v.<'" ^'^^'X- INTRODUCTION A UNE MONOGRAPHIE DES POISSOIVS FOSSILES DU VIEIIX GRES ROUGE , PAR L' AGASSIZ. Mes eludes sur les poissons fossiles m'ayant conduit a examiner differenles questions gene- rales qui se rattachent plus ou nioins directenient a ce sujet, je crois devoir exposer ici som- mairement quelques-uns des principaux resultats auxquels m'ont amene ces digressions. Cela mc parait d'aulant plus en place, que la solution de ces questions depend essenliellement de la connaissance des fossiles des terrains paleozoiques , et qu'en redigeant la Monographic dont j'acheve aujourd'hui la publication, j'ai eu conslamment ces questions en vue et que j'y ai fait frequeuunent allusion dans le cours de cet ouvrage. La plupart des traites de zoologie qui embrassent Thistoire naturelle du regne animal dans son ensemble, nous representent les animaux commo formant une serie continue , partant des Zoophytes et aboutissant a I'homme , en passant par les types intermediaires des Rayonnes, des Mollusques, des Articules et des Vertebres; ils placent tantot les Mollusques, tantot les Articules au second ou au troisieme rang, suivant les idees que se font leurs auteurs de la superiorite de ces types. D'autres, tout en admettant une gradation des animaux sans ver- tebres aux vertebres , n'echelonnent pas uniformement les premiers sur une ligne ascendante pour arriver aux derniers, mais placent les Rayonnes au dogre inferieur de I'organisation, et passent en divergeant dans deux directions differentes , aux Mollusques et aux Articules, (ju'ils considerent comme des groupes paralleles, puis convergeant vers les vertebres, comme vers le type culminant de I'animalite. D'autres admeltcnt plusieurs series soit paralleles, soit diverireantes et diversement combinees; chacun selon ses vues. D'autres cnfin considerent les grandes divisions du regne animal et les classes en particulier comme des groupes equivalens I _ 2 — qui ne sauraient etre gradues, et qui representenl chacun un mode d'existence a pari, aussi parfait dans sa sphere que quel autre que ce soil. Dans celte maniere de voir, il ii'y a plus de gradation dans la nature. 11 est evident que si ces syslemes sont vrais, ils devront trouver leur confirmation dans I'e- tude des animaux fossiles et de leur mode d'existence dans les creations anterieures. Or ni Tun ni I'autre de ces points de vue ne me parait repondre a I'ordre primitif des choses, que letude des fossiles m'a fait entrevoir dans les rapports qui ont existe des les temps les plus anciens entre loutes les classes du regne animal. Un premier fait capital qui s'opposc a ce que tons ces systemes puissent etre envisages comme I'expression vraie et complete des rapports naturels qui lient I'ensemble des etres or- ganises entr'eux , c'est la certitude que nous avons acquise depuis environ un quart de siecle, que les animaux vivant maintenant a la surface du globe, ne constituent qu'une faible por- tion des habitans qui I'ont peuplee jadis. Et s'il en est ainsi, ne doit-on pas trouver bien arbi- traire la pretention de reunir tous les animaux sur le meme plan, dans des classifications ba- sees uniquement sur I'etude des especes vivantes, surtout depuis qu'il est demontre que I'ap- parition et la disparition des types eteins, correspond a des epoques determinees. Aussi le besoin d'une methode plus complete se fait-il sentir chaque jour plus vivement, a mesure que Ton decouvre un plus grand nombre de genres, de families et meme d'ordres entierement eteins. Les methodes qui envisagent le regne animal, dans son ensemble, comme un tout simultane, comme compose de types contemporains, et susceptibles d'etre places sur le meme rang, quant a leur valeur naturelle , faussent evidemment les rapports priraitifs, I'ordre chronolo- gique de la creation. Avant de proceder a la classification des etres organises, il importe, de nos jours, de se faire en premier lieu une juste idee de I'epoque de leur apparition. Ce cote des questions biologiques est devenu aussi essentiel que celui de I'organisation meme des etres vi- vans, comme base de leur distribution systematique. Pour acquerir une connaissance vrai- ment philosophique des animaux en general, nous devons done, avant toutes choses, cher- cher a determiner I'etat du regne animal a I'epoque de sa premiere apparition a la surface du globe, etudier ensuite les changemens organiques qu'il a subis aux diverses epoques qui ont precede I'etablissement de I'ordre actuel des choses, et enfin preciser, autant que possible, les limites geologiques de ces changemens intermediaires. A aucune epoque les geologues n'onl fait des efforts plus constans que de nos jours, pour determiner I'age relatif des differens ter- rains qui constituent I'ecorce stratifiee de notre globe et les limites rigoureuses des forma- lions. Ces travaux onl naliirellomonl conduit a subdiviser de plus en plus les epoques admises jusqu'ici coinme dislincles. L'etude des fossiles, poursuivie avec une exactitude toujours plus rigoureuse, a fourni des moyens toujours plus precis pour les caracteriser. En sorte que I'o- pinion qui admet plusieurs creations dislinctes et independantes prevaul toujours davanlage dans I'espritdes paleontologistes. II est meme facile de prevoir qu'avant peu Ton sera conduit a circonscrire les liniites des formations geoIogi(jues d'une manich'e toujours plus restreinte, a mesure que la connaissance des fossiles caracteristiques, propres aux difFerens etages des formations admises actuellement , nous les representera d'une maniere plus evidente, comme des systemes independans, difFerens a la fois de ceux qui les onl precedes, et de ceux qui les ont suivis. Nous serons ainsi conduis a admettre un nonibre tres-considerable de creations independantes , caraclerisees chacuiie par un assemblage particulicr d'espcces animales et ve- getales propres el ensevelies dans un sysleme de couches deposees duranl I'exislence de ces etres organises ou a la suite des cataclysmcs qui onl accompagnc leur destruction. Bientot il ne s'agira plus seulement d'epoques primaire, secondaire ou tertiaire, ni meme simplement de periodes paleozoique, triasique, jurassique ou cretacee, mais bien de creations cambrienne, silurienne, devonienne, houillere, permienne , etc., comme d'assemblages d'etres organises equivalens a I'ensemble des etres vivans mainlenant a la surface du globe, ou comme d'epo- ques geologiques comparables par leur importance a celle a laquelle nous appartenons, et qui remonle a lelablissement de I'ordre de choses qui regne de nos jours sur la terre. Je ne doule en effet pas qu'avant peu d'annees on n'ait generalement reconnu la verile de ce que j'aflirme ici , et que la plupart des subdivisions de nos classifications actuelles des formations geologiques, no soient envisagees comme des formations independantes, el les fossiles qu'elles renferment, comme les representans de creations dislincles. II suffil pour s'en convaincre de suivre la marche des decouvertes les plus recentes en paleonlologie ; el ici j'en appelle sim- plement a I'inspection des ouvrages qui out ete publics depuis une quinzaine d'annees. Les eludes de ce genre, faites dans des contrees loinlaines , confirment ces previsions; je n'en voudrais pas d'autres preuves que les belles decouvertes de M. Lund sur les ossemens fossiles du Bresil, el celles non moins imporlanles de MM. Falconer et Cautley sur ceux des collines subhimalayennes. Partoul on fmit par decouvrir dans des limiles vertioalcs el horizonlales Ires-restreintes des assemblages d'especes fossiles aussi considerables que ceux que nous apprenons a connaitre par l'etude des faunes actuelles les plus riches , dans des limiles geo- graphiques scmblables. L'etude des Poissons du vieux gres-rouge fournira , je I'espere , un nouvel argument en faveur de la theorie que je defends. Pour faire mieux ressortir les caracteres ichlhyologiques de I'epoque durant laquelle se sont deposes ces terrains, il ne sera pas superflu de passer rapidement en revue les phases du de- veloppement des principaux types de ranimalite aux principales epoques de leurs metamor- phoses, et de montrer ensuite de quelle nianiere ces types se sont combines dans la serie des temps; ce sera la meilleure introduction a une etude genetique des affinites des families ac- tuelles du regne animal. Ne voulant pas exposer ici un systeme complet, je me bornerai a mettre en evidence les consequences immediates des faits tant zoologiques que geologiques, qui ont ele le mieux etudies dans ces derniers temps. Aussi bien I'accord entre les affinites zoologiques et la repartition geologique des types dans la serie des terrains est-il si frappant, surtout dans certaines classes qui ont ele I'objet d'etudes speciales, dans ces derniers temps, que je crois pouvoir poser en fait aujourd'hui, que les classifications systematiques qui ne sont pas en meme temps I'expression de la succession des families dans I'ordre des temps, ne sau- raient elre non plus considerees comme exprimant les affinites reelles qui existent entre les animaux qu'elles embrassent. Les rapprochemens les plusheureux que les naturalistes aient tentes a differentes epoques , ont reellement re^u une eclatante confirmation par les decou- vertes paleonlologiques modernes , et cela souvent meme a I'ins^u de ceux ausquels elles etaient dues. Ces resultats sont si frappans que deja maintenant, dans quelques classes d'ani- maux, la connaissance des fossiles et de leur ordre de succession, pourrait nous servirde guide pour rectifier la methode zoologique, comme aussi, d'un autre cote, I'etat avance de nos con- naissances anatomlques nous conduira a une determination vraie de Page geologique de cer- tains depots, alors meme qu'on n'y decouvrirait aucune ospece fossile identique avec celles de terrains bien determines de la meme epoque. Je dirai meme plus, car j'entrevois des a pre- sent le moment oii ces resultats s'harmoniseront egalement avec les lois de la distribution geographique des animaux a la surface du globe ; mais les fails qui se rattachent a cet ordre de rapprochemens ne sont pas encore suffisamment connus pour que je veuille m'y arreter dans cette occasion. Le resultat le plus important des