È LIBRARY OF Ù Iinois State | Laboratory ol Natural Hist il Ë ia ILLINOIS, Lot C1 BLOOMIN MOOD C3 1 1 ’ 2 rh ANENTURRU D 7 PS: 4 «à Pts 7 LAN" Vu Le pdt, ” 4 , " L . re l À — te A Dre 5” me it 41 k . M MAT À +” 11 ‘ À 1 a UE } A F1 ‘+ + j tr: CA =” Î A LI E - DA P 20 À roi. 4 . WW, _ ALL s Y $ CA JC FRE, L à | 4 » or : ' el L , iii : j F2 re , PA SR , , a $ - . n 4 L + * 4 U k y #1 1h ' : 5 À LE LL _ ( À ! ‘ / . ‘ > L ‘ { L \ ï " i ; à Ÿ } [1 « - L] ! l : { ‘ À N £ j . ra k 4 dl i “ a > È t ‘ . ï \ = 3 ’ ; \ ‘ P » , ‘ * d « ( mi Pa ds. rw | “ it : Si 2 — PU 7 , Q É L | A V ; VF ; 4 j \ , “ j " 1" i i ’ _ ‘ Û " « ' M” - ! , i : 4 ; Le : ï : j , k. . Le = i ; , . “ % ” a. 6 — >" re CARRE, LE 117 Er : Va 4. y OP CORNE CA L bei . ) m1 è À 3 j L ; . ° A \ { ‘ t . n ’ . . + k ' 4 * Î " à 7 4 w é ‘ 4 à \ R ‘ 1 + } | } | NET CPE CINQUIÈME ANNÉE. MANE : È 1881 % JOURNAL DE MICROGRAPHIE Anatomie végétale. — Botanique. — Zoologie. Applications diverses du Microscope.— Optique spéciale, etc. REVUE MENSUELLE DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DU D: J, PELLETAN. TOME CINQUIÈME. | | | Histologie humaine et comparée. | | | BUREAUX D'ABONNEMENTS AU BUREAU DU JOURNAL ET CHEZ G. MASSON, ÉDITEUR ss | LIBRAIRIE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120 , Boulevard St-Gérmain &, PARIS A 4 ei ni Hu tt. Ÿ arte VAR À On 1 & : CAP Le | la du LE M ‘4 È + | 1 At É 1 per A u ee a ON, Khal [ En 2 #5 LS MERE LIVE IT) D vrm. LVERGITT OEIL IE OU Cinquième année. N° 4. Janviér 1984. en —————— JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE: | HOOVER |. Revue, par le Dr J. PeLxErax. — Travaux originaux : La fécondation chez les Verlébrés (suite), leçons faites au Collège de France, par le prof. BaLBianI. — Observations sur les mœurs, la structure et le développement de l'Amphioxus lanceolalus (fin), par M. H.-J. Rice. — Recherches sur la spermatogénèse chez la Grenouille (fin), par le prof. MATHIAS DUVAL. — Études sur les instruments étrangers: L« oblique illuminator » du Dr J -J. Woocdward, - par le Dr J. PezLETAN. — Essais d’embryologie comparée, par le D' Cn. SEDGWICK-MINOT. — Sur la conformation de l'appareil de la génération chez l’Helix asnersu dans le jeune âge, par M. S. Jourpain. — Méduses d'eau douce et d'eau saumâtre, d’après quelques travaux récents, par le Dr J. pe GuErnE. — De l’embryologie et de ses rapports avec l'anthropologie, par le professeur Marmias Duvaz. — Cungrès des Microscopistes Américains à Détroit, les 17, 18 et 19 août dernier, par M. G.-E. Frur, — Laboratoire de microscopie du Journal de Micrographie. — Axis divers. \n 4 ss? —— MEVUE La trichine est à l’ordre du jour. Tout le monde sait que le service cr l'inspection des viandes de boucherie ayant signalé la présence de la tri- chine dans des viandes de porc de provenance américaine, l’Académie de Médecine s’est émue et le gouvernement a, par décret, interdit l’introduc- tion en France des viandes de porc et salaisons américaines. C’est là une mesure radicale et qui a été vivement discutée; elle a même fait l’objet d’une interpellation à la Chambre où M. Haentjens est venu dire que le remède est pire que le mal. En effet, interdire l’entrée en France aux jambons américains c’est porter subitement un coup terrible à une branche de commerce très importante et mettre en péril des intérêts nombreux et considérables, car c’est par millions de kilogrammes que se fait annuellement cette importation. C’est ce qu’a soutenu, avec une certaine raison, M. Haentjens, ajoutant, d’ailleurs, que la trichine est bien moins dangereuse qu’on le croit; que certainement, depuis bien longtemps nous mangeons sans le savoir de la 734108 ä JOURNAL DE MICROGRAPHIE, viande trichinée et que, néanmoins, on n'a jamais signalé en France qu’un seul cas de trichinose, celui d’une jeune fille morte, il y a une douzaine d’anuées, pour avoir mangé du porc trichiné. Et encore, ce cas est-il très apo-ryphe car aucune des autres personnes qui avaient mangé de la même viande ne mourut; d’ailleurs, la trichine n’a pas été constatée et c'est par une simple supposition qu’on a accusé ce ver d’avoir causé la mort de cette jeune fille. De plus, le cochon était français, né à Crépy-en-Valois, mais il paraîtrait qu'il avait autrefois mangé un rat, — du moins, on le suppose. Et ce rat devait être trichiné, — on le suppose toujours. , Le fait n’est donc pas bien établi, mais ce qui paraît probable c'est que nous mangeons de la trichine depuis longtemps sans le savoir, car ce n'est sans doute pas d'aujourd'hui que l'Amérique nous envoie des viandes infes- tées du parasite, sans compter que beaucoup de lapins de clapier, dits vul- gairement « lapins de choux » sont trichinés; — sans compter encore les rats d'égout qui le sont à peu près tous, et les Parisiens ont fait une grande consommation de ce rongeur pendant le siège de 1870. D autre part, nous avons reproduit en son temps un rapport de MM. Ait- wood et Belfield, savants micrograpaies américains chargés, il y a deux ans, par le Comite de Santé, à Chicago, d'examiner les viandes de pore qui se vendaient sur le marché de cette ville. Or, nous voyons dans ce document que les auteurs, après avoir constaté, en effet, la présence de l’helminthe chez un certain nombre de porcs, affirment que l'ingestion de cet animal est peu dangereuse — à moins sans doute qu’il ne soit question d’un nombretrès considérable de trichines — car les animaux dont les muscles sont littéralement farcis de trichines, les rats et les porcs, par exemple, n’eu paraissent pas le moins du monde incommodés. Et même, les rats nourris exclusivement avec de la viande trichinée se trouvent admirable- ment de ce régime. Quant à l'homme, on fait très souvent en Amérique et, à ce qu'il paraît, quelquefois en Allemagne, l’autopsie d'individus morts dans les hôpitaux à la suite de toutes sortes de maladies ou d’accidents et on trouve des trichines dans leurs muscles, trichines dont lesdits individus n’a\aient jamais souffert. Et le D: Belfeld croit si peu au danger de la trichine qu'il a avalé un morceau de viande de rat, crue et contenant douze trichines vivantes. Actuellement, — il y a de cela plus de deux ans, — M. Belfield continue à se bien porter. Pour notre compte, nons sommes absolument de l'avis des observateurs américains, cependant, nous croyons que le gouvernement a bien fait d'ar- rêter — momentanément — l'invasion des viandes américaines trichinées. Il est évident, en effet, que les nations voisines ayant aussi, — et avant nous — fermé leurs portes à ces viandes, c’est la France, seule consen- tante à les recevoir, que les Américains auraient choisie comme exutoire pour l'écoulement de toutes leurs salaisons trichinées. Et si nous croyons qu'il est absolument sans danger d’avaler une fois Cr = JOURNAL DE MICROGRAPHIE. par hasard quelques trichines, nous pensons qu'il peut être fort dangereux d’en faire une consommation continuelle et exagérée. | Mais ce qu'il faut faire maintenant, c’est créer tout un service d'inspec- tion aux ports d'arrivée, service qui tout en arrêtant les marchandises dangereuses laissera passer celles qui ne le sont point. De cette manière, on pourra abroger le déeret d'exclusion, et les Américains sachant que leurs viandes malsäines n’entrent pas chez nous, ne nous en enverront plus, — car ces marchandises refusées constituent pour eux une perte sèche comme valeur intrinsèque et comme fret. On nous dit que ce service est impossible à établir. Pourquoi serait-il impossible en France, cette patrie de la routine, alors qu’on le trouve pos- sible en Allemagne et dans les pays voisins où la surveillance est très rigoureuse”? En Allemagne notamment, 18,000 inspecteurs micrographes sont chargés de l'examen des viandes, et nous connaissons tel fabricant de microscopes, à Berlin, qui, dans une seule année, a recu du gouver- nement allemand la commande de 5,000 microscopes pour la recherche de la trichine, . Toujours est-il que le conseil municipal de Paris a voté le crédit demandé - par la préfecture de police pour l’organisation matérielle du service d'ins- pection micrographique des viandes de porc. Paris, c'est beaucoup, mais ce n’est pas toute la France ! x Le D' Mathias Duval, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, dont nous avons publié les importants travaux sur la spermatogé- aèse, a été nommé professeur d'Anthropologie anatomique à l'Ecole d’An- thropologie, en remplacement de notre excellent et regretté maitre, Paul Broca, si subitement enlevé, comme on le sait, à ses travaux et à cette École qu’il avait fondée et qu’il aimait tant. Parmi tous ses élèves, M. Mathias Duval était certainement celui qui méritait le plus de lui succéder dans son enseignement et celui qui pouvait le mieux le remplacer. C'est, nous le savons, une lourde tâche, mais nous connaissons assez le jeune professeur pour être certain qu'il saura la remplir et nous n’en voulons pour preuve que la magistrale leçon d'inauguration qu'il a faite récemment, pour l'ouverture de son cours de cette année, Cours qui aura pour sujet: Anthropogénie et embryologie comparées, considérées spécialement au point de vue des origines embryonnaires du cerveau. Aussi, malgré l'étendue de ce document et bien que forcés de le couper en trois articles, nous avons cru être agréable à nos lecteurs en reproduisant in extenso ce remarquable discours d'ouverture, dont nous insérons la première partie dans le présent numéro. *k * *# 6 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. La Revue Mycologique publiée à Toulonse par M. C. Roumeguère nous apporte dans son numéro de janvier une série de notes fort intéressantes : sur le Ræsleria hypogæa, parasite hyphomycète de la vigne; — sur le Bo- letus ramosus ; — Sur le Coleosporium Cacaliæ; — une notice sur les tra- vaux de Léo Lesquereux, l’actif et si perspicace cryptogamiste de la chaîne du Jura, actuellement établi à Columbus, dans l'Ohio ; — des remarques du capitaine F. Sarrazin, sur la maladie des melons; — des observations de M. Prillieux sur la formation des spores de l'Urocystis Colchici et U. Violæ; — une lettre adressée par M. Oliver, de Collioure, à M. J.-E. Planchon sur l’anthrachnose de la vigne, Peronospora viticola, qui a fait son apparition dans le Roussillon et dont le professeur Saccardo a fait une analyse et un dessin qui ont été répandus pour l'instruction populaire dans les pays qu’a envahis ce champignon; — etc. Le Bulletin de la Société Belge de Microscopie contient une note du comte F. Castracane relative à l’article de M. Prinz sur les sections de Diatomées observées dans les lames minces de Nykjôbing, article que nous avons signaié dernièrement et que nous reproduirons in extenso. Nous pu- blierons en même temps la note du comte Castracane. Dans le même recueil, nous trouvons une note de M. Julien Deby rela- tive à l'angle d'ouverture des objectifs considérée d'après les idées du pro- fesseur Abbé, telles qu’elles ont été exposées, le 12 janvier dernier, par M. F. Crisp, à la Société Royale de Miscroscopie, de Londres. Nous tra- duisons en ce moment Île travail de M. Crisp que nous offrirons à nos lec- teurs dans notre prochain numéro. Enfin, nous trouvons une notice de M. L. Errera sur une question très étudiée depuis quelque temps, les cellules végétales plurinucléées. Une série de travaux a été entreprise récemment sur ce sujet par MM. Treub, Schmitz, Hegelmeier, Johow, Strasbürger, Prillieux. Cette question sera traitée à fond dans les leçons de M. le professeur Balbiani sur les organismes unicellulaires, leçons dont nous commencerons la pu- blication dans notre prochain numéro; — nous n'avons donc pas à nous en occuper pour le moment. M. G. Massee continue dans le Science Gossip, ses Notes sur nos petits Champignons, notes accompagnées de figures. Il s'agit cette fois du Spu- maria alba. — Puis, M. I. Munro signale les bons effets d’un « ciment brun » recommandé par M. Ward, de Manchester, pour terminer les pré- parations, et fait ressortir les inconvénients de divers autres ciments em- r- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 1 ployés aux mêmes usages, préférant les vernis faits avec la résine Dammar, dissoute daps la benzine à ceux préparés avec le baume du Canada. Dans le même journal, M. F. Kitton critique les procédés de préparation des Diatomées que M. 4. Brun à décrits dans son travail sur les Diatomées des Alpes dont nous avons publié l'introduction. « L'American Naturalist, qui vient d’attacher à sa rédaction le savant entomologiste, C. V. Riley, professeur à Washington, ne nous apporte cette fois qu'un très petit nombre de travaux ayant rapport à la microsco- pie : une note sur un rapport de M. C. Lewis Diehl, publié par le Bulletin du « National Board » de santé, sur les falsifications des drogues ; — c’est à peu près tout ce que nous pouvons signaler aujourd'hui. Quant à l'American Journal of Microscopy, nous y trouvons des articles sur un sujet peu nouveau, les glandes et les poils des végétaux ; — sur les parasiles anormaux de l’homme, par le Rév. Samuel Lockwood; —sur un Cercaria privé de queue ; sur un diaphragme en V pour les objectifs à grand angle, par M. G. E. Blackham; — puis une longue et intéressante corres- pondance dans laquelle nous trouverons à glaner. Avant de qui'ter l'Amérique, annonçons que la célèbre maison de Geneva (N.-Y.), « Ch.-A. Spencer and Sons » change sa raison sociale et que dorénavant elie prendra, sous la direction de M. Herbert ie Spencer, la raison : « H.-R. Spencer and C.» Nous recevons de la Gesellschaft naturforschender Freunde, un compte rendu de la séance du 18 janvier dernier, sous la présidence du profes- seur S. Schwendener, compte rendu dans lequel nous trouvons un travail de M. Otto Muller, sur la Structure anatomique des Bacillariées du genre Terpsinoé. Nous donnerons prochairement la traduction intégrale de cette intéressante notice. Signalons enfin, pour terminer, la mise en vente par la maison C. Rein- wald de la septième livraison de l’Embryogénie de l’homme et des animaux supérieurs, par le professeur A. Külliker dont tous les micrographes du monde connaissent le nom. Ce fascicule est relatif au développement üu système nerveux et des organes des sens. Nous avons naguère rendu compte des premières livraisons de cet im- portant ouvrage (traduction de M. À. Scheider), nous ferons pareillement l'analyse des derniers fascicules lorsque l’ouvrage sera complété, ce qui, nous l’espérons, ne saurait tarder. D' J. PELLETAN. 8 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. TR'AN AUX CRE LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur BALBrANr. (Suite) (1) E. Van Beneden à eu la prétention &e donner la description la plus exacte et la plus minutieuse de ce qui se passe à ce moment. Mais il est néces- saire de se faire une idée nette de la façon dont cet observateur envisage la constitution de l'œuf. Ainsi, dans l’œuf de la Lapine, où il étudie parti- culièrement la vésicule, il reconnaît dans cette vésicule, outre le nucléole qui est connu depuis longtemps, dès 1835, d’autres parties solides sur lesquelles il appelle l'attention et auxquelles il fait jouer un rôle important dans les phénomènes dont l'œuf est le siège au moment de la maturité. Ce sont deux ou trois corpuscules beaucoup plus petits, des pseudo-nucléoles et un réseau qui traverse la vésicule, réseau composé d’une substance que E. Van Beneden appelle nucléo-plasma. Il a étendu cette description à toutes les espèces animales. Ainsi,la vésicule comprend un liquide nucléaire, un nucléole, des pseudo- nucléoles et un réseau nucléo-plasmatique ou réseau sarcodique. Quant à ce dernier, le réseau, ce n'est pas cet observateur qui l’a découvert, c’est Flemming qui l’a signalé le premier chez l'Anodonte ou Unio; 0. Hertwig Ja vu chez la Souris et la Grenouille, H. Fol, puis E. Van Beneden, O. fertwig l'ont vu aussi chez les Oursins et les Etoiles de mer, enfin Balbiani, chez les Poissons osseux. | | Depuis lors, ce reticulum a été signalé dans le noyau de toutes les cel- lules les plus diverses, épithéliales, conjonctives, etc. En somme, il n’y a là rien de spécial à l’œuf, mais une disposition qui appartient à tous les -noyaux cellulaires. | Le travail d’Ed. Van Beneden dont il s’agit ici ressemble à une série de conclusions et ne présente pas tous les faits comme ils se sont passés, mais les figures originales ont été exposées dans la partie belge de l'Ex- position Universelle de 1878, à Paris. D'abord, la vésicule, qui était centrale, se rapproche de la périphérie, s’aplatit, prend une forme elliptique et tend à s’appliquer contre la mem- brane vitelline. À ce moment, le vitellus se différencie en deux zônes, une couche corticale et une masse médullaire. Le protoplasma de la couche corticale se condense et s’éclaircit autour de la vésicule et forme une sorte de corps lenticulaire que E. Van Beneden appelle lentille cicatriculaire. La membrane de la vésicule s’amincit en ce point et prépare une rupture ; (1) Voir Journal de Micrographice, T. II et IV, 1879 et 1880. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 9 mais, auparavant, le nueléole se soude à la membrane vitelline dans la partie correspondante, s’étale et forme avec cette membrane un corps que auteur désigne sous le nom de plaque nucléolaire. Les pseudo-nucléoles et le nucléo-plasma se ramassent, dans la vésicule, en un corps sphérique et granuleux que E. V. Beneden nomme corps nucléo-plasmique. Alors la membrane de la vésieule se rompt dans la partie qui touche la lentille cicatriculaire et le liquide nucléaire se confond avec celui de la lentille. C’est à ce moment que le corps nucléo-plasmique s'échappe et la vésicule devient invisible. La lentille elle-même se confond dans la masse vitelline. Le nucléole et la partie de la membrane de la vésicule à laquelle il s'était soudé forment un globule polaire, le second globale étant formé par les autres éléments, réseau sarcodique et corps nucléo-plasmique Ainsi, les deux globules polaires n'auraient pas la même origine, car l'un se teint fortement en rouge par le picro-carminate d'ammoniaque,— c’est celui qui provient du corps nucléolaire,—et l’autre ne se colore pas, —c'’est celui qui provient du corps nucléo-plasmique. Lorsque ces globules polaires sont ainsi formés, la rétraction s’opère dans le vitellus, avec des mouvements amiboides ; il se produit, en raison de cette rétraction, une expulsion du liquide vitellin dans la cavité périvitelline, puis le vitellus devient sphérique et l’on ne distingue plus de couches corticale ni médullaire. C’est à ce mo- ment que se produit la fécondation. Voilà donc des phénomènes de maturation simple qui se passent dans le follicule de Graf; E. Van Beneden a dû étudier avec beaucoup de soin et de minutie ces phénomènes de transformation, il prodigue même des noms nouveaux que M. Balbiani ne peut s’empècher de trouver peu utiles, car ces noms s'appliquent à de simples états transitoires de la vésicule germi- native. L’œuf est donc préparé à la fécondation; le zoosperme introduit, la fécon- dation a lieu. Pour E. Van Beneden, c’est une simple influence exercée sur la surface de l’œuf, une fusion de la substance du zoosperme avec la couche superficielle du vitellus. Peu de temps après Ia fécondation, la substance du vitellus se divise en trois couches, comme conséquence même de la fécondation; une couche externe, une couche intermédiaire et une couche centrale. La couche intermédiaire est granuleuse, opaque, comme grume- leuse, les autres sont beaucoup plus finement granuleuses et plus homo- gènes ; la couche corticale, même, ne présente que des granulations très fines. Dans cette couche, un point très limité se condense, et, sur ce point, apparaît une vésicule fort petite que E. Van Beneden appelle pronucleus périphérique. D'abord simple vacuole, cette granulation s'enfonce, s’agran- dit, on y distingne deux ou trois petits corpuscules très réfringents, et l’on aperçoit à l’entour une apparence radiée. | Dans la partie centrale, on voit de petites masses très claires, au nombre de deux ou trois, qui bientôt se réunissent en une masse centrale bosselée, — C'est le pronucleus central. I occupe le centre de l’œuf et est beaucoup 40 JOURNAL DE MICROGRAPHIE, plus gros que le pronucleus périphérique. Les deux pronucleus tendent à se rapprocher vers la partie centrale ; ils se différencient non seulement par le liea de leur apparition, mais encore par leur apparence physique. L'an, le pronucleus périphérique, est sphérique, l’autre, le pronucleus central, a la forme d’un croissant et s'applique, au moment de la jonction, sur le pro- nucleus périphérique, il renferme des corpuscules plus ou moins nombreux qui se colorent par le picro-carminate. Le pronucleus périphérique grossit en restant sphérique, tandis que le pronucleus central diminue et, au mo- ment du contact, il est beaucoup plus petit. Bientôt, il disparaît complè- tement et l'on ne voit plus qu’une seule vésieule plus volumineuse que les deux précédentes; c'est le premier noyau de l'embryon. Y a-t-il fusion des deux noyaux ou bien l’un absorbe-t-il lautre ? — Le fait n'a pas encore été établi par E. Van Beneden, mais il résulte de cette description que le premier noyau de l’embryon se forme aux dépens de deux pronucleus, lun périphérique, l’autre central, dérivant, le premier, de la couche périphérique de l’œuf, le second, de la masse centrale. Or, E. Van Beneden ayant posé que les zoospermes n’agissent que par contact à la périphérie, il admet que le pronucleus périphérique contient une partie de la substance des zoospermes ; — c’est donc un pronucleus mâle, tandis que l'autre est exclusivement femelle. C'est l'élément mâle qui absorbe l’autre, puisque c’est ce pronucleus qui grossit. Toutefois, le noyau périphérique n’est pas absolument mâle, comme on le voir, puisqu'il contient une partie de la substance de l'œuf, provenant de la couche corticale du vitellus différencié. Ces deux pronucleus qui s’absorbent par une sorte d'endosmose et dont la conjugaison forme le premier noyau embryonnaire, ont été observés par E. Van Beneden dans l’œuf de la Lapine, puis dans celui de diverses espèces de Vespertilio. Il a constaté que les Chauves-Souris s’accouplent avant de tomber dans le sommeil hibernal ; le développement de l'œuf ne fait que commencer à cette époque, l’œuf se segmente, mais l’évolution embryonnaire s'arrête pour ne continuer que qe l'animal sort de son engourdissement. 3ischoff a constaté des faits analogues chez le Chevreuil ; l'accouplement a lieu de la fin de juillet à la fin d'août et la segmentation s'arrête pour recommencer au mois de décembre. À l’époque où E. Van Beneden faisait ses observations sur la Lapine, O. Hertwig publiait son premier mémoire sur le Toxopneustes lividus (1875). Il poursuit la solution des mêmes problèmes sur des animaux placés aux deux extrémités de l'échelle zoologique. Il est donc très remar- quable que cet auteur soit arrivé, sur beaucoup de points, aux mêmes vues que E. Van Beneden ; cependant, sur d’autres points les divergences sont très grandes. E. Van Beneden l’a fait remarquer lui-même. Ainsi, la vési- cule germinative est éliminée toute entière de l’œuf, d’après ce dernier observateur, et il n’en reste rien. Suivant O. Hertwig, au contraire, la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. A1 plus grande partie de la vésicule disparait comme globules polaires, mais une partie subsiste et se. transforme en noyau de l'œuf. Sur ce premier point, les observateurs subséquents n’ont donné raison ni à l’un ni à l’autre. 0. Heriwig a, d’ailleurs, modifié, depuis, ses premières idées (Worpholo- gische Jahrbuch, de Gegenbaur, T. IV, 1878). Sa manière de voir se rapproche beaucoup alors de celle qu'émet H. Fol dans son travail sur l’Asterias glacialis en ce qui a rapport à ce que l’un et l’autre regardent comme l'élément femelle. O. Hertwig pense qu'il y a relation génétique entre la vésicule et Le noyau de l'œuf ; — Van Beneden nie tout lien généti- que entre ces deux éléments : le noyau de l'œuf est un élément de nouvelle formation. Pour O. Hertwiz, le noyau spermatique, ou mâle, serait formé de la tête d’un spermatozoïide qui a pénétré dans le vitellus, tête qui accumule autour d'elle une certaine quantité de la substance protoplasma- tique du vitellus. Pour E. Van Beneden, le noyau périphérique ou mâle ne serait formé que d’une partie du spermatozoide, et c'est une formation nouvelle qui prend naissance dans la couche corticale du vitellus, après l'action exercée sur ce vitellus -par les corpuseules fécondateurs. Nous ne suivrons pas les deux savants observateurs dans la polémique qu'ils ont engagée à ce sujet et nous renverrons le lecteur à leurs travaux. Cependant, les arguments de E. Van Beneden ont beaucoup perdu de leur valeur depuis que H. Fol et Selenka sont venus apporter une confirmation à peu près complète à ce que O. Hertwig avait vu. — D'autre part, les recherches faites sur les phénomènes de la fécondation chez les Vertébrés par Calberla, Kuppfer, Saiensky, Van Bambeke, etc., montrent les grandes analogies que présentent ces phénomènes dans toute la série animale, et prouveraient que le noyau spermatique est bien réellement constitué par le spermatozoïde qui a pénétré dans l'œuf. Mais il y a des points sur lesquels les avis sont encore divergents. — Quelle est la partie du spermatozoïde qui constitue le noyau spermatique? — Est-ce la tête, comme le dit O. Hertwig, — cette tête étant le noyau de la cellule vibratile, qui, d’après lui, constitue le spermatozoïde? — C'est donc un noyau. — Est-ce, comme le dit Selenka, le segment moyen, qu'il appelle la queue, — la tête s'étant détachée après la pénétration ? — Voilà un point qui mérite d’être éclairci. Mais la pénétration du spermatozoïde est un fait aujourd'hui démontré. Strasburger seul, d’après ses observations sur les Ascidies, le Phallusia mamillata, n’a pas admis d'abord que le noyau mâle fût formé par la tête du zoosperme, ou même par ce zoosperme. C'est la substance de celui- Ci qui pénètre par diffusion dans le vitellus, vient se mélanger à la substance de ce dernier, et, réunie à un peu de ceite substance vitelline, formerait le noyau mâle. Il pensait qu’il en est de même chez les plantes. Cependant, dans son dernier ouvrage sur la fécondation et la division des cellules (1878), il admet la pénétration directe du spermatozoïde et sa transformation en noyau spermatique. 42 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Depuis lors, M. Balbiani s’est livré à des recherches personnelles sur ce sujet et a choisi la Lapine. El divise les phénomènes dont il s’agit en : modi- fications qui accusent la maturation de l’œuf, et modifications qui sont le résultat de la fécondation. En ce qui regarde la maturation, E. Van Beneden fait consister ces phénomènes dans la disparition de la vésicule et la for- mation des globules polaires, phénomènes qu'il considère comme corré- latifs. — Cela est-il bien vrai, — cette corrélation est-elle certaine ? — M. Balbiani a bien constaté que la vésicule n'est plus visible dans les œufs ovariens à maturité, et que, dans quelques-uns de ces œufs, on voit un ou deux globules polaires dans l’espace périvitellin, mais dans certains autres, qui paraissaient également mürs, il n’y avait pas de vésicule et pas davantage de globules polaires. Ainsi, sur une Lapine tuée 7 heures 1/4 après l’accouplement, il a trouvé cinq follicules de Graaf mûrs sur l'ovaire droit et trois sur l’ovaire gauche. Aucun n’était rompu. Ils contenaient des œufs parfaitement muürs et prêts à tomber. Or, ces huit œufs ne présentaient ni vésicule ni globules polaires. Sur un seul d’entre eux, l’acide acétique a permis de distinguer une vésicule appliquée contre la membrane; c'était sans doute la vésicule germinative en voie de disparition. Ces faits ne sont pas les seuls qui existent dans la science. Ch. Robin et Lebret, en 1859, ont trouvé, comme nous l’avons déjà dit, sur une jeune fille de quinze ans morte pendant les règles, des ovules sans vésicule germinative, et ils ne parlent pas de glo- bules polaires; c'est donc que ces globules n’existaient pas, car s'ils eussent existé, les auteurs les auraient certainement signalés. Dans une autre expérience, M. Balbiani à trouvé, sur une Lapine taée 10 heures après l'accouplement, que la déhiscence n’avait pas eu lieu. Sur tous les ovules, au nombre de six, la vésicule était visible ; il n’y avait pas de globules polaires. Les œufs n'étaient peut-être pas mûrs. Cependant, la Lapine était en pleine chaleur, elle s'était accouplée ; les œufs étaient done mûrs. Ainsi, on peut encore constater la présence de la vésicule germina- tive tandis que les globules polaires, que E. Van Beneden donne comme un signe de maturité, manquent. D'ailleurs, avant lui, Coste et Hensen ont vu et figuré des œufs présentant des globules polaires, œufs extraits des follicules de Graaf et des trompes, œufs sans vésicule et avec globules polaires. Les premiers de ces œufs provenaient d'un follicule muür, mais non ouvert, placé au milieu d’autres follicules mûrs et ouverts. Ces faits donnent raison à E. Van Beneden, mais Hensen a trouvé, dans le Cochon d'Inde, un œuf présentant un globule polaire et une vésicule avec tache germinative. Cet œuf provenait d’un follicule et Hensen l’a figuré. M. Bal- biani n’a jamais rencontré de coïncidence semblable, et il pense que Hensen s’est trompé : il a vu le second globule polaire en projection sur le vitellus et il l’a pris pour une vésicule germinative. « D'ailleurs, dit-il, je ne critique pas les idées de E. Van Beneden sur l’origine des globules polaires, j'admets très bien que leur formation a __ _ —"— — — — —————— —— — " —"—" ——]—"_—’———— — JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 13 ————————————_—————————…—…—…—————————————————— lieu à la disparition de la vésicule, les observations de H. Fol, d’0. Hert- wig, de Selenka, les miennes propres le démontrent; mais ce que je cri- tique dans son travail, c’est la description qu’il donne de la disparition de la vésicule et de la formation des globules polaires. J’ai bien vu que la vésicule se déplace, s'applique contre la face interne de la membrane de l'œuf; mais je n’ai vu aucune des transformations que E. Van Beneden décrit avec tant de minutie, corps nucléolaire, corps nucléo-plasmique, etc. » Comme preuve de cette différence de composition des deux globules polaires, E. Van Beneden indique que celui qui résulte du corps nucléo- plasmique ne se colore pas par le picro-carminate ; — M. Balbiani à toujours vu les deux globules se colorer de la même façon. E. Van Beneden attribue à chacun des globules une origine différente, car On sait qu'il admet, dans la vésicule, outre la tache germinative ou nucléole, des pseudo-nucléoles. Or, dans beaucoup d'œufs, il est impos- sible de distinguer la tache des pseudo-nucléoles. Il n’est pas rare d’en ren- contrer dans lesquels la vésicule présente des corpuscules plus ou moins nombreux qu’on ne peut pas distinguer entre eux. Où est le nucléole ? — Qu'est-ce qui fournira le globule nucléo-plasmique ? Un autre argument qu’on peut opposer à cet observateur est que sa des- cription n'offre pas la moindre analogie avec le processus observé chez les animaux inférieurs. 11 n’a rien vu de ce que H. Fol, O. Hertwig, Butschli, Strasbürger, ont vu : ni le fuseau directeur, de Bütschli, ni le corps fusi- forme, ni la figure à double étoile, Pamphiaster de Fol, qui se produit chaque fois qu’un globule se forme pour être expulsé. Faut-il en conclure que le phénomène se produit suivant un processus différent chez les Mammifères et chez les animaux inférieurs? Cela ne paraît pas vraisem- blable, si l’on considère l’analogie de structure chez tous les œufs et l’ana- logie des premiers phénomènes de développement. Enfin, on peut se reporter aux observations de E. Van Beneden sur la disparition de la vésicule chez une Etoile de mer, l’Asteracanthion rubens, où il dit avoir reconnu des processus très semblables à ceux qui se pas- sent chez la Lapine. Mais H. Fol à démontré que E. Van Beneden s est trompé dans l'interprétation des faits et a pris pour des phénomènes nor- maux des accidents de préparation, l'écrasement de la vésicule, par exemple, etc. Or, si l’on considère que l'étude de tous ces faits, chez les Mammifères, s'accompagne de difficultés extrêmement grandes, on com- prend que les recherches de E. Van Beneden sur l'Asteracanthion rubens ne peuvent établir ses idées sur l’œuf de la Lapine. M. Balbiani porte un jugement beaucoup plus favorable sur la partie des observations de E. Van Beneden, relative aux phénomènes qui se passent pendant la fécondation. Il a pu confirmer tous les faits essentiels décrits par l’observateur belge. Malheureusement, les recherches qu’il a entreprises avec M. F. Henneguy ne sont pas encore terminées, mais il peut dès à présent exposer les faits qu’il peut déjà considérer comme établis, quitte à les compléter plus tard. (A suivre.) 44 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. OBSERVATIONS SUR LES MŒURS, LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMEN! de l’Amphioxus lanceolatus. Fin (1). Pendant ce temps, lorsque les arcs branchiaux de gauche se sont élargis et divisés, les trois ou quatre premières ouvertures pharyngiennes ont atteint une position correspondante sur le côté droit, et, sembiables à celles du côté gauche, se divisent en fentes branchiales, par des barres médianes qui poussent par en bas; puis, les autres ouvertures pharyngiennes disparaissent entièrement, si bien qu’à ce moment,les deux côtés se trouvent percés de dix ou douze fentes alter- nées et semblables; la première seule du côté droit, comme sa correspondante, la première du côté gauche, se forme après qu'une ou deux des anciennes ouver- tures se sont divisées en fentes ; — bien qu'il soit possible que dans quelques cas, celte première fente résulte de la première ouverture pharyngienne, qui resterail pelite et sans division, mais s’augmentant simplement un peu en lon- gueur dans la direction de la largeur du pharynx, en même temps que les autres fentes croissent généralement en longueur. Les arcs suivants du côté droit se forment comme ceux du côté gauche, c’est-à-dire, que ce sont de nouvelles ouvertures, percées à travers la paroi pharyngienne, et, selon toute probabilité, aucune d’elles n’a de rapport avec les cinq ou six ouvertures pharyngiennes qui disparaissent pendant les modifications des trois ou quatre premières fentes. En même lemps que ces changements se produisent dans les ares, la région abdo- minale s’élargit vers ie milieu du tube digeslif,l’estomac se porte en avant,si bien que cet organe arrive à se trouver dans la cavité antérieure et élargie de l'abdo- men,plutôt que dans celle partie étroitement embrassée par les parois des flancs. L'élargissement de la région digestive, apparaît d'abord, sous forme d’un simple gonflement en dehors, et d’un seul coté, accompagné d’une pigmentalion des cellules de la paroi de cette région ; mais, bientôt se ferme un diverticulum à parois verdâtres, qui croît en avant, Fig. 3. PI. 2, s’avance graduellement tout le loug de la paroi du pharynx, Fig. 3. PI. 4, et devient le foie asymétrique de l'adulte. Comme le foie passe en avant, autour et le long des parois du pharynx, la portion du vaisseau Lubulaire et abdominal du système sanguin qui se trouvait au-dessous, s’élargit en un vaisseau périphérique ventral et dorsal pour cet organe ; de sorte, qu'autant qu'on peut s'en rendre compte, il n’y a aucune connexion entre les parties intestinales el pharyngiennes du vaisseau abdominal, sauf au moyen de cette extension qui limite extérieurement le foie.En se recour- bant sur lui-même ce vaisseau abdominal forme un sac pulsatile, de grandeur considérable,entre le foie et l'œsophage (Fig. 3. PL. 2),sac qui est très développé chez le jeune animal. C’est ce que l’on a appelé le cœur, et, bien que de peu d'importance ou de petite taille chez l'animal adulte, il paraîl être l’homologue de cet organe chez les vertébrés supérieurs. Dans la Fig, 5, PI, 1, l'élargissement du foie est représenté vers cette époque (4) Voir Journal de Micrographie, T. IV, 1880, pages. 