le plus long; sa hauteur est deux fois et demie dans celle du corps. En avant et en arrière ils décroissent, mais lentement. Le . onzième se relève un peu, il adhère à la partie molle, qui elle-même s'élève encore et prend une forme arrondie. L'anale à quatre épines très-fortes, qui n’ont aussi qu'une courte membrane ; la quatrième adhère à la partie molle, qui s’arrondit comme la dorsale. La poruon de queue derrière les nageoires est du dixièine de la longueur totale, et sa hauteur a un quart de plus. La caudale est coupée carré- ment, et du sixième de la longueur totale. B. 6; D. 10 — 1/16; A. 4/14; C. 17; P. 18; V. 1/5. Les écailles sont très-petites, et par conséquent en très-grand nombre, presque carrées, à angles arrondis. Leur bord radical n'a que deux ou trois crénelures; elles deviennent encore beaucoup plus petites sur les nageoires. La ligne latérale suit à peu près la courbe du dos. Ce poisson parait d’une couleur argentée, légère- ment teinte de verdâtre, et a tout le corps semé de taches brunes , rondes, d'un diamètre moindre que celui de son œil, un peu nuageuses, assez r«ppro- chées. On en voit aussi sur la dorsale, entre les rayons CHAP. IV. SCATOPHAGES. 441 de la parüe molle, et même quelquefois sur toutes les nageoires verticales : il n’y en a point au ventre ni à la poitrine. La taille à laquelle il arrive communément est d'un pied. Il a le canal intestinal très-long, roulé cinq à six fois sur lui-même, enveloppé par un ussu cellulaire ‘ graisseux très-épais. L’estomac n’est qu’un simple tube, dont le diamètre est triple de celui de l'intesun. Arrivé aux trois quarts de la longueur de la cavité abdominale, 1l se plie subitement, et remonte pres- que jusque sous le diaphragme. Un léger rétréeisse- ment marque à cet endroit le pylore, qui est entouré d’une vingtaine d'appendices cœcales gréles, serrées l'une contre l'autre. Le duodénum longe la branche montante de l'estomac, sans se recourber ; la gran- deur de son diamètre diminue successivement. Le foie est petit. La rate est ronde, noire, cachée sous le pylore. La vessie aérienne est simple, assez grande; ses parois sont minces et argentées. Le squelette de l’arvus ? a la surface du crâne médiocrement poreuse; sa crête presque aussi éle- vée que la moitié du reste de sa tête; dix vertèbres abdominales et quatorze caudales ; Les deux prenniers interépineux, sans aigwllons, grèles, terminés en baut par une pointe couchée; le troisième, qui porte 1. On peut prendre une idée de ce squelette par la figure que donne M. Rosenthal ( Planches ich'yotomiques, pl. 13, fig. 2) sous _ le nom de chætcdon striatus , mais qui est du genre actuel, et probablement de notre espèce rubannée. Il faut remarquer ce- pendant qu’il lui manque les deux premiers interépineux. 142 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. le premier aiguillon , plus grand, mais de même forme à son sommet ; le premier interépineux de la queue, qui porte les deux premiers aiguillons de l'anale, terminé dans le bas par une lame verticale wiangulaire, dont la pointe est tournée en avant ; l'apophyse épineuse, descendante de la première ver- tèbre caudale, élargie dans le haut par deux lames qui y forment un bassin ovale et peu concave; les côtes grèles, peu canaliculées, n’ayant dans le haut . que de peuts appendices grèles; le cubital étroit et fort échancré, et le coracoïidien grêle et descendant jusqu'aux ventrales. M. Duvaucel nous a envoyé du Bengale des individus entièrement semblables à ceux que nous venons de décrire, mais où les taches sont presque effacées; il ÿ en a même quelques- uns où on ne les aperçoit pas du tout. Le SCATOPHAGE DE BOUGAINVILLE. (Scatophagus Bougainvillit, nob.) M. le baron de Bougainville, fils d’un navi- gateur célèbre, et qui marche sur les iraces de son père, a rapporté de son dernier voyage autour du monde un scatophage très-sembla- ble à l'argus, mais plus épais, dont les rayons du dos sont plus courts à proportion (le quatrième n’a que le quart de la hauteur du corps), et qui n’a point de taches sur le corps, mas seulement des points noirs le long C4 CHAP. IV. SCATOPHAGES. 143 du bord supérieur du dos, des deux côtés de la base de la dorsale. L'individu est Jong de sept pouces et demi. Il se pourrait que ce füt une espèce parti- culière ; mais n'en ayant qu'un individu assez mal conservé, nous ne la présentons comme telle qu'avec quelque doute. Le SCATOPHAGE ORNÉ. (Scatophagus ornatus, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont rapporté d'Am- Poine un scatophage semble le à largus pour les formes et le nombre des rayons, mais dont les taches sont plus petites et plus éparses. Le fond de sa couleur est vert ; il a sur le devant du front et de la nuque une ligne verticale et deux chevrons aurore : une ligne aurore règne aussi à côté de la partie antérieure de la dorsale épineuse, et une tache de la même couleur se voit entre les deux dorsales. Les nageoires verticales et les ventrales sont teintes d’aurore, avec du noirâtre vers leur base, Les pectorales sont blanchätres. M. Quoy, qui, l’a disséqué, lui a vu un estomac oblong, un intesün roulé en spirale, et point de cœcums; mais ce dernier fait aurait besoin d’être revu. Il a été pris dans l’eau douce. 144 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le SCATOPHAGE POURPRÉ. (Scatophagus purpurascens, nob.) M. de Mertens nous a fait voir la figure d’un | scatophage de la mer des Indes, aussi très- semblable à l'ergus, à taches aussi petites qu’à l’ornatus, mais plus nom- breuses et plus serrées, et qui est tout entier d’une couleur rosée, avec une teinte jaunâtre vers le dos et vers le ventre. Sa ligne latérale est représentée plus droite, et le naturaliste qui nous en a commu- niqué ce dessin compte dix-neuf rayons mous à sa dorsale et quinze à son anale. L'individu est long de six pouces. Le SCATOPHAGE RUBANNÉ. (Scatophagus fasciatus, nob.; Chétodon tétracanthe, Lacép.) Un dernier de ces scatophages à quatre épines anales n'est connu que par un échan- tillon et une figure que Commerson en a lais- sés; cest le chétodon tétracanthe de M. de Lacépède (t. IE, pl 25, n° 2, et t. IV, p.727). Ses formes, les nombres de ses rayons, ses écailles, sont les mêmes que dans l’argus; mais tout son corps est gris- brun, varié par cinq larges bandes verticales d’un brun plus foncé; l'une à la nuque, les deux sui- vantes sous la partie épineuse de la dorsale, la qua- CHAP, IV. SCATOPHAGES. 145 trième sous la parue molle, la cinquième sur la queue, à la base de la caudale. Le front est aussi coloré en brun. D’après la figure de Commerson, le tour de la bouche, le dessous de la mâchoire infé- rieure, les ventrales, la partie molle de la dorsale, et toute l’anale et la caudale, sont jaunes. La partie épineuse de la dorsale et les pectorales sont noirà- tres. L'individu est long de cinq pouces. Commerson n’a rien écrit sur le dessin ni sur l'échantillon, et l’on ne trouve rien dans ses papiers au sujet de cette espèce, en sorte que l'on ne sait pas où il l’a recueillie.‘ Le rédacteur de l’Zttiolitologia veronese à considéré comme identique avec l'argus un poisson fossile de Montebolca, qu'il représente planche 5, fig. 2; et en effet ce fossile est un scatophage à quatre épines anales et onze dor- sales, et avec des premiers interépineux de même forme que dans l'argus; mais la dif- férence spécifique est bien facile à trouver. Dans le fossile, la seconde épine dorsale est plus haute que toutes les autres; dans le vi- vant, cest une des plus basses : il en résulte 1. Le squelette donné par M. Rosenthal ( Planches ichtyoto- miques, 3. cah., pl. 13, fig. 2) pour celui du chætodon striatus, me parait celui de l’espèce actuelle, du scatophagus fascialus. sÈ 10 4146 LIVRE VIl. SQUAMMIPENNES. tout une autre forme dans la partie épineuse de cette nageoire. Nous ne citerons quelques-uns de ces ché- todons fossiles et préluderons ainsi à notre traité des ichtyolites, que parce que ces es- pèces étant celles sur lesquelles on s'est le plus appuyé pour établir lidentité des fossiles avec les êtres vivans, et parce que la considéra- tion de leurs formes, prises en général, étant en effet propre à donner cette illusion , il était bon de montrer dès à présent combien ces ressemblances sont incomplètes. On le verra beaucoup mieux encore lorsque nous en serons arrivés à la partie de notre ouvrage où nous traiterons ex professo des poissons fossiles. DES TAURICHTES. Parmi les figures étranges de poissons qui nous ont été conservées par Ruysch, Renard et Valentyn, et qui ont pendant si long-temps excité la défiance des naturalistes, il n’en est point qui soit faite pour provoquer ce senti- ment plus que celle qu'ils ont désignée par le nom malais d'?kan-karbauw ou poisson-buffle’, 1. Vlaming, n.° 217, chinees-joosje, of ikan-carbauw ( poissons buffle); Ruysch, pl. 20, fig. 6, see-Loe (vache de mer); Renard, CHAP. IV. TAURICHTES. 447 et cependant il n’en est peut-être pas de plus exactement conforme à la nature: ces cornes aigués et recourbées, cette protubérance au- dessus de la tête, ces aiguillons comprimés et inégaux, cette singulière distribution de couleurs, existent en effet dans un poisson de l'archipel des Indes, dont nous avons déjà trois échantillons sous les yeux. Sa dorsale, sans être aussi échancrée que dans les éphippus et leurs démembremens, l'est cependant d'une manitre assez sensible pour quon ne puisse pas le laisser parmi les chétodons proprement dits, et son troisième rayon, quoique élevé au-dessus des autres, et paraissant même quelquefois augmenté d'un filament, ne se prolonge pas assez pour qu'on puisse en faire un héniochus ou un zanclus; d'ailleurs la pro- tubérance de sa crête du crâne lui donne un Caractère assez marqué pour l'ériger en genre, et tout nous fait croire que d'autres espèces viendront se ranger sous cette nouvelle sub- division. Nous lui avons donné le nom de taurichthys, en traduisant en grec son nom malais. t. I, pl. 30, fig. 164, joosje, of chineese-duivel (diable chinois), copié de Vlaming ; Valentyn, n.° 71, ékan-carbaws-hitammanis (poisson-buflle brun), copié de Vlaming. 148 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le TAURICHTE VARIÉ. (Taurichthys varius, nob.) L'espèce s'appellera taurichthys varius. Sa hauteur est une fois et trois cinquièmes dans sa longueur, et son épaisseur trois fois dans sa hau- teur. La longueur de sa tête est le quart de sa lon- gueur totale, etsa hauteur, en y comprenant, comme on le doit, toute la crête du crâne, est presque le double de sa longueur. Son profil se divise en trois parties : une supérieure, légèrement convexe, compri- mée, qui descend obliquement jusqu'à une proémi- nence osseuse, obtuse, dirigéeen avant;une moyenne, très-concave, arrondie transversalement, qui descend de cette proéminence jusqu'au milieu du dessus des orbites; sa terminaison est marquée de chaque côté par une corne aiguë, recourbée latéralement, et qui üent à l'orbite, à la partie antérieure de son bord supérieur ; enfin, une troisième, également concave, qui descend depuis les cornes jusqu’au bout du mu- seau, lequel est court, pointu, et singulièrement peu fendu pour l’ouverture de la bouche. La portion du cràne qui s'élève ainsi au-dessus du sourail, est un peu plus haute que le reste de la tête, l'œil com- pris. Le diamètre de l'orbite est du uers de la lon- gueur de la tête, et du sixième de sa hauteur. Le préopercule à son angle arrondi, avec une légère apparence de dentelure. L’opercule, deux fois plus haut qu'il n’estlong, a un angle obtus, etau-dessus un arc un peu rentrant. La dorsale naît un peu au-dessus du sommet de la crête du crâne, qui est aussi le CHAP. IV. TAURICHTES. 149 point le plus élevé du corps, par un aiguillon court, suivi de deux autres un peu plus longs. Le quatrième, qui est le plus haut, est plus que double du troisième; ensuite ils décroissent, mais plus len- tement qu'ils n’ont augmenté. Tous sont comprimés et en forme de lames de sabre. Le onzième et der- nier est encore presque aussi haut que le premier des mous : il y en a vingt-cinq de ceux-ci, formant une parue molle à bord légèrement arrondi. L’anale est un peu plus alongée en demi-ellipse, et a trois aiguillons très-forts, bien œue comprimés, et dix- sept rayons mous. Cest à peine s'il y a un peu de queue nue avant la caudale, dont la longueur est un peu plus du sixième de la longueur totale, et qui a son bord à peine en arc légèrement rentrant. La pectorale est un peu en faux, et du quart à peu près de la longueur. Les ventrales égalent les pecto- rales, et leur pointe atteint le commencement de l’anale. D. 11/25; A. 3/17; C. 47; P. 143 V. 15. Les écailles sont de grandeur médiocre : il y en a environ cinquante sur une ligne de l’ouie à la cau- dale, et trente-cinq ou quarante sur une higne ver- ticale à l'endroit où elles s'élèvent le plus sur la dor- sale. Elles sont presque carrées ; les stries de leur parue antérieure sont à peine visibles à la loupe; leur éventail à sept ou huit rayons; les crénelures en sont peu marquées. Il ne s’en étend que jusque sur la moitié de la bauteur des nageoires verticales. Conservé dans la liqueur, le fond de sa couleur paraît d’un brun plus roussâtre vers le dos, plus 150 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. noirâtre vers le ventre. Une bande verticale d’un vert argenté descend des premiers rayons de la dor- sale sur l’opercule et sur la poitrine, où elle s'élar- gt. Le brun du dos monte sur les écailles qui cou- vrent le devant de la dorsale; mais sur le reste de cette nageoire il y a une large bande orangée, qui en occupe le milieu, et est séparée du dos par une autre d’un argenté verdâtre. La position de la na- geoire fat que ces deux bandes sont obliques à l'axe du poisson; elles s'étendent l’une et l’autre sur la queue. La partie supérieure de la dorsale est blan- châtre; mais il y a du noir entre les troisième, qua- trième et cinquième rayons. La caudale est blan- châtre, la pectorale grise, l’anale toute brune, la ventrale noire. Ces couleurs paraissent peu différer de l’état frais, et répondent assez bien à celles de la figure de Vla- ming; mais Renard, dans sa copie, en a exagéré ioutes les teintes, et en a fait un habit d'arlequin. L'individu qui a servi de sujet pour cette des- cripuon, est long de quatre pouces; et en comp- tant les aiguillons dorsaux, sa hauteur est à peu près égale à sa longueur. Nous en avons un sque- lette de six pouces. Il ne paraît pas que l'espèce devienne beau- coup plus grande, car Valentyn la traite de petit poisson. Il ajoute qu'elle est d'un goût très-délicat. Le squelette du taurichte se distingue de tous les autres par cette crête du cràne, presque aussi éle- CHAP. IV. TAURICHTES. 4151 vée que le resie de la tête, et produisant en avant une protubérance conique. Derrière elle sont deux interépineux grêles, sans rayons. Les interépineux suivans se touchent par leurs lames antéro - posté- rieures; et 1l y a des lames semblables aux apo- physes épineuses des sept ou huit premières vertè- bres abdominales, Je compte dix de ces vertèbres, et quatorze de celles de la queue. Les côtes sont ca- naliculées en avant et en arrière dans une bonne par- üe de leur longueur, mais peu élargies. Elles em- brassent presque toute la hauteur de l'abdomen. Le TAURICHTE VERT. (Taurichthys viridis, nob.) Indépendamment de ce premier poisson- bufjle, que nous avons décrit d’après nature, les auteurs que nous avons cités en représen- tent un second’, qui nous est inconnu, et au- quel ils donnent entre autres caractères un filet prolongeant l'un de ses premiers aiguillons dorsaux, qui le rapprocherait beaucoup des héniochus. La distribution de ses couleurs est à peu près comme dans le précédent; mais les teintes en sont 1. Vlaming n’a pas cette figure; mais elle est dans Ruysch (pl. 20, fig. 5) sous le nom de see-os (bœuf marin), dans Renard (t. IE, ph 10, fig. 49) sous le nom de Joosje-oosje, et dans Valentyn (n.° 161) sous celui de zkan-carbauw-hidjoe (poisson-buffle vert). 152 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. fort différentes : le fond en est vert; la tête et le ventre brun, et les deux bandes d’un bleu foncé. Renard prétend que les habitans d'Amboine regardent la cendre de ses arêtes comme un remède contre la fièvre, et que les femmes portent au cou le long aiguillon de sa dorsale, dans l'idée de se préserver des maladies de matrice. Si ces récits ont quelque fondement, ils doivent aisément faire retrouver l'espèce, ce qui donnera les moyens d'en faire une description plus complète. . CHAP. V. HOLACANTHES. 153 CHAPITRE V. Des Holacanthes et des Pomacanthes. DES HOLACANTHES. Le genre des Lolacanthes se distingue facile- ment des autres chétodonoïdes par un grand aiguillon qui tient à l'angle de leur préoper- cule et se dirige en arrière dans l'état de re- pos, mais quils peuvent écarter avec le préo- percule lui-même, et qui devient alors pour eux une arme très-puissante à ajouter à celles que fournissent Les aïiguillons de la dorsale et de l'anale. La plupart ont aussi les bords de leur préopercule dentelés, et M. de Lacépède en sépare, sous le nom de pomacanthes, ceux qui noffrent point cette particularité. Nous trouvons l'application de ce dernier caractère susceptible de trop d'équivoque pour l'adop- ter, et néanmoins nous ferons, mais par d’au- tres motifs, une division séparée de quelques- uns de ces pomacanthes de M. de Lacépède, et nous les placerons à la suite des holacanthes. Il y a de ces poissons dans les deux Indes, et 1ls y sont généralement comptés au nombre des meilleurs que l'on puisse servir sur les # 154 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. tables, comme aussi des plus beaux que l'œil du naturaliste puisse contempler, et des plus dignes d'être imités par le pinceau de l'artiste. L'HOLACANTHE CILIAIRE. (Holacanthus ciliaris, Lacép.; Chætodon ciliaris, L. et BL; Chétodon couronné, Desmar.) ‘. Nous commencerons par une grande et belle espèce du golfe du Mexique, qui n'a encore été décrite que très-imparfaitement par nos auteurs méthodiques, quoiquils l'aient fort multipliée. Elle est assez bien dessinée dans Willughby (pl. O, 3, fig. 1}, mais d’après un individu sec et décoloré, qui n'avait plus aucune des mar- ques singulières qui distinguent l'espèce. Lin- næus paraît avoir représenté! un individu al- téré autrement, et qui ne montrait que les lignes latérales de la tête. Cest sur cet individu qu'il établit son es- pèce du chætodon ciliaris. Bloch en a donné ensuite (pl. 214) une figure très-correctement dessinée, mais faite sur un individu décoloré par la liqueur, qui paraissait tout gris, et ne conservait d'autre 1. Mus. Ad. Fred., pl. 33, fig. 1. CHAP. V. HOLACANTHES. 155 linéament que le cercle de la nuque, mais teint en noir. Plus tard’ il a reproduit cette espèce une seconde fois, sous le nom de chætodon Parræ; car l'isabelita de Parra (pl 7, fig. 1) ne diffère du chætodon ciliaris de Bloch que pour avoir été figuré d'après le frais. M. Desmarest lui a donné un troisième nom, celui de chétodon couronné, dans sa première Décade ichtyologique, quoique la ressem- blance de son poisson avec le ciliaris de Bloch ait du le frapper au premier coup d'œil. Enfin, j'ai tout lieu de croire qu'elle en a recu un quatrième de Shaw; car je pense que c'est à cette espèce quappartient la figure, à la vérité assez grossière et mal coloriée, de Catesby (t. IE, pl. 31), dont Shaw a fait son chætodon squamulosus.* D'après la comparaison suivie que nous avons faite de leurs articles, et le degré d’exactitude dont nous les jugeons respecti- vement capables, nous osons affirmer que tous ces auteurs n'ont vu qu'une seule et même espèce, celle dont nous parlons ici. Mais nous ferons remarquer une faute d’un autre genre : celle de Linnæus, qui a cité très- 1. Syst., p. 233. — 2. Nat. Miscell., p. 275. 156 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. mal à propos la figure 4, planche 283 d'Ed- wards, comme représentant le chætodon ci- laris; car elle appartient au tricolor, et néanmoins cest justement celle-là que Bon- naterre a choisie pour représenter le cilaris (fig. 179); en sorte que qui ne consulterait que les planches de ce dernier écrivain, ne parviendrait jamais à reconnaître le chæto- ‘don ciliaris. Nos colons de la Martinique, qui ne s'in- quiètent guère des nomenclatures scientifiques de l'Europe, ni des discussions qu’elles occa- sionnent parmi les naturalistes, appellent ce poisson /e portugais, d'un nom qu'ils dérivent de ses couleurs jaune et bleue, mais qu'ils étendent à beaucoup d'holacanthes et de po- macanthes, et même à des chétodons ordi- naires de leurs parages, dont les couleurs sont fort différentes. Choris nous l'a aussi envoyé de la Martini- que sous le nom de patate. A Porto-Rico on le nomme palometa (petit pigeon), nom qui dans l'ancienne Espagne est propre à la castagnole, mais qui parmi les co- lons espagnols du Nouveau-Monde est devenu générique pour beaucoup de chétodons. La collection de dessins du Mexique le nomme isabelita, comme les habitans de la Havane. ————————— CHAP. V. HOLACANTHES. 457 Ce poisson est assez répandu dans larchi- pel des Antilles : on l'y pêche par tout le long des côtes ; mais on y en fait peu d'estime, parce que sa chair est dure. Son corps, vu de côté, est d’un bel ovale. En n’y comprenant pas la caudale, sa hauteur est une fois et trois quarts dans sa longueur; et en l'y compre- nant, deux fois et un cinquième; l’épaisseur est du üers de la hauteur. La ligne de la nuque se courbe, et celle du profil, quoique droite, descend rapide- ment, ce qui rend le museau très-obtus. La dorsale et l’anale ne sortent de la circonscription de l’ovale que vers le üiers postérieur, pour se prolonger cha- cune en une pointe aiguë qui dépasse la caudale. Leurs rayons se raccourcissent ensuite par une courbe concave. La queue derrière elles est très- courte, et la caudale, qui n’a que le cinquième de la longueur totale, est coupée carrément. La lon- gueur de la tête ne fait que les trois quarts de sa hau- teur et le cinquième de la longueur totale. Le devant du museau est arrondi transversalement. L’œil répond au üers supérieur de la tête, et au quart antérieur; 1l est rond et a le quart de la longueur en diamètre. Il y a d’un œil à l’autre un diamètre et demi. L'orifice postérieur de la narine est ovale, à la hauteur du bord inférieur de l'orbite, un peu plus en avant. L’antérieur, un peu plus bas, est petit, rond et rebordé; plus bas encore, et près de la mâchoire, il y a un peut pore rond et sans rebord. La bouche n’est pas plus large que l'œil, et peu protracule, Ses lèvres sont 158 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. membraneuses et assez larges; ses dents en forme de soies pointues ; les extérieures les plus longues. Les deux branches de la mâchoire inférieure se touchent l'une l’autre en dessous par leur bord interne. Le maxillaire supérieur se montre derrière la commis- sure petit, oblong et vertical. La partie antérieure du sous-orbitaire, qui recouvre le pédicule du maxil- lire, a trois ou quatre fortes dentelures à son angle antérieur et inférieur. La joue est plus haute que longue. Le bord montant du préopercule est pres- que vertical, et armé de dents pointues, écartées les unes des autres, inégales, dirigées en arrière, et en nombre variable, de six ou sept à dix ou douze. A son angle est une forte épine comprimée, pointue, dirigée en arrière, et qui dépasse la fente des ouïes. À son bord inférieur sont encore une ou deux fortes dents, dirigées obliquement en arrière; et il y en a aussi deux ou trois au bord inférieur de l'interoper- cule. Il y a même des individus où l'on en voit une ou deux au bas du subopercule. Autant que j'en peux juger par mes échantillons, c’est dans les fe- melles que ces dents sont plus nombreuses. L'oper- cule n'en a aucunes; il est plus haut que long, et coupé en angle très-obtus. La fente des ouïes des- cend en arc jusque sous l'angle de la mâchoire inférieure, où la membrane se joint à l'isthme : on y compte six rayons, qui se recouvrent oblique- ment les uns les autres. L'os scapulaire à a quelques pointes que l’on distingue mal, parce qu’elles se col- lent contre les écailles voisines. La longueur de la pec- torale est cinq fois et demie dans celie du poisson, CHAP. V. HOLACANTHES. 159 et sa largeur à la base deux fois dans sa longueur. Elle est attachée au tiers inférieur de la hauteur, cou- pée en demi-ovale, obtuse, et compte dix-huit rayons. La ventrale s'attache à laplomb du bord postérieur de la base de la pectorale; elle est un peu plus longue et de forme pointue. Son épine est comprimée et d’un üers moindre que son premier rayon mou. La dorsale commence au-dessus de la base de la pectorale. Ses épines sont fortes et droites; elles crois- sent très-lentement à compter de la première, et de façon que leurs pointes demeurent dans une ligne droite entre elles et avec les rayons mous jusqu’au sepuème, qui est le plus long, et forme avec celui qui le précède et celui qui le suit la pointe de la production en forme de faux de cette nageoire. Les raÿons mous diminuent ensuite rapidement jusqu'aux onzième et douzième, après lesquels ils sont courts et forment la partie de cette nageoire dont le bord redevient vertical. Il y en à quatorze épineux et vingt etun mous, tous tellement enveloppés par les écailles, qu’excepté les trois premiers, qui ont entre eux des porüons échancrées de membrane nue, on ne voit que leurs pointes. L’anale est coupée en faux, exactement comme la dorsale, et sa pointe se porte autant en arrière, quel- quefois même davantage ; mais elle ne commence que sous le huitième rayon de celle-ci. Elle a trois rayons épineux, dont les deux premiers n'ont der- rière eux que des portions de membrane nue, et vingt mous, enveloppés d’écailles. Ces deux nageoires sont si épaisses, que leurs faces latérales se continuent 160 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. sans ressaut avec les côtés du corps. La portion nue de queue qui est derrière elles ou entre elles, a le quatorzième à peu près de la longueur totale, sur une hauteur double; mais les écailles se continuent sur la caudale jusqu'a moitié de sa longueur. Elle a dix-sept rayons, est un peu arrondie au bout, et ne va pas aussi loin en arrière que les pointes des deux autres nageoires verticales. B. 6; D. 14/21; A. 3/20; C. 17; P. 18; V. 15. Toute la tête est écailleuse, excepté le bord des lèvres ; mais hors la joue et le üers inférieur de l'opercule, ses écailles sont petites, celles du vertex et du front surtout. Le corps a environ cinquante écailles sur une série longitudinale, et trente sur une verticale. Les plus grandes sont au milieu ; elles diminuent par degrés sur les nageoires, et finissent par y devenir très-petites ; elles sont presque aussi longues que hautes : leur bord antérieur est en angle très-obtus et fortement strié en longueur. Les stries se terminent chacune par une dentelure aiguë ou un cil court. Les bords latéraux sont en arc de cercle, et la partie cachée a un éventail de six rayons et au- tant de crénelures; mais entre les grandes écailles que nous venons de décrire, et dans l'angle que les deux placées au-dessus l’une de l'autre forment par leur rapprochement, 1l y ena plusieurs petites en triangle isocèle, dont l’angle aigu du sommet est du côté de la racine, et dont la partie de la base se voit au dehors, et est striée et cihée comme le bord des grandes. CHAP. V. HOLACANTHES. 461 La couleur générale de ce beau poisson résulte du ton violet de la base des grandes écailles , de toutes les petites, et d’un trait jaune vertical, plus large au milieu, sur le bord de chacune des grandes. Sui- vant qu'on le regarde dans un sens ou dans l’autre, il peut paraitre doré, verdatre ou chatoyant; mais lorsqu'on porte l'œil perpendiculairement à la face latérale, ces traits se voient disposés régulièrement en quinconce sur un fond violet, et font un effet très-agréable à la vue. Ce même effet de couleur se porte sur la dorsale et sur l'anale; mais les pointes de ces nageoires prennent une belle couleur rouge, et tout leur bord a un liséré d’un beau bleu d’azur. A leur parue postérieure et verucale ce liséré s’élar- git et est quelquefois suivi d’un second liséré blan- châtre. La caudale , les pectorales et les ventrales sont d'un beau jaune orangé. La gorge et la poi- trine sont d'un gris violet uni, sans traits jaunes. Sur la nuque, en avant de la dorsale, est une tache ronde et d'un brun-noir tacheté de bleu, entourée d’un cercle bleu. IL y a aussi un ruban bleu au bord de l'opercule plus large dans le haut, et sur la base de la pectorale une large tache d’un bleu noirâtre ou bru- nâtre, bordée vers le bas de bleu d'azur. Le bord des lèvres est de ce même bleu. Quelques individus ont une ligne bleue, qui remonte du bord antérieur du préopercule au-devant de l'œil, et de là vers le cercle bleu de la nuque, où elle rencontre celle de l'autre côté; et d’autres en ont encore une, qui part du côté du cercle de la nuque, et descend derrière l'œil et sur le limbe du préopercule. Enfin, on voit 7° 1 1 162 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. quelquefois aussi des taches bleues sur la joue; mais ces lignes et ces taches disparaissent généralement sur les grands individus, qui n’ont plus de bleu que le cercle de la nuque, le bord des lèvres, celui de l'opercule, la tache à la pectorale, et les bordures de la dorsale et de l’anale. Nous avons des individus de cette espèce qui ont jusqu’à quatorze pouces de longueur. Cette description, prise d'exemplaires très- bien conservés, arrivés récemment de Saint- Thomas, et confirmée par celle que M. Poey a faite sur le frais à la Havane, montre com- bien sont peu exactes les diverses enluminures de Bloch et de Catesby; celle même de Parra est grossière, comparée à la nature. : L'HoLACANTHE TRICOLOR. (Chætodon tricolor, BL.) Les côtes atlantiques de l'Amérique produi- sent dans leurs parties chaudes un autre hola- canthe, très-semblable au cikaire pour len- semble et les détails de ses formes, mais tout autrement coloré. Cest la veuve-coquette de nos colons de la Guadeloupe, nommée ainsi parce que la moitié de son vêtement est noire , mais agréa- blement tranchée avec les autres parties, qui sont d'un jaune vif. ELA CHAP. V. HOLACANTHES. 163 M. de Lacépède compare d'une manière pittoresque cette disposition de couleur à un manteau de velours noir, sur une robe de drap d’or. À la Martinique ce poisson se nomme 710n- bin; mais on l'y nomme aussi portugais, et à la Havane catalineta, comme plusieurs autres chétodons. Edwards a donné (pl. 283, fig. 4) une figure médiocre de la femelle, qu'il intitule &carauna’, et le prince Maurice en avait laissé une dans le recueil de Mentzel, intitulée paru*?; mais ces deux noms sont au Brésil des désignations génériques qui embrassent plusieurs chéto- dons, et celui d'acarauna comprend même des acanthures. Edwards ayant fait sa figure d'après un in- dividu décoloré par la liqueur, il a rendu les 1. C’est celle que Bonnaterre , ainsi que nous l'avons dit, a copiée (Encyclopédie méthodique, planch. ichtyolog., fig. 179) pour représenter l'espèce précédente. 2. Bloch prétend (12.° part., p. 97) que le prince Maurice Yappelle acarauna, êt cite son Livre ainsi : t. IE, p.144. Mais il a tout brouille : il y a dans le Liber principis, t: WE, p. 312, un acarauna qui est un acanthure, et notre holacanthe tricolor n’est représenté que dans le Liber Menizelii, p. 125, sous le nom de paru. La citation de la page 144 se rapporte à Margrave, et non au Liber princpis, et Cest l'acanthure qui y est représenté. M. Lichtenstein fait déjà ces observations (Mém. de l’Acad. de Berlin , 1820 et 1821), et nous en avons constaté la justesse. 164 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. parties pâles comme si elles étaient d'un blanc pur, ce qui nest point exact, car les deux sexes sont colorés de même. Duhamel" et Parra* ont bien représenté le mâle. Bloch surtout en a donné une très-belle figure vers la fin de son grand ouvrage sous le nom de chætodon tricolor (pl. 425); mais il avait d’abord confondu cette espèce avec une autre dans laquelle le noir et le pâle ne se par- tagent pas de la même manière, et qui est son chætodon bicolor (pl. 206); et c’est à celle-ci qu'il a rapporté mal à propos les figures d'Ed- wards et de Duhamel. L'holacanthe tricolor, où veuve-coquette, est en général de la même forme que le crliaire, si ce n’est que chacun des angles de sa caudale se prolonge en une petite pointe; que les pointes de sa dorsale et de son anale ne dépassent pas celles de la caudale, et même que, dans la femelle, leur prolongation n’est presque rien, et ne forme pas un fil, comme dans le male ou comme dans les deux sexes du ci- lire; mais qu'elles y sont seulement anguleuses. Les dentelures des bords du préopercule sont aussi bien plus fables; mais l’épine en est forte, dans le mäle surtout, qui l’a même plus grosse à pro- poruüon. Ses dentelures y sont au contraire encore moins apparentes que dans la femelle. Les dentelures 1. Pèches, 2.° part., sect. 4, pl. 13, fig. 1, /a veuve-coquette. 2. Parra, pl. 7, fig. 2, catalineta. CHAP. V. HOLACANTHES. 165 du bas du sub-opercule ne paraissent un peu que dans la femelle, et elle a celles de l'interopercule plus nombreuses, mais moins fortes. Le mäle n'y en a qu’une ou deux. Les deux sexes ont trois ou quatre fortes dents ou petites épines à l'angle inférieur du sous-orbitaire. Les écailles sont disposées, configu- rées et striées comme dans le ci/iaris, et la ligne laté- rale est tout aussi peu apparente. Enfin, les nombres des rayons ne diffèrent que fort peu. D. 1419; A. 3/18; C. 17; P. 18; V. 4/5. Le jaune et le noir sont distribués sur le corps comme 1l suit: les lèvres sont noires. La tête, la nu- que, l'épaule, la gorge et la poitrine, ainsi que les pectorales et les ventrales, sont jaunes. Tout le reste est noir jusqu'à la queue. La ligne qui sépare en avant le noir du jaune, commence à la quatrième ou à la cinquième épine dorsale, descend obliquement en avant jusque près de l’aisselle de la pectorale, d’où elle se recourbe et se porte en arrière pour se ter- miner au commencement de l’anale. Ce noir finit par une ligne verticale sur le milieu de la portion de queue qui est derrière la dorsale et l’anale; le reste de la queue et toute la caudale sont jaunes. Le mâle n’a qu'un petit liséré jaune au bord postérieur de sa dorsale, mais dans la femelle ce liséré est plus large, et il y en a aussi un tout autour de l’anale. La troisième couleur de ce poisson est un rouge de vermillon, qui teint l’épine du préopercule, la membrane des épines de l’anale, et dans la femelle une partie du bord infé- rieur de la même nageoire, et un peu de celui de la dorsale. 166 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Les distinctions que nous établissons entre les deux sexes, sont fondées sur les indications que M. Plée à jointes aux individus qu'il a recueillis à Saint-Thomas, et pour les couleurs nous avons consulté les notes de M. Poey; mais l'individu que Bloch représente, et qui, d'après les pointes de ses nageoires, parait être un mäle, a des bords jaunes ou rouges à la dorsale comme à Tanale. L’enluminure répand aussi du rouge sur beaucoup plus d'endroits quil ne parait y en avoir dans la nature. La taille de nos individus va jusqu'à dix pouces et demi et onze pouces. \ Nous avons disséqué cette espèce. Ses viscères dif- fèrent sensiblement de ceux des chétodons propre- ment dits par plus de longueur de l'intestin, ce qui a nécessité plus de replis et d’ondulations vers la parue postérieure de l'abdomen, en arrière de l’es- 10omac. Le foie est grand et composé de deux lobes, qui couvrent l'estomac et la plupart des nombreuses appendices cœcales qui entourent le pylore. La vésicule du fiel est très-grande, en cul-de-sac, cylindrique, appuyée sur le côté supérieur de l'œso- phage. Le canal cholédoque est long, grêle, et sin- sère entre les cœcums. -L’œsophage est de longueur médiocre, il fait un pli à angle droit, et descend dans la cavité abdo- LS CHAP. V. HOLACANTHES. 167 minale; mais 1l se porte bientôt en avant, et se di- late pour former l'estomac, dont la capacité n’est pas très-considérable, L'entrée de l'estomac au pylore dans l'intesun est large, et autour du pylore il y a vingt-trois cœcums longs et grèles, placés presque tous sur le côté gauche de l'estomac. Le duodénum est large; il se porte vers le dia- phragme , et se plie pour se contourner suivant les nombreuses ondulauons de l'intestin. Il diminue de près de moitié de largeur. Il y a une très-grande vessie natatoire, à parois membraneuses, blanchâtres, non argentée. Elle oc- cupe toute la longueur de l'abdomen , et s'étend même un peu au-delà par deux fourches peu longues qu’elle envoie de chaque côté de la queue. Le squelette a vingt-quatre vertèbres, dont neuf abdominales et quinze caudales. Les côtes embras- sent les deux tiers de l'abdomen; elles sont légère- ment canaliculées en avant et en arrière, et portent leur appendice à leur quart supérieur. Ces appen- dices se continuent le long des vertèbres de la queue jusqu’à la sixième, s’attachant à la racine de ses apo- physes épineuses descendantes. La crête interpariétale ne s'élève point au-dessus du crâne, et est même fort courte dans le sens horizontal. Je ne vois pas d'inter- épineux entre elle et celui de la première épine dor- sale. Les interépineux en général ont leurs lames la- térales assez saillantes, mais minces et tranchantes. Aucun d’eux n’est renflé. 168 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. L'HOLACANTHE BICOLOR. (Chætodon bicolor, B1.?) Le Cabinet du Roi possède depuis long- temps un holacanthe assez semblable à ce tri- color par la division de ses couleurs en deux grandes masses. Sa forme est la même; ses épines aussi, sauf celles . de l'interopercule, qui sont moindres, et celles du sous-orbitaire, qui sont plus nombreuses et plus petites; mais la partie noire de son corps est séparée de la pâle en avant par une ligne verticale, qui prend du cinquième rayon épineux de la dorsale, et descend au milieu de l’espace qui est entre les venirales et l’anale. Un ruban plus blanc sépare les deux couleurs. Sur la queue la séparation se fait comme dans l'espèce précédente, et l’on voit de plus au crane de celle-ci une tache ronde et noirätre au-dessus des yeux. D. 15/16 ; A. 3/18, etc. Sa dorsale et son anale finissent simplement en angle, et sa caudale est coupée carrément. La liqueur a altéré les couleurs de nos indi- vidus ; mais il ne nous a pas été difficile de reconnaître l'espèce dans la figure 106 (pl. 19), de Renard; et nous avons appris par là, et encore mieux par l'original, qui est dans Vla- ming (n.° 18), CHAP. V. HOLACANTHES. 169 que la partie antérieure du corps et la queue sont orangées, et la postérieure, ainsi que la tache du crane, d'un noir plus ou moins bleuâtre. Renard nomme cette espèce color-sousou- nam, et Vlaming pangerang. L'existence de sa figure dans leurs recueils prouve suflisam- ment quelle habite l'archipel des Indes. Il nous parait bien vraisemblable que c'est de cette espèce, altérée aussi par la liqueur, que Bloch a fait son chætodon bicolor (pl. 206, fig. 1), et si dans le texte il la nomme aca- rauna, et la dit à la fois des deux Indes, c’est parce qu'il la confondue avec l'espèce précé- dente. Nous devons faire observer cependant qu'il compte quatre rayons de plus que nous à la dorsale (15/20); mais il est très-possible qu'il les ait comptés sur un individu de l'espèce d'Amérique. Il cite aussi comme synonymes les n.° 35 et 121 de Renard, et le n° 48 de Valentyn. Nous ne savons pas bien ce qui en est pour le premier; mais les deux autres appartiennent certainement à une autre espèce, au me50- leucos de Bloch (pl. 216, fig. 2) qui va suivre. 1470 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L'HOLACANTHE MULAT. (Holacanthus mesoleucos, nob.; Chætodon meso- leucos, Bl.; Chætodon mesomelas, Gm.; le Mulat, Lacép., t. IV, p. 528 et 537.) Le chætodon mesoleucos de Bloch (pl. 216, fig. 2) est un holacanthe voisin des précédens, et quil faut se garder de confondre avec le chætcdon mesoleucos de Forskal, qui est un chétodon proprement dit. Celui de Bloch avait déjà été représenté dans Renard (fol. 22, fig. 121) et dans Valentyn (n.° 48) d'après le n.° 1796 de Vlaming. Sa forme est comme dans le bicolor. Ses nageoires sont arrondies. Le noir de sa partie postérieure se change par nuance en une couleur jaunâtre à la parte antérieure. Une large bande oculaire brune descend de la nuque à la gorge. Les lèvres sont brunes, et la queue jaune. Telles sont les couleurs du poisson frais, et qui se rapportent à celles que l'on trouve dans Vlaming, dont l'enluminure est probablement faite d’après nature. Il donne un ton bleuâtre aux parties brunes ou noires, un jaune pale aux pectorales et à la caudale, et un jaune orangé aux ventrales. Bloch, qui n'avait vu qu'un poisson décoloré, colore en gris ou en blanchätre les parues JAUnes. D. 12/17; A. 3/18, etc. Nous avons un individu long de cinq pouces et demi. * CHAP. V. HOLACANTRHES. 471 Vlaming avait fait dessiner cette espèce aux Moluques; en effet, MM. Kubhl et Van Hasselt l'ont envoyée de Java au Musée royal des Pays- Bas. Bloch prétend lavoir recue du Japon. Vlaming l'appelle parallelogram ou colour, Renard simplement parallelogram, Valentyn zkan-koeloer-hidjoe ou poisson couleur vert. Ce dernier en vante beaucoup le goût. L/HOLACANTHE AMIRAL. (Holacanthus navarchus, nob.) Vlaming (n.° 22) a, sous le nom de camuys- neus (nez camus), la figure d’une bien belle espèce de ce genre, que nous croÿons aussi posséder, mais tellement décolorée que nous n'osons affirmer quelle soit la même. Renard (t E, fol. 16, n.° 92) a copié cette figure de Vlaming; mais, plaçant à côté (n.° 93) celle de limperator, il a transposé les noms, et donné à la première celui de douwwing-adnural, qui appartient à la seconde. Il l'a aussi très-mal enluminée. | Le même poisson revient, mais encore plus grossièrement rendu, dans Renard (t. IE, pl 4, fig. 17), et toujours sous ce nom de douwing- admiral. Ces deux figures sont copiées dans Valentyn (n."° 58 et 64). Mais, comme à son 172 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. ordinaire, il donne pour chaque figure un nom différent : le n.° 58 s'appelle éventail-du- Japon; le n° 64, trompette-du-Japon. Ruysch, qui les donne aussi (pl. 15, fig. 10 et 11), les appelle gravin (comtesse). Ce que l’on peut apercevoir dans ces figures, quel- ques variations qu'’aient subies leurs noms et leurs enluminures, c'est que ce poisson a le devant et l'arrière du corps diversement colorés de teintes fon- _cées, et que sur le milieu est une très-large bande plus claire, venant de la dorsale, arrondie dans le bas, et qui n’atteint pas la ligne du ventre. C'est ce dont notre individu offre aussi des traces. Il paraît aujourd’hui, dans la liqueur, d’un noir foncé, avec des reflets bleuâtres; la large bande du milieu de son dos semble d'un brun jaunâtre, et le bord de son anale est blanchâtre. Toutes ses formes , ses écailles, ses dentelures, ses nageoires sont exacte- ment comme dans le bécolor. D. 14/16; A. 3/17, etc. Il répond aussi assez bien à la description - que Ruysch donne de sa figure 10: Totum corpus quodammodo violaceum est, sed maculs distinctum nisi quod de medio ac summo corpore procedat macula flava ac magna quæ fere medium corpus occupat. M. Valenciennes a trouvé la même espèce mieux conservée au Cabinet royal des Pays- Bas. CHAP. V. HOLACANTHES. 473 Sa couleur est un brun presque noirâtre, et au milieu du corps est une demi-ceinture blanche. L’a- nale et la caudale ont le bord blanc. Les ventrales sont blanchätres, et ont les premiers rayons bruns. L'individu vient de Java, et est long de trois pouces et demi. ee L'HOLACANTHE TROMPETTE. (Holacanthus tibicen, nob.) Nous croyons devoir rapporter ici un ché- todon anciennement conservé au Muséum des Pays-Bas, dont les formes et la distribution des couleurs sont à peu près les mêmes que dans le précédent, mais qui a quatre épinessà l'anale. L’aiguillon du préopercule est très-fort, et atteint presque la base de la pectorale. Son bord inférieur a trois peutes pointes. Le bord montant a des dente- lures nombreuses, fines et aiguës. Toutes Les écailles sont striées. D. 14/16; A. 4/16, etc. Dans son état actuel il paraît brun. Une grande tache pâle occupe le haut de l’opercule et la partie voisine de l'épaule, et il y en a une autre, ellip- üque, verticale, sur le milieu du dos, dans la moiué supérieure. Les lèvres paraissent avoir aussi été pâles; mais ses vraies teintes sont sûrement fort altérées. La longueur de l'individu observé par M. Valen- ciennes est de quatre pouces. 174 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L'HOLACANTHE ASFUR. (Chætodon asfur, Forsk.) Cest ici quil faut placer le chætodon asfur de Forskal, qui est noir et a sur le milieu du corps une large bande jaune, arquée en avant et pointue à ses extré- mités, qui se dirigent en arrière. Sa dorsale et son anale sont en forme de faux, et s'étendent horizon- talement en arrière, Sa caudale est arrondie, fauve et lisérée de noir. L'individu ainsi décrit par Forskal était long de cinq pouces. . Cette description convient parfaitement à un individu long de six pouces que M. Ruppel a rapporté de la mer Rouge, et qu'il a donné au Cabinet du Roi. Ses nombres sont : D. 19/9211; À. 3/22; C. 17; P. 16; V. 155. Les Arabes de Lohaia l'appelaient tabak- el-herr ou asfur; ce dernier nom veut dire moineau. Forskal lui donne un aiguillon fort au préo- percule, mais ne parle pas de dentelure, qui 4. Iei il n’y a qu'un 3 dans Forskal; c’est 33 qu’il faut lire, et alors on aura 12/21 en écrivant à notre manière. M. de Lacépède suppose treize rayons mous; mais cela est impossible : on aurait sous la barre 25, nombre où il n°y a pas de 3.. CHAP, V. HOLACANTHES. 175 en effet n'y est presque pas sensible, ce qui a déterminé M. de Lacépède (t. IV, p. 518, 521 et 524) a en faire un pomacanthe. L'HOoLACANTHE HADDAJA. (Holacanthus haddaja, Forsk.) Forskal décrit un holacanthe qu'il a vu à Mocka, où on le nomme haddaja, et qu'il re- garde comme une variété de son asfur. Ses couleurs sont encore plus agréables. M. Ehren- berg en a dessiné à Massuah un échantillon de sept pouces, et en a rapporté plusieurs. Sur le fond noirâtre du corps on voit à la partie antérieure des traits en forme de croissant et d’un noir plus foncé. Le front et le bord de la dorsale et de l'anale sont bleus. La pointe de la dorsale est verte sous le bord bleu. Toute la parue du corps, en arrière de la bande jaune, a des raies irrégulières brunes et bleues. La queue et la caudale sont jaunes, avec quelques traits bruns sur la queue, et un bord noir suivi d'un liséré blanc au bout de la caudale. D. 12/21; A. 3/20, etc. Forskal dit que cet holacanthe à la chair amère, mais non vénéneuse, et qu'on le prend dans des nasses, en lui offrant pour appât des lambeaux de l'animal du strombe. M. Ehrenberg a aussi rapporté de Massuah un holacanthe très-semblable au précédent, 476 LIVRE VIL. SQUAMMIPENNES. mais dont la bande jaune est beaucoup plus courte, et ne s'étend mi sur la dorsale ni même sur le üers inférieur du corps. D. 19/20 ; A. 3/18, etc. Il nous semble que ce doit être une simple variété. L'HOLACANTHE TACHETÉ. (Chætodon maculosus, Foxrsk., pl. 62, n.° 85.) Le chætodon maculosus de Forskal, ou l'holacanthe arusel de M. de Lacépède (t. EV, p. 228 et 537), doit se rapprocher de lasfur, et particulièrement de la dernière des variétés que nous venons de décrire. Avec les caractères génériques il a une dorsale qui s'élève en arrière, finit par une pointe aiguë, coupée en faux, sous laquelle son bord redevient vertical; une anale triangulaire, une caudale un peu arrondie, des ventrales aiguës, qui atteignent au-delà de l'anus. D. 19/22; A. 3/21, ete. Le fond de sa couleur est un cendré soyeux. Sur sa nuque sont plusieurs traits bleus, transverses. Quelques taches de même couleur se voient sur ses opercules et sa gorge. Une grande tache jaune, tron- quée en arrière, arrondie en avant, est placée à l'ar- rière du mulieu de son corps. La queue et la caudale ont des gouttes jaunes. Les noms d'arusa ou d'arusel-el-bahr, qu'il porte à Lohaia, signifient fiancée et fiancée- Ü CHAP. V. HOLACANTHES. 1477 de-mer; ils se donnent à plusieurs poissons comme marque de leur grande beauté. M. Ehrenberg en a donné au Cabinet du Roi un échantillon long de cinq pouces. L'HOLACANTHE MOKHELLA. (Holacanthus mokhella, Ehr.) Une belle espèce, due encore à M. Ehren- berg, et très-voisine des précédentes, se nomme à Massuah mofkhella. Tout son corps est d’un bleu foncé brillant, mar- qué de lignes verticales nombreuses, peu régulières, d'un bleu clair sur le devant, blanchâtres vers l'ar- rière, Où les dernières se contournent en spirale. La dorsale et l'anale bordées de bleu clair; la pointe de la dorsale verte sous le bleu, et de ce vert il part une bande jaune, mais qui ne descend que jusqu’à moiué du corps. Le bout de la queue et la caudale sont jaunes. Ces holacanthes à raies verticales bleues se lient par cette distribution de couleurs au géo- métrique et aux espèces voisines; mais ils s'en écartent par la pointe aiguë de leur dorsale. de 12 478 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L’'HOLACANTHE ANNEAU. (Chætodon annularis, B1., pl. 215, fig. 2; Æola- canthe anneau, Lacép., t. IV, p. 526 et 533.) Ce caractère d’une pointe grêle à la dorsale, qui ne se répète pas à l'anale, s'observe aussi dans le chætodon annularis de Bloch, ou holacanthe anneau de M. de Lacépède. A la ‘vérité, Bloch ne lui donne pas cette confor- mation dans sa figure, mais c’est quelle est _ faite d'après un individu mutilé. IL à commis une autre faute en considérant ce poisson comme identique avec le douwing-marquis de Renard, qui est un chétodon proprement dit (le chætodon Meyeri, BI. Schn.), et M. de Lacépède, qui possédait ce douwing-marquis, dont il à fait mal à propos un holacanthe (son holacanthe jaune-et-noir, notre chætodon Meyeri), n'en a pas moins copié la citation de Bloch.‘ Russel® a donné une excellente figure de l'espèce actuelle sous le nom de sahni- -tschapi ; et il lui marque bien la longue pointe aiguë de sa dorsale. 1. Comme il ne vérifiait jamais les citations des autres, il a copié ici jusqu'aux fautes d'impression : Renard, t. IL, pl. 20, fig. 135; au lieu de : t. I, pl. 25, fig. 135. 2. Poissons de Vizagapatam , n.° 88, CHAP. V. HOLACANTHES. 479 Cet holacanthe annulaire a sa hauteur une fois et trois quarts dans sa longueur totale. Sa forme est d'ailleurs celle du genre. Ses dents ont très-sensible- ment une petite pointe de chaque côté de la grande. On aperçoit à peine les dentelures de son préoper- cule; mais l’épine en est forte et a un sillon à sa face externe. L'angle du sous-orbitaire n’a que trois ou quatre peutes dentelures, quelquefois à peine visi- bles. Ses épines dorsales, au nombre de treize, vont en s’alongeant de la première à la dernière. La pointe aiguë de cette nageoire, formée principalement par les troisième, quatrième et cinquième rayons, dé-# passe la caudale; celle-ci est coupée carrément. L'anale à son bord à peu près parallèle à sa base, c'est-à-dire qu'elle ne forme pas de pointe ni mème d'angle saillant. Les ventrales atteignent presque à sa base. D. 13/22; A. 3/21; C. 17; P. 18; V. 1/5. C'est un des holacanthes les plus agréablement colorés. Le fond paraît d’un brun verdätre clair, avec une tache un peu plus foncée sur chaque écaille. Au- dessus de l'épaule, près du haut de l'ouie, est un anneau bleu. Six rubans bleus, étroits, descendent obliquement en avant : le premier, du septième ou huitième aiguillon dorsal vers l'anneau; son extré- mité supérieure remonte sur le bord antéritur de la longue pointe de la nageoïre. Les suivans partent de différens points de la partie molle de la dorsale, et se courbent la convexité dirigée en bas et en arrière, mais de manière à revenir en avant aux environs de la pectorale. Sur la base même de la 480 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. pectorale est un trait bleu. L'anale a trois lighes de même couleur, parallèles à son bord. A la tête on remarque un trait bleu entre les yeux et l’œil, qui se continue à l'opercule, et un autre, qui part du museau , passe sous l'œil, et va aussi à l’opercule. Le bord de l’opercule lui-même est bleu. Enfin, il y a deux ou trois lignes verticales bleues sur la queue. Les pectorales et la caudale sont jaunes, les ventrales brunes. Î Cette espèce devient assez grande. Nous en avons un individu d’un pied de long. “ Il nous a été apporté de Pondichéry par M.Sonnerat. Nous en avons aussi de plus pe- tits des Moluques. Il y en a une grande et beile figure dans le recueil de poissons peints à Malaca pour le major Farkhar. L'HoLACANTHE EMPEREUR. (Chætodon imperator, BI. 194; Lacép., t. IV, pl. 12, fig. 3.) Le plus célèbre des holacanthes pour la sin- gularité de son vêtement et la beauté de ses couleurs, est celui que les Hollandais des Mo- Juques ont appelé empereur-du-Japon, et dont ils se sont plus à multiplier les figures. * 1. Ruysch, pl. 19, fig. 1. Cette figure a sur le front une espèce de couronne, qui est imaginaire. Valentyn, n.° 51, ckan-djamban- CHAP. V. HOLACANTHES. 181 Il n’est pas cependant du Japon, comme le dit Bloch, et comme le répètent d'après lui Gmelin et de Lacépède, mais de toutes les parties chaudes de la mer des Indes. C'est aux Moluques qu'en ont été faites les figures pu- bliées par Ruysch,Valentyn et Renard; et Com- merson l'a décrit et dessiné à l’Isle-de-France, où nos colons lui donnent le nom plus modeste de guingam, emprunté des fines étoffes de coton de l'Inde, rayées comme ce poisson. Il est d’une forme un peu plus élevée que la plupart des espèces du genre. Sa hauteur n’est pas tout-àa-fait deux fois dans sa longueur. Son museau est un peu retroussé. Sa mâchoire infé- rieure avance plus que l'autre. Sa dorsale et son anale se terminent en angle obtus vis-à-vis la base de la caudale, et ne se prolongent pas en pointe. Ses ventrales n’atteignent pas son anale. Les dente- lures du bord montant du préopercule sont peu marquées. On distingue celles du bord inférieur, au nombre de quatre ou cinq. L'aiguillon de . l'angle est niche et très-fort. _L'angle du sous- RAT n’a que trois ou quatre petites dents. Les dents ont une petite dentelure à chaque côté de la secret, Ou poisson-de-galion; n.° 370, empereur-du-Japon; n.° 418, poisson-couronné : c’est la même figure que Ruysch. Renard, t.1, fol. 16, fig. 95, douwing-camus. V'original de celle-ci est dans Vlaming, n.° 225, sous le nom d’amsral. Idem, t. I, pl. 56, fig. 238, empereur-du-Japon. 1. Sa figure est gravée dans Lacépède, t. IV, pl. 12, fig. 3. 482 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. base de leur pointe. Les écailles sont encore plus petites et plus nombreuses qu'à l’annulaire ; mais striées et ciliées de même dans toute leur partie vi- sible, ce qui donne à leur ensemble une apparence de velours. Elles se rapetissent par degrés sur les nageoires verticales, et se changent sur la tête en une simple granulosité un peu äpre. D. 14/20; A. 3/19; C. 17; P. 19; V. 1/5. ‘ , Tout le corps de ce poisson est d’un bleu noi- ‘râtre; trente ou trente-deux lignes d'un jaune orangé en parcourent l'étendue depuis le bord de la dor- sale, se portent en avant, en descendant un peu, et se terminent à l'épaule, à la gorge et à la poitrine, qui, ainsi que la tête, sont du bleu noirâtre du fond, Sur l'anale on en voit trois ou quatre paral- lèles aux dernières du corps; mais qui s’effacent successivement. Sur la tête se voient deux lignes bleu clair, qui traversent le front, entourent l'œil, et descendent vers le bord postérieur du préoper- cule. Une autre ligne de cette couleur borde Foper- cule, et se prolonge au-devant d'une tache très- noire, qui est à la base de la pectorale. Cette nageoire elle-même est noirâtre. Les ventrales sont d’un jaune brun; mais la caudale toute entière est d’un beau jaune vif. .Ce poisson est grand pour son genre ; il passe souvent un pied et même quinze pouces. Cest, dit-on, de tous les poissons que l'on mange communément aux Indes le plus esti- mé; On compare sa chair à celle du saumon. CHAP. V. HOLACANTIIES. 4183 Notre description des couleurs est emprun- tée de Commerson, qui la faite sur le frais , et nous la croyons plus exacte que lesenluminures de Renard, et même que celle de Bloch, qui met un fond jaune à toute la partie antérieure aux pectorales, aux ventrales, et au bord de la dorsale et de l’anale. Quant aux formes, nous les avons prises sur nature; mais il se pourrait qu'il y eüt pour la dorsale une différence de sexe; car dans le dessin de Vlaming, copié par Renard (t. I, fol. 16, fig. 93), la dorsale parait beaucoup plus pointue. Tout nous fait croire que cet holacanthe est le premier citharœdus d’Ælien', que cet auteur décrit en ces termes: « Il naît dans la « mer Érythrée un poisson plat comme une « sole. Ses écailles ne sont pas très-äpres. Sa « couleur est un peu dorée, et il a de la tête « à la queue des lignes noires, semblables à « des cordes, ce qui l'a fait nommer citharède. « Sa bouche est serrée, noire, entourée d'un « cercle jaune; le sommet de sa tête est varie « de lignes noires et dorées; ses nageoires.sont « mélangées de jaune et de roux, et sa queue « est noire, excepté le bout, qui est blanc. ? 1. Anim., 1, XI, c. 23. 184 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. La nomenclature des anciens serait bien fa- cile à retrouver, sils l'eussent toujours consta- tée par des descriptions aussi exactes. L'HOLACANTHE DUC. (Holacanthus dux, Lacép.; Chætodon fasciatus, BI., pl. 195.:) Il y a dans les Indes un autre bel holacan- the, rayé, mais en travers, que les Hollandais des Moluques ont appelé duc ou duchesse? “et toile-peinte*, et qui est le chætodon fascia- tus de Bloch ou le chætodon dux de Gmelin, laolacanthe duc de M. de Lacépède, mais dont l'espèce a été doublée par le peu d'atten- tion des naturalistes à remonter aux sources. Bloch tenait sa figure de Boddaërt, et celui- ci dit quelques mots de l'espèce dans une lettre imprimée en 1782, dans Les Écrits de la Société * 1. Chœtodon dux et Chœtodon Boddaerti, Gmel.; Holacanthe duc et Acanthopode Boddatrt, Lacép.; I APRES (pois- son-duc des Moluques ; Valeniyn, n.° 507. Dans un autre endroit (n.° 405) il l'appelle ‘ékan-sarasa-jang-sarisca, ce qui signifie, dit-il, grand poisson-saraza rayé. 2. Douwing-duchesse, Renard, t.1, fol. 14, fig. 81. Cette figure est moins mauvaise que la plupart de celles de cet auteur. On en voit l'original dans Vlaming (n.° 248} sous le nom de harioginne (duchesse ). 3. Chietze-visch où toile-peinte, Renard, t. II, pl. 38, fig. 169. Chieize ou citz est le nom hollandais des indiennes. Rüysch , p.14, ad tab. 8, fig. à. CHAP. V. HOLACANTHES. 185 des naturalistes de Berlin (t. ILE, p.459). I ren- voie en même temps à un écrit où il en avait donné, quelques années auparavant’, une des- cription plus ample, etune bonne figure, sous le nom de chætodon diacanthus. Bloch, im- primant son article en 1788*, reconnait bien devoir sa figure à Boddaërt, mais ne fait au- cune mention des deux ouvrages où ce mé- decin hollandais en avait parlé. En 1789 ou 1790 Grmelin, ne consultant que le premier de ces écrits, ne le comparant point à larticle de Bloch, et en traduisant trop littéralement une phrase, en tire une es- _pèce quilappelle chætodon Boddaerti, et qui, dit-il, a deux épines aux ventrales (spinis ven- tralium duabus*),. Enfin, M. de Lacépède, ne consultant que Gmelin, imagine que cette phrase signifié qu'il y a à chaque ventrale deux piquans et pas de rayons mous, el fait du chætodon Boddaerti un acanthopode Boddaërt, tout en laissant le chætodon dux dans les holacanthes. 1. Epistola ad Gaubium de chœtodonte diacantho. Amsterdam, 1772, in-4.° | 2. Grande Ichtyologie, édition francaise, t. VI , p: 39 et 40. 3. Boddaërt avait dit dans sa lettre : Ziwez grosse Siacheln an den Bauchflossen (deux grandes épines aux ventrales), ce qui signi- fiait simplement une grande épine à chaque ventrale, ainsi qu'on le voit par ce qu'il dit dans l’'Epitre à Gaubius, 186 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Nous devons encore faire remarquer que Bloch cite parmi les synonymes de son chæ- todon fasciatus, le douwing-bätard d’'Ha- roke de Renard (1. If, pl. 16, fig. 77), qui est un chétodon proprement dit et probablement l'octolineatus, et que dans cette confusion perpétuelle que son ignorance fait du javanais avec le japonais, il prétend que ce sont les Japonais qui appellent ce poisson duc, ce qui a fait conclure à M. de Lacépède que cette es- pèce est du Japon, ainsi que la précédente." Or, s'il y a quelque chose de certain en ich- tyologie, cest que toutes les deux sont des parages les plus chauds de la mer des Indes. Nous en avons déjà donné des preuves pour l'holacanthe empereur. Quant à l'holacanthe duc, outre les témoignages irrécusables de Vlaming, de Renard et de Valentyn, nous avons celui de MM. Lesson et Garnot, qui ont rapporté l'espèce du Havre-Dorey, à la Nou- velle-Guinée. MM. Quoy et Gaimard viennent de l'en rapporter également. On ne peut pas raisonnablement chercher sous le climat du Japon des poissons que l'on sait d'ailleurs vivre dans le voisinage de la ligne. 1. Lacépède, t. IV, p. 536. CHAP. V. HOLACANTHES, 487 Cet holacanthe duc est d’une forme plus oblon- gue que ceux dont nous avons parlé jusqu'ici. Sa hauteur est deux fois et demie dans sa longueur. Son museau saille un peu, et son profil est légère- ment concave. Ses dents m'ont paru simples. L'ori- fice supérieur de sa narine est rond et ouvert; linfé- rieur à un rebord sallant!. L'aiguillon du bas de son préopercule est long et fort, et atteint presque sa pectorale. Les dentelures du bord montant sont assez fortes; mais il n’y en a point au bord inférieur, et celles de l’angle du sous-orbitaire, au nombre de trois ou quatre, sont très-petites. Sa dorsale et son anale sont coupées en arrière en angle un peu arrondi au sommet. La caudale est aussi un peu arrondie. Ses ventrales sont pointues, mais n’atteignent point lanale. Je ne vois qu'une petite dentelure au côté antérieur de ses dents. Les écailles sont presque car- rées, finement striées à leur partie visible, et avec cinq ou six crénelures au bord radical. D. 14/9; A. 3/19; C. 17; P. 16; V. 1/5. Les couleurs de cet holacanthe sont très-agréa- bles. Sa tête, sa gorge et sa poitrine sont d'un gris üurant au violet. Une ligne bois lisérée de "| descend de chaque côté du haut du front vers le devant de l'œil, et une autre de la nuque le long du 1. En Ha , nous ne parlons pas, dans les descriptions des espèces, des circonstances de formes qui s'accordent avec ce qui a cte dit de la première. Nous mentionnons les orifices des narines de celle-ci, parce qu’il a été dit qu’elle n’en avait qu'un. On le dit de beaucoup d’autres; mais c’est ce qui n’a peut-être pas lieu dans un seul poisson osseux. 