sad sd hé. D "|. re + LL > { 4 \ , h + L ©" TER A". = ASE Le LE pe VARIE À “+ 2 CURE. ‘À … LR TER EL à Ale Do (ee . À Su 4 on À LD. LIBRAR OF THE RATIVE ZOOLOGY. C7 MUSEUM 0F COMPA L2 mue 4" À ‘ GIFT OF THEODORE LYMAN OF THE Class of 18555. F #) dut f ) Lot Li ; # 090 mt rt HI s T "OI R NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, 4 VEC LA DESCRIP TION DU CABINET DU ROL. D ERA Tome Neuvième. : ne HR re LE TE LU TSS LS PRE ji 2 £ Le . *» L. 4 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. Tome Neuvieme. A PARIS; Suivant la Copie i4-4.8 DE L’IMPRIMERIE ROYALE. "M DCCLXXIX. AT A LAN (0 À à is FA Pen pe snevise PEU NUT 22 - LOT « AJAVOR AIAAM OA M ad HILL I) 300: ° 7 M ÿ } us 43 27 LS FA à ù } = & | H 4 1 ) 4 à NEO PEAR L 7 « ANSE TABLE De ce qui eft contenu dans ce s'en | dd À v, PT CAN ; AP RER D US I . Page É. V’'arièté de lAlouette...... 28 1” Alouette noire à dos fauve. 33 Le Con rime 35 La Farloufe où F'Alouerte des prés. HE de La Farloufe. ON at Oifeau étranger qui a rapport à la Parties. 210 0 dk çà 2 Nr lougtle pitis,.. a... 14 La Locufielle..... HR 00 AO DIPOLELDES de «Lea nos Gt D Curolle si. 67 7 La Calandre ou groffe A Duetee 70 Oifeaux étrangers qui ont rapport, D Calame... ce I. La Cravate jaune où Calandre du cap de Bonne-efpérance. Ibid. a Ÿ} LU DU E. 11 Le Hauffè-col noir ou . l'Alouette désWireinie,. À à As de". à. 79 III. l’Alouette aux joues r de Panfiduanse. is ir inenes. 82 La Rouffeline ou lAlouette de ma- ptb tre ARE MEN 3 Le she Te 85 La int PA prétre ou l Alouette de Sibérie sh sé. 87 Oifeaux étrangers qui ont rapport HUX ANOELTES 2 SU RNTE 89 EE Mannen. us ee. . IT La Cendalle. 2. IIL Le Sirli du cap de Bonne- uRe TANCE sors OI Le Cochevis où La groffe Alouette Pi. Ji ARR 93 Le Lulu ou petite Alouette huppée. 10S La Coquillade. sise ee 109 Oifeau étranger qui a rapport au PRES, 6. ee 112 La Grifétte ou le Cochevis du Sénéeals.s, A 4 Ibid. Be Nalenoft,..s. :. 4 I1$ Varièté Ve fais ad Lait ot De ce Dit 6% TABLE. vi} Oifeau étranger qui a rapport au Roffignol...... ie. DOG Per Foudi-jala........ Ibid. Par M. De MOoNTEEILLARD. PDP PAUPBETTE ST SL. 168 La Pafférinette ou petite Fauvette. 178 La Fauvette à téte noire.. 181 La Grifette ou Fauvette grife. 191 La Fauvette babiilarde..... 195 La Rouffette ou Fauvette FN 201 La Fauvette de rofeaux.... 206 La petite Fauvette roufle.. 211 La Fauvette tachetée...... 215 Le Traïine- Puifon ou la Fauvette dhiver.. An ee à EU TER La Edrre Fi Alpes.… | 226 Le Pitchou.............. 230 Oifeaux érdnpers qui ont rapport aux Fauvettes........ 232 © LE La Fauvette tachetée du cap de Bonne-efpérance. ..... Ibid. a ij vi] F A B'EL E IL. Lo petite Fauvette tachetée du cap de Bonne-ejpérance . .… "233 IL. La Fauvette tachetée de la Loui- DR nie ta PRE RES Ibid. IV. La Fauvette à poitrine-jaune de AO TRE ee séeninre eirinie 235 V. La Fauvette de Cayenne à queue PRUei D dire, . 236 VI. La Fauvette de Cayenne à gorge brune & ventre jaune. . . Ibid. VII. La Fauvette bleuûtre de on VE Domneue:.e. 20. #37 Le Cotaimes NS ARE, 239 Le Roffignol de muraille... 247 Le Rouge-queue......... 261 Le Rouge-Queue de la Guyane. 271 Le Bec-figue. she. HT 7Z Er File Provence. 4 .x.#.28z La Pivote ortolane....... 284 Le. ROUEN ee. dre. 285 La Gorge- RU .H3 08 Oifeau étranger qui a rapport au Rouge-porse É à la Gorce-bleue. 308. Le DRiauer td... TE Le Ft 1 pin Er spa 323 TAB LE) 1X Oifeaux étrangers qui ont rapport au Traquet & au T'arier. 328 L. Le Traquerou Trier du Sénégal. Ib. Il. Le Traquet de l'ile de Eucon. 329 IL. Autre T'raquet des Philippines. 330 IV. Le grand Traquet des donné V. Le Fibert ou le T raquet de M PAM Ne mal el LT ed 44 VA} Le grand Traquet....... VII. Le Traquet du P de HR DAC ane te à eue ie 335 VIII. Le ClignotouT raquet à lunette. 337 LeMotteux vulgairementCul-bl.341 Oifeaux étrangers qui ont rapport bu Motteux..... lis 34% “I Le grand Motteux ou Cul-blanc du cap de Bonne-efpérance. Ibid. IL. Le Motteux ou Çul-blanc verdätre. 58 III. Ze Morteux du Sénégal... a La Lavandiere 6 les Bercerettes ou LE de tel RUE 1300 MDavandiere ei U ee Les Bergeronettes ou Bergerettes. 374 de: HA BLE La Bergeronette grife. Premiere ef- pèce.............,.. Se : DANS La Bergeronette de printems. SCe Condenefpécesss. : 404 NS La Bergeronette jaune. Troifième el. pêce... ......,........ 388 Oifeaux étrangers qui ont rapport aux Bergeroncttes. HR EL V3UE TL La Bergeronette du AAA Bonne- ._ épérance.............. Ibid. IL. La petite Bergeronette du cap de Borne epérance ...:.... 307 AT La Bergeronette de l’fle de Lt | HIVER Bergeronette de Madras. me Les Figuiers..... Le 4OI Le Figuier vert & ARE nière (à RDREU NE + 0e UE Mb le Les à tél ‘403 Le Chéric. Seconde efpèce.. . 405$ Le petit Simon. Troilième efp. 407 Le Figuier bleu. Quatrième efp. 409 Le Figuier du RAS Qu Cinquième PRÉCOCES dune 410 Le Figuier acheté. Première ef- pèce LU DNS Rs »7s «he + 414 Le Figuier à tête rouge. Seconde PIRE ATEN, . US) 42 PS BE : 9 - Le Figuier à gorge blanche. Troifè- De eipece,,, sue a sut. 418 . Le Figuier à gorge Jaune. Quatrième sipéce Sucre mr mess. 419 Le Figuier vert & blanc. Cinquième TOP ASE El RU, 421 Le ner ZOrg orangée, Sixième efpèce. . Natura de at. à 22 Le Figuier à téte cendrée. Septième efpèce........,...,... 424. Le Figuier brun. Huitième efp. 426 Le Figuier aux joues noires. Neu- MIRE CIRE CE tdi e de 2e 427 Le Figuier racheté de jaune. Dixiè- me cipèces: +2. EE) Le Figuier brun & jaune. Onzième 1 1120. 4 PCPORENDN PASSE taie M3 Le Figuier des Japins. Douzième crue ANR ee PUR 433 Le Figuier à cravate noire. Treiziè- me Ep nis c r 430 Le Figuier à tête jaune. Qutorzième Épeoen sui. . 438 Le Figuier cendré à gorge | jaune. Quinzième elpèce CPP TAEE 440 Le Fipuier cendré à collier. re cfpèce, ... 0000000 ee 442 xi TABLE Le Figuieraceinture.17"efpèce, 444 Le Figuier bleu. 18." efpèce... 446 Le Figuier varié. 19." efpèce.… 448 Le Figuier à téte rouffe: 20." efp. 450 Le Fig.a poitrine rouge.21."%efp. 452 Le Fig. gris-de-fer. 22." efpèce. 454 Le Fig. aux ailes dorées.23."elp. 457 Le Fig. couronné d'or. 24.% efp. 459 Le Figuier orangé. 25." efpèce.. 461 Le Figuter huppé. 26° efpèce. . 462 Le Figuier noir. 27."efpèce. .. 463 Le Figuter olive. 28." efpèce... 464 Le Fig. protonotaire. 29." efp. 465 Le Fig. à demi-collier. 30." efp. 466 Le Fig. à gorge jaune 31meelp. 467 Le Figuier brun olive. 32. efp. 468 Le Figuier graffet. 33.% efpèce. 469 + Le Figuier cendré à gorge cendrée. 34° nos FUME VACNIAREE EE LEE 470 Le grand Figuier de la Jamaïque. 35." m2 er AIG MEN A Mobile AE CNRS 471 Par M. DE BUFFON. HISTOIRE means: | à LES MEET -E 008 tee Fe] £: HÉCESLÈUES ET ETTS ERP er | SE NREMS nt D Rare orage AARIERE D FPT TEE Hnfanfa riens rente À É us hi fre | EL RERELERERR . Per à HISTOIRE . NATURELLE. MONO NOR HOMME HE NONO ONE *L’'ALOUETTE (a). Cr oisrau , qui eft fort répandu aujourd’'hur, femble lavoirétéplusancien- æ Vpiz les AU enluminées, 1.° 363, fige 1. (a) Kopudos Kopud'anôs , Ariftote + Hif. animal, Bb. v, cap. 13 & lib-1x, cap. XXV- Ælan, lib. 1, cap. XXXV ; & lib. XVI; Cap. V. Alauda , Gallico vocabulo. Pline , LB, xr, cape XXXV. Alauda non criflata , feu gregalis. Alouette. Bélon ; Nat. des Oifeaux, pag. 260. En Grec moderne, chamochladi. Bélon , 0bf° folio verfo 12. Alauda fine criflä, terraneola , forte guroulus ; en Grec, Tipiy£é xauæuênés, d’où peut-être s’eft for- mé chamochilados : en Grec moderne, cuzula, TPeMTIS Oifeaux , Tome IX, A 2 Hifioire Naturelle nement dans nos Gaules qu’en Italie, puifque fon nom latin alauda , felon les nom qui femble plutôt appartenirau moineau, dont le nom grec eft Tesyaris ; à Parme , en langage vulz gaire, regio ; en Italien, /odola campeftre non capelluta, lcdora , petronella ; en‘ Lombardie ; fartagnia'; en Allemand , hecd lerk, fanglerch , himmel-lerck,. holrz- lerch; aux environs de Bâle , lurlen ; en Anglois, wildlerch, hetlerck ; laverok ; en lVrièn , skrzisan, Gefner, Aves, pag. 78. * , En Catalan , /aufeta. Barrère. Specim. novam , page 40e + mn ce v. | Alauda non criflata ; en Italien , Jodola; allodola , _allodetta ; en Efpagnol ; cugniada; en AHemand';, lerck ; en Saxe & en Flandre ; £eswerck ; én Hol- landoïis, leeurich ;'en vieux Saxon , /eemwerck ou leef- werc, fanplerch (alauda canora j ; himmel-lech ( alauda cœbpeta } ; korn-lerch ( alauda fégerum ). Aldrovañde, Oraihel. tome IT, pages 835 & 844. : Jonfton, Av. pages 69 & 70. Alauda , lodola noftrale. Ofina , Uccelleria, fol. ta, \* Alauda vulgaris ; the common larek. Wälugbby, Ornithol. page 149, +. | The common field-larck , or sky-lark. Ray , Synopfs pag. 69; Sp. I,*, | à Sibbalde. Ailas Seor. part. IL, Tib, 117, feét. 111, Cap. IV. | Thé larek, Palouette. Afbin, üb. 1, n.° XxLI- Alauda, guafi alauda à ludendo; en Grec, Kowe, mepud'anés , en Grec moderne, Tpsxiri; en Anglois, the lark. Charleton, Exercit, elaf]. Sraniv. cart. Sp, TIIIy PAR OË de P Alouette, 3 ‘Auteurs Latins les plus inftruits, éft d’ori. gine gauloife (b). Alauda arvenfis ; reétricibus extimis duabus extrorsims longitudinaliter albis ; intermediis interiori latere ferrugi- neis ; en Suédois, laerka. Lin. Fauna Suecica , n° 1903 € Syf. Nat. ed. XIII, tom. [, pag. 287. Muller, Zoolog. Danica , pag. 28 , n.° 220. Feldierche. Kramer, Elenchus Auflr. inf pag- 362, Sp- 2. Mohering, Av. genera. page 43 , n.0 32. Alauda arrorum ; en Aîlemand, die feldlerche , korn-lerche. Frich., tom. 1, cla]. 11, divif. 11, pl. Ty 0.0 15. _ Alauda fimpliciter ; en Allemand, /ercke Klein, Ordo av. page 71. Alauda vertice plano; en Grec, Kopudañoc, odiise dyensues , tualees <; en AFemand, /ang-lerche , grofle- lerche , &c. Schwenckfeld, 4». Silef. pag. 191. En Polonois, stowroneck. Rzaczynski, au@. Pobon. page 354, n.° ve Alauda fupernè n'ericante, grifeo rufefcente & albido varia , infernè alba, paululèm ad rufeftentem incli- nans ; collo inferiore maculis lonsitudinalibus NIgTICAIt= tibus tnfienito ; tænià fupra ocules albo-rufefcente ; reéri- cibus binis utrimque extimis exteriùs albis extima intes riùs ultimâ medietate obliquè albä. . + . . . Alauda, Aalouette. Briflon, tome III, page 335. | The sty-larck ( Valouêtte célefte }. Briush 700- logy ; page 53- | M3 En Guyenne, louette, alavette, fayette. Salerne, Hifi. Nat. des Oifeaux , pag. 190; à Paris, mauviette. .… (6) Le nom celtique eft a/aud, d’où nous avons À 1j 4 Hifloire Naturelle Les Grecs en connoïfloient de deux efpèces, l’une qui avoit une huppe fur la tête, &cque, par cette raïfon, l’on avoit nommé #orydos , korydalos , galerita , caffita ; Vautre qui n'avoit point de huppe (c), & dont ïl s’agit dans cet article, Willughby eft le feul Auteur que je fache, où l’on trouve que cette der- nière relève quelquefois les plumes de fa tête, en forme de huppe , & je m'en fuis afluré moi-même à l'égard du mâle, en forte que les noms de galerita & de &orydos peuvent aufli lui convenir (d). formé alone, puis alouette ; apparemment que les fofdats de la Légion nommée Alauda, portoiïent fur leur cafque un pennache qui avoit quelque rap- port avec celui de l’alouette huppée. Schwenck- feld & Klein, qui apparemment n’avoient pas Îu Pline, dérivent ce nom d’alauda à laude , parce que, felon le premier, on a remarqué qu’elle s’élevoit fept fois le jour vers le ciel, chantant les louanges de Dieu. Aviarium Silefie, page 191: IN eft bien reconnu que toutes les eréatures atteftent Pexiftence & font la gloire du Créateur; mais faire chanter les heures canoniales à de petits oïfeaux , & fon- der cette conjecture fur la reflemblance fortuite d’un mot latin avec un mot gaulois, ïl faut avouer que c’eft une idée bien puérile. | | (e) Arifiote, Hifloria animaliwm,Vib.1X , cap. XXV- (4) Wällughbv, Ornithol. page 149. de L’Alouette, 5 Les Allemands l'appellent {erch , qui fe prononce en plufeurs provinces Lerich , &paroît vifiblement imité de fon chant (e). M, Barrington la met au nombre des alouettes qui chantent le mieux (f), & l'on sen fait une étude de l'élever en volière pour jouir de fon ramage en toute fafon ; & par elle , du ramage de tout autre oïfeau qu’elle prend fort vite, pour peu qu'elle ait été à portée de l’enten- dre quelque tems (g), & cela même après que fon chant propre eft fixé : auffi M. Daines Barrimgton l’appelle-t-1l orfeau moqueur, imitateur , mais elle imite avec cette pureté d'organe, cette flextbrlité de gofier qui fe prête à tous les accens , & qui les embellit; fi l’on veut que fon ra- Ce) Ecce fuum tirile, tirile, Juum tirile tra@tas , dit M. Linnæus , $yf. Nar, ed. XIIL, n.° 105. {#1 I Jüo canto & dilettevole per effer vario, piene di gorgie e fminimenti diverfi. Olina , page 12. (g) Frifch, pl x5°, Schwenckfeld prétend qu’elle chante mieux que l’:louette iucnée. Avia- rium Selle, page 1923 d’autres préfèrent {e ramage de celle-ci, Kempfer ; celui de l’alouette du Japon, qui peut-être n’eft pas de la même efpèce, Voyez fur-tout le Mémoire de M. Barrinoton, Tranfa@s philofèph. 1773, vol. LXIIL, part. IP ii} 6 Hifloire Naturelle mage, acquis ou naturel, foit vrarment pur , 1 faut que fes orérlles ne fotent frap- pées que d’une feule efpèce de chant, fur- tout dans le tems de la jeunefle ; fans quoi ce ne feroit plus qu'un compolé bizarre & mal aflortr de tous les ramages qu'elle auroit entendus. | Lorfqu’elle eft libre , elle commence à chanter dès les premiers jours du prin- tems , qui font pour elle le tems de l'amour , & elle continue pendant toute 121 belle faifon ; le matin & le foir font les tems de la journée où elle fe fait le plus entendre , & le milieu du jour, celut où on l'entend le moins (A). Elle eft du petit nombre des oïfeaux qui chantent en volant; plus elle s'élève, plus elle force 11 voix, & fouvent elle la force à un tel point, que quoiqu'elle fe foutienne au haut des aïrs & à perte de vue ,. on l’en- tend encore diftinétement , foit que ce chant ne foit qu'un fimple accent d'amour {h) Adrovande, Ornithol. tom. IT, pag. 833. Cela peut être vrai dans les pays chauds, comme Vitalie & la Grèce ; ear, dans nos pays tempérés, on ne remarque point que lalouette fe taie au milieu du jour. de l’ Alouette. 7 ou de gaieté, foit que ces petits oïfeaux ne chantent ainfi en volant que par une forte d’émulation & pour fe rappeller en- tr'eux. Un oifeau de proie, qui compte fur fa force &méditele carnage, doitaller feul, & garder dans fa marche un filence farouche, de peur que le moindre cri ne füt pour {es pareils un avertiflement de venir partager fa prote, &c pour les oïfeaux fotbles , un fignal de fe tenir fur leurs gardes; c’eft à ceux-ci à fe raflembler , à s'avertir, à s'appuyer les uns les autres, & à fe rendre, ou du moins à fe croire forts par leur réunron. Au refte, l’alouette chante rarement à terre, où néanmoins elle fe tient toujours lorfqu’elle ne vole point; car elle ne fe pérche jamais fur es arbres, & on doit ia compter parmi les oïfeaux pulvérateurs (2) ; auffi ceûx qui la tiennent en cage ont-ils grand foin d'y mettre dans un con une couche aflez éparfle de fablon où elle puifle fe pou- drer à fon aile, & trouver du foulage- ment contre la vermine qui la tourmente; ils y ajoutent du gazon frais fouvent re- (i) Arifote, Hif animal. lib. 1x, Cap. XLIXs À 1v 8 Hifloire Naturelle nouvelé, & ils ont d'attention que la cage foit un peu fpaeieufe. On a dit que ces orfeaux avotent de l'antipathre pour certaines conftellations , par exemple, pour Ar&urus, & qu'ils fe taiforent lorfque cette étorie commençoità fe lever en même tems que le Solerl (Æ); apparemment que c’eft dans ce tems qu’ils entrent en mue, & fans doute ïls y entre- rorent toujours quand Aréurus ne fe leves xoit pas. | Je ne m'arrèterar point à décrire un oïfeau aufli connu , je remarquera feule- ment que fes principaux attributs font d'avoir le doigt du mrlreu étroitement ant avec Île plus extérteur de chaque pied, par fa première phalange; Fongle du doigt poftérieur fort long & prefque droit, Îles ongles antérieurs très-courts & peu recourbés : le bec point trop for- ble quoiqu'en alefne ; la langue affez large, dure & fourchue ; les narines ron- des & à demi- découvertes, l’eftomac charnu & aflez ample , relativement au (k) Anton. Mizaldus apud Aldrov. Ornithol tom. II, pag. 834. de l’ Alouette. 9 volume du corps; le foie partagé en deux lobes fort inégaux, le lobe gauche pa- roïflant avoir été gêné & arrêté dans fon accroïflement par F. volume de l’eftomac; environ neuf pouces de tube inteftinal ; deux très-petits cœcum communiquant à Pinteftin ; une véfcule du fiel : le fond des plumes notrâtre, douze pennes à 14 queue & dix-huit aux aïles, dont les moyennes ont le bout coupé prefque carrément & partagé dans fon milieu par un angle rentrant, caraétère commun à toutes les alouettes (7). F’ajouterai en- core que les mâles font un peu plus bruns que les femelles (m1) , qu'ils ont un collier noir, plus de blanc à fa queue & la contenance plus fière, qu’ils font un peu plus gros (n), quoique cependant (1) Voyez POrnithologie de Briffon , tome II, page 335 © fuir. Wiughby, Ornithologia , pag- 149. (m) Frifch, pL x7. Aldrovande : il m’a paru que Îes alouettes ou mauviettes de Beauce, qui fe vendent à Paris, font plus brunes que nos alouettes de Bourgogne. Quelques individus ont plus ou moins de rouffâtre , plus ou moins de pennes de Vaile bordées de cette couleur. (n) Albin, Hifé Nat: des Oifeaux , tome 1, PAa5® 35° À x / 10 Hifloire Naturelle le plus pefant de tous ne pèfe pas deux onces ; enfin qu'ils ont, comme dans prelque toutes les autres efpèces, le pri- vilége exclufif du chant. Olina femble fuppofer qu'ils ont l’ongle poftérieur plus Tong (o); mais je foupçonne avec M. Klein, que cela dépend autant de l'âge que du fexe, Lorfqu'aux premiers beaux jours dü printems, ce mâle eft preflé de s'unir à fa femelle, 1l s'élève dans l'air en répé- tant fans cefie fon cri d'amour, & em- braflant dans fon vol un efpace plus ou moins étendu , felon que le nombre de femelles eft plus petit ou plus grand : lor{qu’il à découvert celle qu’il cherche, il fe précipite & s’accouple avec elle, Cette femelle fécondee fait promptement fon nid; elle Îe place entre deux mottes de terre, elle le garnit intérreurement d'herbes, de petites racines sèches (p), (o) Gefner affure avoir vu un de ces ongles long d’environ deux pouces, mais il ne dit pas f l’oifeau étoit mâle ou femelle. Aves, pag. 81. . (p) Les chaffeurs difent que le nid des alouettes eft mieux confiruit que celui des cailles & des pérdrix. de l’ Alouette. 11 & prend beaucoup plus de foin pour le cacher que pour le conftruire; anfli trou- ve-t-on très-peu de nids d'alouette, rela- tivement à la quantité de ces oïfeaux (4). Chaque femelle pond quatre ou cinq petits œufs qui ont des taches brunes fur un fond grifatre , elle ne les couve que pendant quinze jours au plus, & elle emploie encore moins de tems à con- _ duire & à élever fes petits : cette promptr tude a fouvent trompé ceux qui voulotent enlever des couvées qu'ils avorent décou- vertes, & Aldrovande toutie premier (r) : elle difpofe aufli à croire, d’après le témor- gnage du même Aldrovandre & d'Olina, qu'elles peuvent faire juiqu’à trois cou- vées dans un été; la première , au com-. mencement de mar; la feconde, au moïs de juillet; & la dernière ,au mois d'août ( f ): _ Cg) Deféript. of 300 animals, tomeT, pag. 118. _ {T) Matres pullos implumes adhuc in cpros ad paf- lum educunt. +... quod. me puerum adhuc fæpius fe- fellit ; cum enim illos recèns exelufos & nudos ferè plu- * amis 0bfervaffèm, poft triduuin ad w:dum revertens evolaffe jam reppert. Aldrovande, tom. 11, pag. 834 * (f} Aldrovande , ibidem. Olina , Uccelleria Page 12. : | À v} LA 12 Hifloire Naturelle mais fi cela à lieu, c’eft fur-tout dans les pays chauds, dans lefquels 1l faut moins de tems aux œufs pour écliore, aux petits pour arriver au terme où ils peuvent {e pailer des forns de la mere, & à la mere, elle - même , pour recommencer une nouvelle couvée. En effet, Aldrovande & Ofina qui parlent des trois couvées par an, écrivoient & obfervotent en Italie; Frifch, qui rend compte de €e qui fe pañle en Allemagne, n’en admet que deux , & Schwenckfeld n’en admet qu'une feule pour la Siléfie. Les petits fe tiennent ur peu féparés les uns des autres, car {a mere ne Îles raf- femble pas toujours fous fes aïles, maïs ælle voltige fouvent au-deflus de la cou- vée, la fuivant de FPœiïl, avec une folli- citude vraiment maternelle, dirigeant tous fes mouvemens , pourvoyant à tous fes beloins, verllant à tous fes dangers. L'inftinét qui porte les alouettes fe- melles à élever & foïgner aïnfi une cou- vée, fe déclare quelquefors de très-bonne heure , & même avant celui qui les dif- ofe à devenir meres, & qui dans l’ordre de la Nature devroit , ce femble, précé- de l Alouette. 13 der. On m'avoit apporté , dans le mois de mai, une jeune alouette qui ne man- geoit pas encore feule ; je la fis élever, & elle étoit à peine fevrée lorfqu'on m'apporta d'un autre endroit une couvce de trois ou quatre petits de la mème efpèce ; elle fe prit d’une affection fingu- Hière pour fes nouveaux venus, qui né- toient pas beaucoup plus jeunes qu'elle ; elle Les forgnoit nuit & jour , les réchauf- foit fous fes aïles, leur enfonçoit la nour- riture dans la gorge avec le bec ; rien n'étoit capable de la détourner de ces intéreflantes fonctions; fi on larrachoit de deflus ces petits , elle revoloit à eux dès qu'elle étoit libre, fans jamais fonger à prendre fa volée , comme elle l’auroit pu cent fois : fon affeétion ne faifant que croître elle en oublia à la lettre le boire & le manger , elle ne vivoit plus que de la becquée qu’on lux donnoit en même- tems qu'à fes petits adoptifs, & elle mou- rut enfin confumée par cette efpèce de paflion maternelle : aucun de ces petits ne lui furvécut ; ils moururent tous les uns après les autres, tant fes foins leur étoient devenus néceflaires, tant ces mé- 14 Hifloire Naturelle mes foïns étoient non-feulement affections nés , mais bien entendus. | La nourriture la plus ordinaire des jetr+ nes alouettes font les vers, les chenilles , les œufs de fournis & même de faute- relles, ce qui leur a attiré, & à jufte titre , beaucoup de confidération dans les pays qui font expofés aux ravages de ces infectes deftruéteurs (+) : lorfqu'elles font adultes, elles vivent principalement de graines, d'herbe, en un mot, de ma- tières végétales. 11 faut, dit-on, prendre en oétobre ou novembre celles que l’on veut conferver pour le chant , préférant les mâles autant qu'il eft pofible (4), & leur liant les ailes lorfqu’elles font trep farouches , de peur qu’en s'élançant trop vivement elles ne fe caflent la têté contre le plafond de leur cage. On les apprivoife aflez facile- ment, elles deviennent même familières jufqu’à venir manger fur la table & fe poler fur la main; mais elles me peuvent {t) Plutarque, de J/ide. (u) Voyez Albin, Hifi Nas des Oifeaux , à l'en droit cité, SÉUL ART . LL de l’ Alouette. 1$ fe tenir fur le doigt, à caufe de Ia con- formation de l’ongle poftérieur trop long & trop droit pour pouvoir l’embraffer ; c'eft fans doute pour la même ratfon qu'elles ne fe perchent pas fur les arbres. D'après cela on juge bien qu'il ne faut point de bâtons en travers dans la cage où on les tient. | En Flandre, on nourrit les jeunes avec de la graine de pavot mouillée, & lor{- qu'elles mangent feules , avec de la mie de païn aufli humeétée ; mais dès qu'elles commencent à faire entendreleur ramage, 1l faut leur donner du cœur de mouton ou du veau bouïrili haché avec des œufs durs (x) ; on y 2joute le blé, l'épeautre & l’avoine mondées, le millet, la graine de lin, de pavots & de chenevis écra- fés (y), tout cela détrempé dans du lait; mais M. Frifch avertit que lorfqu’on ne leur donne que du chenevis écrafé pour toute nourriture, leur plumage eft fujet à devenir noir. On prétend aufli que Ia (x) Albin, à lendroit cité. . (y) Voyez Olna, page 12. Defcript. of. 300: animals, tome L, page 118° Frifch, pl. 35, &c- 16 Hifloire Naturelle graine de moutarde leur eft contraire ; à cela près, 11 paroît qu'on peut Les nour- rir avec toute forte de graine , & même avec tout ce qui fe fert fur nos tables, & en faire des oïfeaux domeftiques. Si lon en croit Frifch, elles ont l’inftin& particulier de goûter la nourriture avec 1a langue avant de manger. Au refte, elles font fufceptibles d'apprendre à chanter & d’orner Le ramage naturel de tous les agrémens que notre mélodie artificielle peut y ajouter. On a vu de jeunes mâles qui, ayant été fifflés avec une turlutaine, avoient retenu en fort peu de tems des ærs entiers , & qui les répétoient plus agréablement qu'aucune Tinotte ou ferin n'auroit fu faire. Celles qui reftent dans l'état de fauvage , habitent pendant Fété les terres Les plus élevées & les plussèches; l'hiver elles defcendent dans la plaine, fe réuniflent par troupes rombreufes & deviennent alors très-grafles, parce que dans cette farfon étant prefque toujours à terre , elles mangent, pour ainf dire, continuellement. Au contraire, elles font fort maigres en été, tems où elles font prefque toujours deux à deux; volant de !’ Alouette. 17 fans cefle, chantant beaucoup, mangeant peu & ne fe pofant guère à terre que pour faire l'amour. Dans les plus grands froïds, & fur-tout lorfqu’il y a beaucoup de neige, elles fe réfugient de toutes parts . au bord des fontaines qui ne gèlentpoint; c'eft alors qu'on leur trouve de l'herbe dans le géfier , quelquefois même elles font réduites à chercher leur nourriture dans le fumier de cheval qui tombe le long des grands chemins ; & , malgré cela, elles font encore plus grafles alors que dans aucun tems de l'été. Leur manière de voler eft de s'élever prefque perpendiculairement & par repri- fes, & de fe foutenir à une grande hau- teur, d’où, comme je l'ai dit, elles favent très-bien fe faire entendre : elles defcen- dent au contraire en filant pour fe pofer à terre, excepté lorfqu’elles font mena- cées par l’otfeau de proïe , ou attirées par une compagne chérie; car, dans ces deux cas, elles fe précipitent comme une pierre qui tombe (7). (x) Voyez Olina, Uccelleria , pag. 12 x ou plutôt poyez les alouettes dans les champs. 18 Hifloire Naturelle Il eft atfé de croire que de petits ot- feaux qui s'élèvent très-haut dans Far, peuvent quelquefois être emportés par un coup de vent fort loin dans les mers , & même au-delà des mers. «c Sitot qu'on >» approche des terres d'Europe, dit ie 3 Pere Dutertre{ a), on commence à » voir desoifeaux de proie, desalouettes, 3 des chardonnerets qui, étant emportés > parles vents, perdent la vue des terres, s> & font contraints de venir fe percher 3» furlesmâts & les cordages des navires. C'eft par cette raïfon que le Docteur Hans Sloane en à vu à quarante milles en mer dans l'océan, & le comte Marfgli dans la méditerranée (b). On peut même foupçonner qué celles qu'on a retrouvées en Penflvanie, en Virgtnie, & dans d’au- tres régions de l'Amérique, y ont été -tranfportées de la même façon. M. le che- valier des Mazis m'aflure que les alouettes paflent à l'ile de Malte dans le mois de novembre, & quoiqu'il ne fpécifie pas les (a) Hift. des Antilles, tome II, pape 55. (b) Hift. Nat. de la Jamaïque , tome I, pag. 51. — Vie du comte Marfigli , deuxième partie, pag. 148. de l Alouette. 19 efpèces , ileft probable que lefpèce com. mune eft du nombre, car M. Lottinger a obfervé qu'en Lorraine 11 y en a un paflage confidérable, qui finit précifé- ment dans ce même mois de novembre , & qu'alors on n'en voit que très-peu ; que les pailigères entrainent avec elles celles qui font nées dans le pays ; mais bientot après 1l en reparoit autant qu'au- paravant, foit que d’autres leur fuccèdents foit que celles qui avoïent d’abord fuivi les voyageutes reviennent fur leurs pas, ce qui eft plus vraifemblable. Quoi qu’il en foit, il eft éertain qu'elles ne paflent pas toutes, purfqu’on en voit prefque en toute faifon dans notre pays, & que dans da Beauce, la Picardie, & beaucoup d’au- tres endroits, on en prend en hiver des quantités confidérables; c’eft même une opinion générale en ces endroits, qu’elles ne font point otfeaux de paflage ; que fi elles s’abfentent quelques jours pendant la plus grande rigueur du froid , & fur- tout lorfque la neige tient long-tems, c'eft le plus fouvent parce qu’elles vont fous quelque rocher , dans quelque ca- 20 Hifloire Naturelle vertie, à une bonne expolition (c), & comme jai dit, près des fontaines chau- des ; fouvent mème elles difparoïfient fubitement au printems, lorfqu'après des jours doux qui les ont fait fortir de leurs retraites, 1l furvienit des froids vifs qui les ÿ font rentrer, Cette occultation de (e) Dans la partie du Bugey, fituée au bas des montagnes , entre le Rhône & le Dain, on a vu fouvent fur la fin d’ectebre ou au commen- gement de novembre, une multitude innombra- ble d’alouettes pendant une quinzaine de jours, jufqu’à ce que la neige gagnant la plaine , les obli- geñt d’aller plus loin. Dans les grands froids, qui fe firent reflentir {a dernière quinzaine du mois de Janvier 1775, il parut, aux environs du Pont- de-Beauvoïfin une fi prodigieufe quantité d’alouet- tes, qu'avec une perche un feul homme en tuoit fa charge de deux mulets: elles fe réfugioient juf- que dans les maifons & étoient fort maigres. I} eft clair que, dans ces deux cas, les alouettes n’ont quitté leur féjour ordinaire que parce qu’elles n’y trouvoient plus à vivre; mais on fent bien que cela ne fuffit pas pour qu’elles doivent être regar- dées abfolument comme oïfeaux de paflage. Thé- venot dit que Îles alouettes paroiffent en Egypte au mois de feptembre , & y féjournent jufqu’à la än de l’année. Voyage du Leyant , tome I, page 493° de | Alouette, 21 l'alouette étoit connue d’Ariftote (d), & M. Klein dit qu'il s’en eft afluré par {a propre obfervation (e ). On trouve cet otfeau dans prefque tous les pays habités des deux continens, & jufqu’au cap de Bonne-efpérance , felon Kolbe (f); 11 pourroit même fubffter dans les terres incultes qui abonderoïent en bruyères & en genévriers, car ïl fe plaït beaucoup fous ces arbrifleaux ( 8) » qui le mettent à l’abrr, lui & fa couvée, contre les atteintes de loifeau de proie, Avec cette facilité de s’accoutumer à tous les terreins & à tous les climats , il pa- roitra fingulter qu'il ne s’en trouve point à la Cote-d’or, comme l’aflure Villault (h), ni même dans l'Andaloufe dis il en faut creire Averroès (z). (d) Hiff. animalium, Wb: VII, cap. xvI, & ciconia later 7 merula , & turtur & alauda- (e) Klein , page 181. (f) Hiftoire générale des Voyages , tome IF", papti443: (g) Turner. & Longolius apud Gefñerum , de Avi- bus, pag. 81- (h) Voyez fon Voyage de Guinée, page 2706 C2) Averroes apud Aldrov. tem. 11, Ornichologia, page 832 à 2 À Hifloire Naturelle Tout le monde connoît les différens pièges dont on fe fert ordinairement pour prendre les alouettes, tels que coîïlets, traineaux, lacets, pantière, mais 1l en eft un qu’on y emploie plus communément, & qui en a tiré fa dénomination de filet d'alouette : Pour réuflir à cette chañie, 11 faut une matinée fraîche, un beau foleïl, un miroir tournant fur fon pivot, & une ou deux alouettes vivantes qui rappellent les autres, car on ne fait pas encore imi- ter leur chant d’aflez près pour les trom- per, c'eft par cette raïfon que les Oïfe- leurs difent qu’elles ne fuivent point lap- peau; mais elles paroïfient attirées plus fenfiblement par le jeu du miroir; non fans doute qu’elles cherchent à fe mirer , comme on Îes en a accufées d’après l’inf- tin qui leur eft commun avec prefque tous les autres oïfeaux de volière, de chanter devant une glace avec un redou- blement de vivacité & d'émulation ; maïs parce que les éclairs de lumière que jette de toutes parts ce miroir en mouve- ment, excitent leur curiolté, ou parce qu'elles croient cette lumière renvoyée par la furface mobile deseauxvivesqu'elles de P Alouette, 23 chérchentdans cette faifon;auflienprend- on tous les ans des quantités confidéra- bles pendant l'hiver aux environs des fontaines chaudes où j'ai dit qu’elles fe rafflembloïent; mais aucune chaffe n’en dé- truit. autant à-la-fois que la chafle aux gluaux y fe pratique dans la Lorraine françoife & aïlleurs (#) , & dont je don- merat 11 le détail, parce qu'elle eft peu connue.Oncommencepar préparerquinze cens ou deux mille gluaux: ces gluaux font des branches de faule bien droites ou du moins bien dreflées, longues d’envircn trois pieds dx pouces, aiguifées & même un peu brülées par lun des bouts: on les enduit de glu par l’autre de la lon- gueur d’un pied : on les plante par rangs® parallèles dansun terrein convenable, qui : eft ordinairement une plaine en jachère, & où l’on s'eft afluré qu'il y à fufhfam- merit d'alouettes pour'indemnifer des frais, qui ne larffent pas d'être confidera- (£) M. de Sonini fait depuis long -tems exé- cuter cette chaîle dans fa terre de Manoncour , en Lorraine ; feù le roi Staniflas y prenoiïit plaïfir & l’a fouvent honoré de fa préfence. À 2-4 Hifloire Naturelle bles ; l'intervalle des rangs doit ètre tel que l’on puifle pafler entre deux fans tou- cher aux gluaux ; l'intervalle des gluaux de chaque rang doit être d’un pied, & chaque gluau doit répondre aux inter- valles des gluaux des rangs joïgnans. L'art confifte à planter ces gluaux bien régulièrement, bien à-plomb , Sëde ma- nière qu'ils putffent refter en fituation tant que l’on n’y touche point, maïs qu'ils puiflent tomber pour peu qu'une alouette les touche en pañlant. Lorfque tous ces gluaux font plantés, ils forment un carré long qui préfente l’un de fes cotés au terrein où font les alouettes ; c’eft le front de là chañfle : on plante à chaque bout un drapeau pour fervir de point de vue aux chafleurs, & dans certains cas pour leur donner des fignaux, Le nombre des chafleurs doit être pro portionné à l'étendue du terrein que fon veut embrafier.. Sur les quatre ou cinq heures du foir, felon que l’on eft plus ou moins avancé dans l'automne , la troupe fe partage eu deux détachemens égaux, commandés chacun par un chef intellr- gent ; + de l’ Alouette, 2$ gent, lequel eft lui-même fubordonné à un commandant-général, qui fe place au centre. L'un de ces détachemens, fe raflemble au drapeau de la droite , l’autre au dra- peau de la gauche, & tous deux gardant un profond filence, s'étendent chacun de leur côté fur une ligne circulaire pour fe rejoindre fun à l'autre , à environ une demi-lieue du front de {a chafile, & for- mer un feul cordon qui fe reflerre tou- jours davantage en fe rapprochant des gluaux, & poule toujours les alouettes _ en avant. | Vers le coucher du foleïl, le milieu du cordon doit fe trouver À deux ou trois _cens pas du front : c'eft alors que l’on donne, c'eft-à-dire, que l’on marche avec circonfpection , que l’on s'arrête, que l’on fe met ventre à terre, que l’on fe relève & qu’on fe remet en mouvement à la voix du chef ; fi toutes ces manœuvres {ont commandées à propos & bren exécutées, la plus grande partie des alouettes rens fermées dans le cordon , & qui à cette heure-là ne s'élèvent que de trois ou quatre pieds, {e jettent dans les gluaux, Oueaux ; Tome IX. B | 26 Hifloire Naturelle les font tomber , font entraînées par leur chüte & fe prennent à La main. S il y a encore du tems, on forme du coté oppofé un fecond cordon de cin- quante pas de profondeur, & F’on ramène les alouettes qui avorent échappé la pre- mière fois : cela s'appelle reyirer. Les curieux inutiles fe tiennent aux drapeaux, mais un peu en arrière , afin d'éviter toute confufion., On prend jufqu’à cent douzaïnes d’a- Touettes & plus dans une de ces chafles ; & l’on regarde comme très-mauvaifés celle où l’on n'en prend que vingt-cinq douzaines. On y prend auffi quelquefois des compagnies de perdrix & mème des chouettes, mais on en eft très-fiché, parce que ces évènemens font enlever les alouettes, ainñ que le pañflage d'un lièvre qui traverfe l'enceinte, & tout autre mou- vement ou bruit extraordinaire. Les oïfeaux voraces détruifent aufli beaucoup d’alouettes pendant l'été , car elles font leur prote la plus ordinaire, même des plus petits, & le coucou, qui ne fait point de nid, tâche quelquefois de s'approprier celur de l'alouette , & de de À Alouette. 27 fubftitter fes œufs à ceux de fa véritable mere (g): cependant malgré cette 1m menfe deftruction , l’efpèce paroît tou jours fort nombreule, ce qui prouve fa rande fécondité & ajoute un nouveat degré de vraifemblance à ce qu’on a dit de fes trois pontes par an. Il eft vrar que cet oïfeau vit aflez long-tems pour un fi petit animal; huit à dix ans felon Olina ; douze ans felon d’autres; vingt-deux fur- vant le rapport d’une perfonne digne de foi, & jufqu'à vingt-quatre fi l'on en croit Rzaczynskr. 04 Les anerens ont prétendu que la chair de lalouette bouillie , grillée & même calcinée & réduite en cendre, étoit une forte de fpécifique contre fa colique: il rélulte au contraire de quelques obferva- tions modernes qu’elle la donne fort fou- vent, & M. Linnæus croit qu'elle eft con- traire aux perfonnes qui ont la gravelle, Ce qui paroït le mieux avéré, c’eft que la chair des aloucttes ou mauvicttes eft n(q) Cuculus ‘in nidis parit aliens Ë vrecipuè in palumbium & curuce, & alaude huwi. Arifiot. Hif. Nat. Animaltum , Bb. IX, cap. XX1X. B 1; d TANT CRE 238 | Hifloire Naturelle une nourriture fort faine & fort agréable lorfqu’elles font grafles, & que les pico- temens d'eftomac ou d'entrarlles qu'on éprouvequelquefoisaprèsen avoirmangé, viennent de ce qu'on a avalé, par mégar- de, quelques fragmens de leurs petits os; lefquels fragmens font très-fins & très- aigus. Cet orfeau pèfe plus ou moins, felon qu’il a plus ou moins de graïfle, de fept ou huit gros à dix ou douze: | Longueur totale, environ fept pouces; bec, fix à fept lignes ; ongle poftérieur droit; fix lignes ; vol, douze à treize pouces; queue, deux pouces trois quarts un peu fourchue , coinpofée de douze pennes , dépafle les arles d'onze lignes. VARIÉTÉS DE L'ALOUETTE, J. L'Arorurre sLANCHE (a) M." Brif fon & Frifch ont eu raifon de regarder cette alouette comme une variété de l'ef- pèce précédente » c'eft en éffet une véri- (a) Alauda alba fine criflé ; en Catalan ; {laufetta Blanca , calandrina. Baxrère ; Specim, nop. clafl, 117, (SA XVI; page 40 d ge j s CFE l é " | 7 CuS He or 9 ? Æ St nr Æ Fe pee Ne == Rs 2 ë = 4, © SS + PCA LS ES et EEE OU BOLETQUE 0 Bey EL MIE RAR TES) LA À ES enr NS Gite Por Al x ARS ee X SATA \SAN \ ù A\ 1 . & RARES uw \\\ - à = LT ait RACE \IE ( \L \ \\ \ ALL | TAN OS ILE | \ AA \\LTE NN ER k IN NS \ RL A el \ C4 KONU AAA OR Der e NIKON AL Se Nr, JS 4 Ce 4, %% h £ ce = . Cul. Haussard Je. L'ALOUETTE. de P Alouette. 29 table alouette qui, fuivant M. Frifch, nous vient du Nord; comme le moineatl & l'étourneau Dédrics , F'trondelle & Îa fauvette blanches, &c. lefquels portent tous fur leur plumage l'empreinte de leur climat natal. M. Klern n'eft pornt de cet : avis, & il fe fonde fur ce qu'à Dantzrck, qui eft plus au Nord que les pays où #l paroît quelquefois des aiouettes blanches, on n'en a pas vu une feule depuis un demi-fiècle. S'il métoit permis de pro- noncer fur cette queftion, je dirois que Pavis de M. Frifch, qui tr toi les alouettes binehé du Nord, me femble trop exclufif, & que la raifon que M. Kleïn fait its chettas ho si ' n'eft rien moins que décifive : en effet, l'obfervation prouve & prouvera qu xl y a des alouettes blanches ailleurs que dans le Nord; mais 1 faut convenir aufli que les alouettes blanches qui fe trou’ Die weiffe lerche , Valouette blanche. Fri/tk, pe it; n°16,/ch rr;"div. 11. Alauda candida , alouette blanche. Briffon , tom. 1IT, page 339: Variat candida Müller, Zoolog. Dax. page 28 . n.° 229. ; Ds 11} 30 Hifloire Naturelle vent dans la partie du Nord où eft la Norwège , la Suède, Le Danemarck , ont plus de facilité à fe répandre de-là dans la partie occidentale de Allemagne, la- quelle n’eft féparée de ces pays par aucune mer confidérable, qu’à fe rendre à l’em- bouchure de la Viftule, en traverfant la mer Baltique. Quor qu'il en foit, outre les alouettes blanches qui paroïflent quel- quefois aux environs de Berlin, furvant M. Frifch, on en a vu plufieurs fois aux environs de Hsidesherm dans la bafle Saxe (b). La blancheur de leur plumage eft rarement pure; dans l'individu ob- fervé par M. Briflon, elle étoit mêlée d'une teinte de jaune, mars le bec, Îles pieds & Îes ongles étoient tout-à-fait blancs. Dans le moment où j'écrivois cect, on m'a apporté une alouette blanche qui avoit été tirée fous les murailles de la petite ville que j'habite: elle avoit le fommet de la tète & quelques places fur le corps de la couleur ordinaire ; le refte de la partie fupérieure, compris la {b) Wuyex Collection académique étrangère » tome TITI, page 240. de l'Alouette, 31 queue & les ailes, étoit varié de brun & de blanc , a plupart des plumes & même des pennes étant bordées de cette dernière couleur ; le deflous du corps étoit blanc moucheté de brun, fur - tout dans la partie antérieure & du côté droit, le bec inférieur étoit aufli plus blanc que le fupérieur , & les pieds d’un blanc- fale varié de brun. Cet individu m'a femblé faire {a nuance entre Talouette ordinaire & celle qui eft tout-à -fait blanche. | … Jar vu depuis une autre alouette dont tout le plumage étoit parfaitement blanc, excepté fur la tète où paroïfloient quel- ques veftiges d’un yris d’alouette à demt- effacé ; on l’avoit trouvé dans les envi- rons de Montbard : 1 n'y a pas d’ap- parence que m l'une nt l’autre de ces alouettes vint des côtes feptentrionales de la mer Baltique. II* L’Arouerre Notre (c). Je regarde encore, avec M, Briflon, cette * Voyez les planches enfuminées, n.° 6%0 , fig. 1. c) The black-lark , alouette noire. Ain, Hife Nat. des Oifeaux , tome 11 I, page 21,n.° LI. IV 32 Hifloire Naturelle alouette comme une variété de l'alouette. ordinaire ; foit que ce changement de couleur foit un effet du chenevis, lorf- qu'on le donne à ces oïfeaux pour toute nourriture, foit qu’il ait une autre caufe; l'individu que nous avons fait reprefenter avoit du roux-brun à a naïflance du dos, & les preds d’un brun-clair. Albin, qui a vu & décrit d’après na- ture cette variété, nus la repréfente comme étant par-tout d’un brun-fombre & rougeître, tirant fur le noir; par-tout, dis-je, excepté derrière la tête où 1l y avoit du jaune-rembrunt, & fousle ventre où 11 y avoit quelques plumes bordées de blanc; les pieds, les dorgts & les on- gles étorent d’un jaune-fale. Le fujet d’a- près lequel Aïbin fait fa defcription, avoit été pris au filet, dans un pré aux envi- rons de Highgate, & 11 paroït qu'on n'y en trouve pas fouvent de pareils. Fe M. Mauduit m'a afluré avoir vu une alouette parfaitement noire, qui avoit été prife dans la plaine de Montrouge, près de Paris. de l’ Alouette. 3 3 * L'ALOUETTE NOIRE À DOS FAUVE. S1 cette alouette, qui a été rapportée de Buénos-aires par M. Commerfon, n’é- toit pas beaucoup plus petite, & fi elle n'étoit pas originaire d'un pays très-dif- férent du nôtre, il feroit difficile de ne as la regarder comme une variété dans l’efpèce de lalouette, identique avec la variété précédente, tant [a reflemblance du plumage eft frappante ! elle a a tête, le bec, les pieds, la gorge, le devant du cou , toute Îa partie inférieure du COrps, & les couvertures fupérieures dela queue, d'un brun notrître ; les pennes des ailes & de la queue d’une teinte un peu moins foncée ; la plus extérieure de ces derniè- res , bordées de roux; le derrière du cou , le dos, les fcapulaires, d’un fauve orangé, les petites & moyennes couver- tures des aïles notrâtres bordées du même fauve. L ES RD CE LECLERC Là st Voyez les planches enluminées , n.° 738, fie. a, By 34 Hifloire Naturelle Longueur totale, un peu moins de cinq pouces ; bec, fix à fept lignes, ayant les bords de la pièce fupérieure un peu échancrés vers la pointe; tarle , neuf {r- gnes ; doigt poftérieur , deux lignes & demie; fon ongle, quatre lignes , Iégère- ment recourbe ; queue, dix-huit lignes, un peu fourchue , compofée de douze pennes, dépañle les aïrles de fept à huit lignes. En y regardant de près, on recon- noît que {es dimenfions relatives ne font pas non plus les mêmes que dans la variété précédente, . Alauda pratenfis : en AHemand , die wiefèn Lerches Frich, tom. 1, claff. 11, divif. 11, n° 16. The tit-lark, alouette de prés. Albin, tome T4 pl XLI11 44 Hifloire Naturelle c'eft parce qu'ils ne connoïfloient pas lalouette pipi, dont nous parlerons dans la fuite. La farloufe pèfe fix à fept gros, & n'a pas neuf pouces de vol. La cou- leur dominante du deflus du corps eft UE Ÿ Alauda lineolà füperciliorum albà, re&ricibus dua- dus extimis introrsum atbis, Linnæus , Fauna Suecica , n.° 01; & Syfl. Nat, ed. XIIL, n.° 1086, Sp. 2, page 287. — Mufer, Zoologie Dan. prodr: pag. 28 ,n.° 5304 Alauda peëïore luteftente, punéis atris ; en Autri- chien , breënpogl; à Nuremberg , £rautvogl;en Styrie, fchmelvogl. Kramer, Elenchus Aufir. inf. page 362, DPe 4. Petite alouette , alouette de bois ou de bruyères, alouette bâcarce, folle, percheufe ; en Beauce, alouetie bretonne, en Sologne, tique, kique, akiki; en‘Provence , bedouide; aïkeurs ; alouette burffonnière. Salerne, Oifeaux, page 102. Alouette courte à Genève , parce quelle a en effet la queue courte. En Pro vence, piroton fuivant M. Guys. 3 Farloufe des bois ou des taillis, alouette des jar- dins, vulgairement bec figue , felon M. Lottinger. Alauda fupernè nigricante & olivaceo varia , infernè fordidè albo-flavicars ; cello infcriore & peëtore maeu- lis lengitudinalibus nigricantibus infgnitis ; urOpypio olivaceo; tœniâ fupra oculos fordidè albo- flavicante ; reëtrice extim@ exteriùs € ultimä medietate alb&, pro- ximè fequenti apice aibo maculatâ.... Alauda pra- senfis, l’alouette de prés ow la farloufe. Briffon, tome III, page 343. des Alouettes. 4$ F'olivâtre varié de noir dans la partie an- térieure, & lolivâtre pur & fans mêlange, dans la partie poftérieure ; le deflous du corps eft d'un blanc-jaunître , avec des taches noires longitudinales fur la pc trine &c les cotés , le fond des plumes eft noir, les pennes des arles prefque noires, bordées d’olivâtre , celles de la queue de même , excepté la plus exté- rieure qui eft bordée de blanc, & la fuivante qui eft terminée de cette mème couleur. | Cet oïfeau à des efpèces de fourcils blancs, que M. Linnæzus à choïfis pour caractcri{er lefpèce : en général, le mâle a plus de jaune que la femelie à la gorge, à la poitrine, aux jambes, & même fous les pieds, fuivant Albin. | * La farloufe part raptdement au morndre bruit, & fe perche fur les arbres quot- que difhcilement; elle niche à peu-près ‘comme le cujelrer,‘pondile mème nom- bre d'œufs, &c. (b); mas elle en diffère en ce qu'elle à la première penne des ailes prefque égale aux fuivantes , & le PRE EN (5) British Zoology , page 93e 46 Hifloire Naturelle chant un peu moins varié, quoique fort agréable: les Auteurs de la Zoologie Bri- tannique trouvent à ce chant de Îa ref- femblance avec un ris moqueur, & Al- bin, avec le ramage du ferin de Canarie; tous deux laccufent d'être trop bref & trop coupé; mais Bélon & Olina s’accor- dent à dire que ce petit orfeau eft recher- ché pour fon plaifant chanter, & j'avoue qu'ayant eu occalion de l'entendre, je le trouvar en effet très-flatteur , quorqu'un peu trifte , & approchant de celur du roflignol , quoique moins fuivi. Il eft à remarquer que l'individu , que j'ai oui chanter , étoit une femelle , puifqu’en:la difiéquant je lux ai trouvé un ovarre : y avoit dans cet ovaire trois œufs plus gros que les autres, lefquels fembloïent annoncer une feconde ponte. Olina dit qu’on nourrit cet oïfeau comme le rofii- gnol , mais qu'il eft fort difhcile à éle- ver; &, comme 1l ne vit que trois eu quatre ans (c), cela explique pourquoi Vefpèce eft peu nombreule, & pourquoi Je mâle, lorfqu’il s'élève pour aller à fa (e) Olina, page 27: . des Alouettes. 47 découverte d’une femelle, embrafle dans fon vol un cercle beaucoup plus étendu que l'alouette ordinaire (d), & même que le cujelier. Albin prétend que cette alouette eft de longue vie, peu fujette aux maladies , & qu'elle pond ordinaire- ment cinq ou fix œufs; fi cela étoit, l’efpèce devroit être beaucoup plus nom- breule qu’elle ne l’eft en effet. Suivant M. Guys, la farloufe fe nour- rit principalement de vermifleaux & d’in- fettes qu’elle cherche dans les terres nou- vellement labourées ; Willughby lur a trouvé en effet dans l’eftomac, des fcara- bés & de petits vers : j'y ai trouvé mor- même des débris d’infeétes , & de plus, de petites grammes & de petits carlloux. Si l’on en croit Aïbin, elle à l'habitude, en mangeant, d'agiter fa queue de côté & d'autre. Les farloufes nicheñt ordinairement dans les prés, 8 même dans les près Pas & marécageux (e); elles pofent leur ntd à terre (f), & le cachent très-bren, (4) Frifch, pi. 16. (e) British Zoology , page 94. | (f) Bélon, Nat. des Oifeaux , pag. 272: British Zoology , ibidem. | 48 Hifloire Naturelle tandis que la femelle couve, le mâle fe tient perché fur un arbre dans le voïfi- nage, & s'élève de tems à autre, en chan- tant & battant des arles. M. Willugbby , qui paroït avoir ob- fervé cet oïfeau de fort près, dit, avec raïfon, qu’il a l'iris notfette, le bout de la langue divifé en plufeurs filets, le ventricule médiocrement charnu, les cæ- cums un peu plus longs que lalouette, &: une véfcule de fiel. J'ai vérifié tout cela , & j'ajoute qu’il n’a point de jabot & même que lœfophage n’a prefque point de renflement à l'endroit de fa jonction avec le ventricule, & que le ventricule cu gcfier eft gros à proportion du corps. Jar gardé un de ces oifeaux pendant une année entière, ne fur farfant donner que de petites graines pour toute nourriture. | La farloufe fe trouve en Italie, en France , en Allemagne, en Angleterre & en Suède. Albin nous dit qu’elle paroît (fans doute dans le canton de FAngles terre qu'il habite) au commencement d'avril, avec le roffignol, & qu'elle s’en va vers le mois de feptembre ; elle part quelquefoïs des Alouettes, 49 quelquefois dès la fin d'août, fuivant M. Lottinger, & femble avoir une lon- gue route à faire (g); dans ce cas, elle pourroit être du nombre de ces alouettes: qu'on voit pafler à Malte dans le mois de novembre, en fuppofant qu’elle s'ar- rête en chemin dans les contrées où elle trouve une température qui lur con- vient. En automne, c'eft-à-dire , au temps des vendanges, elle fe tient autour des grandes routes (A). M. Guys remarque qu'elle aime beaucoup la compagnie de {es femblables , & qu'à défaut de cette - fociété de prédilection , elle fe mêle dans les troupes de pinfons & de linottes qu’elle rencontre fur fon paflage. Aurefte, en comparant ce que les Au- teurs ont dit de la farloule, je vois des différences qui me ferorent croire que . (g) Une feule fois M. Lottinger en a vu uneen Lorraine au mois de février 1774; mais il a vu auffi ce même hiver d’autres oifeaux, qui n’ont pas coutume de refter en Lorraine, tels que verdiers, berceronettes, lavandières, &c. ce que M. Lottin- ger attribue, avec raifon, à [a douce température de l’hiver de cette année 1774- {h) Voyez Albin, à l’endroit cité. Oùifeaux ,. Tome IX, G $o Hifloire Naturelle | cette efpèce eft fujette À beaucoup de va- riétés, ou qu'on la confondu quelquefois avec des efpèces voifines , telle que le cujelier & l'alouette pipi (4), _ Longueur totale, cinq pouces & demi; bec, fix lignes, bords de la pièce fupé- rieureun peu échancrésvers la pointe; vol, environ neuf pouces; queue, deux pou- ces, un peu fourchue, compofée de douze pennes, dépañle les aïles de huit lignes ; Fongle poftérieur eft moins long & plus arqué que dans les efpèces précédentes. (i) La difpofition des taches du plumage eft à-peu-près la même dans ces trois efpèces, quoi- que les couleurs de ces taches foient différentes dans chacune, & les habitudes encore plus diffé- rentes, mais moins cependant que les opinions des divers Auteurs fut les propriétés de [a farloufe , & fur des détails de fon hifioire. Il ne faut que com- parer Bélon, Aldrovande, Brifflon, Olina, Albin, &c. on verra que Îles couleurs du plumage, par lefquelles M. Briflon caractérife l’efpèce , ne font pas Îles mêmes que dans Aldrovance; celui-ci ne parle point du long doigt poftérieur, mais H parle d’un certain mouvement de queue, dont Îles au- tres, excepté Albin, ne difent rien. Ce dernier prétend que fon vit-lark, eft vivace & peu fujet aux maladies; Olina & Bélon aflurent, au con- traire, que la farloufe s'élève difficilement, & Olina dit poñitivemént qu’elle vit peu : ajoutez à cela les différentes opinions fur fon chant. + Le PAT , V(r ML IT 7 U PSS PUS IN JR = 24 A LZ L YU LIL, PS Sas #, fr L f ts sell rod. Th. À PR 4 ALOUE T7 ” À ‘ « LA FARLOUSE ou L LS Ji * 4 4 DE L 4 E ? A. ‘des Alouettes, $a Panier £ sq) . FARLO USE. LA Fariouse blanche (4) ne diffère de la précédente que par fon plumage, qui eft prelque univerfellement d'un blanc-jaunâtre ; maïs plus jaune fur {es aïles ; elle a le bec & les pieds bruns : telle étort celle qu’Aldrovande à vu en Italie ; & quoique le Jéfuite Rzaczynskt lui donne place parmi les oïfeaux de Po- logne , je doute qu'elle fe trouve dans ce pays , ou du moins qu'il l'y art vue, d'autant qu'il fe fert des paroles mêmes d'Aldrovande fans y rien ajouter. RE (K) Boarina , Bovarina, fpipela alba. Aldrovande, Ornithol. Kb. XVII, cap. XXVL. | — Jonfton, Aves, page 87. — Willughby, Ormithol. Hib. IT , fe. 11, cap.r, X Q à — Ray , Synopf. page 81. | Stpola lutea, Boarina. Rzaczynski « Au‘uar. Polon, page 420, n.° 92. | Aluda pratenfis candida, la farloufe Lianche. .. Briffon, tome 111, page 346. : C ï f2 Hifloire Naturelle OISEAU ÉTRANGER Qui a rapport à le FARLOUSE. LA FARLOUSANNE. JE DoNNE ce nom à üne alouette de a Louïfane , que j'at vue chez M. Mau- duit, & qui m'a paru avoir beaucoup de rapports avec Îa farloufe : elle a là gorge d'un gris-jaunâtre; le cou & la poitrine grivelés de brun fur ce même fond ; le refte du deflous du corps fauve; le def- fus de la tète & du corps mêlé de brun- verditre & de noïrâtre ; mais comme ce font des couleurs fombres, elles tran- chent peu l'une fur Fautre, & ïl réfulte de leur mélange une teinte prefque uni- forme de brun- obfcur ; les couvertures fupérieures d’un brun-verdâtre fans mé- lange ; les pennes de 1a queue brunes; la plus extérieure mi-partre de brun-no:- râtre & de blanc , le blanc en dehors, & la furvante terminée de blanc; les pen- nes-& les couvertures fupérieures des des Alouettes. S 3 ailes d'un brun-norrître , borné d’un brun plus clair. | - Longueur totale, près de fept pouces; bec’, fept lignes ; tarfe, neuf lignes ; doigt poftérieur avec l'ongle ,-un peu moins de bnit lignes ; cet ongle un peu plus de quatre lignes, légèrement courbé ; queue, deux pouces & demi , dépañle es arles de feize lignes, Fa +4) | "1 $4 Hifloire Naturelle Pos nd ce nd de» % À à *V'ALOUETTE PIPI(a). C'rsr a plus petite de nos alouettes de France ; fon nom Allemand piep- CT |] * Voyez les planches enluminées, n.