THE UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY 5^0.^ ^0\X- \>-'b biolosy * . • r • * > TROISIÈME ANNÉE - JOURNAL DE MICROGRAPHIE Histologie humaine et comparée. Anatomie végétale. — Botanique. — Zoologie. Applications diverses du Microscope. — Optique spéciale, etc., etc. REVUE MENSUELLE D E 5 TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANQEFJg PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DU D' J. PELLETAN 1 — " — -N° I. — Janvier 1879 -A.TJ BTTItE^LXr DIT CTOTTItnsr^LIj ET CHEZ G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRIE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard St-Germain PARIS BUREAU DU JOURNAL 34, Boulevard des Batignolles, 34 Le Jfowrnat de Micrographie paraît vers le lo de chaque mois en un fascicule de 32 à 64 pages, avec figures dans le texte et planches noires ou coloriées suivant le besoin, lithographies, héliographies, etc. PRIX DE L’ABONNEMENT Pour PARIS et les DÉPARTEMENTS . 25 fr. — UNION POSTALE . 28 — ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE . 6 dollars. On s’abonne en adressant, par lettre affranchie, un mandat de poste à l’ordre : de M. le Br J. PELLETAN, directeur, au bureau du journal, 34, boulevard des Batignolles, à Paris; Tout ce qui concerne la rédaction ou le service du journal doit être adressé au bureau du journal, 34, boulevard des Batignolles , Paris. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR DE MICROSCOPES Médaille d’Argent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. N° 1. Janvier 1879. Troisième année. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le Dr J. Pklletan. — Les muscles de l’œsophage, leçons faites au Collège de France, par le prof. Ranvier. — La spermatogenèse étudiée chez les Gastéropodes pulmonés par le Dp Mathias Duval. — Ouverture angulaire des objectifs de microscope, par le Dr G.-E Biackiiam (suite). — Diatomées de l’archipel des Indes Occidentales ( suite ), par le prof. P. -T. Cleve. — Préparation des champignons microscopiques, par M. Ch.-F.-W.-T. Williams. — Microscope histologique de M. Ch. Collins. — Sur la formation des spores des Mésocarpées, par M. Percevàl Wright. — Bibliographie : Recherches de M. V. Tieghem sur les Mueorinées, notice par M. A. Faure. — Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie. — Avis divers. REVUE La Revue des sciences naturelles de M. E. Dubreuil, de Mont¬ pellier, publie, dans son fascicule de janvier, un excellent travail du Dr Mathias Duval sur la spermatogenèse chez les Gastéropodes pul¬ monés , et particulièrement chez VHelix. Nous reproduirons in extenso ce mémoire qui avait sa place toute marquée dans la Revue de M. E. Dubreuil. On sait, en effet, que cet auteur a publié il y a quelques années seulement (1875), et dans ce meme recueil, une très-remarquable Étude physiologique sur l'appareil générateur du genre Hélix. Le mémoire de M. Math. Duval est suivi de plusieurs articles relatifs à la géologie, par MM.Collot et Villot, de la suite du Cata¬ logue des Mollusques de l’Hérault (genre Clausilia ) par M. E. Du¬ breuil, articles intéressants mais qui, malheureusement, sont en dehors de notre programme. 4 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les derniers numéros du Recueil de médecine vétérinaire dirigé par M. Bouley, nous ont apporté plusieurs communications dignes d’intérêt. Il est remarquable, en effet, que depuis quelques années les vétérinaires, qui, par la nature même de leurs travaux, sont en position de faire facilement et fréquemment des observations inté¬ ressant toutes les branches de la biologie, commencent à s’adonner aux études micrographiques. Tout le monde connaît les recherches de M. Mégnin sur les sarcoptides, nous en avons nous- même parlé plusieurs fois dans ce journal ; un grand nombre de ses con¬ frères l’ont imité et la plupart ont, comme lui, porté d’une manière plus particulière leur attention sur les parasites, articulés ou helminthes, dont les animaux domestiques surtout, hébergent de si nombreuses espèces. Ces recherches révèlent encore parfois une certaine inexpérience dans les procédés d’étude et dans l’interpré¬ tation des faits, mais quand on envisage les progrès qui ont été faits dans cette voie, depuis deux ou trois ans, par les vétérinaires; on est en droit d’attendre d’eux, dans un avenir prochain, des tra¬ vaux d’une réelle importance. C’est ainsi que MM. Condamine et Drouilly ont complété dans le Recueil des recherches antérieures sur un helminthe reconnu par eux dans les boutons hémorrhagiques qui se développent, pendant les chaleurs, dans le tissu conjonctif sous-cutané chez un nombre assez considérable de chevaux d’origine hongroise, helminthe auquel ils donnent le nom de Filaria mulli-papillosa. L’étude mi¬ croscopique de ce Filaria a été bien faite par les auteurs, les dessins qu’ilsdonnentsont bons, mais lesobservations, justes maté¬ riellement, sont souvent mal interprétées. Aussi M. Mégnin s’est-il chargé de commenter le travail de MM. Condamine et Drouilly en rectifiant les erreurs et complétant les observations. Les auteurs n’ont pas trouvé de larves dans le sang des boutons hémorrha¬ giques et en ont conclu que ce n’est pas dans le but de rejeter ses embryons au dehors que le ver vient à la surface de la peau causer la petite hémorrhagie que l’on connaît. M. Mégnin n’en a pas trouvé non plus, mais les larves des filaires, comme du reste celles de la plupart des vers nématoïdes, sont anguilliformes et, dans l’eau, qu’elles habitent ordinairement, ne peuvent se distinguer des véritables anguillules. De plus, ces embryons sont, d’après M. CauveC « doués d’une grande vitalitéet peuvent être desséchés sans perdre la faculté de renaître sous l’influence de l’humidité. » Aussi M. Mégnin ne trouvant pas de larves dans le sang de l’hé- morraghie a gratté la petite plaque de sang desséché et, plaçant la % j / * ■ i; M:mÉÆ J . . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. poussière dans l’eau, n’a pas tardé à voir certains granules s’al¬ longer et prendre la forme d’une anguillule. Ce sont autant d’em¬ bryons de fîlaire. M. Mégnin a commencé sur le développement de ces embryons des expériences dont il rendra compte plus tard. A la Société Centrale de médecine vétérinaire , M. Mégnin a encore présenté une note sur d’autres parasites, le Syngamus trachealis qui cause une bronchite vermineuse et épizootique dans les faisande¬ ries, le Strongylus minutissimus qui cause la pneumonie lobulaire vermineuse du mouton d’Afrique, le Strongylus filaria qui produit une bronchite mortelle chez les agneaux et le Strongulus micrurus qui cause labronchite vermineuse des veaux. Il résulte de l’intéres¬ sante note de M. Mégnin que c’est le Strongylus minutissimus qui tue les moutons d’Afrique en causant une véritable pneumonie lobulaire, tandis que c’est le Strongylus filaria qui tue les agneaux, en France, en obstruant les bronches, et que c’est le Str. micru¬ rus qui décime les veaux par un mode d’action intermédiaire entre celui du Str. minutissimus et celui de S. filaria. Puis voici venir les lapins qui meurent de la psorospermose hépatique , c’est-à-dire, d’une maladie causée par des psorosper- mies et qui a, par conséquent, des rapports avec la pébrine des vers-à-soie, laquelle est produite aussi, comme on le sait, par des psorospermies {corpuscules vibrants , corpuscules de Cornalia, cor¬ puscules ovoïdes brillants } de Pasteur). Nous netrouvons, d’ailleurs, rien de nouveau à ce sujet, au point de vue micrographique au moins, dans le rapport présenté par M. Railliet à la Société cen¬ trale de médecine vétérinaire, mais ce qui nous frappe tout par¬ ticulièrement, c’est de voir les études microscopiques envahir peu à peu le Recueil dirigé par M. Bouley, l’un des hommes qui naguères avaient pour le microscope le plus complet dédain. Ces contempteurs d’hier commencent à voir qu’ils se sont trop pressés de juger un instrument qu’ils n’avaient sans doute jamais vu ; peut- être comprennent-ils qu’on peut être un homme très-officiel, très- décoré, très-haut en cravate, et dire des bourdes tout de même. Aujourd’hui, beaucoup se retranchent derrière un raisonnement qui est encore une... naïveté : « Oui, disent-ils, le microscope peut être un instrument utile, mais il faut savoir s’en servir. » — Et la clarinette aussi, n’est-ce pas? Le Bulletin de la Société belge de Microscopie 9 pour novembre, con¬ tient le procès-verbal de la séance du 28 novembre dernier ; unenotc 6 JOURNAL DK MICROGRAPHIE. de M. Renard sur i etude microscopique des Fulgurites et de la Météorite de Tourinne-la-Grosse ; un excellent mémoire de M. le docteur Ledegank sur l’histologie pathologique de la conjonctivite granuleuse, avec réponse du docteur Coppez ; — des notes sur quel¬ ques diatomées par M F. Kitton, (nous publions ces notes dans le présent numéro) ; — le résumé de divers articles des Comptes- rendus de l'Académie des sciences de Paris, et deux notes extraites du Bulletin de la Société minéralogique de France , l’une par M Mal¬ lard, sur la Bravaisite ; l’autre, de M. J. Thoulet, sur les variations des angles plans des clivages sur les faces des principales zones dans le Pyroxène, l’Amphibole, l’Orthose et les Feldspaths tricli- niques. * Le docteur J. -P. Nuel, professeur à l’Université de Louvain, nous a fait l’honneur de nous adresser un travail important inti¬ tulé : Recherches microscopiques sur l'anatomie du limaçon des mammifères. Ce mémoire est accompagné de plusieurs planches fort bien exécutées; nous espérons pouvoir le reproduire in extenso dans le Journal de Micrographie . M. R. -H. Ward, directeur de la partie micrographique de X American Naturalist , nous adresse la copie de la communication envoyée à toutes les Sociétés micrographiques des Etats-Unis, dans le but de demander une participation générale aux efforts qui sont faits pour arriver à établir un système uniforme et un étalon com¬ mun en micrométrie, en Amérique. Nous nous empressons de publier ce document : « Cher Monsieur, » Les soussignés ont été chargés par la Section Micrographique de l’Association Scientifique de Troy (N. -Y.) de former un comité pour conférer avec les autres Sociétés Microscopiques sur la question de la micrométrie qui a été posée à ces Sociétés par le dernier Congrès Microscopique, à Indianopolis. » Notre Société souhaite vivement le succès, dans une forme pratique, du mouvement suggéré par le Congrès, mais elle croit qu’une plus longue préparation est utile pour mettre les Sociétés américaines en état de prendre une résolution définitive à 1 Assem¬ blée de Buffalo, l’été prochain. Pour que ce mouvement 11e soif JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 7 pas sans résultat, il doit être, soutenu après une mûre délibération et une entière discussion, de manière à rallier l’assentiment géné¬ ral et cordial des hommes qui y sont particulièrement intéressés et ont qualité pour juger la question. Pour assurer les études pré¬ liminaires et le pouvoir moral nécessaire à la réussite, si la réus¬ site est possible, nous demandons la coopération des Sociétés et les prions de désigner un comité dont la mission serait d’examiner les questions suivantes, de conférer avec les Sociétés et avec les personnes connues pour être expertes dans cette partie, et d’adres¬ ser un rapport aux Sociétés Américaines lors de leur prochaine réunion : » 1° Est-il avantageux, en ce moment, d’adopter un étalon en micrométrie? » 2° S’il en est ainsi, est-ce le système anglais ou le système métrique qu’il faut employer? » 3° Quelle unité, dans le système choisi, doit être adoptée? » 4° Quels moyens doivent être mis en œuvre pour obtenir une mesure convenable de cette unité? » 3° Comment cet étalon micrométrique peut-il être le mieux conservé et rendu le plus utile à tous ceux que cela intéresse? » A notre avis, le comité devrait également représenter non- seulement les Sociétés, mais aussi les autres microscopistes qui ne sontpas membres des Sociétés, et devrait spécialement rassem¬ bler ceux qui sc sont distingués comme physiciens. Nous pensons qu’il devrait être formé de l’une des deux manières suivantes : >> a. — Chaque Société qui a été représentée au dernier Con¬ grès Microscopique pourrait désigner un membre du Comité; ce comité serait considéré comme constitué quand cinq membres au moins seraient désignés; les Sociétés auraient la faculté de remplir les vacances, et le Comité celle d’augmenter à l’unanimité le nombre de ses membres; — ou bien » — Chaque Société pourrait élire par scrutin de liste cinq personnes, pas nécessairement membres d’une Société et sans que plus d’une puisse appartenir à l’une des Sociétés locales ; le scru¬ tin serait dépouillé par le secrétaire, approuvé par le président de la Société Américaine des Microscopistes; les sept premiers portés sur la liste, s’il en était décidé ainsi, seraient considérés comme élus avec la faculté de remplir les vacances et, par un vote unanime, d’augmenter leur nombre. » Si le Comité, ainsi nommé, trouvait des inconvénients à être 8 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nombreux il pourrait agir au moyen d’un sous-comité dont l’action acquerrait toute sa force par l’approbation du Comité entier. » Soyez assez bon pour vouloir bien nous transmettre aussitôt qu'il vous conviendra votre opinion et vos idées sur cette matière et les vœux de votre Société ou des plus actifs de ses membres si ceux de la Société dans son ensemble ne peuvent être connus maintenant. » Nous sommes avec respect, etc. R. -H. Ward, A.-W. Bower, membres du Comité. * * + L’espace nous manque pour faire le dépouillement du premier fascicule de Y American Quaterley Microscopical Journal dont nous avons annoncé, il y a quelques mois, l’apparition sous la direc¬ tion de M. Romyn Hitchcock et dont nous av ons’honneur d’être un des collaborateurs. Nous citerons seulement aujourd’hui les principaux articles, mais nous nous réservons d’en traduire plu¬ sieurs dans nos prochains numéros : L'aiguillon de l' Abeille, parM. J.-D . Hyatt ; ce mémoire, dont nous avons déjà parlé, a été lu par son auteur, président de la Société Microscopique de New-York, devant le Congrès d’India- nopolis. Description de nouvelles espèces de Diatomées , par le pro¬ fesseur H.-L. Smith. Nous reproduirons ces notes, avec la planche qui les accompagne, dans notre numéro de février prochain. Observations sur plusieurs formes de Saprolégnées , par M. F. -B. Hine. L’article de M. H.-L. Smith, sur l’Objectif à immersion dans V huile (Zeiss), comparés à ceux de Spencer, que nous avons traduit récemment. Migration des globules dans V hyperhémie passive, par le Dr Belfield, mémoire lu au Congrès et que nous avons aussi publié (septembre 1878). Un i micromètre étalon , par M. Romyn Hitchcock, et défini¬ tion de l’ ouverture angulaire , par le même auteur, mémoires lus au Congrès. Compte-rendu du Congrès d’Indianopolis. lîevue de la littérature actuelle. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 9 Compte-rendu des séances de la Société microscopique de New- York. Etc., etc. Nous ne pouvons terminer ce résumé beaucoup trop rapide de Y American Quaterly Microscopical Journal sans adresser ici à son directeur, M. Romyn Hitchcock, tous nos remercîments pour sa flatteuse appréciation du Journal de Micrographie . Depuis deux ans, en effet, nous nous sommes efforcés de contenter nos lecteurs, une année nouvelle commence pour nous, et nous avons l’espoir quelle nous permettra de faire mieux encore dans l’avenir. > D' J. Pelletan. TRAVAUX ORIQINAUX LES MUSCLES DE L’ŒSOPHAGE Leçons faites au Collège de France par M. le professeur Ranvieh. ï Après avoir étudié les terminaisons nerveuses dans les muscles de la vie animale, terminaisons motrices, puis les terminaisons dans les mus¬ cles striés de la vie organique, comme ceux qui constituent le cœur san¬ guin et les cœurs lymphatiques, il est intéressant d’examiner sous ce point de vue d’autres muscles striés de la vie organique par exemple ceux qui composent la musculature de l’œsophage. La musculature de l’œsophage appartient à la vie organique, puisque nous ne pouvons pas faire contracter directement notre œsophage par notre vo¬ lonté, sans avoir fait précéder ce phénomène par celui de la déglutition. Cependant, le transport du bol alimentaire jusqu’à l’estomac est très- rapide ; si donc la rapidité de la contraction d’un muscle est en rapport avec la striation de ses fibres, les libres musculaires de l’œsophage doivent être striées. Il y a plus de quarante ans que Schwann a constaté que, chez l’homme, les fibres sont striées dans la portion supérieure de ce conduit. Le fait a été consigné très-brièvement par Jean Millier dans ses comptes-rendus des tra¬ vaux de l'année , mais il ne paraît pas qu’il en ait fait un examen spécial ; il suffisait que son maître l’eût reconnu. Depuis, cette proposition a été re¬ produite dans tous les livres 40 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les anatomistes décrivent dans l’œsophage une muqueuse, du tissu con¬ jonctif sous-muqueux, et la tunique musculaire. La muqueuse est limitée en dedans par un épithélium pavimenteux stra¬ tifié, semblable à celui du pharynx ; elle présente des papilles chez l’enfant, mais de plus en plus importantes à mesure que l’âge avance. Elle renferme des glandes en grappe plus ou moins abondantes suivant la région, et situées dans la partie profonde du tissu conjonctif sous-muqueux. Ce tissu est très-lâche et permet à la muqueuse de se déplacer sur la tunique mus¬ culaire, en raison de quoi il est facile de séparer ces deux couches l’une de l’autre. Enfin, on assigne à la muqueuse une couche musculaire spéciale, composée de fibres musculaires lisses longitudinales, et placée à peu près au milieu de son épaisseur. La tunique musculaire comprend deux couches, une couche externe à fibres longitudinales et une couche interne à fibres annulaires. Ces couches prennent naissancesurle cartilage cricoïde, et se continuent jusqu’au cardia. Dans la moitié supéi ieure, elles sont formées par des fibres striées, dans la moitié inférieure par des fibres lisses. Dans la partie moyenne, ces deux espèces de fibres sont mélangées, mais elles se séparent, de sorte qu’à l’ex¬ trémité supérieure du conduit œsophagien il n’y a que des fibres striées, tandis qu’à l’extrémité inférieure, il n’existe que des fibres lisses. Relativement aux nerfs, nous avons peu de renseignements ; nous savons qu’ils viennent de différentes branches du pneumogastrique. Remak a trouvé sur ces rameaux des ganglions nerveux microscopiques, et depuis Auerbach on sait que le plexus myentérique se continue sur l’estomac et remonte dans l’œsophage entre les deux couches de la tunique muscu¬ laire. L’œsophage des animaux de laboratoire ne présente pas une structure absolument identique, à ne considérer que la tunique musculaire. La mus¬ culature en est beaucoup plus compliquée chez le lapin. Klein, dans un article du Manuel de Stricker , la décrit chez ce dernier animal et chez le chien, où elle ne présente pas de grandes différences. La partiesupérieurede l’œsophage, le premier quart environ, comprend deux couches , fane externe longitudinale, l’autre interne, transversale. Plus bas on peut dis¬ tinguer une troisième couche, moyenne, et des fibres arquées dont il serait difficile de déterminer la direction exacte, surtout vers le milieu du troi¬ sième quart. Dans le quatrième quart, les fibres striées manqueraient et il n’y aurait plus que des fibres lisses. Nous verrons par la suite ce qu il faut penser de cette assertion. De cette description sommaire il résulte que la musculaturedel œsophage est constituée par des fibres striées et des fibres lisses. Nous connaissons un muscle de la vie organique, le muscle cardiaque, entièrement formé par des fibres striées ; le muscle œsophagien se place donc naturellement à la suite de ce dernier, puisque, muscle de la vie organique, il est composé à la fois de fibres lisses et des fibres striées. — Nous aurons à examiner ce que sont ces fibres striées. On comprend dès maintenant tout l’intérêt qui se rattache à 1 étude de ce « JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 41 muscle et des terminaisons nerveuses qu’il peut présenter. Nous avons, en effet, dans l’oesophage un organe qui renferme les deux sortes de muscles, lisse et striée. La musculature de l’œsophage est toujours sous l’influence des mêmes nerfs, branches du pneumogastrique ; or, des nerfs semblables arrivent à des muscles différents,— les terminaisons seront-elles différentes? — Aurons-nous sur les fibres striées des plaques motrices, et sur les fibres lisses d’autres modes de terminaison, — ou bien, puisqu’il s’agit du même nerf, des terminaisons partout semblables? — En un mot, le mode de terminaison est-il régi par le muscle ou par le nerf ? Telles sont les questions que nous allons chercher à résoudre dans la suite de ces études. II Avant d’entrer dans le détail de ces études et de donner un résumé his¬ torique relatif à la physiologie des muscles œsophagiens, nous devons faire une expérience qui n’est pas nouvelle, mais qui est fondamentale et sans laquelle il serait difficile de comprendre la direction que nous devons suivre dans nos recherches ultérieures. Sacrifions un lapin par la section du bulbe, mettons à découvert l’œso¬ phage et le pneumogastrique, puis excitons ce nerf par un courant élec¬ trique : aussitôt, et tout d’un coup, l’œsophage se contracte sur toute la longueur jusqu’à l’estomac. Cette expérience suffit pour infirmer les don¬ nées anatomiques de Klein sur l’absence des fibres striées dans le bas de l’œsophage. M. Ranvier a d’ailleurs trouvé encore de ces fibres striées jus¬ qu’au cardia. L'observation physiologique vient donc guider ici l’obser¬ vation histologique, et, du reste, dans cet ordre de recherches, il est indispensable de combiner les données de la physiologie avec celles de l’histologie. Cette expérience, faire contracter l’œsophage par l’excitati'on galvanique du pneumogastrique, n’est pas nouvelle, avons-nous dit. En effet, elle a été faite, dès 1841, par Yolkmann. Si, au lieu d’employer une série de clôtures et de ruptures, on applique un courant tétanisant sur le pneumogastrique, l’œsophage se contracte en masse et entre en tétanos. Il est clair que, dans ces conditions, le tube œsophagien, bien que se contractant, ne pourrait déterminer la marche du bol alimentaire dans un sens ni dans un autre. Ces faits avaient déià frappé Volkmann. Mais, à ce propos, faisons re¬ marquer une circonstance assez curieuse, et qui n’enlève rien au mérite de Yolkmann, car il est un des maîtres de la physiologie moderne dont il est le doyen depuis la mort de Weber. Il a observé cette contraction tonique dans toute l’étendue de l’œsophage, mais comme, d’un autre côté, il faisait des expériences sur la grenouille, il se prit à examiner l’œsophage de ce batracien. Après avoir préparé l’animal, il plaça de petites boules dans l’œsophage, et vit celles-ci descendre lentement dans l’estomac. Comme les expériences sur le système nerveux sont plus commodes à exécuter sur la grenouille que sur les mammifères, il continua son étude de l’œso- \ 2 JOURNAL DR MICROGRAPHIE. pliage de la grenouille. 11 coupa les pneumogastriques et différents nerfs, et les petites boules descendaient toujours dans l’estomac ; il détruisit le cerveau et la moelle épinière, — etlesboules descendaient toujours lentement vers le cardia. Il avança donc que, puisque la déglutition se produit toujours chez les animaux à qui on a coupé les pneumogastriques, puisque les pneumogastriques, excités directement, donnent une secousse musculaire tout à fait distincte de la déglutition, c’est que le pneumogastrique n’a au¬ cune influence sur la déglutition. Mais Yolkmann n’avait pas remarqué que, chez la grenouille, la déglutition se produit, dans ce cas, par le mouve¬ ment des cils vibratiles de l’épithélium qui tapisse l’oesophage, cils qui vibrent tout à fait automatiquement, en dehors de toute influence nerveuse. Ce mécanisme explique la lenteur de la déglutition. Ainsi, si nous reprenons cette expérience, nous voyons qu’une suite de clôtures et de ruptures d’un courant suffisant détermine des secousses dans toute la musculature de l’œsophage ; un courant capable de tétaniser un muscle blanc détermine un tétanos des muscles œsophagiens. Il y a là un paradoxe physiologique, puisque l’excitation galvanique du nerf moteur du muscle ne détermine pas des effets semblables à ceux qui se produisent chez l’animal qui déglutit naturellement. C’est pour expliquer ce paradoxe que Yolkmann soutint d’abord, comme nous venons de le dire, que le pneu¬ mogastrique n’agit nullement sur la déglutition de l’œsophage, et, pour prouver son dire, il coupa les deux pneumogastriques à un veau qui m⬠chait et déglutissait encore. Mais, d’après son texte même, il semble qu’il n’a pas pris la précaution de mettre l’œsophage à découvert pour vérifier s’il y avait des mouvements péristaltiques œsophagiens. Ses expériences sur la déglutition chez la grenouille étant insuffisantes, comme nous l’avons indiqué, il soutint une autre théorie : l’œsophage, dans l'acte de la dégluti¬ tion, est influencé par le pharynx qui est influencé lui-même par la volonté, car nous pouvons avaler à volonté. C’est-à-dire, que sous l’influence de la volonté naît un mouvement pharyngien volontaire qui donne lieu, à sa suite, à un mouvement œsophagien, involontaire. Le second n’est, poua ainsi dire, que la suite, la conséquence et le résultat du premier. C’est une association de mouvements que Volkmann décompose, mouvements qui appartiennent à divers organes, et l’on en trouve, dans l’organisme, un grand nombre d’exemples par l’auto-expérience. En troisième lieu, il at¬ taqua la théorie de Marshall Hall (1833) qui admettait que le mouvement de l’œsophage est produit par l’excitation directe du bol alimentaire ; il fit remarquer avec raison, que le mouvement s’exécute toujours dans le même sens, qu’il est toujours péristaltique et jamais anti-périsaltique. En 1845, Wildt entreprit, sous la direction de Ludwig et avec sa collab- ration, une série de recherches sur l’œsophage du chien. Dans son travail, il fait remarquer une conséquence naturelle de la théorie de Yolkmann, c'est que les mouvements réflexes dans l’œsophage ne se produisent pas, ou ne peuvent pas produire le phénomène de la déglutition. Alors, il cherche à augmenter autant que possible l’influence des réflexes. On savait déjà que, sur une grenouille décapitée, les mouvements réflexes se produisent JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 13 plus facilement et sont plus intenses ; on savait qu’il en est de même chez l’homme soumis à l’influence de l’opium. 11 chercha dès lors à employer ce moyen. Dans le bout central de la jugulaire d’un chien il injecta de 4 à 10 grains de teinture alcoolique d’opium et obtint les effets ordinaires de ce poison. L’animal est d'abord agité, il a des vomissements, fait des efforts de défé¬ cation; puis, au bout d’un temps variable, selon la dose appliquée et le procédé employé, les phénomènes du narcotisme commencent à se pro¬ duire. L’agitation cesse, l’animal tombe sur le côté gauche, reste immo¬ bile; il faut le pousser pour lui faire exécuter un mouvement. Il est alors très-maniable. De sorte qu’après avoir narcotisé des chiens, Wildt pouvait leur ouvrir la gueule, exciter directement, soit la base de la langue, soit le voile du palais, soit les piliers du voile du palais, et déterminer des mouve¬ ments de déglutition. Il s’occupa d’abord de l’anatomie de l’oesophage et reconnut, ce qui est exact, que chez le chien il n’y a pas, à proprement parler, de couche mus¬ culaire longitudinale et de couche annulaire, mais des fibres spirales entre-croisées dans des directions très-variées, de sorte que des fibres pro¬ fondes dans une certaine partie de leur longueur peuvent devenir superfi¬ cielles dans une autre partie. Dans la région profonde, les tours de spire sont plus étendus. Il étudia les nerfs sur des préparations de Ludwig et en donna de très-bonnes descriptions. Ces nerfs proviennent de différentes sources, le glosso-pharyngien, le laryngé supérieur, récurrent du pneumo¬ gastrique, le grand sympathique pour une forte portion. Quant à la physiologie, s’appuyant sur ce que le phénomène de la déglu¬ tition a trois temps et ne provient pas d’actions reflexes, il toucha, chez des chiens narcotisés, soit la base de la langue, soit le voile du palais, soit les piliers, et vit se produire le mouvement pharyngien, l’élévation du larynx, etc. Mais il remarqua que tous les mouvements du pharynx n’étaient pas nécessai¬ rement suivis des phénomènes péristaltiques de la déglutition dans l’œso¬ phage. Il fallait souvent deux, trois mouvements du pharynx pour déter¬ miner une déglutition œsophagienne. De plus, chez les chiens insuffisam¬ ment narcotisés, l’excitation des parties les plus sensibles de l’arrière-gorge n’était pas toujours suivie du mouvement de l’œsophage, tandis que chez ceux qui étaient complètement narcotisés, l’excitation des mêmes parties déterminait presque nécessairement le mouvement. L’œsophage mis à nu, il l’excita par des moyens mécaniques, par des substances chimiques irritantes, par des courants électriques, en un point limité, et jamais il n’obtint qu’une contraction musculaire limitée à ce point du tube, jamais il ne vit de mouvement péristaltique. Mais quand, au lieu d’exciter en un point limité, il prenait l’œsophage entre les doigts pour l’exciter, il obtenait un mouvement péristaltique qui se prolongeait jusqu'à l’estomac. Produit ainsi par la pression des doigts, le mouvement péristaltique est continu et ne saute jamais une partie de l’œsophage; une fois commencé, on ne peut que très-difficilement l’arrêter. Cependant, si une boule a été portée dans l’œsophage, et qu’on presse la boule entre 2 U JOURNAL DE MICROGRAPHIE. les doigts pendant un certain temps, le mouvement péristaltique qui l’em¬ porte peut s’arrêter. — Nous aurons à vérifier ce fait. Wildt, alors, sectionna l’œsophage en travers, à différentes régions, et constata que le mouvement parti du pharynx par l’attouchement de celui-ci se continue jusqua la section transversale, mais ne se produit pas au delà. Les sections longitudinales ne l’arrêtent aucunement, et il se poursuit dans toute la longueur de l’œsophage, comme si le tube était intact. Les rameaux nerveux qui arrivent à l’œsophage des différentes branches des pneumogastriques sont souvent symétriques, de sorte qu’il est pos¬ sible de sectionner deux rameaux semblables, l’un à droite, l’autre à gauche; de cette façon, on peut paralyser du mouvement une certaine partie du tube œsophagien. Après avoir pratiqué cette opération sur beau¬ coup de chiens, Wildt dit qu’il y a arrêt de la déglutition au niveau de la paralysie, comme si le tube était sectionné transversalement. La section du pneumogastrique au-dessous du larynx détermine une paralysie com¬ plète de toute la région qui est innervée par le récurrent, tandis que la partie supérieure, innervée par le laryngé supérieur, n’est pas paralysée.— Ce qui est contraire aux assertions de Volkmann. [A suivre.) ÉTUDIÉE CHEZ QUELQUES GASTÉROPODES PULMONÉS I CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Le mode de la formation des spermatozoïdes a été dès longtemps l’objet d’un grand nombre de recherches, à la suite desquelles on tendait à con¬ sidérer d’une manière générale ces éléments anatomiques comme naissant dans l’intérieur de cellules dans lesquelles ils apparaissaient d’abord sous forme de filaments plus ou moins enroulés selon leur longueur, devenant, libres ensuite par rupture de la cellule (1). Cependant ces dernières années (I) Comme résumant les notions les plus classiques sur la formation des spermatozoïdes, nous donnons ici le passage suivant des Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée de Milne-Edwards (tom.VIlI, pag. 351). — « Ces corpuscules se constituent dans l’intérieur des petites cellules ou utricu^s membraneuses sphériques, et ces cellules naissent en nombre plus ou moins considérables dans l’intérieur d’une cellule conmune. Les parois de ces cellules se détruisent spontanément lorsque leur rôle physiologique est accompli, et, suivant que la dis¬ parition des utricules secondaires ou internes a lieu avant ou après celle des parois de la cel¬ lule mère, ou cellule enveloppante commune, la disposition des spermatozoïdes varie. Lorsque la cellule mère cesse d’exister avant que les cellules secondaires soient mûres, celles-ci de¬ viennent libres, et, comme chacune d’elles produit dans son intérieur un spermatozoïde, ces cor¬ puscules séminaux naissent isolémeiUdans le liquide qui les renferme Mais, dans le cas con¬ traire, c’est-à-dire quand les parois des utricules secondaires se détruisent avant que la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. JS ontvu apparaître une sériede travaux d’après lesquelles spermatozoïdesse formeraient par la transformation d’une'série plus ou moins nombreuse de bourgeons ou prolongements rayonnants d’une cellule nommée spermato - blaste. Parmi les travaux auxquels nous faisons ici allusion, il faut citer en première ligne : en France ceux de Balbiani (1), en Allemagne ceux de Neumann (2), de Brunn (3), de La Valette Saint-Georges (4). Nous aurons à revenir ultérieurement sur les résultats des recherches de chacun de ces observateurs; mais pour donner ici une idée générale de l’ensemble de ces travaux, nous emprunterons au récent traité classique de MM. Pou- chet et Tourneux le résumé suivant des notions nouvelles sur la sperma- togénèse : « Les spermaioblastes sont des éléments allongés dans leur forme géné¬ rale, reposant directement sur la paroi propre des canalicules par une de leurs extrémités, élargie en forme de piédestal. Chaque spermatoblaste offre dans cette baseun noyau ovoïde. Au-dessus de la base le corps du spermato¬ blaste se rétrécit subitement, et se termine par une extrémité plus ou moins découpée et rameuse tournée vers l’axe du canalicuie séminipare... A un moment donné, ces prolongements se renflent, prennent une forme ovoïde, et chacun devient le centre de formation d’un spermatozoïde : ce bourgeon est constitué delà même substance que le corps du spermatoblaste... Bien¬ tôt on distingue, appliqué contre lui, la queue d’un spermatozoïde qui en dépasse l’extrémité et flotte dans la cavité centrale du canalicuie; la tête est encore indistincte; elle se formeradansle corps même du spermatoblaste, au niveau de l’étranglement qui sépare la base et les bourgeons. A mesure que le spermatozoïde, toujours adhérent par la région qui répond à sa tête, se développe, il entraîne avec lui le bourgeon d’où il procède. Puis la tête se détache à son tour du spermatoblaste, et le spermatozoïde devient libre, em¬ portant ce qui reste encore du bourgeon aux dépens duquel il s’est déve¬ loppé (5). » cellule commune ait cessé de les tenir emprisonnés, les spermatozoïdes se trouvent réunis en nombre considérable dans un réceptacle commun, et souvent ils s’y disposent en faisceau ou d une manière radiaire autour d’une masse albuminoïde centrale. Or, quand il en est ainsi il arrive fréquemment que la cellule mère, ou cellule commune, se détruit à son tour avant la désassociation du groupe ainsi constitué, et que par conséquent les spermatozoïdes quand ils viennent a être misa nu, se montrent d’abord sous la forme de paquets plus ou moins gros- mais bientôt ils se séparent entre eux, et deviennent libres, tout comme ceux qui sont nés isolément. Le premier de ces modes de formation se rencontre chez la plupart des Mammi- tères; le second a été observé chez un grand nombre d’Oiseaux, de Batraciens, de Poissons cartilagineux, de Mollusques, d’insectes et de Vers. » (1) Balbiani; La Spermatogénèse chez les animaux vertébrés. (Leçons faites au Collège de p rance et publiées dans le Journal de Micrographie , 1877) mlk)ofkopTnX\m^t^n Uieriie EnMckeluna O" Spermatozoïdes ( Areh . f. kroskop. "S cfp^r EnMkh‘'‘S«jeschlMe der Samenkôrper. (Arch. f, mi- dU Ge"eSe derSamenkôrPer. Ateh.f. mikrosk. Anal., pag?7?5 en50ET ^ F‘ Tourneux; Précis d' Histologie humaine et d'Histogénle. Paris, 1878, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Mais ces prolongements aux dépens desquels se forment les spermato¬ zoïdes sont-ils de simples appendices de la cellule dite spermatoblaste, ou bien possèdent-ils eux-mêmes un noyau, et représentent-ils en réalité1 un élément cellulaire né par bourgeonnement, et qui, seul alors, mériterait le nom de spermatoblaste , celui de cellule mère désignant plus justement l’élément qui leur a donné naissance? D’autre part, le noyau de ces bour¬ geons, s’il existe, prend-il une part quelconque à la formation de la tête du spermatozoïde? Te lies sont les questions principales sur lesquelles les au¬ teurs précédemment cités sont loin de se trouver d’accord. En présence de ces divergences d’opinion, en présence surtout du désac¬ cord entre les travaux relativement anciens et les travaux tout récents sur la spermatogénèse, nous avons été amené à aborder l’étude de cette impor¬ tante question, et tout d’abord nous avons porté nos recherches sur la glande génitale des Gastéropodes, où les éléments spermatiques présentent des dimensions considérables qui les rendent tout à fait propres à une étude détaillée. Du reste, quoique l’appareil génital de ces mollusques ait été l’objet de nombreux travaux, l’étude de la formation de leurs spermatozoïdes n’a encore donné lieu qu’à peu de recherches entreprises spécialement dans ce but. Dans sa monographie, bien connue de tous,Baudelot se borne, la plu¬ part du temps, à décrire les diverses formes d’éléments anatomiques qu’on rencontre dans l’intérieur de la glande hermaphrodite, sans se hasarder beaucoup à indiquer quelle forme doit être considérée comme antérieure à telle autre, c’est-à-dire comme représentant telle phase de la genèse des filaments spermatiques; à ce sujet, il se contente de reproduire ce que dit Meckel sur le développement des spermatozoïdes (1). Plus récemment, E. Dubrueil a aussi abordé cette question dans ses belles recherches sur l’appareil générateur du genre Hélix (2), mais sans s’arrêter d’une manière spéciale à l’étude de la spermatogénèse, au rôle des noyaux, à la formation de la tête du spermatozoïde, etc., questions que les travaux précédemment cités de Neumann, Brunn et La Valette Saint-Georges ont mises actuelle¬ ment à l’ordre du jour. (1) La description de Meckel est assezvntéressante, et présentera avec ce qui va suivre des rapprochements assez nombreux pour que nous pensions devoir la reproduire ici : « Les cel¬ lules qui forment un épithélium à la surface interne du follicule testiculaire renferment des granulations jaunes; à leur surface libre apparaît une foule de cellules à noyau, transparentes, qui sont les rudiments des spermatozoïdes. En effet, ces cellules transparentes se transfor¬ ment peu à peu en filaments. La vésicule d’où naît le filament reste constamment attachée à l’extrémité périphérique de ce dernier, et finit par disparaître. Quand leur développement est complet, les spermatozoïdes se détachent de la cellule mère. » (2) € Les autres cellules granuleuses qui se trouvent dans la cavité du même cæcum con¬ tiennent les spermatozoïdes à divers degrés de développement. D’abord on n’aperçoit que des granulations au sein d’une cellule primitive. Ces granulations ne tardent pas, dans l’intérieur de la cellule mère, a se transformer elles-mêmes en petites cellules dans l’intérieur desquelles on distingue par transparence les rudiments des spermatozoïdes, de sorte que chaque cellule nucléolaire correspond à un spermatozoïde. Quant à la cellule mère, elle se rompt et les pro¬ longements flagelliformes des spermatozoïdes apparaissent au dehors, soit parallèlement, soit sous forme d’étoiles; leur partie céphalique est adhérente à la cellule. Enfin, détachés de celles, ci, ils sont encore quelque temps réunis en paquets. » E. Dubreuil; Etude anatomique et his tologique sur V appareil générateur du genre Hélix , 1871, pag. 12. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 17 Lorsqu’on examine en été ou en automne le contenu de la glande her¬ maphrodite d’un Hélix , on y rencontre des spermatozoïdes à tous les de¬ grés du développement, mais surtout des spermatozoïdes presque complè¬ tement achevés et disposés en faisceaux. Chercher, en étudiant dans ces conditions les formes qu’on considère comme les plus jeunes, chercher à établir la succession des transformations par lesquelles ont passé les sper¬ matozoïdes achevés, est chose scabreuse, car on peut s’exposer à prendre pour phase du développement ce qui parfois n’est qu’une forme atrophiée, ainsi qu’il est arrivé parfois de le faire en étudiant la spermatogénèse chez les Batraciens. Une manière de procéder beaucoup plus longue, beaucoup plus laborieuse, mais par contre incomparablement pius sûre, consiste à étudier le contenu de la glande dès l’hiver : alors l’appareil génital est en état de repos fonctionnel, la glande ne forme pas de filaments spermatiques, elle commence tout au plus à être le siège des phénomènes préparatoires de l’abondante genèse qui doit se produire dans l’été suivant. On voit alors, à la fin de l’hiver, puis au commencement du printemps, la glande ne renfermer que des éléments à telle ou telle phase de leur évolution; toute hypothèse dans l’établissement de ces phases est inutile, puisque les formes qui les caractérisent ne se présentent pas ici comme mêlées et con¬ fondues, mais qu’elles constituent exclusivement et d’une manière succes¬ sive le contenu du cul-de-sac sécréteur à telles et telles époques de l’hiver et du printemps ; on assiste, en un mot, à l’évolution des éléments, en , ayant sous les yeux, à peu près exclusivement, les formes qui caractérisent chaque moment de cette évolution. Tel est le procédé que nous avons suivi, et les résultats qu’il nous a donnés pour l’étude de la spermatogénèse chez les Gastéropodes nous font espérer que le même mode d’études ne sera pas moins avantageux pour les recherches semblables chez les Vertébrés, et notamment chez les Ba¬ traciens et les Oiseaux. L’exposé des recherches qui font l’objet du présent Mémoire se réduira donc à la description du contenu de la glande hermaphrodite de 1 Hélix aux différentes époques de l’année, depuis la fin de l’automne jusqu’à l’été suivant. Quant au mode de préparation, il a consisté en dissociation et en coupes: — 1° Les dissociations étaient toujours faites dans les liquides qui ont la propriété de ne point altérer les éléments anatomiques ; nous avons le plus souvent employé les solutions faibles d’acide osinique ou de chlorure d’or ; — 2° Les coupes étaient faites sur des glandes durcies par l’action prolongée de l’acide chromique, et plus souvent encore rapidement durcies (en petits fragments) par l’action successive de l’acide osmique et de l’al¬ cool absolu. — Les préparations par dissociation, aussi bien que les coupes, étaient colorées par le picro-carmin ; nous avons aussi employé avec avantage, à cet effet, les couleurs d’aniline (bleu). il. Etude de la spermatogénèse chez L’ïîeSix. Si nous examinons un cul-de-sac de la glande hermaphrodite d’un Es- 48 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cargot ou d’une Limace en novembre (PL I, fig. 1), nous y trouvons: 1° libres et flottants dans sa cavité, quelques spermatozoïdes isolés ou réunis en minces faisceaux; 2° adhérents à sa paroi, divers éléments anatomiques, dont les uns sont faciles à reconnaître comme ovules {fig. 1, 0) ou comme cellules épithéliales (e p); dont les autres au contraire sont difficiles à in¬ terpréter tout d’abord, et se présentent {fig. 1; CM) sous l’aspect d’amas de petites cellules, avec noyaux très-visibles, bien colorés par le carmin. Ces amas de cellules vont recevoir leur interprétation par l’étude de formes semblables rencontrées dans la glande en [plein hiver; nous sommes ici {fig. 1) en présence d’une glande qui vient de fournir à la production sémi¬ nale d’une saison; les spermatozoïdes (S) sont complètement formés, iden¬ tiques à ceux qu’on trouve dans le canal déférent; les amas de cellules (CM) sont des cellules mères de spermatozoïdes arrêtées dans leur déve¬ loppement, c’est-à-dire que nous sommes ici à la fin d’un cycle, et que nous allons retrouver, avec plus de netteté, des éléments semblables en étudiant les phases complètes d’un nouveau cycle qui va recommencer pen¬ dant l’hiver. .4. Ovules mâles (cellules mères des spermatozoïdes); formation endo¬ gène de noyaux; formation des spermatoblastes par bourgeonnement. — En effet, pendant les derniers jours de novembre et pendant presque tout le mois de décembre, on trouve les culs-de-sac glandulaires à peu près vides; leur paroi, examinée à un fortjgrossissement, se montre tapissée régulièrement de cellules épithéliales un peu aplaties {fig. 2, e p) ; parmi ces cellules, quelques-unes présentent un volume plus considérable (A), un protoplasma ou corps cellulaire plus abondant et plus granuleux, un noyau plus volumineux, avec un nucléole très-visible. Ces grosses cellules, d’un aspect tout à fait caractéristique, vont évoluer, les unes en ovules, les autres en cellules mères de spermatozoïdes (ou, selon une heureuse expres¬ sion, en ovules mâles). Nous ne suivrons pas ici l’évolution des ovules proprement dits ou ovules femelles. Il nous suffira de faire remarquer que ces ovules, qui se trouvent représentés dans plusieurs de nos figures, puisqu’on les trouve toujours mêlés aux éléments mâles en voie de formation, sont reconnaissables (0, fig. 3, 5, 7), entre autres caractères, à leur gros noyau parfaitement sphérique, clair et transparent, renfermant un gros nucléole foncé et un certain nombre de corpuscules nucléolaires. Quant aux ovules mâles ou futures cellules mères des spermatozoïdes, ils se distinguent de bonne heure et par l’aspect de leur noyau et par les phénomènes qui se produisent au milieu de leur protoplasma ou corps cel¬ lulaires. — Leur noyau devient opaque, granuleux, en même temps qu’il cesse d’être sphérique pour devenir ovoïde (N, fig. 3 ; dans toutes les figures, la lettre N désigne ce noyau des cellules mères des spermatobl astes.) — Leur protoplasma est le siège de la production de nombreux petits noyaux (n, fig. 3) disposés d’une manière irrégulière autour du grand noyau (N) que nous désignerons, pour abréger, sous le nom de noyau principal. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \9 A ce premier état, l’ovule mâle ou cellule mère se présente donc sous la forme d’une grosse masse cellulaire dans laquelle ont pris naissance, par formation endogène, un grand nombre de noyaux au milieu desquels le noyau primitif ou principal subsiste et se distingue par ses dimensions.1 Cet état de la cellule mère ne dure que peu de temps; il est assez diffi¬ cile à saisir (1); nous n’avons pu l’observer que pendant les premiers jours du mois de janvier, alors que la glande commence à peine à être le siège des phénomènes de formation, qui deviennent plus tard trop actifs pour qu’au milieu des nombreux éléments à des périodes diverses de dévelop¬ pement il soit facile de distinguer nettement les formes initiales. — A cette période (commencement de janvier), nous avons également observé que, par l’effet de l’écrasement de la préparation, les jeunes noyaux peuvent se séparer de la cellule mère en entraînant autour d’eux une couche nette¬ ment limitée de son protoplasma (n\ fig. 3); on peut donc déjà considérer des jeunes noyaux comme le centre de formation d’une génération de cel¬ lules filles aux dépens du corps cellulaire de l’ovule mâle ou cellule mère. Cette manière de voir est confirmée par ce qu’on observe bientôt après (derniers jours de janvier): on voit alors le protoplasma de la cellule mère se séparer en une série de petits bourgeons adhérents par un court pédi¬ cule à la cellule mère {fig. 4) et renfermant un des jeunes noyaux. Cette disposition est difficile à constater sur des pièces fraîches simplement dis¬ sociées, parce que, dans ces conditions, les petits bourgeons cellulaires se séparent toujours de la cellule mère et apparaissent libres dans le voisinage de celle-ci (N’ et S B’ fig. 4). Mais, sur des coupes de pièces durcies, il est facile d’étudier des points dans lesquels les dispositions des éléments sont indiquées aussi clairement que nous les avons représentées en N et CM dans la fiig. 4. Nous pouvons donc dire que le second état de l’ovule mâle ou cellule mère des spermatozoïdes est celui d’une cellule en voie de prolifération par gemmation ; chacun des bourgeons ainsi produits renfermant un des jeunes noyaux nés précédemment par voix endogène. Cette forme de cellule avec bourgeons est celle que nous allons observer pendant longtemps dans la glande sexuelle, jusqu’à l’arrivée à maturité des produits sexuels ; c’est aux dépens de ces bourgeons que vont se former les spermatozoïdes pendant les mois de février, mars, avril et mai. C’est donc cette forme qu’il est le plus commun de rencontrer dans la glande sexuelle en voie d’activité ; seulement, les bourgeons devenant de plus en plus abondants, l’observateur se trouve en présence d’énor¬ mes grappes (fig. 5) dont il aurait peine à interpréter la nature s’il n’avait assisté (fig. 4) aux premières phases de leur développement. C’est donc sur l’étude de ces bourgeons et de leur multiplication que nous devons (1) Cet état de la cellule mère paraît avoir été bien observé et décrit par Metschnikow, dans un Mémoire en langue russe que nous n’avons pu consulter, mais dont La Valette Saint- Georges donne une courte analyse. (L. V. Saint-Georges. Ueber die Getiese der Samenkttr- per ; Arch. f. mikr. Anat., 1874, p. 495.) 20 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nous arrêter plus particulièrement, d’abord pour donner à ces parties des dénominations qui soient en rapport avec leur évolution, en même temps qu’elles abrégeront la description ; puis, pour bien établir les connexions de ces bourgeons avec la cellule mère. Nous conservons le nom de cellule mère au corps cellulaire désigné aussi précédemment comme ovule mâle ; à son noyau nous conserverons également le nom de noyau principal. Quant aux bourgeons sus-indiqués, comme, nous le disons par anticipation, leur protoplasma donnera nais¬ sance aux spermatozoïdes, nous leur appliquerons la dénomination de spermatoblastes. 11 est vrai que ce nom de spennatoblaste a été donné, par ceux qui les premiers en ont lait usage, à des éléments anatomiques qui ne correspondent pas précisément à nos bourgeons, et seraient plutôt, chez les Vertébrés, l’équivalent de nos cellules mères ; mais malgré notre répu¬ gnance à tout remaniement de nomenclature, nous pensons que puisqu’on donne, par exemple, le nom d’ostéoblastes aux éléments anatomiques qui se transforment directement en cellules osseuses, il faut semblablement donner le nom de spermatoblastes aux éléments qui, nous allons le dé¬ montrer, se transforment directement en spermatozoïdes. (Dans toutes nos figures, ces spermatoblastes sont désignés par les lettres SB.) (1). B). Des grappes de spermatoblastes. — Nous avons dit que la production des bourgeons ou spermatoblastes devient bientôt si abondante, qu’à la place de chaque cellule mère on aperçoit bientôt (en février, mars et avril) de véritables grappes (G R, fig. 5). Voyons comment se fait cette multipli¬ cation de spermatoblastes, et quels sont, dans les grappes même les plus riches en spermatoblastes, les rapports de ceux-ci avec ce qui reste de la cellule mère. a). — Le nombre considérable de spermatoblastes qui composent une grappe tient à deux causes : d’une part, à l’abondance des noyaux nés par formation endogène dans la cellule mère ; d’autre part, à la multipli¬ cation par d ivision des spermatoblastes déjà isolés sous forme de bourgeons. L’abondance des noyaux nés par formation endogène dans la cellule mère est d’ordinaire si grande que ces noyaux cachent complètement le noyau principal. Ainsi, en CM [fig. 3) nous avons représenté une cellule mère dans laquelle le noyau principal est bien visible ; mais cette disposi¬ tion ne se présente pas souvent, et il faut examiner un grand nombre de préparations pour en obtenir une semblable; le plus souvent, surtout dans les premiers jours de février, les cellules mères, remplies de jeunes noyaux, se présentent sous l’aspect reproduit en CM: {fig. 3), c’est-à-dire que (1) La grappe formée par la cellule mère et ses bourgeons ou spermatoblastes, nous paraît correspondre exactement à ce que La Valette Saint-Georges nomme spermatocyste ; ce sper- matocyste de l’auteur allemand se compose de ce qu’il nomme Çystenkern , et qui n’est autre chose que le noyau de la cellule mère, et des spermatocytes , qui correspondent à ce que nous nommons ici spermatoblastes. Nous avons du reste déjà vu que la plupart des auteurs allemands, et notamment Neumann, donnent le nom de spermatoblaste à la cellule mère et non aux bourgeons de cette celluie. (L. V. Saint-Georges, Op. cit.Arch. f. mikrosk. Anat ., 1876, pag. 797. — Neumann Opt. cit. Arch. f. mikrosk. Anat., 1876, pag. 292.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 21 ces jeunes noyaux sont si abondamment entassés les uns contre les autres qu’ils dérobent complètement la vue du noyau principal. Quant à la division des spermatoblastes, elle est très-évidente sur les éléments des grappes dissociées ; si cette dissociation est faite dans une goutte de chlorure d’or, ce réactif fixant très-heureusement ces éléments anatomiques, on peut facilement obtenir et conserver des préparations dans lesquelles se rencontrent des spermatoblastes tels que nous les avons re¬ présentés dans la fig. 11. En A, on voit un spermatoblaste renfermant deux noyaux, et nous n’hésitons pas à expliquer la présence de ces deux noyaux par la segmentation d’un noyau primitif unique, quoique de fait il ne nous ait pas été donné d’assister à la production de cette segmentation ; en B, nous voyons .un énorme spermatoblaste renfermant trois noyaux ; dans son voisinage sont des spermatoblastes (SB) renfermant un noyau unique (n) ; tous ces éléments de la fig. 11 sont empruntés à une même grappe, semblable aux grappes représentées en GR, GR, fig. 5. b). — La manière dont sont réunis entre eux et à la cellule mère les sper¬ matoblastes d’une grappe, est assez difficile à reconnaître au premier abord ; pour employer une comparaison qui rentre bien dans l’ordre des images que nous avons ici à interpréter, nous dirons que ces connexions sont aussi difficiles à saisir que celles qui unissent à leurs pédicules com¬ muns les grains très-serrés d’une forte grappe de raisins. Cependant déjà, sur quelques grappes moins riches ou dont les éléments antété légèrement repoussés de la base vers la pointe de la grappe, on aperçoit distinctement dans cette base un gros noyau (N, fig. 5) qu’à sa forme et à son volume on reconnaît comme noyau principal de la cellule mère. — Sur des coupes de la glande, on observe des grappes qui ont été divisées selon leur grande axe (du sommet à la base) et sur lesquelles on constate des dis¬ positions semblables : non-seulement on aperçoit le noyau principal (N, fig. 5), mais on voit encore sur ce noyau une masse de protoplasma granu¬ leux autour duquel sont groupés les spermatoblastes. Mais c’est surtout sur des grappes écrasées, ou sur des pièces plus soi¬ gneusement dissociées, qu7on constate nettement quelles sont ces connexions. Dans ces circonstances, la plupart des spermatoblastes se détachent et sont entraînés dans le liquide de la préparation, mais quelques-uns restent encore adhérents au protoplasma de la cellule mère, et, grâce à leur petit nombre, leurs rapports avec cette cellule sont d’autant plus visibles ; pour continuer la comparaison précédemment employée, nous sommes comme en présence d’une grappe de raisins au trois quarts égrenée, et sur laquelle il est alors facile de constater les connexions entre la grappe et les grains restés adhérents. La fig. 7 nous montre l’une des formes les plus com¬ plètes qu’on puisse obtenir dans des préparations de ce genre. On voit qu’autour du noyau principal (N), le protoplasma (CM) de la cellule mère lorme une masse granuleuse foncée, qui s’étend dans différentes directions en prolongements (pp) à l’extrémité desquels sont fixés les spermatoblas¬ tes : ces prolongements sont formés d’une substance inden tique à celle du corps cellulaire de la cellule mère, c’est-à-dire d’une matière albumineuse 22 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pâle, semée de nombreuses granulations très-réfringentes ; il n’y a pas d’enveloppe, de membrane cellulaire, autour de ces prolongements, pas plus qu’autour du corps de la cellule mère ; enfin, ils se continuent sans ligne de démarcation avec le protoplasma des spermatoblastes. Cependant, le point où cesse la substance qui appartient à la cellule mère, et où commence celle qui appartient au spermatoblaste, est indiqué par ce fait que dès lors disparaissent les granulations réfringentes, le protoplasma du spermatoblaste étant beaucoup plus transparent que celui de la cellule mère et de ses prolongements (1). D’après ces dispositions, on conçoit combien sont fragiles les connexions entre les spermatoblastes et la cellule mère; aussi les préparations par écrasement ou dissociation ne donnent-elles pas souvent des pièces aussi complètes que celle représentée par la fig. 7. Le plus communément on obtient de nombreux débris d’une pièce semblable: tantôt des spermato- * blasles adhérents à un pédicule commun, bifurqué (fig. 8), et dont la partie la plus large (CM, fig. 8) montre les granulations caractéristiques du corps de la cellule mère; sur un autre point de la préparation on trouve le corps de cette cellule mère (fig. 9), reconnaissable a son noyau (noyau principal, N, fig. 9), et aux granulations de son protoplasma. Dans toutes ces circonstances, on voit que le spermatoblaste, tant qu’il conserve ses connexions, a la forme d’un corps sphérique qui se prolonge légèrement en pointe dans sa partie adhérente. Nous verrons bientôt que cette disposition s’exagérera de plus en plus, et qu a la forme de sphère succédera celle de fuseau ou de raquette, dont le manche correspondra précisément à la pointe sus-indiquée. Pour le moment, nous devons encore insister sur ce fait que, lorsque leurs connexions sont rompues, les spermatoblastes prennent la forme complètement sphérique. La fig. 10 nous présente à ce point de vue l’en¬ semble des dispositions qu’on observe sur un cul-de-sac glandulaire gros- (t) Dans ses études sur la Génération des Aphides ( Annales des Sciences naturelles , 1869, tom. XI, pag. I), Balbiani décrit sous le nom de sphères spermatiques (pag. 75, des forma¬ tions qui nous paraissent répondre tout à fait h des grappes de spermatoblastes : en effet, l’auteur insiste sur la forme piri for me des éléments de ses sphères: « Cet aspect piriforme est une disposition bien connue qu’affectent, dit-il (pag 80), les éléments anatomiques lors¬ qu’ils naissent par bourgeonnement à la surface d’une cellule mère préexistante. Néanmoins je n’ai pu réussir à constater la présence, dans les sphères spermatiques, d’une cellule centrale pouvant être considérée comme ayant donné naissance par bourgeonnement aux petites cel¬ lules de la périphérie, mais je n’hésite pas k admettre la réalité de ce mode de développement, en me fondant d’une part, sur l’analogie tirée de la manière dont se produisent les ovules chez les Aphides, et, d’autre part, sur les observations faites chez d’autres espèces animales. C’est ainsi que Keferstein a montré récemment que les corps que l’on décrivait naguère, dans le produit de la sécrétion spermatique de l 'Hélix pomatia, comme constitués par de grandes utricules mères renfermant des noyaux ou des cellules filles plus ou moins nombreux, n’étaient, en réalité, que des groupes de cellules spermatiques formées par le bourgeonnement périphé¬ rique d’une cellule primaire détachée de la paroi de l’organe sexuel (W. Keferstein ; Die Klassenund Ordnuengue Des Thierreichs, von H. C Bonn , fortgesetz , von Keferstein, tom. III, 2e partie, 1862-66, pag. 1215, pl. 105, fig. 5 et 6), et, d’après Meissner et Clarapède, les cellules de développement des corpuscules séminaux se produiraient d’après un mode fort analogue chez certains vers nématoides. (Meissner Beobachtungen über das Eindrigen der samenelemente in den Dolter Zeitschr. f. Wissench. Zool , 1855 tom. VI., pag. 209. < — Claparède ; De la formation et de la fécondation des œufs chez les vers nématoides 1859, p. 61. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 23 sièrement écrasé. Les grappes de spermatoblastes se sont complètement égrenées: d’une part, les spermatoblastes détachés de leurs pédicules sont devenus libres et sont chassés par la pression au dehors du cul-de-sac, de l’ouverture duquel ils s’échappent sous forme de petits corps cellulaires sphériques avec un gros noyau (SB, fig. 10); en même temps qu’eux s’échappe un ovule, ou plutôt un noyau vitellin (0) avec un peu de vitellus, la pression exercée sur l’ovule en ayant fait éclater la membrane vitelline; d’autre part, la plus grande partie des corps de cellules mères sont restés adhérents à la face interne du cul-de-sac glandulaire; ils s’y présentent sous l’aspect de gros noyaux ovales ( noyau principal, N, fig. 10) autour de chacun desquels est irrégulièrement disposée une masse de protoplasma granuleux. Ces corps de cellules mères sont bien dictincts des éléments épithéliaux au milieu et au contact desquels ils sont situés, et dont les pâles contours sont à peine visibles. Cette préparation {fig. 10) a été obtenue en dissociant un fragment de la glande hermaphrodite dans une goutte de solution d’acide picrique. Ce réactif fixe bien les spermatoblastes, quoiqu’il réduise un peu leur volume; si au contraire la dissociation est faite dans de l’eau pure, les spermato¬ blastes se gonflent et sont bientôt méconnaissables ; on se trouve alors en présence d’éléments dont il est absolument impossible de reconnaître la nature et surtout la véritable origine. Il faut donc s’attendre à n’obtenir, par les préparations faites dans l’eau, aucun résultat qui puisse permettre la connaissance des grappes de spermatoblastes, celle des cellules mères, non plus que des connexions de ces éléments entre eux. (A suivre). Dr Mathias Duval. OUVERTURE ANGULAIRE DES OBJECTIFS DE MICROSCOPE (Suite) (1) Une des méthodes que propose M. Wenham dans le Monthly Microsco- pkal Journal de Mars 1874, consiste à placer au foyer du microscope un porte-objet dont la surface supérieure est couverte d’une matière opaque, — il conseille une lame de platine, — dans laquelle est percé un trou dont les bords servent à intercepter les rayons extérieurs, et, alors à prendre l’ouverture d’après le procédé usuel, avec un secteur ; c’est-à- dire en plaçant une lumière en avant et en faisant tourner le microscope autour de l’objet comme centre, — ce qui peut se faire avec les grands instruments de Beck ou de Zentmayer, — jusqu’à ce que la lumière dispa¬ raisse du centre du champ ; ou bien en faisant traverser à la lumière la circonférence d’un cercle dont l’objet est le centre, — ce qui peut se faire avec le microscope construit pour moi par M. B. B. Toiles, — jusqu’à ce (1) Voir Journal de Microgaphie 1878 p. 453, 496. 24 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. que le même résultat se produise. On obtient ainsi la moitié de l’angle, et par conséquent, en multipliant par 2, on aura l’ouverture angulaire en¬ tière. Dans ce mémoire, (Mars 1874), M. Wenham dit : « il est préférable d’ouvrir la fente jusqu’à ce que ses bords apparaissent sur la marge du champ. » Mais il a changé sa manière de voir à ce sujet, car il a affir¬ mé que « plus la fente est étroite, plus le résultat sera exact. » Je ne puis pas donner la date et la page ou cette proposition est formulée, mais il la cite lui-même dans le Monthly Microscopical J ournal de décembre 1876, et ajoute : « Ce moyen permet, avec un soin extrême, d’approcher à une ligne, et d’intercepter tous les rayons dans le plan focal, de chaque côté et jusque tout à fait près de l’axe même de l’objectif. » Je puis dire ici que ce procédé présente plusieurs des erreurs de son ancienne méthode par le triangle. Il donne le rayon le plus oblique qui peut entrer dans la lentille en venant de l’objet, mais il ne peut pas donner une indication précise pour savoir si ce rayon peut être utilisé à produire une image bien définie de l’objet. Je connais des objectifs qui donnent par cette méthode un angle très- grand, mais attendu qu’ils manquent d’une correction convenablement soignée pour les rayons très-obliques, leur angle effectif est beaucoup plus petit que celui qui est indiqué par ce procédé. Cet inconvénient a été reconnu, d’ailleurs, par M. Wenham qui a ap¬ porté un autre amendement à son idée. C’est ainsi qu’il donne le dia¬ gramme reproduit dans la PI. II, fig. 1, avec l’explication suivante : « J’adopte maintenant cette méthode pour mesurer les ouvertures : a est le diamètre réel de l’objectif; à, le pinceau central ou le véritable angle d’ouverture; c , le pinceau oblique ou latéral limitant le champ visuel ; cl , une fente d’épaisseur considérable, à bords parallèles, fixée sur une lame de verre e. — Pour mesurer les ouvertures, l’objectif est d’abord ajusté et mis au foyer sur la face supérieure de la lame de verre. Un des bords de la fente est alors poussé jusqu’à couper exactement en deux par¬ ties égales le champ de vue dont une moitié paraîtra absolument sombre. Sur l’oculaire, on place alors une pièce contenant une lentille biconcave d’environ un demi-pouce de rayon. Au moyen de cet appareil et en manœu¬ vrant le tube de tirage, on peut obtenir une image télescopique distincte d’une lampe éloignée ou de tout autre point brillant, par la moitié libre de l’objectif. En tournant le côté libre en l’éloignant de la lampe, par la rota¬ tion du microscope, la flamme disparaîtra tout à coup du champ au point où il est obscurci par les bords de la fente. On prend ce point pour zéro. Maintenant on enlève la lentille biconcave de dessus l’oculaire et qu’on pousse la fente jusqu’à ce que son bord opposé obscurcisse l’autre moitié du champ et coupe encore celui-ci exactement en deux parties égales, on s’assure que le plan e est toujours au foyer, puis on replace la lentille biconcave et l’on fait tourner le microscope jusqu’à ce que la flamme dis¬ paraisse de nouveau. La véritable ouverture sera ainsi indiquée. » Dans le dernier numéro du Monthly Microscopical Journal (novembre et décembre 1877). M. Wenham a encore changé sa méthode. Il a aban- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 25 donné la fente au foyer de l’objectif, mais il se sert encore du microscope comme d’un télescope. — Il dit : « La disposition/que j’emploie mainte¬ nant consiste en « une lentille à examiner » {examining lens) placée sur l’oculaire le plus faible. Cette lentille est plan-convexe, achromatique et de près de 4/10 de pouce de foyer. Elle est portée par un tube qui glisse dans un antre, le tout solidement fixé sur la monture de l’oculaire. A une distance de 1 pouce 1/2 derrière cette lentille est placée une capsule mobile contenant une lame mince avec un point central, — (il conseille un trou) — de 1/50 de pouce de diamètre. La petite dimension de ce trou et la distance à laquelle il est placé par rapport à la lentille, assure la direc¬ tion fixe de l’œil sur la ligne de l’axe, et empêche d’arriver les rayons autres que ceux du pinceau central. Au moyen du tube de tirage, la flamme d’une lampe, ou un autre objet pris pour mire, est mise au foyer pour la vision distante, sans la lame qui porte la petite ouverture. Puis, celle-ci replacée, on prend l’angle de l’objectif soit par la rotation sur un secteur parle procédé ordinaire, soit en mesurant l’angle entre deux objets situés . à une distance convenable, séparément, le sommet étant au point focal de l’objectif. » A ces deux dernières méthodes on peut objecter avec raison que la plu¬ part des conditions dans lesquelles on emploie le microscope y sont ren¬ versées, qu’on y examine des objets éloignés au lieu d’objets rapprochés, que les images y sont rapetissées au lieu d’être agrandies, qu’aucun compte n’est tenu des effets du couvre-objet ou de la correction pour le couvre- objet, et qu’il est manifestement absurde et antiscientifique d’employer un microscope comme un télescope pour déterminer les qualités, ou l’une des qualités, — l’ouverture angulaire, — qu’il possède lorsqu’on s’en sert comme microscope. Mais nous laisserons M. Wenham se répondre lui- même. Dans le Monthly Microscopical Journal de novembre 1872, M. Wenham dit : « Le professeur Govin a proposé d’employer, pour la mesure de l’angle d’ouverture, la vue simultanée d’un objet distinctement défini, comme la flamme de deux bougies séparées ou deux traits blancs séparés sur un écran noir, à la limite de la visibilité distincte. L’angle que forment ces deux points avec le foyer de l’objectif représentera l’ouverture. Le mi¬ croscope est ainsi conveiti en une espèce de télescope au moyen d’une paire de lentilles placées sur l’oculaire dans le genre de ce qui est connu sous le nom de « loupe à examiner de Ross » ( Ross' examining glass). Malheureusement pour le succès de ce procédé, des combinaisons optiques différentes placées sur l’oculaire donnent des résultats différents parce qu’elles rapprochent ou éloignent les foyers conjugués. » Devant cette appréciation faite par M. Wenham lui-même des combinai¬ sons optiques différentes placées sur l’oculaire et qui donnent des résultats différents, la valeur de sa proposition de 1876, d’employer « une lentille biconcave d’environ un demi pouce de rayons » sur l’oculaire, et de celle de 1877, de placer « une lentille plan convexe de près de 4/10 de pouce de foyer » sur l’oculaire pour obtenir les mêmes résultats, est absolument nulle. 26 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ma seule excuse pour perdre tant de temps à citer les dogmes divers et contraires, promulgués par M. Wenliam, à propos de la mesure de l’ou¬ verture angulaire, c’est qu’il a été l’un des principaux champions de la dis¬ cussion qui s’est élevée depuis plusieurs années sur ce sujet; et comme il est encore considéré par ses admirateurs comme une autorité en cette matière, il semble utile de citer libéralement les points par lesquels il a contribué à jeter la confusion dans la connaissance de cette question, afin de montrer, par ses propres écrits, la complète contradiction et l’entière absurdité auxquelles il a été réduit par les tentatives successives qu’il a faites pour étouffer la voix de M. Toiles, réclamant pour les objectifs à ouverture angulaire extrême qu’il a construits; il est utile de démontrer ainsi comme quoi M. Wenliam est incapable de passer pour une autorité en matière d’ouverture angulaire, quelque éminent qu’il puisse être comme inventeur du binoculaire, du reflex-illuminateur et des objectifs « patentés » (patent objectives). La question se présente donc ainsi : Comment peut-on mesurer l’angle d’ouverture ? — Et la réponse est que l’angle d’ouverture étant la distance angulaire entre les rayons extrêmes du pinceau le plus large que l’objectif peut réunir en un foyer commun en produisant une image bien définie à l’oculaire, il est nécessaire defmesurer l’angle de l’objectif dans son emploi réel sur le microscope, avec un objet au centre du champ et lorsqu’il donne en combinaison avec (l’oculaire, une image aussi parfaitement définie que possible (1). — S’il est possible de mesurer l’angle compris entre le rayon le plus oblique du pinceau alors utilisé pour la production d’une image bien définie, et l’axe optique de l’instrument; cet angle sera justement la moitié de l’ouverture réelle de l’objectif. — Donc, en le doublant, on obtiendra le chiffre total de l’ouverture réelle. Nous considérerons d’abord le cas où l’on emploie l’objectif pour exa¬ miner un objet non couvert, dans l’air. Lorsqu’on examine les objets au microscope, on les place ordinairement sur une lame de crown-glass dont les faces sont parallèles l’une à l’autre et perpendiculaires à l’axe optique. J’en ai une semblable sur la platine de mon microscope et la fig. 2 (pi. II) représente cette disposition sur une échelle agrandie. La lumière entre par dessous; elle est réfractée vers l’axe à travers la substance de la lame et comme les faces de celles-ci sont paral¬ lèles, comme le rayon est incident et émergent dans le même milieu, l’air, il en résulte, d’après une loi d’optique bien connue, que l’angle formé par ce rayon avec la normale au point d’incidence d’un côté et au point d’émergence de l’autre côté de la lame est le même. Mais l’axe optique du microscope est, (1) Il en résulte, par conséquent, qu’un objectif à sec doit être mesuré à sec, et un objectif à immersion mesuré en immersion, — et non-seulement cela, mais encor© que toutes les con¬ ditions doivent être réalisées pour que l’objectif donne les meilleurs résultats dont il est capable. S’il donne de meilleurs effets par l’immersion dans l’eau, c’est dans l’eau qu’il fait e mesurer et s’il est plus parfait par l’immersion dans la glycériue, c’est immergé dans la glycérine qu’il faut mesurer son angle d’ouverture. G. E. B. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 27 dans ce cas, normal lui-même à la surface de cette lame; d’où il suit que si nous pouvons mesurer l’angle d’incidence sous la lame, en d’autres ter¬ mes l’angle de l’éclairage, nous obtiendrons l’angle d’émergence qui, mul¬ tiplié par 2, nous donnera l’angle de la lentille. J’ai un objectif d’étudiant (student) de 1/4 de pouce que m’a envoyé M. Toiles, et auquel il attribue une ouverture d’environ 110°. Le diamètre de la surface libre de sa lentille frontale est de 0,15 ou 0,16 de pouce, sa distance frontale, quand on l’em¬ ploie sur un objet découvert avec l’oculaire plein de 1/2 pouce, est, sur œ microscope, de 0,015, ce qui donne pour l’angle vertical du triangle de M. Wenham 158°46’, (à peu près comme dans la figure 3, pl. 111). Si, cependant, nous prenons le diamètre du cercle de lumière tel qu’on le voit en regardant par le front de l’objectif, ce qui est Y ouverture éclairée , nous le trouvons de 0,077, ce qui, avec la même distance frontale, nous donne environ 137°26, pour notre angle vertical (fig. 4, pl. III). Chacun de ces chiffres est tellement supérieur à celui annoncé par M. Toiles qu’il suggère un doute sur leur exactitude. Nous procéderons donc à la mesure réelle. A mon microscope (modèle deTolles) est fixé un cercle divisé dont le centre est sur le plan horizontal de l’objet (1). Sur ce cercle court un chariot por¬ tant le miroir, une sous-platine accessoire et un index qui s’arrête au zéro du cercle lorsque le centre du chariot est dans l’axe optique de l’instru¬ ment. J’enlève la sous-platine et me sers de son support comme d’un bou¬ geoir pour tenir une petite bougie ; je renverse le corps du microscope dans l’horizontale et la flamme de la petite bougie me donne un éclairage central. Alors, faisant glisser le support dans sa coulisse autour du cercle divisé, je fais tourner la lumière autour de l’objet comme centre jusqu’à ce que l’image devienne défectueuse ou que le centre du champ s’obscurcisse, et j’obtiens la moitié de l’angle d’ouverture utile de l’objectif. Dans le cas actuel, je trouve 50°, l’ouverture totale pour un objet découvert est donc 100° (fig- S, pl. III). Il y a une objection à faire à cette méthode, c’est qu’en raison de la refraction par la surface inférieure, le rayon ne vient pas directement de la bougie à l’objet. Cette objection est réelle, mais l’erreur provenant de ce fait est excessivement petite à cause de la faible épaisseur de la lame de verre; puis, cette légère erreur sera éliminée par la méthode que je pro¬ poserai en terminant. (A suivre.) D1' G.-E. Blackham, Président de la Soc. Microscopique de Dunkirk (N. Y.) (1) Voir Journal fie micrographie, 1878. Etude sur les microscopes étrangers, p. ?! 8 et description d’un nouveau modèle de M. Toiles, p. 280. 28 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. DIATOMÉES DE E ARCHIVEE DES INDES OCCIDENT AEES. (1) Mémoire communiqué à l'Académie des Sciences de Suède, le 8 mai 1878. (Suite) 50. Alloioneis (?) Grundleri, Cl. et Grun. N. Sp. — Largement linéaire, oblong, avec des sommets cunéiformes ; ligne médiane très-excentrique, un peu arquée; nodule central dilaté transversalement. Stries, transversales, com¬ posées de points distincts et atteignant la ligne médiane : 11 dans 0,01mm., laissant seulement un étroit espace autour du nodule central. Long. 0.075mm. — 0,098 mm.; larg. 0,028 mm . — Fig. 10, —. Iles Vierges; très- rare. — Baie de Campêche (Grünow). Le seul spécimen Ouest-Indien que j’aie dans ma collection répond parfai¬ tement au dessin de la forme de la Baie de Campêche que m’a gracieusement envoyé M. Grünow. Le nom d 'Alioioneis a été proposé par Schumann (Die Diat. de R. Tatra , 1867, p. 73) et caractérisé comme il suit : « Navicula, ab altéra lineæ lon¬ gitudinales parte pinnulis longis, ab altéra parte pinnulis brevibus prœdita, sectione transversâ rhomboideâ. » 51. Alloioneis (Navicula?) Antillarum , Cl. et Grün. N. Sp. Elliptique oblong, ayant à peu près le même contour que le Nav. aspera. — Ligne médiane un peu excentrique et courbe. Stries composées de larges points distincts comme arrangés en lignes obliques irrégulièrement décussées. Les stries arrivent, sur une moitié de la valve, très près de la ligne médiane, ne lais¬ sant qu’un petit espace autour du nodule, mais elles disparaissent sur l’autre moitié à une certaine distance de la ligne médiane qui est par consé¬ quent de ce côté bordée d’une large surface non striée. Larg. 0.12 mm., Fig 11. 1f°. St-Barthélemy, rare. Golfe du Mexique, (A. Grünow). M. Grünow a bien voulu m’autoriser à publier sa description et ses des¬ sins de deux intéressantes espèces des Indes Orientales, voisines des deux dernières espèces : « Navicula (Alloioneis?) Rurzii, Grün. N. Sp. Valve large, lancéolée. Ligne médiane excentrique, courbe, entourée par un espace lisse, excentrique, qui est irrégulièrement élargi au milieu et devient plus étroit vers les extré¬ mités. Le reste de la valve est couvert de granules comme ceux du Navicula aspera , formant des lignes obliques décussées et des lignes transverses plus étroites; 10-11 dans 0,01 mm. Les lignes transverses vont aussi loin que la ligne médiane si l’on emploie un fort grossissement, mais dans la partie lisse de la valve elles ne sont pas formées de granules, et, par suite, à peine visibles. Longueur : 0,09-0,105 mm ; larg. 0,036 mm. Hab. Mangroove Swampe, Eléphant Point, Indes Orientales. Récolté par Kurz. Fig. 12 a, valve. ^ b , frustule entier, La figure montre en partie la surface supé¬ rieure et en partie la surface inférieure, c. granules vus avec l’éclairage central d. granules vus avec la lumière oblique Les lignes longi¬ tudinales sont aussi visibles sur le Navicula aspera , mais pas distincte- ’ ment. » (1) Voir Journal de Micrographie, 1878, p. 507. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 29 « Navicula ( Alloioneis ) curvinervia , Griin. N. Sp. Valve oblongue ou lan¬ céolée avec des extrémités obtuses. Ligne médiane excentrique. Stries légè¬ rement rayonnantes, n’atteignant pas la ligne médiane, interrompues par deux plis nets, longitudinaux, de la valve, lisses (délicatement ponctuées sous un très-fort grossissement et avec un éclairage favorable), 8-9 dans 0,01 mm. Long., 0,068-0,115; larg., 0,022-0, 028mm. Fig. 13, » Hab., Mangroove Swamps, Eléphant Point, Indes Orientales. Récolté par Kurz. » J’ai vu deux frustules entiers. Dans l’un d’eux, les deux lignes médianes sont parallèles, ce qui doit indiquer une affinité avec les Cymbellées, mais dans l’autre frustule les deux lignes médianes sont courbes en sens opposé. C’est un fait très-embarrassant, car les valves des deux frustules ne présen¬ tent aucune différence essentielle. » 52. Plcurosigma formosum , W. Sm. — lies Vierges; très-commun. 53. PI. delicatuluïï) , W. Sm. — St-Barthélemy. 54. PL intermedium , W. Sm. — St-Barthélemy. 55. PL slrigosum, W. Sm. — St-Barthélemy. 56. PL œsluarii , (Bréb.), W. Sm. — St-Barthélemy. 57. PL balticum (Ehb.), W. Sm. — Iles Vierges, St-Barthélemy. 58. Donkinia carinata (Donk.) Ralfs. — Iles Vierges ; rare. 59. Rhoicosigma Reichardtii , Griin. ( Micr . Journ ., 1877, p. 181, pl. 105, fig. 19). Iles Vierges ; rare. 60. Rh. compactum (Grev.) Griin. — lies Vierges, St-Barthélemy ; rare. 61. Rh.AntiUaram, CL N. Sp. Ligne médiane sigmoïde, très-élevée sur une moitié de la valve où elle forme une crête, déprimée sur l’autre moitié. Stries distinctes, transversales : 14-15 dans 0,01 mm. Long., 0,425 ram. Fig. 14, 24£- Iles Vierges ; rare. 62. Amphora obtusa, Greg. (A. Schm. Ail., pl. 40, fig. 4-7.— Amphiprora maxi- ma, Rab. et Jan. Rond., p. 3, Pl. 2, fig. 5-4. — Tcxonidca insignis. 0. Witt. Mus. Godeff. II. 1, p. 70, PL 8, fig. 9.) Iles Vierges. St-Barthélemy; pas rare. 63. A. Clevei , Griin. (A. Schm. Àtl., Pl. 25, fg. 46-48). Iles Vierges. Un seul spé¬ cimen. Long. 0,085 mm.; larg.. 0,034 mm. Stries, 10 dans 0,01 mm. 64. A. turgida, Greg. (A. Schm., Atl , PL 25, fg. 31.) Iles Vierges. 65. A. exornata, Janisch. (A. Schm., Atl., Pl. 39, fig. 26.) Iles Vierges; rare. 66. A. Porcellus, Kitton (A. Schm., Atl.. Pl. 39. fg. 15-17.). Iles Vierges, pas rare. 67. A. cingulata, CL (A. Schm. Atl., Pl. 26, fig. 17). La figure dans l’Atlas de Schmidt ne se rapporte pas parfaitement aux spécimens Ouest-Indiens. Stries, environ 15 dans 0,01 mm. Long., 0,085. 0,102 mm. Fig. 15. Iles Vierges; pas rare. St-Barthélemy. 68. A. bigibba, Griin. (A. Schm. Atl., Pl. 25, fg. 69-75). îles de la Vierge; St- Barthélemy. 69. Cocconeis ( Orthoneis ) punctatissima , Grev. (Micr. Journ. V. page 8,P1.3, fg. 1.) Iles Vierges ; pas rare. 70. Cocconeis ( Orthoneis ) ovata , Griin. — Iles Vierges ; rare. 71. C. ( Orthoneis ) Cribrosa, Griin. — St-Thomas. 72. C ( Campyloneis ) GreviUei,^ . Sm. — Iles Vierges ; rare. 73. C. Scutellum , Ehb.; Iles Vierges ; commun. 74. Achnanthes longipcs, Ag., forma minor. St-Barthélemy. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ' 30 75. Glyphodesmis eximia, Grev. (. Micr . Journ ., II, pag. 235., PI. 10, fig. 7-10. Iles Vierges ; pas rare. 76. Plagiogramma obesum , Grev. (Micr. Journ., VII, p. 211, PL 10, fig. 10-13). Iles Vierges; pas rare. 77. PL decussatum, Grev. (T. M. S. XIV, p. 1, PL I, fig. 122.) Iles Vierges; rare. (PL decussatum var?) Antillarum , CL, N. Sp. Très-large au milieu, diminuant graduellement jusqu’aux extrémités qui sont arrondies. Septa intérieurs, 4, dont 2 près des extrémités, *2 au milieu. Sculpture : points distribués en rangées transversales et longitudinales se croisant l’une l’autre- à angle droit. Rangées transversales, 8 dans 0,01 mm. Longueur, 0,07 —0,08 mm.; Fig . 16. ~. Pas rare. 78. PL Caribœum , CL N. Sp. Contour ressemblant à celui du PL lyralum , Grev. Septa intérieurs, 4, dont 2 près des extrémités, 2 au milieu. Les deux septa centraux sont reliés aux septa des extrémités par un fort sillon mé¬ dian et par deux autres qui suivent les marges de la valve. Sculpture : points distincts ou granules disposés en rangées transversales parallèles ; 8-9 dans 0,01 mm. Long., 0,012. — 0,088 mm. Fig. 17. Iles Vierges; Plusieurs spécimens. 79. PI. attenuatum , Cl. N. Sp. Petit, diminuant graduellement du m ilieu vers les extrémités. Septa, 2 centraux et 2 près des extrémités. Les deux septa centraux forment au milieu un anneau quadrilatère arrondi. Sculpture : petits points disposés en lignes transversales parallèles, pas interrompues ; 10 sur 0,01 mm. Long., 0,05 mm.; Fig. 18.^. St-Barthélemy ; un seul spécimen. 80. PL inœquale , Grev. (Micr. Journ., vol. VII, p. 210, fig. 10.) Iles Vierges. 81. Synedra superba , Külz. Iles Vierges; St-Barthélemy ; pas rare. 82. S. fulgens, W. Sm. St-Barthélemy. 83. S. Frauenfeldii , Grün. (FerA. 1862, PL 4,/?#. 26. Micr. Journ., 1877, p. 167. PL 193, fig. 11). Iles Vierges ; fréquent. 84. S. undulata (Bail.) Greg. Iles Vierges; très-rare. 85. S. Henncdyi , Greg. Iles Vierges; rare. 86. S. nitzschioides , Grün. (Verh. 1862, PL 8, fig. 18). St.-Barthélemy ; rare. 87. Doriphora amphiceros, Kütz. St-Barthélemy. 88. Fragilaria pacifica, Grün. (Verh. 1863, PL 5, fig. 6). Iles Vierges; rare. 89. Dimerogramme Surirella (Ehb.) Grün. Zygoœros Surirella , Elb. ? Zyg. Sur., Roper, Micr. Journ., II, page 76, PL 6, fig. 14. Raphoneis Rhombus, Grün., Verh. 1862, PL 4, fig. 36.) St-Barthélemy, 90. Dimerogramma ventricosum , (Rab.) Grün. (Denticella ventricosa, Rab. et Jan. Fond. Pag. 8, PL 2, fig. 11). Iles Vierges, rare. La forme Ouest-Indienne a, comme la forme observée par Grünow, une area qui est plus large au mi¬ lieu du frustule. 91 Surirella fastuosa , Ehb. Cetteespèce, très-variable, se rencontre fréquemment dans les Indes Occidentales. Var. lepida, A. Schm. (Sur. lepida, Atl., PL 4, fig 4-5.) Iles Vierges. Var. cuneata. 0. W. (Sur. cuneata , A. Schm., Atl. PL 4, fig. 1.) Iles Vierges ; rare. Var. recedens , (Sur. recédais, A. Schm., Atl. PL 14, /ty.,2,3, 4.) St-Bar¬ thélemy, fréquent. — Espèces k peine distinctes. 92. S • patens , A. Schm., (Atl., PL 1-4, fig. 16-17, PL 56, fig. 10-11). Iles Vierges; rare. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 31 * Z?*»»® »«»? l.>96 /'•* 41-r, k 9 ** * * * • Z il'"* “■«««S ,. » » O a hltftg ™^6S6» ^ • ® O O « * *’ ' s % a *»4 40 • •*..v; »'»»».» 1,0 OÔ C ^ C, O « * ° 'gk ÛO* ® I» O® ® > a«.‘ *» . .s* ®V. «° •• * » • 0 f O .<**" o»! »’Saao','J • a « 1 e .1 . SWIFT que pour sa disposition, sa maiin d’œuvre et le travail d’optique, unis au bon mar¬ ché, a obtenu la plus haute, récompense à l’Exposition Interna¬ tionale à Bruxelles, 1376. SEPT MÉDAILLES DE lre CLASSE décernées à l’inventeur, à Londres Paris, Bruxelles et Paris 1n78. J. SWIFT. — Fabrique d’optique de J 'Université 43, University St., Londres, W. C. Catalogues expédiés franco sur demande. Deuxième aimée. N° 2. Février 1879 JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: Revue, par le Dr J. Pelletan. — La fécondation chez les vertébrés, leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — L’ouverture angulaire des objectifs de microscope (suite), par M. G.-E. Blackham. — La spermatogénèse étudiée chez les Gastéropodes pul- monés (fin), par le Dr Mathias Düval. — Procédé technique pour l’observation des em¬ bryons de poisson par M. F.*Henneguy. — Diatomées de l’Archipel des Indes occidentales (suite), par le professeur P -T. Cleve. — Notes sur quelques diatomées, par M. F. Kitton. — Description d’espèces nouvelles de diatomées, par le professeur H.-L. Smith. — Reproduction des diatomées. — Description du microscope d’étudiant de MM. Watson et fils, de Londres. — Société Royale Microscopique de Londres, par le Dr F. -O. Lynx — Le cabinet de microscopie de MM. Arthur C. Cole et fils, de Londrés. — Lettre du professeur E. Abbé. — Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie. — Avis divers. - — ■■■— . - REVUE Par un accident de mise en pages, deux articles ont manqué dans notre numéro de janvier dernier, Pun indiqué dans le Som¬ maire et relatif à la « préparation des champignons microscopi¬ ques » par M. Williams, et l’autre intitulé « notes sur quelques Diatomées » parM. F. Kitton, annoncé par nous-même dans la Revue. Ces deux articles sont, comme on dit, restés sur le marbre à l’imprimerie et nous réparons, en partie au moins, cet oubli dans le présent numéro. Dans ce même présent numéro, nous espérions pouvoir offrir à nos lecteurs diatomistes les observations « sur quelques nou¬ veaux genres et espèces de Diatomées » que M. Paul Petit a in¬ sérées dans Les Fonds de la Mer,e t dont M. Kitton a lu la traduc¬ tion, au mois de juin dernier, à la Société R. Microscopique de Londres. Il s’agit dans cette note des Diatomées de File Camp¬ bell dont M. Paul Petit a publié la liste en 1874. Malheureusement, quand nous nous sommes adressé à l’auteur pour lui demander 48 JOURNAL DK MICROGRAPHIE. l’autorisation de reproduire son travail, il nous l’a refusée carré¬ ment. C’était incontestablement son droit, et nous nous abstien¬ drons de toute réflexion à ce sujet. Nous serons donc obligé de nous borner à donner une analyse plus ou moins détaillée des notes de M. Paul Petit, ce que nous ferons dans notre prochain numéro. Et puisque nous en sommes aux Diatomées, annonçons que la troisième série des Diatomées de MM. P. -T. Cleve et J.-D. Môller est parue. Elle va du N° 109 au N° 168 et comprend, en outre des 42 préparations consacrées aux espèces isolées, 18 slides contenant les Diatomées de Java, des Barbades, de la Baie de Cam- pêche, de la Corse, des Iles Baléares, de Fiskebâckskil, de Ly- sekil,de Kobbe-Bay,du Spitzberg,de Waltham (Massachusetts), des Ferôe, de Gottland, de Suède, des Iles Nicobar, de Santa-Monica, Los Angeles (Californie), du Jutland, du Danemarck et de Cherry- field (Maine, Etats-Unis). Nous publierons d’ailieurs le catalogue de cette remarquable collection dont l’édition, tirée à un nombre restreint d’exemplaires, est sur le point d’être épuisée. Les séries de MM. Cleve et Môller constituent certainement l’une des meilleures collections de Dia¬ tomées que nous connaissions. Bien que le nom du professeur Cleve suffise pour garantir le soin qui a été apporté à la recon¬ naissance des espèces et à leur désignation, toutes les prépara¬ tions ont été, pour plus de sûreté, examinées par M. Grünow. Chaque série contient 60 préparations et son prix n’est que de 50 francs. ★ * * M. Maxime Cornu a entrepris une campagne contre le Pero- nospora gangïiiformis , Berk, champignon voisin de celui qui produit la maladie des pommes de terre et qui attaque les salades (laitues et romaines) chez les maraîchers des environs de Paris où il produit ce qu’on appelle « le meunier ». Les dégâts sont assez considérables pour qu’un groupe de maraîchers ait offert un prix de 10,000 francs à celui qui trouvera le moyen de détruire le meunier. Ce champignon, qui attaque aussi les artichauts, détermine à la face inférieure des feuilles des houppes blanchâtres, farineuses, puis des taches foncées de tissu bruni et desséché. Dans une première note insérée aux Comptes rendus de r Academie des Sciences (T. lxxxvii, 1878) M. Cornu décrit la maladie, et dans une seconde ( Comptes rendus , même volume) il indique un traitement rationnel de la maladie, traitement qui JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 49 consiste à empêcher par tous les moyens possibles l'extension et la production locale du parasite, et à protéger les plantes saines contre les spores. Annonçons la création d’un nouveau journal consacré à la Bota¬ nique cryptogamique, c'est la Revue Mycologique , fondée à Toulouse par M. G. Roumeguère. Cette publication, qui est trimes¬ trielle, comprend 4G pages de texte, et son premier numéro con¬ tient une planche lithographiée. Nous ne saurions trop féliciter M. Roumeguère de l’initiative qu’il vientde prendre; peu àpeu les branches spécialisées de la science finiront ainsi par avoir des or¬ ganes en France comme elles en ont depuis longtemps déjà dans tous les pays voisins. Aussi nous souhaitons vivement la réussite de la Revue Mycologique , réussite qui d’ailleurs nous paraît assurée. * * * A l’Académie des Sciences continue la querelle Pasteur-Ber- thelot, querelle assez amusante pour la galerie et dont les ensei¬ gnements, scientifiques au moins, sont à peu près nuis. En dehors de cette discussion aigre-douce, mais plus aigre que douce, et dans laquelle la doctrine du Grand-Maître des fermentations pour¬ rait bien recevoir de notables accrocs, nous aurons cependant à signaler quelques travaux relatifs à des questions de notre pro¬ gramme : Une communication de M. J. de Seynes sur la Maladie des Châtaigniers , maladie causée par un champignon dont le mycé¬ lium est analogue à celui de certains Dématiés; nous reviendrons sur ce travail. Une autre communication de M. Plarichon sur le même sujet. Un travail de M. Mégnin sur le développement et les métamor¬ phoses des Tœnias. Recherches sur le développement des œufs et de l' ovaire chez les mammifères après la naissance , par le professeur Ch Rouget, de Montpellier. Nous reproduirons l’extrait de ces recherches qui a été inséré aux Comptes rendus. Sur la terminaison des artérioles viscérales de VArion ru fus, par M. S. Jourdan. De la structure intime du système nerveux central chez les Crus¬ tacés Décapodes , par M. Yung. * ¥ Le journal de la « Boy al microscopical Society », de Lon¬ dres, contient un intéressant travail de M. G. -T. Hudson sur 50 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. YOEcistes umbella,\e Conochilus volvox et quelques autres Rotifères. Nous donnerons dans notre prochain numéro la traduction inté¬ grale de ce mémoire dont nous faisons reproduire par l’hélio- graphie les deux planches lithographiées. Cette étude est suivie d’un long travail sur une recherche nouvelle des limites de la vi¬ sion microscopique et l'application inexacte de la loi optique de Fraünhofer sur la vision parle Dr Royston-Pigott ; puis, d’une note de M. F. Crisp,l’un des secrétairesde la Société R. Microscopique, sur quelques formes récentes de chambre claire. Dans ce tra¬ vail il est question de la nouvelle chambre claire du Dr Ilofmann, de Paris, dont nous donnerons prochainement la description com¬ plète, de la chambre claire de M. Pellerin, de Paris, de celle de M. J. Swift, qui nous paraît avoir la plus frappante des ressem¬ blances avec la chambre claire de M. Nachet, l’une des meilleures que nous connaissions, (laquelle est celle de M. Govi), et de quel¬ ques autres. Une autre chambre claire qui paraît fort ingénieuse et commode, bien qu’un peu compliquée, est dueauD1' Cunningham Russell qui en donne une bonne description. MM. John Mayall, D* James Edmunds, .1. Ware Stephenson, publient dans le même fascicule une série de notes sur les éclairages à immersion ; nous préparons nous-même un travail sur ce sujet qui paraîtra dans notre prochain numéro. Enfin M. Kitton publie quelques obser¬ vations sur le Thalle des Diatomées à propos de Uarticle du D1 Matteo Lanzi, sur le même sujet, que nous avons publié ré¬ cemment (1). Le journal « du Quckett Microscopical club (n° 38) contient un travail de M. G. Williams sur un appareil à employer avec le « Buir eyes illuminator » de Poivell et un article de M. F. Crisp sur Yinfluence de la diffraction dans la vision microscopique . Le Science-Gossip (février 1879) contient sous le titre « Con¬ seils aux jeunes microscopistes » un petit article dans lequel Fauteur indique la construction d’un support pour appuyer le front et rendre immobile la tête 'de l’observateur lorsqu’il dessine à la chambre claire; — sur une plaque de cuivre servant de base sont fixés deux montants verticaux dont l’écartement est égal à la lar¬ geur du front. Une barre transversale, enveloppée de drap ou de toile fine, descend entre les deux tiges sur lesquelles elle se fixe, à la hauteur voulue, par deux vis de pression. C’est sur cette barre que Fopérateur appuie son front. Ce n’est pas compliqué. — Un autre appareil que conseille Fauteur est une bouteille à laver, ce que, dans nos laboratoires, nous appelons vulgairement une pis- sette, dans laquelle le tube coudé, en verre, dont on tient l’extrémité à la bouche, est remplacé par un bout de tube droit sortant dun (l) Journal de Micrographie, T. Il, 1878, p. 511. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 51 pouce ou deux du bouchon, et coiffé d’un tube en caoutchouc d une longueur convenable, terminé lui-même par un autre bout de verre servant d’embouchure. — Il y a quelque dix ou quinze ans que nous nous servons de cet appareil. — Un autre instrument est décrit par M. Alb, Smith, c’est une cuve pour les petits organismes vivants, ce que les microscopistes anglais appellent « live-box ». Cette cuve consiste en un anneau de caoutchouc, formant cellule, que l’on place entre deux lames de verre. Les deux lames sont serrées par deux bandes de cuivre sous lesquelles on pousse de petits coins de bois pour obtenir une pression convenable. Dans le même journal, M. Alex. Mac Aldowie publie un article sur les couleurs des animaux et V arrangement du pigment chez les Lépidoptères. Ce travail ne nous paraît contenir aucune donnée nouvelle. U American quaterly Microscopical Journal de Janvier contient : « Nouveaux Rhizopodes, » par le professeur W.-S. Bernard. Il s’agit des espèces : Echinopyxis tentorium , E. hemisphærica et Euglypha tegulifera. « Étude sur un Distome , » par le Dr C.-H. Stowell. Ce Distome habite la vessie de la grenouille. « Sur l’erreur probable dans les mesures micrométriques , » par le Dr E.-W. Morley. « Sur les fissures-inclusions dans le gneiss fibrolithique de New- Rochelle ( Etat de New-York ) » par M. Alexis-À. Julien. Nous es¬ pérons pouvoir donner prochainement de cet important travail, au moins une analyse détaillée. « Classification des algues par M. A. B. Hervey. Nous tradui¬ rons in extenso cet excellent mémoire qui n’est pas encore com¬ plètement paru. « U Ampoule de Vater et les canaux pancréatiques chez le chat domestique , » par M. Simon-H. Gage. « Conseils pratiques pour préparer et monter les tissus ani¬ maux , » par le Dr Cari Seiler. « Observations sur plusieurs formes de Saprolégnées , » par M.T.-B. Hine. C’est la lin du mémoire que nous avons déjà signalé et que nous reproduirons en entier. Enfin, une lettre du Dr Abbé, d’iéna, répond à une assertion du Dr H.-L. Smith, dans son article sur l’objectif 1/8 de pouce à im¬ mersion dans l’huile de Cèdre, de Zeiss, article que nous avons publié ; il est donc juste que nous reproduisions la réponse du D1 Abbé. Nos lecteurs la trouveront dans le présent numéro. 52 JOURNAL DE MICROG1UPH1E. L’ American Journal of Microscopy , (décembre 1878) donne un article extrait du Young Scientist , sur « ce quon peut faire avec un microscope à bon marché »; une note du Dr S. M. Mouser sur le microscope en médecine; une réponsede M.G.-E. Blackham, extraite du Cincinnati medical News, à un amusant article de M. L.-R. Peet, de Baltimore, sur la classification des microscopistes ; YEx- plication populaire de V examen de la levure , extraite du London Brewer s journal ; « Un procédé pour V examen de V urine, » par M. R. Hitchcock ; « Sur la Biotite , forme pseudomorphique de TOli- vine , » par M. le prof. A. -A. Julien. Enfin Y Am. Journal reproduit la lettre que nous avons insérée dans notre dernier numéro et dans laquelle le comité de l’Étalon Micrométrique fait appel aux Sociétés micrographiques et aux mi¬ croscopistes sur les mesures à prendre à ce sujet. M. John Phin, éditeur du journal américain, fait suivre cette lettre des observa¬ tions suivantes : « Nous croyons qu’il serait, en ce moment, maladroit d’exiger im¬ pérativement l’adoption d’un système quelconque. U conviendra de conseiller vivement l’emploi du système métrique, mais toute réso¬ lution qui aurait pour but d’exclure les travaux dans lesquels ce système ne serait pas adopté doit être rejetée. « Aucune pièce de verre ou de cuivre ne peut être déclarée comme « Y étalon. » L’étalon auquel les micromètres doivent être définitivement rapportés est le mètre de Paris et ses subdivisions. Il sera utile, néanmoins, d’avoir la copie vérifiée d’une portion de ce mètre en la possession de quelque Corps national, et l’on pourra y avoir recours pour lui comparer les autres micromètres. Mais il est évident que cette pièce ne peut pas être « Y étalon » et qu’elle ne peut pas être reconnue comme telle par les microsco¬ pistes d’Europe, aux travaux de qui il est si souvent désirable que nous puissions comparer les nôtres. » Quant à Limité, nous sommes décidément favorable au pouce pour le système anglais et au millimètre pour le système métrique. Toute nouvelle unité, non familière aux hommes de science en général doit être évitée. Et il faut se rappeler que l’on trouve parmi les microscopistes des savants cultivant presque toutes les branches de la science. A une foule d’amateurs qui n’emploient le microscope que par amour de l’instrument lui-même, il faut ajouter nombre de botanistes, zoologistes, physiologistes, chimistes, phy¬ siciens, géologues, etc., etc., qui se servent de cet instrument, et il est très-important qu’aucune barrière ne soit élevée entre ces travailleurs. Le pouce et le millimètre sont connus dans le monde entier et de tous ceux qui ont les moindres rapports avec la science; une nouvelle unité ne serait familière qu’à peu de per- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 53 sonnes, aussi faut-il leviter. D’ailleurs, il n’y a pas de nécessité de la chercher. L’établissement de la division décimale est tout ce dont il s’agit. » * * * L 'American Naturalist (janvier 1879) nous apporte un inté¬ ressant article du professeur J.-E. Todd sur les fécondations croisées chez les fleurs. Dans la partie spécialement micrographique et dirigée par M. R.-H. Ward, nous lisons l’exposition d’un procédé dû au Dr G. -B. Johnson pour enlever les balles d’air des préparations, note dont nous donnerons prochainement la traduction; puis un extrait du travail du Dl W.-A. Rogers, de l’Observatoire d’Har- vard-College, sur la limite de l'exactitude dans les mesures micrométrique . Dans le même recueil nous voyons qu’à une récente réunion de la Société Microscopique de l’Etat d’Illinois, M. Bulloch a fait remarquer que la vis universelle adoptée pour les objectifs ( Society screiu est trop petite de diamètre et qu’il y aurait nécessité à l’agrandir pour les objectifs de faible pouvoir amplifiant, mais de très grand angle d’ouverture ; aussi quelques opticiens américains, qui construisent de ces objectifs, ont-ils déjà adopté à cet effet une vis spéciale. — 11 serait très-désirable qu’un diamètre uniforme fût adopté. * * * Enfin le Naturforscher , de novembre 1878, publie un article sur la reproduction des Diatomées , article dont nous donnons l’analyse, ainsi que celle du travail de M. Babikoff sur le dévelop¬ pement des céphalodies sur le thalle des Lichens , travail contenu dans le Bulletin de l'Académie impériale des sciences de St-Péters - bourg, Y. XXIV, N° 4. ★ * * Annonçons, en terminant, que MM. R. Friedlânder et fils, les célèbres éditeurs scientifiques de Berlin, viennent de fonder à par¬ tir du 1er janvier dernier, et sous le titre de Naturæ Novitates, une publication paraissant tous les quinze jours et indiquant le titre, le lieu de publication, le format et le prix de tous les ouvrages nouveaux publiés dans tous les pays sur l’histoire naturelle et les sciences exactes. Le prix de l’abonnement de cet utile recueil bibliographique est de 5 francs par an. Les Naturæ Novitates sont appelées à rendre de grands services à tous les savants; aussi nous pensons que leur avènement sera favorablement accueilli par nos lecteurs. D1 J. Pelletan. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 54 TRAVAUX ORIQINAUX LA FÉCONDATION CHEZ LES. VERTÉBRÉS (Leçons faites au Collège de France par le professeur Balbiani). I. . Spallanzani a opéré la fécondation artificielle de l’œuf en enduisant celui-ci avec la liqueur spermatique du mâle, sur le ver-à-soie du mûrier, et il a réussi. Mais cette expérience n’est pas convaincante car le dévelop¬ pement de l’œuf qu’il a observé pouvait être un phénomène parthénogéné- sique, le Bombyx du mûrier étant l’un des insectes chez lesquels on a reconnu la parthénogénèse, et d’autant plus que Spallanzani ajoute qu’il a opéré sur une race polyvoltine, c’est-à-dire se reproduisant plusieurs fois dans une année, et que ses expériences ont réussi, tandis que sur une race univoltine elles ont échoué. Spallanzani fit de nombreuses expériences sur les œufs des Batraciens. 11 prouva d’abord que la fécondation ne se produit pas par l’évaporation de la partie liquide du sperme, par une émanation, une aura semina- lis. Il plaça des œufs de grenouille à l’état de maturité au-dessus d’un vase contenant du sperme, de manière qu’ils pussent recevoir l’émanation de la partie liquide de la semence contenue dans le vase, et aucune féconda¬ tion ne s’en suivit. Il démontra encore que la fécondation n’est pas due davantage à la partie liquide elle-même du sperme, car en filtrant celui-ci, la fécondation opérée avec la liqueur filtrée était d’autant moins nombreuse que le filtre était plus épais ou formé d’un plus grand nombre de feuilles de papier. Le nombre de fécondations était en raison inverse du nombre des feuilles; et, en effet, le nombre des spermatozoïdes arrêté était d’autant plus grand que le filtre était plus épais. Six ou sept feuilles de papier suffi¬ saient pour arrêter tous les spermatozoïdes et la fécondation n’avait plus lieu. Prévost et Dumas, Newport, Leuckart ont repris les expériences de fil¬ tration du sperme et sont arrivés au même résultat. Leuckart entre autres a placé des œufs de grenouille dans une poche formée avec une membrane de vessie ou une anse d’intestin et a plongé cette poche dans de 1 eau conte¬ nant des spermatozoïdes en suspension, et aucune fécondation nés en est sui¬ vie. Des œufs pris dans l’ovaire, plongés de même dans la liqueur séminale ne se développèrent pas davantage; mais, dans ce cas, on peut dire qu’ils n’étaient pas à maturité, car le seul signe de leur maturité est leur chute de l’ovaire dans l’utérus. Cette expérience négative doitdonc être supprimée. Une condition importante pour que la fécondation artificielle soit possible est que les éléments du sperme soient absolument intacts et pourvus de toute leur motilité, que non-seulement leur mouvement ne soit pas aboli, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 55 mais même qu’il ne soit pas ralenti, car leur motilité perdue, les sperma¬ tozoïdes ne sont plus aptes à féconder les œufs. Sous ce rapport, on observe les différences les plus grandes, depuis la truite chez laquelle la moitié des spermatozoïdes, au seul contact de l’eau, a déjà perdu son mouvement an bout de 15 à 30 secondes au plus, jusqu’aux Mammifères chez qui cette motilité dure 2,3 ou 4 jours, suivant que les conditions sont plus ou moins favorables. Entre ces limites, on trouve tous les degrés possibles de vitalité. Chez d’autres poissons les zoospermes conservent leur mobilité plus long¬ temps que chez la truite, tels sont : la perche, le barbeau, le brochet, le gardon, dont les spermatozoïdes vivent de deux à trois minutes dans l’eau, suivant les observations de Coste. M. Balbiani ne connaît pas d’animal chez les spermatozoïdes aient une vitalité aussi courte que chez la truite, ou peut-être d’autres poissons voisins sur lesquels il n’a pas eu l’occasion d’expérimenter. Chez les Batraciens, la liqueur séminale conserve ses propriétés plus longtemps : trente heures chez la grenouillle, le sperme étant mélangé avec de l’eau et tenu à la température ordinaire de 10° à 15°, et le double s’il est placé dans une glacière à 0°, ainsi que Coste l’a constaté. Ce que la perte spontanée des mouvements peut produire, l’addition de substances chimiques peut le réaliser aussi. Ces faits sont connus; mais au premier abord on pourrait croire que certaines de ces substances n'exer¬ cent pas d’action nuisible parce qu’elles n’empêchent pas la fécondation. Ainsi l’eau éthérée, chloroformée, l’eau alcoolisée, même avec 10 pour cent d’alcool absolu, n’empêchent pas la fécondation des œufs de truite dans la proportion ordinaire; mais cela ne tient pas à ce que les substances chimiques n’agissent pas sur le spermatozoïde, cela tient à ce que la fécon¬ dation, la pénétration du spermatozoïde dans l’œuf, est tellement rapide que l'élément fécondateur s’est déjà mis à l’abri de la substance toxique sous la membrane de l’œuf. Les résultats sont différents avec les œufs des animaux chez lesquels la fécondation se fait plus lentement. La facilité que l’on a de produire sur les animaux des fécondations arti¬ ficielles a permis de faire des expériences très-intéressantes et de résoudre des questions dont la solution eût été très-difficile sur d’autres animaux. C’est ainsi qu’on a cherché à savoir la quantité de liqueur séminale qui est suffisante pour produire une fécondation. Cette question a été étudiée par Spallanznai, Prévost et Dumas, Newport, etc. Spallanzani mêla une quantité de sperme qui, représentée en poids actuel, équivaut à 0 gr. 032 avec 500 grammes d’eau; puis il trempa dans ce mélange la pointe d’une aiguille à coudre, et avec la gouttelette restée adhérente à la pointe, il put féconder un certain nombre d’œufs. Il estime le poids de la semence tenue à la pointe de l’aiguille à de grain, ou en chiffres décimaux, à 0 gr. 00000008, huit cent-millionnièmes de gramme. Prévost et Dumas, suivant le même ordre d’idées, réussirent à féconder 113 œufs de crapaud avec 0 gr.012 de liqueur séminale, chiffres qui sont beaucoup plus précis. 56 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Quant au nombre de spermatozoïdes qui sont nécessaires pour opérer une fécondation, c’est beaucoup plus difficile à établir. Dans une féconda¬ tion artificielle le nombre des spermatozoïdes est toujours beaucoup plus considérable que celui des œufs, mais ce fait a peu d’importance, car on sait qu’un très-grand nombre de corpuscules séminaux périssent avant de se mettre en rapport avec les œufs pour les féconder. Quant le poisson déverse ses œufs dans l’eau pour féconder une ponte, une grande partie de la semence est entraînée par les courants. Prévost et Dumas ont constaté que 225 filaments spermatiques ont suffi pour féconder 61 œufs sur 280 mis en expérience, c’est-à-dire environ 4 par œuf. Mais, dans ces derniers temps, on a pu suivre directement et sous le microscope, le phénomène de la fécondation et l’on a pu s’assurer qu’un seul spermatozoïde suffit pour déterminer le développement de l’œuf en embryon, et, bien qu’il puisse en pénétrer plusieurs sous la membrane vitelline, un seul se met réellement en contact avec la partie plastique de l’œuf et détermine sa transformation. Nous examinerons par la suite tous ces phénomènes en détail, et nous rechercherons si la fécondation est un acte instantané ou si le contact doit se prolonger pendant un certain temps. Pour la truite, nous avons vu que 30 secondes suffisent à la fécondation, mais on a fait des expériences pour reconnaître le temps nécessaire au même phénomène chez les Batraciens. Newport a publié à ce sujet, en 1750, dans les Philosophical Transactions de la Société royale de Londres, sous le titre de : « Imprégnation de l’œuf chez les amphibies », un mémoire qui n’a malheureusement pas été traduit, mais qui est rempli des renseignements les plus intéressants. 11 a plongé des œufs de grenouille dans l’eau spermatisée, les a transportés ensuite dans une solution de nitre, qui a la propriété de tuer instantanément les * spermatozoïdes, et s’est assuré que, même avec un intervalle d’une seconde entre les deux immersions la fécondation avait lieu : le contact instantané suffirait donc pour opérer la fécondation. Il est vrai qu’un petit nombre seu¬ lement d’œufs donnèrent des têtards, d’où l’on peut inférer que ce contact instantané n’avait produit qu’une fécondation incomplète, c’est-à-dire qui n’avait pas agi sur la plupart des œufs. Leuckart a recommencé ces expériences et est arrivé aux mêmes résultats. Il a vu que beaucoup d’œufs ne se développent pas après cette double impré¬ gnation, et que, quel que soit le temps qui sépare les deux immersions, la solution de nitre exerce toujours une influence nuisible sur les œufs et arrête le développement d’un plus ou moins grand nombre. Une observation bien plus instructive et probante est celle qui se fait sous le microscope ; nous verrons ainsi que la fécondation n’est pas un fait instantané et qu’il se produit une série de phénomènes qui se déroulent sous les yeux de l’observateur et exigent un certain temps ; — ce qui est instantané, c’est la pénétration du spermatozoïde à travers les membranes de l’œuf. Quant au mécanisme de cette fécondation, il est facile déjà de reconnaître quelques détails. Quand on place dans l’eau d’un récipient un œuf de gre¬ nouille entouré de sa glaire albumineuse et tel qu’on l’extrait de l’utérus JOURNAL DE MICROGRAPHIE. S7 d’une femelle pendant l’accouplement, (car c’est à cette époque que les œufs sont mûrs et arrivent dans cette partie terminale de l’oviducte qu’on appelle utérus), on voit que la glaire extérieure se gonfle, se sature d’eau, et l’œuf acquiert un volume double ou triple de sa grosseur primitive. Mis ensuite au contact de la semence, l’œuf ne présente plus de modification appréciable: il reste stérile, — et il suffit d’une demi-heure d’immersion dans l’eau pour qu’il devienne inapte à la fécondation. Comment expliquer ce phénomène ?— Evidemment l’œuf lui-même, le vitellus, n’a pas subi d’altération; il n’y a là qu’une cause mécanique, comme Spallanzani l’avait déjà reconnu. Prévost et Dumas, après Spallanzani, l’attribuaient à ce que la couche albumineuse qui, dans l’état normal, présente ce qu’ils appelaient des porosités pour le passage des spermatozoïdes, n’offre plus ces porosités qui sont obstruées, fermées par le gonflement de la glaire. Depuis la décou¬ verte des phénomènes osmotiques, il est plus naturel de dire que les cou¬ rants endosmotiques ne peuvent plus se produire à travers cette couche gonflée, modifiée, que l’équilibre ne peut plus s’établir entre les liquides extérieurs et intérieurs. Un certain instinct apprend d’ailleurs aux mâles que les œufs gonflés et macérés ne sont plus fécondables, et leur enseigne que; s’ils n’arrosent pas de liqueur séminale les œufs aussitôt leur sortie, ceux-ci sont fatalement destinés à périr. Coste a fait beaucoup d’expériences pour reconnaître au bout de combien de temps les œufs immergés, dans l’eau perdent leur aptitude à la féconda¬ tion. Avant lui on croyait, d’après Prévost et Dumas, qu’il fallait de 2 à 3 heures. Coste a pris des œufs mûrs dans l’utérus d’une grenouille et les a mis séjourner dans l’eau pendant des temps différents, puis les a placés en contact avec du sperme. Il a trouvé qu’en les fécondant immédiatement après leur extraction de l’utérus, sur 140 œufs, il y avait 136 fécondés et 4 restaient inféconds; après 5 minutes de séjour dans l’eau, il y en eut 67 fécondés et 73 inféconds; après 10 minutes, 47 fécondés et 93 inféconds ; après 15 minutes, 23 fécondés et 117 inféconds; après 30 minutes, 5 fé¬ condés et 135 inféconds, et après 60 minutes aucun ne fut fécondé, les 140 restèrent inféconds. 11 ne faut donc qu’une heure de séjour dans l’eau, pour rendre les œufs incapables d’être pénétrés par les spermatozoïdes. D’autre part, Leuckart a observé que si, après avoir tué l’animal on laisse ses œufs dans l’utérus, ils peuvent encore être fécondés après 12 heures. Coste a trouvé que si on les laisse pendant 24 heures dans un vase, sans eau, mais dans une atmosphère humide pour qu’ils ne se des¬ sèchent pas, ils sont encore aptes à la fécondation. Il résulte de toutes ces expériences que l’enveloppe glaireuse des œufs de grenouille est l’agent mécanique qui détermine le transport du spermato¬ zoïde dans l’œuf, et Spallanzani avait déjà démontré l’importance de cette intervention. Il a trouvé que cette couche jouit d’une conductibilité , pour ainsi dire, telle que si deux ou trois œufs, se trouvent en contact, réunis et adhérents, comme un petit chapelet, par la matière glaireuse, il suffit de féconder un seul de ces œufs pour que les deux autres soient aussi fécondés. Dans une autre expérience, il a pris un œuf et a étiré de chaque côté d’un 58 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. diamètre la matière glaireuse en un filament long d’un pouce, l’œuf res¬ tant à la partie centrale ; puis il a touché avec un peu de sperme l’une des extrémités du filament, et celui-ci a conduit les spermatozoïdes jusqu’à l’œuf qui a été fécondé. Ou bien encore, il a mis au fond d’un tube de verre une cinquantaine d’œufs et les a recouverts avec une couche de matière glaireuse enlevée à d’autres œufs. Sur cette couche, il a déposé un peu de sperme, et tous les œufs ont été fécondés au fond du tube. Et quand, au lieu de glaire, il prenait du blanc d’œuf de poule ou d’autre oiseau, il n’y avait plus de conductibilité pour les spermatozoïdes et les œufs n’étaient plus fécondés. Il y a, du reste, un moyen très-simple et des plus intéressants de suivre la marche des spermatozoïdes dans la glaire. On coupe cette couche glai¬ reuse en tranches minces et on examine celle-ci sous le microscope. On voit alors les spermatozoïdes qui s’y fraient une route. On ne les trouve d’abord qu’à la périphérie et dans les bords de la coupe, mais peu à peu on les voit parvenir dans les couches centrales et arriver au vitellus. D’après Coste, qui le premier a fait cette observation, c’est au bout de 9 à 10 mi¬ nutes que les spermatozoïdes commencent à se faire voir dans les couches les plus profondes; ils n’y deviennent nombreux qu’après un quart d’heure. On croirait alors, selon la pittoresque expression de Coste lui-même, quand on examine un œuf entier pénétré par les spermatozoïdes, voir une pelote ronde dans laquelle seraient enfoncées des épingles à diverses profondeurs. Ce que nous venons de dire s’applique aussi aux Poissons osseux qui ont une glaire autour de leur œuf, comme la perche. Mais c’est un cas rare, car les poissons osseux ont ordinairement un œuf nu. Chez la perche, il se produit un phénomène semblable, et le spermatozoïde se fraie un pas¬ sage à l’aide des courants déterminés par l’eau dans la couche glaireuse. Chez les autres Poissons, comme la truite, le saumon, l’épinoche, le bro¬ chet, dont les œufs n’ont pas de glaire, les spermatozoïdes se trouvent directement à la surface de l’œuf et arrivent très-rapidement, à travers l’ouverture, au micropyle qui existe dans la capsule épaisse servant d’en¬ veloppe à l’œuf de tous les Poissons osseux. Ce micropyle est une ouver¬ ture qui présente à peine le diamètre de la tête d’un spermatozoïde et par laquelle pénètrent les spermatozoïdes ou le spermatozoïde, car, en péné¬ trât-il plusieurs, un seul arrive à se mettre en contact avec le vitellus. Du reste, les œufs de ces Poissons, plongés dans l’eau avant la fécon¬ dation, perdent aussi rapidement que ceux des Batraciens la faculté d’être fécondés; aussi les mâles se hâtent-ils d’arroser les pontes de leur se¬ mence. Mais cette peite de propriété n’est pas due à la même cause, la saturation par l’eau de la couche albumineuse, puisque cette couche n’existe pas. Lorsqu’on plonge dans l’eau un de ces œufs, de truite ou de saumon, l’eau imbibe promptement cette membrane épaisse et pénètre au-dessous, non pas seulement par le micropyle, mais par les canaux poreux dont elle est criblée et qui sont autant de voies ouvertes par les¬ quelles l’eau s’introduit, mais elle s’arrête au-dessous de la capsule et y forme une couche très-mince entre la paroi interne de la capsule et la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 69 couche périphérique du vitellus dans lequel elle ne pénètre pas. Ce vi- tellus, en effet, et particulièrement sa couche périphérique, est formé d’une substance résistante. Aussi quelques auteurs ont-ils admis l’existence d’une membrane limitante, imperméable, à la surface du vitel¬ lus et au-dessous de la capsule épaisse, poreuse, formation adventice, qui n’existe que sur l’œuf des Poissons parmi les vertébrés, production de la couche épithéliale de l’œuf, et qui n’est pas une véritable membrane vi¬ telline. Cette seconde membrane, imperméable et mince, qui enveloppe¬ rait le vitellus et qui serait la vraie membrane vitelline, n’a malheureuse¬ ment été reconnue par aucun observateur. Vogt et Lereboullet se sont précisément fondés sur cette action de l’eau sur l’œuf pour en établir l’existence. Mais comme cette membrane vitelline n’a jamais été décou¬ verte, il faut admettre qu’elle n’existe pas, et par conséquent chercher une autre explication du phénomène qui nous occupe. Ce qui arrête la pénétration de l’eau dans le vitellus, c’est la couche périphérique ou corti¬ cale de celui-ci, couche qui présente des caractères différents de ceux du vitellus central. Elle contient des vésicules protoplasmatiques danslesquel- les sont plongés des globules huileux, parfois colorés, rouges chez le saumon, ce qui donne aux œufs de ce poisson la nuance qu’on leur con¬ naît. Cette couche enveloppe toute la masse centrale et forme un obstacle infranchissable à l’eau. Cela est si vrai que si, par une cause quelconque, le froissement, une pression trop peu ménagée, (comme cela arrive quand on provoque l’expulsion des œufs par la pression du ventre de la femelle pour la fécondation artificielle), la couche corticale vient à être interrom¬ pue, l’eau pénètre par la solution de continuité dans le vitellus et celui-ci se coagule. La substance du vitellus, en effet, se coagule par l’action de l’eau et prend l’aspect d’une pâte blanchâtre, visqueuse, s’étire en fila¬ ments et n’est plus apte à nourrir l’embryon. C’est cette transformation qui donne aux œufs, dont la couche corticale a été rompue et le vitellus pénétré par l’eau, cet aspect d’un blanc mat qui les fait immédiatement reconnaître, comme altérés, par le pisciculteur. Il importe peu que l’eau pénètre au-dessous de la capsule après que l’œuf a été fécondé et quand il est en voie de développement ; l’eau est même nécessaire à l’évolution de l’embryon ; elle pénètre et elle séjourne dans l’œuf pendant toute la durée du développement, mais si elle s’y intro¬ duit avant la fécondation, elle empêche les manifestations de certains phé¬ nomènes qui accompagnent la fécondation chez les Poissons, phénomènes que nous étudierons de plus près et que nous pourrons examiner sous le microscope. Si au lieu de plonger les œufs dans l’eau on les conserve à sec, on peut les garder beaucoup plus longtemps. C’est ce que démontre une expé¬ rience faite au Collège de France. On a conservé les œufs à sec pendant deux jours et on les a mis en contact avec du sperme conservé lui-même pendant quatre jours ; on a obtenu ainsi la fécondation de 32 œufs sur 40, ce qui est à peu près la proportion ordinaire. Dans une autre expérience on a mis en contact des œufs conservés sans eau pendant quatre jours avec 60 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. du sperme frais, et l'on n’a obtenu que 5 œufs fécondés sur 20. Enfin, sur 22 œufs conservés sans eau pendant cinq jours et mis en contact avec de la lai¬ tance fraîche, pas un n’a été fécondé. Ces expériences ont été faites avec des œufs de truite, et, naturellement, en hiver, puisque c’est dans cette saison que la truite pond. Les œufs des poissons qui fraient en été se seraient certainement altérés beaucoup plus rapidement. Ces faits étant connus, nous avons maintenant à examiner les phéno¬ mènes de la fécondation sur les animaux chez lesquels la fécondation se produit à l’intérieur. (.4 suivre.) OUVERTURE ANGULAIRE DES OBJECTIFS DE MICROSCOPE (Suite) (1) Prenons maintenant le cas d’un objet monté à sec sous un couvre-objet en verre. J’en possède un ainsi constitué : un porte-objet est rendu opaque par une couche de collodion photographique qu’on a fait noircir en l’expo¬ sant à la lumière. Sur cette couche une fente mince de 1/300 de pouce en largeur a été tracée avec la pointe d’une aiguille, et des diatomées ont été montées sur le porte-objet de manière que, de celles qui sont situées dans la fente les unes soient à sec et les autres plongées dans le baume ; le tout est recouvert d’un disque de verre, épais de 0.009 de pouce. Maintenant, ajustons notre objectif 1/4 de pouce, avec le même oculaire, sur une des diatomées placées dans la partie sèche et nous trouvons qu’il faut changer d’une manière très-considérable les combinaisons optiques qui avaient été disposées pour le « découvert. » — Cela ne change pas le dia¬ mètre du front, mais cela change l’angle d’ouverture de la lentille. — Nous avons maintenant une distance de travail de 0.009, au-dessus du couvre- objet (« working distance » ) qui, avec l’épaisseur dm couvre-objet lui- même, 0 009, et l’espace d’air, 0,001, donne une distance frontale de 0,019. — Prenant le diamètre delà tache de lumière sur notre lentille, 0,077, pour base, et 0,019 pour hauteur de notre triangle isocèle, la règle de Wenham nous donne pour l’angle d’ouverture = 127°, 28' (PL v, fig. 6). — Si nous prenons pour base le diamètre exposé de la lentille frontale, 0,16, l’angle est = 153°, 16',. (PL v., fig. 7). Mais si nous mesurons maintenant en faisant tourner la petite bougie autour de l’objet, nous trouvons que la définition cesse d’être bonne vers 65° de l’axe optique, ce qui donne un angle de 11(1° pour l’ouverture de notre objectif lorsqu’il est ajusté pour un couvre-objet de 0,009 d’épaisseur. — Cet angle est plus grand que lorsqu’on examine l’objet à découvert, quoique la distance frontale soit plus grande, mais l’augmentation est fournie par le changement dans la position relative des combinaisons optiques de l’objectif lui-même. Si nous traçons le rayon de la bougie à l’objectif, nous trouvons que son (1) Voir Journal de Micrographie, T. Il, 1878, p. 453, 496 et T. III, 1879, p. 23. JOURNAL Di: MICROGRAPHIE. 61 incidence de Pair sur la face inférieure du porte-objet est de 55", qu’il se réfracte dans le verre sous un angle de 32° 30' avec l’axe, et enfin qu’il émerge dans l’air à 55°, angle égal à celui de son incidence sur la face inférieure du couvre-objet. 11 est impossible de représenter graphiquement la déviation du rayon dans une très-mince couche d'air de 0,001 de pouce d’épaisseur, qui sépare le slide du cover ; il faudrait pour cela amplifier le dessin à une échelle exagérée. — Cette mince couche d’air est cepen¬ dant un facteur important, ainsi que nous le verrons par la suite. Je me suis servi d’une fente, non parce quelle a une importance réelle, mais afin de rapprocher ma méthode de celle de M. Wenhnm, et parce qu’elle fournit un moyen commode de s’assurer que l’objet est au centre du champ. Maintenant, si l’objet est plongé dans le baume et couvert, le résultat ne sera pas pratiquement changé, si ce n’est que le rayon de lumière ne subira pas une réfraction appréciable entre l’objet et le cover et passera en droite ligne à travers le slide, le baume et le cover, et émergera dans l’air sous le même angle qu’à son incidence sous le slide ou porte-objet. Dans la suite de ce travail, je considérerai l’objet comme monté dans le baume et couvert avec un couvre-objet qui, le baume compris, aura une épais¬ seur de 0,01 de pouce, à moins de spécifier des conditions différentes. 11 est évi¬ dent que pour augmenter l’angle d’ouverture de notre objectif à sec, nous devons soit augmenter le diamètre de la portion de la lentille frontale qui est réellement employée, soit raccourcir la distance frontale, et dans l'un et l’autre cas, la combinaison postérieure de l’objectif doit être modifiée d'une manière correspondante dans sa position, de manière à transmettre et à réunir dans un foyer commun tous les rayons du pinceau plus large admis ainsi par la lentille frontale. En pratique, on trouvera que l’augmentation de l'angle dans les objectifs à sec, s’obtient en raccoiii tissant la distance frontale ; de sorte qu’avec les objectifs à sec de très-grand angle, c’est-à- dire de ISO11 à près de 180°, le couvre-objet doit être très- mince et la len¬ tille frontalede l’object if presque en contact avec ce cover. Les difficultés et les inconvénients qui en résultent sont bien connus et ont beaucoup contribué à créer les préventions que conservent plusieurs de nos vieux mierosco- pistes contre les objectifs à grand angle. Considérons encore maintenant le cas d’un objet plongé dans le baume et qui a été traité par la térébenthine jusqu’àce que son indice de réfraction soit devenu précisément celui du crovvn-glass = 1,525, et couvert avec un verre mince de 0,01 de pouce. Lorsqu'il est fortement éclairé, des rayons émanent de lui dans toutes les directions, les rayons passeront à travers le baume et le couvre-objet sans réfraction jusqu'à la face inférieure du couvre-objet ; mais là, ceux qui frapperont celle-ci perpendiculairement la traverseront encore sans déviation, tandis que les rayons qui arriveront obliquement seront réfractés et rendus plus obliques. Si l’émergence a lieu dans l’air, le rayon arrivant sons un angle de 40° sera tellement réfracté qu’il émer¬ gera presque parallèlement à la surface du cover, tandis que ceux obli¬ ques à 41° et au delà n’émergeront pas du tout, mais subiront la réflexion I 62 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. totale. Il est évident, dès lors, que même pour un objectif si près de 180° d’ouverture, s’il est à sec, un angle dans le baume ou dans le verre ( « bal- sam, glass-angle » ) de 82° est au delà de la limite extrême ; car, même si la lentille frontale est aussi rapprochée que possible du couvre-objet, sans contact absolu, pouvant ainsi recevoir des rayons de la plus grande diver¬ gence possible dans l’air, il n’y aura plus, au delà, que des rayons qui n’ayant plus d’émergence dans l’air ne pourront pas arriver du tout à la lentille. Mais, si nous supposons que la mince lame d’air comprise entre le verre couvreur et la lentille frontale est remplacée par une couche d’eau, ou, mieux encore, de glycérine, que va-t-il arriver? — Les rayons qui éprouvaient une déviation donnée, à leur émergence dans l’air, seront beau¬ coup moins déviés en émergeant dans la glycérine: le rayon à 40°, qui était réfracté à 78n26’ en sortant dans l’air, sera maintenant réfracté seulement à 41°40’ et les rayons entre 41° et 75° qui étaient réfléchis totalement à la face inférieure du verre mince, émergeront maintenant dans le glycérine et une partie, au moins, d’entre eux pourra être utilisée. Je prends un objectif de 1/10 de pouce, duplex front , construit par M. Toiles, marque comme ayant un angle dans le baume de 95° (« balsam- angle— 95° ») et un angle dans l’air de 180° (« air-angle=180° »), — cette mention même qui a si fort excité la surprise et l’horreur de M. Wenham. — C’est un objectif à immersion qui fonctionne bien dans la glycérine. Nous l'emploierons sur la même fente qui nous a servi à mesurer l’ob¬ jectif 1/4 de pouce. Nous trouvons qu’avec ce cover, relativement épais, nous avons encore une distance de travail (« working distance ») de 0,008, pleins, — ce qui est ample — ; notre bougie étant en place, nous la faisons encore tourner autour de l’objet comme centre jusqu’à ce que le champ s’obscurcisse, et, en examinant l’index nous trouvons un angle de 78°, c’est-à-dire un angle total dans l’air de 156°. Mais en y regardant de plus p:ès nous voyons que le champ est obscurci parce que la lumière de la bougie n’atteint plus l’objet qui est éclipsé par l’ombre de la platine. Il est, dès lors, évident qu’on ne peut mesurer l’angle total dans l’air de cet objectif par cette méthode et avec cette platine, bien qu’elle soit beau¬ coup plus mince et permette l’arrivée des rayons beaucoup plus obliques que le plus grand nombre des platines. Nous savons cependant que l’angle dans le porte-objet de verre est beaucoup plus petit que l’angle dans l’air et qu’il y a toujours un rapport constant entre l’un et l’autre, ou, plus exactement, que les sinus des angles formés avec la normale pour un rayon passant obliquement du verre dans l’air, ou vice-versà, sont entre eux dans un rapport constant. Si donc nous pouvons annuler l’effet de la sur¬ face inférieure du porte-objet et faire passer le rayon dans ce porte-objet sans réfraction à sa surface inférieure, nous pourrons mesurer l’angle dans le verre et en déduire, par une simple application de la loi des sinus, l’angle dans l’air correspondant, — à moins que l’angle dans le verre ne soit plus grand qu’un angle correspondant dans l’air de 90°, auquel cas cela serait indiqué. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 63 Pour obtenir l'angle clans le verre de cette lentille en annulant l’effet de la surface inférieure du slide, et pour faire passer la lumière dans ce slide sans réfraction, j’emploie une modification d’un ingénieux appareil, inventé par M. Toiles et décrit par lui dans le Monthly Microscopical Journal de Juillet 1871, appareil que M. Wenham a d’abord qualifié de « pauvre invention » (a misérable contrivance), — et qu’il a adoptée plus tard. (Voir Monthlg Micr Journ ., Mars 1874, page 117.) Il consiste simplement en une lentille plan-convexe d’une épaisseur telle que quand sa face plane est réunie à la surface inférieure du slide par de l’eau, de la glycérine ou du baume, l’épaisseur de la lentille, du baume et du slide réunis est év ale au rayon de courbure (1). L’objet posé sur le slide peut ainsi être placé exactement au confie de courbure de la lentille, et alors tout rayon qui le frappe, venant de la surface convexe de cette lentille suit la direction d’un rayon de courbure, par conséquent est normal à cette surface convexe, à son point d’entrée, conséquemment encore n’est pas réfracté et va en droite ligne de la source de lumière à l’objet. Si maintenant on mesure l’angle que ce rayon fait avec l’axe optique de l’instrument, on obtient l’angle de déviation dans le verre, d’où l'on peut calculer l’angle corres¬ pondant dans l’air. Si l’angle dans le verre est de 41° ou un peu moins, pour la demi-ouverture, l’ouverture dans le verre étant de 8 2° ou à très- peu près, l’ouverture correspondante dans l’air sera de 180°, ou à très-peu près. Dans ce cas, ma lentille hémisphérique est en crown-glass dont l’indice de réfraction moyen est 1,525; le rayon de courbure est de 0,45 de pouce, l’épaisseur de 0,33, laissant 0,12 pour l’épaisseur du porte-objet et de l’immersion unissante. Réunissons le slide et la lentille hémisphérique avec une goutte de baume mou dont l’indice de réfraction est à très-peu près égal à celui du crown, montons notre bougie comme nous l’avons indiqué et faisons la tourner jusqu’à ce que le champ s’obscurcisse. 11 ne faut plus aller à 78° cette fois, mais seulement à 50°, ce qui indique un angle dans le verre de 100°, pour la lentille. Mais comme un angle de moins de 82° dans le verre correspond à infiniment près de 180° d’angle dans l’air, nous avons démontré que l’objectif a dans l’air un angle de 180°, ou infiniment près, et qu’il admet des rayons qui ne pourraient par aucun moyen possible entrer dans la lentille à sec, parce que, si l’objet était monté dans le baume, ces rayons se réfléchiraient totalement sur la face supérieure du cover, ou s’il était monté à sec, sur la face supérieure du slide. Pour le prouver il suffit d’amener dans le champ la partie de la fente où les objets ne sont plus montés dans le baume, n ais à sec. La partie dans le baume est brillamment éclairée, mais la partie sèche reste sombre jusqu’à ce que la lumière soit ramenée à environ 40° de l’axe; à ce (t) C’est-à-dire que la lentille réunie au slide par le baume constitue optiquement une seule lentille hémisphérique. ( Trad .) 64 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. moment, le rayométant en dedans de l’angle limite du verre dans l’air, passe, et la partie sèche de la lente s’éclaire. Dr G.-E. Blackham, Président delà Société Microscopique de Dunkirk (N. Y.) (.4 suivre.) RECHERCHES SUR LA SPERMATOGENÈSE ÉTUDIÉE CHEZ QUELQUES GASTÉROPODES PULMONÊS (1) (Fin) Ci. Formation de la tête du spermatozoïde. — C’est au commencement dé mai, alors que les culs-de-sac de la glande sont remplis de grosses grappes de spermatoblasles, que nous avons vu se produire dans ces sper¬ matoblastes les premières formations appartenant au spermatozoïde. La ffg. 12 (pl. 1) représente des spermatoblastes obtenus à celte époque par dissociation dans le chlorure d’or et de potassium: dans chacun des sper¬ matoblasles désignés par les chiffres 1, 2, 3, on voit que cet élément ana¬ tomique, outre son noyau (n), renferme un corpuscule granuleux (x) dont les contours sont mal accentués; ils le sont encore moins nettement par l’usage de tout réactif autre que le chlorure d’or ; l’acide osmique lui-même ne nous a pas donné de bien bons résultats pour la recherche de ces corpus¬ cules céphaliques à leur première apparition. — Dans le spermatoblaste n 1 fut . 12), le corpuscule est à une cert “ine distance du noyau (n); dans le spermatoblaste n. 2, il est appliqué contre le noyau et semble en faire partie- cet aspect, qui se présente souvent, est important à noter, car il reproduit en partie les dispositions décrites par les auteurs, notamment Kôlliker, qui font provenir la tête du spermatozoïde d’une partie du noyau de sa cellule formatrice; mais nous avons pu nous convaincre que, du moins chez les Mollusques Gastéropodes, ce contact du noyau et du corpuscule céphalique n'est qu’une chose fortuite, un aspect dépendant de la situation dans laquelle se présente le spermatoblaste, situation qui fait que le corpus¬ cule céphalique se projette plus ou moins sur le noyau. En effet, toutes les fois une les spermatoblastes isolés présentent encore la partie pointue et un u allongée (n. 1, fi). 12) par laquelle ils adhéraient aux prolongements V ni cellule mère, c’est à la base de cette pointe qu’est situé le corpuscule rénhalique-’c’est là qu’il paraît se former, c’est-à-dire loin du noyau; c’est r mi’il demeure pendant que ses contours s'accentuent, et qu’il devient bien reconnaissable comme tête de spermatozoïde, ainsi que nous allons le voir (2). m Voir Journal de Micrographie , T. III, P- 1 *• /g» TV-inrès les recherches bibliographiques que nous avons faites à ce sujet, c’est La Valelte Salnt-Georses qui. le premier, a décrit un corpuscule céphalique se formant près du noyau JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 65 Ce corpuscule céphalique, d’abord large et à contours peu accentués, semble bientôt se condenser; il acquiert ainsi un aspect homogène, très- réfringent, brillant, avec des limites précises; en effet, les spermatoblastes que nous avons observés en fin mai étaient presque tous tels que ceux représentés dans la fig. 13 ipl. 4), c’est-à-dire qu’outre leur noyau (n), qui n’avait pas changé, ils renfermaient un corpuscule céphalique à contours très-nets; ce corpuscule est alors de forme ovale, il se colore par le car¬ min. A cette époque, les spermatoblastes changent eux-mêmes bientôt de con¬ figuration; la forme en raquette déjà observée, mais faiblement accentuée dans les périodes précédentes (fig. 7 et 11 et fig. 12 n. 3), se prononce de plus en plus, comme le montre tout d’abord la fig. 14. Avant d’étudier avec détail cette nouvelle forme et ses modifications, disons que nous l’avons observée en fin mai, et qu’en juin on trouve dans la glande hermaphrodite, abondamment mêlées les unes aux autres, toutes les formes de raquettes et de spermatozoïdes en voie d’évolution que nous allons décrire; pendant l’été, l’activité de la glande est très-grande, et si à cette époque nous avons pi voir se succéder d’une manière distincte les phases de l'évolution des spermatoblastes en spermatozoïdes, sans être gênés par l’abondance des éléments, ni par le mélange d’éléments à des périodes trop diverses de leur évolution, c’est que la plupart de nos recherches ont été faites sur des ani¬ maux tenus en captivité depuis l’hiver et privés de nourriture. Mais l’étude comparativement faite sur des Escargots et des Limaces recueillis dans les champs et examinés aussitôt, nous a démontré du reste que les phénomènes observés ne s’écartaient pas des formes normales, et qu’ils étaient rendus seulement plus simples par la pauvreté relative des éléments en voie de transformation. Dans les spermatoblastes en forme de raquette (fig. 14), on constate que le noyau (n) se trouve dans la partie large, et le corpuscule céphalique dans la partie étroite, dans la manche de la raquette Ce corpuscule cépha¬ lique n’est alors entouré que d’une très-mince couche du protôplasma du spermatoblaste, et souv nt il semble complètement à nu, comme devenu libre; mais, lorsqu’il est réellement devenu libre, on observe dans sa forme des modifications, et en même temps on constate, dans le proto- de la cellule qui donnera naissance au spermatozoïde; cette observation, faite chez des Arthro¬ podes, lut confirmée ensuite par les recherches de Balbiani sur les Pucerons, puis par Buts- chli sur les Coléoptères et les Orthoptères. (L. Y. Saint- Georges; Op. cil. Arch [.mikrosk. Anal , 1867, pag. 263 et 272 ; et 1874. pag. 495. — Balbiani; Op. cil. Ann. îles Sciences nat ., 1869, pag. 83. — Butschli ; lu Zeitschrift , Zoologie, tom. 41, 1871, pag. 402.) Balbiani fait de ce corpuscule céphalique une vésicule spermatoyène, par analogie avec la vésicule embryogène qu’il a décrite dans l’ovule. (Op. cit., pag. 85.) D’après La Valette Saint-Georges, ce corpuscule céphalique, qu’il nomme corps nucléolaire , s allongerait et se mettrait en rapport par l’une de ses extrémités avec le noyau et par l’autre avec le filament spermatique qui commence à se former. Il aurait fait ces observations aussi bien chez les Mollusques que chez d’autres invertébrés; mais nous devons déclarer que les figures que donne cet auteur de la genèse des spermatozoïdes chez Ytlelix pomalia, nous paraissent assez défectueuses. (Vov. Arch f. mikrosk. Auat. ; 1874. PI. XXXV, (ig . 54 à 59.) 66 J OU UN AL DE MICROGRAPHIE. plasma du spermatoblaste, l’apparition d’une formation nouvelle qui cor¬ respondra au corps du spermatozoïde. Avant de passer à cette étude, nous devons décrire en quelques mots l’aspect que présentent, à la période où nous sommes arrivé, les grappes de spermatoblastes saillantes dans la cavité des culs-de-sac glandulaires. La constitution de ces grappes est alors beaucoup plus visible qu’elle ne l’était dans les périodes précédentes : la partie étroite ou manche de la raquette qui forme le spermatoblaste étant précisément en connexion avec la cellule mère, il en résulte que cette cellule n’est plus couverte et voilée d’éléments aussi épais que précédemment ; aussi est il facile de voir, au centre et à la base de la grappe, le noyau principal, ou tout au moins la masse granuleuse du corps de la cellule mère (Voy. fig. 19 et 20 en GR). Sur des coupes qui ont divisé cette grappe suivant son grand axe, cette cellule mère se présente d’une façon encore plus distincte; son protoplasma est devenu moins granuleux, ou tout au moins ne renferme plus que des granulations très-fines, de telle sorte que les corpuscules céphaliques des spermatoblastes se projettent distinctement sur une masse conique qui occupe le centre de la grappe, et à la surface de laquelle ils sont disposés comme certaines graines végétales sur des réceptacles en forme de cône. D.) Transformation du spermatoblaste en spermatozoïde. — Nous avons ici à décrire, au moment où la raquette, représentée par le spermatoblaste, prend une forme de plus en plus allongée, trois phénomènes qui se pro¬ duisent parallèlement, et qui, sur nos animaux mis en captivité et privés de nourriture depuis l’hiver, ont été observables principalement pendant le mois de juin ; ce sont : 1° Le changement de forme du corpuscule céphalique. D’ovale qu’il était, ce corpuscule prend une forme de bâtonnet allongé, qui, par la direc¬ tion de son grand axe, fait suite à l’axe de la partie étroite du spermato¬ blaste ; ce corpuscule céphalique, que nous pouvons dès maintenant appe¬ ler tête du spermatozoïde, car il est dès lors bien reconnaissable comme tel, est souvent incurvé vers l’un de ses bords (fig. 15) ; il apparaît en même temps tout à fait libre, c’est-à-dire dégagé de la substance du spermato¬ blaste, à laquelle il n’est plus adhérent que par lune de ses extrémités. 2° En même temps, précisément dans cette partie étroite du spermato¬ blaste, à l’extrémité de laquelle est adhérent le corpuscule céphalique, apparaît la première trace du corps du spermatozoïde, ou, pour employer une expression qui ne préjuge rien sur la signification des parties, la pre¬ mière trace du filament spermatique. Cette partie du filament apparaît pour ainsi dire d’emblée dans le protoplasme du spermatoblaste, par une soi te de différenciation de substance, par une sorte de production endogène, de genèse, sur la nature de laquelle nous ne saurions dire rien de précis, et nous devons nous contenter de reproduire (fig- 15) les choses telles que nous les avons observées maintes et maintes lois. Nous devons cependant insister sur ce point, à savoir : que ce ne serait pas se faire une idée exacte du phénomène que de considérer cette portion du filament spermatique comme résultant de l’élongation, de la condensation de la partie étroite JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 67 du spermatoblaste, et de sa transformation in toto en filament sperma¬ tique. Comme le montre la fig. 15, et particulièrement le spermatoblaste placé à ia partie supérieure de cette figure, la partie étroite du spermato¬ blaste subsiste alors que le filament spermatique apparaît dans son inté¬ rieur ou sur son bord. Du reste, on rencontre souvent des spermatoblastes dont la forme en raquette n’est pas très-accentuée, qui, isolés par disso¬ ciation, prennent encore la forme sphérique, et dan ; le protoplasma des¬ quels on peut voir, au voisinage du corpuscule céphalique, le filament spermatique qui commence déjà à se différencier, en connexion par l’une de ses extrémités avec le corpuscule céphalique {fig. 18, n° 1 (1). A peine le filament spermatique s’est-il dessiné dans sa partie qui doit cire en connexion avec la tête du spermatozoïde, qu’on voit une formation semblable se produire à l’extrémité opposée du spermatoblaste, c’est-à- dire dans sa partie large, qui renferme le noyau (fig. 15, n° 1 ); ici encore, comme le montre le n° 2 de la fig. 18, obtenu dans des conditions sus-indi¬ quées, cette partie du filament spermatique (future extrémité postérieure ou caudale) naît par une sorte de différenciation dans la substance du sperma¬ toblaste et presque aussitôt fait au dehors de celui-ci une légère saillie ; en se dégageant ainsi, ia partie caudale du filament spermatique entraîne sou¬ vent (fig 15, n° 1) une partie de la substance du spermatoblaste, de sorte qu’elle peut paraître se former par élongation et condensation de cette sub¬ stance, apparence qui doit recevoir ici la même interprétation que pour la partie du filament étudiée précédemment (2). 3° Le troisième changement qui se passe dans le spermatoblaste en même temps que les deux précédents, consiste dans la diminution de volume du noyau, qui perd ses conrours bien accentués, devient pâle, et souvent difficile à reconnaître (Comparez fig. 14 et 15); cependant, comme il se colore toujours par le carmin, il est facile d’en retrouver les traces, môme sur des spermatoblastes presque arrivés aux phases ultimes de leur transformation en spermatozoïdes. (Voy. fig. 21 et 22.) Les modifications par lesquelles s’achève la production des spermato- (1) Nous avons quelquefois rencontré, à cette période du développement, des sperinato- îdastes dans lesquels on apercevait deux corpuscules céphaliques. (Voy. PI. IV, fig. 17.) (2) Nous n’avons jamais constaté, dans les préparations sans adlition d’eau pure, les formes décrites par Ouste : « Chez les Hélices, dit cet auteur, et chez les Limaces, où le cor- » puscule spermatique est très-long, les spermatozoïdes sont contraints de s’enrouler plu- » sieurs fois sur eux-mêmes A mesure que le corpuscule que contient chaque vésicule géné- » ratrice grandit, on voit ces vésicules, de sphériques qu’elles étaient, devenir en général dis- » coides et acquérir un diadème un peu plus grand que celui qu'elles avaient auparavant. » Otte forme de la vésicule me paraît résulter de la disposition que prend dans sa cavité le » spermatozoïde qui s’y produit. Trop grand pour pouvoir s’y maintenir dans le sens de son » axe longitudinal, il est obligé de se rouler en cercle ; et, comme si ce cercle avait de la « tendance à se dérouler et taisant un effort sur les points avec lesquels il est en contact, la » vésicule est en quelque sorte contrainte de subir une dilatation circulaire qui entraîne le • » rapprochement de ses parois. « \Op . «/., 1, 4-6.) De semblables aspects se présentent quand on ajoute de l’eau a une préparation composée d’éléments encore vivants, mais ils sont dus à un brusque enroulement des filaments spermatiques par l’action de l’eau. 68 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. zoïdes sont désormais faciles à saisir, car elles sont représentées par des formes qu on rencontre en grande abondance dans la glande sexuelle de tout Gastéropode observé pendant l’été ou l’automne. Ce qui s’était produit au niveau des parties antérieure et postérieure du filament spermatique en voie d’apparition, se produit bientôt aux dépens de toute la substance du spermatoblaste, c’est-à dire que celui-ci s’allonge de plus en plus (fig. 18) ; puis, comme si celte élongation n était pas assez rapide comparativement au développement du filament spermatique, le spermatoblaste se segmente en une série de globules ou de gouttelettes de protoplasma, qui demeurent adhérentes au filament spermatique à mesure que celui-ci acquiert de plus en plus son individualité. On peut observer que ces petites masses, résultant pour ainsi dire de l’émiettement du sper¬ matoblaste, sont disposées sur la moitié postérieure du filament sperma¬ tique, de tede soi te qu’elles sont d’autant plus petites qu’elles sont situées plus loin de la tête du spermatozoïde^, p, p, fig. 21); la plus volumineuse de ces masses, celle qui est située du côté de la tête, dont elle demeure cepen¬ dant à une certaine distance (Comparez du reste ies fig. 18 et 21), est remarquable en ce qu’elle renferme ce qui reste du noyau (n) du sperma¬ toblaste, sous une forme encore plus ou moins reconnaissable fl) (n, fig. 21); ce noyau devient de plus en plus petit et de plus en plus etlacé p , n, fig. 22), puis disparaît complètement. En même temps les petites masses de protoplasma attachées au filament spermatique se trouvent réparties de plus en plus vers l’extrémité caudale de ce filament, sans doute parce que l’ac¬ croissement de celui-ci se fait principalement dans sa partie antérieure (2). Que devient la cellule mère, que nous avons vue si nettement (CR, fig. 17) former à la base de la grappe de spermatoblastes une masse conique centrale ? Le protoplasma de la cellule mère diminue successivement de masse pendant que se passent les phénomènes que nous venons de décrire dans les spermatoblastes ; elle est résorbée ; on pourrait dire, mais ce ne serait là, à nos yeux, qu’une expression figurée, qu’elle est absorbée par les spermatozoïdes en voie de formation. Toujours est-il que, par le fait de la disparition de cette substance, (3) la cellule mère se trouve graduelle- (1) On trouve quelquefois une petite masse de substance granuleuse (pp. fig. 2i) attachée au filament spermatique, immédiatement derrière la tête du spermatozoïde ; mais cette dispo- si s ion nous a paru relativement rare. (2) Ces petites masses de protoplasme ont été bien observées par E. Dubrueil. « . .A ce mo¬ ment, dit cet auteur, les spermatozoïdes n’ont pas encore acquis leur forme détinitive : sur leur partie-caudale on aperçoit en général un ou plusieurs renflements fusiformes ; ces renflements peuvent exister à une hauteur quelconque de la queue. (Dubrueil; Étude physiologique sur l'appareil générateur du genre Ilelix, 1875, pag. 10). (3) Ainsi se trouve, par l’étude des grappes de spermatoblastes et par celle de la résorption du protoplasme de la cellule mère, résolu le problème qu.- E Dubrueil se posait dans les ter- • mes suivants : « En vertu de quelle action ces corpuscules, quand, par l’effet de leur déve- » fipppement, ds ont brisé l’enveloppe de la cellule mère, ne sont-ils pas complètement libres » et rc>tent-ils quelque temps encore agglutinés par la tête ? Plusieurs hypothèses ont » essasé de rendre compte de ce fait, mais c’est pour nous un problème a résoudre. » ( Op . » cit., 1873 pag. lü. .TVf 4 J. s* M //// ^JL^-ro i) . a*' x. x//^. TV, 21 e <2 * . - j , ' ■ - * 0o2Pp -s° j' \ç, O o 0 otv? .og‘SV^' ^00c0tcooo7 V00îoo°ôî"c I°oo',07'"-o o O <■- °° 7 \o 0 °a o ? ? o V1 i "o ^o°'Je""c>0 ''° 00 / \C 0°„ <, « ç. C °rCol .Ot, '-c'î c ,° •> V ' i°?°D V, V -"Vc O^Co' c o° <* «'o6 c°°oo°-,v. o--;- .c/ -Oc,, o /. ** -3 . «■ r /\ „ , r. o • / -cu0o o°’e-0 - c1'-'-» ... o'ôo°c7ou-cCc ° °» û, O o 0 O c ° ° '■<> O o O 0 c 1 ° o-.°c Del. Cleve. Fig. 5. — Diatomées des Indes occidentales (PI. V de Cleve). 28. Triceratium Campechinaum, Grün. — 29. 7V. Antillarum . Cl. — 30. TV. bicorne. Cl. — 31. 7V. Taftei- larium, Btw. — 32. Nitzschia Grœjfei, Grün. — 33. Biddulphia membranacea, Cl. — 31. Actinocuclux Tenuitsimus, Cl. 78 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Grev. Tr. Micr. Soc. X, p. 22, PI. 2, fig. 2.)— Iles Vierges, St-Barthélemy, rare. 468. Creswellia Turris , Greg. ( Diat . of Clyde , p. 538, PI. 14, fig. 109.— St-Bar¬ thélemy. 169. Hyalodiscus maculatus (W. Sm.) Cl. Podosira ? maculata Sm. 5. ZH'aL II, p. 34, PL 49, fig. 328. — Lagerstedt, Bihang till K. Vet. Akad. Handlin- gar , III, N° 15, fig. 1 a. — Hyalodiscus stelliger , Bail, selon H.-L. Smith.) — Iles Vierges, abondant. 170. Skeletonema coslatum (Greg.), Cl .(Melosira costata, Grev. T. Micr. Soc., XIV, p. 77, PL 8, fig. 3-6.) — St-Barthélemy, pas rare. 171. Coscinodiscus Oculus Iridis , Ehb., St-Barthélemy. 172. C. radiatus , Ehb. — lies Vierges, St-Barthélemy. 173. C lineatus , Ehb. — St-Barthélemy. 174. C. eoccentricus , Ehb. Iles Vierges. 175. C. Normannii, Greg. (Grev. Micr. Journ. VII, p. 80, pl. 6, fig. 3.) — Iles Vierges, rare. 175 (1). — C. nilidus , Greg. (Diat. of Clyde , p. 499, Pl. 10, fig. 45. — Iles Vier¬ ges, abondant. 176. Heterostephania Rolhii , Ehb. (M. G., 35 A, 13 B, Fig. 4, 5; Pritch. PL 5, fig. 85.) — lies Vierges. 177. Hemidiscus cuneiformis , Wallich. (Pritch. PL 6, fig. 14; peut-être aussi Euodia gibba , Bail, in Pritch. PL 8, fig. 22.) — Iles Vierges, plusieurs spécimens. Aucune des deux figures de Pritch, ne se rapporte parfaitement à la forme Ouest-Indienne qui a le même contour que le Goniothecium Anaulus, Ehb. (M. G. PL 33, 18 fig. 4) mais avec un dessin plus petit. Je n’ai pas vu le no¬ dule, caractérisant le genre Hemidiscus ni la rangée de petites pointes sur le bord central. J’ai vu des spécimens de la même apparence que la forme Ouest-Indienne dans des. récoltes des îles Baléares, Baie de Campêche, îles Gallopagos, et à l’état fossile dans le dépôt de Moron, près de Séville. (A suivre.) Dr P. -T. Cleve, Prof, à l’Université d’Upsal. NOTE SUR QUELQUES DIATOMÉES (2). * Actinocyclus, Ehr. Ce genre fut créé par Ehrenberg pour recevoir un grand nombre de formes discoïdes découvertes par lui dans diverses « terres fossiles » et principalement dans les dépôts si bien connus de la Virginie et du Maryland, aux États-Unis. Les espèces de ce genre se distinguent du Coscinodoscus, en ce que l’ornementation est distinctement monüiforme et qu’elle radie du centre. Toutes (?) les espèces possédant près du bord des valves un pseudo-nodule ou pore plus ou moins apparent. Ehrenberg sépara les espèces connues par lui d’après le nombre de (1) Ce numéro 175 est répété deux fois dans le travail de M. Cleve. ( Trâd .) (2) Traduclion de M. J. Deby, Bulletin de la Société Belge de microscopie, 28 novembre 1878. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 79 rayons que présentait leur disque, caractèrejque nous savons aujourd’hui dénué de toute valeur spécifique. M. Ralfs, dans le Traité de Pritchard , réunit toutes les espèces d’Ehrenberg sous la dénomination dé A. Ehrenbergii qui se reconnaît à laf petitesse dejson pseudo-nodule ( qu’Ehrenberg n’avait pas aperçu) et par] la délicatesse de ses granules. Cette forme n’a, je le pense, été trouvée que dans des dépôts fossiles cités plus haut. VA. Ralfsü de Wm. Smith diffère de l’espèce précédente par ses'granules plus gros et moins rapprochés et par son pseudo-nodule plus développé. [C’est une espèce fort répandue, qu’on trouve non-seulement dans les récoltes de la surface, mais aussi dans celles provenant des profondeurs considérables sous les niveaux de la mer. Sous un faible grossissement les valves de cette espèce sont très-irisées. L’^4 . subtilis de Gregory, se distingue de Y Ehrenbergii par son nodule très- apparent et de Y A . Ralfsü par la délicatesse plus grande et le rapprochement plus considérable de ses granules. Cette espèce paraît varier beaucoup. La forme type est très-délicate et devient presque invisible dans le baume. VA. moniliformis (Ralfs) est une espèce rare et fort belle A gros granules espacés et à nodule distinct quoique petit. VA. Barklyi — Coscinodicus Barklyi — Coscinodiscus fuscus? Norman, est abondant dans un dépôt de guano de Yarra-Yarra, Melbourne, Australie. Ses granules sont petits et rapprochés et deviennent plus distincts à mesure qu’ils approchent de l’espace hyalin central. Le pseudo-nodule est très-petit et marginal et n’est visible que lorsque la surface convexe de la valve est tournée vers l’œil. N’ayant jamais pu examiner des échantillons authentiques du Cos. fuscus, je ne suis pas certain de l’identité de cette espèce avec Y A. Barklyi. Mais à en juger par la figure donnée dans les transactions de la Société royale de microscopie, je crois probable que les deux formes sont bien les mêmes. VA. Roperi — Coscinodiscus ovalis (Roper) et Eupodiscus Roperi (Bréb.) fait sans aucun doute partie du genre Actinocyclus, ainsi que YEup. ovalis , lequel ne m’est connu que par la figure. La description de M. Roper ne correspond pas à la forme généralement reconnue comme YEup. ovalis. Il affirme que la valve sèche est de couleur ardoise devenant brune dans le baume (cette altération de couleur est, je pense, propre au genre Actinocylus dont les espèces sont incolores dans l’eau, brunâtres à sec, devenant beaucoup plus foncées dans le baume) tandis que toutes les préparations que j’ai examinées sont d’un jaune pâle à sec et parfaitement hyalines dans le baume. V Eupodiscus ovalis (Norman) doit également être rapporté au genre Actinocy¬ clus, et si l’espèce est distincte, ce nom doit être conservé. V Eupodiscus sparsus de Grégory n’est autre chose qu’une valve récemment formée de Y A . Ralfsii. L'A . tessellatus (Ralfs). — Eupodisc.us tessellatus (Roper). M. Roper plaça cette dernière espèce parmi les Actinocyclus à cause de la présence d’un pseudo¬ nodule. C’est là, je pense, une erreur, attendu qu’à l’exception de ce seul carac¬ tère, il n’en possède aucun autre en commun avec les autres espèces du genre. Une apparence remarquable se présente chez cette forme quand la mise au point du microscope est soignée ; le bord de la valve au dehors du nodule est crénelé, et les crénelurcs diminuent en intensité à mesure qu’on approche du bord opposé où elles disparaissent entièrement. Ceci se voit dans une photographie faite par M. Janisch, d’une variété ovalaire de cette espèce. Le pseudo-nodule ne paraît pas -être une élévation de la surface externe de la 80 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. valve comme cela a lieu pour les processus des Aulacodiscus , mais je n’ai pu m’assurer si c’était un pore. J’ai pu voir dans une vue de côté de VA. subîüis que ce nodule faisait l’effet d’un processus renversé (introverted), mais je ne saurais affirmer si ce caractère est constant, n’ayant pas été assez heureux pour trouver d’autres frustules dans une position convenable pour l’observation. Fig. 6. Fig. 7. Sur. gunlematensis. Ehr. Surirella ovata. Var. cardinalis F. K. Les nodules qu’on trouve sur les valves opposées des Aulacodiscus, Auliscus et Eupodiscus occupent toujours des positions intermédiaires ; c’est ainsi que dans un frustule de A . formosus ayant huit processus, ceux de la jeune valve forment avec les autres des angles de 22 1/2 degrés. Cette disposition ne paraît pas tenir bon pour les Actinocyclus, car j’en ai trouvé où les nodules sur les deux valves étaient immédiatement opposés, d'autres où ils occupaient les diamètres opposés et d’autres, enfin, où toutes les positions intermédiaires étaient occupées. Actinosphaenia, Shadbolt. Halionyx, Ehr. Le professeur H. L. Smith maintient ce dernier genre avec raison, je pense car il paraît y avoir des différences bien marquées entre ce genre et le genre Actinoptycus . J’ai détaché un grand nombre de valves d’ Halionyx sans avoir jamais pu découvrir de valves secondaires ( Regenerationshülle de Schmidt) si fréquentes chez les Actinoptychus et les Hdiopclta. Eupodiscus Argus et E. Rogenii. Ces deux formes (si elles sont réellement dis¬ tinctes) doivent être portées dans le genre Aulacodiscus . Un examen attentif, de la dernière espèce surtout, montre un processus étroit et bien distinct au delà du rayon ; la valve est également quelque peu renflée (bullate) en-dessous du pro¬ cessus. Navicula lumens (W. Smith) est identique avec la N. sculpta. La N. Bohemica n’en est qu’une variété. On trouve l’une et l’autre associée au Campylodiscus Clypeus dans les eaux salées des fossés, à Breydon, près de Great Yarmouth,N Norfolk. J’ai trouvé la N. sculpta et le C. Clypeus dans le dépôt de Santa Fiore de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 81 l’Ilalie; ils y sont très-rares, surtout le dernier. La grande rareté de la N. sculpta dans ce dépôt rend très-douteux que la N. rostrata soit identique avec la N. sculpta. Ehrenberg n’y trouva jamais le C. Clypeus qu’il n’indique pas dans cette localité. La figure que donne Kützing de la N. rostrata ressemble par son contour à la N. sculpta et sans doute, d’après un exemplaire trouvé par lui dans un dépôt de Santa Fiore (Ehrenberg ne le ligure pas). 11 remarque, en outre, que les stries sont fines et ne se voient que sur les valves sèches, mais il ne parle pas de l’es¬ pace dénudé impair.W. Smith ne remarqua pas non plus cet espace sans granules. N’ayant jamais eu sous les yeux des individus authentiques de la Nau. lumens , je suis enclin à douter de l’identité de cette forme, mais il est possible que Smith n’ait observé que des individus conservés dans le baume. Grünow dans son travail intitulé : Ueber neue oder ungenügend gekannte Algen , p. 450, renvoie avec doute la forme Bohémienne à la N. rostrata qu’il dit ne pas avoir pu trouver dans le dépôt de Santa Fiore. Je ne pense pas que cette forme ni le C. Clypeus soient indigènes en ce dépôt, car aucune autre forme marine ni d’eau saumâtre ne s’y rencontre. Sürirella cardinalis. Kitton. — S. limosa Bailey et non Brightwell, n’est bien certainement pas la même espèce que la S. guatemalensis , Ehr. comme le suggère Schmidt dans son atlas ; mais elle est sans aucun doute identique à la S. ovata Ehr. La seule différence appréciable réside dans la plus grande largeur de la partie supérieure de la valve chez la S. ovata, tandis que la longueur correspond à celle de la S. cardinalis. La S. guatemalensis est une espèce beaucoup plus petite qui manque de l’apparence « en charnière » du sommet que présente la première espèce. Si mon appréciation est exacte, les noms donnés par moi et par Bailey devront faire place à celui d’Ehrenberg et la S. ovata de Kützing reviendra à la S. minuta, qni n’en constitue qu’une variété. La S. limosa est identique à la S. elegans Ehr. F. Kitton. Description d’espèces nouvelles de Diatomées (1). Homœcladia capitata, n. sp. H. L. S. — Hab : Black Rock, Californie. — M. A. Febiger. — Fronde membranacée, ramifiée en ombiile; rameaux allongés avec les extrémités en corymbe capité. — Frustules linéaires, valves lancéolées avec les sommets aigus et fortement comprimés; — Frustules rassemblés en masses denses, mais non en séries ni en fascicules. Points margineux faibles, 35 dans 0.001 de pouce. Longueur du frustule, 0.0008 de p. ; largeur, 0.0002. Fronde 1 p. 5 1. à 2 p. (PL VI fig. 1). J’ai reçu les matériaux contenant cette espèce bien définie de M. C. Febiger, qui se l’était procurée en Californie comme contenant son Bidduiphia FAwardsi. Bans cette récolte j’ai trouvé les frondes de la présente espèce. La parti¬ cularité bien tranchée de ses sommets en corymbe et sa ressemblance extrême avec le Schizonema capitatum , de Kützing, m’a suggéré le nom que je lui ai donné ; peut-être est-ce l’espèce de Kützing, quoiqu’il établisse que les frustules sont dis¬ posés en rangées, mais la figure qu’il donne des frustules concorde, par la forme comme par la taille, avec la présente espèce. Ce n’est pas cependant un Schizo- (I) Am. quat. M. Journal, oct. 1878. 82 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. iiema ( Micromega ) puisque les frustules sont incontestablement nitzschioïdes. Les parois des filaments sont denses et les frustules si entassés que ces filaments paraissent opaques, même après avoir été maintenus à la chaleur rouge pendant longtemps. % Mcridion intermedium , n. sp., H. L. S. — Hab : Knoxville, Tennessee. — D1' Josiah Curtis. — Frustules sessiles, cunéiformes, à bords presque lisses, à valves avec de très légères côtes perméables dans la vue de front et qui sont à peine visibles dans la vue de côté, cunéiformes, arrondies à leur extrémité la plus large. — Long. 0.00166 à 0,003 de p. (PI. VI, fig. 2.) Cette curieuse modification du Meridion circulare a été trouvée végétant sur un Hy'pnum. C’est la seule récolte qui en ait encore été faite, autant que je puis le savoir. Elle peut être difficilement considérée comme autre chose qu’une variété extrême de Meridion circulare , avec les côtes perméables fortement marquées de cette dernière, dans la vue de côté, et le crenelage qui en résulte ou ponctuation intramarginale des valves dans la vue de front, presque oblitérés, et rappelant ainsi les bords lisses du Licmophora. La découverte de cette forme intermédiaire est d’autant plus intéressante qu’elle m’a permis de placer le Peronia erinacea de Grevillc et d’Arnolt à la place qui lui appartient. Cette forme singulière, qui avait d’abord été considérée comme un Gomphonema et subséquenimeut devint le type d’un nouveau genre dont elle est la seule espèce, est maintenant rapportée au Meridion intermedium , comme l’autre un Meridion circulare ; en un mot c’est une forme lisse d z Meridion et par conséquent une forme de passage au Licmophore, dont toutes les espèces aujourd’hui connues sont marines. Le Meridion intermedium est le n° 238, et le Meridion erinaceum ( Gomphonema fibula, — Peronia erinacea ) est le n° 239 de mes « Species Typicæ Diatomacea- rum. » Navicula Kutzingiana , n. sp., H. L. S. — '"Avranches, Normandie, France. — M. deBrébisson. — Frustules linéaires, valves à peine enflées avec des sommets arrondis et trois ou quatre stries remarquables rayonnant du nodule central, dans la vue de front. — Frustules, dans la vue de front, quadrangulaire, fré¬ quemment adhérents et formant un court filament ( Diadesmis ) avec deux traits (moniliformes) distincts, intramarginaux, à chaque extrémité.— Longueur, 0.0006 à 0.00085 de p.; largeur, vue de front, 0.00033 ; vue de côté, 0.00021. — Stries, environ 50 dans 0,001. — (PI. VI, fig. 3). Cette forme petite, mais distincte, qui, en raison de la cohérence de ses frustules en courts filaments, peut presque être nommée Diadesmis, je l’ai reçue de M. deBré¬ bisson étiquetée « Amphiprora arenaria .» Un coup d’œil sur la figure m’a fait voir que l’espèce n’appartient pas au genre Amphiprora tel qu’il est aujourd’hui limité, mais que c’est un véiitable Navicula . Comme il existe déjà un Navicula arenaria , je lui donne le nom du célèbre algologue Kützing, dont les nombreuses ligures de Diatomées, quoique simples dessins au trait obtenus à l’aide d’un microscope qu’aujourd’hui on voudrait à peine regarder, et encore moins regarder dedans, possèdent davantage le caractère et conservent mieux l’air (spirit) des espèces vivantes que bien des 'dessins plus modernes, et dont les descriptions sont des modèles de soin et de correction. Plus j’étudie ses planches, plus j’admire leur conciencieuse exactitude et leur fidélité, Grünow a décrit un Navicula Kiitzingii , mais qui est de Navicula Proserpinæ {Diploneis), E.; le nom se trouve ainsi libre. — C’est le n° 287, des « Species Typicæ Diatomacearum. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 83 Navicula parvula, n. sp., H. L. S. — Villerville, France. — M. de Brébisson. — Frustules petits, valves lancéolées, avec des sommets aigus. Stries divergentes et faciles à voir. — Frustules linéaires dans la vue de front avec des bouts arrondis. — Longueur, 0.0005; largeur, 0.00015 de pouce.