188 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. bord postérieur de l'œil, et un peu plus bas : il y en a une impaire entre les deux, une sur le bord du préopercule, et une sur celui de l’opercule. Tout le tronc, jusqu'a la base de la caudale, est divisé par bandes aliernativement jaunes et bleues, avec de larges rubans brun pourpré entre elles. Il y a neuf bandes jaunes, neuf bleues, et dix-huit rubans bruns. Les six ou sept derniers de ces rubans descendent sur l’anale, dont le fond est bleu, et s'y recourbent à peu près parallèlement à son bord, de manière à venir se rejoindre en avant à ceux du milieu du corps. La parte épineuse de la dorsale a aussi sur sa base quelques prolongemens des bandes et des rubans qui lui correspondent, mais qui se perdent bientôt. Son bord et toute la parue molle sont d’un bleu noirâtre, avec un liséré très-étroit, noir et bleu. La caudale est jaune, ainsi que les ventrales. Les pec- torales sont transparentes. Nos individus sont longs de huit à neuf pouces. Valentyn parle avec éloge de ce poisson comme aliment. L'HOLAGANTHE A QUEUE JAUNE. (Holacanthus chrysurus , nob.) Un bel holacanthe, qui a quelque rapport avec le duc, a été rapporté par M. Gaimard. Il est plus haut à proportion, et a les écailles plus petites, l'épine du préopercule plus courte, et une petite pointe aiguë à l’angle de la dorsale. Tout CHAP. V. HOLACANTHES. 189 son corps paraît d’un brun foncé, Une ligne bleuñtre descend de la nuque, entoure le bas de l'œil, et aboutit à la bouche. De sa partie horizontale descen- dent trois lignes de même couleur vers le bord de Pinteropercule. Sur lopercule est une ligne verti- cale, qui se continue devant la pectorale jusque vers l’aisselle de la ventrale; et il y en a une autre plus avant sur la poitrine. En outre, le corps a de chaque côté six grandes lignes arquées, blanchâtres, alternauvement plus larges et plus étroites, qui s'étendent sur la dorsale et sur l’anale, et dans leurs intervalles on en voit d’également arquées; mais qui se détachent à peine du fond par leur teinte. La caudale est tronquée et entièrement d’un beau jaune, comme celle de l'holacanthe duc, avec un fin liséré noir au bout. D. 13/19 ; A. 3/19, etc. L'individu est long de cinq pouces. L'HOLACANTHE GÉOMÉTRIQUE. (Holacanthus geometricus, nob.; Chætodon nicobareensis, BI.) % ds Bloch a décrit et représenté ce poisson en 1801, dans son Système posthume (p. 219, n°9, pl. 50), sous le nom de chætodon nico- bareensis, et M. de Lacépède (t. IV, p. 528 et b375), en 1803, sous celui d’holacanthe géo- métrique, qui le caractérise beaucoup mieux; mais On en avait depuis long-temps une figure 499 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dans Renard (t. L, fol. 5, fig. 35), d'après Vla- ming (n.° 80). Il porte dans ces auteurs le nom de douwing-formose, qui lui est bien dü aussi d’après la régularité de sa coloration. Sa longueur conüuent deux fois sa hauteur. Ses écailles sont fort peutes, et les dentelures de son préopercule imperceptibles , en sorte que, dans la méthode de M. de Lacépède, il aurait dû étre un pomacanthe. Sa dorsale et son anale s’arrondissent en arrière. Sa caudale est aussi un peu arrondie. D. 14/20 ; A. 3/19, etc. Si l’on excepte la moitié postérieure de cette der- nière nageoire, qui est d’un blanc uniforme, tout le reste de ce poisson est d’un brun noirätre, dessiné de lignes alternativement blanches et bleues, et dis- posées d’une façon très-singulière. Sur l'arrière du corps, avant la portion de queue qui n’a point de nageoires, est un cercle blanc, autour duquel les autres lignes sont disposées presque concentrique- ment; mais comme ces cercles s’agrandissent à me- sure qu'ils s’éloignent du premier, il n’y en a que trois OU quatre qui soient entiers, encore se divisent- ils en arrière pour former un réseau à larges mailles rondes sur la partie postérieure de la dorsale et de l'anale et sur la queue. Plus en avant 1l n’y a que des poruons de cercles, au nombre d’encore trois ou quatre, terminées aux bords supérieur et inférieur du corps. A la tête elles sont moins régulières : on y en voit quaire; une du maxillaire à l'angle de la mâchoire inférieure, une du devant de l'œil à Ja CHAP. V. HOLACANTHES. 491 gorge, une allant du front, par derrière l'œil et le es du bord du préopercule, au côté de la poitrine et aux ventrales ; enfin, une de la nuque sur l’oper- cule, au-devant des pectorales, et jusqu’au ventre derrière les ventrales. Il y en a de plus trois en tra- vers du front. Le bord de la dorsale et de l’anale est blanchâtre. Ce poisson paraît rester dans de petites dimen- sions, comme de trois ou quatre pouces. On devinerait difficilement pourquoi Ruysch et Valentyn ont négligé une espèce comme celle-ci, l'une de celles dont le dessin aurait dû le plus les frapper. L'HOLACANTHE A DEMI-CERCLES. (Holacanthus semicirculatus, nob.) Péron a rapporté de Timor, et MM. Lesson et Garnot de Bourou, de Waigiou et du port Praslin, à la Nouvelle-Irlande, un holacanthe assez semblable au géométrique par ses cou- leurs, pour qu'au premier coup d'œil on puisse le croire de la même espèce; mais comme il n'a point de cercles entiers, et seulement des demi-ellipses ou des lignes droites, nous avons cru devoir l'appeler holacantfus semicCirCu- latus. Sa nuque est plus relevée et son museau plus obtus que dans le géométrique, et son aiguillon L 192 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. du préopercule est encore plus court; mais la forme de ses nageoires est la même. Ses écailles sont pres- que aussi peutes. D. 14/21; A. 3/21, etc. Il a douze lignes blanches, dans les intervalles desquelles en sont autant de bleues plus étroites. La première des blanches est derrière les lèvres; la seconde au-devant de l'œil; la troisième derrière, et se prions sur le préopercule et la poitrine jus- qu'aux ventrales; la quatrième descend de la nuque le long du Bord de l'opercule, et jusque derrière les véutellés- ; la cinquième, du septième rayon dor- sal au-devant de l'anus (celles-ci commencent à se courber en arc de cercle); la sixième va du commen- cement de la partie molle à celui de l’anale; la sep- tième réunit les extrémités postérieures de ces deux nageoires, et est courbée en demi-ellipse; les trois suivantes, courbées en arc de cercle, remplissent la concavité de la précédente : 1l y en a deux droites sur la queue, et deux serpentantes surpla cau- dale. Les cinquième, sixième et septième, ainsi que les bleues de leurs intervalles, arrivées sur les na- geoires , s’y ploient diversement pour former un peut labyrinthe. Il y a aussi des traits irrégulière- ment ployés sur la dernière moitié de la caudale, dont tout le bord est blanchàätre. Tout le long du profil du front à la bouche est une ligne blanche impare, et 1l y en a une semblable sous la gorge et la poitrine. Le plus grand de nosindividus est long de quatre pouces et demi sur deux pouces et demi de hauteur. \ CHAP. V. HOLACANTHES. 193 Quoique l'espèce en paraisse plus commune que celle du géométrique, nous n'en trouvons point de trace dans les auteurs. Les habitans de Waigiou la nomment mami. L'HOLACANTHE À LIGNES ALTERNES. (Holacanthus alternans, nob.) Une espèce voisine, et cependant distincte, vient d'être rapportée de Madagascar par MM. Quoy et Gaimard. Sa dorsale a en arrière une longue pointe aigui- sée comme dans l’annularis ; son anale est simple- ment anguleuse; du reste, ses formes sont les mêmes que dans le demi-cerclé. Tout son corps est brun, semé de petites taches plus brunes, qui deviennent au contraire plus pâles que le fond sur la queue et sur la partie molle de la dorsale et de l'anale. Sur chaque côté règnent sept ou huit lignes blanches, verticales, courbées en arc de cercle, la concavité en arrière, alternativement plus larges et plus étroites; quelquefois les étroites disparaissent, em sorte que le nombre total est moindre. Sur la queue il y en a trois à peu près droites. La caudale en a quelquefois une ou deux, et une rangée de petits - traits longitudinaux; d’autres fois elle n’a que des points. À lagète 1l y en a une impaire le long du chanfrein, fettrois qui parcourent verticalement sa hauteur, savoir : une immédiatement derrière la commissure des lèvres, une qui passe par le bord 7. 13 194 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. antérieur de l'orbite, et une derrière le bord posté- rieur. Une quatrième descend de la nuque sur l’oper- cule. La poitrine en a deux obliques ; la première aboutissant à la ventrale, la seconde passant devant la base de la pectorale, et quelquefois une plus étroite entre deux. D. 13/21; À. 3/19, etc. Nos individus sont longs de cinq, de six et de sept pouces. L'HOoLACANTHE BLEU. (Holacanthus cæruleus, Ehrenb.) M. Ehrenberg a rapporté de la mer Rouge un petit holacanthe, d'un pouce ou de dix- huit lignes, assez voisin des deux précédens, et qui à sur un fond bleu d'indigo treize ou qua- torze lignes blanches verticales, arquées et alterna- tvement plus larges et plus étroites. Sa caudale est, jaune et arrondie, ainsi que sa dorsale et son anale. D. 12/15; A. 3/15, etc. … Les Arabes de Massuah le nomment ghar. L'HOLACANTHE A SIX BANDES. (Holacanthus sexstriatus, K. et V. H.) Le Cabinet du Roi possède depuis long- temps un holacanthe à six baffdes verticales brunes, que MM. Kubhl et Van Hasselt, qui lont retrouvé à Java, ont appelé kolacanthus CHAP. V. HOLACANTHES. 195 sexstriatus; et nous croyons devoir lui conser- ver ce nom par égard pour la mémoire de ces deux intéressantes victimes de l’histoire natu- relle. Son museau est assez saillant comparativement , et son profil un peu concave. C’est à peine si l’on aperçoit à son préopercule quelques vestiges de dentelure ; mais l'aguillon de l'angle est fort et creusé d’un sillon à sa face externe. Sa hauteur est deux fois dans sa longueur totale. Sa dorsale est coupée en angle obtus, et son anale s’arrondit. Sa caudale est coupée carrément. Ses ventrales sont plus longues qu'aux autres espèces, et leur pointe atteint le troisième aiguillon de l'anale. D. 13/20 ; A. 3/19, etc. Sa tête et sa poitrine sont d'un brun violàtre. Une bande blanchätre descend de la nuque derrière l'œil le long du bord du préopercule, et se termine à l'aiguillon; elle est jaune dans le frais. Le corps parait gris jaunâtre, et dans le frais il est orangé, avec une tache ronde et d’un brun violet sur le mi- lieu de chaque écaille, et cinq bandes verticales d’un brun violet clair, qui laisse encore paraitre les taches plus foncées des écailles. En comptant celle qui se trouve derrière la bande blanchâtre de la tête, cela en fait six. La dernière répond à la fin de la dor- sale et de l'anale : il ÿ en a même une septième à la racine de la caudale. Les parties molles de ces deux nageoires sont, ainsi que la caudale, semées de taches nombreuses, rondes pour Ja plupart, qui paraissent 196 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. brunes dans la liqueur , mais qui sont bleues dans le frais. Les ventrales sont toutes brunes. Cet holacanthe devient grand pour son genre. Notre individu est long de huit pouces. Celui du Cabinet de Leyde a un pied de longueur sur six pouces de hauteur. Nous croyons l'espèce nouvelle pour la science. L'HOLACANTHE A TROIS TACHES. (Holacanthus trimaculatus, Lacép., Mém. inéd.) M. de Lacépède, dans un mémoire quil destinait à la collection du Muséum, et où il traitait de quelques espèces nouvelles de pois- sons, mais que sa mort l'a empêché de faire pa- raitre, décrivait un holacanthe qu'il nommait trimaculatus, parce que son caractère le plus apparent consiste en trois taches brunes, pla- cées l'une sur la nuque, les deux autres près du haut de chaque orifice branchial. Il en igno- rait l’origine ; mais M. Valenciennes a retrouvé la même espèce dans le Musée royal des Pays- Bas à Leyde, où elle a été apportée des Mo- luques par M. Reinwardt. Il a le corps ovale, le museau assez saillant, la hauteur deux fois dans la longueur; la caudale ar- rondie, la dorsale et l’anale en angle obtus, ne dé- passant pas le milieu de la caudale ; les ventrales CHAP. V. HOLACANTHES. 1497 pointues, mais atteignant à peine l’anale; les dente- lures du préopercule fines, son aiguillon long, mais un peu grêle. D. 14/17; A. 3/18, etc. Dans la liqueur tout son corps, sa tête et ses nageoires paraissent d'un jaune doré, le milieu de chaque écaille plus clair, les bords plus obscurs. De ses trois taches brunes, celle de la nuque est composée de deux cercles contigus; celles du haut des oper- cules sont circulaires et un peu plus claires dans le milieu qu'au pourtour. Une large bande noire oc- cupe tout le bord inférieur de lanale. À l’état frais, ainsi que nous l’apprenons des des- sins de M. de Mertens, il est du plus beau jaune citron, et les ‘aches et la bande d’un noir très-foncé. Les individus des deux Cabinets sont longs de cinq pouces. Nous n'avons rien trouvé dans les auteurs qui nous ait paru se rapporter à cette espèce. L'HOLACANTHE TOUT-JAUNE. _ (Holacanthus flavissimus.) M. de Mertens nous a montré parmi les des- sins de la dernière expédition russe un hola- canthe d'Uléa, , à nageoires anguleuses, entièrement d’un jaune de gomme-gutte, avec une légère teinte de rouge der- rière l'opercule. D. 15/15; A. 3/16, etc. Sa longueur n’est que de trois pouces et demi. 198 LIVRE VIL. SQUAMMIPENNES. L'HOLACANTHE ORANGÉ. (Holacanthus luteolus, nob.; Chætodon luteolus, Park.) Il y en a un très-semblable d'Otaiti dans les dessins de Parkinson, mais orangé, à front et museau teints de gris, et à nageoires plus arrondies. D. 16/ ? Il le nomme chætodon luteolus. L'HorAcANTHE LAMARCK. (Holacanthus Lamarck, Lac., t. IV, p. 526 et 532.) L'holacanthe que M. de Lacépède a dédié à son célèbre collègue M. de Lamarck, n'avait point été décrit dans les auteurs méthodi- ques, et sous ce point de vue il pouvait être considéré comme nouveau pour la science; mais sa figure et son histoire étaient déjà de- puis long-temps consignées dans ces riches re- cueils sur lés poissons des Indes, dont on doit la publication à Ruysch', à Valentyn (n.” 84 et 85) et à Renard (t. I, fol. 26, fig. 144 et 145), et comme sa queue, prolongée en deux très-longues pointes, est Le trait Le plus appa- 4. Ruysch, Theatr. anim., 1. 1, p. 29, pl. 15, fig. 4 et 5. CHAP. V. HOLACANTHES. 199 rent de sa conformation, c’est d'après elle qu’on l'y désigne. On lui donne le nom hollandais de la lavandière ou du hoche-queue, quick- steert (queue vive , queue qui se remue avec vivacité). Son museau est court, son corps oblong. Sa lon- gueur sans la caudale content deux fois sa hauteur, et en l’y comprenant, trois fois. Les dentelures de son sous-orbitaire et de son préopercule sont bien marquées ; l’aiguillon de l'angle du préopercule est long et fort. Sa dorsale et son anale s'élèvent peu et se terminent en angle. La pointe des ventrales est aiguë, et atteint au-delà de l’origine de lanale. La caudale, y compris ses pointes, fait le tiers de la longueur totale; mais ses rayons mitoyens sont de plus de moitié moindres que ceux des pointes. Les écailles sont grandes, striées et ciliées comme dans la plupart des espèces. D. 15/15; A. 1517, etc. Dans la liqueur il parait d’un jaune-brun doré, avec une tache jaune sur le veriex ‘en avant de la dorsale, et trois bandes jgneirudinales brunes, qui partent de l'œil et règnent jusqu’à la caudale. La première est immédiatement au-dessous de la ligne latérale, la seconde à la hauteur de l'œil, la troisième à celle des pectorales. Les ventrales et la partie épineuse de la mem- brane sont brunes; le reste des nageoires est de la couleur du corps. La caudale est semée de POine bruns sur toute sa partie moyenne. 200 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. D'après les figures originales de Vlaming (n° 24 et 25), assez bien copiées par Renard, le poisson frais est argenté, ürant au bleu d'acier vers le dos. Ses bandes sont brunes; il en a quelquefois une qua- trième du côté du ventre, qui ne s'avance pas jus- qu'aux ventrales. La tache de sa nuque est jaune ou verte, selon les individus. Notre sujet est long de sept pouces; mais selon Valentyn l'espèce atteint la longueur d'un pied et plus. Sa chair, au rapport du même auteur, est blanche , ferme et d'un goût très-agréable. Ruysch et Renard assurent que les deux sexes ne sabandonnent pas, et que si l'un est pris, l'autre suit le pêcheur, et se jette même dans les filets ou sur le rivage. Ce serait une habi- tude bien singulière dans la classe des pois- sons ; mais il ne s'agit probablement que de quelque fait individuel, et observé à l'époque du frai. DES POMACANTHES. % On a pu remarquer que les holacanthes dont nous avons parlé jusqu'ici, ont la forme plus où moins approchante de l’ovale, et que les épines de leur dorsale, peu inégales entre 1. Viaming, et les autres d’après lui, disent que Pindividu à quatre bandes et à tache verte est la femelle, CHAP. V. POMACANTUHES. 9201 elles, et généralement au nombre de treize ou quatorze, ne descendent pas au-dessous de douze. | L'Amérique en produit d’autres, qui n'ont que neuf oudix épines dorsales, lesquelles gran- dissent de la première à la dixième, et font monter le bord antérieur de la nageoire plus ra- pidement: leurs dents extérieures ont toujours ces pointes plus petites aux côtés de leur pointe principale, que nous n'avons remarquées que dans un petit nombre des précédens, et leurs sous-orbitaire et préopercule ontconstamment, le bord entier et sans dentelure; en général, ils ont le corps plus haut que les autres, et une apparence au total un peu différente, surtout en ce que les longues pointes de leur dorsale et de leur anale sont placées plus en avant, et se détachent mieux que dans celles des es- pèces précédentes où ces nageoires sont ainsi aiguisées. C'est à ces poissons que l'on pour- rait réserver le nom de pomnacanthe qui avait été donné par M. de Lacépède à tous les ché- todons à préopercule armé d’un aiguillon, mais où le bord de cet os na pas ou ne lui parais- sait pas avoir de dentelure. Les Anglais des Antilles les connaissent en général sous les noms de flat-fish et d'indian-. 5 Jish, et nos colons français sous celui de por= De ré ARE ë Cris 202 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. tugais, qu'ils donnent aussi à quelques hola- canthes. Les Espagnols d'Amérique, et surtout de la Havane, les nomment curivita ou chivirita. Le POMACANTHE DORÉ. (Chætodon aureus, B1., pl. 193, fig. 1.) Le premier de ces chirivita, que Parra a bien représenté (pl. 6, fig. 2), a le corps entier coloré d’un jaune plus ou moins doré ou plus ou moins grisätre, selon les individus, avec des taches brunätres ou noirâtres sur chacune de ses écailles, mais très-inégales en grandeur et en intensité; en sorte que le poisson semble irrégulière- ment moucheté. Nous en avons recu de beaux échantillons, pris à Saint-Thomas par M. Plée, et à Saint- Domingue par M. Ricord. Comparé avec l’holacanthe ciliaire, sa forme est plus élevée, et son profil plus vertical. Sa hauteur n’est que deux fois dans sa longueur totale. Sa tête est de plus d’un üers plus haute que longue. Il n'y a aucune apparence de dentelure aux pièces opercu- laires de la femelle, et c’est à peine si l’on en voit quelques vestiges dans le mâle, L’épine du préoper- cule est plate, tranchante et plus courte dans les deux sexes que celle du ciliaire. La mâchoire infé- rieure avance sensiblement plus que l'autre. Les dents CHAP. V. POMACANTHES. 203 du rang extérieur ont deux petites pointes bien vi- sibles à la base de la pointe principale. Ses aiguil- lons sont moins nombreux, encore plus enveloppés; et la pointe de sa dorsale y tient plus en avant, pres- que au milieu de la longueur de la nageoire, et au uiers de celle du corps, en sorte que la portion de nageoire qui est derrière cette pointe, suit encore une courbe parallèle à celle du dos : ce sont prin- cipalement les quatrième et cinquième rayons mous qui la composent. La pointe de l'anale part plus en arrière que celle de la dorsale : toutes les deux sont étroites et aiguës, et dans le mâle elles dépassent le bout de la caudale; mais dans la femelle celle de la dorsale ne répond qu'à l’'aplomb du milieu de cette nageoire. La caudale a une peute pointe à chacun de ses angles. Les ventrales, plus alongées qu’au cihaire, dépassent de leur pointe le commencement de l’anale. D. 930; A. 3/24; C. 17; P. 18; V. 15. La couleur, gris-jaunâtre inégalement moucheté ou comme sablé de brun, qui revêt tout le corps, se change sur les nageoires en un jaunûtre plus uniforme, et sur la tête en un jaune tirant à l’o- rangé. Le bord postérieur de la caudale à un ru- ban blanc ou transparent. Les pectorales sont aussi un peu transparentes. Les ventrales paraissent bru- nâtres. Nous avons des individus de douze et quinze pouces de long, Schneider considère ce chirivita jaune 204 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. comme une variété du noir, qui est le paru, et dont nous parlons dans l'article qui suit; mais je doute que cette opinion soit fondée, attendu que j'ai sous les yeux les deux sexes de l'un et de l’autre, et en individus à peu près de même grandeur. Je crois plutôt que le chirivita jaune est le chætodon aureus, que Bloch a donné (pl. 193, fig. 1) d'après une esquisse de Plumier, où le nombre des rayons n’était pas bien marqué (il en compte douze épineux et douze mous à la dorsale); mais nous avons une figure peinte de ce même poisson, faite par Aubriet sur les es- . quisses originales de Plumier, et où l'on voit distinctement neuf aiguillons à la dorsale ; il y marque aussi un bord étroit, transparent ou verdätre à la caudale, et en général toute sa circonscription ressemble encore plus que celle de Bloch aux individus que nous avons sous les yeux. Cette figure porte pour titre seserti- nus aureus, aculeatus, pinnis cornutis, P.Plum. . Les Anglais de Saint-Thomas nomment cette espèce parry, peut-être par souvenir du nom de paru qui appartient à la suivante. M. Plée nous assure que c'est un des poissons les plus communs aux petites Antilles, et qu'il peut alonger son museau de manière à le faire ressembler un peu à celui d’un chelmon. CHAP. V. POMACANTHES. 205 Le POMACANTHE NoïRr. (CAhætodon paru, BI.) Un second chrivita, également bien repré- senté par Parra (pl. 6, fig. 1), est de couleur noire, avec un trait jaune sur chaque écaille. Il a été représenté plus anciennement par Margrave* et par Pison (p. 55), sous le nom de paru, quil porte chez les indigènes du Bré- sil septentrional, mais qui pourrait bien y être générique. Bloch a fait graver de nouveau (pl. 195) la figuretriginale du recueil du prince” Maurice, qui avait été mal rendue par le gra- veur de Margrave. Telle qu'il l'a donnée, elle exprime assez bien l’ensemble du poisson lors- que ses nageoires ne sont pas redressées; mais comme les deux sortes de rayons n’y sont pas bien distinguées, Bloch a cru y compter douze aiguillons. Pour nous, nous ne pouvons en trouver que neuf, comme dans l'espèce jaune, encore faut-il rechercher les premiers sous la peau au moyen du scalpel, et les autres ne. montrent que leur pointe. Les nombres sont les mêmes, ou à peu près, que dans le précédent. D. 9/30; A. 323; C.17; P. 18; V. 1/5. 1. Bras., p.144. 206 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Sa taille est au moins égale; mais son vétement est différent. Le fond de sa couleur est un brun noi- râtre, uni sur la tête et les nageoires, et qui, sur tout le corps, est semé de traits verticaux un peu arqués et disposés en quinconces d’un jaune pâle. Ces traits forment le bord externe de certaines écailles; mais 1l n’y en a pas sur toutes, et néan- moins celles qui n’en ont pas sont aussi grandes que les autres, et n’ont pas, comme à l’holacanthe ciliaire, des formes et des dimensions particulières : ‘il y a encore un ou deux rangs de ces traits sur la base de la dorsale; mais plus petits que ceux du corps. L’aiguillon du préopercule est jaune, et l’on voit une bande de la même ébuleur sur la base de la pectorale. Un de nos individus est long de quinze pouces. M. Plée nous apprend qu'à la Martinique, où on lui donne aussi le nom de portugais, on en pêche du poids de douze à quinze livres, et que c'est un des poissons qui s'y vendent le plus cher (à quinze sous la livre). Le pomacanthe noir a le foie épais, embrassant l'œsophage inférieurement, et se prolongeant en deux pointes peu alongées, qui recouvrent la crosse du duodénum. La vésicule du fiel est grande et alon- gée; ses parois sont épaisses et très-solides. Elle est suspendue à un long canal cholédoque, qui reçoit un grand nombre de vaisseaux hépato-cystiques tant que le canal court entre les lobes du foie. Il des- cend ensuite le long du duodénum et vient débou- CHAP. V. POMACANTHES. 207 cher derrière le pylore, en arrière de l'insertion des appendices cœcales. L’œsophage, à son origine, est très-large ; 1l se rétrécit ensuite un peu, et ne com- mence à se dilater qu'après avoir parcouru les trois quarts de la longueur de l'abdomen. Le canal ali- mentaire se plie et revient vers le diaphragme, de sorte que l'estomac est placé au-dessous de l'œso- phage. Ses parois sont fortes, peu charnues, et lisses à l'intérieur. Un très-fort étranglement marque le pylore, qui est muni de quinze appendices cœcales, longues, grosses et coniques. Le diamètre du duo- dénum est'un peu plus petit que celui de l’œso- phage, à l'endroit où il est le plus étroit. L'intestin se dirige vers le diaphragme, et se replie dans la bifurcation du foie en se portant dans l'hypocondre droit, où il fait un assez grand nombre de replis, ce qui rend sa longueur considérable. Il revient alors sous le duodénum , rentre dans le côté gauche sous l'estomac, et va déboucher à l'anus après s’être un peu dilaté. La rate est placée entre l’œsophage et l’estomac; elle est triangulaire. Les organes géni- taux sont rejetés à l'arrière de l'abdomen. Les sacs à ovaires sont gros et bientôt réunis en un seul; ils s'ouvrent derrière le rectum. Nous avons trouvé l’'œsophage et l'estomac de ce poisson remplis d’une grande quantité de fucus, dont les feuilles et les vési- cules étaient à peine attaquées par les dents de l'animal. Dans le squelette la crête du crâne s'élève en triangle du quart de la hauteur de la tête. Il ÿ 44 huit vertèbres abdominales et quatorze caudales. Les apophyses épineuses montantes des abdomi- 208 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. nales sont dilatées d'avant en arrière, et se tou- chent presque. Les deuxième, troisième, quatrième et cinquième des apophyses descendantes des cau- dales se touchent effectivement. Tous les interépi- neux des nageoires se touchent de la même ma- nière, et ont de plus des lames latérales irès-sail- Jantes : il y en a deux gréles entre la crête du crâne et celui de la première épine de la dorsale, Le corps de lhyoide, l'épaule et le coracoïdien sont confor- més comme dans l’holacanthe tricolor. Le POMACANTHE A ÉCHARPE. (Pomacanthus balteatus, nob.) Il y a de ces chirivita semblables aux deux précédens pour les formes, et qui s'y rapportent même respectivement pour le fond des cou- leurs, mais qui s'en distinguent par des bandes pâles plus ou moins nombreuses sur le corps; peut-être n'en sont-ils que des variétés. Celui que nous nommerons balleatus se rapporte- rait alors à la première espèce; car il est comme elle moucheté de brun-noir, et iné- salement sur un fond de couleur gris-jaunâtre. Une bande blanche ou jaune-clair descend, en s’arquant un peu en avant, depuis la base de la dorsale, au milieu de sa partie épineuse, jusqu'au ventre, au milieu de l'espace qui est entre les ventrales et la caudale. La caudale a un ruban blanchätre, qui l’en- toure à sa base et à ses trois autres bords; quelque- CHAP, V. POMACANTHES. 209 fois aussi une ligne blanchâtre, étroite, descend de la nuque le long du bord vertical du préopercule. Le tour de la bouche et la moitié de la pectorale, vers sa pointe, sont également blanchàâtres ou jau- pâtres. D. 9/33; A. 3/23; C. 17; P. 18; V. 1/5. . . L] . { L] Nos individus sont longs de six et de huit pouces. Il y en a un que M. Plée a envoyé de Porto- Rico, où on le nomme palometta, comme d'autres holacanthes. L'espèce y est rare. Cet observateur à examiné son estomac, et n’y a trouvé que des débris de fucus. Le POMACANTHE A CEINTURE. (Pomacanthus cingulatus, nob.) Un autre, que nous appellerons cingulatus, se rapprocherait davantage du paru, et a de même sur un fond brun-noir des traits ar- qués en quinconce, et de plus une bande pâle, pla- cée comme dans le balleatus, et une autre sur la base de la caudale; quelquefois il y en a aussi une seconde sur les flancs. D. 930 ; À. 3/24, etc. Autant que l'on peut comprendre les descrip- tions de Brown, cest celui-ci qui est son qua- 1. Jam., p- 454, n° 4. 7. | 14 210 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. trième chétodon, dont Bonnaterre: a fait son chætodon lutescens, et M. de Lacépède (t. IV, p.518, 521 et 523) son pomacanthe jaunâtre. Le POMACANTHE A CINQ BANDES. (Pomacanthus quinquecinctus, nob.) Un troisième, que nous nommerons quin- quecinclus, n'est peut-être qu'une variété du r 14 A précédent et même du paru. Il a les mêmes traits en quinconce, et les mêmes bandes que le précédent; mais on lui en voit deux de plus, savoir; une en avant, de la nuque à la gorge, une très-arquée, du milieu de la partie molle de la dorsale à celui de l'anale. Dans quelques individus ces bandes paraissent très-blanches. Sa caudale est entourée tout autour d’un ruban blanc comme dans le balteatus. D. 9/30 ; À. 3/23, etc. Cest cette espèce ou variété à cinq bandes en particulier, que Margrave a décrite, et fort exactement (p. 178),sous le nom de guaperva; il mentionne même expressément les petits traits en croissant : Squamulis tegitur, qua- rum OTæ (quarumdam tantum,non omnium) fimbrias habent flavas instar semilunularum. Et la figure du livre de Mentzel (p. 127) y est 1. Encyclop. méthod., planch. d'ichtyol. explic., p. 182. CHAP, V. POMACANTHES. 211 entièrement conforme. Cette figure nous ap- prend de plus que dans le frais les bandes et les petites lignes des écailles sont d’un beau jaune sur un fond noir. Cest aussi l'espèce que représente Seba (t. IT, pL 25, fig. 5); mais Lin- næus l'a confondue avec son chætodon arcua- tus, qu il représente lui-même sous ce nom’, et qui est aussi l'acarauna nigra zonts luteis distincta de Willughby (pl. O, 3, fig. 4) et le poisson figuré par Seba (t. IE, pL 25, fig. 5 et 6), et il est fort excusable de s'y être trompé; car, à l'exception des petits traits jaunes, la ressemblance est presque complète. Le POMACANTHE ARQUÉ. (Chætodon arcuatus, Linn. et Bl.) Cest le véritable chætodon arcuatus que Bloch donne planche 204, fig. 2. ‘Il a les bandes exactement placées comme le pré- cédent; une autour de la bouche, une de la nuque à la base des ventrales en suivant le bord vertical du préopercule, une prenant des premiers rayons mous de la dorsale, et, en faisant un arc convexe en avant, aboutissant à la base antérieure de l’anale; une*en arc concentrique à la précédente, allant du milieu de la partie molle de la dorsale à celui de 1. Mus. Ad, Fred., pl. 35, fig. 5. 212 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. l’anale; enfin, un ruban qui encadre tout autour la caudale. Cependant c’est bien une espèce distincte; ses écailles sont plus peutes, et le fond de sa cou- leur est un brun-noir uniforme , sans aucun de ces traits en quinconce qui se voient sur les deux pré- cédens. D. 10/29 ; A. 3/22, etc. Cest probablement ici le premier chéto- don de Brown, et dans ce cas l'espèce serait d'Amérique comme les autres. Nos échantil- lons ne portent malheureusement point de notes sur leur origine. Nous avons pu examiner les viscères d’un petit po- macanthe arqué. Ils ressemblent par leur disposition et par la longueur de Pintestin à ceux du poma- canthe noir ; mais nous y avons compté deux grandes appendices cœcales de plus , en sorte qu'il y en a dix- sept. Elles sont aussi plus longues et plus gréles. CHAP. VI. PLATAX. 913 CHAPITRE VL Des Platax (Platax, nob.). Les platax n'ont pas tout-à-fait les dents des chétodons. Celles du premier rang sont tranchantes et divisées en trois lobes ou den- telures; structure dont on voit aussi quelque chose dans plusieurs holacanthes, mais que les platax ont plus prononcée. Ce n'est que par derrière ces premières dents quil y en a en brosse, comme dans les chétodons ordi- naires. Leur forme s'éloigne aussi beaucoup de celle du reste des squammipennes. Leur corps, très-comprimé et très-élevé, ne semble pas avoir de partie épineuse à sa dorsale, parce que les épines de cette nageoire, en petit nombre, se cachent dans son bord an- térieur, qui est fort épais et se continue en une seule ligne avec le crâne, qui lui-même est très-élevé. Il en résulte que la nageoire ne semble composée que de ses rayons mous, dont les premiers sont très-longs, et lui for- ment une pointe qui dans quelques espèces est plus haute que tout le corps, et qui se recourbe en arrière comme une lame de faux. 214 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. L'anale est conformée de la même mamière, et le poisson se trouve ainsi avoir des dimen- sions plus considérables dans le sens de la hauteur que dans celui de la longueur. Les pomacanthes offrent déjà quelque chose de cette structure, mais dans un bien moindre degré, et toutefois Fon peut dire d'eux quils sont à quelques égards aux holacanthes ce que Les platax sont aux chétodons proprement dits. On observe aussi dans le ptéraclis cette hauteur excessive des nageoires dorsale et anale , et elle est toujours faite pour étonner. De quelle nécessité peuvent être de pareilles voiles verticales et placées dans le sens de la longueur du poisson, surtout lorsqu'il s'agit de poissons déjà si comprimés ? Linnæus paraît avoir confondu plusieurs de ces platax avec celui qu'il avait décrit dans le Musée d'Adolphe - Fréderic sous le nom de chætodon pinnatus, et il faut avouer que dans l’état où on les voit ordinairement dans les cabinets, il est bien dificile de les distin- guer. Bloch a saisi un des meilleurs caractères que l'on puisse y employer, celui des rayons mous de la dorsale; et c'est ainsi qu'il a éta- bli son chætodon teira, qui a vingt-neuf de ces rayons, et son chætodon vespertilio, qui en a trente-six. Mais depuis que les espèces CHAP, VI. PLATAX, 915 se sont multipliées, il s'en est trouvé de nom- Pres intermédiaires, et très-rapprochés de ces deux-là ; en sorte que lon a été obligé de recourir à de faibles détails de formes, de proportions et de distributions des couleurs, qui, pour des espèces si semblables, ne don- nent pas des caractères bien certains. Nous décrirons cependant les diversités que nous ont présentées les individus à notre disposi- tion, laissant à ceux qui les observeront à l'état frais, à confirmer ou à rectifier nos conclusions sur le nombre et les limites des espèces. Tous les poissons connus de ce genre ap- partiennent à la mer des Indes, ou à l'océan Pacifique, et passent pour de bons mangers. Nous avons cru pouvoir leur appliquer le nom de 7Aëlm£, qui exprime assez bien leur forme ; il appartenait, il est vrai, selon Athé- née (p. m. 309), au coracin du Nil, c'est-à-dire au bolty (/abrus niloticus, L.; chromis nilo- tica, nob.); mais on a fait des détournemens de noms plus importans. | 216 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le PLATAX DE GAIMARD. (Platax Gaimardi, nob.) Nous prendrons d’abord pour premier ob- jet de comparaison un petit individu, très- bien conservé, qui est depuis long-temps au Cabinet du Roi, et dont le semblable s'est retrouvé à la Nouvelle-Guinée. La hauteur de son corps, prise depuis la base an- térieure de sa dorsale à celle de son anale, égale sa longueur depuis la bouche jusqu’à la fin de la caudale ; sa dorsale a presque la même hauteur de sa base à sa pointe, et l’anale a bien un quart de plus. Loin que son museau soit proéminent, la ligne de son profil, depuis la nuque jusqu'aux ventrales, n’est qu’un arc de courbe légèrement convexe. La crête de son crâne s'élève tellement que sa tête est plus de deux fois plus haute qu’elle n’est longue. L'œil est à peu près au milieu de cette hauteur, un peu plus près du profil que de l’ouie. Son dia- mètre est deux fois et demie dans la longueur de la tête. La bouche est fendue horizontalement au quart inférieur de la tête, et ne pénètre que sous le uers antérieur de l'œil. Chaque mâchoire a une bande de dents en brosse et un rang extérieur de dents plates, tranchantes, divisées chacune en trois pointes. L’ori- fice postérieur de la narine est une peute fente ver- ucale tout près de lœil; et l’antérieur un peut trou rond entre cette fente et la bouche. Entre les yeux CHAP. VI. PLATAX, 917 le devant de la tête est rond et presque égal en lar- geur au tiers de sa longueur ; mais plus haut sa crête samincit, et se continue avec la ligne du de- vant de la dorsale. Le préopercule a un bord ver- ücal, un horizontal, et leur angle est arrondi; son limbe est un peu ridé. L'angle de l’opercule est très-obtus , et son bord inférieur très-oblique. Le bas de la membrane branchiale est découvert et écailleux ; elle se joint à l'isthme sous l'angle de la mâchoire par une union assez large. La ds 2 uon y découvre six rayons. L’épaule est lisse, mais sans armure. Au-dessous de la bouche la gorge forme un bord obtus, qui s’élargit et s’aplaut un peu entre les ventrales. Il y a encore entre la crête osseuse du crane et le commencement de la dorsale un espace assez long, mais qui monte rapidement. C’est au sommet du corps que la dorsale commence ; elle a cinq épines cachées dans son bord antérieur par la peau écailleuse qui le revêt, et ne montrant que leurs pointes disposées en échelons, parce que ces épines vont croissant, et que la cinquième est huit fois plus longue que la première. Le premier rayOIT mou est lui-même double de la cinquième épine, et le septième, qui est le plus long, dépasse encore d’un quart le premier : ils décroissent ensuite rapidement jusqu'au trente-quatrième, qui est le dernier et qui égale à peine la première épine, L’anale commence vis-à-vis des premiers rayons mous de la dorsale ; elle a trois épines placées aussi en échelons et à » di cachées dans son bord antérieur. C'est son premier rayon mou qui est le plus long et dépasse d’un 218 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. quart la hauteur du corps : les suivans décroissent aussi rapidement qu’à la dorsale ; il y en a en tout vingt-huit. Les deux nageoires, quand elles se diri- gent en arrière, dépassent de beaucoup la caudale. Le premier rayon mou de la ventrale atteint au milieu de celui de l'anale; le second légale presque; les trois derniers sont assez courts. L’épine de cette nageoïre n'a pas le tiers de la longueur du premier rayon mou. La pectorale est petite et faible, de figure ovale, du * cinquième de la longueur totale : on y compte dix- huit rayons. La caudale à le quart de la longueur totale; elle est coupée carrément et a, comme à l’or- dinaire, dix-sept rayons entiers. Le tronçon de queue, qui la porte en arrière des deux autres nageoires ver- ücales, n’a guère que le vingtième de cette longueur; mais sa hauteur est quadruple. B. 6; D. 5/34; À. 3/28; C. 17; P. 18; V. 1/5. Tout ce poisson est couvert de petites écailles, un peu plus hautes que longues, finement poinul- lées et ciliées à leur partie visible, et dont l'éventail a six rayons et six crénelures ; elles ne s'étendent pas aussi avant sur la dorsale et sur l’anale que dans les chétodons proprement dits, et n’en couvrent guère qu'un quart : à la caudale elles ne prennent qu'un cinquième. La ligne latérale suit une courbe un peu moins convexe en avant que celle du dos; elle se continue jusqu’à la caudale et se marque par une suite de petits tubes simples. L'individu que nous décrivons et qui est depuis long-temps dans la liqueur , a sur un fond gris argenté CHAP. VI. PLATAX. 919 quatre bandes verticales plus obscures : la première, qui est la bande oculaire, descend du vertex à la poitrine en embrassant l'œil ; la seconde vient de la nuque et passe derrière les pectorales ; la troi- sième va du milieu de la dorsale à l'anale; la qua- trième couvre une parte plus ou moins large de la queue. La dorsale, l’anale et les ventrales sont en grande partie teintes de noirâtre. Cet individu a trois pouces dix lignes du museau au bout de la queue. Il est ancien au Cabinet, et l’on ignore son origine. Un individu, un peu moindre pour la taille, rapporté récemment de la Nouvelle - Guinée par MM. Quoy et Gaimard, a les bandes distribuées absolument de même, mais d'un brun noirâtre , et leurs intervalles d’un argenté un peu bleuâtre; sa caudale est d’un jaune pâle : la pointe de sa dorsale s’alonge davantage à propor- üon; on y compte deux rayons mous de moins : D. 582; A. 3/26, etc. Le PLarax DE Raywaup. (Platax Raynaldi, nob.) M. Raynaud en a rapporté un de Kaits, sur la côte occidentale de Ceilan, qui a des nageoires assez semblables à celles du pré- cédent, mais dont l’anale est moins longue que la dorsale, et dont le corps est surtout beaucoup moins 2920 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. élevé. Sa hauteur, prise du commencement de la dorsale à celui de iles est d’un cinquième moin- dre que la longueur totale : | D. 5/32; A. 3/93, etc. Il parait d’un argenté violâtre; la bande oculaire et la bande DéCILAE à s’y voient, quoiqu’un peu effa- cées ; la large bande postérieure y est presque in- HuMHlS la dorsale, l’anale et les ventrales sont teintes de noirâtre ; la caudale semble avoir été grise : elle est un peu échancrée en croissant. _ Sa longueur est de cinq pouces. Nous croyons retrouver la même espèce dans un individu envoyé de Pondichéry par M. Bélenger, et long de sept pouces. D. 5/33; À. 3/24, etc. Ses proportions sont les mêmes ; il est dessé- ché, mais on y aperçoit des traces d’une dis- tribution semblable de couleurs. Le nom de ce poisson à Pondichéry est sadakain. Sa chair, selon M. RARES est de très- bon goût. Il se tient autour des navires pour y attraper des débris d'alimens, et devient très-grand. On le pêche surtout pendant la mousson du nord. Le major Farkhar en a fait dessiner un tout pareil à Malaca, où on le nomme zkan-leeman- leeman. CHAP. VI. PLATAX. 291 Le Prarax D'ÉHRENBERG. (Platax Ehrenbergiü, nob.) M. Ehrenberg a rapporté de Massuah et de Lohaia des individus fort semblables aux pré- cédens par les formes, mais dont les rayons sont plus nombreux à la dor- sale et à l’anale : D. 5/37 ; À. 3/26, etc. Ils sont d’un argenté teint de violätre, et l’on n'y voit que la bande oculaire et la pectorale; 1l y en a une étroite sur la base de la caudale. La dorsale, l’'anale et les ventrales ont plus d’argenté que dans les précédens; les ventrales et les pectorales sont même dans le frais d’un jaune verdätre, comme la caudale. Le plus grand est long de six pouces. Cest à ceux-là que nous croyons pouvoir rapporter la figure 15 (pl. 25, t. IIT) de Seba. Peut-être faut-il y rapporter aussi le chæto- don pinnatus du Musée d'Adolphe-Fréderic (pl. 33, fig. 6), qui est dit avoir D. 5/35. Mais ses nageoires, quoique coupées en faux, pa- raissent bien plus longues. Cependant ce ne peut pas être le teira, qui n’a que D. 5/30. Le Cabinet du Roi possède d'ancienne date un petit individu fort décoloré, qui parait aussi de cette espèce par ses formes, et où nous COMPLODS : :), :Dus/88;-AL8/2 ete: 22? LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Un individu rapporté par M. Ruppel a : D. 5/36; A. 3/25, etc. Il nous paraît que c'est bien cette espèce que M. Whitchurch-Bennett' a représentée sous le nom de vespertilio. Sa figure, peinte d’après le frais, est jaune; le dos, les nageoires verticales et ventrales, la bande oculaire et une trace de bande pectorale sont bruns. Il y ‘a à la base de la caudale une bande brune. Le reste de cette nageoire est jaune pale. D. 537; À. 3/28, etc. L'espèce devient très-grande, et porte à Ceilan le nom de cola-handah. On la prend dans les eaux profondes, à fonds rocailleux. Il y en a un individu envoyé de FIsle-de- France par M. Mathieu, dont les couleurs sont les mêmes, mais qui a le corps plus haut à proportion de sa longueur, et pour nombres : D. 6/85; A. 3/26, etc. Cest peut-être encore une espèce particu- lière. Le Prarax DE BLocx. (Platax Blochii, nob.; Chætodon vespertilio, BI.) Nous croyons reconnaitre le véritable ves- pertilio de Bloch (pl 109, fig. 2) dans des in- dividus 1. Poissons de Ceilan, n.° 5. CHAP. VI. PLATAX, 9223 où la hauteur du corps est d’un hüitième moindre que la longueur totale, et où:les nageoires verticales et les ventrales sont bien moins alongées en pointe que dans les précédens (ces dernières n’atteignent qu'au haut du premier rayon mou de l'anale), où enfin les premières décroissent moins de hauteur vers l'arrière. Leurs nombres sont : D. 5/36; A. 3/26 ou Y27, etc. Le mieux conservé, rapporté de l'Isle-de- France par MM. Quoy et Gaimard, parait argenté bleuâtre; la bande oculaire peu mar- quée, la bande pectorale à peu près nulle; mais sur la base de la nageoire pectorale est la petite bande brune qui se voit aussi dans les autres. Sa longueur est de cinq pouces. M. Sonnerat en a rapporté un sec de Pon- dichéry, long de neuf pouces ; et il y en a de huit pouces, pris à la Nouvelle-Guinée par MM. Lesson et Garnot. Le PLATAx DE LESCHENAULT. (Platax Leschenaldi, nob.) Nous avons recu de Pondichéry par M. Les- chenault, et de la Nouvelle-Guinée par MM. Quoy et Gaimard , une espèce qui se distingue nettement de toutes les précédentes parce que le bord antérieur de la crête de son crane est renflé et arrondi sur toute sa longueur, ce qui se sent même au travers de la peau. Elle a le 294 LiVRE VII. SQUAMMIPENNES. corps sans les nageoires d’un sixième moindre que la longueur du museau au bout de la queue. Ses nageoires verticales, comme dans l'espèce de Bloch, sont larges, et moins échancrées en faux, et cepen- dant leurs pointes sont plus longues. La dorsale égale le corps en hauteur. D. 5/31 ou 32; A. 3/23 ou 25, etc. Ses ventrales atteignent le milieu du bord anté- rieur de l'anale, Sa couleur paraît un argenté bleuâtre, teint de brun sur les nageoires verticales et les ventrales. La bande oculaire est brune, Il y a un bord noirûtre à la caudale. Nos individus sont longs de sept à huit pouces. L'espèce se nomme à Pondichéry serrate- waval. Ce dernier mot en tamoule veut dire chauve-souris. Nous en avons fait un squelette qui nous a offert une crête du crâne presque aussi haute que la tête, renflée à son bord antérieur; un crâne à surface très-celluleuse; vingt-quatre vertèbres, dont neuf abdominales ; aucun renflement aux interépineux : celui qui porte la première épine dorsale, droit, long et fort, s'étendant depuis l’épine jusqu'au dos, qui est très-élevé à cet endroit; trois petits, grêles, entre lui et le crâne, etc. C'est très-probablement cette espèce que Willughby' représente d’après un dessin de 1. Ichtyologie, pl. O, 5. CHAP. VI. PLATAX, 295 Frasier. Tout nous fait croire que c'est aussi le kahi-sandawa de Russel (t. I, n° 87), quoi- que cet auteur ne place que quatre rayons aux branchies ; mais comme l'observation n'en est pas facile, on ne doit pas douter quil ne soit tombé dans une erreur inverse de celle de Bloch sur son terra. Russel décrit les bandes du jeune à peu près comme nous les avons vues dans la pre- mière espèce, et ajoute qu'avec l’âge la cou- leur générale brunit et que les bandes s’effa- cent; circonstance que nous croyons générale dans toutes les espèces. Selon cet auteur, c'est un excellent poisson et des plus estimés. Le PLarax DE BATAVIA. (Platax batavianus, nob.) M. Raynaud a rapporté de Batavia une es- pèce voisine de la précédente pour les formes des nageoires, mais qui na point de renflement à la crête du crane, dont Le corps est bien moins haut, d’un quart moins que la longueur totale, et dont les ventrales n’atteignent qu’au commencement de l’a- nale, Son profil est un peu plus saillant qu'aux au- tres, et c'est celle de toutes où nous avons trouvé le moindre nombre de rayons. D. 5/28; A. 3/23, ete. 7. 15 226 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L'individu est long de six pouces, et paraît ar- genté, un peu ürant au cendré. C'est à peine si la bande oculaire se montre un peu plus grise que le fond. Le PLATAX TEÏRA. (Platax teira, nob.; Chætodon teira, BI.) Le véritable chætodon teira de Bloch (pl 199, fig. 1) a été apporté de la côte de Malabar par M. Dussumier. La hauteur de son corps, du commencement de la dorsale à celui de l’anale, égale sa longueur sans la caudale, et la caudale est comprise trois fois dans l'intervalle qui la précède. Les plus longs rayons de la dorsale et de l’anale surpassent de moitié la hau- eur du corps. Les ventrales atteignent à près de moitié du bord antérieur de l’anale. ' D. 5/31; A. 3/24, etc. Le fond est argenté; avec une bande oculaire ; une bande pectorale qui remonte le long du bord antérieur de la dorsale, et une large bande posté- rieure qui s'étend sur la queue et sur la moitié postérieure de la dorsale et de Tanale : toutes ces bandes sont brunes et bien Ho C'est bien cette seconde espèce que Bloch a représentée sous le nom de teira (pl. 199, fig. 1); mais il l'a enluminée d'une facon tranchée, en noir foncé et en blanc, ce qui nest point conforme à la vérité. Il lui donne CHAP. VI. PLATAX. 22 pour nombres : D. 5/29; A. 3/25, etc., et a probablement négligé les derniers petits rayons de la dorsale. Il compte aussi sept rayons branchiaux; mais sur ce point je n'hésite pas à le croire dans l'erreur. IL faut rapporter également à cette espèce l'individu décrit dans les Chinensia Lager- strœmiana (n° 25), et que Linnæus à regardé mal à propos comme identique avec celui d'Adolphe-Fréderic (pl XXXIIT, fig. 6). Ses rayons sont marqués : D. 5/50 ; A. 28, etc. C'est aussi, comme l'a bien jugé Bloch, le vrai teira de Forskal, qui compte ses rayons : D. 5/50 ; À. 5/25, et qui le décrit brunûtre avec trois bandes brunes. Ce platax arrive, selon ce voyageur, à la lon- sueur d'une aune du nord, cest-à-dire de deux pieds’. On le nomme, dit-il, en arabe tetra, et quand il est grand, daakar. Le PLATAX A GOUTTELETTES. (Platax guttulatus, nob.; Platax albipunctatus, Rupp., atl., pl. 18, fig. 4?) Nous avons recu de lisle-de-France par M. Mathieu un petit platax, dont les formes . M. de Lacépède, prenant partout le mot aure pour la mesure 1. M. de Lacépède, } t partout | t pour | ure connue à Paris sous ce nom, donne au {eira une taille d'un mètre et un quart, ou trois pieds huit pouces; mais c’est une méprise. 298 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. et les nombres sont à peu près comme dans notre première espèce (D. 5/56; A. 3/24), mais qui parait d’un gris rougeâtre, semé de pe- tites taches inégales , irrégulières et placées sans or- dre, d’un blanc de perle, bordées chacune d'un petit liséré plus brun que le fond. La bande oculaire est brune, et les extrémités des nageoires d’un brun noirâtre; à la base de la caudale est aussi une bande . brune, Notre individu n’a que deux pouces de long sur trois et demi de haut de la pointe de sa dor sale à celle de son anale. M. Ruppel en représente un très-semblable, mais brun, avec la bande oculaire noire, beaucoup de gouttes blanches et la caudale aussi blanche. Cest cette espèce, et non pas le teira, comme l'a cru Bloch, que représentent la figure 129 (pl. 24) de Renard et celle de Valentyn (n.° 62). L'original est dans Vlaming (n.° 199). Ces trois auteurs s'accordent à nom- mer ce poisson cambing, qui en malais signifie chevre ou bouc. Le PLATAX POINTILLÉ. (Platax punctulatus, nob.) Peron avait rapporté de Timor un très- petit platax, | qui a aussi de petits points blancs semés sur le corps, l CHAP. VI. PLATAX. 2929 mais plus peuts et plus nombreux, et dont le corps n’a de hauteur que les trois quarts de sa longueur, la caudale comprise. Sa dorsale et son anale ont de longues pointes, que les ventrales dépassent encore. Les ventrales surpassent même la longueur totale du corps. D. 5/35 ; A. 3/23, etc. Ces individus n’ont qu'un pouce de longueur. Le PLATAx OCELLÉ. (Platax ocellatus, nob.) Le Cabinet de la Société zoologique de Londres possède un platax remarquable par une tache ronde et noire que porte sa dorsale. Sa bande oculaire est d’un cendré foncé ou d’un bleuûtre liséré de brun. On lui voit de plus trois bandes verticales brunâtres peu apparentes, une pas- sant sur l’ouie, une partant du devant de la dorsale et une de son milieu : c’est sur celle-ci qu'est la tache noire. Enfin, 1l ÿ a à la queue un anneau brun, liséré de blanc. D. 6/30; A. 3/20, etc. La taille de lindividu n’est que de quelques pouces. Le PLATAX NODULEUX. (Platax arthriticus, nob.; Chætodon arthriticus, Bell.) Les platax qui vont suivre sont d’une forme _ vlus orbiculaire que les précédens, attendu 230 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. que le bord antérieur de leur dorsale fuit plus rapidement en arrière, et que cette nageoire ny est pas pointue, mais arrondie. Celui qui fait l'objet de cet article, et que nous devons à M. SANT , à d’ailleurs cela de remarquable que ses aguillons sont entièrement cachés dans le bord antérieur, sans même laisser voir leur pointe au dehors. Cette dorsale a trente et un rayons mous, dont les premiers ne s'élèvent pas en pointe au-dessus de ceux qui les suivent immiédiatement. L’anale laisse un peu mieux voir ses aiguillons; mais elle est égale- ment arrondie ou en demi-ovale, et l’on y compte vingt-trois rayons mous. Les ventrales n’atteignent pas même jusqu’à la base de l’anale. Les pectorales sont encore d’un uers plus courtes. La caudale est coupée carrément. L'individu que nous LES long de dix-huit pouces et haut d’un pied, est desséché et paraît entièrement d'un brun uniforme. Nous avons trouvé sous sa peau une crête du crane très-haute, triangulaire, renflée et arrondie à son bord antérieur, tranchante au postérieur, et un prémier interépineux renflé à sa moitié supérieure en une grosse masse Ovale irréguliere, sur le haut de laquelle s’arucule la première petite épine dorsale. " Il nous a été facile alors de nous convaincre que nous avions sous les yeux le chætodon arthriticus, décrit par William Bell dans les Transactions philosophiques de 1793 (p: 8), CHAP. VI. PLATAX. 251 ce que la figure gravée, #b., pl. 6, nous avait déjà rendu vraisemblable. M. Bell donne une figure complète du squelette. On y voit que le premier interépineux de l’anale est aussi renflé à sa partie qui porte l’épine, et que sa masse est plus arrondie. Cet os et celui de la dorsale étaient assez communs dans les cabinets de curiosités et d'ostéologie, où ils avaient été rapportés par des voyageurs qui avaient mangé de ces pois- sons aux Indes; mais avant M. Bell on igno- rait à quelle espèce ils appartenaient. On sait aujourd'hui quil y en a de semblables, ainsi que des crêtes du cräne renflées, dans plu- sieurs squammipennes, notamment dans notre ephippus gigas. C'est même à celui-ci qu'appar- tient l'interépineux en massue que l'on trouve le plus communément dans les cabinets. Plusieurs des apophyses épineuses de ce platax ont dans leur milieu des renflemens globuleux, et ce sont ces espèces d'exostoses qui ont déterminé M. Bell a donner à ce pois- son l'épithète d'arthritique ou de goutteux. Il l'avait observé à Benkoolen, dans l'ile de Sumatra , où les indigènes le connaissent sous le nom malais dkan-bonna. 232 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Il y devient fort grand (long de deux pieds et plus). Sa chair est blanche, ferme et de très- bon goût. M. Bell fait remarquer que les tu- meurs de ses os sont remplies d'huile, et se laissent entamer avec un canif, ce que nous avons aussi vérifié. Il a vingt-trois vertèbres, dont dix abdominales; ses côtes sont comprimées et élargies dans leur mi- lieu; ses premières apophyses épineuses inférieures se touchent par leur dilatation. Ses intestins sont très-longs, et 1l y a dans son œsophage des papilles comparables à celles de la tortue de mer. Sa vessie aérienne est très-grande. Nous trouvons parmi les dessins envoyés de Java par MM. Kubhl et Van Hasselt, celui d'un platax entièrement semblable pour le contour à celui de M. Bell, et que ces voÿyageurs con- sidéraient aussi comme de la même espèce, mais qui est enluminé d’un brunâtre pâle, varié de grandes marbrures très-larges d’un brun chocolat plus ou moins foncé. Son iris est aurore, bordé de noirâtre. Sa longueur est de onze pouces et sa hau- teur de neuf. Le PLATAX ORBICULAIRE. (Platax orbicularis, nob.; Chætodon orbicularis, Forsk.) Le chætodon orbicularis de Forskal res- semble beaucoup à ce platax noduleux; L EHAP. VI. PLATAX. 933 mais il n’a de renflemens ni à la tête ni aux inter- épineux. Forskal le décrit de forme à peu près ronde et sans épines; mais 1] explique cette dernière expres- sion en disant que la dorsale et l'anale ont des rudi- mens d’épines sous la peau. Ses nombres de rayons sont indiqués : B. 6; D. 3/33; A. 0/26, etc. Du reste, toute sa description s'accorde, et 1l dé- crit jusqu’à la division des dents du rang externe en trois pointes. La couleur est un gris-brun ürant au blanc vers le ventre, et au jaunâtre sur le derrière, avec des points noirâtres sur les flancs, surtout du côté du dos et de la queue. Les nageoires paires ürent au jaunâtre, Ce poisson est long d’un pied. Il se prend abondamment parmi les roches des environs de Djidda. De loin il a l'appa- rence d'un pleuronecte. Les Arabes le nom- ment dakar quand il est petit, et anaf quand il est grand. Nous venons de recevoir de M. Ruppel un poisson de la mer Ronge, qui pourrait bien rentrer dans l'espèce de Forskal. : Sa forme est aussi presque orbiculaire, sauf une légère concavité au chanfrein et la division des nageoires verticales. Sa hauteur à la base antérieure de la dorsale est une fois et demie dans la longueur totale. Sa tête prend le quart de cette longueur, et est une fois et trois quarts aussi haute que longue. Sa dorsale est arrondie; son anale un peu anguleuse ; 54 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. sa caudale coupée carrément. Il à à sa dorsale trois épines entièrement cachées sous la peau, et que l'on ne peut apercevoir qu'au moyen de la dissecuon : elles sont suivies de trente-deux rayons mous; l’a- nale a aussi trois épines cachées et vingt-cinq rayons mous. Ses ventrales, d’un peu moins du quart de la longueur totale, atteignent l'anus sans le dépasser. Leur épine prend moitié de leur longueur. Ses pec- iorales en demi-ovale n'ont que le sixième de la longueur totale. Ses dents du rang extérieur ont aussi trois pointes, mais moins distinctes que dans les espèces à dorsale pointue. Il y a une cinquantaine d’écailles de l’ouie à la caudale, et presque autant entre l'anus et le dos, toutes à peu près rondes, avec deux ou trois cré- nelures au bord radical. La ligne latérale marche à peu près parallèlement à celle du dos, par le quart de la hauteur, et se marque par une mince tubu- lure sur chaque écaille. Dans son état desséché, tout ce poisson parait gris; il est long de quinze pouces. Nous nous sommes assurés que la crête très-élevée de son crâne n’a au- cun renflement, non plus que ses interépineux. M. Ruppel (atlas, pl. 18, fig. 3) donne un jeune individu de la même espèce, où la bande oculaire et celle qui passe devant la pectorale sont très-prononcées. CHAP. VI. PLATAX. 955 Le PLATAX PENTACANTHE. (Platax pentacanthus, nob.; Chætodon pentacanthus, Lacép.) M. de Lacépède {t. IV, p. 500), qui n'a pas parlé du poisson de Bell, a fait de celui de Forskal son acanthinion orbiculaire, c'est-à- dire qu'il l'associe à des poissons de la famille des scombres, et presque du genre des liches; mais il donne sous le nom de chætodon penta- canthe, et d'après un dessin laissé par Com- merson (t. IV, pl. 454 et 496, plo, fig 2), un vrai platax, et que je crois extrêmement voi- sin des deux que je viens de nommer. Son vertex paraît moins convexe que dans celui de Bell, et l'on voit ses cinq épines à découvert; mais Cela peut venir de ce que la figure, comme il est arrivé quelquefois aux dessina- teurs de Commerson, avait été faite d'après une peau desséchée en herbier. Les autres détails et les nombres de rayons qu'on y voit (D. 5/51; A. 5/22), saccordent avec nos des- criptions précédentes. Commerson lui-même corrige par les phra- ses qu'il a inscrites sur cette feuille, ce que le dessin offre de défectueux; il l'appelle cux- TODON fuscus latissime cathetoplateus, pinna 236 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. dorsi unica, MUTICA, cauda integra, et dorso monopterygio, ACULEIS SUBCUTANEIS, etc. [l ajoute que son nom vulgaire à l'Isle-de-France est poule-de-mer, et il renvoie à la descrip- tion quis'en trouve dans ses manuscrits : mais il paraît avoir confondu deux espèces; car cette description , intitulée aussi poule-de- mer, et dont M. de Lacépède a tiré son ar- ticle du chétodon galline(t.IV, p.462 et 496), se rapporte à un autre dessin, que M. de La- cépède a fait graver (t. IV, pl. 12, fig. 2) comme une variété du chætodon vespertillo ou de notre platax Blochü, et qui en effet lui res- semblerait beaucoup, s'il n'avait des nombres de rayons mous supérieurs à tous ceux que nous connaissons (D. /4 ; À. /35); mais la description donne : D. 40; À. 28.’ Ce que nous présumons, c'est qu'à l'Isle-de- France le nom de poule-de-mer est commun à plusieurs platax. Celui dont Commerson a laissé la descrip- tion écrite, et que je soupconne le Blochii, parait sur les marchés en Août et en Septem- bre, et passe pour un des poissons les plus 1. Pinna dorsalis constat radiis circiter quadraginta, omnibus muticis, etc.; pinna ani viginti seplém aut viginti oclo, eliam iner- mibus, el. CHAP. VI. PLATAX. 