recherches paleonlologiques modernes, dans I'examen de la question qui nous occupeici, c'est le fait maintenant incontestable de I'apparilionsimultanee de types particuliers de toutes les classes d'animaux sans vertebres des les temps les plus an- ciens du developpement de la vie a la surface du globe. On trouve en effet, dans les terrains paleozoiques des debris fossiies de Rayonnes , de Mollusques et d'Arlicules. On peut nieme admettre que les premiers repr^senlans de toules les classes de ces trois grands embranche- mens sont conlemporains, car on trouve dans ies terrains fossiliferes les plus anciens des Po- lypes, des Ecliinodermes, des Acephales , des Gasleropodes , des Cephalopodes , des Vers Ics- taces el des Crustaces ; et si Ton n'y a pas encore decouvert de Meduses , il est bicn plus naturel d'attribuer leur absence, a I'extreme mollesse de ces animaux, que de supposer qu'ils n'accoinpagnaient pas, dans ces temps anciens, les types des autres classes d'animaux sans ver- lebres, avec les(|uels on les trouve toujours et partout associes dans la creation actuelle. Du reste on en a trouve a Solenhofen. Quant aux Insectes, on a deja constate leur existence dans les terrains houillers, qui, selon moi, se lient bien plus iiitimement aux terrains paleozoiques qu'aux terrains secondaires, par I'ensemble de leurs caracteres organiqucs. II est done de- monlre maintenant que toutes les classes d'animaux sans vertebres ont apparu en meme temps a la surface du globe, et qu'elles remontent aux epoques geologiques les plus an- ciennes; d'ou il resulte de la mani^re la plus incontestable, qu'on ne saurait continuer a les envisager comme formant une serie progressive dans leur apparition , conune on I'a si long- temps pretendu. Je renvoie pour le detail des fails et I'enumeration nominale des esp^ces aux ouvrages si inqwrlans de MM. Murchison , de Verneuil , d'Archiac, de Keyserling et Roemer, sur les terrains paleozoiques et leurs fossiies; me reservant seulemenl quelques ob- servations sur la serie des Vertebres, lorsque j'en viendrai a parler des poissons fossiies du systeme devonien en parliculier. Nos connaissances acluelles sur I'ensemble des Polypiers fossiies n'etant pas encore aussi avancees que celles des especes vivanles, et les Acalephes n'ayant encore ete remarquees que dans quelques depots secondaires , je crois pouvoir me dispenser d'en parler ici , sans craindre pour cela de voir infirmer les resultats generaux qui decoulent de I'etude speciale des autres classes d'animaux sans vertebres. Les belles recherches de MM. Miller, (loldfuss, d'Orbigny, Th.etTb. Austin, J. Miiller, et Leop. de Buch sur les Crinoides vivans et fossiies, celles de MM. J.-E, Gray, J. Miiller et Troschel sur les Asteries et les Comatules, les miennes et celles de MM. Valentin et Desor sur les Echinides vivans et fossiies et sur leur anatomic, celles de M. E. Forbes el les miennes sur les Echinodermes en general, et celles de M. Tiedemann et de plusieurs modernes sur leur anatomie, nous ont appris, dans ces dernicrs temps, a connaitre ces animaux d'une mani^re plus complete que ceux d'aucune aulre division de rembranchement des Rayonnes, a — 6 — I'exceplion seulement des Polypes vivans ; aiissi les rapports ties types vivans et fossiles de la classe des Echinoderines ressortent-ils maintenantde la maniere la plus evidente. Les Crinoides sont le prototype de toute la classe. Non-seulement la geologie nous I'apprend ; mais encore ce que nous savons des premiers etats de quelques especes de cette famille fComatula et Pen- tacrinus europcensj le confirme egalement. Nous pouvons meme dire que les Crinoides offrent una sorte de synthese de toutes les families de cette classe, par les differentes formes qu'ils affectent, par exemple, dans les Cystidees qui rappellent les Oursins, ou dans les Melocrines qui se rapprochent davantage des Asteries. II n'y a que les Hololhuries qui semblent etre exclusivement propres a la creation actuelle, et cette famille est precisement celle qui oc- cupe le rang le plus eleve parmi les Echinodermes ; tandis que les Crinoides . qui se trouvent au bas de cette serie, apparaissent les premiers ; viennent ensuite les Asteries dejanombreuses dans les terrains triasiques et entin les Echinides, dont le plus grand developpementcaracterise les terrains jurassiques , cretaces et terliaires. Mais chacune de ces formations a ses formes particulieres, meme ses genres propres : les Crinoides des terrains paleozoiques ne sont pas les memes que ceux des terrains secondaires, et ils disparaissent presqu'entierement dans les depots cretaces et tertiaires, pour n'etre plus representes dans I'epoque actuelle que par quelques especes fixes et par les Comatules qui remontent il est vrai jusqu'aux terrains jurassiques, mais que leur degagement du sol rapproche a bien des egards des veritables As- teries. Celles-ci a leur tour sont representees dans plusieurs formations par des genres par- ticuliers, mais encore imparfaitement connus, a I'exceplion de quelques types de la craie dont on a trouve en Angleterre des exemplaires tres-bien conserves. Enfin les Echinides, si abondans dans les terrains secondaires superieurs et dans les terrains terliaires, s'y montrenl partoul sous des formes nouvelles ; si bien que les genres de la creation actuelle ne remon- tent pas, pour la plupart, au-delades terrains tertiaires, a I'exceplion des Cidarisqui abondent deja dans les terrains jurassiques. La famille des Spatangues toute entiere, c'est-a-dire celle qui se rapproche le plus des Hololhuries, ne depasse pas les terrains cretaces. Les plaques el les piquans du terrain houiller que Ton a altribues a des Cidarites , n'apparliennent pas a celle famille ; ce sont des debris de genres parliculiers de Crinoides armes de piquans. Cependant, dans nos systemes zoologiques, tons ces types sont places sur un meme plan, et si on les eche- lonne, c'est sans s'inquieler de I'analogie qui existe enlre leur gradation et I'ordre de succes- sions dans lequel ils apparaissent dans la serie des terrains. Si bien que ce que M. de Hum- boldt dil, d'une maniere si pitloresque dans son Kosmos, de I'aspecl du ciel qui nous prescnte chaqiie soir, commo iinc imago reclle, Tasseniblage de corps celestes dont plusieurs ont cesse d'existcr depuis des myriades d'annees , peut s'appliquer avec la m6me verite a I'idce que nous donrient en general les cadres metliodi(pies de nos systemes zoologiques, qui nous representcnt aussi ces lemoins des temps passes comme des actualiles. Les Acepliales nous olTrent un exemple non moins frappant de ces rapports entre les caracteres organiques d'un groupe zoologiquc bien caracterise et I'epoquede I'apparilion de sesdilTerens types. Pour mieux faire ressortir celte liaison, qu'il me soit permis de faire d'abord quelques observations generalessurcette classe. M. Owenaete le premier a faire remarquer quo les Bra- cliiopodes no doivent pas etre envisages comme une classe a part , mais qu'ils peuvent 6tre convenablement ranges sur la meme ligne que les Monomyaires el les Dimyaires. Pour prouver cette assertion a I'aided'argnmens nouveaux, il me suftirait de rappeler que ces coupes fonda- mentalesde la classe des Acephales se lient elroitement les uues aux autres, par renchainement de leurs formes principales et par leur position respective au milieu des elemens ambians, comme je I'ai fait voir dans mon Memoire sur les monies de Mollusqucs vivans et fossiles, auquel je renvoie. Je me bornerai ici a rappeler que les Brachiopodes nous presentent une symetrie in- verse de celle des Dimyaires reguliers ; chez les premiers les flancs droit et gauche sont tres- diversementconformes, et I'animal est constamment couche sur I'un des cotes, et c'est bien a tort que choz eux Ton considere assez generalement les flancs comme les regions dorsale et ventrale; les extremites anlerieure et posterieure, au contraire, sont tailleesdemaniore a pre- senter la symetrie la plus parfaite ; c'est-a-dire, en d'autres termes, que le devant et le der- riere de I'animal ne se distinguent pas encore, tandisque les cotes sont fortement dilTerencies. Chez les Monomyaires en general et chez les Ostraces en parliculier, nous observons une con- formation inlormodiaire entre celle des Brachiopodes et celle des Dimyaires: les flancs sont en- core tres-dilTorens, mais deja Tun des bords apparait comme I'extremite anterieure du corps ot I'animal, encore adherant au sol chez les Huitres, n'a plus, dans tous les genres, cette position absolument lalerale des types inferieurs, lemoin les Peignes qui nagent librement entre deux eaux. Enfin chez les Dimyaires la symetrie bilateralo atteint toute sa perfection, et en meme temps I'une des extremites du corps se caracterise d'une maniere sensible comme I'anterieure. Des-lors, I'animal prcnd une position plus ou moins verticale, la tete en avant, et les rapports de ses organes avec le monde ambiant sont analogues a ceux des autres ani- maux symetricpies. Ces rapprochemens sont pleinement justifies par I'ordre de succession des Acephales dans — 8 — la serie des terrains. M. de Buch est de tous les paleonlologistes niodernes , celui qui a etudie avec le plus de soin les Brachiopodes fossiles , et c'est a ses travaux avant tout , que je renvoie pour I'etude de detail des fails dont je vais resumer les principaux resultats. Dans les forma- tions les plus anciennes , on ne trouve que des Brachiopodes , mais en telle profusion et de formes si variees, que par leur abondance et leur diversite ils le cedent a peine aux Acephales des terrains tertiaires , dans lesquels les Brachiopodes ont presqu'entierement disparu, pour etre remplaces par une quantite innombrable d'especes de differens genres, appartenant en majorite a I'ordre des Dimyaires. Les formations intermediaires offrent en revanche im as- semblage remarquable de Brachiopodes , de Monomyaires et de Dimyaires , d'aulant plus interessant, que les Dimyaires dont les flancs sontasymetriques, I'emportent encore en nombre sur ceux qui sont parfaitement reguliers et se rattachent ainsi aux Monomyaires et aux Bra- chiopodes qui, a I'epoque ou ils existent seuls, donnent aux faunes d'Acephales ce caractere si bizarre