— Stries, 42 dans 0.001 de p. — (PI. VI, fîg. 4.) Je n’ai pu rapporter d’une manière satisfaisante cette forme à aucune autre espèce connue jusqu’ici. Elle est extrêmement abondante dans les récoltes que j’ai reçues de M. de Bré¬ bisson et étiquetée par lui seulement comme « Navicula », ce qui prouve qu’il n’était pas décidé quant à l’espèce. Nitzschia Kittoni , n. sp. H. L. S. — Hab.: Rivière Catuche, Caracas, Vénézuela. — M. F. Kitton. — Frustules linéaires, valves lancéolées avec des sommets aigus et légèrement resserrés ; points marginaux très-distincts, 16 dans 0,001 p. et tout à fait proéminents sur la vue de front; stries faibles. — Longueur 0,0007 à 0,001 ; largeur, 0,0002. (PI. VI, fîg. 5.) M. Kitton, lorsqu’il m’a envoyé cette Diatomée, la rapportait, avec beaucoup de doute, au Nitzschia minutissima de W. Smith avec la figure duquel elle a une ressemblance éloignée, les sommets cependant sont moins comprimés et Smith lui-même cite le Synedra dissipata de Kützing comme un synonyme pour des spécimens à lui envoyés par De Brébisson, et comme j’ai, venant de De Bré¬ bisson, des spécimens étiquetés « Nitzschia minutissima, W. S. — Synedra dissi¬ pata », lesquels sont tout à fait distincts de la présente forme, avec les points mar¬ ginaux beaucoup plus fins, 39 dans 0,001, et moins proéminents dans la vue de côté, je n’ai pas hésité à nommer celle-ci d’après l’éminent diatomiste dont je l’avais reçue. Elle a été récoltée dans un réservoir alimenté pour la Rivière Catuche. Raphoneis Australis , n. sp., H. L. S. — Hab. : Royal Sound, Terre de Kergue- land. — D1' J. H. Kidder. — Frustules assez variables de taille, valves cunéiformes, arrondies à l’extrémité la plus grosse, à stries grossièrement moniliformes, stries interrompues par un espace blanc et lisse; frustules légèrement cunéiformes dans la vue de front. — Longueur, 0,0005 à 0,00086 de p.; largeur, 0,00022 à 0,0004 — Stries, environ 30 dans 0,001 de p. (Planche VI, fig. 6.) Cette forme constituait la majeure partie du lavage de sables noirs dragués par le Dr J. H. Kidder, chirurgien de la marine des États-Unis dans des sondages de 5 à 12 brasses (fathoms) dans le Royal Sound, Terre de Kergueland, en jan¬ vier 1875, à l’occasion de la visite de la mission américaine envoyée pour obser¬ ver le passage de Vénus. Deux sondages seulement ont été faits et les résultats en furent presque identiques. Le Plagiogramma Robertsianum, de Greville, était aussi abondant et un petit et douteux Surirella nouveau. Outre ces espèces, il y avait des Diatomées un peu plusgrandes,et particulièrement une variété d' Auliscus ccelatus et en continuant le dragage, des fragments d'Hypnum, de Bartramia et de Barbula détachés de la terre, ce qui explique la présence de quelques formes provenant des eaux douces. On ne trouva aucun Foraminifère, mais les épines de V Hemiaster caudatus étaient abondants. Il est juste d’ajouter que le Dr Kidder, qui était le botaniste de l’expédition et qui était par conséquent souvent occupé à récolter les plantes de la terre, fut empêché de faire de nouveaux sondages, et de réunir d’au¬ tres Diatomées, par le rappel aussi brusque qu’inatten du de la mission, et l’on doit, 84 --•v •• JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’autant plus le regretter que les seules sondages qui ont été faits s’étaient mon¬ trés très fructueux, et que nous avons bien peu de connaissances sur les Diato¬ mées des hautes latitudes Australes. Prof. Hamilton Lawrence Smith. (A suivre.) N. B. La planche VI accompagnera le prochain numéro. Reproduction des Diatomées Dans un article publié par le Naturforscher (23 novembre 1878) l’auteur com¬ mence par établir que l’on connaît cinq modes de formation des auxospores des Diatomées. 1° Un seul individu se dépouille de ses deux valves, sécrète une enveloppe mucilagineuse, grossit se développe et l’auxospore ainsi formée s’entoure elle-même d’une fine membrane privée de silice et, à l’intérieur de celle-ci, elle secrète les deux valves siliceuses ordinaires, formant ainsi la « cellule premier-née » (Erst- lingzelle) d’une nouvelle génération. 2° Le protoplasma d’une cellule se divise en deux cellules filles, nues, qui sor¬ tent de la cellule-mère et lorment une auxospore. 3° Deux individus situés l’un près de l’autre secrétent un revêtement de muci¬ lage ; chacun se dépouille de ses valves et il en résulte une paire de cellules nues placées l’une près de l’autre, mais qui ne se touchent pas. Toutes les deux gran¬ dissent parallèlement Lune à l’autre, dans le sens de leur longueur, jusqu’à ce qu’elles atteignent la taille normale d’auxospore. Autour d’elles on trouve une fine membrane (preizonium) et dans l’intérieur de celle-ci les valves siliceuses ordi¬ naires. 4° Deux individus, généralement enveloppés par une masse gélatineuse, perdent leurs vieilles valves et entrent en coalescence en une seule masse nue de proto¬ plasma qui s’accroît en une seule auxospore. 5° Deux individus, encore enveloppés d’un mucilage, perdent leurs vieilles valves et chacune se divise transversalement en deux cellules filles, nues, dont chacune entre alors en coalescence avec la cellule fille correspondante de l’autre individu. Deux zygospores nues sont ainsi formées, dont chacune devient une auxospore et subséquemment, par la formation de valves siliceuses, une cellule premier-née. De ces cinq modes de formation, le quatrième et le cinquième, sont certaine¬ ment sexuels, puisque c’est un processus de formation de zygospore. Le premier mode est certainement asexuel, processus de formation de cellule par rajeunisse¬ ment; de sorte que, dans le seul groupe des Diatomacées, les auxospores, par lesquelles une nouvelle génération est fondée, peuvent se produire soit sexuelle¬ ment, soit asexuellement. Le second mode exige des investigations nouvelles. Relativement au troisième, il y aune difficulté; c’est un processus de rajeunissement, ayant lieu seulement quand deux individus sont en présence, de sorte qu’une action mutuelle, indépen¬ dante du contact réel, est évidemment exercée. L’auteur compare ce processus au mode de fécondation des Floridées où les cellules éloignées du trichogyne, auquel seul s’applique l’action fécondante des spermatics, sont stimulées et excitées à JOURNAL DE MICROGRAPHIE 85 une nouvelle et vigoureuse végétation par l’imprégnation ; et au processus qu’on remarque chez les Phanérogames, où le protoplasma des cellules mâle et femelle, est séparé par la paroi cellulaire du tube pollinique. Dans les deux cas, cepen¬ dant, une seule cellule sexuelle (la cellule femelle) éprouve un développement subséquent, l’autre où cellule mâle disparaît — tandis que dans les Diatomées en question l’action est mutuelle. L’auteur définit alors la sexualité comme l'action de deux ou plusieurs cellules l’une sur l’autre, d’où résulte un nouveau processus de développement dans l’une de ces cellules ou dans toutes, et l’action sexuelle consiste en l’excitation des cellules sexuelles à une croissance particulière et nouvelle, laquelle croissance est impossible sans cette excitation. Microscope cPéiudiant de MM. W. Watson and Son, de Londres. MM. Watson et fils, opticiens à Londres, construisent une série assez nombreuse de microscopes dont les modèles sont excellents, le travail supérieur et le fonc¬ tionnement parfait. Les cinq premiers modèles sont construits sur le type Jackson, à bras courbe, mais le sixième, le microscope d’étudiant, student's microscope, que tout opticien anglais doit avoir dans sa. série, est construit sur le type Ross (fig. 8). Ce microscope est à notre connaissance celui de tous les microscopes anglais dont le prix soit le plus bas, relativement à la taille, à la classe et à la qualité de l’instrument. Il se compose d’un corps ordinairement binoculaire, d’après le système de M. Wenham, porté par unjbras horizontal qui le relie à la tige prismatique portant la crémaillère du mouvement rapide. Ces deux pièces, pour donner plus de sta¬ bilité au tube et plus de résistance à la flexion comme aux ébranlements, sont extrêmement fortes ; de plus, la tige à crémaillère qui entre dans la colonne a la forme d’un prisme triangulaire, ce qui garantit l’instrument contre le ballotte¬ ment latéral. Le pignon du mouvement rapide est mû par un double bouton moleté dont la tête a un diamètre assez grand pour permettre la mise au point, même sans employer la vis du mouvement lent, d’autant plus que crémaillère et pignon fonctionnent supérieurement. Le mouvement lent est établi sur le bras horizontal; il se compose d’une vis agissant par un levier sur le bout du tube qui porte l’objectif; il est très précis et sans ballottement latéral. La colonne qui supporte l’instrument est soutenue sur les deux montants ver¬ ticaux d’un solide « tripod » entre lesquels le microscope s’incline depuis la ver¬ ticale jusqu’à l’horizontale. Cette colonne soutient la platine, qui est circulaire, munie d’une large ouverture au centre et d’une plaque métallique à rotation concentrique, mobile à la main. Elle porte, de plus, un arrêt avec double ressort pour maintenir la pré¬ paration. Le miroir, qui est plan d’un côté, concave de l’autre, peut tourner dans sa monture autour de l’axe de la colonne ; il peut aussi s’élever ou s’abaisser sur cette colonne, se rapprochant ou s’éloignant de la platine. Il n’est pas porté sur un bras articulé, mais comme il est mobile autour de la colonne et sur la colonne, comme de plus son diamètre est relativement très-grand, on voit qu’il peut fournir au besoin un éclairage très oblique. 86 JOURNAL DK MICROGRAPHIE Microscope d’étudiant, binoculaire, de MM. \V. Watson et fils, de Londres. 11 n’y a pas, à proprement parler, de sous-platine; néanmoins, la platine dont, nous l’avons dit, l’ouverture est très-large, porte à sa partie inférieure un tube qui peut recevoir tous les appareils d’éclairage, de polarisation, les diaphrag¬ mes, etc. Enfin les deux oculaires sont reliés entre eux par une pièce à crémaillère sur laquelle roule un pignon, ce qui permet de faire monter et descendre les deux oculaires et d’augmenter ou de diminuer leur écartement. Cet instrument, tel que nous venons de le décrire, est accompagné de : Deux paires d’oculaires, A et B. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 87 Deux objectifs, 1 pouce et 1/4 de pouce. Un tube porte-accessoires sur la platine. Un diaphragme à roue excentrique. Une loupe à lumière se montant sous la platine. Une cuve pour les petits organismes. Une paire de pinces. Le tout enfermé dans une boite d’acajou. Dans ces conditions, son prix est de 290 fr. (1). Le même instrument, mais monoculaire, accompagné de deux oculaires A et B, de deux objectifs 1 p. et 1/2 p.,d’un tube de tirage, tube à diaphragme, diaphrag¬ me, loupe, etc., ne coûte que 215 fr Ce microscope, monoculaire, se démonte et se place dans une boîte d’acajou de format réduit, ce qui rend cet instrument très portatif. Le microscope d’étudiant de MM. Watson est un des instruments à bon marché les plus recommandables; il peut rendre de grands services aux microscopistcs pratiquants, c’est essentiellement un instrument de laboratoire. D’ailleurs on peut au besoin le compléter avec une série d’accessoires de dimensions appropriées à la pièce qui sert de sous-platine, tels que le condenseur achromatique de Webster (53 fr.), éclairage à fond noir (11 fr.), paraboloïde de Wenham (26 fr.), appareil de polarisation (32 fr.) etc. — auxquels il faut ajouter des oculaires plus forts, C, D ou E (16 fr. chaque), la chambre claire de Beale (10 fr.) etc., etc. Il est facile, comme on le voit, avec le microscope d’étudiant de MM. Watson, monoculaire ou binoculaire, d’avoir à très-bon compte un instrument d’une com¬ position optique très complète, car pour la somme de 56 fr., on pourrait y ajouter un objectif de 1/6 de pouce à 90° d’ouverture, ce qui permettrait- d’employer ce microscope à tous les travaux courants ; on aura ainsi un instrument auquel on pourra appliquer successivement tous les appareils accessoires et qui fournira, en somme, plus de ressources que la plupart des microscopes continentaux de même prix ou même de prix très notablement supérieur. Société Royale Microscopique de Londres Les membres de la Société Royale Microscopique de Londres étaient convoqués le 12 février, à l’effet de réélire le président et le bureau (Council) et peu s’en est fallu que cette séance orageuse ne dégénérât en bataille rangée. Voici les faits : 11 est d’usage que le président de la R. Microscopical Society reste en fonctions pendant deux ans, mais le président de l’an dernier, M. Slack, déclarait ne pas se représenter cette année. Pourquoi M. Slack avait-il été nommé président? Je ne le sais guère, lorsque l’Angleterre possède tant d’hommes éminents, plus capables bien certainement d’occuper dignement cette position; la chose est assez singu¬ lière, aussi je donnerai prochainement ù ce sujet des détails que les lecteurs trou¬ veront, je n’en doute pas, assez intéressants. Aujourd’hui, je me borne à raconter ceci : Au mois de lévrier 1878, M. Slack, qui avait exercé pendant plus de quatorze (1) S’adresser au bureau du Journal de Micrographie , où l’on peut se procurer tous les ins¬ truments susmentionnés aux prix indiqués. 88 JOURNAL DE MICROGRAPHIE ans les fonctions de secrétaire et dont l’influence passe meme, aux yeux de beau¬ coup de personnes considérables, pour avoir été très-peu favorable aux intérêts de la Société, a été nommé président. Quoique le vote ait eu lieu au scrutin secret, il paraît bien certain, et moi je sais, que M. Slack n’a été élu qu’à la majorité et non à l’unanimité des voix, comme c’est l’habitude. On dit même que si les adversaires du nouveau président n’ont pas manifesté leur opposition d’une manière plus prononcée et protesté publiquement contre cette nomination, c’est par respect pour la Société et afin d’éviter le scandale. Ainsi fut faite l’élection. Maintenant, il faut savoir que lorsque le Monthly Microscopical Journal a cessé de paraître, à la fin de l’année 1877, la rédacteur, le D1' H. Lawson étant mort, et les éditeurs, MM. Hardwicke et Bogue, voulant dégager leur responsabilité, le bureau de la Société a discuté la question de la publication par elle-même de ses « Transactions. » Il y avait déjà longtemps que des membres très-influents avaient exprimé le vif désir de voir la Société prendre cette résolution. Le moment parut favorable et, comme on le sait, la proposition fut adoptée. On désigna parmi les membres du bureau un comité de publication chargé de faire le choix et le classement des articles à insérer dans le journal. M. Slack fut le président de ce comité. En effet, au mois de mars 1878, parut le premier numéro du Journal of the Royal Microscopical Society ; le deuxième devait paraître au mois de mai. Mais le prospectus accompagnant le premier numéro avait annoncé certains renseignements, fait certaines promesses, en un mot, tracé un programme dont la rédaction du deuxième numéro ne tenait pas compte. M. Slack, comme président du comité de publication, avait pensé sans doute qu’il pouvait se passer de ses collègues et qu’il suffirait à diriger lui-même toute la besogne. Malheureusement, il n’en fut pas tout à fait ainsi, et d’autant plus qu’au moment où le comité croyait que la rédaction était prête et qu’il n’y avait plus qu’à impri¬ mer, on s’aperçut au contraire que rien n’était préparé, que M. Slack avait négligé de surveiller la besogne dont il avait prétendu se charger, que les imprimeurs étaient sans ordres, — bref, qu’on était dans le gâchis. Ce que voyant, M. Fr. Crisp, l’un des secrétaires (junior secretary) de la Société, qui dirige aujourd'hui avec tant de talent la rédaction du journal, M. Fr. Crisp s’adressa à M. Slack et provoqua une réunion du comité. M. Slack ne s’y rendit pas. Le comité résolut aussitôt d’agir énergiquement; des mesures immé¬ diates furent prises, mesures qui, naturellement, ne furent pas le moins du monde du goût deM. Slack. Celui-ci voyant renversée la petite omnipotence qu’il avait voulu s’attribuer, se trouvant réduit au rôle obscur d’un simple votant, sentit la tempête de l’orgueil froissé souffler dans son crâne olympien et les Ilots de la bile irritée gronder dans son ventre de Silène. M. Crisp, par l’initiative qu’il avait prise et par la force des choses, se trouvait en évidence, aussi est-ce à lui que s’en prit M. Slack, et, dans une réunion, il lui adressa des paroles fort peu parlementaires, lesquelles furent très-mal accueillies et une discussion des plus vives s’éleva ; puis, après une scène orageuse dans laquelle il fut question de démission de la part d’une personne hautement placée qui se trouva faire partie d’une très-petite minorité, — une sorte de trêve fut conclue. Néanmoins l’éehauffburéc fit du bruit dans la Société, car il fut impossible aux. mieux intentionnés de la tenir secrète; elle fut discutée parmi les membres, qui blâmèrent la conduite de M Slack, conduite fort peu respectueuse pour les mem¬ bres actifs du comité, et il est fort probable que si elle eût été portée devant une assemblée générale convoquée à cette fin, la discussion eût abouti à une demande de démission adressée à M. Slack. Mais quelques membres du bureau, désirant la JOURNAL DE MICROGRAPHIE 89 paix à tout prix, s’employèrent activement pour empêcher les résolutions vio¬ lentes; M.Slack consentit à écrire qu’il n’avait aucun sujet de querelle avec M.Crisp et les choses en restèrent là. On dit que depuis celte époque M. Slack s’est dispensé d’assister aux séances du Bureau; puis, comprenant qu’il n’avait aucune chance d’être élu pour la seconde année, il a cherché un prétexte quelconque pour annoncer qu’il ne se présenterait pas aux nouvelles élections. Et, en cela, il a agi prudemment, il a épargné à la Société le scandale d’un tapage et à lui-même l’humiliation d’un échec certain. Donc, le 12 février dernier, M. Slack a quitté le fauteuil et a profité de cette occasion pour lire un mémoire justificatif de sa conduite, motivant le retrait de sa candidature aux nouvelles élections et surtout pour se livrer à une diatribe des plus violentes contre les membres du bureau, particulièrement contre le Dr Millar, M. Stephenson et surtout contre M. Crisp. Si l’assistance eût su à quoi en voulait venir le président, sans doute elle n’eut pas permis la lecture de ce mémoire; mais, surprise, ne sachant pas ce qui sortirait de ces paperasses, elle l’a écoutée en silence jusqu’au moment où M. Slack a commencé sa charge contre M. Crisp. Alors, on a murmuré et MM. Millar, Stephenson et Crisp eussent pu se tenir pour insultés par les paroles offensantes du président, s’ils n’eussent eu l’assurance que la considération et la sympathie de la Société tout entière étaient avec eux. Aussi, tout ce que M. Slack avait craché en l’air lui est retombé sur le nez, car ayant eu l’imprudente naïveté de lire quelques mots dans lesquels il se maltraitait lui-même, il a été couvert d’applaudissements. Et c’est encore aux applaudissements de l’assemblée qu’il a quitté le fauteuil, ce qu’il a fait d’ailleurs avec la grâce courtoise d’un sanglier qui débuche. Et lorsque M. Crisp a voulu prendre la parole à son tour, on a cru qu’il voulait répondre aux attaques dont il venait d’être l’objet, les applaudissements ont couvert sa voix, prouvant au sympathique secrétaire qu’il n’avait nul besoin de fournir des explications. Aussi s’est-il abstenu de parler de cette histoire et s’est-il borné au rapport des affaires que ses fonctions dans la Société lui attribuent. Et en cela il a bien fait. Avant de quitter le fauteuil, M. Slack a invoqué le témoignage de M. Reeves, secrétaire-adjoint, à propos d’une affaire sans importance et qui était entièrement en dehors de la question. Puis il a demandé à M. Badcock de fournir divers détails sur les comptes-rendus (proceedings) de certaines séances. Sur quoi, M. Bad¬ cock s’est levé comme à regret et a dit très froidement qu’il avait l’intention de ne rien dire de blessant pour personne, qu’il aimait mieux ne pas embrouiller la discussion et il s’est tranquillement rassis. La question personnelle, si l’on peut ainsi dire, entre MM. Crisp et Slack se trouve donc aujourd’hui parfaitement jugée dans l’opinion. M. Slack s’est bien vite aperçu d’ailleurs à la manière dont il a été accueilli le 12 février que le sen¬ timent (feeling) de toute la Société était contre lui, et dans le bureau nous savons, d’autre part, que, à propos du différend entre M. Slack et M. Crisp, il y a eu 2 voix pour le premier et 14 pour le second. D’ailleurs la liste présentée aux élections par le bureau a passé tout entière; l’honorable M. Lionel S. Beale, dont le nom est connu dans tout le monde savant, a été élu président. Voici du reste la liste entière : Président : M. Lionel S. Beale. Vice-présidents : MM. Dr Rob. Braithwaite, Ch. T. Hudson, Henry J. Slack, Henry C. Sorbv. Trésorier : M. John Ware Stephenson. 90 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Secrétaires : MM. Ch. Stewart, Frank Crisp. Membres du conseil : MM. John Badcock, William A. Bevington, Ch. James Fox, James Glaisher, Will. J. Gray, A. de Souza-Guimaraens, John E. Ingpen, Emanuel W. Jones, Will. T. Loy, Dr John Matthews, John Miilar, Th. Palmer. (MM. L. Beale, R. Braithwaite, H. Slack, J. Glaisher, A. de Souza-Guimaraens, J. Ingpen, W. T. Loy, n’occupaient pas l’an dernier le poste auquel ils ont été nommés cette année.) Ainsi s’est heureusement terminée cette séance qui, n’eût été la sagesse des membres de la Société, eût pu devenir plus qu’orageuse — heureusement, dis-je, car tout le monde paraît content, et a le droit de l’être étant débarrassé du prési¬ dent Slack; — tout le monde, sauf, bien entendu, M. Slack et son fidèle Pylade... pardon, je veux dire Pigott. Fine Oreille Lynx, M. D., X. Y. Z. Cabinet de microscopie de MM. Arthur-C. Cole et fils de Londres MM. Arthur-C. Cole et fils, qui avaient exposé à Paris une superbe collection de préparations, laquelle a passé inaperçue par le jury, ont adopté d’une manière toute particulière la plus difficile de toutes les spécialités, celle des préparations d’anatomie microscopique, normale et pathologique, prises sur l’homme, le chien, le chat, le lapin, le bœuf, le singe, le rat, la poule, l’étourneau, la couleuvre, la grenouille, etc. Ces préparations sont faites les unes dans des tissus injectés, les autres dans des tissus imprégnés, d’autres enfin dans des organes simplement durcis. La collection des préparations dites physiologique s est des plus nombreuses et MM. Cole ont eu la bonne idée de la diviser en plusieurs séries de "24 ou 48 pré¬ parations dont chacune forme un ensemble d’objets méthodiquement disposés. La 2,ne série, comprenant 24 préparations est destinée à montrer la structure gé¬ nérale des divers organes, poumons, intestins, estomac, foie, pancréas, rein cerveau, cervelet, langue, glandes thyroïde et sous maxillaire, peau, etc., sur l’homme, le chat et le lapin ; les préparations sont prises sur les pièces injectées ou imprégnées. La série n° 3. qui est dite «educational», comprenant aussi 24 préparations, est principalement destinée à l’étude générale des divers tissus, conjonctif, élas¬ tique, musculaire, cartilagineux, osseux, vasculaire, nerveux, dentaire, etc., pris sur l’homme, et le poumon, le foie, le cerveau, le rein et l’intestin du chat. La série n° 4 se compose de 2 sections de 24 préparations chacune, la pre¬ mière prise sur l’homme, la seconde sur différents vertébrés. Nous y trouvons des coupes de la moelle à diverses hauteurs, du bulbe, du cœur, du poumon chez le nouveau-né, de différentes glandes, mammaires, prostate, testicule, ovaire, de l’uterus, du cordon ombilical, etc. Dans la seconde section, nous trouvons des coupes des mêmes organes injectés, chez le chat, le testicule et le pénis du singe, le cerveau et le rein du rat, l’estomac glandulaire de la poule et de l’étour¬ neau, etc. Mais une des plus intéressantes de ces remarquables séries est celle qui porte le n° 5. Elle comprend 24 préparations qui toutes sont prises sur la grenouille rousse ( Rana temporaria ) dont elles démontrent l’anatomie presque tout entière à poumon, foie, rein, langue, estomac, colon, iléon, rate, fibres musculaires striées JOURNAL DE MICROGRAPHIE 94 et lisses, nerfs, cerveau, moelle, testicule, cœur, membrane interdigitale, peau, ovaire, oviducte, fémur, cartilage articulaire, etc. Cette collection est certaine¬ ment une des plus curieuses et des plus instructives que nous connaissions. Ces quatre séries "physiologiques sont accompagnées de deux autres 'pathologiques l’une dite « médicale » et l’autre « chirurgicale ».Ea première, 24 préparations, a rapport à l’anatomie pathologique du poumon dans la phthisie, la pneumonie, le carcinôme, l’emphysème; du cœur, dans la péricardite, la dégénérescence grais¬ seuse et fibroïde; du rein, dans la fièvre scarlatine, la maladie de Bright, la dé¬ générescence graisseuse et amyloïde, la cirrhose; du foie, dans le carcinôme, la cirrhose, la dégénérescence graisseuse, amyloïde, etc. De l’intestin dans la fièvre typhoïde, etc. Dans la série des préparations d’anatomie chirurgicale, nous trouvons, entre autres, l’athérome des artères, la tumeur gommeuse, syphilitique, le lympha- dénôme, le cancer de l’ovaire, de la prostate, l’épithéliome de la lèvre, le bron¬ chocèle, le sarcôme delà main, de l’utérus, l’enchondrome, le myxome, etc. Mais à ces séries déjà si nombreuses, MM. Cole viennent d’ajouter une liste encore plus considérable de préparations isolées, relatives toujours à l’histologie physiologique ou pathologique chez l’homme et chez les animaux. Comme prépa¬ rations d’histologie normale, nous remarquons des coupes du cerveau et du cer¬ velet en différentes régions chez l’homme, le chat et le singe, de la moelle à toutes les hauteurs, chez l’homme, le chat et le cheval, une collection relative aux organes génitaux mâles et femelles chez l’homme, le singe, le chat, le lapin et le rat: au rein injecté par l’artère ou par la veine ou par les deux à la fois sur les mêmes sujets et sur la poule; puis une collection de toutes les glandes, puis des poumons, puis des intestins, des estomacs, des langues, etc., etc., en coupes transversales et longitudinales sur les animaux les plus variés. Quant aux préparations pathologiques, la liste en serait interminable; elles ont rapport aux maladies du poumon, du foie, de l’estomac, du pylore, de l’iléon, du colon, de la rate, du pancréas, du rein, de la peau, des diverses glandes, des artères et des veines, du cœur et enfin du cerveau et de la moelle épinière. Dans cette section particulièrement intéressante nous devons citer des préparations du cerveau dans la méningite, le ramollissement, la paralysie générale, l’atrophie; du cervelet dans l’ataxie locomotrice; du pont-de-Varolles dans l’ataxie, la paralysie générale, le diabète; du bulbe dans les mêmes maladies et dans la myélite; de la moelle épinière dans le tétanos, l’hydrophobie, l’ataxie locomotrice, la paralysie générale, la dégénérescence des cellules nerveuses, les fractures, etc. Et dans les préparations d’anatomie chirurgicales nous trouvons tous les can¬ cers, tous les épithéliômes, tous les papillômes, tous les sarcomes, ortéosarcômes, melano sarcomes, tous les enchondrômes, tous les myxomes, tons les adénomes, toutes les tumeurs, tous les ulcères, dont nous voulons épargner à nos lecteurs l’inquiétante nomenclature. Enfin pour terminer sur une note moins lugubre, ajoutons que MM. A.-C. Cole ne s’en tiennent pas exclusivement à cette spécialité histologique, qu’ils font des préparations appartenant à toutes les branches de la science, et particulièrement qu’ils ont composé une charmante collection de 48 diatomées choisies, laquelle peut suffire à donner une idée des principaux types de cette innombrable famille aux personnes qui ne veulent ou ne peuvent en faire une étude spéciale et exclu¬ sive. Toutes les préparations, d’ailleurs, exécutées par MM. A.-C. Cole, qu’elles aient rapport à l’anatomie ou aux diverses branches de l’histoire naturelle sont faites avec le plus grand soin; et, de plus, ce qui ne gâte rien, elles se présen- 92 JOURNAL DE MICROGRAPHIE tent sous l’aspect le plus élégant. Nous ne saurions trop les recommander aux personnes qui n’ont pas le matériel, les instruments et surtout les sujets indis¬ pensables à l’exécution des préparations d’anatomie humaine et comparée (1). 1 Une lettre du Docteur E. Abbe. Dans sa note intitulée « L'objectif à immersion dans l’huile, de Zeiss, comparé à, etc. ...» (2), le professeur H. L. Smith avance que l’objectif testé par lui est un objectif à trois systèmes, malgré l’affirmation de M. Zeiss dans sa circulaire. J’espère que le prof. Smith aura assez foi en mon assertion quand je lui dirai que l’objectif en question est réellement à quatre systèmes, c’est-à-dire composé de quatre lentilles séparées, quoique dans son opinion la lentille frontale soit trop large pour une combinaison à quatre systèmes de ce foyer. Relativement à l’ouverture de ces objectifs, je dois établir que chaque modèle de 4/8 ou de 1/12 de pouce fait pour ce système d’immersion par M. Zeiss, doit admettre et réunir à un foyer exact , des rayons d’une obliquité telle que l’angle du rayon extrême avec l’axe étant considéré dans le liquide de l’immersion, ou dans un autre milieu placé au front a un sinus qui, multiplié par l’indice de ce milieu, donne un produit égal au nombre 1,26 à 1,27 ; ce qui correspond à un an¬ gle dans le baume de 114 à 116 degrés. Mais je dois ajouter que, par suite d’une erreur dans l’application de mes for¬ mules, plusieurs exemplaires du 1/8 ont été construits avec un angle dans le baume de 107 à 109 degrés (mais non moins). Ce défaut a été bientôt remarqué : Quelques uns de ces objectifs à angle plus petit, ont été exportés, deux ou trois en Angleterre et un en Amérique. D’après ce que le prof. Smith rapporte de l’ou¬ verture de l’objectif, je déduis qu’il a examiné l’exemplaire à plus petit angle qui avait été envoyé à Charlestown, près Boston. Je prie qu’on n’infère pas de ma remarque que je considère cette faible diffé¬ rence dans l’ouverture comme produisant une bien notable différence dans la qualité de l’instrument, si on le compare à un objectif de la même classe, mais du type modèle, — ce n’est pas du tout mon opinion. Je considère comme d’une bien plus grande importance, pour le succès d’une expérience donnée, que la longueur du tube, lorsqu’on emploie l’immersion dans l’huile, soit exactement réglée suivant les indications de la circulaire deM. Zeiss; et que pour les observations dans la lumière oblique, on emploie l’huile que M. Zeiss prescrit pour la lumière oblique et pour les observations dans la lumière centrale l’huile prescrite pour ce mode d’éclairage. Dr E. Abbé. (1) Les préparations de MM. A.-C. Cole and Son, coûtent 53 fr. la série de 24, en boite, excepté la série A des diatomées dont le prix est de fr. 62.50 (48prép. en boite), prix auxquels il faut ajouter les frais de transport. — S’adresser au bureau du Journal de Micrographie. (2) Journal de Micrographie , 1878, p. 517. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 98 Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix des catalogues, tous les objets dont ils pourront avoir besoin : Tous les microscopes , français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. Tous les instruments dits accessoires , condensateurs de tous les systèmes, ap¬ pareils de polarisation, paraboloïdes, micromètres, etc. Les lames porte-objet, en verre et en glace, de diverses qualités. Les lamelles minces, carrées, rectangulaires, rondes, ovales. Les lamelles percées ou cellules en verre (de 13 à 23 fr. le 100). Les instruments nécessaires pourfaireles préparations. Presses, réchauds, lampes, pinces, pinceaux, tubes, etc. Microtomes divers, rasoirs. Transporteur Monnier. Les instruments de dissection : aiguilles, scalpels, ciseaux, pinces, cro¬ chets, etc. Les préparations microscopiques concernant toutes les branches de la micros¬ copie. Les tests de Mollçr et de Nobert. Les préparations cle E. Wheeler, Bourgogne, Mûller, Bœcker, etc. Les ouvrages relatifs au microscope ou 5 ses applications. Desjnatériaux, objets d’études, et même des spécimens vivants. Des réactifs tout préparés d’après les formules les plus autorisées, tels que : Carmin ammoniacal, carmin neutre, carmin de Beale, carmin oxalique, etc. Acide picrique, solution saturée. Picro-carminate d’ammoniaque, de Ranvier, 5 1p. 100. Bleu d’aniline, violets d’aniline divers. Fuchsine (rouge d’aniline), sulfate et acétate de rosaniline. Hématoxyline, solution alcoolique alunée, de Bœhmer. Bleu de quinoléine. Indigo, indigo sulfate. Éosine, solution aqueuse, solution dans l’alcool au tiers. Purpurine et matières colorantes diverses. Bleu de Prusse, bleu soluble. Sérum iodé, eau iodée, chlorure de zinc iodé. Chlorure de calcium à 20 p. 100. Potasse caustique à 40 p. 100. Nitrate d’argent à 1 p. 300. Chlorure d’or à 1 p. 200, chlorure d’or et de potassium. Nitrate d’urane, chlorure de palladium, etc. Acide chromique, bichromate de potasse, d’ammoniaque. Acide osmique.- Acides acétique, chlorydrique, nitrique, formique, tartrique, oxalique. Liquide de Millier, liquide de Pacini, etc. Solution picro-anilique de Tafani. Alcool absolu, alcool au tiers, alcool méthylique. Essence^de girofles, de térébenthine, résine Dammar. Baume du Canada, bitume de Judée, vernis, etc. Glycérine, éther, sulfure de carbone, chloroforme Deane’s medium, etc. S’adresser au Dv Pelletan, rédacteur en chef du Journal de Micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris. Bruxelles. — lmp. et lith. PARENT et Cle. Paris. — Ch. Parent, rue d’Aboukir ,14. Le GÉRANT : E. PROUT. 94 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. INSTITUT DE MICROSCOPIE DE HENRI BŒCKER à Wetzlar (Pi 1 usse Rhénane) PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES Histologie normale et pathologique. Préparations d’Arachnides, d’insectes, de Crustacés,' d’Entozoaires, de Cépha- lophores, d’Echinodermcs, de Bryozoaires, de Cœlentérés, de Spongiaires, etc. Préparations botaniques. — Mousses, Algues, Diatomées, etc. Préparations minéralogiques et autres. Instruments de toutes sortes ; matériaux, réactifs pour les préparations. ERNST GUNDUCH Constructeur de Microscopes A Rochestcr, N. Y. (États-Unis d’Amérique) M. Ernst Gundlach, qui a dirigé pendant deux ans la construction des microscopes, des objectifs et appareils micrographiques à la Compagnie Optique « Bausch et Lomb » de New-York, informe le public scientifique qu’il a rompu son association avec cette maison à partir du 28 mars dernier. Il continue néanmoins à construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, en même temps que les prix en sont sensiblement abaissés. Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier «Ernst Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France, est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Balignolles , à Paris. MICROSCOPIE Spécialité d’objets en verre POUR PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES Fournisseur du Laboratoire de miscroscopie de l’Université de Genève 28, RUE DES GROTTES, GENÈVE Mention honorable à l'Exposition universelle de Paris 1878 Lames de glace et de verre, lamelles de toutes formes et dimensions. Lamelles percées ou cellules. Cellules collées sur porte-objets. Chambre humide, etc., etc. Transporteur-Monnier. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 95 VINS DE TABLE ST-GEORGES J. ROLS Pharmacien de première classe, viticulteur à ROUJAN-NEFFIÈS (Hérault) SAUF (VARIATIONS) Vin de premier choix, la pièce de 225 litres environ. . 85 francs. Vin extra-supérieur, » » » 110 » Futailles perdues, ports et droits à la charge de l'acheteur. Je remplirai du vin de premier choix au prix de 30 fr. V hectolitre , les fûts vides envoyés franco, en gare de Roujan-Neffiès. 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Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. Exiger la marque ci-dessous sur tout objet de cette maison. éî) SWIFT j TWADI wtAKK . j Microscope binocu¬ laire avec une paire d’oculaires, 2 objectifs donnant les grossisse¬ ments de 70 et 360 fois, con¬ densateur à support, dans une boîte d’acajou fermant à clef, fr. 350. Avec mouvements méca¬ niques à la platine, en sus, fr. 62-50. On répond à toute communication , en français, allemand, italien ou espagnol. MICROSCOPE BINOCULAIRE le Challenge ï> i; JT . SWIFT que pour sa disposition, sa maiin d’œuvre et le travail d’optique, unis au bon mar¬ ché, a obtenu la plus haute récompense à l’Exposition Interna¬ tionale à Bruxelles, 1376. SEPT MÉDAILLES DE lre CLASSE décernées à l’inventeur, à Londres Paris, Bruxelles et Paris ls78. 1. SWFIT. — Fabrique d’cptique de l'Université 43, University St., Londres, W. G. Catalogues expédiés franco sur demande. N° 5. Mars 1879 Troisième année. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: • Revue, par le Dr J . Pelleta». — La fécondation chez les vertébrés [suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Des Herborisations cryptogamiques, par le professeur Léon Marchand. — Sur la conjonctivité folliculaire, par le Dr Ledeganck. —Note sur la chute des œufs de l’ovaire des Batraciens, par M. F. Hennkguy. — Description d’es¬ peces nouvelles de diatomées (suite), par le professeur H.-L. Smith. — Diatomées de l’Ar¬ chipel des Indes occidentales, par le professeur P -T. Cleve. — Notes sur des Diatomées de Santa Monica, par M. Ch. Stodder. — Sur les préparations microscopiques, par le Dr J. Pelletan. — Tournette à centrage automatique, de M. W.-H. Bülloch. — Société Royale Microscopique de Londres, compte rendu — Spécimens vivants pour le microscope, par M. Th. Bolton. — Le Quekett Microscopical Club. — Correspondance : Lettre de Silenus. — Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie. REVUE L’homme est la proie de l’infiniment petit. C’est un infime pu¬ ceron, le phylloxéra, qui ravage des milliers d’hectares et ruine des dépat tements tout entiers, c’est une psorospermie qui détruit nos vers à soie, ce sont des myriades d’insectes qui s’attaquent à nos récoltes, à nos forêts, à nos jardins, à nos vêtements, à nos mai¬ sons, à nos aliments; partout ce n’est qu’animalcules, infusoires, cryptogames, bactéries, microbes, comme on dit maintenant, qui nous déclarent une guerre acharnée, incessante, toujours plus active et plus cruelle, et d’autant plus redoutable qu’ils sont infini¬ ment petits, qu’ils échappent, par cette petitesse même qui fait leur force, à nos atteintes contre lesquelles ils sont, d’ailleurs, protégés par une inépuisable et formidable fécondité. Pour l’homme, l’ennemi, ce n’est ni l’éléphant, ni le rhinocéros, ni le lion, ni le tigre, ni fours, ni le serpent, ni même l’homme; — l’ennemi, c’est l’atome. 102 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Et pour nous défendre contre ces innombrables armées qu’avons- nous? Contre l’atome nous n’avons pas la ressource d’employer le procédé d’un homme à nous connu, dont la tête était un peu dé¬ rangée — brave homme au fond — et qui avait inventé un moyen infaillible de tuer les punaises, mais un moyen bien plus infailli¬ ble que tous les autres. Et quand on lui demandait son moyen ; « Àpportez-moi vos punaises, disait-il, je les tuerai. » Et il l’aurait fait comme il le disait, car il avait réellement un procédé qu’il nous a confié sous le sceau du secret : cela consis¬ tait à mettre les punaises sur une enclume et à taper dessus à coups de marteau. C’élait infaillible, mais pas très-pratique. Qu’avons-nous donc contre les infiniment petits? Le micros¬ cope qui nous les montre, — et, triste consolation, nous en mon¬ tre tous les jours de nouveaux, — et les antiseptiques, — quand on peut les employer, ce qui est trop souvent peu pratique, smon impossible. On a trouvé des cercomonas dans les déjections des malades atteints de choléra et de fièvre typhoïde, on a trouvé des bacléries dans le sang des animaux atteints du sang de rate , de la morve, du fa rein, du charbon, dans celui des hommes attaqués par la va¬ riole et par d’autres fièvres infectieusés; la discussion actuelle¬ ment encore pendante à l’Académie de médecine sur la septicémie nous a fait voir combien de portes notre pauvre organisme ouvre à l’invasion des microbes; voici qu’il y a des germes, dans l’eau, dans l’air, dans tout ce qui nous touche et nous entoure; toutes les maladies deviennent le produit des microbes. Enfin, dans l’est de l’Europe, voici la peste, et la peste, elle aussi, est due à d<*s microbes, du moins M. Pasteur l’affirme et nous ne devons pas en douter. On sait qu’à propos de la peste les gouvernements européens ont envoyé une commission internationale pour étu lier dans son foyer le terrible fléau. Le délégué de la France est le Dr Zuber. Or, dans l’une des dernières séances de l’Académie de médecine, M. Marey a demandé à M. Fauvel si un plan d’étude a été remis aux délégués. Il lui paraît important de ne pas laisser échapper cette occasion de déterminer le rôle que peuvent jouer les germes atmosphériques dans la propagation de la peste ; il voudrait qu’une commission fût nommée pour rédiger un programme. M.Bouillaud a appuyé fortementc ette proposition parce que. a-t- il dit, nous n’avoris pas seulement à nous préoccuper des moyens préservatifs à opposer aux maladies contagieuses, — (mais M. de Lesseps, qui a couché dans des lits de pestiférés, a affir¬ mé récemment que la peste n’est pas contagieuse) — il faut surtout JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m nous appliquer à en déterminer les origines. C’est alors seulement que nous pourrons combattre efficacement ces maladies. M. Fauvel a déclaré que les instructions données à M. Zuber sont conformes aux désirs de MM. Marey etBouillaud. Quant à M Pasteur, il a appuyé avec d’autant plus d’empresse- menl, dit le Courrier médical, la proposition de Marey qu’il est co-ivaincu que ce n’est « en quelque sorte, » (pourquoi « en quel¬ que sorte » ?) que grâce aux germes infectieux que se propage la peste, comme bien d’autres maladies épidémiques. Je suppose, a-t-il dit, que je sois chargé d’aller étudier la peste ; la première chose que je ferai sera d’essayer la culture du sang d’un pestiféré, alors qu’il est encore vivant et après sa mort. Une goultelette suffirait pour cette culture. Si après plusieurs dilu¬ tions infinitésimales on arrivait, par des inoculations pratiquées sur des animaux, sur des singes par exemple, à produire des phéno¬ mènes identiques à ceux de la peste, on serait sûr que cette ma¬ ladie est due à l’infection de l’économie par des proto-organismes vivants, des microbes aréobhs ou anaérobies. Mais comment entreprendre ces recherches sans faire courir aux observateurs les plus grands dangers? Les germes ne pouvant d’après M. Pasteur, pénétrer en nous que par les muqueuses, v il suffirait » de mettre celles-ci à l’abri du contact de l’air, à l’aide d’ouate enfoncée dans les oreilles et les fosses nasales et d’un appareil placé sur la cavité buccale; quant à l’alimentation, il serait bon de faire cuire, et soi-même, deux fois ses aliments ; enfin il ne faudrait boire que des eaux minérales provenant de pays étrangers. M. Pasteur est convaincu qu’en prenant ces précautions on pourrait « impunémenl, sans courii* le moindre danger, » étudier la peste au sein même du foyer d’infection, « parmi les malades, les mourants et les morts. » Il y a à tout cela bien des choses à dire. — Le procédé de M. Pasteur nous paraît ressembler un peu à celui de notre bon¬ homme qui tuait les punaises, — il n’est guère pratique. Nous voyons difficilement le médecin, ainsi capitonné, visiter, comme dit M. Pasteur, les morts, les malades et aussi les mourants (qui en général sont des malades et même plus malades que les autres), quand même sous cet attirail burlesque, il pourrait véritablement le faire « impunément » et même « sans courir le moindre dan¬ ger, » — (ce qui esta peu près la même chose qu’impunément). Cela nous rappelle une image qu’étant enfant nous regardions avec étonnement dans un vieux Magasin pittoresque et qui repré¬ sentait un personnage coiffé d’un bonnet pointu, enveloppé dans une immense robe matelassée dont ne sortaient que le nez, les 404 ■w - JOURNAL DE MICROGRAPHIE. yeux, les mains et les pieds du bonhomme. Mais les yeux étaient couverts de vastes besicles dont les verres convexes s’ajustaient sur les orbites, le nez s’enfonçait dans un long cône en carton rempli de parfums par le bout, les pieds étaient garantis par d’immenses chaussons et les mains par d’énormes gants. Une de ces mains tenait un gros bâton. Ce personnage à bonnet pointu et à faux nez semblait un magicien de carnaval en route pour le bal masqué. — Pas du tout, c’était un « médecin allant visiter des pestiférés. » Le bâton lui servait à palper ses malades. M. Pasteur n’est donc pas l’inventeur de son procédé de préser¬ vation, et, d’autre part, M. Rochard s’est hâté de protester contre ces moyens prophylactiques qu’il déclare « impossibles dans la pratique. « — Et puis, a-t-il ajouté, le médecin ne doit pas con¬ naître ces timidités, car il faut avant tout que, par son maintien et sa tenue, il rassure les malheureux frappés par le fléau. » Bref, l’Académie de Médecine a nommé une commission com¬ posée de MM. Pasteur, Bouillaud, Fauvel, Bouley, Davaine, Marey et Rochard. Cette commis ion sera chargée de formuler un pro¬ gramme comprenant: \° Recherches sur l’origine de la peste; 2“ mesures prophylactiques à prendre pour se garantir de la peste. Ainsi maintenant, comme nous le disions plus haut, tous les miasmes sont des germes, toules les maladies, ou à peu près, sont des parasites ou des microbes. Mais, si nous avons bonne mémoire, ce n’est pas d’aujourd’hui non plus que date cette doc¬ trine dont M. Pasteur n’est pas l’auteur. Il y a déjà longtemps qu’un homme envers qui la France et la science ne sont pas assez justes, un des pères de la microscopie, un homme qui, le premier peut-être, — avant Schleiden et Schwann — eut la notion de la théorie cellulaire, ainsi que nous espérons le prouver un jour, il y a longtemps que F. -Y. Raspail a soutenu que la plupart des maladies sont dues à des animalcules ou à des cryptogames, à des germes qui sont transmis par les airs sous forme de miasmes ou par les eaux sous forme d’infusoires. Aussi, pour les guérir pro¬ posa-t-il l’un des meilleurs antiseptiques et insecticides connus, le camphre. Les médecins d’alors ont bien ri de la doctrine et du remède ; ils se sont bien moqués de cet homme bizarre qui avait eu l’idée singulière de recourir au microscope et de vouloir fonder sur ses observations une théorie philosophique et une doctrine médicale. Cependant Raspad, qui, peut-être, n’avait pas sur la cellule des idées aussi nettes que nous pouvons en avoir aujour- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 405 d’hui, dont les notions sur ce qu’il appelait des animalcules ne s’étendaient peut-être pas jusqu’aux microbes aérobies ou anaérobies de M. Pasteur, Raspail, en somme, avait annoncé bien des choses que l’on découvre aujourd’hui et nous voici revenus, après en avoir tant ri, à sa théorie sur les maladies infectieuses ; — et même en faisant respirer ses malades à travers un tube contenant un morceau de camphre entre deux tampons d’ouate, (la cigarette-Raspail), il semble avoir pressenti M. Pasteur et son procédé préservatif. — Nil novi sub sole, disait déjà il y a quelques siècles, le roi Salomon qui, lui aussi, fut un incompris. * * Pendant qu’on discute de c^ côté de l’Atlantique sur les aérobies et les anaérobies, la trichine a clandestinement passé l’Océan et la voici installée aux Etats-Unis où les commissions d’hygiène et de santé commencent à s’en inquiéter. — On sait l’immense com¬ merce de viande de porc que fait la ville de Chicago, aussi le Dr O C. de Wolf, commissaire de santé, s’est-il adressé à MM. Atwood et Belfield pour faire examiner la viande de 100 porcs et demander des instructions. MM. Atwood et Belfield dans un inté¬ ressant rapport que nous publierons, ont établi que 8 pour 100 des porcs sont infestés de trichines, ce qui est une proportion considérable; mais les distingués microscopistes croient devoir rassurer le public en se fondant sur ce que les trichines sont tou¬ jours logées dans les muscles psoas, jamais dans le jambon, que l’acide sulfureux ou une température même inférieure à celle de l’eau bouillante suffit pour les tuer ; que, du reste, la présence de ce parasite dans l’organisme est bien moins à craindre qu’on le croit, que, chez l’homme, 5 à 3 personnes sur 100 hébergent des trichines dont ils ne souffrent aucunement, et que dans la « car¬ casse » d’un rat blanc, tué en pleine santé, « carcasse » qui pesait une once après qu’elle eut été préparée, on n’a pas trouvé moins de cent mille vers dont l’animal ne s’était jamais plaint, ni au commissaire ni à personne. Le Bulletin delà Société belge de Microscopie (23 janvier 1879) contient un travail de M. Julien Deby sur les Diatomées terres¬ tres, travail que nous reproduisons aujourd’hui, 1 — une note de M. Cornet sur la microtome Rivet, et les analyses de différents ou¬ vrages. La Science-Gossip (Mars) contient une note publiée par M. G. Du 106 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Plessis dans le Bulletin de la Société Vaudoise des sciences natu¬ relles sur la préparation et la conservation des organismes délicats ; — la suite d’un très-intéressant travail de M. G.-R. Yine sur les Caractères physiologiques du Fenestrdla ; — un article sur le mon¬ tage et la conservation des larves de papillons et de mouches, par M. William Brewster ; une noie de M. John W. Buck, sur les Etamines du Sparmannia africana. M. A. Smith décrit en quelques mots, dans le même recueil, une petite pompe destinée à enlever ies bulles d’air des préparations. C’est une petite boîte ou cadre en bois ou en métal, à bords bien dressés dans lequel on place la préparation, on la recouvre avec une lame de glace qu’on lu te sur les bords du cadre. La boîte est munie d’une petite tubulure dans laquelle est engagée un tube en caoutchouc terminé par un bout de tube de verre. Celui-ci est percé d’un petit trou latéral et coiffé d’une lame mince de caout¬ chouc retenue en place par un anneau élastique que l’on obtient en coupant une rondelle dans un tube de caoutchouc. On aspire avec la bouche : la lame mince de caoutchouc se soulève et permet la sortie de l’air. Quand on cesse l’aspiration la lamelle retombe, et ferme le trou; c’est une soupape facile à construire. M. F. Kitton indique sommairement la construction de la chambre claire du Dr Hoffmann et M. Fr. Crisp fait un court résu¬ mé des articles qui ont paru depuis un an dans le Journal of the R. Micros copical Society. h' American Journal of Microscopy (Janvier) contient un extrait d’un travail lu par le professeur Elsberg, à l’Académie des Scien¬ ces de New-York, sur la structure des globules rouges du sang j — une étude sur les cristaux artificiels d’or et d’argent, par M. À. H.Chester, empruntée à l’ American Journal of Science (juillet 1878); — le rapport de MM. Atwood et Bel field sur la trichine dans le porc, dont nous avons parlé plus haut; — Le Microscope en méde¬ cine légale, travail lu par M. H. C. Ilyde, à la Société Microscopi¬ que de San-Francisco; — Notes sur les Diatomées de Santa Mo¬ nica, Californie, parM. Ch. Stodder, que nous reproduisons dans le présent numéro ; — Soirées microscopiques ; bonne méthode pour exhiber les objets, par M. G.-E. Fell ; La vie microscopique dans les marais, généralités par M. Wilkins, article emprunté à une publication anglaise; — Un nouveau Rotifère [Anurea longispina) par M. D. S. Kellikott, etc. * * Dans Y American Naturalist (février 1879), nous trouvons un grand nombre d’articles intéressants, Un voyage dans la Nouvelle JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 107 Zélande , un compte rendu de la dernière pari ie de l’ouvrage de Brœhm (La vie d. s animaux), etc., — tous travaux qui s’écartent de notre programme ; mais dans le chapitre Microscopie nous lisons une lettre du professeur J. -Edwards Smith, de Cleveland (Ohio), sur la visibilité du noyau dans les globules sanguins rouges à l’aide de l’illuminateur vertical de Bock», tel qu’il a été modifié par le professeur Hami ton Lawrence Smith, de Geneva (N. -Y.) Enfin, le Cincinnati Medical News , nous apprend que la Société d’Histoire Naturelle de Cincinnati vient de constituer une section de Microscopie, et le Dr Thaeker a promis d’y exhiber les nou¬ veaux objectifs à glycérine interposée, inventés par M. Gundlach et construits par MM. Bausch et Lomb, de New-York. ★ * + Nous avons oublié, - et c’est un tort — d’annoncer l’appari¬ tion d’un nouvel objectif dont nous avions cependant connaissance dès le mois de oécembre dernier. Il est grand temps, comme on le voit, que nous réparions cet oubli, et d’autant plus que ce nouvel objectif est de M. R. -B. Toiles. G est un 1/25 de pouce construit de manière à pouvoir agir à sec ou à immersion eu manœuvrant le collier de la correction. Mais par le même système, on peut disposer l’instrument de manière à s’en servir dans l’eau distillée, dans la glycérine ou dans l’huile. Nous atiendons des renseignements plus complets sur ce remarquable objectif et nous nous empresserons de les transmettre à nos lec¬ teurs aussitôt qu’ils nous seront parvenus. Nous pouvons ajouter qu’à une récente séance de l’Académie des sciences de New-York, le DrEph. Cutter, de Boston, dont nous avons décrit l’an dernier les belles micro-photographies, a exhibé deux objectifs de Toiles, un 1/50 et un 1/75 de pouce, et il a lu sur ce dernier instrument un mémoire dont nous donnerons aussi prochainement le compte rendu. Nous avons reçu le fascicule ï des travaux exécutés au labora¬ toire d’anatomie de l’Université de Rome, publié sous la direction du professeur Todaro; nous nous proposons de traduire pour nos lec¬ teurs plusieurs des mémoires contenus dans cet intéressant recueil, ainsique les Recherches sur F épithélium rétinien des Vertébrés , tra- 408 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. vail exécuté par le et de physiologie Fr. Boll. D' A. Angelucci, dons le laboratoire d’anatomie comparées de Rome, dirigé par le professeur Annonçons en terminant la 3e édition, publiée par MM.Hardwicke et Bogue, de Londres, de « Science meule easy » (la science rendue facile), par M. T. Twining, ouvrage qui a obtenu, Fan dernier, une médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris. C’est un cours méthodique en six lectures familières, accompagnées de planches et de tableaux, qui doit rendre de grands services, ainsi que le prouve le légitime succès qu’il a obtenu. D1 J. Pelletan. TRAVAUX O R 1 Q I N A U X LA. FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbia.ni (1). II Avant d’étudier les conditions de contact des éléments reproducteurs mâles et femelles et les phénomènes qui accompagnent la fécondation, il est utile d’examiner d’une manière rapide et générale, les modes et les procédés de fécondation dans les différents groupes d’animaux, car nous savons qu’il y a deux modes, la fécondation externe, mode le plus simple, et la fécondation interne, mode plus compliqué. Le mode de fécondation, chez les animaux, paraît dépendre moins direc¬ tement du rang plus ou moins élevé qu’ils occupent dans la série zoolo¬ gique que des conditions physiques dans lesquels ils vivent. Il est certain, cependant, que la fécondation se produit par le mode le plus simple chez les animaux présentant eux-mêmes l’organisation la plus simple. Ainsi, parmi les invertébrés, ce sont les Mollusques acéphales, les Zoophytes, et en général, les invertébrés inférieurs chez qui la fécondation est externe. Toutefois, cette règle est loin d’être générale, car il y a des animaux pla¬ cés au même échelon zoologique qui présentent, les uns, la fécondation interne, et les autres, la fécondation externe ; et même, certains ont la fécondation externe quoique placés à un rang plus élevé que d’autres, à fécondation interne. Ainsi, chez tous les Infusoires, il y a accouplement et fécondation interne ; parmi les Vers, ce sont les inférieurs, les Hirudinés ou (I) Voir Journal de Micrographie , T. lit, 1879, p. 5L JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 109 Sangsues, les Lombriciens, les Nématoïdes, les Cestoides, les Trématodes, qui présentent la fécondation interne, tandis que les Vers plus élèvés, les Térébel les, les Serpules, les Néréides ou Vers «à branchies (Annélides branchifères) n’ont* que la fécondation externe. Mais ces animaux sont tous marins ou aquatiques et l’eau dans laquelle ils vivent peut servir de véhi¬ cule aux éléments reproducteurs, tandis que les premiers sont terrestres ou parasites et, par conséquent, moins bien placés sous ce rapport : tels sont la plupart des Lombriciens, les Tænias et tous les Cestoides, les Tré¬ matodes ou Douves, les Nématoïdes, etc. La vie aquatique est donc indispensable à la fécondation externe, et l’on comprend que celle-ci serait impossible chez les animaux terrestres, aussi ont-ils toujours la fécondation interne. Lt comme cette condition de vie terrestre implique toujours une structure plus complexe, on voit comment s’établit le rapport entre la complication de la structure, c’est-à-dire le rang zoologique, et le mode de fécondation, mode qui se trouve ainsi primiti¬ vement régi par les conditions de la vie. D’ailleurs, les deux modes de fécondation ne sont pas toujours aussi tranchés qu’on pourrait le croire. Dans le mode le plus simple de la fécon¬ dation externe, les produits sexuels sont abandonnés au gré des eaux, sans rapprochement des individus. C’est ce qui a lieu chez les animaux sédentaires et fixés, les Polypes, les Échinodermes, (dont les mouvements sont très lents), certains Mollusques Acéphales ; c’est le hasard et les cou¬ rants qui mettent en rapport les éléments sexuels beaucoup plus agiles d’ailleurs, les éléments males au moins, que les parents. Ces espèces sédentaires vivent ordinairement en sociétés nombreuses, ce qui est une condition favorable, et les spermatozoïdes sont émis par eux en quantités considérables dans les eaux qui les baignent. La fécondation se fait donc comme chez les plantes dioïques, et suivant les hasards des vents ou du transport par les insectes. Chez d’autres espèces les chances de contact sont augmentées par suite de ce que les animaux se rapprochent ou par paires ou par troupes, comme les poissons osseux Les Épinoches forment des couples, s’apparient, quoique sans accouplement, construisent un nid où la femelle pond des œufs que le mâle vient aussitôt arroser. D’autres se réunissent en troupes ou bancs immenses au moment du frai, les morues, les harengs, les ma¬ quereaux. Leurs mœurs, à cette époque, ont été très bien étudiées par le célèbre naturaliste Norvégien Oscar Sars. Les mâles ne sont pas ordinai¬ rement confondus pêle-mêle avec les femelles, tantôt ils nagent au-dessous, comme chez les morues, et les œufs émis par les femelles flottent, le micropvleen bas, prêts à recevoir les spermatozoïdes des mâles placés au- dessous ; tantôt, comme chez les harengs, les mâles suivent les femelles et fécondent les œufs que celles-ci émettent en nageant. Chez nos poissons d’eau douce, on a pu observer aussi, et Aristote le savait déjà, que les mâles poursuivent les femelles au moment du frai; les d 10 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. deux individus se frottent l’un contre l’autre, jusqu’à émission des œufs et de la laitance. On a pu faire cette observation sur la brème bordelière (Brœhm), sur le brochet, sur la tru te, etc. Pendant cette opération, ces animaux manifestent tous les symptômes d’une excitation très-vive. C’est là évidemment un commencement d’accouplement qui est porté plus loin encore chez les Batraciens Anoures et Urodèles. Chez les Batraciens, en elfet, chez les Anoures, les grenouilles et les cra¬ pauds, il y a accouplement. L’accouplement a tantôt lieu par la région axillaire, le mâle embrassant la femelle par les aisselles, tantôt par les hanches, comme chez le bombinator et le pelobate. Ar. de l’isle a décrit très attentivement l’accouplement chez l’alyte ou crapaud accoucheur. L’accouplement est d’abord lombaire, le mâle embrassant la femelle au-dessus des pattes postérieures ; il aide alors à l'émission des œufs par des pressions sur le ventre de la femelle, mais au moment de la sortie des œufs, il monte plus haut, de manière à rapprocher son cloaque de celui de la femelle, il embrasse alors celle-ci par le cou et au moment de la sortie des œuls, il les arrose de sa semence. L’accouplement d'abord inguinal devient cervical. Mais, de plus, en même temps qu’il y a éjacu¬ lation de sperme, il y a émission d’urine de la part du mâle, ce qui est utile, car l’accouplement se fait sur le sol et non dans l’eau. C’est l’urine qui gonfle et rend perméable aux spermatozoïdes l’enveloppe albumineuse ou glaireuse de l’œuf. Chez les Urodèles, les tritons, les salamandres, l’axolotl, on admettait, depuis Spallanzani, une fécondation interne mais sans accouplement vé¬ ritable. On pensait que les spermatozoïdes s’introduisaient dans le cloaque de la femelle, mais Schreibers, en 1833, a reconnu un véritable accou¬ plement chez la salamandre noire, par application des deux cloaqm s l’un sur l’autre. Finger l’a reéonnu en 1841, chez le triton commun ( Triton tœniatus). Puis, il a été observé chez plusieurs autres Urodèb s, notam¬ ment chez le Triton alpestris , par Schnezler, chez l’Axolotl, par Ch. Bobin et Stieda, etc. C’est un accouplement externe, comme l’a dit Burdach. Un mode d’accouplement analogue se produit chez les Oiseaux qui. pour la plupart, n’ont pas de pénis. L’oviducte, chez la femelle, et les conduits déférents, chez le mâle, s’ouvrent, comme on sait, dans le cloaque, ainsi que les uretères et le rectum. L’accouplement se produit par l’application des bords du cloaque et le sperme n’est pas versé dans le cloaque de la femelle, car s’il en était ainsi, la semence serait altérée par les matières excrémentitielles ; le mâle fait saillir ses deux papilles génitales et les in¬ troduit dans la portion terminale de l’oviducte qui est évaginée, à ce mo¬ ment. Les spermatozoïdes sont donc déposés dans cette partie terminale de l’oviducte qu’on pourrait appeler un vagin La muqueuse de l’oviducte rentre alors et la semence se trouve directement transportée dans le canal vecteur Coste a ouvert un grand nombre de [tonies après l'accouplement et a trouvé beaucoup de spermatozoïdes dans l oviducte, mais pas dans le cloaque. Coste était un observateur extrêmement habile et l’on peut avoir foi dans ses expériences qui, d’ailleurs, sont complètes; il a trouvé qu’en JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 4 41 12 ou 14 heures, les spermatozoïdes ont parcouru tout cet oviducte qui, chez la poule, n’a pas moins de 60 à 70 centimètres de longueur, et sont arrivés à sa partie supérieure, au pavillon de la trompe. C’est encore là un accouplement très-imparfait ; mais il y a des oiseaux qui ont un véri¬ table pénis. L’accouplement chez les Poissons cartilagineux ressemble beaucoup à ce qu’il est chez les oiseaux. Il v a application du cloaque du mâle sur ce¬ lui de la femelle comme chez ces derniers, avec cette différence que, chez les Plagiostomes, il n’y a qu’une seule papille génitale représentant un petit pénis médian, et qui reçoit la terminaison des deux conduits défé¬ rents. Cette papille est introduite dans le vagin et y dépose les sperma¬ tozoïdes qui pénètrent dans les deux oviductes. Mais cet acte est accom¬ pagné de circonstances très-curieuses et qu’on ne retrouve chez aucun autre animal. Chez le mâle, il existe à la base de la queue, un peu en arrière du cloaque, de chaque côté, un appendice placé sur le bord in¬ terne de la nageoire ventrale. Ces appendices, énormes chez les raies, se trouvent chez tous les Plagiostomes ; plus petits chez les squales, on les voit aussi dans le groupe des Poissons cartilagineux llolocéphales, les chimères. Ils ont la forme d’un cône allongé dans le sens de l’axe, le sommet dirigé en arrière du côté de la queue. Leur structure, quoiqu’au fond la même chez tous ces Poissons, présente cependant des différences notables d’un genre à l’autre ; pour l’expliquer clairement, il faudrait un nombre infini de dessins, et encore est-il indispensable d’avoir vu et manié l’organe pour se rendre compte de sa complication extrême ; aussi, a-t-il été beaucoup étudié et souvent décrit, par Block, en 1785, par Cuvier et Duvernoy, dans le 8e volume de la lre édition de Y Anatomie comparée et dans un mémoire séparé, par Davy, en 1839, Meyer, en 1834, Yogt et Pappenheim, en 1859, Gegenbaur, en 1870, R. Pétri, Leuckart {Arch. fur wiss. Zoologie ), en 1878; mais nous ne pouvons entrer ici dans ces détails d’anatomie générale, nous ne pouvons qu’en donner une idée sommaire, parce qu’il est certain qu’ils interviennent dans l’accouplement, mais on ne sait pas, en réalité, de quelle manière. Chaque appendice représente une sorte de cornet un peu tordu sur son axe, muni d’une fente longitudinale qui commence à sa base et qui a une direction un peu spiroïde de dedans en dehors. L’appendice peut ainsi se dilater et s’entr’ouvrir; la paroi est d’ailleurs formée de cartilages qui s’articulent et peuvent se mouvoir les uns sur les autres, grâce à un grand nombre de muscles. Ces cartilages émettent dans l’intérieur de l’appendice, des lames et des plaques extrê¬ mement nombreuses et de forme excessivement compliquée, à surfaces courbes et arrondies, à bords durs et très-tranchants. Ces « ptérygopodes », comme les appelle R. Pétri, sont réunis à la nageoire ventrale par des muscles abducteurs, adducteurs, fléchisseurs, etc. ; ils sont donc doués de tous les mouvements; enfin, ils sont en rapport à leur base avec une grosse glande placée à la face ventrale de la nageoire, logée sous la peau et secrétant une matière grasse qui descend par cette espèce de gouttière et peut s’écouler au dehors par la longue fente du pté- 112 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. rygopode. Cette glande n’a été réellement bien étudiée que par Pétri : c’est une glande en tubes agglomérés et présentant une particularité intéres¬ sante. La glande est ovoïde, marquée d’un sillon longitudinal sur l’une de ses faces; ce sillon loge le canal excréteur vers lequel se dirigent tous les tubes secréteurs. Le sac membraneux qui enveloppe la glande est muni d’une musculature à fibres striées qui, composée d’un seul feuillet sur une des faces de la glande, se dédouble en deux couches sur la face où règne le sillon logeant le canal excréteur; l’un des feuillets s’applique étroitement sur la glande, suit la dépression du sillon médian, tandis que l’autre conti¬ nue la forme générale du sac. L’existence de cette musculature à fibres striées constitue une particularité assez rare, car la tunique contractile des glandes est presque toujours composée de fibres lisses, et les glandes de Cowper chez l’homme, la sous-maxillaire du grand fourmilier (G. Pou- chet), les glandes vénénifères des Serpents sont, avec celles des ptérygopodes des Plagiostomes, à peu près les seules exceptions qu’on connaisse à cette loi. Quant à ces ptérygopodes, ils interviennent certainement dans l’accou¬ plement, — mais comment? — Sont-ce des organes préhenseurs servant à fixer la femelle contre le mâle? — c’est possible. Servent-ils comme de pénis introduit dans le cloaque de la femelle pour porter le sperme dans l’oviducte? — C’est peu probable, parce qu’ils ne communiquent pas avec les organes génitaux internes et en sont placés à une grande distance. Geoffroy Saint-Hilaire pensait que ce sont des organes de titillation, de- tinés à exciter la femelle et à déterminer un érétisme favorable à la récep¬ tion de la semence, car il existe, sur les bords des oviductes, des papilles qui peuvent être sensibles. — Pétri a émis une hypothèse basée sur la structure anatomique de ces organes : comme à l’état de repos, ils se pré¬ sentent sous forme d’un cône de diamètre peu considérable, tandis que, quand les muscles agissent, ils éprouvent une grande dilatation et pren¬ nent un volume énorme, comme d’autre part, ils sont extrêmement mobiles, il pense que ce sont des organes que le mâle introduit' dans le cloaque de la femelle non pas pour l’exciter, mais uniquement pour dilater la termi¬ naison de l’oviducte, et l’on pourrait alors comparer l’action du ptérygopode à celle d’un spéculum articulé et même très-compliqué de mécanisme; — mais toutes ces explications sont des hypothèses, cependant l’opinion de Pétri paraît la plus vraisemblable. Arrivons maintenant aux animaux qui présentent non-seulement la fécon¬ dation interne, mais encore la fécondation favorisée par l’introduction d'un pénis, comme cela a lieu chez la plupart des Vertébrés, chez les Mollusques Gastéropodes, parmi les Invertébrés, chez tous les Insectes, parmi les Arti¬ culés, parmi les Vers Turbellariés et Nématoï ies. Parmi les Vertébrés, nous trouvons tous les Reptiles, quelques Oiseaux, les Curseurs, autru¬ ches, casoars, certains Gallinacés, hoccos, pénélopes, les cigognes parmi les Echassiers et parmi les Palmipèdes, les cygnes, les oies et surtout les canards dont le pénis, développé, a plusieurs centimètres de longueur; enfin, tous les Mammifères. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 413 Laissons de côté les Invertébrés, et occupons-nous des Vertébrés. Ceux-ci ont un pénis, certains même en ont deux ou plutôt un pénis divisé en deux moitiés dont chacune fonctionne, tels sont les Reptiles Cliélon iens et Crocodil iens ; le pénis est toujours simple chez les Mammifères et chez l’Homme. Nous ne pouvons étudier ici les diverses modifications anatomi¬ ques du pénis, il nous suffira de rappeler qu’il est toujours formé par une excroissance du cloaque ; ce n’est jamais un prolongement direct du canal déférent, c’est toujours une sorte d’ajutage que l’organe extérieur fournit, c’est une excroissance du bord du cloaque, tantôt du bord postérieur comme chez les Ophidiens et les Sauriens, tantôt du bord antérieur, comme chez les Chéloniens, les Crocodiliens, les Oiseaux et les Mammifères. Ce prolongement est toujours soutenu par des corps fibreux qui lui donnent plus de consistance, tantôt rétractile, tantôt fixe, souvent érectile. Ce pénis présente toujours une gouttière longitudinale, ouverte chez les Reptiles et les Oiseaux, fermée et constituant un canal chez les Mammifères et chez l’Homme. Nous sommes aussi obligés de laisser de côté tout ce qui a rap¬ port à la physiologie de l’appareil génital, au mécanisme de l’érection, etc., nous n’avons à nous occuper ici que du rôle que jouent ces organes, pour que la fécondation ait lieu. Pour que la fécondation ait lieu, il faut que le sperme pénètre dans un certain point d’où ses éléments mobiles remontent jusqu’à la région où s’opère leur rencontre avec les éléments femelles. Nous savons que ce lieu de rencontre est cette portion spéciale de l’oviducte, désignée par Henle sous le nom cV ampoule et qui est situéedans la trompe non loin du pavillon. C’est là le lieu d’élection de la fécondation. Mais pour pénétrer jusqu’à cette portion dilatée de l’oviducte, il faut que les spermatozoïdes parcourent toute la distance qui sépare ce lieu du point où ils sont déposés pendant l’accouple¬ ment. Or, ils paraissent déposés dans le vagin qui, pendant cet acte, entoure le pénis comme une gaine, d’où le nom même de cet organe (■ vayina ). Il semble donc naturel d’admettre que le vagin est le lieu de dépôt du sperme, et cependant plusieurs physiologistes l’ont nié et ont soutenu que le sperme pénètre directement dans l’utérus. Il y aurait là, suivant eux, quelque chose d’analogue à ce qui se passe chez les Oiseaux, le col de l’utérus jouant le rôle de la partie terminale de l’oviducte chez ces derniers. Mais si l’on consulte les faits, on voit que le dépôt a bien beu dans le vagin, et on le constate facilement dans l’espèce humaine. Donné, en 1844, a trouvé des spermatozoïdes dans le vagin d’une femme qui avait été portée à l’hô¬ pital la veille au soir; depuis cette époque, un grand nombre de physiolo¬ gistes et d’accoucheurs ont pu faire des observations analogues. 11 y a quel¬ ques semaines, Haussmann, de Berlin, ;i publié un mémoire dans lequel il affirme que depuis une heure jusqu’à 12 et 15 heures après le coït, le mucus vaginal contient constamment des spermatozoïdes, tantôt agiles tantôt immobiles, et nous verrous comment, dans le vagin, ils perdent rapidement leur mobilité. Costc a reconnu les mêmes faits sur les animaux, par exemple dans le vagin, de la lapine; Hensen dans celui du cochon d’Inde, et M. Balbiani, 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qui, depuis deux ans, a fait l’autopsie d’un grand nombre de lapines après l’accouplement, a toujours trouvé des spermatozoïdes dans le vagin et même 36 heuies après l’accouplement, mais alors ils étaient immobiles; après 29 heures 1/2, il y avait encore quelques spermatozoïdes agiles dans le cul de sac intravaginal qui est un lieu de refuge où ils conservent très longtemps leurs mouvements. Coste qui a porté son attention sur ce point, car il était en contradiction avec Biscboff dont il voulait eontrô'ertouies les expériences, a observé que les spermatozoïdes mettent de 30 à 35 heures à pénétrer du vagin dans l’utérus, et qu’avant ce temps on ne les trouve qu’en très-petite quantité sur les plis du museau de tanche. Il en a conclu que jamais, chez les Mammifères, un spermatozoïde ne pénètre dans la matri e sans avoir préalablement séjourné dans le vagin. C est là une affirmation très-nette, très-explicite, mais peut-être Coste a-t-il été en cela trop exclusif, tout aussi bien d’ailleurs que les auteurs qui ont soutenu exactement le contraire. Ceux-ci, qui soutiennent l’introduction directe du sperme dans l’utérus, se fondent sur différentes raisons: au moment de l’accouplement, disent-ils, l’extrémité libre de la verge se met en contact avec le col et forme avec lui un appareil conducteur complet par lequel le sperme éjaculé est porté dans l’utérus. — Mais pendant les mouvements du coït la continuité cesse; à quoi ces auteurs objectent qu’alors la verge agit comme le piston d’une seringue et pousse le sperme dans l'utérus. De plus, le vagin s abaisse dans l’excavation pelvienne sous l’influence de l’excitation vénérienne, sa direc¬ tion change par une action reflexe. On sait, en effet, que l’axe de l’utérus n’est pas, à l’état ordinaire, dans le prolongement de celui du vagin, mais forme avec ce ui-ci un angle obtus à ouverture tournée en haut et en avant. Or, pendant le coït, Muterus s’abaisserait en arrière et son axe se mettrait dans le prolongement de celui du vagin Enfin, on admettrait aussi que l’orifice du col s’ouvre et se ferme alternativement et exerce comme une succion pour aspirer le sperme. En effet, le changement de direction de l’utérus est un fait très-réel, et l’explication en a été donnée par Ko get. La matrice est un organe érectile qui, fléchi par en haut dans l’état ordinaire, se redresse sous l’influence d’une turgescence sanguine et se met en ligne droite comme un doigt de gant replié qui se redresse quand on l’insuffle « >n peut déterminer ce phé¬ nomène sur le cadavre par l’injection des altères ovariques. Le même effet se produirait sous l’influence de l’ex< itat ion vénérienne et au moment où la portion pendante de la verge se rélève Quant aux mouvements de contrac¬ tion etde dilatation du col, ils sont aussi très réels et démontrés: l’excitati n mécanique produite sur le col par la sonde, dans l’opération du cathété¬ risme utérin, les produit ; on a pu d’ailleurs les constater sur des utérus en prolapsus. En somme, ces faits sont réels, et il n’v a rien d’extraordinaire à ce qu’ils se produisent pendant l'accouplement ; mais, quoi qu’il en soit, les faits dé¬ montrent que si une portion de la semence peut arriver directement dans l’utérus, la majeure partie séjourné plus ou moins longtemps dans le vagin d’où les spermatozoïdes remontent dans les voies génitales plus profondes. v< f JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 445 D’ailleurs, un certain nombre d’observations ont prouvé que le sperme arrive directement dans la matrice, Leeuwenhoek, en 1684, a trouvé des spermatozoïdes dans l’utérus chez la lapine, aussitôt après l’accouplement ; Bischoff en a trouvé chez la chienne, chez le cochon d’Inde, et déjà vers le milieu de la trompe, immédiatement après l’accouplement. Mais quelle est la valeur précise de ce mot « immédiatement» ? — Cela peut bien être, sans doute, un quart d’heure, car, immédiatement , cela paraît peu possible. Leuckart a trouvé l’utérus plein de spermatozoïdes chez la lapine, 5 minu¬ tes après l’accouplement. M.Balbiani n’en a pas trouvé avant 7 minutes 1/4, mais à ce moment il y en avait à 1 centimètre au-dessus du col. Une seule observation est favorable à l’opinion de Coste : Hensen, chez une lapine après trois accouplements, a trouvé au bout de 10 minutes le vagin plein de spermatozoïdes, quelques-uns sur le museau de tanche, mais aucun dans l’utérus. En résumé, il faut admettre qu’il peut y avoir un grand nombre de varia¬ tions, une foule de circonstances diverses qui modifient plus ou moins les phénomènes. et que si le sperme peut être porté directement dans l’utérus, il n’en est pas moins vrai que la majeure partie en est ordinairement dépo¬ sée dans le vagin. (A suivre.) a DES HERBORISATIONS CRYPTOGAMIQUES Conférence faite à l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris. Messieurs, Dans toutes les Sciences d’observation, la pratique doit féconder la théorie, Tune ne doit pas marcher sans l’autre; après le cours, et comme complément, l’on doit trouver la démonstration. En Botanique, cette démonstration se fait de deux manières : 1° au la¬ boratoire, 2° à l’herborisation ; en botanique phanérogamique l’herborisa¬ tion a le pas sur le laboratoire, en botanique cryptogamique, c’est l’inverse. Cela se conçoit, la plupart de nos Cryptogames exigent pour être reconnus l’emploi du microscope; il n’en est qu’un nombre restreint qui soient as¬ sez reconnaissables pour pouvoir être nommés à première vue comme les Phanérogames. Aussi presque tous les échantillons recueillis dans les herborisations doivent être rapportés au laboratoire pour être étudiés de près et nommés le lendemain de la promenade. Ceux-là seuls qui ignorent la Cryptogamie peuvent assimiler les herborisations cryptogamiques aux herborisations phanérogamiques. Un laboratoire garni de microscopes, voilà ce qu’il faudrait avant tout pour compléter notre cours théorique. Je l’avais parfaitement compris dès la première année de mon enseignement et j’avais demandé qu’on mît un JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d!6 laboratoire à notre disposition ; ma demande ne fut pas accueillie parce que, me répondit-on, il existait déjà à l’École des travaux de microgra¬ phie et que l’installation que je demandais ferait double emploi. J’eus beau objecter que les travaux pratiques ne concordaient en aucune façon avec les descriptions théoriques, qu’en sortant d’un cours où j’avais in¬ sisté sur la fécondation des Fucacées, l’élève était brusquement et sans transition forcé de préparer les fibres de Chanvre, ou les globules du pus, et que, par contre, on leur montrait ladite fécondation des Fucacées quand je décrivais les Fougères ou les Lycopodes ; en vain j’objectai l’é¬ conomie de travail que cela amènerait pour vous, l’on fut inflexible. Après une seconde année de cours, je persiste plus que jamais dans ma manière de voir, et je suis certain que vous êtes tous de cet avis : l’ensei¬ gnement de la Cryptogamie doit se faire par moitié au laboratoire et par moitié à l’amphithéâtre par le même professeur, ou, tout au moins, sous la même direction. Vous vous êtes montré intéressés par l’histoire sèche et aride que je vous ai faite, sans aucun instrument ni objet de démonstration, de ces plantes inférieures dont les phénomènes biologiques servent à interpréter ceux qui se passent chez les êtres supérieurs ; par des effoits d imagina¬ tion inouïs vous vous êtes astreints à comprendre et à enchaîner toutes ces merveilleuses minuties d’un monde dont les représentants sont, pour la plupart, visibles avec le seul microscope ; vous avez suivi avec moi les pé¬ régrinations de ces Micrococcus aériens qu’on accuse d’être la cause de bien des maladies qui nous assaillent, vous avez par la pensée, et avec les yeux de la foi, assisté aux noces singulières de ces Algues, de ces Champi¬ gnons et autres cryptogames ; mai* quel intérêt beaucoup plus grand n’eussiez-vous pas pris à tous ces sujets si l’on eût pu vous montrer ces coupables qui violent notre organisme poumons tuer, avec quelle ardeur vous vous seriez mis à l’étude des peénomènes physiologiques si l’on eût pu vous montrer la copulation de ces Peronospora , les destructeurs de la pomme de terre, et combien n’eussiez-vous pas été heureux de voir de vos yeux Y Oïdium, ce fléau de la vigne, dont les horreurs ont été dépas¬ sées seulement parle phylloxéra, etc., etc. Il m’eût certainement été bien impossible de tout vous montrer sur des échantillons frais, surtout pendant ces premières années, mais grâce à des projections sur le tableau avec la lumière oxyhydrique, je vous eusse mon¬ tré les figures données par les maîtres qui ont surpris ces phénomènes. Voilà ce que j’avais rêvé pour ce cours, et lorsque j’acceptai la responsa¬ bilité de sa création, l’on m’avait promis de mettre à ma disposition tout ce qui pourrait aider à la réalisation de ce rêve. Vous avez vu comment les promesses faites ont été tenues. La craie et le tableau noir, voilà tout ce que l’Ecole nous a octroyé dans sa générosité. Votre bienveillance et votre intelligence ont suppléé à tout, et c’est pour cela que je n’ai point succombé au découragement qui me prenait parfois; votre zèle et votre assiduité me donnaient l’exemple et me soutenaient. Aussi je le déclare JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 117 hautement : si jamais un cours de botanique cryptogamique se crée en FRANCE, ON POURRA DIRE QU'lL A ÉTÉ FONDÉ PAR LES ÉLÈVES DE L’ÉCOLE DE L’ÉCOLE DE PHARMACIE DE PARIS. Herborisations. Les herborisations en Cryptogamie pour être moins importantes que les recherches du laboratoire, n’en ont pas moins un intérêt de premier ordre et sont des exercices pratiques d’une urgence in¬ contestable; aucune description, aucun dessin, aucune peinture quelque splendidement exécutée qu’elle puisse être, bien mieux, aucun spécimen d’herbier ne peut donner l’idée d’une plante comme un simple coup d’œil jeté sur le plus piètre des échantillons en place dans la nature; en un instant on a saisi son port, ses dimensions, sa couleur; ses relations avec les objets qui l’environnent; ce souvenir se fixe dans la mémoire d’une façon indélébile. Les herborisations sont le complément indispensable du cours et c’est pour cela que je les ai fait figurer dans le programme et que je les ai inaugurées dès la première année de mon enseignement. Je vous ai appris que les Cryptogames actuels (sont comme les der¬ niers reflets des végétations des premiers âges de la terre; pour chaque famille je vous ai indiqué les fossiles retrouvés; les herborisateurs cryp- togamistes ne doivent donc pas se borner à explorer la surface du sol; un grand intérêt, le plus grand peut-être, les sollicite à rechercher dans les terrains les plus anciens les débris des espèces contemporaines des pre¬ miers jours de notre monde. — Les excursions scientifiques dans le passé ont des localités spéciales : ce sont surtout les mines de houille et nous en sommes privés dans les environs de Paris; mais je ne doute pas que dans un temps plus ou moins rapproché, il soit permis au professeur de Cryp¬ togamie de diriger, chaque année, une de vos excursions dans les pays où l’on peut faire ample moisson de fossiles cryptogamiques. De même je vois d’ici venir un temps où, chaque année aussi, l’on couronnera ce cours par une herborisation faite aux bords de la mer pour vous y faire re¬ cueillir les Algues marines les plus importantes. Pour l’instant, restreignons nos courses à l’exploration de nos environs de Paris. Tout en excluant les Cryptogames visibles seulement au micros¬ cope qui encombrent l’air et les eaux ; il nous reste d’assez bonne récoltes à faire pour embarrasser les plus forts de nos cryptogamistes Nous avons vu, en effet, que les botanistes se sont partagé le domaine de la Cryptoga¬ mie de telle façon que chacun, encore renfermé dans un domaine isolé, ignore, pour ainsi dire, jusqu’à l’existence de ses voisins. Bien plus, dans certains cas, ce domaine est encore assez vaste pour se subdiviser lui- même en portions qui restent indépendantes les unes des autres. Or, chaque spécialiste, dans son terrain limité, avoue qu’il ne peut, à cause de la microscopicité des caractères qu’en raison du polymorphisme des espèces, à première vue déterminer tel ou tel échantillon présenté ; on conçoit que je n’affiche pas la pensée de vouloir être plus fort que chacun de ces spécialistes ; je me hâte donc de le déclarer, je ne suis ni assez fou, ni assez ignorant des difficultés qui hérissent l’étude des espèces Cryptogamiques pour avoir semblable prétention. 418 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Des herborisations cryptcgamiques faites pour l’instruction des élèves de l’Ecole de pharmacie ne peuvent être que des démonstrations pratiques et familières des enseignements théoriques professés au cours. Elles ne seront point de ces courses minutieuses faites en vue de la recherche de raretés qui sont, certes, d’un haut intérêt pour la Science, mais qui ne peuvent être d'aucune utilité pour vous ; la direction de telles excur¬ sions serait au-dessus de mes forces, l’honneur de les conduire revient, pour chaque branche, à des hommes spéciaux. Si j’ai bien compris ma mission elle se réduit : 1° à vous mettre en état de reconnaître les cryptogames dont la connaissance s’impose au pharmacien ; 2° à vous initier assez à la con¬ naissance générale de chaque groupe pour développer en vous l’amour de cette Science, afin que, plus tard, quand vous aurez des loisirs, vous soyez portés à en poursuivre l’étude. En conséquence, j’ai abordé ces herborisa¬ tions avec toute la timidité que commande le sentiment de ma faiblesse, mais enhardi par l’idée de vous être utile et par la certitude de vous retrou¬ ver, encore là, pour venir en aide à ma bonne volonté par votre bienveil¬ lance et votre ardeur au travail. Nous ferons pour nos herborisations ce que nous avons fait pour le cours, nous les fonderons par l’appui mutuel que nous nous apporterons. Les herborisations cryptogamiques n’ont pour ainsi dire de communs avec les herborisations phanérogamiques que le but et les lieux de recher¬ che ; presque tout ce qui concerne la récolte, la préparation et la con¬ servation diffère assez pour que je me croie obligé d’insister et de vous faire une conférence sur ce sujet. Chaque groupe de cryptogames réclame des soins, des instruments de récolte, de préparation et de conservation spéciaux. A. Récolte. Il faut considérer plusieurs points. 1° Quels sont les lieux où doivent se faire les recherches? 2° Quelles sont les saisons les plus favorables à la récolte? 3° Quels sont les meilleurs moyens pour faire les récoltes de chacun d’eux et pour les rapporter au logis en vue de la préparation? 1° Quels sont les lieux de recherche? Les Lycopodes sont rares dans nos environs, on les trouve à terre crois¬ sant au milieu des Mousses. Le L. clavatum se rencontre dans les bois de Versailles et de iMeudon. — Les Fougères plus communes habitent les par¬ ties ombreuses des bois et les fissures humides des rochers abrités. — Les Prêles se trouveront dans les lieux sableux inondés, leurs espèces sont peu abondantes. — C’est dans les eaux des mares et des fossés que croissent les Choragnes et les Algues, (nous ne parlons pas des Algues marines) les Diatomées se trouvent souvent dans les cours d’eau. — Les Mousses sont abondantes, à terre, sur les arbres, et sur les rochers bu- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 119 milles, le Fontincilis antipyretica est aquatique : les Hépatiques préfèrent les endroits humides ou un peu inondés, cependant quelques-unes viennent sur les rochers exposés au soleil. — Les Lichens, les moins exigeants des cryptogames, vivent à terre, sur les arbres, sur les rochers, sur les murs, à l’ombre ou au soleil sur les débris de toute sorte. Enfin, les Champignons se trouveront partout où il y a quelque matière organique à détruire, para¬ sites sur les plantes, venant, coprophytes ou saprophytes, dans les endroits ombreux, les caves, les souterrains, partout, même dans les friches et au soleil. La diversité de toutes ces stations et leur multiplicité a un avantage pour le cryptogamiste, il peut herboriser partout et s’il fait des excursions un peu éloignées, c’est aulant pour prendre un exercice bienfaisant, que pour trouver des cryptogames. Un pot de fleur, une tuile d’un toit, le premier tronc d’arbre venu fournit au travailleur une moisson assez fructueuse pour occuper les loisirs de la semaine qui suivra. 2° Quelle est l’époque de la récolte? Règle générale. On doit récolter les plantes au moment de la fructifi¬ cation, c’est-à-dire quand elles montrent tous leurs caractères. Pour les phanérogamistes l'époque de l’herborisation commence à la mi¬ mai et finit fin-août; pour le Cryptogamiste, ce sont là les mois où les courses sont les moins productives, excepté toutefois lorsque l’été est pluvieux; cependant il peut herboriser en tous temps, les objets de ses études étant tellement variés qu’il est toujours certain de rapporter quelque chose au laboratoire. — Nous pouvons donc herboriser en toute saison, les Lichens sont toujours aptes à être récoltés ; mais c’est en hiver à la fin des gelées, et par les premiers beaux jours du printemps que nous devons chercher les échantillons de Mousses et d’Hépatiques : c’est l’époque aussi à laquelle nous trouverons le plus grand nombre de Champignons charnus ; malgré cela, la fin de l’automne rivalise presque avec le prin¬ temps pour ces derniers. — Les Lycopodes, les Fougères, les Prêles et des Charagnes, fructifient à la fin de juin et en juillet. Mais il n’en reste pas moins que, d’une façon générale, c’est l’hiver qui est la saison du Cryp¬ togamiste ; s’il n’a pas toujours l’avantage de voyager en compagnie du soleil, il n’a pas les désagréments de la chaleur dont il grille parfois les Phanérogamistes. 3° Moyen de récolter et de transporter les échantillons. Règle générale. Il faut récolter les échantillons complets. Si cela est utile pour les phanérogames, cela est indispensable pour les cryptogames; on doit rejeter tout échantillon incomplet parce qu’il est le plus souvent méconnaissable, impossible à dénommer ; il est un embarras et ne peut être d aucune utilité. Il faut excepter les cas peu nombreux où les plantes se présentent à état stérile et à état fertile avec des caractères différents, comme certaines Prêles ; alors il faut récolter les deux états quoiqu’ils ne se présentent pas à la même époque. Les Acrogènes vasculaires se récoltent comme les phanérogames, on les arrache avec un piochon ou un couteau, puis on les serre dans la boîte à 120 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. herboriser ou dans le cartable. Chaque échantillon sera, aussitôt la récolte, muni d’une étiquette portant un numéro d’ordre. Les Charagnes exigent parfois l’aide d’un petit rateau en fer. Les Mousses sont en général faciles à détacher de leur support, le simple couteau suffit. Il n’en est pas de même des Lichens, à moins qu’une pluie ne soit venue les humecter la veille ; pour les enlever on préférera un couteau à lame flexible. — Dans le cas où les Lichens sont saxicoles, il faut le marteau de géologue pour briser le rocher qui les porte. Les Mousses et les Lichens demandent certaines précautions pour le transport; la plupart des échantillons sont petits, ils s’égarent facilement au milieu des autres plantes et perdent leur étiquette, salissent les autres échantillons, se désagrègent, etc., etc ; pour obvier à ces inconvénients on les enferme dans de petits sacs en papier assez fort, préparés à l’avance et portant chacun un numéro d’ordre. La récolte de quelque Hépatiques se fait comme celles des Mousses, mais d’autres sont molles, friables, aqueuses, faciles à briser; les rappor¬ ter pêle-mêle avec les autres plantes dans la boîte, c’est vouloir les sacri¬ fier, car elles se détruisent très-vite; on n’a même pas la ressource de les renfermer dans de petits sacs, car froissées, elles se collent au papier et ne peuvent plus être desséchées. C’est pour obvier à ces inconvénients que j’ai organisé un petit appareil qui permet deles rapporter en assez bon état, pour qu’il soit permis de les cultiver après l’arrivée à domicile. « Cet appareil qui se porte avec un cordon est un tube cylindrique en fer-blanc peint en vert, de 20 centimètres de hauteur et de 8 centimètres de diamè¬ tre, contenant six petites boîtes plates de 3 centimètres 1/2 de hauteur et tel diamètre qu’elles entrent un peu à frottement dans le cylindre. Cette précaution doit être observée, afin qu’une fois entrées elles ne puissent tomber du cylindre qui reste ouvert par sa partie supérieure. Ce cylindre est échancré à la partie inférieure de la largeur d’une demi-circonférence et de la hauteur d’une boîte; il est fermé par un embout mobile échancré de la même façon. Cet embout tourne sur un pivot, en sorte que l’on peut facilement mettre les deux échancrures en rapport l’une avec l’autre. Ace moment l’appareil est ouvert, et l’on peut retirer la boîte qui se présente à l’ouverture. On y met L Hépatique avec de la terre si l’on veut; on ferme la boîte, et on la place sur les autres par la partie supérieure du cylindre; à son tour elle forme le couvercle. Chaque boite porte un numéro, en sorte qu’il est facile sur le calepin de mentionner les particularités de tel ou tel échantillon, noms, localités, stations, etc. — Il va sans dire qu’on peut augmenter le nombre des boîtes en augmentant la longueur du tube, c’est une affaire de goût ou de besoin. On pourrait aussi augmenter leur taille, mais peut-être à tort, car celle indiquée plus haut est suffisante pour pres¬ que toutes les Hépatiques et le tube est peu gênant avec un aussi petit volume, ce qui est à considérer, surtout pour les excursions cryptogami- ques dans lesquelles on ne doit pas songer seulement à la récolte des Hépatiques (1). » (1) Verlot, Guide du Bolaniste herborisant , 2e édition, p. 263, chez J. -B. Baillière. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 421 Les Algues demandent d’autres précautions de récolte et de transport; il a fallu aussi inventer des appareils spéciaux. — Pour la récolte on se sert d’une sorte de cuiller-poclion qu’on fixe solidement à un bâton plus ou moins long: On plonge la cuiller dans l’eau et l’on ramène avec les Algues qui y flottent, on laisse reposer, puis on décante la partie superflue du liquide ; le reste est introduit dans des flacons. Ces flacons sont de taille diverses en rapport avec la récolte ou l’objet de la récolte. Les Diatomées se mettent dans des tubes. Chaque flacon ne doit contenir que lcTrécolte d’une seule localité, il porte comme les tubes un numéro d’ordre. Les tubes à Diatomées ou les flacons à Algues plus considérables pour¬ raient être rapportés dans la boîte à herboriser, mais outre qu’ils courent le risque de se briser, ils détériorent par leur contact tout le reste de la ré¬ colte. On a donc pensé à obvier à ces inconvénients. Certains ont proposé, pour les tubes à Diatomées, la ceinture-cartouchière des chasseurs, le tube remplacerait la cartouche ; mais avec ce système beaucoup de tubes se per¬ dent, le botaniste étant sans cesse baissé. — M. Petit a fait transformer un sac de voyage en un sac fort commode à compartiments de grandeur varia¬ ble suivant la grandeur des flacons ; c’est certes un moyen de transport de grande utilité. Les Champignons qui viennent en parasites sur les feuilles, les tiges, les racines, sont recueillis suivant les cas dans la boîte, le cartable ou les sachets, mais on est bien embarrassé avec les Champignons de plus grande dimension, mous, cassants, glaireux comme les Bolets, les Agaricinées, les Clavariées, les Morilles, les Pézizes, etc., etc. Impossible de les placer dans la boîte où ils se cassent et sont salis par le reste de la récolte, impos¬ sible de les mettre dans le cartable ; les envelopper dans des sacs n’empêche pas de les briser, à moins de s’astreindre à les porter à la main. Le plus simple est de les placer dans un grand panier et encore faut-il bien des précautions pour les ramener en bon état. En tout cas il ne faut pas oublier d’y placer une étiquette. De ce que nous venons de dire il ressort qu’un Cryptogamiste ne devrait sortir qu’armé de la formidable série d’appareils de récolte que nous résumons ainsi. A. Instruments de récolte: 1° une bêche ou un piochon; 2° un couteau à lame flexible ; 3° la cuiller-pochon, drague de M.Giraudy ou l’appareil de M. Petit, avec leur bâton; 4° le petit râteau pour les Charagnes et les Algues profondes ; 5° un marteau pour les Lichens saxicoles indispensable pour les excursions de paléontologie-cryptogamique. B. Instruments pour serrer la récolte : 1° boîte à herboriser ordinaire ; 2° cartable; 3° sachets; 4° boîte à Hépatiques; 5° sac de M. Petit ; 6° enfin un petit seau en toile pour le cas des récoltes spéciales d’Algues en parti¬ culier d’Algues marines. Il faut y joindre : C. Pour reconnaît! e la récolte : 1° une loupe, soit la triloupe, la loupe Coddington, soit la loupe rodée de Brevvster ; 2° l’appareil Brébisson ; 122 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 3° d’après M. Nylander, deux petits flacons, l’un de chlorure de chaux, l’au¬ tre de potasse caustique pour certains Lichens ; 4° une flore ; 5° le Guide du Botaniste herborisant de M. Verlot, qui, outre de bonnes indications géné¬ rales sur les herborisations, donne les listes des cryptogames que l’on peut rencontrer dans certaines herborisations des environs de Paris. D. Pour enregistrer la récolte : ' 1° Un crayon attaché par une ficelle solide de manière à être pendu après un bouton de paletot. 2° Un carnet ou calepin de 5 ou 10 feuillets, réglés, divisés en 4 colon¬ nes; la première contenant les numéros, la seconde réservée au nom, la troisième pour l’indication de l’habitation et la quatrième pour l’indication de la localité. 3° Des étiquettes collées «à l’avance sur les boîtes, les sachets, les bocaux, les tubes à Diatomées, et d’autres libres portant un fil double qu’on passe facilement autour des tiges; toutes portent des numéros qui correspondent à ceux du carnet. Une plante recueillie est placée dans un sachet ou dans un bocal ou munie d’une étiquette libre, aussitôt on inscrit sur le carnet au numéro correspondant les indications que l’on a pu recueillir sur la plante, le nom si elle a été reconnue, la localité et la station. Si ces indica¬ tions sont incomplètes, il est facile de les compléter au laboratoire après examen sérieux. Quand on herborise sans guide, il est bon en plus de se munir d’une carte routière. Dans les herborisations officielles, le soin de la direction revenant au professeur, celui-ci doit à l’avance explorer les localités afin d’éviter toute perte de temps et préparer une plus fructueuse récolte. Ainsi qu’on peut en juger, le bagage du cryptogamiste est autrement compliqué que celui du phanérogamiste, aussi il est bon de s’associer pour se les partager. Une herborisation à deux ou à quatre est très-profitable en ce sens. Dans les herborisations comme celles que nous avons à faire, il y a moins à s’inquiéter, chacun pouvant donner aide à ses camarades et leur prêter les instruments dont il est porteur. Il ne reste plus pour bagage que les divers appareils urgents pour rapporter les échantillons et le car¬ net à indications. — Le professeur et ses aides se chargeront de tout ce qui touche la reconnaissance des objets. B. Préparation. La récolte rapportée au logis doit être préparée, c’est-à-dire mise dans des conditions indispensables pour prendre place dans la collection. Règle générale. Il ne faut jamais séparer un échantillon de son éti¬ quette; et il faut reproduire celle-ci pour chaque échantillon que l’on divise. Toutes les plantes d’une récolte ne sont pas aussi exigeantes les unes que les autres. 11 faut donc aller au plus pressé et préparer ceux des échan¬ tillons qui souffrent le plus de l’attente. Les Lichens et les Mousses peuvent parfaitement attendre plusieurs jours ; les Hépatiques rapportées dans l’appareil que nous avons indiqué, peuvent JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 123 attendre une semaine et l’on peut même les faire végéter en ouvrant les boîtes et les mettant sous une cloche en m aintenant un peu d’humidité. Le reste sera préparé aussitôt que possible. Les Aerogènes vasculaires et les Characées seront séchées comme les phanérogames ; disposées entre des coussinets de papier buvard, on les soumet à la presse. Les Algues demandent des précautions très-grandes. On les retire de leurs bocaux en versant le contenu de chacun d’eux séparément, pour évi¬ ter les erreurs dans l’indication des localités, dans un vase rempli d’eau pure. On les lave on les débarrasse des impuretés, on choisit les échantil¬ lons qu’on divise et qu’on pare sous l’eau, en retranchant certaines por¬ tions avec des ciseaux. Cela fait, l’échantillon ainsi paré est mis dans une cuvette faite de papier fort dont on a relevé les bords: cette sorte de cu¬ vette est remplie d’eau, l’Algue y est étalée avec des aiguilles en épine de porc-épic et avec des pinces. Quand on lui a donné la forme voulue, on laisse écouler l’eau, puis on les fait égoutter. Alors on la porte à la presse comme les autres plantes, en ayant soin de mettre sur chaque échantillon une feuille de papier graissé de suif; sans cette précaution l’Algue se colle¬ rait au papier buvard. Ce procédé primitif est avec grand avantage rem¬ placé par celui indiqué par M. Bornet, indispensable surtout quand il s’agit d’Algues marines. « L’échantillon à préparer, étant plongé dans la cuvette fig. remplie d’eau, est nettoyé des corps étrangers qui lui sont adhérents; puis on l’étale grossièrement avec les doigts et l’on glisse au- dessous de lui une feuille de papier blanc et collé. On retire alors de l’eau le papier avec l’échantillon et on le place sur une planchette de bois ou sur une feui'Ie de tôle vernie; saisissant alors la planchette de la main gauche, on l’incline doucement en divers sens en même temps qu’on arrose l’échantillon au moyen d’une petite éponge. La plante étant égouttée pen¬ dant quelques instants, on la place avec le papier qui la porte sur un cous¬ sin de papier buvard, on le couvre d’un morceau de calicot, d’un nouveau coussin et on la soumet à une pression modérée. Lorsque la récolte est entièrement préparée on remplace les coussins mouillés par du papier suiffé et le tout est pressé assez fortement Quelques heures après l’on change de nouveau les coussins sans toucher au papier suiffé et l’on con¬ tinue ainsi jusqu’à ce que la dessiccation soit complète. » (Pour plus am¬ ples renseignements, voir : Instructions sur la récolte , l'étuile et la prépa- tiondes Algues par M. Ed. Bornet. Mem. Soc. des Sciences de Cherbourg 2. IV, 1856.) Pour les Champignons charnus l’embarras est bien plus grand, et l’on peut dire que pour les espèces charnues on n’a aucun procédé convenable de préparation. S’il en est qu’on peut arriver à mettre en herbier en les laissant perdre un peu de leur eau, puis en les partageant par tranches, il en est un grand nombre d’autres pour lesquels toute tentative de ce genre échoue tant ils sont mous, fragiles, et d’altération facile. On a songé à les conserver dans des bocaux avec divers liquides, l’eau salée, l’eau vinaigrée, l’eau alcoolisée, l’eau additionnée d’acide salicylique, etc., mais ils perdront leur coloration, leur forme et par conséquent leurs m JOURNAL DE MICROGRAPHIE. principaux éléments de reconnaissance. Pour avoir quelque chose de complet, il faut y ajouter la reproduction par l’aquarelle. On repré¬ sentera donc le Champignon dans ses différents états en montrant sa forme extérieure, la disposition de ses lames par rapport au pied et dans leurs rapports entre elles. 11 faut représenter une coupe longitudinale, montrer si les lames sont égales ou inégales, etc.; il faut bien saisir la couleur aux différents âges, examiner les spores au microscope et les dessiner en indiquant leur couleur et leurs dimensions. Enfin, laisser mûrir sur le papier légèrement gommé un chapeau tourné la face du côté du papier; les spores en vieillissant tombent et dessinent sur le papier, la disposition des lames en restant adhérentes en des points d’où on pourra les retirer pour une étude ultérieure. Les Lichens et les Mousses sont faciles à préparer ; ils sont reviviscents et par conséquent on peut, en les mettant quelques heures dans un lieu humide, leur donner leur souplesse primitive. — Les Lichens fruticuleux et les Mousses se sécheront alors comme des phanérogames, les Lichens crustacés devront être conservés sur une portion de leurs supports. C. Conservation. Il ne suffit pas de récolter les plantes, de les sécher et de les préparer, il faut les mettre en collection, la plupart en herbier. Règles générales. 1° Il faut bien faire attention à ne point faire d’er¬ reur d’étiquettes, et avant de coller celle qui restera à demeure, bien s’assurer des caractères de la plante ; 2° ^conserver les herbiers dans un endroit sec. % Je n’ai pas plus l’intention de vous par fer de la confection d’un herbier que je n’ai eu celle de vous décrire la manière de faire le séchage des plantes Vous trouverez les renseignements dans les livres spéciaux et en particulier dans le Guide du Botaniste herborisant par M. Verlot ; je ne veux vous en parler que parce que certaines de nos' plantes cryptogames demandent des soins spéciaux et qu’il faut en être averti pour ne point se trouver pris au dépourvu. Les Acrogènes vasculaires et les Charagnes, quand elles sont sorties de la presse et bien séchées se disposent comme les phanérogames et on les empoisonne de même pour les garantir des insectes qui, sans cela, les dévoreraient. — Les Algues se trouvent pour la plupart naturellement collées sur le papier à la suite de la préparation ; si certaines n’adhèrent pas, on les retiendra avec de la colle de gomme adragante. Les Mousses et les Hépatiques se conservent parfois en masses ou gâteaux plus ou moins considérables sur la terre où on les a récoltées; mais il vaut mieux diviser ces plaques en petites tranches verticales minces que l’on colle séparément sur le papier après que l’on a reconnu que les échantillons sont bien complets. Les échantillons sont en général petits et l’herbier peut être réduit à la taille du volume grand in-12 ou petit in-8°. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 125 Quant aux Champignons, s’il s’agit de parasites de feuilles, de tiges, etc., on les conserve comme les Phanérogames qui les supportent. Mais s’il s’agit de ces Champignons charnus qui nous ont déjà donné tant d’em¬ barras pour la préparation, nous retrouvons ici de nouvelles difficultés. Ceux séchés en entier sont épais et se tiennent mal en herbier; ceux fendus sont moins embarrassants, on les colle avec des bandelettes de manière à les pouvoir examiner sur leurs deux faces en soulevant et retournant l’échantillon. Ces préparations, nous l’avons dit, sont peu utiles, de plus elles se laissent facilement manger par les insectes et, pour comble d’ennui, on ne connaît guère de moyens de s’opposer à cette destruction. On a sans grand suc.cès employé le camphre, le poivre, les infusions de tabac, de simarouba et le deutochlorure. L’acide arsénieux empêche bien les insectes, mais il détermine le développement des moisissures. Les Lichens se mettent en herbier, toutefois, ils s’y cassent, s’y brisent, aussi les lichenologues préfèrent t-ils les conserver dans de petits sachets ou dans de petites boîtes à compartiments. Ces quelques aperçus suffiront, j’espère, pour vous donner une idée des différences de détail, très-grandes, qui distinguent les herborisations cryp- togamiques des herborisations phanérogamiques, mais vous comprendrez en même temps comment elles se ressemblent par le but commun quelles se proposent, et par les attraiis qu’elles offrent, et qui attirent chacun de nous. Pour moi, je vois dans ces herborisations une récréation scientifique, où le sérieux de la Science doit s’unir aux agréments d’une partie de plaisir. Aussi ces excursions demandent-elles à être faites en famille, et vous tous, aussi bien que moi, tiendrez à en éloigner les gens étrangers à cette École, indifférents toujours, tapageurs souvent, dont les extravagances retombent sur nous tous, nous font perdre des privilèges que nous regrettons plus tard, sans compter qu’elles troublent la fête, en compromettent l’intimité, dans laquelle maîtres et élèves doivent aimer à se rencontrer. C’est dans ces excursions, qu’on ne saurait trop multiplier, que les uns et les autres doivent apprendre à se connaître, c’est dans ces moments d’expansion que le professeur doit, en la faisant facile et agréable, allumer ce « feu sacré » de la Science dans le cœur de ses élèves, pendant que ceux-ci, en retour, prouvent à celui qui dirige leurs efforts et allège leurs travaux, qu’ils lui rendent l’affection qu’il a pour eux. Payer, mon maître, répondait, en se moquant, à ceux qui lui faisaient reproche de sa grande aménité, que la médiocrité seule est hautaine, et il prouvait chaque jour que c’est par l’affabilité qu’on fait le plus de recrues à la Science. J’ai toujours essayé de mettre ses leçons en pratique, j’ai fait mon possible pour l’imiter, il me semblait qu’ainsi je payais à sa mémoire la dette que j’ai contractée envers celui qui a dirigé mes premiers efforts et m’a, par conséquent, procuré l’honneur de professer ici. Du reste, nous sommes privilégiés entre tous vos maîtres, nous autres Botanistes, car ces herborisations nous procurent l’occasion de ces réunions familières dans 426 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. des conditions exceptionnelles, les beautés de la nature dont nous essayons de surprendre les secrets prêtant un charme extrême à ces utiles délasse¬ ments de l’esprit. C’est même probablement cela qui a valu à la Botanique, la réputation d’être la plus aimable des Sciences. D1' Léon Marchand, Agrégé, chargé d» Cours de Botanique cryptogamique, à l’Ecole Sup. de Pharmacie de Paris. Sur la Conjonctivite folliculaire (1) Messieurs, le sujet dont j’ai à vous entretenir est d’intérêt purement médical, et encore s’agit-il d’une question spéciale qui ressort du domaine de l’ophthalmologie. Je serai donc bref dans l’exposé du sujet, ne voulant pas abuser de vos moments précieux. Dans le courant de cette année, je fus mis en rapport avec un médecin distingué de Luxembourg, M. le docteur Herpain, attaché au pénitentiaire de Saint-Hubert. Le grand nombre d’ophthalmies qui s’observent dans cet établissement avait poussé fatalement notre confrère vers l’étude de l’ophthalmologie. L’observation journa¬ lière d’un grand nombre de cas de granulations palpébrales avait spécialement at¬ tiré l’attention de notre confrère. Il n’avait pas tardé à se convaincre de l’inanité de tontes les doctrines plus ou moins académiques qui avaient cours dans la science au sujet de la granulose , et il résolut d’approfondir la question. A ce moment parut un ouvrage du docteur Paul Blumbcrg; « Du trachome au point de vue de la pathologie cellulaire (2) » où il trouva un exposé clair et net de la question, en tout conforme aux faits qu’il observait journellement. Il résolut de publier l’ou¬ vrage, traduit en français, et de le faire précéder de quelques considérations his¬ toriques sur les théories émises depuis trente ans, au sujet de la nature intime de l’altération pathologique qui caractérise la granulation. L’exposé de ces théories surannées, auxquelles restent attachés les noms de ceux qui passaient alors pour des « sommités médicales » forme un tableau à la fois attristant et grotesque. On y voit une série de doctrines diamétralement opposées, dans lesquelles l’observation directe n’entre pour ainsi dire pas en ligne de compte. La dissection, l’examen microscopique sont dédaignés. Tout se traite au courant de la plume. Un pro¬ fesseur, qui déclare ne pas pouvoir se servir du microscope, enseigne ex cathedra que toutes les granulations sont exclusivement composées de cellules épithéliales. Un autre, vient déclarer qu’il n’y a dans la granulation qu’une simple inflammation. Un troisième déclare qu’il s’agit d’une hyperplasie, et que l’épithélium n’y est pour rien. Plusieurs admettent l’existence de. follicules clos, et considèrent comme granulations latentes ces organes qui existent à l’état normal. Un nouveau savant entre en scène et déclare que ces prétendus follicules n’existent pas Un autre lui répond qu’il les a reconnus toutes les fois qu’il a examiné une conjonctive sous le microscope... Et ainsi de suite. .. Il est consolant de penser qu’il ne serait plus possible, aujourd’hui, de traiter la science avec une telle désinvolture. Malheu- (!) Mémoire lu à la Société Belge de Microscopie le 28 Novembre 1878 (U. Bulletin de la Soc. B. de micr.) (2j Ueber das Trachom rom Cellularpathotogischen Standpunkte , von Dr Paul Blumberg, in Tiflis. Archiv. fur Ophthalmologie. XV. 1. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 127 reusement, toutes ces théories en l’air avaient eu leurs partisans acharnés, le trai¬ tement médical avait subi toutes les fluctuations de cette crise scientifique et ce furent en définitive les pauvres ophthalmiques d’alors qui payèrent les frais du procès. En homme consciencieux, notre confrère de Saint-Hubert voulut en avoir le eœur net. Il ne se contenta pas de faire ressortir l’inanité de toute cette science de cabinet, il voulut que le travail de Blumberg, qui lui semblait l’expression de la vérité, fut corroboré encore par quelque observation récente, faite sur un sujet connu et offrant toutes les garanties d’exactitude scientifique. Il s’adressa à la Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, dont le Rédac¬ teur en chef nous fit l’honneur, bien immérité du reste, de nous désigner comme snffisamment compétent pour trancher la question d’histologie pathologique. Notre tâche se borna d'ailleurs, à la simple étude anatomique aes pièces ; notre confrère a bien voulu reconnaître que nous en avons retiré tout ce qu’elles pou¬ vaient produire dans l’intérêt de la science. C’est dans ces circonstances que nous fûmes appelés à l’élucidation d’un pro¬ blème, qui, jusque-là, n’avait jamais fait l’objet de nos études. « Le sujet de noire observation, dit M. Herpain, était âgé de 16 ans, d’une bonne constitution et d’un tempérament lymphatico-sanguin. Il n’a jan ais été gravement malade, ni atteint d’engorgement graudulaire, ni d’aucune manifestation de la scrofulose. Je lui ai, pour la première fois, découvert des granulations vésicu- leuses vers la fin de 1875. Au printemps de l’année suivante, la conjonctivite s’était aggravée et les granulations étaient passées au deuxième degré. Après avoir traversé une phase d’amélioration de plusieurs mois la blépharite reprit une nouvelle acuité l’année suivante et s’accompagna d’une sécrétion puriforme assez abondante. Lorsque, au printemps dernier, une maladie intercurrente enleva inopinément ce garçon, il conservait depuis trois ans des granulations sur les quatre paupières. » En visitant le cadavre, vingt-quatre heures après la mort, je fus vivement frappé de ne plus retrouver sur les muqueuses palpébrales les aspérités qui, la veille encore, me paraissaient évidentes. J’ai noté ce fait avec d’autant plus d’in¬ térêt, qu’il confirme les observations que Blumberg rapporte plus bas. « Des lambeaux de la muqueuse des quatre paupières furent soigneusement détachés et remis à M. le docteur Ledeganck, secrétaire de la Société des sciences médicales et naturelles, etc., fort avantageusement connu par ses travaux d’his¬ tologie pathologique. Ce savant confrère a^ant soumis ses pièces à un examen approfondi, a bien voulu me communiquer le résultat de ses recherches, résu¬ mées dans les lignes suivantes : » Les granulations examinées sur une coupe verticale, à un grossissement de 50/1, se montrent d’une manière remarquablement nette (PL v, fig. 1). Elles sont moins affaissées que les auieurs ne les représentent, et, au lieu d’être englo¬ bées dans l’épaisseur de la muqueuse, ainsi qu’on les décrit habituellement, elles sont implantées à la surface libre de la paupière, où on les voit serrées les unes contre les autres à la manière des champignons sur leur couche. » Trois de ces granulations sont isolées pour être soumises à un plus fort grossissement. On distingue sur chacunes d’elles (fig. 2), en procédant du centre à la circonférence : a) une couche opaque qui ne se laisse pas réduire en éléments histologiques ; b) une ou deux séries de cellules lymphoïdes superposées : c ) une couche plus claire limitée par d) une dernière couche de cellules lamelleuses qu’il est impossible de différencier de l’épithélium normal. 428 JOURNAL DE MICROGRAPHIE « Les études ultérieures portent sur la couche claire et sur la couche obscure. » La couche claire (fîg. 3) renferme une quantité de cellules plasmatiques ou à prolongements anastomosés. Ces cellules laissent entre elles de nombreuses petites lacunes, remplies d’un liquide clair, hyalin, incolore (lymphe). Çà et là on voit une cellule lymphoïde perdue dans la trame des cellules plasmatiques. M. Ledeganck est disposé à croire que ces cellules lymphoïdes ont été entraînées par le scalpel au moment de la coupe. » L’examen de la zone opaque (fîg. 4) fournit les renseignements les plus posi¬ tifs. Il montre d'une manière évidente la coupe d’une glande-lymphatique quasi- pédiculée. On voit, en d, les éléments propres de la glande : les cellules adé¬ noïdes; plus à l’intérieur, en e, se trouvent les trabécules du stroma auxquels adhèrent encore une foule de cellules lymphoïdes; d’autres en grand nombre ont disparu, entraînées par le scalpel ou le lavage au pinceau. « Ainsi donc, à M. Ledeganck comme à M. Blumberg, la granulation n’a pré¬ senté que les éléments du tissu adénoïde : elle est essentiellement composée d’une trame réticulée qui loge des cellules lymphoïdes. On y rencontre, en outre, des cellules plasmatiques et de la lymphe. « Tandis que Van Kempen n’a pas rencontré de vaisseaux sanguins dans la granulation vésiculeuse, Blumberg décrit des vaisseaux capillaires qui rayonnent de la base vers le centre du follicule trachomateux à son premier degré de déve¬ loppement. « M. Ledeganck n’a découvert nulle part des vaisseaux sanguins, pas même des capillaires, dans l'intérieur de la granulation. Ce n’est qu’à la base du trachome folliculeux (fig. 4, f), qu’il a rencontré çà et là un capillaire. Bu reste, comme le fait judicieusement remarquer notre habile micrographe, la présence de capillaires sanguins dans le follicule lymphatique n’a pas de raison d’être. Le tissu plasmati¬ que avec ses cellules anastomosées fournissent à la lymphe des moyens de circu¬ lation bien suffisants. » Les faits et les observations que nous venons de rapporter conduisent logi¬ quement aux conclusions suivantes : » A. Les granulations trachomateuses qui s’effacent sur le cadavre redevien¬ nent visibles à l’aide de faibles grossissements (fig. 1). Elles sont sessiles et tas¬ sées les unes contre les autres à la surface externe de la muqueuse palpé¬ brale. » B. A un grossissement de 250/ L , elles se présentent comme un amas de col. Iules lymphoïdes revêtues de cellules épithéliales. Ces amas celluleux rappellent les éléments du ganglion lymphatique et du follicule muqueux, dont l’analogie est pour ainsi dire complète (Frey, loc. eit ., p. 510). « C. Soumis à un grossissement de 500/1, le caractère glandulaire de la gra¬ nulation devient évident. Elle est composée d’un noyau central de ces cellules plasmatiques que beaucoup d’histologistes regardent comme les origines des vais¬ seaux lymphatiques. Tout autour se montre la zone des cellules tassées, que la plupart des micrographes ont décrite, en lui accordant une signification conforme à leurs vues sur la nature des granulations. Le dessin ci-contre (fig. 3) montre que ce sont des corpuscules lymphoïdes adossés et disposés en cercle. Ils sont compris entre deux couches de cellules lymphatiques étoilées et sont serrés les uns contre les autres, par suite de l’afflux plus considérable de lymphe vers les cellules plasmatiques. Cet afflux localisé du liquide nourricier et l’augmentation pathologique des corpuscules lymphoïdes, constituent le processus caractéris¬ tique de la conjonctivite granulaire. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 12» » D. L’examen d’une granulation isolée à un grossissement de 600/1 ne laisse pas subsister de doute à cet égard. C’est bien une glande lymphatique, un gan¬ glion, un follicule hypertrophié que nous avons sous les yeux (fig. 4). On distingue sûrement le caractère fondamental de cet organe: le tissu conjonctif réticulé dans les mailles duquel sont logées des cellules lymphatiques. » En résumé, il reste acquis: » I. Que la granulation, que l’on découvre fréquemment depuis plusieurs années sur la muqueuse palpébrale d’un grand nombre d’habitants de l’Ardenne belge, est une hyperplasie . » II. Qu’elle résulte du développement d’éléments préexistant dans la constitu¬ tion normale de la conjonctive. » III. Qu’elle présente les caractères anatomiques du trachome folliculeux. » Là en était la question lors de la publication du travail de M. Herpain. Des cri¬ tiques se firent entendre à propos de notre œuvre commune. L’exactitude de l’analyse microscopique ne fut pas contestée; elle ne pouvait l’être d’ailleurs, cette analyse étant l’œuvre impartiale d’un micrographe naturaliste non intéressé dans la question pathologique. Des doutes furent émis quanta la nature de la lésion palpébrale analysée. On objecta que les vraies granulations conservent tous leurs caractères, et d’une manière bien évidente, sur le cadavre; que les vraies granulations ne s’affaissent pas, après la mort, et qu’elles ont d’ailleurs une struc¬ ture histologique qui explique cette résistance à l’affaissement; que l’on distingue, en pathologie spéciale, la granulation folliculaire friable, et la granulation fibro- ce lulaire résistante, l’une de structure adénoïde, l’autre de structure inodulaire, quasi-scélérosée. Nous désirons vivement entendre, sur ce point, l’avis de notre savant confrère M. Coppez, dont la compétence en ophthalmologie n’est contestée par qui que ce soit et qui s’est tenu au courant des derniers travaux publiés à l’étranger, sur la matière. Dr Ledeganck, Président de la Soc. Belge de Microscopie. Répondant à cette invitation, M. Coppez a dit que M. Ledeganck a fourni à la science une description magistrale des altérations qui constituent la conjonctive folliculaire. M. Ledeganck ne pouvait pas décrire les granulations véritables attendu que les pièces pathologiques provenant du pénitencier de Saint-Hubert n’en renfermaient pas. Il suffit d’un simple coup d’œil jeté sur les dessins si clairs de M. Ledeganck pour se convaincre que ces petites élevures disposées par séries linéaires très régulières proéminant à la surface de la conjonctive palpé¬ brale, ne sont autre chose que l’exagération d’un état anatomique ou mieux, d’un élément anatomique préexistant dans la muqueuse, c’est-à-dire le follicule. La granulation, qui est un néoplasme, n’est jamais disposée avec cette régularité; si nous continuons l’examen des dessins de M. Ledeganck nous voyons que les vaisseaux s’arrêtent à la base même du follicule sans y pénétrer, tandis que la vraie granulation est parcourue par des vaisseaux. Le follicule, masse lymphoïde, englobé par très-peu de tissu cellulaire, se laisse écraser et vider très-facilement. La granulation traversée par du tissu cellulaire d’autant plus serré qu’on se rapproche de sa base d’implantation, ne se laisse ni vider ni écraser comme le follicule. La granulation , production maligne, laisse toujours après elle des cicatrices 130 JOURNAL DE MICROGRAPHIE indélébiles, provoque dans la conjonctive des altérations de voisinage plus ou moins profondes, tandis que le follicule guérit sans laisser de trace, avec intégrité parfaite de la conjonctive dans son voisinage. 11 peut se faire que la véritable granulation (si fréquente à Bruxelles), par l’irri¬ tation qu’elle provoque, donne lieu à une hypertrophie des éléments normaux de la conjonctive, les papilles et les follicules, et on aura alors, ce qu’on rencontre très-souvent du reste, trois espèces d’élevures ou de granulations dans la même muqueuse : les granulations véritables, les granulations papillaires et les granu¬ lations folliculaires ; très-souvent même lès vraies granulations sont masquées par l’hypertrophie des éléments normaux de la conjonctive ce qui a fait croire à cer¬ tains auteurs que la conjonctivite granulaire, ophthnlmie d'Egypte , ophthalmie militaire, était constituée anatomiquement par le développement exagéré d’élé¬ ments normaux préexistant dans la conjonctive. M. le docteur Coppez fait remarquer qu’il ne veut pas entrer dans de trop lon¬ gues considérations sur l’ophthalmie granulaire, sujet toujours brûlant, qui a besoin d’être encore soumis à de nouveaux débats, à de nouvelles recherches pour être complètement élucidé. La conjonctivite granulaire, a dit M. Coppez en terminant, mérite bien cet hon¬ neur quand on songe que son histoire est le véritable martyrologe de l’armée belge pendant bien des années et le tourment actuel pour bien longtemps encore, de la classe des déshérités de nos grandes villes belges. EXPLICATION DE LA PLANCHE Y Fig. t. — Coupe verticale antéro-postérieure de la paupière, indiquant, sous un faible grossissement, la position des granulations. a, peau. b , cil. c, bord antérieur delà paupière. 1 1 , tissu muqueux. e, cartilage tarse. f, granulations tapissant la muqueuse. Fig. 2. — Trois granulations de la paupière inférieure vues sous un fort grossissement. A, II, C, granulations plus ou moins pédiculées; elles sont revêtues de cellules lamelleuses qui ont beaucoup d’analogie avec l’épithélium conjonctival; à l’inté¬ rieur, on aperçoit des cellules lymphoïdes, en tout analogues à celles des glandes lymphatiques. Au centre, il existe une zone sombre indéchiffrable. Fig. 3. — Granulation isolée, coupée transversalement et fortement grossie. Au centre, réseau très- ténu de prolongements de cellules lymphatiques étoilées. Tout autour, une zone plus foncée formée de corpuscules lymphoïdes adossés et dis¬ posés en cercle. Seconde zone claire, formée de cellules lymphatiques étoilées (cellules, à prolonge¬ ments, cellules plasmatique s) où l’on voit çà et là un corpuscule lymphoïde retenu dans les mailles du tissu. Zone externe, cellules épithéliales incomplètes et très-caduques formant une double ou triple couche à la périphérie de la granulation. Fjg. 4# — Granulation isolée, coupée perpendiculairement à la surface de la paupière. a, revêtement épithélial, a ', cellules détachées. b, couche des cellules plasmatiques. c, cellules lymphoïdes perdues dans la couche des cellules plasmatiques. d , cellules lymphoïdes en couche continue. e, résilie de tissu trabéculaire contenant quelques cellules lymphoïdes. f , sommet d’une anse vasculaire. T.Y. J. Je |P79 P! V ANNALES DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE MICROSCOPIE. Bulletin des Séances. P.I. Dr K. L edcganch acl.nat dcl. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 131 Note sur la chute des œufs de Povaîre chez les Batraciens (1) La sortie des œufs du stroma de l’ovaire des Batraciens est un phénomène peu connu et sur lequel les avis des anatomistes sont encore parlagés. Les uns admet¬ tent avec Rathke que les œufs mûrs tombent dans l’intérieur des poches ovariques et en sortent, pour en arriver dans la cavité abdominale par des ouvertures nor¬ males qui existeraient au sommet de chaque lobe ovarique chez les Anoures, et à l’extrémité du sac ovarique chez les Urodèles. Les autres, avec M. Milne-Edwards, pensent que les œufs, après être tombés dans la cavité de l’ovaire, en sortent par des déchirures qui ne se produisent dans les parois de chaque lobe qu’au mo¬ ment du frai. Il est facile de démontrer, comme l'ont fait déjà depuis longtemps Swammerdam, Leydig et Lereboullet, qu’il n’existe aucune ouverture à la surface de l’ovaire avant ou après la chute des œufs ; il suffit pour cela d'insuffler sous l’eau les di¬ verses loges de l’ovaire d’une Grenouille ; ces loges se distendent et restent gon¬ flées tant qu’on ne donne pas à l’air une issue artificielle. Les recherches que j’ai entreprises dans le laboratoire d’Embryogénie compa¬ rée du Collège de France, sous la direction de M. le professeur Balbiani, m’ont prouvé que c’est par un mécanisme tout spécial et sans analogue chez les autres Vertébrés que l’œuf des Batriciens abandonne l’ovaire. Lorsque la Grenouille est arrivée au moment de la ponte, il se produit une destruction de l’enveloppe péri¬ tonéale de l’ovaire, au niveau de chaque capsule ovulaire ; l’œuf fait peu à peu saillie à la surface externe de l'ovaire, en passant à travers le pédoncule de la cap¬ sule qui le renferme. Après la chute des œufs, la surface externe de l’ovaire est parsemée de petits orifices qui deviennent très-visibles si l’on colore cette surface par le carmin ; ils se présentent alors comme de petites taches incolores. Au fond de chaque orifice, on aperçoit les parois de la capsule vide. Si l’on traite aussi la surface ovarique par le nitrate d’argent, les ouvertures sont encore très- apparentes, car on constate que les cellules du péritoine manquent à leur niveau. • La capsule ovarique accompagne quelquefois l’œuf pendant sa sortie, et, se re¬ tournant comme un doigt de gant, fait saillie à la surface de l’ovaire ; après la chute des œufs on voit la surface externe. des loges ovariques hérissée de cap¬ sules vides renversées au dehors. Au bout de quelques jours les capsules ren¬ trent dans la cavité ovarienne par un mécanisme que je n’ai pu encore m’ex¬ pliquer. 11 est probable que l’œuf est chassé de la capsule par une contraction de cette capsule, bien que je n’aie pu y démontrer jusqu’à présent la présence de fibres musculaires. Le résultat de ces recherches a été exposé par M. Balbiani dans son cours de l'année dernière. Depuis, Brandt a publié un travail dans lequel il dit avoir vu au- dessus de chaque œuf mûr, une solution de continuité dans la séreuse péritonéale, et il admet aussi que les œufs tombent directement dans la cavité péritonéale. Les observations que nous avons renouvelées cette année sur des Grenouilles, des Crapauds et des Tritons, me permettent d’affirmer l’exactitude des faits que je viens de décrire. (Il Société Philomathique de Paris , 11 mai 1878. 3 d 32 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il existe du reste. parmi les Invertébrés un mode d’expulsion des œufs analo¬ gue. Chez les Araignées, les Coccides, les Apus, les œufs font saillie à la surface externe des tubes ovariquos, et, au moment de la ponte, ils pénètrent dans la cavité de ces tubes, en passant par le col du follicule. F Henneguy, Préparateur du cours d’Embryogénie au Collège de France. Description d’espèces nouvelles de Diatomées. (Suite) (1). Rhizosolenia Eriensis, — n. sp., H. L. S. — Hab. Buffalo, (Etat de New-York); lac Erié, M. D. S. Kellicott ; Clcveland (Ohio), lac Erié, M H. C. Gaylord ; Lac Mi¬ chigan, Chicago, M. S. A. Briggs. — Frustules de taille moyenne, comprimés et un peu aplatis, 6 à 12 fois aussi longs que larges; anneaux remarquables sur les frustules secs, alternés avec la jointure médiane en zig-zag; valves finement striées, soies presque ou tout à fait aussi longues que les frustules, les calyptra excentriques, situés presque en ligne avec un des bords du frustule quand le côté plat est en vue. — Longueur du Frustule 0,003 à 0,006 de p. — PL VI, fig. 7. Cette remarquable diatomée, la seule espèce d’eau douce du genre Rhizosole- nia , aujourd’hui connue, m’a été, pour la première fois, envoyée vivante par M. H. C. Gaylord, de Cleveland, Ohio, qui l’avait obtenu par des filtrages de l’eau du Lac Erié employée à l’alimentation de la ville. La masse de la récolte consis¬ tant en Stephanodiscus Niagnræ qu’on obtient presque toujours dans ces filtrages. Plus tard, M. Briggs, éditeur du « Lens » la découvrit dans des filtrages des eaux du Lac Michigan, et je lui fournis une description qu’il publia dans sa lisle des « Diatomées du Lac Michigan » dans le vol. I, du « Lens , » p. 44. — C’était cependant une forme rare jusqu’à ce que M. D. E. Kellicott, de Buffalo, en faisant des filtrages aux différentes saisons de l’année, l’obtint finalement en grande abondance. Beaucoup de formes d’eau douces obtenues dans ces filtrages sont considérablement modifiées, par exemple le Tabellaria fcnestrala qui est lout-à-fnit défiguré (twisted) et aussi une variété de Fragilaria capucina (si c’est une variété de celte Diatomée) désignée comme Fragilaria Crotoniensis , et encore quelques formes de Synedra. Cette transformation, quand elle se rencontre avec la présence du Rhizosolenia et d’un Actinocyclus qui est décrit dans ce travail, indique-t-elle que l’eau salée ou saumâtre se trouve au fond des grands Lacs et que ces Diato¬ mées y vivent ou qu’elles en sont modifiées? — Il est bien connu, en effet, que feu M. Stimpson avec le D1' Hoy, de Racine, et d’autres observateurs, a dragué à quelques 64 brasses (fathoms) au fond du Lac Michigan, un crustacé marin du genre Mysis et d’autres espèces de type nettement arctique; d’où l’on a conclu que les grands Lacs ont été primitivement en communication non seulement avec l’Atlantique par le St-Laurent, mais encore avec l’Océan Arctique par la Baie d’Hudson. Quoique les Rhizosolenia aient été trouvés dans les eaux des régnais tropicales, ils sont beaucoup plus abondants dans celles des hautes latitudes. — Le Rhizosolenia Eriensis ne s’est jamais présenté comme une espèce du littoral, il (1) Voir Journal de Micrographie , T. III, 1879, p. 81. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 433 n'a été trouvé que dans des filtrages d’eaux prises à de grandes distances des côtes, et a une profondeur considérable. Ceslodiscus Baileyi ; — n. sp., H. L. S. — Ilab. Lac Klamath inférieur, lieut. Williamson. — Disque circulaire, diamètre 0,0023 — 0,0028 de p., renflé, avec des granules rayonnants, distincts; montrant plus ou moins les espaces su- bulés, lisses, caractéristiques de V Actinucyclus ; — sans ombilic; — processus intramarginaux petits et nombreux. Les points près du bord de la valve sont en rangées parallèles, 27 dans 0,001 de p. — Plaque secondaire ou septum avec une large ouverture centrale comme frangée de rayons irréguliers qui n’atteignent pas le bord. — (PI. VI, fig. 8). Cette espèce constituait la plus grande partie d’une « marne à infusoires » prise dans le voisinage de Lost River, Lower Klamath Lake, dans l’Orégon, et a été ré¬ coltée par le lieutenant Williamson, comme il est indiqué d ins le vol. VI des « Reports of Pacific Rail Road explorations. » — Je ne suis pas sûr que cette Diatomée appartienne au genre Cestodiscus de Gréville, (ni même que ce genre soit bon); les processus intramarginaux, non réunis par un sillon ou une ligne dis¬ tincte sembleraient devoir la placer dans ce genre, mais d’autre part, elle a de nombreuses affinités avec les Melosira. Provisoirement je l’ai placée dans le genre de Gréville, et je la désigne du nom du microscopiste distingué de qui j’ai reçu les matériaux et dont la notice sur ces terres à infusoires est parvenue trop tard pour pouvoir être insérée dans les rapports du gouvernement. Ce dépôt est fluvialile, tertiaire récent. Amphora mucronata ; N. Sp., H. L. S. — Hab. Marais de l’Atlantique, Cap May (New-Jersey), — Dr F.-W. Lewis. — Frustules largement ovales en vue de front; surfaces dorsales avec des lignes longitudinales distinctes (1), ventrale avec des lignes longitudinales indistinctes, ou des sillons; nodule central allongé et pointu (mucroné) et touchant le bord de la zone connective qui est de largeur variable ; nodules aux extrémités très-petits. Ligne médiane fortement et nettement infléchie et finement ponctuée sur toute sa longueur ; un rang irré¬ gulier de petites lignes ou de points allongés règne sur la valve en dedans du bord. — Sur la vue de côté, le dos est très-convexe, le bord veniral droit ou à peu près, légère constriction aux extrémités. — Nodule central indistinct (hors du foyer), — Stries excessivement fiuDs. Longueur, 0,0026, largeur, 0,0012 ù 0,0020 de p. — PI VI, fig. 9. J’ai reçu les matériaux contenant cette très-jolie Diatomée, ily a plusieurs années, du Dr Lewis et j’avais complètement oublié un croquis au crayon qu’il m’en avait envoyé en même temps, lorsque je le fis paraître sous le N° 38 des « Species Tvpicæ Diatomaeearum » et sous le nom tVAmphora mucronata. Je regrette de ne l’avoir pas nommée du nom de celui qui l’a découverte et qui, sans doute, l’aurait décrite s’il eût pu continuer ses excellentes études sur les Diato¬ mées. Elle a une très-grande ressemblance avec VAmphiprora hyalina du Dr Gre- ville, décrit dans son mémoire sur les Diatomées de Hong-Kong ( Ann and. Mag. of Nat. Hist, juillet 1863), bien que la figure qu’il en donne ne montre pas le nodule central mucroné, tout particulier. La présente espèce, n’est pas un (1) e texte porte : =« dorsum with distant longitudinal lisses, ventral surface with indis¬ tinct longitudinal fines Nous pensons que « distant » est une faute typographique et qu’il faut lire « disiinct ». C’est dans ce sens que nous avons traduit. Trad. JOURNAL DE MICROGRAPHIE m Amphiprora et si c’est l’espèce de Greville, ce qui n’est pas impossible, le nom doiten être changé, car il existe déjà un Amphora hyalina Elle appartient à ce que Gregory appelle « Complex amphoræ » et, comme ['Amphora complexa, e lie est très-tendre et résiste difficilement sans dommage à l’action des acides forts ou même d’une chaleur rouge continuée. Aclinocyclus Ningaræ ; — N. Sp. — H. L. S. — Hab. lac Erié, Cleveland (Etat de l’Ohio); M. H. B. Gaylord. — Disque large ; diamètre, 0,0038 de p. — Valves très-renflées et intensément marquées de petits points rayonnants qui sont épars, semés irrégulièrement au centre et quelquefois rayonnants de deux espaces lisses. Sur le frustule vivant, la membrane connective est large et le renflement des valves fait qu’elle est placée obliquement. Il y a un cercle caractéristique de pe¬ tites épines à l'intérieur du bord des valves et les espaces lisses subulés si ca¬ ractéristiques de Y Actinocylus Ralfsii sont plus ou moins apparents. — PI. VI, fig. 10. J’ai été très-embarrassé pour classer cette Diatomée que je n’ai trouvé que dans ce seul filtrage de l’eau du lac Erié. Elle était mêlée en abondance au Ste- phanodiscus Niagarœ. A première vue, elle semble un Coscinudiscus , mais en raison de la manière dont ce genre est délimité maintenant, il y a plusieurs par¬ ticularités qui empêchent d’y placer l’espèce en question. En somme, elle paraît appartenir aux Actinocyclus plutôt qu’aux Coscinodiscus . Dans tous les cas, sa présence dans les eaux douces est fort remarquable car toutes les espèces de ces deux genres aujourd’hui connues sont marines. Comme elle n’a jamais été trouvée dans les récoltes sur les côtes et les embouchures, qu’elle est très-rare dans les filtrages, car elle n’y a été trouvée qu’une fois, nous pouvons supposer ou qu’elle provient de l’entraînement accidentel d’un ancien dépôt marin dans le lac, ou bien qu’elle ne vit qu’à une extrême profondeur et qu’elle n’était passée dans les eaux d’alimentation de la ville qu’après avoir été enlevée par quelque tourbillon et rapprochée ainsi de la surface. — Comme elle était vivante, avec son endochrome complet, comme le Stephanodiscus , si bien que j’ai pu en faire des dessins soignés, nous devons écarter la première supposition, et admettre que c’est une de ces Diatumées qui vivent à des profondeurs considérables et qui ne sont enlevées que par les dragages ou les tourbillons. Que des Diatomées, no¬ tamment les Coscinodiscées, végètent en immense abondance à de grandes pro¬ fondeurs, cela est prouvé par plusieurs sondages du « Tuscarora », sondages dont quelques-uns ont été faits à des profondeurs de plus de trois milles, et étaient presque entièrement composées de Coscinodiscus omphalanthus et de ses variétés, richement fournies d’endochrome, et des bancs de vase diatomifère (« diatom ooze ») ont été trouvés à des profondeurs considérables par les natu¬ ralistes du « Challenger Dr IIamilton L, Smith Professeur à Hobart- College. (La planche VI paraîtra avec le prochain numéro.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 135 DIATOMÉIS DE E ARCHIPEL DES INDES OCCIDENTALES (1) Mémoire communiqué à l’Académie des Sciences de Suède, le 8 mai 1878. (Fin.) Au moment où je terminais ce mémoire, M. Fred. Habirshaw, de New-York, a bien voulu m’envoyer une belle préparation de Diatomées des Barbades. L’examen de cette préparation m’a fourni encore quelques formes, qui sont marquées d’un *. Elle contenait les formes suivantes : Navicula Weiss flogii, A. Schm. * Libellas Grevillei , (Ag.), Cl. — Schizonema Grev. Sm., Navicula libellas , Greg. Pleurosigmabalticum , (Ehb.), W. Sm. * Pl. marinum , Donck. PL strigosum, W. Sm. PL intermedium, W. Sm. * PL obscur um, W. Sm. * Amphitrite (Amphiprora, Greg.) complexa (Greg., Dial, of Clyde , Pl. 4, fig. 62). * Amphora ostrearia, Breb. (H -L. Smith, Lens , II, 72, Pl. I, fig. 16). A. bigibba, Grün. * A. dccussata , Grün. ( Micr . Journ., 1877, Pl. 195, Fig. 9). * ' * Cocconeis ( Orthoneis ) binotata, Grün. var. Atlantica (Grün., Nov, 15, Pl. 1, fig. II). * Asterionella Bleakeleyi , Grün. (Micr. Journ., 1877, Pl. 193, Fig. 2). Synedra fulgens , W. Sm. S. super ba , Kütz. S. undulata, (Bail.) Greg. Surirella fastuosa, Ehb. var. Surirella gemma, Ehb. Campylodiscus Thuretii, Bréb. Podocystis adriatica, Kütz. * Nitzchia quarnerensis, Grün. (Verh, 1862, T. 18, Fig, 5, 6). Cette forme ne semble qu’une variété du Nilz. distans et N. spatulata. * N. Groffœi.,Gn\n. Mpt. N. Sp. Large avecles extrémités en cône arrondi, les côtés presque parallèles, un peu resserré au milieu. Stries fortes, 10 dans 0,mm0l, formées de points. Points marginaux, 6 dans 0,mial. Long. 0,,nm127, — 0,mm 1 40 . — Fig. 32. 52». Grünow, qui m’a envoyé une Figure de cette espèce, l’a trouvé dans une récolte de Samoa. Je l’ai vue parmi des diatomées du Port-Jackson. N. longissima, Kütz. N. ventricosa, Kitton. W. Sigma (Kütz), W, Sm. * Tryblionella granulata, Grün., Mpt. — C’est une très-petite espèce de forme ovale, avec de gros granules disposés en lignes transversales. (1) Voir Journal de Micrographie, T. II, 1878, p. 507 et T. III, 1879, p. 28 et 73. 136 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. * Grammatophora peruana , Ehb. Gr. pusilla, Grev. Strialella unipunctcita, (Ag.) Climacosphenia elongata. Bail. * Podosphenia Ehrenbergii, W. Sm. P. ovata, W. Sm. P. angustata , Grun. Licmophora nr g entes cens , (Ag ) Isthmia enervis ; Ehb. * Biddulphia membranacea , Cl., N. sp. Vue de côté elliptique avec des extrémités arrondies. Vue de front rectangulaire. Valve très-large et membraneuse Sculpture : très-petites cellules arrangées en lignes, se croisant les unes les autres dans trois directions. Il y a environ 8 lignes dans 0,mm01, parallèles au milieu de la valve, mais un peu rayonnante vers les bords. La membrane connective est couverte de points allongés, disposés en lignes, un peu plus gros que celle de la valve. Long. 0,œm26; larg 0mm,085. Cette espèce est remarquable par sa taille, la nature membraneuse de ses valves et sa sculpture qui ressemble à ceux d’un Pleurosigma. J’ai trouvé cette espèce dans une récolte de Honolulu, et récemment dans la préparation envoyée par M. Habirshaw. Biddulphia Tuomeyi , Roper. Triceralium pentacrinus , Wallich. T. dubium, Bt w. T. bicorne , Cl. T. orbiculatum , Shadb. * Rhizosulenia styliformis, Btw.; un seul fragment. * Asterolampra marylandica, Ehb. (A. impur. Shadb. T. M. Soc., p. 1 7, PI. 17, fig. 14). Pyxidicula cru data, Ehb. * Aclinocyclus f?) lenuvissimus , CL, N. sp. Valve circulaire avec une rangée de points marginaux. Nodule marginal distinct; sculpture très-délicate, peliles cel¬ lules arrangées en lignes rayonnant du centre. — Diam. 0,mm04 à 0,mm08. — Fig. 34. 8-K Hemidisçus cunei formis, Wallich. U y a en conséquence 196 espèces différentes de Diatomées marines dans l’Ar¬ chipel des Indes Occidentales, connues par les recherches de Rabenhorst et Janisch et de Grünnw. Il est très-intéressant de relater l’absence de toute espèce du genre Aulacodiscus, qui primitivement vivait dans les Indes Occidentales et dont on a trouvé des formes si nombreuses à l’état fossile aux Iles Barbades. Sur les côtes de l’Océan Pacifique, en Californie, dans l’Amérique centrale, au Pérou, etc., le genre Aulacodiscus se rencontre abondamment. Dr P -T. Clève, Professeur k rUniversité d’Upsal. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 437 Notes sur des Diatomées de Santa-Monica (Californie.) J’ai reçu de M. C. L. Peticolas quelques slides étiquetés « Santa-Monica, Cali¬ fornie » si remarquables que je suis désireux de connaître la position géogra¬ phique et géologique du dépôt dont proviennent ces matériaux. Il est intéressant par sa grande ressemblance avec le dépôt bien connu des Barbades ; il contient une grande variété de diatomées et de polycystines et est remarquable aussi parce qu’il renferme beaucoup de formes très-rares de diatomées décrites d’abord par le Dr R.-K. Gréville (dans le Quaterly journal of Microscopical Science ou Procedings London Microscopical Society J provenant de la « terre des Bar¬ bades, de Monterey et de Californie », une espèce rare de « Moron, Espagne », une autre, de Grèce, décrite, par Ehrenberg, et trois espèces du Dr William Gre- gory ( Diatoms of the Clyde). Il réunit ainsi dans un seul dépôt des espèces origi¬ nairement trouvées dans des localités très-différentes de lieu et d’âge, sans compter ces autres formes plus communes qui paraissent universellement distri¬ buées. La liste suivante renferme quelques-uns des genres et des espèces les plus rares connus, dont beaucoup sont d’une grande beauté (1). Cocconeis splendida , C. major , C. pseudo-marginata , Gregory, ( Diatoms of the Clyde); tous récents. Cocconeis parmula , Bailey et Harvey, Expédition de Wilkes. Cephyria giganlea , Grev., Monterey, 1866. Quelques spécimens conservent la spécification de Gréville, mais quelques-uns n'ont pas plus de la moitié de la longueur des autres. Cela ne peut jeter un doute sur leur identification avec les figures de Gréville, mais ce dernier a évidemment omis un caractère : les côtes sont ponctuées de points fins et serrés. Mon ami, le Dr A.-M. Edwards, a, je crois, découvert le premier ce genre, mais Gréville l’a devancé dans la publication. J’ai un exemple d’une autre espèce dont je ne puis établir l’identité; elle est marquée de côtes très-fines, mais il faut avoir davan¬ tage de spécimens pour faire une description spécifique. Triceratium arcticum , à 3, 4 et 6 côtés. — Triceratium et Amphitetras Wilkesii, B. et H. Tr. tumidum , Grev., Barbades; forme tout-à-fait particulière et remarquable. Le spécimen ne diffère de celui de Gréville que par les angles plus aigus. Triceratium, — n. sp. — Grande et belle forme appartenant au groupe du Tr. favus, mais au lieu d’une réticulation hexagonale régulière, sa réticulation est polygonale irrégulière: 4, 5 et 6 côtés. Au lieu de plusieurs points dans les cel¬ lules comme sur le Tr. favus , il n’y a qu’un point. La réticulation ressemble davantage à celle du Tr. Thwaitesianum , Grev., mais tous les autres caractères sont différents; côtés convexes, pseudo-nodules (processus) lisses et remarqua¬ bles, bords opaques; l’aspect entier est différent de celui du Tr. favus. Navicula prætexta , Eh., Marne Eocène de Grèce et dans la Clyde. Navicula lyra , Eh.; abondamment distribué. Eupodiscus oculatus, Grev., Monterey; rare. Auliscus racemosus, Ralf., Barbades; rare. Amphitetras elegans , Grev., Monterey; rare. Aulacodiscus Oreganus , H. et B. (1) Lues £• la Société Microscopique de San-Francisco (3 décembre 1878). — Amer. Journ. of Microscopy, janvier 187y. 438 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. A. inflatus , Grev., Barbades; rare. Omphalopelta Moronensis, Grev.,Moron, Espagne. Celte forme exquisement mar¬ quée est identique à la figure de Gréville. Elle peut être la même que Y O. versicolor d’Ehrenberg, mais je ne puis le décider d’après la description. Elle n'est pas abondante, mais îl en a été trouvé un bon nombre. Asteromphalus ou Asterolampra ; forme abondante dans ces siides. Elle est identique à Y Asterolampra variabilis , de Gréville, (Monterey) mais chaque spéci¬ men a le caractère distinctif de Y Asterolampra. Quelques autres espèces d Aste- romphalus ont été vues, mais perdues avant que les caractères spécifiques aient pu être étudiés. Stictodiscus Californiens , Grev., Monterey, et peut-être une ou plusieurs autres espèces. En rapport avec celle-ci j’ai trouvé des disques avec les points seulement du Stictodiscus , d’autres disques avec les plis radiés seulement. Je pense que ce sont les plaques séparées des valves du Stictodiscus. C’est une question intéres¬ sante à élucider pour les diatomistes du Pacifique. Rutilaria elliptica , Grav., Barbades ; R. Epsilon , Grev., Monterey ; deux espèces d’un genre très-curieux et très-remarquable. Mon ami,M. R.-C. Green, de Boston, découvrit le premier le R. Epsilon , mais Greville l’a devancé dans la publication. Une forme commune dans ces siides est un simple disque qui ne ressemble à aucune diatomée à moi connue. Je propose de l’appeler provisoirement : Discus (un plateau), nov. gen., C. S.; c’est un simple disque translucide comme la porcelaine, sans grains, points ni stries ou autres marques communes aux diatomées. Discus porcelaineous , n. sp. ; ses caractères sont ceux du genre avec un re¬ bord le long de la marge qui lui donne l’aspect d’une assiette de table ; d’autres spécimens ont un rebord courbe dans quelque autre partie (non constante) du disque. Grammatophora — ? C’est un très-grand Grammatophora avec des points déli-. cats en lignes décussées. Arachnoïdiscus Ehrenbergii ; abondant, et plusieurs spécimens dans des condi¬ tions diverses, présentant les caractères de VA. indicus et de Y A. nicobaricus. Et je crois que ces variations ne sont pas naturelles, mais sont des différences causées par les réactifs chimiques employés dans la préparation des matériaux, ou par la décomposition ou la déformation pendant le travail de la fossilisation. 11 n’est pas certain que ce ne soit pas réellement une seule espèce de ce genre. J’ai signalé dans ces notes les formes les plus rares, mettant une grande va¬ riété de Polycystines, de Coscinodiscus, Actinoeyclus, Aelinoptychus, etc. Je possède un slide, venant de M. Petioolas, portant la même étiquette, et un peu des matériaux indiqués aussi comme de Santa Monica, ne contenant aucune de ces formes rares, mais remarquable par la variété des Polycystines, l’absence de l’Arachnoïdiscus, et la présence de YEuodia Gibba, Bailey, avec des Coscino¬ discus, et d'autres formes en disques. M. Peticolas m’informe que ces matériaux lui ont été envoyés par M. Kinne, et qu'il a trois autres échantillons étiquetés Santa Monica, sans cette combinaison particulière d’espèces. Dans ce cas, il est intéressant pour tous les diatomistes et les géologues de rechercher s’il n’v a pas plus d’un dépôt à Santa Monica. Ces matériaux particuliers proviennent-ils d’un dépôt séparé ou d’une couche, d’un strate du même dépôt qui a fourni les autres échantillons ?— S’il en est ainsi, dans quelle partie du lit est ce strate ?— Quelle est sa position géologique, Miocène, Éocène, ou Pliocène tertiaire ou Crétacée?— Tout cela a un intérêt scientifique, et il est spécialement intéressant JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 139 pour les diatomistes que la localité exacte ne soit pas perdue de vue et qu’on puisse y faire une récolte de ces très-curieux objets. Je ne puis terminer cette note sans exprimer l’obligation que j’ai au travail de mon ami. M. Fr. Habirshaw, dans son catalogue des Diatomées. Ayant, à grandes peines, réuni les noms de toutes les Diatomées publiées avec les références à la publication, il a épargné à l’étudiant une grosse somme de travail, qui lui eût été nécessaire pour rechercher les autorités, et s’est conquis des droits à la reconnaissance de tous les Diatomistes. Charles Stodder. Sur les préparations microscopiques. A M. J. R., Cours des Chartreux, à Lyon. Monsieur, Vous vous plaignez dans votre lettre du peu de valeur scientifique de la plupart des préparations microscopiques que l’on trouve dans le commerce ; vous avez complètement raison. A l’exception d’un petit nombre de spécialités, ces prépara¬ tions sont insignifiantes. Elles sont souvent fort jolies d’aspect, installées sur un verre de choix, dans une cellule irréprochable, avec des vernis de toutes les couleurs, des étiquettes de toutes les nuances, elles ont une tournure fort élé¬ gante, mais l’objet qu’elles contiennent est banal. Les préparations de Diatomées, seules, sont la plupart du temps satisfaisantes, souvent excellentes et quelquefois merveilleuses. Tout le monde connaît les préparations de Diatomées d’Edm. Wheeler,d’A. C. Coleet Son,etsurloutde J.-D. Môllerdont les «Typen-platte » sont de véritables chefs-d’œuvre de patience et d’habileté. Certaines préparations de botanique cryptogamique ont encore quelque valeur ; certaines coupes, dissec¬ tions ou d ssociations relatives à l’anatomie végétale, les coupes minces dans les corps durs, animaux, minéraux, végétaux, principalement les coupes de bois sont assez instructives; mais parmi toutes les autres classes de préparations dont la nomenclature remplit les catalogues, ce n’est que tout-à-fait par hasard que l’on rencontre un -s'ide intéressant. D’après ce que vous me dites, je vois que vous vous occupez d’anatomie micros¬ copique et plus particulièrement, à ce que je crois, d’anatomie entomologique. Or, ce sont précisément les préparations d’histologie, normale ou pathologique, sur l’homme eL les vertébrés et sur les invertébrés, qui sont les plus insignifiantes. Sur les Arthropodes, entre autres, les préparateurs se bornent à couper quelques pattes, quelques têtes, quelques antennes, quelques trompes, quelques aiguillons, etc., à les mettre dans le baume, et voilà ! — Les plus habiles préparent d'immenses in¬ sectes ou des Arachnides énormes, tout entiers, après les avoir vidés; quelques- uns sont même sous ce rapport d’une habilelé extrême et réalisent des préparations réellement magnifiques d’aspect. Mais malheureusement, le tégument est seul conservé et le peu qu’il reste des organes internes est remplacé par une masse uniformément transparente où le microscopiste ne trouve plus rien à étudier. Et pour tous les petits animaux, c’est ainsi à l’état de masse plus ou moins transpa¬ rente contenant quelques petits amas plus ou moins opaques, le tout recouvert d’un tégument bien conservé qu’ils sont réduits par le préparateur. On fait depuis quelque temps, en Angleterre, des préparations, dites sans pression « ( withou t 140 JOURNAL DE MICROGRAPHIE pressure) », dans lesquelles on dénose les insectes au milieu d’une épaisse couche de baume après les avoir imprégnés d’essence pour les rendre transpa¬ rents, et sans les comprimer, ce qui ne les dclorme pas. On peut sur certaines de ces préparations quand elles sonl bien réussies, et eiles réussissent assez bien sur les araignées, apercevoir encore quelques vestiges des organes internes, du système musculaire, par exemple, — j’en ai fait plusieurs ainsi, — mais si elles présentent, en effet, quelques avantages, elles sont encore insuffisantes parce qu’épaisses de plusieurs millimètres, elles ne peuvent être étudiées sous des objectifs de foyer un peu court. Je ne veux pas dire que toutes ces prép irations que j’appelle banales soient inutiles, bien certainement non, car si elles satisfont peu les savants elles inté¬ ressent les amateurs et leur apprennent encore bien des choses qu’ils ne savent pas. Elles sont surtout utiles en Angleterre, où elles se vendent, en effet, beau¬ coup, parce que, chez nos voisins, le microscope est plus souvent un objet d’amu¬ sement et de luxe qu’un instrument de travail Les jeunes misses dans un salon, se distraient mieux, el, je le crois, plus utilement, à admirer le délicat, petit peigne qui forme la griffe d’une patte d’araignée, ou les élégantes petites écailles qui émaillent l’aile d’un papillon qu’à regarder les fades images d’un keepsake. Ces « slides » qui, pour nous, n’ont plus guère d’intérêt ont donc, sous ce point de vue, leur utilité réelle ; elles donnent aux gens du monde le goût des choses de la nature et leur fournissent, sur ce qui les entoure, mille petits enseignements acquis sans travail peureux et en s’amusant. Il ne faut donc pas trop en médire. Mais pour le naturaliste, l’anatomiste, l’homme, en un mot, qui travaille une branche quelconque de la micrographie, elles sont, pour le plus grand nombre, insignifiantes parce qu’elles ne lui apprennent rien ; elles ne sont pas assez savantes, si l’on peut ainsi dire. Pourquoi les préparations de Diatomées sont-elles presque toujours suffisantes? — C’est d’abord parce qu’elles sont, en réalité, plus faciles à faire. Les Diato¬ mées n’out besoin que de manipulations relativement très-simples pour être prêtes au montage. Et ensuite, en raison du charme tout particulier que présente l’étude de ces petites plantes, de l’extension qu’a prise cette étude, ies prépara¬ teurs sont tous plus ou moins Dialomistes; en faisant ces préparations, ils savent ce qu’ils font, ils savent ce que l’objet doit montrer. Ceriains organes végétaux sont souvent aussi assez bien présentés; c’est qu’alors aussi le préparateur sait qu’il doit montrer ici des trachées, là des stomates, des ovules, des spores, des organes de fructification, etc. Mais quand il s’agit d’anatomie animale, soit chez les Vertébrés, soit chez les Invertébrés, quand il s’agit d’histologie normale ou pathologique, les préparateurs, à de très-rares exceptions près, ne savent plus ce qu’ils font ni ce qu’ils doivent faire voir, quel est le détail caractéristique qu’il faut mettre en évidence pour rendre la préparation instructive. Ils s’imaginent qu’il suffit de prendre un morceau de tissu injecté ou non, de le durcir, d’y faire des coupes longitudinales et transversales, de tremper celles-ci dans le carmin et de les monter proprement dans une jolie cellule pour obtenir une prépa¬ ration utile à quelque chose. C’est une grave erreur. Ainsi pour prendre seulement quelques exemples, j’ai sous les yeux diverses préparations « histolo¬ giques » du commerce, des fibres musculaires dissociées, un filet nerveux dila- céré,un lambeau de tissu conjonctif, des terminaisons nerveuses sur une fibre mus¬ culaire, etc. — Qu’esi-ce qu’elles peuvent apprendre? — Les fibres musculaires n’ont pas été terniues, je n’y vois, ni le sareo emme mis en évidence, ni les noyaux, ni le moindre détail des stries, disques, espaces clairs. — Le filet ner¬ veux me montre quelques petits rubans grumeleux, épars au milieu d’un petit JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 141 nuage de tissu conjonctif, mais de la gaine de myéline, du cylindre axe, des étranglements annulaires, du noyau des segments, des cellules endothéliales, (je ne parle pas des incisures), je ne vois rien du tout. Dans le tissu conjonctif, je cherche vainement un élément distinct: les faisceaux connectifs et les fibres élas¬ tiques, tout e-t confus, et les cellules conjonctives sont absentes. Dans la termi¬ naison nerveuse sur une fibre musculaire, je vois un petit paquet jaunâtre sur la fibre, c’est la plaque motrice, mais la gaine, l’arborisation, les noyaux des diverses espèces, tout est invisible. Vous me direz que les préparations histologiques sont, de toutes, les plus diffi¬ ciles cl les plus longues à faire; qu’il est le plus souvent impossible de montrer tous les détails de structure d’un organe sur une même préparation. — Cela est vrai, mais ce ne sont que des raisons secondaires. On vient à bout de la difficulté et de la longueur des manipulations avec de l’habileté et du temps; et si l’on veut montrer tous les détails de structure d’un organe, il faut faire de cet organe des préparations multiples. Étant donné un nerf, il faut faire des préparations qui montrent les tu bes dissociés avec la gaîne de myéline, les étraiaglemcnls et, si l’on peut, les noyaux, — des préparations qui montrent le cylindre axe, le renfle¬ ment bi-conique et les noyaux, — des préparations qui montrent la membrane secondaire quand elle existe et son épithélium, d’autres qui fassent voir le tissu conjonctif périfasciculaire, le tissu conjonctif intrafasciculaire, les cellules endothéliales, les vaisseaux, etc., — puis faire des coupes transversales à diffé¬ rents niveaux sur le segment interannulaire..., et quand on aura ainsi fait, sur le même organe, cinq ou six préparations, on aura à peu près démontré la structure d’un nerf, et fait des préparations instructives. Malheureusement, comme je vous le disais, les préparateurs, à de très-rares exceptions près, n’ont pas assez de connaissances histologiques et ignorent les méthodes et les procédés techniques nécessaires, ou bien ne veulent pas les employer parce qu’ils sont longs et délicats — et aussi peut-être parce qu’ils craignent d’être obligés, par suite de ce surcroît de travail, d’élever leurs prix à un taux qui effrayerait la majorité des acquéreurs. Pour ce qui est de cette dernière raison, je crois qu’elle est peu fondée; je crois, et j’en juge par les demandes qin sont adressées chaque jour au bureau du Journal de Micrographie , que les préparations faites suivant ces principes trouveraient des acheteurs même à un prix relativement élevé, si elles étaient réellement instructives. Et j’en puis d’autant moins douter que je vois vendre couramment 5 dollars, c’est-à-dire 5 fr 75 c., les préparations les plus banales du Pediculus pubis, en Amérique, pays où cependant cet insecte n’est pas plus rare qu’en France, — au contraire. Enfin, pour terminer cette trop longue lettre et pour répondre plus directement à votre demande, je puis vous annoncer que je m’occupe précisément de fonder dans mon laboratoire et au bureau du Journal de Micrographie un Institut de Microscopie, à la mode allemande, où mes correspondants pourront trouver non- seulement tous les instruments, les réactifs, les matériaux, les spécimens, les livres dont ils auront besoin, mais encore toutes les préparations et notamment des préparations histologiques exécutées comme je vous l'indiquais plus haut, sur 1 homme, les autres Vertébrés, les Articulés (et particulièrement les Insectes') et sur quelques Mollusques ; ces préparations je les exécuterai moi-même d’après les méthodes les plus justement recommandées, et je m’efforcerai de les faire aussi instructives qu’il me sera possible. Votre dévoué, Dr J. Peluetan. 442 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Tournette à centrage automatique (Self-centering whirling table. .) / DE M. W. Bulloch. M. W. H. Bulloch, de Chicago, le constructeur du grand microscope améri¬ cain « Le Congrès » nous * adressé récemment un modèle de son ingénieuse tournette à centrage automatique (self-centering whirling table ) laquelle nous paraît la meilleure de celles que nous connaissons. Fig. 9. — Tournette à centrage automatique de M. W.-H. Bulloch. On sait, en effet, qu’avec la tournette ordinaire, telle que nous la trouvons le plus souvent, le porte-objet est placé sur la table tournante , où il est maintenu par deux lames métalliques faisant ressort qui, bientôt fatiguées par l’usage, per¬ dent leur élasticité et ne serrent plus que d’une manière tout à fait insuffisante. Le centre de la table est marqué par un point autour duquel sont tracés plusieurs cercles concentriques. C’est là le seul guide que l’instrument fournit à l’opéra¬ teur. Celui-ci place alors le porte-objet le mieux qu’il peut et, la cellule tracée, il constate souvent qu’elle n’est pas au milieu de la lame de verre. Sans compter d’autres petits accidents assez désagréables. C’est ainsi que trop souvent la mobi¬ lité de la table tournante sur son axe est très-faible ; pour obtenir la rotation avec une vitesse suffisante, il faut imprimer un mouvement assez énergique à la virole placée sous la tablette, et'^il arrive fréquemment que la tournette tout entière, sui¬ vant le mouvement, se déplace par la tangenle sous la main qui tient le pinceau et JOURNAL DE MICROGRAPHIE. i 43 trace une large virgule au bilume sur la lame de verre. Ou bien encore, celle-ci mal assujettie parles ressorts trop mous, mal centrée faute de repères suffisants, est lancée par la force centrifuge en dehors de la tablette, — et ici encore, la virgule. Le petit instrument de M. W. H. Bulloch remédie à la fois à tous ces inconvé¬ nients, bien connus d’ailleurs de tous les microscopistes pratiquants, car on a déjà essayé plusieurs fois des combinaisons destinées à les prévenir. Lest ainsi que M. Cox a inventé il y a deux ou trois ans, une tournette dans laquelle les res¬ sorts remplacés par deux « mâchoires » formées d’une petite équerre en métal mobiles autour de leur sommet, et entre lesquelles on place le slide qui se trouve ainsi pris par deux de ses angles opposés. Ces deux mâchoires peuvent être rap¬ prochées et éloignées du centre d’une même quantité et à la fois, A l’aide d’une vis placée sur le côté de la tablette. La lame de verre se trouve donc ainsi méca¬ niquement centrée, en même temps qu’elle est serrée entre les mâchoires et ne peut plus se déplacer. Nous ne connaissons que par des descriptions la tournette de M. Cox, mais elle nous paraît présenter quelques inconvénients, dont l’un particulièrement résulte delà vis et de sa position. La tournette de M. W. H. Bulloch que nous avons sous les yeux, nous semble au contraire débarrassée de ces défauts. La table tournante est composée de deux plaques métalliques superposées A et B (fig. 9), lesquelles ne sont en contact immédiat que par leurs bords qui forment comme un cadre circulaire, de sorte qu’entre les deux plaques il reste un certain espace. La plaque supérieure est vissée et fixée au manchon dans h quel pénètre l’axe de rotation, manchon qui porte à sa partie inférieure la virole moletée à l’aide de laquelle on imprime le mouvement. Cette plaque est percée de deux rai¬ nures disposées selon un même diamètre, et dans lesquelles glissent deux pièces qui portent deux mâchoires angulaires mobiles autour de leur sommet. La plaque inférieure, au contraire, est mobile à frottement sur la première, dans son plan, et on peut la faire tourner facilement autour du centre commun, en agis¬ sant avec la pulpe du doigt sur son bord qui est moleté. Sa face supérieure est entaillée d’un pas de vis plan, héliO' ïdal, et les deux galets qui portent les mâchoires sont munis à leur face inférieure d’une crémaillère taillée dans un pas de vis semblable, crémaillère dont les dents s’engagent dans le pas de vis de la plaque inférieure. De sorte qu’en tournant avec le doigt cette plaque inférieure, dans un sens ou dans un autre, les deux galets s’approchent ou s’éloignent en même temps et également du centre. On peut donc placer le porte -obj t entre les mâchoires, serrer celles-ci en tournant la plaque inférieure, et la lame de verre se trouve exactement centrée en même temps que solidement maintenue. Puis en agissant sur la virole moletée placée sous la tablette, tout le système est emporté dans la rotation. La table tournante porte, d’ailleurs, deux ressorts métalliques qui permettent d’employer l’instrument comme la tournette ordinaire et sans se servir du cen¬ trage mécanique. Ajoutons que la rotation se fait sur un axe muni d’une pointe d’acier, quelle est extrêmement facile, car l'instrument, mis en mouvement, peuttourner pendant plu¬ sieurs minutes. Comme à l’ordinaire, du reste, il est placé en avant d’un bloc en bois lourd, noyer noir d’Amérique (qui n’est pas représenté sur la figure montrant l’instrument en coupe verticale), bloc sur lequel, habituellement, l’opéraleur place la main droite armée du pinceau, tandis que la main gauche, placée en avant de la tournette, peut agir avec l’index ou le médius successivement sur le moletage de 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. la plaque inférieure, pour serrer le slide, et sur la virole pour mettre l’appareil en mouvement. L’instrument est parfaitement construit, bien équilibré et le mou¬ vement en est aussi doux que régulier. Quelques personnes préfèrent que la rotation delà tournette ne soit pas trop rapide. On peut obtenir facilement ce résultat, sans être obligé d’attendre le ralentissement, en augmentant un peu le frottement du manchon sur l’axe. En effet, ce manchon porte sur le côté une petite vis (visible dans notre figure) et dont la pointe proémine à l’intérieur. Elle se loge dans une gorge creusée tout autour de l’axe et on peut l’enfoncer de manière que, tout en faisant une légère saillie dans la gorge, elle ne touche pas l’axe, de sorte que si par hasard l’instru¬ ment est culbuté sens dessus dessous, la table tournante ne peut tomber, ce qui pourrait la déformer et la fausser. Mais en tournant la petite vis on peut amener sa pointe à un très-léger contact avec le fond de la gorge, un frottement plus ou moins considérable s établit, et la rotation est plus difficile, ralentie par consé¬ quent Que si l’on enfonce la vis davantage jusqu’à pression sur l’axe, l’appareil ne tourne plus du tout et se trouve à l’abri des entreprises des enfants, des mal¬ adroits ou des indiscrets. On le voit ce petit instrument est aussi simple, aussi solide, aussi parfait et aussi commode que possible; enfin son prix est très-modeste : 31 francs, auxquels il faut ajouter toutefois les frais de transport. Dr J. P. Société Royale Microscopique de Londres. Séance du 12 mars 187y. — Le Dr Bealc, F. -R. -S., le nouveau président, occupe le fauteuil. Après que le procès-verbal de la dernière séance a été lu et adopté par la Société et signé par le Président, celui-ci fait remarquer que l’ordre du jour est extiême- ment chargé, qu’un grand nombre de mémoires sont inscrits, qu’en conséquence il fait appel à l’obligeance des auteurs et les prie de vouloir bien présenter autant que possible leurs travaux en résumé; puis lecture. est faite des donations adres¬ sées à la Société. M Fr. Crisp, secrétaire, annonce qu’il avait contracté un arrangement avec M. Th. Bolton.de Birmingham, pourque celui-ci envoyât rég dièrement à la Société des spécimens vivants d’animalcules, algues etc., et serait uésireux de continuer cet arrangement si les membres de la Société en profitaient. Lecture est faite de la liste des membres qui ont été proposés ex officio, confor¬ mément au nouveau règlement (de la dernière séance) et des membres honoraires dont la nomination a été approuvée par le bureau. Ces membres honoraires sont : Les professeurs Harting, Schwann et Hamilton L. Smith. M. A. D. Michael a la parole et donne un résumé de sou mémoire sur les « Ory- batide? » de la Grande-Bretagne. M. Hoggan fait ensuite l’analyse de son travail « sur le développement et la ré¬ gression des cellules adipeuses, » travail fait en collaboration avec Mme Hoggan. M. T. -J. P.irker explique l’emploi qu'il fait de l’acide osmique dans les prépara¬ tions m croscopiques. M. Beck expose son grand modèle de microscope et donne une explication dé¬ taillée de ses différentes parties. Il dit que ce modèle résulte de recherches très-étendues faites pour bien connaître les besoins du micrographe. 