64, 122, 181, 229. JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 45 où il commence à se former et l’on voit le vaisseau abdominal suivre les limites de son bord inférieur. Un second vaisseau est aussi représenté ; il apparaît d’abord vers ce moment, s'étendant de la base cartilagineuse du pharynx, entre les arcs branchiaux et l’anneau pharyngien, vers le haut et en arrière de la face abdominale de la noto- corde, où on le perd de vue. Ce vaisseau est l’arc aorlique ou conduit de Botall, et, sauf cet arc et ce vaisseau de l’abdomen, avec son prolongement autour du foie et ses renflements à la base des arcs branchiaux, on ne trouve aucune autre trace de système sanguin chez l’animal vivant, jeune ou adulte. Le fluide circulant dans ces vaisseaux est incolore, et, autant que j'ai pu le voir, entièrement dépourvu de globules dans le jeune animal. À cette époque, les arcs branchiaux sont au nombre de sept de chaque côté du pharynx ; le troisième et le quatrième, à partir de l'extrémité antérieure, sont les plus grands. Ils sont très larges et lrès neitement définis, avec de larges espaces triangu- laires (a, Fig, 4, PL. 1) entre leurs bases élargies. L’estomac paraît juste au-dessus de la dépression branchioporique et s'étend en avani,dans l'élargissement produit dans la région abdominale pour loger le cœcum hépatique. En effet, cet élargis- sement et, aussi, la section de cette région digestive, après l'accroissement ultérieur du foie, semblent former une partie très importante de l'estomac ; le brassemeut et la triluration de la masse alimentaire, ainsi que l’action des cils vibratiles, disposés obliquement, s'étendent généralement depuis l’extrémité postérieure de l'œsaphage jusqu’au commencement de l'intestin . L'état avancé de la cavité buccale et des tentacules sur l’anneau pharyngien se voient aussi dans cette figure. D'après ce que montre la figure 1, PI. 2, le bord postéro- dorsal, ou gauche et le bord central, ou droit, de la cavité de la bouche s’avan- cent graduellement en bas et en avant jusqu’à ce que le bord ventral coïncide presque avec les bords ventraux de la partie antérieure du corps ; pendant ce iemps,ce bord prend la forme d'une lèvre et trois ou quatre prolongements digi- tiformes sc forment de lectoderme de la lèvre. A la même époque, avec la croissance en avant de la paroi du côté gauche, les tentaeules du même côté s’allongent et augmentent en nombre, par l'addition d'un ou deux prolongements en avant de cette partie de la paroi de la cavité où ont apparu les centacules déjà formés ; ils sontrenforcés par des supports cartilagineux compris dans le tissu de chaque tentacule ; ce sont les segments tentaculaires, (déjà signalés dans l'adulte), de la branche gauche d’un anneau qui se développe autour du bord de l’ouverture buccale, de la base de l'anneau cartilagineux du nharynx. Pendant cette période, les tentacules buccaux n’ont qu’une très petite part à la protection de la cavité buccale contre l'entrée de particules larges et nuisibles. C’est plus spécialement l'office des tentacules de l'anneau pharyngien, qui se sont constitués aussitôt après l'ouverture du passage à travers le fond de la fossette ciliée dans le pharynx. Ainsi, les tentacules pharyngiens ont une importance beaucoup plus grande, chez le jeune animal que chez l'adulte, leur office est toujours, comme il a déjà été dit dans une page précédente, d’expulser les corps trop gros qui ont pu réussir à franchir le réseau formé par l’anneau buccal et à pénétrer dans la cavilé de la bouche. Le développement ultérieur de la cavité buccale est comparativement « simple ; le côté gauche continue à s'accroître par en bas et en avant, jusqu’à ce RE — - a 46 JOURNAL DE MICROGRAPHIE, qu’il soit de niveau avec le bord droit ; l'ouverture buccale devient ainsi médiane veutrale et placée juste derrière l’espèce de trompe mousse de l'animal, trompe qui la protège ; la branche droite de l'anneau buccal, avec ses segments, se forme dans la paroi droite el le long de son bord, et les supports carlilagineux croissent dans les tentacules droits. Les autres tentacules, au nombre de dix ou onze de chaque côté, formant en tout environ trente et un, poussent graduelle- ment le long des côtés, et se recourbent intérieurement et en avant, si bien que ceux d’un côté se rabattent sur ceux de l’autre qu'ils entrelacent, ct la cavité buccale prend enfin sa forme normale adulte (Fig. 4. PI. 4). | En suivant avec soin le développement de la bouche de l’Amphioxus, comme je l’ai tracé précédemment, on y voit une introvers ou véritable, quoiqu’assez irrégulière, une invagination du tissu ectodermique à la rencontre de l’endoderme du canal central, processus homologue à celui qui forme la cavité buccale des vertébrés supérieurs. | On croyait jadis, généralement, que la cavité buccale de l'Amphioxus était formée par les parties antérieures des replis latéraux, se recouvrant l’un l’autre pour clore finalement l'extrémité antérieure du pharynx et, par ce mode de développement,on faisait de la cavité de la bouche la partie antérieure de la cavité formant le pharynx. Cependant, je n'ai trouvé dans aucun de mes spécimens, les preuves d'un semblable mode de développement ; tandis qu'il y à certains faits, relativement à la formation de la eavité buccale, qui semblent confirmer, au moins dans unc certaine mesure, mes idées sur le processus. D’abord, la bouche étant formée sur le flanc gauche du corps, a, dans son expansion ectodermique antérieure, une paroi droite primitivement formée ; et une extension du repli latéral droit sur cette portion du corps formerait seulement une troisième couche sur le côté, sans être de quelque utihité dans la formation de la cavité buccale et sans l’anir en aucune manière avec la cavité qui limite le pharynx. En second lieu, le repli de gauche, pour former le côté gauche de la cavité, devrait passer en avant el au-dessous de l’ouverture de la bouche pharyngienne. Et dans ce cas, il aurait sur l'entrée da courant alimentaire une action telle que cette croissance en avant pourrait être facilement observée, si elle se produisait réel- lemenL. Mais le repli gauche est toujours limité antérieurement, autant que j'aipu l'observer, par la bordure de la bouche, il avance vers l'anneau eartilagineux comme la bordure de la bouche avance vers le bord de la fossetie ciliée. Aussi, mes recherches m'ont amené à cette conclusion, déjà énoncée, que la cavité buccale est formée par une véritable invagination de l’ectoderme et est généti- quement distincte de la cavité branchiale. Pour cette raison, et aussi pour ce fait que la cavité branchiale est essentiellement branchiale dans ses fonctions, et que, par sa formation,elle diffère entièrement de l'atrium de quelques-uns au moins (1) des Tuniciers, ses parois élant plutôt, d'après leur développement, de la nature des opercules qui couvrent les ouïes des poissons osseux ; et comme,enfin, elle ne remplit pas l'office de chambre cloacale, bien qu'elle reçoive les produits urinaires et générateurs ; à cause de tout cela, dis-je, j'ai pensé qu'il était préfé- rable de lui donner ce nom de branchium plutôt que celui d’atrium qu'on appli- que à la chambre branchio-cloacale des Tuniciers (2). (1) The Anatomy of Invertebrated Anim als. By Prof. T. H. Huxiey. London, 1577, p. 609 À (2) Pour expliquer mes vues sur l’homologie du branchium, je dirai que si ces portions des replis latéraux qui, par leur réunion, forment la nageoire médiane ventrale étaient étendues en É'TErSE EAST JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 17 NT RU er ing Les changements qui ont lieu dans le système nerveux pendant que ces trans- formations s’opèrent dans le système musculaire et letégument, ont rapport prin- cipalement à la croissance et à l'extension des nerfs, dans les parties du Corps, à partir du cordon dorsal. Le cordon Jui-même s'éloigne très peu, pendant la eroissance de l'animal,de son état embryonnaire ; la principale différence est que, chez l'adulte, le canal central est presque complètement rempli, sauf dans la « tête », par l'épaississement des parois, et les taches pigmentées sont peut-être plus larges et plus nombreuses. L’extrémité postérieure est très légèrement recourbée dès la première période, mais ne montre que bien plus tard la terminaison en forme de bouton. L'extrémité antérieure, ou «tête », s'élargit quelquefois pendant la croissance de l'animal, de manière à représenter un ecrveau très rudimentaire ; l'extréminé de la « tête » et le nerf olfaetif atteignent les caractères de l'âge adulte, probablement en même temps que l'extension extérieure de la portion périphérique du système nerveux, ou des nerfs du COrps en général. Le développement ullérieur de l'Amphioxus a, en outre, déjà été indiqué par l'accroissement en avant du foie, la multiplication et le prolongement des fentes branchiales ; l'allongement extérieur des processus cartilagineux ventraux pour fouroir une base à la nageoire médiane ventrale ; et, enfin, l'extension des plans musculaires par en bas, dans Ics parois du corps. À ces transfurmations, se trouvent associés certains changements dans la forme extérieure, particulièrement sous le rapport de la forme des deux extrémités et l'aspect de la métapleura produite par les replis latéraux. Ces changements une fois aecomplis, l'animal a acquis sa forme adulte, comme le représente la Fig. 1, PI. 4, et, par le développement des corps générateurs sur les bords des plans musculaires, 1l devient capable de reproduire son espèce. Comme conclusion, il peut-être utile de résumer, brièvement toutefois, les aspeels particuliers qui font différer l’Ampluoxus des autres vertébrés. En com- mençant par les caractéristiques extérieures, nous trouvons la nagcoire médiane ventrale qui s'étend à quelque distance, en face de l'ouverture anale, ‘et se con- tinue en une longue nagcoire dorso-caudale jusqu’à l'extrémité antérieure du Corps ; puis, une ouverture anale placée sur le côté gauche de la ligne médiane du corps et à peu près vers le milieu du côté ; une ouverture abdominale ou brânchiopore ; une bouche ouverte longitudinalement ; un anneau de tentacules buccaux ; une simple poche nasale et asymétrique. Il cst très douteux que la tache pigmentée antérieure du cordon dorsal soit d’une plus grande importance que les autres taches pigmentécs du système nerveux ; aussi, on peut dire FAmphioæus absolument privé d’yceux ct d'oreilles. Ne avant, le long de l'œsophage, et, par leur union ou leur coalescence en ce point, séparaient complèt-ment la cavité postérieure de la cavité antérieure ; si les conduits des cordons urini- fères s'étendaient en arrière de l'anus et s’y ouvraient dans un cloaque et si les produits générateurs,au licu de surtir à travers les parois dans le branchium, étaient rejetés en arrière entre ces parois et les muscles, et poussés dans un cloaque, puis évacués ; — si, en d’autres termes, les cavités pleuro-péritonéales du branchium s'élargissaient à la région postéricure en s'étendant en cloaque et s'y ouvraient, comme elles contiennent les organes reproducteurs, cette partie postérieure représenterait une véritable cavité périviscérale ou schizocæle. Dans ce cas, les portions antérieures des replis, formant ensuite les portions postérieures, seraient de véritables opercules couvrant les branchics, et il est possiple que la formation et l’accroisse- ment de la cavité du corps, et ceux des opercules chez les vertébrés aient suivi longtemps un semblable mude de développement, | LE 48 - JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 2 —————————”———"— — ———— ———_——— ———— — Intérieurement, nous trouvons un foie sacciforme ; et un appareil digestif muni de cils vibratiles. La notocorde, en outre qu'elle manque de l'expansion antérieure cranienne, peut, dans sa structure et son mode de développement, différer de la notocorde des autres vertébrés ; mais cette question n’est pas encore résolue. Les autres organes représentent plutôt les formes embryonnaires des même orga- nes chez les animaux supéricurs que des formes différentes ; ainsi, le cordon dorsal, avec son léger élargissement antérieur, semble représenter cet état da système nerveux central des vertébrés supéricurs qui précède la formation des vésicules cérébrales. Quant au système sanguin, si, comme le prétend Langer- hann, il y a un cœur, et, si le sang est distribué dans le corps pour retourer ensuite au vaisseau tubulaire du ventre à travers les lacunes des tissus, plutôt que par des vaisseaux capillaires, — le système sanguin, dis-je, exception faite de la position du cœur et des caractères pulsatiles de la veine cave, est simple- ment ce qu’il paraît dans tous les jeunes vertébrés, où au moins, ce qu'il est chez les jeunes poissons osseux, où le cours du sang aGans les plus petits canaux change continuellement de direction, à chaque fois que, pour quelque cause, un vaisseau vient à s'obstruer, changements qui continuent jusqu’à la formation des vaisseaux capillaires. Une critique comparative cst nécessaire pour apprécier ces différences ou ces exentricités de structure. Toutefois, quelle que soit la compa- raison qu'on pourra faire dans l'avenir, on voit facilement que l’Amphioxus est un animal très particulier, présentant quelque ressemblance avec les Tuniciers, par son pharynx cilié et ses tentacules pharyngiens, mais il se rapproche évidemment bien plus, comme forme embryonnaire, du grand embranchement des Veriébrés du règne animal que de quelqu’Invertébré que ce soit. | H. J. Rice. EXPLICATION DES PLANCHES (1) PLaxcuE E (T. IV). Les figures d'ensemble sont loutes dessinées d’après les mesures exactes des parties de l'animal, ou avec la chambre claire, c’est-à-dire que les lignes exté- rieures peuvent être considérées comme à peu près, si non entièrement cor- recles. Sous chacune de ces figures est une ligne représentant la longueur de l'individu. l'ig. 4. — Femelle adulte, de 1 pouce 116 de longueur, vue du côté gauche. Les capsules ovigères sont figurées par des masses carrées, fixées sous la masse musculaire du corps, dans l’intérieur du branchium dont l'expansion est presque complète. Les ouvertures branchiales sont représentées par des lignes obliques croisant la partie antérieure du pharynx. Dans cette figure, l'ouverture de l'anus est représentée à environ 1/32 de pouce trop loin en arrière, et, à cause du man- que de place pour faire des lignes claires et distinctes dans toute leur longueur, le nombre complet des plans musculaires, aux extrémités du corps, n'a pas été indiqué. k Fig. 2. — L'anneau cartilagineux du pharyux avec ses tentacules et une portion des branches de L'anncau buccal —L'anneau buccal montre les divisions des bran- chès en segments ct la partie basilaire des prolongements tentaculaires. (4) Les planches relatives à cet article sont comprises dans le Tome IV, 1880, du Journ. de Micrographie, Planches Let 1. ee _—n ( JOURNAL DE MICROGRAPBIE. 19 Fig. 4. — Vue du côté droit d'une partie du pharynx, montrant l'étendue et la position du foie sacciforme et des minces branches ou bandes qui es aux barres des arcs branchiaux. Fig. 4. — Trois arcs branchiaux du côté gauche, montrant la barre sr avec sa ligne centrale de division ; l'étendue des fentes dans la longueur de chaque arc ; les cils bordant les fentes ; les espaces triangulaires a entre les bases des-ares et dans lesquels se trouvent les cœurs branchiaux du système sanguin : -etles barres transversales allant d'un côté à l’autre de chaque arc ct servant à renfoncer la charpente cartilagineuse. Fig. 5. — Jeune animal de 36 de pouce de longueur ; l'ouverture buccale est ua orifice excentrique sur le côté gauche, entouré en partie de tentacules en formation. Les ares branchiaux sont grands ct proéminents, au nombre de sept ; - le cœeum hépatique se forme de la partie movenne du canal alimentaire. Praxcue If (T. IV). Fig. 4. — Côté gauche de la partie antérieure du corps d'un jeune A mphioxus montrant les six premières ouvertures pharyngiennes ; les trois premières pour ies arcs branchiaux gauches et la cavité buccale qui apparaît bientôt après que la bouche pharyngienne dans la fossette ciliée est fermée. La forme particulière des ouvertures pharyugiennes antéricures résulle de leur posilion sur le côté gauche de la ligne médiane du pharynx. Fig. 2. — Premier état de la même partie du corps représentée dans la fig 4, — L'ouverture de la bouche pharvngienne, la cavité ciliée de la bouche et la fente qui les unit toutes les deux sont exactement indiquées. Fig. 3. — Portion du canal alimentaire d'un jeune animal renfermant les der- vières ouvertures branchiales sur le côté gauche du pharynx et la cavité stoma- cale entière, le diverticulum du foie en formation, avec le vaisseau sanguin central coutournant son bord inférieur. Fig. 4. — Capsule ovigère avec son contenu d'œufs ; très grossie. Fig. 5. — Coupe schématique transversale du corps. d'un jeune Amphioxus, section faite à lravers l'ouverture pharyngienne de la bouche et une des fentes pharvogiennes, comme en a fig. 7, pour montrer la connexion de ces ouvertu- res avec le canal central. Le point sur [à paroi du corps, cu bord de la bouche, exactement à la droite de la lettre a dans la figure, doit être plus nettement défini pour représenter un des processus denlilormes de la pièce de la bouche. Fig. 6. — Vue d'une portion du systèmc musculaire du côté gauche du corps d'un adulte, montrant la notocorde forméc de disques accollés ; Iles plans muscu- laires du flanc; la distribution des nerfs du flanc, l’attache er la forme des glandes génératrices, «, aux saisons ordinaires. Fig. 7.-— Jeune animal de 5/64 de pouce de longueur, montrant, avec les den's, l'ouverture pharyngienne de la bouche ; la bordure pyrilorme cartilagineuse, Ft fossetLe ciliée, et les trois premières ouvertures pharyngiennes. 24 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. RECHERCHES SUR LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LA GRENOUILLE (Suite) (1) La fig. 20 (PI. VIL, T. IV), nous montre comment, au mois de septembre, les kystes spermatiques plus ou moins largement déhiscents forment une sorte de bourse dont les parois seraient constituées par une couche dans laquelle les têtes des spermatozoïdes en voie de formation sont régulière- ment rangées les unes contre les autres, et dont la cavité, à peu près par- faitement libre dans sa partie centrale et supérieure (c, fig. 20) serait occupée, dans les zones intermédiaires (b, fig. 20), par les tractus ou fines bandes de proioplasma dont chacune correspond à uv futur spermatozoïde (comparez fig. 21 dans laquelle ces tractus sont très nettement distinets, quoique les têtes des spermatozoïdes soient encore globuleuses). Pour passer de cette forme de bourse ouverte à celle d'un faisceau de spermatozoïdes, les kystes spermatiques, qui dès maintenant ne méritent réellement plus cette dénomination, n’ont qu’à être le siège d'une rétraction des parois latérales de la bourse vers sa base, c’est-à-dire vers la partie qui est en contact avec la membrane du tube séminipare : la fig. 23, repré- sentant ces élémenis en fin septembre nous montre cette transformation ; en ce moment, la couche formée par les têtes des spermatozoïdes régulière ment rangées côte à côte, n’a plus la configuration des parois d’une bourse, mais seulement celle d’un calice évasé, qui, vu en coupe optique, (fg. 2 présente la forme d’un croissant. Que ce croissant s’évase de plus en plus, cequi alieu en fin septembre, et toutes les têtes viendront,comme le montre la fig. 24%, se ranger sur un même plan à peu près rectiligne. À cette épo- que, une coupe d'ensemble donne, pour la cavité d’un tube séminipare, aspect représenté dans Ja fig. 25 ; on voit qu'il sufira que les faisceaux de spermatozoïdes s’amincissent légèrement par tassement des filaments qui les composent et s’allongert notablement par élongation de ces filaments, pour que nous nous trouvions ramenés, dès le mois d'octobre, à une conli yuration identique à celle représentée dans la fig. { (PI. VI), et qui a été le point de départ de notre étude. Depuis le moment où les kystes spermatiques sont devenus très riches en noyaux (fig. 12, 14, 15, 16) nous avons perdu de vue, dans notre descrip- tion,les noyaux granuleux qui entourent en plus ou moins grand nombre les kystes spermatiques,pour ne nous occuper que des transformations de ces derniers. Si nous revenons à l'examen des noyaux granuleux, il est facile de se convaincre, par l'inspection des fig. 15, 16, 17, 19, qu'ils paraissent d'autant plus rares autour des kystes que eeux-ci sont devenus plus volu- (1) Voir Journal de Micrographie, T. IV, 1880. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 24 mineux : ils sont indifféremment semés sur quelques rares points de leur périphérie ; mais lorsque ces kystes s'ouvrent par leur partie dirigée vers le centre du capalicule séminipare, et que leur couche périphérique, renfer- mant les têtes en voie de développement, commence à se rétracter vers les parois du canalicule, les noyaux granuleux suivent ce mouvement, entrai- nés par leur adhérence à la superficie des kystes ; de telle sorte que ‘déjà dans la fig. 20, et surtout dans la fig. 23, on voit que ces noyaux se sont tous accumulés vers la base du faisceau en voie de formation.Alors se pro- duit un phénomène très remarquable,et qui va compléter le cycle de déve- loppement que nous venons de parcourir, ou qui, pour mieux dire, va être le commencement d’un nouveau cycle. Parmi ces noyaux, ceux qui arrivent le plus près de la paroi commencent à acquérir un corps cellulaire (0, fig. 20 et 23), et finalement présentent tousles caractères des éléménts que nous avons précédemment désignés sous le nom d'ovules mâles (0, fig. 24): ce sont ces ovules mâles qui vont être, pour la période suivante, le siège de l’évolution donnant naissance à des kystes spermatiques, tandis que les noyaux granuleux, non transformés en ovules mâles, se multiplie- ront bientôt pour donner les noyaux granuleux qui entoureront incomplè- tement ces nouveaux kystes spermatiques, évolutions que nous n’avons pas à décrire ici, à moins de recommencer à nouveau la revue des phases pré- cédemment étudiées. : Les jeunes ovules mâles sont donc situés à la base des faisceaux de spermatozoïdes en voie de formation (fig. 23 et 24), contre la bande plus ou moins mince du protoplasma granuleux qui rattache ces faisceaux à la paroi du canalicule. Quand on observe des préparations par dissociation. c'est-à-dire des faisceaux arrachés de la paroi du canalicule, on constate assez souvent (fig. 26 et 27) qu’à la base de ces faisceaux un ovule mâle est resté adhérent ; quand cet ovule se présente sur le côté du faisceau (qu'il est vu de profil sur la base de celui-ci, comme dans la fig. 26), il est facile de reconnaître qu'il est indépendant du faisceau, et on distingue à la fois le noyau et le corps cellulaire de l’ovule mâle en question ; mais lorsqu'il se projette sur la partie centrale du cordon de protoplasma for- . mant la base du faisceau (fig. 27), on ne distingue bien alors que le gros noyau de l’ovule mâle, et on est tenté de le considérer comme un noyau appartenant à la base du faisceau, c'est-à-dire comme un élément analogue . à ce que nous avons décrit sous le nom de noyau principal pour les grappes de spermatobiastes et faisceaux de spermatozoïdes chez l'Hélix et la Palu- dine. C’est là une inierprétation vers laquelle nous étions, en effet, forte- . ment porté par nos éiudes antérieures-chez les Invertébrés, et alors que - Nous n'avions pas encore saisi toutes les phases de l’évolution chez la Gre- nouille, mais à. laquelle un examen plus attentif nous a forcé décidément à . renoncer. | ‘2 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. FT. Après cette description des phénomènes de la spermatogénèse chez Ja Grenouille, nous devons examiner en quoi les processus que nous venons d'étudier diffèrent de ce que nous avons décrit chez quelques Mollusques. Au premier abord, on aperçoit surtout des différences, mais une interpré- tation plus-attentive va nous permettre de constater que sien un point ces différences sont réelles, elles sont seulement apparentes sur les autres points, et que le processus de la transformation de l’ovule mâle en faisceau de spermatozoïdes se ramène à un même type chez les uns et chez les au- tres de ces animaux. | Une différence réelle consiste en ce que nous avons vu chez les Mollus- ques l'ovule mâle conserver un gros noyau, dit noyau principal, alors qu'il renferme un grand nombre de noyaux secondaires correspondant à autant de futurs bourgeons ou spermatoblastes ; ce noyau persiste à la base de la grappe de spermatoblastes transformée en faisceau de spermato- zoïdes : chez la Grenouille, rien de semblable, et nous avons vu quelques lignes plus haut que nous avions dü renoncer à l'interprétation qui nous avait un moment fait prendre de jeunes ovules mâles pour un noyau prin- * cipal placé à la base d’un faisceau ; peut-être y aura-t-il à reprendre à ce sujet l’étude des ovules mâles et des grappes de spermatoblastes chez les Gastéropodes. Une différence seulement apparente est celle qu'on énonce- rait en disant que chez la Grenouille l’ovule mâle ne se transforme pas, comme chez l’Hélix, en une grappe de spermatoblastes, pour donner ulté- rieurement lieu à la formation du faisceau de spermatozoïdes. Remarquons en effet que chez l’Hélix l’ovule mâle présente aussi, à un moment donné, la forme de cellule multinucléaire, et que seulement ensuite chacun de ces noyaux correspond à un bourgeon qui fait saillie et s’isole en se pédiculi- sant à la surface externe de l'élément transformé ainsi en une grappe. Chez la Grenouille, nous retrouvons d’abord cette cellule multinueléaire; mais les proportions qu’elle prend, le nombre de noyaux qu’elle acquiert sont si considérables, et l'espace de temps pendant lequel on Fobserve sous cette forme est d’une durée telle, que cet élément a dû, pour la com- modité de la description, recevoir à ce moment un nom particulier, celui de kyste spermatique, qu'on pourrait du reste appliquer aussi bien à lovule mâle multinucléaire de l’Hélix. Quant à la grappe que forme bientôt cet ovule multinucléaire de l'Hélix, elle résulte d’une individuali- sation du protoplasma autour de chaque noyau sous forme d'un bourgeon saillant à la surface, à l'extérieur. Chez la Grenouille, cette individualisa- tion se produit aussi, mais la surface de l'élément (kyste spermatique) . reste régulière ; 1] n'y a pas de saillies extérieures, c’est dans l’intérieur même de la cellule kystique que se fait le groupement du protoplasma en traînées dont chacune correspond à un noyau : on peut donc dire que la grappe de spermatoblastes est ici intérieure, et une comparaïson empruntée en mi ee JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 23 à la botanique fera bien comprendre notre pensée, en rendant évidente l'homoïogie entre la grappe de spermatoblastes de l'Hélix et le kyste spermatique de la Grenouille, lorsque ce kyste offre les dispositions repré- sentées dans les fg.17 et 21, et surtout lorsque ce kyste devient déhiscent (fig. 18 et 20) : une fraise et une figue paraissent au premier abord deux fruits tout à fait différents, le premier présentant une surface extérieure rugueuse où reposent les graines, tandis que le second possède une surface lisse et des graines à son intérieur ; cependant les botanistes établissent facilement l’homologie des deux fruits, et, en partant d’une disposition formée par un réceptacle plan, à la surface duquel seraient disposées des graines, démontrent que, si ce réceptacle s’enroule d’une facon à circons- erire une cavité dans laquelle seront ces graines, il en résultera le type ligue ; et si l’enroulement a lieu en sens inverse, de manière à ce que les . graines restent au contraire à la surface de la masse conique ainsi formée, il en résultera le type fraise ; malgré la plus complète différence au pre- mier abord, ces deux fruits peuvent donc se ramener à un même type. Il en est de même des kystes spermatiques déhiscents de la Grenouille et des grappes de spermatoblastes de l’Hélix ; les premiers sont aux seconds ce que la figue est à la fraise. Ici le type commun auquel les deux formes peuvent être ramenées se réalise directement lorsque se produit la trans- formation en faisceau de spermatozoïdes, ainsi que la fig. 23 le fait com- prendre mieux que toute description, et alors surtout que ce faisceau, non . encore condensé, est représenté (fig. 24) par un large plateau formé de . têtes de spermatozoïdes disposées régulièrement côte à côte. Nous voyons done que chez les divers animaux que nous avons étudiés jusqu'ici, le processus de la spermatogénèse part d’un ovule mâle pour aboutir à un faisceau de spermatozoïdes, en passant par un état de cellule multinucléaire ou kyste spermatique, état dans lequel le mode de groupe- ment des noyaux et d’individualisation du protoplasma autour de ceux-ci présente des différences frappantes que revêt alors l'élément, mais insigni- fiantes quant à la morphologie générale et à son interprétation. C’est cette conclusion générale qui nous paraît le fait le plus important à retenir de cette étude sur la spermatogénèse chez la Grenouille : chez ce Batracien, comme chez les autres animaux, le faisceau de spermatozoïdes dérive en définitive d'une grappe de spermatoblastes, mais d’une grappe retournée, comparativement à celle des Mollusques, et dans laquelle les têtes des spermatozoïdes sont toutes régulièrement rangées à la périphérie : chacune des bandes de protoplasma partant de cette tête (fig. 21) et se diri- geant vers le centre du kysie spermatique, représente un spermatoblaste. FE. HISTORIQUE ET critique. — Les Batraciens ont été très souvent choisis comme objets d'étude pour les recherches sur la spermatogénèse ; aussi t® Lu JOURNAL DE MICROGRAPHIE. un exposé historique comp'et des travaux publiés à ç: sujet dépasserait-l les limites de cet article ; il trouvera du reste mieux sa place alors que nous aurons suivi cette étude chez les Mammifères et que nous pourrons présenter dans une vu: d'ensemble les diverses théories émises sur la spermatogénèse. C'est pourquoi nous nous contenterons de citer ici les tra- vaux de quelques auteurs que, parmi le grand nombre de ceux qui ont éerit sur ce sujet, nous choisirons uniquement pour montrer combien il est important, dans des études de ce genre, de suivre d'une manière continue, pendant au moins une année, les phases successives d’un semblable pro- cessus de formation, au lieu d'établir hâtivement une théorie d’après quel- ques faits observés comme au hasard et sans lien catre cux. Nous faisons . ici particulièrement allusion aux publicattons de Liégcois ct à celles plus récentes de Neumann. Liégeois conclut de ses recherches sur la formation des spermatozoilés chez la Grenouille (il ne précise pas s’il s’agit de la Grenouille verte ou rousse, de la Rana esculenta ou de la temporaria) que cet animal présente cette « particularité exceptionnelle, à savoir : qu'on trouve dans ses testi- cules des spermatozoïdes à toutes les époques de l’année ; seulement leur développement, leur forme, sont essentiellement différents en hiver et en été ». Remarquons d'abord que, pour quiconque est quelque peu initié aux mœurs de ces Batraciens, et connaît l’époque de leur unique accouplement _ annuel, cette production de spermatozoïdes propres à l'hiver et de sperma- tozoides propres à l'été est un non-sens qui ne peutavoir pour source qu'une observation insuflisante ; remarquons en second lieu que, comme le prouve la seule inspection des ligares données par Liégeois, ses préparations, sur la technique desquelles il ne donne aucune indication, ont dû être faites par simple dissociation dans l’eau, condition qui ne peut donner aucun résultat valable sur la formation des spermatozoïdes. Après ces deux remarques, si nous avons bien présentes à l'esprit les études précédem- ment exposées, l'interprétation des résultats bizarres exposés par Liégeois et leur critique résulteront naturellement, sans que nous ayons à y insister, _de la lecture des passages que nous allons textuellement reproduire. « En hiver, dit Liégeois (1),on trouve dans le sperme testiculaire des cel- Jules arrondies, contenant toujours un noyau très distinct ; de plus, de nombreuses granulations contenues dans l’intérieur de ces cellules. C’est aux dépens de ces granulations que se forme le spermatozoïde ; dans cer- taines préparations, en elfec, on peut constater dans la cellule la présence de filaments moniliformes dus à la juxtaposition de ces granulations. Dans d’autres cellules, et celle-là sont beaucoup plus nombreuses que les pre- mières, on trouve des faisceaux de spermatozoïdes droits ou enroulés, et ces cellules ne possèdent plus qu’un nombre très limité de granulations. Dans (1) Th. Liégeois, Traité de Physiologi', 1869, pag. 196 et suiv. EX JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 9% tous les cas, le noyau de la QU te intact et ne concourt par consé- quent en rien à la production du SRgrmatozoide. A un certain moment, la cellule se rompt par déhiscence ef QU aisceau de spermatozoïdes qu elle contient s'en échappe.» « En été, le sperme testiculaire des Érénbüiliés présente les particula- rités suivantes : d'abord les spermatozoïdes, dont la forme est alors celle d'un petit bâtonnet, ont une longueur trois ou quaire fois moindre que dans la période précédente, ct ne se présentent jamais réunis en faisceaux. Au lieu de naître de cellules, ils naissent de noyaux libres : ces noyaux deviennent granuleux, et les granulations s'unissent les unes aux autres pour constituer, dans chaque noyau, un seul spermatozeide; celui-ci, une fois formé, s'échappe du noyau, mais en s'échappant il entraîne une partie de la substance du noyau, laquelle partie se montre sous forme d’un filament extrêmement fin, généralement muni de granulations sur son trajet. » Le mémoire de E. Neumann (1) a pour nous personnellement un intérèt tout particulier, dont voici la raison : Il y a environ quatre ans, exami- nant, en avril, le contenu dissocié d'un testicule de Grenouille, précisément pour vérifier les indications de Liégeois, nous fümes frappé par la pré- sence d'innombrables éléments fusiformes longitudinalement striés ; notre première pensée fut que nous nous trouvions en présence de filaments spermatiques se formant par une sorte de fendillement multiple d’une cellule fusiforme. Le travail de Neumann, qui venait de paraître, nous confirmait dans cette idée. Est-il besoin de dire que comme nous l'avons bientôt reconnu, ces prétendues cellules fusiformes ne sont autre chose que les faisceaux denses formés par les têtes des spermatozoïdes complètement développés à éette époque (avril, Grenouille verte) et dont les filaments caudaux ont été brisés par la dissociation. (Voy. les fig. 2, 5, 26, 27.) Et, en effet, Neumann (Op. cit., pag. 297) n’a étudié le testicule que chez des Grenouilles captu- rées aux premiers jours de printemps: il a procédé par dissociation sur les pièces macérées dans l’acide chromique. Dans ces conditions, tout obser- vateur verra ce qu'il a vuet décrit, c’est-à-dire (Op. cit., fig. 4): 1° des cellules volumineuses e: rondes (nos ovules mâles); et 2° des éléments fusi- formes présentant une forte striation longitudinale, parfois si accentuée que l'élément se présente comme un faisceau de filaments, taniôt libres seule- ment à leurs extrémités, tantôt séparés les uns des autres dans toute leur étendue. Sans doute, si l'on se borne à une simple constatation de ce genre, on pourra appeler, avec Neumann, ces éléments fusiformes des cellules- spermatoblastes, et les considérer comme « produisant les spermatozoïdes par une division ou un fendillement longitudinal de leur protoplasma » : mais un simple coup d'œil sur la série des figures qui composent les deux (1) E. Neumann ; Untersuchungen über die Entwickelung der Spermatozoïden. (Arch. {. mikroskop. Anat., 1874, pag. 292.) _— 26 à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. . planches annexées au présent Mémoire fera comprendre la vraie nature de ces prétendues cellules fusiformes qui représentent, non la formation des _citrag zur Theorie der Zelle. Leipzig, 1863. 9. W. Kühne. Untersuchungen über das Protoplasma und die Contractilität. Leipzig, 4864. 3. Heitzmann. — Untersuchungen über das Protoplasma. — Sitz.-Berichte Akad. Wiss., Wien 1873, III. Abth. 4. R. Hertwig. — Bciträge zur cinheitlichen Auffassung der verschiedenen Kernformen. — Morph. Jahrb. 1 (1876), p. 63. 5». Eimer. — Weitere Nachrichten über den Bau des Zellkernes. — Arch. für mikros. Anat., XIV. 94. 6. Flemming. — Zur Kenntniss der Zelle und ihrer Theilungserscheinungen. — Arch; [. nukros. Anat. Bd. XVI, p. 248. 7. Klein. — Observations on cells and nuclei : Part, I. — Quar. Journ. Mi- erosc. Science, XNIL, (1878) P. 375. — Part, II. Quar. Journ. Micros. Science, XIV, (1879), p. 129. nu. ee. H + EE JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 11 — ———_—_—_—_—_—_—_——— B. — Sur la nature cellulaire des protozoaires. 8. Schulze. F. E. —Rhizopolen Studien. Archiv f. micros. Anat., IX, X, 398, XI, 94. 9. Hertwig, R. — Ueber Podophrya gemmipara, nebst Bemerkungen zum Bau und zur Systematischen Stellung der Acineten. — AMorph. Jahrb. I. p. 20 (1875). 40, Bütschli. — N°18, ci-dessous. 11. Bütschli. — Ueber den; Dendrocometes paradoxus, Stein, etc. — Zat. f. wiss. xool., XXVIII, 49 (1877). 42. Bütschli. — Beiträge zur Kenntnis der Flagellaten und einiger verwand- ten Organismen. — Zeit. f. wiss. Zool., XXX, 205 (1878). 43. Zeller. — Untersuchungen über die Fortpflanzung und die Entwickelung der in unseren Batrachiern schmarotzenden Opalinen. — Zeit. wiss. Zool., XXIX, 352 (1877). 14. Hertwig R. — Der Organismus der Radiolarien. — Jena, Denksch. I., 129. 45. Vignal. — Recherches historiques et physiologiques sur les Noctiluques. — Arch. Physiol. norm. pathol. 2m Ser. T. V. p. 415 (Paris 1878) C. — Sur le développement et la structure des œufs, et le phénomène de l'imprégnation. 16. Van Beneden, Edouard. — Recherches sur la composition et significa- tion de l'œuf. Mém. Cour. Acad. R. Belg. XXIV, p. I. (1870). 47. Ludwig H. — Ueber die Eibildung im Thierreiche. — Arbeiten. Zool- zoot. Inst. Würzburg. Republié par C. Semper. Bd. 4, p. 28% (1874). Excellent résumé ct très complet. 18. Bütschli. — Studien uber die ersten Entwickelungsvorgänge der Eizelle, die Zelltheilung und die Conjugation der Infusorien. — Abth. Senkberg. Nat. Torsch. Gesel., X. p. 213 (1876) 19. Hertwig, Oscar. — Beiträge zur Kenntniss der Bildung, Befruchtung und Theilung des thierischen Eics. — Erster Theil. Morph. Jahrb. I, p. 437 ; 2er Th. NPD 429 2Th.id..IV, p. 111. 