d'asymetrie laterale combinee avec une symetrie antero-posterieure bien etrange. Les fails de detail auxquels je me refere ici , se trouvent dissemines dans tous les ouvrages mo- dernes de paleontologie et de geologie. Si cependant Ton m'objeclait qu'en resumant ces fails j'ai trop generalise , je ferais remarquer qu'alors meme que quelques especes feraient excep- tion a la regie, le caractere general et les rapports fondamenlaux de ces grandes divisions, ne sont pas moins tels que je viens de les tracer ; puis il ne faul pas perdre de vue que cer- taines determinations hazardees ou vieillies, recueillies au hazard dans les livres, ne sauraienl plus, dans aucun cas, etre prises en consideration dans I'examen des questions qui nous occupent ici. Comme nous I'avons vu pour les Echinodermes , les Acephales presentent aussi des modi- fications tres-notables dans leurs representans, d'un terrain a un autre, et malgre les assertions contraires, je repete ici ce que j'ai affirme depuis longtemps pour les Poissons et les Echi- nodermes , et que I'etude comparative d'un grand nombre de coquilles fossiles m'avait aussi demontre pour les MoUusques , c'est que les especes different dans leur ensemble d'une epoque geologique a I'autre, dans les limites etroites des subdivisions de nos grandes formations geo- logiqucs. Personne n'a encore mis en evidence ce resullat d'une maniere plus generale pour les mollusques des epoques cretacee et jurassique, que M. d'Orbigny dans sa paleonto- logie francaise. De mon cote , j'ai enonce des resultats tout semblablcs dans mes Etudes cri- tiques sur les Mollusques fossiles. Deja anterieurement M. Williamson avail aussi annonce dans une petite notice sur les fossiles des environs de Scarborough que les especes different — 9 — compl6tement d'un terrain a I'autre , dans la serie oolilicjue. Je ne sache cependant pas que cet apercu ait conduit M. Williamson a faire un travail critique sur ces fossiles. Mais c'est surtout pour les terrains tertiaires que les idenlites repetces dans differens terrains onl ote enumerees en plus grand nombre; cependant dans un memoire que je viens do publier sur les coquilles tertiaires et dont j'ai annonce le resullat final depuis longlemps , dans d'autres publications , j'ai demontre, pour un nombre assez considerable d'especes, que ces identifica- tions ne sont que des rapprochemens exageres d'especes souvent tres-semblables , mais ce- pendant dislincles specifiquemenl. Les Gasteropodes ne semblent pas an premier abord pouvoir offrir beaucoup d'interet au point de vue auquel nous passons maintenant en revue les differenles classes. En effet, les Gasteropodes des terrains paleozoiques et meme ceux des terrains secondaires , a I'exception d'une partie de ceux de la craie, n'ont pas encore ete suffisamment etudies pour pouvoir etre compares avec une entiere connaissance de cause avec les especes vivantes. Je me bornerai done a faire remarquer que des deux types de coquilles que nous distinguons dans la creation actuelle , celui dont I'ouverture est entiere, sans canal ou ecbancrure pour le tube respiratoire est le plus ancien, celui que Ton rencontre meme seul dans les terrains paleozoiques et dans les terrains secondaires anciens, tandis que celui qui porte un siphon, n'apparait a c6te du premier qu'a partir du lias, pour prendre une preponderance toujours plus marquee, dans les terrains tertiaires et dans la creation actuelle. Un rapprochement assez singulier a faire, c'est que ces Gasteropodes anciens ressemblent a certains egards davantage a nos coquilles terrestres et fluviatiles qu'aux coquilles marines, temoins ces nombreuses especes des terrains jurassiques et triasiques , qu'on a rapportees sans motifs suffisans au genre Melania ou a des genres voisins. Nous avons dans ce fait quelque chose d'analogue a ce que j'ai signale depuis nombre d'annees a I'egard des poissons fossiles des terrains secondaires, qui bien qu'apparte- nant a des genres eteins, ressemblent davantage a certains poissons d'eau douce de la creation actuelle, qu'a aucun poisson marin. Les nombreux travaux speciaux qui ont ete publies sur les Cephalopodes vivans et fossiles, depuis les Monographies de MM. de Ferussac et d'Orbigny juscpi'aux travaux plus recens de MM.deBuch, de Miinster, Voltz, Owen, d'Orbigny, Valenciennes, et d'autres, ont Ires-bicn fait connaitre celte classe, qui est maintenant une des mieux etudiees du regne animal ; aussi n'esl-il pas difficile de saisir les rapports naturels de ses families avec les phases de leur deve- loppement progressif dans la serie des temps. Les types des Ammonites et des Nautilcs sont les 11 — iO — plus anciens ; ils paraissent meme a-peu-pres conlemporains dans tout leur developpement et en ceci on pourrait Irouver une nouvelle preuve de leur valeur, comma coupes zoologiques. Cependant ils n'ont pas tout-a-fait la meme importance. La famille des Ammonites plus nom- breuse et plus variee dans les epoques plus anciennes, disparait aussi plus tot, car elle ne depasse pas I'epoque cretacee. Les recherches de MM. de Bucli et de Miinster nous out trop bien fait connailre I'ordre de succession de ces fossiles, pour qu'ilsoit necessaire d'y revenir ici , je ferai seulement remarquer que les genres si curieux et si nombreux que M. d'Orbigny a distingues dans les terrains crayeux, oii ils apparaissent avec une etonnante diversite, au moment oii cette famille est sur le point de s'eteindre , nous fournissent une image bien vraie et cer- lainement bien digne de fixer notre attention, des mouvemens irreguliers et en quelque sorte convulsifs que serable avoir ressenti, dans son agonie, la pensee ammoniligenique prete as'e- vanouir, sans atteindre I'epoque tertiaire , ni la creation actuelle. Les Seiches et les Poulpes forment le troisieme type de cette classe et celui qui en occupe le plus haul rang; son existence ne parait pas remonter au-dela du lias, oii les Belemnites, les Teudopsis et les Ceheno ont ete les precurseurs des Seiches, des Calmars et des Onychoteuthes de notre epoque. I^'embranchement des Articules ne compte que trois classes, comme celui des Mollusques et celui des Rayonnes, savoir les Crustaces , les Insectes et les Vers. Les autres coupes pri- mordiales que Ton a voulu distinguer, doivent etre reunies sous ces trois chefs. C'est ainsi que les Cirripedes ne sauraicnt plus etre separes des Crustaces, dont ils partagent I'orga- nisation et le mode de developpement ; c'est egalement a la classe des Crustaces qu'il faut rapporter les Lernees, les Roliferes, etc. Les Arachnides et les Myriapodes, en revanche, sont de vrais Insectes , ou plulot ils se lient aux Insectes ailes par des types intermediaires , si etroitement unis, qu'il est impossible de les separer. II ne faut pas negliger, dans ces rap- prochemens , les caracteres des larves et ceux des especes qui reslent apt^res. Beaucoup de soi-disant Apleres devront etre retires de ce groupe indigeste, pour etre reportes dans leurs families respectives. Quant aux Vers , il me parait impossible de separer, coumie classes , les Annelides, les Turbellaires et les Helminthes; trop de caracteres communs les unissent et I'analogie dans leur developpement embryonique, autant qu'on le connait, est trop frappante, pour autoriser le maintien de ces classes. II nc pourra done plus etre question a I'avenir de laisser les Vers inteslinaux dans I'embranchemenl des Rayonnes, pas plus que les Infusoires qui se rattachent, sinon tons, du moins en tres-grande majorite , aux Crustaces par les Rotiferes. — n — Les Vers, meme ceux qui sont munis d'une enveloppe solide, n'ont laisse que des traces trop insignifianles dc leur existence dans la serie des terrains , et les Insectes fossiles que I'on a decouverts jusqu'ici , sont en Irop petit nombre et n'ont pas ete suffisamment etudies pour qu'il soit possible de se faire des a-present une juste idee du rdle qu'ils ont joue dans les differentes epoqucs geologiques qui ont precede la creation actuelie. Ces classes attendent encore leurs monographes pour les especes fossiles. II n'en est pas de meme des Cruslaces que Ton trouve en nombre assez considerable dans toute la serie des terrains, et s'ils n'ont pas ete I'objet de rechcrches aussi nombreuses que les fossiles de la plupart des autres classes du r^gne animal , on les connait cependant assez bien , pour saisir la marche de leur developpement des les temps geologiques les plus recules. Les Trilobiles , qui sont sans conlredit le type le plus ancien de la classe des Crustaces. ont ete I'objet de nombreuses publications et de recherches tres-variees , depuis que M. Al. Bron- gniart en a fait le sujet d'une monographie speciale. Les ouvrages de MM. Dalman, Green, Emmerich et Burmeister meritent surlout d'etre cites au premier rang, parmi ceux qui ont le plus contribue a etendre nos connaissances speciales sur celte curieuse famille, et a preciser nos idees sur leurs rapports reels avec les autres animaux articules. Les Trilobites se mon- trent sous les formes les plus variees et les plus etranges, des leur premiere apparition dans les terrains paleozoiques les plus anciens. Ce type ne depasse cependant pas I'epoquehouilliere, ou il est remplace par des Entomoslraces gigantesques (*), qui sont en quelque sorte les avant- coureurs des Macrures. Les Entomostraces de petite taille apparaissent aussi deja dans des {") La Tab. \ des planches qui accompagnent cctte Monographic repn'scnte phisienrs fragmens assez bien consei'ves d'un deces Crustaces gigantesques, del'Old Red, recueiliis par M. Webster dans les environs de IJalruildery en Ecosse. Trompe par I'aspect ecailleux d'une portion de la carapace, j'avais cru d'abord que ce pourrait etre le type d'un genre particulier de poisson, et c'esl a cette classe d'animaux que j'avais rapporte moi-memele genre Ptcrygotns dans men enumeration des poissons fossiles du sysleme silurien, qui se trouve dans le grand ouvrage de M. Murchison. Ce genre, etabli sur des fragmens tres-imparlails des roches de Ludlow, est niainlenant assez bien connu. d'apres Teinde (juc j'ai pu faire d'une espece nouvelle de I'Old Red, decouverte par M. Lyell , dans le Forfarshire , et dont M. \Vebs(cr a trouve a Balruddery