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JOURNAL DE RADIOLOGIE

JOURNAL

DE

RADIOLOGIE

PUBLIÉ SOUS LE PATRONAGE DE LA

Société belge de Radiologie

AVEC LA COLLABORATION DE

MM. Beck (New-York), BECLÉRE (Paris), Beror (Paris', BtENFAIT (Liége), DunBois-TRÉPAGNE (Liége), DuroxtT (Bru- xelles), HARET (Paris), IlILPORN (Anvers), Et. ITIENRARD, (Bruxelles), Alban Köurer (Wicshaden), Karsın (Floreffe), LEJEUNE Liége), PENNEMAN (Gand). RÉDACTEURS

D: J. De Nobele D: J. Klynens Professeur à l'Université de Gand Radiologiste à Anvers

SECRÉTAIRE DE LA REDACTION

D: L. Hauchambps

Directeur du Laboratoire de Radiologie des hòpitaux de Bruxelles

EENS O E S EE —— —…

TOME III ANNÉE 1909

N aa r NS ne ne

BRUXELLES

F. ERNEST - GOOSSENS, éditeur 49, rue Joseph Lebeau, 49

1909

SY- KD- 4S2 E

ect V/M

TECHNIQUE

DE

L'EXPLORATION RADIOGRAPHIQUE DE LA SELLE TURCIQUE

POUR LE DIAGNOSTIC DES TUMEURS DE L'ITYPOPAYSE

DOCTEUR ALRAN KOHLER (WIESBADEN)

PLANCHE I

Si nous recherchons, à l'heure présente, treize ans après la découverte des rayons X, les communications se rapportant au radiodiagnostic dans les périodiques de médecine générale parus en 1896 ct en 1897, notre attention restera toujours le plus inté- ressée par les passages les auteurs ne purent s'empêcher d'émettre quelque conjecture ou même quelque prophétie au sujet de lavenir du radiodiagnostic. Bien que depuis cette épo- que la radiologie nous ait donné mille fois plus que nous ne l'eussions pu espérer, le sort réservé à presque toutes ces prophé- ties fut toujours le même; ces prophéties ne sont pas réalisées. Parmi le petit nombre d'exceptions il en est une qui nour appa- raîit maintenant d'autant plus étonnante qu'elle ne semblait pas alors devoir se réaliser de sitôt; dans la Berliner Klinische Wo- chenschrift, 1897, page 689, le D" M. Edel sexprime de la façon

suivante : « Peut-être sera-t-il d’ailleurs possible de reconnaître,

» outre les autres altérations du squelette de l’acromégalie, l’a-

BEN FAS

» grandissement plus ou moins considérable de la selle turcique » dans les cas de tumeur hypophysaire notable. » Si même à cette époque des cas typiques eussent été à la dispositiou du ra- diographe, celui-ci n'aurait pas été bien inspiré en soumettant la thèse à l'épreuve pratique; car la technique n'était pas encore en état de nous donner un radiogramme utilisable de la base du crâne. Et méme aujourd'hui, cette exploration ne présente-t-elle pas encore certaines difheultés ? Mais la prédiction d’Edel frappa Juste, et aujourd'hui ce serait commettre un gros pêché contre l’art que de négliger l'exploration rôntgénographi- que chaque fois que les symptômes semblent indiquer une lésion de la base du crâne ou de son voisinage.

Jusqu'ici un assez grand nombre d'auteurs ont décrit d’une façon plus ou moins complète des eas isolés le radiodiagnostic fut appelé avec succès au secours de la clinique. Sont à citer ici les noms de Béclère, Josephson, Albers-Schünbere, Fuchs, Schül- ler, Robinsohn, Erdheiïm, Schuster, Immelmann, Munck, Op- penheim, Stumme und Giordani. Le travail de Giordani : Sur le diagnostic des tumeurs de l'hypophyse par la radiographie. (Thèse de Paris, 1906), est une étude approfondie de la question, et à ce titre, je voudrais appeler sur elle l’attention particulière de mes lecteurs : en maints endroits de ma dissertation je m'ins- pirerai des données de cette étude.

Dans ces dernières annes, les communications relatives à l'exploration radiographique dans les cas de tumeur hypophy- saire soupçonnée se sont multipliées à tel point, qu’une revue générale en est à peine possible. Je me bornerai ici à citer encore les noms de Saenger, Eiselbere et Frankl-Hochwart, Cushing, Westphal, Auerbach et Berger. Le rüntgénologue constatera assurément avec satisfaction toute la faveur que les ophtalmo- logues et les neurologues accordent de plus en plus au radio- diagnostic; et que si même il lui arrive de rencontrer fortuite- ment dans les communications de ces dernières années une phrase comme la suivante : «a L'exploration radiographique » donna une opacité à la base du crâne dans la région de la » selle turcique », il n’en est pas moins vrai que de pareilles

méprises ne sont en somme que de rares exceptions. La thèse

CR AE

classique, à savoir : « les tumeurs hypophysaires ne sont pas

visibles par elles-mêmes sur le radiogramme : les modifica- » tions, l’agrandissement et la destruction de la selle turcique, révélés par l’image radiographique, autorisent seuls à con-

» clure avec un grand degré de probabilité à la présence de ces » tumeurs », cette thèse classique, dis-je, ne semble pas encore à présent familière à tout médecin; mais néanmoins elle devra bientôt faire partie du bagage scientifique indispensable de tout médecin praticien. À l’examen d'état on devra bien à bref délai exiger du récipiendaire la connaissance de ce fait, tout comme on exige maintenant de lui qu’il sache que les tumeurs . hypophysaires se rencontrent dans les cas d’acromégalie, voire de myxedème, tout comme on exige encore de lui qu’il sache que, dans les cas de hémianopsie bitemporale, il faut penser en tout premier lieu, au point de vue étiologique, à la présence pro- bable d’une tumeur hypophysaire comprimant le chiasma par son développement en avant ct vers le haut. Il ne sera jamais possible d’exiger du médecin praticien l’interprétation du ra- diogramme de la base du crâne; cette interprétation est l’af- faire du spécialiste, qu’il soit rontgénologue, ophtalmologue ou neurologue.

Les descriptions des cas publiés jusqu’ici sont en partie ac- compagnées de radiogrammes de la base du crâne; il n’y a pas à nier toutefois que presque toutes ces images ne manquent de clarté et de netteté; au surplus ce ne sont que des observations isolées.

Appelé désormais de par les tendances opératoires actuelles en cas de tumeur hypophysaire -- à rendre souvent un arrêt grave et définitif, le radiographe chercherait en vain dans toute la bibliographie médicale un chapitre didactique consäcré à la technique et au diagnostic radiographiques : une étude systéma- tique de tous les facteurs en cause ici reste encore à faire : l'auteur s’attachera dans ces lignes à tentative pareille, mais celle-ci ne saurait être autre qu’un premier essai; car bien que disposant d’un grand nombre de rôntgénogrammes nets et fouil- lés, l’auteur n’a pu jusqu'ici s'expliquer d’une façon satisfai- sante toute une série de particularités que présentent maintes

NT es

images. [ci encore, nous pouvons admettre que sur cette ques- tion spéciale de diagnostie nous n’arriverons Jamais à dire le dernier mot. Qu'on envisage seulement la possibilité d’une des- truction de la selle turcique par un processus syphilitique et le problème éventuel du diagnostic différentiel de cette lésion, au moyen du röntgénogramme! N'est-ce pas làa un problème que souvent et longtemps encore nous ne serons pas en état de ré- soudre, même en utilisant toutes les données de la clinique ? Et encore des gomimes de la selle turcique (Weigert, Sokoloff) ne sont pas les seules lésions décrites: des altérations tubercu- leuses (Bert, Wagner) et même des cas de eysticerque (Sümme- ring) ont aussi été signalés : mais ces lésions n'ont pas été dé- montrées jusqu'ici par le radiogramme.

Aussi ce travail ne peut-il avoir d'autre but que d'établir dans quelles circonstances nous sommes autorisés à admettre, de par l’image radiographique, que la selle turcique est agrandie et détruite, ou qu'elle est encore normale. Et alors l'expérience acquise à la table d’autopsie viendra nous dire que dans 19 cas sur 20 les modifications de la selle turcique sont attribuables à une tumeur hypophysaire; l’anatomie pathologique nous ap- prendra ensuite que ces tumeurs sont, dans 97 %, des cas, des adénosarcomes, des adénomes ou des sarcomes, et dans 3 % des cas des angiomes.

Tout le radiodiagnostic des tumeurs hypophysaires se com- pliquerait bien davantage encore et acquerrait une valeur moin- dre, si ces néoplasmes se développaient vers le locus minoris resistentiæ, pils envahissaient les hémisphères cérébraux. Mais, chose remarquable, cet envahissement ne produit jamais et cette circonstance vient heureusement à notre aide.

Toujours ces tumeurs attaquent d’abord les parties les plus résistantes, le dos de la selle turcique et le corps du sphénoïde, c'est-à-dire des parties osseuses et précisément celles que la radiographie de profil met particulièrement bien en relief.

Les prises radiowraphiques du erâne dans le sens sagittal (antéro-postérieur) ne sont guère utiles en cas de recherche, d’une tumeur hvpophysaire : cette remarque ne nécessite guère de développements complémentaires.

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Avant toute étude des détails diagnostiques, il faut tout d’abord analyser de façon explicite les conditions qui prési- dent à la projection de la hase du crâne. A ce point de vue les considérations suivantes sont à envisager :

Les parties de la base du crâne qui entrent dans la formation de la selle turcique se trouvent chez l’adulte à une distance d'environ 7 à 8 centimètres du tégument cutané de la région temporale, c’est-à-dire du plan de projection ou de la plaque photographique. Comme les rayons de Röntgen constituent des radiations focales, c’est-à-dire divergentes, l’image radiogra- phique présentera nécessairement un agrandissement de la selle turcique. Mais d'une part, le diamètre horizontal et vertical de la selle tureique ne mesure en moyenne que 1,5 centimètre, d'au- tre part le foyer anticathodique se trouve dans ces prises radio- graphiques à une distance de 50 à 60 centimètres; il s’ensuit que l'agrandissement de la selle turcique, incontestable il est vrai, est pratiquement sans importance et qu’il peut être négligé.

La selle turcique avec ses annexes (apophyses elinoïdes, etc.), forme une gouttière horizontale, ouverte à sa partie supérieure, de 2 centimètres de longueur, gouttière dont la section repré- sente les 2/3, voire les 3/4 d’un cercle. Son contour ne se pro- jette exempt de déformation que si le foyer anticathodique se trouve dans Je prolmgement de l’axe de la gouttière de la selle turcique, la plaque photographique et le plan médian antéro-postérieur de la tête étant supposés parallèles. Mais cette mise au point, théoriquement réalisable il'est vrai au moyen de l’écran fluoroscopique, n'est guère possible prati- quement : aussi la plaque photographique, abstraction faite de quelques hasards heureux, montrera-t-elle presque toujours une projection déformée de la selle turcique. Il s’ensuit que la men- suration de la selle turcique au moyen de l’image radiographi- que est fort difficile. L'examen de quelques schémas facilitera la compréhension de ces considérations : |

La figure Ia montre la projection telle qu’elle se présente dans les rares cas le foyer anticathodique s’est trouvé for- tuitement dans le prolongement de l’axe de la selle turcique :

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la figure Ib nous montre la projection de la selle turcique, quand le foyer anticathodique s'est trouvé un peu plus en avant (vers le front) ou un peu plus en arrière (vers l’occiput)}: le

a A c

Fig. 1

schéma Ic se projette quand le foyer anticathodique a été centré au-dessus ou au-dessous de l'axe de la gouttière turcique. (Les modes de projection ont été évidemment quelque peu exagérés pour la clarté de la démonstration.)

Il va de soi qu’il faut s’évertuer à obtenir une projection qui se rapproche d’aussi près que possible du schéma Ia. Si on ne dispose pas d'appareils permettant la radiographie du crâne au bout de 2 à + secondes d'exposition, on devra radiographier le patient dans le déeubitus horizontal, pour autant, bien entendu, que l'état du malade permette pareille position : car personne n’est à même d’immobiliser, dans la position assise et pendant quelque temps, la tête d’une façon absolue même avec tous les appuis et tous les bandages possibles. La tête de l’exploré sera placée de telle facon que son plan médian sagittal soit parallèle au plan de soutien, c’est-à-dire à la plaque photographique: cette disposition ne rencontre pas de difficultés et au surplus n’exige guère de temps Le fover anticathodique sera le plus avantageusement centré sur le milieu d’une ligne reliant l’angle externe de l'œil au conduit auditif externe. Le diaphragme n'est pas absolument indispensable, mais si on en a un à sa disposition son utilisation sera avantageuse. On ne se bornera pas à une seule prise radiographique, mais on procédera à deux, trois et même quatre prises successives, tout en centrant à nouveau à

chaque opération. Des plaques 9/12 seront suffisantes, mais le

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format 13/18 sera de meilleur emploi. L’un ou l’autre de ces radiogrammes se rapprochera d’ascez près de la projection dési- rable correspondant au schéma Ia. Et si même le radiogramme ne correspond qu’au schéma Ib ou ic, il nous permettra néan- moins, pour autant qu'il soit absolument net, de poursuivre complètement un des leux contours semi-circulaires de la gout- tière, bien que ce conteur :oit couvert et croisé en certains points par son congénère : ainsi il nous sera donc possible d’établir approximativement la grandeur réelle du diamètre de la selle turcique : au surplus, nous obtenons aussi des silhouettes corres- pondant au schéma fig.. 3a.

Si l'augmentation de volume de l'hypophyse se traduisait seu- lement par un agrandissement géométriquement proportionnel de la selle turcique compatible encore avec ses dimensions nor- males, le radiodiagnostic des tumeurs hypophysaires se trouve- rait, dans la plupart des cas, en très mauvaise posture : car les dimensions de l’hypophyse et de la fosse pituitaire oscillent daus de très larges limites. Les mensurations des anatomistes sont, en effet, fort divergentes : Poirier attribue aussi bien au diamètre antéro-postérieur qu’au diamètre vertical une longueur de 5 à 7 mm. : Destot assigne au premier une longueur de 8 mm. et au second une longueur de 6 mm. La selle turcique est évidemment un peu plus grande, puisqu’elle contient, outre le corps hypophy- saire, le sinus circulaire : les mensurations faites sur un crâne que possède l’auteur de ces lignes, crâne qui est, lui a-t-on dit, normal, donnent un diamètre antéro-postérieur de 16 mm. et un diamètre vertical de 10 mm. En outre, les mensurations prélevées sur les radiogrammes de su collection assignent au diamètre antéro-postérieur une longueur variant de 8 à 16 mm.: il importe d’ajouter que ces radiogrammes ne se rapportent à aucun cas les symptômes soient attribuables à une lésion de la base du crâne. Oppenheim, lui aussi, s’exprime de la façon sui- vante : a Il ne faudra pas oublier que les dimensions de cet » espace (c’est-à-dire la selle turcique) sont soumises normale- » ment à de grandes variations individuelles. » J’ai eu l’occa- sion de procéder à la radiographie de plusieurs centaines de

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ad

crâne, dont une vingtaine suspecte de tumeur hvpophysire, De par cette pratique radiologique je dois admettre que le dia- mètre antéro-postérieur de Ja selle turcique varie de 8 à 16 mm. Ces considérations montrent toutes les difficultés que nous ren- controns quand il s’agit de conclure à la présence ou à l’absence d'une tumeur hypophysaire uniquement au moyen de lagran- dissement de la selle turcique.

Heureusement. toutes ces difficultés se trouvent levées par un processus qui ne fait presque jamais défaut en cas de tumeur hypophysaire : celle-ci ne dilate pas uniformément la fosse pi- tuitaire, mais elle en détruit de préférence certaines parties, et cela d'une facon absolument typique et probablement très pré- coce: elle détruit d’abord les apophyses clinoïdes postérieures, ensuite et immédiatement après tout le dos de la selle turcique, c'est-à-dire la lame quadrilatère : la partie antérieure de la fosse pituitaire résiste par contre le plus longtemps à l’arrosion. Les fig. 1 et 2 (pl. I) montrent la silhouette très accusée des apophvses clinoïdes postérieures et du dos de la selle turcique, tandis que les fig. 3, 4,5, 6 de la même planche, figures se rap- portant à des diagnostics de tumeur hypophysure, démontrent des lésions diverses allant d’une simple usure du dos de la selle jusqu'à sa destruction complète, Cette destruction précoce faci- lite singulièrement le diagnostie de ces tumeurs : si celles-ci dilataient toujours la fosse hypophvysaire uniformément suivant tous ses diamètres, le radiolngue se trouverait en présence de difficultés diagnostiques bien plus considérables,

Quand une tumeur hypophysaire est soupçonnée, le problème à résoudre par l'exploration r: diographique est donc beaucoup moins de savoir si la selle turcique est agrandie que de démon-

trer la destruction de certaines de ses parties.

Comme la selle turcique ainsi que nous l'avons déjà établi _— constitue une large gouttière, parallele à la direction des ra- diations et pourvue en outre de plusieurs annexes irrégulières, eomme au surplus elle n'est pas à rapprocher d’assez près de la laque photographique, circonstance qui porte quelque préju-

dice à la netteté de la projection, il importe avant tout de sa-

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voir quelles parties de la selle turcique arrivent surtout à se projeter sur un bon radiogramme. Il ne peut être question ici, nous l'avons déjà dit, que de prises radiographiques de profil : les fig. 2a et 2b (texte) faciliteront la compréhension des consi- dérations suivantes : la fig. 2a montre les détails anatomiques que présente la base du crâne vue par sa face supérieure : la fig. 2b montre les particularités que présente la radiographie de

profil. T's Tep Ts. Fo. S/ ) 4 Fca D p E C.Q —— s.t S Pep., D. $. t a A Fig. 2 S. t. = Sella turcica. F. o. = Foramen opticum. T. s. Tuberculum sellae. P. c.a. = Processus clinoïdeus anterior. D. s. = Dorsum sellae. P. c. p. = Processus clinoïdeus posterior.

Examinons d'abord les apophyses clinoïdes antérieures : leur silhouette est toujours visible sur l'image d’une selle turecique normale. Quand elles ont une direction plus ou moins horizon- tale, elles se projettent sur le tubercule de la selle : si le foyer anticathodique s’est trouvé légèrement déplacé vers la région frontale ou vers la région occipitale, il peut arriver alors que le radiogramme nous montre une fossette pituitaire complètement fermée vers le haut. Quand les apophyses clinoïdes antérieures ont une direction quelque peu oblique de haut en bas et d'avant en arrière, elles se projettent dans la selle turcique pour y for- mer une saillie plus ou moins proéminente, suivant qu’elles su- perposent leurs silhouettes (fig. 2b du texte) ou suivant qu’elles se projettent l’une à côté de l’autre (fig. 3a du texte) par suite

Rte

du déplacement de l'anticathode soit vers le sommet de la tête, soit vers la région cervicale.

Le tubercule constitue l'extrémité antérieure de la selle tur-

Œ , Fig. 3 f À cique : ainsi que nous l'avons déjà signalé, sa silhouette se confond tantôt avec celle des apophyses clinoïdes antérieures tantôt elle se révèle au-dessus de ces dernières.

Les apophyses clinoïdes moyennes constituent des saillies os- seuses minimes et font même complètement défaut sur un grand nombre de crânes : au point de vue radiographique, elles n’en- trent pas en ligne de compte.

La lame quadrilatère de la selle turcique de tout crâne nor- mal se dessine toujours de la façon la plus nette et cette sil- houette est naturellement d'autant plus frappante que la mise au point de la selle turcique a été plus exacte.

De chacun des deux angles de son bord supérieur libre se dé- tache une petite apophyse : l’apophyse clinoïde postérieure, qui donne attache à la tente du cervelet (fig. 2a); le sommet aigu de ces apophyses est dirigé le plus souvent en avant, mais il est quelquefois aussi déjeté en arrière ou latéralement. Ces apophy- ses clinoïdes postérieures se reconnaissent sur la plupart des radiogrammes de selle turcique normale (voir schéma 2b et pl. I : fig. 1, 2 et 8), à moins toutefois qu'elles ne soient déjetées latéralement.

Au dessous et au devant de la selle turcique nous rencontrons le corps du sphénoïde avec son sinus : cette partie est très per- méable aux radiations et forme pour cette raison sur l’image positive une zone très claire, contrastant singulièrement avec

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l’opacité du plancher de l'étage moyen du crâne. (Cette parti- cularité se voit surtout bien sur la tig. 3, pl. I : faute de piace, malheureusement, le voisinage médiat de la selle turcique n'a pu être reproduit.) La largeur de cette zone claire, située au- dessous de la selle turcique, comporte sur le radiogramme une moyenne de 3/4 à 1 1/2 centimètre de longueur.

En nous appuyant sur ces considérations relatives au rôntgé- nogramme de la selle turcique normale, nous n’aurons guère de difficultés à reconnaître les modifications pathologiques que les rayons X permettent de dépister.

Un agrandissement modéré de la selle turcique suivant tous ses diamètres, géométriquement compatible avec les dimensions normales, n’est pas à diagnostiquer, ainsi que nous l'avons déjà exposé : car ces dimensions sont soumises à l’état normal à des variations par trop grandes. Mais nous pouvons diagnostiquer aisément de très petites pertes de substance au niveau de la lame quadrilatère, puisque les altérafions portent précocement et de préférence sur cette partie. Ainsi, par l'examen de la fig. 5, pl. I, nous pouvons conclure à la destruction presque complète des apophyses clinoïdes postérieures et à une usure notable de tout le dos de la selle turcique. La fig. 4 (pl. I) révèle probablement une usure du dos de la selle : l'épaisseur anormale des os du crâne (acromégalique) ne permit pas d'obtenir une image plus fouillée. Sur la fig. 3 (pl. 1) nous remarquons la disparition complète de la lame quadrilatère : les apophyses clinoïdes antérieures ont disparu probablement en grande partie aussi. Sur la fig. 7 (pl. 1) les apophyses clinoïdes antérieures et la paroi antérieure de la selle sont seules intactes; le plancher de la fosse pituitaire et la lame quadrilataire par contre ont disparu. Il y a agrandissement incontestable de la selle. sur la fig. 3 (pl. I) le diamètre horizontal comporte plus de 2 centi- mètres de longueur, sur la fig. 5 (pl. I), il est de 3 centimètres, et enfin sur la fig. 7 (pl. I) toute mensuration est impossible. Dans ces deux derniers cas, une partie notable du corps du sphénoïde est intéressée par le processus pathologique.

Si nous cherchons maintenant à nous rendre compte de la

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forme que présente dans chaque cas la tumeur hypophysaire, nous pouvons émettre vraisemblablement les suppositions sul- vantes : dans le cas de la fig. 3 (pl. I) la masse principale du néoplasme semble siéger a l'entrée de la selle turcique; dans le cas de la fig. + (pl. I), il s'agit probablement d'une petite tumeur à l'intérieur de la selle; dans le cas de la fig. o (pl. I) une tumeur de grandeur moyenne remplit la cavité turcique; dans le cas de la fig. T (pl. I) une tumeur très considérable s'est développée vers le haut et en arrière. L'examen des radio- grammes ne nous autorise pas à formuler de plus amples conclu- sions.

Dans le cas se rapportant à la fig. S, il pourrait y avoir de fortes présomptions cliniques en faveur de la présence d'une tumeur hypophysuire : le radiogramme nous montre un aspect quelque peu étrange de la selle turcique; et pourtant, je crois que nous avons affaire ici à un état normal de la fosse pitui- taire, car lo radiogramme de cranes incontestablement normaux m'a souvent révélé cette forme allongée et pointue de la selle. (Voir fig. 8b du texte.)

Je termincrai cette communication pur les commentaires cliniques de quelque importance pour linterpretation des radio- grammes de la planche qui accompagne ce travail. Qu'il me soit permis d'adresser ici tous mes remerciments au Prof. Pagens- techer, de Wiesbaden, auquel je dois presque tous les cas patho- logiques qui font l'objet de ce travail.

Fig. 1 (n° 1591 Bt). Selle turcique normale : (région tron- tale vers la droite du radiograumme), Jeune fille, 1S ans : l'ex- ploration radiographique fut indiquée par des troubles notables localisés dans l'articulation temporo-maxillaire. La figure ne représente qu'un fragment du radiogramune.

Fig. 2 (n° 1140 Fy). Selle turcique normale : (la région fron- tale vers le côté gauche du radiogramme) : jeune homme, 17 ans, atteint d'épilepsie.

Fig. 3 (n° 2607 Pa). (Région frontale à droite), femme, 43 ans: les troubles sont antérieurs de 9 ans à l'exploration radiographique; ils ont débuté par une obnubilation subite de la vue. L'examen ophthalmologique, fait il y a huit ans, établit les données suivantes : acuité visuelle à droite-doigts à deux

47 =

mètres de distance; champ visuel atypique, rétréci. Acuité visuelle à gauche= 6/6. L'examen ophthalmoscopique : à gauche, état normal; à droite, atrophie du nerf optique.

Urines normales; pas de symptôme de syphilis.

Examen ophthalmologique, huit ans plus tard, au jour de lex- ploration radiologique : diminution notable de l'acuité visuelle au cours de la dernière année; acuité visuelle à droite=0; acuité visuelle à gauche=les doigts à deux mètres de distance. Champ visuel: la moitié temporale est complètement perdue; au centre, scotome relatif.

Pas de symptômes d'acromégalie,

Examen radiographique : le diamètre de la selle turcique dépasse de + à 5 millimètres le diamètre maximum normal. Le contour de la selle turcique n'est pas tout à fait net; il est un peu irrégulier; absence presque totale des apophyses cli- noïdes antérieures; disparition totale du dos de la selle tur- cique et des apophvses clinoïdes postérieures: les sinus sphé- noïdaux de grandeur et de forme à peu près normales.

Fig. 4 (n° 2918 Msch). (Région frontale à gauche). Environ 50 ans, femme présentant des symptômes typiques et prononcés d'acromégalie.

Examen radiographique : la selle turcique présente à peu près les dimensions de celle de la fig. 3. Le contour antérieur en est net; le contour inférieur est tròs flou (usure ?). Les apo- physes clinoïdes antérieures et postérieures intactes; le dos de la selle turcique est très flou et indistinct en son milieu. Il ne fut pas possible d'obtenir une image plus fouillée à cause des dimensions exagérées du diamètre transversal du crâne.

Fig. 5 (n° 2394 Ws). (Région frontale à droite). Femme, 32 ans, se plaint depuis plusieurs années d'une diminution de l'acuité visuelle; pas de signes de syphilis ou d'autres trou- bles; pas de symptômes incontestables d'acromégalie.

Examen ophthalmologique : hémianopsie bitemporale; acuité visuelle à droite=(6/36; acuité visuelle à gauche=6/36 -— 6/24.

Examen radiographique : la selle turcique est trois fois plus grande qu’à l'état normal; sa paroi inférieure se confond avec la paroi inférieure du sinus; le contour de la selle est net en avant, en bas et en arrière; la lame quadrilatère est très mince, indistincte et floue (usure) en son milieu; les apophyses cli- noïdes antérieures encore visibles; de même aussi les apophyses clinoïdes postérieures.

Fig. 6 (n° 2478, Fi). Selle turcique normale (région frontale

AN =

à droite). Jeune fille, environ 19 ans; l'examen radiographique fut exécuté pour une céphalalgie opiniâtre, suite de chute sur la tête. ;

Fig. 7 (n° 2699 Le). (Région frontale à droite). Femme, 53 ans; début des troubles (diminution de l’acuité visuelle) remonte à huit ans avant l'exploration radiographique; il y a dix ans, chute sur la tête.

Examen ophthalmologique fait il y a huit ans : acuité visuelle à droite=(/36 6/24; acuité visuelle à gauche= doigts à un mètre de distance; la pupille est plus large à droite qu'à gauche; la papille est pâle des deux côtés ,;surtout au centre.

Examen ophthalmologique fait il y a quatre ans : acuité visuelle à droite=doigts à deux mètres de distance; acuité visuelle à gauche=6/60 6/36. Champ visuel : hémianopsie bi- temporale qui intéresse aussi à droite le centre; atrophie bilaté- rale du nerf optique.

Réflexes rotuliens normaux.

Examen ophthalmologique au jour de l'exploration radio- logique : acuité visuelle à droite =doigts à deux mètres de dis- tance: acuité visuelle à gauche =doigts au voisinage immédiat de l'œil; une petite partie du segment interne du champ visuel reste conservée des deux côtés.

Pas de symptômes d'acromégalie.

Examen radiographique : le contour de la selle turcique est net et distinct dans sa partie antérieure, mais devient de plus en plus indistinct et effacé en arrière. Les apophyses clinoïdes antérieures absolument intactes; le dos de la selle et les apo- physes clinoïdes postérieures ont complètement disparu; le sinus sphénoïdal est en partie intéressé par les lésions de la fosse pitutaire.

Fig. 8 (n° 2617 D. M. Z.). (Région frontale vers la droite). Femme, 49 ans. Depuis six ans, vue complètement perdue à droite : depuis einq ans, diminution de lacuité visuelle à gauche; depuis trois ans, la patiente n'est plus en état de lire. Pas de symptômes de syphilis; urines normales.

Acuité visuelle à droite=0. Acuité visuelle à gauche =2/60. Perte de tout le segment temporal du champ visuel. Atro- phie bilatérale du nerf optique. Pas de symptômes d’acromé- galie.

Examen radiographique : bien que les données cliniques pré- cédentes semblent admettre la possibilité d’une tumeur hypo- physaire, le radiogramme ne révèle rien qui puisse plaider en

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faveur d’une altération pathologique de la selle turcique. La partie antérieure du profil de la selle, il est vrai, ne présente pas l’aspect habituel en forme de quart de cercle; elle se recourbe en avant et forme avec le contour inférieur des apo- physes clinoïdes antérieures un angle aigu. Si étrange que soit cet aspect, l'examen d’autres radiogrammes de crânes à selle turcique assurément normale ne montre pas moins un aspect absolument identique. On n’est donc pas autorisé à conclure, par l'examen de la figure 8, à une altération pathologique cer- taine de la selle turcique.

FRACTURES SIMULTANÉES DU PYRAMIDAL, DE L'EXTRÉMITÉ INFÉRIEURE DU CUBITUS

ET DU

TIERS INFÉRIEUR DU RADIUS

PAR LE

D: HEILPORN (ANVERS)

PLANCHE Il

La fracture isolée du pyramidal n’a jamais été observée, elle accompagne parfois, mais assez rarement, les lésions des autres os du carpe ou de l’avaut-bras. A ce titre Pobservation suivante mérite d'être rapportée.

Un cheval se cabre, perd Péquilibre, se renverse en arrière entrainant son cavalier dans sa chute. Le jeune homme, âgé de 19 ans, se relève avec les lésions énoncées plus haut et vérifiées par l’examen radiographique.

Par quel mécanisme se sont produites ces lésions ? Nous en sommes réduits aux conjectures. Nous supposons que ces lésions ont été produites par application directe de la force traumati- sante. Voici les considérations qui militent en faveur de cette manière de voir: le cheval, employé au jeu de polo, était ha- bitué aux allures brusques et désordonnées, il ne s'est renversé en arrière, que parce que son cavalier novice a perdu l’équilibre et s'est accroché aux rênes, tandis qu’il aurait au contraire

lui rendre la main. Au moment de la chute, le cavalier a rejeté le corps vers la droite et sa main gauche (qui tenait les rênes,) ainsi que son avant-bras, ont été pris entre le sol et la selle ou entre le sol et la nuque du cheval. Le cheval doit avoir fait plu- sieurs mouvements de roulis sur son dos et sa nuque, avant d’a- voir réussi à se relever; c’est ce qui explique les fractures à des niveaux différents. Enfin, la violente contusion des parties molles plaide encore en faveur de fractures par coup direct.

Lors du premier examen, le membre fracturé, très œdématié dans sa partie inférieure, présentait l’aspect en dos de four- chette, considéré comme caractéristique des fractures de l’extré- mité inférieure du radius; la douleur était très vive; la mobilité, très considérable, indiquait que les deux os de l’avant-bras étaient fracturés dans leur partie inférieure. Le chirurgien ne fit aucune manœuvre pour avoir des renseignements précis sur le siège exact des fractures et soumit le malade à un examen radiographique. Provisoirement la main fut mise dans l’exten- sion avec inclinaison latérale du poignet vers le bord cubital. C’est dans cette position que furent prises les épreuves radio- graphiques.

Sur les clichés on voit les lésions des différents os, et l’on constate que la position donnée au membre est absolument vi- cieuse au point de vue de la réduction de la fracture du cubitus. La radiographie faisait également entrevoir une certaine diff- culté dans la réduction des fragments du cubitus, à cause de la fracture du pyramidal. C’est à cet os et au pisiforme que s'atta- che le ligament latéral interne du carpe, dont les fibres ont été probablement déchirées par la violence du traumatisme. Dans sa partie supérieure ce même ligament s'attache à la base de l’apophyse styloïde, juste en dessous de la fracture. Le chirur- gien se trouvait donc en présence d’un fragment osseux fort mobile, se déplaçant facilement et qui rendait fort difficile les manœuvres de réduction.

Sous narcose, l’avant-bras fut mis en supination, la main fut Placée dans l'extension et inclinée vers le bord radial. Dans cette position le membre fut laissé pendant trois semaines dans

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un appareil plâtré remontant jusqu'au-dessus du coude (fléchi à angle droit). Passé cette époque, le malade est massé deux fois par jour, et on se contente dans l’intervalle des massages, d'appliquer une attelle postérieure en carton, maintenant le membre dans la position indiquée.

Deux mois après l’accident, le malade a récupéré tous 1es mouvements de l’avant-bras et du poignet et il ne subsiste qu’un peu de faiblesse musculaire.

TRAITEMENT

DE LA

SYRINGOMYÉLIE PAR LA RADIOTHÉRAPIE

PAR LE D" J. DE NOBELE (GAND)

Depuis les résultats publiés par Raymond, Delherm, Grame- gua et d'autres, il semble que le traitement de la syringomrvélie soit entré dans une phase nouvelle. Cette maladie, qui était jusqu’à présent au-dessus de tous nos moyens d’action, semble se laisser modifier sous l’influence du traitement radiothéra- pique. |

Cependant un certain nombre d’auteurs ne veulent pas admet- tre la possibilité de cette action. La situation profonde de l’or- gane à influencer, le système de protection osseuse qui l’entoure, la nature des éléments “onstitutifs de la lésion, tout semble, d’a- près eux, conspirer pour s'opposer à l’action des rayons.

Pour savoir à quoi nous en tenir sur ce point, une première question se pose : les rayons Röntgen sont-ils capables d’influen- cer le système nerveux central ?

Il résulte des expériences de M" Ogus, de MM. Oudin, Bar- thélémy et Darier, Rodet et Bertin-Sans qu’une exposition pro- longée aux rayons Röntgen peut provoquer chez des animaux de petite taille, des crampes, des paralysies et même la mort laissant voir à l’autopsie de l’épaississement et de la rougeur des méninges, de la congestion de la moelle épinière, de l’hvper- plasie des éléments cellulaires et de petits foyers hémorragiques. De son côté, Jicinski a pu constater chez le cobaye une dégéné-

ration des fibres des cordons postérieurs et des cellules des cornes postérieures de la moclle, ainsi que des hémorragies épendy- maires. D'autre part, Beaugard et Lhermitte, faisant des appli- cations prudentes de rayons Röntgen, sans provoquer de radio- dermite ou de troubles nerveux, constatèrent chez le lapin une désagrégation particulière d'un certain nombre de cellules ra- diculaires antérieures, la dilatation du canal épeudymaire et une dégénérescence diffuse des cordons.

Différents auteurs ont constaté après des expositions prolon- gées et intensives aux rayons Röntgen des troubles du svstème nerveux, tels que de la céphalalgie, de la stupeur, des vertiges, un malaise général et de lanesthésie. Une augmentation de la salivation, des vomissements, douleurs dans le corps, palpita- tions, sensation de pression précordiale, irrégularité du pouls, dyspnée et insomnie (Gocht).

Enfin, les résultats cliniques obtenus par Babinski dans le traitement par les rayons Rüntgen de la paraplégie simple et spasmodique; tous ces faits plaident en faveur d’une action réelle et profonde des rayons Röntgen sur les eentres nerveux. Il importe donc d'en tenir grandement compte quand on appli- que la radiothérapie sur les centres nerveux, cependant l’expé- rimentation démontre qu'il faudrait dépasser sle beaucoup les doses thérapeutiques pour obtenir des altérations appréciables du côté de la moelle.

Cela étant, reste à voir st les rayons Röntgen peuvent avoir une action sur la cause de la syringomyélie.

Il est actuellement bien admis que la syrimgomyrélie est due à une gliose du tissu médullaire. D'autre part, 1l existe une affec- tion de l'œil connue sous le nom de gliome de la rétine; si la radiothérapie peut guérir le gliome de l’œil, il y a beaucoup de vraisemblance qu'elle puisse agir sur la syringomyélie, Or, d'a- près l'enquête que nous avons faite chez les différents oculistes, les rayons Röntgen seraient sans action sur le gliome de l’œil.

Avant d’en conclure à l’imefficacité de la radiothérapie dans la syringomyélie, il importe de rechercher si les deux processus sont identiques; c’est ce que nous voulons rechercher ici.

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Du côté de l'œil, le gliome prend la forme d’une véritable tu- meur qui augmente de volume et peut aller jusqu’à perforer l'œil et se développer au dehors.

Dans la syringomyélie, au contraire, au lieu de tumeur, il y a plutôt une tendance à la production de cavité : il est vrai que cette dernière est précédée par l’apparition d’un tissu de néofor- mation, lequel se nécrose partiellement dans la suite et donne lieu à la cavité caractéristique de la syringomyélie.

Mais quel est ce tissu de néoformation ?

Certains auteurs l’appellent gliome, d'autres veulent y voir une sorte de sarcome sous le nom de gliosarcome, faisant ainsi songer à l’existence d’une tumeur.

Actuellement, la plupart des auteurs (Westphal, Simon, F. Schultze, J. Hoffman, Laroy et Hamelynek, ete), rejettent l’idée de tumeur et considèrent le processus donnant lieu à la gliose centrale comme une simple hyperplasie qui aurait pour point de départ les cellules de l’épendyme qui révêtent le canal central ou des 1lots épendymaires aberrants. Cette hyperplasie épendymaire se substituerait au tissu nerveux normal, pousse- rait des prolongements tantôt vers les cornes antérieures, tantôt vers les cornes postérieures, s’accompagnerait d’altérations des vaisseaux, les unes dégénératives : dégénérescence hyaline des parois vasculaires, les autres proliférantes : multiplication de vaisseaux, et ultérieurement se nécroserait pour former des ca- vités secondaires qui se confondent le plus souvent avec le cana! central.

Ce qui distingue donc a gliose centrale du gliome de l'œil, c’est qu’au niveau de la moelle il ne se produit jamais de saillie avant l'aspect d’une tumeur; Vautre part, le gliome de l’œil est plus riche en cellules, se développe plus rapidement, est plus circonserit et, enfin, le canal central de la moelle dans la syrin- gomyélie n’est presque Jamais normal, d'ordinaire il est dilaté, présente des dépressions latérales, des dédoublements qui dé. montrent que des troubles de développement entrent ‘en ligne de compte. |

Il en résulte que la syringomyélie se différencie nettement dt

= 06

gliome de l’œil et que par conséquent les insuccès que l’on a signalés dans le traitement radiothérapique de la première de ces affections ne peuvent se rapporter à la syringomyélie.

On comprend très bien, au contraire, que dans cette dernière affection l’hyperplasie des cellules épendymaires étant consti- tuée par des cellules jeunes et de formation récente, les rayons Röntgen aient une action très puissante sur ces productions qui ont déjà une très grande tendance naturelle à se nécroser.

Par conséquent, la régression de ces éléments hyperplasiques fait disparaître la compression et l’hvperhémie qui gênaient les éléments nerveux et les symptômes de la syringomyélie prove: nant de cette origine disparaissent également. Le malade voit son état s'améliorer dans une large mesure. Mais si le processus a déjà passé à la période cavitaire, les éléments nerveux qui ont été détruits ne peuvent se reproduire et par conséquent la resti- tutio ad integrum ne pourra plus se faire; on pourra assister alors à un arrêt de la marche de la maladie, résultat déjà très appréciable si l’on considère que cette affection est fatalement progressive.

Ces faits ont été confirmés d'une manière indiscutable par les observations cliniques de Oberthur et Delherm, Raymond, Gra- megua, Beaujard et Lhermitte, Ménétrier et Béclère, Labeau, ainsi que par une abservation personnelle nous avons cons- taté une disparition de l’anesthésie chez un syringomyélique atteint d’'hémianesthésie presque complète.

H..., de Gand, 38 ans, cordonnier, marié, trois enfants, pas d’antécédants héréditaires ou familiaux spéciaux. Pas de sy- philis.

Les premières manifestations de la maladie remontent à qua- tre ans; à ce moment le malade constata que lorsqu’il avait bu un verre de bière il traînait un peu la jambe droite. Dans la suite, cette gêne à la marche s'accentua et devint permanente, en même temps de bras droit s’entreprit, les mouvements de- vinrent plus pénibles: Ja main droite perdait son habileté (dif- culté à enfiler l’uiguille, à se servir du poinçon). Aucune ma-

nifestation douloureuse. Pendant trois ans l’affection continua à se développer lentement malgré de nombreux traitements sul- vis par le malade.

Il y a environ un an, les progrès de la maladie s’accentuèrent plus rapidement et le patient fut soumis à un traitement méca- nothérapique dans le but de rendre au bras droit sa force et sa mobilité.

Ce traitement, au dire Au malade, lui fit beaucoup de mal et aurait donné lieu à une déformation de la clavicule droite dont nous parlerons plus loin. Vers le mois de février de cette année, le malade alla consulter le professeur Van Gehuchten, de Lou- vain, qui posa le diagnostic de syringomyélie et nous confia le patient pour être soumis à un traitement radiothérapique.

À ce moment la marche est considérablement gênée, le ma- lade traîne la jambe droite, cette gêne est accrue par les émo- tions, les contrariétés. Quand le malade porte un fardeau, il éprouve un tremblement dans le genou droit.

Le bras droit pend presque inerte à côté du corps, le malade peut élever le bras jusqu’à l’horizontale et peut, avec beaucoup d'efforts, porter péniblement la main sur la tête en inclinant le tronc vers le côté gauche, mais le bras retombe bien vite par suite de la fatigue musculaire qui 8e fait sentir rapidement. Les mouvements des doigts sont entravés, manque de force muscu- laire et manque d’habileté ne permettant plus au malade de maintenir ses outils en main.

Du côté gauche du corps les mouvements sont normaux. À inspection : on constate une atrophie du membre supérieur droit, les mensurations donnent :

Côté droit : bras, 27 centimètres de circonférence; avant-bras, 21 centimètres de circonférence.

Côté anuche : bras, 29 centimètres de circonférence; avant- bras, 27 centimètres de circonférence.

À la main, les doigts sont en semi-flexion, les éminences ont en part'e disparu, atrophie des interosseux. L’épaule droite est plus élevée que la gauche. En avant, on constate une saillie plus considérable de la clavicule droite, cette saillie est due à

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une luxation en haut et en avant de la clavicule au niveau de l'articulation sterno-claviculaire. Le malade aurait constaté cette déformation lors du traitement mécanothérapique qu’il a suivi il y a dix mois. En arrière, on remarque une scoliose cer- vico-dorsale à convexité à droite; cette scoliose est accompagnée d’une légère saillie costale à droite et en arrière. Enfin, l’omo- plate droite est placée plus haut que la gauche et sa pointe fuit une saillie plus prononcée en arrière (scapula alata). D'après le malade, il aurait toujours eu une légère déviation du dos vers la droite.

Pas de déformation au niveau de la taille.

La jambe droite est légèrement atrophiée.

Les mensurations donnent :

Côté droit: cuisse (20 centimètres au-dessus de la rotule), 90 centimètres de circonférence»; côté gauche: 53 centimètres. Côté droit: cuisse (15 centimètres au-dessus de la rotule), 49 centimètres de cireonférenee; côté gauche : 48 centimètres. Mollet : région moyenne, 31 centimétres de circonférence; côté gauche : 34 centimètres.

Pas de troubles vaso-moteurs ou trophiques de la main ou du pied.

Conservation de l’excitabilité électrique de tous les muscles.

Réflexes : réflexe rotulien exagéré à droite, normal à gauche. réflexe plantaire aboli à droite, pas de clonus du pied, les ré- flexes crémastériens et abdominaux sont abolis à droite.

Perte de la sensibilité douloureuse sur presque toute la moitié droite du corps, de la tête et du cou en avant et arrière, et de tout le membre supérieur droit; à Ja jambe droite la zone d'anesthésie s'étend en avant Jusqu'à la rotule et en arrière sur le côté externe de la cuisse. (Voir fig. I.)

Au niveau de la région lombaire droite il existe un petit terri- oies la sensibilité est intacte. Conservation de la sensibilité tactile. Téwère diminution de la sensibilité thermique à la main et au bras droits.

Sur toute la surface du corps il existe du dermographisme très manifeste à chaque point l’on a piqué avec l’épingle exploratrice.

99

Les fonctions génitales sont bonnes.

Absence de symptômes bulbaires.

Le 12 février 1908, debut du traitement radiothérapique.

Il consiste en séances de dix minutes de durée, répétées tous les deux jours avec un tube fournissant des rayons durs, mar. quant 7 au Benoist et ayant une étincelle équivalente de 8 ven- timètres. Le tube était placé dans le localisateur de Dean sur lequel était appliqué le plus large cylindre de la série.

Le localisateur était appiiqué sur la colonne cervicale et était déplacé vers la colonne dorsale quand le premier endroit avait subi la dose limite tolérable par la peau, ce qui se faisait après quatre seances. La partie ainsi irradiée était ?lors abandonnée à elle-même pendant quinze jours pour laisser passer la période de latence, puis exposée à nouveau, de telle sorte que dans l’es- paco d’un mois chaque endroit subissait environ huit séances de radiothérapie. Nous avons aussi appliqué en certains endroits la méthode dite des feux croisés, de telle sorte que l’irradiation était faite obliquement de chaque côté de la colonne, de ma- nière à faire croiser au niveau de la région médullaire les rayons emanes du tube.

Jusqu’à présent, 2 février 1909, le malade a subi en tout une soixantaine de séances. Voici la marche qu'a suivie l'affection depuis le début du traitement.

Le 28 mars 1908, la maladie qui jusqu’à ce moment avait un caractère progressif accentué, est restée stationnaire, et cepen- dant pendant cette période le malade a subi de fortes émotions morales.

Les mouvements du bras droit ne sont pas encore améliorés, l’atrophie n’a pas changé.

A la jambe droite la motilité est toujours diminuée, la marche semble cependant un peu plus facile. Le réflexe rotulien reste exagéré à droite. Ebauche de clonus du pied à droite. Babinski à droite. Abolition des réflexes abdominaux et crémastériens à droite. La zone d’anesthésie semble un peu diminuée au nivear de la région lombaire.

Le 15 mai 1908 la marche s'améliore légèrement, les mou-

Fig. 1. 12 février 1908

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vements de la main commencent à être plus précis, la zone de sensibilité douloureuse s'étend au niveau du côté droit du dos.

Le 21 juillet 1908, l'’atrophie des membres du côté droit n augmente plus. La mensuration du bras et de la jambe droite est sensiblement la même qu'au début du traitement.

Le réflexe rotulien à droite reste exagéré, presque plus de clonus du pied et disparition du Babinski.

La zone d’anesthésie a diminué dans de grandes proportions du côté droit. A la région antérieure elle n’existe plus que sur la moitié de la face et descend jusqu’à la troisième côte, à la région postérieure, elle ne dépasse pas l'angle inférieur de l’omo- plate. Le bras droit est encore insensible à la douleur. La sen- sibilité est revenue à la cuisse droite, il ne persiste plus qu’une petite zone d’anesthésie à la fesse droite. (Voir fig. IL.)

Le 25 octobre 1908, le malade commence à se servir de sa main droite, la force musculaire est augmentée.

La zone d’anesthésie a encore diminué, en arrière elle est limitée par une ligne partant des cheveux, descendant jusqu’au bord supérieur de l’omoplate et descendant le long du bras sur la ligne médiane. En avant, la zone d'insensibilité part du bord inférieur du maxillaire inférieur, descend sur la ligne médiane du cou jusqu’à la clavicule, puis descend au bras droit sur la ligne médiane antérieure. Il en résulte qu’au bras la zone d’in- sensibilité existe uniquement dans tout le «omaine du nerf radial, le reste du bras et de la main a repris sa sensibilité. (Voir fig. III et IV.)

Le 5 décembre 1908, le malade marche plus facilement, il peut déplacer un sac de pommes de terre de 50 kilogs. La force musculaire de sa main droite a augmenté; mesurée au dynamo- mètre de Collin elle est de 30 à droite contre 45 à gauche. Ce- Pendant le malade ne peut pas encore bien saisir son poinçon, il se plaint surtout du manque de force dans le pouce et l’index. Néanmoins quand on le fait appuyer avec ces deux doigts sur le dynamomètre de Collin l’aiguille se déplace jusqu’à la gra- duation 5.

32

Le réflexe rotulien à droite est un peu exagéré; à gauche il est faible. |

La sensibilité est revenue partout, excepté dans le domuine du nerf radial du bras droit.

Actuellement, le 1% février 1909, la sensibilité est revenue dans le bras droit, il règne simplement encore une légère hypo- esthésie dans le territoire du nerf radial.

Ce qu'il y a de plus frappant dans le cas qui fait l’objet de cette communication, c'est l'arrêt de la marche progressive de l'affection à partir du début du traitement radiothérapique et la disparition presque complète de l'hémianesthésie qui existait auparavant du côté droit. Pourrons-nous assister à une restitu- tion complète de l’état primitif ? Nous ne le croyons pas, comme nous l'avons fait remarquer dans la première partie de ce mé- moire, les éléments nerveux qui ont été détruits par le processus gliomateux ne peuvent se reproduire, mais nous estimons avoir déjà rendu un service inappréciable au malade en lui restituant sa sensibilité et en enrayant la marche d’une affection qui jus- qu’à présent était au-dessus de nos moyens thérapeutiques.

DU DANGER DU SOUS-NITRATE DE BISMUTH

PAR LE

D' D. LIBOTTE (BRUXELLES)

Depuis l'emploi de ce sel dans la radiologie, le sous-nitrate de bismuth s'est révélé comme un agent susceptible de créer des empoisonnements redoutables.

Depuis quelques années les Allemands ont donné à cette thèse le relief qu’elle mérite, et le chirurgien Beck, de New-York, dans un article du New-York medical Journal, vient de publier une mise au point très documentée de la question.

Permettez-moi de la résumer.

Comment le sous-nitrate de bismuth peut-il devenir dange- reux ?

De deux façons : par une intoxication rapide par formation de nitrites; par une intoxication plus lente déterminée par uue absorption lente du bismuth.

Au laboratoire, une culture du baetérium coli additionnée de sous-nitrate de bismuth met des nitrites en liberté.

Un mélange à parties égales de sous-nitrate de bismuth avec des excréments d'enfant dégage les mêmes nitrites.

Si Pon dépose de ce mélange dans une anse intestinale liga- turée d’un animal, il y a production de nitrites facilement déce- lables dans l’urine.

Chez l'enfant, la flore bactérienne intestinale est plus efficace quant à la production de nitrites. Ce fait doit vous dicter de la prudence lorsque vous devez, soit pour radioscopie, soit pour radiographie, administrer un sel de bismuth à l'enfant.

Bennecke et Hoffman, en 1906, rapportent qu'un enfant de

ne

trois semaines, atteint d'entérite, ayant absorbé 3 grammes de sous-nitrate de bismuth pour examen radiographique, mourait quinze heures après avec les symptômes de collapsus, suite d’in- toxication par nitrite.

Autre fait: Un enfant d'un an et demi recevait par le rec- tum une dose faible de sous-nitrate de bismuth. Après examen 'adiosecopique le sous-nitrate de bismuth par un lavage était promptement évacué. Cela n'empêcha point la mort de l'enfant quatre heures après par méthémoglobinurie.

L'adulte, quoique moins susceptible que l’enfant, peut aussi succomber à de faibles doses de sous-nitrate de bismuth.

Ainsi, en 1909, Nowak et Gutig rapportent un cas de mort par méthémoglobinurie. A l’autopsie, le sang avait la couleur de chocolat. Le sujet avait 41 ans. Quatre cuillerées à thé de sous-nitrate de bismuth furent employées en injection rectale pour vérifier les suites d’une gastro-entérostomie rétrocolique pratiquée un an auparavant.

L'expérience enseigne que la sténose ou les ulcérations intes- tinales ainsi que les phénomènes de fermentations anormales déterminés par l'entérite ou la constipation favorisent assez bien le développement des nitrites.

L’intoxication que ces derniers provoquent est caractérisée par de la cyanose, de l'oppression, une faiblesse extrême, du collapsus.

Le sang présente de la méthémoglobinémie et souvent une coloration brune chocolat.

On retrouve les symptômes précédents suivis de mort chez Île chieu, le chat, auxquels on à injecté du nitrite de sodium.

Collishon, en 1889, rapporte deux cas d’empoisonnement du nitrite de soude fut administré pour du nitrate et qui se ter- minèrent par du collapsus et la méthémoglobinurie.

La diarrhée ou la constipation augmentent les dangers d'in- toxication par le sous-nitrate de bismuth à cause d’une flore mi- crobienne intestinale plus virulente et capable d’accélérer la nitrification du contenu.

Quant au bismuth en lui-même, ii peut produire des empoi-

se

sonnements en déterminant des phénomènes qui ressemblent à ‘intoxication mercurielle.

Beck, après d'autres, fit «les pansements au sous-nitrate de bismuth dans des brûlures étendues, il se servit d’une pom- made faite avec de la vaseline et du sous-nitrate de bismuth au tiers pour injecter dans des fistules, des cavités purulentes, dans des pleurésies purulentes.

Dans certains cas une intoxication en tout semblable à l’in- toxication mercurielle se fit jour.

Cette intoxication est moins dangereuse que celle par les nitrites.

Cependant elle est susceptible de mort; ordinairement celle-ci est conjurée en éliminant la pâte de leurs cavités.

La conclusion qui s'impose, c’est que le devoir du radiologue est de chercher à remplacer le sous-nitrate de bismuth, qui, aux doses massives employées par lui surtout, peut entraîner la mort de ses malades. Il peut le remplacer par le carbonate de bismuth qui ne développera point de nitrites.

Il ne coûte pas plus cher. Meyer, en Allemagne, s'en est servi dans 200 cas de radioscopie sans aucun genre d’accident.

Kaestle, de Munich, le 22 décembre 1908, à préconisé l'oxyde de thorium anhydre qui, à l’instar des sels de bismuth, est éga- lement impénétrable aux rayons X. Il a un défaut : celui de coûter cher. Il coûte par kilogramme 175 francs. On pourrait le réserver pour les cas les organes à examiner présentent des

ulcérations.

A PROPOS

DE LA

RADIOTHÉRAPIE DU CANCER DU SEIN

PAR LES DOCTEURS

L. HAUCHAMPS ET J. STEINHAUS (BRUXELLES)

PLANCHE Il

Ayant eu l’occasion d'examiner microscopiquement une tu- meur cancéreuse du sein traitée pendant longtemps par la ra- diothérapie, nous croyons devoir publier en détail l’observa- tion, vu les résultats intéressants de cette analyse.

Il s'agit d'une malade agée aujourd'hui de 58 ans, qui pré- senta en 1903 une tumeur du sein droit de la grosseur d’une mandarine; cette tumeur n'était pas adhérente à la peau, était bien mobile et souvent le siège de douleurs laneinantes. Le mamelon n'était pas rétracté, la peau du sein était intacte, Le creux axillaire contenait, le long de son bord antérieur, un gan- glion mobile de la grosseur d'une noisette. Les médecins consul- tés déclarèrent tous l'énucléation du sein et l'évidement du creux axillaire indispensables; mais la malade hésita beaucoup et fina- lement ne consentit seulement qu'à l’extirpation du ganglion axillaire aux fins d'analyse. Le diagnostic n'était que trop réel : il s'agissait bien d'une métastase cancéreuse.

Sur ces entrefaites, la malade, qui avait beaucoup souffert de la narcose chloroformique, entendant parler de la guérison du cancer par les rayons X, refusa l'opération et se décida à partir

pour Paris afin de suivre un traitement radiothérapique.

a

Le traitement fut commencé à Paris en octobre 1904 jus- qu'en juin 1905. En juillet de la même année, la malade se présenta chez môi pour la première fois dans l’intention de con- tinuer le traitement.

La tumeur était toujours très mobile, dure; elle n’était plus du tout douloureuse et avait diminué de plus de moitié. Il n’y avait pas d’adénopathie du creux axillaire : la petite cicatrice était souple non adhérente. La malade me dit avoir subi plus de cent petites séances (qualité ? quantité ?), mais la peau de la région traitée n’était guère pigmentée.

Le docteur Beclère m'ayant conseillé la continuation du trai- tement, je donnai alternativement une dose de une unité Sabouraud et Noiré sur le creux axillaire et sur le sein : je don- nai au total dix fois cette dose en 1905, seize fois en 1906, et huit fois en 1907; je voulus alors cesser tout traitement, mais, vu l’insistance de la malade, je donnai encore jusqu’en octobre 1908 un total de dix fois un quart de l’unité Sabouraud et Noiré. Pendant tout le traitement les radiations employées correspon- daient à 7 ou 8 Benoist.

En septembre 1908, la pigmentation était intense et il se pro- duisit un léger érythème avec un peu d'exfoliation de la peau du sein : celle-ci était très fine, comme atrophiée. En octobre apparut brusquement un petit ganglion en dessous de la cica- trice axillaire; il augmenta bien vite de volume. Etait-ce une Mmétastase néoplasique ou le résultat de la lésion de la peau du sein ? Dans le doute, le docteur Béclère, le docteur Jacques, mé- decin traitant, et moi-même, nous convaincons la malade de la nécessité d’une opération radicale. Elle fut pratiquée immédiate- ment par M. le docteur Keiffer. Le ganglion extirpé avait le volume d’une noisette et la tumeur du sein celui d'une grosse noix.

Voici le protocole de l’analyse microscopique que nous fit le docteur Steinhaus. La tumeur est nettement délimitée, non adhérente à la peau, de consistance ferme. A la coupe on recon- naît le pärenchyme, qui souvent est nécrosé, et la trame con- jonctive parsemée, principalement à la périphérie, d’îlots de tissu graisseux.

ON

Au microscope on reconnaît encore des vestiges de la struc- ture glandulaire dans la masse néoplasique. On y voit les tra- vées conjonctives interracineuses et le tissu conjonctif intra- acineux ainsi que les canaux excréteurs. Mais le tissu interaci- neux est fortement augmenté, pauvre en noyaux et sclérosé; le tissu interacineux présente les mêmes modifications mais à un degré moins avancé, Quant aux culs-de-sac glandulaires, ils sont remplacés par le parenchyme du néoplasme, souvent déformés et ne possèdent plus de membrane propre. Le parenchyme néo- plasique qui s’est substitué au tissu glandulaire normal infiltre aussi la trame conjonctive et le tissu adipeux pour former des îlots cellulaires très nombreux par places, très rares à d’autres, mais généralement petits. (Planche II, fig. 1 et 2.)

Les îlots cellulaires formant le parenchyme de la tumeur et localisés dans les fentes du tissu conjonctif et dans les espaces occupés antérieurement par les alvéoles glandulaires, sont com- posés de cellules polvédriques à noyau arrondi. Mais ce n'est que rarement que l’on trouve le parenchyme en pleine vitalité, le plus souvent il est en voie de dégénérescence granulo-graisseuse et de nécrose. La dégénérescence et la nécrose envahissent ou bien partiellement ou bien en totalité la lumière des alvéoles du parenchyme néoplasique. Enfin les canaux excréteurs de la glande, qui sont en général bien conservés et possèdent par place encore leur revêtement épithélial normal, contiennent souvent aussi des masses cellulaires qui remplissent totalement ou par- tiellement leur lumière.

À la périphérie de la tumeur on voit une infiltration plus ou moins dense de lymphocytes formant une sorte de mur de dé- fense contre l’envahissement des tissus environnants.

Le ganglion extirpé est presque en totalité transformé en tissu néoplasique : à peine quelques rares vestiges de la structure ganglionnaire persistent à la périphérie. Tout le reste est com- posé d’une trame conjonetne, un peu plus épaisse que le tissu conjonctif normal du ganglion et d’un parenchyme cellulaire. De ce dernier à peine quelques îlots sont en pleine vitalité et on voit des cellules de formes polyédriques pareilles à celles de

50

la tumeur primitive mais plus grandes. Tout le reste est nécrosé ou en voie de dégénérescence. Des globules rouges extravasés infiltrent en différents endroits le tissu. (Planche II, fig. 3.)

La peau qui recouvrait le néoplasme du sein présente des mo- difications de la couche épithéliale et du derme. L’épithéliome est mince, composé de cinq à six rangées, les cellules sont pe- tites, tassées. La couche granuleuse est à peine ébauchée et la couche cornée très mince. La face inférieure de l’épithélium est presque complètement lisse, conformément à l’absence de papilles dans le derme.

Les fibres élastiques sous-épithéliales sont atrophiées. Pas d'infiltration cellulaire dans le derme : pas de modification dans les vaisseaux. (Planche IT, fig. 4.)

Nous avons donc affaire à un carcinome de la glande mam- maire, non adhérent à la peau, et à un envahissement secondaire d’un ganglion. La tumeur est nettement délimitée et son stro- ma en partie selérosé; le parenchyme occupe les culs-de-sac elandulaires et infiltre aussi les fentes du tissu inter- et intra- acineux, ce parenchyme est fortement dégénéré et nécrosé. La peau qui recouvre la tumeur primitive est atrophiée.

INSTRUMENTS NOUVEAUX

Transformateurs intensifs Rochefort-Gaiffe

(Brevetés S. G. D. G.)

J'usqu’à ces derniers temps on a comparé la puissance des bo- bines de Ruhmkorf en se basant sur la longueur d'étincelle donnée par le secondaire. Ce procédé tout primitif, était, sem- ble-t-1l, justifié par ce fait, qu’en emploi, la bobine donnant une grande longueur d'étincelle était plus puissante que les autres. Mais en y réfléchissant bien, c'est un procédé de compa- raison barbare, car il ne tient compte que d’un seul des facteurs pour en déduire tous les autres. |

Il n’est pas plus admissible de prendre une bobine donnant 90 centimètres pour faire fonctionner un tube de Crookes dont la longueur d’étincelle équivalente maxima est de 16 centime- tres, qu'il le serait de prendre un transformateur industriel donnant 550 volts à cireuit ouvert et ayant assez de self et de résistance intérieure pour ne pas brûler une lampe de 110 volts qu’on brancherait à ses bornes.

Les deux cas sont identiques, et dans tous les deux le rende- ment est exécrable.

En réalité, le gain que l’on constate lorsqu'on emploie des bobines à grande longueur d’étincelle, vient tout simplement de ce que ces bobines permettent de dépenser plus d'énergie dans leur primaire.

Quel procédé doit-on donc employer pour comparer entre eux les transformateurs ou bobines de Ruhmkorf ? Le plus simple, à notre avis, est de les faire fonctionner sur un tube de Crookes par exemple et de voir, pour une longueur d’étincelle équiva- lente donnée, quelle est l’étincelle qu’ils font passer dans ce

tube. On verra plus loin les résultats de comparaisons établies dans cet ordre d’idées.

Possesseurs des brevets de M. Rochefort, nous avons pu nous rendre compte des qualités merveilleuses de son isolant pâteux, isolant que nous avons encore amélioré en l’étudiant sur de nouvelles données, et dont nous nous sommes servi pour la cons- truction de nos nouveaux appareils.

Ces nouvelles bobines ont été calculées pour donner, sous un petit volume, une puissance considérable avec un rendement très sensiblement amélioré.

Cependant il n’eut pas été possible de faire donner à ces bo- bines toute leur puissance, si nous n’avions eu à notre disposi- tion nos nouveaux interrupteurs intensifs à diélectrique gaz.

Fig. 1

Nous avons construit deux types de ces transformateurs : le 1, dont les dimensions sont : diamètre 250 millimètres, hau- teur 560 millimètres, dans le primaire duquel on peut faire

passer, sous 110 volts courant continu, jusqu’à 20 ampères, et le 2: diamètre 300 millimètres, hauteur 730 millimètres, qui peut absorber en courant continu 110 volts jusqu’à 40 ampères (voir fig. 1).

Voici quelques résultats comparatifs entre la bobine de 50 cen- timètres, ancien modèle, poussée à son maximum avec notre interrupteur intensif, et nos nouveaux instruments :

Longueur d'étincelle INTENSITÉ DANS UN TUBE DE CROOKES équivalente Bobine 500o/m Transformateur 1 Transformateur 2 6 c/m 8 mA 20 mA 40 mA 10 c/m 5 mA 13 mA 25 mA

Ces résultats montrent quelle puissance considérable on peut obtenir de ces transformateurs et, chose qui n'est pas à négliger, leur prix est de beaucoup inférieur à celui d’une bobine de 90 centimètres, la diminution est d'environ 50 % pour le trans- formateur ] et de 20 96 pour le transformateur 2.

Les chiffres donnés se rapportent à des appareils travaillant sur secteur à courant continu, sur secteur à courant alternatif ; n'utilise dans le transformateur 1, qui est très petit, que le courant d’une seule onde, il en résulte que l’intensité maxima que l’on peut faire passer dans le tube est réduite à environ 8 à 10 milliampères pour 6 centimètres d'étincelle équivalente.

Dans le transformateur 2, grâce à un système particulier d’inducteur et d’interrupteur très simples, on utilise à volonté une seule ou les deux ondes, et cela permet d'obtenir facilement jusqu'à 30 milliampères pour 6 centimètres d’étincelle équiva- lente.

En haute fréquence également les nouveaux transformateurs sont capables de donner infiniment. plus que les anciens. Mais dans les installations existantes, leur puissance se trouvera li- mitée par la capacité des condensateurs et la résistance méca- nique de leur diélectrique. Pour les installations nouvelles, au contraire, nous avons créé des condensateurs de grande capacité et de grande résistance mécanique qui permettront d’utiliser la

presque totalité de la puissance de l’installation.

Enfin il est bon d’ajouter que les chiffres que nous avons donnés se rapportent tous au fonctionnement intensif des trans- formateurs, mais qu’on est maître de les faire fonctionner à tout régime et qu’en fonctionnement normal ils dépensent plutôt moins que les anciennes bobines.

Enfin la petite dimension du transformateur type 1 a per- mis de créer un matériel transportable pour radiographie, haute fréquence et fulguration.

SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE

Séance du 14 février 1909

M. le D' DE Norre fait sa communication sur le traitement radiothérapique de la syringomyélie. (Voir le travail in extenso,

page 25.)

M. le D" Dugors-TRÉPAGNE demande des détails sur la techni- que employée.

M. le D' DE Norre n’est pas partisan des doses massives. Il emploie le localisateur de Dean, l’anticathode se trouvant à 15 à 20 centimètres de la peau : rayons Benoist 7, 10 minutes d'exposition pendant quatre Jours successifs: en quatre jours, il arrive ainsi à 40 minutes, qui est la limite de la dose toléra- ble; puis quinze jours de repos, pendant lesquels il 1rradie d'au- tres parties de la moelle.

M. le D' L. Haucnames a soigné quatre svringomyéliques : 1l a obtenu dans deux cas une amélioration manifeste du côté de la sensibilité. Il est partisan des doses massives, donne en une

séance la même quantité que M. De Nobele en quatre.

M. le D! DE Nosr insiste sur les doses fractionnées : c'est d’ailleurs lavis d’Albers-Schünberg et de Rieder.

M. le D" KLYxExSs craint les fortes doses. L’espace de vingt- quatre heures entre deux applications permet à la peau de se réparer quelque peu; la dose ITauchamps est supérieure à la dose De Nobele au point de vue biologique.

45

M. le D" LAurREYs emploie des doses plutôt minimes, mais des rayons durs, il filtre les rayons au moyen d’une lame d’alu- minium et observe comme réaction de la pigmentation. Dans un cas de syringomyélie, il n'a pas observé grande amélioration, mais arrêt de l’aggravation de la maladie.

M. le D" LEJEUNE est partisan des petites doses.

M. le D" B1ENFAIT constate que M. De Nobele est de son avis et se défend d’avoir été trop pessimiste lors de sa dernière com- munication sur le traitement de la syringomyélie.

M. le D" Lisorre constate que par la radiothérapie les cellules jeunes du néoplasme disparaissent, tandis que les vieilles résis- tent. On aura des résultats d'autant meilleurs qu'on s'attaquera plus tôt à la lésion. Les améliorations dans les mouvements se montreraient si, en même temps qu'on appliquait la radiothéra- pie, on fortifiait la fibre musculaire par le courant continu, par exemple.

Nouvelles plaques radiographiques extra-rapides

M. le D" Noeze. De tous côtés, on cherche à raccourcir la durée de la pose pour la prise des radiogrammes,

Pour y réussir, deux moyens s'offrent à nous : ou bien aug- menter la puissance des appareils radiogènes, bien augmen- ter la sensibilité des plaques radiographiques. C'est cette deuxième voie, moins explorée que la première, qui a amené le fabricant de plaques photographiques Wratten à lancer sur le marché des plaques nouvelles qui, d'après ses expériences, permettraient de raccourcir la durée de la pose d'un tiers.

Cet inventeur a imaginé d’ajouter à l’émulsion de gélatino- bromure d'argent un sel de métal lourd (le calcium, paraît-il), lequel émettrait des rayons secondaires lorsqu'il est 1mpres- sionné par des rayons Röntgen, d'où réduction de la pose.

Pour établir la valeur de ces plaques, nous les avons com-

46 —:

parées avec d'autres plaques du commerce, notamment avec les plaques Jougla, que nous considérons comme une des marques les plus rapides et avons pris comme test l'échelle radiochro- mométrique de Benoist.

Dans ce but, nous avons mis l'une à côté de l’autre une plaque Wratten et une plaque Jougla et avons placé, sur chacune d'elle, une échelle de Benoist. Ces deux plaques ont été expo- séses en même temps pendant dix secondes aux émanations d’un tube Chabaud recevant 1 milliumpère, fournissant des rayons à Benoist et placé, dans une première expérience, à 50 centi- mètres de distance et, dans une seconde expérience, à 75 centi- mètres de distance.

Si l'on compare les deux plaques ainsi exposées, on constate que l’image sur la plaque Wratten est beaucoup plus vigoureuse et permet de distinguer un plus grand nombre de secteurs du radiochromomètre que sur la plaque Jougla.

Nous avons ensuite procédé à des essais comparatifs de radio- graphie de la main, en cherchant la pose minima nécessaire pour obtenir l'image de la structure osseuse.

Dans ces conditions, il nous à fallu, avec une plaque Jougla placée à un mètre de distance de l'anticathode, une pose de 15 secondes, tandis qu'avec une plaque Wratten, le même résul- tat était obtenu en moins de 10 secondes.

De même nous avons obtenu un très bon cliché de la colonne lombaire d’un homme de corpulence moyenne, en posant pen- dant une minute à 45 centimètres d'une ampoule recevant deux milliampères.

Comme vous le voyez, les plaques Wratten permettent certai- nement de raccourcir considérablement la pose: nous croyons, toutefois, que les affirmations du fabricant sont un peu exagé- rées quand il considère ses plaques comme trois fois plus rapides que les plaques courantes.

D'après nous, elles abrègent bien de moitié la durée de la pose.

On pourrait peut-être croire que la production des rayons secondaires au sein de l’émulsion nuit à la netteté des images;

= 47

il n’en est rien; la trabéculation des os est aussi nettement visible sur ces plaques que sur les plaques contrôlées.

Les plaques Wratten peuvent se traiter par tous les dévelop- pateurs, mais il est indispensable de les fixer dans un bain d'hyposulfite acide; malgré cela, au sortir du bain de fixage, <lles gardent souvent un aspect opalescent, qui ne nuit pas au tirage, mais que l'on peut faire disparaître en traitant la plaque par un bain d'acide chlorhydrique dilué.

Ajoutons que ces plaques sont livrées dans le commerce, enve- loppées chacune dans une enveloppe munie d’un papier blanc, pour éviter le voile, ce qui permet de les utiliser immédiate- ment.

M. le D" Krvyxrxs dit qu'il est difficile de comparer les pla- ques photographiques. Il faut se mettre dans des conditions identiques, prendre deux clichés en même temps, avec la même ampoule : le même développement, la même durée de dévelop- pement, etc., sont encore de rigueur. La question soulevée par M. De Nobele est intéressante pour les radiologistes, elle mérite qu'on s'y arrête, car nous ne possédons pas actuellement la plaque idéale.

Cote cervicale supplémentaire

M. le D" HEILPORN présente un radiogramme d’une côte cer- vicale supplémentaire. Il s'agit d'une jeune fille de 15 ans, qui se réveille un matin en constatant, à sa grande surprise, une grosse tumeur dure dans la région sus-elavieulaire gauche. Bien- tôt survinrent des symptômes de compression, tant du côté du cou (raucité de la voix) que du côté du membre (douleur, parésie, Surtout dans la région du nerf cubital). A l'examen objectif, on trouve une grosse tumeur dure, n'ayant aucune connexion ni avec Ja elavicule ni avec l'omoplate, mais semblant adhérer à la colonne vertébrale. La radiographie montre nettement une Côte prenant naissance à la septième vertèbre cervicale, se diri- geant ensuite en dehors, parallèlement aux autres côtes. Mais,

48

en réalité, elle compose de deux fragments présentant des facettes articulaires à leur point de jonction. C’est cette arti- culation qui forme la grosse tumeur dure, faisant saillie en dehors. Du côté droit, on voit également un vestige d’une côte rudimentaire. (Paraîtra in cætenso dans le prochain fascicule.)

M. le D' Karsın demande s’il y a en même temps que côte supplémentaire scoliose de la colonne vertébrale, La question est intéressante, car, dans les déviations de la colonne, on ren- contre souvent des vertèbres supplémentaires de type anormal.

M. le D' KLYNEXS a rencontré dans des radiographies prises pour calculs rénaux des côtes lombaires de types différents.

M. le D" HEizPoRN a constaté dans son cas une bien légère déviation de la colonne. Les côtes supplémentaires lombaires ont moins d'importance que les cervicales, car celles-ci provo- quent de graves désordres.

Des sels lourds opaques en radioscopie

M. le D" LrnorTE développe sa communication. (Voir in es- tenso, p. 33.)

M. le D" ITENDRICKX emploie depuis des années des pâtes de bismuth en chirurgie : il n'a Jamais observé d'intoxications,

mais n'a Jamais employé que de petites doses.

M. le D" HrrrroRN signale que les intoxications par le sous- nitrate de bismuth sont connues depuis longtemps, mais dues à de fortes doses. La qualité du sel est importante, il faut qu’il soit sans impuretés.

On a remplacé le sel de bismuth par l’oxyde de thorium, mais il est très difficile de faire une solution avee ce dernier : le lait obtenu est visqueux et adhérent. Au surplus, est-il moins dan- gereux que le bismuth ? L'injection de thorium a provoqué chez un malade afébrile une température de 38°. ei

22

49

M. le D" NoEver demande si le carbonate de bismuth n’est pas décomposable dans l'estomac par l’'HCI et si cette décompo- sition ne provoque pas un fort dégagement de CO’.

M. le D" Lısorte. D'après de nouvelles recherches, je puis affirmer qu'il n’est point décomposé.

M. le D" Laureys a employé de l'hydroxyde de bismuth, a pu donner 60 grammes sans accident.

M. le D" Kuyxess se demande si l’intoxication produite par administration interne de sous-nitrate de bismuth est due dans tous les cas aux nitrites et si le bismuth ne peut pas provoquer, lui aussi, une intoxication; les chirurgiens ont décrit de nom- breux cas d'intoxication par le bismuth : il est bien possible donc que l'emploi du carbonate de bismuth ne nous mettra pas à l'abri de ce genre d'intoxication.

Il n’a jamais constaté d'accident par le sous-nitrate de bis- muth dans les très nombreux cas qu'il a observés. Mais avant de donner de fortes doses de bismuth à un malade, il l’examine cliniquement : dans les cas de sténose, par exemple, il faut être prudent. Ici, comme dans tout examen radiologique d'ailleurs, l'examen clinique doit précéder l'examen radiologique.

M. le D! DE NoBELE n’a jamais observé d'accidents par l’em- ploi du sous-nitrate de bismuth; le carbonate de bismuth cons- tipe. Puisque le bactérium coli provoque la formation de ni- trites, ne pourrait-on pas donner aux malades du ferment lacti- que qui détruirait les toxines du coli ?

M. le D" Jacqurr n'est pas aussi optimiste que les orateurs précédents; un seul cas d’intoxication ayant été signalé, il faut être prudent et chercher un autre sel.

Pour pratiquer la méthode que M. De Nobele préconise, il faudrait donner du ferment lactique, pendant huit iours avant

l'examen radiologique au bismuth, car Faction de ce ferment cst très lente.

0e

M. le D" Lrsorre répète qu'il faut être très réservé pour Pem- ploi du sous-nitrate de bisnuth chez les enfants surtout: il pro-

pose de substituer au sous-nitrate le carbonate.

M. le D" HErrrorx trouve la note générale de la discussion trop pessimiste; il n’est pas d'avis de supprimer ainsi l’emploi

du sel qui a rendu tant de services en radiologie.

La séance est levée à 13 heures.

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

Dr H. Marquis. Encore un nouveau cas de luxation de la symphyse pubienne décelé uniquement par la radiogra- phie. (Archives d'électricité médicale, 25 janvier 1909, 254.)

M. Marquès ceite le cas d'une luxation de la symphyse pubienne et d'une disjonetion de la symphyse sacro-iliaque du même côté, qui furent décelées par la radiographie, alors qu’au- cun symptôme clinique ne pouvait faire prévoir ces affections.

L'auteur a rencontré, en l'espace de deux ans, six cas de ce genre, alors que jusqu'en 1906, le nombre des eas connus dans la littérature médicale s'élevait à seize seulement. Il en conclut que cette lésion est plus fréquente qu'on ne se l'imagine géné- ralement, mais échappe souvent à l'examen clinique.

Etienne HENRARD.

Dr KtENBôcKk (de Vienne). Sur la dimunition transitoire du volume du cœur. (Archives d'électricité médicale, 25 jan- vier 1909, 254.)

L'auteur a observé, à la radioscopie, la diminution du volume du cœur dans une crise de sténocardie hystérique et chez deux sujets, dans des crises d'asthme bronchique. Il a également observé cette diminution chez dix sujets sur onze, après un exercice de natation. Cette diminution proviendrait de l'accrois- sement de la pression intrathoracique. D'où cet enseignement : NI, après une fatigue corporelle chez des sujets sains, et à plus forte raison chez des malades, une dilatation aiguë du cœur peut se produire, personne n'avait pensé encore à un phéno- mène inverse. (V. ce journal, 1908, p. 432.)

Etienne HENRARD.

ALBAN KÖHLER. Ueber eine haëüfige, bisher anscheinend un- bekannte Erk'ankung einzelner kindlicher Knochen (avec 6 radiogrammes). (Münch. med. Woch., 37, 1908.)

Dans ces dernières années, l’auteur eut l’occasion d'examiner trois enfants (de 5 à 9 ans) atteints d'une affection, voire d'une malformation inédite du scaphoïde tarsien : cette affection se caractérisait cliniquement par des douleurs plus ou moins vives siégeant à la partie interne du tarse et spécialement au niveau du scaphoïde : l'inspection et la palpation ne révélaient rien d’anormal : toutefois une pression énergique au niveau du sca- phoïde déterminait des douleurs. Les petits patients paraissaient sains, bien conformés, exempts de toute tare rachitique.

Il importe de noter que dans un cas les douleurs étaient bila-

PASS ss

Cas I : scaphoïde du côté atteint.

Fig. 1

térales et qu'elles se faisaient sentir non seulement dans les deux pieds, mais encore dans les deux genoux au niveau de la rotule.

L'examen radiographique montra dans les trois cas une lésion insolite et absolument typique: il montra une altération du scaphoïde d’autant plus frappante que tous les autres os du pied étaient normaux, Le scaphoïde du côté malade présentait des

Sn E

modifications de forme, de grandeur, de structure et de teneur en sels de chaux.

L’os affecté était deux à quatre fois plus petit que son con- génère normal : les contours étaient irréguliers, bosselés ou zig- zaguants : sa couche corticale ne se différenciait guère du tissu spongieux, si bien qu'il n’y avait pas d’indice de structure et d'architecture : sa teneur en sels de calcium, à en juger par l’in- tensité de l'opacité, semblait doublée, voire quadruplée. Chez l'enfant qui se plaignait en outre de douleurs aux deux genoux les deux rotules révélaient des lésions absolument identiques : au reste, ici les lésions étaient bilatérales et atteignaient non seulement les deux genoux mais encore les deux pieds.

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Fig. 2

Cas II : scaphoïde du côté atteint.

. La durée de l'affection fut de deux à trois ans : le traitement

institué eut pour but de mettre les organes malades à l’abri de toute fatigue : la guérison fut intégrale non seulement au point de vue clinique, mais encore au point de vue anatomique, ainsi que le montra l'examen radiographique.

Quelle étiologie faut-il assigner à cette affection bizarre ? Le radiographe expérimenté ne peut qu’avouer son indécision : est en Cause ici incontestablement un processus sut generis, inédit Jusqu'ici qui ne ressemble, même de loin, à aucune autre affec-

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tion. Le rachitisme ne peut être mis en cause : car les cartilages épiphysaires des os des extrémités se révélèrent normaux à l’exa- men radiographique. Le myxædème et le mongolisme sont à exclure aussi, tout d'abord de par l'examen clinique et l'aspect extérieur des enfants et ensuite de par l'exploration radiogra- phique des os : l’essification est normale partout : le scaphoïde, il est vrai, est de grandeur moindre qu'à l’état normal, mais son aspect ne semble pas trahir un retard d'ossification : il semble plutôt avoir eu de prime abord son volume normal et s'être en- suite rapetissé, s'être condensé en quelque sorte. Une ancienne fracture n’est pas à invoquer, de par l’absence de tout trauma- tisme dans les antécédents,

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Fig. 3

Cas III : scaphoïde du côté atteint.

Les radiogrammes pourraient plutôt faire penser à une sclé- rose osseuse d’origine ostéomyélitique : mais l’anamnèse tout aussi bien que l’examen clinique ne viennent pas à l’appui de cette étiologie : au reste, le périoste ne participe pas au pro- cessus et il eut fallu trouver, pendant la période aiguë de laf- fection, de l’atrophie osseuse aiguë, et non pas, comme c’est le cas, une ostéosclérose.

Des motifs plus plausibles encore plaident contre la nature

Fig. 4

Cas II : scaphoïde du côté sain.

Fig. 6 Fig. 5

Rotule saine chez le frère jumeau. Cas II : Rotule atteinte.

90

tuberculeuse de l'affection : les images radiographiques ne pour- raient tout au plus še rapporter qu'à un processus tuberculeux guéri depuis des années, et non pas assurément à un processus en pleine évolution. Bien que la syphilis prépare au radiographe maintes surprises et que la syphilis congénitale des os du tarse ait été à peine étudiée, il faut exclure aussi cette affection par les données de l'anamnèse.

Des plus suggestives est l’histoire clinique et radiographique de l'enfant dont les deux scaphoïdes et les deux rotules furent atteints à la fois par le processus : force est de penser ici à une origine centrale.

Fig. 7

Cas lll : Scaphoïde après la guérison.

L'auteur présenta ces trois observations au. IV*° Congrès de Radiologie de Berlin 1908 : on lui fit observer qu'il s'agissait d’une affection décrite déjà par Recklinghausen, d’une ostéo- maladie infantile: mais il n’en est rien: ce n’est pas un processus ostéomalacique qui est en cause : il s’agit ici au contraire d’une ostéosclérose nette.

Recklinghausen, consulté par l’auteur, fait observer à son tour que les os en question sont précisément ceux dont, à l’état normal même, les points d’ossification apparaissent en dernier lieu et dont l’ossification complète n’est terminée que bien après

set

celle de tous les autres os : comme sous ce double rapport le cunéiforme et le trapézoïde présentent quelque analogie il serait intéressant de diriger son attention également de ce côté.

KLYNENS.

HAENISCH. Ueber eine häufige, bisher anscheinend unbekannte Erkrankung einzelner kindlicber Knochen (avec trois radiogrammes). (Münch. med. Woch., 46, 1908.)

A la suite de la lecture de l’article que nous venons d’ana- lyser, l’auteur s’est décidé à livrer à la publication l’histoire clinique d’un cas qui présente avec es trois observations de Köhler une concordance presque parfaite, tant au point de vue des symptômes et des lésions radiographiques que de la mar- che et de la durée de l’affection. |

Il s’agit d'une fillette qui, à l’âge de 2 1/2 ans (janvier 1906) subit un traumatisme, d’ailleurs léger et vite oublié, du dos du pied gauche : au cours de 1907, la face dorsale du pied gauche se tuméfia à deux reprises séparées par un intervalle de deux à trois mois : cette tuméfaction ne s’accompagna pas de douleurs et rétrocéda très rapidement. En décembre 1907 la face dorsale de ce pied se tuméfia pour la troisième fois et cela bien plus considérablement que les deux premières fois : il apparut pour la première fois de la rougeur au niveau du scaphoïde : l’enfant n’accusa aucune douleur, même à la pression : légère claudica- tion

16 décembre 1907. Premier examen radiographique: le sca- phoïde du pied gauche est notablement plus petit que celui du pied droit : il n’existe aucune différenciation de structure entre la corticale et le tissu spongieux : l'ombre portée par los est très dense et ne révèle aucun indice de structure.

19 février 1908. Deuxième examen radiographique: on voit une légère apposition de tissu osseux autour du noyau pri- mitif.

9 mai 1908. Troisième examen radiographique : le sca- phoïde gauche, tout en étant encore plus petit que le scaphoïde droit, se rapproche cependant déjà de la normale et donne une ombre moins dense.

29 août 1908. Quatrième examen radiographique : le sea- phoïde gauche est de forme, de grandeur et de structure à peu près normales : aussi bien put-on conclure à ce moment à la guérison.

L’étiologie de l'affection est très difficile à établir : à l’âge de

E

1 à 2 ans, l'enfant présenta des symptômes légers de rachi- tisme, symptômes disparus complétement au moment de l’ob- servation: pas le moindre symptôme de syphilis ou de gonorrhée: l'examen clinique pouvait induire à soupconner un processus tubereulsux, d'autant plus que des symptômes de scrofulose légère (adénite du cou et de laine) et que des élévations de température allant iusque 8°2 étaient constatables; mais l’ex- ploration radiographique écarta ce diagnostic.

Pour l’auteur, le traumatisme doit avoir Joué ici le principal facteur étiologique : le seaphoïde commence généralement à s'ossifier au cours de la troisième année, quelquefois même au cours de la quatrième année; le traumatisme en question ici, sur- venu à l'âge de 2 1/2 ans, n'a done pu toucher que l'ébauche car- tilagwineuse de l'os; mais ce traumatisme peut avoir été tel qu'il prépara à l'essification un terrain anormal : et en effet, lexa- men très attentif des premiers radiogrammes montre qu'il s'agit d'un dépôt très dense, d'un dépôt de sels calcaires et qu’il n’y a pas de formation de tissu osseux.

n résumé, l'hypothèse de l'auteur consiste à admettre un vice de développement du noyau d’essification d’origine trau- matique. KLYNENS.

A. Dôniscn. Zur Aetiologie der Kôhlerschen Knochener- krankung. (Wuench. med. Woch., 4%, 1908.)

Un enfant de 5 ans présenta des douleurs de plus en plus violentes localisées à la région de l'épiphvse inférieure des deux tibias: ees douleurs envahirent ensuite les deux genoux. Ces crises douloureuses se répétérent pendant deux ans environ, avec des intervalles d'accalmie de une à trois semaines. L’affec- tion se termina par la guérison, et à l'heure actuelle l'enfant, âgé de 9 ans, est bien portant et bien conformé.

L'auteur croit attribuer ces phénomènes morbides à l’affec- tion décrite par Köler.

L'examen radiographique n'a pu être fait : cette omission forcée enlève toute valeur à l'observation.

KLYNENS.

R. Vox Jakscit ET H. Rorky. A propos de certaines lésions osseuses survenues au cours d’une maladie de Basedow. (Fortschr. a. d. Geb. der Röntyenstr, Bd XIH, H. 1.)

Ioenicke a attiré l'attention sur les rapports fréquents entre la maladie de Basedow et lostéomalacie. Cette dernière affec-

tion pourrait donc être considérée, pro parte, comme étant d'ori- gine thyroïdienne.

Les auteurs relatent un cas de goitre exophtalmique, primi- tivement hyperthvroïdique, et des troubles de dvstrophie osseuse se sont installés à une période tardive de la maladie, après que l’on eut pratiqué la ligature des artères thvroïdiennes, et après que la glande abcédée eut passé à la suppuration chronique et à l'atrophie, créant ainsi un état d'insuffisance thvroïdienne.

Ce sont ces lésions osseuses qui nous intéressent plus spécia- lement au point de vue radiologique. Les os du squelette, dou- Joureux à la pression, sont le siège d'épaississements et de ramolissements donnant lieu à des imeurvations et à des dévia- tions diverses.

La lésion caractéristique des os longs consiste dans la décal- cification (halistérese) et dans l'atrophie progressive d'une ron- delle osseuse située transversalement dans la diaphvse. Il se produit ainsi une solution de continuité, qui est comblée ulté- rieurement par un cal ostéoïde peu compact.

Ces déchirures se produisent dans le voisinage des épiphyses et non au niveau des cartilages épiphysaires, IT faut se garder de les confondre avec des fractures spontanées. La trabéculation osseuse est conservée.

Les auteurs soulèvent la question de létiologie de ces pro- ductions. Ils expliquent, à la faveur des renseignements eli- niques, qu'il ne s'agit pas d'une forme puerpérale d'ostéomala- cie. D'ailleurs, dans cette forme, la limite et la structure des os sont absolument diffuses sur les radiogrammes. Il ne s'agit pas non plus de rachitisme : les lésions caractéristiques des cartilages épiphysaires font défaut.

Eest-ce la suppuration chronique qui a amené la dystrophie ? Les auteurs se rallient plutôt à la manière de voir de Toenieke, avec la restriction, toutefois, qu'il ne s'agit pas d'ostéomalacie proprement dite, mais d'une affeetion voisine: ils croient pou- voir chercher l'origine de l'halistérèse dans l'insuffisance thy- roïdienne,

PEXNEMAN.

Tu. DEXEKE. Deux cas de « pneumothorax fermé » guéris

par aspiration de l’air, sous le contrôle des rayons X. (Fortschr. a. d. Geb. der Rüntgenstr., BA XIT, H 1.)

L'auteur relate deux cas de pneumothorax fermé, c'est- a-dire dans lesquels lair se trouve emprisonné dans la cavité

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pleurale, par suite de la fermeture spontanée de la fistule bronchique qui lui a donné naissance. De pareilles observa- tions, appuvées sur des radiographies bien faites, sont rares. Et pourtant, il n'est pas inutile de savoir que l'on se trouve en présence d'un pneumothorax fermé, attendu qu'il existe, lorsque la résorption tarde à se produire, un moyen artificiel de l'accé- lérer : la ponction pleurale suivie de l'aspiration de l'air. Cette opération se fait sous le controle de la radioscopie, qui permet de se rendre compte de l'expansion graduelle et Progressive du poumon.

Dans les deux cas observés, qui sont des cas de pneumothorax see Sans épanchement ou avec épanchement minimal, les symp- tômes cliniques sont sensiblement les memes; ce sont les symp- tômes classiques du pneumothorax : le début brusque, les douleurs thoraciques, l'immobilité, la saillie, la sonorité de la moitié thoracique malade, Je déplacement de la matité car- diaque, et dans le pneumothorax droit, la descente du foie.

Radiographiquement, on note l'augmentation de la trans- parence pulmonaire et l'effacement de la fine marbrure pul- monaire; les côtes se détachent mieux sur le fond éclairci du poumon; enfin, le poumon rétracté au hile, plus ou moins affaissé suivant qu'il a contracté des adhérences pleurales ou non, donne une ombre qui, dans l'un des cas, est pulsatile. Notons encore l'abaissement et la paralysie du diaphragme du côté malade, ainsi que les mouvements paradoxaux que présente la coupole diaphragmatique du même côté, à savoir l’ascension inspiratoire, la descente eXpiratoire, c'est-à-dire des mouve- ments inverses à ceux qui se produisent du côté sain. Ce phé- nomêne est probablement produit par le jeu combiné de l'aspi- ration intrathoracique d'une part, résultant d'une pression néga- tive qui accompagne l'inspiration et qui se transmet à la moitié paralysée du diaphragme, et d'autre part, d'une certaine aug- mentation de la pression intraabdominale, qui se produit pen- dant le même temps respiratoire, les viscères se trouvant comprimés par le refoulement de la moitié daphragmatique qui s'abaisse.

Il est assez singulier de constater que l'ombre du poumon rétracté présente une forme sensiblement différente suivant que le patient est radioscopé dans la position assise ou dans le déeubitus dorsal.

Dans les deux cas observés par l'auteur, l'aspiration d'une certaine quantité d'air a été suivie du déplissement du poumon,

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qui a gagné peu à peu la paroi latérale du thorax, envahissant graduellement son ancienne place normale. Le diaphragme seul conserve pendant quelque temps encore une certaine gêne dans ses mouvements, puis revient finalement à la normale. L'auteur cite ensuite quelques cas analogues d’autres observateurs, un traitement par aspiration fut institué dans un but thérapeu- tique, et avec succès. Il touche à la question du pneumothorax créé artificiellement et qui aurait, dans quelques cas du moins, une influence heureuse sur l'évolution de la tuberculose du poumon ainsi traité. Evidemment, les indications d'une pareille cure sont très limitées. La question se présente autrement lors- qu'on se trouve en présence d'un pneumothorax spontané Ici, il y a lieu de se demander s'il faut le maintenir ou le suppri- mer. Dans les cas cités par l'auteur, il n'était pas question de tuberculose pulmonaire; l'aspiration a été pratiquée et la gué- rison, qui tardait à se produire, à été rapide et complète. PENNEMAN.

RopERICH SIEVERS. Luxation isolée de l’astragale. (Fortschr. a. d. Geb. der Rôntgenstr., Bd XIII, H. 1.).

C'est une affection rare; dans le cas cité par l'auteur, l'astra- gale a subi une luxation double, c'est-à-dire que non seulement l'os a chevauché en avant, mais, en outre, il a subi une rotation de 45° autour de son axe sagittal de façon que la poulie astragalienne regarde en dedans. La luxation est compliquée d'une fracture de la portion postérieure de lastragale. Après des essais infructueux de réduction on dut recourir à lastra- galectomie, opération dont les résultats sont très bons : le cal- canéum vient s’emboîter dans la mortaise tibio-péronière et le raccoureissement, très peu considérable, peut être facilement compensé par un talon.

PENNEMAN.

L. SiciLiANo. Un cas d’estomac biloculaire ou en sablier. (Fortschr. a. d. Geb. der Rüntgenstr., Bd XIII, H. 1.)

Le rétrécissement est probablement à une périgastrite greffée sur un ulcère stomacal. L'examen radioscopique, après l'ingestion du repas bismuthé, confirme le résultat des autres examens cliniques de l'estomac. Il existe deux compartiments : le bismuth s'arrête d'abord dans l'étage supérieur, puis, le

= 69.

contenu se déverse dans l'étage inférieur, qui se vide à son tour dans le duodénum, mais trés lentement. En effet, l'auteur note encore la présence de bismuth septante-quatre heures après l'administration de la bouillie bismuthique.

Bien que dans le cas observé, il existat un retard dans l’éva- euation de l'estomac et, par suite, des troubles de la motilité, il y avait lieu de considérer cette persistance comme due à une sédimentation des sels bismuthiques qui se seraient accolés à la muqueuse.

Lorsqu'on pratique le cathéterisme de pareils estomacs à l'aide d'une sonde remplie de mercure, celle-ci s'arrête souvent dans la partie inférieure de l'étage supérieur; ici, la sonde tra- verse facilement le rétrécissement pour arriver à la partie la plus déclive de Fétage inférieur.

PENNEMANX.

HAXS DiETLEN. Contribution à l’étude radiologique de la carcinose vertébrale. /Fortschr. a. d. Geb. der Röntgenstr., Bd NHI, H. 4.)

Description de deux cas de careinome primioc de la prostate, avec métastases dans la colonne et dans d'autres os. L'auteur attire plus spécialement l'attention sur les modifications qui se sont produites dans les vertèbres, notamment sur un proces- sus ostéoformatif produisant des exostoses et des ponts osseux intervertébraux et d'autre part, sur une processus destructif, donnant heu à de lostéoporose vertébrale. Cet état est évidem- ment accompagné de tassements vertébraux, de déviations de la colonne, voire mème, dans l'un des eas, de myélite transverse par compression.

PENNEMAN.

A. LECHLEUTHNER. Ein Fall von echten Halsrippen. (Muench. med. Woch., 8, 1909.)

Une couturière de 24 ans se plaint de toux et d'aphonies fré- quentes; il y a submatité au niveau du lobe supérieur des deux poumons; augmentation du bruit respiratoire dans toute l'éten- due de la poitrine. Les deux régions susclaviculures ne forment pas une dépression, mais sont légèrement saillantes et convexes. À la palpation, on y perçoit une résistance que l’on pourrait attribuer de prime abord à la présence d'un ganglion très indluré,

On peut se demander si la présence de ces côtes cervicales n’a pas sa part d’étiologie dans l’infection tuberculeuse des pou- mons. KLYNENS.

E. ZABEL. Zur Kasuistik u. Symptomalogie der Vergiftungen mit Bismutum subnitricum. (Deut. med. Woch., 5, 1909.)

L’äauteur rapporte trois cas d’intoxication par administration interne de sous-nitrate de bismuth: il ne prit connaissance des deux premiers cas que par la description que les victimes lui en firent plusieurs semaines après leur guérison : il observa le troi- sième Cas au deuxième jour de la maladie.

1% cas : 60 ans; constitution robuste; gastrectomie totale pour cancer six ans auparavant, Examen radioscopique le matin, à jeun, avec 40 grammes de sous-nitrate de bismuth : les symp- tômes d'intoxication s'installent aussitôt, à peine une heure après l’administration du sel: lipothymic, sueurs froides, obnu- bilation de la vue, cyanose intense, céphalulæie. Guérison.

2" cas: 46 ans; paleur des téguments; catarrhe atrophique des voies digestives; cancer gastrique probable. Examen radios- copique le matin, à jeun, avec 35 grammes de sous-mitrate de bismuth. Dans l'après-midi, malaise, vertiges, céphalaleie, sueurs froides, paleur cadavérique, diarrhée, affaissement con- sidérable frisant la paralysie. Guérison.

Bme ceas : #3 ans; ectasie gastrique; hvperacidité. Examen radioscopique avec 7 gr. 90 de sous-nitrate de bismuth. Le len- demain, affaissement général. Le surlendemain, bourdonne- ments d'oreille, vertiges, sucurs abondantes, paleur intense; le cathétérisme gastrique ramène 1/4 de liquide noirâtre, dans lequel le microscope révèle le bismuth réduit. Le troisième jour après l’examen, l’auteur vit le patient dont l'aspect aurait pu faire soupçonner une hémorragie très grave. (Guérison.

Il est probable que la réduction du sel avee formation de nitrites sous l'influence de la flore intestinale s'est faite dans les dernières portions de l'intestin grêle. Cette supposition pour- rait nous expliquer la raison pour laquelle les symptômes se déclarèrent instantanément dans le premier cas et tardivement dans le troisième cas. Mais peut-être faut-il incriminer, dans ce dernier cas, le séjour prolongé du sel dans l'estomac dilaté et sa réduction sous l'influence de la flore gastrique; quoiqu'il en soit, ce troisième cas démontre incontestablement la possibilité . d’une intoxication grave à la suite de l'administration interne d'une faible dose (T gr. 50) de sous-nitrate de bismuth.

= CE

L'auteur conseille l'emploi du carbonate de bismuth et le lavage gastrique immédiatement après l'examen radioscopique.

KLYNENS.

R. W. Kiar. Un cas d’intoxiation par nitrites après admini- stration de sous-nitrate de bismuth pour examen radios- copique. ({lospitalstidende, 1908, 41.)

Patiente de 50 ans: administration de 75 grammes de sous- nitrate de bismuth incorporés dans une bouillie alimentaire. La radioscopie gastrique montra un vif péristaltisme et le rapide passage de la bouillie dans le duodénum Le soir, administration d’une cuillerée à café de poudre de réglisse composée. Au cours de la nuit, céphalalæie, fatigue, insomnie. Le lendemain matin, malaise, vertiges, frissons, cyanose intense de la face et des mains surtout, 37°4, pouls régulier, 80; pas de dyspnée, pas de vomissements, pas de selles. Le spectroscope montra, dans le sang, la présence de méthémoglobine. Boissons abondantes, huile de ricin et lavements. Le soir, amélioration, température 38°, pouls fort régulier, 100; diurèse abondante, urines claires, sans sucre et sans albumine. La evanose disparut progressive- ment au cours des trois journées suivantes : les phénomènes subjectifs samendèrent et les selles furent colorées par le bis- muth réduit. Guérison.

KLYNENS.

ROSENBAGH. Zur Wismutbehandlung nach E. Beck. (Berl. Klin. Woch., 8, 1909.

La méthode de E. Beck consiste à injecter les trajets fistu- leux au moyen d'une pate de bismuth et à étudier les sinuosités et la direction de ees trajets, au moyen de l'examen radiogra- phique.

Cette méthode, d’après Beck, n'a pas seulement quelque va- leur diagnostique, mais encore une action thérapeutique.

Rosenbach appliqua cette méthode à quatre cas de tuber- culose chirurgicale (trois cas de carie osseuse et un cas d'empyè- me ancien de la plèvre); dans un seul cas, il put observer la fermeture définitive de la fistule; dans deux cas, le résultat thérapeutique fut nul; dans le quatrième cas, il y eut intoxica- tion aiguë par le bismuth, ce qui nécessita l'évacuation immé- diate de la pâte de bismuth.

KLYNENS.

©

EN ru

BENSAUDE et AGASSE-LAFONT. Les intoxications par le sous- nitrate de bismuth administré à l’intérieur. (Archives des maladies de l’app. digest. et de la nutrition, 1, 1909.)

Les auteurs donnent d'abord un aperçu historique sur les observations d'intoxication d’origine externe (intoxications chi- rurgicales) et sur les observations d'intoxication par le sous- nitrate de bismuth en administration interne, Ils rapportent ensuite deux observations nouveiles inédites.

1” cas : patiente atteinte de néoplasme du pylore ayant néces- sité deux gastro-entérostomies. Examen radioscopique avec 30 à 40 grammes de sous-nitrate de bismuth. Dans l'après-midi, brusquement, la patiente fut prise d'un malaise général avec vomissements, dyspnée, facies anxieux et grippé, délire, hypo- thermie. Le phénomène le plus frappant était une cyanose très intense et généralisée. Le lendemain, tout symptôme grave avait disparu.

Le deuxième cas est remarquable de par certaines circon- stances qui lui ont donné la rigueur d'une expérience. Il s'agit d'une jeune fille de 20 ans qui souffrait, depuis trois ans, de crises douloureuses intestinales présentant tous les caractères du syndrome de Koenig : le diagnostic de sténose tuberculeuse de l'intestin grêle se trouva vérifié au cours «d'une opération pratiquée par Hartmann. Avant son entrée à l'hôpital, un méde- ein de la ville lui preserivit 30 grammes de sous-nitrate de bis- muth en une fois; la malade devint « eramoisie» selon son expression et présenta, pendant vingt-quatre heures, d'autres symptomes graves qu'elle n'a pu préciser. Pendant son séjour à l'hôpital, elle prit deux fois du sous-nitrate de bismuth, la première fois dans un but thérapeutique, la seconde pour faciliter une exploration radioscopmque. Les deux fois, sur- vinrent des accidents particuliers semblant en rapport avee le médicament administré. Elle prit enfin une quatrième fois du bismuth, mais du carbonate et non du sous-nitrates cette fois, la dose de 30 grammes est bien supportée.

Tous les cas d'intoxication peuvent se classer en trois grou- pes cliniques : les intoxications par associations médicamen- teuses imprudentes et par présence d’impuretés : ce groupe coni- prend surtout les cas anciens, d’étiologie et de symptomatologie très disparates; les intoxications à évolution lente, à symp- tomes de longue durée : stomatite, liseré gingival, taches buc- cales, lésions gastro-intestinales, albuminurie : ce sont les em-

poisonnements par le métal bismuth : la décomposition du sous- nitrate insoluble se produit dans un milieu alcalin ou albu- mineux, soit a l'extérieur (plaies, fistules), soit à l'intérieur (intestin), et le métal bismuth est transporté dans l’économie par un sel soluble (albuminat ede bismuth); les intoxications à évolution rapide par poisons méthémoglobinémisants : début brusque : évolution rapide : guérison ou mort au bout de quel- ques heures ou de quelques jours : dyspnée, tachycardie, hypo- thermie, colapsus, convulsions, cyanose intense, methémoglo- binémie, diarrhées, vomissements.

Le sous-nitrate de bismuth sous l'influence de la flore intesti- nale (coli-bacilles) et de son séjour prolongé dans l’intestin est décomposé : d’où formation de nitrites : ceux-ci par leur résorp- tion rapide produisent les accidents suraigus.

Le carbonate de bismuth, si couramment employé aujour- d’'hui, n’écarte pas les dangers de l'intoxication lente : au sur- plus, avant de généraliser son emploi thérapeutique, faudrait-il s'assurer de son efficacité analgésique, qu’il faut reconnaître au sous-nitrate. La proscription du sous-nitrate semble préma- turée et exagérée: 1] faut en user avec prudence, en tenant compte des rares contre-indieations à son emploi. En radiologie, il faut remplacer le sous-nitrate par le carbonate de bismuth et en tout cas ne jamais employer la voie rectale. En thérapeu- tique, il faut s'abstenir du sous-nitrate chez les tout jeunes enfants dont la flore intestinale parait particulièrement propre à le transformer en sel nocif. Chez l'adulte il ne faut pas hésiter à utiliser les merveilleuses propriétés analgésiques du sous- ni- trate sans dépasser toutefois la dose de 20 grammes par jour. 11 faut éviter son emploi à haute dose, d’une part, chez les ma- lades avant subi une gastro-entérostomie, et, d’autre part, chez les malades atteints d’un rétrécissement intestinal.

KILYNENS.

Radiothérapie

TRIBONDEAU ET LAFARGUE. De l'emploi des rayons X dans la région oculaire. (Archives d'électricité médicale, 25 décembre 1908, 252.)

Conclusions pratiques. Une fois jeté bas, Tépouvantail de la cécité par lésions nerveuses, dressé par Birsh-ffirschfeld, une

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fois restreinte à l'extrême jeunesse, la possibilité d’un cata- racte Rôüntgénienne, les auteurs se croient en droit d'affirmer que, pratiquement (c’est-à-dire avec les doses employées actuel- lement), la cécité Rôntgénienne n'existe pas. Que l’acuité visuelle puisse diminuer après irradiation de l'œil, c'est, au contraire, chose certaine, mais c'est uniquement par suite de troubles cornéens. Des complications septiques intra-oculaires ne sont pas le fait même des rayons; elles peuvent être évitées par l'emploi de doses raisonnables et l'observation des principes d'asepsie; au besoin, une thérapeutique appropriée les arrêtera.

Done : si l'on veut conserver intacte la fonction visuelle, qu'on ait soin de la cornée.

Pour cela, comme toujours, mieux vaut le plus que le moins; on protégera l'œil complètement toutes les fois qu'on le pourra. Si c'est impossible, on s'attachera à soustraire la cornée à l'in- fluence des radiations, par l'immobilisation du globe dans telle ou telle position favorable, et en recourant aux artifices divers suggérés par l'étude de chaque cas particulier.

Enfin, si une portion de la cornée est elle-même envahie par la tumeur traitée, on s'ingéniera à n'exposer que cette partie. Ainsi, la kératite, seul accident Rüntgénien oculaire véritable- ment à craindre accident qui le plus souvent d'ailleurs n'a été pour le malade qu'un inconvénient passager et non un mal irréparable pourra être évitée.

Etienne HENRARD.

DuBoIS-HAVENITH. Présentation d'un vaste épithéliome du cuir chevelu. (Annales de la Société Médico-Chirurgicale du Bra- bant, 12, 1908.

Cet épithéliome a reçu une dose de 4 H maxima au Sabouraud Noiré; un mois après, un travail de cicatrisation s'était opéré d'une manière remarquable. Un second mois plus tard, le proces sus néoplasique avait repris. Une seconde dose de 4 H appliquée à ce moment a été sans effet.

Dans la discussion que suscita cette communication, le D" Henrard fit observer qu'il n'a pas grande confiance dans ce procédé de mesure. Quant à lui, il opère toujours avec le même nombre d’ampères, la méme distance de l'ampoule, la même vitesse de l'interrupteur, ete. Il donne une série de dix séances journalières de dix minutes avec des rayons 5 ou 6 du radiochra- mommètre de Benoist et 600 interruptions à la minute, Si trois

6CS

semaines après il y a amélioration, il continue les applications; sinon il considère le cas comme réfractaire et cesse le traitement. 60 pour cent des cas guérissent : 1] a eu cing à six récidives dans les 60 pour cent guéris. Il estime la dose à 1 H par séance.

D" BIENFAIT.

BARJoU. Ganglion suppuré traité par la ponction capillaire et la radiothérapie et guéri sans cicatrice. (Lyon Médical, p. 1145, 1908.)

Il s'agit d’une personne de 26 ans, porteuse d’une grosse masse ganglionnaire dont le volume dépassait celui d’un œuf de pouie, mais de consistance assez molle. Ce ganglion avait débuté qua- tre ans auparavant : 1} avait conservé longtemps le volume d'une noix et avait grossi beaucoup depuis les trois derniers mois.

Cette masse était située à droite, au-dessous de l'oreille en arrière de la portion supérieure du sterno-cléido-mastoïdien. Il existait en outre, en avant, deux petits ganglions plus durs et deux autres dans le creux sus-elaviculaire. Bon état général.

Le D" Barjou commença les irradiations, et après les quatre premières séances la tumeur s'était encore ramollie. Après ja sixième, la consistance indiquait une suppuration évidente.

Au lieu de faire inciser la tumeur, il fit une ponction capil- laire avec une aiguille de Pravaz et retira 40 centimètres cubes de pus en le vidant aussi complètement que possible, TT continua ensuite les irradiations. Quinze jours après, le ganglion avait un peu grossi et l'auteur continua le traitement, se tenant prêt à faire une nouvelle ponction si le pus se reformait. Il n'en fut rien, et à partir de ce jour le ganglion se mit à diminuer pro- gressivement de volume; bientôt il ne fut plus apparent, et aujourd’hui il persiste seulement un peu d'empâtement diffus derrière et dessous le sterno-eléido-mastoïdien. La malade est guérie et sans cicatrice.

D" BIENFAIT.

Houné. Technique de la radiothérapie dans la leucémie lymphatique. La Tribune médicale, 1909, p. 9.

L'auteur parle d'abord des procédés de mesure : spintermètre : Jolzknecht-Sabouraud. Il approuve la méthode de Kienbück qui conseille d'employer pour contrôler à tout moment la dureté

200.

et l'intensité de la lumière, un milliampéremètre intercalé sur le courant induit; le courant primaire étant supposé constant, toutes les modifications indiquées par le milliampéremètre seront le fait de l’ampoule et seront corrigées en agissant sur l’osmo- régulateur. Ayant des donné:s constantes, il sera facile d'établir expérimentalement le temps de pose exigé par une dose détermi- née. Kienböck emploie le plus souvent 0.2 à 0.4 milliampères. Le D" Béclère également.

Par ce procédé on peut donner en une fois la dose maxima supportée par la peau, soit le maximum du Sabouraud-Noiré, 4-5 H, ou 10 unités X du quantitomètre de Kienbôck.

Il y a lieu d’emplover les rayons donnant le numéro 9 de Benoist, de placer l'anticathode à 30 centimètres et de filtrer les radiations (0.001 d'aluminium ou 0.01 de cuir).

La région de la rate est divisée en six zones qui reçoivent cha- cune, l’une après l'autre, la dose maxima.

IT convient cependant de dire qu’au début du traitement les doses modérées provoquent de bons effets pouvant se maintenir longtemps : elles ont l'avantage d'éprouver la suceptibilité du patient, d'éviter la rupture brusque d’adhérences dues à de la périsplénite ainsi que la « toxémie de Röntgen ».

On fera une séance par semaine; dans les cas légers on donne 2 H par région (16 H au maximum), dans les cas graves 4 H.

D" BIENFAIT.

F. WöLER. Expériences sur l'action des Rayons Röntgen sur le sang de l’homme. (Zeitschrift für medezinische Elek- trologie und Rôüntgenkunde, janvier 1909.)

Le sang des sujets en expérience fut recueilli immédiatement avant l’irradiation et dans la demi-heure qui la suivait. Ba durée de l’irradiation correspondait à celle de la prise d'une radiographie. Chez les six personnes bien portantes servant de témoins, Wöhler constata une augmentation du nombre des leu- cocytes allant de 500 à 1,800, mais ne constata pas de modifica- tion du nombre des globules rouges ni de la quantité d'hémoglo- bine. Chez les malades, les résultats furent sensiblement les même quel que fût la maladie (bien entendu les maladies du sang mises à part); ces résultats furent les suivants : augmenta- tion du nombre des leucocytes plus accentuée que chez les témoins, allant de 0 à 5,400, légère augmentation du nombre des

D ==

globules rouges, aucune modification dans la quantité d'hémoglo- bine. L'âge et le sexe des malades ne paraissent avoir aucune influence sur ces résultats. Le fait marquant est donc la pro- duction d'une leucocytose qui paraît étre un phénomène géné- ral et constant, pour autant que le nombre des cas observés (44) autorise une conclusion de ce genre. Du sang fut, en outre, recueilli périodiquement pendant les vingt-quatre heures qui suivirent chacune des irradiations dont les résultats immédiats viennent d'être relatés. Il fut ainsi constaté que la leucocytose croit chez les personnes bien portantes jusque cinq et huit heures après J'irradiation, pour diminuer ensuite graduellement et tomber à O après vingt-quatre heures.

Chez les malades, le maximum de leucoeytose est atteint deux à trois heures après l'exposition aux ravons Röntgen, ce qui, dans la plupart des cas, correspondait au moment de la diges- tion du repas principal; cette leucocytose équivalait à une aug- mentation du nombre des globules blancs allant Jusque 4,600 en moyenne, tandis que, chez les personnes bien portantes, elle ne dépassait pas 3,600. Les résultats de Wöhler concordent avec ceux que Tatarsky a obtenus chez des animaux.

Wöhler étudie ensuite l'action des ravons Röntgen sur le sang des personnes soumises à un traitement radiothérapique, c'est-à-dire l'action des rayons Röntgen administrés à doses répétées. Dans un cas de goître parenchymateux, soumis à l'action des rayons X, il constata, après un mois de traitement au cours duquel six applications ont été pratiquées, que le nom- bre des leucocytes est tombé de 8,600 à 6,600, malgré une leucocytose nette survenue après chaque séance, que les globules rouges ont augmenté en nombre et que la quantité d'hémoglo- bine a, elle aussi, subi une légère augmentation. Trois cas de tuberculose pulmonaire, après un traitement radiothérapique, montrent également une augmentation du nombre des globules rouges et une diminution de celui des globules blanes. Idem dans un cas de carcinome des bronches traité par les ravons Röntgen.

Après dix séances, sans résultat thérapeutique, dans un cas de kéloïde chez un enfant de 5 ans, légère diminution du nom- bre des globules rouges aussi bien que des globules blanes. Dans un cas de tuberculose pulmonaire, pour lequel six irradia- tions ont été pratiquées en dix jours, légère augmentation du nombre des globules rouges et des globules blanes. Il en est de mème dans un cas de tuberculose pharyngée. Enfin, Wöhler

s Fi

constata, dans un cas de carcinome de l'estomac soumis à cinq irradiations en dix-sept jours, une augmentation du nombre des leucocytes et une petite diminution. de celui des globules rouges.

En général, on peut done dire qu'il se produit, après l'appli- cation répétée des rayons Röntgen, une certaine diminution du nombre des leucocytes sans qu'on atteigne cependant des ehif- fres anormaux, et, en même temps, une augmentation du nom- bre des globules rouges et de la quantité d'hémoglobine. Jamais, Wöhler ne constata l'existence d'une albuminurie consécutive à l'emploi des rayons Röntgen.

KaAISiN-LOSLEVER.

H. SEQUEIRA. Tratamiento del cancer con la radioterapia y con el radium. (Revista de Ciencias medicas de Barcelona, juillet 1908.)

C'est le résultat de quatre années d'observation de malades atteints de cancer superficiels et traités par la radiothérapie, à l'hôpital de Londres.

(L'auteur a été chargé de ce service de juin 1900 à décem- bre 1905.)

Il précise ce qu'il entend par cancer superficiel et ces diffé- rentes variétés et, enfin, la technique suivie par lui avec succès,

Il recommande d'enlever le bord dur des ulcères à la curette, après anesthésie le plus souvent possible avant le traitement radiothérapique, car, dit-1l, avec raison, c’est gagner énormé- ment de temps et éviter la guérison trop rapide du centre de l'ulcère avant celle des bords.

Les cas le radium peut être employé sont bien peu nom- breux, car, pour de nombreuses conditions de technique, le rayon X est préférable

L'observation histologique a été faite dans tous les cas.

Sequeira publie enfin les résultats statistiques suivants :

Malades guéris depuis plus de 6 ans..........…. 6 cas » » » D DANS Lire 14 » » » » D 4 ans............ 25 » » p » » AS ass . 90 »

Total 79

Il n'a trouvé que deux cas pendant ces quatre années d'obser- “ation qui n’ont pas réagi du tout aux rayons X.

Donc :

Guéris depuis plus de 3 ans....................... 19 Gruéris depuis moins de 2 ans....................... 26 Récidive et guérison... 1 Récidive OMR nes mmasen assaut Lolussiiihesis 3 NON: GEF iaa E E E 4 Ameéliorés et non guéris....1........................ 19 Fort peu amélhorés.................. 16

Évolution arrctée

CR esaessowsos erab esosoeeolo‘lr‘oeo‘l‘d’ln‘Mo‘lM

sn observation actuellement... Ta Sans informations AE Serea ea A 1 2:56

Pour le cancer typique (épithelioma perlé), le cancer du reir et le sareome, il a peu d'observations. Dans un cas de mycosis fongoïde, guérison absolue depuis plus de 5 ans. HATCHAMPS.

Comas et A. Prio. Coro de Lupus de la Nariz, de forma tuberculo-gomosa. (Revista de Ciencias medicas de Barcelona, fevrier 1908.)

Observation détaillée et illustrée d'un cas de lupus nodulaire non ulcéré de la racine du nez, qui avait résisté à tous les trai- tements, guéri par le rayon X à petites doses sans provoquer de radiodermite et cela depuis plus de trois ans, avee un résultat plastique parfait.

Havcuam{rs.

GROEDEL IT u. GROEDEL IHI. Die Besinflussung der Herzdila- tation durch Kohlensaürehaltige Bäder. (Monatschr. f. d. phys.-diätet. Heilmethoden, Heft I 1909.)

Quelques auteurs, peu nombreux il est vrai, ont soutenu, depuis longtemps déja, que les bains carbo-gazeux pouvaient

amener une réduction quelquefois très notable des dimensions transversales d’une dilatation du cœur. A l'appui de leur opi- nion, ils invoquaient les données de l'observation clinique et particulièrement celles de la percussion.

Les deux médecins de Nauheim se sont attachés, depuis plus de trois ans, à vérifier la valeur de cette assertion au moyen de l’orthodiagraphie, qui est une méthode sûre, objective et exempte des erreurs inévitables que donne la percussion : ils ont eu soin de prélever, dans chaque cas, au moins deux orthodia- grammes, l'un avant la cure et l'autre à Ja fin de la cure.

Une cure prolongée par bains carbo-gazeux peut réduire in- contestablement les dimensions transversales du cœur dilaté mais cette réduction ne se manifeste que dans un très petit nom- bre de cas et assurément beaucoup moins souvent que certains auteurs ne le veulent bien admettre en se fiant uniquement aux résultats de la percussion. Les deux médecins de Nauheim n'ont, au surplus, jamais observé ces réductions énormes -— jusque 17 centimètres ! signalées par certains auteurs: la réduction la plus forte qu’ils observèrent ne comporta que deux centimètres. |

KLYNENS. COENEN. Rôntgen Karzinom. (Berl. Klin, Woch., 1909.)

Jusqu'ici, on a publié 32 cas de cancer provoqués par appli- cation des rayons X. L’auteur vient ajouter, à cette série, un nouveau cas : il s’agit d’un patient de 41 ans, employé depuis dix ans dans une fabrique d'appareils radiogènes.

Des ulcérations se montrèrent à deux doigts: l’examen micros- copique montra qu’il s'agissait d’un carcinome perlé.

Tous les cas de cancer provoqués par les ravons X sont des cancroïdes, c’est-à-dire des épithéliomas à perles épithéliales.

L'auteur conseille de renoncer à la radiothérapie du lupu~ et préconise les moyens protecteurs les plus sévères dans les usines d'appareils radiogènes.

KLYNEXS.

Technique

NOGIER. Radiographie extra-rapide et radiographie instan- tanée. (lyon Médical, 1909, p. 29 )

M. Nogier, qui est professeur agrégé de physique à Lyon, à réussi à obtenir des photographies extra rapides en se servant du procédé indiqué par Grisson. Voici en peu de mots comment il le décrit :

Relions à un circuit de 110 volts ou plus le circuit primaire d’un transformateur dont l’autre extrémité ne retourne à la source qu'après avoir trouvé sur sa route un condensateur à capa- cité énorme. Au moment précis l’on va fermer le circuit, le courant a va se ruer » à travers le primaire du transformateur pour charger le condensateur et s'arrêtera quand la charge sera parachevée. Dans le cireuit secondaire, nous recueillerons l’écho de ce qui vient de se passer dans le primaire, c’est-à-dire une pulsation énergique correspondant à la fermeture du circuit. Rompons maintenant le courant, il n’y a pas d’étincelle à lin- terrupteur, pas de chute de potentiel, pas de courant d'ouverture par conséquent. Un courant d’un seul sens a été produit, émi- nemment propre à l'excitation idéale de l'ampoule de Röntgen.

Pour obtenir une nouvelle pulsation électrique, il faut repla- cer le condensateur dans son état initial, c'est-à-dire le déchar- ger. Un commutateur tournant, dont la vitesse peut atteindre 100 tours à la seconde est chargé de ce soin.

M. Nogier pose 0,15 à 1 seconde pour le poignet, 2”? pour le pied, 3 à 5” pour le thorax, 12 à 15? pour le bassin.

Il opère sans écran renforeateur et sans renforcer le cliché.

D" BIENFAIT.

FRIEDRICH Janus. Die neue Ideal Maschine zum Betriebe von Röntgenröhren. (La nouvelle machine Idéale pour lexci- tation des tubes de Röntgen.) (Zeitschrift für mederinische Elektrologie und Rüntgenkunde, jauvier 1909.)

On connaît le renverseur de Koch transformant en vagues positives les vagues négatives du courant sinusoïdal; celui-ci ne se compose plus de la sorte que de vagues positives. Gradlel

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a utilisé ce principe et a fait construire, chez Reiniger Gebbert et Schall, une installation pour production de rayons Rüntgen, comprenant un transformateur de courant continu en courant sinusdiïdal, un modificateur de potentiel portant sous haute tension ce courant sinusoïdal, et enfin un redresseur de courant qui renverse le sens des ondes négatives du courant et les rend positives. Une table mobile porte toutes les manettes et clefs de commande de cet appareil.

Une telle installation, très aisément maniable, convient pour produire des rayons Röntgen avec toutes les gammes d'intensité désirables, depuis les plus mous et les moins nombreux jus- qu'aux plus durs et aux plus abondants. Elle répond à tous les desiderata de la radiologie : pose, instantané, thérapie.

KAiIsiN-LOSLEVER.

G. WERNER. Ein neues Messgerät für die Röntgentechnik. (Un nouvel appareil de mesure pour la technique radiologique.) Zeitschrift für medezinische Eleetrologie und Röntgenkunde, janvier 1909.)

Les milliampèremètres intercalés dans le courant qui entre dans le tube de Röntgen ne renseignent pas sur la valeur quantitative de ce courant, mais bien sur la différence entre le courant d'ouverture et le courant de fermeture. D'autre part, les milliampèremètres, dits éleetro-magnétiques, renseignent sur la quantité totale du courant qui passe, quelle que soit sa direc- tion : done, les courants de fermeture et d'ouverture addi- tionnent leurs effets pour déplacer l'aiguille indieatrice. Wer- ner a eu l'idée de combiner l'emploi de ces deux espèces <de milliampèrmètres qu'il place en série dans le eireuit de linduit. Par la comparaison de leurs indications, on peut se rendre compte de la quantité totale d'électricité qui passe à travers le tube et du rapport entre le courant d'ouverture et le courant de fermeture. Ainsi, pour des tubes durs ne laissant pas passer les courants de fermeture, les indications des deux milliampère- mètres concordent; ces indications divergent, au contraire, pour des tubes mous laissant passer le courant de fermeture en plus ou moins grande quantité. On peut se procurer les deux mill- ampèéremètres combinés ehez Hartmann et Braun, à Francfort.

KaisiX-LOSLEVER.

= TG =

AUBOURG. La radiographie rapide. (Presse médicale, 84, 1908.)

La radiographie rapide se justifie, d'après l'auteur, pour deux raisons : immobilité plus facile de la partie à radiogra- phier et dose moindre des radiations absorbées,

Les ampoules françaises du type Chabaud ne laissent passer en fonctionnement qu'une intensité moyenne de 1 milliampère : si l'on fait passer plus de 1 milliampère, elles mollissent sans tarder. Les tubes à électrode renforcée et de gros volume, du type Polvphos par exemple, laissent passer une intensité de dix milliampères et même plus : la durée du temps de pose peut done être abaissée proportionnellement à cette augmenta- tion d'intensité.

Sur courant continu, il faut disposer d'un interrupteur spé- cial, d'un interrupteur à mercure du genre turbine, muni d'un plus grand nombre de palettes : cet instrument permet d'attein- dre une intensité de 15 à 20 ampères sur 110 volts au primaire.

Sur courant alternatif, Yappareillage se compose d'un trans- formateur à cireuit magnétique fermé qui, sans interrupteur, à l’aide de soupapes de Villard en dérivation dans le circuit secondaire et avec des condensateurs limitateurs de débit, per- met d'obtenir par son rhéostat de réglage au primaire, linten- sité suffisante dans le gros tube.

Ainsi on obtient de très bonnes épreuves du coude en 10 secondes, du thorax en 40 secondes, du erâne en 60 secondes.

Comas et Prio. Communicatio solre radiografies instantânies. Anals. d. Médicina de Barcelone, février 1908.) |

Dans une communication à l’Académie de Barcelone, les auteurs expliquent tous les avantages des poses de une à quel- ques secondes pour la radiographie du thorax et insistent tout particulièrement sur Ta possibilité de Ja radiographie dans des affections graves du thorax et dans la station.

Ils demandent que, pour les organes splanchiques, l’estomac seul profite de la méthode nouvelle; ils présentent une série de röntgénogrammes de l'estomac contenant du bismuth, obte- nus avee 3 à 6 secondes «le pose seulement et sans écran ren- foreatour.

HAUCHAMPS.

JT

KAESTLE, H. RIEDER u. ING. ROSENTHAL. Ueber kinemato- graphisch aufgenommeue Rönıgenogramme (Bio-Röntge- nographie), der inneren Organe des Menschen (Muench. med. Woch., 6, 1909.)

Des tentatives de cinématographier au moyen des rayons À les mouvements des organes humains ont été faits par Macin- tyre en 1897 (genou), par #ykman en 1901 (larynx), par Levy- Dorn en 1905 (extrémités) et par A. Köhler en 1907 (thorax).

Ce qui caractérise essentiellement la méthode des auteurs, c'est qu'elle reproduit sur la couche sensible les phases d’un seul et même mouvement : afin d’obtenir des radiogrammes nets, le temps de pose ne doit donc comporter qu'une petite fraction de seconde : en outre, l’ampoule doit projeter une silhouette très fine : sous ce double rapport, l’inducteur universel de Ro- senthal s’est montré excellent.

Ce procédé permettant de cinématographier les phases d’un

mouvement unique procédé que les auteurs désignent sous le nom de biorüntgénographie constitue le seul moyen de re-

présenter et d'analyser exactement les mouvements de certains organes, de l'estomac par exemple. D’abord, la radioscopie, passible de certaines erreurs subjectives, ne donne pas tous les détails et toute la finesse d'une photographie : en second fieu, il n'est pas toujours possible d’observer sur l'écran fluoroscopi- que tous les mouvements qui se produisent simultanément à des eudroits différents : enfin, ces mouvements sont souvent si ra- pides et si délicats qu'ils échappent à l'œil. La biorüntgénogra- phie a done l'avantage Imappréciable de fixer d'une facon objec- tive les phases du mouvement dans tous ses détails et d'en permettre une analyse exacte : c'est dire l'importance primor- diale de ce procédé pour la physiologie et la pathologie.

Les auteurs se sont appliqués à étudier les mouvements arti- culaires, respiratoires et gastriques: ils reproduisent neuf croquis cinématographiques de la région pylorique qui montrent de la façon la plus suggestive la formation et l’évacuation de l’antre, et douze croquis cinématographiques de la respiration qui mon- trent les changements de forme du cœur, la position et la forme du dôme diaphragmatique et les différentes positions des côtes aux temps successifs «le l’acte respiratoire.

KLYNENS.

se Ru

Livres

R. GRASHEY. Atlas chirurgisch-pathologischer Rôntgenbilder (avec 240 autotvpies, 66 schémas, et 105 photogrammes). Lehmann, Munich 1908. (22 M.)

Le premier atlas de l'auteur, Alas typischer Röntgenbilder vom normalen Menschen, est entre toutes les mains et a regu méme, en toute justice, les honneurs d'une excellente traduc- tion française : latlas présent ne fait pas moins honneur à son auteur.

Dans la première partie, revue générale accompagnée de nombreux schémas, nous trouvons toutes les données qui dol- vent présider à la recherche des corps étrangers, des calculs et des concrétions calcaires, ainsi que les idées directrices dont il faut se pénétrer pour interpréter avec exactitude les radio- grammes se rapportant aux affections osseuses et articulaires, aux tumeurs et difformités, aux luxations et fractures.

Dans la deuxième partie, toute une série d'autotvpies, en grandeur naturelle, accompagnées d'un texte explicatif, nous montrent ces affections groupées dans le même ordre.

Enfin, dans la troisième partie, l'auteur nous présente 105 photogrammes, toujours dans le même ordre et avec notice explicative : dire que ces photogrummes sortent des ateliers bien connus de la Ncue photogr. Gescllsch. de Nteglitz-Berlin, c'est vanter l'impeccabilité de la reproduction. L'éditeur, en s'imposant ces frais considérables de reproduction, trouvera une large compensation dans le succès inévitable de l'ouvrage.

On ne peut assez recommander la lecture et l'étude de pareil atlas, aussi nécessaire au praticien qu'un excellent traité d'ana- tomie : le médecin qui ne peut s'occuper journellement et quelque peu activement de cette importante méthode qu'est le radiodiagnostic acquerra, à bon marché et sans peine, toutes les notious fondamentales indispensables à une interprétation judicieuse et exacte de radiogrammes d'ordre chirurgical : il saura toute l’aide que le radiodiagnostic est à même d’apporter à la clinique chirurgicale; il saura ce que le radiodignostic est en état de donner et ce qu’il n'est pas en état de donner, ìl connaîtra toutes ses indications et toutes ses contre-inilications.

79

Le chirurgien de carrière, si occupé qu'il soit, si averti qu’il soit, trouvera, dans examen minutieux de ces nombreux radio- grammes, de quoi parfaire encore l'éducation de ses yeux. Enfin, le radiographe lui-même, plus que tout autre, ne doit négliger aucune lecture sérieuse et fructueuse, afin que ses avis solent écoutés.

D" KLYNENS.

Inc. DEssauEer. Heilende Strahlen. Gesam. Aufsätze. Bd II, Wurzbourg, 1908.

Dans cet opuscule, le lecteur trouvera tous les articles que Dessauer fit paraitre dans différents périodiques : les dangers des radiations de Röntgen : les moyens protecteurs dont nous disposons : les tendances de Ja technique radiologique : les principes fondamentaux de la photothéiapie : articles de polé- mique relatifs à la construction des bobines d'induction et, enfin, l'irradiation des processus profonds. Tels sont les prin- cipaux chapitres de ce petit volume; et tout cela est exposé de façon claire, alerte et attachante.

D” KLYNENS.

Franz M. GROEDEL. Die Orthorôüntgenographie. Anleitung zum Arbeiten mit parallelen Rôüntgenstrahlen (32 fig.). Lehmann, Munich 1908.

Sans compter le chapitre très étendu de la Röntgentechnik, d’Albers-Schünberg, nous disposons déjà de deux excellents livres consacrés à la technique orthodiographique + KARL FRANCKE, Die Orthodiagraphie (Munich, 1906), et FRANZE, Orthodiagraphische Praris (Leipzig, 1906).

Néanmoins, le traité de Groedel ne sera pas une superféta- tion, tant les indications techniques que nous y rencontrons sont précises et utiles. L'auteur décrit, dans les moindres détails, la construction et le maniement de l'orthodiagraphie Levy- Dorn, modifié par son esprit inventif et ingénieux : c'est assurément le meilleur appareil de ce genre à l’heure actuelle, un chef-d'œuvre de mécanique au surplus.

Différents chapitres sont consacrés, en outre, à l'orthodia-

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graphie du cœur dans la position debout et dans la position couchée, à l'orthodiagraphie des poumons et des organes abdo- minaux, à l'orthodiagraphie et à la téléradiographie de Köhler.

En dépit de l'effort louable et très méritant de l'auteur, il est néanmoins fort à craindre que cette méthode ne perde de plus en plus de sa prépondérance au profit de la téléradiogra- phie : c'est une méthode subjective et, comme telle, elle expose à de multiples et fortes erreurs : c'est une méthode dangereuse; elle est peu compatible avec une bonne protection contre les radiations : c'est une méthode inexacte en fait, elle ne donne pas la forme réelle et précise des contours viscéraux : la télé- radiographie, plus difficile et plus encombrante peut-être, est assurément à l'abri de ces trois graves reproches.

D' KLYNENS.

CERNÉ et DELAFORGE. La radioscopie clinique de l'estomac normal et pathologique. (Actualités médicales, Paris, Bal- lière 1908.)

Cet ouvrage est le premier et reste malheureusement tou- jours le seul qui ait été consacré, en France, à l’étude de l'estomac au moyen des rayons X : il comprend trois parties : les généralités avee l'outillage, l'étude de l'estomac normal et l'étude de l'estomac pathologique. \

L'outillage est traité de la façon la plus sommaire : le tra- “ail des auteurs eut gagné beaucoup à une description précise et quelque peu détaillée de cette technique, si importante et si malaisée : et encore faut-il faire quelques réserves au sujet des instruments que les auteurs indiquent : c'est ainsi que le châssis métallique de Drault est absolument impropre à l'exa- men gastrique. Il faut peut-être attribuer à l'insuffisance de l'instrumentation habituellement en usage en France, le fait que l'examen radioscopique de l'estomac y est encore, à l'heure actuelle, si peu en honneur,

Cette réserve n'enlève d'ailleurs rien au mérite et à l'utilité de ce petit livre : le médecin y trouvera de précieux rensei- gnements et, avant tout, une excellente orientation sur toutes les données de la radioseopie gastrique : à ce titre, ce petit opuscule mérite toute l'attention du praticien.

D' KLYNENS.

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Prof. BurGEr. Was leisten die Röntgenstrahlen in der Rhino- Laryngologie? (8 radiogrammes et 3 figures dans le texte.) Bergmann, Wiesbaden, 1908 (5 m.).

Le premier congrès de rhino-laryngologie (Vienne 1998) con- fia au professeur Gradino, de Turin (radiothérapie) et au pro- fesseur Burger, d'Amsterdam (radiodiagnostic), le rapport sur les applications des rayons X et du radium à la pratique rhino- laryngologique : c’est son rapport, mais considérablement accru et amplifié,que le professeur Burger présente ici à l'attention des spécialistes.

Le lecteur, désireux de s'initier rapidement et complètement à ces nouvelles méthodes, trouvera dans ce livre un guide aussi sûr qu'averti. La recherche des corps étrangers du nez, des sinus de la face, de l’æœsophage, du larynx et des bronches, l'explora- tion radiographique de la face, du crâne, des sinus, de la colonne cervicale, du thorax, de l'œsophage, ete. v sont décrits avec force détails.