20. Fol, il. — Recherches sur la fécondation et le commencement de l’héno- génie. — dém. Soc. phys. (enéve, XXVNI, p. 89. — Journ. de Micrographie, ON 1979,p549;: T: IV. 1880, p. 14, 59. 21. Balfour. — A summary of the researches onthe maturation and impre- gnation of te ovum. — Quart. Journ. Micros. Sc., XVII, (1878) p. 109. 22. Calberla. — Der Befrüchtungsvorgang beim Ei von Petromyzon Planert. — Zeitsch. f. wiss. Zool., XXX (1878), 437. 23. Kupficer et Beneckc.— Der Vorgang der Befrüchtung am Ei der Neunauge. — Kônigsberg, 1878, in 4°. D. — Sur le développement et la structure des spermatozoaires. 24. Leydig. — Lehrbuch der Histologie (1857) p. 532-537. | 25. v.la Valelte St-George. — In Stricker’s Handbuch der Lehre von den Ge- weben. Cap. XXI, p. 522. 73 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 26. Semper. — Das Urogenital-System der Plagiostomen und seine Bedeutung für das der übrigen Säugethiere. — Arbeiten xool. xootom. Inst. Bd. II, 1875. Enstehung, Wachsthum und Veränderung der Hodenfollikel, p. 252. 27. Spengel. — Arbeilen xool. zootom. Insi. Bd. HI, p. I. 28. Sertoli. — Sulla struttura di canalicoli seminiferi dei testicoli, etc. — Archivi per le science mediche, 1 (1877), p. 407. 29 Gibbes. — On the structure of the Vertebrate Spermatozoôn. — Quar. Journ. Micros. Sc. (1879), p. 487. 30. Weissmann. — Samen und Begattung der Daphnoiden. — Zeitsch. f. wiss. Zol. Bd. XXXIIL, p. 53. | (A suivre.) CH. SEDGWICK-MINOT. EXPLICATION DE LA PLANCHE Il. Fig. 1. — OEuf mur de l’Oursin, d’après 0. Hertwig. Fig. 2. — OEuf de Tendra xoslericola, d'après Repiachof. F'ig. 3. — OEuf de Tegenaria domestica, d’après Balbiani, — n, noyau; k, corps lamelleux. Fig. 4. — OEuf ovarien d’Ææœmopis, d'après 0. Hertwig. — s p, corps fusi- forme ; P, pedoncule attachant l’œuf à l'ovaire. Fig. 5. — OEuf de Nephelis, trois quarts d'heure après la ponte. Formation du premier globule polaire, d'après 0. Hertwig. Fig. 6. — Spermatozoïde frais de Salamandra maculosa, d’après Gibbes. — a, tête ; b, segment moyen ; c, membrane ondulante ; d, queue. Fig. 1. — Sphermatophore de Cyclops quadricornis. — m, membrane d’enve- loppe ; s p, spermalozoaires. Fig. 8. — a,b,c,d,e,f,g,h,i,j, k, 1, m, phases successives de la formation des spermatozoaires dans le spermatocyste et le spermatoblaste. LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Collège de France, par le professeur BALBraNr. (Suite) (1) C'est généralement de 10 à 12 heures après l’accouplement qu’on trouve les premiers œufs fécondés, résultat conforme à ce que Coste a éta- bli. Weil dit 42 heures ; Hensen, de 12 à 13 heures. Aïnsi cela varie de 10 à 14 heures. Van Beneden cite un cas où l’on a trouvé des œufs fécondés 8 heures 1/2 après le coit. Quelquefois, les œufs n'étaient pas encore tombés, 7, 10, 11 et même, une fois, 18 heures après laccouplement, le follicule n’était pas encore rompu. Dans le dernier cas, la Lapine a été accouplée trois fois en pleine chaleur ; on a trouvé beaucoup de zoospermes dans le vagin et les cornes utérines. Les zoospermes restent vivants dans (1) Voir Journal de Microgrephie, t, UK, 1379, t. IV, 1880 ett. V 1881, p. 8. — JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 19 le vagin et encore mobiles dans la cavité périvitelline, 16 heures après le coit. Très souvent, M. Balbiani les a vus vivants 10 et 12 heures après l’accouplement. Mais 24 heures après le coït, il les a toujours trouvés im- mobiles sinon morts, car, quelquefois, les zoospermes ne sont pas morts, quoiqu'immobiles, et il suflit pour les ranimer de chauffer un peu la prépa- ration. Après 24 heures, ils sont morts. Weil les a trouvés vivants de 44 à 47 heures après le coit, et Hensen 14 heures 1/2; E. Van Beneden cite un cas où ils vivaient encore au bout de 20 heures. C’est le temps de sur- vie le plus long dont M. Balbiani ait connaissance. Relativement à la situation que les ovules occupent dans l’appareil géni- tal, on constate des différences considérables. Dans un cas, on a trouvé un ovule dans les plis du pavillon de la trompe gauche, un autre à un centi- mètre et demi de l'ouverture externe de la trompe sur l'ovaire droit; 5 ovules avaient pénétré dans la partie ovarienne de la trompe, dans l’am- poule. De tous ces ovules, ceux de l’ovaire droit comme ceux de l'ovaire gauche, aucun n'était fécondé, sauf le dernier trouvé des cinq rencontrés dans la trompe droite. M. Balbiani pense qu’ils avaient continué à avancer pendant Ja recherche dans les organes et que cet ovule avait été fécondé pendant cet examen même. Douze à quatorze heures après l’accouplement, la plupart des ovules sont déjà arrivés dans la partie moyenne des oviductes ; quinze à vingt heures après le coit, ces mêmes œufs sont généralement parvenus dans la partie antérieure des trompes, dans l’isthme, où ils s’entourent d'une couche épaisse d’albumine, ce qui ne se présente pas chez tous les animaux. Il y a des variations très grandes entre les différents ovules d’un même ovaire, entre les ovules des deux ovaires d'un même animal, et entre ceux d'ani- maux différents, variations comme on en rencontre très fréquemment dans les observations de ce genre et qui se présentent aussi dans des états plus ou moins avancés du développement embryonnaire. Le signe de la fécondation est la présence de spermatozoïdes plus ou moins nombreux dans la cavité de l’œuf. Presqu'aussitôt qu’on commerce à en apercevoir, on constate que le vitellus s'est éclairci à son centre, ce qui forme une couche périphérique opaque, granuleuse, où toutes les gra- uulations vitellines semblent s'être concentrées, tandis que le centre paraît clair. Bientôt, la couche périphérique se soulève en un point, sous forme de protubérance convexe, ou de verre de montre, protubérance formée par du protoplasma vitellin, substance homogène, hyaline, sans gra- aulations, douée de mouvements amiboides plus ou moins énergiques qui semblent comme la pétrir. Quelquefois même, MM. Balbiani et Henneguy ont vu la proéminence rentrer dans le vitellus pendant qu’on la dessinail. Cette protubérance paraît se former ordinairement vers le pôle où sont placés les globules polaires, au moins dans la majorité des cas. Mais il arrive assez souvent que les globules polaires se détachent, devien- nent mobiles et changent de place. — Qu'est-ce que cette protubérance 80 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. protoplasmique? — Sa formation a-t-elle quelque rapport avec la féconda- tion? — La chose est probable. — Peut-être est-elle l’homologue de ce que H. Fol appelle le cône d'exsudation dans l'Etoile de mer, prolongement qui, en se rétractant, entraine le spermatozoide dans le vitellus. « Nous avons commencé à voir les deux pronucleus sur des œufs extraits de l’oviducte douze heures après l’accouplement, dit M. Balbiani. Malheu- . sement, nous n’avons jamais assisté au début de l'apparition de ces deux noyaux. Nous ne pouvons donc pas savoir isi la description donnée par M. Van Beneden est exacte. Ils se présentent alors comme deux vésicules claires très fines, arrondies ; l’une est plus petite que l’autre, et toutes deux renferment des corpuscules réfringents, corpuscules qui varient de nombre, trois ou quatre, et même sept ou huit. C’est le plus gros pronucleus qui renferme le plus de corpuscules ou bien les plus volumineux. L'un mesure 16 v, l’autre 20 z, de diamètre. Ces deux vésicules ressemblent complète- ment à des noyaux de cellule. » À une phase un peu plus avancée, seize heures après la on les deux pronucleus s'étaient rapprochés et aplatis au centre de l'œuf. Mais nous n'avons pas assisté à leur fusion, fusion que E. Van Beneden n’a pas vue non plus, Car il ne sait pas s’il y a fusion réelle ou si lun des pronucléus, le mâle, absorbe l'autre, le femelle. Il est certain, toute-: fois, qu’au bout d’un certain temps il n’y à plus qu'un seul noyau, — par exemple, au bout de 17 heures. La différence de dimension entre les deux pronucleus est constante; — quel est le pronucleus mâle? — Nous n’avons pas assisté à sa formation, par conséquent nous ne Je savons pas, mais nous eroyons que c’est le petit. D’après Van Beneden, le noyau périphé- rique où mâle augmente tandis que le noyau central ou femelle, qui était le plus grus, diminue. » Ces faits, quelque incomplets qu’ils soient, confirment dans leurs par- ties essentielles les observations de E. Van Beneden, mais présentent quel- ques divergences. Nous ne sommes pas d’accord quant à la forme des deux pronucleus. D’après cet auteur, lé noyau périphérique seul serait toujours sphérique, le noyau central apparaîtrait d’abord comme une masse à sur- face bosselée, comme un noyau bourgeonnant, puis prenant la forme con- cave, l'aspect d’une petite calotte, tandis que nous les avons vus tous les deux complètement sphériques. Nos observations concordent surtout avec celles de Weil qui sont antérieures à celles de Van Beneden. Mais Weil ignorait la signification des éléments qu’il a observés. Il décrit deux corps sphériques placés au contact l’un de l’autre, au centre de l'œuf, et quil suppose résulter d’une division de Ja vésicule germinative. Je crois aussi que Hensen à observé, sans s’en douter, un des deux pronucleus. C’est cette figure dont nous avons déjà parlé, dans laquelle il représente un œuf fécondé, contenant des zoospermes, et montrant à l’intérieur du vitellus une tache claire avec noyau, tache dont il ne parle pas dans son texte; nous avons dit que Kôlliker qui a reproduit cette figure (fig. 148) a réparé JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 81 cette omission et a décrit, à tort, le noyau comme une vésicule germina- tive. C’est un des deux pronucleus. Mais le travail de Hensen est antérieur de plusieurs années à celui de E. Van Beneden. » XVII Dans le cours de nos études nous avons vu que la plupart des observa- tions ont été faites sur des œufs fécondés artificiellement. C’est, en effet, Ja méthode la plus facile, mais elle ne peut être appliquée, facilement du moins, que chez les animaux à fécondation extérieure, car ce n'est que chez eux que l’on peut mettre en contact, à un moment donné, les œufs 4 avec l'élément fécondateur. Mais chez les animaux à fécondation interne, où n’est jamais sûr du moment précis où s'établit le contact entre les élé- >! ments. On a bien cherché à opérer la fécondation extérieure de ces œufs, — nous reviendrons sur Ce sujet. Quant à la fécondation interne, tout le monde connait les expériences de Spallanzani qui, en 1780, injecta, avec une seringue chauffée à 30° R. (37°-38° C.), un gramme de sperme émis spontanément par un jeune Chien, dans les organes d’une chienne en cha- leur. Quarante-huit heures après, la chicnne, séquestrée, n’était plus en chaleur, et, :soixante-deux jours plus tard, elle mettait bas trois petits chiens ressemblant au père et à la mère. En 1782, Rossi, professeur à Pise, fit de deux jours en deux jours des injections semblables sur unc chienne en chaleur. La chaleur passa. — Vingt-six jours après la première injection, on reconnut que la chienne était pleine et soixante-deux jours après cette première injection elle mit bas quatre petits, trois mâles et une femelle, semblables au père et à la mère. La fécondation artificielle est donc parfaitement praticable et possible, même chez les Mammifères. Du reste, elle a ététentée sur l'espèce humaine pour remédier à des vices de conformation, soit du père, soit de la mère. Ces opérations ont été pratiquées par Sims, au moins six fois (1866) ; une fois, l'opération fut suivie de conception. Le procédé employé a été celui de la seringue chauffée. Mais laissons de côté ces faits qui sont plutôt du do- maine de la médecine et occupons-nous de ce qui est,'pour nous, beaucoup plus “intéressant, c’est-à-dire la fécondation en dehors du sein maternel. Schenck (Annales d’Embryogénie, 1878) a extrait des œufs à maturité de l’ovaire de Ja Chienne. Il admet comme caractère de la maturité,la facile désagrégation du disque proligère. Il place les plus gros follicules dans le liquide utérin et si au bout de quatre ou cinq heures ils se désagrégent, si le spermatozoide, par conséquent, peut s'y insinuer facilement, Schenck considère l'œuf comme mûr. Il pense que le caractère indiqué par Bischoff de la disposition radiée des cellules du disque n’est pas suflisant et que cette disposition existe déjà depuis longtemps. — Ce fait est-il exact ? — Sur des œufs ainsi traités, Schenck a vu, une demi-heure après,les granu- En 82 JOURNAL DE MICROCRAPHIE. lations vitellines se retirer de la surface de l’œuf, s’accumuler au centre et autour de la vésicule. Celle-ci prend un aspect dentelé sur ses bords. Placée sur la platine chauffée à 38°, elle change continuellement de forme avec des mouvements qui ne sont pas amiboides, selon Schenck, mais résultent des contractions du vitellus. Peu à peu, elle se raproche de la surface, arrive au contact de la membrane vitelline et déverse son con- tenu au dehors. Schenck dit avoir vu une trace de sillonnement indiquant le premier plan de segmentation. La vésicule, d’après cet auteur, forme- rait doac le premier globule polaire.— D'où provient le second ?--Schenck ne le dit pas. Il y a beaucoup à critiquer dans cette expérience et Bischoff n’y a pas manqué. En effet, Schenck n’a pas vu grand chose, car c’est là tout ce qu’il décrit et là dedans même il y a beaucoup à reprendre. Cette dispari- tion de la vésicule a été indiquée par tous les embryogénistes comme un caractère de maturation et un criterium qu’il a négligé puisqu'il a opéré sur des ovules munis de vésicule. Donc, ces phénomènes qu'il a entrevus ne peuvent pas être attribués à la fécondation puisqu'ils se passent dans l'ovaire sans fécondation. Le groupement des granulations est dans Île même cas : Pfluger, E. Van Beneden, etc., l’ont constaté comme phénomène de maturation. Quant au fait le plus important, la pénétration du sperma- tozoide et la conjugaison des nucleus, Schenck ne l’a pas vu. Le seul mé- rite de son expérience consiste done à représenter la première tentative faite pour appliquer aux Mammifères une méthode d'investigation qui a donné de si beaux résultats sur les animaux inférieurs. Nous pouvons espérer qu’elle portera de meilleurs fruits entre les mains des observa- teurs de l'avenir. (A suivre.) LA LANGUE DE L’ABEILLE. Un examen attentif de la langue de l’abeille, complété par une étude de la littérature relative à ce sujet, pénétrera le lecteur de ce fait que nous ne pouvons obtenir un progrès sérieux et ajouter à la somme de nos Connais- sances, si n0s conclusions ne sont pas fondées sur nos observations mêmes et indépendamment de toute influence de la parole du maître. Comme dans le cas présent, il arrive souvent que les opinions qui ont régné, pendant des années, sur des sujets que des observateurs compétents n'ont pas examinés, ne résultent, si l’on remonte à leur origine, que de travaux mal faits ou même ne sont que de simples suppositions. Une comparaison de la langue même de l’abeille avec les descriptions données dans les travaux des entomologistes et des microscopistes les plus célèbres, fournira un exemple de désaccord chez les docteurs, d’une part, et de l’autre, d’une confiance entière en l'autorité, exemple plus curieux qu'on n’en pourrait trouver en dehors des questions théologiques. oo JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 83 On pourrait natureliement croire que l'abeille est plus connue, mieux comprise en ce qui regarde ses habitudes et la structure de ses parties,que les autres insectes, en raison de sa valeur économique, de l’attention dont, pour cela même, elle a été l’objet depuis les âges les plus anciens ; on pourrait croire qu'aujourd'hui, un organe aussi important que cette langue, instrument d’un produit d’une valeur commerciale si notable, est entière- ment Connu dans sa constitution anatomique. En effet, la manière dont l'abeille prend sa nourriture et la nature des matériaux adaptés à ses besoin ne pouvaient rester longtemps douteuses. Le dernier travail sur ce sujet est de M. V. T. Chambers, qui a publié les résultats de quelques recherches dans le Journal of the Cincinnati Society of Natural History, sous le titre de : « Sur la langue (lingua) de’ quelques Hyménoptères. » Mes propres observations m'ont amené à des conclusions assez en désaccord avec celles de M. Chambers, et, comme je crois ma méthode de coupe, et d'examen de ces coupes, supérieure à celle qu’emploie cet auteur, je n'hésite pas à dire que ses dessins ne représentent pas la structure réelle de l’organe. Dans le cours de mes recherches, j'ai été amené à penser que les relations de la langue avec les autres organes de la bouche, ou avec la bouche elle-même et l'œsophage, mériteraient une étude attentive. Aussi en ferai-je plus tard l’objet d’un nouvel examen. Le présent mémoire se bornera simplement à l'étude de ce qu’on appelle la « langue. » Pour rappeler les vues des premiers écrivains, je ne puis mieux faire que de citer quelques passages de l'excellente contribution de M.Chambers, car il est lui-même familier avec la littérature de cette question. « Le D’ Carpenter, dit-il, — dont l'autorité en microscopie est reconnue sans rivale établit que la langue est un organe musculaire, bien que, long- temps avant, Réäumur ait déclaré qu’elle ne contient pas un simple muscle mais qu'elle est mise en mouvement par les muscles du mentum, auquel elle est en partie attachée, et par sa propre élasticité. Cuvier la dit aussi membraneuse et non musculaire. Hogg (Microscope), dit qu’elle est cylin- drique; Kirby et Spence la disent plate, tandis que Réaumur démontre, avec raison, qu'elle n’a exactement ni l’une ni l’autre de ces formes, mais se trouve à peu près entre les deux, Cuvier établit que les larves des abeilles se nourrissent de miel et de la farine fécondante des fleurs et.que l’insecte parfait vit aussi de miel... » « Savigny passe pour avoir été le premier à nier que la langue de l’abeille fût un tube suceur... On doute, cependant, qu’il regarde l'ouverture sous-labiale comme le passage à travers lequel la nourriture se rend à l'œsophage. » « Newport affirme que « les màchoires et le labium sont les seuls organes employés par les Apides pour se nourrir » ; et que, « chez les Apides vrais, qui vivent exclusivement de miel, les machoires s’allongent beaucoup et, avec le labium entre elles, forment un tube qui conduit les aliments jusqu’à à la bouche, chez l'abeille des ruches comme chez l'abeille sauvage. » [I £ | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. établit aussi que, « quand les mâchoires sont allongées pour former avec le labium un tube propre à sucer, elles sont un peu séparées à leur base et comprennent entre elles la cavité de la bouche dans laquelle se trouve un corps charnu, mou, la lingua, c’est-à-dire la véritable langue, située devant le pharvynx et lui servant comme de soupape. » Cet auteur déclare ensuite que le Jsbium est la partie employée par l'abeille, pour recueillir le miel. « Chez les Apis, Bombus et Anthophora, c’est un organe musculaire long et eflilé, formé d’un nombre immense de courtes divisions annulaires, et recouvert sur toute sa longueur de poils serrés, longs et érectiles.Il n’est pas tubulaire, mais plein. » Newport ajoute que « pour recueillir le miel, quand l'organe labial est plongé dans le miel au fond des fleurs, l’abeille Jappe par une succession continue de petites et vives extensions et con- tractions de l’organe ; ces mouvements accumulent le miel et le font monter le long de la surface supérieure de cet organe, » (pourquoi pas aussi le long de la surface inférieure?) « jusqu'à ce qu'il atteigne l’orifice du tube formé par le rapprochement des mâchoires en dessus, des palpes labiaux et de cette partie de la ligule, en dessous. À chaque contraction, une partie de la ligule, tendue, est ramenée dans l'orifice du tube, et le miel dont elle est imprégnée monte dans la cavité de la bouche, balayé de la surface de la ligule par la petite touffe de poils dont est garni le second article, allongé, des palpes labiaux. De la bouche, le miel passe à travers le pharynx dans l'æsophage par un simple acte de déglutition comme chez jies autres ani- Maux. » Burmeister, de son côté, établit que la langue est un instrument creux pour sucer, et que l'office de ce qu’on appelle estomac suceur ou estomac à miel est simplement de se gonfler comme un réceptacle pour l'air qui est entrainé dans le tube par l'acte de succion. D'autre part, Kirby et Spence, le D' Carpenter, Shuckard et plusieurs autres, déclarent ,au contraire,que la langue n’est point creuse du tout,et que l'insecte ne suce pas sa nourriture. Réaumur, tout en admettant qu’elle semble creuse, donne les raisons ( qui découlent d'observations d’abeilles mangeant du sirop sur un verre, et de diverses autres observations, mais nonde dissections) sur lesquelles il sefonde pour conclure qu’elle n’est pas creuse, et établit que si elle l’est, l'ouverture doit être trop petite pour servir de tube suceur. Avant ces observations, Réaumur, d'après Swammerdam, croyait que les abeilles se nourrissent par succion à travers la langue. Après quoi, lui et Shuckard pensèrent que le nectar s'élève le long de la surface externe du tube, à la faveur des poils dont elle est couverte, après avoir été lapé par la partie terminale même de ce tube, et qu'il s'élève jusqu'à ce qu'il atteigne « une sorte de canal » formé par le rapprochement, autour de la langue, des palpes labiaux paraglosses et des mâchoires, Kirby et Spence proposent d'appeler « les Hyménoptères, insectes « lapeurs » à cause de leur manière de se nourrir, pour les dis- tinguer des insectes suceurs et mandibulés. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 85 Les opinions de ces auteurs (1) paraissent avoir été généralement accep- tées, sans plus de recherches, par les écrivains postérieurs. L'Encyclopædia Britannica, nouvelle édition,qu’on peut supposer avoir réuni les notions les plus récentes et les plus authentiques sur ce sujet, dit : « Pour absorber les liquides, les abeilles, comme tous les insectes Hyménoptères, sont munies d'une trompe longue et flexible qu'on peut considérer comme un prolongement de la langue,quoique, pour parler exactement, ce soit la lèvre inférieure prolongée. Gette trompe n'est pas tubulaire, comme l'a supposé Swammerdam, mais entièrement solide, et la légère dépression à son ex- trémité n’est pas l'ouverlure d'un canal à travers lequel les liquides peu- vent être absorbés. La trompe de l'abeille remplit exactement l'office d’une langue, et non d’un tube suceur ; aussi, quand l’insecte recueille du miel ou un autre aliment fluide, la surface de dessous ou de dessus de la trompe est immédiatement appliquée sur l'aliment et s’y roule de côté et d’autre, de sorte que l’abeille lèche ce qui y adhère. » Réaumur, Savigny, Newport, Kirby et Spence, Carpenter, Huxley et Hunter, dans l’Encyclopædia Britannica, paraissent avoir adopté, en sub- stance, ces vues sur la structure et l’emploi de la langue ; et M. Chambers n’a certainement pas un mince mérite, d’avoir eu la hardiesse de s’aven- turer jusqu'à mettre en doute les conclusions de si éminentes auto- rités. Les organes de la bouche de l'abeille sont extrêmement complexes : ils consistent en un certain nombre de pièces disposées pour recueillir la nourriture,tant solide que liquide, et aussi pour bâtir et remplir les cellules de cire; le seul de ces organes, sur lequel il y ait quelque désaccord quant à la structure et l’usage, est cette pièce terminale diversement appe- lée lingua, labium; lèvre inférieure, langue ou trompe etc.; toute la question est de savoir si c'est un organe plein, fait pour laper, ou un organe tubulaire, propre à sucer les liquides. M. Chambers la décrit comme com- posée de trois parties ; l'une solide, sans couleur, tige tubulaire, considérée par quelques auteurs comme la vraie langue, et enfermée dans un fourreau de poils, dans lequel, de chaque côté de la tige,comme le n‘ontre son dessin de la coupe transversale, se trouve ce qu’il appelle le « sac membra- neux. » La partie pâle de l'organe tubulaire est représentée, dans sa figure, sous une forme triangulaire, mais ayant son angle inférieur arrondi ; juste dans cet angle est le canal circulaire qui s’étend dans toute la longueur de la tige. Dans ce tube, M. Chambers décrit «une fine garniture de poils délicats » ; mais il n’est pas entièrement convaincu que c’est la véritable interprétation de ce qu’on voit certainement. L'opinion de M. Chambers est, décidément, que la langue de l’abeille est un organe suceur. Le lecteur est maintenant assez au courant de l’état actuel de nos con- (1) Kirby et Spence, An Introduction Lo Entomology, 1838. 86 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. naissances sur ce sujet; aussi, vais-je donner les conclusions que j'ai tirées de mes recherches, et décrire les méthodes que.j'ai employées, de sorte qu’on pourra juger de la confiance qu’on peut accorder à mes résul- tats qui différent en quelques points de ceux qui ont été donnés jusqu'ici. Il m’a semblé que la seule méthode digne de confiance pour déterminer la structure de la langue serait d'obtenir des coupes transversales, extrê- mement minces, dans toute la longueur de la langue, coupes qu'on puisse examiner avec un grossissement suflisant. Mais la difficulté qui se présente vient de la nature composée de l'organe, de sorte que les méthodes ordinaires de coupe produisent des distorsions et des déplacements des parties de la coupe, ce qui rend ces procédés, jus- qu’à un certain point, impraticables. J'ai donc eu recours à l’artifice qui consiste à enrober l’organe dans une masse solide transparente, et au moyen duquel je puis facilement faire des coupes transversales sur toute la iongueur de la langue, coupes n’excédant pas -+- de pouce en épaisseur et dans lesquelles les parties coupées conservent leur forme normale et leur position relative, pour l’examen. Un grand avantage de cette méthode est qu'elle permet de faire, en peu de minutes, un nombre de coupes suflisant pour que leur comparaison élimine toute possibilité d'erreur d'interprétation. L'aspect de la langue de l’abeille depuis la bifurcation des palpes maxil- Jaires, jusqu’au sommet, laissant de côté les autres appendices, est repré- senté dans la PI. V, fig. 4. Elle consiste en un fourreau couvert de poils, ou labium, qui est chitineux mais entièrement fléxible, ayant une rainure dans la longueur de la paroi inférieure jusqu’à environ un quart de cette longueur depuis le sommet. Ce fourreau est couvert de poils extrêmement serrés et régulièrement disposés en rangées transversales. Ces poils sont courts et de forme triangulaire à la base de l’organe, longs et épineux vers le milieu, très minces et plus flexibles vers le sommet. Contenue dans cette gaine poilue, mais sans y être attachée, excepté près du sommet, est la tige incolore b. Cette tige peut facilement sortir de l'ouverture de la paroi du fourreau, comme le montre la fig. 4. Le sommet de la trompe se termine par un cône creux, ou entonnoir, faisant sans doute l’oflice d’un disque suçoir. | La tige incolore est membraneuse extrêmement élastique et peut s'élargir beaucoup par une faible pression, ou se dilater par les matières qu’elle contient ; il est probable que quelques auteurs lui ont donné le nom de « sac membraneux » après l’avoir vue dans ces conditions. En examinant plusieurs centoines de coupes, je n'ai pas trouvé un seul détail de structure en rapport avec la description du « sac membra- neux ». La tige n est pas tubulaire, comme l’a décrite M. Chambers, mais a une profonde rainure sur la paroi inférieure (fig. 3), et cette rainure fermée ———— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 87 par les bords repliés du fourreau poilu, présente l'apparence d’un canal circulaire, comme le montre en, e. la fig. 2. A la partie postérieure de la tige est une épaisse couche de muscles (fig. 3, b) servant à élargir et à contracter le canal (e) et à faire ainsi de la langue un organe de succion ; car il n'y a pas de doute que le canal peut être entièrement fermé ou largement distendu par ce muscle puissant. L’inexplicable présence des poils dans le canal e, observée par M. Cham- bers, sera facilement comprise à l'inspection de la fig. 2. dans laquelle on voit ces poils se projeter des bords du fourreau dans l'intérieur de celui-ci. Quand une coupe de la tige est séparée du fourreau poilu, elle présente l'aspect que montre la figure 3 ; mais cette forme diffère un peu en diffé- rentes parties de la tige : à peu près carrée de contour près du sommet, ses parois diminuent d'épaisseur pendant que le diamètre de la rainure (e) augmente vers la base. Far l'inspection de la fig. 2, qui représente une section transversale de la langue vers le milieu de sa longueur; on voit que les deux bords repliés du fourreau, qui se joignent en avant de la rainure de la tige, se pressent étroitement l’un contre l'autre ; leurs extrémités sont recouvertes de poils fins et pâles se recourbant gracieusement de chaque côté. La disposition de ces bords recourbés et repliés sera mieux comprise par l'inspection de la fig. 4, dans laquelle on représente les bords repliés, légèrement séparés, la tige incolore étant enlevée. M. Chambers représente comme entièrement vide l’espace occupé par les bords recourbés, tandis que les espaces réelle- ment vides, situés de chaque côté de la tige sont considérés par lui comme remplis par le « sac membraneux ». Les figures de la planche V ont étédessinées à l’aide dela chambreclaire, précisément comme elles ont été vues sous le microscope : la fig. 2 est exécutée sous un grossissement de 300 diamètres. Le canal e a donc en- viron —— de pouce en diamètre. Quant à la nourriture des abeilles et à la manière précise dont les ali- ments, tant fluides que solides, arrivent à l’œsophage, j'ajouterai seulement que mes conclusions, quant à la structure de la langue,prouvent que l’induc- tion de ceux quiont supposé que c'était « un organe solide propre à laper », est loin d’être vraie et que, d’un autre côté, il est démontré avec la plus grande évidence que ni le fourreau poilu, ni la tige ne sont des tubes. Mais pris ensemble, non seulement ils forment un tube, mais un organe su- ceur élastique et musculaire, parfaitement disposé pour s’imbiber des liquides. Il est assez curieux de voir que ces deux parties, qui forment ce tube, sont entièrement différentes, comme forme, des deux demi-cylindres qui consti- tuent la trompe des insectes Lépidoptères, mais l'unité de plan, dans les deux cas, est très apparente. Ilreste encore assurément beaucoup à apprendre par rapport à l'anatomie, non seulement de l'abeille mais de beaucoup d’autres insectes. Il faut 88 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. attendre, cependant, de meilleurs résultats des nouvelles méthodes d'examen que de la grande somme de patience qu'on a dépensée jusqu'à présent dans ces recherches (1). J.-D. Hyarr. Président de la Société de microscopie de New-York. EXPLICATION DE LA PLANCHE V. Dans toutes les figures la même lettre désigne la même partie. Fig. 1. Langue d'abeille, montrant la fente du bord inférieur du fourreau, avec une partie de la tige, qui en sort. a. Fourreau couvert de poils. b. Tige pâle. c. Cône creux. Eig. 2. Coupe transversale faite par le milieu de la langue. X 800. e. Rainure dans la tige pâle. [. Extrémités recourbées des bords repliés du fourreau. Fig. 3. Coupe de la tige pâle au-dessus de laquelle on voit le muscle b. Fig. 4. Fourreau poilu montrant comment les bords se replient. ÉTUDES SUR LES INSTRUMENTS ÉTRANGERS. DES APERTOMÈTRES. APERTOMÈTRE DU PROFESSEUR E. ABBE. On sait quelles interminables discussions se sont élevées en Angleterre et en Amérique non seulement sur l'importance, au point de vue pratique, de l'angle d'ouverture des objectifs, — question sur laquelle nous avons assez souvent donné notre avis et que nous n’avons pas à développer ici, — mais encore sur la mesure même de cet angle, mesure pour laquelle un grand nombre de procédés ont été proposés. — Tout le monde connaît, entre autres, la méthode dite « du triangle » de M. Wenham, méthode vivement attaquée ici même par le D: G.