11 n’a pas la prétention d’avoir introduit des principes^nouveaux dans la construction de ce JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 14o modèle, mais il a fait tout «on possible pour réaliser : 1° la plus grande variété de mouvements utiles; 2° le travail le plus soigné dans l’exécution maté¬ rielle. Il espère avoir réussi à atteindre ce double but et serait heureux que les membres présents voulussent bien faire de son instrument une critique sévère afin qu’il puisse le plus rapidement possible connaître les défauls qui lui seraient reprochés, son désir étant de mettre tous ses soins à construire l’instrument le plus perfectionné qui lui sera possible (I). M. Fr. Crisp annonce qu’il a reçu du Prof. Abbé, d’Iéna, un mémoire sur les objectifs à immersion dans l’huile, mémoire dans lequel le professeur parle d’une manière très-honorable des obligations qu’il a à M. J -W. Stephenson, trésorier de la Société, qui lui a suggéré l’idée dont il a tiré parti avec succès dans la con¬ struction de ses objectifs. M. Crisp donne ensuite des explications dans le but de relever une erreur qui s’est répandue en Amérique, à propos d’une discussion à la Société, dans sa séance d’octobre 1878, sur «l’unité micrométrique. » Cette erreur vient de ce que, à la fin de cette discussion, un des membres a parlé de la vis de la Société « Society screw », et le prof. Rogers, dans Y American Quaterlij Microscopical Journal de janvier 1879, dans un article consacré à la question mi¬ crométrique, a pensé que la ft Society screw » est une vis étalon (« standard »), tandis qu’en réalité cette vis est tout simplement le modèle adopté par la Société et proposé aux constructeurs afin que tous leurs objectifs aient la même vis, la Société n’ayant pas en réalité de vis étalon. Dans son article, M. Rogers dit encore posséder une grande collection d^ micromètres et affirme qu’en les com- parantil n’en trouve pas deux qui s'accordent exactement, que les erreurs de divi¬ sion sont quelquefois très-considérables. M. Crisp, ajoute qu’il a déjà parlé à la Société de l’adoption d’un étalon micrométrique (« standard of micrometry. ») Il rappelle qu’au Congrès des Micrographes Américains, à Indianapolis, on a proposé le millimètre divisé en 100 parties qui a été généralement approuvé. A la réunion prochaine, il proposerait lui-même que la Société se prononçât en faveur de l’adop¬ tion générale du millimètre divisé en 1000 parties. La Société sait, en effet, que l’usage des divisions du millimètre est beaucoup plus répandu aujourd’hui parmi les hommes de science que celles du pouce (« inch ») ; il n’y aurait donc pas de discussion sur ce point. Il proposerait le millimètre divisé par 1000 plutôt que par 100, parce que cette unité est déjà adoptée généralement en France, en Alle¬ magne, en Hollande, en Italie, etc. Les micrographes de ces pays s’en servent et l’appelent « micro-millimètre. » Son avis est que le centième de millimètre est une division trop grande pour servir d’unité; que si l’on désirait conserver les divisions du pouce, M. Beck lui avait déjà montré un micromètre portant à la fois les divisions du pouce et celles du millimètre. En raison de l’heure avancée, un mémoire du Prof. Keith sur une méthode pour mesurer l’angle d’ouverture des objectifs est renvoyé à la prochaine séance, ainsi qu’une description du « traverse lens » de M. R.- B. Toiles, de Boston, et une note de M. Crisp«sur l’appareil venimeux et les glandes anales des fourmis, » travail accompagné de deux planches. M Crisp expose un objectif 1/18 de pouce à immersion dans l'huile, construit par M. Zeiss sur les formules du prof. Abbe, et prie M. J. Mayall de vouloir bien communiquer à la Société les résultats de l’examen qu’il a fait de cet objectif. M. J. Mayall dit qu’il a mesuré l’angle d’ouverture de cet objectif avec Yopcr- lomètre du prof. Abbe, et qu’il a trouvé cet angle un peu inférieur à celui qu’an- (1) Cet instrument est d'ailleurs inspiré parle « Centennial stand » de Jos. Zentmayer, de Philadelphie, longuement décrit dans le Journal de Micrographie , T. II, 1878. 146 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nonce le constructeur. Le champ est plan, mais moins cependant que dans cer¬ tains objectifs de Powell et Lealand et de Toiles. Est-ce là un défaut ou une qualité? — 11 ne peut le décider. La netteté et la précision de l’image des objets immergés ou en contact très-intime avec le verre mince, est remarquable. Avec un éclairage à immersion cet objectif a montré très facilement les stries de Y Amphipleura dans le baume ; M. Mayall pourrait même dire qu’il les a vues plus facilement avec cet objectif qu’avec aucun autre. • M. Crisp donne lecture d’une lettre du prof. Abbe à M. Stephenson, dans laquelle le professeur annonce avoir trouvé qu’une dissolution de chlorure de zinc dans l’eau peut remplacer l’huile de cèdre pour l’immersion. Ce liquide coule moins facilement que l’huile de cèdre et est plus commode à l’emploi; il ne détériore pas les préparations dans le baume. M. Stewart, secrétaire, fait un dessin sur le tableau noir pour expliquer une idée de M Stephenson que celui-ci a suggérée au prof. Abbe pour la monture des lentilles frontales dans les objectifs a très-grand angle d’ouverture. Cette idée consiste à coller sur la surface plane de la lentille frontale une lamelle de verre mince qui dépasse la circonférence de cette lentille; la partie qui dépasse sert pour la moulure, et de cette manière la. surface sphérique tout entière de la len¬ tille est utilisée et peut recevoir la lumière. Le prof. Abbe a remercié M. Stephen¬ son de cette communication et lui a écrit qu’il avait déjà fait des expériences à ce sujet, il y a un an, et avait trouvé certaines difficultés pour le centrage, et l’intro¬ duction du baume pour coller cette lamelle mince au devant du front changeait les corrections chromatiques. M. Wenham fait remarquer que cette idée n’est pas nouvelle; lui-même a exa¬ miné, il y a quelques années, un objectif de Toiles dont la lentille frontale était montée de celte manière. M. le D1' Edmunds demande quand on pourra avoir des modèles authentiques de la « Society screw »; M. Crisp prie le Dr Edmunds de vouloir bien s’adresser à lui après la réunion. Pendant la séance six membres ont été élus en dernière élection et six nou¬ veaux candidals désignés pour être élus à la prochaine séance. Ont été élus aussi les tr is membres honoraires dont les noms ont été donnés ci-dessus. Les objets exposés à la séance étaient : Spécimen d’Acariens, par M. A. D. Michael. Cellules adipeuses, etc., par M. Hoggan. Nouveau grand modèle de Microscope, par M. Beck. Objectifs 1/18 à immersion dans l’huile, construits par Zeiss sur les formules du prof. Abbe, par MM. Crisp et Stephenson. (Ce dernier a particulièrement fait voir l’écaille de Poduvci). « Traverse-Lens » (éclairage à immersion) de R. B. Toiles, de Boston, par M. J. Mayall. Les préparations de Diatomées de Richmond, par M. Peticolas. Objet Weber, par M. Crisp. Prisme Woodward modifié, par M. Crisp. Deux modèles d’éclairage à immersion (lentilles hémisphériques) de la maison Th. Ross, par M. Crisp. Microtome mécanique de Seiler, condensateur et tournetie de Beck, préparation d’or cristallisé, par M. Crisp. Nouveau modèle redresseur du microscope Stephenson, présenté par M. Crisp. La prochaine séance aura lieu le 9 avril. 1. 7. Fig. 1 et 2. — Appareil pour porter la récolte des Hépatiques au moment ou la boîte inférieure se présente à l’ouverture et où on la retire. Fig. 3. — Drague de M. Girandy pour la récolte des Algues avec lame tranchante, filet et douille pour adapter à une canne. Fig. 4. — Drague de M. P. Petit avec petit filet en laiton et bident. Fig. 5. — Sac de M. P. Petit, pour porter la récolte des Algues, eto. (Le dessinateur a représenté, par erreur, tous les compartiments de même dimension; la rangée supérieure est occupée par les tubes à Diatomées et les autres par des bocaux, ceux du bas beaucoup plus grands). Fig. 6. — Appareil de M. liornet, cuve et planchette pour parer, étaler et préparer les Algues. Typ. RINUY 41, rue û&vy Journal de Micrographie _ 1879 PL VIII Z '0H JOURNAL DE MICROGRAPHIE 147 Spécimens vivants pour le Microscope M. Th. Bolton, de Birmingham, dont nous avons souvent cité le nom et la dif¬ ficile spécialité qui consiste à rechercher des animaux et des plantes le plus souvent microscopiques pour les mettre vivants à la disposition des natura¬ listes et des micrographes, a eu l’excellente idée de conclure avec ceux-ci des engagements en vertu desquels il s’engage à fournir 36 tubes contenant des organismes vivants dans l’espace de six mois, ou ordinairement à raison d’un par semaine, ou plus rapidement, au gré des souscripteurs, moyennant la somme de 1 L. \ sh. pour l’Angleterre et 35 fr. pour la France. Les Sociétés qui se réunissent mensuellement peuvent souscrire et recevoir ainsi quatre tubes pour chacune de leur séance. Chaque tube spécimen envoyé isolément en dehors de cet arrangement coûte 1 fr. 50 pour la France. Fig. 10. — Melicerta ringens. M. Th. Bolton a déjà adressé à ses souscripteurs les spécimens suivants:] Protococcus pluvialis, Closterium lunula, Closterium moniliferuin, Volvox globalor, Batrachospermum moniliforme, Nitella translucens, Vallisneria spiralis, litricularia vulgaris, Amœba, Actinosphærium Eichhornii, Spongilla üuviatilis, Euglena viridis, Paramecium Aurélia, Monades flagellées à collet Stentor Mülleri, Stentor polymorphes, Ophrydium longipes, Zoothamnium arbuscula, Hydra vulgaris, Hydra viridis, OEcistes crystalli nus, Conochilus volvox, Lacinularia socialis, Melicerta ringens, Melicerta pilula, Floscularia campanulatn, Flos- cularia cornuta, Stephanoceros Eichhornii, Hydatina senta, Rhynops vitrea, Philodina roseola, Limnias ceratophylli, Cristatella mucedo, Lophopus crystal- linus, Alcyonella lungosa, Plumatella repens, Frederieella sultana, Tardigrades, Daphnia mucronata, Corethra plumicornis, OEufs et Embryons de Gardon, etc. 4 d 48 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il espère pouvoir mettre bientôt à la disposition de ses souscripteurs les spécimens suivants. Le Journal de Micrographie publiera d’ailleurs tous les mois la liste des objets disponibles. Arcella vulgaris, Areella denlala, Acineta tuberosa, Dendrosoma radians, Raphidiophrys pallida, Yorticella nebulifera, Carchesium polyspinum, Epistylis grandis, Epystilis natans, Epistylis digitalis, Trichodina tincta, Vaginicola pedi- culus, Vaginicola valvata, Vaginicola decumbens, Cothurnia imberbis, Trachelius ovum, Bursaria truncalella, Tintinnus cothurnia, Chætospira cylindricus, Cor- dylophora, Chætonotus larus, Cephalosiphon limnias, Monocerca rattus, Notom- mata tigris, Notommata aurita, Synchæta pectinata, Polyarthra platypetra, Ratulus lunaris, Asplanchna (priodonta?), Mastigocerca carinata, Euchlanis dilatata, Salpina mucronata, Dinocharis pocillum, Metopidia acuminata, Rotifer vulgaris, Philodina (megalotrocha?), Anuræa squamula, Anuræa acuminata, Anuræa aculeata, Paludicella Ehrenbergi, Brachionus pala, Brachionus urceolaris, Pterodina patina, Spirogyra, Oscillatoria, Daphnia, Cyclops qu&dricornis, Chydorus sphæricus, Cypris tristriata, Diaplomus castor, Canlhocamptus minutus, Anodon cygneus , Driessena polymorpha, Sphærium corneum, Limnæa peregrina, Bithinia tentaculata, Physa hypnorum, Planorbis albus, Planorbis spirorbis, Planorbis nitidus. Fig. U — Folvox globator. Quelques-uns de ces organismes sont très-communs mais peuvent être utiles pour l’exhibition ou la démonstration, aux mcroscopisles qui n’ont pas le temps de les rechercher eux-mêmes; d’autres ne se rencontrent qu’occasionnellement, et certains sont si petits que les spécialistes seuls peuvent les découvrir, même dans un petit tube de verre plein d’eau. C’est pourquoi M. Th. Bolton se met à la disposition des travailleurs. Il se charge aussi de fournir les autres objets qui pourraient être utiles pour les recherches biologiques et qui sont recommandés par les ouvrages spéciaux les plus connus. C’est ainsi qu’il a fourni différents objets de cette nature aux principales Écoles scientifiques delà Grande-Bretagne, King’s College, à Londres, les Universités de South-Kensington, Oxford, Cambridge, Edimbourg, Glascow, Aberdeen, Dublin, Belfast, Owens College, à Manchester, etc. De nombreux spécimens vivants de Rotatum, d’infusoires, de Volvoces, de Protozoaires et d’embryons de poissons ont été adressés par M. Bolton, en France, notamment au bureau du Journal de Micrographie où ils sont toujours arrivés parfaitement vivants et en très-bon état (1). (1) On peut s’adresser pour les commandes au bureau du. Journal de Micrographie. — L’adresse deM. T. Bolton est, d’ailleurs, 17, Ann Street, à Birmingham. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 449 Le « Quekett Microscopical club » de Londres Le « Quekett Microscopical club » de Londres, a donné, le 14 mars dernier, sa conversazione annuelle. Les grandes salles du -collège de l’Université, Gower Street, avaient été mises à la disposition du Club et formaient une magnifique suite d’appartements où les visiteurs pouvaient se promener et examiner les objets exposés. Malgré le mauvais temps, les invités] étaient au nombre de plusieur, centaines, dont les dames formaient la majorité; ils ont été reçus parle président le professeur Huxley, assisté des vice-présidents, M. le Dr Matthews, M. Fr.Crisp, le sympathique secrétaire de la Société Royale M. de Londres, M. Ingpen, secrétaire du Club, etc. — Les clubs et les Sociétés de microscopie et d’histoire naturelle de South-London,Croydon, New-Cross, Hackney, Sydenham étaient représentés à cette réunion et y avaient adressé d’intéressantes préparations. Plus de 250 microscopes étaient exposés dans cette soirée par les premiers opticiens de Londres, MM. Powell et Lealand, Ross, Beck, Browning, Swift, Crouch, etc., qui y avait envoyé leurs plus beaux instruments. Nous signalerons particulièrement l’exposition de MM. Powell et Lealand. Leur célèbre objectif 1/8 de pouce montrait admirablement l’écaille de Podura grossi à 1600 diamètres, tandis que sous leur 1/16 de pouce on voyait la circulation dans la feuille du Vallisneria, avec un grossissement d’environ 2000 diamètres. Parmi les nouveautés, nous devons signaler le micro-mégascope, présenté par le Dr Matthews. Avec cet instrument, un objet de forte dimension, .par exemple, une photographie transparente, une fleur, un papillon, peut être réduit et vu dans son entier, et une partie peut être, par un autre ajustement des lentilles, amplifié comme par un microscope ordinaire. Parmi un grand nombre de préparations remarquables, il faut citer une coupe transparente de la tête d’une guêpe, montrant les yeux, le cerveau, les mandi¬ bules, etc., exécutée par M. E. T. Newton, et parfaite; une jeune truite apportée parM. T. C. White et amplifiée de manière à montrer la circulation du sang; plusieurs spécimens de glands de mer ( Balanus balanoldes ), exhibés par M. F. Fitch, et que l’on voyait travailler activement à ramasser leur invisible nourriture dans l’eau qui les baignait; un curieux parasite du Renard-volant ( Nyc teribia ), dû à M. W. Goodinge et qui attirait une attention particulière. Dans l’amphithéâtre de mathématiques, une conférence sur un sujet d’histoire naturelle, accompagnée de projections à la lumière oxy-hydrique, était faite par M.W. R. May. M. J. Browning avait envoyé sa lanterne à microscope avec laquelle M. Arthur C. Cole a exhibé une série de préparations physiologiques et patholo¬ giques; d’autres exhibitions semblables, de vues photographiques, d’objets placés dans la lumière polarisée, étaient faites dans des salles séparées. La salle qui contient la collection des dessins de Flaxman, « Shield-room », par une autorisation spéciale de l’administration du Collège, était ouverte aux visiteurs, et un orchestre d’instruments à cordes y était installé. Mais les objets qui ont paru intéresser le plus vivement les visiteurs, c’était les spécimens vivants contenus dans un grand nombre d’aquariums et qui s’y trou¬ vaient en quantité. La « culture » des aquariums est, d’ailleurs, très répandue en Angleterre et elle aide à la popularisation de la micrographie. Le téléphone, le microphone, et beaucoup d’autres instruments d’un intérêt spécial pour les amateurs de la science étaient exposés, et les invités ont pu 150 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. apprécier les efforts faits par les membres du Quekett-Club pour leur offrir une collection d’objets aussi nombreuse qu’intéressante et variée, efforts qui ont été couronnés de succès et grâce auxquels ils ont passé une instructive et agréable soirée. CORRESPONDANCE Nous recevons, au moment de mettre sous presse, le document suivant que nous insérons sans commentaires : Monsieur le rédacteur, On m’a dit que dans votre journal, (que je ne lis jamais, je vous prie de le croire, car il traite de choses auxquelles je n’entends rien,) un de vos correspon¬ dants a raconté l’histoire d’un certain Président qui avait donné sa démission sachant qu’il ne serait pas réélu ; il faisait d’ailleurs comprendre, votre gracieux correspondant, que le dit président était quelque chose comme un niais, qu’il avait voulu se créer une « petite omnipotence» et que n’y ayant pas réussi, il avait épan¬ ché sur quelques-uns de ses collègues un peu de la colère qui grondait dans son « crâne olympien » et lâché un peu de la bile qui gonflait son « ventre de Silène. » Je ne sais pas du tout de qui votre correspondant voulait parler, mais comme il semblait promettre d’autres détails et que cette histoire ressemble à celle de beaucoup de présidents, et particulièrement à la mienne, que vos lecteurs (et on dit que vous en avez) pourraient se livrer à des interprétations incongrues à mon endroit, vous ne trouverez pas mauvais que je vous fournisse moi-même les détails relatifs au cas qui m’est personnel. Et puis, si vous le trouvez mauvais, ça m’est égal. Car, moi aussi, j’ai été président d’une Société, (nous avons beaucoup de So¬ ciétés ici, et je ne vous dirai pas laquelle) et j’en avais été d’abord, et pendant bien longtemps, secrétaire. Pas « junior secretary », sachez-le; je ne fais pas plus de cas de tous les junior secrétaires que d’un fétu. Vous n’allez pas me demander, je suppose, pourquoi on m’avait élu président. Vous n’êtes pas assez simple pour ne pas comprendre que je n’aurais jamais quitté pour rien mon poste de secrétaire, jamais de la vie! — C’était très-agréa¬ ble d’être secrétaire et j’aimais cela ; j’avais des collègues très bons enfants qui me laissaient faire lout ce que je voulais, heureux de trouver en moi un homme de forte tête et de bel esprit. J’avais un pouvoir, et c’est une bonne chose que le pouvoir, tout le monde l’aime, (vous aussi sans doute), et s’y cramponne de toutes ses forces «jusqu’au bout», comme on disait chez vous il n’y a pas longtemps,.... si l’on peut. C’est bien naturel, n’est-ce pas? On m’a offert, un beau jour, de m’en aller. Il est bien possible qu’on voulait faire des changements dans le secrétariat; peut-être avait-on besoin de mon siège pour faire de la place à un autre. M’en aller! Ah! mais non!... à moins que je ne m’en aille pour être président. Eh bien, j’ai été nommé président. Ce n’est pas plus difficile que cela, et je ne vois pas qui pourrait y trouver à redire. C’était JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m mon droit, la récompense de mes longs services. Voilà ce que c’est que de bien mener sa barque; c’est un mérite, cela. J’y ai gagné plus d’autorité, et si j’en ai pris plus encore qu’il ne m’en appartenait, cela prouve ma valeur. En même temps, la Société y a gagné d’avoir un président considérable. Car je suis un homme considérable, Monsieur, considérable de toutes les ma¬ nières, d’abord par mon poids : j’ai un gros ventre, mais un ventre énorme, monu¬ mental .Silène, c’est moi. Je suis très fier et très satisfait de mon ventre. La prépondérance dans le monde est aux ventripotents. Dans la vieille lutte des gras et des maigres, aux gras est la force, le pouvoir et la majesté, aux maigres, la faiblesse, l’impuissance et l’envie. Les maigres, je les déteste.... je parie que votre correspondant est maigre. Et puis, j’ai une tête olympienne. Je ne suis pas chauve. Monsieur; j’ai une abondante chevelure qui me pend sur les épaules et qui n’est pas une perruque, quoiqu’on puisse en penser. Elle n’est pas toujours très soignée, parce que je crains de la détériorer. Des cheveux, c’est très utile, (je parie que votre corres¬ pondant est chauve) car vous ne savez peut-être pas qu’un seul cheveu humain se distingue de très, très loin, de bien plus loin qu’on ne croit, et de bien plus loin encore si l’on sait voir et qu’on y mette de la bonne volonté. Le cheveu sert ainsi comme mesure des limites de la visibilité. Par conséquent, un homme qui a des cheveux se voit mieux qu’un homme qni n’en a pas, et il faut toujours se mettre en évidence. J’ai une tête olympienne : ma face est comme un soleil, et quand j’éponge, avec mon mouchoir en cotonade de couleur, la sueur qui toujours l’inonde, à cause du feu intérieur de ma cervelle, on dirait Jupiter-Tonnant, voilant son front de nuages pour ne pas'foudroyer les pauvres mortels de la flamme de ses yeux bouffis. Et puis, je suis bavard, bavard, bavard ; je parle, je parle, je parle. C’est encore une chose très utile de toujours parler, peu importe ce qu’on dit, pourvu qu’on parle; cela met en évidence aussi, et fait croire qu’on a des idées. D’ailleurs, moi, j’ai une facilité inouïe pour m’emparer des idées des autres cl pour démontrer que leurs découvertes, tant neuves soient-elles, étaient évidentes d’avance et prouvées par la nature même des choses. Ajoutez que je suis admirablement servi par une voix aiguë, qui pénètre dans les oreilles et domine tous les cris. On a dit que c’était le résultat d’une opération chirurgicale, ne croyez pas cette ineptie. En somme, vous voyez, Monsieur, que je suis, au physique, un homme remar¬ quable et que j’ai le droit d’être content de ce que je suis. Mais, de plus, j’ai du talent, un vrai talent, un grand talent! — Demandez plutôt à Pylade (Pylade, c’est mon ami). J’ai fait les recherches les plus sérieuses sur les fentes dans les couches de silice. C’est un travail superbe. Aussi, on va faire mon buste en couches de silice, quand ces couches seront déposées à une épais¬ seur suffisante. Vous verrez cela si vous êtes encore de ce monde dans ce temps-là. J’ai encore fait d’autres travaux, j’ai cherché la limite de la .visibilité, mais, là-dessus, je vous recommande mon fidèle Pylade : il traite des aberrations sphérique, chromatique et d’un tas de machines en ique, absolument comme s’il y connaissait quelque chose. C’est merveilleux ! — A propos de « chromatique» il^a inventé un nouveau crime, le crime chromatique ; je n’ai jamais vu cela dans aucun code et je ne sais pas ce que c’est, mais Pylade qui a été à l’Université de Camford ou d’Oxbridge, je ne me rappelle plus, le sait parfaitement, du moins il le dit et cela me suffit. C’est que nous nous entendons fort bien nous deux, surtout 152 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. après un bon dîner. Ah ! Monsieur, c’est alors que nous avons de joyeux mo¬ ments ! Nous nous consolons ainsi de l’ingratitude des hommes. Car les hommes sont ingrats. J’étais, vous le comprenez bien maintenant, fait pour jeter un grand lustre sur la Société qui avait l’honneur de m’avoir pour pré¬ sident. Eh bien, cela n’a pas été du tout, croiriez-vous cela ? Comme président, j’ai trouvé autour de moi un bureau qui ne voulait pas se laisser mener, oh ! mais là, pas du tout ! — Alors, moi, vous savez, je suis rageur, et quand je suis en colère je ne suis pas poli du tout, mais je m’embrouille, et plus je m’em¬ brouille, plus je rage. Et mes collègues qui savaient cela, se faisaient un jeu de me mettre en colère. Et puis la Société voulait publier son Bulletin. Moi, président, moi, membre du comité de publication, j’ai voulu faire le journal à moi tout seul. Et c’était tout simple ! je suis évidemment l’homme le plus savant de la société, je suis, parmi tous ses membres, le seul homme de talent. Fait par moi tout seul, le journal devait donc être mieux fait que par n’importe qui. C’est évident. Et qu’est-ce qui en aurait profité, je vous le demande?— La société, le public et moi ; — c’est-à-dire tout le monde et tout était pour le mieux. Eh bien! pas du tout: le Comité a rechigné; il s’est trouvé là un ou deux personnages, des « pince-sans-rire » que j’abomine, parce que j’ai beau leur crier aux oreilles, ils ne s’en émeuvent, haussent les épaules et ne me répondent pas ; un surtout, celui-là, voyez-vous, c’est ma bête noire et rien que de le voir de loin, cela me crispe. Rien n’est plus agaçant, n’est-ce pas, quand on est en colère que d’avoir devant le nez un monsieur qui se moque de vous. Bref, ces gens-là ont trouvé que ma copie ne valait pas tripette; et ils se sont fait approu¬ ver par la Société; ils n’ont pas voulu que je fasse le journal tout seul. Alors vous comprenez bien que je n’ai plus voulu y rien faire, et puis j’ai crié; et vous auriez fait comme moi, pour peu que vous ayez du sang dans les veines et de la graisse dans l’épiploon. — Je dois reconnaître que cela ne m’a guère réussi. — Je vous le dis, les hommmes sont injustes. Alors, au bout d’un an, il a bien fallu que !je me retire, car je n’y tenais plus et puis je savais très-bien que je ne serais pas réélu pour ma seconde année. C’était clair comme la lune. Quand on ne veut pas aller jusqu’au bout, on donne sa démission, n’est-ce pas, et à plus forte raison quand on ne peut pas. C’est ce que j’ai fait. Mais j’ai profité de ma dernière présidence pour dire leur fait à tous mes adversaires, et je le leur ai dit carrément, je vous prie de le croire. Vous con¬ cevez bien que c’était de la prudence de me donner moi-même mon congé pour ne pas le recevoir ; prudence de lancer mon attaque alors qu’il m’était encore possible de me donner la parole à moi-même, car jamais plus tard on n’aurait voulu me l'accorder pour cela. Voilà l’histoire. Quant à celle qu’a racontée votre correspondant, je ne la con¬ nais pas par le menu, mais je ne m’en préoccupe pas le moins du monde; parce que, voyez-vous, la critique, je sais ce qu’en vaut l’aune; j’en ai fait moi-même, de la critique, car j’ai été journaliste aussi, et je m’en moque absolument. Et, quant à ceux qui doutent de mes talents, ils me font pitié. Je n’en suis pas moins, eher Monsieur, Véritablement vôtre « Silenus. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 453 Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix des catalogues, tous les objets dont ils pourront avoir besoin : Tous les microscopes , français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. Tous les instruments dits accessoires, condensateurs de tous les systèmes, ap¬ pareils de polarisation, paraboloïdes, micromètres, etc. Les lames porte-objet, en verre et en glace, de diverses qualités. Les lamelles minces, carrées, rectangulaires, rondes, ovales. Les lamelles percées ou cellules en verre (de 13 à 25 fr. le 100). Les instruments nécessaires pour faire les préparations. Presses, réchauds, lampes, pinces, pinceaux, tubes, etc. Microtomes divers, rasoirs. Transporteur Monnier. Les instruments de dissection : aiguilles, scalpels, ciseaux, pinces, cro¬ chets, etc. Les préparations microscopiques concernant toutes les branches de la micros¬ copie. Les tests de Môller et de Nobert. Les préparations de E. Wheeler, Bourgogne, Môller, Bœcker, etc. Les ouvrages relatifs au microscope ou à ses applications. Des matériaux, objets d’études, et même des spécimens vivants. Des réactifs tout préparés d’après les formules les plus autorisées, tels que : Carmin ammoniacal, carmin neutre, carmin de Beale, carmin oxalique, etc. Acide picrique, solution saturée. Picro-carminate d’ammoniaque, de Ranvier, à 1 p. 100. Bleu d’aniline, violets d’aniline divers. Fuchsine (rouge d’aniline), sulfate et acétate de rosaniline. Hématoxyline, solution alcoolique alunée, de Bœhmer. Bleu de quinoléine. Indigo, indigo sulfate. Éosine, solution aqueuse, solution dans l’alcool au tiers. Purpurine et matières colorantes diverses. Bleu de Prusse, bleu soluble. Sérum iodé, eau iodée, chlorure de zinc iodé. Chlorure de calcium à 20 p. 100. Potasse caustique à 40 p. 100. Nitrate d’argent à 1 p. 300. Chlorure d’or à 1 p. 200, chlorure d’or et de potassium. Nitrate d’urane, chlorure de palladium, etc. Acide chromique, bichromate de potasse, d’ammoniaque. Acide osmique. Acides acétique, chlorydrique, nitrique, formique, tartriqûe, oxalique. Liquide de Muller, liquide de Pacini, etc. Solution picro-anilique de Tafani. Alcool absolu, alcool au tiers, alcool méthylique. Essence de girofles, de térébenthine, résine Dammar. Baume du Canada, bitume de Judée, vernis, etc. Glycérine, éther, sulfure de carbone, chloroforme. Deane’s medium, etc. S’adresser au Dr Pelletan, rédacteur en chef du Journal de Micrographie, 34, boulevard des Batignolles , à Paris. Bruxelles. — lmp. et lith. PARENT et Cie. Paris. — Ch. Parent, rue d’Aboukir ,14. Le gérant : E. PROUT. 454 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. INSTITUT DE MICROSCOPIE DE HENRI BŒGKER à Wetzlar ( Prusse Rhénane) PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES Histologie normale et pathologique. Préparations d’Arachnides, d’insectes, de Crustacés, d’Entozoaires, de Cépha- lophores, d’Echinodermes, de Bryozoaires, de Cœlentérés, de Spongiaires, etc. Préparations botaniques. — Mousses, Algues, Diatomées, etc. Préparations minéralogiques et autres. Instruments de toutes sortes; matériaux, réactifs pour les préparations. ERNST GUNDLACH Constructeur de Microscopes A Rochester, N. Y. (États-Unis d’Amérique) M. Ernst Gundlach, qui a dirigé pendant deux ans la construction des microscopes, des objectifs et appareils micrographiques à la Compagnie Optique « Bausch et Lomb » de New-York, informe le public scientifique qu’il a rompu son association avec, cette maison à partir du 28 mars dernier. Il continue néanmoins à construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, en même temps que les prix en sont sensiblement abaissés. Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier «Ernst Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France , est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Balignolles , à Paris. MICROSCOPIE Spécialité d’objets en verre POUR PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES E. COGIT Fournisseur du Laboratoire de miscroscopie de l’Université de G-enève 28, RUE DES GROTTES, GENÈVE Mention honorable à V Exposition universelle de Paris 1878 Lames de glace et de verre, lamelles de toutes formes et dimensions. Lamelles percées ou cellules. Cellules collées sur porte-objets. Chambre humide, etc., etc. Transporteur-Monnier. JOURNAL RE MICROGRAPHIE. loi VINS DE TABLE ST=GEORGES J. 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Hennegny. — Les Diatomées terrestres, par M. J. Deby. - Les Algues calcaires fossiles, par M. Ed. Perceval-Wright. — Nouveau microscope du Dr J. Pelletan. — Société R. microscopique de Londres. — Observatoire populaire, par M. L. Jaubert. — Correspondance, par M. F. -O. Lynx. — Laboratoire de microscopie du Journal de Micro¬ graphie. REVUE Le Dr Leuduger-Fortmorel vient de faire paraître, en tirage à part, son Catalogue des Diatomées marines de la baie de St-Brieue et du littoral des côtes du Nord , qu’il avait présenté l’an dernier à la Société Botanique de France. Cette étude a nécessité plusieurs années de travail, et, bien que le savant diatomiste ne donne pas ce catalogue comme complet, l’ouvrage ne porte pas sur moins de trois cent quarante et quelques espèces et variétés appartenant à quarante-six genres. En même temps, paraît le Catalogue des Diatomées de Vile de Ceylan , présenté par le même auteur à la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord. C’est là un travail tout à fait nouveau car aucune étude d’ensemble n’a encore été faite sur les diatomées qui vivent dans cette partie de l’archipel Indien ; à peine si Gréville men¬ tionne trois espèces de cette provenance (Quarterly Journal of Microscopical Science , 1862). 458 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « Dans le courant de Tannée 1876, dit le Dr Leuduger-Fortmo- rel, je reçus de mon ami, M Van den Broeck, deBruxelles, membre de la Société de Microscopie de cette ville, quelques échantillons de limon vaseux récoltés dans les diverses parties du monde par M. Craven, lieutenant de vaisseau de la marine anglaise, pendant un voyage de circumnavigation. » Quelques-uns de ces sables sont assez pauvres, sans cepen¬ dant manquer d’intérêt; mais mon attention fut bien vite captivée par l’examen de ceux provenant de l’île de Ceylan : ils m’ont, en effet, révélé une bien rare richesse. » Je n’ai eu à ma disposition qo’environ une quinzaine de grammes d’une poudre fine, gris jaunâtre, recueillie sur l’ancre d’un navire mouillé, par huit brasses d’eau, à Colombo, sur les côtes de Ceylan. Ce sable, très-divisé, léger, riche en calcaire, ne présente pas, à l’œil nu, de corps étrangers distincts. A la loupe, on peut reconnaître des grains de quartz, des débris très-tenus de coquilles et de végétaux; après traitement par les acides, on remarque un abondant résidu de silice et un sable noirâtre qui résiste à tous les agents décolorants. Avec des matériaux prove¬ nant d’une seule localité et en quantité si restreinte, je n’ai pas la prétention d’apporter un travail complet sur les abords de Ceylan. » Le Catalogue des Diatomées de Ceylan porte néanmoins sur plus de quatre cents espèces ou variétés, dont un grand nombre nouvelles, appartenant à quarante-un genres. Plus de cent de ces espèces ont été dessinées par M. Leuduger-Fortmorel et lithogra¬ phiées par Karmanski dans les neuf planches qui accompagnent le volume. Cet ouvrage a été exécuté par Fauteur avec le plus grand soin, la diagnose de plusieurs espèces a été déterminée, contrôlée ou modifiée par MM. Adolf Schmidt, Julien Deby et Paul Petit. La synonymie de chaque espèce est indiquée de la manière la plus complète. Enfin c’est encore une lacune dans l’histoire des Diato¬ mées que le Dr Leuduger-Fortmorel vient de combler. Il en reste malheureusement de nombreuses et il serait à souhaiter que F habile diatomiste de St-Brieuc trouvât beaucoup d’imitateurs et surtout des imitateurs aussi savants. * * * Ce ne sont pas les Diatomées que M. A. -F. Marion, professeur à la Faculté des Sciences de Marseille, a recherchées dans les draguages qu’il a pratiqués sur le littoral de l’Afrique aux environs du port d’Alger, mais les animaux invertébrés, et c’est le résultat de ses recherches qu’il a publié, en un excellent mémoire, dans la Revue des sciences naturelles (T. VII, n° 2), dirigée par M. E. Dubrueil, à Montpellier. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 159 Le dernier fascicule de cette Revue (mars) contient un travail de M. S. Jourdain, professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, sur les organes génitaux et V accouplement de quelques Limaciens, travail intéressant et accompagné de bonnes figures; — des observations sur la structure et le développement de la capsule ovigère chez la Blatta orientalis , par le D1 G. Duchamp ; — la suite du Catalogue des mollusques du département de V Hérault, par M. E. Dubreuil. * * * M. Alf. Giard, professeur à la Faculté des Sciences de Lille, a bien voulu nous envoyer la collection pour 1878 du Bulletin scien¬ tifique du département du Nord, très-intéressante revue qu’il publie avec M. de Guerne. Nous y avons trouvé plusieurs mémoires importants parmi lesquels nous devons citer : la Classification du règne animal, parM. A. Giard, classification fondée sur l’embryo¬ génie; — Contribution à ï étude des Turbellariés , par M. P. Hallez ; — Contribution à T étude anatomique et embryo génique des Taenias , par M. R. Moniez qui publie, dans le numéro de mars (1879) du meme recueil, une note préliminaire sur les Bothriocéphaliens et sur un groupe nouveau des Cestodes , les Leuckartia ★ * * Nous trouvons dans le Quarterly Journal of Microscopical Science (1879) : Organismes flagellés dans le sang des rats en bonne santé, par M. R. Lewis ; — la morphologie et la place systé¬ matique des Eponges , par M. Ralfour ; — Notes sur quelques Rhizo- podes reticulariés du « Challenger », par M. Rrady; — Recherches sur les Infusoires flagellés et les organismes voisins , par M. 0. Bütsclili ; — nous donnerons prochainement la traduction de ce mémoire. Le Bulletin de la Société belge de Microscopie (27 février) donne l’analyse du travail de M. Rrady, sur quelques Rhizopodes reticu¬ lariés de l’expédition de Challenger que nous venons de citer, et de quelques autres ouvrages, notamment de la thèse de M. J. Rar- rois sur Y Embryogénie des Bryozoaires, que nous avons antérieure¬ ment signalée à nos lecteurs. * * * L’ American Journal of Microscopy , du mois de février, contient un assez long extrait d’un chapitre ajouté à l’édition américaine du récent ouvrage publié en Angleterre par le Dr S. Marsh, aprac- tical Guide to the préparation and mounting of sections for the microscope (Guide pratique pour la préparation et le montage des coupes pour le microscope). Ce chapitre additionnel est relatif aux 160 JOURNAL DE MICROGRAPHIE rasoirs qui servent à faire les coupes, à leur trempe, à la forme de leur lame et à la manière de les repasser; — la suite.de l’ar¬ ticle de M. T. -S. Wilkins sur la Vie microscopique dans les marais , extrait de YEnglish Mechanic; — la traduction dune note publiée par MM. Charcot et Gombault, dans la Gazette médicale de Paris , sur la formation des cellules géantes du tubercule .j — la traduction dune note de M. IvorottnefF sur la reproduction de l'Hydre , d’après les Comptes-Rendus de l'Académie des sciences (9 sept. 1878); — la reproduction d’un article lu, il y a un an, par M.A. Schulze à la Société Royale Microscopique de Londres, sur Y emploi cfu Reflex Illuminator de Wenham pour la résolution des tests difficiles dans le baume; — enfin diverses notes empruntées à Y American natu¬ raliste entre autres des observations présentées, au mois de décembre dernier, par M R.-K. Ward à la Section de micrographie de l’As¬ sociation Scientifique de Troy sur Yétalon micrométrique, etc. * * *. Dans Y American naturalist, lui-même, des mois de mars et d’avril, nous trouvons peu d’articles micrographiques ; parmi les plus intéressants, signalons des Remarques sur les coquilles fossiles du désert du Colorado , par M. R.-E.-C Stearns, un mémoire sur la distribution de la Flore du Nord- Amérique, par sir J. Dalton Hooker, reproduit d’après le Gardeners Chronicle de Londres; et, pour les amateurs de musique, un travail de M. Xénos Clark sur la musique animale , sa nature et son origine , travail qui contient le chant noté du rossignol, des fauvettes, du rouge-gorge et d’un grand nombre d’autres oiseaux. ★ M. A.-L. Donnadieu, professeur à l’Université catholique de Lyon, abien voulu nous adresser un mémoire descriptif sur Y Organisation du service de la Zoologie à la Faculté des sciences dépendant de celte université. Nous aurions voulu pouvoir publier in extenso cet important document, malheureusement le manque d’espace, nous a onligé, à notre grand regret, de retrancher les premiers chapi¬ tres relatifs au cabinet du professeur, aux collections zoologiques, à l’atelier de montage des pièces, etc., pour nous borner à publier ce qui a rapport à l’installation du laboratoire de micrographie. Ces quelques pages suffiront néanmoins à établir un utile parallèle entre ce qui s^ passe à l’Université catholique de Lyon et ce que l’on voit trop souvent dans les Facultés de l’Etat. Pour faire ce parallèle et en tirer tous les enseignements qu’il comporte nous n’aurons qu’à renvoyer nos lecteurs à ce que dit de la libéralité de l’Universitéde France, notre excellentcollaborateur, le DrMarchand, dans la remarquable conférence qu’il a faite récemment au sujet JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 161 des herborisations cryptogamiques, à l’École supérieure de phar¬ macie de Paris et que nous avons publiée dans notre dernier numéro. * * * Puisque nous avons nommé le Dr L. Marchand, le sympathique professeur agrégé de l’Ecole de Pharmacie, profitons de cette oc¬ casion pour annoncer la prochaine publication d’un livre impatiem¬ ment attendu depuis bien longtemps et destiné à répondre à un besoin sans cesse grandissant, nous voulons parler du Programme d'un Cours de Botanique Cryptogamique professé à l’Ecole supé¬ rieure de Pharmacie de Paris, par le Dr L. Marchand Mais quand nous disons « Programme », il ne faut pas croire qu’il s’agit d’une table des matières dont il a été traité dans le Cours, il est question, en réalité, d’un Précis de ce cours très-im¬ portant et qui a eu, à ce que nous croyons, quelque chose comme 48 à 50 leçons, l’an dernier comme cette année ; et quant au Pro¬ gramme , nons avons entendu parler d’un volume in-8° de plus de 300 pages avec de nombreuses gravures. Les botanistes y trou¬ veront donc de quoi à satisfaire. D’ailleurs, nous sommes assez heureux pour pouvoir promettre à nos lecteurs la publication anticipée de plusieurs chapitres de ce remarquable ouvrage, et dès notre prochain numéro nous en re¬ produirons un, à titre de primeur, que nous avons reçu trop tard pour pouvoir le placer dans le présent fascicule. * * * Terminons par une autre bonne nouvelle, à l’adresse des Diato- mistes. Nous avons annoncé, l’an dernier, que nous nous préparions à donner une édition française du Catalogue des Diatomées de M. Fr. Habirshaw, de New-York, alors inconnu en France et aujourd’hui devenu aussi fameux qu’il est rare, — car tiré, comme on le sait, à 50 exemplaires seulement à l’aide de la plume Edison, par M. Habirshaw lui-même qui l’a généreusement dis¬ tribué aux diatomistes à lui connus, il n’est représenté en France que par deux exemplaires. — - Jusqu’à présent, prévenu que cet ouvrage présentait certaines lacunes et quelques erreurs, nous n’avions pu donner suite à notre projet ; — mais aujourd’hui les omissions ont été réparées, les erreurs corrigées, et nous allons incessamment commencer, d’après un nouveau manuscrit de l’auteur, la publication de cette édition revue et augmentée, dont M. F. Kilton veut bien se charger de revoir les épreuves. C’est une entreprise assez téméraire, nous le savons, et M. Paul Petit disait, il y a quelques mois : « Je ne pense pas que le Dr Pelletan se décide jamais à entreprendre l’impression de cet m JOURNAL DE MICROGRAPHIE ouvrage, — il ne serait pas payé de ses frais. — » C’est assez probable, mais nous qui n’avons point d’instincts commerciaux, cette considération ne saurait nous arrêter, parce que nous croyons que le Catalogue des Diatomées est un livre des plus utiles à toute une classe de micrographes; aussi, nous commençons dès à présent le travail de la nouvelle publication, avec la ferme intention de faire de notre mieux et comptant que nos souscrip¬ teurs nous aideront le plus qu’ils pourront à terminer rapidement cette tâche. Le Catalogue des Diatomées de M. Fr. Habirshaw, (2ras édition) formera un fort volume in-80 imprimé avec grand soin, et qui paraîtra en deux ou trois fascicules, à intervalles aussi courts que possible. La souscription à cet ouvrage est dès maintenant ouverte au Bureau du Journal de Micrographie , et fixée quant à présent à 10 francs par exemplaire, que les souscripteurs sont priés de nous adresser, aussitôt que possible, par un mandat de poste ou chèque à notre adresse. Quand l’ouvrage sera entièrement paru son prix sera très-probablement élevé à 15 francs. Nous pouvons annoncer que cette publication n’est, nous l’es¬ pérons, que la première d’une série dans laquelle nous avons l’intention de réimprimer, autant que les auteurs, les éditeurs ou les traités internationaux nous le permettront, tous les ouvrages rares ou épuisés qui ont trait à l’histoire de ces petites Algues, auxquelles tous les micrographes doivent une si grande reconnais¬ sance pour les progrès qu’elles ont fait faire au microscope, — les Diatomées. Dr J. Pelletan. TRAVAUX O R 1 Q I N A U X LA. FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani (1). III Ainsi, il faut repousser également l’opinion trop'exclusive de Coste qui considérait le partie vestibulaire des organes génitaux delà femelle comme le seul lieu de dépôt des spermatozoïdes, et celle, non moins exclusive de Bischoff suivant laquelle les spermatozoïdes sont toujours portés directement dans l’utérus. Ni Lun ni l’antre de ces observateurs n’a tenu compte des variations qui peuvent exister non seulement dans les différentes espèces animales, mais encore dans les individus d’une même espèce. Chez quel¬ ques animaux, en effet, et particulièrement chez les Rongeurs, il y a une (1) Voir Journal de Micrographie , T. 111, 1879, p. Sî, 108. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 463 grand disproportion entre les organes du mâle et ceux de la femelle, ;et chez le lapin, le cochon d’Inde, par exemple, le vagin a une profondeur propor¬ tionnellement considérable; aussi est-il probable que, quant à ces espèces, Coste avait raison, mais il a eu le tort de généraliser ses observations et de vouloir les étendre à toutes les espèces animales en affirmant que le vagin est toujours le lieu de dépôt de la semence, lieu d’ou elle pénètre plus tard dansl’utérus, dans un temps plus ou moins long et qu’il avait constaté être de 30à3o minutes (1) chez la lapine. Les variations individuelles peuvent être plus grandes encore, particulièrement dans l’espèce humaine, et chez les autres classes de vertébrés, par exemple chez les Oiseaux où le sperme est introduit directement dans l’oviducte.Mais quels que soient le lieu de dépôt et le point de départ des spermatozoïdes, ils n’en parviennent pas moins très-sûrement à leur but, l’œuf. Au point de vue physiologique la question n’a donc pas d’importance, mais en étudiant les causes de la stérilité chez la femme, quelques gynécolo- gistes ont cru remarquer qu’une cause de stérilité pouvait résulter de ce que pendant la copulation toute la semence serait déposée dans le vagin dont la sécrétion se distingue de toutes les autres sécrétions deces parties par une réaction acide; ce qui serait une cause de mort pour les spermatozoïdes, commeDonné l’avait déjà supposé. Il serait donc utile, sous ce point de vue, de s’assurer si une partie, au moins, de la semence n’est pas introduite direc¬ tement dans l’utérus et les expériences entreprises dans ce but, par divers observateurs les ont amenés encore à des opinions divergentes, comme na¬ guère, Coste et Bischoff. Et ce résultat s’explique plus facilement que quand il s’agit des animaux, parce qu’il est beaucoup plus difficile défaire des observa¬ tions sur l’espèce humaine et qu’il est très-rare de pouvoir examiner des femmes mortes immédiatement après le coït. Du moins cela est très-rare aujourd’hui, mais il semble qu’autrefois il n’en était pas toujours ainsi, car Ruysch dit avoir eu l’occasion d’examiner deux femmes tuées immédiatement après lecoïtetavoir trouvé beaucoup de spermatozoïdes dans l’utérus. —Mais Ruysch ne se servait pas du microscope et s’en rapportait à l’aspect des par¬ ties, ce qui est bien trompeur. Bundt, au commencement de ce siècle, examina une femme qui s’était empoisonnée après un coït, et c’est par l’odeur qu’il a recherché et reconnu la présence du sperme dans la ma¬ trice (?).Mais il y a des observations plus précises : Sims,dans le Journal du British Muséum , de 1868, dit avoir trouvé des spermatozoïdes dans le col de l’utérus chez une femme tuée 4 à 5 minutes après le coït. Christeller, en 1871, a trouvé des spermatozoïdes aussitôt après le coït dans le bouchon muqueux qui proémine en dehors du col et qui est le produit des glandes mucipares ou cellules calyciformes de Friedlander. Beaucoup d’autres cas analogues ont été observés, mais comme le fait remarquer Haussmann, tout récemment (1879), ces expériences ne paraissent pas avoir été faites avec une bien grande précision : il faudrait d’abord débarrasser le vagin de tous les spermatozoïdes qu’il peut contenir, car la sonde que l’on dirige vers le col (1) Et non pas 30 à 35 heures comme nous l’avons écrit par erreur dans le précédent article, page 114, ligne 8. 164 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pour l’explorer peut en rapporter qui ne proviennent pas de cette dernière partie, etc. — Dans ces conditions, Haussmann a trouvé que, 1 heure 1/2 après le coït, on trouve encore des spermatozoïdes dans l’utérus et la plu¬ part vivants. — Et, spécialement, il a recherché pendant combien de temps ces animalcules pouvaient être retrouvés, mobiles ou immobiles, dans le vagin; mais nous réserverons l’examen de ces travaux pour une étude d’ensemble sur la durée de la vitalité des spermatozoïdes. Si, d’après ces faits, il n’est pas douteux que des corpuscules séminaux peuvent être rencontrés dans la matrice immédiatement après le coït; ce n’est pas une raison pour qu’il en soit toujours ainsi, car dans d’autres cas, Hauss¬ mann n’a pas pu en trouver. 11 opérait d’ailleurs sur des femmes très-saines et après un coït normal. 48 heures après, il n’a pas toujours réussi h en rencontrer. Ainsi on trouve là des variations comme chez les animaux, et Percy rapporte même avoir recueilli des spermatozoïdes vivants dans l’utérus 8 jours 1/2 après le coït, dans des cas normaux. Maintenant, il faut tenir compte des vices de conformation, des déviations de l’utérus, des rétrécissements du col, du catarrhe utérin, etc., etc. Dans bien de ces cas, les spermatozoïdes peuvent ne pas être introduits ou, s’ils pénètrent, ils peuvent périr, ce qui est de nature à produire la stérilité; sous ce point de vue la question est donc intéressante. Voyons maintenant comment les spermatozoïdes déposés dans le vagin et dans la partie initiale de la matrice parviennent dans le reste de l’appareil recteur et jusqu’au pavillon de la trompe. La première idée qu’on a dû se faire de ce transport a été de l’attribuer à une progression spontanée. Lorsque, Leeuwenhoek, en 1684, vit pour la première fois des spermatozoïdes dans la matrice d’une chienne, il admit qu’il leur fallait un espace de 40 minutes pour parcourir une trompe utérine de 5 pouces de longueur. C’était supposer aux corpuscules séminaux une vitesse beaucoup trop grande, mais la découverte de leur mouvement donnait une grande force à cette opinion. Quand on eût constaté la rapidité de leur transport, (Bischoff a trouvé des spermatozoïdes sur l’ovaire d’une chienne au bout de 24 heures), on songea à mesurer directement leur vitesse de translation sur le porte-objet du microscope. — C’est ainsi que Henle évalua cette vitesse à 2mm7 par minute, Cramer à 2rara2, et Hensen a constaté que les spermatozoïdes du cochon d’Inde, dans le liquide utérin, parcourent lmm2 par minute. Or, les ovi- ductes du cochon de l'Inde mesurant environ 6 centimètres, il faudrait 50 minutes aux animalcules pour parvenir du vagin à l’ovaire. Ce résultat confirme une observation de Leuckart et de Bischoff qui disent avoir trouvé des spermatozoïdes, un quart d’heure après l’accouplement, vers le milieu de la trompe chez un cochon d’Inde. On n’a pas fait d’observation analogue sur les Oiseaux, mais on peut déduire la vitesse des spermatozoïdes des données suivantes: Coste les a trouvés sur les franges du pavillon, 12 heures après l’accouplement, chez la poule dont l’oviducte a une longueur, depuis le vagin jusqu’aux franges, de 60 centimètres (chez la poule adulte à la période de reproduction). Ce qui donne une vitesse de lmm2 par minute, conformément au chiffre indiqué JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 46o par Hensen pour le cochon d’Inde, résultat remarquable, car ce chiffre provient de l’observation directe sur le porte-objet, et l’autre du calcul. Aussi Hensen se base sur cette concordance pour établir que le transport des animalcules spermatiques résulte de leur mouvement propre, sans faire intervenir l’action des contractions des cornes utérines ni des cils vibrati les de l’oviducte. Ces contractions sont, en effet, très-réelles ; de Bary, Bischoff les ont constatées, mais on ne comprend pas bien comment elles pourraient faire cheminer des filaments isolés. On conçoit bien que des mouvements péristaltiques d’un conduit fassent progresser dans ce conduit une masse liquide ou molle, mais les spermatozoïdes ne sont pas accompagnés de la partie liquide du sperme, ce sont des filaments microscopiques qui rampent, isolément, sur les plis de la muqueuse, on ne comprend donc guère com¬ ment des mouvements péristaltiques pourraient avoir prise sur eux. D’ailleurs, à ce moment, les œufs viennent à la rencontre des spermato¬ zoïdes, c’est-à-dire marchent en sens inverse, et l’on ne peut' admettre que les mêmes mouvements péristaltiques fassent monter les uns et descendre les autres. v Quant à l’action des cils vibratiles, comme preuve de sa puissance sur les spermatozoïdes, J. Müller cite l’expérience bien connue de Sharpey qui semait du charbon réduit en poudre fine sur le pharynx d’une grenouille ouverte. Dans ces conditions, on voit bientôt le charbon transporté dans l’estomac, en un quart d’heure, une demi-heure au plus. On peut encore, comme Claude Bernard, introduire un fétu de paille dans l’œsophage d’une grenouille où il se trouve étroitement embrassé; en un quart d’heure, il est transporté dans l’estomac. Cette action a été bien souvent invoquée pour expliquer le transport des spermatozoïdes, mais une telle explication est passible des mêmes objections que celle qui repose sur les contractions des cornes ; puisque les œufs et les spermatozoïdes marchent en sens con¬ traire, comment donc agiraient les ondulations des cils vibratiles? Si elles sont orientées vers la matrice, elles favorisent la descente des œufs et s’opposent au transport des spermatozoïdes, comme l’a très-bien remarqué Coste. Mais si elles n’aident pas, elles ne contrarient pas, en réalité, ce transport, car les spermatozoïdes marchent contre le courant ciliaire avec énergie, et leur résistance pour marcher droit devant eux est considérable. Coste fait cependant remarquer que si le mouvement des cils vibratiles des trompes utérines n’explique pas le transportées animalcules spermatiques, il y a cependant un point où il peut être utile à la progression, c’est le mu¬ seau de tanche, où les cils sont d’une longueur et d’une force très-remar¬ quable, à partir d’un centimètre au-dessus de l’orifice externe, chez la lapine. On comprend dès lors que leur mouvement puisse attirer vers les matrices (car l’utérus est double chez la lapine), les spermatozoïdes qu’on trouve, en effet, en grand nombre accumulés dans le cul'de sac rétro-vagi¬ nal ; mais partout ailleurs, le mouvement des cils est sans action sur la pro¬ gression des zoospermes. Coste, dans son grand ouvrage et dans ses cours, critiquait avec raison ces diverses théories des contractions et du mouve¬ ment ciliaire, mais après les avoir critiquées et rejetées, il en proposait, à 466 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. son tour, une plus extraordinaire encore, qui attribuait la progression à une action purement mécanique, la capillarité. D’après Coste, tous les con¬ duits de l’appareil génital seraient transformés en véritables espaces ca¬ pillaires par l’application de leurs parois sur elles-mêmes. Il était amené à cette théorie par des observations faites sur des animaux inférieurs, l’écre¬ visse, le homard, la langouste, chez lesquels le sperme est déposé par le mâle assez loin de l’ouverture externe des organes génitaux de la femelle; ce sperme est d’abord solide, puis il se liquéfie peu à peu, et, peu à peu, s’introduit jusqu’à l’ovaire.' Et, dans ce cas, on ne peut invoquer le mouve¬ ment ciliaire puisque les Articulés n’ont point de cils vibratiles, ni la mobi¬ lité propre aux spermatozoïdes, puisque chez presque tous les Crustacés ceux-ci sont immobiles. Il tirait encore un argument des faits qui démon¬ trent qu’une femme peut concevoir en restant vierge, si l’on dépose du sperme au devant de la membrane hymen, à l’entrée de la vulve. C’est donc par capillarité, disait-il, que les spermatozoïdes s’élèvent dans l’ovi- ducte, comme l’eau monte entre deux lames de verre. Ainsi encore s’expli¬ quait pour lui la possibilité de la conception dans les cas d’inertie de la matrice, pendant l’ivresse, etc. — M. Balbiani, alors auditeur du célèbre embryologiste, s’étonnait, dès cette époque, de l’entendre proposer une telle théorie qui paraît tout à fait insoutenable. Car pour qu’un liquide monte dans un espace capillaire, il faut d’abord que cet espace ne soit pas préalablement occupé par un autre liquide ; or, la matrice et ses conduits sont pleins de liquides de diverses natures, l’action capillaire ne peut donc pas se produire. Si, d’ailleurs, un phénomène semblable pouvait se produire, tous les liquides s’élèveraient du vagin dans 1 utérus et les trompes; la femme serait constamment exposée aux accidents les plus graves, la moindre injection, le plus simple lavage pourraient être suivis de péritonite. Enfin, on pourrait dire aussi que le liquide vaginal lui-même devrait s’introduire dans la matrice où, en raison de son acidité nuisible aux spermatozoïdes, il occasionnerait leur mort, et la fécondation serait impossible. Mais voici deux cas concluants : Haussmann cite deux femmes qui avaient l’habitude de se faire, une ou deux fois par jour, et même le soir, une injection, l’une avec du sulfate de cuivre, l’autre avec de l’acide phénique. Or, chez l’une, deux heures après le coït, chez l’autre, trois jours, Haussmann a trouvé des spermatozoïdes dans le mucus extrait du col utérin; donc l’acide phénique ni le sulfate de cuivre ne s’étaient pas même introduits dans le col, sans quoi ils y auraient tué les spermatozoïdes. On peut encore objecter que la semence ne parvient pas dans les trompes avec toutes ses parties intégrantes. Déjà, dans le vagin, il s’opère un départ entre les parties liquides et solides du sperme; ce sont les parties solides seules, les spermatozoïdes, qui pénètrent dans les trompes, et en très-petite quantité, car on ne trouve les animalcules que par individus isolés. Leur recherche est même très-longue, très-fastidieuse et très-difficile à faire, et quelquefois il arrive qu’on ne peut parvenir à en rencontrer, quoiqu’on soit certain qu’ils existent, car on a trouvé l’œuf, qui en est couvert. Quant à la partie liquide qui devrait monter par capillarité, elle reste seule dans le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 467 vagin. Chez les Insectes, on peut observer facilement cette séparation des spermatozoïdes et des liquides qui proviennent de diverses glandes. Ceux-ci ne servent qu’à augmenter la masse du sperme et à en faciliter le transport d’un sexe à l’autre. Toutes ces substances restent dans le vagin, les sper¬ matozoïdes seuls pénètrent dans l’oviducte. Si c’était par capillarité que s’opère le transport des animalcules sper¬ matiques dans les voies génitales, pourquoi dans l’immense majorité des cas seraient-ils animés? Il existe, il est vrai, des animaux, comme les Crus¬ tacés et la plupart des Vers nématoïdes, dont les spermatozoïdes sont immo¬ biles, mais alors ils sont introduits directement dans la portion de l’ovaire que les œufs doivent traverser, et ce sont les œufs qui vont au-devant des spermatozoïdes. Enfin, peut-on expliquer par la seule action capillaire, ce fait que les spermatozoïdes trouvent, si vite et si bien, le chemin des œufs, lorsque surtout, pour arriver dans l’œuf, il leur faut suivre une seule voie ouverte, le micropyle, chez les Insectes et les Poissons? — Tous ces faits ne peuvent s’expliquer par la capillarité, et ce qui démontre bien la sûreté et la rapi¬ dité de l’entrée des spermatozoïdes dans l'œuf, ce sont les expériences de Newport qui, immédiatement après avoir trempé des œufs de truite dans de l’eau spermatisée, les plongeait dans unedissolution de salpêtre, dans de l’eau alcoolisée, éthérée on chloroformée ; la fécondation n’en avait pas moins lieu, parce que le spermatozoïde avait déjà pénétré dans l’œuf et s’était mis à l’abri de l’action du salpêtre, de l’alcool ou de l’éther. Tous ces faits ne peuvent évidemment s’expliquer qu’en faisant intervenir une faculté propre au spermatozoïde. « De cette longue discussion, ditM. Balbiani, nous concluons que, ni les contractions utérines, ni les cils vibratiles, ni la capillarité ne peuvent rendre compte du phénomène d’ascension des spermatozoïdes. Pour les expliquer, ce n’est pas des forces extrinsèques qu’il faut invoquer, mais la puissance inhérente aux spermatozoïdes eux-mêmes, c’est leur progression spontanée, je dirais presque volontaire; c’est, d’ailleurs, cequ’admetHensen. Du reste, en considérant la structure des spermatozoïdes, je suis revenu à l’ancienne opinion de Leeuwenhoeck qui les regardait comme des animal¬ cules. Mais outre leur complication anatomique, on peut invoquer en faveur de leur animalité, leur mode de développement tout à fait spécial. On peut citer encore la nature de leurs mouvements ; tous les auteurs qui les ont examinés avec soin, Cramer, Henle, Mandl, J. Millier, Hensen, etc., ont été frappés de leur ressemblance avec les mouvements volontaires des ani¬ maux. Il est impossible de ne pas être surpris de la manière dont les zoospermes reconnaissent l’œuf pour s’unir à lui. Est-ce que des cils cibratiles agiraient ainsi? Des cils vibratiles resteraient où ils sont, ils ne feraient pas de chemin, et ne s’introduiraient pas dans l’œuf. Ce sont donc de véritables animalcules, doués de mouvement et, peut-être, de vo¬ lonté. » On peut objecter que ces êtres si petits et si frêles n’auraient peut-être pas par eux-mêmes la force de locomotion suffisante pour parcourir un 468 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. trajet aussi long, car, nous l’avons dit, chez la poule l’oviducte a 60 centi¬ mètres de longueur, et chez les grands Mammifères, les trompes mesurent de 25 à 30 centimètres. Mais on est surpris quand on considère la durée de leur vitalité et leur force de résistance; enfin il est facile de reconnaître qu’ils ont la faculté de surmonter certains obstacles qui paraissent dispro¬ portionnés avec leur taille. Quanta leur vitalité, sujet sur lequel nous reviendrons bientôt avec détails, Prévost et Dumas, Bischoff, ont trouvé des spermatozoïdes vivants dans les organes de la lapine et de la chienne, 6 à 8 jours après l'accouplement ; Leuckart, 8 jours, chez la poule; Tauberg, dans ses recherches sur la structure du pavillon de la poule, pavillon dont il considère les anfrac¬ tuosités comme un véritable réceptacle séminal, a trouvé, dans les excava¬ tions des franges, des spermatozoïdes vivants 12 jours après l’accouplement; Leuckart, 12 jours chez le Lacerta vivipar ; enfin M. Balbiani a trouvé chez la lapine des spermatozoïdes encore mobiles 30 heures après l'accou¬ plement. Quant aux obstacles qu’ils peuvent vaincre, Henle assure qu’il a vu des spermatozoïdes entraîner, sans que leur mouvement en soit pour ainsi dire ralenti, des agglomérations de cristaux 10 fois plus grosses qu’eux. A. Pou- chet les a vu transporter des groupes de 8 à 10 globules sanguins. M. Bal¬ biani a constaté le même fait; ces globules qui sç sont agglutinés autour de la tête du spermatozoïde, ont un volume double de cette tête, chez les Mammifères, ce qui n’empêche pas l’animalcule, ainsi chargé, de continuer son mouvement très-librement, or, d’après Welcker le poids d’un globule sanguin de l’homme est de 0,00008 de milligramme. Si un spermatozoïde a le même poids, il n’est pas rare d’en voir qui transportent des fardeaux pesant 4 ou 5 fois plus qu’eux. On comprend alors que le courant ciliaire soit impuissant à arrêter leur mouvement. [A suivre. ) ORGANISATION DU SERVICE DE LA ZOOLOGIE \ a la Faculté libre des sciences de Lyon (1). Les laboratoires de micrographie. Nul n’ignore le rôle immense joué par le microscope dans l’étude des sciences naturelles. Ce rôle est si grand qu’on ne pourrait comprendre aujourd’hui un établissement d’enseignement supérieur sans laboratoire spécial affecté à la micrographie. Pour ce genre d’études, j’ai réservé la partie du bâtiment marquée FGH sur le plan. L’exposition au nord a décidé de ce choix, cette expo¬ sition étant la plus favorable aux travaux micrographiques. Les labora- (1) Nous extrayons du travail de M. Donnadieu les chapitres suivants, relatifs à l’instal¬ lation de la micrographie; les pages précédentes que le manque d’espace nous empêche d’insérer, sont relatives à la description des autres parties du service de la zoologie, des collections, etc. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 469 toires sont divisés en trois parties: la première, F, est réservée aux obser¬ vations; la deuxième, G, est consacrée aux préparations; enfin dans la partie H se trouve la cuve aux macérations et aux lavages. L’observation au microscope exige deux choses essentielles, la propreté et le calme: la première est obtenue par la séparation avec le lieu où se font les préparations susceptibles d’entraîner des poussières ou des débris de toute autre nature; le second provient de l’exiguité même du local, où l’on peut avoir tout sous la main et où les élèves peuvent, presque sans déplacement, se procurer les objets qui leur sont nécessaires. De même que l’établi de l’horloger ne saurait ressembler à celui du forgeron, quoique dans tous les deux se manient le marteau et la lime; de même l’établi du micrographe ne saurait être comparé au laboratoire de l’anatomiste ou du physiologiste. Un laboratoire de micrographie qui serait vaste, encombré de meubles et où travailleraient de nombreux élèves serait un non sens. S’il m’est per¬ mis d’user de métaphores et de me servir d’un terme de comparaison, peut- être exagéré, je dirai volontiers que ce qui conviendrait le mieux, à mon sens, aux travaux de micrographie, ce serait une division du laboratoire telle que chaque observateur puisse avoir son atelier indépendant. Un grand labora¬ toire pour les travaux de préparation ou en commun, des petites chambres isolées pour les recherches personnelles ou d'observation: telle serait la disposition à donner à un local consacré aux travaux de microscopie. C’est ce que j’ai cherché à réaliser par la distribution que je viens d’in¬ diquer, mms je ne l’ai fait que d’une manière incomplète: d’abord parce que je ne pouvais pas disposer d’un grand local; ensuite parce que le nombre des élèves n’est jamais grand dans une faculté des sciences; et enfin parce que d’autres parties de mon service peuvent suppléer à ce qui manque encore ici. Quoi qu’il en soit, cetle installation n’a eu qu’un but: rendre faciles et fructueuses les recherches microscopiques, obtenir de l’observation par le microscope un résultat satisfaisant. Dans la partie H se trouve la cuve à macération. Elle est en zinc; elle peut contenir 250 litres, et l’eau y est courante. Une large fenêtre permet d’aérer ce petit réduit, qu’on a eu soin de garnir d’étagères, et qui peut aussi recevoir les objets qu’il est utile de tenir éloignés du lieu de la prépa¬ ration. Dans la partie G se trouvent des placards où sont rangés les outils et des tables à travail sur lesquelles se font les premiers travaux relatifs à la préparation des objets que l’on veut étudier. Tout y est aménagé pour cela, ainsi qu’un exemple va le faire comprendre. Je suppose qu’on veuille étudier un rein, un foie, une langue, un estomac, une rate, etc. On com¬ mencera par se rendre dans la partie G, où l’on trouvera tout ce qu’il faut pour injecter la pièce anatomique. Dans la partie H, on aura ce qui sera nécessaire pour laver la pièce qui fait l’objet des recherches, pour la faire dégorger et pour la mettre à durcir. Ce sont tous ces travaux préliminaires que j’appelle travaux de préparation. Quand l’objet est arrivé au point où 470 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. il peut être observé et étudié, on se transporte dans la partie F du labora¬ toire et on trouve là tout ce qui est nécessaire à la suite de l’opération. Les travaux délicats de la recherche sont ainsi à l’abri des inconvénients qu’entraînent avec eux les travaux d’injection, de lavage, de dissection, etc. C’est donc, on le voit aisément, la partie F, qui est le véritable labora¬ toire de micrographie, et c’est de son aménagement que je vais parler maintenant. Deux fenêtres éclairent la salle, chacune d’elles est fermée par un double châssis qui s’ouvre suivant les moyens ordinaires; chaque châssis e^t simple, un seul carreau le garnit, ce carreau est un verre blanc peu épais, choisi parfaitement pur, sans bulles et d’égale épaisseur dans toute son étendue. Je donnerai une idée de ce que j’indique en disant que, pour trouver les quatre feuilles de verre nécessaires, on a passé en revue 70 feuilles de premier choix. Une table à travail est adossée à chaque fenêtre. Une armoire vitrée, qui renferme les instruments communs et les provi¬ sions de produits, est adossée au mur du fond, dans le milieu de la salle. Dans l’un des angles se trouve un meuble à tiroir, où sont déposées les préparations types ou préparations d’études; chaque tiroir renferme deux châssis superposés, et chacun de ces derniers est divisé par des baguettes à rainures supportant les préparations qui sont ainsi séparées et rangées à plat. Ce meuble peut contenir deux mille préparations; il en renferme actuellement douze cents. Entreles deux fenêtres se trouvent un lavabo et la lampe à gaz destinée à l’éclairage du laboratoire. Le sol est recouvert par une toile cirée; c’est ce que je trouve de plus commode pour un laboratoire de micrographie, car une éponge mouillée suffit au nettoyage et remplace avantageusement le balai, lequel a l’inconvénient de soulever toujours un peu de poussière. Dans le même but les murs sont toujours vernis. Je viens de dire que la table à travail est adossée à la fenêtre; il est donc facile de voir que deux tables à travail complètent le mobilier du labora¬ toire. Deux élèves peuvent ainsi travailler à l’aise et sans se gêner mutuel¬ lement. Ce nombre paraîtra sans doute insignifiant. Pour moi, je le trouve suffisant, car j’estime que deux élèves pouvant se remplacer à intervalles plus ou moins rapprochés travailleront avec plus de profit que ne le feraient beaucoup d’élèves s’agitant au milieu des distractions qu’entraîne forcé¬ ment une réunion d’étudiants plus nombreuse, fussent-ils parfaitement disposés à étudier. Ici encore j’invoquerai l’expérience personnelle, et je certifierai, en prenant l’école de Cluny pour exemple, que chaque fois que j’ai eu dans un laboratoire des divisions entières, les élèves n’ont rien lait ; lorsque je n’ai eu que deux ou trois étudiants, j’ai obtenu de bons résultats. La table à travail (fig.2, pi. VIII) se compose d’un fort plateau de chêne Aavant 5 centimètres d’épaisseur, dépassant un peu en longueur les chambranles des fenêtres et ayant une largeur de 50 centimètres. Ce plateau est un peu au-dessous de l’embrasure 13 de la fenêtre qui, large de 15 centimètres, forme une étagère placée au-devant de la table. Le plateau n’a aucune communication avec le sol ; il est solidement fixé par des tire-fonds à deux JOURNAL DE MICROGRAPHIE 471 consoles en fer forgé de près de deux centimètres d’épaisseur et à bras de supports recourbé. Chacune des branches de la console est à son tour soli¬ dement enfoncée dans le mur de façade par un tenon barbelé de 15 centi¬ mètres de longueur. Cette disposition, tout en donnant à la table une très- grande solidité, la meta l’abri des oscillations du plancher. Le va-et-vient, les mouvements, sur la chaise, toutes choses qui dérangent si souvent l’observateur, sont ici sans effet, et pour que l’instrument placé sur la table soit sujet à être ébranlé, il faudrait que le mur de façade puisse osciller tout entier. J’ai même expérimenté qu’un aide en s’accoudant sur la table ou en la heurtant n’amène aucun dérangement du microscope. Sous chaque extrémité du plateau j’ai fai* placer un meuble, qui passe sous la table sans toucher à la face inférieure et qui se trouve ainsi indé¬ pendant du plateau. Le meuble de droite C est un meuble à tiroirs; il est destiné à renfer¬ mer les outils, et à ce titre il contient les scalpels, les couteaux, les rasoirs, les pinces, les ciseaux, les moelles, les pinceaux, les aiguilles, les lames de verre, les verres minces, les outils de repassage, les loupes à main, etc. Chaque catégorie d’objets est dans un tiroir ou dans un com¬ partiment de tiroir spécial, et des étiquettes extérieures indiquent le con¬ tenu du compartiment. De cette façon, sans avoir besoin de chercher, l’élève trouve de suite ce qui lui est nécessaire; ses outils sont toujours bien soignés, et il évite des pertes de temps et souvent même des pertes d’objets. Le meuble de' gauche D est un placard dans lequel est enfermée une pile au bichromate de potasse. Les fils de cette pile traversent le plateau et se rendent à une petite bobine établie sur la table dans le coin de gauche en E. Par suite de cette disposition, l’élève qui voudrait observer les effets d’un courant sur l’objet de ses recherches peut sans se déranger obtenir ce courant et le conduire par les fils de la bobine jusque sur la platine du microscope. Vers le milieu de la table et dans l’espace qui sépare le plateau de l’em¬ brasure transformée en étagère se trouvent en G une double prise de gaz et en H une prise d’eau; le robinet de cette dernière est un robinet droit, sur lequel se monte un caoutchouc pour la distribution de l’eau : des deux robinets de gaz l’un est destiné au chauffage, l’autre à l’éclairage. On voit donc que tout a été disposé pour que l’élève n’ait pas à quitter ses travaux et pour qu’il ait sous la main, prêts à toute éventualité, l’élec¬ tricité, l’éclairage, le chauffage et l’eau. Dans le cours de mes études j’ai été souvent conduit à déplacer mon mi¬ croscope. Tantôt il était trop bas, et je devais l’élever; tantôt il était trop haut, et je devais relever mon siège au moyen de livres, de boîtes, de coussins. Si pendant une observation j’abaissais ou je relevais la lampe, l’incon¬ vénient signalé se produisait, et, outre que je m’exposais souvent à déran¬ ger le point de la préparation que j’observais, j’avais encore et toujours le déplaisir de voir se modifier l’éclairage ou la position de mon instrument. 172 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. J’ai maugréé bien souvent, et bien souvent aussi j’ai perdu beaucoup de temps à chercher le point qu’un mouvement involontaire avait déplacé. J’ai songé à remédier à tous ces inconvénients, et pour arriver à ce but, voici comment j’ai disposé la partie de la table sur laquelle je place pres¬ que toujours le microscope. J’ai pour principe de me servir de l’œil gauche, bonne méthode adoptée par le plus grand nombre des micrographes et qui permet de suivre avec l’œil droit le crayon qui dessine ou la plume qui écrit. En raison de ce que je considère comme une excellente habitude, j’ai fait découper dans le pla¬ teau même de la table et vers la gauche (en I) une partie assez grande pour recevoir à l’aise les plus grands modèles d’instruments. La partie I ainsi découpée est fixée à une équerre en fer, aa fig.3. J’appelle tablette du mi¬ croscope la partie [ du plateau A. L’équerre aa1 est de la largeur de cette tablette, elle a près d’un centimètre d’épaisseur. Les deux bras sont deux larges surfaces reliées par deux fortes tiges en fer, dont une seule est re¬ présentée en b dans la coupe de la fig. 3 ; la face a' de l’équerre porte deux règles en fer placées de chaque côté et une lumière médiane qui occupe presque toute la longueur de cette face. Cette dernière s’appuie sur une autre équerre de dimensions analogues mais fixée au plateau A. C’est l’équerre ce' qui, fixée en C au plateau, est consolidée par une barre de soutien cl, laquelle est enfoncée dans le mur de façade, comme les con¬ soles de la table. La face c1 porte deux rainures, dans lesquelles glissent les règles de la face a et une lumière qui correspond à la lumière de la précédente. Un écrou e passe dans ces deux lumières et permet d’arrêter l’équerre aa1 à toutes les hauteurs de la course, qui est elle-même de vingt- cinq centimètres. „ Tout ce système est incliné à 45°. On a déjà compris que cette disposi¬ tion permet d’élever ou d’abaisser l’instrument, suivant qu’on fait glisser en haut ou en bas l’équerre a mobile sur l’équerre immobile c. Dans ces différents mouvements l’instrument conserve toujours son même éclairage et n’éprouve pas plus d’oscillations que s’il était fixé sur la table. Mais, après avoir ainsi remédié aux inconvénients que je signalais tout à l’heure, j’ai dû songer aux difficultés de même genre provenant de l’em¬ ploi de la chambre claire. Quelques observateurs placent le papier à dessin sur la table où est posé le microscope ; d’autres le disposent à des distances variables, vingt-cinq centimètres étant le plus souvent adoptés; d’autres encore étalent le papier à la hauteur de la platine, le mettant ainsi au même niveau que la préparation. Ce dernier moyen me paraissant préférable à tous les autres, je l’emploie exclusivement, et pour arriver au résultat qu’il commande, j’ai disposé à la droite de la tablette du microscope un méca¬ nisme semblable à celui que je.viens de décrire. J’appelle tablette à dessin la partie KK' fig. 2, organisée dans son ensemble comme la partie 1 que je viens de décrire. Quant aux détails, elle diffère de la précédente : 1° en ce qu’elle est plus large et que sa largeur correspond à la plus large surface qui puisse être déterminée par la chambre claire; 2° en ce qu’elle est cou¬ pée dans le sens de sa largeur et composée de deux parties inégales K et JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 173 K'; ia partie Iv' La plus étroite est reliée à la partie K par deux règles pla¬ cées sur les côtés et incrustées dans l’épaisseur de la planchette. Ces deux règles ont une longueur égale à la partie K et glissent dans des rainures taillées dans des baguettes en fer qui sont également incrustées dans l’é¬ paisseur de cette dernière partie; les parties K et K' peuvent donc être éloignées l’une de l’autre et leur distance peut devenir égale à la largeur de la partie K. L’espace laissé libre par les parties KetK'qui s’écartent est comblé par une planchette. Celle-ci porte des languettes qui sont taillées sur son épaisseur et qui s’engagent dans des rainures correspondantes creusées dans l’épaisseur de K et de K . La planchette d’agrandissement est renfermée ordinairement dans le tiroir M, fig. 2, placé sous le plateau et destiné à contenir également tout ce qui sert à dessiner ou à écrire. Quelle que soit la position qu’on ait donnée au microscope en manœu¬ vrant la tablette sur laquelle il repose, il est toujours facile de manœuvrer identiquement la tablette h dessin, de l’amener au niveau de la prépara¬ tion, de l’agrandir et de la mettre ainsi en état de recevoir le papier sur le¬ quel viendra se peindre l’image renvoyée par la chambre claire. J’ai dit plus haut que sur la table se trouvaient les prises de gaz desti¬ nées soit au chauffage, soit à l’éclairage. Ce dernier est obtenu à l’aide d’une lampe que j’ai représentée fig. 4. Le corps de la lampe est très-bas, de ma¬ nière que la flamme soit à peu près au niveau du miroir du microscope. Le bec qui la fournit est, par suite de cette disposition, à 8 centimètres au-dessus du niveau de la table. Le bec donne une flamme plate étalée qui peut mesurer de 8 à 1 0 centimètres de largeur. Le col de la lampe est muni de deux bagues, l’une supportant un réflecteur concave mobile dans tous les sens et susceptible d’être élevé ou abaissé h volonté ; l’autre supporte un cadre dans lequel on peut glisser un verre dépoli ou un verre coloré. Ce cadre peut se rabattre sur une charnière. Les bagues, qui tournent autour du col de la lampe, permettent de masquer ou de démasquer la flamme sui¬ vant les besoins. D’après mes indications, cette lampe a été construite par M. Benevolo, chef des travaux de physique, dans l’atelier de construction annexé au service de la physique. La table réservée aux travaux de micrographie est complétée : l°par des étagères d’angle placées à droite de la fenêtre et appuyées sur un volet fixe ayant à peu près la largeur de la table; 2° par une grande étagère placée au-dessus et supportée par des consoles en fer. Je n’entrerai pas ici dans le détail des menus outils, je me bornerai à dire que l’outillage est approprié aux besoins de l’étude et qu’il est en rap¬ port avec l’aménagement que je viens de décrire. Je connais trop l’impor¬ tance des recherches micrographiques pour ne pas leur avoir fait une large part dans mon installation, et je peux affirmer que, dans tout ce que j’ai fait, je me suis beaucoup inspiré de l’expérience personnelle et de ce que j’ai constaté dans les différents laboratoires où j’ai pu travailler. C’est à ce titre que je signalerai un dernier détail. 11 arrive souvent que pendant une observation on appuie involontairement les talons sur le sol en 474 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. allongeant les jambes, surtout si le siège est un peut haut. Dans cette po¬ sition, le corps est mal assis, et il suffit d’un faux mouvement pour déter¬ miner le glissement des pieds. Un choc contre le microscope en est parfois la conséquence. La toile cirée qui recouvre le plancher ayant pu devenir la cause de l’accident que j’ai vu quelquefois se produire, j’ai fait disposer sous la table un tapis feutré. Enfin, un baquet en zinc, placé également sous la table, reçoit tous les débris. Si le dénombrement des menus outils serait ici hors cadre, il n’en est pas de même des instruments principaux, et à ce titre je signalerai : Les grands microscopes de Nachet et de Yérick, munis de tous leurs accessoires et accompagnés de leurs chambres claires, des objectifs à im¬ mersion et à correction, des appareils de polarisation, les doublets ou table à dissection de Nachet, le microscope binoculaire de Nachet, le microscope histologique de Collins, des microscopes petit modèle de Nachet et de Vé- rick, avec leurs objectifs, en tout sept microscopes complets. Des microto¬ mes de divers modèles, des presses à préparations, des grandes tournettes construites sur le modèle de celles qu’emploient MM. Bourgogne, des sé¬ choirs à préparations, complètent cette partie essentielle de l’outillage, qui, on le voit d’après cette simple énumération, ne laisse pas beaucoup à désirer pour une Faculté naissante. A.-L. Donnadieu, Professeur à l’Université catholique de Lyon. (A suivre.) LA DISTANCE FRONTALE LIBRE ( Clear ivorltiny distance) Dans un mémoire lu récemment devant la Société royale microscopique de Londres, il est établi qu’affirmer qu’un objectif à immersion, marqué par le constructeur comme ayant 180° d’ouverture angulaire dans l’air, a néanmoins une distance frontale grande et même considérable, est une inconséquence. « Et ce qui prouve, dit l’auteur, combien est ridicule l’in¬ dication d’une telle ouverture (qui transporterait le plan focal sur la sur¬ face même de la lentille frontale), c’est que cet objectif est remarquable par sa distance frontale qui lui permet de traverser le cover de toutes les prépa¬ rations de mon cabinet.» — (Voir Journal de la Société R. Microscopique , V, I, p. 321 et suiv.). L’objectif 1/6 de pouce auquel il est particulièrement fait allusion dans cette communication a été mesuré par M. Wenham qui lui a reconnu une distance frontale égale à l’épaisseur d’un verre couvreur de 0,018 de pouce. (Voir Monthhj Micr. Journal, XIII, p. 225). Ainsi, avec un slide épais de 0,018 de pouce, le dit objectif pourra être mis au point sur des objets cimentés ou adhérents à la face externe infé¬ rieure de ce slide. Plaçons un objet très-petit dans l’axe optique du micros¬ cope, et éclairons le convenablement; s’il est exactement au centre du JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 175 champ au foyer de l’objectif, il apparaîtra exactement au centre du champ de l’oculaire. Ainsi la largeur du champ peut être réduite à une quan¬ tité inappréciable dans l’évaluation ou la mesure de l’angle d'ouver¬ ture, et il n’v a % pas pratiquement d’ « angle de champ » à con¬ sidérer. L’objet, dans ce cas, est monté à sec, sans cover, mais le slide est retourné. Le sys¬ tème de la correc¬ tion pour le cover est au bout (clo- sed) ; l’angle de l’objectif est maximum pour l’air, ou à très-peu près, et la mesure prise avec le secteur ne dépend pas d’autres conditions que du moyen d’intercepter la lumière incidente en dehors du rayon le plus oblique qui pu isse éclairer assez et seulement assez pour per - mettre la vue de l'objet par V ocu¬ laire. Mais dans ce cas nous n’a¬ vons pas une dis¬ tance frontale li¬ bre (« clear wor- king distance »). Le cover, qui est un slide, remplit l’espace entier entre l’objet et le front proprement dit de la lentille objective, la sur¬ lace frontale étant pratiquement transportée sur la surface supérieure de cet épais cover. Pour avoir une large distance frontale nous n’avons qu’à retourner le slide dans sa position ordinaire, avec l’objet en dessus, et interposer comme fluide d’« immersion » quelque substance de pouvoir (i; Grossissement de 30 diam. 476 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. réfringent semblable à celui du verre, comme serait le baume du Canada, mais un liquide plus commode est l’huile le bois de cèdre. Dans le cas d’un objetmontéà sec, celui-ci pourrait être recouvert avec une lamelle de verre appropriée. Evidemment, les circonstances restent les mêmes quant à l'angle et nous avons la plus grande partie des 0,018 de pouce, épaisseur du slide-cover, pour distance frontale libre. La distance frontale libre avec le contact dans l’air est nulle , personne ne le conteste. Si l’on a actuelle¬ ment une image dans l’air, c’est-à-dire l’objet étant dans l’air, c’est avec le système de correction ajusté de manière que la lentille frontale touche presque l’objet, et l’angle est alors matériellement moindre que 180° dans l’air, mais peut-être moindre d’une quantité inappréciable. Cette limite se produit à l’objet lui-même et dépend du milieu dans le¬ quel il se trouve; dans l’air, elle sera toujours moindre que 180°, mais peut en différer d’une quantité infiniment petite. Dans le baume (F objectif, étant à sec) cette limite ne pourra dépasser 82° dans le corps de la lamelle parce que le cône de 82° est la limite des rayons qui peuvent sortir du verre dans l’air. Le chiffre de 82° ne peut être dépassé qu’au moyen de l’immer¬ sion et le système des lentilles exige alors une construction spéciale. Dans les figures ci-contre, l’objet est une ligne gravée sur le slide de verre. Lorsque celui-ci est retourné et que la lumière est arrêtée au rayon éclairant de la plus extrême obliquité, comme ci-dessus (Fig. 12), uous ons l’angle utilisable dans l’air. Quand le slide est placé comme d’ordi¬ naire, la ligne gravée en- dessus, protégée par un mince cover en contact éel avec la surface du slide, les conditions restent matériellement les mêmes, ou, en tout cas, les dimensions du triangle qui représente l’angle d’ouverture seraient pour la largeur, la largeur utilisée de la lentille fron¬ tale. et pour la « hauteur médiane » la distance de la surface de contact du cover (avec le slide), point où la couche d’air interposée entre le slide et le cover est trop mince pour décomposer la lumière, — et certainement il en résulte un triangle assez bas pour que l’on puisse dire que son angle est maximum; il est de 180" pour les derniers rayons. H. B. Tollés de Boston, Mass. (E. LT. A.) L’HYDRASTINE V Hydrastine (Hydrastia) est l’alcaloïde obtenu en petite quantité de la racine de Y Rydrastis canadensis pendant la préparation de ce qu’on appelle Yhydrastin (chlorhydrate de berberin). Ses propriétés médicinales sont encore inconnues, quoiqu’il soit certain que ses vapeurs, lorsqu’on les inhale, produisent une grande sécheresse de la muqueuse des tubes res¬ piratoires. Elle est insoluble dans l’alcool froid, soluble dans l’nlcool bouillant, mais se précipite de sa dissolution par le refroidissement. Quelques-uns de nos chimistes pensent, si je suis bien informé, quelle contient deux alcaloïdes au Jini d’un. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 477 En 1866, j’ai monté sur un porte-objet plusieurs spécimens de cet alcaloïde en fondant les cristaux sur la lame de verre et en les compri¬ mant avec la lamelle aussitôt qu’ils commençaient à fondre. Le résultat a été qu’une partie, celle qui n’était pas fondue, présentait une opacité sous l’appareil polarisant du microscope, une autre portion, complètement fon¬ due, montrait une transparence permanente; tandis qu’une autre partie moins complètement fondue présentait des bandes concentriques de dif¬ férentes largeurs traversées par des lignes rayonnantes. Cette dernière partie était magnifique dans la lumière polarisée, et tout à fait aussi belle que la salicine. Je possède encore une préparation obtenue de cette manière. Le professeur John U. Lloyd a récemment préparé, sur ma demande, quelques cristaux de cet alcaloïde, mais au lieu d’opérer sur des cristaux bruts, c’est-à-dire non purifiés, comme ceux dont il est parlé plus haut, il m’a fourni des cristaux purifiés par dissolution dans l’alcool et évapo¬ ration. Ces cristaux purifiés sont blancs avec une légère teinte jaunâtre, et adhèrent (électriquement) avec obstination à tous les corps avec lesquels on les met en contact, présentant quelque chose qui ressemble à la limaille de fer adhérant à l’aimant. Ces cristaux purifiés sont extrêmement difficiles à monter par fusion; la manipulation exige beaucoup de soins et de rapidité. Quand la fusion com¬ mence, sur la lame de verre, elle s’étend rapidement dans toute la masse et l’opérateur n’obtient qu’une plaque transparente sous le polariseur, laquelle, contrairement à la plupart des cristaux, ne cristallise et ne pola¬ rise pas en enlevant la lamelle et en exposant la couche transparente à l’air. Si plusieurs de ces cristaux purifiés sont placés ensemble au milieu d’une lame de verre et recouverts d’une lamelle mince, puis chauffés avec précaution et graduellement à l’aide d’une lampe à alcool; si l’on presse sur la lamelle au premier indice de fusion, on obtient un grand nombre de plaques particulières, carrées ou rectangulaires, dont plusieurs présentent la forme d’un portefeuille ou d’une enveloppe de lettre, et qui forment un splendide objet sous le polariseur. Si l’on enlève la lamelle de la masse fondue formant couche transpa¬ rente sur le porte-objet, qu’on frotte un peu celle-ci avec le doigt et quelques gouttes d’alcool, on obtient une masse amorphe, blanchâtre, qui, en séchant, peut présenter un champ granuleux non polarisant, mais plus souvent offre une multitude de très-fines aiguilles ou plaques rectangu¬ laires, transparentes et polarisant la lumière. Le Dr J. -H. Hunt, de cette ville, a obtenu d’excellents résultats en mon¬ tant cet alcaloïde par un autre procédé : on met quelques cristaux dans un tube à essai avec un peu d’alcool et on les fait dissoudre par la chaleur. Quand la solution est encore chaude, on en dépose une goutte au centre d’un porte-objet et on la laisse sécher complètement. Des groupes de gros cristaux se forment ainsi que des plaques rectangulaires qui présentent de splendides aspects sous le polariscope. On peut les examiner à sec ou monté dans le baume froid , car le baume chaud les dissout. Parfois ce 178 JOURNAL DE MICROGRAPHIE procédé ne réussit pas; on ne doit pas se décourager, mais employer une solation plus concentrée, avec laquelle on réussira. Le Dr Hunt a monté plusieurs préparations de cette manière en se ser¬ vant de cristaux d’hydrastine non purifiés et a obtenu de beaux groupes de cristaux en aiguille, présentant souvent une apparence foliacée et pola¬ risant la lumière. J’ai publié cette courte notice sur cet alcaloïde afin d’appeler sur lui l’attention de ceux qui se livrent à ces sortes d’études. C’est certainement une substance particulière et qui mérite qu’on examine -ses propriétés thérapeutiques aussi bien que sa structure. On fait en ce moment des expériences avec elle et si les résultats sont intéressants ils seront publiés. Dr John King, de Cincinnati, Ohio (Et. -U. d’Am). LES ÉCLAIRAGES A IMMERSION POUR LE MICROSCOPE Conférence faite à la Société d' Histoire naturelle de Brighlon et du Sussex, par M. John Mayall junior. Si l’on demandait aux plus hautes autorités en optique d’établir où réside, dans le microscrope, le pouvoir de découverte, leur réponse serait que ce pouvoir de découverte dépend absolument de l’ouverture angulaire de la lentille qu’on emploie. Pour rendre intelligible cette question d’optique physique, il faut invo¬ quer quelques connaissances mathématiques ; mais, à l’aide de quelques dessins sur le tableau noir, on peut donner une idée claire de la signification de l’ouver¬ ture et des méthodes adoptées pour arriver à la plus grande augmentation utile de l’ouverture dans la construction pratique des lentilles. Comme preuve de la réa¬ lité de ce fait, que l’accroissement de l’ouverture augmente le pouvoir dedécouverte de l’instrument, on n’a qu’à jeter les yeux sur cette nombreuse série de photographies de tous lestest-ohjets les plus difficiles que l’on connaisse : les fameuses lignes de Nobert dont la bande la plus compliquée est clairement visible, bien qu’elle soit si finement divisée qu’elle porte 112,000 lignes dans l’espace d'un pouce; des diatomées comme VAmphipleurapellucida,dans lequel les tries sont fortement mar¬ quées à raison de 100,000 dans un pouce; des globules du sang les plus divers photographiés d’après nature sur un micromètre, de sorte que leurs dimen¬ sions respectives peuvent être reconnues immédiatement; ^des coupes ana¬ tomiques, etc., le tout représentant les résultats les plus parfaits qui aient été obtenus jusqu’ici par la photographie appliquée à la microscopie. Ces photogra¬ phies ont été faites sous la direction immédiate du Dr Woodward, du Muséum Medical de l’Armée, à Washington (États-Unis d’Amérique). Certaines de ces épreuves ont été obtenues par l’habile microscopiste, il y a quelques années, avec des objectifs de moindre ouverture; mais de l’avis de tous ceux dont l’opinion est de quelque valeur, et particulièrement du Dr Woodward lui-même, les nouvelles photographies, produites avec les objectifs d’ouverture de plus en plus grande, surpassent tellement celles qui ont été obtenues avec des lentilles de plus petit angle que l’on peut dire avec raison la microscopie entrée dans une nouvelle ère par suite même de l’extension récemment donnée à l’ouverture des objectifs. Le Dr Woodward ne se fait pas scrupule de qualifier d’ « impotents » des objectifs JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 479 dont l’ouverture est moins de 82° mesurés dans le corps de la lentille frontale, instruments dont nul de ceux qui sont accoutumés à l’emploi des grandes ouver¬ tures ne voudrait se servir aujourd’hui dans une recherche délicate, une recherche au moins de nature à donner la mesure du pouvoir de la lentille et de l’habileté pratique de l’opérateur. La grande extension donnée à l’ouverture angulaire est due à l’introduction du système de l'immersion. Le mérite d’avoir appliqué ce système au microscope moderne revient à Amici dont l’habileté comme amateur d’oplique a été si fort prisée par sir John Herschel. Mais de grands perfectionnements lui ont été appor¬ tés depuis. Toiles, l’opticien de Boston, est arrivé à réaliser une ouverture de 127° mesurée dans le corps de la lentille frontale lorsqu’elle est soigneusement mise au point dans une immersion d’huile. Le professeur Abbé, d'Iéna, a aussi inventé des objectifs qui ont environ 110° d’ouverture, mesurés dans le verre, et ces instruments ont eu un rapide succès. Ces faits prouvent qu’un progrès irrécusable est résulté de l’adoption de la formule de l’immersion dans l’huile. Maintenant, je dois essayer de vous montrer comment sont construits ces objectifs modernes de manière à réaliser des ouvertures si considérablement supérieurs au maximum possible avec les lentilles à sec. 11 est entendu que je supposerai l’objet éclairé dans le baume ou dans un autre milieu réfractant, et que nous cher¬ chons à obtenir le cône de rayons, formant son image, le plus large possible qui puisse arriver à l’œil placé sur l’oculaire du microscope. Les mathématiciens obtiennent l’ouverture de l’objectif en traçant les rayons depuis le foyer postérieur, à travers le système des lentilles, jusqu’au foyer anté¬ rieur (frontal). Ce dernier étant le point auquel converge tout le cône de rayons aussi corrigés que possible de l’aberration. Si le foyer frontal était dans l’air, il est clair qu’aucun pinceau dépassant un angle de 82°, le double de l’angle de la réflexion totale, ne pourrait émerger de la surface plane de lentille frontale, et évidemment les rayons dépassant un cône de 82° ne pourraient émerger vers un foyer, de même aucun rayon dépassant ce cône ne pourrait entrer de l’objet dans le corps de la lentille frontale. Cet angle de 82° est donc la limite de l’ouverture des objectifs à sec. La loi de l’angle critique, ou angle de la réflexion totale peut être démontrée avec un prisme rectangle, comme on pourrait en tailler un dans une lentille hémisphérique; si un rayon de lumière est incident perpendiculairement à l’une des faces de l’angle droit, c’est-à-dire en faisant un angle de 45° avec l’axe, il entre sans réfraction dans la masse de verre, mais est réfléchi totalement vers la seconde face de l’angle droit, perpendiculairement à sa direction primitive. La réflexion totale ou interne se produit dans le crown glass quand le rayon incident frappe la surface interne sous un angle de 41°, dons le flint et autres milieux, sous des angles beaucoup plus petits. Ainsi, en traçant les rayons à travers un objectif depuis le foyer postérieur, nous savons, d’après cette loi, que tout rayon qui, dans le corps de là lentille frontale, tombera à la surface interne de sa face plane sous une inclinaison de plus 40°, est à h limite au delà de laquelle les rayons ne peuvent plus sortir pour former un foyer dans l'air. Mais si le milieu extérieur est l 'eau, on peut em¬ ployer pour la construction des objectifs une formule qui permet d’obtenir une ouverture approchant de l’angle critique du verre dans l’eau, c’est-à-dire près de 126° mesurée dans le corps de la lentille frontale. Et si la formule est établie de telle sorte que le milieu extérieur soit une huile à indice de réfraction élevé, l’angle de la réflexion totale est pratiquement annulé, et la limite de l’ouverture n’est plus soumise qu’à la difficulté matérielle du travail des lentilles, qu’au choix 480 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de la substance la plus convenable, et qu’à la construction de leurs courbes. Si les opticiens pouvaient jamais réussir à donner une bônne forme aux lentilles de dia¬ mant, nous pourrions véritablement espérer d’avoir atteint une des limites impo¬ sées par la nature à la perfection. En supposant que les opticiens surmontent toutes les difficultés de la main d’œuvre, dans la réalisation parfaite de la forme et du poli, dans le centrage, le choix des milieux pour assurer l’achromatisme, tout cela ne suffirait pas à porter le microscope à sa plus haute perfection, — l’angle d’ouverture doit aussi être porté aussi près que possible du maximum , eu égard au milieu dans lequel l’objet est placé. Les professeurs Helmhollz et Abbé ont apporté d’importants matériaux à la discussion de la théorie du microscope, et ils ont été conduits à cette conclusion que la limite du perfectionnement pos¬ sible du microscope, comme instrument de decouverte, est presque atteinte ; et cela après avoir dûment consulté toutes les lois physiques connues par lesquelles la formation des images peut être expliquée. Ils pensent qu’avec un angle d’ouver¬ ture donné, les milieux aujourd’hui connus, et l’habileté qu’on a maintenant acquise [dans l’art de les combiner, la séparation ultime des points matériels, aussi loin que leur visibilité en dépend, est très près d’être pratiquement résolue et que la limite de celle-ci peut certainement être définie par la théorie. Mais la discussion de ces points ne peut trouver place dans cette exposition élémentaire ; s’il y a été fait allusion, c’est qu’il ne paraît plus possible de traiter à l’avenir de la théorie du microscope sans parler, d’une manière toute spéciale, des vues de Helmholtz et d’Abbé. Ainsi, l’avantage qui résulte de l’utilisation des plus grandes ouvertures est le suivant : Avec les lentilles à sec, sur un objet dans le baume, nous sommes abso¬ lument limités à une ouverture moindre que 82° mesurée dans le corps de la len¬ tille frontale. Cette limite est expliquée par la construction graphique qui montre le maximum d’angle que peut, avoir le cône lumineux qui traverse une lentille pour avoir un foyer en avant dans l’air. Elle est encore démontrée par la consi¬ dération de l’angle des rayons formant image Lcls qu’ils sont émis par l’objet lui-même placé dans le baume; car, quoique cet angle des rayons formant image, émanés d’un point lumineux par lui-même et capable de rayonner dans toutes les directions, puisse être de -180° dans la substance du baume et du couvre-objet, de ces 180°, il n’y en a que 82°, formant le cône central, qui puissent émerger dans l’air. — Tous les rayons au delà de cette limite sont réfléchis intérieurement dans le couvre-objet. Ce cône de 82° s’étale à 180° dans l’air et une large part en est nécessairement perdue par la réflexion à la première incidence sur la face plane de la lentille frontale. Mais avec une formule de construction pour l’objectif qui permette d’employer l’eau pour milieu entre celte lentille et le couvre-objet, l’ouverture des rayons formant image peut atteindre 126°, — le double de l’angle critique du verre dans l’eau — parce qu’alors ce n’est pas un cône central de 82° qui peut sortir du couvre-objet, mais un cône de 126°; et avec l’huile pour milieu l'ouverture n’est limitée que par la forme de la lentille frontale, telle que l’opti¬ cien peut la construire pratiquement, comme l’a démontré le Prof. Stokes dans sa récente communication à la Société R. Microscopique de Londres, sur la limite théorique de l’ouverture ». Pour obtenir le meilleur effet de cet accroissement de l’ouverture du pinceau formant image que rend possible le système de l’immersion, l’éclairage doit aussi se faire par immersion. Les procédés sont tous basés sur le même principe: modi¬ fier la surface plane de la face inférieure du slide ou porte-objet en y fixant un prisme ou une lentille, en contact par immersion, de telle sorte que les rayons plus obliques que 41° puissent atteindre l’objet. Si la face inférieure du slide est JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 1 8 i plane et dans l’air, le rayon le plus oblique venant dans l’air, — par exemple un rayon à 89° de l’axe — sera réfracté dans le slide suivant un angle de moins de 41° et cette réfraction se produira après une perte considérable de lumière par réflexion à la première incidence ; aussi ce rayon incliné à 41° arrive-t-il à l’objet avec une très-faible intensité. En fixant une lentille convenable sous le slide, le rayon à 41° ou tout autre autre d’une plus ou moins grande obliquité, et de quel- qu’ intensité que ce soit pourra venir frapper l’objet, l’intensité de la lumière ne dépendant que de la source d’éclairage. La quantité de lumière qui peut être transmise directement par un objectif varie comme le cône solide. — Ainsi, la quantité de lumière que peut transmettre directement un objectif à sec d’une ouverture maximum peut être représentée par 3; si l’objectif est à immersion, avec une ouverture de 110° mesurée dans le corps de la lentille frontale, la quantité de lumière directement transmise sera 5, en sup¬ posant que les moyens les plus complets d’éclairage par immersion soient em¬ ployés. Ceux qui ont soutenu que le système de l’immersion ne permet pas d’uti¬ liser un pinceau plus large que 82° venant d’un objet dans le baume se trouvent dans l’impossibilité d’expliquer l’énorme différence dans le pouvoir de trans¬ mettre la lumière. Leur moyen ordinaire d’éluder la difficulté consiste à dire que c'est seulement comme simple lumière qu’un cône plus large est transmis, mais non comme rayons formant image. Si l’on appelle les photographes en témoignage que ces pinceaux forment image, sont bien fixés sur l’épreuve, où l’on peut en reconnaître l’existence, — alors que ces images ne peuvent être obtenues avec des lentilles à sec, — on ne trouve que faux-fuyants sur faux- fuyants, jusqu’à ce qu’on renonce, fatigué, à suivre de tels adversaires dans les détours d’une discussion qu’un de mes amis traite de « littérature faite pour les îles désertes. » 11 y adivers appareils d’éclairage, depuis le prisme rectangulaire deM. Wenham, la lentille hémisphérique tronquée, le paraboloïde à immersion, et le rcllex- illuminateur, tous appareils dans lesquels les rayons au delà de l’angle de la réflexion totale sont utilisés par réflexion du couvre-objet sur la surface de l’objet lui-même. Leur effet sur cet objet est vu ainsi au moyen de rayons réfléchis de l’objet à l’ouverture de la lentille employée, et, évidemment, cette reflexion ne peut se produire qu’avec des objectifs à sec. Ce principe peut être regardé comme une découverte particulière de M. Wenham. Il n’est pas identique dans les pro¬ cédés qu’on emploie maintenant, ainsi que dans d’autres semblables, pour amener des rayons directs sur l’objet, procédés qui ont prouvé l’existence d’ouvertures capables de transmettre directement un cône de 127° mesurés dans le verre de la lentille frontale. Le procédé pratique le plus récent est, sans doute, la lentille hémisphérique que MM. Ross ont adoptée en même temps que leur nouveau modèle de stand construit d’après le « Centennial » de Zentmayer. Toiles, de Boston,* a inventé ce qu’il appelle une lentille traverse, — « traverse-lens », — moyen supérieurement pratique. M. Stephenson, trésorier de la Société R. Micros¬ copique de Londres, a dernièrement produit son Illuminateur catoplrique à im¬ mersion — « catoptric immersion illuminator » — que l’on peut employer avec des microscopes dont la platine est épaisse. Il n’est pas certain qu’avec cet instrument, tel qu’il a été inventé, on puisse obtenir une suffisante intensité lumi¬ neuse, mais il est facile de lui adapter une lentille condensante. Les systèmes pour obtenir un éclairage oblique direct (et non réfléchi) exigent des platines minces, aussi serait-il très avantageux de trouver un bon moyen de convertir la lumière axile en lumière oblique, car ceux qui possèdent les an¬ ciennes formes de microscopes, dans lesquels la platine est ordinairement d’une 482 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. épaisseur considérable, auraient le plaisir de juger de la meilleure résolution dont leurs objectifs sont capables, car il est certain que des centaines d’objectifs à immersion existent aujourd’hui qui seraient tout à fait capables de bien montrer YAmphipleura pellucida, si seulement on pouvait employer un mode d’éclairage convenable. Et à ce propos, on a cherché à tourner en ridicule ceux qui prennent un plai¬ sir tout particulier à l’examen des Diatomées. Je considère les lest-objets comme les meilleurs moyens que nous ayons pour vérifier le pouvoir de nos lentilles, et pour éprouver notre habileté de manipulation. C’est par un travail attentif avec les test-objets que nous apprenons quel est le meilleur mode’d’emploi du microscope. Chercher à tourner en dérision ceux qui sont devenus habiles à l’exhibition des diatomées, en les appelant « diatomaniaques » est la triste ressource des igno¬ rants qui s’efforcent ainsi de faire excuser leur propre inexpérience et leur mala¬ dresse de main en traitant, en général, tout ce dont ils ne sont pas capables eux- mêmes, d’occupation absurde et sans utilité. Les perfectionnements du micros¬ cope sont presqu’entièrement dus aux exigences des amateurs habiles dans la résolution des test-objets (1). Un musicien ne peut être exécutant, si par une infi- niié d’exercices, il ne s’est pas rendu maître de son instrument et ne s’est pas familiarisé avec toutes ses ressources. Pourquoi voudrait-on donc que le micros¬ cope n’exigeât pas une étude spéciale? Il exige cette étude spéciale. Et plus com¬ plètement on connaît les principes dont dépendent les meilleurs résultats, plus facilement on obtient ces résultats. La pratique des Diatomées devrait être regar¬ dée comme la gymnastique du microscope. Ignorer celte pratique, c’est volon¬ tairement paralyser une habileté qu’on pourrait acquérir, ce qu’on ne peut faire impunément, ainsi que le prouve cette immense quantité de résultats anciens qui sont chaque jour écartés par suite d’interprétations faites à l’aide de meilleurs instruments par des opérateurs plus habiles. Les anatomistes du continent ont largement pris dix années d’avance sur nous dans l’emploi des objectifs à immer¬ sion et la masse des observations nouvelles qui remplacent les anciennes est devenu tellement considérable que nos manuels les plus populaires de microsco¬ pie sont devenus aujourd’hui tout à fait surannés. TECHNIQUE DE l’emploi DU COLLODION HUMIDE POUR LA PRATIQUE DES COUPES MICROSCOPIQUES (2). L’emploi de la solution de gomme, solidifiée par l’action de l’alcool, est d’un usage bien connu pour fixer les parties sur lesquelles doivent être pratiquées des coupes, lorsque ces parties forment une masse 'relativement résistante et homo¬ gène, comme un fragment de moelle épinière, une portion des parois stoma¬ cales, etc.; mais lorsqu’il s’agit de jeunes embryons, ou de portions d’embryon. (1) «... les diatomées, cette joie et ce désespoir des micrographes. — les Diatomées, ces pierres de touche de nos objectifs, pour l’examen desquelles ont été construits les p us par¬ faits, les plus admirables, — et les plus coûteux — de tous les instruments; — les Diatomées enfin, qui ont fait faire à l’art si difficile de la construction des objectifs plus de progrès peut- être, que tous les êtres réunis de la création. » DrJ. Pelletan, Le microscope , son emploi et son application , p. VII. (2) Cette note est le développement d’une communication faite à la Société de Biologie, le Ier février 1872. ( Journal de l'Anatomie et de la Physiologie). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 183 et plus particulièrement encore de blastodermes; lorsqu’il s’agit surtout de pra¬ tiquer des coupes sur des organes embryonnaires creusés de cavités à parois minces et fragiles, la gomme doit être remplacée par une substance solide, sans être friable, et capable de former un milieu homogène dans lequel on plonge les petites pièces préparées pour les coupes, en même temps qu’on s’efforce de faire pénétrer cette substance dans les cavités de la pièce anatomique, de manière à en maintenir la forme en en soutenant les parois. C’est dans ce but qu’on a employé successivement, sous le nom de masses à inclusions, des mélanges de cire et d’huile, de savon et d’huile, de savon, de gélatine, etc., etc. (4) ; nous avons essayé tous ces mélanges, mais aucun ne nous ayant donné les résultats qui nous paraissaient désirables, nous avons pensé à essayer le collodion. Ce qui nous paraît le plus désagréable dans l’emploi de la plupart des mélanges susindiqués, c’est d’abord le défaut de transparence, ne permettant pas à l’opé¬ rateur de se rendre exactement compte du niveau et de la direction selon laquelle il dirige sa coupe, quelque soin qu’il ait pris d’indiquer par des points de repère la situation et l’orientation de l’embryon ou du petit organe indus dans la masse solidifîable ; c’est ensuite la nécessité de débarrasser de ce mélange la coupe obte¬ nue, avant de pouvoir la monter entre lame et lamelle, ce qui nécessite des lavages compliqués dans la série desquels les coupes les meillleures et les plus com¬ plètes conservent rarement leur intégrité. C’est enfin le peu d’adhérence de ces mélanges à la substance même de la pièce anatomique; de telle sorte que, si cette pièce est de très-petite dimension, si elle ne présente pas des saillies par lesquelles elle s’engraîne pour ainsi dire avec la masse solidifîable, le passage du rasoir détermine dans cette pièce de petits déplacements qui sont incompatibles avec la régularité nécessaire à une série de coupes successives. La ténacité, la transparence du collodion, devaient attirer sur cette substance l’attention des microtomistcs; mais en même temps sa rétractilité et sa dureté à Y état sec n’en indiquaient guère l’usage que pour les coupes à pratiquer sur des parties résistantes et relativement dures ; c’est ainsi qu’il a été employé par le l)r Latteux pour l’étude des cheveux, sur lesquels il a permis de pratiquer des séries régulières de coupes, propres à démontrer la torsion qu’affectent chez certaines races ces productions épidermiques (°2). Pour des parties aussi délicates que le blastoderme ou l’embryon de poulet dans les premiers jours de l’incubation, il ne saurait être question d’employe r e collodion sec , c’est-à-dire auquel on laisse exercer toute sa force de rétractilité. C’est pourquoi nous avons cherché à utiliser cette substance à Y état humide. Une expérience très-simple nous a montré, dès le début de nos recherches dans ce sens, combien cette condition était facilement réalisable : en laissant tomber dans une cupule pleine d’alcool à 36° une goutte de collodion, nous avons constaté que cette substance restait dans ce liquide sous la forme d’une petite sphère, ne changeant pas de volume, et présentant la consistance et l’élasticité d’un morceau de caoutchouc, en même temps qu’une transparence parfaite. L’éther diffuse dans l’alccol et s’évapore, et la partie solide du collodion (fulmi- coton) demeurant imbibée d’alcool forme, à la condition de ne point perdre cet alcool par dessiccation, la masse la plus propre à l’inclusion des pièces délicates destinées à passer par le microtome. (1) Pour les indications détaillées sur ces mélanges, principalement au point de vue des études d’embryologie, voyez Forster et Dalfour, Embryologie. Traduction française, 1877, p. 290. (2) Voyez P. Latteux. Manuel dé technique microscopique ,p. 230. 484 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Déjà, dans un travail précédent (1), nous avions indiqué Dusage du collodion pour la pratique des coupes d’embryons, mais sans préciser les détails d’une technique sur les éléments de laquelle nous n’étions pas complètement fixés. Nous pouvons aujourd’hui, après une pratique de six mois, poser les principes de cette technique. Les blastodermes avec embryons destinés aux coupes sont, après durcissement par l’acide osmique et l’alcool, ou après tout autre mode de durcissement, colorés au carmin, puis immergés de nouveau dans l'alcocl; pour les placer dans le col¬ lodion comme masse à inclusion, on sort ces pièces de l’alcool .et on les plonge quelques minutes dans de l’éther : on les place ensuite dans du collodion liquide ('collodion normal, non riciné-, où elles peuvent demeurer un temps plus ou moins considérable (de 1D minutes à 24 heures ou plus), selon qu’on désire voir la masse solidifiable pénétrer toute l’épaisseur de la pièce et en remplir les cavi¬ tés. Retirée du collodion liquide, la pièce, si elle a une forme et un volume qui la rendent maniable sans adjonction de support, est jetée dans l’alcool; si elle est formée, comme un blastoderme au premier jour de l’incubation, par une mince et délicate membrane, on l’applique sur la surface plane d’un fragment de moelle de sureau, elle tout est jeté dans l’alcool ; dans l’un comme dans l’autre cas, la pièce est dès lors englobée dans la masse élastique du collodion, qui se solidifie sans se rétracter, et en fixe toutes les parties, de même qu’elle en fixe l’ensemble au fragment de sureau, dans le cas où ce support a été jugé nécessaire. La pièce ainsi préparée, incluse dans le collodion, peut alors être coupée le jour même, ou conservée indéfiniment dans l’alcool, pour être, à un moment donné, soumise aux coupes par le rasoir. Comme les coupes au microtome se font en mouillant rasoir et pièce avec de l’alcool, on voit que le collodion reste toujours à l’état humide, et nous n’avons pas à indiquer ici les détails de la pratique des coupes sur le microtome; nous devons par contre insister sur la manière dont sont traitées ensuite les coupes obtenues, ou, pour mieux dire, montrer combien l’usage du collodion simplifie ou supprime toutes les manipulations ultérieures, si laborieuses avec les autres masses à inclusion. D’abord la coupe n’a pas à être débarrassée de la lamelle de collodion avec laquelle elle a été enlevée par le rasoir, et dans laquelle elle est incluse : en recevant la coupe dans un godet plein d’eau, on peut aussitôt la faire glisser sur la lamelle porte-objet, et cette opération ne produit, quelque délicate que soit la préparation, aucune déchirure, les parties les plus fines, les portions même sans connexion les unes avec les autres, étant conservées exactement dans leurs rap¬ ports réciproques par la présence du collodion qui remplit tous les vides. — Sur la lame porte-objet, la coupe est recouverte d’une goutte de glycérine, puis d’une lamelle; examinée alors au microscope, elle ne traduit par aucune apparence optique la présence de la mince lame de collodion dans laquelle elle est incluse; ce n’est qu’en portant l’examen vers les bords de cette lame qu’on reconnaît sa présence, absolument comme on ne constaterait celle d’un fragment de lamelle couvre-objet qu’en ayant l’image de ses bords. — On peut donc dire qu’en empri¬ sonnant la pièce, et en laissant ses coupes emprisonnées dans le collodion, on a employé comme. milieu une substance dont les propriétés optiques sont compa¬ rables à celle du verre, mais dont les propriétés physiques sont celles du caout¬ chouc : le collodion est , à ce point de vue, du verre élastique et très-facile à couper régulièrement au rasoir. (1) Voyez Précis de technique histologique , p. 304. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 185 On pourrait craindre que la lamelle du collodion, conservée dans la glycérine avec la préparation elle-même, entre lame et lamelle de verre, ne perdît sa trans¬ parence au bout d’un certain temps; il n’en est rien : du moins nous avons constaté que des préparations de ce genre, datant de six mois, n’avaient rien perdu de leur transparence et de leur netteté. Mais ce n’est pas là le seul avantage du collodion humide, employé comme nous venons de l’indiquer; cette masse à inclusion peut encore être utilisée pour des pièces qui n’auront pas subi la coloration avant d’être débitées en coupe, par exemple pour étude du cerveau de l’embryon. Nous avons principalement eu à nous louer de l’usage de cette substance dans des études sur le développement des hémisphères cérébraux chez les mammifères (lapin, mouton) : ces vésicules cérébrales sont constituées par une paroi très-mince circonscrivant une cavité relativement grande; aussi, avant d’avoir trouvé l’emploi du collodion, nous était-il presque impossible d’obtenir des coupes bien complètes, d’autant que ces parties sont très-délicates à durcir, et deviennent facilement friables. Après imbi- bition par le collodion, les hémisphères les plus minces et les plus friables se débitent régulièrement en coupes : c’est que la solidité donnée par cette substance aux pièces qu’elle pénètre est si grande, qu’on pourrait par son emploi arriver à fixer en place et à débiter en coupes une masse quelconque formée de molécules très-peu adhérentes naturellement les unes aux autres, comme une tige de végétal calcinée, dont les cendres ont conservé la forme du fragment primitif. C’est assez dire comment nous avons pu obtenir par ce moyen, relativement à la dispo¬ sition des minces lamelles cérébrales de l’embryon, relativement à la formation des plexus choroïdes, relativement à la détermination des parties intra et extra¬ ventriculaires, des résultats que nous avions vainement demandés à tous les autres procédés de recherche. Ces coupes, une fois obtenues, peuvent être colorées par le carmin, tout en restant maintenues par la mince lamelle de collodion, qui les maintient et les enchâsse : en effet, par l’immersion dans l’eau, le collodion, comme dans l'alcool, ne subit aucune rétraction ; et tandis que la coupe du tissu animal exerce son élection sur le carmin, le collodion ne se colore que peu ou pas, et se décolore du reste ultérieurement quand la pièce est montée dans la glycérine. Dans le cas où le picrocarminate est employé, la lamelle de collodion se colore un peu en jaune; mais un léger lavage dans l’eau acidulée d’acide acétique, en fixant le carmin sur le tissu animal, rend au collodion son aspect primitif de lamelle trans" parente et incolore. La pièce peut donc être montée tout entière, comme précé¬ demment, dans la glycérine. Ces pièces peuvent aussi être montées dans des milieux qui leur donnent plus de transparence ; mais il ne faut employer dans ce cas ni le baume du Canada, ni le damar, qui rendent le collodion opaque et granuleux. Nous avons obtenu de très-bons résultats seulement avec l’essence de girofle : la coupe, rapidement déshydratée a l’alcool absolu, est placée sur la lame porte-objet; on y dépose une goutte d’essence de girofle, et on recouvreae la lamelle : l’essence dissout complè¬ tement la lamelle de collodion, dont il ne reste aucune trace. On lute la prépara¬ tion avec la résine du Canada en dissolution dans le chloroforme. Nous avons insisté ici sur les avantages que nous a présentés cette technique pour l’étude des embryons et de divers organes en voie de développement; il est facile de prévoir les services qu’elle peut rendre dans les recherches sur certaines parties très-délicates de l’adulte, comme par exemple sur le globe de l’œil, l’oreille, et en particulier sur les éléments si délicats du limaçon et de sa lame 486 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. spirale : c’est cette considération qui nous a décidé à donner avec quelques détails les indications techniques qui précèdent. Mathias DUVAL. Note sur la constitution du spermatozoïde du Crapaud Jusque dans ces derniers temps les spermatozoïdes du Crapaud ont été décrits comme ayant une forme à peu près identique à celles des corpuscules séminaux des Grenouilles ; on savait que leur tête est allongée, effilée à son extrémité, légè¬ rement recourbée et représente assez bien la lame d’une faulx; à la base de cette tête, on faisait s’insérer un filament caudal. En 1876, La Valette Saint-George (1) figura le; spermatozoïde du Crapaud com¬ mun (Bufo vulgaris ) avec deux queues, d’égale longueur, attachées à la tête, et prétendit que cette disposition est constante. Cette observation parut extraordi¬ naire à M. le professeur Balbiani qui me chargea d’en vérifier l’exactitude. Après avoir examiné le sperme d’un certain nombre de Crapauds, je pus m’assurer que le fait signalé par La Valette Saint-George^est parfaitement exact, et que les élé¬ ments spermatiques de cet animal possèdent toujours deux filaments. Depuis lors, Leydig (2) a représenté le spermatozoïde du Crapaud avec une queue pourvue d’une membrane ondulante, comme celle du Triton, de la Sala¬ mandre et du Bombincitor. En présence de l’assertion d’un observateur aussi dis¬ tingué, je me suis naturellement demandé si je n’avais pas été l’objet d’une illu¬ sion d’optique. Un nouvel examen plus attentif, fait avec d’excellents objectifs à immersion, m’a conduit au même résultat que l’année dernière. L’existence de deux queues est très-réelle. Leydig a été induit en erreur, par l’apparence que prennent souvent ces deux filaments, quand ils sont entortillés l’un autour de l’autre. Mais dans bien des cas on les voit nettement séparés, écartés, et se mouvant d’une manière indépendante. J’ai constaté de plus, à la partie postérieure de la tête, deux petits corps réfrin¬ gents, allongés, placés parallèlement, qui correspondent au segment moyen, décrit par Schweigger-Seidel dans les spermatozoïdes d’un grand nombre d’ani¬ maux. Ces corps apparaissent très-bien dans l’eau salée, ou dans l’eau acidulée par l’acide acétique ; à la base de chacun d’eux s’insère un filament caudal. La dualité du spermatozoïde du Crapaud s’observe donc non-seulement dans la queue, mais encore dans le segment moyen. Les spermatozoïdes du Bufo calamita ont la même constitution que ceux du Bufo vulgaris et possèdent également deux queues. Je rappellerai que de semblables spermatozoïdes munis d’un filament cau¬ dal double ont déjà été observés chez certains Invertébrés ; chez un Tartigrade, le Macrobiotus , par Doyère, chez un Coléoptère chrysomélien, le Clytlira octomacu- lata, par Bütschli, et chez un autre chrysomélien, la Phratora vitellina, par La Valette Saint- George. F. Henneguy, Préparateur du cours d’Embryogénie comparée au Collège de France. (1) La Valette Saint-George. Arch. f. mikrosk. Anatomie. 1876. (2) Leydig. Die Annren Batrachier der deutschen Fauna, Bonn. 1877. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 487 LES DIATOMÉES TERRESTRES (1). Ah mois de mai 4848, Ehrenberg présenta à l’Académie des .sciences de Berlin (2) une note sur la faune dendrologique (Baumfauna) microscopique du Yénézuela, d’après des matériaux récoltés par Karsten sur des Fougères parasites (Lomaria lineata et Cheilanthes cglabra Karst.) des montagnes de la côte près de La Giiayra. La liste des espèces renferme vingt-sept formes organiques vivantes, parmi lesquelles se trouvent dix espèces aeRhizopodes (Arcelles et Difïïugies) et dix- neuf formes plus ou moins distinctes de Diatomées dont voici la liste : Discoplea dendrochaera (Sp. n.). Eunotia monodon. Gallionella spiralis ? Himantidium gracile. — Arcus. Liparogyra dentrotères (Gen. et sp. n.). — circulons — Navicula Formica ? — Semen. — Silicula. Pinnularia borealis , « 6 (f. n.). — decurrens ? Porocyclia dendrophila (Gen. et sp. n.). Stauroneis Fenestra y Stauroptera dendrobates (Sp. n.). Stephanosirà epidendron (Gen. et sp. n.). — Hamadryas — Tabellaria trinodis. Les diagnoses des genres et des espèces nouvelles sont données dans cette notice d’Ehrenberg, mais les figures des types les plus intéressants ne furent publiées (sans aucun commentaire) qu’en 1871, dans le travail intitulé : « Ubersicht der seil 1847 fortgesetzten Untersuchungen über das von der Atrnos- phare unsivhthar getragene reiche orgânische Leben, etc. » Extr. « Abh. Kôn. Akad. z. Berlin (3). Au mois d’octobre 1848, Ehrenberg rendit compte de ses recherches sur les matières microscopiques portées par l’atmosphère et recueillies en divers endroits pour servir à l’étude des causes pouvant produire le choléra ainsi que comme complément à son grand ouvrage sur les poussières atmosphériques, intitulé : « Passât Staub und Elut Regen, » présenté à l’Académie en 1847 (Abhandl.) et tiré à part avec suppléments en 1849. (1) Mémoire lu à la Société Belge de microscopie le 23 janvier 1879. (2) Berichte , p. 214. (3) Berichte, p. 379. 188 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ehrenberg (1) avait trouvé sur le toit de l’école vétérinaire de Berlin YEunotia amphyoxis et la Pinnularia borealis , deux espèces qu’il avait déjà indiquées comme caractéristiques des poussières de toutes les parties du monde et de toutes les élévations au-dessus du niveau des mers. En lavant des prunes achetées par lui sur le marché public de Berlin, il retrouva dans les eaux de lavage ces deux mêmes espèces et il les obtint de nouveau en dépouillant des mousses rapportées par le docteur Peters de Mozambique. De la mousse prise sur un mur, à hauteur d’homme, à Beyrouth, en Syrie, lui fournit les mêmes espèces, ainsi que la mousse qu’il avait recueillie sur les fameux cèdres du Liban, en 1824. I! les retrouva encore sur le sommet des tours de la place des Gendarmes, à Berlin. Dans un grand nombre de cas que nous venons de signaler et surtout parmi les derniers cités, ces Diatomées sont spécialement indiquées par Ehrenberg comme vivantes, c’est-à-dire renfermant de l’endochrôme et en voie de déduplicalion « lebend und in selbsttheilung. » Une nouvelle espèce trouvée sur la mousse des arbres aux environs de Berlin est ajoutée, par cet auteur, à la liste antérieure des diatomées dendrologiques, c’est le Stephanosira europea (2). Dans son travail publié en 1871, Ehrenberg rappelle le fait de la poussière météorique tombée en 1813 en Calabre, et qui contenait des exemplaires dessé¬ chés pendant la vie et au moment de la déduplication. La poussière tombée à Lyon en 1846 en renfermait également avec l’endro- chrôme encore vert. Depuis cette époque, l’on a fréquemment retrouvé hors de l’eau YEunotia ( Nitschia ) amphyoxis et la Pinnularia borealis, avec leur contenu coloré. Dans les poussières récoltées en 1834 à la frontière russo -chinoise, en 1844 à Quito, en 1848 dans la basse Silésie et en diverses autres localités, dont on trouvera la liste dans les travaux. d’Ehrenberg, ce fait a été signalé. Le célèbre micrographe se demande, dans l’une de ses dernières publications (3), mais sans pouvoir y répondre, comment il se fait que parmi les quatre cents espèces deDiatomées connues par lui des environs de Berlin, il soit possible que deux espèces parmi les plus communes de celles qu’on rencontre dans les pous¬ sières atmosphériques (Passatstaub) et qui sont aussi celles que l’on rencontre le plus fréquemment dans les poussières qui se déposent à Berlin, soient de la plus grande rareté à Y état vivant au niveau du sol ? Peu de naturalistes se sont occupés de la recherche des Diatomées hors de leur habitat habituel dans les eaux douces, saumâtres ou marines, à l’exception de feu Walker Arnott, dans la collection duquel se trouvent deux récoltes faites (1) A la planche II, A. de ce dernier mémoire on trouvera : Fig. 1.2. Stauropte rk dendrobates. — 3.4. Liparogyra v2) circularis. _ 5 à 8, — dendroteres . — 9 Article terminal du même. — 10.11, Discoplea dendrochaera. — 12 à 16, Stephanosira epidendron. — 17 à 20, — Hamadryas. — 21 à 25, Porocyclia dendrophila. (2) Un Liporogyra, le L. spiralis, delà Guyane, avait été figuré en 1854 dans la Mikrogeolo- gie , p. 34, 5 A, f. 1.3. (3) Uebersicht, etc. , Z. c. , 1871, p. 102. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 489 par lui-même sur cle la mousse recueillie sur des ormes, Tune près d’Ulverstone, l’autre à Paria-house dans le Pertshire. Une troisième récolte, en ma possession, en fut faite par C. Johnson à Ortner, Wyendale, près de Lancaster, en Angleterre, parmi VHypnum complexatum « from elm trees » et enfin une quatrième par le Rév. Cresswell, près de Teignmoulh, également sur la mousse des ormes. Les espèces déterminées par Walker Arnott sont, d’après ses propres annota¬ tions inédites, les suivantes : Ulverstone. Ortner. Teignmouth. Pertshire Orthosira mirabilis + + + — — spinosa + 4- 1 4- h + Navicula mutica Syn. Stauroneis semen, Ehr. + -H f 4- — pusilla — — 1- — Pinnularia borealis — -f + + Nitschia amphyoxis — — + Amphora affinis — — -L- — * Achnantidium coarctatum — — 4- _____ (Les croix indiquent la présence de l’espèce dans la récolte.) Comme il y avait lieu de s’y attendre, les Nitschia amphyoxis , Pinn. borealis exis¬ tent ici en grande abondance et munies de leur endochrôme et, en outre, elles y sont accompagnées d’au moins deux des espèces décrites par Ehrenberg comme propres aux forêts du Vénézuela, dans l’Amérique méridionale, car YOrthosira mirabilis, W. Sm. (Syn. Prit. Diat., p. 63) reçue par cet auteur de M.Okeden, qui l’avait rencontrée h Haverfordwest, dans le South-Wales, n’est, en réalité, que le Liparogyra dendroteres de Ehrenberg, et d’autre part, YOrthosira spinosa de Grév. et de W. Smith est synonyme du Stephanosira epidendron d’Ehrenberg, mieux connu sous le nom de Melosira roseana , qui lui fut donné par Rabenhorst en 4852. Ralfs, dans Pritchard « lnfusoria, « dit en parlant de Ortli. roseana, « se trouve dans les cavernes et sur les mousses des arbres. Probablement commun. Malgré leur grande dissemblance apparente, feu le professeur Gregory croyait avoir tracé le passage du Liparogyra spiralis en cette espèce et un fait certain, c’est que ces formes sont presque invariablement associées. » Cette opinion est trop générale, car l’on trouve fort souvent YOrthosira sans son compagnon, surtout dans l’intérieur des grottes. Les plus beaux échantillons que nous possédons se rencontrent dans des récoltes faites par G. Djckie, dans une caverne située près de Skaterau, sur la côte de Kincardine et qui ne contien¬ nent pas le Liparogyra, En conclusion de ce qui précède, j’ai lieu de croire que les espèces de Diato¬ mées signalées plus haut, et probablement un nombre assez considérable d’autres, doivent être considérées comme espèces essentiellement muscicoles.w iyant habituel¬ lement sur les arbres et en d’autres lieux exposés aux vicissitudes atmosphéri¬ ques et surtout hygrométriques. Je recommande, en conséquence, ù mes collègues micrographes, le lavage méthodique des mousses de toutes provenances, en vue de la formation d’une liste des Bacillariées qu’elles renferment à Y état vivant. La présence de ces espèces dans les mousses d’arbre explique aisément le fait de 490 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. leur présence dans les poussières atmosphériques sans qu’on ait pu, en certains cas, les retrouver vivantes dans les eaux douces avoisinantes. C’est la solution de la question que s’était posée Ehrenberg sans parvenir à la résoudre. Il est fort possible que ces Diatomées soient de celles où les phénomènes de la déduplication, de la conjugaison et de la formation des spores, sont des plus actifs, rapides et faciles à suivre, car ces divers actes de la vie doivent entière¬ ment dépendre chez elles d’averses ou de pluies passagères et cesser au retour des sécheresses. L’étude de ces espèces permettra sans doute aussi de corroborer les intéressantes observations faites par notre collègue Paul Petit sur la révivifica¬ tion des Diatomées. C’est surtout à ces points de vue physiologiques que l’étude des Diatomées terrestres mérite notre considération et c’est dans ce but que nous attirons aujour¬ d’hui l’attention des naturalistes sur un sujet encore ù peine ébauché, mais dont on peut attendre quelques résultats heureux pour la science. Au moment où nous terminons la notice ci-dessus, nous recevons une commu¬ nication du Rév. Geo. Davidson, de Logic Coldstone, en Écosse, diatomiste très- distingué et collectionneur persévérant de l’intéressante région qu’il habite et qui nous écrit: « Je connais fort bien ce que vous appelez les Diatomées terrestres, ayant, il y a quelques années, fait des chasses diligentes pour en trouver. La mousse qui croît au pied des arbres, surtout des ormes, du côté exposé au nord, en fournit le plus grand nombre. C’est là que j’ai rencontré le plus abondamment en grande pureté la Nav. borealis. Une autre source de ces Diatomées est la mousse qui croît sur les toitures en terre, phénomène fréquent en Écosse. « J’ajouterais que M. Davidson n’accepte mes conclusions relatives à la ressusci¬ tation des Diatomées qu’avec certaines restrictions, se basant sur le fait que les mousses retiennent fort longtemps leur humidité. Il oublie momentanément, sans doute, que tous les climats ne ressemblent pas, par leur état hygrométrique pres¬ que permanent, à son pays si beau mais si brumeux, et que les montagnes de la Sierra élevée qui forme la côte du Yénézuela et que j’ai moi-même péniblement explorées il y a quelques années, sont soumises sous ce ciel brûlant à des pério¬ des de sécheresse prolongées et excessives. Le réveil dans cette région des Diato¬ mées et des Rhizopodes à coquille chitineuse qui les accompagnent presque cons¬ tamment, semble ne pouvoir y être subit et devoir y correspondre au commencement de la saison des pluies tropicales. Julien Deby, Vice-Président de la Société belge de Micrographie. LES ALGUES CALCAIRES FOSSILES (1) Le très-important mémoire de M. Munier-Chalmas, sur les Algues calcaires ap¬ partenant au groupe des Dasycladées , Harv., et confondues avec les Foraminifères, qui a été publié dans les Comptes-Rendus hebdomadaires de l’Académie des Sciences, de Paris, le 29 octobre 1877, ouvre un champ tout à fait neuf, ou presque entière¬ ment neuf aux recherches, champ dans lequel le même auteur a fait encore un pas dans la note qu’il a présentée le mois dernier, à la Société Géologique de France (1) Journal anglais « Nature » 27 mars 1879. Journal de Micrographie. T. III. 1879. PI. IX i Fig. II Fig. I. — Coupe transversale d’un fragment du tube calcaire du Cymopolia rosarium, Lamr. , montrant les canaux qui portent la bordure de cellules et la cavité du sporange central. — 2. Coupe transversale du Polytrypa elongata, Dcfrance, montrant les mêmes parties. — 3. Portion de la bordure de cellules du Cymopolia rosarium débarrassée du tube calcaire par un acide : A. paroi de la cellule centrale ; B. premier rang de cellules ; C. bordure transversale de cellules au milieu desquelles est le sporange P. — Les mêmes partie* dans le Polytrypa elongata. Fig. II. — Spermazoïdes de divers animaux. A, du bélier; B, du hérisson, vu de face et de profil , — C de la souris, — D, spermatozoïde à deux queues du crapaud (Voir J. de Micr. 1879, p. 180). E. Amphimonas, infusoire à deux flagellums. Tyo Rlliijr 41, rue L'a* y JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 191 «sur le genre Ovulites. » — Bien que considéré par la plupart des plus éminents paléontologistes comme un Foraminifère monothalamique, rapporte aux Lagena , il est aujourd’hui bien clairement démontré que le genre Ooulites n’est ni plus ni moins qu’une articulation d’une Algue Siphonée ayant les plus grands rapports avec le Penicellus- L’ Ovulites margaritula est décrit par MM. Parker et Jones « comme un Forami¬ nifère commun du Calcaire grossier. En Jprme d’œuf et gros, lorsqu’il a atteint toute sa taille, à peu près comme un grain de moutarde, il constitue une des formes fossiles les plus élégantes. Déplus, ses larges ouvertures terminales aug¬ mentent singulièrement sa ressemblance avec l’œuf piqueté d’un oiseau (1). C’est le plus grand des Foraminifères monothalames. Comme espèce, il paraît avoir eu une existence assez courte. Très-développé dans les dépôts d’Hauteville et de Gri¬ gnon, il disparaît tout à fait dans la période Eocène. 11 reste sous une forme atté¬ nuée dans les couches Miocènes de San Domingo. On n’a pas encore rencontré un Ovulite récent. C’est à peine si l’on trouve un autre Foraminifère d’aussi courte existence — sauf une forme non décrite alliée au Dactylopora (Y Acicularia pavan- tina , d’Arch.) » Notons en passant que cette dernière forme n’est sans doute aussi pas autre chose qu’un fragment d’Algue calcaire. Le premier mémoire, dont les Comptes Rendus ne publient qu’un extrait, nous rappelle qu’il n’y a pas bien longtemps (1842) que le Prof. Decaisne a démontré qu’un grand nombre de formes marines considérées comme des Zoophytes, Coral- lina, Cymopolia , Neomeris , Penicellus, Udotea , Halimeda, etc., sont en réalité de véritables A Igues. Mais nous devons remarquer que le Prol. Sehweigger, de Kônigs- berg, en examinant des spécimens vivants de plusieurs espèces de ces Algues calcaires, à Villefranche, était arrivé à la même conclusion, en 1818 (2). Si l’on remonte aux temps antérieurs à Linné , on trouve que Ray, en 1690, a décrit les Corallines comme « plantæ genus in aquis nascens », et Spallanzani, Carolini et Olivi maintinrent même cette opinion contre les raisonnements particuliers d’Ellis, l’autorité de Linné, et malgré la conversion de Pallas. Mais avant 1842, les bota¬ nistes ont été, sans doute, plus influencés par ces autorités, car un professeur de botanique à l’Université d’Edimbourg, Graham, pria un jour poliment les Zoolo¬ gistes de garder leur Cryptogamie pour eux, et un autre professeur de bota¬ nique à l’Université de Dublin, Harvey, dans la première édition de son Manual of British Algæ (1841), ne parle d’aucune espèce de Corallines. Depuis les mé¬ moires de Decaisne et Chauvin, les choses ont entièrement changé et nous pen¬ sons qu’il n’y a plus aucune divergence d’opinions chez les botanistes quant aux affinités générales des formes vivantes d’Algues calcaires. M. Munier-Chalmas démontre, dans son mémoire, que l’on doit ajouter à ce groupe une nombreuse série de formes fossiles que les anciens auteurs plaçaient parmi les Polypes, et que beaucoup d’écrivains modernes ont rangées dans les Fora- miuifères. Bosc, en 1806, décrivit et figure (31 quelques corps organisés fossiles sous le nom de Relepontes ovoides, pour lesquels Lamark, en 1816, établit le genre Dactylopora. « La plus singulière variété d’opinion, dit le Dr Carpenter, dans son ouvrage bien connu « Introduction à l’étude des Foraminifères », a régné (!) Ces lignes ont été écrites en 1860; aujourd’hui les œufs d’oiseaux ne sont pas ainsi piquetés. Ed. P.-W. (2) Beobachtungen auf naturhistorischen Reisen — Anat -phys. Untersuchungen über Co- r allen. Berlin 1818, (3) Journal de Physique, juin 1806. 492 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sur le véritable caractère de ces organismes fossiles. En les séparant des Rete- pora, Lamark les rassembla cependant dans un même groupe de soi-disant Zoo- phytes, place qui fut acceptée aussi pour ce genre par de Blainville et Defranc. » Il est juste de faire remarquer que de Blainville cite, sans la désapprouver, la thèse de Schweigger que « les dactylopores et les ovulites ne sont rien autre chose que des articulations d'une grande espèce de cellaire, analogue à la cellaire salicorne. » « En 1852, continue le Dr Carpenter, les Dactylopora ont été compris dans le Foraminifères par d’Orbigny, qui commit, néanmoins, par la place qu’il leur assi¬ gna, une interprétation de leur nature à peu près aussi complètement fausse que l’avaient fait ses prédécesseurs ; car il les place dans son ordre des Monostègues, près des Ovulites, uniloculaires, et dit : « C’est une Ovulite également percée des deux bouts, pourvue de larges pores placés par lignes transverses. » — Jusqu’à quel point cette description était inexacte, c’est ce qui va ressortir des détails qui suivent; toutefois, l’autorité de d’Orbigny lui donna assez de raison pour la faire adopter par des paléontologistes aussi intelligents que Pictet et Bronn qui, dans les dernières éditions de leurs ouvrages respectifs, ont transporté les Dactylopora à la place indiquée par d’Orbigny, non cependant sans l’expression d'un doute de la part de Bronn, quant à savoir si la véritable place de ce genre n’est pas dans les Fislulidés, au voisinage des Synapta et du Holothuria , supposition qui indique une perversion d’idées, à ce sujet, dont il est difficile de se rendre compte. La structure complexe de ces organismes a été décrite pour la première fois et inter¬ prétée, grâce à une large comparaison avec celle des formes plus simples, par MM. Parker et Jones, et d’une manière si peu claire, qu’elle peut à peine provoquer l’attention que ces investigations méritent réellement ; — et je suis heureux moi- même de saisir l'occasion que m’offre la présente publication, d’en rendre un compte complet avec les éclaircissements nécessaires à ce remarquable type, explication qui me paraît conduire, avec assez de probabilité, à un examen nou¬ veau de la place assignée à beaucoup d’autres organismes, aujourd’hui rangés parmi les Zoophytes ou les Polyzoaires ( « Polyzoa ») ». Suivent neuf pages d’une description si compliquée de chaque raie ou de chaque bosse, de chaque élévation ou de chaque dépression que l’on peut rencontrer dans chacune de ces susdites espèces, que sans aucun doute aucune cellule végétale simple n’a jamais été décrite aussi minutieusement. Le genre est placé au 11e rang dans la famille des Miliolida, famille qui contient plusieurs des Foraminifères les plus typiques. « On peut supposer avec beaucoup de probabilité, écrit le Dr Carpenter, que les Dactylopora restent comme les seuls représentants d’un groupe dont les diverses formes remplissaient la lacune qui existe à présent entre lui-même et ses voisins les plus proches parmi les Foraminifères ordinaires. » — « Mais, dit M. Munier Chalmas, l’étude et la comparaison des espèces de Dasycladus, Cymopolia, Acetubularia, Neomeris, etc., dans l’Herbier du Muséum et dans celui de M. Ed. Bornet, qui a mis sans réserve à ma disposition sa bibliothèque et sa collection de ces plantes, m’ont prouvé que les espèces de Dactylopora, Acicularia, Polytropa, etc., sont décidément des Algues très voisines des espèces des genres que nous venons nommer, si même elles ne sont pas identiques. Les figures ci-jointes (pl. IX) montrent clairement, par exemple, que les genres Cymopolia et Polytropa peuvent être réunis, car leurs espèces typiques .offrent à tous égards les mêmes caractères génériques, et il est même difficile de trouver pour eux des caractères spécifiques suffisamment distincts. Je réunis sous la dénomination de JOURNAL DE MICROGRAPHIE 193 « Siphoneœ verticillatœ : 1° Les algues à spores vertes placées par Harvey dans la famille des Dasycladées; 2° tous les genres fossiles rapprochés des Larvaria, Cly peina, Polytropa, Acicnlaria, Daclylopora et Uteria. Ce groupe renferme à présent plus de 50 genres, que l’on rencontre pour la plupart dans les couches triasiques, jurassiques, crétacées et tertiaires. Dans le nombre des espèces actuel¬ lement vivantes, il y a une notable différence car il n’existe plus que les sept genres suivants : Pasycladus, Holicoryne, Cymopolia, (avec les deux sous-genres Polytropa et Decaisnella (1) g. n.), Polyphysa, Acetabularia, Neomens et Borne- tella (2) g. n. » 11 reste probablement encore à décrire quelques genres de formes récentes. Ainsi les Chloroclados ,de Sonder, paraissent former un genre bien distinct allié aux Pasycladus. « La fronde dans les Siphoneœ verticillatœ est simple ou dichotome; elle consiste en un axe central, tubulaire, unicellulaire, autour duquel sont disposés les ra¬ meaux radiés et vertici llés,dont l’arrangement particulier varie suivant les genres et les espèces. Dans la plupart des espèces on trouve le carbonate de chaux disposé en abondance sur les parois externes de l’axe central et de ses rameaux, et il forme autour de la plante une enveloppe calcaire qui reproduit tous les détails de son organisation. Ce revêtement minéral peut consister en un ou deux cylindres calcaires. Le cylindre interne est formé par l’axe central et le premier rang de cellules qui s’en élève. Le cylindre enterne est produit par les plus ex¬ ternes des verticill es de cellules; celles-ci se terminent par un élargissement évasé en dehors dont les bords latéraux, assujettis par l’élargissement semblable des cellules voisines, produisent une pression réciproque d’où résulte une surface marquée d’un dessin hexagonal très régulier. Les organes de la fructification sont eux-mêmes enveloppés de matière calcaire et contribuent à la formation du cylindre extérieur, ce qu’il est facile de voir dans une coupe quelconque de Cymopolia (PI, IX, fig. 1). « 11 résulte d’une telle organisation que quand la matière organique végétale vient à être détruite, il persiste encore, dans les espèces fossiles que recouvre un abondant dépôt de nature calcaire, aussi bien que dans les espèces vivantes, — lesquelles en possèdent plus ou moins — un squelette perforé de canaux (les rayons des rameaux) et de chambres (fructications). Cette disposition qui permet une classification exacte des espèces fossiles, mal interprétée, a amené des auteurs, même les plus distingués, à voir dans ces fragments de plante l’organisa¬ tion complète d’un Foraminifère. » L’espace ne nous permet pas de reproduire la table des trente-deux genres et des sept familles dont le détail est donné dans les Comptes Rendus , mais tous les botanistes attendront avec intérêt les nouvelles communications que l’auteur pro¬ met de faire dans l’avenir sur ce sujet. 11 est bon d’ajouter que ses conclusions ont été dans tous leurs détails approuvées par une autorité éminemment capable de juger dans tous ces faits, le Dr E. Bornet, et après cela, il est presque superflu de dire que j’ai fait, moi-même, avec grand soin l’étude de spécimens préparés par M. Munier-Chalmas — à qui je saisis cette occasion d’adresser mes remercie¬ ments — et que pour moi ses démonstrations ne peuvent faire l’objet d’un doute. Ed. Perceval-Wright. (1) Type Daclylopora eruca, Parker. (2) Type Neomeris nitida, Harvey M S. 194 JOURNAL DU MICROGRAPHIE. NOUVEAU MICROSCOPE DE LABORATOIRE DU Dl J. Pelletan. Nous soutenons depuis deux ans dans ce journal, et antérieurement déjà dans notre livre Le Microscope , son emploi et son application , des idées un peu particu¬ lières sur la construction du microscope, idées qui s’écartent en certains points des principes généraux mis ordinairement en œuvre par les constructeurs fran¬ çais pour se rapprocher d’une manière plus spéciale des' principes anglais et surtout américains. Nous avons pensé qu’il était temps d’appliquer ces idées d’une manière pratique, jugeant d’ailleurs que c’est le meilleur moyen d’en prouver la valeur. Aussi, nous avons fait construire, avec tous les soins imaginables, un modèle de microscope que nous considérons comme nouveau pour la France, et auquel nous nous sommes décidé à donner notre nom. Cet instrument que l’on pourra se procurer au bureau du Journal de Micro¬ graphie, est de taille moyenne et plutôt petite que grande. Sa hauteur, dans la position verticale et prêt à l’emploi, objectif monté, est de 30 centimètres. Il est porté par deux colonnes reposant sur un pied triangulaire, afin qu’il puisse trou¬ ver une base stable sur n’importe quelle surface. Chacun des pieds de ce triangle porte, en dessous, une petite rondelle de caoutchouc pour lui donner de l’adhé¬ rence avec la table de travail. Le corps est à inclinaison depuis la verticale jusqu’à l’horizontale et formé par une forte barre de bronze dans laquelle est logé le mouvement lent qui agit sur le tube entier de manière que la longueur de ce dernier reste invariable pen¬ dant le cours d’une observation. Ce tube a 20 centimètres de longueur comme celui des microscopes français, mais il est muni d’un tirage qui peu l’allonger à 25 centimètres, hauteur ordinaire du tube des microscopes anglo-américains, afin qu’employé avec les objectifs anglais ou américains il fournisse les grossis¬ sements indiqués par les constructeurs d’outre-mer. Il peut d’ailleurs être mis en mouvement par une crémaillère, ou bien glisser dans un coulant disposé suivant un système particulier qui garantit mieux le centrage que dans la plupart dos inslruments français. La platine est circulaire, très mince, et ne tourne pas avec le corps de l’in¬ strument. Mais elle est composée de deux plaques superposées dont la supérieure, moletée et au besoin divisée sur ses bords, tourne dans son pian, autour de son centre, comme dans les microscopes de moyen modèle d’Angleterre ou d’Amé¬ rique. Elle porte un arrêt fixe et deux pinces à ressort pour maintenir la prépa¬ ration d’une manière invariable. Cette disposition permet donc d’orienter l’objet sous l’objectif dans toutes les directions voulues, avec possibilité de retrouver toujours exactement une position donnée. Le miroir plan d’un côté, concave de l’autre, est porté sur une tige solide qui peut exécuter un cercle entier autour de son point de suspension. Ce point, centre du mouvement décrit par le miroir, so trouve à imm5 au-dessus du plan supé¬ rieur de la platine, c’est-à-dire sur le même plan que l’objet supposé placé sur un porte-objet d’épaisseur ordinaire. L’ouverture percée dans le plateau est large, taillée en biseau, par dessous, sur ses bords, qui sont amincis à environ l’épais¬ seur d’un demi-millimètre, ce qui permet de diriger sur l’objet un rayon d’une obliquité extrême. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 195 En avant de la tige qui porte le miroir, pouvant suivre tous les mouvements de celle-ci, est une autre pièce soutenant une douille cylindrique, ou sous-platine, qui peut se rapprocher ou s’éloigner de la platine en glissant dans une coulisse où on peut la fixer à la hauteur voulue par un bouton à ressort de pression. Dans cette sous-platine on peut placer divers appareils d’éclairage, d’abord une cap¬ sule que l’on coiffe de diaphragmes d’ouvertures différentes, diaphragmes qui peuvent s’élever jusqu’au contact du porte-objet; ensuitedes condensateurs divers, deBeck, Powell et Lealand,5 Swift, Webster et meme le condensateur Abbé, en re¬ tirant le miroir du microscope, miroir qui est mobile. Aux condensateurs propre¬ ment dits, on peut substituer les reflex illuminai ors, les paraboloïdes de Wenham ou du D1' Edmund, les prismes divers à éclairage oblique, tels que le prisme de Woodward, les appareils de polarisation, — enfin, tous les instruments modifi¬ cateurs de l’éclairage. Pour faciliter, d’ailleurs, tontes ces adaptations, nous avons donné à la sous-platine le diamètre qu’elle présente ordinairement dans les microscopes des meilleurs opticiens de Londres, ce qui permet d’employer immédiatement et sans pièce de raccord tous les instruments acquis à l’étranger. Tel est le microscope en lui-même; il pourra en être construit plusieurs modèles sur le même type, différant par la taille, la présence ou l’absence de la crémaillère et de quelques petits organes accessoires ; mais pour le moment, tel est le modèle que nous offrons. Le plan sur lequel il est construit est, comme on le voit, très-simple, le mécanisme est dénué de toute cette compli¬ cation qu’on reproche souvent aux instruments de type anglais, le nombre des pièces qui le composent est aussi réduit que possible; sa solidité est extrême, il est stable sans être lourd, son exécution matérielle est parfaite, et par ses dispo¬ sitions particulières il se prête à toutes les adaptations que l’on voudra. C’est en un mot, à ce que nous pensons, le type d’un boninstrumentde laboratoire pouvant servir aussi bien aux recherches de micrographie délicate, comme la résolution des tests difficiles avec les grands objectifs de haut pouvoir, qu’aux travaux courants de l’histoire naturelle ou de l’anatomie. Ajoutons enfin que son prix est des plus modérés. Quant à la partie optique nous n’avons pas besoin de dire que nous y avons apporté tous nos soins ; nous ne sommes pas encore autorisé à désigner la maison qui s’est chargée de construire, d’après nos instructions, la série d’objectifs que nous pourrons fournir avec le microscope. Nous dirons seulement que nous nous sommes adressé à l’un des plus célèbres opticiens de l’Europe; notre série ne comprend encore que six objectifs tous de la plus grande ouverture possible, les deux derniers sur une nouvelle formule à quatre lentilles; savoir : 1 pouce m 2 lentilles, ouv. O O CM 1/2 » 3 » » 52° 1/4 » » ■*> » 110° 1/6 » » n » 150° 1/8 » 4 » » 170° 1/12 » à immersion , correction, 4 » » 180° Cette série pourra être prolongée plus tard. Aujourd’hui elle est accompagnée de trois oculaires portant les nos T, 2, 3 et qui correspondent aux n08 2, 3 et 4 de Nachet, ou 3, 4 et 5 de Hartnack, ou B, C, D, des Anglais. Ajoutons que nous avons fait construire différents condensateurs, des appareils de polarisation (pour lesquels nous n’employons que les prismes dePrazmowski, qui donnent un champ plus large et une intensité lumineuse beaucoup plus grande), des chambres claires de différents systèmes, etc. Tous ces appareils 496 JOURNAL DE MICROGRAPHIE dont nous donnerons plus tard la nomenclature sont des instruments de précision. Pour donner une idée des prix de ces instruments, nous terminerons par les indications suivantes : Le stand avec 2 oculaires, 3 objectifs (1 p., 1/2 p., 1/6 p.), sous platine avec diaphragmes mobiles. Boîte fermant à clef, [accessoires, etc . 350 fr. Le même modèle avec les objectifs 1 p., 1/4 p., 1/8 p., dont le dernier à 4 len¬ tilles . ‘ . . 400 fr. Le même modèle avec 3 oculaires et les 4 objectifs, 1 p., 1/2 p., 1/4 p., 1/8 p . :...... 450 fr. Le même modèle avec 3 oculaires et les 5 objectifs, 1 p., 1/2 p., 1/4 p., 1/6 et 1/8 p . 500 fr. Le même modèle avec la série entière des objectifs dont le dernier (1/12) à immersion et correction . 550 fr. Pour plus amples renseignements, on peut s’adresser dès à présent au bureau du Journal de Micrographie ; les commandes seront exécutées dans les plus courts délais. Dr J. Pelletan. SOCIÉTÉ ROYALE MICROSCOPIQUE DE LONDRES . Séance du 9 avril 1879. — M. le Dr L. Beale, président de la Société, occupe le fauteuil. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté par la Société et signé par le président. Lecture est faite des donations adressées à la Société. M. Fr. Crisp, secrétaire, présente le rapport du bureau sur la disposition qui a été attribuée aux sommes accumulées du « Quekett fund ». Le bureau a décidé qu'il proposerait au «meeting» général d’appliquer les sommes excédant 100 livres sterling à l’achat d’ouvrages intéressants pour les micrographes. Le fond Quekett monte à 180 livres, il y a, par conséquent, 80 livres disponibles. Le bureau annonce avoir acheté les ouvrages suivants : Radiolaria , par E. Hæckel ; Etudes philologiques, par E. Thuret; Mikrogéologie, par Ehrenberg: Ces ouvrages sont déposés sub la table. Il est entendu que tous les ouvrages achetés avec les sommes provenant du « Quekett fund » porteront une ins¬ cription spéciale pour les distinguer. Lecture est faite de la liste des membres élus ex-officio conformément au nou¬ veau règlement et des membres honoraires dont la nomination est approuvée par le bureau. Les membres nouveaux sont : MM. Le Rév. J. Berkeley, G. -R Waterhouse, pour l’Angleterre ; W. Archer, F. R, S., pour l’Irlande (Dublin) ; L. Pasteur, L. Ranvier, pour la France ; E. Van Beneden, pour la Belgique ; M. J. Schleiden, pour la Russie; D1’ J. Leidy, pour les Etat-Unis d’Amérique ; A. von Grünow, pour l’Autriche ; C. INâgeli, T. Ritter von Stein, A. de Bary, F. Cohn, A. von KÔlliker, pour l’Allemagne; S. Schwendener, pour la Suisse. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 497 M. Wenham lit une note en réponse à la critique faite par M. le prof. Keith, de Washington, des procédés adoptés par lui pour mesurer l’ouverture angu¬ laire des objectifs. M. Wenham affirme que les moyens généralement connus donnent comme résultat un chiffre qui comprend non seulement l’ouverture an¬ gulaire proprement dite, mais encore une grande étendue de rayons qu’il désigne sous le nom de « rayons faux » et que c’est seulement en comptant ces rayons faux qu’on a pu dépasser la limite de 82°, angle mesuré dans un milieu de verre (crown glass). Le professeur Keith a démontré que ces «rayons faux» n’exis¬ tent pas réellement et a prouvé que les procédés critiqués par M. Wenham don¬ nent des résultats d’une exactitude complètement suffisante dans la pratique. C’est con're cette assertion de M. Keith, que M. Wenham s’élève actuellement et affirme avoir démontré l’exactitude de ces propres propositions. M. Fr. Crisp annonce que le bureau a clos la discussion sur l’ouverture angulaire. M. le Dr Hudson lit une note dans laquelle il relève une erreur de M. Julien Deby quant à l’identité du Pedalion (Hudson) et de l 'Hexarthra (Schmarda). On expose les dessins originaux et les calculs faits par le prof. Keith, pour démontrer l’ouverture angulaire du 1/6 à immersion de Toiles, de Boston, et une note rédigée par le professeur explique une nouvelle planche qu’il a préparée et où il a établi graphiquement la marche d’un rayon dans le système pour aider à l’étude du calcul qui a été publié dans le journal de la Société. (Voir 1er vol. 1878, p. 142.) Lecture est faite de la description du « Traverse lens » de Toiles, et l’appareil est exposé. M. Fr. Crisp en donne l’explication au tableau noir. M. le prof. R. Hitchcock, rédacteur en chef de V American Quarterly Microsco- pical Journal , adresse une lettre dans laquelle il conseille l’adoption du micro¬ mètre étalon du prof. Rogers. M. Crisp propose à la société de recommander l’adoption générale du micro-millimètre comme étalon. M. Stephenson, trésorier, pense qu’il y a lieu de surseoir à une résolution, attendu que la Société n’est pas appelée à prendre en ce moment une décision à ce sujet. A cette occasion, il cri¬ tique l’étalon approuvé au Congrès d’Indianapolis, le centième de millimètre. MM. Michael et Curties prennent part à la discussion. Le prof. Abbé écrit à la Société qu’après essai il a trouvé que la dissolution de chlorure de zinc proposée par lui pour remplacer l’huile de cèdre ne peut servir à cet usage parcequ.’elle laisse déposer des cristaux. M. Fr. Crisp signale un nouvel objectif à 1/8 de pouce à immersion dans l’huile, de Powell et Lealand. L’instrument est exposé et montre admirablement le Pleu- rosigma Angulatum. M. Stephenson exhibe le « vertical illuminator » et démontre son emploi pour faire voir les perles hémisphériques du Surirella Gemma , ainsi que pour prouver l’existence d’une zone de rayons au delà de la limite des objectifs à sec (82° dans un milieu de' verre) (1). (1) Le « Vertical illuminator » dont il est ici question, est un instrument peu connu en France, aussi croyons-nous utile de donner à son sujet quelques expli¬ cations. L invention de cet appareil d éclairage nous parait être attribuée en Angletcterre au profes¬ sent améi icain Smith, mais nous avons quelques raisons de croire qu’elle est d’origine fran¬ çaise et nous serions disposé à 1 attribuer à M. Jaubert de qui nous exposerons un jour les tt avaux et les inventions dont plusieurs sont, chose assez singulière, patentées depuis plus 498 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les objets exposés sont les suivants : Poteriodendron peliolatum , infusoire flagellé trouvé dans Zoological Gardens, remarquable par sa transparence, par M. Dreyfus; de vingt ans en Angleterre. Quoi qu’il en soit, le Vertical illurninator a été construit et mo¬ difié plusieurs fois par MM. Smith et Beck, Powell et Lealand et autres o ticiens. C’est surtout, à ce que nous croyons, le nom de M. Beck qui lui est le plus souvent attaché. L’appareil le plus employé en Angleterre réalise la disposition suivante : Une ouverture cir¬ culaire est pratiquée dans la monture de l’objectif immédiatement au dessus de la lentille postérieure ou dans une douille supplémentaire que l’on visse à cet endroit. Dans cette ouver¬ ture est placée une lamelle de ver re mince inclinée à -45° sur l’axe du microscope. L’objectif étant d’abord ajusté sur un objet avec l’éclairage ordinaire, on dispose la lampe de manière à diriger, à l’aide d’un condensateur demi-boule, un fort pinceau de rayons par 1 ouverture, perpendiculairement à l’axe du microscope Ce pinceau frappe alors la lamelle à 45° et se réfléchit à sa surface suivant un angle égal, c’est-à-dire dans ia direction même de l’axe, puis traversant les lentilles de l’objectif va éclairer l'objet. L’objectif sert ainsi de condensateur et d’appareil de grossissement. L’objet n’est plus vu alors par transparence, relativement opaque sur un champ éclairé, comme dans les circonstances ordinaires, mais éclairé par la lumière qu’il reçoit et qu’il réfléchit lui-même vers l’œil (à travers la lamelle mince qui est un miroir transparent), sur un champ noir. Tel est le cas d’un objectif à sec, objectif dont l’ouverture angulaire ne peut excéder 82", angle mesuré dans le verre (crovvn glass) et qui correspond à 180° dans l’air. Si maintenant nous prenons un objectif à immersion, d’une ouverture supérieure à 82° (angle mesuré dans le verre, par exemple dans Yapertomètre du DrAbbé), ce système d’éclai¬ rage montre la réalité d’une ouverture plus grande que 82°. En effet, tous les rayons que l’objectif, agissant comme condensateur, dirigera vers l’objet sous un angle de plus de4!o ne traverseront pas la lamelle mince couvre-objet, avec laquelle nous supposons l’objet en contact immédiat, mais sous laquelle règne une couche d'air, car 41° est l’angle limite de la réfraction du verre dans l’air; ils seront réfléchis par réflexion totale sur la face inférieure interne du couvre-objet, et reviendront, à travers celui-ci et le liquide de l’immersion, qui a sensiblement le même indice que le verre, vers l’objectif qui les recueillera et les réfractera vers l’oculaire. Ils parviendront ainsi à l’œil à qui ils feront voir une zone éclairée autour du centre du champ qui restera noir parce que là les rayons traversent et ne reviennent pas à l’œil. Et cette zone éclairée sera d’autant plus large que l’ouverture angulaire de l’objectif dépassera les 82° d’angle dans le verre. Cette expérience, dont nous ne pensons pas que M. Stephenson ait eu la première idée, est surtout curieuse quand on met simplement l’objectif au point sur la surface inférieure d’une lamelle mince, à faces parallèles. Tout le cône lumineux, à 82° d’angle au sommet, traverse la lamelle et ne laisse voir que les petits défauts de cette surface qui arrêtent et réfléchissent quelques rayons ; mais les rayons extérieurs à ce cône sont réfléchis totalement vers l’objectif qui les ramène à l’œil et l’on voit, comme nous l’avons dit, un anneau éclairé autour d’un centre noir, anneau d’autant plus large que l’objectif peut ramener de rayons, c’est-à-dire que son ouverture angulaire excède 82° dans le verre, angle correspondant à 18ü° dans l’air. Il est, par parenthèse, assez curieux de savoir comment M. Wenham accueillera cette nouvelle réfutation de la thèse qu’il soutient relativement à la réalité des ouvertures angu¬ laires dépassant celle des objectifs à sec. Sans doute, il se retranchera encore derrière des « rayons faux. » Quant au Vertical illiminator, il permet d’éclairer fortement l’objet soit par des rayons centraux, comme nous venons de le décrire, soit par des rayons obliques ; l’obliquité sera mesurée par l’angle de l’ouverture de l’objectif, et ne pourra dépasser, comme on le com¬ prend, la moitié de cet angle. Ainsi un objectif de Toiles de Ilo° dans le crown permettra ’ une obliquité d’éclairage de 55° pour un objet immergé Par l’éclairage ordinaire, les faces de la préparation étant planes dans l’air, un objet immergé dans le baume ne pourrait recevoir des rayons plus obliques que 41°. Dr J. Pelleta.n. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 499 Section de la tige de YHodgsonia heteroclita , par M. Ward. Surirella Gemma, vu à l’aide du « Vertical illuminator », avec l’objectif 1/18 de p., de Zeiss, à imm. dans l’huile, par M. Stephensen, trésorier. M. Crisp présente : Le microscope compresseur du D1' Hager, — un nouveau condensateur achromatique de Beck; — courbes de vibrations microscopiques (« micro-vibration curves ») de M. W. Teesdale; — le calcul trigonométrique avec diagrammes de la formule du 1/6 à imm. de Toiles, de Boston, pour démontrer l’ouverture angulaire, manuscrits originaux du prof. Keith de Washington. Après la séance ordinaire, la Société se constitue en séance particulière, et il est proposé d’élever le chiffre de la cotisation annuelle («. composition fee ») de 21 L. à 31 L. 10 sh., proposition qui est acceptée. On propose aussi d’établir que les membres ex officia de la Société ne seront pas, à l’avenir, seulement les pré¬ sidents des Sociétés de Micrographie, mais pourront être les présidents ou « chairmen » des sections de Biologie ou de Micrographie des diverses Sociétés savantes, proposition qui est adoptée de même. La prochaine séance aura lieu le 14 mai. Le manque d’espace nous oblige à remettre au prochain numéro la description que nous voulions donner de Y Institut de Micros¬ copie , de M. J.-D. Môller. GRAND OBSERVATOIRE POPULAIRE ÉCOLE PRATIQUE D’ASTRONOMIE CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES POPULAIRES, ETC. Institut du Progrès et de la Vulgarisation scientifique. En vue de fournir aux chercheurs, au public et aux élèves de nos écoles, les moyens de s’initier facilement aux connaissances générales de l’univers, M. Léon Jaubert, qui a consacré quinze années de sa vie à perfectionner les instruments d’optique, s’était mis en instance, il y a déjà plusieurs mois, pour obtenir un em¬ placement au Trocadéro, afin d’y installer : 1° L’Observatoire populaire du progrès et de la vulgarisation scientifique, qu’il munira de nombreux et puissants instruments ; 2° Un vaste laboratoire d’études et de recherches micrographiques, qu’il garnira également de nombreux microscopes ; 3° Des salles de conférences scientifiques populaires où, à l’aide de toutes les ressources dont la science dispose aujourd’hui, on fera passer sous les yeux des auditeurs et des élèves de nos écoles, en promenade à l’Observatoire,, toutes les merveilles de l’univers et celles que le génie humain a successivement réalisées dans le cours des âges, ainsi que les nouvelles découvertes, à mesure qu’elles se produiront ; 4° Un laboratoire pour les recherches qui ont trait à la physique générale de l’univers ou qui sont d’un intérêt public immédiat ; 5° Un atelier-école où l’on exécutera les surfaces optiques de grande dimen¬ sion ; 200 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 6° Un laboratoire de photographie astronomique et microscopique pour les besoins de l’établissement, etc., etc. M. L. Jaubert vient d’obtenir une autorisation provisoire, en attendant l’autori¬ sation définitive, d’installer au Trocadéro, à mesure qu’ils seront terminés, les nombreux instruments astronomiques qu’il a mis en construction pour l’Observa¬ toire populaire. L 'Institut du Progrès et de la Vulgarisation scientifique est en voie de formation. Bientôt on publiera les noms des savants, des sénateurs, des députés, des con¬ seillers municipaux, etc., qui forment le Comité d’organisation. Cet Institut est appelé à grouper dans son sein tous les penseurs, toutes les intelligences, tous les travailleurs dont le pays s’honore, tous ceux qui veulent que l’humanité s’élève, que les sciences progressent et qu’elles descendent dans les masses populaires. Cet Institut est destiné à seconder M. Jaubert, pour qu’il puisse activer encore davantage la construction de toute la série des petits, des moyens et des grands instruments qu’il a inventés- ou perfectionnés, et dont il veut doter l’Observatoire populaire ; à l’aider à faire de cet établissement, unique dans son genre, non- seulement une grande École pratique d'astronomie ouverte à tous, ayant un ensei¬ gnement tout spécialement organisé pour nos diverses écoles, supérieures, secondaires et municipales, mais encore pour en faire le centre de recherches et de vulgarisation scientifique le plus actif et le plus puissant du monde entier, Cet Institut de^ra, en outre, imprimer à toutes les sciences en général, à tout ce qui fait le noble et universel objet de la pensée humaine, un suprême et irrésis¬ tible élan de progrès, de telle sorte qu’il puisse mériter d’être toujours considéré comme la manifestation la plus élevée, la plus parfaite, la plus vivante de I’ame initiatrice, laborieuse et bienfaisante de la France. Les personnes qui désireraient en faire partie; Les savants, les astronomes, \e s professeurs, les conférenciers qui voudraient prê¬ ter un concours effectif pour l’Observatoire populaire ou pour les conférences scientifiques ; Les personnes fortunées qui voudraient, par des souscriptions, rendre plus rapide la fondation de cet établissement d'intérêt public et national, tous sont priés de s'adresser au siège provisoire, chezM. L. Jaubert, 76, rue du Chemin-Vert. CORRESPONDANCE Monsieur le rédacteur, » Je m’étais à peu près engagé à donner à vos lecteurs des renseignements complets sur l’élection de l’ex-président de la Société Royale Microscopique de Londres,, mais je trouve dans votre numéro de mars une lettre de « Silenus » qui me dispense d’entrer dans de nouveaux détails sur ce sujet. L’histoire que rapporte votre correspondant, qui paraît aussi bizarre d’humeur que « ventripo¬ tent » de complexion, est tellement semblable à celle que j’avais à raconter, que je n’ai, pour ainsi dire, rien à ajouter: — Et à lire cette autobiographie, on peut se dire que l’analogie va encore plus loin qu’il ne semble, car un président qui donne prudemment sa démission pour ne pas la recevoir, eût dû prendre aussi les devants en racontant son histoire lui-même afin qu’un autre ne la racontât pas. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 201 Peut-être bien « Silenus » eut- il pu expliquer comment un président nommé dans ces conditions a pu donner sa démission deux mois après son élection ; — comment cette démission a pu être annulée, comment... beaucoup d’autres choses encore... Mais peut-être Silenus n’en sait-il rien et après tout, peu nous importe maintenant. Quant au peu de cas qu’il fait des « junior secretaries» c’est sans doute qu’il a eu affaire à des hommes d’une patience rare, d’aucuns disent exagérée, et qui, comme il le raconte lui-même, ne répondent ni ne s’émeuvent. Car c’est d’une telle patience qu’il faut être doué quand on entend un président, parlant de vous, dire en quittant son siège : « I leave you to reelect this person if you choose. » — Vous pouvez renommer cet homme-là, si bon vous semble. 11 faut, dis-je, être doué d’une robuste patience et d’un calme méritoire pour ne pas saluer ledit président de quelques conseils et de quelques coups de pied. Les uns dans son intérêt, les autres dans. . les reins. Il y a un livre intitulé : du rôle des coups de bâton dans les relations sociales. — Ce rôle est plus important qu’on ne croit, car les coups de canne sont les seuls arguments qui touchent certaines gens. Veuillez agréer, etc. F. 0. Lynx,M. D. X. Y. Z. ERRATA N° 3. — Mars 1879. Dans l’article : Noies sur des Diatomées de Santa-Moniea , par M. Ch. Stodder : Page 137, ligne 20, au lieu de : Cephyria gigantea, lisez Gephyria gigantea. Page 138, ligne 8, au lieu de : chaque specimen a le caractère de VAsterolam- pra , lisez : de l’ Aster omphalus . Page 138, ligne 17, au lieu de M. R.-C, Green , lisez : M. R.-C. Greenleaf. Depuis l’impression de cet article, M. Ch. Stodder a reconnu que le Triceratium tumidum , Grev. (page 137, ligne 31) et le Tr. trisulcum , de Bailey. La forme de Greville n’est qu’une légère variation de celle de Bailey. SOUSCRIPTION AU CATALOGUE DES DIATOMÉES de Fr. H A B I R S H A W Édition française, revue et augmentée, sur un nouveau manuscrit de l’auteur et publiée par le I)r J. Pelletan Un fort volume in-8°. — (Pour paraître prochainement.) Prix actuel de la souscription . . 10 fr. Le prix du port du volume est compté en plus : Pour la France . 1 fr. Pour l’Union postale . 1 » 50 Pour l’Amérique . . 2 » 50 Adresser mandats de poste ou chèques au Dr J. Pelletan, 54, Boulevard des Batignolles, Paris. 202 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix d^s catalogues , tous les objets dont ils pourront avoir besoin ! Tous les microscopes, français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. Tous les instruments dits accessoires, condensateurs de tous les- systèmes, ap¬ pareils de polarisation, paraboloïdes, micromètres, etc. Les lames porte-objet, en verre et en glace, de diverses qualités. Les lamelles minces, carrées, rectangulaires, rondes, ovales. Les lamelles percées ou cellules en verre (de 13 à 25 fr. le 100). Les instruments nécessaires pour faire les préparations. Presses, réchauds, lampes, pinces, pinceaux, tubes, etc. Microtomes divers, rasoirs. Transporteur Monnier. Les instruments de dissection : aiguilles, scalpels, ciseaux, pinces, cro¬ chets, etc. Les préparations microscopiques concernant toutes les branches de la micros- opie. Les tests de Môller et de Nobert. Les préparations de E. Wheeler, Bourgogne, Môller, Bœcker, etc. Les ouvrages relatifs au microscope ou à ses applications. Des matériaux, objets d’études, et même des spécimens vivants. Des réactifs tout préparés d’après les formules les plus autorisées, tels que : Carmin amoniacal, carmin neutre, carmin de Beale, carmin oxalique, etc Acide picrique, solution saturée. Picro-carminate d’ammoniaque, de Ranvier, à 1 p. 100. Bleu d’aniline, violets d’aniline divers. Fuchsine (rouge d’aniline), sulfate et acétate de rosaniline. Hématoxyline, solution alcoolique alunée, de Bœhmcr. Bleu de quinoléine. Indigo, indigo sulfate. Éosine, solution aqueuse, solution dans l’alcool au tiers. Purpurine et matières colorantes diverses. Bleu de Prusse, bleu solube. Sérum iodé, eau iodée, chlorure de zinc iodé. Chlorure de calcium à 20 p. 100. Potasse caustique à 40 p. 100. Nitrate d’argent à 1 p. 300. Chlorure d’or à 1 p. 200, chlorure d’or et de potassium. Nitrate d’urane, chlorure de palladium, etc. Acide chromique, bichromate de potasse, d’ammoniaque. Acide osmique. Acides acétique, chlorydrique, nitrique, formique, tartrique, oxalique. Liquide de Müller, liquide de Pacini, etc. Solution picro-anilique de Tafani. Alcool absolu, alcool au tiers, alcool méthylique. Essence de girofles, de térébenthine, résine Dammar. Baume du Canada, bitume de Judée, vernis, etc. Glycérine, éther, sulfure de carbone, chloroforme. Deane’s medium, etc. S'adresser au Dx Pelletan , rédacteur en chef du Journal de Micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris. Bruxelles, —lmp. et lith. PARENT et Cie. Le gérant : E. PROUT. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 203 BOSTON OPTÏCAL WOBKS 431, Devonshire Street, BOSTON (États-Unis d’Amérique.) CH. S T O DDE R Seul agent pour les Microscopes et Télescopes de R.-B. TOLLES. MICROSCOPES DE TOLLES OBJECTIFS DE TOLLES TELESCOPES DE TOLLES Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions aux Séries des Diatomées (provenant principalement de la collection de feu le Dr de Brébisson) par le professeur H.-L. SMITH. Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation. Mr Cti. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR DE MICROSCOPES Médaille d’Ârgent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. ELIXIR ALIMENTAIRE DE DUGRO [i VIANDE CRUE ET ALCOOL J Phthisie, Anémie, Convalescence. I Gros : Paris, 20, place des Vosges. — Détail : Toutes les Pharmacies. PRODUITS PHARMACEUTIQUES de O b£ PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. 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Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilité, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN. FERRUGINEUX DE CATILLQN offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolérer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’Iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : © gr. s© de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse. Il est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’etre tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE a l> GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges, \, Paris. — Bétail dans tontes les Pharmacies. V— Mai 1879. Troisième année. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: Revue, par le Dr J. Pelletan. — De l’utilité de l’étude des Cryptogames, par leDrL. Mar¬ chand. — La fécondation chez les verlébrés {suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — La trichine au Etats-Unis par M. Atwood et Dr Belfield. — La question des huiles pour l’immersion devant la Société Micrographique de Londres, par le Dr J. Pelletan. — Instructions pour la récolte des Foraminifères, par M. E. Vanden Broeck. — Sur une méthode de conservation des Infusoires, par M. A. Certes. — La tribu des Nucléés, par le Dr L Quélet. — Une belle Diatomée, par M. W.-W. Riner. — Société R. microscopique de Londres par le Dr F.-O. Lynx. — Laboratoire et Institut de microscopie du Journal de Micrographie. REVUE Nous lisons dans le XIXe Siècle l’entrefilet suivant : Une réunion importante d’étudiants en pharmacie a eu lieu hier dans la salle des Écoles de la rue d’Arras. Il s’agissait d’une question d’enseigne¬ ment. Depuis deux ans, un cours de botanique cryptogamique est professé à l’école par M. Léon Marchand, agrégé. Ce cours, le premier et le seul qui existe en France, a obtenu le plus grand succès, grâce au professeur et au zèle des élèves. La crainte de le voir supprimer a inspiré à ces derniers l’idée de se réunir pour demander par voie de pétition au ministre la créa¬ tion de la chaire, avec M. Marchand comme titulaire. Les élèves de l’école de pharmacie, en affirmant ainsi le grand intérêt qu’ils portent à cet enseignement nouveau qu’ils ont contribué à fonder par leur assiduité, ont voulu encore témoigner à leur professeur, menacé, leur profonde sympathie. Ils savent, en effet, queM. Marchand arrive au terme de son agrégation, et qu’après quinze années de services universitaires et dix années d’exer- 206 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cice, il est à la veillle de quitter l’école, et ils n’ont pas oublié, eux, que M Marchand sollicité par les universités catholiques, a refusé la chaire de botanique qui lui était offerte et les gros appointements qui y étaient attachés, pour rester fidèle à lTJniversité de l’État. Nous félicitons les élèves et faisons des vœux pour que leur pétition soit favorablement accueillie. Nous nous associons de tout cœur aux vœux que forme notre confrère du XIXe Siècle en faveur de la pétition des étudiants et de la nomination définitive du Dr L. Marchand au titre de profes¬ seur titulaire d’une chaire qu’il occupe depuis deux ans, et qu’il occupe de telle façon que ses élèves ne veulent plus se séparer de lui, ce qui est, il nous semble, le meilleur éloge qu’ils puissent faire de lui. Outre qu’il le mérite par les services qu’il rend depuis quinze ans à l’école, par les droits qu’il a acquis, et l’on pourrait dire conquis dans cette chaire même, en dépit d’obstacles de toute nature dont il s’est trouvé entouré, M. Léon Marchand nous paraît aujourd’hui être le seul qui puisse entreprendre cet ensei¬ gnement si difficile de la botanique cryptogamique. Sans doute, il y a en France des cryptogamistes aussi savants que le Dr Mar¬ chand, mais peu seraient en état de présenter, comme lui, dès maintenant, un exposé complet et pondéré de cette branche si touffue de la science botanique, tout en lui conservant un certain caractère de spécialisation, ainsi qu’il convient dans un cours fait à l’école de pharmacie. Aussi nous ne doutons pas que le ministre ne s’empresse de saisir cette occasion, moins commune qu’on ne le croit, de récom¬ penser les services rendus et de reconnaître les droits acquis tout en rendant justice au mérite et en donnant satisfaction au vœu général; il se souviendra certainement, d’ailleurs, que le meilleur professeur est celui que les élèves aiment le mieux. * * * Depuis la publication de notre dernier numéro, la Société royale de Londres a donné, à Burlington-House, sa soirée annuelle pré¬ sidée par M. W. Spottiswood. On n’a en France qu’une faible idée de ces magnifiques solennités scientifiques dans laquelle les ins¬ truments les plus divers sont exposés, les phénomènes les plus curieux de la physique et de la chimie sont démontrés devant une fouie attentive appartenant aux rangs les plus élevés de la société anglaise. Ici, c’était le télégraphe écrivant, la machine reprodui¬ sant les sons de la parole, un sémaphore pour signaler les incen¬ dies, des signaux-arrêts pour les chemins de fer, les téléphones, les phonographes, les phonautographes, des appareils pour mon- JOURNAL DE MICROGRAPHIE m trer les phénomènes de la phosphorescence des sulfures, du dia¬ mants, du rubis ; puis des tableaux, des dessins, des photogra¬ phies, des instruments de physique, des spectroscopes divers, dont le spectroscope à diffraction de M. Browning, dans lequel le spec¬ tre est produit par un réseau de plus de 17,000 lignes au pouce; enfin, des microscopes, notamment ceux de MM. Powell et Lea- land, et des objectifs, un 1/18 de pouce à immersion dans l’huile de cèdre, de Zeiss, et un 1/8 de Powell et Lealand pareillement à immersion dans l’huile. Avec ces objectifs, montés sur le nou¬ veau stand « Ross-Zentmayer » et avec un éclairage à immersion inventé par M. May ail, ce dernier a montré aux curieux les stries de YAmphipleura pellucida dans le baume et du Frustulia saxonica à sec. Au nombre des assistants étaient les ministres des Etats-Unis, de Suisse, du Brésil, les ambassadeurs d’Autriche et de la Chine, le comte de Selkerk, M. Gladstone, le comte de Rosse, le comte Granville, lord Rayleigh, sir J. Hooker, le Dl Tyndall, sir J. Whit- worth, le lord Justice Baggalay, le bibliothécaire principal du Bri - tish Muséum, etc. * * * Les journaux étrangers nous fournissent une ample récolte de travaux intéressants dont plusieurs seront reproduits dans nos colonnes. C’est ainsi que dans le journal anglais : « Nature , » nous trouvons la description du microscope minéralogique de M. Rutley, construit par M. Watson, de Londres, description que nous publierons incessamment. Dans le Science Gossip de mai, nous récoltons deux articles d’entomologie microscopique dont nous donnerons prochainement la traduction, l’un de M. H.-M.-J. Underhill, a rapport aux modes mêmes de préparation des insectes pour l’examen microscopique, et l’autre, très-intéressant, a trait à la préparation du cerveau des insectes, d’après des coupes minces; il est dû à M. E.-T. Newton, et a été lu récemment devant le Quekett-Club, à Londres. * * * L’ American Quart erly Micro scopical Journal d’avril nous donne la fin du travail de M. S. -H. Gage, sur Yampoule de Vater et les canaux pancréatiques chez le chat; — ■ une étude histologique sur la méningite tuberculeuse, par le prof. I.-N. Danforth; — des notes de M. Wenham, sur le paraboloïde comme appareil d'éclairage, de M. M.-W. Harrington, sur la structure de YOphioglossum; — des remarques sur l'ouverture angulaire et la description d'un aperto- mètre universel, par le prof. H.-L. Smith, dont nous donnerons la traduction dans notre prochain numéro, ainsi que celle du travail 208 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de M. Fr. Wolle, sur le caractère douteux de quelques algues d'eau douce. — Le même fascicule contient encore un très-important mémoire du Prof. W.-A. Rogers, de l’observatoire de Harvard College, sur deux formes de comparateurs pour les mesures de lon¬ gueur ; la suite du travail du Dr Cari Seiler, sur la préparation et le montage des tissus animaux , puis une série de notes, comptes- rendus des sociétés de micrographie, sommaires de jour¬ naux, etc. L 'American Journal of Microscopy contient dans ses numéros de mars et d’avril, une adresse annuelle de M. H.-C. Hyde, président de la Société microscopique de San Francisco, qui donne un rapide exposé de la micrographie américaine, comme livres, tra¬ vaux, instruments, progrès, etc. ; — un article du Dr W.-T. Bel- field, intitulé: Les globulès sanguins des Mammifères ont-ils un noyau ? — travail dans lequel le savant physiologiste de Rush Medical College conclut malgré Bœttcher à l’absence du noyau ; — — une note du prof. Sharples sur les falsifications des matières alimentaires ; — les mémoires de M. J. Mayall sur les éclairages à immersion et de M. Fr. Crisp, sur l'état de la microscopie en Angleterre , articles qui ont paru dans le Journal de la Société Microscopique de Londres; puis plusieurs articles pris dans les journaux anglais, par exemple, celui que M. John Hunter a lu au Quekett-Club , sur l'Abeille mère ou reine et qui donne un bon exposé de nos connaissances anatomiques et physiologiques sur les organes de l’abeille femelle, sa ponte et la fécondation de ses œufs, telles, d’ailleurs, quelles sont établies depuis Dzierzon. L 'American Naturalist (mai) nous apporte une intéressante étude de M. J. -A Ryder sur Y action destructive de l'Eponge perfo¬ rante, qui est une espèce du genre Ciiona, avec des observations sur ses gemmules ou œufs j des notes sur quelques poissons des côtes de Californie , par M. W.-N. Lockington ; sur le mâle de V anguille, par MM. A. -S. Packard et J. -S. Kingsley; sur l'organe de stridu¬ lation du criquet (Gryllus), par M. N. -B. Tierce; sur le Lecanium tulipiferœ, coccide parasite du tulipier, par M. A.-J. Cook. Dans la partie micro graphique, nous trouvons un article sur l'Etalon micrométrique et les conditions matérielles qu’il doit remplir, article dû à notre confrère le docteur R. -H. Ward, de Troy, N. -Y. Le même docteur R.-H. Ward nous écrit pour nous informer de l’état actuel des choses en Amérique relativement à l’étalon micrométrique. Le Comité National est à l’œuvre et s’occupe de la correspondance reçue de la part des diverses sociétés. Quant à la question de savoir si l’on sollicitera la coopération étrangère, rien n’a encore été décidé à ce sujet. Il est probable cependant JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 209 qu'il en sera ainsi, à moins que cela ne produise des difficultés matérielles insurmontables. Le Comité National de Micrométrie est composé ainsi qu'il suit : Dr F. -A. -P. Barnard, président de Columbia College, de New- York, président; Prof. R. -H. Ward, de Troy (N. -Y.), secrétaire; G.-E. Fell, de Buffalo (N.-Y.); Dr Henry Jameson, d’Indianapolis (Ind . ) ; Prof. S. -A. Lattimore, de Rochester (N.-Y.); Prof. Ed.-W. Morley, de Hudson (Ohio); D1 J. -G. Richardson, de Philadelphie (Penn.); Prof. H.-L. Smith, de Geneva (N.-Y.); Prof. S. -P. Sharples, de Boston (Mass.); Prof. Alb. H. Tuttle, de Columbus (Ohio); D1 J.- J. Woodward, de Washington (D. C.); Dr Lester Curtis, de Chicago (111.). La Société de Microscopie de San-Francisco est représentée dans le Comité, mais jusqu a présent par un fondé de pouvoirs et non par un citoyen de la Californie. * * * Enfin, dans le Southern Clinic , journal médical publié par le Dr C.-A. Bryce, à Richmond, en Virginie, nous trouvons un curieux article du Dr Eph. Cutter, de Boston, dont nous avons décrit l’année dernière les belles microphotographies du sang, obtenues avec les objectifs de Toiles. Cet article, intitulé : Mor¬ phologie du sang dans les maladies , expose les idées communes à l’auteur et au Dr Salisbury sur les éléments figurés du sang et les modifications qu’ils subissent dans leur aspect, leur nombre, leur forme, dans les maladies. Nous ne pouvons entrer ici dans l’analyse détaillée de ces idées et des faits invoqués à Fappui, nous signalerons seulement le passage suivant que l’on peut, ce nous semble, considérer comme renfermant les conclusions du travail : « C’est une chose importante. Dans mon opinion, si les vues du Dr Salisbury et les miennes propres étaient appliquées par tous les médecins d’Amérique, 13,000 vies, au bas mot, seraient sauvées annuellement par la découverte de l’état pré-tuberculeux dans la seule phthisie pulmonaire. Une mort sur 45 habitants donne annuellement 1,000,000 de morts, dont un quart par la phthisie, soit 250,000. Le Dr Salisbury et moi nous pouvons découvrir la maladie un an avant l’altération organique des pou¬ mons, et à cette période nous la trouvons curable comme la fièvre 210 JOURNAL DE MICROGRAPHIE typhoide. Si la généralité des médecins employaient les mêmes moyens on pourrait sauver bien plus de vie que les quelques milliers que j’ai dit plus haut » Ce serait, en effet, bien beau, mais . — Malheureusement, il y a un mais. * * M. E. Van den Broeck, un des savants membres de' la Société Belge de Microscopie, bien connu par son étude des Foraminifères des Barbades, de ceux du littoral du Gard et de ceux de l’argile des polders, nous annonce qu’il a l’intention d’entreprendre une monographie des Foraminifères vivants des côtes de Belgique et de France. Pour mener à bonne fin un travail aussi considérable, M. Van den Broeck a dû recourir à un grand nombre de corres¬ pondants placés dans des conditions favorables à la récolte de ces microzoaires. Partout où il s’est adressé, il a trouvé le plus grand empressement à le seconder, mais sur beaucoup de points du lit¬ toral tant belge que français, il n’a pu trouver encore à nouer des relations, bien que, d’après les beaux travaux lithologiques de Delesse, ces points soient riches en Foraminifères. M. Van den Broeck a, dans ces circonstances, pensé à s’adresser à nous, et nous a prié de lui prêter le concours du Journal de Micrographie pour faire appel aux naturalistes qui habitent le voi¬ sinage du littoral de l’Atlantique et de la Méditerranée. . Nous nous empressons de répondre à son désir, heureux de nous associer, pour si peu que ce soit, au grand et intéressant tra¬ vail qu’entreprend M. Van den Broeck; et, pour diriger nos cor¬ respondants dans leurs recherches, nous publions dans le présent numéro des bis tractions pour la recherche des Foraminifères , rédi¬ gées par M. Van den Broeck, et dans lesquelles ils trouveront tous les renseignements nécessaires. Si le nombre et la valeur des matériaux qui lui sont fournis lui donnent la certitude de réussir dans son œuvre, M. Van den Broeck offre à ses correspondants des séries montées et détermi¬ nées de Foraminifères observés. Pour notre part, nous ne doutons pas que son appel ne soit entendu et que toutes les personnes qui sont à même de lui apporter leur concours ne s’empressent de lui adresser des maté¬ riaux afin de contribuer à l’achèvement de cette œuvre difficile de la connaissance et de l’histoire des Foraminifères de notre région. Dr J. Pelletan. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 211 DE L’UTILITÉ DE L’ÉTUDE DES CRYPTOGAMES AU POINT DE VUE MÉDICO-PHARMACEUTIQUE Leçon professée à l’École supérieure de Pharmacie de Paris Les Plantes Cryptogames sont si modestes dans leurs allures et souvent tellement réduites dans leurs dimensions, elles attirent si peu le regard qu’il ne faut pas s’étonner qu’elles aient été délaissées et que tout l’intérêt se soit concentré sur leurs sœurs, les plantes Phanérogames. Ces dernières, par l’éclat de leurs fleurs, la suavité de leurs parfums, la variété de leurs formes, flattent l’observateur et forcent son attention. Combien admirent la majesté du Chêne et dédaignent les milliers de Cryptogames qui l’enva¬ hissent, combien s’enthousiasment pour la Rose et n’ont pas un regard pour les microscopiques Champignons qui vivent de ses feuilles Les Cryp¬ togames semblent se dérober à nos recherches par leur habitat, par leur peu d’éclat, voire même par leur petitesse extrême. Aussi, la plupart des botanistes passent-ils indifférents devant ces végétaux dont Sébastien Vail¬ lant disait: « Ces captieuses Fleurs sans fleur, race maudite, qui semble n’avoir été créée ou inventée que pour en imposer aux plus habiles, et dé¬ soler entièrement les jeunes Botanistes lesquels en étant débarrassés se trouvent d’abord en état d’entrer tête levée dans le vaste empire de Flore.» Quel attrait, en effet, un botaniste peut-il trouver à l’étude de ces Mous¬ ses, de ces Fougères, ou à celles de ces Algues qui encombrent nos cours d’eau, nos mares, salissent nos bassins, de ces lèpres nommées Lichens qui couvrent nos arbres, de ces moisissures qui envahissent tout, dété¬ riorent tout, de ces Champignons dont les meilleurs ne peuvent même être utilisés par la crainte qu’on a de les confondre avec leurs congénères vénéneux dont l’ingestion est suivie d’accidents presque toujours mortels! Aussi la Cryptogamie est-elle restée dans le plus grand discrédit : à peine lui faisait-on une place dans la classification, quatre ou cinq genres lui étaient attribués pour ranger tous ses représentants, laPhanérogamie acca¬ parait à elle toutes les faveurs des savants et du public. Toutefois, ainsi que nous l’avons vu dans l’historique, quelques bota¬ nistes avaient adopté ces délaissées, pressentant que leur étude pourrait être d’un grand intérêt et amènerait l’observateur à des découvertes d’une grande valeur. Grâce à ces chercheurs, le domaine de la Cryptogamie s’étendit assez, pour qu’on s’aperçût que chaque genre était le type d’une vaste classe, et le groupe des Cryptogames, jadis si réduits, compta peu à peu jusqu’à 35 à 40,000 représentants qu’on dut répartir en sous-groupes divers, aussi distincts entre eux que les Cryptogames pouvaient autrefois sembler l’être des Phanérogames. D’ou il ressort qu’aujourd’hui ces der¬ niers ne semblent être dans le Règne végétal qu'un terme de même valeur taxinomique que les Algues, les Champignons, les Fil icinées, les Gymnos¬ permes.... Ces groupes semblent équivalents. 242 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Au premier abord, cette équivalence paraît difficile à admettre, et non- seulement, en suivant les errements anciens, l’on ne met pas chacun de ces groupes au même rang que les Phanérogames, mais on maintient en¬ core la Cryptogamie en un état de subordination marquée vis-à-vis de la Phanérogamie, et., en apparence, on a raison. Peut-on^ en effet, songer à assimiler, comme valeur, ces Phanérogames à chacun des groupes de Cryptogames? Les Phanérogames, à eux seuls, ne comptent-ils pas à la surface du globe, deux fois plus de représentants que tous les groupes de Cryptogames réunis! Cette façon de raisonner, plus mathématique que naturelle, perd au reste chaque jour de sa valeur, grâce au progrès de la Paléontologie; cette science nous démontrant la raison de la prédominance actuelle des Phanérogames, dans ce fait que la flore plianérogamique est dans sa croissance tandis que la flore cryptogamique est dans son déclin. Les différents groupes de Cryptogames ont eu, eux aussi, leurs grands jours et les Cryptogames que nous possédons ne sont que des représen¬ tants d âges anciens s’étant perpétués jusqu'à nos jours, bravant les con¬ ditions nouvelles d’existence qui leur étaient faites. L’équivalence peut donc se soutenir, mais il résulte de ce que nous venons de dire que le Crvpto- gamiste ne doit pas borner ses observations aux Cryptogames actuels, mais qu’il doit les étendre aux espèces disparues. Pour chaque groupe il lui faut tenir compte des espèces éteintes et les comparer à celles qui vivent de nos jours et, pour la même raison, il ne doit pas oublier dans ses herborisations d’explorer les forêts des temps anciens, ensevelies dans les couches de l’écorce terrestre aux diverses époques de la vie de notre planète. Ainsi donc, sans que pour cela la Phanérogamie ait perdu de sa valeur, la Cryptogamie a conquis une importance considérable. Elle devient une Science de premier ordre si l’on veut rassembler en un faisceau toutes les connaissances apportées par l’étude des groupes qui la composent. Le mor¬ cellement a facilité le travail de détail, l’analyse de chaque partie; aujour¬ d’hui on tend à la réunion, à la synthèse. Après avoir taillé et préparé chaque pierre de l’édifice, on rassemble ces matériaux, on les agence pour voir si tout se tient, s’enchaîne et s’harmonise. Déjà au commencement du siècle, en 1819, Sprengel l’a tenté; depuis, en 1850, J. -B. Payer, l’essaya de nouveau et, après lui, Berkeley, en 1857, préparait, par la publication de traités de Cryptogamie générale l’avènement d’un enseignement nou¬ veau. Nous fûmes devancés dans cette voie par les nations voisines. En France (1), ce ne fut qu’en 1877 que M. Chatin sentant que la Cryptogamie (!) Cependant renseignement de la Cryptogamie s’imposait peu à peu en France. Chaque année, M. Duchartre, dans ses leçons, à la Sorbonne, tenait ses élèves au courant de la science cryptogamique; au Muséum, M Brongniart, qui jusqu’à la fin de sa vie se montra avide de découvertes modernes, consacra à la Cryptogamie tout son cours d’organographie et de physiologie, de 1874, qui fut repris en 1877 par M. M. Cornu. Moi-même, j’avais déjà, en 1866, à l’Ecole pratique de la Faculté de Médecine, fait, pour les étudiants en médecine, un cours de Cryptogamie appliquée, dans lequel j’avais surtout insisté sur l’étude des champi¬ gnons comestibles et vénéneux, reproduisant dans ces leçons l’article que je préparais pour le Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques (T. VII, p. 1). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 213 ne pouvait plus rester une vague dépendance de la Phanérogamie et qu’elle avait des titres à une chaire spéciale, songea à établir le premier cours officiel de Cryptogamie, en limitant son cadre à l’instruction des élèves de l’École de Pharmacie (1). Quoique enserrée dans ces limites, l’étude des Cryptogames offre encore un grand intérêt, comme on peut s’en convaincre par le simple exposé sui¬ vant, dont tout notre Cours ne sera que le développement. Nous divisons les applications de la Cryptogamie à la Pharmacie en deux sections. Nous plaçons dans la première toutes celles qui intéressent le pharmacien dans l’exercice de sa profession : ce sont les applications directes; nous plaçons dans la seconde celles qui intéressent le pharma¬ cien en tant que naturaliste et savant : ce sont les applications indirectes. A. Applications directes. Etant donné la maladie, cet ennemi, le médecin et le pharmacien se liguent contre lui : le médecin l’observe, en démêle les embûches, tire les plans, dirige la défense, le pharmacien fournit les moyens de combat, les médicaments, et répond de leur action, de leur pureté, sinon de leur efficacité. L’un pense, l’autre agit, l’un est la tête, l’autre est le bras; si le pharmacien ne peut rien sans le médecin, celui-ci ne peut rien s’il n’a l’aide du pharmacien. Le sens commun l’a si bien compris qu’en cas d’er¬ reur la loi les fait solidaires, aussi pendant que le médecin a le droit d’ordonnance, le pharmacien a le droit de contrôle. En vain, voudra-t-on subalterniser l’un des deux, ils sont égaux; toute querelle de préséance rappelle la fable « des membres et de l’estomac ». Médecin pratiquant, c’est ainsi que j’ai compris le rôle du pharmacien; plus tard, pharmacien pratiquant, c’est ainsi que j’ai compris le rôle du médecin. Les médicaments sont donc les armes que le pharmacien fournit au médecin pour le combat contre la maladie; pour être d’une portée certaine, ces médicaments doivent être purs et inaltérés. Les Cryptogames intéres¬ sent le pharmacien à deux points de vue, car il y a des Cryptogames utiles en ce qu’ils sont eux- mêmes des médicaments et il y a des Cryptogames nuisibles parce que certains sont des causes d’altération des produits pharmaceutiques. 1° Cryptogames cstâles. Je ne cite que les principaux. Les Champi¬ gnons nous donnent le Seigle ergoté, si précieux comme excitant utérin, soit qu’on l’emploie pour expulser l’enfant ou hâter la délivrance, soit qu’on l’utilise pour arrêter les hémorrhagies ; l’Agaric blanc, ( Polyporus offlcinalis ) qui est purgatif, mais aussi employé contre les sueurs profuses des phthisiques ; Y Amadou, autre Polyporée qui ne sert plus guère que (I) Dans la préface d’un Programme d'un Cours de Cryptogajnie, e le., etc., dont le pré¬ sent article est un chapitre, je ferai l’histoire de la création de cette chaire. 214 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. comme hémostatique mécanique ; le Polyporus anthelminticus , qui est anthelminthique comme son nom l’indique, etc.— Les Algues fournissent: la Mousse perlée ou Carragaheen, la Mousse de Corse ou Mousse aux vers, la Mousse de Ceylan, qui est une sorte d’ichthyocolle végétale, la Coralline, les Laminaires et les Fucacées diverses dont on faisait YEthiops végétal réputé autrefois, avec raison, contre le goitre et les affections scrofuleuses, sans parler ni des Diatomées qui préparent les eaux ferrugineuses, ni de ces Cryptophycées qui élaborent les eaux sulfureuses, dissociant les élé¬ ments des sulfates terreux pour en dégager le soufre, ni de ces autres Algues qui habitent les eaux thermales. Les Fougères nous offrent les Capillaires dont on fait un sirop efficace dans les maladies des bronches et des poumons ; la Fougère mâle dont l’extrait éthéré est si vanté contre le Ver prétendu solitaire ; la Fougère dite femelle, le Ceterach réputé contre les maladies calculeuses et la Rue des murailles vulgairement nommée Sauve-vie, encore une réputation usurpée, etc., etc. Les Lycopodiacées fournissent la poudre du Lycopodium clavatum recherchée des nourrices et des personnes obèses. Les Prêles étaient presqu’aussi préconisées autrefois que l’acide salicylique l’est de nos jours. Enfin, devons-nous ajouter le groupe des Schizomvcètes, "c’est-à-dire les Ferments, auxquels nous devons les vins, les bières, les alcools médicinaux, sans oublier le Laudanum de Rousseau, etc. 2° Cryptogames EîiiisSfoBes. Mais si le pharmacien doit avoir quelque culte pour les Cryptogames précédentes, combien ne doit-il pas redouter certaines autres ! Ces Mucédinées surtout qui sont la peste des officines et qui prennent pour nuire les formes les plus variées, les plus trompeuses. Les sirops, les extraits, les eaux distillées, les mellites, les conserves, tous sont exposés à des dégâts sans nombre contre lesquels le pharmacien est obligé de lutter dans son intérêt et dans celui des clients. L’air charrie sans cesse des spores invisibles à l’œil nu, se dérobant même souvent à l’examen microscopique, de toute espèce de Champignons inférieurs, Mucor , Péni¬ cillium, Spicaria , V erticïlliüm , etc , etc.; ces semences, voltigeant dans l’atmosphère, inactives tant qu’elles ne trouvent pas d’humidité, et de cha¬ leur, se développent avec une activité extraordinaire dès que ces conditions sont remplies, les Moisissures décomposent les extraits, les Hygrocrocis (?) qui simulent des Algues, s’emparent des eaux distillées et de toutes les solutions, sans craindre les plus délétères, nous ne parlons pas des Fer¬ ments qui font tourner les sirops, et certains Champignons qui s’attaquent aux sucres et aux saccharolés, les rongent et les détruisent. 11 faut que l’homme de l’art, non-seulement sache épier l’arrivée de ces ennemis et les expulser au besoin, mais encore connaisse les conditions de leur vie et de leur développement, pour empêcher leur apparition. B. Applications indirectes. Le pharmacien n’est pas seulement le bras droit du médecin, son rôle dans la société ne s’arrête pas là : c’est le savant auquel chacun s’adresse ; JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 215 le médecin lui-même a recours, pour l’exercicede sa profession, à ses con¬ naissances plus spéciales. « Partout le pharmacien est l’homme utile, éclairé, remarquable par son zèle désintéressé et son dévouement. Le voyageur, le savant, le naturaliste qui visite pour la première fois les con¬ trées éloignées, s’approche d’une petite ville; où trouvera-t-il des rensei¬ gnements sur les objets qui l’intéressent au milieu du pays qu’il parcourt? L’administration est d’un abord difficile et froid ; des soins divers retien¬ nent ou préoccupent le médecin, l’homme de loi, le pasteur du lieu. Le pharmacien est toujours disponible. Reconnaissant de l’estime qu’on lui témoigne en s’adressant à lui, il indique les objets remarquables, les res¬ sources que présentent les localités ; il vous aidera dans vos recherches; il vous accompagnera dans vos excursions ; et flatté de se trouver en con¬ tact avec le mérite, la science ou la célébrité, il vous laissera convaincu que le goût d’apprendre, le désir d’être utile, sont entre vous et lui comme un lien de confraternité, un sentiment qu’il est heureux et fier de partager avec vous». (Cap ex Dorvault, Officine). « En raison de ses connaissances polytechniques, le pharmacien remplit officieusement dans les populations artistiques, industrielles et agricoles au milieu desquelles il est placé une mission qu’il suffit d’indiquer pour la faire connaître et en faire apprécier l’importance. Il est, en effet, le savant modeste, éminemment pratique, éminemment abordable pour toutes les classes de la société. » (Dorvault, loc. cit.) Le pharmacien est tellement pénétré de ce rôle que souvent il joint à son diplôme celui de médecin pour être plus à même de rendre les services qu’on lui demandera. Et c’est sans doute aussi pour cette raison que l’Etat demande aux professeurs de nos Écoles de Pharmacie le titre de docteur ès-sciences qui n’est même pas exigé pour le professorat des Facultés de Médecine. Ces quelques observations expliqueront pourquoi, dans l’enseignement de la Cryptogamie à l’École de Pharmacie de Paris, nous ne croyons pas pou¬ voir nous en tenir aux simples applications directes. « Noblesse oblige» nous devons étendre notre cadre pour tenter, suivant nos forces, d’élever notre cours à la hauteur de ceux des autres chaires. Considérant les Cryptogames dans leurs applications indirectes nous les divisons aussi en Cryptogames utiles et en Crytogames nuisibles. 1. Crypiogacse» utile». Ils peuvent être utiles, comme aliments ou comme fournissant des produits industriels. A. Aliments. Les champignons se placent en première ligne. Ces singu¬ liers végétaux qui vivent à la façon des animaux partagent avec eux la pro¬ priété de faire des tissus azotés ; en d’autres termes, ils font de la viande végétale. C’est dire combien ils sont nourrissants et de quels secours ils pourraient être pour la classe pauvre s’ils pouvaient entrer dans son alimen¬ tation. Malheureusement, un certain nombre sont de violents poisons et la peur de ces derniers fait rejeter ceux qui sont délicieux et bienfaisants, ce qui explique ces lignes du D1' Bertillon : « La viande est chère pour les pay¬ sans, beaucoup en sont privés; et pourtant voilà une viande végétale, que fournit un gibier sans pattes et que l’ignorance des espèces salubçes et des 216 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. espèces nuisibles laisse pourrir par milliers dans nos plaines et dans nos bois. Certes, il ne serait pas indifférent au bien public que, dès aujour¬ d’hui, cette importante ressource fut utilisée pour améliorer l’alimentation misérable et insuffisamment réparatrice de beaucoup de nos campagnards.» (Die. encycl ., p. 180.) Le pharmacien peut mieux que tout autre remplir ces desiderata ; il le peut de deux manières. D’abord en apprenant à ses concitoyens à quels caractères on reconnait telle espèce comestible de telle autre espèce véné¬ neuse avec laquelle on peut la confondre. Et en second lieu, -en étendant les ressources de la fongiculture. De nos jours c’est à peine si deux ou trois espèces consentent à accepter nos soins; jusqu’ici la masse considé¬ rable des champignons ne veut pas se domestiquer. Cela tient à ce que l’on n’a pas encore appris quelles sont les conditions de production et de développement de ces singuliers végétaux. Et quel est le savant qui plus que le pharmacien se trouve à même de faire ces recherches ? Préparé par ses connaissances en chimie, en physique et en histoire naturelle, à saisir tous les phénomènes, à les reproduire au besoin, et ayant, par sa profes¬ sion même, le loisir de le faire, il peut arriver à déterminer dans quelles conditions la culture de tel ou tel Champignon peut réussir, et, ce faisant, il aura mérité de la science et de la patrie. Si les Champignons peuvent fournir des aliments, d’autres Cryptogames peuvent encore être cités au même titre. Le Lecanora esculenta a une ré¬ putation bien ancienne, puisque, prétend-on, c’est ce Lichen qui fournissait la manne des Hébreux. Voici, d’un autre côté, les nids d’hirondelles sa¬ langanes qu’on a regardés comme formés par des Algues, voici les Lami¬ naires, les Ulves, les Porphyra , les Iridea , etc. Nous aurons aussi à parler de la farine fossile qui doit ses propriétés nutritives à la matière azotée qui la pénètre et qui provient de petites Algues enfouies dans les couches du sol au moment de quelque cataclysme. Certaines Fougères possèdent des rhizomes remplis d’une fécule assez abondante pour être utilisés comme aliments et les Marsïlea portent des fruits qui peuvent aussi être employés de la même façon; l’une de ces espèces, le M. salva- trix a pris son nom en souvenir des services rendus à des explorateurs qui, sans ce secours inespéré, fussent morts de faim dans les déserts de l’Austra¬ lie. Enfin, nous insisterons sur les Cryptogames auxquels nous devons nos liqueurs fermentées, nos vins, nos cidres, nos poirés, nos bières, etc. B. Produits industriels. Les Lichens donnent les orseilles; les Algues : le tripoli, la soude, l’iode; ce sont certaines d’entre elles qu’on fait absor¬ ber aux huîtres pour leur donner la couleur verte et le parfum si prisé par les gourmets. D’autres sont exploitées sur les côtes comme engrais, comme fourrages, comme bois de chauffage. Les tourbes, les houilles ne sont que des Cryptogames, etc. IL Cs’yptoganaes nuisibles. Beaucoup de Cryptogames doivent être connus, car beaucoup sont des ennemis redoutables contre lesquels il faut lutter. Il en en est qui sont de violents poisons. D’abord ces Champignons vé- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 217 néneux dont nous parlions il y a un instant, mais qu’il faut démasquer pour permettre l’utilisation de leurs congénères qui sont succulents et salutaires. Puis les ergots qui, mêlés aux aliments en proportion trop considérable, déterminent l’ergotisme, cette affection qui frappe de gangrène les extré¬ mités des membres; voici ensuite les moisissures de la polenta du maïs qui donnent la pellagre, ou bien le champignon du riz qui produit le burs- tiug of feets ; les moisissures des fruits qui peuvent déterminer de graves accidents du côté de l’estomac, les mucédinées du pain, dont une, rouge, produit le singulier phénomène du pain sanglant tel qu’on en a vu un exemple lors du siège de Paris, en 1870. ' D’autres sont des fléaux pour l’agriculture : tels ces Champignons aux¬ quels sont dus la Rouille des blés et leur Carie, ou encore ceux qui trans¬ forment tous les épis des champs en une poussière noire charbonneuse, comme si le feu les eut consumés; tels sont encore ceux qui détruisent nos Colzas, nos Cressons, et qui sont dits Blancs ou Meuniers, tels ceux qui causent la maladie de la Pomme de terre et des Poiriers, Y Oïdium de la Vigne, etc., etc. Il faut que le savant du village soit mis à même de ren¬ seigner les intéressés pour qu’ils puissent, sinon empêcher la production de la maladie, du moins en arrêter, autant que faire se peut, le développe¬ ment et le retour. Certains Cryptogames sont parasites de l’homme et des animaux et sont pour eux des causes de maladie : le Champignon du muguet, ceux de la teigne, de la mentagre, du pytiriasis, les Trichophytes, Y Aspergillus de l’oreille, YOïdium des poumons ; tels sont encore les Algues appelées Leptomitus et Leptotlirix et la Sarcine de l’estomac. Enfin, il est tout un groupe, le plus terrible peut être et qui nous inté¬ resse à un haut degré, nous membres de la famille médicale, ce sont les ferments de maladies, singuliers Cryptogames microscopiques que l’on accuse de produire presque toutes les affections qui nous attaquent. Noos vous ferons connaître les êtres à peine visibles au microscope qui sont accusés de produire la variole, la scarlatine, la vaccine, la diphtérite, les fièvres intermittentes, le typhus, la fièvre puerpérale, la septicémie, le charbon, la fièvre jaune, etc., etc., et nous aurons à discuter les conditions de leur production et de leur propagation, c’est-à-dire la grave question des maladies contagieuses et des maladies épidémiques. Nous ne ferons qu’effleurer ce sujet qui est plutôt du ressort de la médecine, mais nous donnerons les éléments indispensables, car s’il était prouvé que ces Bacté¬ riens sont bien les vraies causes des maladies, le pharmacien serait appelé à faire les analyses du sang et des humeurs comme il l’est aujourd’hui à faire des analyses d’urines, de vin, de vinaigre, d’alcools ou de lait. Les matériaux d'un cours de Botanique Cryptogamique ne manquent donc pas, en admettant même que le professeur ne s’en tienne qu’au rangement et à la description méthodique des Cryptogames qui peuvent intéresser la pharmacie aux divers points de vue que nous venons d’esquisser. Mais le sujet est te par lui-même que, ne le Aoudrait-on pas, on est obligé de s’éle~ 218 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ver plus haut, d’élargir son horizon et de se laisser entraîner à des consi¬ dérations générales et philosophiques que soulève l’étude de ces êtres. La Physiologie générale trouve dans l’étude des Cryptogames la solution de problèmes insolubles si l’on s’adresse à d’autres groupes d’êtres orga¬ nisés. Les Cryptogames sont les organismes les plus élémentaires, et s’il est vrai que ce groupe passe aux Phanérogames par les Fougères et les Lycopodiacées, il est aussi vrai que les plus simples confinent les êtres inorganisés. Leurs représentants sont si réduits, si élémentaires, qu’il est difficile de prononcer sur la nature de la matière qui entre dans leur com¬ position. C’est de la matière* organique à son état le plus simple, c’est du protoplasma, c’est du sarcode; et ce protoplasma ou sarcode est parfois nu, c’est-à-dire sans membrane cellulosique, en sorte qu’on ne saurait dire, pendant une longue période de son existence, s’il est végétal oa animal; ce qu’on peut affirmer, c’est que c’est de la matière vivante, car on la voit s’agiter, se déplacer, changer de forme. Elle est là représentée par quel¬ ques atomes de carbone, d’azote, d’oxygène, de soufre, de phosphore, maintenus dans leurs rapports respectifs par les forces d’affinité et d’attrac¬ tion, et pourtant cette matière sent, respire, se nourrit : elle vit, en un mot. Du même coup, nous voici en face de deux problèmes : la séparation des Règnes est-elle possible ? quelle est l’essence de la vie? On est à peu près fixé sur la réponse à la première question, quant à la seconde, réduite à cette simplicité, il est à espérer qu’on arrivera à la résoudre. L’étude atten¬ tive de ces infiniment petits élémentaires, de ces êtres débarrassés de toutes les complications d’une organisation à fonctions multiples nous ren¬ seignera peut-être bientôt et nous saurons si la vie de ces plasmodies est la résultante des actions physico-chimiques des atomes en contact ou si elle est une émanation d’un Esprit supérieur. A côté de ces questions capitales vient s’en poser une autre qui en est comme le corollaire. Ce sarcode, si simple dans sa composition, oscillant sur la limite qui sépare l’organisé de l’inorganisé, est-il de création mysté¬ rieuse ou bien s’est-il simplement formé, comme les corps organiques qui l’ont précédé sur la terre, par les simples lois de l’affinité et de la cohésion ; en d’autres termes, doit-on admettre une genèse naturelle, une formation spontanée par union d’éléments préexistants ou bien doit-on soutenir que sa production est due à une intervention surnaturelle apportant un élément qui ne préexistait pas, en un mot a-t-il été le produit d’une Création? Grand problème posé depuis que l’homme raisonne, mais resté insoluble parce qu’il a raisonné sur des êtres complexes. Ramené à des termes plus simples, il deviendra plus abordable et l’on peut affirmer que si jamais on en trouve la solution, on la rencontrera sur le terrain de la Cryptoga¬ mie. Problème insoluble! dira-t-on ; pourquoi? La Cryptogamie n’a-t-elle pas déjà prouvé que, dans ce sens, le mot insoluble n’est pas scientifique et, pour ne citer qu’un fait, n’a-t-elle pas donné la solution du problème de la fécondation. L’étude des Phanérogames, quelque minutieuse qu’elle ait été, n’a pu arriver qu’à démontrer que l’action du germe mâle sur le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 219 germe femelle était d’une nécessité absolue ; là a dû s’arrêter la Phanéro- gamie et il ne pouvait en être autrement à cause de l’état de complication des organes. Cela disait beaucoup, mais ouvrait un large champ aux hypo¬ thèses. Quelle était l’action du germe mâle? pénétrait-il dans la femelle ou supposait-on qu’il y envoyât une aura seminalis immatérielle?... Mais voici que Thuret trouve dans les Fucus une organisation assez simple pour constater que le contact entre l’élément mâle et l’élément femelle est de toute urgence; et il indique la manière très-simple de procéder pour reproduire l’expérience et voir une génération nouvelle sortir du contact des anthérozoïdes et des spores. La Cryptogamie devait aller plus loin encore; c’était déjà bien de s’être assuré que le contact des deux germes était indispensable, mais ce n’était pas assez, il fallait savoir quelle était la nature des effets de contact. M. Pringsheim résolut la question en démon¬ trant sur YŒdogonium que, non-seulement il y avait contact, mais qu’il se faisait fusion du plasma mâle dans le plasma femelle, combinaison dont résultait un plasma nouveau donnant un nouvel être participant des deux parents. — La lumière jetée par l’étude des Cryptogames sur cette fonction permet d’assurer qu’il en sera de même des autres. Ce n’est point sur des êtres à structure et à fonctions complexes qu’il faut chercher l’explication de ces problèmes, c’est sur des êtres simples où chaque fonction se trouve dégagée des autres comme par une sorte d’analyse opérée par la nature elle-même. Nous verrons que déjà on a trouvé le moyen d’expliquer les modes de formation, d’accroissement et de multiplication des cellules. De ces formes rudimentaires où le protoplasma est à nu, dépourvu qu’il est de membrane cellulaire, on monte aux formes qui confinent les Phané¬ rogames auxquelles on passe insensiblement. Il y a comme une marche ascensionnelle par complication successive des êtres qui s’élèvent à mesure que les fonctions deviennent plus nombreuses, se spécialisent et se limitent dans des organes appropriés, de telle sorte qu’en suivant pas à pas le déve¬ loppement du monde des végétaux, on a comme le sentiment d’un perfec¬ tionnement qu’on voit s’accomplir; c’est comme la physionomie de ce per¬ fectionnement que doit rendre la classification naturelle. — Mais pourquoi ces plantes rudimentaires? pourquoi n’a-t-on pas que des plantes parfaites ? d’où viennent les unes, d’où viennent les autres; pourquoi cette infériorité d’organisation des Cryptogames? Les paléontologistes ont répondu à cette question. En fouillant les profondeurs de l’écorce terrestre, ils ont découvert le secret de son histoire. Ils ont vu que les couches superposées contiennent les débris des végétaux qui se sont succédé à la surface de la terre depuis que le sol est assez refroidi pour permettre la végétation. ' — Mais, en même temps, il ont vu que plus on descend vers les premiers âges du monde plus se fait sentir la prédominance des Cryptogames, si bien qu’à certaines époques, elles représentaient à elles seules tout le Règne végétal, et cela tant par leur nombre que par leurs puissantes dimensions : les prédécesseurs (je ne dis pas les ancêtres) de nos maigres Equisetum, de nos chétives Lycopodiacées, étaient des arbres gigantesques et les majes¬ tueuses Fougères des époques carbonifères n’ont plus pour les représenter 220 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. que quelques espèces qui ont été obligées de se réfugier dans certaines ontrées spéciales, pour échapper à la décrépitude complète qui a frappé leurs congénères. Ainsi donc, lorsque l’on trace l’échelle d’apparition, on trouve encore les Cryptogames à la base et les Phanérogames au sommet. L’échelle d’apparition aurait-elle quelque concordance avec l’échelle de perfectionnement? ne pourrait-on pas, même, en superposant les deux échelles, reconnaître que les échelons se correspondent terme à terme? Les Cryptogames de nos jours ne seraient-ils que les derniers restes d’un monde végétal qui s’efface peu à peu pour faire place à une flore nouvelle plus perfectionnée??? Mais alors quel horizon se découvre! que de ques¬ tions se pressent dans notre cerveau! que de problèmes nouveaux se posent à notre raison! si cette progression existe, comment expliquer la création, ou inversement comment la création expliquera-t-elle la succession? par les créations successives!... Mais c’est arriver par un autre chemin à la doctrine du transformisme. Lamarck et Darwin ont-ils donc raison? Alors l’espèce ne serait plus fixe ni immuable! la généalogie des êtres les ramè¬ nerait tous au limon pur et simple, c’est-à dire à la matière inorganique. Questions, problèmes qui sontinextricables quand on les veut étudier sur les êtres complexes, mais qui se poseront certainement, et se résoudront peut- être sur le terrain de la Cryptogamie. Il n’entre certes pas dans notre cadre d’insister sur ces points et d’essayer de résoudre ces questions de philosophie naturelle, toutefois, nous pensons qu’il est de notre devoir de donner au pharmacien quelques notions élémen¬ taires qui peuvent servir de bases aux observations futures. Au reste, ce résultat sera, j’espère, atteint sans grands efforts et sans perte de temps, par suite de l’enchaînement des sujets et de la méthode. Mais quand même nous essaierions d’élever cet enseignement, qui son¬ gerait à nous le reprocher? Ce n’est pas au moment où notre Ecole réclame le titre de Faculté, titre que lui ont conquis les Baumé,les Cadet, les Chaptal, les Robiquet, les Pelletier et les Caventou, les Berthollet, les Vauquelin, les Bouillon Lagrange, les Bussy et les Buignet, les Berthelot pour ne citer que ceux qui ne sont plus des nôtres, ce n’est pas à ce moment, disons- nous, qu’on nous en voudra de tenter de vous sortir des banalités élémen¬ taires. On nous encouragera plutôt dans les efforts que nous faisons pour ouvrir des horizons plus larges et plus saisissants qui sollicitent au travail et décident le travailleur à se lancer à la recherche de ces inconnues que nous ne pouvons encore, malheureusement pour nous, que faire entre apercevoir. D1 Léon Marchand, agrégé chargé du cours de Botanique cryptogamique à l’École supérieure de pharmacie de Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 221 TRAVAUX ORiQINAUX LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani (I). (Suite). IV Quant au point où s’opère la fécondation, si l’on envisageait les invertébrés, on verrait qu’elle s’opère dans toute les régions de l’organe femelle, maison trouverait, en même temps, que des espèces appartenant au même groupe naturel peuvent offrir des différences considérables, quant au point où se produit la rencontre des éléments mâles et femelles. Le siège de la fécondation est donc entièrement indifférent du type auquel appartient l’animal. Ainsi, chez quelques invertébrés, les Vers, les Hirudi- nés, la fécondation s’opère au point le plus éloigné, dans l’ovaire même (Leydig), comme chez les Pontobdella , parasites des poissons (Robin) et d’autres Hirudinés libres, les Nephelis. Chez certains Crustacés, les Homards, les Langoustes, les spermatozoïdes pénètrent jusque dans l’ovaire (Coste, Lerebouillet) et chez plusieurs Arach¬ nides, les Scorpions par exemple, non-seulement l’œuf est fécondé dans1 l’ovaire même, mais son développement s’opère aussi dans l’intérieur de l’ovaire, soit au point où il a été fécondé, soit dans des diverticulums appartenant encore à l’ovaire (J. Müller, 1835; Rathke, 1837 ; Léon Dufour, 1851; Duvernoy, 1853; Metschnikoff, 1861). Chez quelques insectes, les Coccides, comme chez les Scorpionides, les œufs se développent dans les loges ovariques ; les spermatozoïdes sont dé¬ posés dans une poche spermatique ou copulatrice, mais ils en émigrent et pénètrent par l’oviducte jusque dans les loges ovigères pour déterminer sur place la fécondation de l’œuf, comme chez le Coccus adoniclum. Il en est de même chez les Phylloxéras sexués; mais chez ceux-ci, le réceptacle séminal n’existe qu’à l’état anatomique et ne sert pas à l’accouplement. La femelle s’accouple aussitôt éclose et avant que certains organes soient formés, tels, par exemple, que l’appareil digestif, qui n’existe pas encore, non plus que le réceptacle séminal ; les spermatozoïdes sont déposés dans l’oviducte et montent jusqu’à la partie supérieure des loges où ils trouvent l’œuf muni d’un micropyle. — C’est l’appareil reproducteur le plus réduit : il ne se produit qu’un seul œuf, qu’on appelle l’œuf d’hiver. Le réceptacle séminal existe chez beaucoup d’invertébrés, des Mollus¬ ques Gastéropodes, des Insectes. Il est placé tantôt très-haut, tantôt très- bas sur le trajet de l’oviducte ; et même, chez certains, il est situé dans le vagin, juste à l’orifice de sortie de l’œuf. (1) Voir Journal de Micrographie , 1879, p. 54, 108, 162. 222 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Parmi les Vertébrés, on trouve un petit nombre d’espèces, appartenant aux types inférieurs, chez qui la fécondation a lieu dans l’ovaire et il ne peut exister de doute à ce sujet, puisque c’est dans l’ovaire même que l’œuf subit son développement. Comme exemple on peut citer quelques Poissons osseux, la Blennie vivipare (Zoarces viviparus), les Pécilies, les Cyprino- dontes. Chez les autres poissons osseux, comme on le sait, la fécondation a lieu à l’extérieur. Quant aux Poissons cartilagineux, nous avons peu de renseignements à leur sujet. Ni Semper, ni Balfour ne nous en fournissent. Cependant, d’après ce qu’on sait sur la disposition de l’oviducte chez ces animaux, on peut con- dure que la fécondation ne doit se faire que dans cette portion qui est pla¬ cée au-dessus de la glande, dite nidamenteuse, dans laquelle l’œuf reçoit sa couche d’albumine et son enveloppe cornée. 11 paraîtrait même, d’après Schulze, que la fécondation s’opérerait dans cette glande, car cet observa¬ teur a pu suivre les spermatozoïdes jusqu’au bord antérieur de la glande nidamenteuse, mais non au delà. Il n’en a pas trouvé dans l’albumine de l’œuf quand celui-ci a traversé la glande et s’y est revêtu de son enveloppe cornée et de sa couche albumineuse. Chez les Amphibies, on trouve la fécondation externe chez les Anoures; mais elle est interne chez les Céciliens ou Apodes et chez les Urodèles. Chez les Cécilies, la fécondation intérieure n’a pas encore été observée directement, mais on peut conclure qu’elle est interne par la disposition anatomique, de l’appareil génital du mâle dont le cloaque a la forme d’un long tube, muni d’une musculature qui lui permet de s’évaginer et de cons¬ tituer un pénis adapté à la forme du cloaque de la femelle. Puis, il y a des espèces vivipares, la Cœcilia compressicauda , par exemple (Paul Gervais, Peters). Les Apodes sont donc très-probablement des animaux à féconda¬ tion interne, mais quant au point où se fait la rencontre des éléments mâles et femelles, on l’ignore. Parmi les Urodèles, les Salamandres, les Tritons, les Axolotls, la fécon¬ dation est interne. Les Salamandres sont vivipares, et l’on a souvent ob¬ servé l’accouplement soit des Salamandres, soit des Tritons, soit des Axolotls (Schreibers, Robin, Stieda, etc.). On a même signalé un vrai pénis chez les Tritons. C’est un prolongement conique placé dans le cloaque et déjà entrevu par Dufay et Latreille (Martin St-Ange, Bedriaga, Lataste). Chez ces animaux le point de rencontre des éléments mâles et femelles est pro¬ bablement le cloaque, c’est-à-dire cette chambre où débouchent l’oviducte, les appareils urinaires et digestifs, et cela résulte de la découverte faite par Siebold d’un réceptacle séminal placé dans le cloaque chez les Salamandres et les Tritons. Ce réceptacle consiste en une tache noire, pigmentée, pla¬ cée de chaque côté du cloaque et criblée de petites ouvertures qui sont l’embouchure d’autant de cæcums tortueux dont l’ensemble forme un groupe de tubes que l’on trouve, au moment de la reproduction, remplis de ces longs spermatozoïdes filiformes, à membrane ondulante, que l’on con¬ naît. Chez le petit Triton tœniatus , il y a 8 à 10 de ces tubes de chaque côté, 12 chez le Tr. igneus , de 10 à 15 chez le Tr. cristatus. Ce qui dé- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 223 montre que les éléments spermatiques sont destinés à être introduits dans l’organe femelle, c’est que, quand on les extrait et qu’on les met en contact avec de l’eau, ils meurent très- rapidement. Ils ne doivent donc pas être abandonnés dans l’eau, mais être portés directement dans le cloaque. Les tubes reconnus par Siebold sont donc bien des réceptacles séminaux. C’est la première découverte de ce genre qui ail été faite. Ch. Robin a, d’ail¬ leurs, confirmé cette supposition de la fécondation dans le cloaque, car en ouvrant des femelles de Triton à l’époque du frai il a trouvé des sper¬ matozoïdes dans leurs organes. C’est probablement aussi dans l’oviducte que se fait la fécondation chez les Reptiles proprement dits, mais on ignore en quel point. Les auteurs qui se sont occupés de cette question sont peu nombreux, Rathke, Agassiz, Lereboullet, Kuppfer et Renecke. Il est, d’ailleurs, difficile d’élever les Rep¬ tiles et de les faire reproduire en captivité, il n’est donc pas facile d’ob¬ server l’accouplement. On ne peut raisonner que sur des inductions. Chez les Reptiles, l’oviducte est très-analogue à ce qu’il est chez lesOiseaux : on y distingue aussi une portion antérieure qui est un simple tube à parois membraneuses, minces, dépourvues de glandes et une autre portion munie de glandes nombreuses. C’est là que l’œuf s’entoure de son albumine et de sa coque membraneuse ou calcaire. C’est donc probablement avant d’arriver à cette partie que l’œuf est fécondé, et dans ce que Lereboullet appelle le tube d’entrée. On peut même supposer que les spermatozoïdes arrivent jusqu’à la surface de l’ovaire et que la fécondation peut se faire sur l’ovaire même. Leuckart affirme avoir trouvé beaucoup de spermatozoïdes sur l’ovaire du Lézard vivipare. Néanmoins, il faut admettre, et toutes les analogies nous y invitent, que la rencontre des œufs et des spermatozoïdes doit se faire dans la partie la plus élevée de l’oviducte. Mais l’élément mâle exerce, chez quelques Reptiles, une influence parti¬ culière sur les ovules dont il paraît, en certains cas, hâter l’accroissement et non provoquer le développement embryogénique. Agassiz, dans ses études sur l’ovogénèse des Tortues ( Contributions à l'Hist.Nat. des Etats-Unis , 1857. T. IL) signale des faits très curieux. Chez les Tortues en question Taccroisse- mentdes œufs dans l’ovaire paraît très lent, et quand ceux-ci ontatteintun cer¬ tain développement, ils restent stationnaires jusqu a ce que l’animal ait atteint l’âge adulte, sept ans ordinairement. A cet âge, les tortues s’accouplent, mais ne pondent pas, et pendant quatre ans elles s’accouplent ainsi sans pondre, mais à chaque accouplement correspond la maturation d’un nouveau groupe d’ovules. Il se forme donc quatre groupes d’ovules inégalement développés. Ce n’est qu’au bout de la quatrième année, la tortue ayant alors onze ans, qu’a lieu la première ponte, celle du groupe d’œufs formés après le premier accouplement et qui ont mis quatre ans à mûrir. Ce sont là des faits très curieux et qui ne sont pas aussi complètement isolés qu’on pourrait le croire. On en trouve aussi des exemples chez les végétaux : Hildebrand a montré que l’effet d’une première pollinisation chez les Orchidées est de déterminer la formation des ovules, et c’est seulement après plusieurs semaines que ceux-ci peuvent se développer en embryons. 224 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Après les Reptiles nous trouvons les Oiseaux. Ici le terrain est plus solide et nous raisonnons d’après des expériences précises. Coste en a fait une double série sur la Poule, d’abord pour savoir pendant combien de temps l’œuf qui s’est séparé de l’ovaire conserve son aptitude à la fé¬ condation et jusqua quel point de l’oviducte il garde cette aptitude, puis pour déterminer directement le lieu où l’imprégnation s’opère. Pour la première question, Coste a démontré que l’aptitude de l’œuf à la féconda¬ tion se conserve pendant un temps très court; qu’après 4 ou 5 heures, alors qu’il est arrivé au milieu de l’oviducte, il a déjà perdu son apti¬ tude à la fécondation, ce qui se manifeste par une dégénérescence très visible de la cicatricule, qui perd son aspect granuleux caractéristique et paraît comme transformée en une masse de gouttelettes muqueuses. Coste en conclut que la dégénérescence a commencé bien avant et au mo¬ ment même où l’œuf s’est séparé de l’ovaire. Cette proposition se trouve confirmée par d’autres expériences de Coste, faites dans le but de savoir où s’opère la rencontre des spermatozoïdes et des œufs. Cet habile observateur s’est d’abord assuré par des expériences préalables que, chez la poule, les spermatozoïdes mettent 12 heures pour monter jusqu’au pavillon de la trompe ; d’autre part, qu’un œuf qui s’est engagé dans le pavillon met 6 heures pour arriver du pavillon dans l’uté¬ rus où il séjourne beaucoup plus longtemps: 3 heures pour arriver jus¬ qu’au milieu de l’oviducte où il s’enveloppe de ses couches d’albumine, 3 heures pour franchir la seconde portion de l’oviducte jusqu’à l’utérus où il reste 24 heures. C’est donc un total de 30 heures. Ces faits bien établis, il était facile de disposer l’expérience de manière à faire coïncider l’arrivée des spermatozoïdes en haut de l’oviducte avec le moment où l’œuf se dé¬ tachait. Il suffisait de tenir la poule isolée et de la livrer au coq 12 heures avant la chute de l’œuf. Comme chez beaucoup de poules la ponte a lieu régulièrement tous les deux jours, il fallait, dans ce cas, donner la poule au coq 42 heures avant le moment présumé de la prochaine ponte, dont 12 heures pour le transport des spermatozoïdes et 30 pour la descente de l’œuf. ■— Or, dans toute les expériences le premier œuf pondu a tou¬ jours été stérile, parce que les spermatozoïdes qui mettaient 12 heures à monter trouvaient l’œuf au moment où il se détachait de l’ovaire, — tandis que les cinq ou six suivants étaient féconds bien qu’il n’y eut pas eu de nouvel accouplement. Coste en conclut que le premier œuf, qui était en haut de l’oviducte, avait déjà perdu son aptitude à la fécondation et que les œufs féconds pondus ensuite ont été fécondés dans l’ovaire même puisqu’ils n’étaient pas détachés au moment de l’arrivée des spermatozoïdes. Cette conclusion paraît corroborée par d’autres expériences. Depuis assez longtemps jusque vers le commencement du xvne siècle, on croyait qu’un seul accouplement suffisait, chez la poule, pour féconder les œufs pen¬ dant un temps plus ou moins long. Au xvne siècle, Fabrice d’Aquapen- dente, le fameux professeur de Padoue, est le premier qui paraît avoir fait mention de cette circonstance qu’une poule privée du coq pond des œufs féconds pendant un an. Fabrice crut trouver la raison de ce phénomène JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 225 dans l’existence de la poche de Fabricius qu’il venait de découvrir et dont on ignore l’usage. On sait qu’elle est plus développée chez les jeunes sujets que chez l’adulte, et il supposait que c’était un réservoir pour la semence, ce qui permettait une fécondation successive. Cette hypothèse est pourtant difficile à soutenir chez la poule dont l’œuf est entouré d’un épaisse couche d’albumine et d’une forte coquille calcaire. Harvey, dans son Traité sur la génération , 1651, rapporte des expériences faites par lui, comme les fit Coste plus tard, et fixe à 20 le nombre des œufs féconds qu’une poule peut pondre sans nouvel accouplement. Son opinion fut admise par tout le monde, notamment par Haller, mais on la vérifia peu. Le médecin Antoine Evrard, en 1658, fit des expériences et trouva que le nombre des œufs féconds n’est que de 3. Mais faut-il avoir une grande confiance dans ses expériences, lorsque nous voyons qu’il ajoute que si nos poules se compor¬ tent ainsi, les poules d’Afrique peuvent pondre jusqu’à 30 œufs féconds sans accouplement? — Cela jette un doute sur le caractère sérieux de ses recherches. Buffon rapporte cette croyance, mais il dit que la fécondation peut persister chez la poule jusqu’à 20 jours. C’est sans doute une erreur ou un lapsus. Burdach admettait comme démontré par Harvey qu’un seul accouplement peut féconder 20 œufs. Mais, depuis Harvey, personne n’avait vérifié ses expériences, et il faut arriver jusqu’à Coste qui, en 1848, fut conduit à s’occuper de cette question par ses observations sur le siège de la fécondation. Il fit beaucoup d’expé¬ riences et très-rigoureuses, mais nous ne citerons que la suivante : il livra au coq une poule qui avait été séquestrée pendant longtemps et qui don¬ nait des œufs clairs. Le 7 juillet, il y eut deux accouplements successifs, puis la poule fut séquestrée de nouveau et la ponte produisit les résultats suivants : 7 juillet — œuf infécond 17 » — » fécond 19 » — » fécond 20 » — » fécond 22 » — » fécond 23 » — » fécond (?) 25 » — » infécond 26 » — » infécond 29 » — » infécond 31 » — » infécond 2 août — » infécond 3 » — » infécond Ainsi, sur 12 œufs tous ont été inféconds à partir du sixième ; l’influence de la fécondation a donc duré 17 jours et s’est exercée sur 5 œufs seule¬ ment. De ses nombreuses expériences, Coste conclut que l’accouplement n’exerce pas son influence au delà de 18 jours et que cette influence ne s’étend pas à plus de 5 à 7 œufs. — Ces cinq à sept œufs subissent l’in¬ fluence de l’élément male quand ils sont encore renfermés dans l’ovaire, 226 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. car, au moment où les spermatozoïdes sont arrivés en haut de Poviducte, les œufs féconds qui ont suivi le premier œuf infécond étaient encore dans les capsules ovariques, et ils devaient avoir été tous fécondés à la fois ; car Coste ne s’expliquait pas comment les spermatozoïdes avaient pu séjour¬ ner si longtemps pour féconder les œufs successivement, et, en effet, il les avait vus disparaître très-rapidement. Ces spermatozoïdes avaient donc dû agir sur des œufs très inégalement développés. Ces assertions de Coste, qui se fondait sur des expériences très-bien conduites, ont soulevé des critiques. — On a refusé d’admettre l’imprégna¬ tion simultanée d’œufs renfermés dans les capsules ovariques et dont la plupart ne sont pas aptes encore à être fécondés ; on a invoqué les expé¬ riences de Spallanzani, de Prévost et Dumas sur les œufs de grenouille, de Rusconi et de Vogt sur les œufs des poissons ; on a dit que l’œuf de tous ces animaux, pour être fécondé, doit être sorti de sa capsule et surtout être mûr. On en a inféré que les œufs, ne pouvant être fécondés simultanément, doivent l’être successivement, au fur et à mesure qu’ils arrivent dans l’o- viducte ! Quant à la semence, elle n’est pas déposée, a-t-on dit, en un seul point, il en est resté dans Poviducte où elle attend les œufs au passage. — Toutes ces objections pouvaient être fondées, mais il fallait démontrer qu’elles le sont. Or, c’est seulement dans ces derniers temps qu’un physio¬ logiste danois, Tauber, a trouvé des causes d’erreur dans les expériences de Coste. D’ailleurs, le célèbre embryologiste français pensait que l’imprégnation est ovarienne non-seulement chez la Poule, non-seulement chez les Oi¬ seaux, mais chez les Mammifères et chez l’homme, comme aussi chez le plus grand nombre des invertébrés et chez la plupart des animaux dont la fécondation est interne. En un mot, il avait fait une règle générale et la fécondation intra-ovarienne, admettant que les spermatozoïdes agissent non-seulement sur les œufs mûrs et prêts à se détacher, mais encore sur les œufs non mûrs, qui sont fécondés par anticipation, simultanément, et se développent successivement quand ils sont mûrs, en vertu d’une imprégna¬ tion antérieure. Telle était la doctrine de Coste, et c’est ainsi qu’il l’a ex¬ posée dans le dernier fascicule de son grand ouvrage (4e fasc., 1854), ou¬ vrage si malheureusement interrompu par la mort de son auteur. Telle on la trouve dans le Traité de Physiologie de Longet, dont il avait rédigé le chapitre « génération » et qui est resté un des meilleurs ouvrages clas¬ siques. Cette interprétation du mode de fécondation chez la Poule après un seul accouplement a été acceptée aussi par Béclard ( Physiologie , p.1085) qui la considérait comme démontrée par les expériences de Coste. Il importe donc de l’examiner avec soin, car Coste est un des observateurs qui ont le plus d’autorité dans la science. Si la réalité de cette théorie était prouvée, en effet, elle donnerait l’explication de bien des faits très-curieux et encore inexplicables autrement : par exemple, l’influence exercée par un premier mâle et qui persiste malgré l’action d’autres mâles successifs. Ces faits sont bien connus, et inexplicables jusqu’à présent autrement que par l’idée JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cm d’une fécondation première dans l’ovaire, antérieure à Faction d’un se¬ cond mâle. Cette influence persistante d’un premier mâle sur l’ovaire est très-intéressante et nous aurons à l’examiner plus tard. Nous avons dit que parmi les objections élevées contre la doctrine de Coste, on a invoqué l’impossibilité ou l’invraisemblance de la fécondation d’œufs non mûrs encore enfermés dans les capsules de l’ovaire. Comment les spermatozoïdes peuvent-ils pénétrer jusque-là ? — Il est certain, ce¬ pendant, qu’ils y pénètrent dans quelques circonstances, mais ce n’est pas la règle. Comment peuvent-ils traverser l’enveloppe? — Nous l’ignorons. On a cité les expériences de Spallanzani et de Prévost et Dumas qui n’ont pu féconder des œufs de grenouille en plongeant les ovaires dans de l’eau spermatisée ; celles de Rusconi et de Cari Vogt, qui: ont échoué de même en plaçant des ovaires de poissons dans du sperme, au moment du frai. Mais ce sont des objections fondées sur l’analogie; on n’avait pas fait d’ex¬ périences sur les Oiseaux, et c’est précisément ce qu’a entrepris Tauber. (Natur. llist. Tidskrift , 1875). On trouve un extrait très-défectueux de son mémoire dans les Annals and Magazine of Natur al History de 1878, extrait dans lequel on a même dénaturé le nom de l’auteur. Tauber a cherché à contrôler les données qui ont servi de base aux expériences de Coste, d’abord quant à l’intervalle qui existe entre les pontes des poules, particulièrement des poules qui pondent toutes les quarante- huit heures, afin d’être bien fixé sur le moment de la pénétration des sper¬ matozoïdes; ensuite, quant au temps que mettent les spermatozoïdes pour s’avancer jusqu’à l’extrémité supérieure de l’oviducte, temps que Coste fixait à douze heures. Relativement à l’intervalle des pontes qui, pour Coste, était de quarante-huit heures, Tauber a trouvé que les pontes avaient lieu toutes les quarante-quatre à quarante-six heures, pour les poules qui pondent tous les deux jours, et non toutes les quarante-huit heures. Quant au temps qu’emploient les spermatozoïdes à monter, il serait, suivant Tauber, de quatorze à seize heures et non de douze. En pré¬ sence de ces données, cet auteur ne doute pas que si Coste les avait prises pour base il serait arrivé à une tout autre conclusion, c’est-à-dire qu’il aurait admis la fécondation quand l’œuf est déjà engagé dans l’ovi¬ ducte, puisque les œufs s’y engagent plus tôt que Coste ne le croyait et que les Spermatozoïdes y montent plus lentement. Nous examinerons ces points, mais Tauber a fait une observation qui s’attaque plus directement à la question. Il a voulu s’assurer par expérience si les spermatozoïdes paraissent sur l’ovaire, et cinq fois seulement, sur vingt, il a trouvé quel¬ ques rares spermatozoïdes à la surface de cet organe; et sur ces cinq cas, deux fois seulement quelques-uns des filaments étaient encore vivants; dans les trois autres, ils étaient tous morts et incapables, par conséquent, d’opérer la fécondation; jamais il n’en a vu un seul dans une capsule ova- rique intacte. De tout cela il conclut que la fécondation, chez la Poule, a lieu dans l’oviducte et particulièrement dans cette partie supérieure dilatée qu’on appelle le pavillon. Il a examiné alors plus attentivement ce pavillon et a trouvé des particu- 228 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. larités spéciales qui assignent à cet organe un rôle bien déterminé. Il a constaté que le pavillon qui, chez la Poule, a la forme d’un disque à bords crénelés, présente, à deux ou trois millimètres de ces bords, une zone for¬ mée de petites fossettes ou excavations qui offrent une disposition assez régulière. Cette zone, dont M. Balbiani a pu vérifier l’existence, marche parallèlement aux crénelures du bord; elle est composée de petites fos¬ settes quadrilatères séparées par des côtes que forme la muqueuse. Vers le centre du disque on reconnaît encore ces excavations, mais elles sont moins régulières que sur les bords. Tantôt elles sont largement ouvertes, tantôt elles sont comme groupées dans une espèce de poche de la muqueuse qui s’ouvre souvent par un orifice assez étroit. Elles sont tapissées d’un épithélium vibratile, mais, dans leurs anfractuosités, Tauber a trouvé des spermatozoïdes en grand nombre et doués de mouvement dix et même douze jours après l’accouplement. C’est ce qui l’a conduit à considérer cette région comme un véritable réceptacle séminal où les spermato¬ zoïdes attendent la maturation des œufs et la déhiscence des capsules. La fécondation serait alors successive et non simultanée comme l’avançait Coste. D’ailleurs, le chiffre des œufs pondus après un seul accouplement est aussi, pour Tauber comme pour Coste, de cinq à sept œufs, mais pondus en douze jours seulement, au lieu de dix-huit jours. En résumé, Tauber s’appuie pour établir sa théorie : 1° sur la conserva¬ tion des spermatozoïdes avec toute leur vitalité dans les anfractuosités du pavillon converti en un réceptacle séminal; 2° sur la rareté des spermato¬ zoïdes trouvés sur l’ovaire et leur absence dans les capsules ovariques intactes; 3° sur l’inexactitude des chiffres donnés pour le temps du parcours des œufs et des spermatozoïdes. — Il est donc d’accord sur un seul point avec Coste, le nombre des œufs féconds qu’une poule séquestrée après accouplement peut donner, mais pendant douze jours seulement au lieu de dix-huit. Tous ces points ne sont pas également importants. La différence des in¬ tervalles entre les pontes prouverait que les poules danoises ont une ponte plus active que les poules françaises (1) puisqu’elles pondent toutes les quarante-quatre à quarante-six heures et donnent de cinq à sept œufs féconds en douze jours. Ces faits démontrent évidemment que les deux expé¬ rimentateurs ont observé dans des conditions qui ^n’étaient pas identiques ; les différences constatées peuvent provenir des races de poules et aussi de l’âge des animaux. Mais ce qui est certain, c’est le séjour prolongé des sper¬ matozoïdes dans l’oviducte, et c’est là le point important des observations de Tauber, car cela s’explique comment les œufs peuvent être fécondés suc¬ cessivement, et non simultanément. Ces recherches démontrent donc que la fécondation, chez la Poule, est tubaire et non ovarienne. Nous donnerons plus tard d’autres considérations qui prouvent que la fécondation ovarienne en général doit être rejetée. (1) Il v a, du reste, des poules françaises, belges et hollandaises, dont la ponte est encore plus active que les poules employées par Coste et par Tauber ; la poule de la Campine pond souvent tous les jours pendant plusieurs semaines de suite. Dr J . P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 229 LA TRICHINE AUX ÉTATS-UNIS Il y a quelques mois, le Dr 0. C. de Wolf, commissaire de santé de la ville de Chicago, a adressé la lettre suivante à MM. Atvvood et Belfield, éminents micrographes américains : CHICAGO BUREAU DU DÉPARTEMENT DE LA SANTÉ. A MM. H. -F. Atwood et Dr W.-T. Belfield. Messieurs, Je fais tout ce que je puis, avec les moyens dont je dispose pour décou¬ vrir et pour faire consigner dans les cuves de rebut toutes les viandes mises en vente ou désignées pour nos marchés, qui sont de nature à ne pouvoir servir à l’administration. Plus de 200,000 livres (1) ont jusqu’à ce jour été ainsi supprimées dans la présente année. Je suis inquiet, quant à la question de la trichine, àcause delà difficulté toute particulière que peuvent avoir à la reconnaître nos inspecteurs dont l’œil n’est armé d’aucun instrument. — Vous est-il possible de faire pour moi un examen scientifique, et de caractère officiel, de cette question, nos fournitures de viande de porc sont-elles affectées du parasite ? — dans quelle proportion? - Si cet examen peut être fait, je veillerai à ce que le matériel nécessaire soit sous la main quand il en sera besoin. Et si les trichines sont reconnues, je vous prie de vouloir bien m’adresser un rap¬ port répondant aux questions suivantes : Dans quelles proportions ces parasites sont-ils dangereux pour la santé ou pour la vie? Les animaux trichinés sont-ils généralement en mauvaise santé? Jusqu’à quel point peut-on compter qu’en salant ou en fumant la viande de porc on détruira les trichines? Existe-t-il un moyen pratique à l’aide duquel nos inspecteurs des viandes pourront reconnaître le parasite dans une pièce de viande? Enfin, je vous prie, de présenter un résumé succinct de l’histoire naturelle du parasite qui puisse instruire le public. Je suis, Messieurs, avec beaucoup de respect, votre obéissant serviteur, Oscar C. de Wolf, Docteur en médecine, Commissaire de santé. En réponse à cette communication, M. Atwood et le Dr Belfield ont adressé à M. O.-C. de Wolf le rapport suivant : Monsieur, Faisant droit à votre requête, nous avons entrepris une série d’examens attentifs de la viande de porc, au sujet de l’existence des trichines, et nous avons l’honneur de vous adresser le rapport suivant : Les spécimens nous ont été fournis chaque jour par un « Officer Lamb » de votre Département à qui nous devons nos remerciements pour sa ponc¬ tuelle obligeance. Il nous a procuré des spécimens provenant de tous les établissements d’expédition ou d’abattage de cette ville, et des magasins. Pour nous conformer à vos instructions, nous avons pris de chaque porc deux morceaux, l’un sur le filet (muscle psoas), l’autre sur le jambon. Nous (1) La livre américaine (pound), vaut 453 grammes 588. (Tr.) 230 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. avons examiné chaque jour les échantillons prélevés sur deux et quelque¬ fois trois animaux en employant la méthode suivante : Des coupes minces longitudinales ont été pratiquées sur le muscle, immédiatement transportées dans une chambre humide, soit dans l’eau, soit dans la glycérine, soit dans un mélange d’eau, de glycérine et d’acide acétique. Elles ont été ensuite examinées sur un microscope de Bulloch avec un objectif de Bausch et Lomb, de 3/4 de pouce de foyer, et l’oculaire A, donnant une amplification d’environ soixante-quinze diamètres. Le plus grand nombre des préparations a été examiné par chacun de nous séparé¬ ment; nous pouvons espérer ainsi, avec suffisamment de raison, qu’aucune trichine n’a échappé a notre investigation. Sur cent porcs nous avons étudié de cette manière 1937 coupes minces, c’est-à-dire environ 20 sur chaque animal. Nous avions l’intention d’examiner plus d’un millier d’animaux, mais en raison de votre demande pressante, et de votre désir d’avoir un rapport dans le plus court délai, et trouvant d’ailleurs que la moyenne des animaux infestés se présentait avec une grande uniformité, nous nous sommes décidés à donner les résultats que nous avons obtenus sur la première centaine. Huit, sur les cent porcs, étaient infectés, les numéros 9, 23, 29, 33, 54, 63, 76, 90, et contenaient des trichines. Quelques-uns étaient profondé¬ ment atteints, les autres n’ont fourni qu’un nombre de parasites relative¬ ment faible. Dans tous les cas, le jambon parut indemne de trichines, et c’est toujours dans les muscles psoas que nous avons trouvé ces vers. Dans le porc n° 29, nous avons constaté le plus petit nombre de parasites, environ 25 par pouce cubique, tandis que l’échantillon provenant du porc n° 90 en contenait une quantité qu’on ne peut avec exactitude estimer à moins de 13,000 dans le même volume. En réponse à votre question, si les animaux trichineux sont générale¬ ment en mauvaise santé, nous pourrions dire que rien, à notre connais¬ sance et d’après nos observations, ne nous autorise à affirmer le contraire. C’est une condition normale pour un animal que d’héberger une ou plu¬ sieurs variétés de parasites. Van Beneden dit dans son livre « Parasites et commensaux », en parlant des parasites en général : « Ils ne sont pas plus nombreux dans les individus délicats que dans ceux qui jouissent de la plus robuste santé. Au contraire, tous les animaux sauvages hébergent leurs vers parasites, et la plupart d’entr’eux ne de¬ meurent pas longtemps en captivité avant de s’être débarrassés de leurs nématodes ou de leurs cestoïdes. » De plus, pour notre satisfaction personnelle et pour la démonstration d’autres faits, nous avons commencé, dès le début de notre travail, à nourrir avec du porc trichineux un rat blanc alors âgé de trois semaines. Cet animal a reçu une provende libérale de cette nourriture, prise sur chaque spécimen que nous avons trouvé infesté. Il a grossi avec rapidité et a toujours paru jouir de la meilleure santé, ce qui même a attiré l’at¬ tention de toutes les personnes qui ont visité notre laboratoire. Le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 231 17 novembre, l’animal fut tué et l’on a trouvé ses muscles littéralement vivants de trichines, dont on voyait de 10 à 13 individus dans chaque champ de microscope. Tous les muscles étaient infestés, depuis le bout du nez jusqu’à l’extrémité de la queue. Ce fait, nous le croyons, répond à votre question par la négative. Vous demandez : existe-t-il des moyens pratiques à l’aide desquels nos inspecteurs des viandes puissent reconnaître la présence des trichines sur une espèce de viande? — Nous répondrons que le microscope est le seul moyen infaillible. A l’œil nu la viande infestée ne présente aucun carac¬ tère particulier, à moins que les parasites n’y soient en nombre excessif. Le Gouvernement allemand a, pendant plusieurs années, exigé l’examen microscopique de la viande de porc comme condition préalable de sa mise en vente. Le parasite n’est pas détruit par le salage ni par le fumage, ce qui est prouvé par ce fait que la plupart des cas de trichinose observés dans l’Ouest sont consécutifs à l’usage de jambons fumés crus. Pour savoir si, oui ou non, un jambon infecté peut devenir inoffensif, nous avons ins¬ titué une série d’expériences au laboratoire de physiologie de Rush medi¬ cal College. De ces recherches il est résulté que nous avons dans l’acide sulfureux un agent qui, non-seulement tue instantanément les vers, mais pénètre rapidement dans le jambon tout entier et peut en être aussi rapi¬ dement expulsé. En considérant le bas prix de cette substance, il nous paraît que l’addition d’une petite quantité d’acide sulfureux à la saumure n’apporterait qu’une augmentation insignifiante à la dépense de conser¬ vation de la viande., En rapport avec les résultats de nos investigations, il se présente plu¬ sieurs questions importantes. D’abord, pourquoi la moyenne de porcs infestés a-t-elle augmenté ainsi depuis huit années? — A cette époque, une commission de l’Académie des Sciences de Chicago a examiné un grand nombre de porcs et n’a trouvé que 2 porcs sur 100 infestés. Nous ne sommes pas en mesure de faire, à présent, une réponse satis¬ faisante à cette question. Ensuite, pourquoi cette moyenne de porcs infestés est-elle ici si supérieure à ce qu’elle est en Allemagne? Engelbrecht établit (Anleitung zur Untersuchung der geschlachteten Schweine auf T richinen ) que sur 618,236 porcs examinés depuis octobre 1866 jusqu’en avril 1873 soixante-dix seulement ont été trouvés infestés de trichines. Ces examens étaient faits par des fonctionnaires du Gouvernement, dans le duché de Brunswick. Nous ne pouvons expliquer cette grande abondance du parasite en Amérique, mais nous instituons actuellement des expériences qui, nous l’espérons, nous conduiront à la solution de ce problème. La troisième question, et au point de vue pratique la plus importante, est celle-ci : puisque huit pour cent de nos porcs sont trichineux, pour¬ quoi les cas de trichinose sont-ils aussi rares ? — Nous avancerons trois suppositions : D’abord parce que la plupart du temps la viande est préa¬ lablement soumise à une cuisson complète qui tue les vers; — ensuite, parce qu’en raison de l’extrême ressemblance des symptômes de la trichinose avec ceux d’autres maladies, notamment la fièvre typhoïde, il n’est peut- 3 232 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. être pas impossible qu’on l’ait parfois confondue avec diverses autres affec¬ tions. Enfin, parce que l’ingestion d’un certain nombre de trichines vi¬ vantes n’est suivie d’aucun résultat fâcheux. Comme preuve de ce que nous avançons, nous pouvons citer le cas du rat blanc dont nous parlions plus haut dont un morceau pesant une once, après avoir été préparé, ne contenait pas moins de 100,000 vers. De plus, dans les cas où une famille entière a pris sa part d’un porc trichiné, tandis que certains membres de cette famille ont éprouvé des accidents sérieux, mortels même, d’autres en ont été quittes pour une indisposition légère, et même rien du tout. Si ferme est notre confiance dans l’innocuité d’une petite quantité de trichi¬ nes que l’un de nous, (le D1' Belfield) a mangé, le 20 novembre, un morceau de la viande du rat précité, morceau qui, examiné au microscope, contenait douze trichines vivantes. Aujourd’hui (15 décembre) aucun symptôme irrégulier n’est résulté de cette alimentation orientale. Que l’existence de la trichine dans l’espèce humaine soit beaucoup plus générale qu’on ne le suppose ordinairement, cela est prouvé par les recherches de Turner, Wagner, Virchow et autres observateurs, (ainsi que cela a été établi par Ziemssen). Ces expérimentateurs ont trouvé que de 2 à 3 pour cent des hommes examinés, et chez lesquels on ne soupçon¬ nait aucunement l’existence du parasite, contenaient pourtant des trichines; et, de plus, ceci se passait en Europe, où le ver se rencontre moins fré¬ quemment que dans ce pays. En vérité, il ne paraît pas y avoir de limite au nombre de trichines qu’un homme peut supporter sans accident, car, dans de nombreux exemples, le corps de malades qui n’avaient jamais été suspectés de trichinose et qui n’en avaient jamais souffert, a été trouvé post mortem , rempli d’une quantité énorme de ces vers. Dans ces cas, sans doute, les vers ont été ingérés à différentes époques et, chaque fois, avalés en nombre relativement faible. Quant à l’histoire naturelle de ce parasite, nous retracerons seulement les faits suivants : La présence du ver dans le porc est attribuée par beaucoup d’auteurs aux rats infestés que cet animal a pu dévorer. Nous ne sommes pas dispo¬ sés à accepter cette supposition, bien que nous ne possédions pas encore des données suffisantes pour soutenir notre théorie. Mais, de quelque part que vienne le parasite, il pénètre ordinairement dans l’estomac de l’homme enfermé dans de la viande de porc. Il est alors dans une condition semblable à ce qu’est l’état de pupe pour l’insecte. Le kyste consiste en une enveloppe de tissu conjonctif renfer¬ mant une matière minérale composée surtout de phosphate et de carbonate de chaux. Il n’est pas sans analogie avec une coquille d’œuf, si ce n’est que le tissu conjonctif y est externe, tandis que dans l’œuf le tégument conjonctif est intérieur à l’enveloppe calcaire. Le contact du suc gastrique amène la désagrégation du kyste, la pepsine digère le tissu conjonctif et l’acide libre décompose le sel calcaire. Afin de reconnaître quel temps est nécessaire à ce processus, nous nous sommes procuré du suc gastrique de chien, en pratiquant une fistule stomacale. Des coupes minces de muscles JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 233 trichines ont été placés dans une chambre humide, recouvertes du liquide gastrique et maintenus à une température de 100° (1). Nous avons observé que les vers étaient mis en liberté dans un délai de 20 à 40 minutes. Ces vers ne causent pas d’autre ravage que la production de leur progéniture, laquelle s’effectue dans l’intervalle de huit jours et est évaluée, diverse¬ ment, de 300 à 1,200 individus pour chaque femelle. Les parasites adultes sont bientôt après rejetés avec les fèces ; les jeunes trichines peu de temps après leur naissance, se fraient leur chemin à travers les parois du tube digestif et atteignent les muscles volontaires, s’accroissant en taille à mesure qu’elles avancent. Continuant leur course, elles passent entre les fibres musculaires, jusqu’à ce que parvenues au point où elles doivent rési¬ der elles percent l’enveloppe et se fixent à une fibre. Alors, il se produit le phénomène ordinaire occasionné par la présence d’un corps étranger. L’irritation cause la multiplication des noyaux, l’absorption de la matière formée avec dégénérescence grasse et finalement calcaire ; pendant ce temps, la prolifération des cellules a pour résultat la formation d’une enve¬ loppe de tissu conjonctif. L’animal est ainsi enfermé dans une tombe vivante qu’il ne quittera jamais, à moins d’être délivré par le suc gastrique d’un autre animal. Dans cet état, il reste sans modification pendant un temps indéfini que certaines autorités ont établi pouvoir durer jusqu’à vingt ans. En terminant notre rapport, nous ne devons pas négliger de recomman¬ der comme nécessaire, la cuisson complète de la viande de porc préparée pour la table, car le parasite est tué par une température bien inférieure à celle de l’eau bouillante. Nous sommes loin de vouloir nous poser en alar¬ mistes, ainsi que le prouve suffisamment la déclaration que nous faisons de notre foi dans l’innocuité relative du parasite, opinion en désaccord avec celle des auteurs qui ont écrit sur ce sujet avant nous. Nos investiga¬ tions ont été conduites avec un esprit purement scientifique et nous en donnons les résultats tels qu’ils se sont réellement présentés à nous. C’est une habitude pour la presse, dans cette ville aussi bien que dans d’autres, de pousser à la publication d’articles à sensation, éma¬ nant de pseudo-savants, sur les altérations des substances alimentaires, la nature des eaux potables, et autres sujets de même ordre. C’est un fait profondément regrettable, car cela ne sert qu’à faire naître dans l’esprit des gens sensés la méfiance sur les motifs qui ont inspiré ces sortes de travaux, et quant à ceux qui ne réfléchissent pas, cela ne peut leur faire aucun bien, au contraire, car cela les conduit à se créer dans l’imagination les fantô¬ mes les plus terribles à propos de toute espèce d’aliments. Pour nous, nous sommes heureux que les résultats de notre travail soient de nature à dimi¬ nuer bien plutôt qu’à augmenter la méfiance, exagérée déjà, et générale¬ ment répandue au sujet d’une matière alimentaire aussi usitée que la viande de porc et qui tient une place si importante dans le commerce de notre grande cité. Nous avons l’honneur d’être, Monsieur, vos respectueux H. -T. Atwood, Dr W.-T. Belfield. (1) 100° Fahrenheit, c’est-à-dire 55° centigrades (Tr). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 234 La question des Huiles a la Société R. Microscopique de Londres. La question de l’application de l'huile à l’immersion pour les objectifs est en ce moment à l’ordre du jour à la Société R. Microscopique de Londres et se débat entre M. Stephenson, secrétaire de la Société, et M. Wenham, le directeur bien connu de la construction des instruments de micrographie dans la maison Th. Ross et Co, conduite elle-même par M. Stuart depuis la mort de M. Th. Ross. Voici les faits : M. Stephenson est un chaud partisan des idées du Dr Abbé sur la théorie du microscope et des objectifs, idées qu’il a résumées jadis devant la Société, par¬ ticulièrement dans une note que nous avons traduite et publiée en son temps. Or, M. Stephenson a suggéré au Dr Abbé l’idée de remplacer l’eau par une huile ou une essence pour l’immersion des objectifs. Le Dr Abbé a, en effet, calculé une formule sur laquelle son beau-frère, M. C. Zeiss, d’Iéna, a construit les objectifs dits à immersion dans l’huile de cèdre que tout le monde connaît aujourd’hui. Ces objectifs, favorablement reçus dès l’origine, ont été depuis un an examinés, comparés, étudiés en Europe et en Amérique. De cette étude il est résulté d’abord qu’ils constituaient des instruments merveilleux et tels que jusqu’ici (on n’en avait point encore vu. Cependant, peu à peu, une certaine réaction s’est produite et, à ce qu’il nous semble, ce fut d’abord en Amérique, où les amateurs de mi¬ croscope trouvaient de redoutables éléments de comparaison dans les objectifs de Toiles, et même dans quelques-uns dus aux Spencer. On trouva que les objectifs américains à immersion dans l’eau ou dans la glycérine étaient même parfois supérieurs aux nouveaux instruments allemands. C’est alors que Toiles, à Boston, qui depuis quatre ans construisait des objectifs^ à immersion dans l’eau, dont l’ouverture atteignait 115° dans le verre (notam¬ ment un 1/12 de p. appartenant un professeur Keith) — tandis que les premiers- objectifs de Zeiss, à l’huile, n’en avaient que 106 et les derniers seulement 116°, s’est mis à construire des objectifs pouvant, par l’ajustement du collier, servir avec l’eau, la glycérine ou l’huile, à volonté, et qui ont une ouverture de 127° dans le verre. Puis, les grands constructeurs anglais, Powell et Lealand, la maison Ross,, à Londres, entreprirent de construire des objectifs à huile, et nous apprenons que la formule de Powell et Lealand donne des résultats qui rivalisent avec ceux de la formule du Dr Abbé. Quant à la formule employée par la maison Ross, encore à l’étude aujourd’hui, à ce que nous croyons, elle paraît, d’après les récentes dé¬ clarations de M. Stuart, devoir fournir aussi de bons résultats. Ainsi, avant l’application de l’huile à l’immersion par MM. Abbé et Zeiss, Toiles construisait déjà des objectifs à eau dont l’ouverture (145°) dépassait celle des premiers objectifs à huile, de Zeiss, (106°) et égalait, à un degré près, celle des plus nouveaux (116°); rappelons qu’il a fait publier sa fourmule du 4/10 de p. appartenant au Musée médical de l’Armée, à Washington, calculée par le profes¬ seur Keith, pour un système dont le foyer fronlal se forme sans aberration sen¬ sible dans un milieu homogène avec la lentille frontale, et que le 4/4 2 de p., de 445°, appartenant au professeur Keith, date de quatre années. — De plus, actuel¬ lement, ses nouveaux objectifs à eau, glycérine ou huile ont 427° d’ouverture mesurés dans le verre. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 235 Maintenant, que le Dr Abbé, par une autre formule spécialement calculée pour l’huile, soit arrivé du premier coup à faire des objectifs qui de 82° d’ouverture, dans le verre, passent à 106° et 116°, et qui exigent la correction par l’allonge¬ ment ou le raccourcissement de la distance entre l’oculaire et l’objectif, au lieu du système ordinaire par la variation de la distance des lentilles dans la mon¬ ture de l’objectif, c’est certainement un grand honneur au Dr Abbé qu’avec tout le monde nous reconnaissons pour l’un des plus habiles physiciens qui se soient voués au perfectionnement du microscope et qui méritent le plus la reconnais¬ sance des micrographes. Mais de là à dire que les objectifs de Zeiss à immersion dans l’huile de cèdre sont des instruments inimitables et supérieurs à tout ce qu’on connaît, nous croyons que cela n’est pas exact, puisque déjà Toiles était arrivé avec l’eau sen¬ siblement au même résultat quant à l’agrandissement de l’ouverture. Et nous ajouterons même, malgré toute l’estime que nous avons pour les objectifs de Zeiss, qu’en général nous leur préférons ceux de Toiles. En comparant des objectifs des deux constructeurs, de même foyer, à immersion dans l’eau et choisis parmi leurs meilleurs, nous trouvons que ceux de Toiles supportent in¬ contestablement mieux une épreuve dernière et que nous considérons comme un critérium des qualités respectives des objectifs, — nous voulons dire l’épreuve de la puissance de l’oculaire que chacun d’eux peut supporter. Or, nous affirmons avoir fait cette comparaison avec un soin excessif, tellement minutieux que nous en considérons les résultats comme certains, et nous avons obtenu dans ce cas, avec les objectifs de Toiles, des images que ne pouvaient fournir ceux de Zeiss. — Nous en concluons que si la même différence existe entre les objec¬ tifs à huile des mêmes constructeurs, il faudrait donner la préférence à ceux de Toiles. D’ailleurs, nous reconnaissons que tous les objectifs à nous connus du célèbre opticien de Boston se distinguent par une précision, une perfection qui,, pour nous, fait toujours deM. Toiles le premier opticien du monde. Il convient d’ajouter que cette supériorité du travail amène un prix de revient un peu plus élevé, mais nous ne croyons pas que le prix d’un instrument soit, d’une manière générale, une considération dont le constructeur, pas plus que le savant ou l’ama¬ teur, doivent se préoccuper : il s’agit de construire l’instrument le plus par¬ fait et de reculer toujours les limites du possible. La question du prix, au point de vue scientifique, est tout à fait secondaire. Mais, à la Société Micrographique de Londres, la question de l’immersion dans l’huile se complique de quelques circonstances particulières. M. Stephenson, comme nous l’avons dit, a suggéré au Dr Abbé l’idée de calculer une formule pour ces immersions, et ce dernier en fait volontiers honneur au secrétaire du la Société Microscopique. Ce que voyant, M. Wenham a fait remarquer que lui- même, dès 1870, avait dans le Monthly Microscopical Journal publié des vues sur ce sujet et indiqué qu’on pourrait retirer quelque avantage de ce système. Nous n’avons pas sous les yeux le texte même de l’article de M. Wenham, en 1870, mais il nous paraît, d’après ce que le D1' Abbé écrit dans le numéro courant du Journal de la Société, qu’il n’avait pas connaissance de cet article. Il se peut, après tout, que la part prise en 1878 par M. Stephenson dans la con¬ struction des objectifs à immersion ne soit pas plus grande, sinon plus petite, que celle prise par M. Wenham en 1870 dans cette même branche de l’optique. Seulement, l’année dernière, l’art de la construction des objectifs avait fait de grands progrès sur ce qu’il était à l’époque où écrivait M. Wenham, et il n’est pas étonnant que l’exposé des mêmes idées générales ait produit, en 1878, des ré- 236 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sultats bien plus importants que cela n’eût été possible huit ans auparavant, — et particulièrement entre les mains habiles du Dr Abbé. Il est cependant assez singulier que M. Stephenson n’ait pas eu connaissance de l’article de M. Wenham, et s’il ne le connaissait pas on peut s’étonner qu’à peine a-t-il vu le directeur scientifique de la maison Ross prendre la parole, il a poussé contre lui une charge à fond de train l’attaquant de tous les côtés, même sur des points qui paraissent assez étrangers à la question et qui lui ont été indi¬ qués par d’autres adversaires de M. Wenham. Enfin, cette attaque elle-même paraît d’autant plus singulière que M. Wenham, dans sa réclamation, ne nommait même pas M. Stephenson, et que pour la développer, cette attaque, il a fallu à celui-ci rentrer en entier dans la discussion de l’ouverture angulaire, discussion dont le bureau a, le mois dernier, prononcé Ja clôture, en grande partie à l’instigation de M. Stephenson lui- même. On pourrait croire que ce dernier n’a demandé cette clôture qu’alors qu’elle lui paraissait utile aux idées qu’il défend, mais qu’il ne s’en soucie plus du moment qu’elle le gêne. Cette question de forme n’est pas indifférente, car elle constitue une infraction au règlement, et avec les habitudes de parlementarisme qu’ont les Anglais, nous sommes surpris que la Société ait laissé l’orateur s’enga¬ ger de nouveau dans un débat déclaré clos. Il est vrai que M. Stephenson avait chargé M. Fr. Crisp de présenter en séance sa réponse à M. Wenham, et le choix d’un tel avocat était habile, car en confiant son plaidoyer à l’homme le plus popu¬ laire de la Société, il était à peu près certain de n’avoir à craindre aucun incident. En somme, voici donc une sorte de débat de priorité engagé entre M. Wenham et M. Stephenson à propos de l’application de l’huile à l’immersion. Mais ce qui paraît bien plus étrange dans ce débat, c’est que M. Stephenson termine en disant qu’Amici, en 1845, avait émis, sur ce système, les mêmes idées que M. Wenham en 4870 — et par conséquent que lui-même en 1878. C’est-à-dire que pour prouver que ce n’est pas M. Wenham qui a inventé cette immersion, il prouve en même temps que ce n’est pas lui non plus, M. Stephenson. — Et c’est la vérité. 11 est, nous le croyons, de notoriété publique que le système de l’immersion en général aété inventé par Amici dans le but de placer l’objet dans un milieu optiquement homogène avec le verre de la lentille frontale; on sait que pour réaliser un milieu aussi homogène que possible avec la lentille frontale il avait d’abord employé les huiles grasses, puis les huiles essentielles; on peut dire que c’est en raison de l’incommodité de l’emploi de ces huiles qu’il en est venu à se servir de la glycé¬ rine, puis de l’eau distillée, laquelle, malgré une différence notable dans l’indice de réfraction, fournissait des résultats tellement supérieurs à ceux que donnaient alors les objectifs à sec qu’il les jugea suffisants pour le moment. A ce sujet, nous demandons la permission de reproduire ici les lignes que nous écrivions en 1875 dans notre ouvrage sur Le Microscope : « Après avoir traversé le couvre-objet, les rayons lumineux ont encore à tra¬ verser, avant d’entrer dans la lentille frontale, la couche d’air plus ou moins épaisse qui sépare la surface supérieure du verre mince de la face inférieure de la lentille, couche d’air qui imprime aux rayons deux réfractions, la première quand ils y entrent, la seconde quand ils en sortent pour entrer dans la lentille. »Si le verre mince et la lentille ne formaient qu’un seul et même morceau de verre, ces deux réfractions ne se produiraient pas et la netteté de l’image serait naturellement bien plus grande. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 237 » La chose n’étant pas possible, Amici eut l’idée d’interposer entre le verre mince et la lentille un corps transparent ayant à peu près le même indice de ré¬ fraction que le verre : l’huile de pieds de bœuf, l’essence d’anis, la glycérine ou même l’eau distillée. » Tel est le principe sur lequel est fondé la construction des objectifs à immer¬ sion, inventés par Amici en 1844 (1). » Telle est la vérité, — c’est Amici qui a inventé les objectifs à immersion, — même avec les huiles. L’eau, comme milieu interposé, ne fut, pour ainsi dire, pour lui qu’un pis-aller commode et dont les effets étaient, comme nous le disions tout à l’heure, bien assez beaux à cette époque pour qu’il ait pu s’y arrêter. Mais si M. Stephenson reconnaît que l’invention de l’objectif à huile appartient à Amici, on se demande alors qu’est-ce qu’il peut bien réclamer aujourd’hui. Si ce n’est pas le principe, qui, en effet, ne lui appartient pas, — non plus qu’à M. Wenham, — est-ce donc l’effet, c’est-à-dire l’agrandissement de l’ouverture de 82° à 106° puis à 116°? — Pas davantage, puisque Toiles construisait, il y a déjà quatre ans, des objectifs à eau qui possédaient cette ouverture extrême. — Est-ce donc, enfin, qu’il soutient la supériorité absolue, la préexcellence de la formule du Dr Abbé pour les objectifs à huile? — Mais, quel que soit le mérite, et nous le reconnaissons bien volontiers, de cette formule et de ces objectifs, leur supé¬ riorité absolue n’est pas réelle, puisque la formule de Povvell et Lealand, qui n’est pas la même, donne des résultats aussi bons, et puisque celle de Toiles pour les objectifs à eau, glycérine et huile, à volonté, donne, avec ce dernier milieu, une ouverture angulaire de 120°, 125° et 127° et même, d’après une formule nou¬ velle, à ce que nous apprenons, 140°, c’est-à-dire bien supérieure à celle des objectifs de Zeiss. Alors que demande M. Stephenson et pourquoi tout ce fracas? — N’est-ce pas là, comme dit le poète : « Much ado about nothing », — beaucoup de bruit pour rien? Dr J. Pelletan. INSTRUCTIONS POUR LA RÉCOLTE DES FORAMINIFÈRES VIVANTS Occupé depuis quelques années à réunir les matériaux necessaires à l’étude de la faune rhizopodique des côtes de France, j’ai souvent fait appel à l’obligeance de naturalistes du littoral, afin d’obtenir leur bienveillant concours. Plusieurs de mes correspondants m’ayant demandé des renseignements précis sur la manière d’opérer le plus favorablement possible la récolte des sédiments destinés à mes recherches, je crois utile de réunir dans cette note les instructions que j’avais préparées en vue de faciliter la recherche des Foraminifêres, espé¬ rant que ces détails offriront quelque utilité à ceux qui s’occupent de l’étude si intéressante de ces petits êtres. La publication de cette note aura l’avantage de vulgariser des indications d’au¬ tant plus nécessaires aux travailleurs qu’elles font généralement défaut dans les (I) Ce n’est guère qu’en 1852 qu’Amici compléta son idée. Dès 1853, M. Nachet construisit des objectifs à immersion et bientôt aussi M. Hartnack qui les répandit en Allemagne. 238 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ouvrages spéciaux, ou bien s’y trouvent présentées sous une forme souvent très- sommaire et toujours incomplète. Plus tard, je compte exposer également certains procédés de triage et de mon¬ tage des Foraminifères m’ayant donné d’excellents résultats, et qu’il serait peut- être utile de faire connaître d’une manière détaillée. Voici maintenant, présentées sous une forme aussi concise que possible, les instructions qui m’ont été demandées : En thèse générale, le sable grossier et purement quartzeux que l’on observe sur la plupart des plages est excessivement pauvre en Foraminifères. Sous l’in¬ fluence de certaines conditions favorables, on pourrait cependant obtenir des résultats intéressants, comme, par exemple, lorsque ces sables, au lieu d’être uniquement constitués par des grains quartzeux, se trouvent accompagnés d’une quantité suffisante de petits débris coquilliers ou bien de fragments d’échinides, de polypiers, de spongiaires, d’algues, etc. On remarque souvent le long de certaines plages, ou mieux encore dans les petites baies ou anfractuosités de la côte, et au niveau de la haute mer, une espèce de ruban littoral, produit par l’accumulation des débris légers : coquilles, spongiaires, polypiers et algues, que la marée rejette sur le rivage. Ce cordon littoral se présente généralement sous la forme d’une ou plusieurs zones noir⬠tres, où dominent les algues marines, et, en certains endroits, des cendres et des scories légères provenant des navires. Ces détritus, ainsi que les sables qui les accompagnent, fournissent généralement de bons matériaux pour la récolte des Foraminifères. On recueillera une certaine quantité de ces débris; mais, s’ils contiennent beaucoup d’algues, il laut les laver à grande eau, en ayant soin de les froisser légèrement entre les mains, dans le vase où on les aura plongés. Le lavage doit s’opérer dans l’eau de mer lorsqu’on veut conserver les Fora¬ minifères vivants, et dans l’eau douce lorsqu’on veut simplement obtenir les coquilles. Le lavage dans l’eau douce prévient les efflorescences salines, qui au¬ trement pourraient recouvrir les coquilles mises en collection. Le résidu flottant, composé de débris d’algues, de bryozoaires, etc., doit être rejeté, tandis que l’on conservera soigneusement le sable accumulé au fond du vase dans lequel on aura opéré le lavage. Comme les Foraminifères sont plus légers que les grains quartzeux, et qu’ils flottent par conséquent sous l’eau, à la surface'du sable (rarement dans ce cas-ci à la surface de l’eau) il importe, en rejetant le liquide, de prendre les précautions nécessaires pour ne pas enlever les Foraminifères en même temps. Pour plus de facilité, on peut encore faire passer l’eau contenant en suspen¬ sion les algues, etc., au travers d’une mousseline grossière maintenue dans l’eau. On laisse reposer la partie filtrée et l’on jette le résidu arrêté par les mail¬ les de l’étoffe. Le varech, les fucus et en général toutes les algues recueillies sur le rivage, ou, mieux encore, arrachées ou draguées dans la zone même où elles croissent, donnent également de bons résultats, et peuvent être traitées de la même manière. Il serait utile de conserver, sans les laver , et surtout sans enlever le sable adhé¬ rent, quelques pieds d’algues et de polypiers flexibles, surtout de ceux dont les « pseudo-racines » enveloppent et agglutinent des graviers, des sables, etc. Un grand nombre de Foraminifères vivent attachés aux feuilles et aux fausses racines des algues. Ces plantes, ainsi que les polypiers flexibles, les spongiaires, etc., JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 239 forment un précieux emballage pour les flacons contenant les sables; cet em¬ ballage est môme préférable à tout autre, à cause de son élasticité. Avant de continuer, il ne sera pas inutile de faire remarquer que, à part ce que l’on obtient par le procédé de l’arrachage des algues, les matériaux simple¬ ment recueillis parmi les sables de la plage ne suffisent pas pour donner une idée exacte de la faune, quelle que soit d’ailleurs la quantité de sable examinée. Certaines erreurs peuvent aussi se produire et fausser le faciès de la faune. En effet, il arrive parfois que l’on observe sur la plage, parmi les coquilles et les Foraminifères de la faune récente, des dépouilles analogues, provenant de cou¬ ches fossilifères, tertiaires, crétacées ou autres, qui, affleurant sous les eaux, sont affouillées par l’action des vagues, ou bien qui s’écroulent peu à peu dans la mer, du haut des falaises que le flot vient miner à marée haute. Les coquilles et les Foraminifères fossiles, ainsi mis en liberté, sont ensuite dispersés sur la plage, parmi les représentants de la faune actuelle. Il est donc fort important de toujours tenir compte des affleurements qui pourraient exister dans le voisinage des localités où les sables actuels ont été recueillis. La présence, facile à constater, de coquilles fossiles parmi les espèces récentes, indique la probabilité de mélan¬ ges de ce genre. Il ne serait pas moins utile de recueillir également des échantillons de la roche fossilifère, afin de pouvoir, plus aisément, en reconnaître les éléments fauniques. J’ai dit plus haut qu’en se bornant uniquement à l’examen des sables grossiers et des résidus de la plage, on pouvait craindre de voir se produire certaines lacunes dans les catalogues. En effet, les sables en question ne contiennent par¬ fois que des Foraminifères roulés et usés, appartenant presque exclusivement aux espèces de grande taille, à coquille épaisse et solide, et dont la plupart se représentent, avec une monotonie désespérante, dans presque tous les dépôts de plage des mers européennes. Outre cette circonstance, il est bien établi que cer¬ tains groupes d’espèces, et même plusieurs genres tout entiers, ne peuvent vivre et se développer convenablement que sur les fonds vaseux, ou bien dans les loca¬ lités où les sables sont fins et un peu limoneux. Toutes les espèces à coquille fragile et délicate, c’est à dire les plus nombreuses et les plus belles, ne se trou¬ vent réellement en place que dans ces conditions. Alors même que les coquilles minces de ces Foraminifères viendraient s’é¬ chouer sur la lisière sableuse de la plage, on comprend aisément qu’elles seraient immédiatement mises en pièces au contact de ces sables grossiers, toujours en mouvement. Pour arriver à la connaissance exacte de la faune d’un point donné, il faut, par conséquent, pouvoir recueillir, en même temps que les sables de la plage, avec Foraminifères littoraux, les sédiments où se trouvent abondamment, et presque toujours en vie, les espèces de la zone limoneuse. Pour cela, il y aurait à choisir et à suivre, suivant la topographie de la loca¬ lité explorée, quelques-unes des indications suivantes : Recueillir, à marée basse (soit à portée de la main si l’on ne peut faire mieux, soit au moyen d’une petite drague ou tout simplement d’un sac maintenu ouvert et fixé au bout d’un manche) la partie superficielle de la vase ou du sable limoneux qui s’observent généralement dans les ports, dans les rades abritées et tran¬ quilles, dans les bassins maritimes, à l’embouchure des rivières et des fleuves, ou même assez haut dans le cours de ceux-ci, pourvu que l’eau soit salée ou saumâtre. L’enduit gluant, généralement vert ou brunâtre, qui recouvre la vase 240 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. et le sable limoneux, dans les endroits tranquilles, donne souvent d’excellents résultats. Il est à noter que la vase noire, compacte et gluante, qui s’observe sous l’en¬ duit superficiel, est ordinairement plus pauvre en Foraminifères. Il faut recueil¬ lir, autant que possible, la partie supérieure du dépôt limoneux. Il est utile d’explorer les grandes flaques permanentes qui persistent à marée basse, soit sur la plage, lorsque le sable n’est pas trop grossier, soit dans les estuaires, embouchures de rivière, etc., ou bien encore dans les cavités que l’on rencontre parfois entre les rochers et au pied des falaises. Il ne faut pas perdre de vue que les endroits les plus favorables sont toujours ceux dont 'le sol est tapissé d’une couche de sable très fin ou limoneux. Des sédiments plus grossiers, mais riches en petits débris, sont également favorables aux recherches. Il importe que ces recherches, ainsi que celles qui seront indiquées plus loin, soient, autant que possible, effectuées à marée basse. En longeant le bord des flaques laissées sur les plages à sédiments sableux fins, on les voit quelquefois bordées de zones blanchâtres, composées de petits amas accumulés dans ces nombreuses anfractuosités, ou rides légères, que produit à la surface du sable le mouvement de retrait des eaux. Ces amas blanchâtres sont composés de petits débris organiques, très légers : spiculés d’éponges, piquants d’échinides, frag¬ ments de coquilles et de bryozoaires, valves d’entomostraeés, etc., mêlés sou¬ vent à une quantité considérable de Foraminifères. Au moyen d’une cuiller, on peut alors, en fort peu de temps, réunir de grandes quantités de ceux-ci. Souvent, on peut constater sur place, et avec le secours d’une simple loupe, la présence, dans la vase, des Foraminifères vivants. Lorsqu’on examine, dans un récipient peu profond (le couvercle d’une boîte en fer blanc, par exemple) et sous une légère couche d’eau, une petite quantité de vase, on reconnaît aisément les Foraminifères vivants, qui apparaissent sous forme de petits points colorés en rouge, en rose ou en jaune. Ces teintes sont données à la coquille mince de beaucoup d’espèces par la couleur du sarcode ou corps de l’animal. Lorsqu’un échantillon de limon contient un certain nombre de Foraminifères vivants, il n’est pas mauvais de conserver une certaine quantité du dépôt dans l’alcool. Ce liquide, empêchant la décomposition du sarcode, permet de s’assurer, d’une façon positive, qu’elles sont, parmi les espèces recueillies, celles qui, au moment de la récolte, se trouvaient représentées par des échantillons vivants. Un dépôt uniquement composé de grains grossiers indique une agitation des eaux telle que les sédiments fins et légers ont été emportés, et, dans ce cas, les coquilles des Foraminifères sont rares et presque toujours en mauvais état. Aussi, les endroits où l’eau reste relativement tranquille sont-ils les seuls réellement favorables aux recherches. Toutefois, à la profondeur de 8 à 10 mètres environ, le mouvement des eaux, quelque violent qu’il soit à la surface, ne peut guère avoir d’influence sur les sédiments du fond, de sorte que les draguages effectués à ces profondeurs donnent toujours de bons résultats, même aux endroits parais¬ sant très exposés à l’agitation des vagues. Tous les échantillons de sables provenant de sondages ou de draguages effec¬ tués à partir d’une dizaine de mètres et même moins, se montrent généralement riches en Foraminifères, à moins que le fond ne soit constitué par un dépôt quartzeux pur ou par des graviers, circonstance qui se présente parfois dans les régions soumises à l’influence de courants sous-marins assez rapides, comme dans le Pas-de-Calais par exemple. En thèse générale, il faut toujours accorder la préférence aux sédiments fins ou limoneux. Quant aux sondages profonds, ils JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 241 sont généralement tons favorables, et l’intérêt de ces échantillons s'accroît en proportion de la profondeur à laquelle a été recueilli le dépôt. Comme tout le monde n’a pas à sa disposition les sondes ou les dragues néces¬ saires pour amener au jour les sédiments sous-marins, je rappellerai que la vase et les boues ramenées à bord par l’ancre des navires constituent généralement un excellent apport pour la récolte des espèces qui n’habitent pas à portée des rivages. Le sable et les détritus ramenés à la surface par les filets des pêcheurs four¬ nissent également de bons résultats. Les algues, polypiers flexibles, sables, etc., qui en proviennent peuvent être placés dans des boîtes, sans lavage préli¬ minaire. Un procédé moins délicat, mais extrêmement fructueux dans certaines occa¬ sions, consiste à recueillir le contenu de l’estomac des poissons, surtout de ceux qui hantent la haute mer et se nourrissent de divers animaux, dont les Foramini- fères et d’autres organismes inférieurs constituent à leur tour le menu ordinaire. On peut également examiner directement, et parfois avec grand succès, l’estomac des mollusques, des crustacés, des actinies, des méduses, des salpes et d’autres animaux du même genre. Le contenu des viscères, l’estomac, ou bien encore ces animaux tout entiers, doivent être déposés dans des flacons contenant de l’al¬ cool. Si l’on ne veut conserver que le résidu de l’estomac, on peut le placer dans des boîtes ordinaires, après dessiccation ; ce qui est d’autant plus facile que le résidu en question est souvent un peu sableux chez les animaux d’organi¬ sation inférieure. Outre les Foraminifères, on pourra recueillir de cette façon une foule d’orga¬ nismes microscopiques très intéressants, et particulièrement des frustules de diatomées. Les mollusques les plus communs, tels que les Moules, etc., sont généralement favorables à ce genre de recherche. Certaines espèces d’Annélides, les Téréhelles, par exemple, agglutinent des corps étrangers, dont elles se construisent un fourreau protecteur. Ces fourreaux, qui comprennent parfois un grand nombre de coquilles de Foraminifères, doivent être soigneusement recueillis. On y rencontre souvent des espèces n’habitant pas la plage. Le sable et le limon des marais en communication journalière ou périodique avec l’océan fournissent également de bons résultats, d’autant plus que certains groupes d’espèces habitent presque exclusivement les eaux saumâtres, et que d’autres y présentent des variétés curieuses, spéciales et bien caractérisées. De même que les fourreaux construits par les larves des Phryganes fournissent ordinairement, dans les eaux douces, une bonne moisson de petites coquilles fluviatiles et d’Entomostracés, de même aussi, dans les eaux saumâtres, ces fourreaux agglutinent parfois des Entomostracés et des Foraminifères, parmi lesquels peuvent se trouver des espèces rares ou intéressantes. La vase et le sable fin des huîtrières, des réservoirs qui les alimentent, des bouchots, des bancs naturels ou artificiels d’huîtres et de moules ; en un mot, tous les sédiments limoneux du même genre constituent l’un des habitats favoris des Foraminifères. Pour les huîtrières artificielles cependant, il faut tenir compte du lieu d’origine des mollusques qui y ont été parqués ou acclimatés. Si l’on se bornait ù dresser la liste des Foraminifères rencontrés dans une huîtrière, sans s’occuper de re¬ chercher si les huîtres sont d’origine française, belge, anglaise, américaine ou portugaise par exemple, on pourrait, dans certains cas, s’exposer à introduire 242 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dans ia liste un certain nombre de Foraminifères étrangers à la région, amenés en même temps que les huîtres, sur la coquille desquelles plusieurs espèces de Foraminifères se trouvent souvent fixées. L’étude de la faune d’une région donnée ne doit pas seulement consister à dres¬ ser des listes ou à publier des catalogues ; elle exige aussi que l’on se rende compte des causes qui modifient ou influencent les faunules locales, et que l’on découvre les relations multiples qui relient ces causes à leurs effets. Il serait donc désirable que les échantillons recueillis fussent, autant que possible, accom¬ pagnés de divers renseignements, tels que les noms de la localité, la nature du fonds ou de la plage, la profondeur du dépôt à marée basse, etc. Il est aussi nécessaire d’avoir, pour une même localité, des sédiments sableux et limoneux, pris en plusieurs points et dans des conditions un peu différentes. Lorsqu’on étudie avec soin la faune rhizopodique d’une localité donnée, on s’aperçoit aisément de certaines variations dans les éléments fauniques, suivant l’époque de la récolte. D’une année à une autre, on remarque même des change¬ ments, se traduisant par des apparitions ou des disparitions d’espèces, ou bien encore par des modifications dans le degré d’abondance ou de rareté de certaines formes. Il est donc utile de recueillir des sédiments en plusieurs saisons et cela pen¬ dant deux ou trois années consécutives. Ceci, bien entendu, lorsqu’on veut étu¬ dier à fond la faune d'ui e région déterminée. Les courants donnant souvent lieu à certain changements dans la température, ainsi qu’à l’apport de matériaux étrangers, influencent parfois de diverses maniè¬ res la faune des sédiments au-dessus desquels ils passent. C’est surtout le cas pour les courants de fond. Il peut donc être utile de savoir si les courants sont froids ou chauds, de faire connaître leur origine et leur direction, de dire s’ils sont périodiques ou conti¬ nus, s’ils sont locaux ou s’ils font partie du grand réseau interocéanique, et enfin, s’ils coulent à la surface ou au fond de la mer. On n’oubliera pas que parmi les renseignements à noter, l’un des plus impor¬ tants consiste à tenir compte des affleurements fossilifères qui pourraient exister soit sous le niveau de la mer, soit sur la face verticale des falaises battues par les vagues. Enfin, quelques indications sur les productions zoologiques de la côte et sur¬ tout la faune malacologique marine, sont toujours utiles, car elles peuvent rendre de réels services, dans l’étude de la distribution géographique. Il suffît de noter les coquilles les plus caractéristiques et les plus communes, ou bien de les join¬ dre aux sables. En terminant, j’ajouterai que les instructions qui précèdent s’appliquent éga¬ lement aux Entomostracés, qui accompagnent généralement les Foraminifères dans leurs divers habitats. E. Vanden Broeck. Sur une méthode de conservation des Infusoires Malgré les travaux d’Ehrenberg, de Claparède et Lachmann, de Bal- biani, de Slein, etc., les miciographes n’ont jusqu’à présent à leur disposi¬ tion aucun moyen d obtenir des préparations permanentes d’Inlusoires. Ces préparations offriraient cependant de nombreux avantages : dessins plus PL X Journal de Micrographie _ 1879 rcjjjjj gifl lipmp] liliHS iKŒi.i 1 fl|g|§gj||1|i i » 1 1 \ \ \ jjîjjj; 1 .,p llsXLjJPî!? junlllll jnr!lfnlÿ^iiSlïïf|îOTi j;>_,, J x .Àf? §«iÉ ilwnll 1 "■ mKÈÊfëËm MP*“ ksUl,.Ih;» IMP, A ■ ROUX ■ LYON- S!S JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 243 exacts; possibilité de faire usage de la photographie; facilités plus grandes de reconnaître, de mesurer et de compter les cils et les appendices les plus délicats des Infusoires, de saisir et de fixer dans leur forme et dans leurs diverses transformations les individus en voie de fissiparité on de conjugaison ; de faire voyager les préparations et de créer des collections qui font actuellement défaut dans tous les muséums de l’Europe. Le procédé décrit ci-dessous repose essentiellement sur l’emploi des vapeurs d’acide osmique. 11 ne paraît pas que cette méthode, bien connue en Histologie, ait jamais été appliquée à la fixation et à la conservation, des Infusoires. Je dois cependant mentionner deux Mémoires, relatifs l’un et l’autre aux Noctiluques et dans lesquels l’acide osmique est signalé comme le réactif le mieux approprié à l’étude de ces organismes micros¬ copiques, fort voisins des Infusoires. Le plus ancien (1866) est de M. Schultze ; le second, tout récent (1878), de M. Vignal (1). Les Infusoires sont fixés instantanément dans leur forme par l’acide osmique; les moindres détails, cils, cirrhes, flagellum, armature buccale, peuvent être observés avec les plus forts grossissements lorsque les prépa¬ rations sont réunies comme elles doivent l’être; le plus souvent les Euglè- nes et les Paramécies vertes conservent leur couleur caractéristique. Le noyau et le nucléole, colorés artificiellement, se détachent nettement et montrent, lorsqu’il y a lieu, les curieux phénomènes si bien décrits par M. Balbiani dans le Mémoire couronné par l’Académie en 1862. D’après les réactifs employés et les précédents histologiques, on est en droit d’espérer que ces préparations se conserveront indéfiniment. Je ne saurais affirmer que toutes les espèces d’infusoires sont suscep¬ tibles d’être préparées à l’acide osmique ; je constaterai seulement que, parmi celles que j’ai rencontrées dans ces derniers temps, je n’en ai trouvé aucune que je n’aie réussi à conserver d’une manière plus ou mois parfaite. La principale difficulté paraît être d’obtenir les Infusoires à tissu rétractile, tels que les Stentors, les Yorticelles, etc., dans un état de complète extension. On peut se procurer chez Klônne et Millier, à Berlin, des préparations permanentes d’infusoires faites d’après les procédés de M. Duncker, mais ce préparateur a gardé jusqu’à présent le secret de ses procédés. J’ai pensé, au contraire, qu’il y aurait grand intérêt à faire connaître une méthode de conservation simple, que chacun peut employer avec succès, et qui s’applique aux Rotateurs, aux Anguillules, à certaines Algues, aussi bien qu’aux Infusoires. En ce qui concerne spécialement les bactéries et les vibrions, on con¬ çoit facilement, depuis les grandes découvertes de M. Pasteur, quel intérêt (1) Recherches histologiques et physiologiques sur les Noctiluques , par M. Vignal, répéti¬ teur a l’École des Hautes Études ( Archives de Physiologie , 1878. — Voir aussi le travail de M. le Dr. Pelletan {Journal de micrographie , n° d’avril 1878), que je n’ai connu qu’après la première publication de mes recherches commencées depuis 1875. 244 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. il y a à disposer de préparations permanentes, à l’aide desquelles on peut faire connaître ces ennemis invisibles de l’homme et des animaux. Je ne fais qu’indiquer ce dernier point de vue qui répond si bien à l’idée expri¬ mée dans ces paroles de Claude Bernard : « On ne saurait trop encourager l’étude des organismes inférieurs : l’expérimentation portée sur ces animaux offre le plus grand intérêt au physiologiste et peut fournir à la Science les éléments de solution pour les questions générales les plus importantes.» Procédés. — Pour la fixation des Infusoires, je fais usage d’une solu¬ tion d’acide osmique (1) à 2 pour 100. Le point important est de faire agir le réactif promptement et avec une certaine force. Deux moyens permet¬ tent d’atteindre ce résultat avec quelque certitude ; le premier, qui con¬ vient dans la plupart des cas, consiste à exposer aux vapeurs d’acide osmique les Infusoires préalablement déposés sur une lame de verre. En règle générale, cette exposition ne doit pas dépasser dix à trente minutes. Pour les Infusoires très-contractiles, j’opère différemment et j’obtiens le contact immédiat de l’acide osmique en déposant une goutte du réactif sur la lamelle elle-même, avant d’en recouvrir la goutte d’eau qui les ren¬ ferme. Quel que soit le procédé, il faut que les Infusoires ne soient soumis à l’action du réactif qu'après avoir repris leurs allures normales, qu’une secousse interrompt momentanément. Une fois la lamelle posée, on doit éviter tout déplacement qui pourrait écraser des organismes aussi délicats. Pour atteindre ce résultat, on sou¬ tire, avec du papier Joseph, le liquide qui se trouve en excès. On amène ainsi un certain degré de compression que l’on peut graduer avec un peu d’habitude, et qui a l’avantage de rendre les infusoires plus transparents. Ceci fait, on lute deux des bords parallèles de la lamelle, soit avec la paraffine, soit avec le baume du Canada. Ce n’est que lorsque la prépara¬ tion est ainsi mise à l’abri de tout accident mécanique que l’on fait arriver la matière colorante, et le liquide conservateur. Les résultats obtenus avec le bleu soluble d’aniline sont loin de valoir ceux auxquels on arrive par l’emploi de l’éosine et surtout du picrocarmi- nate de Ranvier. (2) On peut colorer directement avec le picrocarminate les Infusoires préalablement fixés par l’acide osmique; mais, lorsqu’il est em- (1) L’acide osmique est toxique ; ses vapeurs peuvent déterminer une irritation et même une inflammation de la conjonctive. On doit donc le manier avec certaines précautions. Pour sa préparation et son emploi, consulter le Traité technique d' Histologie, par L. Ranvier (p. 5 et 55) et J. Pelletan, Journal de Micrographie , 1878, N° 4. (î) Le vert de méthyle dit « vert lumière, » m’a aussi donné de bons résultats. Cette matière colorante est précieuse pour faire apercevoir le noyau des Infusoires chez lesquels cet organe se voit le plus difficilement. Sous l’action de ce réactif bien employé, le noyau se colore seul, de telle sorte qu’il devient visible dans les cas où les réactifs qui colorent l'ani¬ malcule tout entier ne le laissent pas apercevoir. Le défaut de ce mode de coloration, c’est que la teinte disparaît avec le temps sous l’action de la lumière, ce qui est un grave inconvénient pour les préparations permanentes. ! JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 245 ployé seul, on n’est pas maître du degré de coloration, et souvent il arrive que les préparations deviennent opaques. Après plusieurs essais, je me suis arrêté à un mélange de glycérine et de picrocarminate avec lequel on obtient une coloration constante au degré voulu : Glycérine . î partie. Eau . 1 » Picrocarminate . 1 » Introduite brusquement, la glycérine, même diluée, produit le plus souvent un retrait anormal des tissus qui ne disparaît pas toujours avec le temps. Dans son Traité cT Histologie, M. Ranvier donne un moyen très- simple d’éviter cet inconvénient, moyen que j’ai employé avec succès pour les organismes les plus délicats, tels que les Oxytriclies et les Stentors. Il consiste à placer dans une cliambre humide les préparations lutées ainsi qu’il est dit ci-dessus et à déposer une goutte de glycérine carminée sur le bord de la préparation. L’eau s’évapore très-lentement et au bout de vingt- quatre heures se trouve remplacée par la glycérine diluée. On peut alors, par le même procédé, remplacer la glycérine diluée par de la glycérine concentrée, qui assure plus efficacement la conservation des préparations. Tous les modes de fermeture peuvent être appliqués aux préparations faites d’après les procédés que j’indique. Il y a cependant avantage à se servir de baume du Canada desséché et dissous dans le chloroforme. L’In¬ fusoire que l’on veut examiner peut, en effet, se trouver sur le bord de la lamelle. Ce vernis, mince et parfaitement transparent, n’empêche nulle¬ ment l’observation avec les plus forts grossissements. En résumé, pour obtenir de bonnes préparations, il faut réunir les condi¬ tions suivantes : 1° Absence de tout mouvement de la lamelle qui pourrait écraser les Infusoires ; 5° Action rapide de l’acide osmique au degré voulu et élimination com¬ plète du réactif dès que cette action est obtenue ; 3° Action lente et progressive du réactif colorant, quel qu’il soit, et élimination du réactif par la glycérine ; 4° Substitution très-lente de la glycérine pure à la glycérine diluée et colorée ; 5° Fermeture hermétique, ce qui ne s’obtient ni avec le paraffine, ni avec le cire dissoute dans l’alcool, ni avec le baume du Canada si les bords de la préparation ne sont pas parfaitement secs. Il est presque surperflu d’ajouter que dans aucun cas et surtout en ce qui concerne l’étude des phénomènes physiologiques, l’examen de prépa¬ rations même excellentes ne saurait remplacer l’observation directe et l’expérimentation sur l’organisme vivant. A. Certes. 246 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LA TRIBU DES NUCLÉÉS (. Pyrénomycètes de Fries (1). Les Nucléés, êtres extrêmement polymorphes et rangés jusqu’aujourd’hui parmi les champignons, sembleraient en raison de leur importance et surtout de leur multitude, devoir en être distraits pour former une classe intermédiaire entre les Fonginées et les Lécidinées. Ils ont l’aspect de petits grains ou nucules membra¬ neux, cornés ou carbonacés, d’environ lmm de diamètre, simples et disséminés à la surface des végétaux ou réunis sur un réceptacle, de forme variable ou stroma. Ils sont formés : 1° d’une enveloppe close, pe'rilhêce , munie ou non d’un orifice excréteur des spores ou ostiole ; 2° d’un Hyménium ou nucléus liquescent, opalin ou coloré, souvent noirâtre, composé de filaments simples ou rameux, continus ou articulés, paraphyses, entre lesquels sont placés les thèques ou asci. Ces deux sortes d’organes gisent dans un mucus gélatineux susceptible de se gonfler par l’humidité dont il est fort avide et capable d’entraîner hors du périthèce les thèques avec leur contenu, c’est-à-dire les spores. Les thèques sontclaviformesou linéaires et plus rarement globuleuses ; elles sont anhistes et composées de deux couches transparentes. La forme de cet organe change avec l’âge. La spore varie entre la forme sphérique et celle en aiguille, elle est simple (une seule cellule) ou composée (plusieurs cellules). Le mycélium , toujours différent et distinct du stroma, se confond souvent avec le substratum et offre les formes les plus étranges : Les Himanthia , les Scier otium , Rhizomorpha, etc., etc., regardés autrefois comme autant de champignons auto¬ nomes. Le stroma est vertical ou horizontal : capitulé, claviforme, simple ou rameux ou bien gobuleux, pulviné ou étalé. Il est carbonacé, ligneux, subéreux ou charnu, coriace, friable ou souple, glabre ou velu, verruqueux, pulvérulent ou bien poli et glabre; il est noir ou coloré. Il peut être oblitéré, c’est-à-dire remplacé par le substratum modifié, pseudostroma , offrant l’aspect d’un stroma cotonneux, bys- soide ou pulvérulent. Le périthèce est isolé ou groupé, dressé, convergent ou divergent, épi- hypomphia ou périphérique. Il niche plus ou moins profondément dans le stroma ou dans le substratum, il peut y être entièrement caché ou immergé {Halonia cubi- cularis ) ou n’y adhérer que par la base et doit être libre ou superficiel (Ex. Sphæ- ria moriformis ), il est encore mono ou polystique , selon qu’il forme une ou plu¬ sieurs rangées superposées. Il est sphérique, orbiculaire, étoilé ou difforme, corné subéreux, carbonacé, membraneux ou papyracé, hérissé, pubescent ou glabre. Le périthèce est astome et s’ouvre par fentes ou valves, ou bien il est ostiole. L’ostiole a la forme d’une papille, d’un mamelon ou d’un bec, et il est traversé par un canal destiné à livrer passage aux spores. Il serait difficile d’imaginer la prodigieuse multiplicité de formes que revêtent soit le périthèce, soit les spores, dans la série décroissante des genres et des espèces de cet ordre, depuis le Cor- diceps jusqu’au Stigmatea. Les métamorphoses de l’espèce elle-même sont encore plus étonnantes : diffé¬ rents degrés ou diverses phases du développement ont été pris, non-seulement (1) Revue mycologique. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 247 pour des espèces différentes, mais même pour des genres éloignés l’un de l’autre, selon que l’on trouvait la forme propre aux conidies, ou celle des stylospores, des spermaties et des spores. Si depuis, leur arrangement est devenu plus simple et. plus rationnel, leur histoire particulière n’en est que plus difficile aujourd’hui; car il s'agit de réunir les membres d’une même espèce, épars dans la longue série des genres rejetés : les Torula , Cladosporium , Cylispora , Nemaspora , etc., etc. Aussi cette histoire, malgré les recherches si fructueuses des Lcveilié, des Tulasne, des de Bary, etc., n’est complète que pour un petit nombre et demande encore beaucoup d’éclaircissements à l’observation future. Les Nucléés sont aux Cupulés ce que les Verrucariés sont aux Lécidinés parmi les Lichens. Tributaires des êtres organisés, ils puisent dans leur stratum le car¬ bone et l’azote ; fossoyeurs par excellence des grands végétaux, ils en dissocient les cellules en y puisant les éléments nécessaires à leur substance. Dès qu’une lige d’herbe ou une branche d’arbre se dessèche, elle devient à l’instant la proie de ces êtres éphémères et innombrables, les Mucédinées, formées de faisceaux de filaments ou de flocons et portant des conidies. Ces conidies, par une série de transformations des plus incroyables, précèdent l’état parfait des Nucléés, de quelques mois ou de toute une année. Loin de sauter aux yeux comme les végétaux d’un ordre plus élevé; ceux-ci se dérobent la plupart du temps à nos regards, autant par leur exiguïté que par leur habitat caché. Les feuilles, les tiges, les fruits, les écorces, le bois, le fumier, sont les principales substances où ces êtres merveilleux aiment h croître. Quel¬ ques-uns se développent sur des champignons et même sur des animaux. Au faîte de cet ordre, parallèlement aux Agarics et aux Morilles, se trouvent les genres les plus parfaits, ceux qui, selon notre vénérable maître Fries, en formaient l’aristo¬ cratie. Les plus magnifiques d’entre eux, les Cordiceps, vivent au dépens des chenilles ou de leurs chrysalydes et les jolis Nectria recherchent les Champi¬ gnons eux-mêmes. Les Sphæria plus humbles, mais peut-être plus utiles dans l’harmonieuse économie de la nature, forment ces points, taches, aspérités ou verrues si fréquentes sur les végétaux malades ou morts qu’ils convertissent peu à peu en humus. Ce sont eux qui nidulantdans les écorces, nous montrent, lors¬ qu’on en soulève l’épiderme, de jolis disques ou globules, rouges, bruns ou noirs avec un point central blanc, jaune ou rouge, etc., et simulant un petit œil (ocellé). Ils forment la plus vaste famille de la botanique, car ils occupent la sur¬ face de tous les grands végétaux du globe ; il les atteignent jusque dans les her¬ biers si1 bien gardés cependant par les précautions du botaniste. Fries estime qu’il en existe près de 100,000 espèces. Cette immense collection d’être si variés ne formait encore pour les botanistes du commencement de ce siècle que le seul genre Sphæria. Fries, dès 1811, décla¬ rant « Sphæriam non sistere genus sed familiam» institua cet ordre important et fonda les différents genres, d’après les principes de cette méthode naturelle qui ne méprise aucun des caractères qui tombent sous nos sens, tout en accordant une extrême attention à l’analyse dont les procédés ont acquis tant de puissance, par l’usage de plus en plus répandu du microscope. Dr L. Quélet. 248 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. UNE BELLE DIATOMÉE (1). Il y a quelques années, je recevais du prof. M. H.-L. Smilh, de Geneva, N. -Y. une petite quantité de diatomées lavées que celui-ci avait récoltées, si je ne trompe, à Waltham, dans le Massachusetts et dans lesquelles il y avait quelques beaux spécimens, dont un remarquable dans sa forme et qui fut reconnu non moins beau dans ses détails, le SurireUa limosa. Quelque temps après l’avoir reçu» j’en envoyai des échantillons à M. J. Edwards Smith, alors à Ashtabula , Ohio, qui, à cette époque, trouva cette espèce nouvelle et la nomma SurireUa Ri- nerii. J’en adressai aussi des exemplaires à M. Charles Stodder, qui, à ce moment, ne la reconnut pas et, dans une lettre récente, me dit que le prof. II. L. Smith et lui sont arrivés, après discussion, à la conclusion que c’était le SurireUa Guate- malensis ; mais dernièrement, j’en ai envoyé un spécimen au prof. H. L. Smith, qui l’a désigné comme le Surillella limosa , de Bailey. — J’en conclus qu’il a trouvé quel¬ que référence authentique depuis son entretien avec M. Stodder. M. Stodder me dit aussi avoir reçu de New-Albany (Indiana), un exemplaire de la meme diatomée, récoltée en cet endroit, ce qui prouve qu’elle n’est pas parti¬ culière à une locaiité. Je n’ai jamais eu l’occasion d’examiner de spécimen vivant, mais je le suppose très-remarquable d’après l’apparence du frustule lavé. Celui-ci est grand de 4/1000 de pouce de large sur 7/1000 de long. Sa forme générale est un ovale ressemblant au contour d’un œuf, légèrement incurvé sur la face externe, con¬ cave d’une manière correspondante sur la face interne, avec une ligne côtelée dis¬ tincte, mais non proéminente. Mais sa caractéristique la plus intéressante est sa fine striation qui est aussi serrée, si ce n’est plus serrée que celle du Frustulia Saxo- nica, et beaucoup plus fine; ce quien fait, dans le baume, un test qui, autant queje puis invoquer mon expérience, n’est égalé que par YAmphipleura pellucida , et avec mon nouvel objectif de Spencer de 1/6 de pouce, j’y ai reconnu une ressem¬ blance avec des hexagones. Mon ami, M.G. -W. Morehousc, de Wayland, N.-Y., me dit qu’avec un 4/10 qu’il possède, il le résout en hexagones. 11 a employé la lumière solaire monochro¬ matique. Je pense que le prof. J.-Edw. Smith est arrivé aux mêmes résultats. En somme, c’est une diatomée d’une rare beauté et un test d’une difficulté plus qu’ordinaire. W.-W. Riner. SOCIÉTÉ ROYALE MICROSCOPIQUE DE LONDRES Séance du 14 mai 1879 Le Dr L. Beale, président, occupe le fauteuil. Le procès verbal de la dernière séance est lu et des observations sont présen¬ tées à son sujet par M. Michael et quelques autres membres relativement à la résolution qui a été adoptée à propos de l’étalon micrométrique, le sens de leur vote à ce sujet ne leur paraît pas suffisamment expliqué. Il est fait droit à leur réclamation et leur rectification adoptée. Le président exprime sa satisfaction de voir la réunion dans sa nouvelle salle. (Cette salle est en effet Irès-spacieuse et paraît digne de la Société. La bibliothèque, qui commence à prendre des proportions considérables grâce aux donations du (I) Am. Journ. of. Mlcrospy. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 249 feu président, le Rév. J. -B. Rende, de M. Crisp, etc., est disposée dans la salle même, où tous les instruments et appareils seront placés prochainement de manière que les membres puissent s’en servir commodément. L’éclairage est fait au moyen de grands « sun-burners » très-bien disposés et qui rendent les lec¬ tures très- faciles). La Société vote des remerciements à la commission de la bibliothèque (« Library Committee »), pour la manière dont elle a rempli ses fonctions (-1). Le président et le bureau expriment à la société leur satisfaction de l’accueil qui a été fait aux nominations d’office (« ex-officio fellowship ») au titre de membre de la Société Royale Microscopique par les diverses personnes auxquelles ce titre vient d’être conféré. Deux des Sociétés dont les présidents ont été l’objet de cette nomination ont répondu en votant le titre équivalent au président de la Société royale microscopique de Londres. M. A.-W. Waters donne lecture d’un mémoire sur un nouveau genre d 'Hetero- pora (Polyzoaire) accompagné de plusieurs dessins. M. Stewart, secrétaire, vient confirmer les résultats exprimés par M. Waters. M. J. Davis lit un mémoire sur « une nouvelle espèce de Cothurnia » accom¬ pagné de dessins. M. Wenham lit une note dans laquelle il rappelle à la Société qu’en 1870 il a annoncé les avantages que l’on pourrait retirer de l’emploi de l’huile avec les objectifs à immersion, huile dont les indices de réfraction et de dispersion se rap¬ procheraient de ceux du crown-glass. M. Stephenson, secrétaire, qui grâce à ses fonctions de membre du comité de publication a eu connaissance de la note de M. Wenham, y répond par une com¬ munication dont M. Crisp donne lecture. Les vues émises en 1870 par M. Wenham sont, dit M. Stephenson, tout-à-fait différentes de celles que lui-même a suggérées à M. Zeiss et sur lesquelles repose'la construction des objectifs à immersion dans l’huile par ce dernier opticien. Il entre dans des détails assez minutieux pour prouver que grâce à ce système d’immersion dans l’huile, d’après les idées suggérées par lui, on arrive à un angle d’ouverture bien supérieur à la limite posée comme absolue par M. Wenham ; — que si vérilablement M. Wenham a eu l’idée de l’immersion dans l’huile, pourquoi no l’a-t-il pas mise en pratique lui-même, d’autant plus que, depuis celte date, il a pris un brevet pour de nouveaux objectifs? Enfin, il rappelle qu’Amici a devancé M. Wenham de bien des années dans l’idée de l’em¬ ploi de l’huile pour l’immersion des objectifs. M. Wenham s’étonne que M. Stephenson, qu’il n’a pas nommé dans sa note, fasse une sortie aussi chaude. Il veut seulement rappeler la part qu’il a prise à l’application de l’huile aux immersions en 1870, parce que dans plusieurs articles récemment publiés dans le journal de la société, cette application est présentée comme une chose nouvelle. M. Wenham sera très-heureux d’admettre qu’il a été devancé par Amici, ou par tout autre, dans cette idée, et demande si l’on peut lui indiquer qù Amici a publié ses vues sur ce système d’immersion. M. Crisp donne lecture d’un passage du Traité de Microscopie du D1' Ch. Robin, où celui-ci affirme l’emploi des huiles, essences, etc., pour l’immersion, par Amici, en 1845. M. Stuard répond qu’il est peu convenable à M. Stephenson de parler du brevet pris par la maison Ross au nom de M. Wenham. Evidemment M. Stephenson est (1) Notre correspondant nous fait remarquer que ce comité a lais é toute la besogne à M. Fr. Crisp, secrétaire, lequel s’en est acquitté d’ailleurs avec un dévouement tout parti¬ culier. 250 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. redevable à M. Wenham lui-même des idées qu’il a pu avoir quant à l’application de l’huile aux immensions. Si les nouveaux objectifs de Zeiss ont un angle d’ouverture plus grands que les objectifs construits en 1870, date de la publi¬ cation des vues de M. Wenham, c’est que depuis cette époque de très-importants progrès ont été faits dans la construction des systèmes à immension, 'progrès abso¬ lument indépendants de l’emploi de l’huile. Beaucoup de personnes possèdent en ce moment des objectifs à immersion dans l’eau qui peuvent parfaitement fonctionner avec l’huile sans rien changer à leur construction, mais seulement par le rappro¬ chement des lentilles au moyen de la vis de la correction. Aussi, déclarer que la formule spéciale de Zeiss est le nec plus ultra de la perfection, c’est se tromper. La formule de Powell et Lealand pour l’immersion à l’huile n’est certainement pas identique à celle de Zeiss et cependant les résultats obtenus sont tout à fait com¬ parables. La maison Ross s’occupe aussi de la construction d’un système qui permet l’emploi do l’huile ou de l’eau, à volonté, par l’ajustement de la vis de correction, et les résultats obtenus jusqu’à ce jour sont très-satisfaisants. Quant à la critique de la formule de Toiles par le professeur Abbé, M. Stuart pense que cette critique aurait plus de valeur si elle était accompagnée de la formule du professeur Abbé lui-même, formule appliquée par Zeiss ; on pourrait ainsi mieux juger des moyens employés. Et quant à ce qui est de la réalisation pratique de ces moyens, il est certain quelle offre parfois quelques défauts matériels (1). M. Crisp dit qu’il priera M. Stephenson de rédiger sa réponse à M. Wenham. Le président pense qu’il serait utile que la Société nommât une commission chargée spécialement de présenter un rapport sur la question des objectifs à immersion et dans lequel on aurait soin de donner place à tous les faits néces¬ saires pour faire bien comprendre la part de chacun des innovateurs. Il croit utile que M. Wenham fasse partie de cette commission. M. Stuart serait heureux que cette commission fût nommée et il proposerait que M. J. Mayall junior en fil partie ; il ajoute qu’il a grande confiance en l’opinion de M. Mayall pour tout ce qui a rapport au microscope. M. J. Mayall junior, s’adressant particulièrement au président, lui fait remarquer que la rédaction d’un rapport au sujet des objectifs à immersion exigerait néces¬ sairement la discussion complète et approfondie de la question de l’ouverture angulaire, que l’un des principaux membres do la commission étant précisément de ceux qui nient les faits que lui et beaucoup d’autres pensent être la base même du système à immersion, une commission composée d’éléments aussi hété¬ rogènes serait sans utilité et n’aboutirait qu’a des discussions sans résultats. Il en appelle sur ce sujet au sentiment de la Société et il n’est pas donné suite â la proposition. M. Crisp annonce que M. Watson exposera son nouveau stand de microscope pour la minéralogie après la séance. Il explique ensuite que l’appareil d’éclairage à immersion (lentille hémisphérique avec monture régulateur) qu’il a exposé devant la Société au mois de mars comme construit par la maison Ross a été particuliè¬ rement proposé par M. J. Mayall junior pour le nouveau microscope Ross-Zcnt- mayer. Cet appareil a été employé récemment par lui et par M. Mayall à la « con- versazione » de la Société royale de Londres, pour éclairer les test-objets à sec et (1) Nous avons vu, en effet, l’un de ces objectifs de ZMss dans lequel un flint exposé à l’air était d’une densité telle, c’est-à-dire que la matière en était tellement chargée de métal oxy¬ dable, que sa surface était hors d’état de résister à l’action de l’air. D’ailleurs nous avons trouvé des objectifs d’une autre maison célèbre présentant un incon¬ vénient identique, une surface de flint était devenue avec le temps presque complètement opaque et comme dé vitrifiée. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 251 dans le baume, et la facilité de son emploi a été pleinement démontrée. Enfin il annonce que M. Mayall démontrera l’usage de l 'apertomètre du professeur Abbé à la soirée scientifique du 21 mai prochain ; les membres qui désireraient que l’ouver¬ ture de leurs objectifs fut mesurée sont priés de les apporter. Cinq membres proposés à la dernière séance sont élus et huit autres sont pro¬ posés pour être élus dans la prochaine. Objets exposés : OEufs de perches montrant nettement l’embryon et un processus particulier dans l’albumen ; par M. Th. Bolton. Melicerta tijro, d’Hudson, par M. Th. Bolton. Six modèles divers de microtomes, par M. Fr. Crisp. Polyzoon , par M. Dreyfus Feuille de gui (Viscum album) par M. Ward. Microscope minéralogique de Rutley, par M. Watson. La prochaine séance, de la dernière session, aura lieu le Tl juin prochain. SOUSCRIPTION AU CATALOGUE DES DIATOMÉES de Fr. HABIRSKAW Édition française, revue et augmentée, sur u it nouveau manuscrit de l’auteur et publiée par le Dr J. Pelletan Un fort volume in-30. — (Pour paraître prochainement.) 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Paris, r.Fontaine-St-Georges, 1, et toutes phies, a TION UNIVERSELLE DE1878 DE CÂTILLGN à la GLYCERINE et au QUINQUINA Le plus puissant des toniques reconstituants : effets du quina et de l’huile de foie de morue dont la glycérine ËÊ est un succédané facile à prendre. ” Le meme adé de fer, VIN FtfiRUGINEUX ueCATILLON faiten outre tolérer le fer par tous les estomacs, ne constipe pas. &ü Paris, r. Fontaine-St-Georges, 1, et toutes phies, 4 252 - — - - — - & JOURNAL DE MICROGRAPHIE Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix des catalogues , tous les objets dont ils pourront avoir besoin ! Tous les microscopes , français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. 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Il continue néanmoins à construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, en même temps que les prix en sont sensiblement abaissés. Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier « Ernst Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France , est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Batignolles , à Paris. LE SAVON DU CHENIL Ce savon, la meilleure des préparations connues jusqu’à ce jour, est le seul qui, par son efficacité puisse prévenir et guérir toutes les affectiens cutanées du chien. — Il a en outre l’avantage de garantir les chiens des puces, poux, tiques, etc., dont ils sont si généralement incommodés. Il peut aussi être employé pour savonner la crinière et la queue des chevaux et pour désin¬ fecter les chenils, lits de camps, parquets, etc. f*8*ix : la boîte 5 fa*. la 1/2 boîte 2 fs*. 50. 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Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation. Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR RE MICROSCOPES Médaille d’Argent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA USA _ ELIXIR ALIMENTAIRE DE DÜCRO VIANDE C R FJ E ET ALCOOL Phthisie, Anémie, Convalescence. Gros : Paris, 20, place des Vosges. — Détail : Toutes les Pharmacies. ■ PRODUITS PHARMACEUTIQUES de PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. Sirop Laroze D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites , Gastralgies Douleurs et Crampes d’Estomac, Digestions lentes, etc. ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES à l’Iodure de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses, Tuberculeuses , Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de toutes les Affections du sang et de la Peau. Sirop Séi ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. Pour combattre avec efficacité, toutes les affections nerveuses, Épilepsie, Hystérie, Névroses , Agitations, Insomnies et Convul¬ sions des enfants, pendant la dentition. -g D'ÉCORCES D'ORANGES A DE OUASSIA AM ARA au Proto-Iodure de Fer. Le meilleur mode d’administrer le fer, sans crainte des pesanteurs de tête, fati¬ gues d’estomac ou diarrhées, dans le trai¬ tement de Y Anémie, la Chlorose , la Chloro- Anémie, etc., etc. Dépôt à Paris : 26, rue Neuve-des-Petits-Ghamps. MEDAILLE ÆLEXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878 PRODUITS a la GLYCÉRINE de CATILLON La glycérine, principe doux des huiles, est un succédané de l’huile de foie de morue, facile à prendre et toujours toléré. Elle diminue la désassimilation en servant d’aliment aux combustions respiratoires, — de là son utilité dans les maladies consomptives, — elle empêche la consti¬ pation, rétablit l’appétit et les digestions, favorise la nutrition : les sujets auxquels on l’admi¬ nistre augmentent de poids. (Voir notre Mémoire sur V Emploi de la Glycérine.) VIN DE CATILLON «u GLYCÉRINE et u QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilité, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, llodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : o gr. 20 de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse. 11 est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’etre tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE >l> GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante eT rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. ^ Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. \, Paris. — Détail dans tontes les Pharmacies. SEUL VIN AU QUINA ou QUINA FERRUGINEUX AYANT OBTENU CETTE RECOMPENSE' Juin 1879. Troisième année. N° 6. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: Revue, par le Dr J . Pelletan. — La fécondation chez les vertébrés [suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Organisation du service de la Zoo¬ logie à l’Université catholique de Lyon (fin), parM. A.-L. Donnadieu. — Les organismes microscopiques trouvés dans le sang de l’homme et des animaux et leur relation avec les maladies, notice sur l’ouvrage du Dr Lewis, par M. Charlton Bastian — Sur les stries des Diatomées et sur la valeur qu’il faut attribuer a leur nombre dans la détermination des espèces, par le Cle Fit. Castracane. — Les Diatomacées de l’embouchure de la Seine, par M. Makoury. — L’objectif! /75 de pouce, de Toiles, par le DrEPHR. Cutter. — Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie. REVUE La Revue Internationale des Sciences , qui s’occupe en général assez peu de Diatomologie, publie, dans son numéro de juin, un travail de M. Manoury, sur les Diatomacées de l’ embouchure de la Seine. La Revue ne paraît pas avoir très bien choisi, pour son coup d’essai, car l’article de M. Manoury semble déjà bien vieilli ; il renferme plusieurs erreurs, et la liste qu’il donne des Diatomées récoltées, à l’embouchure de la Seine, par l’auteur et par M. de Brébisson, son ami, est bien incomplète, si on la compare à celle qu’a donnée notre excellent collaborateur, M. le Dr Leuduger Fort- morel, des Diatomées récoltées par lui dans la baie de St-Brieuc. — Il n’est guère probable qu’il y ait une telle différence entre la flore diatomique de deux côtes si voisines. — Néanmoins, com¬ me M. Manoury déclare que la notice en question a été commen¬ cée en collaboration avec M. de Brébisson ; comme, d’autre part, nous tenons à publier, autant que possible, toutes les listes de Dia¬ tomées françaises, nous reproduisons in extenso, dans le présent 258 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. fascicule, et un peu à titre de document historique, la notice de M. Manoury sur les Diatomées de l’embouchure de la Seine. * * * L’excellent Bulletin scientifique du département du Nord , dirigé par MM. A. Giard et J. de Guerne, de la Faculté de Lille, con¬ tient dans ses numéros d’avril, mai et juin plusieurs articles que nous devons signaler . « Sur quelques points d organisation du Soïenophorus magacephalus (Helminthe) », par M. R. Moniez. — « Note sur V embryogénie de la Moule commune (myttins edulis )» par M. Ph. Barrois, note que nous espérons reproduire prochai¬ nement in extenso; — Un très curieux travail de M. P. Hallez sur les cristalloïdes qui envahissent le corps des Mésostomes, parti¬ culièrement des Mesostomum Ehrenbergii et rostratum , et que l’auteur considère comme un phénomène de régression du proto¬ plasma animal, comparable à la formation des grains d’amidon, d’aleurone, des cristalloïdes, chez un grand nombre de plantes. Peut-être sont-ce des réserves alimentaires qui permettent à ces animaux d’hiverner? Dans le n° de mai, M. R. Moniez publie une première note sur une nouvelle espèce de Tænia armé, le Taenia Krabbei , trouvé chez le Renne, et une seconde sur deux espèces nouvelles de Taenias inermes; toutes deux parasites du mouton, les Tænia Vogti et T. Benedeni. Le n° de juin contient encore une note de M. P. Hallez sur « les espèces du genre Vorticeros trouvés à Wimereux. » Enfin, le même recueil nous apprend que M. Kelsh, médecin major à l’hôpital militaire de Lille, vient d’être nommé professeur d’histologie et d’anatomie pathologiques à la Faculté de médecine de cette ville. Ancien élève du professeur Ranvier, M. Kelsh s'est déjà fait connaître par des travaux très remarquables sur les di¬ verses branches des sciences qu’il est chargé d’enseigner, ce dont il s’acquittera, nous en sommes sûr, avec succès. * * * Le Bulletin de la Société Belge de microscopie nous fait 1 hon¬ neur de nous emprunter encore dans son n° VII un de nos articles, ou plutôt une lettre insérée par nous dans le Journal de Micro¬ graphie (n° 3, 4 879) « Sur les préparations microscopiques ». Il publie aussi l’article de M. A. Certes « Sur une méthode de con¬ servation des infusoires , et, dans une note au bas de la page, ré¬ clame même, en quelque sorte, la priorité de l’application de l’acide osmique à la conservation des infusoires et des rotifères pour nous qui avons publié un petit travail sur ce sujet, en avril 4 878; — seulement, le Bulletin , dont nous remercions bien sin- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 259 cèrement l’habile rédacteur (M. F. Cornet), au lieu de reproduire Farticle de M. A Certes d’après les comptes-rendu de l’Académie des sciences, aurait dû le prendre dans le dernier numéro du Journal de Micrographie (n° 5, mai 1879), où il l’aurait trouvé dans son entier, développé et accompagné de notes explicatives. — Il en est absolument de même du travail de M. Mathias Duval, « Sur l'emploi du collodion humide pour la préparation des coupes micros - copiques (1). A ces travaux, il faut joindre des « Recherches lithologiques sur les Phtanites du calcaire carbonifère de Belgique » par le savant M. A. Renard ; — des « Renseignements sur la manière de récolter les microzoaires marins » par M. David Robertson, traduits par M. G. Rerthelin. * * ¥ La Zeitschrift fur Mikroskopie, de Rerlin, Heft 2, est presque en¬ tièrement remplie par « Un essai de microscopie générale », du D1' L. Dippel, professeur à Darmstadt. Il est très-difficile de ren¬ dre un compte sommaire de ce travail, très savant, et qui, pour être compris, doit être accompagné de ligures. Nous avons cepen¬ dant l’espoir d’en donner prochainement une analyse complète avec la traduction de certaines parties. Nous nous bornerons à dire aujourd’hui que ce mémoire comprend trois chapitres : le premier est relatif à 1 ' apertomètre du Dr Abbé; le second à l’objec¬ tif à ce immersion homogène » (dans l’huile) de M. C. Zeiss, et le troisième à l’appareil à diffraction et à la théorie du Dr Abbé sur la constitution des images microscopiques. Nous avons traité cette question il y a déjà longtemps dans le Journal. A la suite de ce travail nous trouvons la description abrégée d’un compte- g lobules dû au professeur Abbé et qui est fondé sur des principes analogues à ceux du compte-globules de M. Malassez, dont le Dr Abbé emprunte d’ailleurs le mélangeur (mélangeur de Potain), avec quelques légères modifications destinées à en faci¬ liter le nettoyage. — Ce petit appareil, construit par Zeiss, paraît simple et commode. Dans les Archiv fur Mikroskopische Anatomie , de Waldeyer et La Valette-St-George (Rd. XVI, H. 3), nous signalerons les arti¬ cles suivants : « Sur la division des cellules animales », par le prof Peremeschko ; — « Notice sur la prolifération des cellules de cartilage et sur la structure du cartilage hyalin , » par le Dr W.