237 savoureux de ces mers. Il y en a des individus de seize et dix-huit pouces et davantage. en Le PLATAX SCALAIRE. (Platax? scalaris, nob.; Zeus scalaris, Mus., BL.) Nous devons placer ici comme pierre d’at- tente la description d’un petit poisson du Bré- sil, qui s'est trouvé dans la collection de Bloch, au Musée de Berlin, avec le nom de zeus scala- ris, mais qui ressemblerait plutôt à un platax, bien qu'il ait aussi des caractères de nature à en faire un genre particulier lorsqu'on le con- naîtra mieux. Malheureusement son état de mutilation ne nous permet pas d'en rendre la description complète. Sa forme générale est celle d’un platax. La hauteur du tronc est une fois et deux tiers dans la longueur totale, la caudale comprise. La dorsale et l’anale s’é- lèvent graduellement en pointes, comme dans les platax ; mais on ne peut assigner la longueur de leurs pointes, qui sont cassées. Il en est de même des rayons mous des ventrales, qui se prolongeaient probablement aussi. La caudale est grande, et parait avoir eu ses rayons extrêmes prolongés en filamens. Le museau est saillant et assez protracule. Les mà- choires n’ont que des dents en velours ras, et sur des espaces étroits : il n'y en a ni au palxs ni à la 238 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. langue. L’angle du préopercule est sallant et arrondi; son bord est entier. L’opercule est mousse. Il y a cinq rayons à la membrane des ouïes. La dorsale a douze épines, dont la dernière a plus du uers de la hau- teur du corps, et vingt-quatre rayons mous, dont les premiers paraissent s'être élevés beaucoup. L’anale a six épimes, et le sixième a près de moitié de la hau- teur du corps. Les rayons mous sont aussi au nombre de vingt-quatre, et les premiers paraissent avoir été fort longs. L’épine des ventrales a plus du quart de Ja hauteur du corps, et l’on peut juger aussi que leur premier rayon mou se prolongeait beaucoup. Je compte douze rayons aux pectorales, dont je ne puis assigner la longueur. B. 5; D. 19/24; À. 624; C. 17; P. 12; V. 16. Les écailles sont médiocres, de forme circulaire, très-finement striées au bord, avec des stries con- centriques qui ne se voient qu'à la loupe, et quinze ou seize rayons très-marqués el peu convergens à leur éventail. Il né s’en porte que sur la base des nageoires verticales : la plus grande parte de leur étendue en est dénuée. La ligne latérale est peu marquée. C'est un trait léger d’abord parallèle à la courbe du dos au quart supérieur de la hauteur, et qui s'arrête vis-à-vis le dernier quart de la dorsale, pour recommencer plus bas et aller en ligne droite jusqu’à la caudale, Tout ce poisson parait avoir été argenté, teint de brunâtre vers le dos. Une bande oculaire brune part du crâne, et va à la gorge. L'œil, qui est grand, en interrompt le tiers supérieur, IL y a aussi des CHAP. VI. PLATAX, 239 bandes verticales sur le corps, mais peu appar entes ; elles sont plus mar quées, et même en partie noires, \ sur les nageoires, qui en ont chacune trois. L'individu n’a pas deux pouces et demi. a —— L'auteur de l'Zttiolitologia veronese à cru retrouver dans le poisson fossile de sa planche 4 le chætodon teira, et dans celui de sa plan- che 6 le vespertilio, et Bloch et M. de La- cépède ont répété son assertion, d'où lon n’a pas manqué de déduire de grandes consé- quences géologiques. M. de Blainville à déjà indiqué quelques différences de forme; mais il y a des caractères encore plus décisifs dans les nombres des rayons que nous avons cons- tatés sur les originaux. Le prétendu teira a quarante-trois rayons mous à sa dorsale, et le prétendu vespertilio en a cinquante-six. Néan- moins ce sont de vrais platax, dont nous re- parlerons en traitant des poissons fossiles. 1. Blainville, sur les ichtyolites, p. 47 et 48. 240 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE VIL Des Psettus (Psettus, Commers.). Psetta (Yärræ) est le nom grec d'un poisson “plat, que les uns prennent pour la plie, les autres pour le turbot, et que je crois la barbue. Commerson lui a donné la forme masculine de psettus, et Va appliqué à un poisson très-comprimé de la mer des Indes, celui que M. de Lacépède (t. IT, p. 131, 132 ‘et 133) a nommé ensuite monodactyle falci- forme, qui, avec les caractères généraux des chétodons, en a un très-particulier dans ses ventrales, dont on ne voit que l’épine, laquelle encore est extrêmement courte. On pourrait dire aussi que ses dents sont plutôt en ve- lours qu'en brosse, et néanmoins il n’y a pas lieu de le placer dans notre troisième section, attendu qu'il manque de dents palatines. Nous embrasserons sous la même dénomination plu- sieurs espèces où la réunion de ces caractères se reproduit, telles que le scomber rhombeus de Forskal, qui est le centrogaster rhombeus de Gmelin et le centropode rhomboïdal de M. de Lacépède (t. IIL, p. 303, 304 et 305); le chætodon argenteus de Linnæus, qui est CHAP. VII. PSETTUS. JA l'acanthopode argenté de M. de Lacépède* (t. IV, p. 558 et 559); le chætodon rhombeus de Bloch”; enfin, le kauki sandawa de Russel (n° 50). Quelques-uns de ces poissons pour- raient bien, ainsi que nous le verrons, rentrer les uns ne les autres comme espèces; mais tous présentent un corps comprimé; une dor- sale et une anale écailleuses, à pointes plus ou moins en faux, et dans le bord antérieur desquelles les épines sont enveloppées pres- que jusqu'à leur extrémité; des dents en ve- Tours ras et serré; enfin, deux petites épines pour toutes nageoires ventrales, au-dessus desquelles il y a pourtant quelquefois des rayons, mais si petits quils échappent à l'œil en se cachant entre l'épine et le corps. Le PsETTUS DE SEBA. (Psettus Sebæ, nob.; Chætodon rhombeus, BI. Schn.i) Celui qui a été représenté le plus ancien- nement, est dans Seba (t. IE, pl 26, fig. 21), et Bloch, dans son Système posthume (p. 235, 1. Cest le chœtodon argenteus, BI. Schn., p. 230, n.° 51. Dans le même Système posthume il y a (p.224, n.° 28) un autre c4æ- #odon argenteus. 2. BL. Schn., p. 235, n.° 68, citant Seba, t. IE, pl. 26, fig. 21. 8. Acanthopode argenté, Lacépède, 1. IV, p. 558 et 559. 7. 16 249 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. n.° 68), lui a donné le nom de chætodon rhom- beus. Ce doit être une espèce rare; car le Ca- binet du Roi n'en a eu long-temps qu'un individu sec, qui nous parait même celui qu'avait possédé Seba : l'origine en était in- connue; mais nous venons d'en recevoir un autre du Sénégal par M. Perottet, en sorte que maintenant on connait le séjour naturel de ce “poisson. Il est des côtes de l'Afrique moyenne. C'est l'espèce la plus élevée du genre par rapport à sa longueur ; il y a deux fois plus loin du sommet de sa dorsale à la pointe de son anale, que du bout de son museau à la racine de sa caudale. Son contour latéral sans la queue forme ainsi un rhomboide, dont l'angle supérieur et l'inférieur seraient un peu aiguisés et_recourbés en arrière, dont l’angle anté- ‘ rieur serait obtus, et dont le postérieur serait rem- placé par une caudale tronquée. La longueur de sa. tête fait les deux uers de sa hauteur et le quart de la longueur totale. La ligne dorsale descend oblique- ment depuis le sommet de la nageoiïre, prend une légère convexité à la crête du crâne, redevient très- légèrement concave entre les yeux. L'œil est placé plus bas que le milieu, et un peu plus près du museau que de l’ouie ; 1l est grand; son diamètre est des deux cinquièmes de la longueur de la tête. Les orifices de la narine sont l’un au-devant de l’autre. Le pos- térieur est ovale, l’antérieur rond, vis-à-vis du uers supérieur de l'œil. La bouche est, fendue oblique- ment, et descend en arrière, de façon que-le bout CHAP. VIT, PSETTUS, 243 des lèvres est à la hauteur du milieu de l'œil, et que la commissure est plus basse que son bord infé- rieur. Les dents sont en soies si courtes qu’on pour- rait les dire en velours ras. Les deux bords du préo- percule sont presque égaux; son angle est arrondi, et son bord paraît très-finement dentelé quand on a enlevé les écailles. L’opercule a son angle au quart supérieur, très-obtus, surmonté d’un fort petit arc un peu rentrant. Le bord membraneux est large vers le haut. 7 pectorale est ovale et a un peu plus du cin- quième de la longueur totale. Pour toutes ventrales on ne voit que deux peutes épines placées à l’aplomb des pectorales, ce qui, vu la rapide descente de la ligne de la poitrine, les met assez loin de la gorge; en y regardant de très-près on voit au-dessus de l'épine un pelit vestige de rayon mou. Dans le tranchant antérieur de la dorsale on reconnait les pointes de huit épines, dont on sent les troncs au travers des écailles ; elles vont en croissant de la première, qui est à peine visible, jusqu'à la huitième, qui a le cin- quième de la hauteur prise d’un sommet de na- geoire à l’autre. Celle-ci est dépassée par les quatre premiers rayons mous qui forment la pointe de la nageoire ; les autres diminuent jusqu'au septième ou au bus et demeurent ensuite presque égaux. Il y en à en tout trente-quatre ou trente-cinq. L’anale à ses trois épines très-longues à proporuon, mais cachées dans les écailles, et ne montrant que leurs pointes le long du tranchant antérieur et des- cendant de la nageoire. Il y a ensuite trente-cinq 244 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. ravons MOUS , dont les quatre ou cinq premiers forment une pointe moins aiguë que celle du dos, et dont les vingt-cinq derniers, à peu près égaux, ont une hauteur plus grande que leurs correspon- dans de la dorsale. La caudale est du quart de la longueur totale, et coupée carrément. B. 6: D. 8/35; A. 3/85; C. 17; P. 17: V. 1. Le corps, la dorsale, l’anale, la tête et même l’en- tre-deux des branches de la mâchoire inférieure sont garnis d’écailles; mais 1l n’y en a point sur le mu- seau ni aux lèvres; le maxillaire, quoique très-ar- genté, n’en a point non plus. Les écailles du corps sont plus hautes que longues, lisses, et n’ont que trois crénelures peu marquées à leur bord radical : elles rapetissent par degrés sur la tête et sur les nageoires. On en compte soixante- cinq entre louie et la caudale, et plus de cent cin- quanite du sommet de la dorsale à celui de l'anale, Tout le poisson est argenté. Dans l'individu sec on ne voit aucune autre teinte; dans un de ceux du Sénégal, une bande noirâtre descend du sommet de la dorsale à celui de anale. Un individu plus peut montre de plus une bande pectorale, et même quelque chose de la bande oculaire. Notre individu sec est long de six pouces, et haut de six et demi. Ceux du Sénégal ont quatre et cinq pouces de longueur. Ces poissons ont été pris à Saint-Louis, au mois de Mars, à l'époque où le fleuve est salé, ce qui ne dure que deux mois. CHAP. VII. PSETTUS. 245 Je n'ai trouvé absolument à rapporter à cette espèce dans les auteurs que la figure de Seba que j'ai citée, et même je m'étonne assez que M. de Lacépède, qui avait sous les yeux l'individu sec dont nous venons de parler, n'en ait fait aucune mention dans son ou- vrage. Le Pserrus RHOMBOÏDAL. (Psettus rhombeus, nob.; $Scomber rhombeus, Forsk.) L'espèce la plus haute après celle de Seba, mais qui ne l'est pas à beaucoup près autant, est gravée dans Russel (n.° 59) sous le nom de kauki-sandawa, qu'elle porte à Vizagapatam, et elle nous a été rapportée de Pondichéry par M. Sonnerat, et de llsle-de-France par M. Mathieu. Il s'en est même trouvé un indi- vidu avec ceux de l'espèce suivante, dans les collections de Commerson, qui parait avoir confondu les deux espèces. Celle-ci a sa hauteur prise entre la naissance de la dorsale et de anale une fois et demie dans la lon- gueur totale, la caudale comprise. Sur cette hauteur la dorsale s'élève obliquement d'environ un quart, et l’anale s’abaisse au-dessous à peu près d’un üers, en prenant ces proportions sur la verticale. Les pointes de ces nageoires ne se détachent pas autant que dans la première espèce, et le bord est 246 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. . seulement un peu concave derrière elles. Les ven- trales semblent dans le sec réduites chacune à sa petite épine; mais les individus conservés dans la liqueur montrent, lorsqu'on soulève les épines, de très-petits rayons mOUS, avec une très-courte mem- brane. Dans le tranchant antérieur de la dorsale on compte aisément les pointes de huit épines; celles de l’anale sont moins longues à praportion que dans l'espèce précédente, et les rayons mous de ces deux nageoires sont moins nombreux. La caudale, lors- qu'on l'étale, paraît un peu en croissant. B. 6; D. 8/28; A. 3/29; C. 17; P. 17; V. 4/ ? Les écailles de cette espèce sont beaucoup plus petites que dans la précédente. Sa couieur est un argenté qui vers le dos tourne au plombé, avec du noiïrâtre vers le sommet de la dor- sale, Une ligne noiràtre descend obliquement de la nuque vers le haut de l'orbite, et une autre de la première épine dorsale vers le haut de l’opercule. La figure de Russel en montre une troisième, des- cendant de la quatrième épine vers l’angle de l’o- pereule. Notre plus grand individu est long de sept pouces. Il y en a de bien plus petits. M. Ehrenberg a rapporté de la mer Rouge des individus qui ne paraissent différer de celui que Russel a dessiné, que parce que l'on n'y voit bien que la ligne noirâtre qui va de la nuque à l'œil. Il n'y a pas à- douter que ce ne soit le scomber rhombeus de Forskal, dont CHAP. VIL PSETTUS. 247 M. de Lacépède a fait son centropode rhom- boïdal, et par conséquent le genre des cen- tropodes est encore à rayer de lichtyologie. Que l'on lise en effet avec attention la des- cription de Forskal’, on y trouvera tous les caractères de nos psettus, seulement il place au-devant de la dorsale cinq petites épines à peine liées (spinæ quinque, minutæ, vix con- nexæ). Mais n'a-t-il pas pris pour de petites épines isolées, les pointes des premières épines de la dorsale? Cela posé, tout serait d'accord; On aurait pour n ombres : B. 6; D. 8/29; À. 3/51, etc.; ce qui ne ferait qu'une légère différence : les points noirs de la dorsale et de l’anale, la caudale coupée en rond, tout semblerait en- core indiquer notre espèce. 1. Voici cette description (Forsk., Descrip. anim., p.58, n.° 78): ScoMBER RHOMBEUS, pénnis ventralibus uniradiatis. Corpus com- pressum, argenteum, una cum pinnis dorsalibus et analibus mensu- ratum rhombeum. Dentes numerosi, subtiles. Lingua obtusa, prope apicem superne callo ovali, plano, albido, scabro. Labia, nares, opercula, ul congenerum. Tris argentea, Supra et infra fusca. Ante pinnas dorsales spinæ quinque, minutæ , vix connexæ. Juxta pinnas ventrales spinæ duæ , albæ , parvæ , el pone singulam radit inermes münores, quinque, vix conspicui. Pinrarum dorsalium et analium prima pars alba, triangularis, squamata, apice nigra, reliqua pars humilis, hyalina, linearis. Pinnæ pectorales leviter rotundatæ. Cauda brevis, lateribus compressa, non carinata. Pinna caudalis glauca, rotundata, exserta. Linea lateralis dorso propior parallele, in cauda recta, media, squamcæ parv®. B. 6; P. 4/15: D. 44, 332; V. 1/1; A. 3/34; C. 16. 948 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. On nomme ce poisson à Djidda , selorr Forskal, abu-gurr et abu-tabak. M. Ehren- berg l’a entendu appeler gallarf à Massuah. Il esi commun dans toute la mer Rouge. On le trouve aussi à l'Isle-de-France ; M. Desjardins vient de l'envoyer de là au Cabinet du Roi, ce qui nous a donné la facilité d’en faire l’a- natomie. À l'ouverture de l’abdomen on trouve les intes- uns entourés et presque cachés par des épiploons graisseux très-épais. La graisse, blanche et de peu de consisiance, semblable à de l'huile figée , était ra- massée en grande masse entre l’estomac et la vessie natatoire. Il y en avait même une assez grande quan- üté dans l’intérieur de la vessie ; mais elle était moins blanche et moins solidé encore que celle qui entourait l'intestin. L'estomac est un grand sac ar- rondi en arrière, un peu comprimé latéralement, dont les parois minces, membraneuses et transpa- rentes ne nous ont offert aucunes rides ou plis à l'extérieur. Sa capacité équivaut à peu près au tiers de celle de l'abdomen. L’œsophage est si court qu’à peine il existe au-delà du pharynx, ou derrière le diaphragme. C’est vers le milieu de la face inférieure que l’on voit naître la branche montante; elle se dirige obliquement vers le diaphragme. Elle est courte, et ses parois musculeuses sont assez épaisses. Le pylore s'ouvre par un trou très-étroit. Il est couronné par un très-grand nombre de cœcums courts, grêles, et fortement réunis entre eux par CHAP. VII. PSETTUS. 919 du üssu cellulaire graisseux. Le foie était entière- ment détruit; nous n’avons pu voir que la vési- cule du fiel, qui est petite et alongée. Ses parois sont blanches, fibreuses et très-solides. L'intesun est grêle et fait plusieurs replis avant de déboucher à l’anus. Les parois en sont encore plus minces que celles de estomac. La rate est grosse, brune, et placée à droite de l'estomac entre lui et l'intestin. Les laitances de notre individu sont rejetées vers l'arrière de l'abdomen, au-dessous de la vessie aé- rienne. Elles sont inégales; c’est la droite qui est la plus grosse et la plus longue. La vessie aérienne est très-grande; elle occupe toute la partie supérieure de l'abdomen, et se bifur- que ensuite de manière à pénétrer entre les muscles de la queue, aux côtés des apophyses épineuses in- férieures de la colonne vertébrale. Les cornes sont grandes, égales entre elles, et chacune est aussi longue que le corps de la vessie même; les parois sont très-minces et légèrement argentées. Les reins sont courts, noirâtres, et occupent la même longueur que le corps de la vessie aérienne. Ils versent l'urine dans deux uretères assez longs, qui descendent entre les deux cornes de la vessie aé- rienne, Au-dessous d’elles ils se renflent considéra- blement, et se rétrécissent ensuite en un petit con- duit ; ils débouchent dans une vessie urinaire assez grande, placée derrière les laitances. Nous avons trouvé l'estomac rempli de crevettes. Le squelette de ce-psettus rhombeus se fai re- 950 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. marquer par l'élévation et la minceur de la crête mitoyenne de son cràne, dont les crêtes latérales sont au contraire très-basses. Entre le crâne et la première épine dorsale il y a trois interépineux sans rayons. Le bassin représente un arc mince et com- primé, qui porte à son extrémité postérieure les deux épines ventrales. Je ne lui trouve que neuf vertèbres abdominales et quatorze caudales. Le pre- rer interépineux de la queue remonte. jusqu'au corps de la vertèbre, au-devant de l'apophyse épi- neuse descendante; sa partie inférieure est dilatée d'arrière en avant en une grande lame triangulaire, qui se porte en avant, et n'est séparée du bassin que par l’anus. Les deux premières épines anales sont attachées à cet interépineux. Le Pserrus DE COMMERSON. (Psettus Commersonii, nob.; Monodactyle Jfalciforme, Lacép.) Notre troisième espèce est celle qui a été décrite par Commerson sous le nom de pset- tus, et dont M. de Lacépède (t. IE, p. 151, 132 et 133) a fait son monodactyle falciforme. I s'en est trouvé dans les papiers de Commer- son une assez bonne figure, que M. de Lacé- pède (t. HE, pl. 5, fig. 4) a fait graver, mais trop réduite, et D a recouvré depuis quelque temps le poisson original. CHAP. VIT. PSETTUS, 954 Sa hauteur est moindre que dans l’espèce précé- dente, et ne fait guère que moitié de la longueur totale; ses écailles sont un peu plus grandes, les sommets de sa dorsale et de son anale un peu plus aigus, et l'arc qui échancre le bord de sa caudale SEE plus profond, au point due cette na- geoire peut passer pour fourchue; il n y a pas non plus de lignes noires à Sa partie antérieure ; mais tout le poisson est argenté, avec So du noirâtre vers les pointes de la dorsale et de lanale, Du reste, sa conformation a les plus grands rap- ports’avec celle de l'espèce précédente, et ses nom- bres sont les mêmes. 1B6:;"D-828 4829017; /P517: VO N'ayant vu qu'un individu sec, je ne puis dire sil y a des rayons mous aux ventrales ; Commerson n'en parle pas dans sa descrip- tion. Cet individu est long de près de huit pou- ces, et selon Commerson il pesait neuf onces un quart. MM. Quoy et Gaimard en ont pris un semblable à l'ile de Vanicolo. Le chætodon argenteus de Linné, dont M. de Lacépède a fait son acanthopode ar- genté, est incontestablement un psettus, et me parait même se rapporter à cette troisième espèce par le caractère de sa queue fourchue ; tous ceux qu'on lui attribue d’ailleurs con- viendraient également bien à cette troisième et LA 252 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. à la seconde’. Peut-être même la hauteur du corps indiquerait-elle laseconde de préférence. L'auteur ne lui avait d'abord compté que trois aiguillons au dos; il s'est corrigé ensuite et en a compté huit?, mais en faisant remarquer que les premiers sont presque imperceptibles : ses nombres, exprimés à notre manière, seraient donc D. 829, À. 3/29; ce qui s'accorde fort bien avec nos observations. 1. Voici la description qui se trouve dans la thèse intitulée : Chinensia Lagerstræmiana, Upsal, 1754 , et Amæn. acad. , t. AV, p- 249, n.° 26: Cuæronon ARGENTEUS, pénnis ventralibus ex spinis duabus. Corpus (figura zei vomeris, Mus. reg., 1. 1, p. 67) compressum ut ir pleuronecta, latius quam longum , tectum squamis parvis, lœvibus , minime argenteis. Oculi sanguinei. Maxillarum margines dentibus pix conspicuis flexilibus, exasperati. Opercula branchiarum argen- tea, lœvia. Membrana branchiostega, radis sex. Pinna dorsalis squamis tota, falcata, consians radis triginta duo, quorum primus, secundus et tertius spinosi et sensim bréviores ; quartus simplex , mollior , longior , reliquis sensim brevioribus, ramosis. Pinnæ pecto- rales ovatæ , radus sexdecim, mollibus, quorum duodecim sensim breviores. Pinnæ ventrales nullæ, quorum loco spinæ duœæ, breves, rigidæ. Pinna ani magnitudine et figura dorsalis falcata , et squa- mis tecla, constans radis triginta duobus, quorum primus, secundus et tertius breves, sensim longiores valide spinosi; quartus longior , simplex , mollis ; quintus inter longissimos cum sequentibus ‘breviori- bus, remosus. Pinna caudæ bifurca , radiis septemdecim. 2. Dans la thèse ci-dessus et dans sa dixième édition, t. 1, W27a;in. 2. 8. Douzième édition, p. 461, n.° 6. 1. Ce mot minime est sans doute ici pour un autre. Ou veut-il dire seulement que la couleur argentée n’appartient pas aux écailles, mais au corps muqueux qui est dessous ? CHAP. VIL PSETTUS. 253% Si notre conjecture est fondée, l'acantho- pode argenté et le monodactyle falciforme seraient la même chose, et il y aurait encore un genre, et peut-être même son espèce, à rayer dans M. de Lacépède; dans tous les cas le genre ne peut pas plus subsister que celui des centropodes. 254 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. DEUXIÈME TRIBU. DES SQUAMMIPENNES A DENTS TRANCHANTES. CHAPITRE VII Des Piméleptères (Pimelepterus, Lacép.) : et des Diptérodons (id.). me DES PIMÉLEPTÈRES. k Les pimélepteres et les xysteres de M. de Lacépède sont le même genre, et ce genre est caractérisé par un corps ovale, comprimé; par une dorsale unique, dont la partie molle, ainsi que celle de l'anale et toute la câudale, sont écailleuses, et surtout par des dents tran- chantes disposées sur un seul rang, et implan- tées dans les mächoires au moyen d’un talon qui se prolonge horizontalement en arrière. Il y a de ces poissons dans les deux océans. M. de Lacépède, qui n’a donné dans son ou- vrage (t. IV, n.° 429 et 430) le piméleptère que d'après une figure et une courte note que M. Bosc lui avait communiquées, ne s'est pas aperçu que ce poisson rentrait précisément dans CHAP. VIII. PIMÉLEPTÈRES. 255 le genre qu’il reproduit dans le volume suivant (t. V, p.484 et 485), d'après les manuscrits de Commerson, sous le nom de xystère. Cepen- dant la chose est incontestable : le xystére brun de Commerson n'est autre que le pimé- leptère de la mer des Indes. Le caractère de dents que ce voyageur lui assigne, en fourni- rait la preuve à lui seul. Vovissimum genus, dit-il, cui pro caractere dentes ad angulum rectum infracti, a parte externa seu per- pendiculari incisoriü, ab intern&, seu ho- rizontali, sessiles, acutiores, subulati. Et dans le corps de sa description il ajoute : Zz autem dentes novæ sunt et inauditæ usque- dum fabricæ, nimirum ad angulum rectum retrofracti, ita ut parte interna seu horizon- tal sessiles sint (non implantati), parte au- tem externa seu perpendiculari exserantur incisoru. Le reste de cette description ré- pond d'ailleurs à tous égards au poisson dont nous parlons. Mais ce qui n’est pas moins vraisemblable, c'est que le dorsuaire donné par M. de Lacé- pède, aussi d'après Commerson (t. V, p. 482 et 483), ne diffère pas de ce xystère, au moins génériquement; et enfin, ce qui est certain et démontré, tout extraordinaire que cela pourra paraitre, c'est que le dorsuaire est identique- 256 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, ment le même que le Ayphose (1. LT, p. 114 et 115), et üré du même document. En effet, l'aruicle du dorsuaire repose tout entier sur ‘une phrase caractéristique de Commerson : Dorsuarius tubero, etc.; et cette phrase est inscrite derrière le dessin qui a servi d’origi- nal à la figure du kyphose et de sujet à son article. Ainsi M. de Lacépède a doublé une espèce pour ainsi dire à plaisir. La seule excuse que l’on puisse trouver à ce procédé, qu'il na répété que trop souvent, c'est que, travaillant à la campagne , et sur des notes anciennement prises, il ne s'est plus souvenu, lorsquil a voulu expliquer ses gravures, des rapports de ces notes avec les dessins. Quoi qu'il en soit, le dorsuaire et le Ayphose ne sont qu'un seul et même poisson. Mais ce poisson quel est-il? Nous le répé- tons : en le comparant à notre piméleptère de la mer des Indes, au xystère en un mot, nous ne pouvons presque douter que ce n’en soit un individu déformé, soit par quelque ma- ladie, soit par la manière dont il a été pré- paré; car Commerson a souvent écrit ses petites notes derrière des dessins que Jossi- guy, l'un de ses artistes, avait faits en son absence, et d'après des individus desséchés ; et alors il na pas toujours eu le soin de les CHAP. VIII. PIMÉLEPTÈRES. 9257 faire concorder avec les descriptions plus étendues quil rédigeait d'après des poissons frais. On voit même en cette occasion qu'il y avait dans son esprit au moins quelque ré- miniscence ; car il dit dans sa note sur le dorsuaire : Novissimum genus, cyprinis pro- æime subjungendum; et dans sa description du xystère il répète: Cyprinis subjunge. Ce défaut de concordance aurait proba- blement disparu en grande partie, si Com- merson avait publié lui-même l'immense recueil de ses observations; mais M. de La- cépède, qui n'avait entre les mains que des minutes informes de ses manuscrits, et à qui les poissons secs laissés par le savant voya- geur étaient même restés inconnus, n'avait aucun moyen de se retrouver dans ce dédale. Si nos conjectures sont fondées, il faudrait donc retrancher du Système les trois genres æystere, dorsuaire et kyphose; et dans tous les cas on devra en retrancher le xystere, qui rentre dans les piméleptères, et le Æyphose, qui est identiquement le même que le dor- suaire. Les noms de dorsuaire, de tubero et de kyphose tiennent à l'espèce de bosse’ qui 1. Ko@os signifie bosse. C’est même de là que vient gibbus. 7. 17 258 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. parait dans la figure au-devant de la dorsale ; celui de piméleptére (nageoires grasses) dé- signe l'épaisseur de la portion écailleuse dans les trois nageoires verticales; celui de xystere, enfin, paraît avoir été dérivé de £vo%e (scalpel, instrument tranchant), et se rapporte à la forme des dents de ces poissons. Le PImMÉLEPTÈRE DE Bosc. (Pimelepterus Boscii, Lac., t. IV, p. 429 et 430.) Nous placerons en tête du genre l'espèce qui a servi de type à M. de Lacépède pour. son piméleptère. La description suivante est faite sur des individus rapportés de la Caro- line par M. Bosc, et les mêmes sur lesquels ce zélé naturaliste avait rédigé les notes que M. de Lacépède a employées. Le corps avec la tête, et sans la portion derrière la dorsale, formerait un bel ovale, assez épais. Sa hauteur au milieu de l’ovale est dans la longueur totale, queue et caudale comprise; deux fois et trois quarts. La longueur de la tête est quatre fois et un quart dans la longueur totale, et sa hauteur à la nuque égale sa longueur. L'épaisseur du corps est trois fois et demie dans la hauteur. La courbe du dos se continue au profil, et se termine par un museau arrondi, dont l'extrémité tombe plus verticalement, parce que l'intervalle en avant des yeux est bombé | CHAP. VII. PIMÉLEPTÈRES. 259 en travers. Quand la mâchoire supérieure se porte en avant, 1l se forme au-dessous de cette convexité transversale une légère concavité. L’œ1l est au-dessus du milieu de la hauteur , et un peu plus près du museau que de l’ouie; il est dirigé latéralement, et son diamètre est de près du uers de la longueur de la tête, L'intervalle d’un œil à autre est d’un de leurs diamètres et d’un quart en sus. Les orifices de la narine sont en avant du milieu de l'œil , sous cette légère convexité transversale dont nous avons parlé, mais à peu de distance de l'œil et rapprochés lun de l’autre: l'antérieur est rond, un peu rebordé; le postérieur ovale : tous deux sont petits. La fente de la . bouche ne va guère qu'aux deux tiers de l'intervalle entre le bout du museau et l'œil ; une lèvre assez large garnit l’intermaxillaire sans recouvrir les dents; le maxillare, élargi et tronqué en arrière, ne va que jus- que sous le bord antérieur de l'orbite. Ses deux tiers antérieurs sont cachés, dans l’état de repos, par un sous-orbitaire rétréci en arrière, et dont le bord est . horizontal et très-finement crénélé, ou plutôt seu- lement un peu strié. Les dents ont une forme très- remarquable. Leur parte antérieure et saillante est ovale, plate, tranchante au bord; mais leur base a en arrière un talon horizontal, ou qui fait un angle droit avec la partie tranchante, et par lequel elles s'attachent à la mâchoire. Dans cette espèce le talon n’est que de la longueur à peu près de la partie tran- chante, ce qui fait qu'il est moins remarquable, et que M. Bosc ne l'avait pas remarqué. On compte vingt-deux ou vingt-quatre de ces dents à chaque 260 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. mâchoire, disposées sur un seul rang ; et derrière elles il y en a une bande en fin velours ; les dents tranchantes de remplacement percent la mâchoire par devant celles qui sont en place. Le devant du vomer est une large plaque en forme de croissant, et un peu àpre. Il y a en outre de chaque côté une ligne âpre le long de chaque palatin, et un grand disque ovale sur chaque ptérygoïdien. La langue est large, arrondie, assez épaisse, libre, à bords tran- * chans et lisses, un peu âpre sur sa base. Toutes les parties de la tête, excepté Les lèvres, sont écailleuses ; il y a des écailles même sur le limbe du préopercule et sur la peau d’entre les branches de la mâchoire inférieure. L’angle du préopercule est arrondi; ses bords sont finement striés. L’opercule, deux fois plus haut que long, se termine en angle très-obtus. L'ouie . est fendue jusque sous le milieu de l'œil, où la mem- . brane embrasse l’isthme. Il y a sept rayons branchios- tèges arqués, plats et tranchans. Les deux plus hauts se voient à nu, en soulevant seulement les opercules ; mais pour bien distinguer les cinq autres, il faut enlever la peau écailleuse qui les couvre.1 | L’épaule n’a pas d’armure. La pectorale est ovale, du sixième à peu près de la longueur du corps, et s'attache au-dessous du milieu de la hauteur. Elle a dix-neuf rayons ; le quatrième et le cinquième sont les plus longs : le premier est simple et fort court, 1. Cest ce qui a fait que M. de Lacépède, d’après M. Bosc, attribue au piméleptère que quatre rayons branchiaux. Nous affirmons qu'il en a sept. | CHAP. VIII. PIMÉLEPTÈRES. 261 Les ventrales sortent sous le milieu des pectorales, ce qui a fait considérer par quelques-uns ces pois- sons comme abdominaux; mais le bassin est sus- pendu aux os de l'épaule, et par conséquent ce sont pour nous des subbrachiens. Ces nageotres sont de la même longueur que les pectorales, et de forme un peu pointue. Leur aiguillon n’a guère plus de moitié de leur longueur; un peut repli écailleux au-dessus de leur base forme un léger sillon, qui les reçoit en partie quand elles se retirent. La dorsale commence vis-à-vis de la naissance des ventrales, et par conséquent vis-à-vis du mihieu des pectorales, et règne sur une longueur égale aux deux cinquièmes de celle du poisson. Sa hauteur moyenne est du cinquième de celle du corps; sa partie épineuse et sa partie molle, à peu près également longues, ne se distinguent que par un très-léger abaissement : elle a onze épines très-poignantes , et douze rayons mous; ces dermiers sont enveloppés de petites écailles très-serrées , et 1} y en a de semblables sur la cau- dale et sur toute la partie molle de l’anale. Celle-ci a trois épines et onze rayons mous : elle commence vis-à-vis de l’avant-dernière épine de la dorsale, et finit à la même distance de la caudale. L’intervalle entre ces deux nageoires et la caudale est einq fois et demie dans la longueur totale; sa hauteur moyenne est de moitié de sa longueur, et son épaisseur de moitié de sa hauteur. La caudale est aussi du cin- quième de la longueur, taillée en croissant, toute écailleuse et composée de dix-sept rayons. B. 7; D. 11/12; A. 3/18; C. 473 P. 193 V. 195. 262 LIVRE VII SQUAMMIPENNES, Ce poisson est couvert d’'écailles disposées régu- Tièrement. Nous avons déjà parlé de celles de la tête et des nageoires; celles du corps sont au nombre de soixante et quelques, sur une ligne, depuis l'ouie jusqu'aux petites de la base de la caudale, et de trente et quelques sur une ligne verticale prise au milieu du corps. Elles sont demi-ellipuiques , aussi longues que larges, finement poinullées, et encore plus finement cihiées ou dentelées dans leur partie . visible; leur partie cachée est striée en éventail de six Ou sept rayons, qui produisent au bord radical autant de crénelures, mais à peine sensibles. La ligne latérale suit une courbe parallèle au dos, qui, au milieu de la longueur du tronc, se trouve à peu près au tiers de la hauteur. Dans la liqueur la couleur générale de ce pimé- leptère parait brune, plus foncée sur les nageoires et au museau, et légèrement variée sur les flancs par des lignes longitudinales plus päles, qui résul- tent de ce que le disque des écailles est d'un brun plus jaunâtre que leur bord; mais d'après M. Bosc, ce qui paraît jaunâtre est dans le frais d’un blanc argenun assez brillant. On peut distinguer vingt à vingt-deux de ces lignes au-dessous dela ligne la- térale, et dix ou douze au-dessus ; mais ces dernières sont plus irrégulières, et se perdent davantage dans la teinte plus brune du fond. Le bord postérieur de la caudale est plus pâle que le reste, et lon voit sous l'œil un trait bleuâtre argentin. Nos individus sont longs de cinq pouces. Dans le squelette de ce piméleptère la crête mi- CHAP, Vill. PIMÉLEPTÈRES. 263 toyenne du cràne est médiocrement élevée; le bas- sin représente un triangle isocèle trois fois plus long que large; les vertèbres abdominales sont au nombre de neuf, et les caudales de seize; le premier interépi- neux de l’anale est peu dilaté ; les côtes sont compri- mées, larges, et ont leur bord externe plus gros, etc. M. Bosc a vu les piméleptères suivre les navires dans la haute mer, et s'assembler en troupes autour du gouvernail pour dévorer ce que l'on rejette du bâtiment. Ils mordent difficilement à l'hamecon, et même ils savent en emporter l'appât sans sy prendre. Les An- glais n'en estiment pas la chair; mais les Fran- çais la recherchent. Nous trouvons dans la collection de Brous- sonnet un individu entièrement semblable à ceux de M. Bosc, et qui est désigné comme de la mer Atlantique. Il est intitulé chætodon ey- prinaceus, et l'on en trouve sous ce nom une figure dans les dessins de Parkinson, conservés à la bibliothèque de Banks, et une description dans les papiers de Solander. L'individu qui en fait l'objet avait été pris dans l'Atlantique, entre les tropiques, par les naturalistes du premier voyage de Cook, Le 15 Octobre 1568. Ainsi lon voit que Commerson n'a pas été le seul qui ait trouvé des rapports entre ce genre et celui des cyprins. Gest probablement la 0 264 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. même espèce qui est désignée sous ce nom de cyprinaceus dans Gmelin, à la fin de ses ché- todons. Le PIMÉLEPTÈRE OBLONG. (Pimelepterus oblongior, nob.) Peu de genres se composent d'espèces aussi semblables entre elles que celui des pimé- leptères ; et à moins d’un examen scrupuleux, l'on pourrait être tenté de Les croire tous iden- tiques. Ainsi nous en trouvons un au Musée royal des Pays-Bas, dont l’origine ne nous est pas connue, et qui ne diffère de celui de Bosc que parce qu'il est un peu plus oblong. Sa hauteur est un peu plus de trois fois dans sa longueur. Sa tête semble aussi un peu plus large. Mais du reste 1l offre les mêmes détails et les mêmes nombres de rayons. Dans son état actuel il paraît blond , avec quatorze ou quinze lignes pâles sur les côtés. Le trait argenté d'au-dessous de l'œil est très-apparent. L'in- dividu est long de six pouces. Le PIMÉLEPTÈRE BRUN. (Pimelepterus fuscus, nob.; Xyster fuscus, Comm. ; Xyster nigrescens, Lacép.) Feu Delalande en a rapporté un grand du cap de Bonne-Espérance, à peu près dans les mêmes formes, CHAP. VII. PIMÉLEPTÈRES. 265 mais qui dans son état sec parait tout brun, avec tout au plus quelques vestiges de raies. Le talon de ses dents est plus marqué que dans aucun autre, car il à trois fois la longueur de la partie tranchante. Son front est aussi plus large qu'aux autres espèces, et au lieu d’une convexité générale, il est aplat transversalement et bombé au-dessus de chaque œil. Ses pectorales sont singuhèrement solides : leurs premiers rayons sont unis en quelque sorte par les écailles qui les revêtent, et elles ont les rayons en même nombre que dans l'espèce de la Caroline. Sa dorsale en a onze épineux et douze mous, son anale trois épineux et onze mous. D. 11/12; A. 3/11, etc. Les naturalistes de la dernière expédition russe ont retrouvé dans la mer des Indes un piméleptère que nous rapportons à cette es- pèce, et quils ont peint d’après le frais en gris de perle, un peu irisé vers la tête, teint de brun vers le dos. Cest très-probablement sur cette espèce que Commerson a établi son genre xyster. Il l'appelle xyster totus fuscus, et ajoute : Color nullä non parte fuscus, pinnæ dorsa- Ls parte spinosa magis nigricante. Sa des- cription est demeurée incomplète, et il n’y donne pas les nombres des rayons; mais tout ce quil dit des formes et des autres caractères est exactement conforme à nos individus. Les 266 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. siens étaient longs de huit et de neuf pouces; le nôtre en a dix-neuf. Le PIMÉLEPTÈRE INCISEUR. (Pimelepterus incisor, nob.; Chætodon incisor, Parkins.) Feu Delalande a rapporté du Brésil un qua- trième piméleptère, qui ressemble plus que celui du Cap à l'espèce de Bosc, pour ce qui concerne ses proportions; mais qui s'en laisse distinguer plus facilement, parce qu'il a quatorze rayons mous à sa dorsale, et douze ou treize à son anale; son front est un peu plus plat, et les talons de ses dents sont un peu plus marqués, sans l'être autant qu'a celui du Cap; ses écailles paraissent un peu àpres, comme du verre dépoli. On lui voit un peu moins de lignes päles sur les côtés (dix ou douze environ), et au total ses teintes paraissent un peu moins foncées; le ruban argenté du dessous de son œil est très-apparent. Nos individus sont plus grands que ceux de la Caroline (il y en a un de dix pouces et un autre de quinze). Dans le grand individu , qui à la vérité est desséché, les lignes des côtés ont presque disparu. Parkinson en avait dessiné au Brésil encore un plus grand, et l'avait nommé chætodon incisor. 1] était long de vingt pouces. Le corps en est enluminé de bleuâtre, les nageoires de cendré, la tête de blanchâtre; Solander en à CHAP. VIT. PIMÉLEPTÈRESe . 207 fait une description qui se rapporte assez à la nôtre, où il ne compte cependant que treize rayons mous à la dorsale. Le PIMÉLEPTÈRE MARCIAC. (Pimelepterus marciac, Q. et G.) Le piméleptère rapporté de Waigiou par MM. Quoy et Gaimard , et dont ils ont donné une figure et une description dans le Voyage de M. Freycinet (partie zoologique, p. 386, et pl. 62, fig. 4), sous le nom de péméleptère marciac, diffère encore un peu plus sensi- blement du boscien. Son front n’est pas si bombé entre les yeux ; mais il est un peu plus large, et son corps est un peu plus court et un peu plus comprimé. Sa hauteur n’est que deux fois et deux üers dans sa longueur.@ Nous trouvons dans un individu dix épines et quinze rayons mous à la dorsale, et dans un autre onze épines et quatorze rayons mous. L’anale a dans tous les deux trois épines et treize rayons mous. Sa ligne latérale est un peu plus basse, et ses bandes pâles plus larges et moins nombreuses. On n’en compte, au-dessous de la ligne latérale, que quinze ou seize, dans un espace où le boscien en a vingt ou vingt- deux. Le ruban argenté sous l'œil se montre plus ou moins, selon la conservation des individus; mais dans le frais il doit être très-apparent. D. 10/15 ou 11/14; A. 83/18, etc. * 268 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Nos individus sont longs de quatre pouces et demi à cinq pouces. Ils ont été pris près de Boni, petite île voisme de la Terre des Papous. MM. Kublet Van Hasselt en ont envoyé de semblables de Batavia au Musée royal des Pays-Bas. Nous avons eu les viscères bien entiers de ce piméleptère. Le foie est composé de deux lobes trièdres, égaux, terminés en pointe assez aiguë. Entre les deux lobes se trouve placé l'estomac, qui est assez grand, arrondi en arrière, à peu près de la forme d’une cornue. L’œsophage, qui est long et étroit, s’ouvre sur la face supérieure, assez près de la partie postérieure de l'estomac; la terminaison de la branche montante est située dans la fourche de l'estomac. Le nombre des cœcums qui entourent le ® pylore nous a paru de cinq ou six. L'intestuin est très-long , et d’un diamètre très-inégal. Il fait un grand nombre de replis. Le duodénum se porte en droite ligne jusqu'a Farrière de l'abdomen ; il se plie et descend subitement vers la partie inférieure. Il remonte et redescend bientôt dans une direction parallèle à la première, passe dans l’hypocondre droit, et remonte vers le diaphragme, se replie et descend jusqu’au fond de l'abdomen, remonte en- suite, passe sur le foie, y fait un repli court, et en s'appuyant toujours sur le foie, passe dans Fhypo- condre gauche. Dans ce pli sur le foie son diamètre a tout au plus une demi-ligne de largeur ; l'intestin CHAP. VIII. PIMÉLEPTÈRES. 969 se renfle alors beaucoup, et arrivé à la hauteur du pylore, il offre un second étranglement ; puis, s’élar- gissant de nouveau, et se coudant un peu, il se rend auprès de l'anus, où il éprouve un nouvel étranglement avant de déboucher. La vessie aérienne est grande, à parois très-minces et argentées : elle est fourchue en arrière, et se porte assez loin dans l’épais- seur de la queue. Autant que nous avons pu en juger sur des individus dont les intestins étaient en mau- vais état, les autres piméleptères offrent à peu près la même splanchnologie. Nous n'avons trouvé dans leur estomac que des débris de crustacés. Le PIMÉLEPTÈRE LEMBO. (Pimelepterus lembus, nob.) MM. Quoy et Gaimard, dans leur deuxième voyage avec M. Durville, ont pris à Vanicolo un piméleptère qui a les mêmes nombres que le marciac, mais dont la tête est plus petite, le museau un peu moins obtus, et les écailles plus grandes. On n’en compte que cinquante-huit sur la longueur; dans le marciac 11 y en a plus de soixante-dix. Ses raies sont aussi moins nombreuses ; 1] n’en a au-dessous de la ligne latérale que onze, et le marciac en a seize. Les lobes de sa caudale sont plus pointus, ce qui la fait paraître plus échancrée. 270 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. Le fond de sa couleur dans le frais est plombé, et ses raies sont rousses; à la têté on en voit une très-marquée, qui va de l'angle de la bouche au préopercule ; mais la ligne argentée sous l'œil y est plus effacée. Dans là liqueur tout devient gris et brun. L'individu est long de dix pouces. Les indigènes de Vanicolo appellent ce poisson Zembo. Le PIMÉLEPTÈRE INDIEN. ( Pimelepterus indicus, K. et V. H.) Un septième piméleptère, envoyé par MM. Kulhl et Van Hasselt, et auquel ils ont donné le nom peut-être trop particulier d'indien, offre une couleur grise sur le dos; jaunâtre à reflets d’or et d'argent sur les flancs et sur le ventre; il a de chaque côté vingt à vingt-deux lignes jaune d’or: Sa hauteur est plus de deux fois et demie dans la longueur totale, qui est de cinq pouces et dem. D. 11/10; A. 3/10 ; GC. 18; P. 18; V. 1/5: Le PIMÉLEPTÈRE A HAUTES NAGEOIRES. (Pimelepterus altipinnis, nob.) Enfin, MM. Quoy et Gaimard ont trouvé à la Nouvelle-Guinée un piméleptère remar- quable CHAP. Vill. PIMÉLEPTÈRES. 271 par la hauteur relative de la partie molle de sa dorsale, qui s'élève plus que la partie épineuse. L'a- nale a une hauteur correspondante, ce qui la fait paraître plus courte à l'œil, quoiqu’elle occupe à peu près le même espace. Du reste, ce poisson res- semble beaucoup au précédent. D.11/12; À. 8/11, etc. : Dans la liqueur il paraît argenté, avec quinze ou seize lignes grises au-dessous de la ligne latérale, et dix ou onze au-dessus, le ruban argenté du dessous de l'œil est très-prononcé. L'individu est long de six pouces ; mais l'espèce devient beaucoup plus grande. M. Dussumier vient de nous rapporter de Bourbon un individu long d’un pied, qui ne diffère en aucuns points de celui de la Nou- velle-Guinée, et il nous assure en avoir vu de la longueur du bras. Dans le frais les écailles étaient argentées , bordées de vert assez foncé; le dessus de la tête jusqu'à la dorsale, les lèvres et les pectorales verdâtres ; les ventrales vert très-foncé. Ces couleurs se sont chan- gées en violet dans la liqueur. Le bord des écailles a noirci, et comme leur milieu est resté argenté, les côtés paraissent maintenant rayés par des lignes grises, telles que nous venons de les décrire d’après l’indi- vidu de MM. Quoy et Gaimard. Nous avons pu faire l'anatomie de cet individu. Son foie est très-petit, réduit à un seul lobe, placé 272 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. en travers sous l’œsophage. Il y a une très-petite vé- sicule du fiel, suspendue à un long canal cholédoque capillaire. Les paroïs du canal intestinal sont d’une minceur extrême. L’estomac est grand, arrondi à son extrémité. La branche montante a aussi un grand diamètre. Le pylore est entouré d’une masse d’appendices cœcales courtes et fines, comme des cheveux réunis en paquets. L'intestin est très-long ; il se replie sur lui-même neuf à dix fois. Le rectum a un diamètre triple de celui de l'intestin grêle; mais il se rétrécit un peu avant de déboucher à l'anus. La rate est peute, globuleuse, et cachée entre les replis de l'intestin. La vessie aérienne est assez grande : elle donne en avant deux petites cornes arrondies, qui se prolon- gent jusque sous le crâne, mais sans communiquer avec son intérieur; elle en donne deux autres en ar- rière, assez longues, qui pénètrent dans l'épaisseur des muscles de la queue, le long des interépineux de anale. Les reins sont réunis en une seule masse, élargie antérieurement , et divisée en lobules, qui pénètrent entre les cornes antérieures de la vessie aérienne et se contournent sur elle : ils communi- quent en arrière par deux longs uretères dans une petite vessie urinaire globuleuse, placée au-dessus du rectum. L’uretère passe entre la fourche de la vessie _ aérienne. L'estomac était rempli de fucus. CHAP. VIII, PIMÉLEPTÈRES. 273 - Cette espèce, connue à Bourbon sous le nom de porsson-laye, y est abondante, re- cherchée par la délicatesse de sa chair. Le PiMÉLEPTÈRE DE DUSSUMIER. (Pimelepterus Dussumieri, nob.) Le même voyageur a rapporté un pimélep- ière dont les nageoires ont des proportions analogues, mais qui offre aussi quelques lé- gères différences. Il a le corps un peu plus oblong, le museau un peu plus court, le maxillaire caché davantage par le sous-orbitaire, le front moins bombé entre les yeux, et la bosse placée plus bas, plus près de la lèvre su- périeure ; la dorsale et l’anale un peu moins élevées. Les nombres sont les mêmes. D. 11/12; À. 3/11 , etc. Le corps était argenté et rayé par treize ou qua- iorze lignes longitudinales violet foncé, tirant sur le brun ; le dessous de la gorge et du ventre blanc : les nageoires sont brunes. Dans la liqueur il parait gris jaunâtre, rayé de brun noirâtre. Le trait argenté sous l'œil est très-fortement marqué. Cet individu a été pris dans le golfe du Bengale, le long d'un morceau de bois flot- tant. M. Dussumier croit que ces animaux suivent ainsi Les corps flottans pour se nourrir des anatifes ou des annelides qui s’y fixent. 7. 18 274 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le PiMÉLEPTÈRE DE RAYNAUD. (Pimelepterus Raynaldi, nob.) M. Raynaud a pris au détroit de la Sonde un troisième de ces piméleptères à hautes na- geoires. Il a le corps un peu plus court, le dos plus arqué, le front à peine bombé; les derniers rayons mous de J’anale un peu plus hauts, ce qui rend la nageoire plus carrée; les lignes brunes des côtés plus nom- ‘breuses et plus marquées, surtout vers le ventre, II n’y a pas de trait argenté sous l'œil; c’est tout au plus si on y aperçoit une petite tache blanchâtre. Une figure, faite d’après le frais, le représente d’une teinte très-foncée, avec des lignes pourpres. Cet individu a été pêché le long du bord, ce qui a fait penser que l'espèce ressemble par ses habitudes à celle de La Caroline. DES DIPTÉRODONS. Sous ce nom, assez mal fait, M. de Lacépède avait entendu réunir des poissons qui auraient eu, avec des dents grosses comme celles qu'il attribuait à tous ses spares, deux dorsales dis- ünctes; mais, en fait, cette définition ne con- vient à aucune des espèces qu'il range dans ce CHAP. VII. DIPTÉRODONS. 275 genre. Son diptérodon Plumier est un méso- prion mutilé; ses diptérodons noté et hexa- canthe sont des apogons; ses diptérodons apron et zingel forment aujourd'hui notre genre apron; enfin, son diptérodon queue- jaune résulte d'une confusion de son /éos- tome queue-jaune, qui est aussi le nôtre’, avec sa sciène croker ou notre micropogon onduleé.° En revanche, cette définiuon aurait très- bien convenu au poisson qui fait l'objet du présent article, et dont M. de Lacépède n'a point parlé, quoiqu'il y en ait eu de son temps un échantillon au Cabinet du Roi; car il a des dents incisives tranchantes, presque sembla- bles à celles des sargues, et deux dorsales bien distinctes ou aw moins séparées par une échan- crure profonde. En même temps ce poisson tient aux squammipennes par l'enveloppe épaisse de petites écailles qui revêt sa dor- sale et son anale. Nous ne connaissons dans ce genre qu'une seule espèce. Elle habite au cap de Bonne-Espérance. 1. Voyez notre tome V, p. 142. — 2. Ibid., p. 219. 276 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Le DirTéropon pu Car. (Dipterodon capensis, nob.) Il y avait depuis long-temps, comme nous venons de le dire, un individu de cette espèce au Cabinet du Roi, que nous soupconnons y avoir été envoyé par Commerson, mais qui ne portait aucune note sur son origine. Plus récemment feu M. Delalande en a rapporté en assez grand nombre du cap de Bonne-Espé- rance, ce qui nous à fait connaître sans équi- voque son lieu natal. Son corps est ovale comme celui des pimélep- tères, mais moins comprimé et un peu plus alongé de la parte de la queue. Son profil descend de même par une courbe conunue à celle du dos, et qui se renfle un peu entre les yeux et dans les deux sens. Sa hauteur est un peu plus de trois fois dans sa longueur, et son épaisseur fait près de moitié de sa hauteur. La longueur de sa tête est un peu plus du cinquième de celle du corps; et sa hauteur à la nuque est supérieure de quelque chose à sa longueur. La nuque est un peu tranchante; mais le front s’arrondit transversalement et s’élargit jusqu’à la proéminence d’entre les yeux. L’œil est au-dessus du milieu, et un peu plus près du bout du museau que de la fente des ouies. Son diamètre n’est que du quart de la longueur de la tête ; d’un œil à l’autre il y a en ligne droite près de deux diamètres. Les deux CHAP. VIII, DIPTÉRODONS. 4 » orifices de la narine sont l’un devant l'autre près du bord antérieur et supérieur de l'œil, sous l'espèce de proéminence du front. L’antérieur est un peu plus grand et un peu plus bas; tous deux sont ovales. Le museau fait au-dessous du front une lé- gère concavité, et se termine par la bouche, dont la fente ne prend pas moiué de l'intervalle qu'il y a jusqu'à l'œil. Le maxillaire, élargi et tronqué en arrière, ne dépasse nas la commissure, et ne rentre pas sous le sous- orbitaire. Il y a des lèvres mem- braneuses, mais qui ne couvrent pas les dents. Les dents de la rangée externe sont grandes, terminées en tranchant, comme celles des sargues, taillées obli- quement en biseau, et non pas coudées comme celles des piméleptères. La mâchoire supérieure en a seize et l'inférieure dix; les mitoyennes sont les plus longues, et elles se raccourcissent sur les côtés. A la mâchoire supérieure il s’en trouve derrière les grandes de petites et courtes, formant une espèce de velours, mais peu dense et à soies un peu grosses. Le vomer et les palatins sont lisses; mais les pha- ryngiens inférieurs ont des denis en gros pavés mousses, comme on en voit dans les labres et dans les sciènes; les supérieurs en ont d’un peu plus pe- tites. Les sous-orbitaires sont peu développés, et ca- chés sous la peau. Le préopercule est rectangulaire, strié et même finement dentelé près de son angle, qui est un peu arrondi. L’opercule prend un tüers de la longueur de la tête. Sa hauteur est d’un tiers supé- rieure à sa longueur ; 1l se termine en angle très- obtus. Les ouies s’ouvrent jusques au-dessous des 278 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. yeux, où leurs membranes s'unissent êt embrassent l'isthme. Je n’ai pu y compter que six rayons. Au- dessous de l’onifice des ouïes est une écaille sur- scapulaire, grande, ovale, un peu rugueuse et très- finement dentelée au bord. Les autres os de l'épaule n’ont rien de particulier. La pectorale s'attache au- dessous du milieu de la hauteur; elle est ovale et du sixième de la longueur. Ses rayons sont au nom- bre de dix-sept : le premier est simple et de moitié moins long que les suivans; le quatrième et le cin- * quième sont les plus longs; les deux derniers sont fort peus. Les ventrales sortent sous le milieu de la longueur des pectorales, et, étant aussi longues qu’elles, les dépassent de moitié; leur épine est assez forte et a moitié de la longueur du premier et du second rayon, qui sont les plus longs. La première dorsale commence vis-à-vis du milieu des pectorales ; elle a neuf rayons épineux, compri- més et forts, mais courts; le troisième et le qua- trième, qui sont les plus longs, n’ont pas le quart de la hauteur du corps sous eux; les septième, huitième et neuvième sont presque cachés dans les écailles, Il y en a un dixième dans le bord de la deuxième dorsale. Celle-ci, contiguë à la première, se relève tout d'un coup, et ses premiers rayons mous Ont un üers de plus que les plus hauts de la première. Ils s'abaissent ensuite par une courbe concave. Leur nombre est de dix-sept ou dix-huit. L’anale répond à cette deuxième dorsale. Ses trois épines sont fortes et courtes. Son premier rayon mou CHAP, VIII. DIPTÉRODONS. 279 est autant et plus long que celui de la deuxième dor- sale, et elle en a treize ou quatorze. La porüon nue de la queue derrière ces deux na- geoires est d’un peu moins du septième de la lon- gueur totale, et d’un tiers moins haute que longue. La caudale, légèrement taillée en croissant, est cinq fois et demie dans la longueur du poisson. Elle a dix-sept rayons. L’anale, la seconde dorsale et une grande partie de la caudale sont épaisses et couvertes de petites écailles. Toutes les parties de la tête sont aussi écail- leuses, excepté le dessus du museau, les mâchoires et les lèvres; la membrane branchiostège même l’est en dessous entre les interopercules. Les écailles du corps sont de grandeur médiocre (environ soixante-quinze de es à la caudale ); celles du dos et du ventre sont beaucoup plus pe- utes que celles des flancs. Leur forme est un peu plus longue que large, arrondie au bord externe, qui est très-finement cilié; leur pare visible paraît lisse; le bord radical est un peu concave, et ses crénelures se marquent à peine. L’éventail a douze ou quinze rayons aussi peu marqués, et en partie non ter- minés. N'ayant vu ce poisson que desséché ou dans la liqueur, nous ne pouvons en indiquer les couleurs avec certitude. Il paraît brun ou brun roussâtre, et sur chaque écaille on voit un trait vertical blanchâtre. Le dos est plus uniformément brun, et l'abdomen blanchâtre. Les nageoires verticales ont un bord plus pale que le fond. 280 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. L'espèce devient assez grande. Nous en avons des individus de quinze pouces. Nous n'avons pu disséquer qu'un seul diptéro- don, dont les viscères étaient en mauvais état; aussi notre description n’en sera-t-elle pas très-complète. L'extrémité de la branche montante de l'estomac était déchirée, et nous n'avons pas pu voir si ce pois- son a des cœcums. Ce viscère est d’ailleurs assez grand, en sac arrondi, dont les parois sont minces. Le canal intestinal est long, et se replie deux fois. Le rectum est plus gros que les intestins grêles ; il a des parois épaisses et charnues, et sa veloutée est hérissée de papilles nombreuses et très-fines. Le foie se compose de deux lobes longs et pointus. La vésicule du fiel est très-grande. La vessie aérienne est simple et grande. Le squelette a les crêtes du crâne disposées par étages : la mitoyenne très-élevée, les externes très- basses, les intermédiaires tenant le milieu pour la hauteur. Ses vertèbres sont au nombre de vingt- cinq, dont dix abdominales et quinze caudales. Ses interépineux, surtout les antérieurs du dos et en- core plus le premier de l’anale, ont des crêtes laté- rales fortes; 1l n’y a d’ailleurs rien de bien remar- quable dans les os des membres. CHAP. IX. CASTAGNOLES. 281 TROISIÈME TRIBU. DES SQUAMMIPENNES A DENTS EN VELOURS OU EN CARDES AUX MACHOIRES ET AU PALAIS. CHAPITRE IX. Des Castagnoles (Brama, BI. Schn.), et en particulier de l'espèce de la Méditerranée. La castagnole fournit une preuve des plus | frappantes de l'état d'imperfection où nous avons trouvé l'ichtyologie. C'est un poisson de grande taille, d’une forme remarquable, très-commun dans la Mé- diterranée, renommé pour son goût exquis, et cependant les naturalistes semblent ne l'avoir connu que par hasard. Il n'en est point ques- tion dans les ichtyologistes du seizième siècle. Ni Artedi, ni Linnæus, ni même Gmelin ne l'ont introduit dans leur catalogue. Duhamel! et Bloch (pl. 273), à la vérité, l'ont représenté; mais le premier se borne à dire qu'il l'a rapporté de Provence?, et le second a eu si peu d’égard 1. Pêches, part. 2, sect. 4, pl. 5, fig. à. 2. Ibid., sect. 4, chap. 2, p. 26. 282 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. à cette assertion, que, ne fondant l’histoire de l'espèce que sur celle d’un individu égaré dans la mer d'Angleterre, et échoué par hasard en 1681 sur les côtes du Yorkshire, il suppose qu'elle naît dans le fond du Nord. . M. de Lacépède lui-même, qui pouvait à chaque i ins- tant consulter Duhamel, se borne à nous dire que c'est dans l'Océan que la castagnole a été ‘observée. * Ces deux écrivains ne sont pas plus heureux dans la classification de ce poisson que dans son histoire; ils en font un spare, quoiquil ne présente aucun des caractères de ce genre, et qu'il en ait plusieurs qui lui sont propres. Plus tard Bloch l’associe tout aussi malheureusement à son brama atropus, poisson évidemment de la famille des vomers, ainsi que son éditeur Schneider le fait très-bien observer. Aussi M. Rafinesque, trouvant la castagnole sur les côtes de Sicile, n'a-t-il point été tenté de la chercher dans les genres où on l'avait mise, ni de la reconnaître dans les histoires tronquées que l'on en avait données, et la jugeant nou- velle, il en a fait un genre particulier, sous le nom de lepodus, appelant l'espèce Zepodus 1. Bloch, part. 8, p. 76, et Syst. posth., p. 100. Habitat in mari septentrionali. — 2, Lacépède, t. IV, p. 111. — 8. Bloch, Syst. posth., p. 98. CHAP. IX. CASTAGNOLES. 283 saragus'. Cest du moins ce qui me parait résulter des caractères qu'il assigne à son /epo- dus; car, sans figures, sans description détaillée et sans synonymie, il est bien difficile d'obtenir sur un pareil sujet une certitude complète. Shaw va jusquà en faire deux espèces (spa- rus Rayi? d'après Bloch, et sparus castaneo- la$ d'après M. de Lacépède), ne voyant pas que M. de Lacépède n'a tiré son article que de Bloch; mais il les fait l'une et l'autre de la Méditerranée, sans dire sur quelle autorité. Cet individu de 1681, qui a causé en par- tie cette confusion, est mentionné par Ray dans son Synopsis (p. 115), sous le nom de brama marina cauda forcipata. I avait été jeté, le 18 Septembre, par les vagues dans un marais, dit de Middelbourg, près de lembou- chure de la Tees, rivière qui sépare le comté d'York de celui de Durham, et il avait été abandonné lors du reflux. Un docteur John- son , habitant de ce canton, le recueilli. Ray en a inséré une figure fort mauvaise, mais la première que l'on ait de l'espèce, dans lIchtyologie de Willughby ( pl. 5, fig. 12), sans en rien dire dans le texte. Pennant, en 1. Rafinesque, Caratteri di alcunt nuovi generi, etc., p. 53 et 54, n.° 144. Idem, Indice, p. 21, n.° 100. — 2. Shaw, Gener. Zool., &. AV, part. 2, p. 404. — 8. Idem, ibid., p. 424. 284 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. 1769, dans la première édition de sa Zoolo- gie britannique (p. 200) n’en parla que d’après Fay. I l'appelait alors petit-pagel'; mais dans la seconde édition, en 1776, sans rien chan- ger à son texte, 1l le nomma dorade dentée”, el y ajouta une assez bonne figure (pl 43), prise de je ne sais quel original. M. Turton, dans sa Faune britannique (p. 98), nomme l'espèce sparus niger, et en décrit fort exac- tement un individu pris en Novembre 1806 dans la baie de Swansea, à l'entrée du canal de Bristol. Il parait que c'est aussi une casta- gnole que M. Couch* indique comme ayant été prise sur la côte de Cornouailles, mais dont il fait un chétodon. La description et la figure de Duhamel, faites d'après un individu apporté de Pro- vence, parurent en 1777, ce qui nempêcha pas Bonnaterre en 1588 de suivre uniquement Pennant, qu'il ne suit pas même avec fidélité; car il prend ce poisson pour le sparus brama, et en réduit la taille de vingt-six pouces à six pouces“. Ainsi pour lui cest un poisson des mers d'Angleterre, et un petit poisson. . Lesser-sea-bream, et son sea-bream est le pagel. . Toothet-gili-head. . Transactions de la Soc. linn., t. XIV, 1. part., p. 76. . Encyclop. méthod., planch. d'ichtyol., p. 104, fig. 192. éæ ©9 +9 mn CHAP. IX. CASTAGNOLES. 285 Bloch n'a traité ce sujet qu'en 1797. Sa figure est généralement bonne; mais il ne nous dit pas d'où il l'a tirée, et quant à son histoire, il sen tient, comme nous l'avons dit, à celle de l'individu égaré en Yorkshire. Je ne voudrais pas même assurer que cas- tagnole fût le véritable nom de ce poisson. Duhamel, le premier qui le lui ait attribué, la fait sur une assertion, à ce quil paraît, assez légère ,et c'est, à ce que je crois, d’après lui que les écrivains plus récens l'ont répété. Ce qui est certain, c'est que ce poisson est naturel de la Méditerranée; quil y est très- abondant sur certaines côtes; quil y parvient à une taille considérable, et qu'on l'y recherche beaucoup et l'y paie fort cher. J'en ai vu en orand nombre sur le marché de Gênes, en Novembre 1809. On l'y nomme rondanin’ et non pas castagnole. M. Risso seul l'appelle tantôt castagnollo?, tantôt castagnolla et grossa”®, mais ne nous dit pas lequel de ces noms est celui des pêcheurs. Le vrai casta- gnau, nommé ainsi à cause de sa couleur marron, est notre chromis castaneus ou le sparus chromis de Linnæus. 4. Viviani, Annales du Muséum, t. VIII, p. 370. Il y a une faute d'impression : sparus vici pour sparus Rayi. 2. Première édition, p. 248. — 8. Deuxième édition, p. 433. 