° 661 , fig.2+ {a) Alauda minor; en Anglois , the pippit or fmall lark , la petite alouette. Albin, tom. L, pag. 39, pl. XLIV:- Pie piep-lerche, leimen-vogelein ; alouette pipi, Friféh, tom. 1, claff.,za, div. 11, pl. 11, n° 16. Alanda trivialis , reétricibus fafcis ; extimä dimi- diato albâ, fecundä apice cuneiformi ulbä ; lineâ ala- um duplici albidà. Linnæns, Syf. Nat. ed. XIII, pag 288, n.%4@£l Sp,/5 7 — Muller Zoolog. Dan. #.° 9233; en Danois, hauge-hylde , pihe-lerke, ik Dé A The graffhoper lark , alouette fauterelle. British Zoobey. G. XVIII, Sp- V1, pag. 95: Aleuda fupernè nigricante & olivacze varia, infer- nè albo-flavicans ; peëtore € ventre maculis longirudi- nalibus nigricantibns infignitis; reétrice extimâ exte- ris € ultimâ medietate albä , proximè fequenti albo maculat& ...+ Alauda fepiaria, alouette de buiffon. Briffon, tome III, page 347. En Lorraine, vulgairement finfignotte , felon M. Lottinger; dans le Bugey, bec-fi d’hiver. M. Brifion croit que le fpipola d’Aldrovande , some II, page 750, eft fon alquette de buifon, des Alouettes. ss lerche, &. fon nom ÉRBIQIE pipit font évidemment dérivés de fon cri (b), & ces fortes de dénominations font toujours Jes meïlleures, puifqu’elles repréfentent l'objet dénommé autant qu’il eft poffible; aufli n’avons-nous pas héfité d'adopter ce nom de pipi. On compare le err de cette alouette, du moins fon cri d'hiver, à celui d’une fauterelle, mais ïl eft un peu plus fort & plus perçant : l’orfeau le fait entendre foit en volant , foit en fe per-. chant fur les branches les plus élevées des buïflons ,; car 1l fe perche même {ur Les petites branches, quoiqu'il aït Fongle de derrière fort long; ( moins long ce- pendant & plus recourbé que dans la- Touette ordinaire) maïs 11 fait fort bien fe fervir de fes ongles antérieurs pour faïfir les petites branches & s'y tenir perché: BE ee CRE ROSE RS PRE RP STE RE O c’eft-à-dire, notre alouette pipi; mais les defcrip- tions ne s’accordent pas : d’un autre côté, Aldra= vande croit reconnoître dans ce /pipola l'anthos d’Aritote, Hifl. animal, 1ib. VIII, cap. 1113 & Bb. IX, cap. 1, que nous avons rapporté au ver= dier. Voyez tome IV, page 171. R | (6) Frifch, pl, 16, | : C iv s6 Hifioire Naturelle ‘xl fe tient auffi à terre, & court très | Hégèrement. Au printemps, lorfque le mâle pipi “chante fur fa branche, c’eft avec beau- coup d'action; 11 fe redrefle alors, ïl entr'ouvre le bec , 1! épanouit fes ailes, & tout annonce que c'eft un chant d'a- mour : de temps en temps rl s'élève aflez “haut , 1l plane quelques momens , 6€ retombe prefque à la mème place, en ‘continuant toujours de chanter , & de _thanter fortagréablement ; fon ramage eft ‘fimple, mais il eft doux, HAL & nettement prononcé; ce petit oïfeau fait Æon nid dans des endroits folitaires , & 4e cache fous une motte de gazon; auffi fes petits font-1ls fouvent la proie des couleuvres : fa ponte eft de cinq œufs amarqués de brun vers le gros bout. If a la tête plutot longue que ronde; le bec très-- délreat & noirître ; les bords de fa pièce fupérieure échancrés près de la pointe; Îes narines à demi-recouvertes par une membrane convexe de même couleur que le bec, & cachées en partie fous de petites plumes qui reviennent en avant; feize pennes à chaque aïle; le des Alonertes: | 57 deflus du corps d’un brun-verditre varié, ou plutôt ondé de noirâtre ; le deflous d’un blanc-jaunître, moucheté 1rrégulrèe- rement fur la poitrine & {ur le cou; le fond des plumes cendré-foncé ; enfin deux rates blanchâtres fur les arles, dont M. Linnæus à fait un des caractères de Féfpèce:c: > Les alouettes pipi paroïflent en An- gleterre vers le milieu de feptembre, & ‘on en prend alors une grande quantité dans les environs de Londres (ce) ; elles. fréquentent les bruyères & les plaines, -& voltigent plutôtqu'elles ne volent, car elles ne s'élèvent jamais beaucoup..Il en “refte ordinarrement quelques-unes pen- dant hiver fur les marais des environs de Sarbourg. | On peut juger par la forme & Ia dé- licatefle du bec de lalouette pipi qu'elle fe nourrit principalement d’infectes & de petites graines , & par fa petitefle qu'elle ne vit pas fort Tong-temps. Elle fe trouve en Allemagne , en Angleterre {s) Albin, à l’endroit cité. < 58 Hifloire Naturelle & mème en Suède, à ce que-dit M. Lin- mæus dans fon Syffème de la Nature, quoiqu'il n'en fafle aucune mention dans 11 Fauna Suecica, du moins la première édition. Ce torfeau eft aflez haut monté. Longueur totale, environ cinq pouces & demi; bec, fix à fept lignes; doigt poftérieur , quatre lignes; {on ongle, -cinq3 vol, huit pouces un trers; queue, deux pouces, dépañle les ailes d'un pou- ce (d); tube inteftinal, fix pouces & demi; œfophage , deux pouces & demi, dilaté avant {on infertion dans le géfier qui eft mufculeux; deuxtrès-petits cœcum : je nai point trouvé de véficule du fiel ; le geler occupoit la partie gauche du bas-ventre; 1l étoit recouvert par le foie , & nullement par les inteftins. {d) Compofée de dix pennes, fuivant us bon Obfervateur ; mais je foupçonne qu’il y en avoit en deux d’arrachées, pbs ne IX. | j | ZL pag 08. EN 1 | | | , | | ï | i | Î | n 7 Ag Lg \j) À ..“ * ; e À; + f À 23, DA £ LAN PC hr $, LÀ, On) CHEN k (É | h 1 ss u he AM UE GIE ED REA CU NN eve del. Cu. Haussar Se. L'ALOTET TE PIPI. 2m 7 du ve minde = 1 Détde se - > S CR Re | Es e Less des Alouettes. s> pre eme - LA LOCUSTELLE (a). Czrre AzourrTE eft encore plus petite que la précédente, & elle eft la plus pee tite de toutes celles de notre Europe, Les Auteurs de la Zoologie Britannique , à qui feuls nous devons la connoïffance de cette efpèce, lui ont donné le nom d’& louette des faules ,; parce qu'on la voit tous les ans revenir vifiter certaines fau£ faies du territoire de Whiteford erx Flint- shire, où elle pañle tout l'été. La locuf- telle ne diffère de lalouette pipr, mt par fon éperon,, ni par {es allures, nt par fon chant qui reflemble par conféquent à celur d’une cigale ; & c’efl par cette raï- (a) The willow lark , Valouette des faules. Bririsk Zoology , pag. 95. Locuflella avicula D: Johnfon. Willughby , Orni thol. pag. 151: Les defcriptioss de ces deux Auteurs convien- ment mieux à cette efpèce qu’à la précédente; d’ailleurs is ont écrit en Angleterre, & jufqu’idi la locuftelle n’a point été obfervée aïlleurs, C v] 6o Hifloire Naturelle fon que je lui ai confervé le nom de docuftelle que lui à donné Wilughby. Quant au plumage, elle a la tête & le ‘deffus du corps d'un brun-jaunître , avec des taches obfcures; les pennes dés aïles brunes, bordées de Rae fale ; celles de a queue d’un brun-foncé ; des efpèces de fourcils blainchîtres ; & le deflous du corps d’un blanc teinté de jaune. des Alouettes. 6x H%#4 SPIPOLETTE (a): J'anopte ce nom que l’on donne à Florence à l’orfeau dontils'agit icr. Il ef (a) Glareana ; en AMemand, gickerlin, gucker- lin, grien voegelin. Gefner , Av, append. pag. 795%-- — Aldrovande ,. Ornithol. tom.-Il, pag. 736. — Ray, Synopf. pag. 81, Sp.-8. — Willughby, Ornitho!. pag. 154. Alauda minor campeflris D. Jeffép. Ray ; Synopf- PAM en — Willughby, pag. 150, . 4. Spipoletta florentins:; à Venile , tordino , Ray. pag. 70 » Sp. 9-- — Willughby, page 159. | Alauda novalium , alouette des friches ;.:en Afle+- mand , érach-lerche , gereut lerche, kraut lerche. Frifch tom. I, claff 15, div..11, pl. 1,n.° 15. Stoparola 3. ( à fhpulis) , acredula , glariana Gef- neri » Ononvyàv;. en Siléfien , floepling , floppelvogel , - fpiefloerche, greinerlin. Schwenckfeld | Av. Silef. Babe 349: « | — Rzaczynsky., Auëüar.. Polon. page 421 ; en Polonois , zdzbto. | Alauda gula peëtoreque flaveftente. Linnæus, Fauna Suecica, n°? 10 Alauda reëtricibus fufcis, inferiori medietate, excep- £is intermedius. duabus, albis ; gulé peëtoreque favef- 62 Hifloire Naturelle un peu plus gros que la farloufe, & fe tient dans les friches & les bruyères; 11 æ le: doigt pofñtérieur fort long, comme l’alouette, maïs fon corps eft plus efhilé; & 1l diffère encore de cette dernière par le mouvement de fa queue, femblable à celur de la lavandière & de la farloufe. Ces oïfeaux fe plaïfent dans les bruyères, les friches & fur-tout dans les. éteules: d'avome, peu après la moiflon : ils s'y raflemblent en troupes aflez nombreules. Âu printemps, le mâle fe perche pour gappeler ou découvrir fa femelle, quel- quefois mème rls’élève en lair, en chan- tant de toutes fes forces, puis revient bien vîte fe pofer à terre, où efttoujours 4e rendez-vous. cente , pikerlin (Wifez gickerlin ). Linnæus, Syf. Nat: ed. XIIL, pag. 238. — Muller, Zoolog. Ban. pag. 29,.n.° 232 ; en Danois , mark-lærke. Alauda fupernè griféo-fufca ad olivaceum inclinans. ‘nfernè fordidè albo ‘flavicans; collo inferiore €? peëtore maculis longituéinalibus fufcis infigmitis; tœniâ fupra “eculos fordidè albo-flavicante ; reétrice’ extim@ exteriüs € ultimâ. medietate alb&, proximè féquenti apice albo: anaculatä. .... .. Alauda campejlris » Valouette de “éhamp. Briffon, tom. [I, pag- 349. des Alouettes. 63 :" Lorfqw'om approche du nid, la mère fe trahit bientot par fescris, en quoi fon inftinét paroït difiérer de celur des autres alouéttes qui , lorfqu’elles craignent quel-_ que dariger fe taifent & demeurent im- mobiles. | M. WiMughby à vu un nid de fpipo+ lette fur un genêt épineux, fort près de terre, compofé de moufle en dehors, & en dedans de paille & de crin de cheval (Bb). On éftaflez curieux d'élever les jeunes: mâles à caufe de leur ramage , mais cela: demande des précautions: 11 faut au come mencement couvrir leur cage d’une étoffe verte «ne leur larfler que peu de jour ,. & leur prodiguer les œufs de fourmis. Lorfqu'ils font accoutumés à manger &à boire dans leur prifon, on peut diminuer par degrés la quantité des œufs de four- mis, y fubftituant infenfiblementle che- nevis écrafé , mêlé avec de 11 fleur de famine & des jaunes d'œufs. Onprendies fpipolettes au filet traine, (bo) Willughby , Ormithologia, page 15, 64 Hifloire Naturelle comme nos-alouettes , & encore avec'deg gluaux que lon place fur les:arbres où elles ont fixe [eur domicile ; elles vont de compagnie avec Îles pinfons, 1: paroît même qu'elles partent & qu’elles revien- nent avec Eux. Les mâles diffèrent peu des femelles à Textérieur; maïs une manière fûre de les . reconnoître , c'eft de leur préfenter un autre mâle, enfermé dans une cage ; 1ls fe jetteront bien-tot deflus comme fur ‘un. ennemi, ou plutot comme fur. un tale) serniutohsbreu | Willughby dit , que la fpipolette dif- fère des autres alouettes par la couleur aoïre de fon bec & de fes pieds (d); #l ajoute que le bec &ft grêle, droit & pointu, les coins de la bouche bordés de jaune ; qu’elle n’a pas ,.commele cuje- ter, les premières pennes de Parle plus courtes que les furvantes, & que le mâle a les aïles un peu plus noïres que la femelle. | Cet oïfeau fe trouve en Italie, en Al. {c) Voyez Frifch, pl 15. _{d): Ornithologie ; page 153« des Alouettes. 6$ Jemagne, en Angleterre, en Suède ; œc. (er | #* M. Briflon regarde lalouette des champs de Jeflop comme étant de la mème ef- pèce que la fienne, quoiqu'elles diffèrent entr'elles par longle poftérieur qui ef fort long dans la dernière, & beaucoup plus court dans l’alouette de Jeflop (f); mais on fait que la longueur de cet ongle eft fujette à varier fuivant l’âge, le fexe, &c. Il y a une différence plus marquée entre lalouette de champ de M. Briflon _ & celle de M. Linnæus, quoique ces deux Naturaliftes les regardent comme appar- tenant à la même efpèce; l'individu décrit _ par M. Linnæus avoit toutes les pennes de la queue , à l'exception des deux in- termédraires, blanches depuis [a bafe juf. qu'au milreu: de leur longueur ; aulrew que celur de M. Briflon n'avoit de blanc qu'aux deux pennes les plus extérieures ,. fans parler de beaucoup d’autres différen+ L. * DDR A DER D QI GE LR LOIR CR PU 2 NDS Th (e) Voyez Aldrovande & Wiflughby , aux en-- droits cités. — British Zoology, page 94; & Fauna: Suecica, n.° 1932. | 3 ({) Voyez Ornithologie de Willughby ,pag. 1501 6G Hifioire Naturelle ces de détail, qui fuffiferit avec les précé- dentes pour conftituer une variété. Les fpipolettes vivent de petites graï- mes & d'infeétes; leur chair, lorfqu’elle eftrafle , eft un très-bon manger : elles ont la tête & tout Le deffus du corps d’un gris-brun teinté d'olivatre; les fourcils , la gorge & tout le deflous du corps d’un blanc-jaunâtre , avec des taches brunes oblongues fur Le cou & la poitrine; Îes pennes & les couvertures des arles, bru« nes, bordées d’un brun plus daïr ; les pennes de la queue noirâtres, excepté les deux intermédiaires qui font d'un gris- brun, la plus extérieure qui eft bordée de blanc, & la fuivante qui eft terminée de même ; enfin le bec noïrâtre & les pieds bruns. | re Longueur totale , fix pouces & demi ; bec, fix à fept lignes ; vol, onze pouces & plus; queue, deux pouces & demt, un peu fourchue , compofée de douze pennes, dépafle les aïles de quinze lignes. A des Alouettes. 6+ LA GIROLE (a). M. Brisson foupconne , avec grande ap- parence de raïfon, que l'individu obfervé par Aldrovande , étoit un jeune oïfeaw dont la queue extrèmement courte & _ compofée de plumes très-étroites , n’étoit | pas entrèrement formée, & qui avoit en- core la commiflure du bec bordée de | jaune ; maïs 11 y auroit eu, ce me femble, _ une feconde conféquence à tirer de-R, _'eft que c’étoit une fimple variété d'âge. appartenante à une efpèce connue, d’au- tant plus qu'Aldrovande, le feul Auteur qui én ait parlé , n'a jamais vu que ce (a) Güiarola. Aldrovande, Ornithol, tome IT; | page 765- | Giarola Aldrovandi, calcare oblongo. Willagkby. pag. 152, (. 1x. _ — Ray, Syropf. Av. pag. 70, Sp. 10. Alaude fupernè fufco-cuffanea ; marginibus penne- um dilutioribus ; infernè alba; tœnià tranféerfà albi- cante oecipitium cingente ; reltrice extimä albâ , pro- æumè féquenti apice albà . . . Alauda italica, V'alquette dltalie, Briflén, tom. LILI, pag. 355. | 63 FHifloire Naturelle cipal attribut, c'eft-à-dire, le long é éperon à chaque pied ; le plumage de la tête & de tout le deflus du corps étoit varié de brun-marron, de brun plus clair, de blanchître & de roux vif : Aldrovande le : feul individu. IE étoit de la tarlle de notre | afouette commune; il en avoit le prin- | | | compare à celui de la caïlle où de la. bécaffe. Il avoit le deflous du corps blanc; le derrière de la tête ceint d’une efpèce de couronne blanchître; les pennes des aïles brun-marron, bordées d'unecouleur plus claire ; celles de la queue , du moins les quatre paires intermédiaires , de fa même couleur; la pairefuivante mi-partie de marron & de blanc , & la dernière paire toute blanche ; La queue un peu fourchue , longue uk pouce ; le fond des plumes cendré ;' le bec rouge à large ouverture ; lescoins dela bouche jaunes ; les pieds couleur de chair ; les ongles Hlanchâtres ; l’ongle poftérieur long de fix lignes , prefque droit & feulement un peu-recourbé par le bout. Cet oïfeau avoit été tué aux environs de Boulogne ; fur la fin du mois de mar. Je Ie préfente : ici feulement comme un des Alouettes. 6 problème à réfondre aux Naturaliftes, qui {ont à portée de l’obferver, & de le rap- porter à fa véritable efpèce; car, encore une fois, je doute beaucoup que l’on en doive faire une efpèce diftinéte & fépa- rée. M. Ray fui trouve beaucoup de rap- port avec le cujelier, & ne voit de difié- rence que dans les couleurs "des pennes de la queue; cependant 1l auroit dû y. voir aufli une différence de grandeur , puifqu’il eft auffi gros que l’alouette or- dinaire, & par conféquent plus gros que le cuyelier ; différence à laquelle on'doit avoir encore plus d'égard, fi l’on fuppofe avec M. Briflon que Poifeau d'Aldro- MARMÉ Mio JEUNE, ca: «oc ds | KZ 20< NS 79 Hifloire Naturelle * LA CALANDRE ou GROSSE ALOUETTE (a). Or , Qui vivoit dans Îe fecond fiècle de lEre chrétienne , eft le premier parmi _ # Voyez les planches enluminées, n° 363, fig 2. (a) Corydalus , galerita | alauda maxima ; en Grec, Kopud'#nds peyaroraros; calandre. Bélon, Hifé. Nat. des Oifeaux, pag. 270 , cap. XXIV. Calandra ; alauda maxima ; fortè guroulus Albert , Kaavpa; Oppiani; Chameæzelos, id efl, calandrus Sil- yatici; en Grec moderne, brakola ; en Allemand, kalander , galander ; en Italien & Efpagnol, chalen- dre } chalandria; à Venife, corydalos, mot grec de- venu vulgaire. Gefner, Æv. pag. 80. — Aldrovande, Ornitol. tome Il, pag. 846. Calandra , lodola maggiare. Olina , Uccellerie , page 30: | Calandra. Wilughby , Ornithol. pag. 151. Il ne connoiffoit point cet oïifeau qu’il confond avec lortolan de neige : Ray ne l’a pas même nommé. — The bunting. Charleton , Exercit. page 88, n.° 4. H avoit , comme on voit, adopté l'erreur de Willughby. — Klein, Ordo Av. pag. 72. Cet Auteur jugeant. d’après la figure donnée par Olina, étoit perfuadé que la calandre n’étoit autre chofe qu’une alouette des Alouettes. 7 les Anciens qui ait parlé de cet oïfeau, en indiquant la merlleure façon de le prendre (b). & cette façon eft précifé- ment celle que propofe Olina : elle con- fifie à tendre le filet à portée des eaux où la calandre a coutume d'aller borre. ; Cet oïfeau eft plus grand que Ta commune , à laquelle le deffinateur avoit fait un bec un peu trop épais. Alauda non criflata , cinerea, peëtore albe , maculofo ; _ en Catalan, ca/andra , aneda, Barrère, Specim. nov, | Sp. 5, page 40. _ Alauda reëtrice extimä exter'üs totà, alb&, fecund4 | tertiâque apice albis, fafcià peëtorali fufcä. Calandra , _ Linnæus, Sy. Nas. ed. XIII, Sp. 9, pag. 288. The calandra, la calandre. Edwards, pl. 268. Alauda füpernè fufco & grifeo varia , infèrnè alba ; collo inferiore & peétore nigro maculatis ; remigibus mino- ribus apice albis ; reërice extimà exteriùs € ultimà medietate | albâ ; duabus proximè fequentibus apice Palis 1 3 3 Alauda major five calandra ; a groffe alouette ou la calandre. Briffés , tome LI, pag. 352. En Provence, coulaffade, à caufe de fon collier. _. Aux environs d’Orléans, alouette de bruyère ; | en Grec moderne , kalandra. Salerne, Oifeaux , _ page 196. Cet Auteur nous apprend que la rue de la calandre à Paris tire fon nom d’une calandre _ qui y pendoit pour enfeigne. (b) Ixeutic. lé. III. 72 Hifloire Naturelle louette; ïl a aufli le bec plus court & plus fort, en forte qu'il peut cafler les graines; de plus l’efpèce eft moins nom- _ breufe & moins répandue. A .ces diffé- rences près , la calandre reflemble tout- à-fait à notre alouette, même plumage, à-peu-près même port, même confor- mation dans l’enfemble& dansles détaïls, même mœurs & même voix, fi ce n’eft qu'elle eft plus forte, mais elle eft auffi agréable (c), &-cela eft fi bien reconnu, qu'en Italie on dit communément chanter comme une calandre , pour dire chanter bien (d). De même que l’alouette ordi- natre, elle point àcetalent naturel celur de contrefaire parfaitement le ramage de plu- fleurs oïfeaux, tels que le chardonneret, la Tinotte, le ferin, &c. & même le pro- 1ement des petits pouflins, le cri d'appel de Ia chatte (e), en un mot, tous Îes fons analogues à fes organes, & qui s’y {ont imprimés lerfqu'ils étorent encore tendres, À 2m 0 2 re {c) Bélon, Nature des Oifeaux , page 270. (d) Aldrovande , Ornithol. tome Il, pag. 847. (e) Olina, à Pendroit cité. | | Poux des Alouettes, 73 … Pour avoir des calandres qui chantent bien, il faut, felon Olina, prendre les jeunes dans le nid, & du moins avant leur première mue, préférant, autant qu'il eft pofhble, celle de la couvie du mois d'août; on les nourrira d'abord avec de la pâtée compofée en partie de cœur de mouton ; on pourra leur donner enfuite des graines avec de la mie de pain, &c. ayant foin qu'elles aient toujours dans leur cage un plitras pour s 'aiguifer le bec, &.un petit tas de fablon pour s'y égayer Joriqu'elles font tourmentées par la vermine Malgré toutes ces précautions, on n'en tirera pas beau- coup de plarfir la première année, car la calandre eft un otfeau fauvage, c’eit- à-dire , ami de la liberté, & qui ne fe façonne pas tout de fuite à l'efclave. Ji faut même dans les commencemens où lur drer les arles , ou fubftituer au plafond de la cage une toïle tendue (f°); mais auffi lorfqu’ elle eft civilifée & qu elle a pris le pli de fa condition, elle chante fans cefle , fans cefle elle répète ou fon or (f) Ibidem. | Oifeaux , Tome IX. D 74 Hifloire Naturelle ramage propre ou celur des autres oïfeaux , & elle fe plaît tellement à cet exercice, qu'elle en oublie quelquefois la nourriture (g). On diftingue le mâle en ce qu'il eft plus gros, & qu'il a plus de noïr autour du cou ; la femelle n'a qu'un collier fort étroit (2); quelques individus , au lieu de collier , ont une grande plaque noire fur le haut de la poitrine; tel étoit Fin- dividu que nous avons fait reprelenter. Cette efpèce niche à terre comme la- Zouette ordinaire , fous une motte de gazon bien fournie d'herbe, & elle pond quatre ou cinq œufs. Olina , qui nous apprend ces détails , ajoute que la calan- dre ne vit pas plus de quatre ou cinq (g) Gefner, de Avibus, pag. 80. : C4) Voyez Edwards, pl 2638. Celui quia donné cette obfervation à M. Edwards, avoit une méthode de diftinguer le mâle de Ia femelle parmi les petits oïfeaux ; c’étoit de les renverfer fur le dos & de fouffler fur l’eftomac ; lorfque c’eft une femelle, les plumes fe fêparent de chaque côté, laiffant l’efto- mac à nu; mais cette méthode n’eft sûre que dans la faifon où Îles oifeaux nichent. Gefner , de y " page do. | ? des Alouettes. 75 ans, & par conféquent beaucoup moins que lalouette : Bélon conjecture qu'elle va par troupes comme cette dernière efpèce ; 1l ajoute qu'on ne Îa verroït point en France, fi on ne l'y apportoit d’arl- leurs; mais cela fignifie feulement qu'on n'en voit point au Mans nt dans Îes pro- vinces vorlines, car cette efpèce eft com- mune en Provence , où elle fe nomme coulaffade, à caufe de fon collier noir , & où l’on a coutume de lélever à caufe de fon chant. À l'égard de l'Allemagne, de la Pologne, de 1 Suède & des autres pays du Nord, 11 ne paroïît pas qu’elle y foit fréquente : on la trouve en Italie, versles Pyrénées, en Sardaigne; enfin M. Ruffel a dit à M. Edwards qu'elle ctoit com- mune aux environs d'Alcp, & ce dernier nous a donné la figure coloriée d’une vraie calandre , qui venoit, difoit-on ;, de la Caroline (+); elle pouvoit y avoir été tranfportée, elle ou fes pere & mere, non-feulement par un coup de vent, mais encore par quelque vaïfleau Euro- (&) Glanures » feconde partie, pag. 123 , pl, 268. Dis # 76 H foire Naturelle péen; & , comme c’eft un pays chaud, if eft très- probable que l’efpèce peut y prof- pérer & s'y naturalifer. M. Adanfon regarde la calandre comme tenant Île milieu entre lalouette & Ja grive, ce qui ne doit s'entendre que dy plumage & de la forme extérieure , car {es habitudes de la grive & de la calandre font fort différentes , entre autres dans la conftruction du nid. Longueur totale, fept pouces & un quart; bec, neuf lignes : : vol, treize pouces & demi; queue, deux pouces un tiers , compofée de douze pennes, dont les deux paires les plus extérieures font bordées de blanc , la trortième paire ter- minée de même, a paire intermédiaire gris-brun, tout ‘Le refte notrûtre ; ces pennes dépaent les aïles de quelques lignes : ; doigt poferieur , dix lignes, des Oifeaux étrangers. 97 LCA RE OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport à la CALANDRE. *LACRAVATE JAUNE ou CALANDRE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE (a). Je n°41 pot vu l'individu qui a fervi de modèle à [a figure 2 de la planche 04, maïs J'en ai vu plufeurs de la mème ef- pèce. En général, les mâles ont le deflus du corps Brun, varié de gris, la gorge * Voyez les planchès enluminées, 2.° 504, fig. a. (a) Alauda fupernè fufco & grifeo varia , infernè ex rufo ad aurantium inclinans ; gutture aurantio , line fifca circumdato ; tœrita füpra oculos flavo-aurantià ; -reûricibus quatuor utrimque extimis apice albis +... Alauda eapitis Bonz-fpet , Valouette du cap de Bonne-efpérance. Briffon , tome III, pag. 264. M.le vicomte de Querhoën, enfeigne de vaif- feau, & M. Commerfon , ont tous deux obfervé _cette alouette, au cap de Bonne-efpérance, en des tems différens. ER af DS ET 78 Hifloire Naturelle & le haut du cou d'un bel orangé, & cette efpèce de cravate eft bordée de noir dans toute fa circonférenee ; cette même couleur orangée fe retrouve encore au-deflus des yeux en forme de fourcils , fur les petites couvertures de l'aile , par petites taches, & fur le bord antérieur de . cette mème arle dont elle defline le con- tour : ris ent la poitrine variée de brun, de gris & de jaunître; le ventre & les flancs d’un roux-orangé ; le deflus de la queue grifâtre; les pennes de la queue plus ou moins brunes, mais les quatre paires Îles plus extérieures bordées & terminées de blanc; les pennes des aïles brunes aufli bordées, les grandes de jaunes, & les moyennes de gris ; enfin le bec & ies pieds d'un gris-brun plus ou moins fonce. | Deux femelles que j'at obfervées avoient la cravate non pas orangée; mais. d'un roux-clair, la poitritie grivelée de brun fur le même fond, qui devenoit plus foncé en s'élorgnant de la partie antérieure ; enfin le deflus du éorps plus varié, parce que les plumes étoient bor- dées d'un gris plus clair. —— des Oifeaux étrangers. 79 : Longueur totale’, fept pouces & demi ; bec, dix lignes ; vol, onze pouces & demi ; doigt poftérieur , ongle compris; plus long que celui du milieu ; queue, deux pouces & demi , un peu fourchue ; compofée de douze pennes , dépafle les _aïles de quinze lignes. J'ai vu & mefuré äin individu qui avoit un pouce de plus de longueur totale , & Les autres parties à proportion, I Ï. LE HAUSSE-COL NOIR ou L'ALOUETTE DE VIRGINIE. Je RAPPROCHE cette Alouette amé- ficaine de la cravaté jaune à laquelle elle a beaucoup de rapport; mais elle en diffère cependant par le climat, par la grofieur & par quelques détails du plu- mage : elle pafle quelquefois en Alle- magne (2) dans les tems de neige, & (a) The lark, V’alouette. Catesby , pl. 32. | Alauda hienials feu nivalis ; en Allemand , de chnée-lerche, Frifch , tom, I, cl, 11, div ui, pli, a I64 | D 1v 80 Hifloire Naturelle c'eft par cette raïfon que M. Frich la appeilée alouette d'hiver ÿ mais d ne faut pas la confondre avec le lulu, à qui, felon Gefner (b), on pourroit donner le même nom, purfqu'il paroït dans le tems où la terre eft couverte de neige. M. Frifch nous dit qu’elle eft peu connue en Allemagne, & qu’on ne fait ni d'où elle vient nroù elle va. On en a pris aufli quelquefoïs aux envie rons de Dantzick , avec d’autres otfeaux , dans Îes mois d’avril & de décembre, & l'une d'elles à vécu plufeurs mois en Alauda gutture flavo Virginie & Caroline ; en Altemaend. gelbartige-lerche. Klein , Ord. Av. pag. 164. Alauda je fubfufta , infernè albo-flaricans:z gutture € coilo inferiore luteis ; tœniâ utrimque longitu- dihali nigr& infra oculos ; tœniâ tranfversà lunulatà in - fammo peéore nigr&:; remigibus re&ricibufque fubfu fois... Alauda Virgiiana , Yalouette de Virginie, Briffon:, tom. [1L, page 2367. Alauda alpetris | reëtrictbus dimidio interiore albis: gula flavä; fafcià fuboculert peëtoralique nigrà..... Linnæus, Syf. Nat. ed. XIII, page 289. C’eft vraifemblablement Palauda riparia minor torquata de Barrère. France équinoxiale , feconée partie , page 122. (ô} De Ayibus , page 795: 1 L à # des. Oifeaux étrangers. 8x cage. M. Klein préfume qu'elles avoient été apportées par un coup de vent de l'Amérique feptentrionale dans la Nor- wège ou dans les pays qui font encore plus voifins du pôle , d'où elles avoient pu facilement pailer dans des climats plus doux. | | | I! paroît d’ailleurs que ce font des oï- feaux de paflage ; car nous apprenons de Catefby qu’elles ne parotflent que l'hiver dans la Virginie & la Caroline, venant du nord de l’Amérique par grandes vo- lées, & qu'au commencement du prin- tems elles retournent fur leurs pas. Pen- dant leur féjour , elles fréquentent les dunes , & fe nourriflent de l’avoine qui croît dans les fables: Cette alouette eft de la grofleur de la nôtre, & fon chant eft à-peu-près le même : elle a fe deflus du corps brun; le bec noir; les yeux placés fur une bande jaune qui prend à la bafe du bec ;. la porge & le sefte du cou de la même cou- eur , & ce jaune eft en partie terminé de Chaque côté par une bande noire qui, partant des coins de [a bouche, pañle fous les yeux, & tombe jufqu'à la moitié du: D v 82 Hifloire Naturelle cou; ri eft terminé au bas du cou par une efpèce de collier ou haufle-col noir : la poitrine & tout ie deflous du corps font d'une couleur de païlle-foncée. Longueur totale, fix pouces & demi ; bec, fept lignes; le doigt & l'ongle pofté- rieurs encore plus longs que dans notre alouette ; queue, deux pouces & dem, un peu fourchue , compofée de douze pennes, dépafle les ailes de dix à onze Îrgnes. L'LA, L'ALOUETTE Aux JOUES BRUNES DE FENSILMANTE(A) Vorct encore une alouette de paflage, & qui eft commune aux deux contir- (a) The lark from Penfÿlvania. Edwards, pl..297.. Alauda fupernè obfeurè fufta , infernè fulvo-rufef- cens , maculis fufcis varia; genis nigricantibus ; tœm& utrimque füupra oculos rufefcente ; reëtrice extimä albà , proximè fequenti apice albâ.... Alaude Penfylvanica , l’alouette de Penfilvanie , Briffon, tome VI, /upplé- ment, Page 94+ < The red lark , alouette rougeâtre. British Zoology, pas e 94- des Oifeeux etrangers. £% riens ; car M. Bartran, qui l’a envoyte à M. Edwards, lui a mandé qu'elle com mençoit à fe montrer en Penfilvanie dans Le mois de mars, qu'elle prenoit fa. ‘route par le nord, & qu'on n'en voyoit: plus à {a fin de mai; &, d’un autre côté, M. Edwards aflure l'avoir trouvée dans: les environs de Londres. é Cet oifeau eft de la groffeur de 1 fpf. polette : il a le bec mince , pointu & de couleur foncée ; les yeux bruns , bordés: d’une couleur plus clarre , & fitués dans une tache brune , de forme ovale, qui defcend fur les joues, & qui eft circonf-- crite par une zone en partie blanche, en: partie d’urr fauve vif. Tout le deflus du: corps eft d'un brun-obfcur , à l'exception des deux pennes extérieures de la queue qui font blanches; le cou, la poitrine &-: tout le deflous du corps font d’un fauve rougeître , moucheté de brun : les picds. & les ongles font d'unbrun-foncé comme: le bec; l’ongle poftérieur eft fort long. mais cependant un: peu. moins que dans. lalouette commune. Enfin une fingula-- rité de cette efpèce:, .c'eft que l’aïle étant replice & dans fon repos , la troifième D v; 84 Hifloire Naturelle penne, en comptant depuis le corps, atz teint l'extrémité des plus longues pennes; ce qui eft, felon M. Edwards, le carac- tère conftant des lavandières ; & ce n’efk pas le feul trait de reflemblance qui fe trouve entre ces deux efpèces; car nous avons déjà vu. à a fpipolette &e à la far- loufe un mouvement de queue femblable d'celur des lavandrères, auxquelles on a donne trop exclufivement, comme on voit, le nom de Aoce-queues.. des Alouettes: 85 *LA ROUSSELINE ou L'ALOUETTE. DE MARAIS (a). Corre ALOUETTÉ, qui fe trouve en A!- face, eft d’une grofleur moyenne entre l’alouette commune & la farloule ; je l'appelle roufféline ; parce que 11 cou- leur dominante de fon. plumage eft un roux plus ou.moins clair: elle a le deflus de-h tète & du corps varié de cette cou- leur & de brun ; les côtés. de la tête A LS? Ê . rouflatres, rayés de trois raies brunes prefque parallèles ,. dont la plus haute pañle fous l'œil ; la gorge d’un-roux très- clair; la poitrine d’un roux un peu plus foncé, & femé de petites taches brunes fort étroites ;.le ventre & Les couvertures # | dt ë PA ” LA L ” * Voyez. les planches enfuminées, 7° 661, fig. 12. (0) An alauda pineti , coloris ravi, rubricofr de Rzaczynski; en Polonois, skowronek barowy , lercha ledwuchna® Dans le pays Meflin, grande frnfionorte d'eau; ailleurs, alouette d’eau grande farloufe des prés. | 86 Hifloire Narurelle ‘inférieures de la queue d’un roux-chir# les pennes de la queue & des: aïles noë- râtres .bordées du:même roux ; le bec & les preds jaunîtres. Cette alouette fait entendre fonchant dès le matin , comme plufieurs autres ef- pèces. de ce genre, & fon:ramage eft. fort agréable, felon Rzaczynski.. Son: nom d'alouette de marais indique aflez' qu'elle fe tient près des eaux ; on la: voit fouvent fur la grève ; quelquefois. elle niche fur Îles bords de la Mofelle ;. dans les environs de Metz, où elle paroit: tous Îles ans’ en otobre, & où l'en en prend alors quelques-unes. M. Mauduit m'a parlé d’une alouette roufle , qui avoit les plumes du deflus du corps terminées de blanc, ainfi que les pennes latérales de la queue ; c’eft pro- bablement une variété dans l’efpèce de 4 roufleline:. _ Longueur totale, fix pouces un quart; Bec, huit lignes; tarfe, un pouce; dotgt poñtérieur , quatre lignes; fon ongle , érors lignes & demie , un peu courbé ; queue , deux poucesun quart , dépafle tes: aïles de dix-huit lignes. ne ES RS nn 2 > mt PPS TU. De — PT. jus A A ONE Er D Sr éd) Jde À *LA CEINTURE DE PRÊTRE. ou z ALOUETTE DR SIBÉRIE (a). LE 7 PACE De rous Les orsraUx à qui on a donné le nom d’alouette , c’eft celui-ci qui a le: plus beau plumage & le plus diftingué : il a la gorge, le front & les côtés de la tête d’un jolr jaune, relevé par une petite tache noire entre l'œil & le bec’, 1a-- quelle fe réunit à une autre tache plus. grande, fituée immédiatement fous l'œil; la poitrine decorce d’une large cernture notre ; le refte du deflous. du: corps blanchître, les flancs un peu jaunûtres, variés par des taches plus foncées ; le deflus de la tête & du corps varié de rou-- fâtre & de gris-brun; les couvertures fu- -périeures de la queue jaunîtres, les pen-- nes noirâtres, bordées de gris , excepté Les plus extérieures , qui le font de blanc; les pennes des arles grifes,. bordées fine-- * Voyez les planches‘enluminées , r.0 650, fg 2. (a) Ne feroit-ce pas le taufu tytlinger dent parle: M. Muller avec incertitude dans fa Zoologie Da- noife , page 29 2 88 Hifloire Naturelle ment d’une couleur plus noire ; les cox> vertures fupérieures du même gris, bor- dées de rouflitre ; le’ bec & les pieds. gris-de-plomb. 0 NUeURR s Cet orfeau a été envoyé de Sibérie, où sl n’eft point commun. Le voyageur Jean Wood parle de petits oïfeaux femblables à lalouette ,: vus daris la nouvelle Zemble (Bb); on pourtoit foupçonner que ces petits oïfeaux font de la même efpèce que celur de cet article, puifque” les uns & les autres, fe plaifent dans les. climats feptentrionaux : enfin je trouve; dans le catalogue des oïfeaux de Rufie ,. urie alauda tunguflica , ce qui femble indiquer une alouette huppée du pays des Tongufes, voifins de la Sibérie. IL faut attendre les obfervations pour mettre ces oifeaux à leur place. | Longueur totale, cinq pouces trois quarts ; bec, fix à fept lignes ; doigt poftérieur , quatre lignes & demie; fon ongle , cinq lignes & dénue; queue, deux pouces, compolée de douze pennes; dépaife les arles d'un pouce. (3) Voyez lift. générale des Voyages ; rom. XF. _ page 167: | des Oifeaux étrangers. S9 OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport aux ALOUETTES. I. EA VARIOLE.* 4 EST M. Commerfon qui nous 4 Tap= porté cette jolie petite alouette du pays. qu'arrofe la rivière de la Plata. Le nom de Variole , que nous lui avons donné, a rapport à l'émarl très-varié & très- agréable de fon plumage: elle à en cffet le deflus de la tête & du corps noirître, joliment varié de différentes teintes de roux:; le devant du cou émarllé de même; la gorge & tout le deflous du corps blan- châtre; les pennes de la queue brunes, bordées, les huit intermédiaires de roux- clair, & les deux paires extérieures de blanc; les grandes pennes des aïles grifes, & les. moyennes brunes , toutes bordées cs * Voyez les planches enluminées ,n.° 738 , fig: r. oo Hifloire Naturelle de rouflâtre ; le bec brun, échancré près de {a ponte ; les pieds jaunâtres. _ Longueurtotile, cinq poucesun quart; bec, huit lignes; tarfe , fept ou huit li- gnes; doïgt poftérieur, trois lignes; fon ongle, quatre lignes; queue, vingt lignes, un peu fourchue, compofée de douze pennes ,. dépalle Îles aïles d'un pouce. FT: LA CENDRIELE. _J'Ar vu le deffin d'une alouette du cap de Bonne-efpérance , ayant la gorge & tout le deffous du corps blanc, le deflus. de la tête roux, & cette efpèce de calotte bordée de blanc depuis la bafe du bec juiqu'au-delà des yeux ; de chaque côté du cou, une tache roufle bordée de noïr par en haut; la partie fupérieure du cou & du corps, cendrée , les couveïitures fupérieures des aïles & leurs pennes moyennes, grifes ; les grandes, noires, ainfi que les pennes de la queue. Longueur totale , cinq pouces ; bec, huit lignes ; ongle du doigt poftérieur ER des Oifeaux etrangers. ot | droit & pointu, égal à ce doigt; queue, dix-huit à vingt lignes, dépaflant les ailes de neuf lignes. | YŸ auroit-il quelque rapport entre Ia cendrille & cette alouette cendrée que lonvoitengrandnombre, felon M. Shaw. aux environs de Biferte, qui eft l’ancrenne Utique » toutes deux font d'Afrique , mais 11 y a loin des côtes de Îa Méditer- ranée au cap da Bonne -efpérance, & d’atlleurs l’alouette cendrée de Biferte n'eft pas aflez connue pour qu’on puïfle la rapporter à {a véritable Si peut être faudra-t-1l la rapprocher de la grt- £ette du Sénégal. EI T: LE Æ ASE R LE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE (a). Si cer o1sEAU {emble s'éloigner du: genre des alouettes par la courbure de * Voyez Îles planckres enluminées, ».° 712: (a) C’efi une efpèce nouvelle, qui a été envoyée a Cabinet du Roï par M. de Rofenevez, & qui: ‘ % 92 Hifloire Naturelle ' fon bec, il s’en rapproche beaucoup par M Ja longueur de fon éperon , c'eft-à-dire , de fon ongle poftérieur. à Il a toute la partie fupérieure variée: ‘de brun plus ou moins foncé , de roux ! plus ou moins clair , & de blanc; les couvertures des ailes, leurs pennes & M celles de la queue. brunes, bordées de #« blanchître , quelques-unes ayant une double bordure, l'une blanchître & lau- tre rouffitre ; toute la partie inférieure du corps blanchitre, femée de taches noï- râtres ; le bec noir & Îles preds bruns. _ Longueur totale , huit pouces ; bec, ün pouce; tarfe, treize lignes ; doigt pof- térieur, quatre lignes, l’origle de ce dotot, fépt lignes, droit & pointu; queue, en- viron deux pouces & demi, compofée de douze pennes, dépañle les arles de dix- | buit lignes. 4 — LL ( 2 L … use à SES 2e. me refflemble que par Ie nom au shirlée de M. Ed Wards, pl. 342, lequel eft un troupiale. Voyez.ci- deflus, some III, page 214, & 10me IV, page 303: des Alouettes. 93 *LE COCHEVIS ou LAGROSSE ALOUETTE HUPPÉE (e). Cerre ALoOUETTE a été nommée Cochevis * parce qu'on 2 regarde l’aigrette de plumes “la préfia les planches it iedes, n° 503 , fige 1+ (a) Kopud'ænos A0®9Y éysTe 4 galerita , criflata , 1er rena; Arifiote, Hifl. animal. Lib. IX, cap- 25. Galeritus, (& non galericus comme dit Mine Varron. Ling. lat. lib. IV. Galerita , gallice vocabulo alauda. Pline , Lg. XT, ap. 37 na criflata , feu terrena , caffita , galerita; en Grec, Kopudaus , Kæpudos ; cochevis. Bélon > Nature des Oifeaux, page 267. Alauda criflata alauda pileata fylvatici ; fortè goflur- dus, guzardus ; à Damas , canaberi, alcanabir; ailleurs, kambrah , alcubiei, be ; en Italien, fsb capel- luta, chapelina | covarella, ciperina ; en Allemand , lerch , beubellerch , waeglerch (. alouette des chemins}; 5 en Anglois, /ark. Gelner, Aves, page 70. Aläuda dia: ; en Italien, capelluia , capellinas Aldrovande , Ornithol. pag. 841. Lodola capelluta ; en Latin, gakerita. pins Uc- gelleria, fol. 13. Alauda criflata major. Jonfion, Ar. pag. 70: — En Anglois, the crelled rare en ‘Allemand i 94 Hifleire Naturelle dont fa tète eft furmontée , comme une efpèce de crête, & PR conune . kommauick. willughbx , Ornithol. pag- 161 , . VII — The greater crefled lark. Ray ; Synopf. page 69, DD LE Sibbalde, Atlas Scor. part. II, Nb. ul, cap. IV , Page 47- — Alauda capeliata , alauda viarum ; en AMemand, dLobellerch, kottlerch , luerle. ..... Schwenckfeld , Av. Silef: pag. 192, Sp. 2 — En ph Ad Ds Rzaczynski, Au. Polon. pag- 354 ) Alauda ne) Los viarum ; en Allemand, kobel-koth-wegeheubel- lerche. Kiëin, Ordo Avi, page 713 SP. Tia. Alauda fiylveftris galerita , en AWemand feide- iderche , baum-lerche, holtz-lerche. Frifch, tom. I; “elfe TT, dv: PT plO RIRES Sud galerita , criflata, cafita; en Anglois, the _ sp AA crefled lark, cotfiwold lark ; en Grec, Képul av. Char- leton, Aves, pag. 88. Thecrefled- lark. ,alouette huppée, Albin, tom. II, # Ne 7 cr'JPata reétrictbas nigris , extimis duabns margine exteriori albis, capite épi Linnæus, Syf. Nat. ed. XIIT, pag. 288, Sp. 6. —Muiler, Zoologie Pur. prodromus , pre 29; ‘en Danois, top laerke, vei-laerke. Alauda criflé dependente ; en Autrichien , kort- lerche , fchopf-lerche. Kramer , ElencA. Auftr. _ age 362. Cochevis; cefi-à- dire, vifage de coq, félon | des Alouettes, 9$ un trait de reflemblance avec le coq. Cette crête, ou plutot cette huppe , eft compofée de quatre plumes de princi- pale grandeur, fuivant Bélon; de quatre ou fix, fuivant Olina, & d'un plus grand nombre, felon d’autres qui le portent jufqu’à douze (b). On ne s'accorde pas plus fur a fituation & le jeu de ces plumes Ménage, parce que le cochevis reflemble un peu au coq par fa crête; en Berry , alouette crêtée ; en Sologne, alouette duppée (pour alouette hup- pée ); en Beauce, alouette cornue ou de chemin; galerite , felon Cotgrave; ailleurs, alonette de Bgie, d’arbres, de vigne, groffe alouette ; dans le Péri- gord , verdauge ; en Provence & dans lOrléanois, “calandre. Voyez Salerne, Hift. Nat. des Oifeaux , page 194 Alauda criflata, fupernè grifèa, paulläm ad ru- fefcentem inclinans, peunis in medio obfèurioribus , ën- fernè albo-rufeftens ; collo inferiore maculis faturatè fufcis infignito ; tœniâ fupra oculos albo-rufefcente , reltrice extimâ in utroque latere , proximè fequenti in latere exteriore, fulvis.... Alauda criflata , Yalouette huppée ou le cochevis. Briffon, tom. II] , pag- 357. On a pu remarquer que le cochevis a piufieurs noms communs avec l’alouette ordinaire, & lon n’en fera pas furpris fi l’on fe rappelle ce que j’ai dit , que le mâle de cette dernière efpèce fait auf de faire une huppe en relevant les plumes de fa tête, (b) Willughby, Ornithol. page 151. 96 Hifloire Naturelle que fur leur nombre; elles font toujours relevées felon les uns (c), & felon d’au- tres l’oifeau peut les élever ou les abaïffer, les étendre ou les reflerrer à fon gré (4); foit que cette difiérence dépende du climat, comme l’infinie Turner, ou de la faïfon , ou du fexe, ou de quelqu’autre circonftance. C’eft une preuve de plus, ajoutée à mille autres, qu'il eft dificile de fe former une idée complète de l’efpèce, d’après l'examen , même attentif, d’un petit nombre d'individus. Le cochevis eft un otfeau peu farouche, dit Bélon, qui fe réjouit à la vue de l’homme & fe met à chanter lorfqu’il le voit approcher : ïl fe tient dans les champs & les prairies fur les revers des foflés & fur la crète des fillons : on le voit fort fouventau bord des eaux & fur les grands chemins, où il cherche fa nourriture dans le crotin de cheval, fur-tout pendant hr- ver: M. Frifch dit qu'on le rencontre auffi à l'entrée des bois , perché fur un Cc) Turner, apnd Gefner, de Avibus, pag. 79« (4) Wällughby ; page 161. Brifion ; Ornitholog tome III, page 358. arbre, 5 A + ces i D ET nee ie rebtrr-Ce SR A TS TD RS PPT TEE PTE Eee ET des Alouettes. 97 arbre (e), mais cela eft rare, & ïl eft encore plus rare qu’il s'enfonce dans les randes forêts; 1l fe pofe quelquefois Fe les toits, les murs de clôture, &c. _ Cette alouette, fans être auffi commune que l'alouette ordinaire , eft cependant répandue aflez généralement dans l'Eu- rope, fi ce n’eft dans la partie feptentrio- nale. On en trouveen Italie, fuivant Ol:- na; en France , furvant Bélon; en Alle maone , felon Willughby; en Pologne , felon Reaczynski: en Ecofle , felon Sïb- ald : mais je doute qu'il y en ait en Suède, vu que M. Linnæus n'en a point fait mention dans {a Fauna Suecica. Le cochevis ne change pas de demeure so . ! pendant l’hiver (f); mais Bélon ne de- voit point pour cela foupconner une faute dans le texte d’Ariftote, car ce texte ne dit point que le cochevis quitte de pays, 11 dit {eulement qu'il fe cache pendant l'hiver (g), & c’eft un fait qu’on Banvonagireonreerreee nr none rpenre RE EEE ee ne CRE EE EES (e) Frifch, à l’endroit cité, | # (f) Béion, à l’endroit cité. we (g) get yap... % népudos. Hifl Animalium , lib. vit, cap. XVI. Oifeaux ; Tome IX. E 98 Hifloire Naturelle en voit moïns dans cette faïfon que pen- dänt Fete. | Le chant des mâles eft fort élevé, & cependant fi agréable & fi doux, qu’un malade le fouflriroit dans fa chambre (); pour en pouvoir jouir à toute heure, « on Îles tient en cage ; ils l’accompagnent ordinarrement du trémouflement de {eurs atles : ils font les premiers à annoncer chaque année le retour du printemps, : CL MEL PP & chaque jour le [ever de l'aurore, fur- # tout quand le ciel eft ferein; & même alors ris gazouïilent quelquefois pendant Aa nuit (2), car c'eft le beau temps qui eft dame de ieur cEant & de eur gareté; au contraire un temps pluvieux & fombre Jeur imfpire la triftefle & les rend muets : ls continuent ordinaïrement de chanter jufqu'à la fin de feptembre. Au refte, comme ces oifeaux s'accoutument difhct- lement à la captivité, & qu'ils vivent fort peu de temps en cage (4), 1l ef {h) Voyez le Traité du ferin, pag. 43. (i) Frifch, à Pendroit cité. (+) Albert prétend avoir obfervé que , forfque ées oifeaux reftent long-temps en cage, ls devien- 1 nn des Alouettes. 99 à propos de deur donner , tous Îes ans, la volée fur la fin de Jum, qui eft Ie temps où ils ceilent de chanter, fauf à en reprendre d’autres au printemps fuivant ; ou bien on peut encore conferver le ramage en perdant l'oifeau; il ne faut pour cela que tenir quelque temps auprès d'eux une jeune alouette ordinaire où un jeune ferin, qui s’approprierontleur chant à force de l'entendre (1). Outre la prérogative de mieux chan- ter qui diftingue le mâle de Ia femelle, il s'en diftingue encore par un bec plus fort , une tête plus grofle, & parce qu'il a plus de noir fur la poitrine (71). Sa ma- nière de chercher fa femelle & de la nent borones à la fin , & que cela arrive au bout de neuf années f'apud Gefüer, page 81). Mais Aldrovande remarque que ceux qu’on élève à : Boulogne, vivent à peine neuf ans, & qu’ils ne deviennent ni aveugles ni borgnes avant de mourir, ( Oraithol. tome I 1 , page 8234). On voit, à travers cette contrariété d'avis, qu’il y a une manière de gouverner le cochevis en cage, pour le faire vivre plufieurs années, & peut-être pour lui conferver la 4Xue, manière que M. Frifch ignoroit fans doute, (1) Frifch, ibidem. | (m ) Olina, Uccelleria, page 13. LE] 1j 100 Hifloire Naturelle féconder eft la mème que celle du mûle de l’efpèce ordinaire, excepté qu’il décrit dans fon vol un plus grand cercle, par a ratfon que lefpèce eft moins nom- breufe. | La femelle fait fon nid comme la- louette commune , mais le plus fouvent dans le vorfinage des grands chemins ; elle pond quatre ou cinq œufs qu'elle couve afleznégligemment ; & l’on prétend qu'il ne faut en effet qu’une chaleur fert médiocre , jointe à celle du foleil, pour es faire éclore (n)3 mais les petits ont- 1ls percé leur coque & commencent-ils à implorer fon fecours par leurs cris répé- tés, c’eft alors qu'elle fe montre vérita- blement leur mère, & qu'elle fe charge de pourvoir à leurs befoins jufqu'à ce qu'ils fotent en état de prendre leur volée. {n) Comme ces nids font à terre, il peut fe faire que quelque perfonne ignorante & crédule ait vu un crapaud auprès, & même fur les œufs,’ & delà la fable que le cochevis & quelques au- tres efpèces d’alouettes laiflent aux crapauds le foin de couver leurs œufs, | | des Alouettes. FOI M:Frifch ditqu'elle fait deux pontes par an, & qu’elle établit fon nid, par préfe- rence , fous les genevriers : mais cela doït s'entendre principalement du pays où l'obfervation à été faite. La première éducation des petits réuf= fit d'abord fort atfément; maïs, dans la fuite, elle devient toujours plus diffctie, & 11 eft rare, comme je Far dit d’après M. Frifch, qu'on puifle les conferver en cage une année entière, même en leur donnant la nourriture qui leur convient le mieux, c'eft-à-dire, les œufs de four- mis, le cœur de bœuf ou de mouton haché menu, lechenevis écrafé, le millet: il faut avoir grande attention en leur donnant à manger , & en leur introdur- fant les petites boulettes dans le golier y de ne pas leur renverler la langue, ce qui pourroit les faire périr. L'automne eft 11 bonne fiïfon pour tendre des pièges à ces oïfcaux ; on les prend alors en grand nombre & en bonne char, à l'entrée des bois. M. Frifch remarque qu'ils fuivent l'appeau, ce que ne font pas les alouettes communes : voici d'autres différences; Le cochevis ne vole E 1 102 Hifloire Naturelle point en troupes ; fon plumage eft moins varié, & a plus de blanc; 1l a Le bec plus long, la queue & les ales plus cour“ tes ; 1} s'élève moins en Pair ; 1 eft plus le jouet des vents, & refte moins de temps fans fe pofer : dans tout le refte les deux efpèces font femblables, même “dans la durée de leur vie, je veux dire de leur vie fauvage & libre. Il fembleroit, d’après ce que j'ai rap porté des mœurs de lalouette huppée, qu'elle à le naturel plus indépendant , plus éloigné de fa domeftrcité que les au- tres alouettes, puifque, malgré fon incl hation prétendue pour l'homme, elle ne éonnoît point d'équivalent à la Hberté, & qu'elle ne peut vivre fong-temps dans la prifon la plus douce & là plus com- mode ; on diroit mème qu'elle ne vit folitaire que pour ne point fe foumcttre aux aflujettrflemens inféparables de Ia vie fociale ; cependant 1l eft certain qu’elle à unc fingulière aptitude pour apprendre en peu de temps à chanter unaïr qu'onlur auragmontré (0); qu'elle peut mème en {o) U n’y a peut-être que le cochevis qui 43 des Alouettes. 103 apprendre plufieurs, & les répéter fans les brouïller & fans les mêler avec fon ra- mage, qu'elle femble oublier parfaite- ment (p). L'individu obfervé par Willughby avoit la langue large , un peu fourchue , Îes cœcum très-courts, & le fiel d’un vert- obicur & bleuître, ce que ce Naturalrfte attribue à quelque caufe accidentelle. Aldrovande donne la figure d’un co- chevis fort âgé , dont le bec étoit blanc autour de fa bafe ; le dos cendré; le def- fous du corps blanchître , & la poitrine auf, mais pointillée de brun; les aïles prefque toutes blanches, & a queue notre (g). Il ne faut pas manquer l’occa- fion de reconnoître les effets de Îa vieri- apprenne au bout d’un mois ; il répète Pair qu’on luf a montré, même en dormant & la tête fous Vaile ; mais la voix eft très-foihle. Ædonolozie , page 92, édition de 1773. -(p) Le cochevis peut apprendre plufieurs airs parfaitement, ce que le ferin ne fait pas... Outre cela , il ne retient rien de fon chant naturel... Ce qu'on ne peut ôter au ferin. Traité du férin de Canarie , page 42, édition de 1707. (gA Aldrovande, Ornithol, tome IT, pag. 842. IV # 104 Hifloire Naturelle lefle dans les animaux, fur-tout dans ceux qui nous font utiles, & auxquels nous ne donnons guère le temps de vierllir. D'aïl- leurs cette efpèce a bien d’autres ennemis que l’homme; les plus petits orfeaux car- nafliers lui donnent la chafle, & Aïbert en a vu dévorer un par un corbeau (r); auffi la préfence d'un oïffeau de prete leffraie, au point de venir fe mettre à 1à merci de lOïfeleur, qui lui femble moins à craindre, ou de refter immo- ble dans un fillon, jufqu’à fe laïffer pren: dre à a main. Longueur totale , fix pouces trois quarts ; bec, huit à neuf lignes; doigt 78: ie A 2 poftérieur avec l'ongle, le plus long de tous, neuf à dix lignes; vol, dix à onze. pouces ; queue, deux pouces un quart, .compolée de douze pennes, dépaile les ré aïles d'environ treize lrgnes. LU fr ) Gefner; ee Avibus, pag. 8 Li JT; V,pag:104. TIR - W NA NAN à a À | RS ( , k } } 11 1 / 1) / N/ Î / KA 2 1 AA Css con te ti) er De à SE À L TER TNT + 5 Es S = M = NN 7 Pa: Lu TP UE \ W y De EE Ne PRESS PSC MA RS ROM ne WU IST Ne - ]) Lip SU * TTL À SSSR | NS IKKS LAN PRESS Il À S & RL SN es SNL NS 2 » SS $ < RSS Ÿ SI ÈRRERS ceS RS Se à Mir RS RSS SSSR = RO ET Se 9 S », ASS x \S = 2] 3 . à 4 SSS SAIT «C ii 4 RE SRE N CS AU AAA Ar a KA Lau NS ANNE NAN KG NUS NS AAA LES NN CARS < Ÿ NS RARES Ke | na TN { ARR ANS NN NS 7 DN VAUT S NT AN NT se "NN \ RAD W 7 apr . e R + É ù= Y LIL Re x |” s' ù . — s » US en ER mue De See. del C Baron Scup FA COCHE VIS ou LA GROSSE ALOUETTE HUPPEE, NE LULU OU LA PETITE ALOUETTE HUPPÉE (a), Cerrs ArourTrE, que je nomme Lulu d'après fon chant (4), ne diffère pas * Voyez les planches enluminées, 1.