ARS KA Leet RE 7e

IM Ce 1

u

el]‏ و«

dM

Bb th

v,

M aod. TOR

S ETE

0

Ta

GG?

OCT ule, کہ‎ Kn Hi یتو‎ 1 Id d رو‎

PEE

P ات‎

LL E ma jD x

5

"AS INC PP Ca mn mn nn, تھا لم‎

DN SG 2 RT

Legt et

Len ue

AN ۳1 Di Vu i ند‎ ME I

| d - we و گے‎

TOS

an TELE ETC TON

APRA

ا ل

s n Di پیر‎

ur Ar بمب‎

DRE sers ne

x نی‎ Naher

nm M - " rada PLA a ree edad! gl, ag

In

۷ PLU PTS

1 KA vw,

RE SES geg E zu ۴ 1 n = سے‎ - " SEH E TE = ` -

La ٦ ۳ «< 9 | " = 6 1 ٦ 5 | uw 2 ٠ -— u ~ 4 8 « RK et ۳ «ls a - d'a ` < E i Le [ML] = = e 1 - e e ? > D - سے‎ wg E `

(10:3

0

JOURNAL DE NEUROLOGIE

JOURNAL

DE

NEUROLOGIE

NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE, PSYCHOLOGIE, HYPNOLOGIE

sous la direction de

X. FRANCOTTE J. CROCQ

AGRÉGÉ À L'UNIVERSITÉ DR BRUXELLES KT DE CLINIQUE PSYCHIATKIQUE MÉDECIN EN CHEF ^ LUNIVRRSITÉ pr LIÉGR DE LA MAISON DE SANTÉ D UCCLE CHEF DE SERVICE A L'HOPITAL DE MOLENBEEK-ST-JRAN

Secrétaire de la Rédaction . F. SANO

BRUXELLES

NTIFIQUE MAISON SEVEREYNS 44, Rue Montagne-aux-Herbes-Potagèes, 44

IMPRIMERIE SCIE

1902

eP

^et aA ^

-

Aic!

rad.

hawg ۰

SOMMAIRE DU N°4 l. TRAVAIL ORIGINAL. Quelques norvelles contributions à l'étude des

localisations médullaires, par MM. P

PAGES

ARHON et GOLDSTEIN (suite), 1

Il. REVUE DES PUBLICATIONS NEUROLOGIQUES BELGES. . . 17 III. REVUE DE PSYCHOLOGIE. —_ Sur le mécanisme intellectuel du rêve,

par B. Leroy et J. Tonorowska "| AE M A 20

IV. VARIA. Sur la prédisposition des juifs aux maladies mentales, Les empoisonnements en Angleterre L'alcoolisme dans l'armée du grand roi, . IV

|

Le sérum Caimette

Un rapport. du médecin de la Compagnie du chemin de Fer Bengal-Nagpur, parvenu ^u bureau de la Compagnie, à Londres, mentionne un cas de guérison remarquable de la morsure du cobra au moyen du sérum du D' Calmette. Le médecin de la Compagnie, appelé auprès d'une femme indigène deux heures aprés qu'elle eut été mordue, l'a Irouvée dans un état comateux. Il fit, à la malade, une injection de sérum à forte dose, qui eut pour résultat de lui faire reprendre ses sens. Un quart d'heure aprés, encouragé Par ce premier résultat, i] injecta de nouvelles doses de sérum et trois heures après, la

iualade était complètement guérie.

(Écho de P.)

nac "RN

INDEX DES ANNONCES

Lécithine Clin. alagua. çontrexeville, source du Pavillon,

Gei de Pougues-Carabana, roduits bror

Cypridol, ab'etteg de Marienbad. pialaplasme, lgitaline crist. j on Nativelle, larine maltée Vial, p. If. IT.

uutrés de Henry Mure,

„n Mariani, p, II. arine Renaux, p.l. Calaya, nl. beet ` 7) Tannate d’Orexine, p. l. 2 de Antipyrine effervescente, Glrcé- ‚mosphate de Lithine, l'ucoglycine du ۱۳699۲ 10 Perdriel p. 2 > Yrolin, p. 2 0 Le Thermoformo), 9 1 n. Phosphate, Neuro . Kola, Neuro- E col, Neuro- Bromuro Chapotot,

کر 7 ہہ" An naire, p. d‏ Tie Air ). 4. e Maxime Groult‏ pi, We de France Henry Mure,‏

Capsules de

‚Station

Vin Bravais, D.O. Elixir Grez, Albuminate de fer Laprade,

p- 6 s S Ovo-lécithine Billon, p. 7. Phosphatine Faliéres, p. 7. Neurosine Prunier, p. 7.

Eau de Vals, p. 8. "irop de Fellows, p. 8. 8 Thyroïdine, Ovairine, Orkitine, Pneumo-

nine Flourens, p. S Ichthyol, p. 9.

Pilules et Sirop de Blancard, p. 10. Eau de Vichy, p. lu. Farine lactée Nestlé, p. l0.

lodures Foucher, p. 10.

Royérine Dupuy, p. 11.

Leptandrine Royer, p. 11.

Neuro-Kola Chapotot, p. 11. Tribromure de A. Gigon, p. ll.

Eau de Hunyadi Janos, p- 11.

La Pangaduine, p. 12. Sa Institut neurologique de B uxelles, p. 12. Capsules de corps thyroïde Vigier, p. 12. Maison de Santé d'Uccle, p. HI.

‘Chlorhydrate d'Héroine. Salophène, Créo-

sotal, Duotal, Aspirine, Somalose, Eu: rophène, Protargol.l'annigèr.e,Hédonal, Epicarine. Ferro - Som^tose, 100011۲۰ rine, I.yc&tol, Aristol, lrional Bayer. ıivernale et thermo-minrrale d’Hammam-R’Irha. Peptone Cornélis. Hématogène du D'-Méd. Hommel,

Farine Male ial (BUTODIGESTIVE) SE ia saule qui se digare dU le méme "Heure وو‎ dés ی‎

AVANT PENDANT. £T. APRES: AR SEN RAGE,

ppt mo la dent 00 RR neve nme f

Yakı tiem te wu: ec es at Yen 04 a ۵ NX

NA "fu, Presse aussi, war اس زا‎ dép 00 ای‎ "AD c. Tak Pays 0 Lg"

S anie. grtet ری وق‎ 8: viré ieren, PARIS.

foc We v a à و سی صا ر ر س‎ ie کے لاي‎ Bet حن رر‎ PP ج ہر‎

"PLASM A ورد‎ LAER Sant e Funds. ee) ا‎

E & UE ss. dis فا‎ (Un x mee Jueves پا نو هک‎ de Etes dicen Ü d El CU ARR Hévargué uk 4 | U-FUBEROULOSE. In AE UHASTHEME,. 2 714905 ۱۸935 سا‎ 8 "NIA 8 Che Vivisinas. PARE e SI eines ` TW 2 نیا‎

۱۷۳ FE و‎ * d pios: 2 E tr 4 faut Dem: 60 yt mm mp i | eréMerf gar das MOGENS. (y وش رر‎ ١ base; Aen gauren n Ennast ` e A و 00 نار موی هنامز‎ Se lte? ti Tes هد‎ virtus ۱

۲ ê PAR S ENES 9 gt را‎ 0 posten donis fes d j ehior'ase, Anemie رر وا توب مار‎ ۱ Monet Man. Flétres des B "Droen: کے‎ nfüsénza. - $ pe par pu au 8% à

S en >‏ دس شع بی ہس + FRERE‏

Wa: 2

ad P IA eR ra

TRAVAIL ORIGINAL

Quelques nouvelles contributions à l'étude des localisations médullaires

par les D' C. PARHON et M. GOLDSTEIN

(de Bucarest)

(Communication à la Société belge de Neurologie, séance du 30 novembre ı901)

(Suite)

Nous avons dit que le groupement postéro-externe représente le noyau d'origine du sciatique poplité externe. Or, ce nerf envoie des fibres aussi au muscle pédieux, muscle du pied, Il en résulte que les mus- cles du pied ne sont pas tous innervés par le groupement post-postéro latéral. Dans des recherches récentes (1), nous avons trouvé, nous aussi, Un groupement qui correspond à ce dernier, chez le chien. Mais nous n'estimons pas encore qu'il faudrait l'appeler dans l'avenir le noyau des muscles du pied. De Neet l'a trouvé chez le lapin aussi (2). En effet, pour nous ce groupement n'innerve que les muscles de la région plan- taire du pied qui dépend du sciatique poplité interne. (Donc les fibres de ce dernier proviennent des deux groupements cellulaires.) Pour que le nom de noyau des muscles du pied puisse être adopté, ainsi que celui de noyau des muscles de la jambe, il faut tout d'abord prouver d'une facon certaine que : le pédieux n'est pas innervé par notre noyau postero-externe, ou noyau du sciatique poplité externe. c'est-à-dire par l'amas externe du gToupement postéro-latéral de Van Gehuchten et De Neef; en admettant ainsi que le fait De Neef, que certaines fibres du Sclatique poplite externe prennent leur origine de l’amas interne, ou sToupe Postéro-interne, il faut prouver que le pédieux n'est pas non plus innervé par ce groupe; i] faut, enfin, prouver qu'il est innervé par groupement post-postéro-latéral. Or, l'existence de ces faits n'a pas eté Prouvé jusqu’à présent. Il est vrai que Van Gehuchten ne signale pas des lésions dans son &Toupement postéro-latéral, à la suite de la désarti- Culation tibio-tarsienne, mais le pedieux etant un petit muscle, le nombre des cellules qui l'innervent doit étre assez restreint pour pou- Voir passer inaperçu, même par un observateur de Ja valeur de Van

ehuchten, quand on n'étudie qu'un seul cas.

————

in De > 3 à . ; ; . . Dre, ] ARHON si M. GOLDSTEIN. Localisärile motrice spinale si teoria metame-

1۱۱1 (p : or, (Romania medicala, octobre, 1900, 18-19.) hr E, DE Nep e : IC, DE NEEF, Le À evraxe, vol, 1], fascicule I, 1901.

JOURNAL DE NEUROLOGIE

۵

D'autre part, la section des fibres nerveuses étant faite bien loin de la moelle et. la portion du cylindraxe, enlevée par l'opération, étant toute petite, l'intensité ces lésions par ce fait même doit être minime, nouvelle cause qui fait que ces lésions peuvent passer inaperçues. (On sait que Van Gehuchten et ses élèves n'ont jamais trouvé des lésions à la suite de la simple section des nerfs rachidiens, tandis que la plupart des auteurs, ainsi que Nissl, Dutil, Lugaro, Marinesco, etnous-mémes, nousen avons trouvé.) Et méme, si les trois conditions sont un jour prouvées comme existant en réalité, il restera toujours le fait qui résulte des recherches de Parhon et Popesco, et de nos propres recherches chez les animaux, fait confirmé récemment par Van Gehuchten et De Neef, chez l'homme nous parlons de l’existence de deux groupements cellulaires distincts pour les muscles de la cuisse d'où il suit que la théorie soutenue par Vau Gehuchten et Nelis dans le travail cité, ne peut s'appliquer à tous les segments et que par le fait méme elle ne peut plus avoir la valeur d'une loi générale.

» * *

Voyons maintenant en quoi cette théorie se confirme à la suite des expériences faites sur les animaux. Dans un travail récent, (cité plus haut) De Neef à la suite de plusieurs expériences croit être arrivé à trouver pour chaque segment un groupement destiné à son innervation et iladmet par conséquent la théorie de Van Gehuchten et Nelis. Les faits sur lesquels il s'appuie sont les suivants : |

En rompant, au niveau du coude, le médian, le cubital et le radialil aurait trouvé la chromatolyse dans les deux groupements C et D (de ses figures). Donc ces deux groupements seraient les centres de l'avant bras et dela main. [n rompant dans le creux axillaire le radial et le mus- culo-cutané ilaurait trouvé le groupement C en chroimatolyse partielle, tandis que le groupement B était en chromatolyse totale. ['explication du fait serait pour l'auteur que D serait le centre du bras pour lequel on a rompu toutes les fibres qui l'innervent, tandis que C étant le centre de l'avant-bras il reste encore les fibres saines qui viennent du médian ct du cubital qui font que dans ce groupe, la chromatolyse est partielle. Ces conclusions seraient justifiées si elles étaient les seules possib es ct si elles n'étaient en contradiction avec des faits déjà acquis et établis sur des bases solides. Nous allons voir que c'est précisément ce qui arrive.

Ces expériences ont été faites par l auteur sur le chien et lc lapin.

En rompant, chez le lapin, dans le creux axillaire, le musculo-cutané, le médian et le radial il trouva le groupement B en chromatolyse totale, beaucoup de cellules malades dans C et un petit nombre dans D.

Les faits s'expliqueraient si l'on admet que B est le centre du bras, C de l’avant-bras et D de la main, car on a rompu toutes les fibres des

TRAVAIL ORIGINAL 3

muscles du bras, la plupart de celles de l'avant-bras et un petit nombre de celles de la main, la plupart des fibres qui innervent les muscles de ce segment venant du cubital. Il reste un autre groupement A, dont les cellules n'ont jamais été trouvées malades et qui par ce fait méme repré- senterait pour l'auteur « plus que probablement le noyau d'innervation des muscles de l'épaule ». Pour le membre inférieur, à la suite de ses expériences, il aurait trouvé les faits suivants : En rompant le sciatique pop'ité interne et externe il aurait trouvé en chromatolyse toutes les cellules des deux groupements C' et D' ce qui s'expliquerait parle fait que C' est le centre des muscles de la jambe, tandis que D' est celui des muscles du pied. Un autre groupement DB' serait le centre des riuscles de la cuisse car il est en réaction partielle à la suite de la rupture des bran- ches du sciatique qui innervent les muscles de la cuisse ou du crural, ou de l'obturateur, et il présente la chromatolyse totale de ses cellules lorsqu'on rompt en méme temps tous ces nerfs. Par exclusion le grou- prement À’ innerverait les muscles de la hanche.

Nous avons dit plut haut que les conclusions de De Neef seraient justiliees, si ses expérienc:s ne pouvaient subir que l'interprétation qu'il leur donne et si des faits acquis ne seraient parfois en contradiction avec elles. Nous montrerons que les choses ne se passent pas ainsi. Pour nous, le groupement A de De Neef n'a rien à faire avec l'mnervation de l'épaule. Celle-ci provient du groupement externe (groupement C de De Neef) au niveau du Ve et du VIe segment cervical, chez le chien, ainsi que nous l'avons démontré (1). En ce qui concerne le groupement A (le groupement central), il appartient au grand pectoral et plus bas au petit pectoral. Déjà, dès 1897, Sano (1), dans ses expériences faites sur le chat et sur le pigeon, a trouvé les altérations de ce groupement a la suite de la rupture clu nerf du grand pectoral. Nous-mêmes (2), un peu plus tard et sans connaitre les recherches de Sano, nous avons trouvé des altérations dans le même groupement à la suite de la résection du grand pectoral chez le ch en. Nous avons trouvé le même groupement malade à la suite de la résection du grand et du petit pectoral chez l'homme, à cause d'un cancer de la région antérieure du thorax. Mari- nesco (3), dans des recherches toutes récentes, a trouvé des altérations dans le mème groupement central, dans sa partie supérieure pour le grand pectoral et inférieure pour le petit. C'est d'ailleurs aussi l'opinion de Sano. ZL en résulte donc que le groupement central est le centre des

i) C. PaRHON ct M. GorpsrEIN. L'origine reelle du nerf circonflexe. (Rerue neurol., i! 455, IgOI.)

(1) Saxo Considérations sur les noyaux moteurs médullaires innervant les muscles. Céournal de Neurologie, 1$, 1901.)

(2) PARHON St GOLDSTEIN. Cercetari asupra localisatiunei muschilor pectorali la om la caine. (Romanic medicale, septembre 1900.)

(13) MARINESCO. Revue Neurologigue, 12, 1901.

A JOURNAL DE NEUROLOGIE

muscles bectoraux et non pas des muscles de l'épaule, comme le prétend De Neef. Dans le travail cité, Sano dit que la figure du VI° segment cer- vical de notre travail ressemble à celle du VII* segment du travail de De Neef. C'est également notre opinion. Nous pouvons affirmer de plus que la figure du travail du méme auteur, qui représente une coupe du Vle segment, cor- respond à notre dessin du V* seg- ment,quoiquedans le dessin de De Neef on ne voit pas le noyau du circonflexe. Ainsi que nous le ver- rons, nous ne som- mes pas d'accord avec cet auteur en ce qui concerne le numérotage des segments. Pour De Fig. 17. Cou e ۲ Neef, le groupe- pen eau dr Del nent EE ment C du VIT

noyau du triceps. Le groupement A qui segment cervical

noyau du grand dorsal (d'après Mari : colonie vertebrale- (d'après Marinesco), a? muscles de la a serait E tre des muscles Ge ; l'avant-bras. Vous 0tv0? - ۱ ۱ ele ` S affirmer (et Ee nombreux faits acquis nous le permettent) 701 IE bras Ew e rien à faire avec linnervation de l'avant ment 3: te EE na pas trouvé des altérations de ce groupe Ba e la rupture du median, du cubital, et du radial, nes E ensemble à l'innervation de ce segment (1). Nous trouvé ce Se Ce E la désarticulation de l'avant-bras, nous avons montré qu'il re is oni mac Enfin, dans un travail récent, nous avons یت‎ e réelle du nerf circonflexe ce niveau). e Si de De Neef (le VII MEME que le groupement C de la figure 3? rien û Pinnervation de EE cervical d'après lui) ne contribue en ۰ E x 2 [f avan : : ۱ ij qui d'ailleurs ne nous parait 20 (fig. I7). En effet, ce groupement > parait pouvoir être regardé comme la continuation

(1) MARINESCO ibuti ARINESCO Contribution à Pe moelle èpimère. (Revne Neur "و"‎ 5 4 (2) E ARHON et GOLDSTI manie medicale, 1900.) `

des locali ati i l . Satio: 25 r ey daus å ologigue, 180; J ons des noy aux moteurs d

IN. Localisani , sanile motrice Spinale si teoria metameriilor. į Ro-

TRAVAIL ORIGINAL 5

du groupement C de la figure précédente (37 de De Neef, notre fig. 18), nous l'avons trou- intact à la suite de la désarticula- tion de l'avant- bras. Il repré- sente, ainsi que Marinesco et nous- -mêmes nous l’a- vons montré, le noyau du triceps brachial. Le grou- pement C de la fig. 19 (fig. 39 de De Neef), qui, pour De Neef, innerve- rait toujours la-

Fig. 18 (Fig. 37 de De Neef). Le groupement c qui re- vanus bras, n'est Présente pour De Neef le noyau des muscles de l’avant-bras que la Continuation est d'après nous et d'après Marinesco l'origine réelle du cir- du précédent et a

conflexe tandis que le groupement A qui, d'aprés De Neef, i HD! ke le noyau des EE de l'épaule est Pour nous de la même significa- que pour Sano, et Marinesco le noyau du rand pec- i A inei 3 ۱۵۲۵۱۰ ze noyau du 8rand dentelé, d'après Marinesto ai nus. ton. Ainsi 139 cles de la colonne vertébrale, Le &roupement B représente nous le voyons la ie Marinesco et pour nous-mêmes le noyau des muscles de localisation que 4 région antérieure du bras et nen pas celui de tous les ; muscles du bras comme le prétend De Neef. De Neef attribue

à l'avant-bras, est

l V

...

۰ ہہ اب‎ pe» > uo

Rroupement B innerve Seulement les muscles de la région antérieure du ras : le biceps, le brachial antérieur et le coraco brachial. Ce groupe-

ment ne réagit pas à la Suite de la rupture du radial dans le creux axil- are, ظ‎ à la suite de la résection du triceps brachial, dont le centre est, MUNSI que nous l'avons déjà dit, dans le groupement C. Z résulte de nos recherches, ainsi gue de celles de Marinesco, que le bras est innerve par deux STOubements cellulaires indépendants, si indépendants que De Nef, d de la théorie des localisations segmentaires , A Cru pouvoir

ans chacun de ces groupements un segment different. Nous avons vu que le &roupement C n'a rien à faire avec l'innervation * l'avant-bras. Voyons maintenant quelle est la localisation de ce seg-

6 JOURNAL DE NEUROLOGIE

ment Nous la trouvons dans le groupement D qui, pour De Neef, repre- senterait exclusivement le centre des muscles de la main. Nous avonspu distinguer, a la partie postérieure de la corne (dans le VIT: segment) . quatre groupements cellulaires (1); mais dans certaines coupes, comme dans celle de la figure 39 de De Neef (notre figure I9), On ne peut observer qu'un seul groupement, mais pour nous /e grou- pement D repri- senté dans cette fi- gure, est le centre de lavant-bras el non pas celui de la main, comme le pense De Neef. Dans la figure 40 de De Neef (notre

۱ . figure 20), quel groupement c qui repré- KR En ee ee au de l’avanı-bras esteen realiie ques unes (2-3 " celui du triceps brachial. egroupement D qui pour De Neef :s de la partie est le noyau des muscles de la main est en réalité celui des cellules d ۲

muscles de l'avant-bras. Le groupement A, qui d'après De la plus postérieure Neef, represente le noyau des muscles de l'epaule est le du groupement D noyau du petit pectoral, d'aprés Marinesco et Sano, ae novau 1 du grand dorsal (Marinesco), ai muscles de la colonne verte- appartiennen brale: peut-être à l’inner- vation de la mam. le reste appartient toujours à l'avant-bras. Seulement, dans la figure 21 (figure 41 de De Neef), toutes les cellules du groupement Dappartiennent veritablement aux muscles de la main.

Passons maiutenant au membre inférieur. Pour De Neef, les muscles

de la hanche seraient représentés par le groupement A' (le groupement

central), mais nous avons trouvé des altérations dans ce groupement à

la suite de la rupture du nerf obturateur. D'un autre côté, Sano, Van Gehuchten et De Buck, à la suite des escharres fessiers ont trouvé des cellules malades dans le groupement antéro-externe. Nous mémes, nous avons trouvé des altérations dans le même groupement à la suite de la

. C'est donc que doivent étre localisés les

groupement B'(notre groupe

Fig. 19 (Fig. 39 de De Neef).— Le sente pour De Neef le noy

mentexterne et plus bas intermédiaire),repré-

nn

(1) D's C. PARHON und M. Gorpsr i ie BR : A1 GOLDSTEIN. Die Soi i isationen und die Theoric der Metamerien. (Veurologisches SES ۵

Cen tralblatt, 1901 .)

TRAVAIL ORIGINAL 7

sente le centre des muscles de la cuisse. Il prétend y avoir trouvé desaltéra- tions à la suite de la rupture du crural et de l'obturateur. Mais nous ayons montré qu'à la suite de la rupture de l'obturateur, on trouve des altéra-

' ١ y ' 1 i و‎ : ۱ d À ۲ d * ۱ ا‎ f / A s / ; )] رر گر امک ےن نے‎ ot کے‎ di. L. » A d A A di dr 7 E de VA s T pue ns ۳ a e es D ELLE Teu وھ‎ p. GAME UR X n D'OR \ CX n رت رر رٹ‎ M nm N Á ر ھر ر د‎ GT KE u ch, ve کی‎ vi fe e مو و‎ 43 E a , E Se SET 0-1 ۳ رر‎ EN ue یں و ا و‎ UT UT Wut Mo E. Lis de ۳۳ ی‎ 4 c 4 SEAN ۷ GR ۰ EE = ` ^ XN SE et n ; جا یں ںا‎ x As nt Der # 1-7 D ww یر‎ Vai : 2 PLUME E otre gud - , e نو کج‎ t -< 9 - چھ نے اواب پا ےک ہیں مو ہج‎ - UARA Ne ےت‎ EE s ` Te vg sn ed ED ° مرن‎ Je A ا‎ és fg A" T S ` r 4* ۰ “a , SU g~ 1 r «t Har E E Vig d c E TNT "ah. mn, -r r $ ۰ . et ۰ E کر نے اط‎ TR < ٦ d E ATA ج‎ r D, r ۰: 7 ا‎ RE (SE c » ' - |o. wf" ےنچ‎ : ۱ ۰ E ہے‎ ۰۰ À E m m ۵ ا کی او‎ CS ۳ ^ OL ۵ تا اھ‎ ۱ ` 3 a Bd DR nd | وت‎ 9 سج ره‎ ۰ D E nen : X - u a nn ۳ è ا ارک‎

Fig, 20, fig. 40 de De Neef. Le groupement c qui pour De Neef appartient à l'inner- vation de l'avant-bras, est en réalité le noyau du triceps brachial. Les cellules du grou- pement D, qui pour De Neef innervent les muscles de la main, innervent (sauf peut- etre ]es deux trois plus postérieures) les muscles de l'avant-bras. ae noyau du grand dorsa] (! larinesco). a; muscles de la colonne vertébrale.

Fig 21. Coupe du Segment dorsal. Le gfoupement D represente ici pour nous, cemme qour De Neef, le noyau des muscles de la main.

d'unniveau plus supérieur, et à la suite de la résection du demi-tendineux et du demi-membraneux, les lésions se trouvent dans le groupementinter- médiaire (qui peut étre considéré comme la continuation du groupement externe). I] résulte de toutes ces recherches que les muscles de la cuisse Sont représentés dans la corne antérieure par deux groupements ou, Si

par Van Gehuchten et De Neef lui-même. Pourtant, ce dernier soutient Que, chez le chien et chez le lapin, la cuisse est représentée par un seul ement cellulaire, sans relever la contradiction entre ses recherches experimentales et ce qu'ils ont trouvé chez l'homme, sans méme rap- Peler ces recherches, Sur ce point, De Neef, en parfait accord avec la core des localisations segmentaires, n'est pas en accord avec les faits, tandis que Van Gehuchten, en véritable homme de science, quoique en esaccord avec sa propre théorie, est en parfait accord avec les faits. la suite de Ja Tupture de chacune des branches terminales du scia tque De Neef arrive a des résultats qui confirment en grande partie ceux

8 JOURNAL DE NEUROLOGIE

auxquels nous sommes arrivés dans des recherches antérieures.Pourtant ilaurait trouvé des cellules malades à la suite de la rupture de chacune de ces branches dans le groupement qui pour nous appartiendrait exclusive- ment à l’autre. De même à la suite de la rupture du sciatique poplité externe il aurait trouvé des cellules malades aussi dans le groupement D' qui pour nous enverrait des fibres seulement au sciatique poplité interne. Si le fait était confirmé on pourrait regarder le groupement D' ainsi que le font chez l'homme Van Gehuchten et ses collaborateurs comme représentant le noyau de tous les muscles du pied. On devrait pourtant encore démontrer que toutes les fibres nerveuses destinées au pédieux viennent effectivement du groupement D'.Jusqu'alors nous continuerons à soutenir qu'aucune des localisations soutenues par De Neef n'est établie d'une façon certaine Pour nous le travail de cet auteur destiné à defen- dre la théorie des localisations segmentaires restera comme un docu- ment qui parlera précisément contre cette théorie, car d'un cóté il existe deux groupements cellulaires si distincts que l'auteur a cru pouvoir y localiser deux segments différents et qui appartiennent en réalité à un seul segment, comme c'est le cas pour le bras, et d'autre part des cellules qui pour l'auteur innervent un seul segment, appartiennent en réalité à deux segments différents, c'est le cas pour l'avant-bras et la main. Il nous semble étrange de voir De Neef trouver des lésions dans les groupe ment B à la suite de la rupture du radial dans le creux axillaire, la M.Marinesco n'en a pas trouvé à la suite dela rupture de ce nerf,ni nous mémes à la suite de l'extirpation des muscles qu'il innerve, et qu'iln'ena pas trouvé dans la partie postérieure et externe de la corne (dans le VIIT segment) ou Marinesco en a trouvé à la suite de la rupture du nerf à 1 avant-bras, et nous mêmes à la suite de l'extirpartion des muscles de la région postérieure de ce segment. Nos recherches en parfait accord avec celles de notre maitre contredisent celles de De Neef. Il est intéressant de remarquer l'analogie de la situation qu'occupent ce groupe des exten- e et celui du sciatique poplité externe qui innerve gues de la jambe. nn en eua représentés les différents segments dans la e A GE $ ésarticuler chaque segment en particulier, chercher les altérations a ہت‎ E GE E Keen S De cette façon ses SS 006+ à la suite de di 007 11 n adio qoin nn ete au autres et moins errones. De Neef. Il s'agit du niveau des dif ae ur e | کی‎ cette question pour la moelle EE EE ibl lóiibo actis cervicale. En ce qui concerne la moele , l’un de nous avec M. Popesco et nous-mêmes, dans des recherches ultérieures, nous avons souten 1 let de l’obturateur tirent leur origine de] 666۴ du crura : lombaire et de ] SN Ke a moitié inférieure du IIIe segmen a moitié supérieure du IVe, Pour De Neef, ils provien- draient de la moitié inférieure du IV* e Neeti, 115 ۳ u IV" segment et de tout le segment

TRAVAIL ORIGINAL 9

lombaire. Comme on le voit, pour De Neef, le crural et l'obturateur apparaissent à un niveau plus bas d’un segment. Nous avons vu que pour la moelle cervicale existait la même différence entre notre numérotage et le sien. En ce qui concerne le sciatique, pour nous, le noyau de ce nerf apparaît dans la moitié inférieure du IV* et se poursuit jusqu'à la partie supérieure du VIe segment. Pour lui, le sciatique commence dans le VI* segment et se continue jusque dans le III: segment sa- i cré. Pour nous le noyau de ce E زا‎ nerf est sur la hauteur de deux ۱۱ segments approximativement, à pour lui, sur la hauteur de pres- N que quatre segments. Comme NN b IV] onle voit, la différence est assez ۱ ` grande et De Neef conclut qu'il ۱ est Convaincu que nous nous à VL. sommes trompés de segment et que nous localisons beaucoup

f É à b vil trop haut. Il aurait été bon que IA P JAN ۷ De Neef nous dise la façon dont Cat o IS.

il a procédé dans le numérotage des segments. En ce qui nous

Ok | A\\\-IS. regarde, nous avons procédé de un ۱۱-16 la facon suivante. Nous avons

d ٦ Auge fait une coupe immédiatement É SC ۱ VS au-dessus d'une racine, par

exemple la I" lombaire, une au- tre coupe, nous l'avons faite im- médiatement au-dessus de la II* racine et nous avons nommé ا ا‎ IR / de De Neef) Cette figure Ja portion ainsi délimitée, le vort que contraire Sacré du chien. On y J" segment lombaire et ainsi de Neef, la Il" et la Ile Fe a De suite. La direction des racines “Penten rien à Ja formation du nerf e a 2 i s, On sciatique. étant oblique de haut en bas, o

sortent, nar ax , comprend que des fibres qui origine e Pe par la IVe racine, pourront avoir leurs cellules estimons e e troisième segment. En procédant de cette façon, nous تا‎ es auteurs qui voudront bien contrôler nos recherches, ne quels nous pas trop dans les résultats qu'ils obtiendront de ceux aux- vu que De Nen arrivés, En ce qui concerne le sciatique, nous avons sacré, Nou , eel va avec sa localisation jusque dans le troisiéme sopment pas la pein SC affirmer qu'il se trompe. Pour le prouver, ce n'est ine de chercher les preuves trop loin. Nous les trouverons dans

vall de De Neef. En effet, il suffit de regarder la figure de ce tra-

vail qui représente le plexus sacré chez le chien (fig. 7 de De Neef, Notre fig, 22).

10 JOURNAL DE NEUROLOGIE

On y voit très bien que le sciatique sort du V' et du VI* segment lom- baire et du I" sacrê.

ped Après ce que nous زا‎ MER I, avons dit à propos 1 la LA SE Je a, 2 du mode d'émer- d Ai I GE p ۱ pi "e A e M M را‎ «Xue end L gence des racines, ib poer ou pA 2 on voit que notre a m E^ b > ےہ و‎ ES : و‎ Er te T : OR بر‎ : ۱ ËTT کی‎ Ev f CRAP localisation con- Wife bis int BETEN: ge corde mieux avec Se ee IN. چ‎ a e ce qu'on voit dans Cio MAS NEL CR e کر‎ la figure, que la lo- E y eam Me ھی ا‎ . . de De zt BASE NS calisation en en Neef. Malgre cela, Be il soutient que les ions cellules d'origine dd du sciatique se lats- AS £N

mu sent poursuivrejus-

Fig. 23 (fig. 47 de De Neef). Le groupement c', qui, roi- d'aprés De Neef,est le centre de tous les muscles de la jambe, que dans le t

représente à ce niveau, pour nous, le noyau du sciatique sieme segment Sd:

poplité externe. cré. Il suffit d'ail-

leurs de penser

combien est mince la moelle dans cette région, même entourée des racines de la queue

de cheval, ce qu'on voit trés bien dans la figure citée, pour pouvoir affirmer que les coupes des- sinées dans les fi- gures 47, 48, 49, 5oet du travail de De Neef et qui, d’apres lui, repre- senteraient des

coupesdu VI® (par- ER EE ا ا‎

tie supérieure et nen, med,

inferieure)segment ne Ee

lombaire, du pre- S se Paru

mier, deuxième et C ts c1 troisiemesegments EE yy

: SE . De Neef confond en un seul groupement, ‘?

sacrés, ne peuvent ince an indistinctement tous les muscles de la jns vent po scelte qu. » Ja regic

représenter en réa- pour nous respectivement les muscles de la reg

antéro-externe de la jambe et le pédieux, et les muscles lité des coupes de la région postérieure de la anbe | ces segments. Ainsi, à notre tour deg e tour, nous restons convaincus que cet auteur s'est trom- H &ment et qu'il localise beaucoup trop bas. D'ailleurs ces erreurs

TRAVAIL ORIGINAL 11

de numérotage ne sont pas difficiles à faire, et, ainsi que Van Gehuchten et De Neef le remarquent, elles ne peuvent surprendre que ceux qui ne se sont jamais occupés du numérotage des segments médullaires sur une moelle séparée de la cavité rachidienne et le meilleur exemple nous est donné précisément parcet observateur distingué. Ainsi, dans son premier travail fait en colloboration avec De Buck, ces auteurs nous disent que le groupement postéro-latéral secondaire (le noyau des muscles du pied

ہی NV‏

] Fig, 25 (fig. 49 de De Neef). Le groupement c! qui, pour cet auteur, innerve tous es muscles de a jambe n’est, pour nous, que le noyau des muscles de la région poste- neure de ce segment.

Fig. 26 (fig. so de De Neef). c! comme dans la fig. 25. Le groupement D'qui, pour e Neef, est le noyau de tous les muscles du pied, n'innerve pour nous, que les mus- cles de la région plantaire.

de cet auteur) commence dans le premier segment sacré. Dans leur eusieme travail, ils disent que Ce groupement commence dans le [e Segment sacré et que C'est par inattention qu'ils ont dit dans leur travail antérieur que ce groupement commence au premier segment. ans son travail avec Nelis et dans le travail cité, avec De Neef, Van Gehuchten maintient ce numérotage, qui paraissait être le vrai. Nous- mêmes, dans Je travail cité, relatif aux lésions que nous avons trouvées dans la moelle Sacrée à la suite de l'amputation du pénis et sur lequel nous reviendrons, nous avons trouvé la disposition décrite par Van ehuchten et ses collaborateurs dans les mêmes segments sacrés. Sano à numéroté de Ja même manière. Pourtant Onuf prétend que le groupement post- postéro-latéral com- mence au niveau du premier segment sacré, ainsi que l'ont admis Van ehuchten et De Buck dans leur premier travail et finit entre le Ile et le

12 JOURNAL DE NEUROLOGIE

IV* segment. La méme chose résulte d'un travail de Müller et des recherches de Vichmann, Starr, Edinger, Leyden, Goldscheider, Oppen- heim, Strümpell, Jacob, Dana, Schültze, etc. (1). Comme on le voit, la majorité est de côté et les recherches récentes que Van Gehuchten a faites avec le D' Lebouschine, les conduisent au méme résultat. Comme on le voit, l'erreur consiste plutót à localiser trop bas que trop haut et à ce point de vue, l'avantage dans la discussion avec De Neef, est de notre cóté.

Encore un point sur lequel nous ne sommes pasd'accordavec De Neef. se rapporte à l'existence ou l'absence d'une méthode qui peut nous mon- trer comment sontlocalisésles muscles dans la moelle épiniéreet s'il existe ou non des localisations musculaires. De Neef prétend qu'une pareille méthode n'existe pas, caren faisant l'ablation de quelques muscles du membre supérieur il n'a jamais obtenu des modifications cellulaires mani- festes au miscroscope, cs qui d'aprés lui ne doit pas nous surprendre étant donné que la réscction d'un muscle quelconque, équivaut à une simple section de son nerf et jamais dans ses expériences la simple sec- tion n'a pas été suivie de chromatolyse dans les cellules d'origine. Pour nous, l'ablation d'un muscle équivaut à la résection et non pasà la simple section du nerf, car par le fait de la résection, on enlève en même temps toutes les fibres nerveuses intra-musculaires. D'autre part si Van Gehuchten et De Neef n'ont pas trouvé des altérations à la suite de la simple section d'un nerf cela ne veut pas dire encore que ces lésions n'existent pas car d'autres auteurs tels que Nissl, Ballet et Dutil, Lugaro, Marinesco et nous-mémes, nous avons trouvé des altérations plus ou moins intenses d'apres la distance de la moelle à laquelle on fait

la section ou d'aprés la portion du cylindraxe qu'on sépare de la cellule (2).

(1) Cités d'après VAN GEHUCHTEN et DE NEEF.

(2) À cette occasion nous tenons à rectifier certaines erreurs qui ont été faites dans un de nos travaux antérieurs. (Contributiuni la studul lesiunilor secondar'e à le ce (at ler nervoase..| Romania midicalz, octombrie 1500.) En parlant de la distance à laquelle ou fait la section du cylindraxe nous disons : Forel, Nissl, Marinesco, ont attire depu's longtemps l'attention sur le fait que la cellule nerveuse r. agit d'autant plus vit: que la section du prolongement cylindraxe se fait plus près du corps de la cellule Plus bas nous disons que ces auteurs ont soutenu que la distance est le seul facteur qui influence l'inteasite des alterations.

Il y a deux inexactitudes que nous tenons à rectifier. Tout d'abord Nissl a soutenu precisément le contraire c'est-à dire que la distance n'a aucune action et puis les auteurs cités (Forel et Marinesco) n'ont jamais dit que la distance est le seul facteur. Le point sur lequel nous avons. voulu attirer. l'attention c'est que pour deux cellules à cvlindraxe de longueur inegale 15 et 40 centimetres,par exemple,la celluleà cvlindraxe plus longue (de go centimetres) dont la portion de cvlindraxe separée est plus grande reagirait avec plus d'intensité que la pr mière cylindraxe de 15 centimètres). Per- sonne avant nous n’a insisté sur ce fait.

TRAVAIL ORIGINAL 13

D'ailleurs nous ne voyons pas trop en quoi peut différer au point de vue de la réaction cellulaire la simple section et la résection d'un nerf car le bout séparé reste étranger aux phénomènes intra-cellulaires.

La seule influence qu'il pourrait avoir serait de faciliter la réparation de la cellule et du nerf, ce qui d'apres les expériences de Marinesco, existe en réalité. La méthode pour la détermination des localisations musculaires existe et consiste soit dans la section ou la résection du nert qui donne l'innervation au muscle quand cela est possible, soit dans la résection du muscle lui-même. En employant cette dernière méthode nousavonstrouvédesaltérations à la suite de larésection du grand pectoral, du triceps brachial, du grand complexus, du triceps crural, du demi-tendi- neux et demi-membraneux, du fessier moyen, etc. Marinesco a localisé récemment en employant soit le premier, soit le second procédé, le grand dentelé, le grand et le petit pectoral, le grand dorsal, le triceps brachial, etc. Comme on le voit la méthode existe et a donné déjà des résultats nombreux.

۰ » *

Voyons maintenant en quoi nos recherches concordent avec l'opinion de Sano, d'aprés laquelle les localisations motrices sont musculaires. Dans notre travail sur le circonflexe nous disions que la présence d'un seul groupement cellulaire pour un nerf qui donne des branches à plusieurs muscles à la fois ne concordent pas tout à fait avec les idées de Sano, quoique d'autres localisations musculaires bien établies les confir- ment et que jusgu’a présent elles ne peuvent pas être généralisées. Comme on le voit nous n'avons pas exclu la possibilité que cette généra- lisation se fasse un jour. Dans son récent travail (1; Sano nous fait quel- ques objections dont nous chercherons à tenir compte. « Pour prouver, dit Sano, que la conception de l'innervation musculaire spécialisée est » erronée, il ne suffit pas d'avoir démontré que le nerf circonflexe, inner- » vantplusieurs muscles,a néanmoinsson originedansunseul groupement » médullaire. Il n'est pas prouvé, tout d'abord, que ce noyau qui parait morphologiquement assez indépendant des noyaux voisins, l'est aussi » des noyaux sus-etsous-jacents, et qu'il n'est pas constitué par des » groupements distincts,ce que seules les coupes longitudinales pourraient » nous montrer. » En ce qui concerne l'indépendance des noyaux sus- et sous-jacents nous la croyons réelle, le noyau commengant par quel- ques cellules dans un endroit il n'était pas représenté jusqu'alors et finissant de la méme maniére. Mais ainsi que Sano le remarque fort justement ilest trés possible que les coupes longitudinales nous montrent un jour que ce noyau est composé de petits groupements secondaires

Y

Y

(1) Journal de Neurologie, 15, 1901.

14 JOURNAL DE NEUROLOGIE

qui sont en rapport avec chacun des muscles qu'innerve le circonflexe, c'est-à-dire, qu'il existent des localisations musculaires dans ce noyaux.

Mais nous ne voulons rien affirmer et nous préférons attendre des nouvelles recherches pour avoir le droit de nous prononcer.

D'autre part, l'auteur dit que « pour démontrer que la concep- » tion d'une innervation musculaire spécialisée est fautive, il fallait » démontrer que l'origine de la branche qui va au deltoide est diffuse et » mélangée avec celle de la branche du petit rond, de mème diffuse, ce » qu'on n'a pas fait ».

Nous ne pouvons qu'être du même avis. Nous reconraissons aussi la justesse de l'auteur quand il dit « qu'on voit aujourd'hui dans la moelle plus de groupements cellulaires qu'on n'en voyait auparavant et que plus on y regarde plus on en voit ». Ce fait résulte de nos propres recherches.

Ainsi, dans nos recherches sur les localisations des diftérents segments, nous avons trouvé pour l'avant-bras tout d'abord deux (1) et plus tard (2) quatre groupements cellulaires. Nous avons vu le grand nombre (2-5) de groupements cellulaires de la partie postérieure du IV' segment cervi- cal. Il ne nous parait donc pas impossible que la théorie de Sano soit un jour une loi vérifiée. Nous avons dit que l'opinion qui, jusqu'à ۰ sent, nous semble mériter le plus de crédit c'est que les localisations sont en général forctionnelles. Cette façon de voir ne nous parait pas en désaccord avec la théorie des localisations musculaires.

Van Gehuchten et, après lui, Co:tensoux, De Neef, Sano, ont soutenu que les localisations nerveuses sont diffuses. L'expression ne nous parait pas trop bien choisie. En effet, pour pouvoir soutenir cette opinion, il fallait démontrer que les cellules d’origine d'un nerf sont mélangées avec celles d’un autre nerf, ce qui n a pas été fait. Le fait parait exister pour le médian et le cubital, mais cela ne sulfit pas encore pour généraliser. Il est vrai que De Necf a soutenu récemment cette opinion, basée sur des expériences, mais ses conclusions sont tellement différentes des résul- tats auxquels sont arrivés Marinesco, nous-mémes et méme Van Gehuch- ten et lui-même (De Neef) que nous croyons avoir le droit de les regarder avec quelque méfiance.

Peut-être que par des nouvelles observations, on arrivera à déiimiter dans le noyau commun du médian et du cubital la part qui revient à chacun de ces nerfs. Le fait qu'un nerf quelconque, le radial par exemple, a deux ou trois noyaux (ou mieux groupements cellulaires) ne justifie

(D C. PARION si M. GOLDSTEIN. Localizarile motrice spinale si teoria metameriilor. (Romania medica’à, Octombrie 1900 )

(2) C. PARHON und M GorpstEINn. Die spinalen motorischen Localisationen und die l'heorie der Metamerien. (Neurologisches Centralblatt, 1901.)

TRAVAIL ORIGINAL 15

personne de dire que les localisations nerveuses sont- diffuses, de mème qu'on ne peut nommer diffuses les localisations des segments tels que la cuisse, ou le bras, qui sont représentes dans la moelle par deux grou- pements différents.

* ¥ `

Relativement aux localisations motrices, Dejerine a soutenu réce m ment qu'elles sont radiculaires, c'est-à-dire que chaque racine serait représentée dans la moelle par une colonne cellulaire. Si d'autres preuves contre cette manière de voir nous manquaient, il nous semble qu'il suffirait de regarder sur une coupe de n'importe quel segment pour que, voyant la façon dont les cellules sont groupées, on puisse se convaincre du contraire. Mais les faits existent et sont assez nombreux. Il s'agit des recherches de Sano, Van Gehuchten et De Buck, Van Gehuchten et Nelis, Van Gehuchten et De Neef et de nos propres recherches faites à l’aide de l'anatomie pathologique et des recherches expérimentales de Sano, Marinesco, Parhon et Popesco, Parhon ct Goldstein, kohnstam, etc. Comme le remarque trés justement Sano, Dojerine n'a tenu aucunement compte de ces faits.

æ » *

Vers la partie antérieure de la corne, il existe dans lc Il’ et III’ scg- ment sacré (1) chez l'homme, daus la partie inférieure du V’et supérieure du VI: segment sacré chez le chien(1). un groupement cellulaire trés bien délimité constitué par des cellules nombreuses plus petites que les cel- lules motrices habituelles, mais leur ressemblant en général. Pour Onuf, ce groupement serait en relation avec certains muscles qui concordent a l’erection et à l’éjaculation notamment avec le bulbo-caverneux et, l'ischio-caverneux. Mais c’est une simple supposition et 1l n'existe pas jusqu’à présent, un seul fait positif qui pourrait la confirmer. Il existe, au contraire, un fait négatif, qui nous appartient, et qui parle contre cette hypothèse.

Dans le cas d’amputation du penis, dont nous avons parle, tant par le fait de l'opération que par l'évolution de la tumeur, les muscles, dont il s'agit, n'étaient pas intacts. Nous avons trouvé des altérations dans les groupements cellulaires qui correspondent aux muscles de la jambe et du pied et nous avons pensé que ces altérations pouvaient étre dues à une névrite périphérique (2).

Mais, dans le petit groupement dont nous parlons le groupement X de Onuf nous n'avons trouvé dans toute sa hauteur que trois ou quatre cellules malades et seulement une ou deux de ces cellules qui présen-

(1) D'après le dernier numérotage de Van Gehuchten et Lubouschine.

(2) Le cas nous rappelle les alterations trouvces par Marinesco dans la nevrite sciatique.

16 JOURNAL DE NEUROLOGIE

taient nettement les caractères des lésions secondaires, ce qui ne signi- fie rien quand on pense que le malade était un cancéreux cachectique, et quun grand nombre de cellules des groupements des muscles de la jambeet du pied étaient malades, tandisque le grand nombre de cellules du groupement X de Onuf (excepté trois ou quatre) étaient intactes. Pour nous, ce centre serait plutót le centre de la vésie et peut-étre aussi le centre ano-spinal, car nous l'avons vu dans certaines coupes subdivi- sées en deux groupements plus petits. Nous estimons que c'est aussi de ce centre que parle Sano quand il l'attribue au releveur de l'anus.

+ Ka

Dans un travail sur la localisation du nerf tibial et du péronier, Knape localise le premier dans le IVe segment lombaire et jusque dans le premier segment sacré, dans le groupement antéro-latéral et postéro- latéral et le péronier (sciatique poplité externe) dans le groupement antéro-médian et central du V* segment lombaire et jusque dans le deuxiéme sacré. Nous avons déjà montré au cours de ce travail la situa- tion que nous avons attribuée au noyaux de ces nerfs. Nous avons confirmé nos résultats soit par l'arachement ou la rupture de ces nerfs, soit par l'extirpation des muscles qu'ils innervent, soit par la désarticu- lation des muscles qu'ils innervent,soit par la désarticulation de la jambe. Nous nous croyons donc autorisés par nos recherches d'affirmer que Knape se trompe et que le noyau du péronier est situé p:us en dehors que celui du tibial qui commence à un niveau ou un peu plus bas que le péronier et persiste le noyau de ce dernier n'est plus représenté. D'autre part le groupement antéro-latéral,antéro-médian et central n'ont rien à faire avec l'origine de ces nerfs. Nous pouvons de méme affirmer, basés tant sur nos recherches à nous, que sur' celles de notre maitre, que Knape et Collins se trompent quand ils soutiennent que les noyaux des extenseurs sont situés plus en avant et en dedans de ceux des flé- chisseurs. C'est précisément le contraire qui est vrai.

۳ + +

Dans un très intéressant travail paru tout récemment Marinesco (1) a eu l'ingénieuse idée d'appliquer à cette question les trois loisque Ramon y Cajal a soutenues à propos d’autres dispositions anatomiques des centres nerveux, c'est-à-dire : la loi de l'économie du temps ; ia loi de l'économie de l’espace et la loi de l'économie de la matiére. La nature travaille ainsi pour qu'on puisse réaliser la fonction le mieux possible et avec le minimum de matière dans le minimum d'espace et de temps.

(1) G. Maresco. Recherches éxpèrimentales sur les localisations motrices spinales. (Revue neurologique, 12; 1901.)

PUBLICATIONS NEUROLOGIQUES BELGES 17

Les centres nerveux et en particulier les noyaux médullaires sont ainsi disposés pour que ce but soit réalisé. Nous ne pouvons que reconnaitre la justesse de cette observation. Dans ce travail, notre maitre nousa attribué d'avoir soutenu que l'avant-bras est représenté dans la par.ie supérieure du VII* segment cervical par les cellules du groupement antéro-latéral. C'est une erreur qui est passée dans travail, dont nous n'avons pas eules épreuvesd'imprimerie. Nous avons fait unerrata dans le numéro suivant de Romania Médicala. Marinesco a montré depuis que ce groupement représente le noyaux du grand dorsal.

* * *

La connaissance des centres musculaires spéciaux permettra un jour de dénombrer les cellules qui innervent chaque muscle.On élucideraainsi certains problémes de physiologie neuro-musculaire, tels que la prédo minance du tonus de certains muscles sur celui des autres, etc.

Avant de finir nous tenons à remercier beaucoup M" Constance Mándreano qui a eu l'obligeance de nous dessiner les coupes ds la moelle représentées dans ce travail (1).

Les épreuve; du numéro précédent n’avant pu être corrigées par l'auteur, les Cur- rections suivantes doivent être prises en considération :

Page 693, ligne 7 : «n autre antérieur au lieu de un centre antérieur.

Page 693, ligne 12 : central et externe. Dans la. . aulieu de centra! et externe dans it...

Page 700. ligne 9 : représente au lieu de se présente.

Page 701, ligne 42 : qu'on avait réséqué au lieu de désigne.

Page 702, ligne 4. lire : Dans /e [* segment dorsal, tous...

Page 704, fig. 14, dernière ligne : de la région antéro-exlerne de la jambe et du fédieux au licu de postérieur.

REVUE DES PUBLICATIONS NEUROLOGIQUES BELGES

Marandon de Montyel. Dr r'Evor TION COMPARZE DES TAOUJOLES DE LA SENSIBILTES, ETUDIZS CHEZ LES MÉMESN MALADES AUX TROIS PERIODES DE LA PARALYSIE GENERALE. (Bulle- tin de la Soc. de Méd. mentale, p. 2/4, 1901.)

Kovalevsky. [.'ArcoorIsME AU PoINT Dz VUE MzbICo-LGAL. (Bulletin de la Socicté de Méd. mentale, p. 157, 246, 1901.)

P. Massaut. PARALYSIE INTERMITTENTE DOULOUREUSE DES BRAS. (fnnales de la Soe. médico-chirurgicale d'Anvers, 1991. Bulletin de la Soc, de mèd. mentale, p. 257, 1901.)

Cett * étud * conscieucieuse et approfondie, avec observation pro'ongé: de La mala le et consignation de l'évolution ultérieure et des résultats thérapeutiques dans la seconde publication, mérite d'attirer l'attention des neurologues. parce qu'elle concerne une affection généralement peu connus et surtout peu étudié».

—-— —— ái

(1) La rsdactioa rem :rcie M. Ds Necf d'avoic mis les clich?s de son travail à notre disposition, et d'avoir co perê à la reproduction des figures.

18 JOURNAL DE NEUROLOGIE

La claudication intermittente, assez fréquente dans les membres inférieurs s'est mon- tree ici d'une manière nette et typique dans les bras, et tous ceux qui ont vu la malade, présentée par l'auteur à l'occasion de sa communication, ont. pu convaincre de la disparition curieuse du battement artériel, au poignet et au bras.

Le traitement suivi : se couvrir chaudement, éviterles changements brusques de tem- pérature aux bras, renoncer à tout travail fatiguant, s'abstenir d'alcool et de café. Bains à 35°, deux fois par jour et des frictions légères. Puis d'une façon intermittente 1.50 d'iodurce de potassium et 1 milligr. d'extrait de strophantus | ar jour. En outre, trois fois par semaine, courant constant galvanique sur les bras, pôle positif sur le plexus brachial; le bras, l'avant-bras et la main entourés d'une serviette trempée d'eau tiède, c'est-à-dire un enveloppement électriqu: qui peut remplacer favorablement les l ains électriques recommandés par Erb. Courant de 10 milliamperes suivi d'effleurage du bras.

Une amélioration trés notable, avec retour du battement artériel dansle bras gauche, s'est montrée au bout d'un an de traitement.

Masoin P. BRADYCARI 1E PAR COMPRESSION DU NERF PNEUMOGASTRIQUE DROIT; AUTOPXIE, (Bulletin de l'Acad. de Médecine, 1901.)

Une métastase cancéreuse, consécutive à un cancer du cardia avait englobé les bran- ches du nerf pneumogastrique droit sans l'altérer à deux centimètres au-dessus de la division des bronches, et déterminé une bradycardie de 4) à 45 pu'sations, 5) dans les moments d'animation. Durée d'un mois, jusqu'à la mort, survenue. par inanition. L'auteur discute le mécanisme de cette bradycardie par irritation périphérique, cas relativement rare surtout par la longue durée du symptôme.

Vervaeck. ETUDE ANATOMIQUE DES COMPLICATIONS ENDOCRANIENNES DE L'OTITE MOYENNE PURULENTE. (Journal médical de Bruxelles, n? 37, 190],)

En résumé, on peut ramener à quelques formes principales les mu'tiples variétés d'évolution, que peut présenter l'abcés intracrànien d'origine otique :

La carie osseuse suivie de perforation.

L'artérite du tronc carotidien.

La phlébiteentrainant la thrombo-phlébite du sinus dont la veine lésie est tributaire.

L'infection des voies lymphatiques. |

La pénétration du pus dans la cavité crinienne par les déhiscences osseuses ou le long des prolongements de Ia dure-möre.

Travail consciencieux basé sur seize observations personnelles, autopsiécs avec soin.

Demoor, J. LES EFFETS DE LA TREPANATION FAITE SUR LES JEUNES ANIMAUX. (Bulletin de l'Académie de Médecine, 25 mai 1901.)

La trépanation, sans lésion aucune des méninges. est trés bien supportée par les ani- maux äsés de quelques jour: Gependant les chiens et les lapins tr“panés meurent au bout de quelques mois.

Les chiens meurent en général à l'iye de six mois en présentant des attaques épilepsie comme Danilewsky l'a observé.

Demoor a constaté chez les chiens et chez les lapins que la mort est précédée d'une période d'amaigrissement très prononcé. I n'a Jamais observé l'arrélde develappement du ter- ritoire correspondant à la lésion, que Danilercsky décril comme caractéristique de la trépana- tion faite ches l'animal jeune.

Il n'a jamais relevé chez les animaux opérés un sympiôme quelconque, dénotant un trouble localisé du système nerveux.

Les cellules corticales des animaux opérés sont le sièges de troubles divers : pauvreté en granulations, déformation du novau et du cytoplasme, vacuolisation du cytoplasme, altération des prolongements.

Les troubles moteurs e.ristent dans toute l'étendue de la couche corticale.

L'état moniliforme des prolonzements esiste exclusivement chez les animaux qui ont été soumis aux excitations accompagnant la mort ou les convulsions.

PUBLICATIONS NEUROLOGIQUES BELGES 19

Deux faits sont tout particulièrement à signaler : l'apparition tardive des symptômes et la géneralisation complète des effets morbides. L'intervention chirurgicale sur le cer veau des enfants jeunes doit étre rejetée pour des motifs nombreux et notamment pour les conséquences tardives qui peuvent en résuller,

Krause (Berlin) et Philipson (Bruxelles) UNTERSUCHUNGEN UBER DAS CENTRALNER- VENSYSTEM DES KANINCHENS. (Archiv. für mikroskopische Anatomie, 1901.) RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DE LA CORNE ANTERIEURE DE LA MOELLE DU LAPIN. (Bulletin de !’Acade- mie des seiences, p. 847-863, 19020.)

Ces recherches seront analysées très prochainement dans un article sur les localisa- tions motrices médullaires (F. 5.).

Meeus. (ugkr. (Dielsche Waarande en Belfort.)

Everard. QUELQUES. CONSIDERATIONS SUR LE TRAITEMENT DE L'HYSTÉHRO-NEURASTHENIE. (Progrès médical belge, p. 169, 1901.)

Nauwelaers. Ux cAs DE COQUELUCHE TRAITE PAR LE NERUM ANTICOQUELLCHEUN. (Pro- grès médical. p. 175, 1901.)

Spehl. INTRODUCTION AU COURS DE PSYCHOTHÉRAPIE. (Annales de la ۱ ۱ ۵ centrale, p. 193, ۰ |

La suggestion agit trés activement dans toutes les maladies quelles qu'elles soient, organiques ou fonctionnelles.

Le traitement psychique est d'une efficacité tout à fait remarquable, et donne méme souvent des guérisons iustantauuées et définitives, dans de nombreux cas ayant résisté à tous les autres modes de traitement pendant des mois, parfois pendant des années,

Beaucoup de guérisons attribuées à l'action des médicaments ou à d'autres interven- tions, sont dues en réalité à l'auto-suggestion. La suggestion constitue le fond de toute la pédagogie ainsi que de l'orthopédie menta'e. Les individus les moins intelligents sout les moins susceptibles du traitement psychique.

Le sommeil n'est nullement nécessaire pour obtenir un e[fel curatif, bien au contraire, c'est la suggestion vigile qui est la plus efficace.

Hanotaux. UBSERVATIONS CLINIQUES. (Annales de la Policlinique centrale, p. 205, 1901.)

De Boeck. A PLOROS D'UNE COLLOCATION RECENTE. (Journa? médical de Bruxelles, 1901. Presse médicale belge, p. 65, 1991.)

Il devrait être permis d'ouvrir des établissements speciaux seraient réunis tous les modes d'un traitement moderne, qui seraient pourvus d'un personnel médical nom breux, d'infirmiers exercés et les malades seraient atdimis sur simple certificat d'un médecin counu par la direction, sans intervention administrative d'aucune sorte, Seul le procureur du Koi serait prévenu d'urgence de la co!location, et par le mé.lecin et par le directeur de l'établissement ; il aurait sur ces établissements un droit d'inspection absolu, illimité et rigoureux, et devrait, pour sauvegarder la liberté individuelle, faire visiter dans les vingt-quatre heures le ma'ade par un médecin de son choix qui lui terait rappor. d'urgence sur la nécessité de la collocation.

Les mala ices ne feraient dans ces établissement qu'un séjour de courte durée, de deux mois par exemple, tel que les malades en font dans nos asiles-dépôts, et ce ne serait que dans le cas de séquestration prolougée, au moment de leur transfert dans les asiles d'aliéués proprement dits, que l'on avertirait, s'il le faut absolument, toute la gamine des autorités auxquelles la loi actuelle ordonne au directeur de l'asile d'annoncer la collocation.

ll faudrait, en ouire, des établissements spéciaux pour les alcooliques et les aliénés criminels.

La compétence de la députation permanente en fait de la mise en liberté ne se justifie en aucune manière.

Laureys. NEVRITE LU MEMBRE INFÉRIEUR ET PHYSIOLOGIE DU RÉFLEXE PATELLAIRE. (Annales de la Soc. de Med. d'Anvers, p. 145, 1901. Belgique médicale, 19010, II.)

OO JOURNAL DE NEUROLOGIE

Féré. ŒDÈME POST-ÉPILEPTIQUE, (Belgique médicale, p. 571, 1, 1901.)

Féré attribue à la paralysie vasculaire généralisée, l'œdème généralisé qu'il a eu l'occasion d'observer, Cet ædème ne s'accompagnait d'aucun trouble cardiaque impor- tant.

Debray. UX CAS DE SECTION DE LA MOELLE. (Belgique médicale, p. 585, II, 1991.)

Homme de 29 aus, reçut deux coups de poignard dans le dos, le second in‘éressant la moelle; pénétrant par le côté droit, paralysant le membre inférieur gauche, avec réten- tion d'urine et constipation. Paralysie flasque et amyolrophie consécutive. Troubles sensibilité à la région antéro-externe de la jambe et au dos du pied gauche. Douleurs névralgiques. Babinski à droite; réflexe rotulien affaibli à gauche, exagéré à droite. Les autres réflexes sensiblement normaux. Les lésions datent de trois ans. L'auteur suppose que l'arme a léser partiellement le faisceau pyramidal droit et détruire en pénétrant obliquement, la corne antérieure gauche.

Bastin. LA SYPHILIS NERVEUSE, REVUE GENERALE. (Belgique médicale, p. 503, 024, 651, 692, II, 1901.)

Errata. Dans 12 numéro du 5 décembre dernier du Jonrnal de Neurologie, p. 634, la notation des figures doit èlre modifiée. La premiére cellule constitue la. fig. 3, la deuxième fig. 1, la troisième fig. 2.

—Áw A^ (OB Jail OTA m .

REVUE DE PSYCHOLOGIE

B. Leroy et J. Tobolowska. SUR LE MÉCANISME INTELLECTUEL DU RÈVE. (Revue philosophique, juin 1901.)

Les auteurs concluent comme suit :

« Ce qui se dégage de notre conception du réve, c'est que dans le rève, comme dans la perception extérieure, la matiere principale est fournie par des successions d'images indépendantes, et non par des idées ; l'apparition et la sucession des perceptions de la veille n'obéissent pas, à proprement parler, à des lois psychologiques; il semble bien qu'il en soit de inéme d'ua grand nombre des hallucinations du rêve celles-ci nous paraissent incohérentes par suite de notre ignorance des lois qui les régissent; lois qui seraient aux fausses sensations ce que les lois du monde physique sont aox vraies ; jl est infiniment probable, d'ailleurs, que se sont des lois physiologiques agissant dans le domaine du système nerveux. et plus particulièrement des organes des sens, en coni- prenant ici, sous la dénomination d'organe des sens, tout ce qui est proprement sensoriel dans le système nerveux, ganglions et centres aussi bien que terminaisons ; nous-dou- tons fort, d'ailleurs, que les modifications des uns puisseut ne pas étre accompagnées de modifications correspondantes des autres,

Sur ces successions incohérentes d'hallucinations, l'esprit s'eflorce ce faire le même travail de coordination logique qu'il accomplit pendant la veille sur les perceptions, les reliant entre e les par des liens sup; osés, bouchant plus ou moins heureusement par des conceptions plus ou moins abstraites. les intervalles qui les séparent. lci la diffe- rence enire les deux états s'accentue et prend un caractère plus nettement psycholo- gique. Dans la veil e normale, l'interprétation et la coordination des images reposent exclusivement sur les données de la veille, non seulement de la période de veille actuelle, mais encore et surtout de périodes antérieures ; de là, formation d'un système très cohérent qui va sans cesse et de jour en jour s'élargissant et se | erfectionnant ; dans 'e réve, au contraire, l'interprétation et la coordination se font nou seulement à l'aide des données du rêve, mais encore à l'aide de celles de la veille, et, d'autre part, n'utilisent pas les données des périodes de rêves antérieures, mais seulement de la période actuelle; ce qui fait quil y a des réves et seulement une veille, et que ces rèves n'apparaissent chez le sujet sain que comme accidents sans portée pratique.

Cependant, la différence la plus remarquable, à notre avis, et peut être la plus pro- fonde entre la veille et le réve, c'est la presence dans ce dernier d'un phénomène qui ne se produit jamais dans la veille normale : la dissociation des idées en leurs images élé- mentaires, images qui peuvent alors devenir hallucinatoires au méme degré que celles qui forment Ja matière fondamentate du rève. L'étude appronfondie de ce phénomène nous parait devoir dominer toute la psychologie du rêve, elle nécessiterait, a elle seule, de longues recherches, et impliquerait la possession de notions beaucoup plus précises que celles que l'on a actuellement sur les différences qu'il y a entre une image qui est hallucinatoire et une image qui ne l'est pas.

ee 11۷۶1۷101۷۶ les à ii desired aerae or nies TH penat

sf NT ER A : ۱ 2

iih

SS DXX. ie S UN

icarmáur &as

5

êêê et an géit

VARIA

Sur la prédisposition des juifs aux maladies mentales

Le D' C.-F. Bea ller vient de publier dans le Journal of memtal Science les observations et les statistiques qu'il a pu recu-illir sur cette question dans ls Colney Hatch Asylum. Les israëélites sunt particulièrement prédisposés à la paralysie général : 21 p. c. de toutes les entrées, contre. 13 p. e. pour les non-israclites. Mais l'explication de ce fait est très malaisée. En etet, la syphilis ne parait pas plus fréquente chez les juifs que dans les autres nationalités ; il est vrai que les excès vénćriens sont trés répandus ch’ eux, mais en revanche l'alcoolisme est relativement rare Il est possible que le surme- nage intellectuel etinoral à la site des efforts pour s'enrichir se traduise tout d'abord par une plus grande fréquence de la neurasthénie chez l'homme et de l'hystérie chez la femme.

Iu outre dela fréquence de la paralysie générale, les juifs se distinguent encore par cete particularité que l'éclosion des vésanies a lieu bien plus tôt chez eux que chez les non-juits. L'ase movin des juifs entrés dans les asiles d'aliénés du cointé de Londres est de trente-sept ans pour les hommes et de trente-six ans pour les femmes tandis que chez les chrétiens, cot àge moyen est de quarant-trois ans pour les hommes et les femmes. L'âge de la mortalité correspond à cette mème constatation : les juifs meurent dans les asiles en moyenne à quarante-cinq ans (hommes) ou à quarante-sept ans (femmes); tandis que les chrétiens meurent en moyenne à cinquante-deux aus (hommes) ou à ciuquante-six aus (femmes). Les rechutes des maladies mentales sont deux fois plus fréquentes que chez les chrétiens. Enfin, chez les juives on est frappé par la fré- quence relavive de la vesanie post-puerpérale : 15 p. c. chez les juives contre 60,18 p. c. chez | s chrétiennes, probablement à cause de la précocité des mariages.

(Lancet, octobre, et Arch. d'anthrop. crim.) H. F.

Les empoisonnements en Angleterre

Voici quelques chiffres concernant les cas d'empoisonnement survenus en Angleterre en [80). Suv 581.703) cas de mort, 1.161 étaient dus à un empoisonnement volontaire ou involontaire, Dans 33% cas,on s'est procuré le poison à l'aide de prescriptions médicales, 33.) fois sans prescripion médi ale. 97 fois il s'agissait de substances narcotisautes et soporifiques, 107 fois | ar le plo:ub et les autres substances employées dans l'industrie, 83 fois par les substances alimentaires avariées, 39 fois par les gaz délétères. Parmi les poisons médicamenteux, la premiere place est occupée par le chloroforme, l'opium, ]e phénol : 63 cas de mort. par le eliloroforme; 212 (dont 167 suicides) par le phénol ; 15» (dont 6) suicides) par l'opiam. Siguialons encore quelques moyens de suicide : par l'acide prussique 31 cas: par l'acide oxali que 3J cas ; por l'acide chlorhydrique 73 cas. L'opodel ioc, le camphire, l'huile de genievre out determinó un cas de mort chacun.

( Allgen. med. Central-Zeitung, 4 mai 1901, et Arch. d'anthrop. crim ) H. F.

L’Alcoolisme dans l'armée du grand roi

L'Intermédiaire des chercheurs el des curieux a publié l'édit suivant de Jacques de la Grange, conseiller du Roy, intendant de la justice, police et finances, en Alsace et Briszau. élit des plus suysestifs et qui ne laisse pas de doute sur l'abus de l'alcool que faisaient les soldats de Sa Majesté :

«Sur ce qui a été représenté au Roi que l'usage de la boisson du brandevin est perni- cieuse à la santé des soldats et qu'ainsi il ne pouvait être que très préjudiciable à son service de leur en faire boire dans les cantines à un bas prix, nous avons eu ordre de Sa Majesté par la lettre de Monseigneur de Louvois, ministre d'Etat, du 17 du mois passé, d'y pourvoir incessamment. À ces causes, nous défendons très expressément à toutes sortes de personnes, de telles qualités et conditions qu'elles soient, et aux magis- trats des villes il y a garnison, d'établir aucunes cantines d'eau-de-vie, et d'en faire vendre aux cavaliers dragons et soldats, à tel prix et sous quelque prétexte que ce puisse étre, à peiue de cent cinquante livres d'amende ; et de tous despens, dommages et inté- réts, la moitié applicable aux dénonciateurs et l'autre au couvent des Capucins le plus proche de chacune des villes, citadelles et châteaux il aura été contrevenu à la pré- sente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée partout besoin sera, afin que personne n'en prétexte cause d'ignorance. Fait à Strasbourg, le 3 février 1683. »

(Le Caducce.)

SOMMAIRE DU N°2

l. TRAVAUX ORIGINAUX. l'eux cas de myélite conjugale, RIEUX. l.e réflexe du fascia lata, par J. Ckocq. Les paralysies post-anes-

thésiques, par le D' DE Brek .

RN ar le D? Gro-

IL REVUE DES PUBLICATIONS NEUROLOGIQUES BELGES. . . 40

III. VARIA. I.es mendiants et les vagabonds des grandes villes, par BOUHÖFFER. La calvitie est-elle due aux excès sexuels ? وی و‎ e de)

IV

RG 2 PE CE Un médecin victime du devoir professionnel

Toujours à propos des Avariés, la piéce interdite de M. Rieux.

Voici une anecdote (léjà ancienne, mais qu'il est intéressant aujourd'hui de rappeler.

Le Dr Delpech, un des plus éminents protesseurs de la Faculté de Montpellier, vit, un jour. venir à sa consultation ceci se passait en 1810 un superbe jeune homme qui

lui tint ce langage:

A la veille de me marier avec une riche héritière, je viens, pour être agréable à

son papi. me soumettre à votre examen.

Le docteur visite le client inconnu et lui déclare qu'atteint d'accidents syphilitiques, il commettrait un crime en se mariant et qu'il ne laissera pas, malgré le secret profes- sionuel, perpétrer cet attent it, qu'il connait la future victime, fille de son meilleur

ami, et qu'il avertira ce dernier.

Si vous faites cela, reprend l'avarié. je me vengerai. Qu'à cela ne tienne, répondit le docteur ; pas plus tard que ce soir, mon ami saura

tout.

Ce qui fut dit fut fait, et l'amoureux, lorsqu'il se présenta chez sa fiancée, se vit écon-

duire par un laquais.

Le lendemain même, au moment le professeur Delpech gravissiit les marches de I'Hótel-Dieu pour aller prendre son service, il tombait, mortellement blessé d'une balle

de pistolet reçue en pleine poitrine.

Traduit en cour d'assises, le meurtrier fut acquitté, il y avait, dirent les jurés, « vio-

lation du secret professionnel médical ». M. Brieux connaissait-il ce détail $

(Le Journal.)

INDEX DES ANNONCES

l.ecithine Clin.

Kalagua.

Contrexeville, source du Pavillon.

Eau de Pougues-Carabana.

Produits hroniurés de Henry Mure.

Cypridol.

Tas ettes de Marienbad.

Ouataplasme.

Digitaline crist. Nativelle.

Carméine.

Farine imaltée Vial, p. II.

l.e Zómo!, p. ٠

Vin Aroud, p. II.

Colchiflor, p. lI.

Viu Mariani, v. If.

Farine Renaux, p. l.

l.e Calaya, n. l.

Dormiol, Tannate d'Orexine, p. l.

Biosine. Antipyrine effervescente, Glycé- rophiosphate de Lithine, Fucoglycine du D' Gressy Le Perdriel, p. 2.

Byrolin, p. 2.

l,e Thermoformol, p. 2.

Neuro - Phosphate, Neuro - Kola, Neuro- Gaíacol, Neuro - Bromure Chapotot,

ailes de Lécithine Vial, p. 3.

Oxygène pur médicinal, p. ۰ |

Pondre et cigarelies anti-asthmatiques Escouflaire, p. 4.

Aliment. complet de Maxime Groult Fils Ainé, p. 4.

Thé diurétique de France Henry Mure,

p. 5.

. Capsules de corps thyrnide Vigier, p. |

Vin Bravais, p. 5. Elixir Grez, Albuminate de fer Laprade,

p. 6.

Ovo-lécithine Billon, p. 7.

Phosphatine Faliéres, p. 7.

Neurosine Prunier, p. 7.

Eau de Vals, p. 8

Sirop de Fellows, p. 8.

Thyroidine, Ovairine, Orkitine, Pneumo- nine Flourens, p. 8

Ichthyol, p. 9.

Pilules et Sirop de Blancard, p. 10.

Eau de Vichy, p. 1.

Farine lactée Nestlé, p. 10.

lodures Foucher, p. 10.

Royérine Dupuy, p. ll.

Leptandrine Royer, p. 11.

Neuro-Kola Chapotot, p. ll.

Tribromure de A. Gigon, p. 11.

Eau de Hunyadi Janos, p. l1.

La Pangaduine, p. 12. -

Institut neurologique de B.uxelles, p. 12.

2

Maison de Santé d'Uccle, p. HI.

Chlorhydrate d'Héroine. Salophène, Créo- sotal, Dvotal, Aspirine, Somatose, Eu- rophéne, Protargol.'l'annigér.e, Hédonal, Epicarine. Ferro-Somatose, lodothy- rine, Lvcétol. Aristol, Trional Bayer.

Station hivernale et thermo-mänerale d’Hammam-R’Irha.

Peptone Cornelis.

Hématogéne du D'-Méd. Hommel.

co با پت‎ res re 4r pa -

Farine Maltée Vial

(AUTODIGESTIVE. | la séule ‘qui se digère d'elle-même

Recommandee pour +5

AVANT, PENDANT ET APRÉS LE SEVRAGE,

BT dan la dentilton ei Ja troiani Corine ۶ aiment Je plus agréæble, forlipt St our:

gomique. Prescyie. dugst ut. esuimacs حا‎

12 0. ماھت

En vente ۸0۳30۲ ۵ 8, ros pierre, PARIS.

vds EE EE eet eeh Stee Ai e ۱‏ { —À voe‏ چ ا ج ت کی ج ت ب ا لا و ا د S‏ چ ےا ی ہر رر م سر سس سس کم دست ید ی ے

> یھ‎ e - - e T e eeoa - D Ke

SM. 4 aki SCULAINR‏ و4 نے (uc dr Viande Hesh) |‏ deu es npéciqur, été &‏ ای ,خر Barden‏ rese: diuo à viande UE Agi ses 11 P ee |‏ qd ipia 00170 aique dans‏ in 3860 0 ۷۶۷۸ 372072. 0 Ge‏ d EHLBROSE, ARENIS, ec o PAM AE‏

SAU, ER وع‎ ۷8 PÁRIS ۲

et toutes | Lr Phermudciex. ۱

"mte rir ge ir دب تخس‎ ipea a ی و مس‎ ۳ ee |

[I VIN AROUD) ٤

VIANDE QUINA FER- insu Le plus wë, RÉSÉMÉRATEUR Selon Ia Fécwate de N°16 7 EE |

prescrit par les Médasins) de CONTRENEVILLE

= A buse de Vin gänkten a d'Espag; 18, GO | [ TIE 7 Pr paré avec du suc do sT4tede st Ion contre. la et de RHUMATISME

carcees las plus euskes dextilünuuh, DOSE i

۱ MI c'est par són assomit du -fersy est 2 9990 precions Gana des cns de: 8 Capsules par jour an nes d'accès. Is "us, d.

3:20 Chlorose, fnèmie profontie, Meris- à 75:228 friratinaz dostoiimreuses, Fiévres nes iu Cutonies, Malaria, Infivenza. 102, Rue Rlcbetiou, Paris d t Phi,

وی مو ¥ hiig‏

nen مم سے‎ nenn ماع مع ۴یسی ج ج‎ DN لہ ای کی‎ - TE ie nn nn und ege ner ee

VIN MARIANI

Aocent Général *

MEL‏ پت ا ri 4‏ M.‏

AR": A

BRUXELLES.

کا یہ کے

Pharmacie Der | S

ves

TRAVAIL ORIGINAL

Les données anatomiques et expérimentales sur la structure des hallucinations

par N. VASCHIDE et Cr. VURPAS Chef des travaux | Interne des asiles de la Seine

au laboratoire de Psychologie expérimentale de l'Ecole des Hautes Etudes

I

Le róle des organes sensoriels depuis leur extrémité périphérique jus- qu'aux cellules corticales a été étudié dans la production des hallucina- tions. Les observations dans lesquelles ces organes, à la suite de modifi- cations apportées en un point quelconque de leur trajet, concouraient à la production d'hallucinations, sont déjà nombreuses. Nous n'avons pas l'intention ici de faire un historique complet de la question ni de citer toutes les observations publiées jusqu'à ce jour sur ce sujet; nous voulons simplement choisir quelques observations typiques niontrant le róle que divers troubles, portant sur différents points de.tout le trajet sen- soriel, peuvent jouer dans la genése et les conditions de productions de diverses hallucivations. Lenombre des cas n'ajouteraitrien à cette question et ne ferait qu'allonger. nous semble-t-il, inutilement notre travail. Nous reviendrons peut-être plus tard sur cet historique, en citant les observa- tions publiées jusqu à ce jour, dans un travail d'ensemble sur l'halluci- nation, qui résumera les principaux points de ce sujet.

Le róle que joue les organes des sens qu'il s'agisse des appareils soit périphériques soitcentraux dans la production des hallucinations peut étre mis en évidence par deux méthodes qui se corroborent : les observations anatomo cliniques et les expériences physiologiques. Il est indispen- sab'e qu'ici ces expériences portent sur l'homme méme. Dans ce dernier ordre d'idées le sujet peut faire des expériences subjectives, en étudiant lui-méme les modifications opérées sur les sensations et perceptions par des changements survenus ou provoqués dans le systéme sensoriel ; ou bien l'observateur peut expérimenter sur autrui et provoquer des hallu- cinations ou des troubles sensoriels par divers artifices et, en particulier, par l'emploi de courants électriques.

Voici quelques expériences choisies entre plusieurs autres, destinées à iilustrer de faits ou d'exemples ces quelques considérations un peu géné- rales et vagues.

II

Par des expériences faites sur lui-méme, Hoppé (1) a montré qu'au moment de s'endormir, en regardant pour ainsi dire à l'intérieur de son

—ÓÓMM MM M———— سس‎

(1) HoPP£. Description ct explication des hallucinations de la vue qui se produisent avant le sommeil. / 7oArbüch. f. Psych., VI, 2-3, in Arch. de Neuro!., 1837-38, p. 270, T. T.)

62 JOURNAL DE NEUROLOGIE

une monotonie désespérante pendant des heures entières. Je pourrais ajouter encore d'autres gesticulations, telles que des mouvements symétriques d'écar- tement ou de flexion des doigts, etc...

Leur fréquence varie beaucoup suivant que le sujet traverse une période d’amendement ou une période d’aggravation ; dans ce dernier cas le sujet n'est pas un seul moment en état de réelle tranquillité. Tous ces mouve- ments s'exécutent lentement, semblables en cela aux mouvements athéto- siques.

Autre fait : saisissant le bras du sujet, si je lui donne une attitude quelcon- que, je n'éprouve aucune résistance ; de plus, le bras demeure dans la position je le laisse, et il y reste aussi longtemps que n'apparaissent pas les phéno- méenes de fatigue //7Jexibilrtas cerea des Allemands).

Si on cherche à obtenir un acte quelconque, soit l'acte de donner la main, ce mouvement présente de nombreux temps d'arrét ; c'est comme s'il existait une lutte entre la volonté d'exécuter l'acte et des actions inhibitrices con- traires. Mais une fois la mise en train obtenue, l'acte se poursuit sans difficulté, particulièrement les actes simples, ceux qui ne comprennent que la répétition du mouvement précédent, tels, par exemple, la marche (mouve- ment pour une grande part automatique), le barratage. Si l'on palpe les muscles des épaules et des bras, on les sent manifestement agités de trémula- tions profondes. Malgré cette mimique presque incessante, le malade a l'air impassible, ou plutót légérement déprimé. Il répond généralement aux ques- tions par des mouvements curieux des lévres, de la langue, des joues : c'est comme s'il était privé de la parole, et cependant, quelques instants après, il sortira de son mutisme soit pour raconter très sensément des choses de sa vie passée, soit pour exprimer quelques idées délirantes.

Le délire est de caractère religieux, mais il est d'une pauvreté extraordi- naire : «il aurait voulu devenir sacristain... tout le monde doit prier... les vaches aussi prient en faisant de grands yeux... ». Il s'y mèle parfois une légère tournure de persécution à l'égard des femines qu'il appelle des sor- ciéres; méme pauvreté de délire dans cette direction. Ses monologues ne sont guère compréhensibles : « blanc, noir, rouge, vous avez si longtemps dormi » prés de moi, maintenant vous n'avez pas encore hip, kip, appelle, le train » a de grands yeux, vir, vir, raas, raa:, demande, voulez-vous donc faire cela » vilaine sorciére... ». C’est bien assurément une salade de mots (Wort salad des Allemands). Son langage renferme des néologismes : hip, kip, vir, pik, zik, (remarquez la répétition de la lettre i), raas (1), etc. Îl répète parfois durant des heures entières les mêmes jurons (verbigération ?).

Aux périodes d'exacerbation, il copie certains mouvements : placé en face de lui, si j'offre la main droite en pronation, il avancera sa gauche, également en pronation, et la pose telle sur ma main; que j'offre ma gauche, il avancera sa droite, et, comme la gauche, en pronation ou en supiuation suivant que j offre la mienne de l'une ou l'autre maniére. L'échopraxie, pour être limitée, n'en est pas moins nette.

Au cours d'une période d'exacerbation il a posé, à deux reprises, des actes impulsifs : saisissant un couteau, il a cherché à fuir en disaut qu'il allait se couper le cou; quelques semaines apres il s'est levé brusquement de table et s'est enfui à travers la campagne.

(1) Ce sujet est flamand; de ces consonnances étrangeres.

TRAVAUX OHIGINAUX 63

Malgré la pauvreté du délire, j'incline cependant à croire à l'existence d'hallucinations, surtout visuelles.

Réflexes rotuliens exagérés; léger Babinski à droite.

La sensibilité générale et spéciale est impossible à établir.

Pupilles égales ; réagissant bien à la lumière.

Les diverses fonctions s'accomplissent régulièrement. L'alimentation ren- contre parfois quelques difficultés aux périodes d'exacerbation. Pouls varie de 70 à 80.

Tel est le tableau complet. Il présente quelques variations suivant l'état du sujet ; d'une façon générale, les tics, grimaces, gestes divers, échopraxie, ver- bigération, reflètent d'une manière assez exacte sa situation intellectuelle. Parfois aussi un tic disparaît quelque temps pour faire place à un autre (grimaces remplacées par des mouvements répétés de nutation ou de saluta- tion, se répétant jusque 40 fois par minute et davantage).

Ainsi donc, sur un fond de débilité mentale, un état de mélancolie s'est développé à l’occasion d'une pneumonie; délire particulièrement pauvre, de caractère religieux. D'autre part, tics nombreux de la face; rire ou pleurer incoërcible; mouvements de nutation ou de salutation; gestes cabalistiques, impulsions; /fevibiluas cerea ; association. com- plexe de phénoménes d'arrét et d'excitation cérébrale. D'une maniere générale, stéréotypie, répétition de l'acte, copié soit sur lui-méme (tics, verbigération) soit, mais plus rarement, et dans une sphére plus limitée, copie de l'acte vu (échopraxie).

Le caractere essentiel de ce complexus,c'e-t l'absence absolue de rela- tion entre le caractère du délire ct les symplômes moteurs. On ne peut considérer ces derniers comme une extériorisation des idées délirantes, car ces mouvements ne réflètent en aucune manière les caractères de ce délire; dés lors aussi, ne faut-il pas s'étonner si ces symptômes moteurs ne présentent pas davantage un lien quelconque de relation entreeux.D'une part donc, dissociation entre le délire et les actes, d'autre part, absence d'unité de caractère, de but, de signification des manifestations motri- ces entre elles. À part le caractère commun, et à degré variable, de la stéréotypie, il y a entre les actes aussi peu d'unité qu'il manque d'esprit de suite dans lelangage du sujet. Considérés en eux-mémes, ou rap- portés au délire,ces actes (mimique, langage) ont donc une signification absolument nu//e; ils possédent essentiellement un caractére démentiel.

S'il n'y a point de dépendance de cause à effet entre le délire et les actes, ces derniers néanmoins reflètent sensiblement les diverses mo- dalités de l'état intellectuel : moins marqués dans les périodes d’amen- dement, ils s'accentuent à divers égards aux périodes d'exacerbation. Il seniblerait ainsi que lorsque le délire occupe les centres intellectuels, certains centres moteurs entrent en activité sans lien ni but, véritable manifestation d'automatisme cérébral. Nous verrons plus loin com- ment il est possible de justifier encore cette appréciation.

Passons à la seconde observation; semblable en certains points à la précédente, elle apportera diverses particularités qui compléteront le

64 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tableau symptomatologique de la catatonie, abstraction faite provisoire- ment de la signification qu'il faut attacher à ce terme.

OBSERVATION II, D... Sidonie, jeune fille de 28 ans, admise à Gheel le 27 mai 1901. Sa mère parait d'une religion excessive, travers qu'elle a transmis dans l'éducation de tous ses enfants; l’un des jeunes gens est éga- lement aliéné (mé:ancolie).

Saine de corps et d'esprit jusqu'en 1896, quand se déclara une fièvre typhoïde ; pas d'accidents cérébraux immédiats.

Quelque temps après, se manifestèrent des troubles intellectuels (perte de mémoire, misanthropie); impulsions à frapper. On envoie la malade dans un asile fermé; nous manquons de détails sur cette période de la maladie. Nous savons cependant qu'elle a présenté un délire très actif, mélange de mysti- cisme et de persécution ; érotisme. Hallucinations auditives et visuelles.

Aujourd'hui, démence absolue ; parfois gâtisme, absence de sentiments affectifs.

Tendons lui la main : elle se tiendra immobile et ses mains demeureront resserrées ; cherchons à les ouvrir : elle serrera davantage; tentez un mouve- ment passif quelconque : elle résistera et vous ne parviendrez pas à votre but ; palpez ses muscles : ils sont durs, absolument rigides ; il n'existe cepen- dant aucune impotence des membres. Interrogeons-la : elle se contient daus un mutisme obstiné, et, d'autre part, quelque temps aprés, sans provocation aucune elle laucera quelque injure, comme aussi elle sort parfois brusquement de son inertie physique pour briser net et sans motif l'un ou l'autre objet à sa portée. :

Elle présente parfois des acces d'agitation. crises soudaines d'emportement, avec cris et violences d'une durée de 2-3 minutes.

Comme chez le sujet précédent, on observe parfois des accès de fou rire sans motif apparent. Comme lui également, elle monologue parfois, les mots se succédant sans liaison aucune (salade de mots). L'écriture et l'orthographe sont encore corrects.

Réflexes rotuliens exagérés ; pas de réflexe plantaire ni de clonus.

La percussion des tendons aux membres supérieurs ne provoque pas de con- traction réflexe.

Sensibilité générale et spéciale, impossible à déterminer. Il n'existe pas de zône hystérogène.

Cette malade offre plusieurs points de rapprochement avec le sujet précédent : antécédents familiaux certains chez le premier, probables chez le second; chez tous deux une maladie infectieuse a marqué le début de la maladie; chez tous deux aussi il existe des modifications dans l'état dela tonicité musculaire; tandis que chez le premier l'état de contraction est interrompu par des temps d'arrét (tics, trémulations des muscles), chez la seconde malade l'état de raideur musculaire est permanent. Chez le premier, les actes volontaires sont accompagnés de mouvements d'arrét, de changements de direction; chez le second les actions d'arrét,les actions d'opposition, de résistance, prédomiaent et se manifestent d'autant plus que l'on cherche davantage à les vaincre : cette seconde malade est un type de zégativisme. Ici point d'écho- praxie, point de verbigération comme chez le premier.

TRAVAUX URIGINAUX 65

Sur une base bien différente (mélancolie; démence précoce) ces deux malades représentent ainsi deux types diftérents d'un état cérébral au fond absolument identique. j

La catatonie ainsi comprise diffère donc notablement de la concep- tion généralement admise en France l'on n'applique trop exclusive- ment ce terme qu'au symptôme conservation des attitudes passives, flexibilitas cerea des Allemands; mais ceci nest quun symptôme, et relativement peu fréquent. Il faut considérer bien plutót l'ensem- ble des symptómes du systéme moteur : phénoménes d'excitation et phénoménes d'arrét (1), dans leurs combinaisons et associations si diverses 2); mouvements impulsifs, tics, grimaces, bizarreries de maniéres (par exemple dans l'acte de donner la main), particularités du langage (verbigération, écholalie), négativisme, oppositions diverses; d'une manière générale, stéréotypie des actes, et, comme caractère commun, l'absence de but, de signification de ces actes, l'absence de relation entre eux ou avec une idée directrice.

Différant ainsi d'opinion sur l'objet méme de la discussion on com- prendra que nous nous séparions de ceux qui, à l'exemple de Séglas et Chaslin,considérent simplement la catatonie comme un symptóme de la mélancolie avec stupeur sous ses divers aspects (Régis).

Les symptômes catatoniques se rencontrent particulièrement dans la démence précoce. Ils s’y montrent avec une fréquence et une intensité telles que certains auteurs, tel Aschaffenburg, vont jusqu'à prétendre qu'il n'y a point d'hébéphrénie sans catatonie, et pour ce motif,emploient indifféremment les deux expressions. Il s'en faut, certes,de beaucoup que ces symptómes soient toujours aussi marqués que dans les deux cas relatés ci-dessus; mais il est incontestable que la plupart des cas de démence précoce s'accompagnent de quelques uns de ces symptómes,dont le plus fréquent, et souvent méme l'unique, sont les mouvements impulsifs.

Les mouvements catatoniques se rencontrent surtout dans les formes hallucinatoires de la démence précoce. Nous croyons cependant qu'on ne peut les considérer comme la conséquence de ces hallucinations, mais que ce sont des phénoménes juxtaposés. Il ne s'agit donc en aucune manière de mouvements de défense ou d'expression du délire; mais, symptómes moteurs, ils occupent vis-à-vis du symptóme démence, base de la maladie, la méme place que les hallucinations, symptómes de la sphére sensible; et l'indépendance est d'ailleurs telle entre ces deux ordres de symptómes que les uns peuvent exister à l'exclusion des autres. C'est pour ce motif aussi qu'il n'y a point d'unité de caractére,

(1) Nous ne disons pas paralysie. Il s’agit d'un arrêt réellement actif; ces actions d'opposition sont l'expression d'une activité véritable au méme titre que les autres actes (tics, grimaces, gesticulations).

(2) On en trouvera une énumération ct une description parfaite dans le récent traité de psychiátrie de KRAEPELIN, 6* éd., vol. I, p. 207 et suiv.; voir aussi SCHüLE Congrès de Moscou 1897. (Allg. Zeitschr. f. Psychiatrie, 1898, p. 516.)

66 JOURNAL DE NEUROLOGIE

de signification entre ces manifestations de la motilite et celles de la sensibilité spéciale (vue, ouie).

Ces symptômes moteurs ne sont point exclusifs à Ja démence pré- coce, et, d'autre part, il nous serait aisé de rapporter des cas de démence précoce sans catatonie (confr& Aschaffenburg). Mais il est incontestable que c'est dans cette forme morbide qu'on rencontre leur maximum de fréquence et d'intensité. On les rencontre assez nets parfois chez les hystériques, chez les épileptiques déments, chez quelques paralytiques généraux à la deuxième et troisième période, moins souvent encore chez les déments séniles; ils sont, par contre, d'une fréquence extraordi- paire chez les idiots. Et il est bien étonnant que l'on n'ait pas davan- tage insisté sur les analogies nombreuses qui existent entre ces divers symptômes moteurs et les mouvements stéréotypés et autres troubles fonctionnels du système musculaire, qui sont d'une si grande fréquence chez les idiots (1) : mouvements de balancement du corps, sauts, claque- ment des mains, mouvements si divers des doigts, contractions variées du visage, raideur musculaire l'exclusion des contractures,, etc., ils se reproduisent tous chez le méme sujet avec une fixité presque carac- téristique pour chacun d'eux. De plus, on rencontre aussi parmi eux des sujets qui se raidissent aux moindres sollicitations, qui manifestent une réelle opposition aux mouvements passifs, négativisme identique à celui de l'hébéphrénique.

. Ces grimaces, tics divers, soit simples, soit tics associés des mem- bres, mouvements du tronc, etc., possédent bien rarement une signifi- cation quelconque; ils ne représentent méme qu'exceptionnellement l'homologue d'un acte ou d'un mouvement normal. Or, ces mémes signes généraux caractérisent les symptómes moteurs dits catatoni- ques, si fréquents dans la démence précoce. /{s possèdent tous un carac- tère démentiel : absence de but, absence d'unité, absence de relation de ces mouvements entre eux ou avec une idée quelconque; notons encore leur spontanéité. A ces divers titres nous exprimons l'identité absolue de ces symptômes moteurs avec l'automatisme de l'idiot. D'ailleurs, l'hé- béphrénie n'est autre chose que de l'idiotie tardive : et c'est tellement vrai que, sans anamnéses, il ne serait généralement pas possible de différencier un idiot d'avec un hébéphrénique parvenu à son apogée. Les analogies entre ces deux états sont d’ailleurs nombreuses : pour nous en tenir à l'objet même de ce travail, ils sont particulièrement nom- breux les idiots. qui présentent des troubles du système musculaire, par opposition à ceux qui n'en n'offrent pas, formant ainsi deux groupes qui correspondent aux deux formes d'hébéphrénie (Christian): la forme catatonique, dans laquelle le systéme musculaire est profondément troublé dans son fonctionnement, et la forme simple (démence simple),

- (1) IH est à desirer que des recherches microscopiques se poursuivent svstéimnatiquc- ment dans le sens de ces idee. La connaissance des localisations motrices dans le cer- veau et dans la moelle donnerait aujourd'hui à ces recherches une réelle valeur.

TRAVAUX ORIGINAUX 67

dans laquelle les muscles ne sont pas atteints. De plus, dans cette seconde variete on n’observe pas les tendances impulsives, les crises soudaines paroxystiques mêmes épileptiformes si communes dans la forme catatonique et qui question de degré en moins peuvent être considérées comme les homologues des accés d'épilepsie si fréquents chez les idiots catatoniques.

Les impulsions, les tics, le négativisme, aux modalités diverses, sont, chez l'hébéphrénique comme chez l'idiot, l'expre:sion de l'auomatisme cérébral, et c'est à ce titre qu'ils se rencontrent parfois aussi dans quel- ques autres états, ainsi que nous l'avons dit plus haut.

Dans ce méme ordre d'idées, et poursuivant cette thése, je ne me refuserais méme nullement à rapprocher de cet ordre de faits les actes dits d'automatisme survenant dans des états tels que l épilepsie et par- fois l'ivresse, la stéréotypie est particulièrement commune. De plus, n'a-t-on pas signalé aussi des symptómes catatoniques dans la stupeur consécutive à des traumatismes crániens, et notre distingué con- frere, le D' Crocq fils (1), ne comparait.il pas l'nertie cérébrale du catatonique à celle provoquée par l'hypnose dans l'état cataleptique ?

Tous ces états, en apparence si divers, ont ceci de commun : l'absence de direction et de contróle de l'intelligence; celle-ci n'est méme plus faussée danssa direction, comme dans les délires; elleest inerte. Tous ces actes, ces symptômes moleurs dils catatoniques sont ainsi des actes d'automalisme bur, et comme tels, se rencontrent dans tous les états, passagers ou définitifs, l'intelligence est obnubilée, la conscience est annihilée, en d'autres mots, dans la plupart des états de stupeur céré- brale. C'est pour ce motif qu'ils sont d'autant plus rares que le sujet possède plus encore la libre possession de lui-même; qu'ils sont, au contraire, d'autant plus fréquents, d'autant plus marqués, que l'inertie cérébrale est plus grande.

Cette manière de comprendre la catatonie rend compte des conditions apparemment si diverses de son apparition; elle permet d'expliquer la variabilité si grande de ses manifestations suivant les sujets; elle rend compte aussi des modifications qui se présentent chez un seul et méme individu : automatisme des ceilule smotrices, qui se traduit par des tics d'étendue variable; automatisme des centres moteurs, qui produit des actes plus ou moins complexes (impulsions, crises), et, dans un ordre opposé de faits, état cataleptique musculaire, négativisme, oppositions diverses.

Telle est la thèse que nous présentons en résumé aujourd'hui, et sur laquelle nous reviendrons ultérieurement avec les développements qu'elle comporte.

BIBLIOGRAPHIE

Les périodiques allemands renferment de nombreux travaux sur cette question. Pour ces dernières années, voir particulièrement les travaux de

متخاس مس سح

(1) Journal de Neurologie, 1901, 23, p. 603.

68 JOURNAL DE NEUROLOGIE

ASCHAFFENBURG, SCHÜLE, KRAEPELIN, etc., ainsi que les discussions qui sui- virent leurs communications dans des Sociétés ou Congres divers. /.4//g. Zeit. schrift f. Psychiatrie, Centralblatt für Nervenheilkunde und Psych.; Nenro- logisches Centralblatt.)

CHRISTIAN. De la démence précoce des jeunes gens. (Annales medico- psycholog., 1899.)

SEGLAS et CHASLIN. Catatonie. [Archives de Neurologre, 1888).— Excellente critique; bibliographie.

Anesthésie des nerfs sensitifs et moteurs

par J. IOTEYKO ct M. STEFANOWSKA Docteur en Médecine Docteur en Sciences

Communication à la Sociétc belge de Neurologie, scance du 25 janvier 1902

Il nous a paru intéressant de rechercher méthodiquement l'action exercée par les anesthésiques sur l’excitabilité des troncs nerveux. Cette étude avait été délaissée par les phy siologistes et on ne peut citer que quelques noms à peine parmi ceux qui se sont occupés de la question : Jean Müller, P. Bert, Mommsen, Biedermann, Szpilman et Luch- "singer (1). Nous avons appliqué pour la première fois la méthode graphique à cette étude.

Dans cette note nous n'envisagerons que nos recherches personnelles concernant l'anesthésie des troncs nerveux sensitifs et moteurs.

En premier lieu, on peut se poser la question, si l'excitabilité des nerfs est atteinte dans l'anesthésie générale des organismes. Nous avons con- staté que les moyens habituels d'anesthésie générale, tels qu'inhalations, bains, injections, sont insuffisants pour déterminer une action prononcée des anesthésiques sur le nerf. Une grenouille, par exemple, ayant recu en injection une dose massive d'éther, présente une excitabilité du nerf sciatique presque normale aprés arrét de la respiration et de la circula- lation. Il en est de méme chez le chien et le cobaye.

Cette légére influence périphérique ne participe pas apparemment à la production des phénoménes de paralysie motrice qu'on observe dans l'anesthésie générale, la totalité de l'effet devant étre attribuée à l'action de l'anesthésique sur les centres nerveux.

Les parties périphériques des neurones étant donc plus résistantes à l'action anesthésique que les parties centrales, nous nous sommes ser-

(1) Pour la bibliographie et les graphiques nous renvoyons à notre mémoire détaillé Influence des anestuésiques sur l’excitabilité des muscles et des nerfs. (Annales de la Soc. rovule des Sciences méd. et nat. de Bruxelles, X, 1901: Travaux de l'Institut Solvay, vol. IV, et brochure de 64 pages, Lamertin, 1901. Bruxelles.)

TRAVAUX ORIGINAUX 69

vies de pattes de grenouilles détachées du corps de l’animal et dont le nerf sciatique était préparé sur toute son étendue.

Nous avons distingué l’anesthésie générale (ou totale) du nerf de son anesthésie locale (2). Dans le premier cas, il s’agit de phénomènes qui se produisent quand la préparation névro-musculaire est placée dans une cloche renfermant des vapeurs anesthésiantes et est soumise à leur action dans toute son étendue. Dans l’anesthésie locale on étudie l’action de l’agent anesthésique sur un point limité du nerf.

Nous nous sommes adressées à l'éther, au chloroforme et à l'alcool.

I. Auesthésie totale du nerf moteur. La patte galvanoscopique est introduite dans une petite cloche renfermant une éponge imbibée d'éther ou de chloroforme. Par les ouvertures du bouchon pénètrent les élec- trodes, mises en communication avec le chariot de Dubois-Reymond et une clef interruptrice du courant. Le tétanos de la patte, trés violent au début de l'expérience, diminue l'intensité à mesure que les effets des vapeurs commencent à S'exercer ; en même temps, la contraction de la patte devient beaucoup plus lente. En peu de temps elle disparaît com- plètement. À ce moment, le nerf est devenu inexcitable; la réaction motrice est totalement annihilée, méme si l'on augmente la force du courant. C'est le sommeil anesthésique du nerf moteur. Pour montrer qu'il en est bien ainsi, et que le nerf n'est pas mort, nous enlevons la cloche qui contenait les vapeurs anesthésiantes et, peut à petit, nous voyons reparaitre l'excitabilité du nerf et avec elle les contractions de la patte. Dans ces expériences, l'excitation est produite par application des électrodes sur le tronc nerveux. Si on dispose l'expérience de fagon à ce que les électrodes touchent directement le muscle, un temps beau- coup plus long est nécessaire pour faire disparaitre toute trace de con- traction.

Pour étudier graphiquement les variations de l'excitabilité du nerf moteur sous l'influence des anesthésiques, nous avons introduit dans la cloche à expériences un tambour de Marey, dont le tube en caoutchouc traversait une autre ouverture du bouchon en liège et était mis en rap- port avec un second tambour, muni d'un levier inscripteur. Comme nous avons recherché s'il existe des différences d'excitabilité dans les dif- férents points du parcours nerveux, nous avons excité alternativement la partie supérieure et la partie inférieure du nerf sciatique au moyen de deux paires d'électrodes, aussi pareilles que possible et amenant le méme courant.

Dans l'anesthésie générale du nerf, quand la préparation névro-mus- culaire entiére est plongée dans une atmosphére chargée de vapeurs anesthésiantes, quelle est la partie du nerf qui est la premiére à ressentir les effets de l'anesthésie ? Existe-t-il à cet égard des différences entre les divers points du méme nerf ?

(2) Voir notre communication : Anesthésie générale et anesthésie locale du nerf moteur (Comptes-rendus des l Académie des Scrences de Paris, t. CXX VIII, 26 juin 1899, p. 1606.)

70 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Les tracés obtenus sont des plus démonstratifs. La constance du phe- noméne, que nous avons déjà signalé à partir de 1899 (1), présente tous les caractères d'une loi, que nous formulerons de la façon suivante : Sous l'influence de l'agent anesthésique (chloroforme, éther, alcool), qui atteint simultanément le nerf sur toute sa longueur, l'excitation de la partie supéricure du nerf cesse d’être efficace bien avant l'excitation de sa partie inférieure. Plus un trajet du nerf esi éloigné du muscle et plus vite disparait son excitabilité. L'ordre inverse est suivi pour le rétablis- sement des fonctions après l’anesthésie : c’est la partie inférieure du ner], voisine du muscle, qui récupère la première son excitabilité.

Ce phénomène, constaté par nous dans l'anesthésie des nerfs, est un équivalent de la loi de Ritter-Valli concernant les nerfs anémiés et mou- rants; dans ce cas, comme dans celui de l’anesthésie, l’excitabilite dis- parait aussi, d'abord dans la partie centrale du nerf, et, pour obtenir des contractions, il faut transporter l'excitation à un point plus rapproché du muscle. Herzen a vu le même phénomène se produire dans la fatigue et la curarisation, et l'une de nous (J. Ioteyko) dans la neurinisation des nerfs.

On peut donc dire que, toutes les fois que la vitalité du nerf est atteinte, la diminution d'excitabilité du nerf suit une marche successive, en commençant par la partie la plus éloignée du muscle et en finissant par la partie avoisinant cet organe. Les phénomènes constatés dans l'anesthésie rentrent donc dans la loi générale et présentent l'avantage de fournir des indications relatives au rétab'issement des fontions, l'ac- tion des anesthésiques n'étant que temporaire.

Quant à l'interprétation de ce phénomène, on se trouve en présence de deux hypothèses. La première, c'est qu'il existe une indépendance fonctionnelle entre les différentes parties du même nerf, la partie supé- rieure étant la première à subir le contre-coup des perturbations diverses, la partie inférieure étant plus résistante. Une autre hypothèse est celle que Herzen propose pour expliquer les variations de l’excitabilite du nerf dans l’anémie et la curarisation. Tout se passerait comme si le con- ducteur nerveux devenait de plus en plus résistant, incapable de trans- mettre au loin l’ébranlement fonctionnel; comme si celui-ci se produisait encore au point irrité,mais nese propageait plus qu'à une faible distance et n'atteignait plus l'organe terminal (/Aéorie de amortissement crois- sant de l'ébranlement fonclionnel Herzen).

IT. Anesthésie locale des nerfs moteurs (Block-system). Dans le voisinage du muscle gastrocnémien (relié à un myographe direct) on entoure le nerf d'un mince bourrelet de ouate, imbibé avec de l'éther, du chloroforme ou de l'alcool. Les électrodes étant mises en rapport avec la partie supérieure du nerf, voici les faits principaux que nous a révelés la méthode graphique :

(1) Voir notre communication à l'Académie des sciences de Paris,

TRAVAUX ORIGINAUX 11

Au début de l'application locale de l'agent anesthésique, l'excita- bilité du nerf sciatique est légèrement augmentée, notamment quand l'anesthésie procède à petites doses ;

2? Dans une seconde phase, l'excitabilité diminue au point que la por- tion anesthésiée du nerf devient complétement infranchissable pour les excitations venues de la partie supérieure du nerf. La section physiolo- gique du nerf est alors compléte. Le muscle reste immobile à chaque passage du courant. Dans certains cas, l'excitabilité a déjà disparu au bout de plusieurs secondes ;

Si alors on enlève le bourrelet imbibé d’anesthésique, l'excitabilité reparait. Le retour peut être integral.

Telles sont les trois phases qu on observe généralement dans l'anes- thésie locale du nerf. La première phase (excitation initiale) peut man- quer si l'on emploie d'emblée une dose massive d'anesthésique. La seconde phase (paralysie) est déterminée par des doses massives; avec une dose modérée, il n’y a pas abolition de l’excitabilite, mais simple- ment diminution.

Un fait intéressant, c'est que l'action de l'agent anesthésique reste localisée à la portion du nerf anesthésiée ; il n'y a pas à proprement par- ler, de propagation centrifuge ou centripéte. L'absence de propagation centrifuge est démontrée par l'expérience suivante : si le bourrelet d’ouate est appliqué à la partie moyenne du nerf, les excitations portées sur un point plus rapproché du muscle n’en sont nullement influencées. On peut ainsi explorer avec les électrodes tous les points du nerf situés entre le bourrelet et le muscle et délimiter strictement la zöne anes- thésiée. Elle ne s’étend pas au-delà du bourrelet.

III. Anesthésie locale des nerfs sensitifs. L'absence de propagation centripète ressort nettement dans les expériences faites sur l'anesthésie des fibres sensilives. Quand nous anesthésions un point du nerf mixte (nerf sciatique), l'effet de l'anesthésique porte sur les deux espéces de fibres. Dans cette série d'expériences nous avons recherché quel était l'ordre de disparition de l'excitabilité des fibres sensitives et motrices. Cette étude avait déjà été faite, en 1892, par Pereles et Sachs, qui em- ployèrent la méthode des réflexes pour déceler cette action. C'est la méthode de /a réaction à la douleur qui nous a permis de dissocier l'effet produit par les anesthesiques sur les fibres nerveuses de la sensi- bilité et sur les fibres nerveuses de la motricité, et de voir, d'accord avec Pereles et Sachs, que ce sont les fibres sensitives qui sont atteintes en premier lieu. Voici notre expérience : à une grenouille entière et vivante dont le nerf sciatique est dénudé, on anesthésie un trajet nerveux situé vers le milieu du nerf; une paire d'électrodes est placée en amont (E^) du point éthérisé; une seconde paire est placée en aval (E) de ce point (voir sur la figure le schéma de l'expérience). Avant le début de l’anes- thésie du trajet intermédiaire, l'excitation du point E' aussi bien que du point E détermine les deux réactions : a) la réaction motrice, contrac-

72 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tions du gastrocnémien : 5) la reaction sensitive ; la grenouille réagira à la douleur causée par le passage du courant par des contorsions désor-

Scheina de l'expérience montrant l'envahissement successif par l’anesthesie des fibres nerveuses sensitives et motrices A, point du nerf anesthesie : E, E^, clectrodes ; C, carveau.

données de tout le corps. Il s'agit maintenant de savoir laquelle de ces deux réactions disparaitra la premiere sous l'influence de l'anesthésie locale du nerf et laquelle sera la premiere à revenir. Voici la succession des symptómes qu'on observe en anesthésiant le trajet intermédiaire : L’excilation du point E' (en amont du trajet anesthésié) produit encore une réaction motrice (preuve que la transmission centrifuge peut s'ac

complir) alors que l'evcitation du point E (en aval de l'obstac'e à la trans mission) ze détermine plus de réaction à la douleur (preuve que la trans- mission centripète est arrètée); Dans une seconde phase, /’excifation du point E' cesse de provoquer la réaction motrice (preuve que la trans- mission centrifuge est arrêtée); Quand on enléve l'anesthéstque, la réaction motrice obtenue en excitant le point E' precede la réapparition de la reaction à la douleur obtenue par l'excitation du point E ; La réac- lion à la douleur déterminée par l'excitation du point E apparait en der- nier lieu.

Nous voyons ainsi que dans l'anesthésie locale du nerf (éther, chloro- forme, alcool), l'excitabilité des fibres sensitives disparait avant l'exci- tabilité des fibres motrices; le réveil des fibres motrices a lieu avant le réveil des fibres sensitives. D'une façon générale, la fibre sensitive est plus sensible, la fibre motrice plus résistante à l’action des anesthésiques.

Ces expériences montrent aussi l'absence de propagation centripéte de l'agent anesthésique appliqué sur un point du nerf. A une grenouille vivante on applique un bourrelet imbibé d'éther comme dans l'expé- rience précédente; sous l'influence de l'anesthésie de ce point, les exci- tations portées sur la partie du nerfsituée plus bas que le point anesthésié ne seront pas suivies de douleur; par contre, les excitations portées plus haut que le point anesthésié seront suivies de douleur, comme à l'état normal.

COMPTE RENDU 73

I! nous reste à dire quelques mots sur la comparaison de l'éther avec le chloroforme dans l'anesthésie des troncs nerveux. Les différences paraissent étre dues au degré de volatilité que présentent ces substances.

ll en résulte que le chloroforme, qui est moins volatil que l'éther, est aussi plus toxique. Les cas de mort de la préparation névro-musculaire de grenouille sont beaucoup plus fréquents avec le chloroforme qu'avec l'éther, aussi bien dans l'anesthésie totale du nerf qu'avec l'anesthésie locale d'un point limité. C'est pour cette raison que nous avons eu de préférence recours à l'éthérisation Les différences entre ces deux agents sont les suivantes : 1? L'éther agit plus rapidement que le chloroforme (l'excitation étant considérée comme un début d'action); La phase d'excitation est bien plus accentuée avec l'éther qu'avec le chloroforme; Les différentes phases de l'anesthésie sont beaucoup plus apparentes avec l'éther qu'avec le chloroforme.

A peu de chose prés l'action des anesthésiques est la méme dans l'anesthésie des troncs nerveux que dans l'anesthésie chirurgicale; cette dernière n'étant qu'un empoisonnement limité aux hémisphères céré- braux et à la moelle épinière. Nous y distinguons la même graduation des effets des anesthésiques suivant qu'on s'adresse à des doses faibles ou à des doses fortes et la même succession des phénomènes. La toxicité plus grande du chloroforme que de l’ether dans l’anesthesie des troncs nerveux montre que cette difference est reelle et que le chloroforme est un poison plus violent que l'éther pour le systeme nerveux. Les statis- tiques de la mortalité par l'éther et le chloroforme sont souvent com- pliquées par les cas de mort tardive, surtout fréquentes avec l'éther, qui, par la hypersécrétion bronchique qu'il détermine peut étre la cause . de mort par broncho-pneumonie. Ces effets secondaires de l'éther étant éliminés dans l'anesthésie des troncs nerveux, on peut affirmer que l'éther est moins nocif pour le systéme nerveux que le chloroforme.

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 23 janvier 1901. Présidence de M. le D" GLORIEUX Anesthésie des nerfs sensitifs et moteurs Mie IOTEYKO et STEFANOWSKA. (Voirle travail original paru dans le présent numero, p. 68.)

Discussion

M. CROCO. La communication que viennent de nous faire M'** ۵ et Stefanowska présente un intérét trés grand et les résultats obtenus con-

74 JOURNAL DE NEUROLOGIE

cordent parfaitement avec ceux que M. Laureys et moi-méme avons observés chez l'homme chloroforme.

Nous avons, en effet, trouvé que, sous l'influence du chloroforme, les réfilexes tendineux commencent par S'exagérer avant de s'atfaiblir et de dis- paraître ensuite complètement.

Mais les auteurs nous disent que les modifications de l'excitabilité, dans l'anesthésie totale du nerf, suivent. une marche analogue à celle que l'on observe dans la mort du nerf. Je me permettrai donc. de demander si M'es Ioteyko et Stefanowska ont fait des expériences témoins qui permettent d'affirmer qu'il s'agissait bien réellement d'anesthesie et non de mort du nerf.

M'e IOTEYKO. Les expériences témoins sont innombrables et. elles prouvent que la survie du nerf dépasse de beaucoup les quelques instants nécessaires pour anesthésier un nerf sciatique de grenouille. D'autre part, sans expériences témoins, on constate, sur la préparation soumise à l'action de l'anesthésie, qu'il ne peut ètre question de mort. Le retour de l'excitabilité, après que l'anesthésique s'est dissipé, montre que la suspension des fonctions du nerf n'a été que temporaire. De toutes cesexperiences il résulte que, totes les fois que l'excitabilité du nerf se perd (et indépendamment de la cause qui amène cet état : anémie, anesthésie, etc.), la perte suit les mèmes phases. Tout ceci ne s'applique qu'au nerf moteur.

M. DECROLY. La disparition de l'excitabilité des fibres nerveuses sen- sitives qui précède l'inexcitabilité des fibres motrices ne pourrait-elle pas trouver son explication dans la théorie de l'amortissement de l’ébranlement fonctionnel, l'influx seusitif ayant un trajet plus long å parcourir que l'influx moteur ?

M'* IOTEYKO. La théorie de Herzen ne peut intervenir dans l'explica- tion de ce phénomène. L'amortissement de l'ébranlement fonctionnel ne peut être invoqué que dans l’anesthesie totale du nerf, quand le nerf, dans toute son étendue, est modifié par l'anesthésique, et l'excitation a à parcourir un certain trajet du nerf ainsi modifié. Or, la différence dans le mode de se comporter des fibres sensitives et motrices a été mise en évidence dans l'anes- thésie locale du nerf, c'est-à-dire dan: l'altération d'un point très limité du nerf. Le restant du nerf étant sain, la transmission n'y a rencontré aucun obstacle.

Section traumatique du nerf cubital. Suture. Traitement par l'électricité combinée au massage

(Présentation du malade)

M. DECROLY. Je vous présente la petite fille que voici au nom du con- frére Falk et au mien.

Mathilde D..., âgée de 7 ans, s'est fait, en septembre 1900, en tombant sur un éclat de bouteille, une plaie profonde à la partie interne de l'avant-bras, à quelques centimétres au-dessus du poignet; conséquence : section de plu- sieurs tendons et anesthésie au niveau de la face palmaire interne de la main, abolition des mouvements dans les petits muscles de la main. La suture des tendons est faite trois jours aprés, ainsi que celle du nerf cubital.

COMPTE RENDU 13

La sensibilité reparaït bientôt légèrement, tandis que la motilité des mus- cles dépendant du cubital reste nulle : atrophie de ceux-ci et griffe caractéris- tique.

Quinze jours apres, l'opérateur, M. Heudrix, craignant n'avoir pas obtenu une réunion suffisamment parfaite met le nerf de nouveau à nu et le dégage d'un manchon cicatriciel qui l'enveloppe. La plaie est refermée et, aussitòt celle-ci guérie (fin décembre), on soumet l'enfant à un traitement combiné de massage et d'électricité galvanique. L'examen de l'excitabilité démontre, à ce moment, qu'il y a réaction de dégénérescence complète ; la main est en outre cyanotique et froide; la sensibilité est encore très diminuée; en somme la situation ne paraît pas brillante. Malgré la thérapeutique patiente la griffe et l'atrophie ne s'étaient pas encore modifiées au bout du troisième mois; ce n'est qu’au bout du sixième qu'on vit les interosseux et les muscles de l'éminence hypothénar répondre peu à peu à l'influx volontaire.

Actuellement, comme on peut en juger, la main a repris son aspect normal, l'extension des phalangettes et phalangines se fait parfaitement, l'écartement des doigts de méme.

Seul le pouce n'a pas repris ses mouvements normaux; comme vous le voyez l'éminence thénar est effacée, l'opposition est incompléte. Que se passe-t-il de ce côté? Au début,nous nous sommes figuré que les petits muscl.-s du pouce étaient anormalement innervés par le cubital, mais il semble que nous nous soyons trompé; rien qu'à examiner la disposition de la plaie, la branche du médian, qu'innerve les muscles de l’éminence thénar paraissait ne pas avoir été touchée. Nous croyons devoir admettre maintenant qu'il en a été autrement.

Discussion

M. CROCQ. M. Decroly nous dit que l'excitation électrique du bout périphérique, faite quinze jours après l'accident, a donné lieu à des contrac- tions musculaires. Or, il paraît aujourd'hui absolument démontré qu'un nerf sectionné dégénère avec une telle rapidité qu'après quelques jours il devient absolument impropre à conduire les excitations. Dans ce bout périphérique il ne devait plus y avoir un seul cylindraxe. Si donc l'orateur a obtenu des con- tractions, c'est que le nerf n'a pas été sectionné complétement, ce qui expli- querait assez bien le résultat relativenient rapide obtenu par le traitement.

M. DE BUCK pense également que les fibres nerveuses du bout périphé- rique d'un nerf sectionné ne sont plus aptes, après quinze jours, à conduire le courant électrique.

M. LIBOTTE. Nous n’ignoions point les résultats favorables en général du massage lorsqu'il s’agit d'entretenir la nutrition des muscles.

Nous connaissons le traitement Lucas-Championuiére, qui a pour but d'im- primer par le massage une marche accélérée à la guérison des fractures et d'empécher les adhérences d'articulations, l'atrophie, la diminution de puis- sance de contractilité des muscles.

Mais ce que l’on ignore, c’est la supériorité des hautes intensités des cou- rants continus dans ces cas, combinées avec des interruptions, des renverse- ments de courants.

76 JOURNAL, DE NEUROLOGIE

Que de fois j'ai reçu des malades qui, à la suite de luxation, d'arthrite, avaient subi un massage habile et prolongé, sans en avoir retiré les résultats espérés.

C'est que nous avons jugé le massage à sa juste valeur. Les malades, sou- vent, nous sont adressés avec des muscles atrophiés, les mouvements res- treints en force et en étendue. Des exercices appropriés avaient été prescrits et l'on escomptait la persévérance, le temps. L'aggravation s'accentue et les malades vont à la recherche d'autres moyens.

C'est dans ces circonstances que la supériorité thérapeutique de l'électricité éclate manifestement. Seule, elle guérit, crto, tuto et ucunde.

Au surplus, chez ceux qui savent manier l'électricité, il y a substitution de celle-ci au massage dans le traitement Lucas-Championniere.

Luxation de l'épaule. Paralysie grave du bras - Traitement par l'électricité et le massage (Présentation du malade)

M. DECROLY. Voici un autre cas que je vous presente egalement au nom du confrère Falk et au mien.C'est un homme de 29 ans qui, le 27 nnvem- bre 1990, à la suite d'un traumatisme violent, fut atteint d'une luxation de l'épaule gauche. Au moment de l'accident, perte de connaissance de peu de durée. Lorsqu'il reprend ses seus, le membre pend inerte le long du corps, il parvient toutefois encore à fléchir légèrement les doigts; cette flexion n'est plus possible quelques instants après.

Deux jours après,on réduit la luxation et on applique le bandage approprié. Seulement ce bandage fait souffrir le malade au point qu'il supplie de le lui enlever ce qui fut fait. C'est à ce moment que le malade nous est envoyé par un confrère. Un examen nous permet de constater une paralysie de tous les muscles du bras, à l'exception de ceux qui dépendent du musculo-cutané. Réaction complète de dégénérescence dans tous les autres muscles et notam- ment dans ceux innervés par le radial et le cubital. Seuls les muscles innervés par le médian répondent encore à l'excitation indirecte, mais il faut pour cela que le courant dépasse 13 MA. Atrophie considérable, surtout manifeste à l’avant-bras; on institue un traitement consistant en une séance journalière de massage et de gymnastique, d'une autre tous les deux jours d'électricité (galvanisation interrompue).

Au bout de deux mois le median commence à reprendre ses fonctions; au bout de deux autres mois le cubital laisse également passer l'influx volon- taire. Seul le radial ne se modifie pas, les muscles extenseurs des doigts et de la main restent fortement atrophiés et c'est à peine s'ils répondent à l'excitation renversée (pole + actif) poussée au delà de 15 MA.

Bien qu'en passe de découragement, nous nous entétons à continuer le traitement et à donner espoir au malade; par bonheur, au bout de deux nou- veaux mois, nous voyons réapparaitre l'exteusion taut attendue; de part et d'autre, on reprend courage pour activer la guérison, si bien qu'environ neuf mois après l'accident, le malade peut essayer de se remettre au travail et qu'actuellement il est capable de remplir ses tonctions comme autrefois.

COMPTE RENDU 77

Ce que nous avons voulu faire ressortir, c'est l'aide active que peuvent se donner les deux méthodes thérapeutiques appliquées simultanément et avec suffisamment de persévérance, dans des cas irrémédiablement mauvais lors- qu'on n'intervient pas, ou que, de la part du médecin et du malade, il n'y a pas eu suffisamment de patience et de confiance. Quant à déterminer la part qui revient à chacune des deux formes de thérapeutique physique, elle peut étre discutée; en tous cas nous croyons qu'étant toutes deux certainement utiles,il ne faut jamais, lorsque les circonstances le permettent, négliger de les employer concurremment.

Tabes ou syphilis (Présentation du malade)

M. DECROLY. Permettez-moi de faire devant vous l'histoire d'un troisième malade dont le cas me semble offrir quelque intérêt tant au point de vue diagnostic que thérapeutique.

X... est ágé de 31 aus, il est marié et pére de deux enfants, dont le dernier bien portant, est en septembre 1900.

Sa femme x’a jamais rien présenté d'anormal en dehors d'atteinte: répétées de crises hépatiques, dont la nature a été confirmée par l'évacuation de calculs.

Cet homme s'est présenté, il y a un an, à la Policlinique avec un ptosis léger à gauche; présent à l'examen de l'oculiste, nous analysons l'état des réflexes et coustatons en plus une abolition du seul réflexe rotulieu gauche, avec con- servation des deux achilléens et des crémastériens.

Du cóté des pupilles, lenteur de la contraction et inégalité.

Pas de Romberg, ni de crises fulgurantes. Du côté de la sensibilité, rien de très net, pas de troubles urinaires, ni génitaux.

D'autre part, en questionnant le malade, nous apprenons qu'il a été soldat il y a dix ans; qu'à cette époque il a été en traitement à l'hôpital militaire pendant trois mois et demi, que six ou sept mois après, il a gagné des plaques dans la bouche, pour lesquelles il s'est fait traiter, pendant six ou sept semaines, à l'hópital de Bruxelles.

Depuis plus rien, sauf de violents maux d'estomac en 1895, qui l'ont forcé à se soigner pendant un an.

Devant l'abolition du réflexe rotulien, des troubles du sphincter irien, de la paralysie partielle de la troisième paire, nous avons cru nous trouver en pré- sence d'un tabes incipiens. Les douleurs gastriques signalées par le malade pouvaient très bien, elles aussi, être de nature tabétique..Et l’évolution de l'affection a paru un moment nous donner raison. En effet, au ptosis s'est ajouté peu à peu une paralysie des autres muscles de la troisième paire, d'où strabisme divergent; des douleurs lancinantes ont apparu dans les jambes, puis dans le bras droit. Les fonctions sexuelles se sont notablement affaiblies, les crises gastriques se sont reproduites, l’état général lui-mème s'est aggravé, au point que le malade a renoncer à son métier et prendre un repos forcé.

Entretemps on avait, vu les antécédents manifestement spécifiques, institué une cure intensive à l'iodure, et, pour combattre les douleurs et les troubles

énitaux, appliqué la suspension.

Or, que s'est-il produit ?

78 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Peu à peu la paralysie oculaire s'est amendée, l'œil a repris ses mouvements normaux, seul le ptosis existe encore très léger.

Les crises gastriques et les douleurs lancinantes ont disparu; les rapports sexuels ont repris leur cours normal. ;

Et que reste-t-il ? le rotulien gauche est toujours absent, alors que le droit est plutôt exagéré; l'achilléen gauche est normal tandis que le droit est saccadé (trépidation épileptoïde). Les pupilles ne sont plus inégales mais leur réaction est toujours excessivement lente, surtout à gauche.

La question qui se pose est de savoir si nous avons affaire à un tabes non seulement arrèté dans son évolution, mais en voie de régression, ou s'il sagit uniquement de manifestations de syphilis cérébro-spinale qui ont cédé au traitement spécifique institué.

Au cours d'une discusion ouverte par M. Brissaud à séance du 9 janvier de cette année de la Société de neurologie de Paris, toutes les faces de la ques- tion quise pose ici ont été envisagées et je ne saurais mieux faire que d'en condenser les éléments. M. Brissaud y faisait remarquer que le tabes lui paraissait avoir pris dans ses dernières années un caractère de plus en plus bénin ; les formes avec incoordination extrème et consomption très accusée deviendraient plus rares qu'autrefois, alors que les cas frustes seraient plus fréquents et les guérisons plus nombreuses.

Et l'explication de ce fait ? :

S'agit-il d'atténuation du virus syphilitique (Brissaud) ou encore d'une modification heureuse du terrain obtenue par le traitement antisyphilitique (Brissaud et Marie). Doit-on plutôt penser, avec M. Babinski, que la fré- quence des formes frustes doit être attribuée à ce diagnostic plus précoce de la maladie : la connaissant mieux, on la reconnait maintenant bien avant l'apparition des signes de la cachexie tabétique. Quant à l'influence du trai- tement spécifique, 1l est difficile pour M. Dabinsky d'en apprécier l'action, qui bien qu'incontestablement utile à legard de certains symptómes, n'a, par contre, aucune action sur une série d'autres manifestations.

M. Raymond se demande mème si les améliorations obtenues ne sont pas dues à la guérison exclusive des troubles spécifiques surajoutés au tabes pro- prement dit; et M. Ballet, confirmant l'opinion de M. Babinski, considère l'influence du traitement iod@-mercuriel comme incertaine.

Eu somme les avis sont partages : avec MM. Brissaud et Marie, nous pour- rions dire peut-être que nous avons interrompu la marche de ce tabes par le traitement spécifique. Avec M. Raymond, par contre, que nous n'avons agi que sur les troubles vraiment syphilitiques et non touché au tabes. Nous pourrions aussi, avec M. Babinski, considérer le cas com'ne fruste, chose plus fréquente aujourd'hui parce que le diagnostic est fait plus tôt.

Reste cependant à expliquer l'existence de l'exagération des réflexes rotu- liens et achilléens.

C'est parce que ce cas offrait ces points litigieux que j'ai cru intéressant de vous le faire voir et de vous demander votre avis.

Discussion

M. GLORIEUX. Le cas fort intéressant que M. Decrolv vient de vous présenter est le premier d'une série de cas l'existence d'une svphilis anté-

BIBLIOGRAPHIE 79

rieure est démontrée et sont survenus des symptômes tabétiques ou tabet formes.

L'intérêt de cette serie sera le suivant : c’est qu'en ne vous soumettant qu un cas à chacune de nos réunions, vous pourrez l'examiner tout à l'aise et mieux confirmer ou infirmer le diagnostic. Pour ma part, je trouve que les vrais syphilitiques ont presque toujours des formes frustes de tabes, le plus souvent sans ataxie et sans trouble de la motilité. Cette méme série nous per- mettra d'étudier tous ensemble l'influence d'un traitement ou de l'absence de tout traitement antisyphilitique, l'influence de la syphilis sur l'état sanitaire des enfants et maints autres points de vue.du plus haut intérét. |. -

BIBLIOGRAPHIE

L'ANNÉE ÉLECTRIQUE, ÉLECTRO-THÉRAPIQUE ET RADIOGRAPHIQUE. REVUE ANNUELLE DES PROGRES ELECTRIQUES EN 19)1, par le Dr Foveau de 590769115 {Deuxième année. In-12. Béranger, éditeur. Pix :-fr. 3.59.)

L'Année électrique, avec la même indépendance et la même impartialité; ‘continue sa publication par un second volume de 430 pages, tres documenté et très précis. Ce n'est p's à proprement parler un livre de vulgarisation, bien que l'auteur uit expliqué aussi clairement que possible les progrès électriques, électrothérapiques, ractiographiques et photo- thérapiques réalisés en 1991, mais uu aperçu fidèle et complet des innovations si nom- breuses aujourd'hui dans le domaine électrique. L'ouvrage intéresse donc à ła fois les électriciens voutant, à la fin de l'année, avoir un aperçu d'ensemble sur les travaux de l'année sans recourir aux volumineuses revues qu'ils ont lues pour tenir aun courant; aux médecins, pour qui tous les progrès électriques en leur art sont signalés par l'auteur, électrothérapeute bien connu, et qui y apporte sa quote-part par ses travaux person- ne $S; au grand public, s'intéressant comme tout le monde aujourd’hui, à ces change- ments dans l'industrie, et les rapports sociaux, dus à l'électricité et qut se multiplient merveilleusement. Un chapitre nouveau sur la photothérapie montre le phénomene si curieux de lumière chimique produit à peu de frais par un radiateur de l’auteur et appl.- cable à 1 physique, à la physiologie et à thérapeutique. L'électrorution, qui a été d'ac- tualité en 1921 est également très clairement exposée. En somine, l'Année électrique, électrothérapique et radiographique est un livre indispensable à tout 0, curieux de la nature et du progrès.

QUEST.ONS DE PHILOSOPHIE MORALE ET SOCIALE, par J. P. Durand (de Gros). (l vol. in-]2 de la Bibliothèque de philosophie contemporaine. Félix Alcan, éditeur. Prix : fr. 2.50.)

Durand de Gros a marqué d'une empreinte durable tous les sujets qu'il a abordés. Il fut non seulement un savant de | remier ordre, mais un philosophe dans toute l'accep- tion du terme.