Il suffit de jeter un coup d'œil rapide sur les quinze pages de bibliographie qui terminent cet ouvrage pour se convaincre du nombre considérable et de la valeur importante des publica- tions relatives au radiodiagnostic dans la pratique rhino-laryn- gologique : l'activité déployée dans ce domaine pendant les deux dernières années a été particulièrement intense et fruc- tueuse; les publications de Goldmann et Killian, de Scheier ont montré que maintes lacunes de l'examen clinique pouvaient être comblées de la façon la plus heureuse par le radiodiagnos- tic; à leur suite, des spécialistes, allemands surtout, de plus en plus nombreux, ont fait entrer, de façon définitive, la nou- velle méthode dans la pratique rhinologique. Celui-là seul pourra méconnaître l'importance et la valeur de ce radiodiag- nostic, qui n'aura jamais voulu en entendre parler.

La multitude des publications concernant ce chapitre spécial, éparpillées dans tous les périodiques, nécessita une mise au point exacte, une vue d'ensemble précise; c'est cette lacune que le livre du Prof. Burger vient combler à son heure de la façon la plus heureuse.

KIYNENS.

R. GAULTIER. Les dilatations de l’estomac : sémiologie et thérapeutiques des distensions gastriques. (Actualités mé- dicales.) Baillière, Paris, 1909.

Des méthodes nouvelles sont venues avec des aperçus nou- veaux : telle la radioscopie gastrique qui est une méthode d'ex- ploration gastrique indispensable dans un très grand nombre de cas; grace à cette source Imcomparable d'informations, l'ana- tomie, la physiologie et la pathologie gastriques ont fait l’objet dans ces dernieres années, de publications innombrables et de tres intéressantes discussions.

Nil existe à peine, en pathologie, un sujet qui ait été aussi vivement discuté que la dilatation gastrique, c'est pourtant faire œuvre éminemment utile que d'exposer suceinctement la facon dont les travaux récents guidés par la radioscopie et le traitement chirurgical permettent d’envisager cette question. C'est à cette œuvre utile que s'est attaché, avec succès, l’auteur de cet excellent livre.

KILYNENS.

VARIA

Le calcul fantôme

Le Journal des Praticiens (n° 52, 1908) rapporte une leçon

clinique du professeur Albarran, nous trouvons signalé le fait suivant :

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«Un malade a subi diverses interventions, toutes conçues en vue d'extraire un calcul qui n'existait pas. De fortes crises douloureuses atteignaient ce malheureux, qui laissait voir une forte ombre localisée dans la région pelvienne. C'était un calcul de l'uretëre, à n'en pas douter. M. Cathelin ouvre l'uretère, ne trouve rien. L'ombre, cependant, persiste. M. Ca- thelin, dans une seconde intervention, pratique la taille hypo- gastrique, toujours rien, et, cependant, l'ombre radioscopique ne bouge pas. En désespoir de cause, M. Albarran ampute le malade à la fois de som rein et de son uretère. L'ombre radios- copique se montre toujours. » Donc, une triple intervention Sesi abattue sur ce mal- heureux, à la suite d'une erreur d'interprétation causée par la radiographie. C'est dire que les renseignements fournis par cette méthode d'examen ,tout en gardant leur intérêt, ne permettent point, à eux seuls, de fournir une certitude, » Quant à la cause de la tache radioscopique constatée chez ce malade, on n’a jamais pu l’élucider. » Le D" Cathelin, dans ses conférences cliniques de chirurgie

urinaire, Paris 1909, rapporte le même fait de la façon sui- vante

y Y Yy Y y y

a L'un des malades a même été opéré deux fois, avee un résultat négatif : on ne peut donc pas objecter que le chirur- gien ait pu passer à côté d’un calcul, d'autant plus que ce malade, deux ans après, est retourné dans le service d'Albar- ran, qui fit faire une nouvelle radiographie et qui retrouva la même tache augmentée même, lui semblait-il, par compa- raison avec l’ancien cliché.

y y vu y Y

» Albarran fit alors, sur ce malade, une clinique le 25 mars 1908 et l'opéra séance tenante par la voie sous-péritonéale, en suivant mon ancienne cicatrice. a Nous allons voir, dit-il, en s'adressant aux élèves, s'il s’agit, dans ce cas, d'une erreur du chirurgien ou d'une erreur du radiographe.» Il opéra donc le malade, chercha péniblement pendant longtemps, mais al ne trouva rien, ce qui confirmait mes deux premieres tenta- tives. (V. Th. Pappa, Calculs de Uuretère, Paris, juillet

1909.) »

COTE CERVICALE BILATÉRALE

PAR LE

D" HEILPORN (ANVERS)

PLANCHE IlI

Les publications sur les côtes cervicales se sont multipliées dans ces dernières années, grâce au moyen précieux dont nous disposons, la radiographie, qui nous permet de déceler, avec une grande sûreté, toute modification dans l’anatomie du sque- lette humain. Echappant complètement à nos moyens ordinaires d'investigation, les côtes cervicales étaient considérées autre- fois comme une anomalie rare, une trouvaille d’amphithéâtre; mais, depuis la découverte des rayons X, les médecins ont pu étudier sur le vivant les troubles occasionnés par cette ano- malie congénitale, tantôt troubles de statique générale une scoliose cervicale relevant du domaine de la chirurgie ortho- pédique, tantôt troubles nerveux, douleurs, parésies, paresthé- sies, troubles vasculaires; tous ces troubles occasionnés par des phénomènes de compression vasculaire ou nerveuse.

C’est ordinairement à la septième vertèbre cervicale qu’on observe une côte supplémentaire, plus rarement à la sixième et à la cinquième. Le plus souvent ces côtes sont incomplètes : elles n’atteignent pas le sternum et d’ordinaire aussi elles sont dissymétriques, l’une étant plus développée que l’autre. Nous avons eu l’occasion d’observer un cas de côte cervicale, que le D' De Vreese nous a ‘adressé par la radiographie, et dont

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voici en résumé l’histoire clinique qui nous a été communiquée par le médecin traitant : |

D... Henriette, 16 ans, présente, depuis quatre mois, une tumeur dure du côté gauche du cou. Père mort de tuberculose pulmonaire, mère vit et est bien portante, quatre frères et une sœur sont bien portants. Comme antécédents personnels : la Jeune fille se plaint de troubles gastriques vagues, de migraine fréquente; elle tousse et crache depuis plusieurs semaines. Cependant, un examen approfoudi des poumons donne un résul- tat négatif au point de vue de lésions tuberculeuses. Nous devons encore signaler un enrouement persistant et une raucité de la voix, que la jeune fille attribue au chant, que, du reste, elle a cesser de cultiver.

Il y a quatre mois, elle se réveille un matin, en constatant une grosse tumeur dure dans la région sus-claviculaire gauche. Celle-ci, d’abord indolore, et peu sensible à la pression, aug- mente bientôt de volume et produit de troubles de compression. A l’examen objectif, on trouve une tumeur dure, grosse comme un œuf de pigeon, n'ayant aucune connexion ni avec la cla- vicule ni avec l'omoplate, mais semblant adhérer à la colonne vertébrale. De plus, on constate, chez cette jeune fille, des troubles vasculaires assez sérieux : un effort de toux, une déglu- tition un peu violente, une inspiration profonde produisent immédiatement une forte stase dans la veine jugulaire externe gauche, et celle-ci acquiert même parfois le calibre du petit doigt. A l’état de repos, cette veine n'est pas plus dilatée que la veine jugulaire droite. En comprimant la tumeur, on produit immédiatement des fourmillements et parfois de la douleur dans le pouce, l’index et le médius, jamais dans l’annulaire ni dans l'auriculaire. Nous en concluons que la compression agit sur les nerfs médian et radial. La jeune fille éprouve parfois la sensation comme si tout le membre gauche dormait. Il existe également une atrophie musculaire du bras gauche, décelée par la vue et la mensuration, la différence des pour- tours ne dépasse cependant pas 1 centimètre à 1 cent. 1/2. Pas de zones d’anesthésie dans le membre supérieur gauche.

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Enfin, l'exploration électrique des différents nerfs du plexus brachial ne donne aucune réaction de dégénérescence.

L'examen radiographique a fourni l'explication de ces phé- nomènes divers et a montré qu'il s'agissait d’une côte prenant naissance à la septième vertèbre cervicale. Malheureusement, cet examen n'a pu être fait d’une façon fort complète, la jeune fille se dérobant à tout examen radiologique complémentaire. Sur les deux clichés qui sont à notre disposition, nous pouvons cependant voir que, de chaque côté de la septième vertèbre cervicale, part une côte, celle de droite étant beaucoup plus petite que celle de gauche. La côte cervicale droite n’a que 3 centimètres de longueur et elle se soude à la première côte dorsale, au niveau de la tubérosité qui unit le col au corps de la côte. Quant à la côte cervicale gauche, pour autant que nous pouvons en juger sur les clichés, elle semble être une côte complète, s’articulant en arrière à la septième vertèbre cervi- cale et en avant au sternum. Dans son ensemble, elle présente une convexité dirigée en dehors; parallèle aux autres côtes dans sa partie postérieure, elle s’incurve fortement en dedans, au niveau de la clavicule, pour se fixer probablement au ster- num; ce dernier détail n’est malheureusement pas visible sur les plaques. Nous avons encore l'impression, bien que nous n’osions l'affirmer en toute sincérité, que cette côte cervicale est tout à fait libre, en d'autres termes, n’est pas soudée à la côte sous-jacente. Signalons encore une particularité curieuse, visible sur la couche sensible : cette côte présente dans son milieu deux facettes articulaires; elle se compose donc en réalité de deux segments à peu près égaux, réunis par une articulation. Nous reviendrons plus loin sur la signification à donner à cette anomalie. C'est cette articulation qui forme la grosse tumeur dure, faisant saillie dans le creux sus-clavi- culaire. Nous voyons enfin sur le cliché une légère scoliose de la colonne cervicale.

L'interprétation de ces clichés a présenté une certaine diffi- culté et nous avons été obligés de faire des recherches biblio- graphiques pour arriver à une explication satisfaisante. Du

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reste, ce cas soulève plusieurs questions intéressantes à sigua- ler ici. D'abord, quelle est l’étiologie de cette anomalie? Pourquoi observe-t-on chez certains individus une côte supplé- mentaire, une treizième côte, quand douze paires de côtes sont la règle générale chez Phomme et chez les mammifères? Quels sont les rapports anatomiques de cette côte avec la côte sous- jacente, et ensuite avec la septième vertèbre et le sternum, deux os avec lesquels elle s'articule? Et enfin, comment peut- on interpréter larticulation siégeant au milieu de la côte ? Il est évident que seul par l'anatomie comparée nous pouvons obtenir une réponse certaine et précise. Nous avons trouvé lexplication de ces faits dans un mémoire de Leboucq (1), et nous nous empressons d'en donner un résumé, qui éclaircira et résoudra les différents problèmes qui nous ont été suggérés par cette observation.

Par l’étude comparative des vertébrés, on sait que chez les reptiles la série des côtes s'étend davantage en avant que chez les mammifères. Le squelette thoracique a done subi chez les mammifères une réduction par suppression des premières côtes. Cette régression peut parfois dépasser la normale et lon a observé chez certains individus une réduction de la première côte. Le contraire peut se présenter également : des côtes supplé- mentaires réapparaissent à la septième vertèbre cervicale, en avant de la première paire thoracique. Ces côtes sont le plus souvent incomplètes : tantót elle ne dépassent en longueur une apophyse transverse, tantôt elles atteignent le sternum. D’ordi- naire, elles sont dissymétriques, lune étant notablement plus développée que l’autre.

Deux cas peuvent donc se présenter à l’ouverture supérieure du thorax : une extension de cet organe par formation d’une paire de côtes à la septième cervicale, et une réduction de la cage thoracique par atrophie de la première paire de côtes

(1) LeBoucQ. Recherches sur les variations anatomiques de la première côte chez l'homme. (Mémoires couronnés de l'Académie des Sciences de Belgique, 1896, et Archives de Biologie, t. XV, 1897.)

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dorsales. Mais l’extension de cette région peut encore relever d’une autre cause : d’une vertèbre cervicale supplémentaire ou même d’une vertèbre rudimentaire (Drehmann, Krause). Toutes ces anomalies énumérées peuvent être uni- ou bilatérales.

Par l’étude embryologique, nous savons également que le sternum se forme par soudure des extrémités ventrales des côtes thoraciques. S’il existe donc une côte cervicale, nous devons rencontrer dans le manubrium des modifications correla- tives à cette anomalie. L’observation a révélé l’influence que la présence des côtes supplémentaires exerce sur la forme du sternum.

Il est généralement admis que les lames antérieures des apophyses transverses cervicales représentent des côtes rudi- mentaires et que les côtes cervicales ne sont autre chose que des lames antérieures devenues libres. Par des recherches em- bryologiques, trop longues à énumérer ici, Leboucq a pu démon- trer le développement de cette lame, sa transformation en côte et sa régression ultérieure. Leboucq a également recherché dans le sternum l'existence de cette côte supplémentaire. L'étude d’une série de coupes d’embryons humains l’autorise à conclure que le manubrium renferme, pendant la vie fœtale, les extrémités sternales des septièmes côtes cervicales. À l'état normal, les segments costaux disparaissent rapidement en se fusionnant avec le cartilage sternal; ils peuvent persister acci- dentellement sous forme de cornes latérales, dans le cas de côtes cervicales libres.

La régression d’une côte se fait par son milieu, les extré- mités sternales et vertébrales persistant le plus longtemps. Au sternum, on observe alors, à l’angle supérieur du manubrium, un prolongement osseux ou cartilagineux, fusionné ou articulé avec los. En arrière, la côte rudimentaire se termine par une extrémité effilée. qui, dans certains cas reste libre, dans d’au- tres, se soude à la côte sous-jacente, et enfin, qui peut encore se réunir au sternum par un ligament intercalaire entre la portion dorsale et la portion sternale de la côte. Le premier degré de cette rudimentation est fourni par les cas assez rares

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l’on voit une articulation dans le corps de la côte. (Heusin- ger, Luschka, Helm, Albrecht, Leboucq.)

Les premières côtes ont donc une tendance à se diviser en deux segments pour constituer une côte vertébrale et sternale comme chez les sauropsides. C'est au niveau de l’union de ces deux pièces que se manifeste la tendance à la rudimenta- tion. La côte a été ébauchée au complet et s’est rudimentée par son milieu.

a Il peut donc être considéré comme démontré que les ver- » tèbres cervicales des mammifères renferment des rudiments » de côtes vertébrales; que celui de la dernière vertèbre cer- » vicale est le mieux développé, constant à l’état embryon- » naire, parfaitement distinct sur bon nombre de vertèbres » normales chez l’adulte et pouvant, dans un certain nombre » de cas, se développer comme côte libre articulée comme des » côtes thoraciques. La dernière côte cervicale est donc la der- » nière disparue dans le processus de réduction de la cage » thoracique du côté crânial et peut-être considérée comme un » élément normal de cette cage. » (Leboucq.)

UN CAS DE FRACTURE DE LAXIS

PAR LE

D" VAN DER VLOET (ANVERS) PLANCHE III

Les lésions traumatiques du rachis etaient autrefois considé- rées comme des accidents rares. Malgaigne ne peut relever que 14 fractures à l’Hôtel-Dieu en onze années. Dans ces derniers temps, la radiographie nous a montré leur fréquence extra- ordinaire et les a mises au jour l’on ne soupconnait guère leur existence.

Quand on se trouve en présence d’une déformation évidente, d'une douleur bien localisée et de troubles médullaires pro- noncés, on songera facilement à un traumatisme grave de la colonne vertébrale. Mais ces signes cliniques si évidents font bien souvent défaut et Sudeck dit que les fractures des corps vertébraux peuvent exister en dehors de toute déformation constatable.

De ce qui précède, il résulte que dans tous les cas de trau- matisme, ayant porté directement ou indirectement sur le rachis, on recourra à l’examen radiographique qui pourra nous donner des indications précieuses au point de vue diagnostic.

J’ai eu l’occasion d’observer une fracture isolée de l’axis, lésion extréniement rare, dont je n’ai pu, jusqu’à présent, trouver dans la littérature d’autre exemple. Par contre, la

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fracture double de l’atlas et de l'axis a été signalée quelque- fois.

Voici l’histoire du malade :

Fin juillet, V... L., travaillait au déchargement d'un cha- riot de foin. Tout à coup, perdant l'équilibre, il donna de la nuque contre le cheval et s’abattit sur le sol il resta évanoui. Le malade ne vomit point, ne saigna pas du nez, de la bouche ou des oreilles. Transporté chez lui, il reprit connaissance. Après avoir gardé le lit durant huit jours, il parvint pénible- ment à marcher. Le premier malaise accusé fut une gêne consi- dérable à la déglutition et l'alimentation dut consister forcé- ment en liquides bus par petites gorgées à la fois. Le malade ressentit des douleurs tres vives dans toute la région occipitale, s’irradiant surtout à gauche.

Status présens :

L’ouvrier accuse toujours les mêmes douleurs: il éprouve, en outre, dans les deux bras, surtout celui de gauche, des fourmillements et de la raideur. 11 se déclare dans l’impossi- bilité de travailler. Il ne souffre ni d'insomnie, ni de cépha- lalgie, ni de vertiges, ni d'aucun autre symptôme spécial se rapportant aux névroses traumatiques.

Si nous examinons de plus près le malade, nous sommes frappés immédiatement par son attitude étrange. La tête est immobilisée, inclinée, un peu tournée à droite. Les mouvements actifs, hormis celui de la flexion, sont impossibles. Quand le malade veut tourner la tête, n'importe dans quel sens, il ne le peut sans entrainer tout le tronc en bloc. Les mouvements passifs sont très limités et se heurtent à un obstacle invincible; la tête semble figée. On observe à la partie supérieure de la nuque une cyphose appréciable. Les muscles de la nuque sont atrophiés. Les omoplates sont abaissées et écartées du rachis. A gauche, la distance séparant le bord interne de l’omoplate de la colonne vertébrale est de 11 centimètres. Il n’existe pas cette anomalie des omoplates appelée, position en aile, observée

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dans la paralysie ou dans la parésie des grands dentelés. La position anormale des omoplates constatée ici tient à la fai- blesse des muscles trapèzes.

EXAMEN OBJECTIF. Dans le domaine des nerfs craniens, tout est normal, si l’on excepte l’abolition du réflexe pharyn- gien.

La lésion siégeant dans le voisinage de la moelle allongée, mon attention était spécialement attirée sur l’absence ou la présence de symptômes bulbaires. Hormis le trouble passager de la déglutition, je n’ai rien observé d’alarmant. La mastica- tion, la phonation, la parole, la respiration, la circulation ne sont pas troublées. La luette est en position normale, le voile du palais se soulève bien, la langue est poussée droite. Le facial et l’acoustique fonctionnent régulièrement. Nulle part, il n’existe de trace d’atrophie musculaire à la face ou à la langue. La salivation abondante, souvent symptôme précoce d'une affection du bulbe, est totalement absente.

La sensibilité est troublée à la partie supérieure de la nuque et du cuir chevelu. Le malade ne distingue pas toujours la pointe de l’épingle d’avec la tête. C'est spécialement derrière l'oreille gauche que l’hypalgésie est la plus nette. La pression digitale exercée au niveau de la seconde vertèbre est doulou- reuse.

En explorant la gorge au toucher, on sent une tumeur dure osseuse qui permet de soupçonner l'existence d’une lésion de la colonne vertébrale cervicale.

Mouvements actifs. —- Le malade porte les deux bras en avant jusqu’à Phorizontale. Les mouvements en arrière s’exé- cutent facilement. Mais les mouvements d’élévation latérale sont surtout gênés, ils atteignent à peine 60 degrés. La force musculaire est diminuée dans le bras gauche. Le jeu des doigts est ralenti. Il existe en un mot de la parésie gauche. Les épaules sont soulevées avec peu de vigueur. On peut sans trop de peine les immobiliser.

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. Le malade ne peut se tenir debout sur la jambe gauche. La force musculaire y est notablement diminuée.

Notons enfin le tremblement statique aux bras et aux jambes, plus accentué à gauche qu'à droite.

Les réflexes tendineux sont exagérés à gauche. Babinski est négatif ainsi que Oppenheim et Mendel. A gauche, je constate la présence du clonus patellaire et du clonus du pied. Il existe de l’hypertonie dans la cuisse et le bras gauches. Au bras gauche, j'ai pu observer la présence d’un clonus à la main, analogue à celui du pied, ainsi que le phénomène de Jacobsohn correspondant au Babinski du pied. Les réflexes cutanés cré- mastérien et épigastrique sont quasi abolis à gauche.

La sensibilité au tronc et aux membres est intacte dans toutes ses modalités. Il n'existe aucune trace d'ataxie. Romberg est négatif.

Le malade ne présenta jamais de troubles urinaires ni de la gêne à la défécation. Par contre, il a souffert durant plusieurs semaines de priapisme pénible, symptôme souvent observé au cours des lésions brusques et profondes de la moelle chez les animaux.

ELECTrRo-DIAGNOSTIC. Courant galranique. À la portion supérieure et moyenne du muscle trapèze gauche, nous obtenons la contraction minima au point moteur à 7 milliampères.

A la portions inférieure du muscle, l'intensité de courant nécessaire pour obtenir une contraction encore visible est de

10 milliampères.

Courant faradique. - - La dernière secousse musculaire appré- ciable à la vue s’obtient au trapèze gauche aux environs de 60 degrés distance de rouleau.

Le muscle trapèze gauche montre done une diminution nota- ble à l’excitabilité électrique et faradique : les contractions sont en même temps ralenties. Il n’y a pas d'inversion de formule. Nous nous trouvons en présence de la réaction de dégénéres-

cence partielle.

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À droite, nous arrivons sensiblement aux mêmes résultats;

toutefois les modifications y sont moins intenses. Les mulscles sterno-cleïdo-mastoïdiens n’ont pas été l’objet d’un examen spécial. Les deltoïdes, surtout le gauche, montrent une excitabilité plus grande aux courants électriques, pour les deux qualités.

Notre distingué confrère, M. le D" Klynens, a bien voulu se charger gracieusement de l’examen radiographique. Voici sa très intéressante notice :

« Si on examine le radiogramme pris dans le sens latéral du cou, on constate que la face antérieure de l’axis dépasse notablement (1/2 centimètre environ) la face antérieure de la troisième vertèbre cervicale : on remarque encore que le som- met de l’apophyse épineuse de l’axis et la protubérance occi- pitale externe se trouvent à peu près sur une même verticale; ces deux constatations témoignent d’une anomalie considérable, d’un écrasement en quelque sorte de laxis dont le corps a été poussé en avant et l’appareil apophysaire en arrière.

» Le second radiogramme correspond à une prise antéro- postérieure des trois vertèbres cervicales supérieures : afin de bien mettre en évidence ces vertèbres cervicales supérieures --- chose toujours délicate et difficile, il faut placer le patient en décubitus horizontal : au moyen d’un gros bouchon de liège, introduit entre les dernières molaires, les deux mâchoires sont écartées à leur maximum : le tube diaphragme est légèrement incliné de façon que le rayon central passe à travers la bouche tangentiellement à la base de l’étage moyen et postérieur du crâne (fig. ci-jointe).

» Ainsi, nous sommes à même de projeter de la façon la plus nette l’atlas, l'axis avec ses apophyses articulaires et son apo- physe odontoïde (voir pl. III). Or, si nous examinons le radio- gramme obtenu en mettant en œuvre cette technique particu- hère, nous constatons un écrasement, difficile à définir dans tous ses détails et dans toutes ses particularités, du corps de l’axis et de ses apophyses articulaires : en effet, l’espace de temps, qui nous sépare du traumatisme, explique suffisamment

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le vague et l’indécis des fractures probablement multiples et irrégulières; quoiqu'il en soit, nous voyons que le bord infé- rieur du corps de laxis est irrégulier; nous voyons de minces

esquilles entre ce bord et le bord supérieur du corps de la troisième vertébre; nous voyons enfin que la partie latérale gauche de laxis, c'est-à-dire les apophyses articulaires gauches, sout indécises, difficiles à délimiter dans leur contour et que leur densité est toute autre que celle des apophyses gauches. »

L'examen radiographique a nettement précisé le diagnostic en mettant en évidence la fracture de laxis. Cette grave lésion me permet d’interprêter aussi correctement que possible tous les symptomes observés chez notre ouvrier.

Ces symptômes sont ceux de la compression radiculaire et médullaire. Aux premiers se rattachent les douleurs accusées daus la région occipitale, les légers troubles de la sensibilité dépistés derrière l'oreille gauche, l’atrophie des muscles tra- pézes et les troubles fonctionnels qui en résultent pour les membres supérieurs.

En effet, par la lésion se trouve directement intéressé le oand nerf occipital qui passe, nous le savons, entre l'atlas et l'axis; outre les ramifications sensibles distribuées à la région occipitale, il fournit des branches aux muscles de la nuque.

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La lésion atteint en outre le nerf spinal qui naît en partie de la moelle cervicale supérieure et innerve le trapèze et le sterno- cleïdo-mastoïdien.

Chez notre malade, les lésions sont doubles, plus accentuées à gauche qu’à droite.

Les douleurs accusées sont dues à la compression du nerf grand occipital. L’impotence des bras doit être attribuée à la grande faiblesse des trapèzes : nous connaissons le rôle impor- tant joué par ces muscles dans le mécanisme d'élévation des bras. C’est surtout à partir du moment ceux-ci sont portés au-dessus de l'horizontale que leur action devient importante.

Le deltoïde, avec le concours du muscle sus-épineux, porte le bras jusqu’à 90 degrés, l’appareil musculo-ligamenteux de l'articulation scapulo-humérale étant supposé intact et l’omo- plate régulièrement fixée. Steinhauser a démontré que le mus- cle deltoïde ne se borne pas à cela : il contribue également à lever le bras au-dessus de l’horizontale, mais ici le muscle tra- pèze coopère énergiquement; c’est lui qui aide puissamment à lever le bras latéralement. Quand les trapèzes sont paralysés, les bras peuvent encore être levés en avant, mais les mouve- ments d’élévation latérale sont entravés; cette impuissance, je vous l’ai montrée chez notre ouvrier.

Je trouve enfin ici tous les signes de la compression médul- laire se traduisant au dehors par l’hémiparésie spastique gauche.

Quel doit être notre pronostic dans le cas qui nous occupe?

Les fractures des vertèbres cervicales supérieures sont graves et peuvent parfois déterminer rapidement la mort par suite de l’inflammation consécutive s'étendant à la moelle allongée. Chez notre malade, les signes bulbaires font défaut. La gène à la déglutition, qui s’est manifestée chez lui les premiers jours après l’accident, a disparu et devait sans doute être attribuée à une gêne d'ordre purement mécanique. Mais il n’en est pas moins vrai que nous nous trouvons en présence de lésions sérieuses, menaçant de devenir décisives. Malgré le temps

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écoulé depuis le jour de l’accident (c’est-à-dire environ huit mois), aucune amélioration n’est survenue dauns l'état de V... L.

Il est donc fort à craindre que nous n'ayons plus affaire à de simples phénomènes de compression, mais à des lésions définitives des nerfs et de la moelle, entraînant des consé-

quences désastreuses au point de vue de la capacité de travail.

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DIFFICULTÉS DE LA RECHERCHE

DES CORPS ÉTRANGERS A LA RADIOSCOPIE :

LE PROCÉDÉ DE L'AIGUILLE AIMANTÉE

POUR FACILITER

L'EXTRACTION DES PARCELLES DE FER ET. D'ACIER

PAR LE

A. BIENFAIT (DE LIÈGE)

La recherche des corps étrangers à la radioscopie paraît, à première vue, être d’une grande simplicité et cependant elle présente parfois de grosses difficultés même lorsqu'il s’agit de corps volumineux et opaques tels que les balles de revolver par exemple. Il faut parfois chercher très longtemps, si longtemps même que la patience se lasse et que l’on est sur le point d’aban- donner cette énigme, lorsqu’on arrive enfin au résultat.

J'ai relaté antérieurement (1) l’histoire de ce râtelier arrêté dans l’œsophage et qui était absolument introuvable, lorsque Jeus l’idée de conseiller au malade de faire de violents efforts de déglutition pendant l’examen à l'écran. Cette heureuse idée me fit apercevoir le râtelier apparaissant périodiquement au- dessus du sternum derrière lequel il se tenait invisible. Voici

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(I) Journal de Radiologie, vol. II, p. 163.

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maintenant quelques cas relatifs à des balles de revolver pré- sentant chacun quelque particularité.

Les balles peuvent être cachées derrière des os; aussi dans leur recherche, convient-il de faire mouvoir le membre dans toutes les directions afin de saisir l'incidence voulue. Il arrive parfois qu'elles se présenteut selon leur axe, de telle sorte qu'elles paraissent très petites et alors pour peu qu’elles so:ent éloignées de l’écran elles peuvent passer comp'ètement inaper- çues. Mais il y a mieux encore et quoique cette donnée soit clas- sique on se laisse eucore prendre; il arrive que le projectile a parcouru dans le corps un trajet étonnamment considérable et se trouve loin de la région on cherche à le découvrir.

Un jeune homme jouant avec un revolver chargé reçoit une balle dans la paume de la main. Un chirurgien l’opère, dissèque toute la paume et ne trouve rien : cependant il n'y avait qu’un orifice d'entrée. Très intrigué, il m'envoie le sujet et je trouve la balle dans l'avant-bras près du coude’ Elle avait suivi le creux de la main, avait passé au devant des os du poignet entre les tendons et était arrivée à un endroit distant de 25 centimètres de son orifice d'entrée. Aucune douleur, aucun trouble de sensi- bilité ou de motilité n’eût pu faire deviner sa retraite.

Une autre fois, un ouvrier reçoit dans le flanc gauche, au niveau de l’épine iliaque, une balle de pistolet Browning. Les bourses s’ecchymosent fortement et l'entrée de la balle donne lieu à une inflammation purulente.

On n'avait décelé la balle nulle part et un chirurgien préten- dant trouver une dureté dans un testicule avait fait une incision sans résultat. Après un examen très prolongé et très laborieux du bassin, j'étais prêt à renoncer à la trouver, lorsque j’entre- pris l'examen des organes éloignés. J’arrivai ainsi non sans peine à trouver la balle cachée derrière le fémur droit au milieu de la euisse; elle avait parcouru un trajet de quarante centimè- tres et l’ombre du fémur cachait le corps étranger dans presque toutes les positions!

Un persécuté voulant se suicider se tire un coup de revolver

à la tempe droite. La balle ne pénètre pas dans le crâne, mais

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reste dans les os de la face. Plusieurs mois après il se plaignait, prétendait que la balle se trouvait sous l’os malaire droit et vou- lait qu'elle fut extraite. Or, après l’accident, un chirurgien avait déjà exploré cette région sans résultat : de plus, lors de la bles- sure il y avait eu hémorragie nasale de telle sorte qu’il était probable que la balle était allée plus loin; aussi le chirurgien me pria-t-1] d'examiner le cas. A l’examen de profil on voyait bien la silhouette de la balle qui se trouvait sous le plancher d’une orbite. Mais de quelle orbite, de la droite ou de la gauche ?

L'ombre paraissait plus noire du côté droit, il semblait donc que la balle devait se trouver de ce côté. Mais dans l’examen Larrière en avant on voyait la projection non à droite mais à gauche ?

Il était donc évident qu’elle se trouvait de ce côté et, effective- ment, le chirurgien la trouva à l'endroit indiqué.

Il ne suffit pas de préciser l’endroit se trouve le corps étranger, il faut encore arriver sûrement à l’enlever. Ic1 encore on peut éprouver les plus grandes difficultés. Les fragments d’ai- guille dans la main en sont un exemple. Même après avoir opéré à l'endroit ils se trouvent, il arrive que le chirurgien passe constamment à côté et n’arrive que tardivement à les rencontrer, surtout s'ils sont petits. Les meilleurs repérages sont inefficaces parce que, une fois la peau inciste et les rétracteurs appliqués, ils perdent toute leur valeur. |

J'emploie, dans les cas difficiles, un procédé des plus simples; il consiste à laisser descendre dans la plaie de façon à en explo- rer toutes les parties, une aiguille d’acier aimantée susp: ndue à un fil aseptique. On la voit so diriger avec insistance vers l’en- droit est le corps étranger pour autant que celui-ci soit en fer ou en acier.

Ce procédé a tiré dernièrement d'embarras un de nos plus habiles chirurgiens. Il s'agissait d'enlever une bavure de fer de

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forme aplatie et d'une surface d'environ 2 millimètres carrés qui était entrée dans la paume de la main d’un ouvrier tourneur. La radiographie montrait la situation exacte au niveau interne du métacarpien gauche à 1 centimètre de la tête et contre ce bord.

J'avais repéré l'endroit sur la peau et il semblait d’une faci- lité enfantine d’inciser et d’enlever cette parcelle. Or, après avoir travaillé plus d’une heure, après avoir disséqué la région fibre par fibre l’opérateur dut suturer sans avoir rien retiré : une radiographie subséquente montrant le corps étranger toujours fixé à la même place.

Quelques jours plus tard, le chirurgien recommença l’opéra- tion et après une demi-heure d’efforts vains 1l se décida à avoir recours à notre procédé : il remarqua que l'aiguille s'accrochait avec insistance à un certain endroit de la plaie, il y porta le scalpel et quelques instants après il eut le plaisir de retirer la paillette récalcitrante.

Dans des cas semblables on pourrait songer à opérer sous l'écran, mais ceci est plus théorique que pratique; car générale- ment aucun chirurgien ne veut opérer même un instant dans l'obscurité.

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BOBINE INTENSIVE ET RADIOGRAPHIE INSTANTANÉE

PAR

Fr. DESSAUER

Ingénieur-directeur des Veifa-Wercke (Aschaffenburg)

Mes recherches, relatives à la radiographie instantanée et à la construction des inducteurs à haute puissance, mont amené à réaliser, en ces dernières semaines, des résultats en progrès sensibles sur ceux de Rosenthal, Rieder, Béclère, Bergonié et Spéder, Groedel et Horn, Snook et Koch. Je dois ce succès en partie au D" P.-H. Eykmann, de Scheveningen, qui, à plusieurs reprises, soit par écrit, soit oralement, m’en- gagea à raccourcir encore les temps de pose actuellement en usage par une construction très robuste des appareils.

Dans ce but, je construisis des transformateurs à l’huile, doués d’une puissance considérable : un dispositif approprié assure la fermeture du courant primaire, fermeture dont on peut exactement déterminer la durée. Ensuite, le courant est interrompu très brusquement : cette rupture provoque dans le circuit secondaire une onde unique dont l'intensité est énorme, et dont la durée est très petite. (Ci-joint la figure de cette onde.) La durée de ce flux secondaire peut être mesurée de Ja façon habituelle au moyen du miroir tournant. Au surplus, elle n’est pas de nature à nous intéresser autant que la durée de l'émission des radiations émanant de l’ampoule Röntgen

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- 104

au moment du passage de cette onde unique. La durée de cette émission se détermine au moyen d'un film tournant qu'un

faisceau de rayons X vient impressionner, après avoir passé

à travers un étroit diaphagme de plomb: suivant la mise au point de l’instrumentation, elle est de 1/50 à 1/300 de seconde.

L’intensité des radiations engendrées par cet appareillage est tellement forte qu’elle donne d'excellents radiogrammes de la plupart des organes sans utilisation d'écrans renforça- teurs. L’échauffement de l'ampoule est nul bien que le foyer anticathodique, pendant un court instant, arrive en un petit point à l’incandescence : mais la durée de ce phénomène est tellement courte que l’anticathode ne peut subir de ce fait aucun dommage. Il n'est pas nécessaire d'utiliser des tubes à anticathode renforcée.

Les radiographies, ainsi impressionnées, comparées aux radiographies ordinaires, ne sont pas meilleures, mais elles sont d'une obtention plus facile et d'une plus grande pureté de lignes. En fait, la rapidité, avec laquelle cette méthode permet de radiographier le cœur, les mouvements de la respiration et de la déglutition, est telle que la cinématographie doit être possible en principe.

J'ose espérer que ce procédé, grâce à ses grands avantages, facilitera et simplifiera considérablement la rüntgénographie :

car toute la manipulation se réduit ici à un seul déclanchement,

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comme dans la décharge du fusil. Le temps de posc est telle- ment bref que toute immobilisation et toute fixation du patient deviennent superflues. Radiographier en un temps incroyable- ment court au moyen d’appareils très simples et faire ce qui n’a pu être fait Jusqu'ici qu’à force de patience et de minutie, n'est-ce pas un progrès incontestable ?

CONTRIBUTION

A

L'ÉTUDE DE LA RADIUMTHÉRAPIE

PAR

FR. DESSAUER (ASCHAFFENBURG)

Au début de leurs applications médicales, toutes les méthodes physiques se butèrent invariablement à un grand scepticisme : c’est à ce même septicisme que se heurta encore la communi- cation que je fis, il y a quelques années, au Congrès allemand de balnéologie j’exposai les propriétés radio-actives qui venaient d'être découvertes dans les eaux minérales. Ce n'est pas à dire que ce septicisme ne présente une certaine garantie destinée à nous prémunir contre les enthousiasmes et les embal- lements que provoquent quelquefois les nouveautés thérapeu- tiques.

Mais depuis cette époque, les idées ont poursuivi opiniâtre- ment leur marche en avant en dépit de toutes les dénégations. Il n’est pas douteux pour un observateur attentif que Vavenir ue réserve aux vertus des substances radio-actives quelque place dans le trésor thérapeutique de l'humanité; cet accueil leur revient de droit.

Nos opinions sur l'importance médicale des agents physiques se sont modifiées sous beaucoup de rapports. Ne savons-nous pas, d’une manière certaine déjà à l’heure actuelle, que leu-

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phorie de nos organes est en très grande partie sous la dépen- dance de ces agents, c’est-à-dire de ces formes d'énergie? Ne savons-nous pas que ces formes d'énergie et leur mise en jeu exercent une influence extraordinairement grande sur les cel- lules et leur vitalité ?

Au début de toute recherche sur les applications possibles d'un nouveau facteur thérapeutique, il faut tout d’abord se demander si certaines propriétés de ce nouvel agent offrent quelques garanties d'action sur la vie organique? La réponse à cette question est, en partie du moins, de la compétence du physicien : car, au début de toute méthode physique, se pose d'abord un problème de physique.

En ce qui concerne les substances radio-actives, la question de principe comporte une réponse éminemment favorable. Les propriétés que détiennent les substances radio-actives sont nom- treuses et considérablement grandes et leurs garanties d'action sur l'organisme paraissent particulièrement favorables.

Les substances radio-actives et avant tout les substances radiféres et non point les produits éphémères de leur décomposition émettent toute une série d'énergies dont l’action sur les organes nous est déjà connue. Nous savons que l'ionisation, les radiations cathodiques et les radiations de Röntgen agissent sur les cellules. Il est probable que la plus grande influence revient au groupe de l’énergie radio-active. Au point de vue physique, il est logique de penser que les effets physiologiques sont dus aux radiations émanant des sub- stances radio-actives. N'’est-il pas certain, au surplus, que les radiations B et y sont actives par elles-même ? Nos connais- sances de physique ne nous permettent pas encore d’affirmer la même chose pour les rayons X. Car, tandis que certaines recherches (l’ampoule à rayons cathodiques et l’ampoule à rayons de Röntgen) ont démontré que les radiations B et y sont certainement actives, on n’est pas encore parvenu à expé- rimenter sur les rayons X qui ressemblent aux rayons canaux.

Les voies par lesquelles l’énergie des substances radio-actives peut être amenée au contact des cellules de l’organisme nous

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semblent justifiables de la classification suivante: les substances radio-actives peuvent agir de l'extérieur sur la surface de l'organisme; c'est la radiumthérapie externe. Mais on peut aussi les incorporer dans l'organisme humain, les répandre et les éparpiller ainsi dans l'économie, de facon qu'elles soient à même de déployer leur influence partout, dans tous les centres et recoins de l’organisme: c'est Ja radinmthérapie interne.

La radiumthérapie externe est surtout applicable en der- matologie, mais ses applications se trouvent limitées d’abord par la surface d’acces, c'est-à-dire par la surface du corps humain et, d’autre part, par la quantité restreinte de prépa- rations très actives, en d’autres termes, par le prix élevé de ces dernières. Dans la suite de cette communication, nous ne rous occuperons pas de cette radiumthérapie externe.

De prime abord, des horizons incomparablement plus éten- dus semblent s'ouvrir à la seconde méthode, à la radiumthérapie interne; car ne dispose-t-elle pas d'une surface d'accès énor- mément plus grande ? Lei, toutes les voies qui nous permettent d'introduire les substances non toxiques dans le courant san- guin nous sont ouvertes. De ces voies d'introduction, la méde- cine fit un usage séculaire, sans jamais se douter de ce qu'elle fit: car les eaux minérales ne sont-elles pas presque toutes pourvues de propriétés plus ou moins radio-actives ? Et ne furent-elles pas prescrites depuis des sieles sous forme de bains ou de boissons? Entre l'application inconsciente et rou- tinière d’un agent curateur et son application rationnelle, basée sur la connaissance exacte de ses propriétés et de son mode d'action, il existe incontestablement une différence capi- tale : maintenant que nous avons dévouvert le contenu actif des eaux minérales, nous sommes à même de doser en quantité voulue l'énergie qui leur est inhérente.

L'introduction des substances radio-actives dans le courant sanguin par les voies digestives constitue la méthode la plus répandue et semble également la plus profitable : mais on a préconisé encore une autre voie, l'injection hypodermique, qui

a été utilisée déjà, à ma connaissance, dans certains cas.

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Il nous semble recommandable de diviser les procédés de radiumthérapie interne en deux groupes : nous pouvons intro- duire dans l'organisme, à l'état de dilution très étendue, des substances radio-actives par elles-mêmes; cest la radiumthéra- pie interne proprement dite. Nous pouvons aussi faire absorber les produits de désagrégation qui consistent principalement en l'émanation. Sous ce rapport encore, les sources radio-actives présentent de grandes différences : il en est qui sont redevables de leurs propriétés à des substances radifères dissoutes : il en est d’autres qui ne sont redevables de leurs propriétés qu'à des produits de décomposition, qu’à l’émanation. La radio-activité des premières est permanente, celle des secondes se dissipe en peu de jours si elle est due au radium et en peu de minutes si elle est provoquée par le thorium.

La valeur de la puissance radio-active d'un corps à un moment donné s’établit par la mensuration de la force néces- saire à sa désagrégation moléculaire, c’est-à-dire nécessaire à sa dissociation en ins. Cette dissociation ou ionisation, à son tour, se détermine par des méthodes électrométriques et notam- ment par la propriété, qui lui est inhérente, de décharger les corps électrisés. Certains appareils de mesure, ct spécialement l'électroscope d’Engler et Sieveking, nous donnent des valeurs de comparaison, en nous permettant d'évaluer la perte de potentiel provoquée en une heure par la substance radio-active. La chute ou plutôt le rapprochement des feuilles d'or de l’élec- troscope constitue l’indice de cette décharge électrique; la perte de potentiel subie en une heure établit ainsi, de la façon la plus simple, la valeur de l'énergie radio-active extériorisée a un certain moment. Sans doute, ee n’est pas làa l'unique méthode à laquelle nous puissions recourir, mais c'est la méthode la plus usitée.

Elle n’est d'ailleurs pas sans défauts : elle ne nous indique que la présence du produit gazeux de désagrégation, c'est- a-dire la présence de l’émanation, à laquelle surtout les radia- tions sont attribuables : mais elle ne nous dit absolument rien sur la présence ou l’absence de substances radio-actives par

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elles-mêmes. Et pourtant, cette distinction est capitale : car, si l'émanation seule est en jeu, son action se dissipera à brève échéance, et il n'est pas en notre pouvoir de réduire ou même de retarder cette déperdition, Si, au contraire, la source ou la préparation contient une substance radio-active par elle- même, l’émanation pourra renaître sans cesse et cela durant un temps indéfini.

Toute eau ou toute substance, redevable uniquement de sa radio-activité à émanation, n'exercera qu'une influence éphé- mère sur l'organisme qui l'absorbe. Ce fait nous explique l'observation si connue que Ja plupart des eaux minérales ne développent leur action intégrale que consommées à leur source mème : elles la perdent par le transport et si même celui-ci est effectué dans d'excellentes conditions, en tubes, leur action se trouve encore plus ou moins affaiblie. Bien plus, une eau douée d’une forte activité à sa source, peut la perdre déjà au moment de son captage, si celui-ci est effectué d’une façon inappropriée.

Le D" Missmahl, directeur de l'établissement des bains d'Assmannshausen, me proposa, il y a près d'une année, de

rechercher de quelle façon la radio-activité de la source d’Ass-

mannshausen -- due en grande partie à l’émanation, mais aussi à du radium en substance devrait être modifiée en

vue du transport, pour qu'elle restät constante et invariable. Subsidiairement, il fallait encore arriver à un dosage exact de cette radio-activité artificielle des eaux préparées et desti- nées à la boisson et à la balnéation : il fallait enfin obtenir par évaporation les résidus radifères de la source, les concen- trer s'il était nécessaire, et les rendre ainsi transportables.

A la suite de la proposition du D" Missmahl, nous fîmes, toute une année durant, une nombreuse série de recherches pour savoir si de pareils procédés pouvaient amener des résul- tats favorables. En dépit des nombreuses difficultés qui se pré- sentérent au cours des expériences, nous vimes nos efforts cou- ronnés de succès, ce qui m'engage à publier les résultats acquis.

Le bromure et le chlorure de radium ne sont pas toxiques,

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mais, de toutes les préparations, elles sont les plus coûteuses : il était donc indiqué de recourir à des produits moins chers, par exemple au chlorure double de baryum et de radium; malheureusement celui-ci est très toxique : malgré cette toxi- cité, il est néanmoins utilisé dans toute une série de méthodes d'application il s’est montré absolument inoffensif.

Nos préférences allèrent au bromure de radium pur, d’abord en raison de sa dissolubilité facile, ensuite en raison de la constance des préparations dont nous pouvions disposer, et enfin, en raison de son innocuité. La fabrication de pastilles fut d’abord tentée : à une certaine quantité de sel d’Assmanns- hausen (100 centimètres cubes par exemple), fut ajoutée une petite quantité exactement déterminée de radium, et le mélange uniforme fut assuré par voie mécanique. Dans ces conditions, l'émanation se dégage d’une façon permanente du radium contenu dans le sel, et en quelques semaines y atteint à peu près sa valeur maxima. Le sel ainsi préparé montra bien en fait l’énergie radio-active que le calcul lui assignait. Les pas- tilles préparées au moyen de ce sel, dissoutes dans la quantité prescrite d'eau pure, activeront cette eau par l'émanation qui s’en dégage, pour autant du moins que les pastilles soient soi- gneusement faites et âgées de quelques semaines : l’eau ainsi radio-activée pourra être consommée et incorporée dans l’éco- nomie.

On pourrait peut-être objecter ici que ce procédé ressemble en fait à celui de la Socité radiogène : mais il n’en est rien. Par l'absorption de pastilles minérales radio-actives d'Ass- mannshausen, pastilles mises récemment dans le commerce '— l'organisme est en état de s’assimiler non seulement l’éma- nation éphémère, mais encore de faibles traces de substance

radifère. Celle-ci pénètre dans le courant sanguin, atteint en partie toutes les régions, éloignées ou profondes, de l'économie et y reste même en dépôt des mois durant. Comme l'émanation se dégage d’une façon continue du radium consommé avee le sel, toutes les régions du corps indistinctement seront le siège d’une production permanente d’émanation et cela pendant une longue période de temps, pour autant du moins que la cure à

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l'eau radifère ait été quelque peu prolongée : longtemps encore apres cette cure, ces dépôts radiferes internes persisteront dans l'économie pour disparaitre finalement petit à petit.

Ce sont-là les facteurs physiques effectifs que met en jeu l'incorporation des substances radifères. Ainsi que nous l'avons dit, ce ne fut qu'après avoir surmonté de grandes difficultés que nous arrivâmes à préparer des pastilles pourvues d’une composition constante et capables de communiquer à l'eau, destinée soit à la consommation soit à la balnéation, une radio-activité fixable d'avance par le calcul. L'établissement de bains d’Assmannshausen a placé la fabrication de ces pastilles sous mon contrôle régulier. Grâce à elles, le dosage exact de la radio-activité, qu'il s'agit de communiquer à l’eau, ne souffre aucune difficulté: il est facile de se préparer, par exemple, un verre d’eau dont la radio-activité corresponde à une perte de potentiel de 200 à 2,000 volts ou même plus par heure : il est non moins facile de préparer un bain doué d'une radio-activité égale à une perte de potentiel de 10,000 à 20,000 volts ou plus par heure.

Dans le domaine qui confine à la fois à la physique et à la médecine, la compétence du physicien doit se borner à la recherche et à l'élaboration des principes physiques; néan- moins peut-être lui sera-t-il encore permis, par extension très large de son rôle, d'insister sur les ‘considérations d'ordre physique qui incitent, par elles-mêmes, à un essai de la nou- velle méthode dans tous les cas un autre agent physique, la radiographie notamment, fut appliquée souvent jusqu'ici avec Je plus grand suceës. Sur les affections ganglionnaires, sur la leucémie, sur un grand nombre de néoformations, ces radiations exercent une action incontestable : leurs effets salu- taires sont probablement attribuables, en partie à une action directe, en partie à une action indirecte par formation de rayons cathodiques secondaires et par dissociation. Les sub- stances radio-actives, elles aussi, émettent -des rayons X (rayons y), engendrent des rayons cathodiques primaires et secondaires, agissent par dissociation et exercent probablement

de par ces propriétés une action salutaire.

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Ainsi que nous l’apprîimes dans la suite, nos recherches sur la radio-activité artificielle et la préparation d’eau ou de pas- tilles radifères capables de communiquer exactement à l’eau de belnéation et de consommation une radio-activité calculée d'avance, ces recherches ne sont pas isolées et ne sont pro- bablement pas non plus les premières. Le D" Reitz s'est livré à des expériences identiques et il est arrivé, suivant la com- munication qu’il nous fit il y a quelque temps, à des résultats absolument conformes au calcul : il utilisa aussi mes prépara- tions radio-actives, préparations que les l'erfa-Werke d'Aschaf- fenburg ont mises dans le commerce.

Avant de terminer cette communication, je tiens à signaler un travail qui n'a pas reçu, à mon avis, l'accueil qu’il méri- tait : il s’agit des recherches du D' Kraus, de Teplitz : contri- bution à l'action thérapeutique des résidus radio-actifs de la pechblende et de la boue urane sur le rhumatisme aigu et chronique et ses complications (1).

Le D” Kraus a soumis à mon examen toute une série de ses produits : ils sont extraordinairement radio-actifs et contien- nent des résidus assez riches en radium; ils se présentent, les uns sous forme de poudre, les autres sous forme de masse appli- cable en enveloppements. D’autres encore ont été l’objet d'une préparation beaucoup plus complexe : ce sont notamment des lames et des carreaux destinés à revêtir les murs des locaux séjournent les malades. L'émanation, qui se dégage d’une manière permanente dans l’atmosphère de ces locaux, est ainsi en état de pénétrer dans l'économie par les voies respiratoires,

En résumé, nous croyons étre autorisé à conclure que, de par les bases physiques sur lesquelles elle repose, la jeune radiumthérapie, et spécialement la radiumthérapie interne, est assurée de l’avenir le plus brillant.

(1) Comptes-rendus du Congrès de médecine interne, Wiesbaden, 1907.) `

LA RADIOLOGIE AU DEUXIÈME CONGRÈS DE PHYSIOTHÉRAPIE

DES MÉDECINS DE LANGUE FRANÇAISE

(PARIS, 13, 14 ET 15 AVRIL 1909) Séance du mardi 13 avril (matin)

Président d'honneur : M. le professeur Landouzy, doyen de le faculté de médecine.

Président : M. le D" Stapfer.

Vice-présidents : MM. les D" Nogier (Lyon) et Henrard (Bru- xelles).

M. le D" DEsrFosses (Paris). Considérations sur la pathogénie

de la scoliose, (KRésumé.)

M. le D" Drsrosses insiste sur l'utilité de la radiographie de la colonne vertébrale pour le diagnostice précoce de la scoliose et il montre, à l'appui de sa thèse, des épreuves très concluantes. La scoliose peut en quelque sorte être dépistée par les rayons X et des anomalies de la colonne lombaire et sacrée, et surtout de fa cinquième vertébre lombaire pourront souvent faire prédire une scoliose qui, sans les rayons de Rüôntgen, aurait passé

inaperçue jusqu'au moment elle aurait été confirmée. Cette

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constatation au début de l’affection sera d’une grande utilité pour l'application immédiate du traitement et donnera plus de chances de guérison.

Séance du mardi 18 avril (soir)

Président : M. le D" Le Marinel (Bruxelles).

Vice-présidents : MM. les D™ De Munter (Liége) et Gunzburg (Anvers).

M. le D” D’Harzuix (Lille). Extraction sous le contrôle des rayons X d’une lame de plomb introduite dans la trachée et la

bronche droite d’une enfant de dix mois. re (Paraïîtra in extenso.)

Il s’agit d'un enfant de 10 mois qui avait avalé, dit-on, une lame de plomb longue de 60 millimètres, large de 6 milli- mètres. L’examen radiologique, fait seulement au troisième jour (l’enfant ne présentait aucune gêne), montra que le corps étranger se trouvait en partie dans la trachée, en partie dans la bronche droite.

On proposa l'extraction sous le contrôle des rayons X avec pince à branche glissante, sous l’écran, mais on préféra recou- rir à la trachéoscopie : le docteur Bernard fut invité à faire cette opération, mais 1l lui fut impossible d’introduire le tube dans la glotte trop étroite de ce jeune enfant. Il introduisit alors une pince dans le larynx et la trachée; sous le contrôle de l’écran, le

Corps étranger fut appréhendé et extrait par les voies naturelles; les témoins de cette séance émouvante en suivirent sur l’écran les différentes phases. Malheureusement l'enfant succomba dans la nuit à de l'œdème glottique et trachéal. Il faut reconnaître que l’extraction avait été faite tardivement (quatrième jour), l'enfant présentant déjà de la fièvre. D’autre part, les tentatives

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prolongées de tubage ont pu endolorir la glotte et favoriser la production d'un œdème d'autant plus redoutable qu'il s'agissait d'un très jeune sujet. Il n'en reste pas moins vrai que les rayons X permettent l'extraction de corps étrangers métalliques méme hors des voies respiratoires et il est à souhaiter que des

survies post-opératoires démontrent linnocuité de la méthode.

Discussion.

M. le D! BirauDp (Poitiers) demande si l’on n’a pas tenté

l'extraction, l'enfant étant mise la tête en bas.

M. le D'D'HazLuIN répond négativement,

M. le D' D'Ilanzuix (Lille). Xadiographies des deux genoux

avec artères athéromateuses. (Résumé, paraîtra in extenso.)

M. le D' D'ilarruix présente des radiographies de genoux prises chez un malade de 59 aus, qui présentait du côté droit des phénomènes d’arthrite douloureuse attribuée au rhumatisme. Le genou gauche fut radiographié comparativement. Les radio- graphies furent prises de profil le genou à demi-fléchi. On voit tres nettement à gauche comme à droite les flexuosités de l'ar- tire poplitée d'où se détachent un certain nombre de branches coatérales et terminales. Le nombre et la finesse des vaisseaux

reconnus donne à ces épreuves un intérêt particulier. Discussion.

M. le D! Biravn (Poitiers) a vu un eas d'artère poplitée calci- fiée chez un alcoolique. Cette lésion fut démontrée par la radio- graphie. Le diagnostice par les rayons X de la calcification des artères est utile pour le chirurgien qui y verra, dans certains

cas, une contre-indieation opératoire.

M. le D' Béparn (Lille) a rencontré d'un coté une poplitée culcifiée, tandis que de l’autre cette opacité de l'artère ne se

montrait pas sur la plaque.

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M. le D' Castex (Rennes) montre de superbes radiographies d’artères fémorale et tibiale postérieure et antérieure calcifiées.

M. le D" MÉNarD démontre l'utilité de la radiographie pour se rendre compte des lésions o:suses dans la paralysie infantile. Les ravons X permettront souvent de poser un diagnostic diffé- rentiel.

Discussion.

M. le D" Castex (Rennes) insiste également sur la nécessité de l’examen radiologique dans la paralysie infantile. Les rayons X ajoutent un élément nouveau aux autres moyens de diagnostic. Ils permettent de se rendre compte non seulement de l’état des os, mais également de l’atrophie musculaire. M. Castex cite le cas d’un enfant de 18 mois, qui présentait de la faiblesse de la jambe, n’aimait pas à marcher et chez lequel les réflexes étaient normaux. L'enfant étant indocile, il ne fut pas possible de faire un électro-diagnostic. La radiographie montra une diffé- rence dans la dimension des vastes internes, qui n’étaient pas mesurables, pas palpables.

M. Castex cite un second cas de paralysie infantile qui inté- ressait le bassin et la partie supérieure du fémur, décalcifiés.

Séance du mercredi 14 avril (matin)

Président : M. le professeur Bergonié. M. le D' Gasrou (Paris). La radiothérapie de l'acné (Rapport résumé ).

Le traitement radiothérapique de l'acné est logique, efficace, utile, voire même nécessaire, dans certaines conditions et pou: certaines variétés.

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Il y a lieu de considérer séparément lacné de la face et lacné de la nuque. |

La radiothérapie guérit rarement l’acné sans réaction.

La radiothérapie de l'acné de la face, est un traitement d’ex- ception seulement applicable aux formes tenaces, rebelles, en cas d'insucces des autres médications,

Il est nécessaire de le faire précéder d’un traitement aseptique des régions à traiter (Javages, lotions, pulvérisations, scarifica- tions). |

[l ne faut pas dépasser la dose de 5 H, donnée soit en une seule seance, soit en deux séances, distantes de cinq à 81x Jours, suivant l’âge et la qualité de la peau.

En aucun cas, il ne faut répéter plusieurs séances, même faibles, sur les mêmes points, de crainte de pigmentations et d’atrophies consécutives. |

Les rayons donnant 4 à 5 au radiochromomètre, 6 à 7 d’étin- celle équivalente, 0,5 à 0,7 au milliampèremètre, l’anticathode étant à 19 centimètres, produisent des résultats curatifs non suivis d'accidents en dehors de radiodermite légère.

La radiothérapie de l’acné ne semble pas dans les conditions énoncées ci-dessus avoir d’action manifeste sur les comédons, mais paraît diminuer la sécrétion séborrhéïque et par suite atro- phier les glandes.

La radiothérapie de l'acné chéloïdienne est la méthode cura- tive de choix pour cette variété d’acné.

Suivant que l’acné chéloïdienne est en foyers ou en tumeurs la dose de rayons à donner est de 5 II à 8 H par points et par séances, les conditions de qualité des rayons et la distance étant la même que pour l'acné du visage.

Il faut répéter les séances tous les dix à quinze jours sur le même point, jusqu’à production de radiodermite : celle-ci, dont la durée varie de trois à six semaines, suivant l’intensité des réactions, est suivie de la disparition des chéloïdes sans accidents consécutifs.

Par ces conclusions je crois avoir montré que si la radiothéra- pie de l’acné chéloïdienne est une nécessité il n’en est pas de

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même de la radiothérapie de l’acné juvénile de la face, qu’il ne faut appliquer qu’avec prudence, après que tous les autres trai- tements ont échoué et surtout après autorisation motivée du malade ou de sa famille.

Il faut toujours, en effet, avoir présent à l’esprit l’impossibi- lité de doser l’action curative des rayons X, la possibilité d’ac- cidents et de procès qui menacent toujours le radiothérapeute, agissant avec la meilleure foi du monde, dans l’intérêt et sou- vent même sur la demande des malades.

Discussion.

M. le D" Oupnix (Paris) emploie pour les petites acnés chéloi- diennes l’électrothérapie qui guérit en deux séances. Pour les grandes tumeurs, il faut employer la radiothérapie. La radio- thérapie doit être employée dans les cas les autres moyens n’ont pas réussi. `

M. le professeur BERGONIÉ demande à M. Gastou s’il n’a pas employé les rayons X dans le traitement des télangiectasies, suite de radiodermite professionnelle.

M. le D' Gasrou n’a pas employé la radiothérapie, mais il connait un cas de télangiectasie, guérie par le radium filtré.

M. le D' Bornier (Lyon). Traitement de lacné par la photo- thérapie et la radiothérapie.

M. le D' Nocrer (Lyon) développe cette communication, au nom de M. Bordier. Il préconise la photothérapie pour les cas superficiels; pour les cas profonds la radiothérapie (teinte 1 du chromoradiomètre Bordier, rayons Benoist 5 à 6). M. Nogier montre notamment les photographies d’une personne atteinte d’acné superficielle du front, guérie par la photothérapie, ct d’acné profonde du menton, guérie par les rayons X.

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Séance du mercredi 14 avril (soir)

M. le D" Josseranp (Cannes). /nconrénients cliniques et scientifiques de l'erercice des rayons X par les empiriques.

(Rapport.)

M. le D' LAQuERRIÈRE, au nom de M. Josserand, fait le ré- sumé de son rapport. Les rayons X font partie de notre arsenal thérapeutique. Ils sont aux médecins électriciens ce qu'est le bistouri aux chirurgiens. C’est un moyen précieux d’investiga- tion servant à éclaircir notre diagnostic au même titre que notre stéthoscope. Le chirurgien ne prête pas son bistouri, le médecin ne confie pas son stéthoscope à un profane, le médecin électricien doit garder les rayons A. Réunis pour glorifier le grand physi- cien Röntgen, les Allemands ont décidé que la radiologie médi- cale toute entière devait rester aux seuls médecins : c’est la vérité scientifique, et nous ne sachons pas que le physicien Rünt- gen s’en soit formalisé.

Discussion.

M. le D' MÉxarp. Le développement d’un cliché n’est pas donné à tout le monde. Pour bien développer un cliché radio- thérapique, il faut connaître l'anatomie. Suivant que le déve- loppement est plus ou moins poussé, on peut faire apparaître certaines extrémités osseuses, ou les faire disparaître. Voici le: deux clichés d’une épaule d'enfant, pris dans les mêmes condi- tions, sur le premier desquels on voit parfaitement tous les o3, tandis que sur l’autre l'extrémité externe de la clavicule n’appa- rait pas, de même qu’une partie de la tête humérale et de l’acro- mion. Voici deux radiographies de genou; sur la première les os sont bien visibles, sur la seconde la rotule a disparu. Voici enfin deux radiographies de jambe, sur l’une on voit une fissure du tibia, et les muscles n’apparaissent pas, sur l’autre les mus- cles se montrent, tandis que la fissure de l’os n’est pas déc2luble.

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Toutes les opérations radiographiques doivent être pratiquées par le médecin, depuis la position à donner au blessé, jusqu’au développement du cliché.

M. le D" Descua{mrs (Rennes). Les médecins qui font de la radiologie l’ont dégagée de l’empirisme, la radiographie est bien du domaine médical : il n’en est malheureusement pas de même du massage.

M. le D' LaquErRièRrE (Paris). Je crois, comme M. Mé- nard, que, dans l’examen radiographique, c'est sur la clinique qu'il faut se baser. Le médecin doit faire lui-même la radiogra- phie et développer le cliché. On peut, en développant, faire dis- paraitre certaines exostoses. Dans l'intérêt du malade, de l’acei- denté, la radiographie toute entière doit être médicale.

M. le D" ITExXRARD (Bruxelles). -- Je suis naturellement de l'avis de MM. Laquerrière et Ménard au sujet de « la radiologie aux médecins ». À ce propos, je vous citerai un cas typique : Un médecin-expert, non radiologiste, déclare, sur le dire d’un pharmacien d'Anvers, qui avait fait la radiographie, qu’un blessé, dont les mouvements de flexion et d’extension du coude étaient très limités, n'avait aucune lésion osseuse. Cette radio- graphie me fut soumise et je constatai la présence, dans le pli du coude, d’un énorme ostéome. J’en conclus que ceux qui ne sont pas médecins sont incapables de devenir des radiologistes.

Le Congrès vote, à l’unanimité, les trois vœux suivants :

La pratique de la physiothérapie doit être réservée exclusit- vement au médecin ;

2 L'étude de la physiothérapie doit faire partie de l’enseigne- ment médical clinique et pratique;

Parmi les stages que les étudiants pourront choisir, Île: diverses branches de la physiothérapie devront figurer.

Etienne HENRARD.

INSTRUMENTS NOUVEAUX

Le stéréotélescope

BREVETÉ S. G. D. G.

POUR L'EXAMEN DES PROJECTIONS STÉRÉOSCOPIQUES

Parmi les procédés qui, depuis fort longtemps, ont été pro- posés pour permettre à une nombreuse assistance de voir en relief les projections stéréoscopiques, les uns nécessitent des épreuves ou des installations spéciales, d'autres sont d’une si grande délicatesse de réglage qu'il est impossible de s’en servir sans un apprentissage préalable; enfin, presque tous, et princi- palement ceux à miroirs combinés, ont le désagrément de dimi- nuer considérablement la grandeur des images et d’en atténuer beaucoup l'intensité, de sorte que, question de relief à part, on les voit beaucoup mieux à l'œil nu qu'avec le concours de lap- pareil.

Les projections stéréoscopiques, si l'on veut utiliser les épreu- ves courantes, sont déjà, par elles-mêmes, moitié moins grandes que les projections ordinaires, puisqu'il en faut placer deux sur le même écran au licu d'une seule; il est done nécessaire que l'appareil qui nous les montrera les gro:sisse au moins deux fois pour compenser cette différence. IT faut aussi que, par son emploi, l'épreuve ne perde rien, ni de sa luminosité, ni de sa finesse, qu'elle soit comparable, sinon supérieure, à la même épreuve vue dans un stéréoscope ordinaire; enfin, cet appareil doit étre petit, simple et robuste, d’un emploi facile et d’un prix modique si l’on veut qu'il soit pratique.

Le stéréotélescope remplit toutes ces conditions : le grossisse-

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ment qu'il donne peut être de deux, trois ou quatre diamètres suivant le foyer des lentilles employées. Le réglage peut s’en faire instantanément suivant la grandeur des projections et sui- -vant la distance s’en trouve chaque spectateur: ce réglage est si facile, qu’un enfant même peut s’en servir. Il donne aux ‘mages une luminosité extrême, sans reflets nuisibles, sans ima- ges parasites, et le relief et la finesse sont exactement les mêmes que l’on obtiendrait en regardant directement l'épreuve dans le stéréoscope le mieux construit.

Il se compose des deux lentilles d’un stéréoscope ordinaire, montées à écartement variable, auxquelles ont été ajoutées deux lentilles divergentes servant d'oculaires pour grossir et rappro- cher les images. C’est, comme on le voit, la combinaison du stéréoscope et de la lunette de Galilée.

Lorsque l'écart des objectifs est le même que celui des ocu- laires, l'appareil est analogue à nos jumelles de théâtre et peut en remplir l'office, mais si nous décentrons les objectifs pour leur donner un écart plus grand que celui des oculaires, les Ten- tilles, ne travaillant plus par leur centre, agissent alors comme des prismes pour dévier les images, chacune dans un sens opposé, ee qui permet de superposer les deux parties d’une épreuve sté- réoscopique exactement comme dans un stéréoscope ordinaire mais avec, en plus, le grossissement et le rapprochement donnés par le dispositif optique de la jumelle, et cela sans effort anor- mal des yeux et sans fatigue pour l'observateur.

Les lentilles employées dans la construction du stéréoscope “ont de tout premier choix, achromatisées avec le plus grand soin et parfaitement corrigées de toute aberration; elles sont J’un très grand diamètre et travaillent à pleine ouverture, ce qui donne aux projections stéréoscopiques un brillant et une profondeur incomparables. Le même appareil peut servir à volonté, non seulement pour les projections en relief, mais aussi pour grossir et rapprocher les projertions ordinaires: dans une conférence, par exemple, on peut avoir à projeter alternative- ment des vues stéréoscopiques et des vues simples; souvent ces dernières sont des figures explicatives sur lesquelles les inscrip-

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tions ou les chiffres sont lus difficilement à distance : dans ces cas, il suffit de rapprocher complètement l'un de l’autre les deux objectifs pour transformer le stéréotélescope en une excel- lente lorgnette d'approche avec laquelle on peut suivre d’une manière plus profitable les explications d’un conférencier; dès qu’on passe à une projection stéréoscopique, il n’y a qu'à décentrer à nouveau les objectifs pour être prêt à l’examiner.

Pour se servir de cet appareil, il est nécessaire d’être placé à une distance suffisante pour que l’image soit entièrement com- prise dans le champ des objectifs. Cette distance doit être au minimum de trois fois la longueur totale de la projection sté- réoscopique. La distance maximum n’est pas limitée. Il est à remarquer même que, par un phénomène plus facile à constater qu’à expliquer, plus la distance augmente, plus le grossissement paraît considérable, de façon qu’il se produit une sorte de com- pensation automatique de cette distance, et que les personnes les plus éloignées voient l’image tout aussi grande que celles qui sont plus rapprochées. Quel que soit donc le foyer de lob- jectif de la lanterne qu’on emploie, quelle que soit la dimension de la pièce l’on opère, on voit qu’il est toujours facile, en rapprochant plus ou moins la lanterne de l’écran, de donner à la projection la dimension nécessaire.

Avant d'examiner une projection stéréoscopique, on commence tout d'abord à amener les objectifs à l'écart moyen indiqué par les deux traits, puis on regarde la projection et l’on met au point par les oculaires comme on le fait pour une lorgnette de théâtre ordinaire; on augmente ensuite ou l’on diminue, s’il est néces- saire, l'écart des objectifs jusqu’à parfaite superposition des deux parties de l’image stéréoscopique. Ce réglage n’a d’ailleurs pas besoin d’une grande précision et le spcetat ur peut mêwe se déplacer dans une limite encore assez étendue sans avoir besoin de le moditier.

Tous les formats d'épreuves stértoscopiques peuvent être em- ployés pour la projection à condition que [e condensateur de la lanterne soit suffisant pour les éclairer. Les condensateurs de 135 */" conviennent très bien pour les formats 45 x 107 et 6 x 13.

SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE Séance du 28 mars 1909.

La recherche des corps étrangers

M. le D" Brexrair rappelle les grandes difficultés que l’on rencontre dans la recherche des corps étrangers: fragments métalliques, projectiles, ete., introduits dans les tissus. Il cite notamment trois cas cette recherche fut difficile. Une balle qui avait pénétré dans la main fut retrouvée à la radioscopie au niveau du coude; une balle de revolver, qui avait pénétré dans ks environs du pli de l'aine à gauche, fut retrouvée dans la masse musculaire de la cu'sse droite; une balle, qui avait pénétré du côté droit de Ja face, fut retrouvée à gauche.

Ces trois cas montrent à l'évidence qu'avant toute interven- tion chirurgicale, il faut pratiquer un examen radiologique préalable.

L'examen radioscopique précède l’examen radiographique. À l’écran on doit souvent, pour r: t:ouver le corps étranger, exa- miner le blessé dans différentes directions. Quant à l’examen radiographique, il nécessite la prise de deux clichés sous deux directions perpendiculaires. Dans c:s conditions, on arrivera presque toujours à retrouver 'e corps étranger.

M. Bienfait montre les rediographies d'une main : sur l'une (incidence autéro-postérieure) on voit un fr.gment métallique au niveau du deuxième métacarpien, tandis que sur l’autre (incidence latérale) on voit que le corps étranger est dans la paume.

Malgré cette détermination approximative, on peut même en

PT. EE

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faisant l’incision à l'endroit présumé, faire de longues recher- ches sans résultat. Pour faciliter la recherche, M. Bieufait pro- pose un moyen aussi simple que pratique : l’incision faite, tenir suspendue entre les bords de la plaie une aiguille aimantée, soutenue par un fil; celle-ci sera attirée par le corps étranger et indiquera, en quelque sorte au chirurgien, l’endroit il doit chercher.

M. le D' N. MoELLER a eu l’occasion, comme tous les radiolo- gistes, d'extraire une grande quantité de corps étrangers. En général il est arrivé à son but, mais souvent après de patientes recherches. I] croit que quand on ne retrouve pas le corps étran- ger, C'est parce qu'on n'a pas fait un repérage anatomique exact. Malgré cette minutie, il a cependant quelquefois re- courir à l’extraction sous l'écran.

M. le D' pe Norte rappelle plusieurs cas la recherche fut tres difficile, une balle dans la cuisse notamment ne fut pas retrouvée. Par le procédé des fils croisés au niveau du corps étranger, on arrive en général à une approximation suffisante.

sn cas d'échec, il recourt à la radioscopie.

M. le D" Laureys est en principe partisan de l'abstention. Les corps étrangers sont en général inoffensifs, et il faut atten- dre des phénomènes réactionnels pour intervenir.

M. le D Kams est au contraire partisan de l'intervention précoce et notamment dans les accidents du travail. Si l’on n'intervient pas, et qu'il arrive plus tard des accidents, l'ou- vrier n'aura plus de recours contre la société d’assurances, le délai étant expiré.

Dans la plupart des cas, on arrivera à l’extraction quand on

aura fait un bon repérage anatomique.

M. le D" Ilrrrrorx trouve que le repérage dans le cas cité par le D' Bienfait n’est pas suffisant. Dans la prise latérale, la main

aurait étre étendue et non fléchie. Dans la plupart des cas, en

127

faisant un bon repérage anatomique et une radiographie stéréos-

pique, on arrive à un bon résultat.

M. le D" Et. HENXRARD regrette de ne pas être sur beaucoup de points de l’avis de ses confrères qui viennent de prendre part à la discussion. Il a entendu la critique d’un travail qui vient de paraître dans la Presse médicale belge du 14 février dernier. À son avis, il faut extraire les corps étrangers et ne pas oublier que l’on a retrouvé à l’autopsie dans le cœur des fragments d’ai- guilles dont la voie d'entrée fut l’œsophage, l’estomac, le cou, le sein, qu’une balle dans la tête peut après nombre d’années provoquer l’épilepsie et amener la mort. Les radiographies pri- ses sous deux directions perpendiculaires, sans stéréoscopie ou procédés géométriques, ne donnent absolument aucune indica- tion sur le siège du corps étranger. Il est à remarquer, d’ail- leurs, que tous les orateurs précédents ont mis des restrictions dans les résultats qu'ils obtiennent.

M. Henrard est adversaire de l’extraction sous l'écran qui est dangereuse pour le chirurgien (risque de radiodermite), pour le blessé (hémorragie dont on ne se rend pas compte dans l’obscu- rité, arrachement des tissus avec la pince). La radioscopie donne des indications aussi fausses que la radiographie plane.

Il faut :

Faire un examen radioscopique, rapide, préalable;

2 Faire un: radiographie stéréoscopique avec repères métalli- ques à la surface de la peau;

Employer un procédé géométrique très simple avec repère métallique (grain de plomb) à la surface de la peau à l'endroit présumé devra se faire l’incision. Ce procédé consiste à pra- ` tiquer deux poses successives sur la même plaque de manière à y obtenir les ombres doubles du corps étranger et du repère. Un calcul très simple permettra de déterminer mathématiquement la distance exacte de la plaque au repère, et la distance exacte de la plaque au corps étranger. La différence entre ces deux dis- tances indiquera la profondeur exacte du corps étranger.

128

L'équation suivante est à résoudre pour le repère et le corps etranger :

X, représentant la hauteur inconnue du repère et du corps stranger, au-dessus de la plaque,

H, la hauteur connue de l'anticathode au-dessus de la plaque,

d, la distance entre les deux ombres, sur la plaque, du repère et du corps étranger,

D, la distance entre ks anticathodes dans les deux points de vue. |

Pour faciliter la recherche, M. H nrard se servira à Pavenir du procédé de l'aiguille aimantée de M. Bienfait, mais il cou- veille également l'emploi du téléphone auto-snde de Hedley, avec stylet spécial complétement isolé, à part les extrémités. Il décrit cet appareil.

M. le D" Linorre cite le cas d'un homme qui a depuis vingt ans une balle dans le cerveau. Celui-ci vit toujours, mais il est atteint d'hémiplégie.

Ea posologie en radiothérapie

M. le D" pe NoëezE ne décrira pas les appareils de dosages de rayons X, que nous connais. ons tous: il rappelle P Holzknecht, le Sabouraud-Noiré, le Kienbück, le Benoist, ete. Tous ces pro- cédés de mensuration doivent être employés avec une ampoule bien réglée. La tendance actuelle est d'employer plutôt des rayons pénétrants, comme les jayons du radium. même pour les lésions superficielles. M. de Nobele fait des expériences dans ce

sens. Il est partisan des doses fractionnées.

M. le ITatvcramprs estime qu'il faut distinguer la radio- thérapie superficielle et la radiothérapie profonde.

129

Pour la radiothérapie superficielle, il faut donner la dose la plus forte, dans le plus petit temps et en le moins de séances.

Pour la radiothérapie profonde, il faut éliminer par filtrage les rayons peu pénétrants. La plaque d'aluminium d’un milli- mètre, interposée, absorbe environ 53 p. e. En augmentant la distance de l’ampoule à la surface de la peau, on supprime également l’action nocive des rayons peu pénétrants. Dans la radiothérapie profonde, il faut en général agir vite, c'est-à-dire donner des rayons très pénétrants, donner des doses de plus en plus fortes, mais les espacer, pour avoir le minimum de réaction à la peau.

Pour bien doser les rayons X, il ne faut pas s’en tenir à un seul procédé de dosage, mais au contraire combiner ceux-ci, faire en sorte qu’en mesurant les différents facteurs de pro- duction, intensité au primaire, nombre d’interruptions, même degré au milliampèremetre, méme qualité de rayons, ete., on puisse toujours arriver au même résultat. |

M. le D' Lavreys ne croit pas à l’idiosyncrasie dans la genèse de la radiodermite.

M. le D' pe NoBELE y croit au contraire. Les cas qu’il a obser- vés lui permettent d’affirmer que la susceptibilité de la peau de certains individus aux rayons X peut aller du simple au double.

M. le D" KiyNexs a pratiqué plusieurs examens radiographi- ques pour fractures parcellaires de la colonne vertébrale. Il a observé chez quelques malades un érythème qui se produisit dans les vingt-quatre heures après l'application des rayons X. Dans la radiothérapie du Basedow, il a observé des phénomènes de préréaction. Les affections d’origine nerveuse ne prédispo-

s»nt-elles pas à la préréaction ?

M. le D" LrIEUXxE demande s’il a été démontré qu’une mème dose de rayons durs ou mous puisse provoquer à la peau des réactions différentes. Il estime qu'avec des doses fractionnées

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on arrive à donner dans la profondeur une plus grande quantité de rayons durs, parce qu'on évite ainsi la réaction de la peau.

M. le D" Fraxçois croit à l’idiosynecrasie vis-à-vis des rayons X. Dans la radiothérapie du cancer, il faut filtrer avec un ou deux millimètres d'aluminium. On obtient ainsi les résultats identiques à ceux obtenus par le radium. M. François

place son ampoule à 15 centimètres de Ja peau.

M. le D' Larvreys rappelle que l’école de Vienne ne croit pas à l'idiosynerasie. L'érythème dont M. Klynens a parlé tantôt

n'est-il pas à des phénomènes électriques ?

M. le D" KiyxExs n oserait pas placer l'ampoule à 15 centi- mètres pour la radiothérapie profonde; il la place à 60 centi- mètres de distance. Pour la radiothérapie profonde, il est impossible d'employer des doses massives en une séance parce

que les ampoules ne sont pas assez résistantes.

M. le D" IfEr1roRN a constaté ce fait: l’ampoule placée à 15 centimètres pour Ja radiothérapie profonde ne provoque pas lanalgésie de la peau, tandis qu'à 60 centimètres cette analgésie

est obtenue.

Appareils nouveaux

M. le D" Kuryxexs décrit le focoméètre, appareil destiné à

&pprécier la qualité du foyer d'une ampoule.

M. le D" Harvcuna{Įmrs décrit le stéréotélescope, appareil très simple, beaucoup moins eoûteux que les stéréoscopes radiogra-

phiques ordinaires. (Voir in ertenso, page 122.)

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

O. LENoIR. La fracture des boxeurs : fracture de l’extrémité inférieure du premier métacarpien. (Presse médicale, 1909.)

L'auteur a pu réunir un certain nombre de radiographies de mains de boxeurs célèbres qui lui ont révélé les fractures les plus variées des métacarpiens et des phalanges: mais une fracture frappe par sa constance : c’est celle de l’extrémité in- férieure du premier métacarpien. Il est à noter que les traités de pathologie enseignent que, de tous les métacarpiens, le premier est le moins souvent aiteint. La constance presque régulière de cette fracture chez les professionnels du pugilat s'explique aisément. Dans le coup de poing correctement appli- qué, les têtes des quatre derniers métacarpiens saillantes, dures et peu matelassées doivent porter : bien serrées les unes contre les autres, elles forment une barre sur laquelle vient s'amortir la pression du choc; mais il arrive souvent, surtout dans les coups portés latéralement, que le poing frappe par le bord radial; le choc porte alors sur l’urtieulation métacarpo-pha- langienne.

L. Haucraurs.

s

ARCELIN. Quelques progrès dans la technique de la radio- graphie des voies urinaires. (Lyon médical, 9, 1909.)

Article très intéressant et très pratique. M. Arcelin emploie une bobine Drault de 30 centimètres d'étincelle, à interrupteur moto-magnétique, un éclateur à pointe et plateau de +4 centi- mètres d'intervalle. |

Pour la radiographie des calculs rénaux, il place l'anti- cathode à 50 centimètres de la plaque et emploie les rayons

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4-5 de Benoist; il fait passer 2 à 2,5 milliampères dans le tube. |

La durée d'exposition est proportionnelle à l'épaisseur du sujet; pour 12 à 15 centimètres d'épaisseur, 11 pose une minute par T centiméètres d'épaisseur, soit 2 minutes. Pour 15 à 18 cen- timèties d'épaisseur une minute par 6 centimètres, et pour 18 à 2l centimètres une minute par D centimètres.

Une particularité de la technique de M. Arcelin consiste à placer toujours l'anticathode à Ja méme distance de da plaque; il obtient cet effet par l'emploi d'un compresseur indépendant du support du tube.

Au niveau de la partie inférieure de l'uretère, il existe, en dehors des voies urinaires, des corps opaques aux rayons X, qui donnent l'aspect d'un caleul. Les uns prétendent que ce sont des ganglions calcifiés, les autres que ce sont des artères athéromateuses, etc. |

BIENFAIT.

STEIMANN. Zur Behandlung von Fistelgängen mit Beckschen Salbeninjektionen (2 radiogrammes) (Le traitement des tra- jets fistuleux au moyen des injections de Beck). (Munch. med. Woch., 49, 1908.)

L'injection préconisée par l'auteur se formule de Ja façon suivante :

Sous-nitrate de bismuth.................... 30 grammes. Vaseline blanche.............................. 60 = Paraffine Liquide... 5 -— Cire- Ja esee rn E 3

Il faut se servir d'une seringue en métal dont la tige soit pourvue d'une graduation permettant de déterminer exacte- ment la quantité du mélange utilisé. L’instrument doit être pourvu d’un embout olivaire assurant une obturation her- métique du trajet fistuleux pendant l'injection. Celle-ci doit être exécutée avec toutes les précautions habituelles d'asepsie. Si la seringue, encore chaude, est utilisée immédiatement après sa stérilisation, la masse gardera la consistance appropriée à une injection facile.

Combien de masse faut-il injecter? Sous quelle pression faut-il pousser cette injection? Beck recommande une pression modé- rée: l’auteur pousse l’injection jusqu'à ce qu’il r.ssente une

qq M a

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contre-pression nette indiquant le complet remplissage de la fistule. Il injecte en moyenne de 5 à 10 centimètres cubes, quelquefois plus et dans un cas même il injecta plus de 50 cen- timètres cubes. Les-radiographies obtenues au moyen de cette méthode sont très suggestives. L'auteur appliqua ce procédé thérapeutique et diagnostique à deux cas de coxalgie, à un cas d’ostéomyélite, à un cas de tuberculoses multiples articu- laire et osseuse et enfin à un cas de suppuration de la cuisse, suite de fracture du fémur. La méthode n’a pas donné à l’auteur les résultats si satisfaisants que vante Beck.

La guérison n'est souvent qu'apparente : le corduit fistuleux est obturé à une certaine hauteur par un bouchon de masse injectée solidifiée : la partie du trajet située en aval se trouve ainsi dans les conditions les plus favorables de guérison, guérit et se cicatrice; mais le processus morbide lui-même situé en amont du bouchon obturateur évolue et donne lieu à une sécré- tion de pus comme par le passé; celui-ci s’accumule jusqu’à ce qu’il force enfin le barrage artificiel créé par l’injection. La méthode donne des indications excellentes pour le diagnostic et l'intervention opératoire; il faut s’en défier quand il s’agit d’un processus récent (fièvre) à sécrétion purulente profuse : la mé- thode est applicable à tous les cas chroniques dans lesquels la sécrétion est peu abondante.

J. KLYNENS.

JUST LUCAS-CHAMPIONNIÈRE. Faits intéresssant l’évolution, le pronostic et le traitement de la fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus. (Journal de médecine et de chirurgie pratiques, 10 février 1909.)

En pratique, le traitement de la fracture de l'extrémité supé- rieure de l’humérus est, pour l'immense majorité des cas, réduit au massage immédiat et à l'application d'un appareil de support, mais non à l'obligation d’une immobilisation rigou- reuse.

S'il y a nécessité d'une intervention immédiate, s'il faut mobiliser les rapports des fragments osseux, on doit intervenir rapidement après le traumatisme; car alors la réduetion vraie d’une fracture à grand déplacement peut être aisément obtenue. Au quatrième jour déjà, la réduction est très difficile et ne saurait être obtenue sams un traumatisme énorme.

Toutes les fois que la radiographie est possible, il faut la

134

1éclamer. Ce n’est pas qu'elle ait grande chance d'apprendre quelque chose. Pourtant, dans les cas de grands traumatismes suivis de gonflement et de douleurs, une luxation peut échapper facilement au meilleur observateur.

Mais surtout la radiographie seule donnera au patient et aux siens l'idée très nette de l'importance du traumatisme et de l'intérêt qu'il a à suivre exactement les prescriptions du chirurgien.

L'auteur rappelle le grand procès jugé récemment en Angle- terre et intenté à un praticien de Cardiff et à un chirurgien éminent, Thomas Lynn, pour avoir négligé la radiographie dans un cas de fracture de l'épaule. Les deux praticiens furent condamnés à une indemnité de 2,900 francs envers le patient; les débats à Cardiff et à Londres eurent une ampleur extraordi- naire. Le méme procès serait jugé en France avec des résultats absolument ies mêmes. |

J. KLYNENS.

P.-P. SMIRNOFF. Ein Fall von vollständiger seitlicher Ver- lagerung der Eingeweide : situs viscerum inversus totalis (Un cas d’inversion viscérale totale). (Berl. Klin. Woch., 49, 1908.)

L'auteur décrit un cas d'inversion viscérale totale; le cœur et l'estomac sont à droite: le foie est à gauche; il y a pro- bablement aussi inversion des poumons et des testicules. Deux radiogrammes accompagnent ce travail, La bibliographie de ces anomalies chez homme a été publiée par Wenzel Gruber en 1865, par Küchenmeister en 1883, et par Fr. Sorge en 1906 : à cette dernière date, on avait publié 215 cas.

J. KLYNENS.

R. VocELMAN. Isolierte tuberkulôse Knochenherde (Foyers tuberculeux osseux isolés). (Fortschritte auf dem Gebiete der Rôntyenstrahlen, Bd XIII, Heft 2.)

L'auteur cite quelques cas de lésions tuberculeuses primaires et circonscrites des os. Ces lésions sont probablement dues à une infection hématogène qui lance dans les ramifications des artères nourricitres des os des embolies septiques; d'où naissent des infarctus névoplasiques.

La forme de ces infarctus est plus moins arrondie, par-

fois aussi conique, et rappelle le champ d'irrigation d’une arté- riole terminale embolisée. Ces territoires sont peu à peu rem- placés par un tissu de granulations qui se caséifie, tandis que les parties csseuses sont résorbées. Si le processus se précipite, il y a nécrose et il se forme un sequestre. L'examen radio- graphique est de ja plus haute importance pour la recherche de ces foyers qui ne s'accompagnent en général d'aucun autre symptôme qu’un peu de douleur. Quant à leur traitement, il varie suivant qu'ils sont accessibles ou non. Dans le premier cas, on intervient chirurgicalement en les vidant et en les nettoyant; dans le second, on institue un traitement conser- vateur : le repes, l’immobilisation amènent fréquemment la résorption des foyers caséeux, voire des sequestres.

G. PENNEMAN.

F.-M. GROEDEL III. Ueber die Herstellung stereoskopischer Momentrôntgenogramme der Eingeweide des menschli- chen Kôpers (La prise des radiographies stéréoscopiques instantanées des viscères humains). (Fortschritte auf dem Gebiete der Rôüntgenstrahlen, Bd XIII, Heft 2.)

L'’obtention des radiogrammes stéréoscopiques des organes internes et spécialement du thorax est liée à des difficultés techniques, dont la principale consiste dans le défaut d'immobi- lité de ces organes pendant la durée assez longue que nécessite toute prise stéréoscopique.

L'auteur a fait construire, chez Reiniger, un appareil qui permet d'obtenir des images stéréoscopiques en un temps très limité. Il se compose d’un bâti blindé devant lequel s’installe le patient. Ce bâti est percé d'une fenêtre que l'on amène devant la partie à radiographier et devant laquelle passent successi- vement deux cassettes qui glissent dans une coulisse, et qui sont armées de plaques sensibles et d'écrans renforçateurs.

La source radiogène consiste dans une ampoule Bauer stéréos-

copique dont une disposition automatique allume successivement l'une et l'autre anticathode. La charge des ampoules (de 60 à TO ampères) est suffisante pour réduire, à un temps très res- treint, la série des opérations. Celles-ci sont commandées et réglées automatiquement par l'intermédiaire d'un tableau spé- cial. | :

G. PENNEMAN.

156

Prof. M. Wozrr. Rôntgenuntersuchung und klinische Früh- diagnose der Lungentuberkulose (Le diagnostic précoce de la tuberculose pulmonaire par lexploration radiographique et clinique). (Fortschritte auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen, Bd XII, Heft 2.)

L'examen radiologique du poumon doit être considéré comme un excellent moyen de diagnostic précoce, qui n'est ni asez connu ni assez employé pour dépister la tuberculose.

Nous savons pourtant tous les services que peut rendre un diagnostic bien posé à une période de la maladie une cure appropriée a les plus grandes chances d'amener la guérison. Dans les cas la tuberculose est confirmée par les signes habituels fournis par la percussion et l'auscultätion, l'examen radiologique, sans être nécessaire, peut être néanmoins utile : car il permet de se rendre facilement compte de l'intensité et de l'étendue des lésions.

Mais c'est principalement dans les cas nombreux les modes précédents d'investigation nous laissent en défaut, et pour- tant certains symptômes généraux nous font soupçonner une tuberculose imminente que l'examen radiologique trouve ses indications les plus précieuses.

Le radiogramme pathologique du début se caractérise par une obscuration plus ou moins accusée, limitée diffuse, du som- met pulmonaire, par la diminution de l’éelaircissement normal que subit l'image du sommet au moment de l'inspiration, ainsi que par le défaut d'ampliation pulmonaire qui limite et rétré- cit au-dessus de la clavicule la plage que le sommet y occupe habituellement.

L'examen radiologique est surtout précieux lorsqu'il est com- plété par l'épreuve de da tuberculine; car, si cette dernière per- met d'affirmer que la tuberculose existe, l'examen radiologique permet souvent, en l'absence de tout autre signe physique, d'en fixer le siège au poumon. De même, l'épreuve radiologique positive, associée à une épreuve négative à la tubereuline, per- met de conclure à l'existence de foyers éteints ou inactifs.

L'auteur donne ensuite la description d'une série d'obxer- vations cliniques de tuberculose débutante, accompagnées de radiogrammes. Dans tous ces cas, l'injection de la tuberculine a été pratiquée systématiquement. Il les groupe en une série de ‘atéwories, à savoir :

Les signes physico-cliniques (auscultation et percussion)

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manquent ou sont trop incertains. L'examen radiologique et l'épreuve à la tuberculine sont positifs;

2 Les signes physico-cliniques du catarrhe du sommet sont passagers ou très peu accentués. L'examen radiologique et l'éprenve à la tuberculine sont positifs;

Absence de tout signe physico-clinique; la réaction de la tuberculine se produit encore, mais à l'occasion d'une dose suffisante. Nous nous trouvons à la limite d'un état pathologique qui touche à la tuberculose latente. L'examen radiologique conclut posititvement ; |

Pas de signes cliniques: l'épreuve à la tubereuline .est posititve. L'image à l'écran montre une ombre plus nette, agran- die et plus sombre du hile. De celui-ci partent en rayonnant et en se dirigeant principalement vers le haut, des traînées obscures, noueuses, qui suivent les ramifications bronchiques et

“asculaires. Ces images résultent de la présence de ganglions caséeux ou calcifiés et de la sclérose péribronchique et péri- vasculaire. Notons en passant que, normalement, les ganglions du hile sont peu ou pas visibles. |

Sous cette rubrique, il y a lieu de distinguer plusieurs cas :

a) Il n'y a pas de lésions pulmonaires à l'écran; les ganglions du hile sont seuls entrepris. Il s'agit d'une infection par voie lymphatique.

b) Les ganglions sont entrepris et les lésions s'étendent le loug des vaisseaux et des bronches vers le sommet qui est indemne.

c) Les ganglions sont nettement visibles; il y a des lésions du sommet.

Rappelons que dans l’image habituelle de la tuberculose pro- gressive confirmée cliniquement, nous trouvons généralement les trois espèces de lésions à l'image radiologique : ganglions

du Pile, péribroncho-vasculite, obscuration du sommet.

d) Enfin, contrairement à l'opinion de Stürtz, il peut y avoir des lésions du sommet, sans que les ganglions péribronchiques soient visiblement entrepris. (Infection aérogène.)

Il existe un catarrhe diffus qui masque les lésions tuber- culeuses à l'auscultation, mais il n'y a pas de modifications à la percussion. L'épreuve à la tuberculine est positive. L'examen radiologique confirme une lésion pulmonaire.

Dans les groupes 1 à 5, l'examen radiologique permet done un diagnostic précoce antérieur à l'apparition des signes d'aus- cultation et de percussion.

138

Dans certains ras de lésions récentes, l'induration des tissus n'existe pas encore, l'exploration radiologique peut être négative, nonobstant la présence des signes d’auscultation, de percussion et l'épreuve positive à la tuberculine.

T L'examen radiologique ainsi que l'examen clinique sont négatifs. L'épreuve à la tuberculine seule est positive. Dan: ces Cas, nous pouvons nous trouver devant deux éventualités. Ou bien la tuberculose existe dans un autre organe que le poumon, ou bien, existant dans le poumon, elle y est indécelable à cause de la perméabilité du tissu de néoformation.

8 L’anamnese est positive : l'examen clinique est négatif ou douteux; on peut se demander si l'on ne se trouve pas en présence de lésions inactives? L'examen radiologique ne peut évidemment pas résoudre la question, mais Ja tuberculine répon- dra. Dans ces cas, toutefois, l'examen radiologique confirme l'anamnèse.

G. PENNEMAN.

SIDNEY LANLE. The Röntgen examination of the œsophagus) (L'examen œsophagoscopique par les rayons X.) (Archives of the Röntgen Ray, 103, 1909.)

Les troubles de la déglutition et de régurgitation sont des symptômes qui peuvent se présenter dans diverses affections de lœsophage depuis les névroses Jusqu'aux affections orga- niques les plus graves.

Ils n'ont qu'une importance relative; c'est ainsi qu'un malade ne pourra avaler de leau et pourra déglutir des aliments påteux. Un autre atteint de carcinome pourra éprouver des troubles de déglutition alors que la sonde passe facilement.

On conçoit done que le diagnostic de spasme de l'œsophawe et d'affection organique soit parfois très malaisé. Les symptômes suivants sont en faveur du spasme: apparition soudaine et localisation variable, concommittance de symptômes d’'hystérie : le spasme peut être assez puissant pour s'opposer complètement au passage de la sonde.

L'âge du malade, la permanence du rétrécissement font pen- ser au cancer, qui est la cause la plus fréquente de sténose œsophagienne; il faut remarquer que le cancer de l'æsophage ne conduit que tardivement à la cachexie, tandis que le spasme chronique y conduit très rapidement.

Une circonstance vient souvent compliquer les choses; Ja

CE

139

sténose organique se double fréquemment de périodes de spasme; l'œsophagoscope rend souvent les plus grands services en l’occurrence, mais il ne suffit pas toujours et se trouve parfois contre-indiqué. En effet, l’œsophagoscope est très diffi- cile à appliquer chez certains nerveux; il est une cause de danger chez les malades atteints d'affection organique du cœur ct chez ceux dont l’æsophage comprimé depuis longtemps par une tumeur du médiastin ou affaibli par un cancer rongeant peut se déchirer sous le moindre effort.

L'usage des rayons X offre un moyen très commode et sans danger d'explorer l’œæsophage dans toute sa hauteur, sauf à l'entrée de l’estomac sur un court trajet d’un centimètre et demi. Il semble même que cette méthode permette de déceler des diminutions de calibre d’une façon précoce, beaucoup mieux que les autres procédés. Cet avantage est très considérable parce qu'il permet d'avoir recours à une intervention en temps utile en cas de cicatrice rétractile ou de gomme ;il permet aussi, en cas de cancer, sinon d’intervenir chirurgicalement, au moins de prévenir l’anémie en nourrissant convenablement le malade, alors que la chose est encore possible. La sonde stomacale ne permet guère le diagnostic précoce, parce que la paroi de l'œsophage est très dilatable et qwainsi on peut sonder long- temps avant de s'apercevoir de l'existence réelle d'un rétré- cissement en voie de développement.

En faisant avaler au malade un cachet du diamètre d'une pièce d'un france, rempli de sous-nitrate de bismuth, on remarque de suite l’endroit se trouve un léger rétréeissement parce que le cachet s'arrête quelque temps à ce niveau.

Le bol alimentaire peut descendre lentement non pas seu- lement parce qu’il doit franchir un endroit rétréci mais aussi parce que les mouvements péristaltiques font défaut; or, ce point a son importance; en effet, lorsqu'il y a infiltration can- céreuse de l’œsophage, avant même qu'il y ait rétrécissement, il existe une paresse de la péristaltique qui peut mettre sur la voie du diagnostic. Il est évident que le sondage est un procédé trop grossier pour conduire à de telles conclusions.

L'examen, radioscopique l'emporte encore, parce qu'il permet d'apercevoir des tumeurs du médiastin et de se rendre compte de leur volume, ce que les autres modes d'investigation sont impuissants à faire.

Comme on le sait, pour voir le médiastin postérieur qui contient l’œsophage, il faut faire un examen oblique de gauche

140

à droite et d’arrière en avant vice versa, dans la Fechter- stellung des Allemands. |

L'auteur emploie l'orthodiagraphe de Moritz: après avoir placé le sujet dans la Fechterstellung et dans l'obscurité com- plète, il lui fait avaler le cachet de bismuth. On le voit appa- raître d'abord dans l'hypopharynx, derrière le cartilage cri- coïde ; il peut rester à cet endroit quelques secondes, puis il descend rapidement et disparait sous le diaphragme en deux à quatre secondes.

Dans quelques cas, et spécialement chez les personnes qui ont dépassé l'âge moyen, le cachet s'arrête derrière la partie supérieure du sternum, à l'endroit la crosse de l'aorte croise l'æœsophage. La crosse, légèrement dilatée, exerce en effet une légère compression sur l'æsophage à cet endroit. Il faut parfois faire avaler une gorgée d’eau pour déloger le cachet.

En cas de sténose complète, le cachet s'arrête net; en cas de sténose partielle, le sous-nitrate de bismuth finit par passer petit à petit et on le voit sous forme de maxse allongée.

La sténose complète de nature spasmodique se reconnait aisément en faisant avaler au malade une soupe épaisse avec sous-nitrate. Le poids de cet amas finit, au bout d’un temps plus ou moins long, par fatiguer Île spasme et par passer facilement; si elle est organique et presque complète, on voit cette pâte descendre lentement par le pertuis en indiquant ainsi sa longueur et sa forme.

Exemple : une femme de ‘55 ans se plaignait de dysphagie depuis des mois; elle vomissait de temps en temps et avait perdu en poids. Lors de la radioscopie, on lui fait avaler un cachet de bismuth; il s'arrête net et plusieurs gorgées d'eau ne peuvent le déloger; un second cachet plus volumineux a le même sort; après vingt minutes d'attente, elle prend le lait de bismuth; à la deuxième cuillerée, le lait descend subitement sans aucun retard. Le diagnostic de spasme de l'æsophage fut posé et la suite en démontra la justesse.

Un homme de 55 ans se plaignait aussi de dysphagie depuis plusieurs mois. Les aliments liquides ou demi-solides passaient assez bien; les aliments solides occasionnatent de la gêne. La sonde passait avec une légère résistance au milieu de la région dorsale. La radioscopie montra qu'un petit cachet s'arrètait momentanément au niveau de la quatrième vertèbre dorsale: un cachet plus gros ne descendait pas. Le lait de bismuth s'arrêtait, mais de violents mouvements péristaltiques finissaient

44l

par le faire descendre sous la forme d’un crayon long d’un pouce et demi; 1e1, Il s'agissait bien d'une affection organique.

BIENFAIT.

M. FAULHABER. Die Röntgenuntersuchung des Magens (L’exa- men radiologique de l'estomac). (Arch. f. physik. Mediz, u mediz. Technik, Bd II, H. 3 et 4 et Bd IV, H. 1 et 2.)

Dans ce travail fort consciencieux, Faulhaber expose nos connaissances actuelles sur la radiologie gastrique. Grâce aux travaux fondamentaux de Rieder et de Holzknecht, il a été possible d'élaborer une nouvelle méthode d'examen, qui a acquis en peu de temps une place importaute et prépondérante en pathologie gastrique. Faulhaber est également l'auteur p un procédé d'examen de l'estomac, qu'il est utile de signaler ici. Pour étudier cet organe à l'état de réplétion, on donis onli. nairement aux malades le repas de Rieder, assez long à pré- parer extemporairement ou le bol blanc bismuthé de Kaestle, d'un goût fort désagréable. Som procédé consiste à donner une solution de bismuth immédiatement ou au moins une heure après un repas ordinaire. Ce liquxle se mélange au chyme, et, par une palpation énergique, par rétraction et propulsion des parois abdominales, on favorise un mélange plus intime des liquides, et on évite ainsi la sédimentation du bismuth. Ce procédé n’a pas la prétention de remplacer les autres méthodes, mais peut rendre service dans certains cas. Il est surtout contre- indiqué dans les recherches de tumeur gastrique, les tissus lésés empêchant un mélange intime des deux liquides.

Dans un premier chapitre, l’auteur étudie Ja technique, décrit les appareils nécessaires à cet examen, discute l'oppor- tunité de la radioscopie et de la radiographie, passe en revue les différentes méthodes pour rendre l'estomac impénétrable aux rayons X (introduction des sondes, insufflation d'air ou d'acide carbonique, mélanges effervescents, ingestion de bismuth sous forme de cachets, bol, solution, repas).

Dans le chapitre suivant, l'auteur étudie l'estomac normal à l'état de vacuité et de réplétion (bol alimentaire, mélanges gazeux), étudie ensuite successivement la chambre à air, le péristaltisme de l'estomac, sa situation normale, sa mobilité, sa forme à l'état de vide et de réplétion progressive par des liquides ou des solides. Faulhaber parle longuement de la

142 forme réelle de l'estomac normal : il a soumis 115 personnes à l'examen radioscopique et a trouvé les résultats suivants : S0 fois le type Rieder, 21 fois le type Holzknecht et 14 fois une forme intermédiaire.

Les chapitres consacrés à la pathologie gastrique sont non moins intéressants: Faulhaber a condensé le résultat de ses recherches sur des tableaux fort complets et fort démonstra- tifs; les affections suivantes ont été l'objet de ses recherches : atonie gastrique et gastroptose, gastrectasie, tumeurs de lesto- mae (tumeurs de la grande courbure, du corps, de la région pylorique), enfin „les déformations de cet organe et surtout l'estomac en sablier. De nombreux schémas dans le texte, et quatorze radiogrammes accompagnent ce travail, méritoire à tous égards.

HEILPORN.

G. FRhitbEeL. Beiträge zur Brforschung des Verdauungstractus durch Röngenstrahlen (Contribution à l’exploration du tube digestif par les rayons X). (Arch. f. physik. Med. und mediz. Technik, Bd II, H. 3 et 4.)

L'auteur a appliqué le procédé du bismuth pour étudier la marche du bol alimentaire dans le tractus intestinal. Il donna le matin à jeun 40 à 100 grammes de sous-nitrate de bismuth suspendu dans un quart de litre de lait; il prend une radio- graphie toutes les trois heures; mais en règle générale, quatre ou eing radiogrammes suftisent pour cette étude; la dernière doit être prise douze à vingt-quatre heures après la précédente; elle a pour but de voir le bol alimentaire dans le S iliaque ct l'ampoule rectale. Les personnes sont radiographiées debout, la plaque est fixée à l'abdomen. Neuf malades ont été examinés de cette facon, présentant tous des lésions variées : gastroptose, entéroptose, tumeurs intestinales, stricture intestinale.

HEILPORN.

Desror. Diagnostic radioscopique d’affections gastro-intesti- nales. (Lyon médical, 1909.)

M. V. Destot, de Lvon, emploie couramment l'examen radios- copique chez les malades présentant des troubles gastro-intesti- naux. [l insiste sur la nécessité de pratiquer des épreuves variées pour se rendre un compte net de la situation; en effet, les

143

modifications dans le siège et dans la forme de l'estomac ne sont que de peu d'importance en comparaison des modifications fonctionnelles: durée de l'évacuation du contenu gastrique, mode de contraction de l’estomar.

Il ne faut pas craindre de répéter les examens et de s'aider de tous les stratagèmes, percussion, succusion sous l'écran, insufflation surtout. Cette dernière ne doit jamais être poussée au point de soulever ia paroi abdominale comme le font d'ordi- naire les médecins qui ne s'aident pas de la radioscopie.

C'est à l'écran qu'il faut donuer la préférence sur Ja plaque photographique, car la vie c’est le mouvement, et ce sont sur- tout les modifications dans le mouvement régulier et normal qui permettent de juger certains points délicats. L'épreuve radiographique la plus belle, fut-elle instantanée, exige une interprétation, impossible si on n’a pas de données radiosco- piques.

Il existe beaucoup de malades qui sont de faux gastriques, c'est-à-dire qui se présentent avee des séries de symptômes se rapportant à l'estomac alors qu'en réalité il s'agit d'une toute autre affection. Certains rétrécissements intestinaux, non encore arrivées à la période ils déterminent des troubles objectifs, provoquent facilement des troubles gastriques. M. Dexstot est arrivé par l'ingestion de bouillie bismuthée et par la radios- copie à déceler ainsi des situations insoupçonnées; dans divers cas, il s'agissait de sténoses intestinales incomplètes dues à des adhérences à la suite soit de traumatismes, soit d'affections inflammatoires des annexes chez la femme.

L'examen de la coupole diaphragmatique, telle qu’elle appa- raît à l'écran radioscopique, est une source excellente de ren- seignements. À l’état normal, cette coupole est mobile avec la respiration et plus élevée à droite elle s'appuie sur le foie qu'à gauche elle se trouve sous le cœur. Chez les femmes ptosées, l'abaissement exagéré coïncide avec la chute de lesto- mac; on distingue aussi le diaphragme en toiture des asthma- tiques et des emphysémateux.

Mais la coupole gauche peut aussi être surélevée même en l'absence de pleurésie antérieure; c'est un signe de premier ordre pour affirmer un état gastrique qui démontre un excès de pression vers le haut occasionné par le côlon rempli de gaz; dans un cas de ce genre, il s'agissait d'un état permanent provoqué par des adhérences englobant l'estomac et le côlon à la suite d'une péritonite tuberculeuse.

184

Chez un autre malade, il v avait aussi adhérence et fixation de l'estomac, mais ici, c'était à la suite d'un traumatisme.

BIENFAIT.

SAMUEL ROBINSON. La fracture de Bennett. (Boston med. and Sury. Journ., 27 février 1908, vol. C, t. VHI, 9, p. 275.)

On donne ce nom à la fracture imtraarticulaire du premier métacarpien, lorsqu'elle est oblique et détache Papophyse pal- maire qui s'articule avee le trapèze.

Le métacarpien, n'étant plus maintenu, tourne sur son axe et se luxe constamment.

La radiographie donne des résultats inappréciables au point de vue du traitement, En effet, seul un appareil à traction continue permet de maintenir réduite et de mener à une bonne guérison cette fracture particulière.,

BIENFAIT.

Je Nowak u. C. Gür. Nitritvergiftung durch Bismutum sub- nitricum (lntoxicalion par formation de nitrites aux dépens du sous-nitrate de bismuth). (Berl. klin. Woch., 39, 1908.)

Les auteurs récapitulent d'abord l'histoire clinique des pie- mières intoxications signalées en Allemagne : Benneke et Iotti- man (1906): un enfant de trois semaines: 3 à + grammes de sous-nitrate dans 10 centimètres eubes de babeurre : mort après un délai de quatorze heures. Böhme (1907) : enfant de 1 12 an: plusieurs grammes de bismuth en lavement : mort. Prior (1907) : enfant de 2 12 ans: 10 grammes de sous-nitrate par ingestion buccale : guérison.

Jls décrivent ensuite en détail un cas d'intoxication suivie de mort qu'ils observèrent chez un adulte: homme de 44 ans, gastro-entérostomie rétro-colique en 1905 (dilatation et ptose gastrique) : quelques mois après, seconde laparotomie (adhe- rences) : em 1906, troisième laparotomie (anastomose entre lanse sigmoïde et l'iléon).

Quelques mois après cette dernière intervention, les auteurs procédèrent à l'examen radioscopigue du còlon, afin de deter- miner la nature des nouveaux troubles accusés par le patient : quatre cuillerées à soupe de sous-nitrate dans deux litres d'eau furent injectés dans le côlon : immédiatement après l’examen, so produisit une selle spontanée et abondante : un lavement

AUS

évacuant de plusieurs litres fut néanmoins administré aussitôt. Fièvre (40°), frissons, cyanose, dyspnée, collapsus et mort lix- huit heures après l’examen.

Comme Böhme dans son travail de 1907, les auteurs impu- tèrent cette intoxication mortelle à la formation et à la résorp- tion de nitrites : car les symptômes observés présentaient les plus grandes analogies avec ceux que provoque l’intoxication par les nitrites.

Afin d'établir encore mieux cette pathogénie, les auteurs entreprirent les recherches expérimentales les plus variées sur les animaux : ils ne purent jamais provoquer l'intoxication chez le lapin et le chien, quelle que fût la dose de sous-mitrate administrée. Si ces animaux se montrèrent réfractaires, le chat se révéla, au contraire, l’animal de choix pour ce genre de recherches. Chez ce dernier animal, le sous-nitrate de bismuth produit facilement l’intoxication et celle-ci ressemble beaucoup à celle provoquée par les mitrites.

La méthémoglobine fut constatée dans le sang des animaux intoxiqués, mais, chose curieuse, elle disparut un ou deux jours après la mort. Cette disparition est probablement attribuable aux fermentations putrides.

Le sous-nitrate de bismuth additionné à des cultures en bouil- lon de bacille-coli se décompose et engendre des nitrites. Ceux- ci se dégagent encore du mélange de matières fécales avee le sous-nitrate et, sous ce rapport, les matières fécales de l'enfant se montrent plus actives que celles de Fadulte. D'ail- leurs, la réduction du sous-mitrate s'accomplit sous l'influence ie différentes espèces de bactéries; dans l'intestin, elle semble se produire surtout dans les parties inférieures du tube digestif. Les autopsies, aussi bien que l'examen cadavérique des ani- maux intoxiqués, ont montré que l'intestin grêle ne contient pas de bismuth et que celui-ci s'accumule dans le gros intestin.

Pourquoi le sous-nitrate de bismuth détermine-t-1l si rare- ment des intoxications? Les nitrites peuvent se décomposer dans l'intestin et former de l'ammoniaque et même de l'azote : si la production des nitrites est très abondante (comme chez le chat et chez l’homme en possession d’un: flore intestinale anormale), la décomposition des nitrites ne sera pas suffisamment rapide pour empêcher leur résorption et l’intoxication.

Il convient d'utiliser, en radiologie, le bismuth métallique cu des composés de bismuth peu solubles qui ne peuvent donner lieu à la formation de nitrites.

J. KLYNENS.

146

D' BRAEUNING. Die Entfaltung des Magens (Le déplissage de l'estomac). (Munch. Med, Woch., 9 février 1909.)

Dans cet article, illustré de nombreux schémas, l'auteur appelle l'attention sur la forme du bol alimentaire à son entrée dans l'estomac. La première bouchée de purée de pommes de terre bismuthée reste quelques secondes dans la portion sous- diaphragmatique de cette organe, les bouchées successives vien- nent augmenter cette masse, dont la partie inférieure prend la forme d’un coin qui descend de plus eu plus au fur et à mesure que l'estomac s'ouvre. Cet aspect dure presque cinq minutes et peut servir à diagnostiquer l'état sain, l’état de tonicité nor- male de l'estomac.

Le lait de bismuth, qui n'a pas la consistance pâteuse, ne donne pas cet aspect; il descend immédiatement vers le pylore.

Quand l'estomac souffre, le bol alimentaire pâteux descend directement comme sil s'agissait d'un liquide.

BIENFAIT.

FR. GROEDEL. Die peristolische Funktion des Magens im Rôntgenbilde (La fonction péristolique de l'estomac en radios- copie). (Munch. med, Woch., 11, 1909.) |

Cet article est une réplique à la communication précédente.

Le contour inférieur de Ja chambre à air de l'estomac normal à jeun est généralement rectiligne et horizontal: le premier bol alimentaire s'y trouve arrêté un instant pour y former une dépression mfundibiliforme : pendant son arrêt en ce point, arrêt qui ne dure que quelques secondes le bol alimentaire est soumis à des mouvements alternatifs d'élévation et d'abais- sement que Jui imprime l'acte respiratoire. Mais bientôt, il S'achemine assez rapidement vers le pôle inférieur de l'estomac en décrivant une courbe légère, ouverte à droite; entretemps, la limite inférieure de la chambre à air a repris sa direction horizontale. APE a

De nouveaux apports alimentaires engendrent la même suc- cession d'images radioscopiques, mais leur arrêt à la partie inférieure de la chambre à air devient progressivement plus court et bientôt les bouchées alimentaires atteignent directe- ment la partie déclive de l'estomac. Mais pour peu que les déglutitions se soient succédées rapidement, les premières bou-

147

chées alimentaires, obligées de s’accumuler dans la chambre à air, y forment une masse conique à sommet inférieur déplis- sant lentement les parois stomacales.

Les liquides ne se comportent guère autrement que les solides ; ingurgités rapidement ils forment également sur l’écran radios- copique une image conique,

Les substances alimentaires ne tombent donc pas dans l'esto- mac normal à jeun comme dans un sac inerte : elles y rencon- trent une certaine résistance qui s'oppose à leur transit vers la région pylorique; cette résistance dépend de la force contrac- tile de l’estomac en vertu de laquelle les parois de l'estomac à jeun se trouvent accolés.

A cette première phase, le déplissage des parois stomacales, succède ensuite un second stade, le remplissage : l’ingestion des matières alimentaires continuant toujours, les apports nouveaux ne peuvent bientôt plus atteindre le pôle inférieur de l’estomac : ils se superposent et arrivent rapidement à remplir totalement l'estomac : une quantité relativement petite d'aliments suffit ainsi à révéler la silhouette totale de l’estomac normal, avec sa forme et sa direction. Et, à partir de ce moment, l’estomac s'accroît progressivement en largeur : son point le plus déclive reste au même niveau, ne s’abaisse plus guère : le niveau supé- rieur de la masse alimentaire ne s’élève plus dans la chambre à air. L’estomac normal adapte parfaitement ses parois à son contenu et cela grâce à un tonus réflexe de sa musculature, grâce à la fonction péristolique étudiée en premier lieu par Stiller.

La péristole de l'estomac ne cesse de jouer un rôle pendant la phase évacuatrice : ici encore les parois de l'estomac normal se moulent exactement sur le contenu gastrique qui diminue peu à peu. L’évacuation se signale done par les mêmes images radioscopiques que le remplissage, mais ces images se succèdent en ordre inverse : nous observons d’abord la réduction de la largeur de l’estomac.

La fonction péristolique ne doit pas être confondue avec l'élasticité stomacale ; la première est d'ordre réflexe, la seconde dépend directement de l’action musculaire : la première fait que le contenu stomacal se trouve réparti sur toute la surface de la muqueuse, la seconde .donne à l'estomac sa forme et sa direction. Si la fonction péristolique se trouve éliminée, l'esto- mac se comporte alors comme un sac inerte : les aliments tombent tout droit dans la partie déclive de l'estomac qu'ils

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remplissent directement et exclusivement : c'est un signe pathognomonique de la gastrectasie atonique. J. KLYNENS.

LEWINX. Ueber Wismutvergiftung u. einen ungiftigen Ersatz des Wismuts f. Rôntgenaufnahme (l’inloxication par le bismuth et un succédané non toxique des sels de bismuth en radiologie). (Munch. med. Woch., 13, 1909.)

Le sous-nitrate de bismuth est administré soit intérieurement, soit extérieurement depuis plus de cent ans: et depuis cette époque aussi, des troubles graves, voire des cas mort, lui ont été attribués. A vrai dire, ces derniers temps n’ont guère apporté de nouvelles contributions à la séméiologie clinique et expérimentale de cette intoxication.

Pour combattre une hyperacidité gastrique, un médecin fran- cais administra en quatre-vingt jours 1,600 grammes de sous- nitrate de bismuth : des radiologues introduisent dans le tube digestif, en une seule dose, 50 grammes et méme plus de 100 grammes de ce sel. Il faut combattre de la façon la plus énergique l’opinion qui soutient l'imnocuité des fortes doses de sous-nitrate de bismuth : en réalité, il n'est organisme humain qui ne soit Jésé par pareilles doses.

Dans l'état actuel de nos connaissances, le médecin qui porte- rait préjudice à son prochain par administration de ces doses de bismuth serait injustifiable et n'aurait guère de chances avec notre législation d'échapper à la réparation que le préjudicié, ou en cas de mort ses héritiers, pourratent réclamer : appelé comme expert en pareille circonstance, l'auteur ne pourrait excuser le médecin imculpé.

Les dangers d'intoxication n'existent pas moins aussi quand le bismuth est appliqué sur des plaies ou des brülures sous forme de poudres ou de pommades de 15 à 20 % : car la résorp- tion s`y fait rapidement.

Les lésions symptomatiques suivantes sont les plus fréquentes:

Pigmentation des tissus du tube digestif : lèvre inférieure, langue, gencive, voile du palais, amvgdales, estomac et intestir et même le larynx. La coloration des gencives peut persister pendant des mois : celle de la peau du trone et des membres est tiès rare. Cette pigmentation est probablement due au sulfure de bismuth:

2 Inflammation de la muqueuse de la bouche avec œdème,

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excorlations, nécrose et dépôts membraneux sur les lèvres, les amvgdales, la luette, etc... Salivation et ballottement des dents;

Douleurs le long de l’œsophage, dysphagie, vomissements, ballonnement et diarrhée ;

4 Diminution de la diurèse, albuminurie, cylindrurie, né- phrite desquamative et dégénérescence parenchymateuse des reins;

Troubles du pouls, tels que petitesse et intermittences, ete... Hoquet, hypothermie, dyspnée, cyanose et collapsus;

Céphalalgie, fièvre et délire.

Tous ces symptômes et d’autres encore doivent être imputés au bismuth lui-même : il est complètement inadmissible de pré- tendre que l’intoxication relève, de quelque manière que ce soit, des nitrites formés par réduction du sous-nitrate. Celui-là, qui invoque pareille pathogénie, ne connaît ni l’action du bismuth, ni l’action des nitrites; certes, il est évident que les nitrates peuvent se réduire à l’état de nitrites dans l’organisme de l’ani- mal et que ces nitrites ainsi formés peuvent provoquer une cer- taine méthémoglobinémie; mais en somme, l’intoxication déter- minée chez les animaux par le sous-nitrate de bismuth n’est pas imputable aux nitrites et conséquemment on ne peut invoquer, au point de vue nosologique, la méthémoglobinémie.

Les recherches de l’auteur sur les nitrites lui ont permis d’insister, à plusieurs reprises, sur le fait qu'une méthémoglo- binémie intense et décelable pendant la vie peut seule provo- quer des troubles, voire la mort: mais le sous-nitrate de bismuth n’est pas en état de provoquer ces troubles et l’intoxication par les nitrites ne ressemble pas à celle qu’engendre le sous-nitrate de bismuth : celui-ci agit aussi peu par formation de nitrites que le nitrate de strychnine.

L'opinion absolument erronée, qui consiste à attribuer lin- toxication par le sous-nitrate de bismuth à la formation de nı- trites, se trouve d’ailleurs déjà réfutée par le seul fait que le sous-gallate de bismuth (dermatol), le nitrate ammonical de bismuth, le tartrate de bismuth et de potasse et l’oxviodo- gallate de bismuth (airol) donnent une intoxication identique à celle que détermine le sous-nitrate.

Ces considérations montrent combien il est erroné de rempla- cer en radiologie le sous-nitrate par une autre combinaison de bismuth et notamment par le carbonate de bismuth. Les dan- gers de l’intoxication existent quelle que soit la formule chi- mique de la préparation de bismuth. Les composés peu solubles

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et même le bismuth métallique sont tous solubilisés par l'orga- nisme. |

L'auteur s’est appliqué à rechercher une substance capable de rendre à la radiologie les mêmes services que les sels de bis- muth : le silicate de calcium et de plomb, le cinabre, l'oxyde de thorium et d'autres composés métalliques encore furent mis à l’essai et écartés bientôt par crainte d’intoxication.

L'auteur s'adressa ensuite aux combinaisons de fer et adopta finalement l’oxyde de fer magnétique (Fe*O*‘) qui paraît bien remplir les deux conditions requises par la technique radiologi- que : inocuité absolue même à doses massives et imperméabilité aux radiations de Röntgen. Tous les autres composés de fer, et méme la poudre de fer métallique aussi fine que le fer réduit, se montrèrent sous l’un ou l’autre rapport moins avantageux que le fer magnétique : le fer métallique au surplus par sa combi- naison avec le suc gastrique dégage de l'hydrogène.

L'oxyde de fer magnétique mis en contact avec les liquides du tube digestif, reste pour ainsi dire insoluble; il est adminis- trable à doses massives; réduit à l’état de poudre fine, il peut être incorporé dans les bouillies alimentaires, telle que la purée de pomme : dans une proportion de 15 à 30 % il donne une image radioscopique démonstrative : un tamis de 500 mailles par centimètre carré fournit une poudre suffisamment fine.

Les recherches sur l'homme, entreprises par l'auteur, ont montré que cette substance donne des images dont la netteté et la valeur démonstrative à sa connaissance n'ont pas encore été égalées Jusqu'ici par toute autre substance : ces recherches paraîtront incessamment.

J. KLYNENS.

K.TAEGE. Eisen als Ersatz des Wismuts für Rôüntgenaufnahmen (Le fer comme succédané du bismuth en radiographie). (Munch. med. Woch., 15, 1909.)

L'auteur approuve la proposition émise par Lewin dans l'arti- cle précédent, proposition qui tend à remplacer en radiodia- gnostic les composés de bismuth par les composés de fer; il n’a pas eu recours à l’oxyde de fer magnétique de Lewin parce qu'il n’en avait pas à sa disposition : ce produit ne se débite pas en pharmacie; c’est un minerai et non pas un produit pharmaceu- tique. Pour être utilisable en radiodiagnostic, il doit être pulvé- risé, et cela demande du temps et coûte de l’argent.

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191

= Non pas par crainte d’intoxication, mais bien par mesure d'économie, l’auteur, depuis plus de huit mois, a eu recours à un autre composé de fer, notamment à l’oxyde de fer rouge, Fe’O? (crocus martialis), qui était naguère un produit officinal. Tout aussi bien que l’oxyde de fer magnétique, il est très riche en fer (10 ©) et presque insoluble dans une solution de 1 pour mille d'acide chlorhydrique. Ce produit est achetable partout sous forme de poudre extraordinairement fine; le kilogramme ne coûte que 1 mark 50 (chez Merck), tandis. que le même poids de sous-nitrate de bismuth revient à peu près à 20 marks.

L'auteur se déclare très satisfait des épreuves radiographiques obtenues au moyen de cette substance : il est vrai, ses expé- riences ne semblent avoir porté que sur le lapin.

J. KLYNENS.

STARCK. Zur Diagnose der Barlowschen Krankheit (des kindlichen Skorbut) (Contribution au diagnostic du scorbut infantile). (Munch. med, Woch., 1907.)

La dénomination « scorbut infantile » est préférable à la dénomination « maladie de Barlow » : la première comporte une signification symptomatique qui saute aux yeux.

L'auteur passe en revue les symptômes principaux de cette affection :

L’anémie : elle peut faire défaut au début de l’affection, mais elle existe toujours plus ou moins inteuse après un ou deux mois de durée de la maladie.

La gingivite hémorragique constitue un des symptômes cardinaux.

Les douleurs osseuses se manifestent surtout aux extrémités et sont provoquées par les mouvements et surtout par la pres- sion.

Les tuméfactions des membres; le diagnostic de la maladie est singulièrement facilité par la radiographie qui montre les épanchements sanguins sous-périostés, les difformités osseuses, les fractures et les infractions : elle montre surtout l'opacité intense pathognomonique qui se localise à l'extrémité des dia- physes.

L'’œædème hémorragique des paupières avec ou sans exophtal- mie: ce symptôme est tellement frappant qu’il prête à peine à confusion.

ti

L’hématurie; elle peut étre l’unique symptôme visible de la diathèse hémorragique. Enfin, le succès de la thérapeutique appropriée peut, elle aussi, confirmer le diagnostic. J. KLYNENS.

T. NAKAHARA. Ueber die mechanische Entstehung des Platt- fusses (Mécanisme producteur du pied plat) (Arch. physikal. Med. u. med. Techn., Bd IV, N. 1 et 2.)

L'auteur résume ses observations sur la pathogénie du pied plat dans les quelques thèses suivantes :

Le pied plat se développe aussi bien par la dislocation que par la déformation des os du pied;

La voûte plantaire ne s'eflondre pas seulement mais cède dans toutes les directions;

L’astragale pivote autour d’une verticale passant par laxe de la jambe (mouvement en pas de vis);

Les autres modifications que subissent les os du tarse ne sont que la continuation des modifications ayant débuté au niveau de l’astragale ;

Quant à la prophylaxie, il importe d'éviter l’étalement du pied.

ITEILPORX.

D'BECLÈRE. Le traitement médical des tumeurs hypophysaires, du gigantisme et de l’acromégalie par la radiothérapie. (Archives d'électricité médicale, 10 mars 1909, 257.)

Il existe quatre formes qui manifestent l'existence des tu- meurs hypophysaires, la forme ophtalmique, la forme giganti- que, la forme acromégalique et la forme d’infantilisme génital avec adipose. |

Les différents états morbides, par lesquels se manifestent cli- niquement les tumeurs de l’hypophyse, sont d’ailleurs dans la plupart des cas diversement combinés, sinon au début, du moins au cours de la maladie, à une période plus ou moins avaucée de son évolution.

Quelle que soit la simplicité ou la complexité du tableau cli- nique, quel que soit le symptôme ou le syndrome prédonunant, un trait commun relie les observations les plus disparates, c’est l’existence d’une augmentation de volume de l’hypophyse.

La radiographie décèle ce signe d’une manière indirecte en montrant la selle turcique anormalement agrandie en tous sens, profondément excavée dans le sens vertical et largement évasée dans le sens antéro-postérieur, tandis que les apophyses clinoïdes antérieures et postérieures qui la limitent en haut, tantôt sont conservées et tantôt ont plus ou moins disparu. C’est la radio- graphie seule qui pendant la vie permet de reconnaître et d’af- firmer l'augmentation de volume de l’hypophyse, mais elle est incapable d’en dévoiler la nature et de décider s’il s’agit soit d’une hypertrophie simple, soit d’une lésion infectieuse, syphi- litique, tuberculeuse, soit du développement d’un véritable néo- plasme, adénome, gliome, sarcome, épithéliome.

Le diagnostic posé, quel traitement faut-il faire suivre au malade?

Si le malade est atteint de syphilis, ou s’il en est seulement soupçonné, il faut employer le traitement spécifique; la chi- rurgie a donné des résultats dans certaines tumeurs hypophy- saires, mais n’est pas applicable à toutes; l’auteur fixe les limites de son action et de son utilité.

Par analogie avec les succès de la radiothérapie dans le corps thyroïde hypertrophié, et en état de suractivité fonctionnelle chez les malades qui présentent le syndrome de Basedow et dans certains gliomes de la moelle épinière qui se manifestent clini- quement par le syndrome de la syringomyélie, l’auteur croit que l’on peut employer, avec chances de succès, la radiothérapie dans l’hypophysomégalie. Il fixe les conditions de technique nécessaires à ce traitement, cité le cas d'une jeune fille qui pré- sentait tous les symptômes de l’hypophysomégalie, et que deux mois de radiothérapie ont considérablement améliorée.

M. Beclére croit pouvoir en conclure que dans le traitement médical des tumeurs hypophysaires, du gigantisme et de l’acro- mégalie, la radiothérapie, bien maniée, constitue la meilleure arme dont nous disposions, arme d'autant plus efficace qu’elle est employée plus tôt.

Etienne HENRARD.

A. PEYSER. Zun Nachweis der Basisfraktur (Le diagnostic d’une fracture de la base du crâne). (Deut med. Woch., 18, 1908.)

A la suite d’un accident de chemin de fer, le patient pré- senta des symptômes labyrinthiques manifestes. La radiogra- phie du erâne, prise dans le sens transversal, montra une

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fracture intéressant Ja partie postérieure du pariétal et lapo- physe mastoïde. J. KLYNENS.

Max SCHEIER. Die Bedeutung der Rôntgenstrahlen für die Rhinologie (L'importance du radiodiagnostic en rhinologie). (Deut. med. Woch., 41, 1908.)

C'est le mérite incontestable de Scheier d’avoir montré le pre- mier, peu de temps déjà après la découverte de Röntgen, le rôle important du radiodiagnostic en rhinologie. A plusieurs reprises et notamment dans le traité de radiologie du professeur Bou- chard, il exposa les services obtenables par les rayons X dans le diagnostie des affections des fosses nasales. Mais l'instrumen- tation peu puissante encore ne lui permit pas alors de faire des radiograplhies postéro-antérieures de la tète: ce n'est que dans ces derniers temps, grâce aux perfectionnements tech- niques, que Goldman et Killian purent préconiser ces prises postéro-antérieures : à la suite de la communication de ces deux auteurs, cette radiographie, dificile et délicate, entra définitivement dans le domaine de la pratique.

Scheier recommande l’examen radioscopique préalablement à toute radiographie : dans l’examen radioscopique latéral du crane, on voit les sinus frontaux et sphénoïdaux, la selle tur- cique, ete... : l'examen radioscopique postéro-antérieur de la tête nous permet souvent de distinguer les sinus frontaux et maxillaires, séparément projetés de chaque côté de la ligne médiane, et de soupçonner même quelquefois Pempyème d’un de ces sinus.

Après l’examen radioscopique il faut procéder à la radiogra- phie; la radiographie postéro-antérieure est bien préférable à Ja radiographie latérale parce que les sinus frontaux et maxillaires ne S'y superposent pas comme dans la radiographie latérale, mais s'y projettent séparément sur la couche sensible, Pour

différents motifs, l’auteur recommande - bien à tort, semble- t-il, à l’auteur de cette analyse - la position assise de préfé-

rence à la position couchée, quelle que soit l'incidence des radiations.

Après avoir consacré quelques considérations au radiodiagnos- tic des corps étrangers des fosses nasales, Scheier aborde le radiodiagnostie des sinusites de la face : avant tout, il faut se rendre compte de l’état des cellules ethmoïdales; s’il n'existe

4

qu’une inflammation localisée à un seul sinus, frontal ou maxillaire, la guérison sera relativement facile; elle sera bien moins rapide si les cellules ethmoïdales participent, elles aussi, au processus: c’est de la plus grande importance au double point de vue de la thérapeutique et du pronostic. La région des cellules ethmoïdales peut paraître indistincte et comme voilée sans qu’il y existe trace de pus; c'est que ce voile peut être engendré par la présence de polypes ou même par le gonflement de la muqueuse tout aussi bien que par l’accumula- tion de pus. Tandis que les sinus frontaux et maxillaires ainsi que les cellules ethmoïdales ne se projettent sur la couche sen- sible bien distinctement que dans le sens postéro-antérieur des radiations, les sinus sphénoïdaux ne sont visibles que sur les radiographies transversales; si la projection du sinus sphénoïdal n'est pas nette alors que les sinus frontaux et maxillaires se montrent très perméables, il y a de grandes chances de sinusite sphénoïdale,

Des sinus maxillaires, absolument sains, peuvent apparaître sombres à la diaphanoscopie à cause de l'épaisseur des couches osseuses : inversement ils peuvent apparaitre très clairs alors que la radiographie décèle un voile unilatéral et que l’opération démontre une suppuration. La diaphanoscopie peut encore montrer l’obscurcissement d’un sinus frontal, mais elle ne nous dit pas alors s’il s’agit en réalité d'un empyème, si l’os frontal est également épais des deux côtés de la ligne médiane, si le sinus frontal existe ou n’existe pas des deux côtés ou enfin si ‘un sinus frontal est plus petit que l'autre; le radiodiagnostic au contraire montre l’existence ou l’absence du sinus frontal; elle montre encore le degré d’épaisseur de la paroi antérieure du sinus, ce qui est souvent très important au point de vue opératoire.

Après guérison d’une inflammation aiguë, les sinus appar- raissent clairs et perméables sur le radiogramme : après œué- rison d’un processus chronique, ils montrent un certain voile qui provient des modifications irréparables de la muqueuse et des couches sous-jacentes. Sans doute les indications diagnos- tiques de la radiographie ne sont pas toujours infaillibles : un ædème d’origine dentaire, un kyste dentaire et bien d’autres modifications anormales peuvent donner lieu à voile sur la couche sensible : au surplus, les deux moitiés de la face ne

sont pas toujours symétriques : la paroi des sinus peut être plus épaisse d’un côté que de l’autre, etc... Le voile que révèle la

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radiographie ne peut done jamais à lui tout seul imposer le diagnostic d’emprème : la clinique ne perd jamais ses droits, mais il est utile de la soumettre au contrôle radiographique.

Si l'importance de la radiographie est incontestable au point de vue du diagnostic, elle ne l'est pas moins au point de vue thérapeutique : la radiographie dirige notre intervention, elle nous montre l’épaisseur des parois osseuses, elle nous indique l'étendue et la profondeur des sinus, ete...

De toutes les tumeurs des fosses nasales, les ostéomes donnent les images radiographiques les plus démonstratives : les ravons X établissent au surplus l'extension des néoformations malignes et la possibilité d’une intervention.

Les affections dentaires relèvent encore du radiodiagnostic ; c'est ainsi que l’origine dentaire d’un empyème maxillaire peut être démontrée.

L'étude radiologique des mouvements du voile, de l’épiglotte et du larynx pendant la phonation ont été heureusement étu- diés par l’exploration rôntgénienne; enfin le traitement radio- thérapique est applicable à nombre d’affections des fosses na- sales ainsi qu'au lupus du nez et aux rhinosclérome.

J. KILYNENS.

ING. ROSENTHAL. Ueber scharfe Rôntgénogramme u. über Schnellaufnahmen (Radingrammes fouillés et radiogrammes instantanés). (Comptes rendus du IV° Congrès international d’élec- tricité et de radiologie médicales, Amsterdam 1908, et Archiv. f. phys. Med. u. med. Technik, Bd IV, Heft 3, 1909.)

Le domaine du radiodiagnostic s’étend au fur et à mesure que les radiogrammes deviennent plus nets et plus fouillés. De grands progrès sous ce rapport ont été réalisés grâce aux diaphragmes, grâce aux moyens de fixation et de compression, grâce encore à la réduction des temps de pose; mais la qualité de l’image radiographique ne relève pas que de ces trois facteurs : il en est encore un quatrième qui, lui aussi, est de la plus grande impor- tance : c’est le choix de l’ampoule.

Quand il s'agit de prises radiographiques délicates et fines, quand il s’agit de dépister un début de tuberculose pulmonaire par les minimes modifications de texture, quand il s'agit de déceler un corps étranger minuscule ou une fissure osseuse, ìl faut alors recourir à une ampoule dont le foyer anticathodique est réellement irréprochable : c’est de la petitesse de ce foyer que dépend en grande partie la finesse de l’image.

