-.‘fe HISTOIRE VERITABLE E T NAT VRELLE Des Mœurs &.Produ£tions du Pays E>£ LA NOVVELLE FRANGE, Yuigairemcnt dite LE CANADA. CùmpoU par PIERRE EOVCHER, Ufcnyer Sicnr dé Gros-bo'u ^ ^ GoHiierncHr dés Trois-Rmieresy audit, lieu de la NoHuelle’* France, A V AK hSy Chez Flore k t i n Lambert , më^ Saint làcques , vis à vis Saint Yues, à riinage Saint Paul. Id. ËTc L X Fv^ - j^uec Permijjîàn. ‘ ' A 'il^NSElGW LL ER ïsoy. èa (bn Coiifei! ÿal^tn teiîcîant Fi- àanêcs Bc ÿûJr-Interx- d^i^làe^BMiBièbs bfe fa ^ 'Majèifé }■ Bâton Hc Sêi- - piê^ ècc. EPISTRE. màis véritable , de U Mouueile France , efi arrûsée du grandFleuueS . Laurens y & des Lacs & Rmieres ^ui s y 'vont ren* âre ytay creu que cét Ou- uragevom efioit deu^Dleu 'VOUS ayant donné pour ce pays 'vn amoujr parsku- lier ^ qui fans doute ira croijfant, lors que 'vous aurez» cfté plus ampkment informé de la bùfttéfp' de la beauté de toutes not contrées* C* cfi le fensiment wmmsmmmmmÊmÊrn ‘i^uèp^uècfjojg auxtïii auez. c^vyiYf^uti de tous aux «uofiui connoijfentjque l 'v^ tpîijlûè ehofèijiui ayt pou^ jQr de *üdm , a. •^pjîj'vade U gloire du i^oy y & des inter ejts de lu Wrance>&‘ qu en fuite l on promettre de * de 'uojlre cre^ ant, fay creuy m o-K s Ë l'G N E V R, que ce fiura pourroit contrihuer d€fairefieur:iTnQjhreI)^^o^ mlkVrance, & imfam Æort Jt que/uous verrez dans 4a fmflicité de mim jiiU q^fsj efi'fans artifice, qnefurayv ment elle mérité ef fiH: pe^iplée^^ qfielle00 Ai^ ges de i* antienne qui efi fi ahmdmte0 mes,qMe les ReJ^aMmes & iesColonieséfirangefes sea peuplent de tour en iqu^ NemutfiptesmM^^^ EPIS T RE. conjerue fis fitfitSy lès f^ifimt pajfèr dans la i^OMuelk France , & quR lè nom François foit éga-^ IsmenP jlorijfant en (mk ^ en l'autre MondCidans r Amérique & dans lEu^ rope. V aurais fujet de craindre que cétOuurage ne fufi pas bien receu de ceux qui recherchent les ernemens de noftre Lan^ gue 5 fi ie ne me refiouue^ mis qu ayant eu l'honneur l'année derniere de parler 5 iiij . EPISTRE. à: fa Majep, ^ de luj repondre à plufieurs que-^ fions qu il me faijoit Jur le Pays de la Nomelfe P yance^tants enfautquil fe rehutajl de mes réponfes fmples Ornâmes, qttau contraire il eut la bonté d en témoigner de î agrée^ ment -y fay creu, Monsei^ GNEVR, que 'VOUS ri auriez^ pas moins de bonté pour moj J & que receuant ce petit prefent , que ie vous cœur. orrre d’vn jr and EPISTRE. ^ous U frotegérez, , & *uous me ^ermettnz^ de m€ 4m > MON SE IG HEV R t>c fa Ville àcs Trais- BibaeriEs, cilla Nouuéllc Fiance^ le S.Odob.i^iîj. Voftre très - humble &: crcs-obeïflànt fêruiceur, PlERRS Bovcher. AVANT-FRôfàS: portéàfaire ce petit Trai- té. La première eft a qtie iy ay efté; engage par quantité d’horreSeigeniS^ que i’ay eü rhônhéür rfentretênk pendant que tây efté'én France ^ èç qui ont pris vn grand plailît Aaant-profos, d’entendre parler de ce pays icy , & de fe voir de^ labufez de quantité de mauuaifes opinions qu’ils en auoient conceu : en fuite dequoy ils m’ont prié de leur cnuoycr vue peti- te Relation du Pays de la Nouuclle France , c’eft à dire ce que c eft du Pays, ce qui s’y trouue , afin dé le- faire fçauoir à leurs amis. Le nombre de ceux qui m’en ont prié eftant grand , ic n’aurois pû que malaifément y fatisfaireî c’eû çourquoy k me fuis refblu de faire imprimer la prefente Defcription , êc les prier d’y auoir recours. La feeon de rai£bn, c’eft quayant yen l’afïèdion I que faMajefté témôignoie I auoir pour la Nouuelle I France 3 Sc la reiblution qu’il a prife de détruire les Iroquois nos ennemis , de peupler ce Pays icyji’ay péfé que f obligerons beaU' coup de monde , de ceux qui auroicnt quelques dcl^ i feins d’y venir, ou d’y faire venir quelques - vns de leurs alliez, de leur pouuoif Auant-prspoi. faire connoiftre le PajrS auantque d’y venir. Il y a long-temps qnc i’auois cette pcnfée,ÔC i at-^ tendois toujours que quel - qu’ vn rtiift la mai n à la plu- me pour cét effet : mais voyant que perfonne ne s’en eft mis en dcuoit,ietti® fuis rcfolu de faire la pre- fente defcriptioni en atten-^ dant que quclqu autre la faffe dans vn plus beau fti- le : car pour moy , ie me fuis contenté de vous dx-r cjîire fîmplement les cho-, fès, fans y rechercher Iq ^mm^pro^s. Beau langage j mais bien Je vous dire la vérité auec le plus Je naïuet^ poilible , & le plus brié ve- mentque faire fe peutjob- mettant: tout ce qitc ie crois eftre fuperflu , 6c ce qui ne fèruiroit qu a em^. belHf;^ie Jifeours. . le Je vous Jiray qualî i rieai qui n’aye déjà eftc dit ; parcy:*dêuânt,ôCquc vous ne p0ï01ez trouuer dans ies Relations dés RR/PP. leUice^ j ou d ans les V oya* .ges du Sieur de Cham-^ plain. f mais- comme cela ll"dï |>âs tamaCê ,dàÉs to Jiore ,, ac:;ipjViâ^ 4î)çîitglk^itcmfie§ k^Rélâ* ttQl1tiSÿ:pQM ttcmUÆE ce iîâ)^;®is i<^ >; ce vousicra^i 5to ^fëcilitc;, Cux tout pour qui n oîit autre delr ^/qûe de çqnuoiftre cè que ic’eil du( p^s. de là - îÿouuellfcEraBçé'i SE: qui ne re mettent pas en peine de ce, qui cR paiTe r dèeequiîs’jr.pairé* C’eft la rïâCbn ppurlaquelle ie n en parlcray point j quoy qu’il jraxt euqufilque cfeofe cel%= te année de feien :extraor-t wen veu dcfèmbiablc , dei- f uis enuiron trerïtei aàs qu i! y a que iè fuis dans et Pays icy5 qui eft vn tretn- ble-terre qui a &ré ptits dé fept mois , iiir tout vefs TadoufTac, où il s'efi: fait fentir cx^traofdinàircmcntj il s eit fait là des remuer mens admirables. Nous en âuons eu dans les comen- eemens des atteintes aux Trois -Riuieres, &mefme iufques au Mont-RoyaL Mais ce qui eft de plus ay- mable en tous ces boule- fes épouueiitabics ; c’eft que Dieu nous a tellement conferuéjque pas vne feu- le perfbnne n’en areceu la moindre incommodité. le n’en diray pas dauantage, les Peres leluites en font la Defcription , auec tous fes effets qu’il a produit, dans leur Relation , que vous pourez voir auec bien plus de pkifîr , le tout y eftànt mieux d’écrit que ic ne le pourois pas faire. Vous verrez cy-apres fes auanta- ges que l’on peut tirer dc; ces; pays pour le temporel, ie veux dire pour les biens de là terre. Pour lè Spirituel, l’on ne peut rien delîrer de plus. Nous auons vn Euelque dont le zélé ÔC la vertu font au delà de ce que ien J. puis dire : il eft toüt à touSj il fd fait: pauure pour enri- chir lés pauurès, 6c rcfTem- ble aux Euelques de la primitiué Eglife. Il eft af- Îîfté dd plu&urs Preftres feculiers , gens de grande vertuî car il nen peut fouE feird autres. Les Peres le- fijitcs, ^cofiJeiît fcs défi" lïi^ÿrj^iUant d^ns leu^ zele pr4i»^r€: ipfatigabler ment pour le falut; des ^i^B(5QiS(^;dés Sauu ,Efi vi% çpotyles gens'ds Wen peuumt viuré iey bigu coritens 3 ruais non pas ks uiefebans j veu qu’ils éclairs dp trçp p^'fSî^G’eiftjpourquoy w ne l|ji^Ç9U(èiHupas -d y vent^ jEai* ils3p<^rfpifeut bien en p|ip?? on y voidplufieurs .plantes rares qui ne 4c trottuent point enFfancei üy :a peu -de plantes quiibient nuiiî- fclesàà’liomme j & au contraire, il y a iheaucQU-p de finaples qui ont des effets merueiilleux- Il yaaulfi peu d' Animaux mal-failâns •. on a découuext des fontaines d’eau ia- lée, dont l’on peut tirer de tres- ;bon & d’autres qui fontMi- xieraües. Il y en a vne aiuPays des Iroquois-, qui jette ync eaugraf- & i qui icft comme de l’huile , &c .dont on fè fect quand ie traitteray de chaque chofe en particulier , comme j’efpere faire pour la fatisfadion du Ledeur. : La Nouuelle-France eft vn tres- grandPaySj qui eft coupé en deux par vn grand fleuue nommé le Fleuue faint Laurens ; Son em- Boucheurecômmence à Gafpé , & afcinquante lieues de large : pour fâ longueur, nous n’en fçauons au- ■fré chofe , linon, qu il; prend fon origine dulaç des Hurons , ^utre- de Canadas. 5 ment appellé la Mer-douce , que l’on tient auoir enuiron trois cens lieues de contour -, de iorte qu il le u-ouue que depuis Gafpé )uiques audit lac , il y a prés de cinq cens lieues , par le circuit qu elle tait. : Dans cedit lac ou mer-douce , fe décharge vn autre lac appelle le lac Supérieur, lequel ne luycede gueres , félon le rapport qui nous en a efté fait par les Saunages ^de ees Pays-là , & mcfmc par des François qui en font venus depuis ^^Tout ce grandPays nous de- meure inconnu , a eau le de a guerre des Iroquois , qui nous empelchent den faire la décou- uerte , comme il feroit fouhaita- n ai Il eft vray que ce Pays de la Nouuelle-France a quelque chofe d’affreux à fon abord ; car à voir " “ “ A iil ^ Hffiôîre Naturelle Flfte deTefre-neufvejôù efiPIai- fcnce,IesMcs Saint Pierre, le Cap de Baye,FMe Saiiüc Paul, & les au- tres Terres' de l’entrée du Golfe, tout eela donne plus d’eiFroy le d enuie de s’en éloigner, que de defir d’y vouloir habituer ; c’eft pourquoy te ne m’eftonne pas fî ee Pays a demeuré fi Iong,-temps làns efère habitue. le trouuejapres tout confider e , qu il ne luy man- que que desHabirans.G’eftla rai- fon qui m’a obligé àfairc ce petit Traitc,pour informer auec vérité tous ceux qui auroient de l’incli- nation pour le Pays de laNouuel- le-France , qui auroient quel- ques volontez de s’y venir habi- tuer, ô^pourofier la mauuaife opi- nion que le vulgaire en a, &que mal-à-propos on menace d’en- uoyér les garnemens en Canadas çonMmc par pttîaitiQo ^ yckis al&ûr de Canadas, 7 raBt quG couc au contraire , il y a _ ©eu de perfonnes de ceux qm y font venus, quiayent aucun del^ fein de retourner en France , u des affaires de grande importance ne les y appellent ; & ic vous diray fans déguifement , que pendant mon fejour àParis & arlîcursl an- née precedente,)’ ay fait rencontre de plufieurs perfonnes allez a leur aifc , qui auoient efte pm- cy- deuant Habitam de noftre Cana- da, 82 qui s’en eftoient retirez a caufe de la guerre ,lefquels m’ont affeuré qu’ils eftoierit dans vne grande impatience d’y reuenir : tant il eft vray que la Nouuelle- France a quelque chofe d at- trayant pour ceux qui en fçauent goufter les douceurs. P our vous r endre la fiiitte de cc Traitté plus intelligible, ie vous diray ladiftance qui fe trouue de A iiii 8 HifloirelSIatuntte lieux à autres qui font habitez, ou qui font remarquables pour leur Havres , ou pour autres cho- Nous lairons donc toute l’en- tree du Golfe , dont j’ay parlé cy- deffiis, comme d’vn Pays qui ne vaut pas la peine qu’on en écriue rien; Nous dirons feulement que depuis IMePercéejufquesàGaf- pe. Il y a fept lieues , de Gafpé à Tadouifac quatre-vingt trois ^eues ; de Tadouifac mfques à v^bec, trente lieues ; de Québec luiquesaux troisRiuieres trente leuésjdes tlrois Riuiercs aumont- Royal trente lieues , des trois Ri- uieres mfques aux Iroquois d’en- bas , nommez Anieronnons , qui lont proche delaNouuelIe-Hol- lande,il y a enuiron quatre-vingt ieuës ; du mont-Royal iniques aux Iroquois du milieu , nom- âicz Onnontagneronnons, il ya pareillement cnuiron quatre- vingt lieues ; du mont-Roy al iuC- ques au Pays où demeuroient au- trefois les Hurons , il y a deux cens lieues .- tout ce grand fleuue de ces grands lacs font remplis de belles nies de toute forte de gran- deurs, La grande Riuiere vient du Couchant au Leuant. L’eau en eft làlée iufques au Gap T ourmente, qui eft fept lieues au deflbus de Quebecyfon compte de Quebec fur le grand Banc de T erre-neuf- ve , oùl’on va pefeher lesMoluës> trois cens lieues. Aux enuirons de riflePercée> ilfe trouue grand -nombre d’ huî- tres en écailles , qui font parfaite- ment bonnes. Il y a auffi, en ces quartiers-là vn cofteau de char- bon de terre J il y a pareillement A V ro Htfioire !^S^mrelle ’çn peu plas deçà vue Platriére jiP me relie à vous dire par quelle iiauteur font nos habitationsj pour vous rendre le tout plus in- telligible. Vous fçaurez donc que Ga^é ?€ll par les quarante-neuf degrcz dix minuttes ; TadoulTac par des quarante-huit degrez & vn tiers j.Quebec par les quarante- fix tïois quarts >les trois Riuieres par les quarante-lîx j Mont-Royal Jîax les quarante-cinq ; les Irro — quois du Milieu, où on auoit ha- bitué cy^deuant y nommez Oh- nontagueronnons , par les qua- rante-deux &vn quart. de Canadas. ^’WN' - Briefue defcriftion âeQiu- bec , & de quelques- autves lieux. Chapitre sbcond. Comme ie feray obligé dans la fuittc de mon difcours , de parler fouuent de Q^bec, qui eft la principale babkation que nous ayons en la Nouuelle-France , ô£ le lieu quia efté le premier habite par les François j l’ay eftoit à propos que j’en fifle (ks le eommcncemcnt vne groüiere defcription , afin de donner plus d’intelligenee au Leâeur^ Qj^bee eâ donc la principale habitation ©ù refide le Gouuer- neur General de tout le Pays , il y a vne bomne foi-terefle Se vne bon- A vj fl Hifiotre Naturelle • ne gamifon : comme auffi vne belle Eglife qui fcrt de ParoilTe, & qui eft comme la Cathédrale de tout Je Pays ; le Seruice s’y fait tiUec les mefines ceremonies que dans les meilleures Paroiffes de Fiance ; c eft audi dans ce lieu que rcfide 1 Euelque. U y a vn College de lefuites, vn Monaftere d’Vrfc- linesqui inftruifent toutes les pe- tites filles J ce qui fait beaucoup de bien au Pays ; auffi bien que le Gpllege des lefuites pour l’mftru- Êtion de toute la jeuncfîe dans ce Pays naifiant. Il y a pareillement vn Conuent d Holpitalieres , qui eft vn grand foulagement pour les panures malades . C eft dommage qu’elles n’ont dauantage de reüe- nu. Quebee eft fîtué fur le bord du grand fleuue faint Laurens,qui‘ a enuiron vne petite lieue de large en cet endroit-ià , & qui coule en- de Canadas. -lî tte deux grandes terres élcuées ; cette fortereffe, les EgUres 6£ les Monafteres, U les plus belles mai- fons 5 font bafties lur le haut > p u- iieurs maifons & magazins font battis au pied du cotteau, tur le bord du grand Fleuue , à l’occa- fion desNauires qui viennent jut- ques4à ; car c’cft là le terme de la ISIauigation pour lesNauires, on ne croit pas quils puiffent paner plus auant fans rifque. Vne lieuë au deflbus de Que- bec la riuiere fc fepare en deux, & for me vne belle lfle,qu on appelle rifle d’Orléans, qui a enuuon dix- huit lieues détour ,dans laquede ilyaplufieurs Habitans : leste^ res y font fort bonnes , il y a auflï quantité de prairies le long des bords. Qiiebec eft bafty fur le TOC ; ^ en creulànt les caues, on tire de a 14 ^ifioireNaturelte pierre dequoy fai re les logis ; tou- tesfGis cette pierre n’eft pas bien, bonne , ac elle ne prend pas le fortier:e’eftyn efpeee de mar- bre noir ; mais à vne lieuë de là ,, loitau dclEis OU au deflbus.on en trouuequi eft parfaitement bon- ne furie bord dudit âeuue ,.qui fc ^ilie fort bien. On trouue dans yuebec de la pierre à chaux, & delà terre gralTe pour faire de la- rique , paué , thuilc, & autres, chofes femblables; quatre ou cinq: cens pas au delTous delà forteref. fe,la terr e ell coupée par vne belle riuiere, nommée la riuiere faine t^harles ,^qui a prés dVne. lieuë de toge en fadéehargp dans la gran- de rmrcrc , quand la marée elî haute ; car demarée baffe , elle eft pi-efque toute à fec , ce qui eff vne • e TOmmodke potir bien pren- dredü P0if&n„quîciî,yn bon ra. de Qtnddas. £ïaîchiffement auxHabitans de ecr üeu-là; fur tout, k Printemps qu il s’y pefchevne infinité d alozes.Au defifous de eette riuiere , k pays deuknt plat , eft habité juiques à kpt licués