Déjà, au début de sa carriere scientifique, il s'etait préoccupé de la vie pratique et avait moutré les services que l'hypaotisme peut rendre à l’hominicultur'e ; dans ses dernières années, il se cousacra plus particulièrement aux questions d'esthétique, de morale, de politique et de sociologie. Après les Nouvelles recherches sur l'esthétique et la morale ei les Variélés philosophiques, il écrivit ce der. ier livre quila heureusement ter- miné avani de mourir.

60 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Il me parait en tous cas intéressant d'établir que ce réflexe suppose l'inté- grité de la transmission sensitive de l'étage lombo-sacré (V-I), à l'étage lom- baire moyen (II-III-IV).

Les paralysies post-anesthésiques M. DE BUCK. (V. le travail original paru dans le précédent numéro, p. 35.)

Paralysie radiale traumatique

M. DE BUCK. Le nomme C. V..., ouvrier briquetier de Meirelbeke entre à l’armée le 1°" octobre 1901. Peu après son entrée, faisant des exercices de gymnastique avec les autres conscrits, au moment il abaisse brusque- ment le membre peu l'avant-bras étant en extension et en supination forcées sur le bras, il se produit un craquement, qui est entendu par ses com- pagnons et au méme moment se déclare une douleur vive daus la région épi- condylienne, accompaguée de paralysie.

Le garçon avait eu antérieurement une luxation du coude, dont il lui reste une déformation de cette région et une incapacité d'amener l’avant-bras dans l'extension complète.

Porté malade, il est examiné par les médecins militaires qui prennent peu arde à ses plaintes et, après neuf semaines de traitement par des moyens ano- ins, il est renvoyé en congé de convalescence. Son médecin nous le présente le

12 EE 1901. Nous faisons un examen radioscopique, qui se montre négatif.

ous constatons la paralysie de la supination et de l'extension à l’avant-bras Il existe une diminution de la contractilité électrique, tant faradique que gal- vanique, des groupes musculaires épicondylien et extenseur de l’avant-bras.

Ilexiste certains troubles de la seusibilité dans le domaine du radial à l'avant- bras et à la main. Notre diagnostic de probabilité est qu'il s'agit d'une lésion traumatique intéressant les muscles et probablement le nerf radial. Nous re- commandons une incision exploratrice, qui est faite le 18 décembre 19or.

Après avoir fait une incision verticale au tiers externe de la partie supé- rieure de l'avant-bras, nous explorons le groupe musculaire épicondylien. Le long supinateur et les radiaux sont intacts, mais le court supinateur est rompu transversalement dans une étendue de 2, 3 centimétres et couvert d'une ecchymose sanguine en voie de résorption qui englobe les branches du nerf radial. Nous enlevons le reste des caillots et nous nous convainquons que la branche sensible du radial et sa branche motrice postérieure, qui traverse le court supinateur, ne sont pas rompues. Aprés un nettoyage parfait de la plaie nous suturons celle-ci.

A prés cing jours, réunion de la plaie per priman et retour des mouvements de supination et d'extension ; la main n'est plus pendante. Quelques séances d'électrisation raménent complétement la motilité. Lia force musculaire seule reste encore un peu compromise à la fin de décembre.

Nous avons voulu relater ce cas à cause de sa rareté.

Nous n'avons nulle part, dans la littérature, trouvé relaté le cas de para. lysie du nerf radial à l'avant-bras par rupture à la suite d'un effort du muscle court supinateur. On signale, au contraire, fréquemment la paralysie du tronc radial par suite d'effort musculaire à son passage à travers le triceps. Dans ce cas, le nerf se paralyse à la suite de compression contre l'humérus.

Nous avons ensuite relaté ce cas pour engager nos confréres à imiter notre procédé d'intervention chirurgicale, qui dans l'espéce n'a pas seulement servi à éclaircir un diagnostic douteux, mais qui encore a eu un excellent résultat thérapeutique. Les chirurgiens font tous les jours des incisions explo- ratrices pour confirmer un diagnostic et fixer un traitement, le résultat n’est pas meilleur que dans notre cas de paralysie traumatique et le danger est relativement plus grand.

۷/۷) a UH HM

) MET 2 LOVE y! 00 MD, o

4 ax ` osé Sek ame prt

e $ a * hd A ¥

VARIA

Séquestréo pendant quarante-cinq ans

Nous empruntons à la Petite Gironde le récit suivant :

ll y a environ trois mois, un vol d’une somme de 800 francs était ec mmis au préju- dice de la famille Bissiére, du Garrigou, commune de Saint-Eutrope-de-Villeréal (Lot- et-Garonne). Cellc-ci accusa de ce méfait son domestique, le nommé Henri Hugon, qu'elle dénonca à la gendarmerie. Pour se venger de cette dénonciation, le domestique, qui connaissait les habitudes de la maison, se rendit, le 30 juillet, à Cancon et déclara à la gendarmerie que ses maitres, Bertrand Bissière et sa sœur Adèle Bissière, tenaient enfermée, depuis quarante-cinq ans, dans un rédoit fort obscur, leur sœur Jeanne- Adelaide Bissiere.

Une descente de justice eut lieu jeudi. Les magistrats trouvèrent Jeanne-Adélaïde Bissière enfermée dans une sorte de réduit ayant 3"75 de long sur 2m50 de large.

Ce réduit est divisé en deux parties par une cloison en planches de 2"50 environ de hauteur, ne prenant l'air que par le haut et muni d'un guichet par l'on fait passer les aliments qu'on donne à la malheureuse idiote.

Celle-ci, complètement nue, était aceroupie sur une mauvaise couche remplie d'ex- créments d'où s'exhale une odeur nauséabonde, les genoux repliés sur eux-mêmes et lui touchant le menton.

Aux questions qu'on lui pose, la malheureuse recluse ne répond pas et semble ne pas comprendre qu'on lui adrsse la parole. Elle n’est plus de ce monde el, lorsque les magistrats la font extr'ire de ce réduit obscur, elle porte les mains à ses yeux pour ne pas voir la lumière du jour.

Après cette constatation des lieux, les magistials instructeurs interrogent Rissière et sa sœur Adele, qui déclarent que leur père, aujourd'hui décédé, fut obligé, il y a qua- rante-cinq ans, d'enfermer sa fille Jesnuc-Adélaide, devenue subitement folle à la suite de maladie.

Ils racontent que par moments elle devenait folle furieuse et que, dans cet élat, elle menacait de tout casser,de (out briser et méme d'incendier leur maison d'hal itation.lls prétendent encore que c'est afin d'éviter un malheur que leur pére avait séquestré leur sieur. lls ajoutent qu'à la mort de celui-ci, ils ont cru devoir tenir séquestrée leur sœur, comme l'avait fait leur père.

La fa uille Bissière possède une belle fortune ; elle est bien considérée dans le pays.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Jeanne-Adélaïde Bissière a été (ransportée à l'hopi- tal Saint-Cyr, à Villeneuve-sur-I 4 t, pour y recevoir les soins que nécessitait son état.

Le frère ct la seur de la malheure recluse ont été laissés en liberté.

(Le Temps, numéro du dim. 4 août 1901, et Annales méd.-psych., nov.-déc. 1901.

L'avis de Lombroso sur l'électrocution

On écrit de Rome au Temps :

M. Ces: re Lombroso a été appelé à donner son avis sur l'électrocution. L'éminent anthropologiste italien n'est point partisan de ce systéme qu'il dit non assez rapide, à cause des longs préparatifs qu'il nécessite et auxquels, pour la plupart, le condamné doit assister. IL f

Aujourd'hui, fait observer M. Lombroso, tout le monde est d'accord sur ce point que la prine de mort ne doit pss é(re considérée comme une vengeance de la société, mais comme un moyen de supprimer un individu dangereux et dont la progéniture peut à son tour être un nouveau danger pour la société. Seulement, dit-il, cette mort doit être prompte et douce, et, dans l'electrocution, on ne peut supprimer au patient l'anxiété des longs préparatifs nécessaires à l'applicstion du courant électrique, pour conduire le condamné dans le fauteuil et le soumettre aux armatures électriques aux pouls, à la tête, etc.

Le sentiment humain, ajoute l'éminent professeur, veut que cette grande douleur de l'anxiété pour l'attente de la mort soit épargnée le plus possible et que la forme même de la mort ne soit point douloureuse.

M. Lombroso précouiserait plutót l'emploi de gaz provoquant l'asphyxie au milieu d hallucinations agréables, tels, par exemple, le chloroforme et l'éther. Point de prépa- ratifs et l'individu part pour l'autre monde sans s'en apercevoir.

(Arch. d'anth. crim., 15 janv. 1902.)

E oam ED ا‎ N e 0 تھا ا‎

d. |. TRAVAUX ORIGINAUX. وط‎ Pes aude di de h SE جر ي‎ ads Vaiestlißs gate pair. Verein qar T. Jann et ME SEEEASDWSR Y. سد‎ délasse SEE IT,

anteire cortical e réfère panee ch ER A مع ہی‎ Ee aL کو پیا دی وو و یں‎ ut | normal, pur 18 nm X rues H 2 ا‎ 0 ar و‎ BELGE DE NEUROLOGIE. 8 EE E Cds als pique à de tabes dorsalis: ‚eben un ا‎ par engen سا‎ LEE HE 17. Kai n ¢

S Late k کر‎ chen inr pesti és ü define avec. یا‎ 0 Ce TS EE

Ke ; nr 1 A و‎ oH P 5 3 ےہ و وم‎ RE Ga ne ا 2 رس‎ Sb ER EE EREN fai EN CBravais,: سل‎ -Eaa Pungues-Carabána: fax i iit ares Asini des Im: “Lara, on ٥ 2223ء7 ك‎ KE E ROIR see (£r c e oO ار 00 جا‎ Bilun, ie 7. ا ا‎ sut i = ا نے‎ 7 01 61 SN, ON ATI = Nemouue Prünter, y. d. 3 cExude Vals, GENE

-Nirorde Feluws, p. R.- E لوا نا‎ | 0100100۳000 See een Flourens, uo Be E in nr ie ا 376008۷000 پا کک کے‎ 7 J وا‎ LS ropie Biancara, | [.Eaads Viethy, jc Tu. ER و‎ Fous plus 5 us i اس وا‎ ۳ H ۳ "Jan de tin Hyg Jang D "Ta Pänyad ما و رن‎ 69ا‎ O freedeg, yr ES Capsules de ا 17۱۷ھ‎ Vigier p. T Maison کی جج ای ان عناق و‎ E phe hare d'Her pii. یضار لوت‎ Ge

Vii fe Jk: Farine Renati p. Es ےی ہو را ہی رہ‎ ار جر خر‎ 2 “Doro ۱ وم رون‎ Ys DER pan Autipyriie ھا جو‎ 00017 idées) “srophosphale de Lutte, T segreto di کا‎ d CD AFET LR Perd ET PER ا‎ ولاف‎ DR se er s SC > Thermalormul, p. MN gret

SE, Sr Don Hosa, NS کے ا‎ Cagur: Miah Aspirine.: Fomalose, Eá. ا‎ ` (ae), KE Bröms Etapnta, ره اوه رل نما ۃ ام‎ et est. E e Ee d ۱ : parties Ferri -boumtote, وان نو[‎ ^ oui patte Ba ine Wal qe ss r FB 1488817 tol, d. anal: Bager. z a Ene ur d4ü6dicinat,- qe + RE E Patton Lëtz hate: et ی‎ ` Beie: ڑا‎ Nd ari E 1 APA Harmrgam-R'rba.- diera a e Esco uf کا یں‎ EE | Poplone Gurnètis, EE "Agen eh SR Xin Groult ` Bee ج2‎ d Met, Hommel

a^ 7 —- un و‎ LE nl EE

|

Farine, Maltée Via 'AUTODIGESTIVE 18 "anule qui sd. digre 06118:2٥

pon Mies. 8+13‏ ا ٹا

Hou PENDANT ET- APRES LE SEVRAGE,

x ای‎ Hunt {a den Hio ét ln 21060972 ۲016 E ouest de: plus 3pcenlile, 19171114 got éen-— i rote rose Set ae ERIKS déli-

1 چینڈ‎ RAT RE

3 ین‎ 4 KOELER liegt 1 rue RARE PARIS.

Er. A HMA enee Age dac ghe SN sides Mensen : frenteram & l'état: ane Jan pure ciere WE. mc lg "gute ۶2 ؟‎ bow DT inq dtes vei mme frontes Hpetüjue nana Y da TUREPCUEDSE,. D ۸7٤8471725 i

In CHLÜROSE, | ANENE, Sc 4

۷1 1: 8 rus Grens: rege, N; > He آ1‎ Ins Fivemeutet

1 1 a ) | |

ال ën ti‏ ا t m n e a a i d‏ س مق HER nn -—— mm ET ۸ + iw Wr i‏ مین سای M PUTET EE reete nenne RE e‏

WANDE QUINA FER

te pus puissant REDENWE: ATEUR d A fer parles Médecines: 8 = ^k bäueg dei "re AEN, Gs d; eat Targ E HERE seine AN] کور‎ les ۱

Xi be Sos, du CR E N vom

ا مز مک رن die‏

1 8 GOUTTE

‘pos ie pur: four si cas danok. | Ant, خر ا‎ S edic eam, ۳

ile Graes dees ýs zc de ed‏ رم ۳ رل SUE 4 Chlorose, Anémie grofonte, Mens- 7‏ des‏ رک 03 0۳۶00 وی

T 0 Noris, Infienzz |

نچ بے ہریز +لیدمتہم مسب سا او سوہ >- mew‏ e FRE Inn Ina non Í‏ ہے و م ب چ چ ی

att? ۱ 1 6 me An

+

7 ےہ

wl پا کید‎ t

+

i <a Hoe (ie iier {> ہے وا‎ 071-70 7۸7۳ LES

| Piard cie rae: ۱ BRUXELLES. S EEN

FINI ص۳‎ با بد ب؟ و‎

1

^g E

dv bäim

TRAVAUX ORIGINAUX

Analyse des mouvements et de la sensibilité dans l'anesthésie par l'éther

par J. IOTEYKO et M. STEFANOWSKA

Docteur en Médecine Docteur en Sciences

Communication à la Société belge de Neurologie, scance du 22 février 1902

Le tableau de l'anesthésie générale est basé sur l'ordre de disparition des différentes fonctions nerveuses. ll est reconnu que la perte de la sensibilité et de la motilité ne se fait pas d'un trait ; elle est successive et les diverses dissociations psychiques et physiologiques qui en résultent présentent un sujet d'étude remarquable.

Oa sait que, dans l’anesthésie générale, l'abolition des fonctions de la moelle, considérée comme organe conducteur de la sensibilité, précède l'abolition des fonctions des territoires de la moelle qui président aux réactions musculaires.

Dans les expériences que nous avons poursuivies sur les souris blanches et les grenouilles, 1l nous a été possible de constater la même succession de phénomènes pour les centres sensitifs et moteurs de l'écorce cérébrale. Comme l’anesthésique porte son action en tout pre- mier lieu sur le cerveau, on peut étudier cette phase de l'anesthésie sans que les symptómes médullaires, qui sont plus tardifs, viennent troubler la pureté de l'expérience. La souris est un excellent réactif à l'égard des anesthésiques ; sa grande mobilité et son excitabilité prononcée en font un sujet de choix pour ces recherches.

Pour anesthésier les souris, nous nous sommes servies d'une cloche d'uue contenance de trois litres et demi ; en haut de cette cloche, une petite ouverture permanente assure le renouvellement d'air ; de plus, l'air peut aussi arriver par le bas de la cloche, qui est maintenue à quel- ques millimétres de la surface sur laquelle elle repose. £n méme temps que la souris, on introduit sous la cloche une éponge imbibée de trois à cinq centimétres cubes d'éther.

En plongeant les animaux dans une atmosphére chargée de vapeurs anesthésiantes, on peut s'assurer que la perception sensorielle disparait bien avant le mouvement volontaire.

Chez les grenouilles, les phases de l’anesthesie sont très bien mar- quées, on peut assister à cette dissociation de la sensibilité sensorielle et de la motilité volontaire au commencement de l’anesthésie et on assiste au spectacle vraiment curieux d'un animal qui ne réagit plus aux sensa- tions douloureuses les plus fortes, mais qui a conservé encore le mouve- ment volontaire. Cette absence de réaction à la douleur n'est pas due à une paralysie du mouvement, car la grenouille, qui ne réagit pas quand on lui transperce la peau du tarse, exécute des bonds spontanés sans

102 JOURNAL DE NEUROLOGIE

motif appréciable à l'intérieur de la cloche ou bien quand elle est remise à l’air frais. Le réflexe palpébral est alors conservé, les pupilles sont dilatées au maximum. Si on laisse la grenouille encore quelque temps dans les vapeurs d'éther, on arrive à la phase de sommeil avec abolition de tous les mouvements. Au retour des fonctions, la grenouille coasse, se reléve quand on la renverse, exécute des mouvements de retrait des pattes, preuve que la moelle est sortie de sa torpeur. Peu de temps après, les mouvements spontanés reviennent, et après eux la sensibilité tactile. La sensibilité à la douleur revient la dernière.

Mais ce sont surtout les souris qui présentent un matériel remar- quable pour cette étude, et, chez elles, la différence dans la résistance des centres sensilifs et moteurs du cerveau apparaît surtout nette dans le réveil aprés l'anesthésie ; elles montrent au plus haut point le phéno- mène connu sous le nom d'aza/gésie de retour. En effet, la loi du retour des fonctions aprés l'anesthésie veut que les fonctions qui ont disparu les premières reparaissent les dernières. En chirurgie, le sommeil anesthé- sique est suivi d'une longue période d'analgésie, ce qui a permis d'exé- cuter parfois de graves opérations dans la période post-anesthésique.

La dissociation de la motilité volontaire et de la sensibilité à la dou- leur, qui s'observe chez la souris déjà dans la période d'envahissement du systéme nerveux par l'anesthésique, devient donc surtout apparente dans la période de rétablissement. La période de retour étant plus longue que la période d'envahissement, la dissociation des phénomènes y est plus manifeste. Une autre condition nous a encore paru être de première importance dans la prolongation de l’analgésie de retour, c'est la durée du sommeil anesthésique. L'analgésie de retour parait étre un phénoméne toxique, qui demande pour son apparition que l'animal ait été plongé dans un sommeil anesthésique profond et prolongé. Dans ces cas, l’analgesie de retour peut durer une demi-heure et méme davantage, à partir de la reprise des mouvements volontaires. Dans tous les cas, la sensibilité tactile disparait après la sensibilité à la douleur et elle revient alors que l'analgésie est encore complète.

Ainsi, par exemple, dans une expérience, la souris est restée sous la cloche à éther pendant trente minutes. Elle était complètement insen- sibilisée et paralysée. Remise à l'air, elle commence aussitôt à faire des mouvements avec ses membres; au bout de dix minutes, elle se lève spontanément. Pendant ce temps, cette souris ne réagit pas quand on lui pince les oreilles et le bout de la queue. La sensibilité à la douleur ne lui est revenue qu'au bout de quarante minutes.

Ces expériences sur l’état physiologique des souris et des grenouilles anesthésiées par l'éther ne laissent aucun doute sur la réalité du phéno- mène, savoir que /e mouvement spontané (fonction psycho-motrice) peut exister en l'absence de toute perception sensitive (fonction psycho-sensi- tive). En d'autres termes, il existe une gradation dans l'envahissement des hémisphères cérébraux par les anesthésiques : /a sensibilité disparait avant la motilité; le réveil de la motilité précède le reveil de la sensibilité.

TRAVAUX ORIGINAUX 103

En comparant ces résultats avec l'abolition successive des fonctions des territoires médullaires, connue depuis les travaux de Claude Bernard et avec les phénomènes que nous avons fait connaître sur l'abolition suc- cessive des fonctions des nerfs sensitifs et moteurs dans l'anesthésie (1), nous voyons que l'agent anesthésique opére une dissociation de la sen- sibilité et de la motilité dans tous les organes nerveux. Abstraction faite du bulbe et du muscle, on peut prendre l'action anesthésique pour mesure et diviser tout le systéme nerveux en trois étages, comprenant les hémisphères cérébraux, les territoires de la moelle et le tronc nerveux mixte. En descendant l'arbre nerveux nous abordons des territoires de plus en plus réfractaires à l’action anesthésique. Chaque territoire pos- sède, en outre, des éléments qui sont doués d'une résistance inégale, l'élément sensitif étant plus susceptible à l'action anesthésique que l'élé- ment moteur.

En envisageant de plus prés certains phénoménes de l'anesthésie chez l'homme, nous trouvons une confirmation des faits que nous venons d'énoncer dans notre étude physiologique. Il est vrai, que dans les des- criptions des phases de l'anesthésie chirurgicale, on ne fait aucune men- tion du mode de secomporter du mouvement volontaire ; la raison en est peut-étre dans le fait que le malade, maintenu par les aides, est privé de toute spontanéité. Mais les choses se passent tout autrement dans l'anes- thésie obstétricale.On sait qu'en graduant convenablement l'administra- tion de l'anesthésique,en le donnant par inhalations successives et entre- coupées, on arrive à produire une analgésie complète, sans porter atteinte aux mouvements volontaires. Dans cet état de dissociation psychique « la femme peut voir, entendre, parler, avoir conscience de ce qui se passe en elle, et seconder librement par ses efforts, et sans crainte de souffrir l’œuvre de la parturition, les contractions utérines et abdomi- nales » (Houzelot). La disparition de la sensibilité à la douleur précède par conséquent l'abolition du mouvement volontaire. Or, si l’anesthésie obstétricale a trouvé de nombreux adversaires, ce n'est pas que cette dissociation ait été mise en doute, mais parceque d'autres inconvénients ont apparu. La paralysie des territoires viennent s'élaborer les sen- sations dolorifiques coincide souvent avec la phase de surexcitation des territoires moteurs du cerveau, et le cas s'observe précisément dans l'administration des doses faibles et entrecoupées. La femme esten proie à une agitation extréme et épuise ses forces en de vains efforts.

Mais le phénomène psycho-physiologique reste d’une netteté par- faite. Toutes ces observations nous amènent à rattacher la suppression de la douleur à une action des anesthésiques sur les centres supérieurs, et non à une paralysie des centres médullaires. Cette dernière opinion avait été soutenue par Dastre (2). Nous ne savons pas, il est vrai, s’il "

(1) J. lorEyxo et M. STEFANOWSKA. Anesthésie des nerfs sensitifs et moteurs. (Annales de la Société belge de Neurologie, année, 7, 1902.)

(2) DASTRE. Les anesthésiques, p. 52.

104 JOURNAL DE NEUROLOGIE

existe un centre spécial pour la douleur. mais quoiqu'il en soit, l'étude de l'anesthésie nous apprend que l'analgésie ne peut ètre due à une interruption des sensations dolorifiques dans une station intermédiaire, mais bien à une abolition de la perception méme. L' analgésie est, en effet, un phénomène qui coïncide avec le début de l’envahissement du cerveau, et qui précède même l'abolition du mouvement volontaire.

Il nous reste à dire quelques mots sur les paralysies post-anesthésiques. Cette complication a été observée par plusieurs auteurs dans l’anesthésie chirurgicale et a été attribuée à desdifférentes causes(originetraumatique, hémorrhagie cérébrale, hystérie, actions réflexes, impuretés du chloro- forme, action toxique directe du chloroforme sur les centres nerveux). Nous croyons, pour notre part, qu'une action toxique directe du chloro- forme sur les centres nerveux, ainsi que l’admet le D' De Buck (1) n'est pas impossible, si on lui attribue le rôle d'agent provocateur, qui ne fait que rendre manifeste un état de faiblesse motrice due à une autre cause préexistante. Nous croyons pouvoir rattacher à l'anémie la prédispo- sition, qui, jointe à l'influence toxique du chloroforme, perpétue d'une facon durable l'influence paralysante de l'anesthésique. Dans toutes les Observations rapportées, il s'agit, en effet, de femmes ayant beaucoup souffert du cóté de la nutrition et ayant subi de grandes hémorrhagies. Or, Léon Frédéricq (2) a montré que, dans l'anémie expérimentale (liga- ture de l'aorte chez le chien), la paralysie motrice précède la suppression de la sensibilité. L'anémie se comporte par conséquent autrement que l'anesthésie, car elle a une prédilection pour les appareils moteurs. Il y a matière à tirer des contre-indications relativement à l'usage de l anesthésie générale dans les cas d'anémie trés prononcée.

Réflexe plantaire cortical et réflexe plantaire médullaire

par J. CROCQ

Communication à la Société belge de Neurologie, seance du 22 février 1902

Dans mon rapport au Congrès de Neurologie de Limoges (3), j'atti- rais l'attention sur les différentes conceptions des auteurs concernant le réflexe plantaire. Je faisais remarquer que, d'après Blocq et Onanoff (4), ce réflexe était constitué par « la contraction de plusieurs muscles du membre inférieur », que, pour Brissaud (5), c'était surtout la contrac-

(1) De Buck. Les paralysies post-anesthésiques. (Anna/es de la Société belye de neure- logie, 6' année, 1901, p. 180.)

(2) L. FREDERICO. Bull. de l'Acad. royale de Belgique, 1889. . (3) CR0CQ. Physiologie et pathologie du tonus musculaire, des réflexes et de la con- tracture. ( Journal de Neurologie, 1901, n°8 16 et 17, p. 426.)

(4 BLocQ et ONAXOFF. Maladies nerveuses. (Paris, 1862, p. 427.) ۱

(5) BRissAUD. Le réflexe du fascia lata. (Gaz. Zebd. de méd., 1866, p. 253.)

TRAVAUX ORIGINAUX 105

tion du fascia lata et des adducteurs, que, pour Babinski (1) et Van Gehuchten (2), c'était la flexion des orteils sur le métatarse, et que, pour Ganault (3) et Zlataroff (4), c'était la flexion des orteils accom- -pagnée le plus souvent de la contraction du fascia lata.

Absorbé par l'étude des réactions locales si intéressantes décrites par Babinski, je me suis, à cette époque, rangé à l'opinion de la plupart des neurologistes modernes, opinion partagée également par les membres de notre société, et j'ai déclaré que « le réflexe plantaire est constitué par la flexion des orteils sous l'influence de l'excitation légére de la plante du pied ».

Le 28 décembre dernier (5), je vous ai parlé, d'une façon toute particu- lière, du réflexe du fascia lata ; je vous rappelais le travail de Brissaud sur cette question et je vous présentais un malade chez lequel il y avait abolition du réflexe plantaire en flexion avec conservation du réflexe du fascia lata ; je vous montrais, chez un autre malade, /'affaiblissement du réflexe blantaire normal avec exagération du réflexe du fascia lata ; je vous parlais d'un troisi&me patient, qui présentait l'abolition des réflexes rotuliens, l'exagération des achilléens, /'a/faiblissement des plantaires, contrastant avec l'exagération du réflexe du fascia lata. Je vous disais enfin que, dans deux cas d'hémiplégie organique ancienne, j'avais rencontré, du côté paralysé, l’exagération du réflexe du fascia lala.

Mes recherches sur le réflexe du fascia lata me permettaient de dire que cette réaction était « plus constante que la flexion des orteils, actuellement considérée comme le véritable réflexe plantaire ».

« Chez un individu normal, disais-je, dont la sensibilité plantaire n'est pas exagérée, soit constitutionnellement, soit grâce à une intoxication, un attouchement très léger de la plante du pied provoque la flexion des orteils. Une excitation #n peu plus énergique donne lieu, chez ce même sujet, à une flexion des orteils plus une contraction du fascia lata. Une excitation plus forle encore produit la contraction, non seulement du fascia lata, mais encore du couturier, des adducteurs, du jambier anté- rieur, avec flexion de la cuisse sur la jambe, de la jambe sur la cuisse et des orteils sur le métatarse. Ä

» Enfin, une irritation lus énergique encore donne lieu à une réaction analogue, avec cette différence cependant que les orteils et surtout le gros orteil, au lieu de se fléchir, s'étendent par la contraction des exten-

(1) BABiINskI. Comptes rendus du Congrès intern. de Neur. de Bruxelles, 1897, fasc. I, p. ııt.

(2} VAN GEHUCHTEN. Réflexes tendineux et réflexes cutanés. (Congrès intern. de med. de Paris, 1900, p. 175.)

'3) GANAULT. Contribution à l'étude de quelques réflexes dans l'hémiplégie orga- nique. (Thése Paris, 1898, p. 76.)

(4) ZLATAROFF. Valeur séméiologique de quelques réflexes cutanés et muqueux. (Thése Toulouse, 1900, p. 31 et 35.)

(s) CRocQ. Le réflexe du fascia lata. (Journal de Neurologie, 1902, n* 2, p. 28.)

106 JOURNAL DE NEUROLOGIE

seurs des orteils et en particulier du gros orteil, dont l'action prédomine sur celle des fléchisseurs.

+ L'ordre dans lequel se produisent les réactions d'origine plantaire est donc le suivant : fléchisseur des orteils, tenseur du fascia lata, couturier, adducteurs, jambier antérieur et enfin extenseur des orteils et en parti- culier du gros orteil.

» Cette succession de contractions musculaires montre comment l'ex- ploration plantaire, faite à la légère, peut induire en erreur ; l'extension des orteils qui, dans les conditions bien connues d'excitation tres légère, constitue le réflexe de Babinski, dont la valeur clinique ne peut étre mise en doute aujourd'hui, cette extension, dis-je, devient un phéno- mene banal et constitue ce que j'ai appelé le faux réflexe de Babinski si l'excitation est faite maladroitement.

» A l'état normal, une excitation trés faible donne lieu à la flexion des orteils (réflexe plantaire norma!), avec contraction du tenseur du fascia lata. A l'état pathologique, on peut observer l'abolition du réflexe plan- taire avec la conservation et méme l'exagéraiion du réflexe du fascia

lata (Obs. I), ou bien encore le Babinski véritable avec la contraction énergique du fascia lata. »

Il y a trois jours, M. Jan Chadzynski (1) fit paraitre une thèse des plus intéressante sur les réfl:xes tendineux et cutanés J’y trouve les lignes suivantes :

« Que faut-1l donc entendre par réflexe plantaire ?

» Aprés avoir pratiqué prés de quatre cents examens, nous n'hésitons pas à répondre :

« C'est la contraction du fascia lata, trés rarement isolée, presque tou- jours accsmpagnée ou immédiatement suivie, exceptionnellement pré- cédée, de la flexion des orteils. »

L'auteur fait remarquer que James Collier (2) a donné une définition presque identique ; d'aprés ce dernier, l'ordre des réactions serait le suivant :

I? Contraction du fascia lata, du couturier, des adducteurs, flexion de la hanche ;

Flexion des quatre derniers orteils (quelquefois 1 et 2) simultané- ment, rarement l'ordre est renversé ;

Flexion du cou de pied ;

Flexion et adduction de tous les orteils, renversement du pied, flexion du genou.

L'ordre de succession des contractions observées par ces auteurs diffère un peu de celui que j'ai indiqué précédemment ; peut-être ce fait est-il à la technique exploratrice. Chadzynski dit, du reste, lui-même

. qu'il n'a pu nettement élucider cette question : « Il nous parait exces-

(1) JAN CHADZYNSKI. Des réflexes tendineux et cutanés et de leur dissociation dans les maladies du systéme nerveux. (Thése Paris, 1902.)

(2) JAMES COLLIER. Om investigation upon the plantar, etc. (/77ain, 1899.)

TRAVAUX ORIGINAUX 107

sivement difficile, dit-il, sinon impossible, de trancher le point, dal. leurs d'une importance secondaire, est-ce le tenseur ou la flexion des orteils qui débute dans le mouvement de réaction réflexe ? » (1)

Je ne désire pas nattarder à discuter ce point, qui me parait en somme peu important ; je tiens seulement à vous faire remarquer que l'étude du réflexe du fascia lata est à l'ordre du jour et qu'elle mérite d'étre pour- suivie.

* *

Depuis que je vous ai fait cette communication, j'ai eu l'occasion d'observer un certain nombre de nouveaux cas dans lesquels il y avait une véritable dissociation du réflexe en flexion et du réflexe du fascia lata. Sans m'attarder à vous relater en détail de longues observations, je vous citerai le cas d'un homme, âgé de 67 ans, actuellement en traite- ment dans mon service, atteint d'une paraplégie avec retard de la sensi- bilité au contact et abolition des sensibilités thermique et à la douleur remontant jusque un peu au-dessus de l'ombilic; il y a incontinence des matiéres fécales. L'excitation de la plante du pied provoque, comme unique réaction, une contraction isolée et trés énergique du tenseur du fascia lata. Il y a donc abolition du réflexe plantaire en Jlexion el exage- ration du réflexe du fascia lata. Les réflexes rotuliens et achilléens sont considérablement affaiblis, les crémastériens et abdominaux sont abolis. Il s'agit trés probablement d'une compression médullaire très énergique, ne provoquant cependant pas l'interruption compléte des fonctions con- ductrices de la moelle.

J'ai observé également huit hémiplégiques ; chez sept d'entre eux il y avait, COMME JE L'AI DÉJA INDIQUÉ IL Y A DEUX MOIS, exagération du réflexe du fascia lata du côté paralysé; dans cinq cas il y avait Babinski ; dans six cas le réflexe plantaire en flexion était aboli. Sur huit malades, il y avait donc six fois dissocialim des deux réflexes flantaires.

On trouve, du reste, dans la thèse de Chadzynski, des statistiques très démonstratives au sujet de cette dissociation. Cette thèse ayant paru deux mois après mon article sur le fascia lata, on ne pourra me repro- cher de m'être laissé influencer par ces résultats.

Sur 15 hémiplégies droites, Chadzynski trouve :

Tenseur du fascia lata : 15 contractions dont 13 fortes. Du côté malade | Flexion des orteils : 3. | Phénomène de Babinski : 7.

Tenseur du fascia lata : 15 contractions dont r faible. Du côté sain \ Flexion des orteils : 9. Phénomène de Babinski : 2. Ces chiffres sont démonstratifs ; ils montrent clairement /'exapération du réflexe du fascia lata du côté paralysé coïncidant avec l'abolition de la flexion des orteils. Il est vrai qu'en ce qui concerne les hémiplégiques

(1) JAN CHADZYNSKI. Zoe. cıl., P, 57-

108 JOURNAL DE NEUROLOGIE

gauches, les chiffres de l'auteur sont moins concluants. Pour ma pait, je n'ai pas observé de différence bien marquée entre les hémiplégies droites et les hémiplégies gauches ; peut-être des recherches plus étendues per- mettraient-elles de trouver une indication à cet égard ?

* * *

Quoiqu'il en soit, on peut dés maintenant poser en fait que le réflexe du fascia lata constitue un phénoméne trés spécial et digne de remarque; on peut encore affirmer, CE QUE JE DISAIS DÉJA DANS MON PREMIER ARTICLE, que ce réflexe diffère complètement du réflexe plantaire en flexion et que ses voies anatomiques sont différentes.

Cette idée vient d'être confirmée par Chadzynski (1) : « Quelle que soit la théorie, dit cet auteur, une vérité nous parait acquise : c'est qu'il y a deux phénoménes différents primordiaux à considérer dans le réflexe plantaire : la contraction du tenseur du fascia lata et la flexion des orteils. »

Mais je ne puis, avec Chadzynski, définir le réflexe plantaire : la con- traction du réflexe du fascia lata accompagnée de la flexion des orteils.

Les réactions motrices provoquées par l'excitation de la plante du pied peuvent être divisées cliniquement en trois et physiologiquement en deux groupes.

Cliniquement on rencontre :

La flexion des orteils, provoquée par un attouchement très léger, qui constitue le ré/lexe plantaire normal de Babinski ;

La contraction du tenseur du fascia lata, provoquée par une irrita- tion un peu plus énergique, qui constitue 12 réflexe plantaire normal de Brissaud ;

La contraction du couturier, des adducteurs, du jambier antérieur, de l’extenseur des orteils et en particulier du gros orteil (faux phéno- mène de Babinski), avec flexion de la cuisse sur la jambe et de la jambe sur la cuisse, qui constitue le ré/lexe défensif complet destiné à éloigner le pied de l’excitant.

Physiologiquement, les deux dernières réactions se confondent ; dans mon premier article, j'ai cherché à prouver que la contraction du fascia lata constitue le début du mouvement de défense automatique dont la réalisation complète est la rétraction du membre.

Au contraire, le réflexe en flexion est un phénomène spécial, indépendant des deux autres et souvent même en antagonisme avec eux, puisque l’on rencontre assez fréquemment l'abolition du premier en même temps que l’exagération des derniers.

Physiologiquement on trouve donc : La flexion des orteils provoquée par un attouchement très léger (réflexe plantaire normal de Babinski) ;

(1) CHADZYNSKI. Loc. cit., P. 59.

TRAVAUX ORIGINAUX 109

2" La contraction du tenseur du fascia lata provoquée par une irrita- tion un peu plus forte (réflexe plantaire normal de Brissaud': ; puis la contraction du couturier, des adducteurs, du jambier antérieur, de l’ex- tenseur des orteils et en particulier du gros orteil, avec flexion de la cuisse sur la jambe, de la jambe sur la cuisse, etc. (réflexe défensif com-

plet).

La localisation anatomique de ces deux manifestations réflexes me parait trés nette. En ce qui concerne la flexion des orteils provoquée par un attouchement léger, le centre se trouve, chez l'homme, dans l'écorce cérébrale. J'ai longuement développé cette théorie dans mon travail d'ensemble présenté au Congrés de Limoges. Me basant sur l'expérimentation et sur la clinique, j'ai cru pouvoir conclure que les voies des réflexes cutanés, courtes chez les vertébrés inférieurs, devien- nent de plus en plus longues à mesure que l'on s'adresse à un organisme plus haut placé dans l'échelle animale, pour finir, chez l'homme, par étre exclusivement corticales (1).

Mais j'ajoutais qu'il fallait se garder de confondre avec le réflexe cutané plantaire la réaction réflexe défensive provoquée par l'excitation forte de la plante du pied (réflexe plantaire profond). Je démontrais que cette réaction existe non seulement chez l'homme frappé de section compléte de la moelle cervico-dorsale, chez lequel il y a abolition com- pléte de la réflectivité tendineuse et cutanée, mais encore chez le singe soumis à la section transversale compléte de la moelle. J'insistais sur ce point que non seulement la piqüre profonde donnait lieu à la réaction défensive, aussi bien chez l'homme que chez le singe paraplégiés, mais encore le massage du membre et surtout le contact de l'eau froide ou chaude. Je localisais ce réflexe détensif dans la moelle. « Chez l'homme, aussi bien que chez le singe, disais je, certains réflexes défensifs se font par les voies courtes. On a fréquemment observé le réflexe plantaire profond, en méme temps que l'abolition de tous les réflexes cliniques, dans les cas de lésions transversales complétes de la moelle. Ce fait se trouve également signalé dans nos cas I et III relatés plus haut.

» Ajoutons que Sano a observé, chez uu paraplégique par lésion trans: versale complète de la moelle,une réaction analogue à celle décrite chez le singe, qu'il produisit par le contact de l'eau froide ou chaude.

» Nous devons donc admettre que s les réflexes lendineux et cutanés ordinaires se produisent par les voies longues, certains réflexes défensifs parcourent, chez l’homme comme chez les animaux, les voies médullaires courtes. »

Ayant, à diverses reprises, tait remarquer que le réflexe du fascia lata constitue le début du mouvement défensif, je ne suis nullement en con- tradiction avec ma théorie générale en localisant ce réflexe dans la

(1) CROCQ. Loc. cit. (Journal de Neurologie, 1601, p. 411.)

410 JOURNAL DE NEUROLOGIE

moelle et en lui attribuant, ainsi que je l'ai fait déjà il v a deux mois, un trajet court : « D'après cette théorie, disais-je alors, le centre du réflexe du fascia lata doit étre médullaire (1) »

Cette localisation est confirmée par ce que l'on observe dans l’hémi- plégie organique, dans laquelle, ainsi que je viens de le faire remarquer, il y a souvent abolition des réflexes cutanés et particulièrement du réflexe plantaire en flexion avec exagération du réflexe du fascia lata et exagération des réflexes tendineux. La diminution ou l'aboli- tion de l'influence corticale provoque, d'une part, la diminution ou l'abolition des réflexes cutanés et en particulier du réflexe plantaire (dont les centres sont corticaux), tandis que, d'autre part, elle donne lieu, par suppression de l'inhibition corticale,à l'exagération des réflexes tendineux (dont les centres sont basilaires) et du réflexe du fascia lata, qui n'est que le prélude de la réaction défensive (dont les centres sont médullaires).

Me basant sur ces données physiologiques, anatomiques et patholo- giques, à la question : Que faut-1l entendre par réllexe plantaire ? je ré- pondrai :

Il existe deux variétés distinctes de réflexes plantaires, ayant chacune leur signification propre, tant au point de vue physiologique qu'au point de vue anatomo pathologique :

I’ Leré/flexe plantaire corticalou réflexe plantaire normal de Babinski, constitué par la flexion des orteils, provoquée par un attouchement très léger ;

Le réflexe plantaire médullaire, qui comprend :

a) Le réflexe du fascia lata ou réflexe plantaire normal de Brissaur, provoqué par une irritation un peu plus énergique et qui n’est que le premier stade du mouvement de défense ;

b) Le réflexe défensif complet, provoqué par une excitation encore plus énergique et constitué par la contraction du couturier, des adduc- teurs, du jambier antérieur, de l'extenseur des orteils et en particulier du gros orteil (faux réflexe pathologique de Babinski), avec flexion de la cuisse sur la jambe, de la jambe sur la cuisse, etc.

La contraction paradoxale de Westphall

et le réflexe plantaire combiné ou paradoxo-normal

jar le D' C. HELDENBERGH

Communication à la Société belge de Neurologie, séance du 22 février 1902

Westphall a décrit ainsi la contraction paradoxale : le malade étant couché, si l'on fléchit vivement et énergiquement un pied (comme pour

(1) CROCQ. Loc. cit. (Journal de Neurologie. 1902, p. 35.)

TRAVAUX ORIGINAUX 111

produire le phénomène du pied), il arrive parfois que le muscle tibial antérieur entre en contraction, son tendon fait une forte saillie et le pied (au lieu de se placer dans l'extension) reste en fexion pendant quelques minutes aprés qu'il a été abandonné à lui-méme.

La contraction paradoxale a été signalée dans la sclérose en plaques, dans la paralysie agitante, etc.

En explorant, chez une jeune personne en bonne santé, la plante du pied, en vue d'étudier le réflexe plantaire. j'ai été surpris de voir que le pied réagissait d'une maniére différente suivant le mode d'irritation et que méme, dans certaines circonstances, il réagissait comme dans le type rapporté ci-dessus, par une contraction tonique trés nette du mus- cle tibial antérieur.

I! s'agissait d'une jeune fille de 20 ans, domestique, atteinte depuis huit ans de somnambulisme hystérique accompagné de rêves terrifiants, d’hallucinations visuelles et de crises de cris plaintifs, le tout se passant d’une manière inconsciente, sauf les hallucinations visuelles, qui persis- taient à l'état de veille, et qui a été complètement guérie par l'hypno- thérapie. Comme la jeune fille revenait dans ces derniers temps de loin en loin, je résolus d'étudier sur elle, à l'occasion d'une séance d'hypno- tisme, l'état de ses réflexes tendineux et cutanés à l'état de veille et en l'état d'hypnose. Mon choix se borna à explorer trés soigneusement les réflexes rotuliens et le réflexe plantaire.

Dans l'état normal, je constatai que les réflexes rotuliens étaient ex- cessivement peu accusés; pour les mettre en évidence, il m'a fallu recourir à la manceuvre bien connue des mains et des bras.

Quant à l'état du réflexe plantaire, il a subi les modalités suivantes :

Le frôlement léger, ou le chatouillement de la plante du pied avec les ongles, ne donne rien du côté des orteils.

La piqure faible, avec une pointe métallique mousse, peu ou rien.

La piqure pénétrante, avec une pointe métallique aiguë (réflexe dou- loureux), produit ia flexion des orteils et même un certain retrait de la jambe.

Le frôlement rapide et fort, avec une pointe métallique mousse dirigée obliquement, donne lieu quelquefois à la flexion des orteils.

Le frólement /en et fort, un véritable raclage pratiqué avec un stylet rigide à pointe métallique mousse maintenue obliquement et allant d’arriere en axant, produit une contracture trés évidente du tibial anté- rieur (le dos du pied se reléve, le bord interne se porte en dedans et la plante subit un mouvement de rotation interne), tandis que les orteils s'allongent et se portent en flexion. C'est ce que j'appelle le réflexe plantaire combiné ou paradoxo-normal, parce qu'il y a à la fois mise en jeu de deux muscles antagonistes : le tibial antérieur, les fléchisseurs courts et profonds des orteils. Ce phénomène s’est produit également également pour les deux pieds, mais avec une intensité plus grande pour le pied droit.

112 JOURNAL LE NEUROLOGIE

En l'état d'hy pnose, les réflexes rotuliens sont restés ce qu'ils étaient auparavant, c'est-à-dire trés peu accusés, voire presque nuls, bien que la résolution musculaire füt compléte.

Quant à la maniere d'étre du réflexe plantaire, il n'a manifesté que des variations insignifiantes ; tout au plus y avait-il, lors de l'excitation de la plante, une certaine prédominance en faveur de la flexion des orteils.

De tout quoi, je conclus :

Que la contraction paradoxale de Westphall peut se produire nor- malement, à la suite d'une excitation partie de la plante du pied :

Que le réflexe rotulien aussi bien que le réflexe plantaire n'ont été en rien modifiés par l'état d'hypnose ;

Que le réflexe plantaire peut subir de grandes variations d'apres la qualité et l'intensité de l'excitation périphérique appelée à le produire.

Pour finir, il me faut noter que la jeune fille était indemne de toute diathése de contractures et que toute tentative pour réaliser la contrac- tion du tibial antérieur, à l'exclusion, bien entendu, du siège plantaire, est demeurée vaine.

ج وهی ”و —— —--

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 22 février 1902. Présidence de M. le D' GLORIEUX

Un cas atypique de tabes dorsalis chez un syphilitique (Présentation du malade)

M. GLORIEUX. Dans la dernière réunion de la Société belge de Neu- rologie, mon premier assistant, le D' Decroly, a montré un syphilitique le diagnostic différentiel entre syphilis du système nerveux et tabes dorsalis était en suspens.

Aujourd'hui, je veux vous montrer un malade qui, à l'heure actuelle, ne se plaint que d'une rétention d'urine perdurant depuis prés de quatre ans. Un examen attentif du malade établissait néanmoins avec certitude le diagnostic de tabes dorsalis à forme fruste chez un aucien syphilitique. Ce cas est une confirmation de l'afhrmation que j'émettais dans une précédente réunion : que le tabes chez les syphilitiques a une évolution fruste, anormale, en com- paraison avec l'évolution dela méme affection chez les non syphilitiques.

Ber..., Augustin, 45 aus , serre-freia aux chemins de fer de l'Etat, d'une constitution robuste, a contracté la syphilis à l’âge de 20 ans. Il est resté pen- dant trois mois en traitement à l'hôpital militaire, il fut traité à la liqueur de Van Swieten. Jamais il n'a présenté d'accidents secondaires ni tertiaires de la syphilis. Depuis sa sortie de l'hôpital jusqu’à ce jour, il n'a plus suivi aucun traitement médicamenteux.

Il s'est marié à 23 ans ; sa femme est trcs bien portante. Il a cing enfants bien portants ; son ainé est mort à 7 mois de convulsions ; jamais de fausses couches.

COMPTE RENDU 113

Comme antécédents héréditaires : la mère, âgée de 68 ans, est très bien por- tante; le père est mort à 64 ans et demi, d'usure (?), il n'avait jamais été malade. Il a eu deux frères et quatre sœurs : parmi les sœurs, trois sont mortes de tuberculose pulmonaire entre 20 et 34 ans.

La maladie actuelle a débuté en 1897 ; au dire du malade, après un violent froid (pieds gelés) en janvier 1897, qui aurait occasionné de l'engourdissement des membres inférieurs, accompagné de gène pour uriner et de difficulté de la marche. |

Aujourd'hui, tous ces symptómes ont disparu et la rétenticn d'urine seule persiste : tous les jours il doit recourir à l'usage de la sonde pour vider sa vessie.

À un examen minutieux, nous constatons : une légère ataxie des membres supérieurs ; de la difficulté dela marche sur une ligne en comptant les pieds; quelques rares douleurs fulgurautes, qui ont cédé au traitement par la sus- peusion ; de l'abolition des réflexes rotuliens et achilléens ; les réflexes cuta- nés et profonds des crémasters sont trés faibles à gauche et difficiles à obtenir; à droite, ils existent tout en étant assez faibles; les réflexes cutanés abdomi- naux sont normaux ; le réflexe cutané plantaire est aboli à gauche et existe à droite.

La sensibilité générale est normale partout, sauf autour de l'anus et des bourses : le malade distingue nettement le tapis du plancher et il n'a pas la seusation de marcher sur du caoutchouc. La sensibilité du nerf cubital per- siste. Aucune altération du goüt, ni de l'ouie.

Quant à la vue, elle est bonne ; le fond de l'oeil est normal ; jamais de pto- sis, ni de diplopie. Inégalité pupillaire, pupille droite 2 que gauche. Les pupilles répondent à l'accomodation ; le réflexe de la lumiére existe parfois à gauche, jamais à droite.

Jamais de crises laryngées ; rien à l'estomac ni aux viscéres abdominaux.

Potentia cœundi, notablement diminuée depuis deux à trois ans, existe encore.

Intelligence normale.

Le diagnostic de tabes dorsalis est manifeste, mais c'est un tabes fruste chez un véritable syphilitique à allure particuliérement bénigne : c'est sur les cas de l'espéce que je veux attirer votre attention.

Discussion

M. LIBOTTE. Nous savons avec quelle désespérante fatalité le tabes classique parcourt ses périodes, combien douloureuses sont les crises de la première période et puis, plus tard, comment la paralysie succède à l'ataxie.

Sans doute, l'électricité, la suspension, la rééducation des mouvements mitigent assez bien tous ces symptómes et M. Glorieux nous fait part, dans ce cas, d'une rémission des douleurs, d'une amélioration de la miction, d'une assurance plus grande dans la marche. Mais quelle sera ici l'évolution prc- bable de la maladie?

Syndrôme de Littie chez un enfant à terme aveo accouchement normal (Présentation du malade)

M. LEY. L'enfant que je vous présente est âgé de 3 ans. Son hérédité

n'offre rien à signaler : le pere et la mère sont bien portants, n'ont eu aucune

maladie grave; les grands parents vivent encore, sauf la grand'mère pater-

114 JOURNAL DE NEUROLOGIE

nelle, morte d'un carcinome gastrique. C’est un enfant unique aprés une grossesse normale et à terme ; l'accouchement fut normal. L'enfant n'a jamais eu de maladie; pas de convulsions. [l a eu ses premieres dents eutre 8 et 9 mois et actuellement sa denture est complète et normale. Il nous fut présenté il y a quelques mois parcequ'il ne marche pas et qu'il ne parle pas.

L'examen fait reconnaitre immédiatement une rigidité paraplégique des membres inférieures. Les adducteurs surtout sont durs et contracturés ; l'écartement des cuisses se fait difhcilement. Lorsque l'enfant marche il le fait en croisant les jambes, les pieds en équins, pointe en dedans. 2

Les mouvements des bras et des mains sont lents, difficiles et contrastent fortement avec les mouvements vifs et brusques des jeunes enfants. La bouche est presque toujours ouverte et la bave s'en écoule constamment.

La parole n'existe pas; quelques monosyllabes gutturaux sont seuls érnis.

L'intelligence est cependant développée chez cet enfant. Il a une connais- sance assez exacte du monde extérieur, connait les personnes et les objets qui l'entourent. Il voit, 1l entend, il goûte, il sent à peu prés normalement. Il comprend tout ce qu'on lui dit. La mémoire est bonne, son attention peut- être soutenue pendant quelque temps. Il cherchera, par exemple, dans un paquet d'images, celle qu’on lui demande en en désignant le sujet. Il a divers jouets avec lesquels il s'amuse, assis dans sa chaise.

Les réflexes sont fortement exagérés aux membres supérieurs comme aux inférieurs. La sensibilité est normale.

J'ai cru intéressant de vous montrer cet enfant qui, à terme et sans difficultés obstétricales, offre d’une façon très nette le syÿndrôme de Little !

Discussion

M. CROCO fait remarquer que le syndróme de Little se montre non seule- ment chez des enfants nés avant-terme, par arrêt de développement du fais- ceau pyramidal, mais encore chez ceux qui, nés à terme, sont atteints de diplégie cérébrale, c'est-à-dire d’une altération bilatérale de l'écorce. Cette altération peut résulter soit d’un accouchement laborieux, soit d'une maladie cérébrale contractée dans les premières semaines de la vie, ou même pendant la grossesse. ,

Dans le cas présent l'accouchement ayant été normal, il est permis de croire qu'il s'agit d'une affection corticale bilatérale. Le mutisme du malade semble indiquer que le centre du langage est atteint. Le facies exprime, du reste, un degré assez marqué d'idiotisme.

M. DECROLY. Je ne partage pas l'avis de M. Crocq et crois plutót avec M. Ley quel'absence delangage chez cet enfant n'implique pas une atteinte des centres corticaux. Du fait qu'un diplégique ne marche pas on ne peut induire que l'écorce soit en défaut. Du reste, il faudrait admettre, dans ce cas, une lésion symétrique qu'il.est difficile de supposer exclusivement localisée à deux régions limitées, et qui, par conséquent, eutrainerait des troubles intel- lectuels plus graves que ceux qu'on décèle ici.

Les phénomènes observés trouvent une explication bien mieux appropriée, semble-t-il, dans le fait de la défectuosité du cordon pyramidal qui certaine- ment est cause de la parésie-spastique des membres et qu'on peut aisément se figurer, remontant plus haut jusqu'au niveau passent les fibres motrices pour les nerfs moteurs des organes de la parole.

COMPTE RENDU 115

M. Crocq nous dit que cet enfant se trouve dans la situation de l'aphasique. Je ne le pense pas, ce n’est qu’une apparence. Cet enfant est muet parce- qu'il n'est pas à méme, malgré l'intégrité de ses centres volontaires, de faire mouvoir convenablenient sa langue, son voile du palais, ses cordes vocales, etc. (témoin la difficulté qu'il a d'avaler, de retenir la salive). Aussi ce mutisme est-il justiciable du traitement applicable aux autres phenomexes paralyti- ques, qu'il présente, c'est-à-dire, du massage et de la gymnastique spéciale aux organes de la parole.

Quant à l'arriération de cet enfant elle est plutót le résultat de l'insuffisance des organes moteurs qui chez le jeune être sont un agent si puissant d'éduca- tion que d’une anomalie ayant son siège dans le cerveau.

M. F. SANO. Tout plaide en faveur de l'intégrité de l'écorce cérébrale chez cet enfant. Il reconnaît les siens, comprend tout ce qu’un enfant de cet âge doit comprendre. La sensibilité est entièrement intacte, ce qui ne serait pas si les centres sensitivo-moteurs étaient détruits. Nous devons donc bien admettre que c’est le développement du faisceau pyramidal dans sa partie bulbo-médullaire qui est incomplète.

M. LEY. Je ne crois pas à une lésion du cerveau chez cet enfant; ce n'est pas un idiot : ses facultés intellectuelles sont, lorsqu'on les examine d'une façon approfondie, assez bien développées ; la motricité seule langage com- pris est défectueuse. Il faut se défier des appréciations trop superficielles de l'intelligence d'un individu : le facies ne suffit pas et trompe souvent.

Il est certain toutefois qu'un enfant comme celui-ci, offre pour son âge un retard de développement intellectuel. Mais il faut se souvenir que cet enfant, ne se meut pas comme un autre, n'a jamais marché et n'a touché qu'impar- faitement les objets qui l'entourent, que, par conséquent, sa connaissance exacte du monde extérieur a été diminuée par manque de contact avec ces objets. Beaucoup de notions simples : forme, distance, temps, certaines moda- lités de l'espace, ont lui échapper.

M. CROCO ne peut admettre avec M. Decroly, que le mutisme soit cau:é par la parésie des nerfs moteurs dela langue et de la bouche ; on doit se gar- der de confondre l'aphasie avec la dysarthrie. Si les centres étaient intacts, le malade parlerait comme l'individu atteint de paralysie labio-glosso-laryn- gée; il s'exprimerait mal, mais il chercherait à s'exprimer. Du reste, la parésie des muscles de la bouche n'est pas assez forte pour perturber profondément le langage. i |

_M. LIBOTTE. J'ai revu dernièrement, un cas d'affection du D* Little, dont le sujet avait 7 ans et dont la naissance avait donné lieu à un accouche- ment très laborieux.

La marche du sujet était vacillante, titubante. À chaque instant ۲ semblait courir à la recherche de son centre de gravité. La parole était défec- tueuse, la prononciation, l'articulation des consonnes trés imparfaite, mais l'intelligence était intacte. Voilà probablement ce qui attend le sujet présent.

Cela me paraït refuter l'hypothèse de M. Crocq qui croit à des altérations corticales. |

Quels sont, au surplus, les nerfs crâniens qui semblent insuffisants ?

Aucun, sauf peut-être l’hypoglosse ! Ainsi les oculo-moteurs sont intacts. -

M. GLORIEUX. L'enfant présenté par M. Ley est un cas typique de diplégie cérébrale, et daus les cas de l'espèce, l'amélioration est lente et devient

116 JOURNAL DE NEUROLOGIE

graduelle. La marche devient possible à un âge variant avec la gravité du cas, tout en restant toujours très défectueuse. La parole tout en s'améliorant gra- duellement restera très défectueuse. L'intelligence elle-même restera forcé- ment arriérée, tant par défaut d'exercice, à raison de l'infirmité même de l'enfant qu'à raison d'un état spécial des cellules cérébrales. Je n'ai jamais vu un enfant atteint de diplégie cérébrale arriver au même degré d'intelligence qu'un enfant normal : je n’en dirais pas autant d'un enfant atteint de maladie de Little l'intelligence peut être tout à fait normale. J'entends par maladie de Little, le développement incomplet de la voie -pyramidale chez un enfant avant terme.

Un cas de myopathie atrophique progressive (Présentation du malade)

M BOULENGER. Il est inutile que j'insiste ici sur les différentes classes d'atrophies musculaires. Tous vous savez qu'elles sont divisées en deux grandes catégories principales : les amyotrophies primitives et les amyotro- phies secondaires (myélopathiques et neurotiques). Le cas que je vous pré- sente doit être rattaché au premier groupe de ces affections. Si je tiens à vous le présenter, c'est pour deux causes : tout d'abord l'hérédité de ce malade n'offre rien de typique, ensuite l'atrophie, au lieu de débuter par la face, sem- ble avoir débuté à l'épaule droite et à un âge relativement avancé (25 ans). À part cela, le cas est presque classique.

Si tout n’a pas été dit au sujet des myopathies primitives, s’il reste dans l'étiologie de cette affection encore bien des points obscurs, si l'hérédité mème ne peut pas toujours être mise en cause (voir le cas de myopathie relaté par les D" Glorieux et Van Gehuchten dans la Revue Neurologigue, 1896), il faut vous dire que je ne crois guère éclaircir ces points restés dans l'ombre et je ne

. fais que relater aussi complètement que possible l'observation de mon sujet.

Il est d'ailleurs certain que nous pouvons répéter encore aujourd'hui ce qu’écrivaient les D" Glorieux et Van Gehuchten en 1895-96 dans la 6 Neurologique : « L'histoire des myopathies est loin d’être éclaircie. Le devoir de tout médecin s'occupant d’affections nerveuses est donc de continuer à recueillir les cas isolés... »

Je ne compte pas faire plus que mon devoir donc.

Mais avant de vous lire l'observation qui va suivre, je me permettrai d'atti- rer votre attention sur quelques détails intéressants du cas que je vous pré- sente.

La face est encore bien loin d'étre typique de l'atrophie facio-scapulo- humérale. Et cependant, l'affection date déjà de vingt aus. Toutefois, il y a déjà de l'atrophie des muscles faciaux, car il y a déjà un air d'amyotrophique dans cette face. Mais si l'on veut préciser les symptômes faciaux, on s'aperçoit vite qu'aucun n'est encore bien marqué et je dirai méme qu'ils sont presque absents.

Il y a encore à remarquer la pseudohypertrophie de l'insertion brachiale du deltoide, peut-étre méme de la pseudohypertrophie des muscles postérieurs de la jambe. Ceci confirme donc ce que disaient Van Gehuchten et Glorieux que la myopathie atrophique progressive et la myopathie pseudo-hypertro- phique ne constitue qu'une seule entité morbide. Mais il me semble toutefois que Dejerine a raison lorsqu'il dit que l'amyotrophie pseudo-hypertrophique de Duchenne ne peut pas être rattachée entièrement à l'amyotrophie pro-

COMPTE RENDU 117

gressive décrite par lui; ce sont des maladies d'un même groupe, mais qui doivent ètre décrites spécialement (1). 1l y a peut-être des types bâtards, mais l'impression que donne un pseudohypertrophique est bien différente de celle que donne l’amyotrophique facio-scapulo-huméral. Mon malade semble être un amyotrnphique vrai. Voici son observation :

Le malade P. H... est âgé de 45 ans (juillet 1901).

Du côté de l’hérédité : père mort du choléra en 1866; mère bien portante, a 75 ans, un frére bien portant ; trois sceurs bien portantes. Le malade n'a donc aucun antécédent héréditaire amyotrophique.

Antécédents personnels pathologiques. Aurait eu en 1882 une arthrite chronique, pour laquelle il fut soigné par M. Crocq père. A cette époque le malade travaillait à la gare de Schaerbeek et y soulevait des fardeaux consi- dérables parfois. Il s'est aperçu que son bras droit maigrissait vers l'épaule et faiblissait beaucoup. Mais avant cela, en 1866, le malade avait eu le choléra. Aprés 1882, il cessa de travailler à Schaerbeek et se fit voyageur de com- merce. En 1888, il aurait eu des taches sur tout le corps, éruption d'urticaire probablement, car le malade éprouvait en méme temps de vives déman- geaisons.

L'affection actuelle a donc débuté en 1882 dans l'épaule droite et, à ce mo- ment, elle était si peu caractérisée que la géne et la faiblesse de cette articu- lation furent attribuées à de l'arthrite. Mais, peu aprés, la maladie s'accusa plus nette, la maigreur débuta bientót à droite, et puis le bras gauche s'est entrepris à son tour et maigrit aussi. Le malade ressentit aussi de vives dou- leurs dans les jambes. Alors, lentement, celles-ci faiblirent, mais permirent au malade de continuer son métier de voyageur pendant quinze ans. Finalement c'était à peine s'il pouvait encore se hisser dans le train. En 1897, il tomba dans les rues d'Anvers et ne put plus se relever seul. C'était vers le 26 mai et, ce méme jour, il tomba quatre à cinq fois. C'est alors qu'il commença à pren- dre son attitude lordotique qu’il a encore maintenant.

Le juin 1897, P... entra à l'hôpital de Laeken. Il y séjourna jusqu'en octobre. On le traita pour affection médullaire et on lui mit de nombreuses

ointes de feu, dont il porte encore les traces. Il entra à l'hôpital de Schaer-

eek peu aprés et y resta jusqu'en juin 1898 ; on l'y soigna pour myopathie progressive. Il alla en pension à Ternath jusqu’en novembre 1899 et finalement on l’a recueilli à hospice Albert de la Tour. Depuis cinq ans donc, le malade a été soigné et n'a plus pu se livrer à un travail quelconque.

P... vint à la consultation de M. le professeur Stiénon la première fois le 21 juin 1901. À ce moment, je lui ai ordonné le massage général du corps et des membres et l'électrisation faradique des bras, des épaules, du dos, des lombes, des fesses et des cuisses. Le malade sentit dès lors une grande amé- lioration se produire. Il a regagné beaucoup de ses forces perdues et marche avec beaucoup plus de sécurité. Le traitement lui a été appliqué régulière- ment trois fois par semaine. Il est évidemment certain que nous ne pouvons compter guérir notre malade, mais il est curieux de signaler cette améliora- tion tellement nette que P... compte reprendre bientót son métier de voya- Bk Peut-étre se fait-il illusion, mais il est heureux de pouvoir procurer,

aus une telle affection, un soulagement et une amélioration assez marquée que pour faire croire au malade qu'il va guérir entiérement.

L'aspect du malade est remarquable, car, s'il n'est pas eucore arrivé à pré- senter l'aspect remarquable de celui de M. Glorieux, il a des déformations pronoucées et typiques.

C'est d'abord sa poitrine large et fortement aplatie antéro-postérieurement et surtout dans la partie supérieure du thorax. Le malade porte le ventre et surtout l'épigastre fortement en avant. Tout cela est à une lordose lom- baire des plus prononcées. Il est regrettable que je n'aie pu mesurer le degré

(1) Dxj&RINE. Séméiologie du Systéme nerveux. (In Traité de pathologie générale de Bouchard, 1901.)

118 JOURNAL DE NEUROLOGIE

de cette lordose lors de la première visite du malade, mais il est certain qu'elle s'est beaucoup atténuée depuis qu’on a commencé à le traiter à l'hôpital Saint- Jean. Le long de l'épine dorsale il existe une série de mouchetures dues à l'application du thermo-cautére. Les épaules sont détachées du thorax et for- ment les scapulae alatae typiques. On voit méme un certain degré de défor- mation de l'omoplate, due à l'attitude vicieuse prolongée de l'épaule. Les deux omoplates sont presque aussi détachées du tronc l'une que l'autre, ce qui prouve que les rhomboides sont aussi atrophiés à droite qu'à gauche. De plus, le malade est incapable de ramener les omoplates contre le thorax. En juillet 190r, toute la masse sacro-lombaire des muscles spinaux était fortement atrophiée; actuellement elle l'est bien moins.

La face est.symétrique, ridée comme normalement. Les rides du front existent méme au repos et le malade peut plisser fortement le front. Il fronce parfaitement les sourcils, ferme complètement les paupières et, dans l'occlu- sion forcée, la résistance me semble presque normale.

Les lévres sont retroussées pour ainsi dire, car, si le malade ferme bien la bouche, son orbiculaire semble un peu affaibli. Les lèvres restent appliquées non par leur bord, mais presque par leur face interne. Il faut que le malade fasse un effort pour fermer la bouche comme tout le monde. Le malade sait siffler, mais,lorsqu'il siffle ou souffle, les lèvre sont projetées anormalement en avant.

Quand le malade rit, il parait avoir un rire presque normal. Sa face n’est pas inerte, tout se plisse en elle, les yeux clignent, les rides se prononcent partout, mais la bouche s'élargit considérablement. La parole est normale. Le malade voit bien et ne présente rien du cóté des yeux.

Les membres supérieurs ne présentent rien d’anormal du côté des mains et des avant-bras. Le malade serre les mains avec assez de force. Les bras sont fortement amaigris des deux côtés, mais le bras droit l'est plus que le gauche. Vers l'épaule on voit les deux deltoïdes former de véritables saillies dues à l'hypertrophie de leur partie inférieure. Plus haut l'épaule est plate déformée à cause de l'absence de la partie supérieure des deltoide:. Tous les mouve- ments de l'épaule sont possibles sauf celui d'élévation latérale des bras qui ne peut se faire au delà du niveau horizontal des épaules.

Aux membres inférieurs, nous voyons les racines atrophiées fortement, les fesses méme pour un homme de sa corpulence sont peu prononcées. Les cuisses sont fortement amaigries. La jambe présente une hypertrophie des deux mollets.

La marche en steppant du malade est typique. La pointe des pieds semble vouloir rester le plus prés possible du sol. L'attitude générale est des plus intéressante, car alors la lordose se prononce et le malade semble bien pren- dre cette attitude fière reprochée au malade de Messieurs Glorieux et Van- Gehuchten.

Les mains n'offrent que peu de cyanose.Maisil yaune hyperhydrose plantaire très marquée, vu que le malade s’en plaint et que les bras mêmes sont humides.

La sensibilité est intacte, le malade sent la piqure, le contact, le chaud.

Tous les réflexes tendineux sont abolis : aussi bien les rotuliens, les achi- léens, les palmaires, les réflexes du coude que les massétérins.

Les réflexes cutanés sont abolis ou normaux.

Le plantaire et celui des orteils n'existent pas.

Le crémastérien existe mais est très lent.

Le cutané du ventre est normal.

COMPTE RENDU 419

Les pupilles présentent les deux réflexes à la lumière et aux distances; il n’y a pas de nystagnus.

La contractilité faradique des muscles est diminuée au prorata de l’atrophie musculaire, mais persiste partout. La contractilité faradique est plus intense à gauche qu’à droite et donc aussi au prorata de l’atrophie. Il n’y a pas de réaction de dégénérescence. Je ferai remarquer toutefois que j'ai faire ces recherches avec un appareil défectueux. Il n'y a pas de contractions fibrillaires.

Il est donc assez remarquable de constater que les muscles du malade répon- dent encore tous au courant électrique faradique ou galvanique, mais que tous les réflexes rotuliens sont abolis. Contrairement à ce qu'à présenté le malade de M. Glorieux, il y a possibilité de marcher debout, de se baisser méme en avant. Mais le malade doit faire un violent effort pour se redresser complète- ment et n’emploie guère le truc de se hisser le long de ses jambes.

Si nous nous en rapportons au dire du malade, l'atrophie des membres infé- rieurs n'aurait donc débuté qu'en 1897 tout au plus en 1896, car ce n'est qu'alors que la marche devint pénible, que le malade devait se hisser dans les compartiments de chemin de fer et finalement tomba dans les rues d'Anvers et prit son attitude lordotique lombaire. Il a donc eu un répis de 15 ans entre l'atteinte des membres supérieurs et des inférieurs. La marche de son affec- tion semble devoir être donc très lente.

Je continuerai son traitement régulier et j'espère pouvoir le remontrer plus tard à la Société.

Discussion

M. DECROLY. Je ferai remarquer que lorsqu'on observe attentivement ce malade on constate du cóté de la face des signes qui rappellent incontesta- blement la physionomie du myopathique. Ainsi la lèvre inférieure est légère- ment pendante et lorsqu'on fait pincer la bouche ou qu'on demande au malade de siffler,on voit cette lévre se retourner à l'extérieur par suite de l'insuffisance de l'orbiculaire.

De même la paupière inférieure droite tombe plus bas que la gauche et les plis qu’elle présente sont plus profonds. On peut donc affirmer que ce cas qui jusqu'ici a peut-être présenté une évolution légèrement aberrante est en voie de devenir classique.

M. CROCQ. M. Boulenger nous présente ce cas sous l'étiquette d'atro- phie musculaire progressive. Ce diagnostic, admissible en 1860, lorsque Duchenne, de Boulogne, décrivit son atrophie musculaire progressive, ne peut plus être posé aujourd’hui, cette affection ayant été nettement dissociée en un nombre trés grand d'affection amyotrophiques. 1l est nécessaire, actuel- lement, de préciser davantage et de dire si la maladie atrophique est une syringomyélie, une poliomyélite, une sclérose latérale amyotrophique, une polynévrite, une myopathie primitive, etc.

Dans le cas présent, nous avons aflaire, je pense, à unemyopathie primitive; l'ensellure, le décollement des omoplates, la marche steppante, le facies sont caractéristiques.

M. BOULENGER. En réponse à l'observation de M. Crocq, je dirai que je suis absolument du même avis que lui et que, s’il croit devoir me faire un reproche, au sujet du terme d'atrophie musculaire employé par moi, je m'en excuse en disant que c'est par habitude que je l'ai employé. Je reconnais donc volontiers qu'il est vieux et défectueux et qu'amyotrophie progressive vaut mieux et est seul exact dans l'occurence.

420 JOURNAL DE NEUROLOGIE

M. LIBOTTE. Parmi les atrophies musculaires les unes sont dites myo- pathiques, d’autres myélopathiques.

Sans vouloir comparer ces atrophies avec les atrophies chirurgicales l'électricité fait si rapidement merveille, je ne sais si le dernier mot est dit dans le traitement électrique de ces maladies et si l'on n'a point tort de ne pas recourir à certaines modalités soit galvaniques variables à hautes intensités, soit galvano-faradiques. ^ Pour juger de ces moyens thérapeutiques je voudrais les voir employer par des mains habiles et expertes, pendant des mois et méme des aunées, soit 3 fois la semaine.

Je n'ajoute aucune importance dans les applications électriques faites par des infirmiers.

Pour apprécier la valeur de l'électrothérapie daus les atrophies musculaires, je choisirais tout d'abord les cas la réaction à dégénérescence longitudinale (la réaction de Remak-Doumer) n'existe point.

M. CROCQ. Je ne puis partager l'optimisme de M. Libotte concernant le traitement électrique des myopathiques. Chaque fois que j'ai essayé cette méthode chez un individu atteint d'une véritable myopathie progressive, j'ai échoué. J'ai certes obtenu des améliorations momentanées, mais le résultat final a toujours été nul. Vous vous rappelez le malade que je vous ai présenté l'année dernière; je vous disais, à cette époque, que la faradisation avait amené une amélioration notable ; M. Libotte m'engagea à continuer, M. Sano m'ob- jecta que cette amélioration ne serait que de courte durée. Le traitement fut continué patiemment pendant un an ; actuellement, la maladie a fait des pro- grès indéniables et je suis persuadé que le patient n'irait pas plus mal si je ne l'avais soumis à aucune médication. C'était un myopathique typique!

Il y a deux ans, j'eus en traitement à l'Institut d'Uccle un jenne myopa- thique de 16 ans, tout aussi caractéristique, mais plus avancé. Pendant plus de trois mois, il fut soumis à la galvano-faradisation et la maladie ne cessa pas de progresser.

Aussi en suis-je arrivé à penser que nos moyens electrothérapiques actuels sont impuissants à combattre la myopathie progressive.

Cet insuccès contraste singulièrement avec les brillants résultats que l'on obtient couramment dans les affections névritiques périphériques. Ici, les suc- cés sont indéniables et cependant les troncs nerveux sont atteints, les masses musculaires sont profondément dégénérées. Cette différence entre les résultats obtenus dans les amyotrophies neurotiques et les amyotrophies pri- mitives me paraissent, avec beaucoup d’autres signes du reste, plaider en faveur de la nature centrale de la myopathie primitive, qui west peut-être que la conséquence d’une lésion des corps cellulaires des neurones, dont les nerfs périphériques ne sont que les prolongements cylindraxiles.

. M. GLORIEUX. Je ne puis partager ies idées optimistes du D' Libotte quand il croit pouvoir améliorer ou méme guérir les myopathiques par l'appli- cation d'un traitement rationnel à l'électricité. Nous savons tous que les myopathiques chez lesquels l’amyotrophie a débuté dès le jeune âge succom- bent généralement avant la puberté. Quand la myopathie survient après 25 ann elle fait des progrès pendant un certain nombre d'années et puis elle peut s'arréter. C'est ainsi que nous voyons des myopathiques de 40 à 50 ans, SE Lo mais toujours bien portants, comme si la

mpatible avec une longue existence. Dans

۰ LÉI . ۰ ^ ces derniers cas, l'électrisation peut étre de quelque utilité, mais le malade ne s'en portera pas moins bien s'il ne suit aucun traitement.

VR as ur d dt CL ۹ , ۳ DN ON e ی‎ 29 2 ۱ AS ns e we Ne NA JR

Ab iS Ee Adv. 9 MAT M 9 AT 0

sa €‏ 3ھک

جح

d

E dr bides

e) 414,9 91 t d ` Bair 3 SE

VARIA

La gangréne des pieds du géant Constantin

Nous avons annoncé, dans l'un de nos précédents numéros (1), que le fameux géant Constantin, qui a été présenté eu public,à Paris,il y a quelque temps, était tombé malade et avait été hospitalisé à Mons (Belgique). Nous avions demandé au médecin de l’hôpital quelques eclaircissemeuts sur ce cas rare. Voici la lettre quil a bien voulu nous adresser ; nous le remercions (rés cordialement de son intéressante réponse.

Monsieur et très honoré contrère,

Excusez-moi tout d'abord de répondre si tardivement à votre lettre. Celle-ci ne m'est arrivée qu'aprés un assez long détour...

L'affection actuelle du « Géant Constantin » n'est pas une affection nouvelle.

Amené par son baraum a l’höpit il civil de Mous, le 2o novemb e 1901, nous avons constate son état lamentable : le pied droit branlant, presque détaché du membre et formant une masse putrilagineuse extrêmement fétide. La gangrène s'élevait en avant un peu au-dessus du tiers inférieur de la jambe, qui était rouge, tuméfiée et doulou- reuse. L'attection avait débuté huit jours auparavant, à La Louvière, par des douleurs intenses et une sensation de froid dans le membre, et n'avait guère été soignée Notre géant était pâle, amaigri ; l'appareil central de la circulation fonctionnait normalement. Le pouls, régulier, mris petit, battait 22 au quart.

L'artère était dure, relativement mince pour un homme de cette stature. Tempéra- ture : 39°3. Les urines ne renferinaient ni albumine, ni sucre.

En attendant que la gangrène fùt bien limitée, nous enlevámes le pied ne tenant plus que par le talon. ll s'y produisit une hémorrh igie que nous fûmes obligés d'arrêter par le pincement à demeure. Aprés cette intervention. l'élat général s'est amélioré et peu à peu les tissus mortifiés, s'etant separés du vif, à l'exclusion toutefois des os, notre ma- lade consentit enfin à laisser pratiquer l'amputation du membre, mais seulement en- dessous de l'articulation du genou, « la charniére », comme il disait. L'opération eut lieu, le 31 décembre 1901, par le procédé circulaire, et non saus difficulté, car le géant refusait de se laisser endormir par « cette saleté de chloroforme ». I] fallut un nombreux personnel de domestiques pour arriver à s'en rendre maître.

Les suites de cette intervention furent afébriles et régulières ; et notre malade sortit guéri le 8 février dernier.

Malheureusement, il ne l'est pas, guéri... Sa jambe gauche se trouve dans un triste état. Amiucie, à peau livide, eczémateuse et ulcérée par-ci par là, elle est réduite pres- que au squelette. Elle supporte un pied énorme, œdémateux, déjeté en dehors, et pré- sentant sur le bord interne supportant le corps et à l'extrémité du gros orteil,des plaies ulcéreuses de la grandeur d'une pièce de cinq francs. ۱

Le 14 fevrier, ayant absorbé deux verres de cognac, il fut pris de vertiges, et, de l'immense fauteuil il était assis, tomba sur le sol et russentit, après cette chute, des douleurs très vives dans le pied.

Actu-llement, il est alité et dans l'impossibilité d'exploiter « son métier», peu lucratif d’ailleurs, d’homm : mervcilleux. Aussi la douleur et la misère menaçantes l'ont-elles presque décidé à sacrifier son second pied.

Maintenant, quelle est la cause du vice de nutrition qui est survenu dans les mem- bres inférieurs de ce malheureux ? Le genre de vie qu'il mène par nécessité n'a pas con- tribué pour peu à altérer la santé, précaire d'ailleurs, de cet homme de taille extraor- dinaire.

Nous avons été frappé, en pratiquant l'amputation, de la pelitesse des artères, du volume des nerfs, ainsi que de la dégénérescence fibreuse des muscles.

J'ai transmis ces différents tissus à un anatomo. pathologiste ; j'attends son rapport, dont je vous ferai part, si cela vous intéresse. D'ailleurs, je suivrai la marche de l'aftec- tion de cet homme, et me tiendrai à votre disposition si vous voulez avoir de moi d'au- tres renseignements.

Veuillez agréer, je vous prie, mon cher confrère, l'expression de mes meilleurs sentiments. D' DurRANE (Mons).

Comme on le voit, il s'agit là, probablement, d'un cas de gangréne symétrique des ex- trémilés ou maladie de Raynaud, avec ou sans alcoolisme. Mais cet accident est très curieux, en raison de son apparition chez un géant de la taille de Constantin.

Nous publierons, bien entendu, toutes les notes que notre aimable correspondant voudra bien nous adresser à propos de cette rare observation.

Gaselte médical ls. (1) Gaz. méd. de Paris. 132, p. 72. i 02

| ۳ eelere 80MM AIRE: Du MERE es رو‎ 1. YRAVAIL. ORIGINAL. vk Unitrin han à l'étude. Te 0ئ‎ de Korsika "neie ds, yolynévrita avat: 9 EE RE lie

O Reng Som KANN N ie

1. GOARESPONDANGE. ام و‎ te و‎ à

| anotrices, nates. Bä? ا‎ dc MM, Pao, Pa Ju ey Uoldetein, par. Déréa be qm | n BELGE DE NEUROLOGIE: éaheg du 23 2. février VG (Suites = > وم ره‎ Sosik afi aede hemp de 3171167 00006 ھا‎ par por. = GH te صا9ا ار(‎ 2 EECHER Vie réflexes tidieu p ear V EAS mess. puc Leg. ST Be £A |

Ss

iv. 8182 PHIE. وت‎ 00 dale 3 aits Re de ian x EEE

-damita Sr: Fo Perret Deni Core, e (IC DSTA RMIT Hej eS NODE 7 0 7ک‎ hie, que 1 ورن )هیر درک‎ me La: Migraine. ri. gun, مو‎ par: he B (1 RAD GE AONALEWERY.: St Les. prbynevrites, 0 fip: due SEXY. ا‎ rd SAME S BE E

Ä ¥ VARIA. Se livre d'un AR:

lux

nn ANDE X bbs à ANNUNGES - ا وی‎ Lal AC in. Han 0 کر ی‎ ES La Ta diavétique Pos Henry More, D

Vi fira vilis: کے‎ DEP E و‎ Rs

magn. wu a du و‎ de n AE ane) Xi مم‎ Ai GA a Ir Laprade, A C ERN 4

` Lai de Pougbes-Carabana; ریت ا‎ Eli Produits EE GE: Pen Mn MES Meth Auge E EE EE ces Einen, P 7

dhéspbaiine: Fire: CH RER ee SE? 45 ; : ER is ME ۲ isk : en Ee M B OR ERAT d ۳ 7 3 |] و و‎ ip: Ste ےھ‎ ELA M fiu Aroud, qe s 1 0 Scope. à; 5 hiftar Ex GE l| EassedMichys p.t. - Vi Mariani, p. i NDA Y a Sa FUROR ORO 7 "Karte Boma, rel, ` Near hòla hapi ii p. iL. 2 ‘te Ua. S ; Feibiainure de A` tigor p: T it - permis; Taanale d'Orexittb, p. +. | Eau Hunyadtdauos, p. 1 Kine: Antip pyrine فا رما وه رهم‎ bar PEN) ی‎ RE EA ol d pre de tühine, F CIR dn 10500207 BESRE de و ارم‎ das ا ا‎ که‎ Vassulss de sans thsunide Vigier, he DEREN NN

De وا‎ Ee Pe tarien, fpes x Dunn: E Maison ne Sante d'Ucele, p- If. - Je. wardi; de Heure, Safaphietie; d X نگ راخ ویر‎ Sonate: Eu: ipu nn ag "egen ما کم وف‎ zy رت‎ ۱ ; Todo uo E BS. Leen ‚SAH mal Bayer. salon" -Tivernale ` wi RR die ` ۱ Gi 'Hammam-R’Irha. E

۱ cht EE "Oxygena pur medieinah, p.d. 0 007 Foudre er Eigarelins EE

AR TP‏ اپ ۱‏

Eascnufiaire, DÄ: | Peptore Gornélis. VE NS EUN Ale it: آ05‎ ‚de. ^ (E du oe Med, Homme | i aas Eis Ais se | ek

RN‏ ا و وو ADULTES‏

AUTODIGERTIVE = | i senie 0 0ھ‎ diète Beile mème i, Beruat vase brut هکنیا مور‎ z

Vor. PERDAAT Er APRÈS LE SEVRAGE. ا ای‎ W antitin ét aeroissanee can» os Cd ec e RO agreable, forkiiant.et eoe DS acque. Presso, ages Aux estamos d ا‎ mi رفا را‎ | ER quát. abe A نم‎ B. riri ای‎ pa Ris.

( PEAS رو‎ F. (een imm.

۱ ée E E

! Benn CE i 2 AE نو‎

ire Anais AE Dee DIE ap

ES | p eut vue Geier Lines. ër rat Sana

ki HEVRA THENIE,‏ ار و و ۶ج و Ju à (REOROSE, i MEE. Kor ۱‏

À OL ی‎ 1 (ec ۶۴۵۷۸۷67

n aen . ہم‎ EIN WERE perte AE pus 6 REGE NE; ra ا‎ Mos is Fora ۷ ri 20 7 گا‎ Brent oar (es miüprins, ۱ ۱ e RON T AEN. VILLE

x هد( ار یں‎ Banane, E | Ar UE ABC) Ha: SOIT Ms viende ch. ipi eonire B OUTTE et le. REUMATISME |

tbe Te i Uber EVER HURTS. وا وا‎ +

al pr. oh: Kark: iahon وھ ار‎ | Capsules ` gar jour em cas. وق‎ TIER ge as و‎ Vimisnrie.

Sir pren eut RS cvs des à‏ و (uM Ehinrose, Aobmie proforae, fhens- D‏ G‏ ول فا WS d triallons dosuteurenses,‏ f‏ ا OIM 0 BORIS EN‏

CN.

TRAVAIL ORIGINAL

TRAVAIL DEDIÉ A LA MEMOIRE DU PROFESSEUR KORSAKOFF

Contribution à l'étude de la maladie de Korsakoff.

Uncasde polynévrite avec psychose polynévritique post-typhoidique par le D' SEsGE SOUKHANOFF

Privat-Docent à l'Université de Moscou

Le défunt professeur Korsakoff, qui était un des aliénistes les plus illustres de la seconde moitié du siécle dernier et qui se distinguait par sorn extraordinaire profondeur de compréhension de toutes sortes d'états dans les maladies mentales, admit, comme entité morbide, le syndróme psychique qui accompagne parfois la polynévrite. Il démontra que, dans cette maladie, peuvent se développer des symptômes psychiques très caractéristiques ; d'après lui, un des symptômes les plus marqués est le trouble de mémone, tantôt sous forme de simple amnésie, tantôt sous forme d'oubli avec réminiscences fausses L'amnésie se manifeste ordi- nairement par l'oubli des événements courants et récents ; le malade oublie ce qui vient d'avoir eu lieu, se souvenant bien de ce qui s'est passé il y a longtemps. Quant aux réminiscences fausses ainsi qu'à la disparition de la mémoire des évènements plus ou moins éloignés du moment du début de la maladie, elles se surajoutent dans les lésions plus graves du système nerveux.

L'observation démontre qu'un syndrôme analogue, rappelant la mala- die de Korsakoff, peut se manifester aussi dans les lésions organiques du cerveau (après des hémorrhagies, des tumeurs cérébrales, dans le lues cérébral, dans certaines formes de ramolissement, etc.). Mais le fait que le syndrôme ressemblant à la maladie de Korsakoft est observé dans d'autres lésions organiques du cerveau ne parle pas du tout contre la manière d'envisager cette maladie comme une entité morbide. L'oubli des événements courants et récents dans la maladie de Korsakoft existe d'une maniére trés marquée et n'est pas accompagné de cette lenteur psychique qu'on observe dans les lésions organiques du cerveau, dans lesquelles on peut remarquer une grande dépression de l'activité psy- chique, avec affaiblissement trés accentué des facultés intellectuelles. Parfois on observe le développement de la maladie de Korsakoff dans l’âge sénile ; alors, sans doute, l’âge aussi ajoute son cachet à l'évolution de la maladie ; alors il est difficile de prouver que le syndrôme de Kor- sukoff se rapporte à la psychose polynévritique et non à la démence sénile.

Les cas de polynévrite chez des personnes jeunes et sans lésion orga- nique quelconque du cerveau sont les plus persuasifs et les plus démon - stratifs pour prouver que la maladie de Korsakoff est bien une entité morbide. Il m'est arrivé d'observer, pendant le cours de l'année Igor,

122 JOURNAL DE NEUROLOGIE

un cas de psychose polynévritique présentant un grand intérêt par son moment étiologique.

M. K..., ágé de 34 aus, commis-marchand. Pas de phénomènes marqués de dégénérescence physique. D'un caractère emporté, un peu agité, le malade était laborieux et jouissait ordinairement d'une bonne santé ; ses supérieurs étaient contents de lui et l'appréciaient. Pas d'alcoolisme.

Au mois d'octobre 1900, le malade fut atteint d'une maladie infectieuse générale, reconnue pour une fiévre typhoide ; quelque temps apres le début de cette maladie, il entra à l'hópital. Lia température s'élevait à 40°.

Quaud le malade commenga à se rétablir, survint un nouvel accès de fièvre, avec élévation assez considérable de la temperature, qui dura plus d'un mois. À la fin du second accès de fièvre, commencèrent à se manifester des phéno- menes nerveux, à savoir : le malade quelquefois pleurait, s'agitait, priait de le laisser alleràla maison; bientót on remarqua chez lui un trouble de la mémoire. Il était tres faible et parfois se plaignait de diplopie. Quelque temps avant, 1l avait eu des vomissements. Les personnes qui l'entouraient et le malade lui- méme, remarquérent qu'il oubliait très vite ce qui se passait autour de lui. La faiblesse augmenta, l'état psychique du patient empira, il devint inquiet. Puis létat du malade cessa de subir des oscillations, mais il resta encore faible et oublieux.

Au printemps de l'année 1901, à l'examen spécial du svstème nerveux, on constata, entre autres, que les réflexes rotuliens manquaient; les mollets étaient tlasques, la force musculaire des membres inférieurs affaiblie, surtout vers Ja périphérie du membre ; la force des membres supérieurs était un peu affaiblie. Le malade ne pouvait marcher qu'avec peine.

Concernant son étai msvchique, 1l présentait des particularités caractéris- tiques. L'oubli des faits courants et récents sautait aux veux : il ne se rappe- lait pas comment il était devenu malade et ne se souvenait que confusément de quelques faits qui avaient précédé sa mala tie. Il ne definissait pas au juste le temps, se trompant de quelques jours seulement ; parfois il se ressouvenait exactement de quelques évènements écoulés pendant les derniers jours, mais il n'en était pas certain et s'adressait aux personnes qui l'entouraient, deman- dant la connrmation dz ses réminiscences. I] reconnaissait bien les personnes qui l'entouraient ; lui- méme remarquait qu'il lui était difficile et parfois im- possible de se rappeler ce qui venait d'avoir eu lieu, mais il se rappelait nette- ment les événements qui s'étaient. passés avant sa maladie physique, ne se distinguant pas sous ce rapport des personnes bien portantes. Le malade ne manifestait aucune idée delirante ; il se savait. malade et son défaut de mé- moire le rendait tres anxieux et lui faisait penser que, peut-être, 1l ne se réta- blirait plus.

L'état psvchique caractéristique, l'absence des réflexes rotuliens, l'ama!grissement des musC:es gastrocnémiens, la faiblesse des membres inférieurs, la dipiopie passagere,la mala lie physique sous forme de deux acces de fiévre tvphoide, tout cela faisait. penser à l'existence d'une po.ynevrite et dune psychose polvnévritique chez notre malade. Il avait bien supporté le premier accès de fièvre, mais le second avait pro- voqué dans son organisme une modification de la composition du sang,

TRAVAIL ORIGINAL 193

une auto-intoxication; mais ce n'est nile facteurinfectieux de la maladie, ni les toxines dues à cette infection qui furent cause de la poiynévrite. L'infection a provoqué un trouble général de la nutrition ; par exemple, on peut supposer que l'infection a produit un trouble de la fonction des glandes, qui neutralisent les productions nuisibles de l'échange nutritif; peut-être la cause est elle aussi dans l'affaiblissement ou l'abolition de la fonction de la glande thyroidienne, de l'hypophyse cérébrale, des glandes surrénales, etc., et cette derniére condition a eu pour résultat l'auto-intoxication.

Il faut donc penser que l'infection a provoqué la polynévrite non immédiatement, mais à l'aide d'un chainon intermédiaire. A la vue de ce malade, on pouvait espérer que, dans des conditions favorables, il allait se rétablir progressivement. Dans le cours de l'été, le malade se sentit,en effet,beaucoup mieux ; il devint plus fort, commença à marcher bien, quoiqu'il se fatiguât assez vite; parfois, on remarquait une certaine géne dans sa démarche ; la mémoire s'améliora aussi. En septembre, il se rappela le médecin qu'il avait vu quatre mois aupara- vant. L'oubli persistait encore, quoique à un degré moindre. A la ques- tion : quelle date avons-nous aujourd'hui ? le malade répondait en se trompant de quelques jours et il avouait lui-méme son défaut de mé- moire. Si on priait le malade de raconter comment il avait passé la jour- née de la veille, il éprouvait de l'embarras, il táchait de se ressouvenir, quelquefois il se rappelait certains faits, mais il n'en était pas certain et on n'avait pas grande peine à le dérouter dans ses réminiscences ; quand on le priait de raconter quelque chose qui avait eu lieu deux ou trois ans auparavant, ou plus anciennement encore, il n'en ressentait aucun em- barras ni aucune difficulté et accusait une mémoire aussi bonne qu'un homme bien portant.

En novembre, le malade se sentit encore plus ferme sur ses pieds, il pouvait marcher plus longtemps, mais les réflexes rotuliens manquaient encore. Les muscles gastrocnémiens étaient moins flasques et plus fermes, mais l'amnésie persistait toujours, quoique le sujet püt plus facilement se souvenir de la date et du jour. L'amélioration se manifes- tait encore dans ceci que le malade commençait à se ressouvenir, quoi- que encore d'une maniére trés vague et trés indistincte, du début de sa maladie physique et des circonstances qui avaient amené son entrée à l'hópital ; le temps passé par lui à l'hôpital constituait une lacune dans sa mémoire ; il se rappelait un peu mieux l'époque de son retour de l'hó- pital à la maison.

En janvier 1902, l'état du malade s'améliora encore légérement ; du côté de la sphère psychique, on pouvait noter encore un affaiblissement insignifiant de la mémoire concernant les évèments courants et récents ; le malade parvenait cependant difficilement à localiser au juste les faits courants dans le temps ; par exemple, il pouvait raconter un événement quelconque qui venait d'avoir eu lieu, il pouvait nommer ceux qui

124 JOURNAL DE NEUROLOGIE

avaient participé à cet évènement, mais il ne pouvait pas dire avec assu- rance quand cet événement s'était passé. Les réflexes rotuliens n'ont pas reparu.

Le cas qui vient d’être cité se rapporte à la catégorie des cas légers de psychose polynévritique, dans lesquels le trouble de la mémoire atteint parfois un degré plus profond. Notre malade se trompait dans la défini- tion des jours et des dates, mais il ne se trompait que de quelques jours ; c'était ainsi du moins quatre mois aprés l'apparition des premiers symp- tómes de la polynévrite. Mais, dans des cas plus graves de psychose polynévritique, le malade se trompe quelquefois de quelques mois et méme de quelques années. Nous n'avons remarqué chez notre malade, du moins au printemps de l'année rgor, aucune fausse réminiscence, tandis que, dans les formes graves de la maladie de Korsakoff, on peut observer des réminiscences fausses trés accentuées, consistant en ceci que le malade raconte avec beaucoup d'assurance des choses qui n'ont pas existé ; pár exemple, il dit qu'il a été dans tel et tel endroit, com- ment il a passé son temps, ce qu'il a vu, etc. Chez notre sujet, il n'y avait rien de tout cela.

Plus le malade est âgé, plus il s'approche de l'âge sénile, plus est accentué le trouble cérébral de la psychose polynévritique ; ainsi, par exemple, chez les vieillards, la période de temps qui disparait de la mémoire est bien plus longue ; quelquefois, tel malade oublie même dix ou vingt ans de sa vie. Il est évident que plus l'état physique du malade est bon, plus le malade est loin de la période sénile, plus la.résistance de l'organisme au processus d'intoxication est grande ; d'autre part, plus légère est la manifestation de la psychose polynévritique, plus on peut espérer l'amélioration, qui, pourtant, peut survenir trés lentement. D'un autre cóté, sur la gravité de la lésion influe encore le processus étiolo- gique qui a servi de cause à l'apparition de la psychose polynévritique. Il paraitrait qu'il y a des causes qui provoquent des formes plus graves de la maladie de Korsakoff et d’autres qui donnent lieu à des formes plus légères. Pourtant il faut dire que nous ne sommes pas encore en état de définir, même approximativement, le degré de résistance du cer- veau au processus de l'intoxication provocatrice. Si cette dernière se développe dans l’âge sénile, alors les modifications qui lui sont propres peuvent progresser d'une manière plus intense ; les modifications vascu- laires de l’âge sénile, le trouble de nutrition qui en résulte, peuvent pré- parer un terrain pour une lésion cérébrale organique profonde ; elles peuvent méme amener un ramollissement assez considérable. Si la psy- chose polynévritique d'origine alcoolique se complique de tuberculose, le pronostic s'aggrave considérablenient, car, dans ces conditions, l'issue fatale survient assez vite. Parfois, la psychose polynévritique dans l'áge mur, méme sans complication de tuberculose, ne guérit pas et donne naissance à un état de démence uniforme, qui dure plusieurs années ;

TRAVAIL ORIGINAL 125

dans ce cas aussi, on peut dire que la psychose polynévritique s’est de- loppée sur un terrain de déséquilibration psychique, qui ne pouvait pas vaincre le processus d'auto intoxication du cerveau. Parfois, surtout au début de la lésion de la psychose polynévritique, on peut observer un certain égarement et un trouble très marqué dans l’association des idées, donnant lieu à un tableau ressemblant à celui de la confusion mentale ; alors, sans doute, on ne peut pas constater d'une manière aussi nette et aussi marquée le trouble de mémoire, comme chez notre patient ; mais si le malade ne meurt pas dans cette période et si aucune maladie occa- sionnelle ne se surajoute, les phénomènes simulant la confusion mentale disparaissent progressivement et surgit d'une manière très accentuée le symptóme principal de la maladie de Korsakoff, le trouble de la mémoire sous la forme d'oubli des événements courants et récents, compliqué,

dans les cas plus graves, par des réminiscences fausses.

Comme on le voit d’après ce que nous venons de dire, la manifestation externe de la psychose polynévritique, comme de bien d'autres maladies en général, peut être différente; mais ce fait ne plaide pas du tout contre l'existence de cette psychose comme entité morbide. La maladie de Korsakoff peut être provoquée par différents agents étiologiques, à savoir : l'alcool, la fiéyre typhoide, l'influenza, la pyohémie, l'ictére, etc.; mais le fait que la psychose polynévritique peut étre provoquée par différents agents étiologiques ne peut pas parler non plus contre l'exis- tence autonome de la maladie de Korsakoft comme entité morbide. Ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, ces causes provoquent la poly- névrite non immédiatement, mais avec l'aide d'un chainon intermédiaire, dont la qualité est plus ou moins identique ; ces causes semblent para- lyser la sécrétion interne des glandes qui n'ont pas de canaux excré- teurs et dont le róle est de neutraliser les productions nuisibles de l'échange nutritif. Quelle que soit la cause de l'affaiblissement ou de l'abolition des fonctions de ces organes, que ce soit l'alcool, l'infection ou autre chose, on voit alors apparaitre l'auto-intoxication et une altéra- tion de tout le systéme nerveux périphérique et central ; tantót c'est le système périphérique qui souffre le plus, tantôt c'est le système central. . C'est pourquoi on observe des cas de polynévrite avec des modifications psychiques trés marquées, et d'autres cas de psychose polynévritique, les phénomènes de la polynévrite sont réduits au minimum.

LITTÉRATURE

sur la question de la psychose polynérritique ou de la maladie de Korsakoff

I. S. KorsAkorr. Trouble mental dans la paralysie alcoolique et son rap- port avec le derangement de la sphère psychique dans la névrite multiple d'origine non alcoolique. (Moniteur (russe) de la psychiatrie et de la neuropa- thologie, 1887, t. IV, fasc. 2.)

126 JOURNAL DE NEUROLOGIE

2. S. Konsakorr. Plusieurs cas de cérébropathie originale combinée avec la névrite multiple (Cerebropathia psychica toxaemica). (Gazefte (russe) hcbdo- madasre clinique, 1889, n** 5-7.)

3. S. Konsakorr. Du trouble mental combiné avec la névrite multiple (Psychosies polynevritica s. cerebropathia psychica toxaemica). (A'ecue (russe) de médecine, 1889, n? 13, pp. 3-18.)

4. S. KoRsAKOFF. Sur la symptomatologie de la forme polynévritique des psychoses post-typhoidiques.(A'ecuer (russe) d'articles sur la neuropathologie et la psychiatrie, dédié au professeur A. J. Kojevnikoff. Moscou, 1890.)

5. S. KonsAkorr et W. SEnBskKv. Cas de la psychose polynévritique avec autopsie. (Z0sdem.)

6. S. Konsakorr. Dela paralysie alcoolique. (These de Moscou, 1887.)

7. S. KORSAKOFF. Erinnerungstäuschungen (Pseudoreminiscenze) bei poly- neuritischer Psychose. (Allgemeime Zeitschrift f. Psychiatrie, 1891, Heft 3-4.)

8. S. Konsakorr. Ueber eine besondere Form psychischer Störung, com- binirt mit multipler Neuritis. (74rcAzv f. Psychiatrie, Bd XXI, H. 3.)

9. S. KoRSAKOFF. Sur une forme de maladie mentale, combinée avec la névrite multiple dégénérative. (Comptes rendus du Congrès snternatzonal de médecine, Paris, 1889.)

10. S. KoRSAKOFF. Sur une forme des maladies de la mémoire. (Revue phs- losophique, 1889, 11.)

II. FILING. Ueber die bei der alcoholischen Neuritis multiplex beobachtete Geistesstörung. (Allgem. Zeitschrifl f. Esychiatrie, 1890, Heft 3.)

12. VAINDRACH. Psychosis polynevritica s. cerebropathia psychica toxae- mica. (Revue (russe) de médecine, 1889, 16.)

13. DOUBROVINE. Cas de trouble mental post-typhoïdique. (Comptes rendus des séances des neuropathologues el des aliénistes de Moscou, 1890-91, pp. 32-36.)

14. KICHKINE. Deux cas de cerebropathia psychica toxaemica à la suite de l'ictère. (Moniteur [russe) de la psychiatrie et de la neuropathologre.)

IS. E. FRANK. Polyneuritis und Geistesstörung. (Inaugural-Dissertation, Kölu, 1890.)

16. Brie. Ein Fall von Geistesstürung bei multipler Neuritis. (A//gem. Lert- schrift f. Psychiatrie, 1891, ss. 175-179.)

17. Hoever.. Ueber post-typhose Dementia acuta, combinirt mit Polyneu- ritis. (Yahrbücher f. Psychiatrie, 1892, Bd XI, H. 3.)

18. RÉGIis. Archives de Neurologre, 1894, 31, pp. 266-268.

19. BABINSKI. Zraité de médecsne, t. VI, 1894, p. 745.

20. Haunv. Contribution à l'étude des neurocérébrites toxiques. Lyon, 1894.)

21. ATWOOD. Three cases of multiple neuritis associated with insanity. (American Journal of insanity, 1888-89, v. XLV, pp. 500-302.)

22. Ross. On the physical Desorders of peripheral Neuritis. (74e Journal of mental Science, april 1890.)

23. FISHER. Mental derangement in multiple neuritis. (Alsenis! and Neuro- logsst, 1892, vol. XIII, n? 3.)

24. SÉGLAS. Leçons cliniques sur les maladies mentales el nerveuses. Paris, 1895, pp. 248-273.

25. SOLLIER. Un cas de psychose polynévritique. (Revue neurologique, 1895,

n? IS, p. 433.)

CORRESPONDANCE 127

26. Cor.ELLA. La psicosi polineuritica. Napoli, 1895.

27. BALLET. Progrès médical, 1896, 18.

28. FERRARI. Rıvısta sperimentale di freniatria, 1895.

29. FERRARI. A/henist and Neurologist, 1896.

30. D&vic et Roux. Contribution à l'étude des troubles intellectuels consé- cutifs à la fiévre typhoide. (Province médicale, 1896. V. Revue neurolo- £1Que, 1896, n? IO, p. 313.)

31. EMir, Repr.icH. Ueber die polyneuritischen Psychosen. (Wiener Kit- nısche Wochenschrift, 1896.)

32. 5. SOUKHANOFF. Contribution à l'étude des changements du systeme nerveux central dans la polynévrite. (Archives de Neurologie, 1896, 3.)

33. S. SOUKHANOFF. Sur les formes diverses de la psychose polynévritique. (Revue de médecine, mai 1897, n? z.)

34. S. SOUKHANOFF. Du trouble mental dans la névrite multiple. ۵ (russe) de médecine, 1896, 14.)

35. .و‎ SOUKHANOFF et N. ORLoFFr. Contribution à l'étude de la psychose polynévritique. (Comptes rendus de la Soctéié des neuropatologues et des alıe- nisles de Moscou, séance du 18 décembre 1898.)

36. [01.1.۷۰ Ueber Geistesstórrungen bei Polyneuritis. (Comptes rendus du XIIe Congrès international de médecine, vol. IV, 1" partie, p. 496.)

37. BarrET et FAURE. Contribution à l'anatomie pathologique de la psy- chose polynévritique. (Presse médicale, 1898, 98.)

38. KAHLBAUM. Klinische Beobachtung polyneuritischer Psychose. (44/7- gem. Zeitschr. f. Psychiatrie, 1899, Bd 56, H. 3.)

39. MÖNKEMÖLLER. Casuistischer Beitrag zur sog. polyneuritischen Psy- chose. (Allgem. Zeitsch. f. Psychiatrie, 1897, Bd 54.)

40. STATKEVITCH. Un cas de psychose aigu& de Korsakoff chez un alcoo- lique dans la pyohemie. (Revue (russe) de medecine, octobre 1900.)

41. TRAPEZNIKOFF. Un cas de psychopathia psychica toxaemica du profes- seur Korsakoff. (Questions (russes) de médecine neuro-psychique, 1901, fasc. 2.)

42. SOUKHANOFF et TCHEIZOFF. Un cas de psychose mélancolique aiguë compliquée par la polynévrite pyohémique la suite de l'anthrax) et par la maladie de Korsakoff. (Revue (russe) de medecine, novembre 1901.)

43. L. CHANCHELLAY. Contribution à l'étude de la psychose polynévritique. (Thèse de Paris, 1901.)

CORRESPONDANCE

Quelques réflexions à propos des localisations motrices spinales

(Réponse à MM. Sano, Parhon et Goldstein)

MONSIEUR LE DIRECTEUR ET CHER COLLÈGUE,

Veuillez, je vous prie, insérer la lettre suivante en réponse à diverses objections qui m'ont été faites dans le Journal de Neurologie, par

128 JOURNAL DE NEUROLOGIE

M M. Sano (1), Parhon et Goldstein (2). au sujet de mon opinion sur les localisations motrices spinales, que je considère comme étant d'ordre radiculaire.

Deux mots d'abord sur l'historique de la question :

Dans ma Sémiologie du système nerveux (3), ayant à traiter de la topographie des atrophies musculaires, j'émis l'opinion que dans l'atro- phie musculaire de cause myélopathique (poliomyélite aiguë et chroni- que, sclérose latérale amyotrophique, syringomyélie, hématomyélie), la topographie de l'atrophie présentait des caractères particuliers, non encore décrits, à ma connaissance du moins, à savoir : que cette topo- graphie correspondait à la distribution des racines antérieures, en d'au- tres termes qu'elle était d'ordre radiculaire, et cela aussi bien lorsque l'atrophie affectait le type Aran- Duchenne que lorsqu'ellg se présentait sous les traits du type scapulo-huméral (4). A l'appui de mon opinion, je rapportais, résumées, plusieurs observations personnelles, uu certain nombre avec photographies, quelques unes avec autopsie et je concluais en disant que dans la moelle épiniére la représentation motrice n'était ni segmentaire, ni diffuse, ni musculaire, mais qu'elle était d'ordre radi- culaire, voulant dire par qu'elle se faisait suivant un ordre préétabli qui déterminait la fonction de la racine correspondante.

Aprés avoir cité mon opinion et sans la discuter aucunement, M. Sano ajoute : « C'est à regret que nous nous voyons obligés de dire que Deje- rine parait n'avoir rien compris à toute la discussion de ces dernières ánnées et qu'il perd absolument de vue les nombreux résultats expéri- mentaux et anatomo cliniques obtenus par la méthode de Nissl. » Le mot « parait » est évidemment un euphémisme.

Si M. Sano avait lu atten'ivement ce que j'ai écrit, il n'aurait pas dit que j'ai perdu de vue « les nombreux résultats, etc. », vu que je les ai analysés et discutés. Ces travaux dus à Sano (1898), Marinesco (1898). Van Gehuchten et De Buck (1898), Parhon et Popesco (1899), aboutis- salent à des conclusions fort différentes. Pour M. Sano, la localisation motrice était musculaire (5), c'est-à-dire qu'à chaque muscle du corps, correspondait dans la moelle un noyau distinct. Pour Van Gehuchten

(1) F. Sao. Considérations sur les noyaux moteurs médullaires innervant les mus- cles. (Journal de Neurologte, 1901, n“ 15, p. 281.)

(2) PARHON et GOLDSTEIN. Quelques nouvelles contributions à l'étude des localisa- tions médullaires. (éme recueil, 1901, 25, et 1902, 1.)

(3) J. Dgj&RINE. Sémiologie du système nerveux. Tome V de la Pathologie générale de BOUCHARD, Paris 1900. (Voir Topographie médullaire, p. 789 et suiv.)

(4) Des faits confirmatifs de ma manière de voir ont ۵۱۵ publiés récemment. Voy. HvuET et CESTAN : Un cas de paralysie infantile avec localisation sur le groupe radi- culaire inférieur du plexus brachial (Suc. de Neurol de Paris, séance du 5 décem- bre 1901), et : sur deux cas de syringomvelie à topographie radiculaire des troubles sensitifs et des troubles moteurs. (Revue Neurologique. 1902, 1.)

(5) F. Saxo. Les localisations des fonctions motrices dans la moelle épinière. (An- vers ıX98, et Journal medical de Bruxelles, octobre 1898.)

CORRESPONDANCE 129

et De Buck qui avaient étudié des moelles d'amputés (1), les muscles de chaque segment de membre étaient représentés dans la moelle par une colonne cellulaire. Pour Marinesco (2), qui avait recherché expérimen- talement la localisation médullaire, non pas des muscles, mais des nerfs du membre supérieur, cette localisation était diffuse et Parhon et Popesco (3) arrivaient aux mémes conclusions pour les origines cen- trales du nerfs sciatique. Pour ces auteurs, en effet, chaque nerf tirait son origine de plusieurs noyaux, l'un principal, les autres accessoires. Discutant les résultats obtenus par les différents auteurs que je viens de citer et les comparant avec les enseignements de la clinique, je faisais observer qu ils étaient en complète discordance. L'atrophie musculaire myélopathique présente en effet une topographie spéciale, qui ne con- corde nullement avec les résultats anatomo-pathologiques ou expéri- mentaux auxquels étaient arrivés les auteurs précédents. Jamais tout d'abord elle n'affecte le type segmentaire. Que l'on considere en effet l'une ou l'autre des formes cliniques suivant lesquelles se présentent à nous les atrophies de cause myélopathiqne, qu'il s'agisse du type Aran- Duchenne ou du type scapulo-huméral, il est facile de voir que ces types sont la négation même d'une localisation motrice segmentaire. Si cette dernière existait, si la moelle contenait des groupements moteurs corres- pondant à des segments de membres, on devrait observer en clinique des atrophiques à type segmentaire. Or, et j'insistais là-dessus, dans latrophie la plus strictement limitée en apparence aux muscles de la main type Aran-Duchenne au début il existe toujours un certain degré d'atrophie du groupe cubital des fléchisseurs du poignet et des doigts, tandis que les extenseurs correspondants sont normaux comme volume et comme fonctions (4). Pour le type scapulo-huméral il en est de méme et on n'a pas encore vu d'exemple d'atrophie du deltoide, du biceps et du brachial antérieur, sans que le long supinateur participe à l'atrophie. D'un autre côté a-t-on jamais rencontré une atrophie des muscles de l’avant-bras avec intégrité de ceux de la main et du bras ? Dans la théorie segmentaire c'est une seule colonne cellulaire qui four- nirait à la fois aux muscles à fonctions opposées de chaque segment de membre fléchisseurs et extenseurs. Comment expliquer avec cette théorie l'intégrité des extenseurs du poignet et des doigts dans le type Aran-Duchenne au début? Comment expliquer encore avec cette théorie les faits d'atrophie musculaire dissociée des muscles de la main

(1) VAN GEHUCHTEN et Dx Buck. La chromatolyse dans les cornes anterieures de la moelle épinière après la désartriculation de la jambe fYournal de Neurologie, 1898) et Contribution à l’étude des localisations des noyaux moteurs dans la moelle lombo- sacrée. ( Revue Neurologique, 1898.)

(2) ManiNEsCO. Contribution à l'étude des localisations des noyaux moteurs dans la moclle épinière. (Revue Neurologie, 1898, p. 463.)

(3: PARHON et Porrsco. Sur l’origine réelle dn nerf sciatique. (Roumanie médicale, 1899, 2.)

(14) Voy. fig. 105, p. 596 de ma Sémiologie.

130 JOURNAL DE NEUROLOGIE

comme dans le cas de Prevost et David (1874) ou comme dans celui que j'ai actuellement dans mon service, ayant trait également à une atrophie dissociée des muscles de la main par paralvsie infantile et dont la topographie est la suivante : atrophie totale du court abducteur, du court fléchisseur et de l'opposant du thénar avec intégrité complète de l'adducteur du pouce et de tous les interosseux. S'il existait une colonne cellulaire pour les muscles de chaque segment de membre, une pareille dissociation ne pourrait s'observer. Toutes les considérations basées sur l'anatomie pathologique et sur la pathologie expérimentale ne prévaudront jamais contre ces faits qui sont d'observation journalière.

Après avoir discuté cette question de la topographie segmentaire, j'ai recherché si la topographie motrice médullaire était d'ordre périphé- rique. Marinesco, Parhon et Popesco avaient montré par la pathologie expérimentale que chaque nerf tirait ses origines de plusieurs noyaux, l'un principal, les autres accessoires et que par conséquent la localisa- tion motrice médullaire des nerfs était diffuse. Comme la topographie de latrophie musculaire myélopathique n'est pas distribuée suivant le trajet périphérique des nerfs, mais que cette topographie se présente selon un certain ordre, ordre qui pour chaque segment médullaire lésé est toujours le méme, n'ayant rien à voir avec la répartition périphérique des nerfs mais correspondant à celle des racines antérieures, j'avais conclu que la localisation motrice médullaire des muscles n'était pas diffuse.

C'est en me basant également sur cette distribution radiculaire de l'atrophie, que je n'admettais pas l'idée de M. Sano, que chaque muscle avait un noyau distinct. Ici, en effet, ce que nous enseigne la méthode anatomo-clinique est contraire à cette maniére de voir, car non seule- ment on n'a pas encore observé un seul cas d'atrophie myeélopathique limitée à un seul muscle ce qui à la rigueur ne serait pas une preuve péremptoire, car on peut toujours dire que la lésion n'est pas assez limitée pour produire cette particularité mais, dans un groupe mus- culaire atrophié on ne voit pas un muscle isolé étre respecté par l'atro- phie, mais bien plusieurs muscles, dont l'action commune correspond à une fonction spéciale et dont l'innervation correspond également à une distribution radiculaire déterminée.

Telles sont les raisons qui m'avaient fait admettre queles localisations motrices médullaires étaient d'ordre radiculaire.

Depuis l'époque j'ai émis cette opinion de nombreux travaux ont paru sur cette question et les divergences persistent toujours entre les auteurs. (Knape, De Neef, Parhon et Goldstein, Marinesco, Druce).

Knape (1), qui a étudié l'état de la moelle épinière chez des chiens auxquels il avait sectionné les nerfs du membre antérieur, admet que les

(1) Ernest v. KNAPE. Ueber die Veränderungen im Rückenmark nach Resection einiger spinaler Nerven der vorderen Extremität. (Ziegler’s Beiträge zur pathol, Anatomie, XXIX.)

CORRESPONDANCE 131

différents groupes des cellules radiculaires ont probablement différentes fonctions : les muscles extenseurs étant localisés plus particulièrement au centre de la corne et les fléchi-seurs plutôt dans ses parties latérales. Mais 1l admet aussi que tous les groupes cellulaires prennent plus ou moins part à la formation d'un nerf spinal dans les segments ce nerf prend naissance et que, partant, vu l'absence de délimitation anatomique et physiologique nette de ces groupes cellulaires, on ne peut les com- parer aux noyaux des nerfs crâniens.

Pour De Neef (1), et conformément à l'opinion de Van Gehuchten et De Buck, Van Gehuchten et Nélis, les localisations motrices seraient segmentaires. Pour cet auteur, dont les expériences, consistant en rup- tures de nerfs, ont porté sur le chien et le lapin, il existerait quatre colonnes cellulaires, donnant chacune naissance aux nerfs qui se ren- dent à chaque segment du membre thoracique épaule, bras, avant- bras, main.

Parhon et Goldstein (2), qui ont publié plusieurs travaux sur cette question, disent qu'aucune des théories segmentaire, nerveuse péri- phérique, musculaire n'est satisfaisante. Pour eux, les localisations sont en rapport avec les fonctions des muscles, « les localisations mo- trices spinales seraient donc de nature fonctionnelle ».

Marinesco (3), qui, récemment, a de nouveau étudié la question des localisations motrices spinales chez le chien. admet que les troncs ner- veux n'ont pas un noyau unique. mais que la colonne cellulaire qui représente ce noyau se bifurque sur son trajet. Cet auteur admet que, pour l'innervation du membre antérieur ses expériences ont porté sur le chien, « ce n'est pas à la localisation motrice segmentaire qu'il faut recourir pour expliquer la disposition naturelle des groupes » et que « l'arrangement en groupes des cellules radiculaires et l'agencement de ces groupes entre eux sont gouvernés par les lois qui ont été énoncées par Cajal pour certaines dispositions anatomiques des centres nerveux ».

Dans le travail au sujet duquel j'écris la présente lettre, M. Sano (4) maintient sa première manière de voir, sans du reste apporter de faits

(1) DE Neer. Recherches expérimentales sur les localisations motrices chez le chien et chez le lapin. (Ze /Vérraxe, tome III, 1901, fasc. I.)

(2) PARHON et GOLDSTEIN. L'origine réelle du nerf circonflexe. (Rerue neurologique, 1901, p. 486.) ۳۹

Des MÊMES. Die spinalen motorischen [.ocalisationen und die Theorie der Meta- merieen (Veuro!. Centralbl., 1901, p. 935 et 985 )

Des MÊMES. Quelques nouvelles contributions à l'étude des localisations médul- laires. (Journal de .: Neurologie, 1901, n* 25, et 1902, n? I.)

(3) MARINESCO. Recherches expérimentales sur les localisations motrices spinales. (Revue neurologique, 1901, p. 577.)

(4) F. Saxo. Les localisations motrices dans la moelle lombo-sacree (Journal de Neurologie, 1897, p. 253 ) Les localisations motrices dans la moelle épinière. (An- vers, 1897, et Congrés de Bruxelles, 1357.) Nucleus diaphragmis. (Journa! medical de Bruxelles, 1808.)

M. Sano a recherché la chromatolyse dans trois cas d'amputation de la jambe et dans un cas de désarticulation de la cuisse. Ce dernier cas seul est probant. Dans les trois

132 JOURNAL DE NEUROLOGIE

nouveaux à l’appui de son opinion, que « chaque muscle a son noyau d'innervation distinct » et que « comme dans le bulbe, la protubérance et le pédoncule cérébral, il existe dans la moelle épiniére des noyaux moteurs déterminés pour chacun des muscles qui en reçoivent leur innervation ».

Or, lorsque l'on recherche sur quels documents s'est appuyé M. Sano pour nous donner, en 1897, dans un schéma de la moelle de l'homme, une représentation des noyaux des muscles des membres et du tronc, on ne peut s'empécher de remarquer que ces documents sont peu pro- bants, et de trouver pour le moins très théoriques les conclusions anato- miques que cet auteur en a tirées. Ainsi que le fait remarquer Mari- nesco (1), « un grand nombre de localisations que donne Sano pour les différents muscles ne résultent pas de recherches expérimentales ou bien de documents anatomo-pathologiques indiscutables, aussi un bon nom- bre de ces localisations ne peuvent étre admises qu'à titre provisoire et d'autres sont inadmissibles ». Je suis du méme avis que Marinesco et je me demande méme comment M. Sano a pu localiser, chez l'homme, les noyaux des muscles des membres inférieurs en étudiant la moelle dans des cas d'amputation. Dans le cas d'amputation, la réaction cellulaire correspond à quoi? Nature'lement à la section des troncs nerveux. Dans les cas de M. Sano, il s'agissait damputations du membre infé- rieur, la chromatolyse correspond à la section des nerfs du membre inférieur sciatique, crural, obturateur et permet de localiser dans la moelle l'origine des fibres motrices contenues dans ces trois nerfs, au-dessous de leur section. C'est ce qu'ont fait Van Gehuchten et De Buck, Van Gehuchten et Nelis. Marinesco, De Neef, Knape, Parhon et Popesco, etc. Mais de à localiser dans la moelle /es novaux des mus- cles innervés par ces fibres sectionnées, il y a un abime.

M. Sano, dans son dernier travail, donne, comme confirmatif de son opinion que chaque muscle a un noyau spécial, ce fait que le nerf phré- nique possède un noyau indépendant et nettement circonscrit. « Plus personne », dit-il, «ne met en doute la localisation du noyau du dia- phragme. Les neurones moteurs qui entrent dans la constitution du nerf diaphragmatique ont leurs corps cellulaires groupés en un long noyau spinal qui occupe la partie centrale de la corne antérieure, depuis la partie inférieure du troisième segment cervica jusqu à la partie moyenne du sixième segment. Les corps cellulaires de grandeur moyenne sont groupés en petits novaux secondaires superposés, dont les supérieurs, ou apicaux, innervent les faisceaux antérieurs du dia- phragme qui s'attachent à l'appendice xyphoide; les groupes moyens,

autres, en effet. il s'azissait d'abcès ou d’ostéites d’origine tuberculeuse, l'état chromatolytique ne peut être mis uniquement sur la reaction due aux sections des nerfs, d'autant plus que, dans un de ces cas, la mort a eu lieu six heures apres l'opera- tion et, dans les deux autres, cinq et sept mois apres.

(1) MARINESCO. Loco cilato. (Revue neurologique, 1901, D. 579.)

CORRESPONDANCE 193

successivement les différents faisceaux moyens du muscle ; et les grou- pes inférieurs, ou caudaux, les piliers du diaphragme. » Ici ce n’est déjà plus des noyaux moteurs de muscles que M. Sano localise,mais bien des noyaux de fractions de muscles. Or, Kohnstamm (1) insiste particu- lierement sur ce fait qu'il n'existe pas un noyau supérieur pour la partie antérieure du diaphragme et un noyau inférieure pour sa partie lom- baire, et que les cellules correspondantes sont plus ou moins mélangées ensemble.

Cette localisation du noyau du diäphragme est-elle, du reste, si bien établie que le dit M. Sano? Je n'en suis pas absolument convaincu. Nous savons,par les travaux de Kaiser, Sano, Kohnstamm, Marinesco (2), qu'il existe un noyau pour le nerf phrénique, mais noyau du nerf phré- nique et noyau du diaphragme ne sont pas des termes équivalents, car, outre l'anastomose que fournit habituellement le nerf phrénique au nerf du muscie sous-clavier, il donne encore une branche terminale impor- tante à la capsule surrénale et au plexus solaire.

La théorie de la localisation motrice musculaire ne pourra étre admise que lorsque, par la pathologie expérimentale, on aura démontré que, chez l'animal, l'excision des différents muscles soit des membres, soit du tronc, détermine toujours dans la meme région de la moelle, c'est à- dire dans la méme colonne cellulaire, l'état chromatolytique d'un groupe cellulaire nettement circonscrit et délimité. Jusqu'à ce que cette démonstration ait été faite, l'opinion de M. Sano restera une pure et simple hypothèse, qui n’est appuyée sur aucun fait précis.

Or, à lire les nombreux et consciencieux travaux basés sur la patho- logie expérimentale qui ont paru sur cette question, on n'est pas pres de voir se réaliser ce désideratum (3). Il parait d'autant plus difficile à réa-

(1) KOHNSTAMM. Zur Anatomie und Physiologie des Phrenicuskerns. (Zortschritt der Medicin, septembre 1808.)

(2} MARIXESCO. Origine rcelle du nerf phrénique. (Soc. med. des hôpitaux de Paris, séance du 16 décembre 1868.)

Chez le cnien, ce noyau est « repré<enté par un groupe de cellules bien défini, qui occupe une position intermédiaire entre le groupe antero-interne et le groupe antéro- externe de la corne antérieure ct s'étend de la partie inférieure du quatrième segment cervical jusqu'à la moitié inférieure du sixième segment cervical D'après le même auteur, chez le lapin la localisation se ferait dans plusieurs colonnes de cellules. « Chez le lapin, dit Marinesco, j'ai constaté, après la section des branches supérieure et inférieure du nerf phreuique, une réaction non seulement cans le groupe central, mais aussi dans le groupe lateral. Au niveau du quatriéme segment cervical, on trouve des cellules en reaction dans le groupe intermediaire et central, mais, à mesure qu'on de:!cend vers le cinquième segment cervical, ıl apparait des cellules altérées dans le groupe latéral, cccupant, au niveau de ce segment, une bonne partie du groupe laté- ral, » D'après Marinesco, chez le lapin, le noyau du nerf phrenique aurait donc une localisation diffuse. Pour Kohnstamm. par contre. qui a également expérimenté sur le lapin, ce noyau serait limité à une seule colonne cellulaire.

(3: Parhon et Goldstein, dans un cas d’extirpation double du grand et du petit pec- toral chez l'homme à la suite d'un. cancer, : nt trouvé trois groupes cellulaires en réaction. et font. observer que cette alteration. de trois groupes de cellules à la suite de l'extirpation de deux muscles ne concorde pas completement avec la théorie des localisations musculaires. De même, après l’extirpation du grand complexus chez le chien, les lésions cellulaires ne sont pas limitéss à un seul groupe. (Veurol. Centralbl.,

1901, p. 989.)

134 JOURNAL DE NEUROLOGIE

liser que, pour certains auteurs, pour De Neef entre autres, l’ablation des muscles ne determine pas dans la moelle de lesions cellulaires appréciables.

Du reste, plus je réfléchis à cette question, plus je suis convaincu que le dernier mot restera à la méthode anatomo-clinique. La clinique nous a montré que l'atrophie musculaire myélopathique a une topographie qui correspond à la distribution des racines antérieures et, un jour ou l’autre, l'anatomie pathologique nous montrera les groupes cellulaires qui commandent cette distribution.

En me basant sur la topographie radiculaire de l'atrophie myélopa- thique pour dire que la localisation motrice médullaire ne pouvait être ni segmentaire, ni diffuse, ni musculaire, mais qu’elle devait être radi- culaire, j'ai fait une déduction tout aussi logique que celle que font les physiologistes et les cliniciens qui, excitant l'écorce cérébrale chez le singe ou chez l homme et obtenant des mouvements d'ensemble, con- cluent que dans l'écorce il ny a pas de centres de représentation de mouvements isolés, mais bien de mouvements adaptés à un but déter- miné ou, en d'autres termes, à une fonction.

Dans un récent travail (1), Bruce, auquel nous devons de connaitre, avec plus de précision qu'autrefois, les groupements cellulaires de la moelle humaine (2), Bruce arrive à des conclusions qui me paraissent conformes à ma manière d'envisager les localisations motrices médul- laires comme étant d’ordre radiculaire. Cet auteur a recherché la chro- matolyse chez l'homme dans deux cas, l'un d'amputation au-dessus du genou, l'autre de désarticulation de la hanche. Certains muscles, tels que le psoas-iliaque, le pectiné, le petit et le moyen fessier, peut-être méme letriceps crural, sont localisés par Bruce dans deux colonnes cellu- laires différentes groupe antéro-latéral et groupe postéro-latéral. Cet auteur, comparant les résultats anatomiques qu'il a obtenus avec ceux de Ferrier, Thorburn, Kocher, dit que ses résultats sont en connexion remarquable avec ceux de Ferrier. Bruce donne, en effet, à la fin de son travail, un tableau synoptique il met en regard, segment par seg- ment, d’une part, la topographie radiculaire des muscles des membres inférieurs, constatée par les physiologistes et les cliniciens (Ferrier, Thorburn, Kocher) après excitation expérimentale ou lésion patholo- gique des trois dernières racines lombaires et des racines sacrées et, d'autre part, la localisation anatomique à laquelle il est arrivé pour ces mêmes muscles dans ses deux autopsies. Les différences avec les résul- tats de Thorburn et de Kocher sont faibles, avec ceux de Ferrier elles sont minimes.

Pour terminer enfin la liste des objections que m'a faites M. Sano, je citerai encore cette phrase : « Une expression reprise par Dejerine et

(1) A. BRUCE. À contribution to the Localisation of the motor Nuclei in the spinal cord of Man. (The Scottish Medical and Sua vical Journal, 1901, p. 485.)

(2) A. BRUCE. Topographical atlas of the spinal cord. Londres, 1901.

CORRESPONDANCE 135

qu'il est bon de dénoncer comme absolument incorrecte avant qu'elle passe dans le langage courant est celle de métameérie spinale. » M. Sano n'a certainement pas lu ce que j'ai écrit à ce sujet, car il me préte une opinion que je n'ai jamais émise : j'ai, en effet, consacré plusieurs pages de ma Sémiologie à démontrer qu'il n'existe pas de métamérie spinale, pas plus pour la motilité que pour la sensibilité.

Dans leur dernier travail, MM. Parhon et Goldstein s'expriment ainsi au sujet de mon opinion sur les localisations motrices dans la moelle : « Relativement aux localisations motrices, Dejerine a soutenu récemment qu'elles sont d'ordre radiculaire, c'est-à dire que chaque racine serait représentée dans la moelle par une colonne cellulaire. Si d'autres preuves contre cette maniére de voir nous manquaient, il nous semble qu'il suffirait de regarder sur une coupe de n'importe quel seg- ment pour que, voyant la facon dont les cellules sont groupées, on puisse se convaincre du contraire. Mais les faits existent et sont assez nombreux. Il s'agit des recherches de Sano, Van Gehuchten et De Buck, Van Gehuchten et Nelis, Van (:ehuchten et De Neef et de nos propres recherches, faites à l'aide de l'anatomie pathologique, et des recherches expérimentales de Sano, Marinesco, Parhon et Popesco, Parhon et Goldstein, Kohnstamm, etc. Comme le remarque trés justement Sano, Dejerine n'a tenu aucun compte de ces faits (1). »

MM. Parhon et Goldstein ne citent pas exactement mon texte, car voici ce que j'ai dit : « En résumé, rien ne prouve quil existe dans la moelle des localisations motrices segmentaires, ainsi que l'admettent Van Gehuchten et De Buck. Il n'y a pas non plus une localisation diffuse ( Marinesco), 1l n'y a pas davantage une localisation motrice pour chaque muscle du corps (Sano). Tout démontre, au contraire, ainsi que je viens de l'exposer, que dans la moelle la localisation motrice est une localisation radiculaire. En d'autres termes, les racines antérieures de la moelle épiniére proviennent de noyaux étagés les uns au-dessus des autres dans toute la hauteur de l'axe gris antérieur, chaque noyau ne fournissant de fibres qu'à la racine correspondante. On verra plus loin qu'il en est de méme pour les localisations de la sensibilité (2). »

Je n'ai donc pas parlé de colonne cellulaire, mais bien de noyaux, ce qui est tout différent ; je n'ai pas dit non plus que ces noyaux fissent partie d'une seule colonne et j'ai suffisamment étudié la moelle épiniére pour savoir, au moins aussi bien que MM. Parhon et Goldstein, qu'il y a plusieurs colonnes cellulaires dans chaque segment médullaire et que chaque racine tire son origine de plusieurs colonnes. Ces auteurs disent qu'il suffit de regarder « une coupe de n'importe quel segment » pour prouver que mon opinion n'est pas exacte. Je crois qu'ils seraient em- (1) Fournal de Neurologie, 1902, 1, p. 15. (2) Page 793 de ma Semiologie.