286 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Dans un recueil de gravures de poissons faites en Espagne, et que nous avons déjà cité plusieurs fois, la castagnole est représentée sous le nom de palometa. | A l'extérieur cest de la coryphène que la castagnole semble se rapprocher le plus : on dirait que c'est en quelque sorte une cory- phène raccourcie et à dorsale plus reculée; mais ses écailles sont beaucoup plus grandes et d’une tout autre forme, et ses intestins sont fort différens. La forme générale est haute, comprimée, alongée de l'arrière, et remarquable par un profil qui tombe en demi-cercle, et par une bouche qui descend rapi- dement en arrière. Sa plus grande hauteur (au droit des pectorales) est trois fois dans sa longueur totale, dont une caudale à longues fourches pointues prend à peu près le quart. Sa longueur de la tête est d'un cinquième du total, et elle a près d’un cinquième de plus en hauteur qu'en longueur. L’épaisseur du corps est du quart de sa hauteur. La ligne du profil, arrivée par une lente descente jusqu’au crâne, se courbe su- bitement en quart de cercle; et la bouche est fendue obliquement vers le bas de cette courbe, en sorte que le bout de la mâchoire inférieure continue cetteh bigne du profil. La gorge et la poitrine font uni ee un peu moins convexe en avant que celle de la tête; la rencontre des deux est au bas de lan symphyse. FH occupe le quart antérieur de la lon- | gueur de la tête, et à peu près le milieu de sa hau- | CHAP. IX. CASTAGNOLES: 287 ieur. L’orifice postérieur de la narine est une fente verticale près du milieu du bord antérieur de l'œil ; l’autre est ovale, un peu plus élevé et à peu près à égale distance entre l'œil et le bout du museau. La fente de la bouche est une courbe convexe vers le haut, qui descend rapidement en arrière jusque sous le bord antérieur de l'œil. La mâchoire supérieure a à l'extérieur un rang de dents grèles et pointues, et plus en arrière, une bande étroite en velours ou un peu en cardes ; l'inférieure a deux rangs de dents pareilles , entre lesquelles il y en a une bande étroite de plus petites. Celles du rang intérieur sont re- courbées en dedans et plus fortes que les autres; il y en a surtout deux ou quatre vers le devant qui peuvent passer pour de véritables canines. Chaque palatin en a une petite bande étroite, en cardes, mais 1l n’y en a point au vomer. La langue n’en a non plus aucunes : elle est lisse, charnue, obtuse et fort libre. L'intermaxillaire est mince; le maxillaire à moitié découvert, élargi et à troncature postérieure un peu arrondie. Le sous-orbitaire est étroit, sans dentelure, et ne se laisse pas apercevoir au-delà du milieu du dessous de l'œil. Le préopercule a son limbe aplau; son bord mince, sans dentelure; son angle arrondi. Les bords de l’opercule et des deux auires pièces operculaires sont aussi minces et enters. L'oper- cule se termine par un angle obtus et même iron- qué. Les ouïes sont fendues jusque sous le milieu de la mâchoire inférieure, où leurs membranes se réunissent sous listhme, et où la peau du dessous 288 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. de la mâchoire enveloppe leur extrémité d’un petit reph. Elles ont chacune sept rayons. L’opercule ne porte pas de demi-branchie. Il n’y a pas d’armure particulière à l'épaule. La pectorale, attachée à peu près au uers de la hauteur, est pointue et du quart de la longueur totale. Elle a dix-neuf rayons : le premier du quart, le second des deux uers de sa longueur; tous les deux simples ; tous les autres branchus, le sixième et le septième les plus longs, les derniers très-courts. Les ventrales, atta- chées sous les pectorales, sont quatre fois plus courtes et n’ont qu'une épine faible, de moitié moindre que les rayons mous. Sur leur base au bord externe est une grande lame triangulaire écailleuse, et au bord interne ou en dessous une autre plus peute. La dorsale commence vis-à-vis le milieu des ven- trales, et occupe le long du dos un espace qui fait près de moitié de la longueur totale. Trois épines croissant graduellement se cachent dans son bord antérieur. Son second et son troisième rayon mou sont les plus élevés, et ont à peu près le uers de la hauteur du corps; ils décroissent ensuite jusqu’au neuvième, passé lequel ils demeurent à peu près tous au tiers de la hauteur du deuxième et du troi- sième ; les derniers se ralongent un peu. Il y en aen tout trente-deux ou trente-trois. L'anale commence un peu plus en arrière que la. dorsale, et lui ressemble pour la forme; seulement sa pointe est un peu moins saillante. Elle a deux épines et vingt-sept ou vingt-huit rayons mous, Le bout de queue entre ces deux nageoires et la CHAP. IX. CASTAGNOLES. 289 caudale est du dixième de la longueur totale, et a . moitié de sa longueur en hauteur et, le quart en 3 épaisseur. La caudale se divise en deux longues bran- lnches pointues, et ses rayons du milieu n’ont que le ve quart de la longueur des extrêmes. Les rayons dé- .WOIssans de ses bords sont longs et vigoureux; il v ya ‘cinq dessus et quatre dessous, outre les dix- PR es. € LrO1s. nageoires verticales sont écailleuses sur presqi toute leur surface. Les écailles du corps sont d'une forme très-singu- lière. En face. ; el se recouvrant les unes les autres, elles paraisset. ‘simplement en demi-ellipses Plus hautes que iongpes, très-finement striées Ou veinées en rayONS SuF leurs disques, et minces, mais entières, à leurs bords; mais. lorsqu’ on les détache on voit que leur base est plus épaisse, et que l’angle supé- rieur et l’inférieur se prolongent chacun en pointe, de manière que l’écaille entière représente un stylet vertical qui porterait à son milieu une lame, mince en demi-ellipse, deux ou trois fois plus haute ‘que eh En y comprenant les deux pointes, Ja hau- teur de l’écaille dans le sens verucal est cinq où six fois plus considérable que sa dimension dans le sens longitudinal. Ces proportions sont surtout celles des écailles des flancs ; vers le dos elles ont un stylet moins haut, et le disque y est aussi haut que lui, d’un üers seulement moins long et irilobé; entre ces deux formes extrèmes 1l y en a d'intermédiaires. On compte soixante-douze de ces écailles sur une ligne longitudinale, non compris les peutes de a 7 19 290 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. caudale, et de trente à trente-cinq sur une ligne ver- ucale au milieu du corps. La ligne latérale se marque à peine par un point légèrement creux sur chacune des écailles qui lui apparüennent; elle marche à peu près parallèlement au dos, occupant sur le devant l- quart supérieur de la hauteur. Tout ce poisson est d’une belle couleur d’étain ou d'argent un peu obscur; vers le dos ilest légè- rement teint de brun. Le fond de la coueur des nageoires verticales est brun, et parait un peu vers . leurs bords au travers des écailles argencees ; l'anale surtout a son bord un peu noirâtre Les pectorales et les ventrales sont jaunätres et saas écailles. La castagnole atteint ue aille de vingt-six pouces, et quelquefois derrente. Elle pèse alors dix à douze livres. La castagnole a le foie divisé en deux lobes alon- gés ; la vésicule du fiel adhère à celui du côté droit, qu’elle surpasse encore en longueur. Son es- tomac est un gros sac obtus, à parois très-épaisses, sillonné à FPintérieur par de grosses rides longitu- _ dinales et rameuses; le pylore est près ‘du ct Il a cinq appendices re] dont trois de moitié plus courtes que l'estomac et deux du double plus lon- gues et grosses à proportion; leur intérieur est divisé en mailles par des lames saillantes, comme dans la plupart des poissons. Le canal intestinal ne fait que deux replis ; il est mince et à parois assez solides; son diamètre est un peu plus considérable dans une partie de son premier et de son dernier üers que dans son milieu. À l'intérieur 1l a des pa- CHAP. IX. CASTAGNOLES. 291 pilles coniques ou sétacées, serrées, assez longues ; mais je n'y ai pas vu de valvules. Les ovaires sont réunis en une seule masse ovale. Je n’ai point trouvé de vessie natatoire. C'est surtout par le squelette’ de la tête que la castagnole ressemble à la coryphène; et qui verrait leurs têtes osseuses séparées du reste du squelette, aurait peine à les distinguer, tant leurs crêtes mitoyennes surtout offrent d'identité de coupe et d'élévation. Les dents vomériennes et linguales de la coryphène ser- viraient cependant sur-le-champ à cette dis- tinction à celui qui aurait la présence d'esprit d'y regarder. Il y a bien aussi quelques autres dilérétiées de détail dans la configuration des os, mais peu considérables. L’épaule en offre une plus grande. Ses os sont bien plus larges dans la castagnole, qui avait une bien plus grande pectorale à mouvoir ; le cubital surtout est presque carré, et n'a qu'une petite échancrure vers l’huméral; le radial à un trou rond au milieu. La portion supérieure des coracoïdiens est large et plate, mais l'inférieure est grêle. La partie postérieure du bassin est courte, un peu large et creuse en dessous, et se prolonge entre 1. M. Rosenthal donne une figure fort bien faite du squelette de la castagnole dans ses Planches ichtyotomiques , 3.° cahier, pl. 12, fig. 1. 292 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. les ventrales en une petite apophyse fourchue; mais en avant chacun de ses os donne une apophyse grèle, qui se glisse entre les bords inférieurs des cubitaux jusqu'aux huméraux. Le corps de l'hyoïde est haut et comprimé. L'épine a quarante et une vertèbres, dont les apo- physes épineuses, tant les supérieures, que les infé- rieures de la queue, sont longues et gréles. Dans l'abdomen, c’est à la huitième vertèbre qu'il com- menceà y avoir un anneau en dessous; dans les sui- vantes ces anneaux se prolongent en apophyses, et c'est toujours à la pointe de l'apophyse que s’atta- chent les côtes; 1l y en a quatorze paires, toutes me- nues et ee elles n’embrassent que moitié de la hauteur de l'abdomen. Chaque côte a à sa base un appendice de même ténuité. Les quatre vertèbres qui suivent la quatorzième, prolongent leurs apophyses inférieures et les réunissent vers le bas, pour porter les sept ou huit premiers interépineux de l’anale ; ensuite 1l y a alternativement un interépineux vis- à-vis l'intervalle de deux apophyses épineuses, et c'est à peu près aussi l’ordre qui règne le long du dos; en avant de la dorsale sont sept interépineux sans rayons. L'espèce de castagnole connue jusquà ce jour nous parait essentiellement propre à la Méditerranée. Ce n’est que par accident qu'il 1. La coryphène, qui n’a que trente-trois vertébres, a généra- lement deux interépineux et deux rayons pour chaque apophyse épineuse. CHAP. IX. CASTAGNOLES. 293 sen est trouvé quelquefois sur nos côtes de l'Océan. Outre celles de Ray et de M. Turton, dont nous avons déjà parlé, nous apprenons par M. Le Sauvage quil en a été pêché une à Caen l'année dernière (1828); mais elle n'y fut reconnue par aucun pêcheur, Nous n’a- vOons jamais appris que celle espèce ait été vue ni dans les mers des zones chaudes, ni même près des côtes des États-Unis. . M. Risso nous dit quelle séjourne en petites troupes dans les grandes profondeurs; que l'on en prend toute l'année à la palangre. C’est en hiver qu'elle paraît plus pleine et plus sa- voureuse. Elle fraie en été, et dans cette saison elle est tourmentée par des vers intestinaux qui la font maigrir. M. Rudolphi indique en effet six espèces de ces vers comme vivant dans la chair ou dans les intestins de ce poisson’; et nous- mêmes nous avons trouvé en quantité dans sa chair le monostoma filicolle de ce savant helminthologiste. 1. Echinorhynchus vasculosus, dans l'abdomen et les intestins; monostoma filicolle, dans la chair entre les interépineux; scolex polymorphus, dans les intestins; gymnorhynchus reptans, dans la chair; etrarhynchus discophorus, sux les branchies ; anthocephalus gracilis, dans le péritoine. 294 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. Au moment de clore cet article, nous apprenons que la mer des Indes a aussi des castagnoles. M. Dussumier en a découvert deux espèces différentes dans l'estomac d'un grand germon, pris sous l'équateur, par 85° de longitude à lorient de Paris, et qu'il a eu soin d'ouvrir, comme il a fait pour tous les grands poissons qu'il a pris. C'est une précau- tion que l'on ne peut trop recommander aux ! voyageurs, et qui procure souvent des espèces rares et Curieuses. La CASTAGNOLE DE D'ussumiEr (Brama Dussumieri, nob.) [2 , a les dents, les nageoires, les écailles, la bou- che, tous les caractères génériques, enfin, de la castagnole d'Europe ; mais sa circonscrip- tion ver sa est toute différente. Sa plus grande hauteur est au milieu du tronc, et contenue deux fois dans sa longueur, la caudale non comprise. Son profil descend par une courbe uniforme et oblique depuis la dorsale jusqu’à la bouche, et n’a rien de cette convexité qui donne une physionomie particulière à la castagnole ordi- natre, d'où 1l résulte que son œil, au lieu de se trouver au milieu de la hauteur de la tête, est tout enter au-dessus du milieu et près de la ligne du front. La courbe du ventre est semblable à celle du CHAP. IX. CASTAGNOLES. 295 dos. Les fourches de la caudale sont fort longues, mais mal conservées dans l'individu, qui n’est long que de quatre pouces, sur quoi la caudale en prend un et un quart. Il est enuèrement argenté. D. 3/29; A. 3/21; C. 17; P. 19; V. 1/5. Ses canines d’en bas sont longues. La CASTAGNOLE DU GERMON. (Brama orcini, nob.) L'autre espèce a de même le profil descendant obliquement et sans grande convexité, et l'œil au- dessus du milieu; mais la courbe de son ventre est plus convexe que celle de son dos, et sa parte la plus saillante est plus en avant, ce qui donne à l’ensemble une obliquité paruculière. Sa hauteur n’est qu’une fois et denme dans sa longueur, non compris la caudale, qui parait avoir été beaucoup moins alon- gée que dans l'espèce précédente; mais son anale à plus d’étendue. Ses nombres sont : D. 3/27 ; A. 3/24, etc. Ce poisson est long de deux pouces, et enuère- ment argenté. 296 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE X. Des Pemphérides (Pempheris, nob.). On a découvert dans l'océan Pacifique des poissons qui, au premier coup d'œil, ressem- blent assez aux kurtes, parce que leur dorsale “et leur anale sont à peu près dans les mêmes _ positions et dans les mêmes proportions, mais en diffèrent beaucoup par la grandeur et la force des écailles dont ils sont recouverts et qui s'étendent sur presque toute leur anale. Ils n’ont pas d’ailleurs la même forme de tête, n1 surtout la disposition extraordinaire des côtes que nous ferons connaitre dans les kurtes. Leur grand œil, leur double vessie natatoire, la forme de leur tête, semblent leur donner quelques rapports avec les myripristis; mais ils s'en éloignent beaucoup par leurs ventrales à cinq rayons, et par l'absence de dentelures à leurs pièces operculaires, où il n’y a qu'une petite épine cachée sous la peau. Sous ce dernier point de vue ils tiennent, un peu aux spares, et cest dans ce genre qu'on les a rangés jusqu'à ce jour; mais leur anale écailleuse, et leur dorsale si peu étendue d'avant en arrière, ne permettraient pas de CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 997 les y laisser, quand même les dents, dont leur vomer et leur palatin sont armés, ne les en éloigneraient pas invinciblement. Nous nous sommes donc vus obligés d'en faire un genre à part; car nous ne pouvions pas même les considérer comme subdivision de quelque genre déjà existant, et cest ici, entre les cas- tagnoles et les archers, que nous avons cru pouvoir les placer. Le nom de pemphérides, que nous leur con- sacrons, est une de ces nombreuses dénomi- nations de poissons que lon trouve dans les anciens sans aucun Caractère indicatif de leurs espèces. Se trouvant ainsi vacantes, les natu- ralistes sen emparent comme de choses sans maîtres, pour les appliquer aux genres nou- veaux quils découvrent. Ce nom n’est que dans Athénée, qui l'a tiré de Numénius, où il désignait un petit poisson. Parmi les observateurs modernes, c'est John White qui a le premier mentionné une espèce de ce genre. Il en donne une figure dans son Voyage à la Nouvelle-Galles du sud (appen- dice, p. 267), et la nomme sparus compressus. Faite d'après un échantillon mal conservé, cette image nest pas très-Correcte, et comme aucune description détaillée ne l'accompagne, cest sur l'ensemble seulement qu'on peut la 298 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. juger. Bloch, dans son Système posthume (p- 164), en a fait son Aurtus argenteus. Russel a donné une seconde figure du même genre à sa planche 114, et regarde aussi son poisson comme un sparus. Le nom sous lequel le connaissent les habitans de Vizaga- patam est mangula-kuttr. Les anciens recueils de dessins faits aux In- des représentent aussi de ces poissons, mais, à leur manière, un peu grossièrement, et de sorte que l'on ne peut en reconnaître que le genre. Tel est le tou-té-tou-mamel de Renard (t. LE, pl. 15, fig. 85), copié de Vlaming(n.” 234), où il porte le même nom. Dans Valentyn (n.° 46) il est nommé 7kan-toe-te-toe, ce qui revient au même. Ruysch (pl 10, fig. 4) lap- pelle simplement stomp-kop (tête obtuse). Ce qui est remarquable, c'est que les habi- tans des Moluques ont aussi été frappés des rapports de ces poissons avec les Aurtus; car je trouve dans la collection de Vlaming (n.° 177) sous le nom de tou-té-tou femelle, la figure d'un véritable kurtus, semblable à lindicus, et qui seulement, au lieu d'être enluminée de fauve, l'est de brun, semé de points noirs. Ses nageoires seules sont fauves. Cette figure n’a point été copiée dans les ouvrages auxquels le recueil de Vilaming a servi de base. CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 399 Selon Valentyn (p.360, n.° 46) le tou-té-tou est long d'un fort‘empan et très-bon à manger. La PEMPHÉRIDE D'OUALAN. (Pempheris oualensis, nob.) Un premier tou-té-tou a été rapporté de l'ile d'Oualan par MM. Lesson et Gamnot. Il est, comme les kurtes, plus élevé au droit des pectorales, et la ligne du dos et celle du ventre se rapprochent ensuite par degrés, en sorte que la queue est assez étroite vers le bout. Cette plus grande hauteur est un peu moins de trois fois dans sa longueur, et l'épaisseur au même endroit est trois fois dans la hauteur. La longueur et la hauteur de la tête sont à peu près égales, et comprises quatre fois et demie dans la longueur totale. En avant de la dorsale et de l'anale la ligne du dos et celle du ventre sont l’une et l’autre convexes, et s'unissent au museau, qui est très-court et très-obtus. Le dessus de la tête est arrondi transversalement. Le diamètre de l'œil est des deux cinquièmes de la longueur de la tête ; il n’est distant du bout du museau que de moitié de son diamètre. La distance d’un œil à l’autre est d’un peu moins que ce diamètre. La fente de la bouche descend rapidement en arrière et jusque sous le mi- heu de l'œil. La mâchoire inférieure monte au-devant de l’autre, et la dépasse un peu. Il y a des dents en velours assez rudes aux deux 300 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. mächoires, au chevron du vomer et sur une bande à chaque palatin. La langue est lisse, triangulaire, un peu pointue et assez libre. Les pharyngiens n’ont aussi que des dents en velours : il y a de longues atelures serrées à la première branche; les autres ont de doubles rangs de tubercules. Le sous-orbitaure est oblong et étroit; 1l ne cou- vre que la moitié antérieure du maxillaire dans l’état de repos. La moitié postérieure est élargie et tron- quée carrément en arrière. Les orifices de la narine sont deux très-petits trous oblongs, rapprochés l’un de l’autre et à moitié distance entre le quart supérieur de l'œil et le bout du museau. Il y a des écailles jusqu’au bout du museau, sur les maxillaures et sur les branches de la mâchoire inférieure ; toutes les pièces operculaires en sont couvertes : 1l y en a même sur une ligne à la mem- brane branchiosiège, à l'endroit que ne recouvrent pas les branches de la mâchoire inférieure quand elles se rapprochent. Le préopercule n’a point de limbe disuünet, 1l est arrondi; ses bords amincis et striés couvrent presque le sous-opercule et l'inter- opercule, On y sent sous la peau, à l'endroit à peu près où pourrait être l’angle, une petite épine forte, et au-dessus trois Ou quatre autres, plates et tron- quées. L’opercule a aussi un bord arrondi et mince; mais On sent que sa partie osseuse a près du sous- opercule une peute pointe, Les ouies sont fendues jusque sous l'œil, et assez serrées. Leurs membranes se croisent à peine sous CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 391 la pointe antérieure de l'isthme; elles ont chacune sept rayons, dont les supérieurs sont assez larges. L’épaule n’a point d’armure particulière. La pectorale s'attache presque au uers inférieur de la hauteur. Elle est un peu en faux, assez poin- tue, et compte seize rayons, dont le troisième et le quatrième sont les plus longs. Le premier est sim- ple, et n’a que le uers de la longueur de ceux-là. Les ventrales ne sont nullement en avant des pectorales, et naissent même sous l'extrémité posté- rieure de leur base. Leur longueur est moitié moin- dre. Leur épine est forte et presque aussi longue que les premiers rayons mous. Le bassin n’a rien de particulier, et il n’y a d’épine ni à leur base ni entre elles. La dorsale commence vis-à-vis le milieu des pec- torales, à une distance du museau qui fait le uers de la longueur totale. L'espace qu’elle occupe sur Je dos ne fait pas le septième de cette longueur; elle est pointue et un peu plus haute que longue. Ses six premiers rayOns sont épineux, et VOnt en gran- dissant depuis le premier, qu'on voit à peine, jus- qu'au sixième, qui égale presque le premier rayon mou, lequel est le plus long de tous. Il y a neuf de ces rayons mous; le dernier n’a pas le tiers de la hauteur du premier. L'anale commence sous le milieu de la dorsale par trois rayons épineux que suivent quarante-deux rayons mous enveloppés d'écailles. Le premier , qui est le plus long, est d’un quart moindre que le premier mou du dos; les autres décroissent lentement, et , 302 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. même, à compter du septième ou du huitième, 1ls restent presque égaux. Cette longue anale ne laisse entre elle et la caudale qu'un bout de queue du quatorzième de la longueur totale, un peu plus haut que long, et très-comprimé. Le poisson est terminé par une caudale échancrée en croissant, du cinquième de la longueur totale. B. 7; D. 6/9; A. 3/42; C. 17 et 5 petits; P. 16; V. 1/5. . Les écailles sont grandes, lisses, demi-circulaires, ‘ très-amincies à leur bord externé, et ont dans leur partie cachée un éventail de dix ou douze rayons. Elles diminuent en arrière : on en compte quarante- huit ou cinquante entre l’ouie et la caudale, et une vingtaine entre la dorsale et le ventre. Presque toute l'anale et la base de la caudale en sont couvertes; mais 1] n’y en a pas sur les autres nageoires. La ligne latérale règne parallèlement au dos, à une distance qui ne fait que le quart de la plus grande hauteur. Elle se marque par une élevure triangulaire, ou plu- tôt par un reflet, sur chaque écaille, et se prolonge sur le milieu de la caudale jusqu’à son bord, par. une rangée de petites écailles. Ce poisson est argenté, teint de brun vers le dos. Ses écailles argentées sont poinullées de brun, sur- tout à l'abdomen et aux opércules. La base de la pectorale est entourée d’une tache noire en dessus et en dessous. Le bord antérieur de la dorsale est brun ou noirûtre. Le reste des nageoires parait jau- nûtre. Notre individu à près de neuf pouces. CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 303 Ce poisson ressemble encore moins au vrai kurtus par son anatomie que par son extérieur. Ses côtes sont de forme ordinaire, étroites, com- primées : 1l y en a neuf paires et autant de vertèbres abdominales. Les vertèbres caudales sont au nombre de quinze. La crête mitoyenne du ceràne est élevée, très-mince : 1] y a trois interépineux sans rayons entre elle et la dorsale. Le cubital est très-large et a une grande échancrure carrée dans le milieu de sa joncuon avec l'huméral. Le radial n’a au con- taire qu'un petit trou. Le coracoïdien est pointu et assez fort. Les os du bassin sont étroits et pointus. Sa vessie natatoire est entièrement dans son abdo- men, grande, très-épaisse, divisée en deux par un étranglement. Sa parte antérieure est la plus petite, à peu près ronde, et s'attache au crâne par des liga- mens tendineux ; la postérieure est ovale, et s'étend jusque vers le fond de l'abdomen. L’estomac est épais, cylindrique jusque vers le üers postérieur de l’abdomen, où il se recourbe en avant. Sa branche récurrente, est de moitié plus courte que l’autre. Le pylore a six ou sept cœcums, dont les antérieurs sont trois ou quatre fois plus longs que les autres , et plus longs que l'estomac. Le reste du canal fait trois replis avant d'arriver à Vanus. L'individu que nous avons disséqué était femelle, et ses ovaires tenaient une grande place dans l’ab- domen. 504 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES, La PEMPHÉRIDE D'Oraïrt. (Pempheris otaitensis, nob.) Les mêmes naturalistes ont pris à Otaïti une pemphéride très-semblable à la précédente, surtout par la tache de la base de la pectorale et le noir du bord antérieur de la dorsale, qui est même plus prononcé; mais qui a le corps plus comprimé, les rayons de l’anale moins nombreux (D 6/9; À 3/40), et surtout les écailles plus peutes. Il y en a cin- quante-six sur une ligne longitudinale, et vingt- cinq sur une ligne verticale. Sa caudale et son anale ont un liséré noirütre, et il y a sur les côtés du ventre des lignes de reflets brunâtres. Ses dents des mâchoires sont plus fines à proporuon, et le che- vron du vomer fait un angle un peu plus aigu, etc. L'individu est long de sept pouces. On nomme l'espèce à Otaïti toueea. La PEMPHÉRIDE DU BENGAIE. (Pempheris mangula, nob.) Le tou-té-tou de la mer du Sud ressemble en tout pour les formes au mangula-kutti du solfe du Bengale qu'a représenté Russel. Les nombres mêmes paraissent assez s'accorder. Russel les donne ainsi écrits à notre manière : B. 7; D. 5/10; A. 3/39; C. 19; P. 18; V. 1/5. CHAP. X. PEMPHÉPIDES. 305 Mais 1l lui attribue une couleur générale rou- geûtre, légèrement mélangée de doré, et des na- geoires d’un jaune rougeñtre. Il ne fait aucune mention ni du bord noir de la dorsale, n1 surtout de la tache très-noire de la base de la pectorale, qui est si remarquable et se conserve dans la liqueur et dans le sec. Il est donc assez probable que cest une autre espèce. Il ne parait pas qu'elle soit commune à Vi- Zagapatam, puisque Russel ne dit rien de ses usages, et se borne à assigner la taille de son individu, qui était de six pouces. La PEMPHÉRIDE DE VANICOLO. (Pempheris vanicolensis, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont rapporté de Va- nicolo une pemphéride qui nous parait à peine différer spécifiquement de celle de Russel; car elle a les mêmes formes et à peu près les mêmes nombres (D. 6/3; A. 3/40, etc.), les mêmes couleurs, rouge cuivré sur le corps, jaunâtre aux nageoires, sans tache à la pectorale. Nous n’y voyons d'autre différence, qu’une tache noire au sommet de la dor- sale, dont Russel ne parle pas. Sa hauteur, comme dans la figure de Russel, est plus considérable à pro- portion de sa longueur que dans le foueéa. Nos individus sont longs de six et de sept pouces. 7- , 20 506 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. La PEMPHÉRIDE DE L'ISLE-DE-FRANCE. (Pempheris nesogallica, nob.) L'Isle-de-France a une pemphéride sembla- ble à celle de Vanicolo par le noir du sommet de la dorsale; mais qui a le profil plus droit, la poitrine argentée et non cuI- vrée comme le reste du corps, et les nageoires jaunâtres. Sa caudale parait avoir été bordée de noirätre : 1] y a deux rayons de moins à lanale. D. 6/9 ; À. 3/38, etc. Ce poisson est long de cinq pouces. IL a été apporté par MM. Quoy et Gaimard. La PEMPHÉRIDE DES MoLUQUES. (Pempheris moluca, nob.) L'espèce que nous avons recue des Molu- ques ressemble à celle de Russel par les cou- leurs, mais s'en écarte pour les formes, en ce que la ligne du profil n’est pas convexe entre les yeux, mais y prend un peu de concavité; ce qui fait que le bord supérieur de l'œil s’y élève un peu au-dessus, et fait saillie sur le profil. Son anale a un peu plus de rayons. B. 7; D. 6/9; A. 3/43, etc. Ses rangées longitudinales d’écailles sont au nombre de vingt-deux, et la plus longue en compte CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 507 cinquante-deux. Le poisson paraît tout entier d’un rouge de cuivre, avec des lignes longitudinales de reflets d’une teinte dorée ou d’acier, suivant le jour. La poitrine et la tête sont plus dorées que le reste. En y regardant de près, on voit que le cuivré est produit par des points serrés d’un rouge brun, qui occupent le disque de chaque écaille, et que le bord de ces mêmes écailles est lisse, sans points, et de couleur d'acier ou un peu dorée. Les nageoires sont d'un jaune rougeûtre. Notre individu est long de six pouces. Il provient des récoltes faites aux Moluques par M. le professeur Reinwardt, pour le Mu- sée royal des Pays-Bas. M. Raynaud a retrouvé la même espèce, exactement semblable, à Batavia, où les pé- cheurs la lui ont nommée en malais zkan- batou (poisson de roche). Nous soupconnons que c'est ce tou-té-tou cuivré que Bloch a placé dans son Système posthume (p. 164, n.° 2) sous le nom de cur- TUS MACROLEPIDOTUS, Squammis MASNIS, MAT- gine rubro punctatis oculis subverticalibus, pinna ant falcata, anterius arcuata linea la- terali dorso vicina. Mais il faut supposer une grosse faute d'impression dans l'énoncé des rayons de l’anale, et croire qu'on a mis A.4/12 pour À. 4/42, les nombres de la dorsale seraient assez bien, 7/17, ou à notre manière 7/10. Dans 02 308 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. le cas où la faute n’existerait pas, ce serait un Pa; poisson d'un tout autre genre. La PEMPHÉRIDE DU MALAPARr. (Pempheris malabarica? nob.) M. Bélenger nous a envoyé de Mahé, sur la côte de Malabar, des pemphérides que nous ne saurions comment distinguer de celle des Pleiques, mais dont les individus varient par le nombre des rayons mous de l’anale, qui vont de quarante-trois à quarante-six. Comme ces individus sont mal conser- vés, nous laissons aux observateurs à reconnaître si d’autres caractères viennent se joindre à cette varia- uon pour confirmer une différence d'espèces. Les . nageoires paraissent avoir été rouges, sans taches mi bords noirs. La longueur est de six pouces. La PEMPHÉRIDE DU MExIQUE. * (Pempheris mexicana, nob.) La mer du Sud a des pemphérides jusque sur les côtes de l'Amérique. M. Deppe en a envoyé une d'Acapulco au Musée de Berlin, de la même forme que celles de l'Isle-de-France et des Moluques, mais Où l’anale a moins de rayons que dans aucune autre. D. 6/9 ; A. 3/35, etc. CHAP. X. PEMPHÉRIDES. 309 Ses écailles sont aussi plus grandes. Elle en a seize rangées longitudinales, dont la plus longue n’en compte que trente-deux. Sa couleur est cuivrée; ses nageoires jaunâtres, sans noir. # 310 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. CHAPITRE XL. Des Archers (Toxotes, EGBY Le poisson sur lequel nous avons établi le genre que nous appelons archer, mérite en effet ce nom par sa singulière industrie. Quoi- _que sa bouche diffère infiniment par son or- ganisation de celle du chelmon, ilsait de même lancer des gouttes d'eau à une grande hauteur, à trois pieds et davantage, et atteindre presque sans les manquer les insectes ou autres petits animaux qui rampent sur les plantes aquati- ques, ou même sur les herbes du rivage. Les habitans de plusieurs contrées des Indes, sur- tout les Chinois de Java, l’élèvent dans leurs maisons pour samuser de ses manœuvres, et lui offrent des fourmis et des mouches sur des fils ou des bätons à sa portée. Nous en avons recu de Batavia un individu dont l'es- tomac était tout rempli de fourmis. L'espèce est connue dans l'archipel des Indes sous le nom malais dikan-sumpit. Comme il est arrivé souvent pour ces es- pèces isolées qui ne vont bien dans aucun des genres reçus, On a ballotté celle-ci de genre en genre. Schlosser, médecin et naturaliste Le CHAP. XI. ARCHERS, 311 d'Amsterdam, qui eut le premier connaissance de ses habitudes, l'ayant fait voir à Pallas, ce grand naturaliste en rédigea une description méthodique, qui fut envoyée par Schlosser à la Société royale, et insérée dans les Transactions de 1376 (t. LVI, p. 187), avec le nom de sciæna jaculatrix, quoique Pallas lui-même, en 1770, dans ses Spicilesia (asc. 8, p. 41), hésitât encore sil devait en faire une sciène ou un spare. Près de vingt ans plus tard, Bonnaterre et Gmelin portèrent ce poisson de Pallas, et d’a- près lui, dans leur catalogue : le premier le ürant des Transactions, et sous le même nom de sciæna jaculatrix”; le second le prenant dans les Spicilegia, et imaginant, sans aucun motif que l'on puisse deviner, de le ranger parmi les scares, et de le nommer scarus Schlosseri, mais oubliant tous les deux de faire la moindre mention de l'instinct si re- marquable dont il est doué. Vint ensuite, en 1802, M. de Lacépède, qui ne manqua pas de porter séparément, et dans deux genres différens, le scarus Schlosseri de Gmelin’, et le sciæna jaculatrix de Schlosser 1. Encyclopédie méthodique, planches d’ichtyologie, p- 121: 2. Le scare Schlosser, Lacép., t. IV, p. 5 et 17. # 312 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. et de Pallas, sans laisser apercevoir quil ne s'agit dans ces deux articles que d’une même espèce, et qui plus est, que d’un seul et même individu; il se permet seulement de transpor- ter ce sciæna dans les labrus', sans expliquer le moins du monde comment il y a été con- duit, et sans rappeler plus que les deux auteurs quil copie, ce qui motive la dénomination ‘de sagittaire quil lui laisse. Il est fidèlement imité par Shaw, qui place aussi dans sa Zoologie générale et dans le même volume un scarus Schlosseri* et un labrus jaculator*, mais qui du moins joint à ce der- nier article une figure‘ copiée de celle des Transactions, et quelques mots sur la faculté de lancer des gouttes d’eau. Voilà donc une espèce doublée, et cela non point, comme à l'ordinaire, faute d'avoir suffisamment comparé divers individus, mais d’après des extraits d’une seule description. M. Hamilton Buchanan l'a triplée en 1822; car son coius chatareus” n’est encore que no- tre toxotes, mais pris dans le Gange, et à ce qu'il paraît dans un canton où apparemment les pêcheurs ne s'étaient point encore apercu 1. Le labre sagiliaire, Lac. t. II, p. 425 et 463. — 2. Shaw, ! Gener. Zool., t. IV, 2. part., p. 398. — 8. Id., 5b., p. 485. — 4, Id., 1b., pl. 68. — 5. Poiss. du Gange, p. 201, pl. 14, fig. 54. LA Bird CHAP. XI. ARCHERS,. 313 de sa singulière faculté, et M. Hamilton lui- même ne sest point apercu de son identité avec le sagittaire. Il suffit, à ce qu'il nous semble, de jeter un coup d'œil sur ce poisson, pour juger que ce n'est point un labre, puisqu'il n'en a ni les doubles lèvres, ni les formes alongées, n1 les dents; que ce n’est point une sciène, puis- quil n'en a ni le palais lisse, ni les armures aux pièces operculaires; que ce n’est point un spare, puisque, encore une fois, son palais n'est pas lisse, et que d'ailleurs ses formes sont toutes différentes. Le genre coius, où M. Ha- milton Buchanan a entassé des varioles, des mésoprions, des anabas, des pristipomes et d'autres poissons encore, est trop artificiel pour qu'il soit nécessaire d'examiner si le cha- lareus peut y entrer; et d'ailleurs la réponse serait assurément négative, car il ne ressemble à aucune des autres espèces que l'auteur y a rassemblées. ; . Nous avons donc dû créer pour ce pois- son un genre que nous avons publié dès 1819. Ses caractères consistent dans la position de sa dorsale en arrière; dans les écailles qui la recouvrent, ainsi que l'anale; dans ses sept 1. Règne animal, 1."° édit., t. IT, p. 338. 314 LIVRE VIT. SQUAMMIPENNES. rayons branchiaux; dans les dents en velours très-ras qui garnissent toutes les parties de sa bouche; dans la fine dentelure de son sous- orbitaire et du bas du préopercule, sans autre armure aux pièces operculaires; dans les écailles qui couvrent toute sa tête, etc. IL yen a beaucoup plus qu'il n'en faut pour établir un genre; mais la place de ce genre nest pas aussi facile à trouver. Nous lui avions d'abord soupçonné quelques rapports avec les poissons à appendices labyrinthiformes aux branchies ; mais rien d’analogue ne s'est ren- contré dans les siennes : au total, c'est encore des pemphérides qu'il nous semble se rappro- cher le plus par l'ensemble de son organisa- tion. | L’'ARCHER SAGITTAIRE, ({Toxotes jaculator, nob.; Sciæna jaculatrix, PAT" Son corps est en ovale peu régulier, comprimé .vers le bas et en arrière, plus épais en dessus et en avant, à dos arrondi, à crâne plat. Ce qui lui donne une apparence singulière, c’est la position très en arrière de sa dorsale. Elle ne commence qu'après le milieu de sa longueur. Sa hauteur au milieu est d'un peu plus des deux … À. Scarus Schlosseri, Gmel.; Labre sagittaire et Scare Schlosser, Lacép. et Shaw; Corus chatareus, Mamilt. Buch. CITAP. XI. ARCHERS. 515 cinquièmes de sa longueur totale. Son épaisseur au- dessus des pectorales est de près de moitié de sa hauteur. La longueur de sa tête est trois fois et un quart dans celle de tout le poisson. La ligne du profil descend un peu obliquement et presque en ligne droite du pied de la dorsale jusqu'au bout du museau, et fait un angle aigu avec la ligne du ventre, qui s’y joint un peu en avant de la bouche; car la mâchoire inférieure avance plus que lautre, et c’est elle qui forme l'extrémité du museau. Le dessus de la tête est plat. L’œil est près de la ligne du front, plus près du museau que de l’ouie, et son diamètre est quatre fois et demie dans la longueur de la tête. Les onfices de la narine sont près du bord antérieur de l'œil; le supérieur plus grand, ovale; inférieur un peu plus en avant, rond et en- touré d’une membrane dont le bord inférieur s’ai- guise en un peut tentacule. La fente de la bouche descend parallèlement à la ligne inférieure jusque sous le bord postérieur de l'œil. L’intermaxillaire est mince, assez protractule. Le maxillaire est fort étroit, à peine s’élargit-1l un peu en arrière; il ne se cache point sous le premier sous-orbitaire, qui lui- même est étroit et très-finement dentelé au bord. Une bande étroite de dents en velours très-ras, très-fin et très-serré, garnit chaque mâchoire. Une garniture ou une âpreté pareille occupe une plaque rhomboïdale sur le devant du vomer, une bande à chaque palaun, toute la large surface du ptérygoi- dien, et toute celle de la langue, qui est fort libre et terminée en pointe obtuse. Les pharyngiens on$ 316 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. des dents en velours plus prononcées. Le bord mon- tant du préopercule, à peu près à égale distance entre l’œil-et l'ouie, est rectiligne, un peu incliné en avant, très-entier. Son bord horizontal est légè- rement convexe et très-finement dentelé. Il n’y a point de limbe ni rien qui le sépare de la joue. L'opercule, deux fois aussi haut que large, a sa parte osseuse coupée en arc, et sans aucune pointe ; mais son bord membraneux est anguleux. La fente * de l’ouie est assez ouverte. La membrane branchios- iège s’unit à sa semblable sous l'isthme, vis-à-vis la commissure des mâchoires. Il y a sept rayons aux ouies; mais les trois infé- rieurs sont cachés dans la réunion des membranes. Toute la tête est couverte d’écailles, excepté l’in- iermaxillaire et le peut bord correspondant de la mâchoire inférieure; mais 1l y en a sur le museau, le crâne, le sous-orbitaire, le maxillaire, les branches de la mâchoire inférieure, les pièces operculaires, et jusque sur la portion de la membrane des ouies qui est entre les deux branches de la mâchoire. La pectorale est attachée un peu au-dessous du milieu de la hauteur, coupée en demi-ovale ou un peu en faux, et du quart de la longueur totale. Elle a treize rayons; le premier très-court, le second le plus long de tous, sans branches, mais articulé ; les autres branchus. . Les ventrales, attachées sous le bord inférieur, un peu plus en arrière que les pectorales, mais plus courtes, en sorte qu’elles ne vont pas aussi loin, . ont une forte épine et cinq rayons branchüs, dont 4 CHAP. XI. ARCHERS. SU . le premier , qui est le plus long , dépasse l’épine d’un quart. Tout leur bord supérieur adhère à l'ab- domen au-dessus d’elles. En dehors est de chaque côté une pièce triangulaire garnie d'écailles, aussi longue, et entre elles il y en a une autre, mais plus courte. Leurs rayons même sont écailleux. Sa dorsale commence sur le troisième cinquième de la longueur totale, et en occupe deux sepüièmes. Ses cinq premiers rayons sont de fortes épines, dont les trois dernières, les plus longues, ont près de moitié de la hauteur du corps. La seconde est d’un üers et la première de deux uers plus courte. La membrane est fortement échancrée en avant de chacune. La partie molle, plus basse que les épines, et toute couverte de petites écailles , a treize rayons branchus. L’anale commence et finit à peu près aux mêmes aplombs que la dorsale; elle a trois épines et seize rayons mous, enyeloppés les uns et les autres dans les écailles qui la couvrent. Un intervalle du douzième de la longueur du corps , et plus élevé d’un uers, est entre ces na- geoires et la caudale. Celle-ci, du sixième à peu près de la longueur du corps, carrée ou du moins très-légèrement cou- pée en croissant, a dix-sept rayons entiers, dont les deux extrèmes n’ont pas de branches. Les peuts des deux bords sont peu sensibles. IL n’y a de peutes écailles qu’à sa base. B. 7; D. 5/13; A. 3/16; C. 17; P. 13. Le corps a environ trente écailles sur une ligne 318$ LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. entre l’ouie et les petites de la caudale, et treize où quatorze entre le dos et les ventrales. Leur parue visible, coupée en arc de cercle, a le bord entier; à la loupe sa surface parait finement poinullée. Leur partie cachée est lisse, et a un éventail de six ou sept rayons, et autant de crénelures à son bord radical. La ligne latérale marche d’abord droite et assez près du dos. Un peu avant laplomb de la dorsale elle s'infléchit vers le bas, et après une légère cour- bure elle suit le milieu de la hauteur jusqu’à la cau- - dale. Elle se marque par un tube longitudinal sur ‘le milieu de chaque écaille. Le fond de la couleur de ce poisson parait d'un argenté teint de verdâtre ou de brunâtre. Son dos est d’un brun plus foncé, et il y a quatre taches d'un brun noir placées l’une au haut de l’opercule, la seconde au-dessus de la pectorale, la troisième sous le commencement de la dorsale, la quatrième sous l'arrière de sa partie molle, la cinquième sur le dessus de la queue. Cette description est faite sur des individus pris dans le Gange, et envoyés du Bengale par M. Bélenger en 1828. Le plus grand est long de sept pouces sur trois de hauteur, sans comp- ter les nageoires. Mais d’autres individus, semblables d’ail- leurs en tout à ces premiers, ont offert quelques différences dans les taches et même dans les nombres des rayons, sans que pour cela nous osions en faire autre chose que des variétés. CHAP. XI. ARCHERS. 319 Ainsi nous en avons un de l'ile de Bourou, rapporté par MM. Quoy et Gaimard en 1829, qui n’a que Onze rayons mous à sa dorsale; mais qui en compte dix-sept à son anale, et dont les taches se joignent au brun du dos, de manière à former des demi-bandes. D’après le dessin que ces messieurs en Ont fait sur le frais, son corps était fortement teint de gris verdätre; son dos était noi- râtre, ainsi que ses taches. Toutes ses nageoires étaient verdâtres, avec une teinte noirâtre au bord de l’anale et de la partie molle de la dorsale. L'iris est d’un bel orangé. Un autre, du Havre-Dorey, à la Nouvelle- Guinée, qui a aussi des demi-bandes brunes au lieu de taches, n’a que quatre épines à la dorsale; c’est la première ou petite qui lui manque. Ses rayons mous sont au nombre de douze à la dorsale et de quinze à l’anale. Un troisième, qui provient de l'ancienne collection du Stadhouder, n'a que des taches rondes, quatre épines et dix rayons mous seulement à la dorsale, seize rayons mous à l’anale. Ces variations dans les nombres des rayons sont plus grandes que dans beaucoup d'autres espèces. Pallas comptait à la dorsale quatre épines 320 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. et de neuf à onze rayons mous, et à l'anale quinze rayons mous. Son individu représenté dans les Transactions avait les taches réunies au brun du dos. | M. Buchanan compte les rayons à peu près comme nous dans nos échantillons du Gange (D. 5/12; A. 3/16). Sa figure ne montre que des taches rondes; la quatrième est double et la ‘ Cinquième manque. Nous trouvons dans les dessins rapportés de Malaca par M. Farkhar, une figure de toxotes à cinq épines à la dorsale, et qui a le long de cha- que côté du dos une double rangée de taches rondes et noires; six à la série supérieure et quatre à l’infé- rieure. Le corps est d’un gris argenté, teint de verdätre vers la nuque. Sa dorsale est verdâtre, avec un fin liséré noirûtre; l’anale grise, avec un bord plus foncé et un liséré noirâtre. Les autres nageoires sont jaunes, et sur les ventrales le jaune est teint de rouge. L'iris est orangé. Il se pourrait que ce füt une espèce diffé- rente des autres; mais nous ne pouvons don- ner les nombres de ses rayons mous. L'anatonue d’un {oxotes de Java nous a montré” un foie assez petit, composé d’un lobe gauche trian- gulaire beaucoup plus fort que le droit, auquel est suspendue. une vésicule biliaire grêle et pointue. L'œsophage est assez long, dilaté en un estomac CHAP. XI. ARCHERS. 321 globuleux, dont la veloutée est sillonnée par de grosses rides irrégulières. La branche montante est très-petite. J'ai trouvé neuf appendices cœcales, dis- posées en cercle autour du pylore. Le duodénum est large, remonte jusque sous le diaphragme, et alors lintesun devient très-gréle, et il se replie quatre ou cinq fois sur lui-même. La rate est petite et trièdre. Les organes de la génération sont peu gros, et rejetés vers l'arrière de la cavité abdominale. La vessie aérienne est grande, simple, arrondie en avant, et terminée en pointe en arrière, Ses parois sont minces et transparentes. Les corps rouges sont très-développés, et forment deux larges rubans épais, qui occupent de chaque côté de l’épine la longueur presque entière de la vessie. Les reins sont très- petits. L'intérieur du canal alimentaire était rempli d’une grande quantité de peutes aiguilles noirâtres, à sur- face rugueuse. Nous n'avons pas pu reconnaitre d’où provenaient ces singuliers corps. Nous avons aussi disséqué des individus pris sur la côte de Malabar, et à cinq épines dorsales. Ils avaient l'estomac beaucoup plus grand, à parois plus minces, sans aucunes rides à l'intérieur ; sept longues appendices cœcales entouraient le pylore. Le reste des intestins n'était pas assez bien conservé pour que nous puissions regarder ces différences comme! spé- cifiques. L’estomac était rempli de petits crustacés. Enfin un troisième individu avait l'estomac tout-à- fait semblable au précédent; il était rempli de fourmis. Dans le squelette du {oxotes on peut remarquer surtout le crâne aplau, qui na de chaque côté jE 21 ah Pre 322 LIVRE VII. SQUAMMIPENNES. qu'une légère arête au-dessus du bord de l'orbite, et dont la crète mitoyenne est tout-à-fait en arrière. Le corps de l'hyoïde est fort comprimé, l’échancrure du cubital très-grande. Les coracoidiens descendent jus- que tout près du bord postérieur du bassin qui porte les ventrales. Il y a dix vertèbres abdonmminales et quatorze caudales, dont les trois dernières s’unis- sent pour former la lame qui porte la caudale. Les quatre premiers interépineux ne portent point de rayons. Les suivans, qui portent les épines de la dorsale, sont robustes et dirigés obliquement en ar- rière , ce qui occasionne la position singulière de cette nageoire. Les côtes n’ont que de frêles appen- dices. Les deux premières vertèbres caudales unis- sent leurs apophyses descendantes pour porter les premiers interépineux de l’anale. Les deux premiers de ceux-c1 sont soudés en une seule masse ne dale et anguleuse. LIVRE HUITIÈME. DES POISSONS A PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. La famille dont nous allons faire l'histoire est remarquable par une siructure qui lui est propre, et qui consiste dans une division en feuillets de la surface d'une partie des pha- ryngiens; division qui produit des cavités et de petites loges plus ou moins compliquées, mais propres à relenir une certaine quantité d'eau, à peu près comme le réseau de la panse des chameaux. Cet appareil est renfermé sous des opercules bombés et bien serrés contre le corps; en sorte que, même après que le pois- son est sorti de l'eau, celle que contiennent ces petites loges ne sévapore pas aisément, et, coulant sur les branchies, les empêche des se dessécher; aussi tous les poissons de cette famille dont on a constaté les habitudes, jouis- sent-ils de la faculté de sortir des rivières et des étangs, qui sont leur séjour ordinaire, et de se porter à d'assez grandes distances, en rampant dans l'herbe ou sur la terre. Ce qui est étonnant, cest que des êtres à peine remarqués de nos jours par les natura- PS ” 524 LIVRE VII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. listes, aient déjà été bien connus des anciens. Théophraste, dans son Traité des poissons qui vivent à sec, dit qu'il existe dans l'Inde certains petits poissons qui sortent des rivières pour quelque temps, et qui y retournent ensuite, et que ces poissons ressemblent à ceux que les Grecs nommaient wiäwos, Cest- à-dire aux muges. On ne pouvait pas désigner plus clairement soit notre anabas, soit surtout les ophicé- phales, qui tous ont la tête grosse et obtuse, le corps oblong et couvert de grandes écailles, comme les muges. Cu CHAP. I. ANABAS. | 32 CHAPITRE PREMIER. Des Anabas ( Anabas, nob.). J'ai nommé ainsi, du verbe évæfaiw (je monte), un petit genre, dont je ne crois pos- séder encore qu'une espèce décrite par Bloch (pl. 322) sous le nom d’anthias testudineus, et reconnue ensuite par Schneider (p. 530) pour identique avec le sennal de Tranquebar ou le perca scandens de Daldorf"', C'est lamphiprion scansor de Schneider*. Cest aussi le lutjan tortue de M. de Lacépède(t. IV, p.192 et 235), et son lutjan grimpeur (b., p.195 et 239); eax ce naturaliste n'a presque jamais pris le soin de rapprocher les descriptions des différens auteurs, pour en faire ressortir l'identité ; il aimait mieux inscrire une espèce de plus dans son ouvrage que de la discuter. Plus tard M. Hamilton Buchanan (P- 98) a décrit ce poisson sous le nom de cotus cobo- jtus, et en a donné une bonne figure (pl 13, fig. 38); mais il n’en est pas question dans Russel, et je ne trouve dans Renard ni dans Valentyn rien que l'on puisse y rapporter. 1. Trans. Soc. linn. Lond., t. UX, p. 62. 2. Bloch, Syst., p. 204 et 570. 326 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Ce genre se reconnaît à des caractères exté- rieurs et intérieurs très-sensibles, et aussi fa- ciles à exprimer qu'à saisir. Le plus apparent, c'est que par une disposition toute contraire à celle qui a lieu communément, les bords de son opercule, de son subopercule et de son interopercule sont dentelés, tandis que celui du préopercule ne l'est pas, et que même cette pièce na point de limbe distinct. . La tête de ces anabas est ronde et large, leur museau très-court, obtus, plus ou moins dé- primé, a l'œil très-près de son extrémité. Leur bouche est petite, fendue en travers au bout du museau; quand elle se ferme, le maxillaire, qui, ainsi que l'intermaxillaire, est petit et étroit, se retire sous le premier sous-orbitaire, dont le bord inférieur est dentelé. D’autres sous- orbitaires, larges et plats, couvrent entièrement la joue et la tempe, de manière à ne laisser paraître le préopercule que par un bord étroit. De fortes écailles revêtent toutes les parties de leur tête, et même la partie qui réunit les deux membranes branchiostèses entre les branches de la mâchoire inférieure. Celles du dessus du crane forment des plaques polygones plutôt que de vraies écailles imbriquées. Des pores réguliers sont creusés sur la tête et la mâchoire inférieure. CHAP. I. ANADAS. 327 Des dents en velours occupent une bande étroite à chaque mâchoire; les externes sont un peu plus fortes, surtout en avant de l'in- férieure. On en voit une petite rangée trans- versale en avant du vomer : il ny en a pas aux palatins; mais par une singularité remar- quable, et dont je ne connais pas d'autre exemple , il y en a un groupe appartenant encore au vomer, mais situé tout-à-fait sous l'arrière du crâne, entre les troisièmes pharyn- glens supérieurs, qui eux-mêmes en ont de coniques, serrées et assez grosses: Ce sont les deux autres pharyngiens supérieurs qui cons- tituent l'appareil en forme de labyrinthe; les inférieurs sont grands, et armés aussi de beau- coup de dents coniques. Ces poissons ont six rayons à la membrane branchiale; leur corps est oblong, comprimé du milieu et de l'arrière; leur dorsale et leur anale sont à peu près partout d'une hauteur égale et peu considérable, et les rayons épineux y dominent dans une grande proportion. Leur ligne latérale, d'abord plus voisine du dos, arrivée vers le tiers postérieur, s'interrompt pour recommencer un peu plus bas, et régner sur le milieu de la hauteur de la queue. La caudale est arrondie. Des écailles fortes et as- sez grandes couvrent le corps comme la tête, 398 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. et il s'en étend quelques petites sur les bases des parties molles de la dorsale et de l'anale, ainsi que sur la caudale. Leur foie est médiocre, leur estomac petit ; leurs appendices sont peu nombreuses; leur vessie natatoire est peu épaisse, et, par une disposition que nous avons déjà remarquée dans beaucoup de sparoïdes, de ménides et ‘de squammipennes, elle est fourchue en ar- rière, et enfonce ses branches dans deux sinus des côtés de la queue. Parmi leurs caractères intérieurs, le plus extraordinaire consiste dans les appendices de leurs branchies. Leurs pharyngiens inférieurs et les supé- rieurs postérieurs, comme nous l'avons dit, ont la forme ordinaire, et sont garnis de dents en petits pavés où en cônes obius; mais Îles deux autres pharyngiens supérieurs de cha- que côté se dilatent en lames minces, re- pliées diverses fois, et forment ainsi une masse légère plus ou moins compliquée, que l'on ne peut mieux comparer quà un chou frisé, ou qu'à certaines espèces d’escares ou de mil- lépores lamelleux; des vaisseaux considérables rampent sur toutes ces lames. Mais je n'ai pu décider, d'après les individus mal conservés qu'il m'a été permis de disséquer, s'ils viennent … CHAP. I. ANABAS. 529 de l'artère branchiale ou de l'artère dorsale; cependant cest la première origine qui me paraît le plus vraisemblable. Cest pour loger ces productions singulières que la tête est dilatée en largeur. Le crâne, pour le même objet, a en dessus une crête verticale, qui augmente en hauteur l'espèce de voute laté- rale où les masses foliacées sont recues. Cette voûte est couverte à l'extérieur par une partie des os du crâne et par les pièces operculaires, et, quand on soulève l'opercule, on voit encore une membrane tendue de lopercule à los scapulaire, qui empêche que la masse foliacée ne communique avec le dehors, si ce n’est par un orifice assez étroit qui lui est commun avec les branchies. Entre la membrane et l'os de l'épaule est un sinus assez profond, mais aveugle, et qui ne donne point dans la cavité intérieure où est la masse foliacée. Il y a enfin une bride charnue et membraneuse, qui forme le bord postérieur latéral du palais, et se fixe d’une part à la crête inférieure du crâne et de l'autre à l’opercule; elle rétrécit du côté de la bouche l'entrée de la cavité qui recèle les appendices. On comprend que ce labyrinthe lamelleux, si étroitement enfermé, et qui, chaque fois que le poisson ouvre la bouche, recoit de l'eau 530 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LAPYRINTHIFORMES. comme les branchies, doit retenir cette eau entre ses feuillets, et que l'anabas mis à sec peut, au moyen de cette eau, conservée en quelque sorte comme celle que le dromadaire garde dans l'appendice foliacée de sa panse, humecter encore pendant long-temps ses branchies. Cest ce qui fait qu'il peut vivre des heures et peut-être des jours entiers hors de Teau, et ce qui a donné lieu de lui attribuer une faculié assurément bien rare dans la classe à laquelle il appartient. En effet, ces poissons, déjà si remarquables par leur organisation, ont obtenu une célé- brité pricialiène dun habitude que deux observateurs danois, résidans l'un et l'autre à Tranquebar, M. de Daidorf et M. John, assu- rent avoir vu pratiquer à l'espèce commune dans ce canton : celle de grimper sur les arbres et de vivre dans l'eau qui s'amasse entre leurs feuilles. M. de Daldorf, lieutenant au service de la Compagnie danoise des Indes, dans un mémoire imprimé en 1797, parmi ceux de la Société linnéenne de Londres (t. IE, p.62), aflirme avoir pris un de ces poissons de ses propres mains, en Novembre 1791, dans une fente de l'écorce d’un palmier de l'espèce du borassus flabelliformis, qui croiïssait près d'un étang. Le poisson était à cinq pieds’ au-dessus | CHAP. I. ANABAS. 531 de l'eau, et s'efforcait de monter encore; à cet effet il se retenait à l'écorce par les épines de ses opercules, fléchissait sa queue, s'accrochait par les épines de son anale, et, détachant alors sa tête, s'élevait ainsi et se fixait de nouveau pour recommencer le même mouvement. Cest par des mouvemens pareils que ce poisson se promène sur la terre. John fait un récit sem- blable dans une note publiée dans le Bloch de Schneider (p. 295). Cest, dit:il , un poisson qui se tient d'ordinaire dans la vase des étangs, qui rampe à sec pendant plusieurs heures, au moyen des inflexions de son corps, et qui, par le secours de ses opercules dentelés en scie et des épines de ses nageoires, grimpe sur les palmiers voisins des étangs, le long desquels ruisselle l’eau que les pluies ont accumulée à leur cime; aussi le nomme-t-on en tamoule pannet-eri , Ce qui signifie montant aux ar- bres, grimpeur des sh Cependant des observateurs non moins res- pectables ne font aucune mention d'un fait si extraordinaire. M. Reinwardt, qui a souvent pris l'anabas à Java, n'a point entendu dire qu'on lui attribuât rien de semblable. M. Les- chenault, qui nous a envoyé plusieurs de ces poissons de Pondichéry, sous ce même nom tamoule ou malabare de pané-éré, se borne 332 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LAPYRINTHIFORMES. à dire qu'ils habitent les rivières et les étangs d'eau douce. M. Hamilton Buchanan, dans son Histoire des poissons du Gange (p. 99), va plus loin, et peut-être trop loin. Non-seu- lement il nie le fait, mais il le regarde comme contraire à tout l'ordre de la nature, et suppose que l'observation de Daldorf, dont le témoi- gnage seul lui était connu, était due à quelque circonstance accidentelle dont ce naturaliste n'avait pas su se rendre compte. Un point du moins sur lequel tous les ob- servateurs s'accordent, et qui s'explique par la conformation particulière des pharyngiens de ce poisson, Cest que c'est un de ceux qui vivent le plus long-temps hors de l'eau : il rampe à terre pendant des heures entières; les pêcheurs le tiennent cinq ou six jours dans un vase à sec; on en apporte ainsi en vie, au marché de Calcutta, des grands marais du district de Yazor, dont la distance est de plus de cent cinquante milles. Comme on en ren- contre quelquefois à d'assez grandes distances des eaux, le peuple les croit tombés du ciel, et il a la même opinion, et par la même rai- son, de quelques autres poissons qui jouissent de la même propriété que lanabas, et qui la doivent à la même structure, notamment des ophicéphales. Les charlatans et jongleurs, dont CHAP. I. ANABAS. 333 l'Inde abonde, ont généralement de ces pois- sons avec eux dans des vases, pour amuser la populace de leurs mouvemens. On attribue aussi à l'anabas des vertus mé- dicales : les fenymes croient quil augmente leur lait, et les hommes quil excite leurs forces, ce qui en multiplie l'usage, bien qu'il soit petit et abonde en arêtes. L'ANABAS SENNAL. (Anabas scandens, nob.; Perca scandens, Dald.; Anthias testudineus, B].) L'espèce sur laquelle toutes ces observa- tions ont été faites, le sennal de Tranquebar, le pané-éré de Coromandel, le coi du Ben- gale, se distingue tout de suite entre tous les poissons par les dentelures ou plutôt par les nombreuses petites épines pointues qui découpent tout le bord de son opercule et de son sous-opercule. Son corps est d’une forme oblongue; sa hauteur n’est qu'un peu plus de trois fois dans sa longueur. La longueur de sa tête est encore un peu moindre ‘ que sa hauteur, et elle est d’un üers plus haute que large; mais le corps diminue d'épaisseur : il est mème assez comprimé en arrière. Le dessus de sa tête a des écailles polygones ou rhomboidales non imbriquées et plus petites que celles du corps. Des pores y sont 33% LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. disposés sur plusignts rangées : une de cinq, en tra- vers sur le crâne, du bord postérieur d’un orbite à l'autre; une de deux, sur le front, entre les orbites, et une autre aussi de deux. L'ouverture supérieure de là narine est un peu au-dessus de lorbite, tout près de son bord en avant ; l'inférfêure est plus avant, au-dessus du sous-orbitaire; elle est plus grande et garnie d’un peut lobe charnu. Le maxillaire et l'in- termaxillaire sont tous deux fort étroits ; le sous- orbitaire l’est aussi. Ses dentelures antérieures sont plus fortes que les autres, et se dirigent en avant’; les suivantes sont très-fines. Le préopercule est à peu près rectangulaire, sans dentelures. L’opercule est denu-circulaire, Des dentelures pointues garnissent tout son bord, et celles du nulieu forment deux groupes plus saillans que le reste, entre lesquels n’en sont que de fort petites, qui manquent même quel- quefois. Celles du subopercule sont plus égales, et se prolongent davantage en sillons sur la surface de la pièce, qui est beaucoup plus mobile qu’à l'ordinaire, et doit être d’un grand usage au poisson, soit pour grimper, soit pour se défendre. L'interopercule n’a que de petites dentelures à sa moitié postérieure. Il y a des écailles sur toutes ces parues ; 1l y'en a aussi sur la mâchoire inférieure, où lon voit de plus trois pores de chaque côté. La série s’en con- ünue par deux ou trois autres sur le bord inférieur du préopercule, et il y en a deux où trois de plus à à son bord montant. Les membranes branchiales, petites et serrées, n'ont chacune que six rayons cachés sous le sub- CHAP, I. ANABAS. 