-E. Blackham. C'est précisément l’imperfection de toutes ces méthodes qui a conduit divers micrographes à construire des instruments spéciaux destinés à mesurer l’engle d'ouverture des objectifs non seulement dans l'air, mais dans les divers milieux employés en microscopie, l'eau, le verre (crown- glass), le baume du Canada, etc. Ces instruments portent le nom d’aper- tomèlres. | C’est de quelques-uns de ces instruments que nous voulons donner la description rapide. (1) Am, Q. Micr. J., mm JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 89 Toutes les personnes qui s’occupent de microscopie connaissent cet appa- reil ancien, consistant en un tube métallique de la longueur d’un tube ordinaire de microscope, tube qui est fixé sur une alidade. Ce tube peut tourner autour de l’une de ses extrémités comme centre, tandis que l’autre extrémité marche sur un cercle divisé. A l'extrémité du tube qui est placé au centre, on visse un objectif, L'autre extrémité, à tirage, reçoit un ocu- laire. On vise un objet placé à une distance fixe dans l’axe optique de l’in- strument. Puis on fait glisser l’alidade et le tube sur le cercie divisé d’un côté de l'axe aptique jusqu’à ce qu'on cesse de voir distinctement l'objet visé. Si l’objet cesse d'être distinctement visible quand le tube s’est incliné de 54° d'un côté de la première direction, il cesserait d’étre visible si lon inclinait le tube de 54° de l’autre côté, — l’angle d'ouverture de l'objectif est donc de 108°, — et le demi-angie = 54. Ce procédé, que l’on peut réaliser par bien des instruments différem- ment construits, donne donc la mesure de l’angle des objectifs dans l’air. C’est ce que les Anglais appellent le procédé du quadrant, en raison du quadrant divisé sur lequel on lit les angles. M. Tolles a construit jadis un de ces appareils, le premier à ce que nous croyons; - M. Bausch, de Ro- chester, en a construit un autre, un peu différent comme détails, identique comme principe, instrument que nous avons exposé en 1878. Mais si la mesure dans l’air fait question, c’est surtout la mesure dans les milieux autres que l’air, tels que le verre, le baume, etc. Aussi, dès 1873, M. Tolles construisait un autre appareil destiné à donner la mesure de l'ouverture dans le baume. Une plaque demi-cylindrique de crown-glass, semblable à la pièce K (V1. LV, fig. 3) est placée devant l'objectif monté sur un tube E. Le long de la face convexe, demi-cylindrique, de cette plaque glisse une lame de métal faisant fonction de diaphragme et d’index (comme la pièce b dans la figure 2). Au centre de la face plane de la plaque de crown, face taillée suivant l'axe du cylindre et faisant face à l'objectif, est collé un couvre- objet avec du baume du Canada. Alors, si l’on monte un objectif à l’extré- mité du. tube, devant la face plane de la plaque de crown et que l’on place une flamme, une bougie, par exemple, devant l’autre extrémité du tube, sans oculaire, après avoir déposé une goutte de glycérine entre la lentille frontale de l’objectif et la face plane de la plaque de crown, les rayons lumineux entreront dans le tube, traverseront l'objectif, l’immer- sion, le crown, le baume et iront peindre l’image de la flamme sur la face convexe de la plaque demi-cylindrique. En faisant glisser le diaphragme- index sur cette face on pourra établir la direction des rayons extrêmes qui traversent la plaque. L’angle de ces rayons extrêmes, de chaque côté, angle mesuré sur la plaque elle-même, dont le bord est divisé, donnera l’angle d'ouverture de l'objectif dans le milieu employé. On peut encore opérer avec un oculaire. On monte alors un objet, une dia- tomée, par exemple, dans le baume, sous le couvre-obiet fixé sur la face 3 90 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. plane de la plaque. On met le microscope au point. La direction des rayons les plus obliques avec lesquels la diatomée peut être résolue, direction mesurée encore avec le diaphragme-index, donnera l’angle d’ouverture. Le professeur Abbe a modifié l’apertomètre de Tolles et a construit un instrument qui a fait beaucoup de bruit, l'an dernier,en Allemagne et sur- tout en Angleterre, où M. Abbe est beaucoup plus prophète qu’en son pays. [l consiste aussi en une plaque de crown demi-cylindrique de 45 milli- mètres de rayon et de 12 millimètres d'épaisseur, représentée dans les figures 1 et 2 (PI. [V). Cette plaque est destinée à être placée sur la pla- tine d’un microscope vertical. La face plane postérieure est taillée obli- quement à 45°, et, au point a, situé sur l'axe du cylindre, on a collé un porte-objet argenté et opaque portant à son centre un petit espace non argenté et transparent, a. On comprend que si la plaque est placée hori- zontolement, un pinceau de lumière entrant par la face convexe ira se réfléchir verticalement sur la face oblique ; que tout pinceau vertical venant de haut en bas suivant l’axe, passant par l’ouverture à, ira se réfléchir au point milieu de la face oblique (point qui est précisément le centre de cour- bure) — et se réfléchira totalement dans l'intérieur du crown glass, pour sortir sans réfraction par la surface convexe, puisque les rayons qui le com- posent marchent comme les rayons de courbure et sont normaux à la sur- face de sortie. Et réciproquement, tous les rayons normaux à la surface convexe sui- vront la même marche, mais en sens inverse. De plus, le professeur Abbe monte sur le tirage du microscope,qui vise le point a, un oculaire formé d’une lentille achromatique convexe, d’un foyer convenable, et qui transforme le microscope en une lunette terrestre permettant de voir l’image, très petite et droite, des objets éloignés, à travers la plaque de crown, l'objectif et l'oculaire. Mesurant alors, avec les index b, les limites extrêmes du champ de la lunette, il obtient l’angle des rayons extrêmes qui entrent dans le demi-cylindre et pénètrent dans l’ob- jectif. Il est bien certain que, dans ce cas, il mesure l’angle des rayons extrêmes utiles, entrant dans l’objectif pour y former réellement une image, « image-forming rays », puisque c'est précisément les positions extrêmes des images qu’il mesure. C’est là l'avantage de son appareil. Mais à côté de cet avantage, il y a un inconvénient assez grand quil convient de signaler. Il faut que le point a soit établi d’une manière abso- lument précise et mathématique, afin que les rayons réfléchis sur la face oblique suivent rigoureusement les rayons de courbure. La moindre erreur quant à ce point amènerait des résultats tout à fait erronés pour la lecture des angles. La plaque de crown porte le long de son bord convexe deux échelles divisées, La division interne donne à partir du zéro, de chaque côté, la moitié de l’angle d'ouverture pour les objectifs à sec; la division interne JOURNAL DE MICROGRAPHIE, ù 91 —— ——_— ————_—_ —_—_—_ © donne ce que M. Abbe appelle l’ouverture numérique, ou équivalent numé- rique. L'ouverture numérique est le produit du sinus de la moitié de l'angle d'ouverture de l’objectif, multiplié par l indice de réfraction du milieu dans lequel cet angle est mesuré. - Soit w l’angle mesuré, n l'indice de réfraction du milieu, l'ouverture angulaire cherchée sera : æ = n Sin 1/2 w ou, si l’on représente ce demi-angle 1/2 w par v, æ—nsinv Prenons un exemple : supposons qu’on ait trouvé pour l'angle dans l’eau d'un objectif à immersion 111°30'. La moitié de cet angle étant 55°45' et l'indice de réfraction de l’eau étant 1,33, on aura la relation suivante pour l'équivalent numérique de l'objectif : x — 1,33 x sin 55°45' et, en remplaçant sin 55°45' par sa valeur d après la table des sinus, on trouve pour l’ouverture numérique en question, relative à l’eau x — 1,10 Telle est la forme des valeurs que le professeur Abbe substitue à l’oaverture angulaire telle que la comprenaient antérieurement les per- sonnes qui y comprenaient quelque chose, — (et elles ne sont pas absolu- ient nombreuses, il faut l’avouer, car il n’est guère de questions sur les- queiles on ait entassé plus de bourdes que sur celle-ci, faute, d’abord, de s'entendre sur le sens des mots, et, ensuite, faute de connaissances sufli- aotes en optique théorique). « L’équivalent numérique de l'ouverture angalaire, dit le professeur Abbe, dont la mesure détermine le nombre de rayons admis par l'objectif, est proportionnel non seulement au sinus de la moitié de l’angle d’ouver- ture, mais aussi à l’indice de réfraction respectif des milieux employés... et toutes les fonctions de l’angle d'ouverture, particulièrement le pouvoir résolvant de l’objectif, sont régies par l'équivalent numérique (1). » (1) Le pouvoir résolvant dans la lumière centrale est, d’après M. Abbe, exprimé par la re-ation : v.: À D — sin v dans laquelle D représente la distance entre les lignes d'un objet a très fines stries, v le demi- augle d'ouverture et À la longueur d'onde de la lumière employée. (1 Or, a = n Sin v, et SEP Er a étant l'équivalent numérique et n l’indice de réfraction du milieu. De sorte que la comparaison des pouvoirs résolvants de deux objectifs opérant dans le même milieu (# étant le même) cst exprimé par la relation : D: ARS PORT À nà- nà À sinv ‘ sin v! NET TRE Tr n D:D'=a':4a 99 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Et ailleurs : « Le rapport de l’ouverture numérique à 1 (lunité) exprime de combien le nombre de rayons admis dans l'objectif est plus grand que le nombre de rayons qui, dans l'air, rempliraient un hémisphère complet, autrement dit qui seraient admis par un objectif à sec imaginaire ayant . A80° d'ouverture. » Notre but n’est pas de discuter ici les idées du professeur Abbe, ni de traiter à fond la question de l'ouverture angulaire des objectifs, — nous y reviendrons un jour avec détails et tâcherons d’expliquer, sans trop d’x et de sinus, ce qui a rapport à cette dernière question; —pour le moment nous ne voulons que décrire les appareils dits apertomètres. Nous terminerons donc cet article en reprochant à la méthode de M. Abbe d’obliger l’opéra- teur à de continuels calculs pour transformer la lecture en degrés de l’angle d'ouverture, afin d'obtenir l'ouverture numérique dans l'air, dans l’eau, dans la baume, etc. De plus, les divisions de son échelle sont tracées de telle sorte que par exemple la distance entre les chiffres 4,16 et 1,15, qui avoisinent les divi- sions les plus élevées, correspondent,en supposant l'indice du crown=1,525, x des demi-ouvertures de 46°3° et 48°56/, qui constituent une différence de 5°46' pour les ouvertures entières. Des indications plus élevées correspondraient à des différences angu- laires plus grandes encore, et il n'y a pas moyen de mesurer les chiffres correspondants à des ouvertures intermédiaires, on ne peut que les esti- mer. Enfin, l'opérateur n’a aucun moyen de contrôle quant à l’exactitude de la division tracée par le constructeur. I! doit l'accepter comme exacte. Nous étudierons, dans un prochain article, l’apertomètre universel, du. professeur H.-L. Smith. (PI. IV, fig. 4.) D' J. PELLETAN. CORRESPONDANCE LE POLARIMÈTRE HOFMANN. Paris, 15 février 1881. Mon cher monsieur, Dans un numéro précédent de votre intéressant journal, vous avez donné une description fort exacte de la modification que j'ai apportée à mon polarimètre à franges pour le transformer à volonté en polarimètre à pénombres. Permettez-moi d'appeler aujourd'hui votre attention sur quel- ques détails de construction et quelques perfectionnements nouveaux que j'ai apportés à mon instrument. J'ai eu pour but de répondre aux nom- —— JOURNAL DE MICROGRAPBIE. 93 breuses demandes que j'ai reçues des raffineurs, brasseurs et autres indus- triels qui ont besoin d’un modèle spécial à ces sortes d'analyses. Il s'agit cette fois d’un instrument d'un modèle un peu plus petit que le polarimètre de laboratoire dont vous avez donné la description. Il est a B Li d Fig. 2. — Pelarimétre du D' J.-G. Hofmann modèle industriel), À, corps de l'instrument, chambre noire ; — B, tube contenant le polariseur ; — C, pièce moletée mouvant le polari- seur ; — D, lunette et analyseur ; — E, oculaire ; — F, bouton moleté mouvant le cercle divisé; — G, loupe pour lire les divisions ; — H, pièce portant la lame de bichromate ; — J, levier mesurant les mouvements du polariseur. | : a,b,c,d,e,f, coupe schématique de l'instrument — a, c, lunette visant les lames de quartz d;— e, polariseur ; — f, lentille pour rassembler la lumière {C’est par erreur que l’analyseur best placé entre l'oculaire a et l'objectif c de la lunerte, à] doit être placé après l'objectif. disposé pour admettre un tube de 220", au lieu de 300, et représenté dans la figure 2 qui accompagne cette lettre. Le cercle divisé est un peu plus petit et, sur ce nouveau modèle, j'ai —— — — ———— ———— —— — —— ———— 94 JOURNAL DE MICROGRAPHIF. rétabli, pour plus de simplicité, la division que j'avais adoptée primiti- vement, division en degrés avec un double vernier permettant de lire les dixièmes de degré à droite et à gauche. L'instrument est disposé de telle sorte qu'il peut se replier sans qu’on ait besoin de le démonter pour le renfermer dans sa boîte; celle-ci peut être ainsi beaucoup moins volumineuse et moins encombrante. [l en résulte, d'autre part, que le polarimètre n'étant pas démonté est toujours prêt pour l'usage. Ea revanche, toutes les pièces constituant la lunette, l'appareil analy- seur, l'appareil polariseur et ses accessoires peuvent se démonter à volonté afin de permettre de les nettoyer plus facilement. D'ailleurs, j'ai réduit la partie optique à sa plus simple expression, n'uti- lisant ni prisme biréfringent ni Nicol coupé, pour produire les deux images, tels que les emploiént d’autres constructeurs, mais mon polariseur, dont vous avez parlé dans votre dernier article,mis en rapport avee une lame de quartz à teintes sensibles, afin d'éviter le plus possible l'absorption de lumière que produirait la trop grande multiplicité des verres d'optique. Dans la pratique des observations, il est utile que l’on puisse admettre dans l'appareil plus ou moins de lumière, c'est ce qui m’a décidé à adopter la disposition suivante. En C se trouve une pièce à bords moletés, tournant autour de son axe, d’une certaine quantité dans un sens et dans l’autre. Cette pièce agit sur le polariseur contenu dans le tube B et permet de le manœuvrer de manière à donner plus ou moins delumière. Elle porte, d’ailleurs, un levier J terminé par un secteur de cercle divisé. Celui-ci se meut avec elle et ses divisions passent devant un index fixe, pour douner, en degrés, la mesure de l'angle décrit par le polariseur. : En H figure une douille portée par un excentrique,qui peut s’abaisser en C, devant l'ouverture de l'instrument. Cette douille porte une lame de bi- chromate destinée à rendre la lumière plus monochromatique. En réalité, je n'emploie plus le bichromate, mais une composition vitri- fiable particulière qui remplit exactement le rôle optique du bichromate, avec cet avantage que l'on peut facilement en obtenir des lames à faces pa- rallèles de dimensions relativement considérables, et qui, de plus, ne s'altèrent ni par la chaleur ni par l'humidité. Je n’ai pas à vous décrire ici la chambre A dans laquelle se place le tube contenant le liquide à expérimenter, ct j'en viens tout de suite à voussigna- ler quelques modifications dans les parties antérieures de lPinstrument.J’ai supprimé le petit miroir que j'avais placé en G pour éclairer les divisions du cercle. En effet, ces divisions étant, par un nouveau perfectionnement, tracées en blanc sur an fond noir, et tracées avec une substance qui ne ternit ni ne jaunit jamais — ces divisions, dis-je, sont toujours faciles à distinguer. Ce qu'il faut surtout constater d’une manière nette, c’est la coïncidence des divisions du vernier avec celles du cercle, ce à quoi une JOURNAL DE MICROGRAPHIE. aÿ loupe est beaucoup plus utile qu'un miroir, d'autant plus que l'instrument est destiné à être employé dans une chambre noire et braqué sur une flamme non éclairante. C’est pourquoi j'ai remplacé le miroir par une loupe G facile à mettre au point et douée d’un léger mouvement de latéralité pour faciliter la recherche des divisions coincidentes. Enfin, pour assurer l'exactitude des observations, il est d'usage de répéter chacune d’elles à quatre positions à 90° et j'ai tenu à ce que cette 7 Fig. 3. — Lampe à gaz du D' J.-G,. Hofmann, pour le polarimètre. opération restât possible avec mon instrument. Pour cela, il faut faire tourner le cercle, par le bouton F,.de 90°, puis de 180», et enfin de 270°, — et répéter l'observation à chacune de ces positions. La manœuvre du bouton F peut, dans ce cas, paraître un peu longue et fatigante pour l'opé- rateur comme pour l'instrument, aussi,pour parer à cet inconvénient, j’ai disposé ce bouton de telle sorte qu’en le tirant sur son axe, il se désem- braye et l’on peut faire tourner rapidement, à la main, le cercle divisé jusque dans le voisinage de la position recherchée. On repousse alors le bouton dans la crémaillère pour obtenir la manœuvre de précision, 956 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « Telles sont, mon cher Monsieur, les principales modifications à mon instrument que je crois devoir vous signaler. Permettez-moi, toutefois, d'ajouter quelques mots relativement à la lampe ou brûleur que j'ai cons- truit l’année dernière et dont j'ai changé la forme. | La figure 3 représente la première de ces formes et la figure 4 la nou- velle ; il vous est facile de comparer l’une à l’autre. Le gaz est amené par un tube en caoutchouc à une tubulure inférieure et l’on peut en admettre, modérer ou arrêter l’arrivée par le robinet B. En D est un collier moleté qui permet de faire tourner sur lui-même le manchon entourant le bec du Fig. 4, — Lampe à gaz du D' J.-G. Hofmann (second modèle), pour le polarimètre. A, cheminée ; — B, robinet d'arrivée du gaz; — C, porte-cuiller ; — D, virole moletée pour régler la flamme. brûleur et de masquer ou démasquer plus ou moins l’ouverture par laquelle: l'air arrive à la flamme ce qui permet de régler celle-ci, commme dans le brûleur de Bunsen. La tige C porte la cuiller dans laquelle est placé le chlorure de sodium. Cette cuiller n'est pas en toile métallique, disposition qui laisse fuser, à travers les mailles, le chlorure fondu et salit tous les appareils. Elle a la forme d’un petit creuset en platine qui peut s'élever ou s’abaisser dans sa monture, tourner sur son axe, de côté et d'autre, de manière à venir se placer dans la partie de la flamme la plus favorable, ou bien à s'en éloi- gner complètement. Enfin, la flamme est recouverte d'une cheminée en tôle noircie percée JOURNAL DE MICROGRAPHIE. OT d'une fenêtre dans laquelle on fait arriver la partie éclairante de la flamme et que l’on vise avec le polarimètre. Cette cheminée garantit les yeux de l'observateur contre la lumière aveuglante de la lampe en même temps qu’elle rend la flamme moins tremblottante et par conséquent moins fati- gante. J'ai cru utile, mon cher Monsieur ,de vous faire connaître les modifica- tions que j'ai introduites dans ce nouveau modèle, parce que j'ai vu trop souvent que l’on a cherché à imiter, ou copier même, les dispositions que j'ai inventées, et dont j'ai le légitime désir de m'assurer la propriété. Recevez, je vous prie, mon cher Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments. D'J. G. Hormanx. Sur un procédé de coloration des Infusoires et des éléments anatomique, pendant la vie On sait depuis longtemps que les Infusoires et les Rhizopodes peuvent ingérer les particules colorées en suspension dans l’eau où ils vivent. M. Ranvier a même fait absorber des granules colorés par les cellules lymphaliques de la Grenouille, que l’on suit alors plus facilement dans leur migration à travers Iles parois des vaisseaux capillaires (1). Parmi les Infusoires ciliés, les Opalines, les Haptophrya et autre Infusoires parasites privés de toute ouverture buccale sont les seuls à qui l’on ne puisse faire avaler des particules de carmin ou d’indigo. Dans toutes ces expériences, on n’emploie que des corps inertes. Il y a ingestion; il n’y a ni digestion, ni assimilation. Les solutions colorées dans lesquelles il y a, sinon combinaison chimique, du moins fusion intime entre la matière colorante et le liquide, en d’autres ter- mes les teintures, sont ou ne sont pas toxiques pour les Infusoires et les éléments anatomiques (2); mais, dans tous les cas, les cellules ne se colorent jamais qu'après la mort. Des expériences poursuivies depuis près d’un an m'ont permis de constater qu'il y avait tout au moins une exception à cette règle générale. Placés dans une solution faible de bleu de quinoléine ou cyanine (3), les Infu- "soires que j'ai eus à ma disposition se colorent en bleu pâle (4) et peuvent conti- nuer à vivre vingt-quatre et même trente-six heures. A forte dose, la solution est immédiatement toxique. Il était intéressant de rechercher si les éléments anatomiques, et notamment le cellules lymphatiques, se comportaient comme les Infusoires vis-à-vis de la (4) L. Ranvier, Traité technique d'Histologie p.165 et 611. (2) L. Banvier, loc, cit., p. 172 et 237. (3) Le bleu de quinoléine se dissout imparfaitement dans l’eau, mais très suffisamment cependant pour faire ces expériences. (4) Cette coloration, très visible à la lumière du jour, s’observe difficilement : à la lumière artificielle lorsqu'il s’agit d'objets très petits et très minces. 58 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ccyanine. Les résultats de cetle expérience, assez difficile à réaliser (4), ont été concluants. Après vingt-quatre heures” de séjour dans une chambre humide, les globules blancs du sang de la Grenouille, teintés par la cyanine, présentent des mouvements amiboïdes qui ont pu être suivis et dessinés à la chambre claire de quart d'heure en quart d'heure. Bien.entendu on ne peut, dans cette expérience, faire usage d’une solution aqueuse. J'ai eu recours au sérum qui, mieux que l’eau, dissout la cyanine. J'ai renouvelé cette expérience sur les épithéliums à cils vibratiles de l'Huître, de la Moule et de la Grenouille; mais je dois constater qu'elle a échoué soit avec l’eau, soit avec le sérum cyanique. Dans les [nfusoires (2) qui, à raison de leur taille et de leur structure, se prêtent mieux à l'observation que les globules lymphatiques de la Grenouille, on reconnaît que la coloration se concentre sur les granulations graisseuses du protoplasma. Elle est très faible, pour ne pas dire nulle, dans les expansions sarcodiques, dans les cils vibratiles, la cuticule et les vacuoles contractiles. Le noyau et le nucléole y échappent plus complètement encore. IL devient dès lors facile de suivre sur l'animal vivant, en voie de scissiparité, les phénomènes de la division du noyau (3), tels que M. Balbiani les a décrits il y a près de vingt ans (4). Le bleu de quinoléine est un des meilleurs réactifs de la matière grasse. Les réactions diverses qu'il produit dans la méme cellule sont donc une nouvelle preuve à l'appui de la diversité de composition chimique du protoplasma cellu- laire et du protoplasma nucléaire que M. Balbiani avait signalée il y a déjà longtemps, en étudiant l’action du carmin sur le noyau des Znfusoires (5). Certaines espèces, les Chilodons, les Opalines, se colorent plus fortement et résistent plus longtemps que d’autres à l’action de la cyanine. En général, les Infusoires intoxiqués par ce réactif sont pris d’une sorte de tremblement. Ils se mettent à tourner sur leur axe ; puis leurs mouvements se ralentissent, ce qui facilite l'étude de certaines espèces dont l’agilité fait le désespoir des observa- teurs. Les vacuoles contractiles cesseut de fonctionner régulièrement el atteignent des dimensions anormaies. Les animalcules se gonfient; ils deviennen comme hydropiques. Tantôt il se produit des expansions sarcodiques incolores ; plus souvent la cuticule se distend outre mesure sous la pression des liquides accumulés, non colorés, pendant que le protoplasma, chargé de gra- nulations bleu foncé, se rétracte de toutes parts et se condense autour du noyau jaunûtre où incolore. À cette période de l’empoisonnement, les cils vibratiles con- servent encore leurs mouvements ; mais bientôt la mort survient. Tels sont, sur le vivant, les phénomènes que l’on observe le plus fréquemment à la suile de l'action prolongée de la solution aqueuse de cyanine. Les réactions de cette substance sur les tissus des animalcules tués diffèrent (1) L'observation d'éléments aussi petits est fort délicate Pour reconnaitre la coloration, il faut se servir de faibles grossissements, tandis que les mouvements amiboïdes ne peuvent Ctre bien suivis qu'avec de forts grossissements. f (2) Ces observations ont été faites principalement sur les Paramecies Aurelia, les Chilodons et les Opalines. Ces derniers Infusoires, on le sait, sont dépourvus d'ouverture buccale et par suite n'absorbent jamais de particules colorées, ce qui rend encore plus probant la colo- ration par la cyanine. (3) Pour observer les phénomènes de la division du noyau et du nucléole, il faut légére- ment comprimer les Infusoires je n'ai pas encore eu occasion de répéter ces observations sur les Infusoires en voie de conjugaison. (4) Journal de Physiologie ,'T WW, p. 61-87 ; 1860. () Re herchrs sur les plénemènts sexuels des Infusoires ; note, p. 27 ; 1861. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 99 de celles qui viennent d’être décrites, surtont lorsque l’on emploie la solution alcoolique. La mort, même sans action préalable de réactifs, paraît avoir modifié la composition chimique du protoplasma. Certains éléments, et quelquefois le noyau lui-même, se colorent en violet, ce qui confirme les observations de M, Ranvier sur les effets du bleu de quinoléine (1). Parfois, dans ia mème prépa- ration, des individus de même essèce présentent des colorations qui varient du bleu gris au bleu foncé, au vert, au violet et même au rouge. IL ne m'a pas été pos- sible, jusqu'à présent, de déterminer exactement les conditions de ces phénomènes bizarres qui, tout au moins pour les Infusoires conservés dans la glycérine, sont bientôt suivis d’une décoloration générale. Comme l'acide osmique et le sérum iodé, dont j'ai préconisé l'emploi pour l'étude et la préparation des [nfusoires (2), la solution alcoolique de cyanine (alcool au 1/3) fixe dans leur formeun grand nombre d'espèces. En résumé, d'après les observations qui précèdent, l'introduction du blcu de quinoléine dans la technique des Infusoires constitue un précieux moyen d'études des phénomènes intimes de la vie cellulaire normale ou pathologique. Il décèle dans le protoplasma extra-nucléaire la présence de matières grasses qui font défaut dans les noyaux et dans les nucléoles. Enfin, il permet d'affirmer que si la cellule vivante est, en général, impénétrable aux réactifs colorants, cette règle comporte cependant un certain nombre d’exceptions. Si ces conclusions sont suffisamment justifiées par les faits, comme je l’es- père, la Physiologie paraît appelée, comme l'Histologie, à faire son profit des procédés de coloration des tissus vivants (3). A. CERTES. OBSERVATIONS COMPLÉMENTAIRES. Dans la Note qui précède, j'exprimais le regret de n'avoir pu expérimenter le bleu quinoléine sur des Infusoires en voie de conjugaison. Depuis lors j'ai eu à ma disposition des Paramécies Aurelia conjuguées,et j'ai pu combler cette lacune. Dans Iles individus légèrement comprimés et préalablement placés dans la solution de cyanine (4), les nucléoles se découvrent assez facilement. On y re- trouve, à de forts grossissements, les plaques équatoriales cet les fuscaux striés si souvent décrits dans ces derniers temps par les auteurs qui ont observé les phénomènes de la division cellulaire chez les animaux ou les végétaux. Dans ses Recherches sur les phénomènes sexuels des Infusoires, M. Balbiani avait déjà signalé, non sans rencontrer quelques contradicteurs, l'existence des siriations nucléolaires et des plaques équatoriales (3). Je n'ai pas l’intention d'examiner si l'interprélalion alors donnée par l’éminent professeur est à l'abri dela (1) Trailé technique d’Histologie, p. 11 2. (2) Cf Compt s rendus, séances des 3 mars 1879, 12 janvier et 1 & juin 1889. (3) Sar les indications obligeautes de M. le Dr Henneguy, je suis arrivé à colorer des Infu- soires vivants avec le brun d'aniline dit brun Bismarck. (21 février i8s1). Des préparations d'Infusoires vivants colorés par le bleu de quinoléine et le run Bismarck ont été placées suus les yeux des membres de la Société zoologique de France, à la séance da 22 février 1581. (4) Je n'ai pas Calculé maihénatiquement le titre de ja solution que j'emploie, mais j'estime qu'ilne passe pas un vingt-cinq-millième (55:53). (5) Cf., loc, cit., PI. VIT, fig. 5 et 6, b ; fig. 12 L. M. et N. 400 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. critique : on sait que M. Balbiani voyait des spermatozoïdes dans les bâtonnets des. nucléoles. Il me suffira d’insister sur ce point que, désormais, les phénomènes décrits par lui peuvent être observés sur le vivant, à l'aide de la cyanine. Je ferai également remarquer que, dès 1861, le savant français signalait, chez les Infu- soires conjugués, ces curieuses figures nucléolaires présentées comme des nou- veautés, à une époque toute récente, par des observateurs étrangers. J'ajouterai aux détails que j'ai déjà donnés sur les réactions de la cyanine, que la cellulose, comme le cartilage, se colore en violet. Les préparations d’Al- gues, de Diatomées et cn général de cellules végétales, présentent des détails fort intéressants. On retrouve la coloration violette de la cellulose dans les carapaces siliceuses des Diatomées, dont les globules huileux prennent une teinte- bleuâtre. Malheureusement ces colorations variées disparaissent rapidement sous. l'action de la glycérine. » ]ly aura certainement des renseignements à tirer, pour la Physiologie géné- rale, de ces réactions de la cyanine sur les végétaux (1). A. C. 8 mars 1881. ÉTUDES DES COUPES DE DIATOMÉES OBSERVÉES DANS DES LAMES MINCES DE LA ROCHE DE NYKJOBING (JUTLAND) (2). De tous temps, les diatomographes ont débattu la question de la forme des. sculptures qu'on observe à la surface des diatomées et jusqu'à ce jour ils ne sont pas parvenus, du moins, pour cerlaines espèces, à dire si ces sculptures se pré- sentent sous forme de saillies, de creux ou de perforations. L'image de ses sculptures est en outre voilée par des phénomènes d’interférence et de diffraction variant de toutes manières suivant la nature de la lumière ct la façon dont on l’emploie. Il suffit de rappeler le classique Pleurosigma angulatum avec son triple système de lignes, se résolvant, avec un bon objectif et un éclai- rage convenable, en des rangées de perles suivant les uns, ou de dépressions. circulaires suivant les autres. On a aussi appliqué la photomicrographie à l'étude des diatomées et les magnifiques résultats obtenus par le D' Woodward semblaient devoir clore le: débat. Certaines parties des frustules de diatomées (Pleurosigma ang., par exem- ple),photographiées, à plusieurs milliers de diamètres, nous montrent nettement de petites élévations hémisphériques alignées sur la surface de la carapace siliceuse. Par contre, il ressort d’une note du D" Kaiser, analysée par M. Rutot dans le Bul- letin du 30 octobre dernier, que M. Gunther, de Berlin, a obtenu des épreuves photographiques du. Pleurosigma ang. à 5900 diam., montrant nettement des ouvertures circulaires traversant l'épaisseur de la valve. … Vers l’époque où la note du D' Kaiser parvenait à la Société, je vevais de rece- voir de M. E. Mauler plusieurs fragments d’une roche diatomifère recueillie à Nykjôbing (Jutland). Cette roche est à peu près de même dureté que le calcaire et présente des strates dues à la superposition de couches minces. Je pensais que le (1) Comptes Rendus de l'Ac. des Sc. (2) Bull. de la Soc. Lelge de Micr. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 101 . plus grand nombre des frustules reposaient parallèlement à ces couches. Par conséquent, les sections normales aux strates devaient me donner des coupes dans les diatomées et me permettre de voir la forme des sculptures de la surface des valves. Je comptais aussi par ce moyen, voir en nature les coupes théoriques don- nées par M. J. Deby, dans son excellent travail sur les apparences microscopiques des diatumées (1). L'examen des lames minces a confirmé ma prévision, mais, n'ayant jamais éludié spécifiquement les diatomées, j'ai borsé cette étude à l’examen de trois espèces dont M. le D' H. Van Heurck a eu l’obligeance de me donner les noms et quelques délails sur leurs sculptures. Ce sont: Coscinodixus oculus Zridis, Trinacria Regina Heib et Coscinodiscus excentricus. Lorsqu'on traite la roche de Nykjôbing par l'acide chlorbydrique elle se dissout, en majeure partie, avec effervescence, donne une gelée abondante et laisse un résidu argileux contenant les diatomées. Parmi ces dernières les trois espèces mentionnées ci-dessus, notamment le Coscinodiscusoculus Zridis, sont très abondantes. Le polissage de la roche se fait par les moyens habituels ; mais il faut doucir convenablement 13 face qui sera collée la première afin de pouvoir amincir la plaque le plus possible. Il est préférable d'éviter Le transport de la lame mince sur uu porte-objet propre, car elle est excessivement friable et il suffit souvent de l’applicatien du verre couvreur pour tout désagréger. Dans mes premières préparations il ne m'était pas possible de voir convena- blement certains détails, surtout la superposition des connectifs. Les bords du frustule semblaient se fondre avec lés plages calcaires avoisinantes, ou bien une inpureté venait se placer justement à un endroit intéressant à observer. Dans la suile, j'ai écarté ces inconvénients en faisant subir à la iame polie un traitement à l'acide chlorhydrique. On doit employer pour ce lavage de l'acide de plus en plus fort, puis bien nettoyer et sécher la préparation avant de la monter au baume dissous dans uae essence ou du chloroforme. L’emploï du baume au chloro- furme offre plusieurs inconvénients. Il dissout le baume solide qui maintenait la lame sur le porte-objet et, comme tout le ciment calcaire a disparu, la préparation sé fragmente lorsqu'on la recouvre du verre couvreur. Il devient donc impossible de presser convenablement le verre couvreur contre la préparation et par suite d'employer des objectifs puissants. Il y a là des difficultés que résoudront sans doute ceux qui se servent habitucllement du baume dissous. Dans la lame mince convenablement achevée, on aperçoit les diatomées sectionnées en tous sens. Ces coupes présentent parfois l’aspect le plus bizarre el il est assez difficile de prime abord de les rapporter à l’espèce à laquelle ils” appartiennent. On fera donc bien de se graver dans l’esprit la forme des prinei- pales espèces en les examinant dans des préparations montées avec le résidu de la roche attaquée à l'acide chlorhydrique et contenant les frustules entiers. Voici en quelque mots le caractère de chacune des espèces que j'ai examinées . el l'aspect des coupes. Le Coscinodiscus oculus Iridis sc présente sous la forme d’un disque d’environ (1) Annales de la Soc. belge de microscopie t. V, p. 159. —Je me suis servi du travail de M. Deby comme guide et j'y ai trouvé l'explication de plusieurs faits. Entre autres des obser- valions au sujet de l'accroissement des connectifs, leur absence dans les jeunes frustules, l'aspect des coupes de diatomées en voie de déduplication, etc. 102 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 0,24 à 0,99mn de diamètre en moyenne. La surface des valves est couverte d’un dessin réticulé, résultant de la superposilion de deux couches. Une première couche (supérieure) formée de cavités hexagonales, ressemblant aux alvéoles d’un gâteau de miel, et une seconde couche (inférieure) composée de petites aréoles en relief suivant les uns, en creux suivant les autres, venant se p'acer chacune au centre d'un des alvéoles hexagonaux. Comme les micrographes l'ont reconnu, et cela se voit nettement sur les épreuves photographiques, ce disque n’est pas plat. Entre le centre et la circon- férence s'étend une zone anaulaire plus profnde que ces deux parties. Cette zone manque de netteté, alors que la partie centrale et le bord du frustule appa- raissent avec tous leurs détails. Aussi une coupe, très oblique, passant par le diarnètre du frustule, ne donne pas une ligne droite; mais une ligne ondulée, indiquant des plans différents (fig. 4. PL.VI). Comme toutes les parties én relief sont plus entamées que les parties profondes, il ressort de l’examen de la coupe que la partie centrale et le bord de la diatoméc sont plus élevés que la partie intermédiaire marquée sur le dessin par des hachures. La ligne ondulée 4 a représentera done une section normale théorique, passant par le centre de ia valve. De même la ligne 4 b représentera la coupe prise en b bet la ligne 1 c la coupe suivant c €. Mais pour pouvoir calculer la hauteur de ces renflements, il faudrait connaître l'inclinaison de la valve sur le plan secteur, ou bien être certain que telle coupe représente une section normale de la diatomée. On verra plus loin que la seconde de ces conditions peut être facilement établie, Les coupes de diatomées correspondent bien aux sections théoriques que je viens d'indiquer, et il suffira de montrer leur concordance avec celles-ci. La fig. 2 a représente une coupe un peu oblique, prise dans le centre du frustule et suivant la ligne aa fig. 1. La fig. 2 b est une coupe moins oblique que la précé- dente, prise suivant bb fig. 1, et la fig. 2 c est une coupe normale suivant la ligne ccfgs AL. La fig. 7 représente également une coupe normale, prise dans le diamètre du frustule. En effet, les lignes parallèles, traversant l'épaisseur de la valve, cor- respondent aux alvéoles hexagonaux de la couche supérieure, et ne sont autre chose que la section longitudinale de ces alvéoles. La présence de ces traits net- tement marqués indiquera donc toujours que l’on se trouve en présence d’une coupe normale, ou du moins dont l’obliquité ne dépasse pas le diamètre d'un alvéole. Ces canalicules hexagonaux se continuent jusque contre la seconde cou- che, et celle-ci apparaît dans la coupe sous forme de deux lignes parallèles, exces- sivement fines, visibles seulement sous de forts grossissements (fig. 8). Les aréoles de la couche inférieure apparaissent dans ce double trait sous forme de points brillants. Toutes ces coupes nous montrent nettement l’un des connectifs recouvrant l'autre, et Les dessins reproduisent bien les différentes coupes théoriques repré- senltées dans le travail de M. Deby. Ces connectifs sont lisses et ne possèdent pas d'ouvertures. Quelquefois un second bord siliceux vient s'ajouter au connectif ; il est séparé de ce dernier par un trait foncé (fig. ? c). La fi. 3 représente la diatomée en voie de déduplication. La coupe est prise environ entre aa et bb (fig. 1), et un peu obliquement. Contre la face interne de chaque valve, £e trouve une valve nouvelle. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 193 Les fig. 7 el 8 nous montrent aussi des différences notables dans l'épaisseur de certaines parties de la valve. La partie bombée du centre a euviron 0,005 d'épaisseur. Le renflement du bord de la valve, mesuré dans sa plus grande épais- seur, a environ 0,009 à 0,010, à partir de ce point, il va en diminuant vers les bords et se termine par une bande connective d'environ 0,002 mm. d'épaisseur. On trouve souvent dans l’intérieur des frustules de petits cristaux jaunâtres, groupés autour d'un axe central placé obliquement et reliant les valves entre elles (fig. 2 c, 7 et 43). Ils polarisent fortement la lumière et sont insolubles dans les acides. L’axe central seul disparaît sous l’action du dissolvant, comme le reste du calcaire,les cristaux se séparent alors par petits groupes sans se dissoudre. Ils appartiennent sans doute à la silice. Voyons maintenant le parti à tirer de ces coupes pour fixer la nature des sculp- tures. Une seclion très oblique entamant successivement les deux couches composant - la valve nous permettra d'étudier séparément ces deux couches. La fig. 44 repré- sente une de ces coupes correspondant à la partie comprise entre les deux traits de la fig. 2 a. La fig. 42 nous en montre les détails fortement agrandis. Dans cette dernière figure on voit les alvéoles hexagonaux, de plus en plus entamés, disparaître complètement et laisser à nu la couche inférieurs: avec les aréoles, qui sont des perforations, ainsi que M. Stephenson l'avait déjà dit (4). Du reste, si on avait affaire à de petites élévations, elles ne pourraient échapper à l'observation dans des coupes exactement normales, comme celles des fig. 2 cet7. La véritable forme des dessins composant les deux couches peut aussi être déterminée sans le secours des coupes. On rencontre assez souvent, dans les pré- parations montées avec les diatomées recueillies par dissolution de la roche, des valves qui sont en quelque sorte clivées et dont la couche supérieure est en par- tieenlevée, laissant à nu la couche inférieure. La couche supérieure examinée seule ne présente plus qu’un réseau à mailles hexagonales. La couche inférieure mon- tre une surface plane traversée par des ouvertures circutaires ainsi qu’on peut s’en assurer par l'éclairage oblique. Si la préparation n’est pas sèche, il suffit de presser sur le verre couvreur à l'endroit ou se trouve la valve pour fendiller celle-ci et permettre l’examen de la cassure. Les bords de la cassure présentent l’aspect de la coupe fig. 12. Quant aux petits points ou cercles figurés à la surface des prétendues élévations, par certains auteurs, ils sont dus à des effets de diffraction, qui disparaissent lorsqu'on étudie une aréole ouverte. On peut observer les mêmes phénomènes sur le Trinacria Reginu, quoique moins nettement, les ouvertures de celui-ci ‘ant plus grandes. Dans son ouvrage, Le Microscope, M. Pelletan a donné le schéma d’un hexagone du Coscinodiscus oculus Zridis et sur chacun des angles de celui-ci il figure un petit tubercule hémisphérique. Ils sont aus-i indiqués dans les coupes. Je les crois produits par l'élévation, en ces endroits, des parois de l’alvéole (fig. 6). Le Trinacria Regina, Heib. a la forme d'une petite boîte triangulaire, équilaté- rale, d'environ 0,15 mm. de côté. Chaque valve est légèrement bombée vers l’in- térieur et son pourtour est muni d’un rebord d'environ 0,03, se terminant à chaque angle par une pointe d'environ 0,065 Toute la valve est parsemée de (:) Cité par M, Pelletan dans son ouvrage : Le Microscope. 