157

L’étendue du foyer anticathodique s’apprécie au moyen du focomètre : cet instrument se compose de six fils métalliques de grosseur décroissante tendus sur un cadre : le diamètre de ces fils varie de 0,05 à 1 millimètre. Le petit appareil se place sur le trajet des radiations à distance égale du foyer de l'ampoule et de la plaque photographique. Sa photographie au moyen des radiations émises par l'anticathode montrera combien de fils celle-ci arrive à projeter sur la couche sensible et montrera encore, chose plus importante, avec quelle netteté elle arrive à les projeter. Ainsi une étude comparative du foyer anticatho- dique de différentes ampoules peut être graphiquement réalisée. Evidemment, cette étude comparative exige que les conditions de technique soient toujours rigoureusement identiques : le foco- mètre doit être dans tous les essais à la même distance de l'anticathode et de la plaque photographique; une seule et même plaque servira à ces différents essais successifs qui com- porteront au surplus toujours le même temps de pose.

En procédant de cette facon on pourra établir la valeur d’une zmpoule donnée et comparer entre elles les ampoules de fabri- cations diverses. Ainsi on pourra encore s'assurer de l’impor- tance prépondérante que joue la finesse du foyer anticathodique dans l'obtention d’un radiogramme fouillé. Ce n’est pas à dire que l’ampoule, pour être excellente, ne doive encore remplir d’autres conditions dont l’auteur a déjà commencé l'étude. Sous le rapport de la finesse du rendement, l’ampoule de précision préconisée par l’auteur surpasse toutes les autres.

Le deuxième point abordé par l’auteur se rapporte à la men- suration du temps de pose que nécessite une prise instantanée ; on s'expose à des erreurs extraordinairement grandes quand on calcule le temps d'exposition, comportant seulement une petite fraction de seconde, par la durée du contact de deux pièces métalliques. Ainsi le temps de pose apparaît fort petit alors qu’en réalité il est relativement bien grand, parce que l’étin- celle de rupture prolonge le passage du courant primaire. Afin d'éviter toute erreur dans cette mensuration, l’auteur s'est adressé à deux procédés différents : le premier consiste à 1m- pressionner une bande de papier photographique au moyen d'un petit faisceau de rayons émis latéralement par l’ampoule; le papier photographique est mis en mouvement pendant toute la durée de l’exposition au moyen d’un tambour par un méca- nisme d’horlogerie: la vitesse de rotation du tambour étant connue, il est facile de mesurer la durée du temps d’exposition.

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Le second procédé consiste à impressionner une bande de papier photographique mise en mouvement par le même mécanisme au moyen d’un endoscope intercallé dans le courant secondaire.

J. KLYNENS.

BeEcLÈRE. Note sur le radiodiagnostic du cancer pulmonaire avec présentation de clichés radiographiques. (Bull. et mém. de la Soc. de Radiol. méd. de Paris. mars 1909.) i

L'auteur soutient que l'exploration radiographique, si pré- cieuse pour le diagnostice précoce des cancers intra-thoraciques, ne suffit cependant pas, seule, à ee diagnostic. IT présente une série de radiogrammes qui pourraient deux à deux être étiquetés:

Cancer et kyste hydatique du poumon; cancer et gan- grène pulmonaire; cancer et tuberculose ganglionnaire du hile; 4 cancer du médiastin et anévrisme de l’aorte.

Dans le cas 1 il s'agit de deux clichés ressemblants, presque superposables, révélant à la base du thorax l'existence d’une masse opaque arrondie de la grandeur du poing. Chez l’un des malades, les signes concomitants permirent de diagnostiquer un kyste hydatique du poumon. Chez l’autre une ponction sous l'écran fut nécessaire pour démontrer qu’il s'agissait d’une tu- meur solide.

Dans les cas suivants (n° 2), il s'agit encore de clichés super- posables. Chez l’un des patients, certains symptômes permettent de diagnostiquer une gangrène pulmonaire, confirmée par lin- tervention chirurgicale. Chez l’autre, les douleurs continues, les accès de toux coqueluchoïde, lapparition au-dessus de la cla- vicule d’un ganglion adhérent ayant les caractères d’un gan- œlion néoplasique permirent à l’auteur de conclure au diagnostic de cancer du poumon.

Les mêmes difficultés d'interprétation se présentaient pour le troisième groupe de clichés.

Pour le quatrième, il s'agit encore de deux clichés ressem- blants : l'un banal, d'anévrisme de la crosse : Pautre se rapporte à un patient adressé à l'auteur afin de vérifier le diagnostie d’anévrisme aortique; 1l s’agit d'un malade portant à la base du cou une tumeur hosselée, pulsatile, développée depuis trois mois. Un cliché en incidence oblique montre que la masse opa- que est indépendante de la crosse; il s’agit d’un sarcome vas- culaire.

LEJEUNE.

159

D” LiLIENFELD. Ueber die Carpalia und ihre Beziehungen zu den Brüchen der Handwurzel- und Mittelhandknochen im Röntgenogramm (Les os surnuméraires du carpe considérés dans leurs relations avec les fractures des os du carpe et du métacarpe). (Forschritte auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen, Bd XIII, Heft 3.)

Cet article est un contribution à l'étude des os carpaux, plus rares, et moins bien situés au point de vue de leur figu- ration radiologique, que leurs équivalents tarsaux. L'apparition de ces derniers est souvent bilatérale; les os carpaux, au contraire, se trouvent généralement ébauchés d’un côté seule- ment. Les travaux de Pfitzner, bien qu’entachés de quelques erreurs et confusions, constituent une révélation dans ce domaine. Il peut apparaître, à la main comme au pied, des os inconstants, surnuméraires, qui ne sont pas des sésa- moïdes, ni des os nés dans les tendons, car ils sont préformés à l’état cartilagineux (Thilenius) et ont leurs équivalents dans ja série. Leur présence devrait être considérée comme un signe régressif et l’on conçoit qu’elle puisse prêter à confusion dans le diagnostic des fractures des os du carpe ou de certaines de leurs apophyses. Y a-t-il fracture ou variation ? Telle est la question qu’on sera parfois amené à se poser. L'intérêt du travail consiste à examiner dans quelle mesure il est possible de faire un diagnostic différentiel. L’examen radiologique est le plus souvent impuissant, et ce sont les commémoratifs ou les indications cliniques qui résoudront la question. I’auteur lapporte ensuite les lésions traumatiques et les variations les plus fréquentes que l’on rencontre dans la main.

Dans la rangée proximale du carpe :

Lilienfeld ne croit pas à l'existence du dédoublement sca- phoïdien (os naviculare bipartitum); si un pareil cas existait, le plan de séparation serait horizontal, divisant l’os en une portion palmaire (cf. cunéiforme 1) et non transversal comme dans la majorité des fractures du scaphoïde.

Deux autres ébauches osseuses sont en rapport avee le navi- culaire. Ce sont l'os central, qui peut persister à l’état libre, et l’os radial externe, qui peut également rester isolé, mais qui se fusionne habituellement avec le scaphoïde au niveau de sa tubérosité et s’articule avec le trapèze. La confusion de ces os avec des fractures du scaphoïde est possible.

160

L’os triangulaire (ou intermedium antebrachii) se fusionne avec l'apophyse strloide du cubitus. Sa forme ovale et régu- lière le distingue aisément d'un fragment arraché de la sty- loïde; l'existence d’un dédoublement du semi-lunaire est pro- blématique; au contraire la fracture. du semi-lunaire est fréquente; il y a généralement un fragment distal et un frag- ment proximal.

L'épilunatum est sans doute un produit de fracture, car il présente des phénomènes dégénératifs; l’hypolunatum existe incontestablement et apparait des deux côtés;

L’épiprramis, rare, est séparé du pyramidal par une surface articulaire, et peut en imposer pour une fracture de cet os; le pisiforme secondaire n’a pas encore été trouvé chez l’adulte.

Dans la rangée distale :

L'os hamuli est assez fréquent; il importe de ne pas le confondre avec l'apophvyse uneiforme de l’os crochu. (Pfitzuer a trouvé les deux os coexistant.) La confusion avec une frac- ture de l'os crochu est possible;

La fracture du trapézoïde est hautement probable, mais il est difficile de la reconnaitre de fragments détachés du premier et du deuxième métacarpien ;

Les traits de fractures sont parfois difficiles à mettre en lumière dans le grand os, à cause de la fréquence de l’engré- nement des fragments. Les os décrits par Pfitzner comme os “apitatum secundarium et subcapitatum sont douteux:

Pour le trapèze secondaire, voyez plus loin.

Dans le métacarpe :

L'os styloïdeum, en rapport avec la strloïde du troisième métacarpien est assez fréquent, mais 1] échappe souvent à l'examen radiologique (il faut une prise palmo-dorsale) ;

La fracture de l'apophyse de la base du premier métacarpien peut s'organiser et en imposer pour un trapèze secondaire; de même la fracture de l'apophyse du cinquième peut simuler un os vesalianum dont l'existence réelle n’a été décrite qu'une seule fois au métacarpe;

L'auteur cite finalement un cas d’ossiculum Gruberi situé du côté palmaire, entre los crochu, le grand os, et les métacar- piens trois et quatre.

PENNEMAN.

161 Radiothérapie

Prof. D" A. DI LUZENBERGER. Sul trattamento delle linfadeniti e dei linfoni par mezzo dell’ elettricita e dei raggi di Röntgen. (Annali di Eelettricita medica e terapia fisica, XII, 1908-1909 ) |

Rappelant la fréquence des altérations des glandes lymphati- ques, l’auteur expose les différentes méthodes physiothérapiques qui lui ont personnellement réussi dans ces cas : la galvanisa- tion (ionisation) et la haute fréquence lui ont certes donné des succès, mais il préfère l’emploi des rayons Röntgen dans les- quels nous possédons, dit-il, un moyen bien plus efficace de traiter les affections de ce genre, lymphadénites et lyÿmphosar- comes. L'expérience clinique a démontré, d’une part, Pin- fluence directe des rayons X sur la diminution dans la produc- tion des lymphoïdes, et, d'autre part, l’action élective de ces rayons qui détruisent de préférence les cellules de néoformation.

L'auteur rapporte notamment deux cas, l’un de polyadénite scrofuleuse du cou et l’autre de lÿmpho:arcome sus-claviculaire, dans lesquels la radiothérapie a pleinement réussi.

Bien que ce soient des séances courtes (9 minutes) et fré- quentes (application tous les deux jours) avec un tube demi-dur (B. 8) qui aient amené ces heureux résultats, l’auteur préco- nise actuellement la méthode des séances longues, des doses massives, du moins au début du traitement, puis il observe le malade, se réservant de continuer la cure à l'aide des doses fractionnées. |

Un insuccès dans un cas d’adénite sous-maxillaire avec radio- dermite a engagé le D" di Luzenberger à modifier la technique qu’il avait suivie antérieurement : les perfectionnements de l'outillage, tube Müller réglable, filtre d'aluminium, moyens multiples de protection, rendent du reste ce mode de traitement encore plus utilement applicable.

E. Dcroxr.

MADER. Zur Rôntgenbehandlung maligner Neoplasmen der oberen Luftwege (La radiothérapie des néoplasmes malins des voies respiratoires supérieures). (Munch. med Woch ,n°12,1909.)

L’anteur rapporte l’histoire clinique d’un cas de cancer du pharyux traité avec succès par la radiothérapie : il fait l’irra-

162

diation des tumeurs profondes du pharynx au moyen d’une ampoule spéciale de son invention : les rayons émis par l’anti- cathode sont canalisés dans un appendice tubulaire, imperméa- ble aux radiations dans toute son étendue à l'exclusion de son extrémité libre. Après cocainisation de la muqueuse buccale et pharvugce, le tube est introduit jusqu’au siège de la lésion.

A la suite de cette observation et de la description de la tech- nique employée, l’auteur établit les indications et contre-indica- tions de la radiothérapie applicable à ce genre de lésion.

L'intervention opératoire est de rigueur dans tous les cas l’âge et l'état de santé du patient permettent d’assigner à l'opération radicale un résultat favorable;

La radiothérapie est applicable dans les cas l’interven- tion semble par trop grave en elle-même ou par rapport à l’âge et aux forces du malade;

La radiothérapie est formellement indiquée dans les cas l'opération est inexécutable ou refusée; elle est encore indiqué: en cas de récidive.

J. KLYNENS.

I.-E. ScumipT. Zur Aetiologie der Frübreaktion nach Rônt- genbestrahlung. (Deut. med. Woch., 2, 1909.)

La radiodermite apparaît après une période latente de plu- sieurs jours ou même de plusieurs semaines : exceptionnelle- ment un érythème plus ou moins intense peut apparaitre quel- ques heures après lirradiation : d'après Köhler et la plupart des radiothérapeutes, cette réaction précoce serait due à des ra- diations calorifiques : Kienbück l’attribue aux radiations ultra- violettes et Holzknecht à des radiations de nature inconnue encore, Pour expliquer cet érythème précoce, nous sommes donc réduits à des hypothèses.

Et pourtant nous savons aujourd'hui que certains tissus sont extrêmement radiorensibles et qu'ils réagissent d'une façon particulièrement rapide sous l'influence des rayons X : c’est ainsi que Heinecke put signaler une karvolvse notable dans une tumeur leucémique déjà sept heures après irradiation : c'est ainsi encore que Iolzknecht vit des tumeurs ganglion- naires, probablement pseudoleucémiques, se réduire de moitié dans les vingt-quatre heures qui suivirent l'irradiation et dis- paraitre totalement le jour suivant.

Pourquoi cet érythème précoce ne serait-il pas le fait d’une

=

RP oo en

163

radiosensibilité particulièrement délicate des vaisseaux san- guins? Kienbôck a pu montrer que cet érythème précoce se produit presque toujours à la suite de l’irradiation chez les patientes atteintes de maladie de Basedow et l’auteur peut confirmer cette assertion. N'y a-t-il pas ici une irritabilité spéciale des nerfs innervant le système vasculaire?

L'auteur ne semble pas disposé à croire que l’érythème pré- coce puisse être suivie, après sa guérison et sans irradiation supplémentaire, de l’apparition d’un nouvel erythème : aussi ne se sert-il pas du terme préréaction, mais bien du terme réaction précoce.

Parmi les nombreux malades que l’auteur soumit à la radio- thérapie pendant le dernier trimestre de 1908, trois seulement montrèrent l’erythème précoce (un cas de maladie de Basedow et deux cas de acné vulgaris faciei) : il importe d'ajouter que la réaction précoce se mamifesta après chaque irradiation et que tous les malades indistinctement furent exposés à la même ampoule dans des conditions identiques de technique. La réac- tion précoce se montra à la suite d’une faible dose, d’une dose inférieure à 1/2 Sabouraud-Noiré. Le fait que la réaction pré- coce n’est pas suivie de chute de cheveux ne prouve pas que les rayons X ne soient pas en cause : car d’abord la réaction ordinaire, tardive, peut ne pas s'accompagner de chute, et en second lieu la radiosensibilité du système vasculaire peut être plus délicate que celle de la papille.

La réaction précoce est attribuable aux radiations de Rôünt- gen : son apparition précoce est due à la radiosensihilité parti- culière du système vasculaire, ou, en d’autres termes, à la radiosensibilité des nerfs vasculaires.

KLYNENS.

H. GuiILLEMINOT. Effets des filtres d’aluminium sur les rayons X. (Bull. et mém. de la Soc. de Radiol. médie, de Paris, janvier 1909.)

Considérant que le rayonnement X émis par un tube de Croo- kes est constitué par un ensemble de faisceaux monochromati- ques simples et que les propriétés du faisceau global sont la résultante de chacun d'eux, l’auteur pense que le problème de l'analyse de ce rayonnement n’est pas insoluble, et que l'étude des rayons filtrés est un des éléments qui permettra de le ré- soudre.

A la suite de recherches expérimentales délicates et bien com- prises, Guilleminot parvient à déterminer la mesure de la qualité

164

et de l'intensité des rayons filtrés à travers des lames d’alumi- nium d'épaisseur croissante; il établit qu’un certain nombre d'unités incidentes donnent à travers les filtres successifs un faisceau transmis correspondant à un certain nombre d’unités émergentes; calculant le tantième pour cent, il connaît ainsi les intensités quantités transmises par chaque filtre. La qualité s'obtient facilement si on l'exprime par le coefficient de transmission à travers 1 millimètre d'aluminium pur. Il sufħt de diviser l'intensité émergentes par l'intensité incidente.

Comme résultat de ses expériences, l’auteur constate que lin- tensité du faisceau décroît suivant la formule I= [Ke (I étant l'intensité du faisceau émergent, celle du faisceau incident, K le coefficient de transmission à travers 1 millimètre d’alumi- nium, e l'épaisseur du filtre en millimètre).

Portant en abcisses les épaisseurs des filtres et en ordonnées les intensités transmises, 1l trace les courbes de transmission du faisceau. En sériant ces courbes expérimentales et en détermi- nant par tâtounement la formule de ces courbes il a pu, pour chaque qualité de rayonnement, dresser la série numérique des chiffres donnant d'une part l'intensité du faisceau émergent derrière des filtres d'aluminium d’une épaisseur croissant de dixième en dixieme de millimètre pour un faisceau de 100 uni- tés fluoroscopiques, et, d'autre part, la qualité de ce faisceau exprimée par son coefficient de transmission à travers 1 millimè- tre d'aluminium.

L'inspection de ces courbes permet de connaitre : la quan- tité d'énergie globale perdue à Ja traversée du filtre; la qualité moyenne du faisceau transmis; son hétérogénéité, c'est-à-dire son degré d'épuration qui le rapproche de plus en plus de ses composantes monochromatiques supérieures.

L'auteur conclut qu'un faisceau complexe se compose réelle- ment d’une gerbe de faisceaux simples voisins du faisceau monochromatique supérieur pris comme limite, cette gerbe constituant près de la moitié du rayonnement global, et d’une série graduée de faisceaux de moins en moins pénétrants. Cette conclusion lui parait devoir s'appliquer tout au moins aux ravonnements supérieurs au 6.

L'importance de la connaissance de ces données, au point de vue de l'emploi des rayons X en radiologio et en radiothérapie, n'échappera à personne.

LEJEUNE.

165

LENCLET et SOURDEAU. Sur les rapports étiologiques d’un cas de psoriasis aigu généralisé avec la radiothérapie. (Bull. et mém. de la Soc. de Radiol. médic. de Paris, mars 1909.)

Une malade, âgée de +1 ans, fut opérée en juillet 1906 pour néoplasie du sein gauche; une récidive péricicatricielle nécessita une nouvelle intervention en septembre 1907. Du 14 octobre 1907 au 30 mars 1908 la malade subit 29 séances en cinq séries de radiothérapie sous des rayons 6-7 B, en tout 141 H.

En novembre 1908, récidive de nombreux nodules dans la région du sein et de l'aisselle. Du 2 au 3 novembre 1908, elle reçoit une sixième série en deux séances de 9 H de rayons 6-7 B et elle ne présente aucune réaction.

Septième série du 2 au février 1909, 24 H, 7 B en six séances, chaque point traité recevant 4 H.

Dix jours après, sur les régions traitées apparaît une éruption psoriasiforme d’emblée, présentant tous les caractères d’un vrai psoriasis très prurigineux et qui croit rapidement. Deux jours plus tard apparaissent des phénomènes généraux violents, fièvre intense, courbature. Les placards psoriasiques d’une rougeur in- tense étant localisés strictement à l'ouverture des plombs. A ce moment, sans cause appréciable, l’avant-bras gauche rougit et s'ædématise. Quatre jours plus tard survient une poussée généra- lisée de psoriasis, occupant le dos; le lendemain les bras et les Jambes sont entrepris. Actuellement ce psoriasis aigu généralisé, développé en une semaine, paraît à peu près arrêté dans son évolution. Les auteurs font la preuve qu’il ne peut être question d'erreur de dosage.

De la discussion qui suivit cette communication et à laquelle prirent part Gastou, Lacaille, Belot, Oudin, Broeq et Beclère, il résulte qu’il s’agit bien d’un psoriasis, qu’une région cutanée antérieurement irradiée est plus sensible à l’action des rayons, que l’on peut voir apparaître, chez des sujets prédisposés et dans des conditions ignorées, des éruptions diverses, non pas causées mais provoquées (Beclère) par les rayons, même à faible dose. Ces éruptions provoquées ont comme point de départ de leur apparition la région irradiée et le plus souvent y ont leur maximum d'intensité mais n’y demeurent pas confinées comme les radioderimites.

LEJEUNE.

166

BEroT. Contribution à la question des filtres en radiothérapie, (Bull. el mém. de la Soc. de Radiol. méd. de Paris, février 1909.)

La fraction de rayonnement, transmise par un corps bien défini et d'épaisseur connue, dépend de la composition du fais- ceau incident, c'est-à-dire de son degré radiochromométrique et de l’épaisseur traversée. La première unité traversée modifie le faisceau hétérogène (panchromatique) arrivant à sa surface; les rayons les plus mous sont arrêtés, le faisceau est déjà épuré; l'absorption qu'il éprouvera en traversant la seconde unité sera moindre; il en sera de même pour chaque unité jusqu'au moment le faisceau sera à peu près monochromatique. À ce moment, la transmission demeure constante mais décroissante. Cette absorption sélective effectuée par la matière est variable d'un corps à un autre et prend le nom de radiochroïsme. Cer- tains corps, pour un faisceau incident de qualité donnée, laissent passer avec une absorption minima les rayons les plus penétrants et retiennent au passage les moins pénétrants; ces corps ont un radiochroïsme maximum, tel l'aluminium. D'au- tres au contraire possèdent un radiochroïsme minimum; ils présentent une transparence anormale pour les rayons mous, tel l'argent et les corps de poids atomique voisin; ils sont aradio- chroïques.

Passant en revue les différents filtres employés, l’auteur mon- tre que les uns ont un effet nul, que les autres sont mauvais parce que comme l'argent ils absorbent rapidement et en pure perte le rayonnement incident.

Le verre des clichés n'est pas un mauvais filtre, il élève la pénétration du rayonnement qui l’a traversé sans opérer une absorption globale trop élevée sur tout le faisceau.

L'aluminium paraît être le meilleur des corps filtrants.

L'auteur établit expérimentalement la courbe (photogra- phique) de transmission (pour cent) de l'aluminium sous des épaisseurs connues et progressivement croissantes pour un fais- ceau incident de qualité déterminée. Cette courbe permet de connaitre la fraction arrêtée par les divers filtres d’aluminium et d'en déduire grossicrement la durée de pose radiothérapique.

Avant constaté que l’eau de Paris avait une densité voisine de celle des tissus, il étudie de même la quantité du rayonne- ment transmise au travers de cette eau et il constate que dans le cas d’un rayonnement 7, 8 centimètres d’eau (ou de tissu) ne transmettent plus que à % du rayonnement initial, tandis que

167

si l’on filtre avant, cette quantité s’élève à 7T % avec un filtre d’aluminium de 3/10 de millimètre, à 11 % avec 1 millimètre, à 20 % avec 5 mi mètres. Donc plus est grande l’épaisseur du filtre, plus est réduit l’écart entre la quantité absorbée par les couches superficielles et celle arrêtée par les plans plus profonds. Une épaisseur de 10 "/* d'aluminium donnerait encore de meil- leurs résultats. Mais le temps d’irradiation deviendrait trop long. Pratiquement le filtre de 5 "/" qui transmet 12 à 15 % du rayonnement incident 7 peut être employé pour les lésions profondes; celui de 1 "/" qui transmet 50 %, du méme rayon- nement paraît indiqué pour les lésions cutanées.

Pour les lésions du derme un filtre de 2/10 à 3/10 de ™/™ irans- mettant 85 à 80 % suffira; et les dermatoses localisées aux cou- ches superficielles bénéficieront de la suppression du filtre.

LEJEUNE.

D" HARET. Leucoplasie traitée et guérie par la radiumthérapie. (Bull. et mém. de la Soc. de Radiol. médic. de Paris, février 1909.)

La malade dont il s’agit, à antécédents pathologiques peu chargés, sans traces de syphilis, présente sur la muqueuse de la lèvre inférieure, une plaque de leucoplasie ayant apparu depuis plusieurs mois. Cinq mois après la suppression du tabac l’aspect de cette plaque n'avait pas changé. Quatre séances de radium- thérapie, d’une durée de dix minutes chacune sont faites à huit jours d'intervalle. Dès après la seconde séance, la plaque s’af- faisse et diminue d'étendue; après la quatrième, la région pré- sente une légère réaction et dès la semaine qui suit, une notable amélioration se manifeste. Trois semaines plus tard, il n’y a plus trace de la lésion.

L'appareil utilisé contient une quantité de sel équivalente à 7 milligr. 7 de bromure de radium pur (activité 2,000,000). L'activité utilisable exprimée en unités d’uranium est de 45,000 et la dimension de l’appareil est de 1 centimètre 1/2 de côté. Cet appareil est mis en place recouvert d’une feuille de baudruche formant un écran équivalent à une lame d’aluminium de 1/10 de ”/”.

Composition du rayonnement total:

5/100 de rayons a | 32 de rayons B mous 86/100 de rayons B dont 4? « moyens 12 » durs 9/100 de rayons y

168 Composition du rayonnement après le filtrage:

5/100 de rayons 8 mous 75/100 de rayons B dont < 40/100 » moyens

30/ 100 » durs 25/100 de rayons y

Sans vouloir généraliser, le D' Haret constate que, contraire- ment à certaines assertions, le traitement par les radiations peut amener des guérisons même sur les muqueuses, qu’il convien- drait peut-être de ne pas escompter trop longtempe la dispari- tion spontanée de ces plaques, et qu’en instituant rapidement la radiumthérapie on peut espérer éviter dans certains cas la ter- minaison épithéliomateuse à laquelle peuvent aboutir certaines leucoplasies.

L’auteur insiste sur la nécessité qu’il y a à préciser les points de détails de technique, il rappelle les facteurs indispensables à connaître et qui sont :

Le poids en bromure de radium pur déterminé, soit direc- tement par la quantité du radium, soit par le dosage des rayons y (la quantité des rayons y étant proportionnelle au poids du bro- mure pur);

2 La dimension des appareils; L'activité utilisable exprimée en unités d’uranium; La composition du rayonnement (nature et proportion);

Alluminium. Plomb

mous absorbés par Um/m02 » En rayons : a

pénétrants » Om, m04 »

mous » Oin’ Om; m(4 En rayons : B 4 moyens » m/m Om/mI8

pénétrants » 2m; m Om; m45

mous » 44m :m J0Om'm ne: pénétrants » 220n ‘m 9! m/m

La nature du filtre employé (rayons qu’il laisse passer); La durée l'application; Les dimensions relatives de la surface traitée à l’appareil.

LEJEUNE.

LE DOCTEUR VAN HEURCK DANS SON LABORATOIRE

419070I4VYH xa vVNuno’f

III RATOA

amen Google

169

Dorn. Zur Tiefenbestrahlung mit Rôntgenstrahlen (L’irradia- tion profonde au moyen des rayons de Röntgen). (Munch. med. Woch., 14, 1909.)

La difficulté d’atteindre les tumeurs profondes réside dans le fait de l’absorption des rayons par la peau et les tissus inter- posés. Dessauer a fait faire un pas à la question en préconisant l’emploi de rayons très pénétrants tamisés au filtre qui supprime les rayons mous qui les accompagnent.

Une grosse difficulté consiste dans l'appréciation de la quan- tité de ces rayons : le radiomètre de Nabouraud-Noiré ne donne presque rien; les bandes de papier photographique de Kienböek abritées par le verre plombé ne donnent rien d'appréciable; sous le verre ordinaire la teinte noire est très pâle après plusieurs heures d’exposition. Au contraire le procédé électrométrique est bien sensible et conduit directement au but: il a permis à l'auteur d’obtenir les résultats suivants :

Le verre ordinaire d’une épaisseur de 4 mm. 3 laisse passer de 20 à 25 % des rayons, une épaisseur de 3,7 mm. de verre au plomb ne laisse passer que 0.9 à 2.5 %,, la force de pénétration étant de 6 Benoist- Walter et de 11 Wehnelt.

Un bloe de viande sans os, épais de 9 centimètres, laisse passer la quantité suivante de rayons filtrés au travers d’une lame de verre ordinaire :

Échelle Benoist Walter. Wehnelt. Pourcentage. 3 9 5 4 9-10 6.2-7.5 4 10-12 12.6

Le thorax d’un adulte et son abdomen laissent passer 9. o% et 13,6 *, de ces rayons.

Si au contraire on filtre les rayons au travers d’une lame de verre au plomb on arrive au résultat suivant :

Benoit Walter. Wehnelt. Ponrcentage. 4 9-10 20-21 4 10-12 27-30

Le thorax laisse passer 29 %,.

170

Voici les quantités absorb£es par la viande à diverses profon- deurs :

Profondeur de : Filtre au verre ordinaire. Verre plombhé. 1 cm. 20.5 pour cent, 13 pour cent. 2 » 37 » 27 » 4 » 60 D 46 » 6 » 79 » 61 » 8 » 84 D 71 9

Ces chiffres montrent qu'une quantité assez importante de rayons pénètre Jusque dans la profondeur et y est absorbée et que les premières couches n’absorbent pas une quantité plus ferte.

BIENFAIT.

Technique

SCHMINCKE. Das Phonendodiaskop. (Munch. med. Woch., 1, 1909.)

L'auteur décrit un dispositif permettant simultanément l'aus- cultation et l’examen radioscopique du cœur : ce dispositif consiste en un phonendoscope fixé au milieu d’un écran fluoros- copique recouvert d’une lame de verre imperméable aux radia- tions. Le verre protecteur est pourvu d’une graduation en cen- timètres au moyen de laquelle on évalue facilement l'amplitude des mouvements cardiaques.

Cet appareil met le clinicien à l’abri de certaines erreurs inhérentes à l'auscultation et à la radioscopie exécutées séparé- ment : il permet d'ausculter les bruits du cœur au siège précis de leur production : il permet encore d'étudier le synchronisme et l'alternance des bruits et des mouvements cardiaques. Le pre- mier bruit se produit au moment de la diastole complète du ven- tricule gauche ou peut-être un peu plus tard, c’est-à-dire au début de la systole : le deuxième bruit se produit au moment de la systole ventriculaire complète ou peut-être un peu plus tard, c’est-à-dire tout au début de la diastole; l'instrument permet encore de différencier facilement le premier bruit du

second. J. KIYNENS.

171

BECLÈRE. Appareil de Drault pour l'utilisation des deux phases du courant alternatif dans la production des rayons de Rontgen (Bull. et m. de la Soc. de Badiol. médie. de Paris, mars 1909.)

L'appareil comprend : une bobine d’induction dont le pri- maire est formé de deux enroulements en sens opposé, chacun d'eux recevant l’une des deux phases du courant alternatif. Le passage de ces deux phases inverses dans des enroulements de direction opposée revient en somime au même qu'un passage de courant de même sens dans deux enroulements de même direc- tion, le flux magnétique conservant la même direction;

2 Un interrupteur rotatif à Jet de mercure dans le gaz d'éclairage, à deux lames de contact isolées l'une de l’autre, chacune d'elle commandant l’une des phases et l’enroulement primaire correspondant;

Un sélecteur de phases automatique évitant à l'opérateur le tätonnement qu'exigerait le choix à faire de celle des deux phases à envoyer dans l’enroulement primaire correspondant.

L'expérience démontre que l’utilisation des deux phases dou- ble l'intensité du courant qui traverse l’ampoule. Cette dispo- sition de l'appareil est favorable à la radiographie rapide. Un commutateur à main permet de relier en tension les deux fils primaires (d’abord reliés en quantité) et l’on n’utilisera ainsi qu'une seule phase en augmentant la self de la bobine. De cette facon, la même ampoule, donnant des rayons T sous 12 milli- ampères en utilisant les deux phases, s’allumera avee 3 milli- ampères et pourra être utilisée pour la radioscopie et la radio- thérapie. En diminuant la capacité du condensateur et les deux primaires étant en tension, le même appareil peut s'employer sous courant continu.

LEJEUNE.

Livres

D' F. HEGER-GILBERT. La radiographie fœtale envisagée au point de vue médico - légal. (Thèse pour l'obtention du titre de docteur spécial. Piette, Charleroi, 1908.)

L'auteur s'est déjà signalé à l'attention du monde savant par des études sur la physiologie si surprenante de l’épiploon : reprenant les recherches de Cornil et Carnot, de Renzi et Boeri, de Pirone, de Heusner, ete., il a pu démontrer le rôle

To

défensif de cet organe, par une série d'expériences intéres- santes autant qu'élégantes, et notamment par la radiographie de perles de verre, de sous-nitrate de bismuth, de cinabre, introduits préalablement dans la cavité péritonéale : ces recher- ches ont fait l’objet de deux importantes publications : Con- tribution à l'étude expérimentale des fonctions du grand épi- ploon in Ann. de la Soc. des se. méd. et nat. de Bruxelles, t. XIII, 1904 et Le balayage de la cavité péritonéale par lépi- ploon in Arch. intern. de physiol., t. TI, 1904.

Ici, l’auteur nous présente une véritable monographie, la première, consacrée uniquement à la radiographie fœtale : en vue de cette étude, il a radiographié 132 fœtus humains aux différentes périodes du développement.

Dans les deux premiers chapitres, il nous décrit les géné- ralités radiologiques : nature des rayons X, bobine d’induction, interrupteurs, ampoules, technique générale, ete. Nous y trouvons une série d'expériences très ingénieuses, analogues à celles de Perthes, et relatives à l’absorption et à la filtration des rayons X à travers différentes substances : eau distillée, sang normal artériel et veineux, sang pathologique, asphyxique, oxycarboné, lait, urine, ete... Le dispositif utilisé à cet effet est très approprié et mérite de servir de modèle : une auge en bois à parois minces est divisée par deux cloisons en trois compartiments égaux : chacun de ces compartiments mesure 4 centimètres de large sur 22 centimètres de long et + centi- mètres de profondeur; les parois en sout enduites d’une couche légère de paraffine; cette auge à trois compartiments ne doit être remplie qu’à moitié de quantités égales des liquides que l’on veut comparer; après avoir placé lauge sur la plaque photographique, on l'incline suffisamment pour former, après déplacement du liquide, un prisme parfaitement régulier. Ainsi on réalise les conditions suivantes : une plaque transparente et vide au-delà de la partie mince du prisme; une épaisseur régulièrement croissante et identique de la couche liquide dans les trois compartiments; l’affleurement de l'extrémité libre des trois prismes liquides sur la même horizontale.

Le troisième et le quatrième chapitre, les plus importants de l'ouvrage, sont consacrés à la radiographie du poumon et du tube digestif de l’enfant nouveau-né : 73 observations con- cises, nettes autant que démonstratives, servent d’appui aux conclusions suivantes : °

« La question de savoir si un enfant déclaré mort-né a » ou n’a pas vécu sera plus péremptoirement résolue par la

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» docimasie pulmonaire que par les épreuves radiographiques » actuellement préconisées par certains auteurs.

» Le médecin légiste ne peut être accusé de négligence » si, avant de procéder à une autopsie de nouveau-né, il n’a » pas cru devoir recourir à la radiographie.

» Au contraire, il y aurait lieu de l’ineriminer si, se » jugeant convaincu par les résultats de la radiographie, il » se dispensait de faire l’autopsie avec docimasie dans un cas » litigieux. »

Ainsi formulées, ces conclusions nous paraissent incomplètes et par trop exclusives : sans doute, « ce serait une faute » d'abandonner une méthode, même critiquable, comme l’est » à certains points de vue la docimasie pulmonaire, pour un » procédé moins sûr et d’ailleurs iudirect », comme l’est la radiographie; mais il ne s’agit pas d'abandonner la docimasie ; il faut toujours y recourir, mais il faut la contrôler. La mul- tiplicité des épreuves et des preuves sont partout de mise et plus que jamais ici dans une matiere aussi grave que la recherche de l’infanticide. Il n’est malheureusement que trop d'exemples, devenus classiques, qui prouvent combien le con- trôle peut servir la vérité. En fait, dans l’état actuel de la législation, la contre-expertise est un mythe : que peuvent bien contre-expertiser ces pauvres médecins de la défense, tenue en état d’infériorité sous de multiples rapports, si ce n'est les mots et les phrases des médecins désignés par le parquet ? IT dépend des médecins légistes, à défaut de la loi, d'apporter ici, avec un document sérieux et durable, des garanties à l'accusation comme à la défense.

Dans le cinquième chapitre, l’auteur cherche à expliquer l’intéressant fait suivant : ce ne sout pas seulement les pou- mons, l'estomac, les intestins qui apparaissent en clair sur la radiographie de l'enfant qui a respiré: ce sont encore les chairs elles-mêmes, les parois du corps et les parties molles des membres. Le contraste entre l’opacité des os et la transparence des tissus voisins est mieux marqué sur la radiographie de Penfant qui a vécu que sur celle du mort-né. L'auteur croit que la raison de cette différence réside dans les modifications imprimées par l'établissement de la respiration, au sang —- qui se concentre rapidement après la naissance —- et aux liquides organiques -- production abondante de lymphe interstitielle.

Le dernier chapitre, accompagné de plusieurs tableaux, est consacré à la détermination de l’âge du fœtus par l’apparition des points d’ossification et par la téléradiographie des os.

174

Un index bibliographique, malheureusement des travaux très importants sont oubliés tel le magnifique atlas de Bela Alexander - et 16 planches absolument irréprochables ter- minent cet intéressant ouvrage édité de la facon la plus heu-

reuse. L. Haucrrauwps.

VirGiLio Macnano. Les applications directes et indirectes de l’électricité à la médecine et à la chirurgie. Lisbonne.

Dans cet excellent ouvrage que vient de publier en langue française le D" Virgilio Machado, membre effectif de l'Académie royale des Sciences de Lisbonne, l'auteur a réuni, sous une forme concise mais complète, les indications nécessaires à tout clinicien désireux de recourir à Pune ou l'autre des multiples applications de l'électricité médicale,

Par un éclectisme judicieux, notre confrère s'est limité aux acquisitions dont la valeur réelle a été reconnue par les auto- rités médicales compétentes et ne s'est pas arrêté à toutes ces nouvelles méthodes qui n'ont souvent réussi qu'entre les mains de leurs auteurs.

Na pratique personnelle variée, longue de plus d'un quart de sièele, a facilité sa tâche au D" V. Machado déjà connu du reste par ses nombreux travaux sur la matière et notamment par son Traité des Applications médicales et chirurgicales de l'Électricité.

Son ouvrage actuel, esentiellement pratique, est présenté sous forme de tableaux svnoptiques très utilement combinés, consti- tuant le programme complet d'un cours d'électricité médico- chirurgicale et résumant parfaitement toutes les notions néces- saires aux nombreuses applications de cet agent thérapeutique. Ces tableaux sont précédés de considérations justes et appro- priées, de renseignements précis et utiles, se rapportant à l’em- ploi des différentes modalités électriques pour le diagnostic, le pronostie et surtout la thérapeutique des maladies. L’interpré- tation des effets curatifs de l'électricité y est l'objet de réflexions et de remarques particulièrement intéressantes,

L'ouvrage est divisé en six parties :

I. Modalités électriques employées directement et indirecte- ment en médecine et en chirurgie,

II. Électro-diagnostie et électro-pronostie. Rüntgénodiagnos- tic.

IlI. Méthodes et procédés généraux d'application de théra- peutique électrique.

175

IV. Médications réalisables par l'électricité.

V. Electrothérapie spéciale. Rôntgénothérapie.

VI. Applications chirurgicales de l'électrolyse, de la galvano- caustie et de la fulguration. D” E. Duroxt.

G. Fevor HAENISCH (Hambourg). Röntgendiagnostik des uro- pœtischen Systems. (Avec 24 dessins et 51 radiographies en 16 planches hors-texte. 48 pages de texte, Gräfe et Sillem, Hambourg, 1908.)

Ce nouveau fascicule continue brillamment la série des Archives et Atlas d'anatomie normale et pathologique en radio- graphie publiée par les « Fortschritte auf dem Gebiete der Rüntgenstrahlen » sous la direction de Albers-Sehônbery.

Haenisch a exposé, dans cet ouvrage très documenté, les résultats d’une pratique personnelle considérable dans l'examen radiologique des voies urinaires.

Après une courte introduction, consacrée aux données fon- damentales du radio-diagnostie dans laquelle l'auteur admet de façon un peu simpliste que la transparence des corps aux rayons X est inversement proportionnelle à leur densité, Hae- nisch s'engage directement dans l’étude radiologique des diffé- rentes portions du système urinaire.

Le premier chapitre, de beaucoup le plus important, est consacré au rem. L'auteur estime en principe qu'il est impos- sible de poser sûrement le diagnostie de lithiase rénale notam- ment, sans le secours des rayons X, et il discute de facon très intéressante la valeur des différents symptômes cliniques. Toutefois, pour que le radio-diagnostic des affections rénales toujours délicat et difficile donne tout ce que l'on est en droit d'en attendre, il est indispensable d'avoir dans ce domaine une assez grande expérience et de posséder une technique irrépro- chable. A ce point de vue, IHaenisch conseille le procédé des doubles plaques de Köhler et surtout l'emploi des pelotes de luffa, recommandées par Sträter, et dont il donne minutieuse- ment la description; grâce à ces pelotes, la compression du rein est beaucoup mieux supportée et beaucoup plus efficace, Bien entendu, la préparation des malades joue un rôle impor- tant dans l’appréciation des elichés radiographiques: il est indispensable d’administrer un purgatif la veille et un lave- ment le matin de l’examen. Il est bon de faire d’abord un cliché d’ensemble et de localiser ensuite les points suspects. L'examen des deux côtés est toujours utile et l’auteur relate plusieurs cas des calculs siégeaient du côté opposé à la

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douleur (réflexe réno-rénal, allocheirie). L’auteur se sert de plaques Schleussner 18 x 24; il développe au moyen de glycine. Le dispositif pour la radiographie du rein (position du malade, placement de l’ampoule et du tube compresseur, etc.) est détaillé avee une grande minutie et fort bien représenté dans une photographie très démonstrative. L'auteur déconseille les ampoules trop dures; la durée de pose varie d’une minute et demie à trois minutes et demie avec 95 volts et 6 à 7 ampères. ll emploie une bobine de Ruhmkorff de GO centimètres, l'inter- rupteur de Wehnelt et des ampoules à refroidissement par eau de Müller, d'une dureté de 5 à 7 W.

On admet qu'un cliché radiographique du rein est satis- faisant lorsqu'il réalise les conditions suivantes: structure apparente des apophises transverses, des vertèbres lombaires et des deux dernières côtes, différenciation nette du psoas et éventuellement du carré lombaire. La colonne vertébrale ne doit être que faiblement marquée; si sa structure est trop nette, les concrétions éventuelles peuvent être transpercées, de sorte que les « très belles plaques » sont souvent sans valeur pour le diagnostic.

L'auteur ne partage pas l'avis de Blum sur la distinction possible entre la pyo- et l'hydronéphrose par la distance plus grande des ombres rénales.

Haenisech énumère et discute les dix-huit causes, possibles à sa connaissance, d'erreurs dans le diagnostie des calculs rénaux et urétéraux; voici les conditions de confusion possible : cal- culs de l’appendice vermiforme; exostoses du bassin; os sésamoïide dans le tendon du muscle obturateur; squirrhe de la tête du pancréas; calculs biliaires; appendice épi- ploïque calcifié; gravier urinaire aggloméré; 8 caillots san- guins caleifiés dans un rein cancéreux; plaques calcifiées à la bifurcation de l'aorte; 10° absorption préalable de bismuth ou 11° de salol; 12° altérations du pénis (erreur impossible si l’on suit la technique de l'auteur); 13° dépôts calcaires dans un rein tuberculeux; 14° calcification symétrique des vasa deferentia; 15° induration chronique ou cicatrices du paren- chyme rénal; 16° ganglions mésentériques calcifiés; 17° verrues ou autres petites tumeurs cutanées; 18° taches dans la plaque elle-même.

La plupart de ces erreurs sont facilement évitables si lon sen tient strictement à la technique de Haenisch et si lon s'assure sur des plaques de contrôle de la constance de l’ombre suspecte.

177

Sur 303 cas examinés par Iaenisch au point de vue de la lithiase des voies urinaires, 85 fois le diagnostic fut positif, 52 fois il s'agissait de calculs rénaux, 24 fois de calculs uré- téraux, 4 fois de calculs dans le rein et l’uretère, 4 fois de calculs dans l’uretère et la vessie, une fois dans le rein et la vessie. Trois fois l’intervention opératoire ne confirma pas l'existence d’un calcul (un seul de ces cas est bien sûr). Par contre, des 218 examens négatifs, 20 furent vérifiés opératoire- ment et 3 par autopsie sans aucune erreur. Cependant, Hae- nisch pense qu’un radio-diagnostie négatif n'exclut pas la pos- sibilité de petits calculs d’urates. L’existence d'une pyonéphrose peut empêcher d'apercevoir des calculs, mais Haenisch signale plusieurs cas où, malgré cette affection, il put établir le diag- nostic. De même une forte corpulence n’est plus du tout un obstacle à la radiographie du rein. La dimension minima des calculs visibles peut s'abaisser jusqu’à 2 1/2 millimètres. La concomitance d’ascite, d’un: tumeur abdominale, d’une hyper- trophie du foie ou de la rate constituent des obstacles souvent insurmontables, Après avoir ainsi étudié très en détail Je radio-diagnostic de la lithiase rénale, Haenisch examine Ja topographie du rein (situation normale, rein mobile).

Le deuxième chapitre est consacré au bassinet et à l’uretere. L'auteur revient ici minutieusement sur la lithiase, en notant l'utilité, dans les cas douteux, du placement préalable d’une sonde urétérale qui permet de bien localiser les taches suspectes ; il reproduit plusieurs radiogrammes particulièrement démons- tratifs à cet égard. Pour l’examen du bassinet et la mensura- tion de son volume, la « pyélographie », par la méthode de Völcker et von Lichtenberg (collargol), semble très recomman- dable.

Un dernier chapitre, beaucoup moins important, a trait à la radiographie de la vessie pour jaquelle les autres méthodes d'examen doivent généralement étre préférées.

Un indice bibliographique comprenant 179 travaux classés alphabétiquement par noms d'auteurs complète la partie didac- tique de cette remarquable monographie, Les 16 planches hors- texte qui lui font suite sont d'une exécution parfaite et sont

accompagnées de notices cliniques suffisamment détaillées pour permettre de bien apprécier l'intérêt.

En résumé, une mise au point complète, très précise et très pratique de nos connaissances actuelles sur le radio-diagnostic des voies urinaires: toutes les vaines discussions théoriques ont été judicieusement écartées. L. MAYER.

G. LEVEN et G. BARREZ. Radioscopie gastrique et maladies de l’estomac. (Collection moderne, Octave Doin, Paris.)

Ce livre n’est pas un simple aide-mémoire ou une revue d'ensemble de la question mais un ouvrage de médecine pra- tique dicté par une longue expérience personnelle.

Une premiere partie comprend des notions rapides et pre eises de l'instrumentation nécessaire et de la technique de l'examen. Les auteurs se sont servis uniquement du bismuth licopodé et du bismuth gommé. Ils décrivent longuement leur méthode et affirment n'avoir jamais eu le moindre accident, le moindre début d'intoxication par le sous-nitrate de bismuth.

Le deuxième et le troisième chapitre sont consacrés à lana- tomie et à la physiologie de l'estomac. Pour les auteurs, le pylore est le point le plus déclive de l’estomac normal. Ils démontrent le temps de l'évacuation de l’eau froide, de l'eau chaude et du lait : 200 grammes d'eau froide sont évacués en dix minutes environ, l’eau chaude l’est plus rapidement encore, le lait, au contraire, ne l'est qu’au bout de deux heures et quart environ.

La quatrième partie s'occupe des maladies de l'estomac. La radiosecopie de cet organe nous permet en effet non seule- ment d'en connaître la forme, la statique, mais encore souvent de diagnostiquer les lésions de sa paroi elle-même, l’uleère et le cancer; elle nous permet encore de vérifier le fonctionnement de la bouche stomacale chez les gastro-entérostomisés, et d’étu- dier les modifications de l'estomac sous l'influence des sangles, des corsets, ete. Pour Leven et Barret, il n'y aurait ptose de l'estomac que si la foliole gauche du diaphragme n’est plus intimement appliquée contre le grand cul-de-sic de l'estomac: ce n'est, je pense, qu'une forme très rare de gastroptose. Il est utile de conserver à cette dénomination sa signification habituelle, qui correspond à un état pathologique particulier, bien défini, fréquent, à savoir la dilatation verticale de l'estomac.

ànfin, une cinquième partie traite de l'estomac du nour- risson, nous démontre le temps nécessaire à la digestion de chaque tétée, temps qui n'est pas de deux heures mais bien de trois heures minimum.

En résumé, c'est bien un livre de pratique utile à tous les médecins et non un traité à l’usage du radiologiste seulement : il est, uu surplus, très bien édité et illustré de nombreux schémas explicatifs. TI AUCHAMPS.

VARIA

Les méfaits ...... de la radiothérapie

Les trois chroniques, consacrées au cancer par le D)" Castaigne dans les colonnes du Journal médical Français, ont valu à notre distingué confrère de Paris un grand nombre de lettres, les unes d'encouragement, les autres de critique. Les conclusions relatives à la radiothérapie parues dans un des derniers fasci- cicule du Journal médical Français (15 mars 1909) intéresse- ront sans aucun doute un grand nombre de nos lecteurs :

Sur les lettres élogieuses, je ne m'arrêterai pas plus long- temps, voulant m'appesantir en revanche sur les critiques qui me paraissent devoir intéresser non seulement celui qui a écrit Jes chroniques précédentes, mais aussi ceux qui les ont lues.

Cest la radiothérapie qui m'a valu le plus d’objections : On me reproche âprement d’avoir préconisé une telle méthode thé- rapeutique, qui, d’après deux de mes correspondants, « comme tout résultat, n'a jamais provoqué que des généralisations ».

« Comment pouvez-vous admettre, me dit-on, dans une autre lettre, que les rayons X qui peuvent provoquer la production du cancer puissent aussi le guérir? »

Sur ces différents points, je erovais m'être suffisamment expliqué dans mes précédentes cliniques : j y reviens volontiers, puisqu'il reste encore un doute dans l'esprit de quelques-uns de mes lecteurs. Mon opinion, c'est que la radiothérapie Lien appliquée ne saurait être nuisible au malade. Les cancers, que l'on a signalés à la suite de l’application des rayons X, ont été observés chez les médecins ou les fabricants d'appareils, exposés aux radiodermites, en raison des manipulations incessantes qu'ils sont obligés de faire. Et d'ailleurs, quelques-uns d'entre eux qui, dès le début de leurs accidents cancéreux dus aux rayons X, ont été soignés par la radiothérapie non plus maniée médicale- ment ou industriellement, mais appliquée d'une façon théra- peutique, ont guéri de leurs accidents. D'ailleurs, l'objection

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qui m'est faite, au sujet de la guérison obtenue par Ja même arme qui peut causer Je mal dans quelques cas, est plus spécieuse que réelle, En thérapeutique, nous nous heurtons tous les jours à des exemples du même genre; la digitale, ce tonique admi- rable du cœur, n'est-il pas en méme temps le poison le plus violent? Et la thérapeutique par les virus, ne montre-t-elle pas qu'on peut guérir le mal par l'agent morbide lui-même’ - En tout cela, comme en radiothérapie, il y a une question de dose qui est capitale en l'espèce.

Reste la question des généralisations constatées à Ja suite de la radiothérapie : elles sont indéniables, mais on ne peut pas les attribuer, en bonne Justice, au traitement lui-même. J'ai vu récemment un cas qui est très suggestif à cet égard: une malade, à laquelle on avait enlevé un cancer du sein trois ans auparavant, présente une récidive locale, et est adressée, à cause de cela, à un radiothérapeute des plus distingués. Avant de faire une application thérapeutique des ravons X, notre confrère eut le soin de pratiquer comme on doit toujours le faire un examen complet de la malade, et il constata non seulement l'existence de ganglions dans «les régions super- fivielles éloignées, mais encore des symptômes d'adénopathie bronchique appréciables eliniquement, et très visibles sur l'écran phosphorescent. Avant fait cette constatation, notre confrère prévint le médecin de la famille que la radiothérapie pourrait bien guérir la récidive locale, mais qu'elle serait sans influence sur le développement des ganglions cancéreux du médiastin. Malgré toutes ces précautions prises, lorsque je fus amené à voir cette malade, six mois après la premiére application des rayons, elle me fut présentée comme une victime de la radio- thérapie, et l'on me dit que ce traitement « avait chassé les cellules cancéreuses de la superficie pour les envoyer vers la profondeur ».

Je proteste encore contre de semblables arguments parce que, en les aceréditant auprès des médecins, on empêche le malade de profiter des bienfaits de Fa radiothérapie. Ces bienfaits sont réels, mais ils sont loin d'étre un panacée universelle contre tous les cancers. Les rayons X ne pénètrent pas très profondé- ment, ils n'ont done d'action que sur les néoplasmes cutanés ou sous-eutanés, mais ils agissent en les détruisant et non pas en mobilisunt les cellules. Si done, au moment l'on commence à instituer cette thérapeutique, il ny a pas encore de généra- lisation, le résultat pourra étre parfait et définitif. Si dejà

des ganglions profonds sont atteints, la généralisation aura lieu, malgré le traitement, mais non pas à cause du traitement.

D'ailleurs mes confrères radiothérapeutes peuvent se consoler des critiques qu'on leur adresse, en pensant que la méthode qu'ils préconisent se trouve en bonne compagnie quand on lui impute les pires méfaits! Est-ce que, pendant de longues années, le mercure n'a pas été accusé de produire la plupart des accidents provoqués, en réalité, par la syphilis? Et rééemment lorsque Behring et Roux eurent préconisé le sérum anti-diphtérique, ne mit-on pas toute une série de complica- tions (accidents cardiaques et paralytiques, albuminurie, etc.) sur le compte du traitement? Il en est de même pour les rayons X qui, employés dans les conditions que nous avons énoncées lors de nos précédentes chroniques, peuvent donner des résultats excellents, et, en tout cas, sont exempts de danger, si l'application est faite avec toutes les précautions qu’elle com- porte.

NÉCROLOGIE

Le Docteur Van Heurck

Il vient de trépasser, à Anvers, un homme du nom de Henr? Van eurek, docteur en sciences, dont la valeur et les in.portants travaux contribuèrent à jeter un vif éclat sur notre petit pays.

Directeur pendant trente-deux ans du beau Jardin botanique de notre métropole commerciale, il fit de ses fonctions son délas- sement pour se déployer dans la science de la botanique su tout.

Un des premiers en Belgique il s'adressa à votre spécialité - à la radiologie,

Il fit paraître chez nous, en 1897, le premier ouvrage sur les rayons X. Des clichés nombreux et superbes signés H. Van Heurck font partie de la collection de Radiguet, de Paris, se retrouvent dans de nombreux ouvrages ct en particulier dans l'atlas de Iolzknecht.

Malheureusement pour la radiologie, H. Van Heurck du abandonner ses études sur les rayons X. Il accusait ceux-ci de nuire à sa santé. Je ne sais s’il avait nos moyens de protection “u s'il prenait la peine de s’en garer.

Les titres de Henri Van Heurck à la diffusion de la radiolo- gie suffisent, Messieurs, pour que nous rendions à ce grand esprit de progrès et d'initiative les honneurs de la science radio- logique. Mais ce qui doit émouvoir des hommes de science, tels que vous, c’est la perte que font la botanique et les sciences con- nexes : la physique microscopique, la microscopie. C’est Ta fin d'un savant qui créa tant de collections admirables, à savoir

a) Une grande bibliothèque d'ouvrages de botanique;

b) Un herbier considérable de plus de 60,000 espèces, dont une grande partie provient du regretté professeur de botanique

de Vienne: le baron von Reichenberg;

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c) Une collection unique de préparations microscopiques de diatomées; la collection la plus parfaite;

d) Un cabinet de physique avec une riche collection d’appa- reils optiques;

e) Une collection rare de vieux microscopes de valeur inap- préciable;

g) Une collection de microscopes modernes presque complèt: et de toutes marques avec quantité d'objectifs.

Il est à souhaiter que la ville d'Anvers, mue par la grande élévation d'esprit de ses représentants, n’abandonne pas au gré du hasard ces riches collections, fruits des recherches et des savantes études d’un de ses plus glorieux enfants.

Le nom de Henri Van Ileurck figure comme une des plus grandes autorités dans le monde entier pour toute étude sur les diatomées et le microscope.

Chargé par le Gouvernement d’étudier les diatomées récoltées par l’expédition de Gerlache (Pôle Sud : la Belgica), cet ouvrage considérable, avec dessins innombrables et superbes, était achevé; la correction des épreuves reste encore à faire.

Tous les ans, H. Van Heurck fit un cours de botanique au Jardin d'Anvers. Il réorganisa complètement cet établissement et y fonda un superbe Musée de botanique.

Il écrivit des mémoires nombreux.

En botanique ses principaux ouvrages sont :

Le Traité du microscope, paru en 1865. I] arriva en 189% à sa édition;

2 Son travail principal : Synopsis des diatomées, édité en 1880-1885, fut couronné par l’Institut de France (Académie des Sciences) qui lui décerna le grand prix de botanique crvptoga- mique dit « Prix Demazières » ;

Types de synopsis : cet ouvrage épuisé à l’heure actuelle, comme le précédent, est introuvable et hors prix. La synopsis est pour ainsi dire l’évangile des diatomistes : tous les ouvrages sur les diatomées se conforment à la nomenclature de Van Heurck qui est ainsi le Linné des diatomistes ;

4 Traité des diatomées. Ce livre fut publié pour parer à l'épuisement des deux traités précédents.

D nr

me ET

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Une traduction anglaise en fut faite par le savant diatomiste, le coroner Wynne E. Baxter, et parut en 1896.

Voilà, Messieurs, le savant qui s'imposa au respect du monde.

Voilà le compatriote que tout homme de science doit vénérer et que nous, Belges, devons particulièrement regretter.

Voilà votre initiateur aux rayons X en Belgique.

Même au début, il put créer des modèles de radiographies durables.

Si son nom était grand, la simplicité, l’obligeance. l’affabilité formaient l’auréole de ses mérites.

Je vous propose, Messieurs, de rendre publiquement hommage au docteur Henri Van eurek, à ses travaux, à sa vraie science par l'organe de notre journal.

Je vous propose aussi d’adresser à sa famille l’expression de notre admiration et de nos plus grands regrets pour le grand savant que la Belgique vient de perdre dans Henri Van Heurck.

D' Linorre.

THÉORIE

D'UNE

NOUVELLE MÉTHODE D'IRRADIATION PROFONDE

PAR LE

D" ALBAN KOHLER (WIESBADEN)

Théorie d’une méthode permettant d'appliquer, sans produc- tion d’ulcération incurable, dans la profondeur des tissus l’action curative des radiations de Röntgen, à doses massives et absolu- ment inapplicables jusqu'ici, méthode constituant en même temps un mode de protection contre les brûlures de Röntgen en

général.

Toutes les tentatives, faites en vue de faire agir à une pro- fondeur de quelques centimètres une grande quantité de rayons de Röntgen, se heurterent jusqu'ici à deux obstacles princi- paux : pour exercer quelque action en profondeur, la radiothé- rapie sans filtration en est réduite à provoquer fatalement des ulcérations étendues et incurables de la peau : Ja radiothérapie avec filtration arrive, il est vrai, à agir en profondeur, mais l'action des radiations est alors si faible qu’en maintes circons- tances la vitalité des cellules cst plutôt exaltée que détruite ou ralentie. Il n’est pas encore bien certain que les efforts, tentés dans ces derniers temps pour écarter dans mesure du possible ces inconvénients par la radiothérapie à grande distance, soient

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jamais couronnés de succès pratique : et encore, dans l’éven- tualité la plus heureuse, ce succès ne pourrait-il être qu’un pro- grès partiel, qu’une simple amélioration du mode d’action. Si donc une méthode nouvelle nous mettait à même de porter la dose, applicable jusqu'ici, à une puissance dix fois (et peut- être cinquante fois) plus forte, sans qu’il s’en ensuivit d’ulcéra- tion incurable, cette méthode serait bien préférable à toutes les autres, et cela d'autant plus encore si son application se montrait en même temps plus commode et plus simple. Dans la suite de cette communication, nous tâcherons d'exposer cette méthode; nous y avons été amené par une série d’expériences qui, loin de viser à quelque effet thérapeutique, n’avaient pour but qu’un perfectionnement technique dans l'emploi radiographique des diaphragmes.

Plaçons sur une plaque photographique un réseau de fils mé- talliques à mailles de 1 à 2 millimètres d'ouverture : exposé aux radiations d’une ampoule de Rüntgen, ce réseau projettera très nettement, comme nous le savons, sa silhouette sur la couche sensible. Disposons maintenant ce même réseau à une distance de 20 centimètres de la plaque, bien parallèlement à cette der- nière, tout en le rapprochant autant que possible de l’ampoule : si dans ces conditions nous l'exposons de nouveau aux radia- tions de l’ampoule de Röntgen, nous n’obtiendrons qu’une vague silhouette sur la couche sensible. Plaçons enfin le réseau à une distance de 40 ou 50 centimètres de la plaque, tout en le main- tenant aussi près que possible de l’ampoule, comme dans l’ex- périence précédente : Ja plaque, cette fois, ne montrera plus du tout la silhouette du réseau; elle n’en accusera pas le moin- dre indice; elle se couvrira, au contraire, d’un noir uniforme, tout comme s’il n’y avait pas d'interposition de crible métalli- que entre elle et l’ampoule. La cause de ce phénomène est bien connue: de par les propriétés physiques des rayons de Röntgen, ne peuvent entrer en ligne de compte ici, ni la réfraction des radiations, ni leur réflexion : le phénomène est uniquement aux dimensions du foyer anticathodique de l’ampoule de Rönt- gen. L'endroit de l’anticathode, se rencontrent les rayons

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convergents émanant de la cathode, ne constitue pas, dans les ampoules ordinaires de Rüntgen, comme on le sait, une très petite zone, mais bien un cercle de grandeur notable, d’environ 1 à 5 millimètres de diamètre. (Exception doit être faite pourtant pour les ampoules dites de précision, qui se caractérisent par la petitesse extrême de leur foyer.) En plaçant l’ampoule à une petite distance, mais toujours égale, du réseau métallique, nous observerons que le noircissement uniforme de la plaque, ou, en d’autres termes, la disparition complète de l’ombre portée par le réseau, s'effectuera à une distance du réseau à la plaque d’au- tant plus courte que le foyer anticathodique sera plus grand.

Si nous appliquons ce simple fait, depuis longtemps connu, à la pratique radiothérapique, nous arrivons aux déductions sui- vantes : l’extrême petitesse du foyer, indispensable en radio- graphie, est, en somme, de nulle importance en radiothérapie. Choisissons une ampoule dont le foyer soit d’étendue nota- ble, c’est-à-dire de la grandeur de toute l’anticachode à peu près, donc de 1 à 1 1/2 centimètre de diamètre : nous avons, d’autre part, un réseau métallique, une étamine en fil de fer, comme celle, par exemple, que l’on applique aux fenêtres, ou mieux en- core un tamis, à fil plus gros, en platine ou en plomb: appliquons ce réseau soit directement sur la peau, soit avec interposition d’un mince filtre en peau de chamois: disposons enfin notre am- poule à 5 centimètres du réseau.

Si nous procédons dans ces conditions à l’irradiation, nous obtiendrons, à une profondeur de quelques centimètres déjà, un éclairement absolument uniforme, si uniforme même que l’on pourrait croire, à tort, à l’absence de tout tamis entre l’am- poule et les tissus. Or, l’application de ce tamis sur la peau nous permettra d’administrer en profondeur une quantité considéra- ble de rayons, une quantité énorme comparativement à toutes celles que l’on a pu appliquer jusqu’à présent et cela sans pro- duction d’ulcération de grande étendue et de guérison difficile. Car, si toutes les cellules de la tumeur ou de tout autre tissu à traiter reçoivent une dose pleine de radiations, la peau elle-même n'aura été touchée qu’au niveau des interstices

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du réseau, tandis que les cellules cachées directement sous les fils métalliques, à l'abri de toute irradiation, reste- rout iutactes. Il s'ensuit que les parties du tégument restées à découvert dans les mailles sercnt fatalement, il est vrai, brülées, à la suite de plusieurs surexpositions : elles se nécroseront, mais leur guérison pourra s'établir au bout de quelques semaines. Chaque foyer de nécrose sera, en effet, entouré d’ur rem- part de cellules indemnes et d’une ceinture de rameaux vascu- laires normaux. En chirurgie, nous avons recours à un procédé analogue, quand nous traitons notamment l’angiome par des cautérisations ponctiformes au moyen du Paquelin. La rapidité, avec laquelle ces eschares guérissent, nous est bien connue. Il est bien vrai que les conditions biologiques, dans lesquelles se présentent les brûlures ponctiformes dues aux rayons de Röntgen, ne sont pas tout à fait aussi avantageuses que celles qui accompagnent les lésions du thermocautère : mais néan- moins elles leur sont comparables. En tout état de cause, les dégats minimes, que sont les nécroses ponctiformes produites par la radiothérapie réticulaire, ne sont d'aucune façon à comparer avec le préjudice énorme que constituent les ulcérations de grande étendue, comme il s’en produit à la suite des surexpo- sitions sans interposition de tamis. Il serait difficile de répon- dre de façon exacte à la question de savoir combien de fois l’ap- plication du réseau permettrait de dépasser la dose maxima usuelle : la réponse dépend d’ailleurs quelque peu aussi de la nature du métal et de l’épaisseur du fil. Pour amener à nécrose les cellules de la peau placées sous les fils métalliques, il fau- drait probablement centupler la dose nécessaire à la production de l’érythème : pour les altérer de façon appréciable, il fau- drait appliquer peut-être cinquante fois cette dose: en tout cas, avec un surdosage d'environ quinze fois, leur intégrité restera telle que nous pourrons considérer l’effet produit comme pratiquement nul. Mais il n’est nullement certain qu’une quan- tité de rayons, cinquante fois plus forte que la dose maxima usuelle, suffise à compromettre la vitalité des tissus placés di- rectement sous les fils métalliques de telle façon qu’une restau-

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ration rapide des parties nécrosées intermédiaires ne puisse plus se produire à bref délai.

Dans les premières applications pratiques de ce genre, il est à recommander de ne pas dépasser d’une dizaine de fois la dose d'érythème : une observation plus étendue montrera jusqu'à quel point on peut aller. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de mettre notre méthode à l’épreuve de la pratique. Mais comme la théorie, exposée ici, est basée sur des principes élémentaires ressortissant à la physique et à la biologie, la possibilité de sa mise en pratique ne peut être révoquée en doute. Au surplus, des expériences sur les animaux montreront si des quantités de radiations, de vingt à cinquante fois supérieures à la dose maxi- ma, sont de nature à provoquer des lésions superficielles tellement facheuses qu’elles ne puissent être compensées avantageusement par les effets salutaires produits sur les tissus internes. Pour les premières applications de la méthode à l’homme, nous nous adresserons, en toute et bonne conscience, aux patients atteints, par exemple, d’une tumeur dont la malignité et l'inopérabilité sont démontrées par la laparotomie.

En dehors des petites nécroses ponctiformes que nous avons signalées, la méthode ne semble pas reconnaître d’autres incon- vénients : ses avantages, au contraire, sont importants et sous ce rapport il convient de citer, outre ceux que nous venons de dé- crire, les suivants : cette méthode a ceci de caractéristique qu’elle nous oblige de rapprocher autant que possible le tube de Rôntgen de la peau: la durée de l’exposition, nécessaire à une certaine dose, sera donc notablement plus courte que celle que demanderait un éloignement plus ou moins grand de l’ampoule. Supposons que celle-ci ait quinze centimètres de diamètre : supposons encore que la distance qui sépare la surface du corps de la paroi du tube soit de cinq centimètres : l’anticathode se trouvant, dans ces conditions, à une distance de 1,5+5 cen- timètres, nous pourrons administrer, au bout du même temps d'irradiation, une dose seize fois plus forte que celle qui serait applicable à une distance de cinquante centimètres. Un autre avantage consiste dans le fait que cette méthode permet l’emploi

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des filtres tout comme précédemment. On peut placer des filtres de tout genre sous le réseau (1) : mais on recourra, de préfé- rence, à la peau de chamois : il est recommandable de comprimer le réseau et le filtre contre la peau, soit au moyen du diaphragme compresseur, soit au moyen du localisateur tubulaire en verre de plomb que l’on utilise dans la pratique radiothérapeutique. Enfin, l’action de notre méthode sera considérablement renfor- cée, si l’irradiation est faite par feux croisés : c’est ainsi qu’en irradiant successivement un sarcome du fémur par quatre faces différentes, il sera possible de faire agir dans la profondeur de la tumeur une quantité réellement énorme de rayons.

Sous un autre rapport, plus général, ces toiles métalliques semblent encore offrir un autre grand avantage en radiothérapie: nous voulons parler de la protection qu’elles assurent contre les brûlures produites par l’irradiation de la peau : c’est aux débu- tants, qui n’ont pas encore acquis assez d’habileté dans le manie- ment précis des procédés de dosage, que leur emploi est surtout à recommander. Qu’un surdosage produise avec cette méthode une excoriation ou une nécrose, et la guérison de la lésion ne tardera guère. Les irradiations, que nécessitent les maladies du sang, présenteront de cette façon moins de dangers. Au surplus, il ne faut pas oublier que, dans le traitement des maladie” tégu- mentaires, les cellules sous-jacentes aux fils métalliques restent soustraites au rayonnement : reste à voir si les parties, influen- cées favorablement à travers les mailles du réseau, n’exerceront pas sur ces cellules une action curative : cela ne paraît pas im- possible, s’il faut en juger par des faits connus : quoi qu’il en soit, la pratique tranchera aussi cette question. L’application du tamis au traitement des affections bénignes de la face est à déconseiller: car, elle pourrait entraîner une pigmentation in- délébile, affectant la forme des mailles du réseau (2).

(1) Il faudra recourir à l'emploi des filtres pour absorber les radiations secondaires émanant des fils métalliques.

(2) La maison REINIGER, GEBBERT ET SCHALL, d'Erlangen, livre sur commande les ampoules à grand foyer nécessaires à l'application de la méthode que nous venons de préconiser

en == MENAS

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RADIOGRAPHIE DES GENOUX AVEC ARTÈRES ATHÉROMATEUSES

PAR LE

MauURICE D’'HALLUIN Chef des travaux de physiologie à la Faculté libre de Médecine de Lille

PLANCHE IV

t SPES

Le 8 décembre 1908, on m’envoyait à radiographier un malade atteint d’arthrite douloureuse du genou droit. On fit trois cli- chés; deux du genou malade (face latérale interne et externe), un du genou sain (face latérale interne) à titre de comparaison. La durée de pose, relativement courte, fut: pour la genou ma- lade, qui était très augmenté de volume, de 25 et 17 secondes et pour le genou sain de 12 secondes. La distance de l’anticathode à la plaque fut de 45 centimètres. On employa des rayons moyen- nement pénétrants.

Inutile d’insister ici sur la différence que présente le genou sain (fig. 1) et le genou malade (fig. 2). D'un côté la silhouette des os est bien nette, de l’autre elle est vague et indécise tout au moins dans la portion articulaire, dont l’aspect flou contraste avec les détails structuraux que montre l’image du tibia et du péroné. Mais la particularité la plus remarquable consiste dans la présence d’ombres cylindriques et ramifiées représentant l’image de l’artère poplitée avec quelques-unes de ses collatérales et branches terminales. On constate très aisément la calcifica- tion inégale des parois artérielles : ces épreuves me paraissent

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intéressantes à cause du grand nombre d’artères visibles et du petit calibre de certaines d'entre elles. La bilatéralité des lésions est également à retenir.

Je regrette de n'avoir pu radiographier d'autres régions, mais le malade souffrait, avait hâte d'en finir: il était difficile de lui inposer une fatigue supplémentaire: comme il n'habite pas Lille et souffre toujours, je n'ai pas encore pu le revoir. Son médecin, le Docteur Ficheux, de Quesnov-sur-Deüle, a eu l’amabilité .de m'envoyer l'observation suivante. L'état de santé de F. L..., âgé aujourd'hui de 59 ans, fut très florissant. jusqu’en 1905. Il mangeait bien, buvait cepieusement. En 1905 F. L... commence à maigrir: on trouve dans les urines du sucre, qui est disparu depuis lors. ln janvier 1908 une arthrite du genou droit se déclare, on la traite par les moyens classiques d’abord, puis dans ces derniers temps par des applications de radium ct du courant continu. Les urines sont légèrement albumineuses, le malade est mis à un régime sévère qui amène une améliorafion de l'état général, mais l’état local n'est guère modifié.

La découverte d'artères calcifiées chez ce malade fut certaine- ment une surprise, mais son passé, son état général, son âge expliquent le fait qui, étant donné l’état pathologique, n'a rien de surprenant.

Malgré le grand nombre d’athéromateux, il semble que les radiologistes possèdent peu de clichés d’artères calcifiées ct Gagnière écrivait dans le traité de radiologie médicale de Bou-

chard. « Les clichés montrant des artères paraissent être très rares. »

On connaît le cas de Beck (1) (artère radiale et interosseuse), ceux de Imbert (2) (artère cubitale et radiale chez un cadavre non injecté; artère tibiale antérieure chez un vieillard du ser- vice de Forgue); celui de M. Loret, du Havre (3) (radiale et

(1) CARL BECK. Diagnostic de l'artériosclérose par les rayons Röntgen. (Ne: York med. Journ., 22 janvier 1898.)

(2) IMBERT. Comptes rendus de la Soc. de biologie, [1 juin 1898.

(3) Lorer. Comptes rendus de l'Académie de médecine, déc. 1902 (communi- cation de Landouzy). (Presse médicale, 31 déc. 1902, p. 1255.)

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tibiale postérieure); ceux de Abadie et Gagnière (4) (fémorale, radiale, cubitale chez un sujet de 59 ans; radiale, cubitale des deux membres, tibiale antérieure et postéricure chez un sujet de 68 ans; tibiale antérieure et postérieure chez un homme de 40 ans, radiographié par Imbert). Ajoutons le cas d'Albert Gascard (5), de Rouen, (artère cubitale et radiale). Imbert et Marques (6) montrèrent en 1906 au Congrès pour l'avancement des sciences de Lyon « de magnifiques clichés dans lesquels on voit une longue portion des artères du membre inférieur et en particulier l'artère fémorale sur une étendue de 20 centimètres ». Plus récemment Rochard publiait un cas une ombre li- néaire suivant le détroit supérieur en avait imposé pour un cal- cul de l’uretère. Il s'agissait en réalité d'atherome de l'iliaque erterne. [nfroit, radiographiant ensuite les membres, trouva sur le cliché l’artère cubitale bien marquée. La malade, âgée de 67 ans, était atteinte d’arthrite sèche de la hanche gauche.

A la suite de notre communication au Congrès de Physiothé- rapie, divers auteurs présentèrent des radiographies d’artères calcifiées.

Castex, de Rennes, montra une épreuve du genou sur laquelle on aperçoit l'artère fémorale au voisinage de l’anneau du troi- sième adducteur. Le vaisseau est visible sur une longueur de J0 cent. environ et présente deux collatérales calcifiées. Le même auteur exposa une radiographie de luxation astragalo- scaphoïdienne l’on voit la tibiale antérieure, la tibiale posté- rieure et quelques collatérales.

Bédard, de Lille, présenta une épreuve de la cuisse sur la-

(4) ABADIE et GAGNIERE. Artères visibles en radiographie. (Arch. électr. méd., 1903, 123.)

(5) A. Gascar». Comptes rendus de l’Académie de médecine, 31 mai 1904 (communication de Jungfleisch).

(6) Ces quelques lignes sont extraites des comptes rendus qui ne contiennent pas de détail complémentaire; ne s'agit-il pas du malade cité par Abadie et Gagniere ?

(7) Bulletin et mémoire de la Société de chirurgie de Paris, 18 février 1908.

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quelle on aperçoit sur une grande longueur la fémorale et un autre vaisseau qui doit être la fémorale profonde.

Biraud, de Poitiers, rapporta l’histoire d’un alcoolique chez lequel il a trouvé une calcification de l’artère poplitée dans une radiographie pour luxation du genou. Il a pu mettre en garde le chirurgien contre la rupture possible dans les manœuvres de réduction.

Il est probable que des recherches bibliographiques plus éten- dues augmenteraient la longueur de cette statistique. D'autre part, un bon nombre de radiologistes conservent sans doute dans leurs archives des radiographies d’artères calcifiées

J’ai vu sur des épreuves entre les mains de la maison Reini- ger une superbe radiographie du genou présentant des artères parfaitement visibles; on m’a dit que cette radiographie avait été obtenue sur un sujet vivant.

Il y aurait peut-être intérêt à rassembler tous ces faits pour en connaître la fréquence qui deviendrait plus grande si l’on radiographiait systématiquement les malades que la clinique étiquette artério-scléreux ou athéromateux. La découverte d’ar- tères calcifiées peut devenir un signe clinique de haute valeur, et dans cette question encore si controversée de la distinction à établir entre l’artério-sclérose et l’athérome, la radiographie pourrait peut-être aider à la solution du problème.

UN PERFECTIONNEMENT TECIINIQUE

DANS

L'EXAMEN RADIOGRAPHIQUE DE LA RÉGION SACRO -COXYGIENNE

PAR LE

D" KAISIN-LOSLEVER (FLOREFFE)

PLANCHE IV

La communication que j'ai l'honneur de vous faire, ne traite pas seulement d’un perfectionnement technique dans l'examen radiographique du sacrum et du coccyx, mais aussi d’un per- fectionnement technique dans l'examen radiographique de la vessie et de la portion inférieure du tube digestif. En ce qui regarde l’examen radiographique du sacrum et du coccyx, nous savons tous à quelles difficultés nous nous butons, d’abord, parce que ces os se projettent en raccourci sur l’émulsion de gélatine et ensuite parce que les détails de leur structure n’apparaissent pas toujours. « Rien de plus difficile que cette interprétation, disent Hauchamps, Klynens et Mahaux, dans leur excellent Atlas de Radiologie normale (p. 145); ici, il importe de répéter, au risque d’être prolixe, que l’épreuve positive, l’épreuve sur papier, ne peut être d'aucune valeur, puisque quantité de dé- tails y disparaissent, même si cette épreuve a été faite d’une

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façon irréprochable. Le phototype, le négatif, ne peut être que le seul document sur lequel l'interprétation puisse et doive s’ap- puyver, et encore n'est-il pas toujours démonstratif, soit que le sujet soit très musclé et obèse, soit que le sujet ait tremblé par pusillainimité ou par le fait de la maladie, comme il arrive dans les traumatismes de la colonne et alors l'exploration radiogra- phique est à recommencer; car un insuccès ne peut décourager. »

« Les crêtes intervertébrales, disent encore les mêmes auteurs, formées par la soudure des corps vertéhraux sacrés, crêtes si- tuées à la face antérieure de l'os, sont à peine ébauchées même sur les bons clichés. » En ce qui concerne l’examen de la vessie, nous savons tous qu'aucun moyen pratique, sauf peut-être lin- jection de collargol, ne nous permet d’en projeter la silhouette sur notre plaque sensible.

Quant au rectum et à l’S iliaque, l'introduction des prépara- tions de bismuth nous en donne de bonnes images, mais en nous cachant les parties du squelette situées derrière eux. D’ailleurs toutes les méthodes qui ont pour but de rendre uniformément plus opaques les organes internes, sont, à mon sens, passibles d’un grave reproche: sgi elles nous donnent des silhouettes exactes, elles rendent, d'autre part, plus inaccessible à notre examen, la structure anatomique des organes et les modifica- tions pathologiques de cette structure. Au lieu d’opacifier les organes, il me paraît bien plus logique au contraire de les ren- dre plus transparents; ils pourront ainsi se silhouetter par con- traste de facon suffisante et nous offriront ensuite plus de chance de nous déceler les détails de leur structure. C’est ce qu’on a fait de façon très heureuse pour les articulations qu’on insuffle de gaz oxygène.

On avait également insufflé d'oxygène la vessie dans le but d’en discerner les contours et d’y rendre plus visibles les calculs qu'elle pourrait éventuellement inclure. Malheureusement cette méthode d’insufflation de gaz oxygène dans la vessie a être abandonnée à cause des graves accidents qu’elle a occa- sionnés.

La méthode que je vais vous décrire est fille de celle-ci, mais

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une fille innocente. Elle consiste à insuffler de l’air non plus directement dans la vessie, mais dans un ballon en caoutchouc à parois minces préalablement introduit dans le réservoir uri» naire.

L'appareil nécessaire pour cela est des plus simples : une sonde molle au bout de laquelle est ajusté le ballon en caout- chouc à parois minces, une bougie servant de mandrin et enfin une soufterie comme celle du thermo-cautère.

Le mode d'emploi de cet appareil n’est pas plus compliqué: la vessie étant vidée, comme bien entendu le rectum, j'y intro- duis le ballon en caoutchouc préalablement stérilisé et vaseliné, en utilisant la rigidité de la bougie qui, occupant le canal de la sonde molle, vient buter contre le pôle libre renforcé du ballon qui fait suite à la sonde. Dès que la sonde a pénétré dans la vessie et tandis qu'elle y est maintenue en place par ma main gauche, je retire de la main droite la bougie-mandrin. Il ne me reste plus qu’à raccorder le bout externe de la sonde au tube de la soufflerie. Je pose alors le sujet à examiner sous le tube de Röntgen suivant les règles habituelles de l’examen de la région sacrée, La soufflerie est mise en action et quand la vessie est suffisamment dilatée, je lance le courant dans l’ampoule. Dès que la pose est terminée, la soufflerie est détachée de la sonde et le ballon se vide de lui-même.

Je regrette de n’avoir pas de radiographie de calcul vésical à vous montrer, l’occasion ne m’ayant pas été offerte d'en exa- miner par le procédé que je viens de vous décrire, mais vous verrez sur la plaque 1 (1) l’image de petites masses sterco- rales incluses dans le rectum. Cette image est d'une netteté absolue, or, comme le disent Hauchamps, Klynens et Mahaux (p. 210), « leur ombre est moins intense et plus diffuse que celle des calculs ». Il est donc vraisemblable que l’image de calculs vésicaux s’imprimerait de façon au moins aussi nette que l’image présente de matière stercorale.

(1) Les clichés 6, 8 et 10 sont seuls reproduits ici.

198

La mème plaque nous montre un sacrum et un coccyx finement détaillés et cependant la qualité des rayons employés pour cette plaque correspondait seulement au 4 de l’échelle de Walther. J'insiste sur la netteté de l’image du coccyx et la visibilité par- faite des crêtes intervertébrales sacrées qui peuvent véritable- ment servir de critérium pour Juger de l’excellence d’une radio- graphie de cette région .La plaque porte d’ailleurs en elle la signature de la supériorité de ce procédé de radiographie sur le procédé habituel : voyez la différence dans la richesse de dé- tails entre la région couverte pur la silhouette de la vessie in- suftlée et les régions adjacentes.

J'en puis dire autant des plaques ? et 3 qui permettent de voir avec une richesse de détails remarquable, le sacrum et le coccyx alors que les autres parties du bassin sont peu nettement dessinées.

Une autre plaque qui porte le 4, ne montre qu’une image diffuse et à peine perceptible, sauf dans ses parties rétroversibles. Je vous avoue que pour ma part, il ne m’avait jamais été donné de contempler sur une plaque de pareils dessous de sacrüm ni de pareils coccyx. Si le reste du sacrum et du bassin en général est si peu visible, cela est dû, encore une fois, à la mollesse relative des rayons employés; mais ce résultat, je l’ai voulu pour bien mettre en relief l’utilité de l’insufflation vésicale dans l'étude radiographique de la région sacro-coccygienne.

Les deux clichés 5 et 6 (fig. 3) ont été obtenus sur une per- sonne qui a subi il y a plusieurs années un traumatisme du siège; chute sur le sol en position assise et choc de la région coccygienne sur un trousseau de clefs que la dame avait en po- che. Comme vous pouvez le voir, le coccyx s'est fracturé et son segment inférieur s'est dévié latéralement.

Mais si bonne que soit cette méthode d’insufflation vésicale, à part les cas il s'agit de rechercher des calculs vésicaux ou d'étudier des états pathologiques de la vessie, je lui préfère aujourd’hui l’insufflation rectale et cela parce que Ie champ de l’insufflation est plus vaste, couvrant presque tout le sacrum et pouvant même gagner l’S iliaque si l’on emploie un ballon

allongé.

199

Pour l’insufflation rectale, dont la technique est en somme la même que celle de l’insufflation vésicale, j’ai d’abord utilisé comme ballons, des condoms en caoutchouc fixés au bout d’une sonde de Nélaton; malheureusement ces engins se déchirent avec une facilité décevante et si l’une ou l’autre fois ils ont résisté à l’insuffation, j’ai renoncé à leur emploi par trop aléatoire et en attendant que j'aie pu me procurer des ballons allongés résis- tants, je me sers du petit ballon sphérique que vous venez de voir.

Si vous jetez un coup d'œil sur le cliché 7, vous verrez une image irréprochable du sacrum et du coccyx et vous remarque- rez que la partie supérieure du sacrum elle-même avec l’articu- lation sacro-iliaque gauche apparaît étonnamment nette; le ballon employé pour l’insufflation rectale dans ce cas était un condom qui en se gonflant d’air est remonté jusque dans l'S iliaque et a permis de mettre en relief non seulement le coccyx et la portion inférieure du sacrum, mais aussi comme je viens de vous le dire, la portion supérieure de cet os et de son articu- lation avec l’ilion gauche.

La plaque 8, montre une insufflation qui s'étend moins haut, et la sonde de Nélaton, dont le bout atteignait, par suite d’une erreur de technique, l'extrémité du ballon (fig. 1).

Encore une fois, c’est la même netteté et la même richesse de détails allant jusqu’à la mise en relief de la structure interne de l’os sacré et du coccyx.

Les deux plaques suivantes 9 et 10 méritent une mention spé- ciale : elles se rapportent à une personne dont je dois vous rap- porter à grands traits l’histoire intéressante. Il s'agit d’une malade qui a 62 ans et dont le père est mort d’un cancer à l’estomac à l’âge de 63 ans. Cette femme a fait il y a douze ou treize ans une chute dans laquelle son siège est venu buter contre un arête en pierre; à la suite de cette chute, des douleurs et des malaises fréquents se sont fait sentir au niveau de la fesse gauche, spécialement quand la malade faisait des mouve- ments ou quand elle était assise; mais il n’en est résulté aucun trouble de l’état général. Il y a une dizaine d’années, la per-

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200

sonne a commencé à souftrir de constipation et de douleurs pen- dant la défécation; elle fut examinée pour la première fois en avril 1907, elle se plaignait d'inappetence, de digestions difhici- les, de douleurs à l'estomac, surtout après certains repas aux pom- mes de terre ot à la viande. Ses douleurs, lors de la défécation, étaient devenues très intenses, elle vomissait fréquemment un liquide blanc spumeux, elle présentait en outre un amaigrisse- meut continu. L'examen pratiqué à cette époque révéla lexis- tence d'une tumeur dure et peu mobile appartenant au rectum et très sensible à la pression du doigt pendant le toucher rectal; le doigt explorateur sortait maculé de sanie et de sang. Le diag- nostic de cancer et méme de cancer inopérable du rectum fut posé par plusieurs médecins et chirurgiens.

La situation de la malade ne fit que s’empirer dans la suite, l'amaisrissement et la faiblesse devinrent extrêmes, tous les symptomes d'ordre digestif ne firent que s’accroitre, l’alimen- tation devint impossible, les vomissement qui changèrent d'as- pect et devinrent bilieux, jaunes, furent de plus en plus fré- queuts et la constipation de plus en plus rebelle. Tout alla ainsi de mal en pis jusque vers la fin de septembre, époque à laquelle on ne donnait plus à la malade que quelques jours à vivre, elle était devenue, dit son entourage, à peu près folle, absolument incapable de raisonner et ayant perdu le souvenir de toutes choses. À ce moment, alors done que tout espoir paraissait de- voir être abandonné, la malade non seulement ne mourut pas mais vit peu à peu sa situation s'améliorer; les vomissements cessèrent, les aliments furent de nouveau supportés, l'appétit reparut, la constipation céda et les selles spontanées composées matières molles accompagnées de mucosités gluantes d'un blanc jaunätre et quelquefois de sang devinrent peu à peu in- dolores. Depuis trois mois, les selles toujours indolores et régu- lières ne renferment généralement que des matières fécales molles, mais se composent parfois de petites boules stercorales; l'appétit est redevenu excellent, les forces sont revenues ainsi que l’embonpoint qui est même plus accentué qu'avant 1907. Au commencement de l’amélioration, la marche était absolv-

201

ment impossible, mais aujourd’hui elle peut s’accomplir sans toutefois être normale; elle se fait à petits pas traînants. peu assurés; l'équilibre est assez difficile à garder, mais non impos- sible surtout lorsque la présence à côté d'elle d’une personne, fût-ce même d'un enfant, donne à la malade un soutien moral; les facultés intellectuelles seraient normales n'était un certain déchet de la mémoire; l’air et la lumière vive provoquent encore un peu de vertiges et d’éblouissements et la vision est meilleure dans une demi-obscurité qu’au grand jour. Il n’existe aucun trouble qualitatif ni quantitatif de la sensibilité dans les mem- bres inférieurs.

Le toucher rectal, pratiqué avant-hier, m'a donné le résultat suivant : le doigt tombe dans une cavité à grand diamètre trans- versal, limitée en haut et un peu à droite par un orifice qui admet l’extrémité du doigt, orifice bordé d’une masse dure, sur- tout à gauche; en dehors de cette masse, plus à gauche, le doigt rencontre une seconde masse dure également; ces deux masses paraissent n’être rien d’autre que deux lobes d’une tuméfaction unique, peu sensible à la pression. Le doigt à la sortie n’était souillé ni de sang de pus. J'avais eu recours la veille à l'examen radiographique de la région sacro-coccygienne après insufflation du rectum et j'avais obtenu les deux plaques 9 et 10 que je vous présente. La première plaque ne nous montre qu’une image peu nette dans laquelle on n'aperçoit aucune silhouette de masse gazeuse; c’est que par suite d’une fausse manœuvre, le ballon introduit dans le rectum et insufflé d’air suivant la méthode que je vous ai décrite, avait, à mon insu, laissé s'écou- ler tout son contenu d'air. Cette plaque qui était évidemment une plaque ratée, n’offre d'autre intérêt pour nous que celui de nous servir de témoin pour la plaque suivante que j'ai prise et réussie immédiatement après.

La personne examinée étant très corpulente, je me suis servi pour son examen d’un rayon pénétrant correspondant au chiffre 7 de l’échelle de Walther. Une rapide comparaison des deux plaques fait immédiatement sauter aux yeux le grand avantag: de l’insufflation du rectum pour pratiquer la radiographie de

202 |

cette région. En effet, tandis que la plaque 9 ne nous apprend rien ni sur le rectum ni sur le sacrum, la plaque 10 (fig. 2) nous montre une Zone foncée correspondant au contour du rectum insufflé, et, chose remarquable, le grand axe de cette silhouette de rectum n'est pas vertical comme celui d’une personne normale, mais a une direction sensiblement horizontale; il y a donc un obstacle au déploiement du rectum en hauteur et cet obstacle n'est autre que la tumeur constatée par le toucher. De plus, les cones du sacrum n’ont pas leur aspect normal, leurs contours sont assez flous et elles paraissent tuméfiées. Le processus patho- logique, malgré l'amélioration évidente de l'état général de la malade dont je viens de vous raconter l’histoire, a donc envahi l'os sacré.

Quelle est au juste la nature de ce processus pathologique, aurait-il quelque rapport avec le traumatisme signalé au com- mencement de l’histoire de la malade?

Je l’ignore et je serais très heureux de connaître votre opinion à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, et laissant cette question de côté, j'en arrive à conclure que la méthode d’examen radiographique de la région sacro-coccygienne, après insufflation de la vessie ou du rectum, est très pratique : j'ai négligé de vous dire tantôt qu'elle n’est pas douloureuse et ne provoque qu’une forte envie soit d'uriner, soit d'aller à la selle suivant qu’on a injecté la vessie ou le rectum : qu'elle est très simple et qu’elle peut fournir des renseignements précieux en ce qui concerne la vessie (tumeurs, calculs, ete.), le rectum (tumeurs, spasme, corps étrangers, etc.) et la portion inférieure de la colonne vertébrale. Je me propose, en employant des ballons suffisamment résistants et allongés, d'explorer de la méme façon le côlon descendant et ensuite l'estomac lui-même. Je me ferai un devoir et un plaisir de vous communiquer plus tard de résultat de mes recherches.

QUELQUES CAS DE FRACTURES MAL CONSOLIDÉES ET DE PSEUDARTHROSE

PAR LE

D' O. DAUWE (ANVERS)

Faite à Anvers le 30 mai dernier, cette communication eut pour objet quelques observations de cas de fracture, opérés par le Lambotte, d'Anvers, et dont j'ai présenté les clichés avec l'autorisation bienveillante de l’opérateur. Je ne veux faire ici que la simple relation de ces cas qui, plus tard, seront proba- blement étudiés en détail avec d’autres observations, dans un travail plus complet.

Parmi les observations présentées, citons sak d’un ouvrier atteint de fracture ouverte du fémur droit, en tombant le 2U fé- vrier 1908, d’une hauteur de 16 mètres.

La désinfection du foyer de fracture, l’immobilisation plà- trée après réduction, plus tard l’extension continue, furent les traitements que subit le sinistré durant seize semaines. La frac- ture se consolida, mais il y eut impotence complète du membre, chevauchement des fragments et raccourcissement d’environ 10 centimètres.

Le sinistré fut soumis au docteur Lambotte, le 2 novembre 1908, époque du cliché présenté. Il y avait autour de la réunion des fragments une masse osseuse énorme, qui donnait au membre une grande déformation (fig. 1). Le sinistré fut opéré et après résection de l’énorme cal et avivement des fragments ce qui ae fut pas réalisé sans grands efforts, la masse osseuse étant très

204

dure -- le D' Lambotte appliqua son grand fixateur (fig. 2). Suites opératoires, normales. Le malade sortit de l’institut St-Camille, au commencement

de 1909, en marchant sans même une canne.

Fig. l. Fracture mal consolidée de la cuisse droite. Radiographie prise le 2 novembre 1903, 9 mois environ apres l'accident : fracture ouverte du fémur

m

droit. Infection. Immobilisation platrée (après désinfection et réduction) durant 3 semaines, puis extension continue. Raccourcissement de l0 centi- mètres, impotence fonctionnelle du membre. Atrophie. Cal énorme.

On peut citer ce cas comme un des triomphes du fixateur Lam-

botte.

Quelques cas remarquables de cerclage du fémur sont égale- ment passés en revue, entre autres celui d'un jeune homme at- teint de fracture des deux fémurs, fracture presque symétrique du tiers supérieur, avant des deux côtés une esquille externe.

Le cerclage fut pratiqué des deux côtés, non sans qu’on eût essayé l’immobilisation plâtrée, après réduction, du côté droit, ce qui menaçait de produire un raccourcissement.

Un autre cas de cerclage du fémur concernait une fracture du tiers moyen avec esquille volumineuse, fracture que ni Pim-

905

mobilisation plâtrée, ni l’extension continue n’avaient pu con- solider.

Parmi les observations de pseudarthrose, notons : un cas de pseudarthrose des deux os de l’avant-bras, à la suite de fracture

F16. 2. Application du fixateur Lambotte, après résection du cal et avivement des fragments. Ostéo-synthèse pratiquée le 3 novembpe 1908 (D' Lambotte) opération laborieuse. Cal dur comme l'ivoire.

de ces deux os, en même temps que fracture de l’humérus du même côté.

Tandis que l’humérus s’était consolidé, les deux os de l’avant- bras se soudèrent mal, malgré une immobilisation plâtrée de deux fois six semaines: une année et trois mois après l’accident, il y avait atrophie osseuse du coude, du poignet et des os du carpe; mais, chose curieuse, l’ostéoporose ne portait pas sur les fragments, au foyer de fracture; comme le montre l’opération ostéo-synthèse par plaques et vis qui réussit pleinement (fig. 3) les os étaient à cet endroit durs comme l'ivoire.

Notons encore deux cas de pseudarthrose consécutive à des fractures ouvertes et infectées; toutes deux avaient, après d’au-

906

tres traitements, été l’objet de l’intervention dite « résection économique des fragments avec suture au fil d'argent »; chez toutes deux le fil se rompit et la réunion osseuse fut nulle.

het ti ne TOY É; A Le

FıG. 3. Pseudarthrose des deux os de l'avant-bras, opérée par l'ostéosynthèse à prothèse perdue, par le procédé Lambotte. Guérison.

Un de ces cas était une fracture du tibia et du pé- roné; l'autre concernait une fracture infectée du tiers moyen de l’humérus, avec fracture de l’olécrane qui donna lieu plus tard à l’ankylose osseuse du coude (fig. 4). Ce dernier cas, re- belle à tous les traitements classiques, a été en fin de compte et malgré l'ostéoporose très avancée, consolidé par l’ostéo-synthèse au fixateur du D" Lamboîte.

Les clichés qui concernent les observations mentionnées ici, ainsi que d’autres qui sont réservés pour un autre travail, ont

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été décrits à la séance de la Société de Radiologie, à Anvers, le 30 mai dernier. Tous ont pour objet des insuccès, insuccès qui ont été soumis à l’ostéo-synthèse, laquelle en a triomphé et réus- sit à guérir ou à amener une très grande amélioration.

FIG. 4. Pseudarthrose de l'humérus droit. Radiographie le 1°r juillet 1908, l'an et 5 mois après l'accident; fracture ouverte de l'humérus, fracture de l'olécrane. Erysipèle phlegmoneux du bras; immobilisation durant 2 mois; massage durant 4 mois ; puis suture au fil d'argent faite 8 mois après l'accident, sans résultat. Atrophie osseuse considérable, pseudarthrose À avec syno- viale, ankylose B du coude, consécutive à la facture olécranienne, fil d'argent, rompu en 3 fragments (fff). Guérison de la pseudarthrose obtenue par l'ostéo-synthèse au fixateur Lambotte (mars 1909).

Après l’application des classiques traitements, l’insucces, mieux une série d’insuccès, est souvent plus intéressant à obser- ver que les victoires de ces mêmes méthodes. De beaux résultats même nombreux, sur un terrain, n’excluent pas des échecs sur un autre. Recueillir les échecs et les étudier, c’est constater les défauts de la cuirasse, et en voir les causes. On peut alors ou bien

CR a a

208

y porter remède, ou bien se souvenir qu’à côté du classique an- cien existe une méthode, une ressource suprême qui est, il faut bien en convenir, en mesure de guérir ce qui se montre rebelle

Fic. 5. Pseudarthrose des deux os de l'avant-bras. Fragments réunis par du tissu fibreux. Atrophie osseuse des extrémités articulaires. Ostéo-synthèse. Fracture de l’humérus guérie.

au classique, et qui s’indique dans nombre de fractures pour remplacer les anciens procédés. Cette méthode est l’ostéo-syn- thèse, représentée par le cerclage, par les prothèses perdues et la fixation de Lambotte.

En conclusion des quelques observations présentées, les ré- flexions suivantes sont à faire :

a) Dans les fractures ouvertes, avec, consécutivement, infec- tion du foyer, on peut observer de l’atrophie osseuse qui entame

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la résistance et la dureté de l’os à l’endroit du traumatisme; si le traumatisme donne lieu à des fractures fermées et aseptiques on observe tout aussi bien de l’atrophie osseuse, mais celle-ci est

Fig. 6. Pseudarthrose des 2 os de la jambe. Accident le 6 juin 1907. Fracture ouverte. Réduction et désinfection, immobilisation platrée durant 6 semaines, pas de consolidation ; nouvelle immobilisation de 6 semaines. Puis massage; méthode de Bier. Décembre 1907, suture osseuse au fil d'argent. Pas de résultat. Etat actuel, mai 1908, pseudarthrose et fil rompu. L'inter-

vention proposée est refusée par le patient.

surtout prononcée aux extrémités articulaires de l’os cassé et peut ne pas entamer la dureté de l’os au trait de fracture. A cet endroit, au contraire, on peut trouver un os dur comme de l'ivoire (cas cité);

b) L’immobilisation plâtrée, trop prolongée, favorise à la fois et la pseudarthrose et l’atrophie osseuse, qui doit être considérée comme un facteur influent dans la pathogénie de la pseudar-

throse ; c) La résection économique avec suture au fil d'argent, ne

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peut pas donner toute sécurité : le fil peut se rompre tardivement sans qu'il y ait réunion osseuse;

d) L’immobilisation plâtrée, après réduction, ne peut avoir de bons résultats dans plusieurs cas de fracture : telles sont les fractures du tiers supérieur du fémur, avec grande esquille externe et grand déplacement des fragments.

INSTRUMENTS NOUVEAUX

Radioqualitamètre Cl. Ropiquet

Parmi les propriétés des rayons émis par un tube radiogène, il en est une qui a une importance capitale parce qu’elle repré-

sente pour ainsi dire la puissance de ces rayons. C’est la valeur de pénétration plus ou moins grande de ces rayons. Etant donné que cette puissance de pénétration est pour ainsi

212

dire la principale qualité de ces rayons X et que cette qualité peut se mesurer, nous avons nommé radioqualitamètre l’appareil que nous avons construit pour effectuer cette mesure.

Le radiochromometre de M. Benoist est sans ontredit l’instru- ment le plus parfait qui ait été employé jusqu'à ce jour. Les mesures empiriques qu'il donne sont maintenant connues de tous les praticiens et la qualité de pénétration des diverses sortes de rayons X est bien définie par le degré du radiochromomètre.

Pour cette raison nous avons cru utile de ne rien changer ni dans le nombre des degrés ni dans la valeur de ces degrés: autre- ment dit nous avons employé les mêmes métaux comparatifs.

Notre but a été surtout de construire un appareil pratique

permettant une lecture rapide et facile des degrés de pénétra- lion.

Lorsqu'on emploie l'argent et l'aluminium comme métaux comparatifs, c'est-à-dire l'argent sous forme d'une plaque d'é- paisseur convenable en contact simplement avec une série de

°° . ` . . 4> . . l ` 12 parallélipipèdes en aluminium d'épaisseur croissante de 1 à

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millimètres, voici ce qui se passe : la plaque d’argent laisse passer les rayons X avec une facilité à peu près constante, quelle que soit leur qualité de pénétration, de sorte que l’ombre pro- jetée sur un écran est sensiblement indépendante de la qualité de pénétration et ne dépend que de la quantité des rayons reçus. Par contre, l’ombre projetée par les blocs d'aluminium dépend à la fois de la qualité et de la quantité des rayons X; elle est d'autant plus intense que les épaisseurs d'aluminium traversées sont plus grandes et que les rayons émis sont moins pénétrants, de sorte que la série des blocs d'aluminium donne une échelle d'ombres dans laquelle il est possible de trouver un degré d'om- bre égal à celui fourni par la plaque d'argent qui sert de terme de comparaison. Le numéro du gradin correspondant à ce degré peut ètre pris comme mesure de la qualité de pénétration.

Dans ces conditions la mesure est difficile en radiographie, et à peine possible en radioscopie, parce que la lecture du degré d'ombre est rendue difficile par l’empiètement des ombres pro- jetées par les diverses faces des gradins parallélipipédiques les unes sur les autres, ou par une décroissance ou pénombre allant de la valeur maxima à zéro. Cet effet nuisible est expliqué par la fig. 2 du dessin schématique.

O désigne la source des rayons X, a un écran fluorescent, b et c deux blocs d’aluminium et d une plaque mince en argent. On voit que les rayons traversent obliquement chaque face des blocs parallélipipédiques. et donnent ainsi une ombre irrégulière et floue dont l’intensité va en croissant rapidement de 1 en 2, lentement de 2 en 3 et décroit de 3 en 4.

Avec un appareil comportant par exemple douze gradins en contact et donnant tous des ombres de ce genre, il est difficile de comparer avec certitude celles-ci avec l’ombre centrale de la plaque d, de sorte que plusieurs opérations peuvent dans des conditions identiques donner des lectures différentes.

Afin d’obvier à ce grave inconvénient, nous avons donné à chaque bloc d’aluminium une forme conique ou pyramidale dont le sommet coïncide avec la source des rayons X, de sorte que ceux-ci traversent uniquement deux faces du bloc sans su- perposition et fournissent une ombre régulière; en outre, nous

214

avons disposé une rondelle d’argent autour de chaque bloc d’alu- minium de manière à entourer complètement le bloc d’une om- bre annulaire servant de terme de comparaison; grâce à ces dis- positions, les ombres sont nettes et la lecture des mesures est rendue facile et sûre.

Les fig. 3 et 4 montrent schématiquement la forme d’exécu- tion de notre radioqualitamètre.

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—m—m—

En

Fig. 3 et 4.

La fig. 3 est une coupe dont le plan passe par le point O, émission des rayons X.

La fig. 4 indique les ombres données par deux blocs coniques et les rondelles correspondantes.

Les blocs d'aluminium e f ayant la forme de troncs de cônes sont disposés de façon que les génératrices concourent en un même point O correspondant à la source des rayons X. Ceux-ci

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215

traversent donc exclusivement les bases 5. 5, 6. 6 de chaque bloc et produisent sur l’écran g une ombre circulaire dont l’intensité est uniforme.

Les bases 5. 5, et 6. 6 peuvent être planes ou sphériques ayant toutes deux le point O pour centre.

Chaque bloc est entouré d’une rondelle mince en argent : (fig. 3), donnant une ombre circulaire 7 qui entoure complète- ment l’on.bre h. Ces ombres uniformes et nettes peuvent être comparées avec facilité et certitude.

Les douze rondelles d'argent, munies de leurs blocs d’alumi- nium, sont disposées sur une monture métallique comme les heures sur un cadran de pendule et en face de chacune d’elles se trouve un numéro qui, pendant l’emploi, paraît en clair sur un fond obscur (fig. 1).

Cette figure 1 montre en grandeur réelle l’aspect de notre radioqualitamètre devant une ampoule émettant des rayons X du disque 7.

On voit que les disques présentent en leur centre, les uns une partie claire, les autres une partie obscure, mais que l’un d’eux le 7, présente au contraire une teinte uniforme: on en conclut que les rayons examinés sont du degré 7.

Notre appareil se compose de deux parties essentielles :

Le radioqualitamètre proprement dit que nous venons de décrire ;

Un cryptoscope de forme cylindrique s'adaptant sur le radioqualitamètre.

Ainsi constitué le radioqualitamètre peut être employé à la main ou être fixé à demeure sur le support porte-ampoule.

Dans ces deux cas l’appareil est placé rapidement dans la position convenable pour une lecture nette et précise grâce à un radioguide qu’il possède dans sa partie médiane. Une tige mé- tallique indique que l’appareil est bien en place lorsque son om- bre sur l’écran n’est plus qu’un point (1).

(1) En vente chez le concessionnaire exclusif, Roycourt, 71, Avenue d'Orléans, Paris. Prix : 100 francs.

SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE

Scance du 30 mai 1909

M. le PRÉSIDENT avant demandé si personne n’avait d’obser- vations à faire au procès-verbal de la dernière séance, M. le D' De Nobele fait remarquer que le secrétaire des séances ne l'a pas bien compris : dans la discussion de la posologie en radio- thérapie, il n'a pas dit qu'il fallait employer des rayons durs dans les lésions superficielles; il emploie au contraire plutôt des rayons mous. M. le D" Laureys, dans la discussion des corps étrangers, n’a pas dit qu'il était partisan de l’abstention dans tous les cas; il a dit que, dans certains cas, il est plus nuisible d'enlever les corps étrangers que de les laisser, à cause des dé- labrements que l’on doit produire pour les extraire.

Ces remarques tiendront lieu de rectification au procès-verbal.

Quelques cas de fractures mal consolidées et de pseudarthroses

M. le D' 0. Dauwe (Anvers) démontre, radiographies à lap- pui, l'utilité de l'emploi du fixateur de Lambotte, dans de nom- breux cas de fractures mal consolidées et de pseudarthroses, et les résultats excellents que cette méthode peut donner. (Cette communication parait dans ce fascicule.)

Plusieurs membres croient que cette méthode peut donner de bons résultats dans certains cas, mais qu'il ne faut pas la géné- raliser comme traitement de toutes les fractures. Les procédés anciens ont donné assez de preuves d'innocuité et de réussite,

pour ne pas étre rejetés désormais.

|, +.

217 Un nouveau procédé d'irradiation profonde

M. ALBAN Kôurer (Wiesbaden) expose une nouvelle méthode, qui consiste à interposer, entre l’ampoule et la région profonde à irradier, une étamine métallique à la surface de la peau: l’ampoule est placée aussi près que possible de la toile métalli- que, et celle-ci est appliquée directement sur la peau : l'am- poule radiogène doit avoir un large foyer anticathodique. (Cette communication paraît in extenso dans ce fascicule.)

M. le D" Brexrair (Liége) félicite la D" Köhler de son idée si ingénieuse : un simple dessin géométrique montre le bien-fondé de sa façon de voir. Il se forme au-dessous de chaque fil un triangle « d’ombre », c’est-à-dire de préservation. C'e tr'angle est évidemment très petit. Aussi ne peut-il être utile qu'à deux conditions : d’abord que le tamis soit bien appliqué contre la peau, de façon à ce que la base du triangle coïncide avec la sur- face de l’épiderme; il faut ensuite que les fils du tamis soient d’une diamètre assez fort, disons d'un demi-millimètre, pour fixer les idées. Enfin, il est de beaucoup préférable d'employer, non pas des fils cylindriques, mais carrés, ce qui donne le maxi-

mum de base au triangle.

M. le D" DE Norte (Gand) reconnaît que, grâce à ce procédé, on peut appliquer, sans danger pour la peau, des doses considé- rables: mais il fait remarquer qu’on ne doit pas négliger malgré cela, l’on veut obtenir un effet profond des rayons, d’em- ployer des rayons durs. On pourrait même combiner avanta- geusement la méthode préconisée par le D" Alban Köhler avee le procédé de filtration des rayons. I] croit que c’est surtout dans ces conditions que la méthode est appelée à rendre des services.

M. le D" Laureys (Anvers) ayant compris —- à tort que le D' Köhler plaçait son tamis-filtre près de l'ampoule et non au contact direct de la peau, objecte que dans ce cas la peau serait

uniformément irradiée.

218

Le principe de la méthode exige que le tamis-filtre soit tou- Jours strictement maintenu au même endroit de la peau, à une fraction de millimètre près. Cela rend une seconde application très delicate et nous oblige pour ainsi dire de nous borner à une seule application à dose massive. Or, si l'on fait usage de rayous filtrés au travers d’un millimètre d'aluminium, même en rapprochant l'ampoule le plus près possible de ja peau, il faudra certainement une séance de plusieurs heures.

Il faudra se défier du rayonnement secondaire émanant du tamis et protéger la peau contre ce rayonnement.

Ou peut se demander si une radiodermite ponctiforme sera si anodine, Nous voyons si souvent des érosions superficielles se transformer en véritables ulcérations, sous l’influence de la moiudre infection, que nous craignons instinctivement de voir une radiodermite ponctiforme évoluer de la même façon, sun tout que la radiodermite doit nécessairement frapper des vais- seaux et des nerfs, qui s'étendent des parties irradiées aux par- ties respectées et entretiennent la nutrition de celles-ci. Une radiodermite ponctiforme ne sera vraisemblablement anodine que si les foyers de radiodermite sont suffisamment espacés.

Enfin une dernière considération : supposons un tamis à mail- les d’un millimètre, le fil du treillis ayant lui-même un milli- mètre d'épaisseur. Si nous représentons par 1 la surface exposée au rayonnement en interposant un tamis, cette même surface devra être représentée par 4, si on irradie sans tamis. C’est-à- dire que pour donner à la tumeur au travers de la peau recou- verte d’un tamis la même dose qu'on lui donnerait à travers la peau non recouverte, il faudrait quadrupler la dose: au lieu des ö H, que tolérerait la peau non recouverte, il faudrait donner 20 H, à travers le tamis, à la peau qui se trouve entre les mailles. Ce qui donnerait vraisemblablement lieu à des lésions profondes capables peut-être de décoller la peau saine.

M. le D’ Kiyxexs (Anvers) croit à l’avenir de la méthode dans tous les cas désespérés : elle est appelée à suppléer à l’in- suffisance des méthodes préconisées jusqu’ici, à l’irradiation intensive avec filtration ou à grande distance.

219

M. DEAN (Londres). Le radiothérapeute ne doit pas recou- rir à des ampoules à foyer anticathodique ponctiforme : ces ampoules sont coûteuses parce que leur fabrication offre de grandes difficultés et exige de l’habilité et de la minutie : il faut réserver ces ampoules à la radiographie.

La fabrication des ampoules à large foyer anticathodique est incomparablement plus facile : il suffit de placer très approxi- mativement la lame articathodique soit au-devant, soit en ar- rière du nœud focal des radiations émanant de la cathode.

M. le D" Kônr.er. —- M. Bienfait croit à l'insuffisance pré- servatrice du tamis métallique que je viens de vous présenter : le diamètre du fil en serait trop petit : sous ce rapport, il a peut- être raison. En tout cas, le fil devra être plus gros, si nous in- terposons encore entre le tamis et la peau un filtre de cuir. Du reste, la pratique aura vite fait de nous indiquer à quelle épais- seur de fil il faut recourir. Peut-être sera-t-il recommandable de tenir à sa disposition des tamis d'épaisseurs différentes et d’approprier leur emploi à la largeur du foyer anticathodique et à la profondeur à laquelle siège la tumeur à irradier. En outre, de par les lois qui gouvernent la projection, sera-t-il peut- être opportun d'utiliser des tamis à fils centraux plus gros que les fils périphériques.

Le D" Laureys ne semble pas avoir compris exactement la portée de ma méthode, quand il prétend que les tissus cutanés placés sous les fils du réseau seront également touchés et endom- magés par le rayonnement d’une ampoule à large foyer antica- thodique. Il ne faut pas éloigner le tamis métallique la peau: il faut, au contraire, l’appliquer directement sur elle : tout au

plus, sera-t-il permis d’interposer un mince filtre : il faut même, ainsi que je l'ai exposé, presser le tamis contre le tégument. L'application d'un tamis d'aluminium, comme le préconise M. Laureys, irait totalement à l’encontre du but. De tous les métaux, l’aluminium est un des plus perméables aux radiations de Röntgen. Pour que les cellules et les tissus soient toujours à l’abri des méfaits d’un surdosage, ma méthode exige au con-

220

traire l’emploi de tamis métalliques de la plus grande imper- méubilité : le platine constitue donc le métal de choix.

Je ne puis accepter le bien-fondé de l'objection du collègue Laureys, qui prétend que l’intensité du rayonnement de Rünt- gen se trouve affaiblie dans une ampoule dont le foyer n’est pas ponctiforme : cette affirmation me semble erronée et en contra- diction avec les lois élémentaires qui régissent les radiations. On pourrait plutôt démontrer la thèse contraire.

Je suis heureux d'apprendre de M. le constructeur Dean que la fabrication des ampoules à large foyer anticathodique, loin d'offrir quelque difficulté, est au contraire des plus facile.

Un nouvel écran protecteur : une nouvelle ampoule mono-anodique

M. Deas (Londres) présente un écran fluoroscopique assurant une protection absolue : l'écran est muni d’un gros verre de plomb et entouré d'un bouclier métallique très large : deux poi- nées, fixées dans la concavité du bouclier, permettent d'exercer ane compression énergique sur les organes à explorer: un dispo- sitif à contre-poids et à poulies de renvoi fixe l'écran d’une facon permanente au plafond, le garantit donc de tout accident et diminue l'encombrement du laboratoire (fig. 1).

M. Dean présente ensuite un uouveau type d'amporle de Röntgen, mono-anodique et pourvu d’un long et gros osmo- régulateur en platine (fig. ?).

Les sarcomes du squelette

M. le D" ITavciramrs montre toute une série de clichés de sarcomes du squelette : il fait une étude radiologique très com- plète de ces tumeurs. (Cette communication paraîtra in ertenso

dans le prochain fascicule.)

M. le D! Kiyxexs montre la pièce anatomique d’un énorme sarcome de la tête du péroné; le sarcome est tres adhérent av

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Fig. 2.

222

périoste dans toute l'étendue de la tête et du tiers supérieur de l'os, mais n’entame nullement le tissu osseux: aussi, bien que le diagnostic clinique de la tumeur et de sa nature fût péremptoire, la radiographie ne montra aucune trace de lésion osseuse.

Ce cas prouve donc que des sarcomes dérivant du périoste ne sont pas toujours à diagnostiquer par l'examen radiographique.

M. le D' Biexrarr montre deux clichés de sarcome : le pre- mier montre un sarcome, gros comme une noix, de la face pos- térieure du fémur, dans le creux poplité. Cette tumeur a soulevé le périoste à ses deux extrémités, ce qui permet d’affirmer qu'il sagit bien d'un sarcome provenant de l'os. Ce cliché a permis d'établir le diagnostic qui était resté jusqu'alors vague et d’as- signer un pronostic favorable à une intervention.

Le second cliché montre la disparition complète du tiers moyen du radius chez un homme où, grâce à la longue durée de l'affection, on avait posé le diagnostic de processus inflamma- toire.

M. le D' KiyxEexs. L’examen radiographique ne permet pas seulement de fixer le diagnostic de sarcome, mais dans bien des cas il permet encore d'affirmer la texture histologique de la tumeur : c’est ainsi que l’image radiographique du dernier cas de notre collègue Bienfait et de plusieurs cas de notre collègue Hauchamps nous autorise à déclarer qu’il s’agit de sarcomes à myéloplaxes. Le D" Bienfait voudra bien nous renseigner si l'examen histologique de la tumeur confirme cette prévision: cette confirmation ne me parait pas douteuse.

Un perfectionnement technique dans l'examen radiographique de la région sacro-coccygienne

M. le D" KaisiN (Floreffe) montre de superbes clichés de sa- crum et de coccyx obtenus après insufflation d’air dans un bal- lon de caoutchouc introduit soit dans la vessie, soit dans le rec- tum. (Cette communication paraît in extenso dans ce fascicule.)

223

M. le D' Laureys demande à l’auteur s’il ne craint pas que l'introduction d’un ballon de caoutchouc dans la vessie ou le rectum ne puisse produire de l’irritation de ces organes.

M. le D" KaïsiN n’a jamais remarqué, depuis qu’il emploie sa méthode, que celle-ci offre le moindre inconvénient. »

Un cas curieux de radiodermite

M. le D" Laureys cite un cas de radiodermite, survenue à la suite d'applications radiothérapiques, dans lesquelles il s'était servi, comme écran protecteur, d’une lame de plomb, non re- couverte, appliquée directement sur la surface de la peau. (Cette communication paraîtra in extenso dans le prochain fascicule.)

Un point de technique radiographique M. le D" Laureys développe sa communication qui paraîtra dans le prochain fascicule.

Le secrétaire des séances,

D" Er. HENRARD.

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

D' ALFRED SELKA. Ueber Calcaneusexostosen (Exostoses du calcanéum). (Fortschritte auf dem Gebiete der Rôüntgenstrahlem, Bd NII, Heft 2.)

Chez les individus d'un certain âge surtout, il n’est pas rare de voir survenir des exostoses implantées sur la tubérosité du calcanéum au niveau des insertions tendineuses, non seulement dans le tendon d'Achille, mais aussi dans l'aponévrose plan- taire. Elles prolongent ainsi l’épiphvse calcanéenne qui coiffe alors la diaphyse de l'os à l'instar d'un capuchon. Ces ossifica- tions sont habituellement bilatérales et provoquent des dou- leurs soit spontanément, soit à l'occasion d’un traumatisme portant sur la région et y produisant la contusion ou même la fracture de ces apophvses (calcanéodynie). Aussi fournissent- elles parfois des indications chirurgicales.

La question étiologique est probablement complexe. Ce qui est certain, c'est que ces apophyses préexistent au traumatisme et que l’on ne doit par conséquent les considérer ni comme des ostéomes traumatiques ni comme des productions ostéo- plasiques du périoste arraché ou lésé, bien que pareilles éven- tualités puissent se produire.

Parmi les facteurs étiologiques, il faut citer d’abord la gonorrhée : l’existence de ces éperons calcaires est alors liée à d'autres troubles d'essification, tels que l'halistérèse, la décal- cification et l'usure de certains territoires osseux (l’auteur relate deux cas personnels); il faut citer ensuite la syphilis, l'artériosclérose, le rhumatisme et l’influenza. Leur forme d’ail- leurs variable est le plus souvent conique; effilées à l’une de leurs extrémités, leur base élargie se trouve implantée sur le

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225

calcanéum; souvent elles renferment un axe central plus dense. Elles suivent en général la direction du tendon qui semble les contenir; d’autres fois, elles forment un angle plus ou moins accentué avec ce dernier.

Ces exostoses sont fréquemment accompagnées d’excrois- sances osseuses du scaphoïde et de la partie correspondante de l’astragale.

Leur pathogénie est encore obscure. Certains auteurs vou- draient y voir des variations squelettiques, d’origine extra- calcanéenne; leur fusion avec le calcanéum s’opérerait dans la suite (?) Il est plus probable qu’elles résultent d’une ossi- fication intratendineuse à la suite d’une ténosite ossifiante ou d'une périostite. Peut-être y a-t-il simplement dépôt diathé- sique de sels calcaires s’organisant ultérieurement en apophyse osseuse. Un mécanisme intéressant consisterait dans l’inflam- mation des bourses muqueuses situées sous les tendons on les observe. Cette inflammation, de nature infectieuse, trau- matique ou toxique, expliquant leur apparition bilatérale, s’étendrait ensuite au périoste ou au peritendinum. Comme symptomatologie, il n’y en a pas ou bien il existe simplement de la douleur.

Le traitement consiste d’abord dans le repos, ou bien dans l'application d’une semelle évidée à l’endroit de l’apophyse. Parfois, on devra recourir à l’extirpation de la tumeur, y compris de la bourse muqueuse sous-jacente.

PENNEMAN.

D' E. GoTrTscHALK. Multiple cartilaginäre Exostosis, Rachitis und rarefizierende Ostitis (Exostoses cartilagineuses multiples, rachitisme et ostéite raréfiante). (Fortschritte auf dem Gebiete der Rôüntgenstrahlen, Bd XIII, Heft 3.)

L'auteur décrit chez une fillette de 16 ans, tuberculeuse et rachitique, une série de déformations osseuses dans presque tous les segments du squelette, à l'exception du crâne et de la colonne cervicale. Certaines de ces déformations, telles que l’incurvation des côtes et des os longs, la synostose de cer- taines côtes, la scoliose de la colonne thoracique et lombaire, sont imputables au rachitisme. Dans le bassin, 1l y a des phé- nomènes de carie sèche, d’ostéite raréfiante et destructive, surtout prononcées aux os iliaques; ce sont des lésions tuber-

culeuses.

226

Enfin, il y a des exostoses variables, cartilagineuses ou ossi- fiées, véritables stalactites implantées sur plusieurs os, sur l’omo- plate, l’humérus, le tibia, etc... Ces dernières seraient attri- buables à l’arthrite déformante, noueuse, dont le père était déjà atteint au moment de la conception de l'enfant. Nous nous trouvons donc devant un cas intéressant d'infection mixte ayant profondément modifié l'édification du système osseux.

PENNEMAN.

THURSTAN HoLLAND. Tooth-plate in the œsophagus (Râteliers dentaires dans l’æsophage). (Arch. of the Roentgen Ray, 1909, p. 327.)

La première observation a trait à une femme qui en man- geant brisa son râtelier de vulcanite et en avala la moitié portant trois dents. Elle fut examinée trois fois à la radioscopie dans un hôpital sans que l’on put découvrir le corps étranger. Sept semaines après elle vint à la Royal Infirmary l’examen sté- réoscopique en position oblique fit enfin voir l’endroit siégeait le râtelier: l’œsophagoscope permit de contrôler ce diagnostic et de retirer la pièce jusqu’au cartilage cricoïde elle se cala: enfin l’œsophagotomie fut faite et la pièce retirée. La femme est guérie.

La radiographie stéréoscopique était admirablement réussie: elle fut faite au moyen d’un inducteur de 10 pouces d’étincelle, d’un courant de 150 volts et 8 ampères et d’un tube refroidi à l’eau de ? pouces et demi d'étincelle équivalente. La durée d’ex- position fut de dix secondes.

Un autre cas, analogue au précédent, se termina par le décès du malade. Ce cas aussi avait été examiné à maintes reprises sans qu’il fut possible de rien découvrir et seulement six semal- nes plus tard l’examen oblique permit de l’apercevoir: le corps étranger fut enlevé par le pharynx, mais la malade mourut de pneumonie septique et à l’autopsie on vit une large ulcération de l’œsophage communiquant avec une bronche.

BIENFAIT.

HARRISSON ORTON. The X-Ray examination of the accessory sinuses of the Nose (L'examen radiologique des sinus du nez). (Arch. of the Roentgen Ray, 1909, p. 302.)

On sait que l’examen des sinus sphénoïdaux se fait mieux dans le sens latéral en faisant tomber le rayon normal à mi-chemin

227

entre l’angle de l'œil et le conduit auditif. L'interprétation du cliché est difficile: aussi doit-il être particulièrement bien réussi pour que l’on puisse tirer une conclusion utile.

Pour obtenir l’image des sinus frontaux et maxillaires, le ma- lade est couché sur le dos et le tube est placé sous la table: le men- ton doit être un peu relevé de façon à ce que la ligne qui joint la glabelle au conduit auditif forme un angle de 25 à 30° avec le rayon normal passant par le centre de la glabelle. De cette façon l'ombre de la partie horizontale de l’occipital, des rochers et de la base du crâne en général, ne vient pas se superposer à celle des sinus et voiler celle-ci. La plaque est appliquée contre les sinus frontaux autant que la saillie du nez le permet.

La présence du pus dans un sinus est rendue bien visible par l’ombre qui se montre à ce niveau.

BIENFAIT.

WiLLIAM MARTIN. The bicipital Tubercle of the radius and X-Ray examination (La tubérosité bicipitale du radius et le radiodiagnostic). (Arch. of the Roentgev Ray, 1909, p. 301.)

Les fractures du radius sont assez fréquentes: elles présentent un certain intérêt lorsqu’elles partent sur la partie supérieure du radius entre le pronateur et le court supinateur: le frag- ment supérieur tiré excentriquement par le biceps tourne sur son axe. Il en résulte que l’on ne voit pas sur la radiographie le tubercule d’insertion de ce muscle: cette remarque est précieuse pour reconnaître si les fragments d’une fracture récente sont placés en bonne position: elle permet aussi au point de vue médico-légal d’assurer l’existence d’une fracture antérieure.

L'importance de cet examen est assez grande, parce que la rotation du fragment diminue d'autant (30° à 40°) l’étendue de la supination et cause donc un certain préjudice au travailleur.

BIENFAIT.

D? KARL HERSCHEL. Rôntgenographien des Felsenbeins (Radiographie du rocher). (Fortschritte a. d. Gebiete der Rönt- genstrahlen, Bd XIII, Heft 4.)

On sait que pour faire l’étude microscopique de l’oreille moyenne, du labyrinthe et des canaux demi-circulaires, il faut décalcifier le fragment osseux prélevé sur le rocher.

L'auteur contrôle par la radiographie, à l’aide d’une ampoule

228

molle, les progres de la décalcification, par l'acide nitrique à 6 ‘,, laquelle se trouve terminée à peu près au bout du seizième jour. Le processus de décaleification s'étend concentriquement.

PENNENMAN.

D'SIEGMUND KREUZFUCHS. Eine einfache Lokalisationsmethode (Une méthode simple de localisation). (Fortschritte auf dein Gebiete der Rontyenstralilen, Bd XIII, Heft 4.)

Supposons que le foyer radiogène, l’objet et son image radios- copique se trouvent dans un même plan. Admettons en outre que le grand axe de l'objet. soit parallele à l'écran. L'originalité de la méthode consiste à mesurer la grandeur de l’objet à l'aide de L'orthodiagraphe; relevant d'autre part la grandeur de li- mage sur l'écran, les relations de proportionnalité de triangles, faciles à construire, permettent ainsi de déterminer la distance de l'anticathode à Pobjet. En défalquant de cette grandeur, la distances de l'anticathode à la peau, on en déduit la profondeur du corps étranger.

PENNEMAN.

Dr H. HEINEKE. Ossifizierende Sarkommetastasen im Rônt- genogramm (Metastases ossifiantes de sarcome en radiographie). Fortschritte auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen, Bd XIII, Heft 4.)

Description d’une tumeur sarcomateuse de la tête du péroné avant produit une véritable diathèse métastatique dans diffé- rents segments du squelette et dans certaines parties molles. La tumeur primitive nécessita l'amputation du membre au niveau du fémur; à la suite d’une métastase volumineuse dans le fémur sain, on dut recourir également à la désarticulation du membre de ce côté.

La partie intéressante de la relation consiste dans ce fait que l'examen radiologique complet du sujet fit découvrir des mé- tastaces dans un grand nombre d'os : dans la partie supérieure du fémur et de l’humérus, dans l’acromion, dans la cotxloïde, ete... Les tumeurs secondaires ont évolué en quelqu- sorte sans symptômes, au début tout au moins, et sont caractérisées par des noyaux denses, compacts, éburnés, parfois confluents, appa- raissant dans la zone spongieuse, mais ne dépassant qu’excep- tionuellement la zone compacte : elles respectent ainsi la forme générale de l’os atteint.

229

Des radiographies très intéressantes et très démonstratives

accompagnent cette note. | PENNEMAN.

D' K. ENGEL. Ueber ein Fall von Pyopneumothorax saccatum von eigentümlicher Form (Un cas de pyopneumothorax sacculaire de forme spéciale. (Fortschritte a. d. Gebiete der Rönt-

genstrahlen, Bd XIII, Heft 4.)

Il s'agit, chez un sujet tuberculeux, d’un empyème se caracté- risant par une disposition et une localisation originales. Présen- tant la forme d'un fuseau, il est accolé à la paroi latérale du poumon et logé entre celui-ci et la plèvre pariétale, entre les lignes mamillaires et scapulaires qu'il n’atteint pas et la per- cussion révèle de la matité. Il se termine en pointe vers la pre- mière côte et vers le diaphragme.

Les données recueillies à l’autopsie confirment l'examen ra- dioscopique. La confusion eut été possible avec un kyste à échi-

nocoques ou avec un abcès provenant des côtes. PENNEMAN.

D' ARMIN ZIEGLER. Ein seltener Fall von Halswirbelfraktur (Un cas rare de fracture de vertèbre cervicale). (Fortschritte auf dem Gebiete der Rüntgenstruhlen, Bd XIII, Heft 4.)

Tandis que les fractures par tassement vertébral sont habi- tuelles dans la région thoracique inférieure ct lombaire, c’est en général à des luxations des articulations latérales que l'on a affaire dans la région mobile du cou. Dans le cas présent, il s’agit d'une véritable fracture, par compression, de la colonne cervicale. Le corps de la 5" s’imbriquant dans celui de la 6°, détermine avec celui-ci un angle ouvert en avant. Il n’y a pas de déplacement des apophyses épineuses, ni de luxation des apo- physes articulaires, ce qui explique l'intégrité de la moelle. En effet, cette fracture s’est accompagnée d’une symptomato- logie réduite et fugace, et avait été prise pour une entorse. Il y a de plus un fragment libre en avant, véritable coin arraché de Langle antéro-inférieur de la 5™. Il est probable qu’en raison du déplacement du corps vertébral par rapport aux autres apo- physes, il existe une fracture concomittante de l'are vertébral ;

mais cette lésion n’a pu être démontrée radiographiquement. PENNEMAN.

230

BECLÈRE. Technique nouvelle de la radiographie des calculs biliaires avec présentation de radiogrammes. (Bull. et mém. de la Soc. de radiol. médic. de Paris, mai 1909.)

L'auteur cite une série d'expériences qu'il a faites établissant la perméabilité des calculs biliaires comparativement avec des spécimens donnés d'aluminium. Sur le vivant les calculs de cholestérine pure ou presque pure ne sont pas visibles. Seuls ceux qui ont une écorce plus ou moins riche en calcium seront visibles, Il établit comme suit les règles de la technique à suivre:

La plaque au contact du rebord chondro-costal droit sui- vant la regle formulée par Carl Beck dès octobre 1899. Mais contrairement à ce dernier, l’auteur préconise :

Le décubitus dorsal sur un plan perméable aux rayons émis par l’ampoule placée au-dessous; cette position étant plus com- mode pour le patient et de plus permettant de régler au mieux la position de l'ampoule et l'ouverture du diaphragme; mais surtout cette position est indispensable à la réalisation de la troisième regle à laquelle l’auteur attribue une grande impor- tance. |

Distension gazeuse de l'estomac. Béclère a constaté que si l'on radiographie une main, recouverte de plusieurs autres mains, l’on n'obtient qu’une image confuse, tandis que si l’on interpose un sac rempli de gaz entre la main qui repose sur la plaque et les autres, la première donne une image beaucoup plus distincte. Par analogie, en distendant estomac, celui-ci rem- plira le rôle d'un sac rempli de gaz entre le rein droit et la paroi abdominale d'une part, et la vésicule d'autre part; ainsi l'on sera plus certaîn de déceler les calculs que peut contenir la vési- cule.

La plaque photographique est maintenue sur l'hypochondre droit par une bande de toile munie de poids à ses extrémités.

Pose : radiographie rapide en apnée, avec une

Ampoule dure (n° 8 Benoist).

G Emploi d'un diaphragme de plomb limitant la région ex- plorée.

LEJEUNE.

P. AurourG. Calculs du poumon, (Bull. et mém. de la Soc. de radiol. médic. de Paris., Mai 1909.)

L'auteur rapporte deux cas de corps étrangers du poumon qu! méritent d'attirer l'attention du médecin radiographe, lui mon-

Éd

231

tant combien il doit être prudent quand il est appelé à recher- cher la présence de projectile dans le poumon.

Dans le premier cas, 1l s’agit d’une malade de 20 ans, qui se tire un coup de revolver en pleine région cardiaque, en tenant larme perpendiculairement à la paroi thoracique. Tuffier, mandé de suite dans son service, ne constate aucun trouble respiratoire ou circulatoire; il n’y a rien d’anormal du côté des plèvres, du poumon ni du cœur et Aubourg pense que la balle n’a pu tra- verser la paroi. L’arme n’est pas connue.

Le lendemain l’examen radiographique, contrairement aux prévisions, révèle la présence du projectile dans la région posté- rieure du thorax, en dedans de l’omoplate dans le 4™° espace, juste au point diamétralement opposé à la blessure. Croyant à une erreur, Aubourg réclame un second examen radioscopique qui confirme en tous points le premier. La malade, très névro- pathe, exige formellement l’extraction et l’auteur retire le corps étranger. Mais c’est un calcul du poumon, de la grosseur d’un petit pois, irrégulier et muriforme. Depuis l'opération, la ma- lade a été radiographiée et radioscopiée dans tous les sens : 1l n’existe pas trace de projectile.

De ce fait, l’auteur rapproche un second cas; il s’agit d’un homme de 42 ans, qui sans cause apparente présente tout à coup des hémoptysies légères mais continues qui font croire à un début de tuberculose pour lequel on le soigne, quand sept mois plus tard survient une nouvelle hémoptysie suivie de l’élimination de quinze calculs pulmonairs, le plus gros ayant le volume d’un pois. Un examen radiographique oblique montre qu’il existe encore une dizaine de calculs vers le sommet du poumon. Quel- que temps après, le malade prévenait le médecin que sa sœur venait à son tour d’éliminer brusquement une dizaine de petits

calculs pulmonaires. LEJEUNE.

D: MÉNARD. Radiographie médicale et médico-légale. (Arch. d'électricité médicale, 25 mai 1909, 262.)

Dans cette étude très documentée et que tous ceux qui s’occu- pent de radiologie doivent lire pour en tirer leur profit, l’au- teur, après avoir démontré que les questions de physique pure ne doivent intéresser le médecin radiologiste qu’accessoirement pour le but qu’il poursuit, divise son travail en trois chapitres : la radiographie médicale; ° la radiographie médico-légale ; la responsabilité du radiologiste.

232

La radiographie médicale est l’application par le médecin de principes élémentaires de géométrie et de physique à l’étude de l'organisme humain, normal ou pathologique, à l’aide des rayons de Röntgen.

L'anatomie seule est le guide vrai de celui qui est appelé à développer une radiographie. Cela étant, comment peut-on pré- tendre qu'un photographe, un physicien soit plus apte qu’un médecin à pratiquer un examen radiologique ?

Seientifiquement donc le médecin seul doit être chargé des applications des rayons de Röntgen à la médecine, à la chirurgie et à l'obstétrique.

Légwalement, il en est de même, le radiographe non médecin ne pouvant encourir de responsabilité de par Ia loi.

Etienne HENRARD.

D' THÉRÈSE SAVINI-CASTANO. Étude radiologique des modifi- cations de la cavité cotyloïde dans la coxa vara des enfants (Ueber Veränderungen der Beckenpfanne bei Coxa Vara infantum in Rôntgenbildern). (Zeitsch. für orthop. Chirurg. Bd XIII, Heft 1 et 2.)

L'auteur a étudié une vingtaine de cas de coxa vara de di- verses origines : congéuitales rachitiques. Pour apprécier le degré de la difformité il a mesuré soigneusement l'angle de Als- berg ainsi que l'angle épiphysaire de Helbing.