-S. Rigelow; — « Sur la structure et les fonctions des glandes; (1) Nous serons toujours très heureux de voir les articles du Journal de Micrographie reproduits dans le Bulletin de la Société Belge de Microscopie , qui indique loyalement les sources où il puise, ce que ne font pas toujours les journaux français et même pari¬ siens qui démarquent carrément les travaux originaux qui ont paru dans notre journal et qui n’ont encore paru que là. A J. p. 260 JOURNAL DU MICROGRAPHIE formation du ferment dans les glandes , » par le Dr M. Nussbaum ; — « Sur V histoire du développement des mammifères , » par le Dr Ludwig Lôwe; — « Notions sur la technique des colorations , » par le professeur Grenadier. L’auteur indique la formule de quatre solutions de carmin ou de purpurine. Nous donnerons, dans un prochain numéro, la traduction de ces formules et nous expose¬ rons les résultats que nous aurons obtenus avec ces solutions que nous préparerons d’après les indications du Dr Grenacher et que le Laboratoire du Journal mettra à la disposition de nos lecteurs. * * Le Science Gossip (1) de juin nous apporte un article intéres¬ sant, mais qui ne renferme rien de nouveau, sur FHydrophile brun (Hydrophilus piceus), sa ponte, son nid et sa larve, par M. J. Ful- lagar; — une note sur le montage des préparations dans la baume ; — une notice sur Y American quarterly microscopical journal ; — quelques détails sur la larve de YHydratina senta, larve qui a la forme et l’aspect de YEuglena viridis, mais dont le flagellum est porté sur un bulbe. Enfin, le même journal donne un compte rendu sommaire d’un travail présenté à la Société Royale de Londres, par M.H. Trentham Butlin sur l’enduit de la langue. Cet enduit est en grande partie dû à la « glœa » de certains microphites. M. Butlin en a fait des cultures et y a reconnu un micrococcus et un Bacillus subtilis. Sur la langue, on peut, d’ailleurs, trouver en même temps d'autres microphytes, le Bacterium terme , le Sarcina ventriculi , le Spirochœta plicatilis , des Spirillum , etc. * * * h' American Naturalist contient un bon travail sur la morpholo- logie des canaux semi-circulaires par le Dr Francis Derkum, de Philadelphie, dont nous avons souvent cité le nom dans ces colonnes. Nous y trouvons la liste des membres de la Commission de Micrométrie que nous avons donnée dans notre dernier numéro, et quelques détails concernant la réunion du Congrès des micros- copistes américains, ou plutôt de la « Société Américaine de Microscopistes », qui a succédé au Congrès d’Indianapolis. La réunion doit avoir lieu cette année, on s’en souvient, à Buffalo, le mardi matin, 19 août, et durera probablement jusqu’au vendredi 22. Les membres de la Société auront ainsi assez de temps pour se rendre, s’ils le veulent, à la réunion de l’Association Américaine pour l’avancement des Sciences qui aura lieu le 27 du même mois à Saratoga. La population de Buffalo a organisé un comité local avec des sous-comités pour les finances, les transports, les (i) La maison Hardwicke et Bogue de Londres, prendra à partir du Ier juillet prochain, par suite de la mort de M. Hardwicke, le nom de M. David Bogue, tout seul. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 261 aménagements et les locaux, l’entretien et la préparation d’une soirée micrographique. Les emplacements pour le quartier général de la Société, la tenue des séances ne sont pas encore désignés définitivement, mais ils ne tarderont pas à l’être. Toutes les dispositions sont prises avec des soins minutieux et tous ceux qui se rappellent la superbe réception que la ville de Buffalo a faite, il y a quelques années, à l’Association Américaine pour l’avancement des sciences, ne peuvent douter du succès qui attend la réunion des Microscopistes dans cette même ville, au mois d’août prochain. Nous avons annoncé, dans notre dernier numéro, d’après Y American naturaliste la découverte par MM. A. -S. Packard et J. S. Kingsley du mâle de l'anguille. Nous devons ajouter aujour¬ d’hui que sur 193 anguilles fournies par la commission des pêches (Fish- Commission) des Etats-Unis, trois individus ont présenté le sexe mâle ; le Dr Packard a trouvé des spermatozoïdes dans leurs cellules mères. * * * L’imprimerie du gouvernement de l’Inde, à Calcutta, a publié récemment deux ouvrages des plus intéressants ; le premier, dû au D1 Cunningham, a rapport à certains effets de l'inanition sur les tissus végétaux et animaux. L’auteur a recherché, à l’aide du microscope, les modifications que subissent les tissus des animaux et des plantes quand ils ne reçoivent pas les matériaux nutritifs nécessaires. Chez les derniers, le manque de nutrition se traduit particulièrement par le dévelop¬ pement de champignons microscopiques. Chez les animaux, ce sont des protophytes vibrioniens, des Bacterium, Bacillus , etc. — Le chapitre consacré à letude des phénomènes observés après la mort par famine, diarrhée, dyssenterie, est des plus intéressants, au point de vue de l’apparition des microbes dans le sang de l’homme. C’est un sujet analogue que traite le second ouvrage publié à Cal¬ cutta. Il s’agit des organismes microscopiques trouvés dans le sang de l'homme et des animaux et de leurs rapports avec les maladies. L’auteur, le D1' T. -R. Lewis, adjoint au commissaire de santé du Gouvernement de l’Inde, dans un in-4° de 90 pages environ, accompagné de planches, décrit d'abord les helminthes qui ont été trouvés dans le sang d’hommes et d’animaux qui, en général, ne paraissaient pas en souffrir, puis les différents organismes, bacté¬ ries, bactéridies, vibrions, etc., qu’on a reconnus dans le sang d’hommes ou d’animaux affectés de diverses maladies, charbon, sang de rate, pneumo-entérite de porc, etc. — Le Dr Lewis ne pense pas que ces organismes puissent être considérés, en général, comme la cause de ces maladies. Dans beaucoup d’affections où 26“2 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. l’on a constaté la présence de bactéries dans le sang, la bactérie manque le plus souvent. Il y a aujourd’hui une tendance à trouver des microbes partout et quand même. Chacun des observateurs qui a étudié une maladie y trouve une bactérie et cette bactérie est, pour lui, tout à fait distincte de toutes les autres. — Rien ne prouve qu’il en soit ainsi, bien au contraire. Telle est la thèse que soutient le Dr Lewis, — et, à ce qu’il nous semble, avec un certain succès. Nous avons, d’ailleurs, la bonne fortune de pouvoir publier dès aujourd’hui une notice bibliographique sur l’ouvrage du Dr Lewis, par le savant M. Charlton Bastian, qui occupe en Angleterre une position analogue à celle de M. Pasteur, en France, mais dont les idées sont absolument inverses et qui voit dans Yarchébiose, dans Yhéterogénèse, — c’est-à-dire, dans la formation de nouveaux êtres avec les matériaux déjà existants dans' un milieu, mais différem¬ ment combinés, — la cause des phénomèmes que M. Pasteur attri¬ bue à l’intervention de germes tout faits, flottant dans l'atmosphère à la recherche d’un sol propice. C’est à M. Bastian, qu’arriva, il y a environ deux ans, cette assez singulière aventure auprès de notre Académie des sciences. Le savant anglais était venu tout exprès à Paris, pour soumettre à M. Pasteur et à ladite Académie des expé¬ riences qu’il jugeait concluantes. Comme on le suppose l’Académie nomma une commission, — mais, à partir de ce jour, les commis¬ saires furent introuvables, et il fut impossible à M. Bastian de jamais les réunir, de telle sorte que la commission ne. put procéder aux expériences en question. — Si bien que, fatigué, M. Bastian s’en retourna en Angleterre, sans avoir vu la commission et, comme on peut le croire, pas content. — Voilà ce que c’est que de s’attaquer à la Science officielle, — et surtout à ses pontifes ! * * * En terminant cette Revue, nous croyons devoir prévenir nos lecteurs que nous comptons, cette année, imiter beaucoup de Revues mensuelles, tant françaises qu’étrangères, allemandes particulière¬ ment, qui pendant les mois d’été, juillet et août, période pendant laquelle les universités, les facultés, les écoles chôment, en général, pour cause de vacances, ralentissent leur publication, pour reparaître en septembre et octobre, alors que la saison du repos est fermée et que les travaux reprennent avec une nouvelle activité. Nous renvoyons donc nos lecteurs aux mois de septembre et d’octobre. A cette époque, les travaux nous afflueront de tous côtés et nous publierons deux fascicules par mois. De cette manière nos abonnés recevront le nombre réglementaire de fascicules et nous pourrons, ayant plus de choix dans les matériaux, leur offrir des articles mieux étudiés et plus intéressants: D1 J. Pelletan. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 263 TRAVAUX ORIQINAUX LA. FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. (Suite (1). V Recherchons donc le lieu où la fécondation s’opère chez les Mammifères et chez l’Homme; — mais, auparavant, il est intéressant d’examiner quelles étaient les vues des anciens sur cette importante question de physiologie. Il n’est pas étonnant que les physiologistes et les médecins de l’antiquité qui avaient des idées si fausses sur la féconüation et sur la nature des produits qu’émettent le mâle et la femelle aient placé le siège de la fécon¬ dation dans l’utérus. Telles étaient les idées d'Hippocrate, d’Aristote, de Galien. Hippocrate croyait que le mâle et la femelle possédaient une matière séminale exclusivement liquide, formée d’éléments provenant de toutes les parties du corps dont ils étaient une émanation. Ce liquide sémi¬ nal se concentrerait dans les organes génitaux. Cette opinion est très- plaisamment critiquée par Aristote, ce qui n ’empêche pas que la théorie d’Hippocrate n’ait été reproduite par les hommes les plus considérables, par exemple, par Buffon, dont les molécules organiques ne représentent pas autre chose que l’idée d’Hippocrate. Ce n’est pas autre chose encore qu’a reproduit Darwin avec sa Pangé- nèse; seulement, au lieu de faire provenir ses molécules pangénésiques de toutes les parties du corps, Darwin en fait des émanations de toutes les cel¬ lules qui envoient ainsi des gemmules. Hippocrate croyait que [le mélange des liqueurs séminales mâle et fe¬ melle, c’est-à-dire la fécondation, se fait dans l’utérus; Aristote, qui l’a spirituellement critiqué, mais sans le nommer, (car, ainsi que l’a remar¬ qué Coste, il n’a jamais cité son nom), Aristote a eu une idée encore plus m-Mlheureuse : pour lui, la liqueur séminale était le sang menstruel qu’il savait, d’ailleurs, provenir de l’utérus. Mais il croyait peu à un mélange proprement dit, il pensait que le mâle agit par une espèce de contact et que le sang menstruel se transforme de toutes pièces, comme un pot sous la main du potier. C’est une idée qui ressemble à celle de Bischoff admet¬ tant que le sperme agit sur l’ovule par simple contact ou comme ferait un ferment. Galien, bien plus anatomiste qu’Hippocrate et Aristote, avait aussi des idées beaucoup plus justes et connaissait très-bien la constitution de l’appareil génital chez la femelle. Le premier, et c’est très-important pour l’époque, il reconnut l’analogie, l’homologie des ovaires et des testicules. (1) Voir Journal de Micrographie , t. III, 1879, p. 5i, 108, 162, 221. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 264 Pour lui, l’ovaire était la glande chargée de sécréter la liqueur séminale de la femme, liqueur qui se rendait dans l’utérus par les trompes. C était une idée très-avancée pour ce temps. Aussi Galien donnait-il aux ovaires le nom de testicules femelles, nom qui leur est resté très-longtemps et que Buffon a souvent employé; mais il faisait du produit des ovaires un liquide, et croyait que c’était le liquide intrafolliculaire (des follicules de Graaf). C’était donc aussi l’utérus qui, pour Galien, était le siège du mélange et par conséquent de la fécondation. Il faut arriver jusque vers 1625, à Fabrice d’Acquapendente, qui a étudié l’embryogénie du poulet, mais qui croyait encore au produit liquide de la femelle, à Harvey, son élève. Malgré son aphorisme bien connu : « omne vivum ex ovo », Harvey ne regardait comme de véritables œufs que ceux des oiseaux et autres ovipares. Quant aux vivipares, il croyait, comme Fabrice, que le produit de la femelle était un liquide, et partageait ainsi l’opinion des anciens. Ce liquide était, d’après lui, exhalé par les parois de l’utérus, dans lequel s’exerçait la fécondation. Harvey applique alors le même nom d'œuf aux véritables œufs et au produit de la concep¬ tion chez les vivipares, ce qui est pour nous, aujourd’hui, l’embryon enve¬ loppé de ses membranes; il assimile ainsi deux choses différentes et c'est de cette manière qu’il a pu formuler son fameux aphorisme, quoiqu’il ait très-mal compris ce qu’il appelait œuf. Avec Stenon et, surtout, Régnier de Graaf, une idée nouvelle se fait jour celle de l’assimilation du testicule du mâle à l’ovaire de la femelle, et il est réellement reconnu que l’ovaire des vivipares est l’homologue de celui des oiseaux et de tous les ovipares C’est Regnier de Graaf qui démontra cette homologie entrevue déjà par Sténon et quelques autres. {De mulie - rum, etc., 1672, chap. de testibus muliebribus sive ovariis). R. de Graaf confond ainsi sous un même nom les ovaires des oiseaux et ceux de la femme, et il démontre que cette analogie s’étend jusqu’aux parties constitu¬ tives de l’œuf; que l’œuf des oiseaux correspond au follicule (de Graaf) qui se détache de l’ovaire, pénètre dans les trompes, arrive dans l’utérus où il se développe, — et c’est là qu’il place le siège de la fécondation. 11 a si bien compris que ces globules transparents trouvés dans les trompes et la matrice, et qui sont ce qu’il appelle des œufs, proviennent des ovaires qu’il indique que le nombre de ces œufs en voie de déplacement correspond au nombre des cicatrices qu’il trouve sur les ovaires; — mais il a pris pour l’œuf le follicule tout entier. C’est là sa seule erreur. Il est le premier qui ait assigné au produit femelle la nature solide et la forme vésiculeuse, et attribué aux trompes leur véritable fonction, celle de conduire les ovules détachés jusque dans l’utérus, et c’est pourquoi il les appelle oviductes , chez les Mammifères comme chez les Oiseaux; il compare les organes les uns aux autres et leur attribue des noms correspondants ; — enfin il donne une excellente figure de l’oviducte de la poule, et telle qu’on ne ferait pas mieux aujourd’hui. Après Régnier de Graaf, et pendant un long espace de temps, la question usl restée stationnaire; nous arrivons ainsi jusqu’à lepoque actuelle où nous trouvons des observateurs beaucoup mieux préparés par la décou- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 265 verte de l’œuf véritable, par de Baer, en 1827. Cependant l’ancienne doc¬ trine de la fécondation dans l’utérus a trouvé un ardent défenseur dans A. Pouchet, auteur de la théorie de V Ovulation spontanée , en 1847. Pouchet a fait beaucoup d’expériences pour démontrer que la semence ne monte jamais au delà de l’utérus ; il pense qu’au moment du rut, et proba¬ blement pendant tout le temps que dure l’âge de la reproduction, chez les animaux, l’intérieur des trompes est oblitéré. Il suppose qu’à une hauteur de 20 à 25 millimètres au-dessus de l’utérus, les trompes sont remplies d’une substance muqueuse qu’il décrit comme une matière semi-liquide granuleuse, globuleuse, et qui, d’après lui, s’opposerait d’une manière absolue à l’ascension de la semence. Celle-ci ne dépasserait jamais cette hauteur, et Pouchet dit n’avoir jamais vu de spermatozoïdes dans ce mucus qu’il appelle mucus infranchissable. Quand on ouvre les trompes utérines d’une femme adulte ou d’une femelle en rut, on trouve en effet quelque chose qui représente le mucus infranchissable de Pouchet Qu’est-ce? — M. Balbiani croit que Pouchet, qui était fort bon observateur, a vu là la surface épithéliale qui revêt tous les plis et les replis si nombreux de la muqueuse des trompes, muqueuse fortement gonllée au moment du i ut, souvent même siège d’hémorrhagies chez la femme, se détachant avec une extrême facilité, et pouvant obstruer les trompes. Ainsi, ce sont des cellules épithéliales détachées qui consti¬ tuent le mucus infranchissable, si peu infranchissable, véritablement, qu'au moment du rut on y trouve des spermatozoïdes en grand nombre. Depuis Pouchet, d’ailleurs, tous les observateurs ont trouvé des spermatozoïdes dans les trompes et jusqu’au pavillon, aussi bien que des œufs fécondés, et en voie de développement, à des points plus ou moins élevés au delà des 25 millimètres au-dessus de l’utérus. Pouchet a été le dernier champion de la fécondation intra-utérine, aujourd’hui abandonnée de tous les embryo- génistes, qui considèrent les parties supra-utérines comme le siège de la fécondation, les trompes ou même l’ovaire. On a trouvé, disons-nous, des œufs fécondés à toutes les hauteurs dans les trompes et jusque dans les pavillons; de Baer paraît être le premier qui ait observé des œufs certainement fécondés, dans les trompes, et qui l’ait scientifiquement prouvé, chez la Chienne. Depuis lors, tous les obser¬ vateurs, Barry, Wagner, Kôlliker, etc., ont constaté des faits semblables. Ainsi, il faut rejeter, comme inadmissible, la théorie de Pouchet sur la fécondation dans la matrice, théorie fondée principalement sur la présence d’un mucus infranchissable très-près de l’orifice des trompes dans l’utérus. D’après la description même qu’il en donne, ce mucus est très-probable¬ ment une exfoliation de l’épithélium, au moment du rut, et pendant les règles chez la femme. Ce mucus, nous l’avons dit, n’est d’ailleurs pas in¬ franchissable, et, s’il l’était réellement, il s'opposerait de même à la des¬ cente de l’œuf auquel il offrirait un obstacle bien plus infranchissable encore, puisque l’œuf est plusieurs centaines de fois plus gros que le sper¬ matozoïde et qu’il est inerte, tandis que ce dernier est animé d’un mouve¬ ment de taraudement excessivement énergique. Les zoospermes, en effet, traversent lacilement le bouchon gélatineux, très-dense, très-compact et 266 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. très-résistant, qui ferme l’ouverture du col, chez la femme, pendant presque toute son existence; ils pénètrent de même l’épaisse couche albumineuse qui enveloppe les œufs de la Grenouille. Tous ces faits démontrent l’inexac¬ titude de la théorie du mucus infranchissable de Pouchet; d’ailleurs, il serait oiseux aujourd’hui de s’arrêter à la réfuter. Avant même qu’elle ait été formulée par Pouchet, en 1847, les embryologistes avaient déjà nombre de fois observé des spermatozoïdes dans le point même où il place le mu¬ cus infranchissable; de Baer avait déjà trouvé un œuf fécondé dans les trompes de la chienne, ainsi que nous l’avons dit, et depuis de Baer, beau¬ coup d’autres observateurs en ont rencontré jusque dans le voisinage de l’ovaire Certains faits, même, semblent plaider en faveur de l’imprégnation ova¬ rienne, ce sont ceux qui prouvent que les spermatozoïdes peuvent s’élever jusqu’à l’ovaire. Or, la présence de ceux-ci sur l’ovaire ne peut pas être contestée : Bischoff, Barry, Wagner, Coste, l’ont démontré. BischofF, le premier, en 1848, a constaté la présence des spermatozoïdes sur l’ovaire de la Chienne; puis, Barry, sur celui de la Lapine. Plus tard, en 1859, Coste a pu les suivre, chez la Lapine, et les retrouver, 6 heures après l’ac¬ couplement, dans l’utérus à l’orifice des trompes, et après 10 ou 12 heures, sur les franges du pavillon, et sur l’ovaire, de 12 à 14 heures après l’accou¬ plement, chez la Chienne, et ayant ainsi exécuté un parcours de 30 centi¬ mètres. — Notons que c’est à peu près le même temps que chez la Poule, circonstance très-remarquable, car la longueur de l’oviducte chez la Poule adulte est de 60 à 70 centimètres; les spermatozoïdes des divers animaux ne seraient donc pas doués de la même vitesse de translation, et ceux des Oiseaux seraient plus rapides dans leur mouvement que ceux des Mammi¬ fères. Ces résultats ne sont pas contraires à ce qu’on sait sur la vitesse de translation des spermatozoïdes, mesurée directement sur le porte-objet du microscope. Mais que penser de Hensen, cet embryologiste distingué, qui dit avoir aperçu des spermatozoïdes sur les deux ovaires d’une Lapine, deux heures 45 minutes après l’accouplement, ce qui représenterait une vitesse prodigieuse? Bischoff, que cette assertion a surpris, dit n’avoir jamais pu constater rien de semblable. — Il est donc difficile de ne pas croire qu’il y a eu une cause d’erreur dans cette observation de Hensen qui est, d’ail¬ leurs, en contradiction avec les résultats obtenus par Hensen lui -même sur le Cochon d’Inde et le Lapin, résultats qui donnent le chiffre de lmm2 par minute; et, en admettant 30 centimètres pour la longueur de l’oviducte entier chez la Lapine, il faudrait plus de 4 heures pour que les spermato¬ zoïdes les franchissent, en supposant encore qu’ils se meuvent toujours avec la même vitesse, qu’ils marchent toujours en ligne droite et qu’ils ne soient jamais arrêtés en chemin. Pour les Oiseaux, nous avons déjà parlé de Tauber qui a vu les sperma¬ tozoïdes sur les ovaires de la Poule, en très-petit nombre; ajoutons que Leuckart les a trouvés en très-grande quantité sur les ovaires du Lézard vivipare. Cette dernière observation est la seule de ce genre, faite sur les Reptiles, dont M. Balbiani ait connaissance. Mais, à côté de ces travaux et de ces faits qui militent en faveur de la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 267 théorie de la fécondation ovarienne, il en est d’autres, au contraire, qui lui sont opposés. Ainsi, Ed Van Beneden, en 1866, dit n’avoir jamais pu, dans un très-grand nombre d’observations, trouver des spermatozoïdes sur les ovaires ni dans les follicules de Graaf. M. Balbiani pense que cette assertion est trop absolue et qu’il y a des faits incontestables qui prouvent que l’imprégnation peut se faire sur l’ovaire, bien que ce ne soit pas nor¬ mal; tels sont, par exemple, les cas de grossesse ovarienne. Il n’a pas réussi non plus à trouver des spermatozoïdes sur l’ovaire chez un très- grand nombre de Lapines, quelque temps que ce soil après l’accouplement. Cela tient sans doute au très-petit nombre de zoospermes qui arrivent jusque-là. On peut les comparer à une troupe en marche qui abandonne, au fur et à mesure qu’elle avance, un nombre de plus en plus grand de traî¬ nards; quelques-uns seulement, des plus forts, arrivent jusqu’au bout, au pavillon; quelques-uns mêmes, très-rares, plus vigoureux, dépassent le but et arrivent jusque sur l’ovaire. Meyer Stein n’a pu réussir non plus, ni sur la Chienne, ni sur^la Lapine, à trouver des spermatozoïdes sur l’ovaire. Mais ces résultats négatifs de Van Beneden, Balbiani et autres observateurs n’enlèvent rien de leur valeur aux faits positifs que nous avons cités. Il s’agit donc de savoir si la présence des spermatozoïdes sur l’ovaire estun fait constant, et si l’on est en droit de considérer l’imprégnation comme normalement ovarienne. C’est ce qu’ont pensé, comme nous l’avons dit, deux éminents embryologistes, Bisclioff et Coste. Bischoff ajoute qu’une fois la rupture des follicules opérée et les œufs tombés dans l’oviducte, il n’y a plus de fécondation. — On peut lire cette affirmation dans son Histoire du développement de Vœuf du lapin (1). Dans ses écrits subséquents, qui sont nombreux, il a paru reconnaître que cette assertion était trop exclusive et il a cherché à l’atténuer : il a re¬ connu que la fécondation peut aussi se faire dans l’oviducte, que le siège de l'imprégnation est déterminé par le moment de la chute des œufs et ce¬ lui de l’accouplement. Enfin, dans ses plus récents travaux (1877-1878), il admet la fécondation comme possible dans tous les points de l’oviducte, jusqu’à l’utérus où elle ne peut jamais avoir lieu. Coste, jusqu’à la fin de sa vie, a soutenu que la fécondation a toujours, ou presque toujours, lieu dans l’ovaire; c’est là le siège normal. On peut lire l’exposé tout au long de cette doctrine dans la troisième et dernière édition de la Physiologie de Longet. Les faits sur lesquels il s’est appuyé sont de même ordre pour les Mammifères et l’espèce humaine que pour les Oiseaux, c’est-à-dire que l’œuf détaché s’altère aussitôt et devient impropre à être fécondé. Il a entre¬ pris sur la Lapine une série d’expériences tout à fait semblables à celles qu’il a faites sur la Poule, expériences qui ont paru lui démontrer que les résultats étaient les mêmes. Pour cela, Coste prolongeait artificiellement le rut chez les Lapines, en empêchant l’accouplement au moment où lemâle allait les couvrir, et en ne les livrant à ce dernier qu’au moment où la cha¬ leur tombait. 11 était alors certain que les œufs étaient détachés. Ces expé- (1) Traduite en français dans l 'Encyclopédie anatomique publiée par J. -R. Baillière 268 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. riences étaient difficiles, parce que la femelle qui n’est plus en rut ne se laisse pas approcher par le mâle. Dans les cas examinés par Coste, les œufs se trouvaient à l’extrémité des cornes uté¬ rines; il y avait des spermatazoïdes pêle-mêle, mais aucun n’a¬ vait pénétré dans l’œuf, ni même dans la couche albumineuse dont l’œuf s’entoure dans cette partie; le vitellus ne présentait aucun signe de fécon¬ dation. Coste en conclut donc que la fécondation doit se faire dans l’ovaire, et que ce n’est que très-exceptionnellement, l’accouplement ayant tardé, que la fécondation est encore possible dans le pavillon. Pour l’espèce humaine, c’est par induction qu’il faut arriver à la solu¬ tion. Coste a trouvé un argument dans les grossesses extra-utérines ou abdominales. Elles sont produites par un œuf qui, fécondé normalement dans l’ovaire, a échappé à l’action de la trompe et est tombé dans la cavité abdominale. Bischoff s’était aussi servi de cet argument. Les grossesses extra-utérines sont encore très-obscures quant à leur étiologie : il faut distinguer les grossesses abdominales proprement dites, celles dans lesquelles l’œuf s’est développé sur un point quelconque de la séreuse péritonéale; les grossesses ovariennes qui se produisent dans l’o¬ vaire même, et les grossesses tubaires qui se produisent dans les trompes. Parmi les grossesses ovariennes, qui se produisent dans l’ovaire même, on distinguait autrefois celles dans lesquelles l’œuf se fixe et se développe sur la surface de l’ovaire ; on les appelait grossesses ovariennes externes , mais il vaut mieux les classer dans les grossesses abdominales, et conser¬ ver le nom de grossesses ovariennes à celles qui se développent dans l’o¬ vaire même, dans un follicule de Graaf, ce qui constitue les grossesses ovariennes internes des anciens physiologistes. Comment l’œuf peut-il être fécondé dans le follicule même ? Comment le spermatozoïde a-t-il pu pénétrer la membrane du follicule ? On ne sait évidemment rien de précis à cet égard, aussi Velpeau s’est-il toujours ab¬ solument refusé à admettre ces grossesses ovariennes internes ou intra- ovariennes. Cependant, nous savons que les spermatozoïdes peuvent monter jusqu’à l’ovaire; quant à l’explication de leur passage à travers la mem¬ brane du follicule, nous pouvons supposer que cette membrane se rompt et que l’œuf reste dans son disque proligère demeuré adhérent à la mem¬ brane après la sortie du liquide folliculaire. Le spermatozoïde peut alors entrer par la brèche, et l’œuf, une fois fécondé, trouve là un sol très-favo¬ rable, car il est en contact avec la membrane du follicule qui ressemble beaucoup à une muqueuse, avec de grandes cellules très-propres à l’implantation d’un placenta. On trouve, d’ailleurs, dans la science des cas parfaitement établis de grossesse ovarienne. Les faits ne laissent donc pas le moindre doute, quoique leur interprétation ne soit qu’une hypo¬ thèse. Ainsi, la fécondation ovarienne peut évidemment se produire, mais elle doit être anormale et très-rare, — et cela est fort heureux, car, suivie de grossesse ovarienne, elle est une cause de mort. Il s’en faut donc de beau¬ coup que ce soit le cas normal ; Bischoff et Coste se sont certainement trompés en admettant que c’est le cas exclusivement normal. Leur théorie JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 269 est l’opposé de celle de Pouchet ; la vérité doit être entre ces deux ex¬ trêmes, et, en réalité, c’est dans l’oviducte que se fait ordinairement la fécondation, dans l'ovaire rarement sans doute, et dans l’utérus proba¬ blement jamais. Tous les auteurs sont aujourd’hui d’accord : Kôlliker, Weil, Allen Thomson, Ed. Van Beneden, admettent que l’oviducte est te siège ordi¬ naire de la fécondation. Chez les Mammifères, M. Balbiani, d’après ses recherches personnelles, est de cet avis, et ce qu’il dit des Mammifères doit être étendu aux autres Vertébrés, à un très-petit nombre d’exceptions près, et aux Poissons osseux. Chez la Blennie, par exemple, l’ovaire est certainement le lieu de la fécondation, mais les œufs sont tombés et ce n’est pas dans les follicules de Graaf qu’ils se développent, c’est dans une poche formée par l’ovaire lui-même. Il en est de même chez les Invertébrés; la fécondation se fait aussi dans l’oviducte, mais les exceptions sont plus nombreuses. Chez les Scorpions, certains Coccidiens, etc., les spermatozoïdes pénètrent dans les capsules ovariques. Etant admis que l’oviducte est le siège de la fécondation, il faut encore préciser le point que l’on doit considérer comme le lieu d’élection. On sait que l’oviducte présente une structure qui n’est pas la même dans ses dif¬ férentes parties ; il y a une portion qui a un aspect particulier, que Henle a appelée ampoule , et une autre portion connue sous le nom d 'isthme. Or, les parois de l’ampoule présentent une disposition très compliquée. Elles sont garnies de lamelles ramifiées, arborescentes, formant des plis et des replis, des coins et des recoins, où les spermatozoïdes peuvent se loger. C’est là un véritable réceptacle séminal et qui paraît disposé pour être, plutôt que tout autre, le lieu de la fécondation. Hensen, qui émet cette opinion, fait d’ailleurs remarquer, avec raison, que si la trompe n’était que le conduit excréteur de l’ovaire, on ne comprendrait pas pourquoi son ca¬ libre diminue, à l’isthme, lorsque l’œuf tend au contraire à augmenter de volume. Du reste, Coste, dans les expériences où il a cherché à démontrer que la fécondation se fait dans l’ovaire, est arrivé à des résultats dont il ne voulait pas tirer les conclusions que nous allons dire, mais qui démon¬ trent que l’œuf, une fois engagé dans la portion rétrécie ou isthme de la trompe, a perdu son aptitude à la fécondation. Alors, il est déjà entouré d’une couche épaisse d’albumine adventice qui a quelquefois une épaisseur égale au diamètre de l’œuf. 11 en est ainsi chez la Lapine; Coste a vu que quand l’œuf est engagé dans l’isthme, les spermatozoïdes qui vont à sa ren¬ contre ne peuvent plus le pénétrer et qu’il n’v a jamais imprégnation. La fécondation doit donc se faire plus haut dans les trompes, et très-probable¬ ment dans l’ampoule. Mais cette absence de fécondation au-dessous de l’ampoule est-elle un cas particulier tenant à la présence de la matière albumineuse autour de l’œuf? Pour s’en assurer directement, il faudrait opérer sur des animaux dont l’œuf reste entièrement nu dans tout son parcours. L’œuf de la Chienne s’enveloppe d’une couche moins épaisse, et Bischofï l’a même cru tout à fait nu; Allen Thomson a fait voir qu’il possède aussi 270 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. une couche albumineuse. Il faudrait donc opérer sur un autre animal, par exemple, sur le Cochon d’Inde. Quoiqu’il en soit, nous pouvons aujourd’hui considérer l’oviducte comme le siège normal de la fécondation chez tous les Mammifères, et nous ne devons admettre la fécondation dans l’ovaire que comme une rare ex¬ ception. (A suivre). ORGANISATION DG SERVICE DE LA ZOOLOGIE . a la Faculté libre des sciences de Lyon. (Suite) (1). VL Les aquariums. Il estpresque certain queplusieurs de mes lecteurs lais¬ seront échapperun geste de surpriseàla vue de ccsimpletitre. C’estqu’en effet posséder un aquarium est le rêve de tout zoologiste, et je connais beaucoup de ces derniers qui jusqu’à présent ont été dans l’impossibilité de voir figu- rer dans leurs laboratoires de véritables aquariums. Parce mot, en effet, je ne prétends pas entendre quelques cuvettes d’installation difficile que l’on trouve par accident dans des réduits qui ont la prétention de s’appeler la¬ boratoires. Cela est si vrai que quelques maîtres officiels se sont crus obligés à publier des mémoires sur l’art de se procurer des aquariums à bon mar¬ ché. Plus favorisé que beaucoup de mes collègues, j’ai disposé mes aqua¬ riums dans les meilleures conditions possibles. La salle indiquée par la lettre K dans le plan général leur est consacrée. Elle est éclairée par une seule fenêtre basse, qui laisse dans l’ombre les quelques parties où sont disposés les objets d’étude qu’il est nécessaire de tenir dans une demi-obscurité. 6 aquariums, dont la contenance varie entre 50 et 100 litres, les uns à fond d’ardoise, les autres à fond de zinc, sont installés, sur les tablettes qui garnissent les deux côtés de la salle. Tous sont à eau courante, et chacun d’eux est desservi par deux robinets, l’un donnant de l’eau à la surface, l’au¬ tre donnant de l’eau dans le fond par un tube en caoutchouc. Un trop- plein à pompe mobile permet d’établir l’eau à des niveaux variables; il est placé dans un angle de l’aquarium et il est muni d’une grille mobile. L’eau déversée par le trop-plein se rend par des tubes en caoutchouc dans un chenal, qui la conduit dans les puits perdus de la cour d’entrée. Le fond des aquariums est garni de sable, de gravier ou de vase, suivant les besoins, et dans l’aquarium sont placées des grottes artificielles en tuf. Ces derniè¬ res peuvent être enlevées facilement dans les cas où elles deviennent inutiles. Vers la fenêtre de la salle et au-dessous d’elle, j'ai fait placer un vaste aquarium, qui ne contient pas moins de 450 litres. Il est établi sur un chariot muni de galets et peut être déplacé facilement; il est desservi par deux ro¬ binets qui conduisent l’eau à chacune de ses extrémités. Deux trop-pleins (I) Voir Journal de Micrographie, T. III, 1879, p. 168. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 271 à pompe mobile, comme celle des précédents, établissent le courant d’eau Des tufs qui forment grotte ont été dressés de manière à présenter quelques points émergés. Les animaux qui ont l’habitude de sortir souvent de l’eau et ceux qui se tiennent ordinairement cachés trouvent dans cette disposi¬ tion les conditions les meilleures et les mieux appropriées à leur genre de vie. Dans une autre partie de la salle, j’ai disposé 12 appareils de Coste pour l’éclosion des œufs; ils sont rangés sur trois séries et peuvent, par des dis¬ positions particulières, fonctionner ensemble ou séparément. J’ai déjà ob¬ tenu dans ces appareils l’éclosion de truites qui mesurent actuellement de 8 à 9 centimètres. Sous les tablettes qui, à 80 centimètres du sol, supportent les aquariums, j’ai fait placer des cages de différents modèles destinées à renfermer pro¬ visoirement les animaux mis en expérience, tels que les chiens, les lapins, les canards, etc. Le sol de la salle est bitumé et en pente vers un angle, où se trouve placé un conduit de descente muni d’une grille. Cet aménagement est destiné à prévenir les accidents qui pourraient se produire dans le cas où un trop- plein qui se boucherait ferait déverser un aquarium. Trente robinets don¬ nent l’eau dans toutes les parties de la salle. Je ne me suis encore occupé que des aquariums d’eau douce, mais j’ai réservé une place que je consacrerai plus tard aux aquariums d’eau salée. Déjà j’avais pu réussir à constituer à Montpellier un aquarium d’animaux marins. J’étais parvenu à ne renouveler l’eau qu’à de très-grands inter¬ valles et j’eus le plaisir de voir se développer des campanulaires, d’obtenir l’éclosion des méduses et de voir des pontobdelles pondre leurs œufs. 11 est vrai que j’étais très près de la mer, et que, pendant les premiers jours, j’avais à discrétion l’eau, que je renouvelais de plus en plus rarement. A Lyon, j’éprouverai peut-être plus de difficultés; mais je ne désespère pas de les vaincre, et c’est à cela que je compte travailler pendant la belle saison prochaine. La distance entre Lyon et la mer peut être franchie rapi¬ dement, et je dispose de ressources qui pourront m’être utiles pour une pareille entreprise. Un moment j’ai songé à établir sur les bords de la Méditerranée un labo¬ ratoire d’observations. A cet effet j’ai parcouru la côte pendant les vacances dernières ; mais, absorbé par l’installation du moment, je n’ai pu donner suite à mon projet : je ne l’abandonne pas cependant, et j’espère en l’ave¬ nir, qui me permettra sans nul doute de le réaliser. Un laboratoire de zoologie ne peut pas se passer de pareils éléments; or, je tiens à avoir un laboratoire de zoologie. VII. La salle des cours. J’ai donné à la description de toutes les parties qui précèdent un développement en rapport avec leur importance ; je serai plus bref à l’égard de «elles qui vont suivre, non parce que je les juge moins essentielles, mais parce qu’elles offrent une organisation un peu moins spéciale. A ce titre je signalerai simplement la salle des cours, avec son grand tableau d’ardoise, sa surface murale garnie de planches sur lesquelles on fixe les dessins, sa table bien aménagée pour recevoir de 272 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nombreux échantillons et ses bancs garnis d’appuie-mains. Les côtés de cette salle ont été utilisés pour les collections de botanique ; ils sont garnis d’armoires à portes pleines, où sont disposés les riches herbiers que possède l’Université. VIII. Le cabinet de photographie. A côté de la salle des cours se trouve un petit laboratoire qui s’ouvre sur un large balcon en façade dans le jar¬ din intérieur. La photographie jouant aujourd’hui un grand rôle dans les recherches microscopiques, je lui ai consacré un atelier spécial qui offrira tous les éléments nécessaires pour reproduire les préparations microscopi¬ ques. IX. Le laboratoire de physiologie. Cette pièce exclusivement réservée aux travaux de physiologie, est uniquement consacrée aux expériences classi¬ ques dont il est indispensable que l’élève ait connaissance de visu. Ayant en vue ce but principal, j’ai organisé ce laboratoire de telle façon que les ex¬ périences les plus essentielles sur la digestion, la respiration, la circula¬ tion, les phénomènes nerveux, le développement puissent être reproduites. Une hotte semblable à celles du laboratoire de chimie avec cheminée d’appel, évier etc., est placée contre un mur latéral du laboratoire ; elle est prolongée par une table en chêne, au-dessus de laquelle le gaz et l’eau sont distribués. A la façade opposée se trouvent adossées une armoire vitrée et une table en marbre qui surmonte un meuble à rayons intérieurs et dé¬ couverts. La table se trouve à 90 centimètres du sol, le marbre qui la forme a une épaisseur de 4 centimètres. C’est là-dessus que j’ai disposé les ap¬ pareils enregistreurs. Le milieu de la pièce est occupé par une grande table que j’ai représentée fig. 5. C’est un meuble en chêne évidé dans le milieu, garni de placards dans sa partie pleine et présentant sur les côtés du plateau des abattants destinés à augmenter à volonté la surface de la table. Le milieu est oc¬ cupé à l’intérieur par un mécanisme qui se manœuvre au moyen d’une clef que l’on met en place en ouvrant les portes placées à l’extrémité du meuble, et, à la surface, par un plateau construit d’après le modèle figuré dans la physiologie opératoire de Cl. Bernard ( p. 123, fig. 10 et suivantes). Le mécanisme a pour but d’élever ou d’abaisser à volonté le plateau, enfin de placer l’animal au niveau des appareils employés dans l’expérience. La course est de 40 centimètres. Les piles sont enfermées dans les placards latéraux; les fils traversant les plateaux sont distribués là où l’expérience l’exige ; les tambours de Marey sont placés sur les côtés fixes du plateau et ils sont mis par des caoutchoucs en communication avec les enregistreurs établis sur la table de marbre. Tout est ainsi disposé pour expérimenter facilement. Le laboratoire possède les couveuses artificielles, des balances trébuchets de précision, des piles diverses, les tambours de Marey, les enregistreurs avec tous leurs accessoires, l’explorateur de la respiration, rhémadromo- graphe de Chauveau, les myographes,le cardioscope, l’appareil de Czermack, la gouttière de Cl. Bernard, etc. X. Le laboratoire d'anatomie. Ce laboratoire est contigu au précédent, dont il est séparé par une large cloison vitrée, mobile dans toutes ses par- I JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 273 K ties et pouvant faire communiquer les deux laboratoires par une ouverture large de 4 mètres. Dans cette salle exclusivement réservée aux travaux anatomiques sont placées des tables à dissections, des tables à injections, des tables à dessin, une hotte, un grand fourneau, des armoires vitrées, un meuble à tiroirs et tous les ustensiles nécessaires aux travaux anato¬ miques. Les tables à dissections sont des plateaux de marbre blanc de différentes dimensions portés par un support en chêne. Le support est lui-même dis¬ posé pour servir de point d’appui à un mécanisme qui permet d’élever ou d’abaisser la taule de marbre et de l’incliner en avant ou en arrière. Il est monté sur galets et il est muni d’une pédale qui permet de le rendre fixe ou de le déplacer à volonté. Le marbre est légèrement creusé à sa surface et la pente est dirigée vers Taxe longitudinal de la table. Il résulte de cet ensemble la possibilité de mettre la table à la hauteur de celui qui travaille tantôt assis et tantôt debout. En outre, les liquides suivant les différentes inclinaisons ne débordent pas de partout et n’exposent pas l’élève à des accidents toujours désagréables. Les mécanismes des tables à dissections etdelatableàexpérienceontétéconstruitsd’aprèsmesindicationsparM. Car¬ pentier (de Lyon), qui a parfaitement réalisé l’idée conçue. Les tables à injection (fig. 6 et 7) (PL X) sont des tables ordinaires A, sur lesquelles s’emboîte un plateau à double fond B. Lorsqu’on ne se sert pas de la table, le double fond est retourné, et un plateau C qui se pose dessus sert de table ordinaire. Mais lorsque la table est employée pour une injec¬ tion , le plateau C s’enlève et leplateauàdeuxfondsse remet, comme l’indique la fig. 7. On a ainsi une grande cuve, garnie intérieurement de zinc, dans laquelle toutes les manipulations exigées par l’injection peuvent se faire très-aisément. La hotte, très-grande (4 mètres de longueur), est destinée à la prépara¬ tion des injections; l’eau et le gaz y sont, comme d’ailleurs dans toutes les parties du service, distribuées avec abondance. Le fourneau est vaste ; il est garni de deux grandes bassines pour la préparation des squelettes, et d’un grand four pour la dessiccation des piè¬ ces anatomiques qui exigent une préparation rapide. Chaque bassine est accompagnée d’un robinet de charge et d’un robinet de décharge ; l’une, qui contient :<00 litres, est chauffée à la houille ; l’autre, qui contient 50 litres, est chauffée parle gaz Les armoires et tiroirs renferment tous les outils et produits nécessités par les travaux d’anatomie. Le sol de la salle est en pente vers l’un des angles où se trouve un con¬ duit de descente pour les eaux de lavage. Ces dernières sont fournies par des robinets placés à 20 centimètres du sol et munis d’un ajustage en éven¬ tail. Cette disposition est répétée dans le laboratoire de physiologie. Ces deux laboratoires sont éclairés par des fenêtres en façade sur le jardin intérieur et par des jours supérieurs. Ces jours sont pourvus de châssis mobiles et, dans leur encadrement, j’ai fait disposer une barre de * support mobile sur des rails latéraux ; le tout est en fer et très-solidement établi. La barre supporte des moufles qui servent à manier sur les tables 274 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ou dans les laboratoires les pièces les plus grosses et les plus lourdes. Je donnerai une idée du service que cette organisation m’a déjà rendu, en di¬ sant que j’ai pu manier sans aucun embarras une grande lionne de 180 kilog., un jaguar de 160 kilog., un dauphin de 250 kilog., un sanglier de 120 kilog., et d’autres pièces non moins importantes. Des tableaux d’ardoise sont placés dans chaque laboratoire. J’ajouterai enfin que ces laboratoires ont été disposés pour réunir à la fois les meilleures conditions possibles de travail, d’hygiène et de salu¬ brité. Dans un angle du laboratoire d’anatomie se trouve un petit escalier tournant, qui conduit à une terrasse placée au-dessus du laboratoire ; sur cette terrasse j’ai fait établir un grand bassin en tôle, qui contient 1200 litres d’eau et où l’eau est courante comme dans les aquariums. C’est là que l’on fait macéier les squelettes, qui sont ‘ensuite séchés sur la ter¬ rasse. Par leur ensemble les bâtiments de la Faculté sont d’apparence modeste et ne se distinguent guère des maisons voisines. A l’intérieur les murs et les plafonds ne sont pas surchargés de moulures ; les vestibules et les esca¬ liers n’occupent pas la plus large place, les meubles sont pour la plupart en vulgaire sapin; le chêne n’a été employé que lorsqu’il a été reconnu nécessaire ; rien n’annonce le luxe exagéré, mais tout indique un aménage¬ ment favorable au travail. Pour faire progresser la science, il ne suftit pas de décréter la construc¬ tion de superbes palais, il faut avant tout trier soigneusement ceux qui se¬ ront les maîtres, car, suivant un axiome qui n’a rien perdu de sa valeur, la fertilité du champ dépend de la qualité de la semence. L’argent dépensé en mortier ne vaut pas celui que l’on transforme en outils. Forts de cette conviction, nous avons tenu à honneur d’offrir à ceux qui viennent à nous, non pas la vue de belles colonnades, mais le manie¬ ment de tout ce qui est utile à un travail sérieux. La recherche de la vérité scientifique nous a préoccupé avant tout, et nous avons pour mission de nous placer dans les meilleures conditions possibles pour rendre cette re¬ cherche fructueuse. Cette mission, nous l’avons acceptée; nous en sommes fier, et nous ne la perdrons jamais de vue. Je ne saurais terminer cet exposé sans dire un mot du personnel qui ap¬ partient au service de la zoologie. Le professeur est aidé dans les travaux relatifs à l’enseignement par un préparateur spécial désigné parmi les élèves qui suivent les leçons et dont les fonctions sont gratuites. Un préparateur pour les collections et un garçon de laboratoire à gages annuels s’occupentdu montagedesanimaux,delamise en collection et des travaux qui sont la conséquence du service. Un garçon de peine attaché à l’établissement consacre une grande partie de soiUemps à l’entretien matériel de l’agencement, des ateliers, des collections, etc., et un aide temporaire prête son concours lorsque des travaux exceptionnels l’exigent. L’installation que je viens de décrire est à peine terminée. Les premières assises ont été posées, mais l’édifice grandit. Nous possédons aujourd’hui JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 275 les ressources exigées par les travaux auxquels nous comptons nous livrer. Notre route est maintenant toute tracée : augmenter ces ressources, en leur faisant produire leur intérêt naturel, le travail ! Plaise à Dieu de seconder nos efforts, de couronner notre Donne volonté et de nous donner la force né¬ cessaire pour atteindre notre but ! A.-L. Donnadieu, professeur à l’Université catholique de Lyon. EXPLICATION DES PLANCHES. \ PLANCHE VIII Fig. 2. La table à travail du laboratoire de micrographie. A, plateau delà table. B , embrasure de la fenêtré formant éta¬ gère. C, meuble à tiroirs pour outils. 7), meuble-placard pour la pile. E , bobine de la pile. G, prise de gaz. 77, prise d’eau. 7, ta¬ blette du microscope. K, tablette à dessin. K ', partie d’agrandis¬ sement de la tablette à dessin. L , équerres-supports pour le jeu de la tablette /. L\ équerres-supports pour le jeu de la tablette K M, tiroir. TV, étagères latérales. O, étagère supérieure. Fig. 3. Section du mécanisme pour les mouvements des tablettes. A, plateau de la table. /, tablette à mouvements. position dif¬ férente de TT aa\ équerre fixée à la tablette, b , son bras de force. cc\ équerre fixée au plateau, d, bras de force, c, écrou d’arrêt. Fig. 4. Lampe pour l’éclairage du microscope. a , le robinet, b, le corps, c, le bec. d , la bague du réflecteur d'. e , la bague du cadre é pour le vcredé poli, g , la charnière de ra¬ battement du cadre e'. PLANCHE X Fig. 5. La table à expériences de physiologie. Fig. 6. Section de la table à injections. A, plateau fixe de la table. B, plateau à injections. C, plateau mobile. 7), pieds de la table. Fig. 7. Section de la table à injections. Mêmes lettres que pour la figure 6. Le plateau à injections est dressé pour le travail. Le plateau mobile est enlevé. LES ORGANISMES MICROSCOPIQUES TROUVÉS DANS LE SANG DE L’HOMME ET DES ANIMAUX ET LEURS RELATIONS AVEC LES MALADIES (1). Le petit ouvrage illustré qui a paru sous ce titre, est un bon résumé de la plupart des faits les plus importants déjà connus et, en même temps, d’un certain nombre d’autres qui n’avaient pas encore été publiés jusqu’à (1) Bien que présenté sous la forme d'une simple notice bibliographique sur l’ouvrage récem ¬ ment publié a Calcutta par M. T. R. Lewis, sous le titre ci-dessus, cet article n’en est pas moins uii exposé des principales objections qu’un grand nombre de pathologistes opposent aujourd’hui a la théorie des germes morbides. M. T. R. Lewis appartient au Service Médical de l’Armée anglaise et est adjoint particu¬ lier au Commissaire de santé du gouvernement des Indes. 276 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. présent. Il est donc destiné, non seulement à accroître nos connaissances sur ce sujet, mais aussi à faire la lumière sur la question générale des rap¬ ports à établir entre les organismes microscopique trouvés dans le sang, et les maladies. Environ les deux tiers de l’ouvrage sont relatifs à l’existence, dans le sang, d’organismes végétaux du type bacterium , bacillus , et leurs congé¬ nères, tandis que l’autre tiers a rapport à l’existence, dans le même milieu, d’organismes animaux. Nous trouvons, dans cette dernière partie, une courte mais intéressante histoire des hématozoaires nématoïdes Chez les petits animaux, et le tableau de ce que l’on sait sur les embryons du Filaria sanguinis hortiinis qui a été, pour la première fois, découvert par l’auteur, en 1872, dans le sang de malades affectés de chylurie. Il paraît évident, d’après le compte rendu qui en a été donné, que nous avons encore à peu près tout à apprendre sur l’origine et la forme parent de ces embryons nématoïdes trouvés dans le sang de l’homme. L’hypothèse de Mauson sur le rôle des moustiques comme hôtes intermédiaires, (dans l’intérieur desquels les embryons absorbés peuvent se développer et hors desquels les formes parents, capables d’infester l’homme, peuvent trouver leur voie par les eaux potables), cette hypothèse, d’après les observations attentives du docteur Lewis, paraît plus que douteuse. Les relations de ces organismes avec les maladies auxquelles ils se trouvent associés sont d’une étude des plus difficiles. 11 est assez douteux que la forme adulte de cet helminthe ait encore été découverte, malgré les observations du docteur Bancroft, en Australie, et du docteur Lewis lui-même. Le fait de la per¬ sistance de l’enveloppe de l’œuf entourant, comme une coque diaphane, tous les embryons trouvés dans le sang de l’homme, semblerait suggérer à l’auteur, avec une grande probabilité, que les embryons en question ont été mis d’abord en liberté dans quelque partie du système vasculaire et qu’ils n’y sont pas parvenus du dehors en traversant les parois de celui-ci. Car s’ils se mouvaient à travers les tissus par ce dernier procédé, leur fine enveloppe diaphane aurait de grandes chances d’être déchirée et aban¬ donnée. On sait depuis longtemps que l’on trouve des helminthes nématoïdes dans le sang de beaucoup d’oiseaux, et le docteur Lewis dit à ce propos : « J’ai examiné un nombre considérable de corneilles indiennes ( Corvus splendens ), et j’ai trouvé dans le sang de près de la moitié des sujets qui me sont tombés sous la main des embryons d’hématozoaires de cette fa¬ mille. Ils y étaient quelquefois en si grand nombre que l’on pouvait à bon droit s’étonner de ce qu’un animal ait pu vivre avec tant de milliers d’or¬ ganismes aussi actifs répandus dans tous les tissus de son corps. Or, les oiseaux ne semblaient pas le moins du monde incommodés par leur pré¬ sence. Ces helminthes, dans leurs mouvements, étaient absolument sembla¬ bles à ceux des embryons nématoïdes trouvés chez l’homme’; toutefois, ils étaient considérablement plus petits et ne présentaient aucune trace de coque enveloppante. » De plus, les observations faites, il y a plusieurs années, par MM. Gruby et Delafond, ont montré que 4 ou 5 pour 100 des chiens de France héber- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 277 gent des Nématodes microscopiques dans leur sang. Lewis s’est assuré en 4874, que plus d’un tiers des chiens parias de l’Inde sont infectés de la même manière, et le docteur P. Manson a montré que ce genre de parasi¬ tisme affecte les chiens de Chine dans une proportion au moins égale. Les embryons de Nématodes, appartenant aux chiens de ces différentes con¬ trées, paraissent présenter, les uns et les autres, tous les mêmes caractères. Il est important de noter que leur présence n’est associée à l’existence d’au¬ cune maladie définie. Les chiens qui hébergent ces parasites ne peuvent se distinguer extérieurement de ceux qui en sont indemnes. Quelque étrange que cela paraisse, il est bien étrange aussi que le processus par lequel ces organismes embryonnaires ont accès dans le sang soit encore enveloppé d’une si grande obscurité. Il est vrai que plusieurs observateurs, à diffé¬ rentes époque, ont trouvé des Nématodes adultes, semblables à des ü\s(Fila- ria immitis), en plus ou moins grandes quantités, dans les cavités droites du cœur chez les chiens. Le docteur Manson les a trouvés extrêmement communs en Chine, on peut assez logiquement les considérer comme la source des embryons de Nematodes rencontrés dans le sang chez cet ani¬ mal. Mais si cela est vrai pour la Chine, cela devrait être vrai aussi pour l’Inde ; et cependant le docteur Lewis dit : « Il semble assez étrange, que malgré cette abondance remarquable d’embryons d’hématozoaires, le Filaria immitis n’a pas encore, autant que je puisse Je savoir, été reconnu dans l’Inde. Je l’ai souvent cherché d’une manière spéciale, mais vainement. Le seul parasite adulte qui paraisse affecter le système circulatoire du chien, dans ce pays, est le Filaria sanguinolent a, dont la description, ainsi que le tableau des altération pathologiques qu’il cause pendant son développement dans les parois de l’aorte et les tissus adjacents, ont été publiés par moi en 1874 (1)». Mais le même auteur ajoute : « Nonobstant cette circonstance que cette Filaire est le seul helminthe adulte qui ait été trouvé associé à l’embryon hématozoïque de l’Inde, je ne peux pas croire qu’il y ait un rapport génétique entre eux, car il arrive fréquemment que le ver adulte existe en abondance et n’est associé à l’existence d’aucun embryon d’aucun genre dans le sang, et quelquefois les embryons existent sans qu’il y ait trace de ver adulte. » Ce qui a été dit plus haut suffit pour faire voir quelles lacunes considé¬ rables subsistent dans nos connaissances relativement à l’histoire natu- i • relie des hématozoaires nématoïdes de l’homme et des animaux, et aussi quelle tendance on remarque chez certains observateurs à vouloir combler ces lacunes par des explications insuffisantes, déduites d’une étude trop étroite, trop peu étendue des faits, — ce qui est une source continuelle d’erreurs, et particulièrement en ce qui a rapport aux questions du genre de celle dont nous nous occupons. Parmi les protozoaires signalés comme existants dans le sang des petits animaux, les plus nouveaux, et peut-être les plus intéressants, sont ceux que l’auteur décrit pour la première fois et qu’il a trouvés dans le sang du rat. Chargé par le gouvernement de l’Inde de faire des recherches sur le Spirillum que l’on rencontre dans le sang des malades atteints de la fièvre (1) The pathological significance of Netnatode Wæmnlozea. 278 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de Bombay, l’auteur s’exprime ainsi : « En faisant ces recherches, j’ai eu l’occasion d’examiner le sang d’un nombre considérable d’animaux, et, éventuellement (juillet 1877), j’ai reconnu dans le sang d’un rat des orga¬ nismes qu à première vue je considérais comme étant de la nature des vibrions ou des spirillums. » — Ces organismes, dont l’auteur donne des figures et des photographies, sont tous pourvus d’un long tlagellum bien distinct, quoique d’ailleurs ils ne diffèrent pas d’aspect avec certains bacil¬ lus. Des observations ultérieures ont montré au Dr Lewis que, tandis que ces organismes ne paraissent pas exister dans le sang de la souris, on les trouve dans celui de deux espèces de rats, le Mus decumanus et le Mus rufescens. Au sujet de leur existence et de leur signification pathologique chez ces animaux, il s’exprime ainsi : « J’ai examiné le sang d’un grand nombre de rats dans le but de rechercher dans quelles proportions ces ani¬ maux portent ces organismes dans leur sang, et j’ai trouvé que sur ceux que j’ai spécialement examinés dans cette intention, la proportion est de 29 animaux infestés sur 100. Quelquefois cependant, le nombre des organis¬ mes était très petit, un ou deux au plus, par préparation, mais dans le plus grand nombre de cas ils étaient très nombreux, chaque préparation en contenant plusieurs centaines. » Quant a ce qui a rapport à l’état de santé des rats chez qui ces organis¬ mes flagellés ont été trouvés, rien ne pouvait faire supposer qu ils fussent moins bien portants que d’autres non affectés, et j’ai maintes fois conservé des rats pendant très longtemps pour m’assufer s’il se manifesterait quel¬ que symptôme particulier. » Quand on considère que des milliers d’êtres actifs de cet ordre peu¬ vent exister dans le sang, tandis que la santé de leur hôte n’en, paraît pas affectée d’une manière appréciable; quand on considère encore que ces organismes consomment au moins autant, si ce n’est beaucoup plus d’oxy¬ gène que les bactéries, bacillus et spirillums, il devient difficile de com¬ prendre comment on puisse attribuer à une action semblable de certains de ces derniers êtres, l’asphyxie et les autres caractères morbides qui carac¬ térisent la mort par l’affection splénique et plusieurs maladies analogues. » Cette vue a été mise en avant par MM. Pasteur et Joubert, quoiqu’il soit bien connu, et que Virchow, entre autres, l’ait signalé, que la proportion des bacillus dans le sang, lors de l’autopsie, n’est nullement en rapport avec la gravité de la maladie qui a été constatée chez les sujets examinés. Mais c’est précisément de ces organismes végétaux existants dans le sang de l’homme et de quelques animaux que le D1 Lewis s'occupe avec le plus de détails dans son travail. Il fait preuve évidente d’une parfaite intelligence des principaux phénomènes qui ont rapport à cette partie de son sujet, et montre une rare absence de cette tendance, malheureuse¬ ment trop commune, à glisser sur les difficultés fondamentales qui se po¬ sent comme autant d’objections à la « Théorie des germes des maladies », ou «Doctrine du Contagium Vivum », comme on l’appelle souvent. Non seulement il apporte à la discussion les qualités d’une fine critique, mais il fait connaître quelques nouveaux faits très-importants et d’une haute signification. . INFUSOIRES FIXES PAR L'ACIDE OSMÏQUE A Karmanski ad.nat.d6l. et litll. imp Lemercier le Cie .Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 270 Après avoir rapporté l’idée généralement admise que les organismes du type bacterium ou bacillus n’existent pas en quantité reconnaissable dans le sang des animaux en santé, et les expériences entreprises, il y a quelques années, par le Dr Douglas Cunningham et lui-même, expériences qui ont montré comment, après que ces organismes ont été volontairement introduits dans le sang d’animaux en santé, ils en disparaissent rapide¬ ment, l’auteur ajoute : « On peut affirmer en toute sûreté que leur présence en nombre appréciable est, d’après les expériences, incompatible avec l’état de parfaite santé ». Il en est donc tout autrement de ces microphytes que des organismes animaux dont il a été question plus haut et qui peuvent fourmiller dans le sang d’animaux dont l’état de santé, à tous autres égards, reste parfait. L’un ou l’autre de ces microphytes a été généralement trouvé dans le sang des malades du charbon ou fièvre splénique sang de rate, et de la fièvre récurrente. M. Pasteur a récemment soutenu que la septicémie est aussi caractérisée par l’existence d’organismes semblables dans le sang pendant la vie; et à celte liste le Dr Klein ajoute ce qu’on appelle la fièvre typhoïde de porc. Il est impossible de 'suivre l’auteur dans la discussion des faits princi¬ paux invoqués pour établir une connexion entre les microphytes et les mala¬ dies susdites, mais nous pouvons examiner brièvement la question de leur rapport de cause à effet avec les états morbides auxquels on les a souvent associés. Si les êtres de ce type qu’on rencontre communément en dehors de l’or¬ ganisme ne sont pas spécifiquement nuisibles quand on les introduit dans les tissus des animaux supérieurs (ce qui a été surabondamment prouvé et est communément admis), l’idée que ceux que l’on rencontre dans cer¬ taines maladies en sont précisément la cause fait admettre que ces der¬ niers organismes sont, en quelque point, différents des formes ordinaires. Et c’est généralement le cas, aussi le Dr Lewis dit-il : * Tous les défenseurs de la théorie des germes, à très peu d’exceptions près, soutiennent que l’organisme particulier qu’ils trouvent dans une maladie particulière dont ils s’occupent spécialement, est tout-à-fait distinct de tous les autres ». — « Cette thèse est cependant bien loin d’être prouvée, et elle constitue par elle même une doctrine très incertaine. 11 n’y a pas de caractère mor¬ phologique réel qui distingue le bacillus du sang de rate, ou de la « fièvre typhoïde du porc », du bacillus du foin, de l’urine et d’une multitude de liquides organiques. Autant qu’il s’agit des caractères morphologiques, cela est pratiquement admis. Mais alors, Colin et autres expérimentateurs avancent que la différence dans les « propriétés physiologiques » peut fournir une base suffisante à des distinctions spécifiques, même en pré¬ sence de la similitude morphologique. C’est là une doctrine bien hasardée et qu’on ne doit mettre en avant qu’avec la plus grande précaution. A quel degré de, s échelles animale et végétale est-il bon de s’arrêter, ou bien est-ce un caractère distinctif réservé aux plus protéens et aux plus modi¬ fiables de tous les organismes? D’un côté nous trouvons l’autorité du pro¬ fesseur Cohn, deBreslau, pour défendre cette idée;’ mais de l’autre côté, 280 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. celle non moins imposante du professeur Nâgeli, de Munich, qui déclare ne connaître aucun fait réellement capable de la soutenir. Il dit :« J’ai, pendant ces dix dernières années, examiné plusieurs milliers des différentes formes de Schizomycètes, mais (excepté pour les Sarcines) je ne puis pas affirmer qu’il y ait nécessité de les séparer même en deux groupes spécifiques » Les Bacillus nés et développés au milieu du sang et des tissus d’un ani¬ mal malade peuvent posséder une certaine et légère différence moléculaire qui résulte de ce que, pendant leur processus vital et nutritif, ils tendent à sécréter un principe chimique vénéneux, — précisément comme on sait que le fait la bactérie commune de la putréfaction, — et il peut ainsi arriver que la progéniture de ces organismes, née dans des fluides morbides, soit capable de susciter un processus morbide dans l’économie animale, tandis qu’il ne résulte pas un semblable effet de l’introduction, dans cette même économie, de bacillus développés dans une simple infusion de foin. C’est là une pure supposition, présentée comme une vue que beaucoup de per¬ sonnes pourront trouver plus facile à accepter provisoirement que cette notion, à savoir que : parmi les plus variables des organismes, au point de vue morphologique, plusieurs « espèces » se présentent exacte¬ ment sous la même forme, et que l’identité ou la différence des « espèces » doit être établie d’après les seuls effets produits par leurs invisibles acti¬ vités moléculaires. De plus, on doit avoir présent à l’esprit que l’association entre les orga¬ nismes et les maladies en question n’est pas absolument constante et que la gravité de la maladie est loin d’être proportionnelle à l’abondance des organismes trouvés dans le sang des animaux affectés. A propos de la fièvre récurrente, le D1 Lewis s’exprime ainsi : « Bien que les spirillums puissent généralement être découverts dans les malades affectés d’une fièvre de cette nature, il y a néanmoins des cas fréquents dans lesquels des observateurs parfaitement compétents n’ont pu arriver à rien découvir dans le sang, depuis le commencement jusqu’à la fin ; et cela dans des cas qui n’étaient, en rien, moins graves que d’autres dans lesquels les organismes abondaient, et qui avaient été examinés par les mêmes observateurs et dans la même période. » — Le D* Lewis en a fait l’expérience lui-même. A propos de cette même maladie, la cause invoquée n’opère pas toujours alors qu’elle est placée dans les conditions les plus favorables, conditions telles qu’il est à peine concevable que les organismes n’aient point opéré s’ils étaient la véritable cause de la maladie. Faisant allusion aux expé- ïiences bien connues d’Obermier, l’observateur qui a découvert le spirillum de la fièvre récurrente, notre auteur dit encore : « Les expériences d’inocu¬ lation qu’il a entreprises consistaient à injecter du sang de fiévreux, à spi¬ rillum, dans les veines de chiens, de lapins, de cochons d’Inde; elles n’ont rien produit, pas plus qu il n’est résulté d’effet de l’injection, avec une se¬ ringue hypodermique, de petites quantités du même sang faite sur des hommes en bonne santé. » D’autres n’ont pas mieux réussi à reproduire la maladie par les mêmes moyens, bien qu’un observateur avance qu’il a été plus heureux dans ses •essais pour produire ainsi la maladie, indépendamment, toutefois, dit-il. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 281 de ia présence des spirillums dans le sang avec lequel l’inoculation était faite. A quelle singulière cause avons-nous donc affaire, cause dont les effets se produisent alors que cette même cause n’existe pas, ou bien ne se produi¬ sent pas proportionnellement à son action, ou encore qui, lorsqu’elle existe, ne produit pas d’effets du tout? — C’est, on l’avouera, une cause de bien étrange nature ! Mais nous arrivons maintenant à une grave difficulté et à un sujet très- important qui doit, à son tour, être expliqué par ceux qui ne peuvent pas admettre les microphyptes dont nous nous occupons comme les causes des maladies en question. Ceux qui admettent, au contraire, cette doctrine, demandent tout naturellement aux opposants de la théorie des germes : — Si ces organismes ne doivent pas être regardés comme la cause de la ma¬ ladie, comment expliquer que leur présence soit si souvent liée à l’existence de cette maladie ? Les maladies communicables ou contagieuses constituent une très-grande classe, et celles auxquelles on a trouvé des microphytes associés ne forment qu’une très-faible minorité. En voyant la multitude des observateurs qui ont recherché ces microphytes, pendant ces dernières années, dans le sang de personnes affectées de diverses maladies telles que la fièvre scarlatine, la variole, la rougeole et autres, les probabilités pour que ces organismes soient trouvés, un jour, associés aux maladies susdites, sont, on peut le dire, réduites à un minimum. Aussi, quant à ce qui concerne la fréquence des microphytes dans le sang des malades de la fièvre récurrente, de la fièvre splénique et autres affections, il serait très-logique, (sinon conforme à l’évi¬ dence) de regarder ces organismes comme des produits quasi-accidentels, ou des épiphénomènes des maladies en question. Si nous acceptons la doctrine de Pasteur, Lister et autres, établissant que le sang de tous les animaux en santé manque invariablement de ces micro¬ phytes, l’apparition d’organismes dans le sang, comme épiphénomènes, au cours de certaines maladies, ne peut guère être expliquée que par la suppo¬ sition qu’une archébiose ou une hétérogénèse (ou les deux à la fois) se sont produites dans le sang altéré, ou simultanément dans le sang et les tissus. % Il y a longtemps que l’auteur de cet article a signalé ce point, et il a par¬ ticulièrement insisté sur ce sujet dans un travail publié il y a environ seize mois (1), mais dont le Dr Lewis ne paraît pas avoir eu connaissance avaüt de faire paraître son ouvrage. Dans ce travail, l’auteur appelle spéciale¬ ment l’attention sur ce fait que des organismes sont rapidement apparus dans le sang d’animaux antérieurement en bonne santé ou d’hommes qui ont péri subitement; les circonstances et les conditions étaient alors telles qu’il est presque impossible de se rendre compte de cette apparition, autre¬ ment qu’en admettant la production de l’un ou de l’autre des processus générateurs mentionnés plus haut, processus qui ont donné naissance, in situ , à une nouvelle génération de microphytes. En efiet, on peut faire (1) On the conditions favoring fermentation, etc. — Journal of Linnean Society (Zool.). Vol. XIV, p. t9-9J. 282 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. apparaître les organismes à volonté, comme Lewis et Cummingham, aussi bien que Sanderson, l’ont montré, dans des points localisés d’animaux aupa¬ ravant en santé, en diminuant la nutrition dans ces points du corps, c’est-à- dire, soit en liant l’artère qui nourrit cette partie, soit en soumettant la partie à l’intluence d’un agent chimique irritant et privé de germes. D’au¬ tre part, lorsque les processus nutritifs sont arrêtés dans le corps par la mort de l’animal, la production des microphytes, qui était d’abord locale, devient alors générale, ainsi que l’auteur l’a souvent indiqué. Que les défenseurs des germes examinent ces faits et qu’ils nous en don¬ nent, s’ils peuvent, une meilleure explication ; car, dans les cas rapportés ci-dessus, des organismes apparaissent dans des tissus que ces observa¬ teurs ont eux-mêmes proclamés sans germes, dans un sang qu’ils ont dé¬ claré privé de toute trace de microphytes préexistants. Les faits de ce dernier ordre ont été nettement confirmés par le D1 Lewis : « On s’est procuré des rats, dit-il, on les a tués au moyen du chloroforme, on les a mis de côté de 3 à 24 heures, ou plus longtemps, suivant que la température de l’atmosphère était plus ou moins élevée. Les résultats ont montré des bacillus dans le sang, dans la rate et dans les autres organes.» Il paraît, toutefois, et le fait a une signification considérable, que quand la mort a lieu de certaines manières (par empoisonnement avec l’acide car¬ bonique ou l’oxyde de carbone), les organismes ont une plus grande ten¬ dance à apparaître dans le sang, et qu’ils s’y manifestent avec une surpre¬ nante rapidité. Un homme qui avait été envoyé à la recherche des rats « en trouvant plus qu’il n’en pouvait placer dans la cage qu’il avait apportée avec lui, se procura un grand vase de terre dans lequel il transféra vingt-sept rats, puis il ferma l’ouverture du vase avec un morceau de toile. Gomme on peut le supposer, avant d’arriver à la maison, les rats étaient morts, sauf un seul . J’ai examiné le sang et la rate de vingt de ces rats, 6 à 8 heures après qu’ils avaient été pris, et dans chacun d’eux, j’ai trouvé d’innombra¬ bles bacillus, absolument identiques morphologiquement au Bacillus an- thracis (l). Chez quelques-uns, le nombre en était surprenant. Ils présen¬ taient particulièrement la forme de bâtonnets, mais çà et là, quelques-uns avaient acquis une longueur telle qu’ils couvraient deux champs du micros¬ cope. Cette expérience vient à l’appui de ce que M. SignoUa avancé devant l’Académie des Sciences de France, à savoir que des bacillus im¬ mobiles, identiques à ceux qu’on a trouvés dans le charbon, peuvent être observés 16 heures, et moins, après la mort, dans le sang d’animaux as¬ phyxiés par le charbon. » Le Dr Lewis démontre que les organismes qui apparaissent si rapide¬ ment après la mort dans le corps des animaux, non-seulement ne diffèrent pas morphologiquement du Bacillus anthracis, mais qu’ils procèdent, dans des conditions convenables, à la formation de ce qu’on appelle les «spores» exactement de la même manière. Mais, si la façon dont la mort s’est produite suffit pour influencer la (l) C\ si celui que l’on rencontre associé au charbon, fièvre splénique, sang de rate. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 283 rapidité avec laquelle les organismes apparaissent dans le corps après la mort, il n’est pas absurde de supposer qu’ils peuvent en certains cas — c’est-à-dire pendant certains processus morbides — être beaucoup plus dis¬ posés que dans d’autres à se montrer comme épi-phénomènes. Et cela semble s’accorder avec ce qui se produit réellement : dans beaucoup de maladies contagieuses, comme cela a été établi plus haut, ces organismes paraissent manquer; dans quelques-unes on les a trouvés et de beaucoup le plus fréquemment dans ceux où la mort est déjà assez éloignée. Au sujet desbacillus rencontrés dans la pustule maligne (charbon), la sep¬ ticémie, et ce qu’on appelle la fièvre typhoïde du porc, du cheval et d’au¬ tres animaux, « on peut affirmer avec confiance, dit le Dr Lewis, q .’on ne les rencontre jamais dans les premières phases de la maladie, mais seule¬ ment dans une courte période avant et après la terminaison fatale. A ma connaissance, on ne les a jamais découverts dans le sang d’animaux qui ont guéri, et ils ont toujours été reconnus comme accompagnant une disso¬ lution imminente. C'est sans aucun doute ce qui se présente dans les deux premières maladies que nous venons de citer. » Les défenseurs les plus fervents de la théorie des germes dans les ma¬ ladies _ doctrine qui ne repose pas sur des bases suffisamment solides, — ne sont pas toujou”s assez réservés lorsqu’ils parlent de ceux qui in¬ clinent à penser que les organismes qu’on rencontre associés à certaines maladies sont de simples épi-phénomènes, résultant souvent, dans le corps, d’un processus d’hétéro:énèse. Cette dernière interprétation, cependant, dans l’état actuel de nos connaissances paraît seule suffire à expliquer le pouvoir que nous avons de déterminer, à volonté, l'apparition des micro- phytes dans les tissus sans germes et dans le sang sans germes d’animaux jusqu’alors en parfaite santé. H. Charlton Bastian. SUR LES STRIES DES DIATOMÉES ET SUR LA VALEUR Qü’lL FAUT ATTRIBUER A LEUR NOMBRE DANS LA DÉTER¬ MINATION DES ESPÈCES (1). Une des époques les plus fortunées pour les sciences d’observations qui ait été enrégistrée pour l’Histoire est sans aucun doute cette moitié du xixe siècle, où l’attention des opticiens, théoriciens et praticiens, s’appliquant à la construction et au perfectionnement du microscope, une nouvelle voie s’est ouverte pour cet instrument, avec un plus brillant avenir, grâce au professeur de Modène, Jean-Baptiste Amici, et à son invention des objec¬ tifs à immersion. Par ce moyen, avec des objectifs du plus fort grossisse¬ ment, on a pu obtenir des images corrigées des aberrations sphérique et chromatique, et par dessus tout autre avantage réalisé de cette manière, une conquête bien plus précieuse, un progrès bien plus grand fut l’amplitude inusitée de l’angle sous lequel l’objet soumis au microscope put être éclairé. C’est ainsi que des organismes présentant des détails d’une finesse exquise, et qui semblaient défier tout pouvoir de résolution, (1) Mémoire communiqué à l’Académie « dei Nuovi Lincei. » 284 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ont pu être mis en évidence et distingués les uns des autres sous l’influence d’an éclairage très-oblique, de telle sorte que cet angle d’ouverture des objectifs est le principal coefficient de leur valeur et de leur mérite. L’acquisition d’un instrument de recherche si intéressant et si efficace a conduit à la découverte de merveilles inattendues, et le microscope est devenu le compagnon inséparable du naturaliste, du médecin, du bota¬ niste, du physiologiste et de tous ceux qui s’appliquent à connaître les for¬ mes dernières et la structure intime des corps et des tissus. Le microscope a ouvert de nouveaux champs à l’insatiable curiosité humaine, ainsi attirée vers l’étude des merveilles du microcosme. Et, parmi ces dernières, il faut certainement compter l’ordre des Diatomées dont, on peut le dire, la connaissance ne date que du moment ou les perfectionne¬ ments dont nous venons de parler ont été introduits dans la construction du microscope. Cette révélation a fourni la plus abondante moisson de découvertes à ceux qui s’adonnèrent à ces recherches ; et il n’est pas étonnant qu’Ehrenberg, Kützing, Smith, Brébisson, Gregory, Bailey et tant d’autres qui nous ont précédés ont pu faire connaître un si grand nombre de Diatomées, tandis que tous ceux qui s’occupent sérieusement de cette étude savent combien la découverte de nouveaux genres et de nouvelles espèces, à ajouter à ceux qui sont connus, est rien moins que facile, encore que le choix de ces espèces nouvelles soit loin d’être complet. Mais le travail de ceux à qui nous sommes redevables de la connaissance de milliers de formes et de types divers appartenant à l’ordre des Diato¬ mées devait nécessairement subir la conséquence de la rapidité avec laquelle s’augmentait le nombre des organismes nouveaux incessamment observés Aussi, il ne faut pas s’étonner que souvent une forme ou un type identique ait été distingué sous des noms différents, tandis que certaines formes, différentes d’aspect, et pour cela désignées sous des noms différents, sont reconnues maintenant, après des recherches plus attentives, comme appartenant à une seule et même espèce, et devraient, par conséquent, être réunies sous un seul nom. Mais cette besogne constitue le travail le plus ingrat et la tâche la plus ardue auxquels on puisse se livrer. Pour cela, il faut reconnaître la valeur des titres en vertu desquels une forme peut avoir le droit d’être reconnue comme type spécifique et éliminer ceux qui pour¬ raient, par aventure, ne pas être également légitimes ; et c’est ainsi qu’on pourra faire cesser la confusion qui règne dans la nomenclature des Dia¬ tomées et qui forme le plus grand obstacle pour ceux qui sont tentés d’entreprendre cette étude. Mais quelles serontdes règles à suivre dans une recherche si délicate? — en d’autres termes, quels sont les caractères diagnostiques des Diatomées à l’aide desquels on peut les distinguer les unes desautres spécifiquement? — Telle est la question que je me suis posée à moi-même quand j’ai entrepris d’étudier sérieusement cet ordre si intéressant d’organismes, et tel est le sujet qui m’a tenu le plus longtemps en suspens. En effet, personne n’ignore qu’il n’y a rien de plus difficile, dans l’étude de la nature, que la détermi¬ nation de l’espèce et la fixation de ses limites précises ; aussi, d’aucuns se JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 285 sont-ils fait un argument de cette difficulté pour nier l’existence de ces limites. Sans m'arrêter à l’absurdité d’une telle doctrine qui annulerait d’un seul trait l’œuvre des maîtres, nos prédécesseurs dans l’étude de la nature, et qui détruirait la science elle-même, je ferai voircombien, dans la détermination des caractères spécifiques, les difficultés ordinaires sont encore accrues par l’extrême petitesse de ces organismes, en raison de laquelle il ne sera jamais possible d’isoler une forme vivante pour surveiller ses évolutions successives, et déterminer ainsi les caractères indépendants de l’évolution organique. De tels caractères reconnus constants et invariables, sans crainte d’erreur, constitueraient des bases pour établir le caractère scientifique et déterminer des types distincts et autonomes. Dans un tel état de choses et en attendant qu’on ait trouvé le moyen de faire végéter uneDiatomée dans une cellule étroite, commele mycologue fait pousser les Champignons inférieurs dans une chambre humide, voyons quels sont les caractères que présentent ces merveilleuses créatures, ceux de ces caractères qui, provisoirement au moins, pourraient servir à la détermination des espèces. Il me paraît sage de ne nous occuper que d’un seul point à la fois, alors qu’il s’en présente plusieurs, tous à peu près également ardus, et nous nous contenterons de traiter un seul sujet, celui de la striation qui distingue presque toutesles Diatomées dont elle forme le plus beau et le plus curieux des ornements. Cette particularité, relative à des objets si petits, dont beaucoup restent entièrement imperceptibles à l’œil nu quelque perçant qu’il puisse être, présente, grâce au microscope, à la savante curiosité du naturaliste, une surface merveilleusement ornée de stries très-fines ou de séries de points. Cette disposition est précisé¬ ment ce qui frappe le plus l’attention de l’observateur. Aussi, dès que les Diatomées ont été étudiées et décrites, la striation est la première circons¬ tance qu’on a notée, et ensuite on a cherché à en déterminer la finesse en calculant combien de stries sont contenues dans un espace donné, par exemple dans un centième de millimètre. Tant que les Diatomées que l’on reconnaissait et que l’on étudiait ne furent pas trop petites, et surtout que la striation n’exigea pas les plus forts grossissements du microscope et la disposition la plus délicate de la lumière dans l’éclairage, on ne trouva pas de grandes difficultés pour déter¬ miner le nombre des stries contenues dans un espace donné, mais quand les perfectionnements progressifs du microscope eurent permis de distinguer les granulations des Grammatophora , des Pleurosigma , des Nitzschia , et des Amphipleura , les tentatives que firent les divers observateurs pour me¬ surer la finesse des sculptures qui ornent la surface des valves, les conduisirent à des résultats très-discordants. L’autorité des noms de ces observateurs empêcha d’attribuer à des erreurs ces différences dans la détermination de ces mesures, et c’est de là que prit origine l’opinion que le nombre des stries comprises dans un espace donné, sur les valves des Diatomées, n’est pas constant. C’est pourquoi le nombre des stries, consi¬ déré comme variable, ne put constituer un caractère digne d’attention pour la détermination de l’espèce. Mais la divergence dans les résultats obtenus 286 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. provenait souvent de ce qu’on avait pris pour les examiner et les mesurer des types qui n’étaient pas exactement identiques et parfois n’appartenaient pas à la même espèce ou à la même variété. De plus, une méthode de me¬ sure avait aussi de déplorables conséquences. C’est ainsi, par exemple, que MM. Sollitt et Harrison, de Hull, en affirmant avoir trouvé que le nombre des stries transversales de YAmphipleura pellucida n’est pas moindre que 120,000 par pouce anglais (inch), ce qui donne 5,200 stries dans un millimètre, avaient certainement été induits en erreur, car malgré tous les progrès si importants qu’on a faits, dans ces dernières années, relativement aux grossissements dans le microscope, on ne peut arriver qu’à la définition des stries ; et, en outre, un tel nombre de stries dépasserait notablement la limite de la visibilité, comme l’a établi récemment le savant professeur Helmholz. L’habitude de calculer les petits détails des Diato¬ mées et de les mesurer au moyen d’un micromètre oculaire serait la meil¬ leure, comme certainement c’est le procédé le plus rapide, si en même temps c’était une pratique à l’abri de l’erreur. Mais, quand il s’agit de détails d’une ténuité infinie et tels qu’ils défient presque le pouvoir résol¬ vant des objectifs les plus parfaits et les plus puissants, il est extrêmement difficile, et cela laisse une grande part à l’erreur, de déterminer avec cer¬ titude et précision le nombre exact des stries comprises dans une division du micromètre oculaire ; lequel nombre est d’autant plus petit que le grossissement adopté est plus considérable. Et quand on multipliera ce nombre des stries comprises dans une division du micromètre par la valeur de cette même division, l’erreur probable deviendra d’autant plus grande, et telle que le résultat pourra être être-éloigné de la vérité. C’est ainsi que les deux micrographes que je viens de nommer ont été induits en erreur, par l’emploi d’un mauvais système de comptage, quant aux stries de YAmphipleura dont ils ont évalué le nombre bien au delà du vrai. Ainsi, la difficulté dans la détermination du nombre des stries dans un espace donné sur les valves des Diatomées, les divergences dans les mesures prises par les divers observateurs, en même temps la manie de ceux qui ne voudraient pas reconnaître et admettre l’existence de l’espèce, (lesquels, bien que privés de tout argument positif et sans s’appuyer sur l’expérience, prétendent considérer toute forme organique comme accidentelle et comme un état transitoire d’un organisme en évolution actuelle et inces¬ sante) ; toutes ces circonstances ont contribué à dénier toute valeur de caractère spécifique au nombre des stries qui existent sur une surface don¬ née. de la valve d’une Diatomée. Comme preuve de cette assertion nous pouvons citer l’intéressante dis¬ cussion qui s’est élevée sur la prétendue identité du Navicula rhomboïdes , Ehb.,du Navicula crassinervis , Bréb. et du Frastulia saxonica, Rab., dis¬ cussion à laquelle prirent part le Dr Dallinger, le Dr Wallich et MM. Slack et Ingpen ; cette controverse s’est élevée, d’ailleurs, moins au point de vue de l’étude des Diatomées que relativement à l’adoption de leurs valves comme tests pour apprécier la qualité et la valeur des objectifs. Dans cette discussion, les illustres micrographes Kitton, en Angleterre, le Prof. H.-L. Smith et le colonel D‘ Woodward, en Amérique, apportèrent le poids JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 287 de leur autorité, devant la Société Royale microscopique de Londres, dans la séance du 6 décembre 1876, à l’occasion d’un mémoire lu par le Dr Dallinger. La très-grande analogie qui existe entre ces trois types est évidente et indéniable; mais de cette analogie peut-on conclure à l’identité? Dussé-je être taxé de témérité, je me permettrai de répondre à cette pléiade d’illustres naturalistes, que cette déduction ne me paraît pas juste le moins du monde, et que si l’on devait s’appuyer sur de tels arguments dans l’étude de la Nature, on arriverait bientôt à renverser toute classifica¬ tion, en détruisant toute notion de l’espèce, et je laisse à penser où une telle injure à la science nous conduirait. Réduits par l’extrême petitesse de ces organismes à devoir nous contenter de raisonner sur ce qui, maté¬ riellement et réellement, apparaît à nos yeux, suppléant par les déductions de la probabilité au manque d’arguments certains fournis par l’expérience, il me semble que nous devons considérer comme marquée au coin d’une saine critique le raisonnement suivant : Quand, dans une récolte suffisam¬ ment abondante et pure de Diatomées, il se présentera plusieurs formes analogues entre elles, lesquelles, par de nombreux exemplaires de grandeurs diverses, représenteront une gradation continue entre les deux termes de la série les plus éloignés, alors seulement on pourra raisonnablement conclure, et avec quelque probabilité, que ces formes diverses appartien¬ nent à une seule espèce. D’où résulte ce corollaire, qu’un dépôt de Diato¬ mées fossiles ne pourra jamais fournir de base à des déductions probables sur cette matière, puisque, dans ce cas, on a affaire à un mélange singulier d’espèces de genres divers, et non à un ensemble qui puisse être considéré comme les éléments composants d’une seule souche ou famille ou d’une même génération. Maintenant, pour revenir à la prétendue identité des trois types ci-dessus désignés, il n’a été fait mention, dans la discussion à laquelle elle a donné lieu, d’aucune récoltedans laquelle on ait trouvé ces trois types réunis, si ce n’est le dépôt de Sherryfield, en Amérique, dans lequel existent seulement les Navicula rhomboïdes et crassinervia. Aussi, ne pas connaître jusqu’à présent une récolte de Diatomées vivantes dans laquelle les trois formes se trouvent réunies, me semble un argument suffisant pour ne pas admettre dès à présent leur prétendue identité. Cet argument, toutefois, n’est que négatif, et pour n’être pas prouvée, l’identité resterait possible. Mais je trouve un argument positif qui, si je ne me trompe, s’oppose à ce qu’on puisse considérer les trois formes autrement que comme trois types distincts et autonomes. Si l’on examine attentivement les trois Diatomées, on recon¬ naît que la striation transversale du Frustulia saxonica, tel qu’il figure dans le Typen-platte de Môller, est de 3,400 stries au millimètre, tandis que la striation longitudinale est 3,600. Mesuré de même, le Navicula crassinervia a 1,400 stries transversales, alors que la striation longitudinale ne fournit pas moins de 2,400 stries. Qui pourra dire encore que les trois types ne sont qu’une même espèce? Jusqu’à présent, il n’est pas de raison positive, pas d’expérience qui puisse nous autoriser à admettre qu’une Diatomée présente une telle irrégularité dans sa striation qu’un frustule montre des stries transversales notablement 288 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pIusfinesquelesstrieslongitudinales,tandisqu’un autre frustule de la meme espèce offre une disposition toute contraire.il existe, à la vérité, des espèces dont les stries sont distribuées d’une manière singulièrement irrégulière à la surface de la valve, par exemple Vl.vnotia formica , Ehb., mais la distribution des lignes dans les trois types susditsnousfournit, au contraire, le spectacle d’une admirable régularité sur toute la surface de la valve. Mais, ayant condamné, comme conduisant à des erreurs, le procédé du micromètre oculaire pour compter les stries, procédé auquel j’ai attribué, pour la majeure partie, les divergences dans la détermination du nombre des stries faite par les divers observateurs; ayant ensuite parlédu nombre des stries comptées par moi dans les directions transversale et longitudinale sur trois Naviculées différentes, dont l’une est des plus difficiles à résoudre parmi toutes celles que je connais, on me demandera quel procédé j’ai suivi pour la détermination de particularités sculpturales si ténues, pro¬ cédé assez sûr pour que j’aie pu me mettre en désaccord avec des micro- graphes d’une autorité incontestée. Cette question est trop juste et je me bâte d’y répondre, afin que chacun puisse juger si c’est à tort queje compte sur l’exactitude de mes chiffres, et afin que l’exactitude de mon procédé une fois reconnue, chacun puisse en profiter. Je me sers des procédés habituels de la photo-micrographie et j’ai réuni une collection d’environ 3,000 images de Diatomées sous le grossissement constant de 535 diamètres. J’emploie les épreuves dites négatives, sur verre, et j’en fais la projection, dans mon laboratoire, avec un appareil convenable. L’image de la Diatomée se projette sur la paroi opposée, énor¬ mément amplifiée, et je lui superpose une feuille de papier taillée de ma¬ nière à représenter exactement la mesure de 1/100 de millimètre, obtenue dans des conditions identiques, c’est-à-dire prise sur l’image photo-micro¬ graphique d’un millimètre divisé en 100 parties et amplifiée à 535 dia¬ mètres. — En superposant le papier à la partie de l’image la plus nette et la plus régulière, je compte ou je marque chaque strie ou granule, et le nombre obtenu, multiplié par 100, me donne le nombre de stries ou de gra¬ nules compris dans un millimètre, suivant les directions longitudinale, transversale ou oblique, selon les cas. Je ne pense pas que l’on puisse nier que cette méthode soit la plus cer¬ taine ; l’erreur possible se trouve réduite au point de mériter à peine l’at¬ tention. Il est vrai que ce procédé implique l’emploi de la photographie, qui, bien qu’elle puisse être d’un grand secours au naturaliste et au micro¬ graphe, n’est pas encore à la portée de chacun, ni d’un usage habituel à tous. Mais il faut ajouter qu’avec moins de commodité, pourtant, on peut arriver au même résultat en employant la chambre claire, ou mieux encore en opérant directement la projection de la Diatomée au moyen d’un bon microscope solaire. J’ai employé ce procédé de mesure pour arriver à me former une opinion juste sur le nombre des stries, sur sa constance ou sa variabilité, dans une espèce, et pour savoir s’il peut fournir un caractère sérieux dans la détermination des espèces. Dans sa « Synopsis of the British Diato- maaœ », vol, 2, p.XXlV de l’introduction, Smith s'exprime ainsi : « Que JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 289 les stries... soient parallèles les unes aux autres ou radiées dans leur dis¬ position, qu’elles rejoignent la ligne médiane ou qu’elles manquent sur une partie plus ou moins grande de la surface valvaire, — que les cellules mêmes soient disposées en quinconce, et que, conséquemment, les stries dans leur direction transversale soient obliques ou transversales par rap¬ porta la marge ou à la ligne médiane, — la distance relative des stries, et leur netteté plus ou moins grande, — sont des détails qui peuvent assu¬ rément être considérés comme importants au point de vue spécifique . , quoique sujets à de légères modifications produites par les circonstances accidentelles de lieu et d’âge... etc. » Quelque grande que soit cette auto¬ rité, j’ai voulu m’en rapporter à l’expérience, — et au fait, — le seul juge suprême et sans appel en cette matière. — Je me suis dit que deux formes rencontrées dans des localités et dans des temps différents, quelque grande affinité qu’elles présentent entre elles dans leurs caractères, peuvent former deux types voisins l'un de l’autre, mais néanmoins autonomes et indépen¬ dants, destinés à reproduire leurs propres formes à travers un nombre in¬ défini de générations. Nous voyons ce fait se produire dans tant d’autres ordres d’êtres et d’organismes qu’il tombe à chaque instant sous nos yeux. Que ces formes soient mieux appelées variétés qu 'espèces, cela m’est tota¬ lement indifférent, — la distinction entre ces deux mots dépendant de la valeur diverse qu’on leur donne communément, valeur et signification con¬ sidérablement élastiques, — pourvu toutefois que l’on reconnaisse la per¬ manence de la forme dans les générations successives; et cette permanence exacte de la forme dans la plus petite particularité de structure, chez les Diatomées, reste démontrée comme une loi constante par mon étude sur les Diatomées de l’époque carbonifère. Ab. O Francesco Castracane. (A suivre.) Les Diatomacées de l’embouchure de la Seine (1) La courte notice que je publie aujourd’hui sur les diatomées de rembouchure de la Seine ne doit pas m’être toute attribuée ; elle a été commencée en 1868, en collaboration avec mon regretté ami et maître, de Brébisson. Depuis la mort de ce savant botaniste, j’ai récolté souvent sur les plages de l’embouchure de la Seine, dans les fossés d’eaux saumâtres qui bornent ses rivages, entre Honfleur et Trou- ville, et surtout dans les marais de Penncdepie et de Cricquebœuf. En sorte que cette liste renferme de nombreuses espèces propres aux eaux douces, saumâtres et purement salines. On peut voir la préparation d’un grand nombre dans la col¬ lection de Brébisson, acquise par le Muséum, après la mort do l’auteur; ccllos que j’ai recueillies depuis sont nouvelles pour la localité, et si elles se trouvent dans la riche collection dont je viens de parler, elles sont d’une autre région, et n’ont pas été fournies par moi. Je ne veux ni ne puis donner aujourd’hui sur la préparation des Diatomacées tous les détails que comporte cette opération, dans la crainte d’abuser de l’hos¬ pitalité si bienveillante qui m’a été offerte; toutefois, vu l’intérêt que l’on porte (1) Revue internationale des sciences. 290 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. de plus en plus à ces corpuscules microscopiques, qu’il me soit permis de com¬ muniquer aux botanistes désireux de se livrer à cette étude quelques faits im¬ portants, fruits d’une longue expérience dans la préparation des frustules diatomiques. On sait qu’après les avoir recueillies engagées, tantôt dans le sable, tantôt dans l’argile, tantôt mélangées avec des débris végétaux, ces Algues doivent être placées dans un vase à large fond, et exposées à la lumière solaire. Après quelques heures, elles laissent au fond du vase les détritus et les corps étrangers auxquels elles sont mélangées, se montrent à la surlace à l'état plus ou moins grand de pureté, et l’on peut les recueillir avec les barbes d’une plume. Ainsi isolées, on les met dans une petite capsule et on les fait bouillir, une minute environ, dans un liquide composé d’une partie d’acide azotique et de quatre parties d’eau. Après cette opération, la substance endochromique a dis¬ paru, et il ne reste que la carapace silicieuse ; mais il est très-rare que la pré¬ paration soif ainsi terminée. Quelque précaution que l’on ait prise, on n’a pas été sans enlever avec la plume quelques-unes des substances minérales ordinai¬ rement mélangées aux Diatomacées, telles que silice, chaux ou albumine; avant de les séparer de ces substances étrangères, on fait un premier décantage, on verse le résidu dans une éprouvette, et, par des lavages successifs dans l’eau douce, on fait disparaître toute trace d’acide. C’est un travail de patience, on le voit, et cependant l’opération n’est pas encore terminée. Pour attaquer les grains de sable qui empêchent toujours d’obtenir des préparations pures, on emploie la potasse ou la soude, mais il faut user de précaution dans l’emploi de ces subs- tancen, car on pourrait en même temps attaquer la carapace siliciejise des Diato¬ macées. Après l’emploi de la potasse, on fait de nouveaux lavages dans une eau abondante, et on ajoute un peu d’acide chlorhydrique pour dissoudre les sels de chaux qui auraient pu se précipiter par suite des premières opérations. Les frustules que l’on obtient alors sont dans un état de pureté à peu près parfait, qui permet une détermination exacte. On fait sécher le dépôt et on les prépare dans le baume du Canada entre deux lames de mica ou de verre. Les pré¬ cautions que nous avons recommandées dans l’emploi de la potasse ou de la soude doivent, tout spécialement , être observées lorsque l’ôn opère sur les Diato¬ macées recueillies dans les eaux saumâtres, salines, ou dans celles fréquentées par nos lessiveuses. Les frustules recueillies dans ces milieux ont] une carapace généralement peu chargée de silice, et nous n’avons pu que rarement les traiter par les acides ou la potasse, sans attaquer leur enveloppe, et sans rendre leur détermination très- difficile. C’est même ce qui faisait le désespoir de M. W. Arnott, le savant diato- miste écossais, qui n’avait pas, comme de Brébisson, une prédilection marquée pour les Diatomées d’eaux saumâtres ou salines, à cause de la fragilité de la carapace. Les Amphora surtout étaient pour lui, lorsqu’il s’agissait de les déterminer, l’objet de doutes dont nous étions vraiment surpris. Aussi, nous ne devons pas nous étonner si notre ami de Brébisson, au lieu de bouillir dans les acides nos Diatomacées salines ou saumâtres, après les avoir dessalées, se contentait de sécher ledépôt, de les soumettre quelques instants à l’action de la lampe à alcool, et de les préparer sans aucune autre opération entre deux lames de mica dans le baume de Canada. C’est un procédé que nous pratiquons nous-mêmes, et dont nous sommes très-satisfaits. M. de Lanessan, pensant que la liste des Diatomacées pourrait avoir quelque JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 591 intérêt, m’a engngé à la donner ici. Je présente donc la série des espèces recueillies par nous dans les localités ci-dessus désignées, et comme mon honorable maître l’a fait dans les Diatomacées recueillies à Cherbourg, je marquerai d’un astérisque celles qui me paraissent devoir être l'objet d’observations intéressâmes; mais je ne suivrai pas, comme de Brebisson, la classification de Kutzing. Celle de W. Smith est plus connue de nos diatomistes français, et ils pourront suivre avec plus de facilité cette liste, que je trouve, il faut bien l’avouer, un peu abstraite, mais qui ne manque peut être pas d’un certain intérêt: t * Epithemia , Kütz., Die Kieselschaligen Bacilarien, 1844, p. 32. — Sorex, Kg., Bac., V, 12. — Zébra , Kg., Bac., V, 12. — ventricosa , Kg., Bac., XXX, 9. — gibba, Kg., Bac., XXX, 9. — turgida , W. Smith, Synops , vol. I, p. 12 (Etat sporang., voy. fig.1). Amphora, Ehr., Inf., tab. XIV, fig. 3 (1831). — ovalis, Kütz., Bac., X, 25 et 39. — lenera, W. Sm., Syn., p. 20, supp., pl. XXX, 252. — * Atomus, Kütz. Bac., tab. XXX, fig. 70. Cocconeis, Ehr., Inf. 1838. — * Grevülei, W. Sm., p. 22, pl. III, fig. 35. Coscinodiscus , Ehr., Kreidethierchen, 1838. — minor, Ehr., in Küt., Bac., 1-12 ; W. Smith, pl. III. fig. 36. — radiatus, Ehr. in Kütz, Bac., 1-18 ; W. Sm., pl. III, fig. 37. Coscinodiscus , excentricus , Ehr. in Kütz., Bac., 1-9; W. Sm., pl. III, fig. 38. — ovalis, Ehr., /. c. p 73. — centralis, Ehr., Bericht der Berl. Akad, 1844, p. 78. — lineatus, Ehr., I. c., 1840. tab. III, fig. 4. Eupodiscus, Ehr., Monatsberichte, 1844, p. 73. — Argus, Ehr., I. c., p. 81 ( Eup . Germanicus de Kütz.) — crassus, W. Sm. Syn., pl. IV, p. 41, Triceratium, Ehr., Leb. Kreidelhirchen, 1840, fig. 2. — * Favus, Ehr., I. c., p. 7, tab. IX, fig. 10. Cyclotella, Kütz., Syn. Diat., p. 7. — Kutzingiana, Tw., Ann., 2e série, vol. 1, pl. XI. — operculata , Kütz, Syn., p. 79, fig. 1 ( rectangula. , Kütz, Sp. A!g.) — Meneghiniana , Kütz, Bac, p. 50, tab. XXX, fig. 68. Campylodiscus, Ehr, Bericht der Berl. Akad, 1841, p. 11. — Clypeus, Ehr., I. c. in Kütz., Bacil., p. 59, tab. II, fig. 5). — costatus, W. Sm., pl. XI, fig. 52. — spiralis, W. Sm., pl. XII, fig. 54. Surirella, Turpin, Mém. du Muséum, Sc. natur., 1827. — biseriata, de Bréb., Alg. Falaise, 1835, p. 53, pl. XII. — striatula, Turpin, Mém. du Mus. d'hist. natur. XVI. — Gemma, Ehr., Bericht. der Berl. Akad , 1840, p. 76, tab. IX, fig. 5. — fastuosa, Ehr., Bericht der Berl. Akad., 1841, p. 19. — ovalis, de Breb., in Lilt.; voir W. Smith, pl. IX, fig. 68. — cvata, Kütz., Bacil., XII, 1-2-3. — 'salina, W. Sm., Syn., p. 34, pl. IX, fig. 72. 292 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Surirella , Turpin, Brightwellv , \Y. Sm., éfyn., p. 33, pi. IX, fig. C9. — * craticula , Ehr., ^4 mer., tab. I, ?*, 18, 11, t;, 3. Tryblionella. W. Smith, aS'z/tz. , p. 35. — gracilis, W. Sm., Si/??., p. 35, pl. X, fig. 75. — marginata, W. Sm., *S7/n., pl. X, fig. 76. — punctata, W. Sm , Syn, pl. X, fig. 76. Suppl., pl. XXX, 264. Cymatopleura , W. Sm., Syn., p. 36. pi. X. — Solea , W. Sm., Syn ., p. 36, X, fig. 78. — elliptica , W. *SV/tt., p. 26, pl. X, fig. 80. — elliptica , var. conslricta , Grün., I, l, tab. XI, fig. 13. — apiculata , W. Sm., . , pl. X, fig. 79. Nitzschia, Hass., 1845, Freschw. Alg. — sigmoidea, W. Sm., *%»., p 38, pl. XIII, fig. 104. — obtusa , W. Sm , $?/»., p. 39, pl. XIII, fig. 109. — Sigma , W. Sm., /. c., p. 39, pl. XIII, fig. 108. — plana, W. Sm., Syn., p. 42, pl. XIV, fig. 114. — linearis , var. a, W. Sm., /. c., p. 39, pl, XIII, fig. 109. — dubia , W. Sm., /. e., p. 44, pl. XIII, fig. 112. — bibolata , W. Sm., /. 6*.. p. 42, pl. XV, fig. 113. — Taenia, W. Sm., /. c., p. 43, pl. XV, fig. 123. — Palea, W. Sm., I. c., Il, p. 89. — Sijnedra palea , Kut., Bac., 111, p. 27. Amphiprora, Ehr., Ber. der lied., Akad,. 1845; Amer., p. 122, tab. II. alata , Kutz., Bac., III, 63. — Kutzingii, de Breb , in litt.; voir Kütz., Sp. Alg., 93. — paludosa, W. Sm., Syn., p. 44. pl. XV, fig. 125. Amphipleura, Kütz., Bacil., p. 103 (1844). — «s igmoidea, AV. Sm., p. 45, pl. XV, fig. 128 ( Amphipleura rigida, Kütz.) Navicula, Bory St-Vincent (1824) Encycl. mélhod. Valves’lancéolées. — rhomboides, Ehr. in Kütz,, Bac. XXVIII, 38, XXX, 48. — cuspidata, Kütz., Bac. III, 24 et 37. — crassinervis , de Breb., in litt., W. Sm., Syn., p. 47, pl. XXX, suppl. — rhyncucephala, Kütz., Bacil. XXX, 35; Syn.. p. 47, pl. XVI, 132 — affinis, Ehr., in Kütz., Bac., p. 95, tab. XXVIII, fig. 65. Valves elliptiques, extrémités arrondies. — ovalis, W. Sm. Syn., p. 48, pl.. XVII, fig. 153 (Nav. elliptica. Kütz., Bac., XXX, p. 55). — Pygmæa, Kütz., Sp. Alg., p. 77. — , S mithii, de Bréb., in Litt., W. Sm., p. 92, t. II. Valves oblongues ou oblongues elliptiques, extrémités obtuses. — Hennedyii, W. Sm. Syn., p. 93. — spectabilis, Grey, Diat. of Clyde, p. 9, tab. I, fig. 10. Valves à bords parallèles ou légèrement comprimés vers le centre. Extrémités tronquées. — humerusa, de Bréb.. in Litt., mai 1854, fig. 5. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 293 Valves elliptiques; extrémités plus ou moins aiguës. Navicula, * tumida , de Bréb., in Litt., in Kütz. , Sp. Alg., p. 77 ; Scoliopleura , Grun. 1160, et Nav. Jennerii, W. Sm., éfyrc., p. 49, pl. XVI, 134. Valves enflées, extrémités arrondies. — oblusa , W. Sm., pl. XVI, 141. — gibbei'ula. Kütz., Bac ., III, 50. Valves avec extrémités prolongées en un productus. — amphisbœna, Bory, Encycl. Met., 1824. — tumens , W. Sm. pl. XVII, p. 131. — cryptocephaia , Kütz, III, 20 et 26. — Var. Veneta , Kütz., II, tab. XXX, fîg. 76. Valves comprimées vers le milieu. — didyma, Kütz. , Bac., IV, 7 ; XXV11I, 73. Valves linéaires oblongues ; extrémités tronquées. — rctusa, de Bréb. Diat. de Cherbourg. *Pinnularia, Ehr. (1843). — major, W. Sm. Syn., p. 54, pl. XVIII, 162. — viridis, W. Sm. /. c ., p. 54, pl. XVIII, 163. — peregrina, Ehr., in Kütz. Bac. XXVIII, 52. — cyprinus, Ehr., in Kütz. Bac . XXIX, 35. Stauroneis, Ehr. ( i 843). Amer., t. I, 11-9-13 et seq. — gracilis, Ehr., Amer,, t. I, 11-14. — satina, W. Sm. Syn., p. 60, pl. XIX, 188. Pleurosigma, W. Smith (1853). Syn., p. 61. » Stries obliques. — elongatum, W. Sm. Syn., p. 64, pl. XX, 199. — delicatulum, W. Sm. Syn., p. 64, pl. XXI, 202. — quadratum, W. Sm. Syn., p. 65, pl. XX, 204. — angulatum, W. Sm. Syn., p. 65, pl. XXI, 205. — æstuarii, W. Sm., Syn., p. 65, pl. XXXI, suppl. fig. 275, (ancien Navicula æstuarii de Brébisson). — obscurum, W. Sm. Syn. p. 65 et 66, pl. XX, 206. Stries transversales et longitudinales. — strigilis, W. Sm. Syn., p. 06, pl. XXII, fîg. 208. — fasciola, W. Sm. Syn., p. 67, pl. XXI, fig. 211 (ancien Ceratoneis fasciola, de Kütz. Bac., IV, 4). — balticum, forma minor, W. Sm., Ann., 2e série, vol. IX, p. 8, pl. II, fig. 1, 2, 3. — littorale, W. Sm., Ann. 2e sér., v. IX, p. 10, pl. Il, fig. 8. Donkinia, Pritch., Inf., 921 (1860). — compacta, Pritch., Inf., L. C. (\.nc\ew Pleurosigma compactum, Grev.). Synedra, Ehr., Inf. — ulna, Ehr., Inf , tab. XVII, fig. 9. — capitata, Ehr. Inf., tab. XXI, fig. 29. — affinis, Kütz., Bac., tab. XV, fig. 6 et 11. 294 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Synedra, splendens, Kütz., I. c. p. 66, tab. XIY, fig. 16. Cocconemn, Ehr., Inf. (1838). — lanceolatum , Ehi\, Inf., XIX, 6. — cymbiformt, Ehr,, Inf., XIX, 8. Gomphonema , Agarclh, Syst. Alg., p. 15. — constrictum , Ehr., Abhandl. der Berl. Akad. — acuminalum , Ehr., Kiitz. Bac., p. 86, tab. XIII, fig. 1,7. — marinum , W. Sm. Syn., p. 81, pl. XXIX, fig. 246 ; (ancien Gomph. curvatum de Kiitz., Bac. tab. VIII, fig. 3.) Bacillaria, Gmel., Syst. Nat. — * paradoxa, Gm., Kiitz., Bac., tab, XXI, fig. 18. Fragillaria, Lvng., Hydroph. dan.; Kutz., Bac, p. 45. — capucina , Destnazières, (Ed. 1, n° 453). — *virescens. Ralfs, in Ann. and Mag. Nat. Hist., vol. XII, fig. 6. — minutissima, Kg., Bac, p. 75, tab. XIII, fig. 11. Achnanthes, Bory. (1822). — *intermedia, Kiitz. , Bac., p. 76, tab. XX, fig. 6. Diatoma, de Candolle (1805). — clongatum, Ag., Syst., p. 4; voir Syn., p. 40^ pl. XL, 311; XLI, 311 ; XL1I, 311, var. P, y; suppl. pl. IX, fig. 311, var. Grammatophora , Ehr., 1840, Leb. Kreid . — marina, Kütz, Bac, XVII, fig. 24. — serpentina, Kiitz, Bac, XXIX, fig. 82. Tabellaria , Eh. (1830), Inf. Tabelluria, floccuiosa, Iüitz. Bacil. XVII, 21 . Biddulpliia, Gray, Nat. An\ of Brit ., pl. I, p. 294. — * pulchella, Gray, Nat. Arr. of Brit. Plate (voy. fig.^7), p. 294 — Baylii, W. Sm., Syn., p. 50, pl. XLV, 322. rhumbus , W. Sm., Syn., p. 49 et 50, pl. XLV, 320; pl. LXI, 320. Podosira, Eh., Abliandt. der Berl. Akad., 1840. — * hormoïdes, Mont., Bacil, XXVIII, fig. 5 et XXIX, 84. — maculata, W. Sm., Syn., p. 54, pl. XL1X, fig. 328. Melosira, Agardh., Syst. Alg., p. 14. — * varians, Ag., Consp., p. 64 (ancien Gallionella varians, Eh.). — subflexilis, Kütz, Bacil., II, fig. 13. — *nummuloïdes, Kütz, Bac., III, fig. 3. Orthosira, Thvvaites, Ann., 2e sér., vol. 1. — arenaria, W., Sm.% Syn., p. 59, pl. LU, 334. — marina, W. Sm., Syn., p. 60, pl. LllI, 338 (ancien Melosira sulcala Eh , Bac., II, fig. 1. Mastogloia, Thvvaites. in Litt. 1848. — Smithii , Thw, in Litt., oct. 1848; voir Smith, Syn., pl. LIV, 341. *lanceolata, Thw., in Litt. oct. 1848; voir Smith, Syn. pl. LIV, 340. Colletonema, de Bréb., in Litt. — eximium, Th., Ann., 2e série, vol. 1, pl. XII, F. Schizonema, Agardh., (1824), Sp., p. 15. — cruciger, W. Sm., Syn., p. 74, pl. LVI, fig. 354. Homœocladia, Agardt., (1827), Consp., p. 25, in Regensb. Flora (1827), p. 629. — sigmoïdea, W Sm., Syn., p. 81, pl. LV. fig. 349. Actinocyclus, W. Sm. Syn. p. 86. — duodenarivs, W. Sm. Syn., p. 86. JOURNAL DU MICROGRAPHIE. 293 Actjnncyclus , sedenarius, Roper, Micr. Trans. Vol. II, pl. VI, fig. 11. Rhaphmeis , Ehi\ (1844), Alb., p. 87 ; Microgr ., tab. XVIII, fig. 84 el 85. — rhombus , Ehr., /. c., p. 87. — gemmifera, Ehr., in Roper, Micr. Trans., vol. II. * Epithemia ventricosa, Kütz., Bac., XXX, 0, et Epithemia gibba, Kütz., Bac., V, 12. — Ces deux espèces, admises par Kiitzing dans le Bacillarien et par W. Smith dans son Synopsis, ont été considérées par de Rrébisson comme une seule et même espèce. D’après cet auteur, Y Epithemia ventricosa n’est qu’un premier état de Y Epithemia gibba { in. Lût ., 5 sept. 1869). La figure I représente un état sporangifère de YEpithemia turgida trouvé à Honfleur le 26 août 1870. * Amphora atomus, Küiz., Bac., tab. XXX, fig. 70. — Cette Diatomacée est l’ancien Frustulia pellucida, de Breb. * Cocconeis Grevillii , W. Sm., p. 22, pl. III, fig. 35, Synopsis. — Ce Cocconeis présente deux valves tout à fait dissemblables, qui, lorsqu’on les voit séparément, semblent appartenir à deux espèces différentes. C’est ici le cas de rappeler cette disposition fréquente dans les Diatomacées disciformes, qui peut devenir la cause de nombreuses erreurs (de Brebisson, Diat. Cherbourg). La multiplication de cette Diatomacée est sporangifère; et nous devons faire observer que le sporange de Cocc. Grevillii ne nous donnera pas un frustule de son espèce, mais un Cocc. pla- centula, Ehr. Ce dernier, à son tour, produira un sporange qui sera l’origine du Cocc. Grevillii. Nous avons dans cet acte un exemple remarquable de génération alternante. Triceratium favus Ehr., Leb. Kreid. (1840). — L’une de nos plus belles Diato¬ macées. Nous ne l’avons recueillie que rarement à Cricquebœuf, près d’Honfleur. Sous l’objectif du microscope, sa carapace triangulaire semble recouverte de dots ou proéminences, à base hexagonale et d’une régularité parfaite, qui rappellent celles de la cornée transparente de l’œil composé des insectes. C’est l’effet d’une illusion; les dots sont arrondis, disposés en séries linéaires qui forment entre elles un angle de 60 degrés. L’examen de la figure 3 nous expliquera ce fait ; si nous la voyons de près, nous constaterons qu’elle n’est composée que de points arron¬ dis; de loin, nous nous croirons n’avoir que des hexagones réguliers. Cyclolella Meneghiniana, Kütz., Bac., p. 50, t. XXX, f. 68. — Nous avons pu recueillir en un état de grande pureté, c’est-à-dire non mélangée à d’autres, cette belle Diatomacée avec sa variété forma major. Elle n’a point été décrite dans le Synopsis de W. Smith; nous ne pouvons nous en plaindre, car les autres espèces de ce genre sont très -mal traitées par cet auteur; les planches et les textes sont mêmes en complet désaccord. Le Cycl. Meneghiniana et le Cycl. Kutzingiana, Thw. figurent comme des plus chargés de silice parmi les Diatomacées marines ou saumâtres. On ne les trouve que rarement en série de trois ou quatre sujets, mais pour les isoler, il faut les bouillir assez longtemps dans les acides. * Surirella cralicula, Ehr., Am., t. I, n, 18, 11, v. 5. — Cette Diatomacée con¬ sidérée par Ehremberg et par W. Smith comme un Surirella, n’est qu’un état spo¬ rangifère du Navicnla cuspidata , Kütz. * Nitzschia obt.usa, W. Sm., p., 39, pl. XIII, f. 109. — Celte Diatomacée doit être considérée, dit de Brébisson (in Litt., 1er sept. 1869), comme un Colletonema oblusa. Il m’a été envoyé en tubes qui se soudent en membranes. M. W. Arnott, à qui j’avais communiqué trop tôt ma pensée, luttait contre ma découverte. Enfin, il s’est rendu à l’évidence que m’a fournie une seconde récolte. * Navicula tumida , de Breb. -- Celle espèce ne doit pas être confondue, avec 296 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. celle que W. Smilh, a nommée à tort tumida et qui est une espèce d’eau douce. Yu la description tronquée que IüUzing, dans son species, a donnée du N. tumida , de Breb., W. Smith ne pouvait y rapporter son N. Jenneni, qui n’est pourtant que la même espèce. Pinnularia , Ehr. — Cette division, créée par Ehrenberg, n’a point été admise par la plupart des diatomistes. Et ceux dont l’opinion fait loi ne l’ont point adoptée. Il nous semble impossible, en effet, de faire reposer une classification sur dos caractères variables avec le grossissement d’une lentille ou un éclairage oblique. * Navicula retusa , de Breb., miss. — Cette espèce, dont le frustule est com¬ primé et les bords assez largement striés, rappelle la forme de certains Himan- tidium. Je l’ai trouvée à Cherbourg et dans les sables marins de l’embouchure de la Dives. De Brebisson l’avait trouvée avant moi dans cette dernière station avec d’autres espèces qui s’en rapprochent par leurs frustulcs comprimés à bords striés. Cet auteur pensait que ces espèces devaient former, sinon un genre nou¬ veau, au moins une section bien tranchée dans les Navicula. Nous nous ran¬ geons complètement à l’opinion de cet auteur. * Bacillaria paradoxa , Gmel. — Les diatomistes ont été longtemps embarras¬ sés pour donner aux frustulcs qui nous occupent le rang qui leur convient dans le règne végétal. Ils se sont heurtés contre le mouvement dont jouissent la plupart de ces végétaux et surtout contre celui du Bacillaria paradoxa. H ne nous est pas possible en ce moment d’expliquqr ce que ce mouvement a de remar¬ quable; ce sera l’objet d’un travail spécial que nous offrirons plus tard aux lec¬ teurs de la Revue. * Fragillaria virescens, Ralfs. — Nous avons trouvé, en 1868, cette diatomacéc à l’état sporangifère. Nous avons figuré, dans un travail spécial, les différentes formes de ce frustule. * Achnanthes intermedia , Kutz. — D’après VV. Smith, cette espèce, ainsi que Y Achnanthes satina, de Kutz. ( Bacillarien ), sont avec Y Achnanthes brevipes, Ag. une seule et même espèce * Biddulphia pulchella , Gray, ancien Diatoma Biddulphia:ium , Ag. — De Bré- bisson pensait, et nous le croyons avec lui, que l’on doit réunir ici les différentes formes aux états de cette espèce décrits dans Kutzing sous le nom de Bidd. seplemlocularis , Bidd. quinquelocularis , Bidd. triloculoris. * Podosira hormoides , Mont. — M. Thuret a remarqué que le test de cette espèce, vu au microscope avec l’éclairage oblique, présente une série des plus élégantes de stries excentriques très-fines ( Diatomacées de Cherbourg). * Melosira varians, Ag. — Pour reconnaître cette diatomacée, il n’est pas besoin de microscope; elle ne peut être confondue avec les autres espèces du genre, à cause d’une odeur caractéristique qu’elle répand lorsque l’on presse entre les doigts ses frustules qui forment généralement de longs filaments. Cette odeur rappelle celle de l’huile de foie de morue. Et nous devons ajouter que nous avons obtenu par la distillation de cette plante une huile essentielle, dont nous pourrons plus tard, nous l’espérons, donner la composition. * Melosira nummuloïdes , Kutz. C’est une de ces diatomacées que l’on rencontre le plus souvent à l’état de fructification. Mastagloia lanceolala , Thw. — Nous avons plusieurs fois recueilli cette espèce; mais c’est surtout avec YOseillaria margaritifera, de Kutzing, qu’elle était mélan¬ gée. C’est un exemple de ces productions naturelles dont, presque toujours, nous ne saurions expliquer la cause. Ch. Manoury. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 297 L’objectif 1/75 de pouce, de Toiles Le but de cet article n’est pas de proclamer que l’objectif de 1/75 de pouce, de Toiles, est meilleur que tout ce qui a été fait jusqu’à présent, mais seulement de rappeler et de poser certains faits qui ont leur importance au point de vue histo¬ rique. Je désire, en particulier, établir tous les faits principaux, relatifs à ce re¬ marquable instrument de précision, — à moins qu’ils ne soient d’ordre trop tech¬ nique, — et je laisserai au temps le soin de faire ressortir sa valeur comparative. Pour mon historique, je suis obligé d’entrer dans quelques détails particuliers et personnels qui, s’ils étaient négligés, laisseraient des lacunes dans mon sujet et feraient mon exposition incomplète. Et d’abord, qu’est-cc que Robert B. Toiles ? Il est né dans le West-Winstead, Conn.,en septembre 1827. De très-bonne heure il s’intéressa aux beaux instruments. Dans une visite qu’il fit à New- York, en 1850, il eut la bonne fortune d’entrer dans l’atelier du célèbre Charles A. Spencer, et là, il se trouva bien placé pour suivre ses goûts naturels; aussi se décida-t-il à se faire l’élève de ce constructeur dont le nom est si honorablement associé à l’ori¬ gine de la fabrication des microscopes, en Amérique. Il resta plusieurs années près de M. Spencer. C’est à cette époque qu’il perdit, dans des circonstances bien douloureuses, la chère compagne de sa vie. Cette perle de sa femme parut avoir changé le cours de son existence. Pour adoucir l’amertume de ses regrets, il .. tourna toutes les ressources de son esprit inventif vers le difficile travail du per¬ fectionnement du microscope dans ses différentes parties. On peut juger de ce dont il était capable, par cette liste incomplète de sa production : 1° En 1856, il inventa l’amplificateur achromatique; 2° En 1865, le prisme placé sur le côté de l’objectif pour éclairer les objets opaques ; 3° Il a été le premier à annoncer 180° d’ouverture angulaire pour ses objec¬ tifs, et il a prouvé qu’il obtenait cet angle; 4° En 1855, il inventa les oculaires pleins qu’il fit patenter; 5° En 1866, il inventa l’oculaire binoculaire; Ces deux instruments ont été copiés par Hartnack et vendus par ce dernier comme étant de son invention ; 6° Vers 1862, Toiles inventa le mode de correction des objectifs, pour l’épais¬ seur du couvre-objet, par le mouvement des lentilles moyenne et postérieure, la lentille frontale restant fixe; 7° Des lentilles frontales à immersion et à sec pour les objectifs, en 1867, 1868, 1869 ; 8° L’articulation à tourillon pour compenser l’usure par le frottement dans les stands ; 8 a° En 1858, une loupe de poche, achromatique, à champ plat, avec triple lentille ; 9° En 1875, un appareil d’éclairage pour le microscope, tournant autour de l’objet ou point focal comme centre, 1871-1872; 10° Une platine extrêmement mince à mouvements mécaniques rectangulaires, tournant sur des cylindres à frottement et faisant une révolution entière autour de l’axe optique, — disposition qui n’a jamais été copiée ni imitée; 11° Une chambre claire simplifiée; 12° Un éclairage oblique pour les platines épaisses ; 13° Un oculaire redresseur catoptriquc, plein; 14° Un oculaire redresseur aplanatique à trois systèmes, pour télescopes ; 15° Avant 1865, un amplificateur télescopique, dont le principe a été redécou¬ vert en Europe; Î98 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 16° L’objectif quadruple à court foyer, pour télescopes ; 17° En 1867, Toiles fit son premier objectif à immersion, un 1/6 de pouce, résol¬ vant la 19e bande de Norbert, et c'est probablement la première fois qu’on l’a vue. — MM. R.-C. Greenleaf et C. Stodder, tous deux de Boston, en furent témoins; 18° En 1872, il inventa le demi-cylindre prouvant que l’angle des objectifs peut dépasser 82° avec des objets montés dans le baume, en excluant tout rayon d’une incidence moindre que la moitié de l’angle maximum ; En 1867, M. Toiles vint à Boston et y fonda les Boston- Optical- Works. C’est là qu’il réside maintenant, se consacrant tont entier à ses travaux et au développe¬ ment d’idées nouvelles. C’est lorsqu’il eut fondé cet établissement que le Dr G.-B Harriman, de Tré- mont-Temple, Boston, s’adressa à lui pour obtenir des instruments micrographi¬ ques perfectionnés et les objectifs de première valeur dont il avait besoin pour ses nombreux travaux. — C’est pour lui que M. Toiles fit son premier objectif de 1/16 de pouce immersion) ; pour lui encore, en 1870, son premier 1/50 de pouce, qui est un instrument tout à fait supérieur. C’est avec cet objectif qu’ont été exé¬ cutés, probablement avec le plus de succès, les micro-photographies du sang dans les maladies. Elles ont été jugées à Paris (voir Journal de Micrographie , oct. 1877), comme n’étant inférieures à aucune autre qui ait été faite jusqu’à pré¬ sent. Satisfait de cet instrument, et voulant aller jusqu’à la limite extrême de l’ha¬ bileté humaine pour poursuivre la démonstration de ses idées et la vérification de ses recherches...., le Dr Harriman s’est encore adressé à M. Toiles, et lui a pro¬ posé de construire un objectif de 1/75 de pouce, lui donnant carte blanche quant au prix et quant au temps. A ce moment, il n’avait jamais été question d’un tel objectif; depuis, on adit quePowellet Lealand avaient construit un 1/80 de pouce, mais on n’en a plus jamais parlé. M. Toiles refusa d’abord de se charger de cette construction; puis, vaincu par l’insistance du Dr Harriman, il consentit enfin à l’entreprendre, mais sans donner aucune assurance positive, pour la suite. Cependant l’objectif fui livré le 1er juillet 1873 et payé 2,000 francs. C’est le seul que M. Toiles ait construit. C’est un objectif à sec et à immersion, à trois systèmes et à 170° d’ouverture. Sa distance frontale est de 1/250 de pouce (0"im,l). 9n ne peut l’employer que sur un stand de premier ordre. La platine doit être absolument perpendiculaire à l’axe, ce que l’auteur de cet article a trouvé par des expériences pratiques. Le collier de la correction ne décrit environ que 1/8 du cercle. L’ouverture de la première lentille, sur le front, est de 1/64 de pouce (0mm,39J et le diamètre de l’objectif à l’autre extrémité est de 1/4 de pouce; sa longueur d’environ 2 p. 1/2. 11 est muni de la vis de Société. Je n’ai pas encore pu avoir la formule mathématique de sa construction. Pour l’employer, il faut un stand de première classe. L’objet doit être conve¬ nablement choisi. U faut le chercher avec un objectif d’un faible pouvoir, ordi¬ nairement un 1/5 de p. On le place au centre du champ, puis, avec un objectif de 1/16, on le centre une seconde fois. Enfin, on applique le 1/75. En employant ainsi successivement des grossissements croissants, on acquiert une meilleure vue de l’objet el une meilleure conception de ses détails. L’éclairage a fait l’objet d’une étude particulière et j’y ai apporté quelques per¬ fectionnements, mais qui sont, en général, simples. J’ai trouvé, par exemple, que la lumière directe d’une lampe à pétrole, prise de côté, sur le bord de la flamme, fournit le meilleur éclairage pour cet objectif. Il est nécessaire aussi d’employer un condensateur. Nous avons trouvé que l’oculaire qui accompagne le stand B de Toiles, placé sous la platine, remplit très-bien toutes les exigences. Le champ est d une remarquable clarté et très-plat; la résolution est bonne, et la définition, eu Ÿ 299 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. égard à l’énorme amplification, est excellente. L’objectif est bon; les photographies d’ailleurs le prouvent. Nous avons adopté l’emploi d’une lampe basse et placé l’axe du microscope à 90° avec la flamme. L’instrument est très-délicat h manier, car il est sensible à toutes les impressions du dehors. Il est très-difficile de trouver un emplacement où les ébranlements causés par les personnes environnâmes ne dérangent pas les observations. Même un léger attouchement de la main sur le bras qui fixe le tube au corps du microscope suffît pour déranger le foyer. Nous avons trouvé que le meilleur emplacement pour travailler avec cet objectif est le fond d’une cave. Le grossissement de l’objectif est de 750 diamètres a la distance normale de 10 pouces. Si on l’associe à un oculaire de 2 pouces qui grossit de 5 diamètres, son pouvoir est de 3,750 diam. Avec un oculaire d’un pouce, il grossirait de 7,500 diam., et avec un oculaire de 1/2 pouce de 15,000 diamètres. Maintenant, quels résultats cet instrument a-t-il produits? Evidemment, le nombre des objets qu’on peut étudier est limité. Sa principale application a été d’abord à la microscopie ordinaire, puis à l’helio-microscopic, c’est-à-dire à des projections avec la lumière solaire; enfin, à la microphotographie. Dans toutes ces applica¬ tions, les résultats ont été parfaitements satisfaisants. Nous avons étudié les globules rouges et blancs du sang, et examiné leurs for¬ mes dans les maladies; — les spores, les sporanges et les filaments de la levûre, (car nous pensons que la levure forme de filaments, bien qu’on le nie); — YAsth- matos eUiaris, parasite trouvé par le D1' J. -H. Salisbury dans la sécrétion nasale des personnes alteintes de coryza contagieux, et dont nous avons vérifié maintes fois l’existence; — les Amibes, les Vibrions, les Bactéries; — enfin spécialement l’histologie des os et des dents. Les projections avec la lumière solaire ont été fort bonnes. Les sporanges de la levure montraient les mouvements protoplasnisques des spores se mouvant à la distance de 1/4 de pouce. Nous remarquerons, en finissant, que l’hélio-mieroscopie, ou, comme on dit plus souvent, le microscope solaire, devrait être emplové davantage par les microsco- pistes.— A côté de ce qu’on obtient avec les objectifs modernes de première classe, les anciennes projections solaires paraissent comme des jeux d’enfants. Les dispo¬ sitions à adopter pour ces observations sont simples el faciles à réaliser. Quant à la description complète de l’appareil employé pour la micro-photogra¬ phie avec l’objectif 1/75 de pouce, j’en ferai l’objet d’un article spécial qui paraî¬ tra dans Y American Journal of Sciences, au mois de juillet prochain. Tremont-Temple, Mai 1879. • I)1- Ephraim Cutteii de Boston. Mass. SOUSCRIPTION AU CATALOGUE DES DIATOMEES de Fr. HABIRSHAW Édition française, revue et augmentée, sur un nouveau manuscrit de l’auteur et publiée par le Dr J. Pelletan Un fort volume in-8°. — (Pour paraître prochainement.) Prix setuel de la souscription . 10 fr. Après la clôture de la souscription . 15 fr. Le prix (lu port du volume est compté en plus : Pour la France . 1 fr. Pour l'Union postale . 1 » 50 Pour l’Amérique . . . 2 » 50 Adresser mandats de poste ou chèques au Dr J. Pelletan, 54, Boulevard des Batignolles, Paris. » 300 ▼ JOURNAL DE MICROGRAPHIE Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Pureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix d^s catalogues , tous les objets dont ils pourront avoir besoin 1 Tous les microscopes, français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. Tous les instruments dits accessoires, condensateurs de tous les systèmes, ap-* pareils de polarisation, paraboloïdes, micromètres, etc. Les lames porte-objet, en verre et en glace, de diverses qualités. Les lamelles minces, carrées, rectangulaires, rondes, ovales. Les lamelles percées ou cellules en verre (de 13 à 25 fr. le 100). Les instruments nécessaires pour faire les préparations. Presses, réchauds, lampes, pinces, pinceaux, tubes, etc. Microtomes divers, rasoirs. Transporteur Monnier. 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COGIT Fournisseur du Laboratoire de miscroscouis de l’Université de Genève 28, RUE DES GROTTES, GENÈVE Mention honorable à F Exposition n-mver selle de Paris 1878 Lames de glace et de verre, lamelles de toutes formes et dimérisions. Lamelles percées ou cellules. Cellules collées sur porte-objets. Chambre humide, etc., etc. Transporteur-Monnier. Séries I. — 24 prép. pathologiques en boite » II. — 4 prép. physiologiques » » III. — 24 prép. d’instruction » » IV. — 4s prép physiologique » » V. — 24 pr. phys. (grenouille) » •> VI. — 24 pr. anat. palhol. »• » A. — 43 Diatomées choisies »> »> B. — 24 » rares « MOUES 52 fr 5) 52 »> ; 0 » )) » 105 )) » 52 fr. 50 » » » 62 )) 50 39 )) 50 Préparations pathologiques et physiologiques en grand nombre et très-variés très-instructives de 18 fr. 73 a 37 fr. 50 la douzaine (Liste sur demande/. ARTHUR C. COLE AND SON, ST. DOMINGO HOUSE, OXFORD GARDENS NOTTINGHILL, LONDON W. (antérieurement 62, ST. DOMINGO VALE, EVERTON, LIVERPOOL). 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Ernst Gundlach, qui a dirigé pendant deux ans la construction des microscopes, des objectifs et appareils micrographiques à la Compagnie Optique « Bausch et Lomb » de New-York, informe le public scientifique qu’il a rompu son association avec celle maison à partir du 28 mars dernier. Il continue néanmoins à construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, en même temps que les prix en sont sensiblement abaissés Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier « Ernst Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France , est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Balignolles, à Paris. LE SAVON DU CHENIL Ce savon, la meilleure des préparations connues jusqu’à ce jour, est le seul qui, par son efficacité puisse prévenir et guérir toutes les affections cutanées du chien. — Il a eu outre l’avantage de garantir les chiens des puces, poux, tiques, etc., dont ils sont si généralement incommodés. Il peut aussi être employé pour savonner la crinière et la queue des chevaux et pour désin¬ fecter les chenils, lits de camps, parquets, etc. Prix : la boîte 5 fr. la 1/2 boîte 2 fiv. 51*. Savon parfumé pour les chiens d’appartement, le pot : 3 fr. Au Journal le jockey, 12, rue Grange-Batelière, Paris. ELIXIR DE S1 HUBERT Contre la maladie des jeunes Chiens r*On doit la formule de ce précieux médicament aux abbés de St-Hubert , en Ardennes. C’était à l’aide de cette formule qu’ils élevaient sans peine cette magnifique race qui porte leur nom. - ’ • Prix : le flacon, 3 fr. Au Journal le jockey, 12, rue Grange-Batelière, Paris. PILULES VERMIFUGES et SOLUTION ANTI-CATARRHALE du D1 WILLIAMS. Au Journal le jockey, 12, rue Grange-Baielière, Paris. I JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 303 BOSTON OPTICAL WORKS 131, Devonshire Street, BOSTON (États-Unis d’Amérique.) CH. ST O DDE H Seul agent pour les Microscopes et Télescopes de R. -B. TOLLES. 11ICH0SC0PJÏS DE TOLLES OBJECTIFS DE TOLLES TELESCOPES DE TOLLES Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions aux Séries des Diatomées (provenant principalement de la collection de feu le Dr de Brébissox) par le professeur H.-L. SMITH. Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation - Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR DE MICROSCOPES Médaille d'Argent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. ANTISEPTIQUE DE J. -A. PENNÉS Rapport favorable, lu à l’Académie de médecine, le 1 1 février 1879 Expérimenté avec succès dans dix-neuf hôpitaux pour assainir l’air, désinfecter, déterger et cicatriser les plaies et les ulcères, détruire les microzoaires et les sporules, embaumer et conserver les pièces anatomiques ou zoologiques, préserver les muqueuses d’altérations locales. Gros : rue de Lai r an, 2, Paris. — Détail : Dans lf.s Pharmacies. • y- •ïy.&y.tWf# PRODUITS PHARMACEUTIQUES de O PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites, Gastralgies Douleurs et Crampes d’Estomac , Digestions lentes, etc. un ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES a l’Iodure de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses, Tuberculeuses , Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de toutes les Affections du sang et de la Peau. ■ ü D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. 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VIN de CATILLON »u GLYCÉRINE et ». QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilite, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VEN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’Iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : © gr. s© de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse. Il est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’être tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE » l» GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. -Détail dans toutes les Pharmacies. Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. 1. Paris.- Troisième année. N° 7. Juillet 1879. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: Revue, par le Dr J . Pelleta n. — La fécondation chez les vertébrés {suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Sur les stries des Diatomées et sur la valeur qu’il faut attribuer a leur nombre dans la détermination des espèces, par le Cle Fn. Gastracane. — A quoi sert le microscope en médecine, par Quidam. — Rensei¬ gnements sur la manière de récolter les microzoaires marins, par M. David Robertson — Bibliographie : Observations sur les stomates et les lenticelles du Cissus quinquefolia ; — Contribution a l’histoire des* racines adventives, par M. J. d’Arbaumont, notices, par M. L- Courchet. — Avis divers. REVUE M. J. Renaut, professeur à la Faculté de Médecine de Lyon, a présenté à l’Académie des Sciences, dans la séance du 19 mai der¬ nier, une note sur l'emploi en histologie de l 'Eosine hématoxylique. On sait, en effet, que l’éosine soluble dans l’alcool colore le proto¬ plasma des éléments cellulaires, sans posséder d’action élective sur les noyaux, de sorte que quand .on veut faire ressortir ces derniers dans une préparation colorée à l’éosine, on est obligé de recourir à la méthode dédoublé coloration proposée par Wissotsky, méthode longue et qui, exigeant plusieurs lavages successifs, en¬ traîne facilement la détérioration descoupe>. M. J. Renaut, ayant remarqué que l’éosine en solution dans beau ou dans l’alcool ne précipite plus l’hématoxyline de la solution de Bœhmer, lors¬ qu’on effectue le mélange en présence de la glycérine neutre, eut l’idée d’employer un liquide ainsi préparé. Pour cela, il mêle une partie en volume de glycérine neutre et une partie de solution saturée d’éosine dans l’alcool ou dans l’eau, 306 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. suivant qu’il s’agit d’éosine pure ou d’éosine à la potasse. Il ajoute ensuite goutte à goutte l’hématoxyline préparée suivant la formule de Bœhmer, jusqu’à ce que la fluorescence verte du mélange reste à peine sensible. La liqueur filtrée donne une solution violette qu’il appelle éosine hématoxylique et qu’il emploie de la même façon que le picrocarminate d’ammoniaque, en montant les pré¬ parations dans la glycérine salée à 1 p. 100 ou dans le baume du Canada. Dans ce dernier cas, on déshvdrate avec de l’alcool chargé 7 9J O d eosine et on éclaircit avec de l’essence de girofles chargée aussi d’éosine. Les préparations faites après l’action de l’acide osmique ou des solutions ebromiques se colorent très bien avec ce réactif «en mon¬ trant des élections très régulières. Les noyaux sont teints en vio¬ let, le tissu connectif en gris perle, les fibres élastiques et les globules sanguins en rouge foncé, le protoplasma des cellules et le cylindre d’axe des tubes nerveux en rose clair très-intense, etc.» En traitant par ce réactif des coupes des glandes salivaires de V Hélix pomatia, M. J. Renaut a pu y distinguer deux sortes de cellules; les unes, cellules à mucus, se colorent en bleu intense, les autres, cellules à ferment, se colorant en rose. Sur des coupes des glandes salivaires de l’âne, le même fait se présente. «Dans chaque acinus, les cellules claires qui sécrètent le mucus sont teintes en bleu pâle ; le noyau refoulé à la base de l’élément est coloré en violet. Les cellules du croissant de Gianuzzi, c’est-à- dire les cellules qui sécrètent le ferment salivaire, sont colorées en rose intense et montrent un noyau violet contenu au centre de la masse protoblastique. » * * * La Revue des sciences naturelles , publiée à Montpellier, par M. E. Dubrueil, contient, dans son numéro de juin, un grand nom¬ bre de mémoires intéressants parmi lesquels nous devons citer une Note sur les Aphides du- Térébinthe et du Lenti J) IV. — 4s prép. physiologique )) .... 105 )) » )) y. — 24 pr. phys. (grenouille) » .... 52 fr. 50 )) VI. — 24 pr. a liât, pathol. » • • . . >) » » )) A. — 43 Diatomées chcisies » .... 62 » 50 j) B. — 2i » rares » .... 39 » 50 Préparations pathologiques et physiologiques en grand nombre et très-variés très-instructives de 18 fr. 75 à 37 fr. 50 la douzaine (Liste sur demande). ARTHUR C. COLE AND SON, ST. DOMINGO HOUSE, OXFORD GARDONS NOTTINGHILL, LONDON W. (antérieurement 6“2, ST. DOMINGO YALE, EVERTON, LIVERPOOL). SPÉCIMENS VIVANTS POUrTe MICROSCOPE THOMAS BOLTON 17, ANN - STREET, BIRMINGHAM Melicerta r ingens , Éponges d’eau douce, Hydres, Entomostracés, Volvox globator , etc., etc. Envoi du Catalogue sur demande. 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(Voir notre Mémoire sur l’Emploi de la Glycérine.) VIN de CATILLON a la GLYCÉRINE et au QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilité, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. 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SAiNT-Gal. — Renseignements sur la manière de récolter les microzoaires marins, (fin), par M. David Robertson. — Bibliographie des Diatomées, par M. Fr. Harir- shaw. — Avis divers. — Laboratoire de Microscopie du Journal de Micrographie. REVUE Le Bulletin scientifique du département du Nord contient un article intitulé : A quoi seit le microscope en médecine, que nous avons reproduit dans notre dernier numéro. Cet article, dont l’au¬ teur désire garder l’anonyme, est dû à l’un des internes les plus distingués des hôpitaux de Paris. Le même Bulletin donne une étudedrès intéressante de M. Th. Barrois sur les glandes du pied chez le Pecten maximus et une note sur les métamorphoses des Cestodes, par M. R. Moniez. Dans cette note, l’auteur, que nous approuvons complètement dans ses conclusions, combat les idées que M. Mégnin a développées récemment dans son mémoire sur le développement et les métamorphoses des Tænias des Mammifères . Nous croyons, quant à nous, que M. Mégnin a le tort ue vouloir produire toujours et quand même de nouveaux travaux. C’est, sans doute, un très louable désir, mais il h’est possible de s’y abandonner avec succès qu’à la condition de connaître à Fond tout ce qui a été fait antérieurement sur les sujets qu’on veut traiter ut JOURNAL DE MICROGRAPHIE. à nouveau Or, ce n’est pn> la première fois que nous voyons M. Mégnin s’engager, à ce qu’il nous semble, un peu téméraire¬ ment dans des questions duiit il ne connaît pas suffisamment l’histoire. C’est ce que M. Moniez. qui est maître en helmintho- iogie, vient de nous montrer une fois de plus. Nous ne savons si le professeur G.-V. Ciaccio, de Bologne, avait connaissance des travaux déjà entrepris sur l’œil des Lépidoptères nocturnes, lorsqu’il a entrepris ses recherches su r la structure intime de l'œil du Sphinx, recherches dont nous de¬ vrions avoir rendu compte depuis longtemps déjà. Toujours est-il qu ce travail nous paraît une étude très détaillée des noyaux de Semper. Voici, d’ailleurs, un court résumé des observations du savant histologiste : Après avoir indiqué et décrit les parties principales qui com¬ posent l’œil du Sphinx , lesquelles sont en même nombre que dans l’œil des Diptères, c’est-à-dire la cornée, l’enveloppe externe ou sclérotique, le ganglion et le nerf optiques, la rétine, le pigment et les trachées, M. Ciaccio étudie la connexion qui existe entre le bâtonnet optique et le cône cristallin, et, en réalité, c’est la partie la plus importante et, sans doute, nouvelle de son travail. Sous chaque facette de la cornée, comme on le sait depuis long¬ temps, se trouve, dans une logette membraneuse partie i’iôre, un petit corps solide, transparent comme du verre, doué d'un p mvoir réfringent notable. Ce petit corps qui, en raison de son aspect, a reçu ordinairement des observateurs le nom de cône cristallin , n’est pas fait d’une seule pièce, mais composé' de quatre petits morceaux de même grandeur et semblables, comme figure, aux quartiers d’une orange coupée en travers. Les lignes qui mar¬ quent 'es jointures de ces quatre petits morceaux sont visibles aussi bien sur une coupe transversale du cône cristallin que sur celui-ci lorsqu’il est encore en place, fixé à la cornée, et qu’on l’examine par la base. Dans chacun d’eux, on voit, à peu de dis¬ tance de sa base, un petit noyau tantôt arrondi, tantôt obloug, entouré d’un peu de matière granuleuse, ou protoplasma. Outr ce petit noyau, du côté interne de chacun des morceaux, lorsqu’on les a traités à froid par l’acide osmique à \ p. 100, ou qu’on les a tenus pendant plusieurs mois dans le bichromate d’ammomaque à 2 p. 100 on peut souvent observer une petite tache entourée de quelques très fines granulations, tache qui frappe l’œil en raison de sa couleur blanchâtre tranchant sur la teinte d’un gris obscur ou d’un jaune verdâtre du reste de la pièce, suivant que celle-ci JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 343 a été traitée par l'un ou l’autre réactif. Cette petite tache, vue de profil, offre une figure falciforme; vue de face, elle a la forme d’un œuf avec l’extrémité ia moins obtuse tournée du côté du sommet de la pièce et le touchant. Maintenant, qu’est-ce que cette tache? Pour M. Ciaccio, c’est là que se terminent les fibres nerveuses du bâtonnet optique. Et alors chacune des quatre pièces qui composent le cône cristal¬ lin, dan* l’œil du sphinx, peut raisonnablement être considérée comme une cellule particulière, homologue des cellules nevro- épithéliales que l’on trouve dans les organes de l’odorat, de fouie du goût chez les vertébrés. * * * Le Bulletin de la Société Belge de Microscopie, pour juillet et août, nous apporte peu de travaux inédits. Nous y trouvons cepen¬ dant une note de M. Delogne sur le Tryblionella ovata , Lag , Dia- tomée du Spitzberg trouvée par l’auteur dans une serre du Jardin botanique de Bruxelles. Nous reproduisons plus loin cette note. Le Science Gossip (août) contient la suite du travail de M. J.-E. Taylor sur les Fossiles communs de la Grande-Bretagne , puis une nouvelle note deM. F. -J. George, sur YEuglena oiridis et son fla- gellum bulbifère. L’auteur, d’après les observations qu’il a faites et la série de formes intermédiaires qu’il a obtenues dans son aquarium, pense que cet Euglena est une forme larvaire du Rota¬ teur commun, YHydatina senta. Le même recueil donne la description d’un petit compresseur de M. H. Field, composé de deux slides de bois portant de cha¬ que côté un écrou. Entre ces deux slides, on place la préparation que l’on veut mettre sous presse, et l’on exerce la pression à l’aide de deux vis qui s’engagent dans les écrous. * * * L’événement le plus important dont nous ayons, ce mois -ci, à entretenir nos lecteurs est la réunion de la Société des Micrôsco- pistes américains, à Buffalo, mais nous n’avons que des ren¬ seignements incomplets sur cette solennité, car c’est le 19 août que le Congrès a été ouvert et nous n avons encore de compte¬ rendu que de cette journée. L’ouverture solennelle du meeting a été faite dans la chapelle de la Central School , sous la présidence du Dr R. -H. Ward. L as¬ sistance était nombreuse et après que le Rév.D1 Van Bokkelin eut, sur l’invitation du président, fait la prière d’usage, le Dr H. -Et. Hopkins a souhaité la bienvenue aux membres de l’assemblée, les 344 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. félicitant de ce qu'ils ont fail et cie ce qu’ils font encore pour l’a¬ vancement de la science, et en particulier de ce qu’ils fondent une œuvre aussi pleine de promesses pour l’avenir. Incidemment, il les a félicités des progrès qu’ils ont fait faire à 1 optique et qui ont reculé ce qu’on avait cru jusque-là les limites du possible, et a fait honneur de ces progrès à Ch. -A. Spencer, « ce modeste et noble Américain qui est à la fois le père et le génie de la micros- copiemoderne. » Après avoir fait un rapide panégyrique des travaux microgra- phiques et exécuté les plus gracieuses variations sur le thème : « congratulation », comme il a cédé la parole à M. G.-W. Clinton qui est, à ce que nous croyons, juge à Buffalo. Celui-ci a souhaité à son tour la bienvenue, au nom de la magis¬ trature, à ce qu’il semble, et a fait un éloge de la lentille qui, après nous avoir permis, sous forme de télescope, de compter les étoiles du ciel, nous permet encore, sous forme de microscope, d’étudier les choses du «ciel d’en bas». Et, dans cette étude de l’infiniment petit, il semble que nous trouvons plus à apprendre que dans la contemplation des immensités infinies _ Puis il a terminé en s’é¬ criant : «je suis très heureux devoir ici la Société des Microscopis- tns américains. Je sais que les citoyens de Buffalo vous tiennent en haute. estime et je suis certain que votre séjour ici sera aussi agréa¬ ble que po: sible. De toutes les sciences qui sont représentées ici, aucune ne dépend du microscope plus que celle que je cultive. Aussi est-ce avec la plus extrême cordialité que je vous souhaite la bienvenue.» Puis est venu le tour du Dl Th. -F. Bochester, qui a parlé au nom du Corps médical II s’est félicité, d’abord, d’avoir été chargé p r les médecins de Buffalo de souhaiter la bienvenue aux mem¬ bres du Congrès. — C’est un « très agréable devoir dont il s’est trouvé heureux de s’acquitter » et dont il s’est fort bien acquitté : « Car ce ne sont pas ici des étrangers qui se rencontrent. Il y a dans la science un large lien, serré, cependant, et cordial. Tous les membres d’une section sont affi¬ liés à ceux des autres, et, de près comme de loin, non-seulement en raison de recherches et de travaux communs, mais par suite de cette influence supérieure, sublime, qui naît du progrès intellectuel et développe forcément un sentiment d t nlérêt congénial et. fraternel entre tous ceux qui travaillent à assurer la supré¬ matie de l’esprit su r la matière. Mais en outre de ces conséquences et de ces effets, qui résultent d’une intelligence ( intellectuality ) cultivée et élevée, il y a encore entre vous et nous un lien plus intime.... c’est le lien professionnel. Le médecin doit, ou bien être lui-même microscopiste, ou bien avoir journellement recours au mieroscopiste,‘pour les renseignements nécessaires à la pratique, s’il veut exercer sa profession avec correction et conscience, pour ne pas dire avec succès. Ce n’est pas s’aventurer que de dire que la majeure partie de cette assemblée est composée de médecins. Le microscope, qui est d’abord une nécessité pour l’instruction pro- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 34 3 fessionnelle et pour le renseignement, devient bientôt un plaisir et un attrait oui captivent celui qui s’en sert et le conduisent peu à peu dans les champs sans limites de la science qu’il ouvre devant lui, en lui montrant des beautés de forme et de structure dont aucune description ne peut donner une juste idée et que n’ont jamais conçues la méditation la plus profonde ni la plus vive imagination. « Ce que le microscope peut faire en médecine et ce qu’il fait, ne peut qu’être indiqué ici. A son aide, nous observons ce processus si délicat, si merveilleuse¬ ment ordonné, par lequel passe le corps humain pour devenir, d’une simple cel¬ lule, cet organisme si complet qu’on appelle I’homme. A son aide, nous recon¬ naissons pour locales ou parasitiques des maladies qui, pendant des siècles, < d, été regardées comme constitutionnelles. Par lui, nous pouvons examiner les sécrétions et les excrétions du corps, et lui seul nous permet souvent de décider si d’impor¬ tants organes sont fonciionnellement ou anatomiquement affectés. En chimie, en indiquant la forme, il nous rend souvent possible de prédire les propriétés pro¬ bables. Tout cela, et bien plus encore, le microscope l’a fait pour la science médi¬ cale. Ce qu’il fera dans l’avenir nous ne pouvons le prévoir. Votre premier mobile, en vous rassemblant ici, venant de toutes les directions, et beaucoup de vous de points bien éloignés, est de répandre la connaissance et de propager l’emploi du microscope. De telles réunions, en dehors du charme qu’elles présentent au point de vue social, sort pour nous d’un vif attrait et d’un grand enseignement, et à chaque pas que vous faites en avant, la médecine fait un progrès correspondant. » Le regretté Valentin Mott qui, pendant sa vie, fut un des plus célèbres chi¬ rurgiens de l’Amérique, s’était composé pour lui-même des armoiries. C’était une main fermée, avec l’index étendu et terminé par un œil ouvert. 11 voulait dire ainsi que le toucher était chez lui assez délicat et assez sûr pour lui donner des notions aussi positives qu’eût pu faire la vue. Mais qu’est cela auprès du micros¬ cope? qui, permettez cette méthaphore, nous couvre d’yeux, qui pénètre les pro¬ fondeurs cachées de la nature, qui, pour notre instruction et notre joie, nous apporte des visions de beauté, de merveille et de puissance? — Comme confrères et comme promoteurs de cette science de la Vue, soyez bienvenus et trois lois bien¬ venus. » Le Dr R. -H. Ward, dans une courte et spirituelle allocution, a remercié les précédents orateurs de leur cordial accueil, qu’il a comparé à celui, non moins chaleureux, que la même ville de Buffalo avait fait, quelques années auparavant, aux membres de l’Asso¬ ciation américaine pour l’avancement des sciences ; mais tout en rendant justice aux bonnes dispositions prises par le Comité local pour recevoir le Congrès actuel, il n’a pu s’empêcher de regret¬ ter l’inclémence d’un été tel qu’on n’avait jamais rêvé de saison plus froide dans cette période caniculaire. (Ce qui nous prouve que l’Amérique n’est pas, cette année, plus favorisée que nous du soleil.) Puis il a fait remarquer, que bien que la société soit encore peu nombreuse, bien qu’âgée seulement d’un an et apprenant encore à marcher, elle a déjà une grande importance, elle groupe des savants appartenant à tous les centres scientifiques du pays: « nous som¬ mes, a-t-il ajouté, soutenus par un enthousiasme presqu’inconnu 346 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dans toutes les autres branches de la science, et stimulés par letude de ces petites choses qui ont fait dire à un philosophe que Dieu est grand dans les grandes choses et plus grand- encore dans les petites. » En effet, le nombre des membres qui se sont réunis en Société des microscopistes américains , après le Congrès de l’an dernier, à Indianapolis, a considérablement augmenté cette année, à Buffalo. 33 nouveaux sociétaires se sont fait inscrire, et parmi ceux qui nous sont connus, nous citerons le D1' C. Seiler, de Philadelphie, les professeurs A. -H. Tuttle, de Golumbus (Ohio), D.-S. Kellicott, de Buffalo, M. G -S. Woolman, de New-York, C.-C. Merriman et C.-F. Lomb, de Rochester, F. -B. Crâne, de Philadelphie, le D1 Lester Curtis, de Chicago, miss Sarah-F. Whiting, de Welles- ley (Mass.), etc. L’assemblée de 1879 se composait de 47 membres, dont 14 anciens et 33 nouveaux. Le Dr Seiler a été nommé secrétaire temporaire et M. G. Fell, de Buffalo, trésorier. Dans l’après-midi a été tenue la première séance d 'affaires. Le D1 D.-S. Kellicott, professeur à l’Ecole Normale de l’Etat, à Buffalo, a lu un mémoire sur certains Crustacés parasites des Pois - sons , mémoire accompagné de figures, dessinées par l’auteur, qui ont beaucoup intéressé l’auditoire. Puis le prof. A.-H. Tuttle, de Columbus, a pris la parole pour donner le résultat de ses études sur la moelle épinière chez certains Poissons mar sipobr anches . M. Tuttle pense, en effet, que la meilleure méthode pour appren¬ dre à connaître le cerveau humain consiste à l’étudier d’abord chez les classes inférieures de Vertébrés; il a soutenu sa manière de voir en exhibant des dessins de coupes de la moelle épinière de l’homme et de celle de la Lamproie, dont il a comparé la structure. Ap rès une courte discussion entre Fauteur et MM. C. Seiler et Edw. Smitt sur cette communication, des remerciements ont été adressés au « mayor » Seheu, de Buffalo, qui, par une lettre, invitait les membres de la Société à visiter les monuments de la ville, et à M. E.-Ch. Fasoldt, d’Albany, un nouveau membre, qui avait offert à la Société des instruments micrométriques. Et la séance a été levée. Ce n’est qu’à une séance du soir, à St-James-Hall, que le pré¬ sident, Dr R. -H. Ward, de Troy, a prononcé son adresse annuelle. 11 nous est impossible de rendre compte à cette place de cet important document qui n’occupe pas moins de cinq colonnes du Buffalo Daily Courrier , un de ces immensesjournaux américains, imprimés en caractères microscopiques, que tout le monde con¬ naît ; mais nous espérons pouvoir ultérieurement donner la tra- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 847 duction, sinon du discours tout entier, au moins des principaux passages L’orateur y indique le but que s’est proposé la Société en se fondant, ce qu’il espère qu’elle produira ; il passe en revue ce qui s’est fait, en Amérique, pour ou par le microscope, la con¬ struction des objectifs, les principaux travaux; il traite la ques¬ tion de la micrornétrie et de la nouvelle unité micrométrique et, à proposée l’intervention du microscope dans lesquestions judiciaires, expose une application, assez inattendue et qui nous paraît nou¬ velle, de cet instrument à la reconnaissance, sinon des faux, du moins des écritures falsifiées. Nous donnerons, dans notre prochain numéro, la traduction complète de ce passage. * * * Nous recevons un exemplaire de la traduction, par le Dr F. Schiffers, assistant à l’Université de Liège, du Guide dans V examen microscopique des tissus animaux , par le professeur S. Exner, assistant à l’Institut physiologique devienne. Ce petit ouvrage, de 96 pages, est un petit traité de technique histologique qui donne l’explication des meilleurs procédés à employer pour faire les préparations de sang, de cartilages, d’os, de dents, d’éléments nerveux, de tissu conjonctif, d’épithéliums, de peau, de vaisseaux, de muscles, de glandes, etc. Il se termine par un chapitre, relatif à la manière de traiter les embryons de poissons, de batraciens, d’oiseaux et de n ammifères. Cet ouvrage doit rendre de véritables services aux étudiants en histologie, à qui nous ne saurions trop le recommander. Dr J. Pelletan. TRAVAUX O R 1 Q I N A U X LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiam. {Suite) (1). VII LA FÉC O N DA T ION En commençant l’histoire de la fécondation en particulier, nous devons admettre comme acquis à la science que, dans le sperme, les éléments fécondateurs sont les éléments solides. Les auteurs qui ont soutenu, ré¬ cemment encore, une thèse contraire, se sont ralliés à cette opinion, Bis- (1) Voir Journal de Micrographie , t. III. 1870, p. oi, 108, 162, 222, 203, 313. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 348 choff, par exemple, qui croyait encore en 1854 que la partie liquide du sperme était l’élément fécondateur. Deux ordres de faits ont servi à établir complètement cette doctrine : d’abord, l'observation directe des spermatozoïdes dans la cavité de l’œuf, observation qui a été faite sur tous les ordres d’animaux, depuis les Zoo- phytes jusqu’aux Mammifères, — quelquefois même, l’acte de la pénétra¬ tion du spermatozoïde dans l’œuf a pu être surpris ; ensuite, on a constaté, chez beaucoup d’espèces, des dispositions qui constiiuent une adaptation spéciale de l’œuf à la forme des éléments fécondateurs, telles sont la pré¬ sence et la forme du micropvle sur l’œuf de certains animaux. Mais avant d’aborder l’examen des phénomènes propres de la féconda¬ tion, il n’est pas sans intérêt de jeter un coup d’œil rétrospectif sur l’his¬ toire de la question, coup d’œil qui montrera commentées faits d’une observation relativement facile ont pu être longtemps méconnus sous l’in¬ fluence des doctrines régnantes ou d’idées préconçues. Martin Barry est le premier observateur qui ait vu des spermatozoïdes dans l’œuf. En 1840, il annonça avoir vu à la surface de la membrane de l’œuf de la Lapine une fente dans laquelle était un corps qui ressemblait à un spermatozoïde. En 1845, il revint sur ce sujet et, après de nouvelles observations, affirma qu’il avait constaté la présence des spermatozoïdes dans une fente de la membrane vitelline. Mais Bischoff lui fut un adver¬ saire puissant. En 1862, dans son Traité du développement de VHomme et des Mammifères , dans l'histoire du développement de l'œuf du Lapin, qui a été traduite en français (1), il assure formellement n’avoir jamais vu ni tente, ni ouverture, sur la membrane vitelline de l’œuf de la Lapine,- et nie absolument y avoir jamais trouvé des spermatozoïdes. — On doit se rappe¬ ler qu’à cette époque, Barry croyait, comme bien d’autres alors, que la partie liquide du sperme était l’élément fécondateur; le spermatozoïde était considéré comme n’ayant d’autre but que d’entretenir, par l’agitation de leur queue, la vitalité du sperme (Barry, Bischoff, Wagner, Kôlliker). Cette opinion de Bischoff, l’opposition qu’il fit à Barry, en Allemagne, celle de Newport, en Angleterre, eurent raison de la thèse de Barry, jusqu’en 1853, époque où H. Nelson, de Glascow, la reprit à la suite d’ob¬ servations sur les Vers Nématoïdes. Les vers Nématoïdes ont, en effet, joué un grand rôle dans cette question et dans le débat, si confus que Claparède, qui en fut l’historien, le qualifie de « vrai labyrinthe », qui s’éleva alors entre Nelson, Bischoff et Meissner. H. Nelson étudia, sur Y Ascaris mystax du chat, la fécondation des œufs. Il décrit le mode de formation des œufs, et c’est d’après ce mode de forma¬ tion qu’il envisage le phénomène de la fécondation. Pour lui, les œufs naî¬ traient dans la partie la plus reculée de l’ovaire sous forme de petites vési¬ cules qui représenteraient la vésicule germinative; les vésicules, en descen¬ dant de l’ovaire, s’entourent de granulations sécrétées par les parois de (1) Encyclopédie anatomique. JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 349 l’oviducte, et la substance ainsi ajoutée représente le vitellus. Les œufs arrivent donc entourés de leur vitellus dans le réceptacle séminal où sont les spermatozoïdes. Nelson dit avoir vu ces corpuscules s’appliquer sur la surface de l’œuf où se produit bientôt une rupture par laquelle les sperma¬ tozoïdes pénètrent. Ces spermatozoïdes ont la forme en dé à coudre que nous avons décrite précédemment, chez divers Ascaris, et qui représente leur état de maturité. Un ou plusieurs corpuscules séminaux se transforment en ces corps irréguliers, réfringents, à mouvements amiboïdes dont nous avons parlé, pénètrent dans l’œuf qui devient ainsi apte à se développer. Et c’est alors seulement que celui-ci s’enveloppe de la membrane vitelline, cornée, laquelle serait, d’après Nelson, consécutive à la fécondation, ce qui expliquerait comment les corpuscules séminaux ont pu s’introduire dans le vitellus non encore protégé. En 1845, Meissner, aujourd’hui professeur à Gôttingue, observa des phé¬ nomènes semblables sur le même Ascaris myslax. Il admit aussi que les spermatozoïdes s’introduisent dans l’œuf ; mais, en dehors de ce résultat final, ses observations diffèrent quant à tous les autres points. 11 se fonde aussi sur une conception particulière qu’il s’était faite de la formation des œufs. Il s’était fait et avait une théorie toute spéciale sur ce point. Il l’avait établie sur le Mermis albicans. — Sa théorie diffère complètement de celle de Nelson. — Il y aurait, d’après lui, dans le fond de l’ovaire, où Nelson place des vésicules, qui seront les vésicules germinatives des œufs, des cellules nucléées qui occuperaient cette partie aveugle de l’ovaire : ce sont des ovules primitifs dont le noyau se dédouble et se multiplie par di¬ vision jusqu’à ce que les cellules mères contiennentde huit à seize noyaux. Alors ces noyaux s’accollent contre la paroi interne de la membrane cellu¬ laire, qui est une membrane vitelline, (car, contrairement à l’assertion de Nelson, l’œuf est revêtu d’une membrane vitelline et possède ainsi une vé¬ sicule germinative). Chaque noyau déprime et refoule au dehors la partie de la membrane qu’il touche, s’en revêt, formant ainsi autant de diverticu- lums. C’est, en somme, un véritable bourgeonnement. Chaque bourgeon, ou cellule fille, est un œuf. Ainsi entourés d’une portion de la membrane, les cellules filles sont empilées et réunies sur un axe central autour duquel elles rayonnent. Bientôt tout cet ensemble se dissocie par en bas, tous les œufs se séparent, mais le pédoncule qui les tenait attachés à la cellule mère reste béant pendant un certain temps. Ce méat est un micropyle par lequel un ou plusieurs spermatozoïdes pénètrent dans l’œuf. Que faut-il penser de ces observations? — Ni l’un ni l’autre des obser¬ vateurs, Nelson ni Meissner, n’a bien vu. L’un et l’autre se sont trompés sur l’interprétation des faits. Pour bien comprendre comment Meissner fut conduit à attribuer aux œufs des Nématoïdes une membraneet un micropyle qui n’existent pas, — car ces œufs sont nus, comme l’avait dit Nelson, il faut se souvenir que Meissner venait de découvrir un micropyle sur les œufs de beaucoup d’animaux, d’où, chez lui, une tendance à trouver par- 380 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tout une disposition semblable, et à voir chez toutes les espèces une mem¬ brane vitelline percée d’un micropyle. A cette époque, d’ailleurs, on croyait que le micropyle était essentiel et nécessaire pour expliquer la féconda¬ tion; d’autant plus qu’en même temps, Leuckart faisait des observations analogues et trouvait un micropyle sur les œufs de plus de deux cents In¬ sectes C’est ainsi que Meissner fut amené à admettre un micropyle sur l’œuf des Nématoïdes. Ce micropyle a, d’ailleurs, été constaté sur d’autres animaux, Echinoder- mes. Holothuries (Müller), Mollusques, Vers; chez les Vertébrés, il n’a été reconnu d’une manière certaine que sur l’œuf des Poissons osseux. Re¬ marquons seulement qu’on attribue le micropyle à des auteurs soit alle¬ mands, soit anglais. Or, c’est un Français, Doyère, à qui il est juste de rendre l’honneur de sa découverte, qui, en 1850, (Société philomathique , journal Ylnstitut), reconnut, le premier, cette ouverture dans l’œuf du Loligo media , puis dans celui d’un Poisson, le Syngnate, et lui donna le nom de micropyle. Vers cette époque aussi, une observation semblable fut faite sur la Gre¬ nouille, par Newport, (1853). Cet observateur vit les spermatozoïdes tra¬ verser la couche albumineuse de l’œuf, puis l’enveloppe vitelline, et se perdre dans le vitellus.il ne croit pas qu’ils s’inlroduisent à travers des ouvertures préformées, des micropyles,qui, d’ailleurs, n’ont pas encore été constatés chez la Grenouille. Il pensait qu’ils pénètrent par un point quelconque de la surface. Mais toutes ces observations, ainsi que la dé¬ couverte du micropyle sur certains œufs, furent attaquées de la manière la plus passionnée par Bischoff qui assura n’avoir jamais pu réussir à les vérifier et prit même à partie Barry, pour ses travaux sur l’œuf de la Lapine, comme Newport pour ses recherches sur l’œuf de la Grenouille, et aussi, avec la même véhémence, Nelson et Meissner, pour leurs observations sur Y Ascaris mystax. . * Plus tard, il est vrai, en 1852, il lit amende honorable à l’égard de Barry et de Newport; il avoua s’être trompé et avoir constaté la pénétra¬ tion du spermatozoïde dans l’œuf de la Lapine et celui de la Grenouille, comme l’avaient vu les deux observateurs. Mais quant aux Nématoïdes, il resta inébranlable ; il nia avec opiniâtreté, et alla même jusqu’à con¬ tester l’exactitude de la signification que Nelson et Meissner avaient donné aux corpuscules en forme de dé à coudre qui, pour eux, représentent la forme mûre du spermatozoïde. Bischoff affirma que cette détermination était fausse, et que ces corpuscules ne représentent que des productions épithéliales détachées de la paroi de la vésicule séminale et en voie de ré¬ gression. U les appela conules épithéliaux Mais il s'est complètement trompé, non-seulement dans lasignification qu’il a donnée à,ces corpuscules, mais encore dans celle qu’il a attribuée à d’autres corpuscules arrondis, ovalaires, très-réfringents, qu’il a observés dans la vésicule séminale et qu’il prit pour les spermatozoïdes mûrs en les trouvant aussi dans les organes JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 354 de la femelle. Bischofl a commis là une grosse erreur. Ces corpuscules arrondis sont les spores d’une mucédinée filamenteuse qui se développe fréquemment chez les Ascarides (Munk et Keferstein) et que M. Balbiani y a reconnue bien souvent. Cette lutte, commencée en 1852, ne s’est terminée qu’en 1856, et ne s’est terminée à l’avantage d’aucun des observateurs qui y prirent part, car aucun n’était dans le vrai ; mais cette discussion eut l’avantage d’appeler l’attention des naturalistes sur la question de la reproduction des Vers, qui avait été fort négligée, et de susciter des travaux comme ceux de Claparède, «l’Allen Thomson, d’Eberth, etc... Néanmoins, aucun ne réussit à faire faire un pas à la question, et il résulte seulement de toutes ces recherches un fait — c’est que Nelson avait raison contre Meissner en prétendant que les œuls arrivent nus dans l’intérieur de l’oviducte. C’est, d’ailleurs, le seul point où les successeurs de Nelson lui donnent raison, et par cela même Meissner n’avait raison sur aucun point. Aucun de ces observateurs, du res’e, n’a reconnu la pénétration du spermatozoïde dans l’œuf Leuckart lui-même, dans son grand ouvrage sur les animaux inférieurs n’a pu en voir davantage quant à la pénétration du spermatozoïde. Allen Thomson est le seul qui dit avoir pu vérifier cette pénétration, comme l’avait vue Nelson, — mais est-ce un accident V — Leuckart dit bien aussi qu’en étu¬ diant les œufs de l’Ascaride lombricoïde de l’homme, il a vu quelquefois certains de ces œufs présenter à leur surface de petits cônes réfringents, et il pense que ces cônes, pourraient bien être les extrémités des spermato¬ zoïdes en dé à coudre appliqués sur les œufs et en' voie de pénétration, — mais il n’affirme rien. Cette discussion n'a, en réalité, pris fin qu’en 1875, époque où 0. Büt- schli a certainement vu la pénétration des spermatozoïdes dans l’œuf, chez les Nématoïdes; ce n’est pas, il est vrai, V Ascaris mystax qu’il a observé, mais un petit ver qu’on trouve dans la terre humide et les matières en décomposition, c’est le Leptodera rigida ou Cephalolms riyidus , de Büt- schli. Sur ce ver, Bütschli a vu l’œuf, placé tout à fait à l’extrémité de l’ovaire, dans la partie où se trouvent les œufs mûrs, se détacher des autres, pénétrer rapidement dans la portion du tube qui contient les spermatozoïdes, et se mettre en contact avec un de ces corpuscules. La fusion a lieu presque immédiatement; l’œuf, alors, continue à progresser et n’admet plus aucun spermatozoïde. Chez un autre Nématoïde, le Cucullanus elegans , parasite de la Perche, Bütschli a constaté des phéno¬ mènes analogues, et la pénétration d’un spermatozoïde unique. 