104 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. petites ouvertures circulaires (fig. 40). La présence des ouvertures est évidente dans la cassure qui offre le même aspect que celle du Coscinodiscus (fig. 19). Je n’ai pu voir si cette espèce possède une bande connective. Elle fait toujours défaut dans les valves recueillies après dissolution de la roche et dans les coupes. Il m'a été impossible aussi de voir nettement comment deux valves se superposent. Cependant, il semble résulter de certaines coupes que les pointes seules se tou- chent, laissant ainsi un espace assez considérable entre les rebords Ceriaines coupes montrent aussi 3 ou 4 frustules accolés ; les intervalles entre les bords des valves composant chaque frustule étant égaux, on est porté à admettre que les pointes seulcs arrivent en contact. La fig. 43 donne la coupe normale prise dans un frustule du Trinacria. La sec- tion passe à peu près dans le sens du trait fig. 10. L’épaisseur de la valve au centre est de 0,008 et va en diminuant vers les bords ; la valve inférieure montre le bombement vers l'intérieur, et les rebords sont vus fuyant vers l’un des angles. Les deux valves sont réunies par une de ces cristallisations siliceuses déjà mentionnées. Toute l’épaisseur des, valves est traversée par des lignes paral- lèles produites par la section des canalicules correspondant aux ouvertures. Le Coscinodiscus excentricus est une diatomée circulaire beaucoup plus petite que le Coscinodiscus oculus Zridis ; elle mesure 0,06 de diamètre eu moyenne. A sa surface on remarque des petites aréoles qui m'ont paru rondes avec le plus fort grossissement dont je disposais (1000 diam.) Ces ponctuations rappellent par leur disposition le guillochage d’une montre. Les valves sont fortement convexes, ainsi qu'on le voit très bien dans les coupes (fig. 11). La valve à environ 0,005 d'épaisseur au centre et va en diminuant vers les bords, où elle se termine par un connectif lisse plus épais que celui du Coscinodiscus oculus Zridis. Chaque eonnectif a environ 0,014 de largeur. L’écartement de deux valves, mesuré exté-. rieurementet au centre, est de 0,03. Pendant la déduplication il se forme deux nou- velles valves contre les anciennes pour constituer plus tard avec chacune de celles-ci un nouveau frustule (fig. 9) (1). Il est beaucoup plus dificile de fixer la nature des scupliures qui se trouvent à la surface de cette petite diatomée, l'examen de la cassure ne se faisant que très difficilement à cause de la petitesse des aréoles.Il est plus probable que ces pone- tuations sont dues à des ouvertures, puisqu'ici encore les coupes nous montrent les petites lignes parallèles résultant de la section de canalicules (fig. 9 et 41). Dans les coupes obliques, où la valve est entamée en biseau (fig. 5), on voit les aréoles sur Loute l’épaisseur de la valve. La coupe représentée fig. 14 m'a permis de déterminer approximativement l'épaisseur de la lame mince qui la contient.Le polissage ayant enlevé les valves sur les deux faces de la lame mince, les connectifs seuls sont restés emboîtés l’un dans l’autre sous forme de deux cercles conceutriques. Les connectifs de cette diatomée sont toujours complètement rentrés l’un dans l’autre (fig. 11) et leur largeur ne dépasse pas 0,014 mm. en moyenne. Ce chiffre exprime donc le maxi- mum d'épaisseur de la préparation. (1) Cette figure représente des valves légèrement écartées rar suite du fractionnement de la préparation . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 105 Il ressort de cette étude que les valves du Coscinodiscus oculus Jridis, sont tra- versées par de petites ouvertures, indiquées dans les coupes par des traits paral- lèles, et surtout par les bords de la cassure de la couche inférieure. Dans le Trinacria la présence des ouvertures est aussi attestée, par la cassure et par les sections longitudinales des canalicules correspondant à ces ouverlures. Le Coscinosdicus excentricus enfin, n’a pas donné des résultats aussi positifs, à cause de sa petitesse. 11 semble cependant ressortir de certains détails, visibles dans les coupes, que les ponctuations de la surface se comportent comme celles des deux autres espèces.La difficulté pourra être levée en appliquant de très forts grossissements à l’étude des coupes de cette diatomée. La description sommaire des coupes de ces trois espèces suffira sans doute pour indiquer aux diatomistes l'utilité d’une méthode qui leur permettra d’examiner . plus en détail l’objet de leurs études. Cette méthode est aussi applicable aux diatomées vivantes.En les englobant dans un ciment,on pourra obtenir des coupes à l’aide desquelles on parviendra peut-être à résoudre certaines difficultés et à connaître plus complètement la structure de ces intéressants organismes (1). Je me fais un devoir de remercier M. E. Mauler pour les matériaux qu'il m'a envoyés. C’est au soin qu'il a apporté dans le choix d'échantillons particulièrement riches en diatomées que je dois le résultat de mes recherches. Mon ami, M.E. de Munck, a bien voulu mettre son talent à ma disposition pour graver la planche jointe à cette notice. Je saisis cette occasion pour le remercier bien cordialement. W. PRINz. EXPLICATION DE LA PLANCHE VI. Fig. 1. — Valve de Coscinodiscus oculus Tridis sectionnée obliquement, montrant sur le bord les différentes ondulations de la valve. Les hachures indiquent la partie annulaire en contre-bas. Fig. 4a, 1b, Ac. — Coupes théoriques (suivant aa, bb et cc (fig. 1.) Fig. 24, — Coupe légèrement oblique (suivant aa, fig. 1) d’un frustule du Cosci- nodiscus oculus Zrdts. Fig. 2b. — Coupe de la même diatomée prise suivant bb, fig. 1. Fig, 2e. — Coupe normale de la mème diatomée (prise suivant cc, fig 1). A l’ex- trémité de chaque bande connective est venu s'ajouter un second anneau de silice. A l’intérieur du frustule se trouve du calcaire et une cristallisation sili- ceuse. Fig. 3. — La même diatomée en voie de déduplication (coupe prise entre aa et bb, fig. 1). (2) J'ai fait quelques essais avee des frustules de P'eurosigma Ang., mélangés à un ciment composé d'oxyde de zinc et de silicate de potasse. Cette pâte a servi à M. Thouiet pour la con- fection de lames minces des minéraux en grains (Bull.de la Soc. minéralogique de France,noy. 1879). Ce ciment se polit très bien ; mais on ne peut l’amincir suffisamment. De plus, j'avais employé trop peu de diatomées pour obtenir un bon résultat. Peut-être serait-il préférable d'employer des pâtes cuites ou même des verres très fusibles. Certaines roches crayeuses diatomifères et le guano,durcis par l’ébullition dans le baume de Canada ou le copal,m’ont aussi donné des coupes de diatomées, quoiqu’en beaucoup moindre quantité et moins belles que celles de la roche de Nykjôbing. ER 106 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Fig. 4. — Connectifs emboîtés du Coscinodiscus excentricus. La surface des deux valves a été enlevée par le polissage. Fig: 5. — Section diagonale de la même diatomée. Une partie des valves est restée adhérente à chaque connectif. Fig, 6. — Partie de la fig. 8 fortement agrandie, montrant la section des s REG hexagonaux. Au centre de chacune de celles-ci on voit une ouverture circulaire _de la couche inférieure. Fig. 7. — Coupe normale du Coscinodiscus oculus Zridis montrant les différents niveaux de la surface et l'épaisseur variable des valves. Cristallisations siliceuses. Fig. 8. — Même coupe que la précédente, mais d’un individu sans connectifs. Fig. 9. — Coscinodiscus excentricus en voie de déduplication. Coupe normale. Les valves sont un peu écartées par suite du fractionnement de la préparation. Fig. 40 — Trinacria regina, Heib. Fig. 41. — Coupe normale dans un frustule du Coscinodiscus excentricus . Fig. 42. — Détails de la fig. 14 fortement agrandie. La cassure du bord supé- rieur montre que les aréoles sont des ouvertures. (Le diamètre des ouvertures est un peu trop faible dans ce dessin.) Fig. 143. — Coupe presque normale du Zrinacria pris à peu près dans le sens du trait fig. 40. Fig. 44. — Coupe du Coscinodiscus oculus Tridis comprise entre les deux traits fig. 2 a. Les couches formant la valve sont successivement entamées et présentent l'aspect de la fig. 12 (1). DE L'EMBRYOLOGIE ET DE SES RAPPORTS AVEC L'ANTHROPOLOGIE (|). (Suite.) IL. \ En disant que l’Anthropologie est l'histoire naturelle de l'homme, nous pensons, comme Broca, comprendre dans celte définition toutes les études particulières qui se groupent aujourd’hui dans l'enseignement de l'Ecole d'anthropologie. Si en effet l’histoire naturelle des fourmis ou des abeilles, par exemple, comprend non seulement le classement, l’anatomie, la physiologie de ces animaux, mais encore la discription de leurs mœurs, de leurs instincts, de leur vie sociale et de leurs rapports avec les autres animaux, de même, l’histoire naturelle de l’homme ne saurait se borner à une étude de chassification et d'anatomie, mais doit com- prendre, comme précédemment, et d’une manière indéfiniment plus complexe, les questions relatives à l'intelligence, au langage, à la vie sociale, et, de plus que précédemment, les questions relatives à l’histoire de l'humanité (histoire propre- ment dite ettemps préhistoriques). Pour répondre à des objets d'étude si divers, on a pu diviser l’anthropologie en disant qu’elle étudie successivement l’homme dans ses détails, dans son ensemble et dans ses rapports avec les autres animaux. (1) Annales de la Société belge de Microscopie. (1) Leçon d'ouverture du Cours d’Anthropologie anatomique. Pal JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 407 _ Étudier l'homme dans ses détails : c’est passer en revue les caractères de cha- que race ou type en les examinant au point de vue anatomique, linguistique, aussi bien qu’au point de vue de la statistique, cette physiologie des peuples et des corps sociaux, comme la définissait Broca, et au point de vue de l'archéologie. : Etudier l'homme dans son ensemble : c'est, encore à l’aide de l'anatomie, de la linguistique, de la statistique, de l’archéologie, examiner les rapports des diffé- rents groupes humains, les résultats produits par les croisements entre types divers, les variations produites par les conditions de milieu, par les mélanges de races, etc.; c’est, de plus, et ainsi s'explique la nécessité d’un enseignement d’an- thropologie médicale ou de pathologie comparée, examiner les aptitudes particu- lières des races à contracter certaines maladies, les immunités qu’elles présentent pour d’autres, ainsi que les modifications desquelles résulte l’acclimatement des individus ou groupes d'individus transplantés loin de leur sol natal. Enfin étudier l’homme dans ses rapports avec les autres animaux, c’est chercher à déterminer, à l’aide des données anatomiques, la place de l’homme dans l'échelle animale. C’est sur ce dernier point de vuc que nous alions devoir insister, ei c’est ici que nous allons voir intervenir les données emprumtées à l’embryologie. L'homme occupe incontestablement le degré le plus élevé de l’échelle animale : mais, quand on a voulu définir la distance qui sépare ce degré de celui placé immédiatement au-dessous de lui, l'accord a cessé entre les philosophes aussi bien qu'entre les zoologistes, et les manières de sentir les plus diverses se sont produites. Nous disons : manières de sentir ; car dans toutes les expressions exagérées des opinions en présence il y a plus de sentiment que de rigueur scientifique. C’est qu'ici l’homme, ayant à déterminer sa place, se trouvait à la fois juge et partie : inquiété du voisinage en apparence humiliant des singes, il n’a pas toujours voulu se contenter d’être le premier des animaux, il a voulu se considérer comme un animal à part, hors rang, d’une nature particulière. Comme ces empereurs romains qui, non contents d’être, en puissance et en honneurs, les premiers des humains, se faisaient d’une nature supérieure à celle des autres hommes, se proclamaient dieux, l’homme à son tour.n’a plus voulu appartenir au règne animal ; à côté du règne minéral, du règne végétal, du règne animal, et au-dessus, il a proclamé le règne humain. Mais pour continuer la comparaison, de même que l’eselave antique, chargé de suivre le char du triomphateur, devait le rappeler à sa réalité humaine (memento te hominem esse), de même l’anthro- pologie anatomique vient rappeler l’homme à sa réalité animale, et, en lui assi- gnant sa place au sommet de l’échelle des êtres,mesurer Ja valeur réelle du degré qui le sépare de ses voisins sous-jacents. C’est ce qu’a fait, d’une manière singulière- ment magistrale, Broca, dans son célèbre Parallèle de l’homme et des singes,ouvrage trop connu de tous pour qu'il soit nécessaire d’en rappeler les points principaux autrement qu'afin de montrer comment l’embryologie va intervenir à son tour et porter un nouvel appui aux démonstrations purement anatomiques. En abordant l’ensemble du monde organisé on le divise d’abord en deux règnes : le règne végétal et le règne animal ; en laissant de côté le règne humain, dont la conception est tirée de données autres que celles de l’anatomie, l’homme appar- tient sans conteste au règne animal ; c'est également sans conteste qu’en divi- sant ce règne en cmbranchements des vertébrés et des invertébrés, l’homme est placé dans l’embranchement des verétébrés ;qu’en divisant ceux-ci en classes des mam- mifères, des oiseaux, des poissons, etc., l’homme appartient à la classe des mam- EE 108 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. mifères ; que si dans les mammifères, on distingue deux sous-classes, celle des monodelphes et celle des didelphes, c’est à la sous-classe des monodelphes que se rattache l’homme. Mais lorsqu'il s’agit de diviser les monodelphes en ordres, autant on est d'accord pour distinguer l’ordre des cétacés, des rongeurs, des rumi- nants, des carnassiers, etc., autant on se trouve partagés d'avis lorsque, arrivés aux mammifères les plus élevés, les singes et l’homme, il s’agit de tracer pour eux les divisions ordinales. Les différences qui séparent l'homme des singes : sont-elles assez considérables (toujours et uniquement au point de vue anato- nique) pour qu’on doivent en faire deux ordres à part, l’ordre des bimanes compre- nant l’homme, et l’ordre des quadrumanes comprenant les singes ? Ou bien ces caractères sont-ils d’une valeur inférieure à celle des caractères ordinaux, tout au plus égaux à ceux qni servent à subdiviser la famille des quadrumanes, de sorte qu’il y a lieu de réunir les bimanes et les quadrumanes en un seul ordre désigné sous le nom de primates el subdivisé en familles ? Ce sont les preuves anatomiques, plaidant en faveur de cette dernière interprétation, que Broca à accu- mulées avec tant de force dans son mémoire sur l'Ordre des pr imates ou parallèle de l’homme et des singes. (A suivre.) D' MaTHIAS DuvAL, Prof. à la Faculté de Médecine de Paris. BOITES DE RÉACTIFS HISTO-CHIMIQUES Contenant SEIZE flacons : Carmin ammoniacal. Bleu d’aniline. Picrocarminate d'amm. (Ranvier). Acide acétique. Hematoxyline (Bæhm.) Acide picrique. Eosine hématoxylique (J. Rensut. ) Glycérine formique. Vert de méthyle acétique (Balbiani). Chlorure d'or et de pot. (1 p. 200). Purpurine (Ranvier). Nitrate d'argent (1 p. 300). r Rouge d’aniline. Alcool au tiers. Violet de méthyle (Koch). Essence de girofles., Prix : 25 fr., au laboratoire du D" J. PELLETAN, 3, rue Lallier, Paris. 2 La Méthode au ID DECIEA EE consiste à employer | L'ACIDE PHÉNIQUE vour 1a Curation des MALADIES A FERMENTS ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : d'Acide Phénique pur et blanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). SIROPS Sulfo-Phénique (Maladies de Peau, Catarrhes, Pituites, Rhumatismes, etc.) et Iodo-Phénique (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, etc.) INJECTIONS Phénate d'Ammoniaque (Fièvres graves, Grippe, Variole, Croup, Choléra, etc.). Huile de Morue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). GLYCO-PHÉNIQUE (Brûlures, Plaies, Maladies de Peau, Granulations, Toilette, ete.) : Afr. 50. CHASSAING, GUÉNON & Cie, 6, Avenue Victorla, PARIS SE EE M VON: I. EE PANNE. LUTTE LIL LR NUE CU UN . Bruxelles. — Imp. et lith. PARENT et C'. LE GÉRANT : E. PROUT. x: sit LT + mL Cinquième année. Na Mars 1881. mcm 1 JOURNAL DE HICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le Dr J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires ; les Protozoaires (suile), leçons faites au Collège de France par le prof. BALBIAN. — Promenades le long d'un ruis- seau ; le monde microscopique des eaux douces, par le Dr J. PELLETAN. — La fécondation chez les Vertébrés {fin}, leçons faites au Collège de France par le prof. BALBIANt. — Gbser- vations relatives aux phénomènes de l'absorption chez les organismes inférieurs, par M. SiropoT. — Pucerons attaqués par un Champignon, par MM. Max. Cornu et Cu. BRON- GNIART. — Bibliographie des Diatomées (fin), par M. F. Hapirsaaw, complétée par le Dr J. PELLETAN. — De l’embryologie et de ses rapports avec l'anthropologie (swile), par le professeur MATHIAS DuvAL. — Avis civers. PANUEE Tous nos lecteurs, à Ce que nous pensons, connaissent ce petit artifice, que sans doute ils ont employé maintes fois, pour faciliter la résolution de certains tests ou pour en rendre, au moins, l'image plus nette, artifice qui consiste à placer sous la préparation ou sur l’oculaire un morceau de verre bleu. M. E. Mauler, de Travers, que tous les diatomistes connaissent bien, vient de réaliser ce double artifice d'une manière bien plus pratique, bien plus commode, en même temps que bien plus parfaite. En effet, il nous a adressé récemment des préparations de Diatomées iuontées sous ou sur verre bleu, suivant le résultat que l’on recherche. Car M. Mauler se propose un double but: 1° rendre l’image plus nette en monochromatisant la lumière qui arrive à l'objectif après avoir éclairé l’ob- jet. Dans ce cas, le couvre-objet seul est en verre bleu, et il a pour effet de iendre l’image plus correcte et de débrouiller, pour ainsi dire, la résolution souvent confuse quand on emploie des objectifs dont l’aberration chroma- tique est mal corrigée. Il paraît que les opticiens allemands en construisent volontiers de cet acabit. Ainsi M. Mauler nous écrit : « Selon la qualité plus ou moins parfaite des objectifs, il y a plus on * Inoins d'avantage à utiliser les covers bleus ; ainsi avec un objectif 5 de : 2 ———— TT ——————— —————.—" — * APT Pr JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ! à: » Seibert, qui me donne passablement d’irisation, le résultat est surprenant, » tandis qu'avec un 7 d'Hartnack, l'effet est à peine sensible, parce que » cet objectif 7 est fort bien corrigé. » | Cela est parfaitement exact. Dans le second cas, et pour faciliter la résolution des tests difficiles, il faut que la lumière arrive, monochromatisée, à l’objet. C’est ce qu’on réa- lisait autrefois en employant la lumière solaire qu’on faisait passer à travers une dissolution de sulfate de cuivre ammoniaçal. Nousdisons « autrefois », car à notre connaissance, On n'emploie plus guère aujourd’hui ce procédé peu commode, la plupart des objectifs sérieux résolvant maintenant les tests les plus difliciles à la lumière ordinaire du jour et même des lampes. Dans ce cas, M. Mauler monte ses Diatomées sur des porte-objets en verre bleu, ou mieux encore sur des porte-objets en verre blanc sur lesquels il a collé une lamelle bleue formant le fond de la cellule. Ce système remplace avan- tageusement la cuve de sulfate de cuivre, et nous avons pu constater, sur une préparation de Surirella gemma qu’il a bien voulu nous adresser, que la résolution est très facile, mais, naturellement, avec une lumière très vive, en raison de la teinte assez foncée du porte-objet, quand celui-ci est en verre bleu. En somme, l’idée de M. E. Mauler est heureuse et nous pensons qu’elle est appelée à rendre d'importants services. *% %k % Le Bulletin scientifique du Nord (février) contient un deuxième fragment bioicgique, du professeur A. Giard. Il s’agit cette fois de deux ennemis de l'ostréiculture, une Eponge, le Cliona celata et une Annélide, le Leucodora sanguinea: qui creuse des galeries sous la nacre de la coquille. Quant au Bulletin de la Société belge de Microscopie, il nous donne le compte rendu de la séance du 28 février, laquelle a été presqu’en entier remplie par lexpédition d’affaires intérieures, par exemple, la nomination: de M. Errera en qualité de secrétaire, en remplacement de M. F. Cornet, démissionnaire, et l'élection de M. Delogne, le diatomiste connu, comme bibliothécaire conservateur. Le Tijdschrift der Nederlandsche Dierkundige Vereeniging (Bulletin de la Suciété Nécrlandaise de Zoologie) de Leyde (V° Partie), nous apporte plusieurs mémoires intéressants que nous devons signaler : Contribulion à la con- naissance du système uro-génital des Reptiles, par M. J. W. Van Wijhe, accompagnée de très bonnes figures ; il s'agit d'une espèce du genre Trionyæ (Chéloniens). — Contribution à la connaissance des Annélides des côtes de Hollande, par le D' R. Horst; cette étude porte sur les larves de l'Arenicola piscatorum, du Phyllodoce lamelligera et d’une Nerine ; — Sur quelques espèces nouvelles ou insufjisamment connues de Nématodes ter- / | # A PAIE © JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 413 restres, par le D' J. G. de Man : ce sont les Monohystera paludicola, Chro- madora Orleji, et les Trilobus gracilis et Tr. pellucidus, de Bastian, dont le premier devient pour M. de Man, Trilobus pellucidus et le second Tr. lep- tosoma; — Sur le Leucandra aspera, avec des observations particulières sur le système des canaux des Éponges, par le D' G.-C.-3. Wosmaer. (Ces deux derniers mémoires sont écrits en allemand, les premiers en hollan- dais.) L'American journai of Microscopy nous apporte une note de M. J. Green sur la Recherche des objets microscopiques, un article du D' Eph. Cutter sur PAsthmatos ciliaris, infusoire cilié qui, selon le D' Salisbury, produirait le Coryza, mais qui ne nous paraît être que des cellules épithéliales vibra- tiles de la muqueuse nasale, détachées et entrainées par le mucus. Puis, nous trouvons une note du D’ Bardeen sur la confection des cellules de cire et un long travail du D' C.-A. Stokes sur les différentes manières de construire Les cellules à culture (« growing-cells »). L'auteur nous paraît bien aller chercher un peu midi à quatorze heures, comme on dit, et tout le monde a certainement inventé une ou plusieurs espèces de cellules per- mettant de suivre plus ou moins longtemps le développement d’un orga- nisme, — néanmoins, nous reproduirons le travail, intéressant, du D' Stokes. Dans une note sur le montage des alques marines, le Rév. J.-D. King, tout en reconnaissant que les liquides de Goadby et de Ralfs conservent les algues, fait remarquer qu ils n’en garantissent pas la couleur; il pense que le meilleur est celui dont le D' Munson, d’Otisco, a donné la formule : hydrate de chloral, 0 gr. 75; eau, 60 gr. + Le Dr Th. Deecke, médecin de l’Asile de l’état de New-York pour les aliénés, à Utica, vient de publier dans l'American Journal of Insanity — (ne pas traduire par : « Journal americain des insanités ») — un mémoire relatif à des modifications qu'il pense avoir reconnues, sur les cellules ner- veuses de l'écorce grise du cerveau, dans le délire aigu, et qu’il compare à celles signalées dans la folie aiguë et dans la dtciee, Il discute l'opinion des auteurs-qui pensent que les phénomènes du délire, de la folie aiguë, ne sont que fonctionnels, qu'associés à quelque trouble grave dans la nutri- tion, peut-être à quelques altérations matérielles dans le système vascu- laire, ils ne sont liés à aucune altération visible de . structure des éléments nerveux eux-mêmes. La première altération dans les cellules de la substance corticale grise du cerveau, est l'apparition, sur le corps de la cellule, d’une couche granu- leuse vague, d'apparence graisseuse qu'on peut attribuer à une combustion locale ou oxydation défectueuse, par suite d’un apport insuffisant, aux or- 414 : JOURNAL DE MICROGRAPHIE. RE — —— — ganes en question, de sang oxygéné ou artériel. Cet état, dit l’auteur, se présente si souvent dans le délire et dans la foliefaiguë qu’il n’hésite pas à y voir un caractère pathologique de l'affection. À des phases plus avancées | de la maladie, la structure des cellules est attaquée et finalement presque complètement détruite, et l'auteur décrit longuement les altérations qu'il constate. Ce qui nous surprend le plus dans ce travail, ce n'est pas les résultats auxquels arrive le D' Th. Deecke, c’est surtout la méthode d'observation qu'il emploie. Il se sert de coupes fraîches qu'il examine dans la glycérine diluée, sans autre pression que celle exercée par le poids du cover; quelquefois il les imbibe d’une solution de carmin. Toutes les personnes qui se sont occupées de l’étude du système nerveux central sa vent combien il est difiicile de l’examiner à l’état frais et ont pu constater que les prépa- rations faites sur des pièces durcies, notamment par un très long séjour dans l'acide chromique faible, sont à peu près les'seules qui se prêtent à l'étude microscopique, surtout à l’aide d'objectifs permettant de constater la nature du contenu des cellules nerveuses. Aussi, nous pensons que M. Th. Deecke aurait avantage à modifier ses procédés d'observation, difii- ciles d’abord, et ensuite très fertiles en erreurs. L'American naturalist de mars contient la suite du travail de M. J.-W. Fewkes sur les Siphonophores et en particulier sur l'anatomie et le déve- loppement de l'Agalma; — puis un article de M. A.-J. Cook sur les rap- ports de l’apiculture avec la science, — rapports qui, à notre avis, sont intimes, car l'apiculture telle qu'elle est aujourd’hui pratiquée, — mal- heureusement, et comme c’est l'habitude, moins dans notre routinière France que dans tous les autres pays du monde, — est absolument etuni- quement fondée sur l’histoire naturelle de l’abeille et la connaissance, de ses modes de reproduction, telles que les ont établies les travaux”des Dzierzon, des Berlepsch et de quelques autres naturalistes apiculteurs. Plus loin, nous trouvons une note du professeur C.-V. Riley sur le Phyl- loxéra et les lois qui ont pour but d'empêcher son introduction dans les pays qu'il n’a pas encore envahis. Nous publierons cette intéressante lettre dans notre prochain numéro — parallèlement à une seconde, adressée de Montpellier à M. J.-B. Dumas, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, par M. G. Mayet qui vient de récolter en abondance les œufs d'hiver aux environs de Montpellier. %k *k %* À propos du Phylloxéra, nous avons reçu de M. le D' Ad. Blankenhorn, directeur et fondateur de l’Institut Œnologique, à Karlsruhe, avec prière de l’insérer, un document que nos lecteurs trouveront dans le prochain numéro. ] =.” —— _ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 4145 M. le D: Blankenhorn, sur l’œuvre très intéressante de qui nous publie- rons prochainement un article spécial, s'est consacré à l'étude du Phyllo- xéra et poursuit, par tous les movens possibles, la vulgarisation, d'abord, des notions nécessaires pour reconnaître sa présence alors quil est encore temps de le combattre eflicacement, c’est-à-dire au début des invasions, pes et ensuite des movens de le détruire, moyens que l’on peut classer en artificiels et en naturels. Les moyens artificiels consistent à employer les produits insecticides, comme le sulfocarbonate de potasse, et les moyens naturels, à favoriser le développement des ennemis du Phylloyéra. Ces ennemis sont assez nombreux, et les expériences du D' Blankenhorn tendent à démontrer qu'ils peuvent faire une guerre heureuse au puceron dévastateur. Pour atteindre son but,le directeur de l’fnstitut OEnologique de Karlsruhe a composé des collections diverses, notamment des collections de prépa- rations microscopiques fort intéressantes, qu’il nous à chargé d’intro- duire en France, préparations dont nos lecteurs trouveront le catalogue dans le prochain numéro et qu’ils pourront se procurer dès à présent à notre laboratoire. Ç ; | D' F. PELLETAN. DRANE AUX = OR G I NA U X PSI SIT IT TT TT DES ORGANISMES UNICELLULATRES LES PROTOZOAIRES Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANi (Suite) (1) Il Nous commencerons l'histoire des phénomènes de reproduction chez les Protozoaires par celle des êtres formant la première classe inscrite sur notre tableau (voir page T0), celle des Znfusoires ciliés, et ce qui nous dé- termine dans ce choix, c’est que, de tous les Protozoaires, ce sont ceux qui, par certains de leurs modes de reproduction, présentent le plus de ressemblance avec les cellules ordinaires. La plupart des phénomènes qui se passent à ce moment ont pour siège des parties semblables à des noyaux de cellule, et ces phénomènes eux-mêmes sont très analogues à ce qui se produit dans les noyaux de cellule ordinaires. — Nous aurions d'ailleurs, pu commencer par n'importe laquelle des classes inscrites sur notre tableau dans un ordre arbitraire. (t) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1981, p. 63, 116 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. : es Mais, auparavant, il est bon de nous faire une idée précise de l’organi- sation de ces êtres. Résumons donc d’une manière sommaire, mais néan- moins d'une manière assez complète, l’état actuel de nos connaissances à ce sujet, et d’abord, commençons par quelques mots d'historique sur cette partie si mal et si incomplètement exposée dans les traités dits classiques et dans les Cours, ce qui est un très grand tort, car ces êtres ne présentent pas moins d'intérêt que les animaux des classes plus élevées, et même plus d'intérêt, en raison des problèmes qu'ils soulèvent pour l’anatomie et la physiologie générales, comme l'avait si bien compris Johann Muller, — ce qui nous a valu les beaux travaux de ses élèves, Claparède, Lachmann, Lieberkuhn. Ces Infusoires ont été découverts par Leuwenhoeck, en 1675, dabs une fosse contenant de l’eau de pluie, Le deuxième centenaire de cette décou- verte a été solennellement fêté par les Hollandais qui ont parfaitement compris l'importance de ces faits. Leuwenhoeck apprit sa découverte à la Société Royale de Londres par une lettre annonçant qu'il avait découvert des «atomes vivants », living atomes, car, comme Descartes, son coutem- porain, il croyait que tous les êtres étaient formés par des atomes, proches parents des « molécules organiques » de Buffon. C'était une opinion assez répandue au XVIII siècle, que tous les êtres vivants étaient formés par une aggrégation d’atomes qui se désagrégeaient à la mort pour entrer dans d’autres organismes. En 1675 encore, eut lieu un autre grand événement scientifique, la pu- blication de la première partie de l’Anatome plantarum, de Malpighi (la seconde n'a paru qu'en 1679). C’est la’ Société royale de Londres qui fit les frais de ces travaux ainsi que de beaucoup d’autres, Société très généreuse, fondée par Charles IF,et qui publiait à ses frais, avec un grand luxe, les-ou- vrages' des savants qui en faisaient partie, et même des étrangers. Puis vinrent Baker (1), Needham, Anglais qui a travaillé en France et fut le collaborateur de Buffon, qui lui portait beaucoup d’intérêt en raison de sa théorie des molécules organiques ; Joblot (2), naturaliste amateur qui a laissé un ouvrage assez bon, pour l'époque, sur les observations qu'il fai- sait sur les Infusoires; À. Trembley (3), Wrisberg (4), Gleichen (5), etc. Ce n’est qu’en 1763 que le nom d'Infusoires, animalcula infusoria, leur fut donné par Ledermüller (6) pour rappeler leur formation dans les infu- sions organiques. Linnée, cependant, ne s’en est pas servi (1766). (1) H. Baker. — Naf. history of the freshwater Polypes, in-8°, Londres, 1743. (2) Joblot. — Observations d'hist, nat. faites avec le microscope sur les Insectes et ani- malcules, 2 Vol. in-4°, Paris, 1754-55 (avec ba planches). (3) A. Trembley. — Mém. pour servir à l'hist. d’un Polype d'eau douce, Leyde, 1744, in-4° avec ‘3 pl — Hist. des Polypes d'eau douce, Quedlinb., 1775, in-ko, AY 14 pl. (4) H. Wrisberg. — De animalculis infusoriis ; Gütt., 1 165, in-ko, avec 2? pl. (5) W.-F. vou Gleichen. — Mikrosk Abhandl. üb. d. Saamen und ‘Infusionsthierchen und üb. Zeugung, Nürnb., 1778, in-40, avec 42 pl (6) M -F. Ledermüller. — Mikrosk. Gemulhs und Augen-Ergützung, 5 parties et suppl., Nürnberg, 176 ,in-,0, avec 152 gr. col. #1 Ex JOURNAL DE MICROGRAPHIE. AT C'est Otto-Frédéric. Müller, savant danois, qui a donné la première clas- sification des Infusoires dans son ouvrage posthume, publié par Fabrieius : Animaicula Infusoria fluviatiha et marina (1786) (1). 380 espèces, pour la moitié, au moins, découvertes par lui, y étaient réparties dans 17 genres, dont plusieurs ont conservé aujourd’hui toute leur valeur, à côté d’autres fort mal établis. O -F. Müller fut moins heureux dans l’idée qu'il se fit de leur organisation. il les considérait comme des êtres sans structure, ho- mogènes, « gelatinosa » ; il pensait qu’ils ne se nourrissaient qu’en absor- bant l’eau ambiante, et se multipliaient par division ou bourgeonnement. Cependant, il avait vu chez certaines espèces, un phénomène qu'il inter- prétait déjà comme un accouplement. Nous verrons qu'il ne s'était pas trompé, mais il ne s'est pas arrêté à ce fait et n'y a pas attaché une grande importance, bien qu'il ait décrit et même figuré des Infusoires à l'état d'accouplement. Toutefois, il a confondu sous un terme commun les Infusoires et les Rotateurs. Aussi, avait-il reconnu, chez certains, des vis- cères, une bouche, des intestins, et il avait vu qu’ils se reproduisent par des œufs et des petits vivañts C’était des Rotateurs. Il les avait distingués des « Homogènes », sous le nom de Bulluria. Par contre, il maintint parmi les Homogènes une foule d’organismes différents, Desmidiées, Bacil ariées, Diatomées, Rhizopodes, et même des larves de Trématodes, des Cercaires, dont il a fait un genre d’Infusoires, Cercaria. Cette erreur à persisté longtemps dans la science, et ce n’est que bien plus tard que les Cercaires ont été reconnus pour des larves de Vers. | La séparation des Rotateurs n’a été accomplie définitivement qu’en 1812, par Dutrochet (2), qui créa le nom de Rotifères. Depuis Dutrochet, ce nom a été employé d’abord comme synonyme de cé qui est maintenant notre classe des Rotateurs dont il ne représente plus qu’un genre. Leurs affini- tés, d’après Dutrochet, les rapprochent des Mollusques, et il proposa de les réunir en un seul groupe. Lamark et Cuvier adoptèrent ce groupe des Rota- teurs, Lamark les classa comme Polypes ciliés, tandis que Cuvier, moins heureux, fit un retour aux idées de O.-F. Müller et en composa un groupé d'Infusoires 6pposé aux Homogènes. Il en fit des Rayonnés ou Zoophytes; — C'était un pas en arrière. Quant aux Infusoires proprement dits, depuis Cuvier, l'opinion s’accré- dita de plus en plus qu'ils représentaient les êtres les plus simples de tous, une gelée vivante ; telle était la doctrine enseignée, vers 1830, dans le meilleur ouvrage d'alors, le Règne Animal, de Cuvier. Aussi, quel fut l'étonnement des naturalistes quand, vers cette époque, une voix s’écria que (1) O -F, Müller. — Anémalcula Infusoria fluviatilia et marina, Ed.-0. Fabricius, Hava., 4786, in-40 avec 50 pl. coloriées. (2) Dutrochet. — Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et physiologique des végétaux et des animaux, Paris, 1-37, 2 vol. in-8° avec 30 pl. (Voir T. Il, Mém. XXII (1812). — Recherches sur les Rotifères.) 118 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. tous les Infusoires, même les plus petites Monades, étaient hautement organisés, pourvus de bouche, d'intestin, d'organes sexuels, etc. — C’était la voix d’'Ehrenberg. (Die Infusionsthierchen als Vollkommene organismen, Leipzig, 1838, in-fol. avec 64 planches coloriées.) Ebrenberg s’efforca de prouver que ces êtres ne le cédaient en rien aux plus élevés de la série animale. Il échoua dans cette tentative, mais il ent le mérite d’avoir reconnu,le premier,tous les éléments essentiels de leur orga- nisation, dans les types les plus variés. Il réalisa la distinction des Infu- soires et des Rotateurs et en fit deux classes différentes. Il reconnut parfaitement l'organisation si complète des Rotateurs, mais il commit l'erreur de vouloir trouver la même richesse d'organisation chez les Infu- soires. Employant un procédé déjà mis en.usage, à la fin du XVIE siècle, par Gleichen, et qui consiste à faire ingérer aux, Infusoires des pArticules de matières colorantes, de l’indigo, du carmin, il détermina la situation de la bouche et de l’anus et admit que le trajet de l'un à l’autre est occupé par des organes qu'il regarda comme un estomac. Voyant ces particules prendre, dans le corps des Infusoires une direction constante et s’accumuler dans certaines parties du corps, il en conclut l'existence d’un tube digestif composé d'un grand nombre de vésicules pédonculées et disposées sous forme de grappe. Si l'on ouvre son grand ouvrage, on trouve.