en bas ; les marées y font parfaitement réglées , elles defeendent fept heures , Si mon- tent cinq , & chaque fois retar- . dent detrois quarts d’heure. Q^bee eft fitüe du cofte div NortjSc eft habitué alfez auant; dans les terres, qui s y font tr ou- uées bonnes : Il eft habitue aufli trois lieues en montant ; mais les terresn y font pas fi bonnes: com- me pareillement du cofte dubud, lés terres quoy que bonnes , -y femblent vn peu plus ingrates. La pefche eft abondante en tons CCS quartiers-là de quantité de fortes de poiflbns, comme Eltur- geons , Saumons , Barbues , Bar , Hiftoire Naturelle Alôzesj&plufîeurs autres ; maisie ne puis obmettre vnepcfche d’an- Automne, qui cft fi abondante, que cela eft in. Cloyablea ceux qm ne l’ont pay veu . L y a tel homme qui en a pri part.ElIes font groiTes & grandes, ^ d vn fort bon gouft, meilleures^ qu en France de beaucoup , on en falepourtoutel’annéequifecon- jîi uent parfaitement bien, & font d vne excellente nourriture poul- ies gens de trauail. V neft bas fi abondante a prefent proche cffe Quebec,com- me elfoaefte: Je Gibier s’eftreti- ic a Gix ou douze lieuës de là. Il relie feulement des Tourterelles ou des Bi féaux qui font icy en a- i>^foancétduslesElleZ,ilsent.ua piques dans les ïardins- de Que- c , & des autres habitations ; el- les durent fcufemcnt quatre mois* de l’annce. , Onyfeme dotoutes fortes de chofes, tant dans les champs que dans les jardins, tout y venant tort bien , comme ie diray ’ nonobftant la longueur de 1 Hy- Puifqüe ie fuis tombé fur l’Hy- uer , ie diray vn petit mot en paf- fant des Saifons ; on n’en compte proprement que deux, car nous palfons tout d’vn coup dvn grand froid à vn grand chaud, ôc d^n sraiid chaud à vn grand *oid c’eft pourquoy on ne parle que par HyuerôcEftévrHyuer corn- mence incontinent apresla Toul- tàints -, c’eft à dire les geleesv ÔC quelque - temps apres les neiges viennent , qui demeurent fur la. terre jufques entiiron le quinziè- me d’Aurii pour l’ordinaire ; car tlifloire Naturelle ^tteVesfois clics font fondues; uid marsdotc^.nau-c,e’eftdans icieizzcme qæ Ja terreiè trouue ^ m dlat de poulTer les FWs&d’efeelaBom-ée. les chaJeurs fc»,c extrêmement grandes , & on ne diroitpas qne ^^usTottons dVngrandH^r! ^ia fait que tout auanee , & que ^onvaideninoinsderienJatcrre paree4 vn beau verd; & en effet ce a eff admirable , de voir que le Dledquon feme dans la find’A- «f.&jurquesanvingtiéme* ^y,s>recnemedanslfm"d: Septembre, &eft parfaitement ^ es ehofes auancent à propor- tion ; car nous voyons que les choux pomme2,quifefcmenticy aucommencement de May ,ferel de Canddés. W niantcm àa.ns ic vingt ou vingt-. aaaEtiéme deluin , fe recueillent à la^n d’Oaol>re,&: ontdes pom- mes «ÿiipezcnt des quinze àièizc liures. , , Pour l’Hyuér , quo^y qu d dme cinq mois , ô£ que la terre y oit eouuerte de neiges, & que pendat cetemps le froidyfoit vnpeu al- pre , il B eft pas toutesfois dela- greable •• e’eft vn froid qui eft |uay ,ôi la plufpart du temps ce font desiours beaux fer amS', 6C, on me s’en trouuc aucunement in- commodé : on fe promène par tout fur les neiges, par le moyens de certaines ebauffeures faites par ks Saunages , qu’on appelle Ra- quettes qui font fort commodes. En vérité, tes neiges font my moins importunes , que ne lont les boués en France. ^ Us Saifons ne font pas égalés io Hiftmre Naturelle par tout le Pays : aux trois Rfuie- resil yaprés ciVn mois moins T rant d agrément , a toutefois vn fi-es-grand auantage à caufe du nombre d’Habitans , & qu’il eft de^Fraïc^^ qui viennent _ Tadoulfac , eli vn lieu ou les> autres abordoient autrefois, & ou ils faifoient leurs décharges auant qu’on czaft les faire mon- ter jufques à Qiiebec:.tout ce qu il y a de conlîderable, c’eflr vne bede anfe en cul dé fac, ou les Na- uires-font bien ài’abry,ranfey eflant profonde & de bon an- cragç. de C^tî^dds* il Il y a vne belle riuiere nommée le Saguené , qui palTe toutl trà-. uers : on: y a fait baftir vne Ghap- pelle ., vn Magazin , 6c vne petite ForterelTe , à l’occafion de plu- fieursSauuages qui y palset 1 bite: maisil n’y a perfonne qui y ha- bite, le Pays n eftant pas propre, -tant pour les terres que pour la Êiifon, quoy que la pcfchey foit fort bonne. Mais difons vn mot de 1 habita- tion des trois Riuiercs : c eft vn fort beau Pays à voir , vn Pays plat , point montagneux , quia 4efort beaux boisiplufieurs riuie- resôdacsentreeoupentfes terres, qui font toutes bordées de belles prairiesjce qui fait qu’il y a quan- tité d’ Animaux, 6c fur tout des Elans , Caribous, 6C Caftors , : très-grand nombre de Gibier dePoilTon. 2.2 Uijtoire Naturelle ^ Les terres ijue Ton a commcncc ^ aefèriCer font û-blonncuiès^ mais qui xïr^biffeiit pas ie praduircà 4Herueilie > cftauc vn fable gras au defîlis. Qa s efî: bafty feulement i3« cofté du Nort. _ n y acomme deux habitations teparéespar groilè riuiere,^ 1 appel'lelcs Trois-RiuiereSjà cau- Æe qu’eftant entrecoupée par des IfleSjelle fait comme trois riuieres “cn ce lieudà J qui vient de dedans les terres xk codé du îsTort. Mont-Royal, qui eft la derniè- re de nos habitations Françoilès, eft plus auancee dans les terres. EL Je eft fîtuce dans vne brfle grande Me nommée fille du mot-Royal, les terres y font fort bonnes. C eft terre noire oupierreulc jqui pro- duit du grain en abondance ; tout y Vient patfaitement bien ; mais lur tout les melons & les oignons; la pefcbe & la chaf& y eft tres- jbotmeirXïaiicJc Pays d’alentaur eft ixcaii > 8c «taoc plus l’oïXjOJontejeQliaut duroiledeslr- xoqwois ipliis le P aysy eft agrea- Ue :cleü-vn Pays plat , vneforcft S)ù les arb) tes fout gros & hauts ex- traordiuaireoient: ce cpii tïionftte la bon£é.dc knerredlsy font clairs SC point etnharaflez dépérit bois : ce feroit va Pays tout propre à courir leCerfj dont il y a abon- dance, s’il yauoit en cePays des Habitans qui eulïènt des chenaux pour cela > ôc^que 1 Iroquois euft cifté ivn pen feimilié , ou pour ^ioux dire doaaptc i la plu'lpart •de -ces arbres font .des chefiies . Mais ne snous aBaufons pas fi long-ten^sfur les chemins, St en- tronstout dVn coupvdansde grand ;lac.desIroquois , 'apres auoir paf- :sc au *craviers de plu-s de deux cens 2.4 I^fioire Naturelle Mes qui fout à l’entrée , dont les deux tiers ne font que prairieSjôc J autre tiers , des rochers en pain de fucreXaiffons à droit & à gau- che , & dans les Mes, vn grand nombie de beftes qu’on y rencon- -cre , qui font quelquesfois plus de cinq cens tout d’vne bande. Ce Pays des Iroquois dont ie veux parler , & qui ed fur le bord de noftre grand Fleuue , puifqu’il paife au trauers de leur grand Lac, , cft vn fort bon P aïs ôc bien agréa- ble ; la terre en eft parfaitement bonne , ôc la meilleure que l’on puifle rencontrer; ainfî qu’on peut juger par les arbres. 11 ne s’y rencontre quafî poiiu de iàpinie- res , mais au contraire rien que beaux bois, qui font chefoes,cha- fiagniez,noyers,heftres,boisblâc, meiiriers 5 & quantité d'autres beaux arbres donc nous n'auons point point de coaoilïànce en ces quar« tiers , ce quieft cauiè que ie n’en fçay point ks noms ; Les arbres fruitiers font plus en abondance. Gomme aufli la chaife des belles fauues J & du Gibier. Il y a plu- fieurs fontaines d’eau filée > dont fon fait de tres-beau & bon fei, -La quantité de^ prairies eft admi- rable : & les quatre Saifons y font comme en France, linon que l’Hy- uer ny eft pas lî long y la pefehe y eft abondante , lur tout de Sau- mon , Efturgeon , Barbue , & An- guille, dont il y a des quantkez prodigieufes : tous ces grands P ay s4à font de mefme . leqeprlcray point du pays des Hurons , puifqu il cft abandonné, tant des François que des Sauua- ges,qui ont efté obligez de le quit- ter , à caüfé dèslroquois :1e Pays eft tres-bcau gc bon , prefque tout B lé Hifioire ISlaturdle deferté comme en France , fimé fur le bord du grand Lac , qui a trois cens lieues de circuit , & qui eft remply d Vn nombre infiny d’ifles de toutes façons, beaubois, bonne terre , abondance de chaffe & de pefebe en toute faifoiij l’Hy- uer y durequatre mois, l’y ây vert vne pefehe qui eft fort agréable, qui fe fait auffi-bien l’Hyuerfous les glaces., que pendant 1 Éfte; c eft celle du Haran dont il y a abon- dance. Ce qui eft encor de beau à voir en ce Pays- là , ce font plu- licurs petits lacs d’vne lieue & de deux lieues de tour, qui fè voyent au milieu de cesterres deffrichees, bordées de prairies tout a^ l en- tour, & en fuitte d’vn petit bois, d’où forcent quantité de Cerfs qui viennent paiftre s de forte qu al- lant àladuft, on ne peut manquer dé faire coupvScàîa faifon vous de Canadas. i '7 les voyez tous chargez de Gibier de riuiere. Les Coqs-d’Indes &: autres oyfeaux fe trouuent -dans les champs. Mais ie ne vous veux & ie ne puis pas faire la defcri- ption de tous les beaux lieux de^ ces Pays-Ia > ny des commoditez^ qui s y rencontrent , & cllre bref comme ie pretens. Defcn^tion des Terres don t nous amnsconnoijfance. Chapitre I I I, IE crois qu’il n’eft pas hors de propos de vous faire icy vnc petite delcription des Terres dôt nous aaons connoilTance , comme clics font differentes en diuers lieux jïbit pour la forme , la bon- té & la nature de la terre. Bii I zS Hifloire atmelle le ne vous parleray point des ptemieres qu’on rencontre ve- nant de France, puis quelles ne valent pas la peine que l’on en parle, en comparaifbn des autres: à proprement parler , ce ne font pas des terres , mars de grands ro- chers horribles à voir. Depuis rifle Percée, qui eft l’em- boucheure du fleuue , julques vis- à-vis de Tadouflac du collé du Sud, que les Nauires fréquentent quandils montent à Qwbec,tou- tes les terres paroiflènt hautes, la plufpart grandes montagnes : .c eft ce qui a donné le nom aux MontsN aftr e-Dame, quixiainét vne partie de ce chemin-la; Sel on dit qu’ils ne fonc quafl iamais dé- couKcrts de neige , & par confè- quent inhabitables : ce n eft pas quilnyait entre lefdites Monta- gnes ôc le. bord du grand;. Fleuue, de Canadas. 2.9 quatre J cinq 5 5^ quelquefois huit lieues de plat-pays , & que tout ce pays ne foit coupé d’efpace en eC- pace par de belles riuiçres. le le juge toutefois fort mal-proprc pour eftrc habité, finon Ga^é que j’eftime fort propre à faire vne habitation j c’eü vne Baye qui en- tre dans les terres alTez auant , qui faitvn baffin propre à mettre desNauiresà l’abry. Dans le fond de la Baye, les ter- res parodfcnt fort propres à habi- ter. D’ailleurs, ily a grande pen- che de Moluc en ces quartiers-lài Il y a auffi trois autres beaux Ha- vres dix ou douze lieues au del^ ibusjfçauoir l’HIe Percée, Bona- uenture, èc Mifeou , où toutes les années des Nauires vont à la peC- ehe de la Moluë en tous ees 'Ha- vres. Ce feroitvn lieu tres-propre pour auûir correfpondance auec B iii 50 Htfioire !I\(amrelle Québec, puis quon y va facile- ment auec des Barques &: des Cha- louppes. Là au droit fè voit Flile d’Anti- cofti, dont ie ne vous parleray pas n y ayant point efté,ièuieiTientay- jc ouy dire que c’eftoit vne fort belle terre , auffi-bien que la cofte - du-NortjdepuisT adoullac delcen- dant enbas, dans laquelle ôn ren- contre quantité de l^llcs riuieres, bien profondes ôc grandement poilïbnneulès ; mais fur tout,abô- dantes en Sau mons ; il y en a des quantitez prodigieufes , félon !e raport que m’en ont fiit ceux qui y ont efté. Depuis Tadouffac jufques à ièpt lieues proche de Quebec, que I on nomme le Cap-Tourments, k Pays ell tout à fut inhabitable, eftanttrop haut, Se tout de roche, &.cout,à fait efcaipc. le n’y ay re« marqué quvnfeul. endroit, qui ert la Baye faint Paul , enuiron fur la moitié du chemin , & vis-à-vis Pille aux Coudres,qui paroift fort belle lars qu’on y palTe , aulîi-bien que toutes les Iftes qui fe trouuent depuis TadoulTac jufquesà Quæ- bec,lefquelles font toutes propres à eftre habitées. le n’en fais point de defeription en particulier , n’ayant delTeinque devons don- ner, vnebriefue connoilTanee de tout le Pays , ôt de quelques lieux principaux; La code du .Sud depuis Tadouf- lac jufques àQ]^bec ed fort belle, &: vne terre plus balTe S£ qui pa- roift par les arbres dont elle eft chargée, eftre fort bonne. Il y a plufieurs belles nuieres toutes remplies de poilTons 6c de gibier dans la làifoii : il fe trouue de bel- les prairies le long de la cofte , ce B iiii Hiftôire 'Naturelle qui fait qii’il y a quantité de beftes feuues. Depuis Quebec jurques aux i:i’ois-Riuieres dujBefjTie cofté du Sud, lés terres font àïîèz belles , Si ily a d’ailèz beau bois ;,mais- elles font éleuées jufques à !fix ou fept lieues audelTous des trojs-Riuie* res , où elles commencent à éftre balïès, belles, vni es : Si. cela conti- nue j niques dans le paysdes lro- quois. Ces terres font patfikc- mentiDonîies , enttei^oupéesidE ri* uieres, garnies de lacs parendrois. <5u^ntité .de prairies fe rencon- trent non Iculement le long' dù -flenuc^àlentour des lacs dans ces petites riuieres , mais encore dans les terres ; eequi fait que la chafTé •yeft abondante , tant d’Oylèaux C[Oc d’Animaax. Du eollé diiNort depuis le Cap- Tourmcnre,qui eltlèpt lieues plus de Canadas. 