° 503, fig. 2. (a) Aliud galerire genus; en Alfemand, coper; en Suifle, Æobel-lerch , flein lerch , baum-lerch ; en Anglois, wood lerck. Gefner, Av, pag. 80, Alauda criflata minor ; en Italien , {odola campa- gnola. . - Aldrovande, Ornithol. tome IL, pag. 846. — Jonfton, page 70. — Willughby, Ornithol. pag. 152, . virr. — Ray, Synopf: pag. 69; en Anglois, the leffèr crefled lark. À | — British Zoology, page 05. | | — Alauda arborea ; fera, fylvatica ; calandra » nonnii ; en Grec Kopud'ay æyéræros avwvumos ; en Alle- mand , kesde-ierche, mittel-lerche... Schwenckfeid, Av, Silif: pag. 193- — Rzaczynski, Auëuar. Polon. pag. 354. Alauda criflata , fupernè fubfwfca , infernè albicans ; criflà longiori; remigibus reëtricibufque fubfuftis; pedi- bus fubrubris. . .. Alauda criflata minor , la perite alouette huppée. Erifän , tome IL, pag. 361. (b) Nofiri vocem illius. ...effè atunt tamquam lu Ju lu fépius reperitum. Gefner , Hé pag. 80. y 106 Hifloire Naturelle feulement du cochevis par fa taille, qui | -eft beaucoup plus petite ; par la couleur 1 de fon plumage, qui eft moins fombre, par celle de fes pieds qui font rougeîtres ; par fon chant ou plutôt par fon cri défa-. gréable qu’elle ne fäit jamais entendre qu’en volant ,felon Pobfervation d’Aldro- vande ; enfin par lhabitude qu'elle à de cobtretaire rliculement 1e Auet on feaux (c), mais encore par le fond de Pinftimét , ear on la voit courir par trou- pes dans les champs (d), au lieu que le cochevis va feul, comme je Par remarqué; elle en difière même dans le trait princt- pal de fa reflemblance avec lui, car les plumes , qui compofent fa huppe, font plus longues à proportion (e). On trouve le lulu en Italie, en U triche, en Pologne, en Süléfe (f), Le Dm LA DORE 20 6 De EE. ten ee one GA A nn A nn MR € on {c) Colonienfes aucupes coperam affirmant. ...... £neptè aliarum apium voces refee, Gelfner , de HE s pag. 80- {d) Aldrovande, Ornithol. page 847. {e ) Idem, ibidem. (f) Schwenckfeld & Rzaczynski le meteent au nombre des oïfeaux de Siléfie. & de Pologne , mais l’un & Pautre n’ont fait que copier Aldro- vande, des Alouettes, ro7 même dans les contrées feptentrionales de l’Angleterre, telles que la province d'Yorck (g); mais fon nom ne paroît pas dans la lifte des orfeaux qui habitent la Suède (k). | Ï1 fe tient ordinairement dans des en- droits fourrés, dans les bruyères & même dans les bois, d’où lur eft venu le nem allemand swald-lerche ; c'eft-lRà qu'il fait fon nid, & prefque janus dans les blés. Lorfque Îe froid eft rude, & fur-tout lorfque la terre eft couverte de neige, il fe réfugie fur les fumiers, & s'approche : des granges pouf y trouver à vivre : fl fréquente auf les. grands chemins, & fans doute par la même rar{on. Suivant Longoltus, c’eft un oifeau de paflage, qut reîfte en Allemagne tout lhr- ver, &c quis en va autour de l'équinoxe (1). + Gefnér fait mention d’une autre alouette buppée, dont il n'avoit vu que le portrait, (gMlobnfon dans POrnithologie de Wiffughby , à l’endroit cité. Bolton, dans ja Zoologie Britan- nique, page 98. lb. (h) Par exemple, dans la Fawna Suecica. (:) Voyez Aldrovande, à l'endroit CITÉ» E y} 108 Hifloire Naturelle & qui ne différoit de la précédente que par quelque variété de plumage, où Fon voyoit plus de blanc autour des yeux & du cou, & fous le ventre (#); maïs ce. pouvoit tre un cfet de la vierllefle, comme nous en avons vu un exemple à l'article du cochevis, ou de quelqu'autre caufe particulièr €; & il n'y a certainement pas à de quoi SARA TEA autre efpèce, ni même une variété : auili fon nom Alle- mand eft-1l tout-à-fait refflemblant à celui que les Anglois donnent au cochevis. Je dois remarquer que léperon ou longe poflérieur n'a pas, dans le fi figure e Gefner, la longueur qu'ila communé- inèné denstlés lie ds. (h) Aliuda criflata albicans ; en Allemand, Yald- Berche. Getner, Av. page So — Barrère, pere nov. pag. 40 ; en Catalan, cugullada : H eft pro- babie que cet oïfeau eft le même que l'alanda criflata cinerea Uu même Auteur , & qui fe nomme ge» Catalan coturlieu. des Alouettes. 109 LA COQUILLADE* C'est une Esrècr NouvELLE que M. Guys nous à envoyée de Provence : je la rap- proche du cochevis , parce qu’elle a fur la tête une petite buppe couchée en ar- rière, & que fans doute elle fait relever dans l’occafon ; elle eft proprement Pot- feau du matin, car elle commence à chanter dès la pointe du jour, & femble donner le ton aux autres oïfeaux. Le mâle ne quitte point fa femelle, felon le même M. Guys, & tandis que l’un des deux cher- che fa nourriture, c'eft-à-dire, des in- fectes, tels que chenilles & fauterelles, & mème des limaçons, l'autre a lœrl au guet , & avertit fon camarade des dan- gers qui menacent. La coquillade à la gorge & tout le deflous du corps blanchître, avec de pe- tites taches noïrâtres fur le cou & fur la * Voyez les planches enluminées , n° 662, 110 Hifloire Naturelle poitrine ; les plumes de la huppe noires, bordées de blanc ; le deflus de la tête & & du corps varié de norrître & de roux- clair ; les grandes couvertures des aïles terminées de blanc ; les pennes de la queue & des aïles brunes, bordées de roux-clair , excepté quelques pennes des ailes qui font bordées ou terminées de blanc; le bec brun deflus, blanchitre deflous ; les pieds jaunîtres. Longueur totale, fix pouces trois quarts; bec, onze lignes, aflez fort; tarfe, dix lignes; doigt poftérieur , neuf à dix lignes , ongle compris; cet ongle, fix lignes ; queue, deux pouices, dépaflant les aïles de fept à huit lignes. M. Sonnerat a rapporté du cap de Bonne-efpérance une alouette fort ref- femblante à celle-cr, foit par fa groffeur & fes proportions , foit par fon plu- mage; elle n’en difitre qu'en ce qu'elle n’a point de huppe; que la couleur du deflous du corps eft plus jaunâtre, & que parmi Îes pennes de la queue & des ailes, 1 n'y en a aucune qui foit bordée de blanc; mais ces difiérences font trop = des Alouettes. III petites pour conftituer une variété dans cette efpèce ; c’étoit peut-être une fe- melle ou un jeune oïfeau de l’année. Dans le Voyage au Levant de M. F. Hafelquift, rl eft fat mention (tome IT , page 30), de lalouette d'Efpagne, que ce Naturalifte vit dans la Méditerranée, au moment où elle quittoit le rivage ; mais 1} n'en dit rien de plus, & je ne trouve dans les Auteurs aucune efpèce d'alouette qui ait été défignée fous ce nom. ” 112 Hifloire Naturelle de OISEAU ÉTRANGER Qui a rapport au COCHEV IS. SE ARC POSTE TT E où LE COCHE VIS pu SÉNÉGAL (a). Ox voir à M. Briflon prefque tout ce que l’on fait de ce cochevis étranger; il a l'attribut caraétériftique des cochevis, c’eft-à-dire, une efpèce de huppe , com- pofte de plumes plus longues que celles qui couvrent le refte de la tête; la grof- eur de lotfeau eft à peu-près celle de l'alouette commune; 11 appartient à l’A- * Voyez les planches enfuminées , .° 504, fio. 3. a) Alauda criflata, füpernè fufto & grifeo varia ; infernè albicans : collo inferiore maculis fufcis infionito , remigibus interits ir exortu rufeftentibus ; reétiicibus binis utrimque extimis exteriùs albo rufefcentious.... Alauda Senegalenfis crifata , Valouette huppée du Sénégal, Briflon, tome IN, page 362. des Alouettes. 113 frique & fe perche fur les arbres , qui fe trouvent au bord du Niger ; on le voit auffi dans Pile 7” Sénégil : : 11 a le defius du corps varié de gris & de brun; les couvertures fi apérieutes de la queue d’un gris-roufsitre ; le dellous du corps blan- chître , avec de petites taches brunes fur le cou; les pennes de larle gris-brun : bordées de gris; les deux intermédiaires de la queue, ; grifes; les latérales brunes, excepté la plus extérieure qui eft d’un blanc-roufitre, & la fuivante qui eft bordée de cette même couleur ; le bec, couleur de corne; les pieds & ee ongles gris. Jar vu une feme lle dont la huppe étort couchée en arrière comme celle du mile, & varie, ainfi que la tête & le defus du CONPS , de traits bruns fur un fond roulfitre ; Le reïte du plumage étoit conforme à la defcription précédente. Cette femelle avoit le bec plus long & la queue plus courte. Longueur totale, fix pouces & demi; bec, neuf lignes & demie ; vol, onze 114 Hiftoire Naturelle pouces; dotgt poftérieur, ongle compris, | égal au doigt du milieu ; queue , deux | pouces deux lignes, un peu fourchue ni compofée de douze pennes, dépaffe Les ales de fix à fept rc | Ac A . du Koffignol. 115$ MENEN EP IMTIETE *LE ROSSIGNOL (a). IL n’esr romT d'homme bien organifé (1}, à qui ce nom ne rappelle quelqu’une de * Voyez les planches enluminées, n.° 615, fig. 2. (a) ‘Andy Lufcina. Arifiote , Elf} Animal Bb. IV, cap. 1x; lib. V, cap. 1x3 & fib. IX, Cape XV & XLIX. — Ælien, Nar, Animal. lib. 1, cap. 42; lib, V, cap. 383; & lib. XII, cap. 28. Lufcinia. Pline , Nat. Hifl Gb. X, cap. XXIX & xLH1. Nos Étymologifies font venir /aftinia de luftus, louche ; mais malheureufement le roffignol n’eft point louche : d’autres le tirent à luce, parce . qu'il annonce , d't-on, Îe retour de la lumière , & 1 lPannonce en effet tant que Ia nuït dure. Lufcinia ; lufciola , quèd luëtuosè canat. Varron , de ling. Lat. lib. IV. I me femble que luftiela aïnfi que rufignuolo , roffignol, &c. ont plus de rapport avec lufciniela, qu'avec , lu&luosè, qui d’ailleurs n’exprime nullement Île caractère du ehant du rof- fignol. da Rofignol, pour ce qu’il eft roux ; celui qui fait (1) Je dis bien organifé, car on a vu des hommes qui avaient de l’antipathie pour le chant des roffignols, & S‘enarnoient à les détruire, pour entendre à leur aife ie croaflement des grenouilles. 116 Hifloire Naturelle : ‘e Par. ces belles nuits de printemps où le ciel étant ferin, Pair calme, toute la Nature conftamment fa réfidence dans les forêts, s’appelfe au Mans roffignol ramage ; en Grec, aidoi ; en Latin, Philomela ; lufcinia lucinia ( à luco ubi canere folet) ; lufciola Varronis ( d’autres appliquent ce dernier nom à lahuppe). Bélon, Nar. des Oifeaux , pag. 3333 en Grec moderne, adont , ardom. Réion , Oëerr. fol. 12. Cn donre ces noms à une efpèce de merle folitaire, felon Dapper , Hif?, des fles de l’Aichipel, page 460. Lufcinia, Philomela (non Phlomena ) ; daulia cornix ; en Fébreux, peut-être, trachmas; en Arabe, _enondon, audon (par corruption du mot grec, Andur, dont on a fait auffi ABnd'&v); odorbrion ; en Ale— mand , nacht-gall ; en Anglois, nygktyngall ; en Jivrien, flawick; en Italien, roffienuolo, uftignrolo. en hiver. uni fone, fuivant quelques-uns. ( Aldro- vande , Italien, dit que ce nom d’hiver lui eft isconnu); en Efpagnol, ruiffeuner ; en François, rouffiencl, Gefner , Aves, page 592. Lufointa, luftiniola, atthis , atthicora , volucris aïtica, daulias ales, pendiona avis, fuivant quel- ques-uns acredula ÿ Oncavsàv ; tardilingua dans les Poëtes, felon Saint Chryfoftôme, fans doute , parce que , felon la fable, Philomele a eu la langue coupée ; en Efpagnol ,ru'ffénol ; en Holandoïs , nachtegael ; en Arabe, ranan. Ads, Adeuc, le petit du premier âge, le roffignelet. Aldrovande, Omithol. tom. II, pige 773: Lufcinia ; rufignuolo , ufignuolo, roffignuolo, dal color du Roffignol. 117 en filence, &, pour am dire, attentive, il à écouté avec raviflement le ramage soffiono ; lufcinia song dans une ïnfeription, Olina , Uccelieria ; $ol. 1. Lufcinia, luftintola. Ru | Aves, pag. 88, —Mobering, 4v. ire 1, page 44e Luftinia ea ales pandionia; en Anglois, the nightingale , the leffer nightingale. Charteton » Hystéir) canor. clafiis, page 98. Lufcinia feu Phi! UE en Anglois , the FAR gale WiMughby, Orxuthol. pag. 161, cap. 1x. -- Ray, Synopf. Av. pag. 78. Se Hi f&ot Hib-3, part. 2, pag. 18. Luftinia MNOT y montana ; en Aemand, Æeine nachtigal ; parmi les Oifeleurs , duerling. Rzaczynski ; FAR Polon. pag 391. Ædon ” Fos » idem, Hif Nat, Polon. pag. 286. Motacilla rufo-cinerea, armillis , [eu genuum Lib cinereis ; en Suédois, nacckteroahi. Linnæus, Fuuna Suecica , n.° 214. Syfi. Nat. ed. XIIT, page 328, n.° 114. — En Danois, nattergal Muller, Zologiæ Dan: prodrom. pag. 32, n.° 265. — En Fa BC , au-vogel , auen- nachtigall Kramér , Elenci. auflr. inf, pag. 375: Lufüinia ficedula tota fulva, canora; en Catalan, rofinyol. Barrère, Specim. nov. Pao- 42, G. XVIII Sp 5 7 En Allemand, rotk- pogl. Frifch , tom, 1, nalllass div ip, pl is Rat. — En AMemand, doerling, tagfchlaeger, svedel Jehwantz, Klein, Ordo Ayiun ; pag, 73° 138 Hifloire Naturelle de ce chantre des forêts. On pourroit. citer quelques autres orfeaux chanteurs LR. dont la. voix le difpute à certains égards à celle du roffignol; les alouettes, le{erin, le pinfon, les fauvettes, la linotte , Île chardonneret , Île merle commun, le merle folitaire, 1e moqueur d'Amérique le font écouter avec plaïfir (b), lorfque nt LC — The nightinga'é"( chantre de nuit), du mot anglois night (nuit), & du $axon , galan, (chantre }. British Zoolosy, pag. 100. id Le roflignol franc, rofffonol chanteur, roffignol des bois; en Provence , roufignol où rouffigneau, la femelle , rouffignolerte , le jeune, rouffignolet. Salerne, Hifl. Nat. des Oifeaux , page 230. (b) J'ai eu occafion, dit M. Daïnes Barring- ton, d’entendre un moqueur d’A mérique qui chan- toit parfaitement. . - . Dans l’efpace d’une minute, H imitoit le cujelier, Île pinfon , le merle, la orive & le moineau , on me dit même qu’il aboyoit comme un chien; en forte que cet oïfeau paroît porté à imiter tout fans difcernement & fans choix : tependant il faut avouer que le timbre de fa voix ap- proche plus du timbre de la voix du roffignofque ce- dui d’aucun autre oifeau que j’ai entendu. A l'égard du chant naturel de cet oifeau , le voyageur Kalm, prétend qu’il eft admirable, ‘tom. 1, pag. 219) 3 mais ce Voyageur n’a pas fait en Amérique un féjour affez long pour connoître exa@tement ce chant naturel, & à mon avis les imitateurs ne réun'flent jamais bien que dans limitation. Je ne nieroïs pas du Rofignol. 119 le roffignol fe «tait : les uns ont d’auffi beaux fons, les autres ont Îe timbre auffi pur & plus doux, d’autres ont des tours de gofhers aufh flatteurs ; maïs 1! n'en eft pas un feul que le roffignol n'efface par la réunion complète de ces talens divers, & par la prodigieufe varièté de fon ra- mage;en fortequelachanfon dechacunde ces otfeaux prife danstoute fon étendue, n'eft qu'un couplet de ceile du roffignol : Jeroffignolcharmetoujours, &nefe répète jamais, du moins jamais fervilement; s’il redit quelque pafñige , ce pallage eft anime d’un accent nouveau , embelli par de nouveaux agrémens ; il réuflit dans tous les genres ; il rend toutes les expref- fions, 1 faifit tous les caractères, & de plus il-fait en augmenter leffet par les contraftes, Ce coryphée du printemps fe prépare-t-1l à chanter l'hyinne de La Na- cependant que Île chant prepre du moqueur püt égaler celui du roffignol; mais en conviendra que Pattention qu’il donne à toutes fortes de chants étrangers, à toutes fortes de bruits, même défa- gréables, ne peut qu’altérer & gâter fon ramage mature]. Voyez Tranfactions philofophiques, volume LAIII, part.:11. à | de à 120 Hifloire Naturelle ture, 1! commence par un prélude timide, | par des tons foibles , prefque indécis, comme S'il vouloit eflayer fon inftrament & intérefler ceux qui l’écoutent (c); mais enfuite presant de Paflurance, 11 s’anime par degrés, 1l s’échaufte, & bientôt xl déploie dans leur plénitude toutes les rcfiources de fon incomparable organe : coups de gofers éciatans, batteries vives & légères; fufées de chant, où la netteté eft cgale à la volubilité : murmure inté- rieur & fourd qui n’eft point appréciable à l’orerlle, maïs très-propre à augmenter l'éclat des tons apprécrables ; roulades précipitées brillantes &c rapides , articu- - lées avec force & même avec une dureté de bon goût; accens plaintifs cadencés avec molefle ; fons filés fans art; maïs enflés avec ame; fons enchanteurs & pé- nétrans ; vrais foupirs d'amour & de vo- lupté qui femblent fortir du cœur & font LR RE een mere en) (c) J’aï fouvent remarqué, dit M, Barrington, que mon roffienol, quiétoit un excellent chañteur, commençoit fachanfonpardestonsradoucis, comme avoient coutume de faire les anciens Orateurs, & qu’il ménageoit fes poumons pour renforcer fa voix à propos, & avec tout l’art des gradations. paipiter du Roffignol. 121 palpiter tous les cœurs, qui caufent à tout ce qui eft fenfñble une émotion fi douce , une langueur fi touchante : c’eft dans ces tons paflionnés que l’on recon- noît le langage du fentiment qu'un époux heureux adrefle à une compagne chérie , & qu'elle feule peut lui infpirer, tandis que dans d’autres phrafes plus étonnantes peut-être, mais moins expreflives, on reconnoît le fimple projet de lamufer & de lui plaire, ou bien de difputer devant elle le prix du chant à des rivaux jaloux de fa gloire & de fon bonheur. an Ces différentes phrales font entre mélées de filences (d) , de ces filences (d) M. Barrington nous apprend que Îles Oife- leurs Angloïs & les gens de la campagne , qui ont de fréquentes occafions d’entendre le roffignol, défignent les principales de fes phrafes par des noms. particuliers , fiveet 3 jug fiweet ; fiveet jug ; pipe rattle; bell pipe ; fiat, fiwat, fivaty ; water-bubble 3 feroty ; skeg, skeg, skeg; whitlow , whitlouw, wht- louw. Maïs il faut remarquer que, dans fappli- cation que l’on a fait de ces noms différens aux différentes phrafes du chant des oifeaux , on a fait plus d’attention au fon de chaque mot qu’à fa fignification. | Oifeaux , Tome IX. E 122, Hifloire Naturelle qui, dans tout genre de mélodies, con-. courent fi putflamment aux grands effets ; on jouit des beaux fons que Ton vient d'entendre, &. qui retentiflent encore dans l'orerlle; on. en jouit mieux parce que: la jouiflance eft plus intime, plus. recueillie, & n’eft point troublée par des. {enfations nouvelles ; bientôt on attend, on defire une autre reprife : on. efpère que ce fera celle qui:plaît ; fi lon eft trompé, la beauté du morceau que lon. entend ne permet pas de regretter celui qui n'eft que. différé, & l’on conferve l'intérêt de l'efpérance pour les reprifes qui fuivront. Au refte une des raïfons pourquoi le chant du roflignol eft plus. remarqué & produit plus d'effet, c'eft, comme dit très-bien M. Barrington , parce que chantant la nuit, qui eft Ie tems. le plus favorable , & chantant feul:, fa voix a tout fon éclat, & n'eft. offüfquée par aucune autre voix : ïl efface tous les autres oïfeaux,, fuivant le même. M. Barrington, par fes fons moël- leux & flûtés, & par la durée non in- terrompue de fon ramage qu'il foutient quelquefois pendant vingt fecondes ; le \déRoffignol.\ 123 inême ,oblervateur a compté dans..cei ramage feize reprifes différentes., bien: déterminées par leurs premières & der- nières notes, & dont l'oifeau fait varier. avec goût les notes intermédiaires : enfin. il s’eft afluré que la fphère que remplit ia. voix d'un roflignol, n'a pas moins d'u mille de diamètre, .fur-tout lorfque Fix. eft calme; ce qui égale au moins la portée de là voix humaine. | . I eft étonnant qu'un fi petit oiïfeau qui ne pèle pas une demi-once , ait tant de force dans les organes de la voix: aufii M. Hunter a-t-1l obiervé que les mufcles. du, larynx ou fi lon veut du gofer ; étorent plus forts à proportion dans cette efpèce que dans toute autre ; & même plus forts dans Îe mâle qui chante , que dans Ja femelle qu ne.chante point. Ariftote, & Pline. d’après lux , -difent. ie le chañt du-roflignol dure dans toute a force quinze jours & quinze nuits fans, Interruption, dans le-temis où- les arbres fe couvrent de, verdure RU qua doit ne s'entendre que des. roffignols fauvages , &inètre pas; pris à là rigueur, car ces oïfeaux ne, { OAt pas nuets avant nit anres : Ta Ed t24 Hifloire Naturelle Tépoque fixée par Ariftote ; à la vérité, tls ne chantent pas alors avec autant d'ardeur ni aufli conftamment ; ils com- mencent d'ordinaire au mois d'avril, & ne finiflent tout-à-fait qu'au moïs de juin, vers Îe folftice; maïs la véritable époque où leur chant diminue beaucoup, c’eft celle où leurs petits viennent à éclore, parce qu’ils s'occupent alors du foin de les nourrir , & que, dans l’ordre des inf- tinéts, la Nature a donné la prépondérance à ceux qui tendent à la confervation des cfpèces. Les roflignols captifs continuent de chanter pendant neuf où dix mois, & leur chant eft non - feulement plus long-tems foutenu , maïs encore plus parfait & nueux formé: de-là M. Bar- rington tire cette conléquence, que dans cette efpèce, ainfi que dans bien d’autres, le mÂle.ne chante pas pour amufer fa femelle, ni pour charmer fes ennuis durant lincubation: conféquence jufte & de toute vérité. En eflet , la femelle qui couve, remplit cette fonction par un anftinét, ou plutôt par une paflion plus forte en elle que Îa paflion même de l'amour; elle y trouve des jourflances - … du Roffignol, 12$ intérieures dont nous ne poûvons bien juger, mais qu'elle paroît fentir vive- ment, & qui ne permettent pas de fup- .pofer que dans ces momens elle-ait befoin de confolation. Or, puifque ce, n’eft ni par devoir ni par vertu que la femeile couve , ce n'eft point non plus par pro- cédé que le mâle chante ; #l ne chante pas en effet durant la feconde incubation: _c’eft l'amour, & fur-tout le: premier pé- riode de l'amour qui infpire aux otfeaux eur ramage: c'eft au printems qu'ils éprouvent & le befoin d’anmer & celur de chanter ; ce font les mâles qui ont le plus de defirs, & ce font eux qui chantent le plus: 1ls chantent la plus grande partie de l'année lorfqu’on fait faire régner autour d'eux un printems perpétuel qui renou- velle inceflamment leur ardeur, fans leur offrir aucune occalion de l’éteindre ; c’eft ce qui arrive aux roflignols que l’on tient en cage, & même comme nous venons de le dire, à ceux que l’on prend adultes; on en à vu qui fe font mis à chanter de toutes leurs forces peu d'heures après avoir ête pris. 1 s’en faut bien cependant qu'ils foient infenfibles à la perte de leur is F x 226 Hifoire Narürelle dibérté , für-tout dans les commencemens; “Hs fe laifleroient mourir de faim les font où huit premiers jours , fi onneleur dof- ‘hoït la beguée ,& ls fe cafleroient la tête “contre le plafond de leur cage, fi on ne leur attachoït les aïles ; mais à H° longue la paflion de chanter emporte, parce ‘qu’elle éft entretenue par une paflion plusprofénde. Lechantdesautresoifeaux, le fon ‘dés! 1hftrumens, Les accens d’une voix douce ’& fonore Îles éxcitent auf beaucoup; Hlsaccourent, is s'approchent attirés par les beaux fons ; maïs les duos femblent Tes attirer encore plus purilam- ment, ce qui prouveroit qu'ils ne {ont pas infenfibles ank effets de l'hafmonte; ce ne font point des autrieurs muets, 14 femettent à Puniflon & font tous leurs forts pour éclipler Teurs rivaux, pour couvrir toutes les autres voix & même tous les autres bruits; on prétend qu'on en a vu tomber morts aux pieds de la perfonne qui. chantoit ;'on en a vu üun autre qui s'agrtoit, gonfloit fa gorge & faifoit entendre” un gazourilement de colère ; toutes les fois qu'un ferin qui Au ER ARTS pet | étoit près de lui, fe difpofoit à chanter, "4 du Roffignol. 127 & il étoit venu à bout par fes menaces de lui impoler filence (e), tänt 1 eft vrai que la fupériorité n’eft, pas toujouts exempte de jaloufie ! Seroit-ce par une fuite de cette paflion de primer , que ces oïfeaux font fi attentifs à prendre Teurs ‘avantages, & qu'ils fe plaifent à chanter dans un lieu réfonnant ou bren à portée d'un écho? Tous les roffignols ne chantent pàs également bien; 11 y en a dont le ramage eft fi médiocre que les amateurs ne veu- ent point les garder ; on a mime cru s’'appercevoir que les roffienols d'un pays 2. (e) Note de M. de Varicourt , Avocat. M. le Moïine., Tréforier de France, à Dijon, qui met fon plaifir à éléver des roffignols, :a auffi-remarqué que Îes fiens pourfuivoient avec colère -un ferin privé qu’il avoit dans la même chambre , lorfque celui-ci s’approchôit de feur cage ; mais cette ja- Joufie fe tourne quelquefois en émulation; car.on a vu des roffignois qui .chantoient mieux que Îes autres, uniquement parce qu'ils ayoient entendu des oïfeaux qui ne chantoient pas-fi bien qu'eux, Certant inter fe, palämque animofa contentio efl : viéta morte jenit fæpe ritam. Pline, L6. X, cap. x x1X+ On a cru les entendre chanter entr’eux des efpèces de duos à {a tierce. EF 1 128 Hifloire Naturelle ne chantoïent pas comme ceux d’un autre; les curieux en Angleterre préfèrent, dit- on, ceux de la province de Surry à ceux de Middleffex , comme 1ls préfèrent les pinfons de la province d'Eflex , & les chardonnerets de celle de Kent. Cette diverfité de ramage dans des oïfeaux … d’une même efpèce a été comparée, avec raïfon , aux différences qui fe trouvent dans les dialeétes d’une même langue : il eft difhcile d’en afligner les vraies cau- fes, parce que la plupart font acciden- telles. Un roflignol aura entendu , par hafard, d’autres oifeaux chanteurs, les ef- forts que l'émulation lut aura fait faire, auront perfeétionné fon chant, & 11 Paura ctranfmis aïnfi perfeétionné à fes defcen- dans ; car chaque pere eft le maitre à “chanter de fes petits (f); & lon fent ‘ombien dans la fuite des générations, ce même chant peut ètre encore perfec- (f) Plures fingulis funt cantus & non iidem omni- &us. Pline , 6. X, cap. xx1x. . Jam verû luftinia publos fuos docere , vifa efl...... #udit diftipula..... & reddit, intelligitur emendata ‘sorreétio, € in docente quedam reprehenfio, Ibid, Hb- LV, cap. IX. : du Roffignol. ‘129 tionné ‘ou modifié diverfement par d’au- tres hafards femblables., Pañlé le mois de juin, le roffisnol ne chante plus, & 1! ne lut refte qu'un cri rauque , une forte de croafiement , où l'on ne reconnoît point du tout la mélo- dieufe Philomèle ; & 1£ n’eft pas furpre- nant qu'autrefois en Italie on lui donna un autre nom dans cette circonftance (g); c’eft en effet un autre oïfeau, un oïfeaw abfolument différent, du moins quant à a voix , & même un peu quant aux cou- leurs du plumage. | | .. Dans l'efpèce du rofignol | comme dans toutes les autres, il fe trouve que!- quefois des femelles qur participent à Îa -conftitution du mâle , à fes habitudes & {pécralement à celle de chanter. J'ai vu une de ces femelles chantantes qui étoit privée; fon ramage reflembloit à celur du mâle; cependant äl n’étoit nt auffi “fort nt aufli varié: elle ie conferva juf- (g) Adultà eflate , vocem mittit diverfam , non etiam variam aut celerem , modulatamque ; fed fim- plicem..... € quidem in terrâ Italà alio nomine 1ùm appellatur. Arifiote, Hiff, Animal-Mib. IX , cap. XLIX-- Y. 13 Hifloire Naturelle “qu'au printems ÿ mais alors fubordon- nant l'exercice de ce talent qui lui étoit étranger , aux véritables fonétions de fon exe , elle fe tut pour faire fon nid & #a ponte, quoiqu’elle n’eût point de mâle. “el femble que dans les pays chauds, tels qe la Grèce ; 1 eft lez ordinaire de voir de ces femelles chantantes , & dans cette efpèce & dans beaucoup d'autres, du moins c'eft ce qui réfulte d’un pañlage d'Ariftote (). Un mufcien, dit M. Fri , devroit étudier le chant du roflignol , c’eft 4 qu ’eflaya jadis le Jéfuite Kirker tes ce qu'a tenté nouvellement M. Bag ton, mais de l'aveu de ce dernier, ca bu fes aucun fuccès ; ces airs notés, étant exécutés par Le plus habrle ;oueur de flûte, ne reffembloïent point du tout au (A) Chunk nonnulli mares perinde ut [ue femé- næ ; ficuc in luftiniarum genere patet ; femina tamen - cellat canerc dum incubat. Hit, Animal. lib. IF., Caps I Xe Les enthoufiaftes des beaux fons croient que ceux du rofiignol contribuent plus que la chaleur à vivifier Le fœtus dans Pœuf. (1) Voyez-fa Mufuroie. du Roffignol, 131 chant du roffignol. M. Barrington foup- conne que la difhculté vient de ce qu'on ne peut apprécier au jufte la durée rela- tive, ou fi lon veut , la valeur de cha- que note: cependant quoiqu'il ne foit point aïfé de déterminer la mefure que fuit Le roflignol lorfqu'ii chante, de faïfix ce rythme fi varié dans fes mouvemens, fi _nuaneé dans fes tranfitions , fi bre dans f1 marche, fi indépendant de toutes nos règles de convention, & par cela même fi convenable au chantre de 11 Nature; ‘ce rythme , en un mot, fait pour être finement fenti par un organe délicat, & non pour ètre marqué à grand bruit par un biton d'orqueftre ; rl me paroît encore plus difficile d’imiter avec ün inftrument mort les fons du roflignol, fes accens fi pleins d’ame & de vie; fes tours de go- fier , fon expreflion , {es foupirs ; 4 faut pour cela un mftrument vivant , & d'une perfection rare , je veux dire uñe voix fonore , harmonieufe & légère, untimbre pur , moëlleux, éclatant; un golier de La plus grande flexibilité, & tout cela guide par une orerile jufte, foutenu par un taët für , & vivifié par une fenfbilité exquile: F y] 132 Hifloire Naturelle vorlà les inftrumens avec lefquels on peut rendre le chant du roffignol. Jar vu deux perfonnes qui n’eh auroient pas noté un feul paflage, & qui cependant Timitorent dans toute fon étendue, & de manière à faire tllufon : c’étoit deux hommes ; 1ls fifflorent plutot qu'ils ne chantorent, maïs lun fiffloit f naturelle- ‘ment, qu'on ne pouvoit diftinguer à la. conformation de fes lèvres , fi c’étoit lur ou fon voifin qu’on entendoit ; l’autre fort avec plus d'effort , 11 étoit même obligé de prendre une attitudecontrainte; mais quant à l'effet, fon imitation n’étoit pas moins parfaite : enfin on voyoit, il | y a fort peu d'années, à Londres, un homme qui, par fon chant, favoit attirer les roflignols , au point qu'ils venotent fe percher fur lui & fe larflotent prendre à la main (#4). Comme 1l n'eft pas donné à tout Île monde de s'approprier le chant du rof- EE RE PER CRU il l | | | | . (4) Annual Reoïfter , 1764. Aldrovande, 783. Homines reperti qui fonum earum addità in tranfverfas arundines aquâ , foramen infpirantes..... indifcretâ | redderent fimilitudine, Pline , 46, X, cap. xx1xx | | du Roffignol. 34: fignol par une imitation fidèle , & que tout le monde eft curieux d'en jouir, plufeurs ont tâché de fe lapproprier ‘d’une manière plus fimple , je veux dire en fe rendant maîtres du roflignol lur- même , & le réduifant à l’état de domet- ticité; mais c'eft un domeftique d'une humeur difficile, & dont on ne tire Île fervice defiré qu'en ménageant fon carac- tère. L'amour & la gaieté ne fe comman- dent pas, encore moins les chants qu'ils infpirent : fi lon veut faire chanter le roffignol captif, 1l faut le Bien traiter dans fa prifon, 1l faut en peindre les murs de la couleur de fes bofquets, ’en- vironner , l’ombrager de feuillages, éten- dre de la moufle fous fes pieds , le ga- rantir du froid & des vifites importu- nes (1), lur donner une nourriture abon- dante & qui lux platfe ; en un mot, ïl faut lui faire tllufñon fur {a captivité, & tâcher de la rendre suffi deuce que: la liberté, s’il étoit poflible. À ces eondi- tions le roffignol chantera dans la cage; (?) On recommande même de Îe nettoyer rare- ment lorfqu’H chante, 134 Hifioire Naturelle fi c’eft un vieux , pris dans le commen- (| cement du printems, 1l chantera au || bout de huit jours & même plutot (m), . & 11 recommencera à chanter tous les \ ans au mois de mai & fur la fin de dé- cembre; fice font des jeunes de la pre- | mière ponte , élevés à la brochette, 1is commenceront à wazoutller dès qu'ils commenceront à manger feuls ; leur voix M fe hauflera , fe formera par degrés; elle fera dans toute fa force fur la fin de dé-” cembre, & ils l’exerceront tous les jours de l’année, excepté au tems de la mue : ïls chanteront beaucoup mieux que es w roffignols fauvages ; ils embelliront leur chant naturel de tous Îes paflages qui M leur plarront dans le chant des autres : oïfeaux qu'on leur fera entendre (n), & {m) Ceux qu’on prend , après le 15 de maï, chantent rarement le refte de la faïfon : ceux qui ne chantent pas au bout de quinze jours, ne chan- tent jamais bien, & fouvent iont des femelles. (n) Avicularum nonnulle haud vocem paternam æmittunt , cum educatione paternà caruerint ; € canti- bus (als ) infueverint. Pline , Lô. IV, cap. 1 x. Vifem fepe jufflas ceciniffe & cum fymphonià aler= naffe. Lib. X, cap. xX1x. du Roffignol. | 135$ ‘de tous ceux que leur infpirera l'envie de les furpaffer : ils apprendront à chan- ter des airs fi on a la patience & Île mau- vais goût de Îes fiffler avec la roffgno- ‘dette , ls apprendront même à chanter alternativement avec un chœur, & à ré- péter leur couplet à propos ; ‘enfin ds apprendront à parler quelle langue on voudra. Les fils de l’empereur Claude en avoient qui parlotent Grec & Latin (0); mais ce qu'ajoute Pline eft plus merverl- leux, c’eft que tous les jours ces oileaux préparotent de nouvelles phrafes, & même des phrafes aflez longues, dont Ils réga- orent leurs maîtres (p) : ladroîte flatte- rie a pu faire croire cela à de jeunes princes, mais un Phrlofophe tel que Pline ne doit fe permettre, nt de le croire, n1 ne chercher à le faire croire, parce que rien n'eft plus contagieux que fo ) Philofirate en cite un exemple. Docentur fecretù & ubi nulla alia vox..... affidente qui crebrà dicat.... ac cibis blandiente. Pig ; LU. X, cap. xLrr, (Pp) nette meditantes in diem € affiduè nova doquentes lougiore etiam contextu. Pline, Hifi. Net. Hb-X, cap- LIT, Ces jeunes Princes étoient Drufus LS Britannicus- FA l 136 Hifloire Naturelle | l'erreur appuyée d’un grand nom : auffiu plufeurs Écrivains fe prévalant de l'au-. torité de Pline, ont renchér1 fur le mer-, veilleux de fon récit. Gefner ,. entre au-t tres, rapporte [a lettre d’un homme digne de foi (comme on va le voir) où 1l eft, _queftion de deux roflignols, appartenans à un maître d'hôtellerie de Ratifbonne , efquels pafloïent les nuits à converler, | en allemand , fur les intérèts politiques” de l’Europe, fur ce qui s’étoit pailé fur ce qui devoit arriver bientôt, & qui arriva en effet; à la vérité, pour Al a chofe plus croyable , l’auteur de 1a Tettre avoue que ces roffignols ne faïfotent que répéter ce qu'ils avoient entendu dire à quelques militaires, ou à quelques députés de la Diète, qui fréquentoient la même hotellerie (q)3 mais avec cet adouciflement même, c’eft encore une hiftoire abfurde & qui ne mérite pas d’être réfutée férieufement. 4 Jai dit que lesvieux prifonniers avoient deux faifons pour chanter, Île mois de mai & celui de décembre ; maïs 1ct l’art (4) Geïfner, Aves, page 594 du Roffignol. 137 peut encore faire une feconde violence à la Nature, & changer à fon gré l’ordre de ces faifons, en tenant les oïfeaux dans une chambre rendue obfcure par degrés, tant que l’on veut qu'ils gardentle filence, & leur redonnant le jour , aufli par de- grés , quelque tems avant celui où l'on veut les entendre chanter; le retour mé- nagé de la Iumière, joint à toutes les autres précautions indiquées ci-deflus , aura fur eux les effets du printems. Ainf, l’art eft parvenu à leur faire chan- ter & dire ce quon veut & quand on veut; & fi l’on a un aflez grand nombre de ces vieux captifs, & qu'on ait la petite induftrie de retarder & d'avancer le tems de la mue, on pourra, en les tirant fuc- ceflivement de la chambre obfcure, jouir de leur chant toute l’année fans aucune interruption. Parmi les jeunesqu'onélève, 1l s'en trouve qui chantent la nuit, mais la plupart commencent à fe faire entendre le matin fur les huit à neuf heures dans le tems des courts jours, & toujours plus matin à mefure que les jours croïffent. On ne fe douteroit pas qu’un chant aufll varié que celui du roflignol, eft ii he im ht) 138 Hifloire Naturelle 1 Sa À renfermé dans les bornes étroites d’une! feule oëtave ; c'eft cependant ce qui, réfulte de lobfervation attentive d’un. homme de goût, qui joint la jufteffe den d’oretlle aux lumières de l’efprit (r): à fan vérité, il à remarqué quelques fons aigus qui allorent à la double o@ave , & paë pp } 4 Le 0 Li Es forent comme des éclairs ; nraïs cela n ar 4 rive que très-rarement (/J°) , & lorfquen d'oïfeau , par un effort du gofier faitu ottavier fa voix, comme ‘un füteur fartn oétavier fa flûte en forçant le vent, Cet oïfeau elt capable à la Tongue den s'attacher à la perfonne qui a fon de” lui ; lorfqu'’une fois la connoïflance fe. faite, 1] diftingue fon pas avant de Ia voir , il la falue d'avance'par un cri dem (r) M. le Docteur Remord , qui a traduit plus" feurs morceaux de la Colleétion académique. ([) Le même M. Remond a reconnu dans fe” ‘chant du roffignol des batteries à Ja tierce, à fa, quarte & à loctave, mais toujours de laïgu auw grave , des cadences toujours mineures, fur pre que tous les tons, mais point d’arpeges ni dem deffin fuivi. M. Barrington a donné une balance” des oïfeaux chanteurs, où il a exprimé en nom-. bres ronds les degrés de perfection du chant propre à çhaque efpèce. | | * duRoffignol. 139 joie , & s'il eft en mue, on le voit 1e fatiguer en efforts Tautiles pour chan- ter. & fuppléer par la gareté de fes mou- vemens, par l'amequ’il met dans fes re- gards, à lexpreflion que fon gofier lui réfufe ; lorfqu'il perd fa bienfaitrice, 11 meurt quelquefois de regret; s’il furvit, il ui faut long-tems pour s’accoutumer à un autre (£); il s'attache, fortement parce qu’il s'attache difhcilement, comme. font tous les caraétères timides & fauva- ges ; il eft aufli très-folitaire ; Ies roffi- gnols voyagent feuls , arrivent feuls aux mois d'avril & de mat, s’en retournent feuls au mois de feptembre (4), & lorf- ft) « Un roflignol, dont j’avois fait préfent 5 dit M, le Moine, ne voyant plus fa gouvernante ,# ceffa de manger, &-bientôt al fut aux sabois, il » he pouvoit plus fe tenir:fur le bâton de fa cage; s» mais ayant été remis à fa gouvernante, .il fe rani- + ma, manoea , but, fe percha & fut rétabli en» vingt-quatre heures, » :On en a vu, dit-on, qui ayant été chés dans les bois , font revenus chez leur maître. | (u) En Italie, il arrive en mars & avril, &.fe retire au commencement de novembre; en Angle- terre , Hi arrive en avril & mai, & repart. dès le mois d’août: ces époques dépendent , comme on le juge bien , de la température locale & de celle de la failon. nn. 140 Hifloire Naturelle qu'au printems le mâle & 1a- femelle _S'apparient pour nicher, cette union par- | ticulière femble fortifier encore leuraver- fion pour la fociété générale ; car ils ne | {ouffrent alors aucun de leurs pareïls dans le terrein qu’ils fe font approprié ; on croit que c’eft afin d’avoir une chafle aflez étendue pour fubfifters eux & leur fa:- mille; & ce qui le prouve, c’eft que fa _diftance des nids eft beaucoup moindre | dans un pays où la nourriture abonde; cela prouve aufli que la jaloufie n’entre pour rien dans leurs motifs, comme quel- ques-uns l'ont dit, car on fait que la ja- loufñe ne trouve jamais les diftances aflez | grandes, & que l'abondance des vivres | ne diminue ni fes ombrages nt {es pré- Æautions. EPA | Chaque couple commence à fre fon nid vers la fin d'avril & au commencement de maï; ts le conftruifent de feurlles, de joncs, de brins d’herbe groffière en-de- | hors , de petites fibres , de racines , de : crin, & d'une efpèce de bourre en-de- | dans ; ils le placent à une bonne expoñt- ! tion, un peu tournée au levant, & dans | le yoïfinage des eaux ; ils Ie pofent ou fur | du Roffignol. IAT les branches les plus bafies des arbuftes, tels que les grofetllrers, épines blanches, pruniers fauvages , charmilles, &c. ou fur une touffe d'herbe, & même à terre, au pied de ces arbuftes ; c'eft ce qui fait que leurs œufs ou leurs petits, & quelquefois la mère, font [a prote des chiens de chafie , des renards , des fouines , des belettes, des couleuvres, &e. Dans notre climat , la femelle pond ordinatrement cinq œufs (x), d’un brun verdâtre uniforme, excepté que Le brun domine au gros bout, & le verdâtre au petit bout : la femelle couve feule , elle ne quitte {on pofte que pour chercher à manger , & elle ne le quitte que fur le foir, & lor{qu’elle eft preflée par la faim : pendant fon abfence, le mâle femble avoir l'œrl fur le nid. Au bout de dix-huit ou vingt jours d'incubatton, les petits com- mencent à éciore : le nombre des mâles eft communément plus que double de celur des femelles; aufli lorfqu'au mois (x ) Ariftote dit cinq ou fix: cela peut être wrai de la Grèce, qui eft un pays plus chaud, & où xl peut y avoir plus de fécondité, 142, Hifloire Naturelle d'avril on prend un mâle ipparié, 1l-eft. bientôt remplace auprès de la veuve par. un autre, & celur-ci par un troïlième, en : forte qu'après l’enlèvement facceffif de trois ou quatre mâles, !a couvée n'en va pas moins bien. La mère désorge la nourriture à fes petits, comme font les: | femelles des ferins; elle ef aidée par le père dans cette. Etol dante fonction :; c'eft alors que celur-cr cefle de chanter, pour s'occuper férieufement du foin de hs famrile : on dit même que, durant li Incu. bation , ils chantent rarement près du. nid, de peur de le faire découvrir ; mais lorfqu’ on approche de ceniïd, la FRÈRE | paternelle fe trahit par des Cris que lurar- rache le danger de la couvée , & qui ne | font que l'augmentet. En moins de quinze jours. les petits font couverts dé plumes, & c’eit alors qu'il faut fevrér.ceux qu’on. . veut élever : lorfqu'ils volent feuls, les. père &: mère recommencent une autre. ponte , & après cette feconde, une tror-. fième ; maïs , pour que cette dernière réuffifle , il faut que les froïds ne furvien- nent paside bonne heure : dans les pays chauds” ts ouf jufqu'à quatre pontes, &' du-Roffignol. 143 par- tout. les. dernières font les moins: nombreufes. L'homme, qui ne croit pofléder que lorfqu'il peut ufer & abufer de ce qu'il pofsède, a trouvé le moyen de faire ni-. cher les roflignols dans la prifon; le plus grand obftacle étoit l'amour de la liberté, qui efttrès-vif dans.ces oïfeaux ; maïs on a fu.contre-balancer ce fentiment naturel par. des fentimens, aufli naturels & plus forts, le befoin d'aimer & de fe repro- dure, l'amour de la: géniture , &c. on: prend.un mâle & une femelle appariés., &. on les lâche dans une grande volière, ou plutôt dans un coin de jardin planté: d'ifs, de charmilles & autres arbrifleaux, & dont on aura fait une vokère, en l’en- vironmant de filets: c’eft 11 manière la plus douce &. la plus füre d'obtenir de leur race ; on peut encore y réuflir, mais plus"difhicilement, en placant ce mâle & cette femelle dans un cabinet peu éclairé, chacun dans une cage féparée, leur don- … nant tous les jours à manger aux mêmes heures , laiflant quelquefois les cages ou- vertes, afinqu'ris faflent connotflance avec de cabinet, la leur:ouvrant tout-à-fait ay 144 Hhfloire Naturelle mois d'avril pour ne la plus fermer, & leur fourniflant alors les matériaux qu'ils ont coutume d'employer à leurs nids, tels que feurlles de chêne, moufle, chien- dent épluché, bourre de cerf, des crins, de 1 terre, de l’eau; maïs on aura foin de retirer l'eau quand la femellecouvera (y). On 2 aufli cherché le moyen d'établir des roflignols dans un endroit où il n'yena point encore eu ; pour cela, on tâche de prendre le père, la mère & toute la cou- véeavec le nid, on tranfporte ce nid dans un fite qu'on aura choïfi le plus fembla- : ble à celui d’où on l'aura enlevé; on trent lés deux cages qui renferment Île pere & la mere à portée des petits, jufqu’à ce qu'ils aient entendu leur cri d'appel, alors on leur ouvre la cage , fans fe mon- trer ; le mouvement de 1a Nature les porte droit au leu où ïls cnt entendu crier leurs petits; 1ls leur donnent tout de fuite la béquée , 1ls continueront de les nourrir tant qu’il fera néceflaire, & l’on prétend que, l’année fuivante, ils revien- (y) Voyez le Traité du rofigno] , page 06- dront du Roffignol, 145$ dront au mème endroit (7); ils y re- viendront , fans doute, s'ils y trouvent une nourriture convenable & les com- modités pour nicher , car fans cela tous les autres fotns feroient à pure perte, & avec cela ils feront à-peu-près fuper- flus (2). | Si l'on veut élever foi-même de jeunes roflignols, il faut préférer ceux de la pre- mière ponte, & leur donner tel inftitu- teur que l’on jugera à propos; maïs les meïlleurs , à mon avis , ce font d’autres roffignols , fur-tout ceux qui chantent le Mieux. | Au moïs d'août les vieux & les jeunes quittent les bois pour fe rapprocher des buïflons, des hates vives, des terres nou- vellement labourées, où 1lstrouvent plus de vers & d’infeétes; peut-être aufli ce mouvement général a-t-1i quelque rapport à leur prochain départ; 1l n’en refte point (x) idem, page 105. Ça) Lorfqu’il y a, dans un endroit, nourriture abondante & commodités pour nicher, on a beau prendre ou détruire les roffienols, il en revient toujours d’autres, dit M. Frifch, | Oifeaux , Tome IX, G 146 Hifloire Naturelle en France pendant l'hiver, non plus qu’en Angleterre, en Allemagne, enltalie, en Grèce, &c. (b); &, comme onafflure qu'il n’y en a point en Afrique (c), on peut juger qu'ils fe retirent en Afie (4). Cela eft d'autant plus vraifemblable que Ton en trouve en Perfe, à la Chine, & même au Japon, où ls font fort recherchés, puifque ceux qui ont la voix belle s’y vendent , dit-on, vingt cobangs (e). Ils font généralement répandus dans toute l'Europe , jufqu'en Suède & en Sibe- rie (f), où tls chantent très-agréable- (8) Le roffignol difparoït en automne, & ne reparoît qu’au printems , dit Arifiote. Hifl. Ani- mal. Üib. V, cap. 1X. | (c) Voyez le Traité du roffignol, pese 21. À Îa vérité, le voyageur le Maire parle d’un roffignol du Sénéoal. { Voyage aux Canaries, Éÿc. pag. 104)3 mais qui ne chante pas fi bien que le nôtre. | (4) Voyez Olina, Uccelleria, page 1- Ils fe trou= vent dans les fauffaies & parmi les oliviers de | Judée. Haffélquift. (e) Kempfer , Hif. du Japon , tome I, pag. 13- Le cobang vaut quarante taels, le tael cinquante- fept fous de France; & les vingt cobangs près de ecnt louis. Les roffisnols étoient bien plus chers à Rome, comme nous le verrons à l’article du roffi- gnol blanc. * (f) M. Gmelin parle avec tranfport des rives du Rofignol. 147 ment; maïs en Europe comme en Afie, il y 2 des contrées qui ne leur conviennent point, & où ils ne s'arrêtent jamais; par exemple, le Bugey jufqu'à la hauteur de Nantua, une partie de la Hollande, V'E- cofle , l'Irlande (g) ; la partie nord du pays de Galles, & même de toute FAn- gleterre, excepté la province d’Yorck; le pays des Dauliens aux environs de Delphes, le royaume de Siam, &c. (h). Par-tout 1ls font connus pour des oïfeaux voyageurs , & cette habitude innée eft fi forte en eux, que ceux que l’on tient , en cage s'agitent beaucoup au prin- temps & en automne, fur-tout la nuit, ‘agréables du ruiffeau de Sibérie, appelé Bereffouka , & du ramage des oïfeaux qui s’y font entendre, parmi lefquels le roffignol tient le premier rang. Voyage de Sibérie, tome I, pag. 112. Cg) Voyez Aldrovande, tome II, page 784. Je fais qu’on a douté de ce qui regarde Flrlande, | PEcoffe & la Hollande, mais ces aflertions ne |_ doivent pas être prifes à la rigueur , elles fignifient feutement que les roffignols font fort rares dans ces pays; ils doivent l’être en effet par-tout où _ il y a peu de bois & de buiffons, peu de chaleur, |. peu d’infeétes, peu de belles nuits, &c. (A) Voyages de Struys, tome I, page 53. 1] 148 Fifloire Naturelle aux époques ordinaires marquées pour leurs migrations : 11 faut donc que cet inftinét qui les porte à voyager foit indé- pendant de celui qui les porte à éviter le grand froid, & à chercher un pays où ils æpuïffent trouver une nourriture convena- ble; car, dans la cage, 1ls n'éprouvent ni froïd ni difette, & cependantilss’agitent. Cet oïfeau appartient à l’ancien contt- nent, & quoique Îles Miffionnaires & les Voyageurs parlent du roflignol du Ca- nada, de celui de la Lourfiane, de celur des nntilles, &c. on fait que ce dernier eft une efpèce de moqueur; que celui de 1a Loutfiane eft le même que celui des Antilles, purfque, felonle Page Dupratz, xl fe trouve à la Martinique & à la Guade- Zoupe; & l’on voit par ce que dit Le Père Charlevoix de celui du Canada, ou que ce n’eft point un roffignol , ou que c’eft un roffignol dégénéré (2). Il eft poffible en effet que cet oïfeau, qui fréquente Îles (i3 «Le roffignel de Canada, dit ce Miffion- # naire, eft à peu-près le même que le nôtre parl + la figure, mais il n’a que la moitié de fon chant. »! Nouvelle France, tome ILE, page 157: + | du Roffignol. 149 parties feptentrionales de l'Europe & de VA fie, ait franchi les mers étroites qui, à cette hauteur, féparent les deux conti- nens, ou qu'il ait été porté dans le nou- veau par un coup de vent ou par quei- que navire, & que trouvant le climat peu favorable, foit à caufe des grands froids, foit à caufe de l'humidité, ou du défaut de nourriture (#),1l chante moins bren au nord de FPAmérique qu'en Afe & en Europe , de même qu'il chante moins bien en Écofle qu'en Italie (/); car c'eft une règle générale que tout oïfeau ne chante que peu ou point du tout lorfqu'il foufre du froid, de la faim, &c. & l’on fait d'ail. eurs que le climat de l'Amérique, & {ur-tout du Canada, n’eft rien moins que favorable au chant des oïfeaux; c'eft ce qu'aura éprouvé notre roffignol tranf- a 2 KT + ét (&) Je fais qu’il y a beaucoup d’infectes en Amérique, mais la plupart font ff gros & fi bien armés , que le roffignoi loin d’en pouvoir faire fa proie, auroit fouvent peine à fe défendre contre leurs attaques. (£) Voyez Aldrovande, Ornithol. tome Il, pag. ‘785, où il cite Petrus Apponenfis. Cet oifeau paroît donc quelquefois en Écofe. G 1 x$o Hifioire Naturelle planté au Canada; car il eft plus que pro- bable qu’il s'y trouve aujourd'hui, l'indi- cation trop peu circonftanciée du Père Charlevoix ayant été confirmée depuis par Îe témoignage pofitif d'un Médecin réfidant à Québec, & de quelques Voya- geurs (77). Comme Îles roffignols, du moins les mâles , paflent toutes les nuits du prin- temps à chanter, les Anciens s’étoïent perfuadé qu’ils ne dormoiïent point dans cette farfon (n), & de cette conféquence peu jufte eft née cette erreur que leur chair ctoit une nourriture antifoporeufe, qu’il fufhfoit d'en mettre le cœur & les veux fous lorerller d’une perfonne pour {ui donner une infomnie; enfin ces erreurs ‘gagnant du terrern & paflant dans les arts, de roflignol eft devenu l’emblème de la vigtlance. Mais Îles modernes, qui ont obfervé de plus près ces offeaux, fe font aperçus que, dans la faïfon du chant, ‘ {im} Ce Médecin a mandé à M. de Salerne, que notre roffignol fe trouve au Canada comme ici dans fa faifon. H fe trouve auffi à la Gafpefñie, felon le-P. Leclerc, & n’y chante pas fi bien. (n) Héfiode, Elien. Voyez ce dernier, Hib. XII, du Roffignol. IS ils dormoient pendant le jour , & que ce fommeïl du jour, fur-tout en hiver, annonçoit qu'ils étorent prèts à repren- dre leur ramage. Non -feulement ts dorment , mais 1ls rèvent (0), & d'un rève de roflignol, car on Îes entend ga- zouiller à demi-voix & chanter tout bas. Au refte, on a débité beaucoup d’autres fables fur cet oïfeau, comme on fait fur tout ce qui a de la célébrité ; on a dit qu'une vipère, ou {elon d’autres, un crapaud, le fixant lorfqu’il chante , le fafcine par le feul afcendant de fon re- gard , au point qu’il perd infenfiblement la voix & finit par tomber dans Îa gueule béante du reptile. On a dit que Îcs père & mère ne forgnoïent parmE Âeurs petits que ceux qui montroïent du talent, & qu'ils tuorent les autres, ou les laifotent périr d’inanition (1l faut fuppo- fer qu'ils favent excepter les femelles). On a dit qu'ils chantorentheaucoup mieux lorfqu’on les Écoutoit que lorfqu'ils chan- totent pour leur plarir. Toutes ces er- reurs dérivent d'une fource commune, (o) Voyez le Traité du roffignol. G iv x$2 Hifioire Naturelle | de l’habitude où font les hommes de prêter aux animaux leurs fotblefles , leurs paflions & leurs vices. | Les roflignols qu’on tient en cage, ont coutume de fe baigner après qu'ils ont chanté : M. Hébert à remarqué que c’étoit la première chofe qu'ils faifoient le foir, au moment où l’on aHumort la chandelle ; 11 a auffi obfervé un autre eflet de La Tumière fur ces oïfeaux , dont 1l eft bon d'avertir : un mâle qui chantotït très-bien, s'étant échappé de fa cage, s'élança dans de feu, où 11 périt, avant qu'on püt lur donner aucun fecours. .… Ces oïfeaux ont une efpèce de balance- ment du corps qu'ils élèvent & abaïilent tour-à-tour, & prefque parallèlement au plan de pofñtion ; les mâles que j'ai vus avoientce balancementfingulier, matsune femelle que j'ai gardée deux ans ne l’avoit pas : dans tous, la queue a un mouvement propre de haut en bas, fort marqué , & qui fans doute à donné occafñon à M. Lin- næus de Tes ranger parmiles hoche-queues ou 7nofacilles. Les roflignols fe cachent au plus épars des buiflons : ils fe nourriflent d'imfectes du Roffignol. 153 aquatiques. & autres, de petits vers, d'œufs ou plutôt de nymphes de four- mis ; ils mangent aufli des figues, des baies, &c. mais comme il feroit difücile de fournir habituellement ces fortes de nourritures à ceux que l'on trent en cage, on a imaginé différentes pâtées dont ils s'accomimodent fort bien. Je dornerar dans les notes celle dont fe fert un aima- teur de ma connotilance (p), parce qu'elle (p) M. le Moine, que j'ai déjà eu occafion de citer plufieurs fois, donne des pâtées différentes , felon les différens âges ; celle du premier âge eff compofée de cœur de mouton, mie de pain, che- nevis & perfil, parfaitement pilés & mêlés; il en faut tous Îles jours de {a nouvelle. La feconde con- fifie en parties égales d’omelette hachée & de mie de pain, avec une pincée de perfif hachée. La troïfième eft plus compofée & demande pius de façon : prenez deux livres de bœuf maïgre, une demi-livre de pois-chiches, autant de millet jaune ou écorcé, de femence de pavot blanc & d'amandes douces , une livre de miel blanc, deux onces de fleur de farine, douze jaunes d’œufs frais, deux ou trois onces de beurre frais & un gros & demi de fafran en poudre ; le tout féché, chauffé long- temps en remuant toujours, & réduit en une pouf- fière très-fine, pañlée au tamis de foie. Cette poux dre fe conferve & fert pendant un ef Le 1$4 Hifioire Naturelle eft éprouvée , & que j'ai vu un roffignol qui, avec cette feule nourriture , a vécu jufqu'à fa dix-feptième année : ce vieïl- lard avoit commencé à grifonner dès l’âge de fept añs; à quinze, 1l avoit des pennes entièrement blanches aux arles & à la queue; fes jambes ou plutot fes tarfes, avoient beaucoup groffi; par l’ac- croiflement extraordinaire qu’avoient pris les lames dont ces parties font recou- vertes dans les oïfeaux; enfin il avoit des efpèces de nodus aux doïgts comme Îes goutteux, & on étoit obligé de tems en tems de lui rogner la pointe du bec fupérieur {q); mais 1 n'avoit que cela des incommodités de la vierlleffe ; ïl étoit toujours gaï, teujours chantant, comme dans fon plus bel âge, toujours careflant a main qui le nourrifioit. I faut remar- quer que ce roilignol n'avoit jamais été fa) Les ongles des roffignols que Pon tient en cage, croiflent auffi beaucoup dans les commen- eemens, & au point qu’ils leur deviennent em--. barraffans par leur exceflive longueur : j'en ai vu qui formeient un demi-cercle de cinq fignes de diamètre , mais dans fa orande vieillefle ü ne leur en réfie prefque point, du Roffignol. 