11 a vu, accolée, sur l’œuf, une petite masse granuleuse entourée d’une zone claire, ét iLpense que c’est un corpuscule fécondateur en voie de fusion. Ainsi, dans ce cas, la fusion serffit lente [Arch. de Siebold et Kôlliker). Ces faits doivent évidemment être vérifiés, quoique Bütschli soit un auteur dont les observations sont ordinairement bien faites. vt Ainsi, pour les Nématoïdes, la question paraît résolue ou bien près de 352 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. l'être ; chez ces Vers, la fécondation se fait de la manière la plus simple : l’œuf est nu, comme l’avait dit Nelson, et le vitellus s’unit avec un sper¬ matozoïde. — Mais ce sont surtout les Vertébrés qui nous intéressent, voyons donc ce qui se passe chez les Vertébrés. La présence de spermatozoïdes dans la cavité même de l’œuf ne peut être mise en doute ; le fait a été constaté par un grand nombre d’observa¬ teurs, et l’on peut même s’étonner que cette question soit restée si long¬ temps douteuse. Aussi est-il véritablement inexplicable que Bischoff n’ait pu le vérifier. Rien, en effet, n’est plus facile, même chez les Mammifères, la Lapine, par exemple. Cependant, Bischoff a soutenu le contraire pendant douze ans, de 1842 à 1854, et encore n’a-t-il fini par reconnaître la vérité qu’après l’avoir constatée sur l’œuf de la Grenouille. M.Balbiani pense qu’il n’y a pas de doute à conserver à ce sujet. Le dernier auteur qui ait émis une opinion contraire et admis l’action à distance des spermatozoïdes sur l’œuf est Auguste Müller qui, en 1864, a soutenu que, chez la Lamproie, les cor¬ puscules arrivés à la surface de l’œuf y vident leur contenu, que ce contenu, traversant la membrane vitelline, vient se mêler avec un petit prolonge¬ ment cylindrique du vitellus qui vient à sa rencontre. — Or, c’est précisé¬ ment sur la Lamproie que, depuis Auguste Müller, on a le mieux vu la pénétration des spermatozoïdes en nature dans l’œuf. Avant d’aller plus loin, nous devons rechercher quelle est la quantité de semence nécessaire pour opérer la fécondation d’un œuf. D’après les expé¬ riences de Spallanzani, répétées, en 1824, par Prévost et Dumas, 8 cent- millionièmes de milligramme (0&r 00000000008 ou 0miJligr., 00000008) suf¬ firaient. Essayons de nous rendre compte de ce que représente cette petite quantité et cherchons un terme de comparaison. Prenons un g obule du sang qui, d’après Welcker, pèse 8 cent-millièmes de milligramme (0gr 00000008 ou 0millisr., 00008), et nous voyons que ce globule est juste 1000 fois plus lourd. Donc, si cette petite quantité de sperme, 1000 fois plus légère qu’un globule du sang, ne renferme qu’un seul spermatozoïde, ce spermatozoïde pèserait 1000 fois moins qu’un globule du sang. — C’est ce qu’on ne peut pas admettre. Prévost et Dumas ont, d’ailleurs, fait des expériences plus précises ; ils ont fécondé 61 œufs de Grenouille avec225 fila¬ ments spermatiques, ce qui fait en moyenne environ 4 spermatozoïdes par œuf. (les expériences prouvent qu’il faut très peu de semence, peut-être un seul spermatozoïde pour féconder un œuf. Mais les observateurs ne parais¬ sent pas avoir distingué encore la quantité nécessaire pour développer l’activité vitale de l’œuf de la quantité nécessaire pour conduire celui-ci jusqu’au développement complet et la production d’un embryon. Spallan¬ zani a cru quand il a fécondé un œuf de Grenouille avec de grain ou 8 cent-millionièmes de gramme de sperme, pris sur la pointe d’une aiguiile, qu’il allait produire un têtard, mais cela n’est pas du tout certain. T1 faut distinguer entre ce qui éveille les premiers phénomènes du déve- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 3S3 loppement et ce qui est nécessaire pour opérer la transformation de l’œuf en un être nouveau. Newport est le seul qui ait fait des recherches dans ce sens sur la Grenouille, et il a remarqué que la quantité plus ou moins grande de sperme employée pour la fécondation exerce une grande influence sur la continuité du travail embrvogénique, que quand la quantité employée est petite, le développement s’arrête bientôt, que quand elle est grande, il peut aller jusqu’au bout. M. Balbiani a fait des recherches semblables sur les Araignées ; il a vu que les Araignées femelles, séquestrées après un seul accouplement, peu¬ vent pondre pendant trois ou quatre ans et donner trois ou quatre pontes par an, mais le nombre des œufs de chaque ponte devient de plus en plus faible et la plupart avortent, ce qui pourrait s’expliquer par une fécondation incomplète, insuffisante, comme l’avait dit Newport. Ces faits n’ont pas souvent attiré l’attention des physiologistes, cependant Siebold les a invoqués pour expliquer comment chez la Salamandre noire, dont les ovaires contiennent, au printemps, cinquante à soixante œufs, un seul de ces œufs se développe dans chacune des 'deux poches utérines, et jamais davantage. Siebold pense que les spermatozoïdes sortent du réser¬ voir séminal et entrent dans la poche utérine alors qu’elle est bondée d’œufs et ne peuvent féconder que le premier œuf qu’ils rencontrent ; celui-ci est seul, alors, à subir tout son développement. Mais Siebold a remarqué que, quelquefois, un plus ou moins grand nombre des œufs qui, d’ordinaire, restent stériles commence à se développer, et il attribue ce phénomène à une fécondation incomplète par insuffisance de sperme. Que faut-il penser de tous ces faits? Peut-on réellement les attribuer à une fécondation incomplète par des spermatozoïdes en trop petit nombre? — Il est, en effet, à peu près démontré aujourd’hui qu’un seul spermato¬ zoïde suffit pour mener l’œuf jusqu’au terme de sou développement, il paraît donc difficile d’expliquer ainsi ces arrêts de développement. Il faut recourir à une autre explication : M. Balbiani la cherche non pas dans la quantité, mais dans la qualité du sperme plus ou moins altéré qui arrive dans la cavité utérine. Parmi les faits qu’on a voulu expliquer par une fécondation incom¬ plète, il faut citer encore la, production d’hermaphrodites chez l’Abeille. Chez cet insecte, la femelle ou reine pond des œufs qu’elle peut féconder à sa volonté, lors de leur passage devant la vésicule séminale. Si elle les féconde, les œufs produiront des femelles ou des ouvrières, (les ouvrières sont des femelles dont les organes génitaux subissent, pendant la période larvaire, un arrêt de développement plus ou moins complet). Si elle ne les féconde pas, ies œufs produiront des mâles. Tous les œufs pro¬ duits par parthénogénèse donnent des mâles. Or, dans les ruches, il arrive quelquefois que l’on trouve certains individus présentant les caractères d'un double sexe, --ce sont des hermaphrodites, dont Siebold explique la production par une fécondation incomplète. Puisqu’une fécondation corn- ✓ 354 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. plète eût produit une femelle et que pas de fécondation du tout eût produit un mâle, une fécondation incomplète peut produire un mélange des deux sexes, un hermaphrodite. Nous avons dit que, selon toute apparence, un seul spermatozoïde suffit à opérer la fécondation, mais il ne faudrait pas croire à une erreur dans cette appréciation parce qu’on voit quelquefois les spermatozoïdes pénétrer dans l’œuf par milliers. Ch. Robin, sur une Hirudinée, un Nephelis, a vu sous la membrane vitelline des milliers de spermatozoïdes qui l’avaient traversée et se trouvaient dans l’espace clair périvitellin. Cepen¬ dant, au bout d’un certain temps, tous ces spermatozoïdes meurent et l’on peut encore en constater la présence au moment de l’éclosion ; aussi Ch. Robin pense, avec taison, qu’ils n’ont pas servi à la fécondation et qu’un petit nombre seulement ont été utiles. Mais Butschli, 0. Hertwig ont vu que tous ces spermatozoïdes qui ont pénétré dans l’œuf du Nephelis meurent à la surface du vi le Uns sans avoir joué aucun rôle, tandis qu’un seul inter¬ vient dans la fécondation. On trouve chez h - Jmectes des faits analogues. Chez le Melophagus oviuus, parexem . rencontre des certaines de filaments spermatiques dans le micropy'e, mais ou n’en a jamais vu plus de trois ou quatre qui ont pu le travé es . ; ms les œufs. fécondés de l’Abeille, qui donnent des ouvrières, Siebokl a rouvé, une heure au plus tard après la ponte, qu’un ou deux filaments, e rai avait conduit Siebokl à penser qu’un seul suffit probablement à la fécondation. , Cette manière 1 •. r.v hypothétique, de Siebold a été confirmée par les observations récemer. de Rütschli, sur les NématQÏdes, d’O. Hertwig, d’H. Fol et de Selenka sur las Oursins ou Étoiles de mer, mais surtout d’O. Hertwig qui a oeauco p é endu ses recherches, sur les Méduses, les Ciéno- phores, les Si . ortopho.rey sur la Moule, et qui n’a jamais vu pénétrer qu’un spermatozoïde. Enfin, chez 1. s Ver'éûrés eux-mêmes, cet observateur a pu suivre l’acte de la fécondation et a .a de la façon la plus nette qu’un seul filament spermatique pénètre dai:s le vitellus pour exciter les phénomènes de déve¬ loppement. — C’est .encore ce que tout récemment Kalberla, Kuppfer et Reneke ontyéi jœ-sur u . poisson, la Lamproi q (Petromyzon). Nous revien irons pl \ - ard sur ces . faits qui ont jeté un jour tout nou¬ veau sur cette partie de nstoire des, êtres vivants, ainsi que l’a fait res¬ sortir Strashü ge \ q.ui . rev'élc une analogie remarquable entre ce qui se passe, sous ce point de v a chez les animaux et ce qui se produit dans les végétaux: (.4 suivre.) té JOURNAL OU MICROGRAPHIE. 3 o5 SUR LES STRIES DES DIATOMÉES ET SUR LA VALEUR QU IL FAUT ATTRIBUER A LEUR NOMBRE DANS LA DÉTER¬ MINATION DES ESPÈCES. {Suite) (1). De ces faits ressort la solidité de toutes les déductions que l'on pourra raisonnablement tirer de la finesse constante des stries sur les frustules grands et petits appartenant à une même espèce et à une même souche. J'ai parlé de ces déductions dans le mémoire intitulé « Nuovi argomenti a provare che le Diatomee reproduconsi per germi » (Nouveaux arguments pour prouver que les Diatomées se reproduisent par germes), mémoire qui se trouve dans les « Alti delV Accademia Pontificia dei Nuovi Lincei », sess. IX, 19 mars 1876. Dans ce mémoire, je parle d’une récolte très pure que j’ai faite près de la fontaine qui se trouve dans les « champs d’Annibal » sur le Mont Cavo près de Rocca di Papa ; cette récolte était uniquement composée de myriades de frustules de Pinnularia stauroneifunnis, Sm., var. Iciîialis , variété que j’ai cru devoir établir en me fondant sur la trop grande différence du nombre des stries sur la forme du Mont Cavo, nombre qui était de 1,900 au millimètre, et sur la forme type de Smith, qui n’en contient pas plus de 1,200 dans (e même espace, différence qui dépasse 1/3, tous les autres caractères restant absolument identiques. A cette occa¬ sion, j’ai déduit de la constance dans la forme des stries sur les frustules les plus grands et les plus petits réunis dans cette récolte : 1" qu’au moins dans ce cas, la multiplication n’avait pas lieu par temnogenèse ou division, — car, dans cette hypothèse du rapetissement graduel des valves et des frustules, résultant de l’encapsulement de ceux-ci, les stries devraient, dans la même mesure, devenir de plus en plus fines, si l’opinion bien ex¬ plicite du docteur Wallich était vraie, à savoir « que le nombre de stries dans une partie fractionnaire dè la valve... subit précisément la même variation que la mesure de la valve » — ; 2° que l’auxèse, l’augmentation delà dimension des frustules, doit avoir lieu par addition bi-latérale de nouvelles stries et dilatation consécutive des bandes ou zones qui réunissent les valves ; — 3° qu’ainsi, la Diatomée, bien que revêtue d’un derme sili¬ ceux, est l'objet d’un développement graduel et d’une distension, parce que la silice s'y trouve probablement dans une combinaison où elle constitue une cellulose dans laquelle elle remplace le carbone, substitution dont la possibilité est démontrée par les travaux des chimistes Friedel et Laden- bourg. ' A l’appui de la deuxième partie de cette déduction, c’est-à-dire que, chez les Diatomées, l’auxèse doit avoir lieu par addition bilatérale de nouvelles stries, et non par accroissement périphérique comme chez les Crustacés, je me suis permis d’apporter un autre argument. J’ai rappelé plus haut » (1) Voir Journal dj Micrographie , T. III, 1879, p. 283, 322. i _ 356 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. que dans les récoltes formées d’une seule espèce de Diatomées on trouve toujours des frustules grands et petits, tels que l’axe longitudinal des uns n’est que la moitié, et souvent moins, de celui des autres. Quiconque s’est appliqué à examiner au microscope ces intéressants organismes, et l’a fait non seulement sur les préparations que peut fournir le commerce, mais mieux encore en cherchant à s’en procurer dans la nature et à faire des récoltes, a eu l'occasion d'en rencontrer de pures, et les froides sources alpines auront pu fréquemment lui fournir des récoltes très-riches et très- pures de l’ Odontidium hyemale, Kz. Dans ces circonstances, en exami¬ nant une à une les différentes grandeurs des valves sur des frustules de la même espèce, si l’on prend la mesure des axes longitudinaux et des axes transversaux, on reconnaîtra que la dimension des axes longitudinaux dif¬ fère considérablement, à ce point que les uns ne sont que la moitié, et même une plus petite fraction, des autres, tandis qu’en comparant les axes trans¬ versaux des valves de ces mêmes frustules, on n v trouve pas ou presque pas de différence. Cependant, personne nepourra nier que le rapetissement giaduel des frustules, qui résulte nécessairement de leur encapsulement quand a lieu la multiplication par fissiparité, comme l’a complè¬ tement démontré le docteur Pfitzer, de Bonn, ( Untersuchungen und Eut - wickelung der BaciUarieen ), devait produire dans les axes transversaux la même variation que dans les axes longitudinaux. Poussé par l’amour de la vérité et par une profonde conviction, fruit de longues méditations et de patientes recherches, j’ai été conduit à exposer ma manière de voir sur la striation des Diatomées, sur la signification et la valeur qu’il faut lui donner dans la classification des espèces, et à indi¬ quer les conclusions logiques que j’ai cru devoir en tirer. Je sais que sur ce point je m’éloigne de l’opinion dominante et des idées de personnes compétentes, que j’honore d’ailleurs, mais telle est la force dema conviction, que je n’ai pas hésité à braver ces contradictions. Je conserve l’espoir que ces hommes, loin de me savoir mauvais gré de mes observations, voudront bien les prendre en sérieuse considération; d’autant plus que mes opinions sur ce sujet résultent de la pratique dont j’ai l’habitude, de tirer les images de Diatomées au moyen de la microphotographie, laquelle, appliquée à toutes les branches de recherches, dans les sciences naturelles ou expéri¬ mentales, ne peut manquer de rendre des services également utiles. Aussi, je pense faire une chose agréable et utile aux micrographes, par¬ ticulièrement à ceux qui étudient les Diatomées, en joignant à ce travail le tableau de la mesure et du nombre des stries qui ornent la surface des valves dans certaines espèces. J’ai extrait ce tableau du livre de notes sur lequel j’inscris, chaque fois que j’ai fait une mesure, le nombre des stries correspondant à un espace de 1 millimètre, nombre que j’ai compté à l’aide du procédé de projection microphotographique que j’ai décrit. (Comme la presque totalité des types que j’ai reproduits et examinés a été prise sur le typen-platte de Muller, j’ai adopté les noms et l’ordre pour JOURNAL DE MICROGRAPHIE. i 337 les genres tels qu’ils sont employés dans le catalogue qui accompagne cette préparation. Néanmoins, je ne voudrais pas qu’on crût que j’ap¬ prouve cet ordre ni que j’admette certaines modifications dans ia nomen¬ clature; par exemple, la réunion au genre, déjà si excessivement étendu, des Navicula , de toutes les formes qu’ Ehrenberg et Smith ont inscrites dans le genre voisin, des Pmnularia.) Stries longitudinales. c,i ies transversa Epithemia Argus , Sm. 900 • 1,200 — cons trie ta, Sm. » t ,450 — zébra, Kz. 1,250 1,700 — gibba , Kz. » 1,600 — t il r g ida, Kz. 800 900 — ocellata, Kz., var. » 430 — musculus, Kz. » 1,750 — ventricusa, Kz. » '1,530 — granulata , Kz. 800 900 — Hyndmannii , Sm. 670 » Eunotia undulata, Griin. » 4,070 — tetraodon , Ehb. h » 1,400 — tetraodon, Ehb., var. diodon. » 2,100 — tetraodon, Ehb., vav. diadema. » . 2,400 — incisa, Greg. )) 1,550 — indica, Griin. i j • » 1,200 — prerupta, Ehb. » 1,800 — Soleirolii, Kz. y> 1,200 Synedra thalnssorix, Cleve (Messine). » 1,370 — sicula, Castracane. » 835 — splendens, Kz. » 1,030 — ulna , Ehb. » 970 — formosa, Hantzsch. » 1,030 — crislallina, Kz. » 1,200 — pulchella, Kz., var. » 2,150 — tabulata, Kz. » 1,320 — a /finis, Kz. » 1,150 Grammalophora marina (Kz.), Sm. 1,600 1,600 — angulosa, Grun., var. » 1,350 — océanien, Ehb. » 3,850 Nitzschia formica, Hantzsch. 1,550 1,550 — linearis, Sm. » 3,000 — mnphioxys, Sm. )> 2,000 — hunyarica, Grun. Y> 1,800 — sigmçïdea, Sm. )> 1,070 — spectabilis, (Ehb.), Sm. » 2,750 — dubin, Hantzsch. » 2,000 Pcrrya eximiu. )) 973 Masloglia Dansei , Thw. lï )) t ,450 ' — vielengris, Kz., var. » 2,000 — Braunii, Grun., var. » » 1,850 — marginulata , Grun., var. » 1,600 — exigua, Levv. » 2,600 358 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Achnanthes inflala , Grun. » 970 — subsessilis , Kz. » 970 - — longipes , Ag. 1,400 » — brevipes, Ag. 1,100 1,700 Cymbosira Aghardn , Kz. » 1,250 Achnantkidium lanceolatum, Bréb » 1,400 Cymbella pisciculus , Ehb. » 1,250 — heteropleura, Ehb. de 900 à 1,000 — afjînis , Kz., var. » 1,200 — helveüca , Kz. » de 1,100 à 1,300 — - scotica, Sm. » 1,150 — kam tschatica , G ru n . 1,200 900 — navicula , Ehb. » 1.500 — cuspidata , Kz. » 1,175 Gomphonema robustum , Grun. >» 1,230 — acuminatum , Ehb., var. coronatum. » 1,100 — dichotomum, var. trigibbum. Eul » 1,030 — capitatum , Ehb » 1,130 — commune , Rhab. » 1,250 Rhoïcosphenia curvata, Grun. » 1,670 Navicula ambigua , Ehb. 2,60.9 1,900 — serians , Kz. » 2,200 — bohemica, Ehb. » 1,700 — sculpta, Ehb. » 1,450 — limosa , Kz. 1,900 — quinquenodis , Grun. » 1,900 — retusa , Breb. »> 650 — Rheinardtii , Grun. » 900 — slesvicensis , Grun. » 1,050 — spherophora , Sm. » 1,600 — amphisbœna , Kz. » (un peu irrég.) 1,500 — amphisbœna, Kz. var. » 1,300 -- permagna , Bailey. » 1,275 — firma, Kz. » 1,550 — firma, var. affinis, Ehb. » 1,900 — firma, var. amphiryncus, Ehb. » » 1,570 — firma, var. dilatata, Ehb.. 1650 1,650 — firma, var. latissima, Ehb. 1650 1,650 firma, var. Histchokii , Ehb. » 2,100 — elegans, Sm. » 1,425 — crassa, Greg. » 1,250 — quadrata, Greg. » 1,500 — entomon , Ehb. 850 900 — didyma, Kz. » 1,000 — elliptica, Kz. » 1,325 — lyra, Ehb. » i -irrég.) de 700 à 800 — lyra, var. » 1,000 — major, Kz. » 630 — oblonga, Kz. » 850 — gibba , Kz. var. » 1,000 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 3o9 — hemiptera, Kz. var. » 1,400 — peregrina , Ehb. Sm. 2,400 750 — viridis , Kz. » 720 — divergens, Sm. » (irrég.) 1,1 00 — divergens, Sm., var. » 1,100 — stauroneiformis, Sm. » 1,200 — stauroneiformis , Sm., var. latialis. » 1,900 — crassinervia, Breb. 2,400 1,400 — rhomboïdes, Ehb. 1,700 2,400 Frustulia saxonica , Rhab. 3,600 3,400 Scoliopleura convexa, Grun. » 700 — tumida (Breb.) Rabh. » 1,300 Pleurosigma balticum, Sm. » 1,450 — attenuatiim, Sm. 1,050 1,400 — hippocampus , Sm . » 1,750 — formosum, Sm. 1,580 1,900 — angulatum Sm. » 2,080 Donkinia recta (Donk.), Ralfs. » 2,100 Toxumdea insignis, Donkin. » 2,250 Pleurostaurum javanicum , Grun. 1,300 1,320 — acutum , Rabh., var. 900 1,300 Endostaurum crucigerum { Sm.), Breb. » 1 ,400 Ab. Francesco Castracane. NOTIONS PRÉLIMINAIRES (sur les diatomées) (1). Leur place dans la nature. — Les Diatomées sont toutes microscopiques et appartiennent au règne végétal. — Lors des premières études qu’on en fit, elles lurent considérées comme appartenant au règne animal. — Ehrenberg, à cause du curieux mouvement dont elles sont dotées, les avait classées, en 1842, parmi les infusoires. Mais les nombreux travaux faits depuis au moyen du spectroscope et de la lumière polarisée, leur analogie frappante avec certaines algues filamen¬ teuses, les Hyalotheca, Zygnema, Spirogyra, etc., leur endochrôme, leur respira¬ tion et leur mode de reproduction, les mettent indubitablement dans la grande famille des Algues , où elles forment une classe à part et bien définie. Leur abondance. — Ce sont vraiment là de singuliers végétaux. Plus on les étudie, plus on est étonné de voir avec quelle abondance ils sont répandus dans la nature. — Il s’en rencontre presque partout où se trouve de l’eau. — Que cette eau soit stagnante ou courante, limpide ou trouble, chaude ou glacée, même dans la neige fondante des hautes Alpes. Partout, l’œil armé du microscope découvre dans les dépôts de ces eaux des Diatomées et presque toujours m nombre im¬ mense. Leurs germes invisibles sont si ténus (je ne dis pas leurs spores), qu’ils restent flottants dans l’air, passant ainsi d’une contrée à l’autre. Dans les Alpes, ces germes peuvent rester sans périr, des semaines, des mois, sur des rochers (1) Extrait de : Diatomées des Alpes et du Jura et de la région Suisse et Française des environs de Genève, par J. Brun, professeur a l’école de médecine de Genève; t volume in-8° avec 9 planches. — Paris et Genève, 18x0. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. MO arides exposés au soleil, ou dans les glaciers exposés aux plus grands froids, et viennent un rayon de soleil et quelques gouttas d’eau, on les voit apparaître par milliers, par milliards ! — (Voir la note que j’ai publiée dans le Bulletin de la Société belge de Microscopie (février 1878) et celle sur le Protococcus nivalis ( An¬ nuaire du Club Alpin Suisse , 1875). Leur dissémination a la surface du globe. — C’est l’atmosphère et l’eau qui les disséminent, et ce sont les vents et les pluies qui rendent leur diffusion constante. Une fois sèches, leur excessive ténuité permet aux tourbillons de l’air de les balancer et de les répandre au loin dans d’immenses étendues de pays et même d’un continent à l'autre. L’air redevenu calme, elles retombent. Les pluies dé¬ layent alors partout sur le sol et même jusque sur les plus hauts sommets des Alpes cette poussière organique, l’amènent dans les ruisseaux, les marais, les tour¬ bières et les lacs, et là, en toute saison, elles commencent bientôt à vivre. Cette diffusion distribue assez également les espèces d’eau douce à la surface du globe. Ainsi nous avons en Suisse presque toutes les espèces qui sont indi quées en Saxe, par Rabenhorst ; aux environs de Paris, par P. Petit, dans le midi (espèce d’eau douce), par M. Guinard; en Autriche, par M. Grünow, et dans le haut Taira des Carpathes, par Schuhmann. Cependant il y a des espèces qui exigent des conditions spéciales. Les unes veulent l’eau salée, ou calcaire, ou l’eau siliceuse; d’autres exigent une eau par¬ faitement stagnante et chaude; d’autres préfèrent l’eau courante et fraîche; d’autres enfin ne viennent en parasites que sur certaines espèces de plantes aquatiques. C'est ce qui fait qu’une même contrée bien qu’elle reçoive les germes de toutes les espèces, ne permet pas à toutes leur développement; c’est ce qui lait aussi que les Alpes, avec leurs différences si variées d’altitude, de chaleur, de pression et d’humidité, offrent relativement beaucoup d’espèces. J’ai pu récolter, en huit ans, six cent quatre-vingts types et variétés, et je n’ai pas la prétention de les avoir toutes trouvées, bien que j’ai été beaucoup aidé, dans ces actives recherches, par mes amis du Club alpin. Parmi ces espèces, six sont nouvelles. On compte actuellement en tout, dans le monde exploré, environ six cents espèces d’eau douce bien définies. Leur petitesse. — Ehrenberg estimait que dans un pouce cube il pouvait y- avoir quarante et un millions de carapaces de Diatomées. — J’ai trouvé que pour nos espèces, il pouvait y en avoir une moyenne de huit mille dans un millimètre cube. D’autres mensurations exactes m’ont montré qu’un millimètre cube pou¬ vait contenir 27 millions d’exemplaires de la Navicula pelliculosa, et quarante millions d’exemplaires de V A chnant hidium délicat ulum. Ce sont nos deux plus petites espèces. Leur Endockrôme. — On nomme Diatomine ou Endochrôme la substance qui se trouve dans l’intérieur de la carapace siliceuse (fruslule). Elle est translucide, d’aspect huileux, réfracte fortement la lumière et sa couleur est brune, fauve ou dorée; elle correspond à la chlorophylle des autres algues vertes. L’endochrôme sous l’influence de la chaleur, de l’alcool ou des acides, prend une belle teinte vert-émeraude. — Il est épais et visqueux comme du protoplasma et sa réparti¬ tion naturelle dans le frustule a lieu, tantôt sous forme de plaques, chez les Diatomées Placocfiromatiques, tantôt sous forme de granulation chez les Cocco- chromatiques . Voir là-dessus le beau travail de M. P. Petit, et les excellents carac¬ tères qu’il a tiré de l’endochrôme pour la classification des genres ( Bulletin de la Société Botanique de France, janvier, tome XXIII, pi. 4). L’endochrôme est ordinairement immobile ; très-rarement on le voit se mou- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 36 1 voir sous forme de granules qui semblent doués d’un mouvement Brownien lent. Il contient passablement de fer qui sc retrouve à l’état de peroxyde quand on calcine les Diatomées vivantes. — Il résiste longtemps à la putréfaction. -- Les espèces que j’ai récoltées dans le Sahara, en 4873, et conservées dans leur eau d’origine, avaient encore, quatre ans après, .leur endochrôme en bon état. Il était resté translucide et jaune, mais sa forme primitive avait changé et s’était con¬ tractée. J’ai vu des Diatomées fossiles, provenant d’un dépôt considérable en Hollande, et enfouies, par conséquent, depuis bien des siècles, offrir çà et là des exemplaires dont l’endochrômc était encore jaune et transparent, quoique devenu plus épais et plus plastique. Ehrenberg, en étudiant le Kieselgühr du Hanovre, a observé le môme fait que cite Kützing (Baeeilarien, page 15). J’ai pu me convaincre que ceci n’avait lieu que pour les exemplaires arrivés à parfaite maturité et dont les deux valves étaient encore exactement fermées. Respiration. — Les Diatomées, comme toutes les Algues, respirent (se nour¬ rissent) au moyen du gaz acide carbonique que toutes les eaux exposées à l’air contiennent en dissolution (nutrition gazeuse). — Point d’acide carbonique, point de Diatomées. — Elles s’assimilent le carbone de ce gaz, puis l’oxygène est éli¬ miné et s’échappe peu à peu sous forme de petites bulles. Le carbone sert à la formation et au développement de toute la partie molle et extanguible du végétal, appelée Thalle. — En même temps qu’elles y respirent, elles prennent aussi à l’eau une partie des substances minérales qui y sont en dissolution : du fer , de Yalumine , de la chaux et surtout beaucoup de silice, qui vient constituer leur ca¬ rapace vitreuse, dure et transparente. Si dans une fiole contenant de l’eau potable et beaucoup de Diatomées vivantes, on lait arriver par un petit tube un courant très lent de gaz acide carbonique et si l’on récolte le gaz qui s’échappe sous Vin- fluence de la lumière , l’expérience prouve que ce dernier gaz est plus riche en oxygène que l’air atmosphérique. Dépôts calcaires dus aux Diatomées. — Presque toutes les eaux contiennent du calcaire ( carbonate de chaux). Le calcaire, il est vrai, est complètement insoluble dans l’eau chimiquement pure; mais dès que l’eau contient de l’acide carbonique, ce gaz rend le calcaire légèrement soluble. — Au fur et à mesure que les Diato¬ mées décomposent ree gaz, le calcaire dissous se sépare et alors, ou bien se précipite, ou bien il incruste l’enveloppe mucilagirieuse au sein de laquelle ces Algues se développent. Ce sont surtout les sphères gélatineuses où les Epithemia et quelques Synedra se forment, qui offrent au microscope de jolis groupes de cristaux de calcaire. — Là où l’eau est tranquille, le calcaire séparé va au fond et forme partiellement la vase des eaux stagnantes; mais si l’eau est ^courante, les parcelles calcaires sont alors balayées immédiatement avec le courant. N’oublions pas qu’au fur et à mesure que le gaz acide carbonique de l’eau est décomposé, la même eau dissout à nouveau de ce gaz qu’elle emprunte à l’atmos¬ phère, gaz qui .^ert à son tour à dissoudre une nouvelle dose de calcaire. Ces infiniment petites plantes entretiennent donc dans les eaux un mouvement cons¬ tant de molécules minérales et de gaz. Ce rôle est incessant et a lieu l’hiver comme l’été, et M. le comte deCaslracane a raison' lorsqu’il tend à prouver dans sa brochure (Rome, 1872) que les Diatomées, non seulement coopèrent directement par les résidus siliceux qu’elles laissent après leur mort, à former des couches géologiques, mais aussi indirectement par le calcaire qu’elles éliminent constam¬ ment du sein des eaux. Leur carapace siliceuse. — Je ne crois pas qu’il y ait dans la nature des incrus- 362 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tâtions plus merveilleusement organisées que l’enveloppe siliceuse des Diatomées. Aussi leur étude est-elle pleine de charme. Ce n’est qu’avec les objectifs à immersion les plus puissants et donnant un grossissement linéaire considérable (+ 1,000 ou 1,500), que l’on est parvenu à résoudre les plus fines stries de certaines espèces. Mais pour la détermination des espèces, un grossissement linéaire de 4- 300 à 100 est presque toujours suffisant, surtout en employant l’éclairage oblique. Tous les ouvrages traitant du micros¬ cope donnent là-dessus les renseignements nécessaires. Cette enveloppe siliceuse résiste indéfiniment à la putréfaction et reste intacte au fond des eaux une fois la Diatomée morte, formant ainsi dans beaucoup de contrées des dépôts Kieselgühr considérables et qui ont exigé bien des milliers d’années pour se former. Cette silice résiste aux acides, résiste meme à une cha¬ leur rouge-sombre ; mais au rouge-blanc intense, elle se ramollit et donne une masse demi-fondue et un peu vitreuse. Voici trois analyses qui donnent la composition chimique exacte de la carapace fixe des Diatomées : Analyse d’un Kieselgühr du Hanovre par M. Ziegler (1862) Silice . 84.15 Alumine . S .40 Oxyde de fer . 0.70 Manganèse. . traces Carbonate de chaux . 1.75 Carbonate de magnésie . 1.10 Potasse. . . 0.25 Eau . . 10.40 Perte . 0.25 160.00 Analyse d'un Kieselgühr de Franzensbad par Rob. Hoffmann (1863). Silice . Alcalis . Magnésie . Chaux . Oxyde de fer et alumine . Acide phosphorique . Eau . Perte (en partie organique) .... . 0.401 . ' 0.049 . . , . . traces . 0.910 . 0.190 . 6.000 . . . . . - 15 450 to 1.000 Analyse d'un Kieselgühr de Hollande par L. Lossier (Genève, 1878). Silice . 84.37 % Phosphate de fer et d’alumine . 2.55 Chaux . 0-35 Magnésie . 0.07 Alcalis . 0.60 Eau et matières organiques . 12.6s 100.62 Leur mouvement. — On sait maintenant que les spores de toutes les Algues sont douées de mouvement dans l’eau, ceci avant qu’elles se soient fixées pour coin- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 36." mencer la reproduction d’un nouvel individu ; mais chez les Diatomées c’est l’in¬ dividu lui-même, c’est le frustule qui se meut. Ce mouvement a lieu en ligne, droite dans le sens de la longueur des valves; il y a alternativement avancement et recul. — Chez les Navicules, ce mouvement est dû à un courant externe qui s’établit entre le nodule central et l’un des pôles, puis qui change subitement et passe toujours du nodule central à l’autre pôle. Ce courant fait pression contre l’eau ambiante. On s’en rend très-bien compte en délayant dans l’eau du carmin ou du bleu d’indigo. On voit, le^ fins granules de ces couleurs courir sur la valve avec ledit courant. (L. Smith, Bulletin belge de Microscopie, novembre 1877). J’ai vu ce curieux phénomène sur le Stauroneis phœnicenteron. — Une chose est cer¬ taine, c’est que l’cndochrôme ne coopère pas à ce mouvement et que les valves vivantes et mobiles n’ont extérieurement aucun organe, fils ou lamelles, servant à la locomotion. J'ai pu établir que les appendices qu’on aperçoit quelquefois à la surface des valves et que plusieurs naturalistes ont pris pour des nageoires 11e sont qu’un parasite. Leurs parasites. — 11 n’y a presque pas d’être vivant qui n’ait ses parasites! Les Diatomées, toutes petites qu’elles sont, ont aussi les leurs. Tant il est vrai que chez les êtres infiniment petits on retrouve encore « le combat de la vie , » et a la lutte pour l'existence , » et si les gros en général mangent les petits, bien sou¬ vent aussi, les petits, réunis, tuent les gros. Chez les Diatomées, ces parasites sont toujours d’autres algues. Cinq Diatomées communes : Les Nitzschia lenearis et sigmoidea , la Synedra splendens et les Cymbella maculata et cymbiformis se trouvent quelquefois chez nous recouvertes d’un parasite filamenteux ayant l’aspect de gros poils transpa¬ rents, droits, rigides et d’un jaune verdâtre, très-pâle. Fortement éclairés et à un grossissement considérable (X 1200), ils apparais¬ sent comme une suite de vésicules réunies en chapelets. C’est le Leptotrix rigi- dula , Kg. Le frustule vivant n’en est pas gêné dans ses mouvements et lorsque (sous le microscope), il heurte un obstacle au sein de l’eau, on voit ces fils se plier par leur base , pour se redresser et se roidir aussitôt que l’obstacle a passé. L’ébullition dans l’eau, l’action de l’acide nitrique enlèvent ces fils qui ne sont donc pas de nature siliceuse. D’ailleurs la potasse les distend et l'alcool ne les verdit pas, ce qui prouve aussi chez eux l’absence de Diatomine. C’est évidemment ce parasite qu’Ehrenberg (pl. 21, fig. 11, édit. 1838) et der¬ nièrement d’autres naturalistes ont pris pour des cils moteurs (organes fonctionnant comme des rames). Ce que dit Kützing (Baccil., page 26, et ses fig. 61, pl. 3 et fig. 11, pl. 7) semble indiquer qu’il estimait aussi que ces appendices faisaient partie de la Diatomée. J'ai une préparation à l’eau où ce même Leptotrix adhère en même temps sur la Synedra parvula et sur l'algue filamenteuse (Zygnema) sur laquelle cette Synedra est elle-même parasite; puis une autre préparation où il adhère à la fois, et sur la Staurosira parasilica et sur la Nitzschia linearis qui le porte, offrant ainsi le curieux phénomène de trois parasites superposés dans un espace de cinq à six centièmes de millimètre ! Leur développement. — Toute Diatomée prend naissance dans l’eau et au mi. lieu d’un mucilage peu coloré, translucide et souvent difficilement visible. — Que le point de départ soit un germe, une spore ou le dédoublement par scissiparité, le premier état vital esl toujours une masse gélatineuse amorphe au sein de la¬ quelle apparaissent les jeunes frustules. — Les fnistules n'ont pas alors leurs stries aussi nettes que lorsqu'elles sont parfaites et libres. Ceci est important à noter et 364 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. a été la cause de bien des erreurs pour la fixation des espèces, surtout lorsque l 'intensité de ces stries donne un des caractères spécifiques. Leur reproduction. — Une fois fixées dans un lieu qui leur convient, leur dé¬ veloppement et leur multiplication marchent avec une étonnante rapidité. De nombreuses observations ont établi que leur reproduction a lieu : 1° par germes (sporules); 2° par dédoublement direct, et 3° par sacs reproducteurs ( spores ) qui résultent de ce dédoublement. Les sporules sont si ténues qu'elles ont échappé jusqu’à présent à l’œil des observateurs armés des meilleures lentilles à immer¬ sion, comme celles de Spencer, Ross, Powell et Lealand, Zeiss, Hartnack. et Praz- mowski, etc. (Voir le travail que j’ai communiqué à la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève en mars 1878). Ehrenberg croyait qu’en une heure leur division par cloison pouvait se faire et qu’ainsi en quatrejours une Diatomée pouvait en donner cent quarante billions. — Une Diatomée, en effet, se dédouble en une heure, mais seulement lorsqu’elle est arrivée au degré de développement voulu pour que son dédoublement puisse se faire, car les travaux de W. Smith, Thvvait, de Brebisson et mes propres observations ont prouvé qu'il faut en moyenne six à dix jours pour que , de l'état de germe , elles arrivent à pouvoir se reproduire. (A suivre.) J. Brun, Professeur à l’Ecole de Médecine de Genève. TRYBLIONNELLA OVATA, LAGERSTEDT (1) Dans ma liste des Diatomées des environs de Bruxelles, j’ai signalé Tryblio- nella ovata , Lag. dans une serre au Jardin botanique. J’ajoutais : Cette espèce n'est jusque maintenant indiquée qu'au Spilzberg. En écrivant ces mots, j’étais persuadé que je découvrirais d’autres stations. En effet, je la retrouvais bientôt à l’entrée du déversoir de l’étang de Groenendael et, à peu près à la même époque, dans les rocailles aux bords du lac du bois de la Cambre. La même année, je la récol¬ tais encore contre les parois intérieures d’une fontaine couverte, à Frahan (pro¬ vince de Luxembourg ) Ces stations offraient une certaine ressemblance, en ce sens que la récolte y avait été faite dans un endroit plus ou moins sombre, ne recevant qu’une lumière diffuse. Aussi pensais-je d’abord que le Tryblionella ovata , Lag. ne se rencontre¬ rait que dans ces conditions. On le trouve cependant aussi dans des endroits bien éclairés, exposés à la lumière directe, ainsi qu’il résulte d’une nouvelle récolte faite au Jardin botanique de Bruxelles et d’une autre faite contre un rocher humide au sommet de la côte qui domine la Semoy, près du village de Roche- haut. Je puis aussi signaler le Tryblionella ovata, Lag. en Angleterre, où il n’est pas encore indiqué, du moins à ma connaissance. En examinant chez notre confrère, M. le Dr H. van Heurck, d’Anvers, une préparation faite du n° 844 (provenant de Rylands) de la collection Walker-Arnott, j’y reconnus aussitôt l’espèce en ques¬ tion. Dans son catalogue, Walker-Arnott la rapporte aussi au genre Tryblionella ; (Lagerstedt n’est pas certain qu’elle doive se rapporter à ce genre). Je ne relèverai pas le nom spécifique écrit au crayon par Walker-Arnott dans l’espace d’abord laissé en blanc. Ce nom, quoique antérieur à celui de Lagerstedt, n’ayant pas été publié, ne pourrait être considéré comme synonyme. Le Tryblionella ovata , Lag. vit en société avec plusieurs autres Diatomées, du (1) Bull. Soc. belge de Microscopie . JOURNAL DE MICROGRAPHIE 365 moins si j’en juge d’après mes récoltes. Mais il me paraît qu’on le trouvera sou¬ vent avec des espèces du genre Diadesmis. Dans deux de mes récoltes, il est asso¬ cié avec des formes appartenant à ce genre. Dans le n° 844 de Walker-Arnott, il est adossé au Diadesmis g allicci, Sm. C.-H. Delogne. LE SCLEROTIUM DU TOPINAMBOUR (1) Jusqu’à présent, le topinambour ( Helianthus tuberosus , L.) n’avait pas encore été signalé comme pouvant être atteint d’une maladie quelconque. Mais, depuis une quinzaine d’années, à l’école de Grand-Jouan, nous avons pu le voir envahi trois fois par unchampignon parasite, le Sclerotium compactum, D. C.,déjà observé dans le réceptacle et sur la tige de V Helianthus annuus. Le sclérote du topinambour à l’état adulte est assez variable de forme, selon le milieu où il végète; c’est qu’on le trouve, en effet, à la surface ou à l’intérieur des tiges, sur les tubercules ou dans leur masse parenchymateuse. Il prend naissance vers la fin de l’été ou en automne et on le voit apparaître, tout d’abord, so us l’aspect d’un mycélium filamenteux et blanc, plus tard sous celui déniasses compactes, blanc-jaunâtres à leur début, finalement couleur de suie. C’est surtout la partie inférieure de la tige et la souche elle-même du topinambour qui sont envahies; on en trouve rarement au-dessus de ^0 à 30 centimètres à partir du sol. Si l’on soumet le végétal parasite qui nous occupe à l’examen microscopique, on voit que le mycélium primitif, alors qu’il est blanc et assez semblable à une moisissure, est formé de filaments anastomosés entre eux, non cloisonnés et sensiblement d’un diamètre uniforme. Si l’on prend un mycélium plus âgé, on le trouve formé de filaments plus serrés, présentant çà et là des renflements jau¬ nâtres, chagrinés et granulés. Ce mycélium, se feutrant encore avec l’âge, finit par former des masses scléro- toïdes, encore blanches ou blanc-jaunâtres et compactes, dont l’aspect, au mi¬ croscope, est exactement celui des sclérotes adultes. Alors, les filaments ne sont plus visibles ou c’est à peine si on en voit quelques-uns très-courts, et chargés de granulations sur l’épiderme du sclérote. Le sclérote adulte du topinambour, pris sur les tiges ou sur les tubercules, est mamelonné, d’un volume très variable à sa surface^ nterne et concave; vu à la loupe, sa superficie a l’apparence chagrinée de la truffe noire. Ceux qui habitent l’intérieur des tiges sont de deux sortes : les uns sont subsphériques, gros à peu près comme une têle d’épingle ou rarement plus; les autres, mesurant depuis 1 jusqu’à 3 et 4 centimètres de diamètre, sont sensiblement cylindriques et dispo¬ sés parallèlement aux faisceaux fibro- vasculaires de la plante qui les nourrit. Ces deux formes internes, étant placées entre le corps ligneux et la moelle, manquent d’espace pour se développer et cela explique, croyons-nous, les fortes stries longitudinales qu'ils présentent et qui ne sont que l’empreinte des faisceaux de bois de la tige. Tous ont la couleur blanche et la texture compacte de l’ergot du seigle. Les tubercules, attaqués ainsi que toute la souche, ne tardent pas à pourrir; ils se couvrent de particules lerreuses qui s’agglutinent et adhèrent fortement sur leur épiderme ; leur pulpe prend une couleur brune fortement accentuée. (1) Ann. Soc. Acad., Nantes. 366 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Vue au microscope, chaque cellule paraît envahie par des mycéliums filamenteux, puis elle se montre plus ou moins sphérique et détachée de ses voisines, ce qui est loin d’être ainsi dans les tubercules sains. M. Genevier, qui étudie les champignons avec succès, a bien voulu nous rendre le service d’examiner la partie supérieure de la tige des souches malades. Ces tiges, lorsqu’elles meurent, sont la proie de différentes Mucorinées microscopi¬ ques formant un feutrage ras, mince, uniforme et noir un peu velouté. On dirait que la plante est atteinte par la fumagine. Ce botaniste^ trouvé des spores bi ou triseptées, provenant d’un Helminthoporium qu’il n’a pu rencontrer à l’état com¬ plet ; des rameaux scptés et souvent bifurques du Poliyactis granulata, les uns ayant des spores en tête, les autres ayant, en outre, des spores sur le milieu de leurs ramifications. Il a, de plus, constaté sur certaines masses sclérotoïdes de l’intérieur des tiges des spores arrondies, jaunâtres, avec nucléus, et même des tiges septées pouvant former cladospores. Nous pensons, avec M. Genevier, que ces Mucorinées peuvent croître sur tous les végétaux pourris, bt qu’elles sont ici complètement indépendantes des selérotes. M. Saint-Gal. RENSEIGNEMENTS SUR LA MANIÈRE DE RÉCOLTER LES MICROZOAIRES MARINS (Suite) (1) Lorsqu’on a laissé ainsi les produits de draguage un certain temps avant de les sécher et de les examiner, ce qui arrive quelquefois, on trouve presque toujours les parties molles des Ostracodes détruites, ce qui enlève les carac¬ tères qui seuls peuvent souvent conduire à une détermination exacte des affi¬ nités ou de la nature des espèces douteuses ou nouvelles. D’un autre côté, il serait fort dispendieux et incommode de se servir d’alcool pour conserver des matériaux dont la quantité est souvent considérable. Le sel de table ordi¬ naire permet de remédier à tous ces inconvénients : mêlé dans les sacs avec les produits de la pèche, au moment où l’on vient de les y placer, ii con¬ stitue un excellent préservatif. 11 a, en outre, un avantage : par suite de son mélange intime avec le sel, la vase, quand elle est sèche, se laisse facile¬ ment pénétrer et délayer par l’eau, elle se précipite et laisse flottants les Ostra¬ codes et les Foraminifères, qui se recueillent alors aisément. Tandis que si la vase n’a pas été traitée par le sel, quand elle est sèche et qu’on la met dans l’eau, elle refuse de s’imbiber et reste flottante : on ne peut alors, sans de grandes difficultés, en séparer les Microzoaires Ce traitement oblige à prendre certaines précautions pour l’étiquetage des sacs: ceux-ci devant souvent être emballés pour un certain temps, tout humides, ainsi que leur contenu, des éti¬ quettes ordinaires seraient bientôt détruites, soit qu’on les plaçât à l’extérieur, soit qu’on les renfermât à l’intérieur. Pour obvier à cet inconvénient, on ren¬ ferme chaque étiquette dans un petit étui à aiguilles en bois. (On peut s’en pro¬ curer à bas prix.) Ce moyen ne m’a jamais trompé, même après plusieurs semaines de contact avec la vase humide. Le filet de surface est encore un très-bon ustensile de pêche, surtout après le (I) Voir Journal, de Micrographie 1879, t. III, p. 331. \ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 36T coucher du soleil, mais non pas pour les Ostraeodes ni les Foraminifères, sauf un petit nombre des premiers, appartenant à la famille des Cypridinictæ ; en re¬ vanche, on obtient ainsi beaucoup d’Amphipodes, Copépodes, etc. A l'inverse de ce qui se passe dans les draguagcs, où l’on peut réitérer l’ex¬ ploration des fonds qui se sont montrés favorables, avec toutes chances d’obtenir de nouvelles et aussi bonnes récoltes, on est souvent, avec le filet de surface, déçu dans son attente en pareil cas; car les localités occupées par ces animaux sont si sujettes à changer que, souvent, c’est à peine si l’on en peut rencontrer un seul, lorsqu’on revient, même pendant plusieurs nuits, sur les points mêmes où on les a, une première fois, trouvés en abondance. Il arrive fréquemment aussi que, d’une nuit à l’autre, le contenu du filet se montre tout différent, quoique à la même place. Plus l’obscurité est profonde, plus la mer est phosphorescente, plus il y a d’espoir de succès. Il existe des filets de ce genre de différentes formes et de différentes gran¬ deurs ; mais, quel que soit celui qu’on adopte, on doit se souvenir qu’il n’y a qu'un point essentiel : c’est que la quantité dont le filet plonge dans la mer soit telle, que le volume d’eau admis à l’intérieur ne soit pas supérieur à celui qui peut s’échapper à travers les interstices de l’étoffe ; autrement, les objets qui y entreraient seraient presque aussitôt refoulés dehors par le remous. C’est proba¬ blement la négligence de cette condition qui a amené de fréquents insuccès dans l’emploi de ce filet. Celui que j’ai trouvé le plus avantageux et le plus commode, pour manoeuvrer avec un canot à rames, a environ dix pouces de diamètre et vingt de profondeur. Comme les animalcules qu’on rencontre dans cette pêche ne sont pas aussi petits que ceux que fournit la drague, l’étoffe n’a pas besoin d’être aussi serrée que celle qu’on emploie pour le sac à laver les draguages. Le même tissu, ou scotch- laum, mais plus gros, convient très-bien. Le filet est arrondi au fond ; l’ouverture est montée sur un cercle en laiton, assez fort pour résister à l’effort de l’eau quand le canot est en marche. Ce cercle porte une douille par laquelle on le fixe à un manche. Il faut aussi avoir un vase mé¬ tallique, n’ayant pas moins de six à sept pouces de diamètre et huit à neuf de profondeur, à moitié rempli d’eau de mer. On tient le filet, par-dessus le bord du bateau, en le plongeant de quelques pouces dans la mer, tandis que l’embarca¬ tion avance doucement, pendant quarante à cinquante yards (1); on le relève alors, et, saisissant le fond avec la main, on le retourne dans le vase d’eau de mer, de manière à y faire tomber le contenu. On remet alors le filet en état et on recommence l’opération , Quand on est rentré chez soi, le contenu du vase est versé dans un bassin de couleur blanche, ce qui facilite l’examen. On met de côté tout ce qui attire l’at¬ tention, le reste est ensuite lavé sur un tamis assez gros pour ne retenir que les corps étrangers, comme il a été dit précédemment à propos des draguages. On peut encore obtenir de bons résultats en lavant dans un vase d’eau les her¬ bes ramenées parla drague, ou les petits fucus qui garnissent les rochers, dans les flaques laissées par la marée, ou bien au plus bas niveau des marées. Le triage se fait comme précédemment. Les mêmes procédés de lavage et de tamisage peuvent encore être appliqués avec grand succès au sable et à la vase recueillis à la limite de basse mer : les ustensiles dont on se sert dans ce cas peuvent être moins grands que ceux qui sont nécessaires pour le traitement des fucus. Revenons maintenant aux produits de draguages qui ont été serrés dans des sacs. La première opération doit être de les bien dessécher ; on les met ensuite (î) Le yard vaut 0m,91 41 . 368 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dans un vase avec de l’eau, et on agite fortement ; on enlève tout ce qui Hotte à la surface, c’est-à-dire la plupart des Microzoaires, et beaucoup de petites co¬ quilles, etc., et on les place sur un tamis fin; puis on ajoute dans le vase une nouvelle partie d’eau, on agite de nouveau, on en enlève encore les matières floi- tantes, et on continue ainsi jusqu’à ce que le sédiment traité ait abandonné tout ce qui peut être enlevé par ce procédé. On verse alors de l’eau claire sur le tamis, jusqu’à ce que toutes les impuretés soient parties; on sèche alors le résidu, qui se trouve prêt pour l’étude. Bien que, dans celte opération, on obtienne la plupart des Microzoaires, il y en a cependant, comme les Ostracodes à coquilles épaisses, tels que C. Dulmensis et C. tuberculata , qui ne flottent qu’imparfaitement. Il peut donc, dans certains cas, être nécessaire de sécher de nouveau le sédiment et de recommencer l’opé¬ ration, ou même de l’examiner directement, en masse ; mais ceci n’est guère possible qu’autant qu’on n’aura pas affaire à une quantité un peu considérable. Après avoir trié et nettoyé les objets flottants, il reste à les étudier. Pour cela, le mieux est de les passer à deux ou trois tamis, de numéros différents : le pre¬ mier retient les objets les plus grands, ainsi de suite. Après cette séparation, l’examen est plus facile, les petits objets ne risquant plus autant d’être cachés par les gros. On étale ensuite une petite quantité du mélange sur une ardoise, et, avec une loupe et un petit pinceau de martre légèrement humecté, on enlève les différents objets, en les mettant à part, suivant les espèces. Pour les objets très- petits, il faut les chercher sous le microscope, avec un faible grossissement. On facilite beaucoup cette opération en traçant des lignes parallèles sur une mince lame d’ardoise ou de carton noir (1), dont la grandeur est proportionnée à celle de la platine du microscope, et sur laquelle, on étend les objets à examiner, les lignes, dont l’écartement doit être réglé sur le champ de vision, guident l’œil et l’empêchent de repasser à la même place. David Robertson. BIBLIOQRAPHIE DES DIATOMÉES Pour satisfaire aux nombreuses demandes de renseignements qui nous sont adressées relativement aux ouvrages traitant des Diatomées, nous nous décidons à publier dès à présent I'Index bibliographique ci-dessous. Il fera partie du Catalogue des diatomées, de Fr. Habirshaw, dont nous allons in- cessament publier le premier fascicule. Nous avons ajouté à cet index l’in¬ dication d’un certain nombre d’ouvrages dont M. Habirshaw n’avait sans doute pas connaissance quand il rédigea son manuscrit. Nous avons l’espoir que nos lecteurs trouveront ainsi dans notre Index bibliographique des ouvrages publiés sur les Diatomées, le catalogue .le plus riche et le plus complet qui ait jamais été composé. D‘ .1. Pelletax. (1) Une lame de verre est aussi d’un usage très-commode. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 369 4 2 3 4 5 6 • ' 7 8 9 10 11 12 13 14 1 o 16 Adan. — Diatomées. Traduit de l’anglais; analyse des familles et des genres. (Ann. phit. et micr. de Belgique.) Agardh, C, — Systema Algarum adumbravit C.-A. Agardh. Lundæ, 1824. ‘ — Conspectus criticus diatomacearum. Ca- rolo-Ad. Agardh. — 4 partes in-8°; Lundæ, 1830-32. Andres, A. — Relazione critiea suite Diatomee. (Nuovo Giornale Bot. liai. 1877.) — La teoria del incapsulamento...delle Dia- » tomee ed i recenti studi sulla natura del contenuto delle medesime (Nuovo Giornale Bot. Bal. 1877.) American journal of microscopy, New-York, 1876-80. American quarterly microscopiscal journal, New-York, 1878-79. Ràiley, J.-W. — American Bacillaria, III. Echinellea et Laeernala , in -8°, 2 pl., New-Haven, 1842. — Microscopical observations madc in South Carolina, Georgia and Florida. in-4°, 4 pl., Washington, 1850. — Microscopical examination of soundings made by U. -S. Coast Survey ofF the Atlantic coast of the U. S., by prof. J.-W. Bailey. in-4° roy. avec pl., Wa¬ shington, 1851. — Notes on new species and localities of' microscopical organisms, by J.-W. Bailey, M. D. in-4° roy. avec pl., Wa¬ shington, 1853. — Notes on new species of microscopical organisms from the river Para, South- America. (Boston journal of american History, vol. 7, n° 3, 1861.) — Notes on Diatomaceæ from the St-Johns River. (Canadian naturaliste 1863.) — Structure and hislory of Desmids and Dia- toms. (American Naturaliste 1868.) Bailey, J.-W. et Harvey, W. -H. - li. S. Lxploring ex¬ pédition during the years 1838-1842 under the command of Charles Wilkes, U. S. N., vol. XVII, Botany. (Article Algœ, par J.-W. Bailey et W. -H. Harvey.) Philadelphie, 1862 (1874). Balwens, L.-M. — Les Diatomées de la Belgique. (Bal. Soc. Belge de Microscopie, 1877.) Biasoletto. — Di alcunc Diatomee osservate in un’aqua 17 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « 70 18 19 20 21 22 29 24 25 26 27 28 29 di ponzo. (Soc. adnat. di Sc. Nat. in T res te. Luglio, 1875.) Bleisch, A.-L. — Ueber einige in den Jahren 1856*62, in der gegen von Strehlen gefundeue Diatomacnen. (. Abh . Schesischen G exe II. Breslau, 1862.) Borsczow, E. — Die Süsswasser Bacillariaceen (Diato- maceen) der siid-westlischen Russlands, in-4° m. 2 col. grav. — Kievv 1873. Boston. — Journal of natural history, Boston. Brébisson (Alphonse de) et Godey. — Algues des environs de Falaise. ( Mém . delà Soc. des Sc. de Falaise , année 1835.) Brébisson (A. de). — Considérations sur les Diatomées ; Falaise, 1838. — Note sur quelques Diatomées marines, nouvelles ou rares, du littoral de Cher¬ bourg. {Mém. Soc. imp. de Cherbourg , 1854. — Rééditée in-8° avec pi., 1867.; — Description de quelques Diatomées nou¬ velles observées dans le guano du Pt- rou, formant le genre Spatangidium. (. Bulletin de la Société Linéenne de Nor¬ mandie. Vol. H. — Caen, 1857.) — Extrait d’un essai monographique sur les Van Heur chia. (Ann. de la Soc. philo l. et micro, de Belgique , 1869. — Anvers, •1869, in. -8° avec pl.) _ Notes ou some freneh Diatomaeeæ, Lon¬ don, 1870, in. -8° avec pl. De la structure des valves des Diatomées. ( Bulletin de la Soc. Linn. de Norm. 2e sér.. T. 5, 1870.— Paris 1872, in-. 8°.) _ Diatomacées renfermées dans le médica¬ ment vermifuge connu sous le nom de Mousse de Corse {Revue des Sc. Nat. de Montpellier, sept. 1872.) Brebissoma. — Revue mensuelle illustrée d’AlgoIogie et de Micrographie botanique. — Paris, 1878-1880. BRiGHT\vELLE,Th.— Sketch of a fauna infusorial for East Norfolk, Norwich, 1848. Brugger, Ch.-G. — Bündner Algen. ( Jahresbericht der Naturforschen den Gesellschalt gebunden , 1863.) P)I1UN j _ Diatomées des Alpes et du Jura et de la région suisse et française des environs de Genève — Genève et Paris. ISM». iu-8° avec 9 pl. Uth. ■ (.4 suivre.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. :J7 1 LA MAISOA Opticien-, Officier d’Aeadémie, etc., est toujours au Palais-Royal, galerie de Valois, 158, et sa réputation grandit chaque année, en raison des inventions non velles et des perfections apportées à la fabrication des instruments d’optique et de précision. Fondée sous Louis XV, en 1760, au quai de l’Horloge, par Louis-Vincent Che¬ valier, elle fut continuée au Palais-Royal en 1830, par Charles Chevalier. N’ayant pas de succursale, elle est la seule de ce nom, continuée de père en fils, depuis plus d’un siècle, qui ait reçu des médailles d’or et d’argent aux expositions nationales, puis le rappel de médaille à l’Exposition universelle de 1878. Les lunettes et pince-nez montés de verres en Crown-glass sont une fabric.it i m spéciale de la maison du D" Arthur CHEVALIER GALERIE DE VALOIS, i$8, ‘ PALAIS-ROYAL , PARIS. Entrée des voitures : la, rue de Valois. SOUSCRIPTION AU • CATALOGUE DES DIATOMEES de Fr. HABIRSHAW Edition française, revue et augmentée, sur un nouveau manuscrit de l’auteur et publiée par le Dr J. Pelletan Un fort volume in-8°. — (Pour paraître prochainement.) Prix actuel de la souscription . 10 fr. Après la clôture de la souscription . 15 fr. Le prix du port du volume est compté en plus : Pour la France . I fr. Pour l’Union postale . • . 1 » 50 Pour l’Amérique . . 2 » 50 Adresser mandats de poste ou chèques au U1' J. Pelletan, 54, Boulevard des Batignolles, Paris. SIROPS et INJECTIONS consiste à employer pour la, C-u.rat.ion. des MALADIES A FERMENTS etc.) La TVLétlxod-e du L’ACIDE PHÉNIQUE ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : d’Acide Phénique pur et blanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). Sulfo-Su ’;->ue (Maladies de Peau, Catarrhes. Pituites, Rhumatismes, lodo-Phc ..4ae (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, eic.) Phénate d’Ammoniaque (Fièvres graves, Grippe. Variole, Croup, Choléra, etc..). Huile de Morue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). utyco-PHENiqUE IBrùIures, Plaies, Maladies de peau. Granulations, Toilette, etc.) : lfr. 50. CHASSAINS 'HÎÉNON * G". 6, Avenue Victoria, PARIS \sîx.\ ■••***' 372 JOURNAL DE MICROGRAPHIE Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix des catalogues, tous les objets dont ils pourront avoir besoin ! Tous les microscopes , français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. 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Des réactifs tout préparés d’après les formules les plus autorisées, tels que : Carmin amoniacal, carmin neutre, carmin de Beale, carmin oxalique, etc Acide picrique, solution saturée. Picro-carminate d’ammoniaque, de Ranvier, à 1 p. 100. Bleu d’aniline, violets d’aniline divers. Fuchsine (rouge d’aniline), sulfate et acétate de rosanîline. Hématoxyline, solution alcoolique alunée, de Bœhmer. Bleu de quinoléine. Indigo, indigo sulfate. Éosine, solution aqueuse, solution dans l’alcool au tiers. Eosine hématoxylique, de Renaut. Purpurine et matières colorantes diverses. Bleu de Prusse, bleu solube. Sérum iodé, eau iodée, chlorure de zinc iodé. Chlorure de calcium à 20 p. 100. Potasse caustique à 40 p. 100. Nitrate d’argent à 1 p. 300. Chlorure d’or à 1 p. 200, chlorure d’or et de potassium. Nitrate d’urane, chlorure de palladium, etc. Acide chromique, bichromate de potasse, d’ammoniaque. Acide osmique. Acides acétique, chlorydrique, nitrique, formique, tartrique, oxalique. Liquide de Millier, liquide de Pacini, etc. Solution picro-anilique de Tafani. Alcool absolu, alcool au tiers, alcool méthylique. Essence de girofles, de térébenthine, résine Dammar. Baume du Canada, bitume de Judée, vernis, etc. Glycérine, éther, sulfure de carbone, chloroforme. Deane’s medium, etc. S’adresser au Dl Pelletan , rédacteur en chef du Journal de Micrographie, 34, boulevard des Batignolles , à Paris. Bruxelles. -—lmp. et lith. PARENT et C,e. Le gérant : E. PROUT. MICROSCOPIE Spécialité d’objets en verre POUR PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES E. COGIT ' Fournisseur du Laboratoire de miscroscome de l’Université de Genève 28, RUE DES GROTTES, GENÈVE Mention honorable à V Exposition universelle de Paris 1878 Lames de glace et de verre, lamelles de toutes formes et dimensions. Lamelles percées ou cellules. Cellules collées sur porte-objets. Chambre humide, etc., etc. Transporteur-Monnier. 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GRAINE DE LIN TARIN PRÉPARATION NOUVELLE pour combattre avec succès Constipations Coliques Diarrhées maladi du foie et de la vessie Exiger les boites en fer-blanc UNE CUILLERÉE A SOUPE MATIN ET SOIR 'DANS UN 1/4 DE VERRE d’eau FROIDE La botte 1 fr. 30 marque de fabrique MALADIES DE LA PE U DARTRES, DÉMANGEAISONS, VICES OU SANS FRICTIONS ET DÉPURATIFS Pommade Fontaine . le pot. iî fr Essence concentrée de Salsepareille Fontaine alcaline . . le .5 fr. Salsep. Fontaine alcaline iodurée . le fl. 5 » Salsep. Fontaine ferrugineuse • . le fl. 5 « Pharmacie Fontaine, TARIN, suce., place des Petits-Péres, 9, Paris VERilES MINCES DE PREMIÈRE QUALITÉ POUR LE NTAGE DES PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES RONDS : -4. fr. 150 — CARRÉS : ïfc fr. les 30 grammes Par la poste 1 fr. en sus MATÉRIAUX DIVERS ET OBJETS PRÉPARÉS POUR LE MONTAGE Ch. PETIT, 151, HIGH STREET, STOKE NEWINGTON, LONDON, (N.) 374 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. INSTITUT DE MICROSCOPIE DE HENRI BCECKER à Wetzlar (Prusse Rhénane) PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES Histologie normale et pathologique. Préparations d’ Arachnides,- dTnsectes. de Crustacés, d’Entozoaires, de Cépha- lophores, d’Echinodermes, de Bryozoaires, de Cœlentérés, de Spongiaires, etc. Préparations botaniques. — Mousses, Algues. Diatomées, etc. Préparations minéralogiques et autres. Instruments de toutes sortes ; matériaux, réactifs pour les préparations. ERNST I1UNDLÀCH Constructeur de Microscopes A Rochester, N Y. (États-Unis d’Amérique) M. Ernst- Gundlacb, qui a dirigé pendant deux ans la construction des microscopes, des objectifs et appareils micrographiques à la Compagnie Optique « Bausch et Lomb » de New-York, informe le public scientifique qu’il a rompu son association avec cette maison à partir du 28 mars dernier. Il continue néanmoins h construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, eu même temps que les prix en sont sensiblement abaissés. Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier « Ernst p . Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France, est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Batignolles , à Paris. LE SAVON DU CHENIL Ce savon, la meilleure des préparations connues jusqu’à ce jour, est le seul qui, par son efficacité puisse prévenir et guérir toutes les affections cutanées du chien. — Il a en outre 'avantage de garantir les chiens des puces, poux, tiques, etc., dont ils sont si généralement ncommodés. Il peut aussi être employé pour savonner la crinière et la queue des chevaux et pour désin¬ fecter les chenils, lits de camps, parquets, etc. Prix : la boîte 5 fr. la 1/2 boîte 2 fr. 50. Savon parfumé pour le' chiens d appartement, le pot : 3 fr. Au Journal le jocki . 12, rue Grange-Batelière, Pans. ELIXIR D I ST HUBERT Contre la maladie des jeunes Chiens Ou doit la. formule de ce précieux médicament aux abbés de St-Hubert , en Ardennes. C’était à l’aide de cette formule qu’ils élevaient sans peine cette magniflque race qui porte leur nom. Prix : le tlacon, 3 f’r. Au Journal le jockey, 12, rue Grange-Batelière, Paris. PILULES VERMIFUGES et SOLUTION ANTI-CATARRHALE du Dr WILLIAMS. Au Journal le jockey, 12, rue Grange-Batelière, Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 375 BOSTON OPTICAL WORKS 131, Devonshire Street, BOSTON (États-Unis d’Amérique.) CH. ST O DDE R Seul agent pour les Microscopes et Télescopes de R -B. TOLLES. MICROSCOPES DE TOLLES OBJECTIFS DE TOLLES TELESCOPES DE TOLLES Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions aux Séries des Diatomées (provenant principalement de la collection de feu le Dr de Brérisson) par le professeur H.-L. SMITH. Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation. ]\lr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR RE MICROSCOPES Médaille d’Argent à PExocsIiion Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. ANTISEPTIQUE DE J. -A. PENNÉS Rapport favorable, lu à l’Académie de médecine, le 1 1 février 1879 Expérimenté avec succès dans dix-neuf hôpitaux pour assainir l’air, désinfecter, déterger et cicatriser les plaies et les ulcères, détruire les mierozoaires et les sporules, embaumer et conserver les pièces anatomiques ou zoologiques, préserver les muqueuses d’altérations locales. G nos : rue de Latran, 2, Paris. — Détail : Dans les Pharmacies. PRODUITS PHARMACEUTIQUES de PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites , Gastralgies Douleurs et Crampes d’Estomac, Digestions lentes , etc. ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES à l’Iodnre de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses, Tuberculeuses, Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de toutes les Affections du sang et de la R eau. D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. Pour combattre avec efficacité, toutes les affections nerveuses, Épilepsie, Hystérie, Névroses, Agitations, Insomnies et Convul¬ sions des enfants, pendant la dentition. D’ÉCORCES D’ORANGES & DE QUASSIA AMARA au Proto-Iodure de Fer. Le meilleur mode d’administrer le fer, sans crainte des pesanteurs de tête, fati¬ gues d’estomac ou diarrhées, dans le trai¬ tement de Y Anémie, la Chlorose, la Chloro- Anémie, etc., etc. Dépôt à Paris : 26, rue Neuve-des-Petits-Champs. MEDAILLE A L EXPOSITIO N UN IVERSELLE DE 1878 PRODUITS a la GLYCÉRINE ». CATILLON La glycérine, principe doux des huiles, est un succédané de l’huile de foie de morue, facile à prendre et toujours toléré. Elle diminue la désassimilation en servant d’aliment aux combustions respiratoires — de là son utilité dans les maladies consomptives, — elle empêche la consti¬ pation, rétablit l’appétit et les digestions, favorise la nutrition : les sujets auxquels on l’admi¬ nistre augmentent de poids. (Voir notre Mémoire sur l’Emploi de la Glycérine .) VIN de CATILLON a la GLYCÉRINE et au QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l'huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilite, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’Iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉ0S0TÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : o gr. s© de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse. 11 est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’être tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR ue PEPSINE a la GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. 1, Paris. — Détail dans tontes les Pharmaoies. ^ SEUL VIN AU QUINA ou QUINA FERRUGINEUX AYANT OBTENU CETTE RECOMPENSE Septembre 1879. Troisième année. V N" 9. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: Revue, par le Dr J. Pelletan. — La fécondation chez les vertébrés (suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Microphotographie avec l’objectif de Toiles 1/7 5e de pouce, par le Dr E. Cutter. — Le Protoplasme, discours prononcé au con¬ grès de l’Association britannique, par le professeur Allman. — Sur le système de Stephen- son, d’immersion homogène pour les objectifs de microscope, par le Dr E. Abbe — Notions préliminaires sur les Diatomées (fin), par le professeur J. Brun. — Sur les Diatomacées de New-Forest, par M. F. Kitton. — Bibliographie des Diatomées, par M. Fr. Habirshaw, complétée par le DrJ. Pelletan. — Errata. — Avis divers. REVUE L’Association Britannique, British Association ,a ouvert, le 20 août dernier, son congrès annuel dans la ville de Sheffield. — Le comité général s’est d’abord réuni à une heure, dans « Church In- stitute, » sous la présidence deM. W.-A. Spottiswoode, président de l’Association. Le procès-verbal du dernier congrès tenu, l’an passé, à Dublin, a été approuvé et, à propos d’un paragraphe du l’apport sur les travaux de ce congrès, il a été question d’un mé¬ moire adressé, il y a quelques mois, à lord Beaconsfield, par le bureau de TAssociation et demandant la translation des collections d’histoire naturelle du British Muséum à South Kensington, mé¬ moire auquel lord Beaconsfield a fait une réponse évasive. Le comité, trouvant que ces collections sont fort mal entretenues au British Muséum, a décidé de reprendre prochainement la ques¬ tion, et s’est séparé. C’est le soir seulement que le congrès s'est réuni « à Albert- Hall » pour entendre Y adresse d’ouverture que devait prononcer le nouveau président, le professeur Allman. — Malgré une pluie incessante, l’assemblée était fort nombreuse, et l’on y remarquait 378 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sir John Lubbock, les professeurs Huxley, Westwood, Adams, Duncan, Odling, Attfield , MM. Lowthian Bell, Mundella, Brittain , Heywood, sir G. Whitworth, M. P.-L. Sclater, secrétaire géné¬ ral, et un grand nombre de personnages connus dans le monde des sciences et des lettres; beaucoup de dames assistaient à la séance, qui a été ouverte parle « mayor » de Sheffieid, lequel a souhaité la bienvenue aux membres de l’Association, a félicité la ville de Sheffieid, dont le nom tombait depuis quelque temps dans l’oubli, d’avoir retrouvé un nouveau lustre, grâce à la visite que lui ont faite, l’an dernier, LL. AA. RR. le prince et la princesse de Galles, et il a exprimé le ferme espoir qu’une autre royale visite, celle du prince Léopold, honorerait encore, l’année prochaine, la ville de Sheffieid, qui a reçu aussi le « Church Congress, » etc. On applaudit beaucoup cette déclaration pleine de loyalty et le président sortant, M. Spottiswoode, présente à l’assemblée le nouveau président, Dr Allman; mais auparavant, dit-il, il doit remercier les membres de l’Association du concours bienveillant qu’ils lui ont apporté pendant l’année qui vient de s’écouler. Le professeur Allman est, d’ailleurs, bien connu de tous ceux qui s’occupent des sciences biologiques auxquelles il s’est dévoué comme l’un des plus ardents, des plus persévérants et des plus heureux investigateurs. Mais, non-seulement il est connu, il est, de plus, aimé de tous ceux qui le connaissent. — Il a an titre tout particulier près de la British Association. D’abord il est né dans cette île sœur, où l’Association a été si cordialement reçue l’an dernier. (Applaudissements.) — Pendant quelques années, il a été professeur à Edimbourg et enfin, dernièrement, il s’est fixé en Angleterre. Ainsi, le président pour 1879 a ce caractère de cos¬ mopolitisme si bien en harmonie avec les principes de l’Associa¬ tion Britannique. En passant du président qui sort au président qui entre, l’assemblée va passer des abstractions mathématiques aux réalités de la vie animale et végétale. — Quelle que soit l’at¬ tention qu’elle a accordée à l’orateur, l’assemblée en aura une plus grande encore pour les questions plus curieuses et plus at¬ trayantes que le professeur Allman va traiter devant elle. (Ap¬ plaudissements.) Et M. Spottiswoode cède le fauteuil au Dr Allman, qui prononce un très intéressant discours sur le protoplasma. Nous n’essayerons pas de donner ici une analyse de cet important travail; nous avons pensé que nos lecteurs préféreraient en prendre une con¬ naissance plus complète et, malgré l’étendue cîe cet intéressant document, nous le publierons in extenso (1). (i) Voir p. 396. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 379 Gomme on le comprend, il est, à un certain passage de ce dis¬ cours, question de ces masses indéfinies de protoplasma libre que les naturalistes du « Porcupine»ont recueillies dans l’Atlantique et dont Huxley, qui les a étudiées, a fait un être, un protozoaire, auquel il a donné le nom de Bathybius Haekelii. Mais le fameux Bathybius n’a jamais été retrouvé d’une manière bien certaine. Aussi, après que le Dr Allman, ayant terminé son discours, se fut rassis, au bruit des applaudissements, après que, sur la propo¬ sition de M. Mark Firth, des remerciements lui eussent été votés, le professeur Huxley s’est levé et a dit que c’était une occasion bien tentante de faire une remarque, bien tentante surtout pour un homme qui, comme lui, a passé sa vie précisément dans les mêmés études que le docteur Allman. — Celui-ci a fait allusion à une certaine chose à laquelle lui, Huxley, a donné le nom de Ba¬ thybius, , et il a été dit, avec justesse d’ailleurs, qu’il avait fait con¬ naître le Bathybius. — Jusqu’à un certain point il l’a baptisé et, à un certain sens, il a été son premier ami. Un grand nombre « d’admirables » personnes ont pris la petite chose en mains et en ont fait grand bruit. Lui, il avait espéré, en effet, que son jeune ami Bathybius tournerait bien et lui vaudrait quelque hon¬ neur, mais il a le regret de dire qu’avec le temps Bathybius n’a pas tenu les promesses de sa jeunesse. D’abord, il est introuva¬ ble quand on a besoin de lui, et ensuite, quand on l’a trouvé on dit de lui toutes sortes de choses. Néanmoins, le professeur a l’esprit tranquille à propos du jeune Bathybius, car, quoi qu’on puisse dire des hommes de science, on ne peut pas les accuser de cacher les erreurs les uns des autres. (Rires et applaudisse¬ ments.) Aussi, il est bien certain que si, réellement, le Bathybius est une bourde, il se trouvera quelqu’un qui aura bien soin de venir le dire. — Mais on ne l’a pas encore dit jusqu’à présent. Après cette boutade, l’assemblée s’est dissoute et les travaux des sections ont commencé dès le lendemain. * * Le même professeur Huxley avait présidé, le 25 juillet dernier, la quatorzième séance annuelle du « Quekett Microscopical Club , » et, après avoir entendu le rapport du comité sur la situation du « club » qui compte aujourd’hui 580 membres, les ressources dont se sont enrichies sa bibliothèque et sa caisse, il avait pro¬ noncé aussi son adresse d’adieu en installant comme président, pour l’année 1879, le Dr Spencer Gobbold. Dans cette remar¬ quable allocution il avait eu pour but d’indiquer à ses collègues la direction des études qu’ils peuvent entreprendre avec le plus 380 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’utilité pour eux-mêmes et pour la science, et leur avait fait appré¬ cier combien leur position est plus avantageuse, pour entrepren¬ dre ces travaux et les mener à bien, que celle des hommes qui ont fait de la science la seule occupation de leur vie et qui sont obligés d’en vivre. C’est encore bien plus vrai en France qu’en Angleterre. * * * L’excellente Revue des sciences naturelles publiée par M. E. Du- brueil, à Montpellier, contient dans son numéro trimestriel de sep¬ tembre u n bon essai sur la distribution géographique des poissons de mer par M. L. Tillier, lieutenant de vaisseau, et une très-intéres¬ sante étude sur la spermatogénèse chez la Paludine vivipare, par M. Mathias Duval. Nous reproduirons dans son entier ce dernier travail aussitôt que nous aurons pu faire reproduire la planche qui l’accompagne. Après ce remarquable mémoire, nous trouvons la suite du Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles du dépar¬ tement de ly Hérault , parM. E. Dubrueil, et des mémoires de Zoologie, de Botanique et de Chimie végétale, qui sortent entièrement de notre cadre. Dans le Bulletin scientifique du département du Nord , nous devons signàler une Note pour la révision des Muscinées du Nord , par M. R. Moniez, des Conseils aux auteurs pour l’exécution des dessins scientifiques (suite), traduits d’après J. Geissler et annotés par M. J. de Guerne; une Note sur les glandes à byssus chez l’Area tetrûgona par M. Th. Barrois, etc. * * * Parmi les publications étrangères signalons l’apparition d’un Journal Botanique publié par le professeur Kanitz, à Klausenburg, en Transylvanie. Malheureusement, ce journal est écrit en langue hongroise, ce qui nous empêchera de profiter de cette nouvelle source de documents scientifiques. Annonçons aussi le premier volume des Actes de la Société cryptogamique , de Milan, fondée par le professeur Ardissone. Cette publication fait suite à celle du regretté professeur de Notaris. Il faut remarquer que les membres de cette société, ne payant aucune cotisation, doivent contribuer par leurs écrits à la publication des Actes. Les dépenses de la publication et celle de l’entretien de l’herbier sont à 1a. charge du directeur. Nous trouvons dans ce volume la description faite par l’abbé comte Castracane d’une nou¬ velle forme de Melosira Borrerii ; la Liste des Diatomées récoltées à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 381 Os tic j par le D' M. Lanzi, la description du Pyrenomycetum hypo- creaceorum par le professeur Saccardo ; les Algues Italiennes ( Rodo - mélacées ), par le professeur Ardissone ; des notices bibliogra¬ phiques, etc. Six planches accompagnent ce volume. * * * Le Science Gossip , de septembre, contient un article du Rev. H. Walter Syen sur la structure et la distribution des Éponges ; — la description, signée T. R. L., d’une table à dissection sous le microscope, appareil dont nous ne comprenons pas parfaitement les avantages; une note de M. J. Fullager sur un nouveau Pwtateur et enfin une autre note de M. F. Kitton relative aux Diatomacées de « New Forest » (Hampshire). Ce sont quelques observations présentées par le distingué diatomiste de Norwich à propos d’un mémoire, dû à M.Marquand, sur la flore générale de cette localité. Nous donnons plus loin la traduction de cette note. * * * Les journaux américains nous fournissent peu de matériaux ; nous devons dire que Y American Journal of Microscopy n’est pas paru depuis le mois de juin. Nous supposons que M. John Phin, le sympathique directeur de ce journal, a fait comme nous et a sus¬ pendu sa publication pendant les mois d’été. D’autre part, le luxueux American Quarterly Microscopical Journal , fondé, l’an dernier, par M. Romyn Hitchcock, de New-York, a cessé de paraître avec son quatrième numéro. Nous regrettons qu’un meilleur succès n’ait pas accueilli cette belle publication, dont les frais nous ont toujours paru -excessifs, d’ailleurs, et hors de proportion avec les produits qu’un tel journal comportait. M. Romyn Hitchcock avait pris la chose de trop haut, croyant qu’il suffit de publier un journal, de faire tous ses efforts en vue de satisfaire le public, pour que les abonnés s’em¬ pressent d’accourir. C’est une erreur, — M. Romyn Hitchcock l’a appris à ses dépens ; puisse cette leçon le rendre, à l’avenir, plus indulgent pour les autres. On dit, d’ailleurs, que le journal repa¬ raîtra l’an prochain sous une autre forme, plus modeste et, par conséquent, plus durable, L 'American Naturalisl ne contient aucun travail micrographique, mais nous trouvons dans les derniers numéros de la « Psyché » un mémoire de M . Carl-F. Grissler, de Brooklyn, qui traite de l’anatomie complète d’un insecte de la famille des Gicindélides, YAmblychila cylindriformis . Ce travail, accompagné d’une planche 382 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. dessinée sur pierre par l’auteur, nous paraît un modèle du genre et nous le recommandons à tous les amateurs d’entomologie. Enfin, dans Y American Journal of Sciences and Arts de New- Haven (États-Unis d’Amérique) , fascicule d’août dernier , nous lisons un intéressant article de notre excellent correspondant, le Dr Ephraïm Cutter, de Boston, sur des expériences de micropho¬ tographie qu’il a faites avec l’objectif de Toiles, 1/75 de pouce, dont nous avons récemment entretenu nos lecteurs. Nous pensons que la microphotographie est entrée dans une phase de perfection relative qui va lui permettre de rendre incessamment de signalés services à toutes les branches de l’Histoire naturelle, C’est pour¬ quoi nous croyons utile de publier autant que possible tous les travaux sérieux relatifs à cette question. Aussi, nous donnons dans le présent numéro la traduction du travail du Dr Ephraïm Cutter avec les dessins nécessaires à l’intelligence du texte. Le Dr Ephraïm Cutter est un zélé partisan de la doctrine des germes des maladies, telle surtout quelle est représentée en Amérique par le Dl Saiisbury, de Cleveland, dont nous avons déjà parlé dans ce journal, et c’est pour rechercher, dans le sang, les parasites microscopiques qui, d’après cette doctrine, sont la cause d’un grand nombre de maladies, que M.E. Cutter emploie l’énorme grossissement que lui fournit un objectif de 1/75 de pouce ; c’est pour pouvoir montrer au public ces parasites pris sur le fait, et le convaincre de la vérité des idées du D* Saiisbury, qu’il a fait de nombreuses microphotographies du sang et des tissus morbides, dont un grand nombre fort remarquables, et dont nous avons, en leur temps, donné la description. C’est toujours en vue de soute¬ nir cette théorie, que M. E. Cutter nous adresse un travail publié dans Y American Journal of dental Science sur les signes physiques et microscopiques de la syphilis et un autre travail sur le traite¬ ment de la phthisie pulmonaire. Le Dr Saiisbury diagnostique la phthisie bien avant l’apparition des premiers symptômes de lésion organique, par l’examen microscopique du sang, et institue un traitement approprié, alors que le malade a conservé toutes ses ressources vitales. Enfin, le Dr Ephr. Cutter a fait construire un « microscope clinique », petit instrument fort commode pour le médecin, con¬ struit, d’ailleurs, chez M. Ch. Stodder, de Boston, l’agent de M. B. -B. Toiles. - — Ce microscope est accompagné d’une instruc¬ tion très simple et très bien faite sur le microscope, sa construc¬ tion, les pièces qui le composent, l’emploi de chacune d’elles, l’examen microscopique des divers liquides de l’économie, des différents organes, et particulièrement du sang dans un grand nombre de maladies. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 383 * * * Terminons cette Revue en annonçant aux lecteurs du Journal de Micrographie qu’à partir du présent numéro, nous reprenons la publication régulière du Journal , qui avait été suspendue pen^ dant quelques mois, ainsi que le font ordinairement un grand nombre de publications similaires en Allemagne et en Amérique, et ainsi que nous bavions annoncé dans notre Revue du mois de juin dernier. Nous avons reçu et réuni beaucoup de travaux inté¬ ressants et nous allons nous hâter de les publier de manière à regagner rapidement le temps perdu. Nous avons l’espoir que nos lecteurs ne nous sauront pas mauvais gré de les avoir fait atten¬ dre, en raison des matériaux que nous avons rassemblés pendant ce temps et qui, nous en sommes certains, sont, par leur impor¬ tance et par l’intérêt qu’ils comportent, de nature à nous faire excuser du silence que nous avons trop longtemps gardé. Dr J. Pelletan. TRAVAUX ORiQINAUX LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. (Suite) (1). VIII Chez tous les animaux, depuis le moment où l’œuf approche de sa maturité jusqu’à celui où commence le développement embryonnaire, cet œuf est le siège de phénomènes qu’on peut diviser en trois périodes : 1° ceux qui précèdent la fécondation et qui la préparent en quelque sorte, phénomènes précurseurs ; 2° ceux qui accompagnent la fécondation, phé¬ nomènes propres de l’imprégnation ; 3° les modifications qui se produisent dans l’œuf après la fécondation dont ils sont le résultat immédiat, phénomènes initiaux du développement embryonnaire de l’œuf. Nous allons étudier séparément ces trois ordres de phénomènes. Les phénomènes précurseurs sont au nombre de cinq : 1° disparution de la vésicule germinative, au moins en tant que noyau de la cellule ovu¬ laire ; 2° formation d’un noyau particulier, noyau de l’œuf mûr, pronucleus central ; 3° production des vésicules directrices ou globules polaires ; 4° retrait ou concentration du vitellus; 5° mouvements de contraction du vitellus et du germe. (1) Voir Journal de Micrographie. Tome III, 1879, p.54, 108, 1G2, 222, 263, 313, 347. 384 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Mais ces diverses manifestations de la vitalité de l’œuf mûr ne s’obser¬ vent pas constamment dans les œufs de tous les animaux. Il y en a qui sont constantes, qu’on peut appeler nécessaires ; ce sont : la disparution de la vésicule, la formation du pronucléus et le retrait du vitellus. Les phé¬ nomènes qui n’ont pas été constatés chez toutes les espèces animales sont : la production des vésicules directrices et les mouvements de contrac¬ tion du vitellus. Il faut remarquer que ces phénomènes, ces modifications de l’œuf au moment de sa maturité, ne sont pas absolument limitées à cette période, mais peuvent s’étendre à la deuxième et à la troisième période. Tel est le retrait du vitellus qui peut se continuer jusqu’au moment où le déve¬ loppement embryonnaire a commencé. Les autres, la disparution de la vésicule germinative, la formation de la cellule-œuf et la production des vésicules directrices (quand elles se produisent) sont caractéristiques de la première période des modifications de l’œuf mûr. Nous ne traiterons que d’une manière très-générale de ces phénomènes, parce qu’ils présentent beaucoup de variations et qu’on ne peut en parler d’une manière plus particulière, qu’en étudiant la fécondation chez les diverses classes animales. Toutefois, la disparution de la vésicule germinative soulève une grosse question, loujours débattue entre les embryogénistes: la vésicule disparaît- elle ou non ? Le fait est toujours en question dans toutes les descriptions, et cela, dès le temps de la découverte de cet élément dans l’œuf, par Purkinje, en 1825, dans l’œuf des Oiseaux, et par Coste, en 1833, dans l’œuf des Mammifères. Depuis cette époque, la discussion continue, mais si l’unanimité n’est pas faite «à ce sujet, on peut dire que, depuis cinq ans, la question a fait un grand pas et s’est rapprochée de la solution définitive. Jetons d’abord un coup d’œil sur l’historique du sujet et sur les diverses opinions qui ont été émises à propos de la vésicule et de ses transformations. Purkinje, déjà, lui attribue un grand rôle, comme le prouve le nom de vésicule germinative qu’il lui a donné et qui s’est conservé jusqu’à nous. Ne la trouvant plus dans l’œuf séparé de l’ovaire et extrait de l’oviducte, il a conclu que là vésicule était rompue par les contractions del’oviducte et que son contenu se mêlait avec la cicatricule, formant un mélange particulier ou colliquamentum. On ne sait pas trop ce qu’il comprenait par là; — c’était sans doute la cicatricule déjà altérée et ayant commencé à se développer. De Baer, vers cette époque, adopta cette opinion et la généralisa, l’étendit aux Amphibiens, aux Reptiles, aux Poissons et aux Oiseaux. Il avait vu que la vésicule se rapproche de la périphérie à mesure que l’œuf mûrit, arrive à la surface de l’œuf et disparaît par un procédé qu’il décrit incom¬ plètement; mais il n’attribua pas le fait à une rupture due à la pression de l’oviducte. Il admit que le contenu de la vésicule se mêle au vitellus pour former le blastoderme. Il est très-difficile aujourd’hui de comprendre ce que ces auteurs entendaient par ce mélange. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 385 R. Wagner, qui a découvert la tache germinative, attribua, à son tour, le principal rôle à cette tache. Il admettait aussi que la vésicule se dissout et que la tache est mise en liberté, — ou les taches, s’il y en a plusieurs. — Et la tache germinative devient la partie centrale du blastoderme. Cette explication est très-vague et nous ne comprenons guère ces descriptions qui pour nous n’ont plus de sens. Barry est tout aussi confus : il pense que les taches germinatives, qu’il considère comme des cellules, se multi¬ plient, forment des générations de cellules filles et deviennent le centre de l’embryon. Mais il a parfaitement observé, le premier, la segmentation de l’œuf et vu les sphères de segmentation qui conduisent aux cellules em¬ bryonnaires. On ne comprend donc pas comment il associait ces deux idées. N’insistons pas sur ces hypothèses qui sont difficilement intelligibles maintenant. En i 842, Cari Yogt publia presque successivement deux mémoires sur l’embryogénie des Salmones et de VAlytes obstetricans . Toujours imbu des idées de ses prédécesseurs, il croyait que la vésicule se brisait et que son contenu se répandait pour former le germe. Mais le phénomène n’était pas le même chez les Poissons osseux et chez les Batraciens. Chez les Pois¬ sons, C. Vogt croyait que la vésicule s’agrandit indéfiniment et que ses taches se multiplient pour former, à la surface de l’œuf, une sorte de calotte renfermant encore ces taches très-nombreuses. Cette calotte, s’étendant sur la surface de l’œuf, préparait le blastoderme. Chez l’Alyte, la vésicule se rompait, toutes les taches se répandaient à la surface de l’œuf, et autour de chacune d’elles se concentrait un peu de vitellus; ainsi se formait une couche commençant le blastoderme. Ce sont là des vues surannées qui n’ont plus qu’un intérêt historique. Suivant Lereboullet, longtemps avant la maturié de l’œuf, dans l’ovaire, la vésicule se détruirait et se répandrait partout sous forme de flocons jau¬ nâtres qui, au moment de la maturité, se réuniraient vers un des pôles de l’œuf pour constituer le germe. Il est extraordinaire que des observateurs aussi éminents aient pu se faire des idées aussi fausses sur les premiers phénomènes du développement de l’œuf. Mais, quant à Lereboullet, à partir de ce moment, il donne une excellente description des phénomènes subséquents du développement, bien qu’il se trompe sur les phases antérieures à la fécondation. D’autres auteurs, OEllacher, Gôtte, admettent que la vésicule disparaît sans laisser de vestiges et ne joue plus aucun rôle. OEllacher est arrivé, sur la Truite, à des résultats très singuliers. La vésicule se rapproche de la périphérie, parvient à la surface du vitellus et s’y ouvre comme une bourse et les taches germinatives y deviennent libres. On les aperçoit pendant un certain temps, puis elles disparaissent, et, en ce point, apparaît bientôt le germe. Nous reviendrons, plus tard, sur ce sujet, en traitant delà fécondation chez les Poissons. Gôtte admet les mêmes faits chez les Batraciens. Chez les Oiseaux et les Mammifères, Remak, Kôlliker, Coste, Bischoff 386 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. admettent que la vésicule disparaît par résorption ou par expulsion et ne prend aucune part à la formation du germe et de l’embryon. Chez les Invertébrés de toutes les classes, d’innombrables observations ont montré que la vésicule disparaît au moment de la maturité. M. Balbiani n’a jamais trouvé de vésicule dans aucun œuf mur, dans l’ovaire, chez les Araignées et les autres Arachnides, les Myriapodes, les Insectes, chez d’autres Articulés et divers Invertébrés. Il admet donc que la vésicule dis¬ paraît, et indépendamment de la fécondation. Tous ces faits étaient si bien observés que personne ne les mettait plus en doute jusqu’au jour où J. Millier lit des observations sur V Entoconcha mirabilis , mollusque parasite de la Synapta cligitata. Il croyait cet animal engendré dans l’intérieur de la Synapta, — un Escargot engendré dans l’intérieur d’une Holothurie ! — Cela renversait, on le comprend, tout ce qu’il savait en histoire naturelle et bouleversait toutes ses idées. Depuis lors, on a vu que c’est un fait de parasitisme. Ces êtres, jeunes, ont le type d’un Mollusque; adultes, ils se déforment et prennent l’aspect d’un boyau vermiforme rempli d’œufs. — Beaucoup d’animaux parasites se métamorphosent ainsi et prennent l’aspect uniforme d’un Ver sous l’in¬ fluence de la vie parasitique. L 'Entoconcha qui, adulte, n’est qu’un boyau rempli d’œufs, possède, jeune, une petite coquille spirale: c’est un Mollusque. De même, les Sacculines qui sont des sacs pleins d’œufs, ont eu, jeunes, des pattes et des yeux; elles ont été des larves naupliennes; ce sont des Crustacés, — de même, les Pentastomes, qui semblent des Helminthes voisins des Douves, sont des Arachnides, etc. Bref, J. Muller avait été complètement trompé par ces faits, mais il avait étudié les œufs de l’ Entoconcha et avait trouvé que la vésicule ne disparaissait pas, qu’elle persistait et se divisait en deux parties qui repré¬ sentaient les noyaux des deux premières sphères de segmentation. La grande autorité de J. Millier, la confiance très-méritée qu’on avait dans ses travaux, ébranlèrent la croyance, à peu près générale, en la disparution de la vésicule dans l’œuf mûr. Cette réaction ne fit que se fortifier quand Leydig annonça que, chez certains Rotateurs, il avait vu le même fait que J. Millier sur V Entoconcha. A partir de ce moment, les observations de ce genre se multiplièrent et beaucoup d’auteurs annoncèrent des faits sem¬ blables : Metschnikoif, sur les Cécidomyes et les Pucerons, annonça que la vésicule persistait et formait le premier noyau. Pagenstecher, sur les Trichines, Gegenbaursur les Méduses et d’autres animaux, Hermann Fol sur certains Polypes, admirent le même phénomène. Ces vues tendirent à se généraliser, si bien qu’un auteur vint annoncer qu’il fallait considérer ce fait comme une loi générale. Ed. Van Beneden, dans son mémoire couronné par l’Académie des sciences de Belgique, en 1870, sur le développement de l’œuf, puis dans deux autres mémoires suc¬ cessifs sur la maturation de l'œuf et sur l’histoire de la vésicule germina¬ tive, dans lesquels il est revenu sur ce que ses vues avaient de trop exclu- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 387 sif, dit que chez la Lapine et chez l’Etoile de mer, la vésicule disparaît avant la fécondation, et il admet que cette disparution s’accompagne de phénomènes très-compliqués. Nous avons vu que les opinions relatives à la disparution de la vésicule peuvent se répartir en trois catégories : disparution de la vésicule avec con¬ servation de ses éléments qui contribuent à formation du germe; — disparu¬ tion de la vésicule par résorption ou par expulsion sans conservation aucune de ses parties intégrantes; — conservation intégrale de la vésicule et trans¬ formation en un premier noyau embryonnaire. — Il semble, après cela, que toutes les hypothèses sont épuisées. Non ! — On peut encore établir une quatrième catégorie d’idées : la vésicule disparaît, mais en partie seu¬ lement, une partie restant pour devenir le premier noyau de l’œuf fécondé. — Toutes les vues possibles sont ainsi réalisées. La partie restante a été considérée comme la tache germinative. — En 1841, parut une thèse très célèbre et souvent citée, intitulée : Dissertatio inauguralis de evolutione Strongyli et Ascaridis , etc., par Bagge. Il s’agit de parasites de la Gre¬ nouille; Bagge a vu que dans l’œuf de ces Nématodes, au moment de la maturité, la vésicule germinative disparaît; mais, immédiatement avant la segmentation, il apparaît, au centre de l’œuf, une tache claire qu’il appelle une cellule; toutefois Bagge n’établit pas de relation entre la vésicule et cet élément. Ce qu’il n’avait pas fait, Bergmann a cru pouvoir le faire et il a cru que ce noyau de l’œuf fécondé, qui se divise par la segmentation, est la tache germinative qui a persisté après la destruction de la vésicule. {Archives de Muller, 1842). — C’est la première fois que le noyau de l’œuf fécondé a été signalé, — par Bagge, en 1841. — L’opinion de Bergmann sur l’origine de ce noyau n’a été émise par lui que comme unesimple hypothèse qui ne résulte pas d’une observation directe, mais elle prit de la consis¬ tance à la suite d'une observation publiée par Derbès, en 1847, dans les Archives des Sciences Naturelles, sur l’Oursin comestible. Cet auteur vit que la tache centrale apparaît après que la vésicule a disparu. — Un an aupa¬ ravant, en 1846, de Baer avait aussi étudié l’Oursin et constaté le même phénomène. — En 1849, Leydig lit la même observation sur l’œuf d’une Hirudinée, la Piscicola yeometrica. En 1842, BischofF, dans son histoire de l’œuf du Lapin, avait aussi supposé que la tache de l’œuf fécondé était la tache germinative, et avait admis qu’il en était de mêmecheztous les Mam¬ mifères. — 11 est vrai que dans des travaux ultérieurs, sur le développe¬ ment du Cochon d’Inde, il a fait table rase de cette opinion, et, aujourd’hui tique avec la tache germinative, et qu’il se forme librement et spontané¬ ment après la fécondation. L’opinion presque générale était cependant, malgré J. Millier, Leydig, Bergmann, Bischoff, que la vésicule disparaît. Les vues de ces observateurs n’avaient pas laissé une trace bien profonde, car on avait vu tant de faits qui prouvaient la disparution de la vésicule germinative qu’on ne pouvait guère 388 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. admettre le contraire. On continua donc, en général, à penser que le noyau de l’œuf fécondé n’a aucun rapport avec l’ancienne vésicule disparue et se constitue par formation libre et spontanée. Coste, le premier, soutint cette opinion, en 184-5, à l’Académie des Sciences, et BischofF s’est rallié à elle. Enfin, Ch. Robin a publié dans les Archives de Physiologie un travail sur la production du noyau vitellin chez les Nephelis , presque destiné à mon¬ trer que ce noyau prend naissance d’une manière indépendante. Telle est aussi l’opinion de Reichert, de Rathke, de Kôlliker, qui pensent que ce noyau n’a aucun rapport avec la vésicule germinative. C’est au milieu de toutes ces incertitudes de la science sur la vésicule germinative que parut, en 1875, dans le Morphologische Jahrbuch , de Gegenbaur, (T. I.) un travail d’Oscar Hertwig qui a produit une grande sensation. Cet observateur y a montré, pour la première fois, les relations de la vésicule et les phénomènes propres de la lécondation. Ce travail a été fait sur les œufs de l’Oursin, déjà tant étudiés au point de la vésicule parce qu’ils sont assez transparents pour laisser facilement voir toutes les trans¬ formations qu’ils subissent de moment en moment. Ces transformations peuvent se diviser en ces trois périodes que nous avons déjà indiquées : 1° modifications qui précèdent la maturation complète de l’œuf; 2° phé¬ nomènes propres et mécanisme de la fécondation ; 3° phénomènes qui suc¬ cèdent à la fécondation, c’est-à-dire segmentation. Nous n’avons à nous occuper maintenant que des phénomènes des deux premières périodes. 11 est très-facile, chez l’Oursin, de pratiquer des fécondations artificielles. Çe sont des animaux dioïques dont les sexes ne se distinguent pas exté¬ rieurement; mais, chez la femelle, les ovaires sont d’un rouge jaunâtre, et, chez le mâle, les testicules sont grisâtres. En comprimant les mâles on peut faire sortir la semence et la recevoir dans des verres de montre.. En opérant de même sur les femelles, on obtient des œufs qu’on féconde artifi¬ ciellement. Cette espèce est donc très-favorable à l’étude. Mais nous avons d’abord à examiner quels sont les phénomènes qui se produisent au mo¬ ment de la maturation. L’œuf de l’Oursin est un corps sphérique ; un peu avant la maturation, on peut voir qu'il renferme dans son intérieur les éléments ordinaires, une vésicule volumineuse, un vitel lus contenant de petits globules transpa¬ rents, et recouvert d’une membrane vitelline ayant l’aspect d’une enveloppe gélatineuse et striée. La vésicule présente une paroi membraneuse et, dans son intérieur, on voit un réseau formé par une matière qui paraît solide, réseau qui, du reste, est beaucoup plus complet chez d’autres animaux. Enfin, un gros nucléole, ou tache germinative, compact, réfringent, mesu¬ rant 13 e- de diamètre, se voit près de la périphérie, mais ne touche pas la paroi. Il y a des mouvements amiboïdes dans la vésicule ; 0. Hertwig les a reconnus, mais M. Balbiani les avait déjà signalés, le premier, en 1864. Plus tard, la vésicule se rapproche de la surface placée immédiatement JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 389 sous la membrane viteiline. Le réseau a disparu, alors, mais on voit des taches arrondies, irrégulières, qu’on pourrait prendre pour des nucléoles multiples. O.Hertwig leur a, en effet, donné d’abord cette signification, quoi¬ qu’elles ne se colorent pas par le carmin, coloration qui est caractéristique du nucléole. Ces taches ne sont que le résultat d’une régression qui com¬ mence à s’opérer dans la vésicule. Le nucléole se retrouve au fond de la vésicule elle-même, touchant le vitellus. Quelquefois même, il a quitté la vésicule et a pénétré dans le vitellus. Ainsi, pour 0. Hertwig, ce corps rond et pâle qu’il voit dans le vitellus est bien le nucléole sorti de la vésicule ; c’est bien le mêmecorps, il a les mêmesdimensions, se colore par le carmin et présente bien tous les caractères physiques et chimiques de la tache ger¬ minative. Tant qu’on voit le nucléole dans la vésicule, on n’en voit pas au de¬ hors, et réciproquement, quand on l’aperçoit dans le vitellus, on n’en voit plus dans la vésicule. Ces deux corps s’excluent mutuellement. C’est donc le nucléole lui-même, d’abord dans la vésicule, puis au dehors. A une époque encore plus avancée, — mais toujours dans l’œuf ovarien, — la vésicule est encore moins apparente ; elle s’est aplatie à la surface du vitellus et le nucléole est alors libre dans le vitellus. Quand l’œuf est déta¬ ché de l’ovaire et tombé dans l’oviducte, la vésicule a disparu, mais il y a un petit point qui reste dans le vitellus, — c’est la tache germinative qui seule a persisté. 0. Hertwig en conclut qu’au moment de la maturité, la vésicule est expulsée, sans doute par des contractions du protoplasma vitellin. Elle devient le siège d’une régression graisseuse et disparaît, mais la tache germinative a survécu, elle se conserve dans le vitellus, et cette tache est le noyau de l’œuf mûr. C’est dans cet état que l’œuf est pondu par l'Oursin. Tel est le résumé des observations d’üscar Hertwig sur la maturation de l’œuf de l’Oursin et son opinion sur le sort de la vésicule germinative, en même temps que sur l’origine et la formation du noyau de l’œuf mûr. Il nous reste à voir comment, sur cet œuf, ainsi constitué, il a observé les phénomènes propres de la fécondation. (A suivre.) MICROPHOTOGRAPHIE avec l’objectif 1/75 de pouce, de R. B. Toiles. Dans son admirable rapport au Chirurgien général de l’Armée des Etats- Unis, surl,a microphotographie avec le soleil, en 1871, le Dr J. -J. Wood- ward a exprimé l’espoir que d’autres continueraient l’idée qu’il a inaugu¬ rée en démontrant ses travaux originaux. L’auteur de cet article apprécie et reconnaît complètement l'aide qu’il a trouvée dans les travaux de ce sa¬ vant, et s’il s’est aventuré à modifier sa méthode, c’est qu’il y a été amené par la force des circonstances et qu’il a eu à surmonter des obstacles parti¬ culiers. Je pense que les modifications que j’ai introduites ont aplani la voie et 390 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ont surmonté des difficultés que le Dr J. -J. Woodward n’avait pas rencon¬ trées. Je ferai remarquer que je n’ai pas de raison pour préférer exclusi¬ vement la microphotographie au dessin et vice-versâ ; il n’y a pas d’anta¬ gonisme entre ces deux méthodes ; la micrologie a besoin de l’une et de l’autre. — Voici l’histoire de cette expérience de microphotographie avec un objectif de 1 /75e de pouce. En 1867, le Dr James H. Salisbury, de Cle- veland (Ohio), avait déjà, prêt à mettre sous presse, un ouvrage sur les causes de la phthisie pulmonaire, établi sur l’observation de 350 cas. — En 1868, je fus mis en relation avec lui, et, pour ne pas entrer dans de trop longs détails, il me suffira de dire que la cause de la maladie est un mi- crophyte existant dans le sang. On l’y trouve un an avant l’apparition des lésions organiques. Le Dr Salisbury a tué 104 porcs de phthisie artificielle en leur communiquant le microphyte, qui a été retrouvé à l’autopsie dans tous les cas. A ma connaissance, le traitement basé sur ce principe a plus de succès que n’importe quel autre qu’on ait employé auparavant. Mais en voulant répandre ces notions autour de moi, j’ai trouvé la plus grande incrédulité, et d’autant plus que j’avais affaire à un microphyte des plus petits parmi les objets microscopiques. Pour soutenir la doctrine de mon maître, je pris l’avis du Dr Woodward et je m’adressai à la micro¬ photographie. — J’ai été cordialement et généreusement aidé dans mes travaux parle Dl G. -B. Harriman, D.-D.-S., de Tremont-Temple, et je lui reconnais bien volontiers sa part dans l'honneur d’avoir réussi, pour la pre¬ mière fois, à faire de la photographie avec un objectif de Toiles, de l/75c de pouce de foyer ; — non pas, du reste, que la morphologie du sang de phthisique ne puisse être photographiée avec des objectifs de plus faible pouvoir, mais je désirais démontrer aux intéressés les vues de celui qui, dans mon opinion, s’est approché de la vérité, sur la nature réelle du tubercule, plus que personne avant lui, et j’ai voulu employer pour cela les meilleurs instruments de précision que l’art moderne, ait produits. Conditions à rechercher — 1° Il était nécessaire que le malade, le soleil et les opérateurs fussent réunis ensemble, parce que le sang doit être pris dans le courant vivant et transporté sur la plaque sensible dans le plus court espace de temps possible. — 2° L’opération doit être faite dans dif¬ férentes localités, afin d’obtenir un choix très-nombreux de matériaux, et pour pouvoir éliminer les éléments perturbateurs. — De ces considéra¬ tions il résulte que le procédé de Woodward, avec une chambre noire assez grande pour contenir les opérateurs et les assistants, ne pouvait être adopté, cette chambre noire ne pouvant être déplacée. La figure 11 représente le meilleur de mes appareils. Elle est à l’échelle de 1 pouce 5/16 par pied (1). La base est une pièce en bois de noyer, haute de 1 pouce 1/2 sur 55 de long et 11 de large. Elle est travaillée et polie avec tout le fini que comporte l’art du fabricant de pianos, de manière à ne se point déformer par la sécheresse ou l’humidité. A son milieu régnent (I) Le pouce anglais vaut 2o-t millimètres. JOURNAL DE MICROGRAPHIE R94 2 392 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. deux règles de cuivre, larges d’un pouce, épaisses de 1/8 et écartées de 3/8 de pouce. — Sous les bords contigus est une rainure, ou sillon pro¬ fond de 1/2 pouce et large de 11/16. On ne le voit pas sur le dessin ; son but est d’obtenir que tous les appareils se meuvent sur une ligne médiane définie. A l’une des extrémités, on voit le miroir pour le soleil, haut de 10 pou¬ ces sur 8 1/2 de long, mobile sur deux bras montés eux-mêmes sur une base tournant a pivot, ce qui donne au miroir un mouvement universel Devant le miroir, s’élève un écran monté sur une base qui glisse dans la rainure par une pièce en forme de i (T renversé). Le miroir porte aussi la même pièce. — L’écran est haut de 15 pouces ; il est constitué par deux montants creusés du côté interne d’une rainure, réunis à leur extrémité supérieure et écartés de 8 pouces 1/4. Un des montants porte un système de vis, et dans les rainures, entre les deux montants, marche une plaque à 5 lames. Celle-ci porte un trou de 4 pouces de diamètre, garni d’un collier dans lequel glisse un objectif photographique de Voigtlànder, de 18 pouces de foyer et de 3 pouces environ de diamètre. — Cet objectif est ajusté à l’aide des vis placées sur le côlé de l’un des montants de l’écran. Plus loin est le microscope de Toiles, modèle A. Le miroir en est enlevé ou tourné de côté, la platine placée verticalement et l instrument est muni de 1 objectif i 75 de pouce. L oculaire est enlevé, et l’extrémité ouverte du tube est engagée dans le tube de la chambre noire dont les lentilles ont aussi été enlevées. La chambre noire est élevée sur une boîte afin qu’elle soit à la hauteur voulue et que son axe coïncide avec celui du microscope. La chambre est mobile sur la boîte et la boîte mobile sur la base de l’ap¬ pareil, à l’aide du système suivant : une rainure large de 1/4 de pouce et profonde de 1/8, est creusée dans la base, exactement sur la ligne médiane, parallèlement à la longueur. Cette rainure est comblée par une pièce d’ébène de 1/4 à 1/2 pouce d’épaisseur et 4 pouces ou davantage de lon¬ gueur. Une pièce de cuivre est fixée sur celle d’ébène et forme la barre transversale du T lenveisé dont j’ai parlé plus haut. Quand il est en place le T glisse dans les sillons sous les règles de cuivre. Cette disposition est bonne, mais le microscope n’est pas mobile sur des rails. C’est la même disposition qui fixe le miroir sur la table de basa. Sur le côté de la chambre noire est une tigenor^ontale cylindrique et longue de 26 pouces sur 3/4 de diamètre. — Deux écrous verticaux sont fixés sur la table de base, exactement aux deux extrémités de la tige. Une vis s engage dans 1 écrou de 1 extrémité de droite, et une autre vis avec une tête moletée, dans 1 écrou de 1 autre extrémité de la tige. Celle-ci se trouve ainsi assujétie entre ces deux vis et peut tourner sur son axe quand on tourne le bouton moleté. La tige est recouverte, sur 17 pouces de sa lon¬ gueur, de sable semblable à celui qu’on emploie pour le papier de verre. Dans le dessin, cette partie est recouverte d’un manchon en toile émaillée pour que les contacts ne détachent pas le sable. Pour l’emploi, on tire le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 393 manchon en arrière et une tresse ou un ruban passe autour de la tige et autour de la tête moletée de la vis qui commande le mouvement lent dans le microscope. Avec une épingle, on règle la tension du ruban en tirant ses extrémités l’une sur l’autre.'La mise au point, si délicate, est ainsi faite par la main de l’opérateur, qui agit sur la tête moletée de la tige horizontale pendant que ses yeux sont sur la plaque de glace de la chambre noire. — Le ruban n’est pas figuré dans le dessin. Remarques. — Il faut noter que les dispositions particulières de cet appareil, qui diffère de celui du col. Woodward sont, outre la transporta¬ bilité, 1° la dimension du condensateur, 2° l’absence de la cuvette à sul¬ fate de cuivre ammoniacal ou à alun. 4° Ce condensateur est probablement le plus grand qui ait jamais été em¬ ployé en microphotographie. Le but de ce choix est d’éviter réchauffement d’une manière simple. Il est aisé de voir que si un condensateur de 2 pouces est regardé comme suffisant, la même quantité de lumière peut être obtenue avec un condensateur de 3 pouces, en éloignant le foyer calorifique, et ainsi on évite l’inconvénient de concentrer les rayons du soleil sur l’objet et sur l’objectif. — Ce détail pratique est d’une grande importance et explique : 2° l’absence de toute disposition pour empêcher le passage des rayons calorifiques, destructeurs. Le docteur Woodward éprouve des diffi¬ cultés avec ces cuves, et l’on a pu en juger en le voyant dernièrement occupé à combiner une forme nouvelle de cellules pour cette même destination ; il semble donc que cet organe soit une source d’embarras, même entre les mains du père de la microphotographie moderne. Nous avons pris un grand nombre de négatifs, dont quelques-uns ont été honorablement jugés à l’extérieur. Voir Journal de Micrographie , Paris, octobre 1877. Aucun appareil n’avait été employé pour arrêter les rayons calorifiques. Ainsi, nous sommes justifiés de nous être épargné les inconvénients de dispositions qui, pour nous, ne sont pas nécessaires. — Dans notre opinion, cette cuve a été un obstacle à l’adoption plus générale de la photographie pour la reproduction des objets microscopiques. Nous pensons que c’est toujours un bon principe que d’employer le moins de choses possible, et des plus simples, pour arriver à un résultat déterminé. D’après ce qui précède, on voit comment l’objectif 1/73 de pouce a été appliqué à la photographie. — L’objet, par exemple, des globules blancs du sang, était fixé sur un slide par la dessiccation subite d’une mince goutte de sang. On cherchait les globules avec un objectif faible et on les centrait au milieu du champ. Puis, on les centrait de nouveau avec un objectif de 1/30 de pouce, et enfin avec le 1/75. Le microscope était alors placé comme il est figuré dans la gravure, et l’oculaire enlevé. L’axe du condensa¬ teur, du tube du microscope, de la chambre et le centre du miroir étaient tous disposés sur une même ligne. Au moyen de la rainure de cuivre ré¬ gnant sur la table de base, les distances entre les différentes pièces pou¬ vaient être modifiées sans dévier de la même ligne droite. — Le rayon 394 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. solaire, les réactifs et tous les accessoires étaient d’avance préparés et mis en ordre par des aides praticiens. La lumière solaire était amenée par le miroir, à travers le condensateur, sur l’objet qui était placé juste au delà du foyer calorifique. — Nous avons trouvé que les jours les plus clairs et les plus brillants, avant 3 heures de l’après-midi, étaient les plus favorables. Un observateur placé derrière la chambre, la tête couverte, ainsi que celle-ci, d’une étoffe noire, notait la projection de l’image sur la plaque dépolie. Un autre faisait, avec le doigt, la mise au point par le mouvement lent, ou bien on l’établissait avec la tige et le ruban. Lorsque l’image était satisfaisante, une feuille de carton, interposée entre le condenseur et l’ob¬ jet, interceptait la lumière. La plaque sensibilisée remplaçait la glace dé¬ polie et était exposée au rayon lumineux. L’impression régulière se faisait en relevant le carton et en l’abaissant après une demi seconde ou plus. — Le temps varie et on doit le rechercher par des essais. D’une manière usuelle, on l’apprécie par l’action sur une lame sensibilisée exposée dans la chambre noire. Les manipulations subséquentes étaient celles du procédé ordinaire aucollodion. — Toutefois, il était nécessaire de surveiller le ti¬ rage et de renseigner le tireur sur le temps nécessaire à l’exposition. Pour photographier le microphyte avec l’objectif de Toiles de 1/75 de pouce, l’objet était humide et recouvert avec une lame de mica. Les détails suivants ne paraîtront sans doute pas déplacés. L’objectif a été construit par Robert Toiles, de Boston, et livré le 1er juil¬ let 1873. Il avait été commandé par le D1' Harriman, dans le but de faire des recherches pour démontrer la présence des fibres nerveuses dans la dentine {American Journal of Dental science, mai 1870; Dental Cosmos, janvier 1870). — Son ouverture angulaire est de 170°; son ouverture réelle sur la face frontale est 1/64 de pouce. — Le système de la correction a environ 1/4 de cercle de marche. — Il peut servir à sec ou à immersion, et exige l’emploi d’un condensateur puissant. Ordinairement, il se monte avec un oculaire B comme condensateur sous la platine, et on éclaire avec le mince bord de la flamme d’une lampe à huile minérale, flamme reçue directement (sans réflexion) dans le condensateur. Il a été employé sur un stand de premier ordre dont la platine est absolument à angle droit avec le tube. — Avec la lumière directe le champ est clair, blanc et plat. L’ob¬ jectif est très-sensible aux vibrations et aux mouvements, ce qui nous a beaucoup dérangés. — Nous avons trouvé, par expérience, qu’un cellier, dans un endroit écarté des grandes voies, est le meilleur local pour tra¬ vailler. — Quand un objet est au foyer avec cet objectif, il suffit de toucher le bras qui réunit le tube à la charnière (voir la gravure) pour faire sortir l’objet du foyer. Nous ne discuterons pas ici les qualités comparatives de cet objectif; quelques personnes ont dit, hâtivement, qu’il était sans valeur, — et ne l’ont point essayé. D’autres ne l’ont regardé qu’avec une sorte de vénéra¬ tion. _ Dans notre opinion, la question n’est pas jugée, quoique nous JOURNAL LE MICROGRAPHIE 39 S pensions qu’il a été fait quelque chose dans cette voie. — Autant qu’il s’a¬ git de nos travaux, nous savons que nous n’avons pu obtenir nos résultats avec aucun autre objectif, le 1/12 de pouce, par exemple, avec autant de succès et de facilité que nous y sommes arrivés, grâce à ce 4/75, de Toiles. Toutefois, nous sommes certains que les résultats pratiques et cliniques qui coi roborent notre étude sur le sang dans la phthisie, peuventêtre atteints avec un objectif de 1/5 de pouce de foyer — et il se¬ rait fâcheux qu’il en fût au¬ trement.— En même temps, nous sommes certains de n’avoir fait de tort à personne en employant cet objectif de 1/75 de pouce. — De plus, si, à l’aide de nos dispositions simples, nous sommes parvenus à fixer les images obtenues avec l’instrument de plus haut pouvoir qui ait jamais été mis en œuvre, les per¬ sonnes qui possèdent des objectifs faibles doivent être encouragées à les employer à la microphotographie, avec la lumière solaire, sans condensateur ou avec le miroir ordinaire ou avec l’oculaire B. La figure 12 représente la coupe de l’appareil inventé dans ce but par l’au¬ teur decetarticle. On peut le construire avec unedépense insignifiante: a estle tube du microscope; b est un tube en papier, long de 30 pouces sur 2. — Une rondelle de bois bien tournée adapte le tube du microscope au tube de papier. — Pour ménager l’espace, ce tube a été coupé dans le dessin ci-dessus. — Une planchette de 8 pouces sur 12 et 3/4 d’épaisseur est représentée en coupe et fixée par un trou sur le tube de papier b ; c est la coupe de la glace dépolie et de son châssis, et d un ressort pour maintenir celui-ci. Le dessinateur a omis de figurer la coupe du taquet inférieur. Cet appareil est disposé pour un quart de plaque et une photographie de 2 pouces. — Un aide doit mettre au point et ajuster la lumière. Avec ces dispositions simples, il semble que les espérances exprimées au commencement de cet article devraient commencer à se réaliser. Dr Ephraim Cutter. P.-S. — La première microphotographie obtenue avec l’objectif 1/75 de pouce de Toiles, peut se voir à la bibliothèque de Yale College (1). (1) Le Journal de Micrographie possède plusieurs des épreuves obtenues avec cet objectif, par MM. Ep. Cutter et H Merriman. 396 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LE PROTOPLASME Adresse présidentielle prononcée à V ouverture du congrès de « V Association Britannique » à Sheffield , le 20 août 1879. Il n’est pas facile de trouver un sujet approprié à une circonstance comme celle-ci. Car il y a risque, dans une adresse présidentielle, d’un côté, de traiter un sujet trop spécial pour un auditoire nécessairement nom¬ breux et divers, et, d’autre part, si l’on reste trop dans les généralités, de nepoint attirer lessympathies ni captiver l’attention des auditeurs. On pourrait supposerque le choix démon sujet m’aétésuggéré par les grandes industries manufacturières de la ville où nous sommes réunis, mais je suis convaincu que celui qui n’a jamais travaillé que dans le champ des sciences biolo¬ giques ne pourrait rendre convenablement justice à ces travailleurs d’un tout autre ordre. Je ne vais donc pas vous parler de quelqu’une de ces grandes industries qui font la société civilisée ce qu’elle est, de l’une de ces applications pratiques de quelque vérité scientifique qui, dans ce der¬ nier demi-siècle, se sont développées avec une si merveilleuse rapidité et qui pénètrent déjà dans notre vie de chaque jour, comme, sur le métier du tisserand, la chaîne pénètre dans la laine. Je laisse à traiter ici de tels sujets à d’autres orateurs qui le feront avec une compétence à laquelle je ne saurais prétendre, et je crois faire sage¬ ment en restant dans un champ qui touche directement à celui de mes propres études. Je sais que je ne puis attendre de beaucoup des personnes qui m’écoutent les connaissances préalables qui me dispenseraient de trai¬ ter mon sujet d’une manière élémentaire et seule capable de le rendre intelligible pour elles. Aussi, mes collègues de l’Association Britannique, qui ont l’avantage de n’être pas novices dans cette partie de la biologie, vou¬ dront bien me pardonner si je parle surtout pour ceux devant qui le champ d’études que nous allons aborder s’ouvre pour la première fois. J’ai choisi comme sujet pour mon adresse de ce soir, une question dont l’étude a, dans ces quelques dernières années, suscité un surcroît extraor¬ dinaire d’activité qui a amené la découverte de beaucoup défaits remarqua¬ bles et justifié bien des généralisations importantes. En un mot, je veux vous faire, sous une forme aussi peu technique que possible, un tableau de l’ex¬ pression la plus générale de la matière vivante, vous indiquer les résultats des recherches les plus récentes sur sa nature et sur les phénomènes dont elle est le siège. Plus de quarante années sont maintenant passées depuis que le natura¬ liste français Dujardin appela l’attention sur ce fait que le corps de cer¬ tains membres les plus inférieurs du règne animal consiste en une subs¬ tance sans structure, demi-fluide, contractile, à laquelle il donna le nom de sarcode. Une substance semblable, qui existe dans les cellules des plan- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 397 tes, fut ensuite étudiée par Hugo de Mohl qui lui donna le nom de proto¬ plasme A\ éi^W. réservé à Max Schultze de démontrer que le sarcode des animaux et le protoplasme des plantes sont identiques. Les conclusions de Max Schultze ont été, sous tous les rapports, confirmées par les recherches ultérieures, et il a été ainsi démontré comme certain que le même proto¬ plasme gît au fond de tous les phénomènes vitaux, dans le règne animal comme dans le règne végétal. Ainsi a été établie celle des vérités généra¬ les qui a la plus grande importance et la plus haute signification dans le domaine tout entier de la science biologique. Depuis quelques années, le protoplasme a encore été l’objet d’une étude spéciale ; des faits inattendus et souvent surprenants ont été mis en lu¬ mière, et une volumineuse littérature s’est accumulée autour de ce nou¬ veau sujet de recherches. Je crois donc que je ne saurais mieux faire que d’appeler votre attention sur quelques-uns des résultats les plus impor¬ tants qu’ont fournis ces investigations et de tâcher de vous donner quelques notions sur les propriétés du protoplasme et le rôle qu’il joue dans les deux giands règnes de la nature organique. Comme cela a été dit justement, le protoplasme est à la base de tout phénomène vital, et, comme l’a si bien exprimé Huxley, il est « la base physique de la vie ». Partout où est la vie, de la plus dégradée à la plus élevée de ses manifestations, il y a le protoplasme; et aussi, partout où est le protoplasme, il y a la vie. Appartenant ainsi à l’ensemble de toute la nature organique, — chaque acte vital dépendant de quelque propriété du protoplasme, — celui-ci devient pour le biologiste ce que Y éther est pour le physicien; seulement, au lieu d’être une conception hypothétique, accep¬ tée comme une réalité uniquement parce qu elle se prête à l’explication des phénomènes, lui, le protoplasme, est une réalité tangible et visible, que le chimiste peut analyser dans son laboratoire, que le biologiste peut étudier sous le microscope et sous l’aiguille à disséquer. La composition chimique du protoplasme est très complexe et n’a pas été exactement déterminée. On peut admettre toutefois qu’il représente essentiellement une combinaison de substances albuminoïdes et qu’ainsi ses principaux éléments sont l’oxygène, le carbone, l’hydrogène et l’azote. A l’état type, il se présente sous forme d’une matière demi-fluide, d’un liquide tenace et glaireux, dont la consistance rappelle celle du blanc d’un œuf cru (1). Quand on l’examine sous le microscope, on voit des mouve¬ ments se produire en lui; des ondulations passent sur sa surface, ou bien il paraît se répandre en prolongements, soit larges et ne s’étendant qu’à une (I) En représentant le protoplasme comme un liquide , on doit se rappeler que ce mot a trait seulement à sa consistance physique, — état qui dépend tout à fait de la quantité d'eau avec laquelle il est combiné, et est sujet à des variations considérables, depuis la forme solide où nous le trouvons dans l’embryon dormant des graines, jusqu’à la légère couche aqueuse qu’il forme dans les feuilles de la Vallisnerie. Les propriétés qui le distinguent sont complètement différentes de celles d’un corps véritablement liquide dans le sens physique de ce mot et sont soumises à un ensemble de lois tout à fait différent. (Note de l'auteur.) 398 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. petite distance de la masse principale, soit s’avançant loin de leur source, étroits comme des fils liquides, qui peuvent rester simples ou se diviser en branches, chacune suivant sa direction indépendamment des autres; ou bien, ces courants peuvent se confondre les uns avec les autres, comme des rigoles qui se réunissent en ruisseaux, et des ruisseaux en rivières, et cela non seulement dans la direction où la gravitation les porte, mais aussi dans une direction diamétralement opposée. D’autres fois, on le voit s’étendre dans tous les sens en une mince couche liquide, puis se rétracter dans les limites étroites où il était d’abord renfermé, et tout cela sans qu’on puisse cons¬ tater une impulsion qui ait envoyé ces ondes sur sa surface ou excité ces prolongements partis de ses bords. Cependant, il est certain que tous ces phénomènes sont la réponse à quelque stimulus exercé par le monde exté¬ rieur; ils sont tels que jamais on ne les a remarqués sur aucun corps à l’état simplement physique\de fluide. — Ce sont des mouvements spontanés résul¬ tant de sa propre irritabilité et de l’essence même de sa constitution comme matière vivante. Examinez-le de plus près, soumettez-le aux plus fortes lentilles de votre microscope, vous trouverez probablement, disséminés dans son inté¬ rieur, des multitudes sans nombre de granules excessivement fins ; mais vous pourrez aussi le trouver absolument homogène, et qu’il contienne des granules ou non, il est certain que vous n’y verrez rien à quoi l’on puisse appliquer le nom d'organisation. — Vous aurez sous les yeux un fluide tenace, glaireux, qui, s’il n’est pas absolument homogène, est néan¬ moins tout à fait dépourvu de structure. Mais quiconque examinera cette matière spontanément mouvante, ne pourra nier qu’elle est vivante. Li¬ quide comme elle est, c’est un liquide vivant, — sans organes et sans structure comme elle est, elle manifeste les phénomènes essentiels de la vie. Ce tableau, que j’ai essayé de vous faire en quelques traits généraux, est celui du protoplasme sous sa forme le plus généralisée. — Mais de telles généralisations sont, par elles-mêmes, incapables de satisfaire aux condi¬ tions demandées pour une étude réellement scientifique, aussi je me pro¬ pose maintenant, avant d’aller plus loin et de passer à des considérations sur la place et sur le rôle du protoplasme dans la nature, de vous présen¬ ter quelques exemples définis du protoplasme, tels qu’on les trouve dans le monde organique. Une certaine quantité d’une matière particulière, visqueuse, a été re¬ cueillie dans le Nord de l’Atlantique, par les naturalistes, pendant le voyage d’exploration du vaisseau le « Porcupine, » à des profondeurs de 5,000 à 25,000 pieds. — On l’a décrite comme montrant, quand on en observe une goutte, des mouvements spontanés, et comme étant indubitablement douée de vie. — Des échantillons conservés dans l’alcool en ont été exa¬ minés par le professeur Huxley, qui a déclaré que c’est du protoplasme, qui s’étendrait ainsi à l’état vivant sur de vastes surfaces du fond de la mer. — A cette vase merveilleuse, Huxley a donné le nom de Bathybius JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 399 Haekelii. Le Bathybius a, depuis, été soumis à un examen complet par le professeur Hæckel, qui a cru pouvoir confirmer en tous points les con¬ clusions de Huxley et est arrivé à cette conviction que le fond des océans ouverts, à des profondeurs au delà de 5,000 pieds, est couvert d’une énorme masse de protoplasme vivant, qui reste là dans Tétât le plus sim¬ ple et le plus primitif et sans avoir encore acquis une forme définie. Il suppose que cette matière peut bien avoir pris naissance par génération spontanée, mais il laisse à décider cette question aux investigateurs de l’avenir. La réalité du Bathybius , cependant, n’a pas été universellement acceptée. Lors des explorations plus récentes du « Challenger » les obser¬ vateurs ont été trompés dans leur attente et n’ont pu rendre évidente l’exis¬ tence de ces masses de protoplasme amorphe répandues sur le lit de l’Océan. Ils n’ont trouvé trace du Bathybius dans aucune des régions qu’ils ont explorées; ils se croient fondés à conclure que la matière recueillie dans les draguages du « Porcupine » et conservée dans l’alcool pour un cool. Il est cependant difficile de croire que les investigations approfondies de Huxley et de Hæckel puissent être ainsi dédaignées. De plus, ces der¬ nières ont reçu une sérieuse confirmation par l’observation plus récente encore du voyageur arctic, Bessels, qui fut un des explorateurs du malheu¬ reux « Polaris, » et qui établit qu’il a dragué dans les mers du Groenland des masses de protoplasme vivant et non différencié. Bessels leur assigne le nom de Protobathybius , mais elles ne sont vrai¬ semblablement pas distinctes du Bathybius du Porcupine. De nouveaux arguments contre la réalité du Bathybius , devenus nécessaires devant une doctrine fondée sur des observations conduites avec tant de soin, seront maintenant relégués dans la région des hypothèses réfutées. En admettant donc que le Bathybius , quoique la large distribution qu’on lui avait supposée ait pu être limitée par de récentes recherches, ait une existence réelle, il se présente à nous sous la forme de la matière vivante la plus rudimentaire qu’il soit possible de concevoir. Aucune loi morpho¬ logique n’est encore intervenue dans cette vase sans forme; la plus simple individualisation même est absente. Nous sommes en présence d’une matière vivante, mais nous pouvons à peine l’appeler un être vivant. Nous n’avons pas, d’ailleurs, que le Bathybius pour nous montrer le pro¬ toplasme dans un état d’extrême simplicité. Hæckel a trouvé dans les eaux douces aux environs de léna, de petites masses de protoplasme qui, pla¬ cées sous le microscope, ne conservent pas une forme constante; leur con¬ tour se modifie continuellement par l’expansion, en diverses parties de leur surface, de larges lobes et d’épais prolongements en forme de doigt, les¬ quels, après être restés visibles pendant un certain temps, sont rétractés pour reparaître bientôt sur quelque autre point de la surface. Ces expan¬ sions de substance aux aspects continuellement changeants, sans position fixe et sans forme définie, sont éminemment caractéristiques du proto- 400 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. plasme dans quelques-uns de ses états les plus simples. On les a désignées sous le nom de pseudopodes , et je vous en parlerai souvent dans ce que j’ai encore à vous dire aujourd’hui. — Aux petites masses de protoplasme ainsi constituées, Hæckel a donné le nom de Protamœba primitiva. — On peut les comparer à de petits fragments du Bathybius, qui en seraient séparés. 11 les a vus se multiplier par division spontanée en deux parties qui, en devenant indépendantes, s’accroissent en taille etacquièrent tous les carac¬ tères du parent. — Plusieurs autres êtres aussi simples que le Protamœba ont été décrits par divers observateurs, particulièrement par Hæckel qui les a réunis dans un groupe auquel il donne le nom deMoxÈREs, suggéré par l’extrême simplicité des êtres dont il s’agit. Mais nous devons passer maintenant à un état de développement un peu plus élevé des êtres protoplasmiques. Largement distribués dans les eaux douces et salées de la Grande-Bretagne, et probablement de toutes les parties du monde, sont de petites particules de protoplasme, ressem¬ blant tout à fait au Protamœba dont nous venons de parler. — Comme lui, elles n’ont pas de forme définie et changent continuellement d’aspect, s’allongeant et se retirant en lobes épais et en pseudopodes semblables «à des doigts, dans lesquels leur corps semble couler dans le champ du microscope. Elles ne sont pas plus grandes, cependant, que les particules homogènes de protoplasme qui forme le corps du Protamœba. Vers le centre, une petite masse globuleuse de protoplasma plus solide s’est dif¬ férenciée de la substance environnante et constitue ce que l’on connaît comme un noyau , tandis que le protoplasme qui forme l’extrémité du bord externe diffère légèrement du reste . il est plus transparent, dépourvu de granules et, en apparence, quelque peu plus condensé quecelui de l’in¬ térieur. Nous pouvons noter aussi qu’une tache, un espace clair sphé¬ rique, est apparu dans la masse, mais pendant qu’on l’observe il s’est subitement contracté et a disparu; au bout de quelques secondes il commence à se dilater de nouveau et redevient visible, pour disparaître encore une fois et se reformer, et ainsi de suite par un mouvement régulier et rhythmique. Cette petite cavité, rhythmiquement pulsative, est ce qu’on appelle la vacuole contractile. On la rencontre souvent chez ces êtres qui gisent au bas de l’échelle de la vie. Nous avons maintenant affaire à un être qui a attiré l’attention des naturalistes presque dès le début des observations microscopiques. C’est le fameux Amœba , à la recherche duquel les micrographes ont, pendant ces deux cents dernières années, fouillé les marais, les fossés, les gouttières des toits, et qui, pendant long¬ temps, a été une curiosité en raison de l’indéfini de sa forme et des chan¬ gements protéens de la particule de matière vivante qui le compose. Ce n’est, cependant, que de nos jours que la science a révélé son importance biologique, et montré que dans cette petite particule molle et nucléée, nous avons un corps dont la signification, au point de vue de la morpho¬ logie et de la physiologie des êtres vivants, ne peut être trop appréciée, car JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 404 dans YAmœba nous trouvons les caractères essentiels d’une cellule, l’unité morphologique de l’organisation, l’élément physiologique de la spécialisa¬ tion des fonctions. Le terme « cellule » a été si longtemps en usage qu’il ne peut être aujourd’hui effacé de notre terminologie; et cependant, il tend à donner une notion fausse en suggérant, comme il le fait, l’idée d’un corps creux ou d’une vésicule, ce qui est, en effet, la forme sous laquelle cet élément a été d’abord étudié. Toutefois, la cellule est essentiellement une masse définie de pro¬ toplasme ayant un noyau dans son intérieur. Elle peut revêtir ou non la forme d’une vésicule; elle peut être protégée ou non par une membrane enveloppante; elle peut contenir ou non une vacuole contractile, et le noyau peut renfermer ou non dans son intérieur un ou plusieurs noyaux secon¬ daire, des nucléoles... Examinons YAmœba d’un peu plus près. Comme tous les êtres vivants, il doit se nourrir. Il ne grossit pas, comme le fait un cristal, en accumulant deJa matière à sa surface, molécule à molécule. Il faut qu’il mange II doit introduire dans sa substance le nutriment nécessaire. 11 doit assimiler ce nutriment et le transformer en la matière dont il est lui-même composé. Si nous cherchons, pourtant, la bouche par laquelle l’aliment pénètre dans son corps, ou l’estomac dans lequel cet aliment peut être digéré, c’est en vain que nous cherchons. Mais examinons-le pendant un moment, alors qu’il est placé dans une goutte d’eau sous le microscope. Quelqu’autre être vivant habite la même goutte, dans son voisinage, et sa présence exerce sur le protoplasme un stimulus spécial qui donne naissance aux mouve¬ ments nécessaires pour la préhension des aliments. Une onde de protoplasme part aussitôt du corps de YAmœba vers la proie qui lui est destinée, l’enve¬ loppe dans son courant et reflue avec elle dans le protoplasme central; celle-ci s’enfouce de plus en plus dans la masse molle qui la tient et s’y dissout, s’y digère, est assimilée de manière à augmenter la taille et à fortifier l’énergie de l’être qui l’a capturée. Mais, encore, comme tous les êtres vivants, YAmœba doit se multiplier; aussi, après qu’il a atteint une certaine taille, son noyau se divise en deux moitiés et le protoplasme environnant se sépare de même en deux parties, dont chacune retient une moitié du noyau originaire. Les deux masses nucléées vont maintenant mener une vie indépendante, assimiler des ali¬ ments, et atteindre la taille et les caractères du parent. (A suivre.) Dr Allman, Président de l’Association Britannique. 402 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. SUR LE SYSTÈME DE STEPHENSON, d’immersion homogène pour les objectifs de microscope (1). L’inventeur de la méthode de l’immersion, Amici, dont le nom rappelle tant d’importants perfectionnements dans le microscope, a tenté d’employer d’autres fluides que l’eau, comme milieu d’immersion. Entre autres, il a essayé l’huHe d’anis, dont le pouvoir réfringent est considérable, mû probablement par cette idée que l’avantage obtenu en remplaçant la couche d’air par un milieu plus réfringent, augmenterait en même temps que croîtraient les indices de réfraction des milieux employés. Plus récemment, d’autres se sont servis de glycérine, et l’opticien américain bien connu, Spencer, a, dit-on, produit par ce procédé, des objectifs d’excellente qualité. L’analyse théorique du principe de l’immersion montre que, sous plusieurs rapports, on peut obtenir des résultats bien plus favorables avec une substance plus fortement réfringente que l’eau ; mais elle prouve, en même temps, que l’avantage à attendre n’est pas du tout proportionnel à l’accroissement de l’indice de réfraction. Au contraire, il y a un maximum au-delà duquel le résultat devient moins favorable, üuand le eouvre-objet et la lentille frontale sont en crown-glass, ce qui est généralement le cas, ce maximum est atteint quand le liquide de l’im¬ mersion a le même indice de réfraction que le crown-glass. Une connexion, ' optiquement homogène, est établie entre la préparation et l’objectif, ce qui élimine toute réfraction sur le front de la première surface sphérique du système optique. Non-seulement on évite une perte de lumière par réflexion, perte qui se produit à chaque surface de séparation des différents milieux optiques, quand les rayons incidents sont obliques, mais, ce qui est plus important, une grande partie de l’aberration de sphéricité est, en même temps, supprimée, partie qu’il eût fallu corriger à la région supérieure de l’objectif, mais qui aurait laissé un résidu. En dehors d’autres avantages, cette méthode d’« immersion homogène » promet, en tous cas, une plus parfaite élimination de l’aberration de sphéricité, et, par con¬ séquent, de meilleures conditions pour ce qu’on appelle la « définition » de l’ob¬ jectif, que la méthode d’immersion dans l’eau. Elle présente aussi cet autre avantage, qui n’est pas peu considérable, de se débarrasser de l’influence perturbatrice du couvre-objet et de supprimer entière¬ ment la correction pour l’épaisseur qui, dans tout autre cas, est absolument indis¬ pensable. Car, dès que le milieu interposé est identique pour la réfraction et la dispersion, au couvre-objet, il est indifférent, quant à l’effet optique, qu’une épaisse couche de verre et une couche correspondante mince de liquide, ou vice versa , soit interposée entre l’objet et l’objectif. L’idée de réaliser les divers avantages de ce genre d’immersion, en construi¬ sant des objectifs de ce système, s’est souvent présentée à mon esprit, mais j’ai pensé qu’il n’y avait pas beaucoup à attendre sous le point de vue de l’utilité scien¬ tifique de ces objectifs; je croyais, en effet, que leur usage serait limité parla nécessité d’employer de l’huile ou autre liquide incommode pour l’immersion. 11 me paraissait que, excepté peut-être l’observation des Diatomées, il ne restait guère d’autre emploi scientifique que quelques recherches pétrographiques, pour fournir à ces objectifs l’occasion de réaliser leurs avantages optiques. (1) Jenaisch. Gelelsschaft f. Medicin und Nalurwissenschaft. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 403 Cependant, la question a pris un autre aspect par suite d’une suggestion faite par M. John Ware Stephenson (trésorier de la Société Royale Microscopique de Londres) qui a découvert, de son côté, le principe de l’immersion homogène (1) et qui, outre d’autres avantages, attirait l’attention spécialement sur celui que présente encore ce système de supprimer, la correction pour l’épaisseur du couvre- objet, de rendre possible l’agrandissement de l’angle d’ouverture, et, par consé¬ quent, d’augmenter le pouvoir résolvant de l’objectif. Cette idée de M. Stephenson soulevait une question d’un intérêt scientifique universel, et fut suivie; les calculs furent faits par moi, et l’exécution technique par M. Zeiss. Il en résulta la production d’une série d’objectifs de ce système, qui, sous bien des rapports, sont supérieurs aux objectifs ordinaires à immersion dans l’eau. Maintenant qu’un grand nombre de micrographes les ont employés, on reconnaît que, bien que la nature particulière du fluide d’immersion doive nécessairement en restreindre beaucoup l’emploi, il n’y a pas d’obstacles à leur usage dans des branches nom¬ breuses et très-diverses des études micrographiques; la biologie, en particulier, présente bien des problèmes à la solution desquels les nouveaux objectifs peu¬ vent beaucoup aider. Depuisla construction des premiers objectifs de ce système, il y a environ un an, le foyer nominal étant de 4/8 de pouce (plus exactement, 2ram6 de foyer équiva¬ lent), tous construits pour le long tube des microscopes anglais, quelques-uns ont été faits avec 4/12 de pouce (4mm8) de foyer, ce qui donne un grossissement suffisant, même avec les tubes plus courts des instruments continentaux; et, tout récemment, une troisième série de 1/48 de pouce (4mm2) de foyer nominal, objectifs avec lesquels, spécialement dans les recherches histologiques, on peut obtenir une grande amplification avec des oculaires faibles. L’ouverture angulaire de tous ces objectifs est d’environ 1 14° dans le liquide d’immersion pour lequel ils sont préparés et dont l’indice de réfraction est de 1,50, en chiffres ronds. C’est à peu près l’amplitude angulaire qui peut être atteinte sans grande diffi¬ culté dans la couche d’eau des objectifs à immersion ordinaires, ou dans la couche d’air des objectifs à sec. Mais comme l’équivalent « numérique» de l’angle d’ouverture (la quantité qui détermine le nombre de rayons admis par l’objectif) est proportionnel non seulement au sinus de la moitié de l’angle d’ouverture, mais aussi à l’indice de réfraction des différents milieux employés; et comme toutes les fonctions de l’angle d’ouverture, et particulièrement le pouvoir résolvant du microscope, sont régies par cêt équivalent numérique,— il s’en suit que, selon la théorie, la valeur du nouvel objectif, comparée à celle des objectifs à immersion ordinaires, est augmentée dans la proportion de 1.50 à 4.33, et comparée avec celle des meilleurs objectifs à sec, dans celle de 4.50 à 1. Le produit du sinus de la moitié de l’angle d’ouverture par l’indice de la réfraction du milieu, c’est-à-dire «l’ouverture numérique» comme je l’appelle, atteint 4.25 à 1 .27 dans ces objectifs. Le rapport de ccs chiffres à l'unité exprime de combien le nombre de rayons admis par le nouvel objectif est plus grand que celui des rayons qui, dans l'air , remplirait un hémisphère complet, où serait admis par un objectif à scc, imaginaire, qui aurait 180° d’ouverture. Cette ouverture remarquablement grande, est accompagnée d’une augmentation notable du pouvoir résolvant. Ce fait est tout de suite démontré par la facilité (1) J.-W. Stephenson « On a large-angled immersion objective wilhout adjustement collai* # Trans. R. Miç.Soc. I. » 878. 51. 404 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. avec laquelle les très-fines stries et autres dessins semblables deviennent visibles sur les test-objets les plus difficiles, par la netteté avec laquelle les marques ca¬ ractéristiques sont mises en évidence sur les formes les plus compliquées, comme le Fruslulia saxonica, le Surirella gemma , et enfin, par les détails nombreux et in¬ solites qui apparaissent, quand on emploie certaines méthodes d’éclairage, sur les lests les plus délicats de ce genre, par exemple, le Pleurosigma angulatum. Les préparations histologiques fournissent aussi des exemples de très petits éléments très rapprochés, de granulations ou autres corpuscules semblables, dans lesquels on oblient une résolution plus nette et mieux définie dans des cas critiques. En même temps, on obtient avec tous ces objets, particulièment dans ceux que j’ai cités en dernier, une définition remarquablement plus parfaite, que l’im¬ mersion homogène rend possible, pourvu que la précision de l’exécution techni¬ que soit en rapport avec la réduction effectuée dans le résidu de l’aberration comme cela est indiqué dans la théorie. — Aussi, quand on se sert d’un oculaire relativement fort, l’image conserve une grande netteté, de sorte que dans le tra¬ vail ordinaire, on peut employer utilement des grossissements plus considérables que cela n’est usuellement possible avec d’autres objectifs de même longueur focale. De plus, on peut souvent faire des observations plus exactes sur des objets très délicats, comme des cils, que les bons objectifs de système ordinaire ne pourraient le permettre. Enfin, une preuve de l’excellence de la définition, preuve qui, bien qu’indirecte, est d’un poids toul particulier et mérite d’être mentionnée, est dans les résultats favorables que le Dr Koch, de Wollstein, a obtenus dans ses études sur les bacté¬ ries (1), en utilisant le cône de rayons remplissant l’ouverture entière de l’objectif, méthode d’éclairage tout à fait inusitée, appliquée à de tels objets et à une telle ouver¬ ture angulaire. Avec cet éclairage, qu’on ne peut obtenir qu’à l’aide d’un conden¬ seur à large ouverture, la préparation est simultanément pénétrée dans toutes les directions par les rayons incidents. Comme résultat, le dessin de certaines parties produit par leur contraste mutuel, en raison de leur différence d’indice de réfraction {tissus, etc.), est presque complètement supprimé, et les éléments qui agissent comme absorbants, par leur coloration, restent seuls visibles. D’un autre côté, les avantages essentiels de l’éclairage oblique sont conservés, quoiqu’il soit cen¬ tral, nominalement, par suite de la coopération des rayons incidents dans un angle très grand avec l’axe optique du microscope. — Des éléments très petits et très rapprochés, comme il s’en trouve dans les préparations de bactéries, doi¬ vent certainement, pour ces deux raisons, être plus complètement résolus que par le procédé ordinaire. Toutefois, pour que cette ingénieuse méthode d’obser¬ vation montre des résultats correspondants, les propriétés définissantes de l’ob¬ jectif doivent supporter un test plus sévère, et d’autant plus sévère que l’ampli¬ tude de l’ouverture angulaire sera plus grande. Quant à la nature du liquide de l’immersion, au point de vue optique, son choix est indifférent, autant qu’il sera homogène, transparent et identique, ou presque identique, au crown-glass poür la réfraction et la dispersion. L’expérience a mon¬ tré, cependant, que la condition de l’immersion homogène laisse un choix bien plus restreint qu’on l’aurait cru d’abord. A l’origine, j’ai étudié plus de cent (I) « Aeiiologie der W andin fe étions Kraiikheiten. b (Etiologie des maladies virulentes), Leipzig, 1870. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 405 liquides d’espèces très-variées — huiles essentielles ou grasses, préparations chimiques artificielles, — que j’ai examinés moi-méme ou que j’ai fait examiner au réfractomètre pour déterminer leur indice de réfraction et de dispersion. Dernièrement, les recherches ont été poussées plus loin par le Dr Tôpel, qui, d’après mes avis, a déterminé les constantes optiques de près de deux cents com¬ binaisons chimiques, provenant de la collection du laboratoire de l’Université d’Iéna, et que le professeur Geuther a bien voulu mettre à ma disposition. — Parmi ces corps, cependant, pas un ne fut trouvé qui pût être employé, à cause de ses autres propriétés; — pas un qui, soit seul, soit mélangé, à d’autres fluides, atteignît l’indice de réfraction du crown glass, (1.515 à 1.520 pour la lumière du sodium), sans, en même temps, dépasser plus ou moins le crown, pour la dispersion. Un petit nombre seulement, parmi les substances examinées, satisfai¬ sait aux conditions nécessaires avec une approximation suffisante pour qu’on pût regarder la différence comme sans importance. Le liquide le plus convenable qui, jusqu’à présent, ait été découvert, est l’huile de bois de cèdre (préparée par Schimmel et Ce, à Leipsig et à New-York), huile essentielle presque sans couleur ni odeur, non volatile, mais malheureusement assez fluide. — Son indice de réfraction, à une température moyenne, est d’envi¬ ron 1.54, tandis que sa dispersion surpasse légèrement celle du crown-glass. —Les objectifs ont, en conséquence, été construits pour être employés avec cette huile. Pour une application étendue du principe de l’immersion homogène, on trouve un grand avantage dans ce fait qu’en mélangeant une des huiles essentielles les plus fortement réfringentes, comme celle de girofles, de fenouil, d’anis, ou autre, avec une certaine quantité d’huile d’olive, on peut facilement obtenir des liquides dont le pouvoir réfringent est égal à celui de l’huile de bois de cèdre, mais dont le pouvoir dispersif peut être augmenté plus ou moins, suivant qu’on le désire. Cela fournit un moyen de régler la correction chromatique bien plus délicatement que ce n’est possible par aucun moyen mécanique, puisque l’on peut remplacer l’huile de cèdre par des mélanges de pouvoir dispersif varié, suivant la nature de l’objet à examiner et le mode d’éclairage requis. — Par ce simple moyen, par exemple, la différence chromatique de l’aberration sphérique, défaut que (dans l’état présent de l’optique pratique) il est impossible de détruire dans les objectifs à grande ouverture, devient presque entièrement inappréciable. Cet inévitable défaut vient de ce que les zones centrale et périphérique de l’objectif ne sont jamais parfaitement achromatiques simultanément. Un objectif qui, avec la lumière oblique, donne une image aussi dénuée de coloration qu’il est possible, se trouve, quand on l’emploie avec la lumière centrale, chromati- quement sous-corrigé à un degré marqué, dans le cas d’un objet sensible, et réci¬ proquement. Le fait est d’autant plus frappant que l’ouverture angulaire est plus grande. — Si, maintenant, à une couche (à surfaces parallèles), placée sur le trajet des rayons, nous en substituons une autre, identique pour la réfraction, mais d’un pouvoir dispersif différent, nous obtenons un moyen simple de changer l’aberration chromatique de l’objectif sans altérer la correction de sphéricité; et si, comme cela est fait dans la construction de toutes ces lentilles, la compensa¬ tion chromatique est établie de telle sorte que le fluide ayant le pouvoir dispersif le plus faible (l’huile de cèdre), produise le meilleur achromatisme pour la lumière oblique, l’emploi d’un mélange à pouvoir dispersif plus élevé, comme ceux que j’ai mentionnés, corrigera le défaut chromatique pour l’éclairage central, lequel défaut se manifesterait si l’on n’agissait pas ainsi. 406 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. L’application do cette méthode n’est entravée que par une seule circonstance, c’est que l’effet d’une augmentation déterminée dans la dispersion dépend natu¬ rellement de l’épaisseur de la couche du liquide. Avec des couvre-objets de diffé¬ rentes épaisseurs, comme aussi avec des objectifs de différentes distances focales et, par conséquent, de différentes distances frontales (working dis.tances), un seul et même mélange donnera des résultats plus ou moins dissemblables. Puisqu’une distribution exacte du fluide d’immersion est ainsi essentiellement nécessaire pour que les qualités des nouveaux objectifs puissent être complète¬ ment utilisées, il est important d’avoir un moyen simple de régler les pouvoirs réfringent et dispersif des fluides dans leur relation avec les facteurs correspon¬ dants dans le crown-glass, sans avoir à employer un appareil spécial de mesure. Dans ce but, M. Zeiss fournit, avec chaque objectif, un petit flacon à faces paral¬ lèles, au bouchon de verre duquel est cimenté un prisme équilatéral de crown. Ce « flacon-test » peut être employé pour préparer les mélanges de liquides; en regardant, par exemple, la barre verticale d’une fenêtre à travers le liquide et le prisme, la différence entre le liquide et le prisme, soit comme réfraction, soit comme dispersion, peut être appréciée tout de suite. La déflexion de l’image ver¬ ticale à travers le prisme et la largeur de la bordure colorée fournissent à l’ins¬ tant ces éléments avec une exactitude tout à fait suffisante. (. A suivre.) Dr E. Abbe, Professeur à l’Université d’Iéna. NOTIONS PRÉLIMINAIRES (sur les diatomées) (1). (Fin.) . Leur récolte. — C’est au bord des étangs ou des ruisseaux, là où l'eau est peu profonde et bien éclairée que se trouvent ces algues microscopiques. On reconnaît facilement leur présence aux grandes taches glaireuses, jaunes, fauves ou brunes qu’elles forment au fond de l’eau. — Souvent aussi elles constituent cette écume organique, molle, brunâtre ou dorée qui flotte à la surface des eaux stagnantes. — On les trouve aussi en grande abondance adhérentes sur les surfaces immergées, des plantes aquatiques. Elles constituent ce mucilage fauve ou d’un brun clair, ou verdâtre, qui recouvre les pierres submergées, les piliers des digues, les jetées des lacs, les bois flottés, etc. — Elles abondent sur les rochers humides des Alpes et du Jura ; et là où il y a des sources permanentes et des cascades; ou bien là où fondent en permanence les glaciers et les neiges des hauts nevés au con¬ tact du rocher chauffé par le soleil. Pour l'étude, il suffît de recueillir ces croûtes, ces écumes mucilagineuses et de mettre en fioles avec la désignation du lieu d’origine. Les rochers humides, les cailloux des ruisseaux ou les plantes aquatiques, sont brossés légèrement avec un petit pinceau que l’on secoue dans une fiole à demi remplie d’eau ou bien on passe délicatement le pinceau sur le limon des étangs, sur le feutre organique délayant chaque fois dans la fiole ce que le pinceau ramène. A domicile on laisse reposer le liquide qu'on décante pour n’observer que le dépôt. (Voyez plus loin la manière d’en faire les préparations pour le microscope.) A Genève, il n’est pas rare de voir apparaître dans les vases abandonnés dans (1) Extrait de Diatomées des Alpeset du Jura, etc., par M. J. Brun.— Voir Journal de Mi¬ crographie 1879, t. III, p. 359. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 407 les appartements, la Witzschia fusidum et la Navicula pelliculosa. L’eau des bou¬ quets se charge souvent de la Tabellaria flocculosa et de différents Gompnone- ma , etc. Dans lé fonds du réservoir à eau de nos maisons se trouvent presque tou¬ jours les Cyclotdla Külzingiana et operculata avec différentes Cymbella , pêle-mêle avec beaucoup d’autres espèces de notre lac. Dans la plaine , c’est pendant les mois de mars, avril et mai (en un mot à la fin de l’hiver et au printemps) que les courses pour les recueillir vivantes sont le plus fructueuses. Au gros de l’été et en automne leur développement cesse par¬ tiellement. Dans les régions élevées et froides des Alpes, on en trouve encore abondamment au milieu de l’été, surtout dans les lacs alpins, ou dans les autres tourbières du Jura. — C’est lorsque les torrents des hautes Alpeseu hiver s’écoulent limpides des glaciers, qu’ils sont le plus riches en Diatomées, même dans l’eau recouverte de glace. — En été, lorsque la fonte des neiges devient rapide et que leur eau est troublée par le limon qu’elle charrie, cette richesse végétale dimi¬ nue considérablement. — Ceci résulte d’observations que j’ai pu faire lors de nos ascensions d’hiver avec le Club alpin. Quelquefois, lorsque je voulais recueillir une espèce là où je l’avais déjà trou¬ vée, elle avait disparu, et une autre espèce lui avait succédé. Mais la plupart du temps les espèces peuvent se développer simultanément et en grande abondance sans se nuire mutuellement. — C’est, en général, au printemps et lorsque toutes les conditions vitales se réalisent le mieux qu’on trouve les espèces bien sépa¬ rées. — Plus tard, en été, on trouve souvent, au même endroit et à la fois , jus¬ qu’à vingt, trente et même quarante espèces différentes. Détermination des espèces recueillies. — Premier examen. — Pour déter¬ miner une Diatomée, il faut d’abord l’observer telle qu’on l’a recueillie et à l’état normal dans une gouttelette étendue sous le couvre-objet au microscope. Un gros¬ sissement de -j- Ü00 ou -f- 300 linéaire est suffisant. — Toute la partie molle et mucilagineuse, les enveloppes membraneuses ou bien les filaments, les coussi¬ nets, les points d 'attache de V endochrome, etc., sont visibles et fournissent d’im¬ portants caractères. Il est bon, pour cet examen des Diatomées vivantes, de les changer de position en appuyant légèrement et par saccades (avec une petite pointe de bois ou de plume) sur le cover qui recouvre la gouttelette qui les con¬ tient. On arrive ainsi très bien à en apprécier la forme exacte et le relief des dif¬ férentes faces. Deuxième examen. — On en chauffe ensuite quelque peu au rouge sombre sur une lamelle de fer, de porcelaine ou de platine. La matière organique(endochroine et choleoderme), qui gêne beaucoup l’observation des valves, se charbonne et se brûle. Il ne reste que l’enveloppe siliceuse que l’on nomme Frustule. Ce n’est qu’après cette opération qu’apparaissent alors nettement les belles stries et les dessins variés qui donnent, eux aussi, d’utiles caractères spécifiques. 11 faut pour cela un grossissement d’environ -{- 400 ou 600 (rarement 1,000). Manière de faire les préparations microscopiques. — Celui qui voudra se faire un herbier de Diatomées ou, autrement dit, une collection de préparations toutes prêtes pour l’examen microscopique et conservant indéfiniment leurs caractères distinctifs, devra procéder comme suit : A. Procédé rapide. — De tous les procédés employés, voici le plus rapide : Il faut tout d’abord séparer avec le plus grand momies Diatomées d’avec la vase ou les débris organiques qui les encombrent. Ceci se fait avec une forte loupe et un très-petit pinceau. On les dessèche (après addition de quelques gouttes d’acide nitrique dans une 3 403 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. petite capsule de porcelaine ou mieux de platine, puis on les chauffe jusqu’à une température inférieure au rouge sombre , et on maintient cette chaleur cinq à dix minutes pour que toute la matière organique s’incinère compléteraient. Comme cette incinération marche quelquefois difficilement, on l’accélère beau¬ coup en laissant refroidir; ajoutant quelques gouttes d’acide nitrique, puis séchant lentement et chauffant de nouveau, ceci deux ou trois fois dans un local bien aéré, pour que les vapeurs acides et corrosives ne gênent pas l’opérateur et n’atteignent pas le microscope. Le résidu est ordinairement jaune-blanc; quel¬ quefois couleur rouge-ocre, à cause du peroxyde de fer provenant de l’endo- chrome et des enveloppes gélatineuses. — On l’arrose d’acide chlorhydrique, on chauffe (mais pas jusqu’à l’ébullition), et on jette le tout dans un vase de verre à bec, puis on remplit d’eau. Une première décantation sépare le sable, qui se pré¬ cipite rapidement. Une fois que les Diatomées se sont ensuite déposées sous forme d’une légère couche blanche et poudreuse, elles sont lavées à l’eau bouil¬ lante par décantation, puis lavées à Veau distillée très-pure. La pureté de l’eau distillée s’essaye en évaporant quelques gouttes sur une lame de verre parfaitement propre; elle ne doit y laisser aucune trace de dépôt. On laisse un peu d’eau au dépôt blanc des Diatomées et on l’étend sur la petite plaque de verre dite couvre-objet (cover), et on l’y laisse sécher. Pour les préparations dites sèches , on fait d’abord sur le verre porte-objet un cercle de bitume mou (cellule) qu’on chauffe, et l’on ne met le couvre-objet (cover) que quand le bitume est très-sec ; autrement, avec le temps, l’évaporation de l’essence du bitume couvrirait la surface interne du cover de très-petites gouttelettes huileuses, gênant beaucoup l’observation. Il faut des covers minces, ayant en moyenne 1/10 et au plus 2/10 de millimètre. L’adhésion du cover avec le bitume sec de la cellule s’obtient en chauffant près du rouge sombre un morceau de fer, et le promenant sur tout le pourtour du cover; il faut appuyer légèrement. L’œil suit facilement le ramollissement du bitume et son adhésion immédiate et successive sur tout le bord du cover. » Pour les préparations dites au baume , il faut (une fois les Diatomées du cover parfaitement sèches) les imbiber tout d’abord avec très peu d’essence de téré¬ benthine, et ajouter une goutte de baume de Canada demi-visqueux ; puis on applique ce cover sur le slide, qu’on chauffe avec soin à la lampe à esprit de¬ vin, jusqu’à ce que le baume commence à entrer en ébullition. A ce moment, on enlève immédiatement la flamme. Le baume est alors suffisamment desséché pour adhérer fortement. L’essence de térébenthine a pour but d’enlever (par la tension de sa vapeur) les bulles d’air qui restent souvent dans l’intérieur des valves siliceuses (1). Ce procédé donne des préparations très pures et d’une grande beauté, mais il faut éviter avec soin une chaleur trop forte, car il y a des Diatomées dont les valves siliceuses sont si minces que même la chaleur rouge sombre les ramollit et les déforme. Telles sont, par exemple, les valves de VAmphipleura pellucida, celles des Navicula pelliculosa , oculata , levissima, Baccilum , et appendiculala ; celles des Syntdra gracilis et tenera et celles des Nitzschia Pecten , Palea et parvula , etc. Si donc un premier examen au microscope a dénoté la présence des espèces délicates précitées, il faut agir de la manière suivante : (t) Au lieu d’essence, M. P. Petit préfère une dissolution filtrée de Gomme Damar dans le chloroforme . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 409 B. Procédé lent. — Les Diatomées sont légèrement chauffées (au soleil ou sur un fourneau chaud) avec de l’acide chlorhydrique auquel on ajoute peu à peu de petits cristaux de chlorate de potasse. On laisse agir le chlore plusieurs jours (en agitant souvent) jusqu’à ce que les Diatomées aient viré du fauve au blanc. Si l’endochrome ne se détruit pas ainsi entièrement, il faut enlever par décantation le liquide acide et faire agir l’ammoniaque caustique aqueuse (alcali volatil) pen¬ dant un ou deux jours. Cet alcali est décanté, puis on intervient encore pendant quelques jours avec de l’acide nitrique concentré froid. (L’action de l’alcali vis- à-vis de l’acide fonctionne au travers de la silice des valves par endosmose, et ce courant interne détruit très bien l’endochrome et le coléoderme.) Les lavages et la dessiccation se font ensuite comme il est dit en A. — Je re¬ commande ce procédé; il est long , mais il est excellent , et, en le suivant exacte¬ ment, il donne des préparations remarquablement belles. C. Préparations types. — Une fois les Diatomées bien lavées et séchées sur le slide, on peut les trier et choisir les plus beaux exemplaires de manière à faire des préparations ne contenant qu’une seule espèce type. Ceci se fait au prisme redresseur, à un grossissement de + 100 ou 150, avec un poil de pinceau servant à les détacher et à les transporter une à une sur un cover, au centre d’un petit cercle préalablement dessiné au vernis rouge, bleu ou noir. — Ce cercle se met facilement au point et permet ainsi de les retrouver rapidement (E. Mauler, P. Petit). Le slide doit préalablement être recouvert d’une couche excessivement mince de glycérine servant à fixer les Diatomées qu’on y dépose (van Heurck). Une légère chaleur volatilise ensuite cette glycérine. Les prépara¬ tions faites ainsi sont nettes et fort commodes, mais elles demandent du temps et beaucoup d’adresse. Observation. — Le procédé de fusion avec le nitre n’achève pas aussi bien la destruction des matières organiques que l’action de la chaleur alternant avec celle de l’acide nitrique; puis, le nitre fondu se fissure en se solidifiant et brise ainsi beaucoup de valves. D’autre part, le traitement à chaud avec l’acide sulfu¬ rique chaud et une solution de chlorate de potasse altère les valves et les cor¬ rode lorsqu’elles sont riches en silicate d’alumine et de chaux. J. Brun, Professeur à l’École de Médecine et Directeur du Jardin botanique de Genève. SUR LES DIATOMACÉES DE « 1NEW FOREST » M. Marquand, dans son intéressant travail sur la flore de New Forest, parle des Diatomacées trouvées'dans cette région; entre autres il cite la variété penta¬ gonale de VAmphitetras antediluviana. Je ne comprends pas bien s’il dit l’avoir rencontrée dans la forêt ou aux alentours, ou bien sur la côte du Hampshire. Si c’est dans la première localité, cela est fort remarquable, car autant que je puis le savoir, le genre est complètement marin. Je l’ai trouvé d’abord dans une récolte venant do l’île Hayling et je l’ai décrite et figurée dans le Science Gossip , 1867, p. 274, comme Var y. Quelques années plus lard, je l’ai rencontrée en grande quantité dans le contenu de l’estomac d’Ascidies, venant de Kirkwall. Celte i 440 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. forme peut être la même que l 'Amphitetrus nobilis, de Gréville, T.M.-S.. vol. XIII, p. 10, pl. 9, fig. 27. Le Surîrdla elegans ( Ehb.) n'est pas absolument rare et je l’ai trouvé dans plu¬ sieurs localités en Angleterre ; on le rencontre fréquemment dans les récoltes provenant d’Ecosse. Il est commun aussi dans le dépôt de Toome Bridge. Il est assez remarquable que Smith ne l’ait pas fait figurer dans sa Synopsis , car j’en trouve un spécimen monté sur un slide préparé par lui, et mêlé avec le Surirella biseriata. Je ne puis que supposer qu’il la oublié. Une très-bonne figure en est donnée dans l’Atlas de Schmidt. Le Surirella Capronii n’est, à ce que je crois, qu’un état du S. spiendida. la pré¬ sence ou l’absence d’une épine n’ayant pas une valeur spécifique. Mon ami, le regretté M. de Brébisson, m’a envoyé une récolte dans laquelle le S. Capronii se rencontre avec une seule épine, et quelquefois sans épine, état dans lequel on ne peut le distinguer du S. spiendida. Le Surirella snbalpina de Donkin, (Q. M. J., vol. IX, N. S.,pl. 48,fig. 2,) n’est probablement qu’un état diminué du 5. elegans; il remarque que « cette forme a une grande ressemblance avec le S. limosa, de Bailey, (Q. M. J., vol. VII, p. 179, pl. 9, fig. B). «Ce n’est pas le Surirella limosa , de Bailey, comme Brightwell l’a supposé, mais le S. elegans. J’en parle avec certitude, ayant vu le spécimen original. Le Surirella limosa , Bailey, = S. cardinalis, Kitton, = S. ovata , Ehrenberg (non Kützing) (1). F. Kitton. 