53 bas que Qœbec , jufques au Cap- Rouge , qui eft trois lieues au del- fusjccla eft habité le long du grand Fleuue: depuis le Cap-Rouge juf- ques à la riuiere faintc Anne, qui font emxiron dix-fept lieues de ■Pays en -montant , les terres y font affe-2 belles ; mais rabor d n’en eft pas fi agréable, à caülè que la pîuf- part de la cofte eftpierreulè» Ï1 ne laide pas de s’y trouuer de belles riuieres , & des prairies par en- droits. Depuis la riuiere fainte Anne jufques aux trois-Riuieres, qui'contientenuiron dix lieues de paysjles terres y fontitres-belles de ■bafiesîle bordage le long du grand ©euueeft fable ouprairks j les fo- •refisy font tres-belles& bien-ai- sées à défricher. depuis Qikbet julques au X trois-Riuieres, il n’y apoint d’Iflcs, ^noii deux petites^’enuiron vne. B 54 Hifioire N aturelle . lieue de cour chacune , & qui font proche de la terre-ferme du cofté du Nort ; elles fe nomment l’Iflc làinte.Anne , & l’Ifle faint Eloy. , Depuis les trois-Riuicres juf- ques au mont-Royal , il y en a quantité & de fort belles, & la. plufpart n’ont pas encore de nom; quelquesnvnes des principales s’appellent fifle, faint Ignace , au- ,présde laquelle il y en a prés d’vi- ne.vingtaine ,que l’on appelle les Iflesde Riehelicu. le ne diray rien de leurs beautez, ny de la grande chaffe & pefche qui s’y rencontre; ielcrois trop long fîà tous leseii- droits j’en voulois faire vne dedu- élion ; ie me contenteray ièule*- ment de dire que les prairies font abondantes . Il croift dans les bois vne quan-i' tité prodigieuiè d’ortyes propres à faire du çhanyre ; les Saunages^ de Cdu^dd^. ^5 Hurons & Irqquois s’en ferucnc pour faire diuers ouürages , com- me des fies, rets, colliers &: armu- res i il s’entrouue grande quantité en beaucoifp d’endroits de ce Pays icy. En iiiitc fe void d’autres liles, qu’on nomme les Ifles Bouchard, j plus haut font les Ifles làintlean, en Alite les Ifles Per cées,l’Ifle de ûintcThcréfe, rifle faintPaul, & plufleurs autres qui n’ont point encore de nom , toutes tres-belles & bien commodes pour eftre ha- bitées , & qui d’ailleurs fontabon- . dates en chafle, pefche,& prairies. . SuiuantlacofteduNortjle Pays cft très- beau, ôe tout le long du fieuue fe font prairies ; beaucoup de petites riuieres arroufent ces terres. La riuiere des Prairies eft vne grande riuiere qui. fe joint au fîcu- B vi- jé Hifioire Naturelle ue laint Laurent fix lieues au deC- ious de rhabitation de mont- Roy al j vin gr-qu atre lieues au de t fus destrois-Riuieres; l’onprend- eette riuiere pour aller au pays des Hurons , quoy que le chemin eU foit beaucoup plus long &plus mal-aisé que l’autre, pour éüiter les Ifoquois qui habitent fer le bord du grand lac quoii appelle le lac des Iroquois , par où paffiî cette grande riuiere. le ne feray point la deferiptioft ; des Terres qui fe rencontrent des deux coftèz dé cette riuiere qui tire au Nort, veu qu’il eft mal-aisé d’y pouuoir habiter à caufe dés iauTs au cafeades d’eaux qui s’y rencontrent , qui empeichent la riuiere d’efti'e nauigable a d’au- tres baftimensqu’auxpetitsVaif- feaux dontfe feruent nosSauua-r ges, qui peuuent eftre tranfpoxtdz de Canadas. y 37 ' d’Vn lieu à vn autre 5 fans autre machitte que lesépaules d’vu hô- mejoude^deux au plus. G’eft l>ien donimage ; ear il y a de tres-beauX PaySj&qui meriteroient bien d’ê-? tre habitez : mais fur tout, vn en- (feoic appelle la petite Nâtion,qui « eft enuiron vingt’ ou trente lieues ■ au deflus du mont-Royal , tC qui : contient prefque vingt lieues de pays le long du fleuue,Ic plus beau ; qui fe puilTe voir; pour vn Pays non-habité ; car les Iroquois en ont chafsé les Saunages quiy ha- Bitoient. C’eftvnbeau boisrem- ply de petits lacs de prairies, auec vn fort gràndnombre de pe- tites riuieresîtouccelali plain de chafTe St de pefchc , qu’il n’eft pas eroyable; mais ce qui eft le plus admirable jc’eftle grand nombre éebeïlesfaüues qui s’y rencontre; car ie fçay qu’il y a eu de no$ Hijhoire Naturelle François qui en defcendanc des - Hproiis J Ont; fait rencontre de | bandes de ejes animaux , qu’on ap- ■ peIIeiey;Vaçhesfauuages,qui font proprement de grandsCerfs-, où iis elfimoient qp’il y en auoit bien huit, à. neuf cens , , àns parler des vrais Gerfs^, des Ours, Elans , Ca- ftors. Loutres, Rats inufquez , pluiîeurs autres fortes d’Animaux: mais la porte en eit fermée , par vn grâd fault qui a pour le inoins trois lieues de long ; quand ie dis fermée , c’eil pour le preiênt ; car quand le Pays fera habité , 8c que les Iroquois leront foubmis , on trouuerra bienl’inuention de s’en rendre l’entrée facile : 8c puis on ne mâquepas de beaux lieux à ha- biter , qui ne peuuent pas eftre oc- cupez d’icy àbien Ipng-temps. En voila ce me lemble alTez pour cô- lîoillre le Pays} difons lèukmenc ^9' VU' p'ctic mot du. tetroit ■. il s y ' trouue de la cerre-glaife par en- ,droits.La terre eft noire, fablon- nculè , rouge , pierreufê en d aa- trcs endroits j mais toutes font a£^ jfez fertiles: Si pour preuue de cér- ia, ie feray le Chapitre fuiuant des - arbres qu’elle produit. Des Arbres qui croijjentc âms la Mmuelk- 'E rance. Chapitre IV. IÈ vois bien que. le Ledeur cu- rieux demande deûa quels fofr tes d’arbres eroiflent dans ces grl- des forefts , Si fi ce font toufiours les mefmes par tout ;à quoyfont- àls bons ? S’en peut-on feruir à quelques chofes ? Soüt-ils gros? 4'o Htjiùire Naturelle Sonc-ils hauts î Le bois^ft-il fain ? A toutes ces queftions , mon cher L-eâ’eur.ievous y répon4rayj vous en faifant la defcription la plus naïfue que ie pourray , & auec toute la fiucerité poflibîe , tâchant de fuyr routes exagérations, eoni- ine j’ay fait , &■ comme j’el^te de faire dans tout le refte de mon dif- cours ; en. fuitte vous jugerez à quoy iis font propres , & ce qu’on en pourra faire. le n’y gàrderay point d’ordre : ie les nommeray comme ils me viendront en la mé- moire; ie commenceray par vn, qui eft le plus vtile icy,que l’on nommePin , qui n’apporte pas de jfruit comme ceux de l’Europe; il y en a dé tourés groflèur s Sc gran- deufs; ils viennent ordinairement : de la iiauteur de cinquanteà foi- xante pieds , Eins branches : l’on s’en fert pour faire de la planchc. haut -pour cét elFet : ces arbres font fort droits,: il y a de grands Eays qui n’en portent point : mais les lieux ou ils nailïènt font appel- iez Pinieres.. Ges arbres rendent quantité de gomme ; les Sauuages s’enièruent ■pour brayer leurs canots, & on is’en. fert heurcufèmenc pour les- play es, où cette gomme eft fort fpuucrainc. Il croift aufli des Cedres , lé bois- reneft fort tendre , il a la. foeille platte ,Sz:Jébois ell quafî comme iiKj^rruptible : c’eft poorquoy on '#ehferticy pour faire les cloliu- res des jardins , & les poutres des . caiiesdliènt allez bcai4 mais d-or- diaaireies irbres m sot pas fains ^ 42- Hifioire 'Naturelle cependant il s’entrouueplufieurs gros qui pourroient feruiràfaire du meuble^ il rend vne gomme, qui eftant brûlée , a vne très* bon- ne odeur comme de lencent. le ne fçache pas qii elle aye d’autre qua- lité. ■; . Ily a deslàpins comme en Fran- ce: toute la différence que j’y trou- ue , c’eff qu’à la plulpart il y vient des bubons à l’écorce , qui font remplis d’vne certaine gomme li- quide qui; ejftâiromatique , dont oriKlè fert pour les playes comme de baumes, & n’a pas gueres moins de vertu , félon le raport decèux qui ont fait 1’, expérience : on en dit plufîeurs autres cholés , mais ie laiflé cela aux Médecins, n Ily a vne autre elpece d’arbft', qu’on nomme Epinette.-ç’éft quafî comme du fapin , fmon qu’il eft plus propre à faire des raaff s de de Canadas, 45 petits Vaifîeâux J comme de'cha*- louppes & barques, eftant plus fort que le lapin. le parle de l’Efpinette verte : car il y en a deux fortes; l’vne verte , & l’autre rouge. L’Epinette rouge eftd’vn bois plus ferme 6c plus pelant , ôc fort propre à baflir ; elle fe dépouille de fes fueilles en Automne, 6c les reprend au Printemps-: ce qui n’arriue point aux autres fàpinà- ges. L’efcorce en elb rouge 5 il ne rend point quaE de gomme , tout -au contraire de FEpinette verte qui en a quantité. Il y a encore vne autre e^ece que l’on appelle Prufiè ; ce font ordinairement de gros arbres qui ont trente ou quarante pieds de haut fans branches : ils ont vne grolTe écorce & rouge : ce bois ne pourrit pas fi facilement que les ; autres; c’eft pourquoy on s’en lèrt 44 Hijloire 'Naturelle ordiitairemem pour baftir. Ce gu’ily a de ma.1 dans ce bois , c eft qu’il s’en trouue quantité de roüiilé , ce qui le fait rebuter. Be celuy-Ià il en vient par tout > en. borme mauuaife terre ; il ne produitpoint dégomme. Il faut remarquer que tous les fapinages ne croiiTent que dans des lieux humides, à la relerue des Pins êc PrulTes , qui viennent aulïï lîien aux lieux Iccs qu’aux lieux liuanidcsi. Il y a vnc autre cl^ce d’arbre, qu’on appelle Herable, qui vient fort gros &; haut : le bois en eft fort beau, nonobftant quoy on ne s’eniert arien tpi’à brûler, ou pour emmancher des outils, àquoyit eft trcs-propie,à caule qu’il eft ex- trememetdoux &fort. Quand on entaille ccsHerables auPxmtêps, ü en dégoûte quantité d’eau , qui de Canadas. 41 plus douce que de l’eau dé- ^ trempée dans du fucre; du moins plus agréable à boire. L’arbre appelle Merifier,deuienc gros & haut » bien droit. Son bois lertà faire du meuble , Si à mon- ter des armes. Il eft rouge dedans, efl: le plus beau pour les ouura- ges qu’il y ait en ces quartiers. Il ne porte aucun fruit. On l’a nommcMerifier 5 parce que fon écorce eft femblable aux Merifiers de Franee. II y a aulfi du bois de heftre, fort beau Si bon, qui porte de la fayne comme en France : mais l’on ne s’cn fcrt qu’àbmler. Il iè trouue de deux fortes de c hefhesjl’vn eft plus poreux que l’autre. Le poreux eft propre pour faire du meuble , Si autre trauail de raenuzerie Si de charpente: ,1’autre eft propre à faire des vaift 4^ KfiomNatunUe ic3ux pour ftllcr ^ù^ l'c3u ; ccs 3i*- bi*es viennent h^ucs j gros ) & droits, & fur tout vers le Mont- Royal, 11 y a auffi de deux fortes de Frefiie, 1 vnappellé franc-Frelhé, & l’autre freine baftard:Ces ar- bres viennent bien hauts & bien droits-, le -bois eneftfbrt beau & - bon. Il y a des Ormes qui viennent fort gros & hauts , le bois en eft excellent, &les Charrons de ce Pays s’en ièruent fort, Ily a des Noyers de deux for- tes , <^ui apportent des noix : les vns les apportent grofles & dures; mais le bois de l’arbre eft fort ten- dre,8d’on ne s’en fert point, iinon à faire desfabots,à qiioy il eft fort jîropre ; de celuy-là il y en a vers Québec & les trois-Riuicres en quantité : mais peu en montant plus haut-, l’autre forte deNoyers apporte des petites noix rondes, qui ontl’çcale tendre comme eel- les dç FranGe ; mais le bois de l’ar- bre eft fort dur rouge dedans ; on commence d’en trouuer au Mont-Royal, & il y en a. quantité cl^iyle pays des Iroquois. Les Sauuages mefme le feruent des Noix à faire de l’iiuile, laquelle eû excellente. Vne autre elpece d’arbre, que l’on appelle de la Plaine , eft quafi comme THerable ; mais vn peu plus tendre, qui fertàbruller. Il y a du Boulleau , dont les ar- bres viennent fort gros hauts ; nos Sauuages fe lèruent de l’écor- ce pour faire leurs canots, & pour couurir leurs rabanes portatiues} cela fe roulautcomme vn tableau, on le déroule ô£ on l’éced fur deux ou trois perches plantées en terre, 4^ ÎJiJiQtre l^aturelle on fc met à I abey là deffous ,, comme on feroit fous vno tente ; les Sauuages en font encore des plats &: autres petits vailïèaux à leurs vfages ; le bois en eÆ fort beau Sc bien ^in , mais on ne s’en lèrtàrienicy. Il fe trouue auffi du Tremble de toutes façons ; c'eftà dire> gros & petit , qui ièrt à la nourriture des Caftorsjoui en avraent fort Irr ■■■*. 4 ccorce. Il y a d autres arbres appeliez Bois blanc , que quelques- vns ap- pellent Tillot ; le bois en eft blanc & bien tendre, qui pourrit facile- ment à l’eau ; r^orce fèrt à nos S aunages en beaucoup d’viàges j car celle des plus gros arbres leur fert à faire vne eipece de tonneau, dans lequel ils mettent leurs grains & autres chofes. L’elcorce des petits leur fert à lier, Ilerj 82 mefme ifs en font vri cfiati- vre, duqaelifsièfèEuenc poürfâiv rc des eof da^és^ ■ ^ : II y a dfes GHatagriiêts^fi^ dèé Meuriers , qui fe troüuent féiilé- mcnt dans le pays des Iroquois ; ^càir îes'Ciartagnim V lî^ ^af en abondance , & qui raportfeh^ dif fruit aùflr feri qiré ceu'l dè’ Fran- ce J les arbres en fënt beaucoup' plos’gros&ÿfc grands. ÏJIeVbîa quantité d’au^ -bres audit pays des Iroqubis, qüï né font point icÿ dant nos car- tiers , & dont ic ne Içay pas fe nom rieulertien^^ ÿ én a qui oAt fc''Êoik' roüge'& fbït propre à fâffe dWmêdblè/ Il y aauiB eri ces qtiarners abèn- danee de- (Soddriers , qüi rëyf- tenr foreb dbMctet, rin:éàn*i'cpib^ blanche , qui apportent des fldict plus gras que ceux dé'Fraddèvôc C 50 Hifloire N aturelle dVn bien meilleur gouû ; Pru- niers qui apportent des prunes rouges de la groflfeur du Damas, & qui lbnc d’yn aflez bon gouft . m ais non pas toutesfois fi bon que’ celles de France. , Il y a des Saules Sc des Aulnes en abon^rice. Il s’y trouue des grofeliers qui apportent des grofeilles de deux fortes } les vnes comme en France, les autres toutes plaines de pic- querdns. > s , ; II y a des gaddiers du grofeilles rouges. ,11 y a de petits arbres que l’on appelle Merifîers , qui apportent de deux pu trois fortes de petits^ fruits :1e gouft n’en eft pas delâ- greable } mais ils font bien pe tits} les arbrêî^ ue deuiennent .iamais \ ^ ,.V' vï-V : II y aeneôre d’autres petits frui- ; de Can^^das, tiers fêmblablesjqui ne valent pas la peine d’en parler , pour n’eftre pas coniidcrables. Puifque ie iîiis ilir les fruitiers, ie n’obmetray pas à vous parler des framboifîers & fraifiers ,;qui ibnc dans tout ce Pays en iî gran- de abôdance, qu’il n’eft pas croya- ble; toutes les terres en font rem- plies , & cela vient par dépit : ce»- pendant , ils produifent vnc: fi grande, quantité de fruits , xpic dans la faifon on ne les pcut épui- lêr : elles viennent plus -grofles & de meilleur gouft qu’en France. . ' Il fc trouue d’vne autre forte de Petits fruits j-gros comme de gros pois ) ils s’appellent Bluets, & font d’vn excellent goufi l’arbre qui les produit n’a pas plus d’vn pied dç haut } ils nevcroifient pas pAr t out ; mai s il y à des endr oits où il y en a grande quantité. C ij 51 Hifioire Naturelle Les ronces de ce Pays produi- fènt vn fruit qui eft quafi d’auffi bon gouft que nos meures de France ; il n’eft pas fi gros. Il y a quantité de petits fruits dontie ne fçay pas les noms, 5c quineibnt pis beaucoup exquis, maisiè mangent faute d’autres. Il y a aufii abondance de vignes fàuuages qui portent des raifîns: le grain n en efi: pas fi gros que ce- Iti)r de nos vignes de France , tty les grapes fi fournies : mais ie croy que fi elles eftoient cultiuées, elles ne differeroient en rien: le- raifîn en eft vn peü acre , 5c fait de , gros vin , qui tadie beaucoup, & qui d’ordinaire eft meilleur vn an apres , que l’année qu’il eft fàit. - ■ ^ ■ ' Quelques particuliers oflc plan- ‘ tÊqudques pieds de Viigffe venuë de France dans deuts- jardins , qui | rençofitrmt àu P aj s de h MoHf^eUi-^^rançe. de Canadas. 53 ont rapporté de ^ fort beaux & bons raifins. On n’a point encore planté icy d’arbres de France j fînon quel- quespomqiicrs qui rapportent de fort bonnes pommas & en quan- tité, mais il y a bien peu de ces arbres» C h a P i T R E y. POur iatisfaire à la promeflc que j’ay faite dans mon pre- mier Chapitre, de traiter de cha- que chofe en particulier : le vous feray ce Chapitre du nom des Animaux , des lieux où ils iê i;encpntre,nt d’ordinaire -, car 54 Hiftoire Naturelle comme vous fçauez , toutes fey chofes ne font pas en vn m efine endroit. Par ce moyen , ie vous ofteray la confufîon qu’on peut auoir dans i c^rit , prenant les eholès en gros ou en general. Commençons donc par le plus commun & le plus vniuerlêl de tous les Animaux de ce Pays , qui eft 1 Elan ^ qu on appelle en ces quartiers icy Original : ils font plus grands d’ordinaire que de grands rnulets , & ont à peu prés la telle faite de mefine. Ia diffé- rence qu’il y a , c’eft que les malles portent des bois fourchus comme ( celuy des cerfs , linon qu’ils font plats.Ils leur tombent tous lesans, ■ & crdillent tous les ans d’vn four- chon. Lai eh.iif en cil bonne &le- ■ gcre , &ne fâit iamaisde mal. La | peau le porte en France pour la faire paffer en buffle , la moüelle de Canadas. 55 cft médecinalé contre les douleurs de nerfs. L’on dit que la corne du pied gauche cft bonne pour le mal cadue?çcft vn animal bien haut fur jambe & bien dilpos : il a le pièd fendu ; il eft fans qiieuë i il fc deffend des pieds de deuant com- me les cerfs. ■ Le Caribibu eff vn animal de la hauteur éhüiron d’Ÿn Afhe , mais qui eft fort difpos. Le malle à le pied fourchu, &: l’ouure fi lar- ge en courant j qu il^*h’'enfoncc pèint ’l’Hfuerp dansf'lés' neiges quélqu# hautes ^îi’cll^s puiiTént cftrc. il porte yn bois fourchu, rond & bien pointu. La chair en èft bonne à manger , & délicate. L’Ours eft de couleur noire j 32 h’y eh a point de blancs en ces quartiers. La peau des petits eft cftimée pour faire des manchons. Ils ne foiit point mal-failàns fi on C iiii H ijhke Naturelle ^es ix riK ;ja yiapde en eft bon- pe ^ mangef : la graille fondue jdcuien? comme de l’huile , & eft |î9f?Pf hu^eur?