des pieces plus cai-acterisliques. Les exemplaires recueiliis par M. LycU, sont cos largos ocussons donl j"ai parle dans mes Recherches, vol. I, p. 26, et qui, faute de pouvoir etre doKniiiines rigourcusemont, ont etc pris au sorioux pour des traces fossiles d'etres surhuruains. En les examinant attentivement avec M. Buckland, nous eiions restes convain- cus que ce devaient etre des cara[)nces de Crustaces : mais ce n'est qu'en ISilO que j'en ai eu la prcuve direclc. Enellet, les echantillons recueiliis par },\. Webster, etcjuil m'a conimuniqui's a celte epoque. renferinent des morceaux de cara- pace, des anneanx de la (jueue, iles [>aletles nat^iloircs de son exlrouiil(', des |)attes et des pinccs. Avec ces pieces il n'est plus possible de douter de la position ([u'il faut assigner a ce fossile. Cost nn Ci'iislace de taille colossale, dont la carapace avait plus d'un piod ol denii de laij;o, et la (jueuo environ uu pied. Los (liiiicnsinns du ci'plialoihoi'ax, I'oprosenii- figuio de droite do la seconde laugoc de Tal). A, ne |iorniotteiU pas de lo ranger parnii los Docapodes nialgre la loriue do sa piiice, figure du milieu de la rangce inferieure de la meme planche. Je suis pliitol dispose a croire que ce singulier animal dc- — 12 — terrains tres-anciens ; ils abondent dans certains terrains houillers , par exemple , et on en retrouve des-lors dans une foule de depots; mais ils n'ont point encore ete etudies d'une ma- niere satisfaisante. Les Macrures, dont MM. H. de Meyer et le comte de Miinster se sont particulierement oc- cupes, regnent depuis I'epoque triasique jusque dans la creation actuelle; tandis que les Bra- chyuressont essentiellement tertiaires. Ces derniers , ainsi que les Cirripedes, qui paraissent 6lre partout leurs contemporains, sont encore loin d'etre aussi bien connus qu'on pourrait le desirer. Une monographie des Cirripedes, tant vivans que fossiles, est en particulier un desi- ratuni pressant, aussi bien pour la Zoologie que pour la Paleontologie. Les autres ordres des Crustaces ne sont connus que dans les terrains tertiaires, Les Crustaces parasites, mous et vernuformes paraissent exclusivenient propres a la creation actuelle. II resulte de cet aper^u que les types dont les affinites sont le mieux etudiees , comme les Trilobites, les Macrures et les Brachyures, se succedent aussi, dans la serie des terrains, dans I'ordre de leur gradation organique. 11 est nieme tres-curieux de voir I'analogie intime qui existe entre les formes de ces differens types et les phases du developpenient embryonique des Crustaces que MM, Rathke et Erdl nous ont appris a connaitre. Si je n'ai pas parle jusqu'ici des Infusoires, ce n'est pas que je meconnaisse leur influence dans I'histoire de la formation de notre globe. Bien au contraire, je pense que M. Ehrenberg a ouvert une ere nouvelle aux recherches paleontologiques, par ses importanles decouvertes dans le monde des infiniment petits; mais je pense aussi que la nouveaute de ses resultats, aussi surprenans qu'inattendus, ne permet pas encore de les apprecier a leur juste valeur. Apres avoir ainsi passe en revue les principales Classes des animaux sans vertebres , dont viendra le type d'une famille intermediaire entre les Trilobites et les Entomostraces, dans laquelle on rangei-a peut-etre aussi un jour les genres Eurypterus et Eidothea. Le cephalothorax est entierement orned'une sculpture squamiforme, qui donne a la surface de cette piece I'aspect d'une cuirasse de poisson; sur son milieu se voit une figure en forme de fer de lance, correspondant sans doute aux regions stomacale et cardiaque des Crustaces ordinaires. Les bras de la pince sont munis de grosses dents obtuses; la pointe du plus long de ces leviers est fortement arquee. Le bras qui portait cetle pince, figure de gauche de la rangec inferieure, est tres-gros; les articulations , qui precedent immediatement la pince , sont courtes et plus larges que longues. Les pattes ordinaires, figure de gauche de la rangee moyenne , sont simples et termi- nees en poiute; leurs anneaux sont sensiblement plus longs que larges. Les anneaux de la queue, figure de droite de la rangee superieure, reduite de moitie dc la grandeur naturelle, sont dc larges plaques, munies a leurs extremites supe- rieures d'onglets articulaires. Les palettes natatoires de la queue enfin , les deux figures de Tangle superieur de gauche et celle de Tangle inferieur de droite, sont des plaques arrondies, frangees a lein- bord, et a surface ecailleuse, comme la carapace. Ce curieux fossile ne parait pas trcs-rare dans le vieux grcs rouge d'Ecosse. J'ai donne a cette espece le nom de Ptorygotus anglicus , pour rapppler son origine, et par son homonyme, Tetrange idee qu'on s'en etait fqiite d'abord. — <3 — les debris fossiles ont ele le mieux etudies, qu'il mc soil permis de m'arreter encore un ins- tant a considerer les consequences qui decoulent directement, pour la theorie, de tant de faits scrupuleusement examines. Et d'abord il est evident que des les temps les plus anciens, toutes les classes d'animaux sans vertebrcs ont ete representees a la surface du globe, qu'elles ont toutes presente des I'originc une grande diversite de formes generiques el specifiques ; que cette varietc ne le cede en rien, si Ton tient compte de toutes les conditions de conservation et de toutes les difficultes d'observation, a celle des especes d'une faune locale de la creation actuelle, circonscrite dans des limites qui correspondraient a I'etcndue de la surface des ter- rains paleozoiques examines jusqu'a ce jour ; que Ic nombre de ces fossiles est certainement aussi considerable que celui des lisles d'esp6ces vivantesqui ont ete publiees, il y a a peine un demi siecle, comme des enumerations completes desanimaux de contrees bien connues. Je me bornerai a citer, comme exemples, les diverses faunes d'Europe de la fin du siecle dernier, ou m6me celles du Bresil, d'Egypte , d' Arable et des Indes et les listes des fossiles paleozoiques de MM. J. Phillips, de Verneuil et d'Archiac, ou celles deja plus anciennes qui accompagnent le grand ouvrage de M. Murchison sur le systeme silurien. Ces faits maintenant aussi bien etablis que peuvent I'etre des fails de ce genre, demontrenl jusqu'a I'evidence I'impossibilile de rattacher les premiers habitans de la terre a un petit nombre de souches qui seraient allees en se differencianl sous I'influence des modifications des conditions exterieures d'existence. lis nous montrent comme au doigt I'intervention directe d'une intelligence creatrice, anterieure a I'existence de tons ces 6tres, et qui en a ordonne les rapports , determine le developpement et dirige I'apparition successive jusqu'a I'etablisse- ment de I'ordre de choses qui regit maintenant le monde. Ces faits prouvent encore le neant de toutes ces theories materialistiques ou pantlieistiques qui attribuent aux etres finis une rai- son suffisante de leur propre existence, ou qui les font dependre seulement d'influences exte- rieures indeterminees. Lorsque j'ai commence la publication de mes recherchcs sur les poissons fossiles, je ne connaissais point encore d'especes plus anciennes que celles des terrains houillers, et meme j'en connaissais un tres-petit nombre de cette formation. Aujourd'hui non-seulcment la liste des especes et m6me des genres propres a ces terrains s'est considerablement accrue , mais encore les depots plus anciens sont venus augmentcr de jour en jour davantage le nombre des types a ajouter a nos catalogues. Les couches du systeme devonien et celles du systeme silurien ont tour-a-tour fourni un contingent qui va conlinuellemcnt en grandissant. Et si Ton na pas — ill — encore signale de debris reconnaissables de poissons au-dessous des couches inferieures de Ludlow, qui font encore partie du systeme silurien, je ne pense pas qu'il faille en conclure que les poissons ne remontent pas aux terrains fossiliferes les plus anciens ; car leur frequence extraordinaire dans les couches devoniennes, et leur presence bien constatee dans certains depots siluriens, ou ils sont il est vrai tres-mal conserves, nous indique suffisamment que, dans son apparition a la surface du globe, cette classe d'animaux est contemporaine du deve- loppement des types les plus anciens de toutes les classes d'animaux sans vertebres. Quant a I'epoque de leur premiere apparition , il ne pent done plus s'agir entre ces classes que de differences tres-peu importantes , dans un developpement biologique considere dans son ensemble, et il reste demontre des aujourd'hui que les Poissons entrent dans le plan des pre- mieres combinaisons organiques , qui ont ete le point de depart du developpement de tons les 6tres vivans qui ont peuple notre globe, dans la serio des temps. 