136 JOURNAL DE NEUROLOGIE

barrassés de prouver « par la façon dont les cellules sont groupées » qu’il ne peut y avoir dans la moelle une localisation ۰

Dans un traité de Sémiologie, taisant par conséquent de la clinique, je me suis borné à indiquer d'une manière générale les conditions ana- tomiques qui me paraissaient pouvoir expliquer la topographie radicu- laire des amyotrophies de cause spinale. Je n'ai eu nullement l'intention d'aller plus loin et d'établir une localisation anatomique au sens propre du mot. C'est sur ce terrain clinique que j'entends rester, jusqu'au jour l'on aura montré que la topographie radiculaire de l'atrophie muscu- laire myélopathique peut étre expliquée par l'une ou l'autre des théories actuellement régnantes sur les localisations motrices médullaires théorie segmentaire, théorie nerveuse périphérique, théorie musculaire. J'ajouterai enfin que MM. Parhon et Goldstein, en inclinant vers la possibilité « d'une localisation fonctionnelle » sont peut-étre moins éloi- gnés qu'ils ne le pensent de la théorie radiculaire.

A la liste des travaux dont M. Sano me reprochait de n'avoir pas tenu compte objection à laquelle je crois avoir suffisamment répondu MM. Parhon et Goldstein en ajoutent encore d'autres, en particulier les leurs et celui de De Neef. Il est vraiment étrange, pour ne pas dire plus, que l'on demande à un ouvrage paru en 1900 de contenir l'analyse ou la critique de travaux publiés en 1901.

Veuillez recevoir, Monsieur le Directeur et cher Collègue, l'assu- rance de ma considération distinguée. J. DEJERINE. Thalgut (Berne), le 14 février 1902.

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 22 février 1902. Présidence de M. le D' GLORIEUX (Suite)

Syndróme sensitivo-moteur aveo hémiopie externe bilatérale (Présentation du malade)

M. CROCQ. Ce malade est âgé de 33 ans; son père est mort à l’âge de 40 ans d'une dyssentérie qu'il contracta dans les colonies ; sa mère est actuel- lement âgée de 65 ans; il a eu six sœurs dont quatre sont mortes en bas âge.

Les antécédents personnels ne contiennent rien de marquant jusqu'en 1892, époque à laquelle il fut atteint, à Batavia, du béribéri. Cette polynévrite affecta, chez lui, la forme cedémateuse et nécessita trois années de traitement pour disparaitre complétement.

Revenu en Europe, le malade exerça le métier de graveur qu'il abandonna, '] y a deux ans, pour devenir peintre en bätiment. Il prétend n'avoir pas eu la syphilis.

COMPTE RENDU 137

Il y a un an, il ressentit une grande lassitude, il fut pris de fièvre et de douleurs violentes dans ies jambes. La motilité des membre: inférieures s'affaiblit progressivement. Il y a quatre mois et demi, il éprouva des douleurs dans les doigts médians des deux mains, ainsi qu'une fatigue trés grande dans les membres supérieurs et de la céphalalgie. Depuis lors, ces phénoménes s'aggravérent de plus en plus, il eut des vomissemeuts spasmodiques fréquents; il y a quelques jours, il présenta de l'otorrhée à gauche.

Actuellement la motilité est affaiblie dans les quatre membres, mais prin- cipalement dans les jambes; tous les réflexes tendineux sont exagérés, il y a clonus rotulien et du pied des deux côtés; Je reflexe du fascia lata est forte- ment exagéré des deux côtés, bien que le réflexe plantaire en flexion soit abo/r. Le crémastérien et l’abdominal sont normaux. Du côté des yeux, M. Van den Berghe, oculiste de l'hôpital, a trouvé une #émsopre externe bilatérale, ainsi qu'un affaiblissement de la convergence. Interrogé au sujet de sa vue, le malade déclare que ce sens s’est considérablement affaiblie depuis quelque temps. Il ajoute que, lorsqu'il veut lire, il voit double, tandis que lorsqu'il regarde à distance il perçoit des images uniques. Ce phénomène est ES sans doute, à la faiblesse de la convergence.

Tenant compte des antécédents du patient, on pourrait, en présence des symptômes sensitivo-moteurs qu'il présente, croire à une nouvelle atteinte de polynévrite, l'infection béribérique ayant été remplacée par une infection banale susceptible de frapper des nerfs moins résistants.

Cette hypothèse est plausible ; un seul phénomène paraît la contredire, c'est l'hémiopie externe bilatérale.

Vous savez, Messieurs, que les nerfs optiques de l'homme ne subissent, dans le chiasme, qu'une sépz-décussatin ; il en résulte que les parties externes ou temporales des deux rétines sont innervées par le nerf homolatéral, tandis que les parties internes ou nasales sont desservies par le nerf hétéro-latéral. L'hémiopie externe bilatérale ne peut donc relever que d'une lésion bilaté- rale soit des deux nerfs optiques, soit de leurs centres cérébraux. Mais on a signalé aussi des cas d'hémiopie hystérique.

Chez notre malade, on peut émettre plusieurs hypothéses : ou bien tous les phénoménes qu'il présente sont causés par une affection cérébrale bilatérale, ou bien ils sont dus à la polynévrite, ou bien encore les troubles sensitivo-moteurs des membres dépendent de la polynévrite tandis que les symptómes oculaires résultent de l'hystérie.

De ces trois hypothèses, c’est la première qui me sourit le plus: je crois qu'il s'agit d'une affection cérébrale bilatérale. Rien ne nous permet, en effet, de soupçonner l'hystérie chez ce sujet tandis qu'il présente des signes bien nets de maladie nerveuse organique, d'autre part, la polynévrite, pour pro- duire l'hémiopie, devrait atteindre la moitié externe des deux nerfs optiques, ce qui est difficile à comprendre. Eufin, les vomissements spasmodiques qu'a présentés le malade ainsi que son otorrhée plaident en faveur d'une lésion intracránienne.

Je ferai remarquer que, chez ce malade comme chez plusieurs autres, dont je vous ai déjà parlé, il y a drssocration des deux reflexes plantaires, le réflexe normal des orteils en flexion (de Babinski) étant aboli, alors que celui du fascia lata (de Brissaud) est exagéré.

438 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Tremblement hydrargyrique avec dissociation des réflexes tendineux et cutanés

(Présentation du malade)

M. CROCO. Ce malade est àgé de 39 ans; ses parents sont morts vers l’âge de 60 ans ; cinq fréres et sœurs ont succombé en bas-âge, un seul vit en- core. Cet homme travaille dans les peaux de lapins depuis vingt ans, il manie donc journellement le mercure. Il avoue l'usage modéré de l'alcool. Il y a dix ans, il a présenté une légère atteinte de tremblement, qui disparut spontané- ment par le repos.

Il y a quelques mois, le tremblement revint et acquit une telle intensité qu’il força le sujet à entrer à l'hôpital. À ce moment (24 Janvier), tous les muscles du corps étaient animés d’un tremblement vibratoire à oscillations rapides, existant aussi bien au repos que dans les mouvements volontaires. La marche était presque impossible, la parole était défectueuse. Les réflexes ten- dineux étaient considérablement exagérés, les cutanés étaient abolis, celui du fascia lata ne pouvait étre decelé à cause de l'état de contraction permanente daus lequel se trouvaient les muscles des membres inférieurs. Il y avait clonus du pied des deux cótés.

Actuellement, vous pouvez constater encore la présence du tremblement généralisé, qui a cependant notablement diminué ; les réflexes tendineux sont toujours exagérés, les cutanés abolis et le clonus du pied existe encore.

Ce cas est remarquable par l'extrême intensité du tremblement hydrargy- rique ainsi que par la dissociation si manifeste des réflexes tendineux el cutanées et par la présence du clonus du pied.

Cette dissociation des réflexes tendineux et cutanés confirme ce que je vous ai dit il y a plus d'un an en vous présentant un certain nombre de malades de mon service, à savoir que l'antagonisme des réflexes ne possède pas la valeur Pathognomonique qu'on a cru pourvoir lus donner (1).

Cette manière de voir vient, du reste, d'être confirmée par les recherches de Jan Chadzynski, consignées dans sa thèse inaugurale (2).

L'existence du clonus du pied confirme cette assertion, que je soutenais également l’année dernière, que Ze c/nnısme lendineux, bien. que souvent causé par une affection organique, Peut cependant se produire sous l'influence d'un état névrosique ou tuxs-snfectieux (3).

Analyse des mouvements et de la sensibilité dans l'anesthésie par l'éther M'** IOTEYKO et STEFANOWSKA. (Voir le travail original paru dans le précédent numéro, p. 101.) Réflexe plantaire oortical et réflexe plantaire médullaire M. CROCO. (Voir le travail original paru daus le précédent numéro,

p. 104.)

(1) Voir Journal de Neurologie, 5 fevrier 1901 p. 45.

(2) JAN CHanzyxski. Des réflexes tendineux et cutanés et de leur dissociation dans les maladies du système nerveux. (Thèse Paris, 1902.)

(3) Voir Journal de (Neurologie, 1901 p. 21.

BIBLIOGRAPHIE 139

La contraction paradoxale de Westphail et le réflexe plantaire combiné ou paradoxo-normal

M. HELDENBERGH. (Voir le travail original paru dans le précédent numéro, p. IIO.)

——— Ad) ea ——

BIBLIOGRAPHIE

LES ALIENKS DANS LES PRISONS (aliénés méconnus et condamnés), par F. Pactet et Henri Colin. (Petit in-8'. Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire. Masson, édi- teur. Prix : fr. 2.50.)

Cet ouvrage fait suit au travail des mêmes auteurs sur Les aliénés devant la Justice (aliénés méconnus et condamnés), dont il constitue le complément indispensable.

Après avoir examiné, dans Les aliénés devant la Justice, les différents crimes et délits que peuvent commettre les aliénés et łes conditions diverses dans lesquelles des indi- vidus nettement irresponsables ont pu ŝire frappés par la Justice, MM. Pactet et Colin suivent les malades aans ks prisons ol ils ont été envoyes.

Laissant de côté l-s épileptiques, les hysteriques, les fous moraux, les individus pla- cés sur la frontière du crime et de la folie, ce qui, à la grande rigueur, expliquerait la severile des tribunaux à leur égard, faisant abstraction également des criminels à con- damnations multiples devenus aliénés, les auteurs s'attachent exclusivement aux malades délirants dont l'acte délictueux, sous la dépendance immédiate de l'affection mentale, a été la cause de leur premiere et unique condamnation.

Ces inalades sont en nombre considérable dans les prisons, les colonies pénitentiaires de jeunes détenus et les lieux de dét:ntion militaire. MM. Pactet et Colin recherchent les causes de cet état de choses, examineut la facon dont se fait dans les prisons le con- trole médical de l'état mental des détenus. Ils citent à l'appui de ce qu'ils avancent un grand nombre d'observations cliniques.

Le dernier chapitre traite des reformes à opérer pour remédier à une situation déplo- rable, au doub'e point de vue de la justice et de l'humanité. Les auteurs insistent par- ticulièrement sur la réforme de l'expertise médico-légale et sur l'organisation d'un controle médical régulier de l'état mental des individus enfermés dans les lieux de détention. C'est la conclusion nécessaire des deux ouvrages : Les aliénés devant la Justice et Les aliénés dans les prisons (aliénés méconnus et condamnés.

Des tableaux annexés à ce volume donnent la nomenclature dəs malades observés à l'Asile de Gaillon, de 1894 à 1970, auxquels un examen médical préalable eût évité l'en- voi en prison, avec une note sommaire sur leurs manifestations délirantes et l'exposé de leur conduite dans les établissements ils ont été à tort envoyés.

DIE SYRINGOMYELIE, eine monographie, par H. Schlesinger. (Leipzig et Vienne, Denticke, éditeur. In-4°, 600 pages et 88 figures. 1902. Prix : 17 M.)

Ce volume, dont la première edition remonte à 1594, coustitue une monographie com- plète concernant les syndrômes syringomyéliques. Dans ces dernières années, un très grand nombre de travaux ont paru sur cette question et les conclusions des auteurs sont loin d'être toujours concordantes.

ll appartenait à un homme érudit et autorisé de reprendre et de discuter les théories émises. Depuis plus de dix ans, Schlesinger s'occupe de la question de la syringomyélie ; il a observé plus de 120 cas cliniques et ses recherches anatomo-pathologiques portent sur environ 30 cas.

160 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Reflexe du tenseur du fascia lata et réflexe de defense à la piqûre de la plante per- sistent.

Les réflexes inguinal et abdominaux sont abolis.

Absence de troubles sphinctériens et trophiques.

L'examen de la colonne dénote une cvphoscoliose au nivcau de la septiéme dorsale l'examen radioscopique fait reconnaître également une augmentation de transpa- rence due à une destruction osse use.

Laminectomie le 11 fevrier 1902. Résection des arcs 6, 7, 8 dorsaux.

La moelle parais ant en bon etat, on decide de ne pas pousser plus loin l'opération. Suture, corset plâtré.

A partir de l'opération les réflexes tendineux des membres inférieurs se suppriment graduellement d’abord à droite, puis à gauche.

Il survient de la retention d’urine et des matières fécales, suivie bientôt d’inconti- nence.

Les réflexes cutanés sont absents, à part le Babinski.

Les reflexes de défense et l’automatisme médullaire s'exagèrent d’une façon marquée. Il suffit du moindre frôlement d’une region quelconque du membre inférieur pour faire naître le retrait total du membre, qui, d'ailleurs; eet agité de secousses spontanées à tout bout de champ.

Large décubitus sacré et fessier gauche. Plaques de dépigmentation, ademe des membres inferieurs. Températures vespcrales clevées. Consomption.

Exitus le 2 mars 1902.

Autopsie. Fracture de la septième vertèbre dorsale. A ce niveau, vaste collection purulente qui a en\ahi1le médiastin postéricur. La dure mère est indemne à ce niveau, mais la moelle s'y trouve comprimée sur un trajet d'environ 1 centimètre. Au reste, elle ne montre aucunc trase d'inflammation et la plaie opératoire sus-jacente est bien guerie.

L'examen microscopique devra nous montrer jusqu'à quel point la moelle était altéree au niveau du point de compression.

Cette observation offre de l'intérêt à des titres divers. Mais en attendant que j'en fasse une étude détaillée, je crois utile d'insister sur la marche des réflexes dans l'espèce, marche qui me semble être celle de la compression médullasre progressive. ۱

Dans un premier stade, on observe l'exagération des réflexes tendineux, combinée à la disparition des réflexes cutanés (dissociation) puis tous les réflexes normaux, qui passent par les voies longues, se suppriment, le réflexe des orteils en flexion étant remplacé par le réflexe en extension ou phéno- mène de Babinski, tandis que l’automatisme médullaire et les réflexes qui en dépendent, s’exagèrent jusqu'à donner lieu à une véritable folie réflexe et automatique.

Cet automatisme ne disparaît à son tour qu'en cas de lésion du segment médullaire sous-jacent à la compression.

M. CROCQ. L'observation de M. De Buck me paraît intéressante au point de vue de la localisation différente des deux réflexes plantaires que j'ai appelés : réflexe plantaire cortical et réflexe plantaire médullaire. Nous voyons ici, en effet, la disparition du réflexe normal en flexion de Babinski coincidant avec la conservation et méme avec l'exagératiou du réflexe du fascia lata de Brissaud. Le premier, dont le centre est cortical, a disparu sous l'influence de la compression progressive des fibres cortico-spinales, le deuxiéme a persisté, s'est mème exagéré, parce que ses centres médullaires n'ont plus été soumis à l'influence inhibitive du cerveau, tout comme les réflexes de la grenouille s'exagerent par la décapitation. Cette dissociation s'observe, du reste, fréquemment, ainsi que je l'ai plusieurs fois signalé et ainsi que cela ressort des statistiques de Chadzynski, dans l'hémiplégie céré- brale organique.

M. GLORIEUX.— Nous pourrions tous, dans le courant du mois prochain, contróler chez nos malades hémiplégiques les assertions de l'auteur signalé par M. Crocq : ce serait une contribution nouvelle apportée par la Société belge de Neurologie à l'étude si intéressante des réflexes. (AA suivre.)

i Ä AMADAN) ۳

ا بس تا A‏ ی N e‏ ا

۱ رک‎ e E: MR

^ 1 À M "Led Y 99 ینم کے‎

EREMO MR 0 ` BITTER &t ahai tD g GROC uM 1 DX. 7 | j UL d.

"Ti ۱ i 4^ ke

d

SSEME

"ip

ر و Be‏

A

H

D

H

»

x

VARIA

Le livre d'un révolté (Suc)

Nous continuons rnos citations :

« Ou nomine de plus en plus d'internes, à cause des nouveaux Lo, itaux, à cause aussi de la vauité batracienue de quelques chets de service, qui s'entlent pir leur entou- rage; car peu d'hoiuines ont assez de surface pour paraitre «scor.és quand méme ils marchent seuls.

» Kéjouissous-nous que les moyens de s'instruire les moyens, cert s, les plus puis- sants soient fournis à plus de jeunes gens. Quant au titre d'interne, à être prodigué il ne perd rien de sa valeur, pour la raison quil n'en possede aucune.,

» Ni quelques internes, en ellet, s'imaginent que, dans la pratique, leur titre sert à quelque chose, ils se mettent le doigt dans l'eil jusqu'à cette olécrâne qu'ils savent si bien n'étre qu'uue apopliyse de cubitus. Un vent d'égalité disperse les parcbemins, et le champ de pavots dis Tarquins n'est plus seulement de l'histoire ancieune. L'éta- lage des titres, quels qu'ils soient, n'importe pas au clic nt et indispose le confrére.

» PREMIERE HISTOIRE. « Mon Dieu, docteur, me disait-elle d'un agregé tout neuf, je crois que mon petit médecin est trés capable. I vient mème eucore d'ètre fh qu à un examen. J'ai preféré tout de méiie prendre l'avis d'un médecin serieux. »

» Définition : Un médecin séri ux est un medecin qui passe pour gagner de l'argent, comme, dans le langage des reines, un monsieur sérieux est un monsieur qui passe pour en donner.

» A.riome ; ltien ne deinonetise en clientele comme de « passer des examens ».

» Morale : Un peut être à la fois purée et médecin des hopitaux, ancien interne et vulgaire claque-patius.

» SECONDE HISTOIRE. Vous êtes bien honnéte, saluai-je, de m'appeler en consul- tation. Mais dites-moi donc, mon cher coufrére, ce qui me vaut cet honneur ? »

» « Mon cher, r?pondit-il, je vous ai fait venir parce que vous n'éles pas de la Faculté. »

» Memento : On commence à avoir assez des chers maitres qui gardent des airs pro- tecteurs et qui étouffent les gros honoraires.

» Devant le client, tous les docteurs en médecine sont égaux et ont des droits égaux. » « La liberié professionnelle est mise en péril chaque fois qu'un système thérapeutique est officiellement enseigné. Les sanctions pénales approchent pour les médecins qui ue soigneront pas toutes les fièvires typhoides par la méthode de Brand, toutes les diphtéries par la méthode de Roux. ۱

» L'art du praticien se reduira de plus en plus au diagnostic, dont il devra faire part à l'autorité ; le chien du commissaire viendra appliquer le systeme.

» Voici encore le traitement de la syphilis. L'émiuent professeur de dermatologie en parle deux fois par an, à son cours d'hiver et à son cours d'été. Il est vrai que, chaque fois, il en parle pendant six mois. Eh bien, son enseignement tout entier se résume aux trois propositions suivantes :

» Si un syphilitique a des accidents, donnez-lui du mercure jusqu'à la gauche;

» Si le malade n'a pas d'accidents, donnez-lui encore du mercure jusqu'à la gauche; » S'il n'a pas la syphilis, donnez toujours du mercure jusqu'à la gauche.

» Ce qui rappelle invinciblement le chef de gare qui criait d'une voie de ténor : « Les voyageurs avec bagages sortent par la pórte de droite ; et les voyageurs sans bagages sortent également par la porte de droite. »

» Si vous vivez dans cette hérésie que la syphilis, comme toute maladie aiguë ou chronique, présente des indications, et que vous en êtes le seul juge ; si vous pensez qu'un règlement médico-administratif ne vous guidera jamais aussi bien que l'obser- vation du malade et votre jugeotte, vous étes un suspect, et la loi vous saisira bientot. Les contraventions seront d'ailleurs extrámeut fréquentes ; car il suffit maintenant, pour qu’un nerveux ou un tordu soit convaincu de syphilis, que sa tante ait fait une fausse-couche ou que son grand-papa ait contemplé la facade des Folies-Bergóére. »

NEMO.

Zi e ns Am 7

ne geet Cor m d Ne‏ 0ھ" uns E‏

ا و 2

$ بد‎ SAC SEN y : n A A an 1 EE (Mën V E CB

it gh BECH

d din VY

۱ ان‎ TY 0 NE 7 gn V Prijs = tege on Oe RIEN dH kenty Myu ای ۳17ر‎ v ۱ ! M CU ahvetres: Marien bad ا‎ : ` Ouatatlasgoe- ' یا و‎ 6 6100-06 crist Ravi li At T = Die ET AS ما‎ Nase. | x avi oye Via; He oH e 0 pau ا‎ "Bud, fic Coeurs 33. vfu. Mariani. یں‎ Fame Ren "SES: alay A

۸۱ ۱

CH P تا‎ i i A Bade Wake n Mo os 25 Pu dec PUE, VE

+

WAS:‏ عو اڈ او وو هی s ons‏ کتک رلک باه ای SE EOM fe rom ip Biscardi‏ E Vichy, n ۱1: 1 :‏ Mae Foucher p AH‏

We, ^

As hola RM did CHRON dua Cane p: 3 5 CN 0 or 2 ا‎ Ce

EE Oe e E ae 3 ENT Y: sudes e id

; NS net que Re H eent ybe Peniel

Res fe BE x Sal

Seti کان‎ E رده‎

ar سس و ی‎ : «Ca Ha iei GE 70 ان کت و ا‎ raue GOERS E DNS و سا‎ y ge. ۱ We او‎ e Med. Honnnel., 7

ee E TEE. oo re ee RASHES چ‎ €DULTES

P di réie, tivii O Dion, Tune : e

i Vis pe fae, Ure.

Pe و‎ SE dum SE Ce GC i^ uM EE Son n een E $ te Late? Ge

*éty vti

Farine Maltée Vi H " AUTODIGESTIVE: 14 da 'deule: qui se gère. Telle méme |

rO î dure ` RL « Bois s:

F AVANT PENDANT ET ARE $3 23٦۷۸4۶ 2 ۱ rate denne get lascroissause Fame a) Patent 8 agréable, HUE TE Te ei bc -C-fdmique, Prescrite unsal aut. SEN En eis im TEE x E

F EOMOL X PRAS M: A: AUR 26 "ا‎ Ma ES Bu de Kinds. ی هم‎ e FR Reese A Ä Art PG. (68 pre FEAR dis

NOR d AL PAT la^ 14 eut IS Ay sen H N engine? ER BEDINGIN ES, موم شا‎ Hans x Je ee REVERSES WEDRASTWEN: £ 0 ME, jer

| ۳

A"‏ سپ uw‏ سے AT‏

—— مہ‎ TU AI mL e es ep حسم‎

EE T Kt 5 + یم بر‎ z

C VIANDE QUIA FER رت‎ quus puissant - SEGENWE C ATEUR A ` preeeen Sr ies و ا‎ | Ahnen de? وه‎ BAS "te? ii ۳۰ و و رن نو‎ Ei pits: Hei d او تو‎ SR ERES uus :

T D وتو‎ gar: re ma var em E

d‏ وه هک

TRAVAUX ORIGINAUX

Un cas de névrose traumatique grave

par J. CROCQ

Piésentation du malade à la Société belge de Neurologie, séance du 26 avril 1902

Vous savez, Messieurs, combien importante et souvent difficile est l'interprétation des accidents nerveux dus aux traumatismes. Nous avons tous eu l’occasion, au cours de notre carrière neurologique, d’être appelés à donner notre avis concernant des cas de ce genre et je ne crois pas me tromper en disant qu'à tous aussi, il nous est arrivé d'être embar- rassés lorsqu'il s'agissait d'établir le pronostic et de trancher la question de savoir si tel cas se rapportait à une lésion organique du systéme ner- veux ou s'il devait étre considéré comme une perturbation purement fonctionelle du névraxe.

Plusieurs d'entre nous ont présenté des malades à la Société, dans le but d'élucider cette question si ardue ; le cas que je vous soumets aujourd'hui est de nature, je pense, à nous intéresser vivement.

Il s'agit d'un machiniste aux chemins de fer de l'Etat, I..., François, âgé de 45 ans, dont l'hérédité morbide présente une létalité infantile remarquable. Son père est mort à l’âge de 70 ans d'uu refroidissement, sa mere est décédée à l’âge de 67 ans, épuisée par le travail et par ses nombreuses couches. Le malade a eu dix-sept frères et sœurs, dont douze sont morts : trois acciden- tellement, à 14 1/2, 15 1,2 (noyés) et 16 1/2 ans (coup de pied de cheval) ; une sœur à 18 ans,à la suite d'une commotion morale violente ; neuf ont succombé en bas-âge de maladies infantiles dont le patient ne peut préciser la nature ; les cinq survivants sont bien portants.

1... wa jamais été sérieusement malade ; en 1898, il fut victime d’un pre- mier accident : il tomba dans la cave de sa machine et resta trois mois en traitement à l'hôpital ; il souffrait cruellement des reins et présentait une paralysie de la jambe droite. Depuis cette époque, le malade ne se sentit plus jamais aussi fort qu'auparavant : il se fatiguait vite et devait avoir, pour l'aider, un chauffeur vigoureux.

Le 22 octobre, cet homme conduisait un train de marchandises se rendant de Tournai à Braine-le-Comte. Arrivé à Leuze, il s’aperçut qu'un autre train se trouvait sur la voie ; 1l eut immédiatement conscience du danger et, aidé du chauffeur, il renversa la vapeur. Cette manœuvre ne suffit pas à empècher l'accident : la machine conduite par I... se précipita violemment contre le fourgon du train qui se trouvait dans son chemin.

I... fut projeté dans la cave de sa machine par le volant du levier qui l'atteignit au flanc gauche. Ce traumatisme provoqua une perte de connais- sance qui ne disparut que le lendemain matin : lorsque le blessé revint à lui, il se trouvait à l'hôpital de Leuze. On lui apprit alors que, pendant son trans- port, il avait été agité de convulsions.

Il se sentait brisé ; il éprouvait, au flanc gauche, aux lombes et à la tête, des douleurs violentes ; il avait la fièvre, son appétit était nul; il ne se rappelait aucunement les circonstances qui avaient précédé son transport à l'hôpital.

182 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Pendant deux jours,il se nourrit exclusivement d'un mélange de champagne et d'eau gazeuse, puis il prit des ceufs et du lait. Il avait des vomissements fréquents et de la fiévre ; son sommeil était troublé par des cauchemars terri- fants ayant trait à l'accident. Il était 00 constipé et devait faire usage de laxatifs ou de lavements.

La situation resta stationnaire pendant environ un mois, puis il éprouva un certain degré de rétention urinaire, qui alterna avec de l'incontinence d'urine et des matières fécales.

En ce qui concerne les phénomènes moteurs, le malade prétend qu'au début il pouvait encore exécuter certains mouvements avec les membres infé- rieurs ; il affirme que la parésie s'est accentuée progressivement.

Actuellement, le malade présente une obnubilation trés mauifeste des facultés intellectuelles, la compréhension est lente, les réponses souvent peu précises. La parole est génée, hésitante ; le malade cherche ses mots, il répéte plusieurs fois les mémes syllabes et s'impatiente, tout comme le ferait un aphasique moteur, de ne pas pouvoir exprimer nettement sa pensée.

Il se plaint d'une céphalalgie et de douleurs lombaires intenses.

Il présente une parésie très accentuée des membres inférieurs avec anes- thésie pour tous les modes de sensibilité remontant jusqu'à la racine des membres. Les mouvements volontaires sont impossibles : les membres restent inertes sous l'influence de la volonté du patient, mais, dans certains actes associés et automatiques, on observe de légères contractions dans les muscles des cuisses. Le sens musculaire est aboli.

Réflexe rotulien : exagéré, surtout à droite.

Réflexe achilléen : exagéré des deux côtés.

Kéflexe dn poignet : exagéré des deux côtés.

Réflexe du coude : exagéré des deux côtés.

Reflexe plantaire en flexion : aboli à droite ; à gauche, on observe une /res légère flexion des quatre derniers orteils lors du premier attouchement ; cette réaction disparait si l'on répète l'exploration.

Reflexe du fascia lata : aboli à droite ; à gauche, on observe une /rés légère contraction lors du premier attouchement ; cette réaction disparaît si l’on répète l'exploration.

Réflexe crémastérien : existe des deux côtés, mais est sensiblement plu faible à droite.

Réflexe abdominal : supérieur, normal ; moyen, plus faible ; inférieur, plus faible encore.

L'état des voies digestives est médiocre ; l'appétit est peu marqué; la constipation est la règle.

Les fonctions sphinctériennes sont irrégulières ; il y a tendance à la réten- tion.

Pas d’atrophie musculaire, ni de troubles trophiques autres que la raie méningitique se produisant au moindre attouchement.

L'examen oculistique, nratiqué par M. le D' Van den Berghe, oculiste de l'hôpital, donne les résultats suivants :

« Subjectivement se plaint de troubles de la vue à la lecture et à l'écriture ; » au bout de quelques moments d'attention, les lettres se dédoublent, de- » viennent diffuses et finissent par s'effacer ; le malade se plaint également d'y » voir moins bien à distance.

2 DCN.

- er at `$ d Yd 0 اع‎ Nr 1 کے‎ n * cette cité: Ditié av verre x را‎ a Va rt 4 0 ۷ ۱ ul M

i i sed ny

AN

MT MUSI 54)

Wr

۱۳1۱۱ 07 1 “¢ Ub us

sh] ARY

,* ۸ ۱۹۱و رٹ

AIUATU, NV 3 ed è

ces limites tane.

) o 1 لی‎ à t ۳ e uu MA dae ta مک چپ‎ dm. EN با‎ TIIE N O ne e 7 pot E Lr TIE UATT A n "2 ۷ Sak SE : ee EE A o S ; 1 li 5 5 ۱ Se fe) : جا‎ A es er Ge M vx 14147 f d CR Let LE: 0 Ww ۱ : ۳ EK LS ۱ کو نا و‎ 1 dag i $ti? 1 wt d Yer * > F d "Wei 1 2 ۳ f ^

۳۳۰۷۳ ہر‎ wert m zw"

» A.

WAR fr = ہے‎ fg

Ke

rrr“ D ی٣ ۹ھ,‎

15. an /

184 JOURNAL DE NEUROLOGIE

En résumé donc, cet homme est victime, le 22 octobre 1901, d'un accident de chemin de fer, qui occasionne une commotion physique et morale des plus violentes ; il perd connaissance et revient à lui le lendemain. Il éprouve de violentes douleurs au flanc gauche, à la tête et dans les lombes, il présente de l'amnésie, des vomissements, de la fièvre, une parésie des membres inférieurs. Puis se montrent des trou- bles sphinctériens irréguliers, les voies digestives s'améliorent, tandis qu'au contraire les douleurs persistent et la parésie s'accentue.

Actuellement, on observe l'obnubilation des facultés intellectuelles, des troubles de la parole, une céphalalgie et une lombalgie intenses, une parésie trés forte avec anesthésie des membres inférieurs; les réflexes tendineux (rotuliens, achilléens, du poignet, du coude) sont exagérés, le réflexe plantaire en flexion et le réflexe du fascia lata sont abolis à droite et presque nuls à gauche, le réflexe crémastérien est plus faible à droite qu'à gauche, enfin le réflexe abdominal inférieur est trés faible.

Il s'agit évidemment dans ce cas d'une des nombreuses affections que l'on englobe sous le terme impropre au point de vue scientifique, mais consacré au point de vue médico-légal, de névroses traumatiques.

« Le terme de névroses traumatiques, disais-je, en 1896 (1), est idéal, théorique; il devrait ne comprendre que des affections purement fonc- tionnelles ; mais comme il est absolument impossible, dans bien des cas, de certifier la nature névrosique des accidents que l'on observe, il se fait qu'en pratique, on est obligé de faire rentrer dans cette catégorie de maladies tout un groupe d'affections de nature organique. »

En plagant, sur un cas donné, l'étiquette de névrose traumatique, nous ne faisons qu'indiquer son origine ; pour poser un diagnostic ayant quelque valeur, nous devons nous efforcer d établir la physiologie patho- logique du cas, de discuter sa nature fonctionnelle ou organique, de formuler un pronostic.

Cette táche n'est pas toujours facile. Si nous devions donner notre avis concernant des affections anciennes, dont l'évolution aurait été soi- gneusement notée, nous arriverions assez aisément à les caractériser nettement. Mais, dans l'immense majorité des cas, on nous soumet un malade au début de son affection, sans nous fournir de renseignements bien précis sur ses antécédents morbides et on nous demande notre avis dans le plus bref délai possible. Dans le cas présent, l'administration des chemins de fer place le malade dans mon service sans me fournir aucune donnée ; elle me demande mon avis et me pose principalement la ques- tion : y a-t-il oui ou non simulation? .

Dans ces conditions, il ne reste qu’à analyser soigneusement les symp- tómes actuels et à s'efforcer de formuler une conclusion logique.

En ce qui concerne la simulation, je crois pouvoir l'écarter catégori-

(1) CROCQ. Les névroses traumatiques. Etude pathogenique et clinique. { Bulletin et Mémoires de l Académie de Médecine de Belgique, 1896, p. 8.)

TRAVAUX ORIGINAUX 185

quement ; pour ne parler que des symptômes objectifs, je crois que l’état des réflexes, des yeux, ainsi que les troubles de la parole, ne laissent aucun doute au sujet de la bonne foi du sujet. Celui-ci pourrait certes simuler une paralysie, même une anesthésie (bien que, cependant, les excitations de tous genres ne provoquent aucune réaction), mais il lui serait impossible de provoquer volontairement l'exagération des réflexes tendineux. l'abolition des réflexes cutanés, le rétrécissement du champ visuel, etc.

Ce malade est donc bien réellement atteint d'une névrose trauma- tique ; cette affection est-elle purement fonctionnelle, est-elle due à une lésion organique, ou bien résulte-t-elle d’une association névroso-orga- nique ? |

Il est bien certain que les douleurs de tête et des lombes ne peuvent nous servir pour établir cette déduction ; elles peuvent, en effet, exister aussi bien dans les affections organiques que dans les affections fonc- tionnelles. Il en est de même de la paresie et de l’anesthesie, qui ne pré- sentent rien de spécial dans ce cas. L'exagération des réflexes tendineux n'est pas non plus de nature à nous éclairer ; ainsi que je l'ai dit à maintes reprises déjà, un grand nombre de névrosés présentent ce phé- noméne. L'abolition des deux réflexes plantaires (que j'ai dénommés réflexe plantaire cortical [flexion des orteils] et réflexe plantaire médul- laire [contraction du fascia lata]) semble, à premiére vue, avoir plus d'importance.

Cette double abolition, coincidant avec la paralysie presque compléte et l'anesthésie totale, semblerait prouver que les fonctions médullaires sont profondément atteintes. Le réflexe cortical pourrait, en effet, étre supprimé par suppression des fonctions conductrices de la moelle, le réflexe médullaire, par lésion directe des centres lombaires. Mais alors, nous aurions aussi très probablement la suppression des réflexes tendi- neux ; de plus, une lésion semblable de la moelle amènerait des troubles . trophiques considérables, ainsi que des troubles sphinctériens très accentués. Or, dans ce cas, il n’y a ni atrophie musculaire, ni escharres et les fonctions sphinctériennes, bien que irrégulières, sont cependant bien conservées.

Du reste, l’abolition simultanée des deux réflexes plantaires se ren- contre dans les névroses ; J’a', pour ma part, rencontré trois hystériques chez lesquelles l'excitation de la plante du pied ne donnait lieu à aucune réaclion, ni du côlé des orteils, ni du côté du fascia lata.

Le rétrécissement du champ visuel pour le blanc, le bleu et le vert, ainsi que les troubles de la vue signalés plus haut, doivent être attribués à la névrose.

Ces considérations sembleraient devoir nous faire conclure à une affection fonctionnelle chez notre malade ; mais, de ce qu'il présente des phénoménes dont les uns doivent et dont les autres peuvent étre consi- dérés comme névrosiques, nous ne pouvons nullement en inférer que le patient est indemne de toute altération organique.

186 JOURNAL DE NEUROLOGIE

L'accident dont il a été victime a provoqué une émotion morale vio- lente, puisque ce machiniste a prévu le choc ; mais il a aussi donné lieu à un traumatisme physique trés fort. Nous ne pouvons oublier que ce sujet a subi une commotion violente, que son systéme nerveux a été ébranlé brusquement.

se trouve la difficulté, je dirai, presque insurmontable dans certains cas. A la question : « Faut-il, dans l'état actuel de la science, essayer de faire le diagaostic de la commotion de la moelle et de l'hystéro-trauma- tisme ? » Blum répond : « Nous penchons pour l'affirmative, sans qu'il soit toujours possible de résoudre le probléme. (1) »

« Le meilleur moyen de se rendre compte de l'état du malade,disais-je, en 1896 (2),est encore de se baser sur l'étiologie de son affection : n'a-t-il été soumis à aucune commotion violente, l'affection sera presque süre- ment fonctionnelle ; au contraire, a-t-il été violemment projeté, secoué, commotionné, les troubles nerveux consécutifs seront souvent de nature organique. Souvent, mais non pas toujours ; il existe des cas dans les- quels une violente commotion n'a provoqué qu'une névrose pure. »

Chez notre malade, la commotion physique est indéniable, aussi devons-nous rechercher soigneusement les signes qui seraient de nature à faire admettre l'hypothése d'une lésion organique.

Nous avons tout d'abord l'obnubilation des facultés intellectuelles et surtout le trouble de la parole si particulier qui se rapproche plus de laphasie motrice que du bégaiement. Non seulement le malade ne trouve pas toujours ses mots, s'impatiente comme l'aphasique moteur, répéte plusieurs fois une méme syllabe avant de trouver la suivante, mais il présente encore un certain degré de dysarthrie, qui rend son lan- gage défectueux au point de vue de l'articulation des mots. Cette double particularité donne à sa parole une ressemblance trés grande avec celle du paralytique général.

Du cóté des réflexes, nous trouvons des phénoménes qui pourraient également étre invoqués pour défendre l'hypothése d'une altération organique ; nous avons vu que les deux réflexes plantaires cortical et médullaire, abolis à gauche, existent à droite lors de la premiere excita- tion, que le réflexe crémastérien est plus faible à droite qu'à gauche, que le réflexe rotulien est, au contraire, plus fort à gauche qu'à droite.

Si ces différences entre les deux côtés du corps étaient passagères, elles n'auraient aucune importance, mais elles sont constantes et se sont montrées à chacune de mes explorations.

11 n’y a donc pas concordance absolue dans la réflectivité des deux membres ; je ne nie pas que ce manque de concordance ne puisse se ren- contrer dans l’hystérie, mais je considère ce fait comme de nature à corroborer l'idée d'une lésion organique.

(1) BLUM. De l'hystéro neurasthénte traumatique. (Paris, 1853. p. 155.) (2) CROCQ. Loc. cil., p. 149.

TRAVAUX ORIGINAUX 187

De quelle nature serait cette lésion? A cette question je ne puis répondre que par des hypothéses. Les phénoménes présentés par le malade ne permettent pas d'admettre une altération nettement localisée. Dans les cas de commotion cérébro-spinale ayant entraîné la mort, on n'observe du reste bien souvent aucune lésion des centres nerveux ; quelquefois on trouve un piqueté hémorrhagique généralisé de la sub- stance nerveuse.

On peut, avec Stepp (1), admettre qu'il se produit des modifications moléculaires (moleculäre Veränderungen) du tissu nerveux que le microscope ne peut nous faire voir.

Pourquoi n'admettrait-on pas que, chez cet homme, l'accident a pro- duit un retentissement double en donnant lieu, d'une part, à des troubles purement fonctionnels, d'autre part, à des troubles organiques causés par des modifications moléculaires généralisées du système nerveux ?

Le pronostic de ce cas me semble devoir être très réservé, car, s'il est bien démontré aujourd'hui que les névroses traumatiques pures, celles qui sont de nature purement fonctionnelle, peuvent devenir incurables et empoisonner l'existence de celui qui en est atteint, il est également hors de conteste que les troubles nerveux graves consécutifs aux com- motions physiques violentes et qui se compliquent d'altérations orga- niques peuvent aboutir à la folie et à la mort. Les exemples ne sont pas rares dans lesquels les patients, aprés une période d'état plus ou moins longue, pendant laquelle le diagnostic présentait de sérieuses difficultés, ont vu leur maladie s'aggraver progressivement et les mener au suicide, à folie ou à l'impotence définitive.

Dans le cd présent, ce qui rend le pronostic sérieux, c’est surtout le trouble si caractéristique de la parole, qui dénote une altération profonde des fonctions encéphaliques.

Un cas de polynévrite avec psychose

par J. CROCQ

Presentation de la malade A la Socicte de Neurologie, scancz du 26 avril 1902

Tout récemment, notre distingué collaborateur, le D" Serge Soukha- noff, a publie, dans le Journal de Neurologie, un article, dédié à la mémoire du professeur Korsakoff,consacré à l'étude de la psychose poly- névritique, aftection qu'il appelle ma/adie de Korsakoff.

L'auteur fait très justement remarquer que la caractéristique de la psychose polynévritique est constituée par des troubles de la mémoire,

(1) Srepr. Beitrag zur Beurteilung der nach Eisenbahn-unfállen auftretenden Er- krankungen. (Munch. med. Woch., S. 1299, 1897.)

188 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tantót sous forme de simple amnésie, tantót sous forme d'oubli avec fausses réminiscences. « L'amnésie, dit-il, (1) se manifeste ordinairement par l'oubli des événements courants et récents; la malade oublie ce qui vient d'avoir lieu, se souvenant bien de ce qui s'est passé 1l y a longtemps. Quant aux réminiscences fausses ainsi qu'à la disparition de la mémoire des évènements plus ou moins éloignés du début de la maladie, elles se surajoutent dans les lésions plus graves du système nerveux ».

Soukhanoff reconnait deux variétés de psychose polynevritique: l’une, légère, caractérisée par l'amnésie portant sur les faits récents, l'autre, grave, dans laquelle l'amnésie est plus marquée et souvent accompa- gnée des fausses réminiscences, d'idées délirantes. La forme grave se rencontre fréquemment chez les personnes agées.

Louise D..., exerçant la profession de papetière est ågée de 67 ans; elle est entrée dans mon service le 16 janvier 1902 et ne présentait à cette époque que des troubles généraux vagues qui firent poser le diagnostic de sénilité. La malade ne présentant aucun phénomène intéressant, elle n'attira pas mon at- tention. Elle fut soumise à un traitement tonique et perdue de vue jusque dans le courant du mois de mars, époque à laquelle elle se plaignit de douleurs violentes dans les membres supérieurs, puis, quelques jours plut tard,dans les membres inférieurs. Il me sembla également à cette époque que les discours de la malade présentaient une C:rtaine incohérence, ce que je mis sur le compte de la vieillesse.

Cependant la malade continua à se plaindre de violentes douleurs. Puis, se montra un amaigrissement considérable des membres avec contractures; en méme temps les troubles mentaux s'accentuérent. nettement dans le sens d'une amnésie profonde portant principalement sur les fais récents, et accompagnée de fausses réminiscences.

Actuellement, on constate une atrophie considérable des quatre membres, surtout marquée vers la périphérie et diminuant progressivement à mesure que l'on approche du tronc; les deux avant-bras, et surtout le droit, ainsi que les deux jambes sont fortement amaigris, taudis que les bras et les cuisses sont assez bien conservés. Au tronc on n'observe aucune atrophie.

La main droite est contracturée en flexion ; les deux pieds sont immobilisés en extension. Les réflexes rotuliens sont forts, les achilléens abolis, ceux du coude et du poignet sont normaux, les réflexes plantaires cortical et médul- laire sont abolis.

La motilité est considérablement affaiblie : la malade peut eucore mouvoir ses membres supérieurs, dans une certaine limite ; les membres inférieurs sont beaucoup plus atteints. Les troubles de la motilité, parallèlement à l'atrophue, s'accentuent à mesure que l'on se rapprochent des extrémités; les mains sont presque inertes, les pieds sont completement paralysés.

Lies membres supérieurs, les premiers atteints, qui étaient autrefois le siége des douleurs les plus violentes, sont actuellement peu douloureux, tandis que les membres inférieurs tont, au contraire, cruellement souffrir la patiente.

(1) SERGE SOUKHANOFF : Contribution à l'étude de la maladie de Korsakoff. Un cas de polynévrite avec psychose polynévritique post typhoidique. (Journal de Neurologie, 1902, n? 7. p. 121 )

TRAVAUX ORIGINAUX 189

A la pression, les avant-bras sont à peine sensibles; aux jambes le moindre attouchement arrache des cris aigus.

Les deux pieds sont anesthésiés pour tous les modes de la sensibilité.

Au point de vue mental,ce qui domine.c'est l'amnésie; cette amnésie, porte surtout sur les faits récents, mais elle se rapporte aussi aux événements anciens. La malade ignore quand et comment elle est venue à l'hópital; trois heures aprés la visite du médecin, elle ne se rappelle pas l'avoir vu; l'après- midi, elle n'a aucun souvenir des faits qui se sont passés le matin (repas, visi- tes, soins donnés). Elle ignore son âge, ne peut donner aucun renseignement précis concernant sa famille, tantôt elle dit qu'elle a eu huit enfants, tantôt trois seulement :

Mais cette amnésie est consciente jusqu'à un certain point et déroute la patiente. À la question : «quel àge avez-vous ? » elle répond : « 6o ans.» En réalité, elle en a 68. Nous lui faisons remarquer qu'elle est née en 1834; elle approuve et reconnait qu'elle doit avoir plus de 60 ans.

Ou lui demande si ses parents vivent encore, elle affirme que oui. « Quel âge ont-ils ? » « ôo ans. » « Alors vos parents ont le même âge que vous?» Elle rit, cherche dans ses souvenirs, s'impatiente, puis répond : « J'ai la tête complètement brouillée, je ne parviens plus à rappeler mes souvenirs. »

Par moments, elle présente des idées délirantes : elle se croit établie à Bru- xelles grande commerçante de soie, elle s'imagine être riche. Mais ces concep- tions fausses ne donnent pas lieu à des hallucinations, elles ne provoquent pas de discours spontanés; elles se manifestent seulement lorsqu'on interroge la malade sur sa profession et sa manière de vivre. Elles semblent donc cons- tituer plutôt ce que Soukhanoff appelle dee fausses réminiscences. Ici aussi, du reste, les réponses sont incertaines ; il suffit d'une simple remarque pour que la malade s'apergoive qu'elle a dit une sottise, mais elle ne parvient pas à rectifier et elle finit par déclarer que sa mémoire est complètement troublée depuis sa maladie.

Cette malade présente donc des phénomènes somatiques et des phéno- mènes psychiques : les phénomènes somatiques sont caractérisés par une atrophie considérable des quatre membres, surtout accentuée à la péri- phérie, avec douleurs spontanées et à la pression; la motilité est altérée parallélement à l'atrophie; la main droite est contracturé en flexion et presque complétement paralysée; les pieds sont en extension, inertes et insensibles.

Il s'agit, sans contredit, d'une polynévrite ayant débuté dans les bras et ayant ensuite gagné les jambes.

Les réflexes rotuliens sont forts parce que le processus morbide a res- pecté le nerf crural; au contraire, les réflexes achilléen et plantaires sont abolis à cause de la lésion du sciatique. Ceux du poignet sont conservés parce que sans doute les nerfs de l’avant-bras sont moins intéressés que ceux des jambes et parce que la réparation commence déjà à s'opérer aux membres supérieurs les douleurs spontanées et à la pression ont déjà disparu.

Les phénoménes mentaux se caractérisent avant tout par des troubles de la mémoire portant sur les faits récents et sur les faits anciens. D'une

190 JOURNAL DE NEUROLOGIE

manière générale, la patiente se rend compte de l'inexactitude de ses souvenirs, elle répond aux questions qu'on lui pose, puis elle rit elle- méme de ce qu'elle vient de dire, elle veut rectifier et s'impatiente de ne pouvoir rassembler ses souvenirs ; SOn attitude ressemble à celle de l'aphasique moteur qui, ayant perdu la mémoire d'articulation des mots, répond des absurdités, les entend et se fâche de ne pouvoir exprimer sa pensée.

Ici ce n'est pas la mémoire de l'articulation des mots qui est perdue, c'est la mémoire des faits et la malade réagit à l'égard de ces faits comme l'aphasique moteur à l'égard de l'articulation. Elle assiste comme lui au déficit de sa mémoire, ce qui prouve l'intégrité relative des facultés in- tellectuelles et ce qui différencie totalement la psychose que présente cette femme de la démence sénile. Il y a, de plus, des fausses réminis-

En adoptant les idées de Soukhanoff, il s'agirait donc ici d’un cas grave de maladie de Korsakoff; la gravité des phénomènes mentaux est en

atteint d'autant plus le cerveau que le malade est plus avancé en áge. Le pronostic doit étre réservé en raison même de la sénilité de la

biles ; la psychose ne disparaîtra très probablement jamais complete-

Een

Nouveau cas de tabes fruste chez un syphilitique

par le D' GLORIEUX

Présentation du malade à la Société belge de Neurologie, séance du 26 avril 1902

Josse Pl... 5 et s'est marié à dant trois ans.

7 ans, ouvrier gantier, a contracté la syphilis à l’âge de 40 ans 43 ans, aprés avoir suivi un traitement antisyphilitique pen-

une pneumonie : il était asthmatique et souffrait de bronchite chronique; sa mère, âgée de

80 ans est très bien Portante. Des neufenfants, Sept sout encore en vie : une fille est morte à l’âge de 2 ans et un frère a succombe à une tuberculose pulmonaire à l’âge de 21 ans. Les autres survivants, dont notre malade est l'ainé,jouissent d'une bonne santé sauf un frére, ágé de 44 aus, qui, depuis une vingtaine

TRAVAUX ORIGINAUX 191

d'années, souffre de bronchite chronique avec asthme et hémoptysies fré- quentes.

Antécédents personnels : fièvre typhoïde à 25 ans, excès vénériens chez un homme passionnel : blennorrhagies et chancre syphilitique. Marié depuis quatorze ans, il n’a jamais eu ۰

Josse Pl... vint pourla premiere fois à la consultation de la Policlinique, en août 1896. Îl souffrait, disait-il, depuis quelques mois, de douleurs prétendü- ment rhumatismales. Depuis quelques semaines ces douleurs étaient deve- nues plus fortes et plus fréquentes : c'étaient des éclairs dans les jambes, des maux de reins, et des ۱6۷۲۲۵۱۵165 intercostales... qui troublaient son travail le jour et son sommeil la nuit. En outre, il accuse une gène, un retard dans l'émission des urines. A l'examen nous notons : absence du phénomène de Romberg, absence de réaction pupillaire à la lumière; persistance du réflexe rotulien des deux côtés, fonctions génitales normales; absence de troubles ataxiques; marche normale; aucun trouble de sensibilité aux membres; points douloureux à la pression du thorax. Nous inscrivons ataxie loconiotrice avec point d'interrogation et, vu l'existence certaine d'un chancre syphilitique antérieur, nous conseillons le sirop de Gibert et trois séances de faradisation généralisée à la brosse par semaine.

Ce double traitement ayant amené une notable amélioration, mais non une guérison de la plupart des symptómes douloureux, le malade s'empressa de reprendre son travail et de cesser toute médication. De 1897 au commence- ment de 1901, il ne dut guère interrompre ses fonctions et il prit de temps à autre pendant trois ou quatre semaines, tantôt de l'iodure de potassium, tan- tót du sirop de Gibert.

En 1901, il revient à notre consultation parce que les douleurs thoraciques, qui ne l'avaient d'ailleurs jamais complétement quitté, devenaient plus intenses. A cette date, notre assistant le D' Decroly, constate le signe d'Argyll Robertson, le signe de Westphal, l'existence de douleurs fulgurautes et de troubles sphinctériens et conclut à l'existence. d'un tabes dorsalis confirmé. Le traitement institué consiste en trois ou quatre séances de suspension par semaine suivies d'un brossage électrique; à l'intérieur iodure de potassium.

Se trouvant bien du traitement, notre malade se fait construire un appareil à suspension et depuis un an il se suspend presque journellement chez lui.

En mai 1902, il vient se plaindre d'étre en quelque sorte impuissant : sa potentia cceundi a diminué graduellement depuis cinq à six mois. L'envie du coït existe, mais l'érection et l'éjaculation sont trop rapides. C'est le seul symptóme dont il se plaint trés amérement : il jouit d'une excellente santé, travaille régulièrement et n'a, qu’à de rares intervalles, des crampes doulou- reuses dans les doigts; les troubles du côté de la vessie ont complètement cessé. À l’examen objectif nous notons :

Absence de troubles ataxiques : le patient marche parfaitement bien sur une ligne droite, méme les yeux fermés; il sait compter la longueur d'une ligne en pieds; il ne vacille pas, les yeux fermés.

Réflexes rotuliens et achilléens normaux, ainsi que les divers réflexes abdo- minaux, crémastériens et plantaires.

Pupilles égales ne répondant pas à la lumiére, mais légérement à l'accomo- dation. La vue de l'œil gauche est plus faible, à cause d'une ancienne taie de la cornée.

192 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Absence de troubles de la sensibilité; pas de retard dans la perception, pas d'anesthésies ni de paresthésies.

A la suite d'une longue course à pied, le malade aurait eu une blessure à l'orteil gauche et nous constatons une hyÿpertrophie de la téte du premier métatarsien : il y a-t-il un commencement d'arthropathie tabétique ?

Voilà donc un malade qui a contracté la syphilis il y a dix-sept ans, et qui,depuis six ans, présente dessymptômes tabétiques qui apparaissent et disparaissent; je signale particulièrement à votre attention la disparition des réflexes rotuliens, l'an dernier, et leur réapparition cette année-ci; la potentia cceundi qui disparait quand les réflexes rotuliens réapparais- sent et les troubles vésicaux qui ont complétement cessé. Voilà certes un cas de tabes fruste, sans ataxie et sans névrite optique, tabes bénin s'il en fut, dont la marche et la durée s'éloignent notablement des cas usuels d'ataxie locomotrice.

Il serait intéressant de rassembler les tormes de tabes que l'on observe chez des personnes qui ont surement contracté la syphilis. En analysant attentivement ces cas à syphilis certaine, nous pouvons contribuer à élucider le chapitre si important des relations entre syphilis et tabes. Je me permets en finissant de signaler également à votre attention, que cet homme a toujours été un passionnel qui a abuse des plaisirs vénériens et déjà, à maintes reprises, je vous ai présenté des tabétiques les exces vénériens pouvaient seuls étre incriminés comme facteur étiologique de la maladie. Cette méme statistique pourrait avantageusement indi- quer s'il y a eu ou non, aprés l'accident spécifique, un traitement sérieux antisvphilitique, et porter, autant que faire se peut, sur la fécondité des époux et éventuellement sur l'état de santé des enfants.

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 26 avril 1902. Présidence de M. le D' GLORIEUX

Election du Bureau pour l'année 1902-1903

[Le mandat de M. GLORIEUX, président sortant. Ctant terminé, M. le D' DE BUCK. vice-président, est, de droit, nommé président; M. le D DEBRAY est élu vice-président.

Nominations

\ le D IOTEYKO et M. le D' BAYET sont nommés membres titu- laires à l'unanimité. Candidature

MM. SANO e CROCO présentent la candidature de M. le Dr BOULEN- GER, auteur d'un travail inseré dans les .17ے‎

COMPTE RENDU 193

Un oas de névrose traumatique grave

M. CROCO. (Voir le travail original paru dans le présent numéro, p. 181.)

Discussion M. BAYET. L'examen du champ visuel a-t-il été fait ?

M. CROCO. M. Vanden Berghe doit compléter demain ses recherches; l'atropinisation nécessaire à l'examen ophtalmoscopique l'a empéché d'explo- rer le champ visuel (1).

M. BAYET. Si je pose cette question c'est qu'il m'est arrivé d'observer un cas analogue à celui que vient de présenter M. Crocq. Chez mon malade; le traumatisme avait eu lieu pendant une rixe. [l s'agissait d'un syphilitique tertiaire, ayant déjà présenté des symptômes de lésions médullaires. À la suite de ce traumatisme et du violent état émotionnel qu'avait subit le patient, il s'établit une parésie des membres inférieurs avec toute une série de symp- tomes relevant de l'hystérie et parmi ceux-ci un remarquable rétrécissement du champ visuel pour les couleurs. Il était presque impossible de faire la part de ce qui revenait au traumatisme ou au choc nerveux.

Cette combinaison s'explique jusqu'à un certain point, si l'on admet qu'un individu prédisposé l'est à la fois pour l'apparition d'une lésion médullaire et celle de l'hystérie traumatique. Peut-être dans le cas si intéressant de M. le D* Crocq s'agit-il d'une association semblable.

M. LIBOTTE. Outre les réactions muscullaires électriques, j'estime qu'il est nécessaire d'étudier de trés prés l'étendue du champ visuel et pour la lumière blanche et pour les différentes couleurs.

L'exposé de M. Crocq n'est pas suffisant pour entrainer nos convictions rela- tivement au diagnostic arrêté par lui.

A propos du champ visuel, je me rappelle qu'appelé un jour en consultation, par un oculiste, pour un fonctionnaire, l'étude de sa vue,le champ visuel con- centré pour le rouge et le bleu, trancha le diagnostic : névrose hystérique que l'avenir vint justifier.

Le même symptôme dans ce cas pourrait plaider en faveur de névrose trau- matique.

Toutefois il serait prudent de réserver tout diagnostic définitif comme il s'agit d'une affaire trés importante, car, à cóté de l'hystérie, qui sait si des lésions organiques ne pourraient point s'affirmer plus tard.

M. GLORIEUX. L'intensité méme des symptómes paralytiques me font opiner pour une névrose fonctionnelle et uon une affection à lésions orga- niques.

Une paraplégie aussi intense, sans aucun trouble trophique, ni de la peau, ni des muscles, ne peut se concevoir ni anatomiquement, ni cliniquement : la neurasthénietraumatique seule nous montre pareil cas d'observation clinique: l'examen le plus minutieux ne décèle d’ailleurs l'existence d'aucun symptóme appartenant à la classe des troubles organiques. M. Crocq est d'ailleurs le pre- mier à le reconnaitre.

(0 Letravail original a été complété après la séancs pour ce qui concerne le champ visuel. :

194 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Un cas de polynévrite avec psychose M. CROCO. (Voir le travail original paru dans le présent numero, p. 157.) Discussion

M. DE BUCK rappelle que dans le cas de polynévrite avec exagération des réflexes qu'il présenta l'an passé à la Société, l'exagération existait tant daus le domaine du sciatique que du crural. Il s'agissait donc d'une exagération des réflexes vrare et non comme dans le cas actuel et dans ceux de polynévrite tuberculeuse signalés par Decroly d'une exagération du réflexe rotulien allant de pair avec l'abolition du réflexe achilléen, c'est-à-dire d'une exagération de réflexe anfagontstique.

Nouveau cas de tabes fruste chez un syphilitique

M. GLORIEUX. (Voir le travail original paru dans le présent numéro, p. 190.)

Discussion

M. BAYET. La présentation de M. le D' Glorieux est des plus intéres- santes. Qu'il me permette de lui présenter quelques remarques au sujet de la distinction qu'il semble faire entre les tabes, suivant qu'ils sont ou ne sont pas d'origine syphilitique.

Je crois qu'il doit étre extrémement difficile d'établir une comparaison entre les tabes spécifiques et les ataxies non spécifiques. Le nombre de celles-ci me parait extrémement restreint et il me parait presque impossible de former des séries comparatives.

S'il est relativement aisé de trouver un grand nombre de cas de tabes avec syphilis certaine dans les commémoratifs, il doit étre trés rare qu'on puisse éliminer avec certitude la syphilis parmi les antécédents morbides. L'on sait, en effet, (et j'en ai fait la recherche), que, dans la classe ouvrière, sur 100 ma- lades porteurs de lésions tertiaires authentiques (ayant, par conséquent, eu la syphilis, sans contestatiou possible), environ nient toute syphilis anté- rieure. Chez la femme, cette proportion doit être encore beaucoup plus con- sidérable. |

Dans la classe aisée, chez les malades qui s'observent, cette proportion de syphilis ignorées est moindre; elle arrive toutefois de 8 à 10 p. c.

Cette difficulté de créer des séries comparables s'accroit encore du fait que la gravité des cas varie suivant les milieux se font les enquêtes. Dans les services et les cliniques de neurologie, les cas sont, en moyenne, plus graves que dans les services de syphiligraphie par exemple. En outre, ils sont d'ordi- naire plus anciens, d’où une difficulté plus grande à dépister une syphilis anté- rieure. Il y alà un écueil qu'avec la plus grande perspicácité il est difficile sinon impossible d'éviter.

Je crois quesi nous constatons dans la gravité du tabes dorsal, une diminu- tion. notable, cela tient d'abord au fait qu'en réalité cette atténuation existe, mais aussi à ceci que nous sommes plus en éveil, que nous dépistons bien des cas tout au début, alors qu'il n'existe, par exemple, que de la rigidité pupillaire, quelques symptómes préataxiques peu marqués. Ce sont cepen- dant de véritables tabes quiauparavant passaient inaperçus et ne venaient pas atténuer la déplorable signification pronostique des tabes graves et con- firmes.

BIBLIOGRA PHIE 195

BIBLIOGRAPHIE

TRAITÉ DES MALADIES DE L\ MOFLLr, par J. Déjerine et A. Thomas. (n 8 ce 470 piges, avec 162 figures. Paris, 1902, J.- B. Baillière, éditeur. Prix : 9 francs.)

Ce livre est la reproduction de l'article que les auteurs ont publié dans le Traité de médecine el de Thérapeutique, de Brouardel et Gilbert: la syphilis ayant été confiée à d'autres collaborateurs, ce traité n'en fait pas mention.

Après avoir cousicré deux pages à l'historique, les autrurs résument rapidement l'anatomie normale, la physiologie normale et pathologique. la pathologie générale et lisémiologie générale de la moelle,

Ces divers chapitres occupent 60 pages. Le reste de l'ouvrage est consacré à la patho- logie de la moelle, qui est décrite soigneusement et clairement et ornée de photo rra- phies des plus instructives.

Ce volume constitue en somme un excellent traité de clinique neurologique.

ANATOMIE DES CENTRES NERVEUX, par J. Déjerine, avec lhi collaboration de Mre Déjerine-Kiumpke. Tome d:uxitme, fascicule [. (In-4 de 720 pages, avec 465 figures, dont 180 en couleurs. Paris, 1901, Rueff, éditeur. Prix : 32 francs.)

Ce volume constitu» la suite du remarquable o ivrage entrepris par le Prot. Déjerine eu 1900; il contient Ir suite del'anatomie-du cerveau, ainsi que l'anatomie du rhom- b»ncéphale.

Nous renoncons à donner un aperçu de cet ouvrage qui, avec celui qui l’a précédé, constitue un monument neuro'ozique unique et absolument personnel, orné d'innom- brables gravures originales.

A côté des descriptions a iatomiques, intéressant surtout le savaat versé dans la struc- ture intime des centres nerveux, trouvent des chapitres d'application pratique que ne peuvent ignorer ni le physioloriste ni méme le pathologiste conscieucieux.

Voici, pw exemple, quelques pages concernant les localisations sensitives de l'écorce cérébrale :

« Localisations sensilives de l'écorce rérébrale. Nous savons par l'anatomie que le ruban de Rei! se termine en s'arborisant daus li couche optique, et que de ce dernier ganglion partent des fibres destinées aux différents modes de la sensibilité générale, et allant s'arboriser dans l'écorce; s'il est universellement reconnu que la corticalité cérébrale esi l'aboutissant des fibres de tous les modes de la sensibilité, il existe encore quelques divergences parmi les observateurs, en ce qui concerne la topographie exacte dans l'écorce des zones de la sensibilité générale.

Pour la plupar des auteurs, il est admis, depuis les travaux de Tripier (1877), que les lésions partivlles ou totales de la région rolandique, c'es'-à-dire de la zone dite motrice déterminent chez le chien, le singe et chez l'homme, en m?me temps que des troubles plus ou moins accusés de la motilite, des altérations de la sensibilité.

Chez l'homme, ces troubles sensitifs sont trés. fréquemment observés dans les cas d'hémiplégie par lésion corticale. Ils peuveut port: r sur tous les modes dela sensibilité, mais ces differents mo'es ne sont pas toujours pris au. méme degré. Ils peuvent donc iut^resserla sensibilité superficielle (tactile, douloureuse. thermique) et la sensibilité profonde (articulaire, musculaire). Ils peuvent intéresser également : le sens des atti- tudes segmentaires (notion de position (l) ou sens musculaire qu'i! ne faut pas con-

(l) Lorsque le malade a perdu la notion de position - sensibilité musculaire, articu- laire -- il ne peut reproduire avec la main du còté sain l'attitude passivement imprimée au membre malade, mais si l'hémiplégie est pen prononcée, il peut avec le membre malade reproduire trés exactement l'a titude imprimée passivement au membre sain. L'explication de ce fait est aisée, si l'on réfléchit que, du coté du membre paralysé, le centre cortiral étant lésé, les impressions périphériques ne provoquent le réveil d'aucune image de mémoire de meuvement, tandis que les im ressious périphériques du membre sain, réveillant les images du centre cortical correspondant, ces dernieres, transmises par le corps calleux, viennent dans le centre cortical lésé y produire le mouvement correspondant à l'attitude du membre sain.

196 JOURNAL DE NEUROLOGIE

fondre avec la sensibilité propre du muscle, laquelle indique seulement le degré et la durée de la contraction), le sens de la force, et enfin le sens dit stéréognostique Hoff- man, 1885, c'est-à-dire la faculté que nous avons de reconnaitre la forme des objets parla palpation. Mais pour nous, tous ces soi-disants sens n'existent pas en tant que seus spéciaux; ce sont des résultantes, des associations de sensations simples, élémen- taires : tactiles, douloureuses, thermiques, articulaires, musculaires. Lorsque, les yeux fermés, on reconnaît un objet en le palpaut, lorsque, dans les mémes condi- tions, on place ses membres dans telle gu telle position que l'on vous désigne, la notion de la forme de l'objet, celle de l'attitude réalisée sont la couséquence de l'as- sociation de différentes sensations simples, superficielles et profondes. Dans son accep- tion la plus large, le sens stéréognostique comporte la reconnaissance non seulement de la form : de l'objet, mais encore des propriétés physiques de cet ohjel, telles que sa cousistance et sa température. Il est partant évident que ce soi-disant sens stéréognos- tique, loin de représenter un mode de sensibilité simple n'est autre chosequ'un com- plexus, une association de divers modes de sensibilités élémentaires, provenant de la sensibilite superficielle et de la sensibilité profonde, mais c'est surtout la sensibiltié profonde qui nous donne la no'ion de la forme de l'objet, de même qu'elle nous donne aussi la notion des attitudes seginentaires. La. perception tactile de l'espace n'est pas plus une sensation simple que &a perception vispelle ou auditive, et la clinique montre que le sens dit stéréognostique est, en réalité, une association de plusieurs sensations simples. Ce sont là, des faits bien connus en clinique et sur cette question, nous ne pou- vons du reste, que partager l'opinion de Re ilich, von Monakow, Claparéde, et nous croyons, que l'on doit parler non d'un sens «(éréognostique, mais bien d'une percep- lion stéréognostique.

L'hémianesthésie corticale présente les caracteres suivants : elle est d'ordinaire, pas toujours cependant, accompagnée d'une hémiplégie, et le membre le plus paralysé est en même temps le plus anesthésié. Il n'existe pas de parallélisme entre le degré de l'hémiplégie et celui de l'hémiunesthésie Une hémiplégie moyenne ou très peu accusée pourra s'accompagner d'une anesthésie très prononcée et vice versa. Mais quel que soit le degré de l'hémiplégie qui accompagne l'héminnesthésie, on constate d'ordinaire un rapport étroit entre l'état de la sensibilité et celui de la motilité; le membre le plus anesthésié étant en même temps le plus paralysé.

En d'autres termes, dans l'hémip'égie par lésion cérébrale compliquée d'hémianesthé- sie, les troubles de la sensibilité sont plus marqués au membre supérieur qu'au membre inférie r, au tronc et à la face, et au niveau de cette extrémité supé: ieure ils sont d'au- tant plus accusés que l'on examine des rézions plus éloignées de la racine du membre; la main, par exemple, est plus anesthésiée que l'avant-bras, ce dernier est plus insen- sible que le bras, etc. Cette distribution de l’anesthésie, sur laquelle on n'a guère attiré l'a tention, nous parait app 'rtenir en propre à l'héinianesthésie organique, car jusqu'ici nous ne l'avons jamais observée dans l'hystérie. Nous savons aussi que dans cette der- niére affection l'hémianestliésie se présente parfois sous forme segrinentaire, anesthé- sie en gant. en manchettes, en œisxot, particularité que nous n'avons jamais ren- contrée dans l'hémianesthési : relzvant d'une lésion ۰

L intensité de cette hémianesthésie organique est variable ; parfois très ۰ elle n'atteint jamais le degré que l'on rencontre fréquemment dans l'h“mianesthésie hysteriqur, et dans laqu^ll* la perte de la sensibilité peut être totale, ahsolue. D'une manière générale, ella s'atténue à partir du moment elle est apparue, et peut même disparaitre au bout d'un temps plus ou moins long; mais, par contre, elle peut persister pendant trés longtemps, pendant de Langues ann'es. Lorsqu'elle diminue et c'est le cas le plus ordinaire, la règle pour ainsi dire c'est dans ls extrémités des membres, et en particulier dans la main, que la sensibilité revient en dernier. Le retour des fonc- tions sensitives se fait donc lentement et progressivement de la racine du membre vers son extrémité. Il résulte des recherches faites dans le service de l'un de nous, à Bicétre d'abord. puis à la Salpétrière, que les troubles sensitifs sont plus persistants chez les

BIBLIOGRAPHIE 197

sujets âgés que chez les sujets jeunes, et d'autant plus durables que la lésion corticale est plus étendue et plus profonde, partant, a détruit un plus grani nombre de fibres d'association intra-corticales.

Cette hémianesthésie corticale ne porte que sur les divers modes de sensibilité géné- rale énumérés plus haut, et les s»ns spéciaux sont toujours intacts, Les zones co! ticales des sens spéciaux vision, ouïe, gout, o-lorat sont en effet trop éloignées de la zone rolandique pour participer à la lésion de cette dernière. En outre, une lésion unilatérale de ces centres corticaux sensoriels ne détermine pas de troubles appréciables sauf pour la vision. L'audition, le goût, l’odorat, en effet, ont des centres corticaux bilaté- raux communiquant entre eux. (Voyez Localisations s2nsoriellesy. Pour la vision par contre, une lésion corticale s'étendant jusqu'au pli courbe et sectionnant la couche sagi- lale à ce niveau, pourra produire une hémianopsie homonyme latéral: siégeant du même côté que l'hémianesthésie. et ce phénomène sera bien plus constant encore, si, outre la lésion de la zone rolandique, il en existe une seconde au niveau de la scissure calcarine. C'est une éventualité possible, mais rarement observée. Quant à l'existence d'uu rétrécissement du champ visuel du côté correspondant à l'hémianesthésie, c'est une particularité qui fait toujours défaut dans l'hémianesthésie organique et qui, lors- qu'elle s'y observe, dépend de troubles fonctionnels surajuutés, hystériques ou autres. Il faut da reste pour l'hémianesthésie corticale, comme pour l'hémianesthésie capsu- ` laire, se rappeler que cette association de troubles fonctionnels venant se grefler sur des symptômes organiques, n’est pas un phénomène très rare (Voyez Localisations sen- silives capsulaires, p. 256).

Dans beaucoup de cas d'hémianesthésie d'origine corticale, on a constaté que la lésion rolandique empiétait plus ou moins sur le lobe pariétal. Il ne faut pas toutefois en conclure que les troubles de l4 sensibilité relévent de la lésion du lobe pariétal; les hémiplégies post-opératoires consécutives à la lésion volontaire ou accidentelle de la zone matrice au cours d’une trépanation, les hémipligies partielles ou totales dues à des lésions nettement localisées à la région rolandique, s'accompaguent toujours de trou- bles de la sensibilité générale et. musculaire, et ccs troubles sont en géu: ral plus ou moins persistants si la paralysie elle-imê ne est durable.

La pathogénie de ces troubles sensitifs a donné lieu à de nombreuses interprétations, Un certain nombre de physiologistes attribuent tous les troubles du mouvement soit à la perte de la sensibilite tactile (Schiff), soit à la perte de la conscience musculaire (Hit- zig), soit à la paralysie du sens musculaire (Nothnagel). à la perte de la puissance de perception (Goltz) ou à une paralysie psychique (Munk, Bastian). De ce fait, ils nient donc l'existence méme des centres moteurs corticaux. Pour Munk, ces troubles sensi- tifs jouent un rôle si prépondérant, qu'il désigne la région rolandique sous le nom de zone sensible (Fühlsphäre).

La plupart des cliniciens et des expérimentateurs récents admettent, par contre, l'indépendance réciproque des troubles moteurs et sensitifs consécutifs aux lésions de la région rolandique. Mais taudis que Tripier, Wernicke. Petrina, Luciani et Seppilli, Jastrowitz, Lisso, Flechsig, Henschen, Dejerine, Mott, Schäfer identiSeut la zone motrice et la zone sensitive dans la région rolandique: d'autres auteurs, tels que Char- cot, Ballet, Nothnagel, Ferrier, v. Monakow, localisent la zone sensitive dans uno région distincte de la zone motrice. Ferrier place la zone sensitive dans la circonvolu- lution de l’'hippocampe; son opinion en opposition avec les données anatomo-pathologi- ques est du reste combatiue par tous les auteurs. Horsley et Schäfr (1887), placent, chez le singe. l-s centres sensitifs corticaux pour le tact et la douleur dans la circonva- tion du lobe limbique. Cette opinion est infirmée par ce que nous enseigne la patholo- gie humaine, et c'est cette dernière qui doit juger en dernier ressort. Pour Charcot et Ballet, 1ا٦‎ zone sensitive comprend tout: la partie posté 'ieure de l'hémisphère (tabes occipital et parietal) et empiòte en avant sur la zone rolandique. Nothnagel localise la sensibilité générale, et en particulier le sens musculaire dans le lobe pariétal; v. Mo- nakow invoque en faveur de cette localisation les connexions indirectes il est

198 JOURNAL DE NEUROLOGIE

vrai du lobe pariétal avec le ruban de Reil médian (Voyez II partie, Ruban de Reil).

Nous avons vu plus haut que les lésions strictement limitées à la zone rolandique eu'rainent des t -oubles moteurs et sens:tifs trés marqués. Ce fait suffit donc pour affir- mer les fonctions sensitivo- motrices de la révion rolandique.

Mais on peut se demander si, comme le veut Tripier, la zone sensitive est exactement superposée à la zone motrice, ou si, plus étendue que cette derni re, elle ne la dépasse pas en arrière el n'empiéte pas sur le lole pariétal.

Bien qu'il n'existe aucuue observation d'hémianesthésie totale ou partielle par lésion exclusive du lobe pariétal, nous possédons toutefois un certain nombre d'observations d'hémiplégie légère avec troubles très accusés du sens musculaire ainsi que du sens dit stéréognostique, relevant d'une lésion du lobe pariétal et en particulier du gyrus supra- marg nalis. Redlich (1893) en a rapporté une vingtaine empruntées à diférents auteurs Dans aucun de ces cas, du reste, il n'existait une intégrité absolus de la sensihilité tactile et le sens stéréognostique n'était très altéré que dans les cas cette dernière avait disparu. Or. dans le plus grand nombre des cas rappartés par cet auteur, la circonvolution pariétale ascendants participait à la lésion, sa partie postéro-infé- rieure est eutffetirriguée par la même brauche artérielle que le gyrus supra-mar- ginalis. La circonvolution pariètale a cen lante n'a été trouvée intacte que dans deux cas déjà anciens (Vetter, Grasset) et un récent à von Monakow (1897). A ces trois faits, il faudrait encore ajouter celui d'Allen Starr et Mc Cosh qui se prés ‘nte de prime abor. avec la rigueur d'une expérience physiologique : à la suite d une lésion acciden- telle du gyrus supramarginalis au cours d'une trépanation pour un cas d'épilepsie trau- matique, ces auteurs ont observé une parte complète isolée et transitoir: du sens mus- culaire du bras droit avec conservation de la sensibilité au contact, à la douleur et à la température, et intégrité parfaite de la force musculaire [L'absence de tout trouble paralytique distingue nettement ce c1is. des lésions traumatiques ou opératoires de la zone rolandique, dans l»squelles les troubles du sens musculaire sont toujours accom- pagués de troubles parétiques. Mais, quelque intéressant que soit le cas rappo: par les chirurziens américains, il est nécessaire, avant d'en tirer des conclusions, qu'il soit corroboré par d'autres. En outre, il faut tenir compte, dans toute opération cránio-céré- brale, des phénomènes d'ivritation, d'inhibition et de dynamogéuie s'étendant à une distance plus ou moins grande. Enfin pour terminer ce qui peut concerner le rôle du ryrus supra-marginalis dans la perception des impressions sensitives, nous ferons remarquer que. dans aucun des nombreux cas d'aphasie sensorielle dont nous avons pratiqué l'autopsie, nous n'avons constaté de troubles de la sensibilité, bien que cette région, ainsi que le pli courbe du reste, fussent lés's dans la plupart des cas. En d'autres termes. pour nous, il n'est pas démontré que le lobulo pariétal inférieur fasse partie de zone sensitive corvcale.

En résu:né, les iroubles du sens musculaire s'observent à la fois dans les lésions de la rézion rolandique et dans c«lle de la partie antérieure du lobe pariétal; mais il n'est pas encore prouvé qu'il. puis:ent s'observ.r à l'état isolé c'est-à.di:e sans troubles moteurs correspondants à la sut e de lésions de ce lobe. En. d'autres termes, rien ne démontre que la zone sensitive cortical: s'étende plus en arrière que la zone motrice. C'est un point qui nécessite encore de nouvell:s recherches et surtout des autopsies faites avec la technique moderne, c'est-à-dire par la méthode des coupes microsco- piques sériées.

Localisations visuelles. Le centre visuel cortical siège dans le lobe occipital. Hitzig (1875) fut l'initiateur de cette localisation définitivement établie chez le chien et chez le singe par Munk en 1877. Cet aute ir a montr?, en effet, que le centre visuel ou sphère visuelle, siège chez le chien dans la partis postérieure de l'hémisphère et quil se fusionne en avant et en bas avec centre auditif; chez le singe, il est mieux délimité et occupe tout le lobe occipital (face interne et face externe).

L'extirpation de la sphére visuelle c ıez le chien ou le singe, si elle est unilat-rale, a pour conséquence l'hémianopsie, c'est-à-dire la cécité de la moitié corr spondante des

BIBLIOGRAPHIE 199

deux rétines; si elle est bilatérale, l'hémianopsie est double et il en résulte une cécité complète, cécilé corticale. Si toute la sphère visuelle est enlevée, la cécité est (otale et permanente; si on laisse intacte une portion des lobes occipitau x. on observe un reste de vision dans le champ visuel opposé àla portion cérébrale intac'e. Enfin, si on enlève dans le milicu de chaque sphère visuelle une petite zone circulaire et symétiique d'un centimètre et demi de diamètre, l'animal présent? d'une facon transiioire, pendant quatre à cinq semaines, de la cécité psychique : L'animal voit, évite les obstacles, mais ne reconnait parla vue sucun objet; il ne reconnait ses aliments, par exemple, qu'à l'odorat ou au goüt etc.

Munk, poussant plus loin encore la localisation des impressions visuelles, admet une connexion très étroite entre les dittérents segments de la rétine et les différentes régions de la sphère visuelle corticale, c'est-à-dire une véritable projection de la retine sur cette derniere, Les bords externe et interne “e la ine correspondraient aux. b: rds. externe et interne de la sphére visuelle, le bord sujérieur dela rétine au hord. antérieur de la sphère visuelle, et son bord inféris ur :u bord postérieur de la sphère visuelle. En outre, le segment externe de la v. tine ne serait représenté que dans lasphére visu:lledu méme cóté; le segment interne de la rétine et la macula lutea n'auraient que des connexions croisées. L'ablation dela ja:tie externe de la sphère visuelle déterminerait non pas l’hémianopsie homonyme, mais l'hémianopsie temporale de l'oeil du méme cóté, tandis que l’extirpation de la partie interne de la sphere visuelle ent"ainerait 1] hémianopsie nasale de l'œil croisé. C'est un fait infirmé par Schäler et Luciani, qui ont toujours constaté une hémianopsie homonyme bilatérale après extirpation partielle de la sphère visuelle. ۱

Les opinions de Munk cn ce qui regarde le siège de la sphere visuelle, la permanence de l'hémianopsie, voire méme la projection des diflérents secteurs de la rétine sur l'éeorce, ont. été confirmées par les recherches expérimentales faites sur le singe par Schafer et Sanger Brown, Horsley. Elles le sont encore pir les résultats formés par l'étude méthodique des dégénérescences secondaires expérimentales. Gudden (1875), Ganser (1832), et v. Menakow surtout, ont inontré qu? l’ablation de la sphère visuelle chez le chiin. le chat le lapin, entraine une dégénérescence secondaire du corps genouillé externe, du pulvinar ct du tubercule quadiijumeau antérieur, c'est-à-dire de ces centres ganglionuaires qui reçoivent les arborisations terminales de la bandelette optique. D'après v. Monakow, la dégénérescence, dans le corps genouillé externe, occu- perait un siège différent, suivant que l'on extirpe la partie externe ou la partie interne de la sphère visuella.

Chez l'homme, les premiers documents cliniques et anatomo pathologiques pour: la détermination d’un centre visuel furent apportés par Luciani et Tamburini (1879), Nothnagel(1880), Angelluci (1830), Bellouard (1880), Mauthner (1881), Exner (1881), etc. Puis vinr nt les travaux d'ensemble de Ilaab (1882), Allen Starr ('"884), Wilbrand (1881), Seppili (1885), Philipeen (1885), Seguin (1886); les observations de cécité corticale et d'hémianopsie corticale de Bouveret (1887), de Chauffard (1885), de Déjerine et Vialet (1899, 1891, 1895); enfin, les importants travaux de v. Monakow, Henschen et Vialet, parus en 1892 et, 1803, et basés tous sur un nombre considérable de faits cliniques et anatomo-pathologiques recueillis chez l'homme et soumis à une étude microscopique méthodique.

Des observations anatomo-cliniques recueillies chez l'homme, il résulte qu» les lésions corticales les p'us circonscrites, capables de produire l'hémianopsie ou la cécité corticale suivant qu'elles sont uni ou bilatérales, siégent toutes à la face interne du lole occi- pit«l, comme le montrent les documents rapportés pav Zinn. Dejerine, Bouveret, Hun, Wilbrand. Moëli, v. Monakow, Henschen, Déjerine et Vialet, Forster, Sachs.

Chez l'homme, c'est, en eflet, la face interne du lobe occipital et plus particulièrement le domaine de la scissure calcarine qui est le siège du centre visuel cortical. Mais, tandis que v. Monakow étend le centre visuel cortical, non seulement à la face interne du lobe occipital, mais encore à Ja face externe et au pli courbe, Vialet le localise à la face

290 JOURNAL DE NEUROLOGIE

les centres fréquemment par les nerfs. La clinique nous a montré ces inflammations périphériques amenant peu à peu des lésions sus-jacentes créées par l'infection ner- veuse.

MM. Gilles de la Tourette et Chipault nous ont fait assister à la phase radiculaire de la névrite ascendante, à la fin de leur travail ils écrivaient qu'il était probable que la phase radiculaire des névrites ascendantes serait suivie d’une étude de la phase médul- laire. Cette phase médullaire, Marinesco nous l'a enseignée dans son intéressante obser- vation anatomique. L'auteur montre que la syringomyélie peut être l'étape terminale, la phase dernière d'un processus de névrite ascendante. On peut même se demander si cer- taines suppurations périphériques, telles que par exemple on en constate dans la mala- die de Morvan, suppurations considérées toujours comme symptômes de la syringo- myélie, ne sont pas la cause de celle-ci.

C’est à tort que bien souvent on ne songe pas à cette étiologie dans des affections de la moelle, dn bulbe, de la protubérance.

Un traumatisme plus ou moins grave se retrouve très souvent dans les antécédents des malades atteints de syringomyélie. Si l’existence d'un tel traumatisme n'est pas signalée plus souvent encore, c'est que les auteurs, n'y pensant pas, ne l'ont pas recher-

ché. Etant donnée cette graude fréquence du traumatisme, il est impossible d'admettre ure simple coincidence.

L'auteurne prétend nullement que toutes les syringomyélies soient des syringomyélies traumatiques, il dit, au contraire, que la syringomyélie est fonction de causes multiples, mais il existe incontestablement un groupe spécial, au point de vue pathogénique, celui des syringomyélies traumatiques.

Et parmi les traumatismes, il faut mentionner, en première ligne, ceux qui résultent de l'accouchement.

Parmi les cas de syringomyélie rapportés au traumatisme, il nous paraît non moins évident qu'un certain nombre d'entre eux doit en être distrait. Si avant le traumatisme s'étaient montrés déjà quelques symptômes plus ou moins vagues de l'affection médui- laire, le traumatisme n'a pu qu'accélérer la progression dela maladie; ces cas ne sont pas des syringomyélies traumatiques. Avec un interrogatoire méthodique et minutieux, l'erreur est facile à éviter. CROCQ.

REVUE DE NEUROLOGIE

A. Pitres. DE LA VALEUR SÉMÉIOLOGIQUE DE L'ÉPILKPSIE JACKSONNIENNE DANS LE DIAG- NOSTIC TOPOGRAPHIQUE DES LESIONS CERÉBRALES. (Communication à l'Académie de Médecine de Paris, 17 novembre 1901.)

Cet article est une réponse à M. Dieulafoy qui, dans une séance précédente, s'était basé sur un cas d'épilepsie jacksonnienne provoquée par une tumeur du lobe préfrontal, pour incriminer la doctrine des localisations cérébrales.

Le diagnostic topographique, posé du vivant du malade, était inexact et la cause en est dans la schématisation trop théorique que fait M. Dieulafoy des symptômes observés.

L'épilepsie partielle reconnait des causes multiples; elle dépend parfois de lésions à décharge des centres corticaux, ainsi que le soutient Huglings-Jakson, mais elle résulte peul-&tre aussi quelquefois, comme le prétend Adamkiewiez, d ela compression ou de l'irritation directe des centres sous-corticaux.

D'ailleurs, on ne peut accorder a ce fait une signification exagérée parce que les tumeurs encéphaliques produisent toujours un mélange de phénomènes de destruc- tion, de compression et d'irritation qui rend difficile l'analyse et l'interprétation des réactions pathologiques.

um :

| 2زا‎ - SALLE DE BLARE OO O

4 JV WM sn‘ ۷۷۱

v (kg

۹

vlt

PAIEUR VASTES LOEX

d > , ۹م‎ ۱۷ Mei ANTO

a 0 7‏ ا یت

59900500 - Dou es Bains.

ons

٤8 2 y Zi ات‎

Kean: EE dE A 7 EN 5 : 3 VH Sa o E 1 حور جو ںو‎ e 4 ٠ v ۹ Gel | ۹

۰

۳ MODE XE ۱ af 7 : Fra S گے یڈ‎ $ eg v EE : ` رت‎ A 2 x SC An à ^ | f RAS

Vaf ink ae PCS ae x

| 2 ۱ ۶ D ۰ A 2 Py Ws. BER T. 9 ۱ | A re CA FE AR LECTHIQUE <t vv سام یر‎

pon اید‎ EE Ee ساد‎

` (Arst dayan

EEE EE E Le D , A | d 2 à

A 3

aa e‏ ی J'éta‏ ure ROW‏ ` ۱

VARIA

Congrès annuel des médecins alienistes et neurologistes Session de Grenoble, août 1902

Le prochain Congrès des aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française se tiendra du 1" au 8 aoùt prochain, à Grenoble, sousla présiuence ce M. le D' E. Régis, protesseur de psychistrie à l'Université de Bordeaux.

Les questions qui feront l'objet de rapports sont les suivantes :

le Pathologie nerveuse : Les tics en général. Rapporteur : M. Noguës, (de Toulouse) ;

20 Pathologie mentale : Des états anxieux dans les maladies mentales. Rapporteur : M. Lalaune (de Bordeaux);

3e Médecine légale : Les auto-accusateurs au point de vue médico-légal. Rapporteur : M. Ernest Dupré Paris).

Les rapports seront adressés aux adhérents du Congres pour le l” juillet au plus tard.

Le secrétaire général du Congrès est M. le D’ Bonnet, médecin en chef de l'asile de Saint-Robert (Iscre).

Statistique des suicides

Il faut croire que le nombre des suicides augmente effectivement avec les progres de la civilisation, Il y a quarante aus, il y avait un suicide sur 92,000 habitants en Suede. sur 35,000 habitants en Russie, sur. 15,0)0 habitants aux Etats-Unis, sur 21,000 habi- . tants à Londres et à Saint-Petershourg. En France, de 1841 à 1845, il ÿ avait sur 100,0 D habitants Y suicides, de 1816 à 1850, 10; de ISül à 1870, 13; de 1871 à 1875, 15: en 1892, 21; en 1893. 22; en 1834, 26. En Belgique, le nombre des suicides s'est accru de 1826 à. 1890 de 72 p. c., en Russie de 411 p. c.. en Autriche de 238 p, c., en Suède et Danemark de 72 p. c., en France de 318 p. c. L'armée française donne le plus grand nombre de suicides en comparaison avec les armées des autres puissances : sur 100,000 soldats, il y a 27 suicides par an et sur 1,000 soldats morts de causes diverses, il y a 50 morts par suicide, Aux Etats-Unis, la proportion des suicides a augmenté de 300 p. c.; une part considérable revient à la race noire sous ce rapport. La première place, au point de vue du suicide en Amérique, est occupée par Chicago et San-Fran- cisco. (Philad. medic. Journal, 14 déc. 1901, et Archives d'anth. crim., 15 mai 1902.)

La mâchoire de l'homme

D'après les recherches du D'E.-S. Taylor, les dimensions de la mächoire humaine diminueraient constamment, ce qui serait en rapport avec les conditions de la cuisine moderne et de l'étiquette de table qui exige qu'on mange la bouche fermée.

(Philad. medic. Journal, 14 déc. 1901, et Archives d'anth. crim., 15 mai 1902.)

Les centenaires dans les divers pays

En Allemagne, il y a sur 29 millions d'habitants, 778 personnes ayant dépassé 100 ans; en France, avec 40 millions d'habitants, 218, en Angleterre 146, en Ecosse 46, en Suède 10, en Norvége 23, en Belgique 5, en Danemark 2, en Espagne 401, dans la petite Serbie 575, tandis qu'en Suisse, il n'y a pas un seul centenaire. Les climats chauds favoriseraient donc la longévité. L'homme le plus âgé du monde, un nommé Bruno Cotrin, âgé de cent cinquante ans, habite Rio-de-Janeiro.

(Medic. Record, 18 janvier 1902, et Archives d'anth. crim., 15 mai 1902.)

La longévité moyenne

Au cours des trois derniers siècles, la durée moyenne de la vie humaine a doublé; au xvr' siècle, elle était en moyenne de dix-huit à vingt ans; vers la fin du xviir siècle, elle dépassait irente ans; actuellement, elle est de plus de quarante ans.

(Philad medic. Journal, 2 novembre 1991, et Archives d'anth. crim., 15 mai 1902.)

1 Rue

uontrexpville, RE yu pasikon: a TUN be e ecce tem tue I Lau: Poupues-Cacabana. ات‎ oj Klein Gros, 0 ue deter rade | n Towel wiem ue, Henry Mares XR D 78 | SC pus

Yi ۱ ۱ E کا ہت‎ décidé رفظ‎ ir. `

tab ete: 1٤8 ا‎ 04 = ۱ Vhésphatina: Falibres, p. 5: os LOCI NOTER

۱ ‚Ouatsplasmes Tu duco Tome ای ا موی‎ ge 2 SERA OD,

SE Nativeta. ۱ ee

۶ ii ۱ e dm E rM B dt Fees, BR Em

Nestlé, PE ME 010 Tbyvoidine, die WE Dok‏ کو اما ور رو

MA ا مع‎ coo] owe Flauréns, p n Ge SE $ اف‎ pis Pr RE 3 10700017 Fi 0: te ده‎

e‏ ز× فرظ ا

Ar

Xu KOURA. n Mansard, = dec

Cu icti fiar: pt j Kan. de Vichy. pc Jr E Van Marian js Lf. AN dodus Foucher,p- d e JFarine-HRémiádux,. e E اما ی‎ Ghapatot, p CH E ما ان خر‎ REISE E iromure de A A&-Gieon pdt ی‎ Dognlel Tanna om kine, le onu do Runyadi Janas ایس‎ monis, AE ENS امس‎ filyod : Pangarfulne PAM S Rau ee cm phosphate de Filhine; Fuer 4 rs di scit 6ا16 0سا‎ 90 def بل رم بوضزاهوت‎

vue Sons e 208 Fund. qux

| ا ا Byrolke,‏

thai pis EEE‏ نز

NO ۱ Ee okola, Neuri

aieh Nedin 2 Broniave! Shapntak, N CR E ۳ 7

0 apse de élite. Vial; e?

+ موی‎ de riis cr "redde Vigier, ps Le Maien vd ` de Sant ای 72ء‎ au J'Hétntae: ADHD OF

Si Dunral, Axpirine, Somatose, Fir opluna His ود‎ l anhitene, Hatma; Eee, Fatro Sömatose, Jodorhy: fine, ;Yeétol, Acistol. Tetonal Bayer.

Axsgene put medicina, p X- SAO üvdrpale gu Aheront ste UR SD

Poudre. ai, و تا 00ہ‎ | W Hammam he wes b ds SIUE INE Esesuftawe: yh | Peptone Cornétis; ٭‎

m BE gomplet d REN du dh Med. Hommel,

Ains GE

امک

- hd pe E - m > ~ = ا‎ - p T - m DI ` be? o. E?

می کے‎ —À 9 e^ 9 aan Pe eege Bee Ee

0

Farine Malte Vial

(AUTODIGESTIVE) la seule qui se digere d'elle-même

Recommandée pour les Enfants

| f AVANT, PENDANT ET APRÉS LE SEVRAGE, | endant la dentition et la croissance comme aliment le plus agréable, fortifiant et éco- nomique. Prescrite aussi aux estomacs déli- cats ou fatigués. En vente partout. Dépôt : 8, rue Vivienne, PARIS.

PLASMA MUSCULAIRE (Sue de Viande desséché)

Renferme à l’état sec les précieux élé- ments auxquels la viande crue doit ses propriétés reconstituantes. Héroïque dans la TUBERCULOSE, \a NEURASTHÉNIE, la CHLOROSE, l'ANÉMIE, etc.

VIAL, 8, rue Vivienne, PARIS et toutes

VIN AROUD| COLCHIFLOR

VIANDE QUINA FER 7/۱۱۱۱ Le Plus puissant RÉGÉNÉFATEUR Selon la Formule de M 1 D' DEBQUT d'ESTRÉES 1 n de CONTREXEVILLE ۳ A base deVin généreux Espa, gne, G 0 U T TE U VIN || W préparé avec du suc deet l ol | Ty contre la | c'est par son association au fer un que et le RHUMATISME

DOSE: 6 Capsules par jour en cas d'accès. PARIS, 8, rue Vivienne.

TON ERE I

du Docteur ED. „LANGLEBERT ADOPTE par les MINISTERES de la GUERRE, de E de la MARINE et les HOPITAUX de PARIS Seul Cataplasme Aseptique, blanc, sans odeur.

Précieux à employer dans toutes les Infilammations de la Peau :

ECZEMAS, ABCES, FURONCLES, ANTHRAX, PHLEBITES, ett.

Avenue d' Antin, PARIS, et daus boules les Pegal: PAs

. un...‏ ار و و و . gU ۲‏ D‏ ۰ 2 ۵ ه و و و وه ۵

à P, ^ e

P. SABATIER, 71.

ES ۱ Dépôts à Bruxelles : Pharmacies Derneville, Delacre

—— —" 5 = =

TRAVAIL ORIGINAL :

La valeur clinique de la dissociation des réflexes tendineux et cutanés

Réponse à M. Van Gehuchten par J. CROCQ

Trava:l présenté à la Société belge de Neurologie, séance du 31 mai 1902

Je me vois obligé de revenir encore sur une question que j'ai, à diffé- rentes reprises, traitée devant vous et que j'ai également développée dans mon rapport au Congrès de Limoges.

Il s’agit de la dissociation et de l'antagonisme des réflexes tendineux et cutanés. |

Un article de Van Gehuchten, paru dans le dernier numéro du Névraxe, est consacré à la réfutation des affirmations que j'ai avancées au sein de notre Société, ainsi qu'à Limoges, sans que,selon l'expression de mon distingué contraducteur, aucune voix ne se soit élevée pour me contredire.

J'aurais, de beaucoup, préféré que mon collégue de Louvain me fit l'honneur de combattre verbalement mes idées, ce qui lui aurait été d'autant plus facile qu'il est membre de notre Société et qu'il connaissait le sujet de mon rapport à Limoges.

N'ayant pas l'occasion de répondre directement à M. Van Gehuchten et ne pouvant faire insérer dans le Vévraxe, qui est plutôt un recueil de travaux de laboratoire, qu'une tribune libre, ouverte à toutes les opi- nions, je me décide à vous soumettre le débat; la question étant essen- tiellement clinique, notre Société, qui est elle-méme avant tout clinique, appréciera, je pense, à leur juste valeur, les arguments fournis par cha- cun des polémistes.

Le texte du récent article de Van Gehuchten prouve qu'il est néces- saire de rappeler briévement l'histoire de la question, en citant, autant que possible, les termes mémes des auteurs, afin d'éviter toute modifi- cation dans les idées exprimées par eux.

Depuis longtemps déjà les cliniciens ont signalé l'abolition fréquente de certains réflexes cutanés dans l'hémiplégie; dans les travaux de Marshall Hall (1), Jastronitz (2), Rosenbach (3) Nothnagel (4),

(1) MARsSHALL-HALL. Cité par JENDRAsSIK et VAN GEHUCHTEN.

(2) Jasrronıtz. Beitrag zur Pathol. der Hemiplegie. (Jer/. A7. Wochensch., 1875, n? 31, p. 428.

(3) ROSENBACH. ‚Die diagnostische Bedeutung der Reflexe insbesondere des Bauch- reflexes. (Centralbl. f. Nervenheilk., 9 mai 1879.) Ein Beitrag zur Symptomatologie der Hemiplégic. (Arch. f. Psychiatrie Bd. VI, p. 845.)

(4) NoTHAGEL, Cité par JEXDRASSIK et VAN GEHUCHTEN.

222 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Gowers (1), Moeli (2), et surtout dans ceux de Lion (3), Shwartz (4), Jendrassik (5), Ganault (6), Strumpell (7), Muskens (8), on trouve des indications intéressantes à ce point de vue.

Dans sa thèse, inspirée par P. Marie, Ganault dit : « Il nous a semblé que, dans l’hémiplégie ancienne, il y avait souvent mais pas toujours antagonisme, en quelque sorte, dans l’état des réflexes cutanés et tendineux, les premiers étant affaiblis, quand les seconds étaient exa- gérés. »

Strumpell s'exprime comme suit : « Dans l'hémiplégie cérebrale par lésion de la capsule interne, nous trouvons l'état suivant : presque sans exception, une forte exagération des réflexes tendineux du bras et de la jambe du cóté paralysé, souvent une exagération notable des réflexes tendineux du cóté sain, presque régulièrement un affaiblissement ou une abolition complète d'un groupe spécial de réflexes cutanés (abdominal, crémastérien, quelquefois cornéen) sur le côté malade; souvent aussi, mais non toujours, un affaiblissement plus ou moins prononcé du réflexe cutané ordinaire (réflexe plantaire) du membre inférieur. J'ai déjà signalé antérieurement du reste que, dans le bras paralysé, il ۲ presque plus de réflexe cutané. »

Dans un premier travail, présenté au Congrès de 1900, Van Gehuch- ten attira tout particulièrement l'attention sur l'importance des réflexes : cutanés en clinique. « De toutes nos observations, disait-il, se dégage d'ailleurs cette conclusion, c'est que, dans un grand nombre de cas, il existe un espèce d'antagonisme entre les réflexes cutanés et les réflexes tendineux; les réflexes fendineux peuvent être abolis, alors que les réflexes cutanés persistent avec leurs caractères normaux; les réflexes cutanés peuvent être abolis, alors que tous les réflexes fendineux sont exagérés (9) ».

Dans un travail plus étendu, paru le 10 août 1900, Van Gehuchten développa les idées qu'il n'avait fait qu'ébaucher en présence des mem- bres du Congrés. Aprés avoir rapporté sept observations, dont trois de tabes spasmodique, deux de compression médullaire, une de tumeur

(1) GOWERS. Diagn. of. the diseases of the spine, 1885. (2) MoELI. Zum Verhalten der Reflexthätigkeit. (Deuts. Archiv. f. Klin. med., Bd. XXI, p. 279.)

(3) Lion. Zeitschrift f. Klin, med., Bd. II, cité par JENDRASSIK et VAN GEHUCHTEN.

(4) SCHWARTZ. Zur Lehre von den Haut und Sehnenreflexen. (Archiv. f. Psych., Bd. XIII, 1882.

(5) JENDRASSIK. Ueber die allgemeine Localisation der Reflexe. (Deutsches Archiv. f. Klin. med., 1894.)

(6) GANAULT. Contribution à l'étude de quelques réflexes dans l'hémiplègie de cause organique. (Thèse, Paris, 1898.)

(7) STRUMPELL. Zur Kenntniss der Haut und Sehnenreflexe bei Nervenkranken. (Deutsche Zeitschr., f. Nervenheilk., 1889, Bd. XV, p. 267.)

(8) Muskens. Zur Kentniss der Natur der Sehnenphänomene. (Neurol. Centr., 1899, 23.)

(9) VAN GRHUCHTEN. Réflexes cutanés et réflexes tendineux (Comptes-rendus de la Section de Neurologie du Congrès intern. de ıned., 2 aoüt 1900, p. 171.)

TRAVAIL ORIGINAL 993

cérébrale et une de paralysie alterne, dans lesquelles il existait un anta- gonisme plus ou moins marqué des réflexes tendineux et cutanés, l'au- teur fait remarquer que des faits analogues ont été signalés, par un grand nombre d'auteurs, dans l'hémiplégie organique. « Mais ici, ajoute-t-il, l'antagonisme n'est pas constant et, de plus, il n’est pas aussi profond que dars les cas de tabes spasmodique et ceux de compression médul- laire ayant déterminé de la paraplégie spasmodique (1) ».

Van Gehuchten conclut : « L'abolition du réflexe abdominal et du réflexe crémastérien, aura la méme valeur pathognomonique que le réflexe de Babinski. Elle indiquera, comme ce dernier, une interruption des fibres cortico-spinales (2). (À) |

A la suite d'une intéressante communication de Laureys (3) sur l'état des réflexes chez les chloroformés, Van Gehuchten a précisé devant nous ses idées premiéres; ses affirmations devinrent, à.cette époque, plus catégoriques : « Dans les cas de tabes spasmodique et dans les cas

(1) VAN GEHUCHTEN. Réflexes cutanes et réflexes tendineux. (Ze Névraxe, Vol. I, fasc. III, 20 août 1900, p. 256.) (2) VAN GEHUCHTEN. Loc. cit., p. 265.

(A) La lettre que vient d'adresser à notre Société M. le professeur Van Gehuchten m'oblige à ajouter quelques mots d'explication concernant cette citation. (Voir le compte rendu de la séance du 31 mai 1902.)

ll est bien vrai que la phrase « l'abolition du réflexe abdominal et du reflexe crémas- térien, aura la méme valeur pathognomonique que le réflexe de Babinski » peut, à la rigueur,étre considerée comme se rapportant à l'hémiplegie organique.Ce n'est cepen- dant qu'une apparence, car l'article en question est consacré, non pas à l'étude des réflexes cutanes dans l'hemiplégie, ce qui avait été fait. par Ganault et bien d'autres, mais bien à celle des réflexes cutanés dans la paraplegie spasmodique. La preuve en est que l’auteur dit, en parlant de l'héemiplégie : « Mais ici l'antagonisme n'est pas constant et, de plus, il n'est pas aussi profond que dans les cas de tabes spasmodique et ceux de compression médullaire ayant détermine de la paraplegie spasmodique. »

Mon distingué collègue est trop anatomiste pour ne pas reconnaître que, du mo- ment il admet, dans l'hémiplegie, une valeur pathognomonique analogue à la disso- ciation des réflexes et au phénomène de Babinski, ceite analogie doit exister aussi pour le tabés spasmodique dans lequel, selon l'expression de l'auteur, la dissociation est plus constante et plus profonde.

En parlant de l'hemiplézie organique, Van Gehuchten a voulu nous démontrer que la dissociation des réflexes est un phénomène inhérent à la lésion du faisceau pyramidal ; il a voulu,par un exemple connu et indiscuté, nous prouver que l'altération de ce faisceau provoque non seulement le phénomène de Babinski,mais encore la disso- ciation des réflexes tendineux et cutanès. Dès lors la comparaison qu'il fait concernant l’hémiplégie, doit être maintenue pour tous les cas le faisceau pyramidal est ` lésé et le tabes spasmodique ne peut échapper à cette comparaison. C'est ainsi que je l'ai compris, et c'est ainsi que tous les lecteurs doivert l'avoir entendu.

Si un doute pouvait persister dans votre esprit, je n'aurais, pour vous convainvre que j'ai parfaitement compris la pensée de l’auteur, qu'à vous citer les lignes suivantes

u’il a prononcées devant nous, lc 27 octobre 1900. « Le réflexe de Babinski indique donc toujours une lésion du faisceau pyramidal. Chaque fois quc nous l'avons observe, au moins dans les cas de tabes spasmodique et de parapiézie spasmodique, nous l'avons vu coincider avec l'abolition du réflexe crémastérien et du réflexe abdominal. L'abolition de ces reflexes cutanes a donc, au point de vue du d'agnostic, une impor- tance tout aussi considérable que l'existence du réflexe de Babinski. »

Vous voyez, Messieurs, qu'il s'agit ici non d'hémiplégie, mais bien de tabes spasmo- dique et que, par conséquent, j'avais raison d'attribuer à la lésion pyramidale en géné- ral. le jugement de mon distingue collégue qu'il pense n'avoir émis que concernant l'némiplegie.

(3) Laun&vs. Réflexes tendincux ct réflexes cutanés. (Journal de Neurologie, 24, 16900, H 469.)

994 JOURNAL DE NEUROLOGIE

de paraplégie Spasmodique que j'ai eu l'occasion d'examiner au point de vue des réflexes cutanés et tendineux, j'ai /oujours constaté, à cóté de l'exagération des réflexes tendineux, l’abolition complète des réflexes cutanés (1). »

« Le réflexe de Babinski, dit-il encore, indique donc toujours une lésion du faisceau pyramidal. Chaque fois que nous 1l avons observé, au moins dans les cas de tabes spasmodique et de paraplégie spasmodique, nous l'avons vu coexister avec l'abolition du réflexe crémastérien et du réflexe abdominal. L'abolition de ces réflexes cutanés a donc, au point de vue diagnostic,une importance tout aussi considérable que l'existence du réflexe de Babinski (2). »

« L'examen des réflexes cutanés, ajoute Van Gehuchten, me parait donc devoir acquérir une importance considérable.

» Dans les cas de tabes spasmodique, au début, chez les personnes qui se plaignent d'un peu de fatigue dans l'une ou l'autre jambe à la suite d'une marche un peu longue, j'ai, plus d'une fois, constaté que l'examen des réflexes tendineux ne donnait pas beaucoup de renseignements : les réflexes rotuliens étaient bien un peu exagérés, mais il y avait absence totale de clonus du pied. L'examen du réflexe plantaire était indécis : les orteils ne se mettaient pas en flexion, il y avait donc abolition du réflexe plantaire normal, mais le redressement du gros orteil était difficile à apprécier d'autant plus qu'il était combiné avec un mouvement d'exten- sion du pied sur la jambe.

» En constatant alors l'abolition du réflexe crémastérien et du réflexe inguinal, je n'ai pas hésité à porter le diagnostic de lésion médul- Jaire. »

Pour répondre à ces déclarations, j'ai invité les membres de la Société Belge de Neurologie à se rendre dans mon service hospitalier et je leur ai montré l'état des réflexes cutanés et tendineux chez un certain nombre de malades, atteints d'affections diverses.

Je me suis exprimé comme suit (3) :

« En examinant ces cas, on remarque immédiatement l'existence indé- niable de l'antagonisme des réflexes. Ces observations viennent donc corroborer les assertions de Lion, Schwartz, Strumpell, Ganault, Van Gehuchten, etc. Le principe de cet antagonisme me semble donc bien établi ot nous ne pouvons que féliciter notre savant collègue, M. Van Gehuchten, d'avoir attiré l'attention sur ce fait qui, jusqu'ici, avait peu frappé les neurologistes.

» Mais pouvons-nous, avec lui, dire que, dans les cas de paraplégie spasmodique : il y a /oujours exagération des réflexes tendineux et abo-

(1) VAN GEHUCHTEN. Considérations sur les réflexes cutanes et les réflexes tendi- neux. (Journal de Neurologie, 5 décembre 1600, p. 472.)

(2) VAN GEHUCHTEN. Loc. cit., p. 478.

(3) CROCQ. La dissociation et ۲ antagonisme des réflexes. (Societé belge de Neuro- logic, séance du 29 décembre 1900. Journal de Neurol., s fevrier 1901, 3, p. 45.)

TRAVAIL ORIGINAL 225

lition complèle des réflexes cutanés; que, chez les personnes qui se plaignent d'un peu de fatigue dans l’une ou l’autre jambe, à la suite d'une marche un peu longue, alors que l'examen des réflexes rotuliens est indécis. que celui du réflexe plantaire est peu concluant, la constatation de l'abolition du réflexe crémastérien, chez l’homme, du réflexe ingui- nal chez la femme, suffit à porter le diagnostic de lésion médullaire ?

» Dans la paraplegie spasmodique, il y a certes toujours exagération des réflexes tentineux, mais les réflexes cutanés présentent des mani- festations variables : tantót ils sont affaiblis (obs. III et VI), tantót, au contraire, ils sont forts (obs. V du travail précédent). Dans aucun de ces trois cas il n'y a l'abolition compléte des réflexes cutanés, alors que les réflexes tendineux sont exagérés à l'extréme. Je ne nie nullement lexistence de cette abolition; je pense seulement qu'elle n'est pas nécessaire et que le simple affaiblissement est fréquent.

» Pouvons-nous dés lors attribuer aux modifications des réflexes cutanés une valeur pathognomonique aussi précise que l'indique Van Gehuchten? Pouvons-nous, comme le dit cet auteur, nous baser sur ces résultats, dans les cas l'examen des réflexes tendineux ne donne que des indications sujettes à caution? Je ne le pense pas, et cela pour plu- sieurs raisons.

» Lorsqu'on recherche les réflexes, tant tendineux que cutanés, chez un grand nombre de sujets, soit sains, sois atteins de maladies internes quelconques, on arrive vite à cette conclusion que l'état des réflexes est éminemment variable suivant les sujets, que ce qui semble représenter l'état normal chez l'un, serait, chez un autre, l'expression d'une exgéra- tion ou d'une diminution notables.

» On se demande, aprés un certains nombre d'explorations, quels sujets doivent étre considérés comme possédant des réflexes normaux, lesquels ont des réflexes exagérés et lesquels présentent des réflexes affuiblis. On se voit contraint, dans la circonstance, à adopter une moyenne que l'on se grave dans la mémoire et qui servira, par la suite, : de point de comparaison. Cette moyenne, difficile à fixer pour les réflexes tendineux, est presque impossible à déterminer pour les réflexes cutanés, qui varient considérablement, non seulement chez les différents individus, mais encore chez un même individu, suivant le moment on l'examine. C'est ainsi que, chez des proposants à des assurances sur la vie, reconnus parfaitement bien portants par un examen approfondi, jai vu quelquefois les réflexes cutanés paraître exagérés ou fortement affaiblis.

» Si donc, un individu se plaint, suivant l'expression de Van Gehuch- ten, «d'un peu de fatigue dans l'une ou l'autre jambe, à la suite d'une marche un peu longue », je ne pourrai, en l'absence de résultats donnés par l'examen des réflexes tendineux, me baser uniquement sur un affai- blissement des réflexes cutanés, pour diagnostiquer une lésion médul- laire. Il me faudra, pour cela, des phénomènes plus convaincants et, en

226 JOURNAL DE NEUROLOGIE

particulier, l'exagération des réflexes tendineux, qui, du reste, existe généralement à une période trés précoce, avant méme que le patient songe à consulter le médecin. ۱

» Le phénomène objectif capital du diagnostic de la paraplegie spas- modique reste donc toujours l'exagération des réflexes tendineux, auquel peut se joindre le phénomène de Babinski et, accessoirement, l'affaiblis- sement des réflexes cutanés.

» Si, comme tout neurologiste doit le faire, nous pensons anatomi- quement, suivant l'expression de P. Marie, nous ne pouvons étre éton- nés que ce qui est vrai pour le tabes spasmodique, le soit aussi pour les autres altérations du faisceau pyramidal.

» C'est ainsi que j'ai observé un dissociation analogue des réflexes tendineux et cutanés dans l'hémiplégie (obs. I et II); dans un cas de méningite tuberculeuse lombaire (obs. V) avec compression médullaire, et dans un cas de sclérose combinée (obs. VI). Et cet antagonisme ne se limite pas seulement aux lésions du systéme pyramidal, puisque, dans un cas de sclérose postérieure, j'ai trouvé les réflexes tendineux abolis et les réflexes cutanés énergiques.

» Vais-je en conclure que, dans tous les cas de tabes on doit observer cette dissociation des réflexes? Je m'en garderais bien; je dirai seule- ment que ce phénomène peut exister. Je ne dirai pas davantage que la constatation de ce symptôme permet, en l'absence de manifestations cliniques plus importantes, de porter le diagnostic de tabes. »

Faisant allusion à ces lignes, je me suis exprimé comme suit au Con- grès de Limoges :

« Nous n'avons rien à ajouter à ces paroles, prononcées il y a six mois. Depuis lors, nos nombreux examens cliniques nous ont confirmé dans cette idée que l'antagonisme des réflexes cutanés et tendineux est fré- quent, mais non constant, qu'il s'observe le plus souvent, ainsi que Ganault et Strumpell l'ont signalé, dans l'hémiplégie organique, qu'il se rencontre souvent aussi, àun degré plus ou moins accentué, dans le tabes dorsal spasmodique et dans le tabes. »

» Mais, d'autre part, nous avons progressivement rencontré dans une foule d'autres cas les plus divers, appartenant à la clinique interne, un affaiblissement des réflexes cutanés, contrastant avec l'existence de réflexes tendineux forts.

» L'antagonisme des réflexes cutanés et tendineux nous parait, en somme, étre un phénoméne digne d'attention et qui, dans certaines cir- constances, peut nous fournir une présomption en faveur d'une maladie organique du systéme nerveux. Mais il ne nous semble pas juste de lui attribuer, ainsi que le fait Van Gehuchten, une valeur séméiologique comparable à celle du réflexe de Babinski, dont nous avons démontré

(1) CROCQ. Physiologie et pathologie du tonus musculaire des réflexes et de la con- tracture. (Journal de Neurologie, 19 1, n" 16 et 17, page 451. Rapport au Congrès des Aliénistes et Neurologistes français. Session de Limoges, 1901.)

TRAVAIL ORIGINAL 97

toute l'importance et qui permet, à lui seul, de poser un diagnostic précis. »

J'ajoutais :

« En ce qui concerne les réflexes cutanés, nous avons dit que leur affaiblissement est beaucoup moins constant. Quelquefois ils sont nor- maux, bien que la lésion pyramidale soit démontrée par l'ensemble symptomatologique, souvent ils sont diminués, quelquefois ils sont abolis.

» Les altérations du faisceau pyramidal produisent donc, avec une régularité bien connue, lexagération des réflexes tendineux; elles don- nent lieu, au contraire, à des modifications inconstantes des réflexes cutanés, qui ont pour caractère commun d'être toujours des modifica- tions en moins de ces réflexes (1). »

Au cours de la discussion qui suivit l'exposé de mon rapport, Cestan, bien que se déclarant nettement mon adversaire sur un certain nombre de points importants, émit une opinion analogue à la mienne en ce qui concerne l'antagonisme des réflexes dans le tabes spasmodique; il cita trois cas de tabes spasmodique avec exagération des reflexes cutanés et, en sens inverse une hystérique présentant l’abolitiun de ces mêmes réflexes. « Par suite, dit-il, bien que tres intéressante, /a recherche des réflexes cutanés ne permet pas d'affirmer un diagnostic (2). »

La question en était lorsque parut, tout récemment, la thése de Jan Chadzynski, sur la dissociation et l'antagonisme des réflexes ten- neux et cutanés.

L'auteur a compris parfaitement ma pensée lorsqu'il dit : « A la suite de cette communication (de Van Gehuchten), M. Crocq entreprit des recherches qui le conduisirent à combattre l'absolutisme de Van Gehuchten et son exclusivisme au sujet du tabes spasimodique, /ou£ en acceptant le principe a^un anlagonisme (3). »

Après avoir relaté ma manière de voir, Chadzynski ajoute : : « Nous avons tenu à reprodu:re cx/enso cette partie du rapport du savant professeur de Bruxelles,parce qu'elle nous parait exposer admirablement l'état de la question et elle rend trés bien l'opinion que nous nous son- mes faite, au cours de nos recherches, et qui ressort avec netteté du résumé de nos observations.

« Quand nous les avons entreprises, sur le conseil de M. ےت‎ au mois de juillet, nous ne pouvions pas encore connaître ce travail, le Congrès n'étant pas encore tenu (4). »

L'auteur a rencontré dans des affections névrosiques variées, une irré-

(1) CROCQ. Zoc. cit., p. 463.

(2) CESTAN. Discussion du rapport de Crocq. ( Comptes rendus du Congrès des A lid- nistes et Neurologıstes, stance du 3 août 1901, in Revue Neurologigue, 19, 20 août 1921, p. 819.)

(3) JAN CHADZYN£KI. Des réflexes lendineux el culanés el de leur dissociation (antago- nisme) dans les maladies du système nerveux. (Paris, 1502, p. 88.)

(4) JAN CHADZYNSKI. Zöid., p. 66.

228 JOURNAL DE NEUROLOGIE gularité très grande du rapport des réflexes tendineux et cutanés, « dépendant, dit-il, de l'extrême variabilité des réflexes cutanés que l'on rencontre en général dans la plupart des psychonévroses (1) ».

En ce qui concerne les affections organiques du systéme nerveux, Chadzynski a rencontré, à des degrés variables, la dissociation des réflexes tendineux et cutanés :

Dans 90 p. c. des cas de syringomyélie ;

Dans 75 p. c. des cas de sclérose en plaques ;

Dans 70 p. c. des cas de paraplégie shasmodique ;

Dans la compression médullaire, il y avait 86 p. c. d'exagération des réflexes tendineux et 71 p. c. d'abolition ou affaiblissement des réflexes cutanés.

Dans l'Aémiplégie, 87 p. c. d'exagération des réflexes tendineux et 50 p. c. d'abolition des cutanés.

Mais l'auteur admet aussi que la dissociation existait dans 80 p. c. des cas de /abes (2).

Dans notre séance du 22 février 1902, je vous ai présenté un malade atteint de tremblement hydrargyrique avec dissociation des réflexes tendineux et cutanés; vous pouvez vous rappeler que cet homme présen- tait une exagération considérable des réflexes tendineux avec abolition des cutanés.

Je vous disais à cette occasion (3): « Cette dissociation des réflexes tendineux et cutanés confirme ce que je vous ai dit, il y a plus d'un an, en vous présensant un certain nombre de malades de mon service: à savoir que antagonisme des réflexes ne possède pas la valeur pathogno- monique qu’on a cru pouvoir lui donner. »

Vous avez enfin entendu, lors de notre dernière séance (26 mars 1902); notre distingué collègue De Buck, considérer l'abolition des réflexes cutanés comme un symptôme plus important que le phénomène de Ba- binski dans les maladies du faisceau pyramidal.

J'ai répondu qu'en cherchant à prouver que la dissociation des réflexes tendineux et cutanés possède une certaine importance, M. De Buck ne faisait que corroborer ce que j'avais dit, dès le début, en présentant mes malades à la Société.J'ai fait remarquer que jamais je n'avais nié que cette dissociation existát fréquemment dans le tabes dorsal spasmodique mais que j'avais toujours combattu l'idée première de Van Gehuchten, à savoir :

« L'abolition du réflexe abdominal et du réflexe crémastérien aura la même valeur pathognomonique que le réflexe de Babinski. »

« Dans les cas de tabes spasmodique au début, chez les personnes qui se plaignent d'un peu de fatigue dans l’une ou l’autre jambe à la suite

(1) JAN CHADZYNSKI. /bid , p. 108.

(2) CHADZYNSKI. /bid., p. 129 et 130.

(3) CROCQ. Tremblement hydrargyrique avec dissociation des reflexes tendineux et cutanés. (Journal de Neurologie, n°5, 5 avril 1902, p. 138.)

TRAVAIL ORIGINAL 229

une marche un peu longue, j'ai, plus d'une fois, constaté que l'examen 's réflexes tendineux ne donnait pas beaucoup de renseignements; les flexes rotuliens étaient bien un peu exagérés, mais il y avait absence tale de clonus du pied. L'examen du réflexe plantaire était indécis. En constatant alors l'abolition du réflexe crémastérien et du réflexe guinal, je n'ai pas hésité à porter le diagnostic de lésion médul- ire. » Toujours, ce sont ces conclusions, à mon avis exagérées, que j'ai com- ttues; toujours, je n'ai cessé de dire que la dissociation des réflexes ssédait une valeur clinique digne de remarque, mais que ce phénomène pouvait avoir une valeur diagnostique égale à celle, de jour en jour Js considérable, du réflexe en extension de Babinski. « Depuis l’année dernière, vous disais-je, je n'ai cessé d'examiner les flexes tendineux et cutanés de tous les malades que j'ai eu l'occasion *, et ces multiples explorations n'ont fait que confirmer mon ۱ est, aujourd'hui encore, ce qu'elle était au début,à savoir : la əs réflexes tendineux et cutanés est digne d'attirer notre ; sa constatation ne constitue nullement une preuve per- ter le diagnostic de lésion organique. Cette dissociation grand nombre de cas des plus divers, dans lesquels on peut thèse d'une lésion organique des centres nerveux. Il s’en- ¿sociation des réflexes tendineux et cutanés ne peut avoir ‚eur pathognomonique que le réflexe de Babinski, etc »

+ ¥ *

. tout récent article, paru dans le /Vévraxe (10 mars 1902), zhten, qui jusqu'à présent n'avait pas jugé à propos d interve- .3 débat, déclare qu'afin que l'opinion exprimée par moi « sur è valeur qu'il convient d'attribuer à l'abolition des réflexes dans le tabes spasmodique ne soit acceuillie dans la science » 3),il croit de son devoir de faire quelques remarques. Parlant résultats, mon honorable collègue affirme ex cathédra « qu'ils ne

ıt pas à un examen rigoureux des faits » (p. 269). es avoir mentionné mon opinion, Van Gehuchten ajoute : «Si les zas signalés par Crocq, étaient des cas incontestables de para- و‎ spasmodique due à une lésion des fibres cortico-spinales en un . quelconque de la mozlle cervicale ou dorsale, la conclusion qu'il tirée serait admissible ». Mais l'auteur m'accuse d'avoir mal établi n diagnostic: d'apres lui, les cas qui ne sont pas en harmonie avec ; idées théoriques d'anatomiste sont mal interprétés, ceux au con- | Aire qui corroborent sa manière de voir, lui paraissent bien diagnos-

a iques ! Voici la première observation critiquée par l'auteur :

230 JOURNAL DE NEUROLOGIE

M. B.. , de Gand, àgé de 26 ans, me fut adresse, en septembre dernier, par le D' W. Son père âgé de v9 ans, est bien portant; sa mère est morte en couches à 27 ans; un frère est mort en bas âge, une sœur vivante. [.ui-même a trois enfants; il n’a jamais été malade antérieurement.

Il y az ans, à la suite de courses assez longues en bicvclette, DB... ressentit un engourdissement de la main gauche, d'abord intermittent, mais qui devint bientôt permanent. Il atiribua ce phénomène à la pression du guidon de sa machine et n'y fit guère attention. Mais, un an plus tard, il ressentit un engourdissement analogue dans le pied gauche, puis dans la jambe gauche. Il suivit alors différents traitements hydrothérapiques et électrothérapiques à Anvers, à Chenée, à Dinant, à Ragatz. Les spécialistes consultés le traitèrent pour neurasthénie et la maladie s'aggravait d'année en année. Bientôt l'en- gourdissement se généralisa aux quatre membres et s'accompagna d'un affai- blissement moteur grogressif, de douleurs lombaires, ténesme vésical, de douleurs fulgurantes dans les Jambes.

Lorsque je le vis pour la première fois, il se plaignait surtout d'une lassitude extrème, de douleurs en ceinture très gènantes, de ténesme vérical, de ver- tiges, d'insommie, de céphalalgie.

La sensibilité, trés émoussée sous ses trois formes à l'extrémité des quatre membres, devenait de plus en plus nette à mesure que l'on rapprochait de leur racine. Les réffexes teudineux rotulien, du poignet et du coude étaient très exagérés à gauche; à droite, ils l'étaient beaucoup moins. Les reflexes cutancs, crémastérien et abdominal e/arent faibles à gauche et plus forts à droite. Le frottement de Ja plante des pieds provoquait le fhénoméuc des orteils des deux côtés. Pas de clonus du pied. Pas d’atrophie.

La marche ne présentait rien de spécial en degors de l'épuisement rapide.

Van Gehuchten, ne pouvant admettre qu'une paraplégie spasmodique existe sans /’a holition des réflexes cutanés, reproche à ce cas d'ètre une sclérose combinée. Ce diagnost c, je l'ai m9i même étab'ien me basant sur l'existence des troubles de la sensibilité.

Mais si c’est, à un certain degré, une sclérose combinée, c'est aussi, et

avant tout, une paraplégie spasmodiguc intéressant le faisceau pyrami- dal, ainsi que l'indique le phénoméne des orteils des deux cotés. C'est du reste, ce que Van Gehuchten avoue lorsqu'il dit: « L'existence du réflexe de Babinski doit faire admettre une lésion des fibres cortico- spinales » (page 274), et il ajoute : « Mais le niveau cette lésion s'est produite, ne ressort pas de l'observation telle qu'elle est rapporiée ». J'avoue, messieurs, que je ne suis pas toujours capable, en présence d'un cas clinique, de localiser exactement le niveau de la lésion d'une para: plégie spasmodique. Peut-étre un anatomiste aussi distingué que l'est notre collègue de Louvain le pourrait-il, j'estime qu'en nous indiquant les moyens qu'il a à sa disposition pour arriver à un résultat aussi précis, il nous rendrait un grani service ! . En ce qui concerne le cas présent, l'exagération considérable des réflexes tendineux aux membres supérieurs me parait de nature à faire admettre que la lésion siès: suffisamment haut pour devoir, dans l'hypo- thèse de mon contradicteur, entrainer l'abolition des réflexes cutanés.

TRAVAIL ORIGINAL 931

Mais la phrase que je viens de relevernousindique que Van Gehuchten a restreint notablement l'étendue de ses affirmations. Tandis qu'au début il déclarait que l'abolition des réflexes cutanés existait dans tous les cas de tabes dorsal spasmodique, il ajoute aujourd'hui : à condition que la lésion siège assez haut. Cette restriction existait, au dire de l'auteur, dans sa pensée, dès le début : « Dans notre pensée donc, l'abolition des réflexes cutanés se produira chaque fois que les fibres cortico-spinales auront été mises hors de fonction, en un point quelconque de la moelle situé au-dessus du segment médullaire gui intervient dans la constitution de l'arc nerveux réflexe périphérique.

Dans les paraplégies spasmodiques, dues à une compression ou à une sclérose latérale de la moelle dorsale supérieure et dela moelle cervicale, l'abolition de fous les réflzxes normaux cutanés du troncet des membres nous parait devoir être un symptôme constant. »

Veuillez aussi remarquer, Messieurs, les mots chaque fois que les fibres cortico-shinalcs auront élé mises hors de fonction !

. Dans l'idée de Van Gehuchten, le tabes dorsal spasmodique est donc à une nise hors de fonction des fibres cortico shinales. C'est une erreur : les recherches modernes ont, en effet, prouvé que cette affection n'est pas due à une sclérose primitive des cordons latéraux, mais bien plutôt à une gène de fonctionnement du faisceau pyramidal due soit à unealtération interstitielle de ce faisceau, soit à une compression de voisi- nage. C'est un point qui parait établi par les travaux de Raymond (1), Marie (2), etc. Certaines observations, dues à Déjerine et Sottas (3), Guibert et Grasset. (4), paraissent en contradiction avec cette opinion, mais il ressort cependant des recherches de ces auteurs que les lésions initiales, qu'ils ont observées, ne sont pas limitées aux faisceaux pyra- midaux, qu'elles ne sont pas parenchymateuses, mais bien interstitielles et qu’elles agissent mécaniquement sur le cordon latéral.

J'ai moi-mème insisté sur ce point au Congrès de Limoges : « Il résulte de ces considérations, disais-je, que les symptomes du tabes dorsal spasmodique sont dus, non pas à la dégénérescence primitive des fibres pyramidales, mais bien à la géne apportée dans leur fonctionne- ment par les lésions interstitielles ou de voisinage qui les compriment. Ce fait cst à tel point vrai que les compressions médullaires, les ménin- gites spinales, donnent ‘naissance au syndrome tabes dorsal spasmo-

. dique (5). »

(1) Raymonn. Art. Tabes spasmodique du Dictionnaire encyciopidique des. sciences midicales, 1885. Clinique des maladies du systéme nerreux. (Paris, 1808, p. 458.)

(2) MARIE. Leçons sur les maladies de la moelle. (Paris, 1802, p. 87.)

(3) DRJERINE et SorTAS. Sur un cas paraplézie spasmodique acquise par sclerose primitive des cordons lateraux. (Arch. de Physio!., juillet 1869, p. 630.)

(4) GUIBERT. Sclérose primitive des cordons latéraux de la moelle. (In CAniques de Grasset, 1895, p. 241.)

(5) Croco. Physiologic et pathologic du tonus musculaire des réflexes et de la contracture. (Rapport au XF Congrès des Aliéaistes et Neurologistes. Session de Limoges. In Jouzna! de .Veuro'ogie, 1901, n' 16 et 17. p. 353.)

232 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Il n'est du reste pas nécessaire d'entrer dans des considérations bien savantes pour réfuter cette assertion que le tabes spasmodique serait à une mise hors de fonction des fibres cortico spinales. Qu'arrive-t-il, en effet, lorsque les fibres cortico-spinales sont interrompues? Indubita- blement, chez l'homme, une paralysie flasque et compléte, avec aboli- tion des réflexes tendineux et cutanés. En est-il ainsi dans la paraplégie spasmodique ? |

Personne, je pense, n'oserait le prétendre; c’est justement le contraire qui se produit, laréflextivité tendineuse est exagérée et les membres infé- rieurs, bien que parésiés, ne sont nullement paralysés. Et quand la paralysie survient, après une période spasmodique plus ou moins longue suivant nature de la lésion, la paraplégie, de spasmodique qu elle était, devient flasque! Il est donc absolument inexact de parler de snise hors de fonction des fibres cortico-spinales dans une maladie qui ne peut exister que grâce à la persistance du fonctionnement de ces fibres cortico-spinales.