à la première planche, un Infusoire très simple, une Monade, dans lequel il croyait avoir vu des cœcums gastriques en grappe, ce qui le conduisit à faire de cette classe des Infusoires ciliés celle des Polygastriques, ou animaux à estomacs multiples. ; C'était une erreur, mais son moyen lui avait permis de déterminer la situation de la bouche et de Panus. Il avait aperçu aussi des vésicules con- tractiles, vésicules déjà entrevues par Spallanzani qui les prenait, peut- être avec raison, pour un appareil respiratoire, et remplies d’un liquide clair. Puis, Ehrenberg reconnut un organe ayant l'aspect d'une glande solide, qu’il considéra comme un testicule. Pour lui, les vésicules contractiles étaient des vésicules séminales qui, réunies au testicule, constituaient un appareil mâle très complet. Il croyait donc avoir vérifié le sexe mâle chez les Infu- soires. Pour le sexe femelle, il ne put voir les organes, mais il prit beau- coup de globules qu'il apercevait, par exemple des grains de chlorophylle, * pour des œufs qui s’expulsaient par l’anus, et étaient fécondés au dehors par les spermatozoïdes. Ehrenberg attribua aussi à ses Infusoires poly- gastriques des muscles, des nerfs, des vaisseaux sanguins, etc. Dès 1835, Ehrenberg rencontra un adversaire des plus sérieux et des plus décidés en Dujardin (4). Ce naturaliste raya d'abord du nombre des Infusoires beaucoup d'organismes, tels que les Desmidiées, les Diatomées, qu'il relégua parmi les végétaux. Il reconnut une foule d'organismes tout à fait nouveaux, comme ceux qu'il a appelés Rhizopodes, Polythalames, (1) F. Dujardin. — Hist. Nat des Infusoires, Paris, 1841, in-8° avec 23 pl, ma 7 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. A UAAS Foraminifères, et vit leurs aflinités avec les Rhizopodes d’eau douce, les Amibes, Actinophrys, Arcelles, ete., placés jusque là parmi les Infusoires et qu’il retira de ce groupe pour les classer parmi les Rhizopodes. Ne trou- vant rien, chez les Infusoires, de ce qu'Ehrenberg v voyait, Dujardin fu- conduit à les rapprocher des Rhizopodes, en les supposant formés de sar- code simple. Mais en admettant qu’ils étaient formés de sarcode, il reconnut que ce sarcode ne se présentait pas dans les mêmes conditions chez les Infusoires que £hez les Rhizopodes. Il avait vu que, chez les Amibes, _- le sarcode s’émettait en prolongements, que chez les Foraminitères, il formait des filaments, tandis que chez les Infusoires il était enfermé dans des limites fixes et ne pouvait changer de contour. Il admettait donc que le sarcode est, dans ces derniers êtres, renfermé dans une sorte d'enveloppe qui l'empêche de former des lobes ou des filaments. Dujardin, ne trouvant aucune trace de muscles, de nerfs, ni d'appareil polygastrique chez Îles Infusoires, admit que les particules pénètrent,par la bouche,dans l’intérieur de la masse sarcodique, s’y rassemblent daos des vacuoles arrondies, pré- tendues vésicules gastriques d'Ehrenberg. C'était, pour lui, des vacuoles qui se formaient extemporanément, quand les matières arrivaient dans l'in- térieur. Il avait vérifié l'expérience de l’ingestion des matières colorantes et cru voir précisément le contraire de ce qu'Ehrenberg avait vu. Là, où ce dernier voyait les particules pénétrer dans des estomacs préformés, Dujar- din les voyait se loger dans des vacuoles qu’elles formaient elles-mêmes. Quant aux vésicules prétendues séminales d'Ehrenberg, Dujardin les con- sidéra comme des vacuoles qui, placées près de la surface, puisaient de l'eau au dehers et l’expulsaient. C'était donc une sorte d'appareil de respi- ration. Et, quant à l’organe glanduleux qu'Ehrenberg croyait un testicule, il ne s'explique pas à ce sujet; il ne l'a même vu que dans très peu de cas. Cela tient à ce que l'usage des réactifs n’était pas encore connu en micros- copie. . Pour la reproduction des Infusoires, Dujardin n’admettait que la scis- sion, ou la formation de gemmes, et rejetait la reproduction sexuelle. Pendant que Dujardin s’occupait, en France, à démolir tout l'immense échafaudage d'Ehrenberg, il en était de même en Allemagne. G. Focke, en étudiant la rotation des globules verts chez les Paramécies, établit que ce ne sont pas des œufs, mais des grains de:chlorophylle. Meyen compara le premier, les Infusoires ‘à de simples cellules; Siebold, qui adopta ses vues, en à achevé la démonstration en établissant que le corps glandu- laire, glande mâle pour Ehrenberg, est un noyau de cellule. Siebold se tint donc à égale distance de la théorie du sarcode, de Dujardin, et de la théorie de la perfection, d'Ehrenberg. Pour lui, les Infusoires sont de simples cellules auxquelles il a reconnu une bouche, un anus, et des ves- tiges de cœur. Ils se divisent comme les cellules, formant cependant des gemmes, mais jamais d'œufs. Malgré les efforts de Leydig, Claparède, Greef, His, pour nous les faire considérer comme des assemblages de 120 | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. cellules, la manière de voir de Siebold, acceptée par Kôlliker, tend à pré- valoir et, sans doute, à juste raison. | Cette école unicellulaire de Siebold a trouvé un denetlr dut Hæckel (Jenaische Zeitschrift, 1875), qui a accumulé les raisons pour défendre cette théorie. À cette question : comment comprendre des cellules qui ont une bouche, un anus, etc. ? — Hæckel répond que ces ouvertures, chez les Infusoires, n’ont rien de commun avec les orifices qui portent ce nom chez les êtres supérieurs, mais en sont absolument distiretes. Elles n'ont pas de muscles, de couche de cellules épithéliales, etc., ce sont de simples orifices dans la couche externe; il les compare aux canaux poreux d’un grand nombre de celiules, au micropyle de beaucoup d'œufs. Avant Hæckel, Kôlliker avait déjà comparé ces ouvertures aux orifices des glandes uni- cellulaires, cellules caliciformes, qui s’ouvrent de même au dehors. Aussi, Hæckel propose de désigner la bouche et l’anus des Infusoires par des termes qui indiquent leur signification cellulaire. Pour lui, la bouche est le cytostome et l'anus, le cytopyge. IL est très évident qu'un plan commun d’organisation existe chez tous les fnfusoires et en fait une classe parfaitement naturelle. Tous ont des cils extérieurs, tous sont composés d’une substance, sinon homogène, pres- qu'homogène, presque semblable à un contenu de cellule, à du protoplasma; presque tous ont des vésicules contractiles. Tous renferment un corps par- ticulier le nucleus, ou noyau, .de Siebold, souvent accompagné d’un ou de plusieurs corpuscules plus petits, que Siebold a décrits sous le nom très impropre de nucléoles, nom qui ne répond en aucune façon à la notion que nous avons des nucléoles cellulaires, puisqu'ils ne sont pas contenus dans un noyau; — néanmoins c’est le nom consacré. — Tous se reproduisent surtout par scission, plus rarement par gemmes; quant à la génération sexuelle, nous examinerons plus tard cette question. | Dans quel milieu vivent-ils ?— La plupart sont aquatiques et vivent dans les eaux douces ou salées ; quélques-uns sur ou dans la terre humide ou sur les parties aériennes des plantes, non seulement des plantes herbacées, mais sur les arbres les plus élevés. Si l’on fait des infusions avec des feuilles prises sur les sommités d'arbres hauts de 20 ou 30 mètres, on voit se développer des Infusoires qui étaient sur ces feuilles. Nous verrons quelles sont, dans ce cas, leurs conditions d'existence. Il y a des Infusoires parasites, à la surface et dans l’intérieur des ani- maux, principalement dans le tube digestif. On en trouve à la surface des ‘Polypes, sur l'Hydre d’eau deuce, sur les Planaires, sur les branchies des Crevettines, etc. L'intestin des Batraciens est un véritable magasin d'In- fusoires. Les Poissons en portent sur la peau et dans l'intestin, et même l'homme, chez qui on n’en a encore trouvé qu’un, le Paramecium coli, ou Balantidium coli, trouvé par l'observateur suédois Malmgren chez un ma- lade souffrant de diarrhée chronique (1866), retrouvé par Stieda, et d’autres auteurs en Russie, en Suède, et qui n’a encore été rencontré que là. Cet Fa et … JOURNAL DE MICROGRAPHIE, 121 _— — = = Infusoire pathologique est très commun dans le colon et le cœcum du porc (Leuckart). D’autres-espèces de ce genre vivent dans l'intestin de certains Vers et des Batraciens, avec des Gpalines, chez la Grenouille, le Crapaud et d'autres. M. Balbiani a trouvé, il y a quelques années, avec M. Fouquet, préparateur du Cours à cette époque, un Iafusoire parasite des jeunes Truites élevées au Collège de France, et qui les faisait mourir par cen- taines. El vivait sur la peau des petits Poissons où il s'enkystait, ce qui faisait paraître cette peau comme couverte de pustules. M. Fouquet, qui l'a étudié, l'a nommé Jcthyophthirius multifidus. C’est le plus prolifique des Infusoires et chaque kyste produisait jusqu'à mille individus nouveaux par une segmentation d’une effroyable activité. Un certain nombre d'Infusoires, et peut-être les plus intéressants, su- bissent diverses phases de vie latente ; —tels sont les Colpodes, qui forment des kystes dans lesquels ils se divisent en deux, quatre et, quelquefois, seize individus nouveaux. Ces Infusoires qui présentent ces alternatives de vie active et latente, sont ceux qui apparaissent dans nos infusions végétales et dans les macérations animales. Leurs kystes sont apportés par l'air, si l'on se sert d’eau qui n’en renferme pas préalablement, — d’eau bouillie, par exemple, — ou bien se trouvent sur les parties végétales employées où Vair les a déposés. A l’état de vie latente, tous les Infusoires sont renfer- més dans une poche, ou sac, ou kyste qu'ils forment eux-mêmes et dans lequel ils se mettent ainsi à l'abri des circonstances extérieures. Quand une mare se dessèche, les Infusoires qu’elle contenait se renferment dans cette sorte de cercueil où ils vivent très longtemps à l’état sec, et dont ils sortent pour reprendre la vie active quand les circonstances extérieures sont devenues plus favorables. Ils sont donc reviviscents, comme les An- guillules, les Tardigrades et les Rotifères, — seulement, c’est par un méca- nisme différent. Ces derniers ne s'enkystent pas; ils sont presque naturel- lement enkystés dans leur peau, chitineuse et très solide, qui empêche l’évaporation du liquide intérieur, tandis que les Infusoires sont obligés de se construire une enveloppe résistante. Enkystés, les Infusoires peuvent vivre très longtemps, — plus longtemps qu'à l’état normal. M. Balbiani a conservé, pendant plus de sept ans, des _ Colpodes enkystés, à l’état sec sur une lame de verre, à condition de les humecter tous les ans; car la vie latente n’interrompt pas complètement chez eux les échanges avec le monde ambiant. Ce n’est qu’une vie ralentie, et le mot de « vie latente » exprime très bien le fait. Ainsi, la vie n’est pas suspendue chez l’Infusoire enkysté, mais il la dépense en détail, au lieu de l’user en bloc et tout d’une pièce comme les animaux supérieurs. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet, car l’enkystement est un moyen que ces êtres emploient souvent pour se multiplier; — ainsi font les Col- podes. Quant à la taille de ces animaux, nous savons qu’elle est microscopique, au moins pour la plupart. 192 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Cependant il en est dont les dimensions sont relativement considérables et qui sont visibles à l’œil nu. Tels sont le Stentor, le plus gros de tous les Infusoires, le Spirostomum ambiquum, qui n’est pas rare dans les eaux stagnantes, aux environs de Paris, et qui peut atteindre jusqu’à 3 ou 4 millimètres de longueur, et, par conséquent, est très visible à l'œil nu. Leur forme est, sauf pour un petit nombre, asymétrique : les deux moitiés du corps ne sont pas semblables de chaque côté d’une ligne médiane ou axe du corps. C’est ce qui avait condüit Dujardir à diviser les fnfusoires en deux groupes, les Symétriques et les Asymétriques. Dans le premier, il n’y avait que les Coleps et les Chætonotus. Ces derniers ont été réunis aux Vers et forment, sous le nom d’Ichthydinés ou Gastrotricha, avec un petit nombre d’autres espèces, un groupe placé entre les Rotateurs et ies Vers, entre lesquels ils établissent la transition. Leur enveloppe extérieure était connue de Dujardin; c’est elle qui l’a amené à établir la différence entre le sarcode des Infusoires et celui des Rhizopodes. C’est la cuticule, membrane de cellule, qui renferme le sar- code. L'existence généralisée de cette cuticule a été démontrée par Cohn. ‘Traitée par un acide, l’acide chromique, l'acide acétique, etc., elle se soulève, forme une pellicule transparente, mince, qui se détache et peut être ainsi mise en évidence. Non seulement elle couvre toute la surface du corps, mais elle se prolonge dans Pintérieur des deux orifices que nous décrirons comme bouche et anus. Elle n’est pas homogène, mais présente un aspect strié, ou plutôt chagriné, par de petites tubérosités très fines, disposées en lignes et séparées par des sillons. Chaque tubérosité donne naissance à un cit. La cuticule est ordinairement très fine, quoique chez certaines espèces, elle acquière une épaisseur suflisante pour former une vraie cuirasse à l’animalcule, comme chez les Euplotes. Sa composition chimique est mal connue; on suppose qu'elle est formée par de la chitine. M. Balbiani est certain que la paroi des kystes est de la chitine : elle nesse dissout pas dans la potasse, mais Kôlliker dit qu’elle se dissout dans la potasse à 20 ou 30 pour 100, — ce que ne croit pas M. Balbiani. Cette cuticule porte des cils vibratiles qui sont des organes très impor- tants chez les Infusoires. [ls ne manquent chez aucun d'eux et les distin- suent des Rhizopodes. Ce sont ces cils qui donnent à ces animaux leur physionomie particulière; leur forme générale est très simple et très variable, aussi fournissent-ils les meilleurs caractères différentiels et Stein les a employés pour sa classification. Les cils ont deux usages, la préhension des aliments et la locomotion. On observe, d’ailleurs, toutes les transitions possibles entre les cils vibra- tiles excessivement fins, semblables à ceux des cellules vibratiles ordi- naires, et les cils qu’on appelle cyrrhes, crochets, pieds-rames, comme on en voit sur les Paramécies et les Stylonychies. Les uns sont des organes de mouvement volontaire et les autres de. mouvement involontaire. Ainsi, on constate du premier coup d'œil cette différence dans la façon | ———————————————…—— ———————————————" ———— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 423 dont les cils se meuvent. Les cils fins d’une Paramécie sont toujours en mouvement comme ceux qui garnissent le plateau d’une cellule vibratile, mais les crochets des Stylonychies se meuvent à la volonté de l'animal qui s'en sert pour marcher. Un Infusoire fort remarquable, le Didinium nasu- tum, qui à la forme d’un petit tonneau, possède une rangée de cils autour du fond supérieur du tonneau, où est placée la bouche, et une autre rangée à quelque distance du fond inférieur. Quand Panimal veut aller en avant, il agite ses deux rangées de cils d'avant en arrière; quand il veut aller à reeulons, ses cils battent d’arrière en avant, et quand il veut rester immo- bile, en panne, l'une des rangées de cils bat en avant pendant que l’autre bat en arrière, de sorte que l’effet des deux rangées se neutralise. M.J.Ressbach (1) a observé, aussi, que sous l'influence de divers agents chimiques, la strychnine, la morphine, l'alcool,:etc., certains cils se para- lysent plus tôt que certains autres, et ce sont précisément ceux qui sont soumis à la volonté, tandis que les cils de mouvement involontaire s’im- mobilisent beaucoup plus tard, et quand l’animal n’est plus maître de ses mouvements. Il est alors un moment où l’Infusoire n’est mené que par les cils involontaires; il tourne alors inconsciemment autour de son axe. De même, par un abaissement de température de 15° à 4° : les gros cils se paralysent les premiers, et, à 4°, les cils très fins peuvent encore se mou- voir. Mais, au-dessous, la paralysie devient générale ; bientôt l'animal meurt et éclate. De même encore, quand on élève [a température vers 35° ou 40° les gros cils se paralvsent, puis, vers 40°, les petits cils — et, au delà, l'animal meurt. Les cils jouent encore un rôle importantdans la préhension de la nour- riture, et, sous ce rapport, les Infusoires ont des caractères importants et intéressants. Quelquefois, ce sont des cils plus forts et plus longs qui sont placés près {de la bouche; quelquefois, ils commencent à la partie anté- rieure du corps, en écharpe, et pénètrent dans la bouche, comme chez les Stylonichies. Quelquefois.ils entourent la partie antérieure du corps et sont animés de ce mouvement dit rotatoiré, un peu comme chez les Rotifères ; tels sont ceux qui garnissent le péristome et pénètrent dans la bouche des Vorticelles. Les Vorticelliens n’ont pas de cils iocomoteurs, mais dans une seule seule circonstance, quand la Vorticelle se détache de son pédoncule, il lui pousse, à la partie postérieure du corps, une couronne de cils locomo- teurs à l'aide desquels elle se meut dans le liquide. Mais quand l’Infu- soire se fixe, sa couronne de cils se résorbe et il pousse un pédoncule. Il est rare que les cils buccaux manquent absolument chez les Infu- soires. Ils manquent, par exemple, chez ce curieux Didinium dont nous avons déjà parlé. C’est un fort chasseur, muni d'appareils de préhension très puissants et qui lui permettent d'avaler un animal aussi gros que lui, comme une Paramécie. Il fait jaillir de sa bouche un corps qui frappe la (4) Rhythm. Bewegungserschein, d. einfachsten Organismen. Würzburg, 1872, in-60. 42% JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Paramécie, après l'avoir paralysée par un paquet de flèches urticantes. Puis il ramène la proie capturée et la fait entrer, tout d'une pièce et à la fois, par une bouche qui se dilate énormément, dans un canal intestinal dont on reconnaît la forme et la direction pendant que la Paramécie y pénètre, mais qui n’est plus distinet quand celle ei est entrée, bien qu’on continue à l’apercevoir dans le corps du Didinium, à travers les parois. Puis, la Para- mécie est expulsée par un anus énorme qui n’est visible, non plus, qu’au moment de l’expulsion. Jamais les cils ne sont des prolongements de la cuticule; ils ont tou- jours leur origine dans la substance du corps. La cuticule est criblée d'ouvertures par lesquelles passent ces prolongements qui ont leur racine dans le sarcode. Chaque cil est le prolongement d’un filament ou fibre très pâle qui rampe sous la caticule et s’avance vers la ligne médiane du corps. D'ailleurs, c’est aussi ce qui a été signalé sur les cellules vibra- tiles ordinaires, dont les cils sont des prolongements protoplasmiques qui passent à travers les ouvertures du plateau. (À suivre.) PROMENADES LE LONG D'UN RUISSEAU LE MONDE MICROSCOPIQUE DES EAUX DOUCES Il Promenades le long d’un ruisseau! — C'éstun bien long voyage que nous entreprenons aujourd’hui, malgré les nombreuses restrictions que nous sommes forcé de nous imposer. Si modeste, en effet, que soit dans son Cours le ruisseau le long duquel nous allons semer nos entretiens péripatétiques, nous serions exposés à rencontrer, dans ses eaux et sur ses bords, une flore et une faune dont la description pourrait remplir beaucoup de gros volumes et occuper plusieurs années de travail. f Mais nous devons nous rappeler que c’est le microscope à la main que nous allons, et que, par conséquent, toutes ces plantes et tous ces arbres qui poussent au bord des eaux, tous ces oiseaux qui s’y reposent, tous ces “poissons, ces mollusques, ces crustacés, ces insectes qui les habitent ne sont point de notre domaine. ; Cependant, le long de ces rives humides, nous allons trouver des mous- ses, des hépatiques, des champignons même, dont il nous faudra bien parler; dans ces eaux, s’agitent des larves d’insectes, toutes plus intéres- santes les unes que les autres, et dont nous ne pourrons passer entièrement l'histoire sous silence. Mais ce qui doit surtout nous occuper, c’est cette innombrable légion des Algues d’eau douce, des Infusoires et des Rota- teurs, auxquels il faut ajouter les tribus des Tardigrades, des Rhizopodes et des Entomostracés, sans compter quelques Annélides,des Spongiaires et des Polypes. —— 0 2] JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 1 25 Ce programme est immense; —aussi, ne pouvons-nous avoir l'intention nila prétention defaire ici l’histoire complète et méthodique detous ces êtres qui habitent les eaux douces. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs,n’ont encore qu'une histoire bien incomplète, et, si nous avons à produire des observa- tions nouvelles sur quelques-uns, nous ne pourrions prétendre à élucider tout ce qui reste obscur dans l'histoire du plus grand nombre. Et, d'autre part, le champ dans lequel nous nous renfermons, le monde mi- croscopique des eaux douces, ne nous permettrait pas un exposé métho- dique, puisqu’en répudiant, — et pour cause, — l'étude des habitants des eaux marines, nous nous condamnons à ne faire qu'un examen fragmen- taire de ces familles qui ont, pour la plupart, encore plus de représentants dans les eaux salées que dans les eaux douces. Notre cadre, déjà si grand, est bien plus restreint et notre ambition plus modeste : nous avons voulu donner à ceux de nos lecteurs qui ne sont pas naturalistes « de profession » quelques renseignements généraux sur un monde qui, bien certainement, a déjà conquis leur admiration à tous. Qui de nous, en effet, n’a pas été émerveillé, lorsqu’en regardant au mi- croscope une simple goutte d’eau, prise à la première mare venue, ii a vu que cette goutte était tout un monde où s’agitaient les animaux les plus étranges, au milieu de la plus curieuse des végétations ? — Qui de nous nest resté frappé d'admiration en voyant ces Infusoires aux mille formes singulières se poursuivre entre les élégantes Conferves gracieusement enrubanées de chlorophylle et ornées des bouquets de ces jolies Vorticelles dont la corolle paraît un disque tournant comme un soleil d'artifice et la tige un ressort à boudin? Qui n’est resté stupéfait devant ces Rotifères à la tête desquels tournent deux roues à aubes comme celles d’un bateau à vapeur ; devant ces jolies Diatomées voyageant, tranquilles, entre les Oscillaires qui se tordent lentement comme de longs serpents mal réveil- lés et ces Desmidiées qui brillent, immobiles, comme des étoiles d'un vert éclatant au milieu desquelles tourbillonnent parfois — on ne sait pour- quoi ni comment, — des milliers de petits grains agités ? Nous sommes tous, chacun à notre heure, restés confondus devant ces monstres et ces merveilles ; tous, nous avons voulu connaître leur histoire, leur structure, leur nom — à supposer que tout cela fût connu, — et tous, nous avons regretté qu'il n'y eût pas de livre où nous puissions trouver facilement ce que nous cherchions. C'est précisément ce livre que nous avons eu le désir d’esquisser dans n0S Promenades. Nous voulons décrire les formes et les organismes que l’on rencontre le plus souvent dans les eaux douces, les décrire non pas toujours, peut-être, comme le font les classificateurs et les naturalistes, mais surtout d'une manière telle que chacun puisse les reconnaître et vérifier ce que nous aurons observé. Tel est particulièrement notre but. | 126 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. DE DR A RL AUS ROM NU D Et pour cela, nous ne suivrons aucun ordre déterminé d'avance: nous traiterons tantôt d’un, genre, d’une espèce ou d’une famille, tantôt d’un autre, passant des Algues à un Rotifère, de celui-ci à un Champignon, suivant nos observations du moment, car la seule condition à laquelle nous nous astreindrons sera de faire nos descriptions d'après l'observation même,autant que cela sera possible, afin que les lecteurs qui voudront bien nous suivre puissent Contrôler tout ce que nous leur dirons. Mais il est des groupes d'organismes qui, à eux seuls, occuperaient, et ont, en effet, occupé l’existence entière d’un naturaliste, groupes sur les- quels beaucoup de livres ont été publiés, qui sont, pour ainsi dire, l’apa- nage de spécialistes sur les brisées desquels nous ne pouvons nous engager. Tel est, par exemple, l'immense groupe des Diatomées. On comprend que nous ne pouvons, dans les quelques pages dont nous disposons mensuel- lement dans ce journal, entreprendre l’histoire détaillée de ce groupe, encore moins des espèces qui le composent, et que nous ne pourrons — pour les Diatomées comme pour quelques groupes semblables — que nous renfermer dans des généralités, en nous bornant, quant aux descriptions spéciales, à quelques types les mieux caractérisés et les plus faciles à rencontrer. Ceci dit, nous commencerons par quelques articles sur les Algues, en général, et en particulier sur les Algues d’eau douce. Ï LES ALGUES Les Algues sont des plantes uniquement composées de cellules, sans vaisseaux, et qui en végétant constituent un thalle. Ce sont des Thallo- phytes. Toutes contiennent une matière colorante, tantôt verte, — et alors c’est de la chlorophylle, — tantôt d'un vert bleu ou vert de gris, comme dans la plupart des Nostochinées, — tantôt jaune ou brune, comme dans les Diatomées et les Fucacées, — tantôt rouge ou violette, comme dans les Floridées. Les botanistes et les chimistes admettent que ces diverses matières colorantes sont des modifications de la chlorophylle, ou bien des mélanges de cette dernière avec d’autres matières colorantes dont les propriétés sont analogues : la phycocyanine, la phycoxanthine, et la phycoérythrine. C'est ce que paraissent avoir démontré MM. Millardet et Kraus, en 1868. | | Quoi qu'il en soit, la propriété Caractéristique de la chlorophylle et de ses modifications ou mélanges est de réduire l’acide carbonique de l'air — et, chez les Algues, de l'air dissous dans l’eau, — sous l'influence de la lumière solaire. La plante fixe le carbone, et rejette l'oxygène. Nous n'avons pas à examiner ici si le carbone est assimilé par la plante à l’état [4 . "mm JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 497 | libre, ou à l’état d'oxyde inférieur de carbone, ou de carbure d'hydrogène, ou d'hydrate de carbone. Le point important pour nous est la décomposi- tion de l’acide carbonique de l’air avec fixation de carbone par les parties vertes et élimination d'oxygène. C’est la célèbre expérience d'Ingenhousz, expérience très facile à vérifier quant aux Algues. Il suflit d'exposer une poignée de ces Algues filamenteuses d’un beau vert, qu’on trouve dans les mares, à la lumière du soleil, dans un vase plein d'eau. On verra bientôt les filaments se recouvrir d'innombrables petites bulles d’un gaz qui est, en grande partie, de l'oxygène. Nous disons «en grande partie » parce qu'il y à toujours, mêlé à l’oxygène, de l'air qui, primitivement dissous dans l'eau, s’est dégagé sous l'influence de la chaleur solaire. Que si l'expérimentateur veut opérer dans une petite épronvette pleine d'eau, renversée sur une cuvette d'eau, il verra un certain nombre de ces “bulles se rassembler à la partie supérieure de l’éprouvette et, avec du temps, de la patience et une allumette présentant un point en ignition, il pourra vérifier que le gaz dégagé est de l'oxygène, ou qu’il est plus riche que l’air en oxygène. C'est là un phénomène fondamental de la nutrition des plantes chloro- phyllées. Ge n’est pas un phénomène respiratoire, comme on l’a dit long- temps, mais un phénomène de nutrition. La respiration, chez tous les êtres vivants, procède d’une manière inverse, et même chez les plantes. Elle se résume, quel que soit, en réalité, son mécanisme intime, à une combustion du carbone (ainsi que de l'hydrogène et de l’azote), des tissus vivants, avec production d'acide carbonique (ainsi que d’eau et d'ammo- niaque). Pendant que la plante verte se nourrit de carbone au soleil, en exhalant de l'oxygène, elle respire néanmoins, — car elle respire toujours, — et produit de l’acide carbonique ; mais, sous l'influence de la lumière, le phénomène de nutrition avec dégagement d'oxygène, l'emporte sur le phénomène respiratoire avec dégagement d'acide carbonique. Et le gaz oxygéné qui s’accumule dans l’éprouvette d'Ingenhousz résulte de la diffé- rence des deux actions. Autrefois, les chimistes-physiologistés avaient bâti une superbe théorie sur l’antagonisme que l'on croyait voir entre la respiration diurne des plantes vertes et celle des animaux, l’une produisant de l'oxygène pour les animaux, autre de l’acide carbonique pour les plantes.C’est ce que M. Du- mas à si admirablement développé dans sa célèbre leçon sur la « sta- tique chimique des êtres organisés », leçon dans laquelle il représentait le règne végétal (vert) comme un immense appareil de réduction et le règne animal comme un immense appareil de combustion. Dans ces derniers temps, On à beaucoup crié à l'hérésie, lorsque la respiration des plantes x été mieux connue, — mais ce n’est qu'une question de mots : les animaux sont encore, comme aux beaux jours de M. Dumas, des appareils de com- bustion, les plantes vertes sont toujours des appareils de réduction, — seulement ce n’est plus, pour ces dernières, : par un phénomène de respi- né D à : , \ > \' — 2. mn: 3 À « \ | ET 6 428 R JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ration pure, c’est par un acte incessant de nutrition. Le résultat est resté le même et, quoi qu’on en ait dit, la fameuse doctrine de M. Dumas est toujours debout. Ce phénomène de la décomposition de l'acide carbonique de l'air, — libre ou dissous dans l’eau — par les parties vertes des plantes, sur lequel nous avons peut-être trop longuement insisté — est fort important en ce qui concerne les Algues, — et C’est ce qui nous excuse. C'est cette pro- priété, en effet, qui les distingue des Champignons, thallophytes comme elles, et uniquement cellulaires. Les Algues colorées, à l’aide de cette propriété de leur matière colorante, se nourrissent elles-mêmes.Elles prennent au monde ambiant, inorganique, à l'atmosphère, les éléments de leur nutrition. Elles ne peuvent pas vivre davs les ténèbres. Les Champignons ne possèdent pas cette matière colo- rante à la merveilleuse puissance : ils ne peuvent prendre leur nour- riture dans l'atmosphère, ni au monde minéral, ils ne peuvent qu utiliser les sucs que leur fournissent d’autres matières organiques, vivantes ou mortes ; ce sont des parasites. Ils prospèrent dans les lieux sombres, où ils fabriquent des poisons ; — quelques-uns ne vivent que dans les ténèbres. Il y a peut-être quelque chose à ajouter à propos de certaines Algues qui, bien que colorées, et possédant de la chlorophylle plus ou moins masquée par dela phycoxanthineetde la phycoérythrine vivent au fond des mers à des profondeurs énormes, où l’on ne peut guère admettre qu’elles décomposent l'acide carbonique sous l'influence de la lumière solaire. Car, bien certaine- ment, depuis que ces fonds, à peine trouvables par la sonde, ont été recou- verts par les océans, à une de ces périodes géologiques dont nous sommes séparés par des millions d'années, jamais les rayons du soleil ne les ont visités ; et l'obscurité, dans ces régions, est aussi absolue que dans ces fameuses cavernes qui, elles non plus, n'ont jamais connu la lumière du jour et où les animaux, — n'ayant pas besoin d’yeux pour n°’v point voir, — naissent aveugles. On a remarqué que plus on s'enfonce dans les profondeurs de la mer, plus la couleur des Algues devient foncée, — aux Algues vertes succèdent les Algues rouges, et aux Algues rouges les Algues brunes, — presque noi- res. Comment suppléent-elles, àla vivifiante lumière du soleil? — On l’ignore. Toutefois,à une certaine profondeur la vie végétale semble dispa- raître et la sonde ne ramène de ces fonds que des animaux. Les Algues sont uniquement composées de cellules, en général, très peu diflérenciées. Un grand nombre même, ne sont composées que d’une seule cellule qui remplit à elle seule toutes les fonctions vitales. Souvent toutes les cellules qui les composent sont aptes à la multiplica- tiou, soit par simple division, dans un ou plusieurs sens,soit par reproduc- Lion sexuée. Mais, à mesure qu’on s'élève dans la série, une différenciation s'établit, et certaines cellules seulesise multiplient par division, comme —————û JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 129 certaines autres s'organisent en appareils reproducteurs, cn oogones qui représentent des organes femelles, et en anthéridies qui sont des organes mâles. Dans les Algues supérieures,même, comme les Floridées, qui habi- tent, à peu près toutes, les eaux marines, les organes de la reproduction sexuée sont assez compliqués. . Beaucoup d’entre elles — et nous en verrons des exemples nombreux chez les Alguesinférieures d’eau douce qui doivent nous occuper tout particulière- ment, — beaucoup d’entre elles ont une grande tendance à s’entourer d’une matière mucilagineuse incolore, qu'on retrouve aussi chez des Algues ma rines plus élevées et qui a été récemment ulilisée industriellement sous le nom de phycocolle (1). D’autres décomposent, — on ne sait par quel procédé, — les selscalcaires des eaux dans lesquelles elles vivent et s'incrustent de carbonate de chaux ; d’autres, enfin, se livrent à un travail bien plus dificile et plus inexpli- cable encore. Elles cuirassent leur délicate membrane cellulaire d'une fine couche de silice pure, et cette silice, se disposant, sans doute, suivant les anfractuosités ou les saillies de la membrure, forme à la surface de celle-ci les merveilleux et indestructibles dessins qui ornent ce qu'on ap- pelle la carapace des Diatomées. Quant à la forme de ces cellules, elle est très variable. Chez les Algues _ supérieures, les cellules sont polyédriques ; elles se groupent de manière à former des membranes plus ou moins épaisses, figurant des feuilles sans vaisseaux et qu'on nomme des frondes. L'ensemble des frondes constitue le thalle. Souvent, à l’une de ses extrémités, le thalle se dispose en crampons, ou rhizoïdes, qui sont des organes de fixation. Cylindriques, ovoides, sphé- riques, groupées en membranes, en lames, en tubes creux, en filaments, en réseaux, les cellules affectent les formes les plus diverses. Mais c’est surtout dans les petites espèces dont nous aurons tant à nous occuper, et dont le thalle n’est composé que d’une seule cellule, que les formes de cette cellule unique sont remarquables. Qui ne connaît les mille formes diverses que prend la cellule qui cons- titue la fronde ou le frustule des Diatomées? — Aiguille, bâtonnet, nacelle, bouclier, disque, tabouret, diadème, livre, cuvette, panier, etc. A côté des Diatomées viennent les Desmidiées dont la cellule, moins variée dans sa forme symétrique, n’est pas moins élégante; souvent étranglée à son milieu comme la taille d’une guèpe : tels sont les Micrasterias, les Cosmarium, les Docidium, les Euastrum, à côté desquels il faut citer les Closterium, et cent autres comme les Staurostrum, les Scenodesmus, etc. Mais une forme qui frappe moins, au premier abord, quoiqu'elle soit peut-être plus remarquable encore, c’est celle de la cellule unique qui Constitue le thalle des Siphonées, cellule dont nous étudierons des exemples dans les Vaucheriées, et qui, dans certains genres, comme les Caulerpa, (1) Voir Journal de Micrographie, T. IV, p. 30. 130 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. peut atteindre jusqu’à vingt et trente mètres de longueur, constituant à elle toute seule, tige, rameaux, frondes, rhizoides et organes sexuels. Cette immense cellule, qui se différencie d'une si remarquable manière dans ses parties, était naguère considérée comme dépourvue de noyau; on sait maintenant qu’au contraire, c'est une cellule multinucléée, contenant un rombre considérable de noyaux. | Enfin, une particularité des plus singulières que nous ne trouverons que chez certaines Algues (et chez les éléments reproducteurs d’autres Crypto- games), c’est la mobilité des cellules. On sait déjà que beaucoup de Diatomées — et particulièrement les Na- vicules, — sont douées d’une locomcbilité dont on n’a pas encore trouvé la cause, et qu'on attribue — faute de meilleure explication, — à des cou- rants endosmotiques qui se produiraient par des pores percés dans la carapace et la membrane. Sur quelques espèces, ces pores ont pû être mis en évidence, mais ce ne sont pas toujours des espèces mobiles. Ce serait donc par suite de ces courants, assez mystérieux, que les Navicules, par exemple, se promèneraient comme d’élégantes petites nacelles, sans voile et sans rame, sur le porte-objet du microscope. Mais chez d’autres, presqu'innombrables, les organes locomoteurs sont connus et visibles. Ce sont des cils ou des /lagellum, que ces cellules, iso- lées ou groupées en familles, agitent avec une incroyable activité, et grâce auxquels elles se meuvent dans l’eau comme des Infusoires flagellés aux- quels, du reste, beaucoup de naturalistes les réunissent. Tels sont les Euglènes, cellules isolées qui n’ont qu'un long flagellum, les Chlamydo- coccus et beaucoup d’autres, qui en ont deux. Telles sont, enfin, toutes ces curieuses Volvocinées, composées de cellules à deux cils qui restent réu- nies en familles à la surface d’une sphère gélatineuse, comme les Volvox, soudées par la base, ainsi que les grains d’une framboise, comme les Pan- dorina, accollées en plaque quadrangulaire comme les Gonium, ete. — Et Volvoces, Pandorines, roulent daus le liquide, à la faveur de tous ces cils qui battent de concert, comme des planètes dans l’espace. Et les Gonium s’en vont à petites secousses comme un fiacre traîiné par un mauvais cheval. Quelquefois, une de ces familles se casse et l’un de ses membres s’en va tout seul courir les hasards de l'existence. Pourquoi n'a-t-on pas rangé, en général, ces êtres parmi les Infusoires ? — J1 y a, en effet, pour cela, à peu près autant de raisons que pour les placer parmi les Algues. — C’est ce que nous examinerons prochaine- ment, quand nous étudierons avec détails cette singulière tribu des Vol- vocinées. La reproduction chez les Algues se fait de trois manières : d’abord par division cellulaire, comme pour les cellules des tissus, chez les Algues inférieures; par spores agames, c’est-à-dire ne provenant pas d’une fécon- dation ; puis par oospores, c’est-à-dire résultant d’une fécondation. Enfin, par hormngonies chez quelques espèces. JOURNAL DE MICROGRAPRIE. 