33 opercule, et dont l'inférieur est si mince que l’on a peine à le reconnaitre : elles s'unissent sous la gorge par une membrane garnie d’écailles. Cette espèce est de toute la famille celle où les appendices lamelleux des branchies sont le plus compliqués; ils forment de chaque côté un vrai labyrinthe, et comme une fraise à replis mulupliés en plusieurs sens. Une ligne tirée en quelque sens que ce soit couperait dix ou douze des lames sail- lantes et des sillons qui les séparent. Le surscapulaire est petit et ne se manifeste que par deux ou trois dentelures; mais on n’en voit point aux autres os de l’épaule. La base des pectorales est écailleuse sur un espace demi-circulaire. Du reste, ces nageoires sont médiocres et obtuses : on y compte quinze rayons. Les ventrales naissent un peu plus à l'arrière qu’elles ; mais cette différence est à peine sensible : elles sont un peu plus courtes. La dorsale | a seize ou dix-sept épines à peu près égales, si ce n’est la première, qui est irès-courte; toutes peuvent se cacher entre les écailles du dos. Sa parue molle ne fait pas le quart de la longueur de sa parue épi- neuse ; elle donne une saillie arrondie en arrière, et compte neuf rayons, dont le dernier est fort petit ; de petites écailles montent entre leurs bases. L’anale, semblable à la dorsale par la saillie arrondie-de sa partie molle, mais qui va un peu plus vers l'arrière, a dix du onze épines et dix rayons mous. Ses épines se cachent aussi entre les écailles du ventre. L'espace nu derrière ces deux nageoires est court, et sa hau- teur est double de sa longueur. La caudale est arron- 336 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. die, eta seize rayons (en nombre pair, ce qui est rare). Sa longueur est près de cinq fois dans la longueur totale, Des petites écailles s'étendent entre ses rayons sur plus de moitié de sa surface. D. 17 ou 16/9; A. 10 ou 11/10; C. 16; P. 15; V. 155. Les écailles du corps sont dures, grandes et placées très-r égulièrement : il n’y en à que trente environ sur une ligne long gitudinale, et douze ou treize sur une ligne tal elles sont aussi larges que longues. Leur parte extérieure est ciliée et poinullée. Les poin- üllures du bord sont moins marquées que celles du disque, et forment ainsi une bordure plus lisse. Leur partie cachée est coupée carrément, avec un éventail de dix-huit ou vingt rayons, ahélircféé davantage, et sans crénelures Mobile A une forte loupe les rayons paraissent eux-mêmes striés en travers. La ligne latérale se marque par deux lignes four- chues sur chaque éculle, dirigées l’une en avant, Vautre en arrière : elle s’'interrompt sous la seizième, épine, et recommence vis-à-vis du même point, mais “deux écailles plus près du ventre; elle ne s'étend pas sur la caudale. Dans la liqueur ce poisson parait d’un brun assez foncé, et a seulement le dessous de la gorge et la poitrine d'un gris blanchâtre. Une ligne noirûtre, partant de la commissure des mâchoires, se dirige en arrière vers l'angle du préopercule, entre deux! lignes blanchâtres , venant la supérieure du sous- orbitaire, l'inférieure de la mâchoire inférieure. Le bord membraneux de l’opercule, entre ses deux plus CHAP. I. ANABAS. 3357 fortes épines, forme une tache ronde et d’un noir profond. Les nageoires sont brunes comme le reste. On voit une tache blanchître derrière la base de chacune des épines de la dorsale et de l'anale. M. Leschenault dit que dans l’état frais le brun est d’un noir bleuûtre. | Mais dans un dessin fait à Java sous les yeux de MM. Kubhl et{ Van Hasselt, le corps est d’un vert très-foncé. Le museau et le ventre sont blanchätres, la dorsale et l’anale violâtres, les pectorales et les ventrales roussàtres; la caudale verte. Malgré cette x à les couleurs, 1l n'y en à aucune dans les formes. | M. Leschenault ajoute que l'espèce parvient à une longueur de dix pouces. Selon M. Buchanan, elle passe rarement six pou- ces. Les iris de ses yeux sont rougeûtres. Sa cou- leur, que cet auteur décrit plus en détail, est en dessus d’un vert-brun obscur, en dessous d’un jau- nâtre pâle, avec des bandes plus obscures en travers de chaque côté. La gorge a une légère teinte bleuà- tre. On voit quelquefois une tache irrégulière au bout de l’opercule, et une auire à la fin de la queue. Toutes les nageoires, excepté la partie épineuse de la dorsale, sont un peu rougeûtres; mais dans les marais vaseux le poisson devient presque tout noir. # Ce sont encore là, comme on voit, des différences de teintes qui pourraient indiquer une différence d'espèce , si elles étaient ap- puyées par quelque caractère pris de la forme; 7° 22 338 LIVRE Vill. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. mais des individus du Bengale, comparés à ceux de Pondichéry et de Java, se sont trou- vés sous ce rapport parfaitement semblables. IL est donc probable que les variétés de cou- leurs ne tiennent qu'à la nature des eaux. M. Duvaucel nous ayant adressé plusieurs anabas dans le dernier des envois qu'il nous a faits, il nous a été possible d'ajouter quel- ‘ques détails à l'anatomie de ce genre si re- marquable. L'anabas a le foielpêut, réduit en un seul lobe dans le côté gauche de l'abdomen. La vésicule du fiel est assez grande, placée à la droite de l'œso-x phage. Ce canal est court, et il se dilate en un ? estomac médiocre et arrondi. La branche mon- tante nait auprès du cardia ; elle est courte. On. voit au pylore trois appendices cœcales : deux sont au-dessous de l'estomac, et la plus éloignée du py-=" lore est longue et grosse; l’autre est au contraire petite : en dessus on voit la troisième grêle et lon- gue aussi; mais moins que la première. Le duodénum est large, et l'intestin continue en- suite à se rétrécir insensiblement jusqu’à l'anus, en faisant plusieurs replis sur lui-même, A tout l’intes- ün est attaché un épiploon très-fortement chargé de graisse. La rate est assez grosse; elle est cachée entre les replis de l'intestin. La vessie natatoire de ce poisson est remarquable; elle se compose d'un sac rond, situé à peu près vers le milieu de l'abdomen, donnant naissance à deux CHAP. I. ANAPAS. 339 longues cornes qui se prolongent en arrière dans deux sinus, creusés dans les muscles de la queue le long de l’anale, de chaque côté jusqu’ auprès de la li Le péritoine est mince et argenté. À ce que nous avons déjà du de l’ostéolo- gie de l'anabas', on peut ajouter les observa- tions qui suivent. Le dessous du crâne est remarquable par une crête verticale, qui règne jusque sous l’occiput, et qui ap- partent au sphénoïde, C'est dans cet os que sont implantées en arrière les dents coniques dont nous avons parlé, comme attachées au crâne entre les der- miers pharyngiens. Sur l’occiput est une autre crête verticale, qui soulève les pariétaux et une parue des os voisins, de manière à former une cavité propor- üonnée à l'appareil labyrinthiforme des branchies. L'épine a vingt-six vertèbres, y compris celle qui porte la RAT dix de ces vertèbres appartiennent à l'abdomen, et seize à la queue. Les abdominales ont des côtes doubles et assez fortes. Les apophyses épi- neuses du dos et du dessous de la queue, et les inter- épineux des nageoires correspondantes forment un ensemble compacte. La rangée des côtes inférieures se continue sur les côtés de la queue pour protéger les deux cornes de la vessie natatoire. 1. Le squelette de l’anabas est représenté par M. Rosenthal, planche 14, fig. 2, et les labyrinthes de ses pharyngiens, fig. 3 et 4, mais assez imparfaitement. 340 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Ce poisson habite dans toutes les parues des Indes, et jusque dans les îles de leur ar- chipel. On l'y trouve dans les étangs, les fos- sés, les marais, où il paraît qu'il se nourrit. principalement d'insectes aquatiques. Nous en ayons recu de Célèbes par MM. Quoy et Gaimard, de Java par MM. Kubhl et Van Hasselt, du pays des Birmans par M. Raynaud, du Bengale par le même voyageur et par MM. Duvaucel et Bélenger, de Pondi- chéry par MM. Leschenault et Raynaud, et nous en avons vu des dessins faits à Malaca par le major Farkhar et à Manille par la der- nière expédition russe. Outre les noms que nous avons déjà cités de panné-éré à Coromandel et de coÿ ou coi- mas au Bengale, il porte ceux de nabiema chez les Birmans, de kété-kété à Gélèbes, et d'ikan-beto à Malaca. La figure que M. Buchanan en a donnée est exacte, à quelques négligences près dans les dentelures de l'opercule. Celle de Bloch est défectueuse, en ce qu’elle ne marque ni la partie antérieure de la ligne latérale, ni les petites écailles des nageoires verticales. CHAP, IL. HÉLOSTOMES. 341 CHAPITRE IL Des Hélostomes (Helostoma, K..et V.H.). Ce genre, très-voisin des anabas, a été dé- couvert à Java par M. Kubhl, qui lui a imposé le nom que nous lui conservons, et qui en a envoyé au Cabinet royal’ des Pays-Bas un échantillon unique, mais sans notes sur ses caractères ni sur ses habitudes. IT à voulu pro- bablement exprimer la forme de la bouche, qui a quelque rapport avec un clou enfoncé dans le museau (d'os, clavus), du moins nous ne voyons pas quelle autre étymologie assigner à ce nom. Le caractère le plus appa- rent de ce genre consiste en effet dans une bouche petite, comprimée et protractile, de manière quelle a l'air de sortir et de rentrer sous le sous-orbitaire. Il se distingue en outre parce que ses dents ne sont attachées qu'à ses lèvres, et non aux parties osseuses de sa bouche. C'est d’après cet individu du Cabinet des Pays-Bas que nous avons fait la description suivante et la figure qui l'accompagne. Nous croyons devoir donner à l'espèce le nom de M. Temmink, qui a bien voulu nous en ac- corder la communication. 342 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. L'HérosromE DE TEMMINCK. (Helostoma Temmincki, K. et V. H.) Le corps est comprimé, ovale; sa hauteur n’est que deux fois et deux tuers dans sa longueur, et som épaisseur, à compter des pectorales vers le museau, est trois fois un quart dans sa hauteur; mais plus en arrière elle devient de moiué moindre. La longueur de la tête fait un peu plus du quart -de la hauteur totale. La gorge monte autant que le front descend, en sorte que le bout du museau, où la bouche est fendue en travers, se trouve au milieu de la hauteur : le dessus du museau est arrondi, mais le crâne et la nuque se compriment un peu. La bouche est assez protractile, et se retire dans une espèce de fente ou de cavité transverse, dont le bord supérieur est formé par lethmoïde, les deux nasaux et les deux sous-orbitaires, et l'inférieur par les deux jugaux, qui avancent d’une façon singu- lière pour embrasser la mâchoire inférieure, qui semble enchässée entre eux plutôt qu'articulée sur eux!. Les lèvres sont charnues et transversales. Quand la bouche est très-ouverte, on voit entre elles les branches de la mâchoire inférieure, qui représentent alors deux lames verticales, ce qui offre une appa- rence toute particulière. Il n’y a aucune dent aux mächoires mêmes ni au palais; mais, chose exiraor- dinaire, on en voit une rangée de très-fines le long 1. Ne seraient-ce point les os postérieurs de la mâchoire infé- rieure qui seraient mobiles? CHAP. II. HÉLOSTOMES. 343 du bord de chaque lèvre charnue, et 1l y en a deux ou trois de plus petites encore de chaque côté de la lèvre inférieure, un peu plus en arrière : ces dents se meuvent avec les lèvres et comme les lèvres. Le bord du front est charnu, et se continue avec celui de deux sous-orbitaires, ou plutôt antorbitaires, qui occupent l'espace au - devant de l'orbite et Sy terminent. Ces os ont le bord inférieur finement dentelé ; le maxillaire, qui est fort court, se cache entièrement sous eux. L'œil est placé précisément au milieu de la hauteur de la tête, vis-à-vis la commuissure des lèvres, et à une distance moindre que son diamètre, qui est à peu près le quart de la longueur de la tête. L'ouverture postérieure de la narine est placée au-dessus de la commissure du sous - orbitaire avec le jugal et à la hauteur du des- sus de l'œil : l’antérieure est un peu plus bas et au- dessus de la commissure des lèvres ; elle est garnie d'un très-petit lobe. Les deux interopercules sont très-longs, et se rapprochent sous la gorge de ma- nière à cacher presque la membrane des ouies. La parue postérieure de leur bord a une dentelure, mais Si fine qu'on à peine à l’apercevoir,, et il y en a une semblable à la partie antérieure du bord du subopercule. Le bord postérieur du préopercule est sans dentelure, rectiligne et à peu près verucal, et comme l'inférieur va en descendant en arrière, 1ls font ensemble un angle d'environ cinquante degrés, dont la pointe est arrondie. L’opercule n’a pas d’é- pines ni de dentelures, et sa partie osseuse est coupée en arc de cercle; sa partie membraneuse s'avance un BA LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. peu en angle. Les ouies sont assez fendues, quoique leur membrane soit cachée sous les pièces opercu- laires. On y compte cinq rayons seulement. Aucun des os de l'épaule n’a de dentelure, et lon ne voit point d’écailles particulières dans l’aisselle des nageoires paires. IL y a des écailles sur toutes les parties de la tête, les lèvres et les mâchoires exceptées. Sur le corps il s’en trouve environ quarante-cinq sur une rangée longitudinale au milieu de la hauteur, et vingt- quatre sur une ligne verticale au-dessus des ventrales. * Ces écailles sont placées bien régulièrement ; leur parue visible est demi-circuiaire ; la loupe seule y fait voir les petites lignes courbes et serrées qui la rident, et les petits cils courts qui en garnissent les ) bords. Il se porte de peutes écailles sur les bases et éntré les rayons des nageoires verticales. La ligne latérale marche droit au tiers de la hauteur; vis-à- vis le commencement de la partie molle de la dor- sale elle s'interrompt, et recommence plus bas pour aller en ligne droite sur le milieu de la hauteur jus- qu'a la caudale, sur laquelle cependant elle ne se continue pas. Les pectorales et les ventrales n’ont rien de particulier ; leur grandeur est médiocre. L'anus est très-près des ventrales , et l’anale en con- séquence commence presque dès le tiers antérieur de la longueur. L’anale et la dorsale ont leurs par- ues épineuses assez basses, composées de rayons courts qui peuvent se cacher entre les écailles du corps. Leurs parties molles s'élèvent un peu et saillent un peu en arrière en s’arrondissant; il n’y a presque pas de queue derrière elles et avant la caudale : celle- . CHAP. IT. HÉLOSTOMES. 545 ei est coupée carrément et environ du cinquième de la longueur totale. B. 5; D. 17/15; A. 1518; C. 13; P. 12; V. 1/5. La couleur générale de ce poisson dans la liqueur paraît d’un gris doré, plus foncé sur le dessus du corps, plus clair sur les flancs et le ventre. De chaque côté, à la hauteur de la ligne latérale et plus bas, huit ou neuf lignes brunes, suivant la direction des écailles, s'étendent en ligne droite depuis l'ouverture des ouïies jusqu’à la caudale ; les deux ou trois supérieures se perdent en avant dans le brun du dos, et les deux ou trois inférieures s’effacent en arrière. Toutes les nageoires sont brunes. D'après le dessin fait sur le frais, le fond doit être olivâtre, les raies d’un brun- ohve foncé. La dorsale et l’anale ont des taches bleuàtres dans les intervalles de leurs rayons épi- neux, et 1l y a du noirâtre à leurs parties molles. Le bord de l'iris est rouge. Notre individu est long de six pouces et demi sur deux et un üers de hauteur. La circonstance peut-être la plus singulière de son organisation, c’est que les arceaux qui portent ses branchies ne sont pas armés comme à l’ordi- nare, du côté de la bouche, de dents ou de tuber- cules hérissés, mais qu'ils portent chacun de ce côté une lame ou un repli membraneux saillant; en sorte que le fond de la bouche se trouve ainsi creusé de sillons longitudinaux très-profonds. Chacun de ces feuillets est strié finement en travers, et contient dans son intérieur des vaisseaux parallèles entre eux, et perpendiculaires à larceau, de manière qu'il res- 346 LIVRE VII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. semble lui-même beaucoup à la branchie qui garnit l'extérieur de l’arceau, et qu’un examen fait sur l’ani- mal vivant ou frais sera très-intéressant pour sa- voir si ce poisson n'aurait pas des peignes de bran- chies doubles ; les uns dirigés à l'extérieur, comme dans tous les autres poissons ; les autres, opposés à ceux-là et dirigés vers l’intérieur de la bouche. Il faut dire cependant que le feuillet intérieur n’est, pas divisé profondément comme l'extérieur, et que sa surface est plus continue ; mais elle est encore moins dure. En arrière de cet appareil branchial sont les plaques pharyngiennes armées de dents, mais cachées dans ces replis semblables à des branchies internes. Il n’en est pas de même de l'appareil en forme de labyrinthe, si remarquable dans l’'anabas. Il est fort apparent dans l’helosioma , et formé de même d’un développement et d’une reduplicauon des pharyngiens antérieurs. Bien que moindre que dans l'anabas ordinaire, sa complication est encore assez grande. Cet appareil est logé, comme dans Fanabas, dans une cavité ménagée sous le crâne, au-dessus de la cavité branchüale, et de chaque côté d’une arête ou lame du basilare qui fait sullie vers le bas. Il n'est guère douteux que cet organe ne doive procurer à l'hélostome la même faculté de vivre long-temps sans eau qu'à l'anabas, aux ophicéphales et, à ce qu'il paraît, à tous les poissons qui ont quelque chose d’analogue ou d'équivalent. CHAP. II. HÉLOSTOMES. 547 La cavité abdominale de l’Ael/ostoma s'étend assez loin en arrière de l'anus au-dessus des nombreuses épines de la nageoire anale. A l'ouverture du corps on voit sur le côté gauche le foie divisé en plu- sieurs lobes, et les D phiées en V, qui re- montent et embrassent les lobes du foie dans leurs branches. Du côté droit se montrent les nombreux replis de l'intestin entourés de beaucoup de graisse. Le foie est de grandeur moyenne ; il est rejeté tout-à-fait à gauche; à droite 1l n’y a qu'une simple saillie du lobe gauche, à laquelle est attachée la vésicule du fiel. Le lobe gauche du foie recouvre l'estomac, et 1l est divisé en deux lobules placés lun sur l’autre. Ils sont tous deux triangulaires ; c'est le supérieur qui est le plus grand. La vesicule du fiel est très - grande et remplie d'une bile verte, très-foncée. L'œsophage és d’une longueur médiocre, rond, peu large et très-charnu. L’estomac est petit, situé verticalement ou de haut en bas quand le poisson est horizontal; sa cavité est beaucoup plus peute qu’elle ne le parait, surtout vers le pylore, à cause de la grande épais- seur et de la substance charnue de ses parois. IL se prolonge en une branche assez petite, qui remonte vers le diaphragme, et c’est dans l'anse formée par lœsophage et cette branche de l'estomac qu'est pla- cée la vésicule du fiel. Le pylore est peu disunct, si ce n’est par la pré- sence de deux appendices als courtes, Mais grosses, dont la plus grande est située sous la vé- BAS LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. sicule du fiel, le long de l'estomac ; l'autre, plus courte, longe la face postérieure de l'estomac. L'intestin qui suit le pylore est très-gréle ; il se porte de bas en haut derrière l'estomac, et puis il se contourne sur lui-même un très-grand nombre de fois, de manière à former sur la droite de l’esto- mac un paquet spiral, enveloppé d’épiploons grais- seux. À l’avant- dernier tour le diamètre de l'intestin augmente, et le colon acquiert un diamètre presque égal à celui de l'estomac. Le rectum est plus étroit; 1l descend le long de Vesiomac et de la première portion du duodénum, droit à l'anus, qui se trouve ainsi placé à la hau- teur de l'estomac. | Les laitances sont assez grosses ; la droite est beau- coup plus petite que la gauche : elles sont pliées en V, entre les branches duquel sont tous les intesuns que nous venons de décrire. Les deux branches de la gauche sont égales entre elles; mais la branche supé- rieure de la laitance droite est beaucoup plus pe- üte que l'inférieure. La pointe de l'angle de ces branches remplit une partie du prolongement de la cavité abdomunale. La vessie natatoire est simple, médiocre, à parois assez épaisses, d’un bel éclat d'argent à reflets nacrés. Les reins sont réunis vers leur parue antérieure, et très-volumineux. Le péritoine est blanc. Le squelette de l’hélostome a le crâne lisse ‘et très-bombé entre les yeux. La crête mitoyenne est CHAP. II. HÉLOSTOMES. 349 élevée et épaisse; mais les latérales (deux de chaque côté) sont si petites qu'elles ne simulent plus que deux larges fosses très-peu profondes sur Farrière du crâne. L'éthmoide fait une assez grande saillie à l'extrémité du museau entre les deux os du nez, qui sont ainsi fort écartés l’un de l’autre. Ces os sont larges, arrondis, et éloignés du bord antérieur des orbites par la pièce antérieure, élargie et den- ticulée du sous-orbitaire, de façon que l'extrémité supérieure du museau est formée par un arc large, composé dans le milieu de lethmoïde, et ensuite de l'os du nez et de la pièce antérieure du sous- orbitaire. Cette pièce est d’ailleurs peu épaisse. Les pièces qui suivent et qui ferment l'orbite sont peu larges extérieurement; mais elles s'étendent sous le plancher de l'orbite, et contribuent ainsi à donner dans l’orbite plus d'étendue au plancher, et en avant sous la joue à produire une fosse profonde, dont l'autre bord est formé par le préopercule. Les pièces de la joue sont fortement échancrées sur le bord antérieur, afin de laisser entrer dans cet arc la bran-+ che montante de la mächoire inférieure si élargie. comme nous le décrirons plus bas. L'opercule est mince et arrondi en arrière; 1l reçoit sur le bord, par une articulation écailleuse, l'interopercule, qui est aussi très-mince. Le sub- opercule est plus épais ; il est large et forme un grand arc osseux, qui recouvre et cache entière- ment les rayons branchiostèges et même le corps de l'hyoïde, du moins en arrière. Les intermaxillaires sont très-petits, et leur branche 350 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES, horizontale est presque réduite à un fil; mais les branches montantes sont larges et fortes, quoique très- courtes. Les maxillaires ne sont pas plus longs que les branches horizontales de l’intermaxillaire ; ils sont ronds et forts. La mâchoire inférieure n’est pas très-forte ; elle se bifurque très-peu pour donner arüculatuon à une pièce robuste, que je nomme la branche montante de la mâchoire inférieure : elle a une surface carrée verticale, appliquée sur la joue, et une autre phée à angle droit sur le bord supérieur, ce qui donne ainsi à celte pièce une grande fosse, qui doit recevoir les muscles destinés à porter en avant avec rapidité la mâchoire inférieure. La surface horizontale a en dessus une carène ; son bord externe d’ailleurs est très-tranchant, tandis que le bord inférieur de la surface verticale est épais et arrondi. Le surscapulaire est un os étroit, alongé, courbé en arc, et placé presque en entier au-devant de l'apophyse montante et styloide du scapulaire, Ce scapulaire à un corps triangulaire, aplat, ar üculé avec l'épaule au-dessus de l'angle supérieur et arrondi de l'opercule. Il donne supérieurement lapo physe styloide dont j'ai déja parlé : elle est longue, forte, arrondie, et s’arucule par une surface plane sur l'extrémité de la crête paire moyenne du crâne. Une seconde apophyse styloide arrondie, aussi forte, mais plus courte, va du corps du scapulaire s’arti- culer sur la base de l'occipital, et servir à ce que l'épaule dans ses mouvemens ne puisse pas s’abaisser CHAP. IT. HÉLOSTOMES. 3551 sur la cavité qui recoit l'appareil des branchies supplémentaires. L'huméral est long, fort, arqué et uni fortement au cubital, qui est lui-même plié en gouttière creuse, et qui s’aruculeavec celui du côté opposé, pour for- mer une ceinture solide et épaisse derrière les ouies. Le radial est court; son apophyse styloïde est forte et épaisse. » Le styléal est aussi très- fortement articulé avec l'huméral, sous lequel 1l monte presque jusqu'au scapulaire : son apophyse styloïde est très-forte, arrondie, et s'articule avec l'extrémité postérieure des os du bassin. Ceux-ci sont courts, très-forts et pliés en une gouttüière assez profonde en arrière. Antérieurement une crête osseuse s'élève sur leur surface, et forme ainsi deux goutüères , une latérale extérieure simple, une autre interne, divisée en deux par une lame osseuse longitudinale mince , qui s'élève de la base de la grande crête. Les pharyngiens antérieurs sont alongés, arqués et peu larges ; les deux postérieurs sont plus courts, mais très-élargis. Les organes labyrinthiformes atta- chés aux deux premiers se composent de cinq feuil- lets osseux, creux et placés les uns dans les autres, et protégés supérieurement par une lame osseuse hori- zontale que fournit l'occipital. Les dents pharyn- giennes sont en carde ou même en velours, très-fines. On compte à la colonne vertébrale quatorze ver- tèbres abdominales et seize caudales. Les six pre- mières apophyses épineuses sont élargies, compri- 552 LIVRE VII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. mées et articulées entre elles, de manière à former une lame osseuse élevée sur la colonne vertébrale : / les autres apophyses épineuses sont rondes et grèles. Les interépineux de la dorsale sont lancéolés et ont de chaque côté une crête osseuse assez forte. Les douze premiers interépineux de l’anale sont très- forts et très-étroitement unis entre eux; mais ils ne correspondent à aucune apophyse épineuse des ver- tèbres. Le treizième et le quatorzième rayon épineux seulement sont portés par un interépineux, qui S’ar- ucule avec les apophyses épineuses des premières vertèbres caudales. Les interépineux des rayons mous de l’anale sont plus grêles et plus faibles que ceux des autres rayOns. Il y a quatorze paires de côtes. Les deux premières sont très-courtes ; les autres sont grandes, arquées, assez fortes, et s'appuient sur les interépineux de 'a- nale : elles ont près de leur articulation avec les apophyses transverses des vertèbres chacune une appendice siyloide en forme de côte horizontale, qui n’a pas en longueur le quart de celle de la côte. Les premières apophyses épineuses inférieures des vertèbres caudales ont aussi de semblables appen- ‘ dices.! 4. Cette description de l’ostéologie de lhélostome a été faite à Leyde par M. Valenciennes. CHAP. Ifi. POLYACANTHES. 353 . \ CHAPITRE IIL Des Polyacanthes (Polyacanthus, K. et V'Æ). * 4 Un troisième poisson à branchiés labyrinthi- formes, et très-semblable à lhélostome , a aussi été envoyé de Java au Musée royal des Pays- Bas par MM. Kubhl et Van Hasselt, qui lui avaient donné le nom générique de polya- canthe, à cause du grand nombre des rayons épineux de sa dorsale et de son anale. Nous conservons cette dénomination à un petit genre, dans lequel entre cette espèce, et qui se distingue des hélostomes par ses mächoires armées de dents, de l'anabas par l'absence de dentelures aux opercules, et des colisa par les cinq rayons mous de ses ventrales. Le PoLvACANTHE DE HASSELTr. (Polyacanthus Hasselti, nob.) Sa forme est ovale, moins comprimée qu’à Phélos- tome; mais ses nageoires sont disposées de même, sa bouche également fendue en travers au bout du museau, sa ligne latérale interrompue, son anus très en avant, etc. Il n’a de dentelure à aucune des pièces operculaires. Ses deux peutes machoires sont 7. 23 354 LIVRE VII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. garnies de bandes étroites de dents en velours, et il n’en à point au palais. Sa hauteur est deux fois et demie dans sa lon- gueur. Sa tête y est quatre fois. Son épaisseur au milieu est deux fois .et demie dans sa hauteur. L'œ1l est un peu plus haut que le milieu, très-près de la commissure, des mächoires, et en partie au-dessus. Les ouvertures de la narine sent fort rapprochées. Le sous-orbitaire n’a pas plus de dentelures que les pièces operculaires. Le préopercule a son bord pos- térieur rectiligne, vertical, et son angle arrondi. Des écailles couvrent toutes les parties de la tête (excepté les machoires), même la parte qui unit sous la gorge les membranes branchiostèges. Ces membranes n’ont chacune que quatre rayons bien cachés sous le sub- opercule. On ne voit aucune dentelure aux os de l'épaule. Le corps a trente-deux écailles sur une ligne longitudinale , et dix-huit sur une ligne verticale ; toutes grandes, toutes à peu près aussi longues que larges, finement pointillées et cihiées dans leur par- tie externe, sillonnées de dix-huit ou vingt rayons à l'éventail de leur partie cachée, et sans crénelures à leur bord radical, qui est rectiligne. Les parties molles de leur dorsale et de leur anale sont presque entièrement recouvertes de petites écailles. Le rayon épineux de leurs ventrales est court; mais le premier mou se prolonge en deux filamens, qui ne dépassent cependant que bien peu la pectorale. B. 4; D. 19/11; A. 17/12; C. 16; P. 12; V. 1/5. Ce poisson parait dans la liqueur d’un brun-clair uniforme, et a seulement ses nageoires d’un brun CHAP. III. POLYACANTHES. 35D un peu plus foncé. Une figure faite sur le frais à Batavia, colore le dos, la queue, la partie molle de la dorsale et de l’anale d’un brun violätre, chan- geant en verdûtre; les flancs et le ventre plus clairs et tirant au jaunâtre. Le reste des nageoires est jau- nâtre. Les arceaux inférieurs de ses branchies ne res- semblent point à ceux de l’helostoma, mais sont gar- nis, comme dans la plupart des poissons, de petits tubercules âpres. Ses pharyngiens sont aussi comme à l'ordinaire armés de dents, qui sont en velours un peu rude; mais les pharyngiens supérieurs antérieurs se dilatent en lames qui, pour être plus simples que dans l’Aelostoma, et surtout que dans l'anabas, n'en sont pas moins des organes du même genre; ils con- sistent principalement de chaque côté en deux lames adhérentes lune à l’autre par leur bord interne, obli- quement dirigées de l'arrière à l'avant, et un peu vers le haut; l'inférieure vers l'avant se courbe et se dilate en une espèce de conque dans laquelle adhère une lame plus peute, et il y a aussi une semblable pete lame à l'arrière dans lintervalle des deux grandes, et une autre à l'avant, adhérente à la face interne de la supérieure. L’étendue de cet appareil n’est pas moindre que dans les deux poissons précédens, bien que sa composition soit plus simple. Il est logé de la même manière et dans le même endroit. Le foie de ce polyacanthe est petit, réduit pres- que à un seul lobe, et situé à gauche de l'estomac, qu'il recouvre presque en enter. Sa forme est qua- drilatère. Sa couleur est brune, mêlée de gris. 556 LIVRE vit. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. La vésicule du fiel est très-petite, et cachée entre | le foie et l'estomac. L'œsophage est médiocre et n’a que très-peu de plis. I se dilate pour former l'estomac, qui est petit, situé en travers et de haut en bas dans l'abdomen. Sa partie supérieure est large et tronquée. IL se ter- mine en canal assez étroit, remontant très-peu vers le diaphragme. Ses parois, ainsi que celles de l'œso- phage, sont minces, mais solides. Le pylore est étroit, muni de deux appendices cœcales étroites, situées sur les côtés de l’estomac. Le duodénum est irès-large, beaucoup plus que le rectum et que le reste de l'intestin, qui est très-grèle ; il se porte de bas en haut à droite de l'estomac. Arrivé à la hauteur du cardia, il se plie, descend vers l’anus, et s’enroule ensuite plusieurs fois sur lui-même; alors il se plie de nouveau et se roule en plusieurs tours contraires au précédent, va re- joindre le premier pli du duodénum, et descend droit à l'anus en se dilatant un peu pour marquer le rectum. Les tuniques sont minces et peu solides. Les laitances sont fort peutes; la droite est plus grosse que la gauche, et elle est pliée en V incliné. La vessie natatoire est médiocre; ses parois sont blanches et assez épaisses. IL y avait dans l'estomac des débris d'insectes. Le crâneentre les yeux est aplau. La crête moyenne est courte, mas plus élevée que celle de l’helostoma. La colonne vertébrale a onze vertèbres abdomi- nales et seize caudales. Les trois premiers interépi- neux de l’anale seuls sont libres. CHAP. III. POLYACANTHES. 357 Le PoLyYAcANTHE D'ARIAN-COUPANG. (Polyacanthus cupanus, nob.) M. Raynaud nous a apporté un très-petit polyacanthe de la rivière d’Arian-Coupang à Pondichéry, de forme oblongue, à caudale pointue ; la partie molle de sa dorsale et de son anale aussi aiguisée en pointe; le filet de sa ventrale n’atteignant qu'au cinquième ou sixième rayon de l’anale; son épine et ses autres rayons mous bien prononcés. Il est re- marquable par le peut nombre de ses rayons mous à la dorsale. D. 14/5; A. 19/11; C. 11; P. 12; V. 1/5. Dans la liqueur il parait d’un gris brunâtre, avec une petite tache noire de chaque côté sur la nais- sance de la caudale. Les rayons de la caudale ont de petits points noirs. Sa longueur n’est que de deux pouces sur une hauteur de cinq ou six lignes. Le POLYACANTHE CHINOIS. (Polyacanthus chinensis, nob.; Chætodon chinen- sis, BL.; Chétodon chinois, Lacép.) Le chætodon chinensis de Bloch (pl. 218, fig. 1), dont nous ne pouvons parler que d'après ce naturaliste, me parait offrir, aux ventrales près, tous les caractères génériques des polya- 358 LIVRE VIT. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES, canthes : la même étendue de l’anale, plus con- sidérable que celle de la dorsale; un nombre également très-grand d’épines, etc.; et je ne m'étonnerais pas que ses ventrales, comme il arrive si souvent aux poissons apportés de loin, eussent été mutilées. Ses nombres de rayons sont indiqués comme :1l suit : B. 5; D. 15/9; A. 18/10; C. 16; P. 10; V. 1/5. Sa couleur est argentée, avec huit ou dix bandes brunes qui traversent verticalement toute la hauteur du corps, et dont les deux ou trois antérieures se bifurquent vers le bas. Une tache noire, entourée de blanc, occupe l'opercule. Deux bandes noires vont | de l'orbite vers la tempe, et ces traits, que nous retrouverons dans les macropodes, ajoutent encore aux rapports de ce poisson avec toute cette famille. CHAP. IV. COLISA, 359 CHAPITRE IV. Des Colisa (Colisa, nob.). Les deux jeunes naturalistes aux travaux de qui est due la connaissance du polyacanthe, nayant envoyé aucune note sur ses mŒurs, ni sur le séjour quil habite, et ayant gardé le même silence à l'égard de leur hélostome, nous sommes réduits à conjecturer qu'avec une conformation de branchies si semblable à celle de l’anabas, ces deux espèces doivent avoir à peu près les mêmes habitudes ; mais celte conjecture est singulièrement renforcée par ce que nous apprend M. Buchanan sur plusieurs poissons du Bengale, qui sont tous évidemment de la même famille, qui tiennent même de très-près aux polyacanthes, ayant des organes pharyngiens très-semblables, la même forme, les mêmes dispositions de nageoires, et jusqu'aux mêmes nombres de rayons ou à peu près, et n’en diffèrent que par leurs ven- trales, réduites à un seul filet très-alongé. Ce sont les espèces que ce savant ichtyologiste a cru devoir considérer comme des trichopodes, à cause de ce filet prolongé de leurs ventrales, mais dont le trichopode primitif de M. de 360 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Lacépède, ou labrus trichopterus de Pallas, diffère beaucoup par la brièveté de sa dor- sale et par la longueur encore plus considé- rable de son anale, quoique d’ailleurs il ap- partienne aussi à cette famille, comme nous le verrons à son article. Or, tous ces poissons habitent dans les étangs, les marais et les fos- sés des pays qu'arrose le Grange; et, sans être “en grand nombre nulle part, ils sy trouvent à peu près partout. Quoique agréables au goût, leur petitesse empêche qu'ils n'aient de lim- portance comme aliment. Il n'est pas douteux pour moi qu'ils ne puissent vivre à sec, comme tous les autres poissons qui ont aux branchies un appareil semblable au leur. « Leur corps, dit M. Hamilton Buchanan, « est oblong, élevé, comprimé verticalement, « rude au toucher, opaque, agréablement va- « rié en couleur; leur tête petite, ovale, cou- « verte d'écailles jusque sous la gorge, et « quelques-uns de ses os dentelés; leur « bouche petite, haut placée, protractile; les « dents manquent, ou sont très-petites; les « yeux sont placés haut et en avant; les «.Opercules sont couverts d'écailles ; le dos « et le ventre sont à peu près également ar- 1. Poissons du Gange, p. 115 et 116. | « « « <« CHAP. IV. COLISA. 561 qués, et cest vers le milieu qu'il y a le plus de hauteur : l'anus est bien avant le milieu; toutes les écailles ont leurs bords ciliés; la dorsale s'étend depuis le dessus des ouïes jusqu'à la caudale, et s'élève graduellement à compter depuis sa première épine; la par- tie épineuse est plus longue; la molle plas élevée. L'anale lui ressemble. par la struc- ture, et s'étend au moins sur la moitié de Ja queue. Les pectorales sont petites et en éventail; les ventrales n'ont point de mem- brane, et consistent en un rayon mou, long comme un filet, qui s'étend au moins jusqu'à la base de l'anale. ” Î! compte trois à quatre rayons branchiaux; mais nous pensons que le nombre cinq est le véritable. Lui-même convient qu'ils sont telle- ment cachés sous l'opercule, qu'on a peine à les voir. Au Bengale on comprend tous ces poissons sous le nom de coksa, qui est cependant plus particulièrement celui de la première espèce. Nous le conservons au genre tel que nous ve- nons de l’établir. 362 LIVRE VIT. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Le CoLiSA VULGAIRE. (Colisa vulgaris, nob.; Trichopodus colisa, Buch.) Cette première espèce, ou le colisa pro- prement dit, a quelquefois jusqu'a cinq pouces de longueur. Sa caudale est en éventail; sa dorsale s’arrondit en ar- rière. Les denis des mâchoires sont très-petites; 1l ‘ mena point au palais : à peine peut-on voir sa langue. Le bord inférieur de son sous-orbitaire est dentelé; il y a aussi une dentelure, mais encore plus fine, vers l'angle de son préopercule. Son opercule finit en angle, La ligne latérale s’interrompt vis-à-vis la der- nière épine dorsale, et recommence plus bas. Le filet des ventrales atteint jusqu’à la naissance de la caudale. 5 age 8 M ac CA 8 gt LÉ à Le dessus de ce poisson est d’un beau vert, et le dessous blanc; quelquefois il est jaunâtre. Des bandes bronzées ou ardoisées descendent obliquement du dos sur les flancs. La dorsale et la caudale sont tachetées de noir, et sur l'arrière de la dorsale il y a quelque mélange de rouge. L’anale est variée de blanc, de vert et de noir, et bordée de rouge. On voit une iache verte sur l'opercule. Les yeux sont rouges. Nous avons recu récemment des échantil- lons d’un colisa pris dans le Gange par M. Raynaud , qui nous paraissent appartenir à cette espèce, et qui nous ont permis d'en com- pléter la description. CHAP. IV. COLISA. 363 Sa hauteur est le tiers de sa longueur, et son épais- seur les deux cinquièmes de sa hauteur. La longueur de sa tête est le quart du total, et à la nuque elle est aussi haute que longue. Le diamètre de l'œil est de plus du quart de la longueur de la tête, et sa dis- tance au bout du museau, quand la bouche est fer- mée, en égale à peine le diamètre; mais la bouche est protracule, et peut s’avancer en un cylindre qui double cette distance. La mâchoire inférieure est fort courte, s’aruicule sous le milieu de l’espace en avant de l'œil. Quand la bouche est fermée, elle remonte en avant de la supérieure. Des dents très-fines gar- nissent le bord de l’une et de l’autre. Le sous-orbitaire antérieur est carré et un peu arrondi dans le bas, où il est finement dentelé. Au- dessus sont'deux ouvertures assez grandes pour la narine, surtout la seconde. Le bord montant du préopercule descend un peu obliquement en arrière; son angle est arrondi et très-finement dentelé. L'oper- cule est arrondi. La dorsale et l’anale finissent en angle en arrière. La caudale est un peu arrondie. La pectorale est ovale et d’un peu moins du quart de la longueur : il n’y a bien sûrement à la ventrale qu'un filet simple et articulé, qui atteint presque au mi- lieu de la caudale, et qui n’a qu’un vestige micros- copique d’épine à sa base. B. 5; D. 1612; A. 17/15; C. 15; P. 12; V. 1. Les écailles sont demi-circulaires; leur base est reculigne et très-finement crénelée par quinze siries à son éventail. Leur parte visible, qui paraît lisse à l'œil, est à la loupe très-finement pointillée et «i- 364 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. liée. La ligne latérale, marquée par une tubulure simple à chaque écalle, éprouve une légère inflexion vers le milieu de sa longueur. Dans la liqueur ce colisa parait d’un vert jaunätre bronzé, avec dix ou douze lignes d’un gris d’acier, placées un peu inégalement, et descendant un peu obliquement en arrière. Les nageoires verticales ont des points noirâtres dans les intervalles de leurs rayons. Nos individus sont longs de trois pouces. Les viscères du colisa vulgaire diffèrent peu de ceux du polyacanthe, excepté en ce qui regarde la vessie aérienne. Elle se prolonge dans le colisa en deux longues cornes dans les muscles de la queue, et chaque corne va en augmentant de diamètre à mesure qu'elle approche de l'extrémité, qui est ar- rondie. Cetie disposition donne une grande capacité à la vessie, dont la porüon contenue dans la cavité abdominale est très-peute. Le foie est :é à droite et à gauche de l’estomac. La vésicule du el est très- grande. L’estomac est peut, et le canal intestinal roulé en spirale. Il n’y a que deux appendices au pylore. Le péritoine est blanc d'argent mat. La co- lonne vertébrale n’a que huit vertèbres abdominales : il y en a dix-sept pour la queue. Les cinq PERTE interépineux de l’anale sont libres. CHAP. IV. COLISA. 565 Le CoLisA BÉJÉI. (Colisa bejeus, nob.; Trichopodus bejeus, Buchan., p. 118.) La seconde espèce, ou le béjé, a aussi le sous-orbitare dentelé, et en général la même forme que la première; ses opercules sont plus arrondis. Sa dorsale et son anale terminent leur partie molle en pointe aiguë. Les filets de ses ventrales vont jusqu'au bout de la caudale : celle-ci est en éventail, mais a le bord échancré au milieu. Il ny a pas proprement de ligne latérale; mais on dirait qu'il y en a plusieurs, parce que les écailles ont cha- cune dans son milieu une légère élévation. 1 D. 17/9; A. 16/17; C. 16; P. 9; V. 1. Ce colisa a le dessus d’un vert obscur, le dessous blanc. Ses flancs sont marqués de barres transverses vertes et couleur de cuivre ou jaunes. La dorsale est verdâtre, tachetée de noir en avant, de rouge vers l'arrière. L’anale, tachetée de la même manière, est de plus bordée de rouge. La caudale est tachetée de noir et de rouge. Les yeux sont couleur d'argent, nuancés de rouge. Au total cette espèce a la plus grande res- semblance avec la précédente. Elle ne passe pas quatre pouces. 366 LIVRE vit. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Le CoLisA COTRA. (Colisa cotra, nob.; Trichopodus cotra, Buchan., p. 110.) La troisième espèce se nomme cotra. Elle ne passe pas deux pouces. Sa tête est aiguë et sans dentelures à ses sous-orbitaires : on ne peut lui apercevoir de dents. Le préopercule est dentelé. On ne voit point de ligne latérale. Sa caudale est en éventail. Le filet de la ventrale finit vis-à-vis la dernière épine du dos. D. 17/8; A. 19/6; C.17;P.9;V.1 + Sur le dos sa couleur est d’un vert bronze; en dessous elle change du cuivré à argenté, et vers la queue elle se teint de pourpre. En travers des flancs sont plusieurs bandes bleues. La dorsale et la caudale ont des taches obscures ; l'anale en a de bleues, et est bordée de rouge. Le CoLisA LALI. (Colisa lalius, nob.; Trichopodus lalius, Buchan., p. 120.) La quatrième espèce, ou le lalius, est la plus belle. Sa taille ne surpasse point celle du cofra. Sa tête est obtuse ; 1l n’y a point de dentelure au sous-orbi- taire n1 de dents sensibles à l'œil. Le préopercule est dentelé : on ne voit point de ligne latérale. La cau- CHAP. IV. COLISA. 367 dale est en éventail ; la ventrale atteint jusqu’au bout de l’anale. D. 16/8; A. 18/15; C. 16; P. 9; V. 1. Elle est verte, avec plusieurs lignes rouges en travers des flancs. Sa poitrine et ses opercules ont l'éclat de l'argent. Ses nageoires verticales sont ta- chetées de rouge vers l'arrière. Le CozisA soTA. (Colisa sota, nob.; Trichopodus sota, Buchan., p. 120.) La cinquième espèce a pour surnom sota. À peine passe-t-elle un pouce et demi. Sa queue a le bord un peu taillé en croissant. Sa tête est aiguë. Ses sous-orbitaires n’ont pas de dentelure; mais il y en a au bord inférieur de son préopercule. Ni les dents ni la ligne latérale ne peuvent s’apercevoir. La ventrale atteint jusqu’au bout de l'anale. D. 188; A. 19/11; C. 16; P. 9; V. 1. Le dessus et l'arrière de son corps sont d’un rouge brun, légèrement marqué de lignes longitudinales brunes ; le dessous et le devant sont de couleur d’ar- gent, avec une teinte bleuâtre : on voit divers points sur le corps. L’anale a le bord postérieur rouge. 368 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Le CoLisA CHUNA. (Colisa chuna, nob.; Trichopodus chuna, Buchan., p. 121.) Enfin, la sixième des espèces de M. Bucha- nan se nomme chuna. Elle n’est pas plus grande que la cinquième, et a comme elle la queue un peu en croissant. Sa tête est pointué, et son préopercule dentelé. Sa ven- trale atteint le bout de la caudale. DATES A TE/TI SC 155 P/9 AV: 1- Le dessus de son corps est d’un vert brun, le des- sous blanc, avec une teinte de pourpre vers la queue. De chaque côté, depuis l'œil jusqu’au bout de la queue, règne une ligne de points noirs et brillans d’un éclat doré. L’anale est bordée de rouge. La cou- leur des yeux est écarlate. Le CoLisA UNICOLOR. (Colisa unicolor, nob.) M. Dussumier a pris dans les étangs salés de Calcutta un petit colisa long d'un pouce et demi, dont la tête est pointue, le ventre arrondi, la portion molle de la dorsale et de l’anale terminée en pointe, la caudale arrondie. Le fil de la ventrale dépasse beau- coup l'anale, et atteint au-delà du milieu de la cau- dale. La ligne latérale est visible jusqu’à la moiué de CHAP. IV. COLISA, 569 la longueur du corps. Son sous-orbitaire est lisse. Ses dents sont excessivement petites. Ses nombres diffèrent de tous les autres. D. 15/6; A. 14/12; C. 15; P. 9; V. 1. Sa couleur parait avoir été verte, rembrunie sur le dos et bronzée sous le ventre. On ne voit aucune trace de bandes ou de points sur le corps ou sur les nageoires. Le CoLIsA RUBANNÉ. (Polyacanthus fasciatus, nob.; Trichogaster fasciatus, BI. Schn.) Le trichogaster fasciatus de Bloch (édit. de Schneider, p.164, et pl. 36), appartient manifestement à ces colisa, et ressemblerait même beaucoup à la première des espèces de M. Buchanan, au colisa vulgaris, si les nom- bres des rayons de sa dorsale n'étaient pas trop différens. ALU ‘ On lui voit sur un fond jaunâtre huit ou dix paires de bandes verticales brunes, rapprochées deux à deux; des nageoires brunes, des filets ventraux qui attein- draient jusqu’au bout de l’anale, une caudale arron- die, et l’auteur lui attribue les nombres des rayONnS sSU1vans : D. 14/8; A 24/8; C. 17: P. 133 V. 1. Mais la figure marque A. 17/12, et elle est plus exacte que le texte; car sur l'original mème de Bloch, que M. Lichtenstein a bien 7 2h 570 LIVRE VIII, PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. voulu nous prêter, nous avons cempté D. 44/9 et À. 16/15. Nous devons faire remarquer ici que cet original est à peine long de dix-huit lignes, et que Bloch, comme il ne lui était que trop ordinaire, en à grossi la figure jus- qu'à lui donner quatre pouces. Il l'avait recu de Franquebar, sans doute. par les soins de son ami John. Le CozisA DE PONDICHÉRY. (Colisa ponticeriana, nob.) Feu M. Sonnerat nous avait rapporté de Pondichéry un de ces colisa, qui ressemble beaucoup au vulgaire et au bejeus, sans cor- respondre, entièrement aux caractères de l'un ni de l'autre. “ Son opercule est rond comme au bejeus , et porte vers le bas une tache noirtre comme au colisa. Des lignes brunes, rapprochées par paires , traversent ébhasuaieat tout son corps sur un fond qui paraît d'un brun-fauve clair; mais 1l faut se souvenir que nous n'indiquons BR que des sente altérées par le desséchement. D. 1842; A. 16/17, ete. Cest au colisa vulgaire qu'on Fa rapporte- rait de préférence sans la forme arrondie de son opercule. Nos individus ne sont longs que de trois CHAP. IV. COLISA. 371 pouces. L'espèce ne doit pas en étre com- muue à Pondichéry, puisque M. Leschenault ne l'y a pas recueillie. Malgré leur mauvaise conservation, ces pois- sons nous ont permis d'observer avec soin la structure de leur ventrale. Nous n'avons pu y apercevoir d’autres rayons mous que le long filet; mais l'épine y existe bien certainement, et, malgré son extrême petitesse, on ne peut la méconnaitre. 372 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. CHAPITRE VY. Des Macropodes (Macropodus, Lac.). A tous ces petits poissons doit en succéder un que M. de Lacépède (t. HE, p. 417,.et pl 16, fig. 1 ) a représenté, et plutôt indiqué que décrit d’après des peintures chinoises, et auquel il a donné le nom générique de mna- cropode. Nous avons appris ses véritables caractères génériques, dont le peintre chinois avait laissé échapper plusieurs, par des poissons entière- ment semblables, sauf la couleur, que M. Diard nous a envoyés de la Cochinchine. Leur appareil surbranchial est à peu près semblable à celui des poliacanthes et des colisa, et ils ont aussi de nombreuses épines à l'anale, qui a la même étendue en longueur; mais leur dorsale prend beaucoup moins d’es- pace sur le dos. Cest un commencement de l'inégalité entre ces deux nageoires, que nous verrons plus forte dans les gourami et sur- tout dans les trichopodes. Leurs ventrales ont cinq rayons complets, et toutes ces nageoires, ainsi que les lobes de la caudale, se prolon- gent en pointes filamenteuses. (PA CHAP. V. MACROPODES. 37 Le MACROPODE VERT-DORÉ. (Macropodus viridi-auratus, Lacép.) La caudale de ce macropode est fourchue, et ses filets, formés surtout par le cmquième rayon de cha- que lobe, lui donnent une longueur qui surpasse la moiué de celle du corps. La dorsale a treize rayons épineux! et six ou sept mous. D'abord très-basse, elle s'élève par degrés jusqu’au filament qui appar- tient à son troisième rayon mou, et qui atteint Jus- qu'au uers de la longueur de la caudale. L'anale a dix- sept ou dix-huit rayons épineux et quinze mous : c’est le dixième qui se prolonge le plus en filet; il dépasse les deux tiers de la caudale. Le premier rayon mou de la ventrale se prolonge jusque sous le milieu de anale. Les pectorales seules ne sont pas très-prolongées. On n'aperçoit pas la ligne latérale. Les dentelures des pièces de la tête existent aux mêmes endroits, c’est- à-dire au bord du sous-orbitaire et au bord infé- rieur du préopercule près de l'angle; mais elles sont si fines qu'on ne les voit aisément que dans le sque- leite. Toutes ces pièces sont couvertes d’écailles, même la joncuon des membranes branchiostèges sous la gorge. La bouche est fendue en travers et protractile. C'est aux mâchoires que les dents sont attachées. Les lèvres ni le palais n’en ont aucunes; elles sont en fin velours. A la loupe cependant on distingue plus de 1. Le peintre chinois n’a point exprimé les épines de la dorsale, ai celles de l’anale; c’est le seul défaut de ses figures. 374 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. force dans le rang extérieur. Il n’y à que quatre rayons aux branchies. B. 4; D. 19/15; A. 17/1; C. 15; P. 10; V. 45. Nos individus dans la liqueur paraissent entière- ment noirätres, ayec des nageoires rougeàtres tache- tées de brun entre les rayons. Ceux que représentent les peintures chinoises sont d'un vert foncé changeant au vert doré. Des bandes .. nuageuses plus vertes traversent leur dos. On voit . sur la joue et l'opercule trois bandes longitudinales, nuageuses et noirätres, et toutes les nageoires sont rouges sans points bruns. IL faudrait avoir vu nos individus de la Cochinchine dans un plus grand état de frai- cheur, pour décider s'ils sont ou non de la même espèce que ceux de la Chine; mais quant à la forme, ils n'offrent aucune diffé- rence. ' Ce poisson ne devient pas très-grand; les nôtres n'ont que de trois à quatre pouces. M. Diard nayant accompagné son envoi de la Cochinchine d'aucune notice, on ignore éntièrement les habitudes de ce macropode. On peut croire cependant qu'il habite l'eau douce, comme les colisa avec lesquels il a * tant de rapports; mais ce nest que par con- jecture que M. de Lacépède dit que les Chi- nois en élèvent l'espèce pour orner les pièces d'eau de leurs jardins. Le recueil de peintures “ CHAP. V. MACROPODES. 375 chinoises qui lui a servi de source, n'ayant aucun texte, na pu lui apprendre cette parti- cularité. Le foie de notre macropode de la Cochinchine est petit, jaune, situé en travers sous un œsophage large, assez long, plissé mtérieurement, qui s’élargite encore pour former lestomac. La forme de ce viscère est celle d’une cornue située verticalement dans l’x- domen. Sa portion rétréctie a ses parois plus épaisses que le reste du sac. Le pylore n’a que deux appen- dices cœcales, mais longues et grosses. L'intesun fait plusieurs plis sur lui-même, et il - se dilate un peu vérs le rectum. Ses parois den exces- sivement minces. , Je n'ai pas vu de vessie natatoire. Le labyrinthe des branchies est un des plus simples de toute Ja famille; il ne consiste qu'en une lamesovale un peu contournée, sur laquelle s’en élève une autre plus peuie, qui dépasse un peu son extrémité antérieure. Son squelette a vingt-sept vertèbres, dont neuf appartiennent à l'abdomen. Ses côtes ont des appen- dices. Le EAU MacroOPODE. (Macropodus venustus, nob.) Des peintures très-soignées, que M. Dus- sumier a fait faire récemment à Canton, nous » offrent un poisson tout semblable à ce macro- pode vert-doré, mais plus grand et encore plus beau. L 37 6 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. Les trois bandes de sa tempe et la tache ronde de son opercule sont d’un beau bleu de ciel. La ta- che est entourée d’un cercle changeant en or et en rouge. Le corps est coloré par de larges bandes al- ternauvement vertes et rouges. La dorsale est verte, et sa longue pointe est rouge; la caudale, dont les pointes se prolongent aussi beaucoup, est entère- ment d’un beau rouge. L’anale, un peu moins longue que la dorsale, est pàle et rougeâtre vers sa pointe. Les pectorales sont d’un gris päle, et les ventrales se prolongent en un fil simple et rouge, comme dans le trichopuère. Les figures représentent € ces poissons longs de six pouces. €HAP. VI. OSPHROMÈNES. 377 # CHAPITRE VI. Des Osphromènes (Osphromenus, Commers.), Et particulierement de l'OsPHROMÈNE GOURAMI. (Osphromenus olfax, Commers.!) Le plus célèbre des poissons que l'on doit rapprocher des polyacanthes et des colisa, c'est lé gourami ou l'osphromène de Commerson. Je ne vois même pas comment on pourrait l'en distinguer autrement que par la brièveté de sa dorsale et la plus grande complication de ses organes subbranchiaux. Commerson, à qui l'on en doit la première description, lui avait donné le nom d'osphro- . mène(non pas osphronème, comme écrit M. de Lacépède, d'coPeonmœ, olfacio), et le surnom d'olfax, parce que cet appareil labyrinthi- forme au-dessus des branchies que le gou- rami a comme tous les poissons de cette fa- mille, lui avait paru ressembler aux lames d’un 1. Osphromenus olfax, Comm. ; Osphronème gourami, Lacép., t IT, p. 117, et pl. 3, fig. 23 Trichopus goramy , Shaw, t. IV, part. 2, p. 388. % 378 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES,. a ethmoïde, et qu'il avait supposé que c'était un organe d'odorat. | Aucune expérience n’a encore confirmé cette conjecture, et il nous semble bien plus naturel de croire que cest un organe supplé- mentaire de respiration, ou plutôt, comme nous l'avons déjà insinué, un réservoir d'eau pour la respiration de ces poissons, quand l'eau extérieure leur manque. Le gourami nest pas moins remarquable par sa taille que par son bon goût; il devient autant et plus grand qu'un turbot, et sa chair est délicieuse. M. Dupetit-Thouars en a sou- vent vu qui pesaient vingt livres, etil y en a de plus grands. Commerson déclare, dans ses manuscrits, n'avoir jamais rien mangé de plus savoureux, ni dans les poissons de mer, ni dans ceux d'eau douce : Mzhil inter pisces tum marinos tum fluvialiles exquisitius un- quam degustavi. I ajoute que les Hollandais de Batavia nourrissent de ces poissons dans de très-grands vases de terre, renouvelant l'eau chaque jour, et leur donnant pour toute nourriture des herbes fluviatiles et particuliè- ‘ rement le pistia natans ; même dans ceux qui vivent en hberté, l'estomac et les longs intes- üns, repliés un grand nombre de fois sur eux-. mêmes, ne contiennent jamais, selon lui, que % CHAP. VI. OSPHROMÈNES. 379 des herbes broyées et serrées en masses. Mais M. Dupetit-Thouars nous assure que les gou- ram ne sont pas toujours si délicats; et à l'isle- de-France, dit-il, dans un vivier sur lequel donnaient des latrines, on les voyait arriver en foule pour dévorer les excrémens à mesure qu'ils tombaient. Commerson croit cette espèce apportée de la Chine à lIsle-de-France. Les habitans de cette île, et surtout l'estimable Céré, l'ont nourrie d'abord dans des viviers, d’où elle s'est échappée dans les rivières, el maintenant elle y est au nombre des poissons qui vivent en liberté; elle y fait lornement des tables les plus délicates. Si l'on‘sen rapportait à Cossigny, ce serait Jui qui aurait transporté le gourami de Bata- via à l'Isle-de-France ; il proposait d'en por- ter aussi au Bengale, où ce serait un aliment bien agréable ajouté à ceux que fournit cette grande province. On a essayé d'en procurer aussi l'espèce à nos colonies d'Amérique. Le capitaine Phili- bert, à qui le Jardin du Roi doit beaucoup d'objets intéressans, et qui a porté à Cayenne plusieurs des végétaux utiles de l'archipel des Indes, y a introduit aussi dés gourami en vie, qui sy multiplieront probablement. Sur cent 580 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. individus qu'il avait pris à lsle-de-France, il n’en perdit que vingt-trois dans la tra- versée ‘; 1] avait même réussi, à son retour, à en amener un vivant, jusqu'à la vue des côtes de France, mais qui périt au moment de dé- barquer. De nouveaux essais seront peut-être plus heureux, et il faudra voir ensuite si ce poisson est en état de supporter notre climat. La chose ne serait pas impossible, sil venait de la Chine comme on le dit; mais il est bien singulier qu'aucun des auteurs qui ont parlé de l'histoire naturelle de cet empire, n'ait fait mention d'une espèce si intéressante. Au reste, il n'en est pas question non plus dans ceux qui ont traité des poissons de archipel des Indes; Renard et Valentyn ne le connaissent pas plus que Russel et Buchanan. Je ne trouve même ce nom de gourami ou goramie dans aucun ouvrage antérieur à Commerson; et je soupconne beaucoup qu'il est corrompu de celui de gouragt, koragi, koravé, que l'on donne dans les Indes aux ophicéphales. Les habitudes du gourami doivent avoir quelque chose de particulier. On assure que la femelle creuse une petite fosse sur le bord 4. M. Moreau de Jonnès mw’assure que c’est sur sa proposition, et d’après un mémoire qu'il présenta dans le temps au ministère de la marine, que cette entreprise fut tentée. CHAP. VI. OSPHROMÈNES. 381 de l'étang ou du réservoir où on la tient, pour y déposer ses œufs. Cest un soin que l'on n'a pas remarqué dans beaucoup de poissons. L'osphromène ou le gourarmi a le corps haut et comprimé. Vu de côté, son contour est oblong; sa hauteur est un peu moins de deux fois et demie dans sa longueur, et son épaisseur un peu moins de quatre fois dans sa hauteur. La longueur de sa tête est près de quatre fois dans sa longueur totale. La courbe du dos descend jusqu'a la nuque, qui est encore aussi haute que la tête est longue. Ensuite le profil descend obliquement en courbe un peu concave; le museau se trouve ainsi un peu aigu. La bouche est protractile; sa fente ne va pas jus- qu'a l'œil; la mächoire inférieure avance un peu plus que l'autre; des dents en fin velours garnis- sent les deux mächoires : le rang extérieur en a quel- ques-unes d’un peu plus longues et plus crochues; il n'y en a point au palais. La langue est lisse; sa pointe n’est pas libre. L’œil est placé de manière que le bord inférieur répond à la hauteur de la commis- sure des lèvres, dont il est éloigné à peu près du quart de la longueur de la tête, qui est aussi à peu près son diamètre; les deux orifices de la narine sont peuts, l’un devant l'autre, près de l'œil vis-à-vis son üers supérieur. Le museau, à compter de l'intervalle des yeux, n’a point d’écailles , non plus que les sous- orbitaires et les mächoires, si ce n’est un peu à la base de l’inférieure; mais 1l y a des écailles sur tout le reste de la tête et sous la gorge, à la membrane 3$2 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYPINTHIFORMES. qui unit celles des ouïes. C'est à peine si l’on peut apercevoir la fine dentelure du sous-orbitaire et du bord inférieur du préopercule près de son angle. Cet angle est arrondi; le bord montant est rectiligne; l’opercule est demi-circulaire. On compte six rayons aux ouies, qui s'ouvrent assez bien. Il n’y a rien de particulier aux os de l'épaule ou aux aisselles des nageoires paires. La dorsale ne commence que sur le milieu des pectorates, par des épines d’abord très- basses, qui s'alongent uniformément jusqu’à la qua- . torzème; les rayons mous qui les suivent, au nom- bre de douze, s’alongent encore jusqu'aux cinquième, sixième et sepuème, qui forment un angle saillant à cette parte de la nageoire. Il reste entre elle et la cau- dale un espace nu, du douzième environ de lalongueur totale. L’anale, qui nait aussi en avant que la dorsale, se porte bien plus loin en arrière; car, après avoir formé de sa partie molle une saillie arrondie, elle s’unit à la caudale par un peut reste de membrane. Elle a onze épines et dix-neuf rayons mous, la plu- part longs à proporüon. Ses épines, comme celles de la dorsale, se cachent entre les écailles du dos. La caudale est arrondie ou tronquée, et a seize rayons. Les pectorales sont oblongues et médiocres ; on y compte quatorze rayons. Les venirales na sselt un peu plus en arrière que les pectorales ; leur épine est médiocre; mais leur premier rayon mou, simple et ele conune le dit Commerson, à une antenne d’écrevisse, atteint presque jusqu’au bout de l'anale. Le deuxième n’est pas plus grand que l’épine, et les” trois autres vont en diminuant, Ce poisson a de CHAP. VI. OSPHROMÈNES. 583 grandes écailles; on n’en compte que trente grandes et quelques petites sur une ligne entre l'ouie et la caudale. Sur une ligne verticale au milieu 1l y en a dix-huit. Elles ne se portent pas très-loin sur la base de la caudale, n1 sur celle des parties molles de la dorsale et de lanale. Elles sont arrondies tout au- tour, finement pointllées et cihiées à leur parte ex- terne ; l'éventail de leur partie cachée à environ quiwze stries, et les parties latérales sont striées si finement, qu'une forte loupe peut seule le faire aper- cevoir; la ligne latérale est à peu près au uers de la hauteur, et se continue jusqu’à la caudale sans inter- rupuon ni courbure. B. 6; D. 14/12; A. 11/19; C. 16; P. 14; V. 1/5. L’osphromène, dans la liqueur, paraît d’un brun- doré clair : des reflets semblent y former des lignes verticales plus brunes; les bords des écailles parais- sent aussi plus foncés que leur milieu, et Les nageoires le sont réellement. Commerson, qui la vu frais, dit qu'il a la tête, le dos et toutes les nageoires d’un brun-rougeñtre obs- cur; que les écailles de son front et de son ventre ont le disque argenté et le bord brun, ce qui pro- duit autant de taches ou de mailles rhomboiïdales qu'il y a d'écailles. à . Nous avons maintenant sous les yeux des gourami, les uns rapportés de lisle-de-France par MM. Quoy et Gaimard, ou envoyés du même parage par M. Desjardins; les ‘autres pris à Batavia par M. Raynaud; enfin, un der- 384 LIVRE VIIL. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. nier envoyé de Cayenne par M. Poiteau, et qui est de ceux que le capitaine Philibert y a transportés de l'Isle-de-France. Ils ont tous une tache brune sur la base de la pectorale, et un trait noirâtre allant de l'œil au bout du museau. La plupart offrent des bandes verticales plus brunes et plus claires, au nombre de huit à dix de chaque couleur , et une tache ronde, noirâtre, plus ou moins marquée, se voit sur le côté de la _queue au-dessous de la ligne latérale. Les lames en labyrinthe du gourami sont presque aussi compliquées que celles de l'anabas, et beau- coup plus que dans tous les polyacanthes et autres poissons de la famille, Commerson, en les prenant pour des ethmoïdes, était frappé de leur ressemblance avec les cornets supérieurs du nez de plusieurs qua- drupèdes, qui est en effet très-grand. Leur appareil se compose de quatre lames principales en ar rière, qui en avant se réduisent à deux, et se contournent un peu, et dont l’externe en porte cinq ou six de * transversales, qui vont en diminuant d’avant en ar- rière; mais la vue seule peut donner une idée de ce que ces lames produisent par leurs replis de cellules et d'autres complications. Le foie de ce poisson est de grandeur médiocre, divisé en deux lobes; 1l y adhère une très-grande et irès-longue vésicule du fiel. L’estomac à la forme! d'une cornue; sa membrane est opaque, mais non très-épaisse. Le pylore n’a que deux appendices, : mais assez longues. Le canal intestinal est très-long , … mince, plusieurs fois roulé sur lui-même en spirale. CHAP. VI. OSPHROMÈNES. 383 se dilate un peu dans le dernier quart de sa lon- gueur. La vessie natatoire est simple, argentée, sans grande épaisseur. Le squelette du gourami a douze vertèbres abdo- minales et dix-huit caudales. La crête mitoyenne de son crâne est élevée; celle de son os basilaire, qui descend pour séparer les cavités des labyrinthes, a son angle postérieur divisé en deux. Il y a six inter- épineux avant celui de la première épine dorsale. Les interosseux des sept premières épines anales, de plus en plus longs, se groupent en avant de l'apophyse déscendante de la première vertèbre caudale, apophyse qui est très-forte, Les côtes sont grêles, et n’embrassent pas toute la hauteur de l'abdomen. M. de Lacépède a établi une espèce de trichopode (son trichopode mentonnier ) sur un dessin laissé par Commerson, et qui ne nous parait autre chose qu'une figàre du gou- ram faite de mémoire par M. Céré. Ce dessin ne porte pas d'autre étiquette que gourami; il est sans correction, et mal fimi; et Com- merson, ni dans ses anciens papiers, ni dans ceux que l'on a recouvrés plus récemment, ne fait mention d'aucun poisson qui se rappor- terait à ‘cette image. Nous pensons donc que tous les raisonnemens auxquels elle a donné lieu, et l'espèce que l'on a établie sur elle, malgré l'adoption qu'en a faite Shaw (t. IV, part. 2, p. 391), en la nommant trichopode F 7e 29 EN aM - 386 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. satyre, ne reposent sur aucun fondement réel. Dans tous les cas, d'après la forme de sa dorsale, ce poisson serait un gourami, et non pas un trichopode, et ce pourrait être tout au plus quelque individu monstrueux, comme on en voit si souvent parmi les carpes. Il a été placé dans les osphromènes une autre espèce qui en est encore bien plus éloi- gnée que le gourami à menton ne le serait des nr cest le scarus gallus de Forskal (p- 26, n° 11) ou labrus gallus de Gmelin, dont M. de Lacépède a fait son osphroneme gal, et Shaw son trichopode arabique. Ce poisson, que nous décrirons ailleurs, est une girelle, et même cest à peine s'il diffère de celle que M. de Lacépède nomme labre hébraïque. Ce naturaliste a été induit à en faire un osphro- mène, à cause de ces mots de Forskal : Radius secundus longo filo terminatur; mais cette in- dication n'est faite que comparativement aux espèces voisines, et d'ailleurs tous les autres détails sont absolument ceux d’un labre. Cependant MM. Kuhl et Van Hasselt ont envoyé de Java au Musée royal des Pays-Bas deux osphromènes, qui leur ont paru distincts du gourami. Le premier, qu'ils ont nommé osphromenus notalus, CHAP. VI. OSPHROMÈNES. 387 a une tache noire sur le côté de la queue, au-dessus de la fin de l’anale. Le fond de sa couleur est rouge- brun ; il a le museau plus pointu et le front plus étroit que le gorami. Ses nombres de rayons sont: D. 13/11; A. 10/19; C. 16; P. 11; V. 1/5. L'autre, ou l'osphromenus vittatus de ces naturalistes, a le corps plus alongé, moins haut; le front plus convexe, le museau obtus, la dorsale courte. Il est brun, avec une ou deux bandes longitudinales noires, dont une dans la direction de l'œil. 388 LIVRE VII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. CHAPITRE VIL Des Trichopodes (Trichopus, Lacép.; Trichogaster, BI. Schn.), Et particulierement du TriCHOPODE TRICHOPTÈRE. (Labrus trichopterus, Pall.') Le véritable trichopode, le trichopode tri- choptere de M. de Lacépède, publié dès 1964 par Kælreuter, dans les Nouveaux Commen- _ taires de Pétersbourg (t. IX, p. 452, et pl o, _ fig. 1), sous le nom de sparus, et par Pallas dans ses Spicilegia (8° cahier, p. 45), sous celui de Zabrus trichopterus, n'est ni un la- bre, ni un spare; cest un poisson de la fa- mille dont nous parlons maintenant, et qui ne diffère presque de l'osphromène que par un chanfrein plus convexe et une dorsale moins étendue en longueur. Vu de côté, son corps est plus régulièrement el- hpuque, et 1l est aussi un peu plus comprimé ; sa 1. Trichopode trichoptère, Lacépède, t. IL, p.129; Trichogaster trichopterus, Schn.; Labrus trichopterus, Pall. et Gmel.; Sparus duabus ulrinque maculis, eic., Kœlreuter ; Trichopus Pallasir, Shaw, t. IV, part. 2, p. 392. CHAP. VII. TRICHOPODES. 389 hauteur est deux fois et un tiers dans sa longueur, et son épaisseur quatre fois dans sa hauteur. La cour- bure de son dos descend uniformément en ligne un peu convexe jusqu'au bout du miuseau. Le chan- frein n’est point concave; mais sa longueur est à peu près rectiligne; sa courbure est convexe transversa- lement. Des écailles règnent jusqu'au bout du mu- seau, où est une petite bouche transverse et protrac- üle, dont la mâchoire inférieure avance un peu plus que l'autre. L'œ1l est vis-à-vis la commissure et oc- cupe le deuxième quart de la longueur et le milieu de la hauteur de la tête. Entre lui et la bouche est un sous-orbitaire écailleux et finement dentelé. Les deux orifices de la narine sont percés dans un creux alongé au-dessus de ce sous-orbitaire. Quelques dents wi en velours, à peine visibles à l'œil nu, garnissent les mâchoires. Il y a des écailles sur toutes les parties de la tête. Tout le bord inférieur du préopercule est finement dentelé; l’'opercule a le sien arrondi. Je n'ai pu bien compter les rayons des ouies, mais il n’y en a pas plus de quatre. Ni Pallas ni Kælreuter n’en ont donné le nombre plus exactement; mais Bloch le fixe à quatre. Il n’y a aucune dentelure ni écaille particulière à l'épaule. La ligne latérale se courbe légèrement en NV. Les écailles sont plus petites qu’à l’osphromène, surtout aux côtés de l'abdomen et vers l’anale. On en compte plus de quarante de l’ouïe à la caudale, et au moins vingt-cinq sur une ligne verticale au milieu. De petites écailles couvrent une grande par- tie de l’anale; mais la dorsale n’en a que sur sa base: 300 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. elle ne commence que vis-à-vis l'extrémité des pec- torales ; ses rayons s'élèvent graduellement comme | dans les précédens, et elle finit en angle pointu. On y compte seulement cinq épines et huit rayons mous. L'espace nu entre elle et la caudale est du quart de la longueur totale. Aù contraire, l’anale, qui commence sous la base des pectorales, s'étend jusqu'à la caudale, à laquelle elle touche. Ses épines sont au nombre de onze, que suivent trente-quaire rayons mous; sa fin est aussi anguleuse. La caudale est un peu coupée en croissant. La longue soie articulée que forme le premier rayon mou de la ventrale, s’é- tend jusqu’au bout de la caudale. Les quatre rayons suivans sont au contraire si pelits, que quelques na- turalistes ont cru qu'ils n’existaient pas ; mais c’est une erreur. Quant à l’épine, j'avoue que je n'ai pu l'apercevoir, ou si elle existe, elle ressemble à une petite écaille plutôt qu'a une épine. Les pectorales sont bien un peu pointues, mais non pas en forme de fil, comme les représente Kælreuter. D. 5/8; A. 11/35 ou 36"; C. 16; P. 14; V. 5. Ce poisson demeure petit : on n’en voit guère qui aillent à quatre pouces. Dans l’état sec ou dans la liqueur il paraît did brun-doré clair, avec une tache ronde et noire au 1. Pallas ne donne que quatre épines à l’anale, et il a été copié par Bonnaterre et par Gmelin ; c’est une erreur. 2. Bloch dit : B. 4; D. 7/1; À. 11/33; C. 16; P. 10. Il donne trois soies à chaque ventrale. Aurait-il eu sous les yeux une espèce différente ? CHAP. VII. TRICHOPODES. 391 milieu du flanc sous la pectorale, et une autre de chaque côté de la base de la caudale. La caudale et une partie de la dorsale ont des points bruns entre leurs rayons. L'appareil labyrinthiforme du trichopode est plus simple que celui de l’osphromène, et n’a de chaque côté que trois lames principales. Son estomac, em- brassé entre les lobes de son foie, est en forme de sac obtus ; il n'y a qu'un ou deux cœcums longs et grèles au pylore. Le canal intestinal est mince et plu- sieurs fois roulé sur lui-même en spirale, comme dans la plupart des genres voisins. Bloch rapporte assez légèrement à ce pois- son le pangay ou kapirat de Renard (t. I, _pl:16, fig. 90), ou le kan-marate de Valens tyn (£ IL, p. 506, n.° b12), et avec son éru- dition accoutumée il nous dit que ce dernier nom est japonais, et en conclut que notre tri- chopode est originaire de la mer du Japon. Tout cela est imaginaire; les individus de cette espèce, répandus dans Hu cabinets, vien- nent de Java et des Moluques, et il n'est nul- lement certain que ce soit un poisson de mer. Dans aucun cas ce ne peut être le Aapirat, qui n’a point de caudale distincte, et que plusieurs naturalistes ont pris pour un. notoptère, mal- gré ses longues ventrales. F4 392 LIVRE vIIT. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. CHAPITRE VIIL Des Spirobranches (Spirobranchus, nob. ). Après tous ces poissons plus où moins voi- sins des polyacanthes, nous en placons un petit des rivières du cap de Bonne-Espérance, qui poutrait aussi se rapprocher de lanabas par sa forme et le moindre nombre des rayons de son anale, mais qui, par ses dents palatines, conduit aux ophicéphales, et dont nous nous voyons en conséquence obligés de faire un sous-senre particulier, que nous appelons spt- robranche. Le SPIROBRANCHE DU Car. (Spirobranchus capensis, nob.) Sa forme est oblongue, sa tête épaisse, arrondie, comme dans l’anabas. Son opercule se termine par deux pointes, mais non dentelées, et en général il n’y a de dentelures à aucune des pièces de sa tête; mais elles sont couvertes d’écailles. Sa gueule est presque fendue jusque sous l'œil, et armée de dents . en fines cardes, dont les latérales d’en bas sont assez longues. Il y en a au-devant du vomer et sur une longue rangée à chaque palatin. Trois gros pores marquent chacune des branches de sa mâchoire inférieure, et trois autres le bord inférieur de son CHAP. VIII. SPIROBRANCIHES. 393 préopercule. La membrane branchiostège n’a que quatre rayons. Il n’y a point de dentelure à l'épaule. Les écailles sont grandes à proportion. On n’en compte pas plus de trente sur une ligne longitudi- nale, et sur une ligne verticale il n’y en a pas plus de dix : elles sont demi-circulaires ; c’est leur bord radical qui fait le diamètre. Ses stries ne convergent presque pas : 1l y en a de quinze à dix-huit, et autant de très-fines crénelures. La partie extérieure est légè- rement âpre. La ligne latérale s'interrompt et recom- mence plus bas, comme dans l’anabas; elle se marque par une ligne élevée sur chaque écaille. Les ventrales naissent sous le milieu des pectorales, et ne se pro- longent point en filets. La dorsale commence à l'a- plomb du milieu des pectorales : l’anale commence plus en arrière; mais ces deux nageoires finissent vis-à-vis l’une de l’autre, et laissent derrière elles, jusqu’à la caudale, un espace nu de queue égal au neuvième du total. Leur partie molle est coupée en angle un peu aigu; la caudale l’est carrément. D. 19/8; A. 7/8; C. 16; P. 10; V. 15. Ce peut poisson paraît entièrement brun foncé, avec une légère teinte dorée sur les flancs et sur le ventre; trois lignes noirâtres vont en rayonnant de Poil au bord de son préopercule. Ses nageoires sont brunes. Il ne passe pas trois pouces. Nous le devons à feu Delalande, selon le- quel cette espèce abonde dans toutes les pe- tites rivières du pays des Hottentots; il assure 394 LIVRE VIII. PHARYNGIENS LABYRINTHIFORMES. même que cest presque la seule qui se trouve dans quelques-unes. Les feuilles accessoires des branchies de ce poisson ne méritent pas autant que celles des précédentes le nom de labyrintluformes; car il n'y en a que deux de chaque côté, à peine lésèrement courbées comme une moule, dont celle de la seconde branchie est même beau- ‘coup plus petite que l'autre. Toutefois ces pièces, ainsi que l'ensemble de ses viscères, confirment l'analogie que son extérieur mon- trait déjà avec toute la‘famille dont nous par- lons maintenant. Le foie est à gauche de l'estomac, composé d’un seul lobe triangulaire alongé. Sa couleur est jau- nâtre. L'œsophage est assez large, médiocrement long, plissé longitudinalement , à parois épaisses. Il se dilate pour former un estomac en cul-de-sac, qui donne une branche montante vers le diaphragme le long de l'œsophage. Le pylore est peu marqué extérieurement ; on ne voit aucun étranglement ou renflement qui l'indi- que. 11 y a deux cœcums, qui s'étendent assez loin en arrière de l'estomac. L'intestin fait deux replis avant de se rendre à l'anus. Les vésicules séminales sont mé- diocres. Les reins sont petits, un peu renflés en avant. Il n’y a pas de vessie natatoire. Le péritoine est d’un beau blanc d'argent. Le squelette de ce poisson a neuf vertèbres ab- dominales et seize caudales. APPENDICE AU LIVRE HUITIÈME. Des Ophicéphales (Ophicephalus, BL). S'il était possible d'admettre qu'il existe dans la nature des êtres anomaux, il ny en aurait aucuns que l'on düt à plus juste titre considérer comme tels, que les ophicéphales ; non pas tant à cause de leur tête couverte de plaques rappelant un peu celle des cou- leuvres, qui leur a valu leur nom générique, et qui na rien de plus extraordinaire que celle des muges, qu'à cause de l'analogie sin- gulière qu'ils montrent avec les genres dont nous venons de traiter, les anabas, les hélos- tomes, les polyacanthes, les osphromènes et les trichopodes, et cela dans toutes leurs par- ties, hors un seul point, l'absence totale de rayons épineux dans leurs nageoires, excepté l'épine de leurs ventrales; seul caractère par lequel ils tiennent aux acanthoptérygiens. Ils sont ainsi très-près de rompre cette grande division des poissons osseux en acanthoptéry- giens et malacoptérygiens, qui avait paru jus- que-l ne détruire aucun rapport naturel. 396 APPENDICE AU LIVRE VIII. Théophraste avait déjà eu connaissance de ces poissons singuliers; car c’est bien à eux que doit se rapporter le passage de ce philosophe que nous avons cité, et où il dit quil y a dans les Indes des poissons semblables à des muges, qui passent une partie de leur temps à terre; mais les modernes ne les connaissent que depuis peu. Bloch en a décrit et fait gra- ‘ver deux espèces, qui lui avaient été envoyées de Tranquebar par le missionnaire John; et tout ce qui en a été dit dans les ichtyologies générales, est emprunté de son ouvrage. On Ta même copié dans cette erreur qu'il a com- mise tant de fois, de confondre la langue ma- labare avec la langue malaie. John lui ayant écrit que l'un de ces poissons s'appelle Aaruvez en tamoule, et lautre vral ou varal en ma- labare’, Bloch et ses successeurs ont toujours fait de ce vral ou varal un mot malais, ne se doutant point que malabare est le nom que les Européens donnent communément à la langue de la côte de Coromandel, dont le nom propre est {famoule, et que par consé- quent le malabare et le tamoule ? sont la même 1. Quand on prend les noms étrangers dans un auteur allemand ou hollandais, on doit rendre son w en français par un » simple. IL n’en est pas de même quand on les tire des auteurs anglais. 2. Voyez Adelung , Mithridates. OPHICÉPHALES. 397 langue, mais une langue très-différente du malais, que l'on ne parle point dans la pres- qu'ile en decà du Gange. Depuis Bloch, deux auteurs originaux ont beaucoup étendu nos connaissances sur les ophicéphales. M. Patrice Russel, dans ses Pois- sons de Vizagapatam, en a représenté trois es- pèces, et en a décrit quatre; et M. Hamilton Buchanan, dans son Histoire des poissons du Gange, en a donné jusquà sept, et n'a rien laissé ignorer de leurs habitudes et des usages que l’on en fait aux Indes. MM. Sonnerat, Leschenault, Kuhl, Du- vaucel, Bélenger et Dussumier, hous ont pro- curé des occasions de voir par nous-mêmes plusieurs de ces poissons, et d'ajouter quel- ques espèces à celles que l’on connaissait, ainsi que d'entrer dans de nouveaux détails sur les caractères du genre et sur son organisation. On distingue les ophicéphales des autres poissons à nageoires molles et à ventrales tho- raciques par les écailles, ou plutôt par les plaques polygones qui recouvrent leur crâne et leur front, comme dans les muges et les anabas. Leur corps est assez alongé, peu comprimé de l'arrière, et presque cylindrique de l'avant. Leur tête se déprime plus ou moins et est un - 398 APPENDICE AU LIVRE VIII. peu plus large que le corps. Le museau est très-court, large, obtus. Les yeux s'approchent de son extrémité. Les deux orifices de la na- rine sont assez éloignés; car l’antérieur, garni d’un petit tube charnu, est sous le bord du museau : le postérieur, en forme de simple trou, est tout près de l'œil. La gueule est fen- due en travers, au bout du museau, large, gar- nie aux deux mâchoires, au chevron du vo- mer et aux palatins, de dents en velours ou en cardes, parmi lesquelles il se mêle souvent d'assez fortes canines. Il y a même une plaque de ces dents en velours sous l'arrière du crâne, comme on en voit de coniques dans l'anabas. Les couvercles de leurs ouïes sont convexes latéralement et couverts d'écailles, ainsi que la joue, et il n’y a de dentelures ni d'épines à aucune de leurs pièces, ni aux sous-orbi- taires. Les sous-orbitaires, les mâchoires et la membrane branchiostège sont nus. La langue est lisse, obtuse et assez libre. Les ouïes sont médiocrement fendues, et leur membrane na que cinq rayons. Îl ny a aucune dentelure ni écaille particulière, soit aux os de l'épaule, soit aux nageoires paires. Presque tout le long du dos règne une nageoire d'à peu près égale hauteur, et dont tous les rayons sont articulés et un peu branchus. L'anale correspond aux OPHICÉPHALES. 399 deux derniers tiers de la longueur de cette dorsale, et se compose également de rayons mous. La caudale est arrondie. Les pectorales et les ventrales sont petites et n'ont rien de particulier, si ce n'est que le premier rayon des ventrales paraît simple; ce qui serait le seul vestige d'organisation qui rappellerait les acanthoptérygiens. Toutes leurs écailles sont fortes et granulées; leur ligne latérale ne s’in- terrompt point, et a seulement une légère courbure à son quaït antérieur. Les ophicéphales ont, comme les anabas et les osphromènes, au-dessus de leurs branchies de chaque côté une cavité divisée par des lames saillantes et propres à retenir l'eau ; mais ces lames sont moins compliquées. L’élargissement de la tête est produit par les frontaux principaux et postérieurs, les pa- riétaux et les mastoïdiens, qui savancent pour former de chaque côté du crâne une voûte au-dessus de la cavité qui loge les branchies, et qui est fermée du côté extérieur par l'appa- reil temporal et ptérygoïdien et par les pièces opereulaires. La branche supérieure de larceau de la première branchie ( pleuréal supérieur), est dilatée en une grande lame formée de deux plans joints à angle obtus, et terminée dans le haut en une tige grêle, qui, dans les autres 400 APPENDICE AU LIVRE VIII. poissons, forme un os particulier (le pharyn- gien antérieur): cette tige suspend la première branchie au mastoïdien de ce côté. Une grande lame verticale de la face interne de l'os que j appelle temporal”?, se trouve placée en avant de cette lame de la première branchie, et c'est par les membranes qui joignent l’une à l'autre qu'est formé le sinus, beaucoup plus simple que dans l’anabas, où l’eau peut être retenue. Le pleuréal de la seconde branchie est courbé de manière à ce que son extrémité supérieure va rejoindre le troisième pharyngien, qui lui- même sarticule avec le quatrième, lequel est porté par les deux derniers pleuréaux. Le deuxième pharyngien est long et étroit, sus- pendu sous le deuxième pleuréal, dont il croise la direction; il n’a que de fines dents en velours: les deux derniers, réunis en une seule plaque, portent, au contraire, de grosses dents co- niques et un peu crochues. Ily en a de pareilles sur le bord postérieur des deux pharyngiens inférieurs, dont le reste de la surface n’en a 1. Il est marqué 69 dans les figures VI et VIT, pl. IT, de l’os- téologie de la perche.(t. D) ; et je dois faire remarquer ici que l’on y a donné par mégarde sur la figure VI le même numéro au stylet qui suspend los hyoïde ou stylhyal , au lieu de 29, qu'il doit por- ter, comme sur la figure VI de la planche I. 2. Marqué 23 dans les figures de l’ostéologie de la perche (pl. f, IL et II du tome 1). OPHICÉPHALES, 401 qu'en velours. Les lames ou plutôt les franges, qui forment l'organe branchial proprement dit, sont singulièrement gréles et courtes ; il ny a pas de demi-branchie attachée à l’o- percule. L'estomac est un sac charnu assez long, à fond obtus, à parois intérieures très- plissées. La branche qui conduit au pylore est voisine du cardia. Deux cœcums seulement adhèrent au pylore, mais assez grands. L'in- testin na que deux replis, et est mince. Le foie est divisé en deux lobes, dont le gauche est alongé. Ainsi, les ophicéphales n'ont pas le canal intestinal aussi long et aussi enroulé que les polyacanthes, et surtout que le gourami; mais leurs cœcums sont en même nombre, et l'on peut remarquer que ce nombre est aussi ce- lui de la plupart des muges. | Cette cavité, propre à tenir de l'eau en ré- serve, dont les ophicéphales sont pourvus, leur donne, comme aux anabas, la faculté de vivre long-temps à sec. Non-seulement on peut les transporter au loin; ils sortent eux-mêmes vo- lontairement des marais ou des canaux où ils vivent, pour aller chercher d’autres eaux, et le peuple qui les rencontre ainsi sur la terre, se figure quils sont tombés des nuages. Les jongleurs, dont l'Inde abonde, en ont tou- 7. 26 402 APPENDICE AU LIVRE VIII. jours avec eux pour divertir la populace, et les enfans mêmes samusent des mouvemens qu'ils leur font faire pour ramper sur le sol. Leur vie est si dure, qu'on leur arrache les en- trailles et que l’on en coupe des morceaux sans les tuer d'abord, et sur les marchés l'on en vend ainsi des tranches aux consommateurs; mails aussitôt qu'on en a assez enlevé pour que ‘le poisson ne remue plus, ce qui reste perd beaucoup de son prix.’ La chair des ophicéphales, sans avoir beau- coup de goût, est légère et de facile digestion; cependant les Indiens seuls les mangent : on n'en sert point sur les tables des Européens, peut-être à cause de leur ressemblance avec des reptiles. ? Les espèces de ce genre se ressemblant beau- coup, il n'est pas étonnant que les noms de quelques-unes aient été donnés à d'autres, et quil y ait des confusions à cet égard dans les diverses provinces de l'Inde. Ainsi, d'après John, à Tranquebar une espèce porte le nom de karruvt, et l'autre celui de vral ou de varal. Le premier de ces noms se retrouve dans celui de £oravé ou korévé, que les ophi- céphales portent à Pondichéry selon M. Les- 1. Buchanan, p. 59. — 2, Dussumier, Mém. manuscr. OPHICÉPHALES. À03 chenault, et même en partie dans celui de kora-motta, que Russel donne à l’un de ceux de Vizag gapatain- M. Hamilton Buchanan nous apprend qu'au Bengale on le prononce gorayt, et qu'on le réserve aux jeunes individus d’une espèce dont l'adulte se nomme en bengali lata et en tamoule mota. Le second des noms de Tranquebar, vral ou varal, se retrouve dans celui de sowara, qui est aussi donné par Rus- sel à une de ses espèces. Quant à mota, c'est le même nom que muttah, qui est usité à Vizagapa- tam, mais pour une autre espèce qu'au Bengale. Au reste, il faudrait être beaucoup plus instruit que nous le sommes, des divers lan- gages de lIndostan, pour pouvoir apprécier la signification dé tous ces noms, et même pou distinguer ce qu ils peuvent avoir de générique dsvée ce qui na rapport qu'à des épithètes ou à des qualifications d'espèces. On pourrait diviser les ophicéphales d’après le nombre de leurs rayons dorsaux. Les uns, comme l'ophicephalus punctatus de Bloch, n'en ont que trente et quelques; d’autres, comme son oplucephalus striatus, en ont quarante où davantage; d’autres, enfin, que M. Buchanan a fait connaitre, en ont plus de cinquante. 404 APPENDICE AU LIVRE VII L'OPuICÉPHALE KAROUVÉ. (Ophicephalus punctatus, Bl.1) Parmi les espèces qui n'ont que trente et n Fe - quelques rayons, se trouve la prenuère qui ait été décrite, le karruvei de Tranquebar: que Bloch (pl. 358) a nommé ophicephalus punctatus. Je le crois le même, ou bien peu ‘s'en faut, que le koravé qui nous a été envoyé de Pondichéry, et que le gorayt ou lata du Bengale de M. Buchanan. Cependant, pour mettre les naturalistes à même d’en juger, je décrirai d'abord les in- dividus de Pondichéry et ceux du Bengale que j'ai sous Les yeux, et je leur comparerai en- suite les descriptions de ces deux auteurs. Ce koravé a le corps cylindrique à l'endroit des pectorales; plus en arrière il se comprime latérale- ment; sa tête est un peu déprimée horizontalement et aplatie en dessus. La région operculaire est lé- gèrement bombée. Sa hauteur aux pectorales est six fois dans sa longueur, et il y est un peu plus large que haut; mais vers la queue son épaisseur ne fait que le uers de sa hauteur. La longueur de sa ièle est trois fois et demie dans sa longueur totale; la hauteur de sa tête en arrière fait moitié de sa lon- gueur, et sa largeur a quelque chose de plus. Le con- 1. Ophicéphale harouvéi, Lacép.; Ophicephalus lata, Ham. Buch. ten Res OPHICÉPHALES. 405 tour horizontal de son museau est en demi-cercle ; sa mâchoire inférieure avance un peu plus que la supérieure. La fente de sa bouche descend un peu en arrière, et prend le üers environ de la longueur de la tête. L’œil est au-dessus de la moitié postérieure de cette fente, par conséquent fort près du bout du museau. Son diamètre est du sixième de la longueur de la tête. Le sous-orbitaire est étroit et alongé. Il forme avec les os nasaux et le bout de l’ethmoïde un rebord contre lequel se placent les intermaxillaires dans la rétracuon. Ces derniers os sont gréles et d'égale venue; leur protraction est peu considérable. Le maxillure, très-peu élargi en arrière, se cache entuèrement, quand la bouche se ferme, sous le sous- orbitaire et une des écailles de la joue. La mâchoire inférieure a ses branches presque horizontales. Les denis sont en velours sur une bande à chaque mà- choire, au chevron du vomer et à chaque palatin. Il y a de plus quatre ou cinq fortes canines pointues de chaque côté dela mâchoire inférieure. La langue est lisse, assez libre, épaisse et un peu pointue. L'o- rifice antérieur de la narine est de chaque côté dans une échancrure du rebord dont nous avons parlé, ou en d’autres termes, dans le sillon qui est entre lintermaxillaire d’une part, et le nasal et le sous-or- bitare de lautre ; il est garni d’un petit tentacule charnu. L'autre orifice est tout près du bord anté- rieur et supérieur de lil; le contour du préoper- cule est arrondi; l’opercule se termine en angle assez obtus. Les interopercules dans l’état de repos se rap- prochent l’un de l’autre sous la gorge, plus que les 406 APPENDICE AU LIVRE VIIL branches de la mâchoire inférieure, derrière lesquelles ils sont situés. Les membranes branchiostèges se réunissent sous la gorge et y embrassent Pisthme. Elles ont chacune cinq rayons; en les soulevant un peu, l’on aperçoit la triple valvule formée de chaque côté par une lame osseuse du crâne, par celle qui üentau premier arceau des branchies, et par un repli de la peau du pharynx. Toutes les parties de la tête, les mâchoires et la membrane des ouïes exceptées, sont couvertes d'écailles dures comme celles du corps ; celles du dessus de la iête sont diversement anguleuses, L’épaule n’a aucune armure particulière , tout y est écailleux comme sur le reste du corps. La pectorale, quand on l'étend, est ronde et a seize rayons grèles et articulés. Sa longueur est cinq fois et deux üers dans celle du poisson. Les ventrales, attachées très-près l'une de l’autre, et un peu plus en arrière que les pectorales, sont moins longues d’un quart, en sorte qu'elles ne se portent pas aussi loin. Leur épine est très-gréèle, et n'a que moitié de leur lon- gueur. La dorsale commence à peu près «VIS-à-vis l'insertion des ventrales , et règne jusque tr ès-pr ès de la caudale; l'intervalle entre ces deux nageoires n'étant que di quinzième de la longueur du poisson, et de moitié de la hauteur à son endroit. Les rayons de la dorsale, au nombre de trente-un , et à peu près égaux, sont tous branchus et aruculés. Leur hauteur commune est à peu près de moitié de la hauteur du poisson aux pectorales. L’anale commence sous le uers antérieur de la dorsale, et finit un peu plus tôt qu’elle. On lui compte vingt rayons semblables à OPHICÉPHALES. 407 ceux de la dorsale. La caudale est arrondie et n’a que seize rayons, même en comptant les peuts de sa base. Sa longueur est d’un peu moins du sixième de la longueur totale. B. 5; D. 31; A. 20; C. 16; P. 163; V. 1/5. Les écailles sont fortes et grandes; on n’en compte que quarante de l’ouïe à la eaudale, et treize ou qua- torze sur une ligne verticale. Elles ont un quart de plus en EEE qu’en largeur, sont coupées car- rément en arrière,el en demi-cercle en avant. Deux diagonales les divisent en quatre triangles. Celui qui se voit extérieurement est strié en longueur par des séries un peu convergentes et serrées de points en- foncés. Les latéraux ont de très-fines stries longitu- dinales, qui ne se voient qu’à la loupe. Le postérieur ou l'éventail a aussi des stries longitudinales, mais plus fortes, au nombre de quinze ou seize. La ligne latérale est presque droite; à peine a-t-elle une légère inflexion derrière la pectorale. Sa partie antérieure est au üers de sa hauteur; la postérieure à moitié : elle se marque par une légère élevure longue et étroite sur chaque écaille. Le Æoravé a sur la tête des pores très-marqués; on en voit deux sur le devant du museau, trois un peu en arrière des yeux, trois sur une ligne verticale le long de chaque préopercule, et trois gros sous ie branche de la mâchoire inférieure. C’est un rapport marqué que les ophicéphales offrent avec les anabas. Dans la liqueur sa couleur est sur le dos et les côtés un gris verdâtre, sombre, et en dessous un blanc grisètre. De larges bandes nuageuses noirätres, 408 APPENDICE AU LIVRE VIII. au nombre de huit, descendent obliquement en avant jusqu’à la ligne latérale , et se continuent au-dessous, mais en reculant un peu. Ses nageoires verlicales sont grises, avec des lignes de points noirûtres entre les rayons, et l’anale a de plus un liséré blanc, étroit, produit surtout par les extrémités des rayons. Les pectorales sont grises, les ventrales blanchätres et sans taches. Tel est l'individu que nous avons reçu de Pondi- chéry. Je n’y vois pas de points. Sa longueur est de six pouces. Les individus apportés par M. Raynaud des étangs de Calcutta, semblables d'ailleurs à ce- lui-R , ont les taches du dos et des flancs plus marquées; l’un d'eux a sur chacune des écailles du ventre, et même des côtés, un point ou une peute ligne noi- râtre, ce qui lui en forme cinq ou six séries. On lui voit aussi sur la tempe une bande longitudinale noirâtre nuageuse, et une autre sur la joue. Les ta- ches noires de sa dorsale et de son anale forment des séries plus prononcées; mais les autres indivi- dus, pris en même temps, ont les points du ventre et les bandes de la tête presque effacées, où même en manquent tout-àa-fait. Ils n’ont que vingt-neuf rayons à la dorsale. Un individu un peu plus grand, pris dans l’Iraoua- di, le grand fleuve des Birmans, manque aussi de points, et a trente-deux rayons à la dorsale. M. Bélenger en a pris dans la rivière de OPHICÉPHALES. 409 Mahé qui, s'ils appartiennent à la même es- pèce, y forment au moins une variété pro- noncée. Tout leur dos parait uniformément d'un brun noirâtre, qui s'affublit vers le ventre, sans y former de taches; le ventre même ne montre pas de points. Les nageoires verticales sont brunes, en sorte que les lignes de points noirs y paraissent moins. D. 30; A. 22, etc. On les nomme au Malabar caddel-caddoun. Bloch pourrait avoir vu une variéte assez semblable; il ne lui marque pas de bandes sur le corps, et enlumine son dos et ses flancs d’un noirâtre uniforme; le fond de la couleur des nageoires est brun; mais il sème son ven- tre, ses opercules et les côtés de sa dorsale de petits points noirs; il donne pour nombres de rayons : B. 5; D. 31; A. 23; C. 14; P.16; V. 6. M. Buchanan donne au sien, dans l'âge adulte, des points noirs et des bandes noï- râtres, mais ces dernières dans la partie pos- térieure et jusquà la ligne latérale seulement. Dans le jeune les bandes descenderit au-dessous de la ligne ; mais il n’y a pas de points. Tous les deux ont une bande longitudinale, qui règne depuis l'œil jusques au-dessus de la pectorale. D. 30; A. 20: C. 12; P. 16; V. 6. LI 410 APPENDICE AU LIVRE VIII. Nous trouvons précisément ces nombres à six individus rapportés des étangs de Calcutta par M. Dussumier. Trois d'entre eux, longs de six pouces, ont des bandes sans points, comme l'indique Buchanan : les autres, longs de neuf, ne montrent plus de bandes; mais on ne leur voit pas encore les points qui doivent exister sur les adultes. M. Leschenault dit que l'espèce du karouvé habite en abondance les rivières et les étangs d'eau douce des environs de Pondichéry, quelle parvient à une longueur de dix-huit pouces et qu'elle est bonne à manger. Selon John, cité par Bloch, ce poisson est commun dans les rivières et les lacs de la côte de Coromandel; dans la saison des pluies, tous les étangs, les ruisseaux et les canaux en four- millent. Au mois de Juillet il retourne dans les lacs pour y:frayer. Sa chair passe pour très-saine. M. Buchanan nous apprend qu'au Bengale les jeunes individus seuls s'appellent du nom de gor at, qui est le même que celui de kou- ravei un pêu autrement prononcé; mais que les adultes sy nomment /ata, et qu'en ta- moule ils portent le nom générique de mota. Il ajoute que l'on trouve cette espèce dans les étangs de toutes les parties de l'Inde quil OPHICÉPHALES. AN a parcourues, qu'elle n'excède pas un pied de longueur, et qu’elle passe pour inférieure au solaæ comme aliment. On a vu qu'il y en a des variétés dans les eaux du Malabar et du Pégu, où qu'il sy trouve du moins des espèces infiniment voi- sines. L'OPHICÉPHALE BORDÉ. (Ophicephalus marginatus, n0b.; Ophicephalus gachua, Buchan. ?) Avec l'ophicéphale précédent, et sous ce même nom de koravé, M. Leschenault nous en à envoyé un autre fort semblable, et qu'il est naturel de confondre avec lui, comme il paraît qu'on le fait à Pondichéry. Il a quelques rayons de plus à la dorsale (trente- quatre). Sa tête est plus courte, plus large et plus ar- rondie en avant. Les filamens de ses narines sont plus longs. On ne lui voit guère distinctement de pores que ceux de la mâchoire inférieure, qui sont très- peuts. Toutes ses dents sont fines et sans canines, Sa teinte générale parait un brun roussâtre, un peu plus pâle en dessous. La base de chaque écaille est un peu plus foncée. La dorsale et l’anale sont d’un brun noirtre un peu bleuätre, avec un petit liséré qui parait blanc. La pectorale a à sa base une tache roux-brun, suivie de deux lignes transverses brunes ; le reste de son étendue est gris. Les ventrales sont très-peutes, blanchâtres, teintes de brunâtre. La cau- AE APPENDICE AU LIVRE VIII. dale est brune ou noirâtre, avec des lignes trans- verses plus noires, mal marquées près de sa base ; son bord est blanc ou blanchâtre. D. 34; A. de 21 à 23; P. 14: V.6; C. 12. Nos individus n’ont que cinq à six pouces. MM. Kuhl et Van Hasselt ont trouvé dans les eaux douces de Buytenzorg, près de Batavia, des ophicéphales très-semblables à ce deuxième ‘koraveé, avec les mêmes taches et les mèmes lignes sur la base de la pectorale, mais dont la caudale a huit ou neuf lignes brunes en travers; son bord parait blanc, ainsi que celui de la dorsale et de l'anale. Il y a quelque inégalité ou des apparences de bandes, mais légères, sur le dos. D. 34; À. 22, etc. D'après le dessin colorié qu'ils en ont fait sur le frais, le dos serait verdätre; les flancs et le ventre blanchätres ; la caudale jaunâtre et bordée, ainsi que la dorsale et l’anale, d’un beau rouge aurore. Les individus sont longs de six et sept pouces. Il nous parait que cest cette variété que M. Buchanan a représentée (pl. 21, fig. 21) et décrite (p. 68) sous le nom d'ophicepha- lus gachua, au moins sa description s'en rap- proche-t-elle extrêmement. Cet observateur la caractérise | par environ trente-six rayons à la dorsale, et par des bandes irrégulières et obscures en travers du dos. OPHICÉPHALES. 413 La teinte du dos est d’un brun verdâtre; celle du ventre d’un blanc sale. Les nageoires verucales sont d’un brun verdâtre, bordées de noir et lisérées de blanc, ou à l’anale et à la caudale de rougeâtre ; sur la pectorale sont plusieurs lignes de taches bleuâtres. D. environ 36 ; A. 22; C. 12; P. 15; V. 5 (l’auteur néglige le premier rayon, qui en effet est d’une petitesse excessive). M. Buchanan ajoute que ce gachua arrive quelquefois à un pied de longueur, mais que rarement il excède un empan. Il est très-com- mun dans les étangs et les fossés du Bengale, et cest une des espèces sur lesquelles l'idée qu'elles tombent avec la pluie est le plus ré- pandue parmi le peuple. En effet, dès les pre- mières grosses pluies de la mauvaise saison, on en voit qui rampent dans l'herbe; mais notre naturaliste pense que cette habitude tient seulement à ce que, fatigué de l'eau bour- beuse et corrompue à laquelle il est réduit à la fin de la saison sèche dans les fossés étroits quil habite, les premières pluies qui mouil- lent l'herbe des environs, l’attirent aussitôt hors de ces tristes réceptacles pour chercher une eau pure, de l’espace et une nourriture plus fraîche. AN APPENDICE AU LIVRE VIII. L'OPHICÉPHALE CORA-MOTA. (Ophicephalus cora-mota, nob.) . Ce doit encore être un poisson très-sem- blable, sinon le même, que le kora-motta de Russel (t. IT, p. 49). Il n’est long que de six pouces. Son dos est teint d’un pourpre obscur. Sa poitrine est bleuätre, son abdomen gris sale. La dorsale et anale ont la même . couleur que les parties adjacentes; mais en arrière la dorsale prend un orangé foncé. La pectorale est rayée en travers de noir et de jaune ; les pointes des rayons de la caudale sont marquées de jaune. Selon _ le texte il n'aurait que douze rayons à la pectorale. B. 5; D. 36; A. 23; C. 14; P. 12; V.5. L'OPHICÉPHALE BRUN. (Ophicephalus fuscus, nob.) M. Duvaucel avait encore recueilli au Ben- sale un ophicéphale fort semblable au gachua, à la couleur près, et dont la tête et les joues sont seulement un peu plus renflées. IL est entièrement d’un brun de. 4 foncé, et a trente-cinq ou trente-six rayons à la dor- sale et vingt-deux à lanale. On lui voit des traces de lignes transversales sur la base de la pectorale. On n’aperçoit aucun liséré à ses nageoires. M. Bélenger en a rapporté du même pays de nombreux individus. M. Dussumier en a OPHICÉPHALES. 415 aussi trouvé dans le Maissour. Aucun ne passe six pouces. L'OPHICÉPHALE ORANGÉ. (Ophicephalus aurantiacus, Buchan.) M. Buchanan a un ophicephalus aurantia- cus trouvé dans un ruisseau d'eau pure près de Gayalpara, et que les pêcheurs nommaient aussi gachua. 1 lui attribue trente - quatre rayons dorsaux et une couleur uniformément orangée sur tout le corps. Il doit être extraor- dinairement semblable à notre marginatus de Pondichéry. La figure marque même une tache à la base de la pectorale, comme celle que nous avons décrite. Le squelette de ces ophicéphales à trente et quel- ques rayons dorsaux a soixante Ou soixante et une vertèbres. La cavité abdominale se prolonge en arrière sur l’anale, et entre des espèces de côtes, jusque très- près de la vertèbre dilaiée qui porte la caudale, en sorte quil est difficile de dire où commence la vraie queue dans le squelette. Le dessus de la tête est plat comme dans les muges. Leurs côtes ont des appen : dices. On pourrait les ranger parmi les abdominaux, dans ce sens que Les deux pièces de leur bassin, ou les os qui portent leurs ventrales, ne sont point unies entre elles, n1 immédiatement attachées au cercle des os de l'épaule, mais suspendues dans les chairs. 416 APPENDICE AU LIVRE VIIL L'OPHICÉPHALE TÈTE-DE-BROCHET. (Ophicephalus lucius, K. et V. H.) Un ophicéphale découvert à Java par nos jeunes naturalistes, et nommé par eux ophi- cephalus lucius, se distingue par l'aplaussement un peu concave de son front. Son museau est aussi plus pointu que dans les autres. Les dents sont en fort velours à la mâchoire supé- rieure, et il y en a de grosses coniques et pointues aux palauns et au vomer. La mâchoire inférieure a vers le bout une brosse de dents en velours, et sur le bord interne de l'os une rangée de dents fortes, grosses, coniques et pointues, comme celles des palatins et du vomer. Le nombre de ses rayons dor- saux est un peu supérieur aux précédens. D. 39; À. 27; C. 13; P. 17; V.6. La couleur est d’un gris pâle sous le ventre, et nuagée de brun sur le dos et sur les flancs. Le front est presque noir, avec des points noirs irrégulière- ment distribués ; 1l y en a aussi quelques-uns sur le corps. On voit des lignes brunätres en travers sur la pectorale et sur la caudale; plusieurs bandes obli- ques mal marquées sur la dorsale, et deux longitu- ünales sur l’anale. On aperçoit aussi une ligne brune allant de l'œil au bord du préopercule, et une tache brune sur le haut de l’opercule; mais toutes ces par- tes, plus foncées, sont plus ou moins nuageuses. L'individu qui est au Cabinet de Leyde n'a que neuf pouces de longueur. OPHICÉPHALES. A7 Le Cabinet du Roi en possédait depuis long-temps un de la mer des Indes, que nous avons reconnu pour appartenir à la même es- pèce. Il est long de six pouces seulement. L'OPHICÉPHALE STRIÉ. (Ophicephalus striatus, B1., pl. 359?) Cest parmi les espèces à quarante et quel- ques rayons que se rangent les ophicéphales qui paraissent les plus répandus, et dont nous avons de deux sortes qui, bien qu'un peu dif- férentes par le nombre des rayons, se ressem- blent tellement par les formes et même par l'ensemble des couleurs, que nous hésiterions à les séparer comme espèces. Les premiers ont de quarante à quarante- deux rayons à la dorsale, et les autres quarante- quatre Ou quarante-cinq. Dans les uns et dans les autres là tête est déprimée, arrondie en avant; des pores ou des impressions, quelquefois d'apparence étoilée, se voient en diffé- rens endroits de la tête; deux près du bord antérieur du museau, deux entre les yeux, trois un peu plus en arrière, six formant sur la nuque un demi-cercle convexe en avant. Le long du bord du préopercule il y a-trois groupes de très-petits pores, et l'on en voit autant sous chaque branche de la màchoire inférieure. Les filamens des narines sont beaucoup 7: 27 AS APPENDICE AU LIVRE VIII. plus petits que dans les espèces à trente-quatre ou trente-six rayons. La màchoire inférieure est un peu plus avancée que l’autre. Des dents en cardes gar- nissent toute la mâchoire supérieure, le milieu de l'inférieure, un chevron sur le devant du vomer, et une bande à chaque palatin ; 1l y en a quelques-unes d’un peu plus grandes au milieu du rang de derrière à la mâchoire supérieure, et de celui de devant à l'inférieure. Mais on voit de chaque côté de celle-ci trois, quatre et même cinq fortes canines, qui arment seules cette partie de la mâchoire. Toutes les écailles sont finement chagrinées dans leur partie externe, mais non cihées; elles sont disposées fort régulière- ment : on en compte près de soixante sur une ligne entre l’ouïe et la caudale, et dix-huit ou vingt sur une ligne verticale ou plutôt sur une demi-circonférence. Leur contour est à l'extérieur en demu-cercle dans celles du dos, un peu en ogive dans celles du ventre, élargi et rectiligne à la racine, et un peu plus long que Duc La partie visible a des séries de points enfoncés un peu convergentes. Leur troncature radicale est ! parfaite et sans déuleies mais il y a jusqu’à vingt- cinq stries en éventail, et à la loupe les parties + térales sont striées beaucoup plus finement. D. 40, 41 et 44 ou 45; À. 26 ou 27; C. 14; P. 15; V. 1. Dans la liqueur le dessus du corps parait d'un gris-brun plus ou moins noirâtre ou verdätre, et le dessous d'un blanchâtre un peu rosé; le brun descend jusqu’au-dessous de la ligne latérale, et donne encore à peu près de trois en trois écailles des Jignes irrégulières qui descendent plus bas dans OPHICÉPHALES. 419 le blanc, en se portant obliquement en arrière, et en s’interrompant diversement. Ces productions des- cendantes sont plus ou moins nuageuses dans quel- ques individus; il y a aussi quelquefois sur le brun du dos des bandes transverses plus noïirâtres et mal marquées. La dorsale et anale s'élèvent un peu, en arrière, et se terminent chacune par un angle ar- rondi. Dans certains individus, et cela quel que soit le nombre des rayons, le fond de leur couleur est d'un brun uniforme ; dans d'autres on y voit des lignes brunes obliques dans deux sens opposés : celles de la dorsale se portant en avant en montant, et celles de l’anale en descendant; le fond de la cou- leur de lanale est plus blanc qu'à la dorsale ; la cau- dale est aussi tantôt d’un brun uniforme, tantôt mar- quée de lignes verticales plus brunes; les ventrales sont blanchätres, avec des traces de lignes transver- sales grises ; les pectorales paraissent généralement d'un gris uniforme. Le foie de ces ophicéphales est petit, composé de deux lobes à peu près égaux: celui de gauche est le plus gros, et divisé en deux lobules pointus. L'œ- sophage est court, large, et se rétrécit en un peut estomac conique et pointu, dont l'extrémité n’at- teint pas au üers de la longueur de la cavité abdo- minale. L'intesun est grèle, long, droit, replié deux fois sur lui-même. IL n’y a que deux appendices cœ- cales grêles, celle de droite est du double plus lon- gue que lautre. Les laitances sont longues, cylin- driques, d’un diamètre médiocre, La vessie nataioire est très-grande , quoique d’un 4920 APPENDICE AU LIVRE VIII. diamètre étroit, parce qu’elle se prolonge dans les muscles de la queue au-dessus des rayons de l’anale jusqu auprès de la caudale. Les reins sont longs, grêles et séparés jusqu'à la hauteur de la pointe de l'estomac. Plus en avant 1ls se réunissent en un seul lobe. Leur squelette a de‘ cinquante-trois à cinquante- cinq vertèbres, y compris celle qui est élargie pour porter la caudale. L’anale commence sous la vingt- deuxième; mais ce n’est pas là que se ternuine à beau- « coup près la cavité abdominale. Les vertèbres qui suivent continuent de porter des côtes, une de cha- que côté, et manquent d’ apophyses épineuses infé- rieures, en sorte que la vessie natatoire se porte jusque . sous l’extrémité de la queue. Les douze ou quatorze premières côtes sont plus longues que les autres, arquées, presque horizontales, et munies chacune à leur base d’un appendice : ensuite il en vient de beau- coup plus courtes ; mais sur la plus grande parte de l'anale elles sont gréles, simples, et embrassent les cd- tés de la cavité qui règne dans l'intérieur de la queue. Les quatre dernières vertèbres ont seules des apophyses épineuses inférieures, et la dernière de toutes, celle qui porte la caudale, a son éventail composé de six rayons comprimés , dilatés, et qui demeurent plus disuncts que dans le grand nombre des poissons. Nous avons recu de ces ophicéphales de presque toutes les parties de l'Inde. Des individus à quarante, à quarante-deux rayons dorsaux, nous sont venus de Pondi- chéry par M. Leschenault, et du Malabar par OPHICÉPHALES. 491 M. Bélenger et M. Dussumier. On les trouve dans la rivière de Mahé; mais on dit qu'ils vont aussi à la mer. [ls y portent le nom de caïttchel, qui appartient également aux autres espèces du genre. Les teintes dans le frais en sont décrites comme verdâtres sur le dos, blanches sous le ventre et jaunes aux ventrales. M. Dussumier en a rapporté de fort beaux du Maissour, où ils vivent dans les puits. MM. Qüoy et Gaimard en ont eu du lac d’eau douce de Tondano, dans File de Célèbes, situé à deux mille pieds au-dessus du niveau de la mer, et qui est séparé des parties infe- rieures des rivières par une cascade de quatre- vingts pieds de hauteur. D'après la figure qu'ils en ont faite sur le frais, le dos est noirâtre, et il y a du jaunâtre à la base des pectorales et des ventrales, et autour du museau. De très- jeunes individus, pris dans le même lac, ont, le long de chaque côté, une bande d’un jaune d'orpin. L'espèce y parvient à une longueur de deux pieds. | | M. de Mertens en a trouvé à Manille, où on les nomme bakule. Les individus à quarante-quatre et à qua- rante- cinq rayons dorsaux ont été apportés de Pondichéry par MM. Sonnerat et Raynaud, de la rivière d'Ougli et des étangs d’auprès de 4993 APPENDICE AU LIVRE VIIL Calcutta par MM. Duvaucel, Raynaud et Bé- lenger, et de lraouadi, la grande rivière du pays des Birmans, par M. Raynaud. On les nomme à Rangoon na-pino. L'ophicephalus striatus, où waral de Tran- quebar de Bloch (pl. 359), présente assez exactement les couleurs de ceux que nous venons de décrire, avec les nageoires bar- rées ou tachetées de noir, et le nombre de ses rayons dorsaux semble mêmetlier ensem- ble les deux nombres extrêmes que nous avons observés, puisqu'il est intermédiaire (43). Aussi croyons-nous devoir le rapporter aux ophi- céphales du présent article, bien que les dents soient mal rendues dans cette figure. C'est au contraire d’après les dents que nous y rapportons le muttah de Russel (pl 162), quoique cette figure ne marque pas les lignes de la dorsale et de l'anale; elle lui donne qua- rante-cinq rayons dorsaux. M. Russel est du même avis que nous sur l'identité de son muttah avec le varal de Bloch ; mais M. Buchanan eroit retrouver ce varal dans le sola, dont nous parlerons bien- tôt d'après lui. En conséquence il produit le muttahk comme une espèce nouvelle, quil nomme opluicephalus chena, d'après le nom qu'elle porte au Bengale. Le caractère de cette / OPHICÉPHALES. . 493 | espèce consisterait, selon lui, dans le brun ver- | dâtre de son corps, sans 2,7 ni bandes sur les nageoires; c'est, comme on voit, notre va- riété à nageoires uniformément brunes. Le so7 ou sola du Bengale, dans lequel M. Buchanan (pl. 32, fig. 19, et p. Gi) croit plutôt retrouver le varal de Bloch, que dans le chena où muttah dont nous venons de parler, le sola, disons-nous, ressemble beau- coup à ce chena où muttah; leurs tailles, les nombres de leurs rayons ,sont pareils, et même M. Buchanan ne les aurait pas distingués, si les pêcheurs de Goyalpara, sur le Bourampou- ter, ne lui eussent fait connaître la différence de ces deux espèces, qui sont l'une et l'autre très-communes dans leur canton. Le sola a tout le dessus du corps d’un vert bru- nâtre, varié de bandes obliques etirrégulières noires; les flancs au-dessous de la ligne latérale ont des ban- des brunes et jaunes, et le dessous est blanc. La par- üe postérieure de la dorsale et de l’anale est jaunà- ire, avec plusieurs petites taches noires entre les rayons. Ce sola, ajoute M. Buchanan, est répandu dans les étangs et les rivières de toutes les parties de l'Inde que ce naturaliste a parcou- rues. Il est évident que cest notre variété à nageoires barrées. Ainsi les pêcheurs du Ben- 424 APPENDICE AU LIVRE VIII. gale distingueraient ces ophicéphales d'après la couleur, et non d'après les nombres des TayODs. On sent que ce n'est pas en Europe que nous pouvons décider si ces légères différences tiennent à l'espèce, ou si elles ne sont que des variétés produites par le climat, la nature des eaux et d'autres circonstances accidentelles. Ce qui est certain, c'est que dans nos cyprins il est plusieurs espèces bien reconnues pour telles qui ne diffèrent guère davantage. | Selon les notes transmises à Bloch par le missionnaire John, le varal atteint deux pieds de longueur et la grosseur du bras; il se tient dans la vase des lacs et des étangs, et ne se prend point avec des filets, mais avec des bires d’osier tordu, en forme de cônes, hauts de deux pieds, larges par le bas d'un pied et demi, et ne laissant dans le haut qu'une ouverture à passer le bras. On enfonce cette machine sur divers points, jusquà ce qu'on sente quil y a un poisson de pris. L'OPHICÉPHALE À TÈTE APLATIE. (Ophicephalus planiceps, K. et V. H.) Il y a jusque dans l'ile de Java un ophi- céphale extrêmement ressemblant aux précé- dens, surtout par les dents latérales d’en bas. OPHICÉPHALES. 495 Sa différence la plus sensible consiste dans une autre disposition dans les rugosités des écailles. MM. Kubhl et Van Hasselt l'ont envoyé au Musée royal des Pays-Bas sous le nom d'ophi- cephalus planiceps, et nous l'avons reconnu au Cabinet du Roi, dans un individu de la mer des Indes, que l’on confondait auparavant avec le varal. Sa tête est un peu plus longue et surtout plus plate en dessus, d’ailleurs sa forme est pareille. Ses dents sont de même en cardes à la mâchoire supé- rieure, aux palatins et au vomer, où quelques-unes dépassent un peu les autres; à la mâchoire inférieure elles sont aussi en cardes en avant, plus fines et plus égales qu’à la mâchoire supérieure, puis de chaque côté 1l y en a trois ou quatre fortes en crochets. La langue est lisse, libre, et en ovale un peu pointu. De grandes écailles couvrent la tête et les joues; celles du corps sont médiocres, à surface très-striée par des chevrons qui s'embrassent parallèlement, ou par des lignes obliques et convergentes vers la ligne moyenne. La couleur est plombée en dessus, blanche en des- sous. Deux ou trois bandes nuageuses s'étendent sur le blanc des flancs. La dorsale est grise, tachetée obliquement de lignes de points noirâtres. L’anale a les mêmes lignes, et est en outre bordée de noi- râtre. La caudale est arrondie et grise, avec des lignes verticales de points noirâtres. Les peciorales sont grises, les ventrales blanches; les unes et les autres sans lignes et sans taches. On voit trois groupes de 496 APPENDICE AU LIVRE VIII. peuts pores sur chaque branche de la mâchoire inférieure, et trois sur le bord du préopercule, Il y a de gros pores sur les joues. D. 41; A. 25; C. 13; P. 14; V. 1/5. L'individu sec du Cabinet de Héros a plus de quinze pouces. Nous en avons un petit dans la liqueur dont les teintes sont un peu plus roussâtres, et un autre sec qui paraît teint de jaunätre, L'OPHICÉPHALE SOWARA. (Ophicephalus sowara, nob.) Un ophicéphale encore pareil aux précé- dens pour la plupart des caractères, et no- tamment pour le nombre des rayons, mais qui parait avoir des dents un peu différentes, a été décrit et représenté par Russel (pl. 163). Il le prend pour l'ophicephalus punctatus de Bloch, ce qui évidemment ne peut être, puis- que le punctatus n'a que trente-un rayons dorsaux. Le nom qu'on lui donne à Vizaga- patam, où l'on parle talinga, est sowara; et nous croyons y retrouver le même son que dans celui de varal, que les Tamoules de Tranquebar donnent au sériatus. Son corps, dit cet auteur, est plus oblong qu’au multah, plus rond en avant; ses écailles sont plus larges, plus orbiculaires, et, si l’on excepte celles du CPHICÉPHALES. 427 ventre, elles ont toutes un amas de petits points noirs sur leur base. Les écailles du dessus de la tête ressem- blent davantage à celles du dos. Les dents du bord de la mâchoire sont plus nombreuses, les petits tubes des narines moins apparens, les pectorales et la cau- dale plus pointues, les venträles plus obtuses, le fond de la couleur du dos d’un brun verdâtre moins obs- ur; elle ne prend sur le blanc du dessous que par des dentelures. La couleur des pectorales et des ven- trales est d'un blanc jaunâtre; celle des autres na- geoires d'un verdätre plus clair que celui du dos. B. 5; D. 45; À. 26; C. 14; P. 17; V. 6. D'après cette description, cet ophicéphale, que nous n'avons pas vu, doit former une es- pèce distincte. M. Russel l'avait recu en vie au mois de Juillet du lac d'Ancapilly, qui est à quelques lieues de Vizagapatam, dans l'in- térieur des terres. L'individu était long de dix-huit pouces anglais. L'OPHICÉPHALE A PETITES PLAQUES. (Ophicephalus micropeltes, K. et V. H.) Parmi les ophicéphales de Java que le Musée royal des Pays-Bas a recus de MM. Kubhl et Van Hasselt, il en est un qui doit se placer ici, et que ces deux jeunes et mal- heureux oem rl avalent nommé ophice- phalus micropeltes. 428 APPENDICE AU LIVRE VIIL Cette espèce est en effet remarquable par la petitesse des plaques qui couvrent le dessus de sa tête. Sa hau- teur est presque le sixième de la longueur; et la tête en fait le quart. Le dessus de la tête est plat, couvert de petites écailles en forme d’écussons striés, qui s’é- tendent aussi aux piètes operculaires. L'œil est peut, son diamètre n’est que le huitième de la longueur de la tête. La bouche est fendue bien au-delà de l'œil, et à plus du üers de la longueur de la tête. Les dents à la mâchoire supérieure sont toutes en cardes fortes; * celles de la mâchoire inférieure sont aussi en cardes. En avant et sur le bord interne de l'os il y a plu- sieurs grosses dents pointues, un peu aplaties et iné- galement espacées. Les dents palatines sont de même très-grandes, très-grosses, pointues, inégalement espacées, et entre elles il y a une suite de petites dents coniques et pointues. Cette circonstance éta- blit un rapport entre l'espèce actuelle et celle du lucius, dont nous parlons ci-dessus (p. 413). La dor- sale n’a guère que le quart de la hauteur du corps, et l’anale en a un peu moins. La caudale est arron- die et de grandeur médiocre. Les écailles sont petites , fortes, bien enchässées dans la peau, et rugueuses à la surface. Il y en à quatre-vingt-dix dans la longueur et vingt-deux dans la hauteur. D. 44; A. 27; C. 18; P. 18; V. 1/6. L Ce poisson a le dos brun et le ventre blanc, mais ses côtés sont noirs; ce noir s'étend un peu par des marbrures sur le brun du dos ei sur le blanc duventre. La tête est noire dessus et blanche dessous. La dor- OPHICÉPHALES. 4929 sale est brune, avec une bande noire près de sa base; l'anale est noire, avec une ligne blanchâtre à sa base et un trait blanc le long de son bord libre. La pec- torale est noirâtre; la ventrale blanche; la caudale noirâtre, un peu marbrée de blanc jaunâtre. Cette espèce est celle dont nous avons vu les plus grands individus. Il y en a un de vingt-six pouces au cabinet de Leyde. Un individu plus jeune est rayé longitudinale- ment de lignes brunes sur un fond brun chocolat; le ventre est toujours blanc, et la bande brune de la dorsale y parait également, comme dans l’adulte. Les dents y présentent aussi leur caractère, ainsi que les petites plaques de la tête. L'OPHICÉPHALE SERPENTIN. (Ophicephalus serpentinus nob.) M. Valenciennes a copié à Londres, dans la Bibliothèque de la Compagnie des Indes, la figure d'un bel ophicéphale, faite à Siam par le docteur Finlayson, et qui parait repré- senter une espèce particulière. Le dos en est noir, et lé ventre jaunâtre; dans le noir règne de chaque côté une large ligne serpen- tante d’un gris bleuâtre, qui commence immédiate- ment derrière l'œil, et se change vers l'arrière en quelques traits verticaux. D. 44; À. 26; C. 14; P. 16; V.:1/5. L'individu est long de seize pouces. 450 APPENDICE AU LIVRE VIII. Nous passons enfin aux ophicéphales à cinquante rayons dorsaux et plus. M. Bucha- nan est jusquà présent le seul qui les ait fait connaître pour ce qu'ils sont; cependant il y en avait une espèce indiquée auparavant, mais sous un nom et à une place où l'on n'aurait pas été tenté de la chercher. Nous voulons parler du bostrichoïde æœillé, que M. de Lacépède (t. II, p. 144 et 145)a décrit d'après un dessin chinois (gravé 1. IT, pl 14, fig. 3), et dont il a fait ce genre par- ticulier des bostrichoïides. Depuis long-temps ce dessin nous avait paru être celui d'un ophi- céphale, d’après la forme générale du poisson, la longueur de sa nageoire dorsale, les écailles qui recouvrent Le dessus de sa tête, et les pe- üts tubes de ses narines, que M. de Lacépède a pris pour des barbillons. Nous avons vu avec plaisir notre conjecture confirmée, en trouvant dans l'ouvrage de M. Buchanan, sous le nom d'ophicephalus marulius, une description et une figure qui correspondent en beaucoup de points à ce dessin chinois, et en recevant ce marulius lui-même par M. Bélenger. Mas tout nouvellement M. Dussumier nous a rapporté une espèce qui doit être mise en tête de cette section. C'est , OPHICÉPHALES. 4351 L'OPHICÉPHALE NOIRATRE. (Ophicephalus nigricans , nob.) Un peu plus grèle que plusieurs autres, son dia- mètre aux pectorales est neuf fois dans sa longueur, Sa tête a deux fois ce diamètre en longueur. Son œil est moins avancé, sa gueule plus fendue, ses tubes des narines plus alongés qu’à la plupart des espèces voisines. Parmi les dents en velours de ses palatins et de sa mâchoire inférieure il y en a une rangée de plus fortes, et parmi celles du devant du vomer il s'en trouve Cinq Ou SX, grosses et coniques, mais non crochues et peu aiguës. Il n’a de pores bien ap- parens qu’au nombre de deux ou trois au bord du préopercule, D. 50; À. 34; C. 16; P. 14; V. 15. Tout ce poisson est d’un brun-noirâtre foncé, un peu plus pâle vers le bas. À peine voit-on quelques bandes plus foncées en chevrons vers le bout de la queue et quelques points plus noirs sur la mâchoire inférieure. La dorsale et la caudale sont d'un noir uniforme. Les pectorales ont quantité de petites ta- ches transparentes entre les rayons. Il y en a, mais beaucoup moins marquées, sur l’anale. Les ventrales sont grises. Sa longueur est de neuf pouces. 