|i. oi^des. il ell fcpioisfa^^ pn il Ce tient c^ché : il fe retire -4?'-^^ d’arbres pour, l’or- dinaire : il ayme ^ç^upoup 1© yipM en a iî grande a^opdançe ailant aii pay g des Iroquois : il ejftcarnapier,tuë les eoclw^ns pput leg , jtjaangep aP^P.44iinStrapf ¥Me5!%«?gps qlpepfii# r Pliiîes pqtjt-ej^ âesÿp^l tout lènîbl.jb!je?j ^ guijtiepc lpur| PPllt: Ipp anpri i|;^ fehlpfev ;-iJ§ îpnf gfand§ epipi|ic fegf^ntk Gérfs , Ia-.yiande f f ft 4§%4ÎS: 5 êÇ; ees Anhnaux ypnt 9i'4ip#4rir,eiïigçiç p^r.baRdfSiê? PG le, fenetsitreiit. pas |>ar: t9^^^ dé Canadas. 57 n’en voici point au d&ffous des trois-Riuieres , mais bien au det- fus ; plus on monte en haut vers les IroquoiSjôz plus ilyena. Ilya aufli des Animaux qu’on appelle Cerfs, qui font de la mef- me façon que ceux de France, à la rclêrue qu’ils font plus petits , d’vn poil plus blançhallre. De ceux-là il ne s’en trouue pas au delTous duMont-Roy al,mais bien au delTus ; montant plus haut , il y en a fans nombre. Quant eft des Animauxque l’on appelle Bufles , il iie s’en trouue que dans le pays des Outaoüa« , enuiron à quatre ou cinq cens lieues de Quebec,tirant vers l’Oc- cident & le Septentrion. Il y a des Loups de deux fortes, les vns s’appellet Loups Ceruiers, dont la peau eli excellente à faire dés fourures. Ces Animaux abo n- C w 58 Hifioire l^aturelîe dent du cofté du Norc,& il s ’etr trouue pea proche nos habitatiôs} les autres font Loups Communs^ qui ne font pas du tout fi grands que ceux de France , ny fi malins, 6c ont la peau plus belle ; ils ne laiflent pas d’eftre carnaciers , 62 font la guerre aux Aninaaux dans les buis : , §2 quand ils trouuent de nos petits chiens à l’écart , ils les inangent. Ilyenapeu vers Que- bec.. lis font plus communs à me- fure que l’on monte en haut. Ily a auiïi quantitè de Renards par tout le Pays ; Comme ic ne, trouue point qu’il y ait de diffé- rence auec ceux de France, ic n en parleray point ; finon qu il s en trouue quelquesfois de noirs,, mais bien rarement. Il y a vne autre forte d’animal,, plus petit qu’vn renard, qui mon- te fur les arbres : on l’appelle En^; f de Ç^naddsT 59 font du Diable i il eft excremé- ment carnacier , ÔC il a l’induftrie de tuer des Elans ; la chair en eft bonne. Il y a aulîi quantité de Martres; mais elles font toutes rouffes, & il ne s’en void point de noires. Il y a d’autres Animaux que l’on appelle des Chats fauuages, quoy qu’ils ne reflemblent gueres aux autres Chats ; mais c’eft à cau.^ fe qu’ils grimpent aux arbres :ils font plus, gros beaucoup que les noftres ; ils font d’ordinairo ex^ tremément, gras , la viande eneîl bonne : lesSauuages fo foruent de la peau pour en foire des robes.^ îly a des Porcs-Epics Les Saùu^- ges fe foruent du poil qui eft. fort gros , creux & pointu par, le5 deux bouts 5 pour foire diucrs petits ou- uragçs qui leur foruent d’orpc- méns parmy eux , comme les pafo’ Cvi' 16 Htfioire Ndfurelle fèmens parmy nous :1a viande de cét animal eft bonne. Il y a vn autre animal vn peu plus petit J qu’on nomme Sifleur ; il loge en terte,& fait vne tanicre corn me le renard : la viande en eff-: auffi bonne. Il y a quantité de Lièvres j ils ne font pas fi- grands que ceux de France : Ce qui cft remarquable, c’efl: qu’en Efté ils font gris , l’Hyuer ils font blancs : amfiils changent deux fois de Couleur , Fartnée. - - ïfy a d’autres animaux que l’on '^ppellé Belle puante- Cét animal ■ ne : côprt pas vide ; quand il fo vbid pourmiuy* , il vrinc : mais c^t& trinc cft lî puante., qu’elle infe^é tout le voifinagci & plus de qûinze iours ou trois femaines apes , on font encor l’odeur ap- prochant:^! lien. Cét animal étrangle les poules quand il les » peut âtrâper. 1 1 y en a vne autre erpece d’ani- maux qui leur fé>nt la guèrre , qui font beaucoup plus petits, que l’on nomme Pefcheurs , parce quils vont dansle fond de l’eau comme à terre. - Il y a quatre fortes d’Efcurieux, les vus font roux comme ceux de France; d’autres font plus petits, 6é ont deux barres blanehes Sc noirestout le long du dos ; unies nomme Efourieux Suiifes ; il y en a d’ vne troifiéme forte , qui font gros ôccendrez, qu on appelle Ef’ curieux Vôlans , parce qu’ils vo- lent en effet dVn arbre fur fautre, par le moyen de certaines peaux quis’eftendent lors qu’ils ouurêt les pâtes: ils ne volent iamaisen montant comme les oyfeaux, mais droit ou en defeendant; ils font ép Hipdre 't^atté^elle beaux & mignons ; fa quatrième eipece font des Efcûrieux noirs ; ils font plus gros que tous les au- tres ; la peau en eft tres-belle , &: les Sauuagês s’en feruent à faire des robes : cét animal eft joly & curieux mais il ne s’en trouuc que dans le pays des Iroquois. Apres cela , nous parlerons des animaux Amphibies , qui viuent & dans l’eau & fur terre , comme Caftor J Loutre, ôcRat murquc. LeCaftor ou Bièvre eft vn ani- mal qui a les jambes fort courtes, vit dans l’eau &: lùr terre ; il a vne grande queue platte , dont la peau eft en façon d’ècaille i vous fça- uez que le poil fêrt à faire des cha- peaux, & c’eft le grand traffic de ce Pays-icy. Ces animaux multiplient beau- coup; lachair en eft délicate com- me celle de mouton ; les tefticulc$ font recherchezpàr les Apotieai- res. Céc arrimai tout grôlïier qu il eft j a vne nnerueilleufc induftric, non. feulement à fe loger dans l’eau dans terre , mais fur tout à baftir des diguesrcar ils ont 1 ad- drefîe d’arrefter de petites riuie- resjôtde faire des chaufsées que l’eau ne peut rompre j 6s font par ee moyen noyer vn grand Pays,, qui leur fert d’Eftâg pour le joiicr, & pour y faire leur demeure. Les Sauuages quivontà laehalTe, ont toutes les peines du monde à rom- pre ces digues. Les Caftors qui font du cofté duNort valent bien mieux , & le poil en clf plus excel- lent que de ceux du cofté du; Sud.. Pour lesLôutres, ils fe trouuent d’ordinaire dans les lacs 5 il y en aquelques-vns qui ont la peau a^ £sz belle. il #4 B^'t^ûirt^N^mrelïe Le Rat mufqué eli vn animal qui vk datis l’eau , & qui eft affeu- rémenteftimc pour ièstefticules, qui lentent le mufè pendant deux mois, quieft ie temps qu’ils font en chaleur, fçauoir Âuril & May: leur peau relTemble à celle d’vn Lapin , tant pour la couleur que pour la grandeur 5 la chair en eft bonne. - Il y a auffi des Belettes, Mulots, Taupes, ôcSouris : Voila pour ce qui efl: des animaux du Pays.Voi- ey le nom de ceux que l’on a- raene de France , des Bœufs &: des Vaches;Ies bœufs feruent a labou- rer la terre , & à traîner du bois IHyuer fur les neiges. Des Co- chons en grand nombrerdes Mou- tons il y en a peu ; des Chiens , des Chats , & des Rats. Voila les ani- maux que l’on noos a amené de France, qui font bonne fin en ce Pays-icy, de Canadas. êf 4^pres parlé fie fms les amirnau^ qui font dans le Pays s difons vn mot des ECeptilés qui s y jtrouuenti . . / B -s’y ypjd <|ef Çouleuurcçï ^d^^ piqfieurs fortes ; Ü y en a qqi ont la peau émaillée de blanp & 4p jjiôir } d’^ÿtçesde jaup.e &c de vprd: ^elles rieiiHltpas «lalrfailàntes^u 4iH îUpins' on ne §’pn ell pas ençote apperceu : l^s pîL'^s' longues font cnniron çüvn- aulne -, mais il y en a pou de 6 lo^^gs. Plus on va eç |iautbpln5:i|ÿia}^^; r u -n i ; ■ I>aBs^pys- dos la'oqimisjil y: en a d’vno autre forte .qu’on ap- pelle des Couleuures à fonnettes î eellesdà font dangereufes » elles mordenij quelqUdsfois leg Sâuuar ges , quion, mourroient en peu de çemps , n’eftoit la Connoi0àncc dVne jreirfee qu’ils ont , . laquelle cr,oift en ce Pays , qui eftant ?api- 66 Hijloire Naturelle pliquée fur là blcflufe en forme de cataplafme , éh tire tout le ve- nin. Il y a des Lézards Se autres pe- tits animaux femfelàbles: des Cra- pàux; mais ie n en ay iamais veu de fi gros en France. Il y a des Grenouilles de plu- iîêurs fortes ; f eil ày veu- de trois, fçàuoir les vnes' aàlïi greiires què le pied d’vn chenal , qui font ver- tes , & fo trouuetft fiir le bord du grandîFlcülie elles naeujglent le îbir comme vnBceuf , & plufîcürs de nôS'nOüueaux ventisy Ont èfté trompez , eroyans entendre des Vaches fauuagcs : ils ne le vou- loient pas croire quand on leur •dffoft que c’eftoit des grenoüil^ lesi, on les entend dVne grande lieuè'. Les Saunages , Hurons , les mangent , & dilènt qu elles font fort bonnes; de Canadas, wj Il y en a d’autres femblables à celles de France , U eeft de cel^ les- là qu’il y en a plus grand nom- brc. l’en ay veu d’vne troifiéme forte, qui font toutes comme les grenouilles communes , finoti; quelles ont vne queue : je n’ay ia- mais veu de celles-là qu’en, vn* feul endroit j le long d’vne petite riuiere j mais j’en vis plus cent. ê% Hifioire Maturdle JSfoms des Oyfeaux qui fi %tQyent en U NomeUe- Fmnee. Chapitre V L En v.ouf mettanc ic nom des^ ©iffaux q^uiibnc dans ço PaïSj iene vons parlçray poinç. de ceux qui fe. rencontrent à l’entrée du Golfe, comme Cormorans, Tan- gueux , pauquets , Poules d’eau, Grifëaux, Sc vne infinité d’autres, quiibnt pluftoft oyfeaux de mer que;.de terre: mais ie vous nom- meray feulement ceux qui font proche de nous, & que l’on tue tous les iours , comme Cygnes, Outardes , Brenefehes , Oyes fàu- uages . Grues , Canards , Cercel- les , Plongeons de plus de dix for- de (anadas. 69 ites , Huarts , Butors , Hérons, Beecafles,- Beecaflines,Gfidualiérs, .Pluuiers ,Piroüys, AUoüeSttes^ dé mer : car il n’y en a point des champs. T ous les noms ey-deflus font oylèaux de riuieresj veu que s’ils fie Ce trouuent dedans,- ils fe trouuent le long des bords. T out ce Pays eft rempîy de ce Gibier dans la làifon , qui elt le Printein|)s & FAutomne. Comme Ldutar^err eft pàs VH oylèau commun en France , j’en ferây vne petite deftription , à caufe que c’eft le Gibier de riuie- rë le plus cémmutt d’iey ; elle' eft faite tout comme vile Oye grize, mais beaucoup plifs grofle , elle n’a pas la chair fi délicate que cel- le desOyésque nous voyons iey en Canada r qui en paflant font toutes blanches , à la relèrue dU bout des ailes &c de la queue qui y O Hijhoire Naturelle «ft noire : car pour la chair des oyes dePranee J il s’en faut beau- coup quelles approchent du goull de ceîuy de nos outardes. Le nom des autres oyfeaux fbnt> rAigIc, le Gocq-d’Inde , des Oyfeaux de prnye de plus de quinze fortes , dont ie ne fçay pas les noms , linon de l’Eperuier & de i’Emerillom La femelle de l’ Aigle a la telle Sc ia, queuë .blanche i on l’appelle Nonnettc. , Pour le Cocq-d’Inde làuuage, il ne s’en trouue point nyàQ^- bec , ny aux t r oi s-Riuier es , ny à . Monreal ; mais dans le pays des Iroquais,&: dans le Pays où de- meuroient autresfois les Hurons, il y en a des quantitcz ,& dont la chair ell bien plus délicate , que desCocqs-d’Indes domeftiques. Il y a de trois fortes de Perdrix ; de Canadas. 71 lesvnes (bnc blanches. Scelles ne lè crouuenc que fHyner , elles ont de la plume jufques fur les argots, elles font fort belles ôc plus grofles que celles de France, la chair en cft dehcate. Il y a d’autres Perdrix quifont toutes noires, qui ont des yeux rouges : elles font plus peti- tes que celles de France ,1a chair n’en eft pas fi bonne à manger î mais , ç cfi yn bel oy feau , Sç ellqs ne font pas bien communes. , -, llyaaufli des Perdrix grifes, qui font grofles comme des pou^ les : celles-E font fort communes 6c bien-aisées à tuer ; car elles ne s’cnfuycnt quafi pas du monde : la chair efi extrêmement blanche §c foidie. Il y a d’vnc autre forte d’oy- feaux , qui fe nompient T ourtes on.Tourterelles , ( comme vous voudrez ) elles font prqfoue "72. Hifioire Naturelle grofïès camtne pigeons , & dVn plumage cendré : les mâfles ont la gor^d r6ügev& font d'vn‘ cxeellénrg'ouft. H y en a des t5É**an- titcz prodigieuÆs > l’on en tué des «parante éé q^uarante-cinq d’vn coup dé füfil' : ce tféft pasqué célac' iè iafTe d' ordinàifé ; mais pour en tuer fiuït, dix bd douze, céla éft commun î elles viennent d’ordi- mire an mois déMaÿ>& re- tournent aîü mois de Séptembrcî" il s’entrduüd vdiuerfëilème^^ par tout ccPays-c7 Les iroijuois les , p-rennent à la paisée auec des rets*, ils en -prenrient quelquesfois des trois ôt qUatft cens d’vn coü’p. Il y a auffi giand nombre d’E- tourneaux qui s’abandent en Se- ptembre &06lbbre ; quantité de Griués, Mérlés jHortolattis', &-vn nombre in'fîny d’autrés petitsny- feaux dont ienefeay pas les noms. IJ de üdndddi, 75 ïly a des Hirondelles , Marti- 4î€ts , Geays , Pies , mais elles ne (ont pas comme celles de France : ■car elles font cendrées Se raal-bâ- tics. Il iè void des Hiboas ChatSi- huans : des Corbeaux Se Corneil- les , des Piüerts , Se autres fortes que l’on appelle Picquebois : de petits oylèaux qui font tout rou- ges comme du feu : d’autres font rouges & noirs •. d’antres font tout jaunes > & d’autres toât bleus. LcsOyfeaux mouches , qui font les plus petits de tous , font quafî tout verds , à la referue des mafles qui ont la goege rouge. Les oyfcâux qu’on a apporté de France , font Poules, Poulcs-d'In- ■dïs , St des Pigeons. D 74 Hifioire Naturelle Noms des Toijfons qui fi trouuent dans le ^and Fleuue S. Laurens , & dans les lacs & riuieres qui defcendent^dont nous amns connoijfance. Chapitre VII, A L’entrée dü^euue , il s’y void des Balcneaux >& l’on dit niclme qu’il y a de grofles Ba- leines, Il y a quantité de MoluëS}& l’on en pefehe jufques à dix lieues de Tadouflac. Depuis là julques au Mont^f Royal, le trouue grande quantité de Marfoins blancs , propres à faire de l’huile , fi on les pouuoit de Canadas. attraper. Onenvoid des quanti- tez admirables, depuis TadouiTac jufques à C^bec , qui bondifTent fur la riuiere. Ils font extremé- ment grands SC gros; Selon peut clpcrer du moins vne barique d.’huile de chacun , ninfî qu’on a expérimenté de quelques - vns qu’on a trouué échouez. II y a aulïî quantité de Loups- marins vers TadoufTac , Se def- cendant plus bas ; l’huile en eft ex- cellente , non feulement à brûler ; mais à beaucoup d’autres chofes : îis font fort aifez à attraper , la peau fèrt à beaucoup d’vfàges. Il y a quantité de SauImonsSc rruites , ^puis l’encrce du. Golfe jufques â Quebec ; il ne s’en crou- ue point aux trois-Riuieres, ny au Mont-Royal : mais quantité dans le pays des îroquois, II y a abondance de Maque- P ii 7 6 }{tfioire N dturelle reaux ; mais ils ne fe troaucnt & eft dur comme de l’os ; armé de trois rangées de délits de chaque cofte, qui font pointues comme des alef- nes : la chair ne vaut pas grand ehofe àmangcr. Il efl fert facile à prendre , mais il efi rare. î^oms des Bleds cÿ* autres grains aportez^d'Ettropey qui croijfent en ce Pays. Cha pitre VII L D. Ans mon voyage de France, ie rencontray quantité de perfonnes qui me demandoient u le bled venoir en la Nouuelle- France, fî l’on y mangeoit du pain. C’eft ce qui m’a obligé à fai- re ce Chapitre pour defabufer D V 8i Hifioire "H atur elle ceux qui croyent que l’on ne vit dans cePays-icy que de racines, comme on fait aux Ifles Saint Chriftophle. Ils fçauront donc que le bled froment y vient tres- bienjSc on y fait du pain aulli beau & auffi blanc qu’en France. Les feigles y viennent plus que l’on ne veut : toute forte d’orges & de poisy croiflent fort beaux , & l’on ne void point de ces pois verreux plains de colTan j comme on en void en France ; les lentilles , la voiflè , l’auoinc , & mil , y vien- nent parfaitement bien; les grof- lès febves y viennent bien auffi; mais il y a de certaines années qu’il y a de grolTes mouches qui les mangent , quand elles font en fleur. Le bled Sarazin y vient auf- fl ; mais il arriue quelquesfoisque ] a gelée le lùrprend auant qu’il foit meur. Le chanvre & le lin y vien- de Canadas. 