11 resulte de-la que les faunes les plus anciennes se composent de representans de toutes les classes d'animaux sans vertebres , et seulement d'une classe de vertebres, des Poissons ; tandis que les Reptiles, les Oiseaux et les Mammiferes napparaissent que plus tard et successivement. II y a done un contraste remarquable et importajit a signaler entre le developpement progressif des Verte- bres et celui des Rayonnes , des Mollusques et des Articules , dont toutes les classes sont con- temporaines, comme nous I'avons vu plus haut. En nous livrant ainsi a I'etude des debris des elres organises qui se trouvent ensevelis dans les formations geologiques les plus anciennes, nous fesons en quelque sorte revivre les pre- miers representans de la creation. Ces fossiles sont , en effet, comme les premiers parens de tous les etres qui ont vecu plus tard. En les evoquant sous nos yeux, nous assistons pour ainsi dire aux premiers ebats des animaux et au premier jet de la vegetation ; nous voyons la nature animee comme sortant des mains du createur. Et si nous pouvons esperer d'arriver un jour a la connaissance du plan general de la creation , c'est en recherchant attentivement jus- qu'aux moindres rapports appreciables entre ces especes antiques, et en poursuivant pas a pas toutes les modifications que I'ensemble des elres organises a subies, dans toute la serie des terrains, d'une formation a I'autre, jusqu'a nos jours. II est un genre de comparaisons que Ton a trop negligees, lorsqu'on a cherche a se rendre compte de I'importance des etages de notre globe relativement aux debris d'elres organises qu'ils recelent, mais qui, j'en ai la conviction, exercera a I'avenir une grande influence sur notre maniere d'envisager les faunes fossiles , en nous permettant de determiner la valeur des assemblages do couches que Ton a appeles des terrains ou des formations geologiques. Je veux parler des proportions dans lesquelles on trouve les esp<^ces des differentes classes du r^gne animal, dans des localites donnees, a la surface acluelle du globe ou dans tel ou tel groupe de terrains. II est evident que ce sont les etres qui vivent acluellement sur la terre que nous connaissons le mieux , et sur I'ensemble desquels nous possedons, a tous egards, les renseignemens les plus complets et les plus importans. C'est par consequent a ces 6tres , ou plutot aux connaissances que nous possedons sur eux, que nous devons emprunter des termes de comparaison pour tout ce qui tient a la distribution des fossiles dans I'ensemble des ter- rains. II est vrai que la distribution geographique des animaux vivans n'est encore qu'impar- faitement coimue ; elle Test cependant assez pour que nous sentions que toutes les contrees du globe, consiuerees dans une certaine etcndue , ont leur faune particuliere, composee d'un assemblage d'especes propres, melees a d'autres qui s'etendent ou plus au nord ou plus au sud, ou a Test ou a I'ouest, et que par consequent chaque contree ne nourrit qu'une faible portion de la totalite des especes qui pcuplent la surface du globe. Lors done que nous voulons apprecier la valeur des assemblages de fossiles que nous de- couvrons dans un terrain , et que nous cherchons a determiner le nombre des especes propres a I'epoque geologique a laquelle ils appartiennent, ce n'est point a I'ensemble des animaux vivans que nous devons les comparer, mais bien a un assemblage d'especes vivant dans des limites et dans des conditions analogues, dans la creation actuelle. Un exemple expliquera plus nettement ma pensee. Si je cherchais a determiner approximativement le nombre des especes fossiles de I'epoque de la deposition de la craie blanche ou de I'argile plastique, je crois que ce serait choisir un tres-mauvais nioyen, pour y arriver, que de compulser les listes de fossiles de tous les depots geologiques consideres maintenant comme appartcnant a ces horizons geologiques , et de comparer ensuite les sommes obtenues, a la somme des especes vivantes. On s'approcherait bien certainement davantage de la verite, en etudiant d'une ma- niere aussi complete que possible la faune fossile de quelques localites bien explorees, conune, par exemple , les depots de craie blanche des environs de Paris , ou I'argile plasti(jue du bas- sin de la Tamise , pour comparer ensuite ces listes de fossiles aux animaux vivans de (|uel(|ue golfe ou de quelque plage qui, dans la creation actuelle, presenterait le plus d'analogie avec I'etendue et les conditions dans lesquelles on pent supposer que ces dep6ts se sont formes. On obtiendrait ainsi des bases vraies , pour fixer les rapports numeriques de I'ensemble de ces creations comparees a la creation actuelle. — 16 — En suivant cette marche et en comparant successivement Ics faunes ichlhyologiques de diffe- rentes formations, dans lesquelles j'ai reconnu des assemblages differens de poissons, avecdes faunes ichlhyologiques de la creation actuelle , circonscrites dans les limites analogues , je suis arrive a ce resultat desolant pour I'etat actuel de nos connaissances paleontologiques , s'il peut 6tre considere comme exact, c'est que dans leur ensemble les couches qui constituent I'ecorce denotre globe, doivent receler au moins vingt-cinqmilleespeces de poissons fossiles. Etdansce calcul , dont je me dispense de reproduire ici les elemens, j'ai soigneusement tenu compte de la plus grande uniformite que presentent les faunes anciennnes contemporaines. Des calculs semblables, faits avec les memes reserves, portent a environ 3000 le nombredes mammiferes fossiles que Ton peut s'attendre a decouvrir un jour, a plus de 'lOOO celui des reptiles, et au moins a 40,000 celui des coquilles. Je crois meme qu'il s'ecoulera bien peu d'annees avant que Ton ait acquis la certitude queces suppositions sont fort au-dessous delarealite. Quant aux Oiseaux, aux Crustaces, aux Insectes, aux Echinodermes et aux Polypes, des difficultes par- ticulieres s'opposent pour le moment a toute espece de comparaison de ce genre. Pour ce qui est des Infusoires fossiles , il serait premature de vouloir faire servir des a-present les resultats du travail d'un seul homme, pendant huit a neuf ans seulement, comme la mesure de la pro- fusion avec laquelle des animalcules , que leurs dimensions normales soustraisent necessaire- ment a nos regards, sont repandus dans les couches de la terre , surtout maintenant que Ton sait que la plus grande masse de ces terrains n'est composee que d'animalcules microscopi- ques. D'ailleurs , M. Ehrenberg nous a devoile coup sur coup des faits si imprevus, que notre esprit a besoin de les considerer encore pendant quelque temps avant d'en apprecier toute I'importance. La faune Ichthyologique de I'Old Red Sandstone , comme nous le verrons en detail dans les pages suivantes , se presente sous des formes tellement extraordinaires et tellement bi- zarres, que les moindres debris des etres qui ont vecu a cette epoque, ne peuvent que frap- per le regard du naturaliste. Dans aucune autre formation, on ne rencontre une reunion de poissons deviant d'une maniere aussi sensible de tout ce que Ton connait de nos jours. L'e- tude d'aucune autre faune n'a exige autant d'annees, avant qu'on fiit suffisamment familiarise avec ses types , pour oser les classer et les mettre en rapport avec ceux des autres creations. Les difficultes qu'ont presente ces recherches etaient d'une nature toute particuliere ; car il a fallu les resoudre pour ainsi dire sans terme de comparaison , ou du moins en se reduisant a des rapprocliemens eloignes. Ce n'est en effet pas avec les debris de creations anterieures que — 17 — des comparaisons auraient ele possibles, puisque c'est dans le vieuxgres rouge que nous reii- controns la prennierc faune ichthyologique complelo. Les terrains siluriens renferment, il est vrai , quelques debris de poissons , mais jus(|u'ici ils ont ete si rares cl le nombre des especes si petit, qu'on peut bien dire que c'est seulement avec le terrain devonien que les poissons ont reellement acquis quelque importance a cole des autres fossiles , ou du moins que le role qu'ils ont joue dans la nature deviont appreciable. Ce qui frappe d'abord , lorsqu'on etudie ces anciens depots, c'est que les poissons sont les seuls representans de rembrancbement des vertebres qui existent dans le vieux gres rouge, et meme dans les terrains houillers, en sorte que Ton peut a bon droit appoler I'epoque de la deposition de ces terrains, le regne des pois- sons. Ce fait sur lequel j'ai deja appele plusieurs fois I'attenlion des paleontologisles s'est con- (irme de la maniere la plus absolue par toutes les rccherches, qui , dans ces derniers temps, ont eu pour objet les fossiles de I'Old Red. Depuis quelques annees les investigations des geologues ont deja decuple le nombre des especes connues, et le zele que Ton deploie pour ces sortes d'etudes, dans les deux pays ou notre systeme de coucbes se montre dans son plus grand developpement, c'est-a-dire, en Angleferre et en Russie, conduira sans doute encore a de nombreuses et importantes decouvertes. Mais il est fncile de prevoir , des a-present , que ces decouvertes rentreront dans les lois que les especes deja connues aujourd'bui nous ont re- velees , c'est-a-dire, qu'elles seront restreintes a la classe des poissons , pour I'embranchoment des vertebres , et que ni les reptiles , ni les mammiferes ne se trouveront dans les couches du vieux gres rouge. Je sais bien qu'un auteur recent a voulu trouver dans le vieux gres rouge des ossemens de toutes les classes de vertebres. Mais il a ete facile de faire justice de toutes les fausses de- terminations sur lesquelles de pareilles conclusions reposaient, et les tortues, les lezards , les crocodiles et les pachydermes, dont on s'etait plu a peupler ces anciens depots, (*) sont succes- sivement venus se ranger a leur veritable place , dans la classe la plus inferieure des vertebres, dont une main imprudente les avait fait sortir. En traitant des families et des especes qui ca- racterisent le systeme devonien, j'ai demontre la faussete de cet echaflfaudage , qui fail re- monter toutes les classes des vertebres a la plus haute antiquite, en sorte qu'il reste mainle- nanl bien prouve que tout ce que Ton connait dc debris de vertebres dans des formations anterieures au Zechstein , appartient exclusivemenl a la classe des poissons. (•) Voir plus bas chapilrc VII, pag. 83. — i8 — Je ne veux pas insisler davantage sur rimportance que presente ce fait, lorsqu'on le mel en rapport avec les caracteres organiques des creations qui onl successivement people la terre. J'ai deja presente ailleurs mes vues sur le developpement qu'ont parcouru les differentes crea- tions pendant I'histoire de notre planete. Mais ce que je voudrais prouver ici, par une discus- sion approfondie des faits rapportes dans les pages suivanles , c'est la verite de cette loi, maintenant si clairement demontrable dans la serie des vertebres , que les creations succes- sives ont parcouru des phases de developpement analogues a celles que parcourt rembryon pendant son accroissement, et semblables aux gradations que nous niontre la creation actuelle dans la serie ascendante qu'elle presente dans son ensemble. On pent du moins considerer des a-present comme prouve, que Vembryon du poisson pendant son developpement , la classe des poissotis actiiels dans ses nombreuses families , et le type poisson dans so)i histoire plane- taire , parcourent a tons egards des phases analogues , a trailers lesquelles on suit toujours la meme pensee creatrice , comme un fil conducteur qui nous guide partout, dans la recherche de I'enchainement des elres organises. La consideration que les poissons du