131 Nous étudierons ces différents modes de reproduction à propos de chacune des familles de cette classe. Et d’abord, nous avons à établir parmi les Algues une classification générale que nous indiquerons d’une manière rapide pour insister davan- tage sur une classification particulière de nos Algues d’eau douce, établie peut-être d’une manière un peu artificielle, mais qui nous paraît plus spé- cialement commode pour guider l'observateur dans Ja résolution parfois difficile de ce problème : la connaissance et la désignation des espèces. (A suivre.) D' J. PELLETAN. LA FÉCONDATION CHEZ LES VERTÉBRÉS Leçons faites au Coliège de France par le prof. BALBIANI (Suite) (1) XVIII Cherchons maintenant à nous faire une idée générale de cette importante fonction qui se place au début de la vie de tous les êtres. Nous voyons, d’une part, une vésicule germinative qui se divise en un ou plusieurs globules polaires et forme un premier noyau, le noyau de l’œuf, puis, appa- rait un autre noyau provenant du spermatozoide ; le noyau spermatique, — et une fusion s'opère entre ces deux noyaux en un seul qui est le pre- mier noyau de segmentation. — Voilà à quoi se résume le phénomène de la fécondation. La première question que l’on peut se faire est de se demander quel est le rôle des globules polaires qui sont expulsés au début des phénomènes. La première idée qu’on s'était faite sur leur rôle est indiquée par le nom même que ces éléments portent dans la science. Fritz Müller, qui les à découverts, leur avait attribué une influence sur la direction du fraction- _ nement et les avait appelées cellules de direction, car il semble réelle- ment que ces globules dirigent le plan suivant lequel se fait le premier sillonnement du vitellus. C’est cette même idée qui a inspiré le nom de globules polaires que leur a donné Ch. Robin. Ils semblent se former, en effet, chez tous les animaux sur l’œuf desquels on les a reconnus, au pôle de cet œuf où se produisent, ou débutent les phénomènes embryogéniques. Mais nous ignorons complètement pourquoi ils sont placés en ce point. Ces globules disparaissent, après un temps variable, sans avoir pris aucune part au travail embryogénique. Quelques auteurs, se plaçant à ce dernier point de vue, les considèrent comme une excrétion de l’œuf, des parties superflues qui doivent être rejetées, — d'où le nom de corpuscules de rebut, donné par H. Fol. Selenka les considère même comme des matières excrémentielles, les excréments de l'œuf. Rabl a étudié le développement de plusieurs Mol- {1} Voir Journal de Micrographie. T. NI, 1879, t. IV, 4820, t. V, 1881, p. &, 78. 139 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. lusques sur lesquels il a publié d'excellentes recherches, et, dans un travail paru en 1876, il ne juge pas les globules polaires comme inutiles : il croit que ce sont des organes de protection. Il pense qu’ils ne se rencontrent que dans les œufs où la segmentation est inégale, comme chez les Mol- lusques qu’il a étudiés. En effet, dans tous ces œufs, le pôle actif de l'œuf où sont placés les globules, revient toujours à la partie supérieure : le pôle animal est plus léger que le pôle végétatif. I en est toujours de même chez les Oiseaux, les Reptiles, les Batraciens, et chez les Poissons. Rabl pense qu’en raison de cette position de l’œuf, la membrane doit exercer une pression sur le pôle actif, et les globules polaires sont interposés en ce point, comme des coussinets, pour diminuer la pression. — C'est là une opiaion singulière, et qui ne paraît pas fondée; car, pour que la membrane exerçât une pression sur le vitellus, il faudrait que le globe vitellin fut fixe dans l'œuf, — or, il est mobile dans un liquide. Rafiin et Blanchard l'ont déjà fait remarquer et M. Balbiani considère cette opinion comme tout à fait fausse. D'ailleurs, Rabl se trompe en pensant que les globules polaires n'existent que dans les œufs où la segmentation est inégale ; -— chez les Échinodermes, les Cælentérés, la segmentation est parfaitement égale, les cellules sont toutes semblables, et il y a des glo- bules polaires. Il en est de même chez les Mammifères, où la division du vitellus se fait en parties de même volume, quoi qu’en ait dit Van Beneden, il ya quelques années. M. Balbiani à vérifié cette observation avec beaucoup de soin et a toujours trouvé les sphères de segmentation de même forme et de même volume, au moins au commencement de la . segmentation. On peut encore objecter qu’il y a des animaux où les globules polaires se forment avant la membrane vitelline et même sont rejetés avant que cette membrane soit formée. Par exemple, chez l’Oursin, les globules se produisent dans l'ovaire, autour du vitellus nu et tombent avant la fécondation. Une opinion beaucoup plus plausible est celle de Von Thering, professeur à Gôttingue. Pour cet auteur, les globules polaires ne sont pas des excré- ments, car ils proviennent d’un élément très important, la vésicule germi- native. Leur formation a pour but de diminuer la masse de la vésicule, pour proportionner cette masse à celle du noyau mâle, qui est toujours plus petit que le noyau de l’œuf, sauf chez les Batraciens où les proportions sont en sens contraire. Sans cette élimination des globules polaires, la dis- proportion entre les éléments mâle et femelle serait bien plus grande. Or, comme l'influence du noyau spermatique consiste à transmettre à l’em- bryon les propriétés du mâle, la part du mâle sur le produit serait intini- ment plus faible que la part de la mère. La production des globules polaires est le moyen dont la nature se sert pour diminuerla masse de l'élément femelle qui s'unit à l'élément mâle, et pour équilibrer la part que chaque parent apporte à la formation de l'embryon. Cette opinion est, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 133 au moins, ingénieuse et séduisante; mais, en l'examinant, on reconnaît que pour qu'elle füt acceptable, il faudrait que les choses se passassent toujours de la même manière chez tous les animaux et que tous produisissent des globules polaires pour équilibrer l’influence de Pélément mâle et de l'élément femelle. Or, il n’en est point ainsi : chez les Articulés, sauf les Insectes, il n’y a pas de globules polaires. Mais ce qu’on appelle globules polaires, chez les Insectes, n’ont pas la même destinée que ces éléments chez les autres animaux. C’est pourquoi nous appellerons celles-ci vési- cules directrices, et les autres cellules polaires. Ces dernières, que l’on observe chez les Insectes, sont destinées, d’après Metschnikoff et Balbiani, à former les organes sexuels de l'embryon. Metschnikoff qui a signalé cette destination sur les larves vivipares des Cécidomyes, n’a pas suivi les transformations des cellules polaires, mais M. Balbiani les a suivies en entier chez les Pucerons ovipares et les Lépidoptères. Ces cellules devien- nent réellement les ovules primitifs de l'appareil générateur dans les deux sexes (Balbiani, Ann. d'Hist, nat., 1872, t. XV). Chez les autres animaux, les vésicules directrices n’ont aucun rapport avec l'embryon. Chez les Échinodermes, les Vers, les Mollusques, etc., elles sont mêmes rejetées hors de l’œuf. Malgré cette différence qu’on peut appeler capitale, M. Bal- biani n'hésite pas à leur attribuer une fonction identique et à les considé- rer comme des éléments homologues. Comparons-les d’abord au point de vue du lieu de leur formation. C’est toujours à l'un des pôles de l’œuf qu'elles apparaissent; d’où le nom de globules polaires que tous les observateurs leur donnent. Comme vésicules directrices, c’est toujours au pôle par lequel débute la segmentation; ily a toujours un rapport constant entre le lieu de leur sortie et le plan du pre- mier sillonnement. Or, chez les Insectes, où il n’y a pas de segmentation proprement dite, ce rapport constant n'existe pas non plus. Ce que l’on peut dire de plus général sur le point auquel ces globules apparaissent, c'est que c'est toujours au pôle postérieur, caudal. Ch. Robin s’est trompé en disant qu'ils se forment au pôle antérieur. Le blastoderme commence souvent au pôle postérieur, par exemple, chezles Pucerons ovi- pares. C’est donc le pôle actif. Mais, chez les Diptères, les Tipulides, les Chironomiens, les Muscides, le blastoderme commence au pôle céphalique de l'œuf, qui est, chez eux, le pôle actif. Cette loi de coïncidence n’est donc pas aussi formelle chez les Insectes que chez les autres animaux. La formation des globules polaires est toujours l’un des premiers phé- nomènes du développement, mais l’époque de leur production varie par rapport à la fécondation. Chez les Insectes, ils se produisent toujours après la fécondation. Chez les autres animaux, ils apparaissent tantôt avant, tantôt pendant, tantôt après la fécondation : chez les Échinodermes, c’est avant; chez quelques Mollusques, c’est au moment de la fécondation, et après, chez d’autres Mollusques, les Hirudinés. Chez les Vertébrés, il en \ | + ait | 13% JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ; est de même: dans l’œuf des Mammifères, les globules se produisent après la fécondation et dans celui des Poissons, l’un des globules se forme au début même de la fécondation et l’autre après. Chez les Batraciens, on ne connaît pas de vésicules directrices proprement dites, mais quelques _ auteurs assimilent aux globules polaires ces matières floconneuses qu'on voit au pôle actif. Si cette assimilation est exacte, la production de ces élé- ments serait aussi postérieure à la fécondation. Cette époque est done peu importante, puisque dans un même groupe, comme les Vertébrés, leur formation a lieu tantôt avant la fécondation, tantôt après. Examinons maintenant leur caractère histologique. Pour les Insectes, comme l’a vu Ch. Robin, ce sont de vraies cellules qui se multiplient par segmentation et donnent naissance jusqu’à seize ou vingt cellules polaires qu'on peut appeler secondaires. Mais leur signification cellulaire est beau- coup plus douteuse dans les vésicules directrices des autres animaux. Cependant, leur mode de formation indique bien que ce sont de vraies cellules, puisqu'elles proviennent de la vésiculegerminative qui estle noyau de l’œuf, dont une partie se sépare et qui contient bien du protoplasma. D'ailleurs, tous les phénomènes qui accompagnent la formation des glo- bules polaires sont absolument ceux qui accompagnent la division des cellules ordinaires. Il faut donc les considérer aussi comme de véritables cellules. De plus, Ch. Robin a fait voir que, chez les Hirudinés, elles se multiplient aussi par segmentation comme chez les Insectes. Tous ces caractères tendent à rapprocher les éléments polaires des Insectes de ceux des autres animaux. Ce que nous venons de dire suffit pour démontrer qu'il y a entre les uns et les autres une grande ressemblance, et Ch. Robin lui-même en avait déjà _été frappé, puisqu'il les a désignés sous le même nom chez tous les ani- maux. Chez les Insectes, il est vrai, nous ne savons pas comment ils se forment et si la vésicule germinative joue le même rôle que chez les autres animaux. Ce qui est certain, c’est que la vésicule disparaît avant leur formation chez les Insectes. Mais si nous savons que la vésicule dis- paraît, nous ignorons complètement le processus de cette disparition. Après avoir établi cette analogie entre les globales polaires des divers animaux au point de vue du lieu et du moment de leur sortie, voyons s'il yades raisons qui permettent de leur attribuer la même signification au point de vue morphologique. Nous savons que, chez les Insectes, ils sont destinés à devenir la glande génitale et paraissent à une époque très précoce du développement, tandis que chez les autres animaux, ils n’entrent pour rien dans le développement, et que l’ébauche des organes génitaux de ces animaux, des Mammifères par exemple, se forme beaucoup plus tard, — vers le dixième ou douzième jour, chez le Lapin. Chez les Insectes, ils apparaissent avant les autres organes et même avant l'embryon, de sorte que la deuxième génération précède celle qui est actuellement en voie de formation. Mais, en nous fondant sur l’analogie, n'est-il pas possible d’at- JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 135 tribuer à ces éléments une signification qu’on peut appeler atavique. À. Giard avait déjà supposé que ces vésicules, chez les Vers, les Echino- dermes, étaient des éléments ataviques conservés dans l’évolution ontogéni- que de ces êtres, mais il n’a rien dit de plus sur leur nature. Balbiani les considère comme des ovules ancestraux, car nous appelons ovules primi- tifs ceux qui apparaissent au début du développement et se retrouvent plus tard dans l'ovaire de l'animal. M. Balbiani veut établir que ces cellules représentent des ovules dont l’origine est beaucoup plus éloignée, — des ovules ancestraux. S'il en est ainsi, il faut admettre que chez tous les animaux où l'on trouve des vésicules directrices, il se forme, à deux périodes différentes et . plus ou moins éloignées, des ébauches de l'appareil reproducteur, l'une tout au début du développement, l’autre plus tard. La première aurait le caractère atavique et transitoire ; elle est représentée par les vésicules directrices. La deuxième ébauche représente l’appareil reproducteur per- manent, celui qui fonctionnera après la naissance de l'animal. Chez les Insectes, lesglandes sexuelles correspondent à la première forme de l’appa- reil génital. On peut comparer ce qui se produit, dans ce cas, pour l’appareil repro- ducteur à ce qui se passe pour l’appareil urinaire chez les Vertébrés. Nous savons que le rein se forme deux fois : d’abord, lerein transitoire ou corps de \Volf et, plus tard, le rein permanent qui remplace le corps de Wolff disparu. Chez les Batraciens, le corps de Wolff devient ie rein permanent. Or, ce double développement d’un même organe, l’un transitoire, l’autre définitif, s’observe dans une foule d’autres circonstances. La corde dorsale qui représente le rachis transitoire fait place à la colonne vertébrale qui est le rachis permanent, La corde dorsale peut persister chez certains êtres ; elle persiste chez l'Amphyoæus, qui n’a pas d'autre colonne vertébrale défi- nitive. Elle disparaît, au contraire, chez les Vertébrés supérieurs et est remplacée par la colonne vertébrale qui est l’axe définitif. Nous avons rappelé le double développement du rein, en corps de Wolf, rein transitoire, et en rein permanent. — Les branchies présentent des faits semblables. Certains animaux naissent avec des branchies exter- nes qui disparaissent, et il se forme d’autres organes, soit des branchies internes, soit des poumons. Tels sont les larves des Batraciens, les fœtus des Squales, ete. — De même pour les dents ; les dents de lait font place à d’autres dents définitives chez l'adulte; les dents fétales des Cétacés sont remplacées par les fanons de l’adulte. Les organes larvaires d’une foule d'espèces disparaissent au moment de la métamorphose et reparais- sent Sur un nouveau plan chez l’adulte. Il pourrait donc en être de même pour l'appareil génital. | Mais voici un dernier fait. La découverte d’un terme intermédiaire dans ces rapprochements est toujours très favorable, et ce terme nous est fourni par le Sagitta, très singulier petit animal placé parmi les Vers, mais très d # le : tai ONE y Le : Le \ En à ET URERTE. f + : — 1 136 JOURNAL DE MICROCRAPHIE. aberrant. Souse-nom-de-Ghilognatha, il a été étudié, quant à son déve- loppement par Kowalewsky, en 1871, — ei par Bütschli, en 1873. — Or, on trouve que quand le blastoderme se forme, l'embryon apparaît comme une vésicule, monerula, à une seule couche de cellules, qui s’invagine en formant une sphère à paroi double, ouverte au point d’invagination. Au pôle de cette sphère creuse, apparaît bientôt un petit groupe de cellules qui se détachent du feuillet interne et deviennent libres dans la cavité centrale. Or, ce petit groupe cellulaire, qui se forme le premier, est le rudiment de la glande sexuelle, comme Butschli l’a bien reconnu, et il se transforme en testicule et en ovaire, car le Sagitta est un animal hermaphrodite. Et, en effet, ces éléments, qui se sont détachés du sommet de la gastrula, corres- pondent bien aux globules polaires des Insectes et aux vésicules directrices des autres animaux. Car, sil’invagination, qui est un accident, ne s'était pas produite, ces globules polaires se trouveraient à l’un des pôles de l'œuf. Il faut donc attribuer à tous ces éléments la même signification et les con- sidérer comme des ovules ancestraux. 4 OBSERVATIONS RELATIVES AUX PHÉNOMÈNES DE L'ABSORPTION CHEZ LES ORGANISMES INFÉRIEURS (1) Jusqu'ici personne n’a mis en doute que chez les organismes végétaux infé- rieurs constitués par des cellules, soit isolées, soit disposées en séries linéaires ou planes, l’absorption ne se fasse directement à travers les parois membraneuses de toutes les cellules. Le plus sonvent, c’est bien ainsi que les choses se passent, et alors l'observation constate une disposition anatomique correspondante : les parois des cellules restent très minces, ou ne s’épaississent que dans une faible mesure. D’autres fois, et notamment dans l'intervalle de repos qui sépare deux périodes d'activité de la végétation (comme chez les Chlamydococcus, les * Schizochlamys, ou bien encore chez les corpuscules reproducteurs, nés de la conjugaison de deux cellules (Desmidiées), dont la germination ne se fera qu'a- près un temps plus ou moins long). Il se produit un épaississement considérable des parois enveloppantes et la rupture de ces parois épaisses est le premier phé- nomène par lequel débute une nouvelle période d'activité. Il est permis d’en conclure que, dans ces circonstances, l’épaississement des parois cellulaires est l'obstacle que la nature oppose à l’action des forces physi- ques mises en jeu dans les phénomènes osmotiques, et qu’en général l'absorption se trouve sous la dépendance de ces parois, activée ou ralentie suivant leur épaisseur. Dans le groupe des Batrachospermées, l'épaississement des parois cellulaires est accompagné de dispositions anatomiques intéressantes au point de vue de la physiologie générale. Sur les premiers axes des séries linéaires de cellules, les cloisons transversales ne s'épaississent pas également dans toute leur étendue; au point médian, la membrane reste à l'étal primitif, ou même disparaît. Le fait est mis en évidence par la coagulation de la substance protoplasmique dont les (1) Comptes Rendus de l'Acad. des Sc., 25 avril 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 137 masses, occupant deux cellules consécutives, restent reliées l’une à l’autre par un prolongement filiforme qui s'étend à travers la paroi transversale. Ainsi s'éta- blit, de cellule à‘cellule, une communication bien connue chez les végétaux d'un ordre plus élevé. Eu même temps que s’établissent ces communications, on voit apparaître des organes spéciaux d'absorption, des filaments radicellaires qui naissent à la base des cellules épaissies. Le rôle d'organes d'absorption ne sera que temporaire chez ces radicelles; les parois cellulaires s’y épaissiront à leur tour et amèneront ieur transformation en organes de fixation et même de multiplicalion, ca même temps que de nouvelles radicelles se montreront sur de$ points plus élevés. Ces faits, d’une observation facile sur la forme asexuée (Chantransia), présen- teat un plus haut degré de complication chez le Batrachosperme. Dans les cir- constances normales, les entre-nœuds sont partiellement ou en totalité recouverts par des filaments articulés descendants, dont le nombre s'accroît progressive- men! et qui naissent d'abord de la cellule basilaire des rameaux fasciculés, qui. constituent les nœuds ou les verticitles, plus tard de la base des ramifications fasciculées, et très souvent de la base des rameaux où la nutrition se fait remar- quer par un degré plus grand d’activité, particulièrement de ceux qui portent les glomerules fruetifères. Le rôle physiologique de ces filaments articulés se modifie et varie suivant l’âge, la structure et la position dans les régions basilaires ou moyennes des axes de la végétation. Jeunes, ils sont surtout et avant tout des organes d’absorp- tion; ce rôle physiologique, assez nettement indiqué par les points d’émergence, est encore justifié par ce fait que, toutes les fois qu'une jeune plante se trouve immergée dans des mucosités qui entravent’ les phénomènes de l'absorption, ces filaments s’écartent de l’axe pour aller chercher un milieu plus favorable. Plus âgés et déjà épaissis dans leurs parois, ils deviennent, à la base, des organes de fixation, plus haut, de nouveaux éléments qui, s’accolant à la tige, en augmente- ront l'épaisseur, la consistance et la dureté. Une section transversale, faite sur un axe enveloppé dans cette corticalion résistante, montre, au centre, la cellule axiale primitive entourée par les sections des filaments corticants dont la lumière est très régulièrement rétrécie de la circonférence vers le centre. De plus, par la solidification d’un gélin interstitiel, le tout est réuni en un ensemble continu. Ces filaments, devenus corticants ou radicellaires, émettent des ramuscules arti- culés qui, sur la tige, diminuent ou font disparaître les intervalles compris entre les verticilles, et, à la base, figurent un prothalle qui peut devenir persistant. Ainsi donc, les organes d’absorption, chez les organismes végétaux inférieurs présentent des phases parallèles à celles qui sont mieux connues dans les groupes plus élevés. Les sommités des ramuscules verticillés donnent lieu à une observation toute particulière. En général, lorsqu'une cellule végétale à parois minces meurt, elle ne tarde pas à se gonfler en ballon; le ballon crève et la cellule disparaît. Sur les sommités détachées, les cellules mortes subissent une rétraclion qui peut aller jusqu’au cinquième de leurs dimensions. — Le fait s'explique : 4° par la suppres- sion d’une tension extra-cellulaire résultant de l'absorption par les filaments radicellaires ; 2° par une certaine élasticité d’une paroi cellulaire qui se trans- forme en un gélin muqueux sur la surface externe. SIRODOT. 438 . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PUCERONS ATTAQUÉS PAR UN CHAMPIGNON Nous avons étudié les pucerons couverts d’une production cryptogamique que M. Lichtenstein vous avait adressés pour nous être remis. Ces pucerons appar- tiennent au cycle de développement du Tetraneura rubra, espèce décrite l’année dernière par M. Lichtenstein et qui détermine les galles rouges de l'Orme. Ces insectes, dépourvus de suçoirs, correspondent, chez le Phylloxéra, à la géné- ration sexuée issue de l'individu ailé. M. Lichtenstein, qui les a découverts, fait remarquer, dans la lettre qui accompagne son envoi, que cet insecte a les plus grands rapports avec les Phylloxériens. Il appelle l'attention sur le parasite qui s’est montré sur ces insectes. Le champignon est d’une couleur foncée, il est filamenteux, clone et paraît _ pouvoir être rangé avec certitude dans l’ancien genre Cladosporium.Le mycélium est assez pâle, ramifié; il occupe l’intérieur du corps de l’insecte. Les filaments sporifères sont extérieurs, très foncés, irrégulièrement contournés et à membranes très épaisses ; ils sont disposés par bouquets. Les spores qui subsistent ne sont qu’en petit nombre ; elles sont de tailles assez inégales, simples, biloculaires ou pluriloculaires ; leur forme ovalaire, plus où moins régulière, allongée; les cloisons sont, en général, toutes parallèles. Sur un œuf de ces insectes, nous avons observé une pycnide écrasée, qui n’est autre chose que la forme décrite autrefois sous le nom de Sphæria mucosa. Les Cladosporium sont des Ascomycètes dont plusieurs, mais non tous, ont été réunis par Rabenhorst sous le nom générique de Pleospora. Quelques-uns d’entre eux sont parasites sur des plantes vivantes, sur des clavaires (Pleospora clava- riarum sur le trèfle et la vigne (Polytrincium trifolii, et Cladosporium viticolum). mais le plus grand nombre vit sur les débris organiques en décomposition. On n’en connaît point qui Soient parasites sur des animaux vivants. L'espèce la plus commune est le Pleospora herbarum, qui pendant l'hiver, envahit les feuilles tombées à terre. C’est probablement ce Pleospora qui s’est développé sur les pucerons de M. Lichtenstein. Ils semblent n'avoir été envahis qu'après leur mort. sk Il n’est pas sans intérêt de rechercher par voie directe siles cadavres des pucerons fourniraient des matières nutritives suffisantes pour le développement de cette espèce ou d'espèces analogues. S'il en était ainsi, la question spécifique perdrait ici beaucoup de son importance. Pour le rechercher, nons avons choisi des espèces fort communes, que nous avons semées comparativement dans l’eau ordinaire et dans l’eau où avaient été placés des pucerons sacrifiés.Ces espèces étaientles suivantes : ?leospora herbarum, Penicillium glaucum, Polyactis cinerea, Tricothecium roseum, Mucor bifidus, etc. Dans tous ces cas, le résultat fut presque identique. Dans l'eau ordinaire, la germination fut incomplète, très lente ou nulle ; dans l’eau rendue nutritive par là présence des pucerons, le développement fut, en général, rapide et vigoureux, terminé par la production de nombreuses spores. On sait que ces Champignons si répandus ne peuvent se développer sur ces insectes pendant leur vie. Parmi les germes qui couvrent l'homme et les animaux, il y a, de même, un (1) Lettre à M. Dumas. C. R., avril 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 139 grand nombre de Bactériens qui attendent pour se développer que l’organisme, frappé de mort, ne leur dispute plus les éléments nutritifs de sa propre substance. Ces Bactéries, quelque semblables qu’elles soient aux espèces infectieuses, peuvent en être souvent distinguées par un examen attentif ct surtout par l’expé- rience. Des faits absolument du même ordre se rencontrent dans le groupe des Pleos- pora dont les uns sont parasites sur des plantes vivantes rigoureusement déter- minées, tandis que d’autres, très semblables en. apparence aux premiers, ne peuvent envahir que des végétaux morts. C'est sur des pucerons morts que le Pl/eospora de M. Lichtenstein a pu se développer. On voit donc que le rôle des champignons qui exercent leur destruction sur une immense échelle vis-à-vis des débris végétaux n’est peut-être pas négligeable vis-à-vis des animaux de petite taille; ce rôle étant dévolu, chez les grands animaux, aux Algues du groupe Bactériacées. La conclusion définitive sur le parasite observé par M. Lichtenstein, c'est que ce parasite ne paraît pas devoir exercer une influence notable sur la multipli- cation du Phylloxéra. Un champignon fort analogue, sinon identique, avait été rencontré par l’un de nous sur le Phylloxéra lui-même et n'a pas déterminé d'effets appréciables (1) sur son extension dans les vignobles. M. Cornu et CH. BRONGNIART. DE L’EMBRYOLOGIE ET DE SES RAPPORTS AVEC L'ANTROPOLOGIE (2) (Suite) Il montre que les différences entre l’homme et les singes anthropoïdes (gorille, chimpanzé, orang, etc.), ne sont pas plus considérables que celles qui existent entre les anthropoïdes et les singes pithéciens, que celles qui séparent les pithé- ciens des cébiens. Il arrive donc à constituer l’ordre des primates qui se subdi- vise en familles ; la première famille est celle des hominiens (homme); la seconde, celle des anthropoïdes (gorille, orang, etc.), la troisième est celle des singes pPithéciens (macaque, colobe, guenon, etc.), la quatrième est celle des cébiens (atèle, sajou, etc.), enfin, la cinquième est celle des lémuriens (maki, indri, avahi, etc.). Mais cette dernière diffère des précédentes par des caractères assez importants, surtout en ce qui touche leur embryologie (type placentaire), pour qu’il y ait peut-être lieu de la détacher de l’ordre des primates, ou tout au moins d’en faire un sous-ordre particulier, ainsi que nous l’indiquerons dans un instant. Or, parmi les caractères étudiés par Broca, il en est un certain nombre qui, au premier. abord, pourraient paraître d’une importance majeure, peut-être d’une valeur ordinale, et deviendraient peut-être des arguments en faveur des partisans de la division en ordres des bimanes et des quadrumanes, (1) Comptes Rendus. T. LXXV, p. 723. (2) Voir Journal de Micrographie, t. V, 1881, p. 42, 10 b. (40 | JOURNAL DE MICROGRAPIE. si, précisément, l’embryologie ne venait jeter un jour tout nouveau sur ces caractères et les réduire à leur juste valeur. Je veux dire que tel organe, telle partie du squelette, qui paraît conformée d'une manière toute différente chez l’homme et chez les singes, se montre, lors de sa formation, configurée selon le même type chez l’un et chez les autres. Quelques différences dans le degré d’accroissement, par exemple, de ces parties apparaissent ultérieurement pendant leur développement, et il en résulte des caractères qui semblent de nature différente lorsqu'on compare des individus adultes, et qui né se tro uvent être que de simples modifications en plus ou moins d’un type originairement commun, lorsqu'on remonte ainsi à l'étude de leurs conditions embryonnaires. Mais ici nous sommes en plein dans notre sujet, et il faut procéder non plus par généralités, mais par exemples explicites. Prenons d’abord l'os intermaxillaire, exemple d'autant mieux choisi que primi- tivement l'existence de cet os a été méconnue chez l’homme, ce qui l'aurait différencié de tous les autres animaux vertébrés, et qu’ensuite son mode de con- figuration fut invoqué pour établir une ligne absolue de démarcation entre l’homme et les singes. Que l'os intermaxillaire existe chez l’homme comme chez les autres mammifères, c’est là une question dès longtemps résolue par Gœthe, le poèle anatomiste et philosophe (1). Mais sa disposition présente chez l'homme et chez les singes une certaine différence : chez l’homme la suture qui réunit cet os au maxillaire supé- rieur est courte et aboutit par son extrémité supérieure à la partie inférieure des fosses nasales ; chez les singes, au contraire, cette suture est très longue, car elle va aboutir en haut sur les parties latérales et supérieures de l’ouverturenasale, c’est-à-dire que l’os intermaxillaire se prolonge en haut en une sorte d'apophyse montante qui remonte jusqu’à l'os propre du nez, en bordant latéralement l’ouver- ture antérieure des fosses nasales. Or, cette différence elle-même disparaît, ou du moins toute importance lui est enlevée, quand on examine chez l’homme l'os intermaxillaire aux premières périodes de son développement. Sur des embryons humains de deux mois à deux mois et demi, le D' Hamy (voyez son mémoire : l’Os intermaaxillaire de l’homme à l'état normal et à l’état pathologique. Paris, 1868) a constaté l'existence d'une petite lamelle osseuse dépendant de l’os intermaxillaire, lui formant une véritable apophyse montante, ct se prolongeant sur les bords latéraux de l'orifice nasal jusqu’au contact des os propres du nez. Cet apophyse de l’intermaxillaire, identique alors à ce que les singes présentent à un état permanent, n’a qu’une durée transi- toire chez l’homme en voie de développement, ou, pour mieux dire, sa disposi- (1) Laissons d’abord la parole à Gœthe lui-même sur la question de ce point d’essification du maxillaire supérieur, point osseux qui chez les animaux est si évident paree qu’ persiste toute la vie à l’état d’os indépendant (os incisif on intermaxillaire) : « Lorsque je commençais, vers l’année 1780, à m'occuper beaucoup d'anatomie sous la direction du professeur Loder, je travaillais à l'établissement d’un type ostéologique, et il me fallait par conséquent admettre que toutes les parties de l'animal, prises ensemble ou isolément, doivent se trouver dans tous les animaux ; car l'anatomie comparée, dont on s'occupe depuis si longtemps, ne repose que sur cette idée. 11 se trouva que l’on voulait alors différencier l’homme du singe en admet- tant chez le second uo os intermaxillaire dont on niait l'existence dans l'espèce humaine. Mais cet os ayant surtout cela de remarquable qu'il porte les dents incisives, je ne pouvais com- prendre comment l’homme aurait eu des dents de cette espèce sans posséder en même temps l'os dans lequel elles sont enchàssées. J'en recherchai donc les traces chez le fœtus et l'enfant ; etil ne fut pas difficile de les trouver, » (Gœrnc. Œuvres d'histoire naturelle. Trad, par Ch. Martins, p. 98.