83 nent plus beaux & plus hauts qu’eu France. Les grains que cultitienc les Sau- uagesj &■ qu’ils auoiem auant que nous vinflions dans le Pays , ce font gros Mil ou Bled d’Inde, Fai- zoles ou ArrieotSjCitioüilles d’v- ne autre efpece que celles de Fran- ce V elles font plus petites , &: ne font pas fl creufes ; ont la chair plus ferme & moins aqueiife , & d’vn meilleur gouft. Du Tour ne- fol , de la graine duquel ils font de l’huile qui eft fort délicate, &: de tres-bon gouft. Del’herbeàla Reyne , ou Petun , , donc ils font leur Tabac î car lesSauuages font grands fumeurs, & ne fe peuuent palfer de petun. Voila en quoy conftfte laculture des Sauuage^ T outes fortes de Naueaux êc Rabioles, Betces-i'.aues j Carottes, Panais, Cercifis, §c autres raciijes, D vj 84 Hifioirel^aturelle viennent parfaitenient , & bieni greffes. Toute forte de Choux y viennent auffien leur perfedion, à la reforue des Choux à fleur que i.e n’y ay point encor veu. Pour des herbes, Lozeiile, Car- des de toutes façons , Alperges,. Efpinars jXaiîtucs de toute forte, Ce,rfüeibPercii,Cicorée,Pimpre-- nelie , Oignons , Porreaux , l’Ail, , les Crues, Hyfopes, Bouroche,Bu- glofe, generalement toutes for- tes d'herbes qui croiffent dans les jardins de France 5 les Melons , les Cocombres, les Melons d’eau Sç Callebacesy viennciK tres-bien. Pour des fleurs, on n’en a pas encore beaucoup apporté deFran- cc , finon des Rofos, des Oeillets, TîiŸlipes , Lys blancs , Paffes-rofes, Anémones & Pas-d’aloüettc qui font tout comme en France. Pour les herbes fauuages , ie de n entrepreadray pas de vous em décrire icy les noms, linon de queU ques-vncs les plus communes qui; fc rencontrent icy dans les bois.Lc Cer&.eil a la feüille plus large que-; celuy deFr3nce,a la tige beaucoup, plus grofie,& cft d aulli bon gouft, L’Ail efl: plus- petit que celuy de France : il y croift force petits Oi- gnons, façon de Ciucs le long dite grand Fleurie. Il y a de la PalTe- pierre fic du Percil lâüuage , qui rellèmble toutàfait au percil de, Macédoine; il y a de l’Angélique' dans les prairies , le Pourpier vient naturellement dans les ter- res défe'rtées lâns y e§re femé : maisil n’éft pas li beau que celuy que nous cultiuons. : il le trouue dàs les prairies d’vnç herbe qu’on appelle VoilFéron,qui,fait d’excel- lent foin, aufli bien qu’vne autre qu’on appelle Pois fauuages ; il n y B6 Hîflûire Naturelle en a plus vers les Trois-Riuieres & Mont-R.oyaI , où il n’y «a point de reflux , que vers Québec. Le Houbelon y vient aufli naturelle- ment , on en fait de tres-bonne biere. La Cicuë y croifl: à merueil- le J auflî-bien que l’EIcbore : le Capilaire y croifl: en abondance : il fe trouue de plufîeurs fortes de Fougere , des Ortyes dont on fait du fil de très-bons cordages » du Meliiot , desRofeaux &Ioncs le ioug desriuicres. Hy a aulTi quantité de fortes de fleurs, dont les plus confiderables font celles-cy, desMartagons qui font jaunes ; des Rofes fiuuages qui ne font point doubles; vne au- tre fleur rouge qu’on nomme Car- dinàjle, vue efpcce de Lys,du Mu- guet, des Violettes fîmpîes & qui ne fentent rien. le ne fçay point le nom des autres; mais ceux qui ont de Canadas. 8/ efté aux Iroquois m’ont dit , que c’eft choie admirable de voir 1% quantité la diuerfîté des belles fleurs qui s’y trouucnt Des Saunages de la Nou- uelle-France , & de leur façon de viure. Chapitre IX. V s les Saunages de la N ou- X uelle France , iont quaii tous, les vns comme les autres , parti- culièrement pour les habillemens & leurs couftumes -mais comme ils font düFerens en leurs façons de vie & en leurs langages, nous les diftinguerons çn deux , à quoy fe rapportent toutes les Na- tions de ces pays icy: fçauoir l’Ab SS; Hifioi re N amretî'e goEtquine & la Huronnej toutes, les nations qui habitent le collé du. Norti,tant bas que haut,font tous Algonquins , & ne different pas. beaucoup de langage , /mon com- me le Poiceuin différé du Prouen- çal ou du Gafcon. Du. coffé du Sud il y a encore les Abnaquiois> les Acadiens J les Socoquiois, coupp la nation du Loup, qui tien- nent plus de 1,’Algonquin que dit Huron. En haut les Outaoüac , les Nez percez J Sz toutes ces autres grandes nations parlent prelque cous Algonquin. D’autre coffé là nation du Pe- cun, la nationneutre, tous les Iro- quois, les Andaftoé, parlent la lan- gue Huronne , quoy que les Dia- leéfccs foient beaucoup differens, comme FEfpagnoî , l’Italien , le François différent du Latin. Mais dê Cdfîââ^s. S* e»trc la langue Huronne H l’AI- gonquine,il y a autant cie diffe-* Ecnce que du Grec au Latin. Les Algonquins font errans,§C: ne viuent que de chaiîc &ldc pef- che> ne fçauent ce tyre c’eft de eui- tiuer des terres ; &; vniuerfelle- ment toutes les nations qui ont rapport à la langue Algonquine. Au contraires les Hurons, Iro- quoiSjSc toutes les nations qui ont rapport à la langue Huronnejfont fedentaires , ont des bourgades,^, font des champs >caltiuent la ter- re J trafiquent chez les autres, na- tions, font plus policez, ont com- me des Officiers parmy eux pour toutes fortes de chofès. Faifbns la defeription de là vie des Algonquins, apres quoy nous parlcrons.de celle des Hurons. L’Algonquin, comme i’ay dit, eft. errant, ^ vit de chaffe de 90 Hijloire Naturelle pefchc ; & pour cét effet ils ont de petits vaifleaux, que l’on appelle icy canots , faits d’efcorce de bou- leauj&: renforcez par dedas de de- my-cercles de bois de Cedre : cela eft fait fi proprement qu’rn hom- jne fêul porte aifement vn de ces petits vaiflèayx , quand ilcfl: que- llion de trauerfèr les bois pour al- ler d’vne riuierc à vne autre ; tc cependant il s’y embarque , luy fa femme &fes enfahs, fes armes, là maifbn , & le refie de fon baga- ge. Il y a des canots de deux , de lljdixvjus CUllUllCUL U ur- dinaire en trois efiorces de bou- Icaujqui ont enuiron chacune vne j aulne de large , & trois à quatre me fait vn tableau quand il fort de chez vn Peintre: iisefiendent. aulnes de long, qui Ce plient com- de Cdnadas. yi ccs^ écorces le foir quand ils fone arriuez , fur trois ou quatre per- ches en rond, qui vont en pointe vers le haut , en forte que la caba- ne eft ronde, large par en bas , ôc retrcflillant par le haut.C’eft d’or- dinairela femme qui fait la caba- ne, qui dcfcharge le canot, allume le feu , & dilpolè le fouper , pen- dant que rhomme allant faire vn tour dans le bois , va voir s’il ne trouuera rien à tuer. La femme doit auiîi difpofer le lit , allant couper là proche vn paquet dé- branchés de fapin , quelles eften- dent ftr la terre pour le coucher; c’eft elle qui doit couper & appor- ter tout le bois neceflàire pour la maifon. Quand les hommes ont wé quelque animal, c’êft aux fem- mes à aller quérir la viande : cat elles leur lèruent comme de por- te-fiix , elles ceorcbent les arû-- 92 Hiftoire MatUreUe maux , elles en eilendent & font fechei- les peaux , elles les paf- lent apres pour s’en eouurir car nos Sauuages ne vom pas nuds,: comme font ceux qui font du eo- fîé des Mes faint Chriftophlcj feu- lement ils ne fè eouurent point ks l>ras , fînon quand il fait grand £I-oid. Les Sauuages généralement parlant , tant hommes que fem- mes , font fort bien-faits ; &: on en voit fort peu parmy eux qui ayent des defauts dénaturé, com- me d’eftre louches , bolïus , bai- teux , à moins qu’il ne leur foit arriue par aecidient. Ils font bazarteZ les enfans qui nailïent font blancs comme des François , & cette couleur ba- zanéene leur vient qu’auec l’aa- ge. Lesj hommes n’ont point de fearbe > ils ont cous les cheueux: de Canadas. 91 lîctt-rs 5c gros, tant hommes que femmes , fe ks graiflent fort fo«> uenr. Les Algonquins Icsportcnt d’ordinaire fort longs. Iis font naturellement timides, er ueis,diflimukz,complaifans, in- grats, for tout les Algonquins, kardis demandeurs : mais le plus grand mal que i’y vois, c’eft qu ils font extrêmement v indicatifs , 5c garderont vingt ans le delîèin de fè vanger , fans le faire paroiftre; cependant cherchent toufiours l’occafion d’auoir quelque pré- texté qui les mette à couuert. Ce w’eft point leur couftume de faire •paroiftre leurs rancunes ouuerte- ment , comme de fe battre à la rencontre , «Ur'feul à feul, comme on fait en Europe. Vn homme fèroit odieux parmy eux qui l’au- roit fait ; 6c comme ils font heu- reux d’auoir occafion de faire pic-. 94 Hifioire Naturelle ee à leup ennemis & eftre àcou- ucrt, C cftvnedes caufèsqui les fi pallîonnez pour s*en- yurer , efiimans que quand ils ont frappe ou tué quelqu’vn dans leur yurelTe , cela ne leur eft point à deshonneur, difans que c’eft la boiflbn qui J a fait,& non pas euxj cependant ils volent dejoye dans leurs cœurs de s efire vangez ; de- là vient quelcs Sauuages ne boi- ucnt quafi iamais que pour s’eny- -urer, & en luite faire pièce à quel- qu’vn qui l^r aura rendu quel- q^uc déplailir ou pour allbuuir quelque-autre paflîon brutale , comme de violer vne fille ou fem- me. C’efi ce qu’à fort bien recon- nu Monfieur noftreEuelque,&cc qui l’a rendu Ci zdéà s’oppoferà ceux qui donnoient de la boiflbn aux Sauuages, dot ils s’enyuroient. inccfîàmment, & d’où naiflToient deCanctias* 9$ des dcfordres funeftes, que la pie- té des gens de bien ne pouuoit fup- porcer : Car il cfi cres-ccrtain, que les Saunages ne boiuent point par delicateffe, ny par necelfité ; mais toufîours pour quelque mauuais deffein : & cela eft tellement vray- qu’onnauoit iamais veujnycn, tendu parler parmy IcsSauuagcs, des maux qui le font faits depuis qu’on leur a donné de ces boiflbns ehyurantes; : car les Sauuages de leur naturel ne font point capa- bles de grandes malices , comme font les Européens; ils ne fçauent ce que c’eft que de jurer. Quoy qu’il y en ait parmy eux quelques- vns qui foient larrons > ils ne dé- robent iamais aucc effronterie, ny mefmeaucc adrcfTe , du moins les Algonquins, quoy qu’ils ne man- quent pas d’efprit. Ordinairement tous les Sauua- I 6 Uifiotre l^atur^Üe ,§cs onc refprk bon, êi il eû bien •rare devoir palrmyeux deccs es- prits buiès ôt grofliers , comme nous en voyons en France parmy nos paylaas: Ils craignent plus Vnc finipic réprimandé de leurs parens ou de loirs Capitaines, que l’on ne fait en Europe les roues Scies gi- bets : car vous ne voyez point de deibrdre parmy eux , quoy que les pères & les mères n’ayent point dç challiment pour leurs en- fans , nonplus “que leurs chefs pour leurs inferieurs , que des pa- roles de réprimandé i 6c i’en ay veu qui fe font empoifonnez; d,’autres le font pendus , ou pour auoir rcceu , ou de peur de recc- uoir vne corredioa de leurs pa- rens , ou de leurs Capitaines , 8c cela pour quelques petites fautes qu’ils auoient fait. C’ell: d’où vient que quand il s’eft fait vn meurtre. idc C Rieurtre , on ne s en prend point à celuy qui la fait , mais anx Ca- pitaines, qui font obligez de fà- cisfaire aux païens du défunt ; ôr comme lafa tisfadion eft confîde- rabJe, & que cela donne de la pei- ne au Capitaine, cel donne vne telle confufîon à celuy qui a fait le mal, que quoy qu’on ne luy di- te rien, il iè bannit ordinairement le refte de fes jours, & cela retient tous les autres en bride. Ils reipedent beaucoup leurs .Capitaines , & leur obeylTent promptement, fur tout quand ils ne font point .vicieux : car quand ils le font, ils les mépriiènt fort, uilans , qu’vn hornme qui ne peut pas fe commander foy-melme, eft incapable de commander autruy. Ils ne font point d’ordinaire auaricieux ; cela vient de ce qu’ils ne ie fondent pas de rien amaftèr E 98 Hifioire Naturelle ( particulieremefiC les Algori» quins) qui viuent au iour la iour- ncè : ils nont point de foin. La libéralité parmy eux eft efîiméc ; c’elt d’où vient que les Capitaines font ordinairement plus pauures que les autres : car quand ils commencent à paroiftre, ils -donnent tout, pour attirer l’af- fedion de leurs gens,qui par apres leur font plufieurs preièns , & les nourriflent quand ils commencent à vieillir. Ils ne font point plus braues les vns que les autres , les meiL leurs chafleurs font les mieux ac- commodez. _ Ils ne fçauetÿ ce que c’cft de fc faire lêruir > chacun fe fort foy- mcfine. des hommes Algon- quins yc’eft d’aller a lachalïe , a là pefchc & à la guerre, en traitte de Canadas. 99 aux Nations efloignécsj&ci e£cor- €cr les femmes quand elles vont en des lieux dangereux , faire les canots, & voila tout j pour le relie ce font les femmes qui le doiuent faire. . C^iand ils Vont en voyage. Si que leurs fehimes Vontauec eux, la femme nage dans Je canot aulii bien que l’iiomme. En voila alfoz dit des Algonquins. Venons maintenant à vne vie &: des coullumes bien differentes qu’ont les Nations de la langue Nuronne , tels que font cous les cantons des Iroquois. Ils font fo- dentaires, comme i’ay déjà dit, & baffiffenc des bourgades. C:e font les hommes qui font les paliiTades & les cabanes , qu’ils font en for- me de berceau, fort haut Si large; couuert depuis le haut iufques au le Maillrc du feffin chante toû^ E i) loo Ififiolre Naturelle bas dc grofTe écorce de Frefiieou d’Orme:les meilleures de ces ca- banes font couüertes d’écorces de Cèdre, mais elles font plus rares. Ilsabbatent du bois , & defèr- tent pour faire des champs.Quand le bois en eft bruflé, c’eft aüx fem- mes àlesenfcmencer j car ce font les femmes qui font toutes les le- menccs, cerclent le bled & en font la récolte: ce font elles qui le mou- lent , autrement le pilent : car les Sauuages n’ont iamais eu l vlàgc des Moulins ; l’ayant réduit en fa- rine, elles en font du pain , ouvnc elpece de bouillie auec de 1 eau^ôc quelque alTaifonnement,lors qu’ils en ont , ce qu’ils appellent Sa- gamité : car les femmes font les Cuifmieres & les Boulangères. Leshommestrauaillent encore à faire des canots , des armures & des rets } mais ce font les femmes de Canadas, loi qui filent le fil : les hommes tien- nent les Confeils , deliberent des affaires , c’efi à dire ceux qui font de naiflance pour cela i car les Ca- pitaines viennent de pere en fils, & entrent au Confèil lors qu’ils font en vn aagc meur , & qu’ils ont montre auoir l’elprit bien fait. Ce font les hommes qui vont à la chafle, à la pefche, & à la guer- re,: les Iroquois ne vont point en traitte chez les autres nations Sau- uages, car ils font haïs de tous : les Hurons y alloient fort , & trafi- quoient quafî par tout le pays- Les hommes s’occupent enco- re à faire des plats & des cuillères de bois. C’eft aufli eux qui font les champs de tabac, & les calu- mets ou pipes qui leur feruent à fumer : les femmes font les pots de terre , comme aUfli quantité de E iij iG^ Htfioire l^aturette petits owurages propres à leurs vlàges > que iene d’eeriray point pour neftre connus en France. Elles Yeruent de porte-faix , & il faut que ce fait elles qui portent tout ce qu’il y a à porter . l’ay appris depuis peu que les Iroquois &: Iroquoiles fe font fer- uir par leurs Efclaues » qu’ils ont en grand nombre , tant d’hommes que de femmes.. Contimatïon fur Jujet , concernant le 2\/la- Chapitre X. Dïfonâ vn petit mot de leurs MariagesXors qu’vn garçon à delTein d’époufervne fille , il l’a va voir > il lacarefiè> naais iamais de Canadas. 