Voilà une erreur anatomo-clinique qui vaut largement les reproches anatomiques, sans conséquence aucune, que me fait mon savant contra- dicteur.

Voici la seconde observation critiquée par Van Gehuchten.

W...,atteint de sclérose latérale (obs. IV du travail précédent), présente une exagératron considérable des reflexes teudineux (rotulien, du poignet, du coude et achilléen) des deux cotes. Les réflexes cutanés (cremasterien et abdo- minal) sou affaiblis. |

Ce malade présente en outre la tendance au. Babinski, ainsi que le clonus rotulien bi-latéral et le clonus du pied à droite.

« Si cette observation, dit Van Gehuchten, était fidèlement rapportée, nous aurions ici un Cas de tabes spasmodique incontestable avec affai- blissement, mais conservation des réflexes cutanés. Mais cette observa- tion clinique n'est pas exacte. Cette observation III n'est que le résumé de l'observation IV d'un travail précédent, dit Crocq lui-même. Or, si on consulte cette observation IV dans le travail elle a été rapportée avec plus de détails, nous y lisons que les réflexes crémasté- riens, loin d'être aftaiblis, “/aicnt complétement abolis et que les réflexes abdominaux étaient à peine perceptibles (p. 274) ».

Dans le travail précédent auquel je faisais allusion, j'avais relaté cette observation en ces termes :

W... Henri, âgé de 42 ans, exerçant la profession de tailleur, est entré dans mon service le 4 septembre 16900. Son pere est mort à 62 ans, usé par le tra- vail, dit-il; sa mère à succombé à la tuberculose pulmonaire à 63 ans. Il a eu quatre frères et sœurs dont un seul est mort en bas âge; les autres sont bien portants. Lui-mème n'a jamais été malade antérieurement.

Illy a 3ans, W... s'aperçut que sa jambe droite s'affaiblissait et qu'elle était le siege de tiraillements. Il fut admis, à cette époque, dans mon service; son état s'améliora légèrement et il sortit de l'hôpital au printemps sur mes instances. N'ayant reconnu aucun symptôme particulier ni du côté des

TRAVAIL ORIGINAL 233 réflexes, ni du côté de la marche, et ayant affaire à un individu misérable et à aspect hypocrite, je crus à la simulation et je ne le conservai pendant plu- sieurs mois dans mon service que par pitié.

L'année suivante, à la méme époque, c'est à dire lors des grands froids, W... rentra à l'hópital; sa situation ne s'était pas considérablement modifiée ; il accusait cependant dans la jambe gauche des phénoménes analogues à ceux ressentis seulement dans la jambe droite lors de son premier séjour. La marche était assez facile, mais on remarquait une certaine raideur des jambes, surtout prononcée du côté droit. Les réflexes rotuliens étaient forts, mais, eu somme, semblables à ceux de beaucoup de sujets considérés comme sains.

Le malade fut de nouveau considéré comme un simulateur et resta, comme la première fois, par commisération, dans mon service.

Je dois cependant faire remarquer que je n'ai pas l'habitude de conserver les individus manifestement simulateurs; il est donc probable que si j'ai permis, par deux fois, à W. de passer quelques mois à l'hôpital, c'est que j'avais au sujet de son cas, des doutes sérieux.

W... retourna chez lui aux premiers beaux jours, sensiblement amélioré sous l'influence du repos et d’une bonne hygiène.

Il revint le 4 septembre dernier et, cette fois, l'hypothèse d'une simulation n'est plus possible.

Sa marche est gènée par un état de raideur indéniable des jambes ; de plus, l'examen des réflexes permet d'affirmer que ce patient est atteint d’une aflec- tion médullaire bien réelle. Les réflexes rotuliens sont considérablement exa- gérés des deux côtés et la percussion du tendon provoque uu c/ouus rotu/icu des plus accentués. L'abaissemeut de la rotule ne provoque pas le clonus. Les réflexes du poignet, du coude et achilléens sont également exagérés.

Il y a c/ouus du pied droit.

Le frottement de la plante du pied donne des résultats assez différents ; à certains moments, il provoque une flexion suivie immédiatement d'une exten- sion; à d'autres moments l'extension se produit d'emblée. Les différences observées dans l'exploration des réflexes plantaires ne nous permettent donc pas de dire qu’il y a phénomène de Babinski, mais simplement Zeudance an Babinski.

Les réflexes crémastériens sont abolis, les abdominaux à peine perceptibles.

L'examen des yeux n'a rien révélé.

Si nous faisons le tableau comparatif des réflexes chez ce malade dans les deux observations, nous avons :

Première observation Deuxième obscrualion

Reflexes rotuliens : fortement exa- gérés, clonus rotulien bilatéral.

Réflexes achilléen, du poignet, du coude : fortement exagérés.

Clonus du pied droit.

Réflexe plantaire inconstant.

Réflexe crémastérien : aboli.

Réflexe abdominal : à peine per- ceptible.

Tendance au Babinski.

Reflexes rotuliens : fortement exz- gérés, clonus rotulien bilatéral.

Réflexes achilléen, du poignet, du coude : fortement 6

Clonus du pied droit.

Réflexe crémastérien : aftaibli. Reflexe abdominal : affaibli.

Tendance au Babinski.

9:34 JOURNAL DE NEUROLOGIE

La seule diflérencz qui existe entre ces deux observations, c’est que le réflexe crémastérien est mentionné comme abo/i dans la première et comme a/fatbli dans la seconde. Ceux qui sont habitués à l'exploration des réflexes cutanés et qui en connaissent la délicatesse extrême, recon- nue du reste par tous les neurologistes, comprendront qu’en pratique cette différence est bien minime. Ne savons-nous pas tous qu'entre l'affaiblissement ct l'abolition du réflexe crémastérien, 1l n'y a qu'une nuance quelquefois imperceptible ?

Chez tel malade, on notera aujourd'hui l'affaiblissement, demain l'abo- lition de cette réaction; bien plus une premiere excitation, dans le cas le réflexe cst affaibli, provoque une réaction très légère qui disparait ensuite si l’on recommence l'exploration. D'ailleurs, dans les cas le réflexe crémastérien est affaibli, il est très souvent inconstant, il existe à certains moments pour disparaître à d'autres. C'était le cas dans l'observation en ques‘ion; les explorations fa.tes en vue du premier tra- vail étaient restées sans résultat, mais il se fit qu'à d'autres moments on observa un léger relévement du testicule. Cette inconstance lu réflexe crémastérien était du reste conforme à ce que l'on observait chez le même malade, du côté du réflexe plantaire qui, ainsi que je l’ai dit, était inconstant, ct se produisait par moments avec ses caractères nor- maux.

D'ailleurs, si méme nous faisons, ainsi que Van Gehuchten le voudrait, 12 subs‘itution du mot aboli à celui de affaibli, ce cas ne concorderait nullement avec les idées de mon distingué contradicteur, puisque, à côté de l'abolition du réflexe crémastérien, il y avait affaiblissement, mais non abolition du réflexe abdominal et surtout du réflexe plantaire.

La troisième observation est la suivante :

D..., Louise, ägee de 25 ans, exerçant le métier de servante, est entrée dans mon service le 6 décembre 1900. Ses parents sont âgés respectivement de zz et <6 ans; elle a eu six frères et sœurs, dont deux sont morts en bas âge. Élle-mème a toujours été délicate.

Depuis deux ans, la malade ressent un affaiblissement de la motilité des membres inférieurs qui s'est surtout accentué depuis qu’elle a subi l'hyster- ectomie abdominale, il y a deux mois.

Actuellement elle accuse, outre la faiblesse dans les jambes, des contrac- tions musculaires surtout nocturnes et plus fréquentes dans le bras et la jambe gauche. Par moments, elle présente du tremblement dans les mouve- ments volontaires, surtout marqué dans les membres du côté gauche. Je n’ai

‘cependant jamais constaté ce tremblement. La malade est excessivement ner- veuse : elle pleure et s'agite pour la moindre chose; elle accuse une foule de symptómes vagues et variables suivant les jours et son attitude générale dénote l'hystérie. :

La percussion des tendons rotuliens provoque un réflexe fortement exa- gere, avec conus rolulien très net surtout à gauche. Il y a clonus des deux pieds, surtout à gauche. L'abaissement de la rotule ne donne lieu à aucun clonus. Les réflexes du poignet et du coude sont exagérés des deux côtés.

TRAVAIL ORIGINAL 235

Le frottement de la plante du pied ne provoque ui flexion, ni extension appréciable, mais seulement l'écartement des orteils. Le frottement interne des cuisses donue lieu à un réflexe abdomino-inguinal fort, plus accentué eucore lorsqu'on touche l'abdomen.

Pas de mystagmus. L'examen des yeux, pratiqué par M. Vanden Berghe, n'a dénoté aucune particularité importaute. |

Van Gehuchten fait remarquer que cette observation ne concerne pas la paraplégie spasmodique organique, il cite certaines phrases que j'ai moi-méme écrites dans divers travaux, à savoir. « Dans l'hysterie, l'exa- gération des réflexes est la règle... cette exagération peut méme aller jusqu’à la production du clonisme... nous avons vu précédemment que le clonisme tendineux peut exceptionnellement se produire dans l'hvs- térie ». Van Gehuchten ne nie certes pas qu'une hystérique puisse étre atteinte de tabes spasmodique mais, dans ce cas présent, ii estime qu'il n'en est rien. |

Certes le clonisme tendineux peut, ainsi que je l'ai soutenu, exister dans l'hystérie ; mais j'ai eu soin d'ajouter exceftionnellement. Or, quand on se trouve en présence d'un cas clinique, on doit observer non pas seulement les manifestations isolées présentées par le patient, mais encore et surtout l'évolution du cas. Or, l'affaiblissement progressif de la motilité, les contractions spontanées nocturnes, l'exagération énorme des réflexes tendineux coïncidant avec le clonus des deux pieds et des deux rotules me paraissent suffisants, lorsqu'ils constituent des phéno- mènes constants, invariables de jour à autre, pour admettre le diagnostic de tabes spasmodique, quand bien méme le malade serait un hystérique. Remarquez, Messieurs, que les manifestations hystériques de ]a patiente, étaient éminemment variables, qu'elles changeaient d'aspect non seulement de jour à autre, mais encore d'une heure à l'autre, tandis que ses manifestations paraplégiques restaient absolument identiques à elles mémes. J'ajouterai enfin que cette malade vous a été montrée et que vous n'avez pas jugé à propos de combattre mon diagnostic; or, l'impression générale que donne la vue d'un malade vaut bien, me, semble-t-il, celle qui résulte de la lecture d'une observation, tel que l'a fait mon savant collégue de Louvain.

# » ¥

Les trois cas précédents, ne sont du reste pas les seuls que j'ai observés dans lesquels il n'y avait pas abolition des réflexes cutanés dans la para- plégie spasmodique. Je vous en ai parlé pour les opposer aux trois observations sur lesquelles Van Gchuchten se basait pour affirmer la constance de l'abolition complete des réflexes cutanés dans le tabes dor- sal spasmodique. C'était un fait que je désirais signaler immédiatement à votre attention, ayant à ce moment l'occasion de vous montrer un certain nombre de malades intéressants au point de vue de la question qui nous occupait. Depuis lors, j'ai plusieurs fois pu constater, dans des

936 JOURNAL DE NEUROLOGIE

cas non douteux de paraplégie spasmodique organique, que les réflexes cutanés peuvent être abolis, mais qu'ils sont souvent aussi simplement affaiblis ou méme normaux.

Chadzvnski vient de confirmer cette idée en notant la dissociation des réflexes dans 70 p. c. seulement des cas de paraplégie spasmodique. Rappelons en outre que Cestan a signalé trois cas de tabes spasmo- dique avec cvagcration des réflexes cutanés. Il est vrai que Van Gehuch- ten doute de ces cas comme il a douté des miens : « Il est difficile, dit-il, de juger la valeur de ces trois cas de tabes spasmodique avec exagération des rcilexes cutanés observés par Cestan; avant de les admettre comme pouvant combattre l'opinion que nous avons émise sur la valeur clinique de l'abolition des réflexes cutanés dans cette affection médullaire, il faudrait savoir à quel niveau. de la mocile siege la lésion des fibres cor- tico-spinales (p. 273) ».

Ne désirant pas mettre ouvertement en doute le diagnostic de Cestan, Van Gehuchten formule de nouveau la restriction signalée plus haut, qui n'est nulle part mentionnée dans ses travaux précédents.

Cette restricuon indique nettement que, de l'avis méme de notre collègue, il existe des cas de tabes spasmodique dans lesquels il n'y a pas abolition des réflexes cutanés.

Dans cas, nous sommes d'accord; du moment Van Gehuchten miliye luë-méme son absolulisme, je wai plus rien à dirce.

- Mais, ici encore, l'auteur répete l'erreur que j'ai mentionnée déja plus haut : « L’aboiition de ces réllexes (cutanés: n'est donc constante, dans la paraplegie spasmodique, que pour autant que la 'ésion INTERROMPT les fibres corticales au-dessus du centre réflexe correspondant de la mælle (p. 279)». Je le répète, le tabes spasmodique n'est pas du à l'enterruplion du faisceau pyramidal, mais bien à son fonctionnement anormal, à sa lésion incomplëte. Dès que la lésion est complète, dès quil y a interruption, il y a, non pas affaiblissement de la motilité comme c'est le cas dans les paraplégies spasmodiques, mais paralvsie complète.

Mais Cestan a encore parlé, au Congres de Limoges, d'une hvsté- rique chez laquelle il v avait abolition des réflexes cutanés. Van Gehuchten doute encore de la valeur de ce cas : « Quant au cas d'hysté- rie avec abolition des réflexes cutanés, rapporié par Cestan, dit-il, la relation en est tellement écourtée qu'il nous est impossible de le juger a sa juste valeur ».

Ce cas prouve cependant que la dissociation des réflexes peut exister en dehors de toute altération anatomique du système nerveux! Ce fait, Messieurs, je vous l'ai signalé à plusieurs reprises; je vous ai présenté. entre autres, en février dernier. un malade atteint de tremblement hydrargirique qui présentait une exagération considérable des réflexes tendineux en même temps qu’une abolition complète des cutanés.

Van Gehuchten en est du reste arrivé aujourd'hui à admettre la pos-

TRAVAIT, ORIGINAL 9,37

sibilité de ce fait et ses affirmations actuelles sont bien moins positives que celles qu'il formulait autrefois: « En présence d'un malade, dit il, présentant l'abo!ition des réflexes cutanés (plantaire et crémastérien ou plantaire, crémastérien et abdominal) avec une exagération plus ou moins manifeste des réflexes rotuliens, sans réflexe de Babinski, nous avons d'abord à rechercher si cette abolition ne peut-étre attribuée à une lésion des arcs nerveux périphériques, ensuite si des troubles de sensi- bilité ne nous permettent pas de penser à de l'hystérie. Si ces alterna- tives peuvent être écartées, nous devons inchiner, au moins d'après notre expérience personnelle, vers le diagnostic de lésion médullaire.»(P.280).

Que nous sommes loin du temps ou l’auteur disait : « L’abolition du réflexe adominal et du réflexe crémastérien aura la méme valeur patho- gnomonique que le réflexe de Babinski. Elle indiquera, comme ce der- nier, une interruption des ftbres cortico-spinales. »

« Dans les cas de tabes spasmodique et dans les cas de paraplégie spasmodique que j'ai eu l'occasion d'examiner au point de vue des réflexes cutaués et tendineux, j'ai toujours constate, à cóté de l'exa- gération des réflexes tendineux, l'abolition complète des réflexes cutanés. »

Mais si Van Gehuchten a mitigé ses assertions premières dans son dernier travail, il en a aussi formulé de nouvelles qui sont discutables. Nous avons vu déjà que l’auteur considère l'abolition des réflexes cutanés dans le tabes dorsal spasmodique comme étant la conséquence de l'interruption des fibres cortico-spinales. A cela j'ai répondu que la paraplégie spasmodique n'était pas due à l'interruption des fibres cortico-spinales, mais bien à leur compression ou à l'altération intersti- tielle; j'ai fait remarquer que l'interruption des fibres cortico-spinales donne lieu, chez l'homme, à une paralvsie flasque complète et non à la symptomatologie du tabes spasmodique.

En sens inverse Van Gehuchten dit : « Si les réflexes cutanés des mem- bres inférieurs persistent, on peut conclure à une intégrité des fibres cortico spinales, quel que soit d'ailleurs l'état d'exagération des réflexes tendineux. » (P. 280).

Voilà une assertion qui devrait être prouvée ; l'auteur n'admet donc pas que l'altération du faisceau pvramidal puisse étre assez légere pour ne pas donner lieu à l'abolition des réflexes cutanés? Entre l'intégrité du faisceau pyramidal et son interruption, il ne reconnait aucune transi- tion; d'apres lui, ou bien les fibres cortico-spinales sont intactes (et alors il y a persistance des réflexes cutanés) ou bien elles sont interrompues (et alors i! y a abolition de ces réflexes).

Vous avouerez, Messieurs, que cette doctrine est illogique et en oppo- sition avec toutes nos connaissances cliniques. Le raisonnement de Van Gehuchten prouve, au contraire, qu'il doit exister des cas de tabes spas- modique avec conservation ou simple affaiblissement des réflexes cutanés, car entre l'état normal avec intégrité du faisceau pyramidal et

238 JOURNAL DE NEUROLOGIE

l'état pathologique extrême, auquel l'auteur fait allusion, dans lequel les fibres cortico-spinales seraient interrompues, il doit exister un grand nombre de cas de paraplégie spasmodique dans lesquels la lésion n'atteint pas suffisamment le faisceau pyramidal pour donner lieu à l'abolition des réflexes cutanés; dans ces cas ces réflexes seront néces- sairement soit affaiblis, soit même normaux.

L'évolution des idées de notre collègue de Louvain apparait du reste dans différents endroits de son dernier travail; après avoir, dans son premier article, aflirmé qu'il avait « toujours constaté, à côté de l'exa- gération des réflexes tendineux, l’abolitition complète des réflexes cutanés », 1l dit maintenant : « En signalant l'abolition des réflexes cutanés dans tous les cas de tabes spasmodique que nous avons eu l'occasion d'observer, nous avons appelé l'attention sur l'importance de ce fait clinique au point de vue du diagnostic dans certains cas de tabes spasmodique au début, » (P. 281).

Ainsi en déclarant que dans tous les cas de tabes spasmodique qu'il avait eu l'occasion d'observer, il y avait toujours abolition des réflexes cutanés, l'auteur voulait prouver que ce fait clinique existait dans cer- Lais cas! Malheureusement cette restriction était cachée bien proton- dément dans la pensée de l’auteur, car pas un mot de son travail primitit ne peut la faire supposer. Il est vrai de dire que ¿ous les cas examinés par lui étaient seulement au nombre de trois et que la grande faute com- mise a justement consisté dans la généralisation d’un fait qui, de l'avis de tous, existe seulement dans certains cas. Si, à cette époque, Van Gehuchten avait eu l’occasion d'explorer les réflexes d’un grand nombre de malades atteint de tabes spasmodique, il aurait bien vite vu que l'abolition des réflexes cutanés, bien qu'étant, comme je n'ai cessé de le reconnaitre, un fait clinique très intéssant, ne constitue pas une règle absolue et qu'elle n'existe, comme il le dit aujourd'hui, que dans cer- tains cas.

L'évolution des idées de Van Gehuchten ressort encore nettement de sa conclusion actuelle : « De tout cela resulte donc que, contrairement à l'opinion de Crocq, l’abolition c »mplète des réflexes cutanés (et non leur aftaiblissement) nous parait être un phénomène important dans la para- plégie spasmodique. Cette abolition peut avoir, dans certains cas dou- teux, une importance considérable au point de vue du diagnostic. S'il en est ainsi, l'étude des réflexes cutanés mérite d'être faite avec tout le soin désirable. » (P. 285.)

le ne vois pas pourquoi l'auteur écrit : « contrairement à l'opinion de Crocq », car sa conclusion ne differe pas notablement de celle que j'ai formulée à Limoges: « Nous n'avons rien à ajouter à ces paroles pronon- cées il y a six mois, disais-je. Depuis lors, nos nombreux examens cliniques nous ont confirmé dans cette idée que l'antagonisme des réflexes culanés. et tendineux est. fréquent, mais non constant, qu'il s observe le plus souvent dans l'hémiplégie organique, qu'il se rencontre

TRAVAIL ORIGINAL 239

souvent aussi, a un degre plus ou moins accentue, dans le tabes spasmo- dique et dans le tabes...

» L'antagonisme des réflexes cutanés et tendineux nous paraît, en somme, tre un phénomène digne d'attention et qui, dans certaines cir- constances, peul fournir une présomption en faveur d'une maladie orga- nigue du syslème nerveux. »

» Mais, ajoutais-je, il ne nous semb'e pas juste de lui attribuer, ainsi que le fait Van Gehuchten, une valeur semeiologique comparable à celle du réflexe de Babinski dont nous avons démontré toute l’impor- tance et qui permet, à lui seul, de poser un diagnostic précis. »

Eh bien, Messieurs, je n'ai rien à modifier à ces lignes. Je vous ai montré que la dissociation des réflexes n'existait, d'après mes recher- ches, d'après celles de Cestan et Chadzynski ct même d’après le dernier travail de Van Gehuchten, que dans certains cas de tabes dorsal spas- modique. Je vous ai montré, en vous présentant des malades, que cette dissociation peut exister en dehors de toute altération organique du système nerveux; Cestan et Chadzynski ont confirmé ce fait et Van Gehuchten semble, actuellement, ۵۶۴۹

Pouvons-nous, dès lors, attribuer à cette dissociation la même valeur pathognomonique qu'au phénomène en extension de Babinski ?

De l'avis unanime des neurologistes, le signe de Babinski dénote une altération du faisceau pyramidal. C’est un point que, reste, Van ` Gehuchten reconnait : « À l'exagération des réflexes tendineux, symp- tóme plus ou moins douteux d'une affection organique de la moelle épi- nière, est venu s'ajouter, comme signe caractérislique d’une affection organique, le phénomène des orteils ou réflexe de Babinski ; symptôme beaucoup plus important, puisque son existence dans l'hystérie n'est pas encore prouvée d'une fagon incontestable. » (P. 266.)

La signification du signe de Babinski est devenue aujourd’hui si pré- cise que sa constatation, bien faite, dénote, presque à coup sür, une lésion organique du faisceau pyramidal. Au Congrès de Limoges, je m'exprimais comme suit à ce sujet : « Lorsque cette extension existe, il y a neuf cent quatre vingt dix-neuf chances sur mille pour que l'on ait affaire à une lésion organique du faisceau pyramidal. » (P. 445.)

Pouvons-nous en dire autant de la dissociation des réflexes tendineux et cutanés? Personne n’oserait plus le prétendre, pas même Van Gehuchten, puisque, dans son dernier travail, cet auteur ne répète plus sa comparaison première. Au lieu d’affirmer, comme précédemment, que l'abolition des réflexes crémastériens et abdominaux « a, au point de vue du diagnostic, une ımporlance lout aussi considérable que l'existence du réflexe de Babinski », l’auteur dit aujourd'hui : « Mais, dans certains cas cliniques, le réflexe de Babinski peut faire défaut, malgré la lésion

(1) CROCQ. Physiologie et pathologie du tonus musculaire, des réflexes et de la con-

tracture. (Journal de Neurologie, n'® 16 et I7, 1901, p. 461.)

04) JOURNAL Dl; NEUROLOGIE

réelle des fibres cortico-spinales. Dans ces cas, l'abolition complete des réflexes cutanés (crémastérien et abdominal) fourza éfre utilisée pour établir le diagnostic. » * * e

Vous vous rappelez, Messieurs, qu'afin de vous démontrer que la dis- sociation des réflexes tendineux et cutanés constituait un phénomène clinique digne d'attention, en même temps que je vous parlais de l'in- constance de l'abolition des réflexes cutanés dans le tabes spasmodique, je vous présentais, en sens inverse, un malade atteint de sclérose posté- rieure, avec abolition des réflexes tendineux et persistance énergique des réflexes cutanés.

Faisant allusion à la généralisation trop hâtive de Van Gehuchten, je vous disais : « Vais-je en conclure que, dans tous les cas de tabes, on dot observer cette dissociation des réflexes ? Je m'en garderais bien ; je dirai seulement que ce phénoméne peut exister ; je ne dirai pas davan- tage que la constatation de ce symptóme permet, en l'absence de mani- festations cliniques plus importantes, de porter le diagnostic de tabes. »

Van Gehuchten ne comprend pas pourquoi je parle de tabes postérieur lorsqu'il s'agit de tabes spasmodique. « En rendant compte de l'état des 1éflexes dans le tabes, dit-il, il semble faire abstraction de l'interruption survenue dans l'arc nerveux périphérique. »

Cc reproche est absolument sans fondement et Van Gehuchten, qui a étudié avec grande attention mon rapport à Limoges, a y lire les lignes suivantes :

« Dans le tabes, on admet, à juste titre, avec Westphal, que les réflexes tendineux sont diminués ou abolis. La raison physiologique de cette abolition est facile à saisir, en considérant que cette affection inté- resse le proloneurone centripèle, qui sert à la transmission des excitations nécessaires à la production des réflexes tendineux.

» Les réflexes cutanés sont beaucoup mieux conservés. Rosenbach, Ortankoff, Bechterew, ont méme signalé l'exagération du réflexe abdo- minal au début du tabes. A mesure que la maladie évolue, les réflexes cutanés diminuent et finissent par étre complétement abolis.

» Pour les raisons générales énoncées plus haut, nous ne pouvons attacher une grande importance à l'exagération des réflexes cutanés et du réflexe abdominal en particulier. Le fait indiscutable qui ressort des travaux actuellement parus, fait que nos recherches personnelles, faites chez un certain nombre de tabétiques, confirment, c'est que les réflexes cutanés peuvent exister dans le tabes, alors que les réflexes tendineux sont abolis.

» Nous avons expliqué l'abolition des réflexes tendineux en admettant que la lésion des protoneurones centripétes ne permet plus la transmis- sion des excitations tendineuses aux centres basilaires. Si ces centres ne rézgissent plus sous l'influence de la percussion des tendons,cela ne veut

TRAVAIL ORIGINAL 941

pas dire qu'ils ne reçoivent plus aucune des vibrations parties de ces tendons, mais seulement que ces vibrations sont trop faibles pour réveiller leur réaction.

» Les centres des réflexes tendineux sont habitués, comme nous Pavons déjà fait remarquer, à recevoir des impressions trés fortes, ils ne répondent pas à des irritations peu accentuées ; de sorte que la diminu- tion dans l'apport de ces impressions, causée par la lésion des protoneu- rones centripétes, pourra donner lieu, trés facilement, à la diminution et méme à l'abolition des réflexes tendineux.

» Au contraire,les centres corticaux des réflexes cutanés sont habitués à recevoir des excitations trés faibles; nous avons vu qu'ils réagissent même mieux aux excitations faibles qu'aux fortes, qui amènent plutòt leur épuisement et leur inexcitabilité ; il s'ensuit que la diminution dans l'apport des impressions ne déterminera pas aussi rapidement l'affai- blissement des réflexes cutanés que celui des réflexes tendineux, les premiers ne nécessitant pas, pour se produire, une irritation aussi forte que les seconds.

» Ainsi s'explique comment, dans le tabes au début, une lésion peut abolir les réflexes tendineux et laisser intacts les réflexes cutanés ; ainsi se comprend aussi pourquoi, dans les périodes plus avancées de la ma- ladie, les réflexes cutanés s'entreprennent à leur tour et finissent par disparaitre (1). »

Vous le voyez, Messieurs, je n'attribue pas du tout l'abolition des réflexes dans le tabes « à des modifications survenues dans les centres basilaires (réflexes tendineux) et les centres corticaux (réflexes cuta- nés) », ainsi que semble le croire Van Gehuchten. Je dis au contraire, et bien catégoriquement, me semble-t-il, que ces modifications réflexes sont causées par l'altération plus ou moins profonde des protoneurones centripétes, dont la conductibilité diminue progressivement.

Des lors je ne comprends pas la signification ni la portée des lignes suivantes insérées dans le dernier travail de Van Gehuchten aprés la citation compléte de mon opinion : « Nous sommes au regret de ne pouvoir souscrire à aucune de ces considérations. Pour nous, d'accord en cela avec tous les neurologistes du monde, l'abolition des réflexes tendineux et cutanés chez un tabétique est uniquement due à l'éxferrup- tion de l'arc nerveux réflexe héribhérique, sans intervention aucune, ni des fibres cortico-spinales, ni des fibres rubro-sbinales et nous croyons que tous les auteurs partageront avec nous cette maniére de voir. » (P. 271.)

Que viennent faire ici les fibres cortico et rubro-spinales et Van Gehuchten a-t-il trouvé que j'admettais semblable théorie ?

C'est un mystére insondable; à moins que le savant professeur de Louvain n'ait lui-méme été victime du curieux phénomene psycholo-

(1) CROCQ. Loc. ci., p. 471.

949 JUURNAL DE NEUROLOGIE

gique qu'il m'attribue lorsqu'il dit: « C'est un phénomène psychologique curieux à signaler que celui de voir comment, chez certaines personnes, l'opinion d'autrui qu'on désire combattre, subit, dans leurs cellules céré- brales, à leur insu et comme malgré elles, des modifications profondes qui la rendent méconnaissable pour celui-là méme qui les a écrites ».

Je crois, Messieurs, pouvoir terminer ici cette, déjà trop longue, communication. Afin de classer méthodiquement les principaux faits signalés et méme quelque peu perdus dans ma dissertation, je vais vous les rappeler le plus succinctement possible dans les conclusions suivantes :

CONCLUSIONS

1? La dissociation des réflexes tendineux et cutanés est inconstante dans le tabes spasmodique ;

Cette dissociation peut exister en dehors de toute altération orga- nique du systéme nerveux;

3* Cette dissociation ne peut des lors avoir méme valeur pathogno- monique que le phénoméne en extension de Babinski dont la significa- tion se précise de jour en jour davantage dans le sens d'une lésion organique des faisceau pyramidaux ;

4? La dissociation des réflexes tendineux et cutanés posséde néan- moins une importance notable en clinique; elle pourra constituer un symptóme de nature à nous mettre sur la voie du diagnostic.

سس ERME‏ مه رت سا

REVUE DE NEUROLOGIE

J. Babinski et Charpentier. Dr rAnorrrioN DES RÉFLEXES PUPILLAIRES DANS SES RELATIONS AVEC LA SYPHILIS. (Bulletin de la Soc. méd. des hop. de Paris, 17 mai 1901.)

Dans un travail antérieur, les auteurs ont cherché à établir que l'abolition des réflexes pupillaires et plus particulièrement du réflexe à la lumière, quand elle est permanente, qu'elle n'est liée à aucune altération du globe occulaire et du nerf optique et n'est pas associée a une paralysie de la troisième paire, constitue un signe de syphilis acquise ou héréditaire presque pathognomonique, Depuis lors Kænig,Erb, Harris, Pari- naud, Antonelli, Cestan ont rapporte des observations confirmatives.

Les auteurs présentent à la. Société quatre nouveaux cas; ils réitérent leurs affirma- tions : « L'abolition des réflexes pupillaires,disent-ils,dans les conditions précédemment précisées, nous parait indiquer que le système nerveux central est atteint par la syphilis et que le sujet. chez qui on le constate est un candidat au labes, à la paralysie générale ou à la syphilis cérébro-spinale confirmée. »

SÄI vi mu MA

V ^u

لاہ B JP‏ v‏ :

FW Ei ^ M

PEUT IS

e

RER

5 و‎ SES EEN

sen

# ur مل‎

+ ےہ7

aur

Installations

7 Die

ھاو واا نا ا م په

CHE

۱ . یم

m

Le ym "ge WS 1

b^

VARIA

Méfaits d'hypnotiseurs amateurs

Voici une jeune femme de 22 ans qui, depuis sept mois, présente de grandes crises; elle en a eu plusieurs, tout à l'heure, quand elle est entrée dans la salle de consultation.

Ces crises comportent quatre périodes. C'est d'abord une aura prémon toire : Ja malade est énervée et voudrait bien casser quelque chose. Puis, elle jette un cri, tombe à terre, décrit un grand arc de cercle, avec une série de salutations. Ensuite vient une courte période de calme. Enfin se déroule un délire émotit : elle voit des animaux, sur- tout des rats, des chiens, des serpents, qui la poursuivent et la mordent violemment; elle conserve, par la suite, le souvenir de ces morsures.

Cette zoopsie fait penser à l'éthylisme. Or cette femme est trés sobre. D'ailleurs l'examen détaillé de la malade, les caractères de la crise et la genèse des accidents montrent qu'il s'agit d'autre chose : ce délire reproduit un état émotionnel dans lequel elle s'est trouvée placée.

Elle présente une sorte d'analgésie généralisée, peu prononcée, il est vrai, puis de l'hypoestésie à giuche et du rétrécisement du champ visuel, également à gauche. En outre, elle a déjà eu des crises analogues il y deux ans.

Elle est fille d'un père à la fois épileptique et alcoolique. Toute jeune, elle s'est mon- trée nerveuse et a eu des peurs morbides. Réglée à 13 ans, mais très irrégulièrement depuis, elle a eu quelques troubles digestifs et de l'anorexie.

A 19 ans, elle devient enceinte. *on enfant meurt à l'âge de huit mois; pendant quel- que lemps elle a des crises de nerfs, puis elle revient à peu près à l'état normal.

ll y a un an, elle fait la connaissance d'un sous-officier. Celui-ci est trés jaloux et veut s voir ce que fait sa maitresse. Comm» ell- parle, la n'it, en dormant, il 6۱۱ ۵ pour Jui faire raconter tout ce qu'elle fait pendant la journée; elle ne dévoile d'aill: urs rien que de très régulier et, au réveil, ne conserve aucun souvenir de ces interroga- toires.

Ce sous-olflicier est bavard et fanfaron; à la caserne, il raconte ses bonnes fortunes. Un autre sous-otlicier se dit alors : « Puisqu'elle est hypnotisable, je vais (eler den profiter. » Il’hypnotise en eflet et devient son amant.

Voilà done cette femme prise entre ces deux hommes, chacun d'eux lui faisant la suggestion de ne plus revoir l'autre, si bien qu'ils arrivent à la dé'raquer. Cette per- sonne, qui avait une petite trinte d'hystérie, est ainsi devenue la victime de ses hypno- tis-urs d'occasion.

Or, si l'hvnotisme, manié par des lecins cansciencieux et habiles, esi un merveil- leux agent de thérapeutique, il peut devenir dangereux lorsqu'il est emplové par des amateurs manquant d'expérience, qui ne savent pas il vont et sont incapables de limiter leur action.

Ainsi ballotée de l'un à l'autre, cette femme a eu des idées de persécution ; tout le morde lui veut du mal. Elle a fait de la folie hystérique.

Cette jeune femme est entrée dans nos salles; l'action néfaste de ses deux sous- officiers s'est ainsi trouvée supprimée. Les premiers jours, elle a eu «les crises très nombreuses avec cris perçants; au bout de quatre ou cing jours, elle s'est trouvée ras- surée et calmée.

Malheureusement l'un et l’autre lui ont écrit et Jui ont fait a'nsi de la suggestion par lettre; elle est, dans une certaine mesure, retombée sous leur influence et elle nous a quittés au bout de très peu de temps.

Elle va rentrer dans le service. On calmera son système nerveux; on lui fera de l'hvpnotisme, mais du bon, de l'hypnotisme thérapeutique.

Pour terminer, j'insiste sue ce point : le délire de cette femme ne doit pas étre mis sir le compte d'une psychose quelconque: c'est un accident hvstérique causé par les méfaits de ses deux hypnotiseurs rivaux.

(Clinique du Prof. Raymond. In Rev. de l'hypn., juin 1902.)

Mas E; Fear. un DH ۶ as. um oc de D E Fati,

INDEN A DES AR SNONGES `

tL 2 cn. di | e A T ap Tu Sein ds à Fr ante: E Mare,

Raiagun, o -> PIDE s B MASS |

"Contrexeville, de ce du Pavillon ی‎ V 1 Brava, n کا‎ 0 |

Eau dé. اه‎ e SA crte init Cre A bats . ; ana. ` Wa

Qu

Prodoits rainures de Henry.

es 16961861110 rie ۱ BM Marion bai: ok atti: ER WE هدزای‎ Be Er tg Primier, pia ir ۷

i at de Vals p Jomirep Fellows, pe E NÉE

T. Irene. Agang, "ein uno e Sri Houmas, D ا‎ eh

: 0 117ب‎ qus

DP eris. Natalie armeine ss x

= ae facti. Nes sia.

SEE ROME gan. P i

La Zomo p H y سارہو تعفر سا‎ 2 1 lues, vr. rent de Bi ^ مت اه‎ It: =: Roada Wirty p.. R Km Mertani Me y Se 2 کو نطو‎ nahar qw.

arine Eeriáu ا‎ = seia EEN bs Talay; Redes cb Tebrougme de A -Gigon, p. TL.

ey di. 1 1 Eanäe Jhunyadi anus HE | Biosiue.. EE en E spar Pinkaduine, TR Er rires i udin "de: Tithiur, SPA 0 mid رواخ از‎ dr واه‎ s fio ال‎ CD CR el, tz Aye hs Me Garg: یه و‎ x X Kan opo ài x. d ; Maison desint 'Lieeie. p = Ohhkabydrate TIR voie EE

do

Ner gue Ke. Nel 3

Root DPR! r EX TOTEM Fu al ^l; dann 00

Vial: f us‏ تہ

Be لا‎ pur fhedicinak p. i. E

Paare. a GE, ە0ھ۷ "ھ۸‎ نت مق‎ alr; j 3

Ament np de Maxime: Grout. E A i nés poo Y 3:

aaen "hiserüale ei 1 ری‎ dlHammam-R'! icha.

-Peptoue Córnélis. VAS

Mid. Homme,‏ " مض

ANT JR d'A Eurer 219 Weg UDUSE

| ENFANTS et

E » - m - c E - D E? مہ‎ —Á

1

"Fera -Somatoxe, - lodpihy- 0‏ ` فیلات ing: Lyestalt Avistel, Trios Ba Yer. t‏

HT, +

; Brio. PORE | Sof, Duet, i As و‎ ۳ Zwee CR el

1 کت‎ zm "Ress TD die intei ED = f ANANT PENDANT ET. Arab LE ie D ا و ای و و‎ : Leet 1e 18 ndr St Hië Triat et Beie: Pe ii Hamas ا‎ sier ‚ar CR zu ا‎ o S. hg d

Mi sir GLARE‏ 4 و (Viande Women)‏ گا Sn‏

0 "ie ie asp du ët, "nae. PES wil ۱ 3 نت‎ "et EC Helsinki das ۱13 Mon REULOZE: 0 | 0 at 009 i تس‎ sies

PALA. ann, Visions. 2 FE ۴ 1 و‎ Dies وک کے پر‎ 2 5 e Fete uL

VIANDE QURA - FR le vis Dan HELENE. ATEUR ۲83۲۳ jar fes 1869 2 ۱ A heu de: فی‎ 10۵ 1 ا‎ nres ra A ee E cf و دی ناش ای )نیک زوم دیع‎ m و‎ اه ط‎ pur goa EE E وت‎ GE ا و‎ p lt کا وا ایم ور لا کے‎ EES EOM LICUIT hero, Moss.

fiiio با‎ | ۳8 de en ا یو مو‎ a

رای ا عو OEE‏ فک Noni‏ سا e:‏ یں وو ما تن

M :‏ ا ا وع EE‏ 201 ۸88682 رر

Sartre, Ha om Hauna; EARI, 21 en à *

TRAVAUX ORÍGINAUX

Notes sur deux cas de spondylose(type Bechterew et type P. Marie)

par les D" DE BUCK et DEBRAY

Communication à la Société belge de Neurologie, séance du 28 juin 1902

Comme on pourra le constater par le relevé bibliographique dont nous faisons suivre ce travail, la littérature relative à la shondylose ou ligno- site du rachis (chronische ankylosirende Entzündung oder Steifigkeit der Wirbelsaüle des Allemands) est déjà trés étendue. Signalée par divers auteurs comme une complication possible de l'arthrite chronique, spé- cialement du type déformant, la spondylose fut étudiée, en 1893, Där Bechterew (1) qui lui donna la signification d'une entité clinique, Strüm- pell (2), qui, déjà dans la quatrième édition de son Traité de patho- logie spéciale, écrivait : « Mentionnons encore en passant, à titre de forme morbide curieuse et autonome, selon toute apparence, cet état particulier de shondylile déformante, qui se transtorme peu à peu et sans éveiller de douleurs en une ankylose complète de toute la colonne vertébrale et des articulations de la hanche, de façon que la tête, le tronc et les cuisses ne forment qu'un bloc parfaitement rigide, tandis que toutes les autres articulations conservent leur mobilité normale. Il est évident qu'il résulte de une modification particuliere de l'attitude et la marche. Nous avons eu l'occasion de voir deux exemplaires tout à fait identiques de cette singulière aftection », Strümpell reprit donc cette question en 1397. Il montra que les types de spondylose observés par lui différaient de ceux décrits par Bechterew, entre autres par l'absence de symptómes radiculaires et l'atteinte des grosses articulations des membres inférieurs, et P. Marie (3) confirma l'existence de ce type, qu'il dénomma sfondylose rhizomélique. Le type de spondylose décrit par Bechterew différait, d'aprés P. Marie, complétement de la spondy- lose rhizomélique et méritait plutöt le nom de cydhose heredo-trauma- tique. La spondylose rhizomélique devait à son tour être séparée du rhumatisme chronique déformant.

Malgré que les idées, au point de vue de la pathogenèse de la spon- dylose, se soient beaucoup modifiées depuis les publications fondamen- tales des trois auteurs mentionnés, les types de lignosité du rachis se classent encore aujourd'hui autour des types Bechterew et Strümpell- Marie.

Bechterew établit une différence nettement tranchée entre son type de spondylose et celui de Strümpell-Marie, en ce sens que non seule- ment il n'y a que la colonne vertébrale qui est atteinte, mais qu'anato- miquement il s’agit d’une méningite primitive. De les troubies ner- veux de la motilité et de la sensibilité. L'incurvation du rachis à son tour est secondaire et due à l'état parétique des muscles périvertébraux,

961 JOURNAL DE NEUKULOGIE

de même que la fixité de la colonne est due à l'applatissement des carti: lages intervertébraux par le rachis incurvé. |

Ces manières de voir de Bechterew et de P. Marie comptent actuelle- ment de moins en moins de partisans, depuis qu'on a vu de plus en plus des types de passage entre les deux formes extrémes décrites par ces auteurs et d'autres cas les petites articulations des membres partici- paient au processus ankylosant, déformant, atteignant la colonne et les articulations des racines des membres ; depuis qu'on a méme décrit des cas d’ankylose generalisee de toutes les articulations du corps (ankylose osseuse généralisée de Griffiths, synartrophyse de Kritchewsky- Goch- baum |21\, spondylose olomélique de Aßert 401), on tend aujourd'hui plutôt à ne voir dans toutes ces aflections, qui amènent des troubles trophiques plus ou moins profonds dans des parties différentes du sys- tème articulaire et même dans les méninges spinales, que des localisa- tions, des formes et des degrés différents d'un seul et méme processus anatomo-pathologique, que nous intitulons encore de l'épithéte vague de rhumatisme chronique, rhumatisme déformant, termes qui ne servent qu'à cacher notre ignorance.

Dans une excellente étude d'ensemble de la spondvlose, basée en méme temps sur quatre cas personnels, Kollarits (28) arrive à conclure que : « L'atthrite ou la polyarthrite déformante représente une unité pathologique possédant une seule et même é/{vlogie encore ignorée, qui peut offrir des variétés pouvant s'écarter plus ou moins l'une de l'autre, aussi bien au point de vue clinique qu'anatomo-pathologique, mais qui présentent en général des symptômes communs.

» Letype de spondylose de Strümpell- Marie et celui de Bechterew ne sont pas des affections autonomes, des entités morbides, mais appar- tiennent au domaine de la polyarthrite déformante. »

Pour Vinokouroff (38), la spondylose rhizomélique, dépendant de la

polyarthrite déformante, ne peut étre identifiée avec la lignosité du rachis proprement dite, qui dépend d'une méningite primitive d'origine infectieuse (deux cas personnels à la suite de fièvre typhoïde) et dont il peut exister différentes formes d'après la hauteur de localisation du pro- cessus méningitique. . Nous venons aujourd'hui apporter une contribution personnelle à l'étude clinique de la spondylose, basée sur deux cas personnels, dont l'un se rapproche du type Bechterew,par la localisation méningée primi- tive et la seule atteinte de la colonne vertébrale, tandis que l’autre se rapproche du type Strümpell-Marie.

PREMIER CAS. Le sieur V. R..., de Dottignies, cordonnier, est âgé de 32 ans. Son père a 74 ans. Il est encore bien solide, n'a pas de passé rhumatis- mal, mais un certain passé alcoolique. La mère a 74 ans également, elle n'a pas été atteinte de rhumatisme, mais souvent de migraine. La famille se compose de six enfants, trois garçons et trois filles.

TRAVAUX ORIGINAUX 265

Tous, à part notre patient, se portent bien à l'heure actuelle. Il n'y a pas de tare tuberculeuse, mais un frère a eu deux attaques de rhumatisme articulaire aigu, qui ont duré 4 à = mois et une sœur paraît également avoir eu deux attaques de polyarthrite aiguë ayant duré 1 à 2 mois.

Antécédents persouncis. Le patient nie Ja syphilis et la blennorrhagie, mais prétend avoir bu beaucoup de bière jusqu'à ses 25 ans. II a mené une vie irrégulière, antihygiénique. Il n'a pas été atteint de rhumatisme articulaire, mais, il y a 10 ans, il a fait une fièvre ty phoïde, qui a mis un mois à évoluer. La convalescence dura 2-3 mois.

Depuis ses 16 ans, il a abusé de sa sphère génitale par des pratiques de masturbation et de grands excès vénériens, surtout de 18 à 23 ans. Vers cette méme époqueil a commencé à abuser du tabac et méme encore aujourd'hui ii continue cet abus (12-1: pipes par jour).

L'affection actuelle débuta vers ses 23 ans, un an environ après la conva- lescence de la fièvre typhoïde, par des douleurs dans la colonne lombaire avec irradiation en ceinture autour du ventre. Il. y eut en méme temps du tympanisme intestinal et de la diarrhée, qui dura quinze jours. Puis le malade constata que son épine dorsale devenait raide, refusait de se plier. Les mouvements d'ailleurs exagéraient les douleurs de reius, de venire et de dos. Paresthésies fréquentes dans les membres inférieurs, qui devinrent plus raides à leur tour et forcèrent, en même temps que la sensibilité de la colonne, le patient à adopter la marche à petits pas. Jusqu'ici les grandes et les petites articulations des membres inférieurs sont restées libres et la station assise à toujours été possible. Les articulations des membres supérieurs sont également libres. Le malade prétend toutefois éprouver des craquemeuts dans les articulations des hanches, des genoux, des épaules et des mâchoires (rarement).

Attitude. Le malade porte la partie antérieure du corps en avant. Il existe de la cyphose dorsale. À l'abdomen ou constate un large pli transversal pas- sant dans la-région sus-ombilicale (ventre plié en deux), les genoux sont légè- rement fléchis, surtout le droit ; le thorax est aplati et fixe. Respiration tho- racique presque nulle. [.e patient prétend avoir la sensation subjective, quand 1l est debout, d'un poids de 200 kilos sur le dos.

Taille à 22 ans, 1 m. 62, actuellement, 1 m. z5.

.Mouvements. Flexion, extension, rotation de la colonne vertébrale et de la téte totalement abolies. Mouvements divers des membres supérieurs et infe- rieurs possibles mais plus difficiles par raideur musculaire. Marche relative- ment normale, méme les yeux fermés. Pas d'ataxie. Le patient parvient à ramasser un objet à terre en avant de lui, sur les côtés et mème en arrière en faisant subir à ses genoux une forte flexion. La station horizontale sur le dos est possible moyennant que la tète soit soutenue, en position relevée, par des coussins.

La station horizontale sur le ventre est impossible.

Eternüment impossible. Toux et expectoration difficiles. Force musculaire dés membres supérieurs et inférieurs conservée.

La force musculaire est surtout atteinte du côté des muscles du dos. Quand Je tronc est baissé en avant dans l'articulation coxo-fémorale, le patient ne parvient pas à soulever le moindre poids. On constate également cette fai-

266 JOURNAL DE NEUROLOGIE

blesse des muscles du dos quand le malade se relève. On le voit, en effet, s'aider à peu pres des mémes poses de soutien que le myopathique débutant.

Quaud il souléve le membre inférieur, étant assis, au-delà de l'horizontale, il ne parvient pas à faire l'extension complète et il se déclare un tremblement d'autant plus intense que l'effort de soulèvement est plus prononcé.

Sensibilité. À part les douleurs spontanées du côté de la colonne avec irradiation en ceinture et provoquées par la pression et les mouvements, la sensibilité se montre partout normale.

Réactions électriques. X.es nerfs et les muscles réagissent normalement aux divers courants, excepté aux membres inférieurs, il existe un abaisse- ment de la contractilité électrique.

Réflexes. Les réflexes cutanés sont normaux. Les réflexes tendineux sont forts aux membres supérieurs et inférieurs. À droite, clonus du pied. Réflexe massétérin bien marqué.

Fonctions sexuelles. Hy peresthésie avec impuissance. Prostatisme. Sper- matorrhée.

Selles régulières faciles.

Miction quelquefois spasmodique, jet interrompu au début, quelquefois léger bavage après.

Urines toujours troubles. Sucre et albumine : o.

Pubpilles inégales. (Anisocorie). La gauche est la plus large. Paupière gauche légèrement plus abaissée que la droite.

Etat général. Le poids a diminué de 12 kilos depuis ses 25 ans.

Il existe des symptômes manifestes de neurasthénie: engourdissement cérébral, casque céphalique. Abattement physique et moral, insomnies fré- quentes, etc.

Cœur normal.

Déglution et fonctions digestives bonnes.

Trophisme normal. I

A lexamen objectif, la colonne vertébrale à la région cervicale, à part la douleur qu'on y provoque, se montre hypertrophiée, mais on n'y sent pas d'irrégularités dues à des exostoses.

En somme donc voilà un malade qui a surmené son systéme nerveux et particuliérement sa moelle par des exces de tout genre, qui, un an en- viron aprés une infection typhoidique, donne des signes de méningite sacro-lombaire rapidement suivie de rigidité progressive de la colonne vertébrale à marche ascendante. Aujourd'hui, la tête même est prise de fixité et toute la colonne est immobilisée en cyphose dorsale Toutes les autres articulations sont indemnes. Le thorax est également fixé. Il existe encore aujourd'hui des signes d’un certain degré de compres- sion médullaire : douleurs en ceinture, exagération des réflexes tendi- neux, légers troubles sphinctériens, atrophie musculaire aux membres inférieurs, non extensibilité complète des jambes (symptôme de Kernig) tremblement dans l'effort d'extension.

Ce cas se rapproche donc de ceux décrits par Bechterew, à part que la marche du processus au lieu d’ètre descendant est ascendant. Le début parait avoir été franchement méningé, mais la colonne n'a pas tardé à

TRAVAUX ORIGINAUX 967

réagir à son tour probablement sous l'influence du méme processus que les méninges et les arthropathies spinales ont bientôt dominé la scene. La faible méningite lombaire nous semble, en effet, incapable d'expli- quer cette lignosité totale du rachis, y comprises articulations de la tête.

Il s’agit ic1 d’une association de méningite sacro-lombaire et de spon- dylose, déterminée par le même processus morbide.

Quelle est l'étiologie de celui-ci ? Elle est probablement multiple et comprend l'hérédite, le surmenage, l'intoxication alcoolique, l'infection typhoide. Quant à la nature anatomique du processus il s'agit de ce que nous appelons encore rhumatisme chronique ankylosant, ossifiant, défor- mant, processus qui comporte un tableau morphologique très compliqué et encore peu connu, qui atteint les synoviales (y compris les méninges) les ligaments, les cartilages, les épiphyses, en un mot, tout l'ensemble de l'appareil articulaire, mais à des degrés différents, d'après la nature de l'élément étiologique.

SECOND CAS. M. G..., jeune homme ágé de 23 ans qui souffre depuis l’âge de 9 ans.

A la suite d'une chute il se produisit une fracture du fémur gauche à l'union du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs. La fracture étant consolidée on s'aperçut de la déformation du membre et l’on voulut y remédier ; dans les efforts faits on luxa le genou gauche.

Un appareil inamovible amena l'ankylose du genou avec luxation du tibia en arriere. Cette ankylose se mobiiisa tant bien. que mal, mais le tibia resta luxé. Actuellement le malade peut plier le genou presque à angle droit; la jambe est fortement atrophiée.

En mai 188:;, un an et demi apres l'accident primitif, le genou droit devint douloureux, en méme temps l'article s'ankylosa et la Jambe et la cuisse s atrophiérent. Craquements lors des mouvements.

Deux ans et trois mois apres le mal se porta au médius de la main gauche. Successivement il atteignit les chevilles, l'articulation de la hanche gauche, le poignet ct le coude gauches.

A quelques mois de le coude droit s'entreprit.

Toutes les articulations ainsi atteintes se déformèrent et leurs mouvements devinrent très limités.

En mai 1890, le malade alors àgé de 1: 12 ans se cassa encore la cuisse gauche dans le tiers inférieur du fémur. La coaptation fut bien faite et l'os se souda en bonne position, mais le genou se déforma davantage et devint com- plètement ankylosé; le malade resta pendant un an sans pouvoir marcher.

En 1892, les douleurs devinrent plus vives dans les articulations atteintes et le moindre mouvement en les exagérant provoqua des craquements.

Les membres s'atrophiérent de plus en plus au voisinage des articulations entreprises.

En 1896, le poignet et le pied droits s'entreprirent, les articulations s’y raidirent. |

En 1899, le genou droit devint plus douloureux et augmenta de volume.

Quelque peu après le mal atteignit la hanche droite; c'est à présent cette

968 JOURNAL DE NEUROLOGIE

articulation qui est la plus douloureuse, ses mouvements y sont tres limités et chacun d'eux y produit des craquements trés sonores.

La hanche gauche s’est prise l'année dernière. En mème temps des dou- leurs très violentes se produisirent dans la colonne vertébrale et se localisèrent dans la moitié inférieure de la région cervicale et le tiers supérieur de la ré- gion dorsale.

Les épaules furent aussi le siège de douleurs et de craquements ainsi que les articulations temporo-maxillaires.

Actuellement toutes les articulations suivantes sont atteintes : les deux articulations tibio-tarsiennes; les deux genoux, les deux hanches, la droite plus que la gauche, les coudes, les poignets, quelques doigts, entre autres le médius gauche, les vertèbres du cou et de 12 région dorsale supérieure, les máchoires et un peu les épaules. Tous ces articles sont plus au moins ankylo- sás. Le déplacement du malade se fait avec beaucoup de difficultés, les mou- vements étant très douloureux.

Le père du malade est mort accidentellement à l'âge de 63 aus. Il avait toujours joui d'une santé excellente.

La mère est morte âgée à 66 ans par suite de mélancolie.

Elle était démente et gâtait.

On s’apergut de sa folie peu après la mort accidentelle de son époux.

Aucun des frères ou sœurs du malade ne présente de maladie spéciale pouvant donner la note d'une parenté quelconque avec l’arthritisme de notre patient.

Dimensions des membres

Membres Membres gauches droits

Périphérie de la cuisse à 10 cent. au-dessus du genou. O" 303 O" 120 Périphérie du genou. . . . . . . . . . . 0۷350 5 MONE موه‎ uA و‎ M e e O39 ge A O"242 o"230 Bras (milieu du biceps) . . . . . . . . . . . Q"210 O" 2.0 Coude: sS CR SS LU E EP e SESS De GL. v 4 OQ" 2063 O'"'26z Avant-bras (3 centimétres en-dessous du coude) . . 011220 0230

Ce malade est un nerveux. Il est le dernier de cette mère morte démente après avoir été mélancolique pendant 3 ans.

Examen de la sensibililte et des reflexes. ‘Vous les modes de sensibilité sont parfaitement conservés sur toute l'étendue du corps. Pas de tremble- ments fibrillaires.

Réflexes tendineux. Le rotulien droit est un peu exagéré, pas de clonus du pied de ce cóté. Les réflexes des muscles du bras droit sont. normaux, ainsi que ceux de l'avant-bras de ce côté.

Par suite de la déformation des articulations et de l'atrophie musculaire, il est impossible de rechercher les autres réflexes tendineux.

Le réflexe cutané plantaire droit est peu accusé, il se fait en flexion, le réflexe du fascia lata est trés marqué. A gauche, le pied est tellement déformé et la jambe tant atrophiée que les réponses n'indiquent rien.

Les réflexes crémastériens et abdominaux sont les premiers un peu dimi- nués, les seconds normaux.

Réflexes pupillaires bons.

TRAVAUX ORIGINAUX 269

Chmielewski (27) a observé un cas qui se rapproche beaucoup de ce second cas.

Il s'agit d'un homme àgé de 36 aus ayant contracté une blennorrhagie à la suite de laquelle, il y a dix aus, il se produisit des douleurs sacro-lombaires et du gonflement des articulations de l'index droit. Les douleurs lombaires et celles des extrémités inférieures durèrent (avec remissions et exacerbations) plus de trois ans.

Uu peu plus tard, il s'y ajouta une ankylose progressive de la colonne verté- brale et des articulations temparo-maxillaires, de méme qu'une arthrite défor- mante des petites articulations des doigts.

D'accord avec Oppenheim et Saenger, l'auteur considére cette affec- tion comme une variété d arthrite déformante qu'il convient dit-il d'ap- peler « spondyhte déformante ». ۱

Il met à part la forme décrite par Bechterew il s’agit probablement d'une méningite initiale, parfois de cause traumatique.

Le cas présenté par Chmielewski diffère du nôtre en ce que la cause est ici évidente. On sait que la blennorrhagie donne naissance à des arthrites.

Il est vrai que d'habitude celles-ci siègent aux grandes articulations, mais les cas le gonocoque a donné naissance à des déformations arti- culaires des extrémités, ne sont pas rares.

Non seulement il donne naissance au rhumatisme articulaire, mais à des troubles trophiques multiples.

On connait également des lésions aiguës des organes splanchniques dues à sa pullulation.

L'un de nous (43) a observé un jeune homme qui est mort de pneu- monie et de méningite blennorrhagiques en quelques jours.

L'étiologie ici est bien évidente.

Pouvons-nous dire la méme chose pour M. G... ?

La blennorrhagie doit évidemment étre écartée; la maladie a débuté à l’âge de 9 ans.

La fracture de la cuisse mal réduite ne peut-elle être incriminée ?

Nous connaissons les atrophies abarticulaires qui se produisent au pourtour des articulations altérées, surtout dont les mouvements sont limités.

L'absence de travail dans les muscles susjacents aux articulations en- visagées ue doit, à notre avis, pas étre la seule cause de l'atrophie que l'on v constate. Un autre facteur intervient simultanément à la diminu- tion du mouvement.

Les articulations atteintes d'arthrite ne le sont pas seulement dans leurs mouvements, mais elles sont surtout le siége de douleurs con- stantes.

Les perturbations que l'hyperalgésie amene dans les filets sensitifs

970 JOURNAL DE NEUROLOGIE

doivent, au bout d'un certain temps, retentir sur les cellules de la corne antérieure de la moelle. Les fibres émanant des cellules du glanglion intervertébral sont en relation intime avec les cellules de la base de cette corne par les collaterales directes ou sensitivo-motrices.

Si sous l'influence de ces sensations nouvelles pour l'organisme et constamment renouvelées, la vitalité du protoneurone centripète se modifie, on comprend que les incitations qu'il donnera aux cellules motrices et trophiques de la branche médullaire correspondante, seront également anormales.

La nutrition dans les parties périphériques devra s'en ressentir, de naitront les arthropathies et les amyotrophies abarticulaires que l'on constate chez les sujets atteints d'ankylose d'un article.

Les arthropathies tabétiques doivent étre rapportées à l'influence de l'altération du protoneurone centripéte sur les cellules trophiques qu'il commande.

Chez notre sujet ce n'est pas une affection articulaire qui a donné naissance A Ja premiere localisation du mal, c'est la fracture mal réduite et partant constamment douloureuse qui a déterminé l’arthrite du genou gauche.

Un an et demi plus tard le genou droit s'entreprenait.

Le même mécanisme peut-il être invoqué pour expliquer l’altération de cette jointure ?

Nous croyons que oui.

Nous savons que des fibres de la racine postérieure d’un côté passent dans la corne antérieure du côté opposé.

Les traites de neurologie en font mention.

D'ailleurs certains symptômes cliniques ne s’expliqueraient pas si ces connexions n'existalent pas.

Dans une de nos séances antérieures, nous avons discuté la question du réflexe contra-latéral.

L'un de nous vient cette semaine d'observer un malade chez lequel immédiatement aprés une attaque d'apoplexie qui l'avait laissé parésié de la moitié gauche du corps, la percussion du tendon rotulien droit produisait non seulement l'extension de la jambe de ce côté, mais encore l'extension de la jambe gauche avec légère adduction de la cuisse.

Le faisceau pyramidal n'iutervenant plus, la sensation perçue par le tendon rotulien se répercutait sur les cellules motrices homologues et hétérologues, sur ces dernières d’une façon plus confuse.

Nous estimons que les sensations douloureuses perçues pendant long- temps dans sa cuisse gauche par M. G..., ont trés bien pu déterminer à la longue des modifications dans la vitalité des cellules trophiques de la base de la corue droite et amener l'arthrite du genou droit.

Faut-il admettre la même pathogénie réflexe pour les arthropathies des autres articulations, notamment celle de la colonne vertébrale ? Il

TRAVAUX ORIGINAUX | 271

faut compter ici probablement avec une étiologie plus complexe, avec des facteurs à la fois prédisposants et occasionnels.

Réflexions générales. L'étude comparative de ces deux cas nous force de conclure que le mécanisme des arthropathies est des plus variés. Nous ne pouvons pas admettre avec Kollarits (28) que leur étiologio soit une et que c'est cette étiologie unique qui doit servir de base au groupement de toutes les variétés de localisation du processus arthro- pathique sous une seule et méme rubrique. L'étiologie, au contraire, des arthropathies et de ce que nous appelons encore aujourd'hui rAuma- tisme chronique, rhumatisme déformant, est très variée. On voit inter- venir ici, comme dans nos deux cas, à côté de l'hérédite, des facteurs physiques, toxiques, infectieux, trophoneurotiques.

Nous nous écartons donc de la maniére de voir de Kollarits et nous nous rallions à celle do Massolongo (44), qui voit dansle rhumatisme chro- nique une affection plutôt une au point de vue clinique el anatomique, mais dont l'étiologie peut être très différente et reconnaitre des facteurs dyscrasiques, traumatiques, toxiques, infectieux, neurotrophiques. Après avoir énuméré toutes les variétés d'arthrite chronique qui ont été décrites sous les noms de: rhumalisme articulatre chronique, goulle asthénique primitive de Landré-Beauvais, rhumatisme articulaire fibreux de Tedeschini et de Faccoud, rhumatisme articulaire nerveux de Trousseau, rhumatisme articulaire chronique osseux, monoarticulaire et polvarticulaire de Besnicer, rhumatisme articulaire chronique pro- gressif, rhumalisme articulaire chronique partiel et nodosités d’ Heber- den, de Charcol; arthrile rhumatoïde de Garrod, forme atrophique et forme hypertrophique, arthrite deformante de Virchow et Waldmann, arthrite rhumalismale chronique el arthrile bseudo-rhumatismale chro- nique de Lane et Griffiths, arthrite chronique ankylopoiétique de Schül- ler, polyarthrite deformante de Bäumler, arthrite sèche, arthrile sénile, etc.; l'auteur italien ajoute : e Tutte questa varieta cliniche ed anatomiche non sono per noi che gradi diversi del processo patologico qualunque sia la causa patogenica produttrice. Percio non possiamo accettare la distinzione di Volkmann e Waldmann fra reumatisme arti- colare cronico ed artrite deformante di chirurghi ».

L'anatomie pathologique serait donc une à des degrés prés,atteignant tantót la synoviale, y compris les méninges, tantót les cartilages et liga- ments, tantót l'os, qui bordent l'articulation.

La gravité dépendrait de la profondeur de la lésion articulaire et de la cause productrice, qui peut étre trés variable. Ainsila forme nerveuse de l’arthropathie serait surtout grave parce que la lésion productrice (tabes, syringomyelie) est incurable et que les altérations articulaires portent à la fois sur tout l'appareil articulaire (synoviale, cartilages et ligaments, os).

L'appareil articulaire réagirait donc d’une façon relativement une, à des degrés pres, aux divers agents morbides qui l’atteignent 1] suivrait

972 1012۵۸], ۳ 76

en cela l'exemple d’autres tissus, comme les nerfs périphériques, les cen- tres nerveux, les muscles.

Et, pour en revenir spécialement aux cas de spondylose, qui ne repré- sentent qu'une localisation particulière du processus arthropathique, l'on comprend qu'on peut observer les types les plus différents, non seule- ment au point de vue étiologique, mais encore d’après la localisation (méninges, ligaments, cartilages, synoviales des petites articulations vertébrales) et de l'intensité du processus.

Quant à la participation des membres à la spondylose, on observe toutes les transitions depuis la spondylose rhizomélique de Pierre Marie jusqu'à la rigidité totale de l'organisme.

BIBLIOGRAPHIE

I. BEcHTEREW. Steifigk. des Wirbelsäule und ihre Verkrümmungen als besond. Krankheitsform. (Neurol. Centralb/., n? 13. 1893.)

2. A. STRUMPELL. Zrar/é de path. et de ther. spéc. des mal. rut. (Trad. Schramme, t. II, p. 622.) In. Ueb. die chron. ankylos. Entzünd. der Wir- belsaüle und der Hüftgelenke. (Deutsche Zeitschr. f. Nervenh., 1897, p. 338.)

3. P. Marie. Spondylose rhizomélique. (Soc. méd. des Hôp. de Paris, 1I févr. 1898, et Revue de nméd., 10 avril 1898, p. 28: à 316.)

4. E. FEiNDEL et P. FRoUssARD. Un cas de spondylose rhizomélique. /Vorr. Zconogr. de la Salpétriére, t. XI, n^ ره‎ 1898.)

S. AscoLr. Contrib. alf. stud. del. spondylos. rhizom. ۳ Policlinico, 1 déc. 1898, p. 537.)

6. MILLIAN. Sur deux cas de spondylose. (Soc. med. des Höp. de Paris, 25 nov. 1898. Rev. neur., 1899, p. 262.)

7. P. Marie et Lévi. Aut. d'un cas de spondylose rhizomél. (Soc. de biol. 24 févr. 1899.)

8. GASNE. Spondyl. rhizom. (Soc. de biol., 3 mars 1899.)

9. BECHTEREW. Mal. nerv. (Rec. d’obs. c/ın., vol. II. Saint-Pétersb. 1899.)

10, ۳0۵۳۴۵۴۴, Un cas d'ankyl. de la col. vertebr. (Neur. Centralbl., 1 april 1899, p. 294.) |

11. BEcHTEREW. Nouv. obs. d'ankyl. du rachis avec exam. anatomo-path. / Vratch, 7 janv. 1899, p. 319.)

12. RAYMOND. Des vraies et des fausses contractures. /Zr#b. méd., 1899, n? 27, p. 525.)

13. LAIGNEL-LAVASTINE. Un cas de spond. rhiz. /Rev. neur., 1900, p. 112.)

14. A. L£erı. La spondylose rhizom. (Rev. de med., 1899, p. 397, 692 et 801.)

I5. CANTANI. Ankyl. de la col. vertébr. Spondyl. rhizom. de Marie. (X°Con- grès de la Soc. ital. de méd. int., Rome. 23-28 oct. 1899. Rev. neur., 1900, p. 199.)

16. LicHTHEIM. Spond. rhizom. (Deutsche m. Woch., 31 Aug. 1899. Ve- reinsbeilage, p. 200.)

17. MEv ER. Ueb. chron. Ankylos. der Wirbelsaüle. (Deutsche m. Woch.. 30 nov. 1399. Vereinsbeilage, p. 277.)

18. V. JackscH et CHIARI. Ankylopoeit. Arthrit. in den Occipital-verte- bralgelenken. f Deutsche med. Woch., 19 oct. 1809. Vereiusbeilage, p. 230.)

TRAVAUX ORIGINAUX 973

19. SENATOR. Ueb. chron. ankylos. Spondylitis. (Deutsch. m. Woch., 14 dec. 1899. Vereinsbeilage, p. 259.)

20. O. CHAIKEWITCH. Soudure du rachis. /Tratch., 1899, p. 1501-1503. Rev. neur., 1900, p. <10.)

21. Me MARIE KkITCHEWSKY-GOCHBAUM. Sur un cas d'ankylose artic. progr. et généralisée. Synartrophyse. (Thèse de Paris, 1900.)

22. À. HEVEROCH. Un cas d'arthr. déf. de la hanche se rapproch. de la spondvlose rhizomel. de Marie. (Soc. des méd. tchèques de Prague, 20 nov. 1899. Rev. neur., 1900, p. 371.)

23. HririGENTHAL. Beitr. zur Kenntniss der chron. ankyl. Entz. der Wir- belsäule. (Deutsche Zeitschr. f. Nervenh., 22 fev. 1900.) In. Die chron. Stei- figk. der Wirbelsäule (Bechterew) und die chron. ankyl. Entz. der Wirbel- säule (Strümpell), spondylose rhizom. (P. Marie). (Centr. f. die Grenzgeb. der Medic. nnd Chir., Ba III, p. 11, 34, 86, 134, 150.)

24. PH. ZENNER. Rig. of the spin. column. /7ke journ. of nere. and. ment. dis , 1899, vol. XXVI, n? 11, p. 6zo.)

23. B. SacHs et J. FnAENKEL. Progr. ankylotic. rig ofthe spine (spondylose rhizomélique). /7/Ze journ. of nerv. and ment dis., vol. XXVII, v? 1, 1000.)

26. GABBI. Spondyl. rhizom. (R. Acc. peloritana di Messina, 27 Juin 1900. Rev. neur., 1900, p. 1151.)

27. CHMIELEWSKI. Quest. russes. de med. neuro-psych., 1900, vol. V, avril- mai. Bev. neur., 1901, p. 141.

28. J. Korrarrrs. Chron. Gelenksrheum. und Spondylose rhizomél. (Klin. ther. Woch., 3-4-5, 1901.

29. À. ESHNER. À case of rhizom. spondylitis. /Z4e journ. of the Armer. Assoc., Vol. 34, 14, 1900.)

30. C. FRazikR. Osteoarthr. of the spine and hip joints. Rhizom. spondv- losis. (Umv. med. Magazine., Phil. July 1900.)

31. Gıesk. Ein Fall von Steifigk. der Wirbelsäule. (I rafch, 6, p. 181. (Russ.)

32. À. CaNTANr. Sulle anchilosi d. col. vert. /7/ Polichino, vol. VL. fasc. 15-17, 1900.)

33. J. Fr.EscH. Ueb die chron. verl. asc. Versteif. der Wirbelsiule. p Wren. med. Woch., 12, 1900.)

34. H. SCHLESINGER. Ueb. die chron. Steifigk. der Wirbelsäule. ۰ a. den Grenzg, der Med. und Chir., Bd. VI, 2, 1900.)

35. R. HARTMANN. Ueb. chron. ankyl. Entz. der Wirbelsaüle. / Ja/irb. f. Psych. und Neurol., 1900, vol. 19, fasc. 3.)

36. J.-H. Mac Brine. Rig. of the spine. /Zhe Fourn. of nerv. and ment. dıs., Bd. XXVII, 1900, p. 542.)

37. M. KahHane. Rev. d'ens. /A7rn. therap. Woch.; 26, 1900.)

38. A.-N. VINOKOUROFF. Contrib. äl’et. de la lignosit& du rachis. /Fratch, 1901, p. 503-504.)

39. H. Forrsrier. De la spondylose rhum. ou rhum. vertébr. chron., sa forme pseudo-nevralgique. (Arch. g. de Iled., 1901, p. zo.)

40. APERT. Aukyloses gen. de la col. vertebr. et de la tot. des membres. (Rev. Neurol., 1901, p. 1073.)

41. SYLLABA. Rig. de la col. vertébr. (Soc. de méd. teheq. de Prague, 12 mars» 1900. A. ;V., 1902, n" 1.)

274 JOURNAL DE NEUROLOGIE

42. W.-J. TayLor. Typho-rachis. (Philadelph. med. Fouru., 29 déc 1901.)

43. Degray. Rhumatisme, pneumonie et méningite blennorrhagiques. (Fourn. med. de. Brux., n? 45, 1900.)

44: R. MassoLoxGo. Artriti chroniche (Brb? med. Jtal., Milan, 1900 )

Sur le reflexe du fascia lata

par Maurick DIDE et Louis CHENAIS

Signalé pour la première fois par Brissaud (1), le 27 février 1895, dans une leçon clinique, le réflexe du fascia lata a donné naissance à un cer- tain nombre de travaux déjà qui montrent que l’étude de ses variations peut fournir, en clinique, des résultats extrêmement intéressants.

Outre les caractères physiologiques de ce réflexe consistant dans la contraction énergique du fascia lata, alors qu'on chatouille légèrement la plante du pied, Brissaud a décrit un phénomène pathologique qui consiste dans /a conservalion du réflexe da fascia lata avec abolition du réflexe plantaire; c'est ce que, pour abréger, on peut appeler le symp- töme de Brissaud.

Crocq (2), dans un article briilant comme toutes les œuvres de ce distingué neurologiste, étudie à son tour le réflexe du fascia lata et admet que ce réflexe, puisqu'il constitue le début du mouvement défen- sif rapide, doit étre médullaire; le séparant ainsi des autres réflexes cutanés, qui sont, suivant lui, corticaux.

Les faits nombreux que nous avons observés, nous obligent à nous écarter de l'opinion de notre confrère belge. Sans connaitre ses recher- ches et avant même le congrès de Limoges, nous avons entrepris, à l'asile de Rennes, une série de recherches sur la question

L'un de nous déjà, en collaboration avec Lancézeur (3\, a publié une note il établissait que le réflexe du fascia lata, chez quatorze hémi- plégiques organiques, était du côté paralysé :

Aboli deux fois ;

Diminué onze fois par rapport au côté sain;

Normal une fois. et que, dans cinq cas d'hémiplégie spasmodique il était :

Aboli deux fois du côté hémiplégié ;

(1) BRISSAUD. Le réflexe du fascia lata. ( Gaz. hebd. de Médecine, mars 1896, n" 22, P- 253.)

(2) CROCQ. Le réflexe du fascia lata. (Journa! de Neurologie, sċance du 28 décem- bre 1901. Journal de Neurologie, 20 janvier 1402.) ۱

(3) Dibe et LANCEZEUR. Le réflexe du fascia lata dans les affections organiques de l'encéphalc. (Socicte médico-scientifique de l'Ouest, 7 fevrier 1902.)

TRAVAUX ORIGINAUX 275

Diminué une fois par rapport au côté sain;

Normal une fois.

Dans aucun de ces cas, le symptôme de Brissaud n'existait; en d'au- tres termes, jamais alors nous n'avons observé l'abolition du réflexe des orteils avec conservation du réflexe du fascia lata; trois fois sur les quatre cas le réflexe du fascia lata était aboli, le phénomène des orteils était aboli du côté paralysé; une fois on notait le phénomène de Babinski (extension des orteils ou du gros orteil); dans tous les cas sauf un le réflexe du facıa lata était diminué, on notait le phénomène de Babinski.

Depuis lors, nous avons observé un individu qui présente de la sur- dité verbale pure avec perte du sens stéréognostique sans hémiplégie et avec erreur de localisation de Ja sensibilité sans diminution de la sensi- bilité à la douleur et hémianopsie droite, chez lequel nous avons mis en évidence le phénomène de Brissaud (abolition du réflexe des orteils et conservalion du ré/lexe du fascia lata, avec contraction contro-latérale après l'excilation plantaire à druite) ; le malade présentait, en outre, une exagération très marquée des réflexes tendineux. Ce malade fera le sujet d'un travail spécial, en collaboration avec Botcazo.

Nous possédons actuellement douze cas l'état des réflexes a été soigneusement noté, avec autopsies consécutives (1).

Nous résumerons rapidement ces observations.

Dans deux cas d'hémorrhagie de ia dure-mére, il y avait abolition des réflexes du fascia lata et du phénoméne des orteils. Exagération des réflexes patellaires. Diminution de la sensibilité à la douleur.

Dans une hémorrhagie diffuse de la pie mère, avec lésions cellulaires graves de l'écorce : réflexes du fascia lata trés nets, retardé d'un cóté. Réflexes patellaires normaux, sensibilité normale.

Dans un cas de méningite hypertrophique nodulaire, comprimant à gauche la base de FA et de F3 : réflexe du fascia lata trés marque. Orteils : extension à droite, flexion à gauche, patellaires exagérés. La sensibilité était normale.

Dans un cas de porencéphalie étendue à toute la région externe du cerveau gauche en arrière de FA, avec lésions profondes des noyaux gris : réflexes du fascia lata normaux. Orteils en flexion à gauche, en extension à droite. Patellaires exagérés Sensibilité normale.

Dans un cas de ramollissement du lobe temporal gauche : réflexe du fascia lata diminué à droite, normal à gauche. Orteils en flexion des deux cotés. Patellaires exagérés. Sensibilité à la douleur légèrement diminuée. Ce cas est particulièrement intéressant, car la diminution du réflexe du fascia lata à droite nous porta à rechercher une lésion en foyer chez une femme jusque considérée seulement comme démente

(1) Les autopsies complètes de plusieurs de ces observations Viennent d'être publiées daus la thèse de L'ENORMAND, faite au laboratoire du D" Dide.

976 JOURNAL DE NEUROLOGIE

sans hémiplégie : nous pümes arriver à établir l'existence d’une surdité verbale pure.

Dans un cas de ramollissements multiples, des corps striés à gauche, de la couche optique à droite : réflexes du fascia lata normaux. Orteils: extension à droite, flexion à gauche. Patellaires exagérés. Sensibilité conservée. Cet homme nous présentait une hémiplégie droite qu'on pou- vait rapporter à un volumineux foyer de glyose bulbaire.

Dans un cas d'hémorrhagie de la tête du noyau caude droit : fascia lata à gauche presque nul, à droite normal. Orteils, à gauche extension, sauf le pouce; à droite, flexion. Patellaires, à gauche exagéré: ; à droite, normaux.

Dans un cas de gomme syphilitique du lobe pariétal droit, s'enfongant en arriere et au-dessus des noyaux gris : fascia lata diminué à gauche, normal à droite. Patellaires abolis. Sensibilité diminuée à gauche.

Dans un cas de destruction complète des noyaux centraux et de la capsule interne du côté droit : réflexe du fascia lata aboli à gauche, nor- mal à droite. Orteils : aboli à gauche, en extension à droite. Patellaires, exagéré à gauche, normal à droite. Sensibilité abolie.

Dans un cas d'hémorragie, ayant détruit toute la portion de l'encé- phale gauche comprise entre la face externe du noyau lenticulaire et la corticalité, on observa une hémiplégie totale intéressant le facial supé- rieur. Orte;ls, flexion à droite, extension à gauche, fascia lata, trés net à droite, diminué à gauche ; patellaires : normal à droite, légèrement exa- géré à gauche. Sensibilité légèrement diminuée à gauche.

Dans un cas d'hémorragie de la protuberance, le reflexe du fascia lata semble exagéré des deux côtés; les orteils sont en flexion forte; les réflexes patellaires exagérés ; la sensibilité était intacte.

Il est impossible de dégager de ces cas des conclusions bien nettes : les seuls faits qui semblent notables, c'est que le reflexe du fascia lata était aboli dans deux cas de compression du cerveau sans altérations de l'écorce et dans un autre le faisceau sensitivo-moteur était compléte- ment détruit; il semble donc que les lésions du faisceau moteur seul n'exercent, sur la production du réflexe du fascia lata, qu'une influence assez restreinte, parfois nulle, souvent manifestée par la diminution; que les lésions destructives du faisceau sensoriel peuvent anéantir ce réflexe; que la corticalité comprimée peut excercer un pouvoir d'inhibi- tion sur sa production.

Un autre groupe de faits nous a fourni des résultats singulièrement plus intéressants. Des recherches poursuivies sur la démence précoce nous ont permis d'établir, ainsi que l'un de nous l'a déjà sommairement indiqué dans un précédent travail (1), que, dans cette affection, notam- ment dans la forme catatonique :

(1) Maurice Dive, Le syndröme reflexe de la demence pr.coce. (Socicte de Neuro- logie, mars 1902.)

9 ~] ~]

TRAVAUN ORIGINAUX

1^ Les reflexes tendineux sont exageres;

Le tonus musculaire est augmenté ;

* Le réflexe du fascia lata est diminué ou aboli:

° Les orteils sont en flexion légère avec immobilité du gros orteil ; Les autres reflexes cutanés sont normaux.

C'est donc la un syndrôme qui, au point de vue des rapports des réflexes du fascia lata et des orteils, est l'inverse du phénoméne de Biis- saud.

Chez tous les déments précoces que nous avons observés, un fait doit etre mis en évidence : les troubles de la sensibilité sont trés marqués; voici, à ce point de vue, comment se décomposent les cas : sur 15 obser- vations, la sensibilité au contact est :

A

Ji +

Normale . . . . . . . 6 fois Diminuee. . 4 fois Abolie. . . . 3 fois

La sensibilité à la douleur est :

Normale dans 4 Cas Diminuée dans . 3 cas Retardee dans . 3 CS Abolie dans . . . ۱ 3 cas Pervertie dans . . . . . 2 cas

Si nous étudions comparativement le fascia lata et la sensibilité chez nos malades, nous voyons que ceux-là seuls dont la sensibilité à la piqure (douleur) est conservée, ont gardé l'intégrité de leur réflexe du fascia lata.

Si maintenant, nous jetons un regard d'ensemble sur tous les cas que nous avons examinés, nous sommes frappés de ce fait que le réflexe du fascia lata suit, dans les affections, aussi bien corticales que cérébro- spinales, une marche tout à fait parallèle à celle de la sensibilité dou- loureuse, alors que le phénomène des orteils semble être absolument indépendant des troubles sensitifs. Il ۲ a plus : tandis que la plupart des réflexes cutanés nous ont paru pouvoir coincider avec une diminution trés marquée ct méme parfois avec la perte complète de la sensibilité, le réflexe du fascia lata se distingue encore par ce fait, des réflexes cutanés, en général.

Nous n'avons pas la prétention d'émettre une théorie générale indis- cutable, mais il nous semblait intéressant de signaler le résultat de nos recherches ne fut-ce que pour provoquer des travaux de contrôle qui ne manqueront pas d'apporter des documents intéressants à cette question très nouvelle.

OC

JOURNAL DE NEUROLOGIE

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 31 mai 1902. Présidence de M. le D' De Buck f Suite) Correspondance

Monsieur le Président et Cher Confrere,

A l'ordre du jour de la prochaine séance figure une communication de M. Crocq sur la dissociation des rétlexes tendineux et cutanés, en réponse à un article récent que j'ai publié dans le /Vezraxe. Avant que cette communi- cation n'ait lieu et pour que la discussion qui pourrait eu resulter püt étre sérieuse, je voudrais faire remarquer à M. Crocq que, si les citations qu'il fait de mon travail sont plus ou moins exactes, pour autant qu'on ne tient compte que des mots, elles ne le sont pas du tout pour ce qui concerne le sens. J'ai déjà relevé dans mon travail récent, publié dans le Vérraxe, ce‘te modification de sens que M. Crocq a fait subir à une des citations faites. La mème chose s'est reproduite à la dernière séance du 22 mars, à la suite de la communication de M. De Buck. Voici comment M. Crocq s'exprime (p. 237 des Annales) : « Mais Je me suis élevé contre la théorie de notre collègue de Louvain, c'est lorsqu'il afhrmait que « l'absition du réflexe abdominal et du réflexe crémastérien à la méme valeur palhognomonique que le réflexe de Babinski ». Et, après avoir dit que la dissociation des réflexes existe dans un graud nombre de cas les plus divers, M. Crocq conclut (p. 235) : « Il s'ensuit que la dissociation des réflexes cutanés et tendineux ne peut avoir, ainsi que Van Gehuchten la prétendu, « /a méme valeur pathognomonigue que le

reflexe de Babınski».

Cette citation n'est exacte que dans les mots, mais, pour en comprendre le sens, on ne peut évidemment pas la séparer ni de ce qui précède, ni de ce suit.

Or, si vous voulez lire, Monsieur le Président, la page 263 du Nerraxe M. Crocq a découpé la citation rapportée plus haut, vous verrez en toute évidence qu'il s'agit uniquement. de la valeur que l'on peut attribuer à l'absence des réflexes cutanés daus. /Zemipleere organique; c'est d'ailleurs à l'hémiplégie organique seule que se trouvent consacrées les pages 263, 264 et 262. |

Voici le texte réel :

« L'abolition du réflexe ablominal et du réflexe crémastérien aura la même valeur pathognomonique que le réflexe de Babinski. Elle indiquera comme ce dernier une interruption des fibres cortico-spinales. Et de méme que l'exis- tence du réflexe de Babinski peut servir comme élément important dans le diagnostic différentiel entre une Zenmplegre organique et une hemiplegıe hvstérique, de mème, dans un cas douteux donné, l'abolition du réflexe cré- mastérien et l'abolition du réflexe abdominal feront incliner le diagnostic vers ۱۱ ۲۱۸/1٢ organique. »

COMPTE BENDU 979

Et pour bien montrer qu'il s'agit d'Acmplegie seule et de pas autre chose, j'ai ajouté en note : « L'existence du réflexe de Babinski a encore été signalée dans la syringomyélie, dans quelques cas d'épilepsie, dans la sclérose latérale amyotrophique, dans la maladie de Friedreich et mème dans quelques cas de tabes. Il serait intéressant de rechercher, dans tous ces cas, l'état des autres réflexes cutanés afin de voir s'il y a concordance parfaite entre l'existence du réflexe de Babinski et l'abolition des réflexes cutanés normaux. »

N'est-il pas regrettable de devoir perdre son temps à redresser de pareilles erreurs ?

Je profite de cette occasion pour relever également certains passages du travail de MM. Parhon et Goldstein sur le réflexe plantaire contra-iatcral et qui a été présenté à la mème séance.

Après avoir rapporté un cas de Fränkel : paraplégique chez lequel une exci- tation forte de la plante du pied déterminait un mouvement de flexion dorsale tant du pied excité que de celui du côté opposé et chez lequel l'autop- sie a montré une destruction complète de la moelle au niveau du douzième segment dorsal, les auteurs ajoutent en note : « L'existence du réflexe plantaire contra-latéral dans ce cas, où, ainsi qu'on le voit, il existe une lésion tranversale complète de la moelle épinière, semble exclure d’une façon absolue l'intervention active de l'écorce cérébrale et mème des centres supé- rieurs dans la production de ce réflexe, qui, pourtant, est bien un réflexe cutané. » (P. 228.)

Plus loin, à la p. 232, aprés avoir décrit l'existence du réflexe contra latéral plantaire dans certains cas de lésion du faisceau pyramidal et son absence constante à l'état normal, ils ajoutent en note : « Nous terons remarquer que, le réflexe plantaire contra-latéral n'existant pas à l'état normal et apparais- sant dans certains cas pathologiques, il faut bien admettre dans ces cas et tout au moins pour ce réflexe cutané (comme d'ailleurs pour le sig:.e de Babinski) une certaine exagération de l'excitabilité réflexe, mème si cela viendrait à l'encontre des théories qui ont cours maintenant daus la science sur l'antago- nisme des réflexes cutanés. Faire autrement serait peut-étre sacrifier les faits pour maintenir les théories. »

Je ne sais pas si, dans ces deux notes, MM. Parhon et Goldstein visent mes travaux, mais, s'il en est ainsi, j'ai le regret de leur dire que leurs objections tombent à faux. Il ne peuvent pas ignorer cependant que, dans mon travail de 1900 sur les réflexes cutanés et tendineux, j'ai fait une distinction entre ce que j'ai appelé les réflexes cutanés, normaux physiologiques (réflexe plan- taire en flexion, réflexe inguinal, réflexes abdominaux) et les reflexes anor- inaux, défensifs pathologiques, tels que le rétlexe de Babinski, le réflexe fémoral de Remak et le réflexe consistant dans le retrait du membre inférieur à la suite de l'excitation de la plante du pied.

Je crois avoir été le premier à faire cette distinction et j'ai bien fait ressortir que la lésion des fibres cortico-spinales n’entrainait la suspension des reflexes normaux seuls et l'exagération des réflexes anormaux et que, par conséquent, dans les cas de lésion transversale complète de la moelle, le tronçon intérieur de la moelle jouit d'une certaine autonomie. Voici comment je me suisexprimé (Le Nevraxe, vol. I, 1900, p. 208):

980 JOURNAL DE NEUROLOGIE

« Mais, et c'est une remarque sur laquelle nous désirons insister d'une façou particulière, que l'on suppose abolis ces réflexes cutanés, tendineux et viscéraux par suite de l'interruption complète des fibres venant des centres nerveux supérieurs, il ne s'en suit pas du tout que toute activité réflexe mé- dullaire soit supprimée.

» Il semble, au contraire, que l'activité réflexe du tronçon inférieur de la moelle soit augmentée. Mais cette exagération dans l'activité réflexe de la moelle ne s'applique pas aux réflexes physiologiques. Elle donne naissance à des réflexes nouveaux que nous croyons devoir considérer comme étant de nature pathologique. »

Je vous serais bien obligé, Monsieur le Président, si vous vouliez donner lecture de cette lettre dans la séance de demain et décider son impression dans les Annales.

En vous remerciant mille fois d'avance, je vous prie de me croire

Votre bien dévoué,

A. VAN GEHUCHTEN.

La valeur clinique de la dissociation des réfiexes tendineux et cutanés

M. CROCQ. (Voir le travail original paru dans le 12 du Journal de Neu- rolagit, p. 221.)

Séance du 28 juin 1902. Présidence de M. le D' DE Buck

Notes sur deux cas de spondylose (type Bechterew et type P. Marie)

MM. DE BUCK et DEBRAY. (Voirle travail original paru dans le présent

numero, p. 263.)

Discussion

M. DE BUCK. M. Debray formule une certaine réserve au point de vue de l'unité du processus anatomique du rhumatisme chronique, parce que dans ce cas il ne comprend pas pourquoi l'une variété (syphilitique, par exem- ple) céderait devant un traitement a4-7oc tandis que l'autre variété (tuber- culeuse, par exemple) ne cede pas. J'avoue ne pas partager cette réserve. Un article peut réagir de la méme facon à diverses causes et cependant l'une fois il guerira,soit qu'il y ait restitution ad szegriüm,soit qu'il y ait scléroseou déficit anatomique d'apres le dégré d'avancement des lésions anatomiques. C'est que

COMPTE RENDU CSI

cette fois on a pu atteindre la cause productrice, par exemple, la syphilis, tan- dis que dans le cas de tuberculose, nous ne disposons pas d'un même traite- ment étiologique. Rien ne nous dit cependant que nous ne trouverons pas un jour celui-ci et que nous ne parviendrons pas à guérir l'arthrite tuberculeuse commel'arthrite rhumatismale aiguée l'arthritesyphilitique,etc.Comme preuve que les mémes lésions anatomiques peuvent se conduire tres différemment, Je dirai que la structure de la gomme et celle du tuberculome peut étre identi- quement la même. Or, la gomme se fond, sans mème laisser de traces, devant K I, tandis que le tuberculome ne se laisse pas influencer.

M. DEBRAY. Tout en admettant une pathogénie unique dans les diverses formes dela spondylose (rhumatisme), nous estimons que l'étiologie est différente daus la plupart des cas.

Cette étiologie est à rechercher car le traitement en dépend.

Puisque dans les divers états que nous qualifions encore de rhumatisme, nous voyons des lésions microscopiques identiques disparaitre par des movens différents, ne devons-nous pas admettre qu'il existe à la base de ces produc- tions pathologiques une modification anatomique variant avec l'agent causal.

M. HELDENBERGH. J'accepte à mon tour que la spondylose rhizo- mélique n’est qu'un cas particulier d'un état morbide beaucoup plus général : l'arthrite ou la polyarthrite déformante.

Cette dernière affection peut, en effet, d’après ses diverses localisations au squelette, se présenter sous des formes bien différentes : le type Marie, le type Bechterew, le type rhizomélique supérieur ou inférieur, unilatéral ou bi-latéral.

Je traite actuellement une arthrite déformante à type rhizomélique supé- rieur et uni-latéral, consécutive à une fièvre muqueuse; et une arthrite dé- formante avec ankylose complète à type rhizomélique inférieur double, de cause indéterminée.

Toutes ces modalités cliniques se caractérisent par une série de désordres anatomiques et fonctionnels des parties constitutives des articulations et ont été parfaitement décrites par Lancereaux sous le nom de rhumatisme chroni- que partiel ou généralisé. D'après cet auteur, les altérations portent de pré- férence sur les membranes fibreuses, le périoste, les aponévroses, les cartilages articulaires et aussi sur les muscles et leurs tendons avoisinant les articu- lations.

L'étiologie de ces arthrites se confoud avec celle du rhumatisme chronique; elle réside avant tout dans l'hérédité, c'est-à-dire dans une tendance native de l'organisme à réagir d'une manière spéciale, grâce à une organisation et à une orientation spéciales du système nerveux. Pour que cette tendance réac- tionnelle éclate, il faut naturellement une cause pertubatrice du système ner- veux; et comme celle-ci est essentiellement variable, l'affection bien que une anatomiquement, sera des plus diversifiées relativement à ses conditions étio- logiques.

Le traitement, de mème, sera celui du rhumatisme chronique. On pourra recourir à l'électricté, à la mobilisation graduelle et progressive des articles

989 JOURNAL DE NEUROLOGIE

malades, aux bains chauds ou turcs, aux frictions stimulantes, à la médication iodurée.

M. DEBRAY. Je ne puis répondre d'une manière générale à M. Hel- denbergh. Cependant, comparant le malade de M. De Buck au mien, on pou- vait en déduire que l'amyotrophie et les arthropathies sont beaucoup plus prononcées et plus rapidement établies lorsque la cause de la spondylose s'at- taque aux membres ou réside eu eux que lorsqu'elle agit sur les meninges rachidieunes ou les articulations vertébrales.

L'atrophie chez mon malade est, en eflet, beaucoup plus marquée que chez celui de M. De Buck.

M. LIBOTTE. Le traitement de ce cas est nul par les moyens médica- menteux. Par les moyens physiques, ni la gymnastique n’est possible, ni le massage. Leur résultat serait zéro. Si j'avais à traiter ce malade, je soumet- trais sa colonne vertébrale aux hautes fréquences.

J'appliquerais une plaque métallique à la région cervicale et une autre plaque à la région sacrée.

Je ferais une application directe semblable à celle que je fais contre les nodosites d’Heberden, nodosités que nous guérissons d'une façon d'autant plus surprenante qu'elles résistent à tout autre moyen.

En outre, je soumettrais tous ces muscles atteints d'atrophie abarticulaire aux courants continus de hautes inteusites et de modalités variables.

Dans ces sortes d'atrophies, le massage ne donne 77e». Il ne recoustitue point la fibre musculaire. Il ne lui rend point, ni sa tonicité ni son énergie.

Il l'entretient tout au plus à condition de s'y prendre à temps, comme dans le système du traitement des fractures par Lucas Championnière. Et, pour le dire en passant, quels résultats supérieurs, plus commodes, nous obtenons par les courants continus à modalités variables. Et combien facilement nous entre- tenons la vigueur des muscles compromis tout en respectant la contention nécessaire des dix premiers jours.

L'électricité seule rend tout cela, mais non les courants faradiques, ainsi qu'on le pense généralement. Ces derniers sont souvent très nuisibles, ils achè- vent souvent la ruine des muscles malades.

J'ajouterais, pour combattre la diatèse rhumatismale, soit des sudations, soit des bains chauds de 37 à 38» centigrades, soit des douches écossaises.

(4 suivre.)

eme La جا کر رگا‎ 4 IR re RS X MEA

« A At A

MORT ETS 55;

EY KOK et MÁY 7 0

0)۷

1 ۲ ۰ 3 7 i * ut ua» Zen, AN En ES ar ۳ ۱ eteun 2H, KEE ere > ۷ 7 4 » e - وک رٹ یت ی‎ Vite ts >

9 À

ي یم چو ای گن یا

Kl

De

381

E

d و‎ 3 i ind m

رر IOS‏ هة

A

Ze

^

KN

H , a ee

TACE ROYALE A EC GE Sëingté de établässergerp. ` SE

Congrès international de l'assistance des aliénés et spécialement de leur assistance familiale Anvers, 1-7 septembre 1902 Sous la présidence d'honneur de M. VAN pEN Hrvvkr, ministre de la justice, et la vice- presidi nee. d'honneur de MM. J.. FrakeNk, ministre d'Etat, ancien. ministre. de la just ce; Comte de MEnopk WysTERLOO, sénat ur, ancien miuistre des affaires étran-

„eres: V. PEGEREM, membre de la Chambre des représentants, ancien ministre de Ia

justice; Dery bE TuozzrE, gouverneur de la prov. de Liege; FREDEGAND COGELS, gou-

verneur de la prov. d’Anversz JAN VAN Risswuick, bourgmestre de la ville d'Anvers.

l.e congrès de F{fssislance des alienes et spécialement de leur assistance [umiliale se tien-

P dra à Anvers, du prémier au sept septembre prs chain.

l.es adliésions sont deja nomblireuscs, les communicalions promises sont. variées et intéresser. t toutes les questions qui se rattachent à l'organisation des colonies d'al énés dans les diffé ents pays Des anjourd'hui Fexisience du congrès est matériellement et moralement assurée. Limpo'tance de celle réunion ne peut ètre méconnus, elle s'im- pose à l'attention de tous ceux que la question si grave et si délicate de l'assistance des aliénés préoccupe au point de vue scientifique, hnumauitiire ou administratif.

Les rapport: et les documents seront bientôt envoyés aux souscripteurs. LA première circulaire a défini le champs d'étude. L'énoncé des rapports el des communications, inscits ci-aprés, en précise les détails.

LE COMITÉ. D'ORGANISATION : Le Secrétaire général, Le Tresorier-general, Les Vice Présidents, Le Président, D' F. ۰ M. Epuoxp Pav wkts MM. B. pe Larorr, H. Lentz. را‎

Les membres : MM. P Bocckmans, L. Chomé D Claus, sénateur Cools, prof Crocq. Baron de Brocqueville, j rof. De. T’oeck, D’De Moor, D’ Deperon, Dr Desguin, prof. Francotte, prot. Masein, D' J. Morel, Pere Amélée, F. Stockmans, L. Van Schelle, prot. Verriest, Willemaers.

Prix de la cotisation : 20 francs. Adresser’ les adhésions à M. le D’ Saxo, secrétaire-géné- ral, rue Montebello, 2, Anvers.

Questions mises en discussion RAPPORTS ET COMMUNICATIONS I. Quelle est la situation actuelle et la. valeur de l'Assistance familiale des alicués et de l'as- sistance dans les asiles, au point de vue scientifique, humanitaire et ۰ A. ASSISTANCE. HETZROFAMILIALK

De Keravan, Exposé comparatif de l'Ass/stance familiale en Europe.

Dr. Menier. L'assistance familiale des aliénés en France et les catégories de malades

qui en relèvent,

Dr. Fepor GERENYI. Le patronage familial dans la Passe-Aut'iche.

Dr. Arrt. L'assistance fami iale en Allemagne.

Mr. Rasenorr. 1: s-Istance f milinleen Huese,

Dr. MONGER L'assistance familiale en Tur uie.

De. JV. EL. Srexer. L'assis ance familiale des aliénés en Ecosse. (En Anglais).

De. Va Dark. Ontwikkelinz. tereuwoordlige stand. eu. toeko:nst der geziusverpleging

vau keanSziuntzen in Nederland.

De; Vocr. L'aes' stance familiale en Norvège.

D. ASSISTANCE HOMOFAMILIALE

Prof, Pick, Geber Anzeisseptlicht betreffend die nicht in Irrenanstalten untergebrachten

۰ء15۰ کا

De. L'Iforsr. La séquecuation à domicile.

GC ASSISTANCE DANS LES ASILIS

Dr. Cres. La journée d'euiveiien dans les asiles.

ll. Quels sont les malades appelés û bénéficier de l'assistance familiale et quels sont ceux eit rquels convient plus spécialement l'asile ?

a) Dr. Mate 1';ssistance familiale des aliéués conval secnts.

In Prof DE Borcx. L'assistance familia'e des aliénés délinquants.

ci Dr. Masoix. L'assist.nce famitiale ds aliénés épileptiques.

Dv. Cravs. L'assi- tince des épileptiques.

d) Dr. MaNnuEIMKER-GoMES, L'assistance familiale des eufants arriérés. De. Ley. Le traitement à la colonie des enfants idiots et imbéciles. Dv. Dkcnory. L'assistance de l'enfance anormale.

e) Dr Saxo. Comment organiser le classement des aliénés pour envoyer à la colonie

ceux qul relevent du traitement familial. HI. Comment doit-on organiser administrativement el scientifiquement les colonies et les asiles d'ulicnes ?

Dr. Dkpzkox. De l'erganisat'on des colonies d'aliénés.

De. van DEVENTER. Over werkverschaflfing aan krankzinnigen in gezinsverpleging.

Plof. Ceco. Des moyens d'améliorer l'organisation médicale des Crablissements

8+٥۰

Dr. Meets. L'inslruction professionnelle des nourrici: rs.

IV. Quelles sont. les raisons qui nécessitent. la fondation de nouvelles colonies el. comment doit-on s'y prendre pour les fonder ?

De. A. Maur. L'encombrement dans les asiles st l'assistance familiale.

Dr. PEETERS. La tuberculose dans les asiles d’aliénés.

Dr. Vos. Over de keuze van de plaals voor gezinsverpleging.

COMMUNICATIONS DIVERSES Dr. De Grette. De l'insuflisance des garanties légales concernant la collocation des

alienes. Dr Cravset De. Vax Beven L'examen psychique des criminels dans les prisons. N. B. Cette liste provisoire ne contient que les titres des rapports et des communi-

cations annoncés au 2] mai 1922.

i SUA

EE

< دز‎ 2 e m

x o t ; 3 LR 1 iA. ; i 1. TRAVAIL ORIGINAL: TES E E نیچ ا ام ملسا‎ le

EE ven des cellules nervanses de ja angels N hai Haine poule que کب جب‎ i TOS ISE Je p verge ROCK HA XoE gt de by RS dv si ARNIE * : قد‎ a

X “KH CONGRÉS DE MÉDECINS ALIÈNISTES Er NEUROLO- UOTE GISTES le Frans vides. Jus deianäun AUS ` dies. Pus snsietix dans;

F vVésiik ei * dus br

Dag

APA Va DEA) iE les. ار هس‎ parc M. Gaston که‎ ce es: (ascen NO DAS ا‎ desee: IS DOE EU Re Nascar Les. Ant 7 ا‎ AN yont de اس‎ dio: on ۳۳ vite a e APIS IAS ent UM i finu: si POET ue e Vi uis Su Vn le Mn ei iei کات و‎ ph یں‎ ER EINER f GE i MEA و‎ ie; sums ila Dote. : ES 2 LI ^ Eag de Puugues-Carabana: - Eis Grez, Albu; EE Produits iuro yards مور‎ anre. SB ER: 3 GE Cypridal- nad 1 GR EE EE EE iam: y: WIDE N Se "fab sites 00 ‚Pliospbatine Faläres,. eth ER Aaaa ini ANSE ns | ose, Re Neürbattie: PERE pe RE ی‎ ocean NER Diellaline pat? 2 Fan de vais, pH N. 3 "d Carmeine, E رف با ار رم‎ B. |

Sr هن‎ Franoe Jeune Tam ۱

2n pm ام‎ 011 ۳ (00۵0 pou rs

ouo ops d daran Ds t SE

NAE ne LAM Aroud, p. 1 Zu Em UNES SER Es SUCUS OMR D M os x e VIDA

(so NV Mai le mn d s 1

۱ = ےہ‎ Sa bites et ile ادف مدا‎ P iu

Ed de 2 ji bis RE 8۸۰۷م ا۴۵٠ 00ا‎ Au Ji. 4 A ung doa Chapoiot, qu d ۱ ۱ at. و یروا‎ Janos, p: ts C PARBATA Ey pe LA ا تر‎ ; 97007 ۵ de d iren BED NEE N, 3 "Capsules e eivai Vide Agen ge Cl .Maisen de Sante ere, p. HE ZC MAR E ER Kee E EE j

+ Ser, EE ماو و ده تیه منوا‎ N vite À Aristik d "WbnalBayen 00 0 0s Se m, iss errate UE 8 40706061 inel NA $ VAT MINE od Hammam- Aiha. S ۳ 02۵۱۳۱ E ات‎ d

Kann Renaus, p. de‏ ا

pi ka E‏ یی را Colo XMormiet. Tasnate 8: SS ۶‏ AntipYebie mer fesait. ani: |‏ ف٤و‏ | du‏ نا uoybosplte: 5 re‏ ^ Lob ER 3‏ مر Är‏

2 Ee $

: v SEO Ce

anus Zi

us fos ` Ph pate, are dk at SRE „Neato ` Bonus. ET d : ۱0110

Caps eg. ie sike Viak qe a ی‎ qur aüedicinal; Mon en ëmge و‎ at: E au هروه‎ | 7 Esenüfbare, Dk Ares | RE 50000 jor e Maxime Grow | E Ane, s i 8 n

ml

1110111

ENFANTS ett ADU LTES

7

1

ود

chen

Farine Maltée Viall

~io (AUTODIGESTIVE) L la genle qui se diyère d'elle-même

- -Reeamunandée- pour. lee infants AVANT, PENDANT ET APRES LE SEVRAGE,. pr ngdant in. dentition et 4a croissance cone

"aliment de plus-agréatle, forfifiant هنن ام‎ E omique. Prescrite aussi aux éelimaes 5

cats fatigués, Ef otute vzrivut. Depat- 8, re iani, PARIS.

"éi PLASMA MUSCULAIRE °

{Sur de Winnie Benat) ` HANÎ EDEA atat wee mi précieu» plé tents oke ج1‎ 786001 77 doit ges ar asa etis innies Héroique dans i ta TURERE UI gét HEURASTHÈNIE, i ow ERCOROSE, VAWEMIE, vie.

| mat, 8, ca“ Viviétna, PARIS | $t toutoi re ۳۱۸۲۸۸۱006۰

A _‏ ی Gg‏ جک اا س چا ہا ی م نما ی بی ف نب یو و ټی سے ہے RE‏ شش rt‏ ج س gen = pe tit te t‏ anon‏ کے

COLCHIFLOR

VIANDE 2s - QUINA اس‎ FEA

E رز‎ 17 11 Le plis puissant RÉGÉNÉSATEUR EE | > = $ e EY E is prescrit par les Médechus. m] o o A babe dev fn gré tem ei" زر ا روز‎ 31 GOL JTTE oi 2 6166481016 Prob esl mum: üfha soni re 213 A Jl -6 os per. son 8807 1818017 do tin À E quw] Boxia précieux iábS des pie dac WE: : 1 EE و ی‎ fiaras 959 1. EA S ` BS: T guiar pat jrur en cas Gnade. PRE PARIS. A; nem Pitona »^u puüsteuf En. هب‎ ۳ T ADOPTÉ par lo ZS TER ES de BUERRE, ddl 48112500801 005111 dd PARIS genl Cataplasme Aseptique, blaoc, saus odeur. N, une ۸3089: ۲۷۸08۱۰ مھا‎ : A T. SARATIER, A EE Ahr, PAGS, site Ge? Ies prints ` FTES SZ وا جا‎ EET ONE 98 XE

yté pore à AND HA او رل‎ J^ apièr s Daun B our RHUMATISME un. Khlorose, Ahemie grofonne, Mens t : Spin 9 enteloysre uias Jaulta: inn inhi amt 1 و‎ | S D E Ggs لرگ ضا‎ Ee ۱

۱ | j ۱

ا

ng SE 1

D ORAL ید‎ E 2

^ > © .f 0 z az 4 ۰ m ^ Pa + - پنے‎ » e 3 Re گے‎ جو و‎ s . لت ہے ےر‎ وپ‎ 25 . i Eo =" e p و‎ AS RIN Sg پے‎ P E e m x so اف‎ Ut e E aU rig PC o c, m ua E i. ات‎ DM QUEM m o a A EN Oe Ee

| VE VI وس‎ ہے کہ‎ ٦ = i $ iu m uel

s

LIA

TRAVAIL ORIGINAL

LABORATOIRE DE LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE MOSCOU

Sur l'aspect externe des prolongements protoplasmatiques des cellules nerveuses

de la moelle épinière chez l'homme adulte (Par la méthode Golgi-Ramon y Cajal) par le D' SERóGE SOUKH ANOFTE, Privat.Docent à l'Université de Moscou avec la collaboration du D' Fazix CZARNIECKI, Médecin du Bureau central d'admission pour les aliénés

L'aspect externe des prolongements protoplasmatiques des cellules nerveuses, chez les vertébrés supérieurs en général et chez l’homme en particulier, reste jusqu'à présent non étudié, puisque l'imprégnation chromo-argentique, par le procédé de Golgi-Ramon y Cajal, présente dans ce cas d'énormes difficultés. Autant l'imprégnation des cellules nerveuses corticales déjà développées et de leurs dendrites est facile à produire et autant ces dernières sont bien étudiées dans différentes condi- tions expérimentales, autant il est difficile d obtenir une bonne impré- gnation chromo argentique des cellules spinales complétement déve- loppées et de leurs dendrites; c'est pourquoi, jusqu'à présent, il n'existe presque pas de recherches concernant cette question.

Dans la littérature que nous avons eu la possibilité de consulter, nous avons trouvé des indications sur une imprégnation des cellules spinales chez les vertébrés adultes, obtenue par R. Odier (1), de Genéve, par la méthode de Golgi-Ramon y Cajal. Cet auteur a étudié, en se basant sur ses préparations, des modifications de la forme de leur corps cellulaire et de leurs dendrites dans différents états ; mais aucune investigation correspondante de contróle n'a paru jusqu'à présent.

« Les recherches sur la moelle épiniére des animaux adultes par la méthode de Golgi, dit Ivanoff (2), présentent de grandes difficultés et les imprégnations obtenues se distinguent par leur grande incon- stance. » Cela est vrai si nous prenons, pour le traitement par la méthode de Golgi-Ramon y Cajal, des morceaux de la moelle épinière de vertébrés adultes, coupée transversalement ; quelque petits que soient ces morceaux, l'imprégnation chromo argentique ne réussit pas.

(1) ROBERT ODIER. Recherches expérimentales sur les mouvements de la cellule nerveuse de la moelle épiniére. (Aevue Médicale de la Suisse Romande, février et mars 1898.) |

(2) IvANoFF (de Varsovie). Les conditions de l'apparition ct la signification de l'as- pect variqueux des prolongements protoplasmatique; des cellules motrices de l'écorce cérébrale, 1901, p. 25. (Monographie en russe.)

304 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Si l’on fait, au contraire, une coupe de la moelle épinière par le pro- cédé proposé par l'un de nous (Soukhanoff), l'imprégnation réussit bien. Voici ce procédé : il faut partager la moelle épinière en deux ou trois parties à l'aide de coupes longitudinales ; de cette manière on rend possible la pénétration plus rapide du liquide chromo-osmique dans la substance grise de la moelle épinière et la fixation apparait plus par- faite.

Nos recherches actuelles, par la méthode de Golgi-Ramon y Cajal, concernent la moelle épinière de deux hommes adultes.

Cas I. Malade de 39 aus. Passa environ trois mois au Bureau central d'ad- mission pour les aliénés. On a constaté chez lui une réaction trés faible des pupilles ; les réflexes rotuliens étaient exagérés. Du côté de la sphère psy- chique on a noté, entre autres, les phénomènes suivants : peur, inquiétude, le malade parlait peu et s'effrayait de tout; il n'y avait pourtant pas de trouble trés profond de la conscience. Il existait des symptómes de démence, développée, à ce qu'il parait, depuis longtemps déjà. Les derniers jours, apparut un décubitus,la température s'éleva et des phénoménes de pyohémie et de septicémie se montrérent.

L'autopsie a eu lieu douze heures aprés la mort. Le cadavre s'était bien conservé, grâce au temps froid. De la partie lombaire de la moelle épinière nous avons pris un morceau de la grandeur d'un centimètre environ ; ce morceau fut partagé en trois parties par des coupes longitu- dinales, de telle maniere que l'une des coupes passa ventralement du canal central et l'autre derrière lui. Les morceaux furent immédiatement placés dans un mélange chromo-osmique (1 partie d'acide osmique r1 p. c. et trois parties de bichromate de potasse 2 1/2 p. c.), ils restèrent de cinq à huit jours, puis ils furent transportés dans une solution (I p. c.) de nitrate d'argent pour deux à quatre jours. Les préparations les mieux réussies ont été obtenues aprés le séjour des morceaux dans le premier liquide pendant cinq jours et dans le second pendant deux jours.

Examen microscopique. Dans les cornes antérieures, on peut voir, sur un nombre trés considérable de corpes, l'imprégnation de beaucoup de prolongements protoplasmatiques ; par places, l'imprégnation des cellules de la corne antérieure, avec certaines dendrites leur appartenant, a réussi et on peut suivre parfois ces dendrites sur une distance assez longue. En général, il faut noter qu'on ne rencontre pas sur le corps cellulaire de telles formations, qui rappellent les appendices collatéraux des dendrites et desquelles on peut dire qu'elles se rapportent justement au corps cellulaire. Les gros prolongements protoplasmatiques, qui ont des contours comparativement réguliers et sont presque privés d'appen- dices collatéraux, ne sont pas tortueux et s'amincissent progressivement, au fur et à mesure qu'ils s'éloignent du corps cellulaire (voyez la fig. r et la fig. 2); au commencement, ia diminution sus-indiquée de la gros-

TRAVAIL ORIGINAL 305 seur des prolongements protoplasmatiques va comparativement plus vite ; ensuite. en s'amincissant jusqu'à un certain degré, les dendrites, à

une distance assez marquée, n'ont pas de modification trés visible en grosseur.

\ N

Fig ı Fig. 2

En ce qui concerne les ramifications fines terminales, il faut remarquer qu'elles se présentent légèrement tortueuses (voyez la fig. 3); leurs contours ne sont pas aussi réguliers que ceux des dendrites de dimension moyenne et des grosses dendrites. Sur certaines dendrites, exclusive- ment sur des dendrites menues, on peut observer des épaississements à forme irrégulière, mais on ne peut pas parler ici d'un état »noniliforme vrai des dendrites. Parfois, sur les ramifications terminales des longues dendrites, apparaissent des épaississements assez marqués et assez gros, d'une forme sphérique irrégulière et de dimensions diverses, s'unissant entre eux par un filament trés fin d'une substance protoplasmatique, de sorte que, dans ce cas, on peut parler d'un £/a/ moniliforme des ramifi- cations protoplasmatiques terminales (voyez la fig. 4).

Parfois on parvient à suivre maintes dendrires à une distance assez longue ; alors on peut voir comment une grosse dendrite, s'amincissant

306 JOURNAL DE NEUROLOGIE

rapidement, se transforme en dendrite de calibre moyen et ensuite en ramification tortueuse. On remarque fort peu d'appendices collatéraux sur les prolongements protoplasmatiques des cellules nerveuses des cornes antérieures de la moelle épinière ; on les rencontre seulement ça et là, quelquefois il faut les cher- cher même. Peut-être peut-on les rencontrer plus souvent sur les dendrites tortueuses. La forme des appendices collatéraux est assez uniforme ; ordinairement ils con- sistent en un pédoncule, qui porte à son bout un épaississement ; quant à la grandeur des appendices collatéraux, elle présente beaucoup de variations, à savoir : sur une seule et même dendrite, on peut voir des appendices collatéraux, très menus ou très gros, ou bien un grand épaississement saute aux yeux. Par places, le pédoncule de lappendice collatéral, long et mince, se présente tortueux. Concernant les cellules de la corne postérieure, il faut remar- quer avant tout que leur impré- gnation a réussi avec beaucoup de peine ; seulement, ça et on peut voir des cellules nerveuses impré- gnées, avec un nombre considé- rable de prolongements protoplas- matiques. Les dendrites de ces cellules, outre qu’elles sont plus courtes et qu'elles se ramifient plus que les dendrites de ia corne ante- | rieure, ont encore des contours Fig. 3 یو وم‎ moins réguliers, présentant des sinuosités irrégulières (voyez la fig. 5 et la fig. 6). Ce qui saute aux yeux, c'est que les dendrites des cornes postérieures sont plus riches en appendices collatéraux que les dendrites des cellules motrices. Les appendices collatéraux couvrent le prolongement protoplasmatique tantót d'une maniére plus épaisse, tantôt d'une manière plus raréfiée ; tantôt les appendices collatéraux apparaissent en quantité assez considérable sur la grosse dendrite, tantôt ils manquent sur les dendrites fines; par places, au contraire, on en voit moins sur la grosse partie de la dendrite et plus sur ses ramifica-

A

Ne x e

E ONE Lm - TN N

TRAVAIL ORIGINAL 307

tions terminales. Quelques prolongements protoplasmatiques portent sur leur longueur des épaississements et des gonflements d’une forme irrégulière, de sorte qu'on peut parler ici d’un éfal moniliforme de la dendrite. La forme et la dimension des appendices collatéraux, couvrant les prolongements protoplasmatiques des cellules nerveuses de la corne postérieure, présentent en commun une assez grande variation. De pair avec des appendices collatéraux menus, quelquefois à peine visibles, on en rencontre de gros, avec un épaississement terminal très marqué ; quelques-uns des appendices collatéraux sont pourvus d'un pédoncule court, d'autres d'un pédoncule plus long, souvent tortueux ou recourbé. Relativement à l'axe long de la dendrite, les appendices collatéraux se

( Y /

Fig. 5 Fig. 6

disposent aus:i inégalement : tantót sous un coin droit, tantôt oblique- ment. Ca et les appendices collatéraux apparaissent aussi sur les épaississements et les gonflements sus nommés. Outre les appendices collatéraux sur le trajet des dendrites des cellules nerveuses de la corne postérieure, on peut observer aussi une formation plus compliquée ; par exemple, on peut voir que, de l'épaississement qui s'unit avec la den- drite à l'aide d'un pédoncule, part une ramification de substance proto- plasmatique extrémement fine, quelquefois se divisant. Parfois de telles formations apparaissent comme si c'était des appendices collatéraux doubles. En commun, ces formations, auxquelles nous donnons le nom de rejetons, ont une forme bizarre et variable.

Cas II. Malade de 52 ans, fut interné au Bureau central d'admission pour les aliénés le 4 avril 1902, il mourut quatre jours après son entrée. Pendant son séjour à l'hôpital, on nota chez lui, au commencement, l'éléva-

308 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tion de la température et une grande excitation motrice. L'issue fatale sur- vint subitement.

L'autopsie eut lieu seize heures après la mort. De la partie lombaire de la moelle épinière 11 fut pris un morceau de la grandeur à peu près d’un centimètre et ce morceau fut placé dans un liquide chromo-osmique. Une heure et demie après, une partie de la couche de la substance blanche superficielle de la moelle éninière (du côté antérieur et du côté postérieur) fut enlevée ; puis, le morceau, à l’aide des coupes longitudi- nales, fut partagé en trois parties, de la même manière que dans le cas précédent.

Examen microscopique. Les prolongements protoplasmatiques des cellules de la corne antérieure ont en commun le méme aspect que ceux du cas précédent, c'est-à-dire qu’ils possèdent des contours comparative- ment réguliers et sont très pauvres en appendices collatéraux ; ces den- drites apparaissent tortueuses seulement sur leurs ramifications termi- nales ; quant aux dendrites plus grosses, elles forment,sur leur longueur

» Le? a. è \ Rh, ^w 1 اھ ےی‎ X \ A ; ہے‎ x ] NC s ۱ ۱ ۳ ` ee tat 4 geo 2^ 5 e P I » 4 ^ e fy e ne 0 /

Fig. 7

et par places seulement, des courbures arciformes.Parfois on peut obser- ver que les dendrites, diminuant graduellement de grosseur et ayant atteint un certain degré (insignifiant) de grandeur, vont plus loin, ne se divisant pas et diminuant peu en grosseur. Sur quelques-uns des prolon- gements protoplasmatiques fins, on pouvait voir des épaississements de forme irrégu:ière du type fusiforme ; parfois on rencontre sur les den- drites fines de gros gonflements sphériques. Ça et on peut observer des prolongements protoplasmatiques avec des contours irréguliers et comme défivurés.

Concernant la forme et la dimension des appendices collateraux, il faut remarquer que,le plus souvent,ils ont l'aspect d'un batonnet,portant

TRAVAIL ORIGINAL 309

sur son bout un gonflement sphérique, tantôt très gros et sautant aux yeux, tantôt très menu ; par places, les appendices collatéraux ont sim- plement une forme de batonnet ; sur quelques-unes des dendrites, les appendices collatéraux se présentent sous la forme d'excroissances ou de verrues.

Les prolongements protoplasmatiques des cellules nerveuses de la corne postérieure diffèrent, dans ce cas aussi, des dendrites des cellules de la corne antérieure. Outre que les dendrites ici sont plus courtes, se divisent plus souvent et sont plus sinueuses, elles sont en général plus riches en appendices collatéraux et ces derniers ont ici une forme plus variable. En outre, on rencontre assez souvent sur les dendrites de ces cellules des épaississements et des gonflements, de sorte qu'on peut parler ici d'un état varigueux ou moniliforme des prolongements proto- plasmatiques ; les dendrites, l'état variqueux est exprimé d'une manière plus marquée, sont pauvres en appendices collatéraux et parfois méme ces derniers manquent tout à fait (voyez la fig. 7).

Des recherches sur la moelle épinière de l'homme adulte, par la mé- thode de Golgi-Ramon y Cajal, que nous venons de citer, nous ne voulons pas tirer de conclusions définitives, car il faut prendre en con- sidération ici les modifications pathologiques; mais il est indubitable qu'on peut parler ici de l'existence d'une différence trés marquée de l'aspect externe entre les dendrites des cellules de la corne antérieure et les dendrites des cellules de la corne postérieure. Cette différence consiste avant tout en ce que les contours des prolongements protoplas- matiques des cellules de la corne antérieure sont plus réguliers et leur trajet moins sinueux ; ils sont trés pauvres cn appendices collatéraux en général et on peut les suivre, sur certaines préparations, à une dis- tance assez considérable ; quant aux dendrites des cellules de la corne postérieure, elles sont en commun bien plus courtes, ont des contours moins réguliers, se ramifient richement et se présentent sou- vent tortueuses ; elles sont couvertes en abondance d'appendices colla- téraux.

Concernant l'état variqueux des prolongements protoplasmatiques, il faut remarquer que, dans les cellules de la corne antérieure, on le ren- contre trés rarement sur nos préparations, de sorte que, pour trouver l'état moniliforme de la dendrite, il a fallu se donner beaucoup de peine. L'état moniliforme typique des dendrites des cellules de la corne anté- rieure se rencontre presque exclusivement sur les ramifications proto- plasmatiques terminales. Nous distinguons l'état moniliforme ci-dessus d'un autre état des dendrites, lorsque, sur le trajet de ces dernières, on observe des élargissements et des rétrécissements de forme irrégulière, ce qui a été observé le plus souvent sur les dendrites les plus fines et souvent précède l'apparition d'un é/af moniliforme véritable, qui, dans les cellules de la corne postérieure, est observé bien plus souvent.

310 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Concernant les appendices collatéraux, couvrant les dendrites spinales des cellules nerveuses en général, il faut noter que leur nombre est plus grand sur les prolongements protoplasmatiques des cellules de la corne postérieure, où, en outre, ils présentent beaucoup de variations en forme et en grandeur.

Si nous comparons l'aspect externe des dendrites appartenant aux cellules de la corne antérieure de la moelle épinière de l’homme avec l'état des prolongements correspondants que nous avons observé chez un vieux lapin, il sera facile de constater une différence assez marquée ; chez le lapin, la plupart des dendrites motrices présentent des phéno- ménes d'un état variqueux particulier, lorsque sur le trajet des dendrites existent des élargissements et des rétrécissements de forme irrégulière et de diverses dimensions ; en outre, chez le lapin, l'état moniliforme vrai des dendrites motrices pouvait être observe plus souvent que chez l'homme. On rencontrait bien plus rarement chez le lapin des prolonge- ments protoplasmatiques avec des contours plus ou moins réguliers, tandis que, chez l'homme, dans nos cas, ils apparaissent comme type prédominant des dendrites de la corne antérieure. Ici nous croyons nécessaire de souligner ce fait que les élargissements et les rétrécisse- ments, sur le trajet des dendrites, notés plus haut, ont été obtenus dans la moelie épinière fraiche d'un lapin, de sorte qu'on ne peut pas les rap- porter aux modifications cadavériques ; en faveur de cette présomption parle aussi ce fait, que nous avons trouvé rarement un tel état des den- drites chez l'homme.

En comparant les appendices collatéraux des cellules spinales chez le lapin et chez l'homme, nous pouvons constater qu'ils sont plus nom- breux sur les dendrites des cellules spinales chez le lapin que chez l'homme et qu'il3 couvrent en général d'une manière plus abondante les dendrites de la corne postérieure dans l'un et l'autre cas que les den- drites de la corne antérieure.

Xil»: CONGRÉS DE MÉDECINS ALIÉNISTES ET NEUROLOGISTES

DE FRANCE ET DES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE temu à Grenoble du 1" au 7 août 1909

Le Congrès, qui a réuni cette année un nombre plus cousidérable que jamais d'adhé- sions, s'est brillamment ouvert, le vendredi 1" aoùt, à l'Hotel-de-Ville de Grenoble, sous la présidence de M. le professeur Régis.

Après le discours traditionnel de bi:nvenue du maire, M. Régis remercie les mem- bres du Congres de l'avoir choisi comme président, le maire de ses paroles si cordiales le Conseil géucral de l'Isère et la direction de l'asile de Saint-Kobert d'avoir décidé de recevoir le Congrés dans cet etablissement, le recteur M. Boirac et le directeur de l'École de médecine, M. Bordisr, d'avoir mis à la disposition des congressistes l'élé- gant palais de l'enseignemeut médical, le Bonnet, secrétaire général, d’avoir assuré, au point de vue matériel, le succès du Congrès.

COMPTE RENDU 311

Puis, le distingué président, dans un discours aussi savant que bien tourné, déve- loppe l'histoire du délire hallucinatoire dans la littérature grecque, arglaise, suédoise et française. Il montre successivement les qualités et les défauts des descriptions des anciens grecs, de Scheakspeare, d'Ibsenet : e Zola.

Ce discours, trés goüté parles auditeurs a provoqué de longs applaudissements.

Aprés avoir visité l'Hôtel-de-Ville, le musee, la bibliothèque, les congressistes se sont réunis, l'après-midi, à l'Ecole de méde ine, M. Rordier, l'éminent anthropoloriste et sociologue, a prononcé un discours remarquable sur la psychologie scientifique et la force psychique.

Puis ont commencé les travaux du Congrès que nous résumerons aussi brièvement que possible.

Des états anxieux dans les maladies mentales

M. GASTON LALANNE ‘de Bordeaux), rapporteur.

Introduction. L'état anxieux est un malaise dans lequel la sensation pénible est due, avant tout, à des troubles circulaloires et respiratoires. Cette sensation pénible pré- sente des degrés d'intensité allant depuis la simple appréhension avec inquiétude dans les jambes, jusqu'à une gêne localisée à la région précordiale, ou bien jusqu'à l'oppres- sion, la suffocation avec páleur de la face, sueurs froides, crainte de mort immédiate. D'ailleurs, l'angoisse peut s'ohserver chez des suj’ ts sains frappés par un malheur ou soumis à l'attente d'un grave événement. En pathologie, ce sentiment pénible se pro- duit souvent sans motif plausible ; tantôt il procède par accès, qui ont lieu le plus sou- vert la nuit ou vers le matin ; tantôt il prend la forme d'une inquiétude persistante qui dure toute la vie; cette dernière variété s'observe plus particulièrement chez certains dégénérés quiint rprètent d'une façon pessimis'e les moindres événements de la vie, qui doutent de tout et d'eux-mêmes, et qui vivent dans une peur perpétuelle de mal- heurs qui, heureusement pour eux, n'arrivent pas. Sur ce terrain neuro-psychopa- thique, l'anxiété s'épanouit, ici sous forme de névrose d'angoisse, sous celle de psy- choses d'angoisse.

I. Historique. Cérise (1843 et 1872), Morel (1853 et 1866), Guislain décrivent nette- ment les états anxieux sous les noms de délire émotif, auquel MM. Raymond et Janet out consacré, en 1898, un chapitre dans leur travail sur les « Névroses et idées fixes. » Déjà, en 1848, Flemming signale l’angoisse précordiale comme un des symptômes les plus importants de la folie, ei déclare que ce sympt^me dépend d'une affection du pneumo- gastrique. Kaan, Hecker Freud décrivent, en 1893 et 1895, 1a névrose d'angoisse. En 1897, MM. Pitres et Régis démontrent le role primordial de l'anxiété dans la genèse des obsessions ۰

II. Symptomatologie. Qu il s'agisse de sa forme atténuée (simple inquiétude) ou de sa forme grave (angoisse), l'anxiété est une émotion à l'expression de laquelle participe l'étre tout entier, dans ses fonctions physiques, affectives et intellectuelles.

a) Symptômes physiques. Parmiles troubles de la sensibilité générale, on observe des anesthésies qui expliquent certaines auto-mutilations, des Ayperesthésies déterminant l'irritabilité du systéme nerveux, des paresthésies.

Dans le domaine des sens spéciaux, on constate souvent des perversions, comme la photopsie, la chromopsie, l'hyperacousie, l'hyperosmie, le froid aux cheveux, l'horri- pilation; ces perversions peuvent aller jusqu'à l'illusion et l’hallucination.

Les troubles moteurs observés dans les états anxieux sont: l'asthénie avec dérobe- ment des jambes, lassitude généralisée et quelquefois contracture des muscles respira- toires; la contraclion des fléchisseurs, de façon à obliger le corps à se courber dans un mouvement de défense; parfois, le relichement des masséters et des sphincters vésical et rectal; la toux nerveuse avec spasme du larynx trac des orateurs »); la diminution des reflexes patellaires avec l’hypotonie, le tremblement en rapport avec l'intensité de l'émotion; l'i»coordination des mouvements volontaires beaucoup plus apparente que réelle; les troubles émotifs de l'élocution; le vertige lié soit aux troubles cérébraux vaso-moteurs, soit aux troubles digestifs.

312 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Les étais anxieux s'accompagnent toujours des troubles circulatoires, tels que : accélé- ration des battements du cœur, contractions irrégulières de l'organe, vaso-constriction périphérique, augmentation de la tension artérielle, päleur et rougeur de la face, refroi- dissement des extrémités.

Sous l'influence de l'anxiété, on observe aussi des troubles respiratoires caractérisés par l'accélération de la respiration, la modification du rythme allant jusqu'à la dys- pnée, l'inspiration saccadée, les soupirs.

Les troubles digestifs sont: la constipation, l'atonie gastro-intestinale, les crises de diarrhée, les douleurs gastriques variées.