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 141 tion cesse bientôt d’être visible ; en effet, dès le troisième mois, celte partie de l'intermaxillaire est voilée par l’apophyse montante du maxillaire, qui, en se développant, s’élargit, passe au-devancs d’elle, la déborde, et, la recouvrant com- plètement, vient constituer le bord de l'ouverture des fosses nasales. Un exemple plus frappant encore nous est'fourni par le squelette de la main; l'observation embryologique qui donne la clef de la particularité dont il va être question est de plus toute récente et peu connue; c’est pourquoi nous devons y insister : il s’agit de l’os intermédiaire du carpe. On donne ce nom à un os qui, dans la main des orangs, des gibbons et de plusieurs autres singes, sépare le scaphoïde et le semi-tunaire du trapézoïde et du grand os. Ce n’est pas, comme le fait remarquer Broca, un de ces petits osselets surnuméraires périphériques, développés dans les ligaments ou les tendons ; c’est une pièce osseuse toute par- ticulière et constituant un caractère ostéologique d’une grande valeur, car elle ne se rattache ni à la première ni à seconde rangée du carpe, formant à elle seule comme une troisième rangée, de sorte qu'entre le radius et le métacarpe il y a trois articulaires au lieu de deux. Cette disposition, avons-nous dit, existe chez l’orang, le gibbon, diverses autres singes et mammifères des ordres sous-jacents ; elle ne se rencontre ni chez l’homme, ni chez le chimpanzé, ni chez le gorille. Broca a très énergiquement insisté sur ce fait pour montrer que c’est là un ca- ractère qui établirait une plus grande démarcation entre certains singes qu'entre l'homme et les premiers anthropoïdes. « Si cette disposition, dit-il (Primales., p. 59), existait chez l’homme, et chez l’homme seulement, on ne manquerait pas d'en faire ressortir l'avantage qui en résulterait pour la mobilité et la perfection de sotre main. Comme elle ne se trouve que chez les singes, je veux bien accorder que cet os intermédiaire constitue un caractère d’infériorité ; mais alors je ne puis me dissimuler que le chimpanzé et le gorille, qui en sont privés comme nous, et dont le carpe est absolument pareil au nôtre, sont, sous ce rapport, plus rapprochés de nous que des orangs et des gibbons. » Or, l'embryo- logie vient singulièrement amoindrir cette différence et rétablir une sorte d’har- monie ostéologique entre la famille des hominiens et des anthropoïdes d’une part, et entre les différents anthropoïdes d'autre part. En effet, Henke et Beyher, puis E. Rosenberg, ont récemment découvert sur de jeunes embryons humains un cartilage répondant manifestement à l’os intérmédiaire ou os central du carpe. D'après E. Rosenberg, ce cartilage apparaît chez les embryons du second mois, dès que les autres cartilages carpiens sont distincts, et dure jusqu’au commence- ment du troisième mois : à partir de cet âge le cartilage (homologue de l'os central), disparaît en s’atrophiant de la face palmaire vers la face dorsale. Kælliker a pu confirmer ces données sur quatre embryons du second mois et du troisième, et il a également constaté que l'os intermédiaire (représenté par son cartilage) disparaît bientôt sans s'unir au scaphoïde : car, sur un embryon du troisième mois, il l’a trouvé n’existant plus que sur la face dorsale du carpe, avec une taille de Om", 44, et il faisait entièrement défaut chez un embryon plus âgé, chez lequel l’ossification des métacarpiens avait déjà commencé : toutefois, une lacune remplie par un tissu conjonctif mou marquait encore la place que le cartilage intermédiaire avait occupée. La signification de ces faits n’a pas échappé à l'éminent embryologiste, qu'on ne saurait songer à accuser de trop d'enthousiasme pour les doctrines du trans- formisme et de l’évolution : « Ce cartilage, dit Kælliker (traduct. française, p. 341), a o 442 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ’ répond manifestement à l'os central permanent du carpe de quelques mammifères, des reptiles et des amphibies. » Puisque nous venons de parler du squelette du carpe, citons encore, mais sans y attacher grande importance, vu le peu de signification des os sésamoïdes, citons encore ce fait que les auteurs sus-indiqués, Henke et Rosenberg, ont ren- contré, sur le fœtus humain, en outre de l'os intermédiaire, un second os carpien sarnuméraire, entre le scaphoïde et Le trapèze, sur le bord radial du poignet, et que, certainement, ce noyau cartilagineux correspond à l'os sésamoïde du tendon du muscle long abducteur du pouce, tel qu'on le rencontre à l’état adulte chez l’orang et autres primates. La torsion de l'humérus, qui pendant longtemps n’a dû être aux yeux des anato- mistes qu'une ingénicuse formule par laquelle Ch. Martins avait pu établir l’homo- logie du membre pelvien et du membre thoracique, la torsion de l’humérus a acquis la valeur d’un fait démontré, grâce aux études émbryologiques. On sait que, pour ramener le bras à une position dans laquelle il soit comparable à la jambe, il faut par la pensée faire accomplir à la moitié inférieure de l’humérus un mouvement sur son axe de dedans en dehors et d’arrière en avant, de façon à amener en dehors le bord interne, c’est-à-dire mettre l’épitrochlée à la place occupée par l’épicondyle; alors l’olécrâne regarde en avant, comme son homo- logue la rotule du genou. On dit donc que chez l’homme la situation normale (non détordue) de l’extrémité inférieure de l’humérus correspond à un état de tor- sion de près d’un demi-cercle, c’est-à-dire de 168 degrés : en d’autres termes, l’axe de la tête de l’humérus et l’axe (transversal) du coude font entre eux un angle de 168 degrés. Or chez les divers mammifères, à mesure qu'on s'éloigne de l’homme, celte Lorsion devient moinüre ; l’angle formé par les deux axes, déjà seulement de 154 degrés chez le nègre, s'atténue encore plus chez les singes, et enfin n'est plus que de 90 degrés chez les quadrupèdes tels que le cheval et les ruminants. Il semble donc que la torsion augmente à mesure qu’on s'adresse à des mammi- fères plus élevés. C'est cette conception que l'embryologic confirme et à laquelle elle vient donner une réalité saisissable ; elle nous montre, en effet, que la torsion de l’humérus est chez le fœtus humain de 30 degrés moindre que chez l'adulte, c'est-à-dire qu’elle n’est chez le fœtus de race blanche que de 138 degrés: elle est donc chez lui moindre que chez le nègre, et il n’y en a que 48 de différenceentre ce qu’elle est chez lui (fœtus) et ce qu’elle est chez les quadrupèdes adultes. Par la comparaison de ces nombres on voit pour ainsi dire l'humérus se tordre successivement en même temps qu’il se développe, et présenter ainsi des stades de torsion qui, d'abord peu supérieurs à ce qu’on trouve chez les quadrupèdes, approchent du degré qu’on constate chez le nègre, atteignent ce degré, puis le dépassent et donnent finalement la torsion équivalente à peu près à une demi- circonférence, telle qu’elle se présente chez l'adulte de race blanche : Ja torsion dite virtuelle est donc bien une torsion réelle, puisqu'on peut suivre sa for- malion sur des sujets de la même espèce; la formule théorique à ainsi acquis une réalité palpable, qui du fœtus à l'adulte nous fait assister à une véritable évolution de forme dans l'os du bras, et par suite dans tout le membre supérieur. L'embryologie du cerveau, qui formera cette année l'objet spécial de ces leçons, nous présentera bien d’autres exemples de ces transformations correspondant par leurs stades successifs aux formes qu'on rencontre chez les individus adultes des espèces placées plus bas. Nous ne saurions insister, pour le moment, sur cette “LL JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 143 question, dont tous les détails vous seront spécialement présentés : il mesuffira de vous annoncer que dans sa forme primordiale nous trouverons l'axe céphalo-rachi- dien représenté par un simple tube épithélial à peu près régulièrement calibré, c'est-à-dire sans renflement antérieur, tel qu’il se présente chez les vertébrés les plus inférieurs, dits acrâniens (amphioxus), paree qu’ils n’ont pas de renflement antérieur de l'axe nerveux, pas de cerveau et par suite pas de boîle crânienne; de cette forme en avant des vésicules cérébrales qui reproduisent la forme de l'encéphale des poissons ; puis le cerveau mieux constitué et déjà plus complexe rappellera, sous le rapport de ces commissures rudimentaires, la masse céré- brale des marsupiaux ; plus avancé encore, mais avec des sillons et circonvolu- tions rudimentaires, il reproduira les caractères du cerveau des makis, puis des singes propremement dits, jusqu'à ce que, par la complication de la surface de ses hémisphères, 11 passe aux formes cérébrales des anthropoïdes et de l’homme. Dans ces quelques exemples, tout en voulant insister essentiellement sur les questions de l'anatomie comparée de l'homme et des singes, et sur les clartés que l’embryologie apporte dans ces parallèles anatomiques, nous n'avons pu nous empêcher de descendre parfois dans les divers degrés de l’échelle des vertébrés, et de montrer par l’embryologie les affinités intimes qui rattachent tous ces échelons. Nous empiétons ainsi sur la dernière question qui doit faire l’objet de cet exposé général, e’est-à-dire sur l'indication des rapports de l’embryologie avec le transformisme. Il est temns d'aborder cettepartiede notre étude d’introduc- tion.Qu'il nous soit cependant encore permis de rappeler,puisqu’il va plus que jamais s'agir de elassifications.que l’embryologie est venue apporter de précieux éléments aux méthodes naturelles qui permettent de répartir les êtres en séries, en marquant les affinités de ces séries. Pour ne parler que des annexes de l'embryon, c’est-à- dire des organes membraneux dans lesquels se localisent la plupart des fonctions fœtales, n'est-ce pas l’amnios et l'allantoïde, avec le placenta (formation allantoï- dienne), qui fournissent un des caractères les plus naturels de elassification ? La division des vertébrés en amniotes et anamniotes, ou la division tout à fais parallèle en allantoïdiens et anallantoïdiens, est aujourd’hui généralement recon- nue fondamentale. Parmi les allantoïdiens, l'existence ou la non-existence de formations placentaires établit deux groupes aussi naturels ; puis parmi les placentaires, la forme même du placenta est aujourd’hui l'élément de classifica- tion auquel les zoologistes s'adressent de préférence ; il nous suflira de rap- peler, et nous rentrerons ainsi complètement dans notre sujet (l’homme et Les singes), que la forme placentaire des makis (lémuriens), mieux connue aujourd'hui, grâce aux recherches de M. À. Milne Edwards, doit désormais, comme Broca l’annonçait à la Société d'anthropologie en avril 1877, tracer une ligne de démar- cation de plus en plus profonde entre les lémuriens ou faux singes et les singes proprement dits (anthropoïdes, pithéciens et cébiens). LT L'anthropologie, au même titre que toutes les branches des sciences naturelles, est directement intéressée dans la grande doctrine du transformisme ; l’histoire naturelle de l’homme présente aujourd’hui avec cette doctrine des points de con- tact d'autant plus intimes que, dans le fond de la pensée d’un grand nombre d’adversaires du transformisme, c’est peut-être précisément la crainte plus ou 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. moins réfléchie de voir appliquer à l’homme la conception transformiste qui a été l’origine première de leur hostilité, D'autre part, on peut dire, et nous le démontrerons dans un instant par un rapide historique, que la fondation de la Société, et par suite de l'Ecole d'anthropologie, a eu pour origine première sinon une pensée transformiste, du moins l'étude d’une question se rattachant directe- ment au transformisme, la question de la valeur de l’espèce, jugée par la fécon- dité ou la non-fécondité des métis et hybrides. Enfin c’est dans les diverses questions soulevées par le transformisme que l’embryologie vient avec le plus d'éclat apporter le tribut de ses observations. Nous devons donc examiner ici rapidement les deux questions suivantes : Qu'est-ce que le transformisme et quels sont les rapports de l’embryologie avec le transformisme ? La doctrine du transformisme est tout entière dans Ja valeur attribuée à la notion d'espèce : tandis qu'autrefois on considérait les divers types animaux euxquels on donne le nom d'espèces comme des formes invariables, permanentes, sans rapport ou affinité réelle les unes avec les autres, divers naturalistes ont été successivement amenés à voir, dans les types actuellement vivants, des formes modifiées dérivant des animaux dont la paléontologie nous révèle l’ancienne existence, à concevoir que les espèces actuellement vivantes peuvent se modifier sous l'influence de causes diverses, que tel caractère accidentellement apparu et appartenant aujourd'hui à ce qu’on appelle une simple variété, pourra se perpé- tuer en s'accentuant de génération en généralion de manière à fixer la variété et à en faire une espèce : qu’en un mot les types organiques ne sont pas fixes. Dans cette rapide indication de la question, nous nous gardons bien de définir le mot espèce ; car ce n’est pas dans une science de faits qu’on peut partir d'une définition pour déduire des conséquences. Ce qu’on entend vulgairement par espèce, tout le monde le comprend, même les personnes les plus étrangères aux études biologiques. Il suffit d’avoir vu les animaux et les plantes qui nous entou- rent, il suffit d’avoir fait une seule fois une promenade dans un musée zoologique, pour avoir reconnu que, au milieu des mille formes organisées, il est des séries d'individus qui présentent des caractères communs, qu’on peut considérer comme semblables, qu’on reconnaîtra et désignera à chaque fois du même nom, dès qu'on aura bien constaté leurs types. Mais si le vulgaire ne va pas au delà de celte notion, si autrefois les naturalistes eux-mêmes ne la dépassaient guère, en se contentant, pour classer les êtres, de systèmes artificiels qui permettaient sim- plement d'arriver à trouver le nom d’un type en se basant sur quelques carac- tères arbitrairement choisis, il n’en a plus été de même lorsque le monde orga- nique a été plus complètement connu: alors de plus nombreux types ayant été décrits, figurés, collectionnés, on s’est vu, par la nature même des choses, forcé de les classer d’une manière moins artificielle, à l’aide de méthodes natu- relles, par lesquelles il devient évident que l’ensenble des animaux, par exemple, constitue une série progressive composée de créatures de plus en plus parfaites, depuis ces organismes élémentaires et ambigus, intermédiaires entre le végétal et l'animal jusqu'aux vertébrés, aux mammifères, et enfin à l’homme, couronne- ment du règne organisé. Ces affinités entre les types sont-elles le fait d’une puis- sance créatrice qui a pour ainsi dire conçu un plan organique général et mis au jour, comme pour marquer chaque degré de ce plan, une série de formes rattachées entre elles par la pensée créatrice, mais sans aucun autre lien matériel, c'est- à-dire sans qu'il nous soit permis de concevoir lc passage possible d'un type à d JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 445 0 9 1 un autre, ou la modification d'un type actuel pour former un type nouveau ? Les parlisans de l’invariabilité de l’espèce répondent affirmalivement à cette question. Au coniraire, la doctrine du trausformisme admet ces passages, ces modifica- tions ; pour elle, les formes organiques sont soumises à une sorte de remanie- ment incessant produit par les causes modificatrices extérieures du milieu ambiant, et tel type qui existe aujourd'hui n’est plus ce qu'il était il y a un cer- {ain nombre de siècles, de même qu’il est autre que ce qu'il sera dans un avenir plus ou moins éloigné : saisissant les êtres à un moment donné de ces transfor- mations par lesquelles les caractères les plus étroits de parenté, au sens propre du mot, existent entre les divers types, nous ne devons voir dans la notion d’es- pèce appliquée à ces types qu’une notion subjective ; car, en réalité, l'espèce n’existe pas, les plantes et les animaux passant des uns aux autres par des nuan- ces insensibles. Cette idée s’impose si fatalement à l'esprit, quand on étudie la classification des êtres par les méthodes naturelles, que Buffon avait déjà dit que toutes les espèces groupées dans ane même famille semblent être sorties d'une souche commune. Mais c’est le naturaliste français Lamark qui, le premier, en 1809, d’une ma- nière nette et précise, nia résolument la fixité des types organiques et proclama le changement continu et indéfini comme une loi de la nature : les dispositions qu’on regardait jusque-là comme construites par une intelligence supérieure, pour répondre à un but déterminé, à une cause finale,selon l'expression consacrée (théorie téléologique), Lamark les considéra comme résultant de l'adaptation des espèces à leur milieu : l'organe n’est plus fait pour la fonction ; mais c’est la nécessilé de la fonction qui a peu à peu modelé, adapté, achevé l'organe. D'une manière générale, et selon l'expression même de Lamark, la cause modificatrice peut être désignée sous le nom d'influence des milieux, d’empire des circons- tances, de résultat des habitudes et des efforts. Malheureusement, Lamark ne s’en tint pas à cet énoncé général, qui est en somme celui de la doctrine transformiste dans ses formes les plus récentes ; mais, tandis qu'aujourd'hui une étude plus complète de cet empire des circonstances a permis d’en préciser exactement les détails, Lamark, qui avait seulement conçu la loi générale, sans être encore en état d'en rassembler tous les cas particuliers, voulait cependant l’appuyer par des exemples, ou plutôt la rendre saisissable à tous par l'indication de cas particu- liers. Or, les exemples qu’il présenta furent si malheureusement choisis qu’ils prêtèrent immédiatement le flanc à la critique et firent succomber la doctrine presque sous le coup du ridicule, car ils ne pouvaient, pour le moment, et tels qu’ils étaient énoncés, subir la discussion. En effet, Lamark suppasail, par exemple, que la longue langue du pic-vert et du fourmilier était ainsi développée par suite des efforts faits par ces animaux pour aller chercher les insectes jusque dans les fentes des arbres ou dans les petits terriers creusés dans le sol ; de même les membranes inserdigitales des vertébrés aquatiques s'étaient formées, pensait-il, par suite des efforts qu’avaient faits ces animaux pour nager ; ou bien encore le leng col de la girafe résultait de ce que cet animal, dans ses efforts continus pour élever la tête et brouter la cime des arbres, avait allongé ses ver- tèbres cervicales, etc. Ainsi s'explique le peu de succès de la doctrine de Lamark. En 1828, ces mêmes idées transformisles furent reprises par Etienne Geoffroy Saint Hilaire ; mais celui-ci, que ses adiuirables études de Philusophie anatomique amenaieut À , À + 146 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nécessairement, par la conception de l'unité de composition organique, à l'idée de la transformation, de l’évolution des espèces, n’eut garde d'offrir à ses adversaires des arguments aussi fragiles que ceux présentés par Lamark. Il se tint à l'énoncé général du principe : il proclama la modification des types sous l'inflnence du monde ambiant ou du milieu, tout en se gardant bien de descendre dans l'exploration des faits particuliers Cette fois encore, mais par l'excès inverse, il devait être vaincu en restant dans le vague, il laissa sa théorie sans précision ; en constatant ce manqne de faits à l'appui, Cuvier, son terrible adver- saire, en ert aisément raison ; el c’est ainsi que, pour la seconde fois, la doctrine du transformisme, après avoir jeté ses premières lueurs en France, y fut définiti- vement éteinte. Elle devait de nos jours nous revenir de l'étranger, formulée à nouveau par un naturaliste qne de lahorieuses études de détails et de longs voyages avaient mis en état d’accumuler d'innombrables exemples et cas parlicu- liers ; aussi fut-il procédé iei d’nne manière inverse que précédemment : d’abord l'exposé des faits dans leurs menus détails, puis l'indication sommaire des con- clusions ; mais les faits étaient si explicites, si heureusement groupés, si habilement présentés, que leur exposé forçait le lecteur à formuler, pour ainsi dire, de lui-même la loi générale de la transformation des espèces : tel fut Darwin, qui, par son livre de l'Origine des espèces par la sélection naturelle, établit définitivement la doctrine entrevue par Lamark et Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. (A suivre.) Dr Marias Duvar, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. BIBLIOGRAPHIE DES DIATOMÉES (1) . (Fin) (2) 256 SCIENCE Gossip. — (Hardwicke’s Science Gossip.) Revue mensuelle, publiée par D. Bogue- London, 1865-1881. 257 SILLIMAN’S AMERICAN JOURNAL OF SCIENCE AND ARTS. - NeW- Haven (Etats-Unis d'Amérique). 258 SILVESTRI, Orazio. — Ricerche chimico-micrografiche sopra le piozge e le polveri metereo- logiche in occasione di grande bor- rasche atmosferiche. Catauia, 4877. 259 Suit, Will., (Rev.). — A Synopsis of the British Dia- tomacearum ; with remarks on their structure, funct. and distrib. London, 4856, 2 v. in-8° avec 69 pl. en partie coloriées. | 260 — List of Brit. Diatomaceæ in the collec- tion of Brit. Museum. London, 1859, in-8°, 261 SMITH, HAM.-Lawr. — Diatomacearum species typicæ- Centuries de preparations microsco- piques, 4876 et suiv. Geneva (N.-Y.). (1) Complétée par le Dr J, Pelletan. (2) Voir Journal de Micrographie, T. IH et IV, 1879 et 1880. Le À . É 265 972 273 274 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. A47 SOCIETA CRITTOGAMICOLOGICA ITALIANA (Atti della).Milano, 1873 et suiv. SOUBEIRAN, L. — Sur la matière organique (Algues, Dia-. tomées) des sources sulfureuses des Pyrénées. Paris, 1858, in-8°, avec Dh STIEBEL, S.-T. — Die Grundformen der Infusorien in den Keilquellen. Frankfurt O0. M., 14841. SuRINGAR, W.-F.-R. — Algæ Japonicæ, auctore W.-F.-R. | Suringar. Harlemii, 4870. Taranek, Karel, J. — Rozsivky Diatomaceæ. Praze, 1879. THwWaAITES, G.-H. — On conjugation in the Diatomaceæ, 2 part. London, 1847-48, in-8° avec 4 pl. TRANSACTIONS OF THE R. MICROSCOPICAL SociETY. — (Dans le Monthly Microscopical Journal, jus- qu’en 1879, et depuis,dans le Journal of the R. Microscopical Society. WALKkR ARNOLT, G.-A. — Notes on Cocconeis, Niülzschia and some of the allied genera of Diato- maccæ. (Natural History Society. Glas- gow, 1868.) WALLROTH, F.-G. — Flora Cryptogamica Germaniæ, Auctore Fred. Guill. Walrothio. Norim- bergiæ, 1833. WARTMANN et SCHENK. — Schweizeriche Kryptogamen. Uater Mitwirkung meherer Botaniker gesammelt und herausgegeben von Prof. D' B. Warlmann und B. Schenk. St- Gall, 1862-67. Weiss, À. — Zum Bau und der Natur der Diatomaceen. (Sux. Ber. Akad. Wissenschaft, Wien, 1871.) WEISsE, J.-F. — Mikroskopische Analyse eines Polir- schiefers aus dem Gouveruement Sim- Lirsk. (Bull. St- Peterb. Acad. de Scienres, 1854.) St.-Pet., 1854, in-8, avec 3 pl. — Die Diatomaceen des Badeschlammes von Arensburg und Hapsal, wie auch des sogenannien Mineralschlammes der Soolen-Bade-Anstalt in Siaraja Russa. (Bull. St-Pet. Ac. de Sc., 1860.) St- Pet., in-8°, avec pl. — Verzeichniss aller, von ihm in einem 30-jährigen Zeitraume zu St-Petersburg beobachieten Infusorien, Bacillarien und Râderthiere, (Bull. Moscou Soc, Nat. 1863.) | 448 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 276 — Diatomaceen des Ladoga Sees. (B. St-Pet. Ac. Sc., 1864.) St-Pel., 2 Part. in-8°, pl. ai —. Mikroskopische Untersuchung des Guano- (B. St-Pet. Ac. Sc., 1867.) St-Pet., 1867, gr. in-8°, avec 2 pl. in-4°. 978 WESTENDORP, G.-B. et WALLAYs, A.-C. — Herbier cryp- togamique ou collection des plantes cryptogamiques et agames qui croissent en Belgique. Courtrai, 1844-49. è 219 WesTENDORP, G.-B.— Notices sur quelques cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, 1845-61. 280 2% Les cryptogames classées d’après leurs stations naturelles, 1854-65. 281 Wait, J.-M.-G. — Beitrage über die Untersuchung zweier Diatomaceen - Gemische. Ein Beitrage zur Kenntniss der Flora der Sudsee. (Jour. Museum Godefroy, Heft, 4, 4. Hamburg, 1873.) FR. HABIRSHAW. SUPPLÉMENT. 289 ANNALES AND MAGAZINE OF NATURAL History. London. 283 KITTON, F. — Early history of Dialomaceæ. (Science Gossip. Lond. 1880.) Traduction fran- çaise dans Journal de Micrographie, de J. Pelletan. Paris, T. IV et V, 1880 et 1881. 284 Lewis, F.-W. — On some new and singular interme- diate forms of Diatomaceæ. (Proc. Phi- ladelphia Acad. Nat. Sc., 1864.) 285 Prinz, W. — Des coupes de Diatomées observées dans les lames minces de la roche de Nyk- jôbing (Jutland). (Bull. Soc. Belge de Microsc., 1881, et Journal de Micro- graphie du D' J. Pelletan, T. V., 1881.) La Méthcde du D' DECILAT consiste à employer L'ACIDE PHENIQUE pour la Curation des MALADIES A FERMENTS ET SOUS LES FORMES SUIVANTES : SIROPS d'Acide Phénique pur et blanc (Poitrine, Intestins, Etat chronique). Sulfo-Phénique (Maladies de Peau, Catarrhes, Pituites, Rhumatismes, etc.) et Iodo-Phénique (Lymphatisme, Tumeurs, Syphilis, Hérédité, etc.) INJECTIONS Phénate d'Ammoniaque (Fièvres graves, Grippe, Variole, Croup, Choléra, etc.). Huile de Morue Phénique (Débilité, Bronchite, Anémie). GLYCO-PHÉNIQUE (Brûlures, Plaies, Maladies de Peau, Granulations, Toilette, etc.) : fr. 50. CHASSAING, GUÉNON & C'+, 6, Avenue Victoria, PARIS Lise oem te. RDS sn a Bruxelles. — Imp. et lith. PARENT et Ce. LE GÉRANT : E. PROUT. Cinquième année, NP +. Avril 1881. JOURNAL “ MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D' J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires , — les Protozoaires (suite) , leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. — Promenades le long d’un ruisseau (suite), par le D' J. PELLETAN. — Apercu d'embryologie comparée (suite), par M. CH. SEDGWICK-MINOT. — A tous ceux qui s'intéressent à la question phyiloxérique, par le D' AD. BLANKENHORN. — Le Phylloxéra et la législation qui le concerne, par le professeur C-V. RILEY. — Première Histoire des Diatomacées (suite), par M. F. KiTron. — De l'embryologie et de ses rapports avec l'anthropologie (suite), par le professeur MATHIAS- DUVAL. — Avis divers. e QD -a—— REVUE. hu E : » : ® Nous avons reçu de M. le Sécrétaire de l'Académie Royale de Médecine de Belgique la lettre suivante, que nous nous empressons de publier : > Monsieur : > Dans sa séance du 30 avril dernier, l'Académie royale de médecine » de Belgique a ouvert le nouveau concours ci-après, aux conditions » ordinaires du programme publié dans le N° 2 du Bulletin de l’année » courante (p. 197). » Déterminer, par de nouvelles expériences et de nouvelles » applicahons, le degré d'utilité de l'analyse spectrale dans les » recherches de médecine légale el de police médicale. » Prix : 1,200 francs. — Clôture du concours, 31 décembre » 1882. » » Veuillez, Monsieur, annoncer ce concours à vos lecteurs et >» agréer, avec mes remerciements , l'assurance de mes sentiments » très distingués. ; » Le Secrélaire de l'Acadèmie, « À. THIERNESSE, » 182 . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Et nous profitons de cette circonstance pour mettre sous les yeux de nos lecteurs le programme des concours qui restent encore ouverts en ce moment près l'Académie de Médecine de Belgique : ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE DE BELGIQUE. PROGRAMME DES CONCOURS. 1879 -1882. — Déterminer la nature de l'influence de l'innervation sur la nutrition des tissus. ‘Prix : Une médaille de 1,000 francs — Clôture du concours : 1° janvier 4882. 1880-1882-1883. — Déterminer expérimentalement l'influence que la dessiecation, employée comme moyen de conservation, exerce sur les médicaments simples du règne végétal (question reprise du programme de 1877-1879) Prix : Une médaille de 600 fr. — Clôture du concours : 4% février 1882. — Exposer le rôle des germes animés dans l’étiologie des maladies, en s'appuyant sur des expériences nouvelles. Prix : Une médaille de 2.000 fr. — Clôture du concours : 4°! janvier 1883. 1881-1885. ( Prix fondé par un anonyme.) — Élucider par des faits cliniques et au besoin par des expériences, la pathogénie et la thérapeutique des maladies des centres nerveux, et principalement de l’'épilepsie. Prix : 8,000 fr. — Clôture du concours : 31 décembre 1883. Des encouragements de 300 fr, à 1,000 fr. pourront être décernés à des auteurs qui n'auraient pas mérité le prix, mais dont les travaux seraient jugés dignes de récompense. Une somme de 25,000 fr. pourra être donnée, en outre du prix de 8,000 fr., à l'auteur qui aurait réalisé un progrès capital dans la thérapeutique des maladies des centres nerveux, telle que serait, par exemple, la découverte d’un remède * curatif de l’épilepsie. : CONDITIONS DES CONCOURS Les mémoires , lisiblement écrits en latin, en français ou en flamand, doivent ètre adressés , franc * port, au secrétaire de l’Académie , à Bruxelles. Seront exclus du concours ; 1° Les mémoires qui ne rempliront pas les conditions précitées ; 2° Ceux dont les auteurs se seront fait connaître directement ou indirectement ; 3’ Ceux qui auront été publiés, en tout ou en partie, ou présentés à un autre Corps savant; 4° Ceux qui parviendront au secrétariat de la Compagnie après l'époque fixée. L'Académie exigeant la plus grande exactitude dans les citations, les concurrents sont tenus d'indiquer les éditions et les pages des livres auxquels ils les em- prunteront. Les mémoires doivent être revêtus d'une épigraphe répétée sur un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse des auteurs. Le pli annexé à un travail couronné est ouvert en séance publique par le président, qui proclame immédiatement le lauréat. Lorsqu'une récompense seulement est accordée à un mémoire de concours , le pli qui y est joint n'est ouvert qu'à la demande de l’auteur, faite dans le délai d'un an. ———_———_—_—_—_—_—_—— © JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 153 Après l'expiration de ce délai, la récompense ne sera plus accordée. Le manuscrit envoyé au concours ne peut être réclamé ; il est déposé aux archives de l'Académie. Toutefois l’auteur pourra toujours, après la proclamation du résultat du concours , en faire prendre copie à ses frais, en fournissant au secrétaire de la Compagnie la preuve que ce mémoire est son œuvre. L'Académie accorde gratuitement , aux auteurs des mémoires dont elle a ordonné l'impression, cinquante exemplaires de ces travaux tirés à part et leur laisse la faculté d'en obtenir un plus grand nombre à leurs frais. N. B. Les membres titulaires et honoraires de l’Académie ne peuvent prendre part au concours. Bruxelles , 26 mars 1881. Le Secrétaire de l’Académie , À THIERNESSE. Par décret en date du 21 février dernier, M. G. Pouchet, professeur au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, est chargé d’une mission en Laponie , à l'effet de recueillir, à la grande pêcherie de Vadsô, des collections anatomiques et zoologiques. M. Jules de Guerne , le sympathique collaborateur du professeur À. Giard, de Lille, au Bulletin scientifique du Nord, est adjoint, avec M. Th. Barrois. à la mission de M. Pouchet. Nous leur souhaitons heureux et fécond voyage, et prompt retour. Quant au Bulletin scientifique du Nord, (Mars) il ne contient aucun article qui soit de notre domaine, bien que nous y irouvions le nom de M. E. Van den Broeck, le savant conservateur au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles , zélé micrographe, qui s’est particulièrement occupé, nos lecteurs se le rappellent sans doute, des microzoaires marins. Le Bulletin scientifique contient l'analyse, par M. G. Dollfus, d’un excellent travail de M. E, Van den Broeck sur les Phénomènes daltération des dépots superficiels par les eaux météoriques, travail publié dans le recueil des Mémoires couronnes el Mémoires des savants étrangers, de l'Académie de Belgique. M. Julien Deby fait, dans le Journal du Quekelt Microscopical Club. l'éloge du vernis au copal pour remplacer le baume du Canada. C’est le D' Henri Van Heurck, directeur du Jardin Botanigne d'Anvers qui s’en est servi le premier. Le vernis préférable est celui qu'on anpélle copal pâle, et sa consis- tance doit être celle de l'huile. Il est plus agréable à employer que le baume du Canada, dont il a, à peu de choses près, l'indice de réfrac- tion. Il sèche facilement quand on le chauffe tant soit peu ou qu'on le _ place sur un slide préalablement chautfé. [1 ne forme pas de bulles. Il 154 | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. prend rapidement la consistance de l’ambre et devient assez dur pour qu'on puisse frotter et même brosser la préparation sans crainte de déplacer le cover. * a: Dans le Jenaische Zeuschrift fur Naturwissenschaft (25 février ), nous trouvons un travail de O. et R. Hartwig, sur la {heorie du Cæœlom. Il s’agit des Cœlentérés qui, sauf les Gténophores, ne présentent pas de véritable mésoderme ou feuillet moyen du blastoderme. Les auteurs donnent le nom de mesenchyme aux tissus sécréteurs qui correspon- dent chez ces êtres au mésoderme des animaux plus élevés, et discutent son origine ainsi que ses rapports avec le mésoderme des autres animaux. . Nous signalerons dans le même fascicule un travail de M. W. Brei- tenbach : Contribution à la connaissance de la langue du papillon. Le Zeitschrift fur wissenschaft. Zoologre (Février), nous apporte les articles suivants : Sur les allernances de génération chez l'insecte des galles du chêne, par M. H. Adler. — Recherches sur les Orthonec- tides, par M. E. Metschnikoïff. — Contribution à la connaissance de la corde supra-Spinale, ou vaisseau ventral des Lépidoptères, et du système nerveux central, périphérique et sympathique des chenilles, etc. | * *k * L'American Journal of Microscopy (Avril) publie un mémoire de M. Pocklington, sur la manière d'examiner les plantes au microscope, et réédite un article publié en 1872, par le D' J. J. Woodward, dans l'American Journal of Sciences and Arts, article intitulé : Remarques sur la nomenclature des objectifs achromatiques pour le microscope composé. L'American Naturalist contient un article de notre confrère, le D' A. S. Packard jun.,sur le cerveau d’un Orthoptère locustien, le Calop- tenus spretus. Ge travail, très détaillé, et dont nous n'avons encore que la première partie, est de tous points excellent et notre plus vif désir est d'en donner prochainement une traduction complète dans le Journal de Micrographie ; — Malheureusement, il est accompagné de trois planches lithographiées, très fines de dessin et très fondues de teintes, ce qui en rend la reproduction très difficile. Aussitôt que nous aurons trouvé un procédé qui nous permette de les reproduire d’une manière suffisante, nous publierons le remarquable mémoire de M. A. S. Packard. | M. Ernest Gundlach, l’un des meilleurs opticiens et constructeurs de \ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 155 ; microscopes des Etats-Unis, a jugé, avec raison d’ailleurs, que le mou- vement lent de la plupart des instruments devient insuffisant et défec- tueux quand on emploie de très forts grossissements; aussi, a-t-il inventé un nouveau système qui permet d'obtenir à volonté un mouve- _ mentirès lent et bien plus précis qu'on ne peut l'obtenir par la vis micrométrique ordinaire. Pour cela , M. E. Gundlach emploie une combinaison de deux vis qui donne pour résultante un mouvement représentant la différence des pas de ces deux vis. L'une de ces vis est un peu plus grosse que la vis _micrométrique ordinaire, et peut servir, employée seule, pour obtenir un mouvement lent, mais on peut instantanément changer ce mouve- ment pour un plus lent encore. Chacun de ces mouvements est donné a l'aide d’un bouton moleté, placé dans la position ordinaire du mou- vement lent dans les microscopes de Gundlach et dans nos instruments français , et le passage de l’un à l’autre s'opère à l’aide d’une vis plus petite, dont la tête est sur le premier bouton. En tournant cette tête, la marche des deux vis est associée et le mouvement obtenu est la différence des deux pas, c'est-à-dire excessivement lent. Dans le sens contraire, c'est seulement la première vis qui marche, vis dont le mou- vement est un peu plus rapide que le mouvement lent ordinaire de nos microscopes, — ce qui est commode pou se sert de grossissements moyens. Telle est la description succincte que nous donne M. R. H. Ward, de la nouvelle invention de M. E. Gundlach. On en comprend facile- ment-le principe, et, en effet, il y a quelque chose à faire dans cette direction. * *X _* Une bonne nouvelle pour les botanistes : MM. Dulau et Ci , hbraires à Londres, nous annoncent qu'ils viennent de publier un ouvrage dont nous avons bien souvent regretté l'absence, c’est un Guide de la lile- rature botanique | « À Guide to the literature of Botany »}). (!) _ C'est un volume petit in-4° de 700 pages, contenant un catalogue méthodique des ouvrages botaniques qui ont paru jusqu'à ce jour. Ce volume contient près de 6.000 titres qui ne figurent pas dans le The- saurus, de Pritzel. L'auteur est M. Benjamin Daydon Jackson, le savant secrétaire Fe la Société Linnéenne anglaise. Ce n’est pas que nous n’ayons déjà un assez grand nombre de Cata- logues, Bibliothèques, Trésors, etc., botaniques, mais ils sont tous in- complets, bien que la botanique soit, parmi les sciences naturelles et d'observation, une de celles qui fournissent le moins d'ouvrages, ou (1) Prix: £ 1,118., 6 d. — 39 fr. 35 c. ‘156 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \ plutôt qui impriment le moins. En France. particulièrement, il semble que les botanistes craignent de publier leurs travaux, (nous parlons, bien-entendu, des botanistes militants, et non des botanistes parvenus) — comme s’ils avaient peur d’offusquer quelques grands chefs de qui leur avenir dépend. Quoi qu'il en soit, si l’on ne publie pas beaucoup en France. on im- prime énormément à l'étranger, — particulièrement en Allemagne, — aussi, Comme nous le disions, les catalogues botaniques sont tous in- complets. C'est donc une véritable lacune que M. B. Daydon Jackson vient de combler heureusement. IL est seulement à regretter qu'un français ne se soit pas chargé de cet utile travail, car, si nos botanistes ne font guère delivres, encore leur reste-t-il le soin d’inventorier ceux des autres. D' J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. | (Suite). (1) III Nous avons vu que, depuis Cohn, la membrane plus ou moins épaisse qui recouvre les Infusoires s'appelle cuticule ; c'est sans doute un produit de sécrétion de la couche inférieure. Elle est percée de trous par lesquels passent les cils qne nous avons décrits , et qui sont les organes de locomotion des Infusoires. Chez:la plupart d’entr'eux, la masse du corps peut être distinguée en deux couches très inégalement développées, couches assez faciles à apprécier chez quelques espèces, bien qu'elles passent graduellement l'une à l’autre sans délimitation bien nette. Elles ont été distinguées pour la première fois par Cohn. La couche externe, plus ou moins épaisse , résistante , homogène, est la couche corticale. C’est elle qui forme, avec la cuticule, la paroi du corps. Elle est très apparente dans certaines espèces, diverses Paramécies, par exemple. Chez le Paramecium bursaria, la couche corticale est très visible, et d'autant plus, qu’elle renferme de nombreux grains de chlorophylle. Chez d'autres, au contraire, elle est à peu près impossible à distinguer (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 63, 116. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 157 et se confond avec la masse centrale ;‘ par exemple, chez les Stylonychies. C'est dans cette couche externe ou corticale que Leydig , Claparède et Engelmann croyaient avoir aperçu des noyaux et même des cellules qui , Suivant eux , composeraient le corps des Infusoires. M. Balbiani croit que Leydig a conservé cette opinion, Claparède est mort; — quant à Engelmann il s'est rallié aux idées unicellulaires. Sous la couche corticale est le parenchyme interne , sur lequel nous reviendrons avec détails. Il forme la masse centrale et la majeure partie du corps. C’est une substance molle, quelquefois presque liquide , yranuleuse , contenant des globules divers, et dans laquelle pénètrent tous les aliments, y compris les particules colorées, comme le carmin. l'indigo, etc. C’est comme une sorte de chyme, et Claparède la compare au chyme qui remplit la cavité gastro-vasculaire des Cælentérés. Hæckel et Huxley ramènent toutes les parties qui composent le corps des Infusoires à des détails cellulaires : la cuticule est la mem- brane de cellule ; la couche corticale est le protoplasma plus dense qui “est placé sous la membrane dans certaines cellules, l'exoplasme de Hæckel ou l’ectosarque de Huxley. Quant au parenchyme, c'est le protoplasme central, plus mou, de la cellule, — l'endoplasme de Hæckel , l'endosarque de Huxley. Examinons ces diverses couches : | L'exoplasme ou ectosarque est une couche assez dense, homogène, formant la paroi proprement dite du corps. Chez un grand nombre d'espéces , elle ne présente rien de particulier, mais chez quelques- unes, elle offre à considérer des détails intéressants. Ainsi, chez la plupart des Paramécies, le Paramecium Aurelia, par exemple, comme chez les Bursaria, le B. leucas, cette couche présente, sous la cuticule , une série de petits bâtonnets, perpendiculaires à la surface externe, série qui forme comme une première partie externe de la couche corticale. Elle a été vue d'abord par Ehrenberg, qui ne s’y est pas arrêté. Puis, O. Schmidt a comparé ces petits corps aux bâtonnets semblables que l’on trouve dans la peau de quelques Turbellariées , les Rhabdocèles. Chez les Vers, ils sont considérés comme des organes urticants. — Quand on laisse certains Infusoires se dessécher sur une lame de verre , on voit, de la surface, jaillir de longs filaments sem- blables à des aiguilles cristallines, dont la signification a été diver- sement interprêtée. Pour Allman, ce serait des filaments qui se trouvaient primitivement