Il est arrivé aux conclusions suivantes : les modifications les plus constantes consistent : en une légère assymétrie du bassin et du détroit. supérieur; en un aplatissement du toit de la ca- vité cotyloïde qui dans certains cas peut prendre une forme con- vexe vers le bas; en un épaississement du cartilage en Y du fond de la cavité cotyloïde, Ce dernier fait n'existe que dans les cas de eoxa vara congénitale; il n'a jamais été observé dans les coxa vara consécutives au rachitisme.

J. DE NOBELE.

D' L. ScHwarz. Die Bedeutung der Röntgenstrahlen für die gerichtliche Medizin (L'importance des rayons X en médecine légale). (Fortschritte auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen, Bd XIII, Heft 4)

I. Dans les cas d'accidents dus à l’application des rayons X et ayant donné lieu à des plaintes ou à des poursuites judiciaires,

233

le médecin légiste devra, pour apprécier convenablement les faits, connaître l'effet biologique des rayons X, leur pouvoir ds pénétration dans les différents tissus, les brûlures de différents degrés qu'ils produisent sur la peau, les lésions des organes internes, spécialement des organes génitaux et de l’œil, qu’ils provoquent; il devra connaître encore leur action sur l'embryon et les effets secondaires, éloignés, des radiations. Il devra se faire une idée de la technique suivie, afin de pouvoir la juger; avoir des notions sur la durée de l’exposition, la distance du foyer radiogèene, la fréquence des séances, le dosage, ainsi que sur les moyens de protection, enfin sur les indications thérapeutiques dans les tumeurs malignes, les affections cutanées et internes les

plus variées.

IT. Il devra parfois recourir au radiogramme pour documenter le tribunal compétent, en cas d'accident ou de coups et blessu- res. Il faut donc qu’il puisse interpréter l’image, en tenant compte des erreurs possibles et des difficultés de son examen; il ne se laissera pas entrainer au-delà des limites du diagnostic routgénologique; il soignera scrupuleusement la technique du cliché et rl ne produira jamais que le negatif. Voici d’ailleurs quelques remarques au sujet de cet examen.

Il faut éviter les doubles contours, qui peuvent simuler des lésions, réduire au minimum les erreurs inévitabl:s de projection et de localisation. Dans cet ordre d’idées, on fera bien de faire plusieurs épreuves ou de recourir à la stéréoscopie. Il est indis- pensable de connaître les lignes épiphysaires et les noyaux d’os- sification aux différents âges, de pouvoir reconnaître les ano- malies possibles d’un cliché normal. Il sera bon de prendre par- fois dans sa collection un cliché témoin ou de radiographier le côté sain; de tenir compte de l'existence possible d’oes doubles (os carpaux et tarsaux), de synostoses, d'os variables (la rotule cubitale par exemple), de sésamoïdes inconstants. Les parties molles, éventuellement les pansements qui les entourent, ou les subStances médicamenteuses qui les imprègnent, peuvent être la

source de mécomptes.

Il ne faut pas perdre de vue que le résultat radiologique des fractures n'est pas en rapport avec le résultat fonctionnel, car l'examen radiologique ne nous renseigne qu’imparfaitement ou pas du tout sur les lésions de l’appareil ligamenteux, des nerfs, etc... Certaines fractures sont difficiles à déceler (les fractures de côtes par exemple), d'autres ne permettent qu’un diagnostic

234

rétrospectif, après l’apparition tardive d’un cal. A côté des frac- tures méconnues, 11 y a les pseudo-fractures, diagnostiquées à tort. Il faut être prudent dans le diagnostic des fractures an- ciennes, car chez les enfants surtout, toute trace de lésion peut disparaitre. Le contrôle radiologique du traitement des fractures institué par un autre médecin exige un grand tact. À ce propos, il serait utile de ne pas donner d’épreuve au patient qui n'y entend rien. Chez les accidentés, il est parfois difficile de se pre- noncer sur la nature de certains processus pathologiques secon- dires, de dire s’ils ont précédé ou suivi le traumatisme et s'ils sont directement ou indirectement en rapport avec lui. Une frac- ture peut se produire au niveau d’un ancien trait de fracture et compliquer singulièrement l’estimation de l’étendue du traums- tisme. Certains épaississements (périostites, exostoses, etc...). peuvent simuler un cal; d'autres fois, celui-ci persiste à l’étai fibroïde et ne s’incruste que tardivement de sels calcaires. Il faut éviter les prises trop diaphragmées et utiliser des prises géné raies vues d'ensemble; rappelons ici par exemple, la fracture du tibia et du péroné à des hauteurs très différentes. Enfin il n’est plus permis actuellement de méconnaître l'atrophie os- seuse de Sudeck. Pour les corps étrangers, ve pas oublier lim- perfection de l’examen à l’écran, et tenir compte de la perméa- bilité de l’organe et de l’objet. Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer que l’ombre peut persister après l’enlèvement du corps étranger, ce qui est dû, soit à l’incrustation d’oxydes, soit à l’induration scléreuse.

Dans l'examen si délicat des calculs du rein, de l’uretère et de la vessie, il faudra exclure les phléholithes, les coprolithes ou les autres causes d'erreurs. Les injections d'oxygène dans la vessie dans les urticulations sont de plus en plus fréquentes; cette méthode dont l'innocuité est différemment appréciée par les auteurs, fait apparaître certains détails qu’il serait impossi- ble d'obtenir autrement.

L'auteur fait ensuite l’énumération des nombreux cas, tant dans le domaine de la chirurgie que dans celui de la méde- cine interne, les rayons Röntgen viennent éclaircir le diag- nostic en suspens. Dans le domaine de l’obstétrique, on entre- voit la solution de certaines questions. On a pu diagnostiquer certains cas de grossesses extra-utérines. Selon Freund, 1] ne serait pas impossible de diagnostiquer la vie ou la mort du fœtus sur l’écran, ni de faire de la pelvimétrie à l’aide de la stéréogra- phie, et de préciser ainsi les indications de l’accouchement

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prématuré artificiel. Enfin l’ostéochondrite spécifique du nou- veau-né peut être décelée à l’aide de la radiographie. Cette der- nière serait encore utile dans l’examen squelettique de certaines formes d’hermaphroditisme.

III. Pour les cadavres, l’examen radiologique peut trouver con emploi dans les mêmes cas que précédemment; en outre, dans l’examen des noyés, pour se rendre compte des masses, introduites par aspiration, dans les bronches et les alvéoles pul- monaires, ainsi que pour juger de l'expansion de la cage thora- cique et de la dilatation des poumons. L'auteur relate quelques expériences personnelles sur le chien et sur le cadavre.

Dans l'examen des nouveau-nés pour s'orienter sur la dis- tribution de l’air dans les différents organes et permettre ainsi de formuler certaines conclusions au sujet de la question im- portante de savoir si le fœtus a respiré ou non; il complète ainsi l'épreuve de Breslau concernant la présence de l’air dans l'esto- mac. Par contre, l’épreuve de Wreden, notant la présence de l'air dans la cavité de l’oreille moyenne et de la trompe d’Eus- tache d’un enfant ayant respiré, n’est pas contrôlable radio- graphiquement, suivant les expériences de l’auteur.

Le médecin légiste peut aussi être amené à se prononcer sur l'âge approximatif d’un cadavre. La radiographie peut venir en aide ici à d’autres méthodes, mais il est bon de savoir que l'apparition des noyaux d'ossification et la soudure des lignes épiphysaires sont sujettes à de grandes variations physiologi-

ques. Remarque : dans l’état actuel de la science, il n’est pas possible de reconnaître la mort réelle de la mort apparente, par l'examen aux rayons X.

IV. Lorsqu'une loi, impatiemment attendue, aura défendu aux personnes non qualifiées, de se servir de rayons X, le méde- cin légiste aura à appréciér les plaintes formulées pour emploi

illégal de moyens thérapeutiques. PENNEMAN.

236

Radiothérapie

L. FREUND (Vienne). Traitement de la sciatique par les rayons X., (Wiener klin. Woch., 1907, 51.)

L'auteur a appliqué la radiothérapie à quatre cas invétérés de sciatique. Six séances journalières consécutives de six minu- tes. Amélioration notable dès la seconde séance, puis guérison définitive. Le mécanisme de la guérison est attribuable à une hyperhémie active, amenant la fonte des adhérences périnévri- tiques.

WIENFR.

D'° MARINESCO (Bucarest). Deux cas de sclérose en plaques améliorés par la radiothérapie. (Archives d'électricité médi- cale, 10 juin 1909, 263.)

Se basant sur les résultats favorables obtenus par la radio- thérapie dans le traitement de la syringomyélie, l’auteur a sou- mis au même traitement trois cas de sclérose en plaques.

Technique : le nombre des séances a varié entre quinze et quarante, tous les deux ou trois jours, sur la région cervicale supérieure et la région lombaire. Durée : 7 à 10 minutes, 1 mil- Hampère, distance 15 centimètres, 5 H, rayons filtrés.

Chez deux malades, M. Marimesco a observé, à la suite du trai- tement radiothérapique, une amélioration sensible en ce qui concerne les mouvements, les tremblements, la difficulté de la marche et les troubles de la parole. L'amélioration s'est main- tenue pendant plusieurs mois.

Un troisième malade, bien avancé et immobilisé dans le lit, n'a pas bénéficié de ce traitement qu'il n'a d’ailleurs suivi que pendant un temps trop court.

Etienne HENRARD.

CLUZET. De l’action des rayons X sur la glande mammaire. (Lyon médical, 1909, 21, p. 1076.)

L'auteur, en collaboration avec Soulié et Bassal, avait déjà prouvé antérieurement que les glandes mammaires de cobaye

ee i aer

937

ou de lapine subissent, à la suite de leur exposition aux rayons X pendant la grossesse, un retard dans la sécrétion lactée, un arrêt de développement ou même une atrophie complète, suivant les conditions expérimentales.

Il vient de démontrer (voir aussi compte rendu de la Société de Biologie, avril 1909) que l’atrophie persiste pendant au moins deux grossesses séparées par un intervalle de six mois et de plus que les rayons X produisent leur effet également en dehors de la période de gestation, c’est-à-dire quel que soit le moment de l’irradiation.

A la suite de ces recherches, le D" Bouchacourt a fait un essai thérapeutique avec résultat favorable. Il a irradié trois fois à huit jours d'intervalle une femme atteinte d’'hypertrophie glan- dulaire de la mamelle.

BIENFAIT.

D' LASSUEUR (Lausanne). Le traitement du lupus érythémateux par les rayons X. (Archives d'électricité médicale, 10 avril 1909,

259.)

L'auteur cite 17 observations. Dans la plupart des cas, il a cherché à provoquer, en deux ou trois séances, une radiodermite de premier degré, car il lui paraissait nécessaire de provoquer une réaction inflammatoire pour modifier les lésions épidermi- ques si tenaces du lupus érythémateux.

Dans les variétés centrifuges (aberrantes) de lupus érythéma- teux et les formes fixes jeunes, les altérations de l’épiderme sont peu prononcées ou pas encore prononcées et la nature vasculaire du mal est l’élément prédominant, l’auteur croit qu’il est préférable d’éviter de produire une réaction inflammatoire, en spéculant uniquement sur une action élective des rayons X,

.mais pour les formes fixes et anciennes, il doute qu’on puisse arriver à un résultat.

M. Lassueur met en garde ses confrères contre le danger qu’il

y a de provoquer plusieurs fois de suite une radiodermite du premier degré sur une plaque de lupus érythémateux. Si une première radiodermite n’aboutit pas à une guérison parfaite, on ne doit pas hésiter à en produire une deuxième quelque temps après; mais si cette deuxième réaction n’aboutit pas au résultat désiré, il faut renoncer pour toujours à la radiothérapie, car la persévérance, ici, amènerait l'apparition de cicatrices blanches,

238

qui après un temps plus ou moins long, se cribleront d’ectasies dues à la néoformation de capillaires sanguins, dont l’effet au visage est désastreux.

Etienne HENRARD.

Technique

D" Bornier (Lyon). Du rôle des filtres en radiothérapie et de leur utilité pratique. (Archives d'électricité médicale, 10 mai 1909, 261.)

Conclusions : D’usage des filtres d'aluminium s'impose chaque. fois que les rayons X doivent agir profondément;

2 L’épaisseur du filtre doit être d'autant plus grande que les rayons doivent agir plus profondément ;

Il y a avantage à employer un faisceau à degré radiochro- mométrique d’autaut plus élevé que l’épaisseur du filtre est plus grande ;

4 L’appréciation de la dese réellement reçue doit être tou- jours faite en plaçant le réactif sur la peau;

À dose égale, un faisceau filtré provoque une réaction cuta- née bien moins marquée que le même faisceau non filtré, par suite de l’absence dans le faisceau filtré des rayons X°à faible degré radiochromométrique.

Etienne HENRBARD.

D” FLEIG et MICHEL FRENKEL. La filtration des rayons X dans la radiothérapie profonde. (Arçhives d'électricité médicale, 10 avril 1909, 259.)

MM. Fleig et M. Frenkel recommandent d’utiliser pour la filtration en radiothérapie profonde des plaques d’argent de 1/10 de millimètre d’épaisseur qu’ils placent à égale distance (8 centimètres) de la peau et de l’anticathode. Ces plaques d’ar- gent sont préférables à l’aluminium. Celui-ci, quelle que soit son épaisseur, altère une très notable quantité des radiations qui le traversent, en donnant naissance à une plus forte propor- tion de rayons secondaires que ne le font d’autres métaux. L'ar-

239

gent, par exemple, tout en absorbant les rayons peu pénétrants, laisse passer une quantité suffisante de rayons pénétrants sans altérer leur nature. Grâce à son poids atomique élevé (108), il absorbe les rayons mous, déjà en épaisseur très réduite.

Les rayons de Röntgen venant frapper un corps quelconque, ce corps émet dans toutes les directions des rayons dits secon- daires, qu’une couche d’air même de faible épaisseur absorbe entièrement.

Les auteurs citent à l'appui de leur méthode plusieurs cas d'application radiothérapique de longue durée sans altération de la peau.

Le cas le plus probant est celui d’une malade atteinte de sar- come des deux ovaires, opérée en septembre 1906. En décembre 1906, récidive, application radiothérapique à la dose hebdoma- daire moyenne de 5 H (rayons 10) pendant deux mois. Le mois suivant quatre nouvelles irradiations. Puis cessation du traitement pendant six mois. Une assez forte radiodermite se produit qui met deux mois à guérir. Les tumeurs sarcomateuses semblaient plus volumineuses qu’au début du traitement et l’as- cite paraissait se reproduire rapidement. En septembre 1907, on applique les rayons filtrés (6 à 10 H chaque semaine en une ou deux séances). Jusqu’en novembre 1908 la malade a subi 96 irradiations avec rayons filtrés et n’a jamais manifesté la moindre irritation cutanée.

En avril 1909, la malade paraît objectivement guérie : son état général est excellent, et la palpation des régions ovariennes ne permet d’y retrouver aucune tuméfaction.

Cette observation démontre surabondamment : que la fil- tration des rayons de Rüntgen à l’aide d'une lame d'argent de 1/10 de millimètre d'épaisseur arrête toutes les radiations no- cives pour la peau;

Qu'elle laisse passer des radiations suffisamment pénétran- tes, et en quantité suffisante, pour exercer une action curative énergique sur des lésions occupant des régions profondes, telles

que la région ovarienne. Etienne HENRARD.

NociEr. Nouvelle ampoule pour la radiothérapie. (Lyon médi- cal, 11 avril 1909, 15.)

Après diverses considérations sur la construction des ampou-

les, le D" Nogier constate que les divers procédés de refroidisse-

949

ment de l’anticathode, qu'il s'agisse de l'emploi de masses mé- talliques ou d'ailettes, présente le gros inconvénient de ne pas empêcher le tube de mollir. Cela provient de ce que ces masses métalliques sont toutes placées dans le vide de l’ampoule, de sorte que la moindre trace de gaz qu'elles émettent modifie le degré du vide intérieur.

Le « grissonator Therapie Röhre » évite cet inconvénient d'une façon très logique : la masse métallique (radiateur) s trouve en dehors du tube à l’air atmosphérique, elle n’est cepen- dant pas très éloignée de l’anticathode et peut prendre très vite la chaleur. En effet, elle est dans un diverticulum en doigt de gant qui s'avance dans l'ampoule.

Autres particularités : ce tube est surtout destiné à la radio- thérapie: l’anticathode se trouve à 3 1°2 centim. de la paroi: on peut donc nradier de très près et diminuer la longueur des posce.

D'après ceci on pourrait croire que le tube est très petit: il n'en est rien, car il porte un appendice au globe creux qui at- teint jusque 20 centimètres de diamètre.

D’après les essais de Nogier, le résultat est excellent; son ampoule a marché notamment au régime suivant : début 3 mil- liampères, Benoist +4: première minute 3,1; deuxième 3,2; troisième 3,3; quatrième 3,4; cinquième 3,9; 11 s’est maintenu à 3,9 Jusqu'à la seiZzième minute; pour les intensités moindres le chiffre reste à peu près invariable. Le chromoradiomètre de Bor- dier à 4 centim. de l’anticathode vire à la teinte IV en 13 minutes.

Son avantage est d’être très constant et de pouvoir placer l'anticathode très près de la peau: il est muni d’un osmorégula- teur en palladium.

BIENFAIT.

GUILLEMINOT. Choix des filtres en radiothérapie. (Bull. et mém. de la Soc. de radiol. médic. de Paris, mai 1909.)

Dans un travail antérieur analysé ici même (1), l’auteur avait étudié le rayonnement très filtré au point qu’on pouvait le considérer pratiquement comme monochromatique; aujour- d'hui l'étude porte sur le rayonnement moins filtré, moins ho-

(1) Journ. de Radiol., 1909, fasc. II.

9241

mogène. Guilleminot établit ce qu'est la qualité moyenne d’un rayonnement et rappelle comment nous l’apprécions, concluant qu'avec des faisceaux de composition très variée ayant un spec- tre d'étendue très différente, ces faisceaux peuvent donner (soit avec l'appareil de Benoist, soit avec celui de Villard ou encore avec l'U-fluoromètre à trois plages) le même degré de qualité, alors que pourtant ils se comportent d’une facon toute diffé- rente dans le corps ou les tissus qu’ils traversent. Leur taux d'absorption, aux différent:s profondeurs, diffère considérable- ment quand on passe de l’un à l’autre.

Il résulte donc de que, outre la notion de qualité moyenne, il faut, pour être complet, en introduire une nouvelle : celle de l'hétérogénéité.

Ne connaissant pas la formule analytique du faisceau en fonction de ses composantes, nous ne pouvons établir l’expression mathématique du degré d’hétérogénéité. Mais il est un autre moyen plus simple d’apprécier d’une facon suffisante ce degré d'hétérogénéité, c’est de déterminer le rapport du coefficient de transmission de ce faisceau à travers une première lame d’alu- minium de 1 mill. d'épaisseur, puis à travers une seconde sem- blable. L’on sait que le second coefficient est plus élevé que le premier et que la différence est d'autant moins forte entre les deux coefficients que le rayonnement et plus pur.

Il y a donc avantage, quand on veut filtrer, à filtrer des rayon- nements déjà pénétrants: le filtre absorbera moins de rayons et le degré de pénétration sera plus élevé.

Se basant sur ses recherches, Guilleminot nous indique le choix à faire, parmi ces faisceaux de même qualité moyenne, mais de degré d’hétérogénéité différant pour le traitement des fumeurs profondes et il conclut que, à qualité moyenne égale, plus un faisceau est pur plus il tend à faire absorber une dose efficace initiale aux couches profondes, sans léser les couches superficielles. Il faudra donc choisir les faisceaux les moins hé- térogènes. Mais certaines conditions de pratique, dépendant soit de la consommation d'énergie par le filtre, soit de risques pour les organes profonds, peuvent limiter le choix.

LEJEUNE.

249

Livres

J. Mion. Études des phénomènes dits de préréaction consé- cutifs à l’exposition de la peau aux rayons Röntgen et au rayonnement des sels de radium (51 pages). (Thèse de Paris, 1908.)

La dermatite rôntæénique se caractérise par une incubation d'un mois en moyenne, mais on observe quelquefois un éry- thème qui se produit quelques heures après l’irradiation : c’est la préréaction. La radiodermite et la préréaction sont absolu- ment indépendantes : la première se distingue nettement de la seconde par sa période d'incubation plus ou moins longue, par ses modifications histologiques bien définies et par le fait qu’elle peut succéder à la seconde au méme endroit après un certain intervalle de temps.

Au point de vue physique, la préréaction n’est attribuable ni aux rayons lumineux ou caloriques, ni aux décharges électri- ques, ni à une susceptibilité spéciale; elle semble relever des rayons X peu pénétrants qui émanent secondairement des parois de l’ampoule ou du tube du radium.

Au point de vue pratique, la préréaction n’a aucune impor- tance, elle ne peut. étre considérée comme un indice de traite- ment trop intensif : car elle peut se déclarer apres des doses thérapeutiques très différentes : elle semble surtout dépendre du plus ou moins grand éloignement du foyer d'émission des rayons X à la peau irradiée; elle est, en somme, très rare.

J. KLYNENS.

D’ E.-J. SPÉDER. Étude expérimentale et critique de la radio- graphie rapide. (Thèse de Bordeaux, janvier 1909.)

Dans un travail qui dépasse les dimensions habituelles d’une thèse, l'auteur s'efforce de mettre au point la question de la radiographie rapide. Dans la première partie il énumère les avantages de cette méthode. La seconde partie traitant des ins-

243

truments qui permettent de la pratiquer est beaucoup plus éten- due. En un style facile et concis, sans formules, et rendu plus clair encore par les nombreuses figures agrémentant le texte, l'auteur fait l’étude critique de la bobine d’induction, des inter- rupteurs, des transformateurs à courant alternatif; il étudie les inconvénients de l’onde inverse et les moyens d’y remédier: il passe en revue les divers types d’ampoules à grande puissance, les conditions qu’elles doivent remplir pour être employées comme tube intensif et leur mode de manipulation; il insiste sur les moyens de mesure de qualité et d'intensité des rayons.

À propos de chaque appareil, l’auteur indique quelle est, d’après sa pratique, la technique qui lui paraît préférable.

Dans un dernier chapitre sur la technique générale, Spéder s'étend sur le choix de la qualité des rayons et le temps de pose à adapter à telle région, pour tel tissu. En se basant sur des constatations personnelles, il arrive à des conclusions opposées aux idées encore courantes chez beaucoup de radiographes : des rayons durs avec une pose appropriée donneront plus de détails des tissus mous, que des rayons moins pénétrants; il réserve les rayons mous (inférieurs à B) à l’étude des os, des calculs et des gros organes et emploie les rayons et 8 B pour étudier les détails du lacis bronchique ou du tissu pulmonaire et des tissus mous; qualité des rayons et temps de pose étant, bien entendu, en relation directe, les clichés sont moins « brillants » mais meilleurs.

Spéder conclut, entre autre, que le générateur idéal de cou- rant de haute tension pour rayons X n'a pas encore été trouve; qu’en opposition aux idées admisas, les rayons inférieurs à B. pe doivent pas être employés en radiographie rapide, que les rayons 6°, et B. doivent être le plus employés, les derniers surtout pour la radiographie des tissus mous; qu'avec les temps de pose réduits, les clichés peuvent donner des renseignements plus nombreux et plus utiles, permettant des diagnostics d’une précision inconnue jusqu’à ce jour et enfin que la radiographie rapide doit être la méthode courante, et la radiographie de pose

la méthode d'exception. |

Un index bibliographique très étendu termine le travail.

En résumé, c’est une excellente thèse qui renferme une foule de détails de toute sorte intéressant au plus haut point le méde- cin radiographe mais disséminés de-ci de-là dans la littérature radiologique, et des vues personnelles résultat d'une expérience

244

puisée à bonne école, qui aideront à la diffusion de la radio- graphie rapide.

LEJEUNE.

Dr E. BoRxXAIT-LEGUEULE. Contribution à l’étude des modifica- tions histologiques du cancer du sein traité par les rayons X. (1 vol gr. in 8°, 196 p., 4 fig. color , 1909, Vigot, Paris.)

Dans les deux premiers chapitres de cet intéressant ouvrage, l’auteur passe en revus, rapidement, les travaux histologiques antérieurs; tout d'abord l’action des rayons X sur les tissus cutanés, puis sur les organes internes. Le chapitre III est con- sacré à l’étude des modifications histologiques des épithéliomas soumis à l’action des rayons X. C’est la partie la plus longue mais aussi la plus intéressante. L'auteur passe en revue les di- verses modifications des cancers expérimentaux, des épithélio- mas cutanés et des cancers du sein. Dans une série déjà longue d'observations personnelles, Bornait étudie les transformations successives subies par le tissu carcinomateux après l’absorption de doses de rayons progressivement croissantes. Le radiothéra- peute trouvera des renseignements précieux, qui pourront le guider dans ses applications de rayons et particulièrement au sujet de la question du dosage. L’auteur se résume en des con- clusions très claires et très nettes.

Il est regrettable que cet ouvrage ne soit pas plus long d'un chapitre qui comprendrait l’étude de l’action des rayons filtrés sur les mêmes tissus; mais tel qu’il est, il sera lu avec grand intérêt par tous les radiothérapeutes qui y trouveront des ren- seignements précieux.

LEJEUNE.

M. SiuMoNDs. Ueber Form und Lage des Magens unter nor- malen und abnormen Bedingungen (Forme et situation de l'estomac normal et pathologique). (Iena, Fischer, 1907, 10 dessins, en-texte et 12 planches hors-texte, 54 pages.)

Tandis que les radiologues se sont beaucoup occupés ces der- nières années de la forme et de la situation de l’estomac, les anatomistes n'ont guère étudié cette question. Pour combler

245

cette lacune, Simmonds a photographié l'estomac de 100 cada- vres après incision de la paroi abdominale en décubitus dorsal. Ii s’est servi d’un appareil photographique spécialement con- struit à cet effet qu’il décrit minutieusement et qui ne présente d’ailleurs rien de bien remarquable.

Le type le plus habituel lui parut être l’estomac de Rieder, vertical, avec un léger relèvement du pylore : il l’a trouvé chez un tiers des sujets âgés de moins de 10 ans (même chez les nourrissons), chez la moitié des adolescents, et chez deux tiers des sujets de plus de 20 ans. Cette forme, que Holzknecht considère comme anormale, semble donc être parfaitement physiologique. Du reste, il ne paraît pas qu'il y ait une seule forme normale de l'estomac, mais que celle-ci peut varier con- sidérablement en l'absence de tout état pathologique.

De même il n'existe pas une situation normale unique de l'estomac : « les modifications seules sont constantes », disait déjà Froriep. La situation de l’estomac ne devient anormale que si le pylore ou la petite courbure ou ces deux portions ne sont pas recouvertes par un foie normal.

Indépendamment des photographies d’estomacs normaux, Simmonds reproduit des photographies de gastroptose, de dépla- cements de l’estomac par anomalies du côlon, par tumeurs du foie, du rein, du pancréas et d’altérations dans la forme de l'estomac (estomacs en sablier, sténoses congénitales du pylore). Les planches photographiques sont, pour la plupart, d’une exécution très satisfaisante et permettent de se rendre bien compte de l’exposé de l’auteur.

MAYER.

F. GOLDAMMER (Hambourg). Die röntgenologische Diagnostik des Magendarmkanals (Le diagnostic radiologique des affec- tions gastro-intestinales). (Archiv und Atlas der normalen und pathologischen Anatomie in typischen Röntyensbildern : suppl. XV aux Fortschritte auf dem Gebiete der Röntgenstrahlen.)

La forme iconographique donnée à cette brillante monographie

se prête difficilement à une analyse. Je me contenterai de résu- mer les commentaires dont lauteur entoure la description de ses radiogrammes :

Il faut, avant tout, mettre à la disposition du chirurgien une

246

méthode clinique rapide et exempte d’erreurs subjectives. C’est pourquoi la méthode indiquée par Holzknecht et qui prend uno heure à une heure et demie, est trop longue, quoique la radios- copie seule puisse donner une telle foule de détails. Holzknecht exagere évidemment les erreurs d'interprétation imputables aux radiogrammes. Tous les résultats observés par Goldammer con- cordèrent avec les données recueillies au cours de l’opération. Goldammer fait des épreuves posées, de façon à compenser les auses d'erreur (dilatation du côlon ou péristaltique exagérée de l'estomac en imposant pour un estomac en $ablier).

On ne peut qu'applaudir aux tentatives des radiologistes de chercher à se passer, pour l’étude du fonctionnement sécrétoire, de la sonde stomacale et des repas d'épreuve; à ce point de vue, le procédé de l'évaluation radiologique de l'acidité, selon Schwartz, constitue une innovation importante, mais la méthode est encore jeune et prête encore au scepticisme.

En ce qui concerne l'évaluation de la motricité, la méthode ra- dioscopique présente le maximum de valeur, mais on peut obte- nir de très bons résultats avec le radiogramme. Le bismuth n'influence guère la motricité stomacale et la motricité de lin- testin grêle; seuls, les mouvements du gros intestin sont ralentis, mais d’une quantité négligeable. La méthode radiographique dépasse de loin en préfision, la radioscopie et la distension arti- ficielle de l’estomac (2 planches démonstratives). Le poids de la masse de bismuth est sans influence sur la forme des ombres, les radiogrammes concordaut sur les malades debout et sur les malades couchés. Un repreche plus fondé est que le bismuth ne donnerait une image que de l'organe en activité et non au repos; mais, Cest précisément l'activité de Porgane que Pon cherche à étudier,

On procède de trois façons : on perte un jugement sur une seule épreuve. Ce procédé très combattu par les partisans de la radioscopie est cependant adopté par Goldammer, car la plupart des images sont absolument caractéristiques, tant pour le nor- mal que pour le pathologique; on fait des épreuves à divers moments de la migration de la masse bismuthique; 3 on fait un examen avant et un examen après l’opération pour apprécier le résultat de l’intervention.

Le sous-nitrate de bismuth est bien supporté et le fut même par des enfants de 6 ans. Il faut éviter d’administrer, pendant l'emploi du bismuth, des aliments à base d’acide butyrique.

247

Jamais Goldammer n’a pas observé de dermite (pose courte, ampoule éloignée). Un jour avant l’examen, on administre une cuillère à soupe d’huile de ricin et à partir de ce moment, on ne permet qu’une alimentation liquide. Le repas de bismuth se compose de 3 à 400 gr. d’une pâte peu épaisse de semoule conte- nant deux cuillères à soupe de bismuth et additionnée d’une cuil- lère à soupe de sucre de lait. On fait un mélange bien intime auquel on ajoute un peu de sirop de framboises.

Le bismuth ne sédimente pas, méme après 96 heures (skia- grammes de tubes de verre remplis de pâte au bismuth et con servés à toutes températures avec ou sans addition de pepsine ou d'HCI; l’ombre reste toujours uniforme). De même, on ne doit guère craindre la sédimentation du bismuth dans la pâte diluée par le contact avec les sucs digestifs, car, normalement, la masse ue reste pas assez longtemps dans l'estomac pour permettre une pareille dilution.

L’ampoule employée fut celle, demi-molle, à refroidissement de Müller; distance 60 à 70 centim. Exposition : 2 1/2 à 3 1/2 minutes. Pas de trochoscope. Le malade est toujours couché.

Dans l’examen de l’œsophage, la plaque présente seulement de la valeur dans les cas de rétrécissement ou de diverticule; bes images obtenues dans ces affections sont très nettes.

Abordant l'étude de l’estomac, Goldammer rappelle que sa situation normale est diversement appréciée non seulement par les anatomistes, mais par ceux qui, comme Rieder et Holzknecht, se sont le plus occupés de l’étude radiologique de l’estomac. La formule de Holzknecht (pylore = point le plus bas, au-dessus de lombilic et de suite à gauche de la colonne vertébrale), semble la plus plausible, quoiqu’elle ne se rencontre que dans 10 % des cas. Ce qui est acquis, c’est que l'estomac en activité tend à se rapprocher de la verticale. Les formes de transition vers le schéma de Rieder (dépression pré-pylorique) sont nombreu- ses. Même après des opérations plus ou moins mutilantes, l’esto- mac tend, par un processus de guérison, à reprendre une forme normale. Ceci se reconnaît surtout sur un radiograme prove- nant d’un malade auquel on avait pratiqué, dix ans auparavant, la résection du pylore avec implantation duodénale à la Kocher. La radiographie montre une ombre absolument normale. Dans presque toutes les images bismuthiques on reconnaît, sur la grande courbure, une incisure profonde simulant, à première vue, une déformation en sablier. Il s’agit d’un processus normal,

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à une contraction ayant son siège à la limite du fond et du corps de l'organe. Cette incisure est fréquemment observée sur le cadavre. Leven et Barret ont constaté qu'à son niveau une pilule de bismuth s'arrête pendant quatre à six minutes. Au point de vue moteur, l'exploration radiologique montre que l'estomac se vide en deux heures et demie à trois heures. T: heures après le repas, on distingue une ombre naissante dans le cecum. Les anses grèles sont très peu visibles et donnent une ombre d'aspect nuageux, ce qui est au passage très rapide de la masse bismuthique (en tout, tout au plus deux heures). Par contre, le ralentissement cst notable dans les côlons.

Le colon transverse présente une situation extrêmement va- riable et il en est de méme de l'angle colique droit; l'angle gau- che, par contre, se trouve toujours a la même place, c'est-à-dire plus haut que l'angle droit, en sorte que le côlon transverse, du moins dans sa moitié gauche, semble monter vers l'angle coli- que gauche,

Dans le domaine pathologique, Goldammer constate tout d’a- bord, qu'au cours des processus d’adhérences péri-gastriques ou péri-cholécystiques, accusées subjectivement par des douleurs après le repas, le pylore se trouve attiré vers la droite et l’image dénote un allongement transversal typique vers la droite.

Pour les tumeurs, l'image radiographique montre bien le rap- port de la néoplasie avec l'estomac et la forme qu’elle lui im- prime. Pour le diagnostic rüntgénographique de l'estomac en sablier, il n’y a pas lieu d'adopter le scepticisme de Holzknecht. Tous les cas diagnostiqués par Goldammer furent contrôlés par l'opération,

L'image de l'estomac ptosé, réduit à un véritable vase com- muniquant, est plus fréquemment rencontré que l'image dite a normale ». [l est difficile, saut dans les cas extrêmes, de dis- tinguer l'une de l'autre les images données par l’estomac ptosé avec prlore perméable, de l'estomac ectasié par un pylore sté- nosé. Les sténoses malignes n’aboutissent cependant jamais au développement d'une ectasie stumacale aussi prononcée que dans les cas bénins. Il existe, de plus, dans les sténoses carcino- muteuses, une zone claire prépylorique. Associé à l'étude du chimisme et de la motricité, la radiographie permettra de poser fe diagnostic avant l'apparition de toute tumeur palpable. Les tumeurs de la grande courbure donnent à l'estomac une ombre nettement arrétée au niveau de la zone malade.

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L'ouvrage se termine par quelques considérations générales sur le diagnostic par le skiagramme des processus sténosants de l'intestin et par la relation détaillée de 31 cas illustrés par 44 planches d’une netteté extrême. Bibliographie.

WIENER.

VARIA

RAPPORT Relatif à la réglementation de l'emploi médical des rayons de Röntgen PRÉSENTÉ AU NOM D'UNE COMMISSION COMPOSÉE

de MM. Chauveau, Lippmann, Violle, Amagat, Gernez, Bout, Villard, Guyon, d'Arsonval, Lannelongue,

Laveran, Dastre, Roux, Darboux, Van Tieghem

PAR M. Cu. BOUCHARD, RAPPORTEUR

M. le Ministre de l'Intérieur, par sa dépêche du 15 octobre 1907, a invité l’Académie des Sciences à examiner les opinions divergentes qui se sont fait jour touchant le rôle que peuvent jouer, dans le traitement des maladies ou dans la découverte de leurs maladies et dans les appréciations de la justice, les hom- mes qui se consacrent aux applications des rayons X, à « ouvrir sur cette question une enquête contradictoire, approfondie, dont les conclusions seront un guide sûr pour les décisions ultérieures du Gouvernement ».

M. le Ministre a souligné lui-même les questions au sujet des- quelles il réclame notre avis : |

Les Commissions administratives hospitalières en province, l'Administration de l’Assistance publique à Paris doivent-elles confier exclusivement à des docteurs en médecine la direction de leurs laboratoires de radiographie ?

Convient-il que, par une interprétation ou une modification

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de la loi, soient considérés et poursuivis comme exerçant illé- galement la médecine ceux qui interviennent comme radiogra- phes dans le diagnostic d’une maladie sans être munis du di- plôme de docteur en médecine?

Dans les développements qui suivent, il est manifeste que l'attention de M. le Ministre a été appelée aussi sur l’usage des rayons X même limité à la radioscopie : les uns considérant ce mode d'exploration comme devant être appliqué avant qu’on ait recours à la radiographie et ne pouvant être confié qu’au médecin; les autres estimant que l’épreuve photographique est la chose essentielle qui réclame des connaissances scientifiques de géométrie, de physique, de chimie et même d’une anatomie particulière, l’Anatomie radiographique, toutes connaissances que les médecins ne peuvent pas acquérir dans les facultés de médecine à un degré suffisant.

En résumé, le Ministre se trouve en présence de deux préten- tions contraires :

« La radiologie médicale, qui a besoin surtout de l’examen à l’aide de l’écran fluorescent, mais qui réclame également l’é- preuve photographique, ne peut être pratiquée que par un doc- teur en médecine. »

« La radiologie médicale, qui est essentiellement la radiogra- phie à laquelle la radioscopie peut apporter un complément, doit être réservée, dans les services publics, à des spécialistes ayant fait preuve de compétence réelle dans les sciences indi- quées plus haut. On a ajouté que, si ces spécialistes sont en plus docteurs en médecine, la clientèle médicale devrait leur être

interdite. »

Relevons au passage cette dernière exigence pour n’y plus revenir. Elle vise le rôle que le médecin radiologiste peut être appelé à jouer comme expert devant les tribunaux; on veut qu’il soit à la fois compétent et neutre, qu’il ne soit pas mêlé aux intérêts de la pratique, afin qu’il puisse prononcer dans les

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questions médicales sans complaisance et sans animosité à lé- gard de ses confrères. Nous pensons qu’il n’est pas besoin de cet ostracisme pour que le magistrat cherche et trouve des experts impartiaux. Quant à leur compétence, elle ne pourra être éta- blie que si le radiologiste expert fait professionnellement appli- cation de sa science. S'il avait à être renseigné sur une faute commise dans l'exécution d’une opération sur l’œil, il serait bizarre qu’il fût interdit au juge de s'adresser à un oculiste, ou qu'il dût renoncer à l’avis d’un aliéniste s’il pense être en pré- sence d’un cas de folie.

Il est également une autre question que nous mettrons d’em- blée hors du débat, parce qu’elle n’a pas été introduite par le Ministre et parce que, de toute évidence, elle ne devait pas l'être : elle a trait à l’emploi thérapeutique des rayons X. Un docteur en médecine seul peut prescrire l’opium ou la strych- nine, opérer la cataracte ou désarticuler une cuisse, seul égale- ment il peut être autorisé à pratiquer la radiothérapie. Si Pem- ploi des rayons ne présentait aucun danger, la société pourrait se désintéresser de cette question et laisser les médecins prati- ciens revendiquer devant les tribunaux le bénéfice exclusif d'un monopole que la loi leur garantit. Mais l'application des rayons X à l'homme, faite par des individus non pas seulement inexpérimentés, mais ignorants de l’anatomie, de la physiologie, de la pathologie, peut amener dans le cerveau, dans l'œil, dans le cœur, dans la rate, à la peau, dans le sang, dans les organes qui assurent la perpétuité de l'espèce, des effets désastreux. Les pouvoirs publics doivent donc la surveiller pour réprimer la pra- tique habituelle de la radiothérapie par un non-médecin. C'est un abus dont se rendent seuls coupables les plus infimes charla- tans; il n’est pas un physicien, pas un spécialiste radiologiste non médecin qui revendique l’usage thérapeutique des rayons. Et comme il n’est pas démontré que les médecins soient incapa- bles d'acquérir les connaissances théoriques et pratiques que ré- clame l’application des rayons X au traitement des malades, on ne voit pas qu’il y ait lieu, par une dérogation à la loi commune, de créer, comme on l’a fait pour les dentistes et pour les sages-

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femmes, un groupe nouveau de praticiens qui auraient légale- ment le droit de se consacrer à cette portion restreinte de la thérapeutique sans être pourvus du grade de docteur en méde- cine. | |

Le diplôme de docteur en médecine étant exigé de quiconque pratique la radiothérapie, convient-il de considérer ce grade comme suffisant, ou ne doit-on pas exiger du docteur en méde- cine qui veut pratiquer la radiothérapie la preuve d’une compé- tence spéciale? C'est une question qui sera traitée ultérieure- ment quand nous aurons étudié en détail les éléments divers de re qu’on appelle la radiologie, les circonstances qui peuvent rendre avantageux, en médecine, l’emploi des rayons, celles qui risquent de le rendre illusoire ou dangereux.

C’est dans cette étude que nous allons nous engager. Fixons au préalable les conclusions auxquelles nous sommes déjà arri- vés et qu’un exposé ou une discussion sommaires ont suffi à établir :

La prétention d’interdire aux docteurs en médecine, même radiologistes, le droit d’éclairer la justice à titre d’expert, n’est pas justifiée.

La prétention d'interdire l’exercice ordinaire de la méde- cine à ces docteurs en médecine radiologistes qui désireraient etre chargés des fonctions d’expert près les tribunaux n’est pas justifiée.

Quiconque veut appliquer, dans un but thérapeutique, les rayons de Röntgen doit être docteur en médecine.

L’Etat, par application de la loi, sans interprétation nou- velle, sans addition ni modification, a le droit et le devoir de poursuivre pour exercice illégal de la médecine ceux qui, n’é- tant pas pourvus du grade de docteur en médecine, pratique-

raient habituellement le traitement des malades à l’aide des rayons X.

Il n’y a pas lieu de créer un nouvel ordre de praticiens qui, n'étant pas docteurs, mais ayant fait preuve de certaines con- naissances médicales, d’une part, et de connaissances théori- ques et pratiques relatives à l’emploi des rayons X, d’autre

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part, seraient autorisés à en faire usage dans un but thérapeu- tique.

II

Les rayons de Röntgen qui tombent sur une partie du corps la traversent inégalement suivant la qualité ct la quantité de ces rayons. Les tissus, suivant leur composition, suivant le poids atomique des substances qui les constituent et suivant leur épais- seur, arrêtent les rayons en plus ou moins grande quantité. Ceux qui ne sont pas arrêtés traversent la partie, arrivent à l’écran et y éveillent une luminosité dont l’intensité varie suivant la diffé- rence de perméabilité des organes. C’est une image indirecte ou mieux une silhouette, une ombre des organes. L’examen de cette ombre, c’est la radioscopie. Si, comme dans la chambre noire photographique, on substitue à l'écran une plaque sensible, aucune image n'apparait, mais la plaque est impressionnée avec une intensité qui varie suivant la quantité des rayons émergents. Comme dans la photographie ordinaire, rien n’est apparent et rien ne sera apparent tant que cette impression n’aura pas été révélée et fixée par les réactifs appropriés. On a obtenu alors une image durable ou plutôt la permanence de l’ombre fugitive qu'étudie la radioscopie. La production et l’étude de cette om- bre définitivement fixée et qu’on peut interroger à loisir, c’est la radiographie.

Ceux qui désirent être rapidement fixés sur un point de diag- nostic, médecins ou chirurgiens, mais qui cependant veulent voir par eux-mêmes, sont enclins à donner la préférence à la radioscopie.

Ceux qui consacrent tout leur tomps et leur effort à fournir au médecin la représentation durable de ce que peuvent montrer les rayons X, les radiologistes de profession, sentant qu’ils se rendent utiles surtout par la radiographie, sont naturellement portés à la placer au premier rang. Ils amènent facilement à partager leur opinion les praticiens qui, n’ayant pas, dans leur cabinet, une installation radiologique, et cependant désireux

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de ne pas se priver d’une source importante de renseignements, sont satisfaits de pouvoir, sans se déplacer, examiner à leur aise l’image qu’ils n’auraient pu voir, un instant, sur l’écran fluo- rescent, qu’au prix d’un déplacement, gênant et onéreux. Ils reçoivent parfois aussi l’approbation des membres du corps mé- dical des hôpitaux qui ne possèdent pas dans leur service ou n’ont pas à leur disposition dans leur hôpital une installation radiologique. Ces médecins ou chirurgiens envoient leur malade dans un laboratoire radiologique, et on leur fait parvenir, dans les quelques jours qui suivent, l’épreuve dont ils tireront profit suivant que leur compétence en examens radiographiques est plus ou moins grande, suivant que l’incidence choisie par le radiographe aura été plus ou moins heureuse. Au moins, si cette épreuve a été faite dans de bonnes conditions, ils pourront la consulter à différentes reprises, ils pourront la soumettre à des confrères plus compétents; ils pourront enfin la conserver comme le témoin de ce qu’était la lésion le jour de la photographie et la comparer à d’autres images que l’on fera plus tard et qui per- mettront d’étudier à l’aide de documents authentiques l’évolu- tion du mal. C’est le grand avantage de la radiographie, avantage qui n’aura sa plénitude, au moins pour l’appréciation de la situation des objets, que si l’on fait au moins deux pho- tographies, de préférence dans deux plans rectangulaires pour permettre d'appliquer les règles ordinaires de la géométrie pers- pective. Elle a, sur ce point, une supériorité incontestable. Mais il ne faudrait pas croire que la différence entre la radioscopie et la radiographie consiste exclusivement ou principalement en ceci : que, dans un cas, l’image est fugitive; que, dans l’autre, elle est durable.

La radioscopie donne des renseignements que la radiographie est incapable de fournir. La radioscopie seule donne la notion du mouvement, de son siège, de sa direction, de son intensité, de ses limites, de son rythme, de ses arrêts, de ses reprises, des déplacements qu’il imprime à la partie mobile et aux parties voisines, aux organes aussi bien qu’à leur contenu et aux corps étrangers. La radioscopie montre les mouvements du dia-

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phragme, les élévations et abaissements alternatifs du foie, l'amplitude de l’angle d’élévation et d’abaissement des côtes qui est loin d’être toujours le même des deux côtés; l’apparition, pendant les grandes inspirations, de la ligne claire entre la face inférieure du cœur et la face supérieure du diaphragme qui fémoigne de la liberté des déplacements relatifs du péricarde, de la plèvre et du poumon; mais il est possible de photogra- phier ces organes dans les deux phases extrêmes de leurs mou- vements. C’est la radioscopie seule qui permet de voir les batte- ments du cœur, ceux de l'aorte thoracique dans l'insuffisance aortique, dans le goitre exophtalmique et dans certaines chlo- roses, qui montre les battements anévrysmaux, qui fait appa- raître les déplacements du liquide pleural, quand il est libre, et qui donne ce spectacle admirable de l’agitation de la surface liquide dans l’hydropneumothorax. La radioscopie, tout comme la radiographie d'ailleurs, peut ne pas montrer un cancer de l’œsophage; seule la radioscopie fera voir l’arrêt de la bouillie de bismuth au-dessus de l'obstacle, qu’il soit néoplasique ou fibreux, puis sa filtration graduelle en un mince filet à travers la partie rétrécie et sa descente intermittente dans la partie in- férieure de l'œsophage jusqu’à l’estomac. Ou bien elle nous fait seule assister au cheminement rapide du cachet de bismuth et son arrêt brusque au niveau de l’obstacle.

C’est elle qui nous a révélé cette forme singulière, et qu’on n’avalt jamais soupçonnée, que prend l’estomac quand, le sujet étant debout, un verre de bouillie de bismuth ingérée tombe dans la partie déclive, l’entraîne au niveau ou au-dessous de l'ombilic et, suivant les cas, jusqu’au pubis, le gaz superposé permettant de reconnaître, à l’estomac, la forme d’un long cy- lindre vertical. Il n'est plus question de la forme classique en cornemuse qui n’est cependant pas moins réelle, que nous révè- lent l’ouverture des cadavres ou les constatations faites sur le vivant au cours des laparotomies, ou, plus simplement et plus communément, l’exploration clinique courante, par la percus- sion ou la recherche du clapotage. Seule la radioscopie révèle les corps étrangers animés de mouvements rapides.

257

La radiographie ne donne rien de semblable, mais elle montre certaines choses que la radioscopie ne permet pas de découvrir. Il y a un degré de luminosité que l’œil ne perçoit plus; on a beau regarder avec effort, augmenter la durée de l’observation, une lumière trop faible n’est pas perçue par la rétine humaine. Cette lumière pourra d’abord ne pas impressionner la plaque photographique assez pour que l’image soit apparente; mais, si vous ajoutez les actions photochimiques les unes aux autres en rendant la durée de la pose dix fois, cent fois plus considérable, le cliché révélera à l’œ1l les impressions additionnées. De même que la photographie céleste découvre une infinité de mondes que l'œil armé des plus puissants télescopes ne pouvait pas soup- çonner, de même la radiographie en choisissant une durée de pose convenable montre des détails, des organes, des lésions, des corps étrangers que la radioscopie ne permettait pas de saisir.

Mais il faut que ces corps étrangers soient immobiles. La ra- dioscopie pourra ne pas faire voir un calcul du rein ou de la vésicule biliaire que la radiographie arrivera parfois à mettre en évidence. Mais les corps étrangers des bronches qu’on voit si bien sur l’écran ne laisseront pas de trace sur la plaque photo- graphique si la rapidité de leurs déplacements ne les laisse que très peu de temps dans chaque position. On en peut dire autant des cachets de bismuth en marche dans l’œsophage, des gaz de l'estomac quand il se contracte, mais surtout des gaz imtesti- naux qu'on peut voir sur le vivant par la radioscopie, que la radiographie ne montre que sur le cadavre.

Il me semble que, des développements qui précèdent, on peut déduire une réponse à une question posée par M. le Ministre et faire cesser chez lui une indécision le tenaient les deux affir- mations contradictoires qu’il a relevées dans sa dépêche :

La radiologie médicale, disent les médecins, a besoin surtout de l’examen à l’aide de l’écran fluorescent, mais réclame égale-

ment l’épreuve photographique.

La radiologie médicale, disent les radiologistes non-médecins, est essentiellement la radiographie à laquelle la radioscop'e

peut apporter un complément.

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Notre réponse est que, dans l’application des rayons de Rônt- gen à l’examen des malades, la radioscopie et la radiographie sont toutes deux absolument indispensables, ce que concèdent les deux parties, mais que les renseignements les plus précieux et les plus nombreux sont fournis au médecin par la radioscopie et peuvent lui être donnés, le plus souvent, par la radioscopie seule, sans le contrôle nécessaire, souvent sans le contrôle pos- sible de la radiographie. Cependant, la radiographie a lavan- tage de pouvoir souvent confirmer et vérifier les données de la radioscopie, et cela d’une facon durable comme un témoin au- thentique, utile mais non absolument indispensable pour édifier l'histoire de l'évolution d’une maladie ou d’une lésion. Elle peut ainsi servir, après coup, de base à des discussions contra- dictoires, et peut permettre au juge de se prononcer avec plus d'assurance. Elle est absolument indispensable pour faire dé- couvrir certaines parties que leur trop grande transparence ne permet pas de discerner sur l’écran. Elle est également indis- pensable pour guider le chirurgien dans la recherche de corps étrangers opaques et immobiles enfouis au sein des tissus, des épreuves diverses obtenues sous des angles déterminés permet- tant, par une véritable triangulation, de donner la situation qu’occupent dans l’espace ces corps étrangers. Mais la radiosco- pie précédera toujours la constatation photographique.

La source des rayons X étant placée très près de la surface du corps, les rayons tangents à un organe opaque ont une direction divergente et forment sur l’écran une ombre dont les dimensions sont plus grandes que celles de l'organe, d'autant plus que la source est moins éloignée et l’organe moins proche de l’écran. Ce défaut est commun à la radioscopie et à la radiographie. Si l’on veut par la radiologie se renseigner sur les dimensions réelles d’un organe, on dispose sur le trajet du rayon central qui tombe perpendiculairement sur l’écran un petit corps métallique opa- que lié au tube de Crookes et capable de se déplacer avec lui. Ce dispositif permet d'amener sur l’écran fluorescent l'ombre du corps opaque successivement sur tous les points du pourtour de l’ombre que forme l'organe à mesurer; on trace, sur le verre qui

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recouvre l'écran, un point à chacun des contacts. On obtient ainsi, par la radioscopie, une image spéciale et durable, celle de la projection orthogonale de l’organe à mesurer. Ce fut le premier procédé élémentaire et pourtant compliqué. On fait mieux aujourd’hui et la radiographie supplante sur ce point la radioscopie. On est arrivé à obtenir des sources de rayons assez puissantes pour pouvoir éloigner le point d'émission de p'usieurs mètres; la divergence des rayons tangents va ainsi en diminuant au point de les rendre presque parallèles. On peut dès lors obte- nir une image photographique qui n’est pas sensiblement plus grande que ne serait la projection orthogonale.

L'introduction dans la pratique radiologique de sources très puissantes a un autre avantage. Elle permet de diminuer le temps de pose, de le réduire même à une fraction de seconde, d'éviter ainsi le flou et l’indécision de contour de parties mobi- les, de photographier même, avec une certaine précision, des organes animés de mouvements, pendant une partie de leur révo- lution, d’aborder peut-être la représentation cinématographique des poumons, du foie, de l’estomac. Les progrès de la technique tendent ainsi à rapprocher les distances qui séparent encore la radioscopie et la radiographie.

Il ne serait donc, même aujourd'hui, ni raisonnable, ni réa- lisable de distribuer entre deux groupes de praticiens l’accom- plissement des actes qui constituent l’exploration radiologique, donnant aux uns la radioscopie, aux autres la radiographie. En tout cas, les premiers trouveraient toujours l’occasion d'inter- venir et pourraient, le plus souvent, se passer du concours des seconds; les seconds, dans des circonstances exceptionnelles, imposeraient leur collaboration à titre obligatoire et dans un grand nombre de cas rempliraient le rôle d’agents de contrôle.

C’est notre sixième conclusion provisoire:

Dans l'exploration par les rayons X, la radioscopie doit

intervenir dans tous les cas et précéder la radiographie. L’exa- men radiographique est obligatoire dans certains cas, souvent avantageux.

960 III

L'exploration par l'une ou l’autre des deux méthodes, étant faite en vue du diagnostic médical ou chirurgical, semble devoir être pratiquée par ceux qui sont appelés à en tirer parti. On a bien dit que la qualité de médecin devrait être incompatible avec la fonction d'expert radiologiste; on n’a pas dit encore que le grade de docteur en médecine půt créer une incapacité pour l'application des rayons X au diagnostic; on dit seulement que ce titre n'est pas nécessaire et quelque chose est autrement utile: c’est de savoir manœuvrer un tube de Crookes et d’être capable de faire et d'examiner une image. Ne contestons pas la dernière affirmation, qui est juste; limitons-nous à cette première affir- mation qu’il n’est pas nécessaire d’être médecin pour pratiquer avec fruit les examens radiologiques.

Le grand argument, c’est celui-ci : la médecine puise à toutes les sources, emprunte à toutes les sciences. Elle a besoin, pour s’éclairer, du concours de la chimie, de celui de la physique, de celui de l’anatomie pathologique et de tant d’autres sciences auxquelles la médecine confine ou qui rentrent dans son do- maine, qui cependant ne sont pas toutes familières au praticien, mais qu’il se plaît à consulter par l'intermédiaire d'hommes, même non médecins, qui ont fait de ces sciences une étude plus approfondie. Il s'adresse au chimiste pour savoir ce que renferme une urine, à l'histologiste ou à l’anatomo-pathologiste pour être fixé sur la nature d’une tumeur : pourquoi n’aurait-1il pas recours au physicien quand un examen radiologique lui paraît utile ?

Assurément, il peut s’adjoindre un physicien et faire avec sa collaboration un examen ou préparer la prise d’une image, ce qui est une collaboration la part directrice lui appartient. Peut-il abdiquer plus complètement ou, si l’on veut, totale- ment, et dire au radiologiste : Qu’y a-t-il dans ce thorax, comme il dit au chimiste : Qu’y a-t-il dans cette urine? ou comme il dit à l’anatomo-pathologiste : Qu’'y a-t-il dans cette tumeur ou dans cette sérosité?

à,

261

L'argument est celui-ci : de même qu’il n’est pas besoin d’être médecin pour mettre la chimie ou l'anatomie pathologique au service de la médecine clinique, de même il n’est pas besoin d'être médecin pour faire bénéficier la clinique des services de la radiologie.

Comparaison n’est pas raison. La comparaison, d’ailleurs, n'est exacte ni dans un cas ni dans l’autre. Mais puisque l’ar- gument a été produit avec quelque insistance de divers côtés, puisqu'il a été soutenu sérieusement et qu’il peut faire illusion, examinons-le sérieusement.

Je ne m'arrête pas à cette considération que le médecin seul est tenu au secret, qu’un radiologiste pourrait se laisser aller à prononcer des paroles regrettables, à dire au malade, à son entourage, au public tout ce qu’il a découvert, tandis qu’on se met facilement à l’abri des indiscrétions du chimiste ou de l'histologiste, auxquels on envoie seulement des tissus ou des humeurs, sans qu’ils sachent souvent par qui ils ont été fournis. N'est-ce pas déjà une grande différence? Ces auxiliaires dela médecine agissent sur l’urine, sur une tumeur enlevée; le ra- diologiste agit sur le malade. Une faute du chimiste dans ses opérations, non dans ses conclusions, est sans importance; le malade peut souffrir gravement d’une faute du radiologiste.

Je ne suis pas certain que le médecin fasse tout son devoir quand il se décharge sur le chimiste qui, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, est le pharmacien, de certaines recherches qu'il pourrait faire lui-même sans laboratoire et qui souvent devraient être faites extemporanément. Il ne fait pas tout son devoir quand il n’indique pas, au moins, les points sur lesquels doit porter plus particulièrement la recherche et quand il abandonne toute la direction de l’opération au pharmacien qui, se voyant concé- der un acte qui est un acte de diagnostic médical, se croit auto- risé à faire suivre son analyse de déductions pathologiques. En procédant de cette façon, beaucoup de pharmaciens sortent de

leur rôle et pénètrent sur le domaine médical, avec cette excuse qu’ils le font sur l'invitation du médecin, le médecin s'étant déclaré incompétent. Le pharmacien, qui ne sait rien de la mé-

Po -= m.

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262

decine et qui ne connaît pas le malade, fait alors son analyse d'après un plan général qu’il juge applicable à tous les cas, suivant une technique uniforme. C’est par qu’il peut être comparé au radiologiste non médecin qui, invité à faire une ra- diographie de telle ou telle partie du corps, prépare son cliché conformément aux règles générales applicables à cette partie du corps. C’est qu'est l’erreur, cette erreur qui se dissimule sous cette formule anodine : la radiographie a deux temps : la prépa- ration du cliché, qu’on peut confier à un opérateur habile, non médecin; l’interprétation du cliché, qui est œuvre médicale. Je dis que cette formule est fausse dans ses deux termes. Je dis que, lorsque le médecin soupçonne quelque chose que les procédés habituels ne lui révèlent pas, il doit prévenir l’artiste, le guider, chercher avec lui l’attitude et l’incidence qui con- viendront le mieux, sans quoi l’artiste fera, suivant la formule générale, un cliché qui risquera de n’être pas plus révélateur que les autres moyens de l'exploration. Le médecin n’a pas le droit de s'affranchir de cette obligation de collaborer avec le techni- cien, qu’il soit chimiste ou qu’il soit radiologiste. Je dis de plus que la seconde partie de l'opération radiographique, linter- prétation du cliché, qui est œuvre médicale, ne pourra être faite par le médecin que s'il est suffisamment familiarisé avec les principes de la radiographie et la lecture des épreuves, sans quoi il faut que le radiographe lui vienne en aide. Un jour viendra, je l'espère, l'éducation pratique du médecin lui permettra de se passer de cette assistance.

On voit qu'il ne faut pas abuser de la comparaison. Ce qu'on peut dire de la chimie médicale ne s’applique pas nécessairement aux recherches radiologiques, et il est bon d’être médecin si l’on veut appliquer à la médecine les données de la chimie ou celles

de la radiologie.

Abordons la critique de la seconde comparaison. Il n’est pas nécessaire, dit-on, d'être médecin pour faire un examen ana-

263

tomo-pathologique, ce qui est proprement une opération d’ana- tomie morphologique. C’est de la morphologie, sans doute, mais de la morphologie pathologique dont la constatation ne saurait ètre faite, à mon sens, par qui ne possède pas des connaissances médicales déjà fort étendues. N'’est-il pas attristant de voir des médecins, faute d’une éducation pratique suffisante, prendre, par honnêteté, l’avis de qui n’est pas capable de les renseigner sérieusement, et de constater qu’on éduque maintenant les phar- maciens en vue de les amener à suppléer, encore sur ce point, à l'insuffisance du médecin? Ils arrivent à faire la recherche d’œufs de vers intestinaux, de crochets dans le liquide d’un kyste, de bacilles et de fibres élastiques dans des crachats; ils peuvent même faire des numérations de globules, même des détermina- tions cytologiques, tous examens que le médecin ou qu’un méde- cin seul devrait faire. En tout cas ils ne sont capables de dé- duire de ces constatations ni un diagnostic, ni un pronostic, ni un renseignement utilisable en cas de contestation judiciaire. L'argument déduit de l’anatomie pathologique ne fournit donc pas une comparaison favorable à la thèse qui prétend que les connaissances médicales sont inutiles pour la pratique de la ra- diologie. Si l’on veut comparer le rôle du radiologiste non méde- cin à celui de l’anatomo-pathologiste qui ne saurait rien de la médecine, il faut se reporter à la fonction modeste qu’on confie parfois, dans les laboratoires, à un garçon ingénieux et adroit qu'on a dressé à fixer et à durcir les pièces, à faire les coupes, à les colorer, à les monter. Il livre des préparations bien faites comme le radiographe fournit des plaques élégamment exécu- tées. Un médecin seul pourra examiner les unes et les autres, et seul il pourra les interpréter. Ce qui importe, ce n’est pas d’avoir une belle épreuve, c’est d’avoir une épreuve utile, non pas exécutée d’après un formulaire général, mais orientée d’une façon spéciale, suivant les cas spéciaux, en se guidant d’après les signes cliniques et l’examen radioscopique. L’analogie n’était donc pas sans quelque justesse. Le radiolo- giste rend au praticien certains services qui sont du même ordre que ceux qu’on demande parfois à l’anatomie pathologique. La

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radioscopie et la radiographie sont une façon de faire l'anatomie pathologique sur le vivant. Mais cette anatomie, comme celle

qu'on fuit sur le cadavre, ne vaut que si elle est pratiquée par un médecin.

IV

Laissons les comparaisons et examinons les faits réels.

Un radiographe non médecin, dans un cas de fracture avec chevauchement, fera une photographie inintelligible pour tous.

Le cas est d’une extrème simplicité et se passerait facilement du secours de la radiologie. Si l’on prend alors une épreuve photographique, c’est souvent en vue des contestations que réserve l'avenir, afin d'établir, par des documents authentiques, l'histoire rétrospective du malade et de sa lésion. L’artist:

car le rôle qu'il Joue en pareil cas ne lui mérite pas le nom de physi- cien -~ l'artiste, s’il n’est pas anatomiste et pathologiste, s'il

n'est pas médecin, en présence de lésions aussi élémentaires, risque, s’il place mal son tube ou sa plaque, de mettre une lésion osseuse dans l'ombre d'une autre partie osseuse et d’induire un chirurgien, peu familiarisé avec les lectures radiographiques, à prendre un tendon ossifié pour un fragment osseux, une frac- ture du col pour une luxation, et, peut-être, après consolidation vérifiée par une nouvelle radiographie mieux faite, à croire naïvement qu'il a réduit une luxation et guéri une fracture.

Plus souvent, le chirurgien demandera au radiologiste d'étu- dier et d'analyser avec lui les clichés; et de la collaboration du technicien et du pathologiste se dégagera la vérité.

Un homme présentait depuis trente années des signes de tabes fruste qui avaient motivé les opinions divergentes de très habi- les neuropathologistes. Un jour, une douleur au pied le décide à faire faire une radiographie qui montre une fracture du cin- quième métatarsien. Le médecin y trouve, au premier coup d'œil, la démonstration du tabes. Supposez que cet homme ait été un ouvrier aux mains d’un photographe; le juge, sur le vu de l’image de sa fracture, aurait réglé l'indemnité d'un accident

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du travail, que le patron aurait payée, ce à quoi le blessé n’au- rait rien compris.

Il n’est pas rare qu’un traumatisme, même sans lésion osseuse, amène, dans des parties voisines ou éloignées du lieu de la bles- sure, des raréfactions ou des décalcifications du tissu osseux. Un radiologiste non médecin ne le remarquera ni sur l'écran ni sur la plaque, ou n’y prendra pas garde, ou l’expliquera par l'usage de rayons trop durs. Un médecin radiologiste y recon- naîtra l’un de ces cas de dystrophie qui conduisent à la recherche des lésions nerveuses ou des troubles de la nutrition. J’en dirai autant de cette sorte d’ostéomalacie douloureuse ou de fragilité osseuse qui s'accompagne de phosphaturie et qui précède par- fois de plusieurs années l'apparition du diabète sucré. en- core, la radioscopie faite avec soin ou la radiographie étudiée avec attention interviennent à la façon d’éléments d’information clinique qui ont la valeur de tous les autres signes et qui ne peuvent guère être saisis, qui ne peuvent pas être interprétés par d’autres que par le médecin.

Ce sont déjà choses délicates, d’une constatation qui n’est pas banale et d’une signification difficile à déterminer; mais com- bien d’autres circonstances, en quelque sorte élémentaires, ne pourront être mises en valeur qu'avec la collaboration du mé- decin! Il faut être médecin pour placer le malade devant le tube et pour orienter la plaque devant le malade, pour savoir si le malade doit être face ou dos au tube, ou par côté, ou oblique- ment, s’il doit être assis ou couché.

Un malade atteint d’hydropneumothorax est envoyé au laho- ratoire radiologique pour qu’on photographie son thorax. Le radiologiste applique les règles de la photographie du thorax; il place le malade sur le dos, la plaque au-dessous du lit, et en-

voie au médecin une image qui montre tout un côté de la poi- trine obscur, parce que le liquide s’est répandu horiontalement sur la partie dorsale de la plèvre. Si le malade avait été photo- graphié assis, il aurait montré une ombre foncée en bas et une clarté intense au-dessus, en rapport avec l’air superposé au liquide. Le médecin, s’il se fie à la radiographie, diagnostique

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une pleurésie, contrairement aux signes cliniques qui faisaient supposer l’hydropneumothorax.

On connaît le fait suivant : un homme a été opéré d’un kyste de l’abdomen. Il n’a pas d’autre renseignement, mais voudrait savoir ce qu’il a eu et s’il est guéri. Un médecin avisé, qui est un excellent radiologiste, après avoir fait, l’homme étant cou- ché sur le dos, une épreuve qui ne dit rien, le photographie debout après avoir gonflé l'estomac par du gaz. La rate est volu- mineuse; il la mesure et ajourne à six mois un nouvel examen qui, par les mêmes procédés, donne les mêmes mesures. Il con- clut que son malade a eu un kyste de la rate dont il est guéri. Est-ce un radiologiste non médecin qui aurait eu l’idée de pro- céder ainsi et qui, par ces constatations, serait arrivé à ce diag- nostic ?

Un des points les plus difficiles du diagnostic des maladies inflammatoires du thorax est celui des collections liquides ou des scléroses interlobaires. Même avec la radioscopie, il faut les soupçonner et vouloir vérifier son soupçon pour les mettre en évidence, Il faut placer l’ampoule vers la hanche du malade ou vers l'oreille. Le radiologiste qui appliquerait la formule géné- rale de l'exploration du thorax nue verrait rien et ne ferait rien voir.

Un médecin seul apprécie les variations d’inclinaison des côtes, les mouvements du cœur, de l'aorte, des dilatations ané- viysmatiques.

Un radiologiste pourra faire de très belles épreuves, souvent méme des épreuves utiles; il ne les interprétera pas toujours.

Dans les cas difficiles, dans ceux qui réclament l'intervention radiologique, l'examen de l’écran, la prise et la lecture du cli- ché ne seront utiles que s'ils sont faits par un médecin radiolo- giste par un radiologiste guidé par un médecin. L'examen ne portera tous ses fruits que si les données radiologiques sont comparées aux autres signes fournis par l'exploration clinique.

11 semble que la question ne devrait même pas être posée; elle ne l’est, d'ailleurs, qu’en France. Au début, opticiens, photo- graphes, pharmaciens ont fait des radiographies, puis sont venus

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des médecins qui avaient acquis les notions techniques néces- saires, et très rapidement tous les autres ont disparu. Chez nous, des laboratoires officiels ont été créés que des commissions hos- pitalières ont confié à des radiologistes non médecins; presque tous sont devenus d’habiles techniciens, plusieurs y étaient préparés par des connaissances théoriques et pratiques très éten- dues; presque tous ont rendu et rendent chaque jour de réels services. Ma conviction est que leur valeur devient encore plus effective quand ils préparent et interprètent leurs images en accord avec le médecin, quand l’action radiologique est ce qu’elle devrait toujours être, une véritable consultation entre deux mé- thodes de recherche, entre deux hommes représentant ces mé- thodes.

Le principe de toute consultation, c’est l’égalité et la liberté, qui n’excluent pas la diversité des procédés d’information aux- quels on empruntera les éléments de la discussion. Ces éléments sont pour les uns les anamnestiques, pour les autres les données de l’auscultation ou des autres procédés de l’exploration phy- sique; pour d’autres, ces moyens physiques particuliers qui con- sistent dans le maniement des rayons X. Mais il faut que cha- cun puisse comprendre les arguments des autres et placer le sien à la place qui convient dans l’ensemble des autres arguments. Tranchons le mot : il faut que les consultants soient de même origine et de même doctrine, tenant leur égalité qui assure leur liberté de leur commune qualité de médecins. |

Nous voyons ce qu’il y a de bien chez nous, mais nous ne nous dissimulons pas ce qui s’y joint de gêne et d'embarras, et nous reconnaissons qu’on fait mieux à l’étranger. Nulle part les la- boratoires ne sont confiés à des radiologistes non médecins. Au

Guy’s Hospital, le service radiologique compte un médecin, un chirurgien et un thérapeute. Ailleurs, suivant la spécialité des services, le radiologiste est un laryngologiste, un urologiste. En Autriche, l’emploi des rayons X est interdit aux non-médecins.

Et ne croyez pas que cela prive la médecine des progrès que pourraient préparer les découvertes des physiciens. À l’étranger, comme en France, les physiciens, les vrais physiciens, ne font

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pas aux malades l'application de la découverte de Röntgen, mais ils poursuivent et complètent cette découverte, ils inventent de nouveaux appareils que l'exploration médicale utilise pour ga- gner en puissance et en précision. Et il se trouve que les perfec- tionnements de la technique rendus possibles par l'introduction de ces nouveaux instruments sont plus souvent l’œuvre de mé- decins radiologistes que de radiologistes non médecins.

Il ya à Paris, en dehors des hôpitaux, des médecins radiolo- gistes qui ne sont inférieurs à personne et qui ont éclairé bien des questions délicates de physiologie et de pathologie.

Il y a à Paris, dans les hôpitaux, quelques très rares mede- cins appartenant au corps médical hospitalier qui pratiquent avec éclat la radiologie, quelques-uns dès le début de la décou- verte. C’est chez eux, et chez eux seulement, que se pressent les élèves et que les étrangers viennent s'instruire. Mais ils sont en marge de l’organisation officielle de la radiologie hospitalière; ils l'ont installée dans leurs services, à leurs frais, souvent em- pêchés, par des considérations d’ordre matériel, de se munir de tous les appareils coûteux qui rendent chaque jour plus parfaite l'exploration par les rayons. C’est dans leurs services, cependant bien plus que dans les laboratoires officiels, que se font les dé- couvertes. Mais le nombre de ces hommes est restreint; leur activité et leur abnégation ont des limites. C’est pour cela que, malgré le nombre énorme des cas pathologiques qui, dans nos hôpitaux, réclament l'usage des rayons X, il se trouve qu'une telle richesse n'est que partiellement utilisée, et que Paris, s'est faite pour la première fois l'application de la méthode à la médecine interne, se trouve en état d'infériorité si on le com- pare aux grandes villes de l'étranger et à certaines grandes villes de province.

De tout ce qui précède, je crois pouvoir dégager trois nou- velles conclusions provisoires :

Les renseignements fournis par la radiologie, qui ne peut pas se faire sans la présence du malade et qui ne peut pas se faire utilement sans la connaissance des symptômes qu’il pré- sente, diffèrent, pour ces deux motifs, de ceux que peuvent

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apporter la chimie ou l'anatomie pathologique, ces deux scien- ces opérant sur des produits séparés du malade, en dehors de sa présence et de toute connaissance de son histoire pathologique.

Les examens chimique et anatomo-pathologique valent par eux-mêmes. Le médecin en tire parti, s’1] y a lieu, pour pénétrer plus avant dans la connaissance de son malade. L'examen radio- logique ne vaut, le plus souvent, que s’il est fait suivant une direction médicale.

La participation nécessaire du médecin dans l’application de la radiologie au diagnostic comprend deux actes successifs : la connaissance des symptômes actuels et de ceux qui ont précédé guide dans le choix des vues successives qui seront prises sur l'écran et sur la plaque; la constatation et l’interprétation des ombres supposent la connaissance de l’anatomie normale d’une part et celle de l’histoire pathologique du malade d’autre part.

y

Il nous reste à déterminer par quel médecin sera pratiqué, ou au moins dirigé et, en tout cas, interprété l’examen radiolo- gique.

Dans l’état actuel de la législation, tout docteur en médecine, qu’il en ait fait ou non une étude spéciale, a légalement le droit d'appliquer chez l’homme vivant les rayons X dans un but mé- dical d'exploration ou de traitement. Moralement, il ne doit faire cette application lui-même et sans assistance d’une per- sonne compétente et autorisée que s’il a fait de la radiologie une étude théorique et pratique qui lui donne le sentiment qu’il est compétent en la matière. Si son étude spéciale a été insuffisante

ou si elle est nulle, mais s’il juge l'examen radiologique utile à son malade, il doit moralement ne pas user de son droit légal et s’adressera à un médecin radiologiste, auquel il exposera les points de son diagnostic qui restent obscurs et sur lesquels il pense qu’un examen radiologique pourra l’éclairer. En agissant ainsi, il confie son malade à son confrère pour un objet déter- miné et pour un temps limité. Il cesse pendant ce temps d’avoir

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la qualité et d'encourir la responsabilité du médecin traitant. Cette qualité et cette responsabilité appartiennent à celui qui prend charge du malade.

Aucun docteur en médecine, même s’il est absolument igno- rant en radiologie, ne peut être poursuivi pour avoir fait usage des rayons. Mais si quelque accident succède à leur application, des poursuites civiles ou pénales ne manqueront pas d'être exer- cées contre le médecin, même s’il est instruit et expérimenté en radiologie, pourvu que le juge arrive à cette conviction qu'il a manqué de prudence. Et il en est de même pour tous les modes de l'intervention médicale. Son diplôme ne protège plus le mé- decin, sa science ne le garantit pas davantage. Il faut qu'aucun accident ne succède à son action ou qu'on ne la trouve répréhen- sible sur aucun point. Il en résulte que les médecins ne se sentent pas disposés à rechercher un titre de plus et se contentent d’aug- menter leurs connaissances théoriques et techniques, sans cher- cher à les faire valider par un nouveau diplôme dont il n’ont pas besoin et qui, en cas de malheur, ne les couvrirait pas. Mais le public pense que ce diplôme serait pour lui une garantie et de divers côtés a été formulée cette opinion que les radiologistes devraient être tenus de faire la preuve de leurs connaissances spéciales. Le corps médical résistera, et avec raison, mais le pu- blic n’a pas absolument tort.

Le public trouve dans le diplôme de docteur une garantie générale; il voudrait quelque chose de plus, ce à quoi les méde- cins se refusent obstinément, le diplôme de docteur étant, dans leur conviction, la suprême, la suffisante garantie. Ceux qui concourent à l’éducation et à la nomination des médecins ne peuvent ni admettre ni avouer qu’il peut y avoir de mauvais docteurs, ce serait prononcer leur propre condamnation: ils savent qu’il y en a de bons et de moins bons, ils en pourraient citer qui sont excellents ou parfaits. Ce sont ces derniers que le public voudrait qu’on lui signalât par un signe extérieur, par un titre, un diplôme, un certificat. Mais il sait qu'un homme ne peut être parfait en tout, et, quand il croit avoir besoin de se faire radiographier, il lui suffirait que l’Etat lui désignât, parmi

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les docteurs, celui qui est réellement supérieur dans le manie- ment des rayons X. Les médecins s’y opposent; le gouvernement attend un avis avant de créer un nouvel ordre de médecins non docteurs, ou avant de dépouiller les docteurs des droits que leur reconnaît la loi pour les attribuer seulement à quelques-uns d'entre eux. En réalité, toutes ces prétentions discordantes sont conciliables, et, dans l'état actuel, les choses ne se passent pas aussi mal qu’on pourrait le croire. Un médecin sans rien qui le distingue encore de ses confrères, un docteur comme les au- tres, instruit, désireux d'obtenir de sa science de plus grands avantages pour ses malades et plus de profit pour lui, s’est per- suadé, par la lecture de ses journaux médicaux et par la fré- quentation de certains services d'hôpital, que l'exploration radiologique est aussi utile que l’auscultation ou que l’examen des urines. Il se décide à introduire ce moyen de renseignement dans sa propre pratique et fait les frais d’une installation ra- diologique dans son cabinet. Il l’utilise pour les diagnostics, chaque fois qu’il y a lieu, évite ou redresse des erreurs; il y a recours parfois pour la thérapeutique. Cela lui vaut l’attention et bientôt la reconnaissance de ses clients, dont la confiance grandissante dirige vers lui un certain courant de malades. Ses confrères le savent et ont recours à lui. Par la propagande des malades, par la désignation des médecins, il est devenu radio- logiste; qu’il en prenne le titre ou qu’on le lui attribue malgré lui. Les choses se reproduisent de la même facon pour les autres spécialisations. C’est de cette façon qu’un médecin ordinaire de- vient électricien, oculiste, laryngologiste, urologiste. Mais il y a dans le public une minorité plus exigeante, qui ne se centento pas de cette notoriété, qui veut des références officielles, la preuve d'une supériorité fournie par un examen public ou par un concours. Sans qu'il soit besoin de faire aucune modification à la loi, cette minorité a déjà satisfaction. Elle suit que l Etat, pour ses asiles, les administrations de bienfaisance, pour leurs hôpitaux, recrutent par le concours un personnel spécial pour des services consacrés à des catégories spéciales de malades. Elle sait elle trouvera un aliéniste, un accoucheur, un chirurgien,

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un oculiste; elle n’est pas embarrassée pour trouver, dans les villes universitaires, un praticien instruit et expérimenté chargé d’un commun accord par la Faculté et par administration hos- pitalière du service radiologique d'un hôpital. C'est par le con- cours que va se faire désormais le recrutement des radiologistes pour les hôpitaux de Paris. Nous entrons done, à notre tour, sur ce point, dans la voie du progrès, par la raison, par la nécessit!, par le développement et l'évolution naturelle des choses.

Il n’est donc pas besoin de modifier la loi, de choisir parmi les docteurs en médecine ceux qui auront fait la preuve de con- naissances radiologiques théoriques et pratiques, de donner à ce nouvel examen la sanction d'un nouveau titre universitaire leur conférant le droit exclusif d'employer les rayons X pour un ob- jet médical. Mais il n’y a pas à toucher au droit qu'ont les administrations publiques ou privées de choisir par le concours les radiologistes auxquels elles confieront leurs malades.

Je dis qu’il n’y a pas à toucher à ce droit; mais je n’entends pas par légitimer les pratiques qui ont été introduites et qui se perpétuent en violation du droit légal. C’est ici la question délicate, la question brûlante, celle qui a agité le monde des radiologistes et tout le corps médical, qui a entraîné dans la lutte les administrateurs, les membres des assemblées électives, les littérateurs et laissé croire un instant que des mumificenc’s plus que royales seraient mises au service de la morale et de la santé publique compromise par la présomptueuse ignorance des médecins.

Ne cherchons pas à dramatiser les choses et voyons quelle est actuellement la situation ou, si l’on veut, le statut légal des radiologistes.

Nul ne peut, d'une façon habituelle, appliquer à l'homme les rayons X s’il n’est pas docteur en médecine. En effet, l’article premier de la loi du 30 novembre 1892 est ainsi conçu : « Nul ne peut exercer la médecine en France s’il n’est muni d’un di- plôme de docteur en médecine délivré par le gouvernement fran- çais, ete. » Or, que signifie exercer la médecine? Notre convic-

tion est que cette expression veut dire : reconnaître et traiter les

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maladies. L'exercice de la médecine comprend à la fois et à un égal degré le diagnostic et la thérapeutique. Les radiologistes non-médecins font donc acte médical et, même quand ils se bornent à la détermination des lésions, ils n’agissent pas en accord avec la prescription de l’article premier de la loi du 30 novembre 1892 que je viens de citer. Toutefois, si l’on se transporte à l’article 16 de la même loi, on lit : « Exercs illéga- lement la médecine : toute personne qui, non munie du di- plôme de docteur en médecine, prend part habituellement ou par une direction suivie au traitement des maladies ou dès affec- tions chirurgicales, ainsi qu’à la pratique de l’art dentaire ou des accouchements, sauf le cas d'urgence avérée. » Ainsi larti- cle premier déclare implicitement contraire à la loi l’explora- tion en vue du diagnostic; et l’article 16 Timite explicitement à la thérapeutique l’exercice illégal de la médecine. C’est, à n’en pas douter, parce que la loi, restant dans les généralités à lar- ticle premier, veut circonscrire et restreindre les délits qui pour- ront être poursuivis, comme il est dit à l’article 17, non seule- ment par le ministère public, mais par les médecins, par les associations médicales, par les syndicats médicaux, délits qui ne seront pas toute infraction à l’article premier de la loi, mais seulement le traitement des malades par les non-médecins, et encore à la condition que cette infraction spéciale soit habi- tuelle, et en faisant exception pour les cas d'urgence avérée.

Il n’y a pas contradiction entre les deux articles. Nos lois fourmillent d’interdictions qui ne portent pas avec elles leur sanction. Ici, le législateur paraît avoir voulu limiter les sanc- tions aux faits qui lui semblaient le plus délictueux, et, après avoir réglé les circonstances de la poursuite, il édicte les peines qui sont, d’après l’article 18, l’amende et même la prison en cas de récidive.

Mais je m'aperçois qu’en exposant le dispositif de la loi, je me laisse aller à expliquer ou à corriger ses contradictions, à l'interpréter, à régler ses applications.

Si J’insistais je sortirais de mon rôle. Après avoir assisté aux controverses que cette question a soulevées au sein de la Com-

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mission, j'ai pensé que je pouvais lui apporter une opinion plus qualifiée que la mienne.

J'ai pris l'avis d'un jurisconsulte qui est considéré comme l’une des plus hautes autorités en cette matière. « La question de l'application à la radiologie des dispositions législatives con- cernant l'exercice illégal de la médecine peut certainement être controversée, » C'est sa première déclaration. Pour lui, comme pour nous, « exercer la médecine c’est reconnaître et traiter les » maladies. Mais, dans l'absence de définition s'est tenu le » législateur, 1l est incontestable qu’il a voulu protéger la santé » publique contre des soins donnés, sous une forme ou sous une » autre, par des empiriques, charlatans, gens sans connaïissan- » ces scientifiques, individus pratiquant la médecine sans avoir » fait les études nécessaires et, en définitive, en opposition avec » le corps médical... Au contraire, la radiologie est un procédé » reconnu par la science; le radiographe ne se substitue pas au » médecin, il lui apporte son concours; tous deux collaborent, » dans le sens du progrès, à l'avantage de la santé et non à len- » contre des améliorations médicales par abus de la crédulité ə» publique, de la part d’ignorants et de gens de mauvaise foi... » L'esprit de la loi, la latitude d’appréciation qu’elle a besoin » à la justice pour les cas qu’elle ne pouvait enserrer dans une » définition sont contraires à la thèse qui verrait un délit dans » la radiographie... La loi combat l'ignorance, non l'invention » scientifique et le progrès. »

Ces paroles sont dignes de l’Académie, elle peut se les appro- prier.

La loi est mal faite : c'est au législateur et non à nous qu’il appartient de la modifier.

La loi a des obscurités et d’apparentes contradictions; c’est au juge et non à nous qu'il appartient de l’interpréter.

Nous ne demanderons pas la réforme de la loi quand nous voyons dans quel esprit libéral, généreux, favorable à la science autant qu'hostile à l’abus de la crédulité, elle est interprétée par les maîtres qui forment nos magistrats.

Si la radiologie est une précieuse acquisition scientifique à

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laquelle la médecine est déjà redevable de grands progrès, si le radiologue, qu’il soit ou non docteur, peut être pour le méde- cin un collaborateur utile, c’est à la condition que ce collabora- teur ne soit pas étranger à la science, qu’il ne soit pas le servi- teur dérisoire de la découverte qu’il exploite sans connaître sa puissance ni ses dangers. Dans le vague reste intentionnelle- ment la loi, la justice sait couvrir l'homme de science qui, en accord avec le médecin, fait bénéficier les malades des acquisi- tions nouvelles; elle frappe le charlatan qui, sans savoir et sans conscience, cherche à se substituer au médecin, dans l'emploi de ces moyeus, en vue d’exploiter l'ignorance et Îa crédulité. Tout se réduit, pour le juge, à une question d’espèces.

Je formule de la façon suivante ma dixième conclusion :

10° Il n’y a pas lieu de toucher aux dispositions législatives relatives à l’exercice illégal de la médecine.

Il convient de rappeler aux administrations hospitalières qu'elles n’ont pas le droit de confier, après ou sans concours, des fonctions médicales à des personnes qui ne sont pas pourvues du diplôme de docteur en médecine, réserve faite pour la tolérance acquise aux internes des hôpitaux nommés au concours dans les villes qui sont siège d’une Faculté de médecine.

C’est la solution légale, c’est la solution rationnelle, c’est celle qui sauvegarde les intérêts des malades et les intérêts de la science; elle respecte les légitimes susceptibilités du corps mé- dical. Mais ne porte-t-elle pas atteinte à des situations acquises? Ne frappe-t-elle pas des hommes dignes de tous les égards qui ont mis leur science au service de la médecine à une époque les médecins capables de se substituer à eux étaient encore peu nombreux, qui ont poussi à un haut degré de perfection l’art de la radiographie, qui ont, parmi les premiers, abordé la ques- tion des mensurations exactes, qui ont apporté une contribution importante à la détermination de la situation des corps étrangers

au sein des tissus? Ces hommes resteront chargés de leurs fonc- tions sans qu’il y ait infraction à la loi à la condition que lss médecins et les chirurgiens des hôpitaux se rendent compte de

la situation et accomplissent tout leur devoir.

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Il n’y a pas à se le dissimuler : à l’heure actuelle, il n'y a qu'un nombre très restreint de chirurgiens et même de médecins qui soient en état de tirer d’un cliché radiographique tous les renseignements qui y sont fixés, et cela explique les critiques et les jugements sommaires portés par des cliniciens de talent sur la valeur de la méthode, Le technicien, s'il n’est pas médecin, je ne crains pas de me répéter, a besoin de la présence et des indications du médecin traitant pour placer le malade, poser le tube, orienter l'écran ou la plaque. Le médecin, s’il n’est pas radiologiste, a besoin de l'aide du technicien pour comprendre l’image ou pour lire le cliché. Pour tous deux il faut qu'il v ait coopération et en quelque sorte accord pour les deux temps de l'acte radiologique, pour la préparation de l’image et pour son interprétation. Il faut que le médecin, s’il réclame les services d’un radiologiste non médecin, lui apporte son concours et re- çoive ensuite ses explications. Le technicien n’a pas à se forma- liser de cette collaboration. Si quelque chose doit l’humilier, c’est de savoir qu’il fait des clichés au petit bonheur et qu’il les livre à qui n’en saura pas tirer parti. Tant qu’il y aura des techniciens non médecins, leur collaboration avec le médecin s'impose. Dans cette consultation, le médecin qui prend sa part de direction prend aussi sa part de responsabilité et la loi est obéie.

Ce que je viens de dire de l’incompétence d’un grand nombre de médecins, je puis le dire de tous les magistrats. En présonce d’une radiographie bien faite, un médecin non radiologiste ne peut pas se passer de laide d'un radiologiste; un magistrat ne peut pas se passer de l’aide d’un médecin radiologiste. Autre- ment, diagnostic dans un cas, jugement dans l’autre, resteront sujets à caution. On ne devra pas oublier que l’article 14 de la loi du 30 novembre 1892 est ainsi conçu : « Les fonctions de médecins experts près les tribunaux ne peuvent être remplies que par des docteurs en médecine français. » Cet article s’ap- plique aux experts radiologistes. Mais nul ne contestera au juge son droit de consulter un radiologiste non médecin s’il a besoin d’être éclairé sur des questions techniques.

= 077 = CONCLUSIONS PROPOSÉES PAR LA COMMISSION.

« Il n’y a pas lieu de réformer la loi du 30 novembre 1892 en ce qui concerne l'application médicale des rayons de Rönt- gen. Dans le vague clle est restée intentionne!lem:nt, le ma- gistrat, en l’interprétant et en l’appliquant, saura couvrir l’homme de science qui fait bénéficier les malades des acquisi- tions nouvelles; il frappera le charlatan qui, sans savoir et sans conscience, cherche à se substituer au médecin, dans l'emploi de ces moyens, en vue d’exploiter l'ignorance et la crédulité.

» L'usage médical habituel et à titre professionnel des rayons X, ne peut être confié qu’à des docteurs en médecine. Mais on ne saurait considérer comme exerçant illégalement la médecine ceux qui, sans être munis du diplôme de docteur en médecine, se bornent à faire des radiographies.

En ce qui concerne les experts en radiologie, il n'y a pas lieu de limiter la liberté des juges.

4 Les Commissions hospitalières en province, l’Administra- tion de l’assistance publique à Paris devront, à l’avenir, confier, autant qu’il sera possible, à des docteurs en médecine, la direc- tion de leurs laboratoires de radiologie. Au cas on ne ferait pas de radiothérapie, le directeur pourrait ne pas être médecin. Les titulaires actuellement en fonction seront maintenus.

Ces Commissions hospitalières seront autorisées à introduire dans leurs laboratoires des directeurs adjoints non médecins. Ces derniers, de même que les directeurs non médecins, ne pour- ront intervenir dans les applications médicales qu’avec la parti- cipation du médecin traitant.

Des mesures doivent être prises par ces administrations (examens, concours, appréciation des publications relatives aux rayons X) pour que la compétence théorique et pratique en ra-

diologie des candidats à ces emplois de directeur ou de directeur adjoint puisse être mise en dehors de toute contestation. L’exa- men ou le concouïs sera subi devant un jury comprenant des docteurs ès sciences, des docteurs en médecine et le directeur d’un laboratoire radiologique rattaché à un établissement hos- pitalier.

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Les épreuves seront surtout pratiques; elles seront subies dans un laboratoire de radiologie en utilisant les faits cliniques sui- vaut qu’ils se présenteront.

» Il n’y a pas lieu de créer un nouvel ordre de praticiens qui, n’étant pas docteurs en médecine, mais ayant fait preuve de certaines connaissances médicales d’une part, et de connais- . sances théoriques et pratiques en radiologie d’autre part, se- . raient autorisés à appliquer médicalement les rayons X.

» & Il n'y a pas lieu de créer, pour les docteurs en médecine, un titre spécial d'aptitudes aux applications radiologiques.

» Il est désirable que, dans l’exécution des règlements re- latifs à la réforme de l’enseignement médical, une importance beaucoup plus grande soit accordée aux études et aux exercices pratiques de radiologie.

» ll est désirable aussi que, dans certains centres de haut enseignement, une place soit faite à l'étude scientifique de la radiologie. »

L'Académie a apporté quelques modifications aux conclusions proposées par Ja Commission. La plus fâcheuse est celle de l'ar- ticle 2 qui ouvre le champ à l’emploi diagnostique des rayons X aux non médecins, alors que la Commission ne leur reconnaissait que le droit à l’exécution des épreuves radiographiques. Voici

d'ailleurs le texte adopté :

a Il n'y a pas lieu de réformer la loi du 30 novembre 1892 en œ qui concerne l’application médicale des rayons de Rônt- gen. Dans le vague elle est restée intentionnellement, le ma- eistrat, en l’interprétant et en l’appliquant, saura couvrir l’homme de science qui fait bénéficier les malades des acquisi- tions nouvelles; il frappera le charlatan qui, sans savoir et sans conscience, cherche à se substituer au médecin dans l’emploi de ces moyens, en vue d'exploiter l’ignorance et la crédulité.

» L'usage, dans un but thérapeutique, des rayons X, ne peut être confié qu’à des docteurs en médecine. Mais on ne sau- rait considérer comme exerçant illégalement la médecine ceux

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qui, sans être munis du diplôme de docteur en médecine, se bornent à faire des radiographies et pratiquent l’examen préa- lable au radioscope.

» En ce qui concerne les experts en radiologie, il n’y a pas heu de limiter la liberté des juges.

» £ Les directeurs et directeurs adjoints de laboratoire de radiologie des hôpitaux seront nommés à la suite d’un concours. Les épreuves de ce concours seront surtout pratiques, elles au- ront lieu dans un laboratoire de radiologie d’un hôpital. On utilisera pour les épreuves les faits cliniques qui se présente- ront.

Les candidats non médecins seront examinés, en outre, sur l'anatomie,

» Le jury comprendra des docteurs ès sciences, des doc- teurs en médecine et un chef de laboratoire de radiologie. Il sera désigné, par les commissions administratives, sur une liste dressée par le Conseil supérieur d'hygiène de France.

» Les directeurs des laboratoires l’on pratique surtout la rudicscopie, seront choisis parmi les candidats admis et joui- ront du diplôme de docteur en médecine.

» Les directeurs adjoints pourront n’être pas médecins.

» Les radiographes des laboratoires des hôpitaux, assurant le service le janvier 1909, seront maintenus dans leurs fonc- tions.

» Il n'y a pas lieu de créer un nouvel ordre de praticiens qui, n'étant pas docteurs en médecine, mais ayant fait preuve de certaines connaissances médicales d’une part, et de connais- sances théoriques et pratiques en radiologie, d’autre part, seraient autorisés à appliquer médicalement les rayons X.

» Iln’y a pas lieu de créer, pour les docteurs en médecine, un titre spécial d’aptitude aux applications radiologiques.

» 10° Il est désirable que, dans l'exécution des règlements relatifs à la réforme de l’enseignement médical, une impor- tance beaucoup plus grande soit accordée aux études et aux exer-

ciœs pratiques de radiologie. |

» Il est désirable aussi que, dans certains centres de haut

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enseignement, une place soit faite à l'étude scientifique de radiologie.

» 11° D’Académie recommande l'installation, dans un des hôpitaux de chaque ville siège d'une Faculté de médecine, d’un laboratoire spécialement consacré à la radiologie. Ces labora- toires, outillés pour faire des mesures précises, seraient des centres d'enseignement et d'études pour le perfectionnement de la radiologie. Les directeurs et directeurs-adjoints de ces labora- toires seront nommés au concours; le diplôme de docteur en

médecine ne sera pus exigé des candidats. »

AUTOUR DES RAYONS X

La bataille entre médecins-radiologues et radiologues ne con- naissant pas un traître mot de médecine vient d'aboutir à une paix boiteuse. Elle a été élaborée sous les auspices de l’Acadé- mie des sciences, au sein d’une commission dont M. Bouchard avait été nommé rapporteur. Dire qu’une paix est boiteuse, n'est-ce pas prévoir qu’elle sera de courte durée ? De fait, elle est déjà rompue. Car dans sa dernière réunion, à la date du 21 juin 1909, le syndicat des médecins électrologistes et radio- logistes, après avoir pris connaissance du nouveau règlement proposé par l’Académie des sciences, a émis un vœu disant textuellement ceci : « Il est désirable que non seulement M. le ministre de l’intérieur, mais le corps médical tout entier, et plus généralement le grand public, prennent connaissance des arguments si solides exposés dans le magistral rapport de M. Bouchard, démontrant que, dans l'intérêt des malades et des blessés, l’exploration à l’aide des rayons X, en vue du diag- nostic médico-chirurgical, doit être exclusivement confiée à des radiologistes docteurs en médecine... »

Les hostilités vont donc recommencer. Et le plus curieux de l'affaire, c’est que, avec la meilleure volonté du monde, on n'arrive pas à comprendre comment une situation des plus claires a pu être embrouillée au point de devenir litigieuse. La faute en est à nous, qui n’avons pas su sauvegarder, dès le début, notre domaine. Un beau jour, on nous a déclaré que la maison n'était plus tout à fait à nous.

Cette décision nous fut même notifiée, plus ou moins formel- lement, du haut de la tribune du Conseil municipal. Là, un de nos édiles déclara trop peu documenté le rapport de M. Chauf- fard à l’Académie de médecine. Et puis, M. Chauffard étant

médecin, ne fallait-il pas se méfier de ses conclusions qui réser- veraient aux seuls médecins le maniement des rayons X en ma- tière de diagnostic et de traitement des maladies? Evidemment. En tout cas, les médecins comprirent qu’il était temps d’agir, de se défendre. Comment ? En éclairant, simplement, la reli-

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gion de leurs adversaires, en leur montrant, en leur prouvant que la question était un peu plus compliquée qu’on ne le leur avait dit.

Et l’on se mit à faire des articles. Et dans ces articles on disait à peu près ceci :

« Oui, vous avez raison : la radiologie, la radiographie, les rayons X, c’est de la physique. Mais nous sommes moins étran- gers à cette science que vous ne le croyez. Ne manions-nous pas, depuis un demi-siècle, l’ophtalmoscope, le laryngoscope et en- core d’autres instruments de physique ? En face d’un malade, il nous arrive parfois d'examiner ses urines pour voir si elles ne contiennent pas de sucre ou d’albumine : vous ne nous avez cependant jamais dit de faire faire ces recherches par des chi- mistes patentés. Pourquoi voulez-vous qu’il en soit autrement quand il s’agit de rayons X P

» Bien entendu je continue ma citation tout le monde peut apprendre à faire de la radiographie et à la bien faire. M. Chauffard a eu entre les mains des radiographies médicales prises par des bandagistes et des marchands de vins : elles étaient parfaites. Au reste, M. Béclère ne demande que quinze jours pour transformer un infirmier en radiographe rompu à toutes les difficultés du métier. Tout le monde peut donc apprendre à tirer des épreuves sur lesquelles on voit un trait de fracture ou un corps étranger. Mais voilà : on n’a pas toujours à radiogra- phier des fractures ou des balles égarées dans des os. Ainsi, supposons qu'il s'agisse d’un abcès de la face inférieure du foie : pour le faire apparaître sur l’épreuve, le malade doit être placé dans une certaine position, la plaque sensible appliquée d’une certaine façon, l’ampoule de Crookes disposée sous un certain angle. Cette radiographie exige donc un diagnostic préalable, un examen détaillé du malade, c’est-à-dire des con- naissances cliniques. Et si l’abcès dont nous parlons est la conséquence d'un accident du travail, voyez-vous le tort que vous faites à l'accidenté en l’adressant à un radiologue dépourvu de connaissances médicales ? En admettant même qu'avant de s’ériger en radiologue médical, le bandagiste ou le marchand de vins de M. Chauffard apprenne l’anatomie, comme vous le demandez, croyez-vous qu'il acquière jamais la compétence nécessaire dans une expertise ordonnée par un tribunal ? Et puisque nous, médecins, nous savons faire de la radiographie au moins aussi bien que les bandagistes, les marchands de vins et les photographes en rupture d’objectif, pourquoi embrouiller

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la situation en créant un nouvel ordre de radiologues anato- mistes non médecins ? »

Voilà ce qu’on disait dans ces articles, voilà ce qu’on voulait faire comprendre aux partisans de la radiologie « libre ». Mais les articles, c'est un peu comme les discours : iis ne changent pas les convictions. Aussi, n’ai-je été nullement étonné lorsque, un jour, passant par hasard place Beauvau, j'ai aperçu, sortant du ministère de l’intérieur, un groupe de médecins parmi les- quels j'ai reconnu M. Letulle et M. Béclère. Ils venaient d’ex- poser « la situation » au min'stre compétent. Et le ministre compétent n’a eu rien de plus preesé que de les renvoyer à l’ Aca- démie des sciences.

Au reçu de la lettre ministérielle, l’Académie nomma une commission. Elle se réunit sous la présidence de M. Chauveau et chargea M. Bouchard de présenter un rapport. Dans ce rap- port, M. Bouchard reprenait, naturellement, les arguments formulés déjà à l’Académie de médecine par M. Chauffard. Comme son collègue, il arrivait à la conclusion qu’en matière de diagnostic radiologique, le maniement des rayons X devait être réservé aux seuls médecins.

Mais les physiciens, les géomètres, les mathématiciens qui faisaient partie de la commission, étaient loin d’être de cet avis. Ils firent observer à M. Bouchard qu’il « rapetissait » la ques- tion; qu’il ne se plaçait pas suffisamment au point de vue de !a radiologie « générale »; que, même en radiologie médicale, :i y avait toute une série de questions de perspective, de projec- tion, d’opacité, de détermination géométrique qui exigeaient, pour être comprises, de « fortes » études de physique, de phy- sique radiologique. M. Bouchard n’en revenait pas. N’arrivant pas à convaincre ses adversaires, il offrit sa démission. On lui demanda de la retirer. Il consentit à rester rapporteur, mais dut accepter la discussion, en assemblée plénière, d’un contre-projet que devaient présenter les « physiciens ».

Cette assemblée n’eut lieu qu’après dix-huit mois de pour- parlers, de marches et de démarches. M. Bouchard lut son rap- part qui n’eut, on peut le dire, aucun succès. Par contre, les astronomes, les mathématiciens, les géographes, les ingénieurs

et les géologues, sans parler des géomètres et des physiciens, goütèrent davantage le contre-projet. On y disait que, même

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en matière de radiologie médicale, les notions de perspective étaient plus utiles que les notions de pathologie! On y déclarait que les médecins n'avaient pas le temps de se consacrer à la radiographie de précision et qu’ils se cantonnaient dans l’obser- vation radioscopique!! Et comme conclusion, on faisait com- prendre qu’il y avait tout intérêt à ce que le radiographe puisse être débarrassé de longues études médicales, de façon à acqué- rir, en deux ans, par exemple, les notions théoriques et prati- ques indispensables à l’exercice de la radiologie médicale.

Pour les médecins, assimilés, en l'espèce, aux bandagistes et aux marchands de vins en mal de radiologie médicale, on de- mandait ‘donc, ni plus ni moins, que deux années de nouvelles études, un « certificat » pour tout dire. C’était trop, et M. Bou- chard comprit que s’il donnait sa démission, il assurait le triom- phe de ses adversaires. Une autre tactique fut donc adoptée. On discuta, on ergota, on reprit un à un les paragraphes des deux projets. Ainsi virent le jour les onze articles de la cote mal taillée qui porte le nom de projet de réglementation de l'exer- cice de la radiologie médicale. Ne nous en plaignons pas trop. Car, pour un peu, on nous « sorbonnisait » et on nous envoyait étudier la radiologie en face, l’on fait de « fortes » études de physique...

J’ai pensé que l’histoire qu’on vient de lire méritait d’être connue dans tous ses détails. J’ai signalé dès le début, de quelle facon le projet de l’Académie des sciences a été accueilli par nos confrères radiologistes. Mais les laisser seuls à se débattre serait une grosse faute de tactique. Le devoir du syndicat des praticiens et de son Comité de vigilance me semble tout tracé.

(Presse médic., 21 juill. 1909.) R. ROMME.

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Discours prononcé aux funérailles du Docteur Léon Hendrix par le Président de la Société belge de Radiologie

Messieurs, permettez-moi, en ce moment solennel, üe rendre hommage, au nom de la Société belge de Radiologie, à l’un de ses membres les plus distingués : le Docteur Léon Hendrix.

à Louvain en 1853, le jeune Hendrix, à 16 ans, était lau- réat au concours des athénées. À l’Université, il conquérait ses diplômes avec la plus grande distinction, et au concours univer- sitaire il obtenait la bourse de voyage du Gouvernement.

Léon Hendrix, docteur en médecine, se rend ensuite à Berlin, à Vienne, en Italie, à Paris, pour y recueillir les leçons des maî- tres étrangers. Rentré à l’armée il s'était engagé comme élève médecin à 16 ans 1/2, il la quitte en 1885 comme médecin de bataillon, pour mettre,après des étapes aussi brillantes, son intelligence et son savoir à la diffusion de la science et au soula- gement de l’humanité. |

Ainsi, nous le voyons parmi les membres fondateurs de la pre- mière policlinique de Bruxelles, chef du service de chirurgie et de médecine infantiles, s’occupant à la fois et en maître de la chirurgie orthopédique.

En Belgique, ce fut le regretté Hendrix qui le premier s'oc- cupa spécialement de cette branche chirurgicale et qui le pre- mier s’appliqua à réduire la luxation congénitale de la hanche.

Comme si la pratique de ces spécialités ne lui suffisait point, Léon Hendrix faisait partie du Conseil d'Hygiène, puis plus tard, fondait avec d’autres la Société de Pédiatrie.

Les confrères vous diront la part active qu’il prit à la Société de Chirurgie.

Ses travaux lui ouvrirent les portes de la Société royale des Sciences naturelles et médicales.

Entraîné par le besoin du toujours mieux, il appartenait à cette phalange d'hommes soucieux du progrès et soucieux d’as-

servir celui-ci au soulagement et à la guérison de leurs malades. Voilà pourquoi, il ne s’attarda point spéculativement, comme tant d’autres, à discuter les bienfaits d’une nouvelle science : la radiologie. Voilà pourquoi, dès le début, il se fit inscrire

DE? LÉON HENDRIX

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comme membre de la nouvelle société belge, s’y rangea parmi les travailleurs les plus assidus, pratiqua la radiographie avec l’ardeur d’un néophyte pour en retirer la plus grande précision dans ses diagnostics et dans ses traitements.

Quiconque connaissait l’homme et sa sollicitude pour ses malades, comprend qu’il ne pouvait rester indifférent à ces nouveautés scientifiques.

Comme Hendrix était un sincère, un médecin, un chirurgien préoccupé avant tout de son rôle, de ses interventions, il sen- tait vivement le poids de sa responsabilité souvent grande. Celle-ci ne l’effrayait point, mais elle suscitait chez Lui, comme par un réflexe naturel, une recrudescence de recherches et de soins, tout au bénéfice du malade qui se confiait à lui.

Les enfants l'avaient séduit. Il s'était préoccupé de leurs mi- sères parfois grandes, toujours touchantes.

Il y consacrait la majeure partie de son temps. Il se trouvait le plus heureux des hommes lorsqu’il pouvait rendre ces inno- cents à la santé et assurer tous leurs moyens pour l’avenir.

Léon Hendrix dut sa notoriété et ses succès à son mérite, à son talent, à ses travaux et à sa probité professionnelle. Le jour Hendrix était l’homme d’action, le soir et souvent la nuit l’homme d’étude réapparaissait,

Cependant il n’était point insensible aux choses d’art qu’il appréciait en dilettante. Il prenait ses délassements dans les joies pures et saines de la famille. Il était l’époux vénéré, le père adoré, le parent respecté.

Sa vie se passait ainsi loin du faste qui n’avait aucun charme à ses yeux. Voilà le savant, voilà le médecin, voilà l’homme.

Sa carrière dans l'avenir lui réservait les plus grands succès. Il tomba brutalement fauché par un mal qu’il suivait en silence, gardant pour lui seul les soucis et les angoisses de sa situation.

I] avait reconnu sa maladie dès ses premières manifestations, et, chose bien humaine, grâce à certaines circonstances, il a voulu, pour finir, se bercer d’illusions. |

Le 31 mai dernier, la Société de Radioloie tenait ses assises en province, et sachant la cruelle maladie dont souffrait leur distingué collègue Hendrix, elle fut unanime à lui télégraphier l’expression de toutes ses sympathies et de tous ses vœux.

Ce fut pour lui, ce dont nous nous sommes réjouis, un rayon de soleil dans son isolement, ce fut un baume adoucissant au milieu de ses cuisantes impatiences, ce fut une halte à l’ombre de réconfortantes amitiés, une trève à ses soucis prolongés.

En face de cette explosion de cordialités, Hendrix, qui vou-

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lait ignorer son mal, nous montra sa joie et son émotion : il nous communiqua son espoir de venir en personne prochaine- ment remercier ses collègues.

Hélas! cela ne détourna point le destin! Lorsqu'un homme tombe au déclin de la vie, lorsqu'il a subi, comme dit le grand poête, des aus l’irréparable outrage, sa mort a quelque chose de rationnel et de fatal.

Mais lorsqu'un homme de valeur tombe au milieu de sa car- rière, alors qu’il faisait la joie, le bonheur et l’orgueil des siens, alors qu'il brise des affections profondes, nous sentons plus vive- ment la profondeur de nos regrets.

Voilà les sentiments qui nous pénètrent! Puissent-ils adoucir la douleur de l’épouse éplorée et de ses chers enfants!

PUBLICATIONS DU DOCTEUR HENDRIX

Traitement chirurgical de la péritonite tuberculeuse chez les enfants. (Annales de la Société belge de Chirurgie, 1893.)

Torticolis invétéré. --- Résection du muscle sterno-cléido- mastoïdien, (Ann. Soc. belge de Chirurgie, 1895.)

Des résultats obtenus en chirurgie par les rayons X (en colla- boration avec le Docteur Lorthioir). (Ann. de la Soc. belge de Chirurgie, 1897.)

Traitement de la luxation congénitale de la hanche. Méthode de Schede. (Journal de Chirurgie, p. 351, 1901.)

Radiothérapie des adénites chroniques. (Journal de Chirur- gie, p. 156, 1905.)

Traitement de la luxation congénitale de la hanche. --— De la fixation du membre en rotation interne dès le premier appareil. (Journal de Chirurgie, p. 51, 1906.)

Luxation incomplète du coude en avant. (Société clinique des hôpitaux, juillet 1904.)

Absence congénitale du péroné. (La Policlinique, 15 avril 1899.)

De la coxa vara. (La Policlinique, janvier 1898.)

De l'adénopathie tuberculeuse du cou et de son traitement par les rayons de Röntgen. (La Policlinique, mai 1898.)

Extraction de corps étranger de l'abdomen. (Société belge de Chirurgie, juillet 1898.)

De la coxa vara. (Communication faite à la Société belge de Pédiatrie. Journ. Médical, 47, 1898.)

Courbure des os de la jambe à la suite d’une fracture du tibia.

(Journal de Radiologie, p. 86, 1907.)

QUELQUES CONSTRUCTIONS NOUVELLES (?

PAR

HEINZ BAUER (BERLIN)

Permettez-moi de vous faire la démonstration de quelques nouveaux instruments : j'ai déjà fait connaître les deux pre- miers, notamment au Congrès international d’Électrologie et de Radiologie d’ Amsterdam (2) et aux lecteurs des Fortschritte auf dem Gebiete der Rôntgenstrahlen (3) : néanmoins leur fonc- tionnement, qui vous sera montré ici, pourra-t-il peut-être inté- resser quelques-uns d’entre vous.

Le premier dispositif a pour but de régénérer l’ampoule de Röntgen par introduction de quantités déterminées d’air atmos- phérique. Ceux d’entre vous qui participèrent au Congrès de l’an passé se rappelleront encore sans doute comment je réali- sai ce mode de régénération : mon collaborateur, le docteur Fürstenau, exposa en détails à cette occasion la solution que je venais de donner à ce problème : le dispositif consistait essen- tiellement en un robinet à air : une révolution complète de la clé

(1) Communication présentée au Congrès de la Deutsche Rüntgenge- sellschaft. Berlin, 18 avril 1909.

(2) Ueber das Regenerieren von Rüntgenrôühren. (Comptes rendus des séances du IVe Congrès international d'électrologie et de radiologie médicales. Amster- dam, septembre 1908, p. 344.)

(3) Ueber das Regenerieren von Rüntgenrühren. (Fortschr. auf dem Gebiete der Rôntgenstr, Bd XIII, H. 2.)

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dans son boisseau opérait successivement, d’abord la pénétration d'une minime quantité d’air dans une excavation du boisseau et ensuite le déversement de cet air dans le vide de l’ampoule.

Ni ce régulateur se montra excellent en pratique, sa fabrica- tion en gros se buta malheureusement à des difficultés insurmon- tables; parmi celles-ci, il en était une principale : la matière grasse, à laquelle force fut de recourir à titre de lubréfiant et d’obturateur hermétique, se volatilise dans le vide avec la plus grande facilité, et arrive de cette façon à provoquer, ainsi que l'expérience le démontra, une pulvérisation extraordinairement intense des électrodes métalliques, même des électrodes en alu- minium qui présentent pourtant la plus grande résistance à ce phénomène. Les ampoules de Röntgen, contenant des vapeurs grasses, se métallisent rapidement, durcissent très vite.

Dans ces derniers temps, on fit une constatation identique dans la fabrication des lampes à incandescence à fil métallique. Pour produire le vide dans les lampes à incandescence à filament de charbon, on avait recours jusqu’ici à des pompes à l'huile: mais quand on se mit récemment à fabriquer des lampes à filament métallique, on fut désagréablement surpris de constater le noir- cissement de ces lampes au fur et à mesure de leur évacuation. Et ce ne fut qu’en remplaçant la pompe à l’huile par la pompe à mercure qu’on put obtenir des lampes claires et transparentes. lci nous avions affaire au même phénomène: la matière grasse du dispositif régulateur se volatilise dans le vide de nos tubes, provoque l'évaporation des métaux et la métallisation des pa- rois de verre.

Aussi bien, fallait-il renoncer définitivement à ce dispositif, puisque l'emploi d'une matière grasse comme lubréfiant et comme obturateur se montrait indispensable et inéluctable. Et pourtant cette idée de régénérer les tubes usagés par introduc- tion de minimes quantités d'air atmosphérique, cette idée laissait pas que de m’apparaître séduisante, si séduisante que je ne pus, sans plus, m'en départir et que je me décidai à tenter encore bien des essais nouveaux afin de tourner toute difficulté.

Je parvins enfin à résoudre le difficile problème en utilisant le:

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propriétés d’une série de toute une grande série de corps microporeux, perméables à lair, mais imperméables au mercure métallique. Cette propriété, il est vrai, ne levait pas toutes les difficultés de construction. Car, le dispositif de régénération devait être tel qu’il ne pût, ni troubler le fonctionnement du tube, ni entraver son orientation en tous sens. Cette dernière condition particulièrement, la liberté intégrale des mouvements de l’ampoule, me suscita maints tracas : il ne faut pas seule- ment que l’ampoule puisse être amenée dans toute position dési- rable ::‘il faut encore qu’elle puisse éventuellement faire le tour du monde sans ‘e moindre accident. Le dessin ci-joint (fig. !) montre le dispositif auquel nous aboutîmes en fin de compte.

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Fic. 1.

Dans une fenêtre P pratiquée latéralement dans un tube en U petit tube capillaire qui n’a en réalité que quelques millimè- tres d'épaisseur et que deux centimètres de longueur est en- castrée par fusion une lamelle de substance. poreuse, grande

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comme une tête d’épingle. Le tube en U contient du mercure dont le ménisque Q dépasse de quelques millimètres la lamelle porcuse: fermé à une de ses extrémités, il est ouvert à lautre: cette extrémité ouverte est pourvue d’un tampon d’ouate et, grâce à ce bouchon, l’immersion de la parcelle poreuse dans le mercure est assurée d’une façon permanente, quels que soient les déplacements et les rotations, quelque rudes que puissent être les secousses et les à-coups, imprimés à l’ampoule. Au-dessus de l’extrémité ouverte du tube est adapté un petit pis- ton K sous forme d’un simple bouton avec rondelle de caout- chouc: tout abaissement de ce bouton élève la pression dans la branche sous-jacente du tube, refoule le mercure et dégage la particule poreuse: celle-ci, une fois découverte, laisse passer dans l’ampoule une certaine quantité de l’air emprisonné entre le mercure et le piston. La pénétration d’air dans le vide de l'ampoule, au travers de la lame poreuse, ramène à sa valeur an- térieure la pression qui existe dans le tube capillaire: conséquem- ment, le mercure remonte à son niveau primitif, intercepte à l'air tout passage vers le vide de l’ampoule, passage que, seule, une nouvelle manœuvre du piston pourra rétablir. Chaque ma- nœuvre du piston ne pourra donc déverser dans l’ampoule que la quantité d'air comprise au moment de la pression maxima entre la lamelle poreuse et le ménisque de mercure : car, je le répète, aussitót que ce volume d’air a pénétré dans l’ampoule, le mercure remonte spontanément pour recouvrir la soupape poreuse. Grâc@® à un calibrage approprié du dispositif, il nous sera done possible d'introduire dans l’ampoule un volume d’air exactement déterminé capable de diminuer le vide de l’ampoui: d'environ deux unités Wehnelt. |

De tout cela, 1l nous sera facile de faire à l’instant la démons- tration; nous allons faire fonctionner cette ampoule : appuyons maintenant sur le bouton qui fait saillie du côté du col cathodi- que : comme vous le voyez, l'ampoule mollit à l'instant: recom- mençons et l'ampoule mollit encore. Et afin que la démonstra- tion soit péremptoire, répétons encore et toujours la manœu- vre jusqu’à ce que le tube de Röntgen retourne à l’état de tube

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Geisler, et cela, grâce à l’introduction répétée et successive de petites quantités d’air atmosphérique exactement dosées.

En toute sincérité, je dois avouer que ce mode de réglage ne laissa pas que de m’inspirer de vives appréhensions quant au résultat pratique. N’avais-je pas à craindre, ici encore, l'entrée en scène de ces phénomènes que J'avais déjà observés avec le réglage à robinet? Ne devais-je pas m'attendre ici encore à une évaporisation, à l’évaporisation du mercure cette fois-ci, et à la pénétration de ces vapeurs dans l’ampoule au travers de la fenê- tre poreuse? Et comment ces vapeurs allaient-elles se comporter dans le vide du tube? Enigme assurément troublante! J’obser- val et je réobservai; rien d’anormal ne se produisit. Je me rappe- lai alors que le vide de toute ampoule est produit par la pompe à mercure, que cette opération est d’assez longue durée, souvent de plus de vingt-quatre heures par exemple, pour les ampoules de ma fabrication: dès lors, n’était-il pas évident que tout tube con- tient nécessairement une atmosphère saturée de vapeurs de mer- cure? Eh bien, des expériences minutieuses établissent le bien- fondé de cette déduction. En fait, la présence de vapeurs saiurées de mercure dans l’ampoule est constante: elle nous explique toute une série de phénomènes incompréhensibles jusqu’ici: tel le durcissement rapide de l’ampoule consécutif à sa régénération, etc., etc. La pénétration de vapeurs de mercure dans l’ampoule au travers de la soupape poreuse ne doit donc pas nous inspirer des craintes illusoires : elle ne provoque aucun trouble. Le voi- sinage immédiat du mercure pourrait, il est vrai, causer quelque ennui si la porosité de la soupape était assez grande pour livrer passage à du mercure métallique. Et en fait, quand nous nov: mîmes à fabriquer les premières ampoules à soupape poreuse, alors que nous n’étions pas encore à la hauteur de toutes les munities et de toutes les finesses que requiert la fabrication cou- rante de lamelles uniformément et convenablement poreuses, il nous arriva de pousser dans l’ampoule du mercure mé- tallique au moment de la manœuvre du réglage. Le mercure, au contact de la cathode et sous l’influence de la décharge néga- tive, se trouva rapidement pulvérisé et provoqua vite ainsi le

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durcissement du tube. Par le fait même, le mercure, se trouvant dans le tube capillaire au-dessus de la lamelle poreuse, était réduit de volume et il arrivait alors qu’une trop grande quantité d'air put pénétrer dans l’ampoule. Maladie d’enfance dont il suffit de dépister l'étiologie pour l’enrayer. Aussi sommes-nous à méme actuellement de fabriquer des lamelles dont la porosité est absolument irréprochable,

Tandis que ce dispositif de réglage faisait l'objet de mes pré- occupations, je m'avisai à construire un appareil destiné à démontrer les propriétés de la substance poreuse et je parvins à inventer une pompe pneumatique qui, de tous les appareils de laboratoire de ce genre, est bien le plus simple.

Le fonctionnement de cet appareil vous intéressera peut-être encore, d'autant plus qu’il vous permettra d’observer, une fois de plus, les merveilles de l'électricité dans le vide qui sont à la base de toute la radiologie. Tout le dispositif pneumatique se compose d’un seul et simple tube, fermé à son extrémité supé- rieure par une lamelle poreuse que recouvre une couche de mercure : l’ampoule, que vous voyez à côté, n’en fait pas partie: c’est le tube que nous allons vider à l’instant devant vous. A vrai dire, une autre lamelle poreuse devrait intercepter toute commu- nication directe entre l’ampoule et le tube de la pompe; mais en vue de la démonstration et notamment en vue de vous mon- trer les lueurs bleu-verdâtres du mercure, nous nous sommes gardé de mettre cette pièce en place. Procédons donc à la rar- faction : à cet effet, relions, au moyen d’un tube, l’extrémité inférieure du corps de pompe à ce récipient de mercure. L’élé- vation de celui-ci détermine, en vertu du principe des vases communicants, l'ascension du mercure dans le tube de 1a pompe : le mercure montant y refoule l’air qu’il expulse au tra- vers de la lamelle poreuse. Si maintenant nous abaissons le réci- pient de mercure, le vide se produit dans le tube et naturelle- ment aussi dans l'ampoule. Les modifications que subit le cou- rant électrique, dans son passage à travers l’ampoule, à la suite d’une triple manœuvre de ce genre, témoignent de la rapidité avec laquelle la pompe produit la raréfaction. Nous voyons du

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côté de la cathode l’espace obscur de plusieurs centimètres de longueur déjà, et du côté de l’anode, la stratification lumineuse du tube de Geisler.

Chose remarquable, autant il est facile de vider l’ampoule, autant encore 1l est facile d’y faire rentrer l’air : pour ce faire, nous avons un petit tube fermé également à son extrémité infé- rieure par une lamelle poreuse. Si nous plongeons ce tube dans la couche de mercure qui recouvre la lamelle poreuse de la pompe, de façon à refouler le mercure et à amener ces deux lamelles poreuses bien en contact, nous Hivrons aussitôt passage à lair. Les modifications, que vient de subir la décharge éles- trique, vous prouvent la rentrée de: Pair, au travers des deux lamelles poreuses, dans le tube de pompe et dans l’ampoule. Retirons le petit tube maintenant et nous interceptons tout passage et la décharge électrique ne se modifie plus. Ainsi donc, grâce à ce petit appareil, il nous est possible de ramener, insen- siblement ou tout d’un coup, la pression atmosphérique dans l’ampoule.

Vous voyez ici différents types de cette pompe, tels qu’ils sont construits par les « Vereinigte Fabriken für Laboratoriums- Ledarf », seules concessionnaires pour tous les pays.

Souffrez que je mette votre patience encore quelques instants à l'épreuve par la description des appareils suivants. Le radio- diagnostic s’est acquis une importance considérable, comme vous le savez, dans l’art dentaire. Mon ami, le Docteur Abbot, de Berlin, qui s’est particulièrement occupé dans ces derniers temps de ce radiodiagnostic dentaire, a contribué pour unce grande part à son perfectionnement. Au cours de ma collabora- tion avec le Docteur Abbot, mon attention fut particulièrement attirée sur quelques lacunes instrumentales dans cette branche du radiodiagnostic : je m’appliquai à résoudre ces difficultés techniques.

Le Docteur Abbot est l'inventeur du dispositif que nous allons vous montrer; je l’aidai seulement dans l’exécution matérielle

de l’appareil; il s’agit d’un châssis pour la radiographie du maxillaire inférieur. (Fig. 2.)

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Pour radiographier cette région, on a généralement recours au film : mais ce procédé laisse beaucoup à désirer : l'enveloppe, qui entoure le film, exerce sur les tissus à examiner une certaine pression et cette pression ne laisse pas que d'être fâcheuse, puis- qu'il s’agit de tissus enflammés et partant très sensibles dans la majorité des cas, qui arrivent à examen : aussi n’est-1] qu’excep-

tionnellement possible de glisser le film assez profondément

pour obtenir une image suffisante. Le petit châssis que voici est destiné à écarter toute difficulté : son volet antérieur est consti- tué par une feuille d'aluminium d'une épaisseur de 0,10 milli- mètres; les radiations, que cette feuille absorbe, sont pratique- ment quantité négligeable, Une forte lame de laiton nickelé forme le dos du petit appareil et donne la rigidité et la solidité désirables. On fixe le film sur un petit tiroir qui cou- lisse avec la plus grande facilité dans l’intervalle que laissent entre elles les deux faces de l’appareil. Le châssis s'adapte aisé- ment à un manche et grâce à une articulation nous pouvons l’in-

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cliner, à droite, à gauche, selon toutes les exigences de la prati- que; mais toute l’originalité de ce petit appareil réside dans la disposition suivante : une simple traction suffit à démonter et à décomposer le châssis dans toutes ses parties constituantes: la stérilisation de l’appareil est ainsi chose des plus aisée. En un tour de main non moins simple, nous pouvons réajuster toutes les pièces et reconstituer un châssis parfaitement hermétique. L'instrument suivant (fig. 3) est encore destiné à la pratique

dentaire, mais sans aucun doute sera-t-il possible de l’adapter à d’autres usages encore. Jusqu'ici le médecin dentiste devait recourir, de toute nécessité et exclusivement, à la radiographie: pour des raisons bien simples, l’examen à l’écran fluoroscopique était impraticable. M’inspirant de la construction du cystos-

cope, je tentai de parer à cet inconvénient par la construction de l'instrument que voici : il se compose d’un tube pourvu de plu- sieurs courbures et fermé à une de ses extrémités par une mince lame d'aluminium. Derrière cette lame, se trouve l'écran fluo- roscopique dont la face éclairante regarde vers l’intérieur du tube. Grâce aux différentes courbures de l’instrument, cet écran peut être facilement introduit dans la bouche du patient sans que l'opérateur, qui applique l'œil à l'extrémité libre, soit exposé aux radiations. Les rayons lumineux, émanant de l’image qui se forme sur l'écran, tombent d'abord sur une petite lentille qui les projette sur un prisme: de là, ils passent à tra- vers un système de prismes et de lentilles, et arrivent enfin à l'oculuire de l'appareil. L'œil, appliqué ici, aperçoit, en gran- deur naturelle, l’image de l'écran fluoroscopique, image dont la luminosité n'est guère réduite. Les applications de cet appa- reil se présentent fort nombreuses : c’est ainsi qu’il est possible de suivre, sous le contrôle des yeux, toutes les phases d’une opé- ration, ce qui n'est pas sans importance pour certains travaux dentaires, comme l’obturation par exemple. Sans doute, te maniement de l'appareil exige quelque exercice : mais quicon- que voit ainsi sur l'écran, pour la première fois, le maxillaire avec les dents et leurs racines, dans tous leurs détails et avec une netteté remarquable, s'estimera largement récompensé de ses peines par la surprise qui lui échoit.

Il me reste encore, en tout dernier lieu, un appareil à vous présenter: pour ce faire, j eusse volontiers profité d’une occasion prochaine: mais comme la radiologie reste jusqu'ici entière- ment dépourvue d’une méthode exacte permettant de doser les radiations ce qui est une lacune sensible et comme l'appa- reil, que je vous présente, établit exactement cette mensuration, je ne craindrai pas de mettre à contribution un instant encore votre attention bienveillante.

Les appareils, destinés à établir le degré de pénétration des radiations et tels qu'ils sont presque exclusivement en usage en Allemagne, établissent des différences de luminosité qu’il s’agit d'observer.

299

De nombreux côtés, en Allemagne comme à l’étranger, on a cherché à construire des radiomètres montrant objectivement, par les oscillations d’une aiguille, etc.…., le pouvoir pénétrant des radiations.

En premier lieu, il faut signaler le radioscléromètre de Villard qui est un instrument des plus ingénieux et qui repose sur un principe inutilisé jusqu'ici : les radiations, émanant de Pam- poule, déterminent l’ionisation de lair compris entre les pôles d’une source électrique constante, et cette ionisation provoque le déplacement d’une aiguille indicatrice : c’est un excellent instrument de laboratoire de physique, mais pour maintes rail- sons son application à la pratique sera bien difficile. |

Toutes les autres méthodes consistent à mesurer la tension du courant secondaire : nous savons, en effet, que le degré de péné- tration des rayons, émis par l’ampoule, est fonction de cette tension.

La méthode de Bergonié, qui consiste à intercaler dans le cir- cuit secondaire un voltmètre électrostatique, est, certes, à l’abri de tout reproche, j'entends au point de vue des contingencss pra- tiques que seules j'envisage ici. Mais ce voltmètre, pourvu de connexions bipolaires et propre à mesurer les tensions usitées en radiologie, est d’un prix excessivement élevé par suite des diffi- cultés qu’amène son isolation; c’est ainsi que j’entendis parler de 1000 marcs et même, si la mémoire m’est fidèle, de 2000 marcs. Ces prix ne permettront guère l’emploi général et cou- rant de l’instrument.

Aussi bien, y avait-il lieu d’accueillir avec faveur la belle idée que Klingelfuss, de Bâle, fit valoir ici Pan dernier : il ne mesure pas la tension totale du courant secondaire; il mesure seulement une tension notablement inférieure, la tension d’une fraction du circuit seccndaire : à cet effet, il construit des bobines à cir- cuit secondaire segmenté en leur milieu. De cette tension par- tielle, on peut déduire la tension totale qui existe entre les an- tennes de la bobine secondaire et établir ainsi le degré de péné- tration des radiations émises par l’ampoule; mais l’application

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de cette méthode exige l'emploi d’un inducteur de Klingelfuss à circuit secondaire segmenté.

Je m’ingéniai à trouver un dispositif de mensuration appli- cable à toute instrumentation et capable de donner des indica- tions réellement objectives et pratiquement utilisables; j'eus recours à un simple électromètre et notamment à celui que cons- truit Braun et tel qu'il est en usage dans les laboratoires de physique pour mesurer les hautes tensions. Malheureusement cet instrument, dans sa forme primitive, n’est pas approprié à la pratique radiologique, puisque sa sensibilité maxima ne va guère jusqu'à 10,000 volts et qu’il s’agit ici de mesurer des tensions de 100,000 volts et même des tensions supérieures à ce chiffre. Dans le but de donner à l’instrument une sensibilité suffisamment grande et appropriée à un usage aussi spécial, je cherchai à mettre à profit le phénomène de la chute du poten- tiel qui se produit dans un condensateur. Ce condensateur, sous forme de deux plateaux d'aluminium, est disposé au-dessus de l'appareil proprement dit, de telle façon que la plateau supé- rieur soit facilement déplaçable au moyen d’une vis : grâce à cette disposition, l’étalonnage de l’instrument se trouve très simplifié et est à la portée de tout le monde. Abstraction faite de tous les nombreux détails de construction dont la description nous entraînerait trop loin, l’instrument, tel que nous l’avons construit, constitue en somme un:électromètre horizontal à aimant campanulé. Comme il est unipolaire, il suffit de l’acro- crocher à une partie quelconque du circuit : tout autre mode de fixation est superflu.

L'échelle est graduée de telle façon que ses indications corres- vondent aux degrés de pénétration renseignés par les radiomiè- tres de Wehnelt et de Walter, qui sont les deux instruments les plus employés en Allemagne (1); elle est encore graduée de telle facon que ses indications correspondent aux données four-

(l) Les instruments destinés à l'étranger et particulièrement à la France, sont gradués en degrés Benoist.

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nies par le voltmètre électrostatique. Les indications directes en volts seraient peu pratiques par suite de la grandeur de ces nombres.

Intercalons maintenant l’instrument dans une partie quelcon- que du circuit secondaire, lançons dans celui-ci le courant et l'aiguille nous indiquera aussitôt le degré de pénétration des rayons émis par l’ampoule, soit directement en unités Wehnelt ou Walter, soit indirectement en volts.

Un instrument de ce genre fut mis à l’épreuve pendant près de quatre semaines dans le laboratoire d'essai de ma société : il servit chaque jour à 50 ou 60 mensurations: l’appareillage, qui fut utilisé à cet effet, était muni soit d’un interrupteur Wehnelt, soit d’un interrupteur Rotax, soit d’un interrupteur à turbine. L’inducteur de 50 centim. d’étincelle du laboratoire d’essai a été remplacé ici par un inducteur de 15 centimètres. Les résul- tats obtenus furent toujours suffisants d’exactitude pour la pra- tique.

Pour la construction de l'instrument, deux circonstances nous vinrent en aide : en portant sur un graphique comme abcisses les tensions et comme coordonnées les unités Wehnelt, nous constatâmes que les variations de tension de 2 à 12 unités Wehnelt variations qui se présentent précisément dans le domaine de la pratique -— forment une ligne droite : ainsi les subdivisions de l’échelle se trouvèrent équivalentes. Ce ne fut que grâce à la seconde circonstance que l’électromètre put trou- ver son application pratique. L’ionisation de lair, provoquée: par les radiations de Röntgen, détermine la décharge de Pins- trument et le retour au zéro, immédiatement après la rupture du courant.

Je tiens encore à faire remarquer que l’instrument peut être suspendu de telle façon que la lecture de ses indications et par suite le contrôle permanent de l’ampoule puissent se faire de derrière une paroi protectrice.

Il pourrait vous sembler que je me suis inspiré aujourd’hui du mot de Heine Die Menge tut es » : et pourtant, ce ne fut,

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certes, pas mon leit-motiv. En toutes circonstances, je me suis efforcé à donner, par la qualité de l’œuvre, quelque satisfaction aux autres ainsi qu’à moi-même. Si, malgré iout, ma communi- cation pèche un peu trop par abondance, vous voudrez bien le mettre sur le compte de cette année qui vient de s’écouler et qui

révéla tant de fécondes idées.

UN POINT DE TECHNIQUE RADIOGRAPHIQUE

PAR LE

D" S. LAUREYS

‘Il n'entre pas dans mes vues d'enseigner la radiographie aux vieux routiers de la profession. Mon but est plus modeste. Je veux surtout montrer à ceux qui, comme moi, ne manipulent que de fraîche date l'ampoule de Crookes, l'écueil contre lequel jai buté, et sur lequel mes efforts se sont stérilisés assez longue- ment faute d’avoir eu mon attention suffisamment attirée sur un point. Je me suis demandé bien souvent pourquoi, d’une facon géné- rale, mes radiographies étaient pâles et sans vigueur ni contraste. Je ne pouvais trouver d'explication satisfaisante n1 dans l'état du tube, ni dans la durée du temps d’exposition que j'avais fait varier dans de larges limites, ni dans les particularités du déve- loppement. Je trouvais d’une facon générale qu'il me fallait un temps d'exposition plus long que ceux qu'on indiquait dans les traités et alors encore peu ou pas de contraste. Ce n’est que le jour faisant fi de soupape et de Funkenstrecke, je me décidai d'appliquer le courant directement sans intermédiaire, ce n’est que ce jour-là que j'eus l'explication de l’énigme. J’obtins, en effet, en 4-5 secondes avec 15 ampères au primaire une bonne radiographie du cou-de-pied. Voici quelle était la cause de mes déboires : |

Imbu d’une sainte terreur pour l’onde inverse, je la réprimais toujours énergiquement au moyen d'une ou de deux soupapes Gundelach ou de la Ventilfunkenstrecke et dans cette répression

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je dépassais largement la mesure, si bien que je n'arrêtais pas seulement l’onde inverse, mais une bonne partie de Ponde directe et précisément cette partie du courant à tension moindre qui, en se transformant dans le tube de Crookes, donne naissance aux rayons mous, c’est-à-dire au contraste. La Ventilfunkenstrecke et la soupape arrêtent, en effet, la partie la moins tendue de la pulsation électrique, celle qui, sur le schéma, avoisine le plus la ligne des abscisses. C'est pour ce motif que ces deux engins rendent le tube plus dur, au moins en apparence. En réalité, ils le privent simplement de ses rayons mous et lui laissent ses rayons durs.

J'ai trouver à mes dépens cette interprétation de l’action de la Funkenstrecke que j'avais vainement demandée à des confrères.

Conclusion : ne soyez pas aussi prudents que moi avec vos tubes. Si vous vous servez de la soupape ou de la Ventilfunkens- trecke, faites-le avec jugement. Réprimez l’onde inverse, mais ne faites que le strict nécessaire.

Ce problème de l’onde inverse, dont sont affligées toutes les installations avec bobines, mériterait des solutions meilleures que celles qu'il a reçues jusqu'ici. La soupape et la Ventilfun- kenstrecke ne sont que des pis-aller qui compliquent sérieuse- ment la manipulation du tube de Crookes et ab:arbent une bonne partie de l'énergie qui lui est destinée. Il me semble qu'il y aurait moyen de construire des tubes de Crookes moins sujets à la lumière de fermeture.

Je suis convaincu, d'autre part, qu’il y a encore une grande marge au progrès du côté de l'interrupteur, en ce qui concerne la répression de l'onde inverse. Ce problème, dont je crois tenir la solution, fera peut-être l'objet d'une communiration ultérieure.