Parmi les troubles sécréloires on note souvent : la polyurie, quelquefois Ja rétention d'urine, la sialorrhée ou, au contraire, la sécheresse extrême de la bouche, l'hvperhy- drose générale ou locale, ou bien la sécheresse anormale de la peau.

b) Sympltómes d'ordre affectif et intellectuel. Ce sont: l'attente anxieuse avec crainte permanente d'événements pénibles; secondairement à cette attente, les obsessions «t phobies (MM. Pitres et Régis); la diminution des facultés de l'attention, de la volonté, de la mémoire, de l'association des idérs. du jugement, dimination déterminée par le pouvoir de dissocia Lon mentale qe possédent tous les états émotifs, y compris l'anxiété; qu-lqu-fois, l'arrét et, dans d'autres cas. la rapidité du déroulement des représentations mentales; l'extériorisation sous forme halucinatoire des images men- tales trop intenses; enfin, comme suite des troubles sensoricls, la perversion de la faculté de sentir qui pcut aboutir à l'altération de la personnalite (Ribot).

IT. L'anxicté en dehors des psychopathies. a) Anxiété physiologique. El'e s'observe chez les individus normaux, dans certaines circonstances de la vie: examens, concours, apparition sur une scène.

b) Anxiété dans les maladies somatiques. On la trouve dans : le typhus abdominal, le choléra, la fièvre jaune, la lèpre; l'empoisonnement pav la morsure des serpents, la nicotine, l’opium, l'oxyde de carbone ; les hémorragies intestinales, les maladies du cœur comme l'angine de poitrine vraie ou celle qui est due à une névr:leie ‘tu plexus cardiaque ou bien à un spasme des artères; l'hystérie, la neurasthénie, l'épilepsie.

c) Névrose d'angoisse. Sous ce nom, Kaan, Hecker, Freud, désignent un groupe de symptômes qu'ils séparent de la neurasthénie 1e Beard pour en faire un type morbide spécial dans lequel on retrouve les signes suivants : l'irritahilité générale avec l'hy pe- resthésie auditive, l'attente anxieuse, l'angoisse aiguë ou ses équivalents (troubles car- diaques, respira'oires. digestifs, sécretoi es, moteurs déjà cités plus haut); l'insomnie, les terreurs nocturnes, le vertige analogue à celui qui se produit dans la paralysie des muscles de l'œil, les phobies, les obsessions.

L'étiologie de la névrose d'angoisse sera { prince palement d'ordre sexuel (Freud); d’autres facteurs peuvent intervenir aussi: surmenage, préoccupations, veilles. Les tares héréditaires graves sont constatées souvent. Maïs la névro‘e d'angoisse mérite-{- elle de constituer un type morbide à part ? MM. Pitres et Régis ne pensent pas que la névrose d'ango sse représente une maladie sp ciale e! cette opinion semble devoir ral- lier la majorité des opinions.

IV. Psychopathies anxieuses. Sous ce titre, le rapporteur à groupé certaines formes de vésanies dans lésquelles le symptome prédominant, àla période d'état, est l'angoisse sous ses différents aspects. et cla. quelle que soit la forme du delire.

Les symptômes cliniques qui cractérisent ces psychoses d'angoisse peuvent se résu- mer ainsi : fond commun d'anxiété préexistant, troubles de la sensibilité, analgésies ct hyperalgésies diverses, altérations fonctionnelles du sens musculair: pouvant être l'origine de certains troubles de la personnalité, troubles de la sensibilité vi cérale; perte de la faculté des représentations mentales, fréquente chez les anxieux chroniques et déterminant. chez eux des idées de négation (Cotard); hallucinations, souvent inter- mittentes, qui sont t«nlót visuelles, tantôt auditives élémentaires, tantòt verbales motrices, quelquefois sénitales, surtout dins les psychoses d'angoisse avec idces de possession, et dans certains cas (Tamburini), organiques, constituant des fausses sen- sations dues aux aberrations de la conscience viscérale; délire composé d'idées de

COMPTE RENDU 313

nalure mélancolique : craintes, frayeurs, terreurs, préoccupations hypochondriaques, conceptions relatives à la possession, la damnation, la négation.

Le mode de réaction est variable : tantôt anéantissement comme sous le coup d'une violente panique; tantôt exaltation avec agitation motrice extrême.

Les formes cliniques de la psychose d'angoisse sont : la mélancolie anxieuse transi- toire, la mélancolie anxieuse et les psychoses d’obsession progressive. Au sujet de cette der- nière forme clinique, il existe en France deux courants d'opinions; les uns, avec MM. Falret et Magnan, nient toute transformation des obsessions en psychoses : les autres, avec MM. Pitres et Régis, reconnaissent la possibilité de cette transformation.

V. L'anxiété dans les psychopathies. A côté des formes cliniques citées, nombre d'autres états psychopathiques s'accompagnent du symptôme anxiété. C'est ainsi que ce signe s'observe: dans les diverses formes de la dégénérescence mentale, à titre de véritable stigmate psychique (Magnan), dans la période d'incubation de la manie, dans la mélancolie simple, la folie à double forme, chez les persécutés mélancoliques, dans les psychoses d'intoxication, les troubles mentaux névropathiques (épilepsie, hystérie), la paralysie générale.

VI Etiologie. Pathogénie. Parmi les causes prédisposantes on trouve : le sexe (prédilection des états anxieux pour le sexe féminin), l'âge (d'après Gattel, surtout entre vingt et trente ans), l'hérédité.

La pathogénie de l'anxiété, comme celle des émotions, est encore enveloppée d'obs- curité. Les premiers auteurs qui se sont occupés de ceite question ont vu son origine dans l'écorce grise du cerveau. mais le plus grand nomb'e, en prés nce de la localisa- tion m :rquée des phéuoménes à région du coeur, ont édifié une théorie cardiaque de l'anxiété. Les données de la psychol gie moderne tendent à affirmer le bien fondé de cetle dernière hypothése. Sans nier l'importance des troubles vaso-moteurs dans la genóse les émotions, le ra^porteur pense que, dans ces dern eres années, à la suite de James et de Lange, on leur a accordé une valeur trop exclusive, au detriment du sys- tème sympainique tout entier. C'est ce dernier qui, d'après les opinions de Lobstein (1823), Cabanis, Bichat, Cerise, Morel, préside aux émotions. La théorie sympathique semble ètre adoptée également par MM. Pitres et Régis. Elle donnerait une explication suffisante de lous les cas.

VII. Diagnostic. Pronostic. La symptomatologie est assez caractérislique pour ne prêter à aucune confusion. Le pronostic des étals anxieux s-mble comporter une cer- taine gravité, motivée par les conditions suivantes : tendance à persister, possibilité de formes morbidi s secondaires comme les obsessions et les phobies, altération possible de la personnalité.

۷۱۱۲۰ Traitement. La prophylaxie, d'après Marro, cousiste dans l'hydrothérapie froide, les exercices physiques l'éducation. Parmi les moyens pharmaceutiques propres à combattre l'anxiété, le rapporteur cite : le nitrite d'amyle, employé par Meynert et Kraftt-Ebing, la trinitrine préconisée par Paoli, l’opium sous toutes ses formes, le bro- mure de potassium, le chloral, les médicaments cardiaques.

Le trait -ment par le repos au lit aurait également donné de bons résultats.

Discussion

M. BrissAUD (de Paris) rappelle qu'en 1890, il a, avant Freud, décrit, dans la Semaine médicale, une névrose d'angoisse paroxystique, survenant surtout la nuit, sous forme d’une agitation nerveuse indéfinissable Cette névrose frappe le nert paeumogastrique, le nerf vital par excellence. François Franck, du reste, provoquait l'auxiété chez les ani- maux en pinçani le pneumogastrique.

M. Dupk (de Paris) pense que le bulbe est le licu géométrique de rencontre des im- pressions morbides génératrices de l'angoisse.

M. ARNaüp (de Vanves) fait remarquer que le cerveau n'a pas un simple róle passif dans l'apparition de l'angoisse; l'état émotionnel est antéricur aux mo:lificatious vaso- motrices.

M. ParLuas (d'Allés) attire l'attention. sur ce qu'il appelle les anxieux sceptiques qui

314 JOURNAL DE NEUROLOGIE

paraissent jouer la comédie parceque leur intelligence n'adhére pas pleinement à leur angoisse.

M. HARTENBERG (de Paris) sépare nettement la névrose d'angoisse de la neurasthénie avec anxiété et de l'hsstérie; il décrit ensuite en détail la véritable névrose d'angoisse caractérisée par la surexcitation nerveuse générale, l''tat d'angoisse chronique, les accès d'angoisse aiguë, les crises rudimentaires. les phobies et les obsessions.

M, GrRAUD pense que les hallucinations des mélancoliques ont une action notable sur l'apparition de l’angoisse.

M. GiLBERT BALLET (de Paris) critique l'étiologie de la névrose d'angoisse, telle que Freud l'a décrite. Il pense que cette névrose ne constitue pas une entité clinique vraie, elle touche d'une part à la neurasthénie, d’sutre part à la mélancolie anxieuse.

M. DONTRRBENTE (de Blois) déconseille l'hydrothérapie froide dans l'angoisse; il croit cette pratique capable d'engendrer l'anxiété.

M. PanaNT (de Toulouse) classe les »nxieux en 3 catégories : 1” les uns sont anxieux sans savoir pourquoi, leur délire est vague, ce sont des g"misseurs; les autres sont anxieux à cause de leurs hallucinations; d’autres enfin sont les anxieux par interpré- tation délirante.

Dans toutes ces formes, le traitement de choix est l'opium, surtout sous la forme de laudan:m, à hautes doses.

M. R£ais (de Bi rdeaux) répond à M. Arnaud que l'anxiété n'a pas pour lui une base vaso-inotrice. L'angoisse et la phobie sont de nature émolive, le trouble vaso-moteur n'en est que la conséquence.

M. BniAND pense que le bromure est supérieur à l'opium dans le traitement des étais anxieux.

M. ManiE confirme l'assertion de M. Briand.

Réception à l'Hótel-de-Ville

Le soir, les Congressistes ont été reçus à l'Hótel-de-Ville pw la municipalité greno bloise. Au paroles de bienvenue adressées par M. Gontard, le président du Congrès a répondu, par un discours élégant et imagé. Après avoir vanté les beautés du pays et comparé Grenoble à « un véritable bijou au milieu de son écrin entrouvert de monta- gnes », M. Régis évoque le souvenir des grands hommes dont Grenoble est ۵ patrie : « Bayard. Condillac, Beyle-Siendhal, que nous pouvons revendiquer comme l'un des nôtres, car c'était nn profond psychologue, sont des illustrations dont une cité à le droit d'être fière. Permett-z aux petits fils de Pinel de saluer les petits fils des héros grenoblois qui les premiers poussèrent le cri de «liberté ». Je lois à la ville de Greno- ble et à sa croissante prospérité. »

Des tios en général

M. E. Nocuës (de Toulouse), rapporteur. I. Historique. Les anciens n'ont pas décrit le symptôme musculaire qu? nous désignons aujourd'hui sous le nom de tic ; néanmoins, la bibliographie de cette question est des plus riches; nous retiendrons surtout la magistrale description de Troussean, les travaux de Charc:t et de ses élèves, de Gilles de la Tourette, de Brissaud, de Magnan, de Pitres ei Grasset, de Gilbert Ballet, de Meige et Feinde1, dont le récent traité synthétise en une « langue claire. pré- cise et élégante », le résultat de leurs longues et patientes o! servations.

II. Délimitation du tic. La question du tic paraissant enveloppée d'obscurité, il est nécessaire d’apporter au début de cette étude quelques précisions : Une réaction motrice à laquelle l'écorce cérébrale ne prend pas et n'a jam: is pris part n'est pas uu tic; si cette réaction motrice est la conséquence de l'irritation pathologique d'un point quelconque de l'axe bulbo-spinal, c'est un spasme; un» réaction motrice a laquelle l'écorce cérébrale prend ou à pris part n'est pas un spasme; si ce phénomène moteur se reconnait la participation de l'écorce céréb'ale présente certains caractères patholo- giqres distinctifs, est un tic. Nous ne considérerons pas comme des (ics, mais bien

COMPTE RENDU 315

comme des spasmes, les mouvements anormaux dont l'origine organique a été démon- trée par l'autopsie, pas plus que les manifestations cloniques survenant à la suite des névralyies ; le nom de tic douloureux de la face donné à la nevralgie du trijumeau a contribué à produire la confusion. On distraira également du tic certains gestes d'habi- tude variables à l'infini. Les phénomènes mentaux du tic, méconnus d'abord, bien étudiés depuis par Magnan et ses élèves, ont encore augmenté la confusion; l'impor- tance des troubles mentaux est très grande, mais les troubles moteurs ne sauraient être négligés. Le tic purement mental (tic psycho-mental de Cruchet) ne saurait être admis; le rapporteur refuse de faire rentrer les tics dans le chapitre des myoclonies.

III. Caractéres généraur des tics. Eu comparant les diverses definitions données du tic, l'on voit que, prur la majorité des auteurs, le tic est un mouvement involontaire que néanmoins la volonté peut modifier, double fait en apparence contradictoire, véritié cependant par la clinique; les t queurs réprimeraient entièrement leurs mouvements intempestifs s'ils étaient capables de vouloir, mais ce sout des abouliques. | e tic est une maladie de l habitude dont la répétition se fait hors de propos et avec excís, survenant souvent lursque le corps et l'esprit sont inoccupés, le geste d'habitude apparaissant, au contraire, lorsque l'atteution est concentrée. Les tics sont donc volontaires habituels, nous ajouteruns allernativement conscients et inconscients, coordonnés, systématiques, mais il ne sont pas que cela; c'est un des grands mérites du travail de MM. Meige et Feindel d'avoir mis ces caracteres nouveaux en lumière. Les tics sout des perturbations motrices d'acles fonclionnels, maïs le rapporteur re croit pas devoir comprendre dans les tics, la crampe des écrivains, des pianistes, des danseurs, etc..., se produisant à l'occa- sion de lacte fonctionnel dont ils sont l'anomalie; le geste d'occupation seul fait ۵ ceux-ci. Au contraire, une escarbille entre dans l'œil, la paupière cligne, cs un spasme; ce clignement persiste sans cause et sans but, ce trouble de la fonction de nictitation est un tic. Le tic est donc soit un trouble d'une fonction normale, svit d'une fonction anormale, fonction parasite. On retrouve dans cette perturba- tion fonctionnelle tous les caractères de la fonction, la répétition de l'acte, le besoin premonitoire, la satisfaction cousécutive; comme dans l'impulsion et l'obsession, le besoin prend un caractère impéri ux. La division des tics en cloniques et toniques est admise par le rapporteur : les premier, personne ne les conteste aujourd'hui; quant aux seconds, ils s imposent également depuis la description du torticolis mental par Brissaud et les observations relaté. s par Régis et l'auteur concernant les tics d'atiitude ou gestes de defense comme en ont les obsédés.

IV. Symptomatologie des tics. l,es diverses parties du corps peuvent être le siège de tics ; c'est dire que leur variété est infiuie et qu'il est impossible de les signaler tous ; tics de la tête, du cou, des membres supérieurs ou inférieurs, du tronc; d’autres sont des perturbations des fonctions organiques (tics de déglutition, de digestion, de respi- ration) avec toutes leurs variantes. Les tics de la parole se manifestent daus la forme la plus grave, la maladie de Gi les de la Tourette, par l'écholalie et 14 caprolalie.

V. Etat menlal des tiqueurs. A) Il ne suffit pas pour devenir tiq: eur de répéter plu- sieurs fois et méme saus raison un mouvement, si brusque soit-il. « N'est pas tiqueur qui veut. » Les tiqueurs sont des déséquilibrés psychiques, comme ils sont des déséquilibrés moteurs, mais ne sont point dépourvus d'intelligence; la plupart ont méme un « esprit vit, alerte, primesautier ». Les tiqueurs présentent, d'aprés MM. Meige et Feindel, l'é:at mental de liufantilisme; le rapporteur n'adopte pas cette idée, l'état mental du tiqueur ne rapelle celui de l'enfant que par certains cotés ; c'est en réalité l’état mental du déséquilibré simple ; la tendance contrair:, opposée, e:t une sorte de loi chez beau- coup de déséquilibrés obsédés (Pitres et Régis); parler d'infantilisme c'est « favorise. une erreur et créer une confusion ». Le tiqueur, est, nousl'avons dit, aboulique, il est impatient, sujet aux phobies, et parfois aux philies (zoophilie).

E. Tics et obsessions. a) Le tic et l'obsession ont de nombreuses analogies psychi- ques, en particulier l'émotivité et l'irrésistibilité; dans le tic comme dans l'obsession, il y a tendance au dédoublement de la personnalité ; b) Il y a non seulement analogie, il y a souvent association, svil dans la même famille, soit chez le même individu. Ici le

316 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tic et l'obsession prennent tantôt une existence propre, indépendante, survenant alors à des moments différents ou coexistant, tantot affectant entre cux des relations. Ces relations peuvent étre envisagées à deux poiuts de vue.

L'obsession donne naissance au tic; le sujet est atteint de la peur du tiqueur, de l'obsession phobique d'un tic existant souvent avec d'autres tendauces bizarres, impul- sives, dangereuses. Le moyen de défense, procédé libérateur, occupe une place importante dans le tableau de l'obsession et du tie; de méme que lobsédé a ses trucs pour se détendre contre ses obsessions, le tiqueur a les siens; le g ste efficace du torticolis mental n’est qu'un moyen de défense contre le tic, pouvant devenir un nouveau tic, un véritable paratic. Le tic est aussi un moyen de défense non plus contre un autre tic, mais coutre l'obsession (Pitres et Régis); tics, moyen de défense applicable à toute obsession, tics, moyen de défense spéciale.

2v Le tic donne naissance a l'obsession. Cas fréquent, tic obsédant, entretenu, aggravé par l'idée obsédante qui est le plus sûr agent d'entretien du tic. Telles sont les formes d'association du tic et de l'obsession; comme le disent Pitres et. Régis, Charcot a juste- ment dénommé l'obsession un tic de la pensée; ne pourrait-on dénommer le tie une obsession du mouvement? Le rapporteur estime que l'analogie est surtout vraie entre le lic et l'obsession impulsive, aussi pose-t-il la question : « Le tie ne serait-il pas une forme d'impulsion? » Opinion trés défendable, qui est peut-étre bien celle de MM. Pitres et Régis.

VI. Physiologie pathologique et pathogénie. Exposer toutes les théories patogéniques émises à propos des tics serait top long, même dans un rapport in-extenso, mieux vaut renvoyer au chapitre du Traité des tics de MM. Meige et Feindel, intitulé « Tic et polygone » les auteurs cherchent à mettre d'accord les opinions de MM. Brissaud et Grasset, en apparence contradictoires ; la discussion porte sur le terme « origine ». M. Brissaud cousidére l'origine du tic dans le temps, M. Grasset dans l’espace.

VII. Etiologie. ll est des causes générales et des causes spéciales, celles-ci variant avec la forme du tic, il est aussi des associations et des rapports des tics avec les névroses et les psychoses ; retenons surtout que le tic n'est pas un phénomene hysté- rique ou neurasthénique, mais qu'il peut coexister avec la grande névrose et la maladie de Béard.

VIII. Diagnostic. La principale difficulté diagnostique est de distinguer le tic du spasme ; celui-ci caractérisé par des mouvements brusques, comparables à des excita- tions électriques, non influencés par la volonté, la distraction; quelquefois doulourcus. à réflectivité parfois modifiée, siégeant dans un territo re nerveux anatomiquement défini; les mouvements du tic sont coordonnés, systématiques, reproduisant un acte fonctionnel, mo 'ifiés par l'attention, la distraction, liés comme l'obsession å un besoin impérieux, angoissant. Le diagnostic du tic et du spasme facial est aussi très difficile, il en est de même du torticolis-tic et du torticolis-spasme. Nous n'insisterons pas sur le diagnostic des lics et des chorces, nous rappellerons que les tics ne sauraient davantage prendre place dans le chapitre des myoclonies; dans certaines formes asso- ciées de paramyoclones et de tics, le diagnostic peut offrir quelques difficultés ; il en sera parfois de méme des mouvements athétosiques; nous avons déjà indiqué que les crampes professionnelles ne sauraient être assimilées aux tics.

IX. Evolution des tics. Pronostic. L'évolution du tic n'est pas régulière, elle varie avec chaque cas; on peut dire que les chances de guérison sont en rapport avec l'âge du malade et l'ancienneté du tic.

X. Traitement. Le tic est souvent curable si on lui applique des procélés théra- peutiques inconnus jusque dans ces dernières années. Les tics étant constitués par deux ordres de phénomènes, l s uns moteurs, les autres mentaux, il était légitime qu'on pensät à leur appliquer un double traitement, Pun s'adressant aux phénomènes moteurs, qu'on pourrait appeler objectif, l'autre ayant pour but de modifier l'état mental (traitement subjectif).

Le traitement objectif ou musculaire comporte plusieurs ordres de médications :

COMPTE RENDU 317

a). Traitement médicamenteux, basé sur l'emploi des calmants du système nerveux; b) hygiène, régime, hydrothérapie, électrothérapie, massage.

Traitement rééducateur. a) Méthode de Brissaud, Meige et Feindel. Se compose de deux parties inséparables : on apprend d'abord au mala le à garder l'immobilitć, on lui fait exécuter ensuite des mouvements commandés; le traitement doit ètre poursuivi aprés méme la cessation du tic; b) Méthode de Dubois (de Saujon . Consiste à habituer le malade à rester immobile dans une position favora^l» au repos; la sugg. stion ver- hale, non hypnotique, arriverait d'abord à persuader au malade limage du calme pos- sible. qui se réaliserait ensuite dans linconscience; c) Méthode de Pitres. Basée sur l'emploi de l'atnothérapie appliquée avec succès aux bègues. agit non seulement sur les tics respiratoires, mais aussi sur les autres tics; d) MM. Meige et Feindel insistent dans leur dernier travail sur l'utilité des mouvements eu miroir pour corriger certains tics; les malades retirent de l'emploi de cette métho:le de tres sérieux avantages.

Je Traitement psychique, a) Suggestion hypnotique. Ne doit pas ètre employée, bien qu'elle ait donné des résultats favorables chez quelques tiqueurs hystériques; a le tort ۹۰ diminuer la volonté, ou dauger, le tiqueur étiit le plus souvent un aboulique. La suggestion à l'état de la veille est au contraire très recommandable. b). L'isolement est souvent nécessaire pour soumeltre l+ malade à cette discipline physique et psychique. saus laquelle tout trait:meut reste infructueux. c) Psychothérapique. C'est le mode par laquelle la guérison définitive couronnera les efforts du médecin.

Discussion

M. Henry Merce (de Paris) fait remarquer qu'il n'a pas voulu décrire une anomalie mentale nouvelle chez les tiqueurs en les déclarant atteints d'infantilisme psychique. La caractéristique de l'état mental des tiqueurs est la débilité, la versatililé, qui existent normalement chez l'enfant ; aussi peut-on dire qu'ils ont subi un arrét partiel du déve- loppement psychique d'où la qualification d'infantilrs.

M. GRasskT (de Montpellier), appliquant aux tics la théorie de son polygone cortical, pense qu'il peut exister trois variétés de tics : les uns avant leur ceutre dans l'axe bulbo-médullaire, les autres dans le polygone cortical, les troisiemes dans le centre psychique supé ieur, conscient et volontaire.

M. CrücHET (de Bordeaux) pense que les tics peuvent être d'origine matérielle ou d'ori- gine /onctionnelle. Il propose les conclusions suivantes :

le Le tic est une variété de convulsion ;

Il est cssentiellemeut clonique et caractérisé par un mouvement ou un groupe de mou- vements reproduisant un acte physiologique déterminé;

4 Il est d'ordre matériel ou fonctionnel:

4' Le torticolis intermittent ou spasmodique ne devrait plus s'app-ler que tic rotatoire;

9' Le nom de torticolix mental devrait être réserve à toutes ces altitudes en torticolis d'ordre mental;

Le torticolis mental et toutes les formes toniques d'ordre mental doivent ètre diffé- ۱۳۵۱۱۵۱665 00 tic avec lequel elles peuvent cependant coexister.

M. Prrres (de Bordeaux) se basant sur 50 observ:tions, conclut : l'heredité ne joue pas un rôle bien considérable, l'enfance prédispose à l'apparition des tics; les causes déterminantes sont : les émotions vives ainsi que des irritations périphériques très variées, L'attention, la position horizontale suspendent les tics.

Certains animaux (cheval, chien), présentent des tics comparables à cux de l'homme; chez un chien, ait-int de tic, M. Pitresa pu se convaincre que le centre du mal se trouvait à la region bulbaire. A cet effet, on enleva successivement la substance nerveuse, en partaut de l'écorce cérébrale, et ce n'est que lorsqu'on arriva à la région basale que le tic cessa.

Au point de vue thérapeuthique, l'orateur estime que l'hypnose donne des résultats douteux, au contraire, la gymuustique respiratoire doune des eflets comparables à ceux obtenus dans le traitement du bégaiement.

M. PrigRRET (de Lyon) rappelle qu'il a publié, en. 1885, des leçons sur les tics chez les

318 JOURNAL DE NEUROLOGIE

aliénés. Il pense qu'une cérébralité maladive, une lésion minime, produite soit pendant la vie intra-ulerine, soit pendant l'enfance, devient ]a cause des lics ; ces lésions peu- vent rester silencieuses pendant longtemps et ne donner lieu au tic que sous l'influence d'une intoxicition quelconque. La maladie du jeune chien guérit mais elle laisse des lésions minimes q'ii provoquent des tics, tics qui s'exagèrent par les intoxications et en particulier par la fatigue.

M. OBREGIA (de Bucarest) rapporte plusieurs observations de ties chez des paraly- tiques généraux.

M. DouTREBENTR (de Blois) parle des tics que Morel a signalé dans la période podro- mique de la folie.

M. HAkRTENBRRG (de Paris). L'état mental des tiqueurs se caractérise par une exagéra- tion de la tendance à la répétition des mêmes actes et aussi par l'impossibilité pour la volonté de susperdre le tic.

Cette non-intervention de la volonté peut dépendre de causes trés différentes : cer- tains tiqueurs sont indifférents à leur tic, d'autres veulent réfréner leurs convulsions mais leur volonté est instable ou bien leurs efforts sont paralysés par une angoisse toujours croissante qui ne cesse que lorsque la réapparition du tic amène une véritable décharge. |

M. Jorrnov (de Paris) estime que l'on n'a ^^s suffisamment insisté sur les effets des sensations périphériques sur les tics. ll cite le cas d'un malade qui, pour arréter son tic, se pinçait au point de se faire réellement mal.

M. Cnocq (de Bruxelles). Le rapporteur, d'accord du reste en cela avec tous les auteurs et en particulier avec MM. Brissaud, Meige et Feindel, avoue que le diagnostic différentiel entre les tics et les spasmes est d'une difficulté souvent insurmontable.

Il s'ensuit que, cliniquement, le tic et le spasme se confondent et que, dans l'hypothèse des auteurs cités, pour poser le diagnostic entre ces deux manifestations convulsives, il faudrait avoir recours à l'autopsi», puisque la seule différence consiste dans l'exis- tence ou la non-existence d'une lésion organique.

Dire qu'un tic n'est pas tic parce que sa cause est orgarique équivaut à dire qu'une hémiplégie ou un tremblement ne sont pas une hémiplégie ou un tremblement parce que leur cause est matérielle.

Le tic, tout comme l’hémiplégie et le tremblement, constitue un syndrôme qui peut se rencontrer dans différents états morbides fonctionnels ou organiques et dire que tous les états convulsifs relevant d'une lésion organique ne peuvent être considérés comme tics, c'est soumettre la clinique aux exigences de la théorie.

Je résume ma pensée : les tics sont constitués par des contractions musculaires coor- données, systématiques, reproduisant un acte fonctionnel; ils peuvent être organiques ou psychiques.

M. Noguës déclare que l'hypnose affaiblit la volonté; je ne puis laisser passer cette asserlion sans protester; je crois, au contraire, que la suggestion hypnotiqne, bien faite, fortifie la volonté.

Mais, comme M. Pitres, je crois que les tiqueurs ne peuvent pas retirer grand béncé- fice de cette méthode,parce que, comme tous les o!sédés, ils sont difficiles à influencer.

M. Pitres se base sur l'expérience chez le chien pour croire que le centre des tics est très inférieur; nous ne pouvons malheureusement pas conclure du chien à l’homme.

M. Pitres sait mieux que personne que les fonctions du système nervenx se locı- lisent de plus en plus vers la corticalité à mesure que l'on remante dans l'échelle ani- male. 1l s'eusuit qu'un tic, localisé chez le chien dans la région cérébrale inférieure, pe :t parfaitement, chez l'homme.avoir son centre dans l'écorce.

M. BRiAND rapporte l'observation d'une femme chez laquelle la simple vue d'un mouvement provoquait un tic accentué.

M. BÉRILLON (de Paris) pense que les insucces obtenus par la suggestion hypnotique sont dus au manque d'eutrainement ou de pati nce des operateurs.

M. BALLET (de Paris), envisageant la discussion générale, estime que l'on a étendu exagérément le domaine du tic. ll pense qu'on ne doit appeler tics ni les mouvements

COMPTE RENDU 319

de défense des aliénés, ni les habitudes vicieuses, ni les spasmes Ce qui caractérise le tic, c'est l'ingoisse ressentie par le malade quand il ne peut exécuter son mouvement. M. BourNEvILLE (de Paris) a obtenu les meilleurs résultats par les exercices de piano avec chant. Désignation du siège du prochain Congrès

La ville de Bruxelles est choisie pour siège du prochain Congrès, dont le bureau sera aiusi composé :

Président, M. FRANCOTTE, de Liège; vice-présidents, MM. MorEL et LENTZ; secrétaire général, M. Cnocq.

Les rapports suivants devront y éire présentés :

Traitement de l'agitation et de l'insomnie dans les maladies mentales. Rapport-ur : M. TRENEL.

2 Histologie de la paralysie générale. Rapporteur : M. KLipper.

3 Question d'administration des asiles et d'assistance à déterminer par le comité belge. Raporteur : M. CLaus.

Le soir a eu lieu Le Banquet

Le Banquet officiel du Congrès a eu lieu le samedi soir à l'hotel Primas et a réuni plus de cent congressistes.

Des toasts nombreux ont été prononcés par M. le préfet de l'Isère, M. le president Régis, M. Crocq, de Bruxelles, M. Bonnet, secrétaire général, M. Marie, vice-prési- dent. MM. Doutrebente et Obrégia.

La banquet a été suivi d'un concert improvisé les congressistes ont eu le plai-ir d'entendre de nombreux artistes distingués : Mme Bonnet, femme du sympathique secrétaire du Congres, a été particulièrement applaudie dans « Lohengrin », la romance de « Nadir », de Bizet, et de vieilles chansons dauphinoises.

Excursion à La Mure et à Uriage

Le dimanche, 3 août, a eu lieu une très belle excursion à La Mure avec retour par Uriage, les quatre-vingt Congressistes, que conduisait M. Marie, vice-président, ont recu le meilleur accueil à l'Etablissement thermal et au Casino.

Visite à l'Asile de Saint-Robert

Le lundi 4 aoùt, les Congressistes ont visité l’asile départemental de Saint-Rob rt, un banquet leur a été offert par l'administration.

Des toasts furent portés par le Préfel de l'Isère, M. Antonin Dubost, délégué du ministre de l'intérieur, M. Régis, M. Gex, directeur de l'asile, M. Dupré, M. Bonnet, M. Giraud, M. Vallon.

Les auto-accusateurs au point de vue médico-légal

M. Ern+st Puprk (de Paris), rapporteur. Au début de cette étude s'impose une définition claire et précise du terme « auto-accus:iteur ». Dans le langage de la psychia- trie clinique, le terme auto-accusateur s'applique non seulement au sujet qui avoue avoir commis un crime déterminé dont il relate, avec des détails circonstanciés, le lieu, l'heure et l'excécution, mais encore au malade qui porte sur lui-même un juge- ment défavorable, qui se déprécie, parle de sa déchéance physique et morale et exprime des idées générales d'incapacité, d'indignité, de culpabibilité et de remords. Dans le langage de la psychiatrie médico-légale, le terme « auto-accusaleur » a une signifi- cation beaucoup plus étroite : il s'applique seulement au sujet qui, délirant ou lucide, sincère ou menteur, halluciné ou raisonnant, par un sentiment pathologique nu par un mobile intéressé, s'accuse dans un acte, provoqué ou spontané, direct ou indirect, verbal ou écrit, d’anto-dénonciation vis à-vis des autorités administratives ou judi- ciaires. Cette distinction entre les deux acceptations, médicale tt juridique, du vocable auto-accusateur, sur laquelle à judicieusement insisté R:gis, établit nettement les rapports réciproques des deux domaines, clinique et médico légal, de l'auto-accusa-

320 JOURNAL DE NKUROLUGIE

tion. L'histoire psychopatolugique de l'auto-accusation comprend, en effet, toutes les modalités du délire de culpabilité des mélancoliques, toutes les varié'és des iıl&es déli- rat tes, obsédantes, ou simplement vauiteuscs, impulsives, d'auto-accusation des dégé- nérés, tous les romans hallucinatoires et oniriques de criminalité imaginaire des alcooliques et des hystériques, toutes les conceptions épisodiques de méme nature des déments; tandis que l’histoire médico-légale des auto-accusateurs étudie, parmi tous ces differents types, ceux qui, franchissaut les limites du délire platonique de culpa- bilité, ou même n'ayant jamais été délirauts, passent à l'acte de l'auio-dénonciation, « n s^ déclarant les auteurs de délits ou de crimes dont ils doivent rendre compte à la justice. Eu médecine legale, « auto-accussation » est donc synonyme d' « auto-dénon- ciation ».

L'auto-accusation chez les mélancoliques procède directement des malaises cénes- thésiques, de l'inhibition psychique et de la do.leur morale qui constituent le substra- tum pathogénique du délire mélancolique. Ce délire, qui affecte d'abord la forme d'ilées de culpabilité générale, diffuse, peut, en vertu de processus automatiques, d'iuférence logique et de déduction raisonnante, évoluer vers un délire de culpabilité précise. qui s'affirme nettement devant la conscience, dans la représentat'on claire d'une faute déterminée. Les éléments qui déterminent ainsi avec précision le crime commis sont empruntés, svit à l’interprétaion morbide de coincidences extérieures, Soit 1u souvenir et au gressissement hy; e uopliique de mêmes peccatilles passées, soit à la culture d'une idéo fixe post-ouirique, soit à l'attribution personrelle, directe ou indirecte, de malheurs, de catastrophes ou de crimes, dont le mélancolique assume la responsabilité. Lorsque, par un mécanisme variable, a pris daus l'espace et corps dans le temps, et s'est precisée dans son objet l'idée d' ne culpabilité déterminée, le mélan- colique, le coupable, devient accusateur. La plupart des mél incoliques auto-accusateurs, ne dépassaut pas ca stade d'évolution délirante, resteut ainsi platoniques dans leurs idées d'auto-accusation. Quelques-uns d’entre eux vont plus loin et de l'idée passent à l'acte. D'auto accusateurs platoniques, ils deviennent auto-dénonciateurs et entrent ainsi, par une intervention active auprés des autorités. de plain pied dans le domaine médico-légal du délire mélancolique «’auto-accusation. Cette évolution logique du mélancolique, de la culpabilité diffuse à la culpabilité précise ou autn-accusation, et de l'idée platonique d'auto-accusation, rappelle de loin l'évolution médico-légale du persécuté, qui passe ainsi de l'inquiétude vague à la persécution précise, et de l’idée inoffensive de persécution passive û l'acte justicier de la détense ou de la vengeance.

Dans les deux cas, le passage de l'aliéné du domaine clinique au domaine mécico-légal du délire est marqué par l'acte social, qui apparait comme le produit logique de la croyance du malade.

Cette évolution du délire mélancolique d'auto-accusation vers sa phase médico- légale peut se résumer par les termes de la filiation chronologique suivante :

۱۳ Etat mélancolique;

2" Délire de culpabilité diffuse ;

3' Auto-accusation précise, mais pass ve et platonique;

4* Auto-dénonciation active.

Presque tous les mélancoliques réalisent le deuxième état: leaucoup atteignent le troisième ; une infime minorité seulement arrivent jusqu'au quatrième terme. Ceur-là seulement sont les auto-accusateurs mélancoliques médico-légaux.

Presque tous ces malades sont des femmes, et la plupart s'accusent de crimes, surtout d’infanticides.

L'auto-accusation, chez les déeénérés, est extrémement fréquente; on la rencontre dans la debilite et dans la déséquilibration mentales, au cours des ohsessions, enfin dans les ditlerentes varietés de pavanoias degénératives.

Les dégénérés inférieurs, débiles et déséquilibrés, constituent dans la foule hétéro- gène des auto-accusateurs une catégorie bien spéciale. riche en types très divers et très curieux. Chacun d'eux, dans le roman criminel dont il s'improvise le héros, joue le

COMPTE RENDU 394

' o*e d'un personnage parfois troublant pour le magistrat instructeur, souvent énigma- tique pour le psychologue, toujours intéressant pour le médecin.

A l'inverse des auto-accusateurs mélancoliques, qui sont délirants, sincères, anxieux el repentants, les auto-accusateurs dégénérés sont presque toujours lucides, conscieuts, menteurs, indifférents ou glorieux. A l'inverse des mélancoliques qui ont tous, dans l'uniformité de leur délire, un air de famille, les dégénérés sont tous diftérents les uns des autres, et ofirent, dans leur auto-accusation, la physionomie clinique la plus variable et la plus individuelle; l'histoire de chacun d'eux est un roman toujours nouveau.

Parmi ces dégénérés auto-accusateurs on peut distinguer plusieurs types :

Les débiles intellectuels simples, se dénonçant sous la simple incitation d'une sug- gestiou impulsive, à la suite d'une lecture, d'une conversation, d'un rêve : c'est l'auto- accusation par réflexe psychique élémentaire, sans racines ou relations associatives dans la mentalité, sans préparation comme sans portée.

Les débiles intellectuels vaniteux, se dénonçant par besoin de mensonge et surtout par appétit de gloriole, par vanité, par désir de se mettre eu scene, de faire parler d'eux. Chez ces malades, le roman de l'auto-accusation est uu peu plus solide et plus vrai- semblable que chez les débiles précédents.

Les débiles moraux, égoistes, mystificateurs et pervertis instinctifs, mettent au ser- vice de leurs mauvais appétits Pacte prémédite de l'auto-dénouciation mensongère et consciente : c'est ici uu caleul intéressé, joint à l'appétit du mensonge et à l'imbécilité morale, qui échafaude un roman criminel imaginaire, dont l'auto-accusateur veut paraitre le héros intéressant, pour en devenir indirectement le bénéficiaire intéressé.

Les obsédés peuvent présenter des idées obsédantes d’auto-accusation consécutives elles-mêmes à des vbsessions-impulsions criminelles. Le malade, douteux et anxieux, se demande sil a réellement commis le crime dont il a cultivé l'idée, et arrive à se croire réellement coupable.

Les dégénérés paranoïaques qui furmulent des iiées d’auto-accusation sont les auto- accusateurs systématiques primitifs Séglas) et les persécutés autn-accusateurs étudiés surtout par Ballet, Seglas, Lalanne, chez qui s'associent les deux délires de persécution et d’auto-accusation : en pareil cas, les états de mélancolie, d'hypochondrie et d'obses- sion orieutent et compliquent le processus psychopatique en cause. Ces aulo-accusa- teurs délirunts peuvent intéresser le médecin légiste par leurs tentatives de suicide et leurs tendances aux auto-mutilations et à la poursuite obstinée de l'intervention chirurgicale. En dehors de ces épisodes, ces dégénérés délirauts auto-accusateurs n'ont pas d'intérêt médico-légal.

Chez tous les dégénérés aulo-a1ccusateurs, particulièrement chez certains persécutés auto-accusateurs alcooliques (Roubiuowitch) et surtout chez les débiles et les déséqui- librés, les associations morbides les plus diverses (alcoolisme, hystérie, épilepsie, infec- tions, surmenage, etc.) peuvent intervenir dans les moments étiologiques comme dans les modalités cliniques de l'auto-accusation. Le facteur étiologique le plus fréquem- ment surajouté est l'alcoolisme. L'appoint toxique pousse alors le débile à l'acte de l'auto-dénonciation, en excitant l'automatisme psychologique, en affaiblissant le pou- voir d'inhibition et en intervenant aussi, par l'intermédiaire du delire onirique, dans un procès morbide dont on entrevoit la complexité étivlogique.

L'auto-accusation chez les alcooliques présente, à cause de sa fréquence, de son mécanisme pathogénique et de son évolution clinique le plus grand intérêt. On l'observe toujours chez les hommes adultes, intoxiqués d'assez longue date, sous l'in- flu-nce d'un excès massif de boissons ou d'un surmenage récent, d'une infection ou d’une intoxica ion, éléments épisodiques surajoutés à l'alcoolisme chronique.

L'auto-accusation représente une des formes délirantes de l'ivresse psychique qu'on obs -rve parmi les prédisposés, chez les individus imaginatifs (P. Garnier).

D'origine hallucinatoire, de nature onirique. le delire évolue autour d'une idée fixe qui survit au rêve morbide (Régis) et qui évolue pendant plusieurs heures ou quelques jours sur un fond d'amnésie, d'obnubilation et de confusion mentales, en imposant au

322 JOURNAL DE NEUROLOGIE

malade la conviction qu'il vient de commettre un crime sanglant, sauvage, dont les éléments (victime, cadra de l'action), etc., sont empruntés à sa vie ordinaire (mneur.re d'une parente), à ses lectures (crime de l'actualité), à ses préoccupations (assassinat politique).

Le drame onirique saisissaut de vie hallucinatoire et souvent de tragique horreur, détermine chez le malade les reactions les plus intéressantes dans leur sincérité et leur mimique.

La survie de l'idé: fixe de culpıbilité est presque toujours ephémeie, et le délire d'auto accusation d'origne toxique s'efface en quelques jours, à travers des phases oscillantes et irréculit res de conviction délirante et de lucidité consciente, au terme desquelles le malade se ressaissit complètement.

L'auto-accusation des psychoses toxiques s'observe également chez les typhiques, dans les états d'inanition et dans certaines crises oniriques, d'étiologie imprécise, mais certainement de nature toxique.

L'intérêt médico-leg ıl de l'auto-intoxication d'origine toxige se tire de la fréquence de ces situations pathologiques ou se pose le problème de la mesure à prendre vis-à-vis l'auto-accusateur. Celui-ci, délirant transitoire, ne doit presque jamais être iuterné à l'asile : une courte période de mise en observation s ftira le plus souvént pour juger cette crise psychopath'que temporaire et curable, permettre la mise en liberte du l'auto- accusateur et épargner au malade les ficheuses conséquence de l’internement.

L'auto-accusation chez les hysteriques, extrémement vare, relativement à l'hétéro- accusation, s'associe parfois à celle-ci dans un complexus d'auto-hétéro-accusasion, visant des fautes d'ordre sexuel (attentats, adultéres, etc.). Elle s'observe cliez les tem- mes et peut entrainer de fácheuses conséquences.

A propos de l’auto-accusation chez les hystériques, on doit, dans une histoire médico- légale des auto-accusateurs, accorder une mention rétrospective aux crimes irmagi- naires d'avortement, de viol, d'empoisonnement, de sodomie, d'inceste, d'adultére, etc., avoués spontanément et souvent sans l'intervention de la torture par les sorciéres et leurs complices devant les tribunaux des grands procès de sorcellerie des xv°, xvi°, xvilI* siécles Ces malheureuses et irresponsables victimes d’une époque ignorante et d'une procédure barbare, atteintes d’hystérie, de débilité mentale et des diverses for- mes démouopathiques du delire de possession, représentent une innombrable théorie d'auto-accusateurs, dont l'histuire médico-légale n'est qu'un long et instructif mar- tyrologe.

L'auto-accusation chez les épileptiques peut dériver des tentatives d'explications faites par le malade au surtir de son accès, pour justifier le crime qu'il vient de com- mettre dans l’inconscience de son délire.

L'auto-accusation épisodique chez certaius déments n'a pas d'histoire médico légale.

La situation créée vis-à-vis de lui meme et des autorités par l'auto-accusateur, au moment et par le fait de son aveu, varie beaucoup suivant le contenu de l'auto accusa- tion. A ce propos, la division très claire et très simple, proposée par Régis, des diffé- rentes situations médico-légales créées par les auto-accusateurs est un modèle de sériation pratique des faits, classés d'ap ès leur importance judiciaire. Cette classifi- cation, qui embrasse sous ses quatre chefs toutes les éventualit: s possibles de l'auto- accusation, comprend les cas «ü un individu s'accuse :

le D'un crime inexistant;

20 D'un crime réel, mais inimputable à l’aulo-accusateur ;

D'un crime réel et imputable à l'auto-accusateur;

4" D'un crime réellement commis par lui, mais grossi et aggravé par la déposition ou avoué sans sollicitation exterieure, sous les influences pathologiques, généralement d'ordre impulsif, parfois sous l'influence du remords.

Toute aulo accusation pose un double problème, l'un judiciaire, au magistrat instruc- teur, l'autre médical, à l'expert. Le premier probléme : démonstration de la réalité ou de l'imputabilité du crime, se pose presque toujours avant le second : démonstration de l'état d'aliénation ou de non-aliénation de l'auto-accusateur. (A suitre.)

TR M VE: ی‎ EN Lë) ; s. i4 ۱ + E: IOI A6 Al SR ۸ ۳

<

Mns ۶۷

LER‏ جا مر

ÿärothérapiques

j $ ۶

fo v ۱ Ke e A ۶ ` ^

ent

v

مال

LX CI

ier.

des

ftit

۱ Ht hi Miet

ah WU

VARIA

La Rage

Dans une des dernières séances du Conseil d’hıyeiene et de salubrité M. le Dr Proust a lu un intéressant rapport sur les cas de rage humaine observés à Paris et dans le dépar- tement de la Seine, pendani l'année 1901. En tera inant ce rapport, Ie D Proust, con- stalant que le nombre de chiens enregés augmente tor jours, et, renouvelant les vaux qu'il avait deja émis l'année dernière et les années précédentes, à demandé instam- ment: I Que l'ordonnance de police du >O mai [892 soit maintenue et riroureusement appliquée (il s'agit de la muselière), ? Que le Parquet soit instamment prié de poursuivre les propriétaires des animaux cause d'accidents et au sujet desquels des procès-verbaux lui sont adressés par les sos de Io Préf cture de police. ° Que les commissaires de police sachent bien que le résultat negatif de Pantopsie d'un chien mordeur ne permet pas d'affirmer que ce chien n'était pas enr iie: qu'ils doivent en aviser les personnes imordues et les engagera se faire traiter à Flustitut Pasteur.

Physiologie cérébrale

En lisant le curieux article du Harper’s Magazine, ou M. Stonley Hall a ouvert de nou- veaux horizous à la psychologie, on est étonné de l'énorme afilux ce sang qoe le moin. dre effort intellectuel attire au cerveau. Les instruments ingénieux #t compliques dont la science américaine fait usage pour mesurer les contre-coups produits à l'intérieur du corps humain par les efforts de l'intellirence, l'action de la volonté, les émotions ou les sensations quelque peu violentes, sont de véritables microscopes spéciaux, qui peuvent fournir a l'art de rester éternellement jeune de prévieises indications. Fu atrendantque la mystérieuse influence que Je travail intellectuel peut exercer sur l'épiderme du visage soit elucidee par des recherches purement scicntifiques, les candidats au diplome de perpet ielle jeunesse, éclairés par leur propre expérience, considèrent une tension ex- cessive de l'esprit comme le pire des fléaux. Les méditations trop profond: s eulevent au regard cette aimable insignitiance qui est un des plus beaux attributs du premier àge de la vie, et creusent sar le front des ri les qui ne s'effacent pas.

Les aliments artificiels

La presse danoise a célébré récemment la fete da la presse civiliste. À cetie occision, le président du Conseil des ministres du Danemark a adressé nne betire personnelle à M. Berthelot, en Je priant de teiitee la question de la fabrication chimique des aliments. L'illustre savant s'est exéeuté, et, dans an arniele magistral, a déclaré que, de même que nous preparons a.jourd'hui une multitude de couleurs végetales, nous obtiendrons des matieres aliment iires plus sapides. plus parfomees, dune digestion et d'une assi- m Lion plus promptes et plus faeiles que les «liments naturels ».. Et il a ajouté : « La fabrication des aliments pourra être entr prise, sur tous les points du lobe et dans tons les climats, mème les plus deshérites, au lieu d'être localisée, comme aujourd'hui, dans les localités favorabl- s 4 notre agriculture. » Cet article à paru dans Le Temps.

La medecine des accidents

La 8 Chambre correctiounelle ordonna récemment une expertise qui n'est pas banale, Elle ctut saisie d'une affaire d'accident la victime. un ouvrier fo-weron, avait été grievement blessé à l'épaule et à la jambe par une wrosse pierre détachée de la maison sur le trottoir de laquelle il travaillait. Les médecins avaient constaté une ankvlese du genou consécutive à la blessure. Une premiére fois Ie tribunal, sur le vu des certificats, avait accordé une provision de BAU franes, et avait comiuis M. Vibert, lecin-expert, a l'efet d'examiner le malade et de dire quelles seraient les consequences definitives de l'acci lent, pour pouvoir statuer également d'une facon «definitive sur l'indemnité. Or, il résulte du rapport de M. Vibert que l'aukvlose dont on à eonstaté l'existence ne serait que le résultat d'une sorte d'auto-suirgestion du biessé et qu'elle disparaitrait si le blessé en arrivait se convaincre guila etè en realité moins sérieusement atteint qu'il ne le croit, Le tribunal a rendu un nouveau juzement par lequel MM. Vibert et Raymond reçoivent mandat de faire subir à Vouvrier forreren un traitement approprié et d'en faire conualtee les résultats. (Gaz. méd. de Paris.)

si

Ae

H un b

Ke 2 TRAVAUX 4

«A?

uide D syplilis EON

D PES:

v du: N 1 r^

Ki

Conte Text

Au tte Et ea کیو مصاع را‎ de Janty N

rins aer‏ ا SCH Gries: ;‏ ما "SE russe Le Predriel, j ip‏ Byrolin, qm‏

Let HEPO p.a B

EI

"Mia <:

aliene

a Fou

un "d! deg

aa rd ۱ ۰

by

ae mom? Hi JM Dll FER AO A 1 داد ی هون‎ e le

۱ ine; | d Site Fiona, ف0‎ 3: Ee ët eut :

اق ا

"ch

Phosphate, We E 0‏ کت

Ee

E ass heise وا‎ y. d.

Gaves pu ‘Foudre: SU Mq

ANT ^

TANT

te Aa | er u | hie هه‎

^ XX

0000 an

1

Im

5

۱ ` À LUN RE. Ae 2 7 وہ‎ ^: ۲ d wm" mp ےہ ںی‎ me ZE = re 2/' 2 Z a i ۱ f ` CI€ > y Ae ہپ رہ‎ , 4 d

^ A Se

Last PERDAN E SC D So 0 dag £d sien iq P dS kroissanp® soute - PRE Jr qc وا‎ RTE SORE €t on Y ^ MUTE FSA Aer aux ۶ | ae KU Jab هه‎ HEAR

EEN

i Mod 2 E Ej od Se r ifa Du tes GT E و0 6 کم‎ dans | Bo 10۸۵۸009 Fa KED 57370۷5۷۴ c CHLORURE, 1 ANEMIE, een ٠ eR : VIAL, K due Vivienne, ZU

xoc 40084 WC ۴۸۵۵۵

` map سج‎ QUINA ~ یو ہس‎ | Ze " ‘mr ڑچ‎ D niis puissant PERENG, ATER L o iom A E rg mm: E> UR ee nas, lag e, S 1 Se CÓ. Was ELE a

4 de: gode ies 3 7

e E Bun: x 6 Get rar. es i detis DAE ا لاک ا بھی ھی‎

D KE ME Coeur E

| Leg d Gs 3 ` 2 M iis ۰ iiy Ys Wi زا‎ 1)7 Zap 9 FTA ۰ d en - ` . m w M کک‎ ` Dei ner n E E a CN EE E E E E SOUL Catsplasm . À sq qu, lente, à COTE desde 2 E ^ EM Ka & CT و‎ "ës: E: , WE? y HE s. Le A DINER. WOES, Fuit t

TR TE ۰ ۱ ۱ ۱ desee. det FAB die um

+

00/1 Ac

d 0

AM

ASA

me

"€

vy HA A Ge

^h ei DS V

CE BR R

ATE:

puteum

vi QA SA NC E 000

À 2 Ute d BRA 1

ln‏ ۱ اہ

SE ne SES وا‎ 00 ۱ got e d foit

i ول‎ 1 À و‎

E en DEM SE

4 D Us 07 D

KE AK ac

344 JOURNAL DE NEUHOLOGIK

A larges traits, il nous montre l'évolution de l'assistance des aliénés en Europe et les eflorts successifs faits pour se rapprocher d'une thérapeutique intégrale. Il suffira, pour donner une idée de la variété des systèmes préco- nisés, de rappeler que le traitement médico-administratif de l'aliénation men- tale s'opere par l'asile fermé, par la colonie agricole annexe, par la colonie familiale dans l'asile, par le village d'aliénés, par l'asile à portes ouvertes, par la colonie familiale pres de l'asile, par la colonie familiale indépendante, par le traitement à domicile à fr1:0rz, par le traitement à domicile à fosfersor1.

Nous arrivons ainsi à la série des rapports qui nous montrent, dans les détails, chacun de ces systèmes dans les différents pays.

Quelques résumés feront comprendre à nos lecteurs toute l'importance de ce chapitre. Les résumés que nous faisons suivre ici sont les résumés orzgr- naux, écrits par les rapporteurs.

Voici d’abord pour l'Allemagne :

Der heutige Zustand der familiären irrenpflege in Deutschland von D' ALT (Uchtspringe)

Alt-Uchtspringe berichtet auf Grund der im Monat Juli d. Js. erhal- tenen amtlichen Auskünfte der Ministerien und Landesdirectionen ein- gehend über die frühere und gegenwärtige Ausdehnung der Familien- pflege in Deutschland. Während im Jahre 1880 nur an 2 Stellen Bremen und Hofheim familiale Kolonien an Anstalten angegliedert waren, hat die in diesem Jahre erfolgte Schöpfung der mustergültigen und glücklich entwickelten Zltener Familienpflege den Anstoss gegeben zu mehrfachen, meist wohlgelungenen practischen Versuchen bei anderen deutschen Anstalten, wenn auch die Zahl der Familienpfleglinge nicht sehr gross war. Das Interesse auch der Behörden für diese « natür- lichste, freieste und billigste Verpflegungsform der Kranksinnigen » ist hauptsächlich seit einigen Jahren zusehends erwacht nach Erscheinen der Alt'schen Schrift über familiäre Pflege. In den letzten 2-3 Jahren sind allein im Königreich Preussen von ı9 Anstalten aus neue, fast durchweg gut gelungene Versuche mit Familienpflege gemacht worden. Nur drei preussische Provinzen weisen zur Zeit noch keine Familien- pflege auf. Insbesondere die Provinz Sachsen ist bahnbrechend in Deutschland vorgegangen, indem sie im Jahre 1895 durch Gründung eines schinucken Pflegerdörfchens bei der Landes-Heil-und Piegean- stalt Uchtspringe die Familien der im Dienste der Anstalt stehenden Pfleger und niederen Angestellten in glücklichster Weise der Familien- pflege erschloss und dadurch auch das Interesse hiefür in der Nachbar- schaft erfolgreich erweckte. Dieses Dörfchen hat im In- und Ausland vorbildlich gewirkt und zur Gründung ähnlicher Dörfchen bei einer grösseren Anzahl der neueren Anstalten, damit aber auch zu einem be- sonders gut organisierten System der Familienpflege geführt. Im weite- ren hat die Provinz Sachsen, überzeugt davon, dass eine ausgedehntere l'amilienpflege von den grossen Anstalten aus nicht zu gewártigen sei,

COMPTE RENDU 345

die Erbauung zweier besonderen Centralen-Landes » Asyle- beschlossen, welche als Ausgangs- und Mittelpunkt je einer grösseren familialen Kolonie gedacht sind.Das eine dieser Landesasyle zu Ferichow geht der baulichen Fertigstellung entgegen, jetzt sind schon von einer proviso- rischen-ermieteten-Centrale aus gegen 70 Kranke in Familienpflege ge- geben, die sich dort vortrefflich befinden.

Auf Grund seiner eigenen und der in Deutschland bisher gewonnenen Erfahrungen kommt Alt zu dem Schluss :

Die familiäre Verpflegung ist die natürlichste, freieste, beste und billigste Verpflegungsform für einen grossen Theil der fürsorgebedürf- tigen Kranken und stellt überdies einen wichtigen Heilfactor dar.

Familienpflege kann im Anschluss an jede psychiatrisch geleitete zeitgemäss eingerichtete Anstalt angegliedert werden, namentlich wenn für das Pflegepersonal gesunde Familienwohnungen beschafft werden, die jaauch schon zur Erlangung eines wirklich guten Pflegerstandes unentbehrlich sind.

Bei den meisten grösseren Anstalten wird aber die Familienpflege nur eine sehr beschränkte Ausdehnung gewinnen können; zur ausge- dehnteren Einführung einer solchen ist die Gründung besonderer, nicht zu grosser Centralen in geeigneter Gegend erforderlich, welche als Ausgangs- und Mittelpunkt der familialen Kolonieen eingerichtet sind.

Die familialen Kolonien machen die bisherigen Anstalten nicht ent- behrlich, bilden auch keineswegs für alle Kranksinnigen den zweck- mässigsten Aufenthalt, können aber in wirksamster und billigster Weise dem sonst unaufhaltsamen Anwachsen der Anstalten steuern.

Ueber den gegenwaertigen Stand der familiaeren Pflege in Ellen-Rockwinkel bei Bremen vom Dr. H. ENGELKEN

Die ersten Anfaenge der familiaeren Pflege-Einrichtung in: Ellen- Rockwinkelgingen vor mehr als 120 Jahren von meinen Vorfahren aus, bald nach Begruendung unserer Anstalt, die im Jahre 1764 geschah. Es waren natuerlich kleine Anfaenge mit wenigen Kranken.

Seit dem Beginne des 19 Jahrhunderts brachte dann die Armenpflege der Stadt Bremen ihrer Sorge anheimfallende psychisch Kranke, Ge- brechliche und Sieche vielfach in den gleichen Bezirken unter in stets wachsender Zahl.

Von meiner Anstalt aus befinden sich jetzt nur noch wenige Kranke in Familienpflege, da die Anstalt fast nur Kranke aus hoeheren Gesell- schaftsschichten behandelt.

Seit 1878 uebernahm ich die Ueberwachung und Leitung der famili- aeren Pflege-Einrichtung der stadtbremischen Armenpflege unter

346 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Durchfuehrung vieler dringend erforderlicher Reformen, speciell be- zueglich der Auswahl der Kranken und bezueglich ihrer Kleidungsver- haeltnisse, und jetzt steht fuer die Zeit der Eroeffnung der neuen Bre- mischen Irrenanstalt der wuenschenswerthe Uebergang der familiaeren Pflege-Einrichtung in rein aerztliche Leitung und Verwaltung durch die neue Anstalt endlich bevor, in etwa ein bis anderthalb Jahren. Damit wird die Einrichtung manche noch vorhandene Maengel in Hinsicht der aeusseren Erscheinung auch abstreifen. Die neue Anstalt liegt im Centrum des Bezirkes der jetzigen familiaeren Pflege.

Es befinden sich gegenwaertig in famil. Pflege der Armenpflege 42 Maenner und 53 Frauen, sowie 3 Kinder, Sa.98 Personen. Dieselben vertheilen sich auf 47 Pflegerfamilien.

Die Kranken sind untergebracht gemaess ihrer Individualitaet bei darnach geeigneten Pflegern. Sie theilen deren Lebensweise in jeder Beziehung.

Es ist keine Trennung der Geschlechter durchgefuehrt, und maenn- liche und weibliche Kranke sind haeufig in einer und derselben Familie versorgt. Bei gehoeriger sachverstaendiger Auswahl hat Dies keine Bedenken. Es sind allerdings Schwaengerungen weiblicher Kranken ab und an vorgekommen, aber die Urheber derselben waren nie Pfleglinge der famil. Pflege.

Die Pensionspreise fuer die Kranken variiren zwischen 8 Mk. pro Monat in einem Falle und 36 Mk. pro Monat in dem der hoechsten Zahlung; sie werden festgesetzt je nach der Leistungsfaehigkeit und Arbeitswilligkeit der Pfeglinge einerseits und nach ihren Anspruechen und Beduerfnissen andererseits. Der genannte hoechste Satz wird fuer einen Kranken gebildeten Standes mit eigenem besserem Zimmer, Heizung, Beleuchtung und Bedienung in seinem Zimmer gezahlt. Fuer Kranke, die arbeitsfaehig und arbeitswillig bis zu einem gewissen Grade sind, zahlt man ı2 bis 15 Mk.; fuer Kranke, die Schwierigkeiten machen und besonderer Aufsicht und Sorgfalt beduerfen, je nach Umstaenden, bis Zu 20, 22, 25 Mk. pro Monat. ` Ich bin entschieden fuer die Bestimmung der Pensionen je nach dem Zustande, Wesen und Faehigkeiten des betreffenden Kranken.

In der staatlichen Irrenanstalt stellt sich der Verpflegungspreis auf minime 60 Mk. pro Monat.

Die specielleren verhaeltnisse der familiaeren Pflege in Ellen-Rock- winkel sind in « Paetz, Colonisirung der Geistes-Kranken » des Weite- ren beschrieben. Das dort Gesagte ist auch jetzt noch zutreffend.

Bei der seit Jahren vorhandenen schweren Ueberfuellung der Brem. Staats-Irrenanstalt sind in den letzten Jahren vielfach ungeeignete Kranke in die famil. Pflege gebracht worden, die natuerlich stoerend fuer deren Gedeihen wirkten, die aber doch versuchsweise moeglichst lange behaiten wurden um etwas Entlastung der Anstalt zu bewirken.

Die endliche Uebernahme der famil. Verpflegung in rein aerztliche

COMPTE RENDU | 347

Leitung erst wird ermoeglichen diesen Modus der Frersorge hier sein hoechstes Leisten zu machen.

Pour l'Autriche .

L'assistance familiale des aliénés dans la Basse-Autriche par M. Fevor GERENYI

Délégué de la Diète de la Basse-Autriche

Dès 1854, le baron de Mundy préconisa, en Autriche, l’Assistance familiale des aliénés et 1l en fit l'objet d’une thèse inaugurale. Appelé à donner son avis pour la construction de différents asiles, il ne put faire accepter ses idées, pour lesquelles il avait cependant voyagé dans tous les pays civilisés. Il avait fait à Gheel un séjour prolongé de six mois.

L'augmentation du nombre des aliénés nécessita, en ces dernières années, la construction de nouveaux asiles. Celui de Kierling-Gugging, à pavillons séparés, nouvellement ouvert, contint 600 malades.

C'est qu'on fit la première et prudente tentative de colonisa- tion. Mais par suite du manque de place, les règlements statutaires prescrivaient de ne conserver à l'asile que les malades curables ou dan- gereux; les incurables inoffensifs devaient être renvoyés dans leurs foyers. Les communes auxquelles ces aliénés étaient à charge, les en- voyaient alors aux hôpitaux de campagne, établis pour venir en aide aux communes mais nullement organisés pour le traitement des aliénés; les malades redevenaient alors agités et étaient envoyés à l'asile, et ainsi le cercle vicieux continuait,

A l'occasion d'un nouveau projet d'hópital de campagne, la question de réformer l'assistance des aliénés fut soulevée et le Landtag vota les résolutions suivantes :

Tout asile de la Basse-Autriche devra dorénavant étre installé à la fois pour le traitement des aliénés curables, pour l'assistance des incura- bles et pour la colonisation des malades non dangereux.

Les incurables qui savent travailler iront à la colonie ; les incurables qui ne peuvent travailler doivent rester dans une division de l'asile.

C'est sous ces conditions que le Landtag adopta l'érection de l'asile de Mauer-Oehling pour 1000 assistés, au prix de 4 millions de couronnes. Cet asile a été inauguré et mis en usage le 2 juillet 1902, la colonie familiale de cet asile comprend huit maisons disposées et mises en usage comme celles du D: Alt, à Uchtspringe.

On peut s'étonner de voir accorder pareille somme pour commencer l'organisation de l'assistance familiale, alors que dans tous les autres pays, c'est avec de modestes ressources que les installations ont débuté, mais on a voulu créer un centre psychiatrique suffisamment important pour dominer l'organisation et la faite entrer, dés le début, dans la voie normale de son développement.

348 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Pour l'/falie :

L'assistance des aliénés et le patronage familial en Italie par le Prof. A. TAMBURINI

Les nombreuses enquétes des derniéres années, en Italie, sur les con- ditions des aliénés et des asiles, ont démontré :

I' Un accroissement notable et progressif du nombre des aliénés (qui de 12,210 enfermés dans les asiles en 1874, sont augmentés, en 1898, jus- qu'à 36,931.)

Un encombrement grand et toujours croissant des aliénés dans les asiles la dernière enquête (1898) a démontré un nombre total depres- que 5,000 aliénés en excédence sur la capacité complexive des asiles.

37 Une augmentation considérable et progressive des dépenses par les administrations provinciales (de 9 millions environ,en 1882,à 15 millions en 1898.)

Entre les différentes mesures imaginées ou actuées pour diminuer l'encombrement des asiles on a le Patronage familial.

Tous les projets de loi sur les aliénés et les asiles, présentés au Parle- ment par les divers Ministres de l'Intérieur, contenaient des disposi- tions favorables au Patronage familial. Mais, malheureusement, pas un de ces projets n'a pu arriver, jusqu'à présent, à la sanction définitive, et les seules mesures adoptées ont été l’œuvre des administrations et sur- tout des médecins-directeurs des asiles.

Ces mesures sont les suivantes :

I' Placement des aliénés daas d'autres établissements spéciaux en dehors de l'asile.

Assistance familiale des aliénés.

I. Les établissements créés ou adaptés pour placer les aliénés qui peu- vent recevoir une assistance autre que celle de l'asile sont :

a) Hospices de mendicité ou hôpitaux pour vieillards inhabiles au tra- vail ou malades chroniques (en 1898 ils contenaient un total de 2,573 aliénés chroniques et incurables.)

b) Zustituts médico-pédagogiques pour les phrénasthéniques (il y en a à présent 7 en Italie, dont on augmente continuellement le nombre et la capacité.)

c) Pellagrosarí (établissements pour accueillir les malades de pella- gra pendant les premiéres périodes de la maladie) Notre pays en pos- séde 3 avec un nombre de 560 pellagreux.

d) Colonies agricoles. L'Italie en possède 3, mais toutes en dépen- dance des asiles, dont elles ne constituent qu'une section.

e) Asiles pour les aliénés criminels (Manicomj giudiziarj), au nombre

de 3. Ils contiennent compléxivement presque 700 aliénés : condamnés, imputés ou jugés irresponsables à cause de leurs conditions mentales.)

Pour les épileptiques et les alcooliques nous n'avons aucune particu- lière institution.

COMPTE RENDU 349

IT. Assistance familiale. L'enquête ministérielle de 1898 donnait 1,416 aliénés placés à l'assistance familiale, c'est-à-dire le 4 "/, du nombre total des aliénés. Ce nombre s'est accru pendant ces dernières années et actuellement il atteint les 2,000 malades.

Ce chiffre se rapporte à deux formes d'assistance familiale :

a) L'assistance dans la propre famille de l'aliéné (custodia domestica) ou assistance homo-familiale ;

b) L'assistance dans d'zutres familles (patronage familial) ouassistance hétéro-familiale.

L'assistance dans la propre famille se pratique désormais depuis long- temps, surtout en Toscane, beaucoup d'aliénés reconnus tranquilles et inoffensifs, sans être admis dans les asiles, sont après visite et déclara- tion du directeur, confiés à l'assistance de leur famille qui reçoit un se- cours mensuel (qui oscille entre 5 et 30 lire). Mais ce système ni en Tos- cane, ni ailleurs chez nous, pas même à Reggio-Emilia (où pourtant on aessayé de l'établir avec toutes les garanties de contróle)n'a été couronné par des résultats particulièrement favorables. Et cela surtout à cause de la difficulté d'exercer une surveillance sérieuse, continuelle et efficace sur les malades et sur leur traitement. C'est à cause de cela que dans quelques endroits on a renoncé à ce systéme dont presque partout on déplore les nombreux inconvénients.

Par contre le Patronage familial, partout il a été adopté avec tous les soins, ordre et continuité, a donné des résultats très satisfaisants.

De retour de mes visites, à Gheel et à Lierneux, en 1898, j'ai essayé d'appliquer le systéme dont je venais d'apprécier toute la valeur, en plagant des femmes aliénées tranquilles (la plupart démentes, mais encore quelques épileptiques, quelques hystériques, quelques para- noiques, etc ) dans des familles d'infirmiers, ou d'employés actuels passés de mon asiie qui demeurent aux environs de l'établissement.

J'ai surtout soigné : |

a) Un choix convenable des malades à confier au patronage ;

b) Le choix des familles des nourriciers ;

c) La surveillance continuelle par ia direction de l’asile sur les alienes et sur leyr traitement physique et moral.

C'est avec la plus grande satisfaction que nous avons constaté que les malades s'amélioraient dans leur état psychique et dans leur maintien, qu'elles s'attachaient à la famille de leurs nourriciers, s'occupaient au travail avec beaucoup d'entrain, et jouissaient trés convenablement de la liberté et de la vie familiale et sociale. De méme nous avons vu se dissiper bientót l'indifférence et la prévention des familles des alentours contre les malades et,au contraire,se multiplier les demandes pour obte- nir des malades en placement et s'accroitre la sympathie de la popula- tion pour les aliénés.

Mon exemple a été bientót suivi par le D' Cristiani, directeur de l'asile de Lucca, avec les mêmes bons résultats. Et j'ose espérer que mes con-

350 JOURNAL DE NEUROLOGIE

frères italiens voudront bien suivre notre initiative en adoptant comme forme intermédiaire d'assistance entre le système belge de la colonie réunie et indépendante et le système écossais du placement disséminé, notre système que l'on pourrait nommer du village près de l'asile.

S'ils prennent les précautions que nous avons cru nécessaires à la bonne réussite de l'entreprise et s'ils peuvent jouir de l'appui matériel et de l'encouragement moral du gouvernement, je n'ai aucun doute que le Patronage familial, comme moyen d'assistance et de traitement cura- tif des aliénés, trouvera bientót,en Italie,une trés large application avec beaucoup d'avantages sociaux, économiques et humanitaires.

Pour la SSuzsse :

Bericht über die Familienpflege in der Schweiz von Prof. D' BLEULER

Präsident des Vereins schweizcrischer Psychiater

Eine Umfrage in den verschiedenen Cantonen hat ergeben : Im can- ton Bern sind die Directionen der Irrenanstalten Waldau ünd Münsin- gen ermächtigt, probeweise geeignete Kranke in Einverständniss mit deren Bevollinächtigten Privatfamilien in Pflege zu geben. Als Ver- gütung für dieselben wird ein tägliches Kostgeld bis auf ı fr. festgesetzt.

Für die in Privatpflege befindlichen Kranken kann für die Zahlungs- pflichtigen das tägliche Kostgeld durch die Aufsichtscommission bis auf 50 cts herabgesetzt werden.

Gesetzliche Bestimmungen hierüber giebt es nicht.

Im Canton Waadt giebt es ein Gesetz « sur le régime des personnes atteintes de maladies mentales dans le canton de Vaud » dessen $ 7, 8 und 29 von Interesse sind.

« Art. 7. Est soumis aux dispositions de la présente loi, au méme titre que les établissements privés, cclui qui soigne chez lui des per- sonnes atteintes de maladies mentales. (Art. 2 ci-dessus, lettre c.)

» Art. 8. Les malades en traitement dans leur domicile ou chez un membre de leur famille sont soumis, d'une maniére générale, à la sur- veillance instituée par la présente loi.

» Art. 29. Le Conseil d'Etat est chargé de la surveillance générale des établissements et des malades.

» Il exerce cette surveillance par l'organe du Conseil de santé et des hospices.

» Le Conseil de santé et des hospices remplit, en conséquence, toutes les fonctions que la présente loi attribue à l'autorité de surveillance. »

(Loi du 14 février 19or.)

In allen andern Cantonen existieren hierauf bezüglichen Bestim-

COMPTE RENDU 351

mungen nicht. Die sequestration à domicile bleibt vom Gesetz ganz unbeiührt.

Pour la Scandinavie :

Der Gegenwärtigen Zustand der Irrenpflege in Scandinavien von Dr. RAGNAR VOGT (Christiania)

Dei einer Vólkerzahl von 2,000 917 betrug die Zahl der Geisteskran- ken Norwegens in 189r, 7749, und zwar 2431 von Geburt her, und 5318 erworbene Falle In 1900 disponierten die Irrenanstalten nur über 1615 Plätze und jetzt ist wohl die Zahl dieser Plätze ungefähr 1900; eine neue Irrenansta t für ca. 250 Kranke ist nämlich in der letzten Zeit in Bodö geöffnet worden. Selbstredend müssen dann zahlreiche Geisteskranke ausserhalb der Anstalten verpflegt werden. In Wirklichkeit bedeutet dieses Verhältnis, dass sehr viele Anstaltsbedürftige nicht in den An- stalten empfangen werden können.

Für Geisteskranke, die nicht wie gewöhnliche Arme verpflegt werden können, werden die Kosten der Verpflegung zwischen dem Staate (40°/o), den « Amten » (Provinzen, 4o ?/,) und den Gemeinden (20 */;) verteilt. In 1899 betrug die Zahl dieser staatsunterstützten Pfleglinge 5548, und zwar wurden 3165 von diesen schwierigeren « offentlich » verpflegten Fällen ausserhalb der Anstalten verpflegt. Die gewöhnliche Praxis in den Irrenanstalten ist deswegen eingerichtet, dass die unheilbaren Fälle, wenn möglich evacuirt, bezw. nicht empfangen werden, um für die akuten, heilbaren Fälle Platz zu geben. Für die besonders gemein- gefährlichen geisteskranken Verbrecher giebt ein kleines Kriminalasy], in Trondhjem.

Eine gut organisierte Familienpflege ist bei uns eine Seltenheit. In der Nähe von der Irrenanstalt Rothwold bei Trondhjem sind recht viele bei den Bauern verpflegt, und zwar wird die Behandlung und Verpfle- gung von den Aerzten Rothwolds häufig kontrolliert. Ein ähnliches Arrangement findet man bei Zillehammer, indem das Anıt eine kleine Centralanstalt, wesentlich für ünheilbare Fille, gebaut hat, und bei Bauern in der Nähe werden auch viele verpflegt unter häufigem Control von der Seite des Arztes dieser Austalt. Gewöhnlich aber sind die privat- verpflegten Geisteskranken rings herum gestreut, und selten kriegen sie mehr als einige wenige ärztliche Besuche im Jahre. Sie leben aber bei den Bauern, und werden wohl häufig ziemlich gut verpflegt, aber die Controlle ist nicht befriedigend. Für jedes der 20 « Acuten » giebt's einen Amtsarzt, der die privat-verpflegten Geisteskranken inspicieren soll.

Eine Schattenseite der norwegischen Irrenpflege bilden die sogenann- ten privaten ZzrenEolonien, d. h. in Wirklichkeit kleine Irrenanstalten ohne ärztliche Leitung. Die Bauer machen sich daraus ein Geschäft

352 JOURNAI. DE NEUROLOGIE

mehrere Geisteskranken bis 20 zu verpflegen, und der Anstalts noth führt dazu, dass selbst recht schwierige Fälle in dieser Weise ver- pflegt werden. Mehr als einige wenige ärztliche Besuche kriegen auch diese Kranken im Jahre nicht. Man sucht das Uebel begrenzen, es wird aber Zeit nehmen, ehe man es los wird.

In 1900 existierten 89 solche « Kolonien » mit zusammen 644 Kranken. Besonders in der Nähe von Kristiania, wo die Bauer nöthig einen ein- zelnen Patienten empfangen wollen, hat dieses äusserst unbefriedigende « Colonie-system » sich entwickelt, und zwar in den letzteren Jahren.

]n ScA:ceden (5,009 632 Einwohner, 1897) giebt's aber mehrere kleine Privatanstalten. Eine verhältnissmässig grosse Zahl von Geisteskranken werden noch entweder zu Hause oder in den Armenhäusen verpflegt. Mehr als 5 dürfen doch nicht ohne besondeie Erlaubniss an derselben Stelle verpflegt werden, und wird die Erlaubniss gegeben, wird die Stelle als eine besondere Privatanstalt betrachtet.

Dann werden sie auch vondem staatlichen Oberinspector der Irren- anstalten inspiciert, und ein Arzt muss die Behandlung und Verpfle- gung überwachen. Eine neue staatliche Anstalt für c. 1000 wird jetzt gebaut. In Schweden wird zwischen « Hospitäler » für heilbare und « Asylen » für unheilbare kranken gesondert ; der Unterschied ist jedoch nicht streng durchgeführt worden.

Dänemark ist mit Irrenanstalten besser versehen, 3700 Plätze bei einer Völkerzahl von ca. 2,500,000. Eine geordnete Familienpflege existiert nicht, (in Vordingborg wohnen einige Pensionäre bei verhei- rateten Wärtern), und zwar scheinen wohl die socialen Verhältnisse sich im grossen und ganzen weniger dafür zu eignen als in Norwegen und Schweden. In Copenhagen giebt's eine wohleingestaltete Stadts-Klinik, wo die acuten Fälle schnell empfangen werden können; in Stockholm und besonders in Kristiania ist die IEmpfangnahme der acuten Fülle bei weitem nicht so gut geordnet.

Nous aurions encore à ajouter les rapports sur la Hollande, la Turquie, la France, la Belgique, la Roumanie, l'Ecosse, la Russie. Ces rapport qui ne sont parvenus au Congrès qu'en dernier lieu n'ont pas encore été résumés.

Il en résulte que partout l'assistance familiale tend à devenir un auxiliaire indispensable du traitement. En Allemagne, eu deux années, dix-neuf nou- velles colonies ont vu le jour. Cet exemple est typique.

* + *

Mais quels sont les malades qui doivent de préférence étre traités par le régime colonial, quels sont ceux auxquels convient l'asile ? Cette question n'a été discutée que d'une façon détournée, on s'est attaché à quelques formes morbides pour examiner la conduite à tenir à leur égard.

Un rapport général avait été introduit, il est vrai, sur cette question par le Dr Swolfs. Mais le succes en fut diminué par une attaque trop vive, trop par- tiale, basce sur des données trop vieillies, à l'égard de la colonie de Gheel.

COMPTE RENDU 353

Nous donnons le résumé du D" Swolfs, pour montrer le point de vue auquel il s'est placé.

L'assistance des aliénés Le régime qu'il faut choisir pour le traitement et l’entretien des aliénés par le Dr SWOLFS

I] n'est point facile de mettre d'accord les défenseurs des asiles plus ou moins fermés et les partisans do l'assistance familiale des aliénés.

L'organisation des asiles ainsi que les régimes y pratiqués ont soulevé des critiques souvent justifiées. Des critiques non moins fondées ont été adressées au système de l’assistance familiale (type Gheel).

Ces différentes manières de voir ont fait prendre l'essor à d’instruc- tives publications et ont donné lieu au sein des assemblées savantes à d'intéressantes discussions. Elles n'ont cependant encore abouti à faire régner l'accord entre adversaires tous animés du meilleur esprit scienti- fique et avant tout du désir d'améliorer le sort des malheureux déshé- rités de la raison.

Et cet accord ne semble pas prét de se réaliser aujourd'hui. Nous ne savons point, en effet, que depuis ces dernières années il se soit produit des arguments irréfragables en faveur de tel ou tel svstéme, que telle nouvelle manière d'assistance ait recueilli tous les suffrages ou ait été généralement repoussée. Et nous n'avons non plus rien découvert de neuf dans les rapports qui nous ont été envoyés ces jours ci.

Mais 1l semblerait, d'après les récentes statistiques, que dans notre pays, en Belgique même, l’assistance familiale a vu le jour, celle-ci tende à perdre du terrain alors que les nouveaux asiles se multiplient et se remplissent incessamment.

Ce q:ii ressortira sans doute des débats de ce Congrès international de l'assistance des aliénés et plus spécialement de leur assistance familiale, c'est que ce dernier mode perd de plus en plus de crédit auprès des philanthropes et des aliénistes, au fur et à mesure que les asiles fermés se perfectionnent à tous points de vue et surtout depuis que les procédés de séquestration y sont mieux compris et plus généreusement appli- qués.

Le meilleur mode d'assistance est celui tous les régimes et tous les traitements peuvent être appliqués d’une façon éclectique suivant l'indi- cation scientifique, les règles de l’hygiène fidèlement observées, la sur- veillauce facilement exercée par un personnel instruit et bien stylé, avec, pour les malades l'illusion presque complète de la liberté ; ceux-ci à peu près tous occupés à des travaux rémunérateurs, la culture marai- chére, par exemple, produisant une partie de ce qu'ils consomment et diminuant ainsi les charges qu'entraine un établissement modèle.

354 JOURNAL DE NEUROLOGIE

se trouveraient réunis tous les aliénés, sociables et inscciables, à quelque catégorie qu'ils appartiennent, en attendant que la classification naturelle et vraiment scientifique des affections mentales soit définitive- ment faite.

Il faut enfin des médecins dévoués et bienrétribuésqui puissent y con- tribuer par leurs travaux et ainsi apporter une pierre à l'édifice si ardem- ment souhaité.

Nous avons dit que l'examen de quelques catégories de malades a pu mettre à l'épreuve les divers systèmes préconisés. Ces catégories examinées ont été : les aliënés épileptiques; les aliénés délinquants; les aliénés tubercu- leux ; les enfants aliénés.

1? Les D'* Claus et Masoin ont étudié d'une manière approfondie la ques- tion des épileptiques. Certes, comme l'a démontré le D' Masoin, la colonie, dans l'état actuel de nos établissements, peut convenir à un grand nombre d'épileptiques, mais une colonie spéciale, analogue à celle de Bielefeld, parti- culièrement aménagée et organisée pour ce genre de malades leur convien- drait mieux, comme le pense le D' Claus, et il y a lieu de préconiser aux pou- voir publics ce dernier mode d'assistance ;

2? Voici l'opinion si compétente du prof. De Boeck sur l'assistance des alié- nés délinquants :

De l'assistance familiale des aliénés délinquants par le D' DE BOECK

Il semble, à envisager les mesures de protection légale prises contre eux tout au moins en Belgique que les aliénés colloqués par le Ministère public, présentent nn caractère de danger spécial. La loi belge sur le régime des aliénés laisse au gouvernement le soin de déter- miner vers quels établissements ces aliénés doivent être dirigés ; seuls des établissements fermés figurent sur cette liste ; les colonies de Gheel et de Lierneux n'y sont pas mentionnées.

Il y a une exagération manifeste; les aliénés colloqués par le Minis- tére public ne sont pas nécessairement des « criminels »; la plupart sont de simples délinquants, généralement coupables de vols ou de délits analogues, escroqueries, détournements. Sur 100 prévenus examinés à Bruxelles, au point de vue de leur état mental, 47 sont poursuivis pour des délits de ce genre.

Le D' Lentz,dans son travail sur les aliénés criminels envoyés à Tour- nai de 1875 à 1896, fournit des renseignements à ce sujet. Sur 485 aliénés criminels reçus à Tournai de 1875 à 1899, 65 étaient inculpés de vol, 38 de vagabondage, 12 d’escroqueries et détournements, 3 de faux en écriture, 2 de port de faux nom. Ces délits qui ne mettent pas en danger la vie d'autrui représentaient 25 °/ des admissions.

Quels sont les prévenus qui pourraient être utilement envoyés à la colonie.

COMPTE RENDU 399

I. Les débiles d'esprit, les déments simples qui se livrent au vol bien plus par irrésistance à la sollicitation que par impulsion active, d'autres qui ne sont que les victimes d'individus mieux doués qui les exploitent et les invitent à commettre de petits délits, souvent des vols à la tire pour en partager les profits.

2. De ces débiles d'esprit se rapprochent les cas légers de démence précoce qu'un traitement approprié conduirait àla guérison, mais que le médecin légiste hésite à colloquer et à envoyer dans un asile, au milieu d'assassins et de violateurs.

3. Telsencoreles cas de paralysie générale à forme démentielle; il n'est pas inutile de les signaler puisqu'il est démontré que la symptomatologie de la paralysie générale se modifie, qu’elle perd ses caractères d’acuité, et se dépouille de ses complications délirantes pour se transformer en une démence simple avec troubles moteurs spéciaux.

4. Il est d’autres aliénés délinquants encore que la colonie pourrait recevoir : a) les arriérés dont l'évolution cérébrale de la puberté se fait mal et qui dans un milieu convenable seraient soustraits aux sollicita- tions qui les font tomber dans les mains de la justice et recevraient les soins médicaux qui leur sont nécessaires.

b) Les convalescents auxquels le passage brusque de l'asile spécial, fermé, à la vie ordinaire, fait courir les risques d’une rechute prochaine. La colonie servirait dans ces cas à ménager la plus utile des transitions.

Nous croyons donc qu’il y aurait intérêt à faire figurer les colonies sur la liste des établissements vers lesquels le Ministère public peut diriger les aliénés délinquants; il va de soi que le médecin de la colonie garde- rait son contrôle sur l'admission du malade et que la plus grande pru- dence devrait être recommandée au médecin-expert.

Les alienes tuberculeux :

La tuberculose dans les asiles d'aliénés par le Dr PEETERS

Médecin-Directeur de la Colonie de Gheel

La mortalité par suite de lésions tuberculeuses est très élevée dans les établissements d'aliénés. La tuberculose frappe surtout certaines classes d'aliénés; la folie elle-même semble y prédisposer, mais il est certain que les conditions de la vie dans les asiles favorisent l'éclosion et la dissémination du mal. La tuberculose existe souvent à l’état latent, et, même quand on soupçonne qu’elle existe, sa constatation positive est difficile, parfois impossible chez l'aliéné. Et il est important de la diagnostiquer à son origine, pour pouvoir prendre en temps opportun les mesures nécessaires. Quand l'examen physique complet aura

390 JOURNAL DE NEUROLOGIE

démontré l'existence de la tuberculose, il vy a une mesure capitale à prendre : l'isolement. Des quartiers spéciaux devront étre construits et organisés à cet effet; mais, en attendant qu'une installation convenable soit faite, il existe une ressource précieuse et qui permettra de com- battre efficacement l'extension du fléau : c'est le placement dans la colonie, les malades vivent séparés, un à un, dans les conditions hygiéniques les plus favorables. Les nourriciers qui acceptent des malades de ce genre, doivent naturellement ètre mis au courant des précautions à prendre dans l'intérêt de leurs malades et dans leur pro- pre intérêt.

De graves problèmes de prophylaxie viennent se greffer sur cette question. Aussi n'est-il pas étonnant de voir soulever des objections comme celles pré- sentées par la Ligue contre la tuberculose :

La tuberculose chez les aliénés par le D' TERWAGNE President de la Section Anversoise de la Liguc contre la Tuberculose

Tous ceux qui menent la lutte contre la tuberculose savent combien il est difficile d'amener les individus et méme les administrations publi- ques à prendre les mesures prophylactiques les plus simples contre la propagation de ce mal.

Il serait tout à fait illusoire en cas de « tuberculose ouverte » chez des aliénés, de s'en remettre à ceux-ci pour l'observance stricte de mesures de préservation des proches. Une seule mesure efficace s'impose : l'iso- lement dans des pavillons séparés et établis pour la cure d'air.

Le placement des aliénés tuberculeux dans les colonies, chez des nourriciers, devrait être radicalement rejeté : ce serait inévitablement disséminer le mal et favoriser sa propagation plutôt que de l’étouffer.

Telle est l'opinion qui a été émise et acceptée dans la dernière assem- blée de la section anversoise de la Ligue contre la tuberculose.

Les enfants atteints de troubles psychiques :

L'assistance familiale des enfants arriérés par le D MANHEIMER GOMMES

I? Les statistiques concernant les enfants arriérés, tout au moins les statistiques d'Etat sont encore à faire. On peut dire cependant d'une manière générale, que le nombre de ces enfants augmente, et que de nouveaux moyens d'assistance ne serait-ce que par l'encombrement des établissements spéciaux actuels s'impose aujourd'hui.

2? Les asiles, hospices, quartiers d'arriérés, etc., seront toujours d'une

COMPTE RENDU 357

nécessité indiscutable, pour une bonne partie d'entre eux. Mais pour certains. ils sont des inconvénients : contagion des fièvres, des tics, de perversions, des faits d'indiscipline, possibilité de développement de la démence spéciale aux internés. Accoutumance au milieu qui atrophie toute initiative, toute personnalité. Difficulté pour les médecins de faire accepter des sorties d'essai aux familles.

A tout cela remédierait la colonisation familiale. Elle permettrait, en plus, de ne pas condamner à un internement définitif les malades seule- ment sujets à des crises d'excitation et presque normaux dans leur inter- valle.

Elle est également indiquée dans les convalescences, chez les guéris ou améliores.

Relèveront toujours de l'asile :

a) Les idiots invalides qui ont purement besoin de soins hygiéniques, ou ceux, non gâteux, absolument incapables d'éducation ;

b) Les dangereux. vicieux, incendiaires, etc., pour lesquels une disci- pline sévère est de rigueur.

Pour les autres, on peut distinguer l'assistance homofamiliale et hétérofamiliale.

L'assistance homofamiliale a été tentée, il y a quelques années dans le département de la Seine. C'était la reprise du jeune malade moven- nant l'allocation du prix de journée, qu'il aurait coüté à l'asile.

Ce systéme a l'inconvénient : ou que la famille est trop tendre pour l'arriéré, manquant de la fermetc et de la pondération nécessaires, ou que, par contre, elle le délaisse ou le méprise. De plus, le malade est exposé à rester en contact avec des parents le plus souvent dégénérés eux-mêmes.

L'assistance hétérofamiliale permet de prendre des familles de choix, dont on fait l'éducation spéciale, et qu'on peut récompenser ou punir (retrait du malade, etc )

Le meilleur placement est le placement rural. la culture étant la meil- leure occupation pour le plus grand nombre. La grande culture conve- nant aux p'acements disséminés ou la culture maraichére, convenant aux placements groupés.

Les placements urbains ont l'avantage de répondre mieux aux voeux de la population des villes. Mais un nombre relativement petit de mala- des en est justiciable. C'est le systéme berlinois (colonies des asiles de Dalldorf et Herzberge).

5? Pour les arriérés simplement dégénérés et débiles, la création de classes spéciales annexées aux écoles communales, ou d'écoles spéciales (Hilfschulen) permettra de réaliser le meilleur mode d'instruction, en méme temps que l'assistance familiale la plus simple : le maintien du jeune malade chez lui, sans qu'il ait à passer par la promiscuité d'un internat quelconque.

358 JOURNAL DE NEUROLOGIE

۱ L'assistance de l'enfance anormale par le Dr O. DECROLY

D'après le point de vue auquel on se place, les anomalies de l'enfance se montrent sous un aspect trés varié. Aussi ces anomalies sont-elles désignées trés différemment : ainsi, suivant qu'on sera psychologue, psychiátre, pédagogue, clinicien, anatomiste, juriste, chef d'asile, minis- tre d'un culte, etc., on parlera d'enfants colloques, mis à la disposition du gouvernement, envoyés à l'école de réforme, en prison, d'eníants mis sous conseil judiciaire, de faibles d'esprit, d'arriérés, de paresseux, d'indisciplinés, de peureux, de vicieux, de violents, de choréiques, d'hys- tériques, d'épileptiques, d'aveugles, de sourds, d'adénoidiens, d'infirmes, d'idiots, de crétins, de myxœdémateux, d'imbéciles, de débiles, d'im- pulsifs, de degeneres, ou encore de microcephales, d’hydrocephales, de types mongol, d'idiots amaurotiques et deporencéphaliques, de méningo- encéphalitiques, sclérotiques, bémiplégiques, de gâteux, tranquilles, agités, etc., etc.

En somme un chaos dont il serait bon de sortir lorsqu'il s'agit de faire de la pratique et notamment de l'assistance.

Pour désigner tous ces étres qui ne peuvent s'adapter au milieu social dans lequel ils sont destinés à vivre, le terme général qui parait le mieux convenir est celui d'enfants anormaux.

On peut les diviser comme suit :

I? Anormuux par déficit physique, les sens, les facultés mentales étant intactes (tous les infirmes et aussi tous les enfants atteints de troubles de la parole, de tics, chorée légère, etc.) ;

Anormaux par déficit des sens (aveugles, sourds);

Anormaux par déficit des fonctions intellectuelles (arriérés, imbé- ciles, idiots);

Anormaux bar déficit des facultés affectives et morales (vicieux, indisciplinés, amoraux, delinquants, hystériques, épileptiques, choréiques mentaux);

Anormaux par le fait de l'absence ou de l'insuffisance des éduca- leurs naturels (orphelins, moralement abandonnés, enfants gâtés, mal éduqués).

Il va sans dire que ces groupes n'ont rien d'absolu, qu'on rencontre fréquemment des types intermédiaires.

Que fait la societé pour ces déshérités ?

Les aveugles, les sourds, certains infirmes, les idiots, les épileptiques, graves, sont relativement protégés.

Mais on néglige une grande partie de ceux qui offrent le plus de rcs sources, peuvent étre utilesà la communauté et qui, lorsqu'on les aban- doune, sont les plus dangereux pour elle.

Il en est du moins ainsi chez nous, il n'y a pas de milieu : étre col- loqué avec l'étiquette définitive. d'idiot, ou etre livré à soi-méme,

COMPTE RENDU 359

jusqu'à ce qu'un délit conduise à l'école de réforme, puis en prison, d'où l'enfant sort presque irrémédiablement voué à la déchéance chronique.

Les anormaux sont-ils assez nombreux en Belgique pour qu'il v ait lieu d'attirer l'attention des pouvoirs sur eux ?

Oui, les chiffres recueillis par la Société protectrice de l'enfance anor- male et qui concordent avec ceux obtenus dans les autres pays démon- trent qu’il y a certainement au bas mot 10,000 anormaux avérés en Bel- gique, en dehors des aveugles, sourds, infirmes; or, sur ces 10,000 anor- maux il y en a peut-être tout au plus 1500 qui profitent des bienfaits d'une éducation appropriée.

Y a-t-il moyen de les améliorer ? C'est une chose qui ne se discute plus.

Qu'a-t-on fait en Belgique jusqu'ici ? Bien peu de chose si l'on en juge d'après les travaux qui ont paru dans ces derniers temps.

Et que faut-il faire ?

I^ Les arriérés, les épileptiques légers ne peuvent plus étre purement et simplement éliminés par le placement dans un asile. Il faut pour eux créer des écoles à l'instar de celles fondées à Bruxelles et à Anvers, les convulsivants devant étre séparés des autres anormaux.

2? À ces écoles doivent étre annexés des demi-internats ou des inter- nats, autant que possible extra-urbains, afin qu'en cas d'indication, les enfants puissent étre enlevés au milieu ils vivent et soumis à l'in- fluence permanente de l'école.

Pour des raisons éducatives de premier ordre ces internats doivent adopter la forme familiale lorsqu'il s'agit de jeunes enfants.

Pour les vicieux, indisciplinés, rebelles, criminels, etc., il y a lieu de créer des institutions ou de modifier celles existantes dans le sens adopté par le gouvernement Anglais par exemple : Industrial school, Truant school et Training Schip

Afia que les membres du personnel destiné à ces établissements soient à la hauteur de leur táche, il est urgent de créer dans les écoles normales des cours spéciaux qui les y préparent.

5” Les écoles spéciales devront, bien entendu, comme toutes celles que l'Etat soutient, être soumises à une inspection régulière. Cette inspec- tion serait d'autant plus aisée à établir que ces écoles peuvent, par exemple, prendre chez nous le caractère des écoles ménagères adop- tées.

6^ Il est hautement souhaitable que les pédagogues s'associent aux médecins dans l’œuvre de relèvement des anormaux.

À l'exemple des diverses nations européennes, une statistique exacte des anormaux en âge d'école devrait être établie chaque année, afin de fixer le nombre de ceux qu'il importe de secourir.

Enfin, pour ne pas perdre le fruit de toutes ces peines, on devra fonder des œuvres de patronages post-scolaires à l'instar de celles for-

360 JOURNAL DE ۵

mées par la Société protectrice de l'Enfance anormale, ocuvres qui auront pour but de soutenir Jes jeunes gens sortis de ces écoles et jugés capables de tenir une place dans la vie publique.

Les autres se trouveront mieux d'un régime de communauté, de préférence sous forme de colonie agricole: en échange des garanties d'une vie heureuse et calme, ils fourniront un travail en rapport avec leurs facultés ce travail comprensera les sacrifices fait pour eux et contribuera du reste pour une bonne part à leur procurer la joie de vivre en dérivant leurs impulsions maladives.

L’ Etat, suivant exemple des pays qui sont en téte de la civilisation, s’empressera de prendre ces mesures, le jour ceux qui ont en main les hautes responsabilités morales cl matérielles du pays, comprendront qu’il est à cela non sculement des raisons de sentiments, humanité et de charité, mais plus encore, des motifs économiques intimement liés à des questions de prophylaxie sociale.

Quelle est l'influence psychique des aliénés d'une colonie

sur les individus et les enfants normaux qui les entourent ? par M. C. SCHUYTEN Docteur en sciences, Directeur du service pedolorzique scolaire d'Anvers

Une longue expérience semble avoir indiqué que l'assistance familiale des aliénés exerce sur le corps et l'esprit des malades l'influence la plus heureuse. Il n'est pas douteux que, dans un avenir peu éloigné, on aura perfectionné notablement encore un système de guérison qui, chaque jour, voit s'augmenter le nombre de ses partisans. On ne doute plus d'ailleurs que : l'assistance familialeestsupérieure, enrésultats favorables, à celle des asiles. J'aurais le droit de demander des preuves palpables, des chiffres qui n'iudiquent pas seulement qu'une colonie déterminée prospère et renvoie dans la vie commune un nombre de malades guéris, chaque année grandissant. Mais cela n'est pas mon but. Je désire attirer l'attention des intéressés sur un problème qu'on soulève trop rarement et qui cependant parait d'une importance considérable : Quelle est l'in- fluence psychique des aliénés d'une colonie sur les individus et les enfants normaux qui les entourent ?

C'est surtout l'influence sur les enfants qui me cause une trés grande inquiétude. Il ne s'agit pas d'affirmer que cette influence existe ou n'existe pas : on doit l'expérimenter directement à l'aide des méthodes que la psychologie expérimentale est capable de mettre à notre disposi- tion.

Avant de poursuivre le développement des colonies dans les diflérents pays, il serait de la plus grande utilité de savoir si, oui ou non, les alié- nés, traités dans les familles de gens normaux, ont sur ceux-ci et sur leurs enfants, une influence nuisible.

COMPTE RENDU 301

Dans ce but il serait, sans doute, utile de créer un comité d'études qui élaborerait un plan de recherches et présenterait au prochain Congres un rapport.

C'est une 3uestion des plus importante que celle de l'organisation intérieure des établissements d'aliénés. Tant d'intérèts opposés viennent se heurter dans l'administration qui, en cette occasion, se confond intimement avec le traite- ment. La solution théorique du probléme n'a pas etc difficile à donner, il sera plus difficile d'en obtenir l'application, tout au moins dans les pays, le médecin n'est pas directeur de l'asile, et surtout en Belgique. le médecin ne peut même pas, de par la loi, être directeur de l'asile privé.

Le rapport de M. le Prof. Crocq. basé sur des données précises et des preu- ves irrécusables avait excellemment mis la question au point. M. van Deven- ter est venu renforcer son argumentation. A cela M. Claus, parlant au nom des congrégations religieuses, qui, en Belgique, dirigent pour la plus grande part les asiles, a répondu que si la situation. du médecin et l'organisation des asiles devaient être améliorées, la journée d'entretien devait nécessairement étre augmentée.

Cette discussion a de méme nis en présence les partisans de l'organisation civile de la société et ceux qui défendent l'organisation religieuse. De vives protestations se sont d'ailleurs élevées quand on est venu prétendre que.seuls, les partisans du cloître ont du cœur et l'esprit de désintéressemenut. L'injure était trop flagrante pour ne pas ètre relevée.

Des moyens d'améliorer l'organisation médicale des asiles en Belgique

par J. CROCQ

Medccin en Chef de 1a Maison de Sante d'Uccle

Apres avoir décrit l'organisation médicale des asiles en Suisse, en Russie, en France, en Roumanie, en Serbie, en Allemagne, en Angle- terre, en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Daremarck, en Hollande, en Gréce, en Portugal et en Turquie. M. Crocq étudie la législation belge et formule les desiderata sous forme de propositions de deux espèces :

A. Desiderata à réaliser dans l'avenir

I. Tous les asiles pour indigents devraient étre administrés par l'au- torité publique ; l'administration qui parait le plus à méme de mener ce projet à bonne fin est l'administration provinciale.

II. Le système du médecin directeur est le meilleur au point de vue du bien-étre des aliénés.

Chaque asile, sauf les services hospitaliers, devrait avoir à sa téte un médecin-direcleur chargé des service administratif et médical.

(Ce système est irréalisable dans nos asiles privés pour indigents.)

362 JOURNAL DE NEUROLOGIE

III. La nomination des médecins d’asiles pour indigents devrait être faite uniquement par les autorités.

(Ce système est irréalisable dans nos asiles privés.)

1V. Les maisons de santé pour malades payants constituent une insti- tution utile, que la loi ne doit pas défendre.

Rien ne s'opposerait à ce que ces maisons de santé aient à leur tête un médecin-directeur.

B. Desiderata immédiatement réalisables

I. Le cours de psychiatrie devrait être obligatoire pour tous les étu- diants, ce qui entrainerait l'organisation d'asiles cliniques dans les quatre villes universitaires.

II. La création d'un diplóme spécial de médecine mentale s'impose ; l'examen devrait porter sur la connaissance théorique et pratique de la psychiatrie et étre passé devant un jury psychiatrique central.

I1I. Seuls les docteurs en mé?ccine psychiatrique pourraient être nom- més médecins-adjoints des asiles.

Pour étre nomm:s médecins en chet, ils devraient en outre avoir, pendant quatre années, rempli les fonctions de medecin-adjoint.

IV. Le traitement des médecins d'asiles devrait étre fixe, suffisant, et payé par les autorités, aussi bien pour les médecins en chef que pour les médecins-adjoints.

Il est urgent de ne plus payer les médecins-adjoints au détriment des médecins en chef.

V. La loi devrait adopter un maximum de cent malades pour un seul médecin.

VI. Le róle du médecin en chet est important et difficile ; pour le remplir convenablement, il doit bien se pénétrer de cette idée qu'il dirige un véritable service de malades et que, par conséquent, il doit organiser son service médical sur le plan des services hospitaliers.

VII. La loi devrait exiger qu'un médecin au moins habite chaque asile.

Pour les grands asiles, la loi devrait exiger la spécialisation complète et interdire la clientele courante.

La position du médecin aliéniste par le D' DEVENTER Médecin directeur de l'asile 0 311606 2 ۵

La direction de tout hôpital, et conséquemment de tout asile d'aliénés, appartient au médecin. L'expérience a démontré, à maintes reprises, qu'en présence de deux autorités administratives, de nature différente, des conflits regrettab'es ne peuvent etre évités.

Un directeur non médecin. quelles que soient les qualités de son cœur et de son intelligence, est incapable de s'assimiler les devoirs du médecin.

COMPTE RENDU 363

La séparation du service administratif du service médical ne peut se faire qu’au détriment des malades, le médecin, en raison de sa science et de son expérience, étant seul juge au sujet des mesures administra- tives à prendre. Aussi, le médecin directeur ne pourrait être appelé à ces fonctions qu'après avoir fait un stage préalable dans un asile et avoir prouvé qu’il possède des qualités administratives.

Le principe de la nécessité de l'union des fonctions médicales et administratives est généralement admis en Hollande par les hommes compétents.

Le rôle du médecin-directeur est plus important que jamais depuis l'introduction de l’enseiznement professionnel des infirmiers, depuis la tendance progressive à la multiplication des quartiers aux portes ouvertes et des colonies familiales. ۱

Le médecin directeur ne peut se laisser absorber totalement par le service administratif. Il est désirable qu'il ait dans ses attributions le traitement d'un certain nombre de malades, qu'il s'occupe de travaux scientifiques dans les laboratoires, etc. Il lui appartient aussi d'intro- duire dans son établissement les nouveaux procédés d'examen et de traitement des malades.

Tout établissement d'alienés devrait s'attacher un médecin spécial pour s'occuper des recherches anatomo pathologiques, des examens psycho-physiques, etc

Afin de faciliter le goüt pour les études psychiatriques, il est dési- rable que les asiles s'attachent des médecins volontaires, avec le titre d'assistants, s'engageant pour un terme minimum de six mois et se soit. mettant au réglement de la maison.

La journée d'entretien dans les asiles belges par le D' A. CLAUS

La journée d'entretien varie d'un asile à l'autre. Le prix de la journée d'entretien devrait étre uniforme en Belgique.

Si l'organisation actuelle des asiles est maintenue intégralement, le prix dela journée d'entretien parait être suffisamment remunerateur.

Si l'on veut introduire des réformes dans les asiles, et certaines réfor- mes sont urgentes, le prix doit étre plus élevé.

Le prix de la journée d'entretien devrait permettre d'organiser l'assistance de l'aliéné à sa sortie de l’asile ou de la colonie.

Une question non moins importante et qui se rattache à l'organisation des asiles et des colonies est celle de l'instruction des infirmiers et des nourriciers.

Mêmes obstacles, mêmes difficultés budgétaires, mèmes objections, mème crainte du relèvement de l'élément civil, mémes insinuations à l'égard du personnel laïc. Peut-on cependant se représenter organisation plus normale, plus régulière et f/us morale surtout que celle de l'asile-colonie hollandais ou allemand les infirmiers mariés habitent autour de l'asile et oftrent ce

364 JOURNAL DE NEUROLOGIE

milieu éduqué et familial dont l'aliéné a tant besoin pour arriver par stades successifs, soit à la liberté entière après guérison, soit au placement familial chez les paysans quand l'affection dont il est atteint, passe à l’état chronique ?

L'enseignement professionnel des infirmiers dans les asiles d'aliénés par le Dr VAN DEVENTER

Depuis 1889, la Societe neerlandaise de psychiatrie s’occupe de la question de l'amélioration du personnel des asiles. Dés le début elle décida :

Qu'il appartient à tous ceux qui font partie de l'administration d'un asile, aussi bien aux commissions administratives qu'aux médecins, de veiller d'une manière continue à l'amélioration radicale du personnel infirmier ;

Qu à cet effet une réorganisation générale de ce personnel sim- pose ; ,

Que dans la situation actuelle des asiles, les commissions adminis- tratives qui auront à procéder à la nomination d'un médecin en chef, auront à imposer, comme premiere condition, que celui-ci mettra tout en ceuvre pour améliorer sans cesse le personnel;

4' Que ce but ne peut étre atteint qu'en donnant toute autorité au médecin en chef qui doit être, d'après Guislain, le chef responsable de la maison ;

Que lart de soigner les malades et conséquemment les aliénés, est, comme toutes les connaissances humaines, une science et un art qu'on ne rencontre que rarement à l'état inné. Généralement on n'ac- quiert ces connaissances que par l'enseignement spécial ;

6* Qu'une commission composée de trois membres procédera, une fois par an, à l'examen des gardiens qui se seront préparés pour l'obtention du diplóme de capacité sur l'art de soigner les aliénés ;

L'examen porte sur des cours théoriques et pratiques et se passe en partie par écrit et en partie oralement sur les matières suivantes :

Les premières notions de l'anatomie, de la physiologie et de l'hygiène ;

Les principes de l’art de soigner les malades et les aliénés.

Nul ne peut être admis à l'examen s’il ne possède au préalable une bonne éducation, une conduite irréprochable et une santé parfaite. Il ne peut être âgé de plus de 22 ans et doit pouvoir fournir une déclaration certifiant qu'il a été attaché, pendant deux années et avec fruit, à un hôpital, dont une année à un asile d’aliénés ou à une maison l’on soigne les maladies nerveuses.

Le jury chargé de l'examen des récipiendiaires s'est montré progres- sivement plus sévére. En 1896, la Société de psychiatrie décida qu'à l'avenir la durée des études serait de trois années et que les candidats devraient avoir servi dans les différentes sections des asiles.

COMPTE RENDU 305

Les médecins de la Société chrétienne (Calviniste) pour les soins à donner aux aliénés et aux malades atteints de maladies nerveuses, tout en imitant le programme des études de la Société de psychiatrie, y ajou- tèrent encore des études littéraires et religieuses.

Dans tous les asiles l'enseignement est donné par les médecins.

Les Frères et Sœurs des asiles catholiques ne se présentérent pas tout d'abord à l'examen, n'ayant pas reçu l'autorisation de leur évéque. Néan- moins le cours fut donné aux Fréres (1), et dans ces derniers temps également aux Sœurs.

En 1898, le jury d'examen fut composé de cinq membres. Chaque année on doit pourvoir au remplacement de l'un d'eux, non rééligible, et actuellement le chef médical d'un asile ou son suppléant est admis à assister à l'examen et à interroger les candidats.

En 1897, la Société Wilhelmina fut érigée. Elle a pour mission de con- tribuerà l'amélioration etaurelévement de l'art desoignerlesaliénés. Elle ouvrit une école préparatoire dans laquelle on répétait certaines matiè- res de l'instruction primaire pour commencer ensuite l'étude des notions d'économie domestique, des travaux manuels et les premiers principes sur l'art de soigner les aliénés

Le nombre de gardiens et de gardiennes qui se sont fait inscrire devant la commission de la Société de psvchiatrie pour l'examen, est jusqu'ici de 4oo. De ce noinbre il faut en défalquer 76 quise sont retirés avant l'examen. Des 334 candidats qui se sont présentés, 263 (51 hom- mes et 212 femmes) obtinrent le diplóme.

Mais à ce dernier chiffre il faut en ajouter 126 (63 hommes et 63 femmes) diplómés par la Société chrétienne, 61 (5 hommes et 56 femmes) gardes malades diplómés des hópitaux d'Amsterdam qui ont passé, depuis 1897, un examen spécial sur l'art de soigner les aliénés, et, en outre, 6 gardes-malades diplómés par ۱ Utrechtsche Vereeniging voor Ziekenverpleging. |

La Hollande possède donc en ce moment un corps de 450 infirmiers et infirmières spéciaux pour les asiles d'aliénés.

Aux préoccupations scientifiques de l'instruction se rattache normalement la fondation des laboratoires indispensables aux recherches cliniques.

Importance des laboratoires scientifiques dans les asiles et les colonies, au point de vue de l'assistance des aliénés par J. HAVET Chargé des travaux du laboratoire à la Colonie de Gheel

L'importance de ces laboratoires a été reconnue dans la plupart des pays; l'Angleterre, les Etats Unis, l'Amérique du Sud, l'Allemagne. l'Australie, l'Italie, la France, la Russie, la Suisse, etc., possedent de

(1) Depuis 1899, deux Frères ont passé avec succès leur examen.

366 JOURNAL DE NEUROLOGIE

nombreux laboratoires convenablement outillés pour l'étude des mala- dies mentales. Notre pays est, sous ce rapport, dans un état d'infériorité déplorable.

Dans les asiles et les colonies d'aliénés la population a une c r- taine importance, un laboratoire peut étre d'une grande utilité à divers points de vue.

Il peut comporter un service d'analyses microscopiques et chimi- ques, dans le but d'établir les diagnostics, ou dans un but d'hygiéne : analyses du sang, des crachats, d'urines, etc.; recherches bactério!ogi- ques, bacilles de la tuberculose, de la diphtérie, etc., recherches impor- tantes au point de vue des mesures hygiéniques à prendre dans l'intérêt des aliénés et de leurs gardiens.

Un service d’autopsies.

Ces autopsies servent souvent à déterminer la cause de la mort.

Elles servent à l'instruction des médecins et à celle des infirmiers.

Elles permettent de constater l'^:at des organes et des tissus, par des observations macroscopiques et microscopiques, et peuvent étre par là, le point de départ de recherches scientifiques.

Un des buts principaux de ces laboratoires doit être de faire pro- gresser les sciences mentales.

À cette fin, le concours de diverses sciences est indispensable ; citons: la psychologie normale et pathologique ; la clinique des maladies ner- veuses et mentales; la biologie cellulaire normale et pathologique ; l'anatomie et l'histologie comparées tant normales que pathologiques, en particulier celles du système nerveux. Les méthodes expérimentales présentent ici une importance considérable.

Il est bien évident que ce travail réclame l'activité de nombreux tra- vailleurs; le principe de la division du travail aurait, dans ce cas, une application heureuse.

Cependant, dans chacun de nos établissements importants, il suffirait de deux travailleurs unissant leurs efforts dans une direction bien déter- minée; l’un s'occuperait de la p;ychopathologie et de la clinique ; l'autre, des travaux d'anatomie et d’histologie pathologiques.

Si tout en conservant leur indépendance et leur liberté d'action, ces travailleurs dirigeaient leur activité dans la voie qui aurait été préalable- ment reconnue comme étant la meilleure, il est certain que cette con- vergence de tous les efforts vers un but déterminé, cette unité dans le travail, auraient les résultats les plus heureux.

t

L'organisation du travail et des délassements mérite aussi d'attirer l'atten- tion.

L'organisation du travail pour les aliénés soignés dans les environs d'un asile central par le D' VAN DEVENTER

L'aliéné confié au régime familial doit être considéré comme un mem-

COMPTE RENDU 367

bre de la famille du nourricier, c'est-à-dire qu'à tout point de vue il doit pouvoir jouir totalement de la vie de famille.

La mission du nourricier est d'atteindre ce but. Il táchera de faire de l'aliéné un étre utile en l'occupant par le travail.

D'une maniére générale, le nourricier occupera une maison à laquelle sera attachée une parcelle de terrain qui permettra de procurer à l'aliéné un travail au grand air et de le mettre au courant des différentes parties du travail agricole.

Le corps d'infirmiers sera recruté parmi les candidats au courant d'un métier afin qu'on puisse les utiliser ultérieurement comme nourri- ciers-infirmiers au cas ils désireraient contracter mariage.

Les familles des nourriciers donnant des preuves d'aptitude spéciale pour occuper leurs malades, recevront la préférence pour le placement des aliénés. |

La distribution du travail sera confiée à des chefs infirmiers (homme et femme) au courant des différents métiers à exécuter par les malades. Ces chefs agiront sous la direction du médecin.

Les aliénés pourront être confiés à leurs familles si celles-ci habitent ou viennent habiter la Colonie.

Dans certains cas les aliénés appartenant au régime familial pourront être occupés à l'asile central. Ils seront alors confiés à des ouvriers atta- chés à l'asile central et qui les accompagneront pour aller au travail et pour en revenir.

Les nourriciers et les nourriciéres devraient recevoir une instruction spéciale. On leur donnerait des conférences supplémentaires sur lorga- nisation du tiavail Les aliénés recevraient également des instructions particulières sur l'exercice de leur profession.

La Colonie devrait disposer d'un local particulier pourraient se réu- nir à titre de récréation, non seulement les aliénés, pensionnaires et indigents, mais encore le personnel de l'asile et de la Colonie. Ce rap- prochement favoriserait les liens de charité indispensables à tous les membres dela Colonie.

Certains aliénés, en recevant une indemnité pour leur travail, s'en ressentiraient avantageusement en se rendant compte des services qu'ils rendent.

Délassements à accorder aux aliénés par le D' I. MAERE

Medecin en chef de la maison de santé « Le Strop », à Gand

Il ne peut étre question de passer en revue toutes les distractions sus- ceptibles d'étre données aux aliénés. Celles-ci sont nombreuses et trés variées. Les distractions intellectuelles doivent étre sévérement réglées; les distractions physiques et morales seront également soumises aux

368 JOURNAL DE NEUROLOGIE

prescriptions médicales; trop souvent on préconise des déiassements alors qu'un repos physique et intellectuel est mieux indiqué.

Les plaisirs aecordés aux sens doivent particuliérement éveiller l'at- tention et dans cet ordre d'idées il y a lieu de mettre à point la question des boissons, du tabac, de la musique, etc.

À un point de vue général, il est préférable de s'en tenir à un délasse- ment prudent plutót qu'à une dissipation intellectuelle, physique ou morale non mesurée.

Il restait à parler de la collocation elle-même, de l'entrée du malade à l'établissement. Cette question aurait pu ouvrir les discussions sur l'organisa- tion du régime des aliénés. Mais, sans étre des moins importantes, elle semble moins passionner le médecin que le grand public. Et les partisaus et adver- saires des systèmes d'assistance étaient trop pressés d'en arriver à la discus- sion du fond de la question, que pour s'arréter aux circonstances de la collo- cation méme.

Le rapport du D' De Gueldre rend bien l'idée de ceux qui ne connaissent pas la multiplicité des contrôles qui entourent le traitement des aliénés. M. van den Ven, en exposant le système suivi à Schaerbeek, y a répondu. M. le médecin-directeur Olàh a rappelé combien il est nécessaire de faciliter l'entrée à l'asile des malades, particulièrement de ceux qui ne sont encore que légèrement atteints par le mal et dont le traitement est d'autant plus aisé et bienfaisant. M.Sano a exposé à quelles conséquences expose l'absence de tout service psychiatrique, surtout dans les grandes villes.

À cette question se rattache directement celle de la séquestration à domi- cile, qui nécessite de même une organisation méthodique nouvelle.

De l'insuffisance des garanties légales entourant la collocation des aliénés par le D" L. DE GUELDRE (d'Anvers)

À différentes reprises, des attaques violentes ont été dirigées contre la facilité que la législation en vigueur en Belgique, en France et dans bien d'autres pays. a consacré pour l'obtention de l'internement des aliénés. Faisant abstraction de ce que ces critiques ont pu avoir d'exa- géré dans bien des cas, il n’est pas niable que de graves abus sont pos- sibles, et que tout au moins des erreurs se sont produites. Le système critiqué permet la collocation, sur le vu du certificat d’un seul médecin agissant à la requête de l'intéressé à la collocation, médecin dont tout au moins la compétence pour une mesure si grave peut être mise en doute. Certains pays n'autorisent plus l'internement qu'à la suite d'un jugement ; le pouvoir administratif est ainsi dépossédé el le pouvoir judiciaire investi d'une mission pour laquelle sa compétence aussi a été revoquee en doute. De plus, il inflige à l'aliéné la tare indélibile d'un

COMPTE RENDU 369

jugement actant son état de démence, laquelle peut cependant n'être que passagère Le but à atteindre est, en conservant les principes de la loi française de 1838, qui fait de la collocation une simple mesure admi: nistrative, d'entourer celle-ci d'une sauvegarde médicale sérieusement établie, tant au point de vue scientifique qu'au point de vue moral.

Mesures proposées :

1? Suppression de 1 admission volontaire dans les asiles d'aliénes ;

a) Le certificat délivré par un médecin à la requête du demandeur de la collocation ne serait plus tenu que pour 6 simple demande d'examen médico-légal des facultés mentales de la personne visée.

b)Ce certificat déclarerait si,soit pour la sécurité de l'individu lui-même, soit pour celle d'autrui, il y aurait nécessité de collocation immédiate.

c) Si cette urgence n'est pas déclarée. l'individu visé sera laissé à domicile jusqu'à ce que l'autorité ait statué aprés réception du rapport médico-légal.

En cas d'urgence, le bourgmestre délivrera un bulletin de placement à l'asile provisoire du lieu, l'aliéné pourra être reçu pour y étre soumis à l'examen médico-légal nécessaire.

Les asiles provisoires, organisés par l'autorité publique et répartis suivant les nécessités, serviront exclusivement à la réception :

a) Des personnes pour lesquelles la collocation aura été demandée d'urgence;

b) De celles qui réclameraient volontairement leur admission en vue de collocation ;

C) Au besoin, aux aliénés atteints d'une forme de folie (alcoolisme) ne nécessitant évidemment qu'un isolement de peu de durée.

Le pouvoir administratif, après ces opérations préliminaires trans- mettra le dossier au chef du parquet lequel désignera d'urgence et pour chaque cas spécialement, deux médecins légistes (éventualité d'un diplôme spécial de psychiâtrie) qui seront chargés de l'examen médico-légal des facultés mentales de l'aliéné, soit à son domicile, soit à l'asile provisoire.

En cas de désaccord des experts sur la nécessité de la collocation, un troisieme médecin pourra érre désigné qui, après avoir pris connaissance du dossier médical, verra le malade seul et formulera son avis à ce sujet.

Le rapport des médecins experts quelles que soient leurs conclusions, sera retourné au pouvoir administratif qui, ainsi ou actuellement sta: tuera librement, nonobstant le droit d’appel des intéressés.

# *

Les multiples missions de surveillance des asiles établies par les légis- lations dérivées de la loi de 1838 en France, par la législation belge plus Spécialement, offre toutes les garanties désirables pour la sauvegarde de la liberté individuelle des colloqués.

Mais il est permis de se demander si le mode de recrutement, de renu-

370 JOURNAL DE NEUROLOGIE

mération, et de fonctionnement du service médical dans les asiles per- met d'attendre des médecins la vigilance et l'indépendance d'action né- cessaires pour l'accomplissement de leur mission.

Notamment, pour la libération des aliénés améliorés ou guéris, le médecin n'entre-t-il pas en conflit avec les intéréts du propriétaire, sur- tout lorsqu'il s'agit de cette catégorie d'aliénés qui se livrent à un travail profitable à l'établissement (ateliers-cultures).

Il y a donc lieu de réclamer :

Nomination des médecins d'asiles par le gouvernement seul (éven- tualité du diplóme spécial);

Résidence du médecin principal (seul) à l'établissement et obliga- tion de se consacrer exclusivement à celui-ci; direction médicale exc!u- sive pour tout ce qui se rattache à l’aliéné : occupation, vêtements, loge- ment, nourriture, soins, etc.

Fixation des honoraires fixes indépendants de la population de l'asile ;

4^ Nomination de médecins-adjoints en proportion de la population de l’asile.

Par quels moyens pouvons-nous faire venir à nous les psychoses,

dès les premiers stades de leur évolution par le D' OLAH Medecin-Directeut de l'Asile royal des Aliénés à Budapest

I. Tout ce qui empéche les asiles d'appliquer les méthodes de traite- ment et de prophylaxie avec l'efficacité possible doit étre combattu, car l'opinion courante dans le public surlesaffections mentales, s'alimente de l'impuissance qui en résulte.

2. Les asiles doivent se rapprocher de la vie publique et prendre le caractére d'organes sociaux de prophylaxie, en établissant des cliniques publiques gratuites et le contróle du traitement dans la famille.

3. Tout asile qui reçoit des malades sortant directement de la vie publique doit porter un nom se trouve la mention des affections ner- veuses. Par exemple : asile publique (ou de l'Etat) pour affections ner- veuses et mentales.

4. Une dénomination indifférente manque le but.

5. Les formalités de l'admission doivent étre réduites.

6. Le placement dans un asile d'aliénés ne doit pas nécessairement entrainer l'incapacité civile.

7. Dans l'installation, la dénomination, le caractére, etc., des asiles, tout doit étre disposé de telle sorte qu'il puisse entrer dans l'esprit du public que l'affection mentale résulte d'une atteinte corporelle analogue à toutes les autres affections nerveuses.

COMPTE RENDU 371

Comment doit-on organiser le classement des aliénés, dans les grandes villes, pour pouvoir envoyer à la colonie les malades qui relèvent du traitement familial ?

par le Dr F. SANO

I. La proximite d’une colonie d’alienes exerce sur les individus et la conscience sociale des influences diverses, qu’il faut analyser, dont les conséquences doivent être mesurées et qui exigent des interventions préventives.

La peur de l’aliénation mentale disparait. On s’habitue à tel point à voir les aliénés en liberté,que les accidents, les suicides et les homicides n’emotionnent pas autrement l'entourage, je dirai même beaucoup moins, que les accidents de la vie courante et que les crimes commis par les dégénérés, considérés comme légalement responsables L'article du Dr Toulouse, intitulé « Faut-il interner les aliénés » (Journal des Débats, 11 mai 1901 Revue de Psychiatrie, p. 161, 1901), qui parut paradoxal en France, répond à une situation de fait à Anvers, par exemple, siège de notre Congrès.

Les conséquences administratives sont des plus avantageuses. Le pourcentage des aliénés va en diminuant, si extraordinaire que cela paraisse. Mais ce résultat heureux est au traitement plutót spartiate, de l'aliénation mentale. Le traitement scientifique n'est pas organisé ; il estlaissé au hasard des circonstances. Le malade, s'il est tranquille, est admis à la salle commune de l'hópital dés que son milieu familial, talonné par le besoin, se trouve dans la douloureuse obligation de l'expulser comme « bouche inutile ». Agité, on le ligotera au cabanon préhistorique. S'il ne succombe pas endéans les quelques jours de patience qu'on peut lui accorder, il est transféré à l'asile. Il se peut qu'il meure en y arrivant; quand ce fait se produit trop souvent, il en résulte des réclamations, d'ailleurs sans autres suites.

Le nombre des collocations pour delirium tremens étant minime, nu même pour deux années consécutives à Anvers, une recherche dans la table de mortalité fit découvrir un nombre considérable de décès avérés pour la même affection. Ces deux phénomènes s emboitent et s’expli- quent mutuellement.

Au point de vue médical, professionnel, cette situation amène certains avantages : des malades peuvent être traités à l'hôpital, au mépris des lois, il est vrai, mais à leur profit personnel Car, outre qu'ils échappent à la collocation, leur guérison est plus aisée au milieu des malades ordi- naires qu'elle ne le serait à l'asile, les conditions hygiéniques, l'ali- mentation, l'aération et la thérapeutique sont forcément inférieures à ce qu'elles peuvent étre à l'hópital, la journée d'entretien étant ici plus élevée et le personnel médical et infirmier plus nombreux.

Mais le traitement rationnel, scientifique, est impossible pour le plus

129 JOURNAL DE NEUROLOGIE

grand nombre de cas, par suite du manque d'organisation indépendante et de l'instabilité de la situation médicale. L'agitation maniaque surajoutée est de règle à l'hôpital, ct l'envoi à l'asile fermé, dans ces cas, la solution presque unique. Aussi ce système qui parait laisser au malade le plus de liberté, aboutit.il à la réduction des garanties légales, et tout espoir d'un traitement familial est perdu pour l'indigent qu'on est obligé d'envoyer à la háte à l'asile fermé

Dans la clientéle non indigente, la nullité ou l'insuffisance de l'orga- nisation officielle rend toute innovation laborieuse et la conception familiale étant poussée à l'exces, le déplacement du malade, son trans- fert dans un milieu différent du sien, rencontrent des difficultés souvent trés grandes. L'envoi précoce à l'établissement special est une rarete, une exception.

Au point de vue scientifique pur, l'absence de toute situation stable limite, entrave et souvent annihile les études de pathologie et d'ana- tomie pathologique mentales. Or, ces recherches sont la base anatomo- clinique de l'étude approfondie du mécanisme physiologique de la pensée, manifestation la plus complexe de l'activité organique.L'absence de ces préoccupations scientifiques permet, dans l'ambiance sociale, le réveil du plus grand obstacle à tout progrès de l'esprit humain : le mys- ticisme.

II. L'organisation rationnelle du régime des aliénés dans une com- mune peut se faire d'une manière progressive et sans grands frais ; tout comme la colonie, elle peut debuter avec des proportions modestes. Le rapport intéressant du D* Médici le démontre une nouvelle fois pour la fondation des colonies. L'innovation si heureuse, faite par la commune de Schaerbeek, qui a désigné l'un de ses médecins de l'état civil pour s'occuper spécialement des aliénés indigents, les visiter à domicile, les traiter dans leur milieu familial ou à l'hôpital, démontre qu’un peu de bonne volonté et de dévouement suffisent, à défaut de fortes ressources financières.

Les asiles urbains sont aussi indispensables aux grandes villes que leurs hôpitaux, leurs égouts, le pavage de leurs rues et les squares publics. Leur action prophylactique est pour le moins aussi importante que leurs bienfaits curatits.

C'est là, dès le début, que pourra se faire le triage impartial, surtout lorsque les colonies et les asiles sont en opposition d'intérêt, comme c’est malheureusement le cas en Belgique.

Et méme quand le système colonial est considéré à sa juste valeur, comme un moyen thérapeutique nécessaire à tout médecin aliéniste, aussi bien que la chambre d'isclement, ou la surveillance continue, ou le bain prolongé, il est urgent d'avoir aussi à sa disposition immédiate l'asile urbain, que les Américains, devangant les voeux exprimés par beaucoup d'entre vous, et dont le médecin-directeur Olàh vient de se

COMPTE RENDU 373

faire l'écho ici méme, ont désigné sous le nom d' « Institut de Neuro- logie ». |

La séquestration à domicile par le Dr Leon L’HOEST Médecin de l'Asile Sainte-Agathe, à Liege

La loi sur le régime des aliénés en Belgique prévoit le cas l'aliéné serait gardé dans sa famille et, soucieuse de sauvegarder la liberté iudi- viduelle, a créé pour lui des dispositions spéciales contenues dans le chapitre V, article 25.

L'article 25 de la loi de 1850 a passé textuellement et sans discussions dans celle de 1873-74. |

Il semble que, dans la pratique, autrefois, les familles gardaient leurs aliénés chez elles sans avoir recours aux formalités de la séquestration à domicile même quand la privation de la liberté était indispensable. Il en serait de même aujourd’hui pour la plupart des aliénés aisés non collo- qués.

Les autorités n’inquiétaient guère les parents des aliénés gardés à domicile pour autant que ceux-cine troublassent pas l’ordre et la sécurité publiques.

La loi de 1876 et surtout celle de 1891 sur l'assistance publique qui mettent à charge du Fonds commun l'entretien des aliénés indigents séquestrés à domicile ont modifié cet état de choses et ont provoqué une augmentation considérable des aliénés assistés dans leurs familles: dansle Royaume l'augmentation a été, de 1892 à 1897, de 80 p. c., tandis que l'admission aux asiles n'a augmenté que de 20 p. c.

En 1895, la Députation permanente du Conseil provincial de Liége, émue de l'affluence des demandes de séquestration à domicile d'indi- gents, décida de soumettre la plupart de celles-ci à une enquéte spéciale. L'examen d'un grand nombre de ces demandes démontra d'une facon péremptoire que les aliénés en question n'étaient pas séquestrés dans l'intérét de leur état mental mais bien pour faire retomber sur le Fonds commun les charges parfois onéreuses des bureaux de bienfaisance.

Quels sont les aliénés qui peuvent étre séquestrés à domicile ?

D'une facon générale, nous estimons que les idiots non améliorables et les déments sont seuls aptes à jouir de co mode d'assistance : ils sont habituellement passifs et présentent rarement des réactions dangereuses pour autrui. Les folies actives, par contre, doivent étre rejetées et con- fiées à l'Asile ou à la Colonie familiale.

La séquestration à domicile est, au point de vue de l'assistance, une institution économique qui permet d'entretenir les aliénés à peu de frais, tandis qu'à l'Asile ou à la Colonie, ils coüteraient deux à trois fois plus cher.

374 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Elle présente, au point de vue moral, l'avantage de confier l’aliéné aux soins de sa famille ce qui, lorsque la chose est réalisable et lorsque les conditions d'existence sont suffisamment convenables, offre de sérieuses garanties en raison de l'intérét instinctif que les parents por- tent à celui de leurs proches qui est moins doué et particuliérement aux enfants idiots et arriérés.

Mais à cóté des avantages, cette institution comportent des inconvé- nients parfois trés sérieux. C'est ainsi qu'un bon nombre de familles n'apportent pas à l'entretien de leur aliéné tous les soins désirables : cer- taines sont trop pauvres et l'assistance accordée à l'aliéné sert bien plus à combler le déficit des finances du ménage qu'à pourvoir à l'entretien de l'aliéné. D'autres entretiennent bien l'aliéné, mais n'exercent guére la surveillance que celui ci réclame.

Que résulte-t.il de ces considérations ? C'est que le chapitre V de la loi sur le régime des aliénés est incomplet.