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Nous prions instamment, ceux de nos lecteurs qui y découvriront des erreurs ou des o Hissions, de vouloir bien nous les signaler et de nous adresser les renseignements nécessaires pour corriger ou compléter notre travail. DPJ. P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 441 37 38 3tf 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 30 51 52 53 54 55 56 v O ( Castracane (C16 Ab. Fr.). — Nuovo sistema di ricerehe salle Diatomee e resultati ottenuti da quello. {Ibid. 1869.) — Sulla stuttura delle Diatomee. (Ibid. 1873.) — Le Diatomee del littorale dell’ Istria e délia Dalmazia. {Ibid., 1873). — La teoria delle reproduzione delle Diato¬ mee. {Ibid. 1874.) — Le Diatomee noir età del Carbone. {Ibid. 1874.) — Le Diatomee in relazione colla Geologia. {Ibid. 1874.) — Istruzione per chi voglia raccogliere Diatomee. {Ibid. 1875.) — Contribuzione alla florula delle Diatomee. {Ibid. 1875.) — Nuovi argomenti a provare chc le Diato¬ mee reproduconsi per gcrini. {Ibid., mars 1876.) — Osservazioni e note a clucidazionc dello sviluppo delle Diatomee (Ibid., 8 jan¬ vier 1877.) — Analysi microscopica di un’ deposito di Diatomee. (Ibid. 1877.) — Studi sulle Diatomee. (Ibid. 1877.) — Nuova forma di Melosira Borrerii.(ALLi di Soc. Crittog. liai. 1878.,) — Se e quai valore sia de attribuire nella determinazione delle specie al numéro delle strie nelle Diatomee. (Att. Accad. P. Nuovi Lincei. mai 1879.) — Roma, 1879, in°-4. — Traduct. française dans Journal de Micrographie, de J. Pelletan, Paris, 1879. 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Page 370, ligne 10, en comptant par en bas, au lieu de : Brightwelle, lisez : Brighlwell. ’&stkL * La 2Æétliod.e cLu. 33 r JLo-A^JL" consiste à employer L’ACIDE PHENIQUE Dpo-u-r la. Curation des MALADIES A FERMENTS ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : d’ Acide Phénique pur et ttlanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). Sulfo-Phénique (Maladies de Peau, Catarrhes, Pituites, Rhumatismes, etc.) Xodo-Phénlque (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, elc.) Pbénate d’ Ammoniaque (Fièvres graves, Grippe, Variole, Croup, Choléra, etc.). Huile de ItSorue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). OXi'STCO-PHXïxa'XQVE (Brûlures, Plaies, Maladies de Peau, Granulations, Toilette, etc.) : lfr. 50. CHASSAING, GUÉNON & C“. 6, Avenue Victoria, PARIS ma— ■— — SIROPS INJECTIONS Bruxelles. — lmp. et lith. PARENT et Cie. Le gérant : E. PROUT. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 415 BOSTON OPTICAL WOI1RS 131, Devonshire Street, BOSTON (États-Unis d’Amérique.) CH. STODDER Seul agent pour les Microscopes et Télescopes de R. -B. TOLLES. MICROSCOPES DE TOLLES OBJECTIFS DE TOLLES TELESCOPES DE TOLLES Ml Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions aux Séries des Diatomées (provenant principalement de la collection de feu le D1' de Brébisson) par le professeur H.-L. SMITH. Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation. Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR UE MICROSCOPES Médaille d’Argent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. ANTISEPTIQUE DI J. -A. PENNÉS Rapport favorable, lu à l'Académie de médecine, le 1 1 février 1879 Expérimenté avec succès dans dix-neuf hôpitaux pour assainir l’air, désinfecter, déterger et cicatriser les plaies et les ulcères, détruire les microzoaires et les sporules, embaumer et conserver les pièces anatomiques ou zoologiques, préserver les muqueuses d’altérations locales. Gros : rit. de Latkan, 2, Paris. — Détail : Dans les Pharmacies. PRODUITS PHARMACEUTIQUES de PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. Sirop Laroze D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites, Gastralgies Douleurs et Crampes d’Estomac, Digestions lentes , etc. ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES à l’iodure de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses , Tuberculeuses , Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de toutes les Affections du sang et de la Peau . D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. Pour combattre avec efficacité, toutes les affections nerveuses, Épilepsie, Hystérie, Névroses , Agitations, Insomnies et Convul¬ sions des enfants, pendant la dentition. Sirop Ferrugineux D’ÉCORCES D’ORANGES & DE QUASSIA AMARA au Proto-Iodure de Fer. Le meilleur mode d’administrer le fer, sans crainte des pesanteurs de tête, fati¬ gues d’estomac ou diarrhées, dans le trai¬ tement de Y Anémie, la Chlorose , la Chloro- Anémie, etc., etc. Dépôt à Paris : 26, rue Neuve-des-Petits-Champs. MEDAILLE; ATI EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878 PRODUITS a la GLYCÉRINE de CATILLON La glycérine, principe doux des huiles, est un succédané de l’huile de foie de morue, facile à prendre et toujours toléré. Elle diminue la désassimilation en servant d’aliment aux combustions respiratoires, — de là son utilité dans les maladies consomptives, — elle empêche la consti¬ pation, rétablit l’appétit et les digestions, favorise la nutrition : les sujets auxquels on l’admi¬ nistre augmentent de poids. (Voir notre Mémoire sur l’Emploi de la Glycérine.) VIN de CATILLON .la GLYCÉRINE et ad QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilite, Consomption, Anémie, Diabète, Qic. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : © gr. s© de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse, il est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’etre tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE . l. GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. « Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. 1. Paris. — Détail dans tontes les Pharmacies. N° 1 0 Oclobre 1879. Troisième année. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SO'MM \ IRE: Revue, par le Dr J Pelletan. — La fécondation chez les animaux vertébrés, leçons faites au Collège de France, {suite), par le professeur Balbiani. — Le Protoplasme, (suite), par le professeur Allman. — Le microscope appliqué à la recherche des falsifications dans les écritures, par e Ur R. H. Ward. — Sur le système de St phenson, d’immersion homogène pour les objectifs de microscope, (fin), par le professeur E Abbe — Le Leptodera hyalina. — Bibliographie : La plante et l’homme dans leurs rapports respectifs, par le professeur E. H allier, notice par le Dr J. Pelletan — Bibliographie des Diatomées, (suite), par M. F. Habirshaw, complétée par le ür J. Pkllman. — Avis relatif au nouveau microscope de Laboratoire du Dr J. Pelletan. — Laboratoire de Microscopie du Journal de Microgra¬ phie. — Avis divers, etc. «Z**» . REVUE Nous sommes dans la période des Congrès. L’Association scien¬ tifique de France a tenu sa sessi n annuelle du 28 août au 4 sep¬ tembre derniers, à Montpellier, sous la présidence de M Bardoux, député du Puy-de-Dôme. — Beaucoup de mémoires remarquables ont été lus, des conférences très intéressantes ont été faites, no¬ tamment sur le canal d’irrigation dérivé du Rhône et sur l’éclai¬ rage des villes par la lumière électrique; puis, des visites aux éta¬ blissements industriels et scientifiques, à l’École d’agriculture ; enfin, des excursions ont conduit les membres du Congrès à Nîmes, à Aigues-Mortes, à Cette, à fêta g de Thau, à Narbonne, à Carcas¬ sonne, au Vigan, à Lodève, à Mais, dans le bassin houilîer, à Salindres, etc — Mais nous n’avons pas trouvé dans les coinptes- des Séances générales, pas rendus plus que dans ceux des Sections, de travail ayant assez directement trait à la microscopie pour pou¬ voir en faire profiter nos lecteurs. * * * En revanche, nous avons à compléter le compte-rendu du Con¬ grès des Microscopistes américains, à Buffalo, congrès dont nous 418 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. avons raconté la première journée (19 août) dans notre avant-der¬ nier numéro. A la réunion du matin, le 20 août, il a été donné lecture d’une lettre de M. E.-H. Griffith, de Fairport, N. Y., offrant une mé¬ daille d’argent qui devra être attribuée, lors du prochain Congrès, au membre de la Société qui présentera les deux meilleures pré¬ parations relatives à une falsification commune d’une denrée ali¬ mentaire. L’une des préparations contiendra l’objet pur, et l’autre, l’objet falsifié. La matière devra être prise dans le commerce ordinaire, afin qu’elle soit d’un usage commun. Le degré de la fal¬ sification sera indiqué. Les auteurs des préparations ne devront pas se faire connaître. Des remerciements sont votés à M. Griffith, et le Dr Lucien Howe, de Buffalo, lit un mémoire, sur le développement de la trompe d’Eustache et de l'oreille moyenne, — puis leDr Cari Seiler, de Philadelphie, un travail sur la Photographie appliquée à l'étude de l'histoire naturelle. — Après une discussion, à ce sujet, entre MM. Blackham, Howe et Tuttle, le professeur J. Edw. Smith, de Cleveland, donne lecture d’une note sur les objectifs modernes . Dans l’après-midi, le Dr G.-E. Blackham, de Dunkirk, N. Y., a ouvert la séance par un très intéressant mémoire, que nous pu¬ blierons, sur V examen systématique des objectifs de microscope; puis, le Dr G. -G. Merriman une instruction sur la double coloration , que nous publierons aussi, et qui a été l’objet d’une assez longue discussion à propos des baumes et des ciments employés pour les cellules. Puis, le professeur J. E. Smith a exposé quelques idées sur la construction d’un « Microscope universel » qui résumerait les avan¬ tages des divers modèles connus. C’est, en somme, l’idée que nous avons conçue et commencé à mettre en exécution par la con¬ struction de notre « nouveau microscope de laboratoire ». (Voir Journal de Microscopie , T. III., 1879, N° 4, p. 194.) . Le lendemain, 21 août, à la séance du matin, le Dr Deeke, d’Utica, a lu un mémoire sur l'examen microscopique des centres nerveux, accompagné de magnifiques coupes du cerveau et de la moelle, lia expliqué le microtome et le microscope qu’il a inventés pour la préparation et l’examen de ces coupes, et a indiqué le pro¬ cédé qu’il emploie pour durcir et conserver un cerveau tout entier. Puis, le professeur Kellicott a fait une démonstration sur d’ex¬ cellents dessins, très agrandis, relatifs à « certains Crustacés pa¬ rasites des poissons des grands lacs (1). » Il s’agit de deux espèces appartenant à la famille desLernœopodés et qui vivent sur ÏHyodon (I) M. Kellicott avait déjà lu, à la séance du 19, un travail analogue mais borné seulement à des « observations sur le Lernœocera cruciata. » — Avec figures. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 419 tergisus et Y Ambloplites rupestris, poissons des lacs Érié et Huron. Dans la journée, le professeur Hyatt est venu présenter, au nom de la Commission de Micrométrie, nommée l’année dernière, un rapport invitant la Société à réserver son approbation au sujet du choix du centième de millimètre comme unité micrométrique, et à en référer, en même temps qu’au sujet de la garantie de pré¬ cision et d’uniformité de l’étalon, à un comité d’action ul¬ térieur (1). Puis MM. Th. Taylor, de Washington, et C. M. Vorce, de Cle- veland, ont lu des remarques, l’un sur les parasites qui détruisent V agriculture ,1’ 'autre sur le pouvoir destructeur de certains Insectes ; enfin le professeur Lattimore, de Rochester, des observations sur les organismes microscopiques dans les eaux potables. Le soir, il y a eu à St- James-Hall, une soirée micrographique, qui a eu un très brillant succès. Plus d’une centaine de micros¬ copes étaient exposés, avec lesquels les membres de la Société montraient aux invités, citoyens et citoyennes de Buffalo, une quantité innombrable de préparations choisies, qui faisaient l'ad¬ miration des Buffaloniens. Et ceux-ci criblaient de questions, — de ces questions comme, seuls, savent en faire des gens absolument étrangers à la science dont on leur parle, — les malheureux membres du Congrès qui ont enduré ce martyre, pendant deux heures et demie, avec la meilleure grâce du monde. La séance de clôture, le 22 avril, n’a guère été qu’une séance d’affaires, consacrée surtout aux rapports des divers comités et à la nomination du bureau pour l’année prochaine, bureau qui se trouve constitué de la manière suivante : Président : MM. Hamilton Lawrence Smith, de Geneva, N.- Y. Vice-Présidents : W. Webster-Butterfîeld, Indianapolis, Ind. C.-G. Merriman, de Rochester, N. -Y. (1) La Commission de micrométrie était composée de MM. Prof. W. Ashburner, San-Francisco, Cal. Présid. F. A. P Barnard, Columbia-College, New-York. Dr Lester Curtis, Chicago, 111. G. E. Fell, Buffalo, N. Y. H. Jamison, Indianapolis, Ind. Pr. S. A. Lattimore, Rochester, N. Y. Rev. Sam. Lockwood, Freehold, N. J. Prof. Edm. W. Morley, Hudson, O. Dr J.-J. Richardson, Philadelphie, Penn. Prof S.-P. Sharples, Boston, Mass. Prof. Hamilton L. Smith, Geneva, N. Y. A. -H. Tuttle, Columbus, O. C.-M. Vorce, Esq., Cleveland, O. Dr R. -H. Ward, Troy, N. Y. Dr J.-J. Woodward, Washington, D. C. 420 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Secrétaire : Alb.-H, Tuthil, de Golumbus, O. Trésorier : G.-E. Fell, de Buffalo, N. -Y. Comité exécutif : Dr W. Rezner, de Gleveland, 0. ; — Dr Cari Seiler, de Philadelphie ; — D1 W.-C. Barrett, de Buffalo. A la fin de la séance, le Dr W.-D. Rezner a donné lecture de quelques remarques sur l’éclairage des fines divisions mdcromé- triques pour en faciliter la résolution. Enfin, à la demande d’un grand nombre de membres, le Dr Cari Seiler, de Philadelphie, a fait un rapide résumé de sa méthode pour préparer et monter les tissus animaux : Il se sert toujours d’alcool pour durcir les tissus, en commençant par une solution faible, puis en employant des solutions de plus en plus fortes de l’agent durcissant, jusqu’à ce que le tissu soit durci. Les coupes sont faites au micro- tome avec un instrument à lame droite, après que la pièce a été enrobée dans un mélange de paraffine et de suif de mouton. Pour colorer les coupes, il se sert d’une solution de carmin dite liqueur lilas de Woodward (« Woodward’s lilac fluid »), et il enlève l’excès de carmin en lavant la coupe dans un mélange de 1 partie d'acide chlorhydrique avec 4 parties d’alcool. Les coupes sont ensuite lavées dans l’alcool et déshydratées dans l’alcool absolu, quand elles sont prêtes à être montées. Si l’on veut colorer en une autre couleur, la pièce, après avoir été lavée, est laissée dans une solution très faible de carmin d’indigo dans l’alcool, pendant 6 à ü24 heures. Pour le montage, le Dr C. Seiler emploie le baume dissous dans l’alcool, quand il n’est pas besoin d’agent éclaircissant; mais si les coupes sont grandes et épais¬ ses, il emploie, pour les éclaircir, le benzole, et il les fait nager dans ce liquide, sur le cover, ce qui épargne une grande perte de temps. Quant au cercle autour de la préparation, il le trace avec la résine Damar dis¬ soute dans le chloroforme et non dans le benzole. Enfin, la session de 1879 a été close par une délicieuse excur¬ sion aux chûtes du Niagara, où les membres du Congrès ont as¬ sisté, tout en soupant, à une féérique illumination des célèbres cataractes par la lumière électrique. Les deux villes de Chicago, dans l’Illinois, et de Columbus, dans l’Ohio, ont adressé des demandes pour recevoir le Congrès des Microscopistes Américains en 1880. Leur demande a été renvoyée au comité général. En se séparant pour un an, les membres de la Société se sont trouvés au nombre d’environ soixante. * * * Quant à l’Association Britannique pour l’avancement des scien¬ ces, dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, un de ses membres nous apprend que la ville de Leicester a invité l’Asso- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 421 ciation pour le Congrès de 1882. Comme l’Association ne s’est pas encore réunie dans cette ville, il est probable que cette invitation sera acceptée. k * * L’Association Américaine pour l’avancemeut des sciences, s’est, elle aussi, réunie en août dernier, le 27, à Saratoga, sous la pré¬ sidence du professeur G -F. Barker. Cette ville était heureuse¬ ment choisie; aussi, près de 260 membres de l’Association assis¬ taient au meeting, qui s’est trouvé ainsi bien plus nombreux que celui de l’an dernier, à St-Louis. Le professeur O.-C. Marsh, président sortant, a lu l’adresse traditionnelle, sur F histoire et les méthodes de la Paléontologie. — Cent cinquante-quatre mémoires ont été lus, sur des questions de biologie, de géologie et d’anthropologie. Parmi ceux qui intéressent la Micrographie, nous citerons : Sur Vhistologie des Insectes ; — Sur F anatomie des P lut helminthes ; — par M. Ch. Sedgwick Minot, l’ancien élève de notre labora¬ toire d’histologie, au collège de France; Sur l'existence de cristaux microscopiques dans les vertèbres du Crapaud (Bufo Americanus ), par le professeur H. Carrington Bolton, avec une note de M. A.- A. Julien. Physique des objectifs de Microscope , par M. Romyn Hitchcock. Sur la cristallisation du baume du Canada , par le professeur G. -F. Barker ; Premiers résultats obtenus avec un nouveau réseau à diffraction, par le professeur W.-A. Rogers. Etc... . Les membres de l’association se sont séparés le 2 septembre, et ont constitué de la manière suivante le bureau pour 1880 : Président : M. Lewis H. Morgan, de Rochester, N. -Y. Secrétaire permanent : M. F.-W. Putnam,de Cambridge, Secrétaire général : M. J. -K. Rees, de St-Louis, Miss. Trésorier : M. W.-S. Vaux, de Philadelphie. Le prochain congrès, le vingt-neuvième depuis la fondation de l’Association, se réunira à Boston, Mass., le dernier mercredi d’août 1880. * * * La Société belge de Microscopie a tenu, le 12 octobre dernier, son assemblée générale annuelle, sous la présidence du Dr Lede- ganck, qui a donné lecture de son rapport sur l’état actuel de la Société. Il a d’abord constaté que la Société qui, lors de sa fondation comptait 53 membres, en a réuni aujourd’hui 150. Elle n’a éprouvé 422 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qu’une perte, par suite de la mort e M Morton Alport. Puis, le président a passé en revue les principaux travaux qui ont été présentés à la Société, et après avoir rendu compte des modifica¬ tions que celle-ci a apportées à ses statuts, à son organisation in¬ térieure, des ressources nouvelles qu elle a recueillies, il a fait allusion à l’Exposition qui doit avoir lieu en 1880, à Bruxelles, exposition à laquelle la Société sera représentée; il a rendu un public et bien juste hommage au dévouement infatigable du secré¬ taire, M. F. Cornet, et a terminé par ces paroles, qui ont été cou¬ vertes d’applaudissements mérités : « Toutefois, Messieurs, il est un aveu que nous pouvons sincèrement nous faire entre nous : C’est que la Société Belge de Microscopie n’a pas encore donné la pleine mesure de scs forces, el que, pour die, l’occasion de se faire connaître au public ne s’est pas présentée jusqu’ici. Aujourd’hui, qu’une occasion unique (l’Exposition) nous est offerte, mettons nous à l’œuvre, faisons un commun effort, utilisons nos aptitudes diverses, et par l’union de nos forces convergentes, tâchons d’arriver à un résultat qui soit digne de la noble science dont nous sommes les adeptes convaincus, et qui nous réserve, si nous le voulons, aux assises solennelles delà Patrie en fête, une place d’honneur parmi les pionniers de l’intelligence. » On ne peut pas mieux dire, et nous sommes certain que la So¬ ciété belge de Microscopie saura conquérir cette place d’hon¬ neur. Puis, le trésorier, M. L.-M. Bauwens a présenté son rapport sur la situation financière de la Société, et on a procédé à la nomi¬ nation du bureau et du conseil administratif pour l'exercice 1879- 1880. Bureau et conseil sont ainsi < o istttués : Président , M. le Dr Ledeganck; Vice-présidents , M. le Dr 11. Van Ileurck; M. E. Van den Broeck ; Secrétaire , M. J. -F. Cornet; Trésorier , M. L.-M. Bauwens; Membres du Conseil : MM. le Dr Casse ; Leclercq ; , H. Miller; R u tôt. Nous apprenons avec une vive satisfaction que notre savant confrère, le professeur L. Marchand, est, par arrêté ministériel, continué dans ses fonctions de chargé du cours de Cryptogamie à l’Ecole supérieure de Pharmacie, de Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m Ainsi, les élèves, qui lavaient demandé, et qui avaient organisé une manifestation pour l’obtenir, ont eu raison. — Et nous aussi. Cependant, ni eux ni nous, n’avons eu complètement raison. Et, en effet, le Dr L. Marchand est continué dans ses fonctions de chargé de cours Est-ce bien là tout ce que mérite ce courageux professeur ? Cet infatigable travailleur, chargé, du jour au len¬ demain, de défricher tout ce champ si touffu de la Cryptogamie devant un auditoire d’élite, — c’est-à-dire devant des jeunes gens instruits, qui viennent à ses leçons pour s’y instruire encore, et non devant des passants, des désœuvrés ou des badauds, comme cela arrive si souvent au Muséum, à la Sorbonne, au Col¬ lège de France, — n’a pas hésité un instant et s’est, du jour au lendemain aussi, attelé à ce rude labeur. Et cela, dans les condi¬ tions matérielles les plus difficiles et les plus ingrates. Sans allo¬ cation, sans laboratoire, sans collections, sans matériel, sans rien, • — sans temps même, car il lui fallait faire une longue leçon tous les deux jours, sans avoir seulement, après la leçon d’hier, les heures nécessaires pour préparer celle de demain ! Etait-d beaucoup d’hommes pour affronter une telle situation? Nous ne le croyons pas Peu le pouvaient, d’ailleurs. Nous voyons bien des cryptogamistes, en France; mais les uns s’occupent d’Algues,les autres de Champignons, de Mousses ou de Fougères; nous ne voyons pas aisément celui qui, hors le professeur L. Marchand, eût consenti à abandonner le sujet ordinaire et spécial de ses travaux pour se lancer dans cet immense champ d’étude qui constitue la Cryptogamie, c’est-à-dire la partie la plus difficile, la plus délicate, mais aussi la plus féconde de la Botanique. Et le Directeur de l’Ecole supérieure de Pharmacien eu l’heu¬ reuse fortune de mettre la main sur un tel homme, qui, sans préparation, sans éléments, sans être même sûr de son lendemain comme professeur, a consenti à se charger de cette besogne, et qui, rien que par sa valeur personnelle, a trouvé à s’en acquitter de manière à captiver l’attention, puis la sympathie, puis l’amitié de ses élèves, lesquels ne veulent plus que lui pour professeur; — et le Directeur de l’Ecole de Pharmacie ne fait pas immédiatement nommer cet homme professeur titulaire! Il ne le fait pas établir dans un poste assuré, à l’abri des luttes qui énervent le courage et gaspillent le temps, et il ne lui fait pas fournir laboratoire, collections et tous les éléments de travail nécessaires! — C’est là ce que nous ne pouvons comprendre, et il huit bien être en France, dans ce pays de la routine et de la paperasserie, pour voir pareille chose. Pendant qu’on discute dans les conseils académi¬ ques et dans les bureaux universitaires si, oui ou non, on créera 424 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. une chaire de Cryptogamie, l’Amérique en a créé une sans discuter si longtemps. I! est vrai que la position de professeur titulaire est à peu près promise pour l’an prochain au Dr Léon Marchand. Et dire que l’Université Catholique lui avait offert une position magnifique dans laquelle rien lui eût manqué, ni pour ses cours, ni pour ses travaux. — Et qu’il a refusé ! Il a bien fait certes ! - — Mais combien n’en eussent pas fait autant ! Dl J. Pelletan. TRAVAUX OR1QINAUX LA. FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. (Suite) (1). IX L’œuf de l’Oursin étant ainsi préparé, si l’on effectue sa fécondation arti¬ ficielle, on observe, cinq ou six minutes après l’opération, à la surface du vitellus, une petite tache claire, sans granulations. Cet espace s’agrandit ensuite et devient le centre d’une figure radiée semblable à un petit soleil, indépendante du noyau de l’œuf (la vésicule germinative a disparu), et située dans un point voisin de la périphérie. Les rayons de cette figure radiée représentent les directions suivant lesquelles les granulations vitel¬ lines se sont alignées, car elles paraissent attirées par cet espace clair. Dans l’intérieur de celui-ci, on finit par reconnaître un, petit corpuscule arrondi, très difficile à apercevoir parce que son pouvoir réfringent est presque identique à celui du protoplasme qui l’environne. Quelquefois, 0. Hertwig a vu partir de ce corpuscule un petit filament qui se prolon¬ geait en dehors de l’espace clair dans la direction de la membrane vitelline, et même dans l’intervalle qui se forme, en ce moment, entre la membrane vitelline et le vitellus rétracté. Ici se place un phénomène très singulier, bien fait pour captiver l’atten¬ tion cte l’observateur. Bientôt, en effet, ce petit soleil se déplace et s’avance vers le noyau de l’œuf, en pénétrant de plus en plus dans l’intérieur du vitellus. Il arrive près du noyau et finalement s’applique sur un de ses côtés. Pendant ce temps, la figure radiée gagne déplus en plus en étendue, ses rayons s’allongent et quelques-uns traversent toute la largeur de l’œuf. Le noyau lui-même n’est pas resté inactif et s’est mis aussi en mouvement. Il paraît aller au-devant de l’espace clair périphérique, mais son mouve- (1) Voir Journal de Micrographie. Tome III, 1879, p 54, 108, 162, 222, 263,313, 347, 383. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 425. ment est beaucoup plus lent. Cependant, on peut le reconnaître, quand on suit le phénomène sur des œufs dont le noyau est plus ou moins rappro¬ ché de la périphérie. Les deux corps ainsi déplacés, et qui vont à la ren¬ contre l’un de l’autre, finissent par se réunir au centre de fœuf, et, si leur réunion n’a pas lieu au centre, ils se déplacent ensemble pour se rendre en ce point. Jusqu’à cette rencontre, il s’écoule environ cinq minutes. Alors il sur¬ vient un stade où l’on n’a plus qu’une image assez confuse. Le noyau de l’œuf change constamment de forme et exécute des mouvements amiboïdes. Le petit corps périphérique paraît fusionner avec le noyau de l’œuf; on ne peut plus le reconnaître. Mais bientôt le noyau paraît grossi, et au lieu de mesurer 13 /*» comme avant la fécondation, il en mesure 13, Pendant tous ces changements, la disposition rayonnante que présentait l’œuf au début, non seulement s’est conservée, mais elle a même gagné en étendue, et l’intérieur de l’œuf représente un véritable soleil dont le centre est formé par le noyau de l’œuf fusionné avec le corpuscule périphérique. Voilà les faits tels qu’on les observe dans l’œuf vivant; mais, pour mieux s’en rendre compte, il convient d’employer les réactifs qui accusent davan¬ tage le phénomène. Hertwig a traité les œufs par l’acide osmique à 0,1 p. 100.; puis, après les avoir lavés, par le carmin de Beale. En examinant les œufs ainsi traités, aux différents stades, on arrive à constater des faits qui démontrent la réalité des images observées sur les œufs vivants. Le noyau et le corpuscule au centre de la tache claire se colo¬ rent intensément, ce qui montre qu’ils sont formés de substance nu¬ cléaire. La disposition rayonnante est conservée et l’on trouve des œufs qui ne présentent plus qu’un seul point rouge au centre des rayons, le corpuscule s’étant fusionné avec le noyau. Essayons d’interpréter ces faits. L’apparition de l’espace clair a lieu constamment de cinq à dix minutes après la fécondation; — Hertwig en conclut qu’il est le résultat de la fécondation, et que le corpuscule repré¬ sente la tête d’un spermatozoïde dont il a même vu la queue figurée parce filament, cette ligne très fine, dont nous avons parlé, qui proémine entre le vitellus et la membrane. Mais il n’émet cette idée qu’avec réserve, car il n’a pas vu la pénétration du spermatozoïde dans l’œuf pour former le petit corpuscule périphérique; néanmoins, il ne doute pas que ce soit la vérité et que le corpuscule représente la tête d’un spermatozoïde. C’est donc la tête d’un spermatozoïde qui se conjugue avec le noyau de l’œuf pour former un corps central unique lequel est le premier noyau de seg¬ mentation, ainsi que l’appelle Hertwig. Tels sont les résultats, extrêmement remarquables, obtenus par Oscar Hertwig’ dans ses obervations sur la fécondation des œufs de l’Oursin. Après leur publication, en 1873, Ed. Van Beneden, de Liège, fit paraître deux mémoires ( Bulletin de V Acad. roy. de Belgique , 2e série, t. XLÏ, 1873), sur ce sujet. Dans le premier ( Premier développement de l'œuf 426 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. chez les Mammifères ), il a étudié les phénomènes sur l’œuf de la Lapine, immédiatement avant la fécondation, et est arrivé à quelques conclusions très concordantes avec celles de Hertwig, mais à certaines autres tout à fait discordantes. Nous nous occuperons plus tard d’étudier ces phéno¬ mènes chez le Lapin; nous dirons seulement maintenant que E. Van Bene- den a constaté aussi que le noyau de segmentation dérive de la conjugai¬ son de deux noyaux provisoires dont l’un esta la partie centrale et dont l’autre apparaît à la partie corticale, comme Hertwig l’a observé chez l’Oursin. Mais, pour Van Beneden, ces deux noyaux auraient une origine tout autre que celle que leur attribue Hertwig chez l’Oursin. Le noyau de l’œuf n’aurait aucune relation avec la tache germinative; ce serait une formation absolument libre. L’autre noyau ne résulterait pas de la trans¬ formation du spermatozoïde, ce serait aussi une formation nouvelle. Ni l’un ni l’autre ne dérive d’aucun élément antérieur : ils naissent l’un et l’autre dans le moment qui précède la fécondation. Dans un second mémoire ( Contribution ci V histoire de la vésicule germi¬ native , 1876), publiée pour combattre les idées de Hertwig sur le noyau de l’œuf, E. Van Beneden a cherché à démontrer que cet élément n’a aucune relation génétique avec la vésicule. Cette critique est d’autant plus directe que les recherches de Van Beneden ont porté, cette fois, sur une espèce d’Échinoderme très voisine de l’Oursin, V Aster acanthion rübens , l’Etoile de mer commune. Mais ses observations ne sont point exactes. Les œufs de cette espèce ont une grande ressemblance avec ceux de l’Oursin. Dans le moment qui précède la fécondation, l’œuf qui, chez cet Échinoderme, est elliptique, est enveloppé d’une épaisse membrane ; le vitellus est légère¬ ment granuleux et la vésicule, qui ressemble beaucoup à celle de l’Oursin, contient un nucléole suspendu dans un réseau sarcodique qui traverse toute la cavité de la vésicule, réseau formé d’une matière que Van Beneden appelle nucléb-plasma . Dans les filaments de ce réseau- sont englobés de petits corpuscules ou pseudo-nucléoles. L’auteur a pu féconder artificielle¬ ment les œufs de Y Aster acanthion , comme Hertwig ceux de l’Oursin, et il a remarqué que cette fécondation peut avoir lieu, tant sur les œufs encore munis de la vésicule, que sur ceux où elle n’existe plus, mais alors, dans le premier cas, celle-ci disparaît avec beaucoup plus de rapidité dans les œufs fécondés que dans ceux qui ne le sont pas. Ce qui annonce d’abord la disparition de la vésicule germinative, c’est la dissolution du réticulum et des pseudo-nucléoles qui se fondent dans le li¬ quide de la vésicule. Celle-ci ne renferme plus que le nucléole, qui, bien¬ tôt, pâlit, se creuse d’une vacuole au centre, puis, se disperse en fragments dans la vésicule, fragments qui se dissolvent rapidement. La vésicule ger¬ minative, qui paraît alors vide, s’est rapprochée du pôle de l’œuf. Elle se rompt vers le point qui regarde le centre du vitellus. Le contenu s’en échappe dans le vitellus, sous forme d’une gouttelette. Alors, la vésicule se flétrit, se ratatine, la gouttelette quien est sortie augmente, sa membrane JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 427 se dissout peu à peu, et on ne voit plus qu’une tache claire, vaguement in¬ diquée qui, bientôt, disparaît elle-même ; il semble que le liquide est ab¬ sorbé peu à peu par la substance vitelline. Ainsi, pour E. Van Beneden, le nucléole disparaît aussi, tandis que pour Hertvvig, il persiste. Quant au corpuscule, ou noyau spermatique de Van Beneden, élément qu’il n’a pas suivi chez l’Étoile de mer, mais seulement chez le Lapin, le noyau périphé¬ rique, il ne dériverait pas plus du spermatozoïde que le noyau de l’œuf de la vésicule : il se forme aussi, librement, de la substance de l’œuf. Richard Greef, deMarbourg, a observé des faits semblables et conclut comme Van Beneden. Suivant lui, le nucléole disparaîtrait, ou du moins, pâlirait tellement qu’on ne pourrait plus le distinguer. Nous reviendrons plus tard sur tous ces faits pour les juger dans leur en¬ semble. Cette question ayant éveillé l’attention a été reprise par Hermann Fol, de Genève, qui a passé tout l’hiver de 1877 à Messine, pour suivre ces phé¬ nomènes sur YAsterias glacialis , une autre Étoile de mer, et sur un Oursin I eToxopneustes lividus ( Archives des sciences physiques et naturelles de Ge¬ nève 15 avril 1877. Archives de zoologie expérimentale de Lacaze-Du- thiers (1). L’œuf mûr de YAsterias présente une très grande analogie avec ceux de l’Oursin et de l’Étoile de mer commune, étudiés par Van Beneden. II est très transparent, recouvert d’une enveloppe épaisse, striée, qui est une capsule gélatineuse destinée à disparaître quand l’œuf est pondu spon¬ tanément. Le vitellus est finement granuleux, la vésicule germinative est grosse, la tache volumineuse, suspendue dans un réseau sarcodique. Nous prenons le phénomène à ce moment. L’œut est alors pondu : aussitôt en contact avec l’eau de mer, la capsule gélatineuse se détache et la vésicule, d’abord bien pleine, se ratatine, perd ses contours, change de forme et n’est bientôt plus représentée que par une tache claire, mal limitée, irrégulière, nuageuse, dans laquelle la tache germinative s’efface aussi ou se fragmente, mais finit bientôt par disparaître. Cette tache claire, irrégulière, qui suc¬ cède à la vésicule, peu de temps après, se divise en deux parties, dont l’une, la plus petite, reste en place et dont l’autre, plus considérable, se rappro¬ che de l’un des pôles de l’œuf, pôle qui va être principalement le siège des phénomènes suivants. Mais pour comprendre le rôle de ce corps, il faut connaître les éléments qu’on appelle vésicules directrices ou globules polaires. Nous les avons déjà signalés comme préparatoires à la fécondation chez presque tous les animaux dont l’œuf subit une segmentation totale après la fécondation : tous les Zoophytes, les Échinodermes, les Mollusques, le plus grand nombre des Vers, etc., parmi les Vertébrés, tous les Mammifères. On voit apparaître soit au début du développement, soit peu de temps auparavant, à la sur- (1) Voir aussi une analyse très étendue dece travail dans le Journal de Micrographie T. I. 1877, p. 1 19 et le mémoire de H. Fol: sur le rôle du spermatozoïde dans la fécondation, publié in extenso dans le Journal de Micrographie T. I, 1877, p. 322. 428 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. face du vitellus, un ou plusieurs petits corps qu’on a appelés de noms très divers. Ce sont de petits éléments arrondis, vésiculeux, qui sont ex¬ pulsés de l’œuf et ne paraissent jouer aucun rôle dans son évolution. Ils persistent un certain temps, à la surface du vitellus, puis tombent dans l’espace périvitellin, se dissolvent et disparaissent sans laisser de traces. Ce sont donc des particules inutiles qui semblent rejetées de l’œuf, et comme excrémentitielles. C’est pour cette raison que M. Fol les appelle cor¬ puscules de rebut. Autrefois, on attribuait à ces corpuscules une certaine im¬ portance, parce qu’ils apparaissent au pôle où se forme le premier sillon qui va diviser en deux la sphère primitive. Cela a lieu, en effet, dans beau¬ coup de cas, et c’est pour cela que Fr. Müller les a appelés vésicules direc¬ trices. — Ces vésicules sont connues depuis assez longtemps. Elles ont été découvertes par Carus l’ancien, (le père de Victor Carus, auteur vivant), en 1828, sur l’œuf des Mollusques Gastéropodes. Il ignorait leur significa- cation. Dumortier, naturaliste belge, mort il y a un an, les a vues en 1837, sur l’œuf de la Limnée ; puis, Poucliet, qui les a appelées vésicules trans¬ lucides. Bischoff, en 1847, les a entrevues et figurées dans l’œuf de la Lapine, en les désignant sous le nom de vésicules ou cellules jaunâtres. Depuis lors, les auteurs les ont observées sans pouvoir désigner leur mode de for¬ mation. En 1852, Ch. Robin a publié un important mémoire sur les Néphe- lis et autres espèces voisines dont les œufs produisent trois ou quatre de ces vésicules, qu’il a appelées globules polaires, parce qu’il a remarqué, comme Fr. Müller, qu’elles prennent naissance au pôle de l’œuf qui va être le siège de la première segmentation. Ch. Robin les croyait formées par un simple phénomène de bourgeonnement du vitellus. La question de leur formation nous ramène à H. Fol et à ses travaux sur YAsterias. Suivant lui, la majeure partie de la tache claire qui succède à la dispa¬ rution de la vésicule germinative se rapproche de la surface de l’œuf, tandis qu’une petite partie reste dans le vitellus. C’est dans cette première partie, qui se rapproche de la surface de l’œuf, que vont se passer tous les phénomènes qui ont rapport à la formation des globules polaires. Bientôt, en effet, ce petit corps ovoïde présente à chacun de ses pôles une petite masse de matière homogène, un rendement, et l’en¬ semble , représente assez bien un haltère dont les deux têtes seraient for¬ mées parles deux masses claires et la tige par un corps un peu renllé au milieu, ou fusiforme. Les deux têtes s’entourent chacune d’un petit soleil, c’est-à-dire que lesgranulations environnantes se disposent radiairement au¬ tour des deux masses. Il paraît, en effet, que, sous l’influence des deux pe¬ tites masses claires, il s’opère un départ dans le protoplasma environnant qui se divise en deux parties ayant chacune pour centre d’attraction une de ces deux petites masses claires formées aux pôles du corps fusiforme primi¬ tif. Pendant que ces petits soleils s’organisent ainsi, la partie centrale de l’ensemble, le fuseau, perd son aspect homogène et paraît s’étirer en filaments parallèles qui s’étendent d’un pôle à l’autre. Ce sont les fila- JOURNAL DE MICROGRAPHIE 429 ê 430 JOURNAL L)E MICROGRAPHIE. ments bipolaires de H. Fol. Ils présentent ordinairement un renflement vers le milieu et sont très atténués vers leurs deux extrémités. On a ainsi une ligure composée de deux petits soleils réunis par le corps fusiforme lui-même divisé en filaments bipolaires, c’est-à-dire s’étendant d’un pôle ou soleil à l’autre. Cette ligure est désignée par H. Fol sous le nom d’am- phiaster , et chacun des soleils en est un aster. Dans le cas qui nous occupe c’est Vamphiaster de rebut (1), parce qu’il va déterminer la formation des corpuscules de rebut. Les allemands l’appellent double-étoile (« doppel Stern») et ils nomment fuseau directeur (« Reichtungspindle, » Biitschli), la partie fusiforme intermédiaire. C’est de cet amphiaster que naissent les globules polaires. En effet, bientôt un des soleils, celui qui est le plus près de la périphérie, sort du vi- tellus, proémine sur sa surface où il forme une petite protubérance hémis¬ phérique, comprenant l’aster externe avec ses rayons et une partie adja¬ cente du corps fusiforme. Mais ces éléments perdent bientôt leur forme ; néanmoins, on distingue encore une striation indistincte, rappelant la portion du fuseau qui a été entraînée. Cette protubérance s’étrangle à sa base, se sépare du vitellus et constitue, à la surface de celui-ci, le premier glo¬ bule polaire. Par suite de cette séparation de l’aster externe, l’amphiaster se trouve privé de la substance qui est sortie pour former le premier globule po¬ laire. 11 se produit alors une courte période de repos; toute la figure perd un peu de sa netteté, puis, le corps fusiforme, qui a été très raccourci, s’al¬ longe de nouveau, reprend les mêmes dimensions que précédemment, et, à son pôle extrême.on voit se former une nouvelle petite masse claire, homo¬ gène, qui s’entoure d’un autre petit soleil. Il se forme ainsi un nouvel am¬ phiaster, et les phénomènes qui se sont produits avec l’aster externe du premier amphiaster de rebut, pour la formation du premier globule polaire, vont se produire une seconde fois pour l’expulsion du second globule po¬ laire. — Ainsi, il ne reste plus dans le vitellus que l’aster interne et la petite portion, demeurée en place, de la tache claire quia succédé à la vésicule germinative, laquelle portion est, elle-même, un aster interne, car des phénomènes semblables ont eu lieu lors de la séparation de la tache claire en deux parties. Ce sont ces éléments qui, suivant H. Fol, vont devenir l’ori¬ gine du noyau de l’œuf. La disposition rayonnée disparaît, il se produit deux corpuscules qui fusionnent ; il se forme, alentour, des parties claires qui fusionnent aussi, et l’on a un noyau unique qui marche vers le centre du vitellus, et s’arrête environ au tiers du diamètre de l’œuf. Il reste encore une disposition rayonnée autour de lui, mais peu accusée. (I) Dans les figures 3 et 4 de la planche XII, dessinée par le docteur H. Fol lui-même et dont il a bien voulu nous envoyer l’original, on peut voir au centre des deux œufs (As¬ térie] un amphiaster k deux états différents. Il ne s’agit pas ici de la formation des globules polaires, mais de la conjugaison des deux pronudeus. D. J. P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 431 C’est le noyau de l'œuf , de Hertwig, que cet auteur fait provenir de la tache germinative, tandis que pour H. Fol, il n’a aucune relation avec la tache, puisque celle-ci disparaît, et le noyau résulte d’une espèce de détritus ou de résidu qui a succédé à la vésicule (1). Ce noyau est destiné à se con¬ juguer avec un noyau spermatique qui prendra naissance à la surface de l’œuf après l’entrée du spermatozoïde. Hertwig n’avait pas observé la pé¬ nétration du zoosperme dans l’œuf, mais H. Fol et Selenka ont comblé cette lacune. — Nous reviendrons plus tard sur ce sujet. Quant au noyau de l’œuf, il ne nous reste plus qu’à montrer comment ces faits, d’apparence si contradictoires, peuvent se concilier. H. Fol a fait voir que les laits que Van Beneden et Hertwig ont décrit comme des phé¬ nomènes normaux résultent d’un processus artificiel. Ces deux der¬ niers observateurs ont étudié des œufs soumis à la compression, et, en opérant de même, en comprimant plus ou moins les œufs, H. Fol a pu ob¬ tenir toutes les images décrites par O. Hertwig et E. Van Beneden : il a vu la vésicule germinative s’avancer vers le pôle de l’œuf, s’y rompre par com¬ pression, et le contenu s’échapper. La tache germinative elle-même peut sortir. Ce sont ces faits qui ont trompé ces observateurs. Du reste, H. Fol a étudié directement l’Oursin et a vu les mêmes faits que sur l’Étoile de mer, sauf que chez celui-là, il n’y a qu’un seul globule polaire. — De plus, ce dernier ne se produit pas après que l’œuf a été pondu, comme chez l’Étoile, mais alors que l’œuf est encore dans l’ovaire, ce qui n’a pas été noté par Hertwig. Les observations de H. Fol rendent donc un compte suffisant de ces contradictions apparentes. Il semblerait que ces phénomènes doivent être spéciaux au travail de l’œuf, la production des amphiasters, des filaments bipolaires, etc. Il n’en est rien : on les observe dans la division de toute espèce de noyaux de cel- (I) Telle est l’analyse que M. Balbiani a présentée, dans sa leçon du 25 mars 1879,decequi a trait à la production des globules polaires et de noyau du l’œuf, ou pronucleus femelle , dans le mémoire du professeur H. Fol, intitulé : sur le commencement de l'Hênogénie chez divers animaux. Nous devons toutefois faire remarquer que la description des phénomènes n’est pas présentée par M. H. Fol, exactement comme l’indique M. Balbiani dans son résumé. D’après le mémoire cité pins haut, voici, si nous avons bien compris, comment les choses se passent : Le résidu de la vésicule disparue se divise en deux masses sarcodiques réunies par des filaments bipolaires représentant comme deux étoiles reliées entr’elles, ensemble décrit par M. H. Fol lui-même et par Bütschli. Cettç double étoile, ou amphiaster (H Fol), ressem¬ ble à celle qui se forme dans une cellule en voie de division, mais elle est située près de la surface du vitellus. Ce premier système est Y amphiaster de rebut L’aster périphérique sort du vitellus et devient la première sphérule polaire, ou de rebut, qui peut se diviser ensuite ; l’au¬ tre reste dans le vitellus, se dédouble et reconstitue un second amphiaster de rebut, car bientôt l’aster périphérique sort à son tour pour former le second globule polaire. La subs¬ tance ainsi expulsée, provient de la vésicule germinative avec un peu de protoplasraa vitellin L’aster resté dans le vitellus se contracte et constitue le pronucleus femelle. Quant à la tache germinative, elle a le plus souvent déjà disparu ou bien elle disparaît en même temps que sa vésicule; chez les Asterias, par exemple. (J. de Mer., 1877, t. I, p. 120). On voit d’après ce tableau que c’est la tache claire succédant à la vésicule qui forme, par sa division en deux parties, le premier amphiaster de rebut, et non sa seule partie périphérique ; c’est le résidu de la tache claire qui forme le second amphiaster de rebut, et non le résidu de la partie périphérique de la tache. Après l’expulsion des deux globu¬ les polaires, il ne reste donc qu’un seul corps dans le vitellus, et c’est celui-là qui forme le pronucleus femelle. DrJ. P. 432 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Iule, chez les végétaux aussi bien que chez les animaux. Ils ont été obser¬ vés par Bütschli, sur les globules du sang du poulet, par Balbiani, sur les cellules épithéliales des chambres ovariques d’une sauterelle, le Stenobo- tlirus pratorum , et par Strasbiirger, sur les cellules des sacs embryonnai¬ res des Conifères et sur celles de certaines Algues filamenteuses, les Spiro - g y i'a. Depuis la publication du travail de H. Fol, Hertwig a fait paraître un nouveau mémoire sur l’Étoile de mer. Il a abandonné l’Oursin. Il est arrivé, en grande partie, aux faits que H. Fol avait décrits; il a même pu les compléter et constater des phénomènes bien plus compliqués encore, qui accompagnent la formation des corpuscules polaires. Nous ne pouvons nous attarder à cette description qui nous entraînerait trop loin et nous ferait perdre de vue la question que nous avons surtout le dessein d’envi¬ sager ici: la fécondation chez les Vertébrés. Mais avant de passer à l’étude des ces faits chez les Mammifères, il est encore un point important que nous devons examiner chez l’Étoile de mer : c’est la formation du noyau spermatique ou noyau mâle qui vient se conjuguer avec le noyau de l'œuf ou noyau femelle , car c’est ainsi que, dès à présent, nous pouvons nous représenter la signification et le rôle de ces deux éléments. (A suivre). LE PROTOPLASME (Suite) (1). Nous venons de voir que dans le corps d’un Arnœba nous avons le type d’une cellule ; mais, soit dans la mer, soit dans les eaux douces, on trouve, à côte de Y Arnœba, bien des êtres vivants qui ne dépassent jamais l’état d’une simple cellule. Au lieu d’émettre ces pseudopodes en lobes épais, beaucoup ont la faculté d’allonger de longs et minces filaments de proto¬ plasme qu’ils peuvent rétracter, à l’aide desquels ils capturent leur proie, ou qu’ils peuvent mouvoir de côté et d’autre. Simple protoplasme, sans structure, qu’ils sont, ils peuvent se fabriquer une enveloppe membraneuse ou calcaire, quelquefois d’une forme symétrique et d’une délicate orne¬ mentation, ou sg construire un squelette siliceux de spiculés rayonnants, ou de sphères concentriques d’un limpide cristal, d’une étonnante symé¬ trie, et d’une exquise beauté. Quelques-uns se meuvent à l’aide d’un flagel- lum, longue projection de leur corps, en forme de fouet, avec laquelle ils battent l’eau environnante, mais qu’ils ne peuvent pas, comme les pseudo¬ podes de Y Arnœba, rétracter, pendant leur vie active, dans la masse géné¬ rale de protoplasme qui constitue leur corps. Chez d’autres, la locomotion s’effectue à l’aide de cils, poils vibratiles microscopiques, qui sont distri¬ bués de différentes manières sur la surface de leur corps, et qui sont, (1) Voir Journal de Micrographie, T. III 1879, N°9, p. 396. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 433 comme les pseudopodes et les flagella, de simples prolongements de leur protoplasme. Dans les uns comme dans les autres de ces cas, le corps entier de ces êtres a la valeur morphologique d’une cellule, et, dans cette simple cel¬ lule, réside l’ensemble des propriétés qui se manifestent dans les phéno¬ mènes vitaux de l’organisme. La part prise par ces simples êtres unicel- lulaires dans l’économie de la nature, a, dans tous les temps, été très grande, et bien des formations géologiques, composées en grande partie de leurs squelettes siliceux et calcaires, témoignent en quelles innombrables multitudes ils pullulaient dans les mers de l’ancienne terre. Ceux qui sont ainsi venus jusqu’à nous, depuis les anciens âges, doivent leur conservation aux parties dures et persistantes que secrétait leur protoplasme. Ils n’étaient certainement qu’en faible proportion auprès de tous les organis¬ mes unicellnlaires qui peuplaient l’ancien monde, mais don.t les restes mous et périssables n’ont laissé aucune trace après eux. Et, de nos jours encore, bien des organismes unicellnlaires semblables sont à l’œuvre, pre¬ nant silencieusement et nécessairement leur part dans le grand travail de la création, et certainement destinés, comme leurs prédécesseurs, à ne laisser après eux aucun souvenir de leur existence. L’algue de la neige rouge, grâce à qui de vastes surfaces des neiges arc¬ tiques ou alpines se revêtent d’une délicate teinte cramoisie, est un orga¬ nisme microscopique dont le corps entier consiste en une simple cellule sphérique. Dans le protoplasme de cette petite cellule doivent résider tous les attributs essentiels de la vie. Elle doit s’accroître par réception d’un nutriment; elle doit répéter par la multiplication cette forme qu’elle- mème a héritée de ses parents; elle doit répondre au stimulus des con¬ ditions physiques qui l’entourent. Et voilà comment, avec sa structure qui confine aux dernières bornes de la plus extrême simplification, elle prend la part qui lui est dévolue dans l’économie de la nature, elle combine en matière vivante les éléments sans vie dont elle est entourée, elle sauve de la stérilité les régions des glaces qui ne fondent jamais, et peuple de ses innombrables millions les vastes solitudes de la terre des neiges. Mais l'organisation ne va pas rester longtemps dans cet état inférieur de simplicité unicellulaire; et de ces formes infimes, nous allons passer à d’autres plus élevées, où nous trouvons la cellule s’ajoutant à la cellule, et jusqu’à bien des millions de ces unités s’associant pour former un seul organisme, dans lequel chaque cellule, ou chaque groupe de cellules, a son œuvre spéciale, pendant que toutes travaillent pour l’harmonie et l’unité de l’ensemble. Dans les animaux les plus complexes, cependant, et jusque dans l’homme lui-même, les cellules composantes, malgré leurs fréquentes modifications et l’intimité de leur union, sont loin de perdre leur indri- vidualité. Examinez sous le microscope une goutte de sang récemment prise à la veine d’un homme ou de quelque animal supérieur, vous verrez qu’elle 434 JOURNAL DE MICROGRAPHIE semble composée d’une multitude de corpuscules rouges nageant dans un liquide presqu’incolore, et, a côté de ceux-ci, mais en plus petit nombre, vous reconnaîtrez d’autres corpuscules plus gros et sans couleur. Les cor¬ puscules rouges sont des cellules modifiées, mais les corpuscules incolores sont des cellules qui ont conservé leur forme et leurs propriétés typiques. Ces dernières sont de petites masses de protoplasme, dont chacune entoure un noyau. Suivez-les. Vous allez les voir changer déformé; elles vont émettre et rétracter des prolongements, des pseudopodes, et ramper comme des Amœba. Mais, bien plus, comme un Amœba encore, elles vont absorber des matières solides et se nourrir. On peut les nourrir avec des aliments colorés qu’on pourra voir accumulés dans l’intérieur cie leur protoplasme mou et transparent. Et, dans certains cas, les globules incolores du sang ont été vus absorbant, dévorant leurs voisins plus petits, les globules rouges... Nous avons jusqu'à présent considéré la cellule comme une masse de pro¬ toplasme nucléé, actif, soit absolument nu, soit partiellement revêtu d’une enveloppe protectrice qui permet, néanmoins, le contact du protoplasme avec le milieu ambiant. Dans bien des cas, cependant, le protoplasme est confiné dans une enveloppe résistante qui l’enferme complètement et em¬ pêche tout contact immédiat avec le milieu qui l’entoure. Dans les plantes, il en est presque toujours ainsi après les premières phases de leur vie. Là, le protoplasme des cellules est doué de la propriété de sécréter à sa surface une membrance solide et résistante, formée de cellulose, c’est-à-dire, d’une substance dénuée d’azote, par conséquent, complètement différente du protoplasme qu’elle enveloppe, et incapable de manifester aucun phéno¬ mène de vie. Le protoplasme est maintenant étroitement emprisonné dans une muraille de cellulose, mais vous ne supposez pas, pour cela, qu’il a perdu son activité ou abandonné son œuvre d’être vivant. Quoiqu’il ne soit plus en contact direct avec le milieu qui l’environne , il ne dépend pas moins de celui-ci, et la réaction entre, le protoplasme emprisonné et le monde extérieur est possible, grâce à la perméabilité de l’enveloppe de cellulose. Quand le protoplasme est ainsi renfermé dans une membrane de cellu¬ lose, il conserve rarement la disposition uniforme de ses parties comme on le voit souvent dans les cellules nues. De petites cavités, ou vacuoles, apparaissent dans son intérieur; celles-ci s’accroissent en taille, fusionnent entr’elles, et finalement peuvent former une large cavité dans le centre qui se remplit d’un liquide aqueux connu sous le nom de suc cellulaire. C’est cette forme de la cellule qui a été la première observée, et de là vient ce nom même de cellule, si souvent impropre. Par suite de la formation de cette cavité centrale du suc, le protoplasme qui l’entoure est refoulé sur les côtés et pressé contre la paroi de cellulose sur laquelle il s’étend alors en une couche continue. Le noyau, ou bien reste au centre, entouré d’une couche de protoplasme, relié par des cordons rayonnants à la couche des JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 435 parois, ou bien il accompagne le protoplasme refoulé, et on le voit englobé dans celui-ci contre la paroi de la cellule. Nous avons des preuves nombreuses que ce protoplasme emprisonné ne perd pas son activité. Les Characées constituent un intéressant groupe de plantes simples, communes dans les eaux claires des marais ou les ruisseaux à faible courant. Les cellules dont elles sont composées sont relativement grandes, et, comme presque toutes les cellules végétales, chacune d’elles est enfermée dans une membrane de cellulose. Cette membrane est parfaitement transparente et si le microscope, même avec un faible grossissement, est dirigé sur une de ces cellules, on voit son pro¬ toplasme dans un actif mouvement^ de rotation, montant le long d’un des côtés de la longue cellule tubuleuse, descendant de l’autre, emportant avec lui toutes les particules solides qu’il peut envelopper dans son courant. Dans une autre plante aquatique, la Valisneria spiralis , on peut voir, dans l’intérieur des cellules de la feuille, une semblable et active rotation du protoplasme, dans laquelle la circulation continue du protaplasme liquide entraîne les granules verts de chlorophylle et emporte même dans son cou¬ rant le noyau globuleux de la cellule, ce qui présente un des plus beaux parmi les beaux phénomènes si nombreux que le microscope nous a ré¬ vélés. Nous avons déjà vu que chaque cellule possède une autonomie ou une individualité indépendante, en raison de quoi nous devons nous attendre à ce que, comme tous les êtres vivants, elle ait la faculté de se multiplier et de devenir le parent d’autres cellules. C’est, en effet, la vérité; et le pro¬ cessus de multiplication des cellules a été, dans ces dernières années, l’objet d’études qui ont considérablement agrandi le champ de nos con¬ naissances sur les phénomènes de la vie. Les travaux de Strasbürger, Auerbach, Oscar Hertwig, Edouard Van Beneden, Biïtschli, Fol et autres observateurs, se présentent ici devant nous; mais ni le temps dont je dispose, ni le cadre de cette adresse, ne me permettent de faire plus que d’appeler votre attention sur les résultats les plus saillants de leurs inves¬ tigations. Le mode de multiplication des cellules, de 'beaucoup le plus fréquent, est la division spontanée du protoplasme en deux parties qui deviennent indé¬ pendantes l’une de l’autre, de sorte qu’au lieu d’une seule cellule parent, deux nouvelles cellules apparaissent. Dans ce processus, le noyau joue ordinairement un rôle important. Strasbürger l’a étudié avec beaucoup d’attention dans certaines cellules végétales, telles que ce qu’on appelle les « corpuscules , » ou sacs embryonnaires secondaires , chez les Conifères , et fes cellules des Spirogyra. 11 a constaté une étroite ressemblance dans la division des cellules chez les animaux et chez les plantes... Il faut rapporter à la formation de nouvelles cellules par division ou par formation libre, un autre et très intéressant phénomène dont le proto¬ plasme vivant est le théâtre : c’est ce qu’on appelle le « rajeunissement ». 436 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. — Dans ce phénomène, tout le protoplasme d’une cellule, par un nouvel arrangement de ses parties, prend une autre forme et acquiert de nouvelles propriétés. 11 abandonne alors la chambre de cellulose et prend une vie nouvelle et indépendante dans le milieu qui l’environne. Un bon exemple de ce fait nous est fourni par la formation des spores mobiles de YŒdogo- nium , une algue d’eau douce. Là, tout le protoplasme dune cellule adulte se contracte et, par l’expulsion du suc cellulaire, change sa forme cylin¬ drique en une forme globuleuse. Une tache claire apparaît en un point et, là, se montre bientôt un pinceau de cils vibratiles. La paroi de cellulose qui jusqu’alors l’avait tenue renfermée, se rompt alors et la sphère proto¬ plasmique, douée de nouvelles facultés de développement et d’une active puissance de locomotion, s’échappe, spore nageuse, qui, après avoir pendant quelque temps joui des libres allures d’un animal, devient immobile et se développe en une nouvelle plante. Les belles recherches qui, dans ces dernières années, ont été faites par les observateurs que j’ai nommés plus haut, sur la division des cellules animales, ont montré combien est étroite la ressemblance entre les plantes et les animaux, dans tous les phénomènes importants de la division des cellules, et ont apporté une preuve de plus de l’unité essentielle des deux grands règnes organiques. Ici, nous trouvons une forme de cellule qui, comme rapport avec le monde organique, a une signification supérieure à celle de toute autre, — c’est l’œuf. Comme nous l’avons déjà dit, l’œuf re¬ présente, où qu’il soit, une cellule typique, consistant essentiellement en un globule de protoplasme entourant un noyau, la vésicule germinative qui contient lui-même un ou plusieurs nucléoles, les taches germinatives. Cette cellule qu’on ne peut distinguer, par aucun caractère tangible, de mil¬ liers d’autres cellules, est néanmoins destinée à parcourir une série déter¬ minée de modifications et de phases de développement, au bout desquelles est la formation d’un organisa semblable à celui auquel l’œuf doit son origine. 11 est évident qu’upi-.* ganisme si complexe que celui qui résulte de ce développement, — composé, sans doute d’innombrables millions de cellules, — peut être dérivé de la simple cellule-œuf par le seul processus de la multiplication des cellules. La naissance de nouvelles cellules déri¬ vées de la cellule primaire ou œuf' est ainsi à la base du développement embryonnaire. C’est là que le phénomène de la multiplication des cellules dans le règne animal peut, en général, être très bien observée, et le plus grand nombre des recherches récentes sur la nature de ces phénomènes ont trouvé le plus fertile champ d’études dans les premières périodes du développement de l’œuf . L’action décomposante de la chlorophylle sur l’acide carbonique n 'est pas, comme on le croyait naguère encore, absolument particulière aux plantes. Chez quelques animaux des plus inférieurs, tels que le Stentor et autres Infusoires, l’Hydre verte, quelques Planariées vertes et autres Vers, la chlorophylle est différenciée dans le protoplasme et, probablement, y agit JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 437 toujours sous l’influence de la lumière comme chez les plantes. Et même, il a été prouvé, par les dernières recherches de M. Geddes, que les Plana- riées vertes, placées dans l’eau, et exposées à la lumière du soleil, pro¬ duisent des bulles d’un gaz qui contient de 44 à o5 p. 100 d’oxygène. M. Geddes a, de plus, montré que ces animaux [contiennent des granules d’amidon dans leurs tissus ; et, dans ce fait, nous trouvons un autre remarquable point de ressemblance entre eux et les plantes. Un rapprochement semblable entre les deux règnes organiques a été établi encore par les belles recherches de M. Ch. Darwin, confirmées et étendues par son fils, M. Francis Darwin, sur le Drosera et autres plantes carnivores, comme on les appelle. Ces recherches, ainsi que cela est bien connu maintenant ont montré que dans toutes les plantes carnivores, il y a un mécanisme disposé pourla capture des proies vivantes, et que la matière animale, qui compose la proie, est absorbée par la plante après avoir été digérée par le produit d’une sécrétion qui agit comme le suc gastrique des animaux. De plus, Nàgeli a fait voir dernièrement que le champignon de la levûre contient environ 2 pour 100 de peptone (1), substance qui n’est encore connue jusqu’à présent que comme le produit de la digestion des matières azotées par les animaux. Les recherches les plus récentes prouvent, et d’une manière de plus en plus décisive, ce fait qu’il n’y a pas dualisme dans la vie, — que la vie de l’animal et la vie de la plante sont comme leur protoplasme, identiques dans tous leurs points essentiels. Mais rien, peut-être, ne montre d’une manière plus frappante l’identité du protoplasme chez les plantes et chez les animaux et l’absence de toute différence profonde entre la vie de l’ani¬ mal et celle de la plante, que ce fait que les plantes peuvent être soumises, exactement comme les animaux, à l’influence des anesthésiques. Quand un homme inhale la vapeur de chloroforme ou d’éther, celle-ci pénètre dans les poumons où elle est absorbée par le sang, et de là transportée par la circulation dans tous les tissus du corps. Le premier organe qui en est affecté est le délicat élément nerveux du cerveau, et la perte de la conscience en est le résultat. Si l’action de l’anesthésique est continuée, tous les autres tissus sont, à leur tour, attaqués par lui et leur irritabilité est suspendue. Un phénomène exactement parallèle à celui-là se produit chez les plantes. Nous devons à Claude Bernard une série d’intéressantes et très instructives ex¬ périences relativement à l’action de l’éther et du chloroforme sur les plantes. Il a exposé à l’action de la vapeur d’éther un solide et vigoureux pied de sensitive, en l’enfermant sous une cloche de verre dans laquelle il avait introduit une éponge imbibée d’éther. Au bout d’une demi-heure la plante était en état d’anesthésie ; toutes ses feuilles étaient restées complè¬ tement étendues mais, elles ne manifestaient plus aucune tendance à se (I) Le texte dit « peptine », mais nous avons pensé que c’est une faute d’impression, la peptine étant, comme on sait, le ferment gastrique à l’aide duquel les matières azotées sont digérées, et non le produit de cette digestion. On appelle au contraire peptone le produit de l’action de la peptine sur les matières azotées albuminoïdes. Dr J. P. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 438 replier quand on les touchait. La plante se dégagea ensuite de l’influence de l'éther, reprit graduellement son irritabilité, et enfin redevint, comme auparavant, sensible au toucher. 11 est évident que l’irritabilité du proto¬ plasme a été suspendue par l’anesthésique, de telle sorte que la plante est devenue incapable de répondre à l’action d’un stimulus extérieur. Mais ce n’est pas seulement l’irritation du protoplasme appartenant aux éléments moteurs de la plante que les anesthésiques peuvent arrêter. Ils peuvent encore agir sur le protoplasme de celles des cellules dont la fonc¬ tion consiste à exercer une synthèse chimique comme il s’en manifeste dans les phénomènes de la germination des graines, et d’une manière gé¬ nérale, de la nutrition ; Claude Bernard a montré que la germination est suspendue par l’éther ou le chloroforme. Des graines de cresson, dont la germination est très rapide, ont été placées dans des conditions favorables à un prompt développement, et, ainsi disposées, on les a soumises à la vapeur d’éther. La germination qui, en toute autre circonstance, aurait commencé le jour suivant, a été arrêtée. Retirées après cinq ou six jours, les graines ne manifestaient aucune disposition à germer. Elles n’étaient pas mortes, cependant, mais seulement endormies ; car en rem¬ plaçant par de l’air ordinaire, l’air éthérisé dans lequel elles avaient, d’abord été placées, la germination commença bientôt et marcha dès lors avec rapidité. (A suivre.) Dr Allman. Président de l'Association Britannique. LE MICROSCOPE APPLIQUÉ A LA RECHERCHE DES FALSIFICATIONS DANS LES ÉCRITURES (1). L’examen de l’écriture à la main, en vue de reconnaître son auteur, son authen¬ ticité, sa date, de déterminer si elle a été ou non altérée et détournée de sa forme originale et de sa signification, constitue une des applications les plus nouvelles du microscope et une de celles dont l’importance, l’autorité, en même temps que la fréquente utilité n’ont été que récemment reconnues, et même sa réalisation n’est pas encore complète. Peut-être, faut-il en chercher la cause dans ce fait qu’une grande expérience générale, du jugement, du tact dans l'emploi de l’instrument, de l’habileté dans son maniement, quoique nécessaires à cette étude particulière, ne sont cependant par une préparation suffisante. Une étude et une pratique spé¬ ciales sont indispensables, avant qu’on puisse arriver à quelque chose d’utile et atteindre un résultat important. Mais à la personne qui est réellement familiarisée avec l’étude de l’écriture, avec ou sans microscope, cet instrument fournit un moyen facile pour une analyse approfondie. Ceux qui sont mûs, non par le respect des droits d’autrui, mais par la seule appréhension des conséquences que leurs actes peuvent entraîner pour eux-mêmes (1) Extrait de l’adresse présidentielle prononcée par le Dr R. H. Ward, président sortant, au Congrès des microscopistes américains, à Buffaio, le 19 avril 1879. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 439 ne sauraient être trop tôt ni trop bien persuadés de ce fait, que l’écriture ne peut guère être si adroitement modifiée, après son exécution première, que le micros¬ cope ne puisse découvrir la falsification. La surface du papier, lorsqu’elle a été endommagée par le changement de position des fibres, ne peut plus être réparée: ainsi, toute égratignure ou toute éraillure, quelque consommée que soit l’habileté avec laquelle elle a été faite, sera reconnaissable, mais non par d’autres moyens. Les encres qui à l’œil nu, paraissent semblables, se distinguent, sous la lentille, par des différences marquées dans le ton ou la couleur, dans la densité, la pureté ou dans la composition chimique. Les lignes qui paraissent simples et franches peuvent laisser voir qu’elles ont été retouchées ou altérées par la même main, la même plume, la même encre, ou par une main, une plume, ou une encre diffé¬ rentes. Les lignes tracées sur un papier quand il est neuf peuvent paraître diffé¬ rentes quand le papier est vieux. Le microscope ne peut donner une information directe quant à « l’âge » précis d’une écriture; mais, s’il est employé avec un soin suffisant, (non pas aussi facilement qu’on pourrait le supposer et non sans un certain travail), il peut donner l’âge relatif et plus récent de lignes qui croisent ou touchent celles de l’écriture; et il peut, en général, établir si des lignes ont été tracées avant ou après des éraillures, des égratignures, des plis du papier, avant ou après que celui-ci a été chiffonné. Dans une circonstance importante, mon ami, M. W. E. Hagan, de Troy, qui avait étudié, avec une grande attention et beaucoup de succès, l’écriture, et par¬ ticulièrement l’écriture imitative, et avec qui j’ai fait, en collaboration, beaucoup de mes recherches sur cette matière, pendant ces douze dernières années, a éta¬ bli la date d’un document en reconnaissant, dans le papier, des fibres qui n’avaient été employées que récemment à la fabrication du papier, et qui, jointes à d’autres preuves corroborantes auxquelles cette constatation même conduisait, démontra que le papier avait été fabriqué à une date plus récente que celle dont l’écriture qu’il portait faisait foi. Pour traiter la question des écritures imitées, il faudrait disposer d’un vo¬ lume et non d’un fragment de discours ; beaucoup de considérations d’une impor¬ tance reconnue, sur ce sujet, sont encore en voie d’étude et ne sont point mûres pour la publicité. Mais on peut donner, relativement à ces points, quelques indi¬ cations qui sont bien établies et d’une application très générale. Quand un mot, dans une signature fausse, par exemple, a été écrit en traçant les lignes avec un crayon, sur le mot original, et en les encrant ensuite avec une plume, des particules de plombagine seront probablement découvertes en quelque point et reconnues par leur position, leur couleur bien connue, et leur bril¬ lant. L’effet mécanique d’un point au crayon sur et parmi les fibres du papier peut ainsi être reconnu, nonobstant la teinture ultérieure de ces fibres par l’encre. Cette maladroite méthode pour copier porte avec elle les moyens qui la font dé¬ couvrir ; et cependant, elle n’est pas plus aisée à reconnaître que d’autres beaucoup plus habiles et qui semblent plus dangereuses. Quand on copie et qu’on imite une écriture directement avec de l’encre, soit en calquant le modèle, soit en traçant à main levée avec le modèle sous les yeux ou dans la mémoire, la distribution de l’encre est particulière et caractéristique ; elle indi¬ que de l’hésitation provenant de l’incertitude, ou des poses faites pour regarder le modèle, ou pour s’en rappeler l’aspect, pour décider le trait qu’on va faire et justement à des points où une personne écrivant naturellement, de la manière qui lui est propre, particulièrement en écrivant son nom ou une formule commerciale à peu près aussi familière, passera rapidement sur le papier et sans s'arrêter. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 440 De plus, il y a certaines marques personnelles (i) résultant d’habitudes qui fi¬ nissent par devenir aussi naturelles que l’est la respiration et qui caractérisent l’écriture de différentes personnes. Ainsi la forme particulière ou le style des lettres ou des combinaisons de lettres, la manière de commencer ou de finir les lignes, les lettres, les mots ou les phrases ; la forme ou la place des espaces, la manière de briser les lignes, de ponctuer, de biffer, de reprendre ou de corriger, l’habitude de corriger ou de ne pas corriger certaines erreurs ou omissions; l’u¬ sage des fioritures ; la manière particulière de rassembler les mots ou de disso¬ cier les syllabes. Dans l’écriture imitée, ces détails personnels appartenant à un autre auteur sont ordinairement reproduits avec ostentation, sinon avec une exa¬ gération réelle, dans les lettres capitales et autres places saillantes, mais perdus de vue dans d’autres passages moins en évidence où l’imitation devient naturelle¬ ment faible, et où les habitudes de l’écrivain reprennent le dessus sans que ce¬ lui-ci en ait conscience. EL cette révélation est quelquefois d’autant plus positive qu’il a été fait les plus grands efforts pour l’éviter. Certaines choses sont outrées par la peur, qui auraient été faites négligemment par l’habitude; sans compter de grosses fautes qui viennent de la même cause. J’ai, une fois, examiné une si¬ gnature discutée sur une pièce portant en dehors des lignes un grattage, presque immatériel et invisible, qui était conforme à l’habitude d’une personne intéressée dans la question, mais non à celle de l’auteur « ostensible » de l’écriture. Bien plus, la non authenticité d’une écriture petit être prouvée par la trop grande exac¬ titude avec laquelle le modèle a été copié; la reproduction des fautes, des « idio¬ syncrasies » ou l’adaptation à des circonstances extérieures spéciales ; elle peut correspondre trop exactement avec quelque écriture authenLique (par exemple, entre les mains d’une personne suspecte) mais différer évidemment des habitudes de l’auteur réputé. Les modifications dans la forme par les maladies, comme la paralysie, peuvent présenter aussi des différences ou des coïncidences. Toutes ces investigations sur l’écriture peuvent être poursuivies à l’aide du microscope et quelques-unes sont absolument sous la dépendance de cet instrument. Pour l’examen général des mots, un objectif de 3 ou 4 pouces de foyer est le plus utile ; pour l’étude des lettres, il faut un objectif de 4 pouce 4/2; et pour l’examen délicat de la nature des traits ou des caractères de l’encre, il faut un objectif de 2/3 ou 4/10 de pouce. Les objectifs, excepté dans le dernier cas, doivent être de la plus large ouverture, donner un champ plan et la meilleure définition possible. Le stand doit avoir une platine large et plate, quoiqu’il soit, en général, préférable d’employer un petit microscope portatif que l’on peut mouvoir librement sur le papier et mettre au foyer sur un point quelconque sans se servir de platine. Dans ce but j’ai quelquefois employé un microscope à réservoir, mais plus souvent un microscope de poche dont le tube se prolongeait à travers la platine de manière qu’on pût la mettre au point directement sur le papier. Un instrument de la taille de 1’ « Hislological , » de Zentmayer, peut même être employé avec avantage, bien qu’un stand de forme plus légère et de taille plus petite soit beaucoup plus convenable et bien assez solide pour ce travail. Une loupe de moyenne grandeur est suffisante pour l’éclairage; et un bon jugement est plus important que l’emploi d’un appareil exagéré et inutilement compliqué, avec lequel il est souvent incompatible. Comme exemple de l’application du microscope à l’étude critique d’une (l) Le texte dit, a peu près : « certains bouts de l’oreille. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 441 écriture dans des cas d’une importance pratique, et pour montrer combien dépend de sa valeur l’appréciation et la comparaison des faits, je citerai un seul et simple cas d’écriture falsifiée qui s’est présenté il y quelques années. Une certaine note, dont la signature était admise comme authentique et vraie, et dont dépendait une forte somme d’argent, ainsi qu’un intérêt moral bien plus considérable encore, portait la date du 16 d’un certain mois. Le nombre repré¬ sentant l’année était imprimé sur le papier, excepté un seul chiffre, 1, qui avait été rempli par une écriture à l’encre. Il y avait aussi un chiffre 1 écrit au-dessous, dans le corps de la note. Ce dernier 1 était légèrement et également écrit, et de telle grandeur, couleur et forme qu’il devait avoir été tracé en même temps que le reste de la note et par la même personne. Mais les chiffres 16 et 1 de la date étaient écrits grossièrement, deux fois aussi grands que l’autre 1, avec une plume différente cl une encre d’une couleur et d’une densité différentes aussi. Cette parti¬ cularité relative à ces trois chiffres était bien expliquée par le réclamant qui faisait valoir cette circonstance, d’une évidence très plausible, que la date avait été laissée en blanc quand la note avait été écrite, et remplie seulement plus tard, en même temps qu’elle avait été signée, et avec plume et encre suffisantes pour cet objet. Une personne qui avait grand intérêt ù ce que la note eut été signée plus tôt que la date ne l’indiquait, et qui savait bien si, oui ou non, elle avait été primitivement datée à ce jour, affirmait que la date vraie devait être antérieure de plusieurs jours, bien qu’elle ne put établir exactement ce jour. Une autre personne qui était admise comme ayant écrit la date et qui avait eu facilité entière de la changer si elle l’avait désiré, très intéressée, d’ailleurs , qu’elle était à ce que la note n’eût pas de date antérieure à celle qu’elle portait ostensiblement, assurait que cette dernière était la seule et véritable. A première vue, et plus encore après une étude patiente, on semblait devoir désespérer d’arriver à une solution de la question par le microscope ou tout autre moyen. Les traces du crime, s’il y en avait un, n’avaient jamais été mieux cachées. Les chiffres contestés étaient fermes et fortement caractérisés; ils ne trahissaient aucune tentative pour imiter le reste de l’écriture et n’offraient ainsi aucun défaut venant de l’effort fait pour accomplir cette imitation; leur caractère était bien marqué et d’un aspect satisfaisant. La surface du papier était microscopiquement intacte et n’avait subi aucune atteinte pour masquer un grattage. Jamais une ligne ne s'est mieux uniformisée à la vue avec le reste de l’écriture. S’il y avait quelque trait sous les chiffres visibles il devait être pale, léger et à peine perceptible, même au microscope, sous la lourde couche d’encre épaisse et trouble, qui les couvrait et le cachait. Cependant, la lumière étant faible et diffuse sur la face supérieure, mais, en même temps, fortement condensée sur la face inférieure du papier, il apparut quelque chose qui disparut aussitôt par un très petit changement dans l’éclairage, mais que l’on put retrouver en disposant la lumière avec beaucoup de soin. Con¬ fusément mêlée à chacun des trois chiffres contestés, apparut une figure, mais non également distincte dans chacun d’eux, ayant une forme particulière, en coin, ou en triangle, large et plate en haut, fine en bas, et exactement en rapport comme taille et position, avec le reste de l’écriture et avec l’autre chiffre 1 figuré dans le corps de la note. Mais ce dernier était large et carré par en bas, et par conséquent complètement dissemblable des 1 triangulaires de la date. En examinant un grand nombre d’écritures reconnues pour être de la main du même auteur , on vit que ce singulier 1 triangulaire était précisément une forme caractéristique, propre û l’auteur, cl que le 1 non triangulaire et qui 442 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. n’avait pas été altéré dans la note reconnue de son écriture, était au contraire, pour lui, une forme sortant de ses habitudes, une singularité rare, et dans ce cas, embarrassante. Il devint évident que la date avait été écrite : 11, et que le 16 avait été écrit postérieurement par-dessus. Et que le 1 de l’année, quoique ce chiffre fut bon, avait été élargi en même temps pour le rendre semblable aux autres chiffres. IP R. -H. Ward. Ex-président de la Société des Microscopistes Américains. SUR LE SYSTÈME DE STEPHENSON, d’immersion homogène pour les objectifs de microscope. {Fin) (1). Dans, l’application pratique des nouveaux objectifs, il y a encore deux points qui doivent être spécialement indiqués. Le premier est le rôle de la longueur du tube. La suppression, dans ces objectifs, du système de correction pour l’épais¬ seur du couvre-objet, ce qui est considéré par tous les observateurs comme un avantage extraordinaire dans la manipulation de ces lentilles, rendue ainsi plus facile et plus sûre, prive cèpendant l’opérateur d’un moyen convenable pour com¬ penser dans certaines limites, l’influence des différentes longueurs du tube sur les aberrations (2). Ces objectifs ne peuvent être employés qu’avec la longueur du tube pour laquelle ils ont été construits et ils sont si sensibles à cette condition (surtout l’objectif le plus faible), à cause de leur grande ouverture angulaire, qu’une diffé¬ rence de quelques centimètres dans la longueur du tube produit de visibles chan¬ gements dans les conditions de la correction. Un tube à tirage, au microscope, fournit ainsi un moyen très simple de régler la longueur selon l’appréciation de l’observateur, ce qui est le plus simple et le plus délicat système de correction. On peut ainsi, — en attendant qu’on ait trouvé un meilleur liquide pour l’immer¬ sion, — compenser le plus pelit défaut de réfraction dans l’huile de bois de cèdre, défaut qui est sensible quand on emploie un couvre-objet très épais ou très mince. (En allongeant le tube, on produit une sur-correction sphérique, en le rac¬ courcissant, une sous-correction; il en résulte que, dans le premier cas, on corrige un couvre-objet très mince, et, dans le second, un couvre-objet plus épais que d’ordinaire). Quand on emploie ces objectifs pour la photographie, cas dans lequel les ima¬ ges doivent être portées à une distance considérable, à moins qu’on ne se serve d’un oculaire ordinaire faible, une lentille auxiliaire devient nécessaire pour re- (1) Voir Journal de Micrographie, t. III, 1879, p. 333. (-2) La suppression du système de correction est, en elle-même, une chose de peu d’impor¬ tance dans la fabrication de ces objectifs, si on la compare aux autres dimeultés techniques que cette fabrication présente. Il résulte, toutefois, un bénéfice essentiel de cette simplification dans la construction mécanique, car il serait à peine possible, dans une combinaison qui au¬ rait des parties mobiles, d’obtenir un centrage des lentilles aussi parfait et aussi durable que cela peut se faire dans un système de lentilles fixes. Et dans le cas actuel, cette perfection ap¬ paraît comme une condition indispensable, vu la sensibilité des instruments à large ouverture au plus léger défaut dans le centrage. Eu égard à cette circonstance, il ne paraissait pas du tout b propos de munir ces objectifs d’un collier pour la correction. E. A. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 443 porter les images à la distance voulue, sans changer le trajet des rayons dans l’objectif lui-même. Pour cela, une lentille concave, de longueur focale convena¬ ble, peut être fixée tout près de la lentille postérieure de l’objectif; c’est ainsi qu’une personne myope emploie des lunettes concaves pour porter le plan de la vision distincte à une plus grande distance. Une lentille concave d’une longueur focale correspondante, relativement plus courte, peut aussi être placée à une plus grande distance de l’objectif, pour produire une amplification modérée, (de deux ou trois fois) de l’image, et en même temps pour diminuer la distance nécessaire de la plaque. La position de cette lentille auxiliaire doit évidemment, dans ce cas, être réglée en se rappelant que les cônes de rayons qui émergent de l’objec¬ tif convergent vers le même plan que dans une observation ordinaire. Un second point qu’il ne faut pas perdre de vue en employant ces objectifs — comme tout autre dont l’ouverture numérique excède considérablement la va¬ leur 1, — est relatif aux conditions que doit remplir l’appareil d’éclairage pour que toute l’ouverture angulaire puisse être utilisée avec la lumière oblique. Avec une ouverture numérique de 1,25, un rayon incident, pour arriver sur la zone externe de l’objectif, doit, quand il frappe l’objet, être incident sur l’axe du microscope suivant un angle d’environ 56°. Des rayon-s, avec cette inclinaison, ne peuvent pas être transmis de l’air h l’objectif à travers une surface plane perpen¬ diculaire à l’axe, comme la surface inférieure du porte-objet de verre. Un rayon incident, frappant cette surface par-dessous, ne pourrait, après être entré dans le verre, être incliné sur l’axe de plus d’un angle d’environ 42° ; et, avec le miroir ordinaire pour éclairer, cette obliquité ne pourrait jamais être atteinte, sans compter une grande perte de lumière par réflexion, ce qui nuirait beaucoup ù l’effet. Aussi, pour utiliser le degré maximum de l’éclairage oblique qu’un objec¬ tif d’aussi grande ouverture peut admettre, — et avec des objets qui ne sont pas placés dans l’air, — pour obtenir tout le pouvoir de définition de l’objectif, il faut employer un appareil d’éclairage qui non seulement donne un cône de rayon égal à l’ouverture de l’objectif, mais qui, en même temps, soit en « connexion liquide » avec la face inférieure du porte-objet. Entr’autres condensateurs à im¬ mersion qui remplissent ces conditions, je puis citer l’appareil d’éclairage que j’ai décrit il y a quelques années (t), dont le système de lentilles (correspondant à l’angle d’ouverture des anciens objectifs à immersion, de Zeiss) possède une « ouverture numérique » de plus de 1,1 pour son foyer supérieur, et dans la construction duquel la connexion delà lentille frontale avec la face inférieure du slide, par une goutte d’eau, est tenue en compte (2). Toutefois, en l’absence d’un appareil d’éclairage semblable, on peut adopter une disposition beaucoup plus simple et qui rendra de grands services. Elle consiste ù fixer, avec une goutte de glycérine ou d’huile, une lentille piano-convexe, presqu’hémisphérique, de 6 à 9 millimètres de rayon, à la face inférieure du slide, h laquelle elle adhérera. Elle sera suffisamment centrée à l'aide d’une monture en cuivredans laquelle elle sera fixée et dont le diamètre extérieur sera égal au diamètre de l’ouverture de la pla¬ tine dans laquelle on l’engagera. Le miroir concave ordinaire, légèrement tourné hors de l’axe du microscope, donnera ainsi des cônes de rayons au degré d’obli¬ quité désiré. Comme conclusion je rendrai compte des combinaisons optiques des object fs (1) Max Schultze's Archiv. f. Mikr. Anat , t. H, p. 496. (2) Par suite de la plus grande ouverture des objectifs à immersion homogène, j'ai fait construire récemment un système de lentilles pour appareil d 'éclairage, dont l'ouverture angu¬ laire atteint approximativement l’équivalent numérique 1,4. Il donne, par conséquent, des rayons qui sont inclinés de 72° sur l’axe, dans le verre. E. A. 3 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pour immersion homogène. Ceux qui sont construits dans les ateliers de M. Zeiss, et basés sur mes calculs, sont tous des instruments à quatre systèmes. En cela, je suis revenu à un type de construction que j’avais expérimenté il y a plu¬ sieurs années et qui a dernièrement été appliqué avec un grand succès par divers opticiens, notamment par M. Toiles et M. Spencer. Deux lentilles sim¬ ples de crown-giass, placées l’une contre l’autre, sont employées pour le a du¬ plex-front » c’est-à-dire les lentilles inférieures du système. Les deux autres seulement sont composées, achromatiques, comme on les appelle, (et, dans le cas actuel, binaires). Cette forme a certainement le désavantage de laisser un peu plus de différence chromatique (c’est-à-dire qu’avec un achromatisme parfait au milieu du champ, il y a un peu pins de coloration vers la périphérie), qu’on n’en trouve ordinaire¬ ment quand la lentille frontale est immédiatement suivie d’une lentille composée, flint et crown. Mais ce défaut est pratiquement sans importance, en comparaison de la facilité que cette disposition fournit pour accroître l’angle d’ouverture. La forme sur laquelle j’ai établi ce type est néanmoins tout à fait différente de la construction dont M. Toiles a publié les éléments en détail (4). La différence de¬ vient très évidente quand on compare les rayons des lentilles frontales avec les distances focales équivalentes des objectifs respectifs. Le 1/6 de p. de Toiles, décrit dans le journal que j’ai cité, a presqu’exaclcment 4 millim. de distance focale et sa lentille frontale un rayon de 0mra,73. Dans le 1/15 de Zeiss, avec une distance focale de lmn\8, — par conséquent moins de la moitié, — le rayon de la lentille frontale n’est pas moindre de 0mm.9 ; et, même avec le 1/18 de p. (1«™%2 de distance focale) le rayon le plus petit (0u'm,6) est de très peu plus petit que celui du 1/6 de p. de Toiles, tandis qu’un objectif de même pouvoir, d’après la formule de Toiles, exigerait un rayon d’une petitesse anormale, 0m,n,22. Pour appliquer avantageusement le « duplex-front » à la réalisation de plus grandes ouvertures, le rapport le plus favorable entre le rayon de la lentille fron¬ tale et la distance focale qui est atteinte, est de quelqu’importance, car il fournit le seul moyen possible de produire des objectifs de fort grossissement, sans avoir trop recours au tube et aux oculaires forts pour obtenir l’amplification. Par la formule de Toiles, il serait pratiquement impossible de faire un objectif tel que le 1/12 de p. de Zeiss, pour ne pas parler du 1/18, avec un angle d’ouverture d’une étendue aussi considérable, sans compter l’intolérable limitation de la distance frontale (working distance), avec des lentilles aussi exagérément petites. Autant qu’il s’agit de l’observation des diatomées et autres test-objets sembla¬ bles, un objectif de 4mm, s’il est complètement bien fait, s’il possède un large angle d’ouverture, ne laisse certainement rien à désirer, et particulièrement parce que la construction de Toiles implique des conditions relativement favorables pour l’emploi d’oculaires forts. Mais quand on considère les objets bien plus compliqués etbien autrement difficiles que présentent les recherches biologiques, on ne peut pas douter que les systèmes donnant une amplification objective plus considérable resteront une nécessité réelle jusqu’à ce qu’on ait découvert en op¬ tique pratique des moyens plus parfaits que ceux que nous connaissons aujourd’hui pour se débarrasser de l’aberration. C’estpourquoi, dans mon opinion, et considérant les exigences générales de la science, le but qu’il faut avoir en vue, à présent, est la production d’objectifs de longueur focale suffisamment courte, et qui ne présentent pas de trop grandes difficultés à l’usage ordinaire ; tel est le principe qui a guidé mon travail dans ce cas particulier. ^ il.) J.. R. M. S., 1, î 378, 143. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 445 Un côté décidément désavantageux de la formule que j’ai instituée est la diffi¬ culté technique de la construction, dont les conditions sont si rigoureuses que jamais peut-être on n’en a imposé, ni obtenu de telles dans la fabrication des micros¬ copes . Dans cette construction, la surface sphérique de la lentille frontale doitêtre utilisée dans une extrême étendue et doit supporter des incidences qui, pour les rayons marginaux, (du côté de l’air), excèdent 4o° L’opticien constructeur a donc à produire des surfaces sphériques, d’aussi petites dimensions que la lentille frontale, dont la vraie forme doit être exactement celle d’une demi-sphère entière; après quoi, il doit monter ces lentilles de telle sorte que, sans nuire à la solidité de leur sertissure, elles puissent admettre librement des rayons presque jusqu’à leur équateur. La difficulté de ce travail, et l’extrême sensibilité de ces systèmes au moindre défaut de forme ou de centrage des lentilles, font de la construction de ces objectifs un travail des plus délicats et des plus difficiles. Toutes ces diffi¬ cultés d’exécution technique seraient néanmoins considérablement diminuées si l’accroissement de l’ouverture angulaire était sacrifié, dans une certaine mesure, et si l’on se contentait d’une ouverture numérique de 1 à 1,1, ce qui jusqu’ici a été l’ouverture ordinaire des objectifs à immersion. Je dois, quant à présent, laisser indécise la question de savoir si le système d’immersion de Stephenson peut rendre de grands services pratiques, même sous la restriction qu’on sait. Certainement, on en retirerait de grands avantages quant au pouvoir résolvant, puisque celui-ci est essentiellement déterminé par l’amplitude de l’ouverture, mais il y a certainement bien des objets, dans le do¬ maine de la microscopie, pour lesquels un pouvoir résolvant tout particulière¬ ment supérieur est de moindre importance qu’une définition de la plus grande perfection possible. Or, la supériorité de l’immersion homogène, sur ce point, et le grand avantage d’éliminer les effets perturbateurs du couvre-objet, ne seraient diminués que dans une très faible mesure par une certaine réduction de l’ouver¬ ture. Aussi, en admettant que la nature du liquide d’immersion permette un usage fréquent de ces objectifs, particulièrement dans les recherches biologi¬ ques, il serait désirable qu’on essayât le système de l’immersion homogène sur des objectifs de construction plus simple qui, à raison de leurs prix moins éle¬ vés, seraient plus généralement employés. D’un autre côté, cependant, la nouvelle méthode de l’immersion homogène, n’a pas atteint toute l’extension qu’elle peut prendre, avec les nouveaux objectifs. Devant les résultats qu’a fournis son premier pas, on ne peut pas d uter qu’avec ce système on ne puisse atteindre encore à des ouvertures considérablement plus grandes avec des distances focales modérément courtes, nonobstant les dif¬ ficultés croissantes de calcul et de construction. C’est certainement une question intéressante que d’étendre le pouvoir résolvant de l’instrument à sa limite ex¬ trême, par tous les moyens en notre pouvoir, quand même la complication iné¬ vitable de tels objectifs ne leur permettrait que de rares applications; aussi essaie-t-on de le faire dans notre manufacture d’instruments d’optique. J’espère pouvoir bientôt montrer des objectifs de 4 — 3 millimètres de distance focale, dont l’ouverture numérique est portée à 1,35, correspondant à un angle d’ouver¬ ture de 128° dans un milieu dont l’indice de réfraction est l.oO. Mais ce ehilfrc est l’extrême limite qu’on peut atteindre à présent, à moins d’employer des cou-, vre-objets en flinl glass et, en même temps, un liquide d’immersion qui ait un indice de réfraction correspondant. Dr E. Adiie. Professeur à l’Université d’Iéna. 446 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LE LEPTODERA HYALINA (O A la dernière réunion de l’Association Britannique, Sir John Lubbock a appelé l’attention sur l’existence en Angleterre du Leploàera hyalvta , petit Crus¬ tacé très intéressant, trouvé dans les lacs profonds de la Suisse, puis en Russie et en Italie et récemment découvert par MM. Th. Bolton et H. E. Forrest, dans le réservoir d’Olton, près de Birmingham, mais non dans les ruisseaux ni dans les eaux peu profondes. Ainsi que beaucoup d’organismes marins, il est transparent comme le verre, — particularité qui est un avantage pour les animaux herbivores parce qu'ils sont moins facilement aperçus de leurs ennemis, et aussi pour les espèces de proie parce qu’elles peuvent se dérober à la vue de leurs victimes. Les antennes antérieures sont particulièrement développées chez les mâles mais très petites chez les femelles. On peut se demander si ce sont des organes d’ouïe ou d’odorat. Cette dernière supposition semble bien plus probable. Quand un sexe attire l’autre par un son, les deux sexes ont les organes de l’ouïe bien développés. En effet, le sexe appelé doit avoir « une bonne oreille » afin de dis¬ tinguer le son, mais il doit en être de même chez le sexe qui produit ce son afin de le régler. Aussi, dans ces cas, on ne trouve pas de différence marquée entre les organes auditifs du mâle et de la femelle. Mais quand il s’agit de l’odorat, il en est autrement. L’odeur est un caractère spécifique qui n’est ni réglé, ni modifié par la volonté de l’individu. Aussi, quand un sexe attire l’autre, il n’est pas né¬ cessaire que celui qui attire ait les organes de l’odorat bien développés. C’est pourquoi Weismann conclut que, chez le Leptodera, l’antenne antérieure, beaucoup plus développée chez le mâle que chez la femelle, est un organe d’odorat. Après avoir décrit quelques autres détails curieux de l’anatomie de cet animal, Sir John Lubbock a fait remarquer que, comme beaucoup d’autres Crustacés dece même groupe, le Leptodera pond deux espèces d’œufs, — l’une, en été, qui éclot rapidement, et une seconde en automne qui, pourvue d’une épaisse membrane, reste sans développement pendant tout l’hiver et n’éclot qu’au retour de la saison chaude. C’est un fait très curieux et très intéressant que, ainsi que Muller l’a ob¬ servé, ces deux espèces d’œufs produisent des jeunes qui sont très différents les uns des autres. Chez notre Daphnia commune, les jeunes sont d’abord tout à fait différents des parents, n’ayant que trois paires d'appendices et constituant ce qu’on a appelé une larve « nauplienne ». On avait'd’abord supposé que ces jeunes Crustacés étaient des animaux distincts, qu’on avait appelés Nàupiius , mais des observations ultérieures ont montré que beaucoup de Crustacés, — on pourrait dire le plus grand nombre, — quoique différents à l’âge adulte, étant, par exem¬ ple, Homard, Cvclope, ou autre, sont, au commencement de leur vie, un animal ovale pourvu de trois paires d’appendices; ce qui a porté plusieurs naturalistes à admettre, avec Fritz Müller, que tous nos Crustacés descendent d’un ancêtre de cette forme. Mais le Leptodera , pendant l’été, même pendant ses premiers jours, présente¬ rait la forme de l’adulte, et n’en différerait que par la taille et par quelques détails. Aussi, est-il très intéressant que les jeunes, quand ils proviennent des œufs d’hi¬ ver commencent à vivre sous la forme nauplienne. Il est curieux encore que le même réservoir ait fourni à MM. Bolton et Forrest, une nouvelle espèce d Entomostracé qui a été provisoirement nommée Daphnia (1) Science Gossip. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 447 Bairdii et qui est décrite par M. Forrest. dans le dernier numéro du Midland Naturalist. « M. Bolton a envoyé les deux intéressants animaux, vivants, à ses souscripteurs et il les a exhibés avec grand succès, ainsi que plusieurs autres animaux micros¬ copiques vivants à la « conversazione de Cuttlers’ Hall, pendant le congrès de l’Association Britannique, à Sheffield. » Nous sommes heureux de rappeler l’attention sur le dessin de M. Bolton et de lui exprimer notre vive satisfaction pour son album descriptif, illustré de tous les objets microscopiques qu’il a expédiés jusqu’à ce jour, et que l’on peut se procurer pour 1 shilling, chez David Bogue, 3, St-Martin’s Place, W. C. (1), » BIBLIOGRAPHIE LA PLANTE ET L’HOMME DANS LEURS RAPPORTS RÉCIPROQUES par le Dr Ernest Hallier, professeur à l’Université d’Iéna. Le Docteur E. Hallier, professeur à l’Université d’Iéna, a publié récemment un mémoire sur la plante et l'homme dans leurs rapports réciproques, mémoire que nous ne connaissons, d’ailleurs, que par une traduction insérée dans la Revue Internationale des Sciences , et qui est bien le plus singulier morceau que nous ayons lu depuis longtemps. Le professeur a pour but d’abord de montrer quelles immenses obligations l’homme et le règne animal tout entier ont au règne végétal, — obligations, qui du reste sont réciproques, — et ensuite de faire une petite manifestation nouvelle en faveur de ses expériences sur le Peronospora infestans et d’une certaine théorie des plaslides, que beaucoup de nos lecteurs connaissent sans doute déjà et don nous dirons plus loin quelques mots. Comme on le suppose, la première partie de ce travail est consacrée à refaire le tableau de cet admirable échange de matière entre les deux règnes organises, qui fait de l’un, le règne végétal vert.immensc appareil de réduction, le complément et le contrepoids de l’autre, le règne animal, immense appareil de combustion. — Ce tableau est maintenant bien connu, et jadis M. Dumas, dans son admirable leçon sur la statistique chimique des êtres organisés, l’avait fait de telle façon que M. Hallier ne pouvait pas espérer, en traitant cette question, d’approcher, môme de bien loin, son illustre devancier. Partant de là, l’auteur explique les conditions de l’alimentation, le rôle des ali¬ ments azotés ou plastiques et des aliments non azotés ou respiratoires. — Il indi¬ que môme les matières phosphorées comme particulièrement utiles pour l’alimenta¬ tion du cerveau, et recommande comme stimulants de l’activité nerveuse les huîtres et les poissons. — Nous ne disons pas non, et nous ajouterons môme à cette • liste les écrevisses à la bordelaise et les homards à l’américaine. Le savant professeur, qui n’est pas partisan — et cela se voit bien — du régime végétal, approuve aussi les spiritueux, les épices fortes ou aromatiques et les alca¬ loïdes. Les alcaloïdes, c’est la caféine, et autres substances analogues, c’esi-à- dire le café, le thé, le chocolat. (1) M. Th. Bolton, nous prie d'annoncer qu’il ne peut plus expédier d’animaux vivants sur le continent. J. P. 448 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. C’est que les plantes ne fournissent pas seulement des aliments proprement dits à M. Hallier, mais aussi des « moyens de jouissance, » Et parmi ces moyens de jouissance, le professeur gourmet cite d’abord le sucre, les acides végétaux, — un jus de citron sur des filets de sole, un fort filet de vinaigre dans la sauce Robert, etc. — « Ces condiments sont absolument nécessaires , l’homme ayant une aversion décidée pour les aliments absolument insipides. » Et le vin ! « Le vin réjouit le cœur de Lhomme nous dit déjà une vieille tradition, et cela est vrai, car aucune jouissance sensuelle n’est aussi propre à éveiller une inno¬ cente gaîté que l’usage modéré des boissons spiritueuscs. Cest là la vraie jouis¬ sance de la sociabilité. » Eh bien ! mais M. Hallier nous semble comprendre joliment l’existence. Qu’en pensez-vous ? Et après ce bon repas plein d’agréments physiologiques et de jouissances psy¬ chiques, il ne manque plus qu’un bon cigare. — Le voici : « Il existe encore un troisième groupe d’excitants... Les principaux sont le tabac, l’opium, le haschisch et le bétel. Tous les quatre sont narcotiques, mais le tabac est le moins dangereux; ce n’est que par un usage immodéré qu’il peut avoir des effets nuisibles! — » Il y a gros à parier queM. Hallier est fumeur. Après le dîner qu’on sait, com¬ mencé par quelques douzaines d’huîtres, continué par un mélange aussi délicat que savant d’aliments agréablement respiratoires et congruement plastiques, — sans oublier les aliments phosphorés et pimentés, pour réveiller, exciter, cha¬ touiller le système nerveux de Monsieur, — arrosé d’un Bourgogne d’un bon crû, couronné par une lasse de vrai Moka, fort, clair et chaud, et quelques verres d’une généreuse fine Champagne, il est bien certain que M. Hallier aime à savourer un fin Havane ou à griller une bonne vieille pipe, tout en sirotant son pousse- café, son pousse-pousse-café, sa rincette, et sa sur-rincette. Et puis, après cela un bon bock ? Quant au haschisch, à l’opium et au bétel, que le savant professeur n’a sans doute pas expérimentés, il pense « qu’ils ne seront jamais admis dans les cercles des gens bien élevés. « — L’opium, en particulier, qui, dit-il,. « se prépare surtout en Chine, du suc laiteux des pavots,» — ce qui est une erreur, car il se prépare surtout en Turquie d’Asie, et même d’Europe, pour être vendu en Chine par les Anglais, — « son usage sera difficilement admis dans notre société. » — Le bétel n’est pas non plus ce qu’il aime : « Plus de cent millions d’habitants de l’Asie mâchent le bétel, ce qui donne une triste idée de l’état de la civilisation dans ces contrées. » — Et pourquoi donc, M. Hallier ? Que direz-vous donc de nos Européens qui mâchent leur chique ou qui se fourrent dans les narines de la poudre de tabac 1 Roupies pour roupies, nous aimons encore mieux celles de l’Inde. Mais puisque vous paraissez, M. le Professeur, si expert en fait d’aliments res¬ piratoires, plastiques, aromatiques, épicés, phosphorés et autres victuailles dont, dites-vous : « la variété est aussi une des jouissances de la vie, » pourquoi donc avancez-vous que « le goût et l’odorat sont les moins développés de nos sens ? » — Vous ajoutez, il est vrai, « qu’on ferait bien de les cultiver, car ils sont les sentinelles de notre bien-être. » Il nous semble pourtant que, rien qu’à vous lire, ces sens ne paraissent pas aussi obtus chez l’homme que vous voulez bien le dire. — Si l’cdorat, chez nous, n’est pas aussi développé que chez le chien, si nous ne savons pas reconnaître au flair, sur le pavé de nos rues, le passage d’une per- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 449 sonne aimée, en revanche, nous avons ce sens bien plus développé dans une au¬ tre direction, bien plus cultivé, si vous voulez, que n’importe quel caniche. Si ce lui-ci perçoit des quantités ou des intensités d’odeur qui échappent à nos orga¬ nes, nous, nous apprécions toute l’immense gamine des parfums et nous trou¬ vons là des « jouissances » inconnues à tous les chiens. — Et puisque vous ai¬ mez à chercher des « moyens de jouissance, » en voilà, et des plus charmants et qui, même, pour le plus grand nombre, nous viennent des plantes, dont vous avez entrepris le panégyriqne. — Et le goût ! ne pensez-vous pas que chez l’homme, ce sens est, au contraire, très développé, très cultivé?— L’animal, quel qu’il soit, est glouton, il peut être gourmand, — l’homme seul est gourmet. Et pour cela, il faut qu’il ail le goût développé, c’est-à-dire fin, et cultivé par une éducation spéciale dont lui seul est capable. A la bisque la plus savante, à la plus parfumée de toutes les roses, le chien préférera toujours l’odeur et la saveur de la charogne ou de ce que Cambronne a seul pu nommer décemment. Et, à propos de ces sens, vous dites que les mauvaises odeurs ou les mauvais goûts nous avertissent d’un danger. Vous ne voudriez pas soutenir que votre fro¬ mage de Munster, notre Marolies, notre Livarot fleurent comme baume — et ce¬ pendant, ça se mange, et sans danger, dit-on. « Un mauvais goût nous avertit d’éviter certains mets » ajoutez-vous. Mais, des goûts, comme vous l’entendez là, il ne faut pas disputer. Le goût de l'un n’est pas le goût de l’autre. Tel trouve que le goût de l’ail est atroce, ou le goût du melon, ou bien celui du gibier ou du poisson ou des épinards, — pour tel autre ce sont autant de délices. Tout cela est relatif, n’est-ce pas ? Et nos appréciations varient même, pour le même individu, avec les circonstances. Vous en convenez : « tout dépend, dans la vie journalière, de notre humeur, et celle-ci, à son tour, dépend de notre état nerveux et d’influences extérieures agissant sur les nerfs. La saveur désagréable d’un mets suffit quelquefois pour nous rendre maussades.» Décidément, M. le Professeur, vous êtes un gourmet — et de plus vous êtes un homme nerveux. Vous vous plaisez aux mets qui agissent sur les nerls ; — n’in¬ sistez pas sur le homard à l’américaine, il a de cruels retours; — vous aimez les boissons spiri tueuses, — méfiez-vous de l’absinthe, elle est féconde en perfides agacements. Nous ne pouvons suivre M. le D*‘ Rallier dans la discussion des différents cha¬ pitres qui composent son étonnant mémoire, car il y est question de tout et de bien d’autres choses encore: des vêtements, depuis la feuille de bananier du sau¬ vage jusqu’à la fourrure du boyard, — des chapeaux, des souliers, des sabots, des maisons, des planchers, des portes, des fenêtres, des jalousies, des rideaux, des tentures, de la houille, des lignites, du pétrole, de la manière ae faire le feu, des lampes, de la chandelle, du papier, de la sculpture et de la gravure sur bois, etc., etc. Citons seulement quelques passages de ces chapitres aussi nombreux que divers, et dans lesquels leminenl professeur émet quelquefois des propositions d’une rare hardiesse ou des aperçus d’une finesse remarquable. Ainsi, au chapitre des chapeaux, il s’écrie : — « En été, on porte beaucoup de chapeaux de paille. » — Oui, certes, et j’a¬ jouterai même que c’est pour se couvrir la tête. — « Des chapeaux de paille tiennent la tête fraîche, des souliers de paille em¬ pêchent les pieds de se geier. Pour la même raison, on met de la paille dans les traîneaux. » 450 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Le professeur aurait pu dire tout simplement qu’on met de la paille dans ses sabots. Il yen a même qui mettent du foin dans leurs bottes, — et ils n’ont pas absolument tort. Car le Dr Hallier s’occupe aussi des chaussures et donne aux populations alle¬ mandes le conseil que voici, relatif à une question de cordonnerie savante : « Dans les pays civilisés, ou choisit malheureusement pour la chaussure, presque sans exception, le cuir imperméable. Des souliers faits avec des étoffes de provenance végétale, ou tout au moins de laine ou de soie, devraient avoir de beaucoup la préférence, parce qu’ils n’enveloppent pas si hermétiquement le pied et qu’ils lui conservent cependant une chaleur plus égaie. On ne devrait porter des chaussures de cuir que dehors, pour se préserver de l’humidité. » Très sage, M. le professeur ; — mais il y a des gens qui portent des pantoufles chez eux. Et puis, dans certains «pays civilisés,» on fait beaucoup de chaussures en étoffe, surtout pour les femmes, et beaucoup d’autres moitié cuir ou peau et moitié étoffe. Ce raffinement est-il inconnu dans votre ville universitaire, et les dames d’iéna ne portent-ellc que des godillots ? Au chapitre des vêtements, le D1' Hallier explique comme quoi c’est l’air interposé entre les fibres de l’étoffe et dans les cellules de ces fibres qui, mauvais conducteur, conserve la chaleur et fait le vêlement chaud. « Toutes les cellules de ces étoffes contiennent de l’air, et plus elles en contiennent, plus le vêtement garde la chaleur. » — Cela est vrai, cependant il faut faire intervenir la conductibilité plus ou moins grande de la fibre elle-même, sans quoi le meilleur moyen d’avoir chaud serait de se vêtir uniquement d’air et d’aller tout nu. « Dans les tissus, l’air peut passer entre les fils ; c’est pourquoi une étoffe de laine donne un vêtement plus chaud qu’une peau de mouton. » C’est ce qu’il faudrait démontrer. Car alors à quoi serviraient les fourrures qui ont cependant tout à fait leur raison d’être, — demandez aux Esquimaux, aux Groenlandais, aux Lapons. Après avoir pénétré dans nos maisons, examiné les planchers, les portes, les fenêtres, les escaliers, les balustrades, parlé des vaisseaux « qui sont des maisons flattantes », le professeur s’occupe des cheminées et des combustibles. C’est à ce propos qu’il lance une définition aussi transcendante qu’inattendue : « On appelle marais des étendues plus ou moins grandes de terre très humide ou submergée, sur lesquelles prospèr. une végétation toute particulière. » C’est neuf, c’est, hardi , c’est complet. — Vous devinez qu’il va être question des tourbes, houilles et autres combustibles. — Passons. Nous voici à l’éclairage : la torche de bois résineux, l’huile dans laquelle trempe une mèche, la chandelle : « A la rigueur, on peut fixer une chandelle sur la table. » — Certes, M. le professeur, on le peut, mais ce n’est pas propre, et « dans les pays civilisés » on met au moins la chandelle dans une bouteille, — à moins qu’on ne soit pas admis dans les cercles des gens bien élevés. » Il est vrai qu’aujourd’hui, dites-vous, « on emploie partout la graisse facilement solidi- fiable des Cétacés, c'est-à-dire la stéarine » — Double erreur, vous confondez la stéarine avec l’acide stéarique dont on fait des bougies et qui ne provient pas du tout des Cétacés. Le blanc de baleine est, au contraire, fort peu employé. Passons aussi par-dessus le chapitre original, consacré à la machine à vapeur et au papier; à propos duquel M. Hallier s’écrie: «le papier est employé de plus en plus pour les usages les plus divers » — Ces usages . divers nous lais¬ sent rêveur. Après le papier, nous arrivons aux portoplumes, aux crayons, à l’encre, à la sculpture en bois, à la gravure, aux meubles, aux joujoux, aux ma- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 451 tières colorantes, aux vases, — (quels vases, ô M. le professeur?) — Passons par-dessus la gomme, la laque, les pâles, les bonbons, les capsules Mothes, les pastilles d’ipécacuanha, les marrons glacés, la pharmacie, le caoutchouc, la gutla- perca etc., etc., — et arrivons à l’histoire des Diatomées. — Que font les Diato¬ mées dans ce gâchis ? — Elles concourent à la formation du sol. Le Dr Hallier ra¬ conte l’histoire des gisements diatomifères de Lünebourg, de celui sur lequel est bâti Berlin, du tripoli de Bilin, etc. : « Le genre de vie des Diatomées est encore très énigmatique. Elles con¬ tiennent une matière colorante, la dialomine, qui, d’après A. L. Smith, donne au speclroscope une image semblable à celle de la chlorophylle; on lui attribue aussi la propriété de décomposer l’acide carbonique de l’air et de l’eau. 11 est cepen¬ dant difficile de s’expliquer comment cela peut avoir lieu dans la profondeur de la terre où aucun rayon de lumière ne peut pénétrer. Et cependant une grande partie des Diatomées qu’on trouve sous les maisons de Berlin sont vivantes, et les changements que ces petits êtres produisent sont si considérables que des rues entières ont déjà été ébranlées et que des maisons se sont écroulées. » — L’avez-vous vu ? — M. le professeur ? Et nous arrivons aux poisons; à ce propos le Dr Hallier donne son opinion sur l’opéra de Meyerbeer, V Africaine, qui n’a pas l’air de lui plaire outre mesure; — ceci à propos du mancenillier. Puis, il émet, des aphorismes hasardés : « line autre ivraie très malfaisante est le Liseron. » Pardon ! — Le Liseron, Convolvulus arvensis , Convolvulaeée.ne saurait être une Ivraie, Lolium temulentum , Graminée, — même aussi malfaisante que vous voudrez! El plus loin vous ajoutez : « Le joli Sureau nain ..., devient une Ivraie dont on ne peut se débarrasser » Le Sureau nain, l’Yèble, c’est le Sambucus Ebulus et ce n’est pas plus un Lolium qu’un Convolvulus. — Alors on pourrait poser l’équation*. Sambucus Ebulus ^ = Lolium, temulentum — Convolvulus arvensis. D’où on concilierait que l’Yèble est un Liseron. Quelle drôle de Botanique ! En parlant des fermentations, — car, nous l’avons dit, il est question de tout, là-dedans, le docteur Hallier émet cette théorie : « Ainsi, le champignon de la fermentation alcoolique décompose le sucre, dont il ne lui faut que de très petites quantités pour sa nourriture; comme produits de secrétion apparaissent de grandes quantités d’alcool et d’acide carbonique. » La levûre secrétant de l’alcool ! — Qu’est-ee que va dire M. Pasteur? Et M. E. Hallier abordant la question des plantes parasites enfourche le dada du Peronospora infestons de la pomme de terre. Voici ce que c’est : Le Peronospora a été découvert, en 1850, par le professeur Speerschneider, de Rudolstadt; c’est Caspari qui l’a nommé et c’est M. Hallier qui l’a étudié. Les co- nidies sont apportées par le vent sur les feuilles de pomme de terre où elles germent et produisent un utricule filiforme qui pénètre dans un stomate ou perce l’épiderme, se ramifie dans le parenchyme, puis ressort par un stomate ou perce de nouveau l’épiderme. Les filaments qui sortent portent de nouvelles conidies qui se répandent ou germent sur place, rongeant la plante, produisant des taches noires de plus en plus grandes, et pénétrant jusqu’aux tubercules. Cependant, la maladie peut, si le temps est très humide, atteindre les tubercules sans que les taches aient paru au bas de la tige. C’est qu’en effet, d’après de Bary, beaucoup de conidies mises dans l’eau, au lieu de germer, forment des spores mobiles, qui, redevenues immobiles, donnent naissance à de petites coni¬ dies. Ce sont ces spores mobiles qui pénétreraient dans le sol. D’après M. Hallier, 452 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. au contraire, ces spores mobiles ne sont que des conidies incomplètement déve¬ loppées qui ne peuvent pas pénétrer dans le sol. — Cependant, très nombreuses, elles peuvent se réunir en plasmodies amibiformes, rampantes capables de s’enfoncer dans la terre et d’atteindre les pommes de terre. Mais, pour notre auteur, ce n’est pas là le vrai processus. Ce n’est, pas le Pero- nospora ordinaire, avec son mycélium filamenteux et ses conidies segmentées, qui produit la maladie. C'est la fermentation causée souvent par le Peronospora. Et voici la théorie de M. Hallicr : « Le plasma des cellules, chez les Champignons, consiste en deux substances dif¬ férentes; d’abord une substance fondamentale, claire, gluante et très contractile, le protoplasma, et, en second lieu, un noyau plus compacte, nommé plastide. Hallier, — (c’est lui-même qui parle) — a déjà observé, il y a douze ans, que ces plastides de champignons peuvent, dans certaines circonstances, mener une vie autonome, qu’ils sont eux-mêmes des formations cellulaires et, à vrai dire, des organismes autonomes. Les circonstances dans lesquelles ils se forment sont : la surabondance d’eau dans la cellule-mère et l’exclusion de l’influence directe de l’air atmosphérique. » Ainsi, pour le Peronospora , le D*- Hallier avance que, cultivé sous l’eau, il périt; mais les plastides des cellules survivent, se multiplient par division et, quittant la cellule-mère, ils s’étendent en longueur « en forme de bâtonnets appelés Bac¬ téries qui se multiplient énormémentdans l’eau. » C’est ce qui se passe dans le parenchyme aqueux de la pomme de terre, et ce sont les Bactéries qui causent la fermentation, la putréfaction des tubercules. Une petite quantité de ces Bactéries, inoculée à un tubercule sain, le met bien plus vite en putréfaction que le Peronospora lui-même; ce qui se comprend, puis¬ que, dans ce cas, le phénomène est tout de suite à sa période finale, sans avoir eu à parcourir les phases initiales. Ainsi, les Bactéries, les Vibrions, les Schizomycètes, en un mot, ne composent pas un groupe autonome; ce sont des formes d’autres champignons d’une orga¬ nisation supérieure et qui se développent des plastides de ceux-ci, dans certaines circonstances. C’est d’autres champignons que proviennent lea Bactéries de la pébrine, chez les Vers à soie et divers Insectes; d’autres encore que proviennent les maladies contagieuses à contagium vivum, le charbon, etc. et mêmes les maladies conta¬ gieuses ou infectieuses dont on n’a pas encore trouvé la bactérie dans te sang des malades, le typhus, le choléra, la variole, la rougeole, la scarlatine, la fièvre jaune, la malaria, la peste, etc. Telle est la doctrine du professeur Hallier Elle a eu, jusqu’à présent, peu de succès dans le monde savant; mais nous avons cru devoir la résumer avec quel¬ ques détails parce que c’est la seule partie un peu scientifique du volumineux mémoire dont nous avons fait la trop longue analyse. Trop longue, en effet, car nous nous demandons, — sans pouvoir nous ré¬ pondre — qu’est-ce que l’auteur a voulu prouver. Et si nos lecteurs voulaient — par curiosité, — parcourir cette bizarre élucubration, ils reconnaîtraient certai¬ nement, avec nous, qu’il n’y a rien à y apprendre Enfin, le traducteur lui-même, mal inspiré, sans doute, par son auteur, est cou pable de nombreuses défaillances et son français laisse à désirer. Pourquoi fait-il le mot « utricule » tantôt féminin tantôt masculin? Il fallait choisir entre les deux genres et autant que possible choisir le bon. — Pourquoi la lignite? — et qu’est- ce que c’est que ce végétal qui « pousse des plongements ressemblant à des ra- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 453 cines ?» — Nous ne savons si ce « plongement »est allemand; mais, à coup sûr, il n’est pas français, etc. Mais il faut avouer que le traducteur peut dire pour son excuse, que quand même le mémoire du professeur Hallier eut été bien traduit, il n’aurait pas été meilleur, — et c’est vrai. D’ J. P. BIBLIOQRAPHIE DES DIATOMÉES {Suite) (1). 97 98 99 100 101 102 103 104 \ 105 106 107 108 Focke, G. 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La condition à laquelle nous avons voulu satisfaire, la possibilité d’ap¬ pliquer à notre modèle tous les appareils accessoires, anglais, américains et allemands, nous a forcé de modifier notablement la forme et la dimen¬ sion du pied, de la sous-plaiine, de la platine elle-même, et, par suite, de l’instrument tout entier, qui, au lieu de 30 centimètres en mesurera 38 en hauteur. Les principes sur lesquels nous avions établi la construction de notre stand n’ont, du reste, pas changé ; mais, obligé de refondre à nou¬ veau toutes les pièces qui avaient été préparées, nous avons profité de cette circonstance, pour appliquer à notre instrument un grand nombre de petits perfectionnements que nous n’aviuns pas annoncés. De sorte, qu’en résumé, le modèle qui va être prochainement disponible, sensiblement plus grand comme taille que celui que nous avons décrit, lui sera, de même, notablement supérieur comme qualité, et satisfera plus complètement à toutes les exigences. Dr J. Pelletan. SOUSCRIPTION AU CATALOGUE DES DIATOMÉES de Fr. H A B I R S H A W Édition française, revue et augmentée, sur un nouveau manuscrit de l’auteur et publiée par le Dr J. Pelletan Un fort volume in-8°. — (Pour paraître prochainement.) Prix actuel de la souscription . 12 fr. Après la clôture de la souscription . 18 fr. Le prix du port du volume est compté en plus : Pour la France . 1 fr. Pour l’Union postale . ' . 1 » 50 Pour l’Amérique . . 2 » 50 Adresser mandats de poste ou chèques au Dr J. Pelletan, 2, rue Malevÿlle, Paris. La UYLétlrocLe cLia JL9r ÜJiËjOXjijCx'J.1 consiste à, employer L’ACIDE PHÉNIQUE pour la, Caura/tion. des MALADIES A FERMENTS ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : d’ Acide Pîiénique pur et blanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). Sulfo-Phénique (Maladies de Peau, Catarrhes, Pituites, Rhumatismes, etc.) Xodo-Phénique (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, etc.) Phénate d’ Ammoniaque (Fièvres graves, Grippe, Variole, Croup, Choléra, et,C.). Huile de IVïorue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). CrXi'X’CO-PHÉitfiQ'UE: (Brûlures, Plaies, Maladies de Peau, Granulations, Toilette, etc.) : lfr.50. CHASSAING, GUENON & C », 6, Avenue Victoria, PARIS jFYüffarasa SIROPS et INJECTIONS JOURNAL DE MICROGRAPHIE 457 Laboratoire de Microscopie Nos lecteurs trouveront au Bureau du Journal de micrographie, 34, boulevard des Batignolles, à Paris, aux meilleures conditions possibles, avec de notables ré¬ ductions sur les prix dfs catalogues, tous les objets dont ils pourront avoir besoin ! Tous les microscopes , français, allemands, anglais ou américains. Les objectifs de tous les constructeurs. Tous ies instruments dits accessoires, condensateurs de tous les systèmes, ap¬ pareils de polarisation, paraboloïdcs, micromètres, etc. Les lames porte-objet, en verre et en glace, de diverses qualités. Les lamelles minces, carrées, rectangulaires, rondes, ovales. Les lamelles percées ou cellules en verre (de 13 à 25 fr. le 100). Les instruments nécessaires pour faire les préparations. Presses, réchauds, lampes, pinces, pinceaux, tubes, etc. Microtomes divers, rasoirs. Transporteur Monnier. Les instruments de dissection : aiguilles, scalpels, ciseaux, pinces, cro¬ chets, etc. Les préparations microscopiques concernant toutes les branches de la micros¬ copie. Les tests de Mol 1er et de Nobert. Les préparations de E. Wheeler, Bourgogne, Môller, Bœcker, etc. Les ouvrages relatifs au microscope ou à ses applications. Des matériaux, objets d’études, et même des spécimens vivants. Des réactifs tout préparés d’après les formules les plus autorisées, tels que : Carmin amoniacal, carmin neutre, carmin de Beale, carmin oxalique, etc Acide pi crique, solution saturée. Picro-earminate d’ammoniaque, de Ranvier, à 1 p. 100. Bleu d’aniline, violets d’aniline divers. Fuchsine (rouge d’aniline), sulfate et acétate de rosaniline. Hématoxyline, solution alcoolique alunée, de Bœhmer. Bleu de quinoléine. Indigo, indigo sulfate. Éosine, solution aqueuse, solution dans l’alcool au tiers. Eosine hématoxylique, de Renaut. Purpurine et matières colorantes diverses. Bleu de Prusse, bleu solube. Sérum iodé, eau iodée, chlorure de zinc iodé. Chlorure de calcium à 20 p. 100. Potasse caustique à 40 p. 100. Nitrate d’argent à 1 p. 300. Chlorure d’or à 1 p. 200, chlorure d’or et de potassium. Nitrate d’urane, chlorure de palladium, etc. Acide chromique, bichromate de potasse, d’ammoniaque. Acide osmique. Acides acétique, chlorydrique, nitrique, formique, tartrique, oxalique. Liquide de Müller, liquide dePacini, etc. Solution picro-anilique de Tafani. Alcool absolu, alcool au tiers, alcool méthylique. Essence de girofles, de térébenthine, résine Dammar. Baume du Canada, bitume de Judée, vernis, etc. Glycérine, éther, sulfure de carbone, chloroforme. Dca n e’s med i u m , etc . S'adresser au Dy Pelletan, rédacteur en l chef du Journal de Micrographie, 2, rue Maleville , à Paris. Bruxelles. — lmp. et lith. PARENT et Cie. Le gérant : E PROUT. 458 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. INSTITUT DE MICROSCOPIE DE H KNRI BŒCKER à Wetzlar (Prusse Rhénane ) PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES Histologie normale et pathologique. Préparations d’Arachnides, d’insectes, de Crustacés, d’Entozoaires, de Cépha- lophores, d’Echinodermes, de Bryozoaires, de Cœlentérés, de Spongiaires, etc. Préparations botaniques. — Mousses, Algues. Diatomées, etc. Préparations minéralogiques et autres. Instruments de toutes sortes ; matériaux, réactifs pour les préparations. ERNST GUNDLACH Constructeur de Microscopes A Rochester, N Y. (États-Unis d’Amérique) M. Ernst Gundlach, qui a dirigé pendant deux ans la construction des microscopes, des objectifs et appareils micrographiques à la Compagnie Optique « Bausch et Lomb » de New-York, informe le public scientifique qu’il a rompu son association avec ceüe maison à partir du 28 mars dernier. Il continue néanmoins à construire des microscopes, objectifs et autres appareils auxquels il apporte d’importants perfectionnements, en même temps que les prix en sont sensiblement abaissés. Désormais, les instru¬ ments sortant de ses ateliers seront signés de son nom entier « Ernst Gundlach » et ceux-là seulement sont garantis par lui. Un dépôt de ses instruments , exclusif pour la France , est établi au bureau du Journal de Micrographie, 34, Boulevard des Balignolles, à Paiis. LA M VISOA DU D Arthur CHEVALIER, Opticien, Officier d’Académie, etc., est toujours au Palais-Royal, galerie de Valois, 158, et sa réputation grandit chaque année, en raison des inventions nou¬ velles et des perfections apportées à la fabrication des instruments d’optique et- de précision. Fondée sous Louis XV, en 1760, au quai de l’Horloge, par Louis-Vincent Che¬ valier, elle fut continuée au Palais-Royal en 1830, par Charles Chevalier. N’ayant pas de succursale, elle est la seule de ce nom, continuée de père en 111s, depuis plus d’un siècle, qui ait reçu des médailles d'or et d’argent aux expositions nationales, puis le rappel de médaille à l’Exposition universelle de 1878. Les lunettes et pince-nez montés de verres en Crown-glass sont une fabrication spéciale de la maison du DR Arthur CHEVALIER GALERIE DE VALOIS, i$8, ‘PALAIS-ROYAL, PARIS. Entrée des voitures : 15, rue de Valois. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 459 131, Devonshire Street, BOSTON (États-Unis d’Amérique.) CH. STODDER v Seul agent pour les Microscopes et Télescopes de R. -B. TOLLES. îlICHOSCOPIiS DE TOLLES OBJECTIFS DE TOLLES TELESCOPES DE TOLLES M1 Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions aux Sénés des Diatomées (provenant principalement de la collection de feu le D1 de Brébisson) par le professeur H.-L. SMITH. Quatre cents espèces nouvelles sont en préparation. Mr Ch. STODDER est autorisé à recevoir les souscriptions au Journal de Micrographie. JOSEPH ZENTMAYER CONSTRUCTEUR DE MICROSCOPES Médaille d’Argent à l’Exposition Universelle de Paris 1878 147, SOUTH FOURTH STREET PHILADELPHIA U. s. A. ANTISEPTIQUE DE J.- A. PENNÉS Rapport favorable, lu à l’Académie de médecine, le 1 1 février 1879 Expérimenté avec succès dans dix-neuf hôpitaux pour assainir l’air, désinfecter, déterger et cicatriser les plaies et les ulcères, détruire les microzoaires et les sporulcs, embaumer et conserver les pièces anatomiques ou zoologiques, préserver les muqueuses d’altérations locales. Gros : rue de Latran, 2, Paris. — Détail : Dans les Pharmacies. PRODUITS PHARMACEUTIQUES de PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. >cvqa)c D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites , Gastralgies Douleurs et Crampes d’ Estomac, Digestions lentes, etc. D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES a l’iodure de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses, Tuberculeuses , Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de toutes les Affections du sang et de la Peau. Siron Séflatiî D’ËCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. Pour combattre avec efficacité, toutes les affections nerveuses, Épilepsie, Hystérie, Névroses , Agitations' Insomnies et Convul¬ sions des enfants, pendant la dentition. Sirop Ferrugineux; D’ÉCORCES D’ORANGES & DE QUASSIA AMARA au Proto-Iodure de Fer. Le meilleur mode d’administrer le fer, sans crainte des pesanteurs de tête, fati¬ gues d’estomac ou diarrhées, dans le .trai¬ tement de Y Anémie, la Chlorose , la Chloro- Anémie, etc., etc. Dépôt à Paris : 26, rue Neuve-des-Petits-Chanips. PRODUITS a la GLYCÉRINE m CATILLON La glycérine, principe doux des huiles, est un succédané de l’huile de foie de morue, facile à prendre et toujours toléré. Elle diminue la désassimilation en servant d’aliment aux combustions respiratoires, — de là son utilité dans les maladies consomptives, — elle empêche la consti¬ pation, rétablit l’appétit et les digestions, favorise la nutrition : les sujets auxquels on l’admi¬ nistre augmentent de poids. (Voir notre Mémoire sur l’Emploi de la Glycérine.) VIN de CATILLON. u GLYCÉRINE et m QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d’estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Déhilue, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’Iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE k CATILLON Chaque cuillerée, contenant : © gr. 2© de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse. J est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’être tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE » la GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. . Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. 1, Paris. — Détail dans toutes les Pharmacies. N° II. Novembre 1879. Troisième année. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le Dr J . Pelletan. — La fécondation chez les veriébrés, [suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Le Protoplasme, (suite), par le pro¬ fesseur Allman. — La Chambre claire, du Dr Hoffmann, par le Dr J. Pelletan. — Obser¬ vations suggérées par l’étude de l ' Ampliipleuri pellucida dans le baume à la lumière de la lampe ou du soleil, par le Dr J. J. Woodward. — Technique Microscopique : Préparation et montage des objets à deux colorations, par M. C. 0. Merriman. — Liquide de M. A. H. Barrett pour colorer les tissus végétaux. — Sur la nature des Lichens, par le professeur J. Muller. — Bibliographie des Diatomées, (suite), par M. F. Habirshaw, complétée par leDrJ. Pelletan. — Laboratoire de Microscopie du Journal de Micrographie. — Avis divers, etc. REVUE Nous avons enfin reçu Y American journal of Microscopy en un fascicule représentant les numéros de juillet, d’août et de septem¬ bre derniers. Parmi les articles originaux qu’il contient, nous cite¬ rons les suivants : sur l’Argulus Lepidostei , par le professeur D.-S. Kellicott, de Buffalo; — sur la question de l’apertomètre, par M. L.-M. Willis ; — la photographie , comme auxiliaire des investigations microscopiques , par le D1' Cari Sciler; — prépara¬ tions et montage des objets microscopiques à double coloration, par M. C.-C. Merriman. — Nous avons signalé ces deux derniers mé¬ moires, comme ayant été lus au congrès de Buffalo, et nous en avons commencé la traduction ; — sur les poils tactiles, par le Dr Lester Curtis, mémoire accompagné de figures relatives aux poils du museau de la souris. Nous espérons pouvoir repro¬ duire aussi cet article. Puis, vient une note due sans doute à notre excellent confrère, M.John Phin , sur l’unité micrométrique. L auteur rappelle la réso¬ lution prise par la Société R. Microscopique de Londres, relati¬ vement à l’adoption du centième de millimètre comme unité micro¬ métrique : « L’opinion de la Société est que le centième de 462 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » millimètre est une unité trop grande pour les mesures micro- » métriques ( J), et qu’il n’y a pas lieu, pour le moment, de pres- » crire, par une résolution formelle, l’adoption d’un étalon déter- » miné pour la micrométrie. » Puis, M. John Phin fait remarquer avec raison que dans les discussions que cette question a soulevées, tant en Amérique qu’en Angleterre, il y a eu une grande confusion, sinon d’idées, au moins de termes, entre les mots « unité », «étalon », « système ». Il y a, en somme, deux principaux systèmes de mesure, — ceux qui prenaient pour unité la longueur du pied du roi ou du chef, ou bien celle de trois grains d’orge mûrs et choisis au milieu de l’épi^ étant tombés en désuétude : — Le système anglais qui prend pour unité la longueur du pendule battant la seconde de temps dans ses oscillations isochrones, dans certaines conditions de température et de lieu. Mais c’est là l’unité théorique; pratique¬ ment, on la mesure, à la température de 62° Farenheit, entre deux traits tracés sur un étalon ou barre métallique, conservé à l’E¬ chiquier, à Westminster. C’est le yard (2). Cette longueur est divi¬ sée en 3 parties ou pieds, et chacun de ces pieds en 12 pouces, et chaque pouce en 12 lignes. Le système français, dit système métrique , a pris pour unité, théoriquement, une longueur égale à la millionnième partie de la distance de l’équateur au pôle, mesurée sur un méridien. Mais, pratiquement, c’est la longueur existant entre deux traits sur une barre étalon, à la température de 0° centig. Cette longueur est di¬ visée décimalement, c’est-à-dire en dixièmes, centièmes et mil¬ lièmes. Aux Etats-Unis, on emploie les deux systèmes. C’est une erreur de croire que le pied américain diffère du pied anglais. Ces deux longueurs sont identiques. M. John Phin s’élève ensuite contre ceux qui ont proposé de créer de nouveaux étalons, lesquels ne seraient que des copies plus ou moins exactes de l’étalon légal, ce qui serait la meilleure manière d’amener la confusion. Que si une société se chargeait de vérifier les micromètres, comme on vérifie, à Ivevv, les thermo¬ mètres et autres instruments de météréologie, qui vérifiera l’étalon de cette société? Toutes les réflexions de M. John Phin sont parfaitement justes; — néanmoins, il est incontestable que le système anglais employé pour la mesure de très petites longueurs est complètement défec¬ tueux et exige absolument une réforme. La preuve même en est dans (1) C’est précisément ce que nous disions nous-mêmes, il y a déjà plus d’un an. (Voir Journal de Micrographie, T. H, 1878, p. 388. — Dr J. P.). {2} Le yard vaut 0m,91 44; le pied, 0m,3048; le pouce, 0o,,025f; la ligne, 0m,0021. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 463 les débats que cette question soulève en Amérique et en Angleterre, alors que personne, sur le continent, ne pense à abandonner notre système de mensuration en millièmes de millimètre. Le Dr R. -H. YVard,Fun des plus zélés promoteurs de la réforme micrométrique aux Etats-Unis, nous faisait l’honneur de nous demander notre avis sur ce sujet, à lepoque où la question a été soulevée. Nous n’avons pu lui répondre alors, mais notre avis, nous l’avions déjà donné dans le Journal de Micrographie , et le voici : le système dit anglais, pour les mesures microscopiques est déplorable, non pas parce que c’est la longueur du pendule battant la seconde qui sert d’unité théorique, au lieu de la quarante-millionnième partie du méridien terrestre, mais précisément parce qu’il n’y a pas d’unité fixe. C’est le pouce « incli de 0ra0254, la trente-sixième partie du yard, qui est censé être Limité pour les petites longueurs, mais il ne l’est que nominalement, puisque la fraction du pouce que l’on emploie comme unité réelle varie à chaque instant. Ouvrez un ouvrage quelconque de micrographie et vous verrez que tandis qu’un observateur emploie les huitièmes de pouce, un autre em¬ ploie les douzièmes, un autre encore les vingtièmes, etc. — Mais ce n’est encore rien quand il s'agit de ces fractions relativement fortes et que, par un instant de réflexion, on peut encore assez facilement comparer à l’unité, le pouce, pour en comprendre à peu près la valeur. Mais c’est quand on arrive aux fractions à dé¬ nominateur considérable, que l’on tombe dans un dédale inextri¬ cable. Les auteurs emploient indistinctement les centièmes, les cent-cinquantièmes, les trois-centièmes, les cinq-centièmes, les six-centièmes, les huit-centièmes, les millièmes, les douze-ceiv tièmes . de pouce. Nous avons, par exemple, sous les yeux un travail dans lequel nous trouvons, par un élément historique, cette mesure : 45/250 de pouce — Qu’est-ce que c’est que cela? Nous n’en savons rien absolument, et pour le savoir, il faut faire un calcul. Ainsi, voici un auteur qui prend ici comme unité, non pas, en réalité, le pouce ni ses sous-multiples légaux, la ligne, etc., — mais le 256ième de pouce. Plus loin, dans le même travail, il évaluera les objets en trois-centièmes de pouce, c’est-à-dire à l’aide d’une autre unité. Ainsi, le défaut du système micrométrique anglais n’est pas dans le choix du 36nie de yard, ou pouce, pour unité, mais précisément dans l’absence d’une unité fixe, et dans l’arbitraire avec lequel un auteur adopte successivement ou simultanément des fractions dif¬ férentes du pouce pour unité de longueur micrométrique. Que l’on conserve le pouce, si l’on veut, mais alors que tout le monde em¬ ploie la même fraction de ce pouce pour exprimer les dimensions, (!) Voir Journal de Micrographie, T. II, 1878, p. 389. 464 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. — fraction duodécimale ou décimale, d’ailleurs, peu importe, — bien que les fractions décimales soient plus commodes, par la seule raison que le système de numération employé pour écrire les nom¬ bres est décimal. Et cela est si vrai, que, même en Angleterre, on commence à sortir du système des mesures anglaises pour tomber dans le nôtre. Les ingénieurs se servent du pied comme unité courante, mais ils n’emploient guère comme sous-multiples, le pouce ou douzième de pied, ils se servent du dixième de pied et du dixième de ce dixième — système absolument décimal. — Les micrographes commen¬ cent aussi, tout en conservant le pouce comme; unité nominale, à employer les sous-multiples décimaux du pouce. (1) Et si cet usage venait à prévaloir, à être adopté par tous les auteurs anglais et américains, ce serait un progrès considérable, car toutes les me¬ sures exprimées ainsi deviendraient facilement comparables. Quant au centième de millimètre, il est évident qu’il représente une quantité trop grande pour servir d’unité micrométrique, la plupart des chiffres seraient alors des fractions plus petites que l’unité. Mais, à notre avis, cela n’a guère d’inconvénient, puis- qu’en déplaçant la virgule on peut donner immédiatement au nom¬ bre considéré une physionomie qui parle plus aux yeux et à l’es¬ prit ; par exemple, le ramener à notre micro-millimètre, ou mil¬ lième de millimètre, ou /*, qui, nous le pensons, est l’unité micros¬ copique la plus commode et la mieux choisie comme valeur. Elle est assez grande pour être parfaitement mesurable dans le micros cope avec des grossissements modérés, assez petite pour que ses sous-multiples n’atteignent presque jamais à des fractions trop compliquées. Ainsi, nous pensons qu’il serait très utile que tous les micro¬ graphes adoptassent la même unité micrométrique, fraction de pouce ou autre longueur, mais fraction uniforme, à divisions déci¬ males, si possible. Et, entre toutes les mesures que l’on pourrait adopter, le millième de millimètre, le /'-, serait certainement la plus commode et la meilleure. Maintenant, les Américains se lancent clans de longues discus¬ sions quant à la précision de l’étalon sur lequel il faudrait con¬ struire les micromètres, étalon qui ne serait qu’une copie plus ou moins exacte de l’étalon légal ; et par conséquent, les micromè¬ tres que l’on établirait sur cet étalon, ne présenteraient aucune garantie de précision. — C’est parfaitement vrai, mais les diffi¬ cultés ne seraient pas plus grandes pour obtenir, en Amérique, une ( ! ; Dans les fractions plus petites que l’unité, les Anglais et les Américains n’écrivent pas le zéro avant la virgule ; ainsi ils écrivent .2) inch., vingt-cinq centièmes de pouce, — ce que nous écrivons 0.25 pouce. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 465 copie aussi exacte que possible du mètre étalon («standard») que pour en avoir une du yard. Et le yard est indispensable pour cons¬ truire les micromètres en fractions de pouce. Et alors, nous croyons encore que les micromètres construits pour donner des fractions décimales de millimètre présenteraient autant de préci¬ sion que ceux qui donnent des six-centièmes de pouce. * * * L’Américan Naturalist contient dans son numéro d’octobre un grand nombre d’articles très intéressants. Parmi ceux-ci, nous devons citer le travail de M. John A. Ryder sur un nouveau genre de petit Myriapode Pauropode, travail dont voici une courte analyse: En 1865, sir John Lubbock appela, le premier, l'attention sur un petit Myriapode qu’il avait découvert et nommé Pauropus , en raison du petit nombre de ses pattes. C’est le Pauropus Huxleyi , (Lubb.). A cette espèce, il faut ajouter les Pauropus Lubbockii découvert par M. Packard, à Salem, dans le Massachusetts, et une autre espèce anglaise, le Pauropus pedunculatus, Lubb. Telle était jusqu’à présent la composition de ce petit groupe d’animaux, groupe assez remarquable, comme on va le voir, lorsque M. J. A. Ryder, accompagné de son ami, M. D. S. Holman, découvrit, en avril dernier, en Pennsylvanie, une autre espèce de Pauropode, qu’en raison de la largeur relative de son corps, des petites épines qui le hérissent, M. Ryder a nommé Eurypauropus spinosus. Cet observateur a pu conserver vivant, pendant trois mois, les petits animaux, qui mesurent 1 millimètre 1/4 de longueur; il les a vus se reproduire et a pu étudier leur larves. 11 en donne, dans son travail, une description détaillée, accompagnée de croquis exécu¬ tés avec un grossissement de 50 diamètres. Ce petit groupe d’animaux se présente comme un groupe de transition. Ainsi, la forme de leur corps et de leurs pattes appartient aux Myriapodes carnivores ou centipèdes, le « pulvillus », le crochet de leurs pattes les rapprochent assez des Insectes, et leurs antennes rameuses rappellent tout à fait celles des Crustacés. Aussi, sir John Lubbock est- il d’avis qu’il faut en constituer un nouvel ordre d’articulés, à côté des Myriapodes, celui des Pauro- podes. Dès lors, et après la découverte de V Eurypauropus, M. J. A. Ryder composerait cet ordre de deux familles : 1° celle des Pauropodides , avec le seul genre Pauropus dont on connaît trois espèces : Pauropus Huxley i. Lubb.; P. Lubbockii, Packard. P. pedunculatus , Lubb. 2° Celle des Eurypauropodidcs avec leur seul genre et seule espèce : Eurypauropus spinosus, Ryder. 466 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ensuite, nous trouvons un intéressant article de M. W. Barbeck sur les Champignons microscopiques qui attaqueut les céréales , l’ergot, le charbon, la rouille, la nielle, etc. Puis, un travail de M. C. L. Herrick sur les Entomostracés d'eau douce, travail accompagné deplusieurs planches représentant quel¬ ques espèces remarquables, le Diaptomus longicornis, un Cyclops, le Sida cristallina , un Lynceus , le Bosmina longirostris , dont le rostre se prolonge en forme de trompe, si bien que le petit animal représente un proboscidien minuscule et que l’on pourrait dire avec raison qu’il a une « trompette » d’éléphant. Le même recueil contient, dans son fascicule de novembre, une note de M. J. À. Ryder sur un Phytoptus qu’il croit nouveau et qui a été trouvé par le professeur W. Barbeck sur des feuilles d'érable. L’auteur en donne une figure dessinée à la chambre claire avecun grossissement de550diamètres. Il s’agitd’une larve tétrapo¬ de avec un rostre proéminent et cet énorme abdomen vermiforme, strié des plis transversaux, que l’on connaît à ces Arachnides. On l’a recueillie, avec plusieurs autres, à la face inférieure des feuilles où le Phytoptus forme une sorte de galle dans laquelle il est mêlé à des poils qui sont le produit d’un développement exagéré de cellules épidermiques , comme l’a démontré le professeur Briosi. * * * Le Science Gossip d’octobre nous apporte une note de M. W. Johnson, qui a constaté l’influence pernicieuse d'une atmosphère viciée sur la végétation des Lichens. C’est dans les bois de Gib- side, à sept milles au Sud-Ouest de Newcastle, que M. W. John¬ son a fait cette observation. Les Lichens y sont, eu général, très rares, mais les espèces des genres Usnea , Ramalina , Evernia , y manquent absolument. Cependant, ces espèces ont été signalées comme abondantes dans cette localité, en 1832, dans la « Flora of Northumberband », publiée dans les Transactions de la Société d’Histoire naturelle de Northumberland et de Durham. M. W. Johnson attribue la disparition de ces plantes à la fumée des usines de Newcastle et des houillères, fumée qui vient du côté de la Tyne et qui, apportée par les vents, dépose, sur le tronc des arbres, une couche noire, funeste à la végétation des Lichens. Dans le même fascicule, M. G. -R. Vine, qui a obtenu récem¬ ment de l’Association britannique un subside de 250 fr. pour con¬ tinuer les études de micropaléontologie qu’il a entreprises avec son fils, publie un intéressant article sur les Palæocorynes et le développement des Fenestrella. Nous trouvons ensuite un dessin fait par M.G. Harcus, envoyé JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 467 par M. H. Robson, de Newcaslle, et représentant le fameux Euglena viridis , portant un « bulbe » au bout du flagellum. Ce « bulbe » a l’aspect d’un petit renflement sphérique sur lequel on distingue une tache ponctiforme obscure Enfin, nous lisons un petit article sur deux espèces nouvelles d’Entomostracés, article qui doit être de M. Th. Bolton, et que nous avons reproduit en entier dans notre dernier numéro (1). Quant au fascicule de novembre, du Science Gossip , il nous apporte une note de M. J. Fullagar, accompagnée d’un dessin relatif à un Amibe qu’il a observé récemment et qu’il croit être le Rhizopode d’eau douce décrit par Hertwig et Lesser, sous le nom de Dactylosphaerium vitreum, et remarquable par un proto¬ plasme hyalin rempli d’une multitude de granules jaunes ouverts; — puis la fin du travail de G. R. Vine sur les Palaeocorynes et le développement des Fenestrella ; — une note de M. G. F. George sur le Calyptosoma Hardyi, acarien trouvé dans les monts Cheviot, et ayant quelques rapports avec le Trombidiiim holoceriseum, mais présentant ce caractère que les organes buccaux sont cachés dans un sillon placé à la face inférieure du corps et dont on les faits sortir par la pression ; — quelques instructions pour enlever les bulles d’air des préparation; — et l’indication de divers liquides pour colorer les tissus végétaux. M. H. À. Barrett recommande fortement le bleu d’aniline, de Crawshaw,et le magenta, de Judson, employés suivant une méthode que nous indiquons plus loin, dans le présent numéro. Enfin, le Science Gossip nous fait l’honneur de traduire en entier les remarques que nous avons publiées, sous forme de lettre, dans notre numéro du mois de mars 1879 (2), sur la valeur scientifique des préparations micros opiques. Nous n’avons rien à reprocher à cette traduction, si ce n’est d’avoir rendu le mot français « noyaux» par les mots anglais « nodes, nodules ». C’est « nuclei » qu’il fallait dire. * * * Le numéro 4 du Journal du Quekett microscopicàl club contient les articles suivants : sur les poils urticants de V Actinia parasi- tica , par M.F.-A. Bedwell; — sur les PiOtifères vus avec l'éclairage (1) Voir Journal de Micrographie, 1879, t. III, p i 46. (3) p. 139. 468 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sur champ noir, par M. G. -T. Hudson; — le micro-mégascope, par le Dr J. Matthews; — la théorie de la dualité des Lichens , par le DrM.-C. Cooke, qui combat vigoureusement la théorie de Schwen- dener sur la constitution des Lichens par un Champignon et une Algue superposée. Cet article est, croyons-nous, emprunté au Grevillea de mars-juin derniers. * * * A propos de Lichens, rappelons que l’excellente Revue Myco- logique publiée à Toulouse, par M. C. Roumeguère, vient de ter¬ miner sa première année, par la publication de son quatrième fasci¬ cule, dans lequel les botanistes micrographes trouveront plusieurs article intéressants. Parmi ces articles nous en citerons deux, du professeur J. Miiller, de Genève, relatifs tous deux à la question des micro- gonidies des Lichens, découvertes par le Dr Mincks, étudiées et confirmées par le professeur J. Miiller, contestées par plusieurs botanistes éminents, entre autres par M. de Rary. L’un de ces articles est une réponse à M. G. Dutailly, qui con¬ sidère ces microgonidies, visibles seulement avec les grossisse¬ ments les plus considérables des objectifs à immersion les plus perfectionnés (car elles ne mesurent que 1/2 /*), que comme des granulations cellulaires. L’autre est un extrait du journal « Flora , » où il a été publié en latin, et est relatif à la méthode à suivre pour observer les microgonidies. Pour nous, nousavouons ne savoir absolument pas qui a raison des microgonidistes ou des anti-mi- crogonidistes ; mais nous avons l’intention de publier prochaine¬ ment les principales pièces du procès, le travail du Dl J. Miiller sur la nature des Lichens , les articles de MM. Rees, Nvlander, Cooke, relatifs non seulement à la question des microgronidies, mais défendant ou attaquant la théorie de Schwendener sur la dualité des Lichens. Nos lecteurs jugeront. — Aujourd’hui nous nous bornerons à dire que le Dr J. Millier a particulièrement réussi à voir les microgronidies avec les objectifs à immersion, n°s 10, 15 et 18 de Hartnack. Il reproche aux objectifs de Spen¬ cer à immersion dans l’eau et dans la glycérine, à ceux de Zeiss, à immersion dans l’huile de cèdre, d’avoir un foyer trop exact et de ne donner d’image que sur le plan focal mathématique, ce qui ne permet de voir les microgonidies qu’en section et empêche de constater leur relief. — Les objectifs de Hartnack, plus péné¬ trants, laissent, au contraire, saisir la forme des microgonidies qu’on reconnaît ainsi plus facilement. En fait de microgronidie, nous avons avoué ne rien savoir, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 469 mais nous nous permettons d 'être d’un avis différent de celui du professeur Müller, en ce qui concerne les objectifs dont il s’agit. Ces objectifs de Spencer ou ceux de Zeiss, à immersion dans l’huile, en un mot, tous ceux qui ont une très large ouverture et un foyer très exact sont, à notre avis, aussi commodes, et bien 'plus sûrs , que les anciens objectifs, si pénétrants, pour reconnaître la forme et les rapports des objets. En élevant ou abaissant l’ob¬ jectif à ouverture maxima, on prend parfaitement connaissance de la forme, du relief et du volume des corps ; on les mesure et les jauge, pour ainsi dire, on apprécie leur concavité ou leur con¬ vexité, on vérifie s’ils sont au-dessus ou au-dessous d’autres élé¬ ments, et on obtient successivement, de chacune des coupes opti¬ ques de l’objet, une vue nette et parfaitement définie. — Tous ces résultats ne sont pas faciles à obtenir avec les objectifs doués de pénétration, quand cela ne serait que parce qu’ils déforment tou¬ jours plus ou moins les objets et ne représentent jamais une sphère que comme un ellipsoïde plus ou moins aplati dans le plan perpendiculaire à l’axe optique. Aussi, MM. Tuckermann, à Amherst (Etats-Unis), et M. Ch. Stodder, de Boston, ont pu, mais « after màny unsatis factor y attempts , » après plusieurs essais infructueux, observer très bien les microgonidies avec les splendides objectifs de Toiles, 1/6, 1/10, 1/16, 1/25 de pouce, « qui sont, dit le D1' Müller, au plus haut point estimés, mais aussi, comme on sait, d’un prix très élevé. » Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que MM. Tucker¬ mann et stodder sont très familiarisés avec l’emploi des objectifs de R. -B. Toiles, à ouverture maxima, (objectifs que le célèbre opti¬ cien de Boston ne construit pas, du reste, sur la même formule quand ils sont destinés à la résolution des Diatomées ou à l’ana¬ tomie animale ou végétale), tandis que le professeur J. Müller ne s’est procuré les objectifs « supérieurs » de Spencer et de Zeiss, que pour l’observation des microgonidies, et se trouvait, par conséquent, avec eux, dans des conditions moins favorables, pour le moment, qu’avec d’autres objectifs, probablement moins parfaits, mais qu’il avait plus dans la main et dans l’œil , c’est-à- dire au maniement desquels il était plus habitué et dont il savait plus exactement interpréter les indications. Dr J. Pelletan. 470 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. TRAVAUX O R i QIN AUX LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. (Suite) (1). X Quant à la formation des globules polaires voici l’opinion de Hertwig : Au dessus de la vésicule germinative, il se forme une tache claire comme une sorte d’induration de la subtance du vitellus, qui semble comprimer la membrane de cette vésicule et tendre à la refouler vers le centre. De cette petite masse, qui paraît comme un bouton, sur la vésicule, partent des rayons qui s’étalent sur la surface de cette même vésicule, comme des plis rayonnants. La tache germinative, que tout le monde, avant Hertwig, regardait comme un globule homogène, renfermant, tout au plus, des vacuoles, est formée de deux parties, d’une partie centrale et d’une partie corticale. — La partie centrale, plus dense, se colore davantage par le carmin. Il y a donc, au centre, un novau de substance dense entouré d’une couche moins dense. — Quand le bouton protoplasmique s’est formé sur la vésicule, la partie dense de la tache germinative émet un prolongement qui pénètre à travers la couche moins dense qui l’enveloppe, traverse la vésicule et sa mem¬ brane, pour arriver jusqu’au bouton protoplasmique. Et, peu à peu, tout le noyau intérieur de la tache germinative paraît comme aspiré par le bouton dont il augmente le volume. C’est cette portion de protoplasma vitellin, additionné de la substance centrale du nucléole qui deviendrait, suivant Hertwig, l’origine dès globules polaires. Quant à la portion corti¬ cale, elle se résorbe ainsi que la membrane, et la tache vitelline reste seule pour former les globules polaires. Dans cette tache, en elfet, s’organise l’amphiaster décrit par H. Fol, figure qui est une signe de division de cette partie jouant le rôle de noyau. Le double soleil se redresse, devient vertical et prend l’aspect que nous connaissons. L’extrémité externe de l’amphiaster s’avance vers la périphérie du vitellus puis vient proéminer à sa surface, et se sépare sous forme de globules polaires, tandis que la portion interne, l’aster interne, se transforme en un noyau. Ainsi, d’après les nouvelles observations de Hertwig, le noyau vitellin se forme du protoplasma de la tache germinative. M. Balbiani espère trouver l’origine de c e bouton vitellin , qui, pour lui. (1) Voir Journal de Micrographie , T. III, 1870, p. 54, 108, 162, 222, 205, 313, 347, 383, 424. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 471 est la cellule embryogène (1). C’est une supposition qui lui est venue à l’es¬ prit, mais qu’il croit pouvoir corroborer plus tard à l’aide de faits qu’il étudie chez des animaux parthénogénésiques. Quoi qu’il en soit du noyau vitellin, sa présence dans l’œuf prouve, nous le savons, la maturité de cet œuf; cette formation du noyau de l’œuf a lieu, nous le rappelons, en dehors de toute fécondation et la précède, c’est une manifestation de la vitalité de l’œuf, tout à fait indépendante de celle qu’exerce l’élément mâle. Cette dernière influence s’exerce par la combinaison du noyau femelle avec le noyau mâle, combinaison qui forme le premier noyau de segmentation, noyau mixte, noyau embryonnaire qui gouverne toute la série de phénomène par lesquels l’œuf se transforme en embron. Comment donc se produit le pronucléus mâle, le noyau spermatique, comme l’appelle Hertwig? — Quant à ce dernier phénomène, le rôle du spermatozoïde qui a pénétré dans l’œuf avait déjà été annoncé par Hertwig qui avait donné comme probable que le pronucleus mâle provient de la tête du spermatozoïde, mais il n’avait pas vu cette pénétration, ni reconnu les phénomènes qui l’accompagnent. Cette lacune a été comblée par H. Fol et par Selenka,dont les recherches faites à mille lieues de distance, à Mes¬ sine et au Brésil, sur des espèces différentes, ont donné des résultats con¬ cordants d’une manière générale, avec seulement quelques divergences. H. Fol a opéré sur YAsterias glacialis qui lui avait déjà servi pour étu¬ dier le mode de formation du noyau femelle. Rappelons la structure de l’œuf. Cet œuf se présente comme un corps sphérique renfermant un vitel- lus transparent et une vésicule germinative munie d’une tache ronde et vo¬ lumineuse. Ce vitellus est dépourvu de membrane vitelline, ce qu’il est important de noter. L’enveloppe de l’œuf est une capsule adventice, mu¬ queuse, très épaisse, présentant des stries radiées, mais ce n’est pas une membrane vitelline proprement dite. Cette enveloppe se forme dans l’ovaire et se présente comme une exsudation du vitellus. Selenka l’a parfaitement étudiée chez l’Oursin. C’est sur cet œuf que H. Fol a pratiqué la féconda¬ tion artificielle, car il faut toujours opérer ainsi pour observer les phéno¬ mènes à leur début, et l’opération est facile à faire sur cette espèce. Dès que l’œuf est en contact avec la matière fécondante, les spermato¬ zoïdes s’attachent en foule à sa surface, s’empêtrent dans la couche muqueuse, molle et floconneuse, qui le recouvre. La plupart ne vont pas plus loin, mais l'un d’eux devance les autres et arrive à la surface du vitellus. Le contact entre le spermatozoïde et le vitellus n’a pas encore eu lieu que des phénomènes remarquables semassent dans la couche vitelline périphérique, claire et dépourvue de granulations. Le spermatozoïde paraît exercer comme une sorte d’attraction sur la couche claire, et la substance périphérique s’élève devant le spermatoroïde, en une petite bosse qui forme (Voir Journal de Micrographie, T. II, 1878, p. 8. 472 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bientôt une pointe, laquelle vient se fixer à la tête du spermatozoïde et paraît l’attirer vers l’intérieur. Le spermatozoïde s’avance de plus en plus * le filament qui, par ses ondulations rapides, avait déterminé la pénétration' devient immobile, et, à la même place, on voit se former une exsudation de la couclie claire qui s’était déjà avancée au devant du spermatozoïde. Il se produit ainsi une espèce de cône, le cône d'exsudation , qui est probable¬ ment formé par le mélange de la substance périphérique claire avec celle du filament. Mais bientôt, le cône se transforme en un filament d’aspect variqueux, bosselé qui prend successivement les formes les plus irréguliè¬ res et les plus variables. Puis, le cône se retire, absorbant le spermato¬ zoïde, et disparaît. Il ne reste alors plus trace du filament spermatique. Mais, à ce moment, quand le spermatozoïde à atteint la couche périphé¬ rique claire, celle -ci se condense autour du point de pénétration et forme une membrane à double contour qui se soulève au-dessus du spermato¬ zoïde et s’étend de proche en proche sur la surface du vitellus; et il se pro¬ duit ainsi une membrane continue mais qui est séparée du vitellus par une certaine quantité de liquide péri vitell in, laissant seulement un petit enfon¬ cement au point où le spermatozoïde a pénétré. Mais, bientôt, cet enfoncement se comble et la membrane devient lisse sur toute sa surface. C’est la véritable membrane vitelline. Dès que cette membrane est formée, et sa formation est très rapide, elle ferme l’accès de l’œuf à tous les spermato¬ zoïdes qui seraient en retard de quelques secondes sur le premier. 