LE RADIODIAGNOSTIC DU RHUMATISME CHRONIQUE

PAR LE

D" L. LEJEUNE

PLANCHE VI

Longtemps, sous le nom de rhumatisme, on a compris une série d'états pathologiques les plus différents, n'ayant de com- mun avec le rhumatisme que leur localisation articulaire, leur mobilité d’allure et leur origine a frigore. Aujourd’hui, mal- gré que l’on ait restreint son cadre en en distrayant toute une variété d’arthropathies chroniques post-infectieuses, le rhuma- tisme chronique, dans ses diverses formes cliniques, ne présente pas encore pour tous les auteurs la même signification.

C’est que les divers procédés de recherches, la bactériologie, comme la cytologie et l’hématoscopie ou la chimie biologique, ne fournissent que des réponses négatives ou incertaines; lob. servation clinique elle-même, si précieuse cependant, à elle seule n'est pas toujours suffisante.

La radiographie à son tour, est venue apporter dans ceîte ques- ton son contingent d’éclaireissements, et ceux-ci, à bien des

points de vue, offrent un grand intérêt. Véritable autopsie sur le vivant, la radiographie a le grand avantage de permettre l'étude de certaines transformations de l’articulation, depuis le gébut du mal jusqu’à ses états ultimes ou sa résolution par-

EEDE

tielle. Jointe à l'okservation clinique, la radiographie J- cas multiples et toujours mieux étudiés, pourra aider puissamment à éclairer cette question encore obscure des différentes formes du rhumatisnre. Je n'ai d’autres prétentions, en écrivant ces lignes, que d'attirer l'attention de mes confrères sur le grand intérét que peut présenter cette étude radiographique de tous

les cas de rhumatisme.

Sous le nom de rhumatisme chronique on groupait dune les affections les plus disparates; tantôt cette maladie coïncidait ou succédait au rhumatisme aigu ou à l’une quelconque des nom- breuses maladies infectieuses qui peuvent provoquer l’arthrite aiguë et, parmi elles, celles qui le provoquent le plus fréquem- ment: la blennorragie et Ja tuberculose; tantôt il paraissait étre une manifestation de larthritisme, d'une maladie par ra- lsntissement de la nutrition; ou encore il paraissait se développ:r sous l'influence directe et prépondérante du froid humide et des moisissures. Entre ces modalités si diverses il y a un trait d'union commun qui est la constance des manifestations arti- culaires avec leurs phénomènes douloureux; mais elles diftè- rent essentiellement par leur cause, leur allure immédiate et ieurs suites éloignées. Les lésions n'étant qu’un procédé de réaction, un mode de défense de l'organisme, sont identique: microscopiquement et macroscopiquement, mais elles n'ont pas pour cela la même origine ni la même nature. Il est cepen- dant de première importance d'en connaître la cause originelle. L'anatomie pathologique toujours constante ne peut apporter nul éclaireissement concernant cet agent causal; mais à son dé- faut la radiographie a permis de différencier l’une de l'autre certaines de ces arthrites; elle peut apporter de précieux ren- seignements pour aider à établir la différenciation des divers types principaux du rhumatisme chronique. Barjon et Destot ont déjà montré la différence très nette existant à la radiogra- phie entre le rhumatisme vrai et la forme goutteuse dyserasi- que; par le même moyen on peut également reconnaître certai-

nes formes de rhumatisme d’infection.

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Je passerai en revue les trois groupes principaux de rhuma- tisme chronique :

1) Le rhumatisme chronique déformant.

2) Le rhumatisme chronique d'infection.

3) Le rhumatisme dyscranique ou toxique, rhumatisme gout- teur, en rappelant succinctement leurs symptômes principaux et leurs

caractères radiographiques.

+ + + Premier groupe. KRrUMATISME CHRONIQUE DÉFORMANT

C’est le type du véritable rhumatisme chronique progressif dont la cause exclusive a été le froid humide (les autres cas, où, en même temps que l'humidité, interviennent des infections antérieures, des dyscrasies acquises ou héréditaires, ceux dont on a dit qu'ils étaient para-tuberculeux ou para-cancéreux, rentrent dans le groupe des rhumatismes chroniques infectieux ou toxiques); ce rhumatisme chronique déformant est de tout âge; mais c’est surtout entre 40 et 60 ans qu’il se rencontre, frappant surtout la classe pauvre, la femme, particulièrement les lessiveuses, les égoutiers, certains mineurs ou briquetiers, pêcheurs ou chasseurs au marais, toute cause affaiblissant !a résistance de l'organisme pouvant être un adjuvant. Sa marche est lente, essentiellement progressive; 1l entraîne finalement un état de déchéance physiologique sur lequel la tuberculose ou te mal de Bright se développent, emportant le malade.

Il se présente sous trois formes :

À. La forme polyarticuluire. B. La forme mono- ou oligo-articulaire. C. La forme vertébrale.

A. La forme polyarticulaire à marche lente, chronique, sou- vent symétrique, frappe d'abord et surtout les petites articula- tions métacarpo-phalangiennes. L’artieulation ainsi atteint: subit les différents stades progressifs de la réaction de l’orga-

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nisme : épaississement de la synoviale et des parties dures, ame- nant bientôt les déformations osseuses, production d’ostéophytes, de bourrelets osseux, de corps étrangers et parfois production de subluxations. L’affection gagne les poignets, puis les coudes. Ou bien il a pu débuter de même aux membres inférieurs et dans les cas intenses il peut atteindre jusqu’aux articulations de la tête et du rachis.

Déjà bien avant le stade ostéophytique, la radiographie peut, dans la plupart des cus, déceler des lésions. Si l’on examine une épreuve radiographique d’un poignet ainsi atteint, l’on constate que la région malade est moins nette que normalement, elle apparaît comme légèrement voilée avec un aspect un peu flou, tandis que les parties voisines du cliché paraissent mieux venues; les contrastes entre les points les plus calcifiés et les parties médulluires ne sont plus aussi apparents, les travées osseuses sont moins nettes. Au niveau des articulations les diffé- rentes parties ne présentent plus les oppositions normales, les espaces articulaires ressortent moins et déjà la limite entre les différents os est atténuée. A ce moment los a subi un com- mencement d'atrophie, qui, ajouté au processus inflammatoire des parties molles voisines, contribue à donner cet aspect voilé. Mais c'est d’ailleurs l'aspect radiographique du rhumatisme aigu des petites articulations. l

C'est le rhumatisme chronique déformant qui, à la période d'état, va produire aux poignets et aux doigts les déviations caractérisant les variétés différentes : a) le type de flexion; Db) le type d'extension; c) le type linéaire de Vidal. A ce moment le cliché décélera la présence d'ostéophytes parfois très appa- rents, d’autres fois peu prononcés. Je reprendrai d’ailleurs ci-

dessous les divers caractères radiographiques.

B. Forme mono- ou oligo-articulaire. C’est l’arthrite dé- formante sénile; elle se développe généralement à un âge assez avancé, vers ou après 50 ans. Contrairement à la précédente, cette forme frappe surtout les grandes articulations, les genoux, les épaules, la hanche, et c’est alors le morbus coxae senilis que

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certains auteurs rangent dans le groupe du rhumatisme chro- nique tuberculeux. Par tes caractères radiographiques il doit prendre place dans le groupe du rhumatisme déformant, comme je le démontrerai. L’arthrite déformante sénile frappe souvent l'une après l’autre plusieurs articulations, mais n’est pas pour cela symétrique. Elle est généralement chronique d’emblée et le plus souvent indolente, progressant insidieusement, de telle sorte qu’il arrive fréquemment que le médecin n'est appelé que quand de graves désordres se sont déjà produits. À ce moment le diagnostic peut être hésitant entre une ancienne fracture une ancienne luxation. La radiographie lèvera tous les doutes. Mais il faut se souvenir que deux variétés peuvent se présenter:

a) Une variété hypertrophique qui s'accompagne le plus sou- veut d’un peu d’œdème et d’hydrarthrose légère et qui succède aux atteintes subaiguës.

b) Une variété atrophique les signes extérieurs sont peu apparents.

La radiographie montrera les altérations considérables subies par l'articulation. Si c'est l’ostéoporose qui prédomine, a tête fémorale apparaît déformée, aplatie comme écrasée avec parfois subluxation ou même luxation complète. Si c’est la seconde forme, les changements de l’article sont surtout dus à l’accu- mulation de couches osseuses néoformées avec production con- sidérable d’ostéophytes entraînant parfois, ici également, une subluxation ou une luxation.

Les lésions anatomiques sont les mêmes que dans la forme polyarticulaire; mais c’est ici que l’on rencontre ces ostéo- phytes énormes, les corps étrangers volumineux, la déforma- tion des surfaces articulaires, par suite de la disparition du cartilage par altération velvétique et de sa transformation ulté- rieure, et par l’écrasement de la tête articulaire, facilitée grâce à l’ostéoporose dont elle est atteinte.

Il arrive que ce rhumatisme frappe la colonne cervicale, pou- vant dans ce cas simuler un mal de Pott. Outre les symptômes cliniques ordinaires, le cliché donnera des renseignements posi- tifs qui ne laisseront aucun doute. L’image radiographique du mal de Pott est trop connue pour que je m’y arrête ici.

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C. La troisième forme de rhumatisme chronique déformant est précisément la forme vertébrale connue sous le nom de spon- dylose rhizomélique.

C’est dans cette forme que l’on rencontre la soudure comnlète d’une partie ou de tout l’axe vertébral et qui, dans Îles cas extrêmes, s'étend aux articulations coxo-fémorales et scapu- laires. Elle se rencontre le plus souvent chez l’adulte, mais par- fois pendant la jeunesse; elle débute par la région lombire, et sa marche est envahissante; de proche en proche l'axe vertébral se soude complètement, A la période d'état, le port du malade est typique : le cou est tendu en avant presque horizontalement; la région cervico-dorsale de la colonne forme une courbe tres accentuée, à convexité postérieure. Les apophyses épineuses sont soudées entre elles par des productions osseuses remplis- sant les espaces inter-épineux, tantôt partiellement à leur base, tantôt complètement; d'autres fois c’est un véritable pont osseux jeté d’une apophyse à la voisine. Les corps vertébraux sont eux-mêmes réunis par des foyers d’ossifications masquant les disques intervertébraux.

Il n’y a nul intérêt à rappeler ici en détail les diverses phases du processus anatomo-pathologique que subissent les synoviales, les cartilages et les os, ces phénomènes étant connus.

En quelques lignes Renault et Barjon ont très nettement décrit les lésions d’une articulation frappée de rhumatisme. «a La tête osseuse articulaire subit une boursoufflure latérale grâce à la transformation de la moelle osseuse en tissu adipeux; les travées osseuses s’amincissent ainsi que l'os périostique, puis des bourgeons de tissu connectif embryonnaire viennent buter latéralement contre la diaphyse, l’érodent largement ct font communiquer le tissu médullaire de la tête osseuse avec le tissu périarticulaire de signification synoviale. Il en résulte que l'os perd latéralement toute solidité vers le point d’union de le diaphyse amincie avec le cartilage d'encroûtement. Le plateau articulaire n’est plus soutenu, prêt à s’effondrer sous l’influence d’un mouvement ou d’un effort, et la dislocation de Particula- tion est réalisée grâce au triple processus de l’ostéoporose laté- rale, de l’échancrure et de l'effondrement. »

311 Caractères radiographiques du rhumatisme chronique déformant

Les articulations le plus souvent atteintes sont précisément colles qui sont le plus facilement accessibles à l'examen radio- graphique, et par ordre de fréquence ce sont les doigts, les mains, les poignets, les pieds, les genoux et le coude. D'ailleurs grâce aux moyens dont nous disposons aujourd’hui, nous pou- vons prétendre obtenir une image radiographique suffisamment nette de n'importe quelle partie du squelette, sauf dans quel- ques rares circonstances. En général, examen à l’écran est insuffisant. Quelle que soit la forme du rhumatisme chronique déformant à laquelle nous ayons à faire, en réalité les lésions sont les mêmes; elles ne diffèrent entre elles que par leur degré d'intensité ou parce qu’elles sont sous la dépendance du rôle de l’articulation, ou bien parce que l’un ou l’autre des proces- sus, atrophique ou hyperostosaint, aura prédominé, ou encore parce que ce même processus aura porté plus spécialement sur le squelette ou tantôt sur la synoviale ou inégalement sur les deux à la fois.

L'image radiographique est absolument démonstrative et ca- ractéristique; elle n’est pas la même que celle du rhumatism® chronique d’infection et est très différente de celle que dunne

le rhumatisme dyscrasique ou goutteux.

À. Au niveau des petites articulations. Si l’on étudie les radiogrammes des petites articulations, et ce sont celles qui sont le plus souvent atteintes, voici ce que l’on constate :

Aux phalanges, les extrémités articulaires sont augmentécs de volume, comme soufflées ; elles ont un aspect terne, grisâtre, et leurs limites sont moins nettes. L'on n’y distingue plus aussi bien ou même plus du tout le substratum habituel des travées osseuses et quand ces travées y sont encore visibles, elles y uppa- raissent altérées dans leur forme et leur direction; 1l y a raré- faction du tissu osseux. L’interligne sombre au cartilage articulaire peut encore s'apercevoir sur certaines articulations,

`

le plus légèrement et le plus récemment frappées, mais déjà

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moins large, aminci et le contraste avec la tête articulaire est moins net; d’autres fois cet interligne a disparu en parti:; mais le plus souvent il aura disparu complètement et cette dis- parition du cartilage articulaire est très précoce; c’est proba- blement une des premières lésions en date. Le contraste entra les deux traînées claires à la capsule osseuse limitant la diaphyse et le tissu spongieux plus sombre a disparu partielle- ment ou complètement, la raréfaction osseuse et l'infiltration graisseuse envahissant los. S'il s’agit d’un sujet jeune, la ligne sombre de démarcation entre le point épiphysaire et la diaphyse, vestige de la soudure, a perdu sa netteté ou a dispara presque complètement.

Par suite de la disparition du cartilage articulaire, les tetes osseuses sont entrées en contact intime, puis se sont tassées, écrasées les unes sur les autres et ainsi peuvent se produire des subluxations ou des luxations. Ce tassement peut même pro- duire parfois des travées irrégulières plus opaques et plus den- ses que le reste de la substance osseuse. Mais c’est sauvent un phénomène passager; rapidement la raréfaction osseuse et l’infiltration graisseuse deviennent plus intenses et les extré- mités prennent cet aspect gras, flou, empâté, typique de rhuma- tisme. Les têtes osseuses s’écrasent davantage au point qu’elles paraissent se pénétrer l’une l’autre et ne plus former qu’un seul os élargi à ce niveau, limité ou non latéralement par une traînée plus claire, reste de l’os compact qui persiste encore. De même la bande claire qui normalement délimite la cavité articu- laire a rapidement disparu. Comme le fait remarquer Barjon, il faut distinguer deux sortes de déviations (les déformations et déviations que l’on constate ne sont pas toujours également en rapport avec les lésions osseuses) : les déformations carac- térisées par une augmentation de volume, une ankylose en mau- vaise position, sont toujours la conséquence d’un processus osseux; les déviations proprement dites qui consistent dans un défaut de direction, un changement d’axe. Elles sont sauvent dues à des contractures, des luxations ou subluxations et peu- vent exister en dehors de toute lésion osseuse. Toutefois, à une

315 :

déviation simple peut rapidement succéder une déviation avec déformation, car on concoit facilement que les extrémités osseuses raréfiées et ramollies se laissent déprimer suivant le moindre défaut d'équilibre.

Au métacarpe même aspect; les travées osseuses sont amincies, altérées ou ont disparu; la moelle osseuse est remplacée par du {issu adipeux donnant cet aspect gris, terne, homogène; le tissu compact a disparu partiellement ou complètement, la décalcifi- cation de cette capsule osseuse se faisant irrégulièrement. La diaphyse a perdu sa forme normale; parfois élargie vers son milieu, d’autres fois tuméfiée sur toute sa longueur et présen- tant des bords irréguliers. Parfois, comme le montre l’un des clichés, l’épiphyse du métacarpien du pouce semble se dé- tacher de la diaphyse et glisser avec la phalange sur le bord interne de ce métacarpien. De petits ostéophytes peuvent se ren- contrer au niveau de ces articulations et paraissent se former plus facilement au métatarse et aux orteils qu’à la main, et ici plutôt aux articulations du pouce qu'aux autres doigts.

Au poignet l’aspect du radiogramme est au moins aussi carac- téristique. Déjà avant que les déformations se produisent, Ies os apparaissent comme légèrement mais uniformément décalei- fiés et, grâce aussi à l’empâtement, cette région du cliché a un aspect gris, comme voilé; les travées osseuses sont encore appa- reutes cependant, mais déjà les espaces interosseux offrent moins de contrastes et les surfaces articulaires sont rapprochées. Plns tard, l’aspect de la région devient réellement typique: plus d'espaces sombres articulaires, sauf par ci par une trace qui persiste encore; plus de travées osseuses; tous les osselets du carpe sont confondus, n'’offrant plus de contour ni entre eux, ni du côté de l’articulation carpo-métacarpienne ou de l’arti- culation radio-carpienne. Le carpe n’apparaît plus que comme une seule masse osseuse décalcifiée, à fond assez sombre parsemś de parties plus claires. Par ci par on aperçoit une mince ligne claire de tissu très dense, indice d’une limite osseuse qui s’est $burnée. L’interligne sombre radio-carpien n’existe plus, étant effacé grâce à la disparition du cartilage ayant permis le rappro-

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chement des parties osseuses, par la production d'ostéophytes et par la déformation des surfaces articulaires. La concavité for mée par celle-ci n'existe plus; il semble que c'est le carpe qu: maintenant va emboiter les deux os de l'avant-bras. La tête ra- diale est fortement déformée, applatie, son volume est très exa. géré et elle est souvent entourée d'ostéophytes. Elle repousse parfois le cubitus jusqu’à produire une légère luxation de son extrémité correspondante (Barjon) ou bien s’étalant sur la tête du cubitus, elle s'interpose entre celle-ci et le pyramidal. (Voir pl. VI, fig. 6.) D'autres fois le radius ainsi déformé refoule le carpe de facon à dévier la main vers le bord interne.

La tête cubitale décalcifiée est elle-même déformée ainsi qu: l'apophyse styloïde. Sur le même radiogramme l’on peut cons: tater que Pappareil ligamenteux a déjà subi des altérations et qu'à certains endroits, notamment vers le bord radial, il a subi un commencement de calcification. Sur ces épiphyses la tex- ture osseuse normale ne se retrouve plus; elles sont générale- ment fortement décalcifiées. A cette période des déformations si prononcées, il se produit une véritable soudure osseuse.

Si l’on examine les clichés de pieds, on constate que les phé- nomènes sont identiques. C’est l’aspect général terne et gris à l’envahissement graisseux, la disparition des cartilages diar- throdiaux, ła raréfaction des trabécules, l’élargissement des épiphyses, la disparition des contours des différents os, leur dé- formation ct la production d'ostéophytes. Les têtes articulaires aux orteils et au métatarse ont subi un élargissement parfois très considérable, un véritable aplatissement. Les orteils sont souvent rejetés en masse sur le bord externe; c'est surtout Île gros orteil et le premier métatarsien qui sont le plus fortement déplacés. Souvent la décalcification est considérable. Barjon : eu l'occasion de pouvoir radiographier cette région à une pè- riode plus avancée encore; à ce moment des troubles trophiques viennent s'ajouter au processus local et la raréfaction osseuse s'accentue. La tête du métatarsien disparaît progressivement par résorption; les os s’étirent en fuseau et paraissent sur

l'image avec des extrémités trouquées n’étant plus en contact

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avec l'extrémité correspondante des phalanges. À une période aussi avancée, la radiographie d’un pied, dit Barjon, est exac- tement conforme, à peu de chose près, à celle d’un pied tabé- tique. À cette période, les troubles trophiques secondaires ont pris le pas sur le processus actif du rhumatisme chronique qui est entré dans la phase myélopathique.

Au tarse l’astragale est écrasé, déformé complètement et comme refoulé en avant. Le calcanéum aplati ne montre plus son système de travées, habituellement si visible; sur l’un des clichés elles se décèlent encore plus ou moins cependant, mais déjà altérées; sur l’autre le calecanéum a l’aspect gras typique; des ostéophytes entourent les articulations. Ici encore il y a dis- parition de la ligne sombre du cartilage articulaire, rapproche- ment et soudure des parties osseuses. Des ostéophytes peuvent même se produire à la face inférieure du calcanéum (pl. VI, fig. 2). Sur l’un des clichés que je vous soumets, ces ostéophytes du calcanéum ont déjà subi à leur tour un commencement d’in- filtration graisseuse. Enfin la voûte plantaire est déformée.

B. Au niveau des grandes articulations, le processus est le même, en somme, avec quelques variantes dans l’intensité de l’un ou l’autre des phénomènes, variations dépendant non de la cause mais du siège du mal.

L'image radiographique de l’épiphyse apparaît différente de la normale. Ce qui frappe tout d’abord, c’est la présence d’ostéa- phytes plus ou moins développés, parfois énormes et siégeant de préférence à la périphérie de l’espace interarticulaire. Il est parfois malaisé de les distinguer d’avec certains corps libres articulaires d’origine purement traumatique extracartilagineux comme les ostéophytes et comme eux adhérant partiellement on complétement libres. La pluralité et l’adhérence par une base assez large doivent faire penser à l’ostéophyte. C’est surtout au niveau de l’articulation tibio-tarsienne et au coude que se ren- contrent de préférence ces corps étrangers traumatiques. Mais ‘ls peuvent se rencontrer partout. A diverses reprises j'en ai rencontré également au niveau de l'articulation astragalo-sca- phoïdienne.

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Les ostéophytes sont sessiles, parfois pédiculés ou même com- plètement libres; le plus souvent ils adhèrent à los par une base large. Enchondroses au début, ils ne tardent pas à s’ossifer. L’ossification s'effectue comme à l’état physiologique, partant toujours de los ancien. Le processus envahit progressivement l’enchondrose de sa base vers sa surface libre. L’on peut voir d'ailleurs sur le cliché les travées osseuses se continuer au delà de Pos dans la partie néoformée, Parfois cependant certains de ces ostéophytes peuvent subir une atrophie osseuse, une infiltra- tion graisseuse (pl. VI, fig. 2) qui, n'étaient leurs bords osseux, opaques et nets, les fait ressembler à certains tophi. C’est surtout à la hanche, dans les cas de morbus coxae senilis, que l’on ren- contre ces énormes productions ostéophytiques. Ils se dévelop- pent autour du col fémoral, débutant à iu périphérie de la tête et s'étendant jusqu’au grand trochanter, de telle sorte que h tête fémorale présente un énorme volume et que le col semble avoir disparu avec, parfois, déformation en vara. Alentour de la cavité cotrloïde, les mêmes ostéophytes se sont formés, agrandissant la cavité par une édification nouvelle en rapport avec le volume de la tête fémorale,

Du côté des synoviales, les cellules des bourgeons synoviaux et des villosités des franges peuvent donner naissance à de petits amas cartilagineux, qui, par leur réunion, peuvent fermer des plaques épaisses ou des masses plus ou moins sphériques, parfois très volumineuses. Ultéricurement ces masses s’intil- trent de sels calcaires, s'ossifient complètement et même s'ébur- nent (pl. VI, fig. 1). Il est remarquable de constater, comme cela se voit sur deux des radiogrammes que je vous présente (pl. VI, fig. 5) que, dans certains cas, le processus irritatif port: presque exclusivement sur les svnoviales, L'un de ces corps étrangers existait chez un homme de 64 ans ne présentant n1 tuberculose, ni alcoolisme, ni blennorragie. A l’âge de 24 ans il a subi un traumatisme du genou à la suite duquel il lui est resté une certaine raideur peu gênante; au toucher ce corps étranger donue l'impression d'une rotule supplémentaire; il est très mo- bile. C’est un véritable chondrome formé de ces amas dont Je

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viens de parler, ossifiés à leur partie centrale et réunis entre eux par du tissu cartilagineux.

Sur le cliché voisin (pl. VI, fig. 1) un autre de ces corps s’est formé en avant du fémur et est vraisemblablement d’origine synovique. Ainsi que le montre la photographie fuite après extraction, il s’agit d’un corps volumineux d'aspect muriforme blanc nacré, mesurant 3 centimètres de diamètre et 1 cent. 1/2 d'épaisseur, paraissant très dur. La radiographie de ce corps (pl. VI, fig. 3) montre qu’il s’agit d’un amas très dense forte- ment opaque aux rayons. Il est formé d’un noyau central clair, cartilagineux, entouré de tissu osseux fortement éburné, for- mant coque, l’éburnation intense s’étant naturellement pro- duite à la face convexe regardant le fémur. Celui-ci lui-même, à ce niveau, présente des altérations dues à l’irritation con- tinuelle par ce corps : altérations atrophiques, comme le mon- tre l’encoche creusée en ce point, hypertrophiques, comme l’in- dique le petit éperon limitant cette encoche vers le bas.

Les épiphyses n’apparaissent plus avec leur aspect normal; à côté de phénomènes atrophiques il y a des manifestations d’os- téite condensante. Souvent légèrement déformées, aplaties, ces épiphyses ne montrent plus les images d’ombres habituelles alternant avec les régions plus claires dues aux crêtes normales plus calcifiées, plus opaques; le vestige de la soudure diaphyso- épiphysaire est modifié ou caché dans les cas cependant on pourrait s'attendre à le retrouver; le substratum habituel des travées y est altéré, dérangé dans ses directions. L’espace som- bre aux cartilages articulaires n’a pas entièrement disparu dans les cas non complètement ankylosés; il est d’autant plus large que la mobilité est moins diminuée. Mais quand Panky- lose est complète le condyle fémoral vient au contact du plateau tibial. Il se forme parfois une véritable couronne épaisse d’os- téophytes à la périphérie du cartilage fémoral; sur les clichés pris en incidence latérale l’on se rend très bien compte de ce fait; l’on y aperçoit la courbe claire formée par ces ostéophytes et les énormes bourgeons entourant vers le haut, en avant et en arrière, les condyles.

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Voici la photographie d’un plateau tibial enlevé d’un tel ge- nou et la figure (pl. VI, fig. 3) en est la radiographie; elle mon- tre l’envahissement osseux progressif et ce qui reste du cartilage.

Des ostéophytes se sont formés au pourtour de la face pro- fonde de la rotule, apparaissant sur le cliché sous forme de pro- longements en crochet du bord inférieur et supérieur de los. [l semble qu’ils se forment facilement en ce point, car on les y rencontre dans les cas légers. Dans les cas plus prononcés la rotule s'encastre entre les condyles fémoraux et ne tarde pas à y adhérer. Cette adhérence est rendue plus facile par l’hyper- trophie ostéophytique des extrémités articulaires. Il n’y a pas toujours déformation sensible de ces surfaces, malgré la produc- tion considérable d’ostéophytes formés au niveau des bords de la surface articulaire. Dans certains cas graves il pourrait se faire que tibia et péroné soient subluxés en arrière; mais jamais comme dans l'arthrite tabétique il n’y a d’encapsulement osseux périarticulaire.

Ici encore le système ligamenteux peut être atteint et parfois il sera possible de constater sur le cliché que certaines de ses parties ont subi un commencement d’ossification. La figure 4, pl. VI, montre très nettement l’un des ligaments croisés qui est en voie d’ossification. C’est précisément le contraire de ce qui se produit dans certaines formes de rhumatisme tuberculeux il + a fonte des ligaments.

C'est surtout dans la spondylose rhizomélique que Fon ren- contre lossification du système ligamenteux soudant entre elles les apophyses articulaires. C’est aussi que l’on rencontre ces piliers osseux étendus d'une apophyse transverse à la voisine et intéressant plusieurs vertèbres successives; ou bien l'espace interépineux et intertransversaire est envahi par la prolifération osseuse; les foyers d’ossification réunissent entre eux les corps vertébraux, voilant l’interligne sombre du disque interverté- bral. Cependant les productions ostéophytiques sont loin d’être toujours aussi répandues. La perte de l’élasticité des disques et la fixation des vertèbres les unes aux autres par une ankylose

fibreuse ou osseuse peut parfaitement empêcher les mouvements

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d'inclinaison latérale de la tête. La radiographie en incidence latérale pourra cependant déceler la présence de tubercules osseux. On a retrouvé à l'autopsie de ces tubercules dans le canal vertébral à la région cervicale. Léri a très minutieusement décrit les lésions essentielles de la spondylose. Il a montré que la transformation osseuse s’y faisait directement sans passage par une phase cartilagineuse intermédiaire, et suivant une loca- lisation très spéciale : le ligament vertébral antérieur reste libre de toute atteinte; mais il y a cssification des ligaments jaunes ou des faisceaux fibreux des ligaments susépineux uniquement dans le sens de la convexité; le ligament costo-vertébral s’ossifie en éventail, le faisceau moyen étant souvent respecté : les têtes articulaires gonflées se fusionnent et les lames vertébrales so soudent. L’ossification intervertébale marche du centre du dis- que à la périphérie et aboutit à des tubérosités extérieures qui se fusionnent et soudent les corps vertébraux entre eux. Il arrive ainsi que toute la masse des corps vertébraux est transformée en un bloc osseux, accompagnés d’énormes ostéophytes voisinant avec des soufflures ostéophytiques tuméfiant certaines apophyses épineuses.

* » +

Barjon a eu l'heureuse idée de faire l'étude radiographique des pièces anatomiques qu’il a eu l’occasion de se procurer, et, comparant avec los sain, il a pu tirer de cette étude de pré- cieux renseignements au point de vue des modifications ar:hi- tecturales produites par le rhumatisme chronique sur les extré- mités articulaires.

Voici, d’après cet auteur, les principales transformations constatées. La radiographie (négatif) des coupes faites sur les os sains montrent d’une part une extrémité osseuse en forme de tête arrondie en regard d’une cavité régulière, les deux sur- faces csseuses étant séparées par un intervalle sombre corres- pondant aux deux bandes de cartilage d’encroûtement.

La diaphyse est constituée par une bande de tissu compact formant un étui osseux qui vient en diminuant se perdre su

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niveau du cartilage articulaire. Puis une bande de tissu spon- gieux sous-chondral très dense qui limite l’épiphyse du côté articulaire. Les mailles osseuses sont très serrées, régulière- ment disposées et orientées de deux façons différentes.

Dans les épiphyses des os longs comme le radius et le cubitus, ces mailles partent de la couche sous-chondrale en divergeant eu forme d’éventail, formant des stries régulières s’écartant de plus en plus les unes des autres; ou bien comme dans l’extré- mité des métacarpiens et des phalanges, ces travées paraissent partir d'un point central pour rayonner vers la périphérie. Ce qu’il y a de remarquable, c'est la régularité de ces travées qui ont toujours mème épaisseur, même intervalle entre elles et leurs voisines de façon à donner à la structure osseuse une homogé- néité complète.

Bien différent est l'aspect du squelette en cas de rhumatisme chronique.

Au niveau des articulations les extrémités osseuses ont perdu leur régularité; elles se sont aplaties, étalécs sur les parties laté- rules, elles sont venues en contact l’une de l'autre par suite de la résorption du cartilage diarthrodial. Parfois à la place de ce cartilage on trouve une production fibrillaire adhérente aux deux surfaces formant une sorte d'ankylose fibreuse. Le tissu spongieux sous-chondral a perdu sa structure régulière. Il est composé de mailles larges inégales; les trabécules osseuses sont grêles et n’ont plus une orientation définie. Elles forment un réseau embrouillé, inextricable, tantôt se portant dans un sens pour y former une travée plus solide, tandis qu'à côté se trou- vent des lacunes plus ou moins larges. Cest de la raréfaction osseuse manifeste. À certains endroits de ces radiographies de coupes, on peut même voir la présence des soufflures latérales que l’on retrouve fréquemment sur le cliché radiographique de l’articulation en puissance de rhumatisme. L’étude anatomo- pathologique de ces soufllures est intéressante parce qu’elles expliquent les déformations et les déviations : la tête osseuse augmente de volume, mais toutes les parties de extrémité arti-

culaire n’y prenant pas une part égale, cette augmentation se

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produit irrégulièrement. La boursoufflure se produit principale- ment aux dépens des parties latérales et semble résulter d’un: distension de chacun des petits systèmes osseux d’origine mé- dullaire par la transformation en graisse de la moelle rouge. Les lames concentriques bordant les mailles d’îlots adipeux et qui se rencontrent surtout à ce niveau, s'étalent, s’amincissent, tandis que l’îilot s'agrandit; les travées osseuses déjà un peu ostéomalaciques deviennent plus souples. L'ensemble des mail- les ainsi agrandies produit la soufflure latérale. L’os périostique s’est lui-même aminci de même que ses travées sont devenues plus grèles et se sont distendues. Il s’agit d’un simple pro- cessus d’atrophie qui, comme le fait remarquer Barjon, se passe sans ostéite.

À une période plus avancée se produit l’infiltration grais- seuse. On voit alors par places des lacunes remplies de graisses, petites cavernes, tantôt circonscrites sur le même os, tantôt s'étendant sur l’os voisin, constituant ainsi un tissu d’ankyiose composé de travées irrégulières jetées en pont d’un os à l’autre et entourant ces amas de graisses. Le tissu compact est aussi modifié: il s’est aminci, ses contours sont moins marqués et par- fois même manquent complètement par place; il est moins opa- que aux rayons À.

En résumé : du côté de l'articulation : aplatissement, tasse- ment, étalement des surfaces, disparition du cartilage d’en- croûtement ét néoformations fibreuses.

Du côté du tissu spongieux : dispersion, amincissement dea trabécules éparses et sans ordre, d’où mailles larges, irréguliè- res; remplacement de la moelle rouge par de la graisse; têtes osseuses soufflées et ramollies.

Du côté du tissu compact: la capsule osseuse plus étroite, plus floue, à bords moins nets; tissu éburné par place, à ligne de démarcation discontinue, marquant parfois complètement.

Dans quelques cas rares, chez les vieux rhumatisants, la raré- faction osseuse devient telle qu'elle aboutit à une véritable ostéomalacie de tout le squelette. Dans les deux cas observés par Barjon le squelette était mou et se laissait facilement entamer

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par le scalpel; les os étaient comme entourés d’une coque moitié fibreuse, moitié osseuse, la graisse avait tout envahi et les tra- vées médulliires avaient pre:que complètement disparu.

Voici ce que Barjon a trouvé à la radiographie de quelques- uues de ces pièces: la substance compacte avait à peu près dis- paru complètement; elle n'existait plus que çà et sous forme d'un très faible liseré discontinu et extrêmement mince.

La substance médulluire était raréfiée au dernier point; il existait seulement quelques rares travées diffuses, irrégulières, embrouillées, sans ordre, limitant des lacunes de plus en plus larges et nombreuses.

La cavité médullaire centrale de l'os était augmentée de vo- lume; elle remontait jusqu'à la surface articulaire dont elle n’était séparée que par une mince lamelle de travées raréfiées. Cette cavité était remplie d’une substance grasse, épaisse. Cette phase, dit Barjon, parait être l’aboutissement ultime du pro- cessus rhumatismal.

é # Deurième groupe. RHUMATISME CHRONIQUE D’INFECTION.

Le second groupe comprend les rhumatismes chroniques d’in- fection, ceux qui peuvent être rattachés au rhumatisme aigu, a la blennorragie, à la tuberculose ou à toute autre infection, et dans lesquels le froid humide n’est plus l’agent principal, mais l’agent adjuvant.

Ici encore se retrouvent les trois variétés cliniques : le rhu- matisme chronique progressif; le rhumatisme chronique partiel, et 3 la spondylose rhizomélique.

Ces arthropathies chreniques post-infoctieuses présentent comme caractères communs leur tendance aux complications viscérales et surtout à l'endocardite et aussi le fait que les tissus périarticulaires paraissent atteints d'emblée et plus spéciale- ment, tandis que, à l'inverse des formes du premier groupe, les cartilages restent généralement indemnes, ou en tout cas m sont atteints que tardivement. Ces pseudo-rhumatismes d’in-

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fection se terminent fréquemment par l’ankylose, grâce à leur grande tendance aux productions plastiques. Ils se rencontrent le plus souvent dans un âge peu avancé. On en distingue surtou: trois formes principales :

Le rhumatisme chronique vrai succédant au rhumatisme articulaire aigu;

2? Le rhumatisme blennorragique:;

3 Le rhumatisme tuberculeux.

Rhumatisme chronique vrai. C’est surtout une forme juvénile se présentant de deux manières.

Tantôt à la suite d’un coup de froid, une brusque poussée de rhumatisme, avec tous les signes du rhumatisme, se manifeste. Toutes les articulations sont entreprises et après une ou plusieurs semaines les grandes articulations redeviennent libres, tandis

que les petites (mains, pieds) restent atteintes sans plus pré- senter de phénomènes aigus. Elles restent déformées, ces articu- lations, et en quelques mois ces déformations atteignent leur maximum. L'on se trouve alors en face de la main en griffe, identique à celle du rhumatisme articulaire progressif, avec rétraction tendineuse, spasme musculaire et atrophie rapide des muscles; les têtes osseuses nroéminent au-dessus des cavités articulaires, amenant ainsi des subluxations; puis rapidement l'ankylose est complète. Mais même à ce point, après deux ou trois ans, la guérison peut survenir ne laissant parfois que des traces locales assez peu marquées; mais souvent aussi il y a lésion mitrale ou aortique irréparable.

D’autres fois, le mal débute par deux ou trois attaques suc- cessives de rhumatisme, qui ont disparu sans laisser de traces; mais survient une nouvelle poussée à la suite de laquelle la réso- lution ne se fait plus. Les déviations ne se présentent pas avec une exagération aussi considérable que dans la forme précé- dente, mais elles sont persistantes. Là, se rencontrent les lésions

cardio-vasculaires dont il a été question déjà. Il arrive cepen- dant que les phénomènes sont moins nets, qu’en même temps on peut voir des symptômes aigus à côté de signes chroniques. Ces

324 formes peuvent parfois s'amender sous l’action du traitement.

Ezramen rudiographique. Dans les cas typiques l’image radiographique de cette forme ne rappelle en rien celle du rhu- matisme progressif que nous avons passé en revue. Il ya eu ici des lésions cellulo-fibreuses rarement décelables sur le cliché, mais il est un signe qui présente une grande importance, c'est la présence de l’interligne sombre due à la persistance des car- tilages; de plus, les extrémités osseuses ne sont ni déformées, ni tuméfiées. Tout au plus présentent-elles un certain degré de décalcification rappelant l’image radiographique de l’atrophie de Sudeck de degré moyen, avec cette nuance cependant que ce n'est pas seulement et surtout la tête articulaire, mais encore la diaphyse des métacarpiens qui apparaît ainsi décalcifiée. Cette décalcification n’atteint jamais le degré prononcé que l'on rencontre dans quelques épiphyses dans certains cas de rhuma- tisme blennorragique. Il n'existe ni hvpertrophie, ni produc- tion d'osttophytes, ni stalactites osseuses. C’est, en somme, un rhumatisme chronique fibreux. Aussi y a-t-on rattaché ecs in- durations fibreuses connues sous le nom de nodosités rhumatis- males se développant le long des tendons dans le derme, le tissu cellulaire sous-cutané et même aux dépens du périoste et simu- lant des exostoses parfois excessivement douloureuses. On les a rencontrés au métatarse et aux orteils.

2 Rhumatisme blennorragique. Ici encore on peut se irou- ver en face de l’une des trois variétés cliniques et l'on peut rencontrer le rhumatisme blennorragique ankylosant mono- ou ogo-articulaire, ou Ja polvarthrite noueuse déformante ou encore la spondylose rhizomélique.

La première variété se rencontre au cours d'une hlennorragie soit aux genoux, soit souvent aussi au coude. C’est une arthrite aiguë avec douleurs violentes, Mais elle prend rapidement l'as- pect d'une arthrite plastique. Les gaines tendineuses voisines sont entreprises et parfois elles peuvent très bien se montrer sur le cliché; tel par exemple le ligament patellaire dans la radio-

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graphie du genou en incidence latérale: les surfaces arti- culaires apparaissent déformées et leurs bords sont peu nets; le substratum trabéculaire des épiphyses est altéré. L’interligac articulaire est irrégulier et n’offre plus dans toutes ses régions la même homogénéité de teinte; cet aspect est à l’ossification de certaines travées fibreuses. En quelques semaines d’ailleurs cette arthrite devient ankylosante. Il se forme des jetées fibreu- ses à l’intérieur et alentour de l'articulation; ultérieurement ces jetées fibreuses s’ossifient et l'articulation cst irrémédiable- ment soudée.

Les épiphyses se montrent généralement avec un degré d’atro- phie très prononcé; les travées osseuses amincies limitent de plus grands espaces.

Vu de face l’espace articulaire n’est plus représenté que par une ligne sombre fortement amincie, nettement rompue de ci de par des travées ossifiées allant du fémur au tibia ou par les ligaments ossifiés. Souvent les bords des condyles apparaissent mal délimités. Ceci n’est pas toujours le fait de l’atrophie seule, mais parfois aussi d’une périostite aisément décelable sur le cliché. Il peut se faire que l'articulation péronéo-tibiale soit intacte, mais souvent il y a atrophie osseuse prononcée. Une relation d’autopsie d’un sujet dont les deux genoux, le coude, le cou-de-pied et le pouce avaient été atteints de rhumatisme blennorragique et présentée par Cornil en 1900 à la Société Ana- tomique fait parfaitement comprendre l’image que doit donner le radiogramme d’une telle articulation. La rotule était soudée aux condyles par une ankylose osseuse; mais dans l'épaisseur de cette soudure osseuse persistaient des îlots cartilagineux ossi- fiés à leur périphérie et dus vraisemblablement à des vestiges du cartilage articulaire préexistant; le reste du tissu, unissant la rotule aux condyles, s’était formé aux dépens de ces os.

Le processus paraît donc localisé et primitivement limité aux tissus synoviaux ou périarticulaires. L’affinité des toxines gonococciques pour les tissus fibreux et les articulations les mieux dotées sous ce rapport, celles à ménisques spécialement, est connue, comme aussi la grande tendance à l’infiltration osseuse néoformée des ligaments sous ce virus.

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Dans certains cas cependant la différence est moins tranchée d'avec le processus du rhumatisme chronique déformant; c’est ainsi que l’on a constaté (Achard) des altérations certaines des cartilages rappelant celles du premier groupe et de plus la for- mation de véritables stalactites osseuses. Ces faits s’explique- raient par une action tropho-névrotique dans les cas, moins rares qu’on pourrait le penser, le virus gonococcique a dé. terminé des lésions méningo-spinales.

Si cette variété mono- ou oligo-articulaire est la plus fré- quente, l’on peut cependant rencontrer une polvarthrite défor- mante blennorragique des mains et des pieds (doigts en radis que Fournier considère comme véritables stigmates de la blen- norragie).

Ici encore le processus frappe les tissus périarticulaires. Au début la radiographie montre l'intégrité du système osseux péricstique et cartilagwineux. Ce n’est qu’une poussée aiguë. Mais que celle-ci se reproduise plusieurs fois et le rhumatisme passe à la chronicité; rarement il peut être chronique d’em- blée. Les articulations de la main et des phalanges sont luxées ou subluxées et la griffe se produit comme celle du rhumatisme chronique progressif. À ce moment le cliché décèle la présence de petits ostéophytes siéweant à la périphérie de ces articula- tions. Mais contrairement à ce qui se produit dans la poly- arthrite déformante progressive, ici le cartilage est générale- ment conservé; 1l ne disparaît que dans les parties subluxées.

À un degré plus avancé le processus peut entraîner l’ossifica- tion de appareil ligrmenteux dans la troisième variété, c'est-à- dire dans sa localisation vertébrale, il amènerait une anky- lose lente; mais ce ne serait pas une véritable ostéo-arthrite avec production d'ostéophytes comme dans la epondylose rhizo- mélique du rhumatisme déformant progressif, ce qui pourrait alors permettre à la radiographie de différencier ces deux types.

3 Rhumatisme chronique tuberculeux Sous sa forme chronique >e rhumatisme est excessivement fréquent. Poncet a montré que la tuberculose pouvait provoquer d’autres lésions

que celles qui aboutissent à la formation de noyaux caséeux, aux fongosités ou à l’abcès froid; c’est ce qu’il a dénommé la tuberculose inflammatoire.

Elle produit des lésions irritatives banales sans spécificité. L'existence de ce rhumatisme tuberculeux cst admise aujour- d'hui par tous et nombreux sont les cas olservés; mais les uns lui font un champ assez restreint, les autres au contraire le lui font très vaste. C’est ainsi, par exemple, que Poncet range dans ce cadre le malum corae senile, tandis que Tessier et Ro- ques et beaucoup d’autres le maintiennent dans le groupe du rhumatisme chronique déformant. De fait, les caractères radio- graphiques que nous venons de décrire plaident plutôt en faveur de cette dernière classification.

La tuberculose inflammatoire est essentiellement plastique et édificatrice; elle conduit à l’ankylose vraie, c’est-à-dire à la soudure complète, intime, des os, tandis que le rhumatisme chro- nique progressif ne produit jamais cette soudure intime. Dans la polyarthrite déformante, en effet, le processus est avant tout atrophique et médullisant ; il s’y forme bien autour de l’os raré- fié et boursoufflé des exostoses parfois très considérables qui peuvent amener l’ankylose, celle-ci étant favorisée encore par la disparition des cartilages, la déformation des surfaces arti- culaires, les rétractions tendineuses. (Ce sont aussi les phéno- mènes du morbus coxae senilis et de l’hallus valgus, c’est pour- quoi je pense qu'il ne faut pas rattacher ces deux manifes- tations à la tuberculose inflammatoire). L’on conçoit d’ailleurs parfaitement que l’on ne peut avoir la prétention d'établir tou- jours des limites absolument nettes entre chaque variété, de classer d’une façon rigoureusement exacte chaque cas parti- culier.

La fréquence de ce rhumatisme chronique tuberculeux serait telle qu’il faudrait s'attendre à le rencontrer dans 50 pour cent des cas. D’après Poncet, il serait atrophique raréfiant, ou bien plastique hyperostosant, tantôt à évolution sèche ayant tendance à l’ankylose, tantôt à évolution hydropique amenant alors la laxité de l’articulation sans jamais produire de synostose.

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Ce rhumatisme est localisé ou généralisé et se rencontre sur- tout sous quatre variétés : la polyarthrite déformante; 2 la synorite chronique; & l'arthrite plastique ankylosante; 4 la spondylose rhisomélique.

Je ne m'arrête pas aux svnovites chroniques dues à la tuber- culose inflammatoire; elles ne différent des synovites rhumatis- males vulgaires que par leur étiologie.

La variété plastique hyperostosante est l’aboutissement de l’arthrite à forme sèche, tandis qu'à l’arthrite qui s'accompagne d’un léger degré d’hydropisie succède plutôt la variété atro- phique plus rare.

Généralisé ou localisé, le processus, à part cette variété, est toujours le mème, sauf les différences de degré : la tuberculose inflammatoire est essentiellement plastique et édificatrice; la plupart des arthrites plastiques ankylosantes relèvent d’elle, sauf les cas dont nous avons parlé à propos du rhumatisme blennorragique. Le rhumatisme progressif france n’aboutit jamais à l’ankylose vraie; l’articulation est bien fixée par les causes que j'ai énumérées plus haut, mais il n’y a pas soudure osseuse intime des surfaces par prolifération fibreuse subissant l’ossification.

Dans la variété disloquante le processus est surtout ligamen- teux avec parfois légères soufflures des segments articulaires, subluxation ou luxation. Mais à part ces petites soufflures et la décalcification, la radiographie montre l'intégrité presque complète du squelette.

Dans la variété que Poncet dénomme l’ostéoporose rhumatis- male, et qui est un type rare, la radiographie montre au con- traire la prédominance des lésions osseuses. IT existe une raré- faction marquée du cartilage de r'vêtement qui peut même dis- paraître en certains endroits; le tissu compact apparaît moins épais, fortement raréfié; les mailles du tissu spongieux sont plus élargies et de larges lacunes sombres dues à l’ostéoporose s'y rencontrent fréquemment.

L'une des formes localisées est, d’après Poncet, la mono- arthrite disloquante des adolescents, de Madelung, les lé-

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sions seraient surtout ligamenteuses, permettant ainsi la sub- luxation du poignet. Cependant sur les épreuves r:diographiques malheureusement peu nettes que j’ai pu voir il me paraît incon- testable qu’il y a lésions squelettiques. Ce qui frappe le plus, ce n'est pas la déviation du carpe sur le bord de l’avant-bras, celle- ci d’ailleurs n’étant pas constante, la maladie pouvant se pré- senter avec un squelette rectiligne, mais c’est surtout le rétré- cissement considérable du carpe au point que dans certains cas les têtes articulaires métacarpiennes semblent presque venir en contact avec le radius et le cubitus. Les clichés dénotent en plus une décalcification manifeste.

Plusieurs auteurs ont attribué à la tuberculose inflammatoire, certains pieds valgus douloureux, guérissant par une ankylose tarsienne partielle ou totale, tout en admettant la possibilité de déviation en valgus par atrophie et recul de la petite apophyrse du calcanéum. La chose n’est pas douteuse. Voici cependant un cliché de calcanéo-valgus que j'ai désiré vous soumettre parce qu’il est typique et qui, malgré sa netteté, ne montre aucune trace ancienne ou récente d’un processus morbide osseux quel- conque.

La quatrième variété est la polyarthrite tuberculeuse défor- mante dans laquelle le processus atrophique voisine avec l’hy- perproduction osseuse.

Au début le cartilage s’use, s’érode et parfois même peut dis- paraître. L’os raréfié est boursoufflé ; la raréfaction est intense &t paraît se faire par des lacunes atteignant plus rapidement un grand volume que dans la forme progressive vraie. Le tissu compact éburné est fortement aminci et limite un tissu spon- gieux parsemé de lacunes agrandies. La décalcification procède par petits foyers qui confluent et apparaissent nettement en sombre sur le cliché. Ce processus est très net, surtout au niveau des têtes articulaires. La pression réciproque ne tarde pas à amener la déformation. L’os a subi comme un début d'ostéo- malacie.

Signes radiographiques. Voici d’ailleurs, d’après Barjon

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et Destot, les signes radiographiques qui permettent de différen- cier cette forme de la polyarthrite déformante rhumatismale.

Dans cette dernière forme, la déformation osseuse que l’on constate sur le cliché, consiste en un élargissement des épiphy- ses, à une souflure générale du tissu spongieux avec dispari- tion précoce du cartilage. Dans la polyarthrite tuberculeuse, comme dans toute tuberculose osseuse, il y a au début dans la tête des phalanges, des îlots sombres isolés les uns des autres el dus à la raréfaction irrégulière du tissu osseux par l’infiltra- tion bacillaire. Par fusion de ces îlots la partie raréfiée 8’étend ; le cartilage diarthrodial n’est plus soutenu, il s’affaisse par place, amenant ainsi la déformation des têtes. En même temps la cavité glénoïde correspondante subit les mêmes phénomènes de désagrégation; elle se creuse sous la pression de la tête, s’adaptant aux nouveaux contours de cette dernière, tout en subissant les déplacements que lui occasionnent les rétractions fibro-tendineuses. Ultérieurement il y a une véritable juxtapo- sition des deux os et dans les extrémités en contact se retrou- vent encore les îlots sombres de raréfaction.

La disparition des cartilages, quand elle existe, est très tar- dive; le gonflement des parties molles est considérable et, plus que les troubles osseux, c’est lui qui est le principal facteur des déformations.

C’est dans la forme tuberculeuse ankylasante que l’on ren- contre le processus ossifiant à l’état pur, amenant ce que l’on à appelé ankylose cerclée. Au début le processus est purement plastique; mais bientôt des fausses membranes vont s'organiser, créant des adhérences solides.

La synoviale prolifère; une ankylose fibreuse plus ou moins centrale s'organise; les os sous-jacents et les parties molles péri- articulaires interviennent à leur tour. Le cartilage, en certains points, prolifère d’abord fortement et en d’autres s’érode; à ce niveau l’os prolifère instituant ainsi des adhérences osseuses; des stalactites, des ponts osseux s'établissent, amenant Panky- lose osseuse centrale, parfois, au genou, l’os est fortement aplati transversalement. Volkmann a cependant attiré l’attention sur l'augmentation du diamètre antéro-postérieur.

L’articulation forme alors un véritable bloc osseux, sauf Cependant au niveau de l’espace intercondylien qui paraît devoir rester épargné. Puis les ligaments voisins et la capsule, à leur tour, sont envahis par le processus: des ecchondroses ossiformes se développent, partant des points voisins de l'os, vont à la ren- contre les unes des autres et finissent par en arriver à se souder. C’est l’ankylose cerclée, Le cartilage complètement disparu a Permis aux surfaces osseuses en contact une soudure intime.

Il est rare de rencontrer cette forme d’ankylose aussi com- plète; mais elle peut se trouver partiellement.

C’est surtout à la colonne vertébrale, qu’elle transforme en un bloc rigide, qu’on la trouvera poussée aussi loin.

Voici cependant un cliché de rhumatisme tuberculeux anky- losant du coude, cette ankylose est complète et typique. L'on se rend bien Compte que l’ossification s’est faite partielle- ment aux dépens des ligaments. Parfois cependant l’aspect du bloc osseux offre des limites moins régulières. Il ne s'agit pas ici de l’ankylose qui succède à certaines arthrites fongueucses. Celles-ci s’accompagnent souvent d’une courbure pathologique des os obéissant à des tractions musculaires (fléchisseurs). La trabéculation y présente un aspect particulier; ce sont des tra- vées larges, irrégulières, parfois épaisses et très denses, diri- gées suivant certaines courbes, ou partant du bord de ja conca- vité pour s’étaler en éventail vers la Convexité, véritables jetées osseuses plutôt que travées épousant les courbos des os ou s’entre- croisant; les limites articulaires ont disparu; la capsule osseuse est démesurément épaissie, très dense et plus opaque à sa face interne. A côté de cette condensation osseuse, d’autres parties apparaissent atteintes de décalcification extrême. Au genon, Par exemple, le fémur et le tibia ront soudés et présente las- pect que je viens de décrire, on peut voir les condyles rejetés vers le haut et très profondément décalcifiés, de même que lc péroné.

J'ai la bonne fortune de pouvoir vous Soumettre cet autre radiogramme du genou, qui, lui aussi, présente une ankylose osseuse complète (je ne dis Pas vraie) et qu’il est intéressant de

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pouvoir comparer avec celui du coude que vous venez de voir. Il ne s'agit pas ici d'un processus rhumatismal. Les quatre os de cette région ne forment plus qu’un bloc unique. Ce qui frappe ici c’est l'absence de cette condensation intense si prononcée ailleurs, spécialement dans l’ankylose succédant à l’arthrite fon- gueuse; Il y a bien épaississement de la coque du tibia, mais à la soudure des os entre eux il n’y a pas véritablement d’ostéite condensante, Il y a un fait intéressant à retenir. On ne ren- contre pas non plus sur ce radiogramme ces jetées osseuses, Com- pactes, orientées suivant les courbes de l’os, et la déviation osseuse n'existe pas. La soudure des os s’est faite par une série de systèmes de travées asseuses parfaitement organisés et orien- tés par groupes dans tous les sens. L’examen démontre que le processus d’ossifiecation réparatrice s’est fait aux dépens des os seuls, mais sans que les tissus périarticulaires aient eu a intervenir. Il s'agit dans ce cre d’une lésion traumatique vio- lente ayant porté largement sur toute l’articulation; c’est le genou d'une enfant de 14 ans, qui fut broyé sous les roues d’un wagon de chemin de fer. La radiographie fut prise six ans après,

Troisième groupe. - - RHUMATISME DYSCRASIQUE OU TOXIQUE. RHUMATISME GOUTTEUX.

Comparée aux deux groupes précédents, la personnalité clini- que de ce groupe parait bien nettement établie; ici plus d'in- fluence du froid humide et des moisissures, comme dans le pre- mier groupe, plus de dépendance étroite avec une maladie in- foetiouse, comme dans le seeond, mais une auto-imtoxication, une dyserasie, la goutte ou encore une véritable intoxication saturnine ou alcoolique. Et cependant ses limites ne sont pas nettement arrêtées. Sans doute, la douleur, l’impotence fone- tionnelle, les craquements, les pseudo-ankylæes, les amyntro- phies et microscopiquement la prédominance des lésions syns- viales et la légèreté d'atteinte des cartilages, sont phnomène:

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constants, que le mal siège aux articulations phalangiennes ou aux grands articles; mais il faut bien reconnaitre que les di- versts vurlétés rangées dans ce gioupe sont assez dissemblables, quoique paraissant bien toutes liées à l’arthritisme. L’uricémie est le substratum habituel de ces rhumatismes diathésiques.

La forme la plus fréquente est le rhumatisme goutteux. Dans celui-ci, le cliché radiographique montre que la lésion articu- lale cst très diltéiente de celle du rhumatisme chronique dé- formant. Il n’y a pas disparition du cartilage articulaire, pas de déformation ni de pénétration réciproque des têtes osseuses, mais au contraire conservation de la ligne sombre inter-articu- laire et, au voisinage, les taches produites par la présence des concrétions uratiques.

Grâce à la surcharge par les tophi, la main d’un goutteux est souvent plus déformée que celle du rhumatisant chronique; les doigts sont fortament noueux et reuflés. Mais le cliché radio- graphique contraste singulièrement avec ces déformations si accusées. En efïet, à première vue, le squelette apparaît à peu près normal, les dépôts occasionnant les déformations étant la plupart du temps transparents aux rayons, sont peu visibles. Mais un examen plus attentif montre que l’on a sous les yeux un cliché anormal, intéressant et typique. L’on aperçoit ces dépôts uratiques au niveau du squelette sous forme de taches plus transparentes. Si le tophus existe au voisinage d’une articula- t'on, nous dit Barjon, celle-ci a plus ou moins perdu le contour de ses surfaces articulaires et apparaît comme creusée par une espèce de caverne remplie d’une substance transparente; ie tophus s'est déversé dans l'articulation. De petites travées osseuses très minces, jetées comme des ponts à travers cette masse d’urate de chaux, peuvent diviser la caverne principale en geôles secondaires irrégulitres. Si le tophus se trouve sur le tra- jet de la diaphyse, l’infiltration uratique se fait moins facile- ment. L’os attaqué par sa substance compacte résiste mieux et l’infiltration se traduit par de petites encoches latérales prati- quées comme à l’emporte-pièce le long du bord de cette dia- physe. Mais il n'y a plus ici de ruréfaction des trabécules; les

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extrémités articulaires n’ont pas l’aspect gras et empâté du rhumatisme et les contours sont nets et bien marqués.

Rumpel cependant dans son atlas a Ueber Geschwülste und entzundliche Erkrankungen der Knochen im Rôntgenbild », nous montre un cas, un noyau goutteux solitaire mais volumineux, avait érodé très fortement la première phalange de l’index qui paraît fracturée et dont les bords de l’os érodé sont soulevés comme s’il s'agissait de petites stalactites. Les travées osseuses sont masquées au point que le cliché donnait complètement l'impression d’un sarcome central. Ce n’est qu’à l'incision exploratrice, le bistouri grinçant sur les cristaux d'acide urique, que la nature véritable de la tumeur fut reconnue.

Au niveau des parties molles le tophus n'apparaît pas tou- jours ou du moins est parfois malaisément décelable; il faut être prévenu et faire un examen minutieux.

D'autres fois il en est très différemment: les tophi plus opa- ques aux rayons, apparaîtront sur le cliché sous forme de taches blanches très visibles; parfois très nombreux disséminés de ci de ou rapprochés de façon à former des amas, des grappes. Dans ces conditions la main goutteuse sera généralement facile à reconnaitre. Peut-être pourrait-on la confondre, au point de vue du radio-diagnostic différentiel, avec certains cas de chon- dromatose articulaire (cas de Lexer). Voici un cliché emprunté de Rumpel les amas de tophi présentant une opacité consi- dérable, se détachent avec une netteté extraordinaire. Tantôt donc le tophus est très apparent, d’autres fois il est à peine visible. D’après Potain et Sarbanesco, dans le tophus les urates de chaux qui se sont substitués aux phosphates de chaux sont huit fois plus transparents que ceux-ci aux rayons X. Cer- tains auteurs n’admettent pas la présence du tophus dans le rhumatisme goutteux. Connaissant la mutation possible de l'acide urique, on peut supposer que dans ce rhumatisme gout- teux il se trouve à l’état instable et se transforme continuelle- ment en urée et en acide oxalique, tandis que dans la goutte au contraire il serait à l’état d'urate de soude prêt à foriuer sous

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des influences hypoalcalines du biurate insoluble, qui se dépo- serait dans le cartilage d’abord et dans tous les tissus sous forme de concrétions tophacées.

En résumé, dans la goutte le processus est d’abord et long- temps extra-articulaire ; il ne devient articulaire que secondaire- ment et même alors ses manifestations sur l’article sont peu marquées, tardives et limitées.

À côté de ces deux formes, goutte et rhumatisme goutteux, l’on range dans ce groupe une forme ostéalgique, caractérisée entre autres par des douleurs siégeant sur les bords des os longs, douleurs non articulaires, l’articulation restant libre. Ces dou- leurs ont été attribuées à la présence de petites nodosités mi- liaires, se développant sous le périoste et pouvant former de petites saillies, dues à des dépôts uratiques. Ces dépôts ont été retrouvés à l'autopsie, particulièrement sur le gros orteil et le métatarsien correspondant. Il est utile que le radiographe se rappelle ce fait : peut-être dans des circonstances très favora- bles lui sera-t-il possible de déceler, grâce à un examen très minutieux, la présence de l’un ou l’autre de ces dépôts plus transparents aux rayons.

Dans le même groupe, à côté de la camptodactylie de Bou- chard, caractérisée par la prolifération osseuse des deux no- dules latéraux de la phalange, et du rhumatisme biliaire de Gil- bert, la radiographie montre l'intégrité presque complète du squelette, on a rangé les nodosités d Heberden. Ces petites no- dosités dures, piriformes paraissent se développer chez d’au- ciens arthritiques et coïncideraient souvent avec la goutte, mais sans avoir de rapport avec elle; ce ne sont pas des tophi. Elles coexistent aussi avec le rhumatisme chronique déformant; c’est ainsi que sur huit cas qu’il a pu radiographier, sept fois Barjon a constaté ce rapprochement. Ces nodosités sont de nature osseuse. Elles siégent au niveau de l’articulation de la phalan- gine avec la phalangette, mais elles peuvent aussi se développe: au niveau de l’articulation de la phalange avec la phalangine. La radiographie démontre qu’elles font corps avec l’os et sont constituées aux dépens du bourrelet osseux existant normale-

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ment au voisinage de l'articulation. Parfois ces nodosités sont saillantes, épaisses et bourgeonnent de façon à masquer l'inter- ligne articulaire. D'autres fois la nodosité est mince, étalée et grêle; il peut se faire alors qu’elle se fracture vers son extrémité lhibre et ainsi apparaissent sur le cliché de petits nodules osseux, libres, donnant l'impression de sésamoïdes supplémentaires. C'est généralement la phalangette qui donne naissance à ces nodosités, mais la phalangine peut également les produire. Le plus souvent l'interligne articulaire est encore apparent. Le processus est intra-articulaire.

A côté de cette étude, il m’a paru intéressant, au point de vue radiodiagnostique, d'ajouter quelques données sur les arthropathies d'origine nerveuse d’après les études radiographi- ques de Barjon. Ses recherches ont surtout porté sur des arthri- tes tabétiques et sur des arthropathies du pied chez un malade ayant été atteint de fracture de la colonne, suivie de myélite ayant entrainé des troubles trophiques.

D'après cet auteur, la caractéristique de ces arthropathies parait être l’ossification péri-articulaire et l’ossification à dis- tance.

Chez les tabétiques, l’arthrite du genou se traduit par une augmentation du volume des épiphyses par production d’ostéo- phytes en même temps qu’il se fait une résorption du squelette primitif. Les condyles fémoraux se tassent, s'écrasent; leur con- tour devient irrégulier, plus restreint; ils sont entourés de pro- ductions osseuses plus raréfiées et plus transparentes. Le plateau tibial est augmenté de volume et une sorte de coque osseuse, floue, semi-transparente, entoure le tout. Parfois la rotule pa- raît être résorbée et sur le cliché il n’est pas possible de la dis- tinguer dans cette coque.

Aux pieds, ce qui frappe surtout, c’est la résorption de la tête des métacarpiens qui sont étirés en fuseau et tronqués, rappeiant

ce que nous avons vu au degré ultime du rhumatisme ou don-

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nant aussi à peu près l'aspect du cliché de la même région en certains cas de syphilis; mais dans celle-ci la région proximale présente d’ordinaire des lésions typiques bien reconnaissables. La raréfaction progressant, le squelette des orteils disparaît méme complètement.

Chez le malade atteint de fracture de la colonne et présen- tant de la myélite, la raréfaction du squelette des orteils exis- tait également, mais les métatarsiens n’étaient pas tronqués.

Au tarse les contours osseux étaient diffus; il était produit un tassement complet du squelette, déformant tous les os, avec disparition de l'interligne articulaire et affaissement total de la voûte plantaire; on est frappé surtout par l’ossification considé- rable du tendon d'Achille sur une étendue de 5 à 6 centimètres. En résumé, dans les arthropathies nerveuses les phénomènes décelables au cliché sont la raréfaction osseuse des extrémités articulaires (pouvant aller pour certains os jusqu’à leur fonte complète), la production d’ostéophytes, une ossification capsu- laire périarticulaire et l’ossification des tendons à distance.

+ + +

Dans les diverses arthropathies que je viens de passer en revue, l’examen radiographique présente donc un grand inté- rêt; il donne de précieux renseignements sur l'étendue et le siège des lésions, sur l’état des surfaces articulaires et sur leurs rapports entre elles; il sera souvent très utile pour permettre d’établir le diagnostic différentiel entre les arthropathies ner- veuses, celles d’origine toxique ou dyscrasique et le syndrome rhumatismal chronique; il pourra même dans bien des cas aider à différencier les pseudo-rhumatismes d'infection des formes du rhumatisme chronique progressif.

UN CAS CURIEUX DE RADIODERMITE

PAR LE

D' S. LAUREYS

La sagesse des nations proclame qu'il ne faut jamais parle: de corde dans la maison d'un pendu. Si, en dépit de cet axiome, je me permets d'aborder le terrain brûlant de la radiodermite dans une réunion de radiologistes, c'est que J'y suis poussé par un mobile supérieur, le désir de vous être utile et celui d'épar- gnuer quelques souffrances à l'humanité.

Comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire dans une séance anté- rieure, je traite depuis un temps assez notable un cas de syrin- gomyélie, Il y a environ un mois, Jai suspendre le traite- ment parce qu'il est survenu une radiodermite légère, se carac- térisant par un érythème avec épaississement plus ou moins lichénoïde de la peau, cheveux plus clairsemés avec deux points d’alopécie totale, formation de plusieurs fistules et même d’une petite ulcération de 2 à 3 millimètres d'étendue avec suintement séreux. Tous ces symptômes ont à peu près disparu maimtenant et se sont modifiés surtout rapidement sous l'influence de la haute fréquence.

Ce qui constitue l’intérèt de ce cas, c’est l’endroit la radio- dermite est survenue. Voici comment l’application était faite :

Dans le but d’éviter autant que possible la chute des cheveux, la tête et le dos étaient recouverts d’une lame de plomb d'un millimètre d'épaisseur avec une fenêtre rectangulaire corres- pondant aux vertèbres cervicales. La boîte renfermant l’am- poule était garnie d’une lame d’aluminium de 1 millimètre

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d'épaisseur et amenée presque au contact de la région. Ce qu'ii y avait de remarquable, c’est que la partie comprise dans la fenêtre, c’est-à-dire la partie la plus iradiée, ne présentait aucune trace de radiodermite, tout au plus un peu de pigmen- tation au niveau de l’apophyse épineuse de la septième vertèbre cervicale et que l’érythème était localisé exclusivement sous la feuille de plomb et notamment en un endroit où, de par la con- formation de la région, la plaque métallique donnait un contact plus intime avec la peau. Au début, la localisation des lésions me faisait hésiter pour porter le diagnostic de radiodermite. Mais les symptômes étant par trop caractéristiques, j ai me rallier à ce diagnostic.

Il n’y a guère de doute que dans ce cas la radiodermite était due au rayonnement secondaire émanant de la feuille de plomb. En effet, la radiodermite était précisément survenue à l’endroit le métal donnait be contact le plus intime, alors que partout ailleurs il en était séparé soit par les habits, soit par une couche d’air de quelques millimètres. Or, ces faits cadrent parfaitement avec les données expérimentales sur les rayons seconduires qui sont la brillante contribution de Sanac à la science radiologi- que. Sagnac a montré qu’une plaque de plomb, frappée par les rayons X, émet des rayons secondaires nombreux et actifs, mais de très faible pénétration, à tel point qu’ils sont absorbés com- plètement par une épaisseur de papier aiguille, une lame d'aluminium d'un micron d'épaisseur, une couche d’air de quelques millimètres.

A côté de ce premier cas, j'en ai observé un second certaine- ment moins net mais cependant à mon avis suffisamment dé- monstratif pour le rôle joué par le rayonnement secondaire dans le développement de radiodermites. J'ai traité dans ces derniers temps par la radiothérapie une femme de 70 ans à qui J'avais

enlevé en bloc le sein gauche avec grand pectoral et tissu adi- peux de l’aissellé pour une tumeur maligne. Deux mois après l’intervention elle m’est revenue avec un ganglion sus-clavicu- laire adhérent, du volume d’une noisette. Au bout de 2? à 3 séances le ganglion est devenu mobile. J’ai continué par des

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séances quotidiennes de une à deux heures, avec rayons filtrés par 1 millimètre d'aluminium. Je prenais mesure avec le quan- timetre de Kicnbück. Au bout d'une vingtaine de séances, alors que je n’avais encore donné que 8 X ou 4 H., je constatai l’exis- tence d’une réaction; or, l'ampoule avait été placée très près de la peau et même avec plaque d'aluminium sur la peau dans les dernières séances. S'il est survenu une réaction, alors que le Kienbück ne mesurait que + Il., c'est que le rayonnement secon- daire, que le Kienbück ne mesure pas, y joue probablement un rôle important. J’ai eu le plaisir de revoir cette personne il y a quelques jours : le ganglion avait completement disparu.

Comme conclusion. Quand vous faites de la radiothérapie, songez toujours aux rayons secondaires. Si vous voulez protéger certaines parties avec des lames de plomb, interposez au moins une feuille de papier aiguille. Ni vous faites usage de filtre d'aluminium, les rayons secondaires émanant de ce métal étant relativement pénétrants, il convient de rester à quelques centi- mètres de la peau avec la lame filtrante, à moins d’arrêter le rayonnement secondaire avec un nouveau filtre en papier par exemple. Si vous faites usage pour la mesure du quantimètre de Kieubück, il faut vous rappeler que les fiches, étant enveloppées de deux épaisseurs de papier aiguille, ne se laissent pas influen- cer par un rayonnement secondaire peu pénétrant. Pour avoir des mesures exactes, il faut recouvrir la peau de la même épais- seur de papier que le quantimeètre et mettre ce quantimètre au- dessus du papier,

Au moment de terminer ces lignes, je vois dans le compte rendu de la Société de Radiologie de Paris la relation d’un cas du Docteur Bonniot : une alopécie peladique se développant sous une lame de plomb dans une région irradiée pour chélaïde. Je me demande s’il ne faut pas classer ce cas sous la même rubri- que que le mien, au lieu de l’attribuer à des phénomènes de resonnance.

HN PI ALLIE

i pudo

LA RADIOLOGIE

A LA

XIIF SECTION DU CONGRÈS DE L'ASSOCIATION FRANCAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES EN AOUT 1909

Président d'honneur : M. le D" LucAS-CHAMPIONNIÈRE, chirurgien des Hòpitaux de Paris. Président : M. le Prof. ZIMMERN, de Paris. Secrétaire : M. le D' Rogues, de Bordeaux.

Séance du mardi 3 août (malin)

M. le D" Lucas-CHAMPIONNIÈRE (Paris). Sur la radiogra- phie des fractures. (Rapport, résumé.) D En ce qui concerne les fractures, un grand nombre de radio- grapnies mal faites ou prises dans des conditions irrégulières ne méritent pas d’être considérées comme de précieux docu- ments.

Les causes d’erreur dans l'interprétation sont assez nombreu- ses pour que toutes les fois qu’il n’y a pas concordance entre les données de la radiographie et l'étude méthodique des symp- tômes il soit nécessaire de reviser la donnée radiographique, qui a grande chance d’avoir trompé pour de multiples raisons.

Il serait désirable qu’on ne fit juger des questions de frac- tures par la radiographie que sur des épreuves positives. Le négatif, qui peut être facilement étudié par un radiographe ou

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un photographe, est tout à fait insuffisant et même trompeur pour un médecin insuffisamment accoutumé à cette étude et plus encore pour le non-médecin auquel on le montre. On peut alors voir dans la radiographie beaucoup de choses qui n’y existent pas.

Sur cette épreuve on ne doit considérer comme indiquant une fracture que le trait net de la fissure. En se fiant à des ombres ou à des différences de teintes on s'expose à des erreurs gros- sièTes,

La recherche d'un foyer de fracture et son étude nécessitent ordinairement deux radiographies, souvent un plus grand nombre.

Dans l’interprétation d'une radiographie il faut tenir compte des circonstances, de l’époque et de la position sous laquelle la radiographie a été faite.

La prudence est commandée par ce fait que la radiographie nous à appris que la perfection des fonctions des membres est compatible avec des apparences de déformation beaucoup plus considérables qu’on ne le supposait.

À cet égard l'étude du cal par la radiographie est particulière- ment délicate; il suffit du moindre déplacement de l’appareil pour modifier et amplifier les déformations.

àn ce qui concerne la radioscopie, elle peut rendre des servi- ces pour la recherche d’une fracture ou pour sa réduction, mais elle ne doit jamais étre invoquée à titre de preuve pour l’exis- tence d’une fracture. D’une part, elle ne laisse aucune trace, et, d'autre part, elle présente pour celui qui regarde plus de diffi- cultés d'interprétation que la radiographie. Je conseille tou- jours de ne l’employer que pour l'étude par le radiographe qui la fera suivre de l'épreuve radiographique. J’ai eu l’occasion d’observer des contestations très graves fondées sur des radios- copies imprudemment montrées, et je conseille absolument la prudence à tous ceux qui font ces études peu après une fracture ou dans le but d’étudier et de démontrer le cal. Il est sage de les faire alors toujours suivre de l’exécution et de la démonstra- tion par la radiographie,

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MM. le D" Moxcuer, chirurgien des hôpitaux de Paris, et Lamy (interne). —— Les erreurs d'interprétation dans la radio- graphie des fractures. (Rapport, résumé.)

La radiographie est indispensable à l'étude des fractures: même si elle ne fait que confirmer le diagnostic clinique, elle lui donne une précision mathématique indiquant la direction du trait de fracture, ses irradiations, le sens du déplacement des fragments, leur degré d’écartement, etc. D’autre part, elle permet souvent de corriger des erreurs cliniques.

La radioscopie est absolument insuffisante et doit étre rejetée en matière de fractures.

La recherche d’une fracture nécessite au moins deux radio- graphies prises dans des positions différentes (de face et de pro- fil surtout) et quelquefois un plus grand nombre de radiogra- phies sous des angles divers.

Le cliché, le négatif, doit être préféré à l'épreuve sur papier en tant que document radiographique; il possède plus de détails.

Une radiographie, pour être bien interprétée, doit être accom- pagnée de renseignements suffisants sur les conditions techniques (date de la radiographie, position du membre surtout) qui ont précédé ou accompagné son développement.

D'autre part, il faut connaitre la radiographie d’une région normale pour interpréter une lésion pathologique.

Il est de toute nécessité d'adopter pour toutes les radiographies une technique et une notation invariables.

Tout en éliminant les cas de radiographies sciemment tru- quées ou maladroitement exécutées, nous ne pouvons pas mécon- naître la fréquence des erreurs dans l'interprétation des radio- graphies de fractures, fréquence qui ne diminue pas en raison même des progrès de la radiographie.

Certaines fractures peuvent passer inaperçues. Une apparence de fracture n’implique pas forcément une fracture réelle; l’exa- men clinique doit être sur ce point d’accord avec l'examen radiographique; sinon l’erreur doit provenir de la radiographie.

Presque tous les traits de fracture et cals osseux subissent des déformations.

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L'absence de cal constatée sur la radiographie seulement n’a aucune espèce de valeur.

La radiographie est une méthode d'examen qui nécessite pour avoir toute sa valeur une connaissance précise de l’anatomie normale, des anomalies anatomiques et même du développement ostéologique des épiphyses.

Si la radiographie n’est pas précédée d’un examen clinique approfondi, la lecture risque d'en être erronée, et si la clinique contredit la radiographie, il y a des chances pour que le tort vienne de celle-ci.

La radiographie est un excellent moyen de contrôle qu’il faut savoir interpréter, qu’il ne faut «ccepter que sous bénéfice d’in- ventaire. La clinique seule permet l’interprétation d’une radio- graphie; elle doit avoir le dernier mot.

M. le professeur ImMsErT (Montpellier). Les erreurs d'inter- prétation en radiographie. (Rapport, résumé).

Pour si convaincus ou si enthousiastes qu’ils soient, les méde- cins radiographes n’émettront jamais les prétentions exagérées que quelques-uns leur attribuent à tort; par contre, ils défen- dront inlassablement l'importance vraie de l’agent qu’ils utili- sent, et le rôle, limité sans doute mais de quelque étendue, que cette importance leur permet de jouer. Quant aux limites de ce rôle, ils s’en rapportent volontiers, pour le moment, à celles qu'un éminent chirurgien, le prof. Gross, de Nancy, a fixées lui-même, dans les termes suivants, au Congrès de Chirurgie en 1898 :

«a C’est dans la chirurgie du squelette que la fluoroscopie et la radiographie rendent jusqu’à présent les services les plus nombreux. Avec leur concours, nous savons faire, comme l’a dit mon éminent collègue le prof. Ollier, une véritable autopsie des os sur le vivant et les voir presque aussi distinctement que si nous les avions sous les yeux ... La radiographie confirme les données cliniques, les vérifie, les complète avec une netteté et

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une précision qu'aucun autre procédé d’exploration n’a encore pu produire. Elle nous montre les moindres détails de la bles- sure, nous décèle des fissures et des fêlures que la palpation la plus expérimentée ne saurait révéler; elle nous a appris Ía fré- quence de lésions osseuses (carpe et tarse) considérées jusqu’à présent comme rares, parce qu'aucun signe objectif ne nous les annonçait et que nous ne savions pas les reconnaître; elle nous rendra les plus grands services dans le diagnostic des fractures des parties profondes du squelette... La radiographie renseigne sur l’état d'avancement de la réunion des os. Si la soudure est faite, l’image montre les extrémités osseuses fusionnées; s1 le cal opératoire n’est que fibreux, il reste un intervalle plus clair. » Le chirurgien ne doit pas être uniquement un homme d'action, il doit être encore un homme de science. » g Voilà une affirmation que les médecins radiographes eussent hésité à produire, mais à laquelle ils se rallient sans une hésita- tion, comme ils adhèrent à la déclaration suivante de M. Lucas- Championnière: « Il n’est pas raisonnable d’accuser une méthode de la mauvaise application qu’en font ceux qui ne la connaissent pas. Il n’y aurait plus de place pour un progrès scientifique ou pratique quelconque. » (Soc. Chir., 10 juin 1908.) Et M. Lucas-Championnière, après avoir rappelé qu’un confrère l’accusa un jour « d’assassinat parce que, ayant voulu faire une cure radicale de hernie, il avait tué son malade », ajoute avec toute raison : « Il (le confrère) eut grand’peine à comprendre que j'avais été le premier à donner le conseil, que bien des gens ne suivent pas, de commencer par apprendre à faire une cure radicale avant de la tenter. » Les radiographes n’en demandent pas davantage aux chirur- giens qui sont encore en difficulté avec la radiographie. L'application raisonnée et exacte de l'exploration par les rayons X à la chirurgie comporte des éléments essentiellement distincts de la pratique de l’anesthésie, comme du maniement de la pince, de la scie ou du couteau. C’est un fait contre lequel toutes les mauvaises volontés viendront infailliblement se

briser.

346

Ah! les clichés radiographiques sont des « rébus » pour quel- ques-uns, et « la lecture de l’image ne doit pas être une énigme dout le physicien garde le secret, elle doit être nette et par- lante » (Revue pratique des connaissances médicales, 20 février 1908). Eh! bien, n'en déplaise à l’auteur de ces lignes, ce n’est pas une question « de perfectionnements de la technique et d'application des spécialistes avertis ». Nos clichés resteront des a rébus » et des « énigmes » pour tous ceux, quelle que soit d'ailleurs leur virtuosité d'opérateurs, qui se refuseront à apprendre comment il faut procéder à une exploration radio- graphique, et à interpréter un cliché; et ce ne sera pas la faute des physiciens, ou plus exactement des médecins radiographes, mais bien celle des chirurgiens eux-mêmes.

Comment! Depuis quatorze ans, les radiographes s’évertuent à mettre en garde les intéressés contre lee déformations inhé- rentes à une projection conique; ils ont indiqué les précautions à prendre et posé les règles d’une bonne interprétation; ils ont précisé les conditions, qu’ils observent rigoureusement eux- mêmes, en dehors desquelles on s'expose aux erreurs les plus grossières; et on leur oppose encore des clichés mal venus ou flous, qui doivent, sans hésitation possible, être mis au rebut, des interprétations erronées auxquelles ils sont en mesure d'en substituer d’exactes, des conclusions non justifiées, et d’ailleurs fausses, parce qu’elles résultent d’une exploration que depuis quatorze ans ils ont reconnue insuffisante ?

La vérité est que, dans cette question de l’utilisation en chi- rurgie des propriétés particulières aux rayons X, fes médecins radiographes, sans jamais sortir de leur rôle, ont fait tout leur devoir: aux chirurgiens encore méfiants ou hostiles, le soin de décider s'ils peuvent, en toute conscience, formuler de leur côté une pareille affirmation. |

MM. Movcurr et Lamy (Paris). La radiographie des suites

de fracture, en particulier dans les accidents de travail.

I. Avec les appareils modernes qui permettent de placer l’am-

947

poule loin de la région à radiographier, on n’a pas de défor- mation marquée et l’on peut considérer l’image comme sensi-

blement exacte.

IT. La déformation résultant de la fracture ne peut être appré- ciée sur une seule radiographie; il faut toujours au moins deux

clichés et quelquefois davantage.

III. Le raccourcissement ne doit jamais être mesuré par le chevauchement apparent des fragments mais bien par comparai- son avec la radiographie de l'os du côté sain: en raison du décol- lement péricsté chacun des deux fragments peut en effet s'être réellement allongé; en additionnant leur longueur on obtien- drait un chiffre de beaucoup supérieur à l’os normal, si bien que le raccourcissement est bien moindre que l’indique le chevauchement des deux fragments.

IV. Beaucoup plus importante que la déformation du corps de l'os est la modification de l'équilibre du membre: par exem- ple, telle fracture de jambe déterminant un raccourcissement marqué et un chevauchement très visible donne une image radiographique paraissant aux non initiés correspondre à une infirmité considérable. Or, elle peut très bien être compatible avec une facilité de travail bien plus grande que telle torsion, que telle petite fracture ne déterminant en apparence qu’un peu d’incurvation de l’os maïs qui, en réalité, modifie les points d'appui du tibia sur l’astragale. Il y a donc souvent lieu de ne pas s’en tenir à l’étude de la région fracturée mais d'examiner l'articulation voisine et de l’examiner en la comparant à celle du côté sain.

V. Il est indéniable qu’un tissu osseux non minéralisé peut être relativement solide; la preuve en est que les enfants, pen- dant des années, ont les points de jonction de leurs diaphyses à leurs épiphyses suffisamment transparents pour être invisibles sur la radiographie; maïs, d’autre part, la marche normale d’une fracture comportant la minéralisation du cal, nous som-

mes en droit de dire si le cal n’apparaît pas sur une très bonne radiographie, que la solidité n’en est pas parfaite, qu’il y ə

348

quelque chose d'anormal. Si tous les signes sont en faveur d’une consolidation sérieuse il est évident que l’on pourra permettre au blessé de travailler modérément, car pour la plupart des actes habituels, nous n'avons pas besoin de l'intégrité absolue de notre système osseux; mais par contre pour les sujets ayant des métiers très durs, exposant à des chocs ou à des violences, 1l semble bien qu'on ait le droit de ne les considérer comme conso lidés que quand leurs os ont repris pour les rayons une opacité suffisante; il est bien probable que le tissu relativement souple du cal non minéralisé ne sera pas le siège d’une nouvelle frac ture au moins quand la clinique l’aura montré solide; mais les efforts très violents, des traumatismes répétés risquent de déter- miner des déformations tardives sur l’os dont le dernier stade de consolidation présente une anomalie.

Discussion

M. le D" LAQUERRIÈRE. Les rapporteurs paraissent admet- tre comme normale la division du travail entre le radiographe qui fait la radiographie et le médecin responsable de l’inter- prétation. Les médecins radiographes ne peuvent admettre cette division. « Le chirurgien doit procéder lui-même ou faire pro- céder sous sa surveillance immédiate aux diverses manipulations de la radiographie (1). » Quels que soient les renseignements techniques fournis par le manœuvre qui l’a faite, il est souvent

impossible de bien interpréter une radiographie qu’on n’a pas exécutée soi-même.

I. L'examen radiographique ne peut être opposé à l’examen 2linique, il en fait en réalité partie intégrante et quand la radiographie est exécutée par un médecin, ces deux sortes d'examen s'appuient, se complètent, s'éclairent l’un l’autre comme l'auscultation ct la percussion, parce qu’elles sont exé- cutées par le même individu, loin de se nuire, se prêtent,

(1) Loïson, professeur agrégé au Val-de-Grâce.

349

malgré des rares contradictions qui se manifestent parfois au premier abord, un mutuel appui.

II. L'interprétation d’une radiographie, comme toute œuvre de jugement humain, est sujette à l’erreur; mais quand la radiographie est faite parallèlement à l’examen clinique, elle donnera, comparée aux autres procédés d’investigation, le mini- mum d'erreur, surtout à l’heure actuelle avec la puissance beau- coup plus grande des appareils modernes permettant de placer l’ampoule très loin et de réduire considérablement les déforma-

tions.

III. En fait, les erreurs que citent les rapporteurs ne consti- tuent pas des erreurs imputables à la méthode : a) toute une série de lésions (celles du carpe, par exemple) ne sont connues que grâce aux rayons X; ce sont des acquisitions trop récentes pour que nous puissions dès à présent être fixés sur la juste valeur des radiogrammes; la radiographie dans ce cas n’a pas tort, mais l’interprétation a tort de poser des conclusions fer- mes; b) il y a toute une série de lésions qui passent inapercues si la radiographie faite par un non-médecin sacrifie à l’esthé- tique l’abondance des détails : c’est ainsi que les rapporteurs admettent qu’une fracture se traduit par une solution de conti- nuité, c’est-à-dire par une zone claire, alors que toute une série de fêlures, de fractures par enfoncement, ete., se manifestent, 81 l’on a bien choisi la pénétration des rayons, par un trait som- bre, par une interruption de travées osseuses constituant l’ar- chitecture de l’os, etc.; c) dans beaucoup de cas, on ne peut affirmer qu’il n’y a pas de lésion ou préciser quelle est exacte- ment la lésion sur le vu d’une seule radiographie; il est s uvent nécessaire d'en faire plusieurs (cinq dans un cas personnel) avant d’être fixé; parler ici d’erreur de la radiographie, ce serait parler d'erreur de l’auscultation dans le cas on n’aurait ausculté qu’une moitié du poumon; d) beaucoup de cas cités par les rapporteurs sont inexplicables et un médecin radiogra-

phe aurait immédiatement recommencé : il aurait ainsi décou- vert ou qu'il s'agissait soit d’une tache du cliché, soit d’une

350

mauvaise pesition du sujet, ou bien il aurait trouvé une expli- cation à l'erreur apparente.

IV. Le rapport de MM. Mouchet et Lamy prouve surtout que dans les services de chirurgie, le laboratoire de radiographie, au lieu d'être un organisme indépendant, devrait être une partie intégrante; que les examens radiographiques devraient être faits en association intime avec les examens cliniques, et être recom- mencés immédiatement s’il y a contradiction apparente. Aux yeux du médecin radiographe, on ne peut appeler erreurs d'in- terprétation de la radiographie que les erreurs commises par un médecin ayant eu le loisir d'examiner le malade avant et epres la radiographie et ayant fait lui-même ou fait faire sous sa direction immédiate le nombre de clichés nécessaires, car seul ce médecin est en possession de données indispensables pour se livrer à cette interprétation. Dans ces conditions, mais dans ces conditions seules, les erreurs d’interprétation sont extrème-

ment rares.

M. le Professeur BERGONIÉ (Bordeaux) propose, pour la faci- lité de la discussion, de limiter celle-ci à certains points dont on s’occupera séparément. Donnons d’abord la définition d’une bonne radiographie : une radiographie l’on ne voit pas ls travées osseuses n’est pas une bonne radiographie.

M. le D" Iunertr. Cette définition n’est pas la vrais dans tous les cas, car on peut avoir une bonne radiographie du bassin,

sans travées osseuses.

M. le D" RrmĮmy (Paris) propose la définition suivante : une bonne radiographie est celle les contours osseux sont nets.

M. le D" LAQUERRIÈRE. Il est dangereux de donner la défi- nition d’une bonne radiographie, car si celle-ci ne remplit pas toutes les conditions que nous énonçons, elle pourra êtr récusée comme insuffisante par les tribunaux, par exemple, dans des cas elle est cependant très démonstrative. Toute radiographie doit être accompagnée de l’avis du médecin radiographe qui l’a faite, avis qu’il donne sous sa responsabilité.

351

M. le D” IuBrrT. Je crois, comme M. Laquerrière, que toute radiographie doit être accompagnée d’un avis que le mé- decin donne sous sa responsabilité.

M. le D” BERGoNIÉ. Dans un grand nombre de cas, on ne voit pas les travées osseuses. Dans la majorité des cas les tra-

vées osseuses doivent exister.

M. le D" ARCELIN (Lyon). —- L’existence des trabécules osseuses définit certainement une bonne radiographie.

M. le D' Henrard (Bruxelles). Il n’est pas possible de définir ce qu’est une bonne radiographie, car si la présence de trabécules osseuses prouve qu'une radiographie est bonne, leur absence ne prouve pas qu’elle est mauvaise.

M. le D" Lucas-CrTrAMPIONNIÈRE est d’avis que l’interpréta- tion de la radiographie doit se faire sur un bon positif.

M. le D” IMBERT est de l’avis de M. Mouchet, que le négatif doit être préféré à l’épreuve sur papier en tant que document radiographique; il possède plus de détails.

M. le D" ARCELIN. L'interprétation du négatif doit être faite chez le médecin-radiographe, le médecin traitant doit se rendre chez celui-ci pour étudier la plaque au négatoscope.

M. le D" ZIMMERN. L'interprétation du négatif doit se faire au négatoscope, elle donne souvent des renseignements bien plus précis que la lecture du positif, sur lequel des détails peuvent, d’ailleurs, manquer.

Séance du mardi 3 août (après-midi).

Sur la proposition de M. le D” Lucas-CrTAMPIONNIÈRE, la sec-

tion vote à l’unanimité le vœu suivant :

La section d’ Electricité médicale, après avoir consacré toute une matinée à l’étude de la radiographie et de l'interprétation

959

de la radiographie, estime que ce mode d’exploration clinique, dans l'intérêt des malades, doit être réservé exclusivement au

médecin.

MM. L. Wicsua{ et DEGRAIS (Paris). Le filtrage dans le

traitement des cancers par le radium.

La méthode de filtrage en radiumthérapie, qui consiste à modifier la valeur quantitative et qualitative des rayonnements émis d'un appareil radifère, remonte au mois de mars 1905, époque à laquelle M. Wickham en fit, le premier, usige cou- rant en interposant, dans un but thérapeutique, des écrans en matelas d'ouate enveloppés de baudruche entre les appareils et la peau, pour traiter des cancers cutanés.

Plus tard, après avoir employé des filtres d'aluminium, MM. Wickham et Degrais interposèrent, pour la première fois en janvier 1907, une lame de plomb caoutchoutée de 1 mill. 27 d'épaisseur.

Après l'étude physique que fit en 1907 M. Beaudouin des rayonnements à travers toute la série des écrans, et les travaux de M. Dominici sur emploi des rayons y isolés, MM. Wickham et Degrais utilisèrent fréquemment dans le traitement des can- cers les filtres qui laissent passer, en plus des y, les rayons B durs en quantité utilisable. Suivant leur forme et leur localisa- tion, les cancers doivent être traités par des filtrages très diffé- rents, et il est indispensable de ne pas limiter à l’un des pro- cédés de filtrage une méthode qui en comporte de nombreuses variétés.

Sans insister sur les applications d'appareils à nu qui con- viennent aux formes superficielles ulcéro-croûteuses ne présen- tant pas inflammation périphérique, les auteurs recomman- dent Pemploi des écrans d'aluminium quand, par suite des loca- lisations (voisinage de l'œil, par exemple), il est utile de ne pas créer une réaction trop vive et que, d’autre part, les applica- tions ne peuvent être de longue durée.

Les écrans plus épais (1/10° de millimètre de plomb) laissant passer un rayonnement surpénétrant d’activité entre 10,000 et

GE

20,000, selon la source, et composée en majorité de rayons B, conviennent aux formes torpides avec grosses perles épithéliales quand la région permet de laisser à demeure les appareils plus longtemps.

Pour les formes présentant de l’inflammation périphérique, les rayonnements doivent être composés de rayonnements très pénétrants (8 et y durs et de faible valeur quantitative, 2,000 à 3,000) laissés au contact 50 à 60 heures par 10 heures avec 24 heures d'intervalle.

On obtient ainsi, comme les auteurs l’ont signalé dès leurs premiers travaux, la réduction des épithéliomes sans inflamma- tion surajoutée.

Parmi leurs méthodes, les auteurs préconisent, chaque fois qu’on peut l’employer, celle du feu croisé qui donne une action plus intense et plus rapide, soit que l’on ait recours aux appa- reils nus ou recouverts de toute la gamme des écrans.

L'introduction de tubes radifères dans les tumeurs mêmes (méthode Morton et Abbé) et pour les atteindre dans les ori- fices naturels et artificiels a été employée par les ‘auteurs avec certains résultats favorables.

Quant aux épithéliomes de la peau de petite et de moyenne dimension, les résultats décisifs sont pour ainsi dire constants.

Séance du mercredi 4 août (matin).

MM. les D" ARCELIN, radiologiste, et RAFIN, chirurgien de l'hôpital St-Joseph (Lyon). Valeur du diagnostic radiogra- phique des affections des voies urinaires. (Rapport, résumé.)

M. ARCELIN s'occupe des considérations radiogriphiques. Au moment de l’examen radiographique, le malade sera purgé et à jeun. L'examen portera toujours sur l’ensemble des voies uri- naires. Trois plaques 24 x 30 suffisent. L’une pour le rein droit, l’autre pour le rein gauche, la troisième pour l’extrémité infé- rieure des uretères et la vessie.

354

En radiographie lente, la compression avec le ballon de caoutchouc permet d'obtenir des plaques de netteté parfaite.

En radiographie lente, il est nécessaire d'employer des rayons répondant uux n™ 4-5 Benoist. En radiographie rapide, des rayons 6-7 donneront les mémes résultats.

La limitation du champ de la radiographie par un diaphragme approprié est une des conditions de réussite.

La plaque sèche sera examinée, sur un verre dépoli, de préfé- rence à la lumière du Jour.

Dans 70 % des cas, le rein pourra être mis en évidence, sinon dans sa totalité, tout au moins par son pôle inférieur.

Dans le cas de pyonéphrose ou d’hydronéphrose, la radiogra- phie montrera souvent le contour de la poche, l’éloignement du rein par rapport à la colonne vertébrale sous l’intluence du bassinet distendu.

L'ombre d’un calcul rénal a une physionomie propre. Lors- qu’il s’agit d’un volumineux calcul ramifié, la forme de l’ombre donne une certitude absolue. Au contraire, lorsqu'il s’agit d’un petit calcul, sans forme particulière, dans certains cas il sera permis de douter et il y aura lieu.d’examiner le malade à plu- sieurs reprises.

L'ombre des calculs est au moins aussi accentuée que celle des côtes et apophyses transverses; mais généralement elle l'est beaucoup plus.

La situation de l'ombré retrouvée à plusieurs jours d’ inter- valle à la même place au-dessous de la douzième côté, en face de l’apophyse transverse de l’une des vertèbres lombaires, est en faveur de la présence d'un calcul urinaire.

Tout calcul radiographié sur le trajet de l’uretère demande à être identifié par une seconde radiographie faite après intro- duction d’une sonde opaque aux rayons X. Si la sonde butte contre le calcul et le déplace, le diagnostic de calcul de lure- tere est certain. Si la sonde passe librement et que les deux om- bres sont distinctes, 1l ne s'agit pas d’un calcul. Le cathétérisme urétéral isolé indique bien un obstacle, mais ne dit pas la nature de cet obstacle. Il peut sagir d’une coudure de l’uretère, d'un

ag pee

rétrécissement aussi bien que d’un calcul. Voilà un exemple dans lequel seule l'association des deux méthodes donne un résultat de haute précision.

Une radiographie négative ne veut pas dire qu’il n’y a pas de calcul. La cause d'erreur peut tenir à la petitesse du calcul, à sa nature (acide urique pur).

M. RariN s’occupe des considérations cliniques. À part de très rares exceptions, le diagnostic radiographique donne au clinicien des renseignements infiniment plus précis que les symptômes cliniques. La radiographie nous renseigne sur le nombre des calculs, leurs situations, leurs volumes et poids approximatifs, leurs formes; elle nous indique en outre quel est le degré de mobilité du rein, quelle est la position du calcul par rapport au rein, quelle est l'épaisseur de substance rénale qui reste autour de certains volumineux calculs, le niveau auquel se trouve le pôle inférieur du rein.

Ces données sont de toute première importance. C’est grâce à elles que le diagnostic de néphro-lithiase a été fait plus souvent, que les opérations se sont multipliées et que les indications opé-

ratoires ont été précisées dans ces dernières années.

Conclusions. Quelles que soient les critiques formulées contre la radiographie appliquée à l’examen des voies urinaires, Je crois que sa technique est aussi perfectionnée que l’est celle qui est employée aujourd’hui en chirurgie urinaire. Nous avons déjà amélioré cette dernière grâce aux lumières de la radio- graphie et nous l’améliorerons encore. Ce sera l’œuvre de l’ave- nir. Mais nous sommes convaincu que ces progrès ne se réalise- ront que par les efforts combinés des uns et des autres, radiographes et chirurgiens.

Discussion

M. le Professeur Broca (Paris) demande à M. Arcelin des détails au sujet de la technique employée.

M. le D" Arctur. L’anticathode est placée à 50 centimè. tres de la plaque. Je me propose d'augmenter cette distance.

356

J’emploie des rayons 4 à 5 Benoist, 4 à 5 milliampères. La pose est de 1 minute pour les sujets de 16 centimètres d’épais- seur, 2 minutes pour 18 à 20 centim. d’épaisseur, 3 minutes pour 20 à 25 centimètres d’épaisseur.

M. le D" [IMBERT n’a pas pu déceler dans la vessie un calcul, qui, extrait et appliqué sur un tibia, fait parfaitement ombre à travers celui-ci sur la plaque.

M. le D" ArcErix. La radiographie des calculs de la vessie offre certaines difficultés. Dans le cas cité par M. Imbert la cause d'erreur provient probablement de la mobilité du calcul pendant la pose.

M. le D" DE NoBEzE (Gand) signale le procédé (1) décrit par le D" Kaisin, à la Société belge de Radiologie, et qui consiste à introduire dauns le rectum ou la vessie, une ampoule de caout. chouc que l'on remplit d'air ensuite. Ce procédé donne iles épreuves d'une parfaite netteté.

M. le D" ARCELIN n’a qu'à se louer de l’emploi du ballon de caoutchouc comprimant la paroi abdominale. L’opacité du

caoutchouc est insignifiante.

M. le Professeur Guizroz (Nancy). Les recherches que j'ai faites en particulier pour mon collègue M. André, appuyent les conclusions de MM. Arcelin et Rafin relativement à la valeu: de la méthode du diagnostic radiographique et je n’insisterai pas sur ce point. |

Tous les calculs même petits que j’ai indiqués ont toujours été extraits montran. ainsi toute la valeur d’une affirmation radio- graphique positive, nettement établie et mise au service d'un habile chirurgien.

Par côntre, dans mes observations de recherche de calculs, chaque fois que la radiographie n’a rien indiqué et que la chi- rurgie est intervenue, soit pour cette recherche qui était légiti-

(1) Journal de Radiologie, 1909, vol. LE, 3, p. 195.

LA

357

mée par d’autres signes, soit pour d’autres motifs, on n’a pas trouvé de concrétions.

Je ne fais exception que pour un seul cas déjà ancien, remon- tant à une dizaine d’années, ayant fait l’objet d’une discussion à la Société de Médecine de Nancy. Il s'agissait d’un calcui urique que n’avait pas décelé une épreuve radiographique et qui fut extrait par M. Février.

M. le Président donne lecture de la communication de M. le Professeur NoG1Er (de Lyon) sur le procédé qui permet de dis tinguer les calculs de la vessie des taches du bassin. Ce procédé consiste à prendre deux radiographies du sujet et à faire bouger le malade entre les deux poses. Si l’ombre n’est pas à la même place sur les deux épreuves on a affaire à un calcul.

Discussion

M. le D" ArcEzIN. Ce procédé est celui des incidences diffé- rentes, décrit il y a quatre ans.

M. le D” LaAQuERRIÈRE. Le malade étant mobilisé entre les deux poses, ce n’est pas le procédé des incidences différentes.

M. le D' ARCELIN. Deux exemples de calculs d'acide urt- que pur invisibles par la radiographie. 1*7 cas. Calcul d’acide urique pur de 47 centigrammes,

trouvé, à l’autopsie du sujet, dans le bassinet gauche.

Le sujet avait été radiographié deux fois, un an et huit jours avant sa mort. La radiographie avait été négative dans les deux cas.

Après l'autopsie, le calcul est replacé dans le bassinet du rein enlevé. La radiographie est faite de nouveau avec des rayons 5. Il est encore impossible de retrouver l’ombre du

-- 358

calcul à travers celle du rein. L'analyse chimique indique un calcul d’acide urique pur. Examiné à l’écran, ce calcul parait plus transparent que la partie charnée des doigts qui le tiennent

cas. Calcul de l’uretère composé de deux parties; une partie centrale d'urate de calcium et deux extrémités d'acide urique pur. Or, ce calcul ne fut diagnostiqué que grâce à son noyau central opaque aux rayons X. Les deux extrémités donnèrent pas d'ombres visibles sur la radiographie faite sur le vivant.

M. le Secrétaire lit la communication de M. le D" H. Guwizze- MINOT (Paris) : Contribution à l’étude des effets biochimiques des radiations X.

Le grand problème de la radiobiologie consiste à établir un lien entre la dose d'énergie abandonnée par une radiation de qualité donnée à un élément figuré qu’elle traverse et l'effet biochimique produit.

Cette dose dépend : de la dose incidente qui frappe lélé- ment vivant; d’un coefficient propre à cet élément, à sa nature chimique, et d’ailleurs variable suivant la qualité du rayonne- ment; 3 des dimensions de l'élément.

On peut se débarrasser de cette dernière notion en considérant non pas la quantité totale en valeur absolue absorbée par l'élé ment, mais la dose absorbée par unité de masse (ou d’épaisseur, étant donné le peu d’écart entre les densités et compositions des substances plasmiques) de la substance sensible de cet élément.

Dès lors cette dose absorbée est mesurable. Il est possible, en effet, même pour des faisceaux dont la formule analytique est inconnue, de dresser, à travers un tissu chimiquement défini, la courbe des doses absorbées pour 100 unités incidentes.

Il suffit, pour cela, d’adopter un réactif de dosage et une uuit* de quantité tirée de la réaction adoptée, de construire les cour- bes de transmission à travers ce tissu, et d’en tirer les courbes d'absorption (dérivées par rapport aux épaisseurs).

359

On obtient, en réalité, les courbes de chute des pouvoirs fluo- roscopique, radiographique, ionisant, etc., suivant le réactif de dosage, et 1l n’y a parallélisme entre les effets produits que pour des rayonnements isochromes (de même qualité); mais l’obser- _ vation des effets biologiques produits permet précisément d’éta- blir, pour chaque qualité moyenne, le lien qui unit les doses mesurées aux effets produits.

Les courbes que j'ai construites jusqu’ici sont tirées du dosage fluoroscopique et du dosage radiographique. Les observations cliniques et expérimentales tendent à faire admettre que, daus les limites des longueurs d’onde couramment employées, les effets biochimiques produits sont à peu près proportionnels aux doses absorbées, mesurées par ces réactifs, quelle que soit la qualité. De sorte que si, du dosage partiel fait par des réactifs différents on concluait à la dose globale absorbée, on pourrait prévoir qu’il n’y a pas, entre ces limites, spécificité des lon- gueurs d’onde pour les effets biochimiques produits sur la ma- tière vivante.

-= M. le D" Larrau (Bordeaux). Action des rayons X sur la

moelle en voie de développement.

M. le D' Lareau. Radiothérapie dans les rétractions de

l’aponévrose palmaire.

m

M. le D" LaBEau. -— Résultats éloignés de la radiothérapie dans la syringomyélie. i L'amélioration constatée chez les malades, il y a deux ans,

s’est maintenue et a même progressé. Discussion

M. le D? DELHGERM (Paris). J’ai publié en 1904, dans les

Annales de la Salpêtrière, un cas de syringomyélie qui fut très

360

amélioré par la radiothérapie. Il y avait de l’atrophie des mus- cles des éminences thénar et hypothénar; la dissociation de la sensibilité existait. La maladie a régressé en ce sens que la malade, qui ne pouvait ni coudre, ni écrire, peut se livrer à ces travaux actuellement. Cette amélioration se maintient. C'est le premier cas de radiothérapie de la syringomyélie qui fut publié.

M. le D' DE NoBeze a publié dans le Journal de Radiolo- gie (1) un cas il a obtenu une grande amélioration du côté de la sensibilité; les résultats ne furent pas aussi bons du cóté de la motricité.

M. le D" Guii.Loz appuie, comme lan dernier, les conclasions de MM. Delherm et Labeau relativement au traitement de syringomyélie par la radiothérapie. Depuis la communication qu’il a faite à Clermont avec M. Etienne, les troubles sensitifs soigneusement déterminés indépendamment par l’un et l'autre auteur pour mettre hors de cause leur subjectivité, ont réapparü par deux fois très atténués toutefois chez la malade faisant l'objet de l'observation. Ils ont à nouveau disparu sous l'in fluence de quelques séances de radiothérapie. Les troubles fonc tionnels ont continué à s'amender, de même que l’atrophie musculaire, sans changement notable toutefois dans les réactions électriques. Aucun traitement électrothérapique n’a été pra- tiqué. |

M. le D" LaBEau. Quelques cas de tabes traités par la radio- thérapie.

L'auteur a obtenu de notables améliorations dans le traitement du tabes par la radiothérapie.

(1) Journal de Radiologie, 1909, vol. I, p. 23.

261 Discussion

M. le D" Lisorre (Bruxelles). --- Chez ces malades n’y avait- il pas d’antécédents syphilitiques ? Avait-on institué aupara- vant un traitement mercuriel? Ce traitement peut en effet faire

disparaître les douleurs fulgurantes.

M. le D” BERGONIÉ. On demande plus à la physiothérapie qu'aux autres méthodes. Quand nous n’obtenons pas de guéri- sons complètes, on crie à la faillite de notre thérapeutique. Nous obtenons le retour de la sensibilité dans la syringomyélie, la disparition des douleurs fulgurantes dans le tabes, cela mé-

rite d’être signalé.

M. le Professeur Lenuc (Nantes). —- Il est très rare de voir disparaître les douleurs tabétiques, sous l’influence de n’importe quelle médication.

M. le D" ZIMMERN. J’ai obtenu la disparition des douleurs fulgurantes par l’application de la radiothérapie, loco dolents. Dans les douleurs erratiques, aucun résultat. |

M. le D" Broca. Radiothérapie intensive en dermatole gie. (Résu mé.)

La radiothérapie à petites doses n’amène pas d’accidents im- médiats, mais peut amener, comme dans le lupus par exemple, des accidents à longue échéance, épithéliome se greffant sur l’affection primitive.

L'auteur a essayé des doses massives, 8 H en une séance nour le lupus, 20 pour les épithéliomas. Pour protéger la peau envi- ronnante, M. Broca emploie de la peinture au minium, ne laissant à nu que les nodules lupiques.

Discussion

M. le Professeur CHARMEIL (Lille). Je n’emploie pas la technique de M. Broca. Depuis plus de sept ans et sur plus de

362

cent cas, je suis très satisfait des résultats obtenus avec de petites doses : 4 à 5 IT tous les quinze jours; je guéris mes malades en deux, trois, quatre mois; les résultats sont plus lents mais les malades ne sont pas gênés par une réaction violente. Tous les traitements appliqués au lupus ne peuvent empêcher la récidive, la technique de M. Broca donne-t-elle des meilleurs résultats?

M. le D' Broca. Quand on doit attaquer profondément, avec ma méthode on va plus vite.

M. le D" DE Norre est partisan des doses fractionnées. Il se méfie des fortes doses qui peuvent amener des réactions beau- coup plus intenses que celles que l’on peut prévoir, car, quoi qu'on en dise, il existe une idiosyncrasie vis-à-vis des rayons À.

M. le D" Gurzzoz. Les techniques différentes arrivent au même résultat. Il est plus prudent d'employer des doses faibles. Disons que nous améliorons le lupus, mais que rarement nous le guérissons complètement.

M. le D" BERGONIÉ donne de faibles doses dans le lupus, dane l’épithélioma des doses d'autant plus fortes que la lésion est plus profonde. Un cas de cancer de la lèvre, irradié pendant vingt minutes (2 milliampères) n’a pas récidivé : au bout de huit jours la lèvre était énorme; au bout de trois semaines, gué- rison.

M. le D' CuarĮeIL. La guérison de l’épithélioma par la radiothérapie dépend de la nature de celui-ci. L’ulcus rodens gučrit, l’épithélioma corné est plus résistant; quant aux épi- théliomas des lèvres, lorsqu’ils sont encore opérables, il faut les envoyer au chirurgien.

M. le D! Hrxrard. J'ai cru remarquer que les épithélio- mas, tant qu’ils étaient limités à la peau, se guérissaient, mais une fois arrivés à la muqueuse n'étaient plus favorablement influencés par les rayons X.

363 Séance du mercredi 4 août (soir).

Conférence avec projections lumineuses de M. le D" Etienne HENRaRD (Bruxelles). De la recherche radiographique et radioscopique des corps étrangers. Procédés. Instrumentation. Résultats. (Résumé.)

r

La radioscopie et la radiographie seront utilisées pour Île diagnostic de la présence et du siège des corps étrangers (opa- ques) du larynx, de la trachée et des bronches. Pour l’extrac- tion des corps étrangers du larynx et des bronches, on donnera la préférence à la laryngo- ou à la bronchoscopie.

Les corps étrangers de l'estomac et de l'intestin seront déce- lés par les rayons X. D’évacuation de ces corps étrangers se fai- santen général par les voies naturelles, on se contentera de sui- vre leur progression, à moins qu’ils ne se localisent dans lesto- mac ou l'intestin.

Les corps étrangers de l’œsophage sont les plus intéressants. Le diagnostic des fragments d’os ou des épingles se fera par la radioscopie ou l’œsophagoscopie, leur extraction par l’œsopha- goscopie. Le diagnostic des dentiers se fera par les mêmes moyens. L’extraction peut être tentée sous l’écran radioscopique au moyen de la pince de Thiemann, mais il ne faut pas insister, et si la moindre résistance se manifeste, il faut pratiquer l’œæso- phagoscopie si le dentier s’est arrêté à la partie supérieure ou à la partie moyenne de l’œsophage, la gastrotomie s’il est des- cendu jusqu’au cardia.

Le diagnostic des corps étrangers plats de l’œsophage (pièces de monnaie) se fera à l’écran ; l’extraction, au moyen d’une rince à branche glissante, sous l'écran radioscopique dans l'examen latéral, si le corps étranger siège à l’entrée de la por- tion thoracique de l’œsophage (22 succès sur 22 cas [1]); l’ex- traction, au moyen de la pince de Thiemann, si le corps étran- ger siège plus bas (2 succès sur 2 cas [1]).

(1) Journal de Radiologie, 1908, p. 398.

Tout corps étranger, introduit dans les tissus par effraction doit, à quelques exceptions près, être enlevé; pour la détermina- tion du siège des corps étrangers opaques aux rayons X, il fau- dra employer la radiographie stéréoscopique avec repères métal- liques à la surface de la peau (1); confirmer le résultat de la radiographie stéréoscopique par la méthode géométrique, avec plomb témoin, qui consiste à obtenir sur la même plaque deux projections du corps étranger et du plomb témoin (2) (59 succès sur 60 cas [3]); pour l’extraction, rejeter désormais, comme dangereux pour l’opérateur (radiodermite) et pour le patient (infection, hémorragie), l'extraction sous l’écran radioscopique; pour la recherche, employer l’autotéléphone avec stylet spécial dont la partie moyenne a été isolée (4).

M. le D' D’Hazrzuix (Lille). Contribution expérimentale à l’ertraction des corps étrangers des voies respiratoires sous le contrôle des rayons X.

Nous avons publié, au dernier Congrès de Physiothérapie, l’histoire d’un « bigoudi » en plomb qui, égaré dans la bron- che droite d’un enfant de dix mois, put être saisi et extrait au moyen d’une pince métallique dont on suivait la progression sous l’écran radioscopique.

Depuis lors, nous avons voulu être fixé sur la facilité et Pin nocuité de la méthode et avons eu recours à l’expérimentation chez le chien. Nous avons introduit des clous, des épingles, des vis, des fragments de plomb dans les voies respiratoires d’un certain nombre d’animaux. Il nous a été ensuite relativement facile de les extraire au moyen du procédé sus-énoncé. La survie des animaux montre l’innocuité relative de cette méthode trè:

(1) Journal de Radiologie, 1907, p. 70. (2) Journal de Radiologie, 1909, p. 127. (3) Annales de la Société Médico-chirurgicale du Brabant, 1909, p. 59.

365

élégante. Elle mérite d’être mise en parallèle avec la bronchos- copie. On objectera que l’on va un peu à l’aveugle, que l'on ne guide pas exactement la pince du premier coup dans la bronchs siège le corps étranger. La pratique démontre cependant que l’on réussit presque toujours à saisir le corps étranger, même quand il se trouve au voisinage du diaphragme et l’on pent se demander si le tube à bronchoscopie peut être poussé aussi loin que la petite pince empruntée d’ailleurs au matériel de la bron- choscopie.

On dira encore que la bronchoscopie se prête mieux aux ma- nœuvres de mobilisation, de version du corps étranger. Dans la méthode que nous décrivons, on ne voit pas les obstacles appor- tés par les régions perméables aux rayons X; aussi faut-il pro- céder avec douceur et ne pas faire de traction intempestive; à cette condition on évitera tout accident fâcheux et cette méthode d'exécution facile mérite d’être adoptée pour l'extraction des corps opaques aux rayons X. Son innocuité chez le chien per- met de présumer son innocuité chez l’homme. À priori, elle ne paraît pas plus nocive que la bronchoscopie; elle est, dans tous les cas, d’une exécution facile.

M. le D" D’Halluin nous a montré, à l’écran radioscopique avec l’installation que M. Drault avait mis à sa disposition, la facilité avec laquelle il extrait des corps étrangers des bronches chez le chien. (Des applaudissements unanimes ont accueilli ia superbe démonstration de M. D’Halluin.)

Séance du vendredi 6 août (matin).

M. le D" E. ArsertT-WEiz (Paris). Traitement des angio- mes et des taches de vin par la radiothérapie.

M. Albert-Weil a traité par la radiothérapie quatorze cas d’angiomes et de taches de vin, et il a toujours eu des succès symptomatiques et esthétiques :

Sur ces quatorze cas, quatre étaient des angiomes sous-der:

366

miques, diffus avec altérations accentuées des téguments, deux étaient des tumeurs érectiles pédiculées avec altération vonsi- dérable des téguments, trois étaient des angiomes très profon- dément situés, un était un lymphangiome du dos de la main et quatre étaient des nœvi plans ou taches de vin. L’auteur rap porte en détail les observations de cinq malades, présentés guéris, en mars 1909, à la Société de Médecine de Paris.

Il conclut en rappelant tout le bruit fait autour de la théra- peutique des angiomes par le radium et en montrant que tout ce que donne le radium en ce cas particulier peut être obtenu pur les rayons X méthodiquement employés. C’est un fait im- portant, car le traitement par les rayons X est à la portée de tout le monde, alors qu’au contraire le traitement par le radium nécessitant une assez grande quantité de sel pur et, par suite, un appareillage extrêmement coûteux, est un traitement qui

ne peut être généralisé.

Séance du samedi 7 août (matin). Président, M. le D" Bergonié, président pour 1910 à Toulouse.

M. le D" Sréper (Bordeaux). Rapport sur la radiographie

rapide. (Résumé.)

À quelles conditions devra répondre le générateur idéal pour l'alimentation intense du tube à rayons X ? Le générateur idéa! devra :

Donner un flux continu d’électricité;

Maintenir entre ses bornes une différence de potentiel tou- jours très élevée;

Permettre la variation et le réglage de cette différence de potentiel ;

4" Etre susceptible d’un débit ou intensité oscillant entr° 0 et 60 milliampères.

La bobine d’induction se rapproche le plus du générateu idéal.

367

L’interrupteur doit remplir les conditions suivantes :

Admettre et interrompre des courants de grande intensité;

Donner une rupture très brusque;

3 Fournir le nombre de ruptures maximum dans l'unité de temps.

Les soupapes à vide sont les meilleurs procédés actuels pour arrêter l’onde inverse.

Quelles conditions doit remplir un tube utilisé en radiogra phie intensive ?

Il doit avoir un foyer aussi petit que possible;

L’ampoule doit admettre de grandes intensités;

L’invariabilité du vide pendant l’utilisation est une autr: condition à remplir par les tubes intensifs;

4 Le degré de vide doit être réglable.

D’après les expériences de l’auteur, en radiographie rapide les rayons mous (inférieurs à Ben.) ne doivent être utilisés que pour les régions peu épaisses des membres et seulement pour l’étude des lésions osseuses. Les poses seront avec eux relativement longues si l’on veut obtenir un bon résultat.

Les rayons 6 doivent être réservés à l’étude des os (partie épaisse des membres, hanche avec radio-limitateur) et pour les clichés de thorax d’enfant avec des poses très courtes.

Les rayons 7 sont les meilleurs pour l’examen des pou- mons chez les adultes, les os seront moins différentiés, mais les détails des tissus mous seront plus nombreux. Pour les radio- graphies de bassin et de reins, les rayons 6 à 7 sont les meilleurs.

M. le D! KA=sTLzE (Munich). Rapport sur la radiographie rapide. (Résumé.)

L'auteur s’est préoccupé de réaliser le vœu d’obtenir des radiographies cinématographiques des mouvements des organes internes. Il faut pour cela employer une grande énergie pri- maire, une tension de 220 volts et l’usige de deux écrans ren- forçateurs entre lesquels se trouve autant que possible le film

sensible.

368

La principale application de la radiographie rapide se trouve dans la médecine interne : cœur (avec deux écrans), poun'ons. La distance de l’anticathode à la plaque sera de 50 à 60 centimè- tres; pose de 3/4 à 4 secondes; position dorso-ventrale; le grand axe du tube dans la direction de l’axe du corps, incidence nor- male à la région cervicale; 30 ampères, 110-220 volts, 10 à 12

milliampères; pour l'estomac, incidence ombilicale. Discussion

M. le D' Béparr (Lille) se méfie des indications des appa- reils de mesure d’intensité dans l’ampoule.

M. le D" Arcezix. Il est difficile, surtout avec une forte intensité, de maintenir les ampoules au même degré de vide : au début un tube donne du Benoist 5-6, puis mollit pendant la marche.

M. le D" Broca. Si un tube donne de pareilles variations, c’est qu’il n’a pas été mis au point pour ce qu’on lui demarde.

M. le D" SréÉper. Si la qualité des rayons varie pendant la pose, les effets des rayons durs détruiront ceux des rayons mous.

M. le D" Béparr. - - Le régime des ampoules varie pendant la pose, les ampoules donnent d’abord d:s rayons durs, puis des

rayons MOUS.

M. le D" ArcErIN. Si nous nous plaçons au point de vue essentiellement pratique nous constatons qu’il y a de bonnes

ampoules et de mauvaises ampoules.

M. le D" Gurzroz. L’instantanéité en radiographie ne sau- rait être précisée, elle varie comme en photographie ordinaire, suivant le but cherché et dépend de la rapidité des mouvements de l’organe étudié.

M. Guilloz a effectué en 1901 devant les membres du Congre; des Sociétés savantes, réuni à Nancy, des radiographies de la main et de l'avant-bras avec une pose évaluée à 1/5 et 1/10 de

369

seconde, correspondant à la manœuvre la plus rapide que l’on puisse faire, après exercices préalables, d'un interrupteur sur l’inducteur de la bobine. Il a, à la même époque, décelé égale- ment de la même façon une épingle dans l'intestin d'un nour- risson, saisi chez l’enfant les différences de silhouette du cœur

en diastole et en systole. Ces recherches, pour lesquelles il a entrepris bien des essais, en particulier sur les tubes (tubes à chrome), avaient comme but la cinématographie radiographique qu'il n’a pu poursuivre pour divers motifs.

Relativement à ce qui a été dit pour le degré radiochromomié- trique des rayons X employés en radiographie instantanée, M. Guilloz est d’avis qu’il ne peut être précisé, car dans ses tubes, de même que dans tous ceux qu'il a eus entre les mains, l'état final n’est pus le même que l’état initial. Le degré ebro- mométrique varie du reste avec l’intensité du courant passant dans le tube indépendamment de son état de vide. Il est tou- Jours, dans ses expériences, parti de tubes relativement durs et il les laissait le plus souvent en connexion avec la trompe pour la facilité de leur réglage.

M. Guilloz ne se rallie pas à l'opinion demandant qu une bonne radiographie soit toujeurs prise avec la même qualit: de rayons. Cette question demande a étre plus soigneusement ‘lis cutée, car on sait qu’on obtient d’excellentes radiographies svec des tubes qui varient de qualité pendant la pose et il semble méme que cette variation soit favorable. Tout dépend de ce qu'on définira par bonne radiographie. Si l’on veut obtenir le maximum de différenciation entre deux tissus déterminés, il semble bien qu’on l’obtiendra au maximum avec une quaiité bien déterminée de rayons qui, par conséquent, devront être constants pendant la pose. Mais si dans une radiographie au lieu de rechercher quelques contrastes très heurtés, on veut

différencier, faire apparaître le plus choses possible, et ce sera souvent pour le but diagnostic la meilleure radiographie, il y a intérêt à varier la qualité des rayons.

C’est ainsi qu’on obtiendra à la fois des détails dans les us et

dans les parties molles en laissant varier le tube du dur au

370

mou pendant la pose. Les rayons durs donneront des détails dans les os; ils diminueront le contraste dans les parties molles différenciées par les rayons mous qui, à eux seuls, dans les con- ditions ils ont agi, n'auraient guère suffi pour donner des détails osseux. De ces actions il peut résulter une différenciation encore suffisamment nette dans les parties molles : c’est une question de plus ou de moins dans l’intensité des rayons et teur qualité correspondante. L’auteur n’a pas abordé l’étude systé- matique de cette question, mais il croit que l’empirisme de sa pratique radiographique lui permet d'avancer que des radio- graphies excellentes peuvent être obtenues lorsque le tube varie même considérablement de qualité pendant la pose.

M. le D' ne KrarixG-Hanr. La fulguration dans le traite. ment des plaies torpides et des radio-dermites. 3

Contrairement au cancer et à la tuberculose locale, les plaies torpides doivent être traitées avec des étincelles moyennes ou courtes (de 1 à 4 centimètres).

Pour les ulcères variqueux, en particulier, un curettage léger préparatoire sera suivi de l’étincelage suivant: étincelles moyennes employées courtes sur la plaie; étincelles moyennes, à leur maximum de tension, sur toute la zone enflammée péri- phérique. En moyenne, tout compris, 5 à 6 minutes (très varia- ble suivant les cas).

Les eczémas et certaines affections cutanées se trouvent b'en de ces applications.

Les radiodermites devront être traitées plus énergiquement : excision soigneuse de toutes parties mortifiées; fulguration un peu plus énergique que pour les plaies torpides (proportion- née à la gravité des cas et à leur profondeur). Les radiodermites aiguës se guérissent mieux que les chroniques : pour celles-ci, les douleurs disparaissent, mais la peau n’est pas extrêmement modifiée dans ses apparences.

371 Erposition.

Dans un vaste local du Lycée Fénélon, avait été organisée

une exposition d’appareils électriques.

M. DRISSLER exposait le tube intensif modèle Bergonié, un tube intensif modèle Drissler, un tube du D" Kocher pour les cavités, un tube à courant d’eau continu, un tube du D" Guilloz pour radiostéréoscopie, un tube du D" Guilloz pour courant fort, à miroir de chrome, un tube « genre Polyphos » pour courant

intensif. .

MM. Raprcuer et Massror : une bobine pour rayons X et divers appareils à projections.

M. Lezy, un protecteur localisateur pour rayons X.

M. RorIQuET nous montre deux modèles de transformateurs intensifs qui peuvent supporter au besoin, sans aucun risque, 30, 40 ampères et plus; un nouveau type très intéressant d’in- terrupteur à jet de mercure, à gaz. Un dispositif ingénieux de levier de commande générale permettant en même temps le réglage d’intensité du primaire, sans qu’il soit nécessaire d’em- ployer aucun rhéostat. Un matériel transportable en trois caisses, accumulateurs, transformateur intensif et interrupteur petit modèle à bas voltage qui, comme le précédent, ne nécessite

aucun rhéostat.

M. Drauzr: un appareil porte-ampoule à protecteur pour radiologie, permettant la substitution instantanée d’ampoule toute centrée, un matériel intensif de radiologie, fonctionnant sur courant continu et alternatif avec interrupteur à diélectri-

que gazeux; plusieurs modèles de protecteurs.

M. GAIFFE : un meuble très élégant supportant un transfor- mateur à diélectrique gaz. M. Gaie fabrique deux types de transformateurs: le 1, qui peut absorber sous 110 volts courant continu jusqu’à 20 ampères; et le 2, qui prend, dans les mêmes conditions, jusqu’à 40 ampères.

Etienne HENRARDR.

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

H. Vaouez et E. BorDET. De la valeur comparée de l’orthodia- graphie et de la percussion dans le rétrécissement mitral pur. (Semaine médicale, 19, 1909.)

Généralement, l'auscultation seule permet de diagnostiquer le rétrécissement, mais il est des cas cependant le diagnostic n’est pas toujours aussi certain, ou bien encore il n’est pas possible d’afirmer qu'il ne coexiste pas un certain degré d’in- suffisance. La percussion jointe à l’orthodiagraphie lèvera le doute.

L'examen doit se faire en position frontale et en position oblique.

Voici brièvement les particularités que nous indiquent ces auteurs en cas de rétrécissement mitral.

En position frontale; d’une façon générale, il y a développe- ment modéré du cœur gauche, tendance à la rectitude du con- tour de son ombre, développement accentué de l’aire de pro- jection du cœur à droite du sternum.

Normalement la ligne du bord gauche est oblique, légèrement bombée dans son tiers supérieur et s’arrondit au niveau de la pointe. Dans le rétrécissement mitral pur cette ligne n’est pas bombhée mais tend à la rectitude; son obliquité est modérément marquée; elle fait à sa rencontre avec la ligne diaphragmatique un angle net plus ou moins aigu. Ce sont les trois caractéris- tiques, mais qui peuvent d’ailleurs varier dans une certaine limite. Le point d’origine du ventricule peut se trouver abaissé, ainsi que la pointe.

Les auteurs attirent l’attention sur un point de technique im- portant dans la limitation de l’origine du bord ventriculaire à sa partie supérieure; ils indiquent clairement comment il est possible de repérer ce point siégeant à la zone les battements

373

ventriculaires cessent d’être visibles. Si l’on relie ce point ainsi repéré au point d’intersection de la courbe de l’oreillette droite avec l'ombre du sternum et de la veine cave supérieure par une ligne, on constate que dans le rétrécissement mitral pur cette ligne va de l'horizontale jusqu’à une obliquité marquée de la droite du cœur à sa gauche et de haut en bas, tandis qu’elle s’élève plutôt de droite à gauche dans le cœur normal. Le point d’origine du bord ventriculaire à la base du cœur est donc abaissé. De plus, la longueur du bord gauche n’est jamais aug- mentée, mais égale ou parfois inférieure à la normale.

La pointe du cœur forme un angle parfois très aigu, d'autant plus que le rétrécissement pur est plus serré. Elle est notable- ment éloignée du contour thoracique et souvent un peu plus rejetée en dedans qu’à l’état normal; de plus elle est abaissée.

L'ombre droite déborde notablement le bord droit du sternum et son contour est courbe. Normalement le bord gauche est plus grand de 1 à 3 centim. que le droit; dans le rétrécissement mi- tral pur il arrivera que le bord gauche sera égal ou inférieur au droit. |

Dans le cas de rétrécissement avec insuffisance, le bord gau- che tend vers la rectitude, la pointe fait un angle aigu avec la voûte diaphragmatique; mais la longueur du Lord ventriculuire est augmentée (12.7 centim.). Celui-ci commence plus haut et la pointe est abaissée. Le diamètre transversal du cœur est nota- blement agrandi (17 centim.) et la pointe rejetée vers la partie externe; le bord droit est plus court que le gauche. Ces derniers caractères paraissent être particuliers à la sténose compliquée d'insuffisance.

Comparant les résultats donnés par l’orthodiagraphie et la percussion, les auteurs montrent qu'il y a concordance et ils expliquent les images par un double déplacement d’ailleurs léger : mouvement de bascule du cœur de droite à gauche et de haut en bas, refoulement de la partie droite vers la région ster- nale.

L'examen de l'oreillette gauche présente également une grande importance. Elle apparaît augmentée de volume. Vaquez et Bordet indiquent quelles sont les positions dans lesquelles il convient de placer le sujet pour cet examen si délicat, tout en nous renseignant sur les causes d’insuccès ou d’impossibilité. Ce sont les positions oblique postérieure droite et oblique anté- rieure gauche. Ils étudient d’abord l'aspect du cœur normal dans ces positions.

374

Dans le cas d’oreillette gauche agrandie, la partie postéro- supérieure de l’ombre du cœur vient se confondre avec l’ombre de la colonne entre 45° et 50°, effacant ainsi la bande claire rétro- cardiaque normale, dans une partie de son étendue; il ne sub- siste qu’un petit triangle lumineux compris entre le bord ventri- culaire, la colonne et le diaphragme; en haut le contour de l'oreillette se relève et va disparaitre derrière l’ombre de la co- lonne. D’autres facteurs qu’il faut connaître peuvent modifier cette bande claire rétro-cardiaque, mais en dehors d’un état pathologique l’ombre du cœur ne se confond pas à 50° avec l’om- bre de la colonne.

De cette étude si intéressante et si claire, les auteurs con- cluent que les tracés donnés par la percussion et l’orthodia- graphie se confirment. L'avantage de la percussion est de don- ner une figure qu'on peut exprimer par des chiffres. Les deux méthodes se complètent.

LEJEUNE.

EYcKkMAN. New methods of stereoscopie. (Archiv of the Röntgen ray, juin 1909.) Neue Anwendungen der Stereoskopie. (Fortsch. a. d. Geb. d. Röntgenstr., Bd XIII, H. 6.) (Nouvelles méthodes de stéréoscopie.)

Au point de vue géométrique, la stéréoscopie pratiquée au moyen des rayons X est plus simple que la stéréoscop'e photo- graphique ordinaire. En effet, l’objet et sa projection se trou- vent du côté même du centre de projection, tandis que l'appareil photographique renverse ces rapports.

Cet appareil nécessite une distance fixée par la situation des foyers conjugués, ce qui n'est pas le cas en radiographie; de plus, il est absolument nécessaire que les plaques soient disposées dans le plan perpendiculaire au trajet de la lumière, ce qui n'est pas indispensable pour l’obtention des images radiogra- phiques.

Lorsque l’on fait une radio-stéréoscopie, 11 faut placer suc- cessivement les deux plaques exactement au même endroit, dans la même situation vis-à-vis des deux anticathodes. Ces deux anticathodes remplaçant les deux veux doivent être écartés de la même façon que ceux-ci, c'est-à-dire en moyenne de 65 milli- mètres.

Le point de l’objet le plus rapproché du tube doit être au moins à une distance de 25 centimèties de lanticathode; à une distance moindre l'œil ne saisit pas l’effet stéréoscopique.

375

L’instrument qui convient le mieux pour examiner les clichés stéréoscopiques est la combinaison de miroirs imaginée par Helmholtz dans son téléstéréoscope: elle permet un excellent éclairage des plaques.

Il est possible de voir l’objet tel qu’il se présente ou bien dans une position inverse; il suffit, pour obtenir ce résultat, de placer l’image correspondant à un œil vis-à-vis de l’autre œil et réci- proquement.

L'auteur donne le nom de polyphanie au fait de produire non deux images, mais des images multiples, 3 ou 4 (triphanie, tétraphanie), en plaçant toujours le tube de façon à ce que les différentes positions de l’anticathede soient toujours séparées par une distance de 6.5 centimètres; de cette façon on peut examiner un objet sous différents angles.

En donnant une disposition convenable aux miroirs, il y a possibilité de voir l’objet lui-même placé à l’endroit voulu et de voir en même temps les images radiographiques se superpo- sant sur lui-même; pour cela les miroirs qui se trouvent vis-à- vis des yeux doivent être demi-transparents. Ce procédé pré- sente l’avantage de rendre en quelque sorte transparent l’objet opaque et de faciliter au chirurgien la recherche soit d'un corps étranger, soit d'une partie de Pos. L'auteur dénonime ce pro- cédé : lg symphanie : il donne le nom de symphanométrie à une modification de la méthode permettant, au moyen d’une croix linéaire graduée, de mesurer la profondeur à laquelle se trouve un corps étranger, ou le diamètre d’un os, ou encore les divers diamètres du crâne.

En faisant usage d’un miroir transparent pour les rayons X et d’un appareil photographique, on peut réaliser en même temps des clichés photographiques ordinaires et des clichés radiographiques du même objet.

Pour que l’on se rende compte de la profondeur, de l’espace,

il faut que le cerveau reçoive au même moment deux aspects un peu différents du même objet. Cette condition, réalisée par la vue binoculaire au travers de prismes ou par l'intermédiaire des miroirs de Helmholtz, peut aussi s’obtenir autrement : c’est ainsi qu’un borgne en remuant la tête obtient exactement le même effet, son œil unique recevant des impressions se succédant rapidement et venant du même objet vu sous deux aspects; si l’œil reste fixe et que l’objet oscille la même condition se trouve réalisée; c’est pour ce motif que les vues du cinématographe donnent la sensation de relief.

316

La méthode de Davidson consiste à faire voir des deux yeux ensemble deux images stéréoscopiques apparaissant alternative- ment et donnant ainsi la sensation de profondeur.

Ceci nous permet de comprendre comment on peut arriver à voir stéréoscopiquement à l'écran radioscopique un objet tra- versé par les rayons X.

Pour y arriver, il faut posséder deux anticathodes distantes de 65 millimètres et éclairant concurremment un objet derrière lequel se trouve placé normalement l’écran radioscopique. Cha- que faisceau est alternativement caché par un écran en plomb; les veux de l'observateur se trouvent de l’autre côté de l'écran dans la position exactement symétrique à celle des deux anti- cathodes.

Dans ces conditions, l'œil perçoit parfaitement à l’écran l'aspect stéréoscopique, il voit l’objet dans une position symé- trique de celle qu’il occupe en réalité; l’auteur donne à ce pro- cédé le nom de métaphanie et celui de métaphanométrie à une modification permettant d'évaluer les distances.

Enfin, si, dans le cas de corps étranger, on fixe un point de repère à l'endroit précis on voit le corps étranger et que l'on remplace l'écran par un miroir, on aperçoit le corps étianger exactement à la place qu’il occupe en réalité, ce qui se dé- nomme métasymplhanie.

BIENFAIT.

M. BERTOLOTTI. Radiographie dans le mal de Pott cervical. (Annales d'électrobiologie et de radiologie, 4, 1908.)

L'auteur expose brièvement l'anatomie pathologique de la lésion tuberculeuse des vertèbres et donne ensuite un aperçu radiographique de la colonne cervicale à l'état normal en la comparant avec l’état pathologique dans le mal de Pott.

Puis il décrit ces anomalies radiographiques observées dans le mal de Pott cervical, et conclut que la position latérale est la position de choix pour le diagnostic radiographique des altéra- tions morphologiques de la colonne cervicale, notamment dans le mal de Pott sous-occipital.