4352 APPENDICE AU LIVRE VIII. L'OPHICÉPHALE MARULE. (Ophicephalus marulius, Buchan., p. 65, et pl. 17, fig. 19) M. Buchanan a observé ce beau poisson dans les étangs et les rivières de toutes les parties de TIndostan, et même dans les en- droits où la marée arrive; mais jamais dans la ‘mer même, ni dans les étangs d’eau salée. On | en voit de trois pieds de longueur. Il règne à son sujet dans le Bas-Bengale une supersti- ton singulière. Les Indous dévots croient que ce serait s'exposer à quelque malheur de dire sil est bon ou sil est mauvais, et cependant en définitive on le trouve moins bon que le sola. M. Bélenger nous a envoyé en 1828 ce pois- son du Bengale, et nous a mis à même d'en rectifier et d'en compléter la deséription. Sa tête est un peu plus étroite que dans plusieurs autres. Ses dents sont en velours partout, et 1l y en a cinq ou six d’un peu plus fortes de chaque côté de la mâchoire inférieure; la plaque de celles qui adhè- rent au vomer est en triangle équilatéral. Il a cinq rayons aux ouies, quoique M. Buchanan ne lui en donne que quatre. Nous lui comptons : D. 56; À. 36; et M. Buchanan seulement : D. de 52 à 54 ; À. 81 à 85. OPHICÉPHALES. 433 Notre individu est long d’un pied. Selon M. Buchanan, l'adulte frais est verdâtre, et a quelques bandes obliques irrégulières en travers du dos, qui se terminent sous la ligne latérale par de grandes taches irrégulières noirâtres. Le dessous du corps est blanchâtre. Des points blancs sont semés sur les flancs et sur les nageoires verticales. A la ra- cine de celle de la queue et près de son bord supé- rieur est une tache ronde et noire, entourée d’un cercle blanc. Notre individu, dans la liqueur, répond encore assez à cette descripuon ; les bandes du dos y sont fort effacées; les taches du dessous de la ligne laté- rale y sont au contraire très-prononcées, noirâtres, nuancées de bleuâtre, et bordées en arrière de blanc. L'ocelle de la caudale est parfaitement rond, son cercle blanc bien tranché, ainsi que les points blancs semés sur les nageoires verticales, mais que nous ne voyons pas sur les flancs. Dans le jeune les couleurs sont assez différentes : un ruban orangé règne depuis l'œil jusqu’à la queue, parallèlement au dos, et il n’y a pas de points blancs ; mais la tache œillée de la queue existe déjà ; seule- ment le cercle qui l'entoure est de couleur orangée. La dorsale a quelques lignes pales, descendant obli+. quement en arrière. 434 APPENDICE AU LIVRE VIII. L'OPHICÉPHALE OEILLÉ. (Ophicephalus ocellatus , nob.; Bostrichoïde œillé, Lacép.) Si l'on pouvait s'en rapporter entièrement à l'exactitude des peintres chinois, le bostri- choïde œillé de M. de Lacépède (t. IE, pl. 14, fig. 3, et t ILE, p. 144 et 145), quoique bien certainement un ophicéphale, ne serait pas tout-à-fait le même que ce marulius. Son ocelle est sur la fin de la queue et non pas sur la caudale; son corps est verdätre, avec des ban- des plus foncées, mais à peine sensibles, et tout semé: de peuts points d’un vert-clair brillant. Derrière l'œil - sont deux lignes noirâtres qui se rendent à l'oper- cule. On doit espérer que quelque envoi de la Chine ou des contrées environnantes appren- dra un jour plus positivement ce que l'on doit penser de cette figure, comme cela nous est si Heureusement arrivé pour l'espèce qui va suivre. L'OPHICÉPHALE GRÉLÉ. (Ophicephalus grandinosus, nob.) Parmi les peintures que M. Dussumier a bien voulu commander à Canton pour enri- richir notre travail, est un ophicéphale alongé, OPHICÉPHALES. 435 d’un vert d'olive, plus foncé vers le dos, plus pâle vers le ventre, où le dessus de la tête, la bande de l'œil, celle de la joue et douze bandes verticales sur le corps, un peu arquées en avant, sont d’un vert plus pur et plus foncé. Les flancs sont teints de fauve. Des points jaunes sont semés partout sur le corps, principalement du côté du dos. 11 y en a de blancs sur les joues et l’opercule. Les nageoires sont ohvâtres. Le dessin est long de plus de dix pouces. Nous ne savions dans quelle division du genre le placer, parce que le peintre chinois n'y à pas marqué distinctement les nombres des rayons; mais M. Dussumier lui-même nous a fourni les moyens de compléter la connais- sance de fespèce. Il la retrouvée dans le Maissour, et nous en a apporté un superbe échantillon de deux pieds de longueur et très- bien conservé. IL parait brun , assez foncé, avec des bandes trans- verses un peu plus foncées, mais peu sensibles. Ses nageoires sont presque noires ; les trois verticales sont semées irréguhièrement de points blancs,.qui sont aussi répandus sur les côtés, principalement aux environs de la ligne latérale. La dorsale et l'a- nale se terminent un peu en pointes; les empreintes étoilées de son crâne sont au nombre de deux en avant, de trois en triangle entre les yeux, de quatre sur la nuque, de trois le long du bord montant de chaque préopercule, de trois derrière chaque œil, 436 APPENDICE AU LIVRE VIN, et de trois sous le bout de la mâchoire inférieure, Ses dents en velours sont proportionnellement assez fines, et il y en a cinq ou six coniques, médiocres, de chaque côté de la mächoire inférieure. D. 53; A. 35; C. 15; P. 17; V. 195. Ses écailles ont jusqu'à cinquante stries à leur éventail. L'OPHICÉPHALE BARCA.' (Ophicephalus barca, Buchan.) L'une des plus curieuses espèces de ce genre sera l'ophicephalus barca de M. Buchanan (p.67, et pl. 35, fig. 20). I n'est pas du Gange, mais du Bourampouter, et ce savant obser- vateur l'a trouvé près de Goyalpara, sur la frontière nord-est du Bengale et tout près du royaume d'Acham. Il s'y tient dans des trous creusés dans les berges verticales de la rivière, ne sortant que la tête pour guetter sa proie. Malgré la vivacité de ses couleurs, c'est, dit M. Buchanan, un animal désagréable à voir; mais on le regarde comme un manger excel- lent. Il y en a de trois pieds de longueur. Sa tête est large comme le corps. Les dents en 1. Ce nom parait le mème que celui de porco, par lequel Huhn, cité par Schneider (ad relig. Frideric. IT et Albert. magn., 1. p-166), désigne un poisson du Gange à fortes écailles qui peut vivre deux jours hors de l'eau. C'est probablement un ophicéphale. OPHICÉPHALES. 437 velours de la mâchoire supérieure ne sont pas mé- lées de crochets, mais il y a une rangée de fortes dents aiguës à la mâchoire inférieure, caractères que nous avons vus à peu près dans toutes les espèces. Les yeux sont petits, les opercules obtus, et M. Bu- chanan n’y compte aussi que quatre rayons bran- chiaux ; mais il est probable qu'ici, comme pour le marulius, 1 en a négligé un. On ne distingue pas bien la ligne latérale. Les écailles sont larges et lisses. En arrière ladorsale se termine en angle aigu; elle est presque aussi haute que le corps. D. 55; A. 35; C. 19; P. 16; V. 5. Les parties supérieures sont d’un vert foncé; les flancs jaunes et le dessous blanc. De petites taches irrégulières noires sont semées partout sur la tête, le dos et les côtés; et il s'en mêle parmi elles quel- ques-unes de rouges. Celles du sommet de la tête sont disposées en lignes autour d’un centre comme des rayons. Les nageoires verticales sont d’un vert d'olive avec de nombreux points noirs. Le bord de la dorsale et de la caudale est rouge. Les pectorales sont rougeûtres, tachetées de noir. L'OPuICÉPHALE TACHETÉ. (Ophicephalus maculatus, nob.; Bostriche tacheté, Lacép.) Le bostriche tacheté, que M. de Lacépède (tu IE, p. 140 et 143) a aussi tiré d’une col- lection de dessins chinois, et quil aurait dû placer parmi ses bostrichoides, puisqu'il n'a 458 APPENDICE AU LIVRE VIil. qu'une dorsale”, parait également un ophicé- phale, bien que le peintre ait oublié les tubes, de ses narines, et semble avoir placé ses ven- . trales wop en arrière : il diffère de tous ceux que nous avons décrits; mais comme on ne peut compter les rayons de ses nageoires, il nest pas facile de le classer. Ses couleurs, telles que les rend la figure, le rap- prochent du barca. Son dos est vert foncé; ses flancs verdâtres, et le dessous de son corps d’un blanc jau- nâtre : des taches ou des marbrures plus noires sur le dos, plus grises sur les flancs, diversifient le tout. Quatre lignes ou bandes notrâtres partent de la ré- gion de l'œil, et se dirigent vers la fente des ouïes. La dorsale et l’anale ont des marbrures, et la cau- dale des bandes transverses noirâtres sur un fond verdâtre; les pectorales et les ventrales sont plus piles. La confiance que l'heureuse vérification de l'ophicéphale grélé nous inspire pour les pein- tures rapportées de Canton par M. Dussumier, nous porte à indiquer encore ici deux pois- sons de ce genre qui y sont représentés, mais 1. M. de Lacépède distingue ses bostriches de ses bostrichoïdes, établis les uns et les autres d’après des peintures chinoises, parce que les premiers ont deux dorsales. La figure sur laquelle il a fondé £a première espèce, son bostriche chinois, semble être celle d’un gobie ou d’un éléotris. OPHICÉPHALES. 439 que nous ne pouvons placer à leur véritable rang, parce que l'on a négligé d'y marquer les Lnbres des rayons. L'OPHICÉPHALE MILIAIRE. (Ophicephalus miliaris, nob.) L'une d'elles, qui paraît à peu près dans les formes de l'ophicéphale strié, est d'un gris-brun foncé et a le dos noirâtre. Douze bandes plus noires, un peu arquées, descendent du dos aux deux tiers de la hauteur du corps. Il y en a deux en travers sur le crâne, une en long dans laquelle est l'œil, et une plus bas sur la joue; celles du corps montent un peu sur la base de la dorsale, et il y a de plus sur le milieu de cette nageoiïre une rangée de taches grises, une vis-à-vis chaque bande. La caudale à plusieurs lignes verticales noirâtres. La tête et le corps sont semés partout de points blan- châtres et bleus, qui ne sont pas répandus égale- ment, mais plus serrés en certains endroits, plus espacés en d’autres, sans régularité. Le bord antérieur de la dorsale s'élève un peu en pointe. Le dessin est long de dix pouces. L'OPHICÉPHALE IRIS. (Ophicephalus iris, nob.) L'autre doit être voisine du marulius et sur- tout de l'œrllé; 440 APPENDICE AU LIVRE VIII. car elle a aussi un ocelle à la base de la caudale, mais cet ocelle est bleu d'azur, et tout le corps est brun, urant sur le fauve du côté du ventre, sans taches ; les nageoires sont d'un brun plus clair. Le dessin ne présente de dorsale qu'a la partie posté- rieure, vis-à-vis de l’anale; mais nous avons lieu de croire que c’est une négligence de l’aruste chinois. Nous avons placé ici ces deux ophicéphales pour engager les naturalistes qui en trouveront l'occasion, à donner avec plus d'exactitude leurs caractères, et surtout les nombres de leurs rayons. On nous a bien encore communiqué quel- ques dessins de ce genre faits à Siam et à Malaca, mais qui ne nous ont pas fourni des caractères assez sensibles pour que nous pus- sions les faire entrer dans notre énumération. ADDITIONS ET CORRECTIONS AUX TOMES Il, I ET VII. TOME SECOND. Page 119. Addition à l’article du sandre bétard de Russie. Nous venons de recevoir les poissons que MM. de Humboldi et Ehrenberg ont recueillis pendant leur voyage à la Songarie chinoise et à l’est des monts Altaï, et dont ces savans, pénétrés du véritable amour de la science, ont bien voulu disposer pour concourir à rendre notre ouvrage plus complet. Une des premières espèces intéressantes , comprises dans cette collection, est le ber- schick des Russes, espèce de sandre dont on navait eu jusquà présent connaissance que par la seule description de Pallas. Nous en avons maintenant deux individus sous les yeux. Bien que ce poisson ressemble prodigieu- sement au sandre commun, tel qu'on le voit si fréquemment sur les marchés de Berlin et dans beaucoup d’autres lieux de l'Europe orientale, il n'en constitue pas moins une es- pèce très-distincte, reconnaissable dès l'abord 442 ADDITIONS ET CORRECTIONS. à ses écailles plus grandes : on n’en compte que quatre-vingt-dix environ entre l’ouie et la caudale, tandis que le sandre vulgaire en a plus de cent vingt dans le même espace. La joue, l’opercule et le sub- opercule du berschick sont couverts de petites écailles, tandis que ces mêmes pièces sont nues dans le sandre ordinaire. Le bas du préopercule, son limbe et l'interopercule seuls n’ont pas d’écailles. Les dents du berschick sont plus petites et plus égales que celles du sandre. Les deux dorsales sont plus hautes, et les nombres de leurs rayons, ainsi que de ceux de l’anale, sont exactement ceux que Pallas indique. Ainsi l’anale a deux rayons mous de moins que celle du sandre. D. 13 1/22; A. 9/9; C. 17; P. 15; V. 1/5. La tête est un peu plus courte, les yeux un peu plus rapprochés du bout du museau, les dentelures du surscapulaire un peu plus prononcées. Les couleurs paraissent plus vives et plus sem- blables à celles de notre perche, ce qui a pu mouver lopinion que ce poisson est un méus de sandre et de perche. Le dos est verdâtre, à reflets dorés ; le ventre est argenté. Quatre bandes nourâtres descen- dent du dos, et s’effacent aux deux tiers de la hau- teur des flancs. Les taches et les lignes sont beau- coup plus prononcées sur les nageoires du dos que dans le sandre : on en compte six rangées longitu- dinales sur la première. L'anale est blanchâtre, quel- quefois noirâtre. La caudale est tachetée de noirûtre ; les nageoires paires sont grisätres. Nos individus sont longs d’un pied. TOME II. APOGONS , SERRANS, 443 Page 162, après l’article de l’apogon méaco, ajoutez : L'APOGON OREILLARD. (Apogon auritus, n0b.) M. Dussumier vient de rapporter de [sle- de-France une petite espèce nouvelle d'apogon, remarquable par la tache noire, entourée d’un cercle argenté, que ce poisson porte sur lopercule. La couleur du corps est brune, sans bandes ni taches; celle des nageoires, brune et lavée de rou- geñtre. D.7— 1/10; A. 2/8, etc. La caudale est coupée carrément. L'individu a trois pouces de longueur. Page 323, après l’article du mérou réticulé, ajoutez : Le MÉroOU PAvONIN. (Serranus pavoninus, nob.) Un très-joli petit serran vient de nous être rapporté de Bombay par M. Dussumier. Il a le museau pointu, le dos arqué, les épines de l'angle de l'opercule longuestet fortes, des dentelures sur tout le bord, Sa couleur est rougeâtre, et sous les quatre pre- miers rayons mous de la dorsale il y a un ocelle noir, entouré d’un cercle argenté très-brillant. D. 10/3; A. 8/8, etc. La caudale est coupée carrément, et parait jau- 144 ADDITIONS ET CORRECTIONS. nâtre, avec une petite ligne verucale noire à sa base. Les autres nageoires sont grises. Notre in dit na qu'un pouce de long; mais il est si bien conservé et caractérisé que nous n'avons pas balancé à le regarder comme d’une espèce nou- velle, facile à reconnaitre. Page 414, après l'article de la diacope de Seba, ajoutez : La DracoPE BOURGEOIS. (Diacope civis, nob.) On connaît aux Séchelles, sous le nom de bourgeois, la diacope de Seba, et une autre espèce fort voisine, qui n’en diffère que par plus de concavité dans le profil entre l'extrémité du museau et l'œil, par un dos plus élevé, par un œil plus petit, et par une dorsale plus basse. La tubérosité de l'interopercule est plus forte, ce qui rend léchancrure du préoper- cule plus grande. L’angle de cet os est plus reculé vers l'épaule. La fente postérieure de la narine est aussi un peu plus grande. La dorsale, et surtout la portion molle, est un peu plus basse, et il y a deux rayons mous de plus: à l’anale, D. 11/16; À. 38, etc. La couleur est un argenté mordoré, sans aucune tache ni bandes brunes. Le dessous de la gorge est blanc. Les nageoires sont rouges. Il y a une tache brune sur la portion molle de * dorsale et de l’anale, et deux raies brunes sur la caudale. TOME II. DIACOPES. 415 L'individu que nous avons décrit a dix-sept pouces de long. Les pêcheurs l'ont donné à M. Dussumier comme l'adulte de diacopes à corps bordé de bandes brunes, qui sont bien certainement de l'espèce du Seba. Nous avons un individu de cette dernière espèce, long de treize pouces. C'est en le comparant avec le grand, dont le corps ne porte les traces d’aucunes bandes, que nous avons trouvé les différences énoncées dans la description précédente, et qui nous ont empéché d'adopter l'opinion des pêcheur . Page 423, après l’article de la diacope dondiavah, ajoutez: La DiAcOPE A TACHE BLANCHE. (Diacope alboguttata, nob.) M. Dussumier a trouvé sur la côte de Ma- labar une espèce voisine de ce dondiavah, et qui n’en diffère que par la couleur du corps et surtout par celle de la tache. Le corps est gris, à reflets pourprés, avec une tache blanche de chaque côté, traversée dans son milieu par la ligne latérale, Dans le dondiuvah la tache est au-dessus de la ligne latérale. Les nageoires sont grisätres, avec la poruon épineuse de la dorsale, bordée de rougeûtre. L'individu pris à Bombay est long de six pouces. D. 10/15; A. 3/9, etc. 446 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Le poisson, conservé dans la liqueur, a le dos roussâtre, avec un point blanchätre sur chaque écaille, ce qui forme une suite de lignes de cette couleur le long des flancs. IL paraît que cette disposition est due aux changemens de couleurs survenus après la mort du poisson; car M. Dussumier n'en parle pas dans sa courte description, faite sur le vivant. Page 475, après l’article du mésoprion à nageoires jaunes, ajoutez : Le MÉSOPRION MADRAS. (Mesoprion madras, nob.) Le poisson que les pêcheurs des Séchelles appellent madras, est une espèce de méso- prion voisine du sankin-karva de Coroman- del (mesoprion flavipinnis, nob.). Cette nouvelle espèce diffère de celle dont nous la rapprochons par des denielures plus faibles au préo- per cule, par des écailles plus peutes, au nombre de soixante rangées, environ, entre l’ouie et la caudale. Il n° y en à que qua ante-cinq à cinquante sur le mé- soprion à nageoires jaunes. Le madras a l'interoper- cule entièrement couvert d'écailles. Le sankin-karva n’en a que quelques-unes ; le reste de l'os est presque nu. Les rayons épineux de la dorsale et de l’anale ‘ du madras sont plus courts et plus faibles. D. 10/13; A. 3/9, etc. TOME II. MÉSOPRIONS. A4AT M. Dussumier, qui a vu ce poisson frais, nous apprend que le corps est jaune, lavé de rose. La tête et les opercules sont rouges. Toutes les nageoires sont jaunes. Les ventrales sont plus päles que les autres. Ce poisson est bon et abondant dans la rade de Mahé. Il ne dépasse pas un pied : c'est la taille de l'individu que nous avons décrit. Le MésOPRION A MACHOIRE ROSE. (Mesoprion erythrognathus , nob.) La mer des Séchelles nourrit une autre es- pèce de mésoprion, à laquelle les colons fran- cais ont appliqué le nom de sarde, qui désigne aux Antilles des percoïdes de mer à longues dents canines, et plus particulièrement les mésoprions. | Cette sarde des Séchelles à l'œil plus grand, le sous-orbitaire plus étroit que le madras. Les den- telures du préopercule, fines et égales le long du bord vertical et horizontal, se prolongent en petites pointes vers l'angle. Les rayons épineux de la dor- sale sont plus hauts et plus gréles ; ceux de l'anale plus longs et plus gros. Nous comptons aussi un rayon mou de moins à ces deux nageoires. D. 10/42; A. 38, etc. La couleur du dos est verdàätre. Cette teinte s’ef- 448 ADDITIONS ET CORRECTIONS. face sur le milieu des flancs, qui deviennent jaunà- tres. Le ventre est blanc, à reflets argentés. Les oper- cules sont jaunes, et la mâchoire inférieure est co- lorée en rose vif. Toutes les nageoires sont teintes en jaune paille. La sarde des Séchelles est abondante pen- dant toute l'année. Sa chair est fort bonne, mais seulement pendant une saison : le reste du temps elle est mal-saine. Ce poisson devient grand; il y en a des individus de quatre pieds de longueur : celui que M. Dussumier vient de rapporter n'a que sept pouces. TOME TROISIÈME. Page 12. Addition à l’article de la gremille commune. MM. de Humboldt et Ehrenberg nous ont communiqué quelques individus des gremilles ordinaires, qu'ils ont recueillis dans les différens fleuves du grand empire de Russie. Un d'eux, originaire du Volga, près d'Astracan, a quinze épines à sa dorsale, mais ne montre d'ailleurs aucune autre différence, de sorte que nous indiquons cette variation denombre desrayons épineux , afin qu'un naturaliste ne croie pas, sil venait à rencontrer un individu sembla- ble, devoir faire une espèce nouvelle de cette variété. | | | TOME II. GREMILLES. 449 Page 20. Addition à l’article du babir des Russes. Nous devons encore à ces mêmes savans le don précieux d'un exemplaire de l'acerina rossica, pris dans le Don, près de Woronesch, où on appelle aussi cette espèce birentschkr. Cet individu nous met à même de compléter et de rectifier la description que nous avions empruntée de Guldenstedt. La longueur de la tête est contenue trois fois et quatre cinquièmes dans la longueur totale. Le dia- mètre de l'œil est du quart de la longueur de Ja tête, et la distance du bout du museau au bord anté- rieur de l'orbite, en égale deux fois le diamètre. Les fossettes sont placées comme dans notre gremille, mais plus alongées en raison du prolongement du museau. Le bord du préopereule a de fortes dente- lures, séparées et écartées l’une de l'autre. Lépine de l'angle est divisée en trois ou quatre pointes. Le ‘bord inférieur porte trois fortes épines, recourbées et dirigées en avant. L'opercule est traversé par une forte carène, un peu oblique, et terminée à l'angle en une pointe assez aiguë : il y a une autre petite carêne au-dessus de celle-là. Le surscapulaire est fine- ment dentelé. L’huméral est élargi, traversé par une carène striée, plus forte que celle de l’opercule, et qui se prolonge en une forte épine. Le dos est verdätre, à reflets dorés, comme dans notre gremille ordinaire. Les points sont bleus. L'individu que nous avons recu est long de sept pouces. 7- 29 450 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Nous avons fait l'anatomie de cette acé- rine, et ce qu'en dit Guldenstedt est exact, à l'exception de la communication entre l'œso- phage et la vessie natatoire. Il a pris pour telle la réunion des vaisseaux qui se rendent aux corps rouges. Page 47, après l’article du centroprisle roux, ajoutez : Le CENTROPRISTE HIRUNDINACÉ. (Centropristis hirundinaceus, nob.) M. Langsdorf a rapporté du Japon, et a dé- posé dans le Cabinet de Berlin, un centro- priste peu élevé, dont le sous-orbitaire se termine en une simple pointe peu aiguisée, sans aucune dentelure ; dont le préopercule a le bord en arc de cercle finement et également dentelé, et dont l’opercule ôsseux se termine en deux pointes aiguës. Les dents des pala- üns sont sur une bande fort étroite, et celles du chevron du vomer peu nombreuses et très-fines. Les angles de sa caudale se terminent en pointes aiguës, ce qui avait déterminé ce naturahiste à le nommer serranus hirundinaceus. Ses épines dorsales sont assez faibles. Son profil descend lentement. Sa mâchoire inférieure avance un peu plus que l'autre. D. 10/10 ; A. 3/6; C. 17; P. 17; V. 1/5. Nous en avons sous les yeux irois individus longs de six et de sept pouces. Leurs couleurs ont disparu. TOME III. CENTROPRISTES. 451 Page 54, après l’article du centropriste truité, ajoutez : Le CENTROPRISTE GÉORGIEN. (Centropristes georgianus, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont rapporté du port du Roi-George, à la Nouvelle-Hollande, un poisson très-voisin du centropriste truité, qui a, comme celui-ci, la tournure d'un cæsio ; mais il a aussi, comme lui, des dents aux pa- latins et sur le chevron du vomer. Ainsi c'est avec les percoïdes que lon doit le ranger, et comme ses dents maxillaires sont en velours, cest aux centropristes que l'on doit le rap- porter. Cette nouvelle espèce na que des dentelures très-peu sensibles au préopercule et une faible épine à l'opercule. Ainsi elle lie les centropristes aux growlers. Ces derniers sen distinguent cependant par une échan- crure assez profonde entre la partie épineuse de la dorsale et sa portion molle. Le poisson que nous allons décrire a aussi beaucoup d'affinités avec l'apsile dont nous avons parlé dans le supplément du tome VI, page 548; mais ce dernier n'a aucune armure aux pièces de l'opercule. Ce centropriste géorgien a le corps très-semblable à celui d’un hareng; c'est-à-dire qu'il est comprimé, 452 ADDITIONS ET CORRECTIONS. que le profil du dos est presque rectiligne, tandis que celui du ventre est arqué. La plus grande hau- teur du corps, mesurée derrière les ventrales, est contenue quatre fois et demie dans la longueur to- tale. L'épaisseur n’est que le tiers de la hauteur. La iête est un peu moins longue que le corps n’est haut. L'oeil est grand; son diamètre a près du tiers de la longueur de la tête. Le front est large et aplau. Le sous-orbitaire est très-étroit, et âpre le long de son bord inférieur ; 1l ne recouvre pas le maxillaire, qui se porte en arrière jusqu’à la moiué de l'orbite. Le préopercule est finement dentelé le long de son bord. L'opercule a une pointe assez visible à son angle, et une autre plus petite et plus obtuse près de son bord supérieur, Le museau est court et ob- tus. La mâchoire inférieure dépasse un peu la supé- rieure. Les dents sont en carde fine tant aux mà- choires qu’au palais. La langue est libre, arrondie et lisse. Les dents pharyngiennes sont en fortes cardes. Les râtelures de la première branchie avancent assez dans la bouche. Les deux ouvertures de la narine sont percées l’une auprès de l’autre, et tout près du bord antérieur de l'orbite. L’antérieure est peute et ronde ; la postérieure est une fente oblique assez grande. Les ouies sont bien fendues, et il y a sept rayons à la membrane branchiostège. La dorsale s’é- lève vers Le uers de la longueur du corps. Ses rayons épineux sont grêles, assez flexibles. Le quatrième, qui est le plus long, a les deux uers de la hauteur du corps. Les derniers rayons mous n’ont guère que le uers de ce quatrième rayon. L’anale est courte, basse, TOME III. CENTROPRISTES. 453 et ne commence que vis-à-vis le huitième ou neu- vième rayon mou de la dorsale ; ses épines sont plus fortes que celles de la nageoiïre du dos. La caudale est fourchue; les pectorales sont petites; les ven- trales sont attachées assez en arrière des pectorales. B. 7; D. 9/14; À. 3/10; C. 173 P. 15; V. 1/5. Les écailles sont assez minces, très-finement ci- liées sur leur bord. Ta portion radicale n’offre que des stries verticales très-fines, parallèles au bord. 11 n'y a point de rayons en éventail. On compte près de soixante écailles sur une ligne, entre l’ouie et la caudale, et quinze dans la hauteur. La ligne latérale est tracée parallèlement au dos, un peu au-dessus du tiers de la hauteur du corps. La couleur paraît avoir été bleuûtre sur le dos, passant au blanc ar- genté sur les côtés et sur le ventre. Les nageoires ont quelques taches jaunätres un peu rembrunies. L’anatomie de ce poisson nous a fourni les obser- vations suivantes. Le foie est divisé en deux lobes longs et pointus, réunis sous l’œsophage au-devant du pylore par une languette très-mince. La vésicule du fiel est très- étroite, et se porte en arrière au-delà du lobe droit. L'œsophage est court, élargi, et se prolonge en un estomac fort étroit, terminé en pointe à peu près à la moitié de la longueur de la cavité abdominale. La branche montante, fort courte, sort de la face infé- rieure de lestomac peu en arrière du diaphragme. On compte dix-sept appendices cœcales au pylore, gréles et de longueur différente. La plus longue atteint près de la pointe de l'estomac. L'intestin 454 ADDITIONS ET CORRECTIONS. est étroit; 1l se plie d'abord à la hauteur de la fin de l'estomac, puis sous la branche montanie près du pylore. La rate est ovoide ei cachée sur les appendices cœcales. Les laitances sont étroites et occupent les deux uers postérieurs de la cavité ab- dominale. La vessie aérienne est simple, étendue depuis le diaphragme jusqu'à l'anus : ses parois sont minces et argentiées. Les reins sont longs, mais peu épais. Le péritoine est très-mince, couleur de chair. Nous avons des individus de cetie espèce de huit pouces de longueur. Les naturalistes que . nous avons cités au commencement de cet article, ont retrouvé la même espèce dans le port Western de la Nouvelle-Hollande. Page 81. Additions et corrections au chapitre XX. Des Centrarchus, des Pomotis et d’un nouveau genre nommé BRYTTE. Nous soupconnions déjà, quand nous avons rédigé ce chapitre, que peut-être on reconnai- trait plusieurs espèces parmi les différens indi- vidus que nous réunissions en une seule, parce que nous ne les jugions encore que d’après les renseignemens peu certains que nos prédéces- seurs donnaient dans leurs différens écrits. TE SE 1. Nous devrions rapporter aux poissons dont nous traitons ci-dessus, les espèces du genre zchthels de M. Rafinesque; mais TOME II. CENTRARCHUS. 455 Depuis la rédaction de cet article les na- turalistes des Etats-Unis se sont empressés de les descriptions trop abrégées et sans figures de ce naturaliste ne nous mettent pas en état de déterminer avec assez de précision les poissons qu’il a eus en vue, el c’est une observation qui s’ap- plique à beaucoup des nouveaux genres et des espèces nouvelles qu'il a insérées dans son Ichtyologie de l'Ohio. Voici cependant un extrait de son travail sur Îles zchthelis : IV.‘ Genre. ICHTÈLE (Icarezis, SUN-FI5H). Le corps elliptique ou ovale trés-comprimé, écailleux ; la bouche petile, garnie de petites dents ; l’opercule écailleux, avec ou sans dentelures.' L® Sous-cexre. TÉLIPOME ( Teziromis). L’opercule sans appendice membraneux, mais tacheté. , 1. Espèce. ICHTELIS MACROCHIRA. Le corps ovale, oblong; la hauteur d’un quart de la longueur totale ; couvert de petits points serrés, bruns; la tête petite; une tache noire, étroite, sur le bord de l’opercule; la caudale fourchue; la pectorale basse, étroite et pointue. D. 11/11; A. 3/10, etc. C’est une jolie espèce, de trois à quatre pouces de long. Ses noms vulgaires dans l’Ohio et FOuabash sont sun-fish ou gold-fish. 2.* Espèce. ICHTELIS CYANELLA. Le corps elliptique alongé; la hauteur d’un cinquième de la longueur totale ; olivätre, tacheté de points bleus ; le ventre brunätre ; les joues rayées de lignes bleuâtres flexueuses ; La caudale arrondie, d’un bleu olivätre. D. 10/10; A. 3/12, etc. Petite espèce de trois pouces de long, que l’on prend dans les chutes de l'Ohio, où on la nomme blue-fish. 3.° Esrèce. ICHTELIS MELANOPS. Le corps oblong; la hauteur d’un quart de la longueur totale; la tête grande; la bouche plus grande ; la mâchoire supérieure plus longue, 4. L'auteur aurait dû faire attention à la présence ou à absence de dents au palais et sur la langue, caractère qui se combine avec les dentelures du préopercule. 456 ADDITIONS ET CORRECTIONS. nous envoyer quantité de ces poissons. M. Le- sueur nous en a adressé du lac Pontchartrain ; MM. les docteurs Ravenel et Holbroock, des eaux douces de la Caroline. Ce grand nombre d'individus nous a mis à même de reconnaître en eflet plusieurs espèces de pomotis ou de centrarchus, et même de rectifier les caractères génériques que nous avions assignés à ces deux benres et d'en distinguer un troisième dans cette petite famille. Nous avons vu deux espèces de centrarchus qui n’ont que trois épines à l'anale, comme c'est l'ordinaire chez le plus grand nombre ï olivatre à points bleus; l’opercule rayé de lignes courbes et longitudi- nales bleues ; les nageoires olivâtres ; la caudale bilobée. D.10/10; A. 3/9, etc. Les yeux sont noirs, comme dans toutes les autres espèces ; mais celle- ci a l'iris noir, entouré d’un cercle argenté. Espèce qui croit jusqu’à six pouces de longueur; commune dans tous les affluens de l'Ohio, où elle est connue sous les noms vulgaires de blue-fish, black-eyes, sun-fish, blue-bass. tII.S Sous-cenre. POMOTIS. L’opercule avec un appendice membraneux, comme un auricule, le plus souvent tacheté. . 1. Esrëcæ. ICHTELIS ERYTHROPS. Le corps ovale elliptique; la hauteur d’un tiers de la longueur totale; le dos noirâtre; les flancs olivätres; le ventre blanchâtre; la caudale bilobée, noire à la base, olivâtre dans le milieu et blanchâtre à la pointe; les autres nageoires olive. D. 11/10; A. 6/10, etc. Les yeux noirs, avec l'iris grand ét rouge; les épines de la dorsale et de l’anale courtes. TOME III. CENTRARCHUS, 457 des acanthoptérygiens; mais ce genre n'est pas moins facile cependant à reconnaitre par l'ab- sence de dentelures au préopercule, et surtout parce que des dents en velours ras existent sur les palatins, le vomer et la base de la langue. Un autre poisson à trois épines anales nous offre, avec une tournure de pomotis, une langue lisse et sans dents; mais il en a au chevron du vomer et sur une bande fort étroite le long du bord externe de chaque palatin. Le bord du préopercule est lisse. Il formera le genre nouveau que nous avons annoncé et que nous nommerons bryttus. L'auteur a observé cette espèce dans la rivière Licking. On lui a dit qu’elle est abondante dans les autres rivières, où on la nomme red-eyes ou sun-fish. 2.° Espèce. ICHTELIS AURITA. Le corps ovale elliptique; la hauteur d’un tiers de la longueur totale; olivâtre, avec des taches bleues et rousses; quelques lignes bleuâtres sur la tête; la caudale échancrée et brune. D. 10/10; A. 3/9, etc. Cette espèce, longue de trois à douze pouces, est plus particulièrement connue sous le nom de sun-fish. Elle est abondante dans les rivières et étangs du Kentucky. 3.° Esrice. ICHTELIS MEGALOTIS. Le corps ovale arrondi; la hauteur fait les deux cinquièmes de la lon- gueur totale; la tête grande; la mâchoire inférieure plus longue; couleur brun marron, avec des points bleus; le ventre rouge; des lignes bleues sur l’opercule; la caudale noiïrâtre, fourchue. D. 9/11; A. 3/9, etc. Cette belle espèce, dont la taille varie de quatre à huit pouces, est commune dans les rivières du Kentucky, où on la nomme red-belly, black-ears, black-tail-sun-fish. 458 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Les pomolis seront ceux des poissons de ce groupe qui auront quelques dentelures plus ou moins marquées au bord du préopercule, les palatins et la langue lisses et sans dents. Ils n'ont de dents que sur le chevron du vomer. Le nombre des rayons épineux de l'anale ne sera plus qu'un caractère secondaire; car nous avons déjà parlé d’un pomotis qui a quatre épines à cette nageoire. Ces caractères génériques étant rectifiés, nous avons maintenant à redresser quelques erreurs de synonymie, et à ajouter la descrip- tion des espèces nouvelles qui nous sont par- venues. Page 88. Correction et addition à l’article du centrarchus sparoïde. Le centrarchus que nous désignions sous le nom de sparoide (t. IT, p. 88, et pl. 48), s'est trouvé parmi les poissons recueillis dans Pexpédiuon si hardie du capitaine Francklin. Il avait été pêché dans le lac Huron : les na- turels le donnèrent au docteur Richardson sous le nom anglais de rock-bass (bars ou perche de roche). Nous avons reconnu que cette espèce n'est pas le véritable labre sparoide de M. de Lacé- pède; ainsi nous l'appellerons le centrarchus TOME III. CENTRARCHUS. 459 à six épines (centrarchus hexacanthus, nob.), et nous reporterons le nom de sparoïde à l'espèce qui nous est récemment parvenue et qui a, comme le dessin original de M. Bosc l'indique, neuf épines à l’anale. Nous avons recu ce véritable centrarchus sparoïde ou à neuf épines, en nombre, de Charlestown , par M. Holbroock, professeur d'histoire naturelle dans Le collége de cette ville. Ce poisson est encore plus arrondi que le cen- trarchus à six épines. Il a le front légèrement con- cave, la bouche petite. La dorsale est plus longue que celle du centrarchus bronzé; et l’anale est plus haute qu'à aucune autre espèce, ce qui se rapporte très-bien au dessin de M. Bosc. D. 1243; A. 9/15; C. 17; P. 11; V. 18. La couleur paraît avoir été verdatre sur le dos, et argentée sur le ventre. Tout le corps reflète en doré et est parsemé de gros points noirs, placés à peu près régulièrement par lignes longitudinales , au nombre de quatorze sur chaque côté. La membrane des nageoires impaires est verdätre, et les rayons sont annelés de blanchâtre et de noirâtre. Les ven- trales sont noirûtres. Le plus grand de nos individus n’a que sept pouces. Page 498 (supplément). Correction à l’article du pomotis gulosus, et transport au genre centrarchus , P- 90. Nous avons décrit sous le nom de pomotis P L2 gulosus celte nouvelle espèce d'après un indi- 469 ADDITIONS ET CORRECTIONS. vidu empaillé. Depuis nous venons de rece- voir de M. Ravenel des individus en meilleur état, conservés dans l'esprit de vin. Nous nous sommes assurés que la langue et les palatins ont des dents en velours ras, de sorte que cest parmi les centrarchus qu'il faut ranger ce poisson. Ce sera un centrarchus à trois épines. Page 90, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le CENTRARCHUS VERT. (Centrarchus viridis, nob.) MM. Holbroock et Ravenel ont trouvé dans les mêmes eaux un autre cenirarchus, qui n’a que trois épines à l'anale. Ses formes tiennent de notre centrarchus bronzé plus que des autres espèces; mais la couleur verte, parsemée de taches noires, rappelle le centrarchus à six épines. D. 14/10; A. 3/8, etc. Nos individus ont huit pouces de long. Le CENTRARCHUS À QUATRE ÉPINES. (Centrarchus tetracanthus, nob.) Nous croyons pouvoir rapprocher des cen- trarchus un poisson qui ne nous est connu que par le dessin fait à la Havane par M. Poey. TOME Ill. CENTRARCHUS. AGI La forme du corps, la position de la dorsale sont représentées comme dans le centrarchus bronzé. Le préopercule n’a pas de dentelures. Les nombres des rayons comptés par M. Poey sont : D. 15/10; A. 4/9; C. 16; P. 13; V. 15. Le corps est obscurci par des taches noirâtres, plus grandes vers la tête, et réduites vers la queue à de simples points noirs, placés dans l'angle des écailles. Les nageoires impaires sont noirâtres et ta- chetées d’obscur , les pectorales jaunûtres, les ven- trales blanchîtres. Ce poisson, abondant dans les eaux douces de Cuba, se mange. Il atteint huit pouces de longueur. On ly nomme brajaca. Nous ne voyons point que Parra en ait parlé dans son Histoire des poissons de la Havane. DES BRYTTES (Brrrrus, nob.). Il est impossible de trouver plus de ressem- blance qu'il n'y en a entre ces poissons et les pomotis. La petite bande étroite de dents en velours ras qui existe le long du bord externe de chaque palatin, est le seul caractère qui les distingue. Nous en avons trois espèces, peu différentes lune de l'autre. “ 462 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Le BRYTTE POINTILLÉ. (Bryttus punctatus, nob.) L'une d'elles est facile à reconnaitre par les points noirs de sa joue et des côtés de son ventre. Son contour vertical est en ovale régulier, pointu vers le museau, et arrondi du côté de la queue, laquelle fait saillie hors de l’ovale. Le diamètre perpendiculure est contenu deux fois dans la longueur du corps, - Ja caudale non comprise. L'épaisseur est à peu près P Ï peu P le uers de la hauteur. La longueur de la tête fait le üers de celle du corps, la caudale exceptée. Le profil du front est concave en avant de locciput, qui re- monte par une courbe régulière jusqu'à la dorsale. L'œil est arrondi, le sous-orbitaire étroit, échancré et fort rétréci en arrière, Le bord du préopercule est iout-à-fait lisse. L’angle de l’opercule est arrondi : son bord membraneux est étroit et ne se prolonge pas comme dans les pomotis. Les dents de la pre- mière rangée sont en petits crochets. La dorsale a peu de hauteur. L'anale est un peu plus haute. L'arrière de ces nageoires, ainsi que l'extrémité des lobes de la caudale échancrée, sont arrondis. Le premier rayon mou de la ventrale se prolonge en un peut filet. D. 10/11; A. 3/8; C. 17; P. 19: V. 45. Les écailles sont de grandeur médiocre : il y en a environ irente- cinq entre J’ouie et la caudale. Chaque écaille a le bord lisse, la partie visible fine- ment poinullée, la portion recouverte striée par TOME Il. BRYTTES. 463 neuf rayons en éventail, dont l'extrémité arrondie forme des dentelures le long du bord radical. La ligne latérale suit une courbe parallèle au dos, et elle est tracée un peu au-dessus du tiers de la hau- teur du corps. La couleur parait avoir été un brun verdatre à reflets dorés, avec des rangées parallèles de poinis noirs très-ronds, qui paraissent d'autant plus qu'ils sont plus près du ventre : il y en a aussi sur l’oper- cule et sur le sous-opercule. L’angle de l'opercule a une tache bleu noirâtre, qui descend le long du bord inférieur de cet os. Le bord membraneux est moins . coloré que l’os lui-même. La dorsale, anale et la cau- dale sont verdätres, avec une bordure blanchâtre. Les ventrales ont la base verdatre, et le reste presque noir. Nos différens individus ne dépassent pas cinq pouces et demi. Cette espèce pourrait bien être lichtelis macrochira de M. Rafinesque. Le BRYTTE MAILLÉ. (Bryttus reticulatus, nob.) Une seconde espèce, que nous devons au docteur Ravenel, a les dents beaucoup plus fortes, la tache de l’oper- cule beaucoup plus grande et plus étendue sur cet os. Le corps est d’un vert-clair jaunâtre, et chaque écaille à la base de sa partie visible noirâtre ou vert 1. Icht. ohion., p. 27. A64 ADDITIONS ET CORRECTIONS. très-foncé, ce qui fait paraître le corps couvert d'un réseau dont on ne voit pas de traces sur les deux au- tres espèces. Les nageoires sont plus pales et presque sans taches. D. 10/11; A, 3/11, ete. La longueur de ces poissons est de sept pouces. Le BRYTTE UNICOLORE. (Bryttus unicolor, nob.) ‘Une troisième espèce se distingue des deux précédentes, parce qu’elle n’a que troïs ou quatre peutes dents sur le devant des palatins. Sa couleur est uniforme, verdätre sur le dos, plus dorée sur les côtés et sur le ventre. Les nageoires n’ont aucune tache. D. 10/11; A. 3/9, etc. Nos individus ont six pouces de longueur. Cette espèce nous a été envoyée de Phi- ladelphie par M. Lesueur, et de Charlestown par M. le docteur Holbroock. Ces trois espèces se ressemblent d’ailleurs beaucoup, et pourraient bien n'être que de simples variétés; mais il faudrait les voir vi- vantes pour sen assurer. Page 95. Additions au genre pomotis. Il nous reste maintenant à parler de nos différentes espèces de vrais pomotis. Celle à laquelle nous réservons le nom de TOME Il. POMOTIS. 465 vulsaire, parce que nous en avons un plus grand nombre d'individus, a le corps arrondi, le dos élevé en avant de la dor- sale. Sa hauteur fait la moitié de sa longueur, la cau- dale non comprise. Ses nombres sont: D. 10/11 ; A. 3/9 , etc. La longueur de la porüon molle de l’anale égale la hauteur de cetie nageoire. La couleur parait jaune verdâtre à reflets dorés, avec une tache brune sur le milieu de chaque écaille formant des lignes longiudinales plus où moins marquées. Il n’y a point de raies sur les joues. La dor- sale est poinullée de noirâtre. L'anale a des taches plus pâles. On voit un trait jaune à la base de la pectorale. Le plus grand de nos individus a six pouces de long. Tous viennent du lac Ontario, de Phila- delphie ou de New-York par MM. Milbert et Lesueur. Le Pomoris DE RAVENEL. (Pomotis Ravenelit, nob.) Une seconde espèce a le profil du dos beaucoup plus rectiligne et descendant plus obliquement, ce qui la fait paraitre comme bossue à la base de la dorsale. Les dentelures de l'angle de son préoper- cule sont plus fines. D. 10/11 ; A. 3/9, etc. Le corps paraît plus doré. Sa longueur est de huit pouces. E 30 / . 466 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Le Pomoris D HoLBROOCX. (Pomotis Holbroockii, nob.) Une troisième espèce a les dentelures de l'angle du préopercule aussi fines que la précédente. Le profil du ventre est plus reculigne, et on compte deux rayons mous de plus à l’anale. D. 10/11; A. 3/11, etc. Les couleurs sont semblables à celles du vulgaire. . La poruon molle de la dorsale a des taches noires P plus larges et plus foncées. Cette espèce, envoyée de Charlestown par M. le docteur Holbroock, atteint à près de neuf pouces. Le PoMoTiIs COUPEUR. (Pomotis incisor, nob.) Une quatrième nous vient du lac Pontchar- train, près de la Nouvelle-Orléans, par Fa Despainville et Lesueur. Elle a le corps arrondi comme le vulgaire ; mais le dos entre la nuque et la dorsale est plus relevé. Les dentelures du préopercule sont très-fines, les dents de la rangée externe de la mâchoire supérieure un peu plus fortes. Les nombres sont un peu différens. D. 10/10 ; A. 3/9, etc. La couleur est brune sur le dos, et très-dorée sur les côtés du corps, prenant une teinte dorée encore TOME III. POMOTIS. AG7 plus brillante sur le ventre. Les nageoires impaires sont noirtres :1] n'y a qu’un ocelle noir, plus ou moins apparent, sur les derniers rayons mQus de la dorsale. Le bord membraneux de l’opercule est assez prolongé dans cette espèce; c’est lui qui porte la plus grande portion de la tache noire de l’ouie : l’opercule lui-même n’en a qu’une très-petite portion. Nos individus sont longs de six pouces. Ce pomotis est connu à la Nouvelle-Or- léans sous le nom de coupeur ou de fendeur- d’eau, à cause de l'adresse avec ne il coupe les lignes. La figure de M. Bosc, dont M. de Lacépède a fait son labre iris, appartient peut-être à ce poisson. Nous sommes très-portés à croire que M. Bosc n'a pas suffisamment distingué toutes ces espèces si voisines l'une de l'autre, et il se pourrait bien quil ait colorié un centrarchus sparoïde d'après un individu de notre pomo- tis actuel. | Le Pomoris BOoSSu. (Pomotis gibbosus, nob.) Un cinquième pomotis, abondant auprès de Charlesiown, ei qui a été également en- voyé par MM. Holbroock et Ravenel, a le corps plus large que le précédent, et un peu plus haut en avant de la dorsale. Les dentelures de l'angle de l’opercule sont un peu plus fortes qu'aux 468 ADDITIONS ET CORRECTIONS. précédens, mais moins qu'au vulgaire. Ses nombres ar 7 D. 10/12; A. 3/11, etc. Los est rayé par des rangées longitudinales de points noiratres. Le ventre est d’une couleur verte obscure. Les derniers rayons de la dorsale ont une grande tache noirâtre. Le bord membraneux de lopercule est large et strié. Nos individus dépassent huit pouces. Le PomoTis SUN-FISH. (Pomotis solis, nob.) Un autre pomotis du lac Pontchartrain, en- voyé par M. Lesueur, pourrait bien encore être d'une espèce distincte. Sa couleur parait être un jaune verdâtre uniforme, plus ou moins doré, sans aucune trace de taches ou de raies sur le corps et sur les nageoires. Le lam- beau de l'oreille est plus long et plus étroit que dans aucun autre. Ses nombres sont : D. 10/11; A. 3/10, etc. Il esi long de quatre à cinq pouces. Les Anglo-Américains de la Nouvelle-Or- léans donnent à cette espèce le nom de sun- fish (poisson de soleil). M. Lesueur ne nous ex- plique pas ce qui a motivé cette dénomination. Nous rapportons à cette espèce des indivi- dus mal colorés, qui nous ont été envoyés de New-York par M. Milbert. TOME III. POMOTIS. 469 Le Pomoris DE CATESBY. (Pomotis Catesbei, nob.) Nous avons, enfin, une septième espèce, qui se distingue de toutes les autres par les lignes brunes et obliques des joues. Elle a d’ailleurs le corps brun noirâtre, le ventre plus clair, à reflets dorés; des points noirâtres sur la dorsale et sur l’anale. Son corps est plus alongé. Les nombres sont : D. 10/10; A. 3/9, etc. Sa longueur est de quatre pouces et demi. C'est dans celle-ci, récemment envoyée de Philadelphie par M. Lesueur, que nous croyons retrouver le vrai perca fluvialilis gib- bosa, ventre luteo, de Catesby (t IF, pl. 8, fig. 3). Les lignes de la joue sont cependant moins nombreuses dans notre individu que dans cette figure. Du reste il lui ressemble dans tous les autres points. Page 110. Additions au chapitre XXI. MM. Quoy et Gaimard ont encore rapporté deux espèces nouvelles de priacanthes. Le PRIACANTHE AUX GRANDES VENTRALES. (Priacanthus macropus, nob.) L'une d'elles a l'œil aussi grand que celui du boops; son diamètre mesure la moiué de la longueur de la 470 ADDITIONS ET CORRECTIONS. L tête : mais elle a le sous-orbitaire plus large, les na- rines plus ouvertes, le maxillaire beaucoup plus large , l'épine du préopercule plus petite et comme 5 Ê P mu double, le front plus aplati. La dorsale commence Ù P plus en arrière; elle est plus haute, surtout de sa portion molle, L’anale est aussi beaucoup plus haute, et elle naît beaucoup plus en arrière; car dans le pria- PP 5 Fi -canthe boops c’est à la moiué de la distance entre le bout du museau et la base de la caudale que sort le premier rayon, tandis que cette même distance est d'un cinquième plus grande dans la nouvelle espèce que nous décrivons ici. Malgré la position reculée de l’anale, la poinie des ventrales atteint au second rayon épineux ; leur longueur, comparée à celle du corps, est le tiers de la distance du bout du museau à l'extrémité de la caudale : dans le boops les ventrales n’ont que le cinquième de celle du corps. Nous trou- vons un rayon mou de moins à l'anale. D. 10/13; À. 3/13; C. 17; P. 18; V. 1/5. Les écailles sont plus grandes et moins rudes; mais celles qui sont le long du bord de la mâchoire infé- rieure , sous la lèvre, ont des aspérités fortes et rele- vées, qui font paraitre ee bord dentelé. Ce poisson était d’une belle couleur rose carmi- née, à reflets argentés très-brillans. Les nageoires, un peu plus pâles que le corps, avaient un liséré noirätre plus petit que celui des nageoires du pria- canthe boops. Les ventrales sont noires. La longueur de l'individu est de quinze pouces. + TOME III. PRIACANTHES. 471 Le PRIACANTHE MACROPTÈRE. (Priacanthus macropterus, nob.) La seconde espèce a le corps plus court et le dos plus arqué. Sa hauteur est plus que le üers de la Jongueur totale. L'œil est plus peut. Le bord du sous-orbitaire est denielé. Le maxillaire est plus étroit. L’épine du préopercule est plus grosse. Les dentelures du bord horizontal et du bord verücal sont plus grosses. La dorsale est plus avancée sur le dos. Ses épines sont plus fortes et plus longues. L’é- pine de la ventrale' est plus robuste et un peu plus courte. Cette nageoire est un peu plus grande encore que celles du précédent. Les nombres sont les mêmes. D. 10/13; A. 9/13, etc. La couleur du corps était plus vive, parce que le rose carmin du corps était plus pur et les reflets argentés plus pâles. La dorsale antérieure est noirà- tre, les ventrales sont d’un noir très-foncé. Cet individu n’a que onze pouces. Le PRIACANTHE MIROIR. (Priacanthus speculum, nob.) M. Dussumier vient de rapporter des Sé- chelles un priacanthe d'une espèce nouvelle, facile à reconnaître à sa caudale fourchue. Il a le corps alongé, dont la hauteur fait le quart de la longueur totale; la tête y est comprise le même nombre de fois. Le diamètre de l'orbite est compris 472 ADDITIONS ET CORRECTIONS. deux fois et deux tiers dans la longueur de la tête. L'œil est éloigné du bout du museau d’une fois son diamètre, Les narines sont moins près du bord de l'œil ; l'ouverture antérieure est plus grande, et la postérieure est plus petite que dans le priacanthe ordinaire d'Amérique. L’épine de l’angle du préoper- cule est si petite, qu’on peut dire qu’elle est presque nulle; celle de lopercule est courte, mais sensible, et sa carène est également visible et dentelée. La dorsale et l’anale sont basses, et arrondies en arrière. La pec- torale est arrondie, courte. La ventrale a presque le double de longueur. - D. 10/14; A..3/15; C. 171; P. 20; V. 1/5. La couleur est un rouge vermillon, uni sur tout le corps. L'iris de l'œil est de même rouge; et l’ou- verture de la pupille, très-grande, parait brillante comme une plaque de mercure, et c’est ce qui a fait donner à ce poisson par les habitans des Séchelles le nom de miroir. L’anale est bordée de noirûtre, et les ventrales sont violacées. La longueur de l'individu est de six pouces. L’es- pèce atteint un pied. Ce priacanthe ressemble beaucoup à l’hamrur; mais il a le corps et les nageoires un peu moins hauts. L’anale de notre poisson est contenue deux fois dans la hauteur du tronc, tandis que celle de l'Aamrur en fait les deux tiers. La caudale du miroir est aussi plus échancrée. Ce poisson est abondant, pendant toute l'année dans la rade de Mahé. M. Dussumier dit que sa chair est mauvaise. TOME III. PRIACANTHES. 473 Le PRIACANTHE FANAL. (Priacanthus fax, nob.) Le même naturaliste a recueilli à lIsle-de- France un petit priacanthe, qui se rapproche de notre macracanthe (t. IT, p. 108) par la longueur de l'épine de l'angle du préopercule. Il en diffère par un corps moins oblong, parce que le bord du préopercule et l’épine sont RER dentelés, et parce qu’on lui compte un rayon mou de plus à la dorsale et à l’anale. D. 10/14 ; A. 3/15, ete. Ce poisson est d’une couleur purpurine à reflets argentés. La dorsale et l’anale sont poinullées de noï- râtre. Les ventrales sont noirâtres. Leur rayon épi- neux est plus court que les rayons mous. Les quatre individus que M. Dussumier vient de donner au Cabinet du Roi n’ont que deux pouces trois lignes; mais l’espèce devient beaucoup plus grande, et on en prend de deux livres. M. Dussumier assure que c'est un fort bon poisson, auquel les pêcheurs ont donné le nom de fanal. ’ C'est probablement un priacanthe que le poisson figuré dans Barbot (t. V, pl. 18) sous le nom de comendo-fish ; mais le défaut de précision de cette figure ne nous permet pas de caractériser cette espèce, qui nous est 474 ADDITIONS ET CORRECTIONS. encore inconnue, et que nous signalons ici pour fixer l'attention des naturalistes qui se trouveront à portée de nous la procurer. Page 117. Addition à l’article du doules bordé. MM. Quoy et Gaimard ont pris à la ligne, dans les eaux douces de l'ile Vanicolo, le doules bordé. Ils en décrivent ainsi les couleurs d'après le poisson frais. Le corps est blanc bleuâtre, plus foncé sur la tête et sur le dos. Les lèvres sont jaunes; les pec- torales rougeûtres; les autres nageoires jaunes, avec du noir sur les fourches de la caudale et sur la partie molle de la dorsale. L'ins de l'œil est jaune, mélé de rougeñtre. Leurs individus n’ont pas cinq pond: mais ils disent que cette espèce croit jusquà sept. Les indigènes la nomment barolo. Page 117, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le DouLEs DE GUAM. (Dules guamensis, nob.) Les mêmes naturalistes ont pris dans les eaux de Guam une espèce très - voisine du doules bordé. Elle a la bouche plus fendue. Le museau plus pointu. Le bord du préopercule plus arrondi et TOME III. DOULES. AT plus finement dentelé, et un rayon mou de moins à la dorsale et deux à l’anale. Les derniers rayons épineux de la dorsale sont plus courts; ce qui échancre davantage la nageoire. L'anale est plus haute et plus courte. D. 10/10; A. 3/10, ete. Les couleurs sont un peu différentes. Voici ce . qu’en disent les naturalistes qui ont vu le poisson frais. Le corps est d’un beau bleu de ciel clair, à reflets argentés et nuancé de rougeätre. Les écailles sont bordées de brun. L'oœil est jaune. Les nageoires sont jaunes. Il y a une tache noire à l'extrémité de chaque lobe de la caudale. L'individu n’a que cinq pouces de longueur. Page 118. Addition à l’article du doules à queue rayée. M. J. Desjardins nous à envoyé de fsle- de-France de grands individus de cette es- pèce, un d’eux a neuf pouces. Ils confirment en tout point ce que Commerson nous en avait appris. : Page 118, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le DouLES TACHETÉ. (Dules maculatus, nob.) Les compagnons de M. le capitaine d'Urville ont pris dans les eaux douces de Célèbes un doules ; 476 ADDITIONS ET CORRECTIONS. qui a les formes semblables aux précédens. Le sous- orbitaire, finement dentélé, a une légère échancrure; les dents sont très-petites. Le dessus de la tête et le dos sont bleuâtres, mêlés de jaunâtre près la ligne laté- rale, et parsemés de taches noirâtres, plus marquées sur la queue. Le jaunàtre des côtés devient blanc sous le ventre. Tout le corps est glacé d'argent. La membrane de la dorsale est grise, un peu violette. Ses épines sont jaunâtres. La tache noire de l'angle supé- “rieur de la seconde dorsale s'étend en une bordure le long de cette nageoire. L’anale est jaune, bordée de noir. La caudale est jaunâtre, bordée de noir dans ‘ son croissant, et a quelques points noirs sur son milieu. Les pectorales et les ventrales sont jaunes. D. 10/11; A. 3/11, etc. La taille de nos deux individus est de six à sept pouces. L’anatomie de cette espèce nous a montré un petit foie trièdre, placé presque en entier à gauche de l'estomac, et une vésicule du fiel assez longue, mais étroite. L’œsophage est large, assez long, élargi en un grand estomac arrondi, à parois minces. La branche montante nait sous le milieu de la face infé- rieure de l'estomac ; elle est épaisse, étroite, et re- courbée vers le haut de l'abdomen. Le pylore, est marqué par un étranglement, entouré de sept appendices cœcales; quatre à gauche, plus courtes que les trois de droite. Le duodénum est très-large; il fait une courbure sous le diaphragme; alors il se rétrécit beaucoup, et l'intestin, après s'être replié. deux fois, va droit à l'anus. Le rectum est court et TOME II. DOULES. 477 un peu plus large que l'intestin. La vessie natatoire est très-grande : elle donne deux petites cornes en avant, et deux fort longues en arrière, prolongées dans les muscles de la queue. Les reins sont réunis et donnent par un long uretère, qui passe entre les branches postérieures de la vessie aérienne, dans une très- petite vessie urinaire. L’estomac de ce poisson était rempli d'insectes, d'araignées, de blattes, de fourmis et de larves d’ani- maux de cette classe. Page 123. Addition à l’article du doules de roche. Nous possédons maintenant un grand nom- bre d'individus de ce poisson de roche, tous de lIsle-de-France, d'où ils ont été envoyés ou apportés par MM. Quoy et Gaimard, Julien Desjardins et Dussumier. Ils sont tous sembla- bles à celui qui a servi à notre description. Seulement nous avons pu voir sur quelques- uns de légères différences dans les taches, qui s'accordaient plus ou moins avec ce que Com- merson en dit; de sorte que nous sommes à présent plus certains du rapprochement que nous avons établi. De nouvelles observations anatomiques ont fut voir qu'il y a sept appendices au pylore et que la vessie aérienne donne en arrière deux cornes de longueur médiocre. Nous avons faut fure le squelette du doules de e 4785 ADDITIONS ET CORRECTIONS. roche. Le crâne est arrondi et n'a qu’une seule crête mitoyenne, assez haute, La colonne vertébrale se compose de onze vertèbres abdominales et de quinze caudales. Les autres parties de ce squelette n’offrent rien de remarquable. Î Page 123, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le DouLEs DE VANICOLO. (Dules vanicolensis, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont rapporté de Vanicolo un doules très-voisin de ce pois- son de roche et de notre doules brun. Il a le corps un peu plus haut ; la tête plus longue; l'œil plus grand; le sous-orbitaire plus étroit; les dentelures de cet os plus fines ; la bouche plus fen- due ; les portions molles de la dorsale et de l’anale plus hautes. | k D. 10/10; À. 3/9, etc. Le dos est noirûtre; le ventre argenté; le centre des écailles est bleuâtre, ce qui forme des lignes longitudinales, plus claires sur le noirätre du dos ou des flancs. Les nageoires sont brunes, poinullées de noirâtre. L’extrémité des lobes de la caudale est noire. Ce poisson, pris dans l’eau douce, est long de sept pouces. TOME Il. DOULES. 479 Le DouLres MALo. ( Dules malo, nob.) Il existe encore une espèce de doules dans la petite rivière de Matavai de Pile d'Otaiti. Les habitans la nomment malo. Elle à le corps ellipuque. Sa hauteur est le tiers de la longueur, la caudale non comprise. L'œil est grand. Son diamètre a plus que le tiers de la lon- gueur de la tête. La dorsale épineuse est un peu plus courte que celle de la plupart des autres doules. B. 6; D. 40/11; A. 3/14, ct. La couleur est argentée, rembrunie sur le dos. La dorsale, l’anale et les ventrales, ont des taches brunes, séparées par des linéoles blanchâtres. L'iris est noir, bordé d’un cercle doré. Nous ne connaissons encore cette espèce que par un dessin fait d’après nature à Otaïti par M. Lesson. L'individu avait sept pouces et demi de long. Page 129. Addition à l’article du thérapon jerboa. M. Dussumier a pris aux Séchelles le thé- rapon jerboa, qui y devient très-grand : ses individus ont dix pouces. Les dentelures du sous-orbitaire y sont presque effacées. On le nomme dans ces iles porsson-ananas. 489 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Le même voyageur a pris cette espèce avec le thérapon puta, sur la côte de Bombay, où elle est commune. Page 145, après l’article du datnia treillissé, ajoutez : Le DATNIA RUBANNÉ. (Datnia virgata, nob.) . M. Dussumier a pris en grand nombre, dans le golle du Bengale, un petit datnia, qui n'a pas tout-à-fait trois pouces de lon- gueur. Il ressemble, à sy méprendre, à notre L thérapon obscur; mais l'absence des dents au , palais, constatée sur plusieurs individus, lève tous les doutes, et place ce poisson dans Le ! genre des datnia. | Les dentelures du préopercule sont très-fortes, comme de peutes épines; celle de l'opercule est. très-aiguëé. Le sous-orbitaire est lisse. La portion épineuse de la dorsale est du double plus longue que la poruon molle. L’anale est courte. D. 19/12; A. 38, etc. Le corps est brun, assez foncé, avec un peut point bleuètre, visible par reflets sur les écailles du dos et du ventre. Trois lignes longitudinales jaunâtres éclairent un peu le fond rembruni des côtés. Le brun du milieu se prolonge sur la caudale en une bande impaire , et chaque lobe porte deux autres bandes obliques. L'intervalle des bandes est jaune. TOME III. NANDUS. 481 La dorsale épineuse a une longue tache noirâtre; et la poruüon molle, ainsi que l'anale, ont deux taches brunes. Du bleu lapis colore le dessous de l'œil, le hmbe du préopercule, le surscapulaire et l'épaule. Quelques individus ont trois où quatre taches bleuètres sur le dos, le long de la base de la dorsale. \ Nous rapportons à cette espèce un dessin qui nous a été communiqué par M. Raynaud. Ce voyageur avait pris son poisson le long du bord, dans les mêmes parages où M. Dus- “sumier a trouvé les siens. Page 151. Nouveau genre, à ajouter après les Aélotes. DES NANDUS (Wanovws, nob.). Nous avons encore à ajouter à cette division des percoïdes à dorsale simple et à six rayons branchiaux, un poisson très-commun dans les étangs du Bengale : c'est le cos nandus de Buchanan. La description de cet auteur nous laissait trop de doutes pour que nous pussions fixer la place de cette espèce, et le Cabinet du Roi n'en possédait qu'un très-mauvais exem- | plaire, provenant des collections de Sonnerat; mais M. Dussumier, à qui nous sommes rede- vables de tant de richesses, vient de nous rapporter le nandus en nombre et aussi frais 7. 