vieux gres rouge representent recllement I'age embryonique du regno des poissons, a meme etc pour moi un puissant motif d'entreprendre, comme premiere Monographic , pour faire suite a mes Re- cherches , celle de ces poissons anciens, puisque c'etait ici qu'on pouvait prouver par des faits evidens , la verite de cette grande loi de developpement de tons les etres organises. Jetons d'abord un coup d'oeil rapide sur les families dont nous avons enumere les especes, dans ce travail. Nous en rencontrons au moins cinq distinctes : les Cephalaspides , les Acan- Ihodiens, les Sauroides dipteriens, les Celacanthes et les Plagiostomes, si tant est qu'on puisse considerer ce grand type comme une seule famille. Les quatre premieres appartiennent a lordre des Ganoides, el la derniere a celui des Placoides. La premiere remarque qui s'olTre a I'observateur attentif , c'est que chez les nombreuses especes qui sont reparties dans ces families , on n'a encore trouve aucune trace de vertebres, et chez quelques-unes seulement des apophyses, pour proteger la moelle epiniere et les gros vaisseaux. bien qu'elles fussent egalement depourvues de corps de vertebres. Certes, si ces poissons avaient eu des corps de vertebres , on en aurait trouve parmi ces nombreux debris de squelettes qui abondent dans le terrain devonien , on en aurait trouve sur ces plaques de Coccosteus des Orkney , oii les queues sont si bien conservees avec leurs apophyses epineuses, leurs osselets inlerapophysaires et leurs rayons de nageoires. Le fait est qu'il n'y en a aucune trace, el meme sur les plaques de Coccosteus dont je viens deparler, on voit parfaitemcnt — 19 — hicn que c'elait siir un axe indivis ct continu que reposaient les apophyses. Or ce developpe- ment incompletdu sysleme osseux du troncse retrouvc chez tons les embryons et surlout chez ceux des poissons ; ilserelrouve egalement dans les derniers echelons de la classe des poissons, chez les Cyclostomes. Cette serie de corps de vertebres, qui se suivenl sur loute la longueur du tronc des verlebres, est remplacee dans les formes infericures de eel embranchement et chez les embryons, par un cordon cylindrique, d'une consislance gelatineuse, que Ton ap- pelle la corde dorsale. Ce n'est que quelque temps apres lapparition de !a corde, que les apo- physes et les corps de vertebres se developpent chez I'embryon. Chez le Branchiostoma (.im- plnjoxiis) , il n'y a qu'une corde sans autre piece du squelette, comme chez les embryons pen avances; c'esl chez les Cyclostomes que commence la formation des apophyses, et chez les Plagiostomes celle des corps de vertebres ; a cet egard les poissons de TOId Red sont resles a un degre de developpement tout-a-fait embryonique ; car ils ont une corde et des apophyses, mais ils n'ont point de corps de vertebres. Cette disposition du sysleme osseux du tronc en determine presque necessairement une autre : le developpement incomplet du crane. ISous trouvons en efFet, chez les poissons de rOld Red , les os exterieurs du crane bien conformes ; les machoires, la ceinture thoracique , les OS operculaires el branchioslegues , ceux du haul du crtine, sont bien developpes, vigou- reux et evidemment de structure osseuse ; mais lous les indices que jai pu recueillir sur la conformation de leur tele, me font penser que la boite interne du crane, celle qui entourail immedialemcnt le cerveau, n'elail pas encore consolidee , mais plutol cartilagineuse. Nous trouvons aussi celle structure chez les embryons, ou les plaques prolectrices qui couvrent le haul et la base du crane, se developpent isoiement, pendant que la boite cranienne est en- core cartilagineuse. La meme conformation se relrouve encore chez I'Esturgeon, dont j'ai de- crit I'osleologie dans mes Recherches sur les Poissons fossiles (vol. II, 2°'^ part. p. 277); et c'est en elFet avec ce dernier que Ton pent le mieux comparer I'etat que devait avoir le sque- lette du crane des poissons de lOld Red. Les plaques osseuses et emaillees qui couvrent la tele de I'Esturgeon , et qui font imme- dialemenl suite aux plaques emaillees dont sa nufjue et ses flancs sont couverls, n'appar- tiennent evidemment pas au meme sysleme que les frontaux et les parietaux des poissons or- dinaires. Ce sont des os culanes, developpes en romplacement des os ordiriaires , qui nian- quentcom|)lelementdans la grande parlie des poissons de I'OldRed, el surlout dans la famille des Cephalaspides, ou Ton trouve le meme arrangement que chez les Eslurgeons. Ce se- — 20 — rait peine perdue que de vouloir chercher dans les plaques cephalaires d'un Coccostee ou d'un Plerichlhys les analogues des frontaux, des parielaux et des nasaux de nos poissons osseux; on ne ti'ouve a leur place que des carapaces, souvent elrangement composees, et qui forment neanmoins, par leur reunion , des couvertures du crane tout aussi completes que celles des poissons ordinaires. C'est ici le lieu de rappeler le developpement extraordinaire que presente le systeme cutane des poissons de I'Old Red. D'enormes plaques osseuses recouvrent souvent non-seuleuient la tete , mais aussi une grande partie du corps ; une famille tout entiere , celle des Cephalas- pides, a son caractere essentiel dans cette cuirasse du tronc, et les ecailles et les plaques de la plupart des Celacanthes de I'Old Red excedent de beaucoup ce que Ton voit dans les pois- sons des terrains plus recens. Mallieureiiseinent nous n'avons pas encore des termes de com- paraison , avec les poissons de la creation actuelle, assez nombreux pour apprecier la va- leur de ces caracteres, par la raison que nous manquons entierement de donnees sur le de- veloppement des ecailles en general et surlout sur celui des ecailles des Ganoides ; nous n'avons meme pas encore de renseignemens sur I'embryologie d'un seul des poissons cuirasses de notre epoque ; mais il est a presumer , d'apres le developpement extraordinaire que pre- sente le systeme cutane de nos anciens poissons, que c'est de tres-bonne lieure que ces pla- ques et ces cuirasses se developpent dans les embryons. Un autre fait, pour lequel on pent bien appeler les poissons le vieux gres-rouge, I'age embryonique du regne des poissons, c'est le developpement de leurs nageoires. On sait que dans tons les embryons de poissons que Ton a examines jusqu'ici , les nageoires verticales naissenl d'une nageoire unique, faisant le tour de la partie posterieure du corps, a-peu-pres comme une nageoire d'Anguille. Cetle nageoire continue se transforme complelement en cer- tains endroits, en d'autres elle disparait petit a petit, ct la ou elle reste slationnaire, les rayons se developpent graduellement. Les espaces qui separent les differentes nageoires, sont done d'autant plus petils et d'autant moins marques que I'embryon est plus jeune; cela est si vrai , que certains poissons qui auront plus tard des nageoires fort dislincles, les out encore tres-rapprochees , dans le jeune age, et quelquefois a peine separees par une echan- crure pcu profonde. Chez les poissons de I'Old Red , les nageoires verticales renlrent com- pletement dans ces conditions primitives de developpement. Toule cette puissante famille des Sauroides, qui plus lard se monlre pourvue de nageoires bien separees et isolees, n'est representee dans I'Old Red que par les Dipleriens , qui sont tons pourvus de deux — 21 — anales et de deux dorsales, toules tr^s-rapprochees les unes des aulres, et pen disJantes de la caudale. Dans les Celacanlhes de I'Old Red, on Irouve aussi plusieurs genres, comme les Glyptolepis et probahlement anssi les Platygnatlies , qui avaient les nageoires verticales doubles et Ires-rapprochees, de telle sorte qu'il y a a peine un espace intermediaire entre les dilTerentes nageoires. Meme chez les Acanlliodiens on Irouve un genre , celui des Dipla- canthes, qui est muni des nageoires verticaies doubles. II est vrai que cette disposition ne se Irouve pas chez tous les genres, mais toujours est-il curieux que les families, qui sont desti- nees a parcourir une longue serie de terrains, comme les Sauroidcs et les Celacanlhes, com- mencent par des formes a nageoires doubles qui se rapprochent du type embryonique. Le fait que chez tons les poissons de I'Old Red qui possedent une caudale, cette na- geoire est formee de lobes inegaux et inseree sur une extremite relevee de la corde dorsale, est encore un point de rapprochement avec I'embryon des poissons ordinaires. On sail en effet que, chez ces derniers, I'extremite de la queue commence a se relever a une certaine epoque de la vie, se rapprochant en ceci de la disposition que Ton observe chez I'esturgeon, et (jii'a cette epoque la caudale de I'embryon est heterocerque. D'un autre cole, j'ai deja souvent appele raltenlion des naluralistes sur un fait tout semblable , qui se presenle d'une maniere si frappanle dans la serie geologique ; c'est que tous les poissons des terrains plus anciens que le Jura ont I'exlremite caudale relevee, et la caudale elle-meme heterocerque. Un dernier point enfin , sur lequel je voudrais appeler I'attenlion des naluralistes, c'est la forme de la lete et la position de la bouche et des yeux chez les poissons de I'Old Red. Tous, sans exception, ont la tele large et aplalie, arrondie et comme Ironquee, scud)Iable a celle d'une Lotle ou d'un Silure. Cecaractereesl meme tellement preponderant, qu'il est tres- rare de voir un poisson de I'Old Red qui presenle la tele de profd ; dans la majorile des cas. elle repose sur le cote superieur ou sur le cote inferieur, alors meme que le corps est couche de maniere a presenter I'un des flancs. La gueule de la plupart des genres est largement ouverle, semicirculaire , el se Irouve placee ou bien a I'extremite de la tele arrondie, ou bien meme sous celle derniere. Les yeux se trouvent, dans la plupart des genres, forlement espaces e( rejetes sur les coles aplatis de la t6le, ensorte qu'il est souvent fort difficile de determiner leur position. Des formes analogues se trouvent chez les embryons. Meme chez les poissons qui plus lard se distinguenl par un museau alonge en forme de bee, les embryons monfrenl d'abord une tele large, arrondie et Ironquee en avant, avec une bouche inferieure et des yeux lateraux , et ce n'est que plus