La tutelle du juge de paix est certainement une garantie pour la sauve- garde de la liberté individuelle; la visite trimestrielle du médecin, quand elle existe, est utile au point de vue des constatations médicales, mais il semble que ces mesures sont insuffisantes et que l'intervention d'un médecin alieniste et de la commune rendraient ici de grands services. L'aliéniste aurait pour mission de confirmer la séquestration (comme à l'asile) et de diriger l'hygiene physique et morale du malade en con- naissance de causes ; il pourrait faire un triage sérieux des aliénés aptes à jouir de la vie de famille et rejeter les demandes abusives de séques- tration.

La commune, de son cóté, ne devrait pas intervenir seulement pour provoquer la séquestration à domicile des aliénés indigents, mais égale- ment et d’une façon permanente. pour exercer un contrôle sur la façon dont la surveillance est exercée sur eux et, notamment, pour vérifier si on ne les laisse pas divaguer sur les chemins comme c'est trop souvent le cas.

Du devoir de signaler les aliénés non soignés dans les asiles par le Prof. Dr. A. PICK (de Praguc)

I. Pour que la loi puisse protéger tous les aliénés, il est indispensable qu'on soit également obligé de signaler les aliénés traités en dehors des asiles.

2. Puisqu'il n'est pas possible de donner une définition précise de l'affection mentale, le devoir de signaler le malade repose sur la nou- velle situation, juridiquement définissable. créée par une pareille mala- die : la diminution de la liberté personnelle, la limitation de la capacité civile, l'insécurité personnelle et l'existence du traitement.

COMPTE RENDU 375

3. Les formules de ce devoir de signaler les malades doivent être tel- les qu'elles ne se buttent pas trop aux préjugés du public.

4. En ce qui concerne les aliénés traités dans leur propre famille, chez leurs ascendants, descendants, frères et sœurs, oncle, tante ou tuteur légal, la déclaration doit être faite quand une séquestration d’un tri- mestre a été nécessaire. Cette déclaration sera confidentielle. Une exception concernant la date de la déclaration doit exister dans les cas les malades sont entretenus par les deniers publics; alors la déclara- tion immédiate doit être exigée.

5. Le devoir de déclaration incombe à celui qui soigne le malade chez lui, l'exiger des médecins ne me parait pas pratique.

6. Quand on loge un aliéné dans une maison étrangère, la déclaration immédiate doit être faite par l'hôte.

7. Les médecins conservent le droit de faire une déclaration confiden- tielle pour tous les cas précédents et ceux qui suivent.

8. En ce qui concerne les asiles non réputés d’aliénés et les malades sont soignés, on a les catégories suivantes :

a) Les maisons de santé, les établissements hydrothérapiques et autres. Le devoir de déclaration pour les malades qui y sont traités commence au moment leur liberté personnelle, leur capacité civile parait empéchée. La déclaration doit être faite par le médecin de l’éta- blissement.

5) Dans les hôpitaux qui ne reçoivent les aliénés qu'en passant, la déclaration doit être faite quand le séjour dépasse quinze jours.

Les cliniques psychiâtriques annexées à ces institutions publiques ont droit à une disposition spéciale, eu égard à leur but spécial; cette dispo- sition se rapprochera de celle prise à l'égard des malades soignés dans leur propre famille.

c) Les établissements pour idiots doivent étre placés, pour la déclara- tion, au méme rang que les asiles d'aliénés;

d) Les établissements pour épileptiques sont placés parmi les établis- sements de la rubrique a; ainsi que les hospices, couvents et autres établissements qui reçoivent des aliénés. Dans tous les asiles de c et d, la déclaration doit être faite par le médecin, ou le directeur de l’établis- sement

Les pénalités seront accentuées pour les personnes compétentes (mé- decins), mais elles seront appliquées par voie administrative et non par procédure pénale.

» % *

Il restait à donner une sanction à ces discussions et à ces rapports. C'est le texte du Professeur Tamburiui qui a été adopté en tout premier lieu par acclamation :

376 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Le congrès émet le vceu que l'assistance familiale sous toutes ses formes soit appliquée dans la plus large mesure.

On a précisé d'une maniére plus spéciale en adoptant à une grande majorité le vœu de M. Alt, ainsi formulé :

I. Pour une partie assez considérable d'aliénés, qui ont besoin d'as- sistance et qui peuvent étre soumis à ce traitement, la colonie familiale représente la forme d'assistance la plus naturelle, la plus libre, la meil- leure et la moins coüteuse, et constitue, en outre, pour un grand nom- bre de malades un facteur thérapeutique important.

2. L'assistance familiale peut étre ajoutée à toute institution, qui est dirigée par un psychiatre et installée suivant les exigences du temps, spécialementlorsque lesinfirmiers jouissent pour eux-mémes et pour leur famille de conditions favorab'es d'habitation, ce qui est du reste indis- pensable pour obtenir de bons infirmiers.

3. Mais dans la plupart des grands instituts, l'assistance familiale ne pourra prendre qu'une extension restreinte. La généralisation de cette assistance ne peut être obtenue que par la fondation, dans des contrées convenables, d'établissements centraux reproduisant en petit les insti- tutions spéciales connues et servant de points d'origine pour la fonda- tion de colonies familiales.

4. Les colonies familiales n'annihilent pas nécessairement les établis- sements existants, ne constituent nullement le séjour le plus convenable pour toutes les espéces d'aliénés, mais ils peuvent arréter d'une fagon

pratique, active et peu coüteuse l'accroissement incessant de ces établis- sements.

Nous mentionnerons eucore les voeux suivants :

Voeux concernant l'organisation intérieure

r. Il importe quele travail des aliénés se fasse sous la direction du corps médical de l'asile qui en prescrira la nature «t la durée.

2. Ilimporte que le personnel attaché aux soins à donner aux aliénés reçoive une instruction professionnelle théorique et pratique. Cette instruction doit être confiée au corps médical de l'asile, à qui incombe le devoir d'en contrôler les résultats.

3. La direction d'un asile d’aliénés doit appartenir au médecin aussi bien pour le service médical que pour le service administratif.

4. Conformément au vœu de Guislain, tout asile d’aliénés devrait

posséder un médecin par 100 malades. Tout médecin d'asile, dans l'inté-

COMPTE RENDU 377

rêt des malades qui lui sont confiés, devrait être logé dans son établis- sement. La clientèle privée devrait lui être interdite.

s. Il est désirable que tout asile d'aliénés ait les laboratoires néces- saires à l'étude de tout ce qui peut contribuer au diagnostic des maladies et au progres de la médecine mentale.

Voeu concernant les aliénés étrangers

Des tentatives seront faites par les Gouvernements vis-à-vis de toutes les puissances, dans le but d'étendre la réciprocité des secours à donner aux malades, aliénés indigents, enfants abandonnés ou orphe- lins. |

Toutes les puissances s’engageront, en vertu de la convention qui interviendra, à secourir sur leur territoire tous ceux dont l’indigence ou l'abandon sera reconnu.

La reconnaissance du domicile de secours et le remboursement des dépenses des assistés feront l'objet de décrets, qui réglementeront les droits de chaque puissance.

Voeu concernant l'admission et le traitement des psychoses

au début

« Dans toute commune un ou plusieurs médecins doivent être dési- gnés pour s'occuper spécialement des aliénés indigents signalés à l'auto- rité publique, soignés dans leur famille, à l'hôpital ou cn patronage familial.

Ce médecin devra s'entendre également avec ses confrères des asiles et des colonies pour rendre régulièrement visite aux aliénés qui sont, en tout ou en partie, à charge à sa commune.

Dans les communes ou les villes de cinquante mille habitants et plus, ce service doit avoir à sa disposition exclusive au moins un pavillon d'hôpital, avec un nombre de lits diftérent suivant la localité et en rap- port avec le nombre moyen annuel des malades (et non des co//oca- lions).

Il pourra y avoir des services intercommunaux parallèlement orga- nisés aux hôpitaux intercommunaux. »

Nous donnerons ultérieurement les résumés des rapports arrivés au dernier momenti

Nous ne pouvons que mentionner les excursions faites aux asiles et aux colonies. Il serait trop long aussi de donner des détails plus circonstanciés

378 JOURNAL DE NEUROLOGIE

par rapport aux discussions. Ce n’est pas en quelques lignes qu’on résume le volume des Actes du Congrès, qui comportera près de cinq cents pages.

Dès aujourd’hui il est certain que ce congrès a profondément modifié les idées sur l'assistance des aliénés. Il est acquis que le traitement familial prend une extension considérable, que partout de nouvelles colonies sont en voie d'organisation.

Soustraire le malade au milieu uéfaste son affection a pris naissance, n'est que le premier terme d'un traitement ratiounel. Lui donner un milieu nouveau, le plus normal et le plus oral possible, c'est-à-dire un milieu familial, telle est, dans bien des cas, la condition essentielle d’une thérapeu- tique intégrale,

A. HEILPORN.

^at ^ AN

$ US INE NA t «JN Ni

۳ gn? I OK M

۹

T" مگ‎

aer

ER:

VARIA Les congrès médicaux

À propos des Congrès, on lit dans le Progrès Médical, sous la signature de son rédac- teur en chef, D' Bourneville, les lignes suivantes :

« Le nombre parait s'en accro'tre tous les ans. Au point de vue des relations entre les médecins d'un méme pays ou les médecins de (tous les pays, on ne peut que s'en féliciter. Toutefois, à notre avis, 11 conviendrait de ne pas trop les spécialiser : l'intéret s'égrène et l'importance scientifique diminue.

D'autre part, il devient impossible à la presse médicale de pouvoir faire exactement et promptement un compte reudu, même analiteque, de tous ces Congrès Sa täche est loin d'être facilitée toujours par les organisateurs des Congrès. tous les journaux de médecine, et en particulier ceux qui font. une large publicité à ces réunions scienti- fiques. devraient recevoir en temps opportun tous les rapports, tous les documents im- primés, et enfin deux exemplaires des comptes rendus. Nous appelons, sur ce point, l'attention de l'Association de la Presse médicale. »

Ces réflexions de M. Bourneville sont des plus justes. Souvent les organisateurs des Congrès semblent ne pas se douter que « la press, ainsi que l'a si bien dit le professeur Pitres, est l'âme des Congrès ». En échange de leur temps et de leurs peines, les jour- nalistes ne sont méme pas toujours sürs de trouver l'accueil auquel ils ont droit. Cepen-

dant, le jour les journaux de médecine ignoreront les Congrès médicaux, que devien- dront ceux-ci ? (Bulletin Médical.)

Les aliénés convalescents

Le Conseil supérieur de l'Assistauce publique, saisi de 11 question des alienes conva- lescents, «pres discussion, a adopte une proposition de M. André Lefèvre. Cette propo- sition porte qu'en vue de faciliter le retour des aliénés guéris à la vie libre, les sorties d'essai doivent étre multipliées et que des quartiers de convalescents doivent étre éta- blis dans les asiles. Lies malades bénéficiant des sorties d'essai seront soumis à la sur- veillance des autorités municipales et ades visites de medecins inspecteurs désignés par l'administration. Avis des sorties sera donné au Parquet. La sortie d'essai sera pronon- cée parle préfet sur avis du médecin traitant et du medecin inspecteur.

La proposition porte, en outre, que l’on donnera à l'aliéné convalescent, pendant la période qui séparera la sortie provisoire de la sortie définitive, une condition juridique analogue à celle du mineur émancipé. (Presse médicale.)

Emploi de l'hermophényl dans le traitement de la syphilis

On a beaucoup parlé depuis quelque temps de cette substance, qui, chimiquement, est constituée par le mercure pliénol disulfonate de sodium et qui, au point de vue chi- nue toxique et physiologique, diffère sensiblement du mercure. M. Hallopeau a pu en faire une étude trés complete dans son service.

Ce corps se presente sous l'aspect d'une poudre blanche; il est trés soluble daus l'eau el contient 40 p. 100 de mercure.

En thérapeutique, le point important est d'atteindre la dose nécessaire pour agir efti- cacement.

M Hallopeau a donné le médicament, tantót par la voie buccale en solution au mil- lieme å la dose de quatre cuillerées à soupe dans les vingt-quatre heures, représentant environ centigrammes d'hermophényl et, par consequent, 24 milligrammes de mer- cure, tantot en injections iutra-fessières à la dose de 4 centigrammes, c'est-à-dire 16 milligrammes de mercure dissous dans 2 grammes seulement d'eau distillée; il a prescrit en même temps l'application, sur les syphilis ulcérées, de tampons d'oua:e ou de compresses de gaze imprégnés de la solution d'hermophenyl au cinquantième ou au 0 +7۰

Les vingt malades traités de la sorte ont tous été rapidement guéris ou très améliorés.

Malgré l'augmentation de la dose et du degré de concentration, les douleurs provo- quées par les injections intra-musculaires ont été minimes, car aucun malade ne s'en est plaint.

La dose peut être beaucoup plus élevée et M. Mournand a pu faire ingérer quotidier- nement jusqu'à 0,30 centigrammes de ce médicament s uis provoquer d'accidents.

Les avantages que présente son emploi sont: Ja possibilité de l'injecter à doses relativement élevees daus les muscles sans provoquer de vives douleurs ni d'inflamma- tion locale, contrairement à ce qui est la règle pour les autres préparations solubles de mercure; 2" de pouvoir étre administré par la voie buccale sans amener de troubles digestifs: 3” de pouvoir être appliqué localement en solutions fortes sans donner lieu à de la douleur ni à de l'irritation; pour les personnes qui portent de- dents aurifiées, ou des ràteliers en or, le fait que ce médicament n'est pas susceptible de s'amalgamer mérite d'étre pris en considération.

L'ensemble de ces avantages parait assez marqué pour mériter à l'hermophényl d'être classé parmi les préparations auxquelles on peut avoir de préference recours dans le traitement de la syphilis, sans que cependant il y ait lieu de croire qu'il soit destiné à supplanter les autres modes d'administration du mercure, tels que les frictions ou les injections de calomel, toujours indiqués dans certains cas.

(Journ. de méd. el de chir. prat.)

C^ "di ۱ ۱ ۱1 ۰ d ۹ T ۱ s i ۱ ۲ via? à 4 RI ۱ LI) ri 6 * Hu ۱ ۰1 j T ۱۱١| [AS ۱

۱ Ri VARIA, ` pee

ues Sine, E EN

d

hd e E EI L n Ld [4 ge * " ٦ Li 7 » Li s Li a - CE »

een =

xp aM x

٠> تےی,'‎ » $ TM

P

IT e P ~ ~ CN ` €. 0 v سم‎ "e ۶ v ۰ K ae 72 - E > > ۱ D b ۹ # å ; i * e * +” D vr, , t NW ~ d , «^? > > Fr + 8 ia FA ٠ * ۳ 6 ۸ ` à e " ۱ s ۰ I Ta v. ' a ۰ 1 1 d + ^ y ۱ vtr ۱ 1 ui a. S

۳ EN ا و‎ E | SKI -— 0۸۹0007 Wéih, Alle Sp ا کا‎ ۱ x > Ge وی من وف‎ LV ۱ ا ار‎ at INDEX E ANNONA RE EE a Lee PA ا یا‎ A 0 ur Li ٠ sby NM Y iS a En E eet 2 e N ^ due Cas i A D AL Na PTS e CERRO MU inii que ue Fine Huey Re CR ا راز‎ OS جا و یک و‎ MA | Gantrexeville: And: lu: (dite. NE Bravas » و‎ e | s S Ksa Puugsex-Carabasa. 00 00]. ris SEU تام زو اهر‎ de, 00 Mure. GE As E 2 d TENDRA MEET Vo جر‎ SE oi einer 5 us cd ab. mies de Marisa KL ospliatine E alières, SE ‚Ouätipiasmes RSS 6d rosine. Pri. Jr: el vo Digituine crist zur de Vals, p. B. 0 PO AGE Io or, de Fellows, uE | E RN EN) Fame cts E MeSH. 2 11891611 Deaterge, Er khia Pug SN Ns ا کی‎ Facio قایس‎ dn X Hs ARE FIGURES Pp ا‎ TOI e 20ھ‎ 001 pt. بک‎ eler AN Hu S Font AEN: کی‎ بل و‎ Mia Mariani 7 ا ا‎ ata E aime Renaus,. P + ۱ e alo yarn LE: ا‎ وا ول‎ Tairate PIENINE Jf enm E de ا ا‎ M dc Doss, Age eius xis decidi ny, ies: T Ton Pangaduins, Hi کی و ی‎ ۳۱ de tihi Pugna RE E x Fastikun 19101۰ win dr TE seas) di ax EA lr 16 To Pariri ho i | Papenles de Gifs کو تا‎ Vigier, wb. 2 0 Le Paini SG Sc CH Maison de Santo diore pride 7 f Re iet ade ated Hi alye 07 dg-. p ی(‎ 2 Beta) Uti Aspirine,, pp dlusg, Eu! LN Re opt iie Pro seen 4; ارو ها ریبد‎ ee Epigarum. TUREAUD, ا‎ ee ES پر‎ breöioh Altach Tuioual Bagger, sds “x ole: or ا‎ nU; وس ما کوک و و رنه لھا‎ GD oi وی‎ R او یا یی یں | وت‎ ۹ Adis dat. vin gar AE dH rin و‎ EY ۷ Sa

TRAVAIL ORIGINAL

Le mecanisme du tonus et des reflexes dans l'état actuel de la science

yar J. CROCQ

(Communication au XII’ Congres des Aliénistes et Neurologistes de Fra-ce et des pays de langue française, Grenoble 1902)

L'année dernière, à pareille époque, je vous développais, d'une façon détaillée, le mécanisme du tonus musculaire, des réflexes et de la con- tracture.

Après vous avoir démontré qu'aucune des théories, édifićes dans le but d établir ce mécanisme, ne résistait à un examen rigoureux des faits, je vous soumettais les idées qui m'avaient été suggérées par des recherches expérimentales et anatomo-cliniques patientes.

Je désire, aujourd'hui, revenir sur cette question et voir si les faits qui ont été signalés depuis un an sont de nature à infirmer mes idées. Je ne compte pas entreprendre à nouveau la discusion de la pathogénie des contractures qui me parait devoir étre l'objet de recherches nouvelles; je veux seulement vous parler des réflexes et du tonus musculaire dont l'étude se rattache si intimement à celle des réflexes.

Vous vous rappelez, Messieurs, que, pour arriver à éclaircir la ques- tion du tonus, je me suis basé sur les faits suivants (1) :

a) La section des racines postérieures donne lieu à l'abolition du tonus musculaire.

b) La section de la moelle, à la région cervicale, chez la grenouille, ne diminue pas le tonus musculaire.

c) La section ou la ligature de la moelle cervicale ou dorsale supérieure, chez le chien el chez le lapin, diminue le tonus des muscles volontaires et exagère le tonus des sphincters.

d) La section ou la ligature de la moelle cervicale ou dorsale supérieure, chez le singe, diminue considérablement le tonus des muscles volontaires et exagère le tonus des sphincters.

e) Chez l'homme, les lésions transversales complètes de la moelle à la région cervicale ou dorsale supérieure, provoquent l'abolition permanente et complète du tonus des muscles volontaires et l'exagération de la tonicité sphinctérienne. |

f) Les lésions destructives des lobes cérébraux donnent des résultats diffé- rents suivant lcs animaux sur lesquels on opère.

Aprés avoir longuement développe ces points, j'ai conclu:

(1) CRocQ. Physiologie et pathologie du tonus musculaire, des réflexes et de la con- tracture. (Comptes rendus du XI° Congrès des Aliénistes et Neurologistes de France, elc., 1901, p. 229. Egalement in Journal! de Neurologte, 1901, n^ 16 et 17, p. 533.)

330 JoUlNAL Dl NEUROLOGIE

L'examen attentif des faits expérimentaux et anatomo-cliniques prouve que les voies de la tonicité musculaire différent en ce qui concerne les mus- cles volontaires et les muscles sphinctériens.

a) Chez la grenouille, 1a tonicité musculaire, tant volontaire que sphincté- rienne, est réduite à l'action réflexe élémentaire; elle est purement médul- laire et se produit par les voies courtes (fig. A).

2 nn ~ Wi KA In t v N جج‎ SO ۱ 7 /

t4 ۱

Fig. A Tonus musculaire chez la grenouille

t. v. tonus des muscles volontaires. /. s. tonus sphinctéricn.

A mesure que l'on s'élève dans l'échelle animale, on voit le tonus des muscles volontaires parcourir des voies de plus en plus longues.

b) Chez le laprn et chez le chien, le tonus des muscles volontaires se main- tient presque exclusivement par les voies longues; le centre principal de ce tonus peut être localisé dans le mésocéphale (fig. B). On peut admettre cependant que la moelle et l'écorce cérébrale interviennent également dans une certaine mesure.

Il semble donc que, d'un côté, les voies courtes ont perdu, chez ces ani- maux, une partie notable des attributions qu'elles possèdent chez les ver: tébrés inférieurs et que, d'autre part, l'écorce cérébrale commence déjà à intervenir.

Le tonus sphinctérien se produit, au contraire, exclusivement par les voies

courtes, mais le fonctionnement normal des sphincters est déjà régularisé par une influence corticale.

c) Chez le singe, l'importance des voies longues, dans la production du

tonus des muscles volontaires, est plus grande encore; les centres de ce tonus

se trouvent à la fois dans les ganglions basilaires et dans l'écorce cérébrale (fig. C).

TRAVAIL ORIGINAL 33]

Le röle des voies courtes est peu important, tandis que celui de l'écorce cérébrable est très notable.

0 Yen,

cr ۹

V. ۱ LW

e

PR

Fig. B

Tonus musculaire chez le chien

t. v. tonus des muscles volontaires. /. s. tonus sphinctérien.. | c. t v.centre basilaire du tonus des muscles volontaires. -- s. centre sphinctérien cortical.

Le tonus sphinctérien se produit, comme chez le chien, exclusivement par les voies courtes, et le fonctionnement normal des sphiucters est régularisé

par l'influence corticale.

382 JOURNAL DE NEUROLOGIE

d) Chez l'homme, les voies longues sont seules chargées de transmettre les courants toniques des muscles volontaires; le centre de ce tonus est exclusi-

vement cortical (fig. D).

Fig. C

Tonus musculaire chez le singe

{. r. tonus des muscles volontaires. 4. s. tonus sphircterien, c t.v centres basi- laire et cortical du tonus des muscles volontaires. r tonus des muscles volon- taires. s. centre spi incteriea cortical.

Le rôle des voies courtes semble nul. Le tonus sphictèrien se produit. comme chez tous les animaux, exclusive-

TRAVAIL ORIGINAL 383

ment par les voies courtes, mais l'influence corticale sur le fonctionnement normal des sphincters est beaucoup plus marquée. €) Chez le nouveau-né, le faisceau pyramidal, bien qu'existant analsmigue-

ےر ہچ الم و .سس eI cs 8 21 3 Es la‏ مر ری ا یس ¥ کے $é‏ ین سڈ وی

Fig. D Tonus musculaire chez l'homme

rn tonus des muscles volontaires. /. ٩. ۱0۳۱۱15 ۰ c.t.v. centre co: tical du tonusdes musc'es volontaires. s. centre sphinctérien cortical.

ment, est encore absent fonctionnellement; le tonus musculaire se produit, comme chez les vertébrés inférieurs, par les voies courtes.

331 JOURNAL DE NEUROLOGIE

A mesure que les fibres prramidales acquièrent leurs fonctions, elles s'en- tourent de mvéline et les centres moteurs médullaires qui, jusque là, obéis- saient aux excitations directes des racines postérieures, shabituent de plus en plus à fonctionner sous l'influence des excitations cérébrales; les voles courtes qui, primitivement, constituaient le trajet normal des influx nerveux, perdent progressivement l'habitude de transmettre les incitations, tandis que les voies longues se développent paraliclement et deviennent les voies normales des courants tonigenes.

Puis j'ai étudié l'état du tonus mucculaire dans les differentes affec- tions du système nerveux et [2 vous ai montré que ma théorie n'était en contradiction avec aucun des faits observés.

Comme, dans ce travail, il sera plusieurs fois question d'un certain nombre de ces maladies, je me permettrai de vous rappeler mes conclu- sions concernant lhémip'ézie, le tabes spasmodique. les scléroses combinées. la compression médullaire et les états paréto-spasmodiques infantiles (1).

e) Dans lV4émip/egie organique. les muscles sont atoniques ou hvpotoniques lorsque la lésion détruit complètement ou partiellement le fonctionnement des neurones moteurs corticaux. Il sont, au contraire, hvpertoniques soit lorsque leurs antagonistes sont affaiblis ou abolis (loi à), soit lorsque les neurones moteurs corticaux ou leurs prolongements cylindraxiles sont irrités (loi €).

Les sphincters, relachés au début par le choc nerveux, récupèrent leurs fonctions par la suite, grâce en partie à leur automatisme spécial, en partie, sans doute aussi, à l'influence de l'hémisphère sain.

4) Dans le labes dorsal spasmodigue, Yhypertonie des muscles volontaires est due à l'irritation constante des fibres pyramidales qui provoque l'érétisme des cellules corticales (loi e). Cette maladie est, en effet, constituée, non pas par la dégénérescence primitive des fibres pyramidales, mais bien par la gène apportée dans leur fonctionnement par les lésions interstitielles ou de voisi- nage qui les compriment.

Les sphincters sont peu atteints parce que leurs centres, plus indépendants que ceux des muscles volontaires, se contentent d'influences corticales réduites et sont également moins sensibles aux excitations cérébrales.

J) Dans les sc/éroses combinces, le tonus des muscles volontaires est tantôt affaibli (type tabétique), tantôt exagéré (type spasmodique), suivant que les lésions frappent les protoneurones centripetes ou irritent les fibres pyrami- dales. La tonicité varie suivant le rapport existant entre ces deux altérations : l'hypertonicité peut faire place à l'hypotonicité lorsque les protoneurones cen- tripetes s’alterent trop profondément. Les troubles sphinctériens sont peu importants pour les raisons données précédemment.

k) La compression médullatrre donne lieu à des manifestations de deux ordres : les premières, dues, soit à l'altération parenchymateuse, soit à l'irri-

(1) CROCQ. Loc. cit. Compfles rendus, p 232. Journal, p. 539.

TRAVAIL ORIGINAL 85

tation des neurones moteurs périphériques, sont constituées, soit par l'hypo- tonie ou l’atonie (lois c et d), soit par l'hypertonie (loi e).

Les secondes sont la conséquence de l'irritation des faisceaux pyramidaux ; elles aménent l'hypertonie des parties sous-Jacentes à la lésion (loi e). Cette hypertonie varie avec le degré de la compression; elle peut faire place à l'hypotonie, si les fonctions conductrices de la moelle s'altérent trop profon- dément, et à l'atonie si la lésion est transversale et complète.

Les sphincters sont également très différemment atteints : si la compres- sion siège au niveau des centres médullaires ano-vésicaux, on observe, soit l'hypertonie, soit l'hypotonie ou l'atonie, suivant que ces centres sont irrités (loi e), détruits partiellement (loi 7) ou complètement (loi c).

Lorsque la compression siège plus haut, le fonctionnement des sphinc:ers est peu atteint tant que les influx cérébraux, mème affaiblis, peuvent parve- nir jusqu'à leurs centres; lorsque ces influx sont supprimés, par lésion transversale compléte de la moelle, il y a hypertonie des sphincters.

m) Les états pareto-spasmodiques infantiles dépendent anatomiquenrent de deux lésions distinctes : uu retard dans le développement du faisceau pyra- midal ou bien une lésion cérébrale bilatérale.

Cliniquement, ces deux variétés de la maladie sont difficiles à différencier.

L'hypertonie qui caractérise ces états est due, dans le cas d'un retard dans le développement du faisceau pyramidal, à ce que les impressions tonigènes, au lieu de se frayer un chemin à travers les voies longues et d'abandonner progressivement les voies courtes, continuent à parcourir ces dernières qui, au lieu de s'atrophier fonctionnellement, se fortifient de plus en plus et devien- nent d'une perméabilité extrême.

Lorsque la maladie est due à une lésion cérébrale bilatérale, on peut admettre que l'interruption des voies longues provoque la rééducation des voies courtes, non encore fonctionnellement atrophiées; cette rééducation, facile du reste, amène bientôt une perméabilité aussi grande qu'elle l'était à la naissance; puis, les impressions touigènes continuant à affluer dans ces voies courtes, leur perméabilité s’exagère encore et donne lieu à l'hyper- tonie.

Ce mécanisme répond aux cas dans lesquels la lésion cérébrale bilatérale à complètement détruit les zônes motrices; si cette destruction n’est que partielle, les neurones non atteints pourront être irrités par la lésion cir- convoisine et ajouter, à l'hypertonicité médullaire, une hypertonicité céré- brale irritative.

De même, en ce qui concerne les réflexes, j'établissais les faits suivants (1) :

a) La section des racines postérieures provoque l'abolition de tous les réflexes. | |

b) La section de la moelle à la région cervicale, chez la grenouille, donne lieu à l'exagération des réflexes sous-jacents à la lésion. |

c) La section ou la ligature de la moelle cervicale ou dorsale supérieure,

(1) CROCQ. Loc. cit. Comptes rendus, p. 234. Journal, p. 538.

386 JOURNAL DE NEUROLOGIE

chez le lapin ct chez le chien, donne lieu à l'exagération immédiate des réflexes tendineux et à l'abolition temporaire des réflexes cutanés.

d) La section ou la ligature de la moelle cervicale ou dorsale supérieure, chez le singe, donne lieu à une abolition plus ou moins prolongée des réflexes tendineux et cutanés.

e) Chez l'homme, la section complète de la moelle, à la région cervicale ou dorsale supérieure, provoque l'abolition permanente et complète des réflexes tendineux et cutanés.

J) Les lésions destructives de l'écorce cérébrale donnent lieu, chez tous les animaux, à une exagération plus ou moins marquée des réflexes ten- dineux et, chez quelques uns d'entre eux, à un affaiblissement des réflexes cutanés. |

&) Les lésions destructives étendues du cervelet, entrainent l'exagération des réflexes tendineux.

Après avoir développé ces points en détail, je concluais :

L'examen des faits expérimentaux et anatomo-cliniques prouve que les voies des réflexes diffèrent, suivant la complexité de l'organisme chez lequel on les examine et suivant la nature de l'excitation. |

` ^ Fg. E 4 4 Refiexes cutanès et tendineux chez la grenouille LI ۰ ٠ e.r RSS Laur r o pees رمع نات‎ اث ١ا1 ک1 مع ھ.:‎ Cent N RUN BURN, a . ۰ <= - i OE. Se = rw e. CEILS a a TEN N'ES TÉU US À id to redere cienci © ` - - . ` i ۰ 3 ` sm "E uf BE Ge wc DAT ES VICE LEE ER REES wxi DUTA a GE a -

TRAVAIL ORIGINAL 337

À mesure que l’on s'élève dans l'échelle animale, ou voit les reflex:s par- courir des voies de plus en plus longues,

Fig. F

Réflexes tendineux et cutanés chez le chien

1. . réflexes tendineux. r. c. réflexes cutanés. c. r. c. centre mésencéphalique des rcflexes cutanés. i. a. inhibition cérébrale. ż. 8. inhibition cérébelleuse.

b) Chez le lapin et chez le chien, les réflexes tendineux se font encore par es voies courtes; leurs centres sont médullaires et soumis à l’action inhibi- trice du cerveaux et du cervelet.

383 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Les réflexes cutanés parcourent normalement les voies longues; leur centre principal est mésocéphalique ; l'écorce cérébrale semble cependant déjà inter- venir, pour une certaine part, dans leur production (fig. F).

ہل ہہ ;——

al

a: D 7 ^c Nw ہے‎ è : ۱ AU | æ | | 4 š Lo 3 ` : Zn ` E E ^. y TRE | | Y ۱ ! ۱ » b. | | N Fig. G Réflexes tendineux et cutanés chez le singe f. t. reflexes tendineux. zr. c. reflexes cutares. e. r. c 1. cent’estasilaıes des reflexes cutanés et tendineux (dans l'écorce se trouve indique le secord ceatre des reflexes cutanés). z. 2. 101۱۳0۱۱۱08 66:0۵ 7. ó. 1nnibiuion cercb.llcu:e.

Certains réflexes défensifs se produisent par les voies courtes. (Piqùre profonde).

TRAVAIL ORIGINAL 389

Comme pour le tonus musculaire, il semble que, d'une part, les voies courtes ont perdu, chez ces animaux, une partie des attributions qu'elles pos-

nc

At

Fig. H

Réflexes tendineux et cutanés chez l'homme

er L. réflexes tendineux. 7. c. réflexes cutanés. c. *. t. centre basilaire des réflexes tendineux. c. f. c. centre cortical des réflexes cutanés. £. a. inhibition cre- brale. à. 4. inhibition cirébelleuse.

sèdent chez les vertébrés inférieurs et que, d'autre part, l'écorce cérébrale commence déjà à intervenir.

39) JOURNAL DE NEUROLOGIE

c) Chez le singe, l'importance des voies longues, dans la production des réflexes tendineux et cutanés est plus grande encore; les centres des réflexes tendineux sont basilaires et soumis à l'action inhibitrice du cerveau et du cervelet ; ceux des réflexes cutanés sont à la fois basilaires et corticaux (fig. G).

Certains réflexes défensifs continuent cependant à parcourir les voies courtes. (Piqüre profonde, eau chaude ou froide, manipulations prolongées.)

d) Chez Phomme, les Voies longues sont seules chargées de produire les réflexes tendineux et cutanés: les centres des réflexes tendineux sont basi- laires et soumis à l'action inhibitrice du cerveau et du cervelet ; ceux des réflexes cutanés sont corticaux (fig. H).

c) Chez le nouveau-né, les réflexes tendineux et cutanés sont forts ; 1l se pro- duisent, comme chez les vertébrés inférieurs, par les voies courtes.

A mesure que les fibres pyramidales se développent fonc{ionnellement, les centres médullaires qui, jusque là, obéissaient aux excitations directes des racines postérieures, s'habituent de plus en plus à fonctionner sous l'in- fluence des excitations cérébrales: les voies courtes qui primitivement constituaient le trajet normal des influx nerveux, perdent progressivement l'habitude de transmettre les incitations, tandis que les voies longues se développent parallèlement et deviennent les voies normales des courants réflexes.

Les voies courtes ne servent plus alors qu'à la transmission des réflexes défensifs très rapides, produits par des excitations violentes.

De même que pour le tonus musculaire, j'ai ensuite décrit l'état des réflexes dans les différentes maladies du système nerveux et je vous ai montré comment ma théorie expliquait les modifications pathologiques des réflexes observées par les c'iniciens.

Voici coment je concluais, en ce qui concerne l'hémiplégie, le tabes spasmodique, les scléroses combinées, la compression médullaire et les états paréto spasmodiques infantiles (1).

c) Dans l'Aémifiégie organique, il y a, d'une manière générale, exagération des réflexes tendineux et affaiblissement des réflexes cutanés dans le côté paralysé; on observe également très souvent, dans ce côté, le réflexe de Babiuski et le clonisme tendineux.

Ces phénomènes trouvent leur explication dans la lésion cérébrale qui, en annihilant plus ou moins l'écorce, diminue proportionnellement les réflexes cutanés, dont les centres sont corticaux, et exagère les réflexes ten- dineux par diminution plus ou moins marquée de l'action inhibitrice corti- cale.

Du côté sain, on peut observer aussi l'exagération des réflexes tendineux, le clonisme, le Babinski et l'affaiblissement des réflexes cutanés; ces faits démontrent que les deux hémispheres fonctionnent synergiquement et qu'il existe des connexions directes entre l'hémisphère cérébrale et le côté corres- pondant du corps.

A) Dans le tabes dorsal spasmodryne, Vexagération des réflexes tendineux et (IC,

(1) CROCQ. Loc, cit, Comptes rendus, P. 239. Journal, p.543.

TRAVAIL ORIGINAL 391

l’affaiblissement des réflexes cutanés proviennent de la compression des faisceaux pyramidaux qui provoque l'érétisme des centres basilaires teudi- neux et l'épuisement plus ou moins accentué des centres corticaux cutanés.

J) Dans les sc/éroses combinées, les réflexes tendineux sont tantôt affaiblis (type tabétique), tantôt exagérés (type spasmodique), suivant que la lésion frappe les protoneurones centripètes ou irritent les fibres pyramidales. L'état des réflexes varie suivant le rapport existant entre ces deux altérations : l'exa- gération peut faire place à la diminution lorsque les protoneurones centri- pètes ou les fibres pyramidales s'altérent trop profondément.

Les réflexes cutanés présentent souvent un état inverse de celui des tendi- neux : ils sont tantót conservés (type tabétique), tantót affaiblis ou abolis (type spasmodique), pour les raisons indiquées précédemment. L'état des réflexes cutanés varie, du reste, comme celui des réflexes tendineux, suivant le rapport existant entre les deux lésions postérieure et latérale.

&) La compression. méedullarre donne lieu à des manifestations réflexes de deux ordres : les premières, dues, soit à l'altération parenchymateuse, soit à l'irritation des neurones moteurs périphériques, sont constituées, soit par une abolition ou une diminution des réflexes, soit par leur exagération.

Les secondes sont la conséquence de l'irritation des faisceaux pyramidaux qui amène, comme dans le tabes dorsal spasmodique, l'exagération des réflexes tendineux et la diminution ou l'abolition des réflexes cutanés.

Cet état des réflexes varie avec le degré de la compression; il peut faire place à une flaccidité plus ou moins complète, si les fonctions conductrices de la moelle s'altérent trop profondément ou si la lésion transversale devient complete.

m) Dans les éfais paréto-shpasmodiques infantiles, il y a exagération de la réflectivité tendineuse et conservation de la réflectivité cutanée.

Lorsqu'il s’agit d’un retard dans le développement du faisceau pyramidal, on peut admettre que les excitations réflexogènes, au lieu de se frayer un passage à travers les voies longues et d'abandonner progressivement les voies courtes, continuent à affluer dans ces dernières qui, au lieu de s'atro- phier tonctionnellement, se fortihent de plus en plus et deviennent d’une per- meabilite extrême.

Lorsque la maladie est due à une lésion cérébrale bilatérale, on peut admettre que l'interruption des voies longues provoque la rééducation des voies courtes, non encore fonctionnellement atrophiées; cette rééducation amène bientôt une perméabilité aussi grande qu’elle l'était à la naissance; puis, les impressions réflexogènes continuant à affluer dans les voies courtes, la perméabilité s'exagère encore et donne lieu à l'hyperréflectivité.

Ce mécauisme correspond aux cas dans lesquels la lésion cérébrale a com- plétement détruit les zónes motrices; si cette destruction est incomplète, les neurones non atteiuts pourront étre irrités par la lésion circonvoisine et ajouter, à l'hyperréflectivité médullaire, une hyperréflectivité cérébrale irri- tative.

¥ * *

Vous vous rappelez, Messieurs, que le développement de mon rap- port suscita une discussion des plus vive et des plus instructive au cours de laquelle les neurologistes les plus distingués prirent la parole.

392 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Ce fut d'abord M. le professeur Grasset qui, dans une dissertation très savante, chercha à nous prouver que l'appareil nerveux du tonus est formé de trois étages de centres, reliés entre eux et avec la péri- phérie par des voies centripètes et centrifuges.

Le premier élage (médullaire) dont les voies centripètes sont les nerfs sensitifs avec leur protoneurone périphérique dans le ganglion rachidien, les racincs postérieures et leur premier neurone de relais médullo bulbaire : dans les corn:s postérieures de la substance grise, la colonne de Clarke et p:us haut les noyaux de Goll et de Burdach.

De l'impression centripète va dans les cellules des cornes anté- rieures-de la substance grise médullo-bulbaire, centre de réflexion de ce premier étage.

Les voies centrituges sont les racines antérieures et les nerfs moteurs.

Le second étage (basilatre) dont les voies centripétes sont d'abord les cordons postérieurs, le faisceau cérébelleux ascendant direct, la VIII* paire (impressions labyrinthiques), la III* paire et la VI* pairo (impressions kinesthésiques occulo-motrices), etc.; ces diverses voies transmettent les impressions toniques aux centres qui sont : le cervelet, les noyaux du pont et le noyau rouge.

Les voies centrifuges de cet appareil basilaire sont : le faisceau pyra- midal et le faisceau de Monakow, rubro-spinal ou prépyramidal, qui sont tous deux aux centres inférieurs, les cellules antérieures de la moelle.

Le troisième élage (cortizal) dont les voies centripétes sont les fibres sensitives directes qui vont à l'écorce préro'andique et les fibres rubro- corticales. Les centres de cet étage sont prouvés par l’écorce prérolan- dique; les voies centrifuges sont constituées par les fibres pyramidales qui unissent l'écorce et les neurones moteurs périphériques.

Cette séduisante théorie qui, à première vue, semble concilier les opinions anciennes et modernes, constitue certes un progrès sérieux. Elle me parait néanmoins n'être que transitoire; elle aura le grand mérite de faire admettre l'influence corticale dans la production du tonus musculaire mais, une fois ce fait accepté, elle diminuera progres- sivement d’importance pour faire placc a une theorie plus neuve et plus en rapport avec les faits récents.

A. Mon éminent contradicteur se base, pour soutenir l'influence toni- gène de l'étage médullaire, sur cette proposition : « je crois qu'il v a des preuves cliniques de l'existence d'un centre médullaire du tonus chez l’homme » (2. N., p. 808). Ces preuves sont les suivantes :

Quand une paralysie flasque, par lésion cérébrale, devient, au bout d'un certain temps hypertonique, avec exagération des réflexes tendi-

(1) GRassET. L'appareil nerveux du tonus. (Coiuptes rendus du XI Congrès des Ale. nisles et Neurologistes de France, p. 454, 1901. Revue Neurologique, 1601, 16,30 août, p. 807. Journal de Neurologie, 1901, 19, P- 581.)

TRAVAIL ORIGINAL 393

neux, et plus tard contractures, on ne peut pas dire que le centre cor- tical a repris son action.

Cette objection avait été parfaitement prévue dans mon rapport. J'ai, en eftet, établi plusieurs propositions sur lesquelles se basent mes affirmations; j'ai dit que : La destruction complite des neurones moteurs ou de leurs prolongements cylindraxiles provoque l'atonie des muscles correspondants; 2’ l'altération péricellulaire ou péri-cylin- draxile des neurones moteurs ou de leurs prolongements cylindraxiles produit, lorsque le fonctionnement du neurone est géné, un érétisme fonctionnel de ce neurone qui doune lieu à une exagération du tonus musculaire (1).

« L'exagération du tonus des muscles, disais-je, et, par suite, leur contrac- ture pourra donc dépendre soit de l'inhibition du tonus des muscles antago- nistes, soit d'une altération péri-cellulaire ou péri-cylindraxyle des neurones moteurs centraux ou périphériques.

De ces deux mécanismes, le plus important nous parait être le second, le premier ne faisant le plus souvent que compléter le dernier.

La cause principale des contracture» est donc, à notre avis, constituée par les altérations péri-cellulaires ou péri-cylindraxyles des neurones moteurs centraux ou périphériques, altérations qui provoquent l'érétisme fonctionnel de ces neurones et, par suite, l'exagération de la tonicité musculaire.

Cet érétisme peut provenir soit de l'irritation des neurones moteurs corti- caux, soit de celle de leurs prolongements cylindraxiles qui constituent le faisceau pyramidal, soit de celle des neurones moteurs périphériques médul- laires, soit de celle de leurs prolongements cylindraxiles qui entrent dans la composition des nerfs périphériques.

L'irritation directe des neurones moteurs centraux se produit dans les lésions de l'écorce; expérimentalement, Munk a démontré son existence; cliniquement, elle se produit sous l'influence des lésions corticales brus jues ou lentes.

Dans les lésions brusques, le choc traumatique annihile momentanément tous les neurones; ceux qui n'ont pas été détruits reprennent insensiblement leurs fonctions qui, sous l'influence de l'irritation provoquée par les tissus voisins, s'exagèrent de plus eu plus jusqu’à provoquer la contracture.

Dans les lésions lentes de la corticalité, le choc traumatique n'existe pas, la contracture s'établit progressivement sous l'influence de l’irritation croissante des cellules nerveuses. »

Plus loin, j'ajoutais (2) :

« La destruction complète de toutes les cellules motrices ou de leurs prolon- gements cylindraxiles, donne lieu à une paralysie flasque, définitive, sans contracture; leur irritation et leur destruction incomplète provoquent la con-

(1) CROCQ. Loc. cit. Comptes rendus, p. 210. Journal de Neurologie, p. 514. (2) CROCQ. Loc. cit. Comptes rendus, p. 216. Journal de Neurologie, p. 52a.

391 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tracture dont le type, à peu près constant, dépend des causes multiples et complexes que nous avons énoncées : prédominance physiologique de cer- tains groupes musculaires, modification du tonus de certains muscles sous l'influence de l'atonie ou de l'hypertonie de leurs antagonistes, etc.

Pour expliquer les contractures de type inverse que l'on rencontre quel- quefois, on peut, vu leur rareté, invoquer une particularité individuelle qui n'est peut-étre qu'un fonctionnement irrégulier des différents groupes mus- culaires.

Ainsi que nous l'avons dit, les lésions brusques provoquent un choc trau- matique qui annihile momentanément le fonctionnement de tous les neu- rones : d'oü paralysie flasque et atonie. La contraciure n'apparait que lorsque ce choc a disparu et surtout lorsque la lésion est devenue irritative.

Les altérations lentes donnent lieu à une contracture progressive, parce que l'irritation se manifeste d'une manière progressive sur des neurones non trau- matisés. »

Les cas dans lesquels la lésion détruit complètement la zone motrice ou le faisceau pyramidal, au niveau de la capsule interne, sont rares; la plupart du temps, après une période de paralysie flasque complète avec atonie, apparait une période de réparation partielle qui coincide généra- lement avec le début de la contracture : peu à peu certains groupes musculaires, reprennent un certain degré de tonicité, on peut alors généralement y constater le retour de mouvements volontaires tres limi- tés, puis la tonicité augmente, s'exagére de plus en plus pour aboutir à la contracture qui paralyse plus moins complétement les mouvements restreints que le malade était capable d'exécuter.

En résumé, l'objection de M. Grasset repose sur l'hypothèse que l'hémiplégie corticale serait due à la destruction complète des neurones corticaux ou de leurs prolongements; cette hypothèse cst contraire aux faits tant anatomiques que cliniques qui nous enseiguent, au contraire, que la lésion est généralement très incomplète et que, les phénomènes congestifs, compressifs et traumatiques étant passés, un nombre très notable des neurones reprennent un fonctionnement spécial, qui n'est plus, peut être, le fonctionnement normal, mais plutôt un fonctionne- ment pathologique, exagéré, irritatif, provoqué par les altérations péri- cellulaires et péri-cylindraxiles.

En second lieu M. Grasset fait valoir « les troubles hypertoniques dans les lésions transverses de la moelle ».

« Il y a des faits, dit l'auteur, dans lesquels il y a interruption motrice entre l écorce cérébrale et certaines régions de la moelle; et dans ces régions de la moelle séparées des centres corticaux il y a l'hypertonie. »

Quand M. Grasset dit qu'il y a des troubles hypertoniques dans les lésions transverses de la moelle, je suis absolument de son avis : les paraplégies spasmodiques consécutives aux /ésions transverses de la moelle sont très fréquentes, je les ai signalées dans mon rapport et je les ai expliquées, comme j'ai expliqué les hémiplégies spasmodiques, en

TRAVAIL ORIGINAL 395

admettant que la lesion, sans interrompre completement les fonctions conductrices de la moelle, provoque une irritation des cylindraxes pyra- midaux non détruits et donne lieu à l'érétisme neuronique qui produit la spasmodicité.

Mais lorsque M. Grasset parle d'hypertonie dans des territoires inner- vés par la moelle séparée des centres corticaux, je ne puis le suivre; Jai longuement développé dans mon rapport, les raisons pour les- quelles, dans l'état actuel de la science, il mest pas permis d'affirmer qu'une section transversale complète de la moelle, chez l’homme, pouvait provoquer une paraplégie spasmodique.

J'aurai du reste l'ocassion de revenir sur ce fait en répondant aux objections que m'ont fait M M. Brissaud, Cestan et Lannois.

B. Pour prouver qu'il existe un centre basilaire du tonus, M. Gras- set fait valoir différents arguments; « la clinique démontre, dit-il (R. N. p. 809), que la lésion du faisceau pyramidal ne se révèle pas de la même manière quand elle porte sur la portion cérébrale et quand elle porte sur la portion spinale de ce faisceau. Ainsi, la lésion directement medullaire du faisceau pyramidal, s'accompagne d'hypertonie, d'exagé- ration des réflexes tendineux, de contracture (tabes dorsal spasmo- dique, sclérose latérale myotrophique, compression), tandis que la lésion cérébrale de ce même faisceau entraine une paralysie flasque (lésion de l'écorce ou du centre ovale) ۰

J'ai également prévu cette objection et j'y ai répondu en démontrant que la lésion du faisceau pyramidal donne iieu à des symptômes iden- tiques soit qu'elle porte sur la portion cérébrale, soit qu'elle porte sur la portion spinale. La symptomatologie varie, non pas avec la localisa- tion de cette lésion, mais plutôt avec sa nature : si elle détruit les cylindraxes, il y a flaccidité; si elle les irrite, il y a spasmodicité. Et si, à priori, les maladies de la portion spinale semblent provoquer une spas- modicité plus fréquente, c'est que les lésions spinales du faisceau pyramidal sont plus fréquemment lentes et irritatives que les lésions cérébrales de ce faisceau.

« L'irritation des prolongements cylindraxiles des neurones moteurs corti- caux, ai-je dit, se réalise dans les nombreuses maladies qui génent le fonc- tionnement du faisceau pyramidal, soit dans sa partie cérébrale, soit dans sa portion spinale. Suivant que cette irritation se produit plus ou moins tar- divement, la contracture se montre également plus ou moins vite.

Si la lésion est subite, ia paralysie est flasque; qu’il s'agisse d'une lésion cérébrale ou d'une altération spinale, le choc traumatique provoque tout d'abord l'abolition du fonctionnement du faisceau pyramidal, caracté- risé par une paralysie flasque. Au bout d'un certain temps, les fibres non détruites récupèrent leurs fonctions; ces fonctions, d'abord faibles, devien- nent de plus en plus marquées, puis, sous l'influence de l'irritation provo- quée par les tissus environnants, elles s'exagérent et donnent lieu à la con- tracture.

396 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Si l'altération est lente et progressive, le choc traumatique ne se produit pas; l'irritation des fibres pyramidales a lieu à une époque la paraly-ie manque et la contracture se produit d'emblée.

L'irritation des neurones moteurs périphériques se produit dans les altéra- tions médullaires qui génent le fonctionnement des cellules motrices des cornes antérieures. Ici encore, l'irritation peut s'établir plus ou moins tardi- vement et la contracture se produire plus ou moins vite.

Si la lésion est subite, le choc traumatique provoque d'abord l'abolition du fonctionnement des neurones et une paralysie flasque. Au bout d’un certain temps, les cellules non détruites récupèrent insensiblement leurs fonctions, puis, sous l'influence de l'irritation causée par les lésions voisines, elles entrent en érétisme et donnent lieu à l'hypertonie.

Si l'altération est lente et progressive, le choc traumatique ne se produit pas; l'irritation des neurones a lieu d'emblée et la contracture se montre d'une manière précoce (1) ».

Tout dépend, non pas de la localisation de la lésion sur la portion spinale ou cérébrale du faisceau pyramidal, mais de la alure de cette lésion : une hémorrhagie médullaire donne lieu, aussi bien qu'une hémorrhagie cérébrale, à une période d'hypoton:cité qui fait place, plus ou moins rapidement et quelquefois méme pas du tout, à une période d'hypertonicité; inversement une lésion cérébrale lente et irritative d'emblée, aussi bien que les lésions analogues de la moelle (tabes spas- modique, sclérose latérale amyotrophique, etc.), donne lieu à l'hyper- tonicité

« Dien plus, ajoute M. Grasset, quand une lésion pyramidale, primi- tivement cérébrale, s'étend et devient en méme temps spinale (dégéné- rescence secondaire descendante chez les vieux hémiplégiques). la paralysie, jusque flasque, devient hypertonique : les réflexes tendi- neux s'exagèrent et on arrive aux contractures (R. N., p. 810). »

Les faits prouvent que, si la contracture apparait généralement à une époque on peut admettre la dégénérescence secondaire du faisceau pyramidal, ce n'est sans doute qu'une coincidence. Car cette dégéné- rescence existe dans tous les cas les neurones corticaux sont détruits et nous savons tous que ceitaines hémiplégies restent flasques très longtemps, quelquefois indéfiniment.

Pourquoi la contracture se montre-t-elle dans certains cas et manque- telle dans d'autres, alors que la dégénérescence pyramidale existe toujours. Pourquoi les hémiplégies qui restent flasques sont elles géné- ralement les plus complètes, tandis que celles qui s'accompagnent de contractures sont moins prononcées et ont une tendance à la réparation partielle ?

Ces questions ne peuvent être résolues par l'hypothése de la dégéné- rescence pyramidale comme cause de la contracture, elles deviennent,

(1) CROCQ. Zec. cit. Comptes rendus, p. 211. Journal de Neurologie, p. 515, 1901.

TRAVAIL ORIGINAL 397

au contraire, très simples en admettant les lois que j'ai établies et que jai rappelées déjà plus haut : la destruction complète des neurones ou de leurs prolongements cylindraxiles provoque l'atonie des muscles corres- pondants, l'altération péri cellulaire ou péri-cylindraxile des neurones moteurs ou de leurs prolongements cylindraxiles produit, lorsque le fonctionnement du neurone est géné, un érétisme fonctionnel de ce neurone qui donne lieu à une exagération du tonus musculaire.

L'hémiplégie flasque est produite par l'annihilation compléte du fonctionnement des neurones corticaux; cette annihilation peut étre temporaire ou définitive. Elle est temporaire lorsqu'une lésion quel- conque (hémorrhagie, embolie, etc.), donne lieu à une cessation brusque du fonctionnement cortical, sans détruire complétement les neurones : dans ce cas, au bout d'un temps plus moins long, les phénomènes initiaux s’amendent, une partie des cellules, momentanément annihi- lées, reprennent une certaine vitalité; irritées constamment par les lésions voisines, elles réagissent à leur manière, leur tonctionnement devient anormal, exagéré et elles transmettent aux neurones médullaires des irritations continues qui provoquent la contracture.

L'annihilation des neurones corticaux est définitive lorsque ceux-ci ont été complétement et irrémédiablement détruits par la lésion. Dans ce cas l’hémiplégie est flasque et restera flasque malgré la dégénérescence du faisceau pyramidal qui ne peut manquer de se produire.

D'après ce que je viens de dire, vous pouvez déjà vous convaincre que M. Grasset confond complètement le tonus et les réflexes. Déjà, au début de son allocution, le savant professeur de Montpellier dit : « Car, en clinique, les réflexes tendineux suivent parrallélement l'état du tonus; ils correspondent à l'hypotonie lorsqu'ils sont diminués et à lhypertonie quand ils sont augmentes (R. NV., p. 806). »

Plus loin l'auteur ajoute : « Si les réflexes tendineux ont leur centre dans les ganglions basilaires, comme l’état pathologique des réflexes tendineux marche parallèlement avec l'état pathologique du tonus, que les réflexes tendineux sont, pour le clinicien, une des manifestations du tonus, il faut bien admettre qu'il y a un centre basilaire du tonus (R. N., p. 810). »

Voilà une affirmation qui est en contradiction, non seulement avec les faits que j'ai signalés dans mon rapport, mais encore avec ceux observés par Luciani, Van Gehuchten, Mann, Strumpel, Muskens, Déjerine, etc.

Dans les expériences que j'ai entreprises chez les animaux, j'ai eu l'occasion d’observer fréquemment la dissociation du tonus et des réflexes : chez le lapin et le chien, en effet, j'ai obtenu par la section de la moelle cervico-dorsale, l'abolition momentanée et la diminution per- manente du tonus musculaire dans les régions sous-jacentes, en même temps que l'exagération définitive des réflexes tendineux; chez le singe,

398 JOURNAL DE NEUROLOGIE

les lésions destructives de l'écorce cérébrale diminuent le tonus et exa- gèrent les réflexes tendineux ; chez l’homme, les altérations destryctives de la zone motrice produisent l'atonie et l'hypeiréflectivité tendineuse.

On peut du reste journellement constater la dissociation des réflexes et du tonus dans les hémiplégies récentes, dans lesquelles on observe souvent une atonie compléte coincidant avec une exagération trés grande des réflexes tendineux.

Il en résulte que, contrairement à ce que dit M. Grasset, l'examen de l'état réciproque des réflexes tendineux et du tonus musculaire, plai- derait plutôt contre l'hypothèse d'un centre basilaire du tonus.

C. En ce qui concerne l'influence tonique de l'écorcz cérébrale, M. Grasset se montre bref « parce que, dit-il, c'est un des plus grands mérites du rapport de M. Cro:q d'avoir mis la chose nettement en évi- dence (R. N., p. 809). »

Cette influence tonigène est en effet démontrée par les faits expéri- mentaux et anatomo cliniques que j'ai signalés plus haut.

Que reste-t-il des trois étages : médullaire, basilaire et cortical du tonus musculaire ?

C'est que l'étage cortical seul est incontestable; les deux autres con- stituent plutót des vues théoriques, derniers vestiges des anciennes doc- trines physiologiques qui ont le grand tort de ne pas tenir compte des modifications profondes que subit le systéme nerveux daus l'échelle animale et de vouloir appliquer à l'homme ce qui est vrai chez la gre- nouille et chez le chien.

Mais si, au point de vue du tonus, je ne crois pas pouvoir admettre les trois étages de Grasset, ma théorie est en harmonie parfaite avec la sienne en ce qui concerne les réflexes. Déjà au Congrés de Limoges, répondant au savant professeur de Montpellier, je disais : « A M. Gras- set, qui nous a si remarquablement démontré que les réflexes se réflé- chissent par les trois étages (médullaire, basilaire et cortical), je répon- drai que ma théorie est parfaitement d'accord avec la sienne. Ces trois étages réflexes me paraissent incontestables; mais au lieu d'admettre que tous les réflexes se font indistinctement par ces trois étages, mes recherches cliniques et expérimentales m'ont amené à penser que, cAez l'homme, la moelle épiniére ne sert qu'à la réflection des réflexes rapides de défense ; que les ganglions basilaires servent à la production des réflexes tendineux et que l'écorce cérébrale est la voie normale des réflexes cutanés (1). »

suivre.)

(1) Discussion. (Revue Neurologique, 1991, p. 821. Journal de Neurologie, 1901, n" 20, p. 609.)

à PEE

vo Chapelle a

VARIA

Comment les Javanais obtiennent la narcose

M. Steiner a eu l'occasion d'observer, parmi les prisonniers détenus à l'hôpital de Surabaya (Java). un guérisseur qui traitait ses patients en les plongeant dans une sorte de sõœmimeil anesthésique obtenu anu moyen de la compression des artéres carotides, A cet effet, l'opérateur, assis sur le sol. derriere le malade, saisit la nuque de celui-ci à l'aide des deux mains, puis il pousse, de chaque côté, Pindex et le médius jusqu'au voisi- nage de l'angle de la màächoire inférieure ilenfonce ces deux doigts pour aller à la recherche d'un « vaisseau anime de battements », qu'il comprime ensuite sur la colonne vertébrale, Sous l'influence de ces manæuvres, on voit le patient devenir inquiet, en méme temps que sa respiration s'accélere et devient plus profonde : puis la tète ne tarde pas à retomber en arriere; on cesse alors de eomprimer le eou, et le malade, apres avoir gardè quelques instants la même attitude immobile Thomme endormi, ouvre les Velux avee une impression d'étonnement, eomme sil venait detre brusquement réveillé,

M. Steiner apprit bientòt que cette pratique est répandue dans l'est de Java, ainsi que dans les iles de Madura et de Banka. el qu'on Fassoeie souvent au massage général, le- quel parait étre tres en vogue parmi les indigenes, La mancæuvre est connue sous le nom de tarik urat tidor, est icdire « eompression du vaisseau soporifique », et il nous semble intéressant de sivnaler iei; en passant, que l'artere carotide, désignée par quelques ana- tomistes anciens sous la dénomination d'ezcteisie soporifeíe, porte encore à présent, en russe, le nom de sonnaia arteria (artere du sommeil). Xu dire des indisenes de l'archipel de Ja Malaisie, la pratique en question exXercerait, une action favorable sur la fatigue, sur les maux de téte, l'insomnie, ete.

Ges faits lui avant paru mériter d'étre. étudi^s de plus pres, Fautenr à institué, à ect égard, une série de recherches sur 30. Javanais, dont 2 fenines, H appliqua d'abord le procédé tel qu'il lui avait été enseigné par le guérisseur de Surabaya, mais dans la suite il fut amené à en modifier la technique, de facon à pouvoir mieux observer le sujet en experience, Dans ee but, il s'assoit en faee du patient et saisit le con de celui-ci, en pla- ant la main droite sur le côté gauche du cou, el la main gauehe sur le eôté droit, Les bouts des doigts arrivés sur la nuque. ilenfon-e les deux pouces en arrière et un peu au- dessous des angles du maxilliaire inférieur: la plupart du teinps, on pereoit alors nette- ment les pulsations de la earotide interne, et il ne reste plus qu'à appliquer le pouce le long du vaisseau, en exereant une pression modérée vers la colonne vertébrale, Sur 39 sujets soumis à celle manæeuvre, 3 seulement n'ont pas réagi: chez tous les autres on vit rapidement survenir, au milieu de convulsions eloniques plus au moins prononcées, une perte complete de Fa sensibilité et de connaissance, de sorte que l'auteura pu, chez un de ees individus, inciser un abres inguinal sans que le malade Sen doutàt. M. Steiner n'a jamais eu à enregistrer, au cours à la suite de ces expériences, le moindre accident; aucun patient n'a vomi, et on n'a pas, non plus, observé d'incontinencs des urines on des matieres [écales, H est bon, toutefois, de faire remarquer que les expériences ont porté sur des sujets exempts de toute affection du systéme vasculaire et que la durée de la compression a toujours etè très ۰

Pour expliquer les phénomenes signalés ci-dessus, on ne saurait évidemment invo- quer la suggestion, puisque les. pressions exercées non pas directement sur la. carotide, mais dans le voisinage de ee vaisseau, restent absolument sans effet. D'autre part, à en juger d'apres les recherches instituées par l'auteur sur des cadavres, Fanémie cérébrale qu'on serait, à première vue, porté à ineriminer dans la genèse de ees manifestations, ne serait pais seule en cause. La eompression de la carotide interne ne saurait, en effet, avoir lieu sans entrainer une compression de la veine jugulaire, de sorte qu'à eóté de l'anémie cérébrale par défaut d'atfux du sang artériel il convient également de compter avec la congestion passive provoque par la gène de la eireulation veineuse. IH se peut aussi que dautres facteurs. lel quo la compression du nerf pnetmnorastrigne el des ganglions du sympathique eerviral interviennent poar leur part dans les pliónomen:s dont il s'azit.

(Recue de CHypnotisme.)

e 2

y- سم‎ Kn à Å و٣۹‎ 1 à ws Lo ۰ ve. sr: * 1 .عم‎ 4, 7 مر یر نہ‎ Ge Vg t 4 s Ne K ری یپ‎ E à s و‎ , $ f ی وش نا‎ ET ۲ : a ۰ 2 (Ue mx ^ y apta و‎ T * e # ۲ ا کی‎ i: 37 ۰ I 2 x { A e, u ^ 8 7 UN ۰ 1 , 1 > S^ > e d. “2 ` 3

3 کر‎ a P e: p Bt

ie p. (gem) de n ne 1 no chou ipu ies‏ ا

Leer Clin. Contre xeville; su deele Dax dion. Kar Fate Poughes-Uarähana., ee SS ؛‎ 3 ADANE IOE EE MH fes: re 2 Eh: Ho Garnieine, dn d p Viri Mariano.

ln Ruten; 5 i Ue Qi

pinkie fe, D inf. 8 32 LES کر‎ Falisres, ا‎ i: de e he ۱

۳ 2115.6 60 04 C EDS SE Ee Brunier; JE AA SVP ot ۷ ‘Digitale criat: Nativelle, سم‎ p satis En FERANT N RATEN, ^ 7را‎ E یں‎ E و میں‎ x voco tps dec EEG WS و ا کو‎ SN NW رک ا ال‎ 3 FREE NT EN (a EN ,

WSE A EE

i a E anal, AR: ER ion Fer, Ç cree PRE Flourens, pur PRA کا‎ terr Me WD ۲ ee E E: d pus DE | Ichthyol,. ہی ارڈ لا‎ RTE HE ERDE ۱ ORore e وو اریہ‎ tonul Blancard, de w ی‎ Open ار‎ D. Ho , ا‎ EEE FEN EMINE uda LA 5 : 2 فا ضف‎ P d a A d Ee = RE = Re رای اب‎ JE diii ens AL E (aa: ER: St, ` E 3 SIRE ib نله تیا‎ Janos, yu iT “Tarn, Taunale VOLEURS a +. کی وف وج‎ qa trc rHegrhardt zi y dS ی‎ DIES ان‎ pw mte "rk de. LUE ribi tace AX Do $0 11 ; clase 7 بی او وا ومن عتی‎ Im d La Pangaduime, Todd | Fue Rerdrigl,. pc S کو لو ملسم0 فا‎ ihe dir ARLES JB DRH I D ER انار‎ + bois t tone ره‎ ji 18

Le: ظ6‎ 106 RCE 4. -Maista de Santé d'Dreie, ubi X -Bravats, j E ES RS 2 Aspekt: kopen la di Léon Vialas 5 Ls cT BER: Wain, 0 Py IDEM | x aa Maxine GE EE Tarn. tenta, Dia niil ws

5 3 E hee Tropak رف‎ ale, P ISN Bayer ای‎

[tos Cornélia: 2. ۱ EN

Det ER

> | 8و‎ Y quA ۴ E FTP it ۱

» - _ = e Ze "E = ہک‎ -- - = LLL رحس‎ SS D - —— à -7 >e ت٭ے> تھے ہے‎ e سے‎ m Te ےج‎ A m m f m "ate - < eg we ` = x » SANs [m ez EL ~ e _ à + >مہ ہے‎ CS " : PS EE us + y t Sr e : -ے۔۔‎ í 3v D وت‎ -— "wx - اء وت‎ RoK Sei 4 -p ufe - - LL. ہے‎ -—-. ° © ^ - - - - - v = E سے‎ Ce Y e - e .هن‎ "> - ۰ e 20 .- e hf f - „Pr ` ٠ E > z - È e : * “A = - ~ - vtt e a - . "ax 7 - ۹ - f

END E Hammel چ ر‎

i v 4 8 1 a

farine Wall Vial BK

1 NAUTODIGESTIVE) | s مق‎ výb se di re de méme

| d pour. le mntamas ^ 00 ۱ ya: ERBAUT ET APRES LE: SEVRAGE, Ge

pement fa sient lign e Xa دو‎ 0168 0۳10: 07.

. Patent fe plus: agree lot ont ۰ء‎ ۰۸: nomigue. Preaerite AUSF HS SPiN deli 5 l پک ای ںا ا ادا وو نمی‎ d'a vts wirt, ande:

۳ pur tie PARIS.

PLASMA MU. SUULAIRÉ: S (Sue. de Wils; dexatekêl | وو ویر‎ 58 aps ben. سد کش‎ اوه خی‎ a. sinide: CE. doit een uy Helene tintin! Heroine deng) Se S bis YUBCHCULOSE, Ve NEURASTAÉNTE: JP bo 20۵ CARENE, ee Se

oen یم‎

DE

at $; rüu ا‎ 081 PANE. وو‎ cH fautes; EN : ma هی‎

(TT EP 1 2 ٠ =" A > 7 E d S Ne. i ۳ RK 5 H VIANDE QUINA FER ہے‎ ai SE x P 3 d dr A ye itis de plus- nuissant SEGEWECATEI ` ana Far ig Fi ram Zem | S is neésceit par dex Monnaie P d de CONTREXEVI ILLE 3 dr | e UK bise du 1f genres jt EX pu IH D M CH ۰۴ AN pr 6 E dou? gr nut و‎ fa 16 1 c ini A : Ee. + ANM d ecu Ss des ya AE detis SOR 0 1 conie e la. "EN SE ۳ i HUIT 0 9 Orest PRE SERAS 7 Au. EKG ES 3 TE Fu nad d AD EDT 4 ys Je et le ا‎ a Salt Eëigrute, Anami prifonde, mbns k

۳ : zu E APND و‎ Greng qe 1 DOST: RR

MHES EE Ce 2 $: Gapeules par jour sn ca مود‎

۱ of M cenis oe max Sabse ۱ 2

m ہے ےھ‎ m a س‎ er ےے‎ >>

(ee 2 و‎ dv یف‎

نا

نت

۱/۳ 0 5 0

"f ۳ i ned

0

TRAVAIL ORIGINAL

| Le mécanisme du tonus et des réflexes dans l'état actuel! de la science

rar J. CROCQ

fommunication au XII" Congrès des Aliénistes et Neurologistes de France ct des pays de langue francaise, Grenoble 1902) ۱ (Suite) ۱ ie professeur Mendelssohn m’objecte que ses expériences sur diffé- animaux prouvent que la section de la moelle ne donne pas lieu à tion des réflexes. | stlà un point sur lequel j'ai insisté longuement dans mon rap- sn établissant que, chez les vertébrés inférieurs (grenouille, , Chien), la section de la moelle cervico-dorsale provoque une exa- ion de la réflectivité. Mais, en m'adressant au singe, j'ai observé " méme opération donne lieu à une abolition plus ou moins pro- . des réflexes tendineux et cutanés, tandis que certaines réactions ives persistent. Je ne vois pas en quoi le fait signalé par ‚ndelssohn contredit ma théorie. ‚mon distingue contradicteur admet que « plusieurs observations t, dans lesquelles une lésion, équivalant à une section complète PATI n'a nullement entrainé la suppression des réflexes, qui, au 're, ont été conservés et méme exagérés ». t la même assertion formulée par M. Grasset et que reprirent MM. Brissaud et Cestan ; j'aurai l’occasion de la discuter plus loin. "Tendelssohn dit encore que « toutes les voies centripétes commu- . avec les voies centrifuges dans l'axe cérébro-spinal peuvent ser- transmission des réflexes (loi de diffusion des réflexes) ». de la discussion, j'ai répondu comme suit à cette objection : endelssohn m’objecte que toutes les fibres de l'axe cérébro-spinal | servir à la transmission des réflexes. Cette loi générale est plus ue que pratique. M. Mendelssohn a, du reste, le premier, cherché ntre: que certaines voies (voies longues) sont, méme chez la gre- ;, plus perméables que d'autres (voies courtes). Ce qui est vrai S animaux inférieurs l'est beaucoup plus encore chez les supé- t'à mesure que nous remontons dans l'échelle animale, nous les fonctions du système nerveux se spécialiser, nous les voyons iser de plus en plus et remonter progressivement vers l'encé-

AI). »

Discussion. (Revue Neurologique, 1901, p. 821.— Journal de Neurologie, 1901, 20,

400 JOURNAL DE NEUROLOGIE

La loi générale à laquelle M. Mendelssohn fait allusion est, en effet, vraie chez ‘es animaux dont le système nerveux n'est pas suffisamment différencié, mais peut-on affirmer qu'elle se vérifie chez l'homme ? Je ne le pense pas : à mesure que nous nous élevons dans l'échelle animale, nous voyons les fonctions du système nerveux se différencier et se loca- liser davantage ; l'enlèvement de l'écorce cérébrale, par exemple, qui, chez les animaux inférieurs, ne donne lieu qu'à des phénomènes peu marqués, provoque, chez le chien et surtout chez le singe, des troubles déjà très accentués ; chez l’homme, les lésions corticales entraînent des accidents irrémédiables.

C'est une loi générale aussi de l’évolution du système nerveux que les fonctions, dévolues chez les animaux inférieurs aux centres infé- rieurs, se localisent de plus en plus vers les centres supérieurs à mesure que l'on s'élève dans l'échelle animale. Pourquoi n'en serait-il pas de même en ce qui concerne les réflexes ? Les faits le prouvent surabondamment, les théories anciennes seules s’y opposent.

Du reste, M. Mendelssohn se montre trop physiologiste et trop peu clinicien lorsqu'il dit : « Ces considérations m'obligent aussi à admettre que la valeur séméiologique des réflexes est trés restreinte et que c'est à tort qu'on a voulu attribuer à quelques-uns d'entre eux une valeur pathognomonique. » Voilà une affirmation qui soulévera, de la part de tous les neurologistes, des protestations unanimes et justifiées. Je ne crois pas devoir la réfuter, tant clle est contraire aux acquisitions modernes de la science.

* * *

M. le professeur Brissavd, attaquant le taureau par les cornes, s'est écrié, lors de la présentation de mon rapport: « Les conclusions par lesquelles se termine le remarquable rapport de M. Crocq, me paraissent soulever deux objections de fait. Si les faits auxquels je m'arréte sont universellement reconnus, il ne restera, de ces conclusions, que des hypothéses ingénieuses et provisoires provisoires parce que d'autres faits analogues. mais non identiques, pourraient les corroborer (1) ».

Les deux objections capitales auxquelles M. Brissaud fait allusion sont les suivantes :

Des lésions destructives de la /o/alité des fibres pyramidales siégeant dans la capsule interne, le faisceau pyramidal intra-hémisphérique est condensé au maximum, sont parfaitement capables de produire des hémiplégies spasmodiques persistantes avec l'attitude en flexion.

Lorsque mon éminent contradicteur parle d’hémiplégie spasmodique,

(1) Discussion. (Revue Ne

n* 19, p. 588.) urologique, 1901, p. 815. Journal de Neurologie, 1901,

TRAVAIL ORIGINAL 401

il s'agit, non pas d'exagération des réflexes, mais simp'ement d'hyper- tonie et de contracture. M. Brissaud semble ici, à l'exemple de M. Gras- set, confondre le tonus et les réflexes sous la méme dénomination de spasmodicité.

En ce qui concerne les réflexes, je suis d'accord avec lui pour admet- tre qu'ils peuvent être exagérés, méme lorsque la lésion cérébrale détruit complétement soit l'écorce cérébrale, soit le faisceau pyramidal dans la capsule interne. C'est méme un des points sur lesquels je me base pour croire que le centre des réflexes tendineux est, non pas cor- tical, mais basillaire. |

Donc, en faisant cette objection, M.Brissaud veut seulement dire : les lésions destructives de la totalité des fibres pyramidales dans la capsule interne sont parfaitement capables de produire des hémiplégies hyper- toniques.

C'est une assertion absolument gratuite qu’il s'agirait de démontrer et surtout de démontrer soigneusement. M. Pitres a, du reste, immé- diatement répondu que nous ne sommes jamais en droit d'affirmer que toutes les fibres du faisceau pyramidal sont interrompues dans un cas d'hémorrhagie capsulaire. Je regrette que cette observation n'ait pas paru dans les comptes-rendus, mais je puis garantir son authenticité.

Aucun fait bien établi ne nous permet de prétendre que, dans un cas donné, toutes les fibres pyramidales ont été interrompues; la dégénéres- cence descendante du faisceau latéral ne suffit pas à prouver ce fait. Examinez, en effet, la moelle de plusieurs hémiplégiques, les uns hypo- toniques, les autres hypertoniques, les uns complètement paralysés, les autres ayant récupéré une partie érès restreinte de leur motilité, et vous n'observerez pas de difference bien sensible entre les faisceaux pyrami- daux de ces différents sujets. Dans tous, il y aura une dégénérescence très marquée du faisceau cortico-spinal sans qu'il soit possible de recon- naitre les préparations qui proviennent de l’hémiplégique complètement inerte et celles qui proviennent de l’hémiplégique légèrement amélioré.

Nous ne pouvons oublier que nos méthodes microscopiques sont en- core très imparfaites et que. selon l'expression de Brissaud lui-même, « nous ne possédons pas encorede colorant spécifique du cylindraxe (1) ».

M. Brissaud met en doute le fait que les sections totales de la moelle épinière, dans la région cervico-dorsale, entrainent fatalement une paraplégie flasque.

D'après lui, l'interruption du faisceau pyramidal peut donner lieu, soit à une paraplégie flasque, soit à une paraplégie spasmodique, suivant la rapidité des processus de destruction qui provoquent l'interruption : les lésions rapides donnent lieu à la paraplégie flasque, tandis que les lésions lentes provoquent la paraplégie spasmodique, les myoneurones

(1) Discussion. (Revue Neurologique, 1901, p. 825.)

402 JOURNAL DE NEUROLOGIE

pouvant, dans ce dernier cas, s'habituer à demander et à recevoir l'ac- tion tonigéne d'autres sources que du faisceau pyramidal (R. N., p.865).

M. Brissaud nous signale, entre autres, le cas bien connu de M'** Z..., étudiante russe, chez laquelle une balle de revolver, destinée à un pro- fesseur du College de France, produisit une section totale de la moelle à la région cervicale ; la paraplégie fut soudaine, complète, flasque, et resta flasque jusqu'à la mort, qui n'eut lieu que de longues semaines après.

« Mais. encore une fcis, dit M. Brissaud, les faits de ce genre n'ont rien à voir avec ceux l'interruption des fibres spinales est progres- sive et lente; ceux-ci n'excluent pas la possibilité d'une adaptation fonctionnelle des myoneurones et l'action tonigéne. C'est peu à peu, sans choc, sans surprise, que les myoneurones sont soustraits à l'in- fluence des neurones corticaux. S'ils perdent instantanément l'associa- tion des neurones corticaux, comme cela a lieu à la suite des sections traumatiques, c'est plus que la moitié de leur stimulant vital qui, tout à coup, leur fait defaut. »

Pour étayer sa théorie, M. Brissaud rapporte un cas de paralysie spasmodique par compression de la moelle dorsale ÉQUIVALANT à une seclion.

Cette observation, résumée lors de la discussion de mon rapport, a été depuis publiée en détail (1); nous pourrons la di:cuter plus utilement que l’année dernière.

Il s’agit d'un homme de 33 ans, qui, à l'âge de 7 ans, fut atteint d'une paraplegie subite par affaissement brusque de la colonne vertébrale; cette paraplégie s'améliora graduellement et guérit au bout de huit ans.

À l'âge de 29 ans, le patient ressentit des douleurs, de la parésie et de la raideur dans les jambes avec clonus des pieds; cette paraplégie spasmodique guérit de nouveau progressivement.

À l'âge de 38 ans survient de l'æœdème, de l'albuminurie.puis,six mois après, des douleurs lombaïres et une paresie des membres inférieurs surtout accen- tuée à droite 1l y à clonus du pied. Sensibilité au fact conserrée, à droite hypoalgésie à la piqûre remontant jusqu'à la racine de la cuisse, diminution des sensations thermiques surtout à gauche (1*' février 1395).

La paraplégie s'accentue par la suite, la raidzur augmente, la sensibilité an fact est légèrement diminuée aux deux jambes, la sensibilité à la douleur et à la chaleur s nt plus fortement atteintes. Réflexes rotuliens exagérés, réflexes plantaires aflaiblis, clonus du pied, à droite, contractions douloureuses spon- tanées (16 mars 1898).

Bientôt les contractions involontaires augmentent, le clonus du pied s'observe des deux còtés (avril); puis la contracture se déclare dans les mem- bres inférieurs, les troubles de la sensibilité sont plus marqués à gauche qu'à droite (mai).

(1) BRissaUvD et FEiNDEL. Paraplézie spa«modique dans un cas de compression de la moelle dorsale équivalant à une section. (Archmes de Neuro.ogte, janvier 1902, n°73, P. 1.)

TRAVAIL ORIGINAL 403

Enfin, le 28 juin, on note : « peu de retard dans les sensations » , la douleur est ressentie comme contact, la sensibilité thermique est presque abolie et c'est toujours le cóté le zzozus contracturé qui sent morns bren. Cet état per- siste, sans se modifier jusqu'à la mort qui eut lieu le 28 juin. ۰

Voilà l'observation du cas que M. Brissaud intitule comme équivalant à une section de la moelle !

Je ne crois pas devoir insister longuement pour prouver que, clinique- ment, ce cas ne peut être considéré comme résultant d'une lésion trans- versale complète de la moelle; il suffit de remarquer que l'anesthésie n'a existé à aucun moment de la maladie pour pouvoir conclure, avec certitude, que la moelle n’a pas été complètement interrompue.

Il ya bien eu des troubles des diverses sensibilités et surtout des sen- sibilités à la douleur et à la chaleur, mais il n'y a pas eu abolition de tous les modes de la sensibilité, comme cela aurait se produire si la section médullaire avait été complète.

En somme, cliniquement, il n’y a eu que des symptômes de compres- sion médullaire. Quoi d'étonnant à ce que la paraplégie ait été spasmo- dique puisque la spasmodicité est, de l'avis de tous les neurologistes, l'expression de la compression de la moelle et qu'elle est, d’après ma théorie, la conséquence de l'irritation des fibres pyramidales ?

Point n'était besoin del'autopsie pour nous permettre de dire que la moelle n'était pas sectionnée. Mais cette autopsie est intéressante au plus haut point. |

Macroscopiquemeut, on constate l'amincissement des lames vertébrales; le canal rachidien est rempli de pus ; la moelle aplatie est coudée suivant un angle de 45° répondant aux septième, huitième et neuvième vertèbres dor- sales; la dure mère est épaissie.

Microscopiquement, au niveau de la plus forte compression, (VIII* paire dorsale), Za moelle est extraordinairement réduite de volume, les fibres colorées par la méthode de Pal sont en #rès petit nombre : toute la parlie postérieure de la moelle et les faisceaux pyramidanux sont remplacés par des zones de scléroses compleles. « Tout est sclérose. » Au-dessous de la lésion, les cornes antérieures sont bien nettes, les cellules normales, les faisceaux pyramidaux complète- ment sclérosés. Au-dessus de la lésion, les cordons de Goll et les faisceaux cérébelleux sont dégénérés.

« En résumé, dit l'auteur, cette observation nous offre un exemple de myélite chronique caractérisée anatomiquement par la sclérose d'un cer- tain nombre d'étages spinaux superposés; la dite sclérose équivalait à une section; et elle se traduisait cliniguement par une paraplégie spas- modique ».

Or, il me paraît indéniable, ainsi que je l'ai dit plus haut, que clini- guement, cette observation ne répond pas du tout à une section com- plète ; si donc anatomiquement elle semble équivaloir à une section, c'est

404 JOURNAL DE NEUROLOGIE

que, ainsi que je l'ai dit déjà et ainsi que Brissaud lui-mème l'a affirmé ailleurs, nous ne sommes pas en mesure d'établir microscopiquement si une lésion transversa'c étendue de la moclle constitue ou non une inter- ruption anatomique COMPLETE des fonctions conductrices de cct organe.

Brissaud dit, du reste, avec raison : « Nous disons que la sclérose équi- valait à une section ; à proprement parler rien n'équivaut à unc section. » A cette sage et prudente remarque, l'auteur ajoute malheureusement : « Mais, au seul point de vue de la continuité ana‘omique des voies spi- nales, la sclérose de la moelle, lorsqu'elle se présente sous la forme que nous venons de décrire, équivaut aussi bien à une section de l’axe ner- veux, qu'une sclérose cicatricielle de nerf équivaut à une section de nerf. »

L'état de la sensibilité, chez ce malade, prouve nettement que les fonctions conductr.ces de la moelle n'étaient pas interrompues; donc ce cas ne peut équivaloir à une section : si les fibres conductrices de la sen- sibilité n'étaient pas comp'étement interrompues, il en était sans doute de méme de celles de la motilité. On m'objectera que la motilité était abolie; oui, mais il y avait spasmodicité et nous savons combien l'hyper- tonie extréme contrarie l'exécution des mouvements volontaires. Rien ne s'oppose à admettre que les fibres pyramidales persistantes, irritées fortement, n'étaient pas capables de provoquer, par l'érétisme de leurs neurones d'origine, l'hypertonie avec spasmodicité, alors qu'elles n'étaient plus aptes à fonctionner normalement, c'est-à-dire à trans- mettre des influx volontaires, bien moins intenses que ceux qui prove- naient de l'érétisme cellulaire.

Les faits prouvent indubitablement que ce cas ne peut être identifié à une section complèle de la moelle; il démontie, ainsi que je ne puis assez le répéter, que nous ne sommes pas en mesure de reconnaître

microscopiquement si une lésion transversale de la moelle équivaut réellement à une section.

Et lorsque M. Brissaud ajoute : « D'ailleurs les dégénérescences ascen- dantes et descendantes de cette lésion étaient identiques à celles qui font suite à une section traumatique », mon éminent contradicteur ne fait que confirmer l'idée que j'émettais tantôt, à savoir que l'existence de la dégénérescence secondaire des faisceaux médullaires ne suffit pas, dans l'état actuel de nos méthodes histologiques, à exclure la possibilité de la persistance d'un cerfain nombre de fibres nerveuses et de la persis- tance d'une certaine conductibi^ite médullaire. Puisque les dégénéres- cences étaient, dans ce cas, identiques à celles qui font suite à une section compléte et que, d'autre part, l'observation clinique prouve que la sec- tion n'était pas complète, nous devons dire que /a constatation des dége- nérescences secondaires ne peul nous autoriser à conclure à une section COMPLÈTE de la moelle. Ce point est très important à signaler.

M. Brissaud rapproche de son cas celui de William G. Spiller, dont

TRAVAIL ORIGINAL 495

l'observation est à tel point défectueuse que l'auteur ne croit pas devoir y mentionner l'état de la sensibilité.

M. Cestan, au nom du professeur Raymond et de lui-méme, signala, lors de la discussion de mon rapport, deux cas de tumeurs ayant détruit le neuvième segment dorsal de la moelle et créé une paraplégie spasmo- dique permanente. Se basant sur ces deux observations, l’auteur arrive à la méme conclusion que M. Brissaud, il pense que la destruction com- pléte de la moelle dorsale peut, contrairement à l'opinion de Bastian, déterminer une paraplégie spasmodique.

Ces deux observations, trés intéressantes et trés impartialement rela- tées, ont été résumées trés succinctement au Congrès, et ont été publiées in exienso dans la Revue Neurologique, en juin 1902 (1).

Dans la première, il s’agit d’une femme de 32 ans, qui, sans cause appré- ciable, ressent de la lourdeur d’abord dans la jambe gauche, puis dans la droite ; au bout de deux ans, la malade entre à l'hôpital, atteinte d'une para- plégie spasmodique avec abolition des mouvements volontaires, raideur très grande, contracture en extension, signe de Babinski, trépidation spinale, crampes violentes. Pas d'atrophie musculaire ni de troubles trophiques ; sen- sibilité objective et subjective conservée.

Au bout d'un certain temps, apparaît une anesthésie, qui s’accentue gra- duellement et se limite par une ligue circulaire passant par la région dorsale moyenne; puis surviennent l'incontinence d'urine et des matières fécales, des escarres. La malade meurt quatre ans après son entrée à l'hôpital, ayant présenté jusqu'au bout une paraplégie aussi spasmodique qu'au début.

A l'autopsie, on trouve une tumeur s'étendant du VI° jusqu’au IX* seg- ment dorsal, comprimant énergiquement la moelle, qui est réduite à un minimum extrême sur une hauteur de un centimètre environ.

Macroscopiquement, la moelle parait complètement détruite ; microsco- piquement, « on reconnait la pie-mère, non épaissie, et les racines rachi- diennes postérieures et antérieures fortement comprimees, atrophiees, 77 irs non complelement détruites, car, soit le picro-carmin, soit la méthode de ۷۷ ۔زت‎ gert-Pal, fait constater la persistance d’un nombre assez considérable de cylin- draxes entourés d’une gaine de myéline. »

La moelle est fortement altérée, on n’y reconnaît plus ni canal central, ni substance blanche, ni substance grise ; c'est un mince ruban de tissu névro- glique. « Cependant, disent les auteurs, il n'est pas dépourvu absolument d'éléments nerveux. La méthode de Marchi montre, en effet, des tubes peu nombreux en voie de dégénérescence ; enfin, la methode de Weigert-Pal montre, disséminées dans la masse, sans la moindre systématisation, zn cer- lain nombre très restreint de gaines de myéline, de volume d'ailleurs trés

(1) RAYMOND et CESTAN. Quelques remarques sur la paraplégie spasmcdique per- manente par tumeur medullaire. (Revue Neurologique, 28 juin 1902, p. 174.)

496 JOURNAL DE NEUROLOGIE

réduit; mais ees tubes conservés sont disséminés et on peut affirmer qu'il ne s'agit pas, dans l'espèce, d'un système de fibres ayant encore résisté à la com- pression. En résumé, on peut affirmer que la moelle n'a conservé qu'un nom- bre frès réduit de tubes nerveux au niveau de la compression.» Au-dessus de la lésion, il y avait une dégénérescence complète bilatérale des faisceaux posté- rieurs et des faisceaux cérébraux ; en-dessous, la dégénérescence des faisceaux pyramidaux était également comblée et bilatérale.

| Voila donc une observation qui est le contrepied de celle de Brissaud ; ici il y a eu c/iniguement un syndrôme répondant à une section complète de la moelle et analomiquement on constate que la lésion n’est pas com- plète. La moelle est très réduite comme volume, mais les racines anté- rieures et postérieures contiennent de nombreuses fibres normales et la moelle contient un certain nombre de tubes nerveux conservés. Ces tubes ne sont pas systématisés, mais dans une mozlle aussi perturbée, dans laquelle on ne distingue méme plus la substance blanche de la grise, des fibres appartenant à un faisceau spécial peuvent pirfaitement être déplacées et, lorsque n'occupant plus leur position normale, continuer à en retenir un certain degré de conductibilité médullaire.

. Ce qui est indiscutable, c'est qu'un certain nombre de fibres nerveuses persistaient, les figures qui illustrent ce travail en font foi; par consé- quent ces fibres fontionnaient et la section n'était pas complète.

La seconde observation concerne une femme de 43 ans atteinte, depuis 1880, d'une paraplégie progressive spasmodique avec clonus du pied et contracture. Bientôt la paraplégie devient flasque: puis, en 1882, survient une améliora- tion ; et 1884, nouvelle aggravation. En 1894, la paraplégie spasmodique était intense, les jambes contracturées en flexion, réflexes tendineux exagérés, clonus inépuisables, anesthésie limitée par une ligne circulaire passant par l'ombilic, incontinence d'urine et des matières fécales. La malade meurt en 1895, toujours en état de spasmodicité. |

A l'autopsie, on reconnait l'existence d'une tumeur comprimant la moelle au niveau du IX* segment dorsal. La moelle est réduite à un minimum ex- tréme; les racines médullaires sont atrophićes mais présentent cependant par- lout des gaines de myeline. Le sac pie-mérien, au niveau de la compression maxima, renferme à l'une de ses extrémités, une petite masse, constituée par des vaisseaux, un tissu névroglique làche, renfermant quelques tubes nerveux.

Au-dessus et au-dessous de la lésion, dégénérescence complète du faisceau nerveux, comme dans la section complete de la moelle.

Cette seconde observation est absolument semblable à la première ; il s'agit encore d'un cas qui, cliniquement, répond à une section complète de la moelle et qui, anatomiguemoent, n'est qu'une section incomplète. Ici encore les fibres persistantes devaient servir à conduire des influx ب۱‎ ۸۰

Ces deux observations constituent donc, ainsi que je le disais tantôt, le contrepied de celle de M. Brissaud; celle-ci prouve qu'une paraplégie

TRAVAIL ORIGINAL 407

caractérisée, cliniguement, par une interruption incomplète de la moelle, peut, analomiguement, paraitre causee par une section complete; celles-là prouvent qu'une paraplégie paraissant c/iniquement due à une interruption complète des fonctions conductrices de la moelle peut dependre, analomiguement, d’une section incomplele.

- Je parle, bien entendu, selon la thése de mes contradicteurs, car, daprès moi, une paraplégie ne peut cliniquement répondre à une scc- tion complète de la moelle (chez |l homme) que s'il y a abolition com- pléte du tonus et des réflexes à l'exception des réflexes défensifs qui sont localisés dans la moelle.

M. Brissaud ne se dissimule du reste nullement le défaut de ces cas lorsqu'il répond à M. Cestan : « Encore ne faut-il pas prendre au pied de la lettre ce mot d'équivalence qui ferait qu'une myélite chro- nique peut étre rigoureusement adéquate à une section expérimentale. Dans les cas précédents, comme daus le mien, et plus encore que dans le mien, les coupes microscopiques de l'étranglement médullaire ne lais- saient apercevoir que de trés rares et trés misérables filaments nerveux. Mais enfin, c'est encore quelque chose. Qui sait si les maigres cylin- draxes que nous avons vus, M. Cestan et moi, dans le ruban cicatriciel de ces deux moelles comprimées, ne représentent pas les chemins détournés, les petits sentiers par lesquels le courant va circuler aprés l'obstruction de la grande route?

» J'ai beaucoup de peine à le croire, je l'avoue, et cependant il me semble qu'il faut faire provisoirement toutes réserves à cet égard (1). »

« Une autre hypothése me parait devoir donner satisfaction à M. Crocq; il serait possible qu'un assez grand nombre de cylindraxes, dépourvus de myéline et par conséquent invisibles, continueraient d'entretenir la circulation du courant nerveux entre les deux trongons de moelle demeurés sains.

Le processus de la névrite segmentaire péri-axile décrite par Gom- bault aurait ainsi son pareil dans l'axe médullaire. »

M. Brissaud a présenté, le 6 février 1902, à la Société de Neurologie de Paris, les pièces provenant de deux cas de paraplégie représentant les deux types qui résultent, suivant lui, soit de la section brusque, soit de la section lente de la moelle.

Dans la première observation (2) il s'agit d'un homme de 25 ans atteint d’un abcès froid de la partie supérieure et interne de la cuisse droite. Après incision de cet abcès, le malade présente des douleurs scapulaires, puis se montre une paralysie du radial, avec atrophie musculaire; vingt-sept jours après l'opération, le patient accuse, pour la première fois, une cer/azue fai-

(1) Discussion. (Revue Neurologigwe, p. 824.)

{2) RRISSAUD et BRECY. Paraplézie Haccide dans ua cas de pashyÿ méningite cervicale, | (Société de Neurologie d: Paris, 3 février 1902. Kevue Neurologique, 1902, 4,

p. 169.)

408 JOURNAL DE NEUROLOGIE

blesse des membres inférieurs qui devient, au bout de vingt-quatre heures, une paraplégie complete avec hevre, exageralion des réflexes rotuliens et conserva- lion des plantaires, anesthésie à la douleur, à la chaleur et au froid,remontant jusqu'à la racine des membres, conservation de la sensibilité tactile, réten- tion d'urine (21 mai 1901),

Le 23 mai, les troubles sensitifs remontent jusqu'à l'ombilic; les jours sui- vants, la fièvre persiste, une escarre se montre sur la fesse gauche et sur la malléole interne droite.

Le 29 mai, on note de l'incontinence des matières fécales et l'œdème du membre inférieur gauche; le 21 juin, l'ancsthésie remonte jusqu'à la base du thorax, elle est complète pour tous les modes de la sensibilité.

Les réflexes rotuliens et plantarres Sont abulis, le réflexe du fascia lata est conservé; le réflexe défensif, par fort pincement du membre inférieur, exrsle.

Le 16 juillet, on remarque un léger ptosis de l'uil droit avec myosis et exophtalmie. Zous les réflexes sont abolrs, saut le reflexe du facra lata.

Le 8 août se déclare une broncho-pneumonie qui emporte le malade le 4 septembre.

A l'autopsie, on constate une pachyÿ méningite externe tuberculeuse éten- due de la III: cervicale à la Ire dorsale ; le tissu fougueux englobe les racines antérieures et postérieures.

L'examen microscopique fait reconnaitre, au-dessus de la lésion, une sclé- rose systématique des cordons de Goll; au-dessous, on trouve une sclérose sys- tématique des cordons latéraux.

Au niveau de la VIIT paire dorsale, existe un foyer de mvélite aiguë, de quelques millimètres seulement de hauteur. La moelle y est envahie par une infiltration tuberculeuse inteuse sur toutes les ramifications vasculaires. Le tissu nerveux est profondément altéré, les cellules sont globuleuses, les cloi- sous de la substance blanche épaissies, un grand nombre de cylindraxes détruits, d'autres, au contraire, sont respectés. « Mais 1l est à noter, dit M. Brissaud, qu'un assez grand nombre de conducteurs sont respectés dans les cordons antérieurs et dans les zones latérales profondes. »

M. Brissaud fait remarquer, à juste titre, qu'il s'agit, en dernier res- sort, d'une myélite aiguë apoplectiforme et que ce cas confirme son opi- ion, à savoir que la section médullaire BRUSQUE provoque une Para- plégie avec abolition du tonus ct des réflexes.

Je ferai tout d'abord remarquer que cette assertion est absolument conforme à ma théorie; j'ajoute seulement que la section médullaire lente, à condi/ion qu'elle soit absolument COMPLETE, donne lieu aux mêmes phénomènes.

Mais si l'on analyse cette observat on, on constate que si, fonctionnel- lement, clle répond à la section médullaire complète, anatomiquement, elle ne constitue qu'une section incomplète puisque « un assez grand nombre de conducteurs sont respectés. »

Les phénomènes observés, et qui répoadent parfaitement à la section complete, sont dus à l'acuité du processus morbide qui a détruit certaines parties et comprimé seulement d’autres parties, mettant ces dernières, anatomiquement conservées, dans l'impossibilité de fonctionner mo- mentarément.

TRAVAIL ORIGINAL 409

Si le malade avait vécu, on aurait sans doute observé une réparation partielle, la réapparition du tonus et des réflexes et peut-être aussi l'hypertonicité, la contracture et l’hyperréflectivité, comme cela s'est produit dans le second cas de M. Brissaud que nous allons résumer.

Il s'est produit ici, cs que j'ai répété, à maintes reprises déjà : « Si la lésion est brusque, la paralysie est flasque; qu'il s'agisse d'une lésion cérébrale ou d'une altération spinale, le choc traumatique provoque tout d'abord l'abolition du fonctionnement du taisceau pyramidal, carac- térisé par une paraplégie flasque. Au bout d'un certain temps, les fibres non détruites récupérent leurs fonctions; ces fonctions, tout d'abord faibles, deviennent de plus en plus marquées, puis, sous l'influence de l'irritation provoquée par des tissus environnants, elles s'exagérent et donnent lieu à la contracture (1) ».

Dans ce cas, il y avait donc, fonclionnellement, section complete de la moelle et, anatomiquement, section incomplète. Ce fait corrobore ce que j'ai dit précédemment concernant la prudence dont il ne faut pas se départir, lorsqu'il s'agit d'affirmer la nature d'une lésion médullaire transversale.

Voyons maintenant ce que vaut le second cas publié par M. Bris- saud (2).

Il s'agit d'une femme de 28 ans, qui, à la suite d'un coup de couteau porté entre les II* et IIIe vertèbres dorsales, présenta une paraplégie flasque avec anesthésie complète remontant jusqu’à une ligne horizontale passant au-des- sous des seins, abolition des réflexes et incontinence d'urine. Trois jours aprés apparut une escarre sacrée.

Un mois aprés, atrophie notable des membres inférieurs, secousses spon- tanées; les excitations provoquent des mouvements réflexes de défense, les escarres sont en voie de guérison.

Deux mois aprés le traumatisme, signe de Babinski, puis réapparition des réflexes rotulieus qui s'exagérent ensuite (5 juin). Puis les escarres guérissent. On fait une large ouverture qui permet de constater une section de la moelle «au morns dans toute l'épaisseur des cordons poslerieurs. »

Peu aprés de nouvelles escarres se montrent, la cachexie s'accentue et la malade meurt. « Sauf pendant les trots ou quatre derniers jours, les mouve- ments de flexion spasmodiques ne cessérent de se produire et les réflexes restérent exagérés. Aucun renseignement précis sur le clonus provoqué ».

L'examen microscopique démontra une dégénérescence ascendante et descendante analogue à celles consécutives aux sections expérimentales.

Au niveau de la section, on ne reconnait absolument rien de la moelle épi- nière. « Toutefois, vers la périphérie, quelques lacunes circulaires du tissu

(1) Croco. Rapport. (Comptes-rendus du XT Congrès des Aliċnistes et Neurologistes, p. 211. Journal de Neurologie, 1901, p. 515.)

(2) BRissAUD et BRÉCY. Section traumatique de la moelle épinière. Paraplégie d’abord flaccide puis spasmodique. (Soc. de Neurologie de Paris, 6 février 1902. Revue Neu- rologique, 1902, n^ 3, p. 152.)

410 JOURNAL DE NEUROLOGIE

cicatriciel présentent à leur centre comme une apparence de cylindraxes, pour autant que les colorations au carmin permettent d'en juger. »

La lecture attentive de ce cas suggère quelques observations dignes de remarque. Tout d'abord, M. Brissaud n'a pas examiné le patient dont l'observation a été recueillie par un interne; cette observation est très incomplète, elle néglige certains phénomènes essentiels tels que le clonus du pied.

Quoiqu’il en soit, il y a eu d’abord paraplégie flasque avec anesthésie, escarres, etc. Puis la réflectivité défensive est revenue ainsi que, quel- ques jours plus tard, les réflexes rotuliens et le Babinski. Les réflexes rotuliens se sont ensuite exagérés pour disparaitre trois ou quatre jours avant la mort.

D'après ma théorie, ce cas s'explique comme suit : un coup de couteau a sectionné incompletement la moelle, le choc a annihilé les fonctions médullaires et a provoqué une paraplégie flasque avec troubles sphinc- tériens et escarres. Peu à peu, le choc ayant disparu, le tissu nerveux non détruit a repris son fonctionnement, les réflexes défensifs, localisés dans la moelle, ont reparu, les escarres ont diminué. Puis les réflexes rotuliens ont reparu, le Babinski s'est montré; c'est alors, selon moi, que les fonctions conductrices de la moelle ont cessé d'être complète- ment abolies.

Les réflexes rotuliens se sont exagérés ensuite par irritation des faisceaux pyramidaux au niveau de la lésion. Puis la cachexie s'est déclarée, les réflexes ont de nouveau disparu pendant trois ou quatre jours et la malade a succombé.

Qui pourrait nous garantir que, pendant les trois ou quatre derniers jours de la vie de cette femme, la lésion médullaire ne s'est pas considé- fablement aggravée et q::e le nombre des cylindraxes persistant n'a pas diminué notablement.

Nous savons tous combien le système nerveux peut se modifier en quelques j jours et nous savons aussi que la période agonique peut donner lieu à des perturbations profondes dans le tissu nerveux.

Pendant les trois ou quatre derniers jours, il y a eu abolition de la réflectivité et cependant, à l'examen microscopique, il y avait encore un certain nombre de cylindraxes établissant des connexions entre lesdeux tronçons médullaires.

Vous voyez, Messieurs, que cette observation, pas plus que les autres, n'est à l'abri de la critique.

M. Lannois, de Lvon, a également fait va!oir des arguments contre la localisation supérieure des réflexes et du tonus musculaire. Dans un article récent et très intéressant, cet auteur rapporte l'observation sui- vante (1):

(D LasNors, Paralvsie flasque avec exageiation des ré'lexes rotuliens et tiépidation epileptoide. ( Zion mid., 23 fevrier 1602.

TRAVAIL ORIGINAL 411

Une femme de 41 ans, fut frappée, le 4 octobre, d'une paraplégie subite, qui s'améliora progressivement pour reparaitre le 7 novembre : la paralysie était absolument flasque, le relâchement musculaire complet, l’atonie totale, les réflexes rotuliens étaient exagérés et on observait une trépidation épilep- toïde inépuisable des deux pieds et un réflexe du fascia lata très net. L'anes- thésie était complète, cependant « il arrive parfois, dit l'auteur, si l'examen se prolonge, que l'on parvienne à provoquer une obscure sensation de contact léger sur les membres et les pieds ».

Au point de vue objectif, la malade éprouve quelques fourmillements dans les membres inférieurs.

La patiente meurt le 27 décembre ; pendant les derniers Jours de sa vie, les réflexes ont notablement diminué.

A l'autopsie, il y avait une nécrose sèche des vertèbres cervicales inférieures avec compression médullaire au-dessous du renflement brachial ; à ce niveau la moelle semble réduite à une coque périphérique sur uue hauteur de trois centimètres et demi.

M. Lannois considère ce cas comme équivalant à une section com- plète de la moelle ; 1l estime que les voies courtes sont redevenues per- méables, comme cela s'observe chez l'enfant atteint de maladie de Little; l'auteur accepte, dans ses grandes lignes, mon schéma, mais il le com- pléte par l'adjonction des voies courtes pour la réflectivité tendineuse.

Il admet néanmoins que l'état du tonus et des réflexes ne concorde pas toujours, puisqu'il a observé l'atonie compléte coincidant avcc l'exagé- ration des réflexes.

L'observation de M. Lannois est passible des mémes objections que celles de MM. Brissaud, Raymond et Cestan, nous ne sommes pas endroit de croire qu'il s'agissait d'une sec/iou complète de la moelle. Indépen- damment des restrictions générales faites plus haut, je ferai remarquer que /a sensibilité au contact n’élait bas complètement abolie, preuve que la conductibilité médullaire n'était pas totalement interrompue.

Je pourrais faire valoir aussi que l'examen microscopique manque, mais j'ai démontré que cet examen ne peut donner que des résultats trés approximatifs, qui ne permettraient pas de conclure plus nettement.

Aprés avoir fait l'examen détaillé des cas publiés en faveur de la théorie de M. Brissaud, je puis donc répéter intégralement ce que j'ai ditil y aun an:

« M. Brissaud pense que la lésion transversale compléte de la moelle n'abolit pas fatalement la réflectivité dans les parties sous-jacentes ; il croit méme que la section de la moelle peut provoquer la contracture. Mon savant collégue rapporte une observation dans laquelle il considére comme incontestable la section complète de la moelle, alors qu'il y eut contracture jusqu'à la mort. Je me permettrai, au contraire, de contester Ja nature de la lésion et de croire que la section n’etait pas complete, qu'il persistait, au niveau de la compression, un certain nombre de cylindraxes, que les procédés actuels de coloration n'ont pas permis de

412 JOURNAL DE NEUROLOGIE

déceler. M. Brissaud nous signale, du reste, le cas de Me Z..., où, pen- dant trois mois, il y eut paralysie flasque absolue et dans lequel ۰ sie démontra une section complète de la moelle, les deux bouts étant distants de près de deux centimètres.

» Voilà un cas incontestable et, dans ce cas, il y a eu flaccidité com- pléte, c'est-à-dire l'état prévu par la théorie de Bastian et par la mienne.

» Que l'on me montre un seul cas analogue oü, malgré une solution de continuité indubitable de la moelle, il y a conservation ou exagé- ration de la réflectivité et je n'ai plus qu'à me rendre à l'évidence des faits. Jusqu'à présent, ce cas n'existe pas.

» Il a fallu dix ans pour que la doctrine de Bastian soit admise ; cette doctrine a été vivement combattue ; aprés bien des luttes, elle arrive aujourd'hui à triompher et cela gráce à des recherches minutieuses poursuivies dans tous les pays par les hommes les plus compétents. Je ne pense pas qu'il soit permis de la contester à la légère et je crois, pour part, qu'elle ne peut que se confirmer (1). »

x * »

M. De Buck (2) est revenu récemment, à la Société de Neurologie, sur certaines objections qu'il a formulées déjà, dans les Annales de la Société de Médecine de Gand, il y a un an.

Il pense qu'il faut tenir compte des deux voies nerveuses ۵ et extrapyramidale ; la Voie pyramidale serait celle de la motilité volon- taire, la voie extrapyramidale serait la voie tonigène réflexe et automa- tique. Quand les deux voies sont détruites, il y a atonie musculaire ; quand la voie pyramidale seule est atteinte, il y a hypertonie; quand la voie extrapyramidale seule est lésée, il y a hypotonie ou atonie. La con- tracture post-hémiplégique résulterait ainsi de la lésion isolée du faisceau pyramidal sans atteinte du faisceau extrapyramidal ; le rôle inhibiteur du faisceau pyramidal étant annihilé, l'hypertonie se produirait et cette hypertonie serait plus accentuée dans certains groupes musculaires par- ce qu'ils subiraient moins l'influence inhibitrice et agiraient plus automa- tiquement que d'autres.

En terminant cette intéressante étude M. De Buck conclut :

« Le rapport du professeur Crocq est une ceuvre solidement travaillée et trés méritoire. Elle met bien au point l'importante question du tonus et des réflexes. Elle renferme une série de faits nouveaux et d'idées originales, étayées tant sur l'expérimentation que sur la clinique. Nous admettons ces idées dans leurs grandes lignes. Mais, à l'encontre de Crocq, nous croyons que

(1) CROCQ. Discussion. (Revue Neurologique, 1901, p. 821. Journal de Neurologie, 1901, 20, p.610)

(2) DE Buck. Journal de JVeurologie, 1502, p. 294. Voir aussi: Annales de la Société de Médecine de Gand, | 901.) z ۱ 0-3

TRAVAIL ORIGINAL 413

dans l'étude des réflexes et du tonus il y a lieu de tenir compte de deux voies archineuroniques, l'une extrapyramidale réflexogéne, tonigéne, l'autre pyra- midale, réflexolytique, tonilytique. On explique aisément par l'altération de l'une ou l'autre de ces voies ou de toutes les deux réunies les divers phéno- mènes observés du côté du tonus et des réflexes. Nous démontrerons ulté- rieurement que la théorie des deux voies régulatrices en sens inverse des phénomènes moteurs jette un jour tout nouveau sur la pathogénie encore si mal comprise des spasmes, des tics, des myoclonies, des chorées, des tremble- ments. Nous aurons l'occasion de revenir bien des fois sur ces faits dans les discussions de notre jeune Société belge de Neurologie. »

Pour combattre ma théorie, M. De Buck se base sur les reproches que m'ont adressé M M. Brissaud, Raymond et Cestan ; nous avons vu que ces critiques ne sont pas à l'abri de toute réfutation, et que, jusqu'à pré- sent, elles ne sont pas de nature à renverser la théorie que je vous ai exposée il y a un an.

En ce qui concerne le faisceau extrapyramidal, je ne conteste pas son importance, mais je pense que sa fonction est loin d'étre établie et que l'hypothèse de M. De Buck, quant au rôle tonigène et réflexogène de ce faisceau,ne constitue, dans l’état actuel de la science, qu’une hypo- thèse ingénieuse.

M. De Buck dit, en effet, que la lésion du faisceau extrapyramidal provoque l'hypotonie et l'hyporéflectivité ; le cas si intéressant de M M. Raymond et Cestan, dans lequel les noyaux rouges éta:ent si profondé- ment atteints, vient contredire cette affirmation.

Nous devons donc attendre des preuves de nature à nous démontrer le rôle tonigène et réfl:xogène du faisceau pyramidal avant d'accepter l'hypothèse si séduisante de M. De Buck.

* * *

Enfin M.Van Gehuchten, dansun article récent, me fait un certain nom- bre d'objections qui méritent d'étre relevées parce que mon savant con- frere m'a, tout derniérement encore, reproché de ne pas y répondre (1).

« Nous tenons à faire remarquer, dit-il, que si, à la page 159 de son rapport, Crocq admet des fibres distinctes pour les réflexes tendineux, fibres dont l'irritation est capable de donner lieu à l'érétisme de leurs cellules d'origine; il conteste l'existence de ces fibres spéciales à la page 114 : « rien ne nous autorise, dit-il, à admettre que les réflexes ten- dineux se transmettent par une voie spéciale. »

La contradiction relevée par Van Gshuchten est absolument illusoire : à la page 114, faisant allusion à la localisation dans le noyau rouge du

(D) VAN GEHUCHTEN. Les réflexes cutanés dans la paraplégie spasmodique. (Ze Nevraxe, vol. ILI, fasc. 3, 10 mars 1902, p. 283 et 284.)

414 JOURNAL DE NEUROLOGIE

centre des réflexes tendineux, j'ai dit : « Nous ne croyons pas non plus que le fait que le noyau rouge donne naissance à un faisceau descendant distinct soit favorable à cette localisation : rien ne nous autorise, en eflet, à admettre que les réflexes tendineux se transmettent par une soie spéciale. »

Cette phrase signifiait : du fait qu'il existe une vote anatomique spé- ciale reliant le noyau rouge aux cornes médullaires, nous ne sommes pas autorisés à conclure que cette voie soit celle des réflexes tendineux.

A la page 159, je cherche vainement un passage en contradiction avec la phrase précédente ; mon distingué contradicteur ne fait, du reste, pas mention de la citation qu'il critique. J'y développe cette idée que l'irrita- tion des cylindraxes provenant des cellules basilaires provoque l'éré. tisme de ces cellules et, par suite, l'exagération des réflexes.

Il est évident qu'en parlant de /ibres dont les cellules d'origine se trouvent dans les noyaux basilaires, j'admets implicitement que la moelle contient des cylindraxes émanant de ces cellules, mais nulle part je ne dis que ces cylindraxes constituent une vo? spéciale.

M. Van Gehuchten confond les mots voie et fibres; alors qu'il y a entre ces deux termes une différence profonde. Tous les muscles possédent leurs fibres spéciales, ils n'ont pas pour cela des voies particulières; le faisceau pyramidal contient des fibres spéciales destinées à des muscles particuliers, mais ces fibres suivent une méme vore cortico-spinale. En admettant que des fibres descendantes émanent des ganglions basilaires, je ne conclus nullement que ces /ibres suivent une voie spéciale, elles peuvent parfaitement se mélanger aux fibres cortico-spinales et suivre la voie du faisceau pyramidal.

Il est donc bien évident qu'en disant, d'une part, que rien ne nous autorise à admettre que les réflexes tendineux se transmettent par une voie spinale, d'autre part que les fibres cylindraxiles, contenues dans le faisceau pyramidal et provenant des ganglions basilaires peuvent étre irritées, je ne me suis nullement contredit.

Mais M. Van Gehuchten me reproche encore d'attribuer l'abolition des réflexes dans le tabes « à des modifications nerveuses dans les cen- tres basilaires (réflexes tendineux) et les centres corticaux (réflexes cu- tanés). « Nous sommes au regret, dit mon savant confrére, de ne pou- voir souscrire à aucune de ces considérations. Pour nous, d'accord en cela avec tous les neurologistes du monde, l'abolition des réflexes ten- dineux et cutanés chez un tabétique est uniquement due à l'interruption de l'arc nerveux réflexe périphérique, sans intervention aucune, nt des fibres cortico-shinales, ni des fibres rubro-shinales et nous croyons que tous les auteurs partazeront avec nous cette manière de voir (p. 271). »

Que viennent faire ici les fibres cortico et rubro-spinales et M. Van Gehuchten a t-il trouvé que j'admettais semb'able théorie ?

TRAVAIL ORIGINAL 415

M. Van Gehuchten, qui a étudié avec grande attention mon rapport à Limoges, a y lire les lignes suivantes :

« Daus le tabes, on admet, à juste titre, avec Westphal, que les réflexes ten- dineux sont diminués ou abolis. La raison physiologique de cette abolition est facile à saisir, en considérant que cette affection intéresse le protonenrone cen- tripèle, qui sert à la transmission des excitations nécessaires à la production des réflexes tendineux.

» Les réflexes cutanés sont beaucoup mieux conservés. Rosenbach, Ortan- koff, Bechterew, ont méme signalé l'exagération du réflexe abdominal au début du tabes. À mesure que la maladie évolue, les réflexes cutaués dimi- nuent et finissent par étre completement abolis.

» Pour les raisons générales énoncées plus haut, nous ne pouvons attacher une grande importance à l'exagération des réflexes cutanés et du réflexe abdo- minal en particulier. Le fait indiscutable qui ressort des travaux actuellement parus, fait que nos recherches personnelles, faites chez un certain nombre de tabétiques, confirment, c'est que les réflexes tendineux sont abolis.

+ Nous avons expliqué l'abolition des réflexes tendineux en admettant que la lésion des protoneurones centripètes ne permet plus la transmission des excitations tendiueuses aux centres basilaires. Si ces centres ne réagissent plus sous l'influence de la percussion des tendons, cela ne veut pas dire qu'ils ne reçoivent plus aucune des vibrations parties de ces tendons, mais seulement que ces vibrations sont trop faibles pour éveiller leur réaction.

» Les centres des réflexes tendineux sont habitués, comme nous l'avons déjà fait remarquer, à recevoir des impressions trés fortes, ils ne répondent pas à des irritations peu accentuées; de sorte que la diminution dans l'apport de ces impressions, causée par la lésion des protoneuroncs ceutripétes, pourra donner lieu, très facilement, à la diminution et même à l'abolition des réflexes tendineux.

» Au contraire, les centres corticaux des réflexes cutanés sont habitués à recevoir des excitations très faibles; nous avons vu qu'ils réagissent même mieux aux excitations faibles qu'aux fortes, qui aménent plutót leur épuise- ment et leur inexcitabilité; il s'ensuit que la diminution dans l'apport des im- pressions ne déterminera pas aussi rapidement l’affaiblissement des réflexes cutanés que celui des réflexes tendineux, les premiers ne nécessitant pas,pour se produire, une irritation aussi forte que les seconds.

Ainsi s'explique comment, dans le tabes au début, une lésion peut abolir les réflexes tendineux et laisser intacts les réflexes cutanés; ainsi se comprend aussi pourquoi, dans les périodes plus avancées de la maladie, les réflexes cutanés s'entreprennent à leur tour et finissent par disparaitre (1). »

Vous le voyez, Messieurs, je n'attribue pas du tout l'abolition des réflexes dans le tabes « à des modifications survenues dans les centres basilaires (réflexes tendineux) et les centres corticaux (réflexes cuta- nés) », ainsi que semble le croire M. Van Gehuchten. Je dis, au con-

(1) CROCQ. Loc. cit. (Comptes rendus du XT Congrés des Aliénistes et Noeurologistes de France, 1901, p. 1660. Journa! de Neurologie, 1901, n" 16 €t 17, p. 470.) |

416 JOURNAL DE NEUROLOGIE

traire, et bien catégoriquement, me semble-t-il, que ces modifications réflexes sont causées par l'altération plus ou moins profonde des pro- toneurones centripetes, dont la conductibilité diminue progressivement.

M. Van Gehuchten me fait un grief d'avoir entrepris des expé- 1iences dans le but d'établir le róle de la circulation fournie par les artères spinales dans la nutrition de la moelle lombaire.

« Pour savoir, dit-il, si l'abolition des réflexes tendineux et cutanés. dans la compression complète de la moelle cervico dorsale n'est pas la conséquence de troubles circulatoires de la moelle lombo-sacrée consé- cutifs à la compression des artères spinales, Crocq a institué des recher- ches expérimentales. Ces recherches étaient superflues pour quiconque connait l'anatomie de la circulation médullaire; il résulte, en effet, des travaux anatomiques de Adam-Kiwicz et de Kadyi que la circulation de la moelle est telle qu'une ligature de la moelle cervicale et de la moelle lombaire n'aurait aucune influence sur la circulation de la moelle dorsale. »

La maniére dont M. Van Gehuchten présente cette objection pourrait faire croire que j'ai entrepris mes expériences sans signaler celles qui avaient été faites par mes prédecesseurs.

Or, avant d'exposer mes résultats, j'ai cité et soigneusement noté les travaux de Stenon, Schwammerdam, Brunner, Albrecht, von Haller, Lorry, Lecat, Bichat, Ségalas. Flourens, Longet, Stannius, Schiff, Brown- Sequard, du Bois-Reymond, Nothnagel, Vulpian, Singer, Spronck, Fredericq, Colson, Munzer et Wienner, Sarbo, Marinesco, Lamy, Bal- let et Dutil, Rothman, De Buck, Soule, etc.

Mais je faisais remarquer que, malgré ce grand nombre de travaux concordants. les auteurs admettaient encore l’action prédominante des artères vertébrales sur la circulation médullaire. Je citais, entre autres, cette opinion de Jendrassik (1), émise au dernier Congrès de médecine de Paris.

« Tout en admettant ces hypothèses, je voudrais attirer l'attention sur une possibilité, que j'avais mentionnée déjà dans un de mes travaux, et que j'estime avoir une grande importance en la matière. C'est l'influence du foyer primaire de la lésion sur la circulation du sang dans la moelle. La luxation d'une vertébre, avec écrasement de la moelle, la pression d'une tumeur, la pachymeningite, méme les scléroses, etc., peuvent empécher la circulation dans les vaisseaux spinaux antérieurs et postérieurs, la moelle ne recevra dorénavant du sang que par les anastomoses avec les artères intercostales. Naturellement ce ralentisse- ment de la circulation est très différent dans les divers cas, 1l peut même y avoir des différences individuelles, selon le calibre des vaisseaux, mais

(1) JENDRASSIK. Sur la nature des réflexes tendineux. (Rapport au XII Congrès intern. de méd., Paris, 1900. Comptes rendus de la section de Neurologie, n. 165.)

TRAVAIL ORIGINAL 417

on pourrait facilement comprendre, par la résultante ischemie, l’abais- sement temporaire ou même permanent de l'irritabilité des cellules Encore, dans ces états extrèmement pénibles, quelquetois les réflexes rotuliens persistent, comme les derniers foyers restés indemnes, si, par hasard, leur centre se trouve mieux arrose par le sang.

» Nous pouvons donc conclure que l'abolition des réflexes tendineux, dans les cas de lésion des parties supérieures de la moelle, prouve une altération des éléments de la moelle lombaire; cette altération peut cependant n'étre que transitoire; ainsi, daus ces conditions, le signe de Westphal n'est nullement un symptóme absolu de la division de la moelle. »

Je faisais remarquer que cette opinion n'était pas neuve et qu'elle avait été formulée déjà par Vulpian:

« Ainsi que je viens de le dire, écrit cet éminent physiologiste, une lésion traumatique, siégeant au dessus du renflement, au niveau du milieu de la région dorsale, ou mème plus haut, peut déterminer une abolition complète et définitive de la réflectivité de toute la partie inférieure de la moelle.

× Bien que les artères intercostales et lombaires fournissent des rameaux médullaires, la lésion, en comprimant ou en déchirant les artéres spinales au point même elle atteint la moelle, peut déterminer un tel trouble dans la circulation de la région inférieure de cət organe, que l'irrigation sanguine y devienne insuffisante pendant un temps assez long et que les modifications dont j'ai parlé se produisent dans la substance grise de cetie région. »

kt la preuve que je n'avais pas tort d'insister sur ce point et de démontrer à nouveau que la région lombaire de ia moelle doit avant fout, sa vitalité à la circulation provenant de l'aorte abdominale, c'est que, malgré mes expériences, il s'est encore trouvé, parmi les membres du Congrès, et parmi les pius éminents, des personnalités qui ont con- testé ce fait.

M. Brissaud, par exemple, s'est exprimé comme suit : « M. Crocq, contrairement à une opinion exprimée jadis par Vulpian, et soutenue récemment par Jendrassik, n'attribue aucune importance aux troubles vasculaires dans les sections ou ligatures de la moelle; il n'admet pas que le trouble circulatoire surajouté à linterruption des conducteurs ner- veux joue le moindre róle pathogénique dans la production des para- plégies. Je ne suis pas en mesure de le contredire formellement à cet évard

» [| me semble toutefois bien difficile de méconnaitre l'importance de l'artère spinale antérieure dont la fonction principale est d'irriguer la substance grise de la moelle épiniére; jusqu'à preuve du contraire je me refuserai à considérer comme nulle et non avenue, au point de vue des troubles qui en résultent, l'obstruction soudaine de l'artère la plus

A18 JOURNAL DE NEUROLOGIE

volumineuse de l’axe spinal, celle à laquelle la substance grise emprunte directement les éléments de son activité vitale (p. 816) (1). »

Dans le même sens, M. Mendellsohn a dit: « Rien ne prouve, du reste, que la disparition des réflexes à la suite d’une altération de la partie cervicale de la moelle soit l'effet de cette lésion et le résultat direct de l'interruption des voies conductrices. La cause de ce phéno- mène pourrait être bien plus complexe et résider dans les troubles dynamiques et circulatoires de la moelle provoqués par la lésion. »

M. Van Gehuchten me reproche donc d'avoir cherché à confirmer un fait qu'il considère comme absolument établi et que d'autres, non moins distingués que lui, contestent énergiquement !

M. Van Gehuchten dit encore : « En parlant de la circulation de la moelle, Crocq fait provenir l'artère spinale antérieure du tronc basilaire et l'artére spinale postérieure de l'artére spinale anté- rieure. Or, il suffit d'examiner une moelle ou d'ouvrir n'importe quel traité d'anatomie pour apprendre que l'artère spinale antérieure provient des deux vertébrales et l'artère spinale postérieure de l’artère cérébel- leuse inférieure. »

Je n’ai évidemmenf pas, dans mon rapport, voulu décrire en détail la circulation médullaire, ni l'origine de chacune des branches artérielles ; jai simplement rappelé que, /onctionnellement, les artéres spinales antérieures et postérieures reçoivent leur circulation de nombreuses anastomoses. J'ai dit : « La spinale antérieure, branche de l'artère basilaire du cerveau, parcourt le sillon longitudinal antérieur jusqu'à l'extrémité de la moelle ; sur son trajet, elle recoit, dans l'intervalle des vertèbres, des rameaux des artères vertébrales, intercostales, lombaires et sacrées, qui viennent la renforcer (2). »

Or, dans le traité d'anatomie de M. Van Gehuchten, je lis : « Tout près de la formation du tronc basilaire, chaque artère vertébrale fournit encore, du côté interne, une artère importante : l'artère spinale anté- rieure (3). » |

L'artére spinale antérieure naît, par conséquent, à peu prés à l'endroit les deux artères vertébrales se fusionnent pour former le tronc basi- laire ; en disant « l’artère spinale antérieure, branche de l'artère basi- laire », je n'ai donc pas commis une erreur anatomique aussi grossière que M. Van Gehuchten veut bien le dire.

Poursuivant l'idée physiologique de la circulation médullaire et sans entrer dans aucun détail, j'ai dit : « Les spinales postérieures provien-

(1) BRISSAUD. Discussion. (Revue Neurologique, 1901, w 16, Pp. 816. Journal de Neu- rologte, 1901,n’20 p. 0O05.) (2; CROCQ. Rapport. (Comptes-rendus du XD Congrés des Aliénistes et Neurologistes, 1901, p. 94. Journal de Neurologie, 1901, n' 16 et 17, p. 398.) M VAN GEHUCHTEN. Anatomie du systóme nerveux de l'homme, p. 463. (Louvain, 1897.)

TRAVAIL ORIGINAL 419

nent de la spinale antérieure, des vertébrales, des intercostales, des lombaires et des sacrées. » En m'exprimant ainsi, je ne désirais nulle- ment décrire anatomiquement le trajet des spinales postérieures, mais simplement indiquer que le sang qu'elles charrient provient de sou:ces multiples.

Lorsque M.Van Gehuchten dit queje fais provenir l'artére spinale posté- rieure de l'antérieure, il devrait ajouter : arusi que des vertébrales, des intercostales, des lombaires et des sacrées.

M. Van Gehuchten, dans son traité d'anatomie, dit que l'artère verté- brale donne naissance à l'artére cérébelleuse inférieure et que celle ci, au moment elle décrit sa première courbe, donne une branche colla- térale, artère spinale postérieure (p. 468).

Obersteiner (1), au contraire, s'exprime comme suit : « De chaque cóté de l'artére vertébrale part une autre artére (arteria vertebro-spinalis posterior ou simplement arteria spinalis posterior), qui s'appuie latérale- ment sur les racines postérieures et se dirige en bas comme branche impaire, sans se réunir avec l'artére du méme nom du cóté opposé. »

D'autre part, les artères spinales postérieures reçoivent des anasto- moses nombreuses, entre autres de la spinale antérieure, des intercos- tales, des lombaires et des sacrées.

. En somme, soit que l'on admette,avec M.Van Gehuchten, que l'origine

des spinales postérieures se fait sur les artères vertébrales, soit. qu'on pense, avec Obersteiner, qu’elles proviennent des vertébrales, les sources de la circulation médullaire n’en sont pas moins très nombreuses et émanent non seulement des cérébelleuses ou des vertébrales, mais en- core des intercostales, des lombaires, des sacrées et de la spinale anté- rieure.

C'est en se plaçant au même point de vue que moi que Soulé (2), dans s )n travail sur les troubles fonctionnels consécutifs à la ligature tempo- raire de l’aorte abdominale, écrit :

« La spinale antérieure, branche de l'artère (ou tronc) basilaire du cerveau, parcourt du côté caudal le sillon longitudinal antérieur jusqu'à l'extrémité de la moelle. Sur son trajet, elle reçoit, comme nous le ver- rons, dans l'intervalle des vertèbres, des rameaux des artères verlébrales, iulercostales, lombaires et sacrées, qui viennent la renforcer.

» Les spinales postérieures se trouvent sous les racines dorsales des nerfs rachidiens. Eles proviennent des branches de l'artère spinale antérieure, des artères vertébrales, intercostales, lombaires et sacrées.

» De ces trois rameaux naissent un très grand nombre d’arterioles, qui s'anastomosent dans la pie mère spinale en formant un réseau. »

(1) OBERSTEINER. Anatomie ces centres nerveux. Trad. Coroenne. Paris, 1893, P. 257.

(2) SouLÉ. Contribution à l'étude expérimentale des troubles fonctionnels et des aliérations médullaires consécutils à la ligature temporaire de l'aorte abdominaie chez le chien. (Paris, 1899, p. 46.)

490 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Ces détails n'avaient, du reste, aucune importance au point de vue qui m'occupait ; j'avais en vue, non pas de décrire l'origine et le trajet des vaisseaux médullaires, mais bien de montrer leurs anastomoses nom- breuses, leurs sources complexes, de facon à expliquer l'importance prépondérante des branches anastomotiques et en particulier des bran- ches aortiques.

M Van Gehuchten me reproche ezcore de localiser le centre des réflexes tendineux dans les corps opto-striés. « Dans toutes les figures construites par Crocq, nous voyons ce centre basilaire représenté comme lieu de terminaison des fibres ascendantes provenant des noyaux des cordons postérieurs et le lieu d'origine des fibres descendantes se termi- nant dans la moelle. Or, anatomiquement parlant, ane Zelle masse grise n'exisle bas, au moins dans l'état actuel de la science ; nous savons, en eflet, que les fibres ascendantes représentées par Crocq se terminent dans la couche optique et que les fibres descendantes proviennent du noyau rouge. »

M. Van Gehuchten dit en substance : les corps opto striés reçoivent bien des fibres ascendantes, centripétes, mais elles n'émettent pas de fibres descendantes, centrifuges.

Je commencerai par faire remarquer que nos connaissances anato- miques concernant les connexions des corps opto-striés sont encore trés restreintes. Il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir le remar- quable ouvrage de Dejerine sur l'anatomie des centres nerveux.

Aussi, n'est-ce pas sur les données anatomiques que je me suis basé pour localiser dans les corps opto-striés le centre des réflexes tendineux. J'ai eu recours aux notions, plus complètes dans l'état actuel de la science, de la physiologie nerveuse.

Voici comment je me suis exprimé (1) :

« Chezl'homme, le centre des réflexes tendiueux est mésocéphalique ; la question de savoir à quel niveau exact se trouve ce centre ne peut être réso- lue, dans l'état actuel de la science, que par des hypotheses.

von Monakow dit, d'une maniére générale, que c'est dans les masses grises sous corticales; tout récemment, Van Gehuchten a émis l'opinion que les fibres motrices des réflexes tendineux forment un faisceau spécial, ayant son origine dans le noyau rouge et formant, daus la moelle, le faisceau de von Monakow. Pour Van Gehuchten, le noyau rouge serait donc le centre des réflexes tendineux.

. Bien que l'auteur ne nous explique pas comment, à son avis, l'écorce céré- brale aurait, sur les réflexes tendineux, le rôle inhibiteur que l'on ne peut lui dénier, il serait permis d'admettre que cette action d'arrét a lieu par les fibres cortico-rubriques dont Dejerine (2) a démontré l'existence en 1895.