L'atrophie diffuse des vertèbres cervicales, la destruction par- tielle ou totale des apophyses épineuses, l’apparition des trous de conjugaison et la diminution de la courbe physiologique le la colonne cervicale sont les traits caractéristiques du mal de Pott cervical au début.

311

Les particularités de la carie vertébrale de la région dorsale et de la région lombaire n’ont pas d’analogie avec celles de la région cervicale.

Duroxr.

JORDAN, X ray examination for the physician. (Arch. of the Roentgen ray, Aug. 1909.)

Dans la plupart des grands hôpitaux il existe un service de radiographie qui ne sert guère qu’au chirurgien; le Docteur Jordan a installé au Guy’s Hospital un service tout spéciale- ment destiné aux explorations médicales.

Chaque médecin de cet établissement a un jour qui lui est spécialement destiné pour lui permettre d'amener ses malades. L'installation est arrangée de telle facon qu’un grand nombre d'observateurs peuvent examiner le paticnt sans qu’il en résulte de perte de temps. Les tubes mous sont nombreux, de sorte qu’il est facile de les utiliser les uns après les autres sans chercher à maintenir l’un d'eux au degré favorable; la salle est bien chauf- fée pour ne pas exposer les malades à se refroidir et le tube est caché de façon à ne pas exposer les observateurs aux radiations, l'opérateur a pour toute protection nécessaire une paire de gants spéciaux.

Les patients sont examinés tantôt dans la position verticale, tantôt dans la position horizontale. Pour ce dernier examen M. Jordan emploie la table de Hænisch (Seifert, à Hambourg).

Le tube est caché par une boîte de bois doublée de caoutchouc spécial, et munie d’un diaphragme rectangulaire marchant séparément dans deux sens perpendiculaires. Le tube facile- ment centré et réuni aux pôles se meut aisément dans toutes les positions.

L'appareil servant à l'examen dans la position verticale est très perfectionné, il a été construit par M. Harry W. Cox.

Il se compose d’un portique double supportant la boîte conte- nant le tube et permettant des mouvements en tous sens. Le patient est mis à peu près debout sur une selle de bicyclette, ia pointe des pieds touche terre, le dos est appuyé contre un sup- port en toile et la poitrine est tenue par des lanières spéciales ;

ce siège qui permet l’examen facile du bassin est mobile dans le sens rotatif et dans diverses obliquités : le malade soutenu, comme nous venons de le dire, ne peut tomber.

Dix personnes peuvent examiner à la fois sans se gêner : de

378

plus l’écran doublé de verre plombé, est supporté par un appa- reil rigide qui permet de prendre toutes les positions. En appli- quant une plaque entre le malade et l'écran on obtient une radiographie avec cet avantage que l'écran révèle l’aspect que présentera la radiographie qui se fait ainsi pendant l'examen.

Cet appareil sert facilement à l’orthodiagraphie, à la télé- radiographie, à la radiographie instantanée et à la stéréoscopie.

La table de ITænisch convenablement doublée de plomb n’ex- pose pas l’observateur à la stérilité.

La bobine est de 12 pouces d’étincelle avec 4 self en série: le constructeur est M. Muirhead; l'interrupteur (Wodal) a je gaz d'éclairage comme diélectrique; courant de 100 volts el 2 ampères 9 est suffisant (tube Müller à anticathode renforcée); l'installation est complétée par un milliampèremètre et une soupape à étincelle et aussi par un contact par la pression du pied : ce contact permet d'éteindre la lumière d’abord et ensuite de fermer le courant primaire.

BIENFAIT.

KAESTLE. Die Wismutverbindungen und ihre Ersatzpräparate in der Rôntgenologie des menschlichen Magendarmkanals (Les composés de bismuth et leurs succédanés dans lélude radiologique du tube digestif). (Münch. med. Woch., n°18, 1909.)

Les intoxications de bismuth, observées par les radiologistes, se différencient des intoxications cliniques et expérimentales : elles offrent comme symptôme principal la méthémoglobinémie qui fait défaut dans les observations cliniques et expérimen- tales : Heffter put démontrer la méthémoglobine dans le sang et dans le liquide péricardique du cas d’intoxication mortelle qu'il observa: il attribua cette méthémoglobinémie aux nitrites qui résultent de la décomposition de la molécule de sous-nitrate. Böhme confirma l'observation de Heffter et apporta des preuves expérimentales à sa thèse, Erich Meyer observa aussi la méthé- moglobinémie après absorption d’une forte dose de sous-nitrate de bismuth administrée dans un but radiologique.

L’objection de Lewin, qui prétend que le sous-nitrate de bis- muth n’est pas en état de donner une méthémoglobinémie et que les intoxications par les nitrites et par le sous-nitrate de bismuth ne présentent pas une symptomatologie identique, cette objection se trouva déjà réfutée avant qu’elle fut formulée.

Les phénomènes d’empoisonnement déterminés par le carbo-

379

nate, l’hydrate, le phosphate, le sulfure de bismuth, etc..., ne peuvent donc, en aucune façon, ressembler aux phénomènes d'intoxication par le sous-nitrate. L'administration de ces subs- tances ne peut provoquer qu’une intoxication bismuthique : le bismuth résorbé et assimilé constitue un poison. L’intoxieation dépend du degré de transformation et de résorption de ces com- posés insolubles de bismuth.

Les expériences, entreprises par l'auteur, ont montré que la dissolution des composés de bismuth insolubles dans l’eau se fait d’une façon très inégale dans un milieu analogue au con- tenu du tube digestif. Tous ces composés s’y dissolvent peu et le phosphate de bismuth s’y dissout le moins : mais l’auteur ne put découvrir un composé de bismuth absolument insoluble.

Le bismuth non absorbé est éliminé avec les matières fécales à l’état de sulfure de bismuth (B1i°S°) et non pas à l’état d’oxyde de bismuth comme Groedel III l’affirme; ce sulfure n’est pas absolument insoluble dans l'acide chlorhydrique dilué et dans l'acide lactique. L'auteur administra le sulfure de bismuth au fieu du sous-nitrate et n’observa pas plus d’intoxication qu’à la suite du carbonate ou de l'hydrate; mais à l’heure actuelle il ne l’emploie plus qu’en lavement eri raison de la couleur brun- noirâtre de la substance.

Le danger du bismuth, quoique réel, est considérablement exagéré par Lewin : mais, puisque danger il y a, il faut cher- cher un succédané. Dans cet ordre d’idées, l’auteur préconisa l’oxyde anhydre de thorium qui ne présente aucun danger d’in- toxication, quoi qu’en dise Lewin. L'auteur injecta plusieurs grammes d'oxyde de thorium dans les muscles fessiers d’une série d'animaux et ne put observer de phénomènes d’intoxica- tion. Un chien, qui reçut par la bouche 80 grammes d’oxyde de thorium, ne montra pas de troubles, pas même des troubles de défécation.

Le poids atomique élevé du thorium fait que l’oxyde donne des opacités très denses, plus denses que celles que l’on observe, à poids égal, avec le bismuth. L’oxyde de thorium est surtout indiqué quand il suffit d’administrer de petites quantités de substance imperméable aux rayons X, comme, par exemple, dans l’étude de l’estomac à jeun, de l’estomac en sablier.

L’oxyde de fer magnétique, préconisé par Lewin, ne pourra aider au diagnostic qu’à doses massives, puisque le poids ato-

mique du fer est 55,5, tandis que celui du bismuth est 206,9. L’idée d’utiliser le fer dans les observations radiologiques n’est

380

d'ailleurs pas neuve; Rieder fit ses premières expériences avec des composés de fer; l'auteur lui-même s'adressa, il y a bien longtemps, dans le même but, à l’oxrde de fer calciné Fe0O0’. D'après les vues de l'auteur, l’oxyde de thorium semble être, à l'heure actuelle, le meilleur succédané des préparations de bismuth approprié aux usages radiolcgiques, pour les motifs suivants : à quantités égales, l’oxyde de thorium donne des opacités plus fortes que l’oxyde de fer magnétique; c’est une substance blanche, insipide et inodore, que les malades les plus délicats absorbent sans dégoût; c'est une substance d’une stabilité chimique extraordinairement grande: dans lorga- nisme, il ne subit pas la moindre modification. L’oxyde de fer magnétique, produit peu coûteux, pourra rendre, il est vrai, quelques services dans certains cas que l'expérience déterni- nera. KLYNENS.

FR. DESSAUER. Rüntgenmomentaufnahmen (Radiographie instan- tanée). (Münch. med. Woch., 21, 1909.)

L'auteur est arrivé à obtenir des négatifs démonstratifs avec une durée d’exposition de 100 à 200 fois plus petite qu’une seconde, c’est-à-dire 100 à 1000 fois plus petite que la durée

d'exposition habituellement à l’heure actuelle 1 à 10 secon- des de la radiologie instantanée (1). KLYNENS. Radiothérapie

DuPEYRAC. La radiothérapie dans les adénites. (Annales d'Elec- trobiologie et de Radiologie, 12, 1908.)

L'auteur expose d'abord brièvement comment se comportent les ganglions normaux, soumis aux irradiations rüntgéniennes. Dans la suite il passe en revue l'emploi thérapeutique des rayons X dans les diverses sortes d’adénites, notamment les adé-

(1) Voy. Journal de Radiologie, 1909, p. 103.

381

nites franchement inflammatoires, cas tout particulièrement justiciables de la radiothérapie, surtout avant tout stade de suppuration.

Pour les adénites tuberculeuses, tant qu’il n’y a pas de tuber- culose pulmonaire, le traitement radiothérapique donne en général de bons résultats, même dans les adénites en voie de ‘suppuration; par contre, quand l’adénite est arrivée à la pé- riode fibreuse, l’irradiation rôntgénienne ne donne que peu ou pas de résultats. |

Dans les adénites chancrelleuses on a eu de bons résultats et il faudrait continuer dans cette voie les recherches srstémati- ques. Dans les adénites cancéreuses, les rayons X sont un excel- lent adjuvant de la chirurgie, car, souvent employés de suite après l'opération, ils éviteraient mainte récidive.

D’après l’auteur, les rayons X employés en thérapeutique ne présentent pas d’inconvénients graves, et il les conseille de pré- férence à la chirurgie dans les adénites tuberculeuses, parce que le bistouri, dont l’action est trop souvent incomplète, ouvre les voies lymphatiques et sanguines à l’inoculation. Les rayons X, loin d’ouvrir les voies Iymphatiques, agissent en aug-

mentant la réaction de défense ganglionnaire. Dupont.

GOTTWALD SCHWARZ. Ueber Desensibilisierung gegen Rôüntgen und Radium Strahlen (La désensibilisation contre les rayons de Röntgen et du radium). (Münch. mediz. Wochensch., 24,

1909.)

Sous le terme peu euphonique de désensibilisation, Schwarz renseigne un nouveau procédé qui, s’il se vérifie, pourrait être appelé à rendre les plus grands services dans les applications profondes de la röntgen et radiumthérapie. Cette question, qui est actuellement d’un intérêt palpitant pour les radiothérapeu- tes, s'enrichit tous les jours de quelque nouvelle observation. Après la filtration à travers les réseaux métalliques, dont Alban Köhler nous donna la primeur dans ce journal, le procédé de Schwarz mérite notre attention toute spéciale.

Déjà il y a deux ans, l’auteur avait observé que des graines sèches, dans lesquelles l’embrvon se tronve dans une espèce de vie latente, et les échanges nutritifs sont réduits à un mini- mum, exposées pendant longtemps, des journées entières, aux rayons de Röntgen n'étaient pas du tout influencées par ces

derniers.

389

Au contraire, si ces mêmes graines étaient en voie de germi- nation et par le fait mème avaient leurs échanges nutritifs exaltés, de petites doses de rayons X donnaient lieu à des modi- fications importantes, troubles de développement et pigmen- tation.

A la suite de cette observation, l'auteur s'est demandé si la radiosensibilité n'était pas d'autant plus grande que les échan- ges nutritifs étaient plus actifs.

Pour élucider cette question, il soumit pendant une heure aux radiations d'une capsule de radium la peau du bras en deux en- droits différents : dans le premier endroit le radium fut simple- ment appliqué contre la peau; dans le second le radium fut comprimé contre la peau au moyen d'un lien de caoutchouc, de manière à anémier la peau ct à cmpécher les échanges nutritifs à ce niveau. Après trois semaines, 1] se produisit du côté non comprimé une inflammation de la peau suivie d’un æœdème, d'hyperhémie locale et de pigmentation. Du côté comprimé il n’y eut presque aucun phénomène.

D'où l’auteur conclut que si l’on diminue les échanges nutri- tifs on diminue en méme temps la sensibilité de la peau au radium.

Pour voir s’il en était de même pour les rayons Röntgen, il exposa aux uradiations d'un tube une partie du cuir chevelu recouvert de deux planchettes, l’une de ces dernières était sim- plement placée sur la peau, l'autre comprimée contre la boite cranienne au moyen d'une corde munie de poids. A l'endroit non comprimé les cheveux tombèrent : à endroit comprimé l n’y eut aucune modification. Donc l’arrêt de la circulation dimi- nue la sensibilité aux rayons Röntgen.

Au point de vue pratique, l’auteur en tire cette importante conclusion que, grâce à ce procé:lé, on serait en état d'appliquer des doses suffisantes de rayons X sur des organes profonds sans altérer la peau ou des organes superficiels.

J. DE NOBELE.

Darnois. Sur le traitement radiothérapique des tumeurs de la trachée. (Bull. et mém. de la Société de Radiologie médicale

de Paris, juin 1909.)

Rappelant que Béclère avait insisté sur la nécessité de prati- quer un examen radioscopique toutes les fois qu’il y a cornagès l’auteur rapporte le cas d’un enfant de trois mois et demi, qW»

383

depuis la première semaine, présente un cornage qui va s'ac- centuant de jour en jour, s’accompagnant de dyspnée et de cyanose. L'examen de face montre au niveau de laire du cœur une masse opaque médiane avec battements très nets à droite, plus faibles à gauche.

À l'examen oblique, on aperçoit d’une part l’ombre cardiaque battant tout entière à droite de la ligne médiane et, d’autre part, une tumeur du volume d’un petit œuf de poule à bords nets refoulant d’un côté le cœur en avant et à droite, et de l’au- tre avant produit une voussure de la colonne en arrière et à gauche. Le père étant tuberculeux à la période cavitaire, l’on supposa qu’il s'agissait d’un ganglion bacillaire.

Une séance de radiothérapie fut faite à la dose de deux H. avec des rayons 6 et 7 B, à gauche puis à droite de la colonne, puis 3 H. sur la région sternale. L’amélioration se manifestant, quinze jours plus tard on fit une seconde application. Quarante jours après, la cyanose et la dyspnée avaient disparu, le cœur était à sa place normale, et la colonne s’était redressée. Le gan- glion n’apparaissait plus que sous le volume d’une petite noi- sette. Deux mois plus tard, l’enfant était en bonne santé.

Au double point de vue thérapeutique et du diagnostic, cette observation est instructive. Il est rare de voir un ganglion ou même une tumeur déplacer le cœur et la colonne. Béclère et Bouchacourt n’ont jamais vu de déplacement du cœur par des adénopathies et se demandent s’il ne s’agissait pas plutôt dans ce cas d’un abcès par congestion d’origine vertébrale ?

LEJEUNE.

BERDEZ. Indications de la radiothérapie. (Annales d’Electrobio- logie et de Radiologie, 2, 1908.)

L'auteur expose d’abord brièvement les modifications pro- duites par les rayons X sur l’organisme sain, et nous montre ainsi que ce nouvel agent physique peut agir sur des tissus et des organes très dissemblables.

Dans la suite, il nous fait connaître les indications actuelles de la radiothérapie que l’on peut principalement mettre en œu- vre dans : les affections des organes hématopoïétiques (famille des leucémies) ; 2 les tuberculoses osseuses ouvertes très superfi- cielles et ne présentant pas de tendance vers la guérison; les

épithéliomes cutanés; les récidives de cancers après une ou plusieurs opérations (dans les cancers profonds et inopérables,

384

elle peut encore jouer le rôle d’un excellent palliatif) ; dans les sarcomes, et en général les néoplasmes malins du tissu vas- culo-connectif, quand ils ne sont pas facilement opérables; la plupart des affections cutanées, à l'exception du lupus vulgaire. Doroxr.

FREUND. Traitement des ostéo-arthrites tuberculeuses par les rayons Röntgen. (Annales d'Electrobiologie et de Radiologie, 4, 1908.)

L'auteur cite d'abord quelques cas, traités avec succès par cette méthode, et en conclut que les rayons Röntgen constituent un agent puissant et actif pour traiter sans danger ni douleur des ostéo-arthrites tuberculi uses. La radiothérapie promet sur- tout des succès, rapides et complets, quand il s’agit de caries superficielles des Jointures et d’os petits, quand la synoviale ne participe pas ou peu à l'affection et finalement quand il n'y a pas de rétention du pus et de débris d’os. Les conditions d'un bon'suecès sont une technique irréprochable, la juste mesure de la réaction et un traitement consécutif bien appliqué. Un trai- tement chirurgical accessoire (ouverture des abcès, immobilisa- tion) peut rendre des services.

Dcpoxr.

J. H. SEQUEIRA. Treatment of cancer by radiotherapie and by radium. (Arch. of the Roentgen ray, Aug. 1909.)

Excellent article remarquable à divers points de vue.

Afin d'atteindre plus aisément les néoplasmes cutanés, lau- teur commence par enlever l'épiderme au bistouri et à la cu- rette, 1l 1rradie ensuite.

Les malades ont été soignés soit chez lui, soit au London Iospital, suivant la technique des doses fractionné»s et dans la suite par doses intensives. Les premiers ont eu trois séances par semaine de dix à quinze minutes (bobine 15 pouces d'étincelle, aceumulateur ou secteur. Etincolle équivalents : 4 pouces. Anti- cathode à 6 pouces. Protection des tissus sains).

Les derniers ont recu les rayons 6-7 de l’échelle de Benoist: la dose a été vérifiée par les pastilles Sabouraud: elle a été en une ou deux séances de 5 à 7 à 10 H, un intervalle de quinze jours séparait toujours deux doses.

Ulcus rodens : tumeur maligne attaquant la peau saine, ne

385

contenant pas de cellules squameuses, chronique, à évolution lente en surface et en profondeur, récidivant après excision et n'amenant pas le gonflement des ganglions lyÿmphatiques même apres des années.

Résumé des cas :

Guéris depuis plus de trois ans................…. 79 Guéris depuis plus de deux ans............……. 26 Récidives guéries.................................... 51 Récidives non guéries.............................. 4 Amélioration simple............................... 19 Amélioration très légère... 16 Aggravés ......................... D ET . 7

178 Encore en traitement............................. 22 Perdus de vue........................ is ee 93

234

Epithélioma squameuzx. Le résultat du traitement dépend

surtout de l’état des ganglions.

Dans trois cas de la variété dénommée : uleère cratériforme de Hutchinson, une guérison cemplète et deux récidives après quelques mois. |

Les épithéliomas des lèvres, du plancher, de la langue, du pharynx ont été nettoyés et rendus moins douloureux sans au- tre résultat, le développement des ganglions rendant le traite- ment simplement palliatif.

Un épithélioma squameux développé sur un vieux lupus de la région sacrée, traité avant l’apparition des ganglions, a par- faitement guéri et reste tel depuis trois ans et demi.

Quatre cas sur cinq analogues ont donné des améliorations.

Un cas de xérodermie pigmenteuse compliqué de masses épi- théliomateuses chez un enfant, sans gonflement des ganglions,

est guéri depuis sept années.

Maladie de Paget. Trois cas se sont améliorés passagère- ment. Cancer du sein. Récidives cicatricielles après l'opéra-

‘tion: amélioration, cessation de la douleur, aucune guérison; même résultat, pour les ganglions axillaires et cervicaux;

386

irradiation de la cicatrice pour éviter la récidive : souvent inefficace. Le Docteur Morton, le collègue de l’auteur, est cepen- dant favorable à cette méthode.

Autres cancers. Le peu d’expérience de l’auteur l’empêche de se prononcer; dans le carcinome utérin et rectal il a observé la cessation de la douleur, mais pas d'amélioration permanente.

Sarcomes. Un sarcome à cellules variées opéré deux fois, a été irradié et a disparu depuis trois ans (jeune fille de 15 ans, diploé) ;

Grand sarcome du crâne : l’irradiation le fait diminuer de moitié; on l’opère avec succès. Mort subite:

Récidive cervicale après amputation du bras pour un sar- come, amélioration, cessation de la douleur. Mort;

4 Sarcome volumineux à marche rapide du fascia lata chez un garçon de 18 ans. La tumeur disparaît, récidive, amputa- tion. Sans nouvelle;

Enorme lympho-sarcome du cou, diminution de volume, la douleur cesse. Mort.

Mycosis fongoide. Large tumeur du bras disparue après cinq séances. Le résultat se maintient après cinq ans.

BIENFAIT.

F.PICGININO. Risultati persistenti di Rôntgenterapia (Résultats persistants de la rôntgénothérapie). (Annali di Elettricita medica e terapia fisica, 1, 1909.)

On suit, dit l’auteur, que les effets curatifs merveilleux obte- nus dans certains cas soumis à la rüntgénothérapie ne sont par- fois qu’illusoires et qu'après un laps de temps plus ou moins long peut survenir une récidive.

L’entente est loin d’être faite entre les différents observateurs à propos des résultats de la nouvelle méthode thérapeutique, mais tous s'accordent à reconnaître que, grâce aux récents per- fectionnements de la technique opératoire, il y a lieu, dans bien des cas, de recourir à ce moyen désormais inoffensif, s'il est bien employé.

L'auteur rapporte les observations de onze cas d’affections diverses, uleère épithélial, verrue, lymphadénome, lupus, toutes parfaitement guéries par la radiothérapie et sans récidive.

Les résultats sont toujours favorables et durables, conclut l’auteur, si à sa science l'opérateur joint une technique rigou- reuse et cousciencieuse.

381

Le professeur Piccinino aurait pu donner quelques détails sur cette technique. Dopoxr.

Technique

Fr. DESSAUER (Aschaffenburg). Rôntgenaufnahmen in weniger als 1/100 Sekunde. Eine neue Methode der Rôntgenauf-

nahme. (Prise de radiographies en moins de 1/100 de seconde. Une nouvelle méthode de radiographie). (Zeitschrift fur medizinische Elektrologie und Rôntyenkunde, n°7, 1909.)

Avec beaucoup de raison d'ailleurs, Dessauer soutient qu'on ne peut appeler instantanées des radiographies faites en 1 à 9 secondes sans écran de renforcement ou en dixièmes de secondes (voire même 1/25, suivant Rosenthal) avec écran de renforce- ment. Il faut arriver à des rapidités de 1/100 à 1/200 de seconde pour pouvoir parler de véritables instantanés permettant de silhouetter le cœur vivant avec une netteté de contours absolue.

Aidé des conseils et de l’impulsion d’Eykmann, Dessauer croit avoir résolu ce problèm:. Les épreuves qu’il a obtenues et qu’il a montrées au dernier Congrès de la Société allemande de Radiologie, ne sont pas parfaites encore; mais leur imperfec- tion est due, d’après lui, aux conditions plus ou moins défec- tueuses dans lesquelles il les a prises et il se dit certain do pouvoir bientôt supprimer l'écran de renforcement qui rend toujours les radiographies moins précises.

Sans entrer dans le détail de son instrumentation, il dit que le tout, pour obtenir de l'instantané en radiographie, est de faire produire à l’ampoule des rayons cathodiques suffisamment éner- giques. Des ampoules ordinaires peuvent supporter sans incon- vénients ces charges électriques énormes; il y aurait cependant avantage à agrandir la surface de la cathode.

La physique fournit différents moyens de produire le choc de décharge nécessaire : Dessauer, après plusieurs essais, a atteint le but désiré par une combinaison spéciale de la capacité élec- trique et du transformateur employé; mais il ne donne pas encore l’exposé de cette combinaison.

Quant à la mesure de La durée de la décharge, 1l l'obiient non

388

pas en calculant le temps écoulé entre la fermeture et l’ouver- ture du courant, ce qui donne des résultats inexacts, mais en recueillant sur un film fixé à un cylindre tournant avee une rapdité connue devant un écran de plomb muni d'une fente. la traînée d’impressions photographiques provoquées par le choc de décharge. |

La technique radiologique serait très simplifié: par le pricédé de Dessauer dans la mise en œuvre duquel le seul travail du raliogiaphie consisterait à faire jouer un ressort comme pour la prise d'un instantané photographique.

Il sera intéressant de connaitre le complément d'explication et de description que l'auteur ne tardera sans doute pas à nous donner.

Ka1sIN-LOSLEVER.

Eine neue rotierende Quecksilber-Hochvacuumpumpe (Une nouvelle pompe rotative à mercure pour faire les grands vides dans les ampoules). (Zeitschrift fur medizinische Elektrologie und Rôntgenkunde, 1909, n°7.)

La maison Max Kohl, de Chemnitz, a construit sous ce nom une pompe qui sert à faire le vide dans les ampoules des lampes à incandescence, les ampoules de Röntgen, ete. Cette pompe offre, sur les pompes existantes, l'avantage d'être de fabrication entièrement métallique, ce qui la rend bien moins fragile que celles qui renferment des parties en verre ou en porcelaine. Elle peut être indifféremment actionnée à la main ou à l’aide d’un petit moteur électrique que la firme Kohl livre monté sur le socle même de la pompe.

KAISIN-LOSLEVER.

WALTER (Hambourg). Quelle est la quantité de milliampères- minutes nécessaire pour faire virer une pastille Sabouraud- Noiré? (Archiv of the Röntgen Ray, juin 1909.)

L'auteur annonce qu’il a fait une série d'expériences pour déterminer le nombre de milliampères-minutes nécessaire pour produire l'érvthème.

Il a utilisé dans ce but les pastilles Sabouraud-Noiré. Disons d’abord que ces pastilles ont donné des résultats analogues, qu'elles fussent récentes ou anciennes.

Le degré de pénétration des rayons était le 5 de l'échelle de Benoist-Walter =le 6 de Benoist=le 6 de Walter envi- ron.

389

- Le tableau suivant donne les résultats obtenus par Walter et leur comparaison avec ceux de Kienbück (F'erschritte, vol. IX, p. 290, 1905).

Distance de l'anticathode Nombre de milliamperes-minutes

a Kienbück Walter 10 centim. + 5 15 9 11 20 » 16 20 29 3 29 gl 90 d 36 45 dD D 49 6l 40 » 64 80

Remarquons que Kienböck employait l'interrupteur à mer- cure et un débit de 0,1 à 1,2 milliampères et Walter l’interrup- teur Wehnelt et un débit de 2,5 à 3 milliampères.

Kienböck faisait usage d'un tube Müller 12 à anticathode plutôt légère et Walter d’un tube à refroidissement par l’eau.

La mesure de la pénétration par la longueur de l’étincelle équivalente est illusoire; c'est ainsi que par des rayons de même pénétration à l’échelle Benoist- Walter, Walter obtenait 8 cen- timètres d’étincelle et Kienbück 18!

Walter a eu soin de mottre les pastilles à l'abri de la lumière du jour; par contre il a reconnu que la fluorescence du tube n'avait pas d’effet spécial : une pastille appliquée à nu virait de la même manière qu’une pastille recouverte de papier noir.

BIENFAIT.

Livres

SCHAFFERS. La machine à influence, son évolution, sa théorie. (Paris, 1908. Prix : 10 francs.)

Réunir, coordonner et compléter tout ce qui a été publié d’utile sur la machine à influencer, tel est le but de l’auteur.

La description de toutes les machines de quelque importance est aussi complète que possible; l’auteur relève leurs similitudes

390

et leurs diversités : la forme de l’exposé est élémentaire et le lecteur ne devra pas craindre d’être arrêté par des calculs trop compliqués.

J. KLYNENS.

P. Harrkass. Vorbereitung zum Arbeiten im Röntgenlabora- torium. Stuttgart, Ferd. Enke, 1909, M. 3.60.

L’auteur expose d’abord les notions générales d’électricité, la théorie du transformateur, des interrupteurs et particulière- ment de l'interrupteur Wehnelt; il décrit ensuite le fonctionne- ment de l’ampoule, des soupapes destinées à éliminer le courant de fermeture, des diaphragmes, des compresseurs, des différents

radiomètres, etc... Un dernier chapitre est consacré aux mani- pulations photographiques.

Ce livre, aussi concis que clair, permettra à tous les ébu- tants de se familiariser rapidement avec les notions élémen- taires de radiologie : il les rendra aptes à aborder avec fruit et avec goût l’étude des grands traités de radiologie.

J. KLYNENS.

Ducas. De la radiothérapie des sarcomes. (Thèse de doctorat. Bordeaux, 1909.)

Les conclusions de l’auteur sont les suivantes :

«a La sensibilité des cellules sarcomateuses vis-à-vis des » rayons Röntgen présente une grande variabilité.

» 2 Les rayons X ont une action élective sur les sarcomes et » ostéo-sarcomes même situés profondément.

» Les sarcomes cutanés et les sarcomes mélaniques se mon- » trent les plus sensibles. » Cette action est si manifeste qu’on peut voir survenir avec des doses relativement faibles et avec la même rapidité qu’une tumeur lymphoïde, la disparition complète d’une tu- meur sarcomateuse, sans que la radiothérapie ait entraîné des lésions destructives de la peau. » Dans les cas l’intervention chirurgicale est impossi- ble ou contre-indiquée, la radiothérapie constitue le meilleur » traitement palliatif et devra être essayé; on pourra voir sur- » venir des guérisons merveilleuses.

» Dans les cas de sarcomes opérables à marche lente, or » peut tenter un traitement radiothérapique d’essai. Il sera pos- » sible, dams certains cas, d'éviter l'intervention sanglante.

EE Y y

391

» Dans les récidives de sarcomes opérés, deux et trois fois, » les résultats obtenus ont été excellents.

» Après l’ablation d’une tumeur sarcomateuse, surtout si » elle a été forcément incomplète, on devra instituer un traite- » ment radiothérapique préventif de la récidive. »

L'auteur a fait de larges emprunts au récent ouvrage de ra- diothérapie de Wetterer. Les tableaux, qu’il emprunte à cet ouvrage, sont reproduits d’une façon inexacte : les six observa- tions de sarcomes guéris par la radiothérapie ne sont pas à l'abri de critiques et notamment le sixième cas, sareome du pou- mon, semble d’un diagnostic très douteux.

J. KLYNENS.

G. HoLzkNECHT und S. Jonas. Die radiologische Diagnostik der intra- und extra-ventrikulären Tumoren und ihre spezielle Verwertung zur Frühdiagnose des Magencarcinoms (le diagnostic radiologique des tumeurs intra- et extra-stomacales et son application au diagnostic précoce du carcinome de l’estomac). (Moritz Perles. Vienne, 1908.)

Les auteurs, allant du simple au complexe, divisent leur tra- vail en quatre parties : dans la première, ils appliquent l’exa- men radiologique aux tumeurs palpables de l’estomac, rétrécis- sant la lumière de cet organe. Dans la seconde, ils utilisent les renseignements fournis par la première partie et les appliquent au diagnostic des tumeurs non palpables. Le troisième et le quatrième travail ont pour but d'établir le diagnostic du siège stomacal ou extra-stomacal de la lésion.

Etant donnée une tumeur palpable de l’estomac, quels seront les signes radiologiques observés ?

En premier lieu, il se peut que, après l'administration du re- pas d'essai, certaines parties plus ou moms considérables de l’estomac ne se remplissent pes. Il est compréhensible a priori que les tumeurs rétrécissant la lumière de l’estomac, doivent amener des modifications dans le passage du repas d’essai. Il faut bien se garder cependant de croire à un rétrécissement au niveau du pylore parce que le remplissage de cette région ne se fait pas immédiatement : normalement, en effet, il faut déjà pratiquer « l’effleurage » pour hàter le pesage par l’orifice pylorique. Cette manœuvre peut d’ailleurs permettre parfois de remplir certaines régions de l’estomac qui, sans celi, reste- raient vides à cause de l’insuffisance du péristaltisme.

Un second point important, c'est le contour anormal des ré-

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gions contenant le repas de bismuth. D’autre part, alors que, normalement, l'impression du doigt sur la paroi stomacale fait diffuer le repas vers la périphérie, ce signe peut manquer en cas d'infiltration de la paroi, ou se manifester seulement par l'im- pression digitale sans reflux.

Il se peut, d'autre part, que l’on rencontre des incurvations, des prolongements anormaux, qui peuvent parfois se remplir spontanément ou artificiellement, et, parfois, rester vides. Il arrive aussi que de pylore se remplit trop facilement, que le pas- sage de l'estomac au duodenmum se fait immédiatement et sans effleurage, Ceci répond alors à un élargissement de l’orifice pylo- rique.

En outre, on peut parfois obtenir des renseignements précieux sur le siège et les relations de la tumeur avec l'estomac si, à la radioscopie, on Joint la palpation et la recherche de la sensibilité à la pression. Enfin, le procédé renseigne également sur l'état des péristaltiques tant à la partie médiane qu’au niveau de l’an- tre et sur les rapports éventuels entre l’estomac et le côlon.

Tels sont les points développés dans le premier travail des auteurs et établis par un très grand nombre d'exemples. Repris et appliqués aux cas cités dans la deuxième partie, il permet- tent d'assurer le diagnostie le contrôle de la palpation n’est plus possible.

Mais ces deux ordres d’études ne nous permettent pas encore de conclure au siège de la tumeur relativement à Pestomac: car une tumeur indépendante de cet organe et le comprimant pourra donner les symptômes signalés de rétrécissement de la lumière

gastrique. = Aussi les auteurs apportent-ils toute une série d'exemples de tumeurs nettement éloignées de l'estomac, de tumeurs voisines, mais n’exerçant aucune action, de tumeur le comprimant ou le déplaçant dans son ensemble ou pour une portion. seulement.

La palpation doit nécessairement, dans ces cas, venir en aide à l'examen radioscopique. |

Mais lorsqu'elle ne peut être pratiquée, un autre élément peut parfois contribuer à assurer le diagnostic. Un exemple net en est donné par l'existence de points sensibles à la pression. Si, par une manœuvre quelconque (inspirat'on profonde, par exem- ple) l’estomac est déplacé, mais si, en même temps, ce point sensible ne varie pas de position, on peut admettre qu'il ne dépend pas de l'estomac.

E. Rexatx.

LE RADIODIAGNOSTIC DE L'OSTÉO-SARCOME

PAR LE

D' L. HAUCHAMPS

Directeur du laboratoire de radiologie des hôpitaux de Bruxelles

PLANCHE V

L'examen clinique n'est pas toujours à même d’établir le diagnostic de l’ostéo-sarcome, arrivé même à une période rela- tivement avancée de son évolution : nombreuses sont les erreurs publiées, plus nombreuses encore les erreurs de tous les jours

et qui ne sont pas signalées. Il serait assurément oiseux d’insis-

ter sur la nécessité d’un diagnostic à la fois ferme et précoce : pour ne citer que l'affection qui prête le plus souvent à con- fusion avec l’ostéo-sarcome, le traitement est absolument diffé- rent, suivant qu’il s’agit d’une ostéo-arthrite tuberculeuse ou d’un sarcome : ici c'est une amputation qui ne laisse pas que d’être un sacrifice cruel, tout en n’enlevant même pas l'arrière- pensée d’une possibilité de récidive, c’est un traitement con- servateur tout de longueur et de patience. | L'examen histologique du fragment prélevé par biopsie n’amène pas toujours non plus le diagnostic : on lui a reproché ses erreurs et ses incertitudes, et d'ailleurs elle ne jouit pas d’une très grande faveur auprès des praticiens : 1l est bien cer- tain encore qu’elle peut présenter quelque danger, en ouvrant les voies sanguines et lymphatiques aux germes infectieux et

néoplasiques.

Pas nes. Cod E Ut, UNS CS à

394

S'il faut en juger par certaines publications, il semble que la radiographie soit toujours en état de reconnaître avec autant de simplicité que d'assurance tout sarcome dérivant du squelette. Certes, le praticien doit y recourir dans tous les cas qui font soupçonner, même à un degré de probabilité minime, l'existence d’une tumeur maligne : négliger dans ces circonstances cette exploration serait commettre une faute indéniable, et même une faute lourde si, par suite de cette négligence, l’affection arrivait à un degré d'évolution tel que l'opération serait tardive; car le pronostic est relativement favorable tant que la masse néo- plasique n’a pas encore franchi la barrière osseuse qui lencer- cle; il devient particulièrement grave à partir du moment elle est parvenue à rompre le rempart osseux, et à envahir les tissus mous périosseux. Et quand même le diagnostic d’ostéo- sarcome serait-il absolument certain, l'exploration radiogra- phique est encore alors de mise parce qu’elle montre au chi- rurgien toute la destruction osseuse, le mode d'intervention et les aléas du pronostic.

Si le radiodiagnostic des sarcomes osseux ne prête guère à hésitation et à eonfusion dans la grande généralité des cas, il ne nous semble pas douteux pourtant qu'il puisse être quelque- fois entouré de difficultés extrêmes qui imposent la plus grande prudence dans les conclusions de l’exumen. Il est même des sar- comes, les sarcomes périphériques non-ossifiants, qui peuvent. lui échapper totalement: dans la suite de cette communication, nous relaterons l’histoire clinique d'un sareome de Ja tête du péroné, dont le diagnostic clinique fut posé avec les plus grandes probabilités, mais dont l'examen radiographique ne révéla trace. A notre connaissance, on n'a pas encore jusqu'ici précisé les conditions anatomo-pathologiques dans lesquelles les sarcomes sont iudéeelables ou difficiles à déceler par l'examen aux rayons de Röntgen. Nous croyons done qu’il est utile de préciser la place et la valeur exactes de la radiographie dans le diagnostic des sarcomes osseux.

Les sarcomes qui envahissent les tissus du squelette appar- tiennent à une des quatre variétés suivantes : le sarcome

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central myélogène; 2 le surcome périphérique ou périos- tique; le sarcome métastatique; le sarcome parostéal de Virchow.

Si nous nous fions aux données des nombreuses publications sur ce sujet, nous admettrons que les deux dernières variétés sont rares. Toutefois le sarcome métastatique des os doit être bien plus fréquent qu’on ne l’admet généralement. Les troubles subjectifs et objectifs, que provoque la métastase osseuse, ont toutes chances de passer inaperçus, à moins qu’ils ne soient par trop considérables : la déformation et la tuméfaction de l’os, en raison de la fin prochaine du patient, n'ont pas le temps de se manifester : tous les symptômes subjectifs sont rapportés par le patient comme par le médecin à l’affection mère : sur la table d’autopsie, l’examen systématique des os est incomparablement plus négligé que celui des autres organes. Il appartient à la radiographie de nous fixer définitivement sur la fréquence de ces affections secondaires; mais, à l’heure actuelle, des docu- ments suffisants nous manquent encore pour en juger définitive- ment. Quoiqu'il en soit, ces métastases osseuses forment dans la grande majorité des cas des tumeurs molles, dépourvues de toute ossification et échappent difficilement au radiodiagnostic. Jleineke (1) vient d’étudier d’une façon très complète, tant au point de vue anatomo-pathologique que radiographique, un de ces cas à métastases ossifiantes qui s'étaient produites en grand nombre dans les différentes parties du squelette. Ces métastases ossifiantes sont très rares comparativement à celles qui se pro- duisent dans certaines affections cancéreuses, et notamment dans le cancer de la prostate : Virchow (2), notamment, n’a eu que trois fois l’occasion d'examiner «la forme métastatique du sarcome périostal ossifiant de l’os », et rapporte ces trois obser-

vations tout au long dans son traité.

(1) HEINEKE. Ossifizierende Sarkommetastasen im Roentgenogramme. (Fort schr. a. d. Geb. d. Roentgenstr., vol. XIII, p. 231.)

(2) VircHow. Pathologie des tumeurs (édition française). Paris, 1869, p. 298.

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Le sarcome parosléal (1) prendrait naissance sur la face externe du périoste : pour autant que son existence soit bien établie, cette forme doit être très rare : le plus grand nombre des observations publiées est d’ailleurs fort sujet à contestation.

Les sarcomes périphériques et centraux constituent l’immense majorité des cas : entre ces deux formes typiques, il y a toute une série de transition, qui fait que cette classification reste toujours quelque peu arbitraire : le sarcome central ne se déve- loppe pas toujours au milieu du tissu spongieux de la région épiphysaire ; il peut se développer plus ou moins périphérique- ment, et alors sa distinction avec le sarcome périphérique devient délicate. Quoiqu’il en soit, il vaut mieux s'en tenir, en vue d’une classification, au siège seul de la tumeur, et abandonner les dénominations myélogène et périostique : ces dénominations pré- jugent l’origine, le mode de genèse dont nous ne connaissons absolument rien de certain : Ribbert (2) va même jusqu’à con- tester d’une façon absolue l'existence du sarcome pérostique, c’est-à-dire des sarcomes développés dans le périoste; s’il est bien établi que dans l'immense majorité des cas le périoste n’intervient en rien dans la formation du tissu sacomateux, il semble pourtant par trop exclusif de lui refuser totalement et absolument toute part d'intervention dans la genèse de certains sarcomes : le périoste, comme tout autre tissu de l’économie, doit être susceptible de subir une dégénérescence sarcomateuse. Des publications récentes sont loin de contredire cette éventua- lité (3).

Le sarcome central se développe généralement dans le voisi- nage d’une articulation, et principalement dans le voisinage du genou; il ne prend pas naissance, comme on le répète ordinaire-

(1) VincHow. Idem, p. 335.

(2) RIBBERT. Die Geschuistiehre. Bonn, 1904. Beiträge zur Entstehung der Geschweïlste. Bonn, 1906.

(3) Bueraer. Bone Sarcoma. Surgery, Gynecology and Obstetrics. October 1909.

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ment, dans l’épiphyse elle-même; le plus souvent, il naît dans le tissu spongieux diaphysaire, avoisinant immédiatement l’épi- physe (fig. 9). Rarement il s’observe au milieu de la diaphyse (fig. 8).

Le sarcome central échappe le moins de tous au radiodia- gnostic; il n’y échapperait jamais, si au début de son évolution il ne pouvait rappeler quelque peu l'aspect radiographique d’une ostéo-arthrite, tuberculeuse surtout : en vue de ce dia- gnostic différentiel, il importe de tenir compte de l’origine habituellement diaphysaire de la première affection, et de Pori- gine habituellement épiphysaire de la seconde. Néanmoins il peut se présenter des cas qui laissent entrevoir quelque doute, et alors le radiographe doit savoir s'abstenir d’une conclusion trop formelle. D’ailleurs son intervention est rarement requise dans ces conditions, parce que le médecin traitant se croit encore autorisé à négliger l'examen radiographique et à porter un tout autre diagnostic, comme par exemple celui d’une affection rhu- matismale ou tuberculeuse. Généralement, dans les cas qui sont soumis à notre examen, le mal reconnaît déjà une durée de plusieurs mois, et alors la radiographie impose, à elle toute seule, le diagnostic de tumeur maligne. Car la trabéculation normale du tissu spongieux des épiphyses, même des grosses articulations, est toujours décelable sur la couche sensible : elle est même décelable jusque dans ses plus fins détails, quand il s’agit d’articulations d’adolescent ; une destruction de trabécules osseuses aussi étendue que celle qu’entraîne un ostéo-sarcome central de plusieurs mois de durée ne peut échapper à notre examen. Le cas suivant montrera combien le diagnostic clinique est généralement lent, plein de difficultés et de tergiversations périlleuses, et comment le radiodiagnostic écarte d’un coup toute

hésitation :

La patiente, âgée de 25 ans, éprouva les premières douleurs dans le genou gauche, en avril 1906 : ces douleurs disparurent bientôt, pour reparaitre en juillet. Le genou se tuméfia forte- ment, et divers traitements furent institués : salicylate de soude et autres médicaments antirhumatismaux, pommades à la bella-

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done, au gaïacol, etc., applications répétées de teinture d'iode, enveloppements humides, massage, ete., rien n'y fit; les dou- leurs persistèrent, et la tumeur du genou ne cessa d'augmenter. La patiente fut soumise à l’examen radiographique au début du mois d'octobre : cet examen (fig. 10 et 11) montre une des- truction notable du condyle externe du fémur; la mince coque osseuse, qui accuse encore le contour de ce condyle est per- forée en plusieurs endroits; à travers ces brèches, la masse néoplasique fait irruption dans les parties molles adjacentes. L’amputation de la cuisse ne fut pas suivie de récidive jusqu’à cette date (octobre 1909). L’examen histologique démontra que le tissu sarcomateux se composait principalement de petites cel- lules fusiformes.

Dans les observations suivantes, que nous rapporterons briè- vement, le mal remonte déjà à une époque bien plus éloignée : aussi l'examen des différents clichés ne peut-il donner lieu à aucun doute sur la nature du mal; par eux-mêmes, ces clichés imposent le diagnostic.

Voici d’abord un sareome central de l'extrémité supérieure du péroné (fig. 6) : la patiente, âgée de 38 ans, avait ressenti les premiers symptômes de l'affection quatre mois avant notre examen radiographique, qui nous permit d'affirmer l'existence d'un sarcome de la tête du péroné. La malade fut amputée au-dessus du genou : une prompte récidive se déclara et rendit nécessaire la désarticulation de la cuisse : mais cette interven- {ion ne put sauver la patiente, très affaiblie, qui succomba un mois plus tard. Il s'agissait d’un sarcome à petites cellules rondes.

La figure 9 nous montre encore un sarcome central : le patient, âgé de 19 ans, souffrait depuis deux ans de douleurs lancinantes dans l'extrémité inférieure de la cuisse droite : on fit la désarticulation de la hanche, et l'examen histologique de la tumeur montra un sarcome à petites cellules rondes. Ici encore l’épiphyse n'a pas été le berceau de la tumeur : celle-ci s’est développée dans le tissu spongieux de la diaphvs, et de elle s’est propagée principalement dans deux directions

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opposées : d’une part, elle a perforé la diaphyse, et s’est étalée au milieu des tissus de la face interne de la cuisse, elle forme une masse considérable; d’autre part, elle a envahi le tissu spongieux de l’épiphyse, dont elle a détruit une notable partie, ainsi que l’atteste la raréfaction et la destruction osseuse que révèle l’image. Evidemment la tumeur a rencontré dans sa marche envahissante, au niveau du tissu spongieux de l’épi- physe, une résistance bien moindre qu’au niveau du tissu com- pact de la diaphyse fémorale; or c’est précisément ici que la tumeur accuse le développement le plus considérable : l’origine, le point de départ de la tumeur, doit donc avoir été assez proche de la perforation diaphysaire. Ce cliché nous montre, en outre, des travées, des stalactites osseuses implantées perpendiculai- rement sur la diaphyse; cette particularité s'observe assez sou- vent; nous les voyons encore d’une façon très nette sur la figure 2.

Voici enfin un sarcome central qui s’est développé dans le condyle externe du fémur (fig. 3). La moitié antérieure de l’épiphyse est détruite : la tumeur fait saillie à la face anté- rieure du genou et remonte, en s’efhilant et en soulevant les masses charnues, le long de la face antérieure de la diaphyse fémorale. Sa moitié inférieure se trouve recouverte d’une mince coque osseuse, tandis que toute sa partie supérieure doit avoir perforé le périoste; car nous remarquons sur la face antérieure de la diaphyse une grosse couche de lamelles osseuses de nou- velle formation, d'origine périostale, preuve évidente que le périoste doit, ici encore, adhérer à la diaphyse.

Ces images radiographiques montrent plusieurs particularités dont. il faut toujours tenir grand compte dans l'élaboration de tout diagnostic radiographique d’ostéo-sarcome. Tout d’abord la réaction du périoste : celui-ci forme, dans le voisinage immé- diat du néoplasme, autour de la diaphyse, une gangue de

lamelles osseuses nouvelles. La figure 3 montre cette ossifica- tion sous-périostique à la face antérieure de la diaphyse, et d’une facon plus visible encore à la face postérieure. Cette réaction constitue un élément très important du diagnostic de

A CS SG SC A Sr

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l’ostéo-sarcome. Dans l’ostéo-myélite, il est vrai, le périoste réagit également, mais bien plus considérablement, et la dia- physe peut étre enveloppée alors, dans sa presque totalité, d’une grosse couche de lamelles osseuses.

Uun des caractères les plus remarquables de l’ostéo-sarcome est de respecter, du moins dans la généralité des cas, l’intégrité de l'articulation voisine : ce fait est en premicr lieu à l’adhé- rence extrême du périoste épiphysaire au tissu osseux sous- jacent, et en second lieu, à la barrière qu’oppose le cartilage articulaire à l’invasion néoplasique. Quand le tissu sarcomateux, après avoir détruit le tissu spongieux de l’épiphyse, arrive au contact du périvoste, il ne perfore pas ce dernier d’emblée : la masse néoplasique, au fur et à mesure de son accroissement et de son expansion, détache le périoste, le refoule, le dilate en quelque sorte, et continue ainsi à proliférer longtemps sans le perforer et sans le franchir. Ce développement sous-périostique se fera évidemment de préférence du côté le périoste présente le moins de résistance à se laisser décortiquer, du côté du locus minoris resistentiæ, c’est-à-dire le long de la diaphyse. Car, au niveau de l’épiphyse avec ses éminences, ses crêtes et ses dépressions osseuses, l’union du périoste aux tissus osseux sous- jacents est très intime et constitue longtemps un grand obstacle à la marche envahissante du sarcome vers l'articulation.

Le cartilage articulaire oppose, lui aussi, une forte résistance à l’invasion de l'articulation : il reste intact, si même le tissu sarcomateux l’avoisine immédiatement, si même le sarcome à déjà envahi l’articulation par une autre voie; c'est ainsi que nous pouvons voir les cartilages articulaires, les cartilages cos- taux, les cartilages intervertébraux, persister au milieu de masses sarcomateuses et y former en quelque sorte des séquestres cartilagineux.

Aussi longtemps qu'il n’est pas perforé et qu’il enveloppe encore complètement la masse néoplasique, le périoste secrète souvent autour de la tumeur une coque osseuse mince, tres visible sur l’image radiographique, bien qu’elle n'ait souvent qu’une fraction de millimètre d’épaisseur.

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Notre cliché (fig. 3) montre toutes ces particularités, qui sont si souvent décisives dans le radiodiagnostic : intégrité de l'articulation, l'intégrité du cartilage articulaire, le soulève- ment du périoste, le développement péri-diaphysaire prédomi- nant de la tumeur, la coque osseuse d’origine périostique com- plète et imperforée dans la partie inférieure de la tumeur, mais perforée en même temps que le périoste dans sa partie supé- rieure.

Le sarcome peut quelquefois attemdre le tissu spongieux des os courts, ainsi que l'observation suivante le montre : celle-ci est remarquable par l'évolution et la généralisation de l'affec- tion.

La patiente, âgée de 60 ans, pianiste, remarqua une tumé- faction douloureuse de la dernière phalange du pouce gauche, au moment elle resentit les premières atteintes d'une in- fluenza intense; peu de temps après se montrèrent, à de courts intervalles de temps, des petites tumeurs au cuir chevelu, au front, à la nuque, au thorax et à l'abdomen. La tumeur du pouce augmenta progressivement de volume, et devint fluc- tuanute : une incision y fut pratiquée et donna issue à une quantité assez abondante de sang.

Au moment de l'examen radiologique, c’est-à-dire quatre mois après le début de lPaffection, nous relevons l’état suivant : la derniere phalange du pouce forme une grosse tumeur fluctuante, pulsatile, rouge, douloureuse. Nous constatons une tumeur grosse comme une petite pomme au niveau du front; deux autres tumeurs de même aspect occupent le flane droit. La peau qui les recouvre est normale; parfaitement mobiles sur les plans sous-jacents, elles sont intradermiques. Au-dessous de la ela- vicule droite siège une petite tumeur dure, d'aspect rougeûtre, montrant à sa surface cutanée tout un lacis de vaisserux san- guins. Dans la nuque existe un empâtement considérable, assez douloureux.

La radiographie (fig. 12) révèle la destruction totale de Ja dernière phalange, la disparition d'une partie de la seconde

phalange, et l’homogénéité complète de la tumeur. (Les opa-

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cités, qui se montrent notamment au niveau du rebord unguéal, proviennent d’une application de pommade mercurielle.)

Enfin la radioscopie montre un épanchement occupant les deux tiers de l'hémithorax droit. Les troubles s'aggravèrent rapidement, et, peu de temps après l'examen radiograph ique, la malade fut emportée par son mal.

Il est un groupe de sarcomes centraux, les tumeurs myéloides, qui sont souvent parfaitement reconnaissables comme telles, par l'examen radiographique : c'est à Nélaton (1) surtout et à son neveu (2) que nous devons l'édification de ce groupe, et sa séparation de la grande classe des sarcomes : certains auteurs (3) consacrent encore à ces tumeurs un chapitre spécial, à coté de celui des sarcomes, quoique ce groupement ne soit nullement justifiable au point de vue anatomo-pathologique : bien que ces néoplasmes se signalent souvent par une allure spéciale et une bénignité relative, ils appartiennent bien aux sarcomes; ce sont des sarcomes à cellules géantes, à mréloplaxes : ce qui les caractérise surtout au point de vue radiographique, c'est la destruction intégrale du tissu osseux qu’ils envahissent, l'aspect absolument homogène de la tumeur et sa séquestration dans une mince coque osseuse : leur radiographie projette sur la couche sensible une image absolument typique, reconnaissable à pre- micre vue, « C'est précisément Ja tumeur à myéloplaxes qui à les caractères radiographiques les mieux définis : tout au plus risque-t-on de la confondre avee des néoplasmes encapsulés plus bénins, pour lesquels une intervention aussi limitée serait très suffisante (4).

(l) A. NÉLarox, Eléments de pathologie chirurgicale, t. IL. Paris, 1869. (Article : des ostéomuyeloplu.romes, p. 531.)

(2) M. E. NÉLATON. Mémoire sur une espèce de tumeurs bénignes des 0s ou tumeurs à myeloplaxes. Paris, 1860.

(3) PoxcET. Sarcomes ou tumeurs mréloïdes, in Traité de Chirurgie de Duplay et Reclus. (Paris, 1896, t. II p. 28.)

(4) FoLLossaN et BeraRD. Les tumeurs des os, p. 457 in XII congrès de chirurgie. Paris, 1599.

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En raison de cette bénignité, qui leur est souvent inhé- rente, et qui a paru légitimer avant tout leur édification en un groupement distinct, un traitement conservateur, l’évidement de l’os atteint suivi de curettage, leur est applicable, et encore dans certaines conditions favorables. Rumpel (1) rapporte deux cas qui furent traités ainsi, et dont la guérison se maintenait toujours deux ans et demi et un an et demi après l’opération.

Pour que cette opération économique et peu radicale soit jus- tifiable, il faut que la tumeur n’ait pas envahi les parties molles périosseuses, qu’elle se localise encore dans le tissu osseux nor- mal, ou que du moins elle reste encore encapsulée dans sa coque osseuse de nouvelle formation. Or la radiographie permet sou- vent de reconnaître ces tumeurs comme telles : elle est toujours en état de nous renseigner sur son étendue et sur sa propaga- tion : à ces deux titres, elle peut donc faire entrevoir à la fois au chirurgien le diagnostic précis et le mode d’intervention le plus approprié. Si dans la généralité des cas ce sarcome à cel- lules géantes est d’origine centrale, il peut arriver aussi, mais rarement, qu’il se développe dans le voisinage immédiat du périoste, et qu’il rentre ainsi dans la classe des sarcomes péri- phériques. Dans ces conditions, le diagnostic histologique de la tumeur devient malaisé et incertain par la radiographie; Dictzer (2) a publié l’histoire clinique et les radiographies d’un cas de cette espèce.

Tout comme les sarcomes centraux, les surcomes périphé- riques, dont nous allons nous occuper maintenant, se dévelop- pent ordinairement, eux aussi, dans le voisinage immédiat de l’articulation, dans la région épiphysaire des os longs, ainsi qu'en témoignent les cas auxquels se rapportent les clichés 1, 2, +, 5 et 6. Mais quelquefois ils attaquent aussi la diaphyse, comme ce fut le cas dans l’observation suivante :

(1) RumreLz. Ueber Geschwiilste und entziündliche Erkrankungen der Knochen im Rôntsenblid. Hamburg, 1908.

(2) DiErzer. Casuistischer Beitrag zur Diagnose der Knochensarkome mittels Rôüntgenstrahlen. (Fortschr. a. d. Geb. d. Röntgenstr. Bd VI pp. 94-96.)

+

404

La tumeur a détruit une partie de la diaphyse (fig. 8), sur une étendue verticale de quelque 8 centimètres; elle a perforé la compacte du côté interne, et forme une saillie assez notable sur le tibia. Elle ne semble pas encore avoir perforé le périoste : celui-ci forme autour de la tumeur plusieurs couches concen- triques de tissu osseux de nouvelle formation, dont une est par- ticulièrement bien visible. En dehors de cette grosse couche, nous en voyous une autre, très mince, à peine visible à l'œil xu; cette dernière couche répond à la dernière réaction du périoste, et prouve l'intégrité de cette membrane. Toutes les autres couches périostiques concentriques situées en dedans d'elle répondent à des réactions anciennes, et d’autant plus anciennes qu'elles se rapprochent plus de la diaphyse : elles sont envahies de toutes parts par la masse néoplasique. À pre- mière vue, on pourrait croire vaguement ici à la présence d’un kyste osseux, mais bien à tort, pour la raison suivante: le sarcome perfore los à un stade relativement précoce de son évolution, tandis que le kyste dilate en quelque sorte l'os uni- formément sans le perforer.

La figure 2? représente un aspect particulièrement fréquent et typique de sarcomes périphériques épiphysaires : nous remar- quons, à la face antérieure de la diaphyse, vers la région supé- rieure de la tumeur, une opacité triangulaire qui doit son existence à de nombreuses lamelles osseuses, sécrétées par le périoste et orientées toutes perpendiculairement sur la dia- physe : cette disposition radiaire et perpendiculaire n’est pas visible sur notre cliché, mais se distingue avec une netteté remarquable sur certaines images très réussies. Cette zone trian- ouluire n'est en somme que la réaction de défense du périoste, dont nous avons déjà parlé. Nous remarquons encore sur cette figure plusieurs grosses travées opaques, implantées, elles aussi, normalement sur la face antérieure de la diaphyse, qui est à peine entamée par le processus néoplasique. Ces travées osseuses ne sont pas toujours aussi opaques et aussi épaisses : leur min- ceur est quelquefois telle qu’elles se présentent sous forme de

fines radiations, parallèles entre elles et toujours orientées per-

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pendiculairement à l’os : c’est ainsi que dans certaines régions du sarcome ossifiant que reproduisent les figures 4 et 5, ces fines stries, nettement visibles sur les clichés originaux, se décèlent à peine sur la reproduction 5, mêm: si on a soin de l’examiner attentivement à la loupe.

Comment pouvons-nous expliquer cette orientation si spéciale des trabécules de la zone de défense et des travées qui semblent diviser la tumeur en plusieurs loges ?

Ribbert (1) croit que différents modes de production peuvent entrer en jeu ici soit séparément, soit concurremment. Il est plausible d'admettre que le soulèvement progressif, insensible, du périoste par la masse néoplasique n’entraîne pas la déchi- rure des vaisseaux qui partent du périoste pour s'engager dans les canalicules de Ilavers. Or c’est précisément autour de ces fins vaisseaux que le tissu sarcomateux se produit d'abord : c’est qu’il trouve les meilleures conditions de nutrition et de prolifération, ainsi que tous les matériaux nécessaires à ses foyers de crétification et d'ossification. L'orientation des vais- seaux commande donc celle des trabécules osseuses de nouvelle formation. Mais la tumeur consolide une partie de ces trabé- cules pour en former des colonnes de soutènement; clle en détruit d’autres, et notamment celles qui s'opposent à son accroissement; c’est ainsi que les cellules néoplasiques envahis- sent et détruisent de proche en proche la zone triangulaire péri- phérique qui est due au décollemrent et à la réaction défensive du périoste. Il arrive que la puissance de prolifération est assez intense pour que la tumeur cherche une voie plus facile et plus praticable; alors elle passe directement au-dessus de la zone de défense pour l’envelopper et l’attaquer de tous côtés; la figure 2 nous rend parfaitement compte de ce mode d'invasion rapide.

L'interprétation des clichés 1, 2, 4 et 5 est facile et ne peut prêter à aucun doute : mais le cliché 7 nous semble offrir une de ces nombreuses difficultés auxquelles nous pouvons nous

(1) RIBBERT. Beiträge zur Entstehung der Geschwülste, Bonn, ISCG, p. 49.

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heurter dans l’élaboration d'un diagnostic complet et conscien- cieux. Le malade, porteur de cette tumeur et âgé de 48 ans, assignait une durée de quinze ans à son affection. La tumeur fut extirpée le 25 septembre 1905 : d'après l’aspect macro- scopique et histologique, il s'agissait d’un ostéo-chondrone. Cinq mois après l’intervention se déclara une récidive qui néces- sita une nouvelle intervention (le 27 septembre 1907). Cette fois-ci encore l'examen histologique concluait à l'existence d'un ostéo-chondrome.

À première vue, la radiographie de la récidive (fig. T), prise peu de temps avant ia deuxième opération, semble pleinement confirmer ce diagnostic : mais en examinant plus attentivement, et de préférence à la loupe, la région supérieure de la tumeur, on ne peut se défendre de quelque doute : ici nous n’avons plus ces contours et ces détails si nets qu'accuse la partie inférieure : la trabéculation y semble se perdre insensiblement dans les tissus néoplasiques perméables aux rayons X. N'avons-nous pas affaire ici à une infiltration, à une dégénérescence sarcomateuse?

La récidive qui se déclara après la première intervention ne vient-elle pas renforcer encore cette suspicion? Sans aucun doute, les ostéo-chondromes peuvent récidiver; nous ne ligno- rons pas : ces cas de récidive sont même décrits en assez grand nombre et Rumpel (1), dans son bel atlas, en rapporte un exemple. Mais nous n’ignorons pas non plus que le chondrome et l’ostéo-chondrome peuvent dégénérer en sarcomes; ces Cas ne sont pas moins certains, et Ribbert insiste sur ce point dans les deux ouvrages que nous avons cités.

Mais à côté de cette éventualité, dont il importe de tenir compte, et qui peut dans certains cas venir compliquer le radio- diagnostic, il est d’autres circonstances encore qui rendent ce dernier délicat et même quelquefois impossible.

Nous nous expliquerons aisément cette difficulté, si nous tenons compte de la genèse et du mode de formation de ces

tumeurs.

(1) RUMPEL. Loc. cit., p. 19.

407

D'après Ribbert, le périoste n'intervient jamais dans le déve- loppement des tissus sarcomateux : pour cette raison, d’ailleurs, la dénomination de sarcome périphérique doit se substituer à celle de sarcome périostique. Le sarcome périphérique prend naissance dans les couches superficielles de l'os, dans le tissu osseux dérivant du périoste. En se développant, il arrive tôt à corroder, à ronger et à perforer la lamelle osseuse plus ou moins mince qui le sépare de la face interne du périoste : dès le moment cette lamelle est détruite, plus rien ne s’oppose à son accroissement et à son expansion faciles et rapides. Tandis que le foyer intra-osseux se trouve en quelque sorte endigué et étouffé par le tissu osseux il a pris naissance, et dont la résorption et la destruction sont lentes, le foyer périosseux s'étale librement sous le périoste, qu’il décortique et refoule insensiblement : nous pouvons alors voir une grosse tumeur, d'apparence exclusivement sous-périostique, entourer la diaphyse d’une grosse gangue de tissu néoplasique. En tenant compte de ce mode de développement et d'invasion, dont les détails varient dans des larges limites, on s’explique aisément les données variables de la radiographie des sareomes périphériques. Si la tendance de la tumeur à la erétification et à l’ossification sont minimes, et si l’épaisseur des tissus à radiographier est con- sidérable, l’examen aux rayons de Röntgen risque fort de ne pas donner de résultat appréciable. Aussi importe-il de redou- bler de soins et de minuties dans ces cas, et de ne pas craindre de radiographier le membre dans de multiples positions : car le foyer d'origine du néoplasme ainsi que la brèche osseuse que celui-ci s’est ouverte dans sa marche vers le périoste peuvent étre minimes et échapper à un examen qui n’a pas été pratiqué dans la position la plus appropriée du membre. Cette règle technique est d’ailleurs également applicable dans les cas de

sarcomes centraux; iei aussi, 11 faut au moins deux radiogra- phies prises dans deux directions différentes et perpendiculaires, dans le but d'établir l’origine et la progression du néoplasme. Mais dans les cas de sarcome périphérique, il est souvent utile

et même quelquefois nécessaire de procéder à des prises supplé-

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mentaires. Et néanmoins il se présentera des cas, comme l’obser- vation suivante le prouve, nous ne serons pas en état de démontrer l’origine osseuse de la tumeur et le vrai diagnostic échappera à la radiographie.

Le patient, lapidaire de profession et âgé de 46 ans, s'aper- cut, vers la fin de 1906, d’une tuméfaction au niveau de la tête du péroné gauche. Cette tuméfaction apparut d’abord à la face postérieure de los, devint de plus en plus volumineuse, et finit par envahir insensiblement le pourtour latéral externe. Le patient, au début de son affection, ne ressentit que rarement de la douleur dans la jambe atteinte; plus tard, à partir du prin- temps de 1907, ces douleurs furent quelquefois assez intenses pour empêcher tout sommeil.

Au moment nous examinons pour la première fois le malade (26 septembre 1907), nous constatons une grosse tumeur au niveau de la tête du péroné, et un œdème considérable accompagné de rougeur, de la jambe et du pied gauches. La tumeur est située à trois travers de doigt au-dessous de l'inter- ligne articulaire du genou; à la palpation, elle se montre très dure et non douloureuse à la pression.

L'examen radiographique, pratiqué le même jour, ne fut pas en état d'établir l'origine osseuse de la tumeur. Un second exumen radiographique, fait au début de 1908, n’amena pas de meilleur résultat, bien que la jambe fut radiographiée sous de nombreuses incidences, et que des soins tout particuliers présidèrent à cette exploration.

Une incision exploratrice, faite quelques jours après le der- nier examen, servit à prélever un morceau de la tumeur, dont l'examen microscopique démontra la nature maligne; il s'agis- sait d'un sarcome à petites cellules rondes avec stroma conjonc- tif très dense, très serré. L’amputation de la cuisse, faite au début de février 1908, ne sauva pas le patient d’une récidive qui ne tarda guère à se déclarer dans les vertèbres lombaires.

A la dissection, la tumeur apparaît formée d’un tissu tres compact, dur, offrant une notable résistance à la pénétration du scalpel : au microscope, elle se montre composée d’un tissu

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conjonctif fibreux, dense, formant des petites alvéoles dans les- quelles sont logées principalement les éléments cellulaires (sarcome alvéolaire). À l’examen radiographique, le péroné, débarrassé préalablement de la grande masse néoplasique, révèle seulement quelques légères altérations : de ci de là, on y remar- que quelques solutions de continuité dans la trabéculation, au niveau de son tiers supérieur : le tissu spongieux, à ce niveau, est le siè ge de quelques petits foyers néoplasiques, que la sec- tion de l’os révélait à peine à l'œil nu.

En tenant compte du développement extra-osseux prédomi- nant, énorme par opposition aux lésions intra-osseuses réel- lement minimes, nous devons conclure que la tumeur prit naissance au voisinage immédiat du périoste, et peut-être direc- tement à sa face interne, que son développement fut presque exclusivement sous-périostique, en raison de la résistance rela- tivement minime que le périoste offre à l'expansion de ces tumeurs, que les cellules néoplasiques arrivèrent à envahir le tissu osseux par leur pénétration dans les canalicules de Havers, mais n’arrivérent à détruire ce tissu que dans des limites très restreintes, par suite de la résistance énorme qu’il offre à sa résorption et à sa destruction.

Il est des sarcomes, rares il est vrai, qui ne présentent aucune tendance ni à l’ossification, ni à la caleification : il en fut ainsi dans l'observation précédente. Si ces sarcomes présentent un développement sous-périostique prédominant, s’ils ne provoquent

que de minimes altérations osseuses, et si au surplus l’épais- seur des tissu, que les rayons X ont à traverser, est considérable, il est tout naturel que l'examen radiographique ne permette pas de formuler le diagnostic. Sans doute, si le membre atteint n’est pas volumineux, la tumeur se révélera sur la couche sen- sible quand même; encore faut-il que la qualité des radiations soit choisie d'une façon appropriée. Et dans notre observation, l'absence de toute calcification et de toute ossification, l'absence de tonte lésion osseuse notable, le développement sous-périos- tique de la tumeur, et enfin l'épaisseur de la jambe nous expli- quent aisément l'échec de l'exploration radiographique ; il nous

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semble que ces quatre considérations méritent la plus sérieuse attention quand nous avous à formuler les conclusions d’un radiodiagnostic de ce genre.

Dans ces cas, le radiographe doit user d’une prudence extrême : il doit s'abstenir de toute conclusion négative, si quelque doute subsiste dans son esprit; car une conclusion soit négative, soit positive, pourrait imposer ou écarter à tort une intervention. Le praticien, lui aussi, dans ces cas, est tenu à cette méme prudence, et il nous semble que la conduite du distingué chirurgien qui prodigua ses soins au patient qui fait l’objet de l’observation précédente, et qui, malgré les vraisem- blances de son diagnostic, se crut obligé de prélever par biopsie un fragment de la tumeur avant de se résoudre à une inter- vention, mérite toute approbation et inspire toute confiance.

Il est bien certain que des interventions injustifiées ont été proposées et méme exécutées; la discussion qui s’est élevée récemment entre Rovsing, de Copenhague, et Fraenkel, de Jlambourg, prouve combien il est nécessaire, quand on soup- conne une affection sarcomateuse des os, de recourir à toutes les lumières qu'offre le diagnostice moderne, avant de formuler un diagnostic aussi grave, et de proposer une intervention aussi radicale.

Le chirurgien de Copenhague (1) cite, entre autres, deux cas d’affection osseuse : l’examen histologique, exécuté par des anatomo-pathologistes autorisés, formulait nettement le dia- gnostic de sarcome : une intervention radicale, voire l’ampu- tation avaient été proposées mais refusées avec entêtement par le patient. Cet entêtement inconscient, mais providentiel, fit que le chirurgien de Copenhague fut consulté à son tour long- temps après le début de l’affection : il eut soin de recourir à la radiographie, et grâce à elle, il put rectifier sans difficulté le

(1) RovsixG. Ueber die Sicherheit der histologischen Geschwulstdiagnose als Basis radikaler chirurgischer Eingriffe. AfZuncher. med. Woch., 28, 1908, p. 1989.

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diagnostic, établir la nature ostéo-myélitique de l’affection en question, et sauver ses patients d’une intervention aussi inutile que mutilante.

Le chirurgien de Copenhague se demande combien il est de ces malades qui, ostéo-myélitiques en réalité, ont été amputés ainsi par une erreur fatale de diagnostic, et qui sont montrés à titre de guérison remarquable sans récidive, à la suite d’amputa- tion pour ostéo-sarcome; cette supposition ne lui semble pas sans fondements, parce qu’il est rare, d’après son expérience personnelle, que des patients ne se décident au sacrifice d’un membre quand l’amputation leur est montrée comme unique voie de salut. Comme conclusion à sa communication, Rovsing déclare que la radiographie constitue un mode de diagnostic extraordinairement sûr, et qu’elle rend superflue la biopsie avec examen histologique.

F'ormulée dans ces termes, cette conclusion nous paraît par trop absolue; la biopsie ne mérite pas cette défaveur systé- matique, et Le radiodiagnostic, ce crédit absolu. Fraenkel (1), en réponse à l’article du chirurgien de Copenhague, montra, à juste titre, tous les services inappréciables que l’examen histo- logique avait rendu aux chirurgiens en quête de diagnostic et du mode d’intervention.

Sans doute, l’anatomo-pathologiste peut méconnaître la nature néoplasique d’une affection, faute d’un fragment prélevé en pleine lésion; sans doute encore (2), il n’est pas toujours facile de différentier un tissu inflammatoire d’avec un tissu sarcoma- teux à petites cellules rondes par exemple; mais il n’en reste pas moins vrai que l’examen microscopique, quand il répond à toutes les exigences qu’on est autorisé à formuler à son endroit,

peut résoudre quelquefois le diagnostic la radiographie a

échoué.

(D) FRAENKEL. Ueber den Wert der histologischen Gesehulstdiagnose fiir das chirurgische Handeln. Munch. med. Woch., 49, 1908, p. 2539. (2) HENCKE. Mikroskopische Geschwulst-diagnostik. Icna, 16, p. 97,

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Le radiodiagnostic peut se heurter, ainsi que notre dernière observation le témoigne, à des difficultés extrêmes : affirmer qu’il peut et qu'il doit dans tous les cas déceler le sarcome dérivant du squelette, ce serait provoquer ce discrédit injustifié que le chirurgien de C'openhague cherche à jeter sur la biopsie : ce serait inspirer au praticien une confiance aveugle qui pour- rait être un jour cruellement ébranlée. Le radiographe, con- scient de la haute valeur comme des faiblesses de sa méthode, doit repousser ces conclusions dans ce qu’elles ont d’absolu : il doit se décider à un aveu d’impuissance quand son examen radiographique est sans résultat et que le diagnostic de sar- come reste sérieusement discutable : dans des circonstances aussi graves, il s’agit du sacrifice de tout un membre, 1l est méme de son devoir de conseiller la biopsie, pour autant que les contingences déontologiques le lui permettent.

Explication de la planche 5

FIGURE 1. Prise latérale : sarcome ossifiant périphérique de l'extrémité supérieure du tibia : à la face postérieure du genou, quatre concrétions, probablement des phlébolithes.

FIGURE 2. Prise latérale : sarcome périphérique de l'extrémité inférieure du fémur : la diaphyse est légèrement entamée par le processus néoplasique : la tumeur est divisée en plusieurs loges par de grosses travées osseuses perpendiculairement implantées sur la diaphyse.

FIGURE 3. Prise latérale : sarcome central de l’extrémité infé- rieure du fémur : la tumeur, qui a pris naissance dans le con- dyle externe, a détruit une grande partie de l’épiphyse, mais elle a respecté l’articulation. Dépôts périostiques de nouvelle formation à la face antérieuse et postérieure de la diaphyse.

FIGURES 4 et 5. Sarcome ossifiant périphérique de l’extrémité inférieure du tibia : prises antéro-postérieure et latérale.

FIGuRE 6. Sarcome central de l’extrémité supérieure du

péroné : sarecome à petites cellules rondes.

FiGure 7. Récidive d’ostéo-chondrome de l’extrémité supé- rieure de l’humérus : première opération le 25 septembre 1905: cinq mois après récidive : le cliché montre une radiographie du 27 septembre 1907. Bien que, d’après l'observation histologique, il ne paraisse s'agir ici que d’une récidive d’ostéo-chondrome, l'examen attentif de ce cliché est de nature à suspecter sérieuse- ment la réalité de ce diagnostic : la partie supérieure de la tumeur pourrait avoir subi une dégénérescence sarcomateuse.

FIGURE 8. Sarcome diaphysaire.

FIGURE 9. Sarcome central développé dans le tissu spongieux

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de l'extrémité inférieure de la diaphys fémorale. Perforatin de la diaphyse et développement sous-périostique considérable de la tumeur.

Ficvres 10 et 11. Prises latérale et antéro-postérieure : sar- come central de l'extrémité inférieure du fémur.

Ficure 12. NSarcome primitif développé dans le tissu spon-

gieux de la dernière phalange du pouce.

L'examen à la loupe est praticulièrement recommandable.

L IE

GOÎTRE SIMPLE ET LE GOITRE EXOPHTALMIQUE

CONSIDÉRÉS SPÉCIALEMENT AU POINT DE VUE DU TRAITEMENT RADIOTHÉRAPIQUE

PAR CARL BECK

Professeur de chirurgie à New-York

Une distinction nette doit être faite entre le goitre simple (struma) et le goitre exophtalmique (maladie de Basedow ou de Graves). Le goitre ordinaire n’est qu’une augmentation de volume du corps thyroïde, tandis que le goitre exophtalmique se caractérise par la production d'une toxine spéciale sécrétée par cette glande.

En d’autres termes, dans le goitre ordinaire nous avons une hYpertrophie soit diffuse soit partielle du tissu de la glande : le contenu des follicules devient plus abondant et les vaisseaux san- guins se dilatent et se multiplient. L’hvpertrophie du tissu conjonctif, il est vrai, est rarement observée; la texture recon- naît des types différents : adénoïde, colloïde, vasculaire et adé- nomateux; cette dernière forme peut être divisée en plusieurs variétés: parenchymateuse, fibreuse, fibro-calcaire, ostéo-fibreuse et vasculaire. La nature des altérations nous explique pourquoi

‘la méthode radiothérapeutique n’est que rarement suivie de succès; aussi ne faut-il recourir qu’exceptionnellement à ce traitement dans les cas de goitre ordinaire.

Les troubles occasionnés par le goitre simple sont d'ordre

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mécanique : c’est ainsi, par exemple, qu’un goitre volumineux peut refouler latéralement la trachée, la comprimer et détermi- ner des symptômes de suffocation; dans ces conditions, il est impérativement indiqué de procéder sans retard à la thyroïdec- tomie. Dans les cas de goitre peu considérable, l’ablation de la glande peut être indiquée par des considérations d'ordre esthé- tique, bien que l’état de santé du patient, sous tous les autres rapports, ne laisse rien à désirer.

L’aspiration du liquide kystique (consistant généralement en une sérosité sanguine), aspiration suivie chez les adultes de l'injection, sur la ligne médiane, d’une demi-onc2 d'émulsion d’iodoforme dans la glycérine à 10 %, m'a donné d'excellents résultats à quelques rares exceptions près. Afin d'éviter les grandes veines superficielles, il faut que le lieu d’élection de la ponction soit déterminé avec le plus grand soin. Quelquefois le goitre kystique disparaît à la suite d'une seule injection, mais en général il faut répéter l’injection trois ou quatre fois dans l'intervalle d’une semaine en moyenne. La variété fibreuse, et spécialement la variété calcaire du goitre, peut être établie par la radiographie; je pus le premier démontrer les dépôts calcaires dans la glande par la radiographie (1).

L'injection intraparenechymateuse d'une solution saturée d'io- doforme dans l'éther exerce quelquefois une influence notable dans les cas légers de goitre fibreux; mais le processus de sclé- rose est extrêmement lent. Les extraits thvroïdiens ont aussi parfois quelque effet. La méthode la plus radicale est assure- ment l'ablation chirurgicale, Grâce à l’énueléation combinée à une résection partielle, le taux de mortalité de mes opérés, pendant ces cinq dernières années, est devenu pratiquement nul. Mon procédé opératoire, qui est spécialement indiqué dans les cas de goitre rétro-sternal, se trouve décrit dans la réeente tra- duction par Sehrüder de mon traité des maladies chirurgicales de la poitrine, (Hirsehiwald, Berlin, 1909, p. 320.)

(D Cfr. Beitrag zur Diagnostik und Therapie der Struma. (Fortschritte a. d, Gebiete d. Rontgenstr., vol. IV, 1909.)

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À l’encontre du goitre ordinaire, le goitre exophtalmique se caractérise par un trouble général produit par un vice chimique dans l’activité de la glande thyroïde. Le bien-fondé de cette thèse étant accepté, le traitement logique de cette affection doit s'attaquer directement à la glande.

La thyroïdectomie, ainsi que les remarquables statistiques de Kocher l’établissent, répond effectivement à ce but: mais ce grand chirurgien admet une mortalité s'élevant encore à 5 % : d'autres chirurgiens accusent mème une mortalité de 30 %4. Le taux de mortalité de mes patients opérés antérieurement de thyroïdectomie bilatérale s'élevait à 12 %, bien que j’entourasse mes opérations des soins les plus minutieux, attachant une importance toute spéciale à l’hémostase, opérant toujours sous anesthésie locale (recourant généralement à la méthode de Schleich et non pas à la cocaïne). En regle générale, je me borne à exciser le lobe le plus volumineux de la glande, dans le but de diminuer la gravité de l'intervention; de cette façon le patient bénéficie déjà du fruit des résultats favorables d’une ablation partielle de la glande aussitôt qu'ont disparu les suites immédiates de l’opération; reste ensuite à traiter le petit lobe laissé en place. Le fait que la radiothérapie exerce sur les parois des vaisseaux sanguins une action inflammatoire (une espèce d’endartérite chronique), action qui peut être utilisée dans un but thérapeutique dans les cas de tumeurs parenchyma- teuses, ce fait, dis-je, me détermina à essayer l’application des rayons de Röntgen dans des cas apparemment légers de maladie de Basedow : cette application me donna les résultats les plus satisfaisants. Encouragé par ces succès, j'eus recours systéma- tiquement, à titre de thérapeutique adjuvante, à l’irradiation

du lobe respecté par l’opération, et j'observai dans la suite que cette méthode entraîne un bon résultat dans tous les cas de maladie de Basedow.

Ma statistique de ces cinq dernières années donne les résultats

suivants : Des 14 cas de maladie de Basedow avec goitre considérable,

13 femmes arrivèrent à guérison, grâce au traitement com-

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biné (1) que nous venons de décrire et 1 cas, bénéficiant déjà d’une amélioration considérable, reste encore en traitement.

Des 36 cas de goitre peu notable, la plupart accompagnés de symptômes graves, de tachycardie notamment, 32 cas arrivèrent à guérison et 2 cas à amélioration : 1 cas resta indifférent au traitement et 1 cas montra une augmentation de volume de la glande et une aggravation des symptômes. Ce dernier cas doit, à mon avis, son aggravation au pseudo-traitement auquel la malade recourut en désespoir de cause (2).

Ma technique d'irradiation est la suivante: emploi d'un diaphragme; position assise; séance de cinq minutes; courant habituel. Si le patient accuse beaucoup de malaise du fait de sa tachycardie, J’espace les séances. Séance tous les deux jours jusqu’à ce qu'il se produise une très légère réaction ou jusqu'à l'apparition de symptômes d’oppression. À ce moment, cessa- tion du traitement pendant une semaine à peu près, puis reprise du traitement radiothérapeutique jusqu’à ce qu’une améliora- {ion marquée s’ensuive : si celle-ci se produit, cette amélioration m'engage à continuer le traitement pendant deux ou trois mois à des intervalles hebdomadaires. Pendant toute la durée du traitement, je prescris aux malades l’eau arsenico-ferrugineure de Roncegno, à la dose de trois cuillerées par jour.

Dans les cas avancés de maladie de Basedow, accompagnés de symptômes assez alarmants pour interdire toute intervention immédiate, le traitement radiothérapeutique sera appliqué avant l’opération jusqu’à amélioration.

Certes, il est difficile d'expliquer l’action physiologique qu’exercent les rayons de Röntgen sur le goitre de la maladie de Basedow. Le fait que l’amélioration de la plupart des symp- tômes pénibles, et notamment de la tachycardie, précède sou- vent manifestement la diminution de volume du goitre, ce fait

(D) Cfr. Ueber die Kombination von Excisions- und Roentgentherapie bei Morbus Basedowi. (Berl. Klin Woch., 1905, 20.)

(2) Cfr. Partial Thyroïdectomy combined with Roentgen treatment in Ba: e- dows disease. (Postyraduate Tirenty-jifth Anniversary, vol., 193.)

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démontre que la production des toxines dans le corps thyroïde est en premier lieu supprimée ou tout au moins diminuée. Il n'est pas possible à l’heure actuelle de dire, avec quelque vrai- semblance d’exactitude, combien le système nerveux sympha- tique est intéressé en même temps. Un grand nombre de savants éminents se sont occupés beaucoup de cette question et ont découvert des choses fort intéressantes, mais néanmoins, au point de vue étiologique, rien n’a été établi d'une façon définitive. Toute la question fondamentale se résout en un problème de métabolisme ainsi que bien des symptômes semblent le démon- trer.

La cachexie strumiprive, le crétinisme et les autres symp- tomes généraux de dégénérescenre, qui suivent la thyroïdectomie totale, démontrent que la glande thyroïde a, entre autres fonc- tions importantes, celle de détruire tout ce qui est apte à causer des troubles. Quelle peut-être cette fonction et comment est-elle altérée dans la maladie de Basedow? En fin de compte cette fonction doit consister dans une neutralisation de virus. L’alté- ration de cette fonction par disthyroïdie, par hyper- ou hypo- thyroïdie, doit nécessairement engendrer des types différents de réaction.

Il est du plus haut intérêt d'observer la répercussion que cette altération exerce sur les autres organes, comme par exemple sur le thymus, d’étudier les diverses affections qu’elle y engen- dre ainsi que son influence sur toute l’économie (1).

J’ai déjà touché antérieurement un mot au sujet des relations qui existent entre les affections du corps thyroïde et la tubercu- lose : en juin 1908, je présentai, à la Société médicale allemande de New-York, un patient atteint en même temps de tuberculose, d’exophtalmie et d'hypertrophie du corps thyroïde et présentant de la tachycardie avec du tremblement (2). Les facteurs qui

(1) Voir la traduction allemande de mon traité des affections du thorax, pp. 307 et 309. (21 Cfr. How is exophthalmus, tachycardia and tremor following exstirpation

of tuberculous glands of neck to the be explained? (Archives of diaynosis, october, 1908.)

entrent en Jeu dans l’hypertrophie des tissus thyroïdiens ont une action antagoniste aux prédispositions tuberculeuses ; l’observa- tion suivante est instructive sous ce rapport :

Une jeune fille de 25 ans présenta, il y a cinq ans, des symp- tômes de tuberculose pulmonaire; elle se rendit dans une contrée le goitre règne à l’état d’endémie. Là, après un séjour d’une année, elle remarqua l’hvpertrophie du corps thyroïde qui aug- mentait lentement de volume. Mais en même temps, les symp- tômes de tuberculose pulmonaire s’amendèrent graduellement.

Deux ans plus tard, la patiente vint à New-York, et je la reçus alors en observation à Sant-Mark’s Hospital. Son état de santé, à part le goitre kystique de la grosseur d’un poing d’adulte, semblait parfaitement normal. Après avoir extrait par aspiration la sérosité sanguine du goitre, j’injectai dans ce dernier une demi-once d’émulsion d’iodoforme glycérinée : cette intervention fut suivie d’une réaction notable : légères exacer- bations fébriles au soir, transpirations nocturnes, affaiblisse- ment, toux. Plus tard, l’examen clinique démontra, à toute évidence, la réapparition de l’infection tuberculeuse, qui fut d’ailleurs confirmée par l'examen bactériologique de l’expecto- ration. La thérapeutique dirigée contre le goitre fut interrompue et remplacée par un traitement antituberculeux. A l’heure présente, la patiente se trouve beaucoup mieux et le goitre, réduit antérieurement d’un tiers de son volume, est redevenu à peu près aussi gros qu'auparavant. J’ai eu l’occasion de faire, à différentes reprises, des observations analogues dans une région le goitre est endémique. À l'appui des idées théoriques, je puis encore relater l'histoire suivante se rapportant à toute une famille et embrassant cinq générations :

Un homme, robuste à l’âge de 26 ans, mourut deux ans plus tard des suites d’une tuberculose pulmonaire;

Son fils, également de constitution robuste, se maria à l’âge de 22 ans et mourut cinq ans plus tard de tuberculose pulmo- paire ;

Le fils du précédent, également fort et solide, se mari: à l’âge de 26 ans et mourut quatorze ans plus tard de tubercu-

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lose pulmonaire. A l’âge de 36 ans, il avait habité un village à endémie goitreuse, et y s'était marié avec sa troisième femme qui était atteinte d’un goitre de volume moyen;

4 Le fils du patient précédent se maria à l’âge de 28 ans, mourut à l’âge de 64 ans; il est probable que l'influence mater- nelle neutralisa chez lui la prédisposition à la tuberculose : il eut quatorze enfants, dont trois moururent en bas âge, à la suite de symptômes intestinaux ou méningés; les autres sont encore en vie et quelques-uns d’entre eux dépassent les 50 ans.

En se basant sur ces observations, ne serait-on pas autorisé à envoyer les tuberculeux dans les endroits montagneux le goitre règne à l’état endémique, afin de les tremper dans ce mystérieux impondérable que constitue l’élément thyrogèene? Il me semble que le principal antagoniste en cause ici est bien ce facteur que le génie de Rokitansky désignait, il y a soixante ans déjà, comme un puissant agent antituberculeux : je veux parler de l’hyperémie. Il n’y a pas de doute que dans le goitre il existe une tendance notable à la congestion, congestion qui doit large- ment entrer en jeu pour déterminer la rareté de la tuberculose dans les régions à goitre.

EXTRACTION

DES

CORPS ÉTRANGERS DES VOIES RESPIRATOIRES SOUS LE CONTROLE DES RAYONS X

Bigoudi retiré de la bronche droite d'une petite fille de 10 mois

Vingt et un corps étrangers extraits des bronches de six chiens

PAR LE

Dr MAURICE D’'HALLUIN

Maitre de conférences Chef des travaux de physiologie, chargé du service d'électrothérapie et de radiologie des dispensaires à la Faculté libre de Médecine de Lille

PLANCHE VII

Dans les cas de corps étrangers de l’œsophage, on a réussi l'extraction en introduisant une pince dont on suivait la pro- gression à l'écran radioscopique. Cette technique est très recom- mandable et de beaucoup supérieure aux paniers, crochets, ete., parce que infiniment moins aveugle. Personne n’a tenté à notre connaissance d’extraire sous le contrôle des rayons X un corps étranger introduit dans les voies respiratoires. C’est ce qui fait l'originalité de cette communication.

Voici tout d’abord l'histoire d’un bigoudi (1) égaré dans la trachée et la bronche droite d’une petite fille de 10 mois.

(1) Ce bigoudi était constitué par une lame de plomb large de 5 millimètres, longue de 5 centimètres.

423

Le docteur Druon, médecin des parents, nous remit l’observa- tion suivante : « J’ai été appelé à voir l'enfant le lundi 3 août 1908, à 5 h. 1/2, soit quelques instants après l’accident. Elle ne présentait aucun symptôme (pas la moindre gène respiratoire en particulier) pouvant faire soupconner si un corps étranger quelconque (les parents, par contre, étaient très affirmatifs) avait été dégluti soit par l’œsophage, soit par la trachée. Je conseillais, pour être fixé sur l’existence, la position et le traite- ment ultérieur, de la faire examiner aux rayons X. » Le conseil ne fut pas suivi, et le jeudi matin 6 août, la mère se présentait à l'hôpital Saint-Antoine à la consultation de M. le Professeur Augier; ce dernier nous envoya l'enfant : rien ne faisait penser à un corps étranger des voies respiratoires. L’examen radio- scopique du thorax nous montra un corps métallique dont une partie occupait la ligne médiane, tandis que l’extrémité infé- rieure était obliquement dirigée vers la droite. Cette parti- cularité permit d’assurer que le bigoudi se trouvait dans la trachée et dans la bronche droite. Une radiographie fixa d’ail- leurs sur la plaque sensible le résultat de l’exploration radio- scopique.

Ayant lu récemment les communications d Et. Henrard : a Extraction de corps étrangers de l'æsophage au moyen d’une pince à branche glissante, sous l'écran radioscopique », il nous sembla qu’il serait bien facile de procéder de même à l'extrac- tion du bigoudi qui se voyait dans les voies respiratoires de l'enfant. Toutefois cet avis ne fut pas adopté, et l’on préféra recourir à la trachéo-bronchoscopie. Le docteur Bernard fut invité à procéder à cette opération. Malgré des tentatives patientes et prolongées, il lui fut impossible d'introduire le tube à travers la glotte du jeune bébé. Celui-ci éant anesthésié, l'exploration se faisait pourtant avec facilité et le trop grand diamètre des tubes fut le seul obstacle. On recourut alors au moyen que nous avions préconisé en premier lieu. L'enfant, étendu sur le dos, fut placé sur une table au-dessous de laquelle était disposée une ampoule mobile en tous les sens. Le docteur Bernard, s’éclairant avec le miroir frontal, introduisit avec

facilité une pince à travers la fente glottique, puis, faisant l'obscurité, on fit marcher l'ampoule. L'écran fluorescent amené au-dessous de la poitrine de Penfant montra dans la trachée la pince et la lame de plomb. Il fut dès lors facile de faire pro- gresser l’instrument, d'orienter les mors de la pince pour saisir le bigoudi, et bientôt l'entrainer au dehors, tandis que les témoins de cette scène impressionnante en suivaient tous sur l’écran les différentes phases. L’extraction fut faite sans diffi- culté et en un temps très court. Cette intervention avait eu lieu le vendredi, vers 5 heures du soir, soit exactement quatre jours après l’introduction du corps étranger. L'enfant présentait une fièvre légère, et à l'auscultation on entendait quelques râles dans la poitrine. Le médecin traitant vit la petite malade à 10 heures du soir L’enfant, nous écrit-il, était très oppressée, légèrement cyanosée, avec un peu de tirage; râles gros diffus dans toute la poitrine (propagés de la trachée et des grosses bronches). Le lendemain, à 8 h. 1 2, quand J'allai la revoir, elle venait de succomber aux progrès de cette asphyxie. Je crois à l’œdème glottique et trachéal. »

Ce regrettable dénouement pourrait faire douter de l'innocuité de la méthode, mais il faut se rappeler les circonstances qui ont accompagné cette extraction. On était au quatrième jour, l'eu- fant avait de la fièvre, des rales; de plus, les tentatives de tubage, avant plus ou moins endolori la glotte, ont favoriser la production d’un œdème, d'autant plus redoutable qu’il s'agis- sait d’un plus Jeune sujet.

Ces réserves faites, cette observation paraît intéressante à divers points de vue. Elle montre que l’on ne doit jamais négli- ger l'exploration par les rayons X dans les cas de corps étran- gers introduits par la bouche. En la circonstance, rien ne faisait prévoir que ce bigoudi avait pénétré dans les voies respiratoires.

Elle montre surtout que, dans un cas la trachéo-broncho- scopie ne fut pas possible, les rayons X suppléèrent avantageu- sement la méthode par éclairage direct. Cependant le cas était trop simple et on pouvait se demander si l’extraction serait

aussi facile quand le corps étranger tomberait dans les bronches

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intra-pulmonaires. Il était nécessaire de montrer par des survies post-opératoires l’innocuité relative de la méthode. Les corps étrangers des voies respiratoires étant peu fréquents, on eut recours à l’expérimentation chez l'animal. Bien que ces pre- mières expériences montrent l’innocuité relative de la méthode, elles ont été faites surtout en vue de résoudre le problème : l’extraction est-elle possible dans le plus grand nombre des cas?

TECHNIQUE. —- Le lecteur nous excusera de décrire en détail la technique que nous avons suivie, mais ces renseignements éviteront des tâtonnements à ceux qui voudront répéter nos expériences; aussi allons-nous exposer : la position du chien; la manière d’introduire les corps étrangers; la description de la pince; son introduction à la recherche du corps étranger.

Position du chien. Quatre montants de bois nous ont servi à faire une sorte de cadre, sur lequel nous avons cloué une planche d’un demi-centimètre d’épaisseur. Cette table d’im- mobilisation était tenue en position verticale au moyen de pieds ayant une largeur appropriée. L'animal était étendu sur le dos, et fixé les pattes écartées au moyen de liens traversant les trous percés dans les montants en bois. Un mors ouvre-bouche (mors de Claude Bernard) maintenait largement ouvertes les mâchoires du chien, en même temps qu’il immobilisait solidement la tête de l’animal.

Introduction des corps étrangers, La laryngoscopie directe est relativement facile chez le chien, quand la tête est bien étendue. Avec une large spatule nous abaissions la langue, tandis qu'avec une lampe électrique de poche nous éclairions l’arrière-gorge. Pour cette opération, il nous a semblé avanta- geux de ne pas laisser le chien dans une position exactement verticale, mais d’incliner la planche vers l'opérateur qui, debout devant la bête, dirige son regard obliquement d’arrière en avant dans la bouche de l’animal. L’épiglotte est aisément reconnue grâce au jeu de l’abaisse-langue; l’animal n’étant pas endormi s’agite et fait de violents mouvements d’inspiration qui

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favorisent l’examen de la glotte s’entr’ouvraut et se refermant sous les yeux de l’opérateur. On a préparé le corps étranger à introduire, et il a été saisi entre les mors d’une pince lon- guette; celle-ci est introduite dans l’arrière-gorge et l’on attend une ouverture large de la glotte; quand elle se produit, on pra- tique le cathétérisme du larynx, on s'assure que l’on est bien dans les voies respiratoires, on ouvre la pince, le corps étranger tombe il veut. Nous avons introduit de la sorte des clous, des vis, des lames de plomb; les punaises, les clous trop fins, les morceaux d’os, les fragments de verre ont été rejetés par lani- mal chaque fois que nous en avons tenté l'introduction. Ce rejet n'aurait peut-être pas lieu chez l'animal anesthésié, mais nous redoutions la production de syncope, si facile à obtenir par Ja position verticale chez l'annmal endormi; aussi avons-nous délaissé l’anesthésie.

La pince. Elle a été empruntée à l’arsenal instrumental des boites de bronchoscopie. Elle est remarquable par la lon- gueur et la souplesse de sa tige, par la petitesse de ses mors. Elle est constituée par une tige centrale mobile à l'intérieur d'un tube métallique fenêtré sur une de ses faces. Cette tige se bifurque à son extrémité et cette bifurcation porte les deux mors de la pince. A l’état de repos, la pince est maintenue ouverte erûce à l'action d'un ressort qui fait saillir la tige centrale hors du tube. L’extrémité opposée aux mors est munie de deux molettes superposées. L'une est fixée à la tige centrale et l'autre au tube extérieur; grâce à l’action du ressort, ces deux molettes sont séparées l’une de l'autre; si, tenant entre le pouce et le médius la molette inférieure, on presse avec l’index sur la molette supérieuie, on vaine la résistance du ressort et, la tige centrale rentrant à l'intérieur du tube, les mors de la pince, tout à l'heure écartés grâce à l’élasticité du métal, se ferment d'une manière automatique; veut-on ouvrir à nouveau la pince, il suffit de soulever l’index et de laisser agir le ressort. Cet instrument se manœuvre avec facilité; on peut, au lieu d'em-

ployer les doigts, se servir d'une pince spéciale saisissant les

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deux molettes pour les rapprocher ou les écarter; mais son usage ne nous a pas paru indispensable pour ce mode de recherches.

Introduction de la pince. Le cathétérisme de la glotte se fait avec la pince fermée, sans trop de difficultés, en se plaçant dans les conditions décrites pour l’introduction des corps étrangers. Ces différentes manœuvres se font dans la salle l’on procède à l’examen radioscopique. La lumière de la lampe de poche employée pour le cathétérisme des voies respiratoires ne fait pas perdre sensiblement le bénéfice du séjour préalable dans l'obscu- rité. La pince une fois introduite dans le larynx, on fait marcher l'ampoule, et l’on suit à l’écran la progression de l'instrument que l’on pousse fermé à la rencontre du corps étranger observé. Il est bon de donner à la pince une légère courbure et de l’orien- ter pour pouvoir passer dans la bronche droite ou la bronche gauche. On n’arrive pas toujours du premier coup du côté voulu, mais il suffit, dans ce cas, de retirer un peu la pince et la tourner légèrement ou bien de la sortir complètement pour accuser la courbe et l’introduire à nouveau. Il ne suffit pas d'aller à droite ou à gauche, il faut tomber juste dans la bronche se trouve le corps étranger. On y arrive le plus souvent en procédant avec patience et méthode. Quand on se croit au voisinage de l’objet, on ouvre la pince légèrement, et l’on cherche à faire une prise; si l'on n’y parvient pas, c’est que l'on n’est point dans la bronche voulue et il faut retirer la pince, puis la pousser à nouveau pour pénétrer dans une autre bronche jusqu’à ce que l'on arrive au contact du corps étranger, qui est dans ce cas facilement saisi (1). Quand on pousse la pince, on la maintient toujours fermée; si on la laisse entrou-

verte, on risque d’introduire un mors dans une bronche, un mors

(1) Le corps étranger doit être saisi par son extrémité libre et non en son milieu; de cette façon on n'a pas à craindre de déchirer la muqueuse avec une pointe acérée, on n'a pas à redouter non plus l'enclavement par version du corps étranger. La prise pout toujours être correctement effectuée, quand on est au contact du fragment à extraire on le prend un peu comme on veut.

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dans une autre, et si, le corps étranger semblant au voisinage, on ferme la pince, on fait une prise, mais c’est l’éperon bron- chique et non le corps étranger que l'on saisit, et l'on sent une résistance qu'il faut bien se garder de vaincre. D'ailleurs Pani- mal non endormi s'agite quand on pince un éperon bronchique, tandis qu'il reste impassible au moment l'on saisit le corps étranger. La radioscopie stéréoscopique faciliterait l'opération. Malheureusement elle n’est réalisée que par de trop rares pri- vilégiés, et, tout en reconnaissant sa supériorité, il faut savoir que la radioscopie simple donne d’excellents résultats.

RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. --- Nous avons actuell:ment extrait vingt et un corps étrangers des voies respiratoires de chiens. La photographie ei-jointe en représente dix-huit, dont voici l’histoire :

Chien n°1. -- On introduit quatre lames métalliques. L'une (n° 1) s'engage dans la bronche gauche, mais reste en partie dans la trachée; l'extraction est faite avec une facilité enfantine. Les n” 2 et 3 s'engagent très profondément, on les aperçoit au sommet de la coupole diaphragmatique; ils sont extraits après quelques tâätonnements. Le 4 se trouve du côté gauche, mais aussi bas que les deux lames précédentes; il est extrait avec rapidité. L'animal ne présente dans les jours suivants aucun trouble appréciable, 1l est employé pour d’autres expériences, après plusieurs semaines.

Chien 2. - On introduit une vis (n° 5) et un clou. Le clou tombe dans le poumon gauche, au voisinage de la coupole dia- phragmatique. Il fut facilement extrait, mais la pince le làcha dans le pharynx; un mouvement de déglutition le fit passer dans l'estomac où, malgré de patientes tentatives, on ne réussit pas à l'y saisir. Le 5, engagé dans le poumon droit aussi profondément que le précédent, fut extrait avec facilité. L'ani- mal ne présenta aucun trouble, il fut sacrifié cinq jours après l'opération : les poumons ne montrèrent à la coupe aucune alté- ration macroscopique.

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Chien 3. On introduit dans ce cas deux corps étrangers, un clou 6, une vis 7. Le clou, bien que situé au voisinage de la coupole diaphragmatique, fut saisi avec tant de rapidité, que les témoins de cette intervention curent à peine le temps de le voir prendre; sur leur demande, la pince fut ouverte, le corps étranger retomba au voisinage de sa première position, d'où il fut retiré pour la seconde fois avec une semblable facilité. La vis

Fia. l.

Dix-huit corps étrangers métalliques extraits des bronches intrapulmonaires de cinq chiens.

était située tellement bas qu’elle affleurait la ligne formée par Pombre du rebord inférieur du foie. Elle semblait présenter à l'extraction le maximum de diffculté souhaitable : on réussit cependant à la saisir et à l'amener au dehors. Cette dernière extraction demanda cinq minutes au maximum. Le chien ne

présenta aucun trouble les jours suivants.

Chien 4. Les deux corps étrangers (lame de plomb n°8, clou n? 9) tombèrent l'un dans le poumon gauche, l’autre dans le poumon droit, tous deux au niveau d'une ligne passant par la pointe du cœur. Ils furent extraits assez facilement. Un autre

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corps étranger ne put être saisi malgré des efforts patiemment prolongés : il se présentait transversalement par rapport à l’axe de la bronche dans laquelle glissait la pince. Il fut impossible de saisir le corps étranger. L'animal mourut seulement après quarante-huit jours.

Le chien à reçut dans ses voies respiratoires neuf corps étrangers qui furent extraits en l’espace de trente minutes. Un dixième fragment ne put être retiré; comme dans le cas pré- cédent, il se présentait transversalement par rapport à l'axe de la bronche principale. Le chien fut tué accidentellement le len- - demain.

Notre dernier cas se rapporte à la démonstration que nous avons faites au Congrès de Lille pour l'avancement des sciences. Deux lames métalliques, choisies par un des assistants, furent introduites dans les voies respiratoires : l’une tomba à droite, l’autre à gauche, toutes deux au voisinage du cœur. L’extraction fut faite les deux fois avec la plus grande facilité, tandis que nous disions : « Nous poussons la pince en avant, nous arrivons au coutact du corps étranger, nous ouvrons la pince, voici le corps étranger saisi, 1] suit la pince dans son mouvement rétro- grade, le voilà extrait.» Et tous les témoins de cette démons- tration pouvaient suivre à l'écran les phases rapides de cette brillante manœuvre.

Nous avons pris, sur un chien mort, une belle radiographie stéréoscopique très démonstrative. On voit nettement, au pre- mier plan, les ares costaux antérieurs, puis le cœur, et derrière Jui, ombre de deux pinces introduites dans la trachée et les bronches. Du côté droit, on aperçoit, au voisinage du dia- phragme, un fragment de clou, qui, solidement saisi, va pouvoir être retiré sans la moindre difficulté. Du côté gauche, on recon- nait une lame de plomb, et l’on voit au voisinage la pince entr'ouverte, prête à saisir le corps étranger. Elle est orientée de façon à le saisir correctement; il suffit de la fermer pour faire l'extraction à coup sûr. (Voir planche 7.)

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RÉFLEXIONS. Un des inconvénients de la méthode est de ne pouvoir être employée que pour les corps étrangers visibles aux rayons X. Cette réserve faite, est-elle facile? Est-elle ano- dine?

a) La méthode est-elle facile? S'il s’agit de corps étrangers qui se trouvent dans les grosses bronches, c’est un véritable jeu d'enfant. Si le corps étranger se cache dans les bronches intra- pulmonaires, l'extraction peut être faite dans le plus grand nombre des cas. En regard de vingt et une extractions, nous enregistrons deux insuccès. Dans ces cas, le corps étranger était tombé dans une bronche transversale et nous n’avons pu réussir à le saisir. D’une manière générale, on peut dire que l’extrac- tion est relativement facile à faire et que la profondeur n’est pas une cause d’insuccès; nous avons cependant souvent com- pliqué à plaisir, en employant des corps étrangers très petits.

On nous objectera p-ut-être que l'extraction fut faite chez nos chiens aussitôt après l'introduction des corps étrangers, alors qu'en l’absence de toute réaction il n’y avait pas le moindre enclavement. Nous aurions voulu répondre à cette objection, mais nous n'avons pas observé un seul chien conservant plu- sieurs jours un corps étranger dans ses voies respiratoires. Les examens radioscopiques pratiqués le lendemain ou le surlen- demain de l’introduction des fragments métalliques faisaient constater leur disparition. Dans le cas clinique que nous pré- sentons, la lame de plomb avait séjourné plusieurs jours et elle fut extraite avec facilité.

b) La méthode ne présente-t-elle pas de danger? De nouvelles recherches sont nécessaires pour fixer ce point particulier. Toute- fois la survie de nos animaux semble démontrer l’innocuité relative de la méthode. Ici encore on remarquera que les extrac- tions ont été immédiates. Il n'y avait donc production d’aucune réaction notable capable d’aggraver le pronostic. Cette particu- larité est peut-être la raison de nos survies post-opératoires. (‘es survies démontrent toutefois que, chez le chien tout au moins, le cathétérisme des bronches avec la petite pince que nous avons employée ne produit pas de désordre appréciable.

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c) Objections. Il est probable que les partisans de la bron- choscopie feront à cette nouvelle méthode des objections d’ordre divers. La question du traumatisme déterminé par le cathété- risme nous paraît tout à l’avantage de notre méthode : la peti- tesse de la pince, sa flexibilité réduisant au minimum l'action traumatisante (1). Le rôle protecteur du tube semble de prime abord un argument puissant en faveur de la bronchoscopie. Cependant, quand on voit sur l'écran la pince au voisinage du corps étranger, on a vraiment toute facilité pour effectuer la prise d’une façon correcte et saisir entre les mors de l’instrument l'extrémité libre du corps étranger, dont la pointe pourrait peut-être léser les muqueuses durant lextraction. Il n’y a pas à craindre non plus de blesser la glotte, puisque les mors de la pince préparent le passage du corps étranger, qui ne doit jamais être pris transversalement, mais longitudinalement ansi qu’on le voit sur la figure.

L'avantage de la bronchoscopie est de pouvoir, en cas d’encla- vement, libérer le corps étranger sous le contrôle de la vue. Mais cette opération paraît également réalisable sous le contrôle des rayons X. S’agirait-il d’une épingle se présentant par la pointe qui serait fixée dans la paroi bronchique. La pointe étant enclavée, la prise se ferait forcément par le milieu, mais dans ce cas il suffirait de pousser la pince vers le bas pour libérer la pointe. Le corps étranger peut alors ête laché et repris aussitôt par la pince qui effectuera cette fois une prise correcte.

Loin de nous la pensée de combattre la bronchoscopie, qui est une méthode d’investigation vraiment remarquable donnant entre les mains des gens adroits des résultats dont la lecture a

(1) Nous avons eu l'occasion d'essayer sur une même personne non endor- mie l'extraction d'un dentier inclus dans l'œsophage. Les tentatives d'æso- phagoscopie furent des plus pénibles pour la malade, les tentatives d'extraction sous le contrôle des rayons X, avec la même pince dont nous nous servons pour les voies respiratoires, ne déterminait pas la moindre gène. Cette compa- raison semble valable pour la bronchoscopie.

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émerveillé plus d’un praticien. La bronchoscopie nécessite une grande habileté, et n’est peut-être pas à la portée de tous les laryngologistes. L’extraction sous le contrôle des rayons X pourra, au contraire, être faite aisément, pensons-nous, par tout radiologiste, aidé au besoin du laryngologiste, pour lequel le cathétérisme de la glotte sera une difficulté médiocre.

Dans certains cas, enfin, la bronchoscopie nécessite, pour être faite, la trachéotomie; ne serait-il pas plus simple alors de recourir à la méthode que nous préconisons? Enfin est-il possible d’aller aussi loin avec le tube qu'avec la pince? La question mérite d’être posée.

CoxczLtusiox. —- La tolérance relative des voies respiratoires de l’homme pour le tube de bronchoscopie permet de croire que le passage de la pince provoquera encore moins de désordre. Si la bronchoscopie conserve tous ses droits quand les corps étran- gers sont traversés par les rayons X, dans les cas de corps opaques, un examen radiosopique préalable permettra sans doute de discuter laquelle des deux méthodes paraît la plus ano- dine. La méthode que nous préconisons, après avoir été employée chez une enfant et expérimentée chez des chiens, paraît digne d'intérêt et sa simplicité semble devoir être une garantie de

son SUCCES.

Explications de la planche 7

Vue antérieure du thorax d’un chien.

Du côté gauche, on aperçoit derrière le cœur une lame de plomb se présentant de profil; les mors de la pince (semblables aux mors d’une minuscule pince à forcipressure) sont entr'ou- verts et prêts à saisir le corps étranger. Du côté droit, on reconnaît un fragment de clou solidement saisi entre les bran- ches d’une pince à mors fenêtrés.

On voit dans cette figure la manière dont on saisit les corps étrangers. C’est dans cette région, par conséquent fort bas, que se trouvaient la plupart des documents qui constituent la figure 1.

INSTRUMENTS NOUVEAUX

Poste de commande radiologique Radiguet et Massiot avec interrupteur turbine à mercure et à gaz

Ce poste de commande présente, sous une forme condensée, l'ensemble des instruments nécessaires au docteur pour le fonc- tionnement des appareils de radivlogie et de haute fréquence. Il comporte, en plus d'un système nouveau d’interrupteur à turbine, les appareils de commande du courant primaire, inter- rupteur, coupe-cireuit et inverseur; la manette de réglage du moteur de l'interrupteur et la manette de réglage de l'intensité au primaire. Enfin un dispositif spécial de robinets à gaz per- met la commande à distance des chalumeaux d’osmo-régula- teurs.

La turbine se fait pour tous courants et tous voltages :

Le moteur de la turbine est indépendant : il est fixé sur le couvercle de la cuve à mercure et ce couvercle forme la partie supérieure d’un bâti d’acajou qui repose soit sur une table dans le modèle horizontal, soit sur une console dans le modèle mural. 11 s'ensuit que, pour vérifier l’interrupteur, il suffit de dévisser trois boutons et d'enlever la cuve, seul organe à visiter de temps autre.

L’interrupteur se fait soit pour marche ordinaire, soit pour marche intensive en modifiant les durées de contact.

Pour permettre le fonctionnement sans désarmorçage, aux différentes vitesses, l’orifice intérieur percé dans la turbine et qui donne passage au mercure affecte la forme d’une parabole. Le mouvement de rotation de la turbine donnant à la surface

libre du mercure la forme d’un paraboloïde de révolution, nous

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avons pu sans inconvénient exagérer la dimension de l’orifice de sortie. L’amorçage se fait donc toujours, en vertu de la rotation elle-même, et l’obturation accidentelle du trou de sortie est impossible, à cause de sa grande dimension.

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Nous avons muni notre interrrupteur de robinets permettant d'obtenir la rupture dans le gaz d’éclairage ou l’acide carbo- nique.

On obtient ainsi, pour le mercure, une utilisation presque indéfinie.

Le fonctionnement de la turbine est absolument silencieux : il donne un nombre d’interruptions permettant les examens radioscopiques sans aucune variation dans l’éclairement.

La durée de contact peut être réglée pour l’obtention des débits considérables nécessaires au fonctionnement des tubes employés en radiologie intensive.

SOCIÈTE BELGE DE RADIOLOGIE Séance du 12 septembre 1909

Après quelques rectifications, le procès-verbal de la dernière séance est adopté à l'unanimité des membres présents.

M. le Président prie les membres de la Société de bien vouloir remettre au secrétaire, à la séance méme, le texte de leurs com- munications ainsi que le résumé de leurs observations émises au cours des discussions.

Radiodiagnostic du rhumatisme

M. le D' LEEuxE (Liége) développe sa communication en s'appuyant sur la démonstration de nombreux clichés (vol. II, fase. 16, p. 309).

Un nouveau procédé de radiothérapie profonde

M. le D' Lavreys (Anvers). - Le nouveau procédé de radio- thérapie profonde dérive des observations que l'auteur a relatées dans une séance antérieure. Ce procédé comprend deux parties entièrement indépendantes l'une de l'autre, applicables soit d’une facon combinée, soit isolément.

Pour obtenir des rayons pénétrants, au lieu de s'adresser à un tube dur ou de filtrer à travers des lames métalliques le ravon- nement obtenu, l’auteur filtre le courant qui se rend au tube. Il interpose sur le trajet électrique un éclateur disque-pointe

dans un hydrocarbure quelconque. Cette méthode, qui permet de

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changer rapidement et à volonté la pénétration des rayons, a pour avantage de faire passer à travers le tube le minimum réellement efficace de wattage et partant de réduire l’usure du tube au minimum. D'autre part, plus de lame métallique fil- trante dans le voisinage du tube, avec ses dangers pour la vie du tube et son rayonnement secondaire incommode : plus de tube dur, si souvent capricieux dans sa marche et si sujet à crever par étincelles.

La seconde partie du procédé consiste à rechercher le moyen d'utiliser le plus complètement possible les rayons qui ont tra- versé la peau. Se basant comme point de départ sur l’observa- tion de radiodermite secondaire qu’il a publiée dans une séance précédente, l’auteur estime qu’il y a lieu de favoriser la produc- tion de rayons secondaires dans les régions qu’on veut influencer. Ce principe dont on peut contrôler le bien-fondé en faisant une épreuve photographique avec des pièces de monnaie placées contre la couche sensible, le verre étant en haut, tourné vers le tube est également utilisé dans certaines plaques radiogra- phiques extra-sensibles. D'autre part, l’action du rayonnement secondaire semble donner une explication élégante de l’influence de l’hyperémie et de l’anémie sur l’action des rayons X. Les tissus gorgés de sang sont aussi plus riches en fer et en phos-

arrétant davan-

phore —- corps à poids atomique plus élevé tage les rayons X et donnant vraisemblablement lieu à un rayonnement secondaire plus important que la moyenne des tissus. D'autre part, l'action élective des rayons sur les noyaux des cellules en voie de prolifération s'explique assez facilement par la circulation plus intense de ces tissus et par la richesse du noyau en phosphore.

Quant aux voies et moyens d'appliquer ce principe, il semble que le plus avantageux serait de faire dans la région à influen- cer une injection très disséminée. Pour l’œsophage et d’autres organes qu’on peut atteindre endoscopiquement, on procéderait par cette voie. Quant à la nature de la substance, des recherches ultérieures devront démontrer quelle est celle qui convient le mieux par son innocuité et par la richesse de son rayonnement

-

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secondaire. L’intensité de ce rayonnement secondaire ne semble pas être en raison directe du poids atomique.

D’après les recherches de l’auteur, l'argent émet plus de rayons secondaires que le plomb. On pourrait done provisoi- rement faire des injections de collargol et même introduire l'argent par les voies naturelles pour influencer des tumeurs superficielles de ces voies. On pourrait également essayer l’hyperémie active ou passive.

Ostéome de l’épaule et exostose du tibia

M. le D" HriLrors (Anvers) présente une série de radiogra- phies :

La première série se rapporte à un ostéome de l'épaule. Ces néoformations sont assez fréquentes à la suite d'un traumatisme de cette région, mais 1] est assez rare d'observer une tumeur aussi volumineuse que celle présentée par l’orateur. Pour ce motif, l'interprétation des clichés offrit une certaine difficulté, et plus d’un médecin n’admit pas le diagnostic de tumeur, croyant plutôt à une fracture de la tète humérale.

Dans ce cas, il s'agit d’un ouvrier maçon qui tomba d'un échafaudage; après l’accident, on constate chez lui une fracture de la jambe et une luxation de l’épaule, On l'amène à l'hôpital, il est radiographié dès son entrée. Le cliché montre une luxation sous-glénoïdienne sans aucune trace de fracture de la tète de l'humérus. Sous narcose, la luxation est réduite sans aucune difficulté et le bras maintenu en place par une écharpe. Tous les efforts, tentés en vue de rendre à l'articulation son ancienne mobilité, échouent : le bras resta ankvlosé.

Après six semaines de traitement hospitalier, la fracture de la jambe est assez consolidée pour qu'on puisse signer lexéat du malade. Mais avant son départ, la région est encore une fois radiographiée, et sur ces nouveaux clichés on trouve une tumeur osseuse siégeant entre l’acronion et la tête humeérale. Pendant deux mois, on perd complètement de vue l'individu, quand uu

autre radiographe montre un jour une plaque, prise par lui, de

AM

cette épaule. À première vue, l'examen de ce cliché paraissait simple : on y voyait une tumeur osseuse située sous l'acromion et une grande échancrure au bout externe de la tête humérale. Le diagnostic suivant s'imposait : fracture parcellaire de la tête humérale et déplacement du fragment osseux vers le haut. En présence de cette divergence d'opinions, uue opération seule pouvait élucider le diagnostie. Elle fut pratiquée par le docteur Conrad : dans un repli de la capsule articulaire, entre l’acromion et la tête de l'humérus, on trouva une tumeur dure, partie cartilagineuse, partie osseuse, à contour nettement arrondi, et fortement adhérente à la capsule. Il ne fut pas possible de la détacher dans sa totalité : il fallut l'arracher par morceaux. Ni par l'inspection, ni par la palpation, on ne put constater trace de fracture de la tête humérale. Le sinistré guérit per primam, et sur le dernier cliché la tumeur a complètement dis- paru. |

La deuxième série de clichés se rapporte à un cas d’exostose du tibia.

Le diagnostie de ce cas fut difficile; le diagnostic clinique fit supposer une exostose de nature bénigne : l'examen des clichés radiographiques ne sembla pas au premier abord confirmer ce diagnostic, mais semblait plutôt eu faveur d’un ostéosarcome du tibia.

Et pourtant le diagnostic clinique était clair : une tumeur, datant de dix ans, s'était développée à la face externe du tibia, et avait peu à peu pris un volume considérable, Elle n'avait, jusqu’à ces derniers temps, nullement géné la marche, n’était pas douloureuse et n’inecommodait la patiente que par son grand volume. Si donc le diagnostic clinique était des plus simples, l’image radiographique, considérée en elle-même, sans

s'appuyer sur les données cliniques, faisait soupçonner une toute autre lésion: une grande tumeur arrondie, mais à contour irrégulier, qui, tout en repoussant le péroné, ronge une partie de cet os, peut facilement faire naitre l’idée d’une tumeur maligne. Ce qui plaidait encore en faveur de cette opinion, c’est

la fracture spontanée du péroné, ignorée par la malade. Tl est

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Dien vrai que cette image ne ressemble nullement aux images d’ostéosarcome que Ilauchamps a montré à la dernière séance de la Société de radiologie, mais précisément cette grande variété d'images de sarcome doit rendre prudent et circonspect tout praticien habitué à interpréter des images radiographiques. Or du diagnostic certain dépend le mode d'intervention. Aussi, avant de poser le diagnostie définitif, il était rationnel de pré- lever un fragment osseux et d'examiner au microscope. C’est ce qui fut fait, et l'examen histologique montra partout la présence de tissu osseux normal.

L'heure étant très avancée, M. le Président propose de remet-

tre les discussions à la séance prochaine. (Adopté.)

Le secrétaire :

Etienne IIENRARD.

Séance du 10 octobre 1909

La manipulation de l’ampoule de Rôntgen

M. le D! KizYXENS. En mettant à l’ordre du jour de ses séances les différentes manipulations de l’ampoule, la Société de Radiologie eut une inspiration particulièrement heureuse : elle se montra consciente de sa mission; nous trouverons tous, sans aucun doute, quelque profit à uous communiquer nos obser- vations et nos idées.

Le choix d'un type d'armpoule est aussi embarrassant que difficile : de toutes ces ampoules, offertes en si grand nombre, vantées avec tant de foi robuste, laquelle faut-il adopter ? II va de grands avantages à étudier et à expérimenter longtemps un méme type; car chacun a ses caprices, caprices qu'il faut

connaitre pour les dompter, et ce n'est qu'à la longue qu'on

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apprend à les connaître. Il ne faut abandonner le genre d'am- poule choisi que quand une étude soutenue et prolongée en a montré les sérieuses défectuosités : il n’y a que désavantage à essayer à chaque instant un nouveau type de fabrication. Essayer toutes les ampoules, c'est n’en connaître aucune. Fidèle à ce principe, J'ai employé jusqu'ici quatre genres d'ampoules : les grandes ampoules de Müller pour la radiographie; les am- poules de Gundelach, de grand et de moyen diamètre, avec anticathode renforcée et à régulateur en palladium, pour la radiographie et la radioscopie; les ampoules de Chabaud pour la radiothérapie; et enfin les ampoules de Dean pour la radio- scopie et la radiothérapie.

En analysant les services que ces différentes ampoules m'ont rendus, je n'hésite pas à donner mes préférences à l’osmo-régu- lateur : le régulateur de Müller renonce bien vite à tout ser- vice; l’osmo-régulatsur, au contraire, nous permet de régéné- rer l'ampoule d’une façou indéfinie. D'après Albers-Schünberg, les ampoules de Müller, qui sont très coûteuses, ne fournissent guère que quelque seize heures de travail. Les ampoules de Gundelach, de 200 millimètres de diamètre, à anticathode ren- forcée et à régulateur en palladium, m'ont donné une moyenne de plus de cinquante heures de fonctionnement : elles n’ont d'ailleurs jamais été mises hors de service par suite du manque de fonctionnement du régulateur. Il est possible que d'autres régulateurs soient aussi recommandables que l’osmo-régulateur. Je me propose d'essayer bientôt les ampoules Monopole, avec régulateur au charbon, et les ampoules de Bauer, pourvues de l'ingénieux dispositif qui a été décrit récemment dans ce journal.

Pour la radiographie, j'utilise exclusivement, à Tlheure actuelle, les ampoules à grande masse métallique intérieure : ces ampoules, il est vrai, ne sont guère à recommander aux débutants: elles livrent facilement passage à l'onde de ferme- ture, et par suite elles se métallisent rapidement et fortement, si on n'y met bonne garde; mais leur défaut le plus grave est de

mollir, au début du moins, rapidement et considérablement sous

A44

l'influence d'une surcharge inappropriée : la chaleur engendrée par le courant provoque un dégagement abondant des gaz ocelus, et en un court instant, ampoule mollit jusqu’au point de compro- mettre l’examen en cours. Les ampoules Müller, au contraire, ne contiennent qu’une masse relativement petite de métal, ne mollissent pas, fonctionnent toujours admirablement, livrent difficilement passage au courant de fermeture, ne se métallisent guère; elles sont éminemment recommandables à tout débutant.

Mais le dégagement de gaz occlus, que montrent à un si haut degré les ampoules à grosse masse métallique intérieure, et qui réserve tant de déceptions et de tracasseries au radiographe inexpert, ce dégagement constitue un excellent mode de réglage entre les mains de celui qui sait doser de façon correcte le cou- rant que ces ampoules sont en état de supporter à un moment donné de leur existence. Cette masse métallique constitue un réservoir de gaz dont il faut tirer profit à bon escient, au moment voulu. Si l’ampoule est trop dure, il suffira d'augmen- ter plus ou moins l'intensité du courant primaire pendant un temps plus ou moins long pour mollir le tube au degré que nous désirons. Mais ce réservoir n’est pas inépuisable : au fur et à mesure que les gaz sont consommés, il faudra user d’une surcharge électrique, ou plus intense, ou plus prolongée, pour arriver au but désiré. Et il arrive un moment ce mode de réglage n’opère plus, faute de gaz occlus : c’est alors, et alors seulement, qu'il faut recourir aux services de l’osmo-régulateur. En résumé, nous avons un mode de régénération très simple, très facile, tres fin, de tres longue durée, et nous ne comprenons pas pourquoi il n’a pas éveillé l’attention qu'il mérite.

C’est une erreur de technique et d'économie que de faire servir une ampoule à tous les usages : radiographie, radioscopie, radiothérapie. Sil s’agit d’irradier une lésion cutanée, pourquoi recourir à une ampoule coûteuse, de grand diamètre, ou à une anticathode renforcée * Une ampoule de petit diamètre, même activée par courant faible, fera bien mieux et plus vite notre affaire; car nous pouvons rapprocher son foyer de la lésion. S'il

s'agit, au contraire, d’une radiographie, d’une irradiation pro-

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fonde, et à fortiori d’une irradiation homogène, une ampoule capable de supporter une forte charge électrique sans varier de vide, et de préférence une ampoule de grand diamètre, est indiquée parce que la distance entre le foyer et l'organe à irra- dier doit être considérable. Il est encore irrationnel d'utiliser le même interrupteur pour des usages si différents : les ampoules petites et moyennes, destinées à la radiothérapie superficielle et à la radioscopie, fonctionnent mieux et plus économiquenrent sur un interrupteur mécanique, comme par exemple l'excellent interrupteur au diélectrique de gaz: l’interrupteur Wehnelt, au contraire, sera de nécessité pour les ampoules dont nous exi- geons un rendement intense.

À un autre point de vue, il est encore illogique de faire servir une même ampoule à tous les usages : j'entends parler de la finesse du foyer anticathodique : les ampoules, sous ce rapport, montrent de grandes divergences. Dans une séance antérieure, J'ai attiré votre attention sur les services que rend le focomètre : cet instrument, qui a été décrit depuis longtemps déjà, ne semble pas avoir reçu l'accueil qu'il mérite; sans aucun doute, si son usage parvenait à se généraliser, les récriminations, que font valoir les uns contre les autres les fabricants et les radio- graphes, seraient encore plus nombreuses; mais, à coup sûr, nous arriverions à utiliser nos ampoules d’une facon plus judi- cieuse. Nous apprendrions à en tirer le parti le plus convenable, à réserver les meilleurs d’entre elles, celles dont le foyer anti- ‘athodique est le mieux conditionné, exclusivement à des usages radiographiques, et à utiliser toutes les autres, celles à foyer anticathodique défectueux et large, dans nos applications radio- thérapeutique.

M. le D' D’Harrvix, empêché d’assister à l'avant-dernière séance, demande la description du focomètre.

M. le D" Havcuam{mrs. -— Si, pendant le temps d'exposition, nous surchargeons brusquement l’ampoule, et si nous abaissons ainsi le vide, nous déplacons également le foyer anticathodique :

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la couche sensible sera donc impressionnée par les projections de deux foyers anticathodiques différents. N’y a-t-il pas un inconvénient sérieux de nature à diminuer la netteté de l’image radiographique ?

M. le D! DE Noeir. Pendant la marche, les ampoules mollissent ; existe-t-il un moyen pratique de les durcir ? Il faut un temps très long pour durcir les ampoules à osmo-régulateur;

je ne parviens pas à durcir l'ampoule Gundelach.

M. le D" Kaisix-Los EVER. Bauer a imaginé un appareil qui permet, par un Jeu de pompe à mercure, de durcir ou de mollir une ampoule.

M. le D" ITExRAaRD. Si M. De Nobele n'a pas pu durcir une Gundelach, c'est qu'il n'a pas pris soin d'isoler le platine entourant le palladium : en faisant en sorte que le manchon de platine ne touche pas au palladium, j'ai pu parfaitement durcir les ampoules de Gundelach.

M. le D! Havrcua{Įmrs. -_ Je mollis les tubes de Gundelach

comme les Chabaud, en laissant reposer le manchon de platine sur l'osmo.

M. le D' Larreys ne croit pas à la grande utilité du foco- mètre. On a la signature d'une ampoule sur son anticathode, quand on l'a mise en marche.

M. le D' Kruyxexs.- Le dispositif de Bauer, destiné à dur- cir les tubes, n'existe pas : l'ingénieur de Berlin a montré au Congrès d'Amsterdam un dispositif très ingénieux d’évacua- tion. Si même ce dispositif était applicable au durcissement, il ne serait guère pratique, semble-t-il; car il se compose d'un tube de verre, assez long et partant fragile, et d'un réservoir de mercure, qu'il faut élever et abaisser.

Le durcissement est un phénomène auquel malheureusement

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aucun tube n’échappe : les tubes durcissent les uns plus vite que les autres : c’est une manipulation fâcheuse que de les durcir de parti pris, du moment qu’ils sont encore en état de donner une radiographie d'un objet même peu épais: de par la marche naturelle des choses, tout laboratoire, après quelques mois d’acti- vité, n’aura que trop d’ampoules dures, surtout si elles ne sont pas pourvues d’osmo-régulateur.

Un nouvel appareil de mesure en radiologie

M. le D" GoTriGNiEs. On vient de vous parler assez lon- guement des phénomènes complexes qui se passent dans l'am- poule de Crookes. Il en est un sur lequel je voudrais appeler votre attention : c’est l’onde de fermeture. Je ne vous parlerai pas des nombreux moyens préconisés pour la supprimer, je vou- drais seulement vous présenter un appareil, qui non seulement sert à la déceler, mais encore à la mesurer. Cet appareil consiste en une combinaison de deux milliampèremètres construits par la maison Hartman et Braun, de KFrancfort-sur-Mein. L'un est un milliampèremètre ordinaire, à cadre mobile, l’autre est un milliampèremètre que nous appellerons électro-magnétique. Que nous indique le premier de ces instruments ? Lorsqu'on fait passer un courant électrique dans la bobine, qui en constitue la partie mobile, il se développe immédiatement des lignes de force qui tendent à se placer parallèlement à celles développées par les pôles de l’aimant fixe, qui en constitue la seconde partie; d’où rotation de la bobine et déplacement de l'aiguille qu’elle supporte; si l’on renverse le sens du courant, l'aiguille revien- dra vers le zéro, qu’elle dépassera ensuite de la même quantité que tantôt, mais dans la direction opposée. En augmentant le nombre des renversements de sens du courant, il arrive un moment l’aiguille, à cause de son inertie, ne peut se dévier suffisamment vite pour prendre sa position d'équilibre dans un sens ou dans l’autre : par suite, elle restera au zéro. Mais cette

position d'équilibre au zéro ne se présentera que lorsque les deux

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ondes du courant seront d'égale intensité. Or nous savons que les deux ondes qui naissent au secondaire d’une bobine d'in- duction ne sont pas semblables; Ponde d'ouverture l'emporte de beaucoup sur celle de fermeture, ce qui fait que les indica- tions du milliampéremètre ordinaire que nous emplovons dans nos laboratoires ne représentent en réalité que la différence entre les deux ondes qui le traversent. C’est ce milliampèremètre que je vous présente ici. L'autre, que voici, est tout autrement construit. Il consiste en une bobine fixe, sur laquelle est enrou- Jée un certain nombre de spires de fil; à l’intérieur de cette bobine se trouvent deux pièces de fer superposées, dont l'une fixe, l’autre mobile, celle-ci supportant l'aiguille indicatrice de l'instrument. Lorsqu'on fait passer un couranf dans la bobine, les pièces de fer s’aimantent instantanément, et comme les mêmes pôles sont assez voisins l’un de l’autre, ils se repoussent, et l'aiguille dévie d'un certain angle; si à ce moment le courant est renversé, les pôles des deux petits aimants changent de nom, mais les effets restent les mêmes et se produisent encore dans le même sens: ils s'additionnent. Cet instrument, placé dans le cireuit qui alimente une ampoule de Crookes, nous indiquera en réalité la totalité du courant qui passe dans cette ampoule, quel que soit le sens de ¢e courant. En associant ces deux milii- ampeéremetres, nous obtiendrons deux données dont la com- paraison nous permettra de conclure si du courant de ferme- ture passe dans l’ampoule, et quelle est la valeur de ce courant. àn effet, il est clair que si les deux instruments marquent la même chose, c'est que l'onde de fermeture est égale à zéro : plus la valeur de celle-ci sera considérable, plus différentes seront les indications des deux appareils; car l'un donne la différence des valeurs des deux ondes, et l’autre, la somme de ces valeurs. Pour le réglage idéal d’une ampoule en fonction- nement, il faudra donc faire en sorte de réduire au minimum la différence des indications de ces deux instruments de mesure; n'oublions pas non plus que la lecture de ceux-ci nous indi-

guera les plus petites traces de lueur de fermeture.

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M. le D' Kryxexs. -- Le dispositif que notre collègue Gotti- gnies vient de décrire est, certes, très ingénieux : mais, bien que je n’en aie nulle expérience, je me demande s’il est aussi pratique et aussi sûr que l’oscilloscope. J’ai intercalé d’une facon permanente, et bien en vue, ce petit instrument dans le courant secondaire de mon installation. Il renseigne d’une façon très précise sur la présence du courant de fermeture. Au sur- plus, il est très peu coûteux en comparaison de la grosse dépense qu'occasionne le dispositif qui vient d'être décrit.

A propos de la radiographie des calculs vésicaux

M. le D' Havcnawrs., -— Avant eu l’occasion de rechercher la présence d’un calcul vésical chez un vieillard, j'ai obtenu les deux négatifs que je vous présente ici, parce que je les crois tres intéressants.

Le premier négatif a été exécuté, la vessie complètement vidée. Il existe au niveau de l’avant-dernière crête sacrée, sur la ligne médiane, et à 4 centimètres environ au-dessus du pubis, une tache sombre, arrondie, de la grosseur d’une noisette : nous constatons un peu au-dessus du milieu de l’arcade fémorale, à gauche, deux petites masses sombres, nettes, rondes, situées l'une au-desus de l’autre, et perpendiculairement à la crête pectinéale.

Le deuxième négatif, exécuté dans les mêmes conditions de technique huit jours plus tard, montre exactement les trois mêmes ombres aux mêmes endroits. Cette fois-ci, la vessie n'avait pas été vidée; le rectum l'était complètement.

L'ombre médiane, me semble-t-il, ne peut se rapporter à un calcul vésical; cette masse centrale est placée trop haut, et ne se déplace pas avec la vessie. (La cystoscopie a en effet démontré ultérieurement l'intégrité de la vessie.)

Les ombres latérales sont assurément des phlébolithes.

M. le D' Kiyxexs. Les deux petites ombres latérales et rondes sont évidemment des phlébolithes; mais l'ombre médiane

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semble bien répondre à l'image d’un calcul vésical : l’examen cystoscopique négatif ne me semble pas convaincant; comme tout autre examen, il peut induire en erreur.

Un nouvel interrupteur à jet de mercure pour appareils transportables

M. le D' HavcHamps. L'appareil le plus délicat à trans- porter est assurément l’interrupteur. J’ai eu différents modèles d’interrupteur transportable qui ne m’ont pas toujours donné

toute satisfaction. Je me sers actuellement d’un nouvel inter-

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rupteur à turbine (jet de mercure), construit spécialement en vue du transport, par la la maison Dean de Londres. Comme Je

vais vous le montrer, cet interrupteur (fig. 1 et 2) peut marcher

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sur accumulateurs (12 ou 18 volts) ou sur réseau continu de 110 volts. Le mouvement de rotation est transmis à la pompe à mercure par des roues à angles; la multiplication est de 1 x6, de sorte que cinquante tours de manivelle nous donnent douze cents interruptions. Ce mouvement, grâce à un roulement à billes, est très doux et ne nécessite guère d'effort.

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Fia. 2.

Il sert, comme vous le voyez, en même temps de coupe-cir- cuit : le mouvement arrêté, le courant ne passe plus.