15$ apparté: l'amour fembleabréger les jours, mais 11 les remplit, tl rempitt de plus le vœu de la Nature; fans lut, les fentimens fi doux de la paternité ferorent inconnus; enfin ti étend l’extftence dans lavenir, & procure au moyen des générations qui fe fuccèdent , une forte d’immortalité; grands & précieux dédommagemens de quelques jours de triftefle & d’infirmités qu’il retranche peut-être à la vrerllefle ! On à reconnu que les drogues échauf- fantes & les parfums excitorent les rof- fignols à chanter; que les vers de farine & ceux du fumier leur convenotent lor{- qu'ils étoient trop gras, & les figues Lorf- qu'ils étoient trop maïgres; enfin que les araonées étolent pour eux un purgatif: on confetile de leur faire prendre tous les ans ce purgatif au moïs d'avril: une demi-douzaine d’aratgnées {ont la dofe; on recommande aufli de ne leur rien donner de falé. Lorfqu'ils ont avalé quelque chofe d'indigefte, ils le rejettent {ous [a forme de pilules ou de petites pelotes , comme font les orfeaux de proie, & ce font en effet des oïfeaux de proie très-petits, A) 156 Hifloire Naturelle mais très-féroces, purfqu’ils ne viventque d'êtres vivans. Îl eft vrai que Bélon ad- mire la providence qu'ils ont de r’avaler aucun petit ver qu'ils ne l'aient pre- mièrement fait mourir; mais c'eft appa- remment pour éviter la fenfation défa- gréable que leur cauferoit une proie vivante, & qui pourroit continuer de vivre dans leur eftomac à leurs dépens. Tous les piéges font bons pour les rofignols; ils font peu défiansquoïqu’aflez timides : fi on les Tâche dans un endroit où 1l y a d'autres oifeaux en cage, ils vont droit à eux , & c'eft un moyen entre beaucoup d’autres, pour les attirer :ile chant de leurs camarades , le fon des inftrumens de mufique, celur d’une belle voix, comme on l'a vu plus haut, & même des cris défagréables, tels que ceux d'un chat attaché au pied d'un arbre, & que l’on tourmente exprès, tout cela les fait venir également ; ils font curieux & même badauds ; 1ls admirent tout & font dupes de tout (r); on les prend à la 1 x {r) Avis miratrix, di M, Linnæus, d Roffignol. 157 pipée, aux gluaux, avec le trébuchet des _méfanges dans des reginglettes tendues fur la terre nouvellement remuce (/f°), où l’on a répandu des nymphes de four- mis, des vers de farine, ou bien ce qui y reflemble , comme dé petit morceaux de blancs d'œufs durcis, &c. Il faut avoir l'attention de faire ces reginglettes & autres pièges de même genre avec du taffetas & non avec du filet où leurs plumes s’embarraflerotent, & où ils en pourroïent perdre quelques-unes, ce qui retarderoit leur chant ; 11 faut au con- traire , pour lavancer au temps de la mue , leur arracher les pennes de la queue, afin que les nouvelles forent plutôt revenues ; car tant que la Nature travaïlie à reproduire ces plumes, elle leur interdit de chant. ([) Quelquefois ils fe trouvent en très-erand nombre dans un pays. Bélon a été témoin que, dans un village de la forêt d’Ardenne, les petits bergers en prenoient tous Îes jours chacun une vingtaine, | avec beaucoup d’autres petits oïfeaux ; c’étoit une année de fécherefle, € toutes les mares, dit Bélon, étoient taries ailleurs. .... car ils fe tiennent adonc dedens les foréis , en l’endroit où eff l'humeur. 158 Hifloire Naturelle Ces oïleaux font fort bons à manger lorfqu'äs font gras , & le difputent aux ortolans; on les engraïfle en Gafcogne pour la table; cela rappelle La fantaifie d'Héliogabale qui mangeoïit des langues de roflignols, de paons, &c. & le plat fameux du comédien Éfophe , compofé d'une centaine d’otfeaux tous recomman- dables par leur talent de chanter ou par celui de parler (fr). Comme 1l eft fort eflentiel de ne pas perdre fon temps à élever des femelles, ona indiqué beaucoup de marques diftinc- tives pour reconnoître les mûles ; 1[ ont , dit-on , l'œil plus grand, la tète plus ronde, le bec plus long, plus large à fa bafe, fur-tout étant vu par-deflous ; le plumage plus haut en couleur , le ventre moins blanc, la queue plus touftue & plus large lorfqu’ils la déplotent ; 1ls commen- cent plutot à gazouïller , &c leur gazouil- lement eft us foutenu : 1ls ont l'anus plus gonflé dans la faïfon de l'amour, & (t) Pline, Gb. IX, cap. zr, Ce plat fut eftimé 600 fefterces. Aldrovande a auffi mangé des rofii- guols & les a trouvés bons, L du Roffignol. 159 ils fe tiennent long-tems en la même place, portés fur un feul pied, au lieu que 12 femelle court çà & là dans la cage; d’autres ajoutent que le mâle a à chaque arle deux ou trois pennes dont le côté ex- térieur & apparent eft noir , & que fes jambes, lorfqu’on regarde la Tumière au travers, paroïflient rougeîtres, tandis que celles de la femelle paroïffent blanchîtres : au refte, cette femelle à dans la queue le même mouvement que le mâle, & lorfqu’elle eft en joie elle fautille comme lui, au lieu de marcher. Ajoutez à cela les différences intérieures qui font plus déci- fives : les mâles que jai difléqués au printems avoient deux tefticules fort gros , de forme ovoïde; le plus gros des deux (car ïls n'étotent pas égaux) avoit trois lignes & demie de long, fur deux de large ; l'ovaire des femelles , que j'at ob- {ervées dans le mêmetems , contenoït des œufs de différentes grofileurs , depuis un quart de ligne juiqu'à une ligne de diamètre. Il s'en faut bien que le plumage de cet oïfeau réponde à fon ramage ; ila tout 4e deflus du corps d'un brun plus ow moins roux ; la gorge, la poitrine & le 160. Hi loir AN aturelle ventre d’un gris blanc ; le Sas à cou d'un gris plus foncé; Les couvertures in- férieures de la queue & des aïles d’un blanc-roufsâtre, plus roufsître dans les mâles; les pennes des aïles d’un gris-brun tirant au roux, lasqueue d'un brun plus roux; le bec brun, les preds aufli , mais avec une teinte dE couleur de chaïr; Le fond des plumes cendré-foncé. On prétend que les roffignols qui font nes dans les contrées méridionales ont le plumage plus obfcur , & que ceux des contrées fi eptentrionales ont plusde blanc : les jeunes mâles font auf, dit-on, plus blanchîtres que les jeunes femelles , “&en général a couleur des jeunes ef plus variée avant la mue, c'eft-à-dire, avant la fin de juillet, & elle eft fi femblable à celle des jeunes rouge-Queues, qu'on les. diftingueroit à peme s'ils n ’avoient pas un cri difiérent (uw); aufh ces deux ef- pèces font-elles amies (æ). fu) Le petit roffignol mâle dit zifêra, cifera fuivant Ofina ; croi ,.croi, felon d’autres : chacun a fa manière d’entendre & de rendre ces fons in- déterminés, & d’ailleurs fort variables. (x) On dit même ce elles contracient des ue _ces.entr'elles, | HET dp. ROSSIGNOL DE MURAILLE £ CLS CL [e744 OX S COX « LCA // "y ALL XX (HU0 AANATS LAS ÈS 22 Le M mg D : 3 S ss 7 8. 2 R NS NS 1 î 17 Me « L4 4 ROSSIGNOL . 2. LI dut Le d k À ee mg = à ds pat à DER Ge ae x > u > RE ?, = ee DES PER RE NN T-p es Es 12 un ER D du Roffignol. 161 Longueur totale, fix pouces un quart; » bec, huit lignes, jaune en dedans, ayant * une grande ouverture , les bords de 12 . pièce fupérieure échancrés près de Ia | pointe; tarfe, un pouce; doigt exté- rieur uni à celui du milieu par fa bale; ongles déliés , fe poftérieur le plus fort de _ tous ; vol, neuf pouces ; queue , trente lignes, compofée de douze pennes, dé- pañle les aïles de feize lignes. Tube inteftinal, du ventricule à l'anus, . fept pouces quatre ipnes; œiophage près de deux pouces, fe drlatant en une efpèce de poche glanduleufe avant fon infertion … dans le gélier, celui ci mufculeux , 1l oc- cupoit la partie gauche du bas - ventre, n'étoit point recouvert par les inteftins, maïs feulement par un {obe du foie; deux très-petits cœcum ; une véfcule du fiel : Le bout de 12 langue garni de filets & comme tronqué, ce qui nétoit pas ignoré des Anciens (y), & peut avoir 4 donné lieu à [a fable de Philomèle qui eut la linoue counte c D p e (y) Proprium lufime & atricapille ut fimme Üngræe acumine carcaut. Arifiote, Hiff. Animal. Nb. IX, cap. XV. Au refte, il faut remarquer que, 162 Hifloire Naturelle |(VarrétTÉés pu ROSSIGNOIL. T. LE crAND Rossienor (7). I eft certain qu'il y a variété de grandeur dans cette efpèce , maïs il y a beaucoup d’in- certitudes & de contrariètés dans les opr- _nions des Naturaliftes fur les endroits où fe trouvent les grands roflignols ; c’eft dans les plarnes & au bord des eaux, felon Schwenekfeld qui afligne aux petits les coteaux agréables ; c'eft dans les fo- fuivant les Grecs, qui font ici les Auteurs origi- naux, ce fut Progné qui fut métamorphofée en roflignol , & Philomèle, fa fœur en hirondelie ; ce font les Écrivains latins qui ont chargé ou brouilié les noms, & leur erreur a pañlé en force de loi. (x) Lufcinia major; en Allemand, groffe-nachti- salle , ou fimplement nachtigalle. Schwenczïeld , Av. Silef: pag. 296. — Rzaczynski , Auëuar. Polon. pag. 391: ; en Polonois, flowick wiekf;y. — Briflon , tome II11, page 400. — Au vogel, auen nachtigall, Kramer , Elenchus , pag. 376. Sprof[-vogel ou fproffér en Allemand. Frifch ; tome 1, pl. 21. e du Roffignol. 163 rêts felon Aldrovande ; felon d'autres, au contraire, ceux qui habitent les forêts sèches & n’ont que la pluie & les gouttes de rofée pour fe défaltérer , font les plus petits, ce qui eft très-vraïfemblable. En Anjou, il eft une race de roffignols beau- coup plus gros que les autres, laquelle fe tient & niche dans les charmilles ; les petits fe plaïfent fur les bords des ruif- feaux & des étangs : M. Frifch parle aufli d'une race un peu plus grande que la commune, laquelle chante plus {a nuit, & même d’une manière un peu différente ; enfin l’Auteur du traité du roflignol, admet trois races de roflignols ; 1! place les plus orands, les plus robuftes, les mieux chantans dans les buiffons à portée des eaux ; les moyens dans Îles plaines ; 8 les plus petits de tous fur les monta- gnes. Il réfulte de tout cela qu'il exifte une race, ou fi l’on veut, des races de grands roffignols, maïs qui ne font point attachées à une demeure bien fixe. Le grand roflignol eft le plus commun en Siléfie ; 1l a Ie plumage cendré avec un mélange de roux, & 11 pale pour chan- ter mieux que Île petit, 164 Hifloire Naturelle IT. Le Rossiexo BLANC (a). Cette varicté étoit fort rare à Rome : Pline rap- porte qu'on en fit préfent à Agrippine, femme de l’empereur Claude, & que individu qui lui fut offert, coûta fix mille fefterces (»), que Budé évalue à quinze mille écus de notre monnoïe, fur le pied où elle étoit de fon terms, & qui s'évalueroit aujourd'hui à une fomme numéraire prefque double : cependant Aldrovande prétend qu'il y a erreur dans les chiffres , & que la fomme doit être encore plus grande (c). Cet Auteur a vu ua roflignol blanc, maïs il n'entre dans aucun détail ; M. le marquis d'Argence en a aétuellement un de cette couleur qui eft de la plus grande taille , quoique geune, & dont le chant eft déjà formé, mais moins fort que ceiur des vieux : cc Ia, dit M. le marquis d'Argence, Îa 2) tête & le cou du plus beau blanc, les po (a) Lufcinia candida , le roffignol blanc. Brffôn , tome III, pag. 401. ; fb) Pine, Hif. Nar. Wib. X, cap. XXIX. {c) Aldrovande, Ornithol, tom. FI, page 771 du Roffignol. 16$ ailes & la queue de même; fur le mi- : lieu du dos, fes plumes font d’un brun fort clair & mélées de petites plumes blanches . ... celles qui font fous le ventre font d'un gris-blanc. Ce nou- veau venu paroît caufer une jaloufe étonnante à un vieux roflignol que j'ai depuis quelque temps. 2 166 Hifloire Naturelle OISEAU ÉTRANGER Qui a rapport au ROSSIGNOt. | LE FOUDI-JALA (d). Ce Rossienoz. qui fe trouve à Madagaf- car, eft de la même tarile du nôtre, & lui reflemble à beaucoup d'égards ; feu- lement 1! a les jambes & Iles aïles plus courtes, & 11 diffère aufli par les couleurs du plumage; il a la tête roufle avec une tache brune de chaque coté, la gorge blanche ; la poitrine d’un roux clair; le ventre d'un brun teinté de roux & d’o- live ; tout le deflus du corps, compris ce qui paroit des pennes de la queue & des (d) Ficedula fupernè fufto-olivacea ; capite rufo ; gutture albo; peëtore dilutè rufo; ventre ex fufto ad rufum € olivaceum inclinante; macul& utrimqne ponè oculos fufcà; reëtricibus fupernè fufco-olivaceis | fubtus piridi - olivaceis. . . . Lufcinia Madagafcarienfis | le roffignol de Madagafcar où on lappelle foudi-jale. Briflon, tome 111, page 401, des Oifeaux étrangers, 167 atles, d'un brun olivâtre ; le bec & Îes pieds d’un brun-foncé. M. Briflon, à qui l’on doit la connoïffance de cette efpèce, ne dit point fi elle chante, à moins qu’il n'ait cru l'avoir dit affez en lui donnant le nom de roffignol. Longueur totale, fix pouces cinq Ii- gnes; bec, neuflignes; tarfe, neuflignes & demie; vol, huit pouces & demi ; queue, deux pouces & demi, compofée de douze pennes, un peu étagée , dépañle les ailes d'environ vingt lignes. 168 ifloire Naturelle PLIS, u EN SL PRÉ a ee ; IR 1 +. 1 SO ET re Le ON LA AT AT « Pare, UT MN « * LA FAUVETTE (a) ” Prerniére efpèce. | Lx rrisre miver , faïfon de mort, eft le temps du fommeïl , ou plutôt de la tor- peur de la Nature; les imfectes fans vie, * Voyez les planches enfuminées , n.° 570, fig. 1. (a) Motacilla vireftente-cinerea , artubus fufcis , fubtus flavefcens, abdomine albo Scatarello vuled. Aldrovande, Avi. tome IT, pag. 759, avec une mauvaile figure , page 760.— Ficedula feptima Aldrovandi. Wilughby, Ornithol, pag. 158.—Ray , Synopf. Avi. pag. 79, n.° à, 7. — Ficedula fèpti- ma. Linn. Syf. Naë. ed. VI, G. 82, Sp. 19, idem. — frauna Suecica, n.° 234. ÂMotacilla virefcente- cinerea fubtus ‘flavefcens abdomine albido, artubus | fuccin. Hippolaïs , Linnæus, Sy/f. Nat. ed. X,G. 99, | Sp. 7. — Ficedula fupernè grifeo- fufca , inferne alba, cum aliquâ rufeftentis mixtur@ ; tæntâ fupra oculss M albicante ; reëtricibus fuftis , oris exterioribus grifeo- * fufois , extimä obliquè plufquam dimidianim fordidè * albà. Curruca, afauvette. Briflon, Ornith. tom. IT, pag- 372. — Les Italiens, confondantapparemment « le bec-figue & lafauvette, parce que le plumage eft à peu-près femblable, & qu’on ne peut les bien difiinguer que par leurs mœurs, nomment cette les reptiles de la Fauvette, 169 les reptiles fans mouvement, les végé- taux fans verdure & fans accrotflement, tous Les habitans de l'air détruits ou relé- gués, ceux des eaux renfermés dans des prilons des glace, & la plupart des ani- maux terreftres confinés dans les caver- nes, les antres & les terriers; tout nous préfente les images de la langueur & de la dépopulation ; mais le retour des ot- feaux au printems eft le premier fignal & la douce annonce du réveïl de la Na- ture vivante, & les feurllages renaïrflans & les bocages revètus de jé nouvelle parure, femblerotent moins frais & moins touchans fans les nouveaux hôtes, qui viennent les animer & y chanter l'amour. De ces hotes des bois , les fauvettes font les plus nombreufes, comme les plus atmables; vives, agiles, légères & fans cefle remuées, tous leurs mouve- mens ont l'air du fentiment; tous leurs accens , le ton de Îa joie ; & tous leurs … dernière Beccafico. Dans le Boulonnois, on l’appelle fcatarello fuivant Aïdrovande; colombade en Pro- _ vence & pertichaps dans la province d’Yorck em | Angleterre. ; Oifeaux, Tome IX. 130 Hifloire Naturelle jeux, l'intérèt de l'amour. Ces jolis or- {eaux arrivent au moment où Îles arbres développent leurs feuilles & commencent à laïfler épanouir leurs fleurs; ïls fe dit- perfent dans toute l'étendue de nos cam- pagnes ; les uns viennent habiter nos jat- dins, d’autres préfèrent les avenues & les bofquets, plufieurs efpèces s’enfoncent dans les grands bois, & quelques-unes fe cachent au milieu des rofeaux. Ainf, les fauvettes rempliflent tous les lieux de la terre, & les animent par les mouvemens & les accens de leur tendre gaïeté (b ). À ce mérite des grâces naturelles , nous voudrions réunir celui de 1x beauté; mais en leur donnant tant de qualités aimables , a Nature femble avoir oublié: de parer leur plumage. IL eft obfcur & terne, excepté deux ou trois efpèces qui font légèrement tachetées , toutes les au- PE EEE CRE / (83 « L’on ne fauroit trouver l’efté en quelque lieu umbrageux le long des eaux, qu’on n'oye wles fauvettes chantant à gorge defplovée, f bault .#qu’on Îles ot d'un grand demi-quart de lieue, | s#parquoi c’eft un Gifeau j4 cogrieu en Loutes COR” trées. »-Bélon , Nat. des Oifeaux , page 340: EE" À de la Fauvette, 171 tres n'ont que des teintes plus où moins {ëmbres , de blanchâtre , de gris & de roufsatré, © 1: | La première efpèce, ou la fauvette pro- prement dite, eftde Îa grandeur du rof- fignol. Tout le manteau qui, dans le rof- fignol eft roux-brun , eft gris-brun dans cette fauvette ; qui de plus eft ICgère- ment teinte de gris-roufsitre à [a frange des couvertures des arles, &c le long des barbes de leurs petitespennes; les grandes font d’un cendré-noïrître, ainfi que Îles pennes de la queue, dont les deux les plus extérieures font blanches du côté extc- rieur , & deux cotés à la pointe, fur l'œil, depuis le bec, s'étend une petite ligne blanche en forme de fourcil, & l'on voit une tache noïritre fous l'œïl & un peu en arrière ; cette tache confine au blanc de la gorge, qui fe tient de roufsitre fur les cotés, & plus fortement fous Ie ventre. Cette fauvette eft la plus grande de toutes , excepté celle des Alpes, dont nous parlerons dans la fuite. Sa Tlongucur totale eft de fix pouces ; fon vol de huit H ji; / 172 Hifloire Naturelle pouces dix lignes ; fon bec , de la pointe aux angles , a huit lignes & demie; fa queue , deux pouces fix lignes ; fon pied, dix lignes. Elle habite avec d’autres efpèces de fauvettes plus petites dans les jardins, les bocages & les champs femés de légumes, comme fèves ou pois ;toutes fe pofent fur la ramée qui foutient ces légumes ; elles s'y jouent, y placent leur nid, fortent & rentrent fans cefle, jufqu’à ce que le tems de la récolte, voifin de celur de leur départ, vienne les chafler de cet afyle, ou plutôt de ce domicile d’amour. _C’eft un petit fpectacle de les voir s’é- gaier, s'agacer & fe pourfuivre; leurs atta- ques fontlégères, & ces combats innocens fe terminent toujours par quelques chan- {ons. La fauvette futl'emblème des amours volages, comme la tourterelle de l'amour fidèle ; cependant la fauvette, vive & gate , n'en eft ni moins armante, ni moins fidèlement attachée, & la tourterelle trifte & plaïntive, n’en eft que plus fcan- daleufement libertine (b}). Le mâle de (ec) Voyez Particle de la tourterelle, pol. IL. de la Fauvette, 173 la fauvette prodigue à fa femelle mille petits foins pendant qu'elle couve; 1l par tage fa follicitude pour les petits qui vien. nent d'éclore, & ne la quitte pas même après l'éducation de la famille ; fonamour femble durer encoreaprès fes defirs fa- tisfarts. LE je | Lenid eft compofé d'herbes sèches, de brins de chanvre & d'un peu de crin en dedans ; il contient ordinatrement cinq œufs que la mère abandonne Iorfqu’on les à touchés ,tant cette approche d’un ennemi ut paroît d'un mauvais augure pour fa future famille. Il n’eft pas poffi- bie non plus de lui fatre adopter des œufs d’un autre oïfeau : elle les recon- noît, fait s'en défaire & les rejetter. ce J'ar fait couver à plufeurs petits oïfeaux ce des œufs étrangers, dit M. le vicomte ce de Querhoënt, des œufs de méfanges ce aux roitelets, des œufs de linotte à un ce rouge-gorge; je n'ai jamais pu féuffir ce à les faire couver par des fauvettes, ce elles ont toujours rompu les œufs, & ce lorfque j'y ai fubftitué d’autres petits, ce elles les ont tués auflitôt. »» Par quel H ïi 174 Hifloire Naturelle charme donc, s’il en faut croire la mul- tittude des Orfeleurs , & même des Ob- fervateurs, fe peut-il faire que la fauvette couve l'œuf que le coucou dépofe dans fon nid, après avoir dévoré les fiens, qu'elle fe charge avec affection de cet ennenu qui vient de lurnaître, & qu’elle traite comme fien ce hideux petit étran- ger? Au refte, c'eft dans ie nid dela fau- vette babrilarde que le coucou, dit-on, dépofe le plus fouvent fon œuf; & dans cette efpèce, le naturel pourroit être dif- férent. Celle-ci eft d’un caraétère crain- tif ; elle fuit devant des oïfeaux tout aufi forbles qu'elle, & fuit encore plus vite & avec plus de rafon devant la pre- grièche fa redoutable ennemie ; mais l'inf- tant du péril pañlé tout eft oublié , & le moment d'après, notre fauvette reprend fa gaieté, fes mouvemens & fon chant. C’eft des rameaux les plus touffus qu'elle le fait entendre; elle s'y tient ordinarre- ment couverte, ne fé montre que par infans au bord des burflons, & rentre vite à l'intérieur, fur-tout pendantlacha- leur du jour. Le matin, on la voitrecueik de la Fauvette. À 7 $ lir la rofée, &, après ces courtes pluies qui tombent dans Îles jours d'été, courir {ur les feuilles mouïllées & fe bargner dans les gouttes qu'elle fecoue du feuïl- lage. Au refte, prefque toutes les fauvettes partent en même tems, au milieu de l'automne, &c à peine en voit-on encore quelques-unes en otobre : leur départfe fait avant que lespremiers froids viennent détraire les infeétes & fiétrir les petits fruits dont elles vivent ; car non-feule- ment on ies voit chafier aux mouches, aux moucherons & chercher les vermif- feaux, mais encore manger des baïes de lierre, de mézéréon & de ronces; elles engratflent même beaucoup dans a faifon de la maturité des graines du fureau, de l'yeble & du troëne. à Dans cet oifeau, le bec eft très-[égè- rement échancré vers la pointe; la langue eft effrangte par le bout & paroît four- chue ; {e dedans du bec, noïr vers le bout eft jaune dans Île fond; le géfer eft mulculeux & précédé d’une dilata- tion de læœfophage; les inteftins font H 1v 176 Hifloire Naturelle longs de fept pouces & demi: commu- nément on ne trouve point de véficule du fiel, maïs deux petits cœcum; le dotgt extérieur eft uni à celur du milieu par la première phalange, & longle pofté- rieur eft le plus fort de tous. Les tefti- cules, dans un mâle pris le 18 juin, avoient cinq lignes au grand diamètre, quatre dans le petit. Dans une femelle ouverte le 4 du même mois, loyi duc- tus très-dilaté , renfermoit un œuf, & {a grappe offroit les rudimens de plufeurs autres d'inégale grofieur. | Dans nes provinces méridionales & en Italie, on nomme aflez diftinétement bec-figues la plupart des efpèces de fau- vettes: méprife à laquelle les Nomen- clateurs avec leur nom générique ( fice- dula) n’ont pas peu contribue. Aldro- vande n’a donné les efpèces de ce genre que d’une manière incomplète & confule ; ïl femble ne l'avoir pas aflez connu. Fritch remarque que le genre des fauvettes eit en effet un des moins éclarrcis & des moins déterminés dans toute l'Ornitho- logie, Nous ayons tâché d'y porter quel 7 7 d. —_—__ RE 154 } ÈÈ | RS 14 2 = = —_— np à; £ LU ne y fe Qu D, 4 Gr f PME, ii 2 à fn, Es LP, A, 1 ID ul ROIS LE DD 7} f 11) LIMITE 1 11183 SRE #6 SS AN) W14 = ALI 4 >, 4 VE CD CLS PAL / £ ; de ARTE — _————_——————————————.———————————————————— * ———————————————————————— —————————————— ——————————…——“————— — LA FAINVETTIE, de la Fauvette. 177 ques lumières en fuivant l'ordre de la Nature. Toutes nos defcriptions , excepté celle d’une feule efpèce, ont été faites fur Pobjet même, & c’eft tant fur nos propres obfervations que fur des faits donnés par d’excellens Oblervateurs que nous avons repréfenté les différences, les reflemblances & toutes les habitudes n3- turelles de ces petits orfeaux, DS La Ç 7 ES + (1 NS ASE f ER + Dee D H v f a :" *LA PASSERINETTE ou FE TITE FAUVETTE(a}.: | Seconde efpèce. Novs Aporrons pour cet oïfeau Île nom de Pafierinette qu'il porte en Pro- vence ; c’eft une petite fauvette qui dif- fère-de la grande non-feulement par a # Voyez les plarñiches enluminées, 7.9 579, fie. 2. (a) Borin Genuenfibus. Aldrovande ; Ari. tom: I], pag. 723, avec une mauvaife figure, pag. 724. — Borin. Jonfton, Avi. avec la figure empruntée d’Aldrovande, Fe 44 — Mufticapa fécun’a Aildro- vandi, feu Borin Genvenfiun. Wilughby, Orairhol. pag. 158. — Ray, dynepf. Avi. pag. 8r, D '500 — Ficedula füpernè grifea, trj fernè cinerea alba, cum alquâ rufefcentis mixtura; ventre alby ; reëricibus fupernè grifeo fufeis, faëtus | ïdilutè cinereis. Curruca M INOT » a petite de Briflon, Ornithel. tome II, page 374° Dansle Boulonoïs, cette fauvette s'appelle curin; dans le pays de Gènes, borim , fuivant Afdrovande & Willughby , qui le répétent d’aprèsiui; aux en- virons de Marfelile becafigulo , & apparemment de même dans les autres endroits, où la fauvette eft appellée oecafhee. de 7 Fauvette, 179 taille, mais aufli par la couleur du plu- mage, & par fon refrain monotone tip, tip, qu’elle fait entendre à tousmomens, en fautillant dans les buiflons, après de courtes repriles: d'une même phrale de chant. Un gxis-blanc. fort doux couvre tout le devant .& le deflous du corps, en fe chargeant fur les côtés d’une teinte brune très-claire; du gris-cendré égal & monotone occupe toutle deflus, en fe chargeant un peu & tirant au noirâtre dans les grandes pennes, des ailes & de la queue ; un petit trait blanchitre en forme de fourcil lui pafle far l'œd; fa longueur eft de cinq pouces trois lignes ; fon vol d'environ huit pouces... La pañlerinette fait fon. nid près de terre fur les arbuftes; nous avons vu un de ces nids fur un grofeillier dans un jardin , 1l étoit fait én demi-coupe, com- poié d'herbes sèches, aflez groffières en dehors, plus fines en dedans & mieux tiflues; 1l contenoit Quatre œufs, fond blanc-fale, avec des taches vertes & ver- dâtres, répandues en plus grand nombre versle gros bout. Cet oïfeau a l'iris des yeux d'un brun-marron, & l’on voit une H v; # . 180 Hifloire Naturelle très-petite échancrure près de la pointe du demi-bec fupérieur; l’engle poftérieur eft le plus fort de tous; les pieds font de couleur plombée; le tube inteftinal, du géfier à l'anus, a fept pouces, & deux pouces du géfier au pharynx; le géfier eft mufculeux & précédé d’une dila- tation de l’æfophage; on n’a point trouvé de véficule du fiel, n1 de cœcum dans l'individu obfervé , qui étoit femelle ; 1 grappe de l'ovaire portoit des œufs d'r- négale grofleur. Re ff À . ÉRESE EY - Re NUE” % # me, CS) Zee (CE FL) d' S C\ CE, pe CA JS Ü > (A Fr ( ” DS a ss TIR “} 22 SE UN Æ à y | CZ @= NE é fl | Et de la Fauvette, 181 *LAFAUVETTEATÉTE NOIRE (0). Troifième efp ce. ÂRISTOTE, en parcourant les divers changemens que la révolution des farfons * Voyez les planches enfuminées, n.° 580, fig. 1, le mâle, & fig. 2, la femelle. (a) En Grec, Menaærnépupos , Meravnnégar©-. Adro- vande & WiHughby lui appliquent le nom géné- rique & commun de Zvxanis En Italien, capinera, capenegro ; dans le Boulonoiïs & le Ferrarois, capo- nero ; en Allemand, grafz-muckl, grafe-fpatz; & dans Frifeh, monch mit des fchervarzen-platre ( le mâle ), month mit ciner rothlichen platte (la femelle }, Les Siléfiens & les Saxons lui appliquent égale- ment Île nom de moine, petit maine : monch meun- c'lein; en Ruffie , fchwariz-kopff ; en Bohème , plask ; fuivant Rzaczynskï, en Polonois, figoiadka ; en An- lois, 6lack-cap. La femelle eft connue en Pro- vence fous le nom de feflo rouf]e. | ÆAtricapilla.Gefner , Avi. pag. 384; id. Icon. Avi. pag. 47.—-Schwenckfeld , Avi. Silef. page 227. —Bélon , Oëferv. pag. 19-—Jonfton, Avi. pag. 90, avec la figure du mâle 'prife d’Olina, pl. 45, dans la même page, la femelle fous le nom de atrica- villa altera, —Linnæus, Syf Nat, ed. VI, G. 82; 182 Hifloire Naturelle apporte à [a nature des oïfeaux, comme plus immédiatement foumis à lempire de l'air, dit que le bec-figue fe change Sep. 16. Motacilla teflacen, fubtus cinerea, pileo obfcure, atricapilla. Linn. Syf?. Nat. ed. X, G. 09, Sp+ 19. Atricapilla, feu ficedula, Aldrovande, Avr. tom. III, pag. 756, avec une figure du mâle très. peu exacte, page 757; & dans la même page fa femelle fous le nom de arricapilla alia- caflan:o vertice, avec une figure encore plus mauvaife. — Atricapilla, feu ficedula Aldrovandi. Willuohby, Ornithol. pag. 162, avec Îa figure du mâle prife d’Ofina, pl x11 — Ray, Synopf Avi. page 79, n.° a, 8.—"Atricapilla Scliwenckfeldit, ficedula Pel- lon , Gefner: & Aldrovandi. Rzaczynskt, Auôtuar, Hif}. Nat. Polon pag. 366. Curruca :atricäpilia. Frifch , avec une figure exacte du mâle, p/ 53; dansla même une figure auffi bonne de la femstle, fous le nom de curruca vertice fubrubro. — Sylvie atricapilla Klein, Avi pag. 79 n° 14, le mâie: même page, n° 14, fÿlvia vertice fuorabro, a femelle. — Motacilla teflacea, fubtus fubcinerea pilio obfturo. Linn. Fauna Suec. n.° 229, avec de maü- vaifes figures du mâle & de la femelle 144. #!, n° 229. — Capinera. Olina, pag: 9 avec une figure W exacte du -mâle.—Ficedula fuperne griféo fufca, ad W olivacenm inclinans, inferne ‘erLfea ; ventre cinèreo albo ; capite fuperiès nigro (mas), dilute caflaneo {fæmina)" M reétricibus cinereo fuftis, eris exterioribus fufco olive- M cers. Curruca ‘atricapiila, Va: fauvette à tête n | et vire k Brijfeu , Grnkhole some LI], pag-g80i— 1 3 DE 4 En 4 > ans de la Fauvette. 183 dans l’automne en fauvette àtéfe noire(b); cette prétendue métamorphofe qui a fort exercé les Naturaliftes, à été regardce des uns comme merveïlleufe, & rejetée des autres comme incroyable (c); cepen- (b) Ficedule & atricapillæ invicem commutantur ; t'enim ineutte autumno ficedula; ab autumno proti- nus atricapilla. Nec enim inter eos diférimen aliqguod nifi coloris & vocis eff. Avem autem effe eamdem conflat : guia düm immutarerur hoc genus utruique confpeëtum ef? nondum abfoluturn , nec alterutrum adhuc proprium uilum habens appeilationts. Nec mirum ft hec ita voce, aut colore mutatur, quando £ÿ palumbes hieme non gemit. Voyez Hifl. Animal. Hb.1X , cap. 49. Quant à l’autre pañage du même livre, chapitre xv , où Arifiote parle encore d’un oifeau à tête noie, atricapilla, QUI pond jufqu’à vinet œufs, & niche dans des trous d'arbres ; on doit l’entendre de a renette ou petite méfange à tête noire, à qui feule ces caractères peuvent convenir. Ce) INphus, dans Aldrovande, s’efForce de re- foudre ce problème, en diftinguant une grande & une petite rèfe noire, cette dernière n'étant poinc tranfmuée en bec-figue, & qu’on voit en même tems que cet oïfeau, l’autre qu’on ne voit jamais avec lui, & qui eFectivement fe métamorphote. Les Oùifèleurs Bouloneis, ajoute Afdrovance , difingueut ainfi ; & cependant il fe refufe à cette opinion; & finfiant d’après il confond la fauvette à tête noire avec le bouvreuit, quoique la figure qu’il donne € page 757 )foit celle de la fauvette. 184 Hifloire Naturelle dant elle n’eft ni l’un ni l’autre, & nous paroît très-fimple : les petits de la fau- vétte dont nous parlonsici, font pen- dant tout l'été très-femblables par Le plu- mage au bec-figue: ce n'eft qu'à la pre- mière mue qu'ils prennent leurs couleurs, & c'eft alors que ces prétendus bec-figues fe changent en fauvettes à tête noire; cette même interprétation eft celle du paflage où Pline parle de ce change- ment (d). ÂAldrovande, Jonfton & Frifch, apres avoir décrit la fauvette à tête notre, ‘paroïflent faire une feconde efpèce de la fauvette à tête brune (e); cependant celle-ci n’eft que la femelle de l'autre, & 11 n’y a d’autres différences entre Îe mâle & la femelle que dans cette cou- leur de la tête, noire dans le premier , & brune dans la feconde: en effet, une (d) Alia ratio ficedulis quam lufinus; nam for- main fimul coleremque mutant. Hoc nomen nift autumno, poflea meloncoryphi. Pline , Hifl. Nat. lib. (e) Atricapilla altera. Jonfton, Ari. pag. 90, ! pl. 45 —Airicapilla alia caflaneo vertice. Aldrovande. Avi. tome II, pag. 757.— Curruca vertice fubru- bro, Frich ; pl. 23. x de la Fauvette. 185 talotte noïre couvre, dans le mâle , de derrière de la tète & le fommet, jufque fur les yeux ; au-deflous & à l’entour du cou eft un gris-ardoïfé plus clair à la gorge, & qui s'éteint fur la poitrine dans du blanc, ombre de noïrître vers les flancs ; Le dos eft d'un gris-brun, plus clair aux barbes extérieures des pennes, plus foncé fur les inférieures , & lavé d’une fotble teinte olivâtre. L’orfeau a de longueur cinq pouces cinq lignes ; huit pouces & demi de vol. La fauvette à tête noire eft de toutes les fauvettes celle qui à le chant le plus agréable & le plus continu ; il tient un peu de celui du roflignol, & Fon en jouit bien plus long-tems, car plufeurs femaines après que ce chantre du prin- tems s’eft tü, l’on entend les bois réfon- ner par-tout du chant de ces fauvettes ; leur vorx eft facile, pure & légère; & leur chant s'exprime par une fuite de modula- tions peu étendues, mais agréables, flexi- bles & nuancées;ce chantfemble tenir de la fraîcheur des lieux où 1lfe fait enten- dre ;1l en peint la tranquillité, 1l en ex- prime même le bonheur ; car les cœurs 186 Hifloire Naturelle fenfibles n’entendent pas , fans une douce émotion, les accens infpirés par la Na- ture aux êtres qu'elle rend heureux. Le mâle a pour fa femelle les plus ten- dres fois, non-feulement 11 lui apporte fur le nid des mouches, des vers & des fourmis, mais1l la foulage de l’incommo- dité de fa fituation ; 11 couve alternative- ment avec elle : le ntd eft placé près de terre, dansuntaïllis foïgneufement caché, & contientquatre ou cinq œufs, fond ver- dâtreavec des taches d'un brun léger. Les. petits srandifient en peu de jours, &, pour peu qu'ils atent de plumes, ïls fautent du nid dès qu'on les approche & Fabandon- nent. Cette fauvette ne fait communc- _ment qu'une ponte dans nos provinces; Olina dit qu’elle en fait deux en Italre & il en doit être ainf de plufeurs efpè- ces d’oifeaux dans un climat plus chaud, & où la faifon des amours eft plus longue. À fon arrivée au printems, lorfque | les infeétes manquent, par quelque re- tour du froid, la fauvette à tête notre trouve une reflource dans Îles baies de quelques arbuftes, comme du lauréole & du lierre : en automne, elle mange de la Fauvette, 187 | auffi les petits fruits de la bourdame & | ceux du cormier des chaffeurs (f). Dans cette faifon, elle va fouvent botre ,& on la prend aux fontaines fur la fin d'août; elle eft alors très-grafle & d'un gout dé- lrcat. On Pélève auffi en cage , & detous les oïfeaux qu'on peut mettre en volière, dit Olina, cette fauvette eft un des plusarma- bles (g). L’affeétron qu'elle marque pour fon maître efttouchante; ellea pour lac- cueillir un accent particulier , une voix plus affectueufe ; à fon approche, elle s'élance vers lui contre les maïlles de fa cage : comme pour s'efforcer de rompre cet obftacle & de le joindre, & par un continuel battement d’aïles accompagné de petits cris, elle femble exprimer l’em- preflement & la reconnoïfience {z). Les petits élevés en cage, s'ils font à (f) Schwenckfeld, Avium , Silef. page 228. (g) Fra’glaltri uccelleiti di gabbia, e di natura allegra ; di canto foave e dilettofo, di vifla vaga e gratiofa. Olina, Uccelleria, page 0 | (4 Olina pageo; c’eft d’elle que Mademoi- felle Defcartes à dit n’en déplaife à mor oncle , elle a du fentiment, | 188 Hifloire Naturelle portée d'entendre le roflignol, perfecs* tionnent leur chant, & le difputent à. leur maître (2). Dans la farfon du dé-! part, qui eft à la fin de feptembre, tous ces prifonniers s’agitent dans la cage, fur- tout pendant la nuit & au clair de 1a lune (Æ), comme s'ils favoïent qu’ils ont un voyage à faire, &.ce defir de changer de lieu eft fi profond & fi vif, qu'ils pé- riflent alors en grandnombre du regret de ne pouvoir fe fatisfaire. | Cet orfeau fe trouve communément en Italie, en France, en Allemagne & juf- qu’en Suède (2); cependant on prétend qu’il eft aflez rare en. Angleterre (m). (z) La fauvette (à tête noire ) que j’élevois, a formé fon chant fur celui du roffionol, & a étendu fa voix au point qu'actueliement elle fait taire mes roflignols qui font fes maîtres. Note com- : muniquée par M. le Trefürier le Moine. — 1 giova- netti prefi alla ragna faranno il verfo boftareccio, e piglieranno altre forti di verft, di faneili imparau,, overo altri uccelli., imparando Li nidiact tutto quello che gli pien infegnate. Olina , Uccellerias pag. G. | (£}) Traité du roflianoi, page 138. Salerne, Ornithol. page 239. | (£) Fritch. | (m) Ærequentat in Italié; in Anglia quoque , fèd ràriës inpenitur. W Hiughby.4 pag. 163. : de la Fauvette. 189 Aldrovande nous parle d'une variété dans cette efpèce, qu'il appelle fauvette variée (n), fans nous dire fi cette variété n’eft qu'individuelle, ou fi c'eft une race particulière. M. Briflon, qui la donne fous le nom de fauvette noire & blanche, n'en dit pas davantage; & 11 paroît que Îa fauvette a dos noir de Frifch (o) n’eft en- core que cette mème variété de la fau- vette à tête notre. La petite colombaude des Provençaux eft une autre variété de cette même fau- vette; elle eft feulement un peu plus grande, & a tout le deflus du corps d’une couleur plus foncée & prefque noirître; la gorge blanche & les côtés gris : elle eft lefte & très-agile; elle aime Îes om- brages & les bois les plus touflus, & fe déleéte à larofée, qu’elle reçortavidement. Dans une fauvetteà tête norre, femelle, ouverte le 4 juin, l'ovaire fe trouva garni d'œufs de difiérentes grofleurs; le tube inteftinal , de l’anus au géfer, étoit {long (n) Ficedula varia Aldrovande, Ay. tome II, pag. 759, avec une figure très-peu reconnoïffable, Co} Curruca albo E nigro varia , tom. III, pag. 383 +90 — Hifloire Naturelle. de fept pouces un quart; il y avoit deu x cœcum bien marqués, de deux lignes de long : ; Le géfier mufculeux étoit long de cinq lignes ; la langue efhlée & fourchue par le bout ; le bec fupérieur tant foit. peu échancré ; le dorgt extérieur uni. à celui du milieu par fa première phalange longle poftérieur le plus fort de tous. Dans un mûle, le r0 juin, les tefticules# avoient quatre lignes de longueur & trois! de large; la trachée-artère avoit un nœud, renfié à l'endroit de la bifurcation; &% l'œfophage, long d'environ deux pouces, Ni formoit une poche avant fon infertion dans le E ‘fier. FE à ue, 1717, PET : 490 , Va » " en" de £. « À MR. vies Pers 74 € pv: 4 ŒAUVETTE A TETE NOIRE ,2.LE BEC FIGUE 4 : QU'A Lt n * est K à ++ Qi % LAC RISETTE (P). ou FAUF:E TE GRISE, en Provence PASSERINE. Quatrieme efpece. ÂrnrovANDE PARLE de cette Fauvette grife fous le nom de Stoparola que lui * Voyez les planches enluminées, n.° 579, fig. 3. (p} Stoparola vuled. Aldrovande , Avi. tom. 11, pag. 732, avec une très-mauvaife figure.— Syopa- rola. Jonfton , Avi. pag. 87, & la figure empruntée d’Aldrovande, pl. 44. — Stoparola Aidrovandi. W il- Jughby , Orinithol. pag. 153. — Ray, Synopf. pag. 77, p.” a, 1.—Stoparoia peëtore € ventre candido, Al- drovandi. Willughby. Oruithol. pag. 171 n.° 5. — Civeraria. Linnæus , Syf. Nar. ed. VI, Gen. 82, Sp. 15.— Motacilla fupra cinerea, fubtus alba, reûrice primà longitudinaliter dimidiato alb@ , fecundä , opice albâ. Sylvia , Syf, Nar. ed. X, G. 99, Sp g. — Motacilla fupra cinerea , infra alba; reëtrice primä longitudinaliter dimidiato - alb&, fècundâ apice albë. Idem. Fauna Suec. n.° 228.— Ficedula fuperne gri- fèa, infernè alba , cum aliquà rufeftentis mixtur4s reËtricibus decem intermedits fufcis, marginibus gri- feis extimd exteriùs albo rufeftente, inferids diluté 192 Hifloire Naturelle donnent les Oïfeleurs Boulonoïs, appa= remment, dit ce Naturalifte , parce qu'elle! fréquente les buiflons & les halliers, où. elle fait fon nid (g). Nous avons vu l’un de ces nidsfur un “ prunelier àtrois pieds deterre ; il eften forme de coupe, & compolé de moufle « * | ’ ' de prés entrelacée de quelques brins d'herbes sèches; quelquefoisileft entière- ment tifiu de ces brins d'herbes plus fines en dedans, plus groffières en dehors; ce nid contenoit cinq œufs fond gris-verda- tre, femés de taches roufsâtres brunes … ‘plus fréquentes au gros bout. La mère fut prife avec les petits; elle avoit l'iris couleur de marron ; les bords du bec fupérieur légèrement échancrés à cinerea, or candidà. Curruca cinerea, five cinerarias … la fauvette grife ou la grifette. Briffon, Ornithol- tome (11, page 376-.— Motacilla fubcinerea. Bar- sère , Ornithol. claff. 111, G. X1X, Sp» 5- Les Oiïfeleurs Boulonois la nomment foparola, fuivant Aldrovande; les Suédois, skogskrett ou à skogsknetter & mefar fuivant Linnæus; les Pro- vençaux , pafJerine. x. _(g) Stoperola nefcio que vocabulo , nift fortè à flipuis. Aidrovande, tom, 11, pag. 732. + la pointe | —_— «le la Fauvette. 193 la pointe; les deux paupières garnies de cils blancs ; la langue effrangée par le bout; le tube inteftinal, du géfier à l'a- nus, étoit de fix pouces de longueur; 1l y avoit deux cæcumn longs de deux lignes, adhérens à l'inteftin ; de l’œfophage zu gélier , la diftance étoit de deux pouces, & Île premier, avant fon infertien , for- _moit une dilatation; la grappe de l'ovaire étoit garnie d'œufs d’inégale grofleur. Dans un mâle ouvert au mrireu du mors de maï , les vifcères fe trouvèrent à très- peu-près les mêmes; des deux tefticules, le droit étoit plus gros que le gauche, & avoit , dans fon grand diamètre , quatre lignes, & deux lignes trois quarts dans le petit; on obferva le géfier mufculeux , dont les deux membranes fe dédoublent; il contenotit quelques débris d'infeétes & point de graviers ; l'iris étoit mordoré- clair , dans un autre elle parut orangéc; ce qui montre que cette partie eft fujette à varier en couleurs, & ne peut point fournir un caraétère fpécifique. Aldrovande remarque que læœ1ïi de la grifette eft petit, mais qu'il eft vif & gai. Le dos & le fommet de Ia tête font gris- _Oifeaux, Tome IX, I 194 Hifloire Naturelle cendré ; les tempes , deflus & derrière l'œil , marquées d’une tache plus notrître; la gorge eft blanche jufque fous l'œil ; la poitrine & l’eftomac {ont blanchîtres, lavés d’une teinte “de roufsitre-clair , comme vineufe. Cette fauvette eft un peu plus grofle que le bec-figue : fa Ion- gueur totale eft de cinq pouces fept lignes ; elle a huit pouces de vol: on l'appelle pafférine en Provence , & fous cet autre ciel, elle a d’autres habitudes & d’autres mœurs; elle arme à fe repofer fur le figurer & lolivier, fe nourrit de leurs fruits, & fa chair devient très-déli- cate; fon petit cri femble répéter les CE ro à SR ve MASSE SE deux dernières {yllabes de fon nom de pañlerine. M. Guys nous a envoyé de Provence « une petite efpèce de fauvette , fous le nom de bou/carle, gravée dans nos plan- ches enluminées, n.° 654, fig 2. L’ef- pèce avec laquelle la bouicarle nous pa- roîit avoir plus de rapport, tant par la forme du bec que par la grandeur, eftla « grifette; cependant la boufcarle en dif- … fère par Le ton de couleur, qui eft plutot fauve & brun que gris. sf de la Fauvette. 19$. * LA FAUVETTE BABILLARDE (r). _Cinquieme efpèce. | / Cerre Fauverre eft celle que l’on en- tend le plus fouvent & prefque inceflam- ment au printems ; on la voit aufli s'élever fréquemment d'un petit vol , droit au-deflus des hates , pirouettér en . # Voyez les planches enluminées, n.° 580, fig. 3. . (r) En Grec T'œuvus, E’œnas, en Grec mo- derne, Iorawide ; en Latin moderne, cwrruca; em Italien , pizaemofche , becafico canapino ; & dans le peuple de fa campagne, flartagnia , flartagna; aux environs du lac Majeur , ficcafiga ; dans le Bou- lonois, canevarola; en Allemand , graff-much, fable, gras-much, fuivant Gefner & Frifch, ftAnepfti & weuflling ; en Hyrien, pienige ; en Polonois, pieoza ; en Suédois, £rnka; en Anglois, sitling. Curruca. Gefner, Avi. page 269, 11. icon. Avi page 47. — Schwenckfeld , Avi. Silef: page 255, Sibbalde , Scot. ilufir. part. 11, Lib. 111, pag. 17. — Linnæus, Syf. Nat. ed. VI, Gen. 82. Sp. ar. — Bélon , wfér». page 17. Curruca , fèu pafler gramineus Schwenckfeldi ; hypolaïis aliorum. Rzac- Zynski, AuËtuar. page 377. Curruca ; Alberto. andi- thia ; hypolaïs ; paffer fepiarius, id. Hifl. Nat. Polon. page 278. — Curruca cantu lufcinie. Frifch , avec T1, " 96 Hifioire Naturelle l'air, & retomber en chantant une petite reprife de ramage fort vif, fort gai, tou- jours le mème, & qu'elle répète à tout moment, ce qui lui a fait donner Îe nom de babillarde ; outre ce refrain qu'elle une belle figure, p£ 21. — Hypolaïs , feu curruca. Aldrovande, Avi. tome II, page 752, avec une mauvaife figure prife de Gefner. — Jonfton, Avi. page 90, avec la même figure , planche 45 , idem. — [icedula canabina , avec Îa figure empruntée d’Olina, pl. 33+ — Ficedula canabina. Wiughby , Ornithol. avec la figure prife dans Clina, 148. 23, —— Ficedula rofro & pedibus luters major. Barrère , Ornithol. clafl. 111, Gen, 18, Sp. 2. — Parus fübviridis, feu curruca , idem , tbid, Gen. 24, Sp. 6: — Motacilla fupra fufca , fubtus exalbida ; macula ponè oculos gr'fca. Linnæus, Fauna Suecica , n.° 233. — Mutacilla fupra fufca, fubtus albida , reëtricibus fufeis : extremä margine tenuiore albâ. Curruca, Lin- næus, Syf. Nat. ed. X, G. 99, Sp. 6. — Mota- cilla fupra gr fea , fubtus cirerea , remigious primori- bus apice obfoleris. Philomela, idem , ibidem , Sp. 10, — Luftinia fufta Klein, Avi. page 73, n° 3, idem , ibid. n° 2. Lufima altera. — Canevarola Bononienfibus di&a. Aldrovande , Avi. tome II, page 754, avec une figure peu reffemblante. — Jonf- ton, Avi. page 88 , tab. 45, la figure copiée d’AI- drovande. — Charleton ; Exercit. pag. 07; A XII à idem. Onomafl. pag. 91, n.° XII. — Beccafigo cana= pins. Olina, page 11, avec une figure peu exacte. — Fauyette brune, Bélon ; Nat. des Oif. page 340, ra de la Fauvette. 197 chante le pius fouvent en Par, elle a une autre forte d’accent ou de fifflement fort grave bjie, bjie, qu'elle fait entendre de l'épaifleur des burflons, & qu'on n'imagi- neroiït pas fortir d’un otfeau fi petits; fes -mouvemens font auf vifs , aufli fréquens que fon babil eft continu ; c’eit ia plus remuante & la plus lefte des fuvettes. On la voit fans cefle, s'agiter, voler, fortir , rentrer parcourir les butfions, fans jamais pouvoir la faifir dans un inftant de repos. Elle niche dans Îes haïes, le Iong des grands chemins, dans les endroits fourrés, près de terie & fur les touftes même des herbes engagées dans le pred des buiflons ( f'}; fes œufs font verditres boratiliés de brins "7 «7 ha Suivant Bélon , les Grecs modernes “avec une figure paffäble ; idem. Portrait d'oifeaux , pag. 85; a. Fauvette noire Où brune, avec la même “figure. — Ficedula fupernè cinereo fu fta , infernè alba , cum aliquà rufeftentis mixtürà, vertice cinereo, tœnt@ infra oculos faturatè cinerea ; reéfriciius fuftis; margi- nibus grifeis, extim@ exteriÿs & apice albâ, interids cinereâ margine alb& prædita-..... Curruca garrula, la fauvette babillarde. Briffon , Ornithol. tome IE, age 384. Tam Ce (f) Nidim fufpendit inter gramina rotandum , | | 117 198 Hifloire Naturelle appellent cette fauvette potamida , oifeau du bord des rivières ou des ruifleaux ; c'eft fous ce nom qu'il la reconnue en Crète ; comme fi, dans un climat plus chaud (+), elle affeétoit davantage de rechercher la proximité des eaux, que dans nos contrées tempéréesoû elle trouve plus aifément de la fraîcheur ; les infeétes ova maio ; plerumque quinque aliquando feptem , [ubvi- ridia | punéis notatae Schwenckfeld , Avi Silef. page 255: (+) Quelques Auteurs grecs & modernes ont mis pot:mida de nom vuleaire, penfant exprimer le roffignol ; toutefois fommes bien affurés que potamida n’eft pas roffignol ; car for'‘qu’étions en Crète , trouvâmes le nid de tel oïfeau qu’ils nom- ment potamida , fur une plante de reuerion, & Îe- quel pumes reconnoître que c’étoit de l’oifeau que notre vulgaire nomme une faupette brune... ... Ce n’eft pas fans raifon que le vulgaire de la Grèce da nomme potamida, car elle fuit communément des ruiffelets ; pour ce qu’elle y trouve mieux fa pafture qu’elle prend de vermine en vie. Bélon, Nat. des Oifeaux , page 340. — « Il y ayun autre » oifeau appelé par les Anciens curuca , que les » François connoiffent fous fe nom de fauvette brune, » & que les Grecs, qui habitent à préfent cette île (de Crète ), appellent potamida. L'on tient que le # coucou eft fon ennemi, & qu’il mange fes petits quand ül en trouve lPoccations » Dapper, deftript des tles de l Archipel, page 62, À de la Fauvette, 199 que l'humidité échauffée fait éclore, font fa principale nourriture. Son nom dans Ariftote (4), défigne un oïfeau qui cher- ché fans celfe les vermifleaux ; cependant on voit rarement cette fauvette à terre, & ces veririfleaux qui font fa pâture, font les chenilles qu'elle trouve fur les arbuftes & les burffons. | Bélon qui l'appelle d’abord fauvette brune , lut donne enfuite le füurnom de plombée, qui repréfente beaucoup mieux la vraie tente de fon plumage. Elle a le fommet de la tête cendré ; tout fe manteau cendré-brun; le devant du corpsbianc lavé de roufsâtre ; les pennes de l’aile brunes, - 1eur bordintérieur blanchître ; l'extérieur des grandes pennes eft cendré, & celui des moyennes eft gris-roufsitre ; les douze plumes de la queue font brunes bordées de gris, excepté les deux plus extérieures qui font blanches en-dehors commé dans {a fauvette commune ; le bec & les pieds font d’un gris-plombeé ; elle a cinq Sy Cu) T'œcras, que Gaza traduit curruca ; nom que tous les Naturaliftes ont appliqué à cette fauvettes Ypolaïs, quod ‘verminibus paftatur, Schwenckfeld- à: Te 200 Hifloire Naturelle pouces de longueur & fix pouces & demi de vol, fa grofleur eft celle de la grifette, & en tout elle lur reflemble beaucoup. C'eft à cette efpèce qu’on doit rappor- ter, non-feulement le bec-figue de chanvre d'Olina (x), quil dit être fi fréquent dans les chenevières de la Lombardie; mais encore la caneyarola d Aldrovande , & la fauvette tiling de Turner (y). Au refte, cette fauvette fe prive arfément ; comme elie habite autour de nous dans nos près, nos bofquets ,-nos jardins, elle eft dé;à familière à demi; fi l’on veut d'élever en cage; ce que l’on fait quelque- fois pour la gaieté de fon chant , 1 faut, dit Olina , attendre à l'enlever du nid qu'elle ait pouflé fes plumes, lui donner une baïgnoire dans fa cage, car elle meurt dans le tems de la mue fi elle n’a pas la facilité de fe bargner; avec cette précau- tion & les {oins néceflaires, on pourra la garder huit à dix ans en cage (7). * (x) Beccafico canapino. Olina, Uccelleria, pag. 11. (y) Aldrovande , rome IT, poge 754, remarque que Îa caneyaro/a reflemble entièrement à la fauvette titling de Turner, qu’il vient de rapporter lui- même, page précédente, à fa curruéas | (x) Olina , page 13° de la Fauvette. 201 ‘LA ROUSSETTE ou LA FAUVETTE DES BOIS (4). Sixième efpece. | S1 Béton ne diftinguoit pas aufli expref- fément qu'il le fait la rouffette (b) où (a) Rouffette. Bélon , Nas. des Oifeaux , pag. 338, avec une mauvaife figure ; pag. 239; la même, Portrait d'oif. pag: 84, b. Bélon ne donne pas d’au- tres noms à cette fauvette , que les noms génériques: _de Zunaus & de beccafigha— Lu ftiniola. Aldrovande.. Avi. tom. 11, page 765, avec la figure emprun- tée de Bélon. — Jonfton, Avi. page 88. — Lufciniolæ Bellonü. Charleton , Exereit. pag. 07, n.° 14, idem. Onomafi. pag-.92, n° 14. — Lufüiniola feu rouffette Bellonii, Aldrovandi. Wiluohby , Ornithol. page 171. n.° 1. — Ray, Synopf. Avi. pag-80, n.° 1. — Schoe- nobœnus. Linnæus, Sy/fe. Nat. ed. VI, G. 82, Sp. g. — Motacilla teflaceo fufta, fubtas pallidè teflacea capite maculato. Idem, ed. X , Gen. 99 ; Sp. 4 — Motacilla teflacea fufca, fubtus pallidè teflacea ca- pite maculato. Fauna Suecica, n.° 222. — Ficedulæ füpernè fufco 7 rufo varia , infernè rufefcens; peëtore: dorfo concolcre ; remigibns fuftis , ons exterioribus: rufis ; reétricibus penitus fufeis. Curruca [ylveftris five luféiniola , là fauvette de bois ou fa rouflette. Briffer. Ormithol: tom. 111, page 393. | (b) Nature des Oifeaux , page 338. 202 Hifioire Naturelle fauvette des bois , de fon mouchet (c), que. nous verrons être la fauvette d’h:i- ver ; nous aurions regardé ces déux oi- eaux comme le même, & nous n’en euffons fait qu'une efpèce ; nous ne fa- vons pas encore fi elles font difitrentes, car les reflemblances paroïffent fi grandes & les difiérences fi petites, que nous réu- nirions ces deux oïfeaux fi Bélon, qui les a peut-être mieux obfervés que nous, ne les avoit pas féparés d’efpèce & de nom. | | | Conime toutes les fauvettes, celle-ct eft toujours gate, alerte, vive, & fait fou- vent entendre un petit cri; elle a de plus un chant qui, quoique monotone , n’eft point défagréable ; elle le perfectionne lorfqu’elle eft à portée d'entendre des modulations plus variées & plus brillan- tes (d). Ses migrations femblent fe bor- {c) Nature des Oïfeaux, page 375. | (dj « Ceux que j'élevois m’ont paru avoir un # chant plus mélodieux que des fauvages , peut- »# être parce qu’ils entendoient affez fouvent jouer » du violon, ils chantoient affez fréquemment. » Note de M. le vicomte de Querhoënt. i Là) | de la Fauvette. 203 ner à ños provinces méridronales ; elle y paroît l'hiver (e), & chante dans cette faifon : au printems, elle revient dans nos bois, préfère les tarllis & y conftruit fon nid de moufle verte & de laine; elle pond quatre ou cinq œufs d’un bleu-cé- lefte. Ses petits font aïfés à élever & à nour- mir, & l’on en prend volontrers la peine pour le plaïfir que donne leur familra- rité, leur petit ramage & leur gaieté. Ces oïfeaux ne laïflent pas d’être coura- geux. ce Ceux que j'élevois , dit M. de Querhoënt , fe farfoient redouter dece beaucoup d’oifeaux auffi gros qu'eux; ce au mois d'avril, je donnaiï la liberté à ce tous mes petits prifonniers ; les rouflet- ce tes furent les dernières à en profiter. cé Comme elles aflotent fouvent faire dece petites promenades , les fauvages de acc même efpèce les pourfuivoient , maïsce elles fe réfugioient fur Ia tablette dece . ma fenêtre, où elles tenotent bon : ellesce hériflorent leurs plumes, chaque parti ce | ( e) Elle ne quitte point Îe ‘pays se chante Phiver comme le roitelet. Zdem. Ev; 204 Hifloire Naturelle »frédonnoit une petite chanfon & bec- s»quetoit la planche à Îa manière des coqs, & le combat s'engageoit auflitôt avec vivacité. 9 ES: Cette fauvette eft la feule que nous n'ayons pu décrire d'après Nature ; [a defcription qu’on nous donne du plu- mage , nous confirme dans la penfée que cette efpèce eft au moiïns très -voifine de celle de Îa fauvette d'hiver, fi ce n’eft pas précifément la même : celle-ci à la tête, le deflus du cou, la poitrine, le dos &c le croupion, variés de brun & de roux, chaque plume étant dans fon milieu de la première couleur, & bordée de la fe- conde ; les plumes fcapulaires , les cou- vertures du deflus des aïles & de la queue; variées de mème & des mêmes couleurs ; la gorge, la partie inférieure du cou , le ventre & des cotés rouffitres ; les pennes des aïles brunes, bordées de roux; celles de k queue tout-à-fait brunes. Elle eft de là grandeur de Îa fauvétte, première efpèce: La robe des fauvettes eft généra- lement terne & obfcure; celle de la roul- fette ou fauvette des bors eft une des plus variées, & Bélon peint avec expref- de la Fauvette. zO$ fion l'agrément de fon plumage (f). Il remarque en même tems que cet oïfeau n’eft guère connu que des Oïfeleurs, & des payfans voifins des bois (g), & qu’onle prend dans les chaleurs, lorfqu'il va boire aux mares. | {f) « Ceux qui font couftumiers de tendre aux oïfeaux , ou de les-prendre à la pipée, n’en laif- « fent aucuns fans lui bailler quelques noms; par-.s quoi trouvant cefiui-ci aucunement fréquent, « ayant plufieurs madrures de couleur exquife , « entre phénicée & orangéefur fe bout des plumes, «6 qui font que loifeau en apparoïft rouffaftre , lui se ont impofé ce nom. » Nat. des Oifeaux , pag. 3238. (g) « Nous ne pouvons imaginer quel nom ancien grec ou latin , a obtenu cette rouffette ; «s mefmement eft peu cogneue , finon en certains « endroits par les payfans des villages fitués le long « des forefts.... Auf qui vouldroit voir l’expé- «s rience de l’appellation de cet oïfeau , auroit à « s’enquérir des Oifeleurs qui tendent par les forefts, car ceux qui fe tiennent ez villes n’en favent & nouvelles »» Idem , ibidem. 