(1) CROCQ. Rapport. (Comptes rendus du XT Congrès des Alhénistes et Neurologistes, 1901, p. 113. Journal de Neurologte, 1901, p. 417.) (2) DijkRINE. Anatomie des centres nerveux, T. IT, fasc. [, 1901, p. 72.

TRAVAIL ORIGINAL 42

Nous nous demandons néanmoins pourquoi Van Gehuchten localise le centre des réflexes tendineux dans le noyau rouge, plutôt que dans d'autres noyaux sous-corticaux. L'insistance que l'auteur met à décrire les connexions cérébelleuses de ce noyau semble indiquer que, dans sa pensée, persiste l'idée de l'actiou excitatrice du cervelet sur les réflexes, imaginée par Jackson et Bastian et reprise par lui-méme en 1897.

Les développements, dans lesquels nous sommes entrés, nous permettent de nier cette action excitatrice du cervelet et nous ne voyons pas pourquol nous devrions chercher à localiser les rétlexes tendineux dans un centre en connexion si étroite avec le cervelet.

Nous ne croyons pas non plus que le fait que le noyau rouge donne nais- sance à uu faisceau descendant distinct, soit favorable à cette localisation; rien ne nous autorise, en effet, à admettre que les réflexes tendineux se trans- mettent par une vore spéciale.

La physiologie nous enseigne que les centres corticaux possèdent des auxi- liaires puissants, qui, chez les animaux inférieurs, les remplacent complete- ment, qui, chez les animaux plus élévés, peuvent suppléer en partie à leur fonctionnement, et qui, chez l'homme, possèdent encore un rôle considérable. Ce sont les corps opto-striés (Ferrier [1], Luciani et Tamburini [2], Seppilli).

« Tous les faits de suppléance, disent Luciani et Seppilli (3), sont facile- ment explicables en admettant que les fonctions des ganglions sous-corticaux (analogues à celles de l'écorce de la zone excitable), sont à un assez haut degré de développement chez le chien, à un faible degré chez le singe, à un très faible degré chez l'homme, c'est-à-dire en raison inverse du développement de la zone excitable corticale dans chaque groupe. »

Parlant des couches optiques et des corps striés, Laborde (4) s'exprime comme suit : « Sont-ce des centres supérieurs d'élaboration fonctionnelle, no- tamment des centres réflexes supérieurs, des foyers récepteurs de transforma: tion des impressions sensitives en mouvements volontaires, en rapport orga- nique et fonctionnel avec les centres de contrôle qui président À la perception consciente ? Cela est possible, probable même, si l'on considère la situation, les connexions et la constitution propres de ses masses ganglionnaires, qui sont moins des lieux de passage pour les fibres conductrices, que des composés d'éléments nobles ressortissant à la substance fondamentale d'élaboration fonctionnelle, ou substance grise cérébrale. Peut-être y aurait-il lieu, en vue de cette interprétation, de ne point les séparer, fonctionnellement, en deux ganglions cérébraux, et même de les considérer solidairement avec les conduc- teurs interganglionnaires de l'expansion pédonculaire, constituant de la sorte, et ainsi que nous étions déjà amené à le remarquer plus haut, un double sys- tème sensitif et moteur, ou sensitivo-moteur, moteur par sa fonction anté- rieure ou lenticulo-striée, sensitif par sa partie postérieure ou lenticulo-opti- que. »

Anatomiquement, rien ne s'oppose à ce qu'on localise le centre des réflexes

(1) FERRIER. Les fonctions du cerveau (Paris, 1878, p. 338.)

(27 LuctANI et TAMBURINI. Sui centri psico-motori (1878, 10° conclusion.) (3) LuciANI et SEPPILI. Local. funz. d. cerv. (p. 254-301-350.)

(4) LABORDE. Traité élémentaire de physiologie (Paris, 1892, p. 269.)

499 JOURNAL DE NEUROLOGIE

tendineux dans les ganglions opto-striés. « Les connexions du /Za/azus, dit Dejerine (1), sont multiples et complexes.

» Située entre le tronc encéphalique et le cerveau antérieur, la couche op- tique représente, en effet, une véritable station intermédiaire qui est reliée, par de nombreuses fibres, à la cor/icalité cérébrale, au corps strié, au cervelet et au fronc encéphalique, et qui est en connexion avec la plupart des systèmes sensitvo-sensoriels.

» Par la partie centrale du noyau externe et le centre médian de Luys, elle reçoit le ruban de Rerl médian; par le corps grenourlle externe et le pulvinar, elle entre en connexion avec la baudelette optique ; par le corps grenourllé iu- terne, elle reçoit le neurone auditif cortical; le faisceau de l'ic-d Aa, Je 1061110 semi-circularis et le gaughion de l'habenula, assurent ses connexions avec les régions antérieures et postérieures du rArncencedhale.

» Les connexions du thalamus avec la corticalité cérébrale et avec le corps strié s'établissent surtout par l'intermédiaire des fibres radices, tandis que le dense feutrage de fibres, qui occupe toute la couche centrale du thalamus, assure les connexions de ce ganglion aveclecervelet et le tronc encéphalique.»

M.Van Gehuchten me reproche de dire que, anatomiquement, rien ne s'oppose à ce que nous localisions le centre des réflexes tendineux dans les corps opto-stries.

Il admet que ces masses grises reçoivent des fibres ascendantes; ce fait est exact et confirmé par Dejerine. Mais mon distingué confrère fait remarquer que, dans l'état actuel de la science, on ne connait pas de fibres descendantes partant des corps opto-striés.

Ainsi que je le disais tantôt, si l’on consulte, à cet effet, le livre si complet de Dejerine (2), on remarque immédiatement que les notions actuelles concernant l'existence ou la non existence des fibres descen- dantes, provenant des corps opto-striés, sont trés peu précises.

« Le corps strié possède de nombreuses fibres groupées en épais fas- cicules dont la plupart sont des fibres de passage provenant des neu- rones corticaux (fibres cortico-thalamiques, cortico-protubérantielles, cortico-médullaires, etc.). Ces fibres abandonnent au corps strié quel- ques fibres collatérales qui sont recouvertes d'une mince gaine de nyé- line et s'arborisent librement au voisinage des cellules de Golgi et des cellules à cylindraxe long (p. 307). »

Cette citation prouve que les fibres cortico-spinales, qui relient l'écorce cérébrale aux cellules des cornes antérieures de la moelle et du bulbe se mettent en connexion, par des collatérales, avec les cellules des corps striés.

« Les fibres nerveuses qui prennent leur origine dans le corps strié,

(1) DEJERINE. Anatomie des centres nerveux, t. 1I, p. 370. (2? DEJERINE. Anatomie des centres nerveux, fasc. II, p. 307, 3c8, 317, 318, 369.

TRAVAIL ORIGINAL 493

dit Dejerine, sont réprésentées parles cylindraxes des cellules de Deiters. Elles aftectent un trajet descendan!, constituent les fibres de projection striées, les radiations ou neurones striés et sont destinées à relier le corps strié à la couche optique et à la région sous. optique, en parti- culier au corps de Luys.

» Le corps strié reçoit des fibres terminales ascendantes dont les cel- lules d’origine sont encore inconnues (p. 308).

» Le corps strié est relié aux cerveaux intermédiaire et moyen par un volumineux système de fibres d'une valeur phylogénétique considérable. Pris dans son ensemble, ce système constitue le faisceau basal du cer- veau antérieur des vertébrés, le système des radiations striées que lon peut encore désigner sous les noms de radiations s/rio-thalamiques, et strio-sous-thalamiques

» Il relie, à la manière de certaines fibres corticales, le corps strié à la couche optique et à la région sous-optique, en particulier au corps de Luys et au locus niger (p. 317).

» Le complexus de fibres qui relient le rhombencéphale à la couche optique contient surtout des fibres ascendantes, afférentes, thalamo- pétes, des fibres se terminant dans la couche optique; il contient néan- moins un petit nombre de fibres afférentes thalarnofuges, qui prennent naissance dans les cellules du thalamus, empruntent plus particulière- ment le trajet du faisceau thalamique de Forel et des radiations de la calotte.

> Le ruban de Reil médian paraît même contenir que'ques rares fibres descendantes d’origine thalamique, mais leur nombre est insignifiant lorsqu'on le compare à celui des fibres ascendantes ou terminales. »

Ces citations prouvent que les corps opto-striés possèdent des con- nexions centripètes et centrifuges nombreuses dont le trajet est loin d'être élucidé.

La physiologie coinparée du système nerveux des animaux prouve que les corps opto-striés constituent un organe important, un centre anatomique très développé; d'autre part, la communication collatérale des fibres cortico-spinales avec le corps strié semble établie et les re- cherches anatomiques démontrent que ces centres possèdent un grand nombre de fibres centrifuges dont le trajet est encore incomplètement é:abli et qui s'intriquent avec les fibres pyramidales, ainsi que le dit Dejerine dans le passage suivant :

« Chez les mammifères, en particulier chez l’homme, l'étude du système des fibres striées est plus difficile à cause de son intrication avec le systéme des fibres de projection de l'écorce cérébrale (p. 318). »

Dans ces conditions, je crois que j'étais autorisé à dire que, anatomi- quement, rien ne s'opposait à localiser le centre des réflexes tendineux dans les corps opto-striés.

424 JOURNAL DE NEUROLOGIE

M. Van Gehuchten, qui a étudié le noyau rouge et les fibres rubro-spi- nales qui mettent ce noyau en communication avec la moelle, se base sur cette donnée anatomique pour y localiser les réflexes tendineux.

« Pour vérifier ces faits. dit-il, nous devrions pouvoir examiner l'état des réflexes cutanés et tendineux dans des cas pathologiques nous sommes surs d'avance de rencontrer une lésion isolée, soit des fibres cortico spinales, soit des fibres rubro spinales. Une lésion 150166 5 fibres rubro-spinales wa pas encore élé signalée (1). »

Cette lésion, qui n'existait pas lorsque M. Van Gehuchten a publié son article (1900) vient d'être observée par MM. Raymond et Cestan (2) qui ont eu l'occasion d'étudier soigneusement un cas d'endotheliome épithélioide du noyau rouge, dont voici l'observation résumée:

Le néoplasme avait déterminé un syndróme de Weber, avec paralysie de la III* paire gauche et troubles moteurs du bras et dela jambe du cóté droit. Le malade, âgé de 57 ans, avait été atteint, en décembre 1901, d'une paralysie de toutes les branches de la III* paire gauche et de troubles moteurs du bras et de la jambe du cóté droit consistant, non en paralysie motrice proprement dite, car il n'existait ni trépidation spinale, ni signe de Babinski, ni perte de la force segmentaire, mais en troubles d'incoordination, en titubation dans la marche, en tremblement statique et intentionnel du bras droit, en asynergie cérébelleuse de la jambe droite ; en outre, la parole était lente, scandée, un peu analogue à celle de la sclérose en plaques. Vers le mois de février 1901 sont survenues des parésies dans les branches de la III* paire droite, et le ma- lade est mort au mois de mars 1901, ayant toujours conservé les troubles d'in- coordination des membres du côté droit.

A l’autopsie, on a trouvé une tumeur de la grosseur d'une petite noix, logée dans le pédoncule cérébral gauche. Cette tumeur avait détruit à gauche la totalité du noyau rouge, la partie interne du ruban de Reil, le noyau de la III* paire ; à droite, la moitié interne du noyau rouge. Elle avait entierement respecté le pied du pédoucule cérébral; la méthode de Marchi, en effet, n'avait pas montré de corps granuleux dans la voie pyramidale bulbaire et médullaire ; elle n'avait pas permis de trouver, en outre, un faisceau rubro- spinal.

Cette tumeur est constituée par une série de tubes, qui ont complètement détruit la substance nerveuse. Leur paroi est formée par une couche de cel- lules cylindriques, à contour bien limité, à noyau central allongé, très coloré. Dans la lumière du tube existe une papille formée d'un vaisseau qu'entoure un tissu d'aspect myxomateux. La tumeur s'agrandit par des bourgeons externes de tubes, bourgeons à l'intérieur desquels pénètrent les papilles vas- culaires, donnant ainsi au néoplasme un aspect papillomateux. Le centre de la tumeur est en nécrobiose complète.

(1) VAN GEHUCHTEN. Réflexes cutanes ct réflexci tendineux. (Ze Vévraxe, vol I, fasc. 3, P. 262, 1900.)

(2) RAYMOND et CEsTAN. Sur un cas d'endotheliome épithelioide du noyau rouge. (Societe de Neurologie de Paris, 15 mai 1502. A'erue Nenrologique, N°10, 30 mai 1902 p. 4503. Archives de Neurologte, n 80, auüt 1502, pP. 81.)

TRAVAIL ORIGINAL 495

Il a été impossible de trouver un cancer dans les viscères ; aussi, se basant sur les caractères des cellules néoplasiques, sur ce fait important que la pie- mère du pédoncule est revêtue d'une couche de cellules néoplasiques avec papilles bourgeonnantes dirigées vers l’intérieur du pédoncule, les auteurs admettent que la tumeur n'est pas secondaire à un cancer viscéral passé inapercu, mais qu'elle est primitive et peut étre dénommée endothéliome épithélioide aux dépens de la pie-mére pédonculaire. C'est donc, au point de vue histologique, une observation exceptionnelle.

Les auteurs font ensuite la physiologie pathologique du syndrôme présenté par le malade ; ils admettent que l'incoordination motrice, les troubles de la parole et l'asynergie cérébelleuse ont été surtout provoqués par la lésion du pédoncule cérébelleux supérieur, interrompu au niveau du noyau rouge ; en vertu de l'entrecroisement de ce pédoncule cérébelleux au-dessous de ce noyau, les troubles moteurs siègent du côté oppose à la lésion.

Enfin, les réflexes tendineux du malade étaient exagérés des deux côtés, malgré la destruction complète d'un noyau rouge et accentuée de l'autre noyau ; on ne peut donc admettre que ce noyau est le seul centre producteur du tonus musculaire.

Voilà un cas bien net qui démontre, ainsi que jo l'avais prévu, que le noyau rouge n'est pas le centre des réflexes tendineux. Si j'avais adopté la théorie anatomique de M.Van Gehuchten, je devrais actuellement me retrancher derrière l’inconnu; cette destruction bien démontrée du noyau rouge annihilerait toutes mes espérances.

Ma théorie étant physiologique et basée sur l'expérience pratiquée et contró:ée depuis des années, j'attends encore les faits pathologiques qui me démontreront que les corps opto-striés peuvent être détruits sans qu’il y ait abolition des réflexes tendineux.

Continuant sa critique, M.Van Gehuchten dit : « Crocq admet que les fibres pyramidales sont nécessaires à la production de l'exagération de la réflecuvité tendineuse; leur destruction amenant l'abolition de ces réflexes..ll serait intéressant de savoir quelles fibres pyramidales Crocq a en vue. C2 ne sont pour sur pas les fibres rubro-spinales, puis- que ces fibres proviennent du noyau rouge et que Crocq localise le centre des réflexes tendineux dans les noyaux opto-striés. Ce ne sont pas davantage les fibres cortico-spinales puisque dans l'hémiplégie organique ces fibres ont disparu et malgré cela exagération des réflexes tendineux est la règle ».

Ce ne sont certes pas les fibres rubro spinales auxquelles j je fais allu- sion, ainsi que le dit si bien M.Van Gehuchten et je nren félicite sinon, le cas de MM. Raymond et Cestan ruinerait ma théorie. En ce qui con- cerne les fibres cortico-spinales, je ne pense pas non plus qu'elles doivent conduire linflux réflexe tendineux, quoique cependant les collatérales que ces fibres envoient au corps strié pourraient faire croire que certaines d’entre-elles pourraient avoir un rôle dans les

426 JOURNAL DE NEUROLOGIE

fonctions réflexes des ganglions basilaires. Sans pouvoir l'affirmer, je crois cependant qu'il doit exister, intimement mélangées au faisceau cortico-spinal, des fibres descendantes émanant des corps opto-striés reliant ces derniers aux cornes antérieures de la moelle; ces fibres ne sont peut être pas directes, elles sont peut-être interrompues à diffé- rents niveaux par des neurones intercalaires. Mais, dans mon idée, il doit y avoir une communication centrifuge reliant les corps opto-striés à la moelle, sans que cette communication doive se faire par une voie spéciale; je crois que ces fibres se joignent au faisceau pyramidal et s’en- tremèlent aux cylindraxes venus de l'écorce cérébrale.

M.Van Gehuchten me demande encore si j'ai examiné, chez les batra- ciens, les poissons, les reptiles, les mêmes réflexes cutanés que chez l'homme. Certes non, je ne l'ai pas fait; ces expériences sont assez clas- siques pour ne pas d »voir y revenir. Ce que les physiologistes prouvent à n'en pouvoir douter, c'est que tous les actes réflexes de ces animaux inférieurs sont exagérés par la destruction des lobes cérébraux.

J'avoue n'avoir pas étudié les réflexes c/iniques de la grenouille, ni du lézard, ni de la carpe. Mais j'ai étudié ceux du lapin, du chien et du singe et je puis affirmer que, chez le lapin et le chien, la section de la moelle cervico-dorsale donne lieu à une exagération immédiate des réflexes tendineux, à l'abolition temporaire et à la diminution perma- nente des réflexes cutanés, avec conservation des réflexes défensifs ; chez le singe, la section de la moelle provoque l'abolition momentanée de la réflectivité, tant tendineuse que cutanée, qui peut reparaitre quel- quefois après un laps de temps plus au moins long, avec conservation, encore, de la réflectivité défensive.

Chez l’homme, la section complète de la moelle provoque l'abolition permanente et complete de tous les réflexes cliniques, avec conservation de certains réflexes de défense.

Ces faits ont été l’objet de grands développements dans mon rapport; à chaque page je reviens sur cette question et je différencie bien nette- ment les réflexes cliniques (tendineux et cutanés) des réflexes défensifs.

Dans mes conclusions, p. 240, je dis :

d) « Chez l'homme, les voies longues sont seules chargées de produire les réflexes tendineux et cutanés; les centres des réflexes tendineux sont basilaires et soumis à l'action inhibitrice du cerveau et du cervelet; ceux des réflexes cutanés sont corticaux.

Ici encore, certains réflexes défensits continuent à parcourir les voies courtes (piqüre, eau chaude ou froide). »

Je ne comprends pas bien M. Van Gehuchten lorsqu'il dit : « contrai- rement à l'affirmation de Crocq, dans les cas de lésion transversale complète de la moelle cervico-dorsale chez l'homme, la réflectivité cutanée ou défensive du tronçon inférieur de la moelle se trouve exa- gérée ; cette exagération marche de pair avec l'abolition des réflexes que nous avons appelés normaux ou physiologiques. »

TRAVAIL ORIGINAL 427

Je n'ai nulle part dit que la réflectivité défensive fut abolie dans les cas de section complète de la moelle cervico-dorsale de l'homme, mais je n'ai pas dit, non plus, qu'elle fut exagérée. J'ai dit que les réflexes défensifs persistaient parce qu'ils se faisaient par les voies courtes et ce fait est prouvé par l'existence du réflexe plantaire profond, et du réflexe au chaud ou au froid.

J'ignorais complètement que les réactions provoquées par la piqure profonde du pied ou par le contact de l'eau chaude ou froide fussent plus énergiques chez le paraplégique par section médullaireque chez l'homme normal. Je croyais, au contraire, que ces réactions nécessitaient des impressions plus fortes et que la rétraction du membre, par piqûre pro- fonde de la plante du pied,donnait lieu à une réaction plus énergique de la jambe chez l'individu normal que chez celui qui est atteint de section de la moelle. Tous les cas que j'ai observés ainsi que ceux que j'ai vu publiés répondent à cette idée. M. Van Gehuchten m'affirme le con- traire, j'attends qu'il me le prouve.

* * *

Je viens de passer en revue toutes les critiques qui, à ma connaissance, ont été dirigées contre les idées que je vous ai développées l'année der- nière.

Vous pouvez constater, Messieurs, que, parmi ces critiques, il en est qui ont une portée réelle, tandis que d'autres ne présentent qu'un inté- rét tout à fait secondaire.

Les plus sérieuses sont, sans contredit, celles qui se basent sur les résultats observés dans les cas de lésion médullaire transversale. Je veux parler des objections faites par MM. Brissaud, Grasset, Raymond, Cestan et Lannois. Je dirai méme que la discussion réellement scienti- fique n'existe que sur ce point : les uns prétendant avec Bastian, Bruns, Van Gehuchten et moi-même, que la section compblèle de la moelle provoque, chez l’homme, une abolition totale du tonus et des réflexes, avec persistance seulement de certains réflexes défensifs ; les autres affirmant avec Brissaud, Grasset, Raymond et Cestan, que la sec- tion complete de la moelle ne donne lieu à l'abolition du tonus et des réflexes que lorsque cette section est brusque, tandis qu'elle donne lieu à la conservation et méme à l'exagération du tonus et des réflexes lors- qu'elle est lente et progressive.

Ces différencesd'opinion résultent des énormesdifférencesexistantentre les observations des auteurs et de l'appréciation,trés différente aussi, des cliniciens concernant la nature de la lésion qu'ils observent : les uns,con- vaincus que la section compléte de la moelle ne donne lieu à l'abolition du tonus et des reflexes que si la lésion est brusque, considérent comme répondant à une section compléte de la moelle les cas que d'autres, et moi en particulier, rapportent à une section incompléte.

498 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Nous avons vu que l'examen histologique n'est pas, jusqu'à présent, capable de trancher le différend; les résultats qu’il a donnés semblent, au contraire, donner raison à ma manière de voir, car, dans tous les cas que l'on ma opposés, il y avait conservation d'une certaine conduc- tibilité médullaire prouvée par la persistance Qun certain nombre de fibres nerveuses à l'endroit le plus atteint de la lésion.

Un seul cas indéniable a été rapporté, dans lequel les deux segments médullaires étaient distants de plusieurs centimètres, et ce cas est con- forme à ma théorie : pendant près de trois mois, il y eut abolition complète du tonus et des réflexes.

. Je ne puis donc, en terminant, que répéter ce que je vous disais année dernière :

« Voilà un cas incontestable et, dans ce cas, il y a eu flaccidité com- plète, c'est-à-dire l’état prévu par la théorie de Bastian et par la mienne.

» Que l’on me montre un seul cas analogue où, malgré une solution de continuité indubitable de la moelle, il y a conservation ou exagéra- tion de la réflectivité et je n'ai plus qu'à me rendre à l'évidence des faits. Jusqu'à présent, ce cas n'existe pas.

» Il a fallu dix ans pour que la doctrine de Bastian soit admise ; cette doctriné a été vivement combattue ; aprés bien des luttes, elle arrive aujourd'hui à triompher et cela gráce à des recherches minutieuses pour- suivies dans tous les pays par les hommes les plus compétents. Je ne pense pas qu'il soit permis de la contester à la légère et je crois, pour ma part, qu'elle ne peut que se confirmer. »

۱ i »

SC

d‏ و 023 Ge a‏

Médeui-adfainé

ار

o Ce gt

pour les waltdés iit deseen tresset ie ajf

»

in

"e be i e , ۵ nt ۳ d تا‎

KR NE

Zei

ela

établissant)

" 4

VARIA

Hommage» à M. ilo D’ Liébsaulit, le fondateur de la Psychotherapie

L^ [6 septembre à èlé apposée, à Favicres (Moeurthe-et-Moselle), sur la façade de la maison qui a vu naitre le D’ Liébeault, une plaque commémorative portant l'inscription suivante :

Dans cette maison naquit, le 16 septembre 1323, LIEBEAULT (AMBROISE- AUGUSTE), Docteur en médecine Médecin. modeste et homme de bien qui ouvrit une ere nouvelle aux Sciences médicales en les dotant de sa découverte : L'application methodique de la suggestion et du sommeil provoque au traitement des maladies.,

Cette plaque commémorative a et^ apposée au nom de ses nombreux amis et disciples, tant français qweètrangers, par: Agathe Hemmerlé, d'Odessa: Jules Voisin, Edgar Beril- lon, Paul Magnin, Paul Farez, representants de Ta Société d'Hvpnotisme etde Psveho- logie de. Paris; Oscar Vogt. Auguste. Forel. représentan's du Zeéitseheift für Hypnotis- mus; Albert baron von Selirenek-Nolziuzg, de Munich: Charles. Lloyd- Tuckey. de Stockholm; Albert-Willem van Renterehem. directeur de. PInstitut psyeliotliórapique « Liebeault », ۱ ۰

Affaibli par l'àge et la maladie. le D' Liebeault, à l'occasion de son. 2t est alló une derniere fois revoir son pays natal.

jme

anniversaire,

Nes amis. ses adinirateurs et ses disciples lui avaient rêservé la surprise ds cette appo- silion de plaque. Médecin modeste, apótre eonvaineu, le D' Liéebeault es! le fondateur de la psyebothérapie. C'est Ilui qui a initi û la pratique de l'hypaio'isme thi^rapeutique les Prof. Bernheim, Braunis. Lirzeois,. C'est Jui qui est Le maitre de ee qu'on a appelé l'Ecole de Nanev. Ce sont ses méthodes qu'appliquent tous les psvehothérapeutes de tons les pays, tous les neuropatholozistes qui font servir au. traitement des maladies la. puis- sanee de la suggestion. (Gas. med. de Paris.)

Le traitement de la rage au Maroc

Dans un artiele forl eurieux, M. Raynaud nous fait connaitre la facon dont on traite la rage au Maroc.

Le traitement de la rage varie d'une provines à l'autre, Dans le nord, les poils de lani- mal tué sont réduits en cendres et appliqués sur la plaie: le mordu mange ensuite de l'ail cru pendant dix jours. Sur la frontière aleérienne, et môme à Relizane, on fait prendre des pilules de cantharides.

Dans le sud, le. blessé est eautéris^ au verlex, avec du soufre, puis placé dans une chambre obscure: on doit lui donner des douceurs, lui passer toutes ses fantaisies et ne pas l'exciter,

A Mogador, il existe une zaouïa qui a la spécialité de guérir les enflures et la rage, Les Maachet qui loccupent sont tous marabouts et possedent le privilege de gucrir : ils frot- tent les morsures avee un bloe de sel gemme, font prendre au blessé un bain de mer ou un bain de sel et l'obligent à demeurer enfermé dans l'obseurité pendant sept jours.

Chez les juifs, à Marrakesh, Phomme quia été mordu doit, apres avoir écrit sur la peau d'un serpent les mots « kanti, kanti, Ktirus », se dépouiller de ses vélements, les enfer- mer pendant douze mois dans un tombeau, puis les brüler et en. disperser les cendres: imnais, durant ees douze mois. il faut qu'il boive dans un pol en or, Ces mo!s magiques et celle coutume sont tirés du Talmud.

I est enfin un usage qui est répandu dans tous le Nord de l'Afrique. On donne à la personne mordue par un chien un medkal (1 gramme) du foie de ce elien des qu'il a été tue., Legrain a signalé ee fait en Algérie. I est curieux de constater que M. Frantzin a démontré que la bile des ehiens enragés contenait une antitoxine capable, dans certaines conditions, de prevenir les manifestations de la rage, (berv. de CHypnotisme.)

-A

۱ ره ۸/1

fine Resen, B d

ate‏ زر Sali Mania Déjirdie, 7 LN‏ ی

Emmer PouguescCarabana:- D Vigdis Urne

ER 11 Brävais, pas "e AM Ses EM ریت رف‎

til.

SUMARE DUNAC ee

K TRAVAUX | ORIGINAUX. "Sel ud: tutos hes. äs éstas ae

fé: موب‎ SRH quos: eile decas: es b pips ui g AT E Kite = SC noise = ; REDEN jar bz: M ske ee A3 er tie, CN x

| E

ET “BIBLIOGRAPHIE. E qua pci e

y : ۰ fe} 2 i N

terii nine Gin. Phí dies à de Een (ene Mos

Contrexéville, ilit m "Dax thin

Al Bany Mori xs Cypridal. xa ‚Carmeine, eve Pe Lp E : "Vie Marin. ro, al f SA. ed pn = Reunio pone “jectiu hyper amisi : و کا‎ Gu SE

"Gustave Shanteaud,. x TE munter, کر نے‎ DENN Dig tali erist, Have GE fac d Nëss, - E SE EE à

2 =. 5 3 فا‎ Ho x = „BE F یت‎ H

Ste Cauta, it ان‎ uz: FX Y qi 1 ا‎ Pastor: FTaänate ی‎ qc 5 3 as s “> 0 d. b ^ اش‎ eifersencents, Sets die i uf A À lg fr: dr

0 Julius IT E Ku 9 ا تاراب‎ CELA Pangadning, WAL: RAS 1 «B 44 7 re Por Heel; 7 si x ED 5 cesa tolé qu ife: tied suis: ji 4 A Byr bU E aE ایا روص‎ Vigier

Le Theritolormol, 22 22 کے‎ = j Maison de-Santé d'Ugèlesh il."

RSC de Ter itin Vaf pu 6 fidano. tod in, Û JiborBy-:

MOG Kee du Maxime Gromit: um 4 PAE و‎ WE Br RL ظا‎ 7 an zeit 1

SE‏ ام a; ei ph -Pe oar‏ (110186ر سے

-tose Bayeri 2 à Rene x SR KE EE جات‎ ۱ Home.

antenne e ۳

TNT

ai

A

E H - 7 "1 > >. LA 7 E D a T ag ^ - El Li - ep mg

٤

D - E جس‎ edens ے۔۔۔ ہک دک ےہ ہیہدڈ ۔ ۔۔‎ d —n- e 5 e e b af à 7 op x " y B DA ? yi 1

Aspire, Apura Sage‏ اس فلا

Ou

ido adhi? pine, T: vital, ‚Dial, Saba ` E "hene, Tiana, Sonjatose, Kerrosta

i « ۱ 1 A e » 1 i fra) i ٩۱ ۲ VAN» 313 < ۹ 1 1 E I I . $ ۱ iv E Vy. 1 HEI Z MI EX pig رہ‎ 3 21 i, 3 ۷ Y | i ۱ ۱ , ۲ J ir) Ga ! ۶ + 1 ۰ ۰1 2 ' «+ ۱ i Wyre 8 Am: + "Ai a £x ۰ r$. b) ۱41 A À ) i ia ۶ 1 SE 2 d ir da ۰۱ £ e " j ۰ ۷ {j ۱ y ۱ A ۱1 ۱ H Aire d , ^r ' ر‎ 0 Y ZO , 0 V ۷۹ f ‘1 ۱1 ۰ rr Ar bt i ۱ ۰ ۰ Y V ' * ۷۱۰۱ 1 1 ' i , i 7 ۱ EINA ۱ le ' i T | BR. ` ۱ » 3) f ‘1 | i J I ۸ ۱ 1 I Tt Val ٩۱ + ۷ ۱ 11 C462 ۱ * i e AP ۰ h' ly l (A , i 1 dt, ۱ ۲ ۱ i Í اہر وو‎ VU ' I i ۲ ۱ f d ۱ { b! ۱ à y 5 hi , I vn 4! ۱ A titre ۱ l 3 4 i

“Farine Maltie Via

(AUTODIGESTIVE). ti | la senile qui ep Zare doür mème

2 ara mea dee: pour: «ea ded vins

NUM LVANTPENCANT ET APRES-LE SEVRAGE,

LUN negant Ya deuttam et 14. epoiessnre Some i aluegik: وا‎ ats aerea hiis, 0ار ات19‎ et وف‎ ."ggufique. Presrrite ام تفای‎ asli^ «^ ^ iis an: fatipguiés رر‎ STER 4 haut Bep: 4. vid eu SL

RL ST 7 Quo e KAJAR. Sun! du Mise réels à اک‎ A l'État EUR dvi HAUTES b 20 ES EURAIL Hauts detre Gout, aw DEA 000 رید‎ ۱۸ datis: ax TUBERC Se GC WEDRASTHENE 2 02+04 Er ANEMIE; BAC

mer g; pat Vision) D ; a Ut | 6 Pharmactis.-

n ^y 9

i ۳ = QUINA FER | ۱ ie PIRS رو‎ BÉSERENSTEUR À Y prescrit. Däi" ات اس و‎ uA a و‎ * RES 4 Zon A: À 1 او‎ Ar nos ۶۴ 7 qu OR du À RE dr Bn? 8 Y Erd E TE ent asas Tess 107 14 7 kg pun dI dr XC eR pur UN C Ps EYE FOR UE BUS + 1 RE NS ان‎ eat déis, les Pf. 1 20 اپ سوا‎ ۳ p^ofa: omg Mäns- B. Ee ations M Mm; k ET. es dës 8

OS T "ond Abit mmm mp A CONT بط‎ 22

Ob éi Lu

0 | | 2% GOUTT TE P ot 4e RHUM: TISME

MIRI P 3 D عناوم‎ par: Jour en ‘cs gebr ۱ Terre سی رو‎

ser Pario n, Ss eg bm mm - ۳ ep

RS ا‎ ED: LEATGLEBERT ۱

۱ E Mee aC ERES (CHE fEFRE Ar 6 (ig dei PARIS #2 deni ifo Vise AS epe; Jane, $ Sans DÉEN,

cos. Jus

Ae oL AP m dios 2 18 ۶ T smi CS OC ۳ Da A

ABDES, FURURCIES, ANTHRAK, ۶ i$. Sec? =‏ & تر

E کاو‎ e FAST, wi Watst Ei CA Vt, (ëmer AME À orar is

E j ¥ Row i ۱ 3 AES R‏ ےرہ . > ہے Y MN‏ ها ما دص P - = 0“. SS Yt >5 TE, u A‏ سد

TRAVAUX ORIGINAUX

Note sur l'influence des excitations sensorielles

comme agents provocateurs des accés d'épilepsie

par Cu. FÉRÉ, Médecin de Bicétre

L'influence des excitations périphériques des nerfs sur la production de l'épilepsie est bien connue : cette influence se montre dans la deter- mination de l'accès initial et dans la répétition des accès. Ce sont, en général, des irritations mécaniques, ou des lésions traumatiques ou pathologiques, qui affectent plus ou moins grossièrement les structures. Les organes sensoriels, et en particulier l'appareil auditif, sont souvent le siège de ces lésions irritatives (1), mais les cas la provocation est réalisée par l'excitation physiologique d'un nerf spécial sont beaucoup plus rares. Ceux que je vais rapporter présenteront peut-étre quelque intérét :

OBSERVATION I. Zusotie, épilepsie el manuzfeslations diverses provoquées par les agents physiques.

L. A... appartieut à une famille dans laquelle on ne connaît, ni du côté paternel ni du côté maternel, aucune tare nerveuse ou mentale. Le père et la mère, qui ont respectivement 58 et 54 aus, sont d'une santé physique et psy- chique remarquables. Ils ont eu sept enfants,qui ont tous joui d'une excellente constitution, et, à l'exception de notre malade, aucun n'a présenté de troubles nerveux. Ce dernier a 18 ans ; l'ainé aurait 32 ans, il a succombé, à 22 ans, à une affection aigué de poitrine pendant une épidémie d'influeuza.

La mère a supporté toutes ses grossesses sans aucun accident morbide. On ne trouve, au cours de celle qui s'est terminée par la naissance de notre malade, qu'une émotion morale : la mére fut effrayée, au quatriéme mois, de voir plusieurs de ses enfauts menacés d'étre brülés par un liquide bouillant.

L'enfant est venu à terme bien constitué et paraissait tout à fait normal. Ce n'est que vers le quatrième mois qu’on s'aperçut qu’il avait des cligne- ments spasmodiques du côté gauche, par accès. Puis survinrent, à des inter- valles variés, des crises convulsives. Le développement morphologique paraissait régulier, mais la parole ne vint pas, ni la marche, à l'àge ordinaire. L'enfant entendait, mais n'articulait aucun son. Il n'y avait ni paralysie ni contracture, mais les membres n'exécutaient aucun mouvement normal de préhension ni de marche. Les accés convulsifs présentaient des caractéres nettement épileptiques, annoucés par une páleur subite, suivie d'une période de rigidité, puis de mouvements cloniques généralisés, avec ou sans miction. Quelquefois, les pâleurs constituaient toute la manifestation morbide.Souvent il se produisait un cri aigu au début des convulsions cloniques. L'attaque était suivie d'hébétude. Pendant plusieurs années, les mouvements irréguliers des membres donunaient à l'enfant l'aspect d'un choréique. Vers 7 aus, il s'est produit une série continue de crises sans reprise de connaissance, un véritable

(1) Cn. FERE. Les épilepsies et les épileptiques, chap XXII et XXTII.

430 JOURNAL DE NEUROLOGIE

état de mal, qui a duré une douzaine d'heures. A la suite de cette décharge, les mouvements irréguliers se sont atténués et les crises convulsives ont pris une forme particulière, toujours la mème. Après la päleur et le cri, la tête se portait brusquement en avant et en bas et, si les mouvements étaient libres, l'enfant exécutait une sorte de saut périlleux avant de passer à la période clo- nique de son attaque.

Ces crises étaient aussi fréquentes le jour que la nuit. L'adaptation des mouvements était restée nulle : l'enfant était incapable de se tenir sur ses jambes, ne parlait pas; mais des mouvements passifs, exécutés avec soin, avaient évité toute déviation des membres. On le laissait se traîner dans une chambre capitonnée, on sut merveilleusement éviter les conséquences des chocs. À 12 ans, il a eu un nouvel état de mal, qui a duré prés de trois jours. Les crises ont subi depuis une nouvelle modification; les mouvements de pre- cipitation ont disparu ; elles sont devenues beaucoup plus rares. Les mouve- ments des membres inférieurs se sont disciplinés. Il est devenu capable de marcher assez correctement ; mais les membres supérieurs, qui peuvent rester immobiles, ne font que des mouvements maladroits, inutilisables. On le fait manger et boire ; on lui donne tous les soins de propreté. Il entend sans com- prendre autre chose que des avertissements relatifs à des besoins satisfaits à des heures régulières et bien disciplinés. Il est sujet à des accès de fureur, qui se manifestent à propos de souffrances physiques, mauvaises digestions, dents cariées, etc. Ouand il souffre, il adresse par geste des menaces au premier qui se presente. Mais ces colères sont inoffensives, parce qu'il ne sait pas se servir de ses mains pour nuire, il tient mal ce qu'il saisit et touche rarement le but qu'il parait vouloir atteindre.

Lorsqu'il marche tranquillement ou lorsqu'il est debout et immobile, mal- gré l'incertitude de son regard et la nullité de l'expression de son visage, il peut faire l'illusion d'un homme normal et, relativement à son âge (21 ans), il est aussi bien développé que ses fréres; mais il n'articule pas un son et ses gestes n'expriment que des besoins grossiers. Cet état d'idiotie est particulierement intéressant au point de vue de la valeur des excitations sensorielles comme agents provocateurs des attaques convulsives.

Depuis qu'il est sujet à ces attaques, quelles qu'aient été leur fréquence,leur intensité et leur forme, si elles se manifestaient spontanément en apparence la nuit, celles du jour se produisent presque constamment à la suite d’une exci- tation sensorielle. Les causes les plus variées ont montré la même efficacité ; ce sont les bruits dont on a observé surtout l'influence; tousles bruits brusques ont un effet immédiat : les personnes qui vivent avec lui sortent de la pièce pour se moucher ou pour tousser. Le changement brusque d'éclairage n’est pas moins à craindre : son effet se manifeste si on allume le gaz quand l'obscurité est déjà bien marquée, si on entre avec une lumière ; en plein jour, si on passe de l’ombre à la pleine lumière du soleil par une transition brusque, au détour d'une rue surtout. Une ventilation énergique a le même résultat, mème si le vent n’est pas froid ; les applications froides sur la peau, d’ailleurs, ne man- quent jamais d'effet. Les odeurs ne sont pas moins actives : on le voit claire- ment, à des jours et à des heures fixes, on fait cuire des alimeuts qui dégagent des odeurs fortes. En ce qui concerne son alimentation, on cède à ses répugnances, mais les aliments mal tolérés par l'estomac provoquent constamment des crises.

TRAVAUX ORIGINAUX 431

OBSERVATION II. Migraines faisant place à l'épilepsie. Rôle des agents Physiques dans la provocation des accès.

L. D..., 65 ans, entre à Bicétre le 18 juin 1902, appartient à une famille la longévité n'est pas rare. Son père est mort à 84 ans, sa mère est morte à 80 ans, elle était migraineuse. Il est le second de cinq enfants : 19 l'ainé est mort à 61 ans des complications d'une affection articulaire, il était migraineux et obligé de se coucher une fois par semaine pour un accès; la troisième est morte à 43 ans d'éclampsie puerpérale, elle avait eu dix enfants sans acci- dents morbides ; un frère de 63 ans, bien portant ; un frère de 51 ans, aussi bien portant. Lui-mème a eu des convulsions dans sa première enfance et a pissé au lit jusqu'à 8 ou 9 ans. Peu après ont apparu des migraines, se reproduisant toutes les semaines, siégeant à droite, terminées par des vomisse- ments et le laissent rompu pour une Journée. Ces migraines ont cessé vers 18 aus, et elles ont été remplacées par des accès d'épilepsie, qui, pendant une période de six mois, ont été trés fréquents; il avait souvent quinze accès par jour. Il est entré à Bicétre en 1868,à la suite d'accés d'épilepsie suivis de délire. Il y est resté six mois sans crises. A prèssa sortie, deux ans se sont écoulés sans accidents. Puis ils sont revenus. Après la fièvre typhoïde, en 1874, il s'est produit une recrudescence. Depuis, il avait eu deux ou trois accès par mois. A la fin de février 1900, il a eu une perte de connaissance qui a duré environ une heure et d’où il est sorti aphasique et hémiplégique à droite. Les troubles de la parole et du mouvement des membres se sont restaurés lentement, ce n’est que depuis le mois de février 1902 qu'il peut marcher. Il ne reste aucun trouble de la parole. Pendant tout le temps qu'il est resté à l'hôpital, les accès ne se sont pas reproduits, mais ils ont repris leur fréquence depuis sa sortie.

Les accès se produisent constamment à propos d’une excitation sensorielle; ce sont les explosions bruyautes qui agissent le mieux ; mais, quand les inter- valles s'allongent, les changements brusques d'éclairage peuvent avoir le méme effet.

Il était depuis deux mois à Bicétre sanus avoir eu aucun accident épilepti- forme; en dehors de quelques signes d'artério-sclérose et d'une hémiplégie légère, il ne présentait aucun trouble physique ni intellectuel. Sa place parais- sait marquée dans une division de vieillards, il aurait joui d'une plus grande liberté. Avant de proposer son changement, nous avons voulu explorer sa susceptibilité. Il était assis et nous lui faisions raconter ses antécédents au point de vue des risques protessionnels ; un aide frappa avec une planche la table placée derrière son dos. Il a pàli subitement, son regard est devenu vague, la tête se fléchit sur le thorax en se tordant à gauche, le thorax se penche en avant, les genoux se rapprochent du menton, les coudes se portent en avant, les poignets en dedans, il roule en boule vers la gauche, puis s’agite de mouvements cloniques étendus, il mâchonne et rejette par saccades de la salive mousseuse et sanguinolente. Ces grands mouvements durent environ deux minutes, puis il tombe dans la résolution, les pupilles largement dila- tées, les cornées insensibles, la respiration stertoreuse. Au bout d’un instant, les membres s'agitent d'un tremblement léger, qui dure six minutes. Il sem- ble s'éveiller spontanément, se frotte les yeux avec ses deux mains, mais retombe dans le stertor, avec une respiration trés bruyante. On l'asseoit sur un fauteuil à dossier très renversé. Au bout de dix minutes, il relève la tête spontanément, tremble un moment, puis se rendort. Le sommeil dure un

439 JOURNAL DE NEUROLOGIE

peu plus d'une heure. Il se réveille, on lui offre un verre d'eau, qu'il boit seul, Il dit merci, se frotte les épaules, s'excuse de s'étre endormi, disant que son sommeil avait été troublé la nuit précédente par des insectes. Il s'en retourne dans la cour sans avoir conscience de son accès. Depuis cette époque, il n'en a eu aucun autre.

Ces faits, qui mettent en évidence l'influence des excitations physio- logiques des organes sensoriels sur les accès, illustrent une indication de l'hygiène des épileptiques, dont il faut étudier les idio syncrasies et ménager la sensiblité.

Syndróme occipito-cérébelleux

par L. MARCHAND, Médecin-adjoint à l'Asile de Bailleul

La céphalalgie, les vomissements, les vertiges, la titubation forment les symptómes fondamentaux des tumeurs cérébelleuses. Parmi les autres symptômes que l'on rencontre ordinairement, il convient de mettre en première ligne les troubles visuels, qui peuvent aller depuis une légère diminution de l'acuité visuelle jusqu’à la cécité complète. Ces derniers sont dus soit à l'hyperhémie, soit à l'oedéme de la papille, soit à une névro-rétinite. Nothnagel considére que l'étranglement de la papille et les névro-rétinites sont dues à la compression de la veine de Galien ; Griesinger et Ferber à la compression des tubercules quadri- jumeaux. Dans tous les cas, on peut affirmer que les troubles visuels, dans les tumeurs du cervelet, sont des 03 d'emprunt et ne pro- viennent pas de cet organe.

Dans l'observation que nous donnons plus loin, les troubles visuels, concommittants des symptômes cérébelleux, nous ont paru avoir une pathogénie différente de celle qu'on leur accorde habituellement. Cer- taines considérations cliniques nous ont permis de les attribuer à une lésion des lobes occipitaux, centres corticaux de la vision. C'est à cette réunion de symptómes, déterminés par des lésions occipitales et céré- belleuses, qu'il faut réserver le nom de syndróme occipito-cérébelleux. Dans ce cas, les troubles visuels ne sont pas les symptómes secondaires d'une tumeur cérébelleuse, ils témoignent que les sphères visuelles cor- ticales, voisines de la face supérieure du cervelet, sont, en même temps que ce dernier, altérées ou simplement comprimées par une tumeur.

OBSERVATION. G..., journaliére, âgée de 40 ans, entre à l'asile de Bailleul le 21 mai 1900.

Antécédents héréditaires. Père mort d'un cancer du foie à 55 ans ; mère morte à 60 ans dans une crise d'asthme ; tante paternelle morte à 86 aus. La malade a quatre sœurs et deux frères, elle est la plus jeune de toute la famille.

TRAVAUX ORIGINAUX 433

Des deux frères, l’un est bien portant, l’autre est mort à 56 ans de tubercu- lose. Parmi les quatre sœurs, trois sont bien portantes et ont toutes des enfants normaux. La sœur aînée, âgée de 50 ans, a eu sept enfants, dont trois sont morts de méningite ; les autres sont bien portants.

Antécédents personnels. G... est venue à terme et fut élevée au sein; à 5$ aus, elle eut des convulsions et resta délicate dans la suite ; elle n'eut jamais d'autre maladie dans son jeune áge, elle était assez intelligente, mais suivit l'école irréguliérement, de sorte qu'elle peut à peiue écrire son nom. Il faut relever qu'elle fut toujours sujette à de violentes colères.

Réglée à 17 ans, elle le fut toujours régulièrement. Elle se maria à 27 ans et eut cinq enfants. Deux sont morts du croup en bas-âge, l’un a 1 an, l’autre a 5 ans ; deux enfants sont aveugles-nés ; d’après les renseignements que nous avons pu avoir, leurs yeux seraient trés bien conformés extérieurement, mais il y aurait agénésie double des nerfs optiques. Enfin, un cinquiéme enfant est pendant l'internement de la malade ; cet eufant, quoique bien conformé à sa naissance, est mort à 7 semaines.

La malade a été internée le 21 mai 1900, à la suite de troubles mentaux con- sécutifs à des accès épileptiques. La malade est âgée de 40 ans. G... avait eu un premier accès épileptique à l'âge de 35 ans ; ensuite elle n'en eut d'autres que très rarement, un toutes les cinq semaines environ. D'après les renseigne- ments donnés par sa famille, les troubles mentaux ne survinrent qu'après un état de mal épileptique : la malade avait eu 54 accès dans le même jour.

G... a une taille de 1"64 ; son embonpoint est normal., Les dents de la må- choire inférieure sont cassées, celles de la mâchoire supérieure sont mal plan- tées et portent des rainures transversales ; les cheveux sont plantés régulière- ment ; les oreilles sont petites et bien faites. Le front porte des cicatrices du côté droit, résultats des plaies que la malade s'est faites en tombant. A son entrée à l'asile, la malade est enceinte de sept mois ; ses troubles mentaux sont en voie de disparition et, pendant les premiers mois de son internement, la malade n'a que quelques accès. Ils présentent les caractères des accès épi- leptiques : perte brusque de connaissance, chute, morsure de la langue, mou- vements convulsifs généralisés, gâtisme. Il faut noter que les mouvements sont toujours plus accentués du côté gauche.

Deux mois aprés son entrée à l'asile, elle accouche à terme d’un enfant bien portant et se rétablit vivement de ses couches.

Le 21 juillet 1902, la malade est prise de vomissements bilieux se produisant sans efforts, et en même temps d’une forte diarrhée ; elle se plaint de maux de tête violents, sans localisation précise. D'après ses renseignements, nous apprenons que, depuis plusieurs semaines, elle a des hallucinations de la vue ; elle voit par moment des mouches volantes, des étincelles, des flammes. Ces visions sont surtout tres fréquentes au moment du passage de la veille au sommeil, elle voit alors des nuages lumineux.

Depuis que ces troubles visuels se sont manifestés, son entourage a remar- qué que G... était devenue hébétée ; elle ne cherchait plus à rendre service aux infirmières, ne travaillait plus avec goût, semblait sans volonté.

On ne note rien du côté des appareils circulatoire et respiratoire ; la langue est blanche.

La sensibilité au tact, à la douleur, les sensibilités olfactive, gustative, au- ditive paraissent normales. Dès ce moment, on relève une diminution de

434 JOURNAL DE NEUROLOGIE

l'acuité visueile, sans rétrécissement cependant du champ visuel. Depuis quelque temps d'ailleurs, G... nous dit que sa vue a fortement baissé, qu'elle est obligée de mettre les objets très près de ses veux peur les voir distincte- ment. Elle reconnait bien les couleurs. Les mouvements des yeux sont normaux.

La marche est chancelante, ébrieuse et revêt la forme de la marche céré- belleuse. L'équilibre est dificile et le signe de Romberg est très accentué. La malade ne peut facilement tourner sur elle-mċme. Pas de paralysie, le dyna- mometre donne 26 pour la main droite et 24 pour la main gauche. On relève un léger tremblement des doigts à oscillations très fines et très rapides.

Les réflexes tendineux sont très exagérés des deux côtés. Les réflexes pupillaires sont normaux. Pas d'inégalité ا‎ ۰

Pas de trouble de la parole articulée.

Le 22 juillet, le mème état persiste, mais les maux de tète sont devenus plus violents.

Le 23 juillet, la malade devient subitement aveugle, au point qu'on est obligé de la conduire à son lit. Elle voit encore dans un espace de quelques degrés correspondant à la vision centrale, mais ne reconnait pas les objets. Elle ne sait pas se retrouver au milieu du quartier de malades qu'elle habite depuis deux ans. Dans la nuit du 23 au 24. elle présente quatre accès épilep- tiques.

G... reste dans cet état jusqu'au 29 juillet ; les vomissements disparaissent.

L'examen ophthalmoscopique des yeux, pratiqué par notre collègue M. Deswarte, révéle une stase papillaire double.

Le 30 juillet, la malade présente 34 acces épileptiques dans la nuit ; la tem- pérature s'éléve à 39" et la malade reste sans connaissance, les membres dans une résolution complete.

Le 30 juillet, D... s'agite au point qu'on est obligé de la fixer sur son lit. Sa famille, prévenue de son état grave, vient la voir.

Nous apprenons alors que le mari deG...était atteint de syphilis au moment de son mariage, syphilis qu'il avait contractée au régiment. Les parents de G... nous donnent comme détails qu'il avait eu des boutons sur le corps et que ses cheveux, qui étaient tombés dans les premiers mois qui suivirent l'infection, n'étaient pas encore repoussés au moment de son mariage.

Nous instituons immédiatement un traitement syphilitique énergique. La malade reçoit, dans les muscles fessiers, dix centigrammes de biiodure de mercure et quatre grammes d'iodure de potassium en solution aqueuse.

Le août, la malade a encore six accès épileptiques ; elle est agitée ; les réflexes patellaires sont très exagérés ; le réflexe de Babinski est très net ; la sensibilité à la douleur est obtuse par tout le corps, la température est de 39°: le soir ; la malade reçoit une seconde injection intra-fessière au mème titre que la première.

Le 2 août, l'agitation est disparue, les accès ne se sont pas renouvelés, la malade a repris connaissance, mais la cécité est encore complète. Le pouls est de 24 au quart; G... reçoit une nouvelle injection de sel de mercure. Ce traitement, joint au régime lacté, est continué dans la suite à raison d'une injection tous les deux jours.

Le 6 aoùt, la vue reparait. G... reconnait les couleurs beaucoup mieux que les formes ; le champ visuel est normal, mais les objets ne sont reconnus que

TRAVAUX ORIGINAUX 435

dans un champ visuel de quelques degrés. La malade n'accuse aucune hallu- cination visuelle.

La marche est presque impossible, la malade se plaint de vertiges et se comporte comme une personne ivre.

Les réflexes pupillaires à la lumière et à l’accomodation sont normaux et sont restés tels pendant tout le temps de la maladie. Les mouvements des yeux se font bien. Les réflexes patellaires sont toujours exagérés.

Les sensibilités spéciales et la sensibilité cutanée sont normales.

Les troubles digestifs sont accentués.

La température est normale.

Malgré le peu d'instruction de la malade, nous l'avons fait écrire. L'écriture spontanée est encore très troublée, la malade, qui écrit ordinairement son nom avec faciiité, le trace de la façon ci-contre :

Æcrilure spontanée : la malade a voulu écrire son nom : Garin

L'écriture d'aprés copie est impossible. L'écriture sous dictée n'a pu étre étudiée, la malade ne sachant qu'écrire son nom. Il eu a été de méme pour les troubles de la lecture.

L'amélioration s'accentue les jours suivants.

Le 1*' septembre, les injections intramusculaires sont remplacées par quatre grammes d'iodure de potassium introduits par la voie digestive.

JM Ecriture spontanée et écriture d'aprós copie du modèle situé à gauche

Le 17 septembre, la malade est complètement rétablie. Les troubles visuels et les troubles de la marche sont totalement disparus. Les accés épileptiques ont fait leur réapparition ; la malade n'en avait pas présentés pendant les cinq semaines consécutives à son état de mal. Elle ne conserve plus, comme troubles moteurs, que des réflexes patellaires exagérés et un léger tremble- ment des doigts.

436 JOURNAL DE NEUROLOGIE

G... écrit facilement son nom et écrit sous copie et mécaniquement les lettres qu'on lui trace, car elle ne sait pas lire et ses capacités en écriture sont tres rudimentaires.

De cette observation, il ressort les considérations suivantes. Au point de vue étiologique, il est intéressant de relever qu'une syphilis, qui ne s'était manifestée par aucun symptóme autre que l'épilepsie, ait déter- miné brusquement, treize ans apres le début présumé de l'infection, une série d'accidents graves d'origine cérébrale et cérébelleuse. Les commé- moratifs au sujet du mari, la descendance de !a malade, qui, sur cinq enfants, en a deux qui sont aveugles de naissance et en perdit trois en bas-âge, enfin l'épreuve thérapeutique, ne laissent aucun doute sur la nature svphilitique des lésions.

Le diagnost:c de gomme syphilitique, localisée au niveau de l'inser- tion de la faux du cerveau sur la tente du cervelet et comprimant les lobes occipitaux et le cervelet, permet de comprendre les symptómes observés. Nous n'insisterons pas sur les troubles cérébelleux, qui ont été classiques. Quant aux troubles visuels, plusieurs considérations nous permettent de les rattacher à une lésion des centres corticaux. En même temps qu'apparurent les troubles de la marche, la malade accusa une diminution d'acuité dans tout le champ visuel des deux cótés, excepté dans les quelques devrés correspondant à la vision centrale ; elle se plai- gnit d'hallucinations visuelles fréquentes ; ces troubles ont toujours été bilatéraux ; les couleurs ont été reconnues dans tout le champ visuel jusqu'au moment la malade devint aveugle. La cécité ne fut jamais complète ; la malade voyait dans un espace de quelques degrés corres- pondant à la vision centrale, mais l'acaité était si faible qu'elle ne pou- vait distinguer les objets et se diriger. Elle avait également perdu la notion topographique des lieux qu'elle habitait depuis deux ans. Les pupilles sont toujours restées égales, leurs réflexes normaux ; il n’y a jamais eu de paralysie des muscles extrinsèques de l'œil ; le fond de l'œil était le siège d'une stase papillaire sans névro-rétinite. Pendant la période de régression des symptômes, la malade ne recouvra que tardi- vement la faculté d'écrire sous copie, travail intellectuel plus compliqué que l'interprétation des sensations visuelles simples.

Ce syndróme occipito-cérébelleux est peu commun. Ordinairement, les troubles de la vision d'origine syphilitique sont liés à des lésions ou des compressions des conducteurs de la base. D'aprés M. le professeur Fournier, les troubles de la vision ayant pour cause la syphilis des cen- tres cérébraux se rencontre dans une fréquence de 13 p. c., proportion bien faible en comparaison de celle que l'on trouve pour la paralvsie des nerfs moteurs de l'œil.

Le traitement syphilitique énergique que subit la malade a eu pour conséquence une résolution rapide des lésions. Il consistait en l'injection intra-fessière de dix centigrammes de biiodure de mercure et de quatre grammes d'iodure de potassium dissous dans deux centimètres cubes

TRAVAUX ORIGINAUX 437

d'eau. Une injection était faite tous les deux jours. La malade supporta ce traitement pendant un mois sans aucun accident d’intoxication ou d'infection ; elle ne se plaignait, au moment de la piqüre, que d'une légère douleur, disparaissant d’ailleurs vivement.

Il reste encore un point sur lequel nous insisterons : c'est le retour, chez la malade, des accès épileptiques après la guérison des autres troubles organiques. Ce fait semblerait prouver que l’Epilepsie, dans notre cas, ne serait pas d'origine syphilitique. Cependant, l'apparition d'un premier accès quelques années après le début de l'infection, à l'áge de 35 ans, âge auquel on devient rarement épileptique, incline en faveur de cette étiologie. La pathogénie est plus difficile à préciser ; on peut penser à des phénomènes d'intoxication ou à l'irritation d'un point du cortex par des fausses membranes.

A propos du goitre exophtalmique Le centre bulbaire Traitement par le thymus

par le D' A. BIENFAIT, de Liege

Communication à la Société belge de Neurologie, séance du 25 octobre 1902

La maladie de Basedow et ses singuliers symptómes était déjà connue depuis quelque temps lorsque Claude Bernard pubs son importante découverte des vaso-moteurs.

Dés l'abord, on crut tenir la clefde la pathogénie de cette maladie, mais bientót il fallut en rabattre. Le sympathique cervical ne se préta pas complétement au róle qu'on voulait lui assigner : irrité ou paralysé, il donne des symptómes les uns concordants, les autres discordants avec ceux de la maladie de Basedow. Mais l'espoir avait été si grand que longtemps encore on attribua un róle primordial aux ganglions cervi- caux.

Dans la suite, on comprit que les nerfs vagues, qui se ramifient dans tous les viscères et qui sont les nerfs cardiaques par excellence, devaient jouer un rôle dans cette affection. Et, en effet, tous les symptômes s’ex- pliquent parfaitement en supposant une paralysie concomittante des pneumogastriques et du sympathique. C’est ainsi que les palpitations, la boulimie, les diarrhées profuses, la dyspnée, les suffocations, la gastralgie, l'ictére sont du ressort de ces nerfs, d'autant plus que la tachycardie est exactement semblable à celle survenant aprés leur sec- tion.

Une paralysie du sympathique donne les symptómes restants, à savoir la congestion de l'encéphale, les sensations subjectives de chaleur, les transpirations, les maux de téte, les migraines. Le goitre pulsatile et l'exophtalmie répondent à la méme cause.

438 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Comment comprendre une lésion portant à la fuis sur deux nerfs, qui, il est vrai, sont voisins dans beaucoup de leurs ramifications, mais n'ont pas assez de rapports, pour que la maladie de l'un améne la maladie de l'autre ? Une hypothése bien simple va aplanir cette difficulté : ces nerfs proviennent tous deux de centres voisins, situés dans la moelle allongée. Cette région minime étant lésée, on aura tous les symptómes du goitre exophtalmique. Est-ce une pure hypothèse ? Non certes, nous possé- dons d'excellents motifs de considérer ce point comme acquis.

En effet, nous avons d'abord quelques expériences concordantes de laboratoire. Filehne (1) annonça, en 1879, qu'en blessant une région du bulbe, on reproduit les symptómes de cette maladie. Ces résultats sont d'un haut intérêt et de nature à éclairer la pathogénie de la maladie de Basedow ; aussi avons-nous entrepris de les répéter, afin de les vérifier et, à l'occasion, de les préciser davantage (2).

Voici, en quelques mots, comment nous nous y sommes pris. Comme sujet de choix, nous nous sommes adressés au lapin, dont les yeux s’exophtalmient bien et dont le système nerveux est très sensible.

Tout d'abord, au moyen d'un compas d'épaisseur, nous prenions la distance exacte des deux yeux, en appliquant les pointes d'un compas au niveau du milieu des deux pupilles, contre la cornée, puis nous met- ~ tions la carotide primitive en relation avec un manomeétre inscripteur, de taçon à noter exactement la pression sanguine et les pulsations.

Ensuite, tenant la tête de l'animal fortement fléchie sur le tronc, nous incisions la peau et les couches musculaires jusqu'au niveau du trou occi- pital, nous dénudions la membrane atloido-occipitale, puis nous la détachions. A ce moment, le trou occipital étant ouvert, on aperçoit une partie de la moelle allongée recouverte par le cervelet.

Nous faisions des incisions variant de profondeur,à des hauteurs diffé- rentes, au moyen d'uncystotome coudé (espéce de crochet à angle droit et à bords tranchants) ; en l'appliquant à plat, de façon à ce que la pointe affleure au bord interne du corps restiforme, et en le faisant tourner sur son axe, le crochet décrit un cercle et pénètre dans le cordon, en faisant ainsi une incision peu profonde.

Nous avons observé ainsi les faits suivants : tout d'abord, il existe réellement un point d'élection, dont la lésion provoque l'apparition du symptöme basedowien. Il se trouve presque exactement au niveau du milieu de la longueur du corps restiforme, mesuré depuis le bec du cala- mus jusqu'au point il se plie pour pénétrer en arriére dans le cervelet.

En faisant une incision superficielle, de fagon à intéresser seulement la substance blanche des corps restiformes, nous avons obtenu un seul des symptómes du goitre exophtalmique : le tremblement, que Filchne n'a pas signalé; en outre, on observe des troubles nombreux dans l'innervation motrice de la téte et du tronc.

(1) FiILEHNE. Zrlangen phys. und med. Sıtzungsbericht, 1879. (2) BIENFAIT. Bulletin de ! Academie royale de medecine, 1890.

TRAVAUX ORIGINAUX 439

Lorsque nous atteignions la substance grise, les resultats étaient diffé- rents. En ce cas, l'incision atteignait une profondeur de un à un et demi millimètre. Une telle blessure provoquait d'abord les différents symp- tômes qui viennent d'être énumérés comme dépendants de la substance blanche, ensuite des phénomènes du côté de la circulation, de l’œil et du corps thyroïde.

Les résultats concernant la pression sanguine et le nombre des pulsa- tions ne sont pas particulièrement probants. A la vérité, nous avons obtenu nombre de fois de la tachycardie, mais, en revanche, nous avons observé les perturbations les plus compliquées dans la pression sanguine et la rapidité des pulsations. La chose devait d’ailleurs être ainsi, si on songe à la complication anatomique de l'endroit opéré; en eflet, n'ou- blions pas que nombre de fibres centripètes sont lésées et donnent lieu à des actions réflexes nombreuses, que l’on blesse tantôt le centre du nerf dépresseur, tantôt celui du nerf vague, de plus, les deux incisions ne sont pas toujours symétriques, et enfin, l'hémorrhagie, qui a toujours lieu, peut elle-même intervenir tantôt par l’anémie locale, tantôt par la formation de caillots qui compriment. Ce qui prouve le bien-fondé de ces explica- tions, c'est que la fréquence des pulsations n'est pas en rapport, comme on pourrait le croire, avec les variations de la pression sanguine.

L'augmentation de la pression, au lieu d'étre accompagnée du ralen- tissement des pulsations, coincide souvent avec de la tachycardie ; d'autre part, on peut observer une baisse de pression accompagnée d'une diminution dans le nombre des pulsations.

Daus 38 p. c. des expériences, nous avons obtenu de l'exophtalmie à différents degrés, tantót unilatérale et tantót bilatérale. Dans l'exoph- talmie bilatérale, l'écartement des yeux allait jusque cinquante-cinq millimétres, alors que, avant l'opération, la méme mesure donnait qua- rante millimètres.

Cette exophtalmie provient bien d'une vaso-dilatation rétro oculaire et non d'une excitation du muscle de Muller ou d'une paralysie des muscles oculo-moteurs, la blessure ayant lieu dans la moitié inférieure du quatrième ventricule. D'ailleurs, non seulement l'exophtalmie est beaucoup trop prononcée, mais encore nous avons noté ceci : lorsque les animaux exophtalmiés sont laissés en repos, la proéminence des yeux diminue ; si, à ce moment, on les suspend brusquement par les pattes de derrière, l'œil tombe en quelque sorte comme une balle retenue par la conjonctive, le sang affluant dans le réseau paralysé.

Quant au goitre, il est évident que, vu le peu de durée de l'observation, nous n'avons pu en observer, au moins au sens propre du terme ; mais, dans 24 p. c. des cas, la glande thyroide était visiblement hyperhémiée, tantôt et le plus souvent des deux côtés, tantôt d'un seul côté. En ce dernier cas, le contraste des deux lobes rendait la différence très nette.

La conjonctive et l'oreille étaient aussi congestionnées.

440 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Durdufi (1) a obtenu des résultats analogues à ceux-là en opérant sur le quatrième ventricule.

Nous croyons quil existe une région très limitée au bord externe du quatrième ventricule, que l'on peut considérer comme le centre du goitre exophtalmique, c'est-à-dire un carrefour, donnant lieu par sa lésion aux différents symptómes.

Si cette idée est exacte, nous devons :

Obtenir les symptómes en blessant cette région. C'est ce qui a été fait, nous venons de le dire ;

À l'autopsie on doit lrouver chez les basedowiens des lésions de celle zone. On ne possède pas de nombreuses nécropsies, et l'examen post- morlem, dans un certain nombre de cas,ne donne rien, ce qui est fréquent dans les névroses et s'explique notamment trés bien dans les cas de phénomènes réflexes la lésion se trouve à la périphérie et non au centre.

Un nombre notable d'autopsies ont cependant donné un résultat positif, le plus souvent des foyers hémorrhagiques et des dilatations morbides des capillaires.

Mendel (2) a trouvé le corps restiforme gauche atrophié, le carmin et la nigrosine donnaient à cet organe une coloration plus foncée que d'habitude, le faisceau solitaire (3) était atrophié des deux cótés, surtout à droite. Marie et Marinesco, dans un cas de goitre exophtalmique asso- cié au tabes, ont aussi constaté une atrophie du faisceau solitaire.

Des constatations positives ont été faites notamment par Vandervelde et Leboeuf (4), Joffroy et Achard, Hale White, Greenfie:d, Cheadle, Gibson, Muller.

D'autres maladies dont les lésions sont progressives et arrivent à atteindre la région du quatrième ventricule doivent provoquer le syn- drôme basedowien.

De nombreux auteurs signalent des cas de ce genre. L'ataxie locomo- trice est en cause dans des observations de Barié, Demange, Joffroy, Chevalier, Wiener.

Jendrassik (5) a publié une observation de poliomyélo-encéphalite due à une intoxication saturnine; à un moment donné, le centre bulbaire s'étant trouvé atteint, le malade est devenu basedowien.

Brissaud (6) cite une observation de Dallet dans laquelle un goitre exophtalmique est venu compliquer un état complexe chez un malade

(1) Deutscher med. Wochenschrift, 1887, p- 448. (2) Deutscher med. Woch., 1892, w 5.

(3) Remarquons que le faisceau solitaire passe dans le plancher au quatrième ventri- cule au niveau de l'endroit lè: ¢ dans les experiences de laboratoire.

(4) Journal de médecine de Bruxelles, 1894. (5) Archive für Psychiatrie, 1886, p. 301. (6) BRissAUL. Corps thyroïde et maladie de Basedow. (Congrès de Bordeaux, 1895.)

TRAVAUX ORIGINAUX 441

tabétique avec tendance à la paralysie générale et hémiatrophie de la langue. ۱

Dans la dernière période de la sclérose latérale amyotrophiqne on observe de la tachycardie, les cellules motrices du bulbe s’altèrent et dégénèrent groupe par groupe, le noyau d'origine du prieumogastrique et la région du carrefour basedowien peuvent être touchés. On observe alors quelques symptômes du goitre exophtalmique. Ballet possède une observation de ce genre contrôlée par l'autopsie.

Ce centre doit pouvoir donner naissance à des phénomènes réflexes. Il n’y a plus de doute à cet égard depuis les observations des rhinolo- gistes (1), guérissant subitement des basedowiens par des opérations intranasales.

Tels sont les cas de Hack, Fraenkel, Hopmann, Musehold et Semon.

5" Ce meme centre doit pouvoir étre affecté par des influences simple- ment névrosiques. Ceci est tellement fréquent que, d'emblée, le goitre exophtalmique a été catalogué parmi les névroses. Il peut compliquer l'une quelconque d'entre elles, comme aussi il est souvent accompagné de l'une ou l'autre.

C'est surtout dans les familles à hérédité nerveuse chargée que la maladie de Basedow se constate. On voit méme cette affection se trans- mettre de la mère à ses filles, comme dans l'observation typique d'Oester- reicher. (Thése de Dejerine. Paris, 1886.)

Certains cas sont apparus subitement à la suite d'une colere intense et Lavesne (2) en cite un guéri par suggestion.

Enfin ce centre doit étre sensible à l’action de certains poisons. C'est tellement bien le cas, que le plus souvent on considère le goitre exoph- talmique coinme une auto-intoxication par une hypersécrétion de suc thyroidien.

Il semble que cette substance active ait une action toute spéciale sur le centre donnant lieu au syndróme basedowien, de méme que la pilo- carpine, l'apomorphine, l'acide cyanhydrique et d'autres produits encore ont une influence particulière sur tel ou tel centre bulbaire.

* * *

Différents traitements ont été essayés dans la maladie de Basedow,

(1) Voir une étude de F. FRANCK sur les névroses réflexes dans les Archives de Phy- siologie, 1889, p. 538.

(2) LAVESNE. Thèse, Paris, 1891.

(3) BOINET et GILBERT ayant avancé que le goitre exophtalmique pourrait être à une intoxication par des ptomaines, nous avons recueilli dans le service de Charcot, les urines de neuf goîtreux exophtalmiques afin de les analyser et d'injecter les pto- maines à des lapins (D' BDtENFAUP, Annales de la Socièté médico-chirurgicale de Liège, 1895), comme résuliat nous avons constaté que tous les goîtreux cxophtalmiques ont une quantité assez notable de ptomaines dans les urines. Ces ptomaïnes injectées dans les veines produisent une vaso-dilatation intense avec légère exophtalmie, mais il n'y a rien de special ; nous avons fait la contre épreuve avec les ptomaïnes prove- nant de pncumoniques de tuberculeux, etc., et nous avons obtenu le méme résultat.

449 JOURNAL DE NEUROLOGIE

les uns s'adressent à la chirurgie qui semble donner de bons résultats, d'autres ont eu recours à la thérapeutique qui ne donne rien, et enfin aujourd'hui généralement on institue un traitement par le courant gal- vanique ou par le courant faradique; l'un et l’autre comptent des succès.

Ce traitement électrique étant parfois irréalisable, par exemple chez les ouvriers ou les gens de la campagne, qui ne peuvent perdre souvent des demi-journées de travail, nous avons eu l'idée de recourir à l'opothé- rapie, non pas en utilisant les tablettes d'extrait thyroïdien, ce qui nous semble illogique et certainement dangereux, mais en nous adressant à l'extrait de thymus.

Cette glande parait jouer un certain róle mal défini vis à-vis du corps thyroide; c'est ainsi que Cadéac et Guimard ont vu le thymus s'hyper- trophier chez de jeunes animaux auquels ils enlévent le corps thyroide.

D'autre part, Marie, Souques et Stilling déclarent que, dans le myxœ- dème congénital ou acquis, on constate le même phénomène.

Moebius et Marie ont, en 1891 et 1893, attiré l'attention sur la persis- - tance du thymus chez les goitreux exophtalmiques, et si l'on recherche les autopsies de ces malades, publiées depuis plus longtemps, on trouve qu'effectivement l'hypertrophie de cette glande se trouve parfois signalée sans que jamais cependant on ait vu un fait important ayant quelque rapport avec la maladie principale.

Rendons cependant justice à Hale White, qui, en 1886, écrivit : « Jus- qu'à présent, on n'a pas fait suffisamment attention à un état particulier du système lymphatique et à la persistance du thymus ; actuellement, nous connaissons trop peu la pathogénie de la maladie de Graves pour apprécier la valeur de ces particularités, mais il serait bon que chaque observateur en tint compte. »

Aujourd'hui, beaucoup d'auteurs en tiennent note (1)et Joffroy consi- dére qu'elle est la regle et que cette particularité semble appartenir exclusivement à la maladie de Basedow ; chez les malades opérés pour thyroidectomie, on aurait méme constaté, lors de l'opération, l'existence constante de l'hypertrophie du thymus. Il y a évidemment plus qu'une coincidence.

De à essayer l'ingestion de thymus chez les basedowiens, il n'y a qu'un pas. Cette médication fut préconisée pour la première fois ‘par Orven en 1893 et employée ensuite avec succès par Mikulicz (2), Cun- ningham, Mackie, de Metcalfe. Todd (3) a réuni 60 observations de malades traités par ce procédé et sur lesquelles on compte 26 guérisons ou améliorations. Cette médication n'a pas l'activité du corps thyroïde,

(1) Voir la description de 29 cas, par BONNET. (Gaz. mid des hoßitaux, 1899, p. 132.) (2) Semaine medicale, ı“ mai 1895. (Berliner Kl. W., 1895, XXXII, p. 216, 342.) (3) TODD. (Britisch Mid. Jour., 1895, II, p. 195.)

TRAVAUX ORIGINAUX 443

on peut donner assez bien de thymus et pendant longtemps sans obser- ver de troubles quelconques.

A notre tour, nous avons essayé cette médication et nous pouvons, no- tamment, exposer le cas d’une malade que noustraitons depuistrois mois:

OsskERVATION. M''* G..., I19 ans, couturière n’est plus dans son état nor- mal depuis quinze semaines. Elle se plaint de palpitations, d'éuervement et de diarrhée continuelle. Les yeux sont modérément mais très visiblement exophtalmiés, elle présente le signe de de Graef et celui de Stellwag. Lecorps thyroïde est tuméfié et pulsatile, il est surtout volumineux à droite. Elle a toujours trop chaud, est amaigrie et ses mains sont agitées par un trem- blement trés rapide à faibles oscillations. Cet état s'est développé graduelle- ment, mais assez vite; actuellement il lui est impossible de travailler, elle est trés émotive et de plus elle est devenue irritable.

L'appétit et les digestions sont bons, les règles normales et régulières.

En juillet dernier, elle est venue me consulter, j'ai constaté l'état susdit; le nombre des pulsations était de 35 au quart.

Jelui prescrivis de prendre tous les jours plusieurs pilules qu'elle devait faire elle-même avec du « ris de veau » frais et cru, c'est-à-dire avec du thy- mus de veau.

Après un mois de traitement, la diarrhée avait disparu. Chose singulière, les règles, qui étaient très régulières auparavant, ont complètement cessé. La malade se trouve beaucoup mieux.

Le 1*' octobre, c'est-à-dire après avoir suivi ce traitement pendant deux mois, son état s'était très considérablement modifié au point de vue objectif et subjectif, surtout au point de vue subjectif. L'exopthalmie avait visiblement diminué, le goitre paraissait être resté stationnaire, le signe de de Graef et celui de Stellwag avaient disparu, les pulsations étaient descendues seule- ment à 32 au quart. Le tremblement était encore visible en y regardant de près. Elle est fortement engraissée, mais encore assez påle.

Le 15 octobre, la malade continue à aller mieux,elle a gagné cinq kilogram- mes en trois mois. Ses règles sont réapparues accompagnées cette fois de dysménorrhée, le tremblement avait cessé complètement au dire de la malade, il est revenu depuis ses dernières règles.

Quelle est l’action exacte du thymus? Il serait bien difficile de le dire. Les expériences, consistant tantôt à extirper le thymus, tantôt à injecter du suc thymique, n’ont pas appris grand'chose; on a simplement remarqué que cette glande avait un effet favorable sur la nutrition géné- rale et influengait la circulation. D'autre part, on ne connait pas encore complétement la signification du suc thyroidien ; dés lors, il est absolument inutile de s'ingénier à comprendre l'effet du suc thymique dans le goitre exophtalmique. |

Nous pouvons, cependant, remarquer qu'il existe une espéce d'équi- libre entre l'action des sécrétions internes des glandes fermées. C'est ainsi que le thymus aurait une action sur le corps thyroïde et l'ovaire. D'autre part, la grossesse parait avoir, à son tour, une action sur le corps thyroide. L'avenir nous mettra sans doute, cette intéressante question : au point.

44% JOURNAL DE NEUROLOGIE

SOCIETE BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 26 juillet 1902. Présidence de M. le D' De Buck.

Sur la localisation des centres moteurs du biceps crural, du demi-tendineux et du demi-membraneux dans la moelle épinière

MM. PARHON et GOLDSTEIN. (Voir le travail original paru dans le Journal de Neurologie, 13, 1902.)

Recherches sur les centres spinaux des muscles de la jambe

M. PARHON et M"* Cossraxck PARHON. (Voir le travail original paru dans le Journal de Neurologie, n? 17, 1902.)

Localisations motrices médullaires

M. DE BUCK. La question des localisations motrices medullaires est une de celles dont la solution, pour autant qu'elle soit faite à l'heure actuelle, appartient en grande partie à notre jeune Société belge de Neurologie. Nous pouvons donc pas, sous peine d'étre indignes de notre passé, laisser aux autres pays le soin de contiuuer les recherches déjà faites et de nous apporter la solution définitive.

Il m'a semblé d'autant plus indiqué de porter cette question à l'ordre du jour que j'espérais faire parler ceux de nos confrères dont les idées ont subi, dans ces derniers temps, certaines critiques et notamment M. De Neef, qui, croyons-nous, possede de nouveaux matériaux d'observation pour défendre sa théorie segmentaire.

En ce qui me regarde, j'ai continué, avec le matériel anatomo-pathologique dont je disposais, mes modestes recherches sur les localisations motrices de la moelle, tant celles relatives au membre thoracique que celles concernant le membre abdominal, notamment en ce qui regarde les muscles constitutifs du segment ie plus proximal.

J'ai examiné, par la méthode de Nissl, des coupes en séries des renflements cervical et lombo-sacré de quatre moelles provenant de : 1? un cas de cancer inopérable du sein droit ayant détruit complètement le muscle grand pectoral et en partie le petit pectoral ; trois cas de décubitus fessier à la suite de : a) compression de la moelle; Al cachexie générale; c/ un cas de gaugrène entamant en mème temps à gauche le pied dans son entier, à droite les orteils seulement. |

Voici les résultats que nous avons obtenus. Dans le premier cas, les pec- toraux étaient seuls atteints, nous avons trouvé en chromolyse le groupement central depuis la partie inférieure du segment cervical jusqu’à la partie inférieure du VII* segment cervical. Ce fait confirme les vues de Sano (1), Parhon et Goldstein (2), Marinesco (3).

(1) Sano. Les localisations des fonctions motrices dela moclle épinierc.( Anvers 1868.)

(2) PARHON et GOLDSTEIN. Cercetari a upra localisalinei muschilor pectorali la one si la caine. (ÂA'oumante médicale, sept. 1900.)

(3) MARINESCO. Aerue Neurologrgue,n 12, 1901.

COMPTE RENDU AA?

Sano constata l'altération de ce groupement à la suite de la section du nerf grand pectoral chez le chat et le pigeon.

Parhon et Goldstein et Marinesco virent survenir l'altération de ce méme groupement à la suite de la résection du grand pectoral chez le chien et à la suite de la résection des muscles pectoraux pour envahissement par le cancer chez l'homme.

Notre observation est en désaccord avec les recherches de De Neef, qui place dans le groupement central, depuis le V* segment cervical jusqu'au Ie dorsal le noyau des muscles de l'épaule. Nous ferons toutefois remarquer que le groupement central était indemne dans les IVe et Ve segments cervi- caux, déjà, d’après Sano, Parhon et Goldstein, il appartiendrait aux mus- cles pectoraux. Dans les cas de décubitus fessier, qui entamaient le muscle grand fessier, nous avons trouvé constamment des cellules en chromolyse dans la partie supérieure du groupement central, qui, d’après nous, va de la partie moyenne du IIIe segment lombaire jusqu'à la partie inférieure du Ile segment sacre. |

On peut, avec Van Gehuchten, subdiviser la colonne centrale en deux groupements (4 et 5 de Van Gehuchten) : le premier allant du III* segment lombaire au V? de méme nom, tandis que le second va du dernier au III° seg- ment sacré exclusivement. Or, c'est dans le groupe 4 de Van Gehuchten que, dans le décubitus du grand fessier,nous voyons constamment survenir la chro- molyse. Ce fait est donc contraire à l'avis de Van Gehuchten, qui place dans ce noyau 4 le centre du releveur de l'anus ou diaphragme pelvien et qui y voit l'homologue du noyau d'innervation du diaphragme thoracique. Les vues de Van Gehuchten à propos de son noyau 4 furent aussi combattues par Bruce, qui,de l'étude de son second cas, croit pouvoir conclure que l'innerva- tion du releveur anal part du groupe médian (mesial group) ou antéro-interne dans les III* et IV* segments sacrés, ensemble avec l'innervation des autres muscles du périnée.

Daus un de nos trois cas de décubitus fessier celui-ci était trés vaste, en- tamait les fessiers profonds en partie et s'étendait en bas à une partie des muscles fléchisseurs de la jambe. Dans ce cas, notamment, nous avons trouvé quelques cellules en chromolyse dans la partie inférieure du groupement cen- tral ou groupement 5 de Van Gehuchten (3 L à 3 S) et dans le groupement antéro-latéral au même niveau (groupement 6 de Van Gehuchten, celui-ci localise l'innervation de tous les muscles de la fesse). Il est donc probable que, comme l'admet Bruce, le groupement V est en rapport avec les muscles flé- chisseurs de la jambe. Cette donnée concorde aussi en partie avec le schéma de Sano et avec les récentes recherches de Parhon et Goldstein.

Nous ferons toujours remarquer que notre localisation (numérotage de racines) porte un segment plus bas que celle de Parhon et Goldstein.

ll semblerait donc résulter de nos recherches que la localisation du muscle grand fessier ou du nerf petit sciatique devrait être localisé dans la partie supé- rieure du groupement central, vers les 3"° et 4"° segments lombaires, au- dessous des groupements qui innervent les muscles postérieurs de la cuisse.

Nos recherches constituent aussi une preuve en faveur de la théorie fonc- tionnelle, téléologique, défendue par Marinesco et ses élèves et en faveur de la sous-localisation musculaire défendue par notre confrère Sano. La théorie segmentaire de Van Gehuchten et Nélis renferme probablement une part de vérité mais semble trop absolue.

446 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Discussion

M. SANO émet des idées qui seront développées dans un travail original ultérieur.

M. DEBRAY. Depuis les premiers travaux de M. Sano sur les localisa- tions médullaires un certain nombre de publications ont été faites sur le méme objet. Tous les auteurs de ces recherches n'ont pas admis la théorie mus- culaire de M. Sano qui attribue à chacun de nos muscles un groupement cel- lulaire spécial dans la corne antérieure.

D'autres théories ont vu le jour, rattachant ces groupements aux noyaux médullaires soit à la division des racines antérieures de la moelle, soit à celle de nos nerfs.

On a également voulu y voir la représentation des divers segments de nos membres et plus récemment on a rapporté ces groupements à la fonction des diverses parties musculaires qui composent nos membres.

Je n'ai pas qualité pour trancher la question, cependant je me permettrai une remarque qui, je le crois, a son importance.

On sait que, dans le stade embryonnaire, les visceres et le systéme mus- culaire se développent sans qu'aucune connexion existe entre ces divers orga- nes et les centres nerveux.

Avant le sixième mois, les muscles n’ont guère de communication avec le système encéphalo-rachidien.

Les cellules nerveuses existent cependant à cette époque et les nerfs aux- quels elles donnent naissance émergent du cerveau et de la moelle épinière. Les neurones ne président donc pas à la genèse et aux fonctions musculaires dans la période fœtale.

Une seconde preuve du peu d'influence qu’à le système nerveux central sur nos masses musculaires avant la naissance est donnée par l'existence des mus- cles parfaitement constitués et doués de toutes leurs propriétés chez les anen- céphaliens et les amyéliens.

Les cellules nerveuses existant en nombre fixe dès les premiers mois de la vie intra-utérine, on doit se demander si leurs groupements en noyaux est préexistant à la réunion des masses nerveuses centrales aux muscles, ou si ces agrégats ne se constituent que sous l'influence des mouvements musculaires ?

L'examen de moelles de fœtus trés jeunes pourrait éclairer le premier point; si chez eux les diverses colonnes que nous connaissons sont constituées d'apres le méme ordre que celui établi par les recherches des savants qui se sont occupés de cette question, nous ne devrons, à mon sens, pas souscrire à la théorie de M. Sano, ni à celle de M. Marinesco et de ses élèves (fonctionnelle).

Si, au contraire, l'étude des moelles de fœtus de plus en plus agés ainsi que celles de nourrissons démontre que les agrégats de cellules contenus dans la corne antérieure se constituent peu à peu en noyaux et en colonnes au fur et à mesure des rapports plus intimes des nerfs avec les muscles, nous devrons admettre que la fonction musculaire crée le noyau médullaire.

Si ces noyaux ne prennent leur disposition normale qu'après cette union des nerfs et des muscles nous devrons en déduire que la localisation médul- laire dépend de la fonction musculaire qui lui a donné sa physionomie.

Mais comme chacun de nos muscles a, dans certaines circonstances tout au moins,une physiologie différente de ses voisins, nous devrons forcément con-

BIBLIOGRAPHIE AA

clure que le groupement cellulaire au noyau médullaire est d'origine mus- culaire et non seulement fonctionnelle.

La théorie de M. Sano (musculaire) peut,dans certains cas,se fusionner avec celle de MM. Marinesco, Parhon et Goldstein (fonctionnelle) si le mécanisme dela formation des noyaux médullaires dépend de la fonction musculaire. Cependant l'étude de moelles d'individus atteints d'anomalies musculaires ou d'absence congénitale de certains muscles peut trancher la question. 3i, en effet, chez ces sujets le groupement cellulaire médullaire, afférent au muscle absent ou dévié de son type normal, n'existe pas ou est modifié, la théorie de M. Sano doit étre admise sans conteste.

Existence du faisceau extra-pyramidal

M. DE BUCK. Puisqu'on m'y convie, je veux bien donner encore quel- ques explications relatives à ma manière de voir sur l'existence et la significa- tion clinique du faisceau extrapyramidal.

Cette existence possède à la fois une base anatomique et physiologique. L'existence de faisceaux indépendants du faisceau pyramidal, descendant du mésencéphale jusque dans la moelle, a été prouvée par les recherches de Probst, Redlich, Pavlow, Thomas, etc., et leur participation à certains phé- nomènes moteurs a été prouvée par les expériences physiologiques de Prus, Rothmann.

Nous devrons donc dorénavant, dans les interprétations physio-pathologi- ques des phénomènes moteurs observés en clinique, tenir compte de ces voies extra-pyramidales et nous sommes d'ores et déjà convaincusque nous y tiouve- rons de sérieux avantages.

La compréhension des changements dans les réflexes, le tonus, s'en trou- vera beaucoup facilitée. Nous y trouverons notamment l'explication aisée de tous les phénomènes si compliqués de la contracture posthémiplégique. Elle nous donnera la clef des hyperkinésies involontaires qui se produisent dans une série d'états infecto-toxiques et dans les lésions organiques du système nerveux central, comme la chorée, la myoclonie, l'athétose, certains spasmes (polygonaux), le tremblement.

Tout cela évidemment n'est encore qu'hypothèse, mais c'est une hypothèse plausible, basée sur l'anatomie et la physiologie.

]] appartient aux recherches expérimentales et anatomo-pathologiques de l'avenir d'en tenir compte et de nous montrer la part de vérité qu'elle ren- ferme.

“m0 OGC CD

BIBLIOGRAPHIE

ESSAI SUR L'HÉMIPLÉGIE DES VIEILLARDS, par M. Jean Ferrand. (Jules Rousset, édi- teur, Paris, 1902, In-S' de [ST pages, avec planches.)

Le travail de M. Ferrand. inspiré par M. Pierre Marie, contient la description de l'hémiplégie lacunaire, due à des fovers de désintégration cérébrale, Les lacunes furent d'abord une trouvaille d'autopsie; ce n'est qu'en analysant soigneu- sement les observations d'un grand nombre d'hémiplégiques que M. Marie put dissocier un tvpe parfaitement défini avant son allure clinique et sa caractéristique anatomique,

438 JOURNAL DE NEUROLOGIE

quement à ces deux types. Avec Aschaffenburg, je les identifie compléte- ment l'un à l'autre, trouvant entre les deux des caractères absolument communs, tels le début, la marche de l'affection, la singulière associa- tion ou mieux dissociation des idées, les bizarreries, les phénomènes moteurs et négativistes.

Délimitée ainsi, nous nous trouvons,sans aucun doute,devant une nou- velle conception pathologique d'une immense portée, non seulement pour la pratique et la classification actuelles des maladies mentales, mais encore pour la compréhension des états maniaques et mélancoliques. C'est une réelle victoire pour l'observation «clinique qui, s'affranchissant des idées courantes, a su réunir, sous une méme conception générale, des états à premiére vue irréduc!ibles comme les états d excitation et de dépression. °

Faut-il conserver à cette conception le nom de démence précoce, ou ne faudrait-il pas mieux chercher un autre terme plus précis qui la délimite de la démence simple et paranoïde ? Quant à moi, je préfèrerais un terme qui rendit plus adéquatement l'aspect général de la maladie, par exemple, le terme de démence hébébhréno-catatonique rappelant dansun seul titre, outre l'évolution historique de la question, ce qu'ii y a de spécial et dans l’âge ordinaire du début et dans les symptômes.

A l'anatomie pathologique et aux recherches cliniques, il reste encore beaucoup à faire pour délimiter exactement cette affection mentale.

—— لا کک EEN‏

BIBLIOGRAPHIE

——

SERVICE DE DERMATOLOGIE, DE SYPHILIGRAPHIE ET D'UROLOGIE. COMPTE-RENDU ANNUEL ET OBSERVATIONS, parle D' A. Bayet. (Bruxelles, 1902, in 8" de 108 pages.)

Ce volume contient une succession de travaux dus à la plume de notre distingué col- laborateur, M. le D' Bayet, ainsi qu'à eelle de ses assistants, MM. les D^ De Keyser el Le Clere-Dandoy. Indépendamment des études générales sur la syphilis et les dermatoses, toujours si utiles au neurologiste, on trouvera dans cet ouvrage la relation. d'un. eas anormal de syringomyclie syphilitique, d'un eas de polynévrite svphilitique tertiaire et d'un eas d'épilepsie sy philitique secondaire.

M. Bayet insiste tout particulierement sur les dermatoses dues à des altérations du systeme nerveux. Il les divise en deux grandes elasses : les dermatoneuroses dans la production desquelles un traumatisme est nécessaire conne cause provocatriee (pruri- gos, névrodermites lieliénilióes, eezémas nerveux, urtieaire), et les dermatoneuroses qui se produisent spontanément (zona, herpes, dermatoses bulleuses, uleéreuses, gangré- neuses, selerodermies, alterations piementäaires el trophiques, peut-älre les pelades). Entre ces deux classes, il range la dermatite herpetiforme de Diiliring.

On le voit, un certain nombre de eliapitres intéressent le neuropathliologisle qui trou- vera, dans ee volume, des données utiles et originales, CROCQ.

va?

x 5

F 3

$ F

KES

ری

i E:

v v i^ 7 A ` DE: 7 ۳ EJ »3 7 7 és `

VASTES LOCAUX SALLE

oz s

3 A) پا‎

nédicaments:

I »

Pré à

| "e SS EN | x G 3 c dal 4 UT ا اوت‎ t dpé a’

DR ST و‎ Pe E ۱ l'établissen و هی‎ er

ots je

VARIA L' « Enquête » au Théâtre Antoine

La piece de M. Georges Henriot a comme point de départ et comme eonelusion u d'amnésie, fort intéressant en médecine légale, Son héros commet un erime dan moment passager d'inconséience épileptique : puis il oublie tout ce qui s'est passe, ] réellement coupable ?

De plus, cette piece offre ceci de particuliérement rare, c'est qu'elle a été écrite pa homme fort eompètent en la matière ; Car un interviewer a signalé que l'auteur, qi dissimule sous le pseudonyme de Georges Henriot, n'est autre que M. le. D' Gea Henri Roger, le distingue médecin des hôpitaux, fils de l'ancien associé de Deslande Vaudeville, professeur agrégé à la Faeulté, ancien interne des hôpitaux, ete.

Avec l'Enquéte, nons voici dans le

cabinet d'un juge d'instruction : portes mal stes, SiCges sombres, e

artons sombres, visages sombres, histoire sombre ! On aassas le président du tribunal de ecommerce. Comme la victime portait encore ses bijoux. son portefeuille est intact, l'idée de vol doit être te

artée, Reste l'hypothèse du ci passionnel. Le president, suppose le juge, est tombé sous les coups d'un mari tron et. pour affirmer

sa certitude naissante, il se. joue, dans l'intérét de la Justice ol Vérité, de la pudeur de la femme de l'ineulpé quil eroit coupable. La Justice et la Vi ont leur tour au second acte; Un jeune avocat, qui assiste l'ineulpé, remarque ingér sement que la dernière personne avec qui le. magistrat. assassiné a ét vu ext le, d'instruction lui-même, est la preuve que le juge n'a pas assassiné le magistrat ?

Cette conclusion seandalise le juge ; il se fàche et men médecin légiste (Beaulieu), amené par que le coup n'a pu ètre fait que par erise inconsciente.

ace, Sur ees entrefaites entr le procureur, I résulte de sa petite eonfeér un impulsif, un épileptique, dans un momen

Or, notre juge d'instruetion ext irritable, des lassitudes, se sent parfois courbaturc., Juge qu'il faudrait arréter ou mettre dans une maison de sante ; mais on n'aura pas e peine, car, à la révélation de son mal. qu'il icnor

ail, et dn erime qui en a été la coi quence, le malheureux tombe foudroyé. Malgré « exeeptionnalitė » du cas, la pièce

pas laissé de produire un grand effet. I n'y a pas à dire : elle int^resse. et empoigne le second aete est d'un intérét qui va croissant jusqu'au dénouement.

Le drame, très sobre et trés serré, fait l'elfet d'un pelit tableau des « Tribunaux giques », sorte de pendant aux Tribunaux comiques de Jules Moinaux. Il a été rer quablement joué par M. Antoine, qui a compos? le rôle de juge avec une vérité. simplicité et un talent tout à fait saisissanls, M. Beaulieu a. donné une tres juste phy nomie å une silhouette de médecin lögiste. (Gazette medienle de Paris.)

oublie quelquefois ce qu'il vient de dir . Plus de doute, l'assassin, c'est lui! C'e:

Asiles d'aliénés : distractions aux malades

«On sait, dit le Journal du 15 fevrier, quelles profondes modifications a subi, def quelques années, le mode de tr:

aitement des aliénés. Presque partout, les concerts,

auditions musicales, les représentations théâtrales, ont remplacé la douche et la ea sole de force, M. le D' Belletand, directeur de Fhôpital départemental des maladies m tales de Pierrefeu (Var), a, dés longtemps, trait^ de Ia sorte ses pensionnaires, Voici qi organise une bataille de fleurs avec kermesse! C'est la premiere lois qu'une fête de genre est donnée dans un asile d'aliénés, » Contrairement à l'assertion du Journ, ec n'est pas la première fois qu'on organ des distractions pour los aliénés, On pourrail citer un grand nombre d'asiles 7 elle pratique existe. Tout le monde eonnait le bal de la mi-eartme à la Salpétrié Nous avons en l'occasion, l'an dernier, de. décrire Ja matinée dramatique suivie de hi organtsee annuelleinent par les médecins de l'asile de Villejuif et plus particulicremc par notre collaborateur M. Briand. Tous les ans, dans nolre GE NET nous énumérons les feétes données aux enfants de notre service {malinées dramatiqu la Mi Carèmo). Citons aussi

(Arehires de Neurologie.)

concerts, bals, décuisements du M

| | ardi-Gras et du jour de concert dit des fréres Lionnet

اس۱۶

رک را

Ve Wi

hl‏ دو و

Bee

۱ L4 ہ۷‎ ۲ va, oh UA

z -

ee d دم‎

jia LS EC‏ اص و موی دوه چیه باه مج جح یس Ii P‏ سس

WW. A 2 pe x >

e »

ol

Br rt pp A omues E [

tu 6 Sa

y Cv Te Ait TTT E red

hi E qui se. gu gr 7 mese 2 ; e eru I aw ift 3 ]

AAT, PERORAT- EE APRÉS |

N ane omg: A best taa ات‎ tient E SES ا‎ Foo de his ee ee, RE ur i t 9 و‎ 0 ۴ auasi Es castam. a uw. Ris jM mm end, کے‎ 2 e AM Kio onte, 7 ént te Kielen FAT 2 SC d " EE rer تہ ںہ ا ںا ےم‎ EEE ———— TES E ۱ d 1 ME ۸0 his VY i | ۳ ۱ |i IO ۱۱۱۸ AM | UM 1 N Ihi MN d ۷ در‎ PB i | 8۷٦۹ ا‎ Ww n | RES ` e CN Ip siet VRAC ۱ KA N | Ei

If S | | | ۱ رز لا‎ ۱ SE CHEST Hon dte; a 13 SC TS e : - 1 دنن‎ y ای‎ 22۳0 ۳ d 0 À 201097 t ne Rug X 0 EN s: | 3 0 “M 2 SN | D ca. SE » | |

UR ETT er quità - Gg em 2 5 SE ۳ Star puissant. RÉGENE ARE À Sh f va?

2 ا de h d T Pur‏

zA As EE

ino Ties eut یر‎ E b River zer d :

پو کرو شرس سے مہدجدہ جر جج "

e p س سس سم‎ - —— M سے س‎ T = # 2. >

EN EE SCH Rik REN avt E fiis. 2 ی‎ NE pus SC ; 2 Se و بت‎ Fires des

= -

ver 7

xo m rn‏ ت

Zeene = << جح‎ - >= - 1 1

vet qu dus

dee SE dad موا‎ tes ei

Lim à

TRAVAUX ORIGINAUX

Théorie des réflexes cutanés et tendineux basée sur la nature fonctionnelle des deux faisceaux pyramidal et extrapyramidal

par le D' C. HELDENBERGH, de Gand

Communication à la Societe belge de Neurologie, séance du 25 octobre 1902

I. RÉFLEXES CUTANÉS NORMAUX OU RÉFLEXES SPINO-CORTICAUX

Fonctions du faisceau hyramidal. Les fonctions dévolues au fais- ceau pyramidal sont multiples; elles comprennent l'inhibition involon- taire ou réflexe, l'auto-inhibition, l'inhibition volontaire, le tonus mus- culaire volontaire, la conductibilité dans le sens centrifuge des incitations ré/lexogènes allant-aux centres médullaires des réflexes cuta- NÉS VOrMAUY.

La mise hors de fonction compléte, soit anatomique, soit fonction- nelle, de ce faisceau entraine d'une manière définitive la suppression de l'inhibition réflexe et de tous les réflexes cutanés normaux; par contre, la disparition de l'inhibition volontaire et du tonus musculaire volon- taire peut n'être que transitoire. Grâce à une certaine éducation, la motilité volontaire de méme que l'inhibition volontaire pourront tou- jours, jusqu'à un certain point, se frayer un passage nouveau à travers d'autres voies motrices, lesquelles ne sont autres que les multiples voies extrapyramidales, tels des organes de suppléance.

On entend par réflexe cutané normal, un réflexe qui exige le con- cours simultané et réciproque de la moelle et de l'écorce du cerveau. Il est dit pour ce motif aussi, shino-cortical.

Dans tous les autres cas, alors qu'il est reconnu qu’un réflexe cutané peut se produire en dehors de toute participation du faisceau pyramidal, il y a lieu de lui reconnaitre un caractére nouveau, ce réflexe doit étre dénommé anormal, médullaire ou spinal (1). De ce nombre sont : les réflexes de Babinski, de Brissaud, de Remak, le réflexe douloureux plantaire, le réflexe profond en flexion du gros orteil de Rossolimo, les réflexes cutanés homo- et contro-latéraux.

Si nous envisageons ces réflexes au point de vue de leur importance respective, il. n'est pas douteux que la priorité revient à celui de Babinski. Il est établi, par tous les cas de maladie de Little, que le cen- tre moteur de réflexion médullaire des muscles extenseurs des orteils est

(1) L'expression « medullaire ou spinat », appliquée aux réflexes cutanés anormaux en général, doit être envisagee ici dans un sens spécial ou restricnf : c'est-à-dire qu’elle n'implique pas la non-intervention de l'écorce par la voie cortico-spinale indirecte, extra-pyramidale, mais bien et directement la suppression de l'intervention de celle-ci par la voie cortico-spinale directe, pyramidale, qui est la voie normale de la réflectivité

cutance.

470 JOURNAL DE NEUROLOGHE

en mesure de fonctionner indépendamment du faisceau pyramidal; de il apparait que ce réflexe constitue le réactit le plus sensible, le meil- leur criterium, pour juger de l'état d'intégrité anatomique ou fonction- nelle de ce faisceau. Au surplus, étant situé le plus bas dans l'échelle des étages réllexes anormaux, il doit fournir des indications précises sur l'étendue de l'altération; du faisceau pyramidal.

سے حھ جھ جس amet‏ مہ ۔ہ ago‏

Voies sensitives et motrices pyramidales ۳۴۲۲ Wë"

, j | Re; lexe DET HOLI maux DU میم مسر ری‎

ہی ما R.c.‏

n. Se pn

d

TT t MVC ۱٦ مہ ف ہہ مہیں‎ ae 9

A

Dans la production de tout réflexe cutané normal ou spino-cortical, il importe de faire intervenir deux arcs de neurones superposés, l’un supé- rieur cortical, l'autre inférieur médullaire. L'arc neuronique inférieur sert uniquement à la conduction du réflexe, c'est l'arc neuronique réflexe proprement dil ; l'autre, au contraire, ne joue que le rôle d'organe incitateur, de véhicu!e des incitations réflexogénes venant de l'écorce, de la dénomination d’arc neuronique röflexogene.

Semblable résultat serait acquis gráce à la triple loi de l'économie de temps, de matière et d'espace; et ce n'est guère que dans les cas l'arc

TRAVAUX ORIGINAUX 471

neuronique réflexe deviendrait insuffisant dans son parcours sensitif qu'on pourrait songer à la possibilité d'une intervention suppléante de l'arc neuronique réflexogène.

Quant au mode d'action de l'irritation périphérique destinée à pro- duire le réflexe cutane, deux éléments sont à considérer : la sensibilité consciente, corticale, révélće par la sensation de chatouillement, et la sensibilite réflexe, purement médullaire, mise en évidence par la réac- tion motrice. Le premier facteur a pour eftet d'augmenter le potentiel des excitations réflexogénes et consécutivement de favoriser la motri- cité réflexe en relevant le taux de l’innervation tonique des centres médullaires. Le phénomène mème serait d'autant plus progressif que l'inhibition volontaire interviendrait moins et que la sensibilité objec- tive serait plus aiguë

Cependant cette double condition n’est pas de rigueur : les deux espèces de sensibilité étant toujours susceptibles de dissociation, la réaction motrice pourra toujours s'effectuer grâce à la seule conser- vation de la sensibilité réflexe. Il n’y aurait de changé, toutes choses égales, que le seul fait de l'abaissement de l'intensité de la fonction réflexe.

A côté de cette cause de surélévation de tonus réflexe des centres médullaires produite par voie descendante, corticale, il y a à tenir compte du même phénomène résultant d'une irritation directe et ascen- dante de l'arc neuronique réflexe dans son abord sensitif. C'est l'exception qui confirme qu'un ou deux réflexes cutanés normaux pour- ront étre en réalité conservés ou meme exagérés, alors que le concours de l'écorce ou du faisceau pyramidal leur feront défaut.

Comme condition mécanique favorable au développement des réflexes cutanés, il convient de signaler un certain degré de relâchement mus- culaire.

11. RÉFLEXES TENDINEUX NORMAUX OU RÉFLEXES SPINO-MÉSENCÉPHALO-CORTICAUX

Fonctions du faisceau extra-pyramidal. Ce faisceau conduit dans le sens centrifuge le tonus musculaire involontaire, les incitations rejlexogenes destinées aux centres médullaires des réflexes tendineux normaux, et, éventuellement, le tonus musculaire volontaire et à un certain degré aussi l'inhibition volontaire.

Il se compose d'une série de faisceaux de nerfs secondaires dont les centres supérieurs représentent autant de foyers producteurs d'incita- tions réflexogenes : le novau de Bechterew, le noyau rouge, le tuber- cule quadrijumeau antérieur, le noyau gris du faisceau longitudinal postérieur, la couche optique, etc.

La destruction totale de tous ces faisceaux entrainc irrémédiablement l'aypotonie musculaire ainsi que la per:e de tous les réflexes tendineux normaux.

472 JUURNAL DE NEUROLOGIE

L'exception, qui résulterait de leur destruction partieile. serait due à ce que la suppression, par exemple. d'un de ces faisceaux provoqueratt, par voie de suppiéance antagoniste, l'hyperexcitabiiité fonctionnelle de tous les autres faisceaux : tel l'exemple rapporté dernièrement par le professeur Raymond et M. Cestan.

Il faut definir le rétlexe tendineux normul, un réflexe qui exige le concours mutuel et simultané de l'écorce. des ganglions sous-corti- caux et de la moelie. En vertu de cette multiple action convergente ıl est dit aussi, sPino-mesencc halo cortical.

Voies sensitives et motrices extra-pyramidales

d See Meri e net stevx 4 0 un E Re مر‎

A - erh cam,

, #

conte. cnfical ve /emorème—tt

EJ

ches Jons- cenac. Te Lenor tres E A 2

sa ^ f gg s i ars ھە م مه( عمممی و2‎ ler ewes hoon anx ° i T S e MUT ۴ ` ` / e t ı9- y 04 d ۱ ۳

۷ 2

>

AN ۹

au memdlict 1.100.‏ مد ل سے S‏

ch

Quand, maigré suppression complete de tous .cs falsteauX secen- daires, de toutes les voies extrapvramidaics, un seul retiexe tendineux persiste, 5; ne peut sagir gue dun re‘ie\e anorma', nouveau, spinal ou medulaire. Exception doit être faite pour ies cas ou pare:ie situa- ton serait due à un èêtat d avperexc'tanilite ronctionneile autonome d'un etage retiexe

normal. Le passage des re'lexes ten Eneux normaux, comme pour les rétlexes

۱

TRAVAUX ORIGINAUX 473

cutanés de méme ordre, se pratique toujours par l'arc neuronique pri- maire ou médullaire, en vertu de la méme loi physico-biologique invo- quée plus haut. |

Les autres arcs neuroniques, les spino mésencéphaliques et mésencé- phalo-corticaux, ne seraient que des organes de renforcement, des con- ducteurs d'influx nerveux réflexogéne, chargés d'entretenir le taux de l’innervation réflexe des centres médullaires.

En présence d’une hyperexcitabilité fonctionnelle extraordinaire de tous les arcs neuroniques secondaires, il arrive que l'irritation méca- nique partie du tendon va en s'irradiant vers une série de centres médullaires superposés, de cet état diffusif et explosif particülier de la réflectivité tendineuse.

Comme pour les réflexes cutanés, il y a lieu aussi de faire intervenir ici la sensibilité consciente sous forme de sensation de chatouillement. Celle-ci, encore une fois, a pour róle de renforcer le potentiel des exci- tations réflexogénes et ultérieurement celui de la tonicité réflexe des centres médullaires. Elle est le plus accusée pour le réflexe de Westphall.

Si les réflexes tendineux se montrent plus résistants que les réflexes cutanés, cela tient à ce que le processus de l’inhibition volontaire inter- vient moins la sensation de chatouillement étant beaucoup plus faible et que le nombre des centres réflexogènes est relativement con- sidérable.

La même dissociation pourra s’observer entre la sensibilité objective consciente et la sensibilité réflexe proprement dite.

L'exagération d'un seul réflexe tendineux normal dépendra toujours de l'heperexcitabilité réflexe de l'arc neuronique correspondant.

Comme condition mécanique favorable à la production des réflexes tendineux, il faut noter un certain degré d'hyperextension musculo- tendineuse et la percussion en un point électif.

III. FONCTIONS DES DEUX FAISCEAUX PYRAMIDAUX DANS LEURS RAPPORTS RÉCIPROQUES

Le mode de fonctionnement des deux faisceaux pyramidal et extra- pyramidal est essentiellement antagoniste.

Si l'inhibition réflexe dévolu au faisceau pyramidal disparait, elle doit provoquer de la part de l'extrapyramidal un surcroit d'activité fonction- nelle : l'hypertonie musculaire et l'exagération de tous les réflexes ten- dineux normaux. La raison en est que cette forme d'inhibition agit, non pas directement sur les ganglions sous-corticaux, mais bien sur les divers centres médullaires elle va contrebalancer ou mieux neutraliser tout excédent d'influx réflexogène en imminence de se produire. Cela résulte encore des multiples observations de maladie de Little, en particulier de

474 JOURNAL DE NEUROLOGIE

celles suivies d'autopsie, publiées par MM. Van Gehuchten (1) et Donaggio (2).

Pour juger de la valeur anatomique ou fonctionnelle du faisceau pyra- midal, deux fonctions surtout sont à explorer : l'inhibition réflexe et la propriété de conduire les incitations réflexogénes aux centres médul- laires des réflixes cutanés normaux. Si l absence des réflexes cutanés normaux o4 encore l'existence d'un réflexe cutané anormal important coincide avec l'hypertonie musculaire et l'exagération de la plupart des réflexes tendineux, plus de doute: ces deux fonctions sont surement atteintes.

Quant à ces deux autres fonctions, l'inhibition volontaire et la moti- lite volontaire, leur analyse ne saurait comporter de sérieuses ditticultés que pour les cas celles ci seraient fort peu troublées, perverties, ou contrariées par la coexistence d'un état d'hyperfonc'ionnement extra- ordinaire des muscles.

Cette théorie des réflexes, comme on le voit, se rapproche très sensi- blement des théories élaborées par les distingués confrères, MM. Van Gehuchten et Crocq, et à ce point de vue m'est avis qu'elle ne peut que [orcer utilement l'attention des neurologistes.

Diplégie faciale congénitale avec paralysies oculaires et troubles de la deglutition

par le D O. DECROLY

Communication a la Societ? belge de. Neurologie, scance du 23 octobre 1902

Vous vous rappelez sans doute encore le cas de paralysie faciale double périphérique que je vous présentais 1l v à deux ans (3). J'insistais, à ce moment, sur la rareté de cette forme de paralvsie faciale, qui, d'aprés l'anamnese et aussi d'apres la marche, pouvait ètre considérée comme une paralysie à frigore.

Je me permets de vous soumettre. aujourd'hui, un nouveau cas de diplégie faciale, dont les svmptomes semblent appartenir à une forme plus rare encore, comme vous pourrez en juger.

L'enfant, que VOICI, est un petit garcon de 7 semaines. Le troisième enfant d'une personne bien portante, d'une trentaine d'années. Il est à terme, l'accouchement à été normal sans aucune intervention, la grossesse elle-mème a été parfaite, meilleure que les autres d'apres la mere. Toutefois, outre l'obe- sité assez marquée de l'enfant (l'enfant était très volumineux, aurait pesé

(1) VAN GEHUCHTEN. Journal de Neurologie, 5 juin 1895.

DONAGGIO. Rurista sperimentale di freniatria, 35 décembre 1601, p. 533-857.‏ رد

cr DECROLY. Paralvsie face double d'origine périphérique, (Annales de la Société delye de Neurologie, pe 153, 1900.)

æ

PRAVAUN ORIGINAUN 475

8 1/2 kilogrammes ? d'après li mère), plusieurs phénomènes attirèrent l'atten- tion de la mère.

Les yeux étaient fermés par suite d'un gonflement des paupières à une inflammation accompagnée d'un écoulement aqueux de couleur citrine; cet écoulement guérit au bout de huit jours au moyen de lotions boriquées.

D'autre part, la face de l'enfant était figée au point que la tante la trouva ressemblante à celle du frère mort quelques années auparavant, en tira un horoscope absolument pessimiste au sujet des chances de vie que présentait le petit malheureux. C'était comme un masque, la bouche et les yeux restaient ouverts et aucune ride ne se produisait au moment l'enfant criait.

De plus, fait important, l'enfant ne pouvait prendre le sein et la mère a très bien analysé les raisons qui l'en empéchaient. Au début, il ne parvenait pas à saisir le bout ; toutefois, à partir du troisième jour, il y arriva en le serrant entre le palais et la langue; bien que la respiration nasale fut libre, la succion était presqu'aussitôt interrompue à cause des menaces de suffocation qui se mauifestaient à chaque tentative d'allaitement; ces accès étaient précédés d'un bruit guttural annonçant la difhculté qu'avait le petit à déglutir et, pres- que chaque fois, une certaine quantité de lait revenait par le nez.

Aussi dut-on renoncer à l'allaitement maternel, et recourir à l'allaitement artificiel. Seulement celui-ci présenta les mêmes difficultés, en ce sens que si l'enfant parvenait à serrer le bout de caoutchouc du biberon, il n'arrivait à avaler le lait qu'à grand’ peine. L'allaitement à la cuiller n'eut pas plus de succès et on dut se résoudre à alimenter en faisant tomber le lait goutte à goutte dans la bouche, la tête étant renversée en arrière; entre-temps un tampon formé d'un morceau toile propre et contenant du biscuit imbibé de lait, servait à calmer les cris du petit être, dont le peu de liquide ingurgité ne suffisait pas à satisfaire la faim.

On arriva ainsi à le soutenir tant bien que mal pendant trois à quatre semaines; mais voyant qu'il dépérissait chaque jour et devenait aussi de plus en plus difficile, la mère finit par se décider à consulter M. Hicguet à la Poli- clinique, supposant que le siège du mal était la gorge; mais, comme bien on pense, ce n'était pas de ce côté qu'il fallait chercher; il n’y avait rien de spé- cial du côté de la gorge, mi du nez; aussi l'éminent confrère adressa-t-1l l'enfant dans le service de M. Hendrix et voilà comment j'ai l'occasion de vous le faire voir aujourd'hui.

Examen de l'enfant. Silon observe l'enfant la chose qui frappe le plus, c'est l'aspect figé de la face; on ne voit aucun pli, ni sillon la figure lisse pres- que luisante, les yeux mi-ouverts et à peine mobiles paraissant ne pas voir, ternes et secs, la lèvre inférieure pendante et flasque ; et n'étaient le léger souffle de la respiration, les quelques mouvement de la langue et de la mâchoire, ainsi que les cris que l'enfant jette aussitôt qu'on le remue un peu, on se demanderait vraiment si on n’est pas en présence d'un cadavre. De là, la réflexion de la tante rapportée par la mère. Du reste cette face change à peine lorsque l'enfant se met à crier et diffère totalement de la physionomie ordinairement si grimaçante des nouveau-nés qui pleurent.

L'examen de la gorge et de la langue, fait par le confrère Vues, montre que le voile du palais se contracte au momeut de l'introduction de l'abaisse lan- gue; que lalangue elle-méme est mobile, aiusi que la mâchoire qui semble se relever et s'abaisser d'une façon normale. Un fait à remarquer,c'est qu'au fond

150 UGNAL PE NEUROLOGIE

dela Doa he on constate cha ile fol* Gu'on pratique uu examen, la. presence de grumeaux de lait caine, e là. une odeur cara icrisique de fermentation Que dégage Ja bouche.

Du côté de: veux, voici ce que M. Gallemaerts a observé : Es pupiles répondent pa:faitemenz a la lumiere. L'accomodation. est. naturellement peu susceptible d'exploration à Cet Age, tout Comme l'acuité visuelle. L'en- fant suit cependant la lumicre dans une certaine mesure, Ce qui prouve qu'il voit; mais seul: les mouvements de latéraiité sont possibles: l'œil droit se meut plu» facilement vers l'intérieur que letl gauche. Les mouvements de ba~ en haut ne se font pas.

Le réflexe cornéen (contraction de l'orbiculaire) manque, les cornées se de:sscchent. Il existe un peu de conjonctivite et de dacrvocvstite. Les larmes s'écoulent assez abondamment, sans pourtant humecter Fail, à cause de l'abeence de mouvements des paupicres.

Les paupières maintenues fermées un moment, se relevent. ditlicilement, remarque qui confirme un fait observé encore par la mère : lorsque l'enfant est couché un moment sur le cóte, l'ail de ce cóte reste clos quoique l'enfant soit éveillé.

Pour ce qui concerne le goùt, l'enfant distingue parfaitement les substances sucrées qu'il suce avec des signes évidents de satisfaction.

J'ai, moi-méme.tenté un examen électrique chose peu aisée chez un enfant de cet age et n'ai obtenu de contractions, ni à l'anode, ui à la cathode eu. uti- lisant des courants galvaniques de :-ó MA.

Pour le reste, il n'y a pas d'autres signes de paralysie, du moins, la tete, les bras et les jambes paraissent se mouvoir librement.

L'état général est par contre assez précaire, cet enfant comme nous l'avons vu d'après la mère était très gros en naissant, aurait plutôt diminué depuis au lieu d'augmenter. Il est en effet trcs maigre ce qui s'explique par l'alimenta- tion insuffisante.

Demandons-nous maintenant à quoi les symptómes que nous obser- vons ici correspondent ?

Résumons les faits observés et condensons les données qui paraissent les plus importantes :

a) La paralysie faciale est complète, elle entreprend d’une manière aussi profonde les muscles du front que les autres muscles de la face ; de plus, ils ne répondent pas à l'excitation galvanique (1).

b) Certains muscles oculaires sont atteints, notamment ceux qui sont innerves par les nerfs Ill et IV.

»( 11 ۲ a des troubles très prononces de la déglutition.

d) L'accouchement a été complètement normal.

e) Les symptômes se sont présentés dès les premiers moments de la vie.

(1) Reste à savoir si, à cet åre (deux mois), les muscles de la face répondent déjà au courant électrique. Ce doivent être, en tous cas, les premiers qui répondent, puisque ce sont les premiers qui agissent d'une manière plus ou moins consciente ; c'est de la bouche qu'arrivent les premières sensations et les plus nombreuses.

TRAVAUX ORIGINAUX 477

f) Le gout parait intact, pour autant qu'on peut en juger chez un nourrisson de cet âge.

£) Les muscles de la face ne répondent pas à un courant galvanique de 5-6 MA.

Il y a donc à la fois des symptômes de diplégie faciale, d'ophtalmo- plégie externe et de paralysie lab'o glosso-larvngée, datant tous de la période intra-utérine, c'est-à-dire congénitaux.

Si l'on tient compte de la distribution des paralysies, on est également en droit d'exclure la paralvsie périphérique, bien que des paralysies de ce genre puissent se produire par divers mécanismes pendant la vie foc. tale. (V. Marfan et Delille. La parole. Février 1902.) Seulement, elles ne s'associent jamais de cette maniére.

En général, disent Marfan et Delille, les faits publiés cadrent mieux avec une atrophie primitive intra-utérine du mésocéphale.

C'est aussi l'avis de Bernhardt (1), qui trouve, en faveur de la localisa- tion nucléaire, l'absence de contracture, de tressautements fibrillaires, d'exagération de l'excitabilité réflexe, de mouvements associés se pro- duisant dans les muscles encore actifs dans les tentativesde mouvements volontaires.

Il existe, en effet, une forme de paralysie faciale congénitale, simple ou double, accompagnée ou non d'ophtalmoplégie, dont les auteurs classiques font mention (Grasset, Bernhardt, Henoch, Dejerine, Ray- mond) et dont Cabannes a fait, il y a deux ans, une étude d'ensemble(2).

Le cas de cet enfant semble trés bien pouvoir y être rangé. Seule- ment, dans aucun des exemples rassemblés par Cabannes, il n'y avait de troubles de la déglutition. |

D'autre part, Mocbius (3) a appelé « Infantile Kernschwund », une aftection congénitale se caractérisant par de l'ophtalmoplégie plus ou moins compléte avec ou sans paralysie faciale.

Or, dans quelques-uns de ces cas d'ophtalmoplégie, on a signalé des troubles de la déglutition.

Enfin, il est un troisiéme groupe de troubles congénitaux sur lesquels Bernhardt, Oppenheim, Bouchaud, Konig, Comte (4), Variot et Roy (5) ont attiré l'attention et désigné sous le nom de paralvsie pseudo bulbaire congénitale ou labio-glosso-laryngée congénitale; dans cette affection, outre les signes du côté de la bouche et de la gorge on signale des paralysies oculaires et aussi des paralysies faciales.

Nous voyons donc là, trois types cliniques considérés comme nette-

(1) BERNHARDT. Ein Fall von einseitige Facialisparalyse. (Neuro!. Centralblatt, 18594, W 1, et Derlin. Klin. Wochenschrift, 1899.)

(2) CABANNES. Etude sur la paralysie faciale congénitale. [Revue Neurologique, 1900' n'22. Gazette hebdom., dec. 1900.)

(3) Mænits. Neurolog. Reitrige, H. 4, 1895.

(4) CoMrE. Les paralvsies pseudo-bulbaires. (Thèse de Paris, 436, 1900.)

(s) VaRioT et Rov. Paralysie labio-glosso-laryngce. (Gaz. des /Tófitau.v, 1902, p. 105.)

418 JOURNAL DE NEUROLOGIE

ment distincts par les auteurs qui les ont proposés ; on peut cependant rencontrer des exemples qu'il serait difficile de classer dans l’un ou dans l'autre : tel le cas que je vous présente et qui offre précisément une combinaison des trois symptômes cardinaux de ces divers types : diple- gie faciale, ophtalmoplégie et troubles de la déglutition.

On a tout lieu de penser, avec Bernhardt et Cabannes, qu'il v a atro- phie ou aplasie des noyaux bulbaires et prébulbaires. Rien ne nous permet d'affirmer, pour le moment, que cette aplasie ne s'élève pas plus haut, les symptômes qui en seraient la traduction extérieuretcontracture, faiblesse intellectuelle, troubles du langage) ne devant apparaitre que plus tard.

ama

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 23 octobre 1902. Présidence de M. le D' De Buck.

MM. Francotte et Crocy présentent la candidature de M. le D" Bienfait, de Liège, qui a adressé à la Société un intéressant travail, intitulé : 1 propos du goltre exophtalnuque. Le ceutre bulbarre. Traitement par le thymus.

La Société. votera, à la séance de novembre, sur Ja candidature de M. Bienfait.

Un cas de syndrôme de Ménière

| (Présentation de la malade)

M. LIBOTTE. Messieurs, en ouvrant nos travaux, je tiens à vous repré- senter deux malades qui ne sont point dépourvus d'intérét et qui ont futs l'an passé, l'objet de débats assez passionnés.

A la suite de mon travail sur le vertige auriculaire et du nouveau traite- ment inauguré par moi, j'eus l'honneur de vous présenter plusieurs sujets qui ont trouvé dans mon procédé la guérison de leur maladie et la fin de leurs tourments.

Au nombre de ces sujets se trouvait M'" D..., ici présente, qui compte plu- sieurs sourds dans sa famille.

Depuis trois ans, elle était atteinte de surdité, de céphalalcie, de vertiges violents, de vomissements, d'asthénopie accommodative. Elle en était réduite

de couture, qui étalent jadis son gagne-pain.

Cependant, en traitement dès le début de son mal, un otoloviste lui avait amputé les amygdales, avait råclé son cavum, avait soigné les trompes d'Eu- stache, massé puis incisé le tympan, e'c. Tout cela bien inutilement.

C'est dans ces conditions qu'elle vint, en août 1001, réclamer nos soins. Notre traitement n'a point tardé à dissiper ses souffrances, à lui rendre l'acti- vité, le travail. Son amélioration ne fut point exempte de légères Huctuations, c'est-à-dire que les bourdonnements, les vertiges, reparaissaient parfois légèrement. Néanmoins, le succès fut complet et resta complet. Cette malade ne s'aperçoit plus que son oreille droite a une acuité auditive infe- rieure. Le susurrement léger qui persiste, comme trace. indélébile de son aflection, ne la géne pas.

COMPTE RENDU 479

De loin en loin, à la suite de rhume, par exemple, elle passe par ma clinique, pour dissiper toute trace de récidive. Elle y est venue depuis cinq. mois, soit une fois par mois en moyenne.

Vous voyez, Messieurs, que l'agent physique a été supérieur à toutes les interventions chirurgicales. Ce cas n'est pas unique et l'électricité, avec ses différentes modalités, nous donne tous les jours des surprises non moins agréables.

Depuis la publication du nouveau traitement des vertigineux par la statique, des cliniciens. en Allemagne, en France, des spécialistes de Bruxelles, dont le D" Bavet, ont obtenu des séries de succès, qui vinrent confirmer le traite- ment préconisé par nous.

Discussion

M. GLORIEUX. M. Libotte, en nous montrant aujourd'hui, complcte- ment guérie, une malade qu'il nous a présentée antérieurement, nous donne à tous un excellent exemple. La présentation de malades, pour étre d'une utilité réelle, doit Ctre renouvelée de temps en temps, particulièrement pour les cas douteux, dont l'évolution ultérieure seule peut éclaircir le diagnostic.

À plusieurs reprises, j'ai prié les membres de la Société de nous montrer à nouveau, l'année suivante, certains malades concernant lesquels les avis les plus divers avaient été émis et le diagnostic restait toujours en suspens. Si, pour un motif quelconque, la présentation du malade n'est plus possible, je prie les membres de nous donner au moins une nouvelle relation du cas : ce sera une répétition qui, loin d'être fastidieuse, sera doublement intéressante et instructive.

Syringomyélie au début (Cas présenté une premiere fois à la Société de Neurologie en mai 1002)

M. LIBOTTE. Messieurs, permettez-moi de vous rappeler en quelques mots le cas de C...

Motiité. A la suite de surmenage durant deux ans, pendant lequel C... travaillait journellement jusque onze heures du soir, C... vit la force aban- donner ses membes, la marche devenir diflicile, l'écriture irrégulière et labo- rieuse.

Sensibilité. Tes douleurs cervicales ont ouvert la série des symptômes bien avant l'apparition de ces derniers.

Tact normal. Diminution de sensibilité à la pression. Retard dans la per- ception du sens thermique, parfois il y avait confusion entre la piqure et la brülure. Sens stéréognosique affaibli.

Réflexes. Tes tendineux exagcres. Les cutanés affaiblis ou abolis. Absence de Dabinski.

Reflexe pharyngien normal. Réflexe cornéen normal.

Les pupillaires s'eflectuent.

Je n'ai pu admettre de tremblement intentionnel.

Il y avait un tres léger nystagmus horizontal.

Muscles. Absence d'atrophie. Parfois quelques petits spasmes dans les membres inférieurs.

Phénomènes sensoriels : néant.

J'ai plaidé la probabilité d'une syringomyélie, et rattachai aux lésions pro- pres à celle-ci la kyrielle des symptômes précédents, |

489 JOURNAL PE NEUROLOGIE

M. Sano croyait à la possibilité d'une sclérose en plaques.

M. Crocq défendait avec moi le diagnostic de syringomyelie.

Tel était le cas C... il v a cinq mois et le résumé de la discussion qui s'en suivit.

Le traitement était : repos complet depuis trois mois, hydrothérapie, regme tonique. médication nulle.

Depuis, j'y at ajoute les courants de hautes fréquences en application directe de la région cervicale à la région lombaire.

Pourquoi? Parce que : 1" ce sont des courants alternatifs et vous connaissez la propriété de pénétration de cette modalité; les hautes fréquences sont susceptibles de remuer les tissus à nutrition lente, à modification peu active, comme celle des centres nerveux, des ligaments et cartilages articulaires. C'est ainsi qu'elles nous rendent des guérisons certaines dans les nodosités d'Heberden, dans les tophus des goutteux, dans une foule d'altérations chro- niques des articulations.

[état de C... ne tarda pas se modifier tres favorablement. Ainsi des dou- leurs cervicales. les premiers svmptómes en. date, furent les premieres à disparaitre. Elles se dissiperent d'abord pour revenir de temps eu temps, puis pour ne plus se représenter.

La sensibilité au tact, à la piquüre, au froid, au chaud est bien plus vive et plus nette.

MotiAife. La force est revenue dans les membres supérieurs et inférieurs. Les jambes et les cuisses n'eurent plus de contractions spasmodiques. La marche devint de plus en plus facile et, aujourd'hui, C... peut marcher, monter sans effort, sans hésitation, dans l'obscurité aussi bien que le jour. L'écriture est aisée. Il peut se vètir, se boutonner assez bien.

Au dvnamometre : main droite, 22; matin gauche, 23.

Aussi, depuis deux mois, C... a repris ses fonctions.

Reflexes entanes z les crémastériens, les plantaires en flexion plantaire se sont affirmés.

Weflexes tendinenx : restent tous exagéres.

Le nystagmus a diminué.

Sens sleresgnosigue : est revenu. Ainsi il reconnait avec certitude, sans le secours des veux, quelle est sa petite ou grande clef, chose antérieurement impossible, il y a quatre mois.

Je ne me crois point autorise à conclure à l'influence des applications directes de haute fréquence contre les maladies de la moelle. Toutefois, après une série d'essais, nous <erons bientôt fixés sur l'opportunité comme sur la valeur de ce moyen thérapeutique dans ces cas.

" Nous ne perdrons point de vue la nécessitéd'adjoindre certaines medications spécifiques lorsqu'il v aura des antécédents.

I MSCHSSIUH

WI

M. F. SANO. -— Lorsque ce malade a été présenté la première fois, j'ai diagnostiqué la sclérose en plaques et je crois que l'évolution du mal vient confirmer ce diagnostic. Je ne pense pas qu'une rémission aussi nette se serait produite si nous avions à faire à une syringomyélie.

Actuellement ce malade présente une exagération des réflexes forte et généralisée, ila le nystagmus, un peu detitubation quand les yeux sont fer-

COMPTE RENDU 4Ni

més et une incertitude quand il essaye de porter le doigt au nez, c'est-à-dire, un début net de tremblement intentionnel.

Les rémissions sont fréquentes, au début de la sclérose en plaques, et le cas qui nous est présenté me paraît fournir un exemple de cette évolution irrégu- lière, mais néanmoins progressive.

M. GLORIEUX. Malgré l'amélioration survenue dans l'état de ce malade, je partage l'avis de M. le D" Sano et, comme lui, j'estime qu'il faut continuer à songer à l'existence probable ou au moins possible d'une sclérose en plaques. Il persiste encore, à l'heure actuelle, de l'exagération des réflexes tendineux, du nystagmus, du tremblement ataxique ou intentionnel des membres supérieurs, et une certaine hésitation ou difficulté de la marche.

Nous savons tousque la sclérose en plaques est une affection à rémissions et queles rémissions peuvent être tellesqu'elles frisent une guérison. /f’aiactuelle- ment en traitement une jeune femme, atteinte de sclérose en plaques depuis prés de dix aus : J'ai assisté chez elle à ia disparition de phénomènes tels que : clonus des pieds, phénomène de Babinski, nystagmus... et pu constater à nouveau leur présence quelques mois plus tard.