La durée de contact est variable : une vis permet d'élever ou d’abaisser la plaque de contact de forme triangulaire. Le

diélectrique peut être liquide ou gazeux.

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

CaRL Beck (New York). The renal origin of vesical calculi with observations on calcareous tumors of the bladder (L'origine rénale des calculs vésicaux; observations sur des tumeurs cal- caires de la vessie). (Journal of the American Medical Association, 12 sept., 1908, vol. LI, pp. 885-887.)

La question de l’origine rénale ou vésicale des calculs vésicaux est encore en litige : on sait bien, au point de vue de leur for- mation, que toute irritation locale favorise leur apparition, mais on ne sait si elle agit comme cause efficiente ou comme cause occasionnelle seulement. Il semble, d’autre part, que les tubes rénaux constituent un milieu bien plus favorable à la précipi- tation que la vessie, tout au moins la vessie normale : les calculs de petit volume seraient done déversés dans la vessie ou, pour une cause quelconque, ils se congloméreraient en éléments plus volumineux. Le fait de la fréquence moins grande du calcul vésical chez la femme semble confirmer cette vue, l’urètre court et large permettant l’élimination de calculs déjà considérables.

Un cas très intéressant se rapporte à un enfant de 10 ans, opéré trois ans auparavant de calcul vésical par taille sus- pubienne. Le diagnostic posé fut de nouveau calcul vésical. La radiographie montre un volumineux calcul vésical et une ombre en triangle très marquée dans la région du rein gauche. Cette ombre est due à la présence dans ce rein de granulations cal- caires.

Mais le diagnostic radiologique a induit en erreur dans un cas assez Curieux.

Il sagit d’une tumeur du bas-fond de la vessie démontrée à la cystoscopie comme étant du volume d’un œuf de poule. La radiographie donnait à cet endroit une ombre absolument

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opaque, qui fit porter le diagnostic de calcul vésical enchatonné. L'opération démontra qu’il s'agissait d’un fibrocarcinome

incrusté de granulations calcaires. L’incrustation était une

lésion secondaire survenue après la formation de la tumeur.

D" Ernest RENAUx.

CARL BECK (New York). Ueber eine neue Methode der Nephro- pexie (Nouvelle méthode de néphropexie). (Deutsche Zeitschrift fur Chirurgie, Bd 98, Januar 1909.)

L'auteur a pratiqué la néphropexie en suturant, au moyen d'un fil de bronze fin, la capsule du rein à la douzième côte dépériostée. Une radiographie montre la situation de cette anse métallique et son enveloppement par du tissu osseux d’origine périostale.

D" Ernest RENAUX.

G. E. PFAHLER (Philadelphie). Physiologic and Clinical Obser- vation on the Alimentary Canal by Means of the Roentgen Rays (Les rayons de Röntgen dans les observations physiolo- giques et cliniques du tube digestif). Reprinted with additions, from the Journal of the American Medical Association, 21 décem- bre 1907, vol. XLIX, pp. 2069-2074.

Ce travail est une revue générale des indications que peuvent fournir les rayons X sur l’état des voies digestives et de la technique à suivre. L'auteur signale d’abord ce fait intéressant que sur 31 sujets normaux examinés, l4 seulement présentent un estomac normal; les autres ont soit de la gastroptose, soit de la gastrectasie. La forme de l'estomac est sensiblement la même chez l’adulte et chez l’enfant.

La grande fréquence de la gastroptose est due à l’insuffisance de la paroi abdominale ou à l'existence de « phthisical chest ». Le traitement est donc tout indiqué : sustentation de la paroi par un bandage, lequel doit être essayé sous contrôle radio- scopique. La ptose intestinale sera traitée de la même façon. La radioscopie n’est pas toujours suffisante pour le diagnostic radio- logique des affections du tube digestif : la radiographie apporte souvent des finesses inaperçues au simple examen à l’écran.

Quant à la technique à suivre, celle de Pfabler ne diffère guère de celle qui est couramment employée chez nous.

Signalons encore deux particularités intéressantes :

L'auteur n’a jamais observé d’intoxication bismuthique mal- gré l’administration de fortes doses de sous-nitrate en une seule fois.

D'autre part, il recommande pour le repas de bismuth une suspension du sel dans le kéfir. Ce mélange présente l’avantage de ne se sédimenter que très lentement; de plus l’action laxative du kéfir combat l’action constipante du bismuth.

(Une once de sous-nitrate pour une pinte de kéfir.)

D' Ernest RENAUx.

JAMES M. ANDERS et GEORGE E. PFAHLER. Pulmonary Abscess ending in Recovery without Operation (a Study by Means of the Röntgen Rays) (Abcès pulmonaire terminé par guérison sans opération). (International Clinics, vol. IT, sixteenth series.)

Les auteurs ont observé un cas d’abcès pulmonaire, suite de fièvre typhoïde avec infection mixte chez un homme de 28 ans.

La radiographie a permis de poser le diagnostic et de suivre régulièrement l’évolution de la lésion.

D! Ernest RENAUx.

GEORGE E. PFANLER. The Roentgen Rays as an Aid in the Diagnosis of Carcinoma of the Stomach (Les rayons de Roentgen comme auxiliaire pour le diagnostic du carcinome de l'estomac.) (Journal of the American Medical Association, 13 mars 1909, vol. LIL.)

Le carcinome de l’estomac est démontrable lorsqu'il change la direction de la nourriture à travers l'estomac, lorsqu'il dimi- nue le volume ou modifie la péristaltique, lorsqu'il fixe ou déplace l'estomac, lorsqu’il détermine une échancrure de la paroi ou fait varier la rapidité de l’évacuation du contenu.

L'auteur estime que ce procédé permet un diagnostice plus précoce de l'affection, mais il faut néanmoins qu’un examen clinique approfondi soit d'abord intervenu.

Il faut interpréter avec circonspection pour éviter des erreurs qui feraient tomber dans le discrédit une excellente méthode d'investigation.

Ernest RExAUx.

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M. BENEDIKT. Ueber eine eigenartige Verdrehung (Luxation) des Herzens (Un cas curieux de rotation (luxation) du cœur). (Arch. f. physik. Mediz. u. mediz. Technik, Bd IV, H. 4.)

Benedikt a eu l’occasion d'observer un cas curieux de lésion cardiaque. Un étudiant vient le consulter, se plaignant depuis plusieurs mois de palpitations et d’une sensation d’angor.

L'examen clinique reste négatif : Benedikt ne trouve qu'un seul symptôme : une diminution de l'étendue de la matité car- diaque, ce qu’il attribuait à ce moment à une interposition d'une lame pulmonaire. Comme chez ce malade les troubles persistent, on le soumet à un examen radioscopique, et celui-ci montre que le ventricule gauche ainsi que le ceur dans sa totalité sont situés plus vers la ligne médiane et que cet organe présente une rotation à droite; ainsi le grand axe du cœur est parallèle à laxe vertical du corps. Le ventricule gauche a une forme plus arrondie, la pointe du cœur n’est pas visible dans la projection postéro-antérieure; dans la projection opposée, cette pointe apparaît clairement. Il existe donc également une rotation du cœur autour de son axe transversal.

Dans un ceas analogue, que l’auteur a eu l’occasion d'observer antérieurement, l'examen radioscopique avait montré une rota- tion du cœur vers Ja ligne médiane, une position verticale de cet organe, qui avait pris une forme de bouteille, et la pointe du cœur, invisible dans la projection antérieure, mais fort bien visible du côté du dos.

Voulant expliquer ces faits, Benedikt pense que la position physiologique du cœur peut subir certaines modifications, dues à une différence de pression des organes intrathoraciques. Ce serait done la différence de pression qui provoquerait une luxa- tion du cœur.

D" A. HEILPORN.

F. BanRr. Zur Entstehung des Calcaneussporns. Der Olecra- nonsporn (Contribution à la pathogénie des éperons du calca- néum. L'éperon de lolécràne). (Fortschr. a. d. Geb. d. Röntgenstr., Bd 13, H. 4 (1).

Bähr a observé deux cas d'exostose de l’olécrane au point d'insertion du triceps brachial. Le premier malade attribue cette

(1) Voir Journal de Radiologie, vol. 11], fasc. 15. Revue de la Presse : A. Selker : Exostoses du calcanéum,

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exostose à un accident d'automobile, et cette version est vrai- semblable, le coude sain ne présentant pas cette déformation. Chez le second patient, l’éperon a été trouvé accidentellement et l’auteur pense, dans ce cas, que la diathèse urique en était la cause. Du reste, il se range à l’avis de Selka pour l’étiologie et la pathogénie de ce processus.

D" HEILPORN.

P. DEXCK. Ueber Diagnose von Wandermilz vermittels Rônt- genstrahlen (Le diagnostic de rate mobile par les rayons de Röntgen). (Arch. für physik. Mediz u. med. Technik, Bd IV,H.1-2.)

Dans la ptose des organes abdominaux, on peut parfois obser- ver une splénoptose, bien que cet organe ne se déplace pas faci- lement. Dans ces cas, la rate se déplace vers le bas et vers la ligne médiane, et peut être palpée à travers la paroi abdomi- nale.

Une rate mobile est très rarement observée comme un phėèno- mène isolé et alors le diagnostic est rendu beaucoup plus dith- cile. Même ‘en examinant sous l'écran, le diagnostic peut être erroné, et le radiographe non prévenu prendra l’ombre de la rate mobile pour une portion de l’intestin rempli de matières fécales. A cet égard, lobservation suivante est fort instructive :

Une dame de 64 ans constate depuis cinq ans, dans le flane gauche, une tumeur mobile, qui tantôt augmentait. tantôt dimi- nuait de volume. Depuis cette époque, elle se plaint de troubles wastriques, de pyrosis, de constipation.

Au commencement de 1908, elle devint malade, tomba sou- vent en syncope et l’on trouva à la place de l'ancienne tumeur mobile, de petite dimension, une tumeur volumineuse. Elle vomit de la gale, les selles devinrent hémorragiques et il survint une hématurie.

Le chirurgien, à qui l’on avait confié la malade, constata les symptômes suivants : dans l'abdomen, sous lombilie, de ehaque côté de la ligne blanche, se trouvaient deux tumeurs: celle de gauche avait le volume d'une tête d'enfant, elle n’était ni mobile ni fluctuante; eclle de droite, beaucoup plus petite, ova- laire, se trouvait directement sous la paroi. On posa le dia- gnostic de rein mobile et d'hydronéphrose. Par la laparotomie, on put constater que la grosse tumeur était un kyste sanguin, rempli de nombreux caillots noirs, l'autre, la rate, déplarée vers le bas et la ligne médiane. Le chirurgien fit la splénec-

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tomie, et après ablation, cet organe mesurait 19 centimètres dans son diamètre vertical et 9 centimètres dans son diamètre horizontal. Les coupes histologiques de cette pièce montrèrent l'intégrité des tissus.

La femme est morte quelque temps après, et l’autopsie démon- tra un anévrisme rompu de l'aorte adbominale.

D" A. HEILPORN.

WIEseL. Ein Fall von ausgedehnter Röntgenverbrənnung der Brust-und Oberbauchgegend (Un cas de radiodermite étendue de la région thoraco-abdominale). (Forstsch. a. d. Geb. d. Röntg.,

Bd 13, H. 4.)

En vue de l’examen de la colonne vertébrale, un employé fut soumis, le 13 janvier 1908, à la radiographie. Cinq clichés furent successivement pris. Le même jour, le malade se plaignit de vertiges, de nausées et de diarrhée, et sur sa poitrine appa- rurent des stries rougeâtres (préréaction). D’état du patient s'empira les jours suivants, il aecusa de fortes douleurs à la poitrine, il continua de se plaindre de nausées et de palpitations, et la température du corps atteignit 39°. Le 17 février, Wiesel vit pour la première fois le malade, qui continuait à accuser de fortes douleurs au thorax et présentait également des symp- tòmes de péritonisme (météorisme). Une vaste plaie s'étendait d’une ligne passant par les deux mamelons jusque tout près de l’ombilic; elle avait une forme arrondie, mesurait 295 centi- mètres dans sa plus grande largeur et 20 à 21 centimètres en hauteur. L'ulcération était recouverte de croûtes vert jaunâtre, à travers lesquelles suintait une sécrétion mueo-purulente. De fin janvier jusqu’à cette dernière date, le malheureux avait perdu 16 kilogrammes de son poids.

Vers le 11 mars, tout l’épiderme nécrosé était détaché, et l'on irradia prudemment pendant huit minutes la plaie avee une lampe Uviol. Le lendemain, on vit déjà une certaine amélio- ration (diminution de la douleur), et l'on continua le même traitement. Au fur ct à mesure que la plaie prenait un meilleur aspect, l’état général s’améliora, et vers le 23 avril, tout danger de récidive parut écarté. Par le traitement au moyen des rayons ultra-violets, la plaie avait diminué d'étendue : elle ne mesu- rait plus que 18 centimètres sur 14. Cependant, le lendemain,

apparut au milieu de l’ulcère, au niveau de l’appeudice xiphoïde,

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un petit abcès. Malgré le traitement photothérapique, cet abcès continua à suppurer et l’état général du patient se modifia complètement: il commença par présenter des symptômes de névrose traumatique avee des troubles cérébraux assez graves, qui nécessitèrent son transfert dans une clinique psychiatrique. Il y séjourna jusque vers mi-juin, époque à laquelle il exigea sa sortie. On cerut avoir affaire à une névrose par intoxication bactérienne. Pendant tout ce temps, le traitement de l’uleère fut négligé, si bien qu'à son retour on dut ouvrir un abcès métastatique de l’aisselle droite, par s’écoula un litre et demi de pus, et détacher ensuite avec les ciseaux les tissus nécroses qui recouvraient la plaie. Sous ce tissu, on constata la nécrose de l'appendice xiphoïde, ainsi que des cartilages costaux des sixième, septième et huitième côtes. Par un traitement chirur- gical approprié, les complications s’amendeèrent, et après neuf mois de traitement, on put enfin prévoir la guérison prochaine.

Wiesel expose ensuite en quelques mots la façon dont la radiographie fut faite sans diaphragme, avee quinze minutes d'exposition pour chaque prise, au total soixante-cinq à soixante- quinze minutes d'exposition en trois heures de temps.

Cette longue exposition a été certainement la cause de cette radiodermite et non une idiosyncrasie, qui avait été invoquée.

D" A. HEILPORN.

Jarre. Die Localisation des linken Vorhofes des Herzens im Rôntgenbild (Localisation de l'oreillette gauche du cœur sur l’image radiographique). (Zeitschrift für klin. Mediz., Bd 68, H. 6.)

L'auteur a enregistré le pouls auriculaire au moyen d'une sonde introduite dans Pæsophage. Cette sonde portait deux anneaux métalliques placés à un centimètre de distance limi- tant une pochette de caoutchoue, qui était destinée à trans- mettre les pulsations. La sonde ainsi construite est introduite dans les voies digestives, la pochette de caoutchouc est légère- ment insufflée d'air, puis la sonde est enfoncée jusqu'à ce que l'on enregistre les deux courbes caractéristiques de la pulsation de l'oreillette. Alors on examine le sujet au moyen de la radio- scopie, tantôt suivant le diamètre oblique droit, tantôt suivant le diamètre oblique gauche, et lon marque sur l'écran lombre du cœur et celle de la pochette d'air de la sonde (cette dernière se montre sur l'écran grâce aux deux anneaux métalliques qui la limitent). Ensuite on enfonce la sonde plus profondément,

459

jusqu’à ce que les deux courbes de la pulsation de l’oreillette disparaissent, et l’on marque de nouveau le plan du cœur et de la sonde. On obtient ainsi sur l’image radioscopique la limite supérieure et inférieure de l’oreillette.

Par ce procédé, l’auteur put démontrer que l’oreillette gauche correspond à la partie inférieure de l’arc moyen gauche de l’ombre du cœur. La partie supérieure de cet are correspond à l’image de l’artère pulmonaire. L’are gauche supérieur est produit par l’aorte et larc gauche inférieur correspond au ventricule gauche.

Dans un cas d’insuffisance mitrale, on trouva une forte aug- mentation de l’arc moyen que la sonde démontre être produite par l’oreillette gauche. On peut ainsi, grâce à ce procédé, reconnaître si une modification observée au niveau de l’arc moyen est due à l'oreillette gauche ou à l’artère pulmonaire.

D' J. DE NOBELE.

Donax. Ueber Lumbago traumatica (Le lombago traumatique). (81 Versammlung Deutscher Naturforscher und Aertze.)

Sur 25 cas de douleurs lombaires s'étant manifestées à la suite d’un accident, on put constater nettement sur le radio- gramme tous les signes d’une arthrite déformante se manifestant le plus souvent entre la quatrième et la cinquième vertèbre lombaire, et de préférence à gauche qu’à droite.

Ce processus essentiellement chronique devait exister avant l'accident, mais aura été exagéré par le traumatisme.

Dans la discussion qui suivit cette communication, le docteur Jérusalem dit que dans ces cas les blessés sincères, contraire- ment aux simulateurs, peuvent redresser le corps en se servant des muscles longs du côté sain.

D" DE NOBELE.

HorrMan. Die isolierten Frakturen der Lendenwirbelquer- fortsätze (Les fractures isolées de l’apophvse des vertèbres lom- baires). (Beitr. z. klin. Chir., Bd 62, H. 2.)

L'auteur relate deux cas qui furent présentés à la clinique chirurgicale de Greifswald, avec des symptômes abdominaux et chez lesquels on fit dans la suite le diagnostic de fracture de l’apophyse transverse d’une vertèbre lombaire.

460

Dans le premier cas, on pouvait attribuer avec probabilité la fracture à une traction musculaire, mais dans le second cas, H s'agissait certainement d'une fracture par arrachement mus- culaire : le blessé voulait pousser sur un mauvais sol une brouette fortement chargée. Dans ce dernier cas, l’examen radiogra- phique démontra l'existence d’une fracture transversale de la base de l’apophvyse transverse droite de la cinquième lombaire, avec déplacement du fragment er haut. Le radiogramme du premier cas montra une fracture de l’apophyse transverse droite de la quatrième lombaire, tout près du corps vertébral.

D" J. DE Notre.

Carl Beck. The Roentgen Method in Surgery of the Chest (Les ravons X dans la chirurgie thoracique). (Surgery, Gynecology and Obstetrics, décembre 1907, pp. 683-694.)

L'auteur expose les services que peuvent rendre les rayons X dans le diagnostice des affections chirurgicales de la poitrine. Des lésions diverses peuvent être assez nettement définies par ce procédé : corps étrangers, cavités diverses creusées dans le tissu pulmonaire, abcès, bronchectasie, cavernes.

L'auteur s'occupe surtout des techniques opératoires appli- eables dans ces affections, techniques qui dépendent surtout de Ja localisation exacte de Ja lésion par l'examen aux rayons de Röntgen.

Ernest RENAUX.

JUXGMANN. Beiträge zur Freundschen Lehre vom Zusammen- hange primärer Rippenknorpelanomalien mit Lungentu- berkulose und Emphysem (Contribution à la théorie de Freund sur la coexistence d'une anomalie primitive du cartilage costal avec la tuberculose pulmonaire et l’emphysème). (Frankfurter Zeitseh, für Pathol., Bd 3, H.1.)

Les recherches que fit l’auteur sur de nombreux radiogranimes du premier anneau costal lui fournissent une confirmation de la théorie de Freund sur la coexistence d'une anomalie du carti- lage costal avec la tuberculose pulmonaire et Temphrsème.

Dans 34 cas il put constater un arrêt de développement du cartilage de la premiére côte; le plus souvent il existait en méme temps une tuberculose pulmonaire floride.

Dans 97 cas il constata l’existence d'une tuberculose pulmu-

464

naire sans lésion du cartilage costal, mais 16 d’entre eux étaient guéris.

Dans la plupart des cas le raccourcissement du cartilage costal dépendait directement de l'ossification de ce dernier.

D" J. De NoBtLE.

KAREWSKI. Kann der Arzt für Unterlassung einer Rôüntgenun- tersuchung verantwortlich gemacht werden? (Le médecin peut-il être rendu responsable pour avoir négligé de faire un examen radiographique ?). (Therapie der Gegenwart, mai 1908.)

D’après Karewski, omission d’un examen radiographique est une faute parce qu'ainsi on fait un mauvais diagnostic et, par conséquent, un mauvais traitement pour une affection d’un os ou d’une articulation.

La présence d’un gros hématome n’exclut pas la responsabilité du médecin qui n'aurait pas fait procéder à un examen radio- graphique, car il est b'°n connu que l’hématome trouble peu la netteté de l’image des os.

On doit encore recourir à la radiographie dans les cas d’affec- tious persistantes, alors même qu’il y aurait une guérison apparente pour en reconnaître la cause ou pour rechercher la simulation. |

Karewski voudrait également rendre le radiographe respon- sable lorsque, par suite d'une faute de technique, il ferait un mauvais diagnostic, comme par exemple: ne pas reconnaitre une fracture parce que la radiographie n'a pas été prise dans les deux directions ou bien ne pas découvrir un corps étranger,

D" J. DE Norte.

O. NtPpoLD. Ueber Subluxationsfrakturen des Os nariculare pedis. (Arch. f. phys. Med. und mediz. Techn., Bd III, H. 1.)

L'auteur vient ajouter deux cas de subluxations du scaphoïde compliquées de fracture à la série de quarante cas qu’il a ras- semblés pour sa dissertation inaugurale (Ueber Verletzungen des os nariculaire pedis, 1907). Il en profite pour rappeler que les luxations du scaphoïde ne sont pas aussi rares que ne le font croire les auteurs : les luxations du seaphoïde seul peuvent se faire en haut, en dedans, en bas, et même en dehors. Les luxa- tions, ou plutôt les subluxations, en haut et en dehors, sont les

469

plus fréquentes : ordinairement ce sont des lésions de cause indirecte qui s'accompagnent de fracture de l’os par écrase- ment: le pied est mis en hyperflexion plantaire, le scaphoïde voit ses attaches ligamenteuses rompues et est exprimé, énucléé, de sa loge. Le diagnostic de ces lésions est difficile; souvent la radiographie seule permet de l’établir et de prouver d'une façon indiscutable le bien-fondé des réclamations exprimées par des personnes ayant subi un traumatisme du pied et accusant des maluises sérieux et une incapacité de travail considérable.

D" LAUWENXS.

Radiothérapie

George E. PFAULER. The Rôntgen-rays in the Treatment of deep-seated malignant Disease (Les rayons de Röntgen dans le traitement des tumeurs malignes protondément situées). (American Journal of the Medical Science, avril 1909.)

L'auteur a pu appliquer le traitement radiothérapique chez 3) malades atteints de sarcome et chez 304 malades atteints de carcinome.

Parmi les malades souffrant de sarcome, 9 sont encore en traitement, 8 sont morts, 17 doivent être considérés comme guéris ou sont, en tout cas, délivrés de tout symptôme. Un malade à présenté une récidive après quatre mois et en est mort (cas I). Un autre (cas XIII) a récidivé après six mois, mais la récidive a rétrocédé sous l'influence de la radiothérapie. L'auteur estime que la radiothérapie ne contre-indique pas l’intervention chirurgicale lorsqu'elle est possible.

Il semble que les résultats soient le plus favorables dans le sarcome à cellules rondes et le moins favorables dans le sarcome à cellules fusiformes. Trois cas de sarcome mélanique ont été guéris sous l'influence du traitement.

Pour le earcinome, les résultats sont beaucoup moins encou- rageants. Ils furent réels cependant dans quelques cas la radiothérapie suivit l'intervention chirurgicale, L'auteur a pu obtenir également une sérieuse amélioration de l’état général

463

et local chez des sujets atteints de cancers inopérables de l'æso- phage, de l’estomac, du rectum. Comme pour le sarcome, l’opé- ration ne doit jamais être négligée si possible.

La technique varie avec chaque cas; le temps d'exposition, la distance de l’anticathode dépendent de la situation en pro- fondeur de la lésion.

Quant à la qualité de la lumiere, mesurée à l’échelle de Benoist, elle est comprise entre 6 et 7; on l’obtient de préférence avec un vieux tube. |

Quant à la fréquence des séances, elles peuvent être journa- hères, au début, dans un sarcome à marche rapide; elles auront lieu trois fois par semaine pour un carcinome. Le traitement durera des mois, parfois des années et peut se faire d’une façon continue ou par séries espacées. Tout cela dépend de chaque cas particulier.

Conclusions. -- Opérer aussi souvent que possible et établir ensuite le traitement radiothérapique. Le traitement du sar- come est plus encourageant que celui du carcinome; néanmoins ce dernier peut aussi donner parfois des améliorations appré- ciables. Tout dépend d’ailleurs d’une bonne technique.

D" Ernest RENAUX.

CARL BECK (New York). On external Roentgen Treatment of internal Structures (Eventration Treatment) (Sur la radiothé- rapie externe de tissus internes). (New-York medical journal, 27 mars 1909.)

L'auteur a cherché à atteindre le résultat visé par Dessauer lorsqu'il imagina une forme spéciale de tube destiné à permettre une irradiation intense des tissus profonds. N'ayant pas obtenu de succès par ce procédé, il essaya une technique en quelque sorte inverse et qui consiste à amener à la surface de la peau la tumeur primitivement inaccessible aux rayons X et de la traiter ensuite.

Il rapporte à ce sujet plusieurs cas de carcinome du tube digestif (pylore, estomac, colon), lesquels furent favorablement influencés par l'application de ce traitement : libération la plus complète possible de la tumeur, son inclusion dans la section de la paroi, puis application rôntgéntenne.

Deux d’entre eux surtout (cas I et III) furent et restent considérablement améliorés (l’opération date de deux ans envi- ron).

464

Citons aussi un cas de péritonite adhésive récidivante dans laquelle l'application d’un traitement semblable fut également suivie de guérison.

D' Ernest RENATx.

KIENBÔCK. Ueber Hautreaktion nach diagnostischen Untersu-

chungen (De la radiodermite à la suite de l’examen radiolo- gique). (Arch. f. physik. medizin. u. med. Technik, Bd II, H. 2).

Les radiodermites ne doivent pas leur origine à une hyper- sensibilité cutanée, c’est-à-dire à une idiosyncrasie : elles sont toutes attribuables à une surexposition. Les quatorze cas que l’auteur a pu observer viennent à l'appui de cette thèse: de ces quatorze cas, trois se rapportent aux extrémités, deux au thorax et dix à l'abdomen. L'auteur expose l’histoire clinique de quatre de ces cas, afin de montrer que la cause de la radio- dermite réside bien dans la surexposition.

Si 1 E représente l'intensité des radiations nécessaires pour produire à 5 centimètres de distance focale et en une minute, la dose de 1 X, il s'ensuit que :

Quatre E donneront en une minute et à 5 centimètres de dis- tance focale 4 X; quatre E donneront en trois minutes et à D centimètres de distance focale 4x3-12 X; quatre E donne- ront en trois minutes et à 30 centimètres de distance focale

5 2 | ARE ; l PAR 1. gaj RS gj XAS GX PRE NE UN Les doses nécessaires à la production de l’érythème, de l'exco- riation et de la néecrose (uleère) sont entre elles comme 1:2: 4. Ces doses représentent environ pour la tête respectivement 10 X, 20 X, 40 X et pour le trone 16 X, 32 X et G4 X. KIYNENS.

Ch. AURERTIN et E. BorbET. Actions des rayons X sur le thymus (Achires des maladies du ceur, des vaisseaux et du sang. Juin 1909.)

Les auteurs nous apportent le résultat d'expériences très intéressantes qu'ils ont pratiquées sur le thymus de chats et de lapins.

Ils ont appliqué les rayons X sur la région sternocostale, le reste du corps étant protégé par une lame de plomb d'un milli- mètre d'épaisseur. Les séances quotidiennes de 10 H duraient

AG

une demi-heure environ. Ils ont obtenu des lésions d'autant plus marquées que les applications avaient été plus nombreuses. Les modifications sont de trois ordres :

Destruction des lymphocytes qui sont ou ne sont pas pha- gocytés par la suite; phénomène identique à ce qui se passe dans la rate et les ganglions irradiés ;

Augmentation de volume des corpuscules de Hassall : dix à quinze fois après trois applications, soixante-dix fois après dix applications ;

Métaplasie du tissu thymique en tissu conjonctif indiffé- rencié, qui ensuite évolue pour son compte non en tissu lym- phoïde mois en tissu fibreux.

Reste à savoir si ces lésions peuvent être considérées comme spécifiques de Faction des rayons X. La transformation du cor- puscule de Iflassall peut s’observer parfois à l'état d’ébauche chez des nouveau-nés infectés, mais elle n’approche pas des lésions signalées par Aubertin et Bordet chez les animaux en expérience. Quant à la macrophagie des lymphocytes (lésion classique du thymus irradié), les auteurs lont rencontrée dans un seul cas chez un nouveau-né. Elle a d’ailleurs été constatée également dans les ganglions non 1irradiés par eux dans un cas de lymphadénie aleucémique, et par Sabrazés dans un cas ana- logue.

Ces expériences ouvrent un nouveau champ à l’expérimenta- tion sur les fonctions du thymus et laissent entrevoir la possi- bilité de résultats satisfaisants par la radiothérapie de tumeurs soupconnées d’origine thymique.

Ernest RENAUXx.

SILBERGLEIT. Ueber den Einfluss von Radiumemanation auf den Gesamtstoffwechsel beim Menschen (Influence de l’éma- nation du radium sur la nutrition chez l’homme). (Berl. Klin. Wochenschr. 26, 1909.)

L'auteur a étudié l’action de l’ingestion d'eau contenant de l'émanation de radium. Il employa des doses de 5,000, de 30,000 et une fois de 50,000 unités. Cette dernière était diluée dans 20 centimètres cubes d’eau, les autres dauns 10 centimètres cubes. Les sujets d'expérience étaient des hommes jeunes et bin por- tants qui n’éprouvèrent aucun malaise à la suite de cette inges- tion. Chez la plupart (2 sur 3), on constata une augmentation

466

dans les échanges gazeux. L’auteur en conclut que l’émanation du radium peut augmenter l'activité des échanges nutritifs chez l’homme.

D: J. DE NOBELE.

WouLAUER. Der Einfluss der Röntgenstrahlen auf das Lungen- gewebe (Influence des rayons de Röntgen sur le tissu pulmo- naire). (Deutsch. med. Wochenschr., 39, 1909.)

Il résulte de nombreuses expériences faites par l’auteur sur des cobayes que l'épithélium des alvéoles pulmonaires est tres réfractaire à l’action des rayons X.

D' DE NOBELE.

MACLEOD. The X Ray Treatment of Ringworm of the Scalp (Traitement de l'herpès tonsurans par la radiothérapie). (Lancet, 15 mai 1909.)

L'auteur, qui a traité 370 cas d'herpès tonsurans chez des écoliers par la radiothérapie, recommande chaudement ce pro- cédé. Il a fait toutes ses mensurations avec les pastilles Sabou- raud Noiré, et traitait toute la tête en une séance. Il recom- mande de ne pas irradier des parties encore enflammées par l'application d’un topique. Dans quelques cas d'idiosvnerasie, malgré l’absence de radiodermite, les parties irradiées sont restées chauves.

Chez aucun de ses malades, l’auteur n’a pu constater des troubles cérébraux consécutifs à l’application des rayons X.

D! J. DE Norte.

D' IT. Bornier (Lyon). Traitement radiothérapique des fibromes interstitiels de l'utérus, ménopause artificielle précoce (trois guérisons). (Archives d'électricité médicale, 270, 25 sep- tembre 1909.)

Technique. -- Sur la peau, au point correspondait la direction principale de l'ampoule, était collée une pastille du chromoradiomètre de l’auteur, et la substance filtrante (lames d'aluminium d’un demi-millimètre à un millimètre et demi d'épaisseur) était placée au-dessus. L'irradiation, faite avec une ampoule de Muller à anticathode refroidie, était arrétée quand la pastille présentait la teinte O de l'échelle chromoradiomé- trique. Rayons 9 à 10 Benoist. Les séances étaient faites à raison de six dans l'intervalle des règles et à deux ou trois jours

À67

de distance. Les résultats de cette technique furent : dimi- nution progressive de la tumeur; diminution, puis suppres- sion totale des règles.

L'auteur explique ces favorables effets par l’action qu’exer- cent les rayons X sur les cellules embryonnaires (loi de Ber- gonié et Tribondeau) du fibrome et, peut-être plus encore, par l'action atrophique qu’ils exercent sur les ovaires, amenant ainsi la suppression des menstrues.

Pour obtenir ces résultats, M. Bordier n’a jamais dépassé quarante séances; celles-ci étaient faites dans trois directions : à gauche, milieu et à droite, ce qui, pour chaque porte d'entrée cutanée, représente au maximum quatorze irradiations seulement.

Cette ménopause artificielle et précoce s'obtient d’autant plus rapidement que l’âge de la femme se rapproche plus de l’âge de la ménopause naturelle.

Je résume les trois observations très démonstratives de l’au- teur :

Traitement Durée radiothérapique | du traitement

Volume

Age du fibrome

Résultat

39 ans | Remonte à 2? tra- | 14 irradiations par 9 mois Guérison 3 vers de doigt chacune des por- mois après au-dessus de tes d'entrée cu- la derniere l'ombilic. tanée indiquées irradiation.

plus haut.

4l ans | Remonte à 14 cen- | 18 séries d'irra- l0 mois Guérison,. timètres au-les- diation.

sus du pubis.

42 1/2 ans| Dépasse l'ombilic | 9 séries d'irradia- 3 mois Guérison. (volume de la tion. grosseur d’une tête d'adulte).

Ces trois observations suffisent à prouver l'efficacité du trai- tement. Etienne HENRARD.

D' Morin (Nantes). Guérison de deux noevi par la radiothė- rapie. (Archives d'électricité médicale 270, 25 septembre 1909.)

L'auteur donne les observations de deux enfants atteints de nœvi, traités et guéris par la radiothérapie. Chez le premier,

468

cinq séances, inférieures à 2 heures et données en quatre mois, ont amené la guérison d'un nœvus mesurant 3 millimètres et demi; chez le second, huit séances en neuf mois ont guéri une tumeur de 20 x 23 millimètres. La radiothérapie présente l’avantage de ne laisser absolument aucune trace, aucune cicatrice et aussi d’être indolore. Etienne HEXRARD.

RODOLPHE STEINER (Rome). Ueber den gegenwärtigen Stand der Strahlenbehandlung bei Augenkrankheiten (Etat actuel de ia question du traitement des maladies des yeux par-les radiations). (Zeitschrift f. medizinische Elektrologie und Röntgen- kunde, vol. XI, n” 4 et 5.)

Steiner divise son importante étude en quatre parties :

Considérations générales sur les lois biologico-thérapeu- tiques auxquelles est soumise l'énergie radiante dans ses appli- cations spéciales à l’organe de la vue;

Rapports d'absorption qui existent entre les différentes sortes de rayons pratiquement utilisables et utilisés pour les milieux de l’œil;

Etude des influences pathologiques aujourd'hui connues des différentes espèces de radiations:

4 Courte description d’une radiothérapeutique rationnelle basée sur les connaissances précédemment exposées et resultat obtenu jusqu'ici par elle dans différentes maladies des yeux.

I

a) Dans toute lumière, il faut considérer deux choses : d’abord la longueur d’onde de ses radiations, ensuite son intensité totale dans toutes les parties de son spectre au moment de l’irradiation d’un objet.

b) Il faut faire une étude histologique précise des modifica- tions produites par les rayons dans les tissus, avant, pendant et après l’irradiation.

L'isolement des diverses espèces de rayons se fait au moyen de filtres solides (verres spéciaux) ou liquides (solutions variées).

Pour la production des rayons ultra-violets, on se sert d'élec- trodes métalliques qui en fournissent beaucoup.

En comparant l'action des différentes sortes de rayons, on se convainc bientôt de ce que l'énergie lumineuse, comme Îles

469

autres énergies, exerce sur toutes les cellules une action égale : l'équilibre nutritif de la cellule se rompt et il en résulte pour elle un état d'irritation qui se manifeste différemment d’après la nature et la fonction de la cellule.

Le degré d’irritation photo-biologique de la cellule est pro- portionnel à la dose d’irradiation reçue, et si cette dose devient assez considérable, il en résulte toujours la mort de la cellule, c'est-à-dire sa paralysie fonctionnelle photo-biologique. On ne peut donc parler d'action élective des radiations. La réceptivité des cellules n'est pas la même vis-à-vis de tous les rayons : les expériences prouvent qu’elle est inversement proportionnelle à leur longueur d'onde. I] en résulte que si toutes les portions du spectre peuvent finalement aboutir à des résultats biologiques semblables, elles n’y arrivent que par des doses différentes d'autant plus grandes que leur longueur d’onde elle-même est plus grande.

L'état d'irritation dont il vient d’être question et dont sont le siège toutes les cellules qui subissent l’action de l’énergie radiante constitue un phénomène dont nous pouvons déduire toutes les conclusions. En 1877 déjà, Downs Blunt avait con- staté que les rayons lumineux exercent sur les bactéries et les champignons une action nocive, retardant même empêchant leur développement. Tous les rayons du spectre peuvent tuer directement les microbes; mais les plus puissants, à ce point de vue, sont ceux qui ont l’mdice de réfraction le plus petit c’est-à-dire les ultra-violets.

Les cellules n’offrent pas toutes la même résistance à l’action destructrice des radiations: les microbes paraissent y offrir le minimum de résistance. Pour arriver à tuer en même temps des cellules différentes, il faut répartir différemment la durée et la fréquence de l'emploi des rayons lumineux. Les modifications chimiques du milieu nutritif qu’ils produisent jouent également un rôle dans l’effet hactérieide des radiations (mise en liberté d'oxygène). Et ce rôle est d'autant plus considérable que les sources lumineuses employées renferment moins de rayons chi- miques. La portion externe des rayons ultra-violets est absorbée par les tissus à une profondeur de 2 à 310 de millimètres, tandis que leur portion interne pénètre jusqu’à 1,2 à 1 milli- mètre et demi de profondeur.

À ces profondeurs, l'effet bactéricide des radiations peut done être considéré comme le résultat de l’action directe des rayons sur les bactéries; mais l'effet bactéricide, très réel d’ailleurs,

470

qu’on observe à des profondeurs plus grandes est aux modi- fications provoquées par les rayons dans les tissus.

II. Rapports d'absorption, etc.

Les rayons les plus importants par leurs propriétés physiques et chimiques sont les rayons chimiques. On peut utiliser ceux que fournit la lumière solaire; mais, pour plusieurs raisons pra- tiques, on préfère employer ceux qu’émettent certaines lampes spéciales (lampes à arc avec lentille en quartz, lampes à élec- trodes en métal lourd). Le cristallin, absorbant une grande partie des rayons ultra-violets, constitue pour la rétine un véritable organe de protection vis-à-vis d’eux; les expériences comparatives faites sur des yeux complets et sur des yeux privés du cristallin le prouvent. Cependant ce pouvoir d’absorption, qui peut provoquer des lésions du cristallin, n’est pas absolu ni immuable. Les rayons ultra-violets semblent traverser différem- ment les milieux antérieurs de l'œil.

Les rayons de Röntgen, qui forment le second groupe de radiations de grande importance pratique, se comportent diffé- remment : le cristallin est celui des milieux de l’œil qui absorbe le plus de rayons X, le corps vitré, la sclérotique, la cornée et l'iris en absorbent moins; les autres parties de l’œ1]l (rétine, nerf optique, etc.) sont complètement perméables aux rayons X. En somme, la perméabilité générale des milieux de l'œil est bien plus grande que celle des os. Il en résulte que le cristallin ne constitue pus vis-à-vis des rayons de Röntgen un organe de pro- tection comme il l’est vis-à-vis des rayons chimiques. Si notre rétine ne les perçoit pas, c’est qu’elle parait ne pas être propre à subir l'impression de rayons à ondes aussi courtes.

Quant aux rayons du radium, il est difficile, vu leur com- plexité, d’en parler de façon complète. Il ne peut être question des rayons a, qui sont déjà absorbés par de minces couches d'air : parmi les rayons B, les uns sont absorbés par les milieux antérieurs de l’œil, les autres traversent ces milieux aussi bien que les rayons y.

III. Etude des influences pathologiques, ete. Pour apprécier avec justesse les effets pathologiques des radia-

tions, il faut tenir compte de deux choses, à savoir : On ne peut considérer comme se passant fatalement chez

471

l’homme tous les phénomènes préalablement observés chez les animaux (les conditions de structure, etc., de œil n’étant pas identiques chez les uns et chez l’autre).

Les modifications pathologiques ne se produisent que dans les tissus les rayons peuvent pénétrer; leur siège sera donc différent suivant le degré de pénétration (superficielle ou pro- fonde) des rayons. Cependant, grâce aux rapports intimes exis- tant entre les tissus, il peut se produire une propagation dans la profondeur de modifications primitivement superficielles. Cette propagation est en rapport avec la teneur en pigment des tissus atteints par les ravons. Le pigment y modifie sa disposi- tion, s’accumule ou se déplace même subit des migrations, et à la suite de ce phénomène, lPirritation due aux radiations peut se propager à des cellules du voisinage dépourvues de pigment. Tous les tissus pismentés paraissent réagir de la même facon vis-à-vis des radiations; mais c'est surtout sur les tissus pigmentés de Piris qu’on a constaté d’abord ces phénomènes biologiques qui ont amené les savants à considérer le pigment de l'œil non pas seulement comme un engin de protection contre l'effet nocif de diverses radiations, mais comme une station, un dépôt de l'énergie radiante qui peut s’y accumuler pour ensuite, par une sorte de régulation automatique, se distribuer dans les tissus voisins. Hertel a constaté chez les animaux à sang chaud ce que différents auteurs avaient déjà constaté sur des animaux à sang froid: la contraction de la pupille sous l’influence des radiations, même après l’énucléation de l’æil, done après que l'influence réflexe ne peut plus intervenir. Vis-à-vis des rayons à courtes ondes, les réactions sont sensiblement les mêmes chez les animaux à sang chaud et les animaux à sang froid; mais vis-à-vis des rayons à longues ondes, ces réactions sont moins vives chez les animaux à sang chaud, Or cette différence résulte de ce que, chez ces derniers, l’iris ne renferme pas de pigment, tandis que l'iris des animaux à sang froid en renferme beau- coup. | Passant aux détails, Steiner s'occupe d'abord des rayons ultra-violets ; il rapporte des expériences comparatives faites sur des yeux d'animaux, les uns pourvus, les autres dépourvus de cristallin. Elles démontrent avant tout que le cristallin est un puissant organe de protection contre ces rayons, mais que quand leur intensité atteint un certain degré, la rétine peut présenter des lésions graves, même chez des animaux ayant un cristallin (destruction de la chromatine des cellules ganglionnaires, pro-

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duction de vacuoles dans le protoplasme, ete., lésions semblables à celles qu’on observe dans l’empoisonnement par la quinine, l'alcool méthylique, ete.). Comment expliquer cette action pro- fonde des rayons ultra-violets, alors qu'ils sont puissamment absorbés et arrêtés par les tissus périphériques? Ou bien par une action indirecte : une propagation de l’irritation de cellule à cellule, de tissu à tissu, particulièrement admissible pour les tissus pigmentés de œil, de méme que pour la rétine avec son pourpre spécifique. Hertel croit qu'il s'agit en l'espèce de mise en liberté d'oxygène se faisant successivement de la périphérie vers la profondeur. Il y aurait done une sorte d’autosensibi- lisation des tissus qui constituerait en même temps un élément de lutte contre les microbes tués ainsi à des profondeurs ne peuvent les atteindre directement les radiations.

Ou bien par l’action de rayons caloriques qui n'auraient pu totalement être éliminés et qui, se concentrant par l’action du cristallin, arrivent facilement à la rétine. Les éblouissements solaires expérimentaux démontrent que les rayons calorifiques traversent facilement tous les milieux oculaires, sont rapide- ment absorbés par les cellules pigmentaires des membranes de l'œil et par le pourpre rétinien et y provoquent des troubles fonctionnels notables. |

L'éblouissement électrique ou EA électrique, qui sur- vient assez fréquemment chez les ouvriers occupés à la fonte des métaux et exposés à une lumière électrique éblouissante riche en rayons chimiques, se caractérise par une série de symptômes à localisation superficielle (érythropsie, conjonctivite, photo- phobie, sensation de grains de sable dans la conjonctivite, injec- ton du rebord ciliaire, troubles de la cornée) qui disparaissent généralement après quelques jours ou quelques semaines saus laisser de traces. Plus rarement se produisent des altérations de la rétine, qui ne disparaissent plus. L'absorption des rayons chimiques par les couches superficielles de l'œil rend très com- préhensibles les troubles à localisation superficielle, Quant aux troubles profonds de la rétine, ils rappellent ceux qui sont dus aux rayons calorifiques dans l'éblouissement solaire, aussi bien que ceux dont il a été fait mention dans la symptomatologie des éblouissements expérimentaux par les rayons ultra-violets. Il est probable qu’il faut les attribuer à l’action combinée pre- micrement et surtout des rayons ultra-violets, secondement des rayons caloriques. Peu importe d’ailleurs de faire exactement la part de ces deux sortes de rayons puisque l’étude comparative

3

473

des phénomènes photo-radiologiques nous apprend que l'action physiologique finale de toutes les espèces de rayons est leur absorption par les molécules des cellules vivantes et leur trans- formation en énergie chimique.

L'éblouissenent par la neige est une ophtalmie photo-chi- mique se manifestant par des symptômes à localisation super- ficielle. Dans les rares cas la profondeur de l'œil, elle aussi, est lésée, il faut admettre que cela est à la propagation de proche en proche de Faction des rayons ultra-violets et non à l’action des rayons rouges, car cet éblouissement ne se produit jamais dans les plaines, c'est-à-dire les rayons calorifiques abondent.

Pour ce qui concerne l’éblouissement solaire, qu'on attribuait naguère encore à une action intense des ravons ultra-violets, il faut noter :

Qu'il ne présente pas ou ne présente que très peu de symp- tômes à localisation superficielle ;

Qu'on peut les provoquer chez les animaux après les avoir soustraits totalement à l'action des rayons chimiques:

Qu'il ne survient que dans les plaines, c’est-à-dire dans des régions les ravons ealorifiques abondent, tandis que les rayons chimiques y sont rares, absorbés qu'ils sont par la couche d'air;

Que s’il se produit chez Phomme qui porte lunettes, on constate l'absence de symptômes à localisation superficielle.

L'éblouissement par la foudre est aux rayons ultra-violets que l'éclair contient si abondamment. Les symptômes en sont les mêmes que ceux de l'ophtalmie électrique auxquels il faut pourtant ajouter le trouble du cristallin engendré par la coopé- ration d'actions mécaniques et électriques.

L'action pathogène des rayons de Röntgen est bien plus com- plexe encore, car ces rayons ne sont pas simples, mais multiples; de plus, il peut se produire des différences d'action avec le genre d’ampoules employées et la constitution physique des cellules qui absorbent les rayons émis. Les expériences sur les animaux et des observations faites sur Phomme Jui-méme mon- trent qu'ils peuvent provoquer non seulement des lésions super- ficielles, mais aussi des lésions profondes de l'œil.

Plus difficiles encore à apprécier sont les effets des rayons du radium, à eause de leur multiplicité, des différences qui existent entre les échantillons radiowvnes, ete. On n'a que très peu de faits cliniques à signaler concernant l’action du radium sur

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l'œil humain (grâce à la prudence qu’ont montrée les radium- thérapeutes de la première heure): des expériences de Birch- Hirschfeld faites sur l’œ1l de lapin ont montré que le radium provoque des lésions profondes aussi bien que des lésions super- ficielles; de plus, les altérations survenues dans la cornée, qui est dépourvue de vaisseaux sanguins, ont prouvé que le radium exerce sur les cellules épithéliales une action nocive directe.

IV. Courte description d'une radio-thérapeutique, cte.

D'abord quelques considérations générales d'ordre pratique qui découlent des réflexions qui viennent d’être faites :

Steiner revient sur la distinction qu'il a établie plus haut entre les actions directes et les actions indirectes des radiations. Les premières, communes à toutes les radiations, se traduisent par de l’irritation, puis par de la paralysie de la cellule. Les secondes, communes également à toutes les radiations superfi- ciellement absorbées, consistent en un état d’hyperémie qui rend plus sensibles à toutes les radiations les tissus elles se manifestent et qui, de plus, augmentent et propagent dans la profondeur leur pouvoir bactéricide ;

A considérer de près la période de latence des radioder- mites, qui avait conduit des radiologues à nier l’activité de certaines radiations, Steiner arrive à conclure qu'elle n'est qu'apparente et correspond en définitive au temps nécessaire pour que l'irritation produite par les rayons devienne clinique- ment appréciable. En réalité, elle fait défaut quand l'intensité des rayons employés est suffisante; l'examen microscopique fait peu d'heures après des irradiations ordinaires, c'est-à-dire moins intenses, permet déjà de constater des altérations dans les tissus irradiés. Il se passe dans ces tissus un phénomène analogue à celui que Hertel a constaté en étudiant l'action des rayons sur les paramécies. Avec de fortes doses, ces animaux inférieurs sont tués sur-le-champ; avec des doses moindres, leur mort n'arrive qu'au bout de quelques heures ;

3 Quels rayons faut-il employer dans la thérapeutique de l'œil? L'œil peut être atteint par des rayons à absorption super- ficielle aussi bien que par des ravons à absorption profonde. Ces derniers, qui détruisent la rétine, doivent être rejetés; aussi Steiner recummande-t-1il de ne pas employer les rayons solaires,

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mais d'utiliser surtout les rayons chimiques de lampes spéciales.

La lampe dont Steiner, après Hertel qui l’a imaginée, se sert est une lampe dont les électrodes sont constituées par un alliage de zinc et de cadmium; elle est très pratique et ne prend que 2,5 à 6 ampères pour un arc de 3 à 4 millimètres.

Hertel a essayé l’effet thérapeutique de cette lampe sur l’ulcus serpens; le résultat fut excellent et supérieur, à cause de la finesse de la cicatrice, à celui que donnent les autres méthodes de traitement : cautérisation, excision. Dans cette affection, comme dans les kératites eczémateuses, conjonctivites, blépharites, taches de la cornée, etc., le traitement par la lumière ultra-violette paraît être non pas précisément un moyen spécifique, mais un moyen de choix, par sa simplicité et son coût peu élevé. Mais il ne faudrait pas l'emplorer pour les hémorragies de la rétine non plus que le traitement par les rayons bleus et violets, difficilement isolables des rayons à longues ondes.

Steiner a employé aussi les rayons chimiques de la lampe Uviol ou directement les rayons du soleil pour le traitement de trachomes ou de lupus de la conjonctive, après badigweonnage ou injection de substances sensibilisatrices pour mieux dire adaptatrices des tissus. Ces substances, parmi lesquelles l’éosine, l’érythrosine, le bleu de méthylène, la quinine, sont inoffensives pour le globe oculaire, jouissent de la propriété d'agir comme le pigment normal, c'est-à-dire que les cellules normales ou pathologiques traitées par elles peuvent concentrer et propager l’énergie radiante. Les résultats ne différent guère des résultats obtenus par les rayons du radium dans le traitement du tra- chome.

Les premières communications de Curie, Javal et London, concernant la prétendue action curative du radium en cas de décollement et même d’atrophie de la rétine, avaient permis de fonder de grands espoirs sur ce mode de traitement, mais il fallut en rabattre devant la réalité des faits. D'ailleurs ligno- rance nous sommes encore de la plupart des propriétés phy- siques et chimiques des radiations du radium, leur nocivité pour les téguments, leur complexité si difficile à débrouiller et à dissocier, les grandes variations que présentent au point de vue de l’activité les différents échantillons de sels de radium utilisés en rendent l'emploi très aléatoire. L'utilisation du radium dans le traitement du trachome a donné lieu à de grandes

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discussions à cause des différences notables qu’on a constatées dans les résultats obtenus. Pour la question des doses à employer, Steiner dit qu'il faut s'en rapporter au degré d'activité propre de chaque échantillon de radium, activité qui est loin d’être en rapport direct avec son poids (ainsi s'expliquent les conclusions diamétralement opposées des différents auteurs : les uns sou- tenant que la dose efficace est très petite, les autres prétendant qu'elle doit être considérable). Le radium a sur les productions trachomateuses de la conjonctive une action qui, pour ne pas étre spécifique, n’en est pas moins considérable : le fait a été histologiquement démontré.

Ni l’on admet l'origine bactérienne du trachome, on doit expliquer l’action des ravons du radium par l'hvperémie et les modifications photo-chimiques qui en résultent, c’est-à-dire une véritable catalyse des tissus. Steiner ne croit pas que le radium, comme tel, ait dans le trachome un pouvoir curatif supérieur à celui des autres moyens usités; l'action curative des rayons du radium est rendue plus énergique par différents adjuvants qu'il y a utilité réelle à lui associer : massage, injection de substances adaptatrices à la lumière et exposition préalable à la lumiere, froid, chaleur, caustiques, ete.

Pour ce qui regarde d’autres affections, processus chronique de la conjonctive, catarrhe printanier, conjJonctivité infec- tieuse, ete., pour les traitements desquels Darié recommande l'emploi de préparations de radium légèrement actives, Steiner pense qu'on peut l'utiliser, surtout pour vaincre les manifes- tations nerveuses, telle la douleur, qui accompagnent ces affec- tions.

Steiner fait une mention spéciale du pannus trachomateux, qui, d'après sa propre expérience, peut être influencé par Île radium, au point que la cornée redevienne transparente, et cela pendant des mois et des années.

L'effet des rayons X sur le trachome est sensiblement le même que celui du radium.

Pour les autres affections oculaires, il est plus simple de recourir à des sources lumineuses plus maniables et mieux connues que les rayons de Röntgen.

Toutes ces considérations, valables pour l'organe de la vision, ont en réalité une portée plus générale et peuvent s'appliquer mutatis mutandis à toutes les régions du corps.

D" Albert Kaisix-LOSLEVER.

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Hans GüNTHER. Die Wirkung der Rôntgenstrahlen auf einige Protozoen und Fermente, unter besonderer Berücksich- tigung der Wärme- und ultravioletten Strahlen (Action des rayons de Röntgen sur quelques protozoaires et ferments consi- dérée dans ses rapports avec celle des rayons calorifiques et uitra-violets). (Zeitschrift für medizinische Elektrologie und Rönt- genkunde, vol. XI, n” 4et5.)

Après avoir passé en revue les différents faits acquis, faits en partie contradictoires, en ce qui concerne l'action des rayons de Röntgen sur la cellule, Hans Günther rapporte une série d'expériences qu’il a pratiquées, les unes en faisant agir les rayons X sur les protozoaires ¿n vitro, les autres en les faisant agir sur les protozouires in vivo, d'autres, enfin, en les faisant agir sur les ferments.

Les résultats qu'il a obtenus l'améenent à tirer les conclusions suivantes :

«a Avec les intensités des rayons de Röntgen fournies par nos appareils modernes, et au moyen d'irradiations ne dépassant pas une durée de dix heures consécutives ou de dix-huit heures en doses fractionnées, les objets irradiés étant en général à 5 centimètres de distance de l’ampoule, 1l ne fut constaté aucune action excitante ou nocive sur toute une série de protozoaires.

» Les rayons X n'influencèrent aucunement non plus le pou- voir digestif des ferments (pepsine, trvpsine, ptraline, ete.).

» La présence de lécithine et d’éosine dans les bouillons de culture ou dans les vacuoles nutritives des infusoires, pendant et après les irradiations, ne rendit pas celles-ci plus nocives pour les protozoaires. |

» Les résultats contraires, obtenus par Schaudinn et d'autres savants, sont dus vraisemblablement à l’action nocive des rayons alorifiques agissant à côté des rayons X, comme ils agissent à côté des rayons ultra-violets dans la lampe Uviol. »

Les expériences de Hans Günther tendraient en somme à étayer la théorie d’après laquelle les rayons X n'auraient aucune action ni primaire ni secondaire sur la cellule, mais ne pro- duiraient leurs effets destructifs que grâce à la presence de substances chimiques rendant possibles les réactions. De ces substances, tout ce qu'on peut dire, c’est qu’elles se trouvent en quantités tres différentes dans les différentes cellules ou dans les milieux ambiants des cellules et qu'elles ne constituent pas pour celles-ci des parties essentielles. Si un jour on arrive à

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produire des intensités de rayons de Röntgen plus fortes encore, capables, celles-là, d'agir pius énergiquement sur d'autres sub- stances constitutives des cellules, on sera sans doute à même de détruire des cellules qui résistent aux irradiations actuelles.

D" Albert KalsiN-LOSIEVER.

BorDiER. Du rôle des filtres en radiothérapie et de leur utilité pratique. (Lyon médical, 9 mai 1909.)

L'emplätre de diachvlon collé sur la place que l'on veut préserver de la radiodermite permet d'appliquer de fortes doses de rayons X sans obtenir de réaction cutanée sensible.

Bordier et son élève Rouch ont établi que cette feuille retient la moitié de la quantité des rayons X auxquels elle est exposée.

Quand on veut apprécier la quantité de rayons, on doit le faire sous le filtre, sans quoi on s'expose à de très grosses erreurs.

Le but à obtenir par la filtration n'est évidemment pas de diminuer la quantité de rayons, mais bien d'arrêter les rayons mous nuisibles pour ne laisser passer que les rayons très péné- trants.

Le docteur Bordier apprécie la quantité de rayons X au moyen du chromoradiomètre de son invention (Arch. d’élect. méd., 10 juin 1906) ; cet appareil est constitué par une échelle étalon- née des teintes obtenues en irradiant des pastilles de platino- cvanure; les unités correspondent à la mise en liberté de quan- tités d'iode (que l’on pèse), par l'irradiation d'une solution d'iodoforme dans le chloroforme, les rayons agissant sur l'unité de surface et l'unité d'épaisseur (1 centimètre).

Ce procédé radiométrique permet d'évaluer avec une exacti- tude assez grande les quantités de rayons X que les substances servant de filtres en radiothérapie retiennent.

Il a expérimenté en se servant de lames d'aluminium d'un demi, d'un et d'un millimètre et demi d'épaisseur; chose plutôt imprévue, Cest le filtre le plus épais qui a le meilleur rende- ment proportionnel quand il s’agit de rayons durs.

Voici les chiffres du rendement (rayons Benoist, 10) :

Pour un demi-millimètre d'épaisseur... 1/10 Pour un millimètre d’épaisseur............... 1/6 Pour un millimètre et demi d'épaisseur...

En l'absence d'une feuille d'aluminium d’un demi-milli- mètre, on peut employer seize feuilles de papier (par exemple

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la Semaine médicale pliée en deux); ce filtre improvisé retient 08,8 % des rayons 4-5 Benoist, tandis que l’aluminium en retient A O 04 %. D' BIENFaAIT.

LAQUEUR. Ist die durch Trinken aufgenommene Radiumema- nation im Urin nachweisbar? (L’émanation du radium prise à l’état de boisson est-elle décelable dans l'urine ?). (Zeitsch. für experim. Pathol. und Therap., Bd 6, H. 3.)

L'auteur a retrouvé dans les urines de l'émanation de radium quand on lavait prise en boisson à raison de 20,000 unités ou plus. Le rapport entre la quantité ingurgitée et celle retrouvée dans les urines est de 4,000 : 1.

La quantité d'émanation émise par l'urine augmente rapide- ment pendant les deux premiers quarts d'heure après l'in- gestion, augmente lentement pendant les deux demi-heures sui- vantes, diminue ensuite lentement pendant deux heures et a complètement disparu 2u kout de quatre heures.

D" J. DE NOBELE

STRASSER. Ueber Kuren mit Radiumemanation (Traitement par Pémanation du Radium). (Monatsch. für die physikal diätetisch. Heilmethoden, mars 1909.)

On a employé émanation du radium sous forme : de bain; de boisson; d’inhalation; en injection dans les cavités du corps.

Les bains artificiels d’émanation de radium sont analogues aux eaux radio-actives naturelles. Les bains les plus communé- ment employés renferment de 100,000 à 200,000 unités (l'unité <chute d’un volt pendant une heure). Il n'est cependant pas nécessaire de les doser très exactement. La température des buins est indifférente, 33 à 35° pendant vingt-cinq à quarante minutes.

L’émanation prise en boisson peut renfermer deux mille à 200,000 unités. Il faut ici rechercher la dose la plus favorable, Les doses moyennes sont de 10,000 à 30,000 unités. Les boissons artificielles sont iei préférables aux eaux naturelles paree que plus ccncentrées.

On ne connaît pas encore les doses utiles en inhalation et en injection. Dans le traitement des maladies internes, on emploie

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surtout l’'émanation en boisson ou en bain ou les deux combinés.

On l'emploie dans les affections rhumatismales des articu- lations, surtout dans Îles affections subaiguës, chroniques et déformantes. On peut constater la disparition de l’inflamma- tion, Ja diminution des exsudats, l'amélioration de la motilité, la disparition des douleurs. La goutte est aussi favorablement influencée, ainsi que les névralgies, comme la sciatique, le rhu- matisme museulaire, les névrites. Elle peut également diminuer les douleurs fuleurantes des tabétiques et guérir les suppurations des sinus maxillaires par des injections d’eau radio-activée de 10,000 à 100,000 unités.

Au cours du traitement, on voit souvent apparaître de la réaction et cela plus fréquemment dans la cure en boisson.

D! J. DE NOBELE.

C. RoWNTREE. Radio-dermatitis and its experimantel Pro- duction in Animals (La radiodermite et sa production expéri- . mentale chez lanimal). (Archives of the Roentgen Ray, 1909.)

Diverses raisons ont poussé l'auteur à se rendre compte de l'effet trophique des rayons X sur l'animal, malgré les efforts tentés par d’autres dans le même domaine.

Beaucoup de recherches, au moins dans les premiers temps, ne signifient pas grand chose parce que les doses mal appréciées ne sont pas comparables.

L'animal employé était la souris : la surface totale du corps était irradiée, et fréquemment la mort s’ensuivait sans que la peau eût présenté quelque trouble. La souris est très sensible aux rayons X; on la remplaça bientôt par le rat qui, outre sa taille plus grande, est plus résistant: on le plaça dans des cages en plomb percées d’un orifice, de sorte que les parties essentielles, la tête, la colonne vertébrale, étaient préservées, tandis que la queue seule était exposée.

On arriva à irradier un seul animal à la fois à la distance fixe de six pouces, et alors seulement les résultats furent com- parables.

Les doses considérables provoquent le gonflement et l’immobi- lité de la queue, de la rougeur et de la desquamation de l'épi- thélium, et finalement de la nécrose.

Si l'irradiation est continuée alors qu’il existe de la dermatite, la gangrène arrive, et les parties atteintes de nécrose forment des masses dures et résistantes qui se séparent sans suppuration, après un temps considérable.

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L'examen microscopique d’un grand nombre de ces organes a révélé un état des tissus comparable à lui-même par les mêmes circonstances. Chaque queue de rat irradié présente trois zones dont les caractères microscopiques sont différents : la zone dor- sale, qui a reçu le maximum d’irradiation, la zone ventrale, qui à été relativement protégée par l’épaisseur de l’organe et une région intermédiaire l’irradiation est moyenne, c’est- a-dire moins forte qu'à la zone dorsale et plus forte qu’à la zone ventrale. Celle-ci ne se différentie guère de la peau normale, à moins que la dose ait été excessive.

La surface dorsale montre un épithélium ou désintégré ou infiltré de petites cellules, parfois mème il a complètement dis- paru. Dans la peau, les poils, les follicules pileux et les glandes sébacées ont complètement disparu et sont remplacés par du tissu conjouctif dans lequel on peut trouver des leucocytes.

La région intermediaire présente de notables modifications; la l'épiderme, au lieu d’être constitué par six ou huit assises de cellules, comme c’est le cas habituel, en montre de dix à douze et cette hypertrophie s'étend au contenu du derme, aux follicules pileux qui sont beaucoup plus volumineux que nor- malement.

Quant au tissu osseux, il présente un degré de raréfaction bien constatable en comparant l'organe malade à un organe indemne.

Afin d'approfondir ces études, l’auteur a entrepris une série d'expériences sur l'oreille du lapin : l’animal était enfermé dans une boîte métallique il se trouvait à l'abri; seule l’oreille sortait par une fente; elle était étalée à plat et maintenue dans cette position par üne plaque de plomb percée d’un orifice; la valeur de l’irradiation était contrôlée par une pastille Sabou- raud.

Dans une première expérience, on donna une dose de 5 H; lorifice était recouvert d’une feuille de papier blanc ordinaire, servant de filtre. Pendant les quinze premiers jours, il n’y eut pas de changement; le quinzième jour apparut une légère rou- eeur de la peau. Le dix-huitième jour, les vaisseaux étaient injectés et il apparut dans laire irradiée une pigmentation bien nette, et les poils ont commencé à tomber en même temps à la face dorsale et à la face ventrale. Le vingt-huitième jour, l'oreille était parcheminée, sans poils, rude et crevassée.

Les poils ont commencé à tomber ils étaient le moins serrés.

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Dans une seconde expérience, l’auteur remplaça la feuille de papier par une feuille d'aluminium de 25 millimètres d'épais- seur : le résultat fut partiellement le même, seulement les trou- bles trophiques de la peau n’apparurent pas.

L'examen microscopique fit voir une quantité énorme de pig- ment dans le derme et dans les cellules profondes de l’épiderme.

Les cellules normales s'étaient multipliées, la surface de l'épi- derme était légèrement et uniformément hypertrophiée.

Une troisième expérience consista à donner une dose de 7,9 Il en deux jours. Le quatorzième jour, les poils commen- cérent à tomber avec érythème; le seizième jour, la desquamation se faisait largement, et le dix-huitième jour l'inflammation apparut au côté opposé. Le trentième jour, une large ulcération existait sur la surface entièrement glabre et couverte d’une escarre dure et très adhérente.

L'examen microscopique montra l’atrophie complete des glandes de la peau du côté dorsal; l’épiderme était complète- ment transformé en une masse nécrotique qui se continuait directement dans le tissu sain sans qu'il existât une trace du tissu de granulations habituel dans le cas d’escarre.

Du côté ventral, l’épithélium avait subi une hvpertrophie considérable, évidente surtout dans les follicules pileux subsis- tant avec perte du poil; les glandes sébacées avaient complète- ment disparu. L’hypertrophie était si considérable qu'il fallait beaucoup d’attention pour différencier ces parties du tissu d'une tumeur éventuelle.

Conclusion. Selon la dose, les rayons X amènent l’hvper- trophie avec la nécrose des tissus. D" BïENFAIT.

Technique

LüPpro-CRAMER. Ueber die Natur des latenten Rôüntgenstrahlen- bildes (De la nature de l’image radiographique latente). (Arch. f. physik. Med. u. med. Technik, Bd IV, H. 1-2.)

La formation de l'image radiographique ressemble à celle d’une image photographique ordinaire; dans les deux cas on obtient sur la couche sensible une image latente, qui n’est ren-

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due visible que par un traitement ultérieur avec certaines sub- stances chimiques. Depuis la découverte de la photographie, on discute sur la nature de cette image latente. Différentes théories ont été avancées, mais aucune n'explique suffisamment les phé- noménes observés. Ainsi on admet depuis longtemps que par l’éclairement le bromure d'argent est décomposé et des traces d'argent sont mises en liberté. Ce qui plaide contre cette opi- nion, c’est que l’image latente résiste à toute oxvdation et spé- cialement à l'acide nitrique qui dissout très facilement l'argent métallique. D’autres croient qu’à la suite de l’exposition à la lumière un corps intermédiaire se forme, un sous-haloïde (sous- bromuie). Mais ces corps n’ont jamais pu être fabriqués dans un laboratoire de chimie, et leur existence est problématique.

Dans différents articles, l’auteur a combattu cette dernière théorie, qu’il n’admet pas, et il a pu démontrer que l’argent et le bromure l'argent se combinent très intimement à certaines substances, telles que la gélatine, pour former ainsi un nouveau corps chimique avant ses caractères particuliers, quoiqu’en réa- lité il n’en soit pas un.

Dans ce travail, Lüppo-Cramer étudie le problème de savoir si l’image radiographique latente est analogue à l’image photo- graphique, et il expose ensuite une nouvelle théorie de cette image latente. Les recherches des auteurs modernes ont démon- tré qu’à côté de certaines ressemblances 1l existe de grandes divergences sur l’action respective de deux sources de lumière que constituent les rayons X et la lumière ordinaire.

Les premieres expériences ont porté sur la différence d'action des ravons X sur les plaques à base de gélatine et de collodion. En effet, Eder et Valenta ont constaté que les plaques au bro- mure d'argent émulsionné dans le collodion ne sont pas im- pressionnées d’une facon notable par les rayons de Röntgen. Ces auteurs pensèrent que la fluorescence de la gélatine jouait un certain rôle dans la formation de limage radiographique latente. Mais, par des expériences ultérieures, ils ont pu impressionner des plaques recouvertes d’une couche de collodion tenant en suspension l’iodo-bromure d'argent, mais il a fallu exposer la plaque cent fois plus longtemps qu’une plaque au bromure d'argent émulsionné avec la gélatine. Ces mêmes auteurs ont également constaté que l’eau bromhydrique ainsi que l’acide chromique détruisent l’image latente, mais ce n’est en réalité qu’un arrêt dans le développement, d’où l’on peut conclure que ces acides ne détruisent pas les traces d’argent existantes, après réduction du sel bromuré.

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L’image latente peut d’abord être fixée et reproduite ensuite par un développateur. Car le fixage des poussières d'argent subsistant en quantité suffisante permet de développer consécu- tivement et d’ohtenir une image suffisamment épaisse. Cette même plaque, fixée d’abord et mise ensuite en contact avec un affaiblisseur qui dissout l'argent, ne donnera pas d'image avec un développateur. Cette expérience prouve que sur l'image latente le sel d’argent est décomposé.

Pour obtenir une image pareille, apres fixage préalable, il faut employer une plaque extra-sensible et exposer vingt à trente fois plus longtemps qu'habituellement.

Luther et Uschkoff ont fait la découverte suivante : une image radiographique latente peut être développée à la lumière du jour. Toutes les émulsions ne montrent pas ce phénomène; aussi on obtient les meilleurs résultats avec les plaques dia- positives de Schleussner. En exposant plus longtemps la plaque aux ravons X, on obtient des contrastes plus parfaits.

Quand on examine une telle plaque impressionnée, on observe les phénomènes suivants. La plaque, d'abord blanche, devient rose ou rouge dans les parties exposées directement aux ravxons Ñ, tandis que les parties non impressionnées prennent un aspect verdâtre. Le développement continue à la lumière du jour et les contrastes v deviennent de plus en plus accentués. On peut également fixer cette image. Les parties frappées par la lumière du jour prennent alors une coloration bleue ou violette et les parties non impressionnées, une coloration jaune ou orange.

En se basant sur le phénomène de Luther-Uschkoff, Lüppo- Cramer a élaboré une nouvelle hypothèse de action des rayons de Röntgen sur la couche sensible, Sachant que le bromure d'argent très finement granulé présente un reflet rougeûtre, il a émis la théorie que les rayons X pulvérisent la molécule de bromure d’argent, et cette nouvelle hypothèse pourrait fort bien être exacte.

On n’a pas encore réussi à démontrer cette désagrégation des sels d'argent par la lumière du jour.

On peut accélérer le phénomène de Luther-Usehkoff en met- tant les plaques en contact avee des a sensibilateurs», c'est- à-dire des substances qui accélérent la réduction du bromure d'argent par absorption du brome (solution de nitrate de soude, d’ammoniaque, etc.).

Voilà en résumé les faits principaux de cet article si intéres- sant, qui jette un jour tout nouveau sur l’action des rayons X sur la couche sensible. D” A. HEILPORN.

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BLUMENSATH. Beitrag zur Kenntnis der Eigenschaften des latenten Rôüntgenogrammes (Contribution à l'étude des pro- priétés de l’image radiographique latente). (Forschr. a. d. Geb. d. Rüntgenstr., Bd XIII, H. 4.)

S'appuyant sur la publication de Lüppo-Cramer et d’autres, Blumensath a répété quelques-unes des expériences sur l’image latente. Il peut ainsi confirmer que l’image radiographique latente diffère sous certains rapports de l’image latente ordi- naire. Il a pu observer le phénomène de Luther-Uschkoff avec une certaine catégorie de plaques, tandis qu’il lui a été impos- sible de reproduire ce même phénomène avec quantité d’autres.

Une seconde expérience à laquelle Blumensath s’est livré, et qu’il décrit comme une nouveiuté, bien qu'elle soit connue de longue date, c’est d'exposer à la lumière du jour une plaque impressionnée déjà par les rayons de Röntgen. Une plaque impressionnée par la lumière ordinaire est instantanément voilée et un traitement ultérieur de la plaque ne donne aucune image sur la couche sensible, tandis que l’image radiographique n’est nullement influencée d'une façon facheuse par la lumière natu- relle; elle peut être développée et fixée selon les méthodes usuelles, mais au lieu d'un négatif on obtient un positif. C'est le phénomène de Villard. Une photographie illustre cette der- nivcre expérience.

D" A. HEILPORN.

Ueber Fehlererscheinungen auf Röntgen-Negativen (Taches et défectuosités des clichés radiographiques). (Mitteilungen aus dem wiss. Versuchslaboratorium d. D" C Schleussner Aktienges. in Frankfurt a. M.— Arch. f. Medizin u. med. Technik, Bd IV, H.3.)

Les défectuosités que montrent les plaques après le dévelop- pement sont attribuées en général à des négligences et à des fautes de fabrication : en réalité, le fabricant est bien souvent accusé à tort; ces défectuosités sont dues à des causes diverses, qu'il est souvent aisé de reconnaître.

Les taches qui apparaissent quelquefois sur les plaques isolé- ment empaquetées (Einzelpackunge) proviennent de l'action fâcheuse qu’exerce le papier d'emballage sur la couche sensible, Cette action s'exerce d'autant plus sûrement que les plaques restent plus longtemps inutilisées dans cette enveloppe de papier : l’humidité de la pièce, ces plaques sont conservées,

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favorise singulièrement encore la production de ces taches. Aussi est-il recommandable d'utiliser les plaques isolément empaque- tées le plus vite possible et en tous cas dans les deux mois après livraison. Les couvertures de papier de ła maison Schleussner se sont montrées à labri de tout reproche : elles sont absolument imperméables à la lumière et les plaques isolément conservées dans ces enveloppes donnent des radiogrammes irréprochables.

D'autres taches peuvent tirer leur origine d'un défaut d’im- perméabilité du papier noir, dont beaucoup de radiographes se servent pour envelopper la plaque : le papier peut paraître à première vue absolument imperméable, même quand on lexa- mine au devant d'une lumière intense, Mais en réalité il y existe force ouvertures minuscules, à travers lesquelles la lumière peut impressionner la couche sensible. Aussi est-il prudent d’enve- lopper toujours la plaque dans plusieurs doubles de papier noir.

Des étmeelles électriques peuvent aussi impressionner la couche sensible et donner lieu à des taches inopportunes : il suffit de mettre une plaque au contact ou même à très petite distance d'un câble traversé par un courant électrique, pour constater cet effet. Dans la pratique, c'est le courant secon- daire de Ja bobine qui donne lieu quelquefois à cet ennui, et notamment quand les cables de la bobine ne sont pas isolés et arrivent en contact avec le porte-ampoule, le statif et par suite indirectement avec la plaque : grâce à ce défaut d'isole- ment, le courant secondaire arrive à l’objet d'examen et à la couche sensible : quantité de petites étincelles, invisibles à Pæil nu, jaillissent entre le papier et la couche sensible qu'il recouvre.

Toutes les causes que nous venons d'énumérer produisent sur le cliché des taches noires; mais des taches claires peuvent aussi v apparaitre, et celles-là sont dues à des particules imperméables aux rayons X, soit que ces particules se trouvent incorporés dans le carton du châssis radiographique, soit qu'elles se trou- vent à la surface du papier d’enveloppe; le chàssis ou le papier d'enveloppe peuvent être souillés par des substances médicamen- teuses, comme le mercure, l'iodoforme, ete. Aussi est-il de rigueur d'examiner aux rayons X tous les cartons des châssis et de rejeter ceux qui montrent des opacités.

KLYNENS.

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Livres

Joseph WETTERER. Handbuch der Rôntgentherapie (Traité de radiothérapie). Leipzig, Otto Neimnich, 1908. Prix : 25 francs.

La radiothérapie, science toute jeune, a su conquérir en peu d’années la faveur du corps médical et des malades. Le besoin s’est fait bien vite sentir de réunir en un volume les données des publications éparses en de nombreux périodiques, afin de faire connaître aux médecins les différentes méthodes de traite- ment ainsi que les résultats obtenus.

Nous avions jusqu'à présent, en langue allemande, deux ouvrages traitant de cette branche spéciale : les livres de Freund et de Kienbôck. C’est certainement la meilleure preuve de l'importance de la radiothérapie: elle a non seulement boule- versé la thérapeutique dermatologique, mais encore elle a atta- qué, parfois avec succès, deux autres affections, absolument réfractaires à nos moyens ordinaires de traitement : la leucémie et le cancer par exemple.

Wetterer vient de publier un gros volume, de plus de huit cents pages, sur la radiothérapie; neuf chapitres y sont con- sacrés à la partie physique et à la technique, six chapitres traitent de l’action biologique des rayons X, et enfin, dans les cinq derniers chapitres, l’auteur énumère les différentes affec- tions susceptibles d’être traitées par ces nouvelles radiations.

Dans les trois premiers chapitres, Wetterer expose succincte- ment les notions d’électricité, décrit l’instrumentation actuelle et les divers appareils accessoires; les chapitres + et 5 sont con- sacrés à l’ampoule, chapitres des plus importants et des plus instructifs tant en radiographie qu’en radiothérapie. Fort soigné est également le chapitre sur la dosimétrie; on s'aperçoit bien vite que l’auteur a appliqué personnellement toutes les méthodes de dosage des rayons de Röntgen, et qu'il a pu ainsi le mieux juger de leur valeur réelle ou de leur imperfection. Enfin, dans les chapitres 7, 8 et 9, l’auteur parle des divers moyens de pro- tection du malade et du médecin, décrit de nombreux appareils accessoires et donne des conseils pratiques sur l'installation d’un cabinet de radiothérapie.

La deuxième partie de l'ouvrage traite de l’action biologique des rayons X, de la radiodermite aiguë et chronique, du dosage

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des rayons, de l’irradiation superficielle et profonde. Ce dernier chapitre est une mise au point de cette question si brülante et toute d'actualité, et les idées de Dessauer sont exposées d'une façon parfaite. Un chapitre sur la radiothérapie au point de vue médico-légal, rédigé par le notaire Henri Schröder, de Baden-Baden, complète cette partie de l’ouvrage.

Dans la troisième partie du livre, nous rencontrons pas à pas les grandes connaissances spéciales de l’auteur. Dans cinq cha- pitres, Wetterer décrit les différentes affections la röntgen- thérapie a été appliquée avec plus ou moins de succès. Ajoutons que de nombreuses figures illustrent cette partie du livre.

Dans une partie annexe, Wetterer traite du radium et de ses applications thérapeutiques. Il y consacre quatre chapitres : les bases physiques de cette étude, l'action biologique du radium, la technique d'irradiation et le dosage, et finalement les indi- cations de la radiumthérapie. Cette partie du livre a été égale- ment fort soignée, et nous avons ainsi un livre instructif, non seulement utile aux débutants, mais encore à tout médecin non spécialiste, qui désire s'initier dans cette branche spéciale. Ce livre occupera toujours une place honorable parmi les ouvrages radiologiques.

A Ja fin du traité se trouve une bibliographie considérable, de plus de deux mille numéros, qui nous montre le travail énorme auquel Wetterer a s'astreindre.

D" A. HEILPORN.

J. GizLer. Die ambulatorische Röntgentechnik in Krieg und Frieden (Les manipulations des appareils transportables en temps de guerre et de paix). 89 fig., Enke, Stuttgart, 1909.

L'auteur s'est assigné la tâche, certes difficile, d'adapter, d'approprier toutes les nombreuses et récentes découvertes de la technique radiologique aux contingences et aux nécessités de la pratique militaire : son idée directrice consiste à montrer com- ment on arrive à improviser quantité d'appareils accessoires, tels que porte-ampoules, tables d'examen, ete., comment on arrive à simplifier l'appareillage sans porter préjudice à son rendement, comment on arrive à résoudre de la facon la pius expéditive et la plus simple les problèmes cliniques qui se pré- sentent le plus souvent dans la pratique militaire de Ja radio- graphie.

Sous ce dernier rapport, les corps étrangers occupent une

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place prépondérante dans la chirurgie militaire : aussi l’auteur consacre-t-1] un grand nombre de pages aux diverses manipu- lations que nécessitent la recherche, la localisation et l’extrac- tion de ces corps; parmi les nombreux procédés proposés dans ce but, il en est plus de deux cents, —- l’auteur a su choisir les plus simples et les plus exacts : ses préférences vont avee raison au procédé stéréoscopique, dont il décrit la technique avec abondance de détails: il préconise particulièrement son stéréomètre, et formule à l'adresse du compas de Fiürstenau quelques critiques qui nous semblent fondées. Bref, tous ceux qui s'intéressent particulièrement à cette partie de la radiologie trouveront ici force renseignements et éclaireissements que peut- être aucune autre publication ne leur offre avec autant de sélec- tion, d’esprit critique et de sens de simplification.

D'ailleurs, si fidèle qu’il soit à son titre, l'ouvrage n'intéresse pas que le radiographe militaire : le praticien civil y trouvera, lui aussi, ample moisson de renseignements précieux, que maintes occasions, surtout s'il dispose d’un appareillage por- tatif, lui permettront de mettre à profit. Car l’auteur fait preuve d’un esprit vraiment pratique, inventif et ingénieux; à la guerre comme à la guerre : c’est bien sa devise; il n'est pas d’ob- stacle, de difficulté, d'incident, dont il ne vienne à bout; pour arriver à ses fins, il sait tirer parti de tout et de rien. Quelques chaises, quelles serre-joints, quelques lattes de bois lui suffisent pour construire à l’instant soit un porte-ampoule, soit une table d'examen, pour procéder à la stéréoscopie et à la localisation d’un corps étranger, pour exécuter avec succès l'examen radio- graphique ou radioscopique d’un organe, dans toutes les posi- tions imaginables, avec ampoule soit au-dessous, soit au-dessus du patient.

Et dans cet esprit inventif et simplificateur ne réside pas le moindre mérite de l’auteur.

KLYNENS.

E. Hurey Fenwick. The value of radiography in the diagnosis and treatment of urinary stone (Valeur de la radiographie dans le diagnostic et le traitement des calculs des voies uri- naires). Londres, 1908.

Ce livre de 136 pages, orné de 80 planches hors texte et de 15 dessins au trait, a été dédié par l’auteur à la Société alle- mande d’urologie, à l’occasion du Congrès de Vienne de 1907.

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Il présente un intérêt particulier parce qu’il est le résultat de l'expérience personnelle considérable du distingué chirurgien du London Hospital; sa pratique comprend en effet, pendant les années 1899 à 1907, 163 cas de calculs du rein et 45 cas de calculs de l’uretère. Ses conclusions sont donc basées non seule- ment sur des clichés radiographiques d’une rare perfection, mais encore sur des biopsies opératoires. Les premiers chapitres sont consacrés :

À des considérations sur les caractères des ombres projetées par les calculs, leur densité, leur forme, leur dimension, leur position ;

A la valeur de la radiographie dans les cas de calculs latents du rein; l’auteur publie à ce sujet un cas de calculs multiples de cystine des deux reins chez une jeune femme de 22 ans n'ayant présenté aucun symptôme urinaire et un cas vraiment curieux de volumineux calcul d’oxalate de chaux, pesant 6 onces un quart (environ 175 grammes), chez un homme de 33 ans souffrant depuis quelques jours de douleurs dans le côté, mais qui ne présentait aucun trouble subjectif ni objectif du côté de l'appareil urinaire;

Dans une troisième partie, Fenwick examine les caractères des ombres radiographiques dues à des calculs situés dans la parties supérieure, moyenne ou inférieure de l’uretère;

4 La quatrième partie comprend plus de 40 pages, envisage les différentes causes d'erreur capables de simuler des calculs urinaires. Ces circonstances sont par ordre de fréquence : les phlébolithes, des ganglions Iymphatiques calcifiés, des taches d’athérome vasculaire, des concrétions appendiculaires ou intes- tinales (des points calcifiés dans des kystes à ecchinocoques sont d'une telle rareté qu’on peut les négliger). L'auteur a fait une étude particulièrement approfondie des phlébolithes non seule- ment au cours d'examens radiographiques et opératoires in vivo, mais encore par des radiographies et des dissections minutieuses à l'amphithéâtre. Il est remarquable de noter que ces « infiltra- tions calcaires dans des trombus veineux » sont beaucoup moins rares qu'on le croyait, puisque sur 30 cadavres examinés lau- teur découvrit 8 fois dans le bassin des concrétions autres que des calculs; 7 fois il s'agissait de phébolithes, une fois d’une plaque athéromateuse dans une artère. Aucun de ces sujets n'avait présenté de symptômes de calculs urétéraux. Ils étaient âgés en moyenne de 47 ans, deux d’entre eux avaient moins de 43 ans. Le sexe ne paraît guère avoir d'influence (4 hommes

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et 3 femmes). Les phlébolithes furent tous trouvés par Fenwick dans le plexus veineux situé dans le tissu cellulaire pelvien autour de la vessie, de l’utérus et du rectum, tout près du point ces veines croisent l’uretére pour se jeter dans la veine iliaque interne, par l'intermédiaire des troncs vésicaux inférieurs.

Les phlébolithes donnent des ombres radiographiques qui offrent certains caracteres particuliers. Leur volume est varia- ble, mais ne dépasse pas 10 x 6 millimètres, c'est-à-dire qu'ils atteignent rarement le volume des calculs urétéraux capables de produire une obstruction. Leur forme est parfois arrondie, ce qui permet d’en préciser le diagnostic, mais elle peut être aussi ovoide. Dans tous les cas, les bords sont nettement délimi- tés, tandis que les calculs de l'uretere donnent habituellement une ombre irrégulière et plus ou moins floue. La densité de l'ombre est généralement très intense. Parfois on trouve plu- sieurs ombres dont l'une ou l'autre est manifestement située en dehors du trajet de l’uretère, ce qui facilite le diagnostic. Notons en passant que, dans aucun de ses cas, Fenwick n’a trouvé de glandes tubereuleuses calcifiées ; cette lésion doit done être moins fréquente qu'on ne le prétend;

Dans un dernier chapitre, l’auteur s'occupe des images radiographiques produites par la tuberculose chronique du rein ; il reproduit, notamment en une très belle planche coloriée, un cas de néphrectomie pour abcès tuberculeux du pôle supérieur du rein. En appendice, l’auteur publie sa méthode de radio- scopie au cours de la néphrolithotomie et une planche montrant la différence d’ombres de diverses bougies urétérales radiogra- phiques.

L. Mayer.

Isaac. Moyens de protection du médecin contre les rayons X. (Thèse de doctorat. Bordeaux, 1909.)

L'auteur étudie successivement les accidents causés par les rayons X, les moyens de protection appliqués sur la source de rayons (les localisateurs), les moyens de protection appliqués sur l'opérateur (gants, tabliers, vêtements, etc.), les moyens de protection appliqués entre la source des rayons et l’opérateur (écrans, châssis, porte-ampoule, etc.), la protection au moyen de la cabine d’Albers-Schônberg, et enfin la méthode de pro- tection du professeur Bergonié.

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Les préférences de l’auteur vont à cette dernière méthode qui lui paraît simple et économique.

Cette méthode consiste à placer l’ampoule de telle sorte que le plan de l’anticathode soit rigoureusement horizontal et tourné vers le sol; il faut, en outre, placer l’ampoule le plus près possi ble du sol. L’anticathode étant horizontale, la zone irradiée sera limitée à sa partie supérieure par un plan horizontal pas- sant par l’anticathode. Au-dessus de ce plan, il n'existera pas de rayons directs, mais seulement des rayons secondaires qui, d'après l’auteur, n'exercent aucune action nocive : c’est la zone de sécurité. Au dessous de ce plan, se trouvent tous les rayons X émis : c’est la zone dangereuse. Si donc le lit destiné au malade à traiter est peu élevé au-dessus du sol (15 centimètres), la zone dangereuse ne s'étendra que sur un espace excessivement res- treint, tandis que la zone de sécurité comprendra presque tout l’espace de la salle de radiologie.

Le lit du malade n’est, en somme, qu’un simple matelas, cou- ché directement sur le parquet; c’est dire toute les difficultés que comportent l’examen du malade, les multiples manipula- tions de l’ampoule et sa mise en activité, etc. Si les considé- rations, sur lesquelles cette méthode est basée, étaient exactes, il y aurait moyen de se protéger d’une façon bien plus simple; sans rien changer aux dispositifs existants, le radiographe et ses assistants n'auraient qu’à se tenir du côté de l’hémi- sphère anodique de l'ampoule, pour se trouver, en somme, dans la zone de sécurité de l'auteur : mais en fait, cette zone n’est pas sans dangers : il importe de se protéger d’une façon absolue, et aucune méthode ne nous semble plus rationnelle, plus sûre et plus commode que la cabine protectrice : celle-c1 n’est pas encombrante si le radiographe sait apporter à l’aménagement de son laboratoire quelque sens pratique : la cabine peut servir de support à la bobine et à de nombreux appareils accessoires qui encombrent la plupart des laboratoires.

J. KLYNENS.

LA RONTGENTHÉRAPIE

CONTRE LE SYMPTOME « PRURIT » PAR LE D" P. DUBOIS-TRÉPAGNE (de Liège)

(Suite [l]

J’en arrive maintenant aux cas le symptôme prurit, au lieu d’exister seul, c’est-à-dire sans lésions au moins très appré- ciables de la peau, comme cela est presque de règle pour le prurit anal, s’accompagne d’une vraie dermatose, et les désordres objectifs l'emportent en somme en importance sur la démangeaison douloureuse.

L’immixtion de la radiothérapie dans le domaine de la der- matologie remonte à de nombreuses années déjà, et Schild publiait, dès janvier 1905 (2), un excellent travail d'ensemble sur les indications de la nouvelle méthode dans les affections cutanées. Dans la même année, Malcolm Morris en Angleterre, et W.-S. Newcomet en Amérique traitaient la même question respectivement dans le British medical Journal et l'American Rœntgen Ray Society. Depuis lors, de très nombreux expéri- mentateurs s'attachèrent à combattre par la -rôntgenthérapie celles des maladies de la peau réputées les plus tenaces et les plus rebelles et enregistrèrent, à côté d'échecs évidents, d'in-

contestables avantages: parmi eux, citons Béclère et Belot en

(1) Voir numéro du 17 septembre 1908.

(2 Scxio. Ucber die Radiothérapie der Hautkrankheiten in Münch. medizin. Wochenschrift, 1, 1905. s. 49.

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France, S. Ehrmann, Zinsser et Blaschko en Allemagne et Russell H. Boggs et Stern en Amérique. |

Personnellement j'ai traité depuis 1904 un nombre suffisant d’affections cutanées pour avoir une opinion très nette sur la valeur de la méthode dans l’eczéma, le psoriasis, le lichen et les différents prurigos, et c'est cette conviction que je me propose de faire partager à mes lecteurs dans le présent article, en attirant tout particulièrement l'attention sur ce fait que la plupart des malades ayant été traités il y a plus d’un an, même plus de deux et de trois ans pour certains, je puis étayer mes conclusions sur des « résultats éloignés », ce qui me paraît bien avoir quelque importance. Je répète aussi que la nomen- clature qui va suivre ne constitue nullement une statistique, et que je me suis efforcé d’en distraire les cas peu intéressants par leur marche et leur évolution en tout semblables à celles des prototypes.

I. EczÉMA.

C'est Thurtand Holland, bientôt suivi d’Albers-Schünberg et de Ilahn, qui eut le premier l’idée d'essayer l’action des radiations de Röntgen sur l’eczéma. Après eux, une quantité d'auteurs publièrent un grand nombre de relations de cas de cette affection favorablement influencés par la radiothérapie et notamment : Freund, W. Kenneth Wills, Schiff, Payne, Williams, Brocq, etc.

Ma statistique porte actuellement sur une dizaine de cas, dont voici les plus instructifs :

1% Cas. Joseph V..., employé, 39 ans, vient me consulter au début de juin 1907. Il est porteur, depuis plus de deux ans, d'un eczéma craquelé occupant les cuisses sur presque toute leur longueur, et surtout caractéristique dans la région antéro- interne : à ce niveau, la peau est rouge, infiltrée, chaude et recouverte de débris d'épiderme corné en desquamation, disposés suivant certains contours, qui donnent ainsi au membre l’aspect craquelé que je signalais plus haut. La lésion est extrêmement prurigineuse et ne tolère aucun topique.

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Le 5 juin, je pratique la première insolation : localisateur de Belot sans cylindre ni diaphragme, de manière à irradier du même coup toute la surface antéro-latérale de la cuisse: rayons très peu pénétrants : quatre au radiochromomètre de Benoist; distance de l’anticathode : 20 centimètres: durée : dix minutes; absorption approximative: 2 à 2 1/2 H. Les séances suivantes ont lieu tous les cinq jours, jusqu’au 3 juilret, époque je pars en vacances; le malade que je revois le 2 août était très amélioré, mais non guéri; les démangeaisons avaient cessé complètement dès la quatrième application. Je reprends le trai- tement jusque fin septembre avee deux, puis une seule irradia- tion par semaine; à cette époque, il n'y a plus trace d'eczéma. Chose plus importante encore : la guérison s’est maintenue jus- qu’à ce jour, sans récidives; le malade continue un régime lacto- végétarien, auquel il s’était d’ailleurs soumis depuis le début de son mal.

CAS. Eczéma à poussées aiguës subintrantes datant de quinze mois chez une jeune fille de 29 ans, Léopoldine H..., occupant tantôt le visage, tantôt les mains et les avant-bras. Prurit et tuméfaction considérable, suintement marqué.

Le 7 mars 1906, première application à la face; les yeux sont seuls protégés par de larges lunettes à verres imperméables aux rayons de Röntgen : le localisateur à 20 centimètres (anti- cathode); dose, 2 H. seulement; deuxième séance le 10 mars, troisième et quatrième, respectivement les 23 et 28 mars; à ce moment, les démangeaisons eessent, mais les mains s’entrepren- nent à leur tour. A la sixième séance, la tuméfaction disparais- sait à son tour, et, peu après, le suintement. Les mains furent totalement guéries au bout de cinq applications.

En mai 1908, done deux ans après, récidive aux mains qui céda rapidement, la malade ayant eu l'intelligence de se faire soigner de suite; je note que cette récidive éclata quarante-hu't heures après l’arrivée de la malade au bord de la mer; une fois rétablie, elle repartit pour le littoral, elle put séjour- ner toute la saison sans poussées nouvelles. Cette année, une

nouvellé récidive se produisit encore une fois dès l'arrivée à

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Ostende, le 15 mai, des occupations urgentes appelaient la mulade. Traitée du 21 mai au 10 juin, cette récidive, localisée au front, au nez, et aux doigts, et qui n’était presque pas prurigineuse, céda encore très rapidement, permettant à ma cliente de retourner au bord de la mer, elle a pu terminer la saison sans encombre.

Cas. M™ $S..., 47 ans, rentière, présente un grand nombre de placards d’eczéma aux bras, aux avant-bras et aux jambes : c’est un eczéma suintant avec infiltration du derme et petites croûtelles consécutives au grattage. L’affection remonte à près de huit ans; tous les moyens thérapeutiques ont été essayés en vain : régimes, cures d'eaux minérales, topiques de toutes sortes. La malade est traitée à mon cabinet, du 17 novem- bre 1907 au 24 février 1908, par le système des doses massives : huit séances seulement, avec rayons 5 et 6 Benoist et doses de 5 H. chaque fois. Le prurit, qui était intolérable, a disparu rapidement, les croûtes sont tombées, le suintement et l’infil- tration ont fini par disparaître, et tous les placards étaient objectivement guéris quand la malade a cessé ses visites pour des raisons d'ordre privé.

Depuis cette époque, un an et demi, il n’y a pas eu l’ombre de récidive.

4 Cas. Eczéma en placards trichophytoïdes du dos des mains, chez un photographe, M. E. B..., 43 ans, durant depuis dix ans, avec des temps de silence et des reprises alternatifs. On distingue de petits placards formés de cercles incomplets dont la surface est épidermisée et comme vermissée, et bordés de vésicules naïissantes ou bien, au contraire, ouvertes, laissant à nu le corps muqueux. Ces petits placards occupent les faces latérales et dorsales des doigts, l'intervalle du pouce et de l'index, le dos du pouce et l'éminence thénar; de grands pla- ards polyeyeliques, plats, unis et aussi vernissés, couverts d’érosions et cerclés de vésicules irrégulièrement disposées, se montrent sur le dos de la main, particulièrement de la main droite, beaucoup plus atteinte que la gauche. Prurit extrème.

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Inutilement traité par l’acide chrysophanique et le galvano- cautère.

Le 11 mai 1908, première application des rayons X : 5 H. d'emblée, tube mou. Deux jours après, pas de réaction locale, mais les démangeaisons paraissent avoir diminué. Le 23 mail, deuxième irradiation. Le 25, léger érythème qui ne dure que vingt-quatre heures; nouvelles irradiations les 2, 17 et 28 juin. A ce moment, le prurit a complètement disparu, les érosions sont cicatrisées; il ne persiste plus que quelques petits placards roses et presque plus surélevés En août, la guérison était un fait accompli; malgré la persistance de la cause traumatique, -— car le malade n’a nullement renoncé à sa profession de photo- graphe, -- l'affection n'a pas récidivé depuis cette époque, donc depuis plus d’un an.

EN RÉSUMÉ, la radiothérapie permet de guérir des cas d’eczéma rebelles à tous les procédés classiques. Elle a surtout une action infaillible et extraordinairement rapide sur les démangeaisons, mais la guérison objective complète est la règle. Parfois il y a récidives, mais ces récidives sont plus torpides et, attaquées à nouveau et promptement par les radiations X, cèdent avec une grande facilité. Il faut de préférence commencer par une dose faible, employer des rayons mous, marquant 4 ou 5 au radiochromomètre de Benoist, et irradier la plus large surface possible à la fois. Les doses fractionnées de 1 1/2 à 2 1/2 H. tous les trois ou quatre jours me paraissent préférables parce que plus prudentes, mais on se trouvera bien des doses mas- sives (5 H. et plus) dans les cas particulièrement rebelles et même dans l’eczéma suintant avec tuméfaction et infiltration du derme.

Je conseille vivement à ceux qui seraient tentés d'employer la méthode, de prendre l’élémentaire précaution de laisser tou- jours une petite portion de la lésion en dehors de la zone irradiée, et de traiter celle-là par les topiques habituels. De cette façon, on a ainsi constamment sous les yeux une région- témoin qui vous renseigne immédiatement sur le degré de

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réaction des placards soumis à la rüntgenthérapie; de plus, on se met aussi dans d'excellentes conditions pour répondre à l'objection que l'on ne manquera pas de vous faire que « bien sûr l’eczéma aurait cédé de la même facon aux pâtes ou pom- mades traditionnelles ».

La méthode ne ma pas encore donné d’insuccès, sauf dans un cas le malade, impatienté, n'a pas voulu se soumettre au traitement un temps suffisamment long. Dans deux autres cas, qui avalent guéri méme assez rapidement, l’irradiation rontgénienne n’a pas paru avoir d'influence sur les récidives qui se sont produites à peu près dans les délais habituels à chacun de ces malades, récidives que, malheureusement, les intéressés n’ont pas cru devoir faire traiter par les rayons X. Je wai jamais eu à déplorer ni radiodermite, ni même une simple réaction un peu vive.

IT. LicHEN.

Les premiers auteurs qui étudièrent cliniquement et histo- logiquement l’action des rayons de Röntgen sur le lichen furent sans contredit Freund et Oppenheim (1). Dans la suite, de nombreux dermatologistes eurent recours à ce mode de traite- ment, et parmi eux, Scholtz, Brocq, Zeisler, Ullmann et Pusey enregistrerent de très beaux succès.

Cas. M" Marie S..., 65 ans, rentière à Liége, vient me demander, le 2 mars 1908, de la délivrer de terribles démangeai- sons qui, d’après ses dires, lui ôtent tout sommeil depuis des semaines, et dont aucun topique n’a pu venir à bout. A l’exa- men, Je constate, sur le dos, quantité d'éléments papuleux, roses, plats, lisses et brillants en surface, ces éléments étant groupés, un plus gros au centre entouré de nombreux petits; en d'autres places, on voit, sur le fond de la peau saine,

d'innombrables taches et trainées rouges simulant une fièvre

(l) L. FREUND V M. OPPEXHEM. Die Roentgensthrahlenbehanlung des Lichen ruber planus, in Zcitschrift für Elektrotherapie, Bd. VII. H. 7-8, s. 193-198 1905.

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exanthématique. Les deux cuisses sont également atteintes, mais plus légèrement, semble-t-il, que la région dorsale. Diagnostic : lichen plan. Je propose la radiothérapie qui est acceptée, et je procède extemporanément à une première séance pour le dos. Tube nu, rayons 4, anticathode à 10 à 13 centi- mètres seulement; l’ampoule est déplacée de façon à irradier à peu près également les téguments malades qui absorbent approximativement 2 à 2 1/2 H. Le lendemain, 3 mars, la patiente se plaint de ressentir comme une vague sensation de brûlure dans la région traitée; je n’y découvre cependant qu’une

1

rougeur pas très vive, mais uniforme; le 5, M"° S... me fait appeler chez elle, dans l'impossibilité elle se trouve de se déplacer par suite d’atroces douleurs cuisantes qui ont rem- placé le prurit, et force n’est de reconnaître in petto une radio- dermite des plus nettes. Si je signale ce cas, c’est parce qu’il mest très rarement arrivé de provoquer de radiodermite au cours de mes innombrables insolations, et surtout pour montrer comment cet accident peut survenir, tout en restant très nota- blement en dessous des doses dites maxima, en d’autres termes, pour reconnaître, aussi, l’existence possible d’éclatantes idio- syncrasies. Traitement à la pâte de zinc; la dermite se poursuit quinze à vingt Jours durant, et laisse à sa place une peau fortement pigmentée, mais les papules du lichen ne se dis- tinguent plus. Les démangeaisons ont cédé également, et le 23 mars, J'eutreprends le traitement des cuisses, atteintes aussi, on s’en souvient. Instruit par l'expérience, et attribuant la radiodermite plus au trop grand rapprochement du tube qu’à la dose reçue, je place l'ampoule à 25 centimètres et ne donne que 2 H. à la jambe droite, la gauche restant à l’abri de toute irradiation; dès le lendemain, le prurit diminue et disparaît totalement douze jours après, à la suite d’une nouvelle exposi- tion; d’autre part, les papules se sont affaissées et l’érythème rétrocède à grands pas. La cuisse gauche ne paraît pas le moins du monde influencée, et le prurit y subsiste tout comme aupara- vaut. Je la traite alors avec le même succès que pour les autres

régions.

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J’ai eu l’occasion de revoir cette malade exactement un an après guérison, c'est-à-dire en mai 1909 : la peau du dos est restée vivement pigmentée, celle des cuisses, presque pas, le prurit n’a plus jamais reparu.

Cas. M F..., négociante à Seraing, 53 ans, présente un certain nombre d’éléments de lichen plan, disséminés sur les bras et les cuisses, et se plaint de démangeaisons très vives surtout la nuit. Tous les placards, sauf ceux du bras, sont traités par la radiothérapie, même technique que précédem- ment, avec anticathode à 25 centimètres et rayons marquant 4 au radiochromomètre de Benoist. Du 19 mai à fin juin 1908, elle a subi six applications sur des points différents (2 1:2 à 3 H. par séance). Je ne revois plus la malade que le 3 août : le prurit a beaucoup diminué, mais persiste très tenace sur le bras gauche non irradié et sur deux petits placards de la cuisse gauche, que je traite à nouveau vivement (5 H.). Quinze jous plus tard, toute lésion objective sur les téguments rönt- génisés a disparu.

Le 7 octobre, la malade se représente avec une récidive légère à la cuisse gauche, et qui cède au bout d’une seule séance de 4 H.

Cas. Gaston D..., 64 ans, rentier, est ce même malade que je guéris en 1905 d’un prurit anal des plus rebelles, et dont J'ai relaté plus haut l’observation. Il me revient en octo- bre 1907, porteur de trois plaques de lichen corné sises l’une sur la partie antérieure de la jambe droite, les deux autres sur le mollet gauche et rétives à tout topique. Ces placards sont traités au moyen de l’ampoule avec localisateur de Belot et cylindre de diamètre approprié; je donne d’emblée 5 H.; le prurit cède dès le troisième jour, pour reprendre quelque huit jours plus tard; trois nouvelles applications de 4 H. chacune, espacées de dix jours, en ont définitivement raison. Au 15 dé- sembre, les croûtelles et squaimes commencent à tomber et tout paraît rentrer dans l'ordre le 2 janvier suivant. A la place des grosses papules anciennes, la peau est remarquablement souple et rosée; seule la plaque de la jambe droite est restée quelque

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peu pigmentée, surtout dans son pourtour. Il n'y a jamais eu

de récidives.

EN SOMME, le lichen rentre dans le groupe des affections qui relèvent sans conteste de la radiothérapie. Sans doute il y a des cas bénins qui guérissent pour ainsi dire spontanément, mais le plus souvent il s'agit d'une affection au contraire des plus récalcitrante et pénible, et alors les rayons X sont formelle-

ment indiqués.

ILI. Psoriasis.

Si la röntgenthérapie me parait être la méthode de choix pour la grande généralité des lichens, elle me semble ne devoir être utilisée que tout à fait exceptionuellement contre le pso- riasis. Il était à prévoir que l'emploi des rayons X dans la cure de cette dermatose, aussi répandue que décourageante, devait tenter de très nombreux praticiens; aussi sont-ils légion ceux qui, à la suite d’Albers-Schünberg, essayèrent de combattre la tenace maladie par ce nouveau moyen. Ce qui frappe tout par- ticulièrement dans la lecture des innombrables travaux parus dans la matière, c'est plus encore la diversité des techniques employées et les différences signalées dans le mode et la rapidité des phénomènes involutifs des lésions, que les resultats pourtant si contradictoires et les conclusions si disparates enregistrées par les auteurs. C’est un mauvais signe; quand un procédé a une réelle efficacité, le mode d'emploi en est d'habitude rigou- reusement défini, comme les résultats en sont superposables. Or que voyons-nous ici? Tandis que S.-J. Wright relate (1) un cas de psoriasis datant de vingt ans, guéri par trente-quatre irradiations espacées sur quatre mois, Castex affirme que d’habi- tude une seule dose peut suffire, quelquefois deux, rarement

plus. Scholtz place son ampoule à 40 centimètres, avec des

(l) S. J. WRIGHT. Report of a case of psoriasis treated by rocntgentherapy, in The Archives of Physiological Therapy, january 196.

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séances de quinze à vingt minutes de durée et répétées d’abord quotidiennement, ensuite tous les deux ou trois jours, alors que Hyde, Montgommery et Ormsby trouvent suffisantes quatre à six séances courtes avec anticathode à 25 centimetres! Mêmes anomalies dans les résultats : Bowen donne un pourcentage de 10 % de guérisons, Kienbock et Holzknecht se montrent satis- faits des succès obtenus, de même que Marquès et Hahn; mais Sjögren et Lederholm n’ont qu’une confiance limitée dans la méthode; Freund n’a jamais vu d’influence sur les récidives, Buckley considère la radiothérapie comme un bon adjuvant, tandis que Morrcx et Servell la déclarent franchement inutile et inopérante.

Pour ma part, et à l'exception d’un unique cas les rayons X ont montré une incontestable supériorité sur les autres moyens usuels, je me garderai bien d'ériger l’irradiation de Rôntgen en méthode de choix pour le traitement du pso- riasis, comme je n’hésite pas à le faire dans la cure du lichen plan et du lichen corné, je le répète. Pourtant force m'est de reconnaître que, chaque fois, jai vu les plaques si caractéris- tiques de cette affection nettement influencées surtout par les rayons très mous (n™ 3 et 4), et que, chaque fois aussi, je suis arrivé à « blanchir» mon malade; mais il ne faut pas perdre de vue que, dans la plupart des cas, la guérison « objective » d’un psoriasis s'obtient aisément, si pas rapidement, et que la difficulté réside tout entière dans le fait d’empêcher les réci- dives, tout au moins de les éloigner ou de les atténuer; d’autre part, tous les malades que J'ai traités ont été soumis, en même temps, à un régime sévère (végétarien et même végétalien); l'un a continué à absorber de fortes doses d’arsenic, et, chez presque tous, les placards recouverts de traumaticine à la chry- sarobine ou traités par les pommades cadiques, ont guéri très sensiblement dans le même laps de temps que ceux soumis à la rontgénisation. Dès lors l’on n’aperçoit plus bien l'avantage qui résulte de l’emploi d’un modus curandi aussi onéreux et dont la supériorité ne s'affirme pas plus franchement sur les vulgaires topiques dont le prix est à portée des bourses les plus modestes.

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Aussi la radiothérapie doit-elle constituer dans la cure de cette dermatose un procédé d'exception dont on n’usera que lorsque tous les autres auront échoué.

Quant aux prétendus dangers de cette méthode, je les crois fortement exagérés, et je n’ai jamais pu constater cette extra- ordinaire irritabilité des téguments, signalée par certains auteurs, chez les psoriasiques.

1% Cas. Pierre D..., 21 ans, étudiant. Psoriasis ayant débuté à l’âge de 12 ans, blanchi presque complètement à plu- sieurs reprises; la dernière poussée remonte à deux mois. Les coudes sont le plus atteints et portent chacun un placard qui recouvre largement toute la face postérieure de l’article; les surfaces d'extension des jambes sont également couvertes d'énormes plaques; il y en a de plus petites, mais en très grand nombre sur les fesses, les cuisses et la région lombaire; sur la poitrine se voient deux taches de psoriasis à croûte grasse (sur- séborréique). Chose particulière : les genoux sont indemnes et v’ont, paraît-il, jamais été touchés. Néanmoins le diagnostic est certain : le piqueté hémorragique apparaît dès qu'on détache les squasmes plâtreuses si caractéristiques et qui donnent, aux petits placards surtout, l’aspect de « taches de bougie » signalé par les dermatologistes. Les endroits à squames épaisses et étendues (coudes et jambes) sont traités avec localisateur et reçoivent d'emblée 4 1/2 H. Le restant est soigné avec ampoule nue et mobilise, et la dose de 2 1/2 à 3 H. n’est pas dépassée, mais alors les séances ont lieu tous les six jours environ. Une fesse n’est pas irradiée, mais J y fais appliquer chaque soir une pommade cadique forte, savonnée le lendemain matin avec un savon de Mollard à l’ichthyol. Les séances se poursuivent durant huit semaines, du 9 septembre au 6 novembre 1907, et à ce moment, l’état est le suivant : le prurit, qui était intense, a cessé partout, les lésions sont en régression ou disparues tout à fait, il subsiste quelques squames sur les jambes, mais quand on les enlève, le piqueté hémorragique n’apparaît plus; il est à noter que ces parties, comme du reste les coudes, n’ont reçu qu’une seule dose de rayons X. Je ne constate nulle part de

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pigmentation. La fesse, traitée par un topique banal, va aussi bien que le restant, mais le prurit y reparaît de temps à autre. De commun accord, le traitement radiothéraptique est alors interrompu, et, en dépit de cette circonstance, le malade se représente le 15 décembre à mon cabinet, ne portant plus trace de son affection. Depuis lors Pierre D... a déjà fait deux réci- dives qui, traitées par les moyens habituels, out mis sensible- ment le même temps à disparaitre.

Cas. - - Octave R., 23 ans, cultivateur à Waremme, est atteint depuis einq ans de psoriasis localisé aux coudes, aux genoux et au dos. Quand il vient me consulter, il est déjà soumis à un régime Végétarien absolu depuis quinze jours et prend quotidiennement vingt gouttes de liqueur de Fowler. Les coudes et les genoux sont soumis à la rüntgénisation dans les conditions suivantes : Jocalisateur Belot avec diaphragme, rayons + au radiochromomètre, distance 19 centimètres. Inten- sité : environ 2 12 H. Le lendemain même, seconde irradia- tion aux mêmes endroits, mais d’un H. seulement; nous sommes au 10 décembre 1908. Le 20, les squames sont en partie tom- bées, la coloration est devenue rougeûtre, l’infiltration a dimi- nué et les démangeaisons ont cédé. Je procède À une nouvelle insolation de 3 1/2 H., et le lendemain, je donne encore 2 H. environ. Le 5 janvier 1909, les squames ont disparu totalement et la coloration a passé du rouge au brun noirâtre: Ja guérison est complète le 25 janvier. Les taches du dos, traitées par la traumaticine à l'acide chrysophanique, ont à ce moment l'aspect typique des téguments attaqués par ce mordant : plus de squames, plus d'infiltration, la peau en apparence saine, pres que pâle en comparaison de la région immédiatement voisine qui apparaît vivement irritée, d'un rouge brunatre, et qui est chaude au toucher (dermite traumatique). Un mois plus tard, le malade est complètement blanchi; il n'a pas encore présente de récidive.

3e Cas. Joseph M..., 58 ans, journalier à Vottem. Alcoo- lique avéré, glycosurie modérée. Atteint depuis quinze ans d'un

psoriasis aux lieux d'élection : coudes et genoux. Soigné sans

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succès évident et à diverses reprises par la série des topiques usuels, a fait sans plus de résultats un séjour à l'hôpital. Les plaques sont très étendues, les squames, épaisses et entourées d’une zone hyperpigmentée; les démangeaisons sont intoléra- bles.

Le 9 septembre 1906, première séance sur un coude et les deux genoux, l'autre coude restant indemne de toute médica- tion. Technique : localisateur; distance, 15 centimètres; dose, 3 1/2 H. environ; le lendemain, nouvelle absorption de 2 H. Le 25 septembre, le prurit a beaucoup diminué, les placards sont d’un rouge intense; malgré cette réaction, deux nouvelles irradiations sont pratiquées les 27 et 28 septembre, avec une dose totale de 5 12 H. Le 9 octobre, il n'y a plus de squames, sauf au genou droit, les éléments sont en régression marquee; plus de démangeaisons, sauf au coude droit, non encore irradié et elles persistent des plus vives. La guérison est complète le 25 octobre. C’est alors que Jj'entreprends le traitement du coude droit par les moyens habituels : chrysarobine, huile de ade, acide pyrogallique, ichthyol, mercuriaux : rien n’y fait, et le 8 janvier 190%, le prurit est exacerbé plutôt que jugulé, grâce aux applications réitérées des mordants. En février, je pratique la rüntgénisation de la lésion rebelle, qui disparaît en huit semaines après absorption d’une dose totale de 20 IT. La guérison s'est maintenue près d'un an, mais le malade, qui wa pu renoncer à ses habitudes d'intempérance, a vu son affection récidiver dès le début de 1908.

4 Cas. —— Marguerite de W..., 17 ans, est atteinte depuis deux ans d'un psoriasis très prurigineux, siégeant aux bras, avant-bras, coudes et genoux; le cuir chevelu est également atteint sur une large surface. La malade a déjà été a blanchie » deux fois, mais la récidive actuelle est la plus sérieuse, En raison de la dispersion et du nombre des taches, toutes très petites d’ailleurs, les bras sont traités par l'ampoule mobili- sable et dépourvus de chape protectrice; le euir chevelu est soumis aux frictions eadiques, sauf une place numimulaire

correspondant au plus grand diamètre des cylindres du loca-

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lisateur Belot. Les séances ont lieu du 9 mai au 12 juin 1909, tous les deux jours, avec une dose approximative de 1 H. à peine par endroit irradié. Le prurit diminue dès la deuxième application et disparaît complètement après la sixième. Au 12 juin, les squames ne se voient plus qu'aux coudes, mais, encore une fois, en ces deux points elles persistent, très minces d’ailleurs, la rosée sanglante n'apparaît plus après grattage. Du 12 juin au juillet, je ne fais plus que trois séances, qui amenèrent une guérison apparente complète. Le cuir chevelu est entièrement nettoyé, aussi bien sur les parties enduites de pommade que sur le cercle rüntgénisé qui a fait une radiodermite légère et a dépilé modérément. A cette heure (octobre 1909), la malade n’a encore accusé aucune récidive.

IV. PRURIGO DE HÉBRA.

Je ne relaterai que pour mémoire le seul cas de cette affection qu’il m’ait été donné de soigner par la radiothérapie depuis huit ans que je m'occupe d'électricité médicale. C’est assez dire que je n’ai pas d’opinion personnelle sur la valeur de la méthode, qui a du reste séduit très peu d’expérimentateurs dans la dermatose qui nous occupe. Je ne connais sur la matière que les travaux de Dupeyrac (1), de Bruhns (2) et de Scholtz (ce dernier cité par Belot), qui ont obtenu des résultats favorables.

UNIQUE cas. --- Victorine G..., 12 ans, est atteinte de pru- rigo depuis l’âge de 4 ans, au dire de sa mère. Le visage, les plis naturels, les avant-bras et certaines régions du tronc sont couverts de petites papules de prurigo et de lésions de grattage: au visage, il y a eczématisation plus ou moins marquée avec épaississement de la peau; les démangeaisons, surtout noc- turnes, sont intolérables; les poussées du mal ont lieu régulière-

ment au printemps et en automne, tandis que des rémissions

(1) DuUPEYRAC. La radiothérapie dans les affections prurigineuses de la peau in Comité médical des Bouches-du-Rhône, 16 et 23, II, 1906.

(2) BRUNNS. Berliner. Klin. Wochenschrift, 5 février 1906.

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relatives coïncident avec les fortes chaleurs de l’été et la saison froide. Le 9 septembre 1906, quand je vois l’enfant pour la première fois, le prurit a réapparu depuis trois ou quatre jours environ. Victorine G... réalise le type classique de l’adénoïdien : grosses lèvres, gros nez, rhinite chronique, etc. Je pratique une première insolation le 14 septembre avec le tube dépourvu de localisateur, rayons 5 et dose de 1 # H. environ. Cette dose est répétée le 16 et le 18, de manière à atteindre le chiffre de 9 à 6 H. maximum. Le 21, les démangeaisons ont déjà notable- ment diminué et on céde entièrement vers la fin du même mois. Quant aux lésions, elles ont involué de la façon suivante : après une recrudescence de la coloration érythémateuse survenant vingt-quatre à trente-six heures après l’irradiation, la peau a pâli progressivement, les squames épidermiques sont tombées avec les croûtelles, le suintement s’est tari et l’infiltration a disparu peu à peu. La guérison était un fait accompli le 2 novembre, sans qu’il y eût été procédé à de nouvelles exposi- tions aux rayons X. Le pli de l’aine gauche, qui avait été sou- strait à cette action, s’est montré très intolérant à l’égard des topiques mentholés que j'avais prescrits, et Jai finir par l’irradier à son tour.

Cette malade ne s’est jamais représentée à ma consultation ; J'ai appris dernièrement qu’elle avait succombé, en mars 1908, des suites d’une broncho-pneumonie, mais 1l m’a été impossible de rien savoir concernant les résultats éloignés de la radio- thérapie en ce cas, et notamment de découvrir s’il y avait eu ou non récidive au cours de cette survie d’un an et demi environ.

V. -— PRURIGO SÉNILE.

Les deux seuls cas que j'ai eu l’occasion de soigner par les rayons X, étaient particulièrement tenaces et n'avaient jamais pu être amendés par les autres moyens : topiques, douches baveuses tièdes, douches écossaises, etc., pas plus que par un traitement général dirigé contre l’hypertension artérielle, dont les deux patients étaient atteints, et dans laquelle beaucoup d’auteurs se plaisent à voir la cause principale de cette maladie,

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Etant donné que l'affection se résume presque exclusivement dans la sensation de prurit intense et pour ainsi dire continu, saus rémission, les lésions cutanées se réduisant à fort peu de chose, étant donné d'autre part l'action constamment et quasi infailliblement antiprurigineuse des rayons X, il était à prévoir que cette médication devait être très efficace dans le prurigo sénile. C'est ce que nous allons constater, du reste.

Cas. A. W..., 68 ans, industriel à Huy, se plaint depuis plus d’un an de démangeaisons fort pénibles dans le dos. Il a consulté sans succès plusieurs médecins et deux dermatologistes, et, désespéré, se présente à ma clinique le 15 mai 1908. C’est un vieillard. d'aspect robuste, au teint coloré, à l’encolure puis- sante. Il est nettement hypertendu, a été opéré pour glaucome a l'œil gauche; il n’y a pas de sucre dans les urines. Je procède à une première séance de radiothérapie le 18 mai : ampoule nue à 25 centimètres et mobilisable, dose 2 4 H.; cette dos est complétée le 20 mai pour obtenir un maximum de ð H. À partir de cette date jusqu’à fin juin, je soumets le patient aux courants de haute fréquence dans le grand solénoïde, pour com- battre l'hypertension, et une nouvelle dose de 5 H. est donnée en deux séance accouplées, les 27 et 29 juin. Au commencement d'août, le malade va mieux, mais n’est pas guéri. De crainte de provoquer de la radiodermite, j'emploie alors les doses fraction- nées: 1 + H. environ tous les quatre à cinq Jours pendant un mois; le 3 septembre, le prurit est des plus modéré et tend à disparaitre : la guérison est obtenue complète le 5 octobre. Il se produit en janvier une menace de récidive dont viennent aisément à bout trois nouvelles irradiations. Depuis lors, je n'ai plus eu à intervenir.

de Cas. - - Ed. de R..., 62 ans, rentier à Liége, a essayé en vain toutes espèces de traitements pour se débarrasser d’un prurit intense qui le tiraille presque sans rémission depuis deux ans. C’est aussi un homme fortement musclé, au visage apoplec- tique, gros mangeur, buvant sec et ne dédaignant pas... la noce. Il vient me consulter le 4 août 1909 et me déclare qu’il entend bien ne rien changer à son genre de vie, qu’il se soumettra à tout traitement qui ne comportera pas l'abstention de mets fai-

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sandés, indigestes et de boissons alcoolisées. Je trouve du sucre dans les urines (2 grammes environ par litre), et une hyper- tension très notable. Le dos, Les cuisses et les surfaces de flexion des membres supérieurs portent de très nombreuses papules de prurigo et d’innombrables lésions de grattage. Le malade est soumis au préalable, quinze jours durant, à la d’arsonvalisation en cage, qui amène une diminution sérieuse de la pression arté- rielle, puis, le 22 avril, je procède à une irradiation de tous les téguments entrepris, en suivant les règles de ma technique habituelle en pareils cas. Jusqu'au 15 septembre, il ne se pro- duit aucune espèce d'amélioration ; sans me décourager, je con- tinue à appliquer les rayons X à doses fractionnées, et le 1% octobre, mon client me déclare que brusquement les déman- geaisons ont disparu. Le traitement est suspendu depuis lors, et, malgré une existence des plus déréglées, le malade n'est plus du tout incommodé par son prurit. Localement les téguments n’ont plus cet aspect strié, ridé, quadrillé, sont plus roses et plus souples et ne portent plus ou presque plus de lésions de grattage.

VI. PRURIGO DES BOURSES.

J’ai rencontré souvent cette affection, et je puis dire que, si je l’ai vue de rares fois décelant un diabète latent ou un mal de Bright ignoré, dans l'immense majorité des cas elle attei- gnait des nerveux, des agités, des surmenés, des névroses. Elle coexiste d’ailleurs fréquemment avec le prurit anal, et plusieurs des malades dont j'ai écrit la relation sous cette dernière rubrique, présentaient en méme temps du prurigo des bourses : aussi ne m’attarderai-je point à refaire ici l’histoire de ces patients; mais je veux insister encore sur l’indéniable efficacité des rayons de Röntgen dans ces eas pourtant si décou- rageants pour le malade et aussi pour le praticien désarmé. On peut dire que la radiothérapie constitue une méthode quasi spécifique de traitement de ce symptôme, et que les résultats en sont pour ainsi dire mathématiques; il n’y a qu’un facteur qui varie: c’est la durée et le nombre des irradiations, mais,

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je le répète, la guérison est la règle. On m'’objectera avec apparence de raison d’ailleurs que cette efficacité est un corollaire de cet axiome que j’ai énoncé au début, à savoir que le prurigo des bourses est une signature de la névrose, que dès lors tout traitement nécessitant une mise en scène de nature à frapper l’imagination de gens hypersuggestionnables, à men- talité hystéroïde ou même hystérique, doit infailliblement avoir de nombreuses chances de succès. Eh bien, il n’en est rien, et, prévoyant cette objection, je l’ai rencontrée par avance et réduite à néant en me livrant à quelques expériences que mes lecteurs me pardonneront de relater avec quelques détails.

1* Cas. Le malade Barthélemy J..., 22 ans, camionneur, est atteint d’un prurit féroce siégeant à la face périnéale des bourses depuis plusieurs mois. Il n’est nullement alcoolique, tout exceptionnel que cela paraisse dans son métier, mais c’est un névrosé de la plus belle eau, si j’ose ainsi dire. Désireux de voir la part à faire à la suggestion dans le traitement radio- thérapique, je dispose mes appareils comme pour une irradia- tion habituelle, je reviendrai plus loin sur la technique, mais je ne lance pas de courant dans mon tube; pour simuler le bruit du moteur, je mets en mouvement un manche vibrateur que ne peut apercevoir le patient, et qui marche ainsi tout le temps de la prétendue rüntgénisation. En réalité donc, J... n’a pas reçu le moindre rayon X. Dix jours après, le 8 décem- bre 1908, il me revient enchanté : les nuits se passent pour ainsi dire tout à fait calmes, et les démangeaisons ont com- plètement disparu pendant la journée.

Je ne suis nullement surpris, car je m'attendais à cet effet immédiat à toute évidence à la suggestion, mais, pensais-Je, attendons la suite.

Je pratique impertubablement une nouvelle séance « blan- che », et je renvoie mon client au 17 décembre, non sans l’avoir encore prévenu de l’issue inéluctablement heureuse de sa cure. Ce jour-là, mon gaillard m’aborde la mine déconfite, et me déclare qu’il faut en rabattre sur l’excellence des « rayons dix», comme il s’obstinait à traduire l’X dans l’expression rayons À.

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Sur les neuf nuits, il en a eu quatre détestables, et il lui est arrivé d’être obligé de se gratter même pendant la journée. J’ai toutes les peines de lui persuader qu’il doit continuer quand même la radiothérapie, et c’est avec un enthousiasme très relatif qu’il consent à prendre place sur ma chaise d’opération : cette fois, je lance le courant dans l’ampoule et je donne 3 H. envi- ron. Quatre autres séances de 3 H. chacune ont lieu respective- ment les 24 décembre, 3, 13 et 21 janvier 1909, et J... a été débarrassé radicalement de son infirmité, comme j’ai pu m’en convaincre par moi-même six mois plus tard encore. Or je ferai remarquer que, loin de me venir en aide en quoi que ce soit, la suggestion m’a ici véritablement desservi, puisque l’intéressé n’avait plus confiance dans ie remède, lorsqu'il a été appliqué réellement pour la première fois.

Cas. Gaëtan D..., 40 ans, rentier, souffre depuis la mort de sa femme, dont il est inconsolable, de troubles nerveux variés : insomnies rebelles, avec prurit scrotal et quelquefois anal, hallucinations visuelles, irritabilité excessive, bourdon- nements d’oreille, crises de migraine ophtalmique, ete. L’exa- men somatique ne révèle aucune lésion, aucun signe d'affection cérébrale ou médullaire au début; les symptômes, purement subjectifs donc, ont débuté vers la mi-août 1908 et existent en conséquence depuis trois mois nous sommes au 17 décembre. Du 19 au 29 novembre, je pratique cinq séances d’effluvation de haute fréquence, mais en maintenant l’aigrette à trop longue distance des téguments pour qu’elle puisse agir efficacement (1), car je désirais en contrôler uniquement l'effet suggestif. Or rien n’est plus à même de frapper l’imagination du patient que ce mode de traitement, surtout —- comme cela a été le cas si l’on a soin de faire l’obscurité complète dans la salle d'opération : alors le résonateur, les chaînes conductrices de

(1) En général les applications de haute fréquence et particulièrement des effluves longs et prolongés, donnent de bons résultats dans les cas de prurits sine materia ; mais la radiothérapie est incontestablement moins infidèle et plus rapide.

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l'excitateur, l’excitateur lui-même s’illuminent, s’entourant d’aigrettes violettes du plus joli effet. Ces luminosités, qui se déplacent à chaque mouvement de l’opérateur, jointes au rou- lement sourd du moteur à jet de mercure et à la pétarade de l’éclateur, impressionnent vivement le sujet, l’angoissent même et le prédisposent admirablement à recevoir les suggestions du praticien. Mon malade ne fit point exception à la règle et se déclara guéri à ce moment (fin décembre). Je le laissai partir non sans lui avoir fait promettre de revenir à la première reprise du mal. La récidive se produisit, comme je m’y atten- dais, dès le mois de février, mais, pour je ne sais quels motifs, Gaëtan D... ne se représenta à ma consultation que le 11 mars 1909 : à ce moment, les démangeaisons nocturnes étaient de- venues intolérables : la face périnéale des bourses, le raphé, la ‘région interfessière présentaient de nombreuses lésions de grat- tage, et un placard gris, pigmenté, lichénoïde, s’étalait sur une large partie du scrotum. Dix séances de radiothérapie furent nécessaires : elles eurent lieu à raison d’une par semaine, du 11 mars au 19 mai. La guérison s'est maintenue intégrale, parfaite, depuis cette époque (plus de six mois).

Un mot, à présent, sur la technique : je couche mon malade sur une chaise d'opération rembourrée, le dossier, mobilisable, faisant avec le plan horizontal du meuble un angle obtus de 145° environ; les jambes sont un peu écartées, mais les genoux non relevés, pour permettre le maniement du localisateur; dans cette position demi-couchée, je redresse les bourses sur le pénis, qui vient ainsi s'appliquer sur le bas-ventre, et je les fais main- tenir en place par le malade lui-même, de manière à « étaler » largement la face périnéale du scrotum; je n’ai plus alors qu’à approcher le localisateur, muni au préalable d’un cylindre de diamètre approprié, lequel arrive en contact avec la surface à traiter; la hauteur du cylindre est calculée de telle sorte que l’anticathode siège à 15 centimètres des téguments.. J'emploie invariablement des rayons mous (3 à 4 au radiochromomètre). Quantité: 3 H., que j'obtiens avec mon instrumentation en huit à onze minutes. Séances tous les huit jours.

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Au début, je recourais volontiers à la position genu-pectorale, qui découvre mieux la rainure interfessière et l’insertion pos- térieure du scrotum; mais, outre que cette-pose est plus fatiganie et mal commode pour le patient, elle a l’inconvénient beaucoup plus sérieux encore de ne pas présenter de surface « étalée » des téguments, ni de résistance au cylindre localisateur.

Je ne veux pas terminer ce chapitre sans répondre aux timo- rés OU aux non-initiés qui s’épouvantent de me voir projeter sur cette région délicate des radiations nocives pour les glandes génitales. Tout d’abord des travaux récents ont prouvé tout ce qu'avait d’exagéré la prétendue action stérilisante des rayons de Röntgen; ensuite, avec une méthode qui n'utilise que des rayons mous et qui place l’anticathode à une courte distance de la peau (15-18 centimètres), il y a peu de chances que cette dernière soit « traversée » et que beaucoup de radiations arri- vent jusqu'aux testicules. Enfin le peu de durée des expositions et leur éloignement dans le temps constituent une autre garantie d’innocuité nullement à dédaigner. Par deux fois, au surplus, j'ai pu examiner microscopiquement le liquide spermatique d'individus soumis à une rôntgénisation prolongée du scrotum : dans aucun des deux cas, je ne constatai d’c&zoospermie. Je serais tenté, en terminant mon argumentation, d’invoquer le fait que la femme d’un de mes opérés a mis au monde un gros garçon, un an environ après le traitement de son mari, mais je sais que des esprits chagrins n’y verraient aucune preuve con- vaincante, rigoureusement scientifique, et je ne cite le fait que « pour mémoire », à titre de pure curiosité!

VII. Mycosis FONGOÏDE.

Les premiers travaux sur la radiothérapie de cette affection datent de 1902 : ils émanent de Norman Walker, de Henry A.-G. Brooke et de Scholtz, qui en détermina la technique. L’année suivante, Marsh, Hyde, Jamieson et Albert-E. Carrier publièrent à leur tour des cas de mycosis objectivement guéris

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par les rayons X; puis vinrent les relations de Brocq et Bissérié, de Riehl, de Morelle, de Markley, de Leredde, ete. Mon dis- tingué confrère Dubois-Havenith, professeur agrégé à l’ Uni- versité de Bruxelles, a, lui-même, présenté à la Société médico- chirurgicale du Brabant, une femme chez laquelle il obtint la guérison d’un vaste mycosis fongoïde par ce procédé. Plus récemment encore, Bineau (1) enregistra une nouvelle victoire de la rôüntgenthérapie dans ce domaine. Ma contribution à l'étude de cette affection sera malheureusement des plus modeste, car Je n’eus l’occasion de traiter qu’un seul cas, en 1904; mon instrumentation était, à cette époque, insuffisante : je ne possédais ni localisateur ni appareils de mesures, et, n'ayant pas encore à ce moment connaissance des travaux de Scholtz, je procédai un peu au hasard, et, cela se conçoit, avec une prudence que J'oserais qualifier d’exagérée.

Le sujet était une femme de 50 ans, dont les antécédents n’avaient rien de spécial. Elle vint me consulter en septem- bre 1904, sur la recommandation d’un de mes confrères de la banlieue industrielle. La maladie avait débuté, quatres ans auparavant, par une plaque de couleur rouge brun située à la face antérieure de la cuisse gauche, très prurigineuse et ne for- mant à cette époque aucun relief; à la suite du grattage inces- sant, la rougeur apparut, et après elle l’infiltration. Petit à petit, et en dépit de tous les topiques, de nouvelles poussées se firent sur la cuisse gauche, puis sur la cuisse droite et sur le dos, poussées toujours précédées et accompagnées d’un prurit intense; dans la suite, la poitrine, les membres supérieurs, voire même le visage s’entreprirent à leur tour, l’érythème devint excessif et l’infiltration, énorme. Au moment je La vois pour la pre- mière fois, le 7 septembre 1904, on constate, sur toute l’étendue des téguments, de larges placards circinés, très infiltrés, for- mant une saillie uniforme de 2 millimètres environ et d’une coloration rouge brunâtre. La surface est suintante et doulou-

(1) BINEAU. Mycosis fongoïde traité par la radiothérapie, in Gaz. méd. de Nantes, 20 août 1908..

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reuse à la pression. L’examen histologique n’a pu être pratiqué par suite du refus formel de la patiente de se laisser enlever la moindre parcelle de tégument.

Je pratiquai, le 9 septembre, une première irradiation sur la cuisse gauche, que je fis suivre de sept autres au même endroit, dans l’espace de deux semaines; mon tube se trouvait certaine- ment à 30 à 40 centimètres de la surface tégumentaire, et, pour autant que je m’en souvienne, la durée de l’insolation n’excédait pas cinq minutes; dans ces conditions, il me paraît avoir donné une moyenne d’un H. par séance. Au bout de ce temps, J'eus la satisfaction de constater que la région traitée avait complètement cessé d’être prurigineuse, mais ne s'était guère modifiée objectivement. D'autre part, aucun accident ne s'était produit. Encouragé par ces résultats, j'entrepris dans les mêmes conditions le traitement de la cuisse droite et du dos, puis celui des deux membres supérieurs : le résultat fut aussi favorable. Entretemps l’infiltration diminuait dans de notables proportions, la rougeur disparaissait et la desquamation s’affir- mait sur tous les points irradiés. Vers la mi-novembre, ma malade était quasi guérie, et, chose curieuse, le visage que, malgré tout, je n’avais pas osé entreprendre, guérissait spon- tanément en l’absence de toute intervention. Je ne revis qu’une seule fois le sujet, en mars 1905 : à ce moment, aucun des éléments n’avait récidivé. Dans la suite, je n’eus plus de nou- velles de ma malade, qui avait quitté le pays.

CONCLUSIONS

Dans toutes les dermatoses prurigineuses, il faut songer à une intervention éventuelle par les rayons X. En présence d’un eczéma, d’un psoriasis, d’un prurigo de Hébra, voire d’un lichen, il faudra évidemment, et dans la plupart des cas, com- mencer par un traitement par les topiques usuels, et cela surtout en égard au caractère dispendieux de la rüntgenthérapie; mais

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dans les cas rebelles de ces dermatoses, il ne faudra pas hésiter à avoir recours à ce mode de traitement dont les ressources sont infinies et encore ignorées en partie. Par contre, le mycosis fongoïde doit être traité d’emblée par ce puissant agent thé- rapeutique, de même qu’on gagnera un temps précieux en envisageant le prurigo des bourses, le prurigo sénile, le prurit anal et beaucoup de cas de lichens, comme justiciables AVANT TOUT d’une intervention radiothérapique.

J'estime que l’irradiation rôntgénienne constitue le traite- ment spécifique du prurit (que celui-ci soit ou non accompagné de lésions plus ou moins graves des téguments), au même titre que le mercure est invariablement administré pour combattre les diverses manifestations de la syphilis.