105 ^uecindecence, ceièroitvn crime parmy eux : ü luy parle en parti- culier, & quand il l’a enfin gagnée, il luy fait des prelèns de ce qu’ils ont de plus rare ; & quand tout cft d’accord, il va demeurer dans la cabane de la fille , car la femme n e va point demeurer chez le mary, mais le mary chez la femme. Parmy les Hurons vn mariage n’efi: pas tenu pour véritable ma- riage, mais pluftofl: pour débau- che, lî lespere ôc mere du ieune homme n’ont efté demander aux parens de la fille celle qu’ils défi- rent auoir pour femme à leurs cnfansice qui fe fait donnant quel- que riche prefent aux parens de > fille. Ils demeurent qaclquesfois lon^-temps cnièmble deuant que de confommer le mariage ; & l’on dit vne choie admirable des Al- E iii] 104 tiifioireNatureïïe gonquins j qui eîl, que fbuucnt ils deffieurerit vn an & dauantage cnfemble , auant que le confom- mer : il ne iê paiTe rien parmy eux qui ne foit dans l’honnefteté , 5c rien de dilToIu dans ces rencon- tres, quoy qu’ils lôient naturelle- ment grands railleurs , & qu’ils ayent plufieurs mots à double en- tente, mais ils ne s’en feruent pas dans ces rencontres. Quoy que la polygamie ne foit pas defFenduë parmy eux , ra.- rement voyez-vous vn homme auoir deux femmes, for tout par- miy les Hurons &: les Iroquois; car cela fe rencontre quelquesfois chez les Algonquins. Le diuorce n’eft point vue cho- ièodieufe chez les Saunages, vn homme pouuant répudier facile- ment là femme , 5c la femme fon mary ( i’entens parler de ceux qui de Canadas. 105 lie font point Chrefticns ) cela fè fait fans bruit : car quand la fem- me répudié fbn maryjelle n’a qu’à luy dire qu’il forte de là maifon, Se il s’en va fins rien dire autre choie, & y laiiïetout ce qu’il y a apporté , à la reièrue de fes habits. Tout de mefme, fi le mary veut répudier ia femme , il Ce retire, apres luy auoir déclaré qu’il la quitte : s’ils ont des enfans ils de- meurent tous à la femme. Ces di- uorces arriuent rarement , parce que chacun eftiûr fes gardes,s em- pefehant de donner du méconten- tement à fa partie , crainte de l’o- bliger à la ieparation. Ils ne font pas beaucoup iûjets à la ialouiie , iùr tout les Iro- quois. Ils ont des jeux parmy eux de diuerfes fortes , les plus communs font les jeux de paille , Sc ie jeu du E ¥ ic^ I:lifioîre'Naturelk plat , &C vn troifîcrae qu’ils nom* ment paqueflen. Ce jeu de paille fc fait en ef. fét auec de petites pailles qui font faites exprès qui iè partagent c ronds comme des noyaux de peiche , que l’on auroit liiTez &: applatis, qui font noirs, d’vn cofté,^ blancs de rautre,que l’on remue &que l’on fait iàuten dans vn grand plat de bois, qu’en- fin on arrefîe en frappant la terre, le tenant auec les deux mains : la^ perte ou le gain dépend d’v» cer- tain nombre qui fe troûue tout: d’vne couleur.. àeCanddas. loj Le jeu paquefTcn cft prefquç la mefine chofe , finon qu’or» iecte ces petits os en i’airauec la main, retombans lut vnc robe eftenduë en terre, qui lèrt comme de tapiS; le nombrerout d’vne couleur fait 11 la perte ou le gain, Ils le feftinent aullî les vns les autres, la façon eft telle.Celuy qui veut faire feftin fait mettre vnç grande chaudière fiir le feu , ou deux , ou trois , félon le monde qu’ il veut traiter : dans lefquclles chaudières on met de la viande pu du ppiiron , Sc enhiite delà far rine de bled d’Inde : quaftd cela eft cuit , celuy qui fait le feftin en- uoye conuier ceux qu’il defirc qui y fbient : ils y viennent auec vn plat &c vue cuillère. Ils entrent dans la cabane fan? dire mot, & s’arrangent hir leurs derrières cotome des guenons : cependant E vj 'M ‘il io8 Wp^oire Naturelle le.Màiftfe du feftin chante toû,- jours iufques à ce que tous les. conuiez foient entrez , car il ne leur fait aucune ceremonie : alors il prend la parole , & dit, le fais feftin ; que s’il defîre gratifier SC faire honneur ou à fon fils ou à quelqu’autre , il le déclarera , di- fant , e’eft vn tel qui fait feftin-i alors tous les aiîîftans répondent vil certain hô , qui eft comme va eipeee de remerciment : il conti- nué & dit, il y a tant de chaudie< res, felonle nombre qufilyaura: on iuy répondencorc ho : c’êft d’v- ne’telle vîande,& tuée par vn tel:à chaque article on fait toufiours la mefme réponlè hô ; & ainfî conie- cutiuement il déclaré tout ce qu’il y a dans le feftin , & on répond toufiours la mefine choffe , hôj hô. En fuite il dit ,, le. -fouhaitte ■deCmadar, î6^ quVn tel nombre de vous autres chante , vn tel , vn teb & vn tel ; 6£ fouuent il eommenGc le premier à- chanter J &rles vns apres les autres chantent iulq^ues au nombre qu’il a fbuhaité.. La ’perfonne qui chante fe leiiej, failant diuerlès pollures & gcftes en chantant. Cette façon de chan- ter n’ell: point ‘harmonieufe , auee douceur , mais elle eft comme de gens qui s’excitent à la colere , & meûne ils font quelquesfois des lignes de fraper : ils raconteront dans ces chanfons martiales leurs proüeflès , & les hommes qu’ils ont tué en guerre , ou les deffeins qu’ils ont d’aller en guerre pour vanger la mort de quelqu’vn de leurs parens, ou de quelque hom- jtne confîderable. Ce qui les y en- gage par honneur;& fouuent ceux qui fuiuent à chanter , s’engagenî? Hîfiom Naturelle en chantant <£eies ilii ure à la guer- re > & mourir auec eux. Apres que tous ont chanté on 4reiïc la chaudière , c’eft à dire qu’on prend les plats d’vn chacun, & on met de la fagamité dedans; s’il y a de la viande on en diftri- buë à chacun de ceux qu’on defire honorer & gratifier vn. morceau: les morceaux lesplus délicats font pour les Capitaines ; celuy qtu fait feilin ne mange point , mais il chante pendant que les autres mangent. Si ce font des Algon- quins , ilspeuuent emporter leurs plats de fàgamitê chez eux ; mais chez les Iroquois & Hurons, cela n’ed pas permis , il faut tout man- ger ce qui vous eft foruy; c’eft d’où vient qu’ils portent des plats fort petits : car on n’ofo pas for tir de ia cabane auant que d’auoir vui- dé fonplat, à moins que dé faire deCanaias. iii quelque petit prciênt au Maiftrc du feftiu , vn coufteau, vue aleC- |ie , vn pain de petun. Les fem- mes y font moins appellêes que les hommes, fur tout chez les Iro- quois&Hurons. Il Ce fait quelquesfois parmy eux des feftins bienconfîderablcs: il s’en fît vn du temps que i’eftois aux Hurons , de la chair de cin- quante cerfs, dans cinquante chau- dières. lis ontauflî des danfes parmy eux , qui ne relTemblent en riens aux noftres, car elles ne confiftènt qu’à vue cercaine façon de fè fè- coüer le corps , frapans des pieds dontre terre , & failâns beaucoup d’autres pollures aucc reigle ,Sc la cadénee d’vn petit tambour, ou autre initrument , qui fait vn pe- tit bruit fourd : ils vont lî bien à ia cadence , qu’on ne voit point; ïiî Hifloire l^atUYeÏÏe de confufion ny de defordre, quoyr qu’ils fbicnf quelquesfois plus de deux cens à danfer enfèmble -, ils frappent cous du pied en meime temps, & fi à propos , que l’on di- roit qu’il n’y a qu’vne perfonne qui danfè. Ces danfes Ce font ordinaire- ment pour quelques ré joüilTances publiqucSiGommc fèroit quelques victoires remportées fur l’enne- my , ou vn traité de paix nouuel- tement conclu ; il s’en fait bien aulïi quelqucsfois chez des parti- culiers entre amis; mais cela n’eff pas bien ordinaire. Les peuples fedentaires ont des Officiers pour toute forte de chofès, qu’ils appellent Capitaines ou gens confiderables ; les princi- paux font pour la police , les au- tres pour la guerre ; il y en a d’au- tres qui ne font que pour aueriûï, de Canadas. n j qui feruent Gomme de tambours & de trompettes : les vus vont crier par les rues du bourg le fèir, ou le matin , le nom de ceux qui fonrmortSj oulciour ou la nuit-, d’autres ont foinde faire les pre^ pàratifs pour bruflcr les prifbn-. njers : d’autres ont ordre d’auer- tir de fe trouuer au Confeil quand il fe doit tenir ; quelques autres ont charge d’auertir par le bourg quand on doit faire quelques ré- joüiflànces ou daniès publiques,, ainfî de tout le refie , & tout cela, lànsconfufion riy defordrc. Ils n’ont point de Religion; mais ils font fort fupcrftitieux , 5c ajouftent foy à leurs fonges:c’êft celqui donne plus de peine aux Pc- res lefeites qui les inftruilent. Ils croyent rimmortalitc de- l’Ame, ôc difont qu’elle va apres la inort dans ^vn beau pays } que it 4 Hifloire ISIaturetU dcuaitt que d y arriuer , il faut pafTer vne riuiere où il y a vn ccr* tain qui perce la tefte à tous les pailans, & leur arrachela Gcrueldcj. ce qui fait qu*ils ne fe fbumennent plus de rien. . Ils ont quantité de fab les qu’ils racontent , & ^n toutes on y re- marqué toulîoürs quelque choie qui a du rapport à quelques- vues des hiftoires de l’ancien Tefta- ment. Ils ont connotjffàncc des Efprits» ont vne grande auerfîon des Sor- ciers i Sc quand queJqu’vn en eÆ acGulc, & qu’on croit qu’il le fbit> ilefi: auflî-toft tue oubrullé com- me vn ennemy. Iis font fort aumofhiers & lo- gent facilement les Eflraugers & Voyageurs , fins elpcrance d’au- cun falaire , & il y en a plufîeurs qui quittent leurs lits > ou pour de Qmada^» nj ffiiieux dire , là. plàee où ils cou- chent, leur donnant à manger ce qu’ils ont de meilleur» & cela af^ lèz fauuent à vn homme qu’ils n’ont iamais veu, & qu’ils ne ver- ront peut-eftre iamais, & qui s’cti ira fans leur dire grand-mercy» celaeft particuliérement ^ans les Nations fèdentaires. Quand il y à quelque famille qui eft tombée en necelfité de vi- ures,il y a desCapitaines qui vont par le Bourg ramafler du bled pour la lùbliftancc de ees panures gens , chacun donne , qui plus, qui moins, lèlon Ibnpouuok.. Ils ne font pas vilains les vns enuers les autres i quand ils ont; tué ou pefehéj' ilsen font des lar- geflès, foiten fàiiant fèftin, ou en chuoyant chez les particuliers. Ils font pitoyables , & fe por- tent compalfioù les vn& aux au- tres.. lié Hifioire Naturetle Ils ayment fort leurs par ehs, 6£ les pleurent long- temps apres qu’ils font morts : quand ils les en- terrent, ils mettent auee eux ce qu’ils aymoicnt le plus pendant leur vie , ÔC ce qu’ils eftiment de plus précieux parmy leurs mexi- bles. Ils ont prelque tous le lèns com- mun alTez bon, & railbnnenc fort bien ; cela fe void dans leurscon- IcilSjôC dans leurs harangues qu’ils font Ibuuent en toutes fortes d’oc- cafions. Tous les Saunages qui fcnt proche des Europeans deuiennent yurongnes , & cela fait bien tort aux noftres : car de quantité qui eftoient fort bons Chreftiens,plu- fieursiê font relafchez. LesPeres lefuites ont fait ce qu’ils ont pu pour empe^feher ce mal : car les Saauages ne boiuenc que pour de Canadas, 117 s’enyurer; ôc quand ils ont corn- jnencé à boire , ils donneroienc tout ce que l’on vbudroit pour vue bouteille d’eau de vie , afin d’acheuer de s’enyurer. La guerre qu’ils iè font les vns aux autres , ne £c fait point pour conquérir des terres , ny pour deuenir plus grands Sei- gneurs , ny mefmepour l’intereft, mais par pure vangeance : auflî ne parlent-ils point autrement ; car ils dilènt , ie jm’en vay en guerre pourvanger la mort d’vn tel, & e’eft d’où vient qu’ils traitent fi cruellement leurs prilbnnicrs , bC nevifent iamais qu’à détruire & faire périr vne Nation toute en- tière. iî8 Hifiôîre Naturelle La mamere que les Smua- ges font la guerre» Chapitre XI. CEjix qui vont en guerre ne font/buldoyez deperfonnei ehacun y va à iês dépens> ^ iè doit fpurnir d’armesjde viurcs, de mu- lûtiprns , & autres chofes ncccfîai-i res pour la guerre. La façon qu’ils font les loices, La voicy ;Vn Capitaine faitfeftin, ( pn appelle cela pendre la Chau- dière ) il inuite à fon feftin tpus les ieunes gens de fon bourg, il leur déclare qu’il a dejQTein d’aller en guerre pour vanger la mort d’vn tel ou d’vne telle : il exhorte ceux qui font de fos amis de l’ac- de’Canadas. compagner : apres qu’il a dit le «aimx qu’il a pu là deflùs , &que le feftin eü maugcjehacun s’en vai apres quoy ceux qui ont enuie dd l’accompiagner viennent les vus apres les autres luy faire olFre de leurs feruices , en luy dilànt , vn tsd mon oncle ( car c’eft comme ilstraitent d’ordinaire ceux qu’ils «ftiment plus qu’eux ) ou bien mon frere ( s’ils Ibnt égaux ) ic viens te dire que ie veux rilqucf auec toy en ton delTein de la guerre. En raefme temps chacun fait diipofer lès viures, & on fc tient prelt pour kiour aligne du de- part - Quand ils , ont de grandes en- treprilès à faite, cela fe délibéré l&ng-temps auparauant dans le Conlèil des anciens & des priitci- paux Capitaines; ôc l’affaire eûant ^^o Hifiôire "Naturelle vnc fois conclue, & quon a choifî çcîuy à qui OH veut donner la conduite de l’expedition , vn Offi- cier va crier par le Bourg , que l’on va à la guerre , & que l’on ex- horte toute la ieunefle à aller dans parmée. Les Capitaines de tous les Villages qui ont affifté au Gonfeil en font faire a utant chez eux .• à tnefure que les ieunes gens fe deliberent , ils en auertilïènt le Capitaine qui eft Chef de l’entre- prilc. ; Apres cela on enuoye des Dé- putez auec des prefens chez tous les Alliez les plus proches , pour lesprier de les affifter dans leurs deflèins. Us tiennent Conlêil là delTusdls voyentee qu’ils peuucnt donner de monde , ou pluftoft ils exhortent leur ieunelTc à aller ioindre le gros. Qwnd ils font tous aflemblez, i î2fX qu’ils marchent , ils ont toû- jours des découurcurs qui vont deuant ; chaque Village qui a fournjr du mondera des Capitai- nes qui les commandent ; & tous cesCapitaines4à s’affemblent fou- ucntpour tenir confeiirur toutes fortes de chofes: car ils ne négli- gent rien. ils exhortent fouucnt leurs fol- dats à tenir bon à l’occafion , & ne point s’enfuyr , leur reprefontant que les gens de cœur & de coura- ge ne s’cnftïyentiamais. Il n’y a point de chaftiment chez eux pour ceux qui fo font enfuysi finon qu on les qualifie de pol- tron , mais encore tout bas. Quand ils rencontrent l’Ennc- my & qu’on eft aux prifes , les Ca- pitaines feruent de tambours & de trompettes , & crient fans celTe , Courage jeunefle , courage , ils F itz HifiokeJS^ati^relle font à nous, que perfonne ne fuye: cela les anime beaucoup ; car ils rcfpeaent fort leurs Capitaines. Ils font adroits à furprendre , èc àdrellèrvne embulcade; ilsne iè prennent pas mal a faire vne re- traite honorable , quand ils Ce voyent prelTez : ils nous 1 ont fait voir par expérience. Ils font vigoureux d’abord, mais ils ne font pas de longue re- fiftance. Ce ne font pas aulTx gens à fe battre en raze campagne. Ils ne commencent iamais de com- bats qu’ils ne faflent auparauant vn cry tous enfcmble , pourcton- ner leurs Ennemis d’abord. Ils font adroits à manier les ^r- mes à feu,tircnt fort bien vn coup de fufil. Ils ont des fimples parmy eux, qui font excellens pour guajrir les blefleurcsi fur tout d’armes à feu. de Cütnadas. 