tard que les machoires s'alongenl et se reportent an de- — sa- vant des yeux pour former enfin une tele de forme toute differente de celle qu'ils avaient en naissant. Je crois qu'il ne serait guere possible de trouver des termes de rapprochemens plus nom- breux entre les embryons de nos poissons et les poissons fossiles , puisque rien ne nous est conserve de leur corps que le sysleme osseux qui nous a fourni a lui seul toules ces analo- gies , et je crois qu'on sera generalement d'accord avec moi , lorsque j'affirme , que les poissons de VOld Red representent, par leur structure touts particuliere , I'dcje emhryonique du regne des poissons. Nulle part, en effet, dans aucun autre terrain, on ne trouve un aussi grand nombre de poissons , chez lesquels le squelette interne est si imparfailement developpe , et si inferieur au systeme cutane ; nulle part on ne trouve la grande majorite des poissons ayant les formes embryoniques des nageoires et de la tele aussi marquees. Ces fails nous donnent evidemmenl la clef du rang que ces families doivent occuper dans un sysleme ichlhyologique , el une application judicieuse de I'embryologie a la classification des animaux , ne saurail avoir que les plus beureux resultals sur le perfeclionnement de nos systemes zoologiques. En effet , si apres avoir indique les affinites anatomiques des poissons de rOld Red , nous examinons encore les rapports zoologiques dans lesquels ils se Irouvent vis-a-vis des creations suivantes , nous voyons que , des cinq families qui se Irouvent dans le vieux gres rouge , il y en a une , celle des Cephalaspides , qui est entierement reslrelnle a ce terrain, qu'il y en a une autre, celle des Sauroides , qui n'est representee que par un groupe tout particulier, celui des Dipteriens , qui est egalemcnt restreint a I'Old Red , qu'une troi- sieme, celle des Acanthodiens, ne se perpetue pas au-dela de la houille, et que seulement les Celacanlhes et les Cestraciontes arrivent a des terrains plus recens. De toutes ces families , c'est aussi celle des Cephalaspides qui s'ecarte le plus des formes ordinaires des autres poissons, a tel point que Ton a facilement pu, dans les premiers temps de leur decouverle, meconnailre leur nature el les prendre pour des animaux appartenant a d'aulres classes du regne animal. C'est chez les Cephalaspides que nous avons reconnu ce type de poissons a appendices ailes , represente par les genres Pterichlhys , Pamphractus et Polyphraclus , qui , a raison de la cuirasse de leur corps , formee de plusieurs pieces etroite- ment sendees et de leurs nageoires pectorales transformees en stylets recourbes , ont passe tantot pour de petites Torlues, tantot pour d'enormes Coleopteres aqualiques; c'est chez les Cephalaspides , que nous avons trouve ce curieux genre des Cephalaspis , que son large bou- clier cephalaire,sur lequel sont implanles deux yeux presque reunis en une seule orbile, avait — 2o — fait prendre pour iin crustace voisin des Limules on des Trilobiles, avanl qu'on ait connu son corps ecaille et sa queue munie de nageoires verticales ; c'est parmi les Cephalaspides , enfin, que nous avons du placer les Coccostees, avee lour puissante cuirasse et Icur longue queue flexible, qui devait leur donner ['aspect le plus etrange qu'il soit possible d'imaginer et (|ui les a successivement fail prendre pour des Trionyx et pour des Rajes fossiles. J'ai deja parle, en traitant de cette famille des affiniles, eloignees il est vrai, qu'ellc presenle avec les poissons cuirasses de notre epoque, avec les Loricaires et les Siluroides. Je n'ai plus rien a ajouter a ce sujet; niais ceque je voudrais encore uncfois faire senlir, c'est la verite de ce fait, que les dif- ferens genres des Cephalaspides montrenl deja unc gradation, quoique peu marquee, dans leur conformation de plus en plus parfaile. C'est ainsi que d'un cole les appendices ailes des Ptericlithys el Pamphractus seperdent cliez les Coccostees et les Cephalaspis, ou ils sont remplaces par des nageoires ordinaires, tandis que d'un autre cote il y a un rapprochement evident enlreles Coc- costees et les genres largenienl cuirasses de la famille des Celacanthes, tels que les Asterolepis et les Bothriolepis. La forme Irapue des Pterichthys et le developpement fort incomplet de leurs nageoires , monlrent evidemmenl que c'elaient des poissons peu agiles , vivanl par troupes dans la vase, se mouvant avec lenteur et destines a dcvenir la proie des autres. Chez les Ce- phalaspides, le large bouclier donl ils sont couverls el leurs yenx superieurs, indiquent le meme genre de vie, niais deja le Ironc devienl plus mobile et la queue, le moleur le plus puissant, se garnit de nageoires et devient apte a exercer des mouvemens plus rapides, Les Coccostees , enfin , etaient evidemmenl deja des poissons voraces , comme le monlrent leurs dents coniques, aiguiis, et leur longue queue plate el flexible. II y a sans doute loin de la a cette armure formidable des Bothriolepis, a ces dents acerecs des Dendrodes (Asterolepis): mais on en conviendra, il y a dans la famille des Cephalaspides un acheminement vers ce caractere rapace, et si Ton y joint la structure des plaques, la ressemblance que presentenl les granules epars des Coccostees avec les asterisques des plaques des Asterolepis, Ton se con vain- era facilement, qu'il n'y a pas un si grand pas a faire, pour arriver des Coccostees aux Cela- canthes cuirasses. Cetle ressemblance serail encore bien plus grande, si des recherches ul- terieures prouvaienl que les Celacanthes cuirasses n'avaient point de verilables ecailles iin- briquees sur le corps, mais seulement de larges plaques recouvrant la tele el la nuque. F{ien ne prouve, il est vrai, jusqu'ici cette supposition, mais ce qui est pourtant curieux, c'esl le fait qu'a cote de la grande quantile de larges plaques d'Asterolepis et de Bothriolepis. qui ca- racterisenl certains terrains, on n'ait pas encore trouve de verilables ecailles. que Ton pnisse — 2^^ — leui' altribuer. Je signale ici ce fait a I'attention des geologues , car rien n'est souvent plus instruclif que le mode d'associalion des fossiles , surtout quand les debris appartiennent a des animaux dont la grandeur et la mollesse du squelette , ont emp6che leur conservation en en- tier. Mais il est necessaire d'apportcr la plus grande circonspcclion dans ce genre de rappro- chemens, avant d'en tirer des conclusions; car, trop souvent ces resultats se transmettent d'auteur en auteur, sans que Ton rapporte en meme temps les fails sur lesquels ils sent bases, et passent quelquefois encore pour des verites, lorsque I'etat desfaits a ete modifie. Les couches de I'Old Red sont, il est vrai, pen favorables ace genre de recherches , car la ou les fossiles ne forment pas des noyeaux de rognons , les debris sont disperses et meles d'une telle maniere , que Ton trouve souvent dans le meme morceau de limon durci les restes de plusieurs genres enlieremenl differens. La tribu des Dipteriens est aussi , comme la famille des Cephalaspides , entierement res- treinte aux couches de I'Old Red. Ici les affinites avec les aulres Sauroides sont tellement evi- dentes , que j'ai du renoncer a I'opinion a laquelle je me suis arrete pendant quelque temps, de les envisager comme une famille a part. Les ecailles sont les memes, et les dents se rap- prochentatous egards, dans les genres Osteolepis et Diplopterus, du type eminemment carnas- sier des Sauroides a dents incisives isolees. J'ai range provisoirement dans cette famille un genre, celui des Glyplopomes, qui, par la sculpture de ses ecailles, se rapproche beaucoup des Platygnathes de la famille des Celacanthes , mais qui s'en eloigne d'un autre cote par la forme et I'arrangement de ses ecailles, qui sont evidemment seulement juxtaposees et taillees en losanges. II serait fort interessant de voir comment la position de ce genre se fixera ulte- rieurement; sil faudra , par I'arrangement de ses nageoires, le placer definitivement parmi les Dipteriens, ou bien, s'il marque, par des nageoires simples, le premier degre d'achemi- nement vers le type des Sauroides proprement dils. Dans ce dernier cas, on aurait, dans les Sauroides du vieux gres rouge , une gradation semblable a celle qui se presente dans les Ce- phalaspides. Les Acanthodiens n'embrassent dans leur histoire que deux terrains , le vieux gres rouge et la houille; les terrains plus recens n'en monlrent aucune trace. C'est aussi un type bien particulier qui ne se lie en aucune maniere aux aulres families de Ganoides. 11 est vrai que la forme du corps ne s'ecarte pas de celles avec lesquelles nous sommes familiers, mais la maniere dont leur corps et convert , offre certainement un caractere tres-lranche. Ces pe- tites ecailles rhomboidales , a peine visibles, qui donncnt a la peau I'aspect du chagrin , n'onl — 25 — rien de scmblable dans toule laclasse des poissons, car le cliagrin dos Plagioslomes est forme d'eleniens enlieremont differens. On pent remarquer qu'en general les types bizarres, qui s'ecartent le plus des types norinaux, ontaussi tr) CORNUTUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 2. Lethen-Bar. » TESTUDiNARius Ag. —Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 4 , fig. 1-3. Cromarty. OBLONGUS Ag. — H. Miller, Old Red, Tab. I, fig. 1 et Tab. II , fig. 2. '— Agass. Monogr. du sysl. devon. Tab. B, fig. 1 , Tab. 3 , fig. 1 et 2 , Tab. 30 a, fig. 1 . Cromarty , Gamrie. » CANCRiFORMis Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. I , fig. 4 et 5. Pomona (Orkney). •> MAJOR Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 31, fig. 1-3. Findhorn River (Elgin), Riga, Andoma. » ARENATCS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 30 a , fig. 3. St.-Petersbourg. PampHRACTUS HYDROPUILUS Ag. — Agnss. Monogr. du syst. devon. p. 21. — Pterichthys Hydrophilus Agass. Ihid. Tab. 4, lig. 4-7. Dura-Den. >• ANDERSON! Ag. —Anderson , General description of the Counlry of Fife. fig. 6. — Agass. Monogr. du syst. devon. pag. 21. Dura-Den. — 2 — HoMOTHORAX Flemingii Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 31 , fig. 6. Dura-Den. PtAOOTHORAX PARADOXUS Ag. —Agass. Monogr. dii syst. dovon. Tab. 30 o. fig. 20-23. Scat-Craig (Elgin). POLYPHRACTUS PLATYCEPHALUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dcvon. Tab. 27, fig. 1 , Tab. 31, fig. o. Caithness. CiiELYOPHORUS Verneuilii. Ag. — Agass. Monogf. du syst. devon. Tab. 31 . Whitbach. » Lloydii Aq.