11 arrive cependant que, dans quelques circonstances, plusieurs spermatozoïdes pénètrent dans le vitellus. Nous verrons ce qu’il en advient au point de vue du développement. H. Fol a remarqué que les spermatozoïdes pénètrent par un point quel¬ conque de la surface de l’œuf, tantôt au voisinage des globules polaires, tantôt près du pôle opposé ou par tout autre point. Et, quel que soit ce point, cela n’apporte aucun changement au développement de l’œuf. Bientôt, apparaît la figure radiée autour d’une tache centrale claire qui représente le centre de ce petit soleil que Hertwig avait déjà constaté, et dans lequel il avait déjà vu un corpuscule brillant qu’il pensait pouvoir être la tête du spermatozoïde. Mais il pensait que cette tête disparaît bien¬ tôt pour se mêler à la tache claire qui se montre rapidement homogène. C’est le pronucleus mâle, le noyau spermatique de Hertwig. Ce petit soleil s’avance alors dans le vitellus, pendant que ses rayons s’agrandissent, dans la direction du noyau de l’œuf ou pronucleus femelle. Alors les deux noyaux vont au devant l’un de l’autre et s’avancent jusqu’à se confondre. Lorsqu’ils sont assez rapprochés, un petit pont se forme en- tr’eux et se raccourcit de plus en plus jusqu’à la fusion des deux pronu- cîeus. Ainsi, les observations de H. Fol complètent et confirment celles de Hertwig. Celui-ci avait soupçonné la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf, mais ne l'avait pas constatée. Quelques faits ont cependant échappé JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 473 à H. Fol lui-même, par exemple, le processus par lequel le spermatozoïde introduit dans l’œuf se transforme pour tonner le noyau spermatique. Il croit que la tête se confond avec la petite tache claire qui vient l’entourer quand il a pénétré dans le vitellus. C’est ce point qui a été complètement élucidé par Sélenka, sur une espèce brésilienne d’Oursin, le Toxopneustes variegatus , de Rio, ( Études Zoologiques , 1878). Remarquons d’abord que toutes les observations sur la fécondation de l’œuf animal qui ont fourni les résultats les plus précis, ont été faites sur les Échinodermes. C’est qu’en effet, ce sont les animaux qui réunissent les meilleures conditions pour l’étude : leurs œufs sont maniables, transparents, les spermatozoïdes sont volumineux, on peut les suivre aisément, et, de plus, la fécondation artificielle est facile à opérer. Mais ce n’est pas à dire que d’autres animaux ne présentent pas les mêmes conditions. Les Épinoches, petits poissons que tout le monde con¬ naît et que l’on trouve partout, ont aussi des œufs faciles à étudier. Mal¬ heureusement, les spermatozoïdes sont d’une petitesse excessive; une fois qu’un de ces petits points s’est perdu dans l’œuf, il est impossible de le suivre au milieu des granulations vitellines. Jusqu’à présent, il faut donc s’en tenir aux Échinodermes, et Hertwig, qui a passé plus de six mois sur les côtes d’Italie, observant tous les animaux marins qui lui tombaient entre les mains, a reconnu qu’aucune espèce n’est plus favorable à l’étude que les Étoiles de mer et les Oursins. Sélenka avait toujours soin, et il ne faut pas négliger cette précaution, d’opérer sur des œufs parfaitement frais, ayant toute leur vitalité, et de les féconder avec du sperme aussi frais et vivant. Il a rejeté l’emploi de toute espèce de compression, (ce que n’avait pas fait E. Van Beneden, et ce qui a été funeste à ses observations, puisqu’il a décrit ainsi comme normaux des processus artificiels). Il plaçait les œufs dans une goutte d’eau, pendante à la face inférieure du couvre- objet placé sur une chambre humide, l’objet flottant dans la goutte d’eau ainsi suspendue. Dans ces conditions, Selenka a observé la manière dont les œufs se comportent à la maturation. Il a vu qu’ils subissent, dans l’oviducte, un certain nombre de transformation et atteignent la maturité, caractérisée par la formation des globules polaires. Mais avant cette époque déjà, il s’était produit des changements dans la vésicule germinative. L’œuf présente un vitellus granuleux, transparent, une épaisse membrane enveloppante, mucilagineuse, marquée de stries radiées, une vésicule qui bientôt se ratatine, etc. C’est dans l’oviducte que tous ces faits se produisent, mais ils sont tels que H. Fol les a décrits, et il est inutile d’y revenir. Mais Selenka ne connaissait ni le travail de Ilert - vvig, ni celui de H. Fol. Reprenons donc l’histoire des phénomènes au moment où les globules polaires sont formés. Ordinairement, il ne se forme qu’un seul globule, comme H. Fol l’a vu; mais, dans l’espèce brésilienne, Selenka en a vu deux. L’une de ces globules se segmente même encore en deux autres, après s’être séparé du vitellus. Ch. Robin avait décrit le 474 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. même fait chez des Hirudinées, c’est-à-dire la segmentation des globules polaires dans l’espace périvitellin. Cette segmentation se produit aussi chez les Insectes, dont les globules polaires ne sont pas du tout de même nature que chez les Échinodermes, mais sont des ovules primitifs, qui se divisent de même après leur séparation de l’œuf. Cet œuf renferme ainsi un pronucleus femelle parfaitement constitué, mais Selenka dit qu’au moment ou le globule polaire est expulsé, une goutte de protoplasma hyalin du vitellus, sort avec le globule et se répand bientôt, par une sorte de diffusion, sur toute la surface du vitellus pour y former une couche hyaline claire. M. Balbiani croit que c’est là une erreur de Selenka; cette couche hyaline qu’il a souvent observée est une couche corticale, transparente du vitellus. Elle est préexistante. Mais ce détail est peu important. Le vitellus est donc entouré d’une couche de protoplasma clair. On opère la fécondation artificielle dans l’eau de mer. Au bout de quelques minutes, dans ce même milieu, les spermatozoïdes s’attachent, en quantité, à la surface externe de la membrane mucilagineuse et cherchent à pénétrer. Un très petit nombre franchissent la partie périphérique de cette enveloppe, et ce nombre dépend de la quantité de sperme qui a été mise en contact avec l’œuf. Quand cette quantité et considérable, 10 à 12 sper¬ matozoïdes cherchent simultanément à pénétrer. Us mettent un certain temps à traverser cette enveloppe externe qui est assez résistante, au moins dans sa partie périphérique; et quand un spermatozoïde s’est déjà avancé jusqu’à un certain point, le passage est rendu beaucoup plus difficile aux autres. Ils ont donc une certaine peine à perforer l’enveloppe, et, cette per¬ foration, ils la produisent par un mouvement de rotation sur eux-mêmes, mouvement où la queue joue un grand rôle. Mais à un certain moment, ils sont tout à fait à leur aise, nageant dans la couche plus profonde de la membrane comme dans un liquide, et arrivent au voisinage du vitellus où l’enveloppe est tout à fait fluide. On voit alors les spermatozoïdes faire le tour de l’œuf entre l’enveloppe et le vitellus. Après la pénétration, il reste un petit canal dans l’enveloppe, canal produit par la perforation même, et grâce auquel d’autres spermatozoïdes peuvent entrer, et ressortir. Se¬ lenka avance que la pénétration se fait en un lieu d’élection marqué par une petite bosse formée par le protoplasma vitellin et placée à l’endroit même où se sont produits les globules polaires. C’est, au moins, par ce point que la pénétration se fait le plus souvent; beaucoup plus rarement par un point quelconque. Mais, quel que soit ce point, il n’en résulte aucune espèce de trouble dans les phases du développement, s’il n’est entré qu’un seul spermatozoïde. Quelquefois, le spermatozoïde pique droit sur la petite bosse et y enfonce sa tête pointue comme un petit stylet. Mais, quelquefois aussi, ilmanque la bosse, passe à côté, va et vient, jusqu’à ce qu’il la ren¬ contre et y plonge aussitôt sa tête. Suivant H. Fol le point de pénétration n’a pas de lieu d’élection. Cepen¬ dant, cet auteur décrit une petite bosse qui se forme au moment où le sper- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 475 matozoïde arrive devant le vitellus. Cette petite bosse ne serait-elle pas pré¬ formée, comme le dit Sélenka ? — C’est un point encore indécis. Pendant que le spermatozoïde s’enfonce ainsi, sa queue exécute des mouvements très vifs, qui ébranlent la bosse et la substance vitelline. Dès que la tête s’est avancée quelque peu, une membrane se soulève et vient interdire l’accès du vitellus aux autres spermatozoïdes, comme H. Fol l’avait avancé. Il se forme alors une membrane vitelline consécutive à la fécondation. Pendant ce temps, l’enveloppe épaisse, mucilagineuse, de l’œuf, s’est liquéfiée, et, en moins de 5 minutes, elle a disparu. Alors, la membrane vitelline se soulève de plus en plus, et, peut-être, le soulève¬ ment est-il dû à l’absorption de l’enveloppe mucilagineuse externe. Mais, bientôt, on voit encore la couche périphérique claire du vitellus se ramasser autour de la tête du spermatozoïde, sous forme d’une sorte de cône qui entoure cette tête. Ce cône est analogue au cône d’exsudation de H. Fol. Il est plus prononcé chez l’Oursin, et affecte des formes extrê¬ mement changeantes et diverses. Tantôt, il représente une sorte de gaine qui enveloppe le spermatozoïde, tantôt, des ramifications ou des lobes qui changent continuellement d’aspect. Il entre dans l’œuf en même temps que le spermatozoïde à qui il constitue une espèce de canal clair au milieu du¬ quel on voit le filament. Ce filament est doué de mouvements très vifs ; il écarte les granulations, les jette de côté, et arrive ainsi vers le 1/8 du dia¬ mètre de l’œuf. Là, il devient immobile. Alors, autour de lui, apparaît la figure radiée dont les rayons s’allongent de plus en plus et arrivent jus¬ qu’au contact du noyau femelle. A ce moment, celui-ci paraît impressionné et se met en mouvement vers le noyau spermatique, avec un mouvement qui paraît amiboïde. Quant les deux noyaux sont parvenus à une petite distance, le spermatozoïde, qui était muni de toutes ses parties, tête, segment moyen et queue, se rompt. La tête se détache et pénètre dans le vitellus où elle est entraînée par des mouvements protoplasmatiques ; car, pendant tout ce temps, l’œuf est le siège de mouvements intérieurs consi¬ dérables. La queue, qui avait pris l’aspect d’un petit globule se gonfle jus¬ qu’à prendre le 1/8 de la grosseur du noyau de l’œuf, et se transforme en une gouttelette homogène. Et c’est là, particulièrement, le noyau sperma¬ tique de Hertwig. Ainsi, Hertwig n’avait pas pu savoir comment se forme ce noyau, H. Fol n’avait pas pu constater quelle partie du spermatozoïde le consti¬ tue, Sélenka a reconnu que c’est la queue. Les deux noyaux arrivent bientôt presqu’au contact, et c’est surtout le noyau femelle qui joue alors le rôle actif. Il est animé de mouvements in¬ cessants, il change de forme à chaque instant, il pousse des prolongements vers le noyau mâle, et l’un de ces prolongements s’y fixe en présentant à son extrémité une petite dépression en forme de cupule qui reçoit le noyau mâle et, en exécutant des mouvements actifs, les deux noyaux se fusion¬ nent. 476 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Mais la figure radiée se produit toujours autour du noyau mâle. L’élé¬ ment femelle s’avance au devant du mâle sans s’entourer jamais de ces lignes rayonnantes de granulations ; il ne paraît pas exercer sur celles-ci cette attraction qui oriente la substance vitelline en rayons. Une fois le premier noyau de segmentation formé, s’accomplissent d’au¬ tres phénomènes qui ont pour but de diviser le contenu de l’œuf en frag¬ ments qui forment les cellules embryonnaires. Nous n’avons pas à abor¬ der encore cette partie ; mais ajoutons quelques détails sur la phase de fécondation d’après Selenka et H. Fol. Selenka a donné des indications chronologiques intéressantes sur le mo¬ ment d’apparition des divers phénomènes. Le temps est toujours pris depuis le moment de la fécondation. — 5 minutes après, le spermatozoïde a pénétré dans l’œuf; — au bout de 10 minutes il est arrivé au centre de l’œuf et 2 minutes plus tard, (12 minutes après la fécondation), le noyau de l’œuf s’est mis en mouvement pour aller à la rencontre du noyau sperma¬ tique. -- 20 minutes après, les deux noyaux se sont rejoints et réunis en noyau de segmentation. Tous ces phénomènes s’accompagnent de mouve¬ ments amiboïdes dans la substance propre des deux noyaux, mais surtout dans celle du noyau femelle, mouvements qui persistent encore 5 minutes après la réunion. La réunion en noyau de segmentation dure encore un quart d’heure, ce qui donne un total de 40 minutes, depuis le moment de la fécon¬ dation, pour la production de tous les phénomènes. Après ce temps, un nouveau mouvement apparaît dans le noyau de segmentation qui s’allonge pour se diviser en deux noyaux embryonnaires, et on assiste à toutes les phases dont nous avons parlé en traitant de la formation des globules po¬ laires, c’est-à-dire à la production d’un amphiaster pour la division du noyau. (A suivre.) N. B. — Dans la note placée au bas de la page 430, dans notre numéro d’octobre, nous renvoyons à propos de l’amphiaster aux figures 3 et 4 de la de la Planche XII ; nos lecteurs auront sans doute remarqué l’erreur; — c’est : figures 3 et 4 de la page 429 (figure 13) que nous aurions dû dire. D. J. P. LE PROTOPLASME (Suite) (1). Claude Bernard a fait aussi des expériences sur la fonction des plantes en vertu de laquelle elles absorbent de l’acide carbonique et exhalent de l’oxygène, et qui, nous l’avons dit déjà, est exercée par le protoplasme vert ou chlorophylle, sous l’influence de la lumière du soleil, — fonction qui est communément, mais à tort, désignée sous le nom de respiration des plan¬ tes. Les plantes aquatiques sont des sujets très propres à ces expériences. . / (I) Voir Journal de Micrographie, t. III, 1879, p. 396, 432. JOURNAL DE MICROGRAPHIE 477 Quand l’une d’elles est plongée dans un vase plein d’une eau qui contient en dissolution de l’éther ou du chloroforme, et qu’une cloche est placée par dessus la plante submergée, on trouve que celle-ci ne continue pas à ab¬ sorber de l’acide carbonique et à émettre de l’oxygène. Elle reste, néan¬ moins, parfaitement verte et bien portante. Pour lui rendre ses fonctions, il suffit de la placer dans de l’eau non éthérée, et elle recommence bientôt à absorber de l’acide carbonique et à exhaler de l’oxygène, sous l’influence de la lumière solaire. Le même grand physiologiste a encore fait des recherches sur l’action des anesthésiques sur la fermentation. Tout le monde sait que la fermen¬ tation alcoolique est due à la présence d’un petit champignon, le champi¬ gnon de la levure, dont les cellules contiennent un protoplasme qui a la propriété de décomposer les solutions de sucre en alcool, qui reste dans la liqueur, et en acide carbonique qui se dégage dans l’air. Mais si le cham¬ pignon de la levure est placé, à côté du sucre, dans une eau éthérée, il cesse d’agir comme ferment. Il est anesthésié et ne peut répondre au stimulus que, dans les circonstances ordinaires, il éprouvera par la présence du sucre. Si alors, on le jette sur un filtre, qu’on le lave de manière à le dé¬ barrasser complètement de l’éther, il retrouvera, en contact avec une disso¬ lution sucrée, sa propriété de décomposer le sucre en alcool et en acide carbonique. Claude Bernard a, de plus, appelé l’attention, sur un fait très significatif que l’on peut observer dans cette expérience. Tandis que la fer¬ mentation alcoolique proprement dite est arrêtée par l’éthérisation du champignon de la levûre, il se produit, néanmoins, dans la liqueur sucrée, une curieuse modification chimique: le sucre de canne de la solution est transformé en sucre de raisin, substance identique au sucre de canne pour sa composition chimique, mais differente dans sa constitution moléculaire. Maintenant, on sait, par les recherches de Berthelot, que la conversion du sucre de canne en sucre de raisin est due à un ferment inversif particulier qui, bien qu’accompagnant la plante vivante qui constitue la levûre, est lui-même soluble dans l’eau et dépourvu de vie. Ainsi, il a été démontré que, dans les conditions naturelles, le champignon de la levûre est incapa¬ ble par lui-même d’assimiler le sucre de canne, et que pour que celui-ci soit en état de servir à la nutrition du champignon, il doit d’abord être digéré et transformé en sucre de raisin, exactement comme cela se produit dans nos organes. C’est ainsi que Claude Bernard rend compte du phéno¬ mène : le champignon du ferment a ainsi, à côté de lui, dans la même levûre, une sorte de serviteur, donné par la nature, pour effectuer la diges¬ tion. Le serviteur est un ferment inversif non organisé. Ce ferment est soluble, et comme il n’est pas une plante, mais un corps non organisé dé¬ pourvu de sensibilité, il n’a pas été endormi par faction de l’éther, et il a ainsi continué à remplir sa fonction. Tout l’intérêt de l’expérience dont il a déjà été question, sur la germina¬ tion des graines, est loin d’être borné à l’arrêt des fonctions d’organïsa- 473 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tion de la graine, fonctions qui se manifestent particulièrement par le développement de la radicule, de la plumule et des autres organes de la jeune plante. Un autre phénomène d’une grande signification est en même temps mis en évidence : l’anesthésique n’exerce aucune action sur les phé¬ nomènes chimiques concomitants qui, pendant la germination des graines, se manifestent par la transformation de l’amidon en sucre sous l’influence de la diastase (ferment soluble et non vivant qui existe aussi dans les graines), et par l’absorption de l’oxygène avec exhalation d'acide carbo¬ nique. Ces phénomènes se produisent comme d’ordinaire, les graines anesthésiées continuent à respirer, comme le prouve l’accumulation de l’acide carbonique dans l’air environnant. La présence de l’acide carbo¬ nique est mise en évidence en plaçant, dans le vase qui contient les graines en expérience, une solution de baryte; le cabonate de baryte précipité de la solution est en quantité égale à celui qui se produit dans une expérience sem¬ blable, mais avec des graines mises en fermentation dans un air non éthé¬ risé. De même aussi, dans l’expérience qui prouve que la faculté qu’ont les cellules chlorophylliennes d’absorber de l’acide carbonique et d'exhaler de l’oxygène, sous l’influence de la lumière solaire, peut être arrêtée par les anesthésiques, ompeut voir que la plante, pendant qu’elle est en état d’anes¬ thésie, continue à respirer comme les animaux, — c’est-à-dire, continue à absorber de l’oxygène et à exhaler de l'acide carbonique. C’est là la vraie fonction respiratoire, qui était antérieurement masquée par la fonction dominante d’assimilation, laquelle appartient aux cellules vertes des plantes, et qui se manifeste, sous l’influence de la lumière, par l’absorp¬ tion de l'acide carbonique et l’exhalation de l’oxygène. Il ne faudrait pas supposer, cependant, que la respiration des plantes est entièrement indépendante de la vie. Les conditions qui mettent l’oxv- gène de l’air et la matière combustible de la plante qui respire dans des rela¬ tions telles qu’ils puissent agir l’un sur l’autre sont encore soumises à l’empire de la vie, et nous pouvons conclure que dans l’expérience de Claude Ber¬ nard, l’anesthésie n’avait pas été poussée assez loin pour arrêter les pro¬ priétés des tissus vivants nécessaires à la respiration. Les recherches très récentes de Schützen berger, qui a étudié le processus de la respiration, tel qu’il se produit dans les cellules du champignon de la levure, ont montré que la vitalité de celles-ci est un facteur nécessaire dans ce processus. Il a montré que la levûre fraîche, placée dans l’eau, respire comme un ani¬ mal aquatique, dégageant de l’acide carbonique et faisant disparaître l'oxy¬ gène contenu dans l’eau. Que ce phénomène dépende d’une fonction de la cellule vivante, cela est prouvé par ce fait que si l’on chaulïe préalable¬ ment la levûre à 60° C. et qu’on la place dans de l’eau contenant de l’oxy¬ gène, la quantité d’oxygène contenu ne change pas, — qu’en d’autres termes, la levûre cesse de respirer. Schiitzenberger a, de plus, montré que la lumière n’exerce pas d’influence sur la respiration de la cellule de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 479 la levûre, que l’absorption de l’oxygène par la cellule a lieu dans l’obscu¬ rité aussi bien qu’à la lumière solaire. D’un autre côté, l’intluence de la température est bien marquée. La respiration est presqu’entièrement arrêtée à des températures inférieures à 10° C., et elle acquiert un maxi¬ mum à environ 40° C., tandis qu’elle cesse de nouveau à 60° C. Tout cela prouve que la respiration est identique, qu’elle se manifeste chez la plante ou chez l’animal. C’est un phénomène essentiellement destructeur, comme celui qui se produit quand un morceau de charbon brûle à l’air libre, et, comme dans ce dernier cas, il est caractérisé par la disparution de l’oxygène et la formation d’acide carbonique. Un des résultats les plus importants des récentes et attentives applica¬ tions de la méthode expérimentale à l’étude des phénomènes de la vie des plantes a été de détruire complètement l’idée d’un antagonisme supposé entre la respiration des plantes et celle des animaux. Je me suis efforcé de vous présenter à grands traits une esquisse de la nature et des propriétés d’une des modifications de la matière, qui ne le cède à aucune autre pour l’intérêt qui s’attache à son étude et l’importance de la part qui lui est dévolue dans l’économie de la nature. Si l’occasion me l’eut permis, je serais entré dans bien d’autres détails que j’ai dû laisser sans les aborder. Mais j’en ai dit assez pour vous convaincre que nous trou¬ vons dans le protoplasme la seule forme de la nature dans laquelle la vie puisse se manifester; et que les conditions extérieures de la vie, chaleur, air, eau, nourriture, fussent-elles présentes, le protoplasme serait encore néces¬ saire pour que ces conditions puissent être utilisées, pour que l’énergie de la nature privée de vie puisse être convertie en celle de ces multitudes in¬ nombrables de formes végétales e1 animales qui couvrent la surface de la terre et peuplent l’immense profondeur des mers. Nous sommes ainsi con¬ duits à la conception d’une unité essentielle dans les deux grands règnes de la nature organique : — unité de structure — par ce fait que chaque être vivant a le protoplasme pour matière essentielle de chaque élément vivant de sa structure; — unité physiologique, par cette attribution univer¬ selle de l'irritabilité, qui a son siège dans le même protoplasme et qui est le premier moteur de tout phénomène vital. Nous avons vu combien la forme influe peu sur les propriétés essentiel¬ les du protoplasme. 11 peut se constituer en cellules, et les cellules peuvent se grouper en organes d’une complexité toujours plus grande, la force du protoplasme augmente ainsi d’intensité, et, par le mécanisme de l’organisa¬ tion, arrive à produire les meilleurs effets possibles; mais nous devons toujours revenir au protoplasme comme à un plasma nu et sans forme, si nous voulons trouver, débarrassé de toute complication non essentielle, l’a¬ gent auquel a été assigné le rôle de constituer la structure et de transformer l’énergie de la matière qui ne vit pas en celle de la matière qui vit. Supposer, toutefois, que tout le protoplasme est identique, parce qu’à l’aide de tous les moyens à notre disposition, nous n’y pouvons reconnaître 480 JOURNAL DU MICROGRAPHIE aucune différence, serait une erreur. De deux particules de protoplasme entre lesquelles nous pouvons défier la puissance de tous les microscopes et les ressources de tous les laboratoires de trouver une différence, l’une ne pourra produire qu’un poisson gélatineux, l’autre qu’un homme ; et la seule conclusion possible, c’est que dans leur profondeur, il doit y avoir une diffé¬ rence fondamentale qui détermine ainsi leur inévitable destinée, mais dont nousnesavons rien et dont nousne pouvons rien dire, si ce n’est qu’elle doit dépendre de la constitution cachée de leurs molécules. Dans la constitution moléculaire du protoplasme, il y a probablement autant de complexité que dans la disposition des organes dans les organismes les plus supé¬ rieurement différenciés. Et, entre deux masses de protoplasme, impossi¬ bles à distinguer dune de l’autre, il peut y avoir autant de différence molécu¬ laire qu’il y en a entre la forme et l’arrangement des organes dans les plus largement séparés des animaux ou des plantes. De là résulte cette uni¬ versalité du protoplasme; de là sa signification, à la base de toute expres¬ sion morphologique, comme agent de tout travail physiologique, et qui doit être doué d’une faculté d’adaptation à son but aussi grande que dans n’im¬ porte quel organisme le plus compliqué. Des laits que j'ai exposés devant vous, on ne peut tirer qu’une conclusion légitime, — c’est que la vie est une propriété du protoplasme. Et, dans cette assertion, il n’y a rien qui doive nous étonner. Les phénomènes essen¬ tiels et propres aux êtres vivants ne sont pas si largement séparés de ceux qui appartiennent à la matière non vivante qu’il soit impossible de recon¬ naître une analogie entr’eux; car, même l’irritabilité, ce grand caractère propre à tous les êtres vivants, peut être conçue comme une propriété de la matière, sans plus de difficulté que les phénomènes physiques de la force centrifuge. Il est vrai qu’entre la matière sans vie et la matière vivante il y une grande différence, différence bien plus grande qu’on n’en peut trouver entre les manifestations les plus diverses de la matière non vivante. Quoique la synthèse raffinée de la chimie moderne ait pu réussir à former quelques- uns des principes que jusqu’ici on avait considérés comme étant les produits propres de la vitalité, il n’en reste pas moins vrai que personne n’a encore pu produire une particule de matière vivante avec des éléments non vi¬ vants;— il n’en est pas moins vrai que chaque créature vivante, depuis l’être le plus simple qui rampe aux derniers degrés de l’organisation, jusqu’à l’organisme le plus élevé et le plus complexe, a son origine dans une ma¬ tière vivante préexistante; — que ce protoplasme dont nous parlons aujour¬ d’hui n’est que la continuation du protoplasme des âges antérieurs, transmis jusqu’à nous à travers d’indéfinies et indéterminables périodes de temps. Mais, malgré cela, quelque grandes que soient leurs différences, rien n’interdit une comparaison entre les propriétés de la matière qui est douée de vie et celles de la matière qui en est dépourvue. Et quand nous affirmons que la vie est une propriété du protoplasme, nous ne faisons que ce que nous avons le droit de faire. Mais, ici, nous nous arrêtons à la li- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 481 mite entre la vie, considérée dans sa conception propre, comme constituant un groupe de phénomènes ayant l’irritabilité pour lien commun, et ce groupe de phénomènes, autres et plus élevés, qu’on appelle ceux de la con¬ science et de la pensée, et qui, bien qu’entièrement liés à ceux de la vie, en sont cependant essentiellement distincts. Quand on touche, avec la pointe d’une aiguille, le cœur d’une grenouille récemment sacrifiée, cœur qu’on vient de séparer du corps, il commence à battre sous l’excitation de ce stimulus, et nous nous croyons en droit de rapporter les contractions des fibres cardiaques à l’irritabilité du proto¬ plasme comme à leur cause propre. Nous assistons là à un remarquable phénomène, mais à un de ceux, néanmoins, où nous pouvons reconnaître une indéniable analogie avec les phénomènes purement physiques. Il n’y a pas plus de difficultés à con¬ cevoir la contractilité comme une propriété du protoplasme, qu’il n’y en a à concevoir l’attraction comme une propriété de l’aimant. Quand une pensée passe dans l’esprit elle est associée, nous avons maintenant de nom¬ breuses raisons pour le croire, à quelque modification dans le proto¬ plasme des cellules. Avons-nous, cependant, le droit de regarder la pensée comme une propriété du protoplasme de ces cellules, dans le même sens que nous regardons la contractilité musculaire comme une propriété du protoplasme du muscle ? — Ou bien est-elle une propriété résidant dans quelque chose d’absolument différent, mais qui peut avoir encore besoin, pour sa manifestation, de l’activité du protoplasme cérébral ? Si nous pouvions trouver une analogie entre la pensée et quelque phénomène connu de la matière, nous serions tenus d’accepter la première de ces conclusions comme la plus simple et comme offrant une hypothèse plus en rapport avec l’étendue des lois naturelles. Mais, entre la pensée et les phénomènes physiques de la nature, non seulement il n’y a pas d’analogie, mais nous n’en pouvons même pas conce¬ voir. La voie facile et continue que nous avons suivie jusqu’ici, dans notre raisonnement, pour passer des phénomènes de la matière non vivante à ceux de la matière vivante, se trouve subitement rompue. L’abîme entre la vie inconsciente et la pensée est profond et infranchissable, et nous ne pouvons trouver aucun phénomène de transition à l’aide duquel, comme par un pont, nous puissions passer par-dessus. Car, même l’irritabilité, à laquelle, par une vue superficielle, on pourrait rattacher la conscience, en est aussi absolument distincte que de tout autre phénomène ordinaire , propre à la matière. On a argué que puisque l’activité physiologique est une propriété de la cellule vivante, l’activité psychique doit en être une aussi; le langage de la métaphysique est entré dans la biologie, et la « cellule- âme » a été donnée comme une conception inséparable de celle de la vie. Que les phénomènes psychiques, cependant, caractérisés, comme ils le sont essentiellement, parla conscience, soient nécessairement proportionnés à ceux de la vie, cela ne peut faire l’objet d’un doute. Jusqu’à quel point la 482 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. conscience peut exister au bas de lechelle de la vie, c’est ce nous n’avons aucun moyen de déterminer, et il n’est pas nécessaire à notre raisonnement que nous le puissions. Il est certain que des faits, qui ont toute l’appa¬ rence de résulter d’une volition, peuvent s’expliquer comme actes absolu¬ ment inconscients. Lorsque les zoospores nageuses d’une algue évitent de se rencontrer, lorsqu’en renversant l’action de leurs cils, elles s’écartent des obstacles qui sont devant elles, il n’y a certainement là rien qu’un acte purement inconscient. Ce n’est qu’un cas où nous trouvons l’expression de la grande loi de l’adaptation des êtres vivants aux conditions qui les entourent. L’irritabilité du protoplasme de la spore ciliée, répondant à un stimilus extérieur, met en mouvement un mécanisme dérivé, par héritage, de ses ancêtres, et dont les parties concourent à une fin commune, — la préservation de l’individu. Mais, même en admettant que chaque cellule vivante est un être cons¬ cient et pensant, avons-nous le droit d’affirmer que sa conscience, comme son irritabilité, est une propriété de la matière dont elle est composée? Le seul argument sur lequel cette vue est fondée repose sur l’analogie. On a dit que puisque les phénomènes de vie, que l’on trouve invariablement dans la cellule, doivent être regardés comme inhérents à une propriété de la cellule, les phénomènes de conscience qui les accompagnent, doivent être considérés de même. Le point faible de cet argument, c’est l’absence de toute analogie entre les choses que l’on compare, et comme la conclusion repose seulement sur une raison d’analogie, argument et conclusion tom¬ bent en même temps. Dans une conférence que j’ai eu un jour le plaisir d’entendre, confé¬ rence caractérisée non moins par la lucidité de l’exposition des faits que par la fascination de la forme sous laquelle ils étaient présentés, le pro¬ fesseur Huxley a affirmé que, quelque grande qu’elle paraisse, aucune différence entre les phénomènes de la matière vivante et ceux des éléments non vivants dont cette matière est composée, ne pourrait militer contre l’at¬ tribution, faite au protoplasme, des phénomènes de vie comme résultant de propriétés qui lui sont inhérentes. Nous savons, en effet, que le résultat de la combinaison chimique d’éléments physiques peut présenter des pro¬ priétés physiques totalement différentes de celles des éléments combinés. Les phénomènes physiques que présente l’eau, par exemple, n’ont aucune ressemblance avec ceux qui sont propres à ses éléments composants, l’oxy¬ gène et l’hydrogène. Je crois que le professeur Huxley entendait n’appli¬ quer cet argument qu’aux seuls phénomènes de vie, dans le sens le plus strict du mot. Dans ce cas, il est concluant. Mais si on le pousse plus loin, qu’on l’étende aux phénomènes de conscience, il perd toute sa force. L’a¬ nalogie parfaitement réelle dans le premier cas, manque ici. Les propriétés des composés chimiques sont toujours, comme celles de leurs composants, des propriétés physiques. Elles rentrent dans la grande catégorie de ce qui est universellement accepté comme les propriétés de la matière, tan- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 483 dis que celles de la conscience appartiennent à une catégorie absolument distincte, laquelle ne présente pas trace d’une connexion avec celles que les physiciens se sont accordés à assigner à la matière comme caractéris¬ tiques propres. L’argument tombe donc, car il tire toute sa force de la seule analogie, et ici toute analogie s’évanouit. Que la conscience ne se manifeste jamais qu’en présence de la matière cérébrale ou de quelque substance semblable, cela ne peut être une ques¬ tion, mais c’est tout autre chose que d’être une propriété de cette matière, dans le même sens que la polarité est la propriété de l’aimant, ou l’irrita¬ bilité la propriété du protoplasme. La formation des rayons qui se pro¬ jettent au delà du violet, dans le spectre solaire, ne peut pas être considérée comme une propriété du milieu qui, en changeant leur réfrangibilité, a seul pu les'rendre apparents. Je sais qu’il y a un charme particulier dans ces larges généralisations qui tendent à rapporter beaucoup de phénomènes très différents à une cause commune. Mais, dans ce charme, très réel, il y a incontestablement un danger, et nous devons y être d’autant plus attentifs qu’il peut exercer son influence en arrêtant les progrès de la vérité, comme, dans une période antérieure, les croyances traditionnelles ont exercé une autorité dontl’esprit n’a réussi que lentement et difficilement à s’émanciper. Mais avons-nous fait un pas en avant, nous pouvons nous le demander, vers l’explication des phénomènes de la conscience ou la découverte de sa source? — Assurément non ! — La faculté de concevoir une substance différente de celle de la matière est au delà des limites de l’intelligence humaine, et les conditions physiques ou objectives qui sont concomitantes à la pensée constituent tout ce dont il nous est possible de savoir quelque chose, et tout ce dont l’étude a de la valeur. Nous ne sommes pas, cepen¬ dant obligés, d’après cela, de conclure qu’il n’y a rien dans l’univers que matière et force. La plus simple loi physique est absolument incompré¬ hensible pour la plus élevée des bêtes, et personne ne pourrait affirmer que l’homme a déjà atteint la limite de sa puissance. Quel que puisse être ce lien mystérieux entre l’organisation et ses attributions physiques, un grand fait - un fait d’une importance inestimable — se dresse clair et libre de toute obscurité comme de tout doute, c’est qu’à partir de la première aurore de l’intelligence, il y a, avec chaque progrès dans l’organisation, un progrès correspondant dans l’esprit. I/esprit, aussi bien que le corps, va ainsi en avant par des phases plus élevées et toujours plus élevées. La grande loi de l’évolution trace la destinée de notre race; et quoique main¬ tenant nous puissions, tout au plus, indiquer quelque point faible dans la généralisation qui rapporte la conscience, aussi bien que la vie, à une source matérielle commune, qui peut dire si, dans le lointain des temps à venir, il ne se développera pas en nous quelques autres facultés» plus élevées, à l’aide desquelles la lumière sera faite dans nos ténèbres et qui révéleront à l’homme le grand mystère de la pensée? Prof. Allman, Président de l’Association Britannique. JÜl’KNAL DE M IC HOCHAI* H IE . LA CHAMBRE CLAIRE DU DOCTEUR J. G. HOFMANN Il y a déjà beaucoup de chambres claires, caméra lucida , mais il est certain que ni les unes ni les autres ne sont excellentes, et la preuve en est qu’on en invente toujours de nouvelles. Il y a quelques mois, nous an- uoncions,à la fois, l’apparition de quatre instruments de ce genre, la cham¬ bre claire du Dp Hofmann, celle de M. Pellerin, celle de M. Swift et enfin celle du D' Cunningham Russell. C’est sur le premier de ces appareils que nous voulons revenir aujourd’hui. Toutes les personnes qui s’occupentd’optique scientifique connaissent le Dr J. G. Hofmann, qui, non seulement est un des plus habiles construc¬ teurs de Paris, mais encore un des plus savants opticiens. Un jour nous décrirons plusieurs des magnifiques instruments que nous avons admirés dans ses ateliers; mais celui que nous voulons signaler aujourd’hui, c’est sa chambre claire, laquelle, nous n’hésitons pas à le déclarer, est la meil¬ leure que nous connaissions, jusqu’à ce jour, et celle dont l’emploi est le plus commode sur le microscope. La figure 14 représente l’instrument tel qu’on peut l’employer avec un microscope amené dans l’horizontale, la pièce F étant engagée dans le tube du mi¬ croscope. Si le microscope est vertical, on emploie une pièce de raccord représentée dans la (ig. 15. La pièce H est engagée dans le tube du microscope et la chambre claire est mon¬ tée à l’extrémité G. On comprend que les rayons arrivant de l’objet par le tube H sont réfléchis en N et dirigés vers la cham¬ bre claire. Quant àTinstrumemt en lui-même, rien n’est plus simple que sa cons¬ truction, représentée en coupe verticale dans la fig. 16, et une simple ins- Fig. 14. — Chambre claire du Dr Hofmann. pection du dessin suffit pour faire comprendre la disposition adoptée par l’opticien. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 48o 16. — Coupe verticale de la cliambie c'aire. Les rayons lumineux arrivent de 1 objet à travers la leu tille C et tombent sur le petit miroir argenté A à la surface duquel ils se réfléchissent sur la glace B, à faces parallèles, et de là à travers l’ouverture E, parviennent à l’œil de l’observateur. L’image se trouve ainsi projetée au pied de l’instrument, sur le papier que l’œil voit directement, dans la verticale, par l’ouverture E. En D sont deux petites lentilles à long foyer que l’on peut interposer, ensemble ou séparé¬ ment. entre l’œil et le papier suivant les cir¬ constances. Pour les forts grossissements, au dessus de 500 diam., on remplace la glace transparente B, par une glace teintée, aussi à faces parallèles. On voit que cette chambre claire s’emploie sans oculaire, mais, en général, le grossissement obtenu est trop considérable et l’image ne seraitqu’en partie comprise danslechamp de l'instrument, si le l)r Hofmann n’avait donné le moyen de 1 ni fairesubir plusieurs diminutions, grâce àlapièce additionnelle représentée dans la fig. 17. Cette pièce porte deux len¬ tilles plan-convexes de longueur focale différente, nos 2 et 3, et peut êtreen- gagéedans le tubeH(fîg. 15). Elle pénètre, par conséquent, dans le tube du microscope. En adaptant la lentille n°3, toute seule, on obtient une première diminution de l’image. Si celle-ci sort encore du champ de la chambre claire, on peut employer la lentille n° 2, isolément, et si celle-ci ne suffit pas, combiner les deux lentilles pour obtenir une diminution suffisante de l’image. Tel est l’instrument construit par le D1' Hofmann et qui nous paraît aujourd’hui réaliser la meilleure chambre claire que nous connaissions. — Ajoutons que le prix de l’appareil complet est de 65 francs. Nous avons dit que la chambre claire supprime l’ocu¬ laire, et à ce propos annonçons que M. Hofmann a cons¬ truit de nouveaux oculaires, qui, nous l’espérons, seront prochainement mis dans le commerce, et que nous pourrions appeler des oculaires duplex front. Ils ont l’avantage de donnera grossissement égal, un champ d’un diamètre au moins deux fois plus grand que celui des ocu¬ laires ordinaires, et cela, sans que l’image ait à subir aucune déformation. L’avantage de ces oculaires est considérable, en ce qu’il permet d’avoir dans le champ l'image tout entière d’un objet, alors que les oculaires ordinaires n’en admettent qu’une partie excessivement petite. Nous reviendrons d’ailleurs prochainement et avec détails sur cet intéressant sujet. D1 J. Pelletan. N. B. — Nous avons l’espoir de pouvoir fournir les nouveaux oculaires de M. Hofmann, — ou au moins un — avec notre modèle de microscope actuellement en construction. m Pi hiii fi! il i]( ■ m ÉIÎ S 0 flliiÉiiÉaaJ!) Il S * riij.iij Fig. 17. — Pièces por¬ tant les lentilles pour diminuer le grossissement. 486 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Observations suggérées par Tétude de TAmphipleura pellucîda monté dans le baume du Canada, à la lumière de la lampe ou du soleil, avec divers objectifs (1). Vers la fin d’octobre 1878, j’ai reçu de Cari 'Zeiss, d’Iéna, deux objectifs de un 1/8 et un 1/12 de pouce, tous deux à immersion dans l’huile (de cèdre), ou. comme les appelle maintenant leur constructeur, « à immersion homogène. » — Pour éprouver leurs qualités, j’ai fait avec eux quelques photographies d 'Amphi- pleura pellucida, monté dans le baume de Canada et, par comparaison, des photo¬ graphies du même test avec plusieurs autres objectifs. — Le 20 janvier 1879, j’ai écrit à Zeiss, pour lui rendre rapidement compte de ces expériences et je lui ai envoyé un choix de photographies, ainsi qu’une collection de. duplicata pour le pro¬ fesseur Abbé, d’Iéna. — J’apprends, par le journal de la Soc. Roy. Microscopique de Londres, qu’il a aussitôt adressé un choix de ces photographies, avec ma lettre, à M. J.-W. Stephenson, qui les a montrées, en lisant une partie de ma lettre, à la Société, le 12 février 1879. Dans cette circonstance, parfaitement conforme, du reste, à l’autorisation que j’avais donnée, dans ma lettre, de la rendre publique elle-même, aussi bien que les photographies, je n’aurais plus maintenant qu’à envoyer des doubles des photographies à la Société, pour ses collections, si, depuis que j’ai écrit à Zeiss, je n’avais fait des photographies du même test avec plusieurs autres objectifs remarquables Parmi ceux-ci, je citerai spécialement un 1/6 à immersion dans la glycérine, de Spencer, un 1/10 à immersion dans l’huile, de Toiles; les résultats que j’ai obtenus m’ont conduit à faire une nouvelle série comparative de photographies avec les meilleurs objectifs que j'ai eus à ma dis¬ position, en y comprenant naturellement ceux de Zeiss. C’est cette nouvelle série que j’envoie actuellement à la Société, au lieu de la première. Plusieurs faits intéressants ont d’abord été notés ou clairement mis en évidence, pendant la suite de ce travail, et c’est sur eux que ce mémoire a pour but d’atti¬ rer l’attention. 1 Le premier fait a été noté pendant la première série d’expériences et détaillé dans une lettre à Zeiss, mais il ne paraît pas que celui-ci en ait donné lecture à la Société; il s’agit de la meilleure manière de projeter les images sur l’écran, pour la photographie, avec les objectifs de Zeiss. Ces objectifs, on s’en souvient, n’ont pas de collier pour la correction, et leurs aberrations ne sont complète¬ ment corrigées que quand le foyer est ajusté de manière à ce que l’image soit formée à une distance donnée, distance qui, dans le cas des objectifs dont je parle, est de 10 pouces. Mais, pour obtenir l’amplification que je désirais pour les photographies, une distance dix ou quinze fois plus grande était nécessaire. On conçoit à première vue qu’il aurait fallu rapprocher l’objectif de l’objet à une distance beaucoup plus petite que celle pour laquelle seule il est corrigé, et que les aberrations résultantes auraient tout à fait détruit la définition de l’image. Cette difficulté paraît avoir été prévue par Zeiss lui-même, avant qu’il m’eût envoyé les objectifs, car il m’a spontanément fourni, avec eux, deux lentilles concaves, cotées comme ayant 25 et 30 centimètres de distance focale, lentilles qu’il me conseillait de visser immédiatement à la partie postérieure de la monture métallique des objectifs, quand je voudrais employer ceux-ci à la photographie. (!) Travail lu à la Soc. R. Microscopique de Londres. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 487 Il supposait que les aberrations produites par la distance seraient ainsi corrigées. Une de ces lentilles concave était destinée à corriger les aberrations quand l’image était projetée à une distance de lm50 ou 2 m. ; l’autre devait remplir le même but pour la distance de 3 mètres et plus. Si Zeiss avait consulté son éminent conseiller, le professeur Abbé, sur la for¬ mule de ces lentilles concaves, je ne doute pas qu’il eût été correctement ren¬ seigné; mais, telles qu’elles ont été envoyées, les lentilles ne correspondent pas; très exactement aux conditions mathématiques. Je les ai essayées avec soin* et j’ai écrit à Zeiss, à propos du résultat de mon examen, que quand j’en suis venu à étudier les images produites avec ces lentilles concaves, aux distances indi¬ quées pour chacune, « j’ai reconnu, avec regret, que le champ a subi une incur¬ vation qu’on ne trouve pas dans l'image telle qu’elle est vue avec le tube de 10 pouces, et qu’une grande perte dans la définition prouvait l’existence d’une aber¬ ration de sphéricité considérable dans la nouvelle combinaison. » — Les pho¬ tographies obtenues dans ces conditions étaient tout à fait défectueuses et si une autre manière de projeter les images, avec ces objectifs, n’eût pas été réalisable* je n’aurais pas réussi à présenter une démonstration photographique de leur» excellentes qualités. Mais, longtemps avant de les avoir reçus, "j’avais inventé théoriquement une méthode pour faire ces projections qui, en pratique, répondit complètement^ mon attente, et me donna, à n’importe quelle distance je voulus choisir, de» images aussi planes, d’une définition et d’un brillant aussi bons que les meil¬ leures images obtenues avec le tube de 10 pouces. Cette méthode consiste à pla¬ cer une lentille achromatique négative convenable, à l’extrémité du tube de tirage du corps de microscope, et à l’amener, par des essais, à une position telle que l’image soit portée en un foyer bien net sur l’écran, à la distance choisie* tandis que l’objectif reste exactement dans la position focale où il a été constaté qu’il fournit la meilleure image avec le tube de 10 pouces. Le trajet des rayons* dans ces circonstances, reste le même, que l’image soit projetée à 1 mètre ow à 4, ou à une distance intermédiaire et, pourvu que la lentille concave ait le» qualités requises, la netteté de l’image n’est pas altérée. Dans ce but, j’ai choisi un «amplificateur» construit pour le Muséum, il y a plus de dix ans, par M. Toiles, de Boston. Il était destiné, dans l’origine, à être placé à l’extrémité du tube de tirage, dans le travail ordinaire du microscope, pour obtenir une augmentation du grossissement. Cet « amplificateur » est un mé¬ nisque négatif, achromatique, d’environ 6.3 pouces de foyer virtuel et 0.7 de pouce en diamètre. J’avais, dans la collection du Muséum, beaucoup d’autres « amplificateurs », spécialement construits pour la projection des images micros¬ copiques, mais je savais, par des expériences antérieures, qu’aucun d’eux n’éga¬ lait celui de Toiles pour le champ plan ou l’absence de toute aberration de* sphéricité. Après mon échec avec l’amplificateur de Zeiss, j’essayai celui de Toiles* suivant la méthode que j’avais conçue dès l’origine, et, après quelques petites expériences pour déterminer sa position exacte dans le corps du microscope-* pour les distances où je voulais projeter les images, j’ai obtenu les résultats que je cherchais. On comprend aisément que la meilleure position de l’amplificateur avec l’ob¬ jectif 4/8 ou 4/12, de Zeiss, pour la projection de l’image, par exemple, à 10 pieds de l’objet, sera la même pour tous les autres objectifs, pourvu que leurs aberrations soient le mieux corrigées quand ils sont mis au point sur l’objet avec le tube de 40 pouces ; et, ainsi, les positions du tirage correspondant 3 488 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. aux meilleures images à une série de distances choisies, ayant été déterminées par une épreuve attentive, avec un objectif donné, peuvent être prises successive¬ ment avec un autre objectif corrigé pour le tube de 10 pouces. Même, cette mé¬ thode peut être avantageusement employée avec des objectifs pourvus d’un collier à vis pour la correction, au lieu de la méthode ordinaire par laquelle on emploie le collier pour corriger les aberrations produites par les distances. Les positions de l’amplificateur, indiquées par les divisions sur le tube de tirage, ayant été trouvées pour les distances auxquelles les épreuves doivent être faites! il est seulement nécessaire, dans un travail subséquent, avec le même amplifica¬ teur, de le placer, au moyen du tube de tirage, à la position connue comme étant la meilleure pour la distance choisie, et, alors, de mettre au foyer comme à l’or¬ dinaire, avec le mouvement lent. Lest de cette manière quont été projetées les images pour les photographies que j ai envoyées à Zeiss et pour celles qui accompagnent le présent mémoire. Je me plais à reconnaître que, dans sa circulaire imprimée datée de mars 1879, après qu’il eut reçu ma lettre, dans laquelle cette méthode était expliquée, et les photographies qui y étaient jointes, Zeiss a été amené a construire et à mettre en vente une lentille concave de 10 ou 12 centimètres de foyer, destinée à être placée à l’extrémité du tirage (« in das Auszugsrohr des Tubus eingesestzt ») pour projeter les images avec ses objectifs, au lieu du système défectueux qu’il m’avait offert d’abord. Toutefois, je regrette d’avoir involontairement mal rensei¬ gné Zeiss sur la distance focale de l’amplificateur que j’employais. En copiant, par accident, sur mon livre de notes, un mémorandum relatif à un autre amplifi¬ cateur, je lui ai écrit qu'il avait un foyer virtuel d’environ 12,5 centimètres, tan¬ dis que son foyer est réellement de plus de 16 centimètres. Néanmoins, je ne doute pas le moins du monde qu’on ne puisse obtenir d’ex¬ cellents résultats avec un amplificateur convenablement construit et ayant la dis¬ tance focale qu’il a adoptée et je ne puis donner d’opinion sur son plus ou moins de succès dans celte voie, car je n’ai pas encore vu les instruments qu’il a con¬ struits ainsi. Mais je dois faire remarquer qu’il ne suffit pas d’avoir un amplifica¬ teur bien construit et de le visser à l’extrémité du tube de tirage, il est aussi de première importance qu’on ait déterminé la position exacte de l’amplificateur pour la distance choisie. Si ce point est négligé, on peut obtenir de très mauvais résultats avec d’excellents instruments. Je dois ajouter que la méthode d’ajouter une lentille négative derrière l’objectif pour agrandir et aplanir l’image formée, par un microscope à gaz ou un micros¬ cope solaire, sur un écran, est fort ancienne, et aussi celle qui place une lentille négative entre l’oculaire et l’objectif, préférablement à l’extrémité du tube de ti¬ rage, pour augmenter le pouvoir grossissant du microscope. J’ai été, néanmoins, le premier à faire ressortir les avantages de l’emploi d’une bonne lentille achro¬ matique concave à la place de l’oculaire du microscope pour la microphotogra¬ phie. J’ai déjà publié une notice préliminaire sur cette méthode en 1865 (1) et je l’ai décrite avec plus de détails en 1866 (2). Depuis, j’en ai si souvent parlé dans des articles publiés, dans des lettres particulières, dans la conversation, j’ai si souvent insisté sur cette pratique qu’elle est devenue familière à tout le monde si bien que quelques-uns de mes correspondants s’imaginent qu’elle est de leur (t) Circulaire n°6. War Department, Surgeon-General’s Office, 1865, p. 149. (2) American Journal of Sciences and Arts , vol. XLII, (1866), p. 189 ; — et Quarterly Journal of Microscopical Science, vol. VI, (1866), p. 166. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 489 invention. Jusqu’ici, cependant, je n’ai pas insisté, ni aucun autre microscopiste, à ma connaissance, sur l’importance de l’emploi de la lentille achromatique con¬ cave, décrite ci-dessus, qui, en lui donnant une longueur focale et une position convenables, permet de projeter l’image sur l’écran, tandis que l’objectif occupe, vis-à-vis de l’objet, précisément la même position qu’il aurait dans le travail or¬ dinaire, et que le trajet des rayons reste le même. II Le second point sur lequel je veux appeler l’attention est relatif à l’obliquité du pinceau éclairant, nécessaire pour résoudre les tests striés difficiles, tels que YAmphipleura pellucida monté dans le baume du Canada, avec les objectifs d’une ouverture suffisante. Jusqu’à une époque relativement récente, plusieurs micros- copistes distingués étaient restés vivement attachés à cette singulière erreur théorique que l’angle d’ouverture des objectifs à immersion, mesuré dans un mi¬ lieu (comme le baume du Canada) dont l’indice de réfraction est à peu près celui du crown-giass (angle qu’on a pris l’habitude d’appeler l’angle dans le baume), ne peut jamais excéder le double de l’angle de la réflexion totale du verre dans l’air, angle que la théorie indique comme étant la limite pour les objectifs à sec. Maintenant, il est universellement admis par les physiciens et les mathématiciens, dont l’attention a été dirigée sur ce sujet, que cette limite nécessairement infran¬ chissable pour les objectifs à sec, n’a absolument aucun rapport avec l’ouverture des objectifs à immersion, ouverture qui, sous ce point de vue, ne pourrait avoir d’autre limite que le double de l’angle de la réflexion totale du verre dans le li¬ quide de l’immersion. L’attachement de quelques microscopistes à cette vieille erreur n’est pas de plus d’importance, et les opticiens praticiens, se basant sur la véritable théorie, ont réussi à construire des objectifs à immersion dans l’eau, dans la glycérine, dans l’huile, non seulement excédant 82° d’ouverture, mais atteignant 100°, 115° et même, pour un constructeur bien connu, plus de 120° d’angle dans le baume, pour un objectif à immersion dans l’huile. La limite du progrès dans cette direction n’est pas encore atteinte. Le professeur Abbé a récemment annoncé (1) qu’il espère pouvoir, dans un avenir prochain, construire des objectifs ayant 128° d’ouverture dans un milieu dont l’indice de réfraction est 1,S0. Que cet espoir puisse se réaliser, avec un progrès correspondant dans la puissance de définition, je n’en doute pas le moins du monde, et je ne peux même pas croire que ce soit là la limite. Mais, maintenant que des vues correctes relativement à la question de l’ouver¬ ture, sont généralement acceptées, et qu’un grand nombre d’opticiens praticiens utilisent cette notion pour construire des objectifs perfectionnés, nous entendons encore affirmer continuellement qu’aucun avantage ne peut résulter de cet excès de l’ouverture des objectifs à immersion au delà de ces fameux 82 degrés, à moins qu’on n’emploie des appareils d’éclairage à immersion pour diriger sur l’objet le pinceau de lumière d’une obliquité plus grande et correspondant à l’accroissement de l’angle de l’objectif. Cette assertion, qui est excessivement exagérée, a été répétée à satiété et a même été admise sans examen sérieux dans des cercles distingués. Aussi, j’ai cru utile de saisir celte occasion pour appeler l’attention sur les faits réels. Il est très vrai que quand on emploie une faible source de lumière, une lampe à pétrole, par exemple, il est nécessaire de se servir d’un appareil d’éclairage à immersion (1) Ueber Stephenson’s System der homogenen immersion, etc. — Sitzunsb. d. Jenaischen Gesell. f. Med. u. Naturwiss. — Voir Journal de Micrographie , T. III. p. 402, 412. 490 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. pour diriger la lumière sur l’objet plus obliquement que cela ne serait possible autrement, toutes les fois qu’on veut obtenir la meilleure résolution des test- objets striés les plus difficiles, avec des objectifs dont l’angle dans le baume excède 82°. Il est non moins vrai que les résultats obtenus avec ces objectifs, sur des préparations histologiques et autres, sont considérablement supérieurs quand l’éclairage étant effectué à l’aide d’un pinceau de lumière centrale venant d’une lampe à pétrole, on emploie un condensateur à immersion d’une ouverture égale à celle de l’objectif, au lieu du condensateur achromatique ordinaire. Néanmoins, et malgré ces faits notoires et pratiquement importants, il est également vrai que, sans ces utiles accessoires, les nouveaux objectifs à immer¬ sion dépassent grandement tous les objectifs à sec comme pouvoir définissant, soit avec la lumière oblique, soit avec la lumière centrale, pourvu seulement que les objets à examiner soient montés dans le baume du Canada, ou, s’ils sont à sec, soient adhérents à la face inférieure du cover de verre. Dans les mêmes circons¬ tances encore, les objectifs à immersion, dont l’angle dans le baume excède 100°, surpassent en définition les objectifs à immersion de plus petit angle. Ainsi, plusieurs des objectifs à immersion de la collection du Muséum, qui ont une ouverture supé¬ rieure à 100° dans le baume, résoudront la 49me bande de la plaque de Nobert, avec la lumière de la lampe dirigée obliquement à la surface inférieure du slide par une petite loupe ordinaire, ce qu’aucun objectif à immersion de plus petit angle, ni aucun objectif à sec, ne pourrait faire; et la supériorité de la définition de ces objectifs à grand angle, quand on les emploie pour examiner des préparations histologiques, des bactéries ou autres, éclairées par la lumière centrale, avec le condensateur achromatique ordinaire, est facilement reconnaissable pour tout œil exercé. Dl J. J. Woodward (A suivre.) Chirurgien et L. -Colonel de l’armée des États-Unis. * TECHNIQUE MICROSCOPIQUE PRÉPARATION ET MONTAGE DES OBJETS A DEUX COULEURS (1). Il n’y a pas de procédé plus remarquable et plus intéressant pour le microscopiste que celui qui consiste à décolorer et à recolorer les tissus végétaux. Par aucune autre méthode le merveilleux processus de la crois¬ sance des plantes n’est aussi bien dévoilé sous le microscope. Aussi, quel¬ ques considérations tendant à simplifier le procédé et à en rendre l’application plus générale seront-elles de quelqu’intérêt pour tous ceux qui s’occupent de préparations microscopiques. En expérimentant sur les doubles colorations, j’ai trouvé que les diffé¬ rentes couleurs, ou, au moins les différentes teintures, varient beaucoup quant à l’activité ou le pouvoir pénétrant avec lequel elles affectent les tissus végétaux. Ainsi, un objet préparé pour la coloration peut être laissé dans une solution forte decarmin pendant un jour sansque toutes ses parties (1) Travail lu au Congrès de la Société des Microscopistes américains, à Buffalo, en 1879. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 491 soient colorées, tandis que dans une solution de campêche ou d’aniline, de même force, il sera coloré et complètement opaque en moins d’une heure. On peut tirer parti de ce fait et plonger les objets, d’abord, dans la couleur qui a le moins d’action, puis, dans une autre de plus grande activité, et ainsi on peut teindre en deux et même plusieurs nuances, par un procédé simple et facile, au lieu de la méthode difficile et compliquée qui a été publiée dans les Revues. Je vais donner les détails généraux de l’opération telle que je la pratique maintenant, et depuis un peu de temps. Je n’affirme pas que la même formule conviendra exactementà tous les échantillons de toutesles espèces de plantes, ni que les teintures dont je vais parler doivent être employées dans tous les cas ; je donnerai seulement une formule générale que chaque opérateur pourra trouver utile de varier quelque peu, suivant les indications de son expérience. Si je réussis à stimuler d’autres personnes à entreprendre un travail plus détaillé en montrant combien le procédé est simple, dans la plupart des cas, j’aurai rempli le but que je me suis proposé. Toutes les préparations végétales, parties de feuilles ou coupes de tige, doivent d’abord être complètement décolorées dans une solution de chlo¬ rure de soude ordinaire, liquide vendu par les droguistes comme désin¬ fectant. Ce résultat sera atteint, dans la plupart des cas, en une journée environ. Alors, après avoir été parfaitement lavées dans de l’eau pure, les préparations seront placées dans une solution de carmin à peu près de la mêmeépaisseurque l’encre carmin ordinaire. Elles y resteront pendant une journée. Le carmin pur se dissout facilement dans l’eau à laquelle on a ajouté quelques gouttes d’ammoniaque. Après avoir été lavés à deux ou trois reprises avec de l’eau pure, les objets seront maintenant placés dans une solution un peu plus faible d’extrait de bois de campêche dans l’eau alunée. Un petite quantité d’alun dans l’eau suffit à opérer, au moins à l’aide de la chaleur, la dissolution de l’extrait de campêche. La liqueur doit être filtrée et employée récente, d’une force moitié moindre environ que l’encre ordinaire à écrire. Les objets resteront dans cette solution de 15 à 30 minutes, suivant la délica¬ tesse des spécimens. Si la coloration paraît trop foncée ou opaque, on peut l’enlever en partie en chauffant la pièce dans l’eau alunée pure. Puis, après les avoir lavés dans plusieurs eaux pour enlever toute trace d’alun, on place les objets dans l’alcool pendant un court espace de temps, et de là dans une solution faible de bleu d’aniline, dans laquelle ils reste¬ ront une heure ou deux, ou jusqu’à ce que toutes les partios qui n’étaient pas colorées auparavant, prennent la couleur. — Si, à l’examen, la cou¬ leur paraît trop foncée, on peut l’enlever partiellement en chauffant pen¬ dant un instant l’objet dans l’aUool pur. Il arrive quelquefois que le bleu d’aniline lui-même ne colore pas toutes les parties des substances végétales, telles que les gros poils glandulaires ou étoilés. Dans ce cas, une immersion d’une minute ou deux dans une JOURNAL DE MICROGRAPHIE. m solution très faible de vert d’aniline dans l’alcool terminera l’opération. Le vert est la matière colorante que je connaisse la plus énergique ; aussi, faudra-t-il l’employer avec précaution, car il peut détruire rapidement une préparation colorée. De l’alcool, les objets peuvent être portés directement dans la térében¬ thine. Je n’aime pas l’action de l’essence de girofles. Elle ratatine les tissus tendres et les fait paraître comme brûlés. En outre, il n’est pas nécessaire de l’employer comme intermédiaire entre l’alcool et la térébenthine. Après un jour d’immersion dans la térébenthine, les préparations seront prêtes à monter dans le baume du Canada. Les préparations végétales ont presque toutes une épaisseur appréciable, et, si l’on n’en prend pas un soin particulier après qu’elles sont montées dans le baume, on trouvera que, très souvent, l’air pénètre sous le cover. Aussi, dès qu’une préparation dans le baume est assez sèche pour que le baume en excès puisse être nettoyé, autour du verre mince, avec une pointe de canif, c’est-à-dire au bout de deux ou trois jours, particulièrement si l’on s’aide de la chaleur, une légère couche de vernis à la gomme laque, coloré avec du bleu ou du rouge d’aniline (mais pas du vert ni du jaune), pourra être étendue avec un pinceau en poils de chameau, tout autour du bord du couvre-objet; le lendemain, on donnera une autre couche, et peut- être même encore une troisième, le jour suivant. De cette manière, le cover sera solidement fixé, et l’on pourra le nettoyer. La préparation sera ainsi rendue permanente en moins de temps que si on laissait simplement le baume sécher jusqu’à durcissement, et il n’y a pas de danger que l’air pénètre pendant la dessication du baume. Le baume du Canada est de beaucoup le meilleur et le plus sûr milieu pour monter les préparations colorées qui peuvent être montées de cette manière. Mais il y en a beaucoup, comme celles qui présentent des poils délicats ou des glandes, ou qui offrent de fins dessins cellulaires, qu’il n’est pas avantageux de monter dans un milieu aussi réfringent que le baume. On peut les retirer de l’alcool pour les mettre dans l’eau contenant trois ou quatre gouttes d’acide phénique, par once d’eau. 11 sera nécessaire aussi de les monter avec le même liquide, dans une cellule. On peut employer les cellules au vernis de laque, bien sèches; et, si les bords en sont parfaitement nivelés, en passant au-dessus un morceau de papier de verre fin pendant qu on les fait tourner sur la tournette, le verre mince s’adaptera exactement, en chassant au dehors l’eau en excès, que l’on pourra enlever avec un pinceau en poils de chameau. Lorsque la pré¬ paration sera bien sèche, on pourra appliquer sur les bords du cover un peu de mixtion des doreurs (gold size) avec une parfaite sûreté et sans qu elle pénètre en dedans. J’ai employé récemment une cellule très simple, presqu’universellement applicable et préparée de la manière suivante : Mon ami, M. W. Struter, contre-maître dans les ateliers de Sargent et Greenleaf, de Kochester, a JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 493 fabriqué, avec soin, un petit emporte-pièce double, dans le but d’enlever d’étroits petits cercles dans les feuilles de cire, mince et colorée, dont se servent les fabricants de fleurs artificielles. Ces cercles peuvent être fixés sur le slide, soit avec du vernis à la gomme laque, soit simplement en chauffant le slide. Alors, sur toute la cellule, en dedans et en dehors, une couche de « gold size» ou de glu marine est étendue avec un pinceau en poils de chameau. Lorsque cette couche est sèche, on a une cellule agréa¬ blement colorée et à l’épreuve de tous les liquides dont on peut avoir occasion de se servir dans le montage des préparations. En outre, la cellule est toujours assez molle pour que le verre mince y adhère par la pression, en contact exact sur toute la circonférence, ce qui est le point particulière¬ ment requis pour toutes les préparations dans les liquides. On peut en¬ suite terminer à l’extérieur, avec du vernis au noir de Brunswick, ou à la gomme laque, pour assujettir davantage le couvre-objet. C.-G. Merriman. TECHNIQUE MICROSCOPIQUE Liquide pour colorer les tissus végétaux On place le corps dans une solution aqueuse de bleu d’aniline, de Crawshaw, à 1 pour 100. Puis, on le plonge dans de l’acide acétique fort, qui fixe la colora¬ tion sur certains tissus, l’enlève sur d’autres et prépare la coupe à recevoir une nouvelle matière colorante. Celle-ci est le magenta (Judson’s dye) en solution faible, mais fortement acidifiée avec l’acide acétique. Puis, on monte dans la gly¬ cérine gélatinée. « Je trouve, dit l’auteur, M. A.-H. Barrett, que cette méthode de coloration donne des résultats aussi beaux qu’instructifs, parce qu’elle établit complètement la différentiation des éléments, tant par des couleurs différentes que par des intensités diverses de la même couleur»... Une coupe de bardane, préparée ainsi, a présenté les couleurs suivantes : Moelle . Tissu cellulaire . Vaisseaux spiraux et étui médullaire . . Vaisseaux ponctués . Cambium . Cellules libériennes . Vaisseaux laticifères . Parenchyme cortical . Epiderme . Pods . magenta très pâle; magenta foncé; bleu foncé; bleu; bleu foncé; magenta sombre; bleu foncé; bleu pâle; bleu sombre; magenta pâle. (Science Gossip). 494 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. NOTICE SUR LA NATURE DES LICHENS 0) Depuis les beaux travaux de M. Tulasne sur les Lichens, on distinguait toujours c.4U'' r-üLSu*'-*.*- ■ ■■■*&**■ &aiGKi&ii*v!*. ■ ■- PRODUITS PHARMACEUTIQUES cle PHARMACIEN 2, Rue des Lions-Saint-Paul, Paris. >CVQ/DC D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES Ordonné avec succès depuis 40 ans con¬ tre les Gastrites , Gastralgies Douleurs et Crampes d’ Estomac, Digestions lentes, etc. H ■ D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES à l’Iodure de Potassium. Spécifique certain des Affections Scrofu¬ leuses , Tuberculeuses , Cancéreuses et Rhu¬ matismales, des Tumeurs blanches, et de routes les Affections du sang et de la Peau . D’ÉCORCES D’ORANGES AMÈRES au Bromure de Potassium. Pour combattre avec efficacité, toutes les affections nerveuses, Épilepsie, Hystérie, Névroses , Agitations, Insomnies et Convul¬ sions des enfants, pendant la dentition. D’ÉCORCES D’ORANGES & DE QUASSIA AMARA au Proto-Iodure de Fer. 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VIN de CATILLON a la GLYCÉRINE et au QUINQUINA Le plus puissant des toniques-reconstituants, agréable au goût, produit les effets de l’huile de foie de morue et ceux des meilleurs quinquinas, dont la glycérine dissout tous les principes. Maux d'estomac, Inappétence, Fièvres, Convalescences, Débilite, Consomption, Anémie, Diabète, etc. Le même, additionné de fer, VIN FERRUGINEUX DE CATILLON offre en outre le fer à haute dose sans constipation, et le fait tolerer par les estomacs incapables de sup¬ porter les ferrugineux ordinaires. SIROP de CATILLON à l’Iodure de fer, Quinquina et Glycérine Facile à prendre, bien toléré, remplace à la fois et avec avantage le quinquina, l’iodure de fer et l’huile de foie de morue dans la médecine des enfants, et en général dans la scrofule, le rachitisme, la phthisie, etc. _ GLYCÉRINE CRÉOSOTÉE de CATILLON Chaque cuillerée, contenant : o gr. 20 de créosote vraie du hêtre, doit être délayée dans un verre d’eau sucrée ou vineuse, il est essentiel de diluer la créosote pour éviter son action caustique et utiliser ses bons effets dans les maladies de poitrine. La glycérine, succédané de l’huile de foie de morue, offre sur celle-ci l’avantage de permettre cette dilution et celui d’etre tolérée par tous les estomacs, même pendant les chaleurs. ÉLIXIR de PEPSINE « la GLYCÉRINE de CATILLON Plus actif que la pepsine ordinaire, représente le suc gastrique dans son intégrité, avec son action puissante et rapide et opère une digestion en deux heures. La glycérine conserve la pepsine, l’alcool la paralyse. Dépôt général : Rue Fontaine-Saint-Georges. 1. Paris. — Détail dans tontes les Pharmacie*. Troisième année. N° 12. Décembre 1879. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le Dr .î . Pelletan. — La fécondation chez les Vérlébrés. {suite). Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. — Sur le commencement de l’hénogenie chez divers animaux, par le Prof. H. Fol. — Botanique cry,>togamique au point de vue pharmaeo- médical; Préface par le Prof. Léon Marchand. — Observations suggérées par l’étude de 1 ' Amphipleura pellucida dans le baume du Canada à la lumière des lampes ou du soleil, avec divers objectifs, par le Col. Dr J. J. Woodward. — Les Lichens par le professeur Reess. — Table des matières contenues dans le tome troisième du Journal de Micrographie. — Avis divers, etc. REVUE Il paraît que nous nous étions trompés et que nous avions formé un jugement tintamarre en adressant à M. Chatin, Directeur de l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris, nos plus véhémentes objurgalions à propos de la non-nomination définitive du Dr Léon Marchand au titre de professeur de Botanique cryptogamique à la dite Ecole de Pharmacie. — Nous ne demandons pas mieux que de le reconnaître, et nous sommes heureux d’adresser nos excuses au savantoïde Directeur. Et, à ce propos, qu’on nous permette de dire qu’on aurait tort de croire que le Journal de Micrographie est — avant tout, et de parti pris, — un organe anti-officiel, comme nous Pavons entendu dire dernièrement, mais plus particulièrement, sans doute, à pro¬ pos d’articles un peu . humoristiques, que nous avons publiés dans d’autres recueils. — Non, le Journal de Micrographie n’est pas, tant s’en faut, un organe anti-officiel. C’est tout simplement un organe indépendant. Nous n’avons, en effet, d’attaches avec aucune école, aucune coterie, aucune camarilla, et nous disons vo¬ lontiers, lorsque l’occasion s’en présente, notre opinion sur les hommes et les choses, — en tant qu’il est question de la science. Il est bien vrai, toutefois, que nous n’avons pas une vive sympa- 506 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tliie pour ce qu’on appelle la « science officielle; » c’est-à-dire pour cette science faite naguère par des savants qui ne sont plus aujour¬ d’hui que des fonctionnaires ou des dignitaires, et dont le seul souci paraît être, trop souvent, de fermer aux autres les avenues par lesquelles ils sont arrivés, d’enfermer la science dans le cercle qu’ils ont jadis tracé, d’empêcher quelle franchisse l’échelon où ils l’ont portée, et, enfin, de disposer de tous les postes un peu avantageux en faveur, non des plus dignes, mais de ceux qui ont brûlé le plus d’encens en leur honneur, et qui se sont inclinés le plus bas devant leur cravate blanche et leur habit brodé. Sans doute, on le comprend, nous ne trouvons point la science aimable lorsqu’elle sert à amener de pareils résultats, et quand l’occasion se présentera de le dire, certainement nous n> la lais¬ serons pas passer. Mais de là à un parti pris de dénigrer, toujours et quand même, tous les « dignitaires de la science, » il y a Lès loin, et quand il leur arrivera — par hasard — de faire quelque chose de bien, nous ne leur marchanderons pas les éloges C’est pourquoi nous sommes très heureux de faire nos excuses à M. Chatin que nous avions pris à partie dans notre dernier numéro. Non seulement ce n’est pas la faute du directeur de l’Ecole de Pharmacie, si le Dr Léon Marchand n’est pas encore définitive¬ ment nommé professeur titulaire, mais il a, à plusieurs reprises, insisté pour que cette nomination fût faite. Ce qui prouve, par parenthèse, que nous avions raison, nous aussi, de réclamer cette nomination. Au surplus, voici la lettre que le D Léon Marchand nous a écrite à ce sujet et que nous insérons bien volontiers : Mon cher confrère, Vous me flattez infiniment trop... Certes, j’ai eu beaucoup de travail, mais je crois que d’autres, aussi bien que moi, eussent rempli cetie tâche. A part cela, tout ce que vous dites était vrai, absolument vrai, .... au mois d’octobre dernier. — Mais, aujourd’hui, il va quelques corrections à faire. — Non que ma position soit en rien changée, mais il taut laisser à chacun ses responsabilités et lui rendre ce qui lui est dû. Le directeur de l’Ecole supérieure de Pharmacie, M. Chatin, a fait pren¬ dre, le 27 décembre 1879, au conseil des professeurs, une déli bé; ation par laquelle la chaire de Cryptogamie, et deux autres encore, seraient de¬ mandées au ministre de l’instruction publique Inutile de dire que cette proposition a été votée à l’unanimité. De plus, on présentait au ministre comme titulaires à nommer, les professeurs agrégés qui depuis trois ans étaient chargés de ces cours et s’en étaient acquittés à la satisfaction géné¬ rale, MM. Personne, Bouchardat et moi même. Quelques jours plus tard, en présentant !’! cole de Pharmacie au ministre de l’instruction publique, M. le directeur a tait, directement, à ce dernier, la demande des trois chaires. Et, depuis, il a saisi toutes les occasions de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 507 renouveler sa demande. Les chaires lui ont même été promises par le ministre... El nous en sommes là. Je tenais, mon cher confrère, à rectifier votre appréciation relativement à notre directeur, — il ne me reste qu’à vous remercier de votre bon vou¬ loir à mon égard. Votre dévoué, D1' Léon Marchand. Et à nous, il ne nous reste plus qu’à faire des vœux pour que ces promesses soient bientôt réalisées. * * * Puisqu’il est question du Dr Léon Marchand, nous ne saurions trouver une meilleure occasion d’annoncer la prochaine apparition de la Botanique Cryptogamique de cet auteur, livre que nous avions déjà annoncé il y a bientôt un an. Cet ouvrage comblera une la¬ cune restée ouverte depuis la mort de Payer, et nous pouvons annoncer qu’il la comblera de la manière la plus satisfaisante. — Le livre du Dr L. Marchand aura quelque chose comme 6 à 700 pages in-8°, et paraîtra en quatre fascicules dont le premier sera mis en vente à la librairie 0. Doin. Il sera orné d’un grand nom¬ bre de gravures dessinées par M. Faguet...^ mais n’anticipons pas sur les événements et réservons-nous pour le moment, très pro¬ chain, d’ailleurs, où nous aurons à rendre compte de ce livre nécessaire. — Pour aujourd’hui, nous nous bornerons à en publier la Préface que nous devons à l’obligeance de l’auteur et de ]*éditeur, et que nos lecteurs trouveront dans le présent numéro. * Jjc Jf: Nous avons annoncé, en son temps, la publication de YEmbryo- logie, du professeur Kôlliker, de Würzbourg (1); depuis cette époque , quatre livraisons de cet important ouvrage ont successi- ment paru. Ces premières livraisons, en particulier, ont, par les sujets qu’elles traitent, trop de rapport avec la matière du cours professé au Collège de France par M. Balbiani, cours que nous publions dans ce journal depuis près de trois ans, pour qu’en dehors de tout autre intérêt^ nous ne les signalions pas d’une manière toute spéciale à l’attention de nos lecteurs. Dans la première, le savant auteur débute par une introduction dans laquelle, après avoir défini la science du développement, V ontogénie et la phylogénie , de Haeckel, la zoogénie , il trace une (1) Paris, 1879, gr. in-S°, chez C.Reinwald et Cie. 508 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. rapide, mais très intéressante histoire de l’embryologie depuis Aristote jusqu a C. P. Wolff, puis de Wolff à Schwann, enfin de Schwann jusqu’à nos jours, et termine par un index bibliogra¬ phique des ouvrages cités dans son livre. Dans la première partie, consacrée au développement de la forme du corps et des enveloppes de l’œuf, il est d’abord question de la constitution de l’œuf non fécondé, œuf holoblastiquc et mé- roblastique, simple et composé, puis des premiers phénomènes qui se produisent dans l’œuf fécondé, et delà formation du premier noyau de segmentation. C'est là que nous retrouvons un exposé très court, mais très clair, des phénomènes de la fécondation d'après les travaux de Bütschli, Auerbach, VanBeneden, Hertwig, H. Fol, Selenka. Puis, à propos du premier processus de la segmentation par¬ tielle, l’auteur expose brièvement ses remarquables travaux de 1844 sur l’œuf des Céphalopodes, et, à la suite de ce résumé, il traite des mêmes phénomènes dans l’œuf d’oiseau, l’œuf de poule, particulièrement d’après celui qui fut notre maître et notre ami, Cosle, et d’après lui-même. Et nous arrivons à la formation des feuillets blastodermiques, dans l’œuf de poule dont nous suivons le développement jusqu’à l’apparition des premières proto-vertèbres. Ici se place un chapi¬ tre très important, relatif aux rapports des premiers rudiments embryonnaires, étudiés sur des coupes transversales. Après un paragraphe consacré à la ligne primitive, nous trouvons l’histoire des transformations ultérieures de l’embryon du poulet jusqu’au moment où le corps commence à se recourber, puis la formation des premiers vaisseaux, du cœur, etc. Le troisième fascicule commence l’étude des changements que subit le corps de l’embryon, depuis son contournement, de la formation, si compliquée, de l’amnios, de l’allantoïde, etc., puis de celle de la bouche, de l’anus, des arcs branchiaux, de l’œil, des extrémités, des reins primitifs et des organes internes. Et là s’ar¬ rête l’histoire du développement de l’œuf des oiseaux. Nous arrivons ainsi à l’œuf du mammifère que nous reprenons aux premiers stades de la segmentation, à la formation de la vésicule blastodermique et de l’aire embryonnaire, dans laquelle nous voyons apparaître les rudiments de l’embryon. Après la des¬ cription du premier état de l’amnios et de l’allantoïde, nous assis¬ tons à l’achèvement de la forme extérieure, chez le lapin, et à l’apparition des organes, comme nous l’avons vu sur le poulet. Enfin, dans le quatrième et dernier fascicule paru, nous com¬ mençons l’histoire du développement de l’œuf humain. Nous rendrons compteplus tard, et lorsque la publication sera plusavan- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 509 cée, de cette dernière partie, avec les détails que comporte un tel sujet, traité par le professeur Kolliker. Mais ce que nous pouvons affirmer, des à présent, c’est que ce livre est certainemont, à notre avis, un des meilleurs, à nous connus, qu’ait écrits le célèbre professeur de Würzbourg, bien servi d’ailleurs, ici, par un bon traducteur, M. A. Schneider, pro¬ fesseur à la faculté des sciences de Poitiers. Le style est précis, sobre, les faits sont exposés avec une remarquable clarté et appuyés par un grand nombre d'excellentes figures. A la suite de chaque chapitre, l’auteur, pour ne pas interrompre l’exposition de son sujet, a placé la discussion des diverses doctrines émises sur chaque point de la science par les divers observateurs, de manière à ne point encombrer la partie purement didactique de l’ouvrage. Ajoutons, enfin, que l’exécution matérielle a été fort soi¬ gnée par les éditeurs, MM. C. Reinwald et Cie, — ce qui ne gâte rien. L'Embryologie , ou traité complet du développement de l’homme et des animaux supérieurs, du professeur Kolliker, doit paraître sous forme de dix cahiers mensuels. Aussitôt que l’ouvrage sera complété, nous en parlerons de nouveau et en ferons une analyse détaillée. * •f* ^ Le DrGruby dont le nom est connu de tous les physiologistes, de tous les micrographes et de tous les médecins, vient de faire paraître un rapport sur les Appareils et instruments de l'art médical , matériel de secours à donner aux blessés sur les champs de batailky ayant figuré à l’Exposition de 1878. Cet important travail qui fait partie de la Série de Rapports sur l'Exposition universelle de 1878, publiée par la librairie scientifique d’Eugène Lacroix, ne forme pas moins d’un volume in-8° compact avec 54 gravures et 6 planches. Bien qu’il soit évidemment peu question de micrographie dans cet ouvrage, nous avons cru devoir le signaler à nos lecteurs, dont un grand nombre font partie du corps médical, en raison des questions de haut intérêt, professionnel et général, qu’il soulève, et de la compétence de son auteur qui avait déjà publié dans les Etudes sur R Exposition de 1867, de la librairie scientifique E. Lacroix, un rapport sur les Appareils et instru¬ ments de l'art médical , secours aux blessés , etc. L’ouvrage est divisé en quatre chapitres. Le premier est con¬ sacré aux différents modes de transport des blessés, sangles et chaises à porteurs, hamacs, palanquins, brancards, civières à roues, brouettes, cacolets, litières, voitures d’ambulance, transport par JOURNAL DE MICROGRAPHIE 510 chemin de fer, par bateaux, etc. ■ — Rappelons que le Dr Gruby est lui-même inventeur de divers systèmes de brancards et de chaises à porteurs qu’il n’avait pas exposés, bien que ces appa¬ reils doivent être cités parmi les meilleurs. Le deuxième chapitre est consacré à l’étude des abris provisoire et définitifs, depuis les hamacs-tentes, les lits-abris, les tentes- voitures, les tentes-abris, les tentes d’ambulance, les baraques, jusqu’aux hôpitaux proprement dits, parmi lesquels le plus beau modèle à citer nous paraît être celui de l’hôpital général de Philadelphie, vaste établissement pouvant contenir 3500 malades et composé de 51 pavillons en bois, séparés, disposés chacun pour 60 lits. Construit à titre provisoire, ce magnifique hôpital fut détruit après la guerre de sécession. Dans le troisième chapitre, le Dr Gruby étudie les ressources médico-chirurgicales, les objets de pansement, les instruments et les appareils, les boîtes à pansement, boîtes de pharmacie, sacs, sacoches, cantines d’ambulance; puis le transport du matériel, les fourgons d’ambulance, voitures-cuisines. Enfin, le quatrième chapitre est consacré aux tables pour mala¬ des, pour pansements ou pour opérations, aux chaises, fauteuils, canapés, lits pour les malades, les blessés ou les paralytiques, aux appareils destinés à les lever et à les mouvoir, au matériel de sauvetage, etc. Cette étude, très intéressante et très complète, est faite sur les modèles exposés au Champ de Mars, en 1878, par toutes les na¬ tions du monde, depuis la France jusqu’au royaume de Siam ; elle constitue donc un répertoire complet de tout ce qui a été fait sur toute la terre pour soigner les malades et particulièrement les blessés militaires. Nous ne saurions trop féliciter M. Gruby de la manière dont il s’est acquitté de cette tâche longue, ingrate et difficile, qu’il ne considère pas encore comme terminée, cepen¬ dant, car il annonce la prochaine publication d’un cinquième chapitre qui sera consacré à l’historique des sociétés de secours aux blessés, comptes-rendus des congrès, etc. — chapitre consi¬ dérable, qui n’a pas trouvé place dans le remarquable rapport sur lequel nous appelons l’attention de nos lecteurs et particulière¬ ment de nos lecteurs médecins. * * * En même temps que nous publions les leçons si intéressantes et si substantielles du professeur Balbiani sur la fécondation, nous avons pensé qu’il serait utile d’offrir à nos lecteurs le travail ori¬ ginal du Dr Hermann Fol, aujourd’hui professeur à l’Université de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 511 Genève, sur rémission des globules polaires et la fécondation chez l’Etoile de Mer. Le professeur H. Fol est, en effet, le premier observateur qui ait vu la pénétration du spermatozoïde dans l’œuf, et qui l’ait décrite, au commencement de l’année J 877. Ce docu¬ ment important dans l’histoire de la science, que nous avons, l'un des premiers — sinon le premier — signalé à l’attention du monde savant, devait trouver place dans la collection du Journal de Micrographie. Nous l’insérerons donc en entier, tel qu’il a paru, en 1877, dans les Archives des Sciences physiques et naturelles , de Genève, avec les figures originales dessinées par Fauteur. La gravure de quelques-unes de ces figures a été perdue, nous écrit le professeur H. Fol; mais, heureusement, il s’agit de celles qui ont le moins d’importance pour l’intelligence du texte, et qui auraient pu être supprimées sans inconvénient. Nous commençons dès aujourd'hui cette publication. Aujourd’hui encore, sur lademande de plusieurs de nos abonnés, nous continuons la série des documents sur la question des Lichens, par la publication d’un travail du professeur Reess, d’Erlangen, complètement opposé à celui du professeur J. Müller, de Genève, qui a paru dans notre dernier fascicule. * * % Avec le présent numéro, finit la troisième année du Journal de Micrographie ; — dans quelques jours paraîtra le premier numéro de la quatrième année, — année pendant laquelle nos abonnés, lec¬ teurs et correspondants, nous conseï veronl , nous en avons le ferme espoir, le bienveillant concours qu’ils nous ont apporté depuis trois ans, et qui nous a été bien précieux. L’œuvre que nous avons entreprise en 1877 était, comme nous le disions alors, difficile et périlleuse ; elle avait besoin des encouragements du public, malheureusement si restreint encore en France, auquel nous nous adressions, et elle les méritait; aussi ne lui ont-ils pas manqué non seulement en France, mais plus encore, peut-être, à l’étranger. Grâce à eux, le Journal de Micrographie a conquis, tant en Europe qu’en Amérique, une position exceptionnelle, et, nous pouvons le dire avec un juste orgueil, hors ligne. De cette position, il ne déchoira pas, car nous commençons la quatrième année de notre publication avec l’intention de lui don¬ ner une nouvelle impulsion et un plus grand développement ; nous nous sommes assuré d’un plus grand nombre de collaborateurs et de correspondants dans les différents centres scientifiques des deux continents; nous avons enfin visité plusieurs de ces centres et nous en revenons chargé de notes qui doivent nous permettre, par 512 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. exemple, de reprendre, dès le prochain numéro, la série de nos études sur les instruments et appareils étrangers. Aussi nous comptons que nos lecteurs nous suivront dans cette nouvelle année, comme ils l’ont fait pendant celle qui vient de finir, et nous leur en adressons d’avance tous nos vifs et sincères remerciements. Dr J. Pelletan. TRAVAUX QRIQINAUX LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur Balbiani. (Suite) (1). Qu’advient-il de l’œuf quand plusieurs spermatozoïdes pénètrent dans le vitellus ? — Il n’est pas rare, en effet, que deux, trois, quatre spermatozoïdes pénètrent dans un œuf, parfaitement frais, ainsique Selenkal’a observé. Dans ce cas, d’après le même auteur, chaque spermatozoïde se comporte' comme s’il était seul et forme une figure radiée. Les spermatozoïdes ne fusionnent pas entr’eux, mais vont se fusionner avec le noyau de l’œuf, qui en accepte plusieurs et les accepte même tous. Or, quel que soit le nombre des sper¬ matozoïdes, si l’œuf est frais et bien vivant, il n’en résulte aucun trouble dans le développement : l’œuf produit toujours un embryon bien con¬ formé. Mais il y a des cas où cette pénétration multiple est réellement un phé¬ nomène pathologique, et c’est surtout Hertwig et Fol qui ont montré que cette fécondation multiple se produit sur des œufs qui ont subi une altération, par exemple, par un séjour trop prolongé dans l’eau de mer. Ainsi, d’après Hertwig, après 5 heures de contact avec l’eau de mer, les œufs de l’Étoile de mer subissent la fécondation multiple. Chaque sperma¬ tozoïde s’entoure d’un petit soleil ; quelques-uns s’avancent vers le centre, deux ou trois arrivent à se conjuguer avec le noyau de l’œuf. Il se forme quelquefois un noyau de segmentation, mais le vitellus, ordinairement, ne se fractionne pas régulièrement; puis, le développement s’arrête, — l’œuf meurt. Chez l’Oursin, les œufs peuvent rester 7 à 8 heures dans l’eau de mer et être, néanmoins, fécondés normalement, par un seul spermatozoïde. Ce n’est que dans le courant du second jour que les œufs restés dans l’eau de mer sans être fécondés, meurent. Et si on les féconde artificiellement après 7 ou 8 heures de séjour, on voit aussi pénétrer plusieurs spermato- (t) Voir Journal de Micrographie , T. III, 1879, p. 51, 108, 162, 222, 263, 313, 317, 383, 170. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 513 zoïdes. Autour de chacun d’eux apparaît une figure radiée, la segmentation est irrégulière ; en général, elle ne se continue pas, le développement s’arrête et l’oeuf meurt. H. Fol a constaté que le même phénomène se produit quand la femelle dont on extrait les œufs a subi une trop longue captivité, qui affaiblit sa vitalité et, par conséquent, celle des œufs. — C’est encore un cas patholo¬ gique. La pénétration des spermatozoïdes est aussi multiple, et H. Fol l’attribue à la lenteur avec laquelle se forme, dans ce cas, la membrane vitelline qui donne ainsi le temps à plusieurs spermatozoïdes d’entrer dans le vitellus. Il a pu observer, dans ces circonstances, jusqu’à 15 figures radiées dans un seul œuf. Hertwig conteste la légitimité de cette explication, et ne pense pas que la pénétration multiple soit due à la lente formation de la membrane vitelline, attendu qu’il croit que c* tte membrane est formée avant la fécondation. 11 suppose que le phénomène est dû à la substance même du vitellus qui, tant qu’elle conserve sa parfaite vitalité, n’admet qu’un seul spermatozoïde. M. Balbiani trouve que cette explication est peu raiionelle et quelle n’explique rien. D’ailleurs, il pense que la membrane vitelline n’existe pas avant la fécondation, car H. Fol et Selenka sont, sur ce point, parfaitement d’accord, et ils paraissent avoir bien observé. D’ailleurs, dans les végétaux, l’oosphère est nue avant la fécondation et au moment où l'anthérozoïde y pénètre. La membrane ne se forme qu’ultérieu rement. Si l’on opère la fécondation avant le terme de la maturité, comme l’ont fait H. Fol et Hertwig, avant la formation des globules polaires, et quand la vésicule germinative existe encore, les spermatozoïdes pénètrent tou¬ jours en nombre. Chacun forme un petit soleil et plusieurs arrivent à se conjuguer plus tard avec le noyau de l’œuf, mais la segmentation est irré¬ gulière, confuse, et l’œuf meurt. H. Fol a vu le cas, très intéressant, où l’on tente la fécondation quand le pronucleus femelle n’est pas encore formé, mais n’existe que sous forme de petits noyaux disséminés. Alors, plusieurs spermatozoïdes pénètrent, il ne se forme pas de membrane, et chaque spermatozoïde se conjugue avec un fragment du noyau. Il se forme alors plusieurs noyaux de segmen¬ tation, et, comme il y a plusieurs centres de formation, il y a plusieurs centres de fractionnement. Que deviennent donc ces œufs à plusieurs centres de formation ? La première idée qui se présente, c’est que l’œuf ne peut donner naissance qu’à un embryon multiple ou monstrueux. H. Fol paraît, en effet, avoir observé des larves monstrueuses. Mais tous ccs faits de fécondation anormale sont artificiels, puisqu’il s’agit ici de fécondation avant maturité ou après altération de l’œuf, cas qui ne se présentent presque jamais dans la nature. D’ailleurs, est-ce bien à la pénétration multiple qu’est due la formation des larves monstrueuses? M. Balbiani ne le croit pas, — mais plutôt à l’altération du vitellus, puisque Selenka a observé que sur des œufs très frais, l’introduction de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 514 plusieurs spermatozoïdes n’a pas de fâcheuse influence, et que le dévelop¬ pement est normal. Il faudrait donc de nouvelles expériences. Néanmoins, cette multiplicité dans la fécondation est un facteur de plus dans les phéno¬ mènes qui peuvent produire des monstruosités. XI Jetons maintenant un coup d’œil sur les travaux dont ont été l’objet les autres classes d’invertébrés et les Vertébrés eux-mêmes. La publication faite par Oscar Hertwig de ses premières observations sur la fécondation de l’Oursin a été le signal d’une foule de recherches analo¬ gues sur les autres animaux, et les plus divers; mais il faut avouer que, jusqu’ici, l’étude de ces phénomènes n’a présenté chez aucun d’eux, des f résultats aussi nets que chez les E hinodermes et l’Oursin. C’est encore Hertwig qui s’est livré aux recherches les plus étendues {Journal de Gegenbaur , 1878). Examinons donc quelques-uns des principaux résultats auxquels il est arrivé. Chez les Zoophytes, les Méduses, les Polypes, les Siphonophores, les Cœlentérés, il a constaté des phénomènes semblables à ceux que nous avons décrits, mais ses observations présentent ungrand nombre de lacunes; il n’a pu observer que des stades isolés. Cependant, telles qu’elles sont, ces observations montrent une grande concordance avec celles qui ont été faites chez l’Oursin. Chez les Æginopsis , Pelagia , etc , Hertwig a vu se former les globules polaires, et le processus rappelle beaucoup ce que nous avons décrit chez les Échinodermes: les globules se forment aux dépens d’une partie de la vésicule germinative. Chez une autre Méduse, apparaît un autre petit noyau, à côté du noyau de l’œuf; Hertwig le considère comme le noyau spermatique, mais celui-ci ne présente pas de disposition radiée. Est- ce un phénomène réel, est-ce une erreur d’ Hertwig ? Sur les Polypes Siphonophores, on connaissait, depuis 4871 , un travail de P. E. Mül 1er, naturaliste danois, qui affirme que chez VHippopodius lit- teus, au moment de la maturité, la vésicule germinative disparaît, mais la tache reste et se rapproche de la surface. Au moment de la fécondation, on voit, dans l’œuf, un point où le vitel lus est un peu soulevé. Millier appelle ce point cour micropylaire . C’est par là que les spermatozoïdes pénètrent, et ils se transforment, dans cette cour , < n de petits corps amiboïdesqui vien¬ nent se confondre avec le reste de la tache. Hertwig a montré que ces pré¬ tendus spermatozoïdes amiboïdes n’étaient que les globules polaires, que la tache germinative ainsi fécondée n’est que le noyau de l’œuf, et non la tache elle-même qui a persisté. On connaît, sur les mêmes Siphonophores, un travail de H. Fol, publié en 1873, sur le Geryonia fungiformis. Fol croyait alors aussi que la tache germinative était le noyau de l’œuf, et cette opinion est aujourd’hui tombée. C’est à propos de ce travail qu’on attribue à Fol la découverte des deux fi- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. SIS gures radiées qui constituent ce qu’il a appelé « amphiaster. » Cependant, M. Baibiani revendique la priorité de cette découverte. Il a décrit ces ligures étoilées dans l’œuf, au commencemenrde 1873, dans un mémoire sur les Araignées. « Mon travail, dit-il, a paru en janvier 1873, dans les Annales » cT Histoire Naturelle , et j’y indique que j’avais déjà observé, dix ans au- » paravant, ces ligures radiées qui se forment autour des noyaux. Mais » c’est un point auquel je ne tiens guère ; les questions de priorité me » touchent peu. J’ai démontré l’attraction de chaque noyau sur le proto- » plasma environnant Depuis lors, beaucoup d’observateurs ont pu consta- » ter les mêmes faits, non seulement dans le cas dont nous parlons, mais » dans tous les noyaux en voie de division. » Hertwig a fait sur une Ascidie, VAscidia intestinalis , un travail qui est d’un certain intérêt, à propos de la tache germinative. Il a vu, dans cet élément, comme il l’a annoncé chez l’Étoile de Mer, deux^parties distinctes, une partie principale, la nucléine , ayant l’aspect d’une matière grasse et qui entoure une partie centrale, qui se présente comme un globule plus pâle, et à laquelle il a donné le nom de paranudéine. Cette seconde partie est aussi différente de la première par ses caractères chimiques : elle se gonlle beaucoup moins dans les substances qui gonflent les substances albumi¬ noïdes, et se colore beaucoup plus par le carmin. Or, on se souvient du rôle que Hertwig a fait jouer à cette partie centrale dans la formation du noyau de l’œuf chez l’Étoile de Mer. 11 pense qu’il se forme, dans le vitellus, une condensation du protoplasma en forme de bouton, qui s’applique sur la membrane de la vésicule et la déprime. Puis, la membrane disparaît avec la vésicule; la partie centrale de la tache entre en communication avec le bouton, par un filament, et l’absorbe, d’où résulte le premier amphiaster, — ce qui diffère un peu de ce qu’il avançait dans son premier travail, alors qu’il annonçait que la tache germinative entière formait le noyau de l’œuf. Le célèbre botaniste Strasbürger a aussi étudié une Ascidie, le Phallusia mamillata et a observé les deux noyaux. 11 a opéré la fécondation artifi¬ cielle et a vu, non loin delà périphérie, le noyau de l’œuf; dans le voi¬ sinage. le vitellus forme une bosse où apparaît un petit corps clair qui s’entoure de lignes rayonnantes et que Strasbürger considère comme le noyau spermatique. Mais, comme il n’a pas observé la pénétration du sper¬ matozoïde, comme, d’autre part, l’œuf n’a pas de micropyle, il suppose que la substance du spermatozoïde se diffuse, et entre par diffusion dans la bosse. Aujourd’hui, il faut admettre que le noyau est entré en nature. Bientôt, les deux noyaux se conjuguent et forment le noyau embryonnaire ou noyau de segmentation. Hertwig a examiné aussi des Mollusques, et c’est chez des Mollusques que les globules polaires ont été vus pour la première fois, en 1828, par Carus l’ancien, sur la Limnée. Bientôt après un naturalise belge, Dumor- tier, les reconnut aussi sur la Limnée; puis, Ch. Robin, encore sur la Lim- 516 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. née. Cet auteur les fait naître par bourgeonnement C’est encore chez les Mollusques Ptéropodes, que H. Fol, en 1865, a étudié les transformations de la vésicule. Mais il croyait alors que toute la vésicule était expulsée, et que le noyau de l’œuf était une formation entièrement nouvelle. Bütschli, en 1876, a aussi étudié la formation des globules polaires chez les Mollusques Gastéropodes, Limnœus auricularis , etc. Comme H. Fol, il croit que la vésicule est entièrement expulsée, les deux soleils de l’am- phiaster étant rejetés séparément, l’un après l’autre, pour former les deux globules. Alors apparaissent, dans cette partie, des vésicules plus ou moins nombreuses, jusqu’à 9, qui se réunissent, entrent en coalescence, et forment une grande vésicule qui est le noyau de l’œuf. Chez quelques Mollusques, Hertwig a constaté aussi cette structure parti¬ culière de la tache germinative formée de deux parties, la nucléine et la paranueléine; par exemple chez les Unio et quelques Mollusques Lamelli¬ branches. Dans la vésicule, il signale une tache germinative volumineuse portant sur sa circonférence un globule qui est la paranueléine. Omis son Traité d’histologie, Leydig donne une ligure de l’œuf du Cyclas cornea. Mollusque Labellibranche, voisin des Unio , et présente la tache comme formée de deux parties, une partie arrondie et une autre partie qui paraît former un petit prolongement sur la première. Leydig peut avoir entrevu cette structure. On voit combien, chez tous ces animaux, les observations sont fragmen¬ tées, mais il est probable que ces jalons serviront bientôt à établir tous les phénomènes de la fécondation chez les Mollusques. (A suivre). BOTANIQUE CRYP T OGAMIQUE PHARMACO - JIÉÜ1CALE / Programme raisonné d’un cours fait à I’École supérieure de Pharmacie de Paris. PRÉFACE (1) Les plantes cryptogames sont peu attrayantes au premier abord ; aussi, en générai, dédaigne-t-on leur étude pour s’adonner à celle des plantes phanérogames ; mais si, surmontant ce premiersentiment, l’on se prend à les examiner d’un peu près, on se passionne bientôt pour elles et l’on ne peut plus s’arracher à leur contemplation. Champignons ou Mousses, Algues ou Lichens, Fougères ou Ferments, etc., etc., captivent même l’at¬ tention du naturaliste avec un soin si jaloux qu’il se trouve pour toujours comme fasciné par le groupe qu’il a abordé; pour celui-là, il oublie tous les (i; Préface extraite de l’ouvrage portant le titre ci-dessus, par M. le professeur Léon Mar¬ chand; un vol. in-8°, orné de nombreuses gravures, pour paraître prochainement, a ta librai¬ rie O. Doin, a Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. olT autres et passe sa vie à en scruter les moindres détails. C’est ainsi que se sont créées ces sciences qu’on nomme Mycologie, Phycologie, Bryologie, etc., etc., possédant toutes des représentants émérites qui, spécialisant leurs recherches, ont amené chacune d'elles à un point de plus en plus grand de perfectionnement. Jusqu’à ce jour, ces différentes branches de l’étude des cryptogames sont restées isolées les unes des autres, indépendantes, s’ignorant presque, quoique de même origine, séparées, en apparence, par d’infranchissables barrières. Elles sont comme ces États voisins qui sont restés désunis parce qu’une montagne s’élève entre eux, ou qui sont devenus ennemis par suite de la présence malencontreuse d’un bras de mer ou même d’un simple cours d’eau. Aujourd’hui, un souffle d’union estdans l’air: pour se joindre, les peuples perforent les montagnes, percent les isthmes, passent sous les mers, et les sciences s’unissent pour se féconder les unes par les autres. La Botanique cryptogamique a pour rôle de tenter l’union des sciences di¬ verses qui s’occupent des cryptogames, les reliant toutes en un faisceau au¬ quel chacune apporte sa part de lumière, étant, en échange, appelée à pro¬ fiter de l’apport général. D’une grande portée par ses applications, intéres¬ sante au plus haut degré par les horizons qu’elle fait découvrir, elle est ardue et difficile, par suite des détails multiples qu’elle emprunte à chaque spécialité. Aussi me suis-je trouvé bien perplexe lorsque je fus chargé d’enseigner cette science nouvelle et de la faire agréer du public. Quelle marche suivre dans cet enseignement, quelle forme donner à ce livre ? Je pouvais, en empruntant les matériaux de mon travail aux oeuvres éparses des spécialistes les plus en renom, présenter une série de généra et de species groupés en une sorte de compendium plus ou moins développé et indigeste. L’œuvre était facile et se réduisait à une compilation naïve ou dissimulée, ou à une traduction plus ou moins terre à terre ; l’œuvre était fructueuse, car elle me fournissait le moyen de me faire placer d’em¬ blée au rang des plus compétents en chaque matière. Que de gens, en effet, jugent les hommes au vernis d’érudition que produit l’accumulation de mots barbares, de termes incompréhens blés et de jets de celte prose latinisée qui donne comme des éblouissements!... Malgré tous les avanta¬ ges que m’offrait cette manière de faire, j’en ai préféré une tout opposée. M’inspirant des travaux des maîtres, j’en ai tiré la quintessence, et je l’ai présentée sous forme de généralités, me contentant pour l’instant de tracer les grands contours et réservant les détails pour d’autres temps. Cette manière de faire était plus laborieuse, plus délicate et de tous points plus désavantageuse pour moi; mais elle me permettait de supprimer, pour le lecteur, une partie de l’aridité du sujet ; en outre, elle devenait plus mienne ; enfin, elle me semblait plus logique. L’amateur de tableaux qui veut se rendre compte des qualités et des dé¬ fauts d’une toile l’envisage tout d’abord dans son ensemble ; pour cela, il l’éloigne de lui et fait jouer les rayons de la lumière sous des incidences JOURNAL DE MICROGRAPHIE. S 18 diverses ; ce n’est que lorsqu’il a saisi reflet général qu’il passe à l’examen des détails et les scrute minutieusement les uns après les autres. On doit agir de même pour les œuvres de la nature. C’est cette considération qui m’a décidé à m’en tenir aux généralités. Puissé-je avoir réussi à faire dé¬ sirer à mes lecteurs d’entrer plus avant dans l’étude de ces végétaux ! car, alors, les minuties que je laisse de côté aujourd’hui prendront tout leur relief, el les détails seront acceptés avec un empressement d’autant plus grand que l’intérêt aura été plus vivement excité. La nature du sujet à traiter m’a placé en face de phénomènes qui, pour l’instant du moins, ne peuvent s’expliquer qu’en ayant recours à des hypo¬ thèses Les êtres dont j’ai à retracer l’histoire ont été les premiers à appa¬ raître à la surface du globe; d’où sont-ils sortis? Les premiers ils ont été favorisés de cet élément non encore défini qu’on nomme la vie; d’où l’ont- ils tirée?. . Ils se sont perpétués jusqu’à nous à travers les convulsions de notre planète; commentsesont-ils accommodés aux changements succes¬ sifs de mi’b'U amenés par ces révolutions? Ces végétaux que nous voyons aujourd’hui sont-ils tels qu’ils étaient autrefois, ou bien ont-ils subi des changements dans leur composition et dans leur structure? Pour le savoir il nous faut faire une enquête... Il nous faut ressusciter les anciens témoins de ces époques, les reconstituer à l’aide de débris enfouis depuis des mil¬ lions d’années (de siècles peut-être), les interroger, essayer de surprendre leurs secrets, et, alors, aller à la recherche des oiigines et des causes. On comprend quel large champ se trouve ouvert aux vues de l’esprit, aux théories Mais est-il une science qui vive sans hypothèse ? Le physicien sait- il bien ce que sont la lumière et la chaleur? n’est-il pas obligé, pour ex¬ pliquer les phénomènes électriques, de s’appuyer sur l’hypothèse des deux fluides? Et les chimistes n’ont-ils pas la théorie des atomes, et celles des équivalents, des proportions définies, des radicaux, etc., etc.? Pourquoi refuserait-on aux sciences biologiques le même droit d’admettre certaines hypothèses? Il est dans la nature de l’homme de demandera chaque être d’où il vient et où il va; nul ne se désintéresse de ces questions que s’il les croit résolues. Je ne suis pas de ceux qui pensent ainsi; l’histoire naturelle admise par la Genèse ou par l’Apocalypse ne me satisfait pas, et je n’hésite pas à déclarer qu’elle a besoin d’être revue et sérieusement corrigée. Je cherche donc! Mais, dira-t-on, à quoi bon s’inquiéter du passé, pourquoi sonder ces abîmes et chercher à découvrir les secrets de l’avenir ? N’y perd-on pas un temps puiserait mieux employé à démêler les phénomènes actuels ? M. Milne-Edwards répond pour moi à cette question: «Dans quelques écoles de physiologie, on professe un grand dédain pour les vues de l’es¬ prit, et l’on répète à chaque instant que les faits seuls ont de l’importance dans la science, que la philosophie doit se bornera les enregistrer. Mais c’est là, ce me semble, encore une grave erreur... Il en est de même pour les théories dans les sciences: ce sont elles qui donnent la forme et le mouvement, qui servent de lien entre les faits dont la réunion en faisceau JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 519 est une des conditions de leur emploi utile, qui guident et excitent les ex¬ plorateurs dans la voie des découvertes. Exclure les vues théoriques de l’histoire des phénomènes de la vie serait priver les sciences naturelles d’un élément qui leur est nécessaire, et, dans les études auxquelles je vais me livrer avec vous, je ne crois pas devoir négliger l’usage de leviers aussi puissants, tout en m’appliquant à n’en faire qu’un sage emploi (1). Quoi qu’il en soit, ce livre, qui n’est que le programme raisonné d’un Cours de Cryptogamie, a été écrit non pour ceux qui savent, mais pour ceux qui veulent apprendre ; je ne m’étonnerai donc pas si les érudits lui reprochent d’être trop élémentaire ; je ne redoute qu’une chose • c’est que les commençants le trouvent trop savant. Mais, quels qu’aient été mes ef¬ forts pour bien faire, je n’ose me flatter d’avoir été ass z heureux pour satisfaire tout le monde, car . est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père. Au reste, il n’y a que ceux qui ne font rien qui soient assurés de ne pas commettre d ’errores, et quiconque écrit quelques lignes s’ xpose à se voir reprocher des errata. Je m’attends donc à la critique et m en réjouis à l’a¬ vance, car j’y trouverai une nouvelle source d’enseignements Déplus, comme je ne serai jugé que dans un milieu où chacun est homme d’esprit et avant tout homme de science, je suis certain de ne pas rencontrer de ces critiques « qui savent sitller et non causer », de telle soi te que, si l’on trouve mon livre mauvais, on se hâtera d’en faire un meilleur. Cela tour¬ nera au profit de la Botanique cryptogamique. C’est là ma seule ambition. Dr Léon Marchand Professeur agrégé à l’Er de supérieure de Pharmacie, de Paris. SUR LE COMMENCEMENT DE L’HËNOGÉNIE ^ CHEZ DIVERS ANIMAUX. I. De la structure de V ovule. L’ovule, encore contenu dans l’ovaire, mais approchant de la maturité, se compose chez les animaux que j’ai étudiés sous ce rapport, d’un vitellus plus ou moins granuleux, plus ou moins chargé de globules lécithiques, (1) Milne Edwards, Physiologie et anatomie comparées, a oî 1, p. 9. (2) Hæckel a créé récemment deux nouveaux termes pour désigner le développement indivi¬ duel et le développement historique ou paléontologique d’un être; il les nomme omogénie et phylogénie. J’accepte son idée, ainsi que le se ond de ces mots nouveaux. Qua t au premier, je ne puis l’adopter car sa .signification étymologique est en opposition avec e se.is nue lui prête son inventeur. Ontogénie veut dire la for mation de l’être en tant qu’êtr« . bsirait « Das wer- den des seins. » Pour désigner le développement individuel, il est indispensable de remplacer le mot grec ovto;, qui signilic l’être abstrait, par le mot Ivos, qui désigne un être individuel, un individu. Les mots d’Ontogénie et d’Ontogénèsc devront donc faire place aux termes plus rationnels d’Hénoeénèse et d’Hénogénie. 2 520 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. d’une vésicule germinative et d’une ou plusieurs taches de Wagner. La vésicule germinative se compose d’une membrane et d’un contenu. Sans entrer, pour le moment, dans une discussion sur la question de savoir si cette membrane appartient, philosophiquement parlant, au vitelius ou à la vésicule, je me contenterai de dire que ce n’est pas une membrane, dans le sens du mot, mais simplement une couche limitante plastique. La mem¬ brane vitelline proprement dite fait encore défaut ; la sut face du vitelius est formée seulement par une couche de sarcode compact. Le contenu de la vésicule diffère du vitelius, non seulement par son pou¬ voir de réfraction, qui est beaucoup moins grand, mais encore par ses pro¬ priétés chimiques. J’ai pu y discerner, dans la plupart des cas que j’ai ob¬ servés, un réseau de lilaments sarcodiques anastomosés et suspendus dans une substance plus claire. C’est cette disposition que Heitzmann a décou¬ verte et qui a été décrite depuis dans les noyaux des cellules les plus diver¬ ses. Le nucléole est suspendu dans ce réseau de sarcode. Si la composition de l’ovule ovarien est, au fond, assez uniforme dans le règne animal, il n’en est pas de même de l’ovule au moment de la ponte. Chez l’Oursin, d’après les observations de Derbès, d’O. Hertwig et les miennes, l’ovule, au moment de la ponte et même auparavant, ne possède plus de vésicule germinative, mais seulement un pronucleus femelle. Ap rès la fécondation, cet œuf se développe sans l’expulsion préalable de sphérules de rebut. Cette absence de globules polaires sembleconstituer un cas exceptionnel pour le règne animal. Nous verrons cependant que l’excep¬ tion est plus apparente que réelle. Dans la majorité des cas, l’ovule mur possède une grande vésicule germinative qui ne disparaît que peu avant la ponte, ( Sagllta , divers Cœlentérés), ou peu après le moment, (Plerotrachœa Asterias). Cette vésicule germinative est aussitôt remplacée par un système de filaments sarcodiques arrangés en double étoile. J’ai décrit ces étoiles pour les Ptéropodes, et Bütschli les a étudiés avec plus de précision chez Nephelis , Swxinea, Limnœus , etc. Je donnerai désormais à ces étoiles doubles re¬ liées entr’elies, le nom d 'amphiaster. L’amphiaster qui se forme aux dé¬ pens de la vésicule germinative au moment où celle-ci disparaît, ressemble tout à fait à celui qui se forme dans une cellule en voie de division; seule¬ ment, il est situé près de la surface du vitelius. Nous donnerons à ce premier système étoilé le nom amphiaster de rebut, parce qu’il donne naissance aux sphérules de rebut. L’aster périphérique sort alors du vitelius pour constituer une première sphérulede rebut qui peut se diviser après sa sortie. Puis, la moitié interne de l’amphiaster restée dans le vitelius devient un amphiaster complet. Ce second amphiaster de rebut se sépare comme le premier, de telle sorte que son aster périphérique constitue le second globule polaire. La substance expulsée de la sorte provient en majeure partie de la vésicule germinative avec un peu de protoplasme vilellin. L’opinion d’OELLACHER sur l’origine de ces globules chez la truite, trouve dans ces faits une con- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 521 tirmation éclatante. La dernière étoile qui reste dans le vitellus se ramasse pour constituer le pronucleus femelle. Quant à la tache de Wagner, elle disparait en général, avant la vésicule germinative ; tel est le cas des Gastéropodes que j’ai observés. Eile peut manquer déjà avant la maturité de l’ovule ( Sayitta ) ; ou bien encore, elle peut se dissoudre en même temps que la vésicule germinative, ainsi que cela a été observé chez Asterias par R. Greef , E. Van Beneden et moi- même. Nous sommes donc en présence de deux cas, en apparence, distincts. Dans l’un, celui de l’Oursin, l’ovule, au moment de la ponte, est déjà dé¬ pourvu de sa vésicule germinative et ne possède qu’un pronucléus femelle ; s’il vient à être fécondé, il se développe; a sans expulsion de globules po¬ laires. Dans l’autre cas, qui est celui de la grande majorité des animaux, l’ovule pondu possède encore une vésicule et souvent une tache germina¬ tives, qui disparaissent pour faire p'ace à l’amphiaster de rebut; ou bien, il ne possède déjà plus sa vésicule germinative, mais bien un corpuscule qui devient un amphiaster. Un des premiers phénomènes qui suivent la ponte, dans ce second cas, est l’expulsion des sphérules de rebut. Pour comparer avec fruit ces deux cas, il importait d’examiner si l’ex¬ pulsion des matières de rebut doit être considérée comme une suite de la fécondation, ou simplement comme un phénomène de maturation. Puis, il fallait étudier le premier développement d’un animal voisin de l’Oursin, mais dont l’œuf possédât encore sa vésicule germinative au moment de la ponte ; Asterias répond à ces conditions. Enlin, il importait de connaître exactement les phénomènes de maturation de l’ovule chez l’Oursin. C’est dans ce but que j’ai étudié à nouveau ce sujet, à Messine, en janvier et fé¬ vrier 1877. En passant en revue l’opinion des auteurs anciens et récents sur la pre¬ mière de ces questions, l’on ne rencontre que peu d’observations propres à nous renseigner. Je citerai l’opinion de Bischoff, qui arrivait déjà, en 1844, à la conclusion que la disparition de la vésicule germinative et la sortie des globules polaires sont des processus indépendants de la fécon¬ dation. Les observations publiées par Quatrefages, en 1848, sur le déve¬ loppement d une Hermella , et, en 1849, sur celui d’un Teredo ne donnent pas de réponse péremptoire à la question qui nous occupe. Il en est autrement des observations faites par 1 acaze-Duthiers sur Dentalium , en 1857, et d’après lesquelles les sphérules de rebut opèrent ici leur sortie chez des œufs soigneusement mis à l’abri de toute possibilité de fécondation. Ces œufs se décomposent ensuite. Ransom arrivait, pour les poissons, en 1867, à la conclusion que la vésicule germinative disparaît chez l’œuf mûr mais non fécondé. Fritz Hatzel trouva, en 1869, dans l’ovaire de Tubifex , les œufs les plus mûrs déjà dépourvus de vésicu'e germinative, et il décrit fort bien la sortie des globules polaires chez des vitellus non fécondés. Pour la truite, OEllacher trouve, en 1870, que l’expulsion des globules po¬ laires a Jieu sans fécondation préalable et les considère comme n’étant 522 JOURNAL DE MICROGRAPHIE que la vésicule de Purkinje expulsée du vitellus. Eimer arrive, l'année suivante, à des conclusions analogues, pour les reptiles, ainsi que Klei- nenberg, en 1872, pour YHydra. En 1874, Metschnikoff soutenait avec raison, contrairement à l’opinion de Haeckel, que le vitellus desSiphono- phores, arrivé à parfaite maturité, mais non fécondé, est dépourvu de sa vésicule germinative. Dans son travail sur le développement des Naïades, W. Flemming arrive (1875) à la conclusion que la disparition de la vési¬ cule germinative et l’expulsion des cellules polaires est indépendante de la fécondation, et Goette publie, la même année, son bel ouvrage sur le dé¬ veloppement du Bombinator , où il arrive aux mêmes conclusions. Enfin, d’après R. Greef, la tache et la vésicule germinatives disparaissent dans l’œuf pondu, mais non fécondé, d 'Astérias ; il vit ces œufs se développer ensuite par parthénogénèse. La question, malgré tout cela, n’était pas résolue, car à ces opinions d’hommes si compétents, l’on peut en opposer d’autres toutes contraires, qui font dépendre la disparition de la vésicule de Purkinje d’une féconda¬ tion préalable. Bütschli lui-même, dans son dernier ouvrage, se fait encore le défenseur de cette manière de voir ; il admet bien que l’expul¬ sion des globules polaires peut avoir lieu sans fécondation préalable, mais il considère ce processus comme un commencement de développe¬ ment parthénogénétique, et point du tout comme un ohénomène de matura¬ tion. C’est une question sur laquelle on pourrait discuter longtemps et sans grande utilité. Je crois cependant que les observations que je vais rapporter sont de nature à ébranler l’opinicn de Bütschli. V Astérias ( Asteracanthion ) glacialis , que je viens d’étudier de nouveau à Messine, pendant le mois de janvier 1877, se prête parfaitement à ce genre d’études. L’ovule mûr possède une grande vésicule germinative et une tache germinative très nette et assez fortement réfringente. Cette tache est suspendue dans un réticulum de filaments sarcodiques qui occupe tout l’intérieur de la vésicule de Pur¬ kinje. Le vitellus est granuleux, dé¬ pourvu de membrane vitelline, mais enveloppé d’une couche mucilagi- neuse à la surface de laquelle adhè¬ rent des cellules pavimenteuses et des fibres qui proviennent du stroma de l’ovaire. Dès que l'ovule se trouve dans l’eau de mer cette couche irrégulière de cellules se détache. La vésicule germinative se ratatine en¬ suite et perd la netteté de ses contours en changeant souvent de forme. Elle finit par ne plus se montrer que comme une tache claire, très irrégu¬ lière, sans limites définies. Néanmoins l’emploi des réactifs fait réappa¬ raître la membrane de la vésicule, repliée sur elle-même, de telle façon qu’il est impossible de dire si elle est encore complète ou si elle est décbi- Fig. 19. — Le vitellus après quelques minutes de séjour dans l’eau de mer. La vésicule germinative se ratatine, sa membrane se plisse. Les enveloppes de l’œut ont été laissées de côté, ainsi que la moitié nu¬ tritive du vitellus. 300/1. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 523 Fig. 20. L’hémisphère formatif, du vitellus, au moment oii la vésicule germinative se disperse. La tache germinativet de forme très irrégulière, est à eine visible, 3dO/l. rée ou dissoute en partie. Finalement, la vésicule se fond, en quelque sorte, dans le vitellus. Jamais son contenu n’est expulsé au dehors, comme l’a cru E. Van Beneden. Je ne peux m’ex¬ pliquer l’erreur dans laquelle est tombé le savant naturaliste, qu’en admettant que les œufs qu’il a obser¬ vés étaient comprimés par le couvre- objet ; ce n’est que dans ces conditions là que j’ai jamais observé des faits analogues à ceux que Van Beneden a décrits. La tache germinative perd aussi ses contours nets, pâlit, change souvent de forme, diminue progressivement, soit par simple dissolution, soit par la perte de morceaux qui s’en détachent, et finit par disparaître. L’on ne voit plus maintenant dans le vitellus que deux taches claires dont l’une, très mal définie et de lorme irrégulière, occupe encore la place où se trouvait la vésicule germinative, tandis que l’autre, de forme ovoïde, se rapproche de la surface En- employant les réactifs, l’on distingue, dans la tache ovoïde, l’amphiaster de rebut. Cet amphiaster se forme aux dépens de la vésicule germinative, par des processus sur lesquels j’insis¬ terai dans une autre occasion. Qu’il me suffise de dire qu’il se forme clans la vésicule germinative ou dans ce qui reste de cet élément, mais qu’il oc¬ cupe dès l’abord une position excen¬ trique. Ce premier amphiaster de rebut (fig. 21) présente souvent, dans son plan neutre, des corps de formes ir¬ régulières, que l’on pourrait considé¬ rer comme des résidus de la mem¬ brane de la vésicule germinative. Le dernier reste de la tache germinative est encore visible, à une certaine dis¬ tance de cet amphiaster de rebut, montrant clairement que ce n’est pas aux dépens de ce nucléole que se forme l’amphiaster. Je n’oserais pourtant affirmer qu’aucun fragment de la tache germinative ne puisse jamais entrer dans la composition de l’am- phiaster. Ce premier amphiaster ne donne pas, chez l’Étoile de mer, directement naissance aux corpuscules polaires. Si l’on traite un œuf par les réactifs, peu de minutes après le moment représenté sur la fig. 21, l’on ne trouve plus un amphiaster, mais un corps compact, à contours étoilés. Ce corps =Vc5 z u « • * o o’i- '* - ' _ _ r, P.&' ' , ^ v» v *c° c .c ° L • à o o". - -v ^ • c*» -mû o . , « c J* o.‘ Vv’ : c ■ Ç} « o O c • r fc ° (J'S'VC \ O '■ « ? 6 “o ôe,% V. .. ■ x ^ ° s A o 'o *û*»i ?• ^ 7;*' : •: V ;•••*- : :V: Pustules de moyenne taille, au nombre de 90 à 93 par millième de pouce. Je n’ai pas trouvé d’exemple dans lequel le nombre des stries dépasse 100 au millième de pouce. De¬ puis lors, j’ai eximiné une quantité considérable à’ Amphipleura et ce n’e^t qu'occa- sionnellement que j’en ai trouvé un plus lin. Le plus lin que j’aie jamais rencontré, comptait 107 siries au millième de pouce. Depuis lors, janvier 1871, Y Amphi¬ pleura pellucida a été mon test favori pour les objectifs à immersion. — J’ai réussi à le résoudre avec un objectif cà immersion de 1 /5 de pouce, de Toiles (4) et, en marsl872, à propos de quelques objectifs de R. et J.Beek et de William Wales, j’ai écrit; « Cette diatomée est un bon et utile test pour les objectifs a immersion d’une longueur locale de 1/8 de pouce et moins. On ne peut es érer la résoudre avec des objectifs de pouvoir plus faible que s’ils ont une ouverture angulaire exces¬ sive (5). Cependant, bien que j’aie constammentéerit surle frustuleà sec etqueje l’aie pris comme sujet parce qu’il donne une image plus brillante, comme j’ai employé alors ce test, j’avais déjà, en janvier 1872, résolu , avec l’objectif 1/16 de pouce ne Powell et Lealand, plusieurs slides de la même diatomée montée dans le baume, queM. Sulli- vant m’a -ait obligemment envoyés. En février 1871, le comte Castracane écrivit de Rome à la Société R. Microscopique (6; qu’un an auparavant il avait réussi à ob¬ tenir une photographie de T Amphipleura pellucida sur un « test-plate » de Môller, monte dans le baume, d’abord avec un objectif numéro 10 à immersion de Hartnark, puis avec un objectif du même numéro, de Nachet. Le degré de succès obtenu par ce distingué mic-roscopiste peut être appréc é par le (I) Voir Quarlerly , J. cf Mic. Sc., vol. II (185-P, p. 21 1. (2; / Zt/., vol. VIII, 1860, p 48. (3 W> i/ry MW. Journ , vol. III (4870) p. 104. (4) Voir Mouthiy Mær. Journ . , vol. VI (1871) p loO. (o) lu a Vol Vil (1«72) p. 106. (6) IUid. vol. V (1»71) p. 176. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. L29 compte sincère qu’il en rend lui-même. « Malheureusement, mon négatif était taché et assez faible, de sorte que je n’en ai pu tirer de bonnes images positives. Néanmoins, les stries y étaient si finement et si distinctement marquées, qu’on pouvait les percevoir encore distinctement, quoique le pouvoir grossissant de l’in¬ strument ne fût pas de plus de 640 diamètres (1). Moi-même, à propos du procédé général de la résolution des tests dans le baume, j’ai écrit : « Je puis ajouter que quelques-uns de ces objectifs, y compris le 1/10 de Beek, résoudront f AmphipUura pellucida , comme en effet, le comte Custracane l’a résolu avec les objectifs de Hartnack et de Nachet. (2) » Mais tous ces résultats ont été obtenus avec la lumière solaire monochromatique, et ce n’est que depuis que j’ai commencé à employer les éclairages à immersion avec des objectifs de plus de 82° d’angle dins le baume que j’ai réussi à résoudre d’une manière satisfaisante les frustules montés dans le baume, éclairés avec une lampe ordinaire à pétrole ( « coal-oil »). Et même ce n’est pas avec tous les objectifs d’une ouverture suffisante qu’on peut obtenir un résultat satisfaisant. Mais depuis six ans, le nombre des objectifs capables de résoudre ce test a été constamment en augmentant, et la netteté de l’image produite par les meilleurs objectifs s’est toujours perfectionnée; aussi, je n’hésite pas à affirmer que tout bon objectif à immersion de premier ordre, même ceux de faible puissance, comme le 1/4 de pouce, doivent pouvoir donner une résolution distincte des frustules é'Amphipleura pellucida , les plus finement marqués, montés dans le baume du Canada. Ceux qui ne peuvent donner ce résultat doivent être classé parmi les objectifs de second ordre, et ne seront pas volontiers employés dans les investiga¬ tions sérieuses par les microscopistes instruits. Et pour l’apparence des frustules montés dans le baume, dans la lumière solaire et avec les meilleurs objectifs modernes à immersion, non seuleme it elle rivalise en vigueur et en caractère avec les plus belles images des frustules secs, mais elle surpasse de beaucoup tout ce qu’on peut obtenir de meilleur avec ceux-ci pour l’exhibition simultanée des détails du contour et de la partie médiane. Le frustule que j’ai choisi sur le slide de Hull pour en faire la représentation photographique qui accompagne ce mémoire mesure 0,0037 de pouce de longueur et a 102 stries au millième de pouce. A une distance de 0,0011 de pouce de ce frustule, sur le même slide, et à peu prés parallèle au premier, en est un second, un peu plus grossièrement marqué, dont l’image, dans les épreuve^ aidera à former un jugement sur l’état plus ou moins plan du champ dans chaque cas. Près de l’extrémité du frustule choisi, apparaît le bout d’un autre frustule qui pourra servir au même but, tandis que près de son autre extrémité on peut encore voir un frustule, à angle droit avec le premier, et qui, en raison de sa position par rapport à la lumière, n’es’ pas résolu, biens de l’immersion homo¬ gène, plutôt que dans celui de l’immersion dans la glycérine. De plus, avec l’immersion homogène, nous avons le grand avantage de pouvoir être dispensés du collier pour la correction de l’épaisseur du cover, et de toute la déplor ble perte de temps que nécessite l’emploi de ce système, absolument indispensable pour les objectifs à immersion dans la glycérine et dans l’eau. Pour cette raison, dans mon travail ordinaire, je donne la préférence à mon t/8 de Zeiss, sur les objectifs que j’ai indiqués comme le surpassant en pouvoir défi¬ nissant, parce qu’il donne instantanément des résultats qui ne sont guère infé¬ rieurs aux meilleurs que je puis obtenir avec les autres, mais avec beaucoup de peines et de temps perdu. Finalement, pour montrer la superbe « performance » du 1/12, de Zeiss, sur Y Amphipleura sec, j’ai a jouté à la série la photographie (n° 14) d’un frustule très délicalpris sur un slided 'Amphipleura pellucida provenant du Pont d’Allan, en Ecosse, et monté par mon ami le professeur Hamilton L. Smith, de Geneva, N. -Y. Ce frustule n’a que 29 dix-millièmes de pouce de long et a 105 stries au millième de pouce. 11 est grossi à 3400 diamètres. D1 J. -J. WOODWARD, L.-Gol. Béde l’Armée des Etats-Unis. 532 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LES LICHENS. I. Les études botaniques de la dernière vingtaine d’années ont jeté une lumière inattendue sur la nature des Lichens. Les conclusions auxquelles on est arrivé sont aujourd’hui assez an été es et les questions principales assez bien résolues pour permettre de traiter ce sujet en dehors du cercle restreint des liehéno- logues. Ce que les botanistes appellent des Lichens, Lichenes, sont des formes végétales inférieures, ayant en général un caractère si particulier que l’œil même du pro¬ fane les reconnaît facilement. Les Lichens sont nettement distincts des Mousses par l’absence de feuilles et de couleur verte. Leur aspect absolument particulier empêche aussi, à de rares exceptions près, de les confondre avec les Champi¬ gnons et les Algues. Des nombres infinis des pieds de Lichens de la même espèce, réunis au même endroit, recouvrent des rochers, des blocs de pierres, des murs, des écorces d’arbre, des plantes et des poutres, le sol de la forêt et de la bruyère, d’une vé¬ gétation naine, mais variée de formes et de couleur. Tantôt ils vivent en société avec des Mousses et des Algues, plus rarement avec quelques Champignons et des plantes phanérogames ; tantôt ils sont l’unique parure des régions nues et arides. C’est dans l’humus humide des forêts et sur l’écorce d’arbres pourrissants qu’ils prennent le plus de développement. Mais même dans les endroits où la neige éternellesdu œmmet des montagnes ou des contrées polaires repousse toute végé¬ tation plus délicate, les Lichens soutiennent encore leur vie tenace et modeste. Où les rayons brûlants du soleil font périr toute autre plante, les Lichens offrent encore une résistance opiniâtre : ils se dessèchent en croûtes pulvérisables, que la moindre humidité fait renaître à une lente croissance après des mois d’une mort apparente. Ils ont tous une vie de plus longue durée que l’exiguïté de leur taille ne le ferait supposer. Les Lichens aux formes les plus développées sont les Lichens arbrisseaux, rami¬ fiés en tous sens comme des arbrisseaux pendants ou dressés. L'n des principaux est VUsnea barbaia , bien connu de tous ceux qui parcourent les bois de haute futaie. Ses rameaux gris, à grandes franges, flottent comme des crinières longues de plusieurs pieds sur les troncs des Mélézes décrépits; réunis par centaines, ils paraissent quelquefois étouffer des arbres entiers par leur croissance luxuriante. D’autres formes plus petites sont noires, jaunes ou d’un vert grisâtre. Sur le sol sablonneux des furêts, sous les pins, les airelles et les bruyères, s’étend sur de grands espaces, le Cladoniu rangiferina , avec ses rameaux grisâtres ressemblant à des bois de cerf. Dans la vieille forêt entre Erlangen et Nuremberg, ou rencontre souvent des endroits où il ne croît absolument que ces Lichens et qui donnent en petit un image des prairies de Lichens des pays septentrionaux, couvertes surtout du Cladunia rangiferina et d’un autre Lichen-arbrisseau, Cetraria islondica . Ce dernier, à tort nommé dans la pharmacie « Mousse d’Islande », est aussi dans nos contrées montagneuses un des principaux Lichens terrestres. Des Lichens à rameaux plats, en forme de rubans, forment la transition vers le type des Lichens foliacés. Ceux-ci s’étendent sur leur substratum en relevant souvent leur bord très ramifié, lorsque rien ne gêne leur développement, ils for¬ ment des disques plissés comme des cocardes à bords entaillés et, s’il sont com¬ primés, ils présentent des lobes irréguliers qui s’enchevêtrent. Le S tic ta pulmo - JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 533 monacea, employé jadis comme médicament sous le nomde« Mousse pulmonaire,» en est un des plus beaux exemples. Les Lichens-croûtes disputent souvent avec succès la place sur des écorces et des pierres aux Lichens-arbrisseaux et foliacés. Fondus intimement avec leur substratum, qu’ils creusent souvent, ne se laissant éloigner des pierres que par des acides qui dissolvent celles-ci, ils apparaissent à l’œil nu tantôt comme des écailles ou des pustules minuscules, tantôt comme de croûtes granuleuses, cre¬ vassées, verruqeuses, noires, grises, brunes, et quelquefois d’un jaune ou d’un rouge incandescent, ravivé par les ardeurs du soleil. Leurs formes les plus inup- parentes ressemblent sur les plaques de chaux de Solcnhofen à des taches à bord indécis, comme en laisserait l’haleine. Des Lichens plus visibles, tels que le Rhizocarpnn geographicum , recouvrent les sommets rocheux de certaines mon¬ tagnes, ou des monceaux de débris minéraux d’une croûte uniforme de couleur vive. La teinte jaune que le Rhizocarpon donne au cône tronqué du Lusen, dans la forêt de Rohème, rend celui-ci visible de loin. 11. Les anciens botanistes ne faisaient pas de distinction entre les Lichens et les Mousses. De là sont restés les noms populaires de Mousse pulmonaire, de Mousse d’Islande, au lieu de Lichen pulmonaire. Lichen d’Islande. Tournefort fut le pre¬ mier qui fit une classe particulière, Lichenes , de ces végétaux, qu’il rangea entre les Algues et les Champignons (1694). Depuis cette époque, la connaissance extérieure des Lichens, la distinction et la classification des espèces de Lichens se sont beaucoup développées. Peu à peu, les types relativement peu nombreux, dont les différences frappent même les yeux des indifférents, ont été divisés en plus de 5000 mille espèces, partagées en beaucoup de genres, répandues sur toute la terre. Plus d’en millier sont repré¬ sentés en Allemagne et en Suisse. Mais ce n’est que depuis quelques dizaines d’années qu’on a étudié avec fruit la structure intérieure, la reproduction et les particularités vitales des Lichens. Les découvertes avérées qu’amenèrent ces études parurentd’abord des contradictions ffagtv.ntes et les énigmes insolubles. Nous allons tacher de montrer comment ces contradictions se sont effacées et ces énigmes se sont résolues peu à peu. Etudions d’abord l’anatomie du corps entier du Lichen. 11 est facile de distin¬ guer à l’aide de l’observation la plus superficielle les fruits ou apuihédes sur le corps végétatif ou thalle des Lichens. Ce sont des corps ayant la forme d’une assiette, se trouvant chez V Umea barbata à l’extrémité des rameaux, et garnis de cils élégants; chez le Lichen pulmonaire ils se trouvent sur le bord inférieur du thalle. Le thalle produit, en dehors de scs rameaux multiples, des organes de fixation qui remplacent pour lui ; es racines. Chez les Lichens-arbrisseaux ce sont des simples disques d’attache à la base du tronc principal; chez les Lichens foliacés ce sont des fibres ou rhizines , qui pénètrent un peu dans le substratum. Quant aux Lichens-croûtes, on ne peut pas discerner à l’œil nu comment ils sont attachés au substratum. On ne peut les enlever sans les endommager. Il s’agit maintenant d’étudier à fond les organes de reproduction des Lichens, à commencer par les fruits ou apolhécies. Leurs formes extérieures sont très va¬ riées. Les formes extrêmes sont, d’une pari, des disques plats, ressortant sur la 534 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. surface, d’une couleur distincte et larges de quelqaes centimèlres (Lichens gym- nocarpes); d’autre part, des excavations microscopiques, sphériques ou en forme de gourdes dont on aperçoit tout au plus l’ctroit orifice (Lichens angiocarpes). Certains Lichens-croûtes doivent leur nom de Graphidés à leurs fruits formant des raies en zigzag, ressemblant à des caractères foncés, tracés sur des écorces d’ar¬ bres de couleur claire. La structure intérieure de tous ces fruits de Lichens est aussi semblable dans les points essentiels que leurs apparences sont varies. Une coupe longitudinale à travers le centre du disque et de sa tige fait voir l’hy- menium, dans lequel les semences microscopiques, ou les spores du fruit du Lichen, se forment. L’hymenium repose sur une couche particulière de tissu, dé¬ signée sous le nom de couche subhyméniale. La base consistant en une moelle peu compacte et en une écorce plus compacte, forme la transition avec le thalle. L’écorce forme au-dessus de l’hyménium un bord saillant, qui forme au jeune fruit une voussure fermée, ne se brisant que plus tard. Les fruits enfoncés des Lichens angiocarpes sont entourés directement par le tissu du thalle sans autre différenciation. Au moye d’un fort microscope, nous pouvons étudier en détail la structure du fruit. Nous voyons les particularités suivantes dans l’hymenium, la couche sub- hyméniale et la moelle. La moelle est formée de filaments très ramifiés, entrelacés de manière ù former presqu’tn tissu tomenteux, dont les interstices sont remplis d’air. La couche subhyméniale consiste en filaments très enchevêtrés, ne laissant pas d’interstices, presque tous coupés ou blessés par le rasoir. Dans l’hyménium même, des fila¬ ments secondaires ou paraphyses, presque parallèles, se forment directement en grand nombre des filaments de la couche subhyméniale, se différencient des utri- culcs (a s ci) elaviformes, qui produisent des semences ou des spores. Les asques ou ulricules ù spores ( Sporenschlâuche ) sont pour nous le point important. Nous devons observer minutieusement leur structure, leur développe¬ ment et leur rôle. lisse trouvent à tous les degrés de maturité et très rapprochés les uns des autres dans les fruits qui ont beaucoup d’utrieules. L’utrieule mûr contient en général huit spores fusiformes et bicellulaires. L’asque jeune, au contraire, est une cellule beaucoup plus petite, elaviforme, remplie d’un mucilage aqueux et albu¬ mineux, le protoulasma. 11 devient plus long et plus gros, émerge d’entre les paraphyses et différencie alors son protoplasma accru dans lequel apparaissent simultanément huit petites cellules, comme les commencements des spores. La jeune spore consiste encore en une petite masse de protoplasma sans menbranc. Bientôt une enveloppe de cellulose se différencie a la surface. Ensuite la spore se divise en compartiments. Jusqu’à leur maturité, les spores croissent encore un peu, emmagasinent de l’albumine et de la graisse dans leurs compartiments, et épaississent leur cloison cellulaire, dont la couche extérieure finit par brunir. Ce qui distingue ce processus dans Vasque, connu sous le nom de formation libre de cellules, et se terminant par la production de spores, de presque tous les autres modes de formation de cellules, c’est que les spores se forment et mûrissent en nageant librement dans le protoplasma de Basque. On peut se rendre compte par une expérience facile a faire de ce que deviennent ensuite les spores. On met un fruit de Lichen sec, légèrement couvert par une mince plaque de verre, dans un endroit humide, par exemple dans un verre de montre posé sur une soucoupe tapissée de papier brouillard humide et sur JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 338 laquelle on pose une cloche de verre tapissée également de papier brouillard humide. Après quelques heures, et souvent en même temps, on découvre, en observant le petit plateau de verre au microscope, que de nombreuses spores ont été expulsées avec une certaine violence par la pression latérale qu’exercent les paraphyses gonflées contre les asques. Ces spores sont facilement projetées à une distance d’un centimètre. Il suffît alors de conserver ce plateau parsemé de spo¬ res, pendant plusieurs jours, dans un endroit humide et à l’abri de la poussière et des moisissures. Bientôt les spores commencent à germer. Elles gonflent et font sortir à leurs deux pôles sous la forme de deux verrues, par une ouverture de leur cloison brune extérieure, leur contenu recouvert par une couche intérieure incolore. La verrue se tire en mince filament; celui-ci s’allonge, est divisé par des cloisons transversales et se ramifie. Des spores à compartiments nombreux produisent un nombre correspondant de filaments-germes ; des spores des Lichens très grandes, à un seul compartiment, produi ent aussi parfois plusieurs filaments. Dans les circonstances décrites, les filaments-germes croissent lentement en général, jusqu’à ce qu’ils aient consommé les matériaux des spores qui peuvent servir à leur croissance. Les ramifications des filaments s’entrelacent souvent. Tulasne obtint déjà (1851), de cette manière, de vrais réseaux de grandes spores de Lichens isolées Cependant dans ces con¬ ditions, et même en les améliorant, en ajoutant les matières minérales nutritives qui suffisent ailleurs à entretenir des Lichens, on n’a jamais réussi à obtenir à l’air un jeune Lichen ca actérisque, à l’aide des filaments-germes de la spore. Nous devons, pour un moment, abandonner la question de la formation nou¬ velle d’un pied de Lichen, par une spore de Lichen, pour tourner notre attention vers un autre véritable organe de reproduction des Lichens, le spermugonium avec ses spermaties. Les spermogonies, même les plus grandes, sont des corps très peu apparents; ce sont tantôt des poils tendres du thalle, tantôt des verrues minuscules, pres¬ que entièrement enfoncées dans le thalle. C’est à cause de cela qu’elles ont été connues beaucoup plus tard que les apothécies. Nous devons encore à Tulasne de savoir qu’elles existent partout et quelle est leur structure détaillée. De la structure intérieure des spermogonies, nous ne dirons que ceci : Elles produisent dans leur cavité, par la segmentation, sur des supports particuliers tendres et filiformes, des masses de petites cellules arrondies ou allongées en bâtonnets. Lorsque les spermaties sont humectées, elles sortent comme une petite goutte de mucilage de l’orifice de la spermogonie. Dans les mêmes condi¬ tions ou les spores germent, les spermaties n’éprouvent pas d’autres changements. Des expériences nombreuses ayant prouvé qu’elles ne peuvent pas germer, on a émis souvent la supposition, depuis Tulasne, qu’elles pourraient être des cellules sexuelles mâles, destinées à féconder les spores ou les fruits des spores à un moment quelconque de leur développement. La preuve évidente que les sperma¬ ties fécondent réellement un organe de conception filiforme du très jeune fruit, n’a été cependant fournie, qu’il y a deux ans, par Stahl. A mesure qu’on apprenait 5 connaître la structure, le développement et la fonc¬ tion des organes sexuels de reproduction des Lichens, ainsi que les organes analo¬ gues des Champignons, on s’est «aperçu qu’ils étaient absolument pareils, jusque dans les plus petits détails, chezles Lichens etohez 'es Ascomyeètes(dont les morilles, les truffes et les pesizes sont les représentants bien connus). Schleiden sépara déjà, en 1850, les Ascomycètes des autres Champignons qui ne produisent pas de spores articulaires, et les plaça tout simplement dans une même classe avec les Lichens, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 536 parce que leurs spores sont produites exactement de la même manière, par la for¬ mation libre de cellules dans des utricules. Et tout ce que les recherches ont ré¬ vélé avant ou après sur la naissance, l’expulsion et la germination des spores, sur les phénomènes correspondants dans le spermogonium et sur l’incapacité des spermaties de germer, enfin sur le phénomène même de la fécondation et le déve¬ loppement du jeune fruit produit sexuellement, est absolument identique pour les Lichens et les Ascomycètes. Relativement à la structure spéciale des spermogonies et desapothécies, l’iden- dité existe de même dans tous les détails entre tels Lichens et tels Ascomycètes. Les Lichens gymnocarpes concordent avec les Ascomycètes à fruit ouvert ou discoïde (Discomycètes). Les Lichens angiocarpes, au contraire, concordent avec les Ascomycètes à fruit vcrruqueux, enloncé (Pyrenomycètes). 11 faut enfin insister sur l’identité de l’organe élémentaire anatomique, dont proviennent tous ces organes de reproduction de Lichens et de Champignons. C’est le filament du Champignon ou du Lichen , connu sous le nom d’hypha. L’hvpha, sortant comme filament-germe de la spore, formant des spermogonies et des apothéeies, quand il s’est ramifié et enchevêtré, est caractérisé par des propriétés particulières absolument pareilles chez les Champignons et les Lichens et nettement distinctes des éléments anatomiques des Algues, des Mousses et des végétaux supérieurs. Nous devons revenir plus tard sur ce point essentiel. En ne tenant compte que des organes de la reproduction sexuelle, la distinc¬ tion qu’on établit habituellement entre les Lichens et les Ascomycètes, en deux classes différentes de plantes, ne serait donc pas justifiée. Mais celte division s’appuie en premier lieu sur la nature particulière déjà décrite du corps végéta¬ tif du Lichen. Il faut ajouter à ceci qu’une très grande partie des Lichens prospère dans des endroits qui ne leur fournissent qu’une nourriture minérale, tandis que les Champignons de tout genre exigent absolument les éléments nutritifs orga¬ niques. Pour comprendre cette complète analogie des Lichens avec les Champignons, quant à la reproduction sexuelle, et leur manière de vivre et leur apparence toutes différentes, nous devons avoir recours à l’observation microscopique du corps végétatif du Lichen. Le tissu du thalle végétatif d’un Lichen, se différencie eu écorce et en moelle. Dans certains cas, un faisceau axile traverse encore la moelle. Il consiste en fila¬ ments parallèles, la moelle en filaments légèrement enchevêtrés, et l’écorce en filaments plus étroitement entrelacés. L’écorce la plus compacte peut encore êtro décomposée dans des filaments primitifs par les réactifs. Si nous comparons avec la structure de l’ Usnea barbata, la coupe du [halle d’un Lichen foliacé, par exemple celle du Lichen pulmonaire, nous ne voyons que quelques variations de structure qui proviennent de l’extension du thalle sur un substratum. D’abord une écorce compacte, ensuite une moelle poreuse, puis ordinairement une écorce inférieure bien distincte, d’où les rhizines pénètrent dans le substratum comme des filaments simples ou en faisceaux. Des formes plus simples n’ont pas l’écorce inférieure ; il en est de même de la plupart des Lichens-croûtes, dont les filaments isolés pénètrent si profondément dans l’écorce, qu'on ne peut pas enlever le thalle sans l’endommager, comme nous l'avons dit. Dans toutes les variétés de thalle des Lichens, la croissance, très lente du reste, n’a lieu qu'au niveau des filaments placés aux extrémités des rameaux et sur les bords. Les parties plus anciennes et plus centrales ont achevé leur croissance. JOÜRNAL DE MICROGRAPHIE. 55 T Les filaments qui forment le thalle ressemblent aussi aux filaments anatomiques des Champignons, les hyphas. Nous devons les décrire encore plus minutieuse¬ ment que nous n’avons déjà fait. Ce sont des filaments de formes variées, rare¬ ment simples, souvent ramifiés, pourvus de protoplasma incolore dans leur cavité plus ou moins étroite. Chaque filament ne croît qu’au niveau de son extrémité et termine graduellement chaque accroissement par une cloison toujours transver¬ sale. Les différents tissus du Lichen comme du Champignon proviennent de l’en¬ trelacement et de « l’enchevêtrement »plus ou moins serré des filaments au reste indépendants les uns des autres. Les tissus de toutes les autres plantes se forment, au contraire, par la division intérieure, souvent répétée, de quelques cellules-mères. Enfin, certains réactifs chimiques, surtout l’iode, agissent différemment sur la matière de la cloison cel¬ lulaire de l’hypha de Champignon et de Lichen et sur celle des cloisons cellulaires des autres végétaux. En cela, le tissu du thalle du Lichen ressemble donc aussi au tissu du Champi¬ gnon proprement dit. Un simple coup d’œil sur des coupes de thalle nous prouve déjà que les hyphas et le tissu tomenteux qu’ils forment ne sont cependant pas le seul élément ana¬ tomique du thalle du Lichen. Entre les hyphas existent des cellules d’un tout autre genre et d’une autre couleur, vertes ou verdâtres. Lés Champignons n’en ont pas de pareilles. Il existe deux types différents pour la diffusion de ces éléments verts dans le corps du Lichen. Dans la plus grande partie des espèces de Lichens, les éléments verts sont res¬ treints à des couches déterminées du tissu tomenteux ; et il existe ainsi dans le thalle du Lichen, des couches vertes et d’autres incolores : Lichens à couches distinctes ou Héléromères. Dans d’autres, les couches vertes sont, sans exception, voisines de la surface éclairée, et, quand les Lichens sont gonflés par l’humidité, elles sont parfaitement visibles. Dans YUsnea barbata , elles se trouvent immédia¬ tement sous l’écorce, entourant entièrement la moelle. Dans les Lichens foliacés et les Lichens-croûtes, au contraire, qui ont une face bien éclairée, et une autre ombragée et fixée, les cellules vertes ne se trouvent que sous l’écorce supérieure Beaucoup de Lichens-croûtes consistent, pour ainsi dire, en une ombrelle d’hy- phas, sous le milieu de laquelle se trouvent réunies des cellules vertes, tandis que ces cellules manquent dans le bord du thalle qui continue de croître. Dans quelques genres de Lichens moins développés et moins élevés, les élé¬ ments verts sont disséminés indistinctement dans le thalle entier, de sorte que chaque coupe microscopique montre des hyphas et des éléments verts également mélangés : Lichens sans couches ou Homoeomères. Le public ne connait guère cette forme de Lichens, quoiqu’ils se trouvent en grand nombre et en beaucoup de variétés sur le sol, sur des pierres et quelque¬ fois dans des montagnes calcaires. Mais lorsque la température est sèche, ce ne sont que des croûtes friables, inapparentes et de couleurs indécises, qui ne présentent en cet état aucune analogie avec des Lichens. Ils ne deviennent ap¬ parents qu’après de fortes pluies. Alors leur corps gonflé prend la forme d’une petite plante mucilagineuse, ferme ou tremblotante, d’un vert bleuâtre ou brun⬠tre, rarement ramifié comme un arbrisseau, plus souvent lobée comme les Li¬ chens foliacés, sillonnée, fraisée, granuleuse, etc. Cette particularité des cloisons cellulaires des éléments verts, de pouvoir se 538 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. gonfler comme du mucilage, a fait donner à ces Lichens le nom de Lichens mu- cilagineux (exemple : Collema et Ephebe). Dans l’intérieur des apothécies et des spermogonies, les cellules vertes man¬ quent chez presque tous les Lichens. Ordinairement, elles ne pénètrent qu’aussi loin que le tissu du thalle porte et enveloppe les fruits. É’est Walroth qui a fait, en 1855, la découverte scientifique des éléments verts et de leur disposition différente dans le thalle. Il les appella gonidies , parce qu'il les croyait destinés à la reproduction asexuée des Lichens. On verra plus loin comment la vérité et l’erreur se trouvent méléesdans cette supposition. Ona aussi proposé, pour éviter les malentendus, de nommer les cellules vertes chromidies, à cause de leur coloration caractéristique. Les gonidies sont vertes ou verdâtres. C’est-à-dire : elles contiennent une ma¬ tière colorante, qui est identique à la chlorophylle des plantes vertes, en géné¬ ral, quelquefois seule et d’autres fois mélangée avec une autre matière colorante de différentes nuances tendant vers le bleu et le brun. La seconde matière colorante est identique avec le phycochrome, qui donne, mêlé à la chlorophylle, une coloration variant du vert-bleuàtre au vert-brunâtre à beaucoup de formes inférieures d’Algues. Lorsqu’on retire aux gonidies leur chlorophylle dissoute par l’alcool, la seconde matière colorante reste sans éprou¬ ver de changement. Pour plus de brièveté, nous ne parlerons plus loin que des x gonidies vertes, c’est-à-dire de celles qui ne contiennent que de la chlorophylle, et des gonidies d’un vert bleuâtre, c’est-à-dire celles qui contiennent en outre du phycochrome. Il est prouvé que la chlorophylle est l’organe qui donne aux végétaux le pou¬ voir d’assimiler, c’est-à-dire de décomposer l’acide carbonique, et de produire de la substance végétale organique avec le carbone et les éléments de l’eau avec l’adjonction de quelques matières minérales. Au pe int de vue physiologique, les gonidies sont donc les organes d’assimilation des Lichens, auxquels elles rendent les mêmes services que les feuilles aux arbres. Aussi les vieilles gonidies meu¬ rent dans le thalle des Lichens et sont remplacées physiologiquement par leurs jeunes descendants, comme les feuilles sur les arbres. Comme la fonction assimilatrice des gonidies est liée à l’accession de rayons lumineux, les gonidies sont toujours situées sur les côtés , éclairés du thalle. Cette fonction des gonidies a été nettement reconnue par Fries, en 1861. L’existence des gonidies et la capacité qu’acquièrent par là les Lichens d’as¬ similer, séparent ceux-ci des Champignons véritables puisque le tissu des hy- phas et la reproduction sexuée sont identiques chez les deux. Reess (A suivre.) Prof, à t’Univ. d’Erlangen. La lÆé'tlxocLe du. JB., j "JL’ consiste à employer L’ACIDE PHÉNIQUE pour la, Cnra-tion. des MALADIES A FERMENTS ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : d’Acide Phénique pur et Uanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). Sulfo-Phénique (Maladies de Peau, Catarrhes, Pituites, Rhumatismes, etc.) Xodo-Phénique (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, etc.) Phénate d’Ammoniaqus (Fièvres graves. Grippe, Variole, Croup, Choléra, etc.). Huile de IVIorue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). GXiYCO-PHirN’ZQtTE (Brûlures, Plaies, Maladies de Peau, Granulations, Toilette, etc.) : Ifr. 50. CHASSAING, OUÉNON & C“, 6, Avenue Victoria, PARIS SIROPS et INJECTIONS Bruxelles. — lmp. et lith. PARENT et Cie. I E GÉRANT : E PROUT. » TABLE I TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME PREMIER A. Pages. Algues calcaires fossiles (Les), par M. E. Perceval Wright .... 191 Amphipleura pellucida , dans le baume du Canada. (Observations suggé¬ rées par l’étude de T), avec divers objectifs, par le col. Dr J. -J. Woodward . 486, 526 À quoi sert le microscope en médecine? par Quidam . . . . . . 327 Archipel des Indes-Occidentales (Diatomées de Y). (Voir T. II, 1878, B i Batraciens (Note sur la chute des œufs de l’ovaire chez les), par M. F. Henneguy . 131 Belle Diatomée (Une), par M. W.-W. Riner . 248 Bibliographie des Diatomées, par M. F. Habirshaw (complétée par le D1 J. Pelletan) . 368, 410, 453, 497 Botanique cryptogamique, préface par le prof. L. Marchand .... 516 c Cabinet de microscopie de MM. Arthur Cole and Son, de Londres. . . 90 Catalogue des Diatomées de M. Fr. Habirshaw. — (Conditions de la s"us- cription) . 161, 201, 251, 299,371 — (Nouvelles conditions,) . 456 Chambre claire du Dr J. -G. Ilofmann (La), par le Dr J. Pelletan . . 484 Cissus quinque folia. (Observations sur les stomates et les lenticelles du). — Contribution à l’histoire des racines adventives, par M. J. d’ARBAu- mont. Notice, par M. L. Courchet . 333 Collodion humide pour la pratique des coupes microscopiques (Technique de l’emploi du), par le Dr Mathias Düval . 182 Commencement de l’hénogénie chez divers animaux (Sur le), par le professeur H. Fol . 519 Conjonctivite folliculaire (Sur la), par le Dr Ledeganck . 126 Conservation des Infusoires (Sur une méthode de), par M. A. Certes . 242 Correspondance : Lettre du prof. E. Abbe . 92 — Lettre du DrF.-0. Lynx . 200 — Lettre de Silenus . 150 Crapaud (Note sur la constitution du spermatozoïde du), par M. F. Henneguy . 186 Cryptogames (Utilité de’l’étude des), au point devue médico-pharmaceutique), par le prof. L. Marchand . . . . 211 Cryptogamiques (Des Herborisations), par le professeur L. Marchand. 115 542 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES D Description d’espèces nouvelles de Diatomées, par le professeur H.-L. Smith . . . ,81 132 Deux colorations (Préparation et montage des objets à), par M. C.-G. Merriman . 490 Diatomacées de New- Fores" (Sur les), par M. F. Kitton . . . . s 409 Diatomée(Une belle) par M. W -W. Riner . 248 Diatomées (Bibliographie des), par M. Fr. Habirsiiaw (complétée par le Dr J. Pelletan) . 368, 410, 453, 497 Diatomées de l'Archipel des Indes Occidentales, (voir T. 11,1878, p.507), par le protesseur P. -T. Clève . 28, 73, 135 Diatomées de l’embouchure de la Seine (Les), par M. Ch. Manoury . . 289 Diatomées de Santa-Monica, Californie (Note sur des), par M.Ch. Stodder 137 Diatomées (Description d’espèces nouvelles de), par le professeur H.-L. Smith . . 81, 132 Diatomées (Notes sur quelques), par M. F. Kitton . 78 Diatomées (Notions préliminaires sur les), par le professeur J. Brun. 359, 406 Diatomées (Reproduction des) . 84 Diatomées (Sur les stries des) et sur la valeur qu’il faut attribuer à leur nombre dans la détermination des espèces, par M. l’abbé comte F. Castracane . 283, 322, 355 Diatomées terrestres (Les), par M. Julien Deby. . . . 187 Distance frontale libre (La), par M. R. -B. Tollés . 174 E ' •. ... Eclairages à immersion pour le microscope (Les), par M John Mayall Jun . Ecritures, (Le microscope appliqué à la recherche des falsifications dans les), par M. R. -H. Ward . Embryons de Poissons (Procédé technique pour l’étude des), par M. F. Henneguy . . Etude des Cryptogames (Utilité de 1’), au point de vue médico-pharma¬ ceutique, par le prof. L. Marchand . . . F Falsifications dans les écritures (Le microscope appliqué à la recherche des), par M. R. -H. Ward . 438 Fécondation chez les Vertébrés (La), par le professeur Balbiani, p. 54, . 108, 162, 221, 263, 313, 347, 383, 424, 470, 512 Foraminiféres vivants (Instructions pour la récolte des), par M. E. Vanden Broeck . . . . . 237 Formation des spores des Mesocarpées, par M. E. Perce val Wright . 36 G Gastéropodes pulmonés (Recherches sur la spermatogenèse étudiée chez les), par le Dr Mathias Duvai . . 14, 64 178 438 72 211 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 543 H Hénogénie (Sur le commencement de Y), chez divers animaux, par le prof. H. Fol . 519 Herborisations Cryptogamiques(Des), par le prof. L. Marchand . . . 115 Huiles (La question des), à la Société R. Microscopique de Londres, par le Dr J. Pelletax . . 234 Hvdrastine (L'j par le Dr John King . 1T6 I Immersion homogène pour les objectifs de microscope (Sur le système de Stephenson pour 1’), par le prof. E. Abbe . 402, 442 Immersion pour le microscope (Les éclairages à), par M. John Mayall • junior . 178 Infusoires (Sur une méthode de conservation des), par M. A. Certes . . 242 Instruction pour la récolte des Foraminifères vivants, par M. E. Yanden Broeck . 237 L Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie (Catalogue), . 40, 93, 153, 202, 252, 300, 372, 457 La Plante et Thomme dans leurs rapports réciproques, par le Dr E. Hal- lier. — Notice par le Dr J. Pelletan . 447 Leptvdera hyalina (Le), par M. Th. Bolton . 446 Lichens (Sur la nature des), par le prof. J . Muller . 494 Liquide pour colorer les tissus végétaux . . 493 M Mésocarpées (Sur la formation des spores de), par M. E. Perceval Wright . 36 Méthode de conservation des Infusoires (Sur une), par M. A. Certes. . 242 Microphotographie avec l’objectif 1/75 de pouce, de Toiles, par le , D’ Ephraim Cutter . 389 Microscope appliqué à la recherche des falsifications dans les écritures (Le), par le Dr R.-H. Ward . . 438 Microscope d’étudiant de MM. Watson and Son, de Londres, par le Dr J. Pelletan . 85 Microscope de laboratoire du Dr Pelletan (Nouveau) . 194, 45® Microscope en médecine (A quoi sert le), par Quidam . . . 327 Microscope histologique de Ch. Collins, de Londres, par le I)r J. Pelletan. 34 Microscope (Les éclairages à immersion pour le), par M. John Mayall Jun . 178 Microscope (Ouverture angulaire des objectifs de), (Voir T. II. 1878, p. 453,496), par le Dr G. E. Blackham . 23, 60 Microscope (Spécimens vivants pour le) . 147 Microzoaires marins (Renseignements sur la manière de récolter les), par M. David Robertson . 331,366 544 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Mucorinées (Recherche sur les), par M. Van Tieghem, notice par M. A Faure . 39 Muscles de l’OEsophage (Les), par le professeur L. Ranvier .... 9 N Nature des Lichens (Sur la), par le Prof. J . Muller . 494 Notice sur des Diatomées de Santa Monica (Californie), par M. Ch. Stouder . 137 Note sur la chute des œufs de l’Ovaire des Batraciens, par M. F. Henneguy . 131 Note sur la constitution du spermatozoï le dfi Crapaud, par M. F. Henneguy . 186 Notes sur quelques Diatomées par M. F. Kitton . i . 78 Notions préliminaires sur les Diatomées, par le prof. J. Brun. . . 359. 406 Nouvelle presse autographique (Pumphrey) 41 Nucléés (La tribu des), par le Dr L. Quélet . 246 O Objectifs de microscope (Ouverture angulaire des), (Voir T. il. 1878, p. 453, 496), par le DrG. E. Blackham . 23, 60 Objectifs de microscope (Sur le système de Stephenson pour l’immersion homogène des), parle professeur E Abbe . 402, 442 Objectif 1/75 de pouce, de Toiles (L’), par le Dr Ephraim Cutter. . . 297 — — (Microphotographie avec 1’), par le Dr Ephraim Cutter . 389 Objectifs (Observations suggérées par l’étude de 1 ’Amphipleura pellucida , dans le baume du Canada, avec divers), par le Col. Dr J. -J. Woodward, 486 Observations suggérées par l’étude |de VAmphipleura pellucida dans le baume du Canada, avec divers objectifs, par le colonel J. -J. Wood¬ ward . 486, 526 Observations sur les stomates et les lenticelles du Cissus quinque folia. Contribution à l’histoire des racines adventives,par M. J. d’ARBAUMONT, notice par M. L. Courchet . 333 Observatoire populaire (Grand), Ecole pratique d’astronomie, etc. . . 199 OEsophage (Les muscles de 1’), par le professeur L. Ranvier .... 9 OEufs de 1 ovaire chez les Batraciens (Notice sur la chute des), par M. F. Henneguy . 131 Organisation du service de la Zoologie à la Faculté libre des sciences de Lyon, par M. A.-L. Donnadieu . . 168, 270 Organismes microscopiques (Les), trouvés dans le sang de l’homme et des animaux, et leurs relations avec les maladies, (d’après le Dr T. -R. Lewis), par M. H. Charlton Bastian. Ouverture angulaire des objectifs de microscope (voir T. Il, 1878, p. 453, 496), par le DrG. E. Blackham . 23, 60 \ P. Poissons (Procédé technique pour l’étude des embryons de),' par M. F. Henneguy . 72 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 545 Préparation et montage des objets à deux colorations, par M. C. C. Merriman . 490 Préparations microscopiques (Sur les), par le Dr J. Pelletan . . . . 139 Presse autographique (Nouvelle), (Pumphrey) . . . 41 Procédé technique pour l’étude des embryons de poissons, p. F. Henneguy 72 Protoplasme (Le), par le professeur Allman . 396, 432, 476 Q t Quekett Mieroscopical Club, de Londres (Le) . Question des huiles (La), à la Société R. Microscopique de Londres, par le Dr. J. Pelletan . . 149 234 R Racines adventives (Contribution à l’histoire des). — Observations sur les stomates et les lenticeiles du Cissus quinquefolia, par M. J. d’ARBAU- mont. — Notice, par M. L. Courchet . 333 Recherches sur la spermatogenèse étudiée chez quelques Gastéropodes pulmonés, par le Dr Mathias Duval . 14, 64 Recherches sur les Mucorinées, parM. Van Tieghem. — Notice par M. A. Faure . 39 Récolte desForaminifères vivants (Instructions pour la), par M.E. Van den Broeck . 237 Récolter les microzoaires marins (Renseignements sur la manière de), par M. David Robertson . 331, 366 Renseignements sur la manière de récolter les microzoaires marins, par M. David Robertson . . . 331,366 Reproduction des Diatomées . 84 Revue, par le DrJ. Pelletan, p. 3,47, 101, 157, 205, 257, 305, 341 . 377,417,461 s * / ^ Sang de l’homme et des animaux (Les organismes microscopiques trouvés dans le), et leurs relations avec les maladies (d’après Dr T. R. Lewis), par M. H. Charlton Bastian . 275 Santa Monica, Californie (Note sur des Diatomées de), par M. Ch. Stodder. 137 Sclerotium du Topinambour, par M. St-GAL . 365 Service de la Zoologie (Organisation du), à la faculté libre des sciences de Lyon, par M. A. L. Donnadieu . 168,270 Société Royale Microscopique de Londres, par le Dr Fine Oreille Lynx . 87,144,197,248 Société Royale Microscopique de Londres (La question des huiles à la), par le Dr J. Pelletan . 234 Specimens vivants pour le microscope . 147 Spermatogénèse chez les Gastéropodes pulmonés (Recherches sur la), par le Dr Mathias Duval . 14, 64 Spermatozoïde du Crapaud (Note sur la constitution du), par M. F. Henneguy. 186 Spores des Mésocarpées(Surlaformation des), par M.E. Perceval Wright. 36 Stephenson (Sur le système de), pour l’immersion homogène des objectifs de microscope, par le prof. E. Abbe . 402, 442 546 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Stomates et les lenticelles du Cissus quinquefolia (Observations sur les). — Contribution à l’histoire des racines adventives, par M. J. d’AR~ baumont. — Notice par M. L. Courchet . 333 Stries des Diatomées (Sur les), et sur la valeur qu’il faut attribuer à leur nombre dans la détermination des espèces, par M. l’abbé cte F. Cas- tracane . ... 283, 322, 355 Système de Stephenson, (Sur le) pour l’immersion homogène des objectifs de microscope, par le Prof. E. Abbé . 402, 442 T Technique de l’emploi du collodion humide pour la pratique des coupes microscopiques, par le Dr Mathias Duval . 182 Technique pour l’étude des embryons de Poissons (Procédé), par M. F. Henneguy . 72 Topinambour ( Le sclerotium du), par M. St-Gal . 365 Tournette à centrage automatique de M. W. H. Bulloch, de Chicago, par le Dr J. Pelletan . 142 Tribu des Nucléés (La), par le Dl L. Quélet . 246 Trichine aux Etats-Unis (La), par MM. H. F. àtwood et Dr T. W. Belfield . 229 Tryblionnella . ovata , Lag., par M. H Delogne . 364 U Utilité de l’étude des Cryptogames, au point de vue médico-pharmaceuti¬ que, par le professeur L. Marchand . 211 v Valeur qu’il faut attribuer au nombre des stries des Diatomées dans la dé¬ termination des espèces, par M. l’abbé c^ F. Castracane. . 283, 322, 355 Vertébrés, (LaFécondation chez les), par le professeur Balbiani, 54. 108, 162 . 221, 263, 313, 347, 383, 424, 477, 512 Vertical illuminator, par le Dr J. Pelletan, (en note) . 197 Z Zoologie (Organisation du service de la), à la faculté libre des Sciences de Lyon, par M. A. L. Donnadieu . 168, 270 t TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Pages. Abbé (Prof. E.) Correspondance . 92 — Sur le système de Stephenson, d’immersion homogène pour les objectifs du microscope . 402, 442 âllman (Prof.) Le protoplasme . 396, 432, 476 Arbaumont (J. d’). Observations sur les stomates et les lenticelles du Cissus quinquefolia , — contribution à l’histoire des racines adventives. — Analyse par M. L. Courchet. . . . 333 Attwood (H. F.) et Belfield (Dr W. T.) — La trichine aux Etats-Unis. 229 Balbiani. La fécondation chez les Vertébrés. Leçons faites au Collège de France . . . 54, 108, 162, 221, 263, 313, 347, 383, 424, 470, 512 Bastïan (TL Charlton). — Les organismes trouvés dans le sang de l’homme et des animaux, et leurs relations avec les maladies, d’après le Dr T. R. Lewis . L' 275 Blackham (Dr G. E.) Sur l’ouverture angulaire des oojectifs de micros¬ cope . 23, 60. Bolton (Th.) Le Leplodera hyalina . 446 Brun (J.) Notions préliminaires sur les Diatomées . 359, 406 Castracane (Ab. cte Fr.) — Sur les stries des Diatomées et sur la va¬ leur qu’il faut attribuer à leur nombre dans la détermination des es¬ pèces . . 283, 322, 355 Certes (A.) Sur une méthode de conservation des Infusoires .... 242 Cleve (Prof. P. T ) — Diatomées de l’Archipel des Indes occidentales . . . . . 28, 73, 135 Courchet (L.) Analyse de: Observations sur les stomates et les lenticelles du Cisbus quinquefolia ; contribution à l’histoire des racines adventives, par M. J. d’Ai baumont . . ' . 333 Cutter (Dr Ephr.) Microphotographie avec l’objectif 1/75 de pouce de Toiles . 389 — L’objectif 1/75 de pouce de Toiles . 297 Deby (Julien). Les diatomées terrestres . 187 Delogne (IJ.) Tryblionella ovata, Lag., . . 364 Donnadieu (A. L.) — Organisation du service de la Zoologie à la faculté libre de Lyon . 168, 270 Faure (A.). Notice bibliographique sur : « Recherches sur les Mucorinées par M. Van Tieghem . 39 Fine oreille lynx. Correspondance . 200 Fol ,(Prof. IL). Sur le commencement de l’Hénogénie chez divers animaux . 519 Habirsilvw (F.) Bibliographie des Diatomées, complétée par le D1' J. Pel- letan . . . .368,410,453,497 Rallier (Prof.E.) — La plante et l’homme dans leurs rapports réciproques; Notice par le Dr J. Pelletan . 447 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 548 Henneguy (F.) — Note sur la chute des œufs de l’ovaire des Batraciens. 131 — Note sur la constitution du spermazotoide du Crapaud. . 131 — Procédé teehnique pour l’étude des embryons de Poisson. 73 King (Dr J.) L'Hydrastine . 175 Kitton (F.). Notes sur quelques Diatomées . 7g — Sur les Diatomacées de Nevv-Furest . 409 Ledeganck (Dr). Sur la conjonctivite folliculaire . 126 Manoury (Ch.). Les Diatomées de l'embouchure de la Seine .... 39 Marchand (Cr L.). Botanique cryptogamique, préface . 510 — Des he; borisations cryptogamiques . 115 — Utilité de l’étude des cryptogames au point de vue médico-pharmaceutique . 211 Mathias duval. Recherches sur le spermatogénèse des Gastéropodes Pulmonés . 24, 64 — Technique de l’emploi du collodion humide pour la pratique des coupes microscopiques . 182 Mayall jun. (J.). Les éclairages à immersiou pour le microscope . . . 178 Merriman (C. C.). Préparation et montage des objets à deux colorations . 190 Muller (prof. J.). Sur la nature des Lichens . 494 Pelletan (D‘ J.). La chambre claire de 0r J. G.-Hofmann . 484 — La question des huiles à la Société B. Microscopique de Londres . 234 — Notice bibliographique sur : La plante et l’homme dans leurs rapports réciproques, par le prof. E. Hallier . 447 — Microscope d’étudiant de Watson et Son, de Londres. 85 — Microscope histologique de A. Collins, de Londres. . 34 — Nouveau microscope de laboratoire du DrJ. Pelletan. 194 450 — Revue, 3, 47, 101,157, 205,257, 305, 341, 377,417, 461, . . 505 — Sur le vertical illuminator (en note) . 197 — Sur les préparations microscopiques . 139 — Tournelle à centrage automatique, deM. W. Bullock, de Chicago . ’ 142 Perceval Wright (E.) Les Algues calcaires fossiles . 191 Qüélet (D.-L ). La tribus des Nucléés . . . 246 Quidam. A quoj sert le microscope . 327 Ranvier (prof.). Les muscles de l’Œsophage . 9 Riner (W.-W.). Une belle Diatomée . 248 Robertson (David). Renseignements sur la manière de récolter les Microzoaires marins . 331 } 355 Silenus. Correspondance . 150 Smith (llamilton Lawrence). Description u’espèces nouvelles de Diatomées 81, 132 Stodder (Ch.) Note sur des diatomées de Santa Monica (Californie) . . ’ 137 St-Gal. Le sclerotium du topinambour . 365 Tollés (R. -B.) La distance frontale libre . 174 Van den Broeck(E). Instructions pour la récolte des Foraminifères vivants 237 Van Tieghem. Recherches sur les Mucorinées, notice par M. A. Faure . 39 Ward (R. -H.) Le microscope appliqué à la recherche des falsifications dans les écritures . 43g Woodward (Col. D1 J. -J.). Observations suggérées par l’étude de l’ Amphipleura vellucida , dans le baume du Canada, avec divers objectifs . 486, 526 I Planche I. — Formation des spermatoblastes et des spermatozoïdes chez Y Hélix. (Voir page 69.) Planche ü. — Fig. 1. — Diagramme de M. Wenham,pour mesurer l’ouverture des objectifs. Fig. 2. — Marche de la lumière quand on examine un objet à sec et à découvert. Planche III. — Fig. 3. — Mesure de l’angle d’ouverture de l’objectif de 1/4 de pouce ( student ), de R. -B. Toiles, avec un objet à sec et h découvert, par la méthode Wenham, en prenant pour base la surface libre de la lentille frontale. Fig. 4. — Même opération en prenant pour base l’ouverture éclairée de la lentille frontale. Fig. 3. — Même opération par la méthode du Dr G.-E Blackham. Planche IV. — Formation des spermatozoïdes chez Y Hélix, (Voir page 71.) Planche V. — Conjonctivite granuleuse. (Voir page 130.) Fig. 1. — Coupe de la paupière, indiquant la position des gra¬ nulations. Fig. 2 — Trois granulations, grossies. Fig. 3 — Granulation isolée; coupe transversale. Fig. 4. — Granulation isolée; coupe longitudinale. Planche VI. — Espèces nouvelles de Diatomées. Fig. 1. — Homœcladia capitata , n. sp. II. -L. Sm. Fig. 2. — Meridion intermedium , n. sp. H.-L. Sm. Fig. 3. — Navicula Kutzingiana , n. sp. H.-L. Sm. Fig. 4. — Navicula parvula, n. sp. H.-L. Sm. Fig. 5. — Nilzschia Kittoni, n. sp. H.-L. Sm. Fig. 6. — Raphoneis australis , n. sp. H -L. Sm. Fig. 7. — Rhizosolenia Eriensis , n. tp. H.-L. Sm. Fig. 8. — Cistodiscus Baileyi, n. sp. H.-L. Sm. Fig. 9. — Amphora mucronala , n. sp. H.-L. Sm. Fig. 10. — Adinocyclus Niayarae, n. sp. II.-L. Sm. Planche VII. — Instruments pour les herborisations cryptogamiques. Planche VIII. — Laboratoire de micrographie de la faculté libre des sciences de Lyon. Fig. 2. — Table de travail. Fig. 3. — Disposition permettant d’abaisser le microscope au- dessous du plan de la table. Fig. 4. — Lampe pour le microscope. Planche IX. — Fig. I. — Algues calcaires tossiles. (Voir p. 190.) Fig. II. — Spermatozoïdes de divers animaux. Planche X. — Laboratoire de physiologie de la faculté libre des sciences de Lyon. Fig. 5, 6, 7. — Table à expériences. Planche XI. — Infusoires fixés par l’acide osmique et colorés par le picrocar- nninate d’ammoniaque. (Voir p. 242.) Fig. 1, page 31. — Diatomées (Je l’archipel des Indes occidentales. {Suite, voir T. H, 1878, p. 507.) Planche reproduisant la Tab. II du mé¬ moire du professeur Cleve. Fig. 2, page 32. — Id.., (Reproduction de la Tab. 111 du mémoire du profes¬ seur Cleve. Fig. 3, page 35. — Microscope histologique de Ch. Collins, de Londres. Fig. 4. page 76. — Diatomées de l’archipel des Indes occidentales. Reproduction de la Tab. IV du mémoire du professeur Cleve. Fig. 5, page 77. — Id. Reproduction de la Tab. V du mémoire du professeur Cleve. Fig. 6, page 80. — Surirella ovata, var. cardinalis , F. K. Fig. 7. » • — Surirella guet temalen sis, Ehb. Fig. 8, page 86. — Microscope d’étudiant de MM. W. Watson et fils, de Londres. Fig. 9, page 142. — Tonrnette à centrage automatique de M. W. H. Bulloch, de Chicago. Fig. 10, page 147. — Melicerta ringens. { Fig. 11, page 148. — Vohox globator. Fig. 11, page 391. — Appareil microphotographique employé par le Dr E. Cutter, avec l’objectif 1/75 de pouce, de Toiles. Fig. 12, page 395. — Appareil microphotographique simplifié du Dr E. Cutter, pour les objectifs de 1/5 de pouce, au plus. Fig, 13, page 429. — Phases diverses du développement de l’œuf, par le prof. H. Fol. (Les quatre premières figures de celte planche, se rapportent sériés à l’article auquel elle est jointe.) Fig. 1 et 2. — Pénétration du spermatozoïde dans l’œuf. Fig. 3 et 4. — Conjugaison des deux pronucleus mâle et femelle dans l’œuf de VA sterias glacialis. Fig. 14, page 484. — Chambre claire du Dr J. -G. Hofmann. Fig. 15, page » . — Pièce de raccord permettant l’emploi de la chambre claire avec un microscope vertical. Fig. 16, page 485. — Coupe de la chambre claire. Fig. 17, page » . — Pièce de raccord et lentilles permettant de diminuer le grossissement avec la chambre claire du D' J.-G. Hofman. Fig. 19, page 522. — Disparution de la vésicule germinative dans l’œuf (VA sterias glacialis , (H. Fol.) Fig. 20, page 523. — Suite du nême phénomène. Fig. 21, » — Formation du premier amphiaster de rebut. Fig. 22, 23, p.524. — Formation du premier globule polaire. Fig. 24. page 525. — L’œuf quand les deux globules sont formés. Fig. 24. » — L’œuf avec le pronucleus femelle. Fin du tome troisième. > V :-C •>_: , . " f ■ X