206 Hifloire Naturelle LA FAUVETTE pe ROSEAUX (h). — Septième efpèce. La FAUVETTE de rofeaux chante dans les nuits chaudes du printems comme le . Ç(h) En Allemand , sweiderich. Rzac.— Wyden- guekerle, wydenguckerlin , felon Gefner. En Suifle, myderle , zilzepfle , idem. En Polonoïs, wierzbowniozk«. En Anglois, fèdge bird, oïifeau de fauge fuivant Albin- Salicaria. Gefner ; Icon. Avi. page 50, avec une srès-mau vaife figure. — Salicaria Ornithologi. Aldro- vande, Avi. tome II, page 737 , avec la figure copiée de Gefner. — Salicaria Gefneri. Willughby , Ornith page 158. — Ray, Synopfe Avi. page 81, n.° 14, — Rzaczynskt, Auëuar. page 419-— Lufcinia fali- caria , Gefner. Kiein , Avi. page 74, n.° 4. — Wydengückerlin. Gefner, Avi. pag. 706 , avec une trés-mauvalfe figure.— Sroparola altera , Jonf- ton, Ani- page 87, avec la figure empruntée d’Al- drovange , tab. 44. — Rzaczynski, Hif?. Nat. Polon. page 421° — Avis confimilis floparole © magnani- me. Aldrovande, Avi. tome LL, page 722, avec une, figure peu reffemblante , page 733. — Amis confimilis floparole & magnanimæe Aldrovandi. W ugh. Ornithol, page 153-— Ray , Synopf. Avi. page 81, n.° 6. — Avis floparole [imilis- SiBbalde , Score illufère de la Fauvette, 207 roffignol , ce qui lui a fait donner, par quelques-uns , le nom de roflignol des faules ou dés ofers (:). Elle fait fon nid dans les rofeaux , dans les buiflons, au milieu des marécages, & dans les tarilis au bord des eaux: nous avons vu un de ces nids fur les branches bafles d’une charmille près de terre ; 1l eft compofé de paille & de brins d’herbe sèche, d'un peu de erin en-dedans : 11 eft conftrurt… avec plus d'art que celuï des autres fau- vettes; on y trouve ordinatrement cinq œufs, blanc-fale, marbrés de brun, plus foncé & plus étendu vers le gros bout. Les petits, quoique fort jeunes & fans plumes, quittent le nid quand on y tou- che, & même quand on Fapproche de part. IE, Hb. 111, page 17. — Motacilla cinerea , Jubrus alba, fuperciliis albis, falicaria. Linnæus, Sy. Nat. ed. X, G. 09 , Sp- 18. Oifeau de fauge. Albin, tome 111, pag. 26, avec une figure mal coloriée , pl, 60. — Ficedula fupernè grifea ,. ad oli- vaceum inclinans , infernè flavicans ; 1æni& fupra' ccu- dos flavicante ; reétricibus cinereo-fufcis, oris exterioribus grifeo-olivaceis. Curruca: arundinacea , Va fauvette de zofeaux, Briffon, Ornirhol. rome 117, pag. 378. (:) Luftinia falicaria. Gefner , Klein. 208 Hifloire Naturelle trop près; cette habitude qui eft propre aux petits de toute la famille des fauvettes, & même à cette efpèce qui niche au milieu des eaux , femble être un caraétère dif tinctif du naturel de ces oïfeaux. | . On voit, pendant tout l'été, cette fau- vette s’élancer du milieu des rofeaux pour faïfir au vol les demoi/elles & autres infeétes qui voltigent fur les eaux; elle ne cefle en même-tems de faire enten- dre fon ramage (4); &, pour dominer {eule dans un petit canton , elle en chaffe les autres orfeaux (7); & demeure mai- trefle dans fon domicile, qu’elle ne quitte qu'au mois de feptembre pour partiravec fa famille. Elle eft de la grandeur de la fauvette à tête notre ; ayant cinq pouces quatre Tignes de longueur, & huit pouces huit hignes de vol ; fon bec eft long de fept (k) C’eft un oïfeau très-babillard; en Brie, où 6n lPappelle effarvatte ; on dit en proverbe, éabiller comme une effarvatte. Note communiquée par M, Hébert Mais nous devons obferver que le véritable effar- watte eft cet oïfeau que nous avons indiqué om.I111, page 294, fous.ce même nom, & fous celui de petite roufferalle. {1) Gefner. de la Fauvette. 209 lignes & demie ; les pieds de neuf ; fa queue de deux pouces; Parle pliée s'étend un peu au-delà du mrlieu de la queue : elle à tout le deflus du corps d'un gris- rouflätre clair, tirant un peu à Folivitre près du croupion ; les pennes des arles plus brunes que celles de Ia queue; les couvertures inférieures desaïles font d’un jaune-elarre ; la gorge & tout le devant du corps jaunâtre, fur un fond blanchître,, altéré fur les cotés & vers la queue de tentes brunes. | Il n'y a nulle apparence que Îa petro- nella de Schwenckfeld, oifeau qui riche Jous les rochers & à plate-terre , qu’on ne voit que dans les endroits efcarpés des montagnes , qui remue inceffaminent la queue ; comme la lavandière (m), foit notre fauvette de rofeaux ; &-nous ne voyons pas fur quoi M. Briflon a pu ly rapporter ; car, futvant le plumage même que lur donne Schwenckfeld , ce feroit plutôt une forte de roffligno! de muraïlle ou de queue-rouge. | _ 1 l'oiféau de fauge (fedge bird) (im) Schwenckfeld , 4yiar» Silef, page 330 210 Hifloire Naturelle d'Albin (n}), eft aufli la fauvette de rofeaux, la figure qu'il en donne eft bien mauvaife, & toutes les couleurs en font faufles. Ce n’eft point peindre , c’eft malquer la Nature que de la charger d'images infidèles. La figure donnée dans Aldrovande, & empruntée de Gefner, fous le nom de falicaria , porte un bec de beaucoup trop gros, & qui ne peut appartenir au genre des fauvettes ; & fi Forfeau de Ia page 733, (avis confimilis floparole & magnanimeæ) eft Ia fauvette de rofeaux, comme le dit M. Briflon , & comme on peut le croire, rl eft très-difh- cile d'imaginer que la /alicaria de la page 7237, foit le même. Tel eft l'embarras de démêler dans Aldrovande fes efpèces . qu'il a voulu rapporter à un genre qu'il paroït n'avoir pas connu par lui-même; & on voit, par l'exemple de ce Natura-. lifte , fi eftimable d’aïlleurs , combien ïl eft dangereux de ne parler que fur des relations fouvent fautives, fouvent con- fufes & qui ne peïgnent jamais la Nature avec la vérité néceflaire pour la recon- noïître & la juger. (n) Tome 111, page 26 ; planche 60. re + de la Fauvette, 21% SR ET SPREDET Pa PPT RES RANCE CPR * LA PETITE FAUVETTE rovssr(a). Huitieme efpece. Bon dit avoir pris beaucoup de peine à trouver à la petite fauvette roufle , une appellation antique (p), & il finit par fe tromper en iui appliquant celle de troglodyte; il femble même s’en aperce- voir quand ïl rapporte fa fauvette rouffe au éroglodyte dique par Ætius & Paul % Voyez les planches enluminées, n.° 581, fig. 1 (fo) En Allemand , weiden zeifig, kleënff gras- muche, uivant Frifch , qui, dans l’ordre de fa no- menclature, nomme cet oifeau mufcipeta minimus , avec une figure , tab. 24. — Petite fauvette ou fau- vette rouffe. Bé'on, Nat. des Oifeaux, page 3AT ; avec une figure peu exacte ;. la même , Portrait -doifeaux , page 85, 6. — Pafer troglodytes Belloni. Aldrovande, Avi. tome IT, page 656 , avec la figure copiée de Bélon. — Jonft. 4yi. page 82 ; a même figure , tab. 42. — Ficedula (upernè grifèo rafa, in- feruè dilurè rufefcens ; tœn:à fupra oculos dilutè rufef- cente ; reéricibus griféo-rufis , oris exterioribus dilutè ru- fefcentibus...... Curruca rufa , la fauvette routfe. Briffon , Ornithol. tome 111, page 387. (p) Nat. des Oïleaux ; page 34 212 Hifloire Nadrlle Æginete ; car il obferve que leur texté | s'applique bien mieux au roitelet brun | qu'à fa fauvette roufle; & ce roitelet eft en effet le véritable troglodyte , au- quel nous rendrons à fon article ce nom qui lui appartient de tout tems. La fauvette roufle n’eft donc pont Te … troglodyte; cette dénomination ne peut. convenir qu'à un orfeau qui fréquente les cavernes , les trous des rochers & des murs ; habitude qui n’eft celle d'aucune fauvette, & que néanmoins Bélon Ieur fuppofe , entraîné par fon idée & par la prévention d’une faufle étymologie du nom de fauvette à foveis (q). Celle-ci fait communément cinq petits, mais ïfs deviennent fouvent la proié des oïfeauxennemis, fur-toutdes pre-grrèches. Les œufs de cette fauvette font fond (q) « Car la fauvette prend ce nomi de ce qu’elle # entre dedans les foffettes & creux des murailles, 5» retenant le même nom en françois que les Latins ént pris des Grecs: » Bélon ,; Nat. des Oifeaux , page 340. — Le nom de fauvette vient de leur éouleur fauve, qui eft celle de fa plupart de ces. oifeaux ; & cette étymologie, que Bélon rejette, eft la véritable, dit Ménage, | de la Fauvette, 213 blanc-verdître , & portent deux fortes de taches, les unes peu apparentes & prefque effacées , répandues également {ur la furface ; les autres plus foncées & tranchant fur le fond , plus fréquentes au gros bout. « C'eft une chofe infail- Hble , dit Bélon, qu'elle fait fon nidce dedans quelqu'herbe ou buiflon par ce les jardins, comme fur une ciguë ou ce autre femblable , ou bien derrière quel- cc que muraille de jardin ez villes oucc villages. »» Le dedans eft garnt de crin de cheval, maïs le nid dont parle Bélon, avoit le fond percé à claire-vore , fur quoril attribueuneïntention à l’orfeau(r), tandis que ce n'étoit apparemment que par accident , que ce nid étoit perce : une femblable difpofition ne fe rencon- trant dans aucun des nids, étant même eflentiellement contraire au but de la nidification , qui eft de recueillir & de concentrer la chaleur, (r) « Elle lenduit par le dedans de crin de cheval, fi indufirieufement qu’il eft percé À claire-ce vole comme un lacet, tellement que quand fesse petits {e nettoient, toutes les immondices paf-ce fent au travers, & par ce point font toujourse nets, » JVas, des Oifeaux, pag. 341: 214 Hifloire Naturelle Le même Naturalifte rencontre mieux, lorfau'il dit que cette petite fauvette eft toute d’une feule couleur qui eft celle de la queue du roffignol; cette comparaïfon eft jufte & nous difpenfe de faire une defcription plus longue du plumage de cet offeau: nous remarquerons feulement qu'il y a un peu de roux tracé dans Îles grandes couvertures de latle, & plus foiblement fur les petites barbes de fes pennes , avec une tente très-lavée & très-claire de rouflâtre fur le gris du dos & de la tête, & fur le blanchître des flancs. Ce n’eft, comme l’on voit, qu’affez improprement que cette fauvette a été nommée fauvette roufé , par le peu de traits de cette couleur dont fe peignent . aflez forblement quelques parties de fon : plumage. °C Elle n’a que quatre pouces huit lignes | de longueur totale; fix pouces dix lignes w de vol; c’eft une des plus petites, elle k eft encore moindre que la grifette; mais. Bélon femble exagérer fa petitefle quand il dit qu'elle n'eff pas plus grofle que le bout du doigt (J ). ab _ ([) Nat. des Oifeaux, page 341, TS - de la Fauvette. 21$ RP RS ARRET DE EE R TENDUE LEE PERTE EEE * LA FAUVETTE TACHETÉE (t). Neuvième efpece. Le pLumacE des fauvettes eft ordinai- rement uniforme & monotone ; celle-cf fe diftingue par quelques taches notres fur la poitrine, mais du refte fon plumage reflemble à celui des autres; elle eft de la petite fauvette , feconde efpèce ; elle a cinq pouces quatre lignes de longueur, * Voyez les planches enfuminées, n.° 581, fie. 3. (t) Boarola, fire boarina. Aldrovande , Avi. tom. II, pag- 733, avec une figure très-peu ref- femblante , page 734 — Boarina. Jonfton, Avi. Ia figure d’Aldrovande répétée , tab. 44: — Boarina Aidrovandi. Wiliugbhby , Ornith. pag. 1538.— Boarina dorfo cinereo Aldrovandi , idem , pag. 171 , n.° 6. — Mufèicapa prima Aldrovandi, Ray, Synopf. Avi. pag. 77 n° 7° — Bec à figue. Albin, tome 117, page 11, avec une mauva'le figure , planche 26. — Ficedula fupernè fufto-rufefcente , flavicante & cinereo varia , infernè alba ; peËtore flavicante . maculis aigris infignito ; reéricibus nigricantious , oris exteyiori- bus albis. Curruca nœvia , la fauvette tachetée , Briffon, Ornithol. tome 111, page 389. 216 Hiffoire Naturelle & les arles phiées couvrent la moitré de la queue : tout le manteau du fommet de la tête à l’origine de la queue, eft varié de brun-roufitre, de jaunitre & de cendré ; les pennes de l'aile font notri- tres, bordées extérieurement de blanc ; celle de la queue de même; la poitrine. … €ft jaunâtre & marquée de taches noires; la gorge, le devant du cou, le ventre & les côtés font blancs. É Cette fauvette eft plus commune en Italie, & apparemment aufli dans nos provinces méridionales , que dans les fep- tentrionales, où on la connoït peu. Suivant Aldrovande, on en voit bon nombre aux. environs de Bologne, & le : nom qu'il lui donne, femble lui fuppofer l'habitude de fuivre Îles troupeaux dans les prairies & les pâturages (u). Elle niche en effet dans les prés, & pofe fon nid à un pied de terre, fur quelques plantes fortes, comme de fe- nouïl, de mirrhis, &c. elle ne fort pas de (u) In agro nofro à perféquendo Boves ; vulgd Boarolam ; feu Boarinam nuncupant. Afdrovande, tom. 11, pag. 733. £ ; On NI de la Fauvette. 217 fon nid lorfqu'on en approche, & fe Jaïfle prendre deflus plutot que de la- bandonner , oubliant le foin de fa vie pour celui de fa progéniture : tant eft grande la force de cet inftinét qui d'anr- maux foibles, fugitrfs, fait des animaux courageux , intrépides ! tant ïl eft vrai que, dans tous les êtres qui fuivent la fage loi de la Nature , l'amour paternel eft le-principe de ce qu'on peut appeler vertus ! 4 | | Oifiaux , Tome IX, K 218 Hifloire Naturelle * LE TRAINE - BUISSON ou MOUCHET ter ou LA FAUVETTE D'HIVER: | Dixième efpèce. T'oures LES FAUVETTES partent au mi- lieu de l’automne; c’eft alors au contraire * Voyez [es planches enluminées, r.° 615, fig. 1: (x) En Anglois, hedge fparow , & fuivant Char- eton , stling. En Suédois, jaern-fpart. Linnæus. En Allemand, braunffleckige gras-mucke , dans Frifch, & prunel! dans Gefner. En Italien, paffara favatica- Dansle Boulonoïs, magnanima & paffere matto, au rapport d’Aldrovande. A Marfeille, pafféron ; dans nos provinces feptentrionales, fauvette des haies ; pole-bufe , traîne-buiffon, roÿignal d'hiver gratte- paille en Brie; burette en Berry ; en Normandie, bunette ou plutôt brunette, comme dit Cotgrave ; en Anjou, paffe ou paiffs-buiffonnière ; en Périgord , palfe-fourde ; en Lorraine , a#t de fon cri, ou roji- gnol d'hiver; en quelques endroits, petite paife pri- yée, apparemment à caufe de fa famHiarité & de fa : fréquentation à l’entour des maïfons en hiver; en Provence, graffet & chic-d’avauffe , fuivant M. Guys Curruca fufca, Frifche , avec une belle figure, de la Fauvette. 219 qu'arrive celle-ci; elle pale avec nous toute la mauvaïfe farfon , & c’eft à juite pl. 21. — Curruca hypolaïs , paller fepiarius. Char- leton, Exercit. pag. 95, n° 1117. Idem. Onomaf?. pag. 89, n.0 111- — Curruca cliote. Willughhy , Ornitholog. page 157 — Ray, Synopf. Avi. pag. 70- n.° a,6.—Sylvià gulà plumbef. Kiein , Avi. pag. 77, n.° 111, 4.— Paffer rubi. Aldrovande, Avi. tom. Il, page 738 , avec la figure empruntée de Bélon, page 739; & page 736, ce même oifeau fous le nom de magnanima vulso dia , avec une fioure auffi mauvaile. — Magnanima Aldrovand. W Mughby, Ornithol. page 158. — Mufticapa altera. Jonfton , Avi. pag. 87, idem, ibidem. Mufticapa quinta.—Pra- mella. Gefner, Avi. pag. 653,avec une mauvaife figure; la même, /con. Avi. pag. 42. — Jonfion,, Avi. la figure empruntée de Gefner, tab. 36.—Rzac. Auët. pag 416: — Paffer canxs. Linnæus, Syfe Nar. ed. VI, Gen. 82, Sp. 10. — Motacilla fupra grifeo- fufta, teétricibus alarum apice albis ; peëèore cærulef= cente cinereo Motacilla modulari. Idem, Sy Nat. ed. Gen. 09, Sp. 3- — Moesacilla fhpra grifeo- Jufta, teëtricibus alarum apice albis; peëtore cærulef- cente cinereo. Idem, Fauna Suecica , n°% 223.—Fice- dula fupernè nigricante €, rufo varia ÿ collo infericre © peltore , plumbeis ; ventre candido; uropygio fordidè virideftente; teËricibus alurumm majoribus apice exterins fordidè albo maculatis , maculà ad aures fémicirculari rnfeftente ; reétricibus fufcis, oris exterioribus fordidè vfideftentibus. Curruca fepiaria, la fauvette de haie eulapañle-bufe. Br fün, Ornithol, 0me IL}, pag. 3944 1] 22@ Hifloire Naturelle titre: qu'on l’a nommée fzuvette d'hiver ; on l'appelle auffi érafne-buiffon, pafè- büje, roffignol d'hiver dans nos difté- rentes provinces de France ; en Italie, paiffe-fouvage ( paffara Yalat ni) , & en Angleterre, moëneau de haie ( hedge Jparrow ). Ces deux derniers noms défig- nent la reflemblance de fon plumage varié de noir, de gris & de brun-roux avec celui du moineau , ou plutot du friquet ; reflemblance que Bélontrouvoit entière (B), “st — Petit mouchet. Bélon, Hifl. des Orfeaux , pag 376, avec une mauvaife figure, page 376: — Mouches ou mouchet petit , moineau des haies & gobe-mouche , idem. Portrait d’oifeaux , page, 98, b , aveclamême figure. — Verdon. Albin, tome III, page 25, avec une figure coloriée ; pl 59 ; c'eft au refte à la notice de cet oifeau & à fes mœurs qu’ faut le: reconnoître dans Albin, aucune des couleurs de’ Fenluminure ne répondant à fa defcription non . PAe A qu’à 4 Nature. (5) « Le mouchet, petit oifHon de Îa grandeur: R d’une fauvette ; hantant les buifions,, qui mange ss les mouches, & de-là eft nommé. Il eff fi fem > blable à un moïineau oz paiffe, qu’iln’y a que les . 5 mœurs en ceux qui vivent, & le feul bec ès 35 morts qui en Lier faire diftiniôn. I! a # .DOnnes jambes & pieds, qui ne font ‘pas noïs ÿ * L 2 w dé la Fauvette. ‘221 En effet, des couleurs de la fauvette d'hiver font d'un ‘ton beaucoup 4 foncé que celles de toutes les autres as vettes ; {ur un fond noïirître, toutes fes pennes & fes plumes font Bordées d’un Le TOUX ; les joues , la gorge, le devant du cou & Îla poitrine, font d’un cendré-bleuître ; fur 11 tempe eft une tache roufsître; le ventre eft blänc : fa grofleur eft celle du rouge-gorge ; el a huit pouces de vol. Le mâle ditière de a femelle en ce qu'il a plus de roux fur la tète & le cou, & celle-ci plus de cendré. . Ces oïfeaux voyagent de compagnie; on les voit arriver enfemble vers fa fin d’oétobre & au commencement de no- fon bec eft délié & longuet, comme celui d’un « rouge-corge ; fa queue eftaffez longuette , fomme « que le tout eft femblable à un friquet , hormis «< le bec , & que fon chant eft affez plaifant; fe 6 va toujours cachant par les buiffons & haies ; pourquoi hommes d'autorité, doétes & fages, « qui fe font trouvés tendant Périonée avec nous, 4 Payant vu fi femblable à une paie , furont im- 6e pofé le nom de pajfèr rubi, comme qui diroit «4 moineau de baie. » Bélon, Nature des Oifraux , page 375. di K x} 222 Hifloire Naturelle vembre ; ls s’abattent fur les haïes; & vont de buïflon en buiflon , toujours affez près de terre, & c’eft de cette habi- tude qu'eft venu fon nom de trafne-buif- Jon. C’eft un oïfeau peu défiant & qui le laide prendre arfément au piège (0). Il n'eft point fauvage; ïl n’a pas la vivacité des autres fauvettes , & fon naturel femble participer du froid & de len- gourdrfiement de Ia fafon. R Sa voix ordinaire eft tremblante; c’eft ;. une efpèce de frémifiement doux, titit- tititit, qu'il répète aflez fréquemment ; il a de plus un petit ramage, qui, quoi- que plantif & peu varié, fait plaïfir à entendre dans une faifon où tout fe tait: c’eft ordinairement vers le foir qu'il eft plus fréquent & plus foutenu. Au fort de cette fafonrigoureufe,le traine-burflon s'approche des granges & des aires ou l'on bat le blé, pour démêler dans les | païlles quelques menus grains. C'eft ap- paremment l'origine du nom de gratte- (c) A quibufdam, paffère matto (appellatur) 1ùm propier colorem aut potiès quod fucillimè fe capiendam prebear, Wilughby, Ornithol. page 158, | de la Fauvette, 223 paille qu’on lui dénné en Brie ; M. H£- _ bert dit avoir trouvé dans fon jabot des grains de blé tout entrers ; maïs fon bec menu n’eft point fait pour prendre cette nourriture, & la néceflité feule le force de s’en accommoder ; dès qua le froid fe relâche , 1l continue d'aller dans Îes hates cherchant , fur les branches , Îes chryfalides & les cadavres des pucerons. Il difparoît au printemps des lieux où on l’a vu Fhiver, foit qu'ils’enfonce alors dans les grands bois, & retourne aux montagnes , comme dans celles de Lor- raine, où nous fommes informés qu'il niche , foit qu'il fe porte en effet dans d'autres régions , & apparemment dans celles du Nord, d’où 11 femble venir en automne , & où rl eft très-fréquent en été. En Angleterre, on 1e trouve alors prefque dans chaque butflon, dit Al- bin (d) ;'on Île voit en Suède, & même il fembleroit , à un des noms que lut donne M. Einnæus (e), qu'il ne ser (d) Tome TIT, page 25. (e) Paffèr canuse Syfl Nat, ed. VI, Gen. 82; Dp> 6, | K x 224 Hifioire Naturelle." "#4 éloïgne pas l'hiver, & que fon plumage : foumis à l'effet des rigueurs du climat y … blanchit dans cette farfon ; il niche é9a- lement en Allemagne (f), mais 11 eft très-rare , dans nos provinces, de trouver le nid de cet oïfeau , il le pofe près de terre ou fur la terre même, & le com- pole de moufle en dehors, de laine & de crin à l'intérieur ; fa ponte eft de quatre ou cinq œufs, d’un joir-bleu-clair uniforme & fans taches. Lorfqu’un chat ou quelqu'autre animal dangereux ap- proche du nid, la mère pour ur donner le change, par un inftin femblable à ce- lui de la perdrix devant le chien, fe jette au-devant & voltige terre à terre jufqu’à ce qu’elle l'ait fufifamment éloigné (p). Albin dit qu'elle a, en Angleterre, des petits dès le commencement de maï, qu'on les élève aifément, qu'ils ne font point farouches & deviennent même très- familiers, & qu’enfin üls fe font eftimer » pour leur ramage, quoique moins gai que celui des autres fauvettes (4). 7 {f) Frifch. _ (g) Idem. (4) Une fauvette d'hiver, gardée pendant cette TUIX pag: 224 NA TA ESA 1 SK 5, w ( if) Z LOT +, 277 00) Ly51, 1 URLS LI TRAINE BUISSON ou FAUVETTED HIVER. ‘de la Fauvette, 22$ Leur départ de France au printems; eur fréquence dans les pays plus fepten- trionaux dans cette faïfon eft un fait inté- reflant dans l’hiftoire de la migration des oifeaux : & c’eft la feconde efpèce à bec efblé , après l’alouette-pipt, dont 1l a été parlé à l’article des alouettes, pour qui la température de nos étés femble être trop chaude, & qui ne redoutent pas les rr- gueurs de nos hivers, que fuient néan- moins tous les autres otfeaux de leur genre; & cette habitude eft peut-être fufifante pour les en féparer, ou du moins pour les en élorgner à une petite diftance. faifon chez M. Daubenton le jeune, & prife au piége en automne , n’étoit pas plus farouche que fr on l’eût prife dans Îe nid. On Pavoit mife dans une volière remplie de ferins , de linottes & de chardon- nerets : un ferin s’étoit tellement attaché à cette fauvette , qu’il ne la quittoit point; cette préférence parut aflez marquée à M. Daubenton pour les tirer de {a volière générale , & les mettre à part dans une cage à nicher, mais cette inclination n’étoit appa remment que de l’amitié non de amour, & ne. produifit point d’alliance. If eft plus que probable que l'alliance n’eût point produit de génération. K y 226 Hifloire Naturelle *LA FAUVETTE DES ALPES. Ox Trouve fur les Alpes & fur les hautes montagnes du Dauphiné & de l'Auvergne cet oïfeau, qui eft au moins de Ia tarlle du proyer, & qui par confe- quent furpafle de beaucoup toutes les fau- vettes en grandeur , mais 1l fe rapproche de leur genre par tant de caraétères, que nous ne devons pas len féparer. Il a la gorge fond blanc , tacheté de deux teintes difiérentes de brun; la poitrine eft d’un gris-cendre ; tout le refte du deflous du corps eft varié de gris, plus ou moins blan- chître & de roux ; les couvertures 1nfe- rieures de la queue font marquées de not- râtre & de blanc; Îe deflus de a tête & du cou gris-cendre ; le dos eft de la même couleur , mais varié de brun; les couver- tures fupérieures des aïles font norrûtres , tachetées de blanc à la pointe; les pennes _« Voyez les planches enluminées, n,° 668, fig. 2, À de la Fauvette, 227 de l'aile font brunes, bordées extérieure- ment , les grandes de blanchître , les moyennes de roufsâtre ; les couvertures fapérieures de la queue font d’un brun. bordé de gris-verdtre , & vers le bout de roufsâtre ; toutes les pennes de la queue font terminées en-deflous par un tache roufsâtre fur le côté intérieur ; le bec 2: huit lignes de longueur , ïl eft norrître- deflus, jaune deflous à la bafe, & n’a point d’échancrure; les pieds font jaunûtres ;. le tarfe eft long d'un pouce ; l’ongle poftérieur eft beaucoup plus épais que les autres ; la queue eft longue de deux pouces & demi, elle eft un peu four- chue & dépaile les arles de près d'un poute. La longueur entière de loifeauw eft de fept pouces; la langue eft four- chue ; l’æfophage a un peu plus de trois pouces . il fe dilate en une efpèce de poche glanduleufe ,. avant fon: imfertion: dans le géfier qui eft très-gros , ayant un pouce de long fur huit Irgnes de large ; left mufculeux, doublé d’une membrane fans adhérence; on y a trouvé des débris: d'infeétes , diverfes petites graines & de tès-petites pierres ;. Le ne du VE: 228 Hifioire Naturelle Joie qui recouvre le géfier, eft plus petit qu'il n’eft ordinairement dans les oïfeaux ; il n’y a point de véficule du fiel, maïs deux cœcum d’une ligne & demie chacun; Te tube inteftinal a dix à onze pouces de dongueur. Quorque cet oïfeau habiteles montagnes des Alpes, vorflines de Fance & d'Italie méme celles de l'Auvergne & du Dau- +phiné, aucun Auteur n’en a parlé. M. le Marquis de Piolenc a envoyé plufieurs andividus à M. Gueneau de Montbeïrllard, qui ont été tués dans fon comté de Mont- bel, le 18 janvier 1778. Ces oïfeaux ne s'éloignent des hautes montagnes que quand ïls y font forcés par l'abondance des neïges ; aufli ne les connoît-on guère dans les plaines ; tls fe tiennent commu- mément à terre, où ils courent vite en filant comme la caille & la perdrix, & non en fautillant comme les autres fauvettes; fe pofe auffi fur les pierres, maisrarement fur les arbres, 1lsvontparpetites troupes, &rls ont pour fe rappeler entr'eux un cri fem- blable à celur de la lavandière, tant que le froïd n’eft pas bien fort on les trouve dans les champs, & lorfqu'il devient plus à EN | { PE DS MNNRE SET 072 «9 "AR LEA pag. 2 26. SK St us din wi. qd "l v MI j = ]| 4 À NN AA (QU | W 7) l {l A De deve del 6 Baron Sfr MA RAUVIE CES DES ATEPES% / L \ \\ . de la Fauvette. 229 rigoureux , ils fe raflemblent dans les prairies humides où 11 y a de la moufle, & on les voit alors courir fur la glace; leurs dernières reflources ce font les fontaines chaudes & les ruifleaux d’eau vive, on les y rencontre fouvent en cherchant des bécaffines ; ils ne font pas bien farouches , & cependant ils font difficiles à tuer, fur-tout au vol. 230 Hifloire CD VE A EVE Fan 22 Naturelle ar eh: ES (2: NB PL FE OUR Ox NOMME en Provence pitchou ,. un très-petit oïfeau , qui nous paroît plus vorfin des fauvettes que d'aucun: autre genre ; 1l a cinq pouces un tiers de Ion- gueur totale, dans laquelle la queue eft: pour près de moitié : on pourroit croire que le nom de pitchou lui vient de ce qu'il fe cache fous les choux; eneffet .. l y cherche Îes petits papillons qui y naïflent , & le for il fe tapit & {e loge entre les feurlles du chou pour s'y met-- tre à l'abri de la chauve-fouris fon en- nemie qui rode autour de ce frord do- micile.. Maïs. plufeurs perfonnes m'ont” afluré que le nom pitchou n'a nul rap-- port aux choux, & fignifie fimplement en provençal petit & menu, ce qui eft con- forme à l’étymologieitalienne (a) &con-. vient parfaitement à cet oïfeau prefque aufli petit que Îe rortelet. * oyezles planches enfuminées ,n.° 655 , fig. 2. (a) Piccino, piccinino, de la Fauvette. 235 Le bec du pitchou eft long relative- ment à fa petite taille, il a fept lignes, 1l eft noïrâtre à fà pointe , blanchître à fa bafe; le demi-bec fupérieur eft échancré vers fon extrémité ; l'aile eft fort courte & ne couvre que l'origine de la queue; le tarfe à huit lignes ; les ongles font. très- minces, & le poftérieur eft le plus gros de tous : tout le deflus du corps, du front au bout de la queue eft cendré- foncé ; les pennes de 1la queue & les. grandes des aïles , font bordées de cendré-- clair en dehors, & noïrîtres à l’intérieur; , la gorge & tout le deflous du corps ,. ondé de roux "varié de blanc; les pieds. font jaunâtres. Nous devons, à M. Guys. de Marlerlle , la connoïflance de cet oïfeau.. 232 Hifioire Naturelle D NE EPS LE AOC ET SIRET ENTRE EAU OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport aux FAUT ETTES. I. LA Fauverre racueTée pu car Ds Bonne-EspÉRANCE. Cette fauvette, dé- crite par M. Briflon (a), eft des plus grandes, purfqu’ïl la fait égale en grofleur au pinfon d'Ardenne , & lui donne fept pouces trois lignes de longueur. Le fom- met de a tête eft d’un roux varié de taches notrâtres.,. tracées dans le milieu des plumes ; celles du haut du cou, du dos & des épaules font nuées, excepté que leur bord eft gris-fale ; vers Le crou- pion , aux couvertures Hé ses & du deflus de la queue elles font bordées de n (a) Ficedule fupernè nigro € rufo aut rufeftente varia, infernè fordide alba rufefcens ; tœniâ utrimque fub gatture nigrâ, reëtricibus Jiri&tioribus & acutis » quatuor intermediis in medio fufcis, circa margines TufIs ; quatuor utrimque extimis rufis, ad fcapos tantüm fufiis. Curruca nœvia” captis Bonæ-fpei , la fauvette tachetée du cap de Bonne-efpérance. Briffon ; tom. SI], page 390. | , des Oifécux etrangers. 233 roux ; tout le deflous & Île devant du corps eft blanc-roufsâtre , varié de quel- ques taches noirâtres fur les flanes ; de chaque coté de la gorge eft une petite bande notre; Îles plumes de larle font brunes, avec le bord extérieur roux; Îles quatre du milieu de la queue de même, les autres roufles, toutes font étroites & pointues; le bec eft de couleur decorne, & a huit lignes de longueur ; les pieds, longs de dix; font gris-bruns. II. LA perte FAUVETTE TACHETÉE DU CAP DE BonNNEr-EsrEÉRANCE. Cette fau- vette eft une efpèce nouvelle, repréfentée dans nos planches enluminées , n.° 752, & apportée du cap de Bonne-efpérance par M. Sonnerat; elle eft plus petite que la fauvette babillarde, & à la queue plus . longue que Île corps; tout le manteau eft brun, & la poitrine eft tachetée de not- râtre fur un fond blanc-jaunître, IIT. LA FAUVETTE TACHETÉE DE LA Louisiane (b). Elle eft de la grandeur (b) Voyez les planches enluminées, m9 769, | fig 1° 234 Hifloire Naturelle de l’alouette des prés, & lur reflemble par la maniere dont tout le deflous de fon corps eft tacheté de noirâtre fur un fond blanc-jaunâtre : ces taches fe trou- vent jufqu'à l'entour des yeux & aux cotés du cou ; une trace de blanc part de l’an- gle du-bec pour aboutir à l'œrl; tout le manteau , depuis le fommet de [a tête au bout de la queue, eft mêlé de cendré & de brun -foncé. Nous n’euflions pas héfité de rappor- ter à cette efpèce, comme variété d'âge ou de fexe, une autre fauvette qui nous a été envoyée également de la Louïfia- ne {c), dont le plumage, d'un gris plus €lair, ne porte que quelques ombres de taches nettement peintes fur le plumage de l'autre; le deflus du corps eft blan- châtre ; un foupçon de teinte jaunître paroît aux flancs & au croupion; d’ail- leurs ces deux oïfeaux font de la même grandeur; les pennes & Îles grandes cou- vertures de l’aile du‘dernier, font frangées de blanchître ; maïs une différence eflen- tielle entr'eux fe trouve dans le bec; le fc) Voyezles planches enlaminées, 1° 709, fig. 2 des Oifeaux etrangers. 235$ premier l'a aufli grand que Îa fauvette de rofeaux; le fecond à peine égal à celui de la petite fauvette. Cette diverfité dans la partie principale paroïflant fpécifique, nous ferons de cette fauvette une feconde efpèce fous le nom de FAUVETTE OMBRÉE DE LA LOUISIANE. IV. LA FAUVETTE À POITRINE JAUNE DE LA LouisiANE. ( Planche enlurminée,. n:° 709). Cette fauvette eft une des plus johes, & la plus brillante en couleur de toute la famille des fauvettes : un dem mafque noir lui couvre le front & les. tempes jufqu’au-delà de l'œil; ce mafque eff furmonté d’un bord blanc ; tout le manteau eft olivitre; tout le deflous du corps jaune , avec une teinte orangée fur les flancs; elle eft de Îa grandeur de la grifette, & nous a été apportée de.la Louifiane par M. Lebeau. Une quatrième efpèce eft la FAUVETTE VERDATRE de {a même contrée : elle eft de la grandeur de {a fauvette tachetée dont nous venons de parler; fon:bec eft: aufli long & plus fort; fa gorge eft blan-- che; le defious de {on corps gris-blanc;, 236. Hifloire Naturelle | an trait blanc lui pafle fur l'œil & au: delà ; le fommet de Îa tête eft noirâtres le deflus du cou cendré-foncé; les cotés avéc le dos font verdâtres fur un fond. brun-clair; le verdâtre plus pur , borde es pennes de la queue & l'extérieur de celles de l'aile dont le fond eft norrître ; elle paroît, à caufe de fa calotte norr?- tre, former le pendant de notre fauvette à tête noire, qu'elle égale en grandeur. RE Lai 4m — toit es ane V. La FauverTe DE CAYENNE A QUEUE ROUSSE. Sa longueur totale eft de cinq pouces un quart; elle a là gorge blanche , entourée de roufsâtre porntiilé de brün; la poitrine d’un brun-clair; le refte du-deflous du corps eft blanc avec une teinte de roufsâtre aux couvertures inférieures de li queue; tout le manteau, du fommet de la tête à l’origine de Ia queue, eft brun, avec une teinte de roux fur le dés; les couvertures des aïles font roufles; leurs pennes font bordées exté- rieurement de roux, & la queue entière eft de cette couleur. VI. LA FAUVETTE pe CAYENNE A des Oifeaux etrangers. 237 GORGE BRUNE ET VENTRE JAUNE. La gorge, le deflus de la tête & du corps de cette fauvette, font d’un brun-verditre ; les pennes & Îes couvertures de l'aile, fur Le même fond, font bordées de roufsitre ; celles de la queue de verditre; la por- trine & le ventre font d’un jaune-ombré de fauve. Cette fauvette , qui eft une des plus petites, n’eft guère plus grande que le pouliot; elle à le bec élargi & aplatr à fa bafe, & par ce caractère elle paroît fe rapprocher des gobe-mouches, dont le genre eft effeétivement très-vorfin de celur des fauvettes, la Nature ne les ayant féparés que par quelques traits légers de conformation, & les ayant rapprochés par un grand caractère, celui d'une commune manière de vivre. VII, LA FAUVETTE BLEUATRE DE SamnT-Domneus. Cette jolie petite fau- vette, qui na de longueur que quatre pouces & demi, à tout le defius de Îa tête & du corps en entier cendré-bleu; les pennes de la queue font bordées de la même couleur fur un fond brun; on voit une tache blanche fur l'aile, dont 238 Hifloire Naturelle les pennes font brunes; la gorge eft noires le refte du deflous du corps blanc. R Nous ne favons rien des mœurs de ces! différens oïfeaux, & nous en avons du regret : la Nature infpire à tous les êtres : qu'elle anume , un inftin@, des facultés, des habitudes relatives aux divers climats, & variées comme eux : cesobjets font par- tout dignes d'être obfervés, & prefque par-tout manquent d'Obfervateurs. Il en eft peu d’aufli intelligent , d’aufli libo- rieux, que celur (d) auquel nous de- vons, dans un détarlintéreflant l’hiftoire d'une autre petite fauvette de Saint-Do- si nommée .cou-jaune dans cette die: (d) M. le Chevalier Lefevre Deshaies, du Cou-jaune 239 EE EC ES RER CE EEE * LE COU-JAUNE. Lrs mABITANS de Saint-Domingue ont donné Île nom de cou-jaune (a), à un petit oïfeau qui joint une jolie robe à une taille dégagée & à un ramage agréa- ble; 1! fetient fur les arbres qui font en fleurs; c’eft de-Rà qu’il fait réfonner fon Chant ; fa voix eft déliée & forble, mais elleeft variée & délicate; chaquephrafe eft compoñfée de cadences brillantes & fou- tenues (2). Ce que ce petit oïfeau à de memes tes sommets denseines none nsnsenne on | * Voyez les planches enluminées , n.® 686, fig. 1. (a) Hs lappellent auffi chardonnet où chardonneret ; mais, par une fauffe analogie , le cou-jaune ayant le bec aigu de la fauvette ou du reuge-2orge , le port, 4e naturel & fes habitudes de ce dernier oïfeau , & rien qui rappelle au chardonneret qu’un ramage, qui encore eft bien différent. (b) « Le chant de loiféau d'herbe à blé ou eifeau de cannes , reflemble, pour l’exiguité des fons & 6e pour le genre de modulations, au ramage du « cou-jaune. » Note de M. Lefevre Deshaies, Obfer- wateur ingénieux & fenfible, à qui nous devons es détails de cet article , & plufieurs autres faits intérefans de l’Hiftoire Naturelle des oifeaux de Saint - Domingue. 240 Hifloire Naturelle charmant, c’eft qu’il fait entendre fon joli ramage, non-feulement pendant le : printems, qui eft la faifon des amours, maïs aufli dans prefque tous les mois de l'année. On feroit tenté de croire que fes defirs amoureux feroïent de toutes les faons; & l’on ne feroit pas étonné qu'il chantit avec tant de conftance un pareil don de la Nature. Dès que 1e tems fe met au beau, fur-tout après ces pluies rapides & de courte durée qu’on nomme aux îles grains, & qui v font fréquentes, le mâle déploie fon gofier & en fait bril- ler les fons pendant dés heures entières ; 1a femelle chante aufli, maïs fa voix n’eft pas aufli modulée, n1 les accens aufii ca- dencés, nid’aufli longue tenue que ceux du mûle, i | La Nature, qui peignit des plus riches couleurs la plupart des oïfeaux du nou- veau monde, leur refufa prefque à tous l'agrément du chant, & ne leur donna, fur ces terres défertes, que des cris fau- vages. Le cou-jaune eft du petit nombre de ceux dont le naturel vif & gai s'ex- prime par un chant gracieux, & dont en. même-tems le plumage eft paré d'aflez belles couleurs; du Cou- jaune, 241 belles couleurs; elles font bien nuancées & relevées par le beau jaune qui s'étend fur la gorge , le cou & la poitrine : le gris-noir domine fur la tête; cette cou- leur s’éclatrcit en defcendant vers le cou, & {e change en gris-foncé fur les plumes du dos : une ligne blanche , qui couronne l'œil, fe joint à une petite moucheture jaune placée entre l'ærl & le bee; Ie ventre eft blanc, & es flancs font gri- velés de blanc & de gris noir; les cou- vertures des aïles font mouchetées de now & de blanc par bandes horizontales; on voit aufli de grandes taches blanches fur les pennes , dont le nombre eft de feize à chaque aïle, avec un petit bord gris- blanc à l'extrémité des grandes barbes ; 12 queue eft compofée de douze pennes, dont les quatre extérieures ont de gran- des taches blanches; une peau écarlleufe & fine , d'un gris-verditre, couvre les pieds; l’orfeau a quatre pouces neuf lignes de longueur; huit pouces de vol, & pèle un gros & demi. Sous cette jolie parure on reconnoït, portions d'une fauvette; il en a aufii leg . T c ‘ T7 cl Orfeaux 3 Tome Le 4 242. Hifloire Näturelle habitudes neturelles. Les bords des.ruif- feaux, les lieux frais & retirés près des fources & des ravines humides, font ceux qu’il habite de préférence ; foit que la température de ces lieux lui convienne: davantage, foit que pluséloïgnés du bruit, xls foient plus propres à {a vie chantante : on le voit voltiger de branche enbranche, d'arbre. en arbre , & tout en traverfant les airs il fait entendre fon ramage; ïl chafle aux papillons, aux mouches, aux chenilles , & cependant 1l entame, dans. 4a farfon , les fruits du goyavier, du fu- crin , &c. apparemment pour chercher dans l'intérieur de ces fruits les vers qui s'y engendrent, lorfqu'ils atteignent un certain degré de maturité. Il ne paroiît pas qu'il voyage n1 qu’il forte de l'ile de S.-Domingue; {on vol, quoique rapide, n'eft pas aflez élevé, aflez foutenu pour pañer les mers (c), & on peut avec raï- fon le regarder comme indigène dans, cette contrée. {c) M. Deshaies compare ici le vol du cou- jaune à celui de loifeau qu’on nomme à Saint. Domingue, de la Toufjuints , apparemment parce du Cou- jaune. 243 Cet oïfeau déjà très-intéreflant par la beauté & la fenfibilité que fa voix expri- me, ne l’eft pas moins par fon intelli- ._ gence , & la fagacité avec laquelle on lu voit conftruire & difpofer fon nid;1l ne le place pas fur les arbres , à la bifurca- tion des branches, comme 1l eft ordi- naire aux autres oïfeaux; 1! le fufpend à des lranes pendantes de l'entrelas qu'elles forment d'arbre en arbre, fur-tout à celles qui tombent des branches avancées fur les'rivières ou les ravines profondes; ïl attache, ou pour mieux dire, enlace avec la liane le nid, compofé de brins d’herbe sèche , de fibrilles de feuilles , de petites, racines fort minces, tiflues avec le plus grand art; c'eft proprement un petit ma- telas roulé en boule, aflez épais & aflez bien tiflu par-tout pour n’être point percé par la pluie; & ce matelas roulé eft atta- que c’eft vers ce tems qu’il y arrive : « il eft à peu-près, dit-il, de fa corpulence de ce cou- «°° jaune; mais. celui-ci eft fort délicat en compa- «4 raïion, & Îles mufcles de fes ailes napprochent ce, point pour la force de ceux des ailes de Poifequ de la Touflaints, 9 ; Bear cd] ils m T3 244 Hifloire Naturelle ché au bout du cordon flottant de a Jiane , & bercé au gré des vents, fans en recevoir d'atteinte. Maïs ce feroït peu pour la prévoyance de cet oïfeau de s'être mis à l'abri de Tinjure des élémens, dans des lieux où ti a tant d’autres ennemis. Aufli femble- t-il employer une induftrie réfléchie pour garantir {a famille de leurs attaques; fon nid au lieu d’être ouvert par le haut ou dans le flanc, a fon ouverture placée au plus bas, loïfeau y entre en montant, & il n'y a précifément que ce qu'il lui faut de paffage pour parvenir à l’intérieur où eft ia nichée, qui eft féparée de cette efpèce de corridor par une cloïfon qu'il faut furmonter pour defcendre dans Îe domicile de la famille; 11 eft rond &. taptflé mollement d’une forte de lichen qui croît fur les arbres, ou bien de la foie de l'herbe nommée par les Efpagnols, mort à cabaye (e). | (e) « C’eft une plante qu’on trouve dans Îes + favannes à Saint-Domingue , & qui fe plaît parti- s» culièrement le Iong des canaux d’arrofage, & ss dans les endroits frais & humides, Le fairaue corne du Côu- jaune, | 24$ Par cette difpofition induftrieufe , Le fat, l’oifeau de proïe nt la couleuvre ne peuvent avoir d'accès dans le nid, & la couvée éclôt en füreté. Aufli le père & la mère réufliflent-1ls aflez communément à élever leurs petits jufqu'à ce qu'ils foreut en état de prendre leflor. Néanmoins c'eft à ce moment qu'ils en votent périr plufieurs; les chats-marrons , les frefayes, Les rats leur déclarent une guerre cruelle, & détrurfent un grand nombre de ces petits oifeaux, dont l'efpèce reftetoujours peu nombreufe, & 1 en eft de même _ de toutes celles qui font douces & foi- bles, dans ces régions où les efpèces mal- faifantes dominent encore par le nombre. La femelle du cou-jaune ne pond que trois ou quatre œufs ; elle répète fes pontes plus d’une fois par an ; mais om ne le fait pas au jufte ; on voit des petits au mois de juin, & lon dit qu’il y en a tient cette plante, eft un poïfon très-puiffant pour « tes animaux ; c’eft fans doute d’où lui vient fon « nom de mort à cabaye.» Note de M. le chevalier Deshaies. EL ny 246 Hifloire Naturelle ‘dès le mois de mars; il en paroît auffi à la fin d'août, & juiqu'en feptembre; 1ls ne tardent pas à quitter leur mère, naais fans s'éloigner jamais beaucoup du lieu de leur naïflance, LCA du Roffignol de muraille. 247 * LE ROSSIGNOL DE MURAILLE (a) Lx car de cet oïfeau n’a pas léten- due nt la variété de celui du roflignol; * Voyez les planches enfuminées , ».° 351, fe. 1, Je mâle; fg. 2, la femelle. | | | (a) En Grec gonix@. Arifiote , Hifi. Animal. b. IX, cap. 49- — En Latin, phœnicurus, dans ‘Pline, K6.X, cep. 99 ; & enLatin moderne, ruti- cilla (phænicurgus en diétion grecque , dit Bélon, fignifiant qui à la queue phénicée....qui eft de couleur entre jaune & roux). En Italien, coroffo, ‘ coroffolo , revezol : Dans le Boulonoiïis, cx/roffo. En -Anolois, redflart. En Suédois, roedfljef. En Alle- -mand, rot -/Chwentzel, rot- flertz, wein-1vogel, rot- -fchivantz , fchwantykehlein ; & la femelle, roth /chwen- tzlein. Ces noms font pris dans fes couleurs, [es fuivans de fes habitudes ; Auuffroetele , rouge-queue des maïfons ; fümmer roetele, rouge-queue d’été, Dans Îa Siléfie ; swwfHing; dans la Prufle, faulecker ; en Pologne, czerwony ogonek. Raticilla, Wiug by, Ornithol. pag. 159, avec une figure empruntée d’Olina, 14b, 39: — Bélon, Obferr. pag" 17. — Ray, Synopf- Avi. pag. 78. n.° a , 5. — Sibbalde, Scor. iufir. part.Il, Hb. tir, pag. 18.— Linnæus, Sy£, Nas ed. VI, G. 82, L 1v 248 Hifloire Naturelle .\, mais il a quelque chofe de fa modulation, il eft tendre & mèlé d’un accent de trif- Sp 11.-— Rubecula, idem, Syt. Nat.ed. VI,G.82, Sp- 14 (la femelle ). — Motacilla gulà nigrâ, abdo- mine rufo, capite dorfèque cano, idem. Fauna Suecica, n.” 224. -— Motacilla cinerea ; remisibus. nigricanti- bus ; rectricibus rufis ; intermediis pari nigro extrorfum rufefcente, idem, ibidem, n.° 227 ( la femelle ). — Motacilla gulà nigrâ, abdomine rufo ; capite dor{o- que cano. Phænicurus , idem , $yf. Nat. ed. X, G. 99, Sp. 21-— Motacilla remigibus nigricantibus , reétrici- dus rufis : intermediis pari nigre extrorfum rufefcente. Titys. Idem, ibid. Sp. 23- (la femelle). — Sylvia ruticilla. Kieïn, Avi. pag: 98, n.° 2,— Sylvia tho- race argentata. Kieïn, Avi. pag. 798, n.° 10 ( Ia femelle ). — Rubecula gulâ nigra Frifch ; pl. 19. — Phœnicurus medià pennâ caudæ fubnigrâ ; idem, p!. 20 (la femelle }. — Ruticilla [eu phœnicurus. Gefner, Avi. pag. 729, avec une figure exceff- vement mauvalle. — Charieton, Exercit. pag. 97, n.° x. — Idem, Onomafl. pag: 91, n.° X.— Phœni- curus five ruticilla. Aldrovande, Avi. tom..Il, pag. 746 , avee de très-mauvailes, figures du mâle, de a femelle & de deux variétés. -— Phænicurus. Ariflo+ teli ruticilla gage. Gefger, Icon. Avi. pag. 48 , avec une très-mauvaife figure.— Phænicurus feu rutieilla. Jonfton , Avi. pag. 88 , avec la figure prife d’Al- drovande , pl 45, fous le titre de rubecula zirrkola phœnicurus ; & une autre figure empruntée d’Olina, pl. 43. — Rabicilla. Schwenckfeld , Avrar. Silef. page 346. — Rubicilla Schwenckfeidis, ruticilla gazæ ; tubecula domefhica æfliya ; lufcinia murorgm. RzaCzynsKi, du Roffignol de muraille, 249 tefle ; du moins c’eft ani qu'il nous affecte, car il n’eft fans doute, pour Île chantre lui-même , qu'une expreffion de joie & de plarfr, purfqu’il eft l’exprel- fion de l'amour, & que ce fentiment 1n- time eft également délicreux pour tous les êtres. Cette reflemblance, ou plutôt ce rapport du chant, eft Le feul qu'il y aït entre leroffignol & cet oïfeau; car ce n’eft point un roffignol , quoiqu'il en porte le nom, xl n'en a niles mœurs, nt ia taille, AuË. pag. 418. — Ficedula feu rubecula phænicurus. Barrère , Ormirhol. clafl. 111 , G- 18 , Sp. 6. — Codiroffo ordinario. Olina , pag. 47, avec une figure de la femelle. — Rofignol de muraille. Bélon , Hif. Nat, des Oifeaux, page 347, avec une mauvaife figure qui paroît être celle de la femelle. — J4em, Portraits d’oifeaux , page 87, b, où eft fa même figure. — Rofignol de muraille où renge-queue, Albin .. tome T, page 44. avec une figure mal coloriée & de faufles teintes, p/. 50. — Ficedula fupernè cmmerea , infernè rufa; fyncipite candido, genis , gutture £ÿ colle inferiore nigris ; uropygio rufo; mo ventre albo-; reétricibus binis intermedits grifeo-fufcis , lateraübus. rufis (mas). Ficedula füpernè grifea , infernè dite rufa; uropygiorufo , reétricibus binis intermediis orifao- fujèis, lateralibus rufis Ç fæmina ). Ruticiila , le rofignol de muraille. Brifôn, Ornithol. tome IIT.. Page AC3e È | Lv D. 250 Hifloire Naturelle ni le plumage (8); cependant nous fom- mes forcés par l’ufage de lur laifler la ‘dénomination du rof/gnol de muraille, qui a té généralement adoptée par les Oileleurs & les Naturaliftes. Cet oïfeau arrive avec les autres au printens, & fe pofe fur les tours & les combles des édifices inhabités; c’eft de-Ià qu'il fait entendre fon ramage ; ïl fait trouver la folitude jufqu’au milieu des villes , dans lefquelles 11 s'établit fur Le pignon d’un grand mur, fur un clocher. fur une cheminée, cherchant par - tout Tes lieux les plus élevés & 1es plus inaccef- fibles; on le trouve aufli dans lépaïfieur des forêts les plus fombres; ri vole légère- ment , & lorfqu'il s’eft perché, 11 fait en- tendre un petit cri (c), fecouant incef- famment la queue par un trémouflement aflez fingulier , non de bas en haut, maïs. horizontalement & de droite à gauche. Ilaime les pays de montagne, & ne paroît (8) On le voit de corpulence beaucoup moin dre que le roffignel des bois, étant de mœurs & de voix différentes. Bélon ; Nature des Oifeaux. (c}) Bélen. du Roffignol de muraille, 25% guère dans les plaines (4) ; 1l eft beau- Ecup moins gros que le roffignol, & même un peu moins que le rouge-gorge ; fa taille eft plus menue, plus 1longée : L un plaféfon:noir lui couvre la gorge, le devant & les côtés du cou; ce même noix environne les yeux, & remonte jufque fous le bec; un bandeau blanc mafque fon front , le haut, le derrière de latète, le deflus du cou & le dos font d'un gris- luftré, mais fonce; dans quelques indivr- dus, apparemment plus vieux, tout ce gris eft prefque noir; les pennes de Parle *endré-notrâtre ont leurs barbes extérieur res plus claires, & frangées de gris-blan- ichâtre : au- deffous du phétron ñoir un ‘beau roux de feu garnit da poitrine au large, fe porte, en s’étergnantun peu fur les flancs & reparoît dans fa vivacité fur tout le farfceau des plumes de a queue, excepté les deux du milieu qu: font brunes ; S le ventre eft blanc ; les pieds: ‘font noirs ; la langue eft Éirchue au bout comine celle du roffignol (e). L vy 252 Hifloire Naturelle La femelle eft aflez différente du mâle pour exculer la méprile de quelques Na- turaliftes qui en ont fait une feconde ef- pèce (f); elle n'a nt le front blanc, nt 1a coïge noire; ces deux parties font BCE P d'un gris mêlé de roufsâtre & le refte du plumage eft d’une teinte plus fotble. Ces orfeaux nichent dans des trous de murailles, à la ville & à [a campagne ou dans des creux d'arbres & des fentes de rocher ; leur ponte eft de cinq ou fix œufs bleus ; les petits éclofent au mois de maï : le mâle pendant tout Île GRAN TIE tems de la couvée fait entendre fa wotx de la pointe d'une roche ou du haut de quelque édifice tolé (h), voifin du domicile de fa famille; c’eft fur - tout le matin & dès l'aurore qu'il prélude à fes chants (à). | Cf) Linnæus, Klem. (g) Schwenckfeld, Aviar Silef: page 346. (4) Canta àl Boftareccio la primavera , fin all’entrar . dell’ eflate, laftiando di cantare covato che ha. Il fuo folito à cantar alla buon ora , gnando ut le fratte , quando-. sù qualche fabrica difabitata. Olina, Uccell. page 47. (i) Mas fubinde cantillat, canitque in [ublime edi- fcio , st puuraftalis © Jumnus çaminis. Primo dilus du Roffignol de muraille, 253 On prétend que ces oïfeaux craintifs & foupçonneux , abandonnent leur nid s’ils s'apercoivent qu'on les obierve pen- ant qu ils y travaillent; & l'on aflure qu'ils quittent leurs œufs fon les touche; ce qui ne left point du tout, c'eft ce qu'a- joute Albin , que, dans ce même cas, ris délaiffent leurs petits ou les jettent hors du nid (#). Le roflignol de muraïile , quoiqu’ha- bitant près de nous ou parmi nous , n’en demeure pas moins fauvage ; lvicnt dans le féjour de l’homme Que paroître le remarquer ni le connoître; 1l n’a rien de la farmiliarité du rouge-gorge ;. ni de Îa gareté de la fauvette, nt de la vivacité du roflisnol; fon NÉE ER folitairre, fon cule prectpuè fuaviter cantillat. Aldrovande , Avi tome IT, page 750- [k) C’eft auf fe plus retenu de tous fes oifeaux, car s’il s'aperçoit que vousle-recardiez pendant Îe tems qu’il fait fon nid , il quitte fon ouvrage, & fi on touche un de fes œufs, il ne revient jamais dans fon nid ; fi on touche fes petits, ïl Îles affa- mera ou Îes jettera hors du nid, & leur caffera le cou; ce qu’on a expérimenté plus d’une fois, 4/kin, iome ], page 44. 254 Hifloire Naturelle naturel fauvage (Z), & fon caraétère trifte ; fionle prend adulte, il refufe de manger & fe laïfle mourir, où sil furvit à A. perte de fa liberté, fon filence obftimé marque fa triftefle & fes regrets { m): cependant en le prenant au nid & Féle-® vant encage, onpeut jouir de fon chants | il le fait entendre à toute heure 8& même pendant la nuit (z7),1l le perfeétionne,. foit parles leçons qu'on lui donne, foit \ en imitant celui des oïfeaux qu'il eft à | portée d'écouter (o). (1) Leurs petits reffemblent Beaucoup-à ceux des : rouge gorges ; on ne peut Îles élever aifément ; j’en ai confervé un tout Phiver ; if paroiïfioit d’un natu- rel timide, & cependant étoit toujours fautant, & avoit le coup-d’œil vif; 1 apercevoit d’un Bout de: Ja chambre à l’autre le plus petit imfecte, & s ’élan- çoit fur fui dans un inftant en faifant un cri. Note: commuuiquée par M. le vicomte de Querhoënt. (m.) Cet oiïfeau eff fort bourru , de mauvaïife hu- meur & rechigné car fionle prendà un âveavancé.. H ne jettera pas beitfur fa nourriture pendant quatre ou cinq jours, & lorfqu'on lui apprend à fe nourrir. lui-même, il refte un mois entier fans gazouililer. | Albin, tome I, page 44. (n) L’allivato in cafa canta d’ogn'ora ,: eziandio Le: notte, eémpara à fifchiare, e à contra) À Lar gl'altri ucceilr ,. purche gli venga infègnato. Olina, dot rs page 47. {o) Les petits attrapés tout jeunes deviennent du Roffignol de muraïlle. z$< On le nourrit de mie de pain & de la même pâtée que le roflignol; 1l eft encore plus délicat (p). Dans fon état de Ttberté, 1l vit de mouches, d'araignées, de cryfa- lides |, de fourmis & de petites bares où fruits tendres. En Italie, 1l va béqueter les figues; Olina dit qu'on le voit encore dans ce pays en novembre, tandis que; dès le mois d’oétobre, 1l a déjà difparu de nos contrées. Il part quand le rouge-- gorge commence à venir près des habita- tions ; c'eft peut-être ce qui a fait croire: à Arrftote & Pline, que c’étoit [le même oïfeau qut paroïfloit rouge - gorge en hiver & roflignol de muraïlle en été /q).. doux & apprivoifés ; ils gazouillent pendant la nuit aufi-bien que pendantle jour ; ls apprennent même à filer & à imiter d’autres oifeaux. Albin , tome I .. Pro et PAT (p) Et de fait, ceux qu’on #nourrien cage ne fe font trouvés de chant guères moins plaïifans que- les vrais roflignols. Ceux-ci font plus difficiles à élever que les vrais roffignols. Bélon, ubi fupra. (q) Rubecula & que ruticille ( phœnicur: ) appe-- Jantur , invicem, tranfeunt : eflque rubecula kibern: tem-- poris, ruticilla æflivi , nec alio ferè inter fe differunt , nife peëtoris colore & caude. Ariftote, Hif. animal, lib. IX, cap. 49>+— Erithacus hieme , idem Phœeni- 256 Hifloire Naturelle | Dans leur départ, non plus qu'à lu \ retour, les roffignols de muraille ne dé- « mentent point leur inftinét folitaire ; 1ls ne parotilent jamais en. troupes & print | feul à feul (r). | On en connoît quelques variétés, don es uns ne font vraifemblablement que des variètés d'âge, & les autres de climat. Aldrovande fait mention de trois, mais 2 eurus æflate. Pline, Dh. X , cap. 29. — & Que * roffignol de muraïlle n ef point tout un avec la. » rouge-00r0e , leurs pieds nous Île font à favoir.... : joint au qu'ayant tendu l’efté par les forefis, M > en avons prins des uns & des autres, Le roffionof » #» de muraille apparoïft au printems dedans les ; » villes & villages, & fait fes petits dedans les ss 1 >» TUIS, lorfque Ja gorge-rouge s’en eft allée: au bois. » Bélon, Nature des Oifeaux pages 347; 348. (r) Je me promenois cette année au parc, un À jour qu’il y en avoit vraïfembliablement une nom- i Dreufe pañlée, car j’en faifois lever dans les char- milles à tout inftant, & prefque toujours feul à w feuf. Jen approchaï plufieurs affez près pour les | très-bien reconnoître ; e’étoit vers le 15 de fep- . tembre. Cet oïfeau , très-commun à Nantua pendant le printems & lété , quitte apparemment les " montagnes au commencement de automne , aus L fe fixer cependant dans nos plaines, où il eft très- rare dele voir dans une autre faïfon, INote commu- w miquée par M. Ilébert, 4 C1 \s du Roffignol de muraille, 257 a première n’eft que {a femelle ; 1 donne pour la feconde la figure très-imparfaite de Gefner, & ce n’eft que le roffignol de muratlle lui-même défiguré; 1l n’y a que la troïfième qui foitune véritable varrèté ; loifeau porte un long trait blanc fur le devant de la tête; c’eft celui que M. Brif- fon appelle rofgnol de muraille cen- dré (f}) , & que Willäghby & Ray imdr- quent d’après Aldrovande (+). Frifch donne une autre variété de la femelle du roflignol de muraïlle , dans laquelle la poitrine eft marquetée de taches rouf- fes (1), &c'eft de cette variété que Klein fait fa feconde efpèce (x). Le rouge- queue gris d'Édwards (the grey redffart) envoyé de Grbraltar à M. Catefby (y), &e dont M. Briflon fait fa feconde efpèce (7), (f) Ornithol. tome III, page 406. y. Wiüllughby , page 160. Ray, Synopf. page 78, 2 T {u) Table 20. (x) Avi. page 78,n.