12,5 Ils font de grande fatigue Sc bien difpos : ils vont fort bien du pied J &L ont vue addrefle toute- particulière à fe reconnoiftre dans les bois J & ne s’y perdent quafî ia- imis. la façon cçuils traitent les Prifonniers de Guerre. C h A PITRE XII. QV and ils ont pris des prifon- niers, ils leur coupent quel- ques doigts d’abord : ils les lient parles bras & par les jambes auec des cordes : linon que lors qu’il faut marcher , ils leur lailTcnt les jambes libres. Le foif quand; ils cabanent, ils font coucher le prifonnier lùr le : Fij 12<^ UtjtoPVC iittiVêllc dos contre terre , & ils plantent de petits pieux en terre , au droit des pieds 5 des niains , du col , & de la I telle : en fuite ils lient le prifon- nier à ces pieux j de forte c[u il ne peut remuer: ce qui eft vne peine plus grande que Tonne pourroit ctoire j principalement 1 Elle > a caufe des Maringoins qui les man- gent, car ils fqnt nuds. Arrîüant a Tentrée des Bourga- des, tout le peuple vient au de- uant; il eft libre à vn chacun de leur faire tout le mal qu’ils vou- dfont , àla referuc de les tuer : a- lors vous y voyez les vus armez de coufteauXjfoit pour couper des doigts, ou pour faire deS incifiônS le long des bras , du dos , & autres parties charnuës , le pirifonnicr eftant tout nud ; d’autres ont des baftons dc'quoy ils le baftotinent. lly en a qui ont des vérges, des deQanadas, iiy ronces & des bouts de corde.Auec tous ces inftrumens , on le carelïè àfôn entrée j car c’efi: leur façon de parler. il faut pendant tout ce tcthps-là quele prifonnier chante , s’il veut parpillre homme de cœur & de courage. Et en effet , les Saunages .ne manquent iamais de chanter pendant tout le temps qu’on les tourmente ; ( mais ce chant efl vn chant lugubre. ) Apres qu’ils font entrez dans le Bourg , on les mene de cabane eu eabancj.cher les principaux, & par tout là il faut qu’ils chantent. Apres vn iour ou deux qui Ce font paflez dans ces trilfes prélu- dés , les Capitaines tiennent Con- foil pour le condamner à la mort, ou luy donner la vie : s’il eft con- damnéàla mort ,ceIuy-làaqui il a efte donné ( car c’çft leur couftu- F iij 12.6 H ifiàire Naturelle me de les donner pour quclquVn qui eft mort en guerre. ) Celuy-Ià dis- je fait feftin ; & quand tous les conuiez font aiTcmblezdUeur ditj V oila mon fils ou mon neveu, ( fé- lon le degré de parenté que luy cftoit celuy pour qui le prifbnnier a efté donné , ) qui vous fait fon feftin d’ Adieu. Ôeft leur couHut me quand ils entreprennent quel- que grand voyage , de faire feftin auparauant que de partir , qu ik appellent feftin d’Adieu ; en fuite le prifonnier chante, 8^ apres luy vne partie des conuiez chantent auffi. Apres que l’on eft retire, on diC- pofè vne cabane pour brûler ie .prifonnier ; on y fait quantité de feux ; on aduertir par lé Bourg de l’heure que l’on doit commencer à le brufler , afin qu’on s’y trou- • Ué, i,; ■ ^ ! ■ dt C an dâÂs,' Q^nd rheure eft venue , on y mene le pauure patient ; il a les bras liez au corps au delTus du coude, &vne corde aux jambes enuiron de deux pieds de long|, afin qu’il ne puiffe faire de plus grandes éjambées. Tous ces gens font arrangez des deux collez de la cabane: Vous fçaurez en paf- faiit , qu’ils ne fçauent ce que c’eft que de cheminée , &: qu’ils font le feu au milieu de la place. Ils laiflent donc vn petit che- min entre les feux qui font allu- mez au milieu de la cabane tout au long, d’efpace en efpace, &c en- tre les hommes qui font rangez des deux collez , affis fiir le cul comme des Singes; & c’ell par ou doit courir le prifonnier . Chacun à vn tifon bien embra- sé,ou vn morceau de fer tout rou- ge de feu : quand tout ell difposé, F iiij ii8 Hîjioire l^atmdle d^s, 13^ fèr ce pieu,luy liane les deux mains enfemble. La corde pareillemenc qui luy lie les deux jambes, fait vn cercle autour de ce mefmepieu } ^de forte qu’il peut tourner tout à l’entour de ce pieu. Il eft la exposé tout nud ; il y a quatre échelles aux quatre coftez de l’échafautv pour lors , il eft libre à vn chacun de monter fur i’échafaut pour le tourmenter .On ne manque pas de bourreaux , car il y en aalTez :Nous auons remar- qué que les plus cruels , font cer- tains poltrons qui ne vont iamais en guerre. Ils le montent donc for récha- faut , & ils le bruflent auec des çi- fons î mais auec autant de froi- deur , que fi c’eftoit vn . morceau vde bois. Apres deux ou trois henres qu’ ils l’ont tourmenté de la forte, F vj 13 % liifioÎY’e l^'aturelle & qu’il ne refîetnble qua vn char-^’- boujils luy écorchent la tefte>pour luy Icuer la cheuclure c’eft ce qu ils font à tous ceux quais tuent , et? guerre, ou qu’ils bruflent chez eux^. En fuite s’il refte de la vie au; parient, ils luy coupent le col auec vn coulleau , luy fendent la poi- trine, U luy en tirent le cccun Se fi ç’aefté vn homme courageux,qui n ait fait aucun crypendant qu’on l’a tourmenté , il y en a qui boi- uent de fon fang , pour s incorpo- rer Ibn cour âge. En fuite on le coupe par quar- tiers, Sç on le jette à la voirie j ou quêiqüésfois ils le font cuire, & le -itrêîigent, par rage. ^ Quand les Capitaines or?t refo- in de d^onner la vie au prifonnier; & que celuy à qui il a efté donne y conlenc ( car il y peut plus que pas vn autre ) otvvaaüfii-toft le délier. n lé publie par le Bourg > ôs pour • lors on le traite bien , perfonne n’oferoit plus luy faire de mal, quoy qu’on ne laide pas dcle re- garder comme vn efclaue , & il clb obligé de reruir eeluy à qui il a efté donné en cette qualite-là. Il eften feuretepour la.vic , pourueuqu il ne foit point foupçonné de le vouloir fauuer „ & qu’il ne def- obeïdè point à ce qu’on luy com- mande; que s’il eft foupçonné de fo vouloir lauuer 5 audi-toft on luy fend la telle auec vne hache; on luy en fait tout autant quand ii fait difficulté d’obeyr. Si Dieu nous fait la grâce d eftre vn iou r ies Maiftres, il fera aisé de leur oftex ces Barbares couftumes; & de les rendre plus policez icar comme j’ay défia dit, ils ont le fens commun fort bon; Sr ils fe laideric adez facilement gagner à la raisoj Hifloire Naturelle &(jitand ils font vue fois coiiuain- cus d’vne choie , ils ont peine d’en démordre } témoins ces panures I niiièrables Hurons’ôi Huronnes, qui ont eilé faits captifs par les Iroquois, Sc qui auoient efté in- -liruits & baptiièz par les Peres Ic- I iuites J qui gardent auec tant de I fermeté & de conftance leur Reli- j gion, au milieu de leurs Ennemis, j & qui font honte à beaucoup de li- î bertins François î qui ne ie font pas comportez fi Religieufement parmy les Ennemis , comme ces [ panures gens , qui volent de joye quand ils peuuent rencontrer vn Père leiiiite , pour fe confefler & receuoir leurs Saercmens. üant mo» jour en Franr^ , il m’a eftè fait diuerfcs queftions par plufieurs houne- ftes gens r concernant le pays tie la NouueUeEranGé. Fay créa que i’obligcrois le Lc£teur curieux de les mettre icy , SC d’en faire vn Chapitre exprès , auec les ré- ponfes , qui donneront beaucoup d’intelligence ÔC de connoiffance à ceux qui ont de i’affeéfion pour ce paysicy , ou qui fouhai* teroient d’y venir. le commencer ay donc par Tftfioire Naturelle vne ajflè2 eonimune ,-quie£, fi k» vigne y vient bien. lay déjà dit que les vignes fauuages y font en abpndance , & que mefine on: en a eprouuc de celle de France, qui y vient aiTez bien. Maispour- quoy ne faites- vous donc paS: des vignes ? le répons .à cela, qu’il faut manger auantque de boirej ^ par ainfi, qu il faut longer à fai- re du bled auant que de planter de la vigne : on fè pâlie mi eux de vin que de pain ; ccû tout ce qu’on a pu faire que de défricher des terres pour faire des grainss & non autre çhofe. Le vin y elf-il cher J le répt)n s, qu’il y vaut dix fols la pkîtc; l’eau : devie y. vaut trente fols la pinte, &le vin d’E^agney vaut autant: Jamefure eft fcmblable a celle de Paris. Le bled y eft-il cher ? Le fro- de Canadas. ment y vaut cent fols le minot^, |»efant foixante liures : ôc quel- quefois il vaut fîx francs. Les. pois y valent vn ccu le minot, & quelquefois iufques à quatre francs. Les iournées des hommes y font - elles cher es ? Vingt fols cftant nourris pendant l’hyuer > ô£;trente fols eftant nourris pen* dant fEfté. Y a-il des cheuaux dans Ic: pays ? le répons que non. N’y a-if pas des prairies pour faire du foin ? l’auoine n’y vient- elle pas bien î parfaitement bien> & il y a, de tres-belles prairies : mais il eft affez dangereux d’a- n oir le foin, tant que les ïroquois nous feront la guer re , &: for tout aux habitations des Trois-Riuie- res St du Mont -Royal : car les foucheurs St les fèneurs font toûf 158 Hifloire Naturelle jours en danger d’eftre tuez par ees Iroquois. Voila la raifon pourquoy on fait moins de foin, quoy que nous ayons de belles & grandes pr air ies , où il y a de tres- bonne herbe propre à ce faire. Mais il y a encore vne autre rai- fon qui empefche d’auoir des che- naux, c’eft qu’il coufteroit beau- coup à les faire venir de France : il y a peu de perfonnes qui ayent dequoy faire ces dépenfes;& d’ail- leurs l’on craint qu’eftans venus les îroquois ne les tuent , commo ils font nos autresbeftiaux, ce qui feroit bien fafcheux à celuy qui aurait fait la dépenfè de les faire venir. Et puis on elpere toujours que noftre bon Roy aflîftéra ce pays icy,& qu’il fera deftruire cet- te canaille d’Iroquois.. Y a- il bien des habitans ? A cela ie ne peux rien répondre de Canadas. tl’a{rcuré>finon que l’on ma dit qu’il y eu auoit enuiran huit cens à Qi^bec, pour les autres habita- tions il n’y en a pas tant. Les habiratts ont- ils bien des enfans ? Ouy , qui viennent bien- faits , grands & robuftes,, auflGl bien les filles que les garçons : ils ont communément l’elprit aflèz bon 5 mais vn peu libertins , c’eft à dire , qu’on a de la peine à les captiuerpour les eftudes. Pourquo y ne fait-on pas quan- tité de chanvres puis qu’il vient fi bien î La mefme raifon que i’ay apporté pour la vigne, ie l’appor- te pour le chanvre , fçauoir que .nous n’auons ibngé qu’au bled iufques à maintenant, comme le plus neceflaire.. l’ajoufte feule- ment que nous fommes trop peu de monde : car apres la défaite de rirqqnc^s ÿ il ne manquera qu®: 140 Hiflolre Maturetle des habitaiis icy , pour y auoiz tout ce que l’on y peut fouhaiter. Qi^lle boiflbn boit-on a l’or- dinaire i Du vin dans les meilleu- res maifons , de la biere dans d’autres : vn autre breuuage qu’on appelle du boüillonj qui fè boit communément dans toutes les maifons ; les plus panures boiuent de l’eau,qui eft fort bonne &: com- mune en ce pays icy. Dequoy font bafties les mai- fons ? Les vnes font bafties toutes de pierre, & couuertes de plan- ches ou aix de pin ; les autres font bafties de collombage ou char- pente & maffonnées entre les deux;: d’autres font bafties tout à fait de bois; & toutes lefdites mai- fons fe eoüurent comme dit eft, de planches. Le chaud en Efté y eft^ i l bien grand l II y eft enuiron comme kms le pays d’Aunis. Les froids y font -ils grands ’Hyucr ? Il y a quelques iournccs 5|ui font bien rudes , mais cçla l’erapefche point que l’on nefaf. & ee que l’on a à faire ; on s’habil- c vn peu plus qu’à l’ordinaire', on Æ couurc les mains de certaines moufles, appellées encepaysicy des mitaines : l’on fait bon feu das les maifons, car le bois ne coufte rien icy qu’à bûcher & a apporter au feu.On fe fert de bœufs pour le charrier , fur certaines machines qu’on appelle des trailhes : cela glilïe for la neige, & vn bœuf foui en nrette autant que deux bœufs feroient en Efté dans vne charet- te. Et comme i’ay déjà dit, la plufpart des iours font extrême- ment forains, &il pleut fort peu pendantl’Hyuer. Gequei’y trou- ue de plus importun , c’eft qu’il ï^2 Htfioire N aturelle faut nourrir les beftiaux à l’cfta- bk plus de quatre mois, à caufè que la terre eft couuerte de nei- ges pendantee temps-Ià : fi la nei- ge nous caufe cette incommodité, elle nous rend dVn autre coftévn grand feruice, qui efl: quelle nous donne vne facilite de tirer les bois des forefts, dont nous auons be- foin pour les baftimens , tant de terre que d’eau , & pour autres cfaoiès. Nous tirons tout ce bois de la for eft, par le moyen de ces traifnes dont j’ay parlé, auec gran- de facilité , & bien plus commodé- ment , & à beaucoup moins de frais , que fi c’eftoit en Efté par Charetee. ' L’air y eft extrêmement fain en tout temps : mais fur tout l’Hy- uerjon voit rarement des mala- dies en ces Pays-icy ; il eft peufu- jetaux bruines & aux brouillards; deÇdnadas. [air y eft extremémenc fubtil. A [’enttée du Golfe & du Fleuue,Ies bruines y font frequentes , à cauiè du voi finage de la mer : on y voit fort peu dorages. , Mais quel profit peut-on faire ià ? Q^n peut-on tirer? C eft yne queftion qui m’a cfté faite fou- uentefois J ôc qui juc donnoit en- uic de rire , toutes les fois qu’on me la faifoit : il me fembloit voir des gens qui demandoient à faire récolté auant que d’auoir ftmé. , Apres auoir dit que le Pays eft bon , capable de produire toutes fortes dcchofes comnie en France, qu’on s’y porte bien, qu’il ne man-^ que que d,U;monde,que le Pays eft extremémenc grand, 6c qu’ in- failliblement il y a de grandes richeflès que nous n’auons pas peu découurir , parce que nous auons vri ennemy qui nous tient 344 Hiftoirel^atunlle reflèrré dans vn petit coin, & nous cmpcichc d.e nous écarter pour faire aucune découuerte ; Ainfi il faudroit qu’il fuft détruit , qu’il vint beaucoup de monde en ce Pays-icy , 8c puis on connoiftroit la richefle du Pays : mais pour fai»- rc cela , il faut qué quelqu’vnen fafle la dépcnce ; mais qui la fera, fi ce n eft noftre bon Roy ? li a té- moigné le vouloir faire. Dieu luy veuille continuer ù. bonne vo- lonté. Les Ânglois nos voifins ont fait â’abord de grandes dépenfes pour les habitations là où ils Ce font pla- cez ; ils y ont jettéforce monde,8c l’on y compte à prefont cinquante mil hommes portans les armes : c’eft merueille que de voir leurs Pays à prefent ; l’ony trouue tou- tes fortes de chofes comme en Eu- rope , & à la moitié meilleur mar- thê. lÎÈ y baftilTeitc q^aôtité de ViüTeaüx de toutes façons : ils y font Valoir, les iTîîâes de fer : ils ont de belles Villes :ily a Meffa-^ gèf te ScPoâé dervnei l’autre : ils ont dcsCarGlTes comme en Fran- ce teeax qui ortt fait les âüances trpuuent bien I prefentlcurs com-i ptcs : de Pay$-la h’eft pas autre ■que le fàoftrc : de qui iè fait la , fe peut faire icÿ Cela n’empefehéra pas que ic ne vous dife ce qiie ic crois que l’on peut faire, 8d dent Ton peut tiret beaucoup de profit .