Pour ma part, l'amélioration elle-même observée chez ce malade me fait pencher vers le diagnostic de sclérose en plaques plutôt que vers la syringo- myélie. Je ne connais guère de syringomyélie se caractérisant par une amélio- ration lente et graduelle : j'ai vu plutôt le contraire, c'est-à-dire une aggrava- tion lente et graduelle, finalement suivie d'un temps d'arrét plus ou moins long et parfois définitit.

L'avenir nous dira qui a raison et, encore une fois ici, l'importance de mon- trer à nouveau le malade l'an prochain s'affirme dans toute sa nécessité et dans toute son évidence.

M. CROCO. Lorsque M. Libotte nous a présenté ce malade, j'ai soutenu, avec mon honorable collègue, la possibilité d'une syringomyélie au début. Je ne pense pas que cette possibilité soit infirmée par l'évolution du cas.

M. Glorieux, qui aujourd'hui insiste tant, et à juste titre du reste, sur l'in- sidiosité du début de la sclérose en plaques, a précédemment aussi insisté sur la difficulté du diagnostic de la syringomyélie au début. Moi-mème, j'ai eu l'occasion de vous présenter plusieurs cas de syringomyélie confirmée, au début desquels le diagnostic avait été incertain.

Je ne pense pas que l'amélioration actuelle soit de nature à déterminer le diagnostic; dans toutes les maladies chroniques des centres nerveux, on peut les rencontrer et particulièrement dans les affections d'origine syphilitique.

L'exagération des réflexes tendiueux ne peut non plus nous faire incliner davantage du côté de la sclérose en plaques; ainsi que je l'ai déjà dit en mai dernier,cette hyperréflectivité est tellement fréquente dans la syringomyelie, qu'elle caractérise actuellement une forme clinique spéciale de la maladie appelée : la forme spasmodique de la syringomycle (1).

Que reste-t-il des troubles de nature à faire soupçonner la sclérose en pla- ques ? Uniquement le nystagmus /rés /eger;il n'y a ni troubles de la parole, ni tremblement intentionnel. Le début a été marque par des douleurs cervi- cales, au siège habituel de la syringomyélie, il y a eu des troubles sensitifs,

(1) GEORGES GU1LLAIN. La forme spasmodique de la syringomyelie. (These Paris, 1902.)

Ax JOURNAL DE NEUROLOGIE

portant sur les sensibilités à la chaleur et à la douleur, avec conservation du tact, phénomènes qui doivent faire penser à une lésion possible au voisinage du canal central.

ien que l'hypothèse de sclérose en plagues soit soutenable, je crois cepen- dant, aujourd'hui comme ily a six mois, qu'il s'agit peut-Ctre d'une syringo- myélie au début.

M. LIBOTTE. M. Sano, lors de notre premicre discussion, arguait de la présence d'un léger nystagmus pour conclure à l'évolution. probable d'une sclérose en plaques.

Aujourd'hui, avec M. Glorieux, M. Sano prend raison. de l'arret de la mala- die pour v voir la confirmation de sa prévision.

Je partage l'avis de M. Crocq. qui est celui de tous les auteurs en général, à sivoir que la svringomryélie, conne la sclérose, peut subir un temps d’arrct naturellement. L'avenir nous apprendra Jusqu'où ira cette régression.

De plus, je rappelle ce que j'ai dit déjà dans notre première discussion : le nvstagmus a ete signale dans la svringomvyelie par differents auteurs.

Contre la sclérose en plaques, nous ferons valoirl'absence de tremblement intentionnel, de parole scandée, de troubles de la vue, de clonus des pieds. Dans la sclérose, des phénoméènes de sensibilité semblables à ceux que C... a présentés sont très rares. On v rencontre un psychisme qui manque ici.

Je rappelle que Ja région cervicale est le siège de la prédilection de tout début de syringomvélie et que les douleurs cervicales ont marqué le début de la maladie de C...

Rapprochement curieux : l'amélioration commenga par la disparition de ces douleurs. Que se passe-t-il dans cette moelle ?

Les lésions de la moelle exercent moins d'irritation sur les fibres conduc- trices du voisinage, de la derive la diminution des symptömes.

Ossification en ilots de l'arachnoide spinale (Présentation des pieces anatomiques)

M. BAYET. La malade dont je vais vous présenter l'observation était àgcede zrans. Comme heredite, elle ne présentait rien de particulier au point de vue névropathique. Elle a eu neuf grossesses : deux se sont terminées par des fausses couches, l'une à cinq semaines et l'autre à huit mois ; puis elle a cu deux enfants nés vivants, mats morts l'un à neuf mois et l'autre à onze ans et demi ; il lui reste quatre enfants bien portants.

Comme antécedents personnels, la malade n'accuse rien de spécial. Inter- rogée au sujet d'une svphilis antérieure, elle déclare n'en avoir jamais pré- senté aucun symptome. Son mari fut toujours bien portant.

I.e début de son affection remonte à cinq mois avant son entrée, au moment s'établit la ménopause. A cette époque,la malade ressentit des douleurs dans la région des omoplates. Ces douleurs, peu violentes, étaient constantes. Elles satténuérent spontanément jusque il y a quatre semaines avant son admis- sion, date à laquelle débuterent les symptómes qui l'amenérent à l'hópital.

A ce moment, elle éprouva une sensation de fatigue dans les jambes ; cela survint brusquement et la malade s'en aperçut au réveil. Néanmoins, elle put vaquer à ses occupations., Le lendemain, les jambes deviennent encore plus lourdes ; le troisième jour, ce symptóme s'accentue et la marche devient difh- cile ; le quatrième jour, la malade titube et peut à peine marcher ; enfin, le

COMPTE RENDU AS)

cinquième jour, il y a paralysie complete des mweinbres inférieurs ; la malade ne peut se lever ; en méme temps, il s'établissait une incontinence des urines et des matières fécales. Pendant tout ce temps, la malade ne ressentit aucun phénomène douloureux, aucune crampe, aucun trouble de la sensibilité, sauf, peut-être, uu peu d'engourdissement des pieds, survenant par intermittences. Depuis huit jours à partir du moment l'observation fut prise, il se produit des mouvements de contraction dans les membres à la suite des excitations les plus légères.

S/atus presens. Au moment la mala le entra dans mon service, elle était fortement amaigrie. Au repos, les pieds reposaient sur leur coté interne, de telle sorte que les deux gros orteils se touchaient. [y avait impossibilité presque absolue de faire le moindre mouvement volontaire ; toutefois, des qu'on découvrait la malade, les pieds étaient de suite le siège de contractions, de flexion et d'abduction sur jambe. Souvent mème, le mouvement se transmettait å la jambe, qui se fléchissait un peu sur la cuisse. Lorsqu'on fermait les Yeux de la malade, les mouvements se produisaient encore, mais avec une fréquence beaucoup moindre. Hs étaient plus marqués dans le men- bre inférieur droit.

Lorsqu'on interpelle la malade, les yeux étant bandes, lexcitation aug- mente, les mouvements deviennent plus fréquents, plus étendus, et il faut quelque temps avant que le calme se rétablisse.

La fatigue amène l'exagération des mouvements de contraction.

L'étude des réflexes a donné les résultats suivants :

L'excitation produite par le frölement ou la piyüre de la plante du pied produit :

1" Une contraction plus ou moins intense du membre inférieur (en général en rapport avec l'intensité de l'excitation); cette contraction se manifeste par la flexion du pied sur la jambe et de celle-ci sur la cuisse ;

2" Cette contraction peut ètre suivie, après un temps variable, se chiffrant par secondes (six à dix secondes), de contractions semblables d'intensité moindre ;

3” Cette contraction du membre excité est suivie, au bout de quelques secondes, d'une contraction identique dans mémbrée du côté opposé ; suu- vent, cette contraction est moins accentuée ;

4" Elle est précédée parfois d'une contraction dans l'épaule du côté du membre excité, comme si l'excitation passait d'abord par le membre supe- rieur, avant d'arriver au membre inférieur du mcüine côté.

Il taut toutefois toutefois remarquer que cette transmission de l'excitation au côté opposé du corps paraît être Variable comme force et comme fréquence. Ainsi, l'examen de la malade, pratiqué trois Jours après l'entrée, montre que l'excitation de la plante du pied gauche ue provoque presque plus de contrac- tion à droite ct qu'il y a un retard assez considerable.

Chose à remarquer, alors que la piqüre de la plante du pied droit ne déter- mine pas, certains jours, de contraction à gauche, la piqüre de la plante du pied gauche détermine la propagation du reflexe à droite.

Les rétlexes abdominaux n'existent que très légèrement; mais tous les autres réflexes cutanés sont exagérés. Le réflexe du fascia lata existe quand on excite la plante du pied.

Les réflexes tendineux du segment. inférieur du corps sont complètement

abolis. |

48% JOURNAL DE NEUROLOGIE

Les réflexes pupillaires, phatomoteurs et d'accommodation sont normaux,

Aux,membres inférieurs, les courants électriques (interrompus, continus), à quelque dose que ce soit, ne déterminent aucune contraction dans les membres inférieurs, qu'ils soient appliquées sur les muscles ou sur les nerfs.

Aux bras, aux 'avant-bras et aux mains, réactions normales.

La malade a de la hèvre chaque soir; cette hèvre est due à un vaste escarre de décubitus.

Soupçonnant l'origine spécifique de l'affection, je mis la malade au traite- ment merçuriel par frictions. Au bout de quelques jours, les mouvements volontaires reviennent dans la jambe droite, tandis que la jambe gauche reste telle quelle.

Cette amélioration se manifeste dix jours après dans la jambe gauche. Mais ces améliorations ne continuèrent pas: elle ne le pouvaient pas, étant donnée Fa nature des lésions que nous avons constatées à l'autopsie. La malade s'aftai- blit peu à peu, et s'éteignit, tout en gardant sa connaissance, le $ août 1902, sans mouvements convulsifs, sans rien d'autre qu'un peu de dyspnée.

F'autopsie, pratiquée par M. le D" Henrard, à part les altérations de la moelle, ne donna que des lésions assez banales. La moelle, que j'ai l'honneur de vous pré-enter, a un aspect remarquable. La dure-mère spinale présente, à sa face externe, au niveau des quatrième, cinquième et sixième nerfs dor- saux, un épaississement fibreux, adhérent au canal vertébral. La face interne est absolument intacte : le feuillet sereux qui la recouvre ne présente absolu- ment aucun signe de lésion pathologique. Par contre, le feuillet viscéral contient un grand nombre de plaques blanches épaisses de 1 millimètre, avant un diamètre longitudinal plus Tong que le diamètre transversal; elles ont des contours géographiques et ont de 4 à S millimètres de longueur sur 4 3 = millimètres de largeur. Il v en a une trentaine, réparties principale: ment au niveau du rentlement lombaire de la moelle. A mesure qu'on s'avance vers le haut, leur nombre et leurs dimensions diminuent. Au niveau du bulbe il nen existe pas. Toutes, sans exception, siègent à la partie posté- rieure de la tige médullaire.

La consistance de ces plaques est dure.d'une dureté osseuse; elles sont d'un blanc mat, plutòt jaune que bleuté, et donnent l'impression d'une fine esquille d'os. Elles sont strictement limitées à l'arschnoide et n'ont absolument aucune adhérence avec le tissu médullaire. Ce sont des ossifications en ilots de l'arach- noïde viscérale.

La lésion est évidemment plus ancienne que les symptômes accusés par la malade et il est curieux de voir que des altérations aussi étendues aient pu évoluer sans donner lien à aucun signe morbide. Les derniers de ceux-ci sont düs aux lésions médullaires concommitantes:; celles-ci se constatent facile- ment à l'œil nu. Désirant vous montrer l'aspect caractéristique de cette moelle, je n'ai pu en faire l'examen microscopique que je réserve pour une communication ultérieure.

Dernier détail, la glande pituitaire avait un volume double de son volume normal et paraissant avoir sa consistance habituelle. Aucun symptôme de Ja maladie ne peut ètre rapporté à cette dernicre Iéston.

Discussion

M. F. SANO. J'ai rencontré trois fois les plaques de crétification. de l'arachnoide et chaque fois je les ai trouvées sur la partie viscérale. Ces mala-

COMPTE RENDU 485

des présentaient, en outre, un degré assez accentué d'athérome. Je n'ai pas d'expérience quant à la valeur symptomatologique de ces plaques.

M. DE BUCK demande si, vu la dyscrasie présentée par la patiente, il ne pouvait s'agir dans l'espèce non d'une affection vasculaire mais d'une de ces myélites toxiques telles qu'on en rencontre dans les altérations primitives du sang et dans des états chroniques d'intoxication et, notamment, dans la car- cinose (cas persontiel présenté l'an passé à la Société belge de Neurologie). A ce propos M. De Buck rappelle incidemment que depuis tout un temps il a examiné systématiquement les réflexes de tous les cancéreux et sarcomateux; qu'il a pu observer. Or, dans ces cas, des leurs premiers débuts, il trouve de l'exagération des réflexes tendineux allant jusqu'au clonisme. Il croit qu'il y a un caractère de diagnostic précoce de la néoplasie maligne.

M. CROCO. Je ferai remarquer à M. De Buck que l'exagération des ré- llexes tendineux est une manifestation banale dais un grand nombre d'intoxi- cations et d'infections l'on peut mème observer une hyperrellecticite allant jusqu’au clonisme.

Il en est ainsi dans la rage, le tétanos, empoisonnement par la strychnine, l'ammoniaque, l'atropine, l'alcool, le mercure, le plomb, dans le rhumatisme chronique, la fièvre thyphoide et la tuberculose. J'ai détaillé ces faits dans mon rapport à Limoges (1) et je me demande si l'exagération des réflexes dans la carcinose n'est pas une de ces manifestations banales due à l'action d'un poison sur les centres réflexes.

M. DE BUCK. J'admets que l'exagération des réflexes peut exister ega- lement dans d'autres dyscrasies et qu'elle repose probablement sur la méme base anatomique que dans les cas de cancer, notamment sur une atteinte dif- fuse des centres médullaires qui se trouvent ainsi dans un. état d'hyperexci- tabilité ; mais il résulte de mes recherches que, dans les dyscrasies non cancé- reuses, le phénomène n'est ni aussi prononcé ni aussi précoce surtout et à ce titre nous croyons qu'il possède une valeur diagnostique sérieuse.

M. DEBRAY. Tous les cas de carcinóme ne sont certes pas'accompagnés d'exagération des réflexes tendineux, car je me souviens d'un cas de squirre du sein opéré par le regretté D' Lavisé et dans lequel, avant examiné les ré- flexes, J'ai trouvé ceux du membre inférieur très amoindris surtout le rotulien.

Ce carcinóme faisait souffrir malade depuis deux ans et demi.

M. DE BUCK. Cette exagération des réflexes n'est pas indéfinie, elle peut faire place à l'abolition, mais celle-ci ne survient que fardrrement. D'ail- leurs, alors le phénomène perd sa signification et ce n'est qu'au début de la maladie qu’il peut avoir une valeur diagnostique.

Un cas d'hystérie traumatique male (Présentation du malade)

M. CROCO. Louis M... estágé de jo ans; ses antécédents personnels et héréditaires ne décèlent aucune tare névropathique. Lui-mème n'a Jamais été malade ; ses parents sont âgés de 64 et 72 ans; deux sœurs et un frère sont bien portants, un frère est mort en bas-âge.

(1) CRoco. Phvsiologie et patholozie du tonus musculaire, des rellexes et de la con- tracturc. (/Coimihtes-rendus du Congrès des aliönıistes et neurologistes de france, Limoges, 1991, p. 181 et 132. Journal de Veuro/ogie, n” 16 ct 17, p. 4893 et 484.)

486 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Le 24avril 1901, cet homme, qui est ouvrier à l'usine à gaz de la ville, net- toyait un four, avec un de ses camarades; à un moment donné, des charbons ardents tomberent dans le hassin d'eau situé en dessous. Instantanément l'eau fut vaporisée et la vapeur atteignit les deux hommes, qui s'enfuyaient, à la partie postérieure du Corps et particulièrement aux fesses et aux Jambes.

Le camarade de Louis M... guérit rapidement et sans complication; il reprit son travail peu de temps apres l'accident. Notre malade, bien qu'il ne fut pas atteint plus fortement et qu'il ait été traité de la même manière à l'hôpital de Schaerbeek, retourna chez lui à Lebbeke, guéri de ses brülures, mais marchant assez difficilement en s'appuyant sur une canne (juillet 1901).

D'après les renseignements que n'a transmis M. le D' Van der Aa qui a traité le patient à l'hôpital de Schaerbeek, Louis M... aurait été en rappoit, à Lebbeke, avec des personnes qui lui aurait fait comprendre les avantages qu'il pouvait. retirer de sa situation et l'auraient engagé à marcher à l'aide d'une béquille.

Toujours est-il que la marche devint de plus en plus pénible; la jambe gauche devint raide et douloureuse; bientót la contracture fut compléte et le membre présenta une trépidation épileptoïde intense au moindre attouche- ment.

[ y a trois mois, le D' Vannieuwenhove, de Lebbeke, fut appelé auprès du malade qu'il trouva en proie à une attaque d'hystérie, pendant laquelle le membre inférieur gauche récupéra toute sa mobilité. Apres l'attaque, la con- tracture reparut telle qu'elle était auparavant.

Voyant la situation s'aggraver et soupçonnant la simulation, le D' Van der Aa engagea l'administration du gaz à faire admettre le malade dans mon service.

Le patient entra à l'hôpital le 24 septembre 1902 ; l'état général était satis- faisant. Le malade accusait des crampes douloureuses dans la jambe gauche, les deux membres inférieurs étaient le siège d'une contracture en extension très violente à gauche, peu accusée à droite; le moindre attouchement provo- quait, dans le membre inférieur gauche, une trépidation épileptoide à oscilla- tious extrémement rapides, donnant lieu à une douleur extrème qui arrachait des cris au patient et le forcait à maintenir de toutes ses forces, à l'aide des deux mains, Ia cuisse atteinte de convulsions.

Chaque attouchement provoquait la mème scène. Il était impossible d'ex- plorer les réflexes de ce membre ; partout ailleurs, il y avait exagération des réflexes tendineux, avec clonus du pied à droite, et diminution notable des réflexes cutanés. La sensibilité était normale partout. Le membre ۱ gauche présentait un degré d'atrophie notable.

La médication bromurée, à haute dose, amena une amélioration pendant quelques jours; la contracture et la trépidation épileptoïde diminuèrent méme à ce point que je pus, au bout de quelques jours, constater l'existence de l'exagération des réflexes tendineux et du clonus du pied à gauche.

Malheureusement, cette rémission fut de courte durée ; bientót les phéno- menes hypertoniques reparurent aussi intenses que précédemment. J'eus beau recourir aux méthodes les plus variées et les plus suggesiives, aucun moyen ne parvint à diminuer les symptómes morbides.

Actuellement, le malade se trouve dans le méme état qu'au moment il fut admis à EE il est absolument incapable de se tenir debout ; le moindre mouvement, le moindre attouchement, provoquent la crise convul-

COMPTE RENDU 457 sive du membre inférieur gauche ; les réflexes tendineux sont exagérés par- tout, les cutanés sont affaiblis considérablement, le pharyngien est aboli. La contracture en extension, peu marquée à droite, est excessive à gauche, l'on remarque une atrophie musculaire notable : la cuisse droite mesure 40,5 centimètres ; la cuisse gauche, 38,5 centimètres ; le mollegdroit, 28 centimètres ; le mollet gauche, 26,5 centimètres.

L'examen oculistique, pratiqué par M. Van den Berghe, n'a décelé aucune anomalie, tant au point de vue anatomique qu'au point de vue fonctionnel ; le champ visuel, pour le blanc, le bleu et le vert, n'est pas diminué, il semble même s'étendre un peu plus loin que d'habitude. « Cette remarque, dit M. Vau den Berghe, est surtout applicable au vert, qui dépasse d'environ cinq à dix degrés la limite indiquée par les auteurs. »

Comme vous le voyez, Messieurs, ce cas est complexe : en l'absence de phé- nomenes nevrosiques du côté des yeux, on pourrait songer à la simulation. Chez le malade que je vous ai présenté en avril 1902 (1), le rétrécissement con- sidérable du champ visuel pour le blanc, le bleu et le vert, permettait de rejeter l'hypothèse de la simulation. Ici, au contraire, l'examen oculistique dénote une augmentation du champ visuel ! L'évolution du cas et les rensei- gnements pourraieut également nous influencer dans le sens de la simulation. Mais, d'autre part, l'attaque d'hystérie observée par notre confrère de Lebbeke, pendant laquelle la contracture disparut, me paraît de nature à écarter cette hypothèse ; 1] en est de mème de l’exagération considérable des réflexes, du clonus du pied, coïncidant avec l'affaiblissement des réflexes cutanés et l'abolition du réflexe pharyngien ; l'atrophie du membre est également un facteur dont nous devons tenir compte. Enfin, veuillez examiner les crises convulsives, voyez, au moindre attouchement, la contracture qui envahit ce membre et la trépidation extrémement rapide qui l'anime et dites- moi si vous croyez que ces phénoméeéues pourraient étre simulés.

En ce qui me concerne, je ne le pense pas; je veux bien admettre que le malade cultive son mal, Comme tout hystérique et surtout comme tout trau- matisé, mais je ue puis croire qu'il crée son état de toute pièce.

Je conclus donc que Louis M... est atteint d'hystérie traumatique et j'en déduis que le rétrécissement du champ visuel, bien que constituant un signe de haute valeur, peut manquer dans les névroses traumatiques et que son absence n’est pas de nature à exclure catégoriquement la réalité de la maladie.

Théorie des réflexes cutanés et tendineux basée sur la nature fonetionnelle des deux faisceaux pyramidal et extrapyramidal M. HELDENBERGH. (Voir le travail original paru dans le présent numéro, p. 469.)

Diplégie faciale congénitale avec paralysies oculaires et troubles de döglutition

(Presentation du malade) M.DECROLY.(Voirle travail original paru dans le présent numéro, p. 474.)

* (1) CRocQ. Un cas de nevrosc traumatique grave. (Journal de Neurologie, 1502, 10, p. 181.)

4SN- JOURNAL DE NEUROLOGIE

A propos du goitre exophtalmique Le centre bulbaire Traitement par le thymus

M. BIENFAIT. (Voir le travail original paru dans le Journal de Neura- A ie, 1902, n? 21, p. 437.) (4 suivre.

= e

BIBLIOGRAPHIE

CUIMES. ET. ANOMALIES MENTALES. CONSTITUTIONNELLES, pir MM. Forel ct Mahaim. (Geneve, 902, Iündie; édileur. in 8S. de 500 pages,

L'intéressant onvrace des prolessenrs sttisses a pour but d'attirer l'attention sur les délits etles erimesj eonmimis pac Ies déósequilibrés; Pour eombattre la eriminalité, il faut vatkapner a ses eunsess an Teude senteter dans Ii vieille orniere de la répression expia- tone du enmime commis, eat la vieline: ne profite pas plis de. cette: derniere que la societe, Itant done:

Lo Combattre tout ee qni proøodutt des cerveaax eriminels: Vileool. les maladies men- Wiles el leur liéveditez en general: réformer les défauts de la race parune saine hygiene et parane wane sélection humane: I

2 Combaltre les anzzestons soetsles malsaines poussant anerime:

3 Combattre les imiseres sociales et toutes Les crreonstainees extérieures qui ceondui Seut Fhontae nermalnueriie,.

Que lequriste, Paliéniste. Le pédagogue et administrateur travaillent harmonique: ment, en sentiaidantile leurs bpbrinieres; a une solution toujours plus adéquate; à la toi« plus ۲۲۲۲۰۲۰۰ ٢۹ plus protective du probleme. (Que ۱۱۱۰ ۲۱ la psveholouie normale et patholecique de Fhotnme sur Phomme vivant el pon sur de vieux grimoires. en se Fareissanit da tetee sy Hogises. de sophismes etde métapha sique ! Alors on verra quil ۱۰۰-۱ pts si itlicile de teconnaitre dans leurs bouces. dans tes repaires [۱:۱۰ ۱۲ lu vice, les crocodiles de la societe, qui exploitent et [se 1 delle en la decompo sant, en deposant partout lenr semence destruetmee ponr reprodnire leur engeance, et qui utilisent à lenr profit les erreurs routinieres de notre legislation, l'ignorance, la làchieté et Favengleimnment decent qui dirigent notre societe

Certes, quan ۱۱۱۱ vot ees eas ENITOIMEN, Ul tel ۱۱ de cing ans. fils cd aleeosolisós Lares. tue an anire entant pour Iur voler une tartine de beurre; puis; place dans un refe pot entants abandonnés, cherehe a v tuer la dime JHU Soups de ni pendant Le somme] de cette dermererapuand on voit tel antre enfante sept ans, tils Puan ivrogne et d'une tei de bordel. \ ler par cde actes ۱۱۱۱ précoces ses petits freres eisen petites ces et les ii 11111۶٣۷۹۹۹١+ 11908 پ-‎ tentant. Volant ne Vt rien Kure. clu It" le mitt: du mitin alı sertetecher- ص022 تر‎ 0-0 une 1۱۱ ۰۰۱۱۲۰۱۱۱۰ ۱۱۳۰۲۱۱ ati Ter a petit ten [son pe nene Dar divers attentats sexes pep ls et ebercher a en kare autant avec amtres eutantsi bref quad on a en Toccasion detu her tonte (0 cetiectlet d'etitants, deceneres ides lear jette doce par lie +16۴٠ tarce «Val solistie, d'atonaties nettes out de crane. e! رانا رای‎ des crirui nels ۴۰ perra ton ier encore la heces spo de lit ie fous ces tuons res ۱۱۱۱ e Maple ditalle انا را‎ - 11 ` I ,

1 fnt 1 ۱ ve: (Irrel g Vun, leinen"

000 nent nn systemie plas انا ای‎ et pins radical., An pranier acte crave.

ist oi Mi les cals hii co ili, sis LIL foree de proces A eertons esands. ۱۱. ۰ Pets a pue eont ate fan, ئ ۰ح‎ le (۱-۰ de ۱ ۱۱۱۱۱۱۱ 7+

li’ e ojo sell eti! i past buten Tunn, etg lisse ۰۰۰ء۲۱۰‎ (unt Juri ve bes,

Ne cos cil ooh o e DIATE ode Ja pite Haran L'lneanitarijfme

ea tad. RAA EN OT : Kc Laeli an ۶١ unt lu dec 10 ۰ Socet deti 7 st cest! می‎ enu lt te Dow Net vel dap dicor etale R89Sepb sent; WIS Nut de خر ایی 1ات‎

Pe ی و‎ ies je Aen g esap a SYRL osca une Pacon de nbis en pius ۱۳۱1۳ Eu EE RE EE EE

Nr یع‎ E E EE رو‎ E ee hr East led tee (yv ut owe NE get |t omar mu DU انف تی‎ uci RN Eh DU aS er o rS esce tate ea ۳ aol ST D CR OC d RE cp e Sepe e 1 ۰ iles ٰٰٔٔ--ء‎ h a EU et کوک‎ vis" fum eu عو ہے"‎ 79 Votes S uds vo tiep f

tisi E s E E ات ری حر ا یرہ‎ MU Fore, Kë: ' `~ t pit ; i to CM t > p MN a AN 17 (CIN LIC on Wa be diras It ہے اج مد‎ E la ۰ LS UN IL. né.

CAS Y e

ër ZIL RENEE TET اڈ ۶ای‎ * j S 1 Yo Ers Ze

7

* LE] +

x "m ۳ y 5

o

A 1. Y و‎

te (D v

A

4 ,

`N Peu gëf, + WI: » et * " "n mt ps “à > ےک‎ - d ed De 9c ze .- ung nt qe Sg" am La ^ S. + ai SE E AT eT Leon DAT ر ہے سے‎ Sech "AI a - ` - » mm k صیےج‎ kA, (#4 4 LOU e = Bo POT, Zn ج‎ e 2 - E ح‎ » d Ve y 2. 232€) 2226: کک‎ " وا‎ ٦ ax. Res,

VARIA

L'acuité visuelle de l'œil normal On sait que Peil humain normal à souvent une acuité visuelle supérieure à Fa conventionnelle. inais on ijnore généralement Jaspi quelle distance eet eil penl si rien ne venail limiter le ehiunp de la vision. À ce titre, les recherches publiées , ۱" ۳ météorologique de Belgique sont assez intéressantes, Elles montrent cette distance augmente avee la hauteur à laquelle est placé l'explorateur et cel: raison directe du carré de la hauteur. À la hanteur d'un mètre. Thomme normal | embrasser de son resard un espace dont le rayon est de 3220 mètres. A la hauteur kilometre, il peut voir jusqu'à HIB Kilomètres, et, dune montagne de 3 kilomètre verra à 132 kilometres 240 metres, Dans ers ealeuls; on a néglige l'incsalité du sola que la transparence de Fair. qui dépend des conditions atmosphériques. (rives d'A nthropolongie Ceininelh

Histoire d'une famille

Hest dificile de trouver nn exemple plus caractéristique du mal que peul faire

hérédité vicieuse entretenue par aleoolisme que celui du Medieut Noirs (91 mai propos d'une famille de désénéres, La prolagoniste de eette famille était tenaneiere d maison publique et fortement Sujetle à Paleoolisine : elle est morte en NAA Uu o ins. ensemble de sa deseendanee Seleve a 800 personnes, dont i00 eriminels c damnés au moins une fois chacun. De plus, 312

descendants: étaient aleoolig L2: (femmes prostituées, 2

condamnés à mort pour erimes. Pour punir les méfaits cette eriminelle tunille; Fetal a dépensé. rien que ۱

Our frais de proces, environ 3n lions de dollars. soit 15 millions de lanes,

(behire E Anthropologie Crbniuelle,

Courants nerveux et électriques

On a souvent assimile le courant nerveux au tluide électrique, Si l'an peul ainsi par par analosie, rien n'est moins certain en réalité. El nous venons de trouver. par hasa mne preuve de Li distinction à faire. que les plivsiolosistes ron ]its. eroyons-nious, ۱ sullisammment en relier jusqu'à présent, Aur eours d'une observation de monstre dit de Versailles; 1861). on lit.

« Vinel quatre heures

double eplerlopuge avant vécu (il s'agit du « en eflet; ee qui suit :

avant le déces du deuxieme Sujet. ib est passé, ehez le premi ۶س‎ NCUN eb fernait la bouche. devenus d'antan plus rares que

» Pendant la periode de vi

Ces mouvements de Ja face x la mort approchait, edes sujets, les mouvements Client indépendants ; pour face. apres la mort. ils éltient communs (D »

Etant donné qu'il savil Fun Céphalopase, ]

a localisation s'explique par des anas Moses nervenses au niveui de]

a peau du erine, et nous n'insistons pas. Mais, ee qui de plus curieux, cest la persistanee du

passage de l'intlux. nerveux, venant d'un su Vivant sur un sujet mort el

ten pulrefaelion ! Or. qu'on prenne un eadavre dans. un. état analogue, c'est-à-dire mort depuis vin quatre heures et on décomposition av courant électrique, il esl certain que temps,

anede, et qu'on essaie d'actionner ses nerfs par les muscles ne répondront pas aprés un aussi lo

nous semble qu'il faut conclure delà: Pon bien que, gráàce à ees anostonmoses, . nerfs du sujet inort sont restés vivants, de m

? Ou hien que l'intlux lerveux pe l'on peut parler ainsi,

me que les muscles correspondants : M passer Je courant electrique ne passe plus,

La premiere hypothèse, quoique soutenable, ees conditions, force ex de se

que Fon admettra l

nous parait bien ditlicile à accepter, Da rabaltre sur la secondo, qui S'expliquera d'autant iie

lus volontiers que neore à peu. pres rien. sur la natu intime des vonranls nerveux el é[e

(fia Selle Medicale de Paris.)

lon ne saite clriques,

Mareel BAUDOUIN.

(D Bull. de ta Sye., Hes Ne, Not el Med. de Seine-et-Oise, Versailles, 1861. p. 11-۰

dréine,

۱ ; 3 Su Karin 1 uiid Nesle. ای‎ t

LL Roof, qe il.”

N ABET Renaix” | Lr e í DN 4 Le Galıya,' H ds

Cosot oDermiul, T ABA DN pru 1۷7۶۸۶۶ کا ۳ 6۷1ا ام ران‎ Sls d ` [o Euh: qe vesiriis, uote inë du

= = leg Ah 1 List T5 Xinh

e ji On 0 fs. CS تن‎ pate ke CTE DEMES s 3

| AE SOCIETE: BELGE: BE NEUROLOGIE, ای‎ Ah ane Gun ax xe 0 i

WA IH BIBLIOGRAPHIE. cz pas anna P Wu d Mer SE کے‎ qr AR: ARE CRIRE Te :

5 Mx xvi

SES au Pd Soe e E 2 ۱ ما‎ Ironie EN, Mur. مهوت‎ GC s 6

ii m Marten Arr d N E تج‎ el i ONS hima slava CRAN ; ور‎

pains

Faso Talis Vial, D Hes

| Vid Aroudrp d 0o ie e PA t lolghitloe,. ji dt s mr V AR i ; Dudstaplasnie. v. MER m

D ا تہ‎ Le 0 می چ گے و‎ نک‎ QR AL EN M t ELE ui ^ ER *Tüermofor mal, $e dst EUR fo Kai Hiavaison he.

Je EE E = lan quc mapek dic ‚Maxis. Grau Eis Ainb, Jd es

SR mus Jet dd DEM

ed 3 x r E de ا‎ taiji

کی

Deje

۱ In IEEE

or Ie ا‎ QUE des

t: e aati ar nes

f. ۱ ۲ e M QA E N GE

dem: K 2 vr

MIRE UN NP UNE Ma Le

Wer ne gue a ee d

mm, M e

70 op Däer KERON,

ACEN و‎ 1 a 7

۵ ve Reith. mr Suen, 57 ی‎ Hospit io Falbres hl e > s: ۲ ` enner. Bruni der: Pz is کک‎ x > اب‎ Yasha = pde Fellows. EX ex

ed ji RT 3 ad sopie giancardi e "e HS Fothers ps duc X DE Hunyadi iens, tiS doHvgtema: di pt hilat: px dis ۱ ED mer dés A; Gi rf Ze CS بے ها ات وک‎ aS ی‎ Tosh BBR, ig Eales (i "y He Santé u’Weele, و‎ o, beid Finn,

le‏ ٹوا ا

۱ NW E ان نی و‎ مسا ا‎ ndi je au al Hard |

GTVT ww. à

RUMENT LAIT SUISSE :

نسپ ودم

| ENFANTS et i ê

en a ne Pau

2 Fee s i

"s ht او سای و‎ peers, P

لف dixi Grex, Anal de er‏ : وا Ad Le UE e S 4‏ 3

Ce 4 4 £ e e

kart, E ehn :

liant: - Foetha pue. Ghent He ee Ale

Rumes, Brónéhites. &netrie, Chioross,' Shamatiemäs: ها تن هیا‎ Scrafuis

SERES. EY] Rachitismé, Enkaraéments Gang fonnairés

zu ج3‎ SIROP ias pde

CS À LEXTRAIT PUR DE FOIE OE MORUE-SIMPLE FERRÜGINEUX HOEEDH

al 7ئ‎ ۷۸.۷ EES الا 2ئ‎ T t SCHT

Ana 80149 tie ins

ARG HS 4 r ER ww Pasa: iol M: 5

8 que 71, sui) E ILLE

Xunvaljesceéncs, ete.

[UT

2 42 = a چے‎ ۱ en RER en SE zu er un 3 d Leg GE | I NS Farine Maltée Viall | | (AUTODIGESTIVE.. جا‎ ۱ da senle uni se digére d'elle-même d ۵ "Beamngagpdlëe pour ies Fniauts 0 i ۱ AVANT, PERDANT EF. APRES LE SEVRAGE, 1 sudant la. dentitior [a-croissance coue 17 ۳ slimeut plus agréable, farliGant ei Gen: ۱ vomique. Préserils aussi aux estimate 4 ۱ 2 rats ov, (atii uds. I En nente p2rtokz ü*gilt- 2, و‎ PANIS. d: E 1 ; d i 1 i

PLA SMA MUSCULATHE ۱ &üc de. W Londe deaaëëke? bs iler 4 ST, at get deg. وا ین‎ nb fatfils ARE gala aide: rG Soft sta d EN م۳‎ Merotque at TUBERCULOSE, ۷۶۲۸۸85 fa. FHLÜRDSE, a NEMIR, Str.

: AE, و‎ re Yirieing, PRIS Let Foes "et Pësrmeäien

VIABDE QUINA FER

pius puiüeont DESENET اه ال با جوا 21 ا‎ 77:7 UAE 01 par dex Wedecins, ra

de. CON TRENSEVILER: Khae NVO DENEY GUN a ںہ‎ S

sinn GOUTTE

H ی که‎ d ADERS EDIE 2 H ecocees ley DO PONS UE Gare 6 | Ê GEE PA EOS EAR Du ری‎ Zi Si | B ouwxibioirs Brexit dons au rx t و وا‎ idi le: RHUMATISME e Shirase, PNR poante. Mers- R T HR Eri 276 76.090 ا 2ن‎ ER des DOSE r ےھ فا و و ا 0701وی ان سج موی‎ St 6 Capanies par jour &n cas PASS | a 102. Bus AH, Y aris y Yer a E PAR EN, Ms teg Viviane ETA

Leur EG, 1: 7‏ 12 یق

Br

anter bar las QURISTERES de lt GUERRE, ۵ WO RITAU x de wats" seni Calapieenie A septique. you, emus caen ;

' Fri 2 ame RM fU ار‎ SP Maker, ng vi Bia *

| 2 5284767 71s ۸+66 d'Anne, PARTS, SI dann e gea tas اکم دای‎ aire ا ای‎ رت‎ ۸ Bruxelles : ا‎ 267259117 Geiger

RAIN dj

IN AROUD) | OE

ECIÉMAS ABUÉS, FURUNGLES, ANTHEAN, PHLERITÉS, cv A ;

Jes "t yv a d COS d. de وو تی‎ Markt GE اریم ی ی ی هی بدا ی‎ m rom g RT EE چا‎ ۷ ۴ SRE fo tt ae 7A ji GG Ben 0

TRAVAUX ORIGINAUX

LABORATOIRE DE LA CLINIQUE PSYCHIATRIQUE DE MOSCOU

Sur le réseau endocellulaire de Golgi dans les éléments nerveux en généralet dans les cellules nerv3suses

des ganglions sympathiques en particulier par le SERGE SOUKHANOFF

Privat-Docent à l'Université de Moscou

Le procédé chromo-argenté de Golgi donne non seulement le tableau des silhouettes des cellules nerveuses, mais il permet aussi de faire res- sortir l'existence, dans ces dernières, d’un appareil réticulaire particulier, situé en dedans du corps cellulaire. Ce réseau intra-cellulaire à été dé- crit pour la première fois, en 1898, par Golgi (1) lui-même, qui, déjà alors, à noté que ce réseau a un aspect trés caractéristique et est composé de petits rubans et de fils, se divisant d'une facon paiticuliére, s'anasto- mosant entre eux et que ce réseau ne touche pas à la zone périphérique du corps cellulaire. L'aspect général de cet appareil réticulaize, d'apres Golgi, présente certaines différences dans les diverses catégories des cellules, ce qui dépend de la forme des cellules; ainsi, par exemple, dans les cellules de Purkinje, il a la forme d'une poire; dans les cellules glo- buleuses des ganglions spinaux et dans les cellules du noyau du nerf pathétique, 1l apparait comme ayant une forme sphérique irrégulière.

Le travail ultérieur de Golgi (2) concernant la question donnée est consacré déjà spécialement à la description du réseau endoczllulaire des éléments nerveux des ganglions spinaux ; dans une des remarques de ce travail, il est question de ce que Veratti constata l'existence d'un ré- seau analogue dans les cellules du ganglion ventral du nerf acoustique, des olives, du noyau d'origine de l'hypoglosse, du noyau de Deiters, de la substance réticulaire, du noyau dentelé du cervelet et dans les gan- glions sympathiques.

En parlant d'une maniére plus définie de l'appareil intracellulaire des éléments nerveux des ganglions spinaux, Golgi dit que « ce réseau pré- sente une si grande analogie avec l'appareil endocellulaire des cellules nerveuses centrales qu'on peut affirmer immédiatement qu'ils se corres- pondent ». Dans ce travail, Golgi fait aussi remarquer que l'aspect externe du réseau endocellulaire, décrit par lui, dépend de la torme des cellules. Dans son troisième travail sur le réseau endocellulaire dans les

(1) CAMILLO GoOL&1. Intorne alla struttura delle c:llule nervose. f Bulletino della So- ciéta medico-chiruagica di Pavia, 1898, fasc. I, p. 14 Archives italiennes de Biologie, T. XXX, fasc I.)

(2) CAMILLO GOLGI. Sulla struttura delle cellule rervose dei ganglion spinali (Bol- letino della Societa medico-chirurgica di Parta, 1898 Seduto 15, VI, 1898. Archives tta- liennes de Biologie, T. XXX, fasc 2.)

490 JOURNAL DE NEUROLOGIE

éléments nerveux des ganglions spinaux, Golgi(1) donne une description encore plus détaillée du réseau des cellules sus-nommées ; de plus, l'auteur cite les résultats de ses investigations concernant le développe- ment de ce réseau chez les embryons. Golgi indique sur ce fait que le réseau endocellulaire se dispose, dans le corps cellulaire, d'une manière déterminée et forme des lobules coniques et sphériques en aspect de papilles basses, dont le sommet est tourné vers le centre de la cellule, c'est-à-dire vers la zone périnucléaire et la base vers la périphérie du corps cellulaire; plus l'animal est vieux, plus la disposition lobulaire du réseau endocellulaire est marquée chez lui; cette particularité se mani- feste seulement dans le cas la coupe a passé par le méridien du corps cellulaire ; dans les endroitsoü il y aaccumulation du pigment, le réseau endocellulaire fait defaut. |

Dans son travail suivant sur cette question, Golgi (2) parle des cellules de. la moelle épinière dans lesquelles on parvient à déveler la pré- sence d'un fin et caractéristique appareil réticulaire interne, analogre à celui des cellules de Purkinje, des cellules des ganglions spinaux et sym- pathiques, etc. Mais ce réseau endocellulaire dans les éléments nerveux de la moelle épinière a pourtant ses particularités; par exemple, les points nodaux ou les plaquettes, correspondant aux erdroits des croise- ments et des anastomoses des fils du réseau, sont plus accentués; les fils se présentent plus irréguliers, ayant plus souvent la forme des rubans; mais ce qui diffère surtout le réseau endocellulaire des éléments nerveux de la moelle épinière, des cellules nerveuses des ganglions spinaux, c’est que, dans les cellules spinales, de la périphérie du réseau vont des reje- tons, se dirigeant dans les prolongements protoplasmatiques, on peut les suivre seulement sur une petite étendue. Le nombre de ces rejetons n'est pas égal, ce qui dépend du volume ct du degré de développement des cellules; parfois leur nombre va jusqu'à trois. Dans les premières périodes du développement embrvonnaire des cellules spinales, ces rejetons font complètement défaut.

Dans ce méme travail, Golgi donnc aussi les résultats de ses investi- gations concernant le développement de ce réseàu dans les cellules ner- veuses médullaires. Golgi trouve que « la premiére appar:tion en forme rudimentaire des particularités de l'organisation, destinée à devenir le caractéristique appareil réticulaire, est trés précoce. »

Le travail ultérieur de Golgi (3),dans cette méme direction,concernele

(1) CAMILLO GOLGI. Di nervo sulla struttura delle cellule nervose dei gangli spinali. Communıcaz one fatıa alla Societa medico-chirurgica di Pavia. (Seduto 20, 1, 1899.. (Archives italiennes de Biologie, 1898, T. XXX, fasc. 2.)

(2) CAMILLO GorGr. Sulla struttura delle cellule nervose del midolo spinale. (/7/0//- tino della Societa médico-chirurgica di Paria, 1900. Seduto 14, VI, 1896). Sur la struc- ture des c:ilules nerveuses de la mocllé epinière. (Cinquantenaire de la Societé de Bio- louie de Paris, 1859) | |

(3) CAMILLO GOLGI. Interno alla struttura delle cellule : ervose della co'tecia cere- brale. (Abdruck auf dem UÜUernandlunren der Anatomischer Gesellschaft auf der XIV Versammlung in Pavia, vom 18-21, Avril 1900.)

TRAVAIL ORIGINAL 491

réseau endocellulaire dans les éléments nerveux de l'écorce cérébrale ; ici ce réseau apparait aussi analogue à l'appareil des autres cellules ner- veuses; ici son aspect externe commun est aussi à la forme du corps cellulaire et des grosses dendrites ; de la périphérie du réseau partent des rejetons, se dirigeant dans les prolongements protoplasmatiques. Dans son travail concernant l'appareil intracellulaire des cellules corticales, Golgi, pour la première fois, fait remarquer qu'il a réussi à mettre en évidence, dans les cellules corticales, l'existence d'un autre réseau, différant de celui dont il s'agit plus haut ct se disposant dans la zone périphérique du corps cellulaire; ce dernier appareil intracellulaire con- siste en fibrilles et présente quelque chose d'autre que le réseau endocel- lulaire ordinaire, qu'on peut nommer, pour cette raison, ۰

Au XIIIe congrès international de médecine de Paris, Golgi (1) soulève de nouveau la question du réseau endocellulaire dans divers éléments nerveux et fait une revue abrégée de toutes scs recherches précédentes concernant cette question.

Ainsi donc, nous voyons que, pendant les dernières années, Golgi a publié toute une série d'ouvrages relativement au réseau endocellulaire dans les éléments nerveux des différentes régions du système nerveux central.

Comme cela a déjà été noté plus haut, Veratti a pris aussi une grande part dans les recherches sur la question donnée et a constaté l'existencz de l'appareil endocellulaire dans les cellules nerveuses du noyau du nerf pathétique, ce qui est mentionné déjà dans le premier tra- vail de Golgi.

Dans son second travail, Golgi démontre que Veratti a réussi à faire ressortir le 1éseau dont il s'agit, dans diverses cellules nerveuses des diftérentes régions du système nerveux. En outre, Veratti (2) publia des recherches concernant le réseau endocellulaire dans les cellules ner- veuses des ganglions sympathiques; l'auteur trouve que ce réseau est endocellulaire ct analogue au réseau correspondant des autres éléments nerveux. Veratti proposa, pour la fixation des préparations destinées à faire ressortir le réseau de Golgi, un liquide composé d'un mélange de bichromate de potassium 5 p. c.), d'acide osmique 1 p. c.) et de chlorure de platine et potassium (0,1 p. c.) connu sous le nom de liquide de Veratti.

Il faut noter ce fait, que ce méme procédé chromoargenté a donné la possibilité d'obtenir aussi un semblable appareil réticulaire dans d'autres cellules, n'appartenant pas au systéme nerveux, par exemple, dans les cellules épithéliales, à savoir : dans les cellules de la substance corticale

(n C. Gorar. Le réticulum intra-cellulaire et la structure fibrillaire périphérique de la cellule nerveuse. (XIII Congrès international de médecine, Paris, 1900. Section de Neurologie, pp. 582-585.)

(27 ExiLIO VERATT!. Ueber die feinere Structur der Ganglienzellen der sympathicus, ( Anatom. Anzeiger, Baud XV, N' 11, v. 12, S. S. 190-195.) .

492 JOURNAL DE NEUROLOGIE

des reins succenturiés ( Pensa [ 1 ), dans les cellules des glandes salivaires, du pancréas, de la glande thyroïde (Negri [2]), dans les cellules de l'hypophyse (Gemelli).

J'ai appris, dans le laboratoire du professeur Golgi, avec la participa- tion et l'aide du D" Veratti, le procédé de préparation de l'appareil réti- culaire endocellulaire; depuis deux ans je me suis occupé de l'étude

*de cette question. Dans mon premier travail (3) sur ce sujet, j'ai attiré l'attention, entre autres, sur ce fait que le réseau endocellulaire de Golgi ne peut étre considéré, ni comme un produit artificiel, ni comme un stade intermédiaire d'une imprégnation noire compléte. J'ai pu obte- nir, jusqu'à présent, le réseau de Golgi dans les cellules nerveuses des ganglions intervertébraux (4), de différentes cellules de la moelle épi- niére des cobayes de deux à quatre mois (5), dans les cellules corticales des lapins nouveau nés (6) et dans les cellules du ganglion de Gasser.

Smirnoff(7) (de Kazan)a observé, dans le protoplasma des cellulesner- veuses des ganglions spinaux d'un embryon humain de quatre mo s, un réseau trés visible, analogue à l'appareil endocellulaire de Golgi.

Récemment vient de paraitre la recherche de Jaworowski (8) qui a constaté l'existence de l'appareil réticulaire de Golgi dans les cellules des ganglions spinaux chez le pigeon et chez la grenouille; cet auteur indique encore ceci qu'autour de l'appareil réticulaire endocellulaire existe une zone la substance protoplasmatique périphérique, libre de ce dernier; chez le pigeon, l'aspect externe de cet appareil diffère de celui de l'appareil chez la grenouille; dans le premier cas, le réseau apparait plus grossier et moins compliqué que dans le second cas.

. En passant à la description des résultats de mes recherches person- nelles, concernant le réseau endocellulaire dans les éléments nerveux des ganglions sympathiques, je trouve nécessaire de m'arrêter sur la méthode elle-même. Pour les recherches, on prenait des ganglions

(1) A. PENSA. Sopra una fina particularità di struttura di alcuve cellule delle capsule soprorenale. (Jo//etino della Societa medico chirurgica di Pavia, 1899.)

(2) A. NEGRI. Di una fina particularità di struttura delle cellule di alcune ghiandole dei mammiferi. (Communicazione fatta alla Societa medico-chirurgica di Pavia il giorn 15 dicembre 1899.)

.(3) S. SouknaNorr. Réseau endocellulaire de Golgi. (Questions (russes) de médecine neuro-psychique, 1900, T, V.) (4) SERGE SOUKHANOFF. Réseau endocellulaire de Golgi dans les é'éments nerveux

des ganglions spinaux fRevue Neurolique, 1901, 24.)

. (S) SERGE SOUKHANOFF. R:seau endocellulaire de Golgi dans les cellules nerveuses de la moelle épinière. (Revue Neurologique, 1902, n" 18.)

" (6) SERGE SOUKHANOFF. Sur le réseau cadoc ?llulaire de Golgi dans les éléments ner- veux de l'ecorce cérebrale. (Ze Névräve, 1902, vol. IV, fasc. 1.)

(7) A.-E. SMIRNOFF. Sur la structure des cellules nerveuses des ganglions spinaux chez un embryon humain de 4 mois. (Communication faite à la séance du 28 juillet 1901 des réunions scientifiques de l’Asile Psychiatrique de Kazan. Voyez: Journal de Neuropathologie et de Psychiatrie du nom S. S. Korsakoff, 1902, livre 3, p. 609-611)

(8) MiEcisLAUs JAwoROWsKI. « Apparato reticolore » de Golgi in Spiralganglien- zellen der niederen Wirb.llhiere. (Extrait du 7u"etin de l'Académie des Sciences de Cracovie, 1902, juillet.)

TRAVAUX ORIGINAUX 493

sympathiques d'animaux de différentes espèces et de différents âges. D'un nombre très considérable de ganglions sympathiques, pris pour investigation du réseau endo-cellulaire de Golgi, on parvint à le démontrer dans un nombre relaativement peu grand descellules des gan- glions sympathiques, ce qui dépendait, indubitablement, de ce que la fixation des éléments cellulaires,dans bien des niorceaux, n'était pas assez rapide et ce fait, dans le cas donné, a une signification particulière. La description des préparations, qui suit plus bas, est fondée sur les prépa- rations obtenues d'un chatton de deux mois, d'un petit chien de même age et d'un vieux chat.

Avant d'étre placés dans le liquide de Veratti, les ganglions, d'un volume tant soit peu grand, étaient partagés en plusieurs petits mor- ceaux ; il faut prendre une assez grande quantité du liquide de fixation, composé d'aprés la formule de Verratti; voici sa composition : deux parties du bichromate de potassium (5 p. c.); deux parties de chlorure de platine et de potassium (o.1 p. c.); une, une et demie ou deux par- ties d'acide osmique (1 p. c.).

Les morceaux doivent rester dans ce liquide un temps différent; plus l'animal est âgé, plus les morceaux doivent rester de temps dans le liquide de Veratti; au contraire, chez des animaux jeunes, le temps du séjour des morceaux dans le liquide en question doit ètre diminué. En moyenne, les ganglions sympathiques du chatton et du petit chien (de deux mois) sont restés dans le liquide de Veratti environ deux semaines, parfois même moins; mais les morceaux, obtenus d'un animal vieux, ont rester dans ce liquide bien plus longtemps. Ensuite, les morceaux étaient transportés dans un mélange consistant en quatre parties de la solution de bichromate de potassium (5 p. c.) et de une partie de la solution du sulfate de cuivre, ils restaient un temps variable, en. moyenne, de un à deux ou trois jours. Le temps de séjour des morceaux dans le second liquide doit étre approximative- ment dix fois plus court que le temps du séjour des morceaux dans le liquide de Veratti.

Du second mélange les morceaux ont été placés, pour deux ou trois jours, dans la solution (1 p. c.) de nitrate d'argent. Les coupes ont été éclaircies aprés la déshydration dans le guaiacolum et dans l'essence de thérébentine et ont été montées dans la laque de Damar.

En examinant un nombre trés considérable de coupes des ganglions sympathiques, nous nous sommes assurés que la réaction désirée peut étre plus facilement obtenue dans les petites cellules des ganglions sym- pathiques que dans les cellules plus grandes. Trés souvent on n'obtient que le stade initial de la réaction donnée, lorsque le réseau endo-cellu- laire de Golgi se présente en aspect de batonnets courts, de traits, de petites frisures, etc., et à mesure que la réaction devient de plus en plus complète, on remarque que les fragments, dont nous venons de parler, se font plus compliqués et s'unissent entre eux. Il est facile de s'assurer

NK JOURNAL DE NEUROLOGIE

d’après cela que le réseau dont il s'agit est un appareil endocellulaire ; en faveur d'une telle supposition, parle ce fait que le réseau est entouré d'une zone périphérique de substance pratoplasmatique, libre de ce der- nier, comme cela se voit trés nettement sur les dessins ci-joints. Ce réseau, étant un appareil périnucléaire, semble n'avoir point de con- nexion avec le noyau; il disparaît ordinairement de la partie du corps cellulaire se trouve le noyau.

Explication des figures Microscope de Seibert. Ob. V, ocul. ZIT.

FiGURE 1. Cellules des ganglions sympathiques d’un chatton de deux mois : a, dis- position nettement périnucléaire du rescau endocellulaire de Golgi : 8,6, d, e, im- prégnation parlielle de ce réseau.

FiGURE 2. Cellules du ganglion sympathique d'un vicux chat. FIGURE 3. Cellules du ganglion sympathique d’un petit chien de deux mois.

Sur la figure 1 (a, d), sur la figure 2 /a) ct sur la figure 3 (^. cJ. on peut voir des appen- dices du reseau endocellulaire, analogues, peut-étre, aux reJetons de ce resca, dans les ce'lules nerveuses spinales, corticales ct d'autres.

Dans les éléments nerveux oùle noyau occupe, dans le corps cellu- laire, une position centrale, le réseau se dispose sous forme d'une zone autour de lui (voyez la fig. I, a, 5, c, d, e; fig. III, 5); mais, le noyau est disposé d'une facon excentrique, ce réseau occupe la moitié opposée du corps cellulaire (voyez la fig. III, a).

Dans certains éléments nerveux, le réseau se dispose de telle maniere qu'il parait ne plus laisser de place au noyau; en ce cas, il faut penser que la coupe a passé seulement par une partie du corps cellulaire sans atteindre le noyau ou que, dans le champ visuel, le réseau se trouve au-dessus du noyau, comme le recouvrant (voyez la fig, I, a, fig. II, a, b). Ce réseau est composé de frisures et de mailles-particuliéres, se formant de fils qui parfois s'épaississent, souvent s'entortillent et s'entrelacent entre eux de la manière la plus bizarre. Dans quelques unes des cellules, ces fils sont plus fins, dans d’autres plus grossiers; on rencontre des élé -

TRAVAUX ORIGINAUX 495

ments nerveux menus, le réseau est très simple et consiste en des filaments comparativement grossiers. Parfois on observe de grosses cel- lules le réseau apparaît plus parfait et plus fin. Ä

Nous voudrions bien attirer l'attention encore sur une particularité du réseau endocellulaire de Golgi dans les éléments nerveux des gan- glions sympathiques. Comme onlesait, généralement, l’aspect externe du réseau de Golgi correspond à la forme du corps cellulaire; si ce dernier a la forme sphérique, l'aspect externe du réseau présente la méme forme; dans les cellules multipolaires des cornes antérieures de la moelle épinière, le réseau aussi a une forme correspondante, etc. Concernant la forme des cellules nerveuses des ganglions sympathiques, les recher- ches, faites par le procédé chromo-argenté, ont démontré que ces cel- lules se rapportent au nombre des cellules multipolaires, pourvues do plusieurs dentrites, bientót se divisant en nombreuses petites ramifica- tions terminales. i

L'étude du réseau endocellulaire de Golgi démontre aussi que si cellule est pourvue de prolongements protoplasmatiques, l'appareil endocellulaire pousse des rejetons se dirigeant dans les dentrites, par- fois au nombre de deux ou trois. Comme les cellules des ganglions sympathiques se rapportent à la catégorie des cellules multipolaires, il faut, sans doute, supposer que le réseau endocellulaire doit donner des rejetons; mais, à l'examen de ce réseau, nous n'avons pu trouver des rejetons caractéristiques semblables aux rejetons du réseau endocellulaire des cellules spinales motrices ou des cellules corticales pyramidales; sous ce rapport nos recherches sont tout à fait d'accord avec celles de Veratti. |

Pourtant, ca et là, on voit, sur la périphérie du réseau, de petits appen- appendices (voyez ia fig. I, a, d, fig. II, a, fig III, û, c). Involontaire- ment surgit cette idée : ces appendices du réseau endocellulaire des cel- lules des ganglions sympathiques ne sont-ils pas analogues aux rejetons du réseau endocellulaire des autres cellules ? Se basant sur les faits qu'on connait concernant le réseau de Golgi en général, il faut penser que les rejetons, partant de ce réseau, se dirigent dans les dendrites plus au moins grosses et plus au moins longues; on sait que les cellules multipo- laires des cornes antérieures de la moelle épinière diffèrent d'une manière très marquée des cellules multipolaires des ganglions sympa- thiques. Il faut pourtant remarquer que les app2ndices que nous avons en vue ne sont pas toujours visibles dans chaque appareil endocellulaire, mais seulement dans quelques-unes des cellules; dans certains cas, co réseau rappelle celui des éléments nerveux des ganglions spinaux. Si nous admettons que les appendices du réseau endocellulaire, dont j ai fait mention, ne sont pas analogues aux rejetons du réseau endocellulaire des autres cellules, alors de quelle manière peut-on s'expliquer le manque de correspondance entre la forme du corps cellulaire (les cellules multi- polaires, quoique particulières, avec plusieurs dentrites)et l'aspectexterne du réseau endocellulaire (sans rejetons, rudimentaires du moins)?

496 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Concernant la signification du réseau endocellulaire (périnucléaire) de Golgi, j'ai déjà eu l'occasion de parler de cette question dans mes travaux précédents. Actuellement, à mon avis, on peut positive- ment affirmer que ce réseau ne coïncide pas avec les voies soit disant conductrices (appareil fibrillaire) des cellules nerveuses. Mais apparaïit-il comme analogue aux canalicules intracellulaires; cette question reste encore ouverte. Pourtant, à l'esamen de ce réseau endocellulaire, sou- vent me vient l'idée de la possibilité d'une certaine analogie entre le réseau de Golgi et les canalicules intracellulaires.

Poliomyélite chronique

par M. le D' DEBRAY

Communication à la Société belge de Neurologie, séance du 29 novembre 1902

L'intérét du cas que j'ai l'honneur de vous présenter aujourd'hui réside dans le mode de production des lésions que vous constatez chez ce patient.

M. D..., àgé de 60ans, avait passé sa soirée à jouer paisiblement aux cartes, quand, rentrant chez lui, il fit une chute que rien ne motivait.

Le corps fut projeté en avant et on le ramassa presque étendu, reposant sur les genoux et les coudes. À ce moment, il fut incapable de marcher seul. Reconduit à son domicile, peu distant du lieu de sa chute, on ne constata cependant l'existence chez lui d'aucune paralysie.

Le lendemain, bien qu'un peu engourdi,il put quand méme assurer son ser- vice de machiniste au chemin de fer de l'Etat.

Depuis ce moment, cet homme qui n'avait jamais été malade, se sentit devenir plus faible, les mouvements des mains lui furent d’abord pénibles pour enfin devenir ce que vous les voyez aujourd'hui, c'est-à-dire limités par suite de l'atrophie qui a atteint les muscles des éminences thénar et hypothé- nar, ainsi que les interosseux.

Ce patient n'a jamais été alité. Il y a quelque temps, il reçut un coup sur le nez, qui lui occasionna une éruption de boutons sur la face. Je n'ai pas relevé l'existence de lues, quoiqu'il ait, d’après les renseignements que j'ai recueillis sur lui, sacrifié à Vénus et à Bacchus dans des limites peu ordinaires.

Ce qui est cependant avéré, c'est qu'il n'était pas ivre lors de la chute qu'il a faite. |

Son hérédité est chargée; son père est mort d'apoplexie cérébrale et sa mère a souffert pendant longtemps de troubles céphaliques, que l'on n'a pas su me caractériser, mais auxquels, cependant, elle a succombé.

Ila une fille atteinte de troubles basedowiens, sans goitre.

Depuis l'accident auquel nous pouvons rapporter le début de l'affection dont souffre M. D..., celui-ci a ressenti des douleurs, d'abord cuisantes, tout le long du rachis, ces douleurs se sont peu à peu localisées à la région cervicale et à la partie supérieure de la colonne dorsale et en même temps sont deve-

TRAVAUX ORIGINAUX 497

nues plus vagues, c'est qu'elles persistent actuellement; la fatigue et la marche les exaspérent au point de uécessiter rapidement le repos du malade.

La pression des apophyses épineuses n'augmente pas leur intensité.

Les épaules et la partie supérieure du dos sont également spontanément douloureuses.

Le froid, provoquant une contraction plus marquée des exteuseurs, produit la raideur des doigts; il est alors impossible au malade de faire le moindre mouvement d'opposition des régions thénar et hypothénar, ainsi que de rap- procher les doigts.

Il s'est produit un changement dans l'attitude du malade depuis sa chute, la cyphose qui existe chez lui à la région dorsale supérieure, s'est établie à partir de ce moment.

Les mains ont subi la déformation caractéristique de l'athrophie Duchenne- Aran. Cette atrophie est tout à fait symétrique.

Les muscles atrophiés présentent peu de contractions fibrillaires, on en coustate PAO dans Pinterosseux du premier espace.

Le malade n'accuse dans les parties atrophiées, aucun trouble Ree ni aucune douleur subjective.

L'examen des divers modes de la sensibilité dénote leur intégrité.

Les mouvements des muscles des mains sont limités, ce qui s'explique par leur atrophie. Quant à ceux des doigts, malgré leur géne, ils sont parfaite- ment coordonnés; il n'existe aucun tremblement intentionnel ni dans le bras, la main ou les doigts. Le tremblement dont sont animés les muscles de l'avant- bras et un peu du bras droit, sont permanents et plutôt diminués par les mouvements volontaires.

La force musculaire est amoindrie dans la main, le dynamométre donne 20 à droite et 16 à gauche.

Les réflexes tendineux sont normaux aux membres supérieures. Ceux des membres inférieurs sont également bons, sauf le rotulien droit qui est un peu exagéré.

Les réflexes cutanés sont normaux à part le plantaire droit un peu diminué.

Il n'existe pas de signe de Babinski. Le réflexe du fascia lata à la piqüre de la plante du pied est bien marqué.

Les réflexes photo-moteur et de l’accommodation sont intacts. Il mexiste ni myosis, ni mydriase.

Le malade a depuis longtemps l'ouie dure.

La parole est parfois embarrassée; la langue est le siège d’un tremblement fibrillaire.

L'examen électrique des muscles atrophiés nous permet de constater que de faibles intensités faradiques les font se contracter.

Le courant galvanique ne donne de contraction dans les muscles des émi- nences thénar et hypothénar qu'avec de fortes intensités. Cette contraction est courte. Il faut de fortes intensités également pour produire la contraction des interosseux 18 à 20 milliampéres. Contraction courte, peut-étre un peu plus prononcée au póle positif qu'au póle négatif, mais sans différence bien notable.

L'hypothése d'une altération vasculaire, comme base pathogénique des troubles atrophiques que nous constatons chez ce malade, me parait répondre le mieux aux faits observés.

AM A JOURNAL. DE, NEUROLOGE |

En in: Bet, l'ictus qui à a amené. idi i dius de See, alors que | Hen

.. dans son état ne dénotait la moindre. maladie, esl bièn le pr ER des

admettre que quelques rameaux aitériels pénétrant dans la. 1noelle ont 2:

lésions vasculaires systéme nerveus, و ا‎ un SOSE UNE: paralysie ne s'én est pas suivie. [der jours Sivan, on Case

Nous say ons de les ud ٤ cor Ee,‏ توت seuls été‏ کی

Ze

, de ا‎ ont conservé me viis, lex artères qc des m

CH کی‎ subi aucune altération `

se sont-ils atroptiés t 3‏ ذ6ا و POG: | les‏ دا

esa [3 Kos‏ ریا

m. Ai À Ce: BO, CA 28 SEA ` PER ES G Wrap co.

ntau ۱ 2157 isis ote SE aux x musclés de lan mam, i کا‎ (d. Coupe passanta au niveau ind un a noyau. anterolateral. | AR EROS e

ATE s QAO Siehe tri VA E OPE To VA X LS uar i i354. FE LS ETS RINEN S AJ

On ne e peut j incriminer 1 absence de mouvements. Les voies sensilives ` monti intactes et la conduction des ordres moteurs se. ‚fait تحتام‎ pos. ju

ris o Ne

us airement; malgré. e atrophie manifesté. ln voie motrice est. encore

parcourue par l'iuflux nerveux et les rapports sont conservés entre: ہکا‎ muscles et leurs. nerfs, puisque. le. courant. enee relativement. de

faible intensité provoque. la contraction, ^ ۱ E Y

VE existe, en réalité, | un défaut de conduction destine. cat ja courant.

A Ge doit. eue ‚Intense oo Ee pour حا‎ Ja am 2

TRAVAUX ORIGINAUX 499

est également prouvé par la difficulté à obtenir la contraction perma- nente de ces muscles et la prédominance de l'anode sur la cathode.

Dans quel élément, nerf ou muscle, devons-nous placer l'altération canse de cette résistance à la contractilité galvanique ?

Nous ne pouvons soutenir que l'atrophie musculaire en est la seule cause puisque nous observons des atrophies musculaires de nature myopathique et l'amincissement musculaire est bien plus prononcé que dans le cas présent et dans lesquels, la contractilité galvanique est conservée, voire méme augmentée.

En tout état de cause, ce que je veux vous faire remarquer, c'est que nous nous trouvons en présence d'un cas d'atrophie tvpe Duchenne- Aran dans lequel nous ne constatons pas le signe de réaction de dégé- nérescence.

La pathogénie des atrophies musculaires myélopathiques influe-t-elle sur leur modalité électrique : ?

Et d'abord, pourquoi les muscles s'atrophient-ils beaucoup dans cer- tains cas et peu dans certains autres ?

Jusqu'ici nos connaissances ne nous permettent pas encore de conce- voir une altération bien évidente des cellules antérieures de la moelle, dans les myopathies.

Les atrophies ab-articulaires sont-elles dues à la modification de structure des cellules du rachis, ou ne sont-elles que le résultat des inci- tations pathologiques, transmises à ces celluies par les voies sensitives ?

Et pour conserver l'état physiologique de nos muscles, certaines cel- lules sont-elles spécialement affectées ou bien, toutes celles qui consti- tuent la partie antérieure de la substance grise peuvent elles contribuer a cette fonction ?

Si l'hypothèse que j'émettais plus haut, de l’alteration partielle des colonnes grises constituant les noyaux musculaires était admise, elle pourrait donner, dans le cas présent, l'explication d'une part, de l'atro- phie par suite de la disparition de certaines cellules spécialement affec- téss au trophisme et d'autre part, à la conservation des réaction électri- ques, faradiques.

L'amoindrissement de la reaction galvanique reconnaissant pour cause la disparition d'un certain nombre de cellules (fig. r).

Cette hypothése peut aussi donner l'explication du tremblement mus- culaire que nous constatons dans ce cas.

Pour qu'un muscle contracte toutes ses fibres synergiquement, il faut que les ordres que ces fibres reçoivent, soient transmis simultanément. Si les cellules chargées de cette fonction n'ont pas la méme vitalité ou ne sont pas nourries identiquement, on comprend que certaines fibres se contracteront plus vite que d'autres, d'oü naitra le défaut de synergie.

Nous connaissons, en effet, des états pathologiques dépendant d'une viciation de la nutrition des cellulles dans lesquels le tremblement est un symptóme constant. Alcoolisme chronique, hydrargyrisme.

500 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Il existe, d'autre part, des altérations cellulaires produisant presque toujours ce symptôme, paralysie générale, poliomyélite. Or, il est à remarquer que dans ces aftections, à côté de cellules altérées,nous en trou- vons d'autres intactes. Les prolongements cylindraxiles qui naissent de ces cellules altérées sont souvent devenus moniliformes. Cet état peut nous donner la raison de la transmission difficile et retardée des incita- tions motrices, aiusi que de la plus grande résistance au passage du cou- rant électrique.

Cette transmission retardée étant limitée à certaines fibres seulement (fig. 1) et l'incitation tonique étant moindre pour ces mémes fibres, doit amener inévitablement le tremblement fibrillaire.

. On pourrait comparer le tremblement musculaire fibrillaire au dicro- tisme et au tricrotisme du pouls que l'on observe après l'administration de substances qui atteignent la fibre cardiaque (arsenic, tartre stitisé). Les différentes fibres qui constituent le cœur se contractant séparément, produisent en réalité plusieurs systoles.

Des recherches anatomiques récentes (1) ont permis de déceler des altérations des cellules de l'écorce cérébrale ainsi que des lésions des faisceaux pyramidaux croisés, dans la maladie de Parkinson, le trem- blement permanent existe au maximum. Ces diverses altérations ont été rapportées à un processus particulier d'auto-intoxication, arrivant avec lenteur à compromettre l'intégrité des cellules nerveuses.

Le système vasculaire serait ici l'agent de dissémination des poisons cellulaires.

D'autres travaux ont permis d'assigner au svstéme vasculaire médul laire la pathogénie de pertes de substance d: la substance grise en dehors de toute autre cause (2)

Les foyers de désorganisation qui, aboutissant en fin de compte à la formation de cavité, dans la substance grise, relèvent de l'oblitération d'un vaisseau, suivie de l'ischémie du territoire correspondant.

Un autre mécanisme est invoqué par les auteurs précités, pour l'expli- cation de la production des cavités médullaires, sous l'influence des troubles vasculaires. Ils admettent qu'un trouble circulatoire amenant un œdème périvasculaire puisse provoquer la désintégration du tissu nerveux. Quoiqu'il en soit, les cavités médullaires qu'ils décrivent dans les cas qu'ils ont étudiés, sont toutes situées sur le parcours des artères médullaires, et l'on retrouve dans leur intérieur, des vaisseaux altérés ou oblitérés. ۱

* * *

L'étude du cas d'atrophie Aran-Duchenne que j'ai l'honneur de vous

Francisco Burgio. Alterations anatomiques du système nerveux dans la maladie de Parkinson. (Résumé in Kerwe Veurologique, 1902, p. 940.)

12) André THouas et Georges KAUSER. Patog nie de certaines cavités médu!laires. ( Revue (Neurolovique, octobre 1902, p. 957.)

1

2 SC TRAN. NUN E AUX

PRE, í‏ اتا

A présenter n m’ ‘a amené a nT ohie See que | nous y obier EES vons à celle que l'on rencontre dans la. syringomy elie ainsi mad à r Tato QI

۱ phie que présente la sclérose latérale amyotrophique. -

D'abord l'atrobhie. Aran- Duchenne, est dans la pré des vas, dius et Ioa "maladie. de l'âge mur, tandis que. Ja ی‎ débute AM plus sou- 2

al dans le jeune äge, |

b second. lieu, les ice enitepris parl 1 SS sont Lans is ee SE

mière les plus petits | et les plus éloignes du tronc, alors que Te syriugo- CU E ;

my élique présente une atrophie : souvent m edominante dans les muscles ` Qe

Bela la racine edu Here

M. (Noyau. des muscles a un main. armes | = = : Em

Is i Xni

S nous admeitons qs solvet alteration ماس‎ est. de cause. de. EN la. dégénérescence des. cellules. ‘de la moelle, dans l'atrophie Arau- oo Duchenne, nous pourrons. expliquer pourquoi 0و‎ on membre

est. surtout le siège de la fonte musculaire.

VA a: suite des travaux de. Sano, ceux des diee. neurologis qui se < sont occupés dela localisation des noyaux médullaires, ont déjà permis

dés fonctions bien établies.

d'assi; gner à certains de ces noyat | ۱ 00 Oo

Ceux de ‚Marinesco DO. entre au

sl me me Ze

4 i ; RER Recherche ciment à sur des loca! "rations motrices. eol PRE

mie Lee 0 1901, Se T E

ont démontré کو‎ le : groupe de VS

۰ ۱ ۱

509 JOURNAL DE NEUROLOGIE

cellules le plus postérieur, dans une coupe de la moelle, coupe pratiquée au niveau du tiers moyen du VIII* segment cervical, correspond aux muscles de la main de l'homme.

Si nous examinons la circulation artérielle de la moelle (fig. 3', nous pourrons nous rendre compte que ce groupe cellulaire, de par sa situation topographique, ne reçoit que des capillaires situés loin du tronc princi- pal; l'épaisissement des parois de ce tronc rétrécissant son calibre, pro- duira un ralentissement dans la nutrition des cellules, ralentissement d'autant plus marqué, que les cellules seront situées plus loin de la nais- sance de l'artère principale. Les groupes cellulaires centraux pourront encore conserver leur vitalité presque intacte alors que ceux situés à la périphérie de la corne seront dégénérés.

Les groupes antérieurs, qui sont également périphériques, peuvent, dans le cas de thrombose ou d’atheromasie de l'artère centrale, conser- ver leur presque intégrité, car il sont nourris partiellement par les artères périphériques nées des intercostales (fig. 1).

Fig. 3

Coupe de la moelle cervicale représentant la circulation artérielle

Noyau des muscles de la main.

Si le groupe postérieur, qui correspond dans le renflement cervical à la main de l'homme, ne profite pas, comme les antérieurs, de la circula- tion périphérique, celà tient à ce que la partie latérale de la moelle, est à son niveau, constituée par une grande épaisseur de la substance blan- che. Le faisceau latéral acquiert, en effst, sa plus grande épaisseur en ce point. Les artérioles qui le traversent ne pourront guèro nourrir les cellules de la substance grise, qu’elles n'atteindront pas (fig. 3).

TRAVAUX ORIGINAUX 803

Dans la syringomyelie, nous voyons le plus souvent les parties centrales de la substance grise être détruites, on comprendra de suite que les noyaux centraux détruits, entraineront l’atrophie des muscles qui leur correspondent. Ici les muscles atteints dépendront de la hau- teur des segments médulaires consi lérés.

En effet, si nous envisageons les expériences de Marinesco, nous ver- rons que, tandis qu'il assigne au noyau du muscle grand pectoral, une situation centrale (VII' segment cervical chez le chien), il désigne comme noyau du nerf axillaire un groupe de cellules qui se trouve situé à la partie externe et antérieure de la corne grise (VI* segment cervical).

On comprend dés lors que l'atrophie syringomyélique sera diffuse ou présentera une forme moins typique que celle d'Aran-Duchenne; les noyaux que la cavité détruira étant différents d'après la forme de celle-ci.

Les muscles de la racine des membres, ainsi que ceux qui lui donnent attache au tronc, seront plus souvent les premiers entrepris; ce qui, pour le noyau du grand pectoral par exemple, s'explique una ce noyau étant central.

Dans la sclérose latérale amyotrophique qui ne donne naissance à latrophie, que par suite de l'interruption primitive des fibres de la substance blanche, suivie de la dégénérescence plus au moins marquée des cellules de la corne antérieure; on verra presque toujours l'atrophie musculaire, frapper un niembre dans son entier et parfois une plus grande partie du corps.

Les fibres atteintes naissant de divers points de la substance grise pour se réunir souvent en un méme point de la substance blanche, l'altération de celle ci, donnera naissance à une atrophie musculaire périphérique trés étendue.

L'exagération des réflexes tendineux et l'unilatéralité des lésions périphériques dans la sclérose latérale amyotrophique la différencient nettement des lésions des cornes antérieures que nous voyons ici, tra- duites par une atrophie symétrique.

Une maladie qui se caractérise parfois par une courbure de la moelle épinière au niveau de la région cervico-dorsale, avec douleurs subje.-- tives en ces mêmes points, douleurs exagérées par la pression des apo- physes épineuses, pourrait être considérée comme la cause de l'atrophie musculaire que présente M. D... Je veux parler de la pachy-méningite hypertrophique. Mais dans cette affection sil'on peut rencontrer des troubles trophiques et moteurs ils sont toujours accompagnés de modi- fications des divers modes de la sensibilité soit subjective, soit objec- tive. Ces troubles sensitifs, ainsi que les troubles moteurs ou trophiques sont le plus souvent à distribution radiculaire.

J'estime en fin de compte, que nous avons affaire,dans le cas présent, à une altération des noyaux musculaires qui, dans la corne antérieure, correspondent aux muscles de la main. Cette désintégration cellulaire

504 JOURNAL DE NEUROLOGIE

est d'origine vasculaire et ‘on peut méme concevoir qu'il existe encore dans les colonnes cellulaires qui constituent ces noyaux, un certain nombre de cellules intactes.

EE EE Een

SOCIÉTÉ BELGE DE NEUROLOGIE

Séance du 24 octobre 1902. Présidence de M. le D' De Buck. ( Suite)

Banquet annuel

Après la séance, les membres de la Société se sont réuiris, comme chaque année, en un banquet confraternel. Etaient présents: MM. Bayet, Boulan- ger, Claus, Cousot, Crocq, Debray, De Buck, Derode, Duchateau, Feron, M''e Yoteyko, MM. Laureys, Ley, Libotte, Maere, Sano, M'* Stephanowska, M. Verriest.

Au dessert, le Président, M. le D* De Buck, se leva et but à la prospérité de la Société : SE

« En cette séance gastronomique annuelle, dit-il, il incombe au président de boire au progrès, à l'avenir de notre chère Société. Je remplis ce devoir d'autant plus volontiers que j'y trouve l'occasion de vous remercier d’être venus si nombreux nous donner une preuve de votre sympathie et de votre dévouement pour notre œuvre. J'exprime le vœu de voir votre zèle et votre dévouement se manifester sans discontinuite dans la suite, en ftréquentant nos séances scientifiques, en y produisant des travaux personnels et surtout en nous amenant de nouveaux membres actifs, travailleurs. J'insiste surtout sur ce dernier point! |

» On ne peut, en effet, méconnaitre le fait qu'un arbre, quelque solide qu'il soit, finit par succomber s'il ne pousse de jeunes branches, qui lui apportent sans cesse une sève et une vie nouvelles. Et puis des branches se détachent. Nous avons déjà perdu de ces éléments vitaux et non des moins vigoureux. Faisons donc de la propagande autour de nous et, à ce propos, noublions pas nos réunions en province, qui sont d'excellentes occasions de recruter des éléments nouveaux parmi ceux qui ne manqueront pas de s'eu- thousiasmer d'autant plus pour notre belle Société neurologique qu'ils la connaitront de plus prés et qu'ils apprécieront son esprit et son allure démo- cratiques, généreux et indépendants.

» Si tousceux ici présents font leur devoir, le nombre de convives, à notre banquet de l'an prochain, sera double de celui de cette année!

» Je bois à l'avenir, aux progrès de la Société belge de Neurogie!» (Applau- dissement prolongés.)

Puis M. Libotte remercia M. le professeur Verriest pour l'intérêt qu'il n'a cessé de témoigner à la Société de Neurologie; après avoir rappelé que l'éminent professeur de Louvain fut le premier president de la Société et qu'il sut, par son prestige et son autorité scientifiques donner à celle-ci la grande vita- lité qu'elle a toujours manifestée. M. Libotte porta la santé du professeur Ver-

BIBLIOGRAPHIE 505

riest, aux applaudissements enthousiastes des convives. M. Verriest exprima, en termes émus, ses remerciments à l'assemblée; i] dit combien il avait tou- Jours apprécié les travaux de la Société, combien il avait été heureux de guider ses premiers pas, il souhaita sa prospérité croissante. (Applaudissements.)

M. Crocq rappela les services rendus à la Société par son président actuel, son activité infatigable autant que désintéressée: « Si nous sommes venus,plus nombreux que de coutume, à ce banquet annuel, c'est, sans contredit, pour témoigner à notre cher président toute notre sympathie et toute notre grati- tude. L'année dernière encore, lors de la séance extraordinaire qui se tint à Gand, nous avons pu juger tout l'intérêt qu'il porte à notre institution, nous avons vu combien son matériel scientifique est important et ۸ qu'il sait donner à ses collaborateurs. Cette année, nous avons tous admiré sa manière de comprendre son rôle de président; nous avons assisté au séances avec autant de plaisir que d'intérêt.

« Je vous propose, Messieurs, de boire à la sauté de ce collaborateur infati- gable, de ce président aimé de tous. » / Applanudissements prolongés.)

« Messieurs, a ajouté M. Crocq, M. De Buck émet le vœu de voir doubler le nombre des membres présents à notre bauquet. Il serait un moyen aussi agréable que cértain d'arriver, à ce but ; ce serait d'y inviter les dames. Vous savez, Messieurs, combien l'élément féminin compléte harmonieusement tout banquet scientifique ; ce qui fait le succès des congrès, ce sont les dames. Cette année, M''** Yoteyko et Stefanowska ont bien voulu étre des nótres. Le premier pas est franchi ; que, l'année prochaine, nos dames nous accom- pagnent et nous verrons notre banquet devenir à la fois plus intime et plus agréable. » fAphlaudissements.)

M. Debray, vice-président, porte ensuite la santé de Mie Stefanowska et Yoteyko :

« L'heureuse idée de notre secrétaire général d'associer les dames à nos agapes a regu aujourd'hui un commencement d'exécution. Nous avons, en effet, la chance de posséder parmi nous deux dames et, qui plus est, deux de nos membres les plus assidus.

» Je vous propose, Messieurs, de boire à leur santé.

+ Nous avons tous lu avec intérêt les travaux qu'elles ont présentés à notre cercle.

Je lève mon verre en leur honneur et souhaite qu'elles nous donnent, pen- dant longtemps encore, des travaux intéressants, qui amèneront de savantes discussions au cours des séances de la Société de Neurologie. » fApplaudisse- ments.)

——— Ee en BIBLIOGRAPHIE

LA DEMENCE PRÉCOCE, par G. Deny et Roy. (Collection des Actuulités médicales. Bailliere, éditeur à Paris, 1903 ; 96 pages. Prix : fr. 1.25.)

Cette monograpige est, à l'heure actuelle, le travail le plus complet publié sur ce sujet en langue française. S'inspirant des travaux parus dans les divers pays, les auteurs adoptent, dans son intégrité, la doctrine de l'école de Heidelberg. Is étudient d'une maniere détaillée les diverses formes de la démence précoce dans ses trois types : formes hébéphrénique, catatonique et paranoide; il y aurait place, à notre avis, pour une forme

906 JOURNAL DE NEUROLOGIE

qu'on pourrait. dire. simple. dont. les auteurs admettent, d'ailleurs, l'existence. en fait (p. 61). Nattachant ensuite à la mentalité des déments précoces particuliérement dans les formes. héb^plirénique et. paranoíde, MM. Deny et Roy. exposent les. idées exprimées récemment par. Masselon (These de. Paris, 1902). L'analyse. n'est cependant pas poussée aussi loin qu'elle l'a par les Allemands (Krepelin, Sehüle, ۰۱۱۲۱۱۵۱۱۱, ۰۸ ni en Belgique par le D' Meeus, dans Son récent mémoire sur la démence precoce (1).

S'allachant ensuite au pronostie de la démence précoce, les auteurs reproduisent les idées de Kroepelin et d'Assehatfenbure; sans nier cependant la eurabilité des demenees en général et de la démence précoce en partieulier. ils estiment que «la proportion des eas de œuérison est assez faible pour constituer Findispensable justification dans la dénomi- nation de démence précoce, affection à marche progressive et habituellement inen- rable. »

Quant à l'anatomie pathologique, elle est encore tout entiere û créer. Voici done un nouveau chapitre ouvert à la patience età la sagacit* des morticoles de laboratoive. Les données qu'ils pourront établir auront. une portée qui dépaxsera le point de vue spécial sur lequel porteront leurs recherches: ce ne sera pas le chapitre le moins important dans Fhistoire de eette affection, maladie de Cérolution du cerceau.

Cette étude se termine par un chapitre d'indications thérapeutiques et par quelques considérations meédico-légales.

Cet opuseule, d'une allure bien frangaise, parait à son heure, et ee west pas le moindre de ses merites. Empreint d'un esprit eritique judicieux, il résume parfaitement les études éparses dans des traités des périodiques dispendieux. que la question de lan- gues vient souvent compliquer. Enfin, il n'est pas jusqu'aux plus récentes. publications dont il ne soit tenu compte.

Bref, cet opuscule sera un. heureux complément des ouvrages de fond du medecin alicniste; il fligurera honorablement dans les bibliothèques plus développées des établis sements. PaUvL MasortN (Glieel).

L'INTERNEMENT DEN ALIENES CRIMINELs, par M. Alombert-Goget. (Paris, 1902. Dail- liere et fils, éditeurs : In-S° de 200 pages.)

Un article bien connu du code pénal, l'article 64, proclame l'irresponsabilité de l'alióné, Hy e, dit il, ni crime nt delit lorsque le precenu etit en ett de demence au temps de l'action, etces dispositions aussi conformes au bon sens que concises et éner- giques, l'article 202 du code justice pour Farmée de terre, lartiele 260 du eode de justice pour l'armée de mer, les déclarent applicables aux infractions de la compétence des tribunaux militaires et maritimes, Cependant qu'elle que soit la commisération que l'on doive avoir pour tout désiquilibré. on est bien obligé d'admettre en pratique que la société humaine, c'est à-dire Ja colleetivité des hommes réunis en soeiél". a le droit de se prolfger contre les actes individuels qui nuisent au bien-Ötre dela commu- nauté, et que si, à cause de l'état mental de leurs auteurs, Fon n'applique pas à toutes les infractions de Ja loi morale ou sociale un ehâtiment avant le caractere moral d'une expialion, ou le earactere pénal d'un exemple salutaire, ce wen est pas moins un devoir de mettre dans l'impossibilité de nuire à nouveau ceux qui bénéficient de l'immunité pénale pour cause de démence, Or, avant eomme apies la loi de IRR. Cest û l'autorilé administrative qu'incombe le devoir de prendre des mesures eontre eux, et seulement en tant qu'elle les considère eomme aliènes dangereux. Ce ne peut done être, quand elles sont prises, que les seules mesures que l'on. prend. contre ees derniers, eest à-dire V’internement dans un asile d’alienes.

Ces Clablissements, par suite de Vextention donnée au mot demence a la suite des proceres de Ja psyehiatrie, voient done pen A pen “aceroitre une population neces- sitant partieulicrement une surveillance de tous les instants et des mesures de contrainte ed hoc, juste an moment tous les aliénisles s'accordent à en rendre le séjour plus

(1) Bull. de Ii Soc, de Med, nent, de Belgique, 1902. numéros de mars, juin et sep- tembre, i i

BIBLIOGRAPHIE 507

riant, le no-restraint devient un dogme, l'asile aux portes ouvertes tend à devenir une réalité; en outre, aucune garantie spéciale n'est exigée pour la sortie de ees malades que leurs actes antérieurs ont pourtant révélés comme manifestement dangereux.

Aussi, quand, dans les affaires qui lui sont soumises, le. Jury se trouve en presence d'un aceusé ne jouissant pas eomplétement de <es facult®s intellectuelles, son embarras est-il extreme: lui qui aime tant connaitre la portée de ses réponses, il ne peut savoir, dans le cas on il répoudrait : « non coupable », ce qu'il adviendra de l'homme qu'il a devant lui; et il est arrivé qu'envisageant avec etfroi; soit les elianees que ee dernier avait d'éviter l'internement, soit les facilités avec lesquelles il pourrait rentrer dans la socicté, lors même que Administration prendrait des mesures pour le faire interner, il est arrivé, disons-nous, à condamner des irresponsables. contre Tesquels le Ministère publie lui-méme avait abandonné l'accusation el pour lesquels demandait l’aequitte- ment (1).

C'est principalement au point de vue de Ja défense sociale que l'auteur s'est placé, ear il lui semble que si l'on ne doit pas S'écrier, comme certains journalistes d'antan parlant des monomanes, «on peut sinon les condamner comme coupables, du moins les tuer eomme des bètes féroces », ou bien eneore, « ees fous sont embarrassants, il faut s'en débarasser» ; si done l'on ne peut pas et ne veut pas admettre, bien qu'au point de vue des mesures de défense, la distinction du malade et du criminel n'ait aucune base scientifique, qu'on condamne ou décapite un aliéné qu'une impulsion à rendu meurtrier, il faut pourtant que la loi assure son internement dans des conditions telles que sem- blable fait ne puisse se reproduire, car ceux qui s'en vont criant que Valiene qui ale malheur de commettre un erime wen est que plus diene de compassion, devraient, il nous semble, songer un peu à sa victime.

Malheureusement, sous le nom aliénés eriminels sont confondus une quantité d'individus disparates que ne rapproche que lirresponsabilité des actes dont ils sont les auteurs, si bien. méme que certains soutiennent, non. sans raison au point de vue de la science, que laliéné eriminel vrai n'est point tout aliéné qui a commis un acte pour lequel, s'il était responsable il tomberait sous le coup du code. pénal, mais seulement celui qui porte en lui les earactères du criminel, eelui qui s'est toujours montré enclin aux actes de violence et de brutalité, et qui par suite de son état mental spécial est pour ainsi dire fatalement destiné à se trouver sans cesse en conflitavec la loi.

Une seconde diflieulté. provient aussi de ee que notre eode pénal envisage eomme crimes délits des actes auxquels, lorsqu'ils ont été accomplis sous influence du délire, on ne saurait assurément reconnaitre une gravité spéciale,

Du reste, il faut bien l'avouer, c'est principalement de l'extension de l'irresponsabilité à des quantités d'individus qui jadis euxsent été considérés eomme responsables. du jour ce fut à l'asile que dut incomber leurs soins, qu'est née la question des aliériés eriininels, ear c'est depuis lors surtout que les dispositions de la loi de 1838 et Fame- narement des asiles d’alienes revelerent leur impuissance à mettre la société à l'abri des dangers qu'ils lui font courir. | |

Aussi, si l'auteur ne dit pax avec M. le D' Bourneveville : « ll n'y a pas de raison sérieuse pour séparer les aliénés criminels des aliénés ordinaires, ce sont des malades qui. sous l'impulsion du délire, ont commis des actes dont ils sont irresponsables, ils doivent par conséquent être traités comme les autres malades, c'est-à-dire internés dans l'asile de leur département; les placer dans des asiles nationaux serait les éloisner de leur famille et aggraver leur situation », se déclare-til opposé à Ja réforme qui préconise le placement de tout aliéné criminel dans un asile spécial, ear il fui semble que c'est seulement lorsque l'ensemble des faits et Feñquèle médicale ont établi que ce dernier est, par tendance naturelle de son état mental ou de son délire, un ètre essentiellement nuisible, dont une nouvelle offense est toujours à craindre, qu'un internement dans l'asile spécial doit s'imposer, Toutefois, si tout acts tombant sous le coup du code pénal

(D Affaire Jean Soulas. Marandon de Montyel. Ene. IS881, 1” 2, p. 140,

503 JOURNAL DE NEUROLOGIE

ne nous a pas paru devoir étre fatalement suivi de l'internement de son auteur reconnu irresponsable dans un établissement spécial, les auteurs croient qu'ilest bon de confier à l'autorité judiciaire l'internement de tous les aliénés criminels; de cette façon jamais ils ne pourront échapper à la surveillance et aux soins que réclame leur état, et, la gué- rison venue, il sera toujours possible d'imposer à leur sortie telles conditions que les causes el la forme spéciale de leur affection mentale indiqueront, comme plus partieu- lierement propres à s'opposer aux rechutes qu'ils pourraient avoir. ou tout au moins à rendre impossible le retour de faits semblables à ceux qui avaient attristé leur premier acces,

Ainsi, l'auteur s'est-il efforcé de concilier la protection de la société avec la multipli- cité des formes d'aliénation mentale dans lesquelles un acte criminel ou délictueux peut être perpétré, avec la nocuité qu'on doit lui attribuer, car on voit qu'il n'est pas un aliéné qui ne puisse, sous l'influence de son délire, commettre l'un de ses actes, oi que même dans les cas ee dernier aurait revêtu une allure accidentelle, ont peut parfois en appréhender le retour, si, sa guérison obtenue, le malade qui fut l'auteur se trouve dans les mèmes conditions que lors de son premier accès, C'est pour parer à cette terrible éventualité que l'intervention de la justice, avee la possibilité et la facilité qu'elle a d'y mettre certaines conditions,semble nécessaire au moment de la sortie de tout ceux dont un fait grave a été la conséquence d'un accès antérieur.

Peut-être aussi que l'application de ces diverses mesures aura pour conséquence une plus faible proportion de ces condamnations bâtardes, ou des circonstances atténuantes, un abaissement de peine de quelques degrés, sont la compensation des défeetuositós mentales dont le coupable est porteur; car, chaque fois que l'homme de l'art aura constaté que l'individu qui est soumis à son examen ne jouit pas de la plénitude de ses facultés, qu'elles sont malades, incomplètes, le juge hésitera moins à se rallier à l’irres- ponsabilité, certain qu'il sera que la société n'aura point à en souffrir. Tout délinquant, en effet, en dehors des cas l'excuse est admise, ne devrait pouvoir échapper à ee dilemme : la prison ou l'internement; c'est-à-dire qu'il devrait toujours être privé d'une liberté dont il use au détriment de ses semblables, car il importe à la Société de se défendre contre ceux qui lui nuisent. Elle doit done s'armer contre eux, sinon toujours pour les punir, du moins pour les mettre dans l'impossibilité de troubler à nouveau le courant social.

Le code pénal a réglé la situation des délinquants responsables, tandis qu'il s'est con- tenté de proclamer l'irresponsabilité du dément, laissant à d'autres lois le soin de statuer sur son sort. La loi de 1838 ne S'acquittant que très imparfaitement de cette tâche, c'est à combler cette lacune que les efforts de l'auteur ont tendu.

Il conclut :

« Tous les auteurs de crimes, qui auraient bénéficié de l'article 64 du code pénal, devraient ètre internés non plus d'après les règlements administratifs, mais en vertu d'arréts émanant de l'autorité judiciaire, et ce devrait être à cette dernière de se pro- noncer sur leur sortie,

» Cet internement scrait subi suivant le degré de nuisance reconnnu àl'auteur de l'acte incriminé, soit dans les asiles départementaux, soit dans un établissement spécial construit et administré directement par l'Etat. Toutefois tout individu, dont l'irresponsa- bilité aurait été admise par le jury, serait colloque d'office à l'asile spécial.

» D'ailleurs, l'entrée et la sortie de cet asile seraient conflées à l'autorité judiciaire qui pourrait y envoyer aussi :

» 1" Les aliénés auteurs de délits pour lesquels les règlements administratifs et l'inter- nement dans un asile départemental n'apparaitraient pas comme offrant des garanties suflisantes pour la sécurité publique;

»2' Les condamnés aliénés arrivés à l'expiration de leur peine avant que leur guérison ait été obtenue, et qui se seraient fait remarquer par leurs tendances perverses et dange- reuses, »

Le

man NER

vro qc CA à با‎

ba EE 2 باب‎ Ac P

i | MI

c ۳-3 m ad NE ۳ M 2 $ WI Comp irt ss it M

ros E PRE EU . LUE 9: if i WEN 3 Qo D Fio , TT ille s uce dn dr d Tun UK

8

1

tala

x

1 (2^ & 3i s یی‎ A م ووا یا منیا تچ‎ mii, atn

nga ndr ہیں‎

021 ek: zl Pow

limité de

vn ۹ Vk s Mg

ro, à pro

N at j V wp 1 کي‎ PR e ; pv»

VARIÀ

Réglementation du régime alimentaire en quantité

M. Bardet à cité, à la Société de Thérapeutique, des faits démontrant que, d'une facon générale, on mange infiniment tropet qu'un régime trés restreint peut largement suflire a notre dépense, Ce régime, il la fixé à raison d'un gramme au plus albumine par kilo- gramme de l'individu et à 35 calories également par kilogramme de poids normal. Voici un fait tres démonstratif à cet égard rapporté par le Ballelin médical. C'est l'exemple d'un régime intéressant à connaitre.

H s'agit d'un malade de 50 ans, vieux dvspeptique qui n'a pu voir son état amélioré que par le rationnement, L'an dernier, il était arrivé à consommer régulicrement, sous forme d'œufs, d'un peu de viande, de légumes féculents, de laitage et de suere, la valeur de 2100 calories par jour et de 67 grammes environ en albumine, son poids étant de 55 kilogrammes, Or, eette ration, qui, il y a un an, fut considérée par beancoup de mem- bres de la Société de thérapeuthique, comme instllisante, dtait cependant, maleré la vraisemblance, exagorée,

En effet, le malade, s'il n'avait plus eomme jadis de grandes crises paroxystiquexs, pre- sentait encore des phénomenes de stase gastrique; il imaigrit et soutlrit assez pour etre obligé de reprendre un régime plus serré. On lui imposa alors en janvier la ration strie tement caleulée sur la nécessité minimum. A ce moment, il pesait nu 54 kilogrammes. On supprima la viande, interdit tout. plat euisiné, et on institua le régime invariable suivant :

A7 heures du matin, Une tasse de eafé au lait ainsi établie : lait 200 gramines, café noir 200 erammes, suere 20 grammes, 3 petits beurre ou Lisenits Albert. |

A amidi. -= Deux aufs à la coque avec 30 grammes de pain, 100 grammes de légumes féculents divers, 30 grantines de fromage Gervais avec buiseuits Guillout, un peu de confilure ou de fruits cuits, une tasse de café noir, 30 erammnes de <ncre, environ 900 graines d'eau pour boisson.

A 7 heures du soir. Une tasse de café au lait, lait 200. pain 50, beurre 12 et suere 35,

La représentation de ces aliments n'atteint pas 1.850. calories et 55. grammes d'albu mine.

Or. depuis le mois de janvier dernier, soit depuis dix mois, le malade ne souffre plus que s'il commet un exees en qualité ou emquantiléz son. poids est à 25 kilogrammes, et pourtant il se livre à un travail intellectuel tres considérable, Pendant celte saison de vacances, il a pu faire ses 12 à 20 kilometres par jour, et, deux ou trois fois, il a fait. à la montagne, des courses de plus de 40 Kilometres, Sans que son poids ail varié autrement que dans la limite physiologique des écarts connus.

Mais, ajoute M. Bardet, me dira-t-on, vos observations prouvent peut-etre que des malades peuvent, au besoin, se sufire avee une ration aussi réduite anais vous ne pouvez avoir la prétention de poser, sur de pareilles bases, l'alimentation normale et rationnelle de l'homme, J'estime, au contraire, que Phommne peut vivre, méme quand il est sain. dans de pareilles conditions, et je prétends le prouver par l'observation suivante, qui est celle d'une personne de santé remarquablement égale.

Je suis, depuis [884 il ya done pres de vingt ans —, un homme qui a aujourd'hui soixante-dix ans et que j'ai vu depuis ce temps jouir de la santé la plus égale; ee sujet m'allirme que,depuis qu'il est adulte, il n'a jamais varié dans sa ration, et qu'il attribue à sa sobriété la bonne santé dont il jouit et gràce àa laquelle il peut sutlire à un labeur éerasant, soit 10 heures par jour de travail intelleetuel ou physique, pour la direction d'une affaire industrielle qui roule sur plus de 4 millions d'affaires par an.

Cette ration est ainsi constituée : à 7 heures, le matin, une tasse de thé avec 20 gram- mes de sucre, un nuage de lait el un croissant; à midi, 60-45 grammes de viande, 100 erammes de légumes farineux ou verts, un moreeau de fromage de Ho û 20 grammes, 100 grammes de pain, une tasse de eafè noiravee 29 grammes de sucre, Enfin, à 7 heures du soir, mème repas qwa midi, avee, en plus, un peu de potage.

Comme boisson, environ SUV ce. ù un litre d'eau rougie, Jamais de vin pur, jamais rien entre les repas.

Or, le sujet est un homme de 1 :m. 65 de taille, du poids de 80 Kilogranmines, e'est à dire qu'il penche vers l'obésité; sa ration lui à done permis de faire des réserves, malgré la faiblesse apparente du régime,

Voilà qui sutlit à démontrer que l'on se trompe grossierement quand on parle du besoin de manger de l'homme et de la nécessité de. réparer ee que Eon suppose devoir étre les pertes journalicres en calories, Tous les chiffres fournis par les hvisiénistes sont trop élevés: ee sont des études à reprendre, Je le déelare hautement. le danger de notre époque se. trouve dans Felhionisisnie aussi bien que dans Velcoolisine, le plus grand nombre des maladies chroniques n'avant pas d'autres causes que l'exagération alimentaire et surtout de Ja eonsommatiou de Faloumine,

Journal de mederineelde chirurepie pratiques. Jel 1

TABLE DES MATIÈRES

TOME VII ANNÉE 1902

Les caractères gras indiquent les rei fett" originaus

A

Alcooliques récidivistes (Les), par Legrain et Guiard. ;

Alcoolisme (L') au point de vue inedico-legal, par Kovalewsky

Aliénés (Les; devant la Justice, par Paetet et Colin

Aliénes Les) dans les prisons. par Pactet et Colin.

Alienés convalescents (Les) lS > zz

Aliénés (L'organisation du travail pour jos; soignés dans les envi- rons d'un asilo central, par Van Deventer.

Aliénés (Délassements à aocorder aux), pur Nacre

Alienes (Comment doit-on organiser le classement deal dais dés grandes villes pour pouvoir envoyer à la colonie les malades qui relévent du traitement familial? par Sano .

Aliénés (Du devoir de signaler les) non soignés denk: des “ailes. jar Pick : i .

Aliénés criminels (De r into Sue des; Gen ۵ (s et.

Aliéniste (La position du médecin), par Van Deventer

Anatomie des centres nerveux, par Dojerine. ;

Anxieux (Des états) dans les maladies mentales, par Lie . ۲

Argyli-Robertson (Sur le signe pupillaire d') par Cestan et Dupuy Dilemps i

Asiles en Belgique (Des moyens d' OME, l'organisation médicale des), par Crocq . . uf

Asiles belges (La jourdüée d' enicetién dana les) par Claus. :

Asiles d'aliénés (L'enseignement professionnel des infirmiers dans les), par Van Deventer.

Assistance familiale (L'état وو‎ ds " dans ia Basse Autrióhie: pat جاک‎ x ىف‎ T

Assistance familiale (un à Ellen Rookwinkel, ar Ényelken : è

Assistance familiale (L') Pen aliénés dans la Basse-Autriche, pur

Gercutji . +. . : EN Assistance L', des aliénés et le patronage familial en Italie, par Tamburini

Assistance (L') : en i Suisse. par bodies: .

Assistance (L'état aotuel de |') des aliénés en Scandinavie, e Vogl,

Assistance (L' des aliénés. Le régime qu'il faut choisir pour le trai- tement et l'entretien des aliénés, par Swolfs . . . . . . . ..

340 17 80

130

340

306 307

311

374 500 302 195 311 335

301 303

304

344 345

348 350 3o1

303

510 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Assistance (De I’) familiale des aliénés délinquants . . . . . 93 Assistance (De l') familiale des enfants arriérés, jar Manheimer Gomes 3x Assistance (L') de l'enfance anormale, par Decroly . . . 30 Assistance des aliénés (Importance des laboratoires ۳۳ dans les asiles et les colonies, au point de vue de l’), par Havet. . 35 Ataxie locomotrice (Un cas de), par Bastin . . . 3 ee ud Atrophie musculaire (Du processus histologique de ۱ 7 bar Durante . و تد تج‎ 0 Autoaceusateurs (Les) au point de vue médico-lègal, par Dupré . . . . 2 B Bégaiement (Une nouvelle méthode adjuvante pour le traitement du), par Daniel 30 Bériberi (Note sur le), par Fischer et Boddaert . . . . . لپ ہو سے و ود کب‎

Bradychardie par. compression du nerf pneumo-gastrique droit: autopsie, par P. Masoin . DEENEN EENG

C Cancer vertébral (Sur un cas de), par Raymond . . . ... ام‎ + + : i Catatonie (Remarques sur la), par P. Masoin وھ وھ مھ عو یہ‎ = Catatonique (Sur le syndrome), par Croct . . . ee M

Cellules nerveuses (Sur le réseau Sous cellulaire. de Golgi dans les éléments nerveux et dans les) des ganglions sympathiques en par

ticulier, par Serge Soukhanoff . . . . i Centres (Recherches sur les) spinaux des ‘muscles de la jambe, par | Parhon et Parhon. . . E BME SRE E RASER Collocation recente (A propos dune). par De Boeck . . . . + + + à + + + d

Collocation (La) des aliénés indigents à Schaerbeek, par Sano Collocation des alienes (De l'insuffisance des "206 ‘légales

entourant ia), par De Gueldre `, . . . . . . e. ا‎ Cône terminal (Recherches sur la limite supérieure dii): Gg Van 0ء‎ el Labouschine. . . Congrés des médecins aliénistes a nänroleristen de Fri rance el ges inve de ans ue française (XIT session. Grenoble, 1902). . . . . . 3 unc M9 M re : Congres international de l'assistance des aliénés (Bruxelles, 1902). ہو وی رن‎ E Coqueluche traité par le sérum anli-coquelucheux (Un cas de), par Nauwelaers . Crimes el anomalies mentales constitutionnelles, par Forel et Mahaïm . . - 3 D Délire (Le) des négalions de Cottard n'est-il qu'un syndrome ? par Gaslin . . . > q Démence précoce (La), par Sérieux. اہم راو وو وو یئور یر‎ Démence précoce (De la), par Meeus. SE le EE ۹ Démence précoce (La), par Dony et Roy . . . وو وی وو‎ F Désinfection (La cure de), par Bonnet. . . 2 2 a us Diplégie cérébrale, par Debray. . . ; . 40. 1 Diplegie faciale congénitale avec atdivaise. ۲ ےو‎ et cubes de la déglutition, par Decroly . . . . . . . . . . . . Set Ae o E Ecarlement involonlaire du petit doigt, par Pailhas . . 2 2 شا ویو و‎

Ecoree cérébrale (Etude histologique de 1) dans 18 cas de méningite, par Faure et Laignel-Lavastine . 098 s

TABLE DES MATIÈRES

Ee orce (Sur l'innervation des vaisseaux de la pie-mére do lj. par Obrégia

Keorec (Lésions 0 DUE de l) dans les atrophies du cervelet, par Lannois gi

Pairot . ; ;

Electrique (L'année; par Fc "۴۱ ES 2009

Enfants anormaux (Lesr, par J. Demoor

Epileptique (Œdème post-). par Féré

Epilepsie réflexe (Un cas d'y, par Blondiau ; . .

Epilepsie Jackxonnienne (De la valeur séméiologique D) TA le diene o graphiques des lésions cérébrales, par Pitres . . .

Epilepsie ‘Note sur l'influence des excitations Seege comme agents prorocateurs des accès d'), par Féré

Extension persistante du gros orteil, par Pailhas

F

Faisceau (Existence du) extra pyramidal Friedreich (Maladie de) et hérédosyphilis, par Bayet |

G

Géants (Sur les), par Meige

Gheel, par Meeus . "4 EXE

Gliomes des centres nerveux (Contr ilntion ar étude des), par Oberthur s

Goître exophtalmique (A propos du) Le centre bulbaire. Traite- ment par le thymus, par Bienfait. . + + . * -

H

Hallucinations (Les données anatomiques et ای ی ای ود‎ sur la structure des), par Vaschide et Vurpas

Hallucinations (Contributions be imentales à la 0-3 cany lolo gie des), par Vaschide et Vurpas . . . . + ۰ mox

Hémiplégie (L'activ it^ locale de la circulation 00080 7 la sein das IA, itas que et le syndrome de Ray mond, par Laignel-Lavastine .

Héimiplégie (Essai sur Y) des v ieillards, par Ferrand . ;

ILvpnotisme expérimental et ۳ 22 Congres ETA de 1", par Bérillon et Farez

Hystérie traumatique TN (Un cas d^. par oi کا گور تر ہے ےی‎

Hystéro Neurasthénie (Quelques considérations sur le traitement de F) par Everard

Influence (Quelle est I psychique des aliénés d'une colonie sur les individus et les enfants normaux qui les entourent, par Schuyten . Intoxications (Rôle des) dans lès états anxieux, par Roubinovitch

L

Little (Syndrome de) chez un enfant à terme avec accouchement

normal, par Ley . . - یه و‎ y Localisations mädullaires (Quelques ee Gerges à r étude des), par Parhon et Goldstein (suite)

338 10 99 20 40

220

420 331

AAT 151

[61

یب Ss‏ ?~ }~

cn Sein

302 489 19

360 340

113

I E

519 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Localisations motrices spinales (Quelques réflexions à propos des). par Dejerine ۱۳۲ 3 N تی ریو اچ رت‎ ui Mo کر لہ سے‎ ee ch Lo:alisation (Sur la) des csntres moteurs du bicsps crural, du demi- tendineux et du demi-membraneux dans la moelle épinière, par Parhon et Goldstein y* uk ی کر هار‎ e A Localisations motrices médullaires. par De Buck.

M

Mal d'amour (Le). par. Meigre $5

Marche, station, attitude. par De Buck :

Migraine (La) et son traitement. par Kovalewsky Euh uh غاب ھی وی‎ de t

Moelle du lapin (Recherches sur la strueture de la eorne antérieure de la, par Krause et Philipson E E چک‎

Moelle (Un eas de section de la) par Deeroly , e ipe

Moelle (Traité des maladies de lar, par Dejerine et Thomas. TP

Moelle épiniére chez l'homme adulte (Sur l'aspect des prolonge-

ments protoplasmique des cellules nerveuses de la), par Soukhanotl

el Czarnieski. 0 وص‎ 9 00 Mouvements et de la sensibilité dans l'anesthésie par lyse des). par lotey Ko et Stefanowska. EC Cu" xe 9^ Alo. dee d بے‎ Muscles et des nerfs (De l'exitation des) par les courants faradiques de fermeture et d'ouverture. par loteyko Myelite conjugale (Un cas de). par Glorieux . x. dé. یں تو ا‎ Myopathie atrophique Progressive (Un cas de), par Boulenger .

l'éther (Ana-

N

Nerfs sensitifs et moteurs (anesthéxie des) par Iotey ko et Stefanowska .

Nerf cubital (Section traumatique du). par Deeroly

Neurasthéniques (Comment faut-il traiter lex), par Glorieux

Neurasthéniques (Etats) et neurasthénie, par Ducosté کیٹ ف یی رک‎

Névreetomies dans un cas de névralgie du lingual d'origine traumatique, par Van Swieten ہہ‎ En جیا ود سو تو وی و یو‎ aa ge ےک بر موی ور یں‎ ue و‎

Névrile du membre inférieur et physiologie du réflexe patellaire, par Laureys

Névrose d'angoisse (La, par Hartenberg . Ce I

Névrose traumatique grave (Un cas de). par Croeq

O

Obsessions (Transformation des) en délire, par Séglas

Ossification en ilots de l'ara

Otite moyenne purulente (E l'/, par Vervaeck

chnoide spinale, par Bayet ہے‎ tude anotomique des complications endocraniennes de

P

Paramyoclonus multiplex (Deux cas do, par Hartenberg Paralysie intermittente douloureuse des bras, par Massant . Paralysies (Les) post-anesthésiques, par Do Buek. Paralysie radiale traumatique, par De Buck .

IN Mm

TABLE DES MATIÈRES

Paralysie grave du bras (Luxation de l'épaule), par Decroly

Paralysie générale (Deux freres atteints des, par Jolfroy et ۱ ۰

Paralysie générale (Fausse srossesse dans 1, par Dupré et Pagniez

Paralvsie sénérale (De l'utilité de la ponetion lombaire pour le. diagnostic ES 1 N. par Jotfroy et Mercier. . . NS

Paralysie générale (De la pone ion loni ire ES. IMS la). par Mari ie el pullus

Paralytiques généraux (L'état du fond de lil chez les), par Keraval et Raviart.

Paraplégie hystérique (Un cas de), par Dehrav .

Paraplégie traumatique (Un cas de). par De Bue k.

Polynévrite avec psychose, polynévrite post-typhoidique (Gontribus tion à la maladie dc Korsakoff. Un cas de), par Serze Soukhianotl.

Polynévrites (Des), par Perrin

Polynévrite avec psychose Uns cas de). N roeq

Polyomyélite chronique. par Decroly ;

Psychoses (Par quels moyens pouvons-nous faire venir à nous les) dès les premiers stades de leur évolution, par Olah.

Psychothérapie {Introduction au cours de). par Spehl.

R

Rapport du secrétaire-général de la Société de Neurologie, par Crocq

Réflexe du fascia lata (Le), par Crocq ws d

Réflexe du fascia lata (Sur le), par Dide ot ( Hee (CY. A. ome d cs à

Réflexe cutané du pied (Le). par Sano . . à du m

Réflexe plantaire cortical et réflexe 21806 méduliéire: par Groeg

Reflexe plantaire combine ou paradoxonormal (La contraction paradoxale de Westphall et le). par Heldenberg ۲ ;

Réflexe plantaire contra-latéral (Sur le). par Parhon et Goldstein.

Reflexes tendineux et cutanés (A propos de la dissociation des). par De Buek . . .

Reflexes tendineux et وو رت‎ (De la valeur اہ‎ U de la "—Ü tion des), par Crocq

Réflexes pupillaires (De Fabolition des) dans ses relations avee la 01111323 par

Babinski et Charpentier.

Réflexes tendineux (De lexagéistion des) dans ios Wevrites 000 riques). par Brissaud et Brnardet ۱ gi جو‎ te

Réfiexes (Le mécanisme des) et du tonus muse Diane par ۲] ۰

Reflexes (Le mécanisme du tonus et des) dans l'état actuel de. la science, par Crocq j

Réflexes (Théorie des) cutanée et töndineux basés sur la 00 fonctionnelle des deux faisceaux 0 an et extrapyramidal. par Heldenborg

Rive (Sur le mécanisme 2۷۵ا‎ jiel eet par ps el T Silos

S

Sarcomes et sareomatoses du système nerveux, par Philippe, Cestan et Oberthur Sensibilité (De l'évolution comparée des troubles de la) étudiés chez les mêmes malades aux trois périodes de sa paralysie générale, par Marandon de Montyel Séquestration (La) à domicile, par L'Hoest ; . Spondylose (Note sur deux cas de), type Bebohtékew- et type P. Marie, par De Buck et Debray go n dco

913

m.

(0

3

330 330 330

330

[00

309

400 20

514 JOURNAL DE NEUROLOGIE

Snggestion (Traitement par la) hypnotique de l'aboulie des buveurs d'habitude, par ۲0 ۰ S Surdité verbale pure iLa), E Weg deine ten à (oris bo veo X dre a ہے‎ Syndrome sensitivo-moteur avec hémiopie externe bilatérale, par Croeq . ۱ Syndrome REES par “Marchand: Syndrome de Méniére |Un cas de), par Libolle . Svphilis nerveuse (La), par Bastin . es Svphiligraphie (Service de dermatologie, de) et 1 molasi; M Bayet Syringomvelie (La), par Schlesinger

Nvringomyelie (Contribution à l'étude. de. l'anatomie pathologique de la), par Diseliofswerder ,

Svringomyélie (La forme Sasha été do la, la névrite ascendante et le trauma- lime dans l'étiologie de la syringomyclie, par Guillain

Syringomyélie au début (Un cas de), par Lihotte .

Syringomyélie au début, par Libolte. e

Système nerveux des gastéropodes, par Bochenck.

T

Tabes ou syphilis, par Decroly . ; ۰

Tabes dorsalis chez un syphilitique (Un cas وو او ات‎ de), o Glorieux ; Tabes (Crises clitoridiennes dans le), par Glorienx .

Tabes fruste chez un syphilitique (Nouveau cas de), par G (eis

Tabes (Les origines du), par Faure. ۲ Tabétiques (Le massage chez les), par Faure. Tabes supérieur (Un cas de), par Gérard 2 Tétanos (Un eas de) traité par la méthode de. Baeelli, par Klar iio ns Tics (La genèse des), par Meice .

Tics (Sur la curabilité des), par Meige et F 6ط‎ Ties (Des) en général, par Noguès . E DEA ues efron Tics (La gyinnastique respiratoire dans six nouveaux eas de), par Pitres et Cruchet Tics (Correction des) par le contrôle des miroirs, par Meige

Ties (Les) et leur traitement, par Meige et Feindel ga xe p

Tonus (Le mécanisme du) et des réflexes dans l'état actuel de la science, par Crocq

Toxicité (Sur la) urinaire dans dire cas n adis: "n par Obrígio ; Traumatisme et folie, par Picqué et Marie

Tremblement hydrargyrique avec dissociation des ۳ iendi: neuses et cutanés, par Crocq .

Trépanation (Les effets de la) faite chez lesi jeunesanimaux, par J. Deumoo?

Tropheedéme chronique (Contribution à l'étude du), par Hertogho Tuberculose (La) dans les asiles d'aliénés, par Pecters. Tuberculose (La) chez les aliénés, par Terwagne .

338 99

136 432 478

20 40S 139

179

218

258

At 99

TABLE DES AUTEURS

A Alombert- CORET 506 Arnaud 313 Alt 344

B Babinski 249 Ballet. 314, 318 Bastin : 90, 40 Bayet 151, 176, 493, 194. 468, 482 Berillon . . 2909, 318, 338 Bienfait 437, 488 Bischofswerder . 179 Bleuler i 350 Blondiau ; 40 Bochenek . . 99 Bonnet 340 Boulenger . 115, 119 Bourneville ; 318 Briand 314, 218 Boddaert : 309 Brissaud 283, 313 Bruandet . . 283

C Castin : 340 Cestan 335, 338 Charpentier 242 Chenais. 974 Claus. : 369 Colin. 80, 139 Constensoux 331

Crocq 928, 57, 58, 73, 15, 104, 114, 115, 119, 136, 133, 157, 158, 159, 460, 172, 173, 182, 187, 193, 194, 221, 254, 259, 980, 290, 994, 299, 318, 335, 339, 361, 379, 399, 481,

A85

Cruchet 317, 337

Czarniecki. 303 D

Daniel 302

De Boeck . I . 19, 354

Debray 20, 40, 100, 257, 261, 263

280, 281, 989, 300, 446, 485, 496

De Buck 35, 40, 59, 75, 100 Decroly 74, 76, 77, 114, 119, 173 De Gueldre s : 008 Dejerine 127, 195, 213 Deny. ; i 505 Demoor (J. ) 18, 99 Dewalsche. 97 Dide . : 274 Doutrebente 314, 318 Duchateau. . DE Ducosté 337 Duflos 339 Dupuy- -Dutemps. . 339 Dupré 313, 319, 339 Durand (de Gros) 19, 175, 358 474, 487 Durante ۲ 338 E Engelke à 340 Everard . ۱ : ; 19 F Farez. ; : 302 Faure 336, 337, 338 Feind! 262, 341 Féré . . 20, 429 Ferrand 488 l'ischer 302 Foveau de Cour melles 79 G Gérard 289 Gerenvi 347 Giraud i ; y 314 Glorieux 21, 57, 59, 78, 112, 115 120, 157, 160, 175, 190, 193, 194 309, 419, 481 Goldstein . 1, 141, 159, 243, 444 Goris. 19 Grasset 317 Guiard 340 Guillain 218 H | Hanotaux . 19

516 JOURNAL DE llartenberg 178, 314, 318, 337 Havet. I ۱ | 365 Heilporn . ; 343 Heldenberg 110, 139, 981, 301 469, 487 Herloghe . : ; 176 ۱ lotevko 68, 73, 74, 101, 138, 173 | 206, 262 J Jollrov 318. 339 K kéraval ۰ j ۱ 339 Kluyskens. . : e 302 Kovalewski . i 47, 140 Krause ۱ e 19 L Labouschine . ; ; 19 Laigael.Lavastine . 337, 338 Lalanne . ; ۱ ; 11 Lannois . 338 Larrivó. . X2 5 ۱ 340 Laureys . ۱ | ۱ 19 Legrain . ; : 340 Lerov : i . 90 Lej uw à ۱ ۱ 113, 115 L'Iloest ۱ 373 Libolle 75, 113, 115, 120, 193, 258 261, 289, 478, 479, 489 M | Maere ۱ . 367 Mahaim . | 488 Manheimer Gomimez. . 396 Marandon de Montyel ۱ 17 Marchand . : 439 Marie. , 344, 339, 340 Masoin. P. . ; : ۱ 18, 62 Massaut ٠ nt : 17 Meeus . 19, 449 Meige 177. 202, 262, 317, 337. 341 Mercier. . 339 Motel ; : ۱ 339 | N Nauwelaers ` ; : 19 Noguës .. . : i 314 O Oberthur . ۱ i ۱ 338

NEUROLOGIE

Obrégin . . 348,338, Olah .

Pactet 1 ; ; . 80, Pailhas . : 313, Pairot í Pagniez

Parant : ; Parhon 1,141, 159, 243, 323, Peelers

Perrin

Philippe

Philipson .

Pick .

Picqué-

Pierret e eg و‎ : Pitres i ۱ 220, 317,

Rabaud

Raviart.

Ravmond . : hégis. e 314, Roubinovitch ۲ Roy .

S

Sano 40, 55, 57, 59, 115, 158, 300, 446,

Schlesinger

Schuyten

S Séglas

Sérieux

Serge Soukhanoff 121, 303,

340 370

139 337 338 339 314 444 399 140 338

19 374 340 317 397

339 339

4 335 340 505

259 481 139 360 340 302 489

Steflanowska . 63, 73, 101, 138 Spehl ۱ i . 19, 371 Swolfs : ۱ e 289, 353 T Tamburini. 348 Terwagne . 356 Thomas 195 Tobolowska 20 V Van Deventer . 362, 364, 366 Van Gehuchten . . 99, 278, 292 Van Swieten ۱ à 40 Vaschide . : . 81, 161 Vervaeck . 18 Vogl. 352

Varpas . 91.

161

m ANNÉ ue pato zx: el EE ای ا‎ -

à +

RE

uote “DR

NE CAISSE sw una `

^ ا‎ ۲ e LE E Te

Kad

we à , ٤ Ya

$ 7 ERR o. "a `

0 2. furi. Th wos

Uk E ÉRANCOTRE 2 4 > or 3 Rao

i rapi sau D Kate. SE AT GE CLIQUE CDL IUS A ۴ di REN ZE n HR ا‎

x ۰

Eu 0ھ‎ 1 RE baue ]

D

er Do ماش ون‎ AIN. Ce ne UE Ku و‎ GEDRIEUX, LEBCPTE, MARE 08

BODDART { d FERE (do f

A MM, LES DOCTEURS, INTER NES ET ETUDIANTS, U

FAR pot

k Laval WIM RER

| Enosphare 8 petat ds. وه 60ء‎ nat tursa

ULES CL 1 fais E GE ardhi en

2 نزن اور‎ RE ا روا‎ oio se js Ea ESRI res gig?

E nati ele e bauen gui pare: cw me dagegen اف وتوہ‎ 0 Aux See : e ANS ASE: وت‎ Juge Versi ir وا‎ apri 4 ۰۷,۵ ژ‎ ۵

+ IN: cs INJECTIONS WPDDERMIQUEE -

naturelle chimiquement. pue‏ 08 ء6

> | "ds | 00 2b pe Mp fang s ON VC s 1 di ie سوہ‎ «ends وو‎ op. A nois par rent. Cuba. une ingeotton fous Is: 9) | 4 X Again. SC Ge er SURASTHENIE EE A MENERALE, 7 0

K ANBIORTIONS | ۱ | SD 1 (AC TismE. A Bere

N | noms: 5 age, وه ون‎ Ma ۱ | 0 a e ا ا‎ "Her

CON 01 E XEVILL T ۱ 1 GE

a زوم‎ = ments

2e ۳ sin e Mary m RE. wu broinurs de potassium. te. ze db 2 Sirop. Henry. MÜRE. au bromurs: de sodium, SE di 3 Sirop Henry MURE Polybromuré (potassium, sodtum, ——— | | "A | d Sirop Henry MURE Au bromure de sirontium. jersmpt de ‚baryia - et

f Rigoureuéement 4o864.:2 gramina de sel dhimíquemant pur par onilisrée à. es اہ‎ st S e Laenner ger dmiliarse. & nafé de sirop d’Aunraas. Woraugus amarss Irróproobelie. CN 2 - Établien: avec den soins et deg. alémeñts ausespliblea. de: aatisfaire le praticien ia pre. M ; ماف‎ gës préparations penueltent de comparez sxpérimentalement : dans des: poit E À Ge identiques, valeur ihérapoutique des divers broimnres seols on ات ات فو وو‎ Le SIROP de HENRY MURE su bromurede strontium rend laa plus gie Aa SL reê dans toutes les névroses, les maladies du cœnr, de l'eslomac et des reins: Son | 2 Sté امہ‎ incontestable daut les dyspepsies. ‚gustso-intestinalen et dans. l'afbuminnrie |

Lei BIROPS de HENRY MURE جم ا‎ u 00 ‘dans une da t do. تھے‎

Z E de Frana. SR

x SC > d ic 7 PER LI à ek "ge, le Seat EE Zeie , E ` d OA p. i: Y , RIO

Dr Gu BE, cp DOLLS dna. deux Toe CAPSULES 007ر 0۵0 0ر‎ pue

es a ih Vox yaf uqi مت صا‎ De SE ; 8

06671090۳ ۸0 9 0001131858: 17

ech UE ۰ SS | li

o Ree Fiet omma E EVE Nee o d

& Mortis nee) pes | و10 08ا نع‎ MP

HEN rubis gotte- pue maliye

| ۲ dinchériquese cmrcrouniatres ا‎

| PE B پک‎ Eee.

ےم ~

di

EIER wear. pi UE "ns d Div sit FARIS s Ankara Qué

سے نے سے ہے ———

B‏ 1 ا Ze 1 MORPHINE, Cita TE, TABLE, ATO, EO‏ و ponsa ie MOUREN. BOLURILATE ET AABFSIE Eppes‏ i x | Goriber vation Tédelínie: -‏

Lentilles d ‘Alcaloïdes à: tous Médicaments 1 Re 0 Wolr len Analysis ls Laborsteire MusdeipaL. WR EES Pr ANTI LLO NS SUR BEM anpa. pO

au SE ES 0 EN

E S 1 pite 2 met = D In r P GARMENE RERUN 14 ENEE

Coeli :

| re de (esté natina ! 07 ét toinne. Tilieron ius"

: dim, Bronchite, ADS, ob

] me Lens] 1 سس چس تی‎

F^ doll - Ro و‎

E و‎

e

BE

DIEI

Cents de iot premier aem dens uereg de io^ |

Ale, ۵

pia‏ ام جر : ` راز

14 مین‎ hydrate d'Héroins | I

کرد یاطعا اهاط دج

OR daáryngite, 16ux À, ^asthme bronchique: -

"Beniplace asanidageuxemtut a HOF z S i piine dahs وم‎ Curri da RORI

۱۰,۵3 ۱۱۵۵ لت‎ db

Ae die, Cen digrétiqua, Wes inen

Créosotal -

‘Libre tonte action onusti- S

St Logg. a 2. Tnbergutsse yonini- naive, Bronehite, Rach: Hemo. derogar,

Duntat

A La préparation deguaiagn! ie

phe pare, iusimds.

: y 7 í

pu monsire, . Hropohite,

Catsrrhe chronique, Lu:

uenza, T yphua. oe: Ge, al gr. Se

indicatione :

Tiose: 1245 endi. tré pt

| تام یک ا

sinine Kiker Sein, d ds qui- nine.

607 ط0 SUVS facra;‏ fe‏ هه iypboïde.‏

ei 6800ھ‎ |

Low à em 3

160 کت‎ ^ie

rés amince, upper S

Da: Dëst er ۷ er 1

2 jeur. ا‎

298

- à

۸۷000411 009ج‎ 50904100 A" ;sónire la eephalalgie, in ir ‘migraine, Tiufluenza, p &artieulaire- 1r Re, et autres قد‎

Urhumatisme -

Bementa.

Vase: 3 gr. toutos ire

3 heurer.

TOUS ون‎ PRODUITS. سا‎ TRGUVENT bass. routes us BONNES "PRARMAUTER `

ہھہ!

. EA ee

u A Ren

Antipyretique ا‎ : analgésique, mos aucun. |

S. ما‎ chu fait, we. S

| Plet ڑا سا‎ your Zeg

1 Excite Arte: E EES:

N W پور‎ Se

Sematoeg Far MORTE

| iodications chlarose e

- Farbenfahriken vom Fried. m et ۳ Dd

( BESION DES PRODUITE PHARMACEUTIQUES

= : ۲ POUR h vam 37 Fati BAYER ET w RUE DE BRABANT, 70; +022 à: 7 1 !

Trional

Hypaotique. cértali

` Den ; pour covinender 15 لصو‎ phre dani T gram. fra goueralnment, tons. jqusrs 5 prendre dans uno grande اس 1۶۰:0 ٹوا‎

er‏ و

un rennen یہ‎ a er ne ` e

: Somatons ید‎ dn Ya e E

d'aibumuré, mee: ma: "pt,

alas تو برا70‎ teni ailes. Copa lëmpegig- 7

wc e vz $ ۰ ^ ۱ + 1 ACN EE یا‎ A3. * r Y. s ۰ - i پر یر بج ہی‎ - 3 LE Déeg: PE 2i ۳ eet, لے رر یں‎ ۱ A EN TE it ج و‎ YA - Ke . rs Re 2 9 Cr ۹م‎

G يہ‎ ٦

- " i ` LE

"HL | RE

awa y ۶

PE ANE.

organique avre ie ter, En Clement reworbabie, so- ; lube, insipide.

Anesnio,

a

// ' ah SIb CALE = Sen کہ‎

ا

3 Der La ۱ _ zv S MEM Se GE P ege 3 تی‎

on Ae e =

duos

SE

SN i A 0

E SAMA

SS dr

E

wr می ی‎ Gre VR

2

Se کے‎

E PS nm

92

2 سے‎ Ces Lj را‎ TE m

m Int.

2

Tam. Ei 2?

(ks,

(e

Ww 7

bt

x SG A کہ‎ 3 À Ae: Get? 141 ^ gd |

"^ ORE

E

x

e Ye

2

SE A EI 3 x چڪ‎ 4 Ke E T Lf

E یم‎ LS er Wi پا‎

7

Es 5e

Le Hz 7” t u.

D +

PCIE S

; , أ ses ENN WER‏ و i H‏ 1 n s 9‏ و KA‏ Ae LO ro DOE Si 0 d 2 7‏

Sere UR Ut.

ETENA تا‎ ۱

d n! As. i

y H 2 d 1 ۳0 T NO PS

ات انا ںہ MC‏ کی BAM o‏

N 001ر‎ deg

He", Ge?

w las ch e‏ تزا

Ke Ai e ا‎ ES

EEz OES