° 10. (y) Tome 1, planche 26. (x) Ficedula cinerea > fyncipite candido ; penis. g#trure , © collo inferiore nigris ; uropigio rufo; imo rentre Glbo ; reétricibus binis intermedis fufcis, latera= 258 Hifloire Natirele pourroït bien n'être qu'une variété de. climat. La taille de cet oïfeau ef 1a même que celle de notre roffignol de murailles. la plus grande différence confifte en ce. qu'iln’y a point de roux fur la poitrine, & que les bords extérieurs des pennes, moyennes de laïle font blancs. i Encore une variété à peu-près fem<, blable , eft l’oifeau que nous à donné. M. d Orcy, dans lequel la couleur noire. de la gorge s'étend fur la poitrine & les. côtés, au lieu que , dans le roflignol de, muraille commun ,ces mèmes parties {ont roufles ; nous ne favons pas d’où cet. oïfeau a été envoyé à M. d'Orcy, ïl avoit. une tache blanche dans l'aile , dont les! pennes font noïrâtres ; tout le cendré du. deflus du corps eft plus foncé que dans” le roflignol de muraille, & le blanc du. front eft beaucoup moins apparent. De plus, 1l exifte en Amérique une efpèce de roflignol de muraille que dé-. libus rufis fufco LE utrimque extim penitus. | rufa. Raticilla Gibraltarienfis , le roflignol de mu- raïlle de Gibraltar, Br; Ornithol, rome 111 7. PUS ge | 4 du Roffignol de muraille. 259 érit Catefby (a), & que nous larfferons indécife , fans la joindre expreflément à celle d'Europe, moins à caufe des diffe- rences de caractères, que de celle du cli- ‘mat. En effet, Catefby prête au roflignol de muraïlle de Virginie, les mêmes ha- bitudes que nous voyons au nôtre; ïl fréquente , dit-il, les bois les plus cou- verts, & on ne Le voit qu’en été; la tête, le cou, le dos & les atlés, font noïres, excepté une petite tache de roux vif dans larle; Ie roux de la poitrine eft féparé en deux par Île prolongement du gris de Yeftomac ; la pointe de Îa queueeft noire : ces différences font-elles fpécifiques & plus fortes que celles que doit fubir un oifeau fous les influences d’un autre hé- mifphère ? : Au refte, le Charbonnier du Bugey; furvant la notice que nous en donne M. Hébert (2), eft le roflignol de mu- (a) The reds taf, le roffignol de muraille d’A- mérique. Cateshy, Carolin. rome I, page 67. (b) I me femble qu’on peut donner fe nom de queue-rouge , ‘ (roffignok de muraille } à un oïifeau de la groffeur d’une fauvette , qui eft très-commun 260 Hifloire Naturelle raïlle. Nous en dirons autant du cul-rouf° Jet ou cul-rouffét farnou de Provence que nous a fait connoître M. Guys (c). Nous penfons de plus, que loïfeau nommé dans le même pays, fourmeirou & four- | neirou de cheminée ,n'eft également qu'un roflignol de mire : du n#tins l’analo- _gie de mœurs &c d' habitudes, autant que LR reffemblance des caractères nous le font préfumer (d). | ml en Bugey, & qu’on y appelle charbonriter ; on Te voit également dans la ville & fur les rochers ; if niche dans des trous. Chaque année, il s’en trou- voi ün nid au haut d’un pignon de la maïfon que F occupois ; dans un trou très-élevé; pendant que fa femcile couvoit ,[e mâle fe tenoit fort près d’elle fur queïque pointe de pignon , ou fur AU arbre très-élevé, A répétoit fans cefle un ramage affez plaintif, qui n’aque deux variations, fefquelles fe fuccèdent toujours dans le même ordre à intervalle égal. Ces cifeaux ont dans la queue une efpèce de tremblement convulfif ; j’en ai vu quelquefois à Paris aux Tuileries, jamais en Brie, & je n’aï en- tendu leur ramage qu’en Bugey. Note communiquée par M. Hébert, Receveur-général des Fermes a Dijon. (ce) Ce cul-rouflet de Provence ( roflgnol de muraille } eft fort différent du cul-rouflet donné tome IF, page 368 de cette Hiftoire des Oifeaux »: qui eft un bruant du Canada. À {4) Voyez à l'article du traquet. du Rouge-queue, 261 LE ROUGE-QUEUE (a). ÂAnistore parle de trois petits oïfeaux , lefquels furvant l'énergie des noms qu'il leur donne, doivent avoir pour trait le f {a) Pheœnicuri fpecies altera. Gefner, Icon. Avi. page 48 , avec une très-mauvaife figure. — Rozfth- pentzel , idem , Avi. pag. 731, avec une figure auffi défeétueufe. — Phænicuros alter Ornithol, AÏ- drovande , Avi. tom. Il, pag. 743, avec la figure: de Gefner. — Roifchwentzel Gefheri. Willughby , “Ornithol, pag 160.— Ray, Synopf. Avi. pag. 78, n% 0. — Pyrrhulas. Jonfton, Avi. avec la figure empruntée de Gefner, p/. 45. — Rubecula fèu phæ- niculis , idem, ibidem, avec la figure répétée d’AI- drovande. — Phœnicurus rubicilla. Frifch, avec une bonne figure, rab. 20.— Phænicurus. Linnæus, Syf. , Nar. ed, VI, G. 82, Sp. 12. — Motacilla dorfo remigioufque cinereis , abdomine re&ricibufque rufis : extimis duabus cinereis. Erithacus. 1dem , ed, X, G. 99, Sp. 22. — Motacilla remigibus cinereis ; re&ricibus rubris; “intermediis duabus cinereis , idem. Fauna Suecica, n.° 225.—Sylria pulâ grifeä | caudà totà rubra. Klein, Avi. pag. 78, n.° 4. — Ficeduk fu- pernè prifea, infernè cinereo alba, rufefcente admixto : uropygio reétricibufque rufis. Phœnicurus , le rouges queue. Briffon, Ornithol, tome II, pag. 409, 262 Hifloire Naturelle plus marqué dans leur plumage du rouge- fauve ou roux de feux. Ces trois oïfeaux font phænicuros que Gazatraduit ruticilla ; erithacos qu'il rend par rubecula (b); enfin pyrrhulas qu'il nomme rubicilla (cs nous croyons pouvoir aflurer que Îe pre- mier eft le roflignol de muraille, & le fecond le rouge-gorge : en effet, ce que dit Ariftote que le premier vient pendant l'été près des habitations, & en difparoît à l'automne quand le fecond s’en appro- che (d), ne peut, entre tous les orfeaux qui ont du rouge ou du roux dans le plu- mage, ConVenir qu'au rouge-porge & aw roffignol de muraïlle, mais 1l eft plus dificile de reconnoitre le pyrrhulas ou rubicilla. Ces noms ont été appliqués au bou- vreurl par tous les Nomenclateurs : on peut le voir à l'article de cet oïfeau où l’on rapporte leurs opinions fans les dif- cuter, parce que cette difcuffion ne pou- ES | ES « ® ECS ARE D PAM à ve FER he .(b) Arifiote, Hif.. Animal. Mb. IX, cap. 49. ( [dem Uib: VIIL, cap. 2, # j OM 2 mu S Mad PSG roule fe fŸ [MI 0" / T2 2 Ë 411 1173 ; ; nm ).. FOYEXZ Ch GCPQRE à ASAOITE GK FOI di Rouge-queue. 263 voit commodément fe placer qu'ici; mais il nous paroiït plus que probable que le pyrrhulas d’Artote ,le rubicilla de Théo- dore Gaza, loin d’être le bouvreuil eft d’un genre tout différent. Ariftote fait en cet endroit un dénombrement des petits oifeaux à bec fin, qui ne vivent que d’in- feétes, ou qui du moins en vivent prin- cipalement; tels font, dit-il, le cygalis , (le bec-figue), Île melancoryphos (e), (2) Je fais que Bélon & plufieurs Naturaliftes après luf, ont appliqué auffi au bouvreuil le nom de melancoryphos ; &je fuis convaineu encore que ce nom lui eft mal appliqué. Ariftote parle en deux endroits du melancoryphos , & dans ces deux en- droits de deux oïifeaux différens, dont aucun ne peut être le bouvreuil; premièrement dans le paf- fage que nous examinons, par toutes les raifons qui prouvent qu’il ne peut pas être le pyrrhulas : le. fecond pañlage où Ariftote nomme le melancoryphos, que Gaza traduit atricapilla, eft au livre IX, cha- pr 15; & c’eift celui que Bélon applique au bouvreuil { Nature des Oifeaux, page 359.) ; mais il eft clair que latricapilla qui pond vingt œufs, qui miçhe dans les trous d'arbres, & fè nourrit d'infeêtes. CAriftote, loco citato ) n’eft point le bouvreuil, & ne peut être que la petite méfange à téte noire ou nonnette , {out comme Patricapilla qui fe frouve pour accompagner le rouge-corse, le TOM \ 264 Hiftoire Naturelle (la fauvette à tête noire) le pyrrhulas ; l'erithacos , l'hypolaïs (la fauvette babïl- Hrde) &c.(f); or je demande fi l’on peut ranger le bouvreuïl au nombre de ces oïfeaux à bec efhlé , & qui ne vivent en tout ou en grande partie que d’imfec- tes ? Cet oïfeau eft au contraire un des plus décidément granivores; il s’abftient de ‘toucher aux infectes dans la faifon où la plupart des autres en font leur pâture ; & paroît aufli éloigné de cet appetit par fon inftinct, qu'il left par la forme de fon bec, diftérente de celle de tous les oïfeaux en qui l’on remarquece genre de gnol de muraille & le bec-figue , ne peut être que la fauvette à tête noire. Cette petite difcufiien nous a paru d’autant plus néceffaire, que Bélon eft de tous les Naturalifies celui qui a rapporté générale ment avec plus de fagacité les dénominations an- ciennes aux efpèces connues des modernes ; & que, d’un autre côté, la nomenclature du bouvreuil eft une de celles qui font demeurées remplies de plus d’obfcurité & de méprifes ; { voyez l’hiflire du bec-figue) & qui jetoient Île plus d’embarras fur ceile de plufieurs autres oïfeaux, & en particulier du rouge- queue. ff) He * rolioua id genus , vermiculis partim ex : toto, mat mou cv parte aluntur, Lib, VIII, Vies du Rouge-queue. 26$ vie. On ne peut fuppofer qu'Ariftote ait ignoré cette différence dans la manière de fe nourrir, puifque c'eft fur cette drifé- rence même qu'il fe fonde en cet endroit; par conféquent ce n'eft pas le bouvreutl qu'il a voulu défigner par le nom de pyrrhulas. Quel eft donc l'oifeau , placé entre le rouge-gorge & la fauvette, autre fi moins rs Le rofignot de muraille , au- quel pur! fent convenir à-la-fois ces carac- tères, d’être à bec effilé, de vivre princi- palement d'infeétes, & d’avoir quelque partie remarquable du plumage d'un roux de feu ou rouge fauve : ? je ne vois que celur qu'on a nommé rouge-queue , qui habite les bois avec le rouge-gorge, qui vit ie imfeétes comme lui pendant tout Tlété, & part en mème-tems à Pautomne. Wuoton (g) s'eft apperçu que le pyrrhu- las doit être une efpèce de rouge-queuc, (g) Apud Gefnerum , pag. 701. Pyrrhulas eadem pidetur que phœænicurus : quamquan Th eodorus rubicil- lim interpretetur, ft cui fecis videatur | non contendo. Wuothonus. Oifeaux , Tome IX. M 266 Hifloire Naturelle Jonfton paroît fatre lamême remarque (); mais le premier fe trompe, en difant que cet oïfeau eft le même que le roflignol de muraille, puifqu'Ariftote le diftingue très-nettement dans La même phralfe. Le rouge-queue eft en effet très-diffé- rent du roffignol de muraïlle: Aldrovande & Gefner l'ont bien connu en l'en fépa- rant (2). Le rouge-queue eft plus grand, 1} ne s'approche pas des marfons , & ne : niche pas dans les murs, mais dans Îles bois & buiflons comme les bec-figues & les fauvettes ; 1l a la queue d’un roux de feu clair & vif; le refte de fon plumage eft compofé de gris fur tout le manteau, plus foncé & frangé de rouffitre dans les pennes de l'aile, & de gris-blanc mêlé confufément de rouflitre fur tout le de- vant du corps; lecroupion eft roux comme la queue; 1l y en a qui ont un beau coi- lier noir & dans tout le plumage des cou leurs plus vives & plus varices. M. Ba fon en a fait une {econde efpèce (#); (h) Pyrrulas Jonfton, Avi pl 45. (:) Gefner fui donne le nom caractériftique de rotfthwentzel. Aldrovande en fait un fecond rouge- du Rouge-queue. 267 mais nous croyons que ceux-ci font les mâles; quelques Orfeleurs très-expérimen- tés nous l'ont afluré. M. Brifon dit que le rouge-queue à collier fe frouve en Alle: magne ; COMME $ ‘rl étoit particulter à cette contrée ; tandis que par-tout où l'on ren- CASE Je rouge-queue gris, On voit éga- lement des rouge-queues à collier ; de plus, ïl ne le dit que fur une méprite, car la figure qu'il cite de Frifch, comme celle du rouge-queue à collier (4 ),neft dans cet Auteur que celle de la femelle queue (le roffignol de muraïlle eft le premier) fous le nom de phœnicurus alter, & tous deux le décri- vent de manière à le diftinguer clairement du roffi- gnol de murailie. Gefner , Avis page 709. Aldro. vande, tome 11 > page 748. (k) Ficedula fupernè js infernè fordidè alba, maculis fufèis in peftore € lateribns para; Coll ü= feriore maoulà fu/cà ferri equint æmula, infignito ; uropy 210 rufo ; Aer buis areas fufcis , la- teralibus in exortu rufis, in apice fuftis. Phænicurus torquatus , le rouge-queue à coilier. Briffôn, tom. II, page 411. (1) Plœnicurus inferiore parte caudæ nigra. Rot{ch- wertzlein. Frifch, Der. 11, haupt. 15, ‘abtheil 11» plate. fig. 2: M ji; 268 Hifloire Naturelle de loifeau que nous appelons gorge bleue (mm). Nous regarderons doncle rouge-queue à collier comme le mâle, & le rouge- queue gris comme la femelle; tls ont tous deux la queue rouge de même; maïs, outre Le collier, le mâle a le plumage plus foncé ; gris-brun fur le dos, & gris tacheté de brun fur la poitrine & Les flancs. Ces otfeaux préfèrent Les pays de mon- tagne, & ne paroï{lent guère en plaïne qu'au paflage d'automne (n); ïls arrivent au MOIS de mal en Bourgogne & en Lor- raie, & fe hâtent d'entrer dans les bois, où ils paflent toute la belle faïfon ; ils _nichent dans de petits burfions, près de (m) Das zweite rotfchwentzlein hat einem halb féhwartzen , fchwantz von untem an , and ifl das sveiblein des Elankchleins. Frifch , tbid. à (n) J’ai fouvent vu en Brie , en automne, un oifeau qui avoit également Îa queue fort roue", mais diférent de celui-ci Cle roffignol de muraille); j’avois cru que c’étoit le même que le charbonnier de Nantua dans la premiére année. Prefque tous les oïfeaux changent de couleur à Ja première mue, & tous les oïfeaux, qui fe nourrilient d’infectes, font fujets à des migrations en automne. Note com- muniquée par M, Hébert. du Rouge-queue, 269 terré ; & font leur nid de moufleer-de- hors, de lainé & de plumes en-dedans; ce nid eft de forme fphérique ; avec une ouverture au côté du devant , le plus à Tabri des mauvais vents; on y trouve cinq à fix œufs blancs ; vartés de gris. * Les rouge-queues fortent du bois Ie matin, y rentrent pendant la chaleur du jour & paroïflent de ‘nouveau fur le foir dans les champs voïfhns ; 1ls y cherchent les vermifleaux & Îles mouches; ils ren- trent dans le boïs Îa nuit. Par ces allures & par pluñeurs traits de reflemblance, xls nous parorflerit ApPaQnE au genre du | roffignol de muraïlle, Le rouge-queue n’a néanmoins ni chant ni ramage, ilnefait en- tendre qu'un petit fon flüûté, féir, en alon- geant & filant très-doux la première fyl- 44be: 1 eff ên général aflez filencieux & fort tranquille (0); s'il y a une branche (o) Un rouge-queue pris en automne, & lâché dans un appartement, ne fit pas entendre le moin- dre cri, volant, maïchant où en repos. Enfermé dans fa même cage avecune fauvette, celle-ci s’é- lançoit à tout inftant contre les barreaux ; le rouge queue non-feulement ne s’élançoit pas, mais ref toit immobile des heures entières au même €n- M 13 270 Hifloire Naturelle Holée qui fort d’un buïflon où qui tra- verfe un fentier, c’eft-là qu'il fe pofe en - donnant à fa queue une petite fecoufle comme le roffignol de muraïlle. | Il vient à la pipée , mais fans y accou- rir avec la vivacité & l’intérèt des autres otfeaux , 11 ne femble que fuivre la foule; on le prend auffi aux fontaines fur la fin de lété; 1l eft alors très-pras & d’un goût délicat ; fon vol eft court & ne s'étend que de burffon en burflon. Ces orfeaux partent au mois d'Oétobre, on les voit alors fe fuivre le long des haïes pendant quelques jours, après lefquels ïl n’en refte aucun dans nos provinces de France. droit, où la fauvette retomboit fur lui à chaque faut, & ïl fe laiffa aïinfi fouler pendant tout le tems que .vécut la fauvette, c’eft-à-dire, pendant trente-fix heures, j Le me Rouge-queue, 271 LE ROUGE-QUEUE DR LAICUVANE 4 Novs AVONS REGÇU de Cayenne un Rouge. queue , qui eft repréfenté dansles planches enluminées, n.° 686, fig. 2;1lales pennes de l’arle du même roux que celles de La queue ; le dos gris & le ventre blanc: On ne noûs a rien appris de fes habi- tudes naturelles ; mais on ne peut les croire à peu-près femblables à celles du rouge-queue d'Europe, dont celui de Cayenne paroît être. une efpèce voifine. » 4 M 1v 272 Hifloire Naturelle om mm LE BÉC-FIGUE (a Cr orsAu qui, comme l'ortolan, fait les délices de nos tables , n’eft pas aufii ee * Voyez les planches enluminées, n.° 668, fiz. 1. (a) Ficedula. Aldrovande , Avi. tom. I], page 758 , avec des figures peu reconnoiïffables du mâle, page 753, de la femelle, page 755. — Gefner. Avi. page 384, idem. Icon. Avi. page 47. — Jonfton. Avi. avec une figure, p/ 33, empruntée d’Olina- — Charleton. Exercit. page 88 , n.° 9, avec une figure défectueufe, page 80. Idem. Onomaf}. page 80, n.° 9 ,avecla même figure, page 82.—Rzaczynski, Hif. Nat. Polom page 280. — Ficedula guarta Aldro- vandi Willughby. Ornith. pag. 163. — Ray , Synopf. page 81, ne 12. — Curruca fufca , elbâ maculà in alis. Frifch , avec une figure exacte du mâle, pl. 20, — Ficedula quarta. Linnæus, Syf} Nat. ed. VI, G. 82, Sp. 18, cdem. — Motacilla [ub fufca, [ub- tus alba ; peëore carereo maculato. Fauna Suecica , n.” 291. — Sylvia re&ricibus alaium maculé albà. Klein, Ari. page 79 , n.° 13. — Becafico ordinario- Oïina , page 11. Sa figure a tout Pair d’une petite fauvette , ou même, fi elle eft de grandeur natu- relle, du pouliot-ou chantre , & point du tout du bec-figue. — Ficedula rofèro € pedibus luteis. Barrère, Ornithol. cha. 3 , Gen. 18, Sp. 1. Ficedula fu- pernè grifeo fufa ; infernè cirereo - alba; ventre & _ duBec-figue. 273 beau qu'il eft bon; tout fon plumage eft de couleur obfcure; le gris, le brun & le Blanchîitre en font toutes les nuances, auxquelles le noirâtre des pennes de Îa queue & de l'aile {e joint fans les rele- ver ; une tache blanche, qui coupe Faïle tranfverfalement, eft Le trart le plus appa- rent de fes couleurs , & c’eft celui que la plupart des Naturaliftes ont faifi pour le caractérifer (b) ; le dos eft d’un gris- oculorum ambitu albo-rufeftentibus ; tæni& in alis tranf- verfä alba-rufefcente ; reéricibus nigricantibus, oris exte- rioribus grifèo-fuftis, binis utrimque extimis exteriès ab éxortu ferè ad apicem albis. Ficedula , le bec-figue. Briflon, Ornithol. tom. 111, page 369- . Les Grecs l’appellent Zvxanic ; [es Italiens, Becca- fico; & aux environs du Lac-majeur ;. ficca - figa 3, les Catalans, becca-fioua ; papañiso ; les Allemands, grafr-mach, fuivant Gefner; & wafline , felon Rzaczynski ; les Polonois, /coadka. Bélon , en conféquence de Perreur qui lui fait appliquer ax bouvyreuil ou à fon piroine (Nature des Oïfeaux , page 359 ), le nom Italien de éeccafigi , lui donne de même ceux de cicalis & de ficedula, qui ap- partiennent au bec-figue. (b) Curruca fufca, albâ macul& in alis. Krifch.. Sylvia rebtrisibus alarum macul@ albâ Klein, Fice- dula. . ... teni@ in alis tranfberfa. Briflon , Alarum remiges I Mare nigræ, Cum quibufdam intercurrentiôus albis+ Aldrovande. M v 274 Hifloire Naturelle brun qui commence fur le haut de la tête & s'étend fur le croupion ; la gorge ef blanchître ; la poitrine légèrement teinte de brun, & le ventre blanc ainfi que les _barbes extérieures des deux premières pennes de Îa queue; le bec long de fix lignes eft efhlé. L’oifeau à fept pouces de vol, & fa longueur totale eft de cing ; la femelle à toutes les couleurs plus trif- tes & plus pâles que le mâle (c). Ces. oïfeaux, dont le véritable climat eft celui du Midi, femblent ne venir dans le nôtre, que pour attendre la maturité des fruits fucculens dont ïls portent le ñom ; ris arrivent plus tard au printems, &c ils partent avant Îes premiers froids d'automne. Ils parcourent néanmoins une grande étendue dans les terres feptentrio- nales en été, car on les a trouvés en An- gleterre (d), en Allemagne (e), en Pologne (f), & jufqu'en Suède (2); ils {c) Fæmina penè tota albicat. Aldrovande , some 11, page 758. {d) Wiüllughby. fe) Klein. “(f) Rzaczynsky. (g) Linnæus. du B ec-figue, 275$ réviennent dans l'automne en Italre & en Grèce, & probablement vont pafler Fhi- ver dans des contrées encore plus chaudes. Ils femblent-changer de mœurs en chan- geant de climat, car ils arrivent en trou- pes aux contrées méridionales, & font au contraire toujours difperfés pendant leur féjour dans nos climats tempérés; 1ls y habitent les bois, fe nourrifient d’infec- tes, & vivent dans la folitude ou plutôt dans la douce fociété de {eur femelle ; leurs nids font fi bien cachés qu’on a beau- coup de peine à les découvrir ( A); le mâle dans cette faifon fe tient au fom- on (4) « Le bec-figue niche dans nos forêts, & à juger par l’analogie, dans des trous d’arbres & à une grande diftance de terre, comme les gobe- « mouches à collier ; c’eft la raifon pourquoi on « les découvre très-difficilement. En 1767 ou 1768, 6 ayant vu & oui chanter un de ces oïifeaux, qui és fe tenoit perché à l'extrémité d’un arbre fort « élevé, je le fuivis avec giande attention, & j’y «6 revins à plufieurs fois fans pouvoir trouver ce « md, quoique toujours je retrouvafñle f’oifeau ; il us avoit un petit gazoulitis à-peu-près comme le ce motteux , & fort peu agréable ; 1} fe perchoit ex- « trêmement haut, & n’approchoit guères de terre, «s Note communiquée par M Lottinger- M v; 276 Hifioire Naturelle met de quelque grand arbre, d’où fl fait entendre un petit gizoutllement peu agréable & aflez femblable à celur du motteux. Les bec-figues arrivent en Lor- raine en avril , & en partent au mois d'août, même quelquefois plutot (z:). On leur donne dans cette province Îles noms de rnûriers & de petits pincons des bois j ce qui n’a pas peu contribué à les faire méconnoître ; en même-tems on 2 appliqué le nom de bec-figue à la petite alouette des prés, dont l’efpèce eft très- différente de celle du becfigue; & ce ne font pas-là les feules méprifes qu’on ait faites fur ce nom. De ce que 1e beuvreuil peroit friand des figues en Italie, Bélon dit qu'il eft appele par les Italrens hecca- figi (À), lui-même le prend pour le vrai bec-figue dont parle Martial; mars le bou- vreuil cft auffi différent du bec-figue par le goût de fa chair qui n’a rien que d’a- men, que par le bec, les couleurs & Îe refte de Ia figure. Dans nos provinces méridionales & en Italie, on appelle con- {i) Note communiquée par M. Lottinger. {k) Nature des Oifeaux, page 361. _ du Bec-figue, 277 fufément bec-figue, toutes Îes différentes efpèces de fauvettes , & prefque tous Îles petits oïfeaux à bec menu & efhlé (/) ; cependant le vrai bec-figue y eft bien connu, & on le diftingue par-tout à la délicatefle de fon goût. Martial, qui demande pourquoi ce pe- tit orfeau qui béquete également les rar- fins & Îes figues ,; à pris de ce dernier fruit fon nom, plutôt que du premier (m), eût adopté celur qu’on lui donne en Bour- gogne, où nous l'appelons yéinette, parce qu'il fréquente les vignes & fe nourrit de rarfins ; cependant avec les figues & les raïfins on lui voit encore manger des in- fectes , & la graine de mercuriale. On peut exprimer fon petit ert par bzé, bi; il vole par élans, marche & ne faute point , court par terre dans les vignes. fe relève fur les ceps & fur les haïes des enclos. Quoïrque ces oïfeaux ne Îe met- tent en route que vers Le mois d'août, (1) Ornithol. de Salerne, page 237. {m) Cüm me ficus alat ; cùm paftar dulcibus uvis , Cur potiùs nomen non. dedit uya mi? . Martial. 378 Hifloire Naturelle & ne paroïflent en troupes qu'alors dans la plupart de nos provinces , cependant on en à vu au milieu de l'été en Brie, où quelques-uns font apparemment leurs nids (72); dans leur paflage, 1ls vont par petits pelotons de cinq ou fix; on Îles prend äu lacet ou au filet, au miroir en Bourgogne & le long du Rhône, où ils pañlent fur la fin d'août & en feptembre. C’eften Provence qu’ils portent à jufte titre le nom de bec-figue ; on Îes voit fans cefle fur les figuiers , béquetant les fruits Les plus mûrs; ris ne les quittent que pour chercher l'ombre à l'abri des buif- fons & de la charmille touflue ; on les prend en grand nombre dans le mois de feptembre en Provence & dans plufieurs iles de la Méditerranée, fur-tout à Malte, où 1ls font alors en prodigieufe quantité, & où l’on a remarqué qu'ils font en beau- coup plus grand nombre à leur paflage d'automne qu'à Îeur retour au prin- tems (o):1l en eft de même en Chy- © (n) Note communiquée par M. Hébert. (0) M. ke Chevalier de Mazy. du Bec-figue. 279 pre, où l’on en faifoit autrefois com- merce : on les envoyoit à Venife dans des potsremplis de vinaigre & d'herbes odori- férantes (p) ; Iorfque l'ile de Chypre ap- partenoït aux Vénitiens , ïls en tiroreñt tous Les ans mille ou douze cens pots rem- plis de ce petit gibier (q), & l’on con- noïfloit généralement en Îtalielebec-figue {ous le nom d’oifeau de Chypre , (Cy- Prias , uccelli di Cypro); nom qui jui fut donné juiqu'en Angleterre , au rapport de Willughby (r). II y a long-tems que cet oïfeau ex- cellent à manger eft fameux; Apicrus nom- me plus d'une fois le bec-figue avec Îa petite grive, comme deux oïfeaux égale- (p}) Voyage de Pietro della Valle, tome VITT, page 153- li ejoute que , cans quelques endroïts, comme à ÆAgia nappa, ceux qui mangent des béc- figues s’en trouvent quelquefois Imcommodés , à caufe de la fcamonée qu’ils béquetent dans Îles environs ; ils mangent aufff dans ces iles de PAr- chipel les fruits du lentifque. _ (g) Dapper. Défcription des iles de lArchipel , page 51. ; (r) Cyp rus-bird. Willughby , page 163» 280 Hifloire Naturelle ment exquis. Euftathe & Athénée parlent de la chafle des bec-figues (f°), & Héfy- chius donne le nem de filet avec lequel on prenoit ces orfeaux dans fa Grèce: à a vérité rien n’eft plus délicat, plus fin, plus fucculent que le bec-figue mangé dans la fafon; c’eft un petit peloton d’une graifle légère & favoureule, fondante , atfée à digérer; c’eft un extrait du fuc des excellens fruits dont 1l vit. rt … Au refte, nous ne connoïflons qu’une feule efpèce de bec-figue (+), quoique l'on ait donné ce nom à plufeurs autres. Mais fi lon voulort nommer bec-fioue tout oïfeau que l’on voit dans la farfon béqueter les figues, les fauvettes & pref- {[) Apud Gefner, page 384- _(:) Aldrovande donne (tome 11, page 759), deux figures du bec-figue ; dont la feconde, felon lui-même, ne préfente qu’une variété de la pre- mière , peut-être même accidentelle , & qu’on pourrait, dit-il, appeler &ec-figue varié ; le blanc € le noir étant mêlés dans tout fon plumage , comme la gure l’indique ; mais cette figure ne montre que le bianc de Paile un peu plus large, & du bianc fur le devant du cou & la poitrine, ce qui ne conftitue en effet qu’une variété purement individuelle. du Bec-figue. * 281 -que tous les oïfeaux à bec fin, plufeurs même d'entre ceux à bec fort ferotent de ce nombre; c’eft le fens du proverbe Ita- Lien, nel mefe d’agoflo ogni uccello à bec- cafico ; mais ce dire populaire, très-;ufte pour exprimer la délicateile de fuc qüe donne Ia chair de la figue à tous ces petits orfeaux qui s’en nourrifient, ne doit pas {ervir à clafler enfemble , fur une fimple manière de vivre pañlagère & 1ocale, des efpèces très-diftinctes & très-déterminées d'atlleurs; ce feroit introduire la plus grande confufion , dans laquelle néan- moins font tombés quelques Naturaliftes. Le bec-figue de chanvre d'Olina ( becca- fico canapino) , n’eft point un bec-figue, mais la fauvette babillarde. La grande fauvette elle-même, fuivant Ray , s’ap- pelle en Italie beccafigo. Bélon applique également à la fauvette rouflette Ie nom de beccafigha ; & nous venons de voir qu'il fe trompe encore plus en appelant bec-figue fon bouvreuil ou piyoine , au- quel en conféquence de cette erreur , ïl applique les noms de cycalis & de fice- dula qui appartiennent au bec-figue. En 282 Hifloire Naturelle Provence, on confond fous le nom de bec- figue plufeurs oïfeaux différens. M. Guys nous en a envoyé deux entr'autres, que nous ne plaçons à li fuite du bec-figue en a pr eh nt étrangers. du Fifide Provence, 28 3 LE FIST DE PROrENCE: Le Frsr, ainfi nommé d’après fon cri, & qui nous a été envoyé de Provence comme une efpèce de bec-figue, en eft tout différent & fe rapporte de beaucoup plus prés à l’alouette, tant par la grandeur que par le plumage; 1l n’en diffère eflen- tiellement que parce qu'il n’a pas l’ongle de derrière long. IlLeft repréfenté dans nos planches enluminées | n.° 654, fig 2. Son cri eft ff, ff; il ne s'envole pas lorfqu'il entend du bruit, maïs il court fe tapir à l'abri d’une pierre iufqu'à ce que le bruit cefle , ce qui fuppofe qu'il fe tient ordinairement à terre, habitude contraire à celle du bec-figue. ZAN | 284 Hifloire Naturelle LA PIVOTE ORTOLANE* | La PiyOTE ORTOLANE , autre oïfeau | de Provence, n'eft pas plus un bec-figue | que le fift, quorqu'il en porte aufli le nom dans Îe pays. Cet orleau eft fidèle compagnon. des ortolans , & fe trouve toujours à leur-fuite, 11 reflemble beau- coup à l’alouette des prés, excepté qu'il n'a pas l'ongle long & qu'il eft plus grand. Il eft donc encore fort différent du bec-figue. … * Voyez les planches enluminées, n.° 652, fig. * du Rouge-g0 ré 285% *LE ROUGE-GORGE (a), Ce ver OISEAU pale tout l'été dans hos bois, & ne vient à l’entour des ha- 181240 qu'à fon départ en automne & * Voyez les planches enfuminées, ».° 361, fig. 14 (a) En Grec, Ep %o ; en Latin moderne fi rubecula ; en Italien, pettiroffo, pettuffo , pechietto ; . en Portugais, pitiroxo ; en aan > pita roity ; en Suédois, rot-gel ; en Anglois , red-breafl , robin-red , breaft , ruddock : en Allemand , roth-breufllin , wall: roetele , rot-l Enpf, rot-brufile , winter-roetelè ; roth- Kehlein; en Saxon, rot-Kelchyn , rott-Kachlichen; en Polonoiïs , gi! ; en Hilyrien, cyier-wenka, zer-wenka, . On Pappelle en Bourgogne, bofète, nom qui vient probablement de boféote, oifeaux des bois; en An- jou, rubiette ; dans le Maine , rubienre ; en Auver- gne, jaunar ; en Saintonge , ruffé ; ea Normandie, berie ; en Sologne & en Purou , ruche ; en Picar- die, frilleufe ( (fuivant M. Salerne ); aïlleursroupies és pour ce; dit Bélon , qu'on Le voit venir aux villes & villages , lorfque les roupies pendent au nez.» Rubecula. Frifch, avec une bonne figure, tab. 109. — Jonfton, Avi. page 87, avec la figure emprun- tée d'Olina, planche 43° — Sibbalde , Scot: fr. part. IL, lib. 111, page 18. — Schwenckfeld, 4. Silef: page 345. — Rubecula, erithacus, Charleton : 286 Hifloire Naturelle à fon retour au printems; mais, dans ce dernier pañlage , 1l ne fait que paroitre, | & fe hâte d'entrer dans les forèts pour y ! gs, Exercit. page 79, n-° 8. idem. Onomafl. page 91, n.° 8.— Rubecula , vel erithacus. Gefner, Ai. page 729 ; avec une très-mauvaile figure, page 130. — Rübeeula five erithacus Aldrovandi. Wiughby , Oinithol. page 160. Ray ; Synopf. Ari. page 78, n.” a, 3. — Rubecula Schwenckfeldii ; erithacus , raticilla gage; Sylvia. Rzaczynski, AuSuar. Hifi. Nat. Polon. page 418: — Erithacus. Linnæus, Syf£. Nat. ed. VI,G. 82, Sp. 13. — Motacilla grifeas À . gulà peëtoreque fulvis. Fauna Suec. n.° 226. — Eritha- cus , five rubecula. Aldrovande, Avi. tome. II, pag- 741, avec une figure méconnoiffable, page 742. — Erithacus Arifloteli, rubecula gaze. Gefner, Icon. Avi page 4% , avec une trè:-mauvaife figure, — Erithacus ; phœnicurus Plinio ; rubrica Gefiero ; rube- cula & ruticilla gaxe; fylvia aüiis. Rzaczynskï, Hif. Nat. Polon. page 279. — Sylvia fylvatica, Klein, AY. 775 Me 1e — J'icedula fulva, peëtore rubro. arrèr Tri OLe Cia . , 3 e e L , Barrère, Ornithol. claff. 111, Gen. 18, S8 — Pettiroffo. Olina, Uccelleria , pag. 16, avec une figure affez bonne. — Rouge-gorge où rouge-bourfe. in , éome Î , avec une figure mal coloriée, pl. 61. Albin , some 1 fig Icoloriée, pl. 51 — Gorge-rouge ou rubeline, Bélon , Hifi. Nat. des > Fe) Oifraux, page 348 , avec une mauvaife figure. page 349, idem. — Portrait d'Oifesux , page 88 , a Gorge-reuge, rubeline , oocrille, roupie ; Cerée, rouge- bourfe , avec la même figure, idem. Obferv pag. 16. Rubeline , live rouge-aorge ; Rubecula latinis, — Fjce= 85018 » | du Rouge-gorge. 2187 retrouver , fous le feuillage qui vient de naître, fa folitude & fes amours. Il place fon nid près de terre fur les racines des jeunes arbres, ou fur des herbes aflez -fortes pour le foutenir ; 11 le conftruit de moufle entre-mêiée de crin & de feuriles de chène, avec un Îit de plumes au- dedans ; fouvent, dit Wiilughby, après l'avoir conftruit , 1l le-comble de feuilles accumulées , ne laïflant fous cet amas qu'une entrée étroite oblique, qu'il bouche encore d’une feuïlle en fortant ; on trouve ordinairement dans le nid du. rouge-porge cinq & juiqu'à fept œufs de couleur brune ; pendant tout le tems des nichées, le mâle fait retentir les bois d'un chant léger & tendre; c’eft un ra- mage fuave & délié, animé par quelques modulations plus éclatantes , & coupé par des accens gracieux &c touchans, qui dula fupernè grifeo-fufca, ad ohvaceum inclinans ; fyncipite | oculorum æmbitu , gutture , colo inferiore, & peëtore fupremo rrfis ; veutre albo ; remigibus minoribus maculà rufefcente terminatis ; teétricibus grifto- fufte olvaceis , lateralibus interits griféo-fufeis. Rubecula. Brilons tome 111, page 41ûe 288 Hifloire N bruïelle dnbléntiStre-les expreffions des des de l'amour; la douce fociété de fa femelle, non-feulementle s remplit en entier, mais femble même lui rendre importune toute autre compagnie ; 1 pourfuit avec viva- cité tous les oifeaux de fon efpèce, & les éloigne du petit canton qu'il s'ef choïli ; jamais le mème bufion ne Togea deux paires de ces oifeaux aufli fidèles aw’a- moureux (b). ide rouge- gorge cherche l'ombrage épais & Les endroits humides; il fe nourrit dans le printems de vermrfieaux & d'in- -fectes qu'il chafle avec adrefle & légè- reté; on le voit voltiger comme un pa- pilon autour d'une feuille fur laquelle il aperçoit une mouche : à terre, 1l s'élance par petits fauts & fond fur ñ proie en battant des ailes. Dans l'automne, 11 mange auffi des fruits de ronces, des raïfns à fon paflage dans les vign es, & des aires dans les bois, ce qui le fait donner aux pièges tendus pour Îles grives qu'on amorce de ces petits fruits fauvages ; 1 va fouyent aux fontaines , foit pour s’y go AE, (b) Unum œéuflum non alt duos erithaces. baigner du Rouge-gorge. 289 baigner, foit pour boire, & plus fouvent dans l'automne, parce qu'il eft alors plus ras qu’en aucune autre faïfon, & qu'il a plus befoin de rafr:ichiflement. Il n’eft pas d'otfeau plus matinal que celui-ci. Le rouge-gorge eft le premier. éveillé dans les bois, & fe fit entendre dès l'aube du jour; 1l eft auf Le dernier qu'on y entende & qu'on y voie voltiger le {oir; fouvent 1 fe prend dans les tendues, qu'à peine refte-t-1l encore aflez de jour pour le ramañler ; 1l eft peu dé- fiant , facile à émouvoir, & fon inquié- tude ou fa curiofité fait qu’il donne aïfé- ment dans tous les piéges (c) ; c’eft tou- jours le premier oifeau qu'on prend à Ia pipée ; la voix feule des pipeurs ou le ent rs Re + 0e eee ee STATE TS Senseo (e) De tous les oifeaux, qui vivent dans l’état de liberté, le rouge-gorse eft peut-être celui qui eft le moins fauvage ; if fe faille fouvent arorocher de fi près, que l’on croiroit pouvoir le prendre avec la maïn ; mais, dès qu’on en eft à portée, il va fe pofer plus loin , ou il fe faiffe encore aporo- cher, pour s’éloigner enfuite de même. li femble auffi fe plaire quelquefois à faire compäonie aux voyageurs qui pañlent dans les forêts , on le voit ‘fouvent les précédér ou les fuivre pendant un aflez long tems. Note communiquée par Le fieur Trécourt, Oifeaux Tome IX, 290 Hifloire Naturelle ] bruit qu'ils font en taillant les branches! Vattire, & 1l vient derrière eux fe prendre à a fauterelle ou au gluau prefqu'aufitôt qu'on Fa polé; 1l répond également à V'appeau de la chouette & am fon d’une feuille de lière percée (d); 1 fufit même d'imiter , en fuçant le doigt, fon petit cri up , uip, où de farre crier quelque Oiieau pour mettre En mouvement tous les rouge-sorges des environs : 1ls vien« nent , en faifant entendre de loin leur cri, rit, tiritit, tirititit d'un timbre {o- nore, qui n’eft point leur chant modulé, mais celui qu'ils font le matin & Ie foir, & dans toute occafion où ils font émus par quelque objet nouveau ; ïls voltigent avec agitation dans toute la pipée jufqu'à ce qu'ils foient arrêtés par les gluaux fur quelques-unes des avenues ou per- chées, qu’on 2 tarilées bafles.exprès pour {es mettre à portée de leur vol ordinarre, qui ne s'élève guère au-deflus de quatre ou cinq pieds de terre ; mais s’il en eft un qui s'échappe du gluau, il fait enten- dre un troifième petit cri d'alarme, (é) Ce que les pipeurs appellent frodes. du Rouge-gorpe, 291 T1, -1, auquel tous ceux qui s'appro- chotïent furent; on Îles prend aufli à Ia rive du boïs fur des perches garnies de hcets ou de gluaux, mais Les rejets ow fauterelles fourniflent une chafie plus füre & plus abondante ; il n'’eft pas même befoin d’amorcer ces petits pièges, il fufht de les tendre au bord des clarières ou dans le milieu des fentiers , & le malheureux petit oifeau , poullé par fa Curiofité , va s’y jeter de lui-même. Par-tout où 1l y a des bois d’une grande ctendue, l’on trouve des rouge-porges en grande quantité , & c’eft fur-tout en Bourgogne & en Lorraine que {e font les plus grandes chañles de ces petits oj- feaux excellens à manger; on en prend. beaucoup aux environs des petites villes de Bourmont, Mirecourt & N cufchiteau; on les envoie de Nanci à Paris. Cette province fort garnie de bois & 2bon- dante en fources d'eaux vives, nourrit une tiés-grande variété d'oifeaux ; de plus, {a fituation entre l'Ardenne d’un côté ÿ & les forêts du Suntgau , qui joïgnent le Jura de l'autre, la met précifément dans [4 292 Hifioire Naturelle la grande route de leurs migrations ; & c'eft par cette raïfon qu'ils y font fi nombreux dans les tems de leurs paflages ; les rouge-gorges en particulier viennent en grand nombre des Ardennes, où Bélon en vit prendre quantité dans la faï{on (e). Au refte, l'efpèce en eft répandue dans toute l'Europe de l'Efpagne & d'Italie , jufqu'en Pologne & en Suède ; par- tout çes petits oïfeaux cherchent les montagnes & les bois pour faire leurs: mds &' y pafler l'été. © Les jeunes , avant la première mue; n'ont pas ce beau roux-orangé fur la gorge & la poitrine , d’où, parune extenfion un peu forcée , le rouge-gorge a pris fon nom (f). Il leur perce quelques plumes (e) & Les payfans des villages fitués en quel __» qués endroits fur les confins de la forêt d’Ar- s» denne , nous ont apporté tant lun que l’autre ss (le roflignoi de muraïlle & le gorge-rouge ) à ss douzaines, enliaffes féparées, qu’ils prenoïient en. ss été aux lacets, aux mares Jorfqu’ils venoient y boire Bélon, Nat, des Oiïfeaux , page 348. (f) « C’eft mal fait de la nommer gorge-rouge, » çar ce que nous lui penfons rouge en la poitrme » eft orangée, couleur qui fui prend depuis les deux # côtés du deffous de fon bec, qui eff erefle, délié & | du Rouge-gorge. 293 €ès la fin d'août, à la fin de feptembre als portent tous la même hvreée & on ne les diftingue plus. C’eft alors qu'ils commencent à {e mettre en mouvement pour leur départ , maïs 1l fe fait fans attroupement ; ils paflent feul à feul, les uns après les autres , & dans ce moment où tous les autres oïfeaux fe raflemblent & s'accompagnent, le rouge-gorge con- ferve fon naturel folitaire. On voit ces _oïfeaux pañler les uns après les autres ; 1Îs volent pendant le jour de buïflon eñ buiflon, mais apparemment ils s'élèvent -plus haut pendant Ia nuit & font plus de. chemin, du moins arrive-t-1l aux Oïfeleurs, dans une forêt qui Le foir étoit pleine de rouge-sorges & promettoit 1a meilleure chaffe pour le lendemain, de les trouver tous partis avant larrivée de l'aurore (g). noir ; & par le deflous des deux cantons de yeux, «s ui répond par le defious de {a gorge jufqu’à « l'eftomac. » Idem, ibid. _{(g) H me fouvient qu’une certaine année je faifois la tendue aux rouge-corges, c’étoit en avril, Je palfage étoit des meilleurs. Content de mesprifes je continuai {a chafle , pendant trois jours, avec le? NN 11 294 Hifioire Naturelle Le départ n'étant point.ndiqué , & pour atnf dire proclamé parmi les rouge- gorges comme parmi les autres oïfeaux alors attroupés ; 11 en refte plufeurs en arrière , foït des jeunes que l’expérience n'a pas encore inftruits du befoin de changer de climat, foit de ceux à qui fufifent les petites reflources qu'ils ont fu trouver au müieu de nos hivers. C’eft alors qu’on les voit s'approcher des habitations , & chercher les expo- fitions les plus chaudes (A); s’1l en eft quelqu'un qui foit refté au bois dans cette rude faïfon , 1 y devient compa- gnon du bûcheron, tl s'approche pour fe chauffer à fon feu, 11 béquete dans fon Se ee CT Pr même fuccès ; fe quatrième, le foleil s’étant Jevé plus beau que jamais & le jour étant très-doux, je comptois fur {a meilleure chaffe; mais l’on avoit. fonsé le départ pendant mon abfence ; tout étoit difparu, &je n’en pris aucun. Note de M. Lottinger. (h}) Per effer quefluccello gentiifimo, e nemico de- glecceffi, fi di caldo, che di freddo , perd l'eflate fi ritira alla macchia, 0 al monte, dopé fi a verdura frefte ; e l'igverno saccofla all’ alitato, facendofhi vedere su Le fratte, & per glorti, mafimé dové batte il file, che va diligentemeite cercendo. Olina ; Uccélieria , pige 10. du Rouge-gorge. 295$ pain & voltige toute la Journée à l'entour de lui en faifant entendre fon petit cri; maïs lorfque le froid augmente, & qu'une neige épaifle couvre da terre, ïl vient jufque dans nos maïfons , frappe du bec aux vitres, comme pour deman- derun afyle qu’onlut donne volontiers (5), & qu'il paie par la plus armable famr- liarité, venant amafler les miettes de a table ( Æ); parotflant reconnoitre & afFectionner les perfonnes de li maifon, & prenant un ramage moins célatant ; (1) Hyberuo tempore ad vi®lum quærendum etiam &omos fubintrat , hominibus chara & focia. Wiughby, Ornithol. page 160. | = (#4) Dans une Chartreufe du Bugey, jai vu des rouge-scorges dans des cellules de religieux , où on les avoit fait entrer, après qu’ils avoient erré quelques jours dans les cloîtres. H ne falloit que deux ou trois jours pour les y naturalifer, au point de venir manger fur Îa table, Hs s’accommo- doient fort bien de l'ordinaire du Chartreux, & pañoient ainfi tout l’hiver à Pabri du froid & de . Ja faim , fans montrer ia moindre envie de fortir ; mais, aux approches du printems, de nouveaux Pefoins fe faifoient fentir , ils alloïent frapper à Ja fenêtre avec leur bec, on eur donnoit Ja liberté, & ils s’en alloient jufqu’à hiver pro- chain. Note de M. Hékert. | N iv 296 Hifloire Naturelle mais encore plus délicat que celur du printems & qu'il foutient pendant tous fes frimats, comine pour faluer chaque jour la bienfaifance de fes hôtes & Îa douceur de fa retraite (1). I y refte avec tranquillité jufqu'à ce que le prin- tems de retour lur annonçant de nou- veaux befoins & de nouveaux plaïfirs , lagite & lui fait demander fa liberté. Dans cet état de domefticité paflagère, 1e rouge-gorge fe nourrit à-peu-près de tout; on lui voit amafler également les mies de pain, les fibres de viande & les grains de nullet. Aïnf, c’eft trop gé- _néralement qu'Olina dit qu'il faut, foit qu'on le prenne au nid ou déjà grand dans les bois , le nourrir de 11 même pâtée que le roffignol (m) ; 11 s'accom- (1) Jai vu, chez un de mes amis, une rouge- gorge à qui on avoit ainfi donné afyle au fort de Vhiver, venir fe pofer fur l’écritoire tandis qu’il écrivoit ; il chantoit des heures entières, d’un petit ramage doux & mélodieux. {m) Wive da quaittro e cirque anni (apparem= ment dans l’état de domefiticité ) ,e sal’ volta pit, fècundo la diligenfa con che è tenuto. Volerdolo alle- pare di nido fi richiede che habbi ben fpuntate le pennesz du Rouge-gorge. 297 mode, comme on voit, d’une nourriture beaucoup moins apprètée ; ceux qu'on laifle voler libres dans les chambres n’y caufent que peu de faleté, ne rendant qu'une petite fiente aflez sèche. L'auteur de lÆdonologie prétend (#), que le rouge-gorge apprend à parler ; ce pré- jugé eft ancien, & l’on trouve la même chofe dans Porphire (o); mais le fat n’eft point du tout vrarfemblable | purf- que cet oïfeau a la langue fourchue. Bélon qui ne l’avoit oui chanter qu'en automne , tems auquel il n'a que fon petit ramage, & non l'accent brillant & affeétueux du grand chant des amours, _ vante pourtant la beauté de fa voix en la comparant à celle du roflignol (p). Lur- governandolo o fia nidiace , o bofcareccio , coll ifleffæ regola dal ruffignuole | Ofina , page 16. (ii) Page 93. (o) Lib. 114, de abflin. Animal. _ (p) « Elle s’en retourne aux villes dès a fin de feptembre , auquel tems elle chante fi mélo- «6 dieufement, qu’on ne l’eftime guère moins bien + chanter, que le roffignol fait au printems. » Bélon. En plufieurs endroits, on appelle fe rouge-corge. pofignol d'hiver. | N y 598 Hifloire Naturelle même, comme 1l paroît par fon récit , 4 cru que Île rouge-sorse étoit le même oïfeau que le roffignol de muraïlle; maïs mieux infiruit enfuite 1] Les diftingua par leurs habitudes aufii-bien que par leurs couleurs (g). Celles du rouge-sorge font très-fimples; un manteau du même brun que le dos de la grive, lur couvre tout le deflus du corps & de fa tête; Teftomac & le ventre font blancs; le roux-orangé de la poitrine eft moins vif dans la femelle que dans le mâle; ts ont les yeux noirs, grands & même expret- fifs, & le regard doux; le bec eft foible & délié tel que celui de tous les oïfeaux qui vivent principalement d’infeétes; le tarfe- très-menu eft d’un brun-clair, ainf que le deflus des doigts qui font d’un jaune pâle par-deffous. L’orfeau adulte à cinq pouces neuf irgnes de longueur, & huit pouces de vol; le tube inteftimal eft * {g) « Le roffignok de muraille apparoïft au » printems dedans les villes & villages, & fait # fes petits dans les pertuis , lorfque a gorge- rouge s’en eft allée au bois. » Bélon , Nat, des Oifeaux , page 348. es — S Q NI SL SE R | k 5 | UT) Hf | 7 | #0 : AU jy) RE vi 10) y DU ITU HAUT | Wii l'un ee: , L Je fu 74 « ae } Lt LP Z. = GORGE «Zi fa Fe W7 ve del. | K E LE ROUG DUREE LT on DONE o 0 NVRBUT % : LE TU * RER E * AUS, Diva te EUR RU N LE é L "a, , CORRE" 7e ae D: db 4 à 1 FR A S # Dr w" : Us 'S rte ad ; . À 0 $ ‘ ? AY j , D'iéle P.9 % LA A 4 1 2 x ORNE | 77 PER PERS Cr | Le A DR | : / A : A, ANUPT ER LA du Rouge-gorge. 299 long d'environ neuf pouces ; le géfier qui eft mufculeux , eft précédé d'une dilatation de l’œfophage; le cœcum eft très-petit, & quelquefois nul dans cer- tains individus. En automne, ces oïfeaux font très-gras, leur chaïr eft d'un goût plus fin que celur de Ia meïlieure grive dont elle a le fumet, fe nour- riflant des mêmes fruits , & fur-tout des alles, N vj 300 Hifloire Naturelle *LA GORGE-BLEUE (a). Pan la proportion des formes, par la grandeur & la figure entière, la gorge- * Voyez les planches enfuminées, n.° 367 , fig. 2, Ja gurge-bleue à tache blanche; ».° 610, fig. 1, Ja gorge - bleue fans tache blanche; fig. 2, la fe- melle ; fig. 3, jeune gorge-bleue. | | (a) Phæœnicurus peëtore cæruleo. Frifch , édit. de Berlin, 1733, avec deux belles figures, pl. 19, Fune de ladulte, l’autre du petit. — Phænicurus * alter. Jonfton, Avi. avec une figure empruntée de Gefner , tab. 45. — Sylvia gul& cæruleä ; thorace ex albo variegato, Klein , Avi. page 77, n.° 111, 2. — Motacilla peëtore cæruleo, maculà flavefcente albe- dine cinéta. Fauna Suec. Linnæus, n.° 220. — Mota- cilla peëtore ferrugineo faftià ceruleà , re&ricibus fufcis versûs bazim , ferrugineis. . . . . Motacilla Suecica. Linnæus, Syf. Nat. ed. X, G. 99, Sp. 24. Avis Carolina. idem, ed. VI, G. 82. Sp. 7. — Motacilla Pyrenaïca , cinerea, jugulo & peétore cœfus. Barrère, Ornithol. claff. 111, G. 19, Sp. 6. — Wegflecklin. Gefner, Avi. page 796, avec une figure mécon- noiffable , idem, Icon. Avi. pag. 51-— Aldrovande, . tome IT, page 749, avec la figure cepiée de Gefner, — Willughhy, Ornirhologia, page 166. — Ruticilla gwepflecklin. Ray , Synopf. Av. page 18 3: D. A4 de — Rofignol de mur où rouge - queue à gorge- bleue, de la Gorge-bleue. 30% bleue femble n'être qu’une répétition du rouge-gorge ; elle n'en diffère que par le bleu brillant & azuré qui couvre fa gorge, au lieu que celle de lautre eft d'un rouge-orangé; 1l paroït même que la Nature art voulu démontrer l'analosie entre ces deux oïfeaux jufque dans leurs Edwards, rome 1, page 28, avec une figure exacte de 14 femelle que Kieïn défigne page 80, n.° 24 de FPOrdo Avium, fous Xe nom de Sylvia feu rati- cilla gutture albo , zonû cærule& fimbriato. — Ficedula füpernè cinereo fufca , infernè fordidè grifeo -rufeftens ; tænià [upra oculos fordide albo -rufefcente ; eoko infe- riore /plendidè ceruleo maeulà in medio argentatä in/i- grito ; tænià tranfverfà in peétore nigrâ , reétricibus binis intermediis in medio fuféo nigricantibus , circa -narottes grifeis lateralibus in exortu rufis , in apice nigricantious. Cyanecula- Bron , Ornichol. tome. III, page 413, & page 416. La femelle donnée fous le nom de porve-bleue de Gibraltar , eft défignée par la phrafe fuivante : Ficedula fupernè fufca, marginibus pennarum dilutieribus ; infernè alba , tenia infra eculos dilutè cœlulea ; corlo inferiore tæni& tran fvers& lunulat& cœruleä infignito ; reéricibus binis intermediis obfcurè fufcis, lateralibus in sxortu rufis , in apice nigricantibus- -Cyanecula Gibraïtarienfis. Le gorge -bleue fe nomme en latin moderne, cyanecula ;en Allemand , wegflecklin , fuivant Gefne 3 ‘blau-Kehlein, felon Kiein & Frifch ; en Suédois , carls-vogel, Linnæus, 302 Hifloire Naturelle différences; car au-deflous de cette plaque bleue , on voit un ceintre noir & une zone d’un rouge-orangé, qui furmonte le haut de Ia poitrine : cette couleur orangée reparoit encore fur la première moitié des pennes latérales de la queue ; de l'angle du bec pañle par l'œil un trait de blanc-roufsitre : du refte les couleurs, quoiqu’un peu plus fombres , font les mêmes dans la gorge-bleue & dans le rouge-gorge. Elle en partage aufli Îa manière de vivre; mais en rapprochant ces deux oïfeaux par les reflemblances, 11 Nature femble les avoir féparés d’ha- bitation ; le rouge-gorge demeure au fond des bois, la gorge-bleue fe tient à leurs Irfières , cherchant les maraïs, Îes prés humides, les oferaïes & les rofeaux ; & avec le même inftinét folitaire que Ie rouge-gorge , elle femble avoir pour l’homme le même fentiment de fami- lrarité ; Car , après toute la belle farfon pañlée dans ces lieux reculés, au bord des bois voïfins des marécages, ces or- _ feaux viennent , avant leur départ, dans les jardins , dans les avenues, fur les haies & fe laiflent approcher aflez pour de la Gorge-bleue. 303 qu'on puifle Îles tirer à la farbacane. Ils ne vont point en troupes , non plus que les rouge-gorges , & on en voit rarement plus de deux enfemblie. Dès la fin de l'été, les gorge-bleues fe jettent , dit M. Lottinger , dans les champs femés de gros grains; Frifch nomme les champs de pois, comme ceux où elles fe tiennent de préférence, & prétend même qu'elles y nichent ; mais on trouve plus communément leur nid fur les faules, les oziers & les autres arbuftes qui bordent les lieux humides : il eft conftruit d'herbes entrelacées à l'origine des branches ou des rameaux. Dans le tems des amours , le mâle s'élève droit en l'air, d’un petit vol, en chantant ; 1l pirouette & retombe fur fon rameau avec autant de gaieté que la fauvette, dont la gorge-bleue paroit avoir quelques habitudes ; elle chante La nuit, & {on ramage eft très-doux, fuivant Frifch; M. Hermann (4), au contraire, {d) Docteur & Profeffleur en Médecine, & en ” Hiftoire Naturelle à Strasbourg, qui a bien voulu nous communiquer quelques faits de l’hifioire na- turelle de 6er oifeau, 304 Hifloire Naturelle nous dit qu’il n’a rien d’agréable : oppoz fition qui peut fe concilier par les diffé Tens tems où ces deux Obfervateurs orit pu l'entendre ; la même différence pouvarit fe trouver au fujet de notre rouge-sorge, pour quelqu'un qui n’auroit oui aue fon cri ordinaire, & non le chant mélodieux & tendre du printems , ou fon petit ramage des beaux jours de l'automne. La gorge-bleue aime autant à fe baï- gner que le rouge-gorge, & fe tient plus que lur près des eaux : elle vit de vermif- feaux & d’autres infectes, &, dans la faï- fon de fon paflage, elle mange des baies de fureau (c). On Ia voit par terre aux endroits marécageux, cherchant fa nour- riture & courant aflez vite, ex relevant la queue, le mâle fur-tout lorfqu’il entend le cri de la femelle vrai ou rmité. | Les petits font d’un brun notrître & n'ont pas encore de bleu fur la gorge; les mâles ont feulement quelques plumes brunes dans le blanc de la gorge & de la poitrime, comme on peut le voir dans la figure enluminée , (n.