Je continue, du reste, inlassablement mes recherches comme J'aspire à multiplier mes expériences dans cet ordre d’idées, et je ne désespère pas d’arriver, dans un avenir prochain, avec un contingent beaucoup plus imposant de faits de nature à étayer ma thèse. Pour l’instant, mon ambition se borne à appor- ter une modeste contribution à l’étude si attachante, et pourtant si digne d’encouragements, de l’intervention radiothérapique en dermatologie.

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CONSIDÉRATIONS

SUR LE

TRAITEMENT DU GOITRE EXOPHTALMIQUE

par le D" J. CONRAD

Chirurgien en chef des Hôpitaux civils d'Anvers Chef du laboratoire de Radiologie de l'Hôpital Sainte Elisabeth

Sans essayer d'approfondir cette question encore si obscure de la pathogénie du goitre exophtalmique, on peut cependant admettre que le syndrome basedowien est la résultante d’une modification soit qualitative, soit quantitative de la sécrétion thyroïdienne.

Cette proposition, généralement acceptée, a donné au traite- ment chirurgical toute sa valeur, et, chose intéressante à con- stater, les heureux effets de la thyroïdectomie partielle et le myxœdème opératoire, suite naturelle de l’ablation totale de la glande, sont venus en retour confirmer d’une façon éclatante cette notion étiologique.

Malheureusement nous ne faisons ainsi que reculer les don- nées du problème et, il faut bien se l’avouer, nous ignorons encore le primum movens de ces modifications de la sécrétion thyroïdienne.

Je ne tenterai pas de résoudre cette question. Il est fort probable que sous le nom de maladie de Graves, se trouvent groupées toute une série d’affections présentant toutes le syn- drome basedowien; par le fait, le traitement chirurgical, tout bien assis qu’il puisse être, au même titre d’ailleurs que toutes

les autres formes de traitement, reste un traitement empirique.

520

Nombreux sont les chirurgiens qui se sont attaqués au goitre exophtalmique, et leurs statistiques prouvent que la guérison est la conséquence ordinaire de leur intervention. Ces statis- tiques ont été publiées; je n’insisterai donc pas.

Je suis intervenu moi-même dans treize cas de goitre exoph- talmique; j'ai toujours pratiqué la thyroïdectomie partielle, enlevant le plus gros lobe latéral et le lobe médian. Douze de mes opérés sont guéris, les uns depuis quatre et cinq ans, et après ce long laps de temps, j'ai pu constater la disparition com- plète de la tachycardie et des troubles nerveux, une diminution peu accentuée de l’exophtalmie et la diminution du volume du lobe demeuré en place. Pas de symptômes de myxædème; la partie du corps thyroïde respectée, bien que s’atrophiant pro- gressivement après l’opération, suffit à elle seule à assurer le rôle que le corps thyroïde est appelé à jouer dans l’économie. Ces résultats sont semblables à ceux obtenus dans toutes les cliniques chirurgicales.

J’ai eu un décès post-opératoire. Et ici il convient de parler de la gravité de l’intervention, parce que les temporisateurs et les non-interventionnistes s’en font un argument contre la thyroïdectomie.

Kocher, dans son discours d’ouverture du premier Congrès de la Société internationale de chirurgie, nous dit ceci :

«Je viens d'accomplir le troisième mille d’opérations de goitre le mois passé, et parmi les 500 derniers opérés de cette troisième série de 1,000 cas, y inclus les tumeurs malignes, Îles cas d’inflammation chronique, les cas de Basedow et tous les cas compliqués d'affections des poumons et du cœur, nous ne comprenons que 2 cas de mort, soit 99,6 % de guérisons.

» Et encore ce n’était pas une complication opératoire qui a emporté ces deux malades, mais les conséquences fatales d'affections concomitantes. Dans les 2 cas, la plaie allait bien, dans un cas elle était tout à fait guérie, quand la mort est arrivée par broncho-pneumonie, suite de bronchite chronique avec dilatation du cœur et atrophie des deux reins.

L'autre cas avait souffert dès son enfance de paralysie des

521

deux nerfs récurrents avec dyspnée prononcée depuis des années et était affecté de myocardite grave (1). »

Et l’on peut affirmer que, grâce à sa technique si bien réglée, la thyroïdectomie partielle ou totale peut se faire en peu de temps, sans perte de sang, sans danger.

Les statistiques des interventions pratiquées sur le corps thy- roide uniquement pour goitre exophtalmique sont moins bril- lantes, mais ce que je viens de dire démontre d’une façon évidente que les déchets ne sont pas dus à l’opération elle-même, mais bien à l’état du malade soumis à cette intervention.

La maladie de Basedow est une affection grave, et dans bien des cas cette gravité s’accentue encore avec le temps. En par- courant les auteurs classiques, je n’ai guère trouvé signalée la mort subite dans le goitre exophtalmique. Je n’ai pu relever que deux cas de mort subite au cours de la maladie de Basedow relatés par le docteur Besançon dans le Journal de médecine interne (2). Peut-être, en cherchant bien, trouverait-on d’autres faits analogues.

J’ai observé moi-même un cas de mort subite, et les circon- stances qui l’ont entouré sont si intéressantes et si utiles au point de vue qui nous occupe, que je ne puis résister à la ten- tation d’en écrire la très brève histoire :

Trois sœurs étaient atteintes de goitre exophtalmique. J’en ai opéré deux depuis. La plus jeune se trouvait à l’hôpital Sainte-Elisabeth, d'Anvers, dans un service de médecine : 15 ans; triade basedowienne nette: état général excellent. Elle devait être transférée dans mon service pour y subir la thy- roïdectomie partielle. La veille du jour fixé pour l'opération, elle tombe morte, en plein Jeu.

I} est certain que si cette mort était survenue au cours ou

après l'intervention chirurgicale, j'aurais été le premier à in-

(1) Procès-verbaux, rapports et discussions du 1" Congrès de la Société inter-

nationale de chirurgie, septembre 145, p. 51. (2) D% BEsaxcox. Deux cas de mort subite au cours de la maladie de Base-

dow, Journal de médecine interne, 15 novembre 1897.

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criminer celle-ci. Or le seul décès qui soit venu assombrir ma série de thyroïdectomies s’est produit dans des conditions très analogues. L’opération avait été menée très rapidement; vingt minutes de chloroforme; pas de perte de sang appréciable. La malade quitte la salle d’opération dans un état excellent, déjà réveillée, et dix minutes après, pendant que je pratiquais une autre intervention, on vient me dire que la thyroïdectomisée était morte subitement.

De cet ensemble de faits, je tire les enseignements suivants :

Les succès constants de l’intervention chirurgicale imposent ce mode de traitement, et le danger de cette intervention, uniquement à la gravité de la maladie elle-même, n’est pas une contre-indication.

Le médecin traitant peut essayer le traitement médical avant toute opération; il ne doit cependant pas attendre pour envoyer son malade au chirurgien que le cas soit devenu inopérable.

Enfin, et ceci est très utile pour nous, radiographes, jamais on ne peut pratiquer la thyroïdectomie totale dans une maladie de Basedow; il faut enlever le plus possible, tout en laissant un morceau de glande suffisant, pour empêcher le myxædème opératoire.

Ces prémisses posées, jen arrive au sujet qui nous intéresse plus spécialement, la radiothérapie du goitre exophtalmique.

Je suis en général peu enthousiaste de la radiothérapie; je ne nie pas ses résultats; mais je me défie beaucoup des dires des radiothérapeutes trop auto-suggestionnés. De plus, en chi- rurgie, aussi bien qu’en toute autre modalité de la thérapeu- tique, je suis conservateur résolu, et le primum non nocere à pour moi une importance capitale. J'écris cet article pour faire partager aux radiothérapeutes cette façon de voir et pour leur _ démontrer que l’on ne peut pas pousser trop loin les essais de l’action des rayons X sur le goitre exophtalmique. Au moins s’ils ne veulent pas se limiter, pourrais-je alors les engager à assumer toute la responsabilité du traitement et à continuer celui-ci jusqu’à ce que guérison ou mort s’en suive.

Il est incontestable que les rayons X ont une action puissante sur les tissus. Quelle est-elle? Nous ne le savons pas.

523

Lorsque nous utilisons cette action, pouvons-nous la doser? Oui, un peu, mais d’une façon très empirique.

Pouvons-nous la diriger sur tel organe, sur tel tissu, à l’ex- clusion de tout autre? Non.

Savons-nous ce qu’elle touche, ce qu’elle modifie, ce qu’elle tue? Non.

Enfin pouvons-nous nous rendre compte comment elle agit dans le goitre exophtalmique?

Les rayons X ont-ils une action chimique modifiant au mieux du malade la composition de la sécrétion thyroïdienne?

Je le sais, nous sommes perdus ici en plein champ des hypo- thèses. Je pense cependant qu’il sera bien difficile de soutenir celle-là. L’opinion la plus raisonnable qui ait été émise est celle- ci : les rayons X ont une action nocive sur les éléments nobles de la glande (y compris le système vasculaire) et modifient ainsi indirectement le suc ihyroïdien. Et tout compte fait, puisqu’on s'attaque au tissu du corps thyroïde malade, tout se résume à ceci : l’emploi d’un caustique très énergique, d’une nature inconnue, appliqué à l’avengle, en pleine glande, sans qu’on puisse même soupçonner les modifications heureuses ou néfastes produites sur l’organe par cette application. Je puis admettre une telle médication sur un organisme parasite et méchant, telle la tumeur cancéreuse, mais non sur le corps thyroïde, si nécessaire à la vie, et cela, ainsi qu’on l’a préconisé après la thyroïdectomie partielle sur le lobe laissé consciencieusement en place par le chirurgien désireux d’éviter le myxœdème opé- ratoire! L'expérience nous dit de conserver une partie du corps thyroïde: nous pourrions tout enlever; l’opération en devient presque plus aisée; nous limitons de propos délibéré notre action et nous irions, la plaie refermée, appliquer un moyen tout aussi brutal que le bistouri, mais bien plus aveugle, pour risquer de détruire ce que nous avons si sagement respecté!

Je wai jamais pratiqué la radiothérapie après la thyroïdec- tomie partielle; mes malades sont guéris et demeurent guéris depuis cinq ans, et le lobe, qui est resté, s’est atrophié, tout en continuant à bien fonctionner. Que peut-on exiger de plus?

5243—

La radiothérapie est au moins inutile dans ces conditions, et J ajouterai, en me souvenant des considérations qui précèdent, qu’elle peut être nuisible. |

Il faut donc la proscrire après la thyroïdectomie partielle.

Je risquerais fort d’être accusé de partialité si je me montrais adversaire résolu de toute radiothérapie dans tous les cas, et l’on m’opposerait immédiatement les résultats obtenus.

Je pourrais répondre que tous les traitements ont donné quel- ques résultats, que la délivrance de femmes enceintes affligées d’un goitre exophtalmique, que l’hystérectomie pour fibrome ont amené la guérison de la maladie de Basedow.

Que d’un autre côté les radiothérapeutes eux-mêmes ne sont pas d'accord sur l'efficacité de cette thérapeutique. Je préfère rappeler que le traitement chirurgical seul a donné des résultats certains et nombreux; que si le traitement médical ou par les rayons X est d’abord essayé, le médecin traitant devra toujours sauvegarder l’avenir et ne pas attendre que le malade soit inopérable ou ne pas employer un moyen thérapeutique, qui, s'il échoue, laisse après lui des lésions rendant l’opération plus difficile. Or si je m’en rapporte à une discussion soulevée par Holzknecht à la Société des médecins de Vienne, je trouve ceci dans le compte rendu de cette séance (1) : je cite textuelle- ment :

M. von Eiselsberg a déclaré que dans trois cas de goitre ıl existait des adhérences intimes entre le goitre et la couche musculaire sus-jacente, comme on en trouve dans le goitre malin, adhérences qui ont rendu l'opération plus difficile; en outre l’hémorragie a été plus forte que d'habitude. Or ces trois mulades, dont un basedowien, avaient été soumis antérieure- ment à la radiothérapie, de telle sorte qu’on ne peut s'empêcher de penser ici à un rapport de cause à effet, et cela d'autant plus que l'orateur n’a observé de semblables altérations anatomiques

que dans les cas de goitre malin; il faut tenir compte aussi que

(1) D’ ScaxinEr. Quelle valeur faut-il attribuer à la radiothérapie de la maladie de Basedow. (In Semaine médicale, 48, 1” octobre 1909, p. 575.)

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ces adhérences n’existaient pas dans la profondeur et se trou- vaient limitées à la partie supérieure du goitre.

Frappé par ces faits, M. von Eiselsberg a passé en revue les 795 opérations de goitre pratiquées dans son service depuis huit ans et demi, et 1l n’a trouvé de telles adhérences que dans 2 cas. Eh bien, dans ces deux cas, on avait encore eu recours à la radiothérapie.

D'ailleurs des adhérences analogues ont été signalées pour la prostate hypertrophiée traitée par les rayons de Rüntgen.

M. Hochenegg signale que, de son côté, il a noté, lors de l’opé- ration, l’existence d’adhérences très intimes entre les différentes couches, dans trois cas qui avaient été soumis antérieurement à la radiothérapie; mais ce ne furent pas seulement ces adhérences qui compliquèrent l'opération : comme M. von Eiselsberg, il a vu que la perte de sang était plus forte que d'habitude. C'est pourquoi il ne voudrait pas qu’on traitât systématiquement tous les goitres par les rayons X, parce que les conditions d’une opération ultérieure s’en trouveraient aggravées.

Je conclus :

a) Je suis partisan de l’opération précoce. J'ai fait entrevoir quelques-unes des raisons qui ont emporté ma conviction. Ce sujet demanderait à être développé surtout dans un milieu chi- rurgical.

b) La radiothérapie, inutile apres une thyroïdectomie par- tielle, peut devenir dangereuse et cette pratique doit être aban- donnée.

c) Appliquée avant toute intervention, la radiothérapie rend cette opération plus difficile. Elle sera surtout nuisible si, en temporisant, le radiothérapeute empêche le malade de bénéfi- cier des effets heureux, presque certains de la thyroïdectomie partielle.

Pour ma part, je continue à donner mes préférences au bis- touri sans aucun adjuvant, pas même les rayons X, jusqu’au jour l’écheveau si enchevêtré de la pathogénie du syndrome basedowien aura été débrouillé, et une thérapeutique ration-

026

nelle pourra être substituée à la thérapeutique empirique seule encore utilisée à l’heure actuelle. |

Je ne parle évidemment pas du goitre simple; les principales indications opératoires sont les raisons d’ordre esthétique ou les phénomènes de compression. J’ai toujours pratiqué l’énucléa- tion. Dans les cas de tumeurs malignes, je suis bien forcé d’ad- mettre l’ablation totale avec ses conséquences graves, et dans les cas de cancers inopérables, on peut avoir recours à la radio- thérapie, si l’on veut.

Décembre 1909.

RADIOGRAPHIES

DE

CALCULS RÉNAUX ET VÉSICAUX

PAR LE DocTEUR N. MOELLER

PLANCHE VIII

Il m’a été donné de faire, au point de vue des calculs, 10 exa- mens radiographiques des reins et 2 examens de la vessie, pour le docteur Morelle. Des dix radiographies rénales, deux furent positives. Des huit autres, le diagnostic négatif ne fut pas infirmé dans la suite et la calculose était d’ailleurs peu probable. Pour un cas, le malade mourut quelques mois plus tard de sarcome du rein, pour un autre, il y avait tuberculose prouvée par l’opération.

Voici ma manière de procéder : la personne doit avoir purgé, et l’examen se fait de préférence à jeun. Un tube compresseur de 16 centimètres de haut sur 11 de diamètre est enfoncé obli- quement le plus haut possible sous le rebord costal antérieur; le nombril se trouve au bord médian du tube.

Dans les cas difficiles, je renforce la compression par deux couches de luffa enfoncées sous le tube. Le malade tient les jambes fléchies; chez les individus très gros, à ventre tendu .ne se laissant guère comprimer, pour pouvoir rapprocher l'am- poule et raccourcir ainsi la pose, je me contente d’isoler la région par un diaphragme iris et de comprimer avec du luffa.

On sait que pour pouvoir tirer des conclusions d’une radio- graphie rénale, elle doit déceler le psoas, le carré lombaire,

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les apophyses transverses et les deux dernières côtes. Ces con- ditions indispensables pour appuyer un diagnostic négatif, ne le sont pas en cas de résultat positif : dans un cas, certains de ces détails manquaient, et le calcul était néanmoins visible.

Les calculs se trouvent souvent à hauteur de la deuxième ou de la troisème vertèbre lombaire sous la douxième côte. Sur les belles épreuves du confrère Klynens, il en est ainsi : les schémas du « Leitfaden des Rüntgenverfahren » de Dessauer et Wiesner donnent ce point comme localisation habituelle. Une radiographie de calcul dans le « Lehrbuch der Chirurgie », de Wulstein donne la même localisation.

Mais ils peuvent également se trouver plus haut (voir fig. 1).

Pour admettre un résultat positif, il faut radiographier aussi le côté sain et une seconde fois le côté atteint.

l” Cas. Calculs du rein droit (fig. 1). On observe un calcul sous la douzième côte et deux plus petits entre la onziènre et la douzième.

Le malade présentait tous les signes cliniques de calcul. La radiographie de l’autre rein fut négative.

Le patient refusa l’opération. Ici le diagnostic est évident.

Cas. Celui-ci est intéressant par son histoire. C’était un adulte au ventre excessivement développé et peu compressible. Il présentait les symptômes cliniques de calculose.

Avant moi, on avait déjà radiographié le rein sans rien obtenir sur le cliché. Il est vrai que, d’après les dires du malade, le radiographe n’avait guère exercé de compression.

Je fis une première épreuve qui décela un calcul à hauteur de la troisième vertèbre lombaire. Malgré la difficulté du cas, on distingue le muscle psoas; la radiographie de l’autre rein ne donna rien, comme on le prévoyait; quelques jours après, une radiographie du rein atteint décela le calcul exactement au même endroit. Le calcul était visible, bien que le cliché fut médiocre (j avais essayé une marque de plaque que l’on m'avait donnée erronément comme plus rapide que l’autre).

Le malade refusa l’opération proposée par le docteur Morelle. Quelque temps après, il se rendit chez un autre chirurgien avec mes radiographies. Ce chirurgien fit faire une radiographie

529

par le directeur de son hôpital (!); ce dernier ne trouva rien. Malgré ce résultat, il opéra et trouva le calcul.

J’ai radiographié deux vessies. Le tube compresseur ou dia- phragme iris est centré sur le pubis et le bas ventre.

On conseille d’insuffler de l’air dans la vessie.

Dans le premier cas, le résultat fut négatif : il s'agissait d’un enfant; l'examen clinique du docteur Morelle confirma la chose.

Dans le second cas, un adulte, la radiographie montra un calcul énorme (fig. 2), que le docteur Morelle avait d’ailleurs constaté cliniquement. Il fit une insufflation d’air dans la vessie, mais le patient ne le supporta pas, et tout l’air était rejeté quand je pris la radiographie.

D’après Wiesner, cette insufflation est inutile et non sans danger.

Le calcul extrait par le docteur Morelle avait les dimensions suivantes : ovale, de 6,5 centimètres sur 4,5. Sur la radiogra- phie, il mesurait 7,5 centimètres sur 6.

INSTRUMENTS NOUVEAUX

La nouvelle machine Idéale pour actionner les tubes de Röntgen

par l'Ingénieur BREINING (Bruxelles)

La désignation des électrodes d’un tube de Röntgen, en anode et cathode, indique clairement que le courant qui le traverse doit toujours être dans le même sens. S’il en est autrement, l’effet utile est perdu, la durée du tube est moindre, et les résultats qu’il donne sont médiocres et inconstants.

Lorsque, par suite d’un courant inverse, l’anticathode devient cathode, l’armature en platine se pulvérise finement; ce pla- tine, à l’état de division extrême, fixe une certaine quantité d’air, et le tube devient dur. Par un fonctionnement d’une certaine durée, le platine laisse dégager cet air d’une manière irrégulière, d’où une inconstance très grande dans le fonction- nement, qui fait rejeter le tube à bref délai.

Le courant inverse diminue de beaucoup la netteté de l’image, car il y a d’autres foyers d'émission des rayons de Röntgen.

Plus le tube est mou et plus grande est la charge, plus pré- judiciable est le courant inverse.

Aussi, 1l est évident que toutes les personnes s'occupant de radiographie tâchent d'éviter les inconvénients qui en résultent.

Les appareils employés ordinairement pour actionner les tubes de Röntgen à l’aide de bobines d’induction, donnent un genre de courant que l’on peut représenter comme dans la figure 1. C’est un courant alternatif asymétrique, et les appa- reils de Röntgen sont d'autant mieux construits que la ligne neutre est plus étendue dans le bas, c’est-à-dire plus l’im- pulsion de courant inverse est petite.

531

Impulsion potentielle serait plus correcte que impulsion de courant, car la tension est la cause, et le courant n’est que l'effet.

Les tubes de Röntgen figurent des résistances interrompues se comportant tout autrement que les résistances continues, par exemple, des fils métalliques. Pour ceux-ci, l'intensité est toujours fonction de la tension, que celle-ci soit faible ou élevée.

Ainsi, par exemple, pour une tension double, l’intensité du courant est doublée, suivant la loi de Ohm :

tension E

Intensité I = ——. résistance W

Courant d'ouverture

Courant de fermeture

Temps

Courbe du courant de l’ampoule lors du passage du courant de fermeture quand la marche a lieu par bobine.

FIGURE l

Les tubes de Röntgen, au contraire, ne laissent pas passer un courant de 10,000, 20,000 ou 30,000 volts. Si la tension augmente, la résistance, qui était d’abord infinie, cesse brus- quement (tension critique) et un courant s'établit, dont lin- tensité se règle d’après la hauteur du potentiel et la valeur de la résistance vaincue. Si la tension critique est, par exemple, de 60,000 volts et la résistance après la rupture de 12 mill. d'’Ohms environ, l'intensité du courant sera de 5 milliampères.

Les courbes de courant ne sont pas identiques aux courbes de tension.

Pour des interruptions lentes, c’est-à-dire lorsqu'il existe un

532

intervalle de temps suffisamment grand entre les impulsions potentielles et pas une trop forte tension des courants de sens inverse, les impulsions potentielles de ceux-ci restent absolu- ment sans effet, car le tube est devenu infiniment résistant aprés une impulsion suivant la bonne direction, et les petites tensions de fermeture ne parviennent pas à passer. Depuis quel- que temps, on fait usage uniquement d'appareils de Röntgen, avec soupape, nécessitant une grande énergie et à interruptions

très rapides, Il faut absolument employer un tube-soupape, vu

E El m pen f, pe 5 a)

Courbe de tension du courant alternatif ordinaire.

FIGURE 2

les fortes impulsions de fermeture que donne l'appareil le mieux construit. On sera forcément limité dans ce sens, car le tube- soupape ne sera plus suffisant si on augmente la charge.

On pourrait croire que tous les inconvénients disparaîtraient en employant le courant continu d’une machine à influence. Or celles-ci ne sont pas suffisantes pour obtenir des instantanés —— abstraction faite de machines à influence colossales et très coûteuses.

D’autres inconvénients surgissent d’ailleurs, car l’atmosphère

533

devient déjà conductrice pour des tensions de 2,000 volts en courant continu : d’où difficulté séricuse pour mettre en marche une installation un peu importante.

Depuis longtemps, on emploie, dans la pratique des mesures électriques, des appareils dirigeant les ondes positives et néga- tives successives d’un courant alternatif dans un même sens (fig. 2 et 3).

Pour la marche de ces appareils, on se sert de moteurs synchrones. Au moyen d’un contact spécial, l'onde négative,

————— 1

| —> Icmps Partie de la \ i courbe perdue par\ TOnde reportée sur le redressement \ J le côté positif | \ I \ / \ / \ / \ / \_4

Courbe de tension du courant redressé «pulsatoire».

FIGURE 3

au moment de son passage par zéro, est redressée et lancée dans la direction de l’onde positive. Koch fut le premier qui mit ce principe en application pour l’usage des tubes de Röntgen (Annalen der Physik, vol. 4, 1904). Reiniger, Gebbert et Schall G.-A. ont construit un appareil basé sur le même principe et donnant de bons résultats. Il consiste en un transformateur qui transforme le courant continu d’un réseau en courant alternatif, et d’un survolteur changeant ce courant alternatif de basse tension en courant alternatif de très haute tension. Celui-ci est redressé en courant continu ondulatoire.

ae

nette a nA E < an ar dea A AAA

534

Le schéma de la machine /déale est représenté dans la figure 4.

Les points marqués + et sont les prises de courant. Le transformateur porte d’un côté un collecteur recevant le cou- raut continu, et de l’autre côté, deux anneaux réunis à deux points diamétralement opposés de l’enroulement, et desquels on peut prendre du courant alternatif monophasé. Le méde- cin connaît ces appareils de construction plus restreinte, dé-

[ess |

FIGURE 4

nommés « transformateurs sinusoïdaux », qu'il utilise dans la faradisation sinusoïdale lors de l’emploi des bains à quatre cellules.

Des résistances appropriées permettent de porter graduelle- ment le transformateur à la vitesse de rotation voulue.

535

La tension et l’intensité du courant alternatif pris aux anneaux sont en relation avec le courant continu emprunté. Pour 110 volts au courant continu, la tension du courant alternatif est d'environ 75 volts : tension courant alternatif

2 n

2 x 0,707; donc avec 110 volts courant continu, il y a 77,8 volts

courant alternatif; pour 220 volts, environ 150 volts (155,6 V.).

=tension courant continu x

ou tension courant continu

L’intensité du courant alternatif est plus élevée que celle du courant continu; par exemple, 20 ampères courant continu cor- respondent à 28 ampères courant alternatif (ou plus exactement intensité courant alternatif = intensité courant continu x V2 ). On ne fient pas compte des pertes en donnant ces chiffres. Ces pertes doivent être empruntées au courant continu; donc on prendra une intensité un peu plus forte au courant continu et une tension un peu plus faible au courant alternatif, d’après le degré de charge.

Dans le schéma de la figure 4, le courant alternatif part des anneaux, traverse les résistances de réglagle et arrive, par un connecteur, au transformateur amplificateur. Le connecteur sert à intercaler ou à supprimer plus ou moins de spires du primaire. La possibilité de réglage est triple et est basée sur le principe connu de la self-induction dans les inducteurs. Elle convient pour les. tubes mous, les tubes de dureté moyenne et les tubes durs. Elle est tres suffisante pour la pratique courante, car la résistance de réglage même est très étendue. Le trans- formateur amplificateur se compose d’un cadre rectangulaire assemblé avec des tôles de fer isolées et de deux enroulements concentriques de fils. L’un de ces enroulements reçoit le cou- rant alternatif : c’est le primaire; il ne comporte que quelques tours de fils de cuivre assez fort. L’autre enroulement est le secondaire produisant le courant induit, et est composé d’un grand nombre de tours de fil de cuivre mince et bien isolé. La tension du primaire et du secondaire dépendant du nombre respectif d’enroulements de l’un et de l’autre, la tension du

536

secondaire sera d’autant plus élevée que le rapport du nombre d’enroulements du primaire et du secondaire sera grand : c’est le rapport de transformation.

En diminuant le nombre d'enroulements du primaire au moyen du dispositif mentionné plus haut, on change le rapport de transformation.

En utilisant le minimum d’enroulements au primaire, on obtient la plus haute tension au secondaire ‘et inversement. D'après la dureté des tubes, on placera donc l’appareil de réglage au minimum (tubes durs), au maximum (tubes mous), au point intermédiaire pour des tubes de dureté moyenne.

La tension la plus élevée du courant alternatif que le trans- formateur peut nous donner est de 170,000 volts, correspondant à une Jongueur d’étincelle de 25 à 30 centimètres, et suffisante pour actionner les tubes les plus durs.

Le courant alternatif à haute tension arrive maintenant au redresseur. Celui-ci se compose d’un axe en matière isolante traversé par quatre tiges dont les extrémités frôlent deux ran- gées de segments métalliques.

Les segments inférieurs sont connectés à l’enroulement de haute tension, de manière que les deux extérieurs et les deux intérieurs sont réunis chacun l’un en dessous de l’autre, à chaque extrémité de l’enroulement du transformateur. Les deux segments supérieurs de gauche sont réunis l’un en dessous de l’autre et vont au pôle+ du tube de Röntgen. Le troisième segment supérieur va au pôle du tube de Röntgen, et le courant traverse au préalable un milliampèremètre pour le con- trôle du courant actionnant le tube.

Le dernier segment est relié à un inverseur de manière que, selon la position du levier de celui-ci, le courant soit dirigé en entier au travers du tube ou en partie en dérivant une portion à travers une résistance de haute tension. Celle-ci sert de trop-plein et permet d’actionner le tube avec la moitié seulement des ondes, ce qui convient pour la thérapie et la fluoroscopie. Si l’inverseur n’est pas placé sur la résistance, comme il était supposé tantôt, il arrive qu’une onde traverse

537

alternativement le tube et la résistance. Celle-ci offre environ une résistance égale à un tube de Röntgen de dureté moyenne.

Le courant alternatif du transformateur étant directement sous la dépendance de la position de l’ancre par rapport aux

FIGURE 5

pôles de la machine, les tiges suivant forcément l'ancre : la direction uniforme du courant alternatif est une suite nécessaire et absolument garantie. Pour la même raison, il est impossible que le tube de Rüntgen bien intercalé reçoive un courant de direction contraire. Nous réalisons donc effectivement une ten- sion intermittente, sorte de pulsations, dont la courbe se rap- porte à la figure 3. La courbe de courant appartenant à cette tension est représentée dans la figure 5, d’après une photo- graphie directe prise au moyen de tube à incandescence. Entre deux pulsations, il y a donc un temps de pose pour le tube de Röntgen, absolument comme dans l’emploi de bobines d’in- duction. D’après la charge plus ou moins grande, on peut augmenter ou diminuer ces momen({s de repos. Ceux-ci ne peuvent pas être supprimés complètement, parce que l’inversion

538

dure un certain temps pendant lequel aucune tension n'existe aux bornes du tube.

Pour éviter les courts-circuits du transformateur, par suite de la non-concordance absolue du moment de l’inversion méca- nique avec le passage par zéro du courant alternatif, on a raccourci un peu les segments demi-circulaires théoriques. Ceci occasionne des pertes minimes de quelques parties de courbe, mais d’une tension peu élevée ne permettant pas la production d’étincelles au redresseur.

Le réglage de l’appareil est si simple que tout le monde est à même de l’exécuter immédiatement. On amorce la machine, ce qui demande trois à cinq secondes, on établit le rapport de transformation suivant la dureté du tube sur la tension minima, moyenne ou supérieure; on intercale ensuite le transformateur, et avec lui le courant du tube, au moyen du commutateur. La charge du tube est réglée ensuite au moyen de la manivelle du rhéostat de réglage. Il est donc possible de débuter par de très faibles charges avec lesquelles les tubes s’illuminent à peine, et d'élever graduellement l'intensité jusqu’à l’éclairement voulu du tube, grâce au dispositif de réglagle très sensible.

L'énergie maximum disponible étant énorme, elle suffit pleinement pour la prise d’instantanés. Les temps d’exposition sont très courts, quoiqu'il soit possible, en employant une énergie moindre, d'en augmenter la durée. La lumière du tube est comparable, comme fixité, à une lampe à incandescence; il en résulte que la fluoroscopie est plus facile et qu’il est possible de saisir les moindres détails. Il est également avantageux d’emplover la machine /déale en radiothérapie, car elle permet, par suite du réglage de précision, un dosage rigoureux des rayons émis.

Lors de l’emploi de bobines d’induction, les indications du milliampèremètre sont très sujettes à caution; avec la machine Idéale, au contraire, elles sont toujours précises, car les ondes inverses sont supprimées.

Il est démontré, au surplus, qu’en plaçant la manivelle de réglage toujours au même point, on obtient toujours le même

539

effet, ce qui constitue certainement un des plus grands avan- tages de la machine /déale. Aucun dérangement de la pointe de l'interrupteur, aucun endroit d'éclatement d’étincelles dans le circuit du courant secondaire ou autres facteurs influençant l’effet des tubes ne peuvent survenir dans le dispositif en question. Il s'ensuit qu’on ne doit craindre aucun échec par l’inobservance de l’un ou de l’autre petit détail. Au contraire, la machine /déale, contrairement aux appareils de précision em- ployés jusqu’aujourd’hui, possède une résistance aussi grande que les électromoteurs industriels contre les mauvaises utilisa- tions et les traitements maladroits : c’est une machine et non un appareil (fig. 6).

Si la machine /déale doit être alimentée par un courant alternatif ou polyphasé, le transformateur est actionné mécani- quement par un couplage direct d’un moteur approprié. Le restant du dispositif est le même qu’en employant le courant continu.

Il n’est pas indifférent d'employer un tube quelconque pour être actionné par la machine /déale. Pour ce qui concerne la dureté, il est bon de n’utiliser que des tubes présentant 9 à, tout au plus 10 unités Wehnelt, car les autres ne laissent pas passer assez de courant, et les épreuves photographiques sont trop faibles. L'expérience a démontré que les meilleures épreuves instantanées de toutes les parties du corps humain (main, bassin, crâne) sont obtenues avec des tubes présentant une dureté entre 8 et 9,5 unités Wehnelt. La grande quantité d’énergie produite par l’appareil Zdéale convient très bien aux tubes de Röntgen ayant une forte masse métallique comme anticathode. Les tubes avec réfrigération d’eau n’ont pas donné de bons résultats en employant l’appareil Zdéale. Il ne faut pas non plus employer des tubes dont l’anticathode présente une enveloppe en verre, car celle-ci se chargeant fortement, déter- mine de graves perturbations. Il est à recommander également de procéder avec l'appareil /déale comme avec les autres, c’est- à-dire de former préalablement les tubes de Röntgen. Le meil- leur procédé consiste à charger modérément le tube au début

540

et pendant très peu de temps, et ainsi graduellement jusqu’à atteindre des charges très fortes pendant un temps de plus en

FIGURE 6

plus long. En observant soigneusement le tube dans sa manière de se comporter, on obtiendra, après un temps variable, un tube de Röntgen donnant son maximum de rendement.

041

On a employé de différentes manières des charges de 25 milli- ampères, avec une dureté d'environ 9 unités Wehnelt, et pen- dant un temps pouvant aller jusque vingt secondes, sans que les tubes présentassent un changement quelconque.

L’inverseur permettant de faire passer les deux ondes alter- natives ou seulement une, constitue un moyen très avantageux de régler l'appareil, comme il a été dit plus haut, pour la fluoro- scopie et la thérapie.

Dans la fluoroscopie, on n’utilise pas l'énergie nécessaire à la radiographie; le but est d'obtenir une image claire et im- mobile, l’œ1l ne percevant déjà plus des extinctions de lumière de 30 à 40 par seconde : or la fréquence dans l'appareil Zdéale lorsqu'on utilise les deux ondes esi de 100 : donc elle est large- ment suffisante. La deuxiènre onde ne sert qu’à produire des rayons de Röntgen inutiles et à échauffer le tube. Pour cette raison, on travaillera de préférence en fluoroscopie avec une seule onde par cycle alternatif, c’est-à-dire avec 50 fréquences. Aussi longtemps que les méthodes de dosage pour traitement thérapeutique par rayonnement ne sont pas plus faciles et plus précises, il est à recommander de travailler également avec une seule onde, sinon le résultat final serait atteint trop vite. L'appareil décrit pourrait se construire suivant toutes les dimen- sions, aucune difficulté technique ne s’y opposerait. Seulement nous avons déterminé une grandeur, en nous plaçant à un point de vue pratique d’utilisation des tubes de Röntgen.

Les meilleurs tubes actuels supportent l'énergie de l'appareil sans difficulté, aussitôt qu’ils ont atteint un certain vieillisse- ment, et sans que leur manipulation soit difficile. Si l’on aug- mente les dimensions de l’appareil, il se présente des difficultés dans la manipulation des tubes, ne permettant plus d'utiliser

l’énergie complètement.

Présentation d’un dispositif breveté permettant de substi- tuer rapidement, l’une à l’autre, deux ampoules exactement contrées à l’intérieur d’une même calotte protectrice

de DRAULT et RAULOT-LAPOINTE

La maison Drault et Raulot-Lapointe a construit, sur les indications de M. le D" Béclère, un dispositif permettant de centrer exactement les diverses ampoules à l’intérieur d’une méme calotte protectrice, puis de les substituer rapidement l’une à l'autre, sans que le centrage, acquis une fois pour toutes, ne perde rien de sa précision première.

Ce dispositif peut loger des ampoules de dimensions très diverses, depuis 8 jusqu’à 25 centimètres de diamètre, c’est- à-dire tous les types d’ampoules actuellement en usage. Aussi peut-il devenir le complément des installations quelles qu’elles soient.

Cet appareil se compose essentiellement de trois pièces :

Un anneau-support;

Une calotte protectrice;

Un étrier ajusteur d'ampoule.

Pour que ce dispositif offre tous ses avantages, il faut que chacune des ampoules que possède le praticien soit munie de son étrier-ajusteur.

I. Anneau-support. Ce support consiste en un fort anneau d'aluminium porté par un bras (fig. 1). Ce bras est muni d'articulations qui permettent de placer l’anneau-support dans toutes les directions imaginables.

Placé horizontalement, l'anneau-support: présente une face inférieure et une face supérieure, toutes deux disposées pour le logement et la fixation des différentes pièces complémentaires.

La face inférieure sert au logement soit des divers dia- phragmes que nous avons construits, en particulier du dia- phragme à ouverture rectangulaire récemment présenté par

543

M. le D" Béclère à la Société médicale de Radiologie de Paris, soit d’un cercle métallique intermédiaire auquel s’adaptent supérieurement les divers filtres d'aluminium, d'épaisseur gra- duellement croissante, actuellement employés en radiothérapie, et inférieurement les divers cylindres compresseurs ou locali- sateurs, utiles au diagnostic ou au traitement.

II. Calotte protectrice ou Protecteur. Elle est formée d’une demi-sphère de cristal à parois épaisses, transparentes à la lumière (fig. 2), mais très opaques aux rayons X, dont le plan

FiG. 1. Anneau-support.

se trouve en arrière de l’anticathode, parallèlement à sa sur- face.

Cette demi-sphère est fortement entaillée pour le passage du col cathodique de l'ampoule et percée d'un petit orifice qui loge un porte-réactif pour le dosage en radiothérapie à l’aide du radiomètre de Sabouraud-Noiré.

Un autre orifice beaucoup plus large, placé en dessous de l’anticathode, sert au passage du faisceau de rayons employés pour le diagnostic ou le traitement : il est circonscrit par un collier d’aluminium sur lequel la calotte est scellée et qui se fixe à l’intérieur de l’anneau-support.

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Ce collier se prolonge par un bras portant une coulisse à charnière, que ferme un bouton articulé pourvu d’un écrou moleté. Au-dessous de cette coulisse se trouve, en G (fig. 5), une encoche de repérage.

II. Ætrier-ajusteur. L'étrier-ajusteur d’ampoule (fig. 3) est formé d’une règle en bois dur, bien sec, sur laquelle glissent trois coulisseaux qu'on peut fixer en un point quelconque de sa longueur.

F1G. 2. Calotte protectrice.

Les deux coulisseaux extrêmes sont munis de tiges de lon- gueur réglable en matière très isolante, que terminent des anneaux de même nature, destinés au logement des deux extré- mités de l’ampoule. |

Ces anneaux sont assez larges pour contenir les massives extrémités des ampoules allemandes les plus volumineuses et peuvent être suffisamment rétrécis par l’adjonction de petits cônes creux bien calibrés, pour recevoir les extrémités effilées des ampoules françaises du plus petit format. En un mot, ils s'adaptent à tous les types d’ampoules construits jusqu’à ce

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jour. Le troisième coulisseau en aluminium porte une vis à portée de répérage, À, qui s’ajuste dans l’encoche de repérage G du protecteur. Cette vis est destinée au centrage de l’ampoule.

FIG. 3 Étrier-ajusteur.

Mode d'emploi. Montage et centrage d'une ampoule. L’ampoule, quelle que soit sa longueur, est tout d’abord reliée à son étrier et fixée par ses deux extrémités dans les anneaux correspondants, grâce à un déplacement convenable des coulis- seaux qui les portent.

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On déplace aussi le troisième coulisseau le long de la règle de telle sorte que, une fois mise à l’intérieur de la calotte de cristal, la vis de repérage À (fig. 3) de l’étrier-ajusteur étant exactement placée dans l’encoche G& (fig. 2) de l’anneau sur

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F1G. 4. Subslitution des ampoules l'une à l'autre.

lequel est scellé le protecteur en cristal, l’ampoule s’y trouve à peu près au centre.

Puis on procède à un centrage plus précis successivement en longueur et en largeur.

Le centrage en longueur s'effectue au moyen de la vis à portée de repérage À, après qu’on a immobilisé sur la règle, au moyen

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547

du bouton B, le coulisseau qui la porte. Cette vis, ayant un

point d’appui dans l’encoche de rep

u protecteur, déplace

érage d t, l’ampoule suit son grand axe dans

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l’étrier, et

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Fic. 5. Substitution des calottes de cristal l'une à l'autre.

la direction de la cathode ou de l’anticathode, suivant qu'on

la tourne dans un sens ou dans l’autre. Une fois le déplacement

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bil de la petite vis de côté C (fig. 3).

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Le centrage en largeur s'effectue à l’aide des deux tiges isolantes qui relient l’ampoule à son.étrier. Ces tiges sont file- tées dans la partie qui traverse le coulisseau correspondant, et un écrou, ajusté à ce dernier, permet de rapprocher ou d’éloi-

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FiG. 6. Planchette-support.

gner chacune des extrémités de l’ampoule de l'étrier qui la porte.

L’exactitude du centrage est minutieusement contrôlée à l’aide d’un indicateur d'incidence à double croisée de fils en forme de long cylindre muni à son extrémité d’un petit écran fluorescent.

On serre alors l’écrou D de la coulisse à charnière (fig. 2) que porte la calotte de cristal; l’ampoule immobilisée sur son

549

étrier est désormais fixée au centre de cette calotte, de manière à ce que le foyer d'émission des rayons demeure toujours dans

l’axe des divers cylindres qu’on placera au-dessous

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F1G. 7. Porle-ampoule muni du dispositif de substitution. Vue d'ensemble.

Pour substituer l’une à l’autre à l’intérieur d’une même calotte protectrice deux ampoules montées sur leur étrier et

cxactement centrées, on desserre de quelques tours l’écrou

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550

moleté D (fig. 4), qui permet l'ouverture de la coulisse à char- nière du protecteur. On enlève l'étrier avec l’ampoule qu’il porte, puis on le remplace par un autre étrier porteur d’une autre ampoule, en ayant soin d’ajuster exactement sa vis de repérage à l’encoche de repérage du protecteur, dont on referme la coulisse à charnière en resserrant de nouveau son écrou moleté.

Pour substituer l’une à l’autre deux calottes protectrices, on desserre un écrou moleté Æ (fig. 2 et 5), qui se trouve du côté opposé à celui de l’étrier-ajusteur sur une vis fixée au collier d'aluminium du protecteur, puis on soulève ce collier, et on dégage ainsi un ergot F (fig. 2 et 5) qu’il porte, du logement ménagé à cet effet dans l’anneau-support.

La substitution se fait ensuite très facilement; toutefois il ne faut pas omettre de bien resserrer l’écrou Æ (fig. 2 et 5), dont une partie doit s'engager dans l’alvéole disposée à cet effet dans l’anneau-support.

Les diverses ampoules que possède le médecin radiologiste, fixées chacune, après centrage sur son étrier-ajusteur, peuvent être appendues à portée de la main avec le minimum d’encom- brement et le moindre risque de bris, à la planchette-râtelier (fig 6) construite dans ce but spécial.

Les calottes protectrices de cristal sont fabriquées en quatre types de dimensions différentes, suivant qu’elles ont une ouver- ture de 18, 20, 25 ou 30 centimètres, et peuvent ainsi loger une ampoule de 14, 16, 20 ou 25 centimètres de diamètre.

SOCIÉTÉ BELGE DE RADIOLOGIE

Séance du 12 décembre 1909

Un cas d’anévrisme de la crosse de l’aorte diagnostiqué par les Rayons X

M. le D! Maracne développe sa communication et montre un cliché d'autant plus instructif que le diagnostic a été reconnu exact à l’autopsie. L’anévrisme se voit très bien sur la pièce anatomique que M. Matagne présente.

Discussion M. le D" KaïsiN-LosLEVER constate sur le cliché une dévia-

tion de la colonne vertébrale; les espaces intercostaux ne sont pas d’égale hauteur des deux côtés.

M. le D" MATAGNE. A l'autopsie, les vertèbres étaient intactes. M. le D' KzyNnExs. -— J’ai observé un cas analogue; de plus,

l'espace rétro-sternal n’était pas clair. Le malade fut amélioré par le traitement antisyphilitique. Deux ans après, une petite tumeur s’est développée au-dessus de la fourchette sternale; il fut reconnu que c'était un sarcome dont on ne put toutefois déterminer l’origine. Dans le cas de M. Matagne, le diagnostic est exact, dans le mien, il fut controuvé : il faut donc être tres prudent avant d’affirmer qu’on a affaire à un anévrisme.

M. le D' HavucHamps. ~- Le malade présentait-il des symp-

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tômes pulmonaires? L’écart différent des côtes peut être expli- qué par la suppléance pulmonaire existant d’un côté.

M. le D" Lavreys. La branche droite étant comprimée par l’anévrisme, la suppléance pulmonaire doit s’être produite à gauche. |

M. le D" Brenrarr. C’est le contraire, le poumon gauche étant comprimé par l’anévrisme, la suppléance s’est produite à droite, et c’est ce qui explique la différence de hauteur des espaces intercostaux.

Considérations sur le traitement du goitre exophtalmique

M. le D' Conrap lit son travail. (V. p. 519.) Discussion

M. le D" BrenrartT traite les goitreux par le courant galva- nique à haute intensité. Les malades sont très améliorés, pas complètement guéris. Les goitreux exophtalmiques restent goi- treux avec améliorations passagères. Le procédé chirurgical donne-t-il de meilleurs résultats?

M. le D" Conrap. Jai présenté mes opérés à la Société médico-chirurgicale d'Anvers. On a admettre qu’ils étaient guéris. Dans tous les cas, ce que j'ai remarqué, c’est. un bien- être remarquable, bien-être qui se constate très rapidement après l'opération; mes malades sont si soulagés qu’ils me mon- trent une reconnaissance exagérée.

Dans tous les cas, j'obtiens la suppression de la tachycardie; les troubles nerveux graves disparaissent, l’exophtalmie dimi- nue peu, le lobe laissé en place s’atrophie après l’opération.

M. le D" LEsEUTNE traite les goitreux par l’électrothérapie. Le dernier cas étant très grave a été traité concurremment par l’électrothérapie et la radiothérapie. (Il a observé chez ce

LR

malade un eczéma généralisé, complication qui peut arriver, dont on doit être prévenu et qu’on ne doit pas confondre avec une radiodermite.) En dix jours, la tachycardie est descendue à 86; l’électrothérapie et la radiothérapie ne doivent donc pas être rejetées systématiquement.

M. le D' Brexrarr. -— Chez les basedowiens, on observe fré- quemment des affections cutanées de diverses natures.

M. le D" Laureys a eu des résultats excellents par l’électro- thérapie.

M. le D" LisorrTe félicite M. le D" Conrad des superbes résul- tats obtenus, mais il craint qu’il n’en obtienne pas toujours d'aussi beaux dans la suite. La statistique de Kocher est loin d’être aussi concluante que celle de M. Conrad. L'électrothé- rapie doit être à la base du traitement des goitres; toutefois certains cas échouent. Il faut rechercher la cause de l'affection et varier d’après celle-ci la méthode à employer.

L’électrothérapie, qui nous donne si souvent des demi-résul- tats, ne fait pas courir au malade les risques d’une intervention chirurgicale très délicate.

Tuberculose et calculose rénale

M. le D' KLYNENS montre une série de clichés d'un rein, montrant une opacité nette qui pouvait en imposer pour un calcul rénal; mais on voit aussi toute une série de petites opa- cités disposées en plusieurs séries linéaires et avec un ordre superbe; il s’agit d’une tuberculose rénale.

Discussion

M. le D' LEJEUNE. Deux fois, j’ai pu voir à la radioscopie l’ombre du rein chez des enfants. Comment M. Klynens expli- que-t-il que chez les enfants et les personnes maigres 1l ne peut pas obtenir la silhouette du rein sur la plaque?

M. le D" KiyNENs. Je n’explique pas, j’indique seulement ce que Jj’ai constaté.

E s, Que

M. le D" Laureys. C’est l'atmosphère graisseuse du rein qui fait que l’on obtient la silhouette rénale sur la plaque.

M. le D" Haucxamrs n’a jamais obtenu la silhouette rénale chez l’enfant, chez l’adulte bien.

Radiographie des calculs rénaux

M. le D' MoELLER montre trois radiographies de calculs rénaux. (V. in extenso, p. 927.)

M. le D' E. Henrard. Il faut être très prudent avant d'affirmer la présence de calculs d’après des radiographies. Deux fois, Jai cru pouvoir diagnostiquer des calculs, et deux fois ces calculs n’ont pu être retrouvés. J'avais cependant, dans chaque cas, pris plusieurs plaques et retrouvé des ombres qui me semblaient démonstratives.

M. le D" LEJEUNE. J'avais cru également pouvoir dia- oœnostiquer chez un malade un calcul du rein droit. Le chi- rurgien ne trouva rien dans le rein, mais extraya un calcul de la vésicule biliaire. M. Béclère a démontré que l’erreur était possible. Soyons donc, comme le dit M. Henrard, très prudents.

M. le D" Herrrorx développe deux communications :

Lésions craniennes chez un enfant épileptique.

Fracture de la deuxième vertebre lombaire avec guérison au bout de trois mois.

M. le D" E. HENRARD montre quatre clichés de lésions rares du bassin, à la suite de traumatismes graves, diagnostiqués par la radiographie : deux luxations du pubis, une fracture des deux branches horizontales des pubis et des ischions, en même temps qu’une subluxation du pubis, une fracture du bassin ou niveau de la fosse iliaque.

Le secrétaire des séances,

D" Etienne HENRARD.

REVUE DE LA PRESSE

Radiodiagnostic

C. MuLLER. Eine einfache Methode zur Bestimmung des Tiefensitzes von Fremdkôrpern mittels Rüntgenstrahlen (Une méthode simple pour déterminer le siège des corps étran- gers par les rayons X). (Münch. med. Woch.,n° 32, 1909.)

Le principe fondamental de la méthode consiste dans une exposition simultanée des deux plaques superposées et distantes l’une de l’autre de 7-10 centimètres. La technique est la sui- vante : dans une cassette, on introduit deux plaques distantes l’une de l’autre de 7 centimètres; on fixe la région du corps à examiner au-dessus de la plaque supérieure. Les deux couches sensibles sont ensuite impressionnées en même temps par les rayons de Röntgen. Après cette première exposition, on déplace l’ampoule latéralement de 8 centimètres et on réexpose les deux plaques aux rayons X. On obtient ainsi sur chaque plaque une image double; on mesure exactement la distance qui sépare deux points homologues du corps étranger, ainsi que la distance entre les deux couches sensibles.

Si a = distance séparant deux points homologues de la plaque inférieure,

b = distance séparant deux points homologues de la plaque supérieure,

c = distance séparant les deux plaques,

æ = distante cherchée entre le corps étranger et la plaque supérieure :

On a a: b= (c+æ):z

aæx= b (e+) =bc+bzr az—bz=be æ (a—b)= bc

HEILPORN.

556

WEHRSIG. Hyperkeratosis subungualis (Unna) als Röntgen- wirkung (Un cas de hyperkératose sous-unguéale de Unna pro- voqué par les rayons Röntgen).(Münch. mediz. Woch., 32,1909.)

Dans son travail fondamental sur la radiodermite, Unna avait déjà antérieurement attiré l'attention sur la préréaction à laquelle sont exposés les radiographes, et qui ressemble forte- ment à un eczéma produit par la manipulation des substances chimiques. Pour les radiologues qui sont chirurgiens en même temps, et qui sont exposés à être atteints d’un eczéma par le sublimé corrosif, le danger est d'autant plus grand que leur attention n’est nullement attirée sur cette confusion possible, et cette circonstance peut avoir des conséquences désastreuses pour eux.

Webhrsig a eu le malheur de prendre pour un eczéma toxique un début de radiodermite, et c’est l’histoire de sa propre mala- die qu’il expose dans ce travail.

Après avoir travaillé pendant deux mois dans un laboratoire de radiologie, dépourvu de tout moyen de protection efficace contre les radiations de Röntgen, il fut atteint d’un eczéma aux deux mains et aux deux avant-bras. Il attribua cette dermatose à l'emploi du sublimé, et cessa d'utiliser cet antiseptique. Quel- que temps après, il constata des modifications aux ongles, le détachement de l’ongle de sa matrice et des troubles dans leur nutrition. Sous les ongles apparurent bientôt des tumeurs cor- nées se développant progressivement et détachant de plus en plus l'ongle de sa matrice. La substance cornée des ongles s’épaissit également jusqu’à atteindre sur certains doigts 2 milli- mètres d'épaisseur; les ongles devinrent secs, cassants et fis- surés.

Wehrsig cessa alors de s'occuper des rayons X, et, dès ce moment, les troubles s’amendèrent, mais la guérison complète ne s’est pas encore établie à l’heure actuelle.

HEILPORX.

KAESTLE. Ein Beitrag zur Kenntnis der Dermoïde des Media- stinum anticum (Contribution à l’étude des kystes dermoïdes du médiastin antérieur). (Münch. med. Woch., 38, 1909.)

Kaestle a eu l’occasion d'observer un cas de kyste dermoïde du médiastin antérieur diagnostiqué par l’examen radioscopique.

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Une femme de 30 ans, qui ne s’était Jamais plaint antérieu- rement de troubles respiratoires, présentait depuis quatre semaines des accès de toux suffocante avec sensation d’étran- glement interne. Ces troubles s’accentuaient dans la position horizontale : dans les crachats, on trouvait parfois des mèches de cheveux, de la matière sébacée et des débris des cellules épithéliales.

L'examen radioscopique du thorax dans les différents sens démontra la présence d’une tumeur. Dans la position antéro- postérieure, on voyait dans le champ pulmonaire gauche, au-dessus du cœur, une ombre arrondie, à contour net. Cette tumeur n’était pas pulsatile, ne se déplaçait pas pendant la respiration ni pendant la déglutition. Dans l'examen postéro- antérieur, l’image était plus grande et plus nette; la tumeur devait donc se trouver plus près de la partie antérieure que de la partie postérieure de la cage thoracique. Dans la position latérale gauche, l’ombre se projetait entre les vaisseaux et la colonne vertébrale; dans l’examen latéral droit, l’image plus grande se trouvait dans sa totalité dans le médiastin antérieur. Cette tumeur était plus rétrécie dans la portion postérieure, était donc pédiculée. En se basant sur toutes ces données, le diagnostic différentiel avec l’anévrisme de l’aorte fut des plus simple.

HEILPORN.

BIENFAIT. Deux cas de tabès dorsal diagnostiqués par la radiographie. (Gazette médicale belge, 21 octobre 1909.)

Les deux dénominations données à la sclérose des cordons postérieurs se rapportent chacune à un symptôme unique: la première, tabès dorsal, se rapporte au dépérissement, et la seconde, ataxie locomotrice, au caractère le plus frappant de l’affection, à l’incoordination des mouvements. Ces dénomina- tions ont l’inconvénient de fixer l'esprit sur un symptôme unique, et cette conception incomplète de la maladie pourrait faire que certains cas restassent méconnus : la consomption est en effet souvent tardive et l’incoordination n’existe pas quelque- fois; parfois même elle est si faible qu'elle nécessite une recher- che attentive.

Il existe des formes trophiques du tabès l’atrophie osseuse prédomine : les os sont très fragiles, et un traumatisme insigni-

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fiant suffit à les fracturer. Des arthropathies, en outre, peuvent se produire et s'expliquent par les mêmes troubles trophiques.

Avant l’emploi des rayons X, on ne pouvait diagnostiquer le tabès à forme trophique que lorsque de grosses lésions s'étaient produites. Actuellement la radiographie permet de nous assurer de létat de la substance osseuse, et ajoute ainsi un symptôme de plus au tableau de la maladie : dans certains cas douteux, il permet de dépister même la maladie.

L'auteur rapporte l’histoire clinique de deux cas démonstra- tifs de ce fait, que sans la radiographie on serait probablement passé à côté du tabès sans guère s’en douter.

La radiographie ne peut être un moyen universel du dia- gnostic du tabès : c’est un signe utile : si on constate une grande transparence de la substance osseuse, il est bon de rechercher s’il n’y a pas du tabès.

KLYNENS.

LEVEN et BARRET. Diagnostic d’appendicite et radiodiagneostic gastrique. (Presse médicale, 96, 1909.)

Chez certains malades traités pour une appendicite chronique et présentant une localisation douloureuse très caractéristique au point de Mac-Burney, l’examen radioscopique montre parfois un estomac allongé et dévié de telle façon que la région pylo- rique atteint le point de Mac-Burney. Ces rapports si imprévus de la région pylorique et de la paroi abdoniinale expliquent l'erreur qui consiste à attribuer à l’appendice une sensibilité spontanée ou provoquée par la pression appartenant à la région pylorique. Ces rapports imposent au médecin la nécessité d’un nouveau diagnostic différentiel, alors même que la symptomato- logie de l’appendicite classique paraît indiscutable.

La fréquence des dyspepsies compliquées de spasmes et de symptômes pyloriques est certainement la source d’erreurs de diagnostic nombreuses; les malades à qui on a enlevé lappen- dice et qui ont encore des crises douloureuses avec prédominance au point de Mac-Burney, sont des dyspeptiques ayant des crises pyloriques. L'influence de la thérapeutique gastrique permet de différencier ces crises pyloriques d’avec les crises appendicu- laires.

La thérapeutique préconisée par les auteurs, dans ce but, se formule généralement de la façon suivante : repos absolu au lit duraut quatre à huit jours. Eviter la fatigue durant quinze

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à vingt jours; applications humides et chaudes; régime lacté absolu durant trois à cinq jours; après ce délai, réali- mentation graduelle sans viande, ni pain, ni aliments indigestes durant quinze jours; durant ces quinze jours, régime lacté absolu un jour sur quatre.

KLYNENS.

A. MARTIN. Fracture des métacarpiens. (Journ. des Praliciens, 18 septembre 1909.)

Les métacarpiens sont loin de se fracturer avec une égale fréquence. Le troisième et le quatrième sont fixes; ils ne peu- vent se mouvoir qu’en avant ou en arrière; il leur est difficile d’éviter un choc. Les fractures du deuxième sont rares, car ce doigt, chef de file, est très mobile.

La fracture du premier métacarpien est spéciale : elle siège à la base de cet os et peut être transversale, ou verticale, ou oblique (fracture de Bennett). Le trait part du milieu de la facette articulaire trapézienne, et se dirige en bas et un peu en avant sur la face antérieure de la diaphyse. La fracture de Bennett a comme symptômes particuliers : la déformation au-dessous de l’interligne trapézo-métacarpien; la réduction facile de la déformation, sa reproduction spontanée : le pouce reste gros, les mouvements sont gênés, sans force.

KLYNENSs.

BosquiIER et DESPLATS. Essai séméiologique de radioscopie de l’estomac. Application aux dilatations, ptoses et atonies gas- triques. (Journ. des Praticiens, 1 mai 1909.)

On observe rarement en clinique des atonies, des ptoses, ou des dilatations pures : il s'agit le plus souvent de cas mixtes. Ces trois états se caractérisent par les signes radiologiques sui- vants :

L’atonie pure se caractérise par : l'expansion plus grande du segment juxta-pylorique pour une dose donnée de lait de bismuth; par suite, le retard dans la réplétion du segment tubulaire (apparition du lait de bismuth dans ce segment, après la deuxième ou troisième dose); l’ascension rapide, et par- fois « en jet», du lait de bismuth dans le segment tubulaire, lorsqu’après la première ingestion on masse légèrement le seg-

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ment pylorique en le relevant avec la main. Lorsqu'on éloigne la main, l'estomac redescend, puis le liquide bismuthé quitte la zone pylorique, par suite du retrait de la cause qui tonifiait le muscle gastrique.

La ptose pure, d’ailleurs très rare, se caractérise par : le siège généralement très bas situé du segment jJuxta-pylorique dans la cavité abdominale : celui-ci plonge souvent dans le petit bassin; la forme en V de la petite courbure (signe incon- stant); la chambre à air tend à disparaître. L’estomac, tiruillé par suite de sa chute, tend à allonger la chambre à air qui empiète dans la portion tubulaire. La chambre à air, ainsi étirée, peut méme devenir inappréciable ; le relèvement de l'estomac avec la main le fait remonter en masse, segment prlorique et segment tubulaire, tout ensemble; il ne fait pas ascensionner le liquide pour son propre compte.

La dilatation pure (et il faut entendre par la dilatation sans atonie, c’est-à-dire la dilatation par obstacle pylorique) est caractérisée au début: par la réplétion incomplète du segment juxta-pylorique lors de la première ingestion ou même des suivantes, par suite de l’agrandissement de l'estomac; par le siège plus bas situé du pôle inférieur de l'estomac; par le résultat négatif de l'épreuve du relèvement de l'estomac, dénotant une tonicité normale; plus tard, par la présence de liquide résiduel le matin, à jeun, dans l’estomac, qui fournit par ce fait un nouveau signe appréciable aux rayons X. (Emploi de la poudre bismutho-lycopodée quelquefois utile pour appré- cier le niveau supérieur du liquide); dans la chambre à air, par l'accentuation très marquée de la voûte diaphragmatique (voûte en dôme, due à la distension des gaz résiduels).

La dilatation dite atonique, ou dilatation essentielle de Bou- chard, est, en somme, une variété d’atonie qui peut se carac- tériser parfois par une augmentation très grande de la capacité gastrique. I] s’ensuit que le segment pylorique, transformé en une poche énorme, n'arrive pas à se combler. L’épreuve du relèvement de l'estomac par la main n’a, dans les cas de grande dilatatation, aucune portée.

Les cas mixtes d'atonie et de ptose sont difficiles à schéma- tiser: il y aura, suivant les cas, prédominance des signes relevant de l’une ou de l’autre.

KLYNENS.

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ALBERS-SCHÔNBERG. Isolierte Fraktur (Fissur) des os hamatum (Fracture (fissure) isolée de los crochu) (Fortschr. a. d. Geb d. Röntg., Bd. XIII, H. 5.)

Ebermayer a publié tout récemment une observation de frac-

ture de los crochu, produite par action directe. Cette fracture était oblique et accompagnée d’un détachement de l’apophyse unciforme. _ Albers-Schônberg a observé un cas analogue, produit par chute sur la main. Le point douloureux fut nettement localisé au niveau de cet os. La radiographie démontra une fissure oblique de la partie interne de cet os.

HEILPORN.

STUMME. Ueber Sesambeinfrakturen (La fracture des os sésa- moiïdes). (Fortschr. a. d. Geb. d. Rüntyenstr., Bd. XII, H. 5.)

La fracture des os sésamoïdes du gros orteil, presque inconnue dans la littérature chirurgicale, fait l’objet de cette étude. Trois observations personnelles sont citées par l’auteur. Dans le pre- mier cas, un soldat, en pleine course, cogne avec la pointe du pied le mât d’un tram électrique : la radiographie démontre une fracture de l’os sésamoïde interne du gros orteil, qui se trouvait en position de hallux valgus. L’un des fragments est enclavé dans l’espace interarticulaire et provoque de fortes douleurs, ainsi qu'une ankylose de articulation. Après enlèvement de ce fragment, les troubles cessent. Dans les deuxième cas, le pied est écrasé par les roues d’un chariot : la radiographie démontre une fracture du gros orteil et de l’os sésamoïde interne; ce der- nier os est fracturé en trois morceaux. Dans le troisième cas, enfin, la pointe du pied reste accrochée et ne peut être dégagée que par un mouvement brusque. Dans ce cas, les clichés mon- trent une fracture en T de l’os sésamoïde externe, avec un écar- tement de 5 millimètres entre les deux fragments.

Les avis des auteurs sont partagés sur la pathogénie de cette fracture : plusieurs savants expliquent ces fractures par une division congénitale des os sésamoïdes. Stumme a essayé de

(1) EsermayEer. Ueber isolierte Verletzungen der Handwurzelkchnochen. ( Fortschr. a. d. Ged. d. Röntgenstr., Bd. XII., H. 1, et Journal de Radiologie, 198. Vol. II, p. 341.)

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reproduire ces mêmes fractures sur le cadavre, et après de nom- breuses expériences, il a réussi à fracturer ces os par écrase- ment direct et par hyperextension du gros orteil en hallux; régulièrement alors ces os se cassent en deux ou en plusieurs morceaux.

HEILPORN.

LEVEN et BARRET. Région pylorique atteignant le point de Mac Burney. Les faux diagnostics d’appendicite. (Bul. et mém. de la Soc. de Radiolog. médic. de Paris, sept. 1909.)

Ces auteurs présentent un malade dont l’estomac est allongé et dévié de telle façon que la région pylorique de l’estomac atteint le point de Mac-Burney. La radioscopie renseigne le clinicien sur des rapports aussi imprévus. Elle peut permettre ainsi d'éviter des erreurs de diagnostic dont les conséquences pourraient être sérieuses, et explique pourquoi des malades qui n’ont plus d’appendice souffrent encore dans cette région de Mac-Burney.

LEJEUNE.

BÉCLÈRE. Présentation d’un radiogramme montrant sur le vivant l’image de l’appendice iléo-cæcal. (Bul. et Mém. de la Soc. de Radiol. méd. de Paris, octobre 1909.)

Le radiogramme en question fut obtenu en décembre 1906, à l’époque l’on ne parlait pas de radiographie extra-rapide, et une pose de cinq minutes fut nécessaire. Malgré les progrès réalisés depuis, ce cliché est encore une rareté. De l’extrémité inférieure semi-cerclée du cylindre cæcal (rempli de bismuth) se détache l’appendice, qui apparaît comme une ombre rubanée, contournée en S, large de 4 millimètres environ, longue de 5 centimètres, qui se dirige en bas et en dedans vers l’excava- tion pelvienne. Il est à prévoir qu’à l'avenir, grâce aux appa- reils dont nous disposons et qui nous permettent de radiogra- phier en quelques secondes les régions les plus épaisses, la radiographie de l’appendice cessera d’être une exception. Béclère ne croit pas cependant que ce moyen nous permettra de recon- naître si l’appendice est sain ou malade, s’il ou non de l’appen- dicite, si l'intervention chirurgicale est nécessaire; mais, en revanche, on pourra demander à la radiographie des renseigne-

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ments exacts sur le siège de l’appendice en cas d’ectopie, par exemple, et constater ainsi si la localisation de la douleur à la pression coïncide ou non avec celle de l’organe.

La technique préconisée par l’auteur est simple : la plaque sera en contact avec la paroi abdominale, soit que le malade soit couché dans le décubitus abdominal ou qu’on le place en décubitus dorsal, comme dans la recherche des calculs de la vésicule biliaire; le tube étant alors placé sous la table, on emploiera diaphragme et localisateurs, et la pose sera la plus courte possible.

Le bismuth destiné à remplir l’appendice sera introduit par la voie rectale, sous forme de lavement, et l’on procédera immédiatement à la radiographie; ou bien il sera introduit par voie buccale. Mais alors, comme il existe d’assez grandes varia- tions dans le laps de temps que met le repas à parcourir le tractus intestinal, il sera bon de pratiquer une série d’examens à l’écran, dès deux heures après la prise du repas et toutes les deux heures; les examens radioscopiques qui montreront la région cæcale remplie de bismuth, seront suivis de radiogra- phies.

LEJEUNE.

CAVAROZ. Anesthésie déploïque de Nogué. Radiographies de maxillaires pour montrer la marche et l’étendue de l’anes- thésie dans les interventions dentaires. (Bul. et Mim. de la Soc. de Radiol. méd. de Paris, t. I, 7, juillet 1909.)

Injectant dans des maxillaires une solution saturée d’acétate de plomb, l’auteur a pu préciser le mode de répartition dans l’espace diploïque, la capacité de cet espace et le degré de per- méabilité aux solutions injectées de la ligne de suture médiane des maxillaires. Il a montré qu’une solution de 1 à 2 centi- mètres cubes de solution anesthésique à 100° est insuffisante pour déterminer l’anesthésie, parce que cette solution se répand dans les parties déclives et qu’ainsi le sommet des racines dépasse le niveau supérieur du liquide, tandis que 4 à 6 centi- mètres cubes d’une solution au 1/200 ou 1300 donnent toujours un excellent résultat.

La capacité de l’espace diploïque du maxillaire supérieur est d’environ 6 centimètres cubes, et celui du maxillaire inférieur, de 10 centimètres cubes.

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La symphyse mentonnière se laisse traverser beaucoup plus facilement que la ligne de soudure du maxillaire supérieur constituée chez l'embryon par los incisif.

L'auteur conclut que cette anesthésie diploïque pourrait ren- dre des services non seulement en art dentaire, mais aussi en chirurgie osseuse, non seulement comme procédé d’anesthésie locale, mais aussi en tant que méthode thérapeutique permet- tant par exemple d’aller porter dans un foyer de tuberculose une substance modificatrice.

LEJEUXE.

G. LEVEN et G. BARRET. Le diagnostic radioscopique de l’aéro- phagie méconnue. Son importance en clinique. (Bul. et Mém. de la Soc. de Radiol. méd. de Paris, t. I, 7, juillet 1909.)

Si chez quelques malades le diagnostic de l’aérophagie est aisé, chez d'autres, les signes font défaut, ce diagnostic aurait été méconnu sans le secours de la radioscopie.

Les auteurs ont les premiers indiqué les caractères radio- scopiques de l’aérophagie; ce sont :

L'augmentation du volume de la chambre à air gastrique;

La surélévation parfois extraordinaire de la moitié gauche de la voûte diaphragmatique;

La transparence inusitée de tout l’abdomen ;

4 La visibilité du bord inférieur du foie qui perste pas normalement;

La présence de la pointe du cœur, dans certains cas, au- dessous de la voûte diaphragmatique.

Il ont également appelé l’attention sur l’étape intestinale de l’aérophagie; à ce moment, l’estomac peut paraître normal, tandis que l’angle splénique du côlon distendu surélève encore le diaphragme dans sa moitié gauche, qui décrira alors deux concavités de rayon inégal dans lesquelles s’inscrivent d’une part la chambre à air gastrique, d’autre part l’angle colique.

Le côlon distendu peut également refouler l’estomac vers la ligne médiane.

Chez l’aérophage, l’estomac n’est pas nécessairement très dis- tendu, soit que la musculature résiste à l’extension, soit que le spasme musculaire soit intense.

Il pourrait se faire que, le spasme prédominant dans la région tubulaire, l'estomac apparaisse biloculé; il ne faudrait pas

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commettre l'erreur grave d'attribuer cette fausse biloculation à une altération organique de l’estomac. D'ailleurs, le spasme diminuant, cette biloculation disparaît.

Grâce à la découverte de cette aérophagie dans des cas qui auraient été méconnus sans elle, la radioscopie donne une réalité objective à ce que l’on considérait trop souvent comme « des idées de malades ». |

Le plus souvent, dit Leven, ce qu’on appelle une éructation bruyante est le bruit à la pénétration de Pair dans les voies digestives; un malade qui a des éructations est un malade qui avale de l’air, un aérophage; le fait est établi.

L’aérophagie est volontaire ou involontaire. La première cesse dès que le malade est averti de son influence néfaste.

L’aérophagie involontaire, qui résulte habituellement de la déglutition de salive, cesse quand le malade n’avale plus de salive.

Les premiers jours, il arrivera que la sécrétion salivaire sera augmentée notablement, et le malade mouïllera de nombreux mouchoirs, mais ce phénomène cesse rapidement. Cependant des cas l’aérophagie est devenue un véritable tic, sont diff- cilement curables.

Quand la dyspepsie accompagne l’aérophagie, ce qui est pres- que toujours la règle, Leven prescrit une solution au bismuth gommé.

LEJEUNE.

TUFFIER et AUBOURG. Localisation d’une balle de revolver mobile dans le liquide céphalo-rachidien. (Bul. et Mém. de la Soc. de Radiol. de Paris, novembre 1909.)

La communication de ces auteurs montre une fois de plus combien le médecin radiographe doit être prudent et minutieux. Il s’agit de la recherche d’une balle de revolver de gros calibre ayant pénétré par la région sous-ombilicale et localisée par la radiographie (face dorsale sur la plaque), à la partie supérieure de la base du sacrum, dans le cinquième espace intervertébral lombaire. L'examen latéral n’avant pas été possible, la stéréo- scopie fut faite, et démontra que la balle était située à Pin- térieur du canal vertébral, en arrière et au-dessous des apo- physes transverses de la cinquième lombaire.

L'intervention pratiquée à cet endroit n’ayant pas permis de

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retrouver la balle, on put penser que celle-ci était mobile. La blessée fut radiographiée en position opératoire, et cette fois le corps étranger apparut au niveau du bord supérieur de la quatrième vertébre lombaire. Une radiographie fut également faite en position de Trendelenburg, et cette fois la balle était au niveau de la première vertébre lombaire. Une seconde radio- graphie faite en oblique, l’ampoule inclinée à 45° sur l’hori- zoutale, montra la balle au même niveau, mais toujours à Pin- térieur du canal vertébral.

Cette balle était donc mobile de la cinquième à la sixième vertebre lombaire, la malade passant de la position horizontale à la position latérale d'opération, et remontait à la première lombaire de Treudelenburg.

La blessée fut radiographiée au moment même de l’opération et étant assise sur la talons: chloroformée dans cette même position et opérée, la balle fut extraite à l’endroit cette dernière radiographie l'indiquait, c’est-à-dire au niveau du sacrum. Détail intéressant: malgré un séjour de quatre ans dans l’organisme, la balle ne présentait pas de trace d’oxyda- tions.

Un cas analogue rapporté par Haret montre combien il est nécessaire de faire la radiographie le moins longtemps possible avant l'opération, et autant que faire se peut dans la position opératoire.

LEJEUNE.

D" Th. Nocter. Comment on peut distinguer pratiquement les petits calculs de la vessie des « taches du bassin ». (Arch. d'électricité médicale, 274, 25 novembre 1909.)

Pour distinguer les taches du bassin des petits calculs de la vessie, l'auteur commence par faire coucher le malade bien exactement sur le dos et prend une épreuve ventro-dorsale, en avant soin que le bord du localisateur affleure la symphyse pubienne. La place du compresseur est repérée par le procédé au carmin.

L'épreuve obtenue, on prie le malade de se soulever et de se tourner soit de gauche à droite, soit de droite à gauche, jus- qu'à ce qu'il soit sur le ventre. On lui ordonne ensuite de se coucher à nouveau sur le dos, mais en revenant très lentement à la position de la première épreuve.

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On replace exactement dans la même position que précédem- ment, ce qui est facile grâce à la circonférence tracée en rouge sur la peau, et on procède à une deuxième épreuve. On examine au négativoscope les deux clichés qui sont sensiblement super- posables.

Les ombres attribuées à des calculs ont-elles conservé la même forme, la même position et les mêmes dimensions? Il y a toute probabilité pour qu’il s'agisse de taches du bassin. Les ombres se sont-elles déplacées? Il s’agit sûrement de calculs. Et si le cliché comporte à la fois des taches fixes et des taches mobiles, on peut en déduire qu’il y a à la fois des calculs et des psudo-calculs.

On peut rencontrer, mais le fait est assez rare, de vrais cal- culs immobiles; il s’agit alors de calculs prisonniers dans une cellule des vieilles vessies dites à « colonnes». Dans ce cas, on sera mis en garde par l’âge du malade et la forme du calcul.

Ce travail est accompagné de schémas très instructifs dont l’examen démontre l’excellence de la méthode décrite par

M. Nogier. Etrenne HENRARD.

ue Dispositif Drault permettant de substituer rapi-

dement l’une à l’autre deux ampoules exactement centrées dans une même calotte protectrice. (Bul. et Mém. de la Soc. de Rad. de Paris, juillet 1909.)

Il s’agit d’un appareil destiné à jouer, comme localisateur pour radiothérapie, le même rôle que les pinces simples et pra- tiques que nous employons pour centrer les tubes dans nos localisateurs pour radiographie et radioscopie.

Cet appareil présente inconvénient de ne pouvoir s'adapter qu’au localisateur spécial de Drault.

LEJEUNE.

D" Th. NOGIER (Lyon). Importance du facteur « distance » en radiographie. (Arch. d'électricité médicale, 271, 10 octobre 1909.)

Conclusions de l’aeur. L'adoption d’une distance fixe, toujours la même pour des radiographies de régions d’épaisseurs différentes, constitue une erreur qui peut conduire à des con- clusions inexactes, aussi bien pour les radiographies d’ensemble que pour des radiographies localisées.

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L'emploi du cadre clinique de Guilleminot-Béclère, qui per- met de placer l’anticathode à des distances variables (jusqu’à 1"50) de la plaque suivant les épaisseurs à radiographier, four- nit la solution la plus élégante de la difficulté.

Pour la radiographie des voies urinaires, on suivra la tech- nique que nous avons indiquée (Arch. d'électr. méd., 25 mars 1908). Elle permet de donner immédiatement les dimensions exactes d’un calcul quand on a obtenu son image. L’agrandis- sement est d’un dirième, avec une erreur d’appréciation de deux centièmes au maximum, en plus ou en moins.

Nous n’adoptons une distance identique que pour des épreuves symétriques fuites sous une incidence déterminée, justement afin que les épreuves soient comparables.

Etienne HENRARD.

Radiothérapie

H. GUILLEMINOT. Contribution à l’étude biochimique des rayons X. (Archives d’électricité médicale, 270, 25 septembre 1909.)

Conclusion de l'auteur. - La conclusion pratique que je tirerai de là, en m'appuyant sur mes propres travaux comme aussi sur ceux de Bordier et Belot, va, je crois, se fusionner avec celle que Nogier tire lui-même des remarquables expé- riences qu'il vient de faire avec Regaud. Employons des rayons très pénétrants:; fltrons-les par des filtres très radiochroïques et très épais, et ne désespérons pas encore arriver à agir sur les tumeurs profondes eu suivant une bonne technique.

Voila la conclusion pour les médecins.

J'en ajouterai une autre pour les physiciens, car, maintenant plus que jamais, nous devons être physiciens et médecins. C'est avec les médecins qu'il faut que nous sachions faire. preuve d'une solide éducation clinique, et c’est elle qui nous permettra de ne pas nous récuser devant les difficultés médicales; c’est avec les physiciens que nous devons nous prévaloir de nos connaissances physiques, géométriques ou mathématiques, et nous devons savoir en faire preuve en présence des difficultés

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techniques. Cette seconde conclusion, la voici: Quand nous faisons des statistiques, précisons toutes les conditions physiques et mathématiques de l'expérience qui seront nécessaires pour que nous puissions ensuite, dans le calme du laboratoire, définir les doses efficaces auxquelles nous aurons soumis les divers éléments irradiés. | |

Ces statistiques, n’en doutons pas, seront fructueuses : elles le seront pour la science, car elles permettront de connaître l’action des radiations sur Ja cellule vivante; elles le seront aussi pour le malade en nous mettant à méme d'utiliser l'énergie radiante au mieux de ses intérêts.

Étienne HExRARD.

D" VILLARD. Instruments for direct Measurment of the X Rays (Instruments pour la mensuration directe des rayons X). (Archives of the Roentgen Ray, 1909, p. 107.)

Description théorique de deux appareils destinés, l'un à mesu- rer la quantité de rayons X reçus par une surface donnée, et l’autre à mesurer le pouvoir de pénétration de ces rayons.

Le premier se compose d’un électromètre dont l'aiguille oscille d’un obstacle à un autre; elle se charge en touchant le premier, est repoussée contre le second elle perd sa charge, et revient contre le premier; ce va-et-vient s'effectue aussi long- temps que passent les rayons X, et chaque oscillation corres- pond à une certaine quantité de ions et par conséquent de rayons X. L’aiguille est en relation avec l’échappement d’un appareil d'horlogerie très délicat, qui indique ainsi le nombre de mouvements exécutés; cet appareil est assez sensible pour indiquer un dixième de H.

Le second appareil, le sclérometre, est également basé sur un principe simple. Supposons une plaque métallique en rela- tion avec l’aiguille d’un électromètre à cadran; cette plaque reçoit l’irradiation par deux orifices munis, l'un d’un écran radiochroïque, l’autre d’un écran d'aluminium. Si les rayons étaient infiniment mous, ils passeraient exclusivement par l’écran d’aluminium et la plaque prendrait le même potentiel.

S’ils étaient infiniment durs, ils passeraient en égale quantité par les deux orifices et la plaque prendrait un potentiel moyen. Le même phénomène se passe pour des rayons intermédiaires.

Le radioscléromètre est gradué d'après l’échelle de Benoist.

BIENFAIT.

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WALTER. Ueber die Messung der Intensität der Röntgen- strahlen (3 Mitt.). (Verhandl. der deutsch. Rüntgen-Gesellsch., Bd V.) On the Measurement of the Intensity of Roentgen Irradiations (La mensuration de l'intensité des rayons de Röntgen). (Archives of the Roentgen Ray, 1909, p. 134.)

L'emploi de la radiothérapie, tant pour les affections pro- fondes que superficielles, s'étend chaque jour davantage; aussi est-il nécessaire de pouvoir mesurer aussi bien la quantité que la qualité de ces radiations. D’après Walter, on n’a encore trouvé rien de mieux que l'emploi combiné du milliampère- mètre et des échelles de dureté.

C’est Gaiffe qui prouva le premier que l’action d'un tube Röntgen sur une plaque photographique était directement pro- portionnelle au débit du transformateur, débit mesuré par le milliampèéremètre placé dans le circuit secondaire parcouru par un courant alternatif de haute tension. Walter a ensuite montré que cet appareil donnait de bons résultats avec les bobines d'induction habituelles, quelles que soient la longueur d’étin- celle, la self induction du primaire, la vitesse et la rapidité de l'interrupteur pourvu que l’on supprime le courant de ferme- ture.

C’est que la quantité de rayons X produits par un tube en un temps donné est directement proportionnelle à la quantité d'électricité qui passe de la cathode à l’anticathode sous la forme de rayons cathodiques. Peu importe d’ailleurs que cette quantité d'électricité passe sous la forme d’un courant continu ou sous la forme d’un courant interrompu.

Il importe done d'avoir un instrument qui indique exactement la quantité d’électricité passant par le tube en un temps donné. Divers appareils peuvent nous satisfaire à ce point de vue. Le plus simple est le voltamètre, qui est basé sur la quantité de gaz dégagé par l'électrolyse. Ce procédé a l'avantage d'indiquer la quantité totale de rayons X sans que l’on doive tenir compte du facteur temps.

Par contre, le milliampèremètre, qui lui nécessite la notation du temps, est d’un usage très facile parce qu’il permet la lecture directe des chiffres; il convient d'employer une aiguille montée sur un équipage électro-magnétique, composé d’une petite bobine mobile sur un axe «entre les pôles d’un aimant; de cette facon l’angle de déviation est proportionnel à l’intensité du courant et les degrés de la graduation sont égaux.

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Le courant continu donne évidemment Q=ixt. La quantité de courant interrompu utilisée s'exprime par la même formule, en additionnant tous les courants séparés pendant un temps donné, et en divisant par ce temps, on obtient ainsi une moyenne; or, précisément, le milliampèremètre, grâce à son inertie, ne peut suivre en détail ies diverses pulsations de cou- rant et indique leur moyenne.

D'autres appareils, destinés surtout à mesurer les courants alternatifs, sont basés sur d’autres principes : sur l’allongement d’un fil métallique par la chaleur, ou sur une résistance d’une sorte de dynamomètre. Quant aux premiers de ces appareils, il faut remarquer que la dilatation n’est pas en rapport direct avec l’intensité du courant, mais croît avec le carré de l’inten- sité. Ces appareils conviennent par la mesure de courants très réguliers, constants ou régulièrement alternatifs.

Les appareils basés sur le principe du dynamomètre sont con- stitués par des bobines s’induisant l’une l’autre; ici encore la déviation est proportionnelle au carré de l’intensité, selon la formule à xt.

Un simple calcul nous fera comprendre la différence d’indi- cations que donne le milliampèremètre et les appareils des deux derniers genres. Supposons deux courants égaux Q—0Q; le pre- mier est continu et trois fois moins intense que le second; le second est discontinu à raison d’un tiers de courant et de deux tiers de repos.

Le milliampèremètre donne la même indication dans les deux cas, tandis qu'avec les autres instruments, pendant le passage du courant, l’appareil indique le carré de l’intensité, soit 3 x3=9; mais le courant ne passe que pendant le tiers du temps, soit 9 x 1/3, et ces chiffres varient constamment suivant le nombre d’interruptions.

Si on vérifie l’étalonnage d’un milliampèremètre et d’un appareil à fil chauffé et qu’on les place en série sur le même tube Röntgen, les chiffres indiqués ne concordent pas : l’appa- reil à fil chauffé donnera par exemple 3,1 milliampères et le milliampère électro-magnétique, 1 milliampère; si on fait usage du Wehnelt, les 3,1 milliampères deviennent 4,1; la quantité de chaleur est en effet plus grande lorsque l’amplitude des oscillations augmente.

Par contre, si on augmente le nombre des interruptions, l’intensité devient plus petite et alors l’appareil à fil chauffé indique moins que le milliampéremètre.

+

572

L'effet des rayons X ne doit pas se calculer exclusivement d’après les données du milliampèremètre, il faut encore tenir compte du degré de dureté des rayons. Celui-ci varie suivant la différence de potentiel électrique entre les électrodes du tube. C’est pour cette raison que Kromayer propose, pour mesu- rer l’effet d’un tube, de prendre le produit du courant par la différence de potentiel, c'est-à-dire de multiplier le milliampé- rage par le voltage.

Ce voltage peut, jusqu’à un certain point, se mesurer par la longueur d’étincelle équivalente en milliampères-centinètres.

Malheureusement, à côté du facteur énergie, intervient ici les facteurs pénétration et absorption; aussi doit-on indiquer le degré de dureté du tube; ıl convient aussi de tenir note de la distance de l’anticathode à la peau et enfin de la quantité d'électricité nécessaire pour obtenir le résultat décrit. Ce der- nier facteur peut s'exprimer en milliampères-minutes.

Un point très important pour l'exactitude des chiffres indi- qués par le milliampèremètre consiste à éviter soigneusement le courant de fermeture; ce courant de sens inverse vient en effet diminuer la valeur indiquée par le courant direct. On peut calculer la valeur de ce courant en introduisant dans le circuit un voltamètre électrolytique qui donne la somme des deux courants, tandis que le milliampèremètre donne leur diffé- rence. Le mieux est de supprimer ce courant inverse par l’emploi d’une soupape : pour déceler cette onde inverse, on intercale dans le circuit secondaire un oscilloscope, c’est-à-dire un tube cylindrique de 20 à 30 centimètres de long, contenant deux électrodes d'aluminium et une pression de deux millimètres de mercure; on voit au pôle négatif une fluorescence bleu violette : si le courant inverse existe, cette fluorescence se voit des deux côtés.

Deux tubes placés exactement dans les mêmes conditions ne donnent pas la même quantité de rayons X. Cette différence provient-eile de la distance entre la cathode et l'anticathode ou encore du volume de celle-ci? Walter pense qu’elle provient plutôt de l'espèce de métal qui a servi à la confection de l'anti- cathode et de l'épaisseur du verre; aussi, selon le conseil de Schmidt, est-il bon d’éprouver les tubes neufs au moyen d’une pastille de Sabouraud, et mieux encore au moyen des pastilles de Ilolzknecht; on connait ainsi les conditions de temps et d'in- tensité correspondant aux unités H, et on peut modifier les facteurs i et t de facon à avoir toujours le même produit. On

573

peut même se passer du milliampèéremètre en opérant de la même façon sur le courant primaire.

En terminant, l’auteur exprime le désir de voir employer des tubes toujours construits de la même manière, de même diamètre et d’utiliser toujours les rayons perpendiculaires aux rayons cathodiques; de cette facon, on se trouve autant que possible dans des conditions identiques.

BIENFAIT.

BECKETT. Regeneration of the Focus Tube. (Archives of the Roentgen Ray, 1909, p. 159.)

L'auteur a eu la même idée que Heinz Bauer, mais, au lieu d’un robinet, il avait inventé un autre système consistant en un tube de verre perméable à l'extrémité, cette extrémité étant coiffée par un autre tube contenant du mercure pur.

Il suffit d'enlever ce second tube pour que la pénétration lente commence à ramollir graduellement le tube Röntgen.

La difficulté consiste à rendre le tube ni trop ni trop peu perméable. M. Beckett y arrive en chauffant l’extrémité du tube fermé en le mettant en contact avec une gouttelette de mercure froid; il se produit. alors de petites crevasses perméables à l’air; on arrive facilement, après quelques tâtonnements, à produire des fissures ni trop fortes ni trop faibles.

M. Beckett indique ensuite diverses raisons qui lui font croire que l’aluminium se vaporise dans le vide.

BIENFATT.

H.-E. ScamipT. Ein Fall von letal verlaufendem Morbus Base- dow nach Rôntgenbehandlung einer indifferenten Struma (Un cas de maladie de Basedow à évolution fatale, survenu à la suite du traitement radiothérapique d’un goitre ordinaire). (Fortschr. a. d. Geb. d. Rüntg., Bd 13., U. 5.)

Schmidt a traité par la radiothérapie une femme de 31 ans, atteinte d’un goitre simple. Après douze séances, son état géné- ral se modifia, les troubles respiratoires disparurent, le tour du cou, de 39 1/2 centimètres, tomba à 36 centimètres. Deux ans après la cessation des irradiations apparurent chez la personne les symptômes caractéristiques du goitre exophtalmique, et le corps thyroïde augmenta également de volume (2-3 centimè- tres). Malheureusement la malade refusa de se soumettre encore

574

au traitement par les rayons X, et quelques semaines plus tard, elle mourut subitement d’une syncope cardiaque.

Schmidt expose ensuite les différentes causes qui plaident contre l’idée d’une éclosion de la maladie de Basedow par le traitement radiothérapique :

La maladie de Basedow est toujours influencée d’une façon favorable par la radiothérapie, ainsi que Schwarz l’a pu obser- ver dans 40 cas;

Entre le traitement et l’apparition du goitre exophtalmique s’écoulèrent deux ans : il est inadmissible que les radiations de Röntgen agissent encore après si long laps de temps;

Les rayons X ont une action destructive sur le tissu glan- dulaire et diminuent la sécrétion des cellules; une exagération de la sécrétion des cellules glandulaires par les rayons X n’a jamais été observée.

D' HEILPORN.

L. FreuND. Die Strahlenbehandlung der Knochentuberkulose (La radiothérapie de la tuberculose osseuse). (Munchner med. Woch, 41, 1909.)

Depuis neuf ans, Freund étudie l’action des rayons de Rônt- gen sur la tuberculose osseuse, et il arrive à la conclusion que ce traitement est couronné de succès dans les cas les lésions osseuses sont situées superficiellement (phalanges, métacarpiens, métatarsiens, côtes, sternum et omoplate) et la synoviale west pas intéressée dans le processus morbide. Par ce traite- ment, les douleurs disparaissent, la suppuration diminue, les plaies se cicatrisent, les granulations se rétractent et les fistules se ferment. L’ankylose articulaire diminue également. Sur dix cas, il obtint six guérisons parfaites, deux améliorations, deux insuccès. Un arrêt de développement des os n’est pas à craindre si on s'astreint à un dosage exact. Enfin il compare la radio- thérapie à l’héliothérapie telle qu'elle est pratiquée à Leysin.

D" HEILPORN.

TABLE DES MATIÈRES

VOLUME III

I. Articles originaux

Alban Köhler. Technique de l'exploration radiographique de Ja selle turcique pour le diagnostic des tumeurs de VOD yie LUNA RS A NE MR tsec tee

Heilporn. Fractures simultanées du pyramidal, de l’extré- mité inférieure du cubitus et du tiers inférieur du NE DATE RE E

De Nobele. Traitement de la syringomyélie par la radio-

tDETADIG ee Mie ane :

Libotte. Du danger du sous-nitrate de bismuth..........….

Hauchamps et J. Steinhaus. A propos de la radiothérapie du Cancer du Sel ss traineau

Heilporn. Côte cervicale bilatérale.............................. Vanderrloet. Un cas de fracture de l’axis..................... Bicnfait. Difficultés de la recherche des corps étrangers à la radioscopie : le procédé de l'aiguille aimantée pour faciliter l’extraction des parcelles de fer et d’acier....….. Fr. Dessauer. Bobine intensive et radiographie instan- LE DS CR E EE E E A S E T E E E Fr. Dessauer. Contribution à l’étude de la radiumthérapie. Et. Henrard. La radiologie au deuxième Congrès de Phy- siothérapie des médecins de langue française (Paris,

13-14-15 avril 1909)...

Alban Köhler. Théorie d’une nouvelle méthode d’irradia- tion DIOTORUS: 2 Lun res ee niv: Maurice d’Halluin. Radiographie des genoux avee artères athéromateuses .............................., te

576

Kaisin-Loslerer. Un perfectionnement technique dans l’examen radiographique de la région sacro-coccygienne. 195

O. Dauwe. Quelques cas de fractures mal consolidées et de

pseudarthrose isa nat De 203 Heinz Bauer. Quelques constructions nouvelles....,.......... ‘289 S. Laureys. Un point de technique radiographique.......…. 303 L. Lejeune. Le radiodiagnostic du rhumatisme chronique. 805 N. Laureys. Un cas curieux de radiodermite.................. 338 Et. Henrard. La radiologie à la XITI* section du Congrès

de l’ Association française pour l'avancement des sciences

en aout 900 A A A EN 341 L. Hauchamps. Le radiodiagnostice de l’ostéo-sarcome....… 393 Carl Beck. Le goitre simple et le goitre exophtalmique

considérés spécialement au point de vue du traitement

AIOURÉTA NIQUE eisiea NN na 419 Maurice d Halluin. Extraction des corps étrangers des

voies respiratoires sous le contrôle des rayons X : Bigoudi

retiré de la bronche droite d’une petite fille de 10 mois.

Vingt et un corps étrangers extraits des bronches de

SIN COS sd te E E Rd tn UM Genre 422 Dubois-Trépagne. La Rüntgenthérapie contre le symptôme

EDOTI DS. ed ne Lt ii dense 493 Conrad. Considérations sur le traitement du goitre exoph-

E Se dt ni ee 919 Moeller. Radiographie de calculs rénaux et vésicaux...... DT

II. Table alphabétique par noms d auteurs (1) Agasse-Lafont et Bensande............................... 65 Anders et PA DIeR ss ns nes 454 Alhere Sehon here gs ed A A E A 961 Albert Neil ne ner siens 369 FE ee aoaaa aa a ae 131, 333, 857 Arcelin et Rafi ieres a en dr a A 393 Aubertin et Bordelon reece eE dense 464 AUDIO siekia T6, 230, 565

(1) Les travaux originaux sont indiqués en chiffres gras.

BATION Sn a NN td nent 68 Barret et Leven.................................... 178, 558, 562, 564 BAR dt ii 455 Bier ed ed dd 289 Deck era PR Ru 2 ae 415, 452, 453, 460, 463 DÉCRET ie A a dde eee 0e 013 Beclère sesona a siemens 152, 158, 171, 230, 562 BOL 166 Bensande et Agasse-Lafont...............................,........ 65 Benedi ki acdsee encheres cene. 455 Berdez seroren a 383 Bértole Es A dit he nue na 316 BIO ÉAI, 22 Se ae. 99, 125, 557 Bordet et Vaquez ...........................................,,....... 372 Bordet et Aubertin..........................,..,.. ss... 464 Bordi or nd nement 119, 238, 466, 478 Bornait-Legueule sise ns hu 244 Bosquier et Desplats..............................,.,............... 099 Bouchard 05 er de dd been eee 250 Bhim ensati eresie e A no mie 485 Braon ni on onon a i dcodiees 146 BPreinin g singrissnr edine AE diun 530 Bo aea A O T A 861 Dirar nanoa e A 81 Carano seer a Du node tu ad ln ee 563 Cerné et Delaforge.unmsitamaetiiiiissienannioes 80 Chut aineena aa A 236 COBNONR 5 de A EE 13 Comas ét As Pr10 2 ne demand ein oa 12, 76 Conrad da on it iNNeRieesr 519 Darbos 22-40 dite Lodel di nt 382 Dame: 2 E ta deco 203, 216 Dean a ae er dus SR 220 Delaforge et. Cerné.:...1.hn EE ea 80 Dénêke a a sean tn 59 DORE nn a D arte 496 Desf ossos a ne Pb de CN LE ed 114 Degrais et Wickman.................................................. 392 De "Nobeléss ni a a a 23, 45, 128

Déssaner 2. anus ne 79, 103, 106, 580, 387

Dosto a D nr ie ide 142 Dalli ea ENA 115, 191, 364, 422 DISC Sn co notre ane 02 DODISCR sh en ie ecrit en ir ai ondes 08 DORA 2 nn irc ee 459 DOLI seratona E A E AAAA aA 169 Doul Re a TA TA 542 Duübois-Havenith: 225: 67 Dubois-Trépagne sida maniere 493 DU IE Rs ir DR A open aies 380 Popel pressed r A ete Ce pat de ie 229 CRI ss Re Deus ns nr di 314 Paulhaber 2 Us ee 141 Fleig et Frenkel coneitre rans 238 Penwick NN A N 489 Frenkel -et Flet necsnarraei a T a a 238 À DE EL ND TE AR a rE 236, 384, 574 Predel: seeen re E 142 EE AR QE) CT a TEER 82 CASIO araire de M Re et Ne een 117 CHERE RS ae du ed er 488 COLA ME ass nd mime doit RAM 249 CDOUIRRIES se AN ei eeess anti ea tie. 447 Gottechalk arsed SA a E em ir 225 CAS NON eu MN dt teur eme a canne 18 Groédel -Franze sont int ao 19, 146 Grioedel PR Rene a ei dr is 135 Groëdel II et Groëdel III.......................................... 72 Güilleminot sie ua Made 163, 240, 358, 568 Gün Der Sn de an ana ele nee dc de 477 Gür- et NoWa Resen LMD rs sn 144 Haendel LE CA dd dcr 57, 175 Paret a E aa 167 HARAS, oerda A a te A ire 390 Harrison Or OMe let de 226 Hauchamps .......................,...... Re EA 220, 393, 449, 450 Hauchamps et Steinhaus....................,..................... 36

Helpoin a a a ennuis 20, 47, 85, 410

Heineke setane e sd er sat to 228 Herschel A SUR A dt diet nes 227 Heger Gilbert siconr Se ae AN 171 Henraid es EEEE EOE EEN 114, 341, 363 Hoffmann ........…. ST 459 Holzknecht et S. Jonas.......................... .................. 391 DÉCORS De Une oi mener ue 226 ODA a Rd D D a de al 68 Taberi SR AR un EE 344 SR a nt a 491 OS ne a aa e 458 AUS. EAE N AA E E E A E A E N ET T4 Jonas et Holzknecht........................................,...... 391 ODA La a AO D AEA 311 Josserand saria eee A dt nn ir ait 120 JUP MAND os A N E EAA 460 Kaestneria aaa a a a A ERA 301, 3878, 556 Kaestle, Rieder et Rosenthal...........................,........ TT Kaisin-Loslever ....................................2 195, 220 JÉATEN SRE en D dd mes lee a taes 461 Ear a D Re 64 Kienböck aioa PE I AE MEE 51, 464 KIVienS aer SR T N 130, 442 ROGERS Ed E EEN 5, 52, 185, 217 Krons uchs. 2 ed een nr Mo aotae 228 La DOn eeraa A E TAA 899, 300 Lafargue et Tribondeau............................................. 66 Lafont et Bensande................................................ 65 Lany et Monchetoriinciaresni iarsan aee tbe 343, 346 E T E ES EEE E E TE T TTT 479 Lanle ane a N E A 138 HAUFONS le E 303, 338, 138 Lisstenr li nou. nm rusmuss E E EET AT 237 Lechleuthner 22222 2 dd nantes 62 RL s EEE T E E E E T Me 305 Lenclet et Sourdeau.................................................. 165 BORA a cu de di el 131

LENIE a nn lens 148 DOM RS RS M at a on 33 RO ee ane PU nds 159 À ECO aea a S E 890 Lucas-Championnière .,......................2 PER 133, 841, 351 BUPDOE A E ne E EON 482 Euzen berner saurir ua a A A 161 Macleod aeaaaee E AA 466 Machado ooien EEEE PRAG 174 OR a et co a 0e 161 MAQUIS de ne a a I a öl Mvr mesto ernea arer E orus OE EA FATE 236 Mar oaeen ara EE E E a N a 227, 559 Mata DE rs E a E a T 091 Menard scenene danena a a a a aei 231 OA D ee 242 Moeller a dt tue 527 Monchet een a On 343 Monchet et Davies te nantes rival 343, 346 MODE sekene a a A 467 D UE et nd ATE 059 Nakahara nirre ce nc 152 Nippold nr Ne te MN M tee 461 N'OPICR ue mr aie T4, 239, 966, 567 Nowak et OUR en ed ta a bas Drecctale 141 ORON: a ae te Va on la ee IN do 226 P NEE. ne Re nt is 453, 454, 462 Pieci nO 22e M MR ai ER TEN A EEEN 386 Pro et /CoOMASS EM nn N ca a due 12, 76 PÉVRCR ds EE EEN Ne ee es LR cr 153 Rafn et A rCOLI en er A E 309 Rieder, Rosenthal et Kaestle........................,..,...,...... 77 RODET. 22 oi RSR te ct un 144 Rosenbach Lui nue eee net nat 64 Rosenthal de E EA 156

Rosenthal, Kaestle et Rieder.....................,................ 77

ROVNO A A NU mate 480 Rotky et Von Jakseh............................,.......,......... 08 Savini-Casteno Lien M NN din evene x 232 Seha ERS A be ob io 389 DOME ie nee E ie can 232, 381 SCHMINORE arrian de de 170 SOI de a an a ce Hi 162, 563 DORÉ LR eee Re CO E 154 O Ea Re Ed due Se 224 DEJEN. en Cned a T1, 384 DICO do 0 ei CO e 61 Sidney ADles en nd us Mann ch 138 D TOVO LA M nie de NO M een lab 61 DHDECE GITE o ie ltin 465 SDIMOMUSS ee ardent on le ete vie 244 DL D 40 sisine n A a O EAN 184 Sourdeau et Lenclet................................................. 165 OPEET dreper i ET ne 242, 366 UE 1 00) CT N a T a a 151 Stea araa ea aa a cn 132 Steinhaus et Hauchamps....................................,..... 36 SBINET: worrie a a a Ea EE ee fon 468 DITAS Sn a ee de do nie 479 DU E ne es en nee ta ST ARE E 961 ARS ne N ET 150 Tribondeau et Lafargue............................................. 66 Tuffer et Aubourg.................…. nn RM 965 Vaquez ët Bordel oserei end dic 878 MANU PVIORL Sn eme moitie 91 NI Ed a dd nn das 069 VOBODNAR Rens 134 Von Jaksch et Rotky................................,,.....,,, 58 Waller arrera ea e e 388, 570 Wotter r anea a a idee 487 W orner oerda a a R 79 Wehrsing ......…. D 006 Wickham et Degrais................................................. 302

Wiesel sirien ne SR me 457

VOA ER a D a tte dr ts ed ue cd 166 NOIR ne. 69 NOÉ a ESETA De MUR AN ON Nes 136 PAR ds cn ta San 63 MECIE AR Ra nd dent ile e a 229

III. Table idéalogique des matières À) RADIODIAGNOSTIC a) Système osseux.

Technique de l'exploration radiographique de la selle tur- cique pour le diagnostic des tumeurs de l’hypophyse,

par Alban Kühler...............................,................ 5 Fractures simultanées du pyramidal, de l'extrémité infé-

rieure du cubitus et du tiers inférieur du radius, par

Fler OTN aa E E 20 Encore un nouveau cas de luxation de la symphyse

pubienne décelé uniquement par la radiographie, par

MADAUES serenor ain S 5l Ueber eine haüfige, bisher auscheinend unbekannte Er-

kraukung einzelner kindlicher Knochen (Maladie fré-

quente, inaperçue Jusqu’ici, de certains os chez l’en-

fant) par Alban Kohler 15 hernie se 52 Ueber eine häufige, bischer auscheinend unbekannte

Erkrankung einzelner kindlicher Knochen (Maladie fré-

quente, inaperçue jusqu'ici, de certains os chez len-

fant; par Haenisth: sus nan a se: 97 A. propos de certaines lésions osseuses survenues au cours

d’une maladie de Basedow, par R. Von Jaksch et

ROKY on la ie EA 58 Zur Aetiologie der Kôhlerschen Knochenerkrankung

(L’étiologie de la maladie osseuse décrite par Köhler),

Dan DODISCh eat ein NN. 58 Luxations isolées de l’astragale, par Roderich Sievers... 61 Contribution à l’étude radiologique de la carcinose verté-

brale, par Hans Dietlen.......................................... 62

583

Ein Fall von echten Halsrippen (Un cas de côtes cervi-

cales vraies), par Lechleuthner................................. 62 Zur Wismutbehandung nach Beck (Le traitement par le

bismuth, d’après Beck), par Rosenthal..................... 64 Côte cervicale bilatérale, par Heïilporn..................…. 47, 85 Un cas de fracture de l’axis par Vandervloet............... 91 Radiographie des genoux avec artères athéromateuses, par

d 8 EE A de NT A 116 La fracture des boxeurs : fracture de l’extrémité Los

du premier métacarpien, par O. Lenoir..................... 131

Faits intéressant l’évolution, le pronostic et le traitement de l’extrémité supérieure de lFhumérus, par J'ust-Lucas

Chambionmiere 25h lai sieste 133 Isolierte tuberculüse Knochenherde (Foyers tuberculeux

osseux isolés), par R. Vogelman.............................. 134 La fracture de Bennett, par Samuel Robinson.............…. 144

Zur Diagnose der Barlowschen Krankheit (des kindlichen Skorbut) (Contribution au diagnostic du scorbut infan-

tile); Dar Stare kecses NS tn ten tn 151 Ueber die mechanische Entstehung des Plattfusses (Méca- nisme producteur au pied plat), par T. Nakahara...... 152

Zur Nachweis der Basisfraktur (Le diagnostic d’une frac- ture de la base du crâne), par Peyser........................ 153 Die Bedeutung der Röntgenstrahlen für die Rhinologie (L'importance du radiodiagnostic en rhinologie), par Mas SCRÉIÉR. Sn dd anne a Date 154 Ueber die Carpalia und ihre Beziehungen zu den Brüchen der Handwurzel und Mittelhandknochen im Rôntgeno- gramm (Les os surnuméraires du carpe considérés dans leurs relations avec les fractures des os du carpe et du métacarpe), par Lilienfeld....................................... 159

Un perfectionnement technique dans l’examen radiogra- phique de la région sacro-coccygienne, par Kaisin-

LOSIeVeR on entrés 195 Quelques cas de fractures mal consolidées et de pseudar- throse,; par Dave: nin aia aiei 203

Ueber Calcaneusexostosen (Exostoses du calcanéum), par

Allied -Gelki aae E ANE 224 Multiple cartilaginäre Exostosis, Rachitis und rarefizie-

584

rende Ostitis (Exostoses cartilagineuses multiples, rachi-

tisme et ostéite raréfiante), par E. Gottschalk............ 225 The X Ray examination of the accessory sinuses of the

Nose (L'examen radiologique des sinus du nez), par

D SA A a E O A 226 The bicipital tubercle of the radius and X Ray examina-

tion (La tubérosité bicipitale du radius et le radio-

diagnostic), par Martin......................................... 221 Rôntgenopraphien des Felsenbeins (Radiographie du ro-

cher), par Karl Herschel........................................ 227 Eine einfache Lokalisationsmethode (Une méthode simple

de localisation), par Kreuzfuchs..................... re 228

Ossifisierende Sarkomimetastasen im Rôüntgenogramm (Mé- tastases ossifiantes de sarcome en radiographie), par

Heineke sue da tie M ennui nr 228 Ein seltener Fall von Halswirbelfraktur (Un cas rare de fracture de vertèbre cervicale), par Armin Ziegler...... 229

Le radiodiagnostic du rhumatisme chronique, par Lejeune. 305

Ueber Veränderungen des Beckenpfanne bei Coxa-Vara infantum in Rôntgenbildern (Etude radiologique des modifications de la cavité cotyloïde dans le coxa-vara

des enfants), par Thérèse Savini Castano.................. 232 Sur la radiographie des fractures, par Lucas-Champion-

DIETO: TR TS 341 Les erreurs d'interprétation dans la radiographie des frac-

tures, par Monchet et Lamy.................................... 343

Les erreurs d'interprétation en radiographie, par Imbert. 344 La radiographie des suites de fracture, en particulier dans

les accidents de travail, par Mouchet et Lamy... 316 Radiographie dans le mal de Pott cervical, par M. Berto-

PA A 316 Le radiodiagnostic de l’ostéo-sarcome, par L. Hau-

CRAME A en bn io Lena 220, 393 Ostéome de l’épaule et exostose du tibia, par Heilporn... 440

Zur Enstehung des Calcaneussporns. Der Olecranonsporn (Contribution à la pathogénie des éperons du calca- néum. L’éperon de l’olécrâne), par F. Bahr..............… 455

Die isolierten Frakturen der Lendenwirbelquerforsätze (Les fractures isolées des apophyses transverses des ver- tèbres lombaires), par Hoffmann.............................. 459

585

Ueber Lumbhago traumatica (Le lombago traumatique), par DORA Se lee landes

Ueber Subluxationsfrakturen des Os naviculare pedis, par N'IDDOI eer ed NO One tons

Fractures des métacarpiens, par Martin........................ Isolierte Fractur (Fissur) des os hamatum (Fracture [fis- sure] isolée de l'os crochu), par Albers-Schönberg...... Ueber Sesambeinfrakturen (La fracture des os sésamoïdes), DA DUMAS. aa neue:

Anesthésie diploïque de Nogié. Radiographies de maxil- laires pour montrer la marche et l’étendue de l’anes- thésie dans les interventions dentaires, par Cavanoz...

Localisation d’une balle de revolver mobile dans le liquide céphalo-rachidien, par Tuffier et Aubourg

0...

Deux cas de tabès diagnostiqués par la radiographie, par DIDIER ee ne

b) Corps étrangers et calculs. Difficultés de la recherche des corps étrangers à la radio-

scopie : le procédé de l’aiguille aimantée pour faciliter l'extraction des parcelles de fer et d'acier, par Bien-

D de ne one ed a 99, Tooth-plate in the œæsophagus (Râteliers dentaires dans l’œsophage), par Thurstan Holland........................... Calculs du poumon, par Aubourg.................................

Valeur du diagnostic radiographique des affections des voies urinaires, par Arcelin....................,.............. Deux exemples de calculs d'acide urique pur invisibles par la radiographie, par Arcelin.............................

De la recherche radiographique des corps étrangers, par Et- Henrard PR ae tr a T

Extraction des corps étrangers des voies respiratoires sous

le contrôle des rayons X, par D'Halluin......... 115, 364,

A propos de la radiographie des calculs vésicaux, par AAC RAM aore n E ANSAN The value of radiography in the diagnosis and treat- ment of urinary stone (Valeur de la radiographie dans le diagnostic et le traitement des calculs des voies uri- = naires), par Harry Fenwik

stress nes sem ee se. e

063

125

863

422

449

586

The renal origin of vesical calculi with observations on calcareous tumors of the blader (L'origine rénale des calculs vésicaux, observations sur les tumeurs calcaires de la vessie), par Beck..........................................

Localisation d’une balle de revolver mobile dans le liquide céphalo-rachidien, par Tuffier et Aubourg..................

c) Thoraz

Sur la diminution transitoire du volume du cœur, par

Kienböck onenen dune ue ee

Deux cas de pneumothorax fermé guéris, sous le contrôle des rayons X, par Denecke.......................................

Die Beeinflussung der Herzdilatation durch Kohlensaüre- haltige Bäder (De l’action des bains carbo-gazeux sur

la dilatation du cœur), par Groedel II et Groedel III... Ein Fall von vollständiger seitlicher Verlagerung der Eingeweide : situs viscerum inversus totalis (Un cas d’in-

version viscérale totale), par Smirnoff........................ Ueber die Herstellung stereoskopischer Momentrüntgeno-

gramme der Eingeweide des menschlichen Körpers (La prise des radiographies stéréoscopiques instantanées des

viscères humains), par Groedel IIIL........................... Rôntgenuntersuchung und klinische Frühdiagnos der

Lungentuberkulose (Le diagnostic précoce de la tuber-

culose pulmonaire par l'exploration radiographique et

clinique): Par MWOlM ns esteecs

Note sur le radiodiagnostie du cancer pulmonaire avec pré- sentation de clichés radiographiques, par Béclère......... Ueber ein Fall von Pyopneumothorax saccatum von eigent-

ünmlicher Form (Un cas de pyopneumothorax sacculaire de forme spéciale), par K. Engel................ ous

Calculs du poumon, par Aubourg.....................,.......... De la valeur comparée de l’orthodiagraphie et de la per-

cussion dans le rétrécissement mitral pur, par H. Vaquez at De Bordolano oen us dr ea die

Pulmonary abscess ending in Recovery without operation (a study by Means of the Röntgen Rays) (Abcès pul- monaire terminé par guérison sans opération), par James

M. Anders et George E. Pfahler.............................,

452

565

öl

134

587

Ueber eine eigenartige Verdrehung (Luxation des Her- zens) (Un cas curieux de rotation [luxation] du cœur),

Dar DenédiRts 5e Nan Ne

Die Localisation des linken Vorhofes des Herzens im Rônt- genbild (Localisation de l’oreillette gauche du cœur sur l’image radiographique), par Jaffe...........................

Beiträge zur Freundschen Lehre vom Zusammenhange primären Rippenknorpelanomalien mit Lungentuberku- lose und Emphysem (Contribution à la théorie de Freund sur la coexistence d’une anomalie primitive du cartilage costal avec la tuberculose pulmonaire et l’emphysème), par JUNDPIMADNS..224 1 usant Laure

The Rœntgen method in surgery of the chest (Les rayons X dans la chirurgie thoracique), par Carl Beck.

Un cas d’anévrisme de la crosse de l'aorte diagnostiqué par les rayons X, par Matagne..............................

Ein Beitrag zur Kenntnis der Dermoïde des Mediastinum anticum (Contribution à l'étude des kystes dermoïdes du médiastin antérieur), par Kaestle........................

d) Abdomen et tube digestif.

Du danger du sous-nitrate de bismuth, par Libotte......... Un cas d'estomac biloculaire ou en sablier, par L. Sici- PAC Re dan Rite Zur Kasuistik u. Symptomatologie der Vergiftungen mit Bismutum subnitricum (Les intoxications par le sous- nitrate de bismuth), par Zabel...................,,........ Un cas d’intoxication par nitrites, après administration de sous-nitrate de bismuth pour examen radioscopique, par

WE NAT one ed ie ee:

Les intoxications par le sous-nitrate de bismuth adminis-

tré à l’intérieur, par Bensande et Agasse Lafond......

La radioscopie clinique de l’estomac normal et pathologi- que, par Cerné et Delaforge....................................

Les dilatations de l'estomac : sémiologie et thérapeutique

des distensions gastriques, par Gaultier...................….

Quelques progrès dans la technique de la radiographie des voies urinaires, par Arcelin...............................

455

458

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460

39

61

63

588

The Röntgen examination of œsophagus (L’examen œso- phagoscopique par les rayons X), par Sideney Lanle... Die Röntgenuntersuchung des Magens (L’examen ràdio- logique de l'estomac, par Faulhaber........................... Contribution à l’exploration du tube digestif par les rayons X, par Friedel... sans

Diagnostic radioscopique d’affections gastro-intestinales,

Nitritvergiftung durch Bismutum subnitricum (Intoxica- tion par formation de nitrites aux dépens du sous-nitrate de bismuth), par J. Nowak et Gütig........................

Die Entfaltung des Magens (Le déplissage de l'estomac), par Dracuniho aisea a E EE

Die peristolische Funktion des Magens im Röntgenbilde (La fonction péristolique de l'estomac en radioscopie), par Grocdel ns nn ei ne

Die Rôntgenuntersuchung des Magens (L’examen radio- logique de l’estomac), par Faulhaber........................

Ueber Wismutvergiftung u. einen ungiftigen Ersatz des Wismuts f. Rüôntgenaufnahme (L’intoxication par le bismuth et un succédané non toxique des sels de bismuth en radiologie), par Lewin.......................................

Eisen als Ersatz des Wismuts für Rüntgenaufnahmen (Le fer comme succédané du bismuth en radiographie), par Abe ins T E E ee ne isa E

DSC de ue Radioscopie gastrique et maladies de l’estomac, par G. Löven et Baret eccocrrennri osere haero E eea EaR Technique nouvelle de la radiographie des calculs hiliaires, par DOCITOS Sa a a its Ueber Form und Lage des Magens unter normalen und abnormalen Bedingungen (Forme et situation de l'esto- mac normal et pathologique), par Simmonds..........…. Die rüntgenologische Diagnostik des Magendarmkanals (Le diagnostic radiologique des affections gastro-intes- tinales);: par Goldaimér:::.:...somsensimduciuttiteue Valeur du diagnostic radiographique des affections des voies urinaires, par Arcelin et Rafin........................

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Deux exemples de calculs d'acide urique invisibles par la radiographie, par Arcelin......................,..............

Die Wismutverbindungen und ihre Ersatzpräparate in der Rôntgenologie der menschlichen Magendarmkanals (Les composés de bismuth et leurs succédanés dans l'étude radiologique du tube digestif), par Kaestle.................

Die radiologische Diagnostik der intra- und extraventri- kulären Tumoren und ihre spezielle Verwertung zur Frühdiagnose des Magencarcinome (Le diagnostic radio- logique des tumeurs intra- et extrastomacales et son application au diagnostic précoce du carcinome), par Holzknecht et Jonas.................,...,...,...........

Physiologie and clinical observations on the alimentary canal by Means of the Ræntgen Rays (Les rayons de Röntgen dans les observations physiologiques et clini- ques du tube digestif), par G.-E. Pfahler.............….

Ueber eine neue Methode der Nephropexie (Nouvelle

méthode de néphropexie), par Carl Beck.................. |

The Rœntgen Ray as an aid in the diagnosis of carcinoma of the stomach (Les rayons de Röntgen comme auxiliaire pour le diagnostic du carcinome de l'estomac), par G.- Ee Pianleh nid sin nue Mo

Ueber Diagnose von Wandermilz vermittels Röntgen- strahlen (Le diagnostic de rate mobile par les rayons de Röntgen, par Denck.........................................

Diagnostic d’appendicite et radiodiagnostic gastrique, par Leven et Danpel, inerte étant int

Essai séméiolegique de radioscopie de l'estomac, par Bos- quier èt Depla suis ani dei intense

Région pylorique atteignant le point de Mac-Burney. Les faux diagnostics d'appendicite, par Leven et Barret...

Présentation d’un radiogramme montrant sur le vivant l’image de l'appendice iléo-cæcal, par Beclère............

Le diagnostic radioscopique de l’aérophagie méconnue, par Loven et DATES nan SE

Comment on peut distinguer pratiquement les petits cal- culs de la vessie des taches du bassin, par Nogier.........

e) Médecine légale.

La radiographie fœtale envisagée au point de vue médico- légal, par ITeger-Gilbert....................... 80

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590

Radiographie médicale et médico-légale, par Ménard...

Die Bedentung der Rôntgenstrahlen für die gerichtliche Medizin (L'importance des rayons X en médecine lé- pale), DAT DCIWATZS SL a aa id oeceebtonne

Le médecin peut-il être rendu responsable pour avoir négligé de faire un examen radiographique, par Ka- IONSKE ER TE aa

B) RADIOTHERAPIE

Traitement de la syringomyélie par la radiothérapie, par NODR le a eat no duo. A propos de la radiothérapie du cancer du sein, par Hau- champs L. et Steinhaus......................................... De l'emploi des rayons X dans la région oculaire, par Tribondeau et Lafargue................................ ne Présentation d'un vaste épithélioma du cuir chevelu, par Dubois-Havenith ....…. ee D E | (Ganglion suppuré traité par la ponction capillaire et la radiothérapie et guéri sans cicatrice, par Barjon........ Technique de la radiothérapie dans la leucémie lympha- tique, par Houdé......... nn en nn Ni en Expériences sur l'action des rayons de Röntgen sur le sang de l'homme, par Wôler.......................................... Tratamiento del cancer con la radioterapia y con el radium (Traitement du cancer par la radiothérapie et le radium), par Segue À ER a a e aa Coro de Lupus de la Nariz, de.forma tuberculogomosa, par Comas -et As PO. pia ea Röntgen Karzinom (Carcinomes dus aux rayons X), par CoE TS AR AEA ne. La radiothérapie de l'acné, par Gastou..............…. us La posologie en radiothérapie, par De Nobele.................. Zur Behandlung von Fistelgängen mit Beckschen Salben- injektionen (Le traitement des trajets fistuleux au moyen des injections de Beck), par Steiman............... Le traitement médical des tumeurs hypophysaires, du gigantisme et de l’acromégalie par la radiothérapie, Durs DÉCIORe Rs RD S yai

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Zur Rôntgebeh andlung maligner Neoplasmen der oberen Luftwege (La radiothérapie des néoplasmes malins des voies respiratoires supérieures), par Mader........... 2.

Sul trattamento delle linfadeniti e dei linfoni par mezzo dell’ elettricita e dei raggi di Röntgen, par Luzen- DÉS nd ei

Etiologie de la préréaction, par Schmidt.....................

Effets des filtres d'aluminium sur les rayons X, par H. Guilleminot 222 Se nn are.

Sur les rapports étiologiques d’un cas de psoriasis aigu généralisé avec la radiothérapie, par Lendet et Sour- OAI. maire A E Nine.

Contribution à la question des filtres en radiothérapie, par Belot 2 ans Donna d panaee

Leucoplasie traitée et guérie par la radiumthérapie, par Harel Se SR e N A ONS

Zur Tienfenbestrahlung mit Röntgenstrahlen (L’irradia- tion profonde au moyen des rayons de Röntgen), par Dorp esap a E EAEE

Théorie d’une nouvelle méthode d’irradiation profonde, par Alban Kohleris. min ns nn

Deux cas de sclérose en plaques améliorés par la radio- thérapie, par Marinesco........................................

Traitement de la sciatique par les rayons X, par L. Freddie nt anima Soudi,

De l’action des rayons X sur la glande mammaire, par Cluzel nn a Re a dei

Le traitement du lupus érythémateux par les rayons X, Dar Lastu ne ii Ans tie

Du rôle des filtres en radiothérapie et de leur utilité pra- tique, par -Bordiél anse Le nt.

Un cas curieux de radiodermite, par Laureys..................

La filtration des rayons X dans la radiothérapie profonde, par Fleig et Michel Frenkel....................................

Choix des filtres en radiothérapie, par Guilleminot.........

Etude des phénomènes dits de préréaction consécutifs à l'exposition de la peau aux rayons de Röntgen et au rayonnement des sels de radium, par Mion.............….

Contribution à l’étude des modifications histologiques du

161

242

092

cancer du sein traité par les rayons X, par Bornait- Légueulé insecte

Contribution à l’étude des effets biochimiques des radia- tions X, par Guilleminot..........................................

Radiothérapie intensive en dermatologie, par Broca......... Traitement des angiomes et des taches de vin par la radio-

thérapie, par Albert Weil.................................,..

La désensibilisation contre les rayons X, par Schwarz...

Sur le traitement radiothérapique des tumeurs de la tra- chée, par Darbois

unes ess seen 0.

Indications de la radiothérapie, par Berdez

Traitement des ostéo-arthrites tuberculeuses par les rayons de Röntgen, par Freund......................................... Treatment of cancer by radiotherapie and by radium (Trai- tement du cancer par les rayons X et par le radium), par dl Segqüeilt oea a A Risultati persistenti di Röntgenterapia (Résultats persis- tants de la röntgénothérapie), par Piccinino............... De la radiothérapie des sarcomes, par Lucas.................. Le goitre simple et le goitre exophtalmique considérés spécialement au point de vue du traitement radiothéra- Pane- Par Belk ES nd tient mo dinde Un nouveau procédé de radiothérapie profonde, par Lau- DONS M dar a en ca en dela ae Ein Fall von ausgedehnter Rôntgenverbrennung der Brust- und Oberbauchgegend (Un cas de radiodermite étendue de la région thofaco-abdominale), par Wiesel............ The Rentgen rays in the treatment of deep-seated mali- gnant Disease (Les rayons de Röntgen dans le traite- ment des tumeurs malignes profondément situées), par

Ge PA ler. Sn a allie

On external Rœntgen treatment of internal structures (Eventration treatment) (Sur la radiothérapie externe des tissus internes), par Beck......................:.....,...,

Teber Hautreaktion nach diagnostischen Untersuchungen (De la radiodermite à la suite de l’examen radiologi- que); Par Kienbockesseiiirea ana A

Actions des rayons X sur le thymus, par Ch. Aubertin ekt Pe Bordelera a a a EE

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593

The X Ray Treatment of Ringworm of the Scalp (Trai- tement de l’herpès tonsurans par la radiothérapie), par Macleod 2 ir a rt nas

Der Einfluss der Rôntgenstrahlen auf das a T (Influence des rayons de Röntgen sur le tissu pulmo- naire), par Wohlauer..............................................

Traitement radiothérapique des fibromes interstitiels de l’utérus, ménopause artificielle précoce (trois guérisons), Dar Dordiot orn it at acier

Guérison de deux nævi par la radiothérapie, par Morin...

Ueber den gegenwärtige Stand der Strahlenbehandlung bei Augenkrankheiten (Etat actuel de la question du traitement des maladies des yeux par les radiations), Dar DINEE onya dis en dub oi re tanins

Die Wirkung der Rôntgenstrahlen auf einige Protozoen und Fermente, unter besonderer Berücksichtigung der Wärme und ultravioletten Strahlen (Action des rayons de Röntgen sur quelques protozoaires et ferments con- sidérée dans ses rapports avec celle des rayons calori- fiques et ultra-violets), par Hans Günther.................,

Du rôle des filtres en radiothérapie et de leur utilité pra- tique, par Dordiéri;ss3iss aan Rae

Radio-dermatitis and its experimental production in ani- mals (La radiodermite et sa production expérimentale chez l’animal), par C. Rowntree..............................

Handbuch der Rôntgentherapie (Traité de radiothérapie), Dar Weeer dial riad

La Rôntgenthérapie contre le symptôme « prurit», par Dubois-Trépagnë a ac ot

Considérations sur le traitement du goitre exophtalmique, Dar CODTAD a ienn a a aA R En

Hyperkeratosis subungualis (Unna) als Röntgenwirkung (Un cas d’hyperkératosis sous-unguéale de Unna provo- qué par les rayons de Röntgen, par Wehrsing............

Contribution à létude biochimique des rayons X, par Guüileminot arrere ni E E as

Ein Fall von letal verlaufendem Morbus Basedow nach Röntgenbehandlung einer indifferenten Struma (Un cas de maladie de Basedow à évolution fatale, survenue

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à la suite du traitement radiothérapique d’un goitre ordinaire, par Schmidt........................................

La radiothérapie de la tuberculose osseuse, par Freund...

C) RADIUMTHERAPIE

Contribution à l’étude de la radiumthérapie, par Dessauer. Leucoplasie traitée et guérie par la radiumthérapie, par Haret ind hana aies AON Etudes des phénomènes dits de préréaction consécutifs à l’exposition de la peau aux rayons de Röntgen et au rayonnement des sels de radium, par Mion.............…. Le filtrage dans le traitement du cancer par le radium, par Wickham et Degrais....................,..................

Ueber Desensibilisierung gegen Röntgen und Radium Strahlen (La désensibilisation contre les rayons de Rönt- gen et du radium), par Gottwald Schwarz...............

Ueber den Einfluss von Radiumemanation auf den Gesamt- stoff wechsel beim Menschen (Influence de lémanation sur la nutrition chez l’homme), par Silbergleit............

Ueber Kuren mit Radiumemanation (Traitement par l’émanation du radium), par Strasser........................

Ist die durch Trinken aufgenommene Radiumemanation im Urin nachweisbar? (L’émanation du radium prise à l’état de boisson est-elle décelable dans l’urine?}), par LAURE ma se ide

Traitement par l’émanation de radium, par Strasser...... D) TECHNIQUE ET INSTRUMENTATION

Transformateurs intensifs, par Rochefort-Gaiffe ......... Nouvelles plaques radiographiques extra-rapides, par De N ODEI nn tannins dues Die neue Ideal-Maschine zum Betriebe von Rôntgenrühren (La nouvelle machine idéale pour l’excitation des tubes de Röntgen, par Frederich Janus............................ Radiographie extra-rapide et radiographie instantanée, par INOPIOR oenn ns ro deu de Ein neues Messgerät für die Rôntgenteknik (Un nouvel appareil de mesure pour la technique radiographique), Dar W oreari e E EE de

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La radiographie rapide, par Aubourg...........................

Ueber Kinematographisch aufgenommene Rôntgeno- gramme der inneren Organe des Menschen (Cinémato- graphie des organes internes de l’homme), par Kaestle,

H. Rieder et Rosenthal......................................... Die Orthorüntgenographie. Anleitung zum Arbeiten mit parallelen Rôntgenstrahlen (L’orthodiographie), par F.

M Grogdelisss A a a aai

saler reerde aered ea i a EEE E E ee ee EE RA EEEN S E

Le stéréotélescope breveté S. G. D. G. par l’examen des projections stéréoscopiques...............................,.......

Ueber scharfe Rôntgenogrammie u. über Schnellaufnahmen (Radiogrammes fouillés et radiogrammes instantanés), PaT- Rosen thia barur kaano ae

Das Phonendodiaskop, par Schmincke

Appareil de Drault pour l’utilisation des deux phases du courant alternatif dans la production des rayons de Röntgen, par Béclère........................ PA E AE ET

Radioqualitamètre Cl. Ropiquet................................

Un nouvel écran protecteur; une nouvelle ampoule mono- anodique, par Dean

Eine einfache Lokalisationsmethode (Une méthode simple de localisation), par Siegmund Kreuzfuchs...............

Nouvelle ampoule pour la radiothérapie, par Nogier......

Etude expérimentale et critique de la radiographie rapide, Dar do SDEUéT 0 diese iii dite

Quelques constructions nouvelles, par Bauer

ss. 20.

Un point de technique radiographique, par Laureys Rapport sur la radiographie rapide, par Speder

Rapport sur la radiographie rapide, par Kaestle............ New methods of stereoseropie. Neue Anwendungen der Stereoscopie (Nouvelles méthodes de stéréoscopie), par

PVCRMM SES Re RS A Cu

Rôntgenmomentaufnahmen (Radiographie instantanée), par Dessauer

nes een st sms sem eee

Rôntgenaufnahmen in weniger als 1/100 Sekunde. Eine

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neue Methode der Rüntgenaufnahme (Prise de radiogra- phies en moins de 1/100 de seconde. Une nouvelle mé- thode de radiographie), par Dessauer........................ Quelle est la quantité de milliamperemetres-minutes néces- saire pour faire virer une pastille Sabouraud-Noiré? DRE NOT tant ne ni A Eine neue rotierende Quecksilber-Hochvacuumpumpe (Une nouvelle pompe rotative à mercure pour faire les grands vides dans les ampoules)........................................ La machine à influence, son évolution, sa théorie, par Seha lers Ne in te ie MN nd use Poste de commande radiologique Radiguet et Massiot avec interrupteur turbine à mercure et à gaz................….

La mañipulation de l’ampoule de Röutgen, par Klynens... Un nouvel appareil de mesure en radiologie, par Gotti- DOS ae ete te M An ue a Dieu Un nouvel interrupteur à jet de mercure pour appareils transportables, par Hauchamps................................. Ueber die Natur des latenten Rôntgenstrahlenbildes (De la nature de l’image radiographique latente, par Lüppo- Oramo se ares a A AAE E Beitrag zur Kenntnis der Eigenschaften des latenten Röutgenogrammes (Contribution à l'étude des propriétés de l’image radiographique latente), par Blumensath... Ueber Fehlererscheinungen auf Röntgen-Negativen (Ta- ches et défectuosités des clichés radiographiques)......... Die ambulatorische Röntgentechnik in Krieg und Frieden (Les manipulations des appareils transportables en temps de guerre et de paix), par Gillet...................,..........

Moyens de protection du médecin contre les rayons X, par TEET E RA E E A E A T La nouvelle machine /déale pour actionner les tubes de Rovteen, par Breni escena rera Présentation d'un dispositif breveté permettant de sub- stituer, l’une à l’autre, deux ampoules exactement cen- trées à l’intérieur d'une même calotte protectrice, par DIE ae E r O Eine einfache Methode zur Bestimmung des Tiefensitzes von Fremdkörperm mittels Röntgenstrahlen (Une mé-

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thode simple pour déterminer le siège des corps étran- gers par les rayons X), par Muller........................... Importance du facteur « distance» en radiographie, par NOIR en on a Da D a nee Instruments for direct Measurment of the X Rays (Instru- ments pour la mensuration directe des rayons X), par NA A D D a ie ie On the measurment of the intensity of Rœntgen irradia- tions (La mensuration des rayons de Röntgen), par

I AO D Rd a lente ne

E) CONGRES

La radiologie au II° Congrès de physiothérapie des méde- cins de langue française (Paris, 13, 14 et 15 avril 1909), Dar EeHenrard sde or ee ei

La radiologie à la XIII" section du Congrès de l’Associa- tion française pour l’avancement des sciences en août

T909 Re D CAR den ii teen Pt dnenitase

Le calcul fantonie 4. ns sine ut A Les méfaits... de Ja radiothérapie.............................. Inconvénients cliniques et scientifiques de l'exercice des rayons X par les empiriques, par Josserand.............…. Rapport relatif à la réglementation de l’emploi médical des rayons de Röntgen présenté à l’Académie de méde- cine de Paris. M. Ch. Bouchard, rapporteur............... Autour des rayons X, par Romme.............................. X ray examination for the physician, par Jordan..........… Kaun der Arzt für Unterlassung einer Rôntgenuntersu- chung verantwortlich bemacht werden (Le médecin peut- il être rendu responsable pour avoir négligé de faire un examen radiographique?}), par Karewski.....................

C) NECROLOGIE

Le docteur Van Heurck......................................... Le docteur Léon Hendrix......................................

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598 H) LIVRES

R. Grashey. Atlas chirurgisch-pathologischer Rôntgenbil- a E E ENA E E EAN taie E Dessauer. Heilende Strahlen............................. ET Franz M. Groedel. Die Orthorüntgenographie............... Cerné et Delaforge. La radioscopie clinique de l’estomac normal et pathologique........................................... Burger. Was leisten die Rôüntgenstrahlen in der Rhino- ÉAVnrOlIOm Ie wen a Re teen Gaultier. Les dilatations de l’estomac........................... Hcger-Gilbert. La radiographie fœtale envisagée au point de vue médico-légal...............................,,.,22. Virgilio Machado. Les applications directes et indirectes de l’électricité à la médecine et à la chirurgie............ Fedor Haenisch. Rüntgendiagnostik des uropoetischen SA EE sha E E EA E Leven et Barret. Radioscopie gastrique et maladies de estonio LR E E Wion. Etude des phénomènes dits de préréaction (Thèse). Spéder. Etude expérimentale et critique de la radiogra- phie rapide Chésé).nssss sens se Bornait-Legueule. Contribution à l’étude des modifications histologiques du cancer du sein traité par les rayons X. Simmonds. Ueber Form und Lage des Magens.............…. Goldammer. Die rôntgenologische Diagnostik des Magen nn RARE RS a a a eee ei Schaffers. La machine à influence, son évolution, sa théo- POS Ne den ben E de

DT EE OE Lucas. De la radiothérapie des sarcomes..................... Holzknecht et Jonas. Die radiologische Diagnostik der

intra- und extraventrikulären Tumoren..................... Wetterer. Handbuch der Rôüntgenthérapie....................…. Gillet. Die ambulatorische Röntgentechnik im Krieg und

Fredin ceneni ae

599

Fenwick. The value of radiography in the diagnosis and

treatment of urinary stone....................................... 489 Isaac. Moyens de protection du médecin contre les rayons K AThoss PP oa Na 491

Table des planches

Planche 1. Alban Köhler. Radiographies de la selle turcique. Planche 2. Hauchamps et Steinhaus. Coupes microscopiques de tissus cancéreux.

Heïlporn. Fracture du pyramidal et de l'extrémité infé- rieure du cubitus.

Planche 3. Heilporn. Côte cervicale bilatérale.

Klynens. Fracture de l’axis. Planche 4. D’Halluin. Genou avec artères athéromateuses. Kaisin. Région sacro-coccygienne. Planche 5. Hauchamps. Sarcomes osseux. Planche 6. Lejeune. Articulations atteintes de rhumatisme chronique.

Planche 7. D’Halluin. Thorax d’un chien.

Planche 8. Moeller. Calculs rénaux et vésicaux.

Col lil. ariile 7. Di. Man Köhler.

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VOLUME III, PLANCHE 8.

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