- premie- tement la pelche de la MoluS , qui eft abondante à l’entrée du FiJi^ iic, auxenuirorts de Gâfpé. Secondement les builes , tant de Loups-raafins , que de Mar- foins, dont il y a abondance dans le fleuué Saint Laurens, comme j ay défia dit-. Il eft vray qu’il y a G 14^ tli jîoire N aturdle quelque dépenfe à faire pour cela mais elle ne fêroit pas confidera- ble ) à l’égal du grand profit qu’on en peut efperer. Il y a des mines de fer ^ de cui- tire, d’eftain, d’antimoine, ^ de plomb j plufieurserpyent qu’ily a aufli des foufifiçres. Fay parlé à vn faifeur de falpê- tre , qui m’a dit qu’on en trouue-c roit icy d’ aufli bon ,quen aucun lieu du monde , de en quantité. Pour le charbon de bois de Ce- dre , il eft fans comparaifon beau- coup meilleur qu’aucun, dans la ~compofition de la poudre &e des artifices. De plus, les bois qui font icy en fi grande abondance , ne peu- uent-ils pas jettervn grand pro- fit, foit pour les baftimens de mer ou autres ouurages , à quoy ili peuucnteftrevtiles. , de Canada s. iJj.j La terre eftant bonne , ne peut- elle pas donner vn grand profit, îion feulement pour toute forte de grains , qu’on en pourroittiret abondamment i mais pour les chanvres &lins , qui venans bien, onen. peut faire en abondance, & en faire par confcquent grand profit, ^ le ne parle point de f abondance des Animaux qui s’y peuuent nourrie , comme de beaucoup d’autres çhofès que vous voyez, aufli bien que, moy, apres la def- cription que ie vous ay frite. Toutes les Riuieres font-elles nauigables ? le répons que oüy, auec les canots fauuages ; mais non pas auec nos baftimens. Les Nauires ne peuuent pas palfcr Qupbeç,à:ce que l’on croit, les Barques & Chaloupes ne peuuent pas aller plus loin que Mont- 148 HiftôireNamreüe Royal j du Mont-Royal jufques dans le lac des Iroquois, il fetrou- ue quarante lieues de rapides? que l’on ne peut pas monter qu’auec des canots. Se des bateaux plats: encore les faut-il tirer , comme on tire les bateaux en montant le ïongdelaSene. Apres quoy dans tous ces grands lacs , on y peut ail- ler auec barques & chaloupes. Ce qui empefchenosRiuieres d’eftré nauigables , fe font des cheutes d’eau qui fo rencontrent par endroits , ou des rapides : ô£ cela aux vnes plus qu aux autres, car à la riuiere du Saguené, on va ^tiques à quarante ou cinquante lieues auec vne double chaloupe ; & au contraire, dans la riuiere des Trois-Riuieres , l’on n’y va pas plus de quatre lieues : $i ce Pays- ieyeftoit habité, ie ne doute pas que l’onnc rendift nauigablc plu- de Canadas. 149 fleurs riuicres qui ne le fonc point J &cela à peu de frais : car il y a telle riuiere,où il n’yaquvn rapide d’ vil quart de lieuë, apres lequel on pourroit aller bien loin: cependant > cela la rend inaccelfi- bie à nos baftimens. Il me lèmble que j’entens quel- qii’vn qui dit » Vous nous auez beaucoup dit de bien de la Nou- iielie France, mais vous ne nous en faites point voir les maux,ny incommoditez : cependant ^ •ions bien qu’il n’y a point monde , quelque bon cftre , où il ne lè rcn- ^ quelque choie de fâcheux, vous répons que vous auez rai- fon : ç’a eftcaulïi mon delTein dans tout mon difcours , de vous en donner la connoilTance : mais afin de vous les faire mieux conce- uûir,ie mettray icy en détail ce G iij .ïjf;' ijo H jftolre Naturelle que ie juge de plus incoinmode ou- importun , que ie reduiray à qua- tre ou cinq chefs. Le premier fbxit les Iroquois nos Ennemis , qui nous ciennenc relTerrez de fi prés , qu’ils nous empelchent de jouyr des commo- ditez du P ays ; on ne peut aller à la chafie , ny à la pelche , qu’en crainte d’efire tué , ou pris de ces eoqu ins-là : & mefine on ne peut labourer les champs , & encore bien moins faire les foins , qu’en continuelle rifque :car ils dreflènt des embulcades de tous collez, & il ne faut qu’vn petit buiflbn pour mettre fîx ou lèpt de ces barbares à l’abry , ou pour mieux dire à l’a- fuft , qui le jettent lùr vous àl’im- prouille,foit que vous foyez à vô- tre trauail , ou que vous y alliez; lis n’attaquent iamais qu’ils ne le voyeiK les plus forts j s’ils Ibnt les lusfoiblesjils ne difent mot: fi par hazard ils font découuerts , ils quittent tout , & s’enfuyent » &: eomme ils vont bien du piedj il eft inal-aisé de les attraper : ainfi vous voyez que l’on efi toufiours en crainte , & qu’vn pauure homme ne trauaille point en lèureté, s’iî s’écarte vn peu au loin. Vne fem- me eft coüftours dans 1 inquiétude que fonmary , qui eft party le ma- tin pour Ibn trauailj ne fbit tue ou |)ris ,8c que iamais elle ne lere- üoye'i c’eft la caufe que la plufparc des Habitans font pauures , non feulement pour la raifon que ie viens de dire, qu’on ne peut pas jouyr des commoditez du Paysj mais parce qu’ils tuent fouuentle beftail-, empefehent quelquesfois i de faire les récoltés , bruflent ÔS pillent d’autres fois les maifons quand-ihies peuuent fur prendre, G iiii Hifiom Namretts Ce mal eB gra«d , lïials il a effi pas làns rcmedcj &nons l’atten- dons de la charité de noftre bon Roy J qui m’a nous ei\ vouloit deliurer. Ce n’ellpas vne choie bien mal-aisée, puis qu’ils ne font pas plus de huit à neuf" cens hommes pGjrtans les armes. I| eft vray qu’ils font fp|dats,& bien adroits dans les bois 5 Ils l’ont fait voir à nos Capitaines venus de France , qui les méprifoienc r ies vns y ^t demeurer, les autres odt efté eontr aines d’auoiier qu’it ne faut point fo négliger jqnand en va à la guerre concre-euxsqu’ils ent^ident le meftier , qu’ib font point barbares en ce point f mais apres toutj mille ou dou?e cens hommes biens conduits , fe- roient dire; ils ont elle, mais ils ne font plus ; eclametcroit la réputa- tion des François bieri haut dam deCdnaâas. 155 tx)üt le Pays delaNouuelle-Fran- ce ) d’iiuoir exterminé vne Nation qui en a faittant périr d’autres , Sf qui eft laterreur de tous ces Pays- icy. Là féconde incommodité que ie trouue icy,ibnt dssMaringoins, autrement appeliez Confins, qui font en grande abondance dans les forefts , pendant trois mois de FEfté : il s’en trouue peu dans les jeampagnes, à raÜbn qu’ils ne peu- uent refiûer au vent?car le moin- dre petit vent les emporte : mais dans les bois ,où ilsiontâTabry, ils y font eftrangemét importunsj Çc fur tout le foir St le matin , Sc picquent plus viuement quand ils fentent de la pluye,qu’èn vn autre temps. U s’efi: trouué des perfon- jies qui en auoient le vifa^e ex- trêmement enflé ; mais cela ne du- re pas J car au bout devingt-qua- G V ij4 HtIhoireNaturelte tre heures, il n y paroift quafi plusj’, la fumée les fait fuyr ; c’eft pour- quoy on fait toufiours du feu de la fumée proche de fby , quand on couche dans le bois. La troifîéme incommodité que ie rencontre , c’eft la longueur de THyuer , fur tout deuers Q^bcc. le n’en parleray pas dauantage,^ veu que j’én ay dit aftez cy-deftus: le diray feulement que les neiges y font de trois à quatre pieds de haut , ie dis à Quebec : car aux au- tres habitations, il y en a beau- coup. moins comme )’ay défia dit. Dans le pays dès Iroquois , s’ÿ crouuent de certaines couleuuresÿ qu’on, appelle des Serpens à fon- nettes, qui font dangereufes pour leurs morfuresj j’en ay défia parlé,- ainfi ie n’en dir-ay rien dauantages fino»;qu’il n’y en a point dans ces de Canadas. 155 quartiei's-icy •. V oila les plus gran- des incommoditez donc j’ay con- noiffance. / Voicy encore vne queftion qui m’a elle faite i fçauoir comme on vit en cePays-icy ; li laîuftice s’y rend ; s’il afy a point bien du li- bertinage, veu qu’il y pafle, dit- on , quantité de.garnemens,'& des filles mal-viuantes, l’y repondray à tous les points l’vn apres l’autre , Sc iccommen- ceray par le dernier. Il neft pas vray qu’il vieniic icy de tes forces dcfilles , St eeux qui en parlent de la façon fe font grandement mé- pris, St ont pris les Ifles dé Saint GhrillopHleSdaMartinique pour la Nouuelle-Erance : s’il y en vient icy , on ne les connoift point pour cdles jcar^qant quede les embar+ quer ^11 fant qtiHl y aye quelques- vjis de leurs parens ou. amis, qui 15^ HlfiomHamrelîe afleurcnt qu elles ont toufioars eûé/ages : fi par hazard il s’en trouue quelques- vnes de celles qui viennent , qni Ibient décriées^, ou que pendant la trauexsée elles ayent eu le bruit dele roal-conv- porter, on les r’enuoye en France. .Pour ce quiclldies gamemensi s’iJLy,en paàc > c’^efi qu.’on.ne les çoiinoift pas i & quand ils font dans le pays , ils font obligez de viurc en iionnefies gens , autre- rnqPt iln y anroit. pas^de jeu pour eux : on aufB^^bfien pendre en çe pays-icy qu’ailkurs , & on l’a foie V cir à quçiques-yns,qui nont paseftéfages. , PoMriiaduliice >ëlle fe rendieyi il y a des foges ; Sc quand on ne fe trouue content , on en appelle de-? liant le ^ouuerneur vn Con- foil Soauerain çftably pat le Roy à Q^bec. : Itirques à cette hfiui'e o»a vcf- eu îaffcz d^iWceoîcM : >• pasee: Dieu nous; aikit la igracft 'd’âuoir toufiowis c a beaucoup moins ^U-ilsme leur anoieru; conflé. le ruppofe que ie paj;le à des peribnnesquine viennet s’ cftablir dans le pays à autre dciFein que pour y £iire va reuenu, Senon pas. pour y faire marcliandiie. Il ÊîToit bem qa^yn homme qui viendroit pour habiter , ap-, pQi caft des viiM'es. du moins pour vu.aiiou deux , û faire le peutv; itir tout de ia farine,q®ai auraà beau- coup meilleur marché en France,. & mefme nefi: pas afleuré d’eiv trouuer toufiom's icy pour ion ar- gent ; car s’il venait grand moiade de France (ans en apporter , 6c qu il arriuail vncmauuaife année pour les grains, comme Dieu nous en garde , ils ic trouuer oient bkn empefehez. ,• Il eil bon auilidé ic fournir de de canadas,. . ' Itar desjcar elles vallent ky le dou- ble qu en France. ; L’argent y eft awlfî pl^s cher>, U yliqulfe du q^ar t,^n forteqky-j ne piece dé quinze fols en vauç vingt ;ainfiàpi;opQttion du refté, • V n honpné qsiéétotl dcquoy, k ky: eoj^éilkréiy d- atnenét ky deux ; bons hofPPés :de îfanaib pour défricher les tfrres 5 pu da- nantage oaelme , sll a le moyen ; eeft^pQur réponse S k ^tjoeftlouj fî vue perfonne'^qui empfoyerotk trois où quatre jin*lk frané? jpôur- roit faire <;ÿielqué ehoki dk metr tçoit en trois ou quarte ans bien à fon airç,pouruétt qu’il Yéhilkkfef d’cééonomi^ cojomé i’ày delà diri La plulpatt dé nos habitans qui knt içy 5 fout des gens qui font venus en qualiré de.tervwteurs , 6$ aptes au^itüÉkriykoiii ans y» Mai^> euxi ik Hifiôir'eNamhtle n’ont pas tr àûaillé plus d’vno an- née qu’ils ont défricîïê des terréSj Sc qu’ils ■ jrehiëiHènt du gr;iim |)lus qù’îPn’ën ^Mt- ^ 'les nduirrir; C^i^nd ils le mettent à èüx, d’or- dinaire ils ompeudeclidre-j ils iè marient en'luite a vne feinmc qui n’en a pas daüântàge s 'cependant en rndinS de qWtre où cinq-ans vous les voyei a leur aifè, s’ils font: vn pettgens de tràuail , Sç bien aiuHez*poür dêÿ^ns de leur cdnj ditioftir , . - ' ' ■ ■■’ Tous les pauttres gens leroient bien mieux îcy qu’en France^ pôurucù qu’ils ne fuflcnt pas pa- reflcttXî ils ne mànqueroient pas iey d’empioy ', & ne pourroienc pas, dire cequ’ils difènt en France, qu’ils font obligez de chercher leur vie , parce qu’ils ne trouuent perfomie qui lettr veuilld donner de lahelôngnfeien vaînot , il ne de Canadds, faut perlbnne icy- , tant homme que femme J qui ne foit propre à mettre la main àl’œuure , à ntoinï que d’eftre bien riche. • ' : - ' -1 Le trauail des femmèsiconfifte dans le foin de leurs ménages 5 a nourrir & à penlèr leurs beftiauxj car il y a péu de ièruantesicy ; ain-? lî les femmes font contraintes de faire leurs ménages ellcs-mcfmes:- toutesfois ceux qui ont deqnoy^ prennent des valets , qui font ce que feroit vne foruahte. B^emare^ues ej[ui ont efié oh-- mips aux Chapitres Chapitre XIL P.Vifqull me relie encore vnt: peu. de temps , ie feray o: f é4 Hifioire Maturel[e Chapitre de diuerfes choies que j*ay obtnifës dans ies precedens , quitte üêront pas defagr cables au Ledcur curieux. Cette Fontaine dont j’ay parlé cy-dcuant , qui eft dans le pays des Iroquois * & dont ils le feruenc comrnÆ d’huiie ; quand on la re- mue, aucc vn bafton; elle jette comme des flammes ; mais com- me j ay défia dit, elle neft point bonne à brufler ny à mangcr,mais. fimplement à graiflèr . Cette Mine de plomb, dpnt j’ay parlé , qui n’eft pas bien loin d’icy». rendToixante§£ quinze pour cent; & les Iroquois coupent de ce ro- cheb, auec leurs haches , & en font de petits baftons quarrez qu’ils coupera de longueur , pour s’en fèruir à tirer quand ils vont erv guerre , lors que’ les balles leur înanquent. âeCdnaâas. Dans le lac &jperieur > il y;a vne grande Ifle , qui a emüron cinqua-* ce lieues de tour> dans laqucUôily 1, vne fort belle mine ^ cuiuro rouge,; ils’ en trouue en diueffs en- droits de gros morceaux tout ra- finez. ^ Il y a d’autres endroits de ces quartiers-là 5 où il y a de pareilles mines , ainfi que j ay appris de quatre ou cinq François, qui en font reuenus depuis peu , qui eftoient allez làen la compagnie d’vnPereleluite , qui y eftoic allà en Miflion , & qui y eft mort. Ilsy ont pafse trois ans , auant que de trouuer occâfion de s en reuenir: ils m’ont ditqùils ont vêuvm lin- got de Cuiure tout îafinê, qui eft le long d’vne eofte , 8£ qui peze plus de huit cens liures , felonleur -eftime : ils difent que les Sâiiuages en paftantjfont du feu deflùs, après X&é Hiftûire KfatureUe qt£0)'ils en coupent des morceauk auee leurs haches^ vn d’encre-eux en youiut faire de mefîne , il y cafîàitoucc fx hache : le chemin ne ièroit paSmal-aiséj fi nouseftions les Maiftres des Iroquois,& qu’on peuft pafier pardeuanc leur grand Lac.-’; ' Ils m’ont appris de plus , qu’il &: trQuue là de belles pierres bleues , qu’on croit dire des Tur- II le trouueauflîdes pierres ver- tes i comme des Emeraudes. Ily a auffi des Diamans ; mais ie ne Içay pas s ils font fins : Ils n’ont peu aller jufques au heu où ces pierres font , les Saunages ne les y Voulant pas conduire fans recom- peniè , yeu qu’il y auoit vn peu loin: eux fe trouuans dans la ne- cdfitém’oforent en faire la dépen- fe 5 ne s y connoifians pas aflèz ' de CdnMdàs. \ ^ pour rçauoir fi’ elles efloient bon-j «es, ou non. Il fe trouue aufli des pierres. rou^; ges de . deux forteS v ies vues dé rouge d ecarlate>&: les autres d Vn rouge de Taiig de bœuf ; les Sauna- ges s’enferuent pour faire des ca- lumets ou pipes , pour prcfadre leur tabac r dont ils font bien de i’eftat. Ilfe rencontre aufii des teintu- res , de toutes fortes de couleurs, dont les Saunages fe feruent ; del?- quelles ie ncferay pas vne grande defcription,pour «en auoir pas vne parfaite connoilTance , fînon d’yne petite racine de bois, donc ilsfè fcruent pour teindre en cou- leur de feu , qui a la couleur bien viue. Pour les autres couleurs , ils fe feruent d’herbes , de pierres SC de terre. Tout ce que ie puis dire. dé Canadas, leurs ïEsc Semblent bien belles, &: bien vines : ie leur ay veu dnbleu lèmblabieà nollre azur J&: ie ne içay pas fi'cé n^neiî: point. - Dansle pays des Iroquois ,fça- woir aux Onontagué , il fe crouuc vne pierre de craye blanche , donc les HoUandois en , ont eâé qttd- quesfois quérir , Sc onc die âtii' Saunages que ceftoic pour blan- ■ehir leurs linges. Au lac Saint François , qui eft enairon quatorzeou quinze licücs ^tu delTus du Monc-Rpyal , il iè trouue vne des belles Cheûiayes qui lôic dans le monde, tant pour la beauté des arbres y que pour là grandeur ,' elle a plus de vingt licuësdelong,&ï’onne feait pas Combien elle en a de large. tGiSV 'S . ÜRl. ' ^