° 610, fig. 3), Cc) Frifch, de la Gorge-bleue. 305$ 7% repréfentela jeune gorge-bleue, avant fa première mue. La femelle ne prend jamais cette gorge-bleue toute entière: elle n’en porte qu'un croïflant ou une bande au bas du cou , telle qu'on peut la voir dans la figure 2 dela mème planche; & c’eft fur cette différence & fur la figure d'Edwards, qui n’a donné que la fe- melle (d), que M. Briflon fait une fe- conde efpèce de fa gorge bleue de Gibral- tar (e), d'où apparemment l'on avoit ‘apporté la femelle de cet oïfeau. Entre les mâles adultes, les uns ont toute la gorge bleue , & vraifemblable- -ment ce font les vieux, d'autant que le refte des couleurs & la zone rouge de la ‘poitrine, pärotflent plus foncées dans ces individus; les autres, en plus grand nom- bre, ont une tache comme un demi-col- lier, d’un beau blanc , dont Frifch com- pare l'éclat à celui de l'argent poli (f) ; (4) Tome I, page 28, planche xx vtr. * Çe) Ornithologie, tome IT, page 416. Cf) Apparemment M. Linnæus fe trompe en donnant cette couleur comme un blanc terne & | jaunâtre : Macula flaveftente albedine cin&ta. Fauna SUCCICA: SA -306 “Hifloire Naturelle c'eft d’après ce caractère que les Oifeleurs | du Brandebourg ont donné à [a gorge- bleue le nom d’oi/eau à miroir. | Ces riches couleurs s’effacent dans l’état de captivité, & la gorge-bleue nufe en cage commence à les perdre dès la pre- mière mue. On Îa prend au filet comme les roffignols & avec le même appit (g). at A 2 Les Dans la farfon où ces oïifeaux deviennent. gras, ils font, ainfi que tous les petits oïfeaux à chair délicate, objet des gran- des pipées: ceux-ci font néanmoins aflez rares & même inconnus dans la plupart de nos provinces; on en voit au tems du paflage dans la partie baffle des Vof- ges vers Sarebourg, fuirvant M. Lottinger; mais un autre Obfervateur nousaflure que ces oïfeaux ne remontent pas jufque dans Téparfleur de ces montagnes au midi; ils {ont plus communs en Alface , & quot- que généralement répandus en Allemagne & juiqu’en Prufle, nulle part ils ne En bien communs , & l’efpèce paroït beau- coup moins nombreufe que celle du rou- ge-gorge ; cependant elle s’eft aflez éten« ER LR TS LE TRE EF RE RS SEE poeme inantmm annees - (g) Le ver de farine. PEL LL NAS LICE 147 LL AT, x à À Y SIN ik SRE \ A 2 A May d Th: Romarelet Noms LA GORGE-BLEKEF : 4 4] re 7 à À k ; Le 0 = ee EE “+ SES Vas en de la Gorge-bleue, 307 due. Au nom que lui donne Barrère (}), on peut croire que la gorge-bleue eft fré- quente dans les Pyrénées; nous voyons, par la dénomination de la feconde efpèce prétendue de M. Briflon, que cet otfeau fe trouve jufqu'à Gibraltar. Nous favons d’arlleurs qu'on le voit en Provence, où le peuple l'appelle cul-rouffet-bleu , & on le croiroit indigène en Suède au nom que lur donne M. Linnæus (2); mais ce nom _mal appliqué prouve feulement que cet _oïfeau fréquente les régions du Nord; ïl les quitte en automne pour voyager & chercher fa nourriture dans des climats plus doux: cette habitude ou plutot cette néceflité eft commune au gorge-bleue & à tous les oifeaux qui vivent d’infeêtes &e de fruits ten dires, 21 82% tLwr1tL2 (4) Motacilla Pyrenaïca. Ornithol. claff 111, G. 19 à Sp. 6. | (1) Motacilla Suecica. Syft. Nat. ed. X, G. 99, Sp. 24. Avis Carolina, ed. VI,G. 82, Sp. 7 ; & en Suédois, carls- regel. ASF 308 Hifloire Naturelle | ET OISEAU ÉTRANGER Qui a rapport au ROUGE-GORGE & à la GORGE-BLEUE. * LE ROUGE-GORGE BLEU (a) de l'Amérique feptentrionale. Norrs roucE-corce eft un oifeau trop forble & de vol trop court pour avoir pallé en Amérique par les mers; 1l craint * Voyez les planches enluminées ,n.° 300, fig. 1, le mâle ; & fig: 2, la femelle. Ça) Rouge-gorge de la Caroline. Catesby, tome, page 147, avec une belle figure, pl 47. — Rouge- “gerge bleu. Edwards , tome 1, page 24, avec une figure moins bonne que celle de Catesby. — 8; via pulà cæeruleà; rubecula Americana cærulea. Klein 2 Avi. page 77, n.° 3.— Îdem, page 80, n.° 24. Sylvia thorace rubro , fupero corpore & caudà cæru- leis. — Motacilla fupra cærulea, fubtus nota rubra. Sialis. Linnæus, $yf. Nat. ed. X, G. 99, Sp. 25, — Les Ang'ois de la Caroline f'appellent 6/ew Bird , l’oifeau bleu. — Ficedula fupernè fplendidè cœrulea ; infernè rufa; ventre candido ; gutture rufo, maculis ce ruleis vario; remioibus cæruleiës , apice fuftis ; reéèrici- | bus ceruleis , fupernè faturatiùs , infernè dilutiùs. Rube- cula Carolinenfis cerulea. Brifon , Ornithol, tome III, Fr 477 des Oiféaux étrangers. 309 trop les grands hivers pour y avotr pénétré par les terres du Nord; mais la Nature a produitdans ces vaftes régions uneefpèce analogue & qui le reprélente, c’eft le rouge-gorge bleu, qui fe trouve dans les parties de l'Amérique feptentrionale, de- puis la Virginie, la Caroline & la Lout- fiane , jufqu'aux îles Bermudes. Catefby nous en a donné le premier la defcrip- tion ; Edwards a repréfenté cet oïfeau , & tous deux conviennent qu’il faut le rap- porter au rouge-sorge d'Éurope, comme efpèce très-voifine (b). Nous l'avons fait repréfenter dans nos planches enlumi- nées, 7.° 300; 11eff un peu plus grand que le rouge-gorge , ayant fix pouces trois lignes de longueur , & dix pouces huit lignes de vol. Catefby remarque qu'il vole rapidement , & que fes aïles font fongues (c); la tête, le deflus du corps, de la queue & des aïles font d’un. très- _ (5) M. Catesby, has call’ d his bird, rubecula Ame- ricana ; wich his a proper name enouoh , fince both his bird and mine are certainly of that genus ; of wich the robin= red-breaf? is a fpecies. Edwards. | Ce) Cer oïfeau vole fort vite, fes ailes étant très- Tongues; en forte que le faucon le pourfüit envain, Carsby. Hifi, Nat. de la Câroline, tome, page 47, 310 Hifioire Naturelle beau bleu , excepté que la pointe de l'aile ! eft brune; la gorge & {a poitrine font d’un jaune de rouille aflez vif ; le ventre eft. blanc. Dans quelques individus , tel que celur que Catefby a repréfenté, le bleu de la tête enveloppe aufli la gorge; dans les autres, comme celui d'Edwards & celui de nos planches enluminées, figure 1 , qui eft le mâle, le roux couvre tout le devant du corps jufque fous le bec. La femelle, n.° 2 de la même planche, a les couleurs plus ternes, le bleu mêlé de noirâtre; les petites | pennes de l'aile de cette dernière couleur & frangées de blanc : au refte, cet oïfeau eft d’un naturel très-doux (d), & ne fe nourrit que d'infectes; 1! fait fon nid dans Les trous d'arbres ; différence de mœurs peut-être fuggérée par celle du climat où. Les reptiles plus nombreux , forcent les oïfeaux à éloigner leurs nichées. Catefby aflure que celui-cr eft très-commun dans toute l'Amérique feptentrionale. Ce Na- turalifte 8 Edwards font les feuls qui en aient parlé, & Klein ne fait que l'indi- quer d'après eux (£). ie: ) Catesby. pi | (e) Klein, Apr. pag: 77 0e 111,3; Pas: 80, n.° als | ET RA | du T raquet * LE TRAQUET (a) Crr OISEAU , très-vif & très-agile, n'eft jamais en repos; toujours voltigeant de * Voyez les planches enluminées, 7.° 678 , fig. 1. Ca} Rubetra. Aldrovande. Avi, tomeIl, pag. 739, avec deux figures auf peu reconnoïflables l’une que Pautre ; fa première prife de Bélon, l’autre de l’Au- teur. — Jonfton, Avi. page 87, avec Îles deux figures d’Aldrovande , pl. 45. — Rubctra , rubi- cola. Charleton, Exercit. page 70, n.° VII, idem, Onomaff. pagË 91, n° VII. — Œnanthe tertia. Sib- baide, Scot. iliufèr. part. 11, lib. 111, page 18. — -Œnanthe noffra tertia. Willughby, Ornith. pag: 169, avec une bonne figure, pl 41. -- Ray, Synopf, | dvi, page 76, n,° a 4,— Traquet, groulard. Bélon, Hifl. Nat. des Oifeaux, page 360. Idem, Portrait d'oiféaux , page 92. — Albin, rome I, page 48 , avec une figure mal coloriée , pl. 52: — Ficedula fapernè nigricante © rufefcente varia , infernè rufa ; gutture dilutè rufefcente ( fœmina ) nigro, marginibus peonarum in apice rufefcentibus ( mas ); tænt4 infra guttur tranfverfà albidé ; macul@ in als candidä; rec- tricious nigricantibus , apicis margine albo-rufeftente , eris exterioribus extime (mas), omnium (fœmina) , apo rufefcentibus ...,., Rubetra. Briflon , Orxith. tome II[, page 428, | En Grec; Baris; en Italien, barada, & aus envi 312 Hifloire Naturelle burflon en buïffon, il ne fe pofe que pour quelques inftans, pendant lefquels 11 ne cefle encore de foulever les arles pour s'envoler à tous momens: 11 s'élève en l'air : par petits élans, & retombe en pirouet- tant fur lui-même. Ce mouvement conti- nuel a été comparé à celur du traquet d'un _anoulin, & c’eft-Rà , fuivant Bélon, l’'ori- gine du nom de cet oïfeau (b). | rons de Bologne, piglia mofche ; en Angleterre, flone-finich , flone-chatter & moor titling, fuivant Ray & Willughby ; mortetter, blackberry-eater, black-cap , furvant Charleton; tracas, en Bourgogne; tourtrac, à Semur : martelot aux environs de Langres; ce dernier nom paroît dériver de fon cri ou;flra ouifra- tra , dont la répétition fucceffive & afiez fubite repréfente Îes coups d’un petit marteau; groullard , fuitvant Bélon : pour ce, dit-il, qu’il growile fans ceffe , € grouller efl à dire Je remuer. M ajoute que les habi- tans des environs de Metz, le nomment /emetro : nous ne retrouvons plus dans le pays de trace de cette dénomination. | (Bb) « I y a un petit oyfillon différent en fon ss genre de tous autres ; on le voit fe tenir fur les | » haultes fummités des buifflons, & remuer tou- » jours les aelles, & pour ce qu’il eft aïnfi inconf- »s tant on l’a nommé un rraguet.. .. & comme | # un traquet de moulin n’a jamais repos pendant. » que la meule tourne, tout ainfi cet oïfeau ’Tel conftant remue toujours fes aelles, Bélon , » Nar des Oifeaux , page 360. ; | Quoique du T raquet, 313 Quoique le vol du traquet foit bas & qu'il s'élève rarement jufqu'à la cime des arbres, il fe pofe toujours au fommet des buïffons & fur les branches les plus élan cées des haïes & des arbrifleaux, ou fur la pointe des tiges du blé de Turquie dans les champs, & fur les échalas les plus bauts dans les vignes; c’eft dans les ter- reins arides , les landes, Îles bruyères & les prés en montagne qu'il fe plaït davan- tage, & où il fait entendre plus fouvent fon petit cri ouiffratra, d'un ton couvert & fourd (c). S'il fe trouve une tige 1{o- lée ou un piquet au milieu du gazon dans ces prés, il ne manque pas de fe pofer deflus, ce qui donne une grande facilité pour le prendre , un gluau placé fur un bâton fufhit pour cette chafle bien con- nue des enfans. | D’après cette habitude de voler de buif- fon en burffon fur Les épines & les ronces, Bélon, qui a trouvé cet oïfeau en Crète & dans la Grèce , comme dans nos pros (c) In ericetis vi&titat & valdè querula ef. Wit- Jughby, Ornithol. page 170. Oifeaux , Tome IX. O 314 Hifloire Naturelle vinces (d), lur applique le nom batis: oifeau de ronces, dont Ariftote ne parle qu'une feule fois (e), en difant qu'il vit de vermifleaux. Gaza a traduit batis par rubetra , que tous les Naturalrites ont rap- porté au traquet (f), d'autant que rube- {ra pourroit aufli fignifier oifeau rougei- tre (g), & le rouge - bai de la poitrine (d) On Îe voit tout auffi-bien en Crête & en Grèce, comme en France & en Italie. Bélon, loco citatos | - (e) Hif. Animal. Nb. VIII, cap. 3, (f) « H me femble, le voyant fi fréquent en # tous lieux, que c’eft celui qu’Ariftote, au troi- #» fième chapitre du huitième livre des animaux, » nomme en fa langue batis, fignifiant qu’on pour- # roit bien dire ronceîte ; car batis en grec eft ce. # qu'on dit en fatin ruêus, & en françois une ronce. sw» Gazatournant cemot, adit en latinrubetre. Notre » conjecture eft que Île traquet hantant toujours ss fur les ronces, vit de verms, ne mangeant au- cun fruit. » Bélon, Nat. des Oifeaux , page 360. ” {g) Dans cette idée, ce nom paroît plus appro- prié au traquet ; car Aldrovande obferve l’équivo- que du mot rubetra dans le fens d’oifeau de rences appliqué à cet oïfeau, y en ayant plufieurs autres qui fe pofent comme fui fur les ronces ; & ce nom d’oifeau de ronces ayant effectivement été. donné par Longolius à Ja miliaire , qui eft Portos lan, & par d’autres à la petite grive. du Traquet. | 31$ du traquet eft fa couleur la plus remar- quable. Elle s'étend en s’afforbliflant juf- que fous le ventre ; le dos fur un fond d'un beau noir eft nué par écailles bru- nes, & cette difpolition de couleurs s'é- tend jufqu'au-deflus de [a tête (A), où cependant le noir domine ; ce noir eft. pur fur la gorge, quoique traverfé très- Iégèrement de quelques ondes blanches, _& 1 remonte jufque fous les yeux. Une tache blanche fur le côté du cou confiné _au noir de la gorge & au rouge-baï de {4 poitrine ; les pennes de l’arle & de Ia queue font notrâtres frangées de brun ew _deroufsitre-clair; fur Paile, près du corps, eft une large ligne blanche , & le crou- pion eft de cette même couleur; toutes ces teintes font plus fortes & plus foncées dans le vieux mâle que dans le jeune; la queue eft carrée & un peu étalée ; le bec eft efhlé & long de fept lignes ; la tête aflez : (h) « On lui voit le deflus de Ia tête noire comme au pivoine, qui fut caufe que l’ayons ce quelquefois foupçonné., melancoryphus, joint que « ce qui nous augmentoit l'opinion, eft que le « vulgaire, au mont Ida de Crète, le nomme me- «5 dancocephalr, » Bélon, Naë. des Oifiaux. A 2 316 Hifloire Naturelle arrondie & Île corps ramafié ; les pieds font notrs , menus & longs de dix lignes; il a fept pouces & demi de vol, & qua- tre pouces dix lignes de longueur totale : dans la femelle, la poitrine eft d’un roulf. sâtre fale ; cette couleur fe mêlant à du brun fur la tête & le deflus du corps, à du norrître fur les ailes, & fe fond dans du blanchitre fous le ventre & la gorge, ce quirendle plumage de la femelle trifte, décoloré & beaucoup moins diftinct que celui du mâle. Le traquet fait fon nid dans les terreins incultes , au pied des buïflons, fous leurs racines ou fous le couvert d’une pierre (5); il n'y entre qu'à la dérobée, comme s'il craignoit d’être aperçu ; aufli ne tronve- t-on ce nid que difhcilement ( #) ; 1l le ge aie É / {:) Le pied- noir (traquet) fait fon nid dans des endroits cachés ; j'en ai trouvé un collé contre une soche, à deux pieds de terre, dans lequel ïl y avoit cinq petits couverts d’un duvet noir ; ce nid étoit caché par un boux , & le père & la mère ne s’épouvantoient pas des befiiaux qui en approchoiïent; mais ils crioient beaucoup de deflus des arbres prochains lorfque j’y allois. Note com- muniquée par M. le marquis de Piolenc. - CE) s Us font leur nid fi finement & y vont du Traquet, 31% conftruit dès la fin de mars (2). La femelle pond cinq ou fix œufs d’un vert-bleuitre ; avec de légères taches roufles peu appa- rentes, mais plus nombreufes vers le gros bout; le père & {a mère nourriflent leurs petits de vers & d’infectes qu'ils ne cef> fent de leur apporter ; il femble que leur follicitude redouble lorfque ces jeunes oïfeaux s'élancent hors du nid; 1l les rap- pellent, les rallient , criant fans celle ouif: 3 & enfortent fi fecrettement, qu’ona moultorand «e eine à le trouver. If fait srand nombre de petits, «e Érquels à abèche des animaux en vie. 5 Bélon , Nat. des Oifeaux, page 36c.—- Le nid du traquet eft très difficile à découvrir, parce que les détours qu’il fait, foit pour en fortir, foit pour y entrer, fur-tout dans le tems où ïl a des petits, en ren dent la recherche prefque toujours infruétueufe ou inutile. Il n’y entre jamais qu’après avoir palfé au travers de quelques buiffons du voifinage ; & lorfqu’il en fort, il file de même dans les buiflons jufqu’à une petite diftance. On imagineroït, en voyant cet oïffeau entrer brufquement dans une brouflaille, & ayant dans le bec un ver ou un in- fecte , qu’il porte à fes petits, que fon nid doit fe trouver dans cet endroit; mais on y cherche en- vain, & ce n’eft qu’au pied des buiflons voifins qu’on peut efpérer de le trouver. Note cominuni= quée par le fieur Trécourt. * (4) Nid trouvé à Montbard le 30 mars. CO uy 818 Hifloire Naturelle tratra; enfin 1is {eur donnent encore à manger pendant plufeurs jours. Durefte, le traquet eft très-folitaire, on le voit tou jours feul; hors le tems où l'amour lui donne une compagne (71). Son naturel eft fauvage & fon inftinét paroît obtus ; autant il montre d’agilité dans fon état de liberté , autant 1l eft pefant en domefti- cité ; 11 n’acquiert rien par l'éducation (n); on ne l'élève même qu'avec peine & tou- jours fans fruit (o). Dans la campagne, il. {m) « Il ne vole guère en compagnie, aïns fe »# tient toujours feul, finon au tems qu’il fait fes petits, qu’ils s’accouplent mâle & femelle. » Bélon, INat. des Oifèaux, page 360. Raro gregatim volat , femper folitaria degens. Aldrovande , rome T1, … page 739 ; du reîte il n’en parle que d’après Bélon. {[n) « Le traquet eft réfléchi : ayant ouvert Îa »» cage à un de ces oifeaux dans un jardin, au » milieu des arbrifleaux & au grand foleil , il vola # bientôt fur Ja porte ouverte , & de-là regarda plus > d’une minute autour de lui, avant de prendre fa 3 volée; fa défiance fut fi grande, qu’elle fufpen- dit en lui amour de Ia liberté. » Note communi- quée par M. Hébert. : 1 _ (0) « Les traquets font fauvages, on les élève " # avec peine. Ceux que j’ai nourris avoient Fair N 5» pefant; quelquefois ils avoient des mouvemens " du T raquét, 319 fe laïfle approcher de très-près, ne s’éloi- gne que d’un petit vol fans paroïître re- marquer le chaleur ; 1l femble donc ne p2$ avoir aflez de fentiment pour nous aimer ni pour nous fuir. Ces orleaux font très-gras dans La faifon ; & comparables, pour la délicatefle de la chair, aux bec- figues , cependant ils ne vivent que d’in- fectes, & leur bec ne paroît point fait pour toucher aux graines. Bélon & Al- drovande ont écrit que Îe traquet n'eît point un oïfeau de paflage , cela eft peut< être vrai pour laGrèce & l'Italie, mais rl eit certain que, dans ies provinces fententrio- nales de Fränce , 1 prévient les frimats & la chüûte des infectes, car 11 part des ie mois de feptembre. Quelques perfonnes rapportent à cetté efpèce , l’oifeau nommé en Provence four- mmeiron , qui {e nourrit principalement de brufques, mais ils ne fortoient de leur état d’af- 6 foupiflement que pour un inffant; ils fautoient « de tems en tems fur quelque chofe d’élevé, 6s & y faifoient entendre, à plufieurs reprifes, en «4 agitant les aïles & la queue, leur cri de vrac, ar. Note communtquée par M. de Querhoënt. Q :1v 320 Hifloire Naturelle fourmis (p). Le fourmerron paroît foli- taire & ne fréquente que les mafures & es décombres; on le voit, quand 1ïl fait frord , fe pofer au-deflus des tuyaux des cheminées, comme pour fe réchauffer (g). À ce trait nous rapporterions plutôt le fourmeiron au roffignol de muraïlle qu’au traquet, qui fe trent conftamment éloigné des villes & des habitations (r).. (p) « Le fourmeiron fe place à Pouverture de » Ja fourmilière, de façon qu’il la bouche entière- » ment avec {on corps, & que Îes fourmis preflées » de fortir s’embarraffent dans fes plumes ; alors il » prend Peflor, & va dépofer , en fecouant fes »» plumes fur un terrein uni, toute la provifion » dont il eft chargé ; alors la table eft mile pour » Jui, & il mange à fon aïfe tout le gibier de fà chafe. I eft lui-même hon à manger. » Note de M. Guys, de Marfélle. (g) Suivant M. Guys & de Piolenc; mais fe dernier, en attribuant cette habitude au fourmei- on, la juge étrangère aux traquets : & voici 1à- deflus ce qu’il nous marque. « Je n’ai pas ouf » dire qu’ils aimaflent à fe chauffer ; je crois 5» même m'être aperçu qu’ils s’éoignent des four- >» neaux que Pon fait dans les champs pour brüler » Îe vazon, ce qui indiqueroit que la fumée eur déplaît. » Voyez l’article du roffignol de muraille. _ fr) « On le voit communément en tous lieux , 5% mais il ne vient jamais par les haies des villages ne des villes» Bélon, Nur. des Oifeaux , page 360 “du Traquets 31 I y a auffi en Angleterre, & particu- lièrement dans les montignes de Derby. shyre, un oïfeau que M. Brion a appelé de traquer d'Angleterre (f”). Ray dit que cette efpèce femble particulière à cette ile; Edwards à donné les figures exactes “du mâle & de la femelle (+), & Klein ‘en fait mention fous le nom de ro/fgnoË da ailes variées (u). En effet, le blanc qui ‘marque non-feulement les grandes cou- vertures, mais aufli la moitié des petites “pennes les plus près du corps, fait dans l'arle de cet orfeau une tache beaucoup plus étendue que dans notre traquet come mun. Du refte, le blanc couvre tout le devant & le defious du corps, forme une tache au front, & le noir s'étend de-là ([) Ficèdula fupernè nigra , infernè alba; nropy- gio alèo & nigro variegate; macul@ tn [yncipite Ca = didà , in alis aloà ; remigibus nunoribus exteriàs el dis, interiüs nigris, extimé exterius albä (mais) fu- pernè fordidè fufèo virefcens, infernè alba ; macul& in als albo flavicante ; remigibus exterioribus albo-flavi- Cantibus , interids nigricantibus » rettricious BISricanti- bus, extimà exteriùs albo fimbriatä, Le traquet d’An- gleterre. Briffon, tome III, page 436. (t) Nat. hifl. of Birds, tome I, page 30. (4) Lufciniaalis pariegatis, Kiein, 4v. p.52,n.° 12, 4 322 Hifloire Naturelle {ur le deflus du corps, jufqu’au croupion « qui eft traverfé de noir &: de blanc; les | pennes de la queue font noires, les deux plus extérieures blanches en dehors & les grandes pennes de l’arle brunes. Tout ce qui eft de noir dans le mâle , eft dans Îa femelle d’un brun-verditre terntr, le refte eft blanc de même; dans l’un & lautrele bec & les pieds font noirs : Ce traquet # æeft de 1a grofleur du nôtre, quoiqu'il pa: * roïfle particulier à l'Angleterre, & même … aux montagnes de Derhy , 11 faut néan- moins qu'il s’en élorgne dans la faïfon du 4 pallage , car on a vu quelquefois cet oïfeau dans la Brie. A On trouve lefpèce du traquet depuis l'Angleterre (x) & TEcofle (y), juf- qu'en Italie & en Grèce; ïl eft très-com- 4 mun dans plufeurs de nos provinces de 4 France. La Nature paroît l'avoir repro- # duit dans le Midi fous des formes variées. Ml Nous allons donner une notice de ces w traquets étrangers, après avoir décritune | efpèce très-femblable à celle de notre tra- M quet, & qui habite nos climats avec lur. M | (x) Willughby. {y } Sibbatd, Scur. illufir. ER \ \\| Z. eo 7) N E TRAQ UE T.2LE MOTTEUX où CUL-BLANC. 4 ee F4 pi , "# APT: re 4 p DU 4 se PAU Ar \ . 4 PL ; l'A 4 6 : \ D æ. POUTOLE CE 1 FA LT à , LE RAT fl RS pe he «'todipe MN à js PAS ES RAS LAS Le Pi TE | 1 vi He d'u MATE 7 a. + + ) AAA TE à A'EAUAT ES P'AR 4 du T'arief, 323 LEE ARTE R (a) L'rsvèce pu TaRIER, quoique très-voi- fine de celle du traqtet (b), doit néan- # Voyez les planches enluminées, n.° 678, fig. 2. (a) Motaciila nigricans , fupercilis albis, maculà alarum albâ, gulà flaveftente. Linnæus, Fauna Suecs n.° 218. Rubetr. idem, Syfi. Nat. ed. VI, G. 825 Sp. 5. —Idem, $yf, Nat. ed. X , G. 99, Sp: 18 — Œranthe fecunda. Wughby, Ornithol, pag. 168. — Œnanthe fecunda noflra, fèu rubicola. Ray , Synopf Avi. pag. 76, n.° a, 3. — Curruca major alterga Frifch, avec une belle figure, tab. 22. — Syliæ petrarume Kiein, Avi. pag. 7&, n.° 11. — Monta= nellus Bononienfium. Aldrovande , tome 11 ,pag- 735, avec une figure peu reconnoifiable. — Mufcicapæ quarta. Jonfton , Ari. pag. 87. — Muftipeta tertias Schwenckfeld, Avi. Silef: page 307. — Mufcipetæ quarta Jonflini. Rzaczynski; Au@. Hifi Nat. Polon, pag. 397. — Pafferculi genus folitarium. Gefner , Icons Avi. page 50 , avec une mauvalfe figure. La même, Avi. {ous le nom de avieula parva. — Tarier, Bélon ,s JNat. des Oïféaux, page 365. — Ficedula fupern nigricante € rufeféente varia infernè rufeféens ; ventr” albo rufefcente ; tæniê fupra oculos candidà ; gutture elbo ; maculà duplici in alis candida y reétricibus date ralibus prima medietate albts , alterâ nigricantibus, apice margine griféo-rufeftente ; extimä cxterils fixe © y} 324 Hifloire Naturelle moins en être féparée, puifque toutes deux fubfiftent dans les mêmes Jieux fans fe mêler , comme en Lorraine où ces deux offeaux font communs & vivent féparé- ment; on les diftingue à des différences 4 briatâ. Rubetra major five rubicola. Brion, Ornith. tome III, page 432. Le tarier fe nomme en Angleterre, wAinchat ; en Allemagne , flugen - flakerle” > fiugen - flakerlin todten- vo gel; en Siléfie , noeffel - fincke. LH Li Le Là 99 59 (b) « (L'on trouve un autre oyfillon de la gran- deur du traquet , différent à tous autres oyfeaux, en mœurs, en vol & en facon de vivre & de faire fon nid , que les habitans de Lorraine nom- ment un tarier, vivant par les buifflons comme Île _traquet, ayant le bec grefle & propre à vivre de mouches & vermines comme le deffufdit (Le tra- quet). $es ongles, jambes & pieds font noirs, mais le refte du corps tire au pinçon montain ; car ila une tache blanchette au travers de l’aelle , comme le pinçon & le traquet; toute fois fon bec & fa manière de vivre ne permettent pas qu’on le mette entre les montaïins , parquoi ne l’avons voulu féparer du traquet......Le mâle a des taches fur fe dos & autour du col, & fa tête comme la oerive , & les extrémités des aelles & de Ia queue quelque peu phénicées, comme au montain; mais ileft moins moucheté, fomme, que prétendons qu’il foit efpèce de sp et à sv nat Nat. des Oifeaux ; pag. 361: du Tarier, 325$ d'habitudes, autant qu’à celles du plumage. Le tarier fe perche rarement & fe tient le plus fouvent à terre fur les taupimières , dans les terres en friches, les pâquis éle- vés à côté des bots ; le traquet au contraire eft toujours perché fur les buiflons, les _échalas des vignes, &c. Le tarier eft aufli un peu plus grand quele traquet; fa lon- gueur eft de cinq pouces trois lignes ; leurs couleurs font à peu-près les mêmes, mais différemment diftribuées, Île tarier a le haut du corps coloré de nuances plus vives , uñe double tache blanche dans Varie, & la ligne blanche depuis le coin du bec s'étend jufque derrière Îa tête (c) ; une plaque noire prend fous l'œil & cou- vre la tempe, maïs fans s'étendre tomme dans le traquet , fous la gorge, qui eft d'un rouge - bar clair ; ce rouge s'éteint peu-à-peu & s'aperçoit encore fur le fond blanc de tout le devant du corps; lecrou- pion eft de cette même couleur blanche, mais plus forte & grivelée de noir; tout le deffus du corps jufqu’au fommet de la tête, eff taché de brun fur un fond nor; a: c) Wilughby, Ornithol. pag. 168, 326 Hifloire Naturelle les petites pennes & les grandes couver= tures font noïres. Willughby dit que le bout de la queue eft blane : nous obfer- vons au contraire qué les perines font blanches dans leur première moitié de- puis la racine ; mais ce Naturalifte lui mème remarque des variétés dans cette partie du plumage du tarier, & dit qu’il a vu quelquefois les deux pennes du mi- leu de la queue noires avec un bord roux, &c d’autres fois bordées de même fur un fond blanc. La femelle difière du mâle en ce que fes couleurs font plus pâles, & que les taches de fes aïles font beaucoup moins apparentes. Elle pond quatre ou cinq œufs d'un blanc-fale piqueté de noir; du refte, le tarier fait fon nid comme ie traquet; ïl arrive & part avec lui, partage fon tnftinét {olitatre, & paroît même d’un naturel encore plus fauvage ; 11 cherche Îes pays de montagne ; &, dans quelques ‘endroits, on a tiré fon nom de cette habr- tude naturelle. Les Orfeleurs Bolonois l'ont appellé montanello (d) ; les noms que Cd) Montanello ,montanare, Aldrovande , tom. FT, ER. 735 | | | du Tarier. 327 ui appliquent Klein & Gefner , marquent fon inclination pour la folitude dans les lieux rudes & fauvages (e). Son efpèce eft moins nombreufe que celle du tra- quet (f); 11 fe nourrit comme Ir de vers, de mouches & d’autres infectes ; enfin Îe tarier prend beaucoup de graïfle dès la fin de l'été, & alors 11 ne le cède point à l’ortolan pour la délicatefle. (e) Sylvia petrarum. Klein , Avi. pag. 78, n.° 11. Paffércul genus folitarium. Gefner , Icon. Avi. pag. 50. (f) « C’eft un oïfeau rare à trouver , & quaf auffi difficile à prendre comme Ie traquet, » Bélon,, Mat, des Oifeaux , pag. 361, 328 Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport au TRAQUET Ê au TARIER. L Le Traouer ou Tarier Du SÉNÉGAL Cet oïfeau eft de la grandeur du tarier, & paroït fe rapporter plus exaétement à cette efpèce qu'à celle du traquet ; il a en effet, comme le premier, {a double tache blanche fur l'aile, & point de noir _ à la gorge; mais il n’a pas comme lui Îa plaque noire fous l'œil, nt les grandes couvertures de laïle noires, elles font feulement tachetées de cette couleur fur un fond brun : du refte, les couleurs font à peu-près les mêmes que dans le tarier ou le traquet ; feulement elles font * Voyez les planches enfuminées, n.° 583, fig. &. — Ficedula faturate fufca ; remigibus interioribus rufisz re&ricibus nigris, lateralihus apice albis. Rubetra Sene- galenfis. Le traquet du Sénégal. Briffôn, Ornith, tome 1 IF, page 441. des Oiféaux étrangers. 329 plus vives fur toute la partie fupérieure du corps; le brun du dos eft d'un roux plus clair, & les pinceaux noïrs y font mieux tranchés. Cette agréable variété règne du fommet de la tête jufque fur les couvertures de la queue; les pennes moyennes de laïle font bordées de roux, les grandes de blanc, mais plus légère- ment; toutes font notrâtres. Les couleurs plus nettes au-deflus du corps dans ce traquet du Sénégal, que dans le notre, font au contraire plusternes fous le corps, feulement la poitrine eft légèrement teinte de rouge-fauve entre le blanc de la gorge & celui du ventre. Cet oïfeau a été apporté du Sénégal par M. Adanfon. | LE * Le TRAQUET DE L'i8LE DE Lucon (a). Ce traquet eft à peine aufli grand que celur d'Europe, mais il eft plus épais & * Voyez les planches enluminées , n.° 235, fig: le mâle; & fig. 2, la femelle. (a) Ficedula fufco nigricans ,; maculà in alis can- didà ; teëtricibus caudæ fujerioribus € inferioribus eleis; redricibus nigricantious (mas), füpernè fuftas 330 Hifloire Naturelle plus-fort ; il a le bec plus gros & les pieds moins menus; 1} eft tout d'un brun- | noir, excepté une large bande blanche dans les couvertures de l aile, & un peu de blanc fombre fous le ventre. La fe= melle pourroit, par fes couleurs, être prife pour un oifeau d’une toute autre efpèce; un roux-brun lui couvre tout le defious du corps & Île croupion , cétté couleur perce encore fur la tête à travers les ondes d’une teinte plus brune qui fe renforce fur les ailes & la queue, & devient d’un brun-roux très -fombre. Ces oïfeaux ont été envoy. és de l’île de. Luçon, où M. Briflon dit qu'on lesappelle mMaria-capra. IL AUTRE TRAQUET DES PHILIPPINES. £ ! u e 3 Cet oïfeau eft reprélenté, 7. 285, fig. 2 de nos planches enlununées (b). Ii eft infernè fufco-rufefcens ; gutture ad albidum vergcnte; uropygio € teëtricibus caud@ füuperioribus dilutè rufis, énferioribus fordidè albo-rufeftentibus ; re&ricibus fuf=. cis ( fæmina }. Le traquet de l’île de Luçon. Briffon, Ornithol. tom. III, page 442: (b) Tüicedula fupernè nigricans, marginibus penne= des Oifeaux étrangers. 33% d'un noir encore plus profond que le mâle de l’efpèce précedente; 1l à la tarlle plus grande ayant près de fix pouces , & a queue plus longue que tous les autres raquets ; il a aufli le bec & les pieds plus forts, la tache blanche de laïle perce feurle dans le fond noir à reflets violets de tout fon plumage. EV. * Le crAnD TrAQuET DES Puirip> NES (c). Ce traquet , plus grand que le précédent, a un peu plus de fix pouces de longueur ; fa tête & fa gorge font d'un nm mioro-violaceis ; infernè nigro-violacea , caflanes nimo ventre admixto ; capite € coilo n'oro-violaceis » naculà in als candidà ; teë&ricibus caude inferioribus ilutè caflaneis ; reétricibus. fplendidè nigricantibus. Le raquet des Philippines. Briffén , Ornitho!, rom. IIT, ag. 444. ; | * Voyez les planches enluminées, n.° 185, fig. 2. (c) Ficedula fupernè nigro-vio!acea , infernè fèr- lidè albo- rufefcens ; capite fordidè albo rufefcente ; ollo inferiès € ad latera dilutà caflaneo ; peftore inereo fufco, maculä in alis fordidè albâ, reétricibus igro viridefcentibus ; lateralibus interiùs nigris, extimà xteriùs fordidè albo-rufefcente. Le grand traquet des Philippines, Briffon , Ornithol, tom. III, pag. 446, 332 Hi ifloire Naturelle” blanc lavé de rougeître & de jaunâtre | par quelques taches. Un large colliers d'un rouge de tuile lur garnit le cou; fous ce collier une écharpe d'un noix! bleuître ceint la poitrine , fe porte fur. le dos & s'y coupe en chaperon aflez! court par deux grandes taches blanches jetées fur les épaules ; du noir à reflets violets achève de farre le manteau fur. tout le deflus du corps jufqu’au bout de 41 queue de cet otfeau; ce noir eft coupé dans l’arie par deux petites bandes bian- ches, lune au bord extérieur vers lé paule , l’autre à l'extrémité des grandes couvertures : : le ventre & l’eftomac font, du même blanc-rougeitre que la tète 8 Ja gorge; le bec qui a fept lignes de Jon+ gucur, & les pieds épais & robuftes font: couleur de ronile, M. Briflon dit que les pieds font noirs, apparemment que ce caractère varie ; les arles étant pliées , s'étendent jufqu'au bout de la queue, 26 contraire de tous les autres traquets , où les arles en couvrent à peine la moitié. des Oifeaux étrangers. 333 V: Le Firert o LE TRAQUET De MADA- GASCAR (4). M. Briflon a donné la _ defcription de cet oifeau, & nous l'avons trouvée très-exacte en la vérifiant fur un individu envoyé au Cabinet du Roï; cet | Auteur dit qu’on l'appelle fitert à Mada- galcar, & qu'il chante très-bien ; ce qui fembleroïit Féloïsner du genre de nos traquets à qui on ne connoît qu'un cri défagréable, & auxquels cependant :ïl faut convenir que le fitert appartient par plufeurs caraétères qu’on ne peut mé- connoitre. Il eft un peu plus gros que le traquet d'Europe : fa loneueur eft de cinq pouces quatre lignes; {a gorge, la tête, tout le deflus du corps jufqu'au bout de Ia queue font noirs; on voit feulementau dos & aux épaules quelques ôndes roufsâtres; le devant du cou , l'ef- fomac, le ventre font blancs; la poitrine | (4) Ficedula Jüpernè nigra, penis in apice rufef= tente fimbriatis, infernè albâ; peëtore rufo , maculà in lalis candidà; reëtricibus nigris. Le traquet de Mada- Baicar. Briffôn, Ornithol, rom. 11I, pag: 439+ 334 Hifloire Naturelle eft rouffe ; le blanc du cou tranche entre le norr de la gorge & le roux de la : poitrine, & 1l forme un collier; les . grandes couvertues de laïle les plus près du corps font blanches, ce qui fait une tache blanche fur laïle; un peu de blanc - termine aufli les pennes de laile du côté intérieur , & plus à proportion qu'elles {ont plus près du corps. VI. Le cranD Traquer. C’eft avec raïfon | que nous appelons cet oïfeau grand tra« \ quet : il a fept pouces un quart du bout du bec à lextrémité de la queue, & fix. pouces & demi du bout du bec jufqu'au | bout des ongles ; le bec eft long d'un pouce, ileft fans échancrures; la queue, . d'environ deux pouces, eft un peu four-, chue; laïle pliée en couvre la moitié; Le | tarfe a onze lignes ; le doigt du milieu | fept, celui de derrière autant, & fon! ongle eft le plus fort de tous. M. Com-, merfon nous a laïflé la notice de cet otï=. feau fans nous indiquer le pays où 1 Fa | vu; mais Ja defcription que nous en dons || des Oifeaux étrangers. 33$ hons ici, pourra fervir à Le farre recon- noître & retrouver par les Voyageurs. Le brun eft la couleur dominante de fon plumage; lxtète eft variée de deux teintes brunes ; un brun-clair couvre le deflus du cou & du corps; la gorge eft mêlée de brun & de blanchître ; {a poitrme eft brune, cette couleur eft celle des cou- vertures de l'aile & du bord extérieur des pennes, leur intérieur ef mt-partie de roux & de brun, & ce brun fe retrouve à l'extrémité des pennes de la queue, & couvre la moitié de celles du mrlreu, Île _refte eft roux, & le dehors des deux plu- mes extérieures eft blanc ; le deflous du corps eft roufsâtre, ; | VII. Le TRAQUET Du cAP DE BonNNes-EsrÉ- | RANCE. M. de Rofeneuvetz a vu au cap .de Bonne-efpérance , un traquet qui n’a pas encore été décrit par les Nituraliftes. | IL a fix pouces de longueur; le bec noir, Hong de fept lignes, échancré vers Ia pointe; les pieds noirs ; le tarfe long d'un pouce ; tout le deflus du corps, y “ 336 Hifloire Naturelle | compris le haut du cou & de la tête, eft | d'un vert très-brun ; tout le deflous du 4 corps eft gris, avec quelques teintes de | roux; le crouprion eft de cette dernière | couleur ; les pennes & les couvertures de | Vaile font brunes avec un bord plus clair | dans la même couleur; la queue a vingt- | deux lignes de longueur, Îes aïles pliées | la recouvrent jufqu’au milieu, elle eft un | peu fourchue; les deux pennes du milieu | {ont d’un brun noirître ; les deux latérales | font marquées obliquement de brun fur | un fond fauve, & d'autant plus qu'elles font plus extérieures. Un autre individu| de la même grandeur, rapporté égale ment du cap de Bonne - efpérance par] M. de Rofeneuvetz, & placé au Cabinet] du Roi, n’eft peut-être que la femelle: du précédent. IT a tout le deflus du corps fimplement brun-norrûtre ; la gorge blan- châtre, & la poitrine roufle : nous n'& vons rien appris des habitudes naturelles! de ces oifeaux; cependant cette connoïf- fince feule anime le tableau des êtres vi- vans, & les préfente dans la véritable place qu'ils occupent dans la Naturel Mais combien de fois, dans J'hiftoire del animaux à | des Oifeaux étrangers. 337 animaux, n’avons-nous pas {entr le regret d’être ainf bornés à donner leur portrait & non pas leur hiftoire! cependant tous ces traits doivent être recueillis & pofés au bord de la route immenfe de F’obfer- vation , comme fur Îes cartes des Navr- gateurs font marquées les éerres vues de ep & qu’ils n'ont pu reconnoître de plus près. | | 152 VE Le 0) ) Le Cricnor où TRAQUET À LUNETYE. Un cercle d’une peau jaunître pliffée tout autour des yeux de cet oïfeau,, & qui femble Les garnir de lunettes, eftun carac- tère fi fingulier qu'il fufit pour le diftin- guer. M. Commerfon la rencontré fur la rivière de la Plata vers Montevideo, & les noms qu'il lui donne, font relatifs à cette conformation fingulière de l’exté- rieur de fes yeux (e). Il eft de la grac- (ce) Perfpicillarius, uiéitarius, lichenops ; Clignots Oifeaux , Tome IX, P 4 338 Hifloire Naturelle ideur du chardonneret , mais plus épais de corps; fa tête eft arrondie, & le fommet en eft élevé; tout fon plumage eft d’un beau noir, excepté la tache blanche dans Tlarle qui l'aflimile aux traquets : cette tache s'étend largement par le milieu des cinq premières pennes, & finit en pointe vers l'extrémité des fix, fept & huitième, Dans quelques individus, on voit aufli-du blanc aux couvertures inférieures de la queue; dans les autres , elles font notres comme le refte du plumage; larle pliée n'atteint qu'à la moitié de la queue qui eft longué de deux pouces, carrée lorf. qu'elle eft fermée , & formant, quand elle s'étale , un triangle prefque équila- téral ; elle eft compolée de huit pennes égales; le bec eft droit, efhlé, jaunître à la partie fupérieure , légèrement fléchi en crochet à l'extrémité; la langue eft mem- braneufe, taillée en fiècheà doublepointe; les yeux font ronds avec l'iris jaune & la prünelle bleuâtre. Cette fingulière meim- brane, qui faitcercleàl'entour, n'eftappa- remment que la peau mème de Ia pau- pière nue & plus étendne qu'à l'ordinaire, +44 des Oiféaux étrangers. 339 & par conféquent aflez ample pour for- mer plufieurs plis ; c'eft du moins l’idée que nous en donne M. Commerlon , lorf- qu'il la compare à du fichen ride (f), & qu'il dit que les deux portions de cette membrane frangée par les bords, ferejor gnent quand Poifeau ferme les yeux ; on doit remarquer de plus dans l’'œrl de cet otfeau la membrane clignotante qui part de l'angle intérieur ; les pieds & Les doigts aflez menus, {ont noirs; le doigt de der- rière eft le plus gros , & il eft auffi long _ que ceux du devant, quoiqu'il n'ait qu'une feule articulation; & fon ongle eft Le plus fort de tous. Cet oïfeau auroit-il été pro- duit feul de fon genre & ifolé au miliew du nouveau continent ? c'eft du moins le feul de ces régions qui nous foit connu , (f) Crifpatur in margine fimbriata ( membrana cir- cum-ocularis ) eodem planè modo ac ea lichenis fpecies que veterum telèorum tegulas lateritias obfidet. Oculis conniventibus , hec membrana horizontaliter deprimitur , €? utraque medietate collimat. Ita ut trans ejufdem ri- mam , avis; fè lubet, aliquatenus perfpicere pofit. Pre terea adef} membrana ; niélitans , ex interiore oculi can 140 deducenda , pellucida , [ubtilifima. NT 340 Hifloire Naturelle, comme ayant quelque rapport avec nos | traquets; mais fes reflemblances avec eux | font moins frappantes que le caradère qui l'en diftingue , & que la Nature Lui. a imprimé comme le fceau de ces Légions SarengAres qu'il hebñe | | A ar! du Motteux. 341 *LE MOTTEUX,: ANCIENNEMENT VITREC, _VUIGAIREMENT CUL-BLANC (a) Cr OISEAU eft commun dans nos Cain pages , fe tient habituellement fur les * Voyez les planches enluminées, n.° 554, fig. 1, le mâle ; & figure 2 , la femelle. (a) En Grec, © n&S%, fuivant Bélon; en Latin, pitiflora ; en Italien, culo bianco ; en Anglois, wAite- ail , fallow-fmiter, wheat-ear , horfe-match ; en Sué- dois , flen fpuetta où flenfewastta, felon M. Linnæus ; en Sologne, trafne-charrue , garde- charrue , tourne= motte , caffé-motte où motieux ; trotte-chemin , aux environs de Romorentin ; en Beauce , artile , ar= guille ; moterelle ; & fes petits, mortereaux. ( Salerne. ) Œnanthe. Gefner , Avi. pag. 629.— Jonfton, Ari. page 88. —— Linnæus, $yf. Nat. ed. VI, G. 82, Sp. 4 Œnanthe five vitiflora. Aldrovande, Avi tome IT, page 762, avec une mauvaife figure. — Ray, Synopf: pag. 75, n° a, 1. — Wiüllughby, Ornithol. page 168 , avec [a figure empruntée d’Ai- drovande, pl. 41. Œnauthe Ariflotelis ; vitifiora feu pitifera. Charleton, Exercir. page 97, n° 13. Idem, Onomafl. page 91 , n.° 13. — Sylvia baccis nigris. Klein, Ari, page 78, n.° ©. — Motücila dorfo cano P x 342 Hifloire Naïurelle mottes dans les terres fraîchement labou: | rées, & c'eft de-là qu'il eft appelé mot- teux;, il fuit le filon ouvert par La char- ue pour ÿ cherchér les vermifieaux dont il fe nourrit; lorfqu’on le fait partir, 11 | ne s'élève pas, mais 11 rafe la terre d’un | vol court & rapide , & découvre en fuyant | 1 partie blanche du derrière de fon corps, | ce qui le faït diftinguer en l'air de tous ; es autres otfeaux, & lui à fait donner, | par les chafñeurs, le nom vulgaire de cul. | à fronte albà , oculorum , regionibus nioris. Linnæus , Fauna fuecica, n° 217. — Motacilla derfo cano , | fronte alb&, oculorum fafciâ nigrâ , Œnanthe, Idem, Syf. Nat. ed. X, G. 79, Sp. 17. Currura major peëtore fubluteo, Frifch, avec deux belles figures , Pune du mâle, l'autre de Ja femelle. — Cuf-blanc | ou vitrec. Bélon, Nat. des Oifeaux , page 352, avec une mauvaife figure. Idem. Portrait d'oif. pag. 88. — Coul-blanc. Aibin, tome I, page 49, avec une figure très-mal coloriée du mâle ; & rome 111, page 23, avec une figure aufi mauvaife, fousie mom de femelle du cou-blanc. — Ficedula fupernè grifea, fulvo ad umbrata, infernè rufefcens ; fyncipite | É7 tænia fépra oculos aloo-rufefcentibus, ( tentà infra oculos, mas ) re@r'cibus primà medietate albis, alterà | nigricantibus., vitiflora. Le cui-blanc ou vitrec 0@ motteuxe Brifjon , Ornitbol. tome III, page 449 : du Motteux. 343 blanc (b); on lé trouve aufli affez fou- vent dans les jachères & les friches , où vole de pierre en pierre, & femble éviter les haïes & les buiflons fur lefquels il né fe perche pas aufi fouvent qu'il fe pofe fur les mottes, Li , Il eft plus grand que Îe tarter & plus haut fur fes pieds, qui font noirs & grè- : _ Îles : le ventre eft blanc, ainfi que les coux vertures inférieures & fupérieures de la queue , & la moitié à-peu-près de fes pennes, dont la pointe eft noire; elles s’étalent quand part, & offrent ce blanc qui le fait remarquer ; l’arle dans le mâle eft noire, avec quelques franges de blanc- roufsâtre ; le dos eft d’un beau gris-cen dré ou bleuître , ce gris s'étend jufque fur Le fond blanc ; une plaque noïre prend de l'angle du bec, fe porte fous l'œil & s'étend au-delà de l’oretlle; unebandelette blanche borde le front & pafle fur les yeux. La femelle n’a pas de plaque nt de (Bb) « Toutle deflous du ventre, comme auf deffous & deflus le croupion, & partie de la « * queue font blancs, dont il a prins le furnom de « cul-blanc. » Bélon, Nat. des Oifèaux, page 3524. , | P iv 344 Hifloire Naturelle bandelette ; un gris-roufsâtre règne fur fon plumage , par-tout où celur du mâle eft gris-cendre ; fon arle eft plus brune que notre, & largement frangée jufque def- fous le ventre; en tout, elle reflemble au- tant ou plus à la femelle du tarier qu’à fon propre mâle; & les petits reflemblent parfaitement à leurs père & mère dès l’âge de trois femaines, tems auquel 1ls pren- nent leur eflor. Le bec du motteux eft menu à la pointe & large par fa bafe, ce qui le rend très- propre à faifir & avaler les infectes fur lefquels on le voit courir, ou plutot s'é- ancer rapidement par une fuite de petits fruits (c); rl eft toujours à terre, fi on le fait lever , il ne s’éloïgne pas & va d’une motte à l’autre, toujours d’un vol aflez court & très-bas; fans entrer dans les bois ni fe percher jamais plus haut que les haïes bafles ou les moindres buiflons : pofe, 11 (c})« Is courent moult vîte fur la terre.,.... » fon manger eft tant de verms de terre que de » chenilles qu’il trouve fur fes herbes. I fuit com- # munément es charrues & Îe labourage pour x manger les vermines qu’il trouve en Îa terre ren- verfée du foc. » Bélon, Nat. des Oifeaux, pag. 352, Î du Motteux. 345$ balance fa queue & fait entendre un fon aflez fourd , titre, titre, & c'eft peut- être de cette expreffion de fa voix qu’on a tiré {on nom de witrec ou titrec; & tou- tes les fois qu'il s’envole, il femble auf prononcer aflez diftinétement & d’une voix plus forte far-far, far-far; il répète ces deux cris d’une manière précipitée. I niche fous les gazons & les mottes dans les champs nouvellement laibourés, ainfi que fous les pierres dans Îes friches, auprès des carrières, à l’entrée des terriers quittés par Îes lapins (d) , ou bien entre lès pierres des petits murs à fec dont on fait les clôtures dans.les pays de monta- gnes ; le nid fait avec foin, eft compofé en-dehors de moufle ou d'herbe fine, & de plumes ou de laine en-dedans, il eft remarquable par une efpèce d’abrit placé au-deflus du nid & collé contre la prerre ou la motte fous laquelle tout l'ouvrage -eft conftruit; on y trouve communément cinq à fix œufs (e), d'un blanc-bleuitre (d) En cuniculorum foraminibus ‘defertis nidificef Willughby, page 568, (e) Béon, P y 346 Hifloire Naturelle clair , avec un cercle au gros bout d'un | bleu plus matte. Une femelle prife fur fes œufs, avoit tout le milieu de lefto- | mac, dénué de plumes, comme rl arrive | aux couveufes ardentes ; : le mâle affec- tionné à cette mère tendre, lur porte pen- dant qu’elle couve , des 2er a & des | mouches; 1l fe tient aux environsdu nid, | ec loriqu il voit un paflant, 1 court ou | vole devant lut, farfant de petites poles comme pour l'attirer , & quand 1l le voit | aflez élorgné, 1 prend fa volée en cercle | & regagne le nid. On en voit des petits des le milien du mai, car ces oifeaux, dans nos provinces, font de rétour. dès les premiers beaux jours vers la fin de mars (f); mais s’il furvient des gelées, après leur arrivée, ils | périfent en grand nombre , comme 1l arriva en Lorraine en 1767 (g); on en voit beaucoup dans cette province , fur-. tout dans la partie montagneufe ; ds font | également communs en Bourgogne &en | Bugey , mais en Brie on n’en voit guère {ff M. Lottingere (g) Idem, du Motteux. 347 que fur la fin de l'été (A) : en général, ils préfèrent les pays élevés, les plaines en montagnes & les endroits arides. On en prend grand nombre fur les Dunes dans la province de Suffex vers le com- mencement de l’automne , tems auquel cet orfeau eft gras & d'un goût délicat, Willughby décrit cette petite chafle que font dans ces cantons les bergers d’Angle- terre (£) ; ils coupent des gazons & les couchent en long à coté & au-deflus du creux qui refte en place du gazon enlevé, de manière à ne latfler qu'une petite tran- chée, au milieu de laquelle eft tendu un lacet de crin. L’orfeau entraîné par le dou- ble motif de chercher fa nourriture dans une terre fraîchement ouverte , & de fe -cacher dans Îa tranchée ,. va donner dans ce piège ; l'apparition ‘d’un: épervier & même lombre d’un nuage, fufft pour l'y précipiter ; car on a remarqué que cêt oïfeau timide fuit alors & cherche à fe: £acher (4). ES OS SO CCS 4. (h) M. Hébert. (4) Ornithologie , page 168. (&) Albin, tome 1, page 49. Pvs 348 Hifloire Natirelle Tous s’en retournent en août & {ep= tembre, & l’on n’en voit plus dès la fin de ce mois ; 1Is vOya gent par petites trou- pes, & du réfle ils font aflez folitaires; 11 n'extite entr'eux de focrèté que celle du mâle & de la femelle. Cet orfeau a larle grande (7), & quoique nous ne lui voyons pas faire beaucoup d’ufage de fa putffince de vol, apparemment qu'il l'exerce mieux ne fes migrations ; tl faut même qu'il lait déployce quelque- fois, purfqu'il eft du petit nombre des oifeanx comtiuhs à l'Europe & à FAfie méridionale, car on le trouve au Ben- gale (m}), & nous le voyons en Europe depuis Pitalie (n) jufqu’en Suède (0). (2) M: Briflon dit que [a première des pennes de Paile eft extrêmement courte ; mais la plume qu’il prend pour la première des grandes pennes .n’eft que fa première des grandes couvertures, im plantée fous la première penne, & non à côté. he Edwards, Préface, page 12. Wheat-ear. (n) Que culo bianco apud nos appellatur prorfus quidem defcriptiont Hellonit corre/pondet. Aldrovande, Avi, tome ÎI, page 762. — Jtalis circa Ferrariam avis quedam cuo bianco appellatar vuled , quæ vermi- bus, mufèis, & alüs inféis veftitur , ut audio , & degit ia agris procifcis. Gefner ; page 604 Co) Lmnæus, Faune Suecica , n.° 217. du Motteux. 349 On pourroit le reconnoître par les feuls noms qui lui ont été donnés en divers lieux; on l'appelle dans nos pro- Vinces , motteux , tourne-motte , brife- motie & terraffon, de fes habitudes de fe tenir toujours à terre & d’en habiter . les trous, de fe pofer fur les mottes, & de paroïître les frapper en fecouant fa queue. Les noms qu'on lur donne en Anpgleterre, défignent également un o1- feau des terres labourées & des friches ; & un otfeau à croupion blanc (p); mais le nom grec œnanthe , que les Natura- lftes, d’après la conjecture de Bélon, ont voulu unanimement lui appliquer , n ft pas aufli caraétériftique nt aufli ap- proprié que les précédens. La feule ana- logie du mot œnanthe à celui de yitiflora, & de celui-ci à fon ancien nom yifrec . a déterminé Bélon à lui appliquer celui d'œnanthe (q), car cet Auteur ne nous - Cp) Wheat-ear, fallow-finiter, whire-tail.. (qg) « Si ce n’euft efté que l’avons veu voler par-deflus les buiffons de Crète, n’euflions « ofé laffermer avoir quelque nom ancien , & «s | de fait ne [ui en trouvons aucun pfus conve- « 350 Hifloire Naturelle explique pas pourquoi ni comment en Va dénommé oifeau de fleur de vigne ( œnanthe ). Il arrive d’ailleurs avant le tems de cette floraïfon de la vigne, 11 refte long-tems après que la fleur eft pañlée; 1l n’a donc rien de commun avec cette fleur de la vigne. Ariftote ne carac- térife l’orfeau œnanthe , qu’en donnant à fon apparition & à fon départ, les mêmes tems qu'à larrivée & à l'occultation du coucou (r). M. Briflon compte cinq efpèces de ces oïfeaux ; 1.0 le eur-BLANcC ; 2.9 le » nable que de le nommer en grec ænanthe, que 5 Gaza tourne en latin w/tiflora, qui eft appellation: #» conforme à cequeles François le difent un vitrec. »» Bélon, Nat. des Oifeaux , page 352- Cr) Cuculus immutatur colore € vocem nimis expla- wat, chm fe abditurus ef}, quod facere exortu caniculæ | folet; apparere autem incipit ab ineurte vere ad ejus Jyderis ertum. Abditur & ea quam æœnantham quidem appellant , ac fi vitifloram dixeris , exortu ejuf dem fyderis y. eccafu vero apparet. Vitat enim interduin frigora, alias. éflum: Arifiote, H;fl Animal. lib. IX, cap- XLIX. Pline parle de même de l’occultation de l’œnanthe (Gb. X , cap. 29 ). Et le P. Hardouin fur ce paf- fage eft fi éloigné de croire que le cul-blanc foit Pœnanthe, qu’il penfe que c’eft un oifeau de. nuit, du Motreux. 3$t CUL-BLANC Gris qu'il ne diftingue de l’âutre que par cette éprthète , quoique le premier foit également gris ; la difié- rence pride d’après M. Linnæus , qui en fait une efpèce particulière ( f°}, confifte en ce qu'il a de petites ondes de blan- châtre à travers le gris teint de fauve, qui les couvre également tous deux. M. Briflon ajoute un autre petite difié- rence dans les plumes de {a poitrine, qui font, dit-1l, piquetées de petites taches grifes; & dans celles de la queue, dont les deux du mrireu n’ont point de blanc , quoique les autres en aïent juf- qu'aux trois quarts; mais les détails mt- nutieux de ces petites nuances de con- leurs, feroient atfément plufeurs efpèces d'un feul & même individu ; 1 fufhroit pour cela de les prendre un pe plus près ou un peu plus loi du tems de (f) Motacilla peëtore abdomineque pallido , reérici- bus exterius albis ; dorfo undulato, Fauna Suecica , n° 219. — Motacilla fubtus pallida , re&tricibus intror- fumalbis , dorfo undulato. Linnæus, Syfe Nar, ed. X, Gen, 09, Sp. 17, variet- 1, 352 Hifloire Naturelle la mue (+). Ce n’eft point failir la touche de la Nature que de la confidérer ainfi ; les coups de pinceau dont elle fe joue.à la fuperfice fugitive des êtres, ne font point le trait de burin fort & profond dont elle grave à l’intérieur le caraétère de lefpèce. 