— Agass. Recli. Poiss. foss. II. Tab. 1 h, fig. d-ll.— Murchis. Sil. syst. Tab. 2, fig. 7-9. Shropshire. ACANTHODII. Acanthodes msiLLVs S.g. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 28, fig. 8-10. Gordon Castle , Dipple (Elgin). CuEtRACANTiius MuRCiiisoNi Ag.— Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 c, fig. 3 el 4. Gamrie. » MINOR Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 c, fig. 5. Stroniness. « MiCROLEPiDOTUs Ag. — H. Miller, Old Red, Tab. VII. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 15. Lethen-Bar, Cromarty. DiPLACANTHUS STRiATUS Ag. — H. Miller, Old Rcil. Tab. YllI, fig. 2 614. — Agass. Monogr. dii syst. devon. T;ib. I'j, fig. 1-1 o. Croniarly. » STRiATULUS Ag. — Agass. Moiiogr. du syst. devon. Tab. 13, fig. 3 ot 4. Letlicn-Iiar. tONGiSPiMS Ag.— //. Miller, Old Red. Tab. Mil. fig. 1 ct 'i.— Agass. Monogr. du svst- d<;von. Tab. 13. fig. 5, Tab. 14, fig. Set 9. Cromarty , Lctlicii-Har. » CRASSISPINUS .\g. — Agass. Monogr. du syst. devon. Talj. 13, fig. 1 et2, Tab. 14, fig. Oct 7. Caithness, Stroiiincss. riiEinoLEPis Traillii .\g. —Agass. Rocli. I'oiss. fuss. II. Tab. id, Tab. le, fig. 4. Pomona (Orkney). Uragus Aq.— Agass. Redi. Toiss. foss. II. Tab. 1 o, fig. 1-3. Gamiie. » Cc.«iNGi^ Ag. — H. Miller, Old Red, Tab. Yl. — ylgass. Monogr. du syst. devon. Tab. 12. Lethen-Bar, Cromarty. DIPTERINI. DiPTERL'S macrolepidotus Val. el Pent. — Sedgw. et Marchis. Trans. Ill, Tab. lii, IG et 17, (sous les noms de I)ip- terus macropygoplents, Dipt, brachypygopteriis , Dipt, macrolepidotus et Dipt. J'a- lenciennesii). — Agass. Recll. Poiss. foss. 11. Tab. 2(i, fig. 1-0. — //. Miller Old Red. Tab. V, fig. 1. — Catopterus analis Ag. Recli. Poiss. foss. 11. pag. 23-27. Caithness, Herefordshire. OsTEOLEPis macrolepidotus Val. et Pent. — Agass. Rcch. Poiss. foss. 11. Tab. 2b, lig. 1-4; Tab. 2c, fig. 5 et 0. Caithness, Cromarty. » microlepidotus Val. et Pent. — Agass. Rech. Poiss. II. Tab. 2 c, fig. 1-4. Caithness. « ARENATiis Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 2 d, fig. 1-4. Gamrie. MAJOR Ag. — /^. Miller, Old Red, Tab. \S.— Agass. Monogr. dusyst. devon. Tab. 19, fig. 1-3. Tab. 28n. lig. A, «; Tab. 31a, lig. 8-13. Lethen-Bar, St.-Pelersbourg, Kokenhusen. Diplopterus'borealis Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. IS. — Diplopterus Agassizii Traill, Trans. Roy. Soc. Edinbourg, Vol. XV, p. 89.— Sedgw. elMurch. Geol. Trans. HI, p. 141. Caithness, Pomona (Orkney). » MACROCEPUALUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. IC et 17 el Tab. 31 n. fig. 1-7. Lethen-Bar, Sl.-Pelersbourg, Printschka. — 4 — DiPLOPTERUS AFFiNis Ag. — Agass. Monogi'. du syst. devon. Tab. 31a, fig. 27. Gamrie. Glyptopomus minor Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. p. 57. — Platygnathus minor Agass. Ihid. Tab. 26. Dura-Den. Stagonolepis Robertsoni Ag. — ^^ass. Monogr. du syst. devon. Tab. 31 fig. 13 et 14. Elgin. CCELACANTHI. Glvptolepis leptopterus Ag.— //. Miller, old Red , Tab. V, fig. %-Q.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 20el2J , Tab. 21 a, fig. 1 , Tab. 31 a, fig. 24. Letben-Bar, Dipple (Elgin), St.-Petersbourg. microlepidotus k^. — Agass Monogr. du syst. devon. Tab. 21a, fig. 3-7. Lethen-Bar. » elegans Kg. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 19, fig. 4et 5, Tab. 21 a, fig. 2. Gamrie. Phyllolepis concentricus Ag. — Agass. Mongr. du syst. devon. Tab. 24 fig. 1. Clashbennie- HoLOPTYCHius GiGANTEUS Ag.— A g ass Moviogv. du syst. devon. Tab. 24, fig. 3-10. — Gyrolepis giganteus Ag. Recli. Poiss. foss. 11, p. M^.— Murch. Sil. syst. Tab. 2 his, fig.3. Elgin , Clashbennie. •• Flemingii Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 22, fig. 1; Tab. 31a, fig. 23. Dura-Den, St.-Petersbourg. » NOBILISSIMUS kg.— Murch. Sil. syst. Tab. 2 bis, fig. i. — H. Miller, old Red, Tab. IX, fig. 2.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 23, Tab. 24, fig. 2 , Tab. 31 a, fig. 26. Clashbennie , Elgin , Printschka. » Andersoni Ag. — Anderson, General description of the Country of Fife, fig. 1. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 22, fig. 3. Dura-Den. » Omaliusii Ag.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 24, fig. 11. Namur, Eifel. » MuRCHisom kg.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 22, fig, 2. Clashbennie. AcTiNOLEPis tuberculatus Ag.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 31, fig. lo-lS; Tab. 31 a, fig. 28. St.-Petersbourg, Find horn-River (Elgin) PiATYGNATUs Jamesoni kg.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 25; Tab. 31a, fig. 22 el 23. Dura-Den , St.-Petersbourg. » paucidens Ag.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 28 fig. 11. Pomona (Orkney). n DENimoDUS LATUS Owoii.— Owcn Ocloiilogi'. p. 171.— //. Miller, Old Red, Tab. IX, lij. ty. — Agass. Monojjr. dn syst. devou. Tab. 28, fig. 1 ct 2 et Tab. 28a, Hg. 8-12. Findliorn-River (Muiaysh.), Riga. » STRiGATUS Owen. — Owen Microscop. Journ. I, p. 17. — Owen Odonlogr. p. 171. — Agass Monogr. du syst. devon. Tab. C. %. lOotfig. 20-22, Tab. 28o, fig. 1 ci 2.— Agass. Rech. Poiss loss. H. Tab. 65a, fig. ]9et20. Scat's-Craig (Flgin), Riga , St.-Pelersbourg. SIGMOIDES Owen. — Owen Micros. Journ I. p. 17. ^ Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 28. Hg. .■> ci Tab. 2So, fig. o-o. Scat's-Ciaig (Elgin), St.-Petersbourg. » TENUiSTRiATUS Ag.— Agass. Monogr. du syst- devon. Tab. 28a, fig. 6 et7. St.-Petersbourg. MINOR h.Q.— Agass. Monogr. dusyst. devon. Tab. 28a, fig. 13. Megra. Lamnodus biporcatus .\g. —Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. C. fig. 7-9 et 14-19, Tab. 28, fig. 6 et 7 et Tab. 2Sa, fig. 14 et 15. — Dendrodus biporcatus Owen , Micros. .lourn. I . p. a et Odontogr. p. 171. Scat's-Craig (Elgin), Riga , Crenion , St.-Petersbourg. » Panderi Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. 2, II, p. 1C2. — Lamnodus hnstatus Agass. Monog. du syst. de\oii. Tab C. fig. 1-6 , 11-13 et Tab. 28 a, fig. 16 et 17 et fig. A, a-f. — Dendrodus hastastus Owen Odontography p. 175. — Dendrodus compresus Owen Microsc. Journ. I. j). is. Scat's-Craig (Elgin), Riga, Cremon, St.-Petersbourg. » SULCATUS. Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 28a, f. 18.— Murchis. Sil. syst. Tab. 2 bis fig. 8 el 9. Elgin. Cricodus incurvus \p.— Agass. Rech. Poiss. foss. II, Tab. II. fig. 9-12 et Monogr. du syst. devon. Tab. 28. fig. 'i et 5. — Dendrodus incurvus Owen. Scats-Craig (Elgin) , Riga. Asterolepis Asmusii Ag.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. -30. lig. 1 el Tab. 'Ma. jig. 11.— Chelonichtys As- musii Ag. Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Riga, Elgin. ORNATA Eiciiw.— Eichw. in Leonh. u. Bronn Jahrbuch. 1840, 'p. 621. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. B, fig. 4 , Tab. 28a, fig 25 , Tab. 30, fig .2-9 et Tab. 30a, fig. ,5-9. Riga , Megra. speciosa Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 30, fig. 1 Oct Tab. 30a, fig. 4. Voroneje. » MINOR Ag.— ^^as«. Monogr. du syst. devon. Tab. 28a, fig.A, g-k, Tab. 30, fig. 1 1 .Tab. 31a, fig. 29 et 30. — CheloniclUhys minor AgasS. Rcchercll. Poiss. foss. I, p. 33. Elgin , Riga , St.-Petersbourg. AsTEROLEPis GRANULATA Ag. — Agass. Monogi'. du sj'st. devon. Tab. 30, fig. 12 et Tab. oOa, fig. 12. Riga. » HoENiNGHAUSii Ag. — yigass. Monogr. du syst. devon. Tab. SOa, fig. 10. Eifel. » Malcolmsoni Ag. — Jgass. Monogr. du syst. devon. Tab. 30a, fig. \6. Elgin. » apicalis Ag. — Jgass. Monogr. du syst. devon. Tab. 3'la, fig. 31 . Riga. BOTHRIOLEPIS FAVOSA Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 27, fig. 7, Tab. 28, fig. 12 et 13, Tab. 30a, fig. 13, Tal). 31a, fig. 32-35. — Glyptosteus favosus Agass. Recii. Poiss. foss. I , p. 34 , et Rapp. sur les Poiss foss. de I'Old Red. Clashbennie, Elgin , Tschudova, Prussino, Megra, St.-Petersbourg, Ladoga , Kokenhusen. » ORNATA Eiclivv — Eichw. in Leonli. u. Bronn Jahrb. 1840, p. 621 — Agass. Monogr. du syst. devon Tab.B, fig. 1, Tab. 29, Tab. 30a, fig. 14 et 15 el Tab. 31a, fig. 36 et Ti .—Glyptosteus reti- cidatus Agass., Rech. Poiss. foss. I, p. 34. Kipet, Andoma, Ladoga, Printschka, Elgin, Monacbthy-Hili, Nairn. PsAMMOSTEliS M.a:ANDRlNUSAg. — Agass. Monogr. du syst. devon. p. 104. — Placosteus mwandrinus Agass. Ibid. Tab. 27, fig. 5 et6, etRech. Poiss. foss. I, p. 33. Ladoga. » PARADOXUS kg.— Agass. Monogi'. du syst. devon. p. 104. — Psammolepis paradoxus Agass. Ibid. Tab. B, fig. Set 6, Tab. 27, fig. 2-4 et Rech. Poiss. foss. I, p. 34. Riga, demon. » ARENATUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 31, fig. 7-10 etTab. 28a, fig. A. /. — Placosteus a/eno' iiETEROGYRUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 33, fig. 16-18. St.-Petersbourg, Ladoga. >> sUBLiEViS Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tal). 33. fig. 19-21. St.-PetersI)ourg. Ptychacanthus dubius Ag. — Agass . Monogr. du syst. devon. Tab. 33, fig. 22 et 23. Abergavenny. Ctenacanthus ornatus Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. Ill, Tab. 2, fig. i . Sapey (Worceslersh.) » SERRULATUS Ag. — Agass. Monogv. du syst. devon. Tab. 33, fig. 24. Kokenhusen. CuMATius RETicuLATUS X^. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 33, fig. 25. Balruddery. Parexus INCURVUS .\Q.— Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 33, fig. 20 el 27. Balruddery, CosMACANTHus Malcolmsoni. K^.—Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 33. fig. 28. Scat's-Craig (Elgin). CESTRACIONTES. r.TENODUS Keyserlingii .kf^.—Agnss. Monogr. du syst. devon. Tab. 33, fig. 32-35. St.-Petersbourg. » WoRTiiii Ag. — Agass. Monogr. dusyst. devon. Tub. 33, fig. 36. St.-Petersbourg. MARGiNALis Xf^.— Agass. Monogr. du syst. d^von. Tab. 28a, fig. 21 el 22. Orel. — 8 — Ctenodus parvulus Ag. — Agass. Monogr. du syst. devon. Tab. 28o, fig. 23. Orel. Ctenoptychius priscus \q. — Agass. Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Ecosse. HTBODONTES. CLADODUssraPLEX. k^.— Agass. Monogr.dll syst. devon. Tab. 33, fig. 29-31. St.-Petersbourg.