31 Len) 482 ADDITIONS ET CORRECTIONS. que sil sortait de l'eau; et nous pouvons en donner une description détaillée et exacte. Ce poisson peut devenir le type d'un genre voisin des doules, et caractérisé par une bouche très-protractile, munie de dents en velours ras très-fin aux deux mâchoires, aux palatins et au chevron du vomer. Le préopercule et linter- opercule ont le bord finement dentelé. Lépine de l'opercule est si petite que l'on est exposé à ne pas l'apercevoir. La protractilité du museau de ce poisson lui donne un air tout différent des doules, et. le fait ressembler bien davantage à une men- dole à corps raccourci. Cette affinité est encore augmentée, parce que les mendoles ont quel- ques dents au palais, mais en bien plus petit nombre, puisqu'il …n y en a que quelques-unes à la crête mitoyenne du vomer. Cependant les nandus ne peuvent pas être placés dans la famille des ménides, à cause des dentelures de leurs pièces operculaires. Nous n'en avons qu'une espèce. Le NanDus MARBRÉ. (Nandus » prit nob.; Coius nandus, Ham. Buch., p.96, pl. 30, fig. 32.) Le profil du nandus monte par une ligne oblique et un peu concave jusqu a l’occiput, où 1l se relève beaucoup. Le dos est courbe. Le profil du ventre TOME III. NANDUS. 485 est très-légèrement convexe. La hauteur fait le üers de la longueur totale, et l'épaisseur est contenue le même nombre de fois dans la hauteur. Le museau est pointu, comprimé. La tête fait le tiers de la longueur totale. L'œil est peut, placé assez haut. Il est éloigné du bout du museau d’une fois et demie son diamètre, lequel n’est que du cinquième de la longueur de la tête. Le sous-orbitaire est étroit. Son bord, un peu fes- tonné, n’a que de très-petites dentelures, plus sensi- bles au toucher qu’à la vue. Le préopercule est arrondi et très-finement dentelé. Il y a un très-peut vesuige de pointe ou d'épine à lopercule. L'interopercule a quelques dentelures excessivement fines. Les deux ouvertures de la narine sont petites, rapprochées lune de l’autre et de l'œil. La bouche est grande, très-protracüle. Les pédicules des intermaxillaires remontent jusque sur l'occiput; ils ont les deux tiers de la longueur de la tête. Le maxillaire se porte en arrière, beaucoup au-delà de œil. Les lèvres sont minces, mais fort larges. 11 y a deux très-peuts pores sous la symphyse de la mâchoire inférieure, et trois autres plus grands, ou de vraies fosseties, sous cha- que branche. Cette mâchoire dépasse un peu la su- périeure. Des dents en velours très-fin sont aux deux mâchoires, sur le chevron du vomer et sur une bande étroite à chaque palatin. La Jangue est très- libre, membraneuse et élargie en avant. Sa base porte des âpretés très-fines. Les denis pharyngiennes sont aussi en velours ras. Les ouies sont très-fendues, Il n'y a bien certainement que six rayons. Les épines de la dorsale sont égales er s'élèvent 484 ADDITIONS ET CORRECTIONS. - peu. Les rayons mous les dépassent de moiué. La parue molle de la dorsale n'occupe pas en longueur le üers de l'espace pris par la parue épimeuse. La seconde épine de lanale est assez forte. La caudale est arrondie. Les pectorales et les ventrales sont très- eutes. B. 6; D. 13/12; A. 3/7; C: 153 P. 153 V. 1/5. Les écailles sont médiocres, lisses, sans âpretés ; on en compte une cinquantaine entre l'ouie et la caudale. Il y en a sur la joue, sur le limbe du préo- percule et les trois autres pièces operculaires, et quelques-unes sur le maxillaire; de façon que la pièce antérieure du sous-orbitaire seule, le front, ” la mâchoire inférieure et listhme, sont dépourvus d’écailles. La ligne latérale suit la courbure du dos par le quart de la hauteur, jusque sous le cinquième rayon mou de la dorsale; alors elle devient interrompue, et se rend à l'extrémité du corps par le milieu de la queue. Le fond de sa couleur dans la liqueur paraît ar- genté, avec des lignes longitudinales de reflets qui suivent les rangées d’écailles. Sur le dos, sur les flancs et sur la queue, 1l y a de grandes marbrures brunes, et sur toutes les nageoires des points bruns qui y forment des espèces de lignes. D’après ce qu’en dit Buchanan, nous savons qu'à l’état frais son ar- genté est légèrement teint de vert, et que ses mar- brures et les points de ses nageoires sont d’un olive foncé. M. Dussumier indique des couleurs très-peu différentes. Le corps, selon lui, est doré, avec des marbrures verdâtres. Les nageoires sont jaune clair et rayées de vert. nl TOME III. NANDUS. 485 L’anatomie nous donne des résultats aussi curieux que l'extérieur de ce poisson. Ses viscères sont plus semblables à ceux d’un poisson de la famille des labroïdes qu'a ceux d’un percoïde ou d’un sparoïde. L'œsophage se dilate très-promptement en un esto- mac cylindrique étroit, rétréci vers sa pointe, d’où remonte la branche montante, laquelle est fort courte. Une légère dilatation et un amincissement de l'épaisseur des tuniques, indique le commence- ment de l'intestin. Une valvule circulaire ferme le pylore. Il n’y a aucune appendice cœcale. L'intestin remonte sous l'estomac, jusque sous le foie, fuit un pli très-court, et se rend directement à l'anus. Le foie ne se compose que d’un seul lobe arrondi, placé à gauche de l’œsophage. La rate est cyhndri- que, petite et noirâtre. Les deux ovaires se réu- nissent promptement en une seule masse. La vessie natatoire est simple, assez grande, argentée. Les reins sont réumis en un seul, qui débouche dans une fort petite vessie urinaire par un très-long uretère. Le squelette a une colonne vertébrale composée de vingt-quatre vertèbres : quatorze portent des côtes ; les dix autres appartiennent à la queue. Les crêtes du cräne sont basses , égales entre elles; les mitoyennes s’écartent antérieurement pour former la coulisse, dans laquelle remontent les pédicules des intermaxilläires. Le nandus dépasse très-rarement six pouces, et est commun dans les étangs du Bengale. Il a la vie dure. Les habitans le considèrent comme une bonne nourriture. 486 ADDITIONS ET CORRECTIONS. La figure publiée par Buchanan’ est d’une grande vérité, et ne peut nous laisser aucun doute que le poisson dont nous venons de donner la description d'après les individus rapportés par M. Dussumier, ne soit bien de l'espèce du cotus nandus du naturaliste écos- sais. Cependant aucun de ces nombreux in- dividus n'a parmi les petites dents des deux mächoires d'autres dents plus grandes, comme indique Buchanan dans son texte, et il ny en a pas non plus de traces sur la figure, qui représente la gueule du poisson entrouverte. Cet auteur compte aussi sept rayons bran- chiostèges à ses nandus. Nous craignons qu'il n'y ait quelque confusion d'espèce, ou bien ce ne serait pas le vrai nandus que nous possé- derions, ce qui nous parait difficile à croire. Page 171. Addition à l'article du myripristis du port Praslin. Le myripristis du port Praslin vient d'être retrouvé à l'Isle-de-France par M. Dussumier. Les deux individus, longs de huit pouces, que nous avons sous les yeux, ont les mêmes formes et les mêmes palmures, lesmêmes dents, les mêmes dentelures que celui qui a servi 4. Gang fish, pl. 50, fig. 32. TOME III. MYRIPRISTIS. 487 de type pour notre description; mais un d'eux n'a que treize rayons mous à la dorsale et à l'anale , et l'autre a quinze de ces rayons à la dorsale et treize à l'anale. Comme cette varia- üon dans le nombre des rayons ne s'est pas rencontrée avec d’autres différences dans les caractères essentiels, tirés de la forme des par- ties de la tête, nous nous bornons à signaler cette anomalie dans le nombre des rayons, et nous regardons ces trois individus comme ap- partenant à la mème espèce. Les pécheurs de l'Isle-de-France et des Séchelles confondent les myripristis avec les hplocentrums sous le nom de Zon. Page 172, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le MYRIPRISTIS KUNTÉ. (Myripristis kuntee, nob.; Sullanaroo-kuntee, Russel, Cor. fish, t. II, pl. 104.) M. Dussumier nous a rapporté un autre myriprisuis de l'Isle-de-France, qui diffère de celui de Praslin par la longueur des dents en fines cardes, qui hérissent le bord de la mä- choire supérieure. Les palmures du crâne, divisées de même en cinq ou six branches, sont plus finement striées. L'inter- valle qui sépare les yeux est un peu moindre que le 488 ADDITIONS ET CORRECTIONS. quart de la longueur de la tête. Il n'y a point de dents à l'angle du maxillaire. Ce caractère est com- mun à celte espèce et au parvidens ; mais les dents de ce dernier sont toutes en velours ras. Les dente- lures des pièces opereulaires sont fines. Les écailles sont plus petites qu'aux précédens et finement striées. C'est Le seul auquel nous comptions seize rayons mous à la dorsale. D. 10-—1/16; A. 4/13, etc. ‘La couleur est un rose vif foncé vers le dos et mélé de jaune doré sur les côtés. Il y a du noir au bord membraneux de l'opercule, sur l'épaule et dans Vaisselle de la pectorale. Les nageoires sont jaunà- tres, tirant à l’orangé. La caudale est plus rouge. La forme générale du corps est en ovale plus ré- gulier qu’à aucun autre myripristis. La hauteur fait, à très-peu de chose près, le tiers de la longueur totale, qui est de sept pouces. Cest de toutes nos espèces celle qui se rapproche le plus de la figure que Russel a donnée de son sullaneroo-kuntee. L'ovale du corps est tout-à-fait semblable, et nous trou- vons les dents en fines cardes de la mâchoire supérieure très-bien représentées. Les couleurs conviennent également assez bien; aussi nous n'hésitons pas à rapporter notre poisson à celui de Russel, quoique cet auteur ait compté deux rayons mous de moins à la dorsale et à l’anale. er TOME III. MYRIPRISTIS. 489 Le MyriPrisriS DE BOURBON. (Myripristis borbonicus, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont trouvé à Bour- bon un myripristis long de cinq pouces, qui ressemble à celui du port Praslin par les palmures du crâne et par la finesse et la brièveté des dents des deux mâchoires, mais qui a le corps en ovale plus régulier, le sous-orbitaire plus étroit et plus anguleux, les écailles plus petites et plus finement dentelées. Le noir du bord mem- braneux de Lopercule est plus considérable ; car 1l s'étend sur l’opercule, sur le surscapulaire, l'épaule et l’aisselle de la pectorale. Le corps est rouge, glacé d'argent, et les nageoires sont plus pàles que le SEP D. 10-— 11/15; À. 4/18, etc. Page 172. Addition à l’article du myripristis hexagone. MM. Quoy et Gaimard nous ont rapporté de Bourou le myripristis hexagone, dont nous ignorions la patrie. Leur individu, long de huit pouces, est parfaitement bien conservé, et il nous a facilité les moyens d'ajouter encore quelque précision aux caractères que nous avons assignés à cette espèce. Le crâne est plus étroit qu'aux précédens. L'in- tervalle des yeux fait le cinquième de la longueur de la tête. Les palmures, divisées comme dans le myriprisus d'Amérique en cinq ou six brins, ont 4 490 ADDITIONS ET CORRECTIONS. des dentelures beaucoup plus fortes. L'épine de l'opercule est plus grosse, et le bord inférieur de l'interopercule fortement dentelé. Le maxillaire a le bas plus large qu'a aucun autre myriprisuis. Son angle inférieur est moins arrondi, et les dents de cet angle sont grosses et grenues. Ses écailles sont plus grandes et plus fortement dentelées. La couleur de ce poisson, d’après le dessin que ces naturalistes ont fait sur l'individu frais, est un ‘beau rouge vermillon sur le corps et sur les na- geoires. Le bord antérieur de la portion molle de la dorsale, de l’anale, des ventrales, et le bord su- périeur et inférieur de la caudale, sont d’un blanc pur. Le bord membraneux de lopercule est large et noir. Il y a très-peu de noir dans l’aisselle de la pectorale, et il n’y en a point sur l'épaule. L'œil est jaune vif. Cette nouvelle comparaison nous prouve la justesse de notre conjecture sur l'aspro totus ruber de Commerson, dont M. de La- cépède a fait, comme nous l'avons dit, le centropome rouge. Il est évident que cest notre myripristis hexagone qui a été vu et décrit par Commerson. Page 173. Addition à l’article du myripristis à petites dents. MM. Quoy et Gaimard ont aussi trouvé le myriprislis parvidens dans le même havre d'où les compagnons de M. Duperrey nous l'avaient rapporté. TOME IT. MYRIPRISTIS. A91 Les écailles du dos sont bordées de vert très-fonce. Le centre des écailles est argenté, ce qui fait paraître le dos comme recouvert par un réseau noirâtre au- dessus de la ligne latérale. Cette bordure des écailles A 4 4 . -paraît très-peu sur les flancs, et le ventre du poisson est tout argenté. Les nageoires sont blanches. Ces individus ont six pouces de longueur. Page 175, après l'article da myripristis du Japon, ajoutez: Le MYRIPRISTIS AXILLAIRE. (Myripristis axillaris, nob.) Il nous reste à parler de trois espèces de lTsle-de-France , quisontreconnaissables parce queltes n'ont pas de noir au bord membra- neux de l'opercule. La première a une tache noire dans l'usselle de: la pectorale ; elle a le corps un peu plus alongé que notre première espèce de la mer des Indes, à laquelle elle ressemble d’ailleurs plus qu'à aucune autre; mais elle a l'œil plus petit, les dents grenues de l'extrémité des mâchoires plus grosses, ainsi que celles de l'angle du maxillaire, Les palmures du eràne sont finement striées. Le sous-orbitaire est plus grossièrement den- telé et plus élargi à la réunion de la première pièce avec la seconde. Le dos au-dessus de la ligne latérale est rouge cuivré. Les flancs et le ventre sont argentés, quelque peu teintés de rose. Les nageoires paraissent avoir été d’un beau jaune. D. 10 — 1/14; A. 4/13, etc, 1:92 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Cette espèce tient d'assez près au murdjan; mais celui-ci a l'œil plus grand, et une tache noire au bord membraneux de l'opercule. L'in- dividu, long de sept pouces, a été rapporté par MM. Quoy et Gaimard. Le MYRIPRISTIS RAYÉ. c (Myripristis vittatus, nob.) Cette espèce est remarquable par la brièveté de son museau, due à l'élévation de larcade surci- lière, ce qui lui forme un orbite beaucoup plus grand qu'aux autres espèces, et cependant l'œil n’en- tame pas la ligne du profil. Les cannelures du crâne sont très-peu marquées au-devant des yeux. Le dessus de l'orbite est äpre, et en arrière les palmures sont divisées en stries fines et nombreuses. Les: dents sont petites : il y en a peu de grenues aux extrémités des deux mâchoires. Le maxillaire est élargi en arrière, et il porte à son angle cinq à six dents mousses très-prononcées. Le sous-orbi- taire est étroit et creusé en une goullière assez pro- fonde. Ses dentelures sont si fines qu’elles sont à peine sensibles. L’épine dé l’opercule est à peine marquée. La surface de cet os est siriée. Les dente- lures des quatre os operculaires sont fines. Le troi- sième rayon épineux de l’anale est robuste et plus gros qu'à aucune autre espèce. D. 10 1/14; A. 4/12, etc. Ce poisson est peint de la couleur la plus vive de carmin glacé d'argent. On voit le long de chaque TOME II. MYRIPRISTIS. 493 côté cinq à six rubans longiiudinaux noirâtres. La dorsale est orangée, et 1l y a entre chaque épine une tache carmin sur la base de la membrane. La caudale est jaune, avec une large bordure rouge dans le croissant de ses fourches. L’anale est orangée. Les ventrales et les pectorales sont rouge cerise. IL y a dans l’aisselle de cetie dernière nageoire une tache de couleur de sanguine très-vive. Cette belle espèce nous a été envoyée de Plsle- de- France par M. JS. Desjardins. Les pêcheurs la confondent avec les autres myri- + pristis et holocentrums sous le nom de Zon. L'individu que nous venons de décrire est long de sept pouces. Le MYRIPRISTIS LIME. (Myripristis lima, nob.) Enfin il nous reste à parler d’une espèce très - singulière, que M. Dussumier vient de découvrir à FIsle-de-France. | Le corps est alongé. Sa hauteur fait le üers de la longueur totale. La courbe du dos descend par un profil légèrement arrondi vers l'extrémité du museau, qui est obtus. La mâchoire inférieure est horizontale et ne remonte pas obliquement quand la bouche est fermée, comme dans tous les autres myripristis. Les yeux sont gros, saillans, rapprochés. L'inter- valle qu les sépare n'est guère que le sixième de la 494 ADDITIONS ET CORRECTIONS. longueur de la tête, qui elle:même a le üers de celle du corps, y compris la caudaie. En ar rière des yeux le crâne se relève un peu sur Vorbüe, et ÿ forme unesorte d'arcade surcihière, ce qui élargit assez l'occiput. Les palmures du crâne sont de fines stries assez nombreuses. L’échancrure ovale du front, qui reçoit les pédicules des intermaxillaires plus longs qu'a l'ordinaire, est fermée antérieurement par le rapprochement des deux nasaux, qui sont plus longs «et plus grands que dans les autres espèces. C’est pour donner place à ces os du nez que la bouche n’a pas dû se relever oblhiquement, comme dans les autres myriprisus. Ces os sont finement dentelés, evil y à sur leur surface trois arêtes dentelées. Le sous-orb1- taire est creusé en goutuère au-devant de l’œil. Der- rière l'œil 1l s’élargit beaucoup, ainsi que les osselets complémentaires qui entourent l'orbite, et qui sont tous fortement striés et dentelés. Les dents des deux mâchoires sont en velours très-ras. Le maxillaire est irès-élargi en arrière ; 1l n’a pas de denis vers son angle; sa pièce complémentaire est large : des, stries Fe et nombreuses le sillonnent. Le pie du préo- percule et le bord du limbe sont très-fortement den- ielés. L'angle de l’opercule se divise en trois ou quatre fortes pointes acérées, et le reste de son bord, ainsi que le sous-opercule et l'interopercule, le surscapu- laire et toute l’ossature de l'épaule, sont fortement dentelés. Les épines de la dorsale et de l'anale sont, médiocres. Les deux dorsales sont séparées à cause de la petitesse des derniers rayons épineux, qui ont à peine une membrane, Sous ce rapport, aussi bien \ TOME Ill. MYRIPRISTIS. 495 que sous celui de la force des épines de l'angle de lopercule, cette espèce s'éloigne un peu des my- ripristis et se rapproche des holocentres ; mais on ne peut cependant la placer dans ce dermer genre, parce que l'angle du préopercule n’est pas prolongé en épine saillante. | D. 19/14; A. 4/11; C. 17; P. 16: V. ANT. La partie molle de la dorsale et de l’anale est élevée et arrondie. La caudale est peu fourchue, et ses lobes sont également arrondis. Les écailles sont médiocres. On en compte plus de quarante-cinq entre l’ouie et la caudale; elles sont toutes fortement striées, et comme la pointe de chaque strie est un peu relevée, le poisson est comme une ràpe. Chaque écaille a de huit à dix pointes. Son bord radical est lisse. On ne voit que de très-fines stries sur la sur- face recouverte. Ce myripristis est d’un beau rouge uniforme sur le corps et sur les nageoires. La membrane de la dorsale entre chaque épine a un large bord blanc nacré. Les deux seuls individus que M. Dussumier ait rapportés sont longs de quatre pouces. Page 178. Addition à l’article du myriprislis murdjan. M. Ruppel vient de nous communiquer le myriprisus murdjan, quil a pris dans la mer Rouge. La comparaison que nous en avons faite avec les myripristis de la mer des Indes nous prouve que Cest auprès de notre pre- mière espèce que celle-ci doit prendre place. 496 ADDITIONS ET CORRECTIONS. - Les dents de l'extrémité des mâchoires supérieure et. inférieure forment deux peuts paquets de tuber- cules grenus, plus forts que dans le praslin, et celles qui bordent le maxillaire sont en velours ras comme dans notre parädens. Les dentelures de l'interoper- cule sont irès-fines, et celles du sous-opercule sont presque nulles. C’est Le caractère qui fait reconnaître principalement cette espèce. Les écailles ressemblent assez bien à celles du praslin. IL y a: du noir au bord membraneux de l'opercule et dans l’aisselle de la pectorale; mais le surscapulaire et l'épaule n’en montrent aucune teinte. Le dos est rouge cuivré. Les flancs sont mêlés de jaunâtre, et le ventre est argenté, teint de rosé. Cette couleur répond à la teinte cuivrée indiquée par Forskal. Nous ne lui trouvons que douze rayons mous à l'anale, D. 10 — 1/14; A. 4/19, etc. L'individu est long de cinq pouces. M. Ruppel (p. 86, pl. 23, fig. 2) décrit cette espèce et en donne une fort belle figure; mais ce n'est pas, comme il le croit, notre myri- pristis seichellensis. Selon lui le nom de murd- jan se donne aussi à des holocentrums. Page 197. Addition à l’article de l’holocentrum à longues : nageoires. Nous avons recu de l'Ascension, par MM. Quoy et Gaimard, deux individus très-beaux de cet holocentre. Il se trouve aussi à Sainte- TOME Ill. HOLOCENTRUMS. 497 Hélène, où M. Dussumier l'a recueilli; en sorte que nous croyons y retrouver le perca Ascen- sionis d'Osbeck. On devra donc rayer du cata- logue systématique l'holocentre de l'Ascension, que nous avions indiqué comme espèce d'après Osbeck, sans avoir vu les poissons pris autour de ces iles. Page 202. Addition à l’article de l’olocentrum des Indes orientales, M. Dussumier vient de nous rapporter cette espèce de Bombay. Les couleurs qu'il a ob- servées sur le frais, sont les mêmes que celles qui nous avaient été indiquées par les voya- geurs d'où nous avons tiré leur description. M. Dussumier nous apprend que ce poisson est bon à manger, et qu'il abonde sur la côte de Malabar pendant la mousson de nord-est, mais qu'il y est rare dans la mousson de sud- ouest. Page 205. Addition à l’article de l’Lolocentrum lion. Cette espèce est répandue dans toute la mer des Indes et la mer du Sud. Les compa- gnons du capitaine d'Urviile l'ont prise aux îles de la Société, à Vanicolo, à Guam, et les naturalistes de l'expédition russe ont peinte d’après Le vivant aux Carolines. Le des- 7. 32 498 ADDITIONS ET CORRECTIONS. sin que M. de Mertens a bien voulu nous communiquer, représente le dos rouge, les flancs roses, et le ventre jaune ; la dorsale épineuse est d’un beau rouge-foncé uni; la molle est jonquille ; l'anale et la caudale un peu orangées. Page 208. Addition à l’article de l’Aolocentrum spinifère d Arabie. L'holocentre spinifère se trouve aussi à l'Isle- de-France; M. Dussumier vient de nous len rapporter. Les couleurs sous lesquelles ce voya- geur nous peint cette espèce, diflèrent peu de celles que nous avons’ indiquées d'après M. Ehrenberg. Le corps est rouge, à reflets irisés vers le venire. Les nageoires sont de la mème couleur. Derrière chacun des rayons épineux de la dorsale il ÿ a deux taches d’un beau blanc; une à la base et l'autre à la pointe de l’épine. Le bord des ventrales est blanc. Nous retrouvons cette même espèce dans : un dessin fait à Uléa par M. de Mertens. Les formes sont entièrement semblables à celles de nos individus. Les couleurs et les taches des nageoires dorsale et ventrale sont telles que M. Dussumier vient de nous les indiquer; mais le corps est rouge, avec des lignes lon- gitudinales blanches. Nous savons que ces TOME III. HOLOCENTRUMS. 499 lignes paraissent lorsque le corps commence à se décolorer : ainsi elles ne peuvent pas four- nir de caractère spécifique. M. Ruppel donne une figure très-exacte de ce poisson à la planche 23, figure 1, de son Atlas zoologique. Il n'y marque cependant pas les taches blanches de la dorsale; mais il en indique une sur le dos de la queue, derrière la dorsale, dont les trois autres voyageurs ne parlent pas. M. Ruppel ajoute que cette tache s'efface après la mort. Il y en a aussi une très-bonne figure, et même la meilleure que nous puissions citer, dans les Poissons de Ceilan de M. Whitchurch- Bennet (pl 4), sous le nom d'holocentrus ruber. Son nom à Ceilan est ratoo-pahaya (pahaye rouge). L'individu de M. Dussumier est long de dix pouces; mais l'espèce devient beaucoup plus grande, et son poids va jusqu'à six ou sept livres. Elle est rare à l'Isle-de-France. Sa chair est d’un excellent goût. M. Bennet en dit à peu près autant de son ratoo-pahaya. Page 211. Addition à l’article de l’Aolocentrum à grosses épines. Les collections que M. Rang nous a en- voyées de Gorée, ont levé nos doutes tou- 500 ADDITIONS ET CORRECTIONS. chant l'existence de cet holocentre sur les côtes de Guinée, et nous ont fourni les moyens d'en décrire les couleurs. Un individu aussi frais que s'il sortait de l'eau, qui faisait partie de ces collecuons, avait le corps du plus beau rouge vermillon, passant au carmin sous le ventre. Sur le dos il y a trois lignes brunâtres, et le long des flancs des lignes jaunes faiblement mar- quées. La dorsale avait la moiué supérieure rouge, et l'inférieure blanche, avec une tache rouge trian- gulaire à la base de chaque rayon épineux. Entre les trois premiers sur la poruüon rouge, 1l y avait une large tache d’un brun-rouge presque noir, el une tache de même couleur, mais beaucoup plus petite, entre les trois derniers rayons. La poruüon molle, l'anale et la ventrale, étaient rouge vermillon; la cau- dale plus foncée; la pectorale orangée, avec une tache noirätre dans l’aisselle, Un trait jaune doré traversait obliquement la joue de l'angle supérieur du maxil- laire à la base de l’épine du préopercule. Ces belles couleurs ont disparu par l'action de l'alcool et de la lumière. Le rouge est devenu plus ou moins noi- râtre; les raies jaunes sont presque blanches, ainsi que les membranes des nageoires. A Page 211. Addition à l’article de l’Aolocentrum à tête large. L'holocentre à tête large, dont nous igno- rious la patrie, nous a été rapporté en beaux échantillons de Batavia par M. Raynaud. Ces TOME III. HOLOCENTRUMS. 501 individus, mieux conservés, nous permettent de recüfier quelques-uns de nos caractères. L’épine du préopercule est aussi forte que celle de l’oriental, ei souvent le bord inférieur n’est pas dentelé. Le crâne est élargi entre les yeux, et beau- coup plus rugueux. Le museau est plus court. D'après un dessin de M. Raynaud, on voit que sur un fond argenté le dos est rayé de quatre bandes longitudinales d’un rose vif, et le ventre de trois bandes d'un rose pâle. Les rayons des nageoires sont rouges, et leurs membranes jaunes. Les lèvres sont de cette dernière couleur, ainsi que le bord de l’o- percule. Les Malais de Batavia nomment ce poisson gourrara. Nous avons reconnu aussi cette même es- pèce dans un très-petit individu rapporté de Vanicolo par MM. Quoy et Gaimard. Page 2 1 9, après l’article de l’Aolocentrum chrétien, ajoutez: L'HoLOCENTRUM OPERCULAIRE. (Holocentrum operculare, nob.) MM. Quoy et Gaimard ont rapporté du Hivre-Carteret, de la Nouvelle-Irlande, une espèce nouvelle, assez voisine du sammer. Elle lui ressemble par sa forme alongée, par la peutesse des épines du préopercule et de l’opercule, par la longueur du troisième rayon épineux de l’anale; 502 ADDITIONS ET CORRECTIONS. mais elle en diffère par un sous-orbitaire plus échancré ei moins dentelé, et surtout par les couleurs de la dorsale, qui a toute la partie supérieure noire, bor- dée de blanc pur, la moitié inférieure blanche, et une tache noirâtre à la base antérieure de chaque épine. Les autres nageoïres sont blanches. D. 11/13; A. 4/9; C. 17; P. 15; V. 1/1. Le corps est bleu d’acier sur le dos, et blanc ar- . genté sur le ventre, une large tache brune dorée couvre la plus grande partie de l’opercule. Notre individu a près de huit pouces. L'HOLOCENTRUM ARGENTÉ. (Æolocentrum argenteum , nob.) Les mêmes naturalistes ont pris à la Nou- velle-Guinée ce poisson, qui tient beaucoup du sammer par les formes. Il a cependant le sous-orbitaire plus étroit, et lépine antérieure de cet os plus courte. Sa couleur était légèrement verdätre sur le dos, blanchâtre sur les côtés, à reflets brillans et argen- tés. La dorsale est grise, à bord blanc de lait, sans aucune tache, D. 1113; A. 4/1, etc. Sa longueur est de cinq pouces. TOME III, RHYNCHICHTE. 503 L'HOLOCENTRUM PIQURE-DE-MOUCHES. (Holocentrum stercus muscarum, nob.) Nous avons encore observé dans les col- lections de ces navigateurs un petit holo- centre de l'ile Guam, long de trois pouces, qui se rapproche beaucoup du porntillé; mais son épine anale est plus fable. La dorsale est grise, sans taches noires. Le bord de la portion épi- neuse est blanchâtre. Le dos est bleuâtre; le ventre blanc, et lon compte de chaque côté neuf rangées longitudinales de petits points noirs, comme des pi- qüres de mouche. Il y en a aussi sur le préopercule. D. 11/11; A. 4/8, etc. Page 220, après le chapitre XXVI, ajoutez: DU RHYNCHICHTE (Rarncmicatays). C'est encore aux recherches de M. Dussu- mier que nous devons la connaissance de ce singulier petit poisson, quil a trouvé dans l'estomac d’une bonite harponée dans les mers de l'Inde, sous l'équateur, par 85° de longitude à l'est du méridien de Paris. Il appartient au groupe des percoïdes à huit rayons aux ouies et aux ventrales; par consé- quent il est voisin des holocentres; mais il constitue un genre nouveau, reconnaissable 504 ADDITIONS ET CORRECTIONS. au prolongement des carènes du crâne en une pointe qui avance au-delà de sa bouche presque comme dans le lépidoleprus. Le préo- percule a une épine saillante vers son angle; mais l'angle de lopercule n’a que des épines fort courtes, comme dans les myripristis. Nous ne connaissons encore qu'une seule espèce de ce nouveau genre, que nous appellerons “ Le Ravyncuicure DE LA BONITE. (Rhynchichtys pelamidis, nob.) Ce poisson a le corps plus trapu et plus court que celui d'un holocenire, mais moins elliptique que celui des myripristis. Sa hauteur fait, à très-peu de chose près, le tiers de sa lüngueur totale. L’épaisseur mesure les deux cinquièmes de la hauteur. L'œil est grand. Son diamètre égale le tiers de la longueur de la tête, qui est elle-même contenue trois fois dans la longueur totale. Le crâne est large. L’es- pace entre les deux yeux égale le diamètre de lor- bite. En arrière des yeux, le dessus du crâne est arrondi, et sculpté par des palmeties au nombre de cinq à six, dont le bord postérieur est finement dentelé. Les tiges des palmettes latérales s’'avancent obliquement en dehors et sur l’orbite, et de leur terminaison partent deux carènes ,.une de chaque côté, qui convergent l’une vers l’autre, et se réunis- sent à l'extrémité du museau, prolongé ainsi en une TOME IT. RHYNCHICHTE. 505 sorte de pyramide, dont le sommet est éloigné de l'œil d’une distance égale au tiers de la longueur de la tête. Les deux crêtes mitoyennes du crâne se prolongent parallèlement entre elles et très-près lune de l'autre jusqu’à la pointe du museau, et sé- parent ainsi la face supérieure et concave de la pyra- mide en deux longues fossettes triangulaires. Les os du nez sont rejetés sur les côtés, au-devant de l'orbite, et relevés par deux pettes carènes égale- ment convergentes vers l'extrémité du museau. C'est entre ces deux crêtes que l’on voit les deux petites ouvertures de la narine. Le museau a en dessous deux carènes qui vont divergéant de la pointe de la pyramide à l'angle antérieur des maxillaires, et divisent ainsi sa face inférieure en trois fossettes. Toutes ces arêtes et le bord supérieur des orbites sont finement denticulés. Le sous - orbitaire est étroit, à bord dentelé, et à surface un peu ca- verneuse. Le préopercule a le limbe"fortement strié, et chaque strie entaille assez fortement le bord ver- ücal et horizontal de cet os, dont l'angle se pro- longe en une pointe assez lorgue. L'opercule, le sous-opercule et linteropercule, sont striés et den- telés. L’angle de l’opercule est divisé en trois petites épines, dont l'inférieure est un peu plus forte que les autres; mais elles ne le sont point autant que celles des holocentres. La bouche est fendue jusque sous le milieu de l'œil. Les intermaxillaires et les maxillaires sont très-orèles. Les pédicules des premiers sont courts, el, à cause de ce museau proéminent, ne se voient 506 ADDITIONS ET CORRECTIONS. plus à la face supérieure du crâne. Les branches de la mâchoire inférieure sont élargies et fortement striées. Les dents des mâchoires, excessivement fines, se voient avec peine, ainsi que celles des palauns et du chevron du vomer. Les ouïes, très-fendues, por- tent huit rayons branchiostèges. . Les premiers rayons épineux de la dorsale anté- rieure sont d'un tiers plus hauts que les rayons mous, et mesurent les deux tiers de la hauteur du corps. Le second est le plus élevé. Ils décroissent à parur du cinquième jusqu’au dernier, qui n’est plus qu’une très-peute épine, à peine saillante au-dessus du sillon dans lequel la dorsale est reçue. Le premier rayon épineux de l’anale est aussi petit que le dernier de la dorsale ; le troisième est fort et le plus long. La cau- dale est fourchue. Les pectorales sont petites. B. 8; D. 10 — 1/12; A. 4/8; C. 17; P. 14; V. 1/1. On compte de trente-cinq à quarante écailles à bord strié, entre l’ouie et la caudale. La ligne laté- rale suit la courbure du dos par le quart de la hau- teur du corps. Au moment où M. Dussumier a retiré ces pois- sons de l'estomac de cette bonite, 1ls étaient encore colorés en gris-bleu sur le dos , s’affaiblissant sur les côtés. Le ventre est argenté, avec des reflets dorés. L’occiput est d’un beau bleu. Les nageoires étaient transparentes , et entre chaque rayon épineux de la dorsale près du dos, il y avait une tache noire. On en voit encore les traces, ainsi que celles d’une autre tache de la même couleur, à la base de la queue. TOME TI. PERCIS. 507 Nos individus n’ont pas deux pouces de longueur; mais ils sont si bien conservés et si bien caractérisés, que nous n'avons pas hé- sité à publier ce nouveau genre. Page 272. Addition à l’article du percis à six ocelles.1 M. Dussumier a pris aux Séchelles un in- dividu de cette espèce, qu'on lui a dit y être fort rare. On l'y nomme péche-madame-de- fond. I le peint de couleurs un peu diffé- rentes de celles qui nous ont été indiquées par M. Ehrenberg. Le dos est jaune serin, varié de fauve. Les oper- cules et la tête sont rayés de jaune foncé. Les na- geoires sont jaunes, poinullées de noir; mais les ocelles du côté du corps et la grande tache sur la queue sont les mêmes que dans les individus de la mer Rouge. Ce poisson atteint aux Séchelles huit à dix pouces, et il y est fort estimé. Page 341. Addition à l’article de la sphyrène bécune. La bécune se trouve aussi à la côte d’Afri- que : On pouvait déjà le croire d’après la figure de Barbot (t.V, L 3, c.16, pl.6); mais - 1. Nous prenons ici occasion de recüfier l'indication des nom bres des rayons de l’anale, Au lieu de : A. 17, il faut lire :, A. 1/17, 508 ADDITIONS ET CORRECTIONS. nous venons d'en acquérir la certitude par un bel individu, long de dix-huit pouces, que M. Rang a envoyé de la rade de Gorée. Page 349, après l’article de la grosse sphyrène, ajoutez : La SPHYRÈNE DE DussuMrer. (Sphyræna Dussumieri, nob.) * On trouve dans Les mers de l'Inde une sphy- rène qui ressemble à sy méprendre au bar- racuda. Elle a comme lui les dents comprimées et élar- gies en triangles isocèles; mais celles de la mâchoire inférieure sont plus serrées : on en compte vingt- deux sur chaque branche; tandis que le barracuda d'Amérique n’a que quinze ou seize!. La pointe de la mächoire inférieure est beaucoup plus obtuse et moins avancée dans cette nouvelle espèce, et le maxillare se porte moins en arrière, D. 5 —"1/9; À. 1/9, etc. Les couleurs sur le poisson encore frais sont indiquées par M. Dussumier comme bleu noiratre sur le sommet de la tête et sur le dos, et argenté sur le ventre. Les deux dorsales, l’anale et la cau- dale sont noires ; les pectorales jaunâtres, les ven- 1. Nous profiterons de cette observation pour faire remarquer à nos lecteurs que le dessinateur a représenté sur la figure du Barracuda les dents trop rapprochées et en nombre trop consi- dérable. TOME IIT. SPHYRÈNES. 509 trales blanches. L’œil est noir, entouré d’un cercle argenté. L'individu, long de trois pieds trois pouces, a été pris à la ligne dans les mers de l'Inde, entre les Maldives et la côte orientale d'Afrique, par 8 de latitude nord, et par 60° de longitude à l'est du méridien de Paris. M. Dussumier à trouvé la chair de ce pois- son excellente, légère et divisée par couches. Ce naturaliste croit que c'est la même espèce dont on fait une pêche active dans la mer Rouge, où on la sale, pour la porter à Ffsle- de-France et à Bourbon, où elle sert à la nourriture des Noirs. Page 354. Addition à l’article de la sphyrène de Forster. Nous avons reconnu cette sphyrène parmi les poissons de la Nouvelle-Guinée rapportés par MM. Quoy et Gaimard. Elle est réellement différente des autres espèces que nous men- tionnons dans l'histoire de ce genre. Sa dorsale et ses ventrales sont avancées, comme dans le jello, au-devant de la pointe des pectorales. L'œil est très-grand. Il s’en trouve une description dans les ma- nuscrits de Solander. Les couleurs y sont ainsi indiquées : le dos cen- b10 ADDITIONS ET CORRECTIONS. L dré, le ventre blanc, les dorsales jaunâtres, lanale bleuâtre, la caudale grise, les ventrales blanches. Les naturels d'Otaïti nomment ce poisson thia-tao. Page 356. Corrections et additions au chapitre XXXII. Lorsque nous avons rédigé l'histoire des paralepis, nous ne possédions qu'un seul in- dividu en assez mauvais état, qui nous avait été envoyé sous le nom de paralepis coré- gonoide, mais qui, d'après le nombre des rayons de son anale, répond plutôt au sphy- rénoïde de M. Risso. On doit marquer comme il suit le nombre de ses rayons: B. 7; D. 106; A. 3/27; C. 17; P. 13; V. 1/8. Ainsi nous prions le lecteur de faire cette correction sur le texte et sur la planche. Le PARALEPIS CORÉGONOIÏDE. (Paralepis coregonoides, Risso.) Nous avons à parler maintenant du véri- table paralepis corégonoïde de M. Risso, dont nous devons plusieurs échantillons en bon état aux recherches faites à Nice par M. Laurillard. Cette espèce a le corps alongé comme l'autre. La tête est dans la même proportion. L'oeil est placé de même; mais l'intervalle entre les yeux est un peu plus large. Les dents de lintermaxillaire sont fines TOME III. PARALEPIS. 511 et toutes aussi petites que celles du sphyrénoïde; mais les autres dents diffèrent sensiblement : celles de la mâchoire inférieure sont très-pettes et égales entre elles : il n'y en pas d’alongées en crochets entre ces petites dents. Les palatines sont de même fort peutes, excepté les deux antérieures, qui, quoi- que fort courtes, dépassent un peu celles qui suivent. La première dorsale a dix rayons; mais la seconde n’a pas les siens aussi visibles que dans le sphyre- noide, et ressemble davantage à une adipeuse : on n’y en disungue que deux ou trois. L'anale a sept rayons de moins que dans lautre espèce ; mais les ventrales ont de mème huit rayons articulés. B. 7; D. 10 2 ou 3; A. 3/20; C. 17; P. 12; V. 1/8. Les écailles sont grandes et tombent facilement ; celles de la ligne latérale seule sont plus tenaces. La couleur de ce poisson est un argenté très-pur et très-brillant sur les flancs, légèrement teinté de verdàätre sur le dos, et de noirûtre sous le ventre. Cette couleur est due sans doute au peu d’épaisseur des parois du ventre, qui laissent voir au travers le péritoine, noir comme de l'encre. Nous en avons fait l'anatomie, et nous avons trouvé un très-long estomac étroit de couleur noirâtre, terminé en une pointe aiguë au-delà même de l'anus. Le pylore s'ouvre très en avant, presque derrière le diaphragme. Il ÿ a au-devant de la bran- che du pylore un très-court cœcum, dont le bout aveugle est entre les lobes du foie derrière le dia- phragme. l'intestin, sans faire aucun pli, se rend directement à l'anus. Le foie est peut; le lobe droit 512 ADDITIONS ET CORRECTIONS, cache la vésicule du fiel, qui est aussi fort petite, étroite, ayant l'air d'une appendice cœcale de lin- tesun. Le canal cholédoque est très-court et dé- bouche sous le cœcum unique. Il n’y a point de vessie natatoire. La laitance, d'un beau blanc, se dessine avec netteté en un ruban grêle et alongé sur le fond noir foncé du péritoine. Ce poisson est vorace; son estomac était rempli de sept ou huit petits gades, ce qui est conforme à ce que dit M. Risso. Nos individus sont longs de huit à neuf pouces. : Cette espèce se rapproche du paralepis transparent que nous avons mentionné d'après M. Rafinesque; mais la figure de cet auteur montre des dents beaucoup trop fortes à la mâchoire inférieure pour que nous puissions croire avoir retrouvé ce poisson sicilien. Page 372. Addition à l’article du polynème à longs filets. M. Raynaud, chirurgien à bord dela corvette la Chevrette, a rapporté du Gange ce poly- nème sous la dénomination bengalie de topst- mouatz, qui répond à la dénomination ta- moule de tupsee-mutchey. Notre voyageur a trouvé aussi l'espèce à l'embouchure de la rivière de Rangoon, dans le pays des Birmans. Les indigènes la lui ont donnée sous le nom de na-denimbia, ce qui signifie poisson doré. TOME IIT. POLYNÈMES. 5135 Page 372, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le POLYNÈME AUX PECTORALES NOIRES. (Polynemus melanochir, nob.) IL existe dans l'Inde une seconde espèce de ces polynèmes à filets plus longs que le corps, dont nous avons eu connaissance à Londres par un dessin envoyé de Sumatra par feu le major Finlayson. Comparée à notre première espèce, celle-ci a le corps plus alongé, les épines de la première dorsale plus fortes : cette nageoire occupe, ainsi que la se- conde dorsale et l’anale, un plus long espace sur le dos ou sous la queue du poisson. Le caractère dis- üncuf le plus sensible consiste dans la couleur des pectorales, qui sont très-noires. Les trois longs filets internes sont aussi noirs; les quatre autres sont orangés comme dans la première espèce. Le dos est verdâtre, les côtés et le ventre blanchâtres et rayés de quatre bandes longitudinales jaunes. Il y a de l'orangé sur la tête, sur la base des pectorales, sur la caudale, l’anale et les ventrales. Les deux dorsales sont brunes ou verditres. Le dessin est long de neuf pouces ; les filets en ont dix. Il est déposé dans la bibliothèque de la Compagnie des Indes, et nous a été commu- niqué par M. le docteur Horsfield. 33 Le | 514 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Page 380. Addition à l’article du pol/ynème tétradactyle. MM. Quoy et Gaimard ont trouvé ce po- lynème à Batavia. Leurs individus, bien con- servés, sont longs de quatorze pouces. Nous avons pu en faire l'anatomie. Le foie est composé de deux lobes fort alongés, dont le gauche est du double plus large que le droit. La vésicule du fiel est longue et étroite. L’estomac forme un long sac aminci vers l'extrémité, qui est arrondie : la branche montante de l'estomac est courte et étroite. Un fort étranglement marque le pylore, qui est accompagné d’une masse considé- rable de petits cœcums capillaires. L'intestin est court et ne fait que deux plis. La rate est grosse, placée vers la pointe de l'estomac. Il n’y a point de vessie aérienne, Les reins sont très-gros. Page 389. Addition à l’article du polynème à six brins. Nous pouvons maintenant parler d'après nature du polynème à six brins. M. Dussu- mier vient de nous le rapporter de la côte de Coromandel. Les formes et les couleurs indiquées par Bloch sont parfaitement exactes. Mais cet auteur a négligé à tort le très-petit rayon antérieur de la première dorsale, qui en a effectivement huit. Ainsi les nombres comp- tés sur notre poisson seront : D. 8 — 1/13; À. 3/13, ctc. TOME III. POLYNÈMES. 515 Par les formes et la longueur des filets, cette es- pèce est plus semblable au pfebeius qu’au tétradac- dyle, qui a le corps alongé et les filets couris. Le plus alongé des six rayons libres atteint au milieu de la ventrale. Les lobes de la caudale sont larges et peu pointus ; leur longueur n’a guère que le cin- quième de la longueur totale. La dorsale et l’anale sont coupées carrément. On voit encore sur notre individu des traces de la tache noirâtre de l'épaule. Il y a aussi une teinte de cette couleur sur l'extrémité de la pectorale, Ce poisson est long de six pouces. Ce polynème à un estomac alongé et élargi vers l'arrière. Nous n'avons pu voir les cœcums; ils étaient détruits. Cette espèce offre une particularité anato- mique par la petitesse de sa vessie aérienne , qui est pointue aux deux extrémités et n’a pas trois lignes de long : sa forme est celle d’un peut grain d'avoine argenté. Page 389, après l’article ci-dessus, ajoutez : Le POLYNÈME A SIX FILS. (Polynemus sexfilis, nob.) On trouve dans les mers de lIsle-de-France un autre polynème à six rayons libres, quil ne faut pas confondre avec celui de la côte de Coromandel. Il s’en disungue par des nageoires verticales, dont les premiers rayons sont plus élevés, ce qui rend le bord de la nageoire échancré en faux. Les lobes de 516 ADDITIONS ET CORRECTIONS. la caudale sont plus longs et contenus seulement trois fois et demie dans la longueur totale. Les nombres sont à peu près les mêmes : D. 8 — 1/13; A. 3/12, etc. On trouve encore d’autres différences dans les dentelures du bas du préopercule, lesquelles sont plus fortes; dans Les stries rayonnantes qui sillonnent la surface de l'opercule, et dans les couleurs, qui n’offrent aucune trace des taches noires de l'épaule. ” Le dos paraît avoir été verdätre et le ventre argenté. On compte quinze à seize lignes longitudinales grises sur chaque côté : 1l y a du noirâtre à la pointe des deux dorsales et de la pectorale. Les ven- irales sont blanches, l’anale et la caudale grises. Nous avons recu un très-bel individu de cette espèce, long de treize pouces, par M. J. Desjardins ; deux autres, plus petits, se sont trouvés dans les collttions faites dans les mêmes parages par MM. Quoy et Gaimard. L’anatomie de cette espèce nous a montré qu’elle n’a point de vessie aérienne. L’estomac est étroit, alongé, terminé en pointe. Le nombre des appen- dices cœcales est très-considérable; elles sont grêles et alongées. L'intesuin après le second pli se dilate beaucoup , fait plusieurs sinuosités et s’élargit en un gros rectum, dont la veloutée offre des rides nombreuses et longitudinales. Le foie a ses lobes épais triangulaires. Le gauche est du double plus alongé que le droit. TOME III. POLYNÈMES. o17 Le PoLYNÈME A FILETS JAUNES. (Polynemus xanthonemus, nob.) Une troisième espèce, également à six brins, existe encore à la côte de Coromandel : elle ressemble plus au sextarius qu'au sexfilis ; mais les six rayons dépassent la pointe des ventrales : ils sont cependant plus courts que ceux de l’Aexa- nème, qui atteignent l'extrémité du corps. Quoique les lobes de la caudale ne soient pas plus alongés que ceux du sextarius, la nageoire est plus profondé- ment échancrée. Enfin, nous lui trouvons deux rayons mous de moins à la seconde dorsale : D. 8 — 4/11; A. 3/12, etc. - Les couleurs nous offrent aussi quelques diffé- rences. Le dos est verdätre clair, les flancs et le ventre sont argentés; les nageoires jaunes, bordées de noir : les filets ont la même teinte que les na- geoires. Nous avons deux individus de cette es- pèce, longs de six pouces et rapportés de Pondichéry par M. Dussumier. L'anatomie nous fournit encore des caractères qui jusufient la disuncuon de cette espèce. Elle n’a pas plus que la précédente de vessie aérienne. Son estomac est plus large et moins long. Il n’y a que douze cœcums, alongés et divisés en deux paquets égaux de chaque côté de la branche montante de l'estomac. L'intesun est plus long , et le lobe gauche 518 ADDITIONS ET CORRECTIONS. du foie est moins épais et se porte plus loin dans la cavité abdominale. Page 391. Addition à l’article du polynème à quatre fils. M. Rang nous a envoyé le polynème à quatre fils de la rade de Gorée. Nous avons à ajouter que cette espèce, que nous regardions comme absolument nou- velle lors de la publication de notre histoire des polynèmes, était figurée dans Barbot (t.V, pl. 6). Elle ne paraît pas porter de nom par- ticulier à la côte de Guinée, car ce voyageur l'a désignée par les mots de poisson inconnu (unknown ). Page 392. Addition à l’article du polynème à neuf brins. Nous devons également aux recherches de M. Rang un second Polynème fort intéressant pour notre histoire de l'ichtyologie : celui qui a neuf rayons libres, dont nous n'avions pu parler que d'après Vahl. C'est de tous les polynèmes que nous avons vus celui qui a le corps le plus haut. Par la forme il ressemble à un cyprin à corps élevé et peu épais, comme la rosse de nos étangs (cyprinus erythroph- talmus, Bl.). La plus grande hauteur mesure le quart de la longueur totale. La tête a un peu moins de lon- gueur que le corps n’a de hauteur. Le museau est haut et très-obtus. L’œil est grand. Les dentelures du TOME Il. POLYNÈMES. 519 préopercule sont égales et très-fines. Le bord près de l’angle a une large échancrure ou un feston. Le maxillaire est étroit et arrondi. La première dorsale est haute, triangulaire et pointue; la seconde est un peu moins élevée que la première, et légèrement échancrée. L’anale a moins de hauteur. La caudale est fourchue. Le sillon du dessous de la pectorale à l'isthme est plus profond que dans aucun autre polynème. Les ventrales sont attachées sous l’aplomb du deuxième uers de la pectorale. Les filets dépassent à peine la base de la ventrale. Voici les nombres des rayons : B. 7; D.8— 1/14; À. 3/11; C. 17; P. 13 — 9; V. 1/5. Les écailles sont grandes et lisses, comme celles de nos cyprins. La couleur paraît avoir été verdà- tre, à reflets argentés. La première dorsale est plom- bée et finement poinullée de noirâtre. L’anatomie de ce polynème nous à montré un foie peu considérable, composé de deux lobes apla- us, triangulaires, pointus : le plus court, celui de droite, porte une peute vésicule de fiel oblongue. L’estomac est ovoide, assez large, peu alongé. Les appendices cœcales ne paraissent pas être en nombre considérable, mais nous n'avons pu les compter. La vessie aérienne est simple, énorme, occupant toute la longueur du dos depuis les ouïes, et prolongée en pointe conique et aiguë jusque sur les interépineux de l'anale. Ses parois sont fibreuses et argentées. Les lätances forment deux longs rubans d’un beau blanc. 520 ADDITIONS ET CORRECTIONS. Page 455, après l’article de l’upénéus de Vlaming , ajoutez: L'UPÉNÉUS A DEUX RUBANS. ( Upeneus bivittatus, nob.) On trouve à la côte de Coromandel un upénéus qui ressemble beaucoup parses formes au rayé. . Ila de mème les dents en velours ras aux mà- choires , au vomer et aux palatins. La ligne latérale est formée d'une série d’arbuscules composés de quatre branches. D. — 1/8; À. 1/6, etc. M. Dussumier, qui l’a vu frais, nous apprend que le dos est fauve, nuance de verditre, les flancs et le ventre argentés; deux raies longitudinales jaune doré courent le long des flancs. Les deux dorsales sont blanches, variées de verdâtre ; la première est termi- née par une tache noire. La caudale est verdâtre clair; les pectorales sont transparentes ; l’anale et les ven- trales sont jaunes. La taille des individus rapportés par M. Dussumier varie de cinq à six pouces. Page 460. Addition à l'article de l’upénéus de Ceilan. MM. Quoy et Gaimard ont retrouvé cette espèce à la Nouvelle-Guinée : leurs individus bien conservés ont confirmé la justesse de nos observations. TOME III. UPÉNÉUS. 521 Les appendices cœcales sont au nombre de seize, divisées en deux paquets égaux de chaque côté de l'estomac. Page 460, après l’article ci-dessus, ajoutez : 3 L'UPrénéus DE VANICOLO. (Upeneus vanicolensis , nob.) Les mêmes naturalistes ont rapporté de Vanicolo un petit upénéus assez semblable à celui de Ceilan, mais qui en diffère par un museau plus court, un profil plus déclive, un œil plus grand. L'espace qui sépare les yeux est plus bombé. La première dorsale est moins pointue, parce que le troisième et le quatrième rayon épineux sont plus hauts que ceux de l’autre espèce. D. 7 — 1,8; A. 1/6, etc. Le corps paraît avoir été rouge, plus ou moins doré sur le dos. Les nageoires sont jaunes. Les individus n’ont pas cinq pouces de long. Page 474, après l’article de l’upénéus cyclostome, ajoutez: L'ÜPÉNÉUS JAUNE. : (Upeneus luteus, nob.) M. Dussumier vient de rapporter de l'Isle- de-France un upénéus voisin du cyclostome, mais qui en diffère par les arbuscules de la ligne 5292 ADDITIONS ET CORRECTIONS. latérale et par quelques autres caractères. L'œ1l de cette nouvelle espèce est un peu moins petit que celui du cyclostome ; le diamètre est du sixième de la longueur de la tête, laquelle est du tiers de la longueur du corps, sans y comprendre la caudale, tandis que l'œil du cyclostome est ébntenu sept fois dans la longueur de la tête. Le profil est un peu concave au-devant des yeux. Les barbillons atter- gnent à la base des ventrales. Les écailles sont fine- “ment striées. Les lobes de la caudale sont moins longs. D. 8— 1/8; A. 1/6, etc. Les couleurs décrites sur le frais par M. Dussu- mier étaient du jaune orangé sur le dos, et du jaune citron brillant sur les flancs et le ventre. La première dorsale est orangée, les autres nageoires sont jaunes. Il y a trois lignes bleues sur la tête à la hauteur des yeux, mais qui disparaissent après la mort du poisson. L'individu a sept pouces de longueur. Nous trouvons un dessin fort exact de cette espèce parmi ceux qui nous ont été cCommuni- qués par M. de Mertens. Ce savant naturaliste, dont la perte récente vient d'afiliger les amis des sciences , avait peint ce poisson d'une belle couleur jaune de gomme gutte clair et uniforme. Il n'indique pas les raies bleues. TOME IT. UPÉNÉUS. 523 L'UPÉNÉUS A GROSSES LÈVRES. (Upeneus crassilabris, nob.) Un autre upénéus, voisin du cyclostome, habite sur les côtes de la Nouvelle-Guinée, d'où les compagnons du capitaine d'Urville l'ont rapporté. Il a le museau plus court, le chanfreim plus bombé, la tête plus haute. Le corps se rétrécit vers l'arrière, de manière que la hauteur de la queue n’est pas moiué de celle du corps, prise aux épaules. Les arbuscules de la ligne latérale sont très-divisés. Les dents sont fortes et coniques, sur une seule ran- gée : 1l n’y en a point au palais. Les lèvres sont très- épaisses. Les barbillons n’atteignent pas la base des ventrales. L’épine de Fopercule est forte. D.8— 4/8; A. 186, etc. La première dorsale est assez élevée; la caudale est peu fourchue ; les deux lobes sont larges et ar- rondis; les ventrales sont très-grandes. Ce poisson parait avoir été jaune, avec des points ou des lignes peu marquées sur les côtés. La pre- mière dorsale est violette; la seconde n’a que la base de cette couleur : la moitié supérieure est rayée de cinq à six raies parallèles longitudinales, alternati- vement blanches et violettes. L’anale, beaucoup plus pâle, a des points violets et un plus grand nombre de raies obliques. La caudale est plus foncée que la dorsale, et elle a des points blancs plus ou moins effacés. Les pectorales sont jaunes, plus ou moins D24 ADDITIONS ET CORRECTIONS. olivâtres. Les ventrales ont les trois rayons externes colorés en violet, et les internes jaunâtres. La mem- brane branchiosiège et les barbillons sont d’un brun violet plus ou moins foncé. L'individu est long de neuf pouces. L'UPÉNÉUS CAPUCIN. ( Upeneus fraterculus, nob.) ‘Nous devons encore aux recherches infati- gables de M. Dussumier une espèce d’upénéus voisine de la précédente, et par conséquent du cyclostome. La ligne du profil de cette espèce est convexe ; le chanfrein est bombé; mais le corps est moins élevé de l'avant que celui de l’upénéus à grosses lèvres. Cette nouvelle espèce a les lèvres beaucoup moins épaisses. Les arbuscules de la ligne sont en- core beaucoup plus divisés, et forment une sorte de petite rosace sur l’écaille où s’épanouissent leurs branches. Le museau est court; l'œil assez grand ; l’é- pine de l’opercule forte. Les barbillons sont courts, et ne dépassent pas le bord postérieur du préopercule. La caudale n’est pas très-profondément fourchue ; elle a cependant ses pointes plus aiguës que celle du précédent. D. 8— 1/8; A. 4/6, etc. Tout le corps est rose, varié de jaune orangé vers les extrémités des nageoires. M. Dussumier en a vu des individus de qua- TOME Ill. UPÉNÉUS. 525 torze pouces; celui que nous avons décrit, n’en a que neuf. Les pêcheurs de la rade de Mahé, aux Sé- chelles, nomment ce poisson rouget-capucin. L'ÜPÉNÉUS A DEUX RAIES. ( Upeneus bilineatus, nob.) Nous avons encore à parler de trois petites espèces qui font partie des dernières collec- tions de MM. Quoy et Gaimard; elles appar- tiennent toutes trois à la division des upénéus à dents coniques sur une seule rangée et à palais lisse. L'une d'elles vient d'Amboine. Elle à le museau court, le chanfrein très-bombé et le profil presque vertical, comme dans le peut rouget barbet de nos mers. Les barbillons, courts, ne dépassent pas l’angle de l’opercule. D. — 1/8; A. 1/6, etc. Ce petit poisson n’a que trois pouces de long ; 1l a le dos brun, la tête et les flancs rosés, le ventre blanc ; deux raies jaune d’orpin rehaussent le long des flancs la couleur du corps. La première dorsale, noire à son extrémité, a deux raies obliques olivâtres : la seconde a également deux petites raies obliques de la mème couleur. L'anale, la caudale, les ventrales, les barbillons et les lèvres sont jaunes. 526 ADDITIONS ET CORRECTIONS. L'UPÉNÉUS ATHÉRINOÏDE. (Upeneus atherinoides, nob.) La seconde vient de Guam. Elle a le corps alongé et arrondi, ce qui lui donne une ressemblance frappante avec une athérine. Le museau est assez alongé; les barbillons ne dépassent pas le bord du préopercule. Chaque écaille est fine- ‘ment cihiée. Les lobes de la caudale sont très-pointus. D. T— 1/8; A. 1/6, etc. Le dos est bleuâtre, et les flancs sont argentés ; les autres nageoires paraissent jaunâtres, sans aucunes raies. L'individu a trois pouces et demi. L'UPÉNÉUS CYPRINOÏDE. (Upeneus cyprinoides, nob.) Enfin, la troisième ressemble à un petit cyprin de la famille de nos gardons. Elle a donc le corps moins alongé que la pré- cédente ; ses barhillons sont tout aussi courts ; les dents plus fortes; les écailles lisses ; la ligne latérale simple et sans arbuscules. Ce caractère est commun à cette espèce et au cyclostome : mais la brièveté des barbillons disungue suffisamment le cyprinoide. Le dos parait avoir été brun verdàtre, les flancs ar- gentés. La première dorsale a du noirâtre à la pointe; la seconde est grisètre; la caudale d’un beau jaune TOME VII. CHÉTODONS. 527 jonquille ; les autres nageoires sont plus ou moins IFRS D. 8 — 1/8; A. 1/6, etc. Ce poisson, long de trois pouces, vient de l'Isle-de-France. TOME SEPTIÈME. Page 1 9, après l’article du chétodon à huit bandes, ajoutez: Le CHÉTODON A DEUX BAUDRIERS. (Chætodon dizoster, nob.) Parmi les beaux dessins de poissons que M. Théodore Delise nous a envoyés de lIsle- de-France , il y a une très-belle espèce de chétodon de la division à stries verticales. Le museau est saillant; le corps est élevé à peu près comme dans le chétodon linéolé. La couleur est bleu violet sur locciput et sur les deux tiers inférieurs du corps. À partir de la première dorsale une large écharpe jaune s'étend sur le dos et sur la queue, et se prolonge sur la moitié inférieure des rayons mous de l’anale. La tête est plus violette que le corps. Le bout du museau et le vertex sont rembrunis. Douze stries verticales violettes traver- sent le corps entre la pectorale et l’origine de la queue. Outre la bande noire oculaire qui embrasse la tête depuis l'occiput jusque sous l'isthme, 1l y a deux larges bandes noires obliques de l'avant vers l'arrière du corps, et qui ne dépassent pas le jaune; 5 28 ADDITIONS ET CORRECTIONS. l'antérieure occupe l’espace de trois rayons épineux, à compter du second; la dernière, plus étroite, plus longue, terminée en pointe, occupe l’espace com- pris entre les quatre dernières épines de la dorsale. La queue a une ceinture noire à la base de la cau- dale. La dorsale molle est orangée et lisérée de noir ; la caudale, de la même couleur, a une bande verticale, étroite, brune, et une bordure verticale blanche. L'anale a, comme nous l'avons dit, une «bande jaune ; le reste de cette nageoire est orangé, bordé d’un double liséré, dont linterne ou le supé- rieur est noir, l’autre est bleu, et enfin une bordure jaune. Les pectorales et les ventrales sont violacées. Le dessin représente un poisson long de six pouces et demi, et haut de quatre et demi. Page 108, ligne 16, au lieu de : héniochus, mettez : zanclus. Page 110, ligne 5, même changement. \ Page 111, après l’article du tranchoir cornu, ajoutez : Le TRANCHOIR A MOUSTACHE ÉPINEUSE. (Zanclus centrognathos, nob.) Pendant que nous livrions à l'impression no- tre histoire des squammipennes, M. Dussumier nous rapportait ses précieuses collections, et assez à temps pour que nous ayons pu faire C onnaitre les espèces fort intéressantes de cas- TOME VII. ZANCLUS. 529 tagnoles quil a découvertes dans l'estomac d'un germon des mers de l'Inde. Ce soin, que l'on ne saurait trop recommander aux voya- geurs, d'ouvrir l'estomac des poissons péla- giques et de recueillir ce qu'il contient, lui a fait découvrir un. petit poisson d'un nouveau genre, le rkynchichte, décrit dans ce supplé- ment, et une espèce fort curieuse de tranchoir. Le tranchoir cornu, d’après lequel nous avons établi ce genre, est fort répandu dans les mers de l'Inde et très-commun dans les collections. L'espèce que nous ajoutons doit être fort rare; car c'est la première fois que nous l'observons en nature, quoique nous ayons examiné les cabinets de Londres, de Berlin et de la Haye, et quoique celui de Paris soit plus considérable encore que tous ceux d'Europe réunis. La rareté de cette espèce tient probablement à ce qu'elle habite les hautes mers, comme les sternoptyx, qui sont tout aussi difficiles à se procurer. M. Dussumier l'a découverte dans l'estomac d'une coryphène pêchée près de l'équateur, par 1° de latitude nord et par 75° de longitude est du méridien de Paris. Le caractère le plus prononcé de cette espèce consiste dans la forte épine saillante du bord infe- rieur du sous-orhitaire au-dessus de l'angle de la 7. 34 530 ADDITIONS ET CORRECTIONS. très-petite bouche du poisson. La pointe de cette épine est dirigée obliquement et un peu en arrière ; le devant de sa base est relevé en une carène osseuse, sur laquelle on voit à la loupe deux ou trois autres petites épines. Il n'y a pas de corne sur le front, comme dans le tranchoir ordinaire. Le profil descend plus vertica- lement de la dorsale vers les yeux : l’espace qui les sépare est plus bombé. Le museau est beaucoup plus ‘ court, faisant à peine une saillie au-delà de la courbe du profil. Le corps a aussi un peu plus de hauteur. Le filer de la dorsale est prolongé en un fil plus long et beaucoup plus délié. La caudale est coupée carrément. Les nombres des rayons sont peu différens. D. 7/39; A. 3/31, etc. Les écailles paraissent un peu plus grosses; aussi la peau est-elle plus chagrinée. La couleur est un gris cendré sur le dos et sur l'arrière du corps au-dessus de l’anale. La parte an- térieure de la poitrine et le dessous de la gorge sont argentés. Une bande de la couleur grise du dos descend de l’occiput à travers l'œil jusque sous l'isthme de la gorge. Nos individus ont deux pouces à deux pouces et demi de long. Cest à cette espèce qu'appartient très-pro- bablement la figure de Seba (t. LIT, pl. 25, n.° 7), dont Linnæus a fait son chætodon ca- nescens, et que dans notre texte (p. 110) nous rapportions encore au cornulus. TOME VII. ZANCLUS. 5351 MM. Quoy et Gaimard ont dessiné ce cen- trognathos à Vanicolo, et il s'en trouve aussi une figure parmi les dessins de M. de Mertens; mais ce n'est qu'à M. Dussumier que nous de- vons d'avoir pu l’observer en nature. FIN DU TOME SEPTIÈME. L'an j' LR FAN ui DA TOUTE WF À jh ke ! é 1 "It Hal one ue Dig rer pre re aq D me en nat 2 20 Da eg pe ge Oman his De à TR re gnrn e nt patge dde gs 28 28 0e 9