3.9 Après le cul-blanc gris, M. Briflon fait une trorfième efpèce du cuL- BLANC CENDRÉ (uw); mais les différences qu'il indique font trop légères pour les féparer l'un de lautre, d'autant plus que l’épi- thète de cendré, loin d'être diftinétive, 5 (+) Des petits cul-blancs pris le 20 maï, avoïent le deffus du corps brouillé de roufsâtre & de brun; les plumes du croupion font blanchâtres, rayées légèrement de noir; la gorge & le deffous du corps . roux, pointillé de noir, toute cette fivrée tombe à fa première mue, (u) Ficedula fupernè cinereo alba, grifeo-fufto ad- mixto, tnfernè alba ; uropygio griféo- fufto ; collo infe- rèore albo rufefcente ; fyncipite candido ; macula infra eculos nigrâ ; reétricibus binis intermedtis primâ medie- tate albis, alterâ nigricantibus ; lateralibus albis , mi- gricante terminatis ; tribus utrimque extimis. in apice albido fimbriatis. Vitiflora cinerea , le cul-blanc cen- dré. Briffon , Ornithol. some 11], page 457. du Motteux, 353 convient pleinement au cul-blanc com- mun, dont celui-ci ne fera qu'une fimple variété. Voïlà donc trois prétendues ef- pèces qu'on peut réduire à une feule. Maïs la quatrième & la cinquième efpèces données de même par M. Brifion, ont des différences plus fenfbles; favoir , le motteux où cul-blanc roufsâtre (x), & le motteux ou cul-blanc roux. _: LE MoTTEUX o4 CUE-BLANC ROUSSATRE qui fait la quatrième efpèce de M. Briflon, eft un peu moins gros que le motteux commun , & n’a que fix pouces trois lignes de longueur ; la tête, le devant du corps & la poitrine, font d’un blanchâtre mêlé d'urr peu de roux; le ventre & le crou- _ pion font d’un blanc plus clair ; le deflus du cou & du dos eft roufsitre-clair; on pourroit aifément prendre cet oïfeau pour (x) Ficedula alba, vertice dorfo fuperiere €ÿ pec- . tore dilutè rufefcentibus : teni& per oculos nigrä ; reëtri- cibus duabus intermediis nigris, lateralibus albis , utrim« que versùs apicem nigro fimbriatis. Witifiora rufefcens s le cul-blanc roufsäwe, Briffèn, Ornithol. some TIT, page 457° 354 Hifloire Naturelle 12 femelle du cui-blanc commun, s’il ne fe trouvoit des individus avec le caraétère du mâle, la bande noire fur la tempe du bec à lorerile ; ainf , nous croyons que cet oïfeau doit être regardé comme une variété , dont la race eft conftante dans l’efpèce du motteux. On le voit en Lorraine vers les montagnes, mais moins fréquemment que le motteuxcommun (y); il fe trouve aux environs de Bologne en Italie ; Aldrovande lui donne le nom de ffrapazzino (x). IM. Briflon dit auf qu'il fe trouve en Languedoc, & quà Nîmes on le nomme raynauby. _ La cinquième efpèce donnée par M. Briflon , eft le MoTTEUx où cuL- BLANC ROUX (a); le mâle & la femelle ont été décrits par Edwards (b); xls ) (y) M. Lottinger. (x) Aldrovande, Ari. tome II, page 764. fa) Ficedula rufo flaveftens ; uropygio & imo ventre albis (genis & gutture nigris , mas); ( tænià per ocu— los nigrâ gutture albo, fœmina ); re@ricibus duabus intermedus mgris , lateralibus albis nigro fimbiiatisi Vitifiora rufa, le cul- blanc roux. Briffôn, Ornitholz some TITI, page 459. (b) Treredor ruffèt-color'd, #heat-ear, Edwards, : du Motteux. 35$ avoient été envoyés de Gibraltar en Angleterre, L'un de ces oïfeaux a non- feulement la bande noire du bec à lo- teille, maïs aufli toute la gorge de cette couleur , caraëtère qui manque à l'autre dont la gorge eft blanche, & les couleurs plus pâles; le dos, le cou & le fommet de la tête, font d'un roux-jaune; fa poitrine, le haut du ventre & les côtés, font d’un jaune plus fotble ; Îe bas-ventre & le croupion font blancs; la queue eft blan- che, frangée de noir, excepté les deux pennes du milieu qui font entièrement noires; celles de Parle font norrîtres, avec leurs grandes.couvertures bordées de brun-clair. Cet oïfeau eft à-peu-près de 12 groffeur du motteux commun. Aïldro- vande (c), Willughby (d) & Ray(e), ‘7% Hifi. of. Birds, pag. 31.— Moracilla ferruginea , areâ oculorum , als, caudâque fufcä , reëricibus extimis la- . tere albis. Motacilla Hifpanica. Linnæus, Syf, Nat. ed. X, Gen. 99, Sp. 16. (c}) Avi. tome IT, page 763. (d) Ornithol. page 168. Ce) Synopf. page 76, n.° 2. C’eft le fylvia, feu nioricilla gutture nigro , nigrifque alis corpore æruginofe rh de Klein, Avi. page 680 , n.° 26. 356 Hiftoire Naturelle en parlent également fous le nom d’œnan: the altera. On peut regarder cet oïfeau comme une efpèce vorfine du:motteux commun, mais quieft beaucoup plus rare dans ños provinces tempérécs, | ss des Oifeaux étrangers, 357 OISEAUX ÉTRANGERS | Qui ont rapport au MorrEu x. I. Ls crAND Morreux ou cuL-BLANc DU CAP DE BonNNE-ESPÉRANCE. M. de Rofeneuvetz nous à envoyé cet oïfeau qui n'a été décrit par aucun Naturalifte ; 3l a huit pouces de longueur ; fon bec à dix lignes; fa queue treize, & le tarfe _ quatorze; 1l eft, comme l'on voit, beau- coup plus grand que le motteux d'Eu- rope; le deflus de la tête eft légèrement varié de deux bruns dont les terntes fe confondent; le refte du deflus du corps eft brun-fauve jufqu’au croupron, où1ily a une bande tranfverfale de fauve-clair ; la poitrine eft variée comme la tête de deux bruns brouiïllés &,peu diftinéts ; la gorge eft d'un blanc-fale ombré de brun; Le haut du ventre & les flancs font fauves; | le bas-ventreeft blanc-fale, & les couver- _ tures inférieures de la queue fauve-clair, _ mas les fupérieures font blanches , aïnf _ que les pennes jufqu'à Ia moitié de leur 358 : Fhfloire Naturelle longueur ; le refte eft noir terminé de blanc-fale, excepté les deux intermédiai- rés , qui font entièrement noires & terrmi- nées de fauve ; les aïles, fur un fond brun; font bordées légèrement de fauve- clair aux grandes pennes, & plus lésère- : ment fur és pennes moyerines & fur les Couvertures, RE AE IT. Le mMorTrEeux où CcUL-BLANC BRUN-VERDATRE. Cette efpèce à été rap- portée, comme la précédente, du cap de Bonne-efpérance, par M. de Rofneuvetz; elle eft plus petite, l’orfeau n'ayant que fix pouces de longueur ; le defius de a tête & du corps eft varié de brun-noit & de brun-verditre; ces couleurs fe mari quent & tranchent davantage fur les cou: : vertures des aïles: cependant les grandes, comme celles de 1a queue, font blanches, la gorge eft d’un blanc-fale; enfuite on voit un mélange de cette teinte & de noir fur le devant du cou; il y a de lo- rangé fur la poitrine qui s’afforblit vers Îe bas du ventre; les couvertures inférieures de la queue font tout-à-fait blanches; les pennes font d’un brun-notrâtre, & les latérales font terminées de blanc. Cet oïfeau à plus encore que Le précédent, tous les caraétères de notre motteux commun , & l'on ne peut guère douter qu'ils n’atent à-peu-près les mêmes habi- tudes naturelles. | III. Le Motreux Du SÉNÉGAL, rés prélenté dans nos planches enluminées’, n.9 583, fig. 2, eft un peu plus grand que le motteux de nos contrées, & ref- femble très-cxa@ement à 1 femelle de cet oïfeau, en fe figurant néanmoins ka teinte du dos un peu plus brune, & celle de la poitrine un peu plus rongeâtre : 5 peut-être auffi l'individu fur lequel à été gravée la figure, étoit dans fon efpèce une femelle. see 360© Hifloire Naturelle LA LAVANDIÈRE. ET LES BERGERETTESoù BERGERONETTES. L'ox A SOUVENT CONFONDU la Lavan- dière & les Bergeronettes ; maïs la pre- mière fe tient ordinatrement au bord des eaux, & les bergeronettes fréquen- tent le milieu des prairies & fuivent les troupeaux : les unes & Îles autres voltr- gent fouvent dans Îes champs autour du laboureur , & accompagnent la charrue pour faifir les vermifleaux qui fourmi | ent fur la glèbe fraichement renverfée. Dans les autres fafons, les mouches que le bétail attire & tous les infectes qui peuplent les rives des eaux dormantes font la pâture de ces oïleaux ; véritables gobe-mouches à ne les confidérer que par leur manière de vivre, mais différens des gobe-mouches proprement dits, qui attendent & chaflent leur proie fur Îes arbres, au lieu que la lavandière & Îes berseronettes la cherchent & la pour- fuivent de la Lavandiere. 361: fuivent à terre. Elles forment enfemble une petite famille d’oifeaux à bec fin, à pieds hauts & menus, & à longue queue qu'elles balancent fans ceile ; & c’eft de cette habitude commune, que les unes & Les autres ont été nommées moracilla (a), par les Latins, & que font dérivés les dif- férens noms qu'elles poitent dans nos provinces (b). jen (a) Varron, 46. 1, de Ling. lat. (b) Voyez, ci-après, la note de nomenclature» fous Particle de la lavandière. Oiftcux, tome EX. Q # 362 Hifloire Naturelle * LA LAV-ANDIÈRE (a). Béron & Turner, avant lui, appli- quent à cet oïfeau le nom grec de #ni- pologos , rendu en Îatin par celui de 2 * Voyez les planches enluminées, n.° 652, fig. x 2. (a) En Latin, metacilla ; en Italien, ballarina , codatremula ; codinzinzola , cutretola, bovarina ; en Cata- lan, cupumela , marllenga ; en Portugais, apeloa ; en An- glois, wag tail, water-wagtail ; white-water-wagtail , common dish-washer ; en Allemand, wyfJè waffèr-fleltz, bach-fleltz, weifle und fchwartze bach-fleltze , wege- flertz , Kloller freulin ; en Flamand, quick-flertz; en Suédois, aerla, faedes-aerla; & en Oftrobothnie , : waeftraeckia ; en Polonoiïs , pliska, creefiogonek bialy 3 « en Provence, waccerono ; vers Montpellier, enguane- paltre; en Guyenne, peringleo; en Saintonge , bata-» jaffe ; en Gafcogne, battiquoüe ; en Picardie, fèmeur; à Nantes & dans l’Orléanois, bergeronette où va-” chette; en Lorraine, hoche-queue ; en Bourgogne , : croffe-queue , branle-queue ; en Bugev , damette ; dans le refte de nos povinces, lavandigre. | Motacilla. Frifch , tab. 23.— Moehr. Ari. Gen. 83e — Motacilla alba. Schwenckfeld ; Avi. Silef.u pag. 306. — Jonfton, Avi. pag. 86. — Willughby,n Ornithol. pag. 171.-—Ray, Synopf- pag. 75, n.° a, 1: — Sibbalde, Scor, iflufl. part, I, lib. 111, pag. 18, de la Lavandière, 363 culicilega , otfeau recueillant les mou- cherons ; ce nom ou plutôt cette déno- mination femble convenir parfaitement à —Linnæus, S$yf. Nat. ed. VI, G. 82, Sp. 1. — Motacilla peëtore nigro , reétricibus duabus laterali- bus dimidiato oblique albis. Motacilla alba, idem , ed. X, Gen. 99, Sp. 12- — Motacilla peétore nigro, idem, Fauna Suec. n.° 214.—Motacilla qua” noffre albam cognominant. Gefner. Avi. paë, 618.—Idem , Icon. Avi. pag. 124. — Motacilla conmunis quam yuloo albam vocant. Afdrovande, Avi. tom. II , page 726. — Motacilla alba Gefñeri. Barrère Ornitholog. Cha. 111, Ge. 19. Sp. 1. — Motacilla alba, albiculxe Charleton , Exercit. pag. 96, n° 1.—Idem, Onomaf?. page 90, n.° 1.— Motacilla alba feu codatremula ; ænipologus Turneri, cinclus Spontint. — Rzaczynskti , AuëËtuar. page 396. — Motacilla codatremula cinclus græcis , idem, Hifi. Nat. Polon. page 288.— Cnipa- logus , quem culicileoam Gaza imterpretatur. Gefner , Avi. pag. 275: — Budyta, idem , ibid. page 240. — Sylvia peëtore nigro. Klein, Avi. pag. 78, n.° 6. — Ballarina. Olina , Uccell. pag. 43. — Culicilega, Bélon, Obferv. pag. 16. Lavandière cendrée, idem, Nat. des Oifeaux ; pag. 349. — Lavandière , batte- queue, batte-leffive ; hauffe-queue, idem ;, Port. d'Oif pag- 88, 6.— Bergeronette. Albin, tome I, pag. 43. — Ficedula fupernè cinerea , infernè alba; occipitio & collo fuperiore nigris; collo inferiore vel candido | macul& | nigr@, ferri equini æmula infignito , vel totaliter nigro ; redricibus binis utrimque extimis plufjuam dimidia- tim exterins albis. Motacilla, la lavandière , Briffon , tome III, Page 461. Qi 364 Hifloire Naturelle la Javandière ; néanmoins 1l me parojt certain que le Xnipologos des Grecs eft un tout autre otfeau. | Ariftote (&b. WIIT, cap. 3), parle de deux pics (dryocolaptas) & du loriet { galgulus), comme habitans des arbres qu ils frappentdubec : rl fautleur joindre, dit-il, le petit orfeau amaffeur de mou- cherons (Ænipologos) qui frappe aufñ les arbres ( qui & ip/e lignipeta eff), qui eft gris tacheté ( colore cinereus, maculis diffinäus ), & à peine auf grand que le chardonneret ( magnitudine quanta fpi- nus), & dont la voix eft forible ( yoce parvé ). Sealiger obferve avec raïfon (b), qu'un oïfeau lignipète, ou qui béquete les arbres ( Xunoxo' re ) ne peut être la la- vandière, Un plumage fond gris & poin- té de taches (c), n’eft point celur de la Javandière qui eft coupé par grandes bandes, & par mafles blanches & noires; le caraétère de la grandeur, celui de la voix ne lui conviennent pas plus; mais nous trouvons tous ces traits dans notre (8) In Ariflot. pag. 888. "1 * (e) Scaliger traduit, puu&@lis diflinêtuss L de la Lavandiere. 36$ grimpereau , voix foible , plumage ta- cheté fur un fond brun ou gris-obfcur , habitude de vivre à l'entour des troncs d'arbres, & d'y recuetilir les moucherons engourdis; tout cela convient au grim= pereau (d), & ne peut s'appliquer à la lavandière , de laquelle nous ne trouvons ht le nom ni a defcription dans Îles au- ACLIS Ces NT 2 | Elle n’eft guère plus grofle que Ia méfange commume, mais fa longue queue femble agrandir fon corps , & lui donne en tout fept pouces de loñgueur; la queue elle-même en a trois & demr, l'otfeau l’épanouit & l’étale en volant; il s'appuie fur cette large rame, qui lui fert (d) Turner lui-même , au rapport de Gefner , finit par reconnoître le 4wipologos pour un oifeau du gerre des pics. Turnerus in libro de Avibus, enipologon Ariflotelis ; 1d efl, cukciligam interprete. Gaza. hanc Avem ( Motacillam) effe putat. Sed pollea än epiflola ad me, culicilegam- driflotelis fe vidiffe ait, zota cinerei ferè coloris, €7 fpeciem habens pic martii. Gefner , pag. 593. Et Aldrovande relevant lerreur qui faifoit du cuipologos une lavandière , penfe qu’A- riftote défigne par ce nom le plus petit des pics su le grimpereau. De Avib, tome Il, pag. 726. ? Q u 366 Hifloire Naturelle pour Îe balancer, pour pirauetter , s’é- lancer, rebrouffer & fe jouer dans le vague de l'air ; &; lorfqu'il eft pofé, :l donne inceflamment à cette même partie un balancement aflez vif de bas en haut par repriles de cinq ou fix fecouffes. Ces oïfeaux courent légèrement à pe- tits pas très-preftes fur la grève des riva- ges ; ils entrent même au moyen de leurs longues jambes à la profondeur de quelques lignes dans l'eau de la lame afloiblie, qui vient s'épandre fur la rive bafe en un léger réfeau ; mais plus fou- vent on Îles voit voltiger fur les éclufes des moulins, & fe poler fur les pierres ; is y viennent, pour ainf dire, battre Îa 4eflive avec les laveufes, tournant tout le jour à l’entour de ces femmes , s'en ap- prochant familièrement, recuerllant les muettes que par fois elles leur jettent, & femblant imiter, du battement de Îeur queue, celut qu'elles font pour battre leur finge (e): habitude qui a fait donner à cet orfeau le nom de lavandière. {e) La lavandière tient cette appellation fran- goife, pour ce qu’elle eft fort familière aux ruifr de la Lavandiere. 367 Le blanc & le noïr jetés par imafies & par grandes taches, partagent le plumage de la lavandière ; le ventre eft blanc; la queue eft compolée de douze pennes , dont les dix.intermédiaires font noires, les deux latérales blanches jufqu’auprès de leur naïflance ; l'aile pliée n'atternt qu'au tiers de leur ionguieur ; les pennes des aïles font noirîtres & bordées de gris-blanc. Bélon remarque à la favandière un petit rapport dans les aïles qui lap- proche du genre des oïfeaux d’eau (f). Le defflus de la tête eft couvert d’une calotte noïre qui defcend fur Le haut du cou ; un demi-mafque blanc cache le front, enveloppe l'œil & tombant fur les feaux , où elle remue toujours fa queue en hochant le derrière , comme une lavandière qui bat fes drapeaux. Béion , Nat. des Oifeaux, page 340. (f) Elle a une enfeïgne particulière , par fa- quelle on Îa voit enfuivre les oifeaux de rivière, c’eft qu’elle a les dernières plumes de fes aeles, joignant le corps, aufli longues que les premières du devant, lefquelles on trouve auffi en tous au- tres oïfeaux qui vivent de mouches & vermes de terres, pluviers & vanneaux. Bélon, Nat. des Oif, page 349. Q 1v 368 Hifloire Naturelle côtés du cou, confine avec le noir de la gorge qui eft garnie d'un large plaîtron noir arrondr fur [a poitrine. Plufieurs individus, tels que celui qui eft repré- fenté, fig 2 de la planche enlurninée, n° 652, n'ont de ce plaftron noir qu'une zone en demi-cercle au haut de la por- trine, & leur gorge eft blanche ; le dos gris-ardoifé dans les autres, eft gris-brun dans ces individus qui paroïfient former une variété, qui néanmoins fe mèle & fe confond avec lefpèce (g), car Îa difié- rence du mâle à [a femelle, confifte en ce que, dans celle-ct, la partre du fommet de la tête eft brune, au leu que dans le mâle cette mème partie eft notre (A). eo * … “A g G MA or x {g) Color plamaginis in hoc genus ave fubinde ariat; alias magis cinereus, alias nigrior. Wilughby, pag. 172 Abin dit la même chofe, some 1, pag. 434. Quelques Obfervateurs femblent attribuer cettedit- férence à celle de lPâge, & afflurent qu’à feur retour au printems la plupart des favandières font plus blanches, & prennent du noir dans le cours de la faifon. Félon paroît de cet avis, « fes jeunes 5» lavandières de fix mois, dit-il, font d’une autre #5 couleur que Îles vieilles d’un an, qui ont mué leur premier plumage. » Nas. des Oifeaux. (4h) Lu quefla fpecie la femmina è differente dull, de la Lavandieré, 369 La lavandière eft de retour dans nos provinces à la fin de mars; elle fait fon nid à terre, fous quelques racines ou fous le gazon dans les terres en repos ; mais plus fouvent au bord des eaux, fous une rive creufe & fous les piles de ‘bois élevées le long des rivières; ce nid eft compofé d'herbes sèches, de petites racines , quelquefois entre - mélées de * moufle , le tout lié aflez négligemment, & garni au-dedans d'un lit de plume ou de crin ; elle pond quatre ou cinq œufs blancs, femés de taches brunes, & ne fait ordinairement qu'une nichée , àmoins que la première ne foit détruite ou 1n- terrompue avant l’exclufon & l'éducation des petits ; le père & la mère les défen- dent avec courage lorfqu’on veut en ap- procher; 1ls viennent au-devant de l’en- nemt plongeant & voltigeant , comme pour lentrainer atlleurs ; &, quand on emporte leur couvée, ils fuivent Le ravif- {eur, volant au-deflus de fa tête, tour- mafchio fola nell’aver fopra il capo macchia non di mero, ma- di bigio. Olina. — Femella ef cinereo vere sice. Schwenckfeld, pag. 306: 370 Hifloire Naturelle gant fans cefle , & appellant leurs petits avec des accens douloureux; 1llesforgnent auffi avec autant d'attention que de pro- preté, & nettorent Île nid de toutes ordu- res ; ils les jettent au-dehors & même les emportent à une certaine diftance; on Îles voit de même emporter au Hoin les mor- ceaux de papier ou les païlles qu'on aura femés pour reconnoître l’endroit où leur nid eft caché (2). Lorfque les petits font en état de voler, le père & la mère les conduifent & les nourriflent encore ÊLL EEE 2 D GP Grue ENG DETENTE OR COTE PS GR PURE Ses fee De PR AA (à) J’obfervois des lavandières qui avoient placé Jeur nid dans le trou d’un mur que baïgnoïit fa rivièré ; elles avoient foin de nétoyer le nid de leurs petits, & d’en emporter toutes les ordures à plus de trente pas ; if s’arrêta au plateau du pilotis, qui foutenoit le mur à fleur-d’eau, un papier blanc. Je remarquaï que ce papier déplaïfoit aux Javandières, & qu’elles faiforent l’une après l’autre d’inutiles efforts pour l’enlever ; il étoit trop pe- fant , je l’ôtai & j’y fubftituai de petites bandes de papier également blanc; elles ne manquèrent pas de les enlever les unes après les autres, & de les porter à la même diftance qu’elles portoient les ordures de leurs petits, trompées par la conformité de couleur. Je répétai plufeurs fois fa même expé- rience, Note communiquée par M. Hébert de la Lavandiére. 337x pendant trois femaines ou un mois ; on les voit fe gorger avidement d'in- fetes & d'œufs de fourmis qu'ils eur portent (#}). En tout tems , on ob- ferve que ces oïfeaux prennent leur manger avec une vitefle fingulhière , & fans paroître fe donner Île tems de l'a- valer ; 1ls amafilent les vermifleaux à terre ; ts chaflent & attrapent les mouches en l'air, ce font les objets de leurs fréquentes prrouettes ; du refte, leur vol eftondoyant & fe fait par élans & par bonds; ris s’aident de la queue dans Îeur vol en la mouvant horizontalement, & ce mouve- ment eft différent de celur qu'ils lui donnent à terre, & qui fe fait de haut en bas perpendicularrement. Au refte, les lavandières font entendre fréquem- ment, & fur-tout en volant, un petit cri vif & redoublé, d'un timbre net & clair (Æ) Je mis des œufs de groffes fourmis dans un endroit où les lavandières fe promenoient volon- tiers ;. elles en prenoient à chaque fois jufqu’à quinze & feize, tant que leur géfier étoit rempli, & Îles partageoïent à feurs petits. Nore du mème «Obferpateur, à Q v; | 372 Hiffoire Naturelle gui guit, gui gu? guit, €’eft une voix de. ralliement (Z/), car celles qui font à terre y répondent; maïs ce cri n'eft jamais plus brurant & plus répété, que lorfqu'elles viennent d'échapper aux ferres de Fé- pervier (m); elles ne craïgnent pas au- tant les autres animaux ni mêmel’homme, car, quand on les tire au fuñl, elles ne fuient pas loin & reviennent fe pofer à peu de diftance du chafleur : on en prend quelques-unes avec les alouettes au filet à miroir; & 1} paroit au récit d'Olrna, qu'on en fait en Italie une chaffe particu- dière vers le mrlreu d'octobre (7). C’eften automne qu’on les voit en plus grand nombre dans nos campagnes (0). eh (D) « Font une voix haultaine & claïre en volant, » où quand elles ont peur , qui eft pour s’entr’ap- peler. » Bélon- {n1) Oïina. {in ) Si fuol tender à quefl’uccello dà mezz’ottobre , centinuando fin per tutto novembre. Olina , pag. 51 ; fa figure, page 43. Cette chafle dure depuis quatre heures du foir jufqu’à l’entrée de la nuit ; on fe place au bord des eaux , on attire Îles lavandières par un appelant de leur efpèce, ou fi l’on n’en a pas encore, avec quelqu’autre petit oifeau. (o) En Brie, en Bourgogne , en Bugey , & de la Lavandière. 373 Cette fafon qui les raflemble, paroît leur infpirer plus de gareté; elles multrplrent leurs jeux , elles fe balancent en l'air, s’abattent dansies champs, fe pourfuivent, s’entr'appellent, & fe promènent en nom- bre fur les toits des moulins & des vil- lages vorfins des eaux , où elles femblent dialoguer entr'elles, par petits criscoupés & réitérés; on crotroit à les entendre, que toutes & chacune s'interrogent, fe : répondenttour-à-tour pendant un certain tems, & jufqu'à ce qu'une acclamation générale de toute l’aflemblée donne Île fignal ou le confentement de fe tran{fpor- ter atlleurs. C’eft dans ce tems encore qu'elles font entendre ce petit ramage doux & léger à demi-voix, & qui n'eft prefque qu'un murmure (p), d'où ap- dans la plupart de nos provinces, on en voit, en certains tems de Pannée , une quantité prodigieufe près des fieux habités, dans Îles champs à la fuite des troupeaux , d’où il paroît que c’eft un oiïfeau de pañfage. Note de M. Hébert. (p ) Encore favent roffignoler du gofier mélo- dieufement, chofe qu’on peut fouvente-fois ouir fur le commencement de l’hiver, Bélon, Nat. des Oifeaux- 374 Hifloire Naturelle paremment Bélon leur à appliqué Le nom italien de fufurade (a fufurro). Ce doux accent leur eft infpiré par l’agrément de la faifon & par le plarfir de la focrèté .. auquel ces oïfeaux femblent être très- fenfibles. Sur la fin de l'automne, les lavandières s'attroupent en plus grandes bandes ; le foir, on les voit s’abattre fur les faules & dans les oferates, au bord des canaux & des rivières, d'où elles appellent celles qui paflent, & font enfemble un chamaïl- Ts brurant jufqu’à la nuit tombante. Dans les matinées clarres d’oétobre, on les en- tend pañler en l'air, quelquefors fort haut, fe réclamant & s’appelant fans cefle : elles partent alors (g), car elles nous quittent aux approches de fhiver, & cherchent d'autres climats. M. de Maïllet dit qu'il en tombe en Égypte vers cette fafon , des quantités prodigieules, que le peuple fait fécher dans le fable, pour les confer- Cg) In féptentrionali angle parte hieme non ap- paret , atque rarior etiam in meridionali. WiMughby , | pag. 172. — Motacille albæ autumno avelant. Gefner , \ pag: 593° de la Lavandiere. 375 ver & les manger enfuite (r). M. Adan- fon rapporte qu’on les voit en hiver au Sénégal avec les hirondelles & les caïlles qui ne s'y trouvent également que dans cette faïfon (f°). La livandière eft commune dans toute l'Europe, jufqu'en Suède, & fe trouve comme l'on voit en Afrique & en Âlie, Celle que M. Sonnerat nous à rapportée des Philippines , eft la même que celle de l’Europe. Une autre apportée du cap de Bonne-efpérance, par M. Commerlon,. ne différoit de la variété repré éfentée fig. 2 , de la planche n. 652, qu'en ce que le blanc de la gorge ne remontoit pas au- deflus de 1a tête, ni fi haut fur les côtés du cou, & en ce que les couvertures des arles moins variées, n'y formoient (r) « Depuis le Caire jufqu’à la mer , l’on voit tout le long du Nil, principalement aux ss environs des lieux habités, un grand nombre de « bergeronettes ou Javandières, de Pefpèce qui « et d’un oris-bleuâtre , avec un demi-collier noir « en forme de fer-à- cheval. L’on n’a pu me dire fi « ces oïfeaux reftoient toute l’année en Égypte. » Note envoyée du Caire par M. Sonini. (f) Voyage au Sénégal, pag. 67: 376 Hifloire Naturelle pas deux lignes tranfverfales blanches. Maïs Olina ne fe méprend-1l pas, lorfqu’il dit que la lavandière ne fe voit en Italie que l’automne & l'hiver (+), & peut-on croire que cet oïfeau pañle lhiver dans ce climat, en le voyant porter fes mi- grations fi loin dans des climats beaucoup plus chauds ? | 4 (1) La bianca f{ Motacilla) non ff vede quà tr goi fe non lautomne e liverne. Uccellerïia, pag. 51e / LU. ATP pa, 376 \ A { LA \ (AS S LS \ NS A : LA LAVANDIERE.2LA BERGERONETTE: A LE #té 0h CA, d'en hs is S Me GPU de «26 vs ES Pi dé és ‘ ge. = Ke des Bergeronettes. 377 LES BERGERONETTES | ou BERGERETTES. * LA BERGERONETTE GRISE (0). Premiere efpèce. L'on vienr De vom que lefpèce de 14 lavandière eft fimple & n’a qu'une légère variété : mais nous trouvons trois efpèces # Voyez les planches enluminées, 1.9 674", fix. te (a) Motacilla cinerea. Barrère, Ornithol. claff. 111, G. 19, Sp. 2.—Muftipata prima, myocopos, knipo- logos ; peucert , fliegenflecher ; menckenfiecher , flicher- ling. Schwenckfeïd , Ayiar. Silef. pag. 307. Il paroît que Schwenckfeld eonfond ici {a bergeronette avec le véritable knipologos dont il lui donne le nom, puifqu’il lui attibue de vivre dans Îes bois & de fe prendre à la glue; caraétères qui conviennent bien au knipologos, maïs non à la bergeronette. — Ficedula fupernè cinerea , infernè alba ( tenià tranf- versä in collo imferiore einerco fufcâ , mas) ; reétrice extimä albä , interiùs in exortu nigricante fimbriatä , proximè fequeuti in exortu alba E* nigricante longitudi- naliter varia , apice albâ. Motacilla cinerea. La ber- geronette grife. Briffon, Ornithol. tom. III, pag. 4656, 378 Hifioire Naturelle bien diftinétes dans la famille des berge- ronettes, & toutes trois habitent nos campagnes fans fe mêler ni produire en- femble. Nous les indiquerons par les dé- nominations de bergeronette grife , berge- ronette de printems @ bergeronette jaune , pour ne pas contredire les nomenclatures recues ; & nous ferons un article féparé des bergeronettes étrangères & des or- feaux qui ont le plus de rapport avec elles. L'efpèce d'afleétion que les bergero- nettes marquent pour les troupeaux : leur habitude à les fuivre dans {a prairie; leur manière de voltiger, de fe promener au mulieu du bétarl parflant ; de s’y mêler fins crainte, jufqu’à fe pofer quelquefots fur le dos des vaches & des moutons; leur air de familiarité avec le berger qu’elles précèdent, qu'elles accompagnent fans défiance & fans danger, qu’elles avertif- fent même de l'approche du loup eu de — Autre forte de Javandière. Bélon, Nat. des Oï- feaux , pag. 351 — La bergeronette grife eft le: mofquillon de Provence , fuivant la note que nous a envoyée M: Guys de Marfeille. des Bergeronettes , &c. 379 _ 'oifeau de prote (4) , leur ont fait don- nier un nom approprié, pour aïnfi dire, à cette vie paftorale (c). Compagne d'hommes innocens & païfhbles ; la ber- geronette femble avoir pour notre efpèce ce penchant qui rapprocheroïit de nous la plupart des animaux s'ils n'étoient _repouffés par notre barbarie, & écartés par la crainte de devenir nos viétimes, Dans {a bergeronette, l’affeétion eft plus forte que la peur; 1 n'eft point d'or- {eau libre dans les champs qui {e mon- tre auffi privé (d), qui fuite moins & moins loin, qui foit aufli confiant, qui fe larile approcher de plus près, qui revienne (8 ) Lorfque ces oïfeaux vont en troupes à la fuite des troupeaux, ils font les efpions ou plutôt les fentinelles du berger, car ïls Favertifient lorf- qu'ils aperçoivent Île loup ou un oifeau de proie. Note communiquée par M. Guys. (c) « La bergeronette qui auffife repaît de mou- ches, fuit volontiersles bêtes, fachant y trouver « pâture, & poflible eft de-là que l’avons nommé « bergerette. » Bélon, Nat. des Oïifeaux, pag. 351. (d) « De tous oyfillons fauvages, 1 n’y en a aucun qui foit fi privé que Îles bergeronettes, car elles viennent jufque bien près des perfonnes fans «e en avoir peure» Bélon, Nat. des Oifeaux, page 351. 380 Hifloire Naturelle plutôt à portée des armes du chafleur qu'elle n’a pas l'air de redouter , puif- | qu'elle ne fait pas même fuir (e). - Les mouches font fa pâture pendant la belle farfon, mais quand les frimats ont abattu les infeétes volans & renfermé | les troupeaux dans létable, elle fe retire fur les ruifleaux, & y pafle prefque toute : la mauvaife faifon. Du moins la plupart : de ces oïleaux ne nous quittent pas pen- dant l'hiver ; la bergeronette jaune eft Ia plus conftamment fédentaire; la grife eft moins cofnmune dans cette mauvaife faifon. | Toutes les bergeronettes font plus pes tites que la lavandière, & ont la queue à proportion encore plus longue. Bélon, . qui n’a connu diftinétement que la ber- geronette jaune, femble défigner notre bergeronette grife, fous le nom de autre forte de lavandière (f). (e) Quand elle s'eft abattue dans un troupeau, occupée à gober les mouches, elle fe laiffe appro- cher de très-près. Salerne. (f) «Encore ya une autre forte de favandière qui » eft moindre que la fufdite ; qui n’eft pas plug des Bergeronettes, &c. 381 La bergeronette grile à le manteau gris ; le deflous du corps blanc, avec une bande brune en demi-collier au cou; la queue norrâtre, avec du blanc aux pennes extérieures ; les grandes pennes de l’arle brunes, les autres noirûtres & frangées de blanc comme les couvertures. Elle fait fon nid vers la fin d'avril ; communément fur un ofer, près deterre, à l’abrr de la pluie; elle pond & couve ordinairement dèux fois par an. La der- niere ponte eft tardive, car l’on trouve des' nichées jufqu'en feptembre , ce qui ne pourroit avoir lieu dans une famille d'oifeaux qui feroïent obligés de partir, & d'emmener leurs petits avant l'hiver : cependant les premières couvées & Îles couples plus diligens des bergeronettes fe répandent dansles champs dès les mois de juillet & d'août : au lieu que les favan- dières ne s’attroupent guère que pour le aroffe qu’üne bergerette. I femble que c’eft quel- «e _que efpèce entre les deux.» Bélon, Nat. des Oïfeaux, 2e8 351 À 382 Hifloire Naturelle pañlage, fur la fin de feptembre & en oétobre ( p). | La bergeronette f1 volontiers amie de l’homme, ne fe plie point à devenir fon efclave ; elle meurt dans la prifon de la cage ; elle aime la focièté & craint l'étroite captivité ; mais laiflée Itbre dans un ap- partement en hiver, elle y vit, donnant la chafle aux mouches & ramaflant les mies de pain qu'on lur jette (2). Quel- quefoïs les navigateurs la votent arriver | {ur eur bord, entrer dans le vaïfleau, fe famiiari{er , les furvre dans leur voyage _ & nelesquitter qu'au débarquement (2); fg) « La favandière n’eft pas de fa nature de »# la bergerette ; car mefmement l’on prend fi grande 5» quantité de bergerettes durant les mois de juillet ss & d’aouft, comme au contraire en feptembre » & en octobre l’on prend des lavandières & point de bergerettes.» Bélon , Nat. des Oifeaux. [h) Gefner, Schwenckfeld. { i) Le 8 Jum, nous étions environ à la hau- teur des côtes de Sicile, à douze ou quinze lieues de toute terre. On prit fur le vaifleau une berge- ronette, on lui donna Îa liberté, elle refta cepen- dant avec nous ; on lui avoit mis à boire & à. manger {ur une des fenêtres où elle ne manquoits, des Bergeronettes, &c. 383 ‘fi pourtant ces faits ne doivent pas plutot s’attribuer à [a lavandière, plus grande voyageufe que la bergeronette, & fu- jette dans fes traverfées à s’égarer fur les mers. : EC Go 50 AE DEEE Er SR SERRE GE RE CECI SR PP er Er RE NOEL EE pas de venir prendre fes repas. Elle nous accoms pagna fidèlement jufqu’à ce du’elle fe vit très- _ près de terre de l’île de Candie. Elle nous aban- donna lorfque nous étions dans Ie port de Ia Sonde: Note communiquée par M, de Manoncour. 384 Hifloire Naturelle * LA BERGERONETTE DE PRINTEMS/(E) Seconde efpéce. Crrre BerceRoNETTE eff la première à reparoitre au printems dans Îles prairies | % Voyez les planches enluminées, n.° 674, fig. 2... (k) En Allemand, gelber flicherling ; irlin, fuivant. Schwenckfeld ; ge/bruflige, bach flelrze , felon Frifch 5 « en Anglois , yellow swater-wagtaii. Wïilughby, Ray, Edwards; en Suédois, faedefaerla. Linn. — Motacilla flava. Wilughby , Ornith. pag, 127: — Ray, Synopf. pag. 75, n° a 2.— Linnæus, Syf. Nat. ed. VI, Gen. 82, Sp: 2. — Motucilla peltore abdomineque flavo ; reétricibus duabus exterioribus ‘dimidiato obliquè albis. dem, Fauna Suecica , n.° 215; & Syf. Nat. ed. X, Gen. 99, Sp. 13. — Motacilla flava alteraw Aldrovande, Avi. tom. II, pag. 729. — Jonfton Avi page 87. — Motacilla lutea. Frifch , avec une“ bonne figure, pl. 23.— Sylvia lutea capite nigrosn Klein, Avi. page 78, n° 8.— Muftipeta fecunda Schwenckfeld , Avi. Silef. page 307. — Ficeéula fupernè ohfcurè viridi-olivacea , infernè flava ; capiten cinereo { maculis infra genas & in collo inferiore lunu=à latis nigris, mas); 1æni@ fupra oculos flavà ( mas M albidé (fœmina); reéricibus duabus utrimque extimisW & dans | des Bergeronettes, &c. 38; & dans les champs, où elle niche au ni- lieu des blés verts. À peine néanmoins a-t-elle difparu de Phiver, fi ce n’eft du- rant les plus grands froids; fe tenant ordi- nairement, comme la bergeronette jaune, au bord des rurfleaux & près des fources, qui ne gèlent pas. Âu refte, ces déno- minations paroïflent 2ffez mal appliquées, car la bergeronette jaune a moins de jaune que la bergeronette de printems (7); elle n’a cette couleur bien décidée qu’au - croupion &c ay ventre ; tandis que la ber- geronette de printems a tout le deflous & le devant du corps d'un beau jaune, & un trait de cette même couleur tracé dans laïle fur la frange des couvertures : plufquam dimidiatim obliquè. albis. Motacilla vera, riflon , tom. III, pag. 468. — Bergeronette jaune, Edwards, Glan. pag. 102, avec uné belle figure du mâle , pl. 158- | de . (1) Aldrovande lobferve déjà, motacilla flave alia..... tutenfius quäm precedens (la bergeronette jaune } Flava & Avi. tom. II, pag. 729, auffi Edwards donne-t-il cette bérgeronette de printems fous le nom de bergeronette jaune. Glanures ; page 102, pl 253: | Oiféauz , Tome LX. R 386 Hifloire Naturelle moyennes ; tout Île manteau eft olivitres \ obicur; cette mème couleur borde les | huit pennes de la queue , fur un fond ! notrâtre ; les deux extérieures font plus d’à-moitié blanches; celles de l’arie font « brunes, avec Îeur bord extérieur blan- châtre , & la trorième des plus voifines | du corps s'étend, quand l'aile eft pliée, auf loin que la plus longue des grandes pennes ; caractère que nous avons déjà remarqué dans la lavandière ; la tête eft | cendrée , teinte au fommet d'olivitre 3°. au-deflus de l'œil paffe une ligne blanche | dans la femelle, jaune dans le mâle , qui {e diftingue de plus par des mouchetures | noïrâtres, plus ou moins fréquentes , … femées en croïflant fous là gorge, & mar- | quées encore au-deflus des genoux. On | voit le mêle, lorfqu’il eft en amour, cou- … rir, tourner autour de fa femelle, enren- #flant les plumes de fon dos, d’une ma- | nière étrange, mais qui, fans doute, | exprime énergiquement à fa compagne la vivacité du defir. Leur nichée eft quelque- fois tardive & ordinairement nombreule; ils fe placent fouvent le long des ruil- w, feaux , fous une rive, & quelquefois au M ee des Bergeronettes,&c. 387 milieu des blés , avant la moïflon (m»). Ces bergeronettes viennent en automne comme les autres au milieu de nos trou- peaux. L’efpèce en eft commune en An- -gleterre, en France (n), & paroît être répandue dans toute l'Europe jufqu’en Suède (o). Nous avons remarqué, dans plufieurs individus, que l'ongle poftérieur eft plus long que Îe grand dotgt anté- rieur : obfervation qu'Edwards & Wil- lughby avoient déjà faite , & qui contredit _l'axiome des nomenclatures dans lef- quelles le caraëtère générique de ces ._ oïfeaux eft d’avoir cet ongle & ce doigt égaux en longueur (p}). 4à {mn} Wiüilughby , Edwards, _ {n) Edwards. _ fo) Linnæus. | . (Pp) Buffon, Ornithol, tome Î11, page 269- 388 Hifloire Naturelle LIL MORE LENS RTE ON PR NT SR LP tn SLAM A * LA BERGERONETTE JAUNE (g LE roifième efpece. Qc AND LES LAVANDIÈRES s’envolent en | automne, les bergeronettes fe rappro- (b) Voyezles planches enluminées, n.° 28, fo. 1, (g) Motacilla flava, Gefner ; Avi. page 618. — Idem, Zcon. Avi. page 124. — Aldrovande, Avi, tome II, page 728, avec Îa figure , page 859, +— Jonfion, #vi. page 86. — Schwenckfeld, Avi, Silef. page 307. — Sibbalde, Scor. üllufir. part. 11, lib. 111, page 18.— Charleton , Exercir. page 06, n.° 2. -- Idem, Onomafl. pag. 90 ,n.° 2.—Rzaczyn, Eif. Nat. Polon. page 288. — Idem, Auëtuar. page 396 ; & dans la même page le même oifeau une feconde fois, fous le nom de motaçilla cinerea, — Motacilla cineea. WiMughby, Ornithol. pag. 172. d — Ray, Synepf. page 75: n.° 3. — Sylvia flava L Jonfoni. Barrère, Orithol. claff. 111, G. 19, Sp. 3 | — Sylvia flava. Klein, Ari. pag. 78, n°7. — Fice- dula fupernè ex cinereo ad olivaceum inclinans, infernè pallidè flava ; uropygio flavo- olivaceo ; tæntà füupra oculos albidà (imacülà in gutture nigrä, mas; ) reêtrice extimà albà, frquentibus binis interits & apice albis ; esterius migricantious , margine interiore tertiæ nigri- cante. Motacilla flava, la bergeronette jaune. BrifJon, + , Te BE - — Ornithol, me LI] , pag. 471. — Bergerette ou ber« | des Bergeronettes, &C, 389 thent.de nos habitations, dit Gefner, & viennent durant l'hiver juiqu'au milieu - des villages; c’eft fur-tout à la jaune que Ton doit appliquer cé palage &attribuer cette habitude (r). Elle cherche alors fa vie fur les bords des fources chaudes & fe met à l'abri fous les rives des ruifleaux; elle s’ÿ trouve aflez bien pour faire en- tendre font ramage dans cettetrifte faïfon, à moins que Île frord ne foit exceffif; c’eft un petit chant doux, & comme à demi- voix, femblable au chant d'automne de geronette jaufne. Bélon, Nat: des Oifeaux, pags 351: — Bergeronette jaune. Æ/hin, tome II, page 28 , _avec des figures mäl coloriées dela femelle , pi 68 — Bergeronette grife. Edwards, Glan. page 105 , avec une beile fioure du mâle, pl. 259.— Boarula arifl. Schwenckfeld & Kiein. En Allemand, pre/be bach flelize , Kleine bach fleltzge ; en Polonois , pliska olra ; en Anglois, vellow svater swagtail ; & grey gpater wagtail fuivant Willughby , Edwards. (Cr) Motacille albe automno avolant ; flavæ ron item..... hieme per vicos , apparent. Gefner , Avi, pag- 593. — Motacillas migrare aiunt, hanei( flavam } apud nos manere. Aldrovande , tomé 1 1, pagé 728. — L'inverno s’arrifChia a venir nel! abitato, lafciandofs pedere per 1 giardini, delle cafe, € etiandio ne’ cortili, Olina , Uccelleria. ) | ‘Rÿ 390 Hifloire Naturelle. la lavandière , & ces fons fi doux font | Dien différens du cri argu que cette ber: geronette jette en paflant pour s'élever | en l’arr. Au printems, elle va nicher dans | les praïries, ou quelquefois dans des taïllis | fous une racine, près d’une fource ou d’un ruifleau ; le nid eft pofé fur la terre & conftruit d'herbes sèches ou de moufle | en-dehors , bien fournit de plumes, de crin ou de laine en-dedans, & mieuxtifiu | que celur de la ivandière ; on y trouve fx, fept ou huit œufs blanc-fale, tache- | tés de jaunâtre ; quand les petits font élevés, après la récolte des herbes dans : les prés, le père & la mère les conduifent avec eux à la fuite des troupeaux. Les mouches & les moucherons font alors leur pâture, car tant qu'ils fréquen- … tent le bord des eaux°en hiver, 1s vi- vent de vermifleaux, & ne laïflent pas : auffi d’avaler de petites gratnes ; nous en … avons trouvé avec des débris de fcarabées _ & une petite pierre dans le géfier d'uné bergcronette jaune, prife à fa fin de dé- cembre ; l'œfophage fe dilatoit avant.fon infertion, le géfier-mufculeux étoit dou- blé d’une membrane sèche , ridée ; fans u ice des Bergeronettes, &t. 391 adhérence; le tube nteftinil long de dix pouces , étoit fans cœcum & fans vélicule de fiel ; la langue étoit éfrangée par le bout comme dans toutes les bergeronet- tes ; l’ongle poftérieur étoit le plus grand de tous. - De tous ces oïfeaux à queue Iongue, la bergeronette jaune eft celur où ce ca: ractère eft le plus marqué ( [°):3 fa queue a près de quatre pouces, & fon corps n’en a que trois & demi; fon vol eft de huit pouces dix lignes; la tête eft grife; 1e manteau jufqu’aucroupionolive-foncé, fur fond gris; le croupion jaune ; le def- fous de la queue d’un jaune plus vif, le ventre avec la poitrine jaune-pâle dans . des individus jeunes , tels apparemment que celui qu'a décrit M. Briflon ; mais dans les aduites, d’un beau jaune écla- tant & plein (4); la gorge eft blanche; (Cf) Edwards, Glan. page 259. (2) Edwards, ibidem. — « 1 y a difiinétion en fa bergerette , du mâle & de la femelle; c’eft « que le mâle eft fi fort jaune par-deffous Je ventre «s qu’on ne voit aucun oifeau quile foit plus. » Bélons Nat. des Oïfeaux , page 351. R:iv 392 Hifloire Naturelle une petite bande longitudinale blanchä+ tre prend à l’origine du béc & pafle fur : l'œil ; le fond des plumes des: aïles.eft : gris-brun, légèrement frangé fur quel- ques-unes de gris-blanc ; 1l y a du blanc à l'origine des pennes moyennes, ce qui : forme fur larle une bande tranfverfale quand elle eft étendue; de plus, le bord extérieur des trois plus proches du corps eft jaune-pâle , & de ces trois la pre- mère eft prefque aufli longue que la plus grande penne ; la plus extérieure de celles de la queue eft toute blanche , hornus à une échancrure noire en-dedans ; la fui- vante left du côté intérieur feulement, a troifième de même; les fix autres font | noïrâtres. Les individus, quiportent fous la gorge une tache noire furmonteée d'une bande blanche fous la joue, font Les mä- w les (u); fuivant Bélon, rs ont aufli leur Cu) Wilughby n’a décrit que Îa femelle, qu'if appelle éergeronette grife ( Motacilla cinerea., Ornith. page 172 ), & Albin, qui donne deux figures de cet oïfeau , donne deux fois la femelle, n’y ayanÿ de noir fur Ja gorge de l’une ni de l'autre, « des Bergeronettes OC. 394 jaune beaucoup plus vif, & la ligne des {ourcis également jaune ; & l'on obferve _que la couleur de tous ces oïfeaux paroiït plus forte en hiver après la mue. Aurefte, _dans la figure de la planche enlurmince,, la couleur jaune eft trop forble , & a teinte verte eft trop forte. …_ . Edwards décrit notre bergeronette … jaune fous le nom de bergeroneite grije (x), & Gefnet lui attribue les noms de hctte- "+ ' 4 ART D PC E-ED van “queue ; batte- leffiye ; qui équivalent à -£elui de, lavandière, (y); ctiéétivement ces bergeronettes (ne fe trouvent pas -moiïns-fouvent.que.la livandière. {ur des - eaux & Îles petites rivières prerreufes (2), - els s'y tiénnent MêMe plus Confm- ". AR DE pet NAT FE 4 ment, puifqu’on les y voit encore ben- dant Thiver ; cependant 1l en délerte beaucoup plus qu'il n'en refte au pays. AUrIS VERS fl 13 dr, EE Ni OÙ Pa à AL iSu 13 ‘ L : + #1 k réciet n À PNEUA > à ' EL HE Li é ALUN MIE L'È + ” TOR : us € de F : : ÿ «34 js ML M'INRRENE) k dut ARE Cr) The grey water-wagrail. Clin. wbi fapras Dénomination peu exacte , & qui vient éridinai- rement de Wilughby , qui reconnoît Aui-méine. m’avoir décrit que la femelle (loco citato, } A Ÿ SL Val GS à ; x 4! ER 6 "à é ÿ Cr) Gefner ? Avi. P&8215947 Vos hihi 3 0 Cz) Fluniosilapidofos frequentat, Willughby | | Ry , be 8 394 Hifloire Naturelle car elles font en bien plus grand nombre au milieu des troupeaux en automne, qu'en hiver fur les fources & les ruit- Fi (a). M.5 Linnæus & Frifch ne font pas mention de cette berseronette jau- ne, foit qu'ils la confondent avec celle ue nous avons nommée de printems , foit qu'il n'y ait réellement qu’une de ces deux efpèces qui fe trouve dans le nord de l'Europe. | 4 ” _ La bergeronette de Java de M. Brit- fon (b), rellemble fi fort à notre ber- | (a) # L’on en voit prendre au mois d’aouft ; » ff grande quantité qu’on les apporte à la ville à » centaines, & toutefois en autres faïfons font fi » rares , Qu’on n’en peut recouvrer.» Bélon, Nat, des Oïeaux , page 351. — M. Adanfon a trouvé la bergeronette jaune au Sénégal. « On trouve fur » cette île ( de Gorée ) de petites poules-d’eau, » ces bécaffes de plufieurs efpèces, des alouettes, » des grives, des perdrix de mer & des lavandières »» jaunes, ou, pour mieux dire, les ortolans du » pays; ce font de petits pelotons de graifle d’un goût excellent. » Foyage au Sénégal, page 169. Cè Ficedula fupernè ex cinerco fufto ad oliva- cœun inclinans infetnè flava ; collo inferiore & peëtore fordidè grifiis , Pariçante adnyxw ia peëlore ; reétrice 4 des Bergeronnettes, &C. 309$ eronctte jaune; les différences en font fi fotbles ou plutot tellement nulles, à comparer les deux defcriptions, que nous n’héfterons pas de rapporter cette efpèce d'Afie à notre efpèce Européenne , ou plutôt à ne faire des deux qu'un feul & même oïfeau. Rd extimä alb4 , duabus proxime fequentibus tnteriès € apice albis. Motacilla Javenfis, la bergeronette de Java. Briffor ; Ornithof. tom. IF], pare 474. 396 Hifloire Naturelle + : 2 A € Quiont rapportaux BERGERONETTES. LA BERGERONETTÉ ‘DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. Lss BERGERONETTES étrangères ont tant de rapport avec les bergeronettes d'Ex- rope , quon eroiroit volontiers leurs. efpèces. originatrement les mêmes , & modifiées feulement par linfluence des: climats. Celle du cap de Bonne-efpé- trance , repréfentée dans nos planches en- luminées , m° 28 , figure z, nous a été apportée par M. Sonnerat ; c’eft la même que décrit M. Brion. (a). Un grand {a) Ficedula fupernè fufta , infernè fordidè albax sœniâ. tranfversê nigricamte ir peëtore ; lineolà fupra: oculos fordidè albâ, reëricibus duabus utrimque extimis ;. obliquè dimidiatim albis. Motacilia capitis Bonæ-fpei », h bergeronette du cap.de Bonne-efpérance, Br'(fèxs Oxnithol. some 111, page 476 OISEAUX ÉTRANGERS des Oifeaux étrangers. 397 manteau brun qui fe termine en noir. fur la queue, & dont les deux bords font tés fous le cow par une écharpe brune, couvre tout le deflus du corps de cette bergeronette, qui eft prefque auffi grande que Îa lavandière , tout le deflous de fon. corps eft blanc-fale ; une petite figne de même couleur , coupe Îa coiffe brune de la tête & pale du bec fur l'œil ; des pennesde la queue, les huit intermédiaires font notres en entier ; les deux extérieures de chaque côté font largement échan- crées de blanc ; 'arle pliée paroît brune. mais, en la développant, elle eft blanche dans là moitié de fa longueur. 2 AT A LA PETITE BERGERONETTE pu CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.. Deux cARACTÈRES nous obligent de féparer de la précédente cette bergero- nette qui nous a également èté rapportée du Cap par M. Sonnerat : premièrement, a grandeur, celle-ci ayant moins de cinq pouces, fur quoi la queue en a deux &: 398 Hifloire Naturelle demi ; fecondement, la couleur du ventre qui eft tout jaune, excepté les couvertures inférieures de la queue qui font blanches ; une petite bande notre pañle fur l'œil & fe porte au-delà ; tout le manteau eft d’un brun jaunître; le bec large à fa bafe va en s’aminciffant dans le mrlieu & fe ren- flant à l'extrémité ; 1l eft noir ainfi que la eue, les arles & les pieds; les doigts be très-longs, & M. Sonnerat obferve que l’ongle poftérieur eft plus grand que les autres ; 11 remarque encore que cette . efpèce a beaucoup de rapport avec la fuivante, qu’il nous à aufl fait connoi-. tre, & qui peut-être n'eft que la même, modifiée par la diftance de climat du Cap | aux Moluques. TITI. “APE he LA BERGERONETTE. DE L'ÎLE DE TIMOR. CETTE BERGERONETTE 4 , comme la précédente , le deflous du corps jaune; | fur l'œil un trait de cette couleur ; le _deflus de la tête & du corps eft gris-… cendré ; les grandes couvertures termi- … des Oiftaux étrangers. ‘399 nées de blanc, forment une bande de cette couleur fur Païle, qui eft notreainfi ue la queue & le bec ; les pieds font d'un rouge-pâle ; l'ongle poftérieur eft plus long du double que les autres; le bec, comme dans la précédente , eft large d’abord, aminci, puis renflé; la queue a vinot-fept lignes, elle dépañle les aïles de dix-huit, & l’oifeau va la remuant fans cefle , comme nos bergeronettes, | A V.. AA 1 APT LA BERGERONETTE DE MADRAS. Ray à donné cette efpèce (b), & c’eft d’après lui que M. Briflon l'a décrite (c); ais n1 l'un nt l’autre n’en marquent les (8) Motactlla Maderafpatana nigro alboque mixta. Ray, Synopf. Avi. page 194, avec une figure peu exacte du mâle ; & dans fa même planche la femelle ; Motacilla Maderafpatana , ex «lbo ciuerea caudä for- cipatà. Te c ) Ficedula nigra (mas) cinerea (fæmina\; ven- tre albo ; tænia in alis longitudinal! candidà , re&ricibus binis intermediis nigris , lateralibus albis, Motacilla Mo derafpatana, Ja bergeronette de Madras. 400 Hifloire Naturelle. dimenfons ; pour les couleurs, elles ne | font compofées que de noir & de blanc; ‘la tête, la gorge, le cou & tout le man- teau, y compris les aïles, font noirs; toutesdes plumes de la queue font blan- -ches , excepté les deux du mrlieu ; celles- ci font noïres & un peu plus courtes que les autres, ce qui rend la queue fourchue; le ventre.eft blanc; le bec, les | mâle, eft gris danis celui de la femelle, NU T'Y | RE de: * # DE à SE At A CE AS OR SE A rt AA À | ct A # k Ni, 0 MS MUR le À AE TNA 'ES x 4. i pr ;: des Figuiers. 40% LES FIGUIERS. Les Orsraux, que l’on appelle Féguiers, font d’un genre voifin de celui des bec- figues, & 1ls leur reflemblent par les caractères principaux; ils ont le bec droit, délié & très-pointu, avec deux petites échancrures vers l'extrémité de [1 man- dibule fupérieure ; caraëétère qui leur eft commun avec les tangaras, mais dont _ le bec eft beaucoup plus épais & plus riccourct que celur des figurers ; ceux-ci ont l'ouverture des narines découverte , ce qui les diftingue des méfanges; ïls ont J'ongie du doigt poftérieur arqué, ce qui les fépare des alouettes ; ainf', lon ne peut fe difpenfer d'en faire un genre particulier. jo © | | Nous en connoïffons cinq efpèces dans les climats très-chauds de lancien con- tinent, & vingt-neuf efpèces dans ceux de l'Amérique ; elles diffèrent des cinq premières par la forme de la queue ; celle des figurers de l’ancien continent eft ré- gulièrement étagée , au lieu que celle 402 Hifloire Naturelle des figuiers d'Amérique eft échancrée à extrémité & comme fourchue, les deux pennes du milieu étant plus courtes que les autres, & ce caractère fufht pour recon- noître de quel continent font ces oïfeaux, Nous commencerons par les efpèces qui fe trouvent dans l’ancien, Le des Figuiers, 403 LE PIGUIER y£Rr © JAUNE (a). : Première efpece. Cr Oùsrau a quatre pouces huit lignes de longueur ; le bec, fept lignes ; la queue , vingt lignes; & les pieds , fept lignes & demie ; 1l a la tète & tout le defflus du corps d'un vert d'olive, le deflous du corps jaunâtre; les couvertures fupérieures des aïles font d’un brun-foncé, avec deux bandes tranfverfales blanches; les pennes des aïles font noirâtres , & celles de la queue font du même vert Ca) Green indian fly-catcher | mufticapa indica vi- ridis. Edwards, Hif. of Birds , pag. 79. Luftinia Bengalenfis. Klem, Avi. pag. 75, n.° 17. Ficedula füpernè -viridi-olivacea , infernè flava , pauco viridi adumbrata ; tœuià duplici tranfrersâ in alis candidà , oris quarumdam exterioribus flavis ; rec- tricibus viridi-olivaceis......,. [Ficedula Bengalenfis. Brion, Ornithol, tome III, page 484. Motacilla viridis , fubtus flarefcens, alis nigris : faf= eus duabus albis......, Motacilla Tipha, Linnæus, Syfe Nar. ed. XII, page 331: E lifloire. Naturelle an ps a # M. le bec, Les pieds & les ongles $ ont norrîtres, 7 4 _, Cet oïfeau donné par Edyards Ë venu de Bengale, maïs cet Auteur Ta ? appelé moucherolle, quoiqu'il ne foit pas du genre des gobe-mouches nt des mou-. cherolles qui ont le bec tout différent, É Linnæus s’eft auf trompé en le prenant | : pour un motacilla , hoche-queue, Havas à dière ou bergeronette , car les figuiérs . qu'il a tous mis dvec les hoche-queues ne font pas de’ leur genre , ils ont Ka. queue beaucoup plus courte, ce qui feut» eft plus que fufhf ant pour faire SENS à ces oùfeaux. » XF": L'ET - f0 4 = 1) UN ) SE > Zom. ZX. Tom. NX pur. 24. La PATPIT: 4 WW GR. PIGULI A 4 F Seconde efpèce. | Dans l'île de Madagafcar, cet oifeau eft connu fous Le nom de feheric; ïl a été tranfporté à l’île de France, où on Pap- pelle œil blanc, parce qu’il a une petite membrane blanche autour des yeux ; if eft plus petit que le précédent, n'ayant que trois pouces huit lignes de longueur, & les autres dimenfions proportionnelles ; xl à la tête, le deflus du cou , le dos L&: les couvertures fupérieures des aïles d'un vert d'olive ; la gorge & les cou- vertures inférieures de la queue jaunes; He deflous du corps blanchître ; les pen- 1 (6) Ficedula fupernè viridi-olivacea , infernè cine- Vreo alba; oculorum ambitu*candido ; gutture & tefri- pcibus caude inférieribus fuiphureis 3 reËtricibus latera= Uibus dilutè fufèis, cris exterioribus viridi olivaceis. | Ficedula Madagafcarienfis minor. Brion | Ornithol, tome IH, page 408 ; & p/, 238, fig. 2. | Motacilla virideftens ; fubtus albida , gul@ anoque flavis , palpebris albis....,.. Motacilla Madera/pa- tana. Lignæus; Sy. Nar. ed. XII, page 334. 406 Hifloire Naturelle nes des aïles font d’un brun-clair & Bordées de vert d'olive fur leur côté exté- rieur; les deux pennes du mrlteu de law queue font du même vert d'olive que leu deflus du corps; les autres pennes de 11m queue font brunes & bordées de vertu d'olive ; le bec eft d’un gris-brun ; les ! pieds & les ongles font cendrés. M. le : vicomte de Querhoënt, qui a obfervé cet w oïfeau à l'ile de France, dit qu'il eft peu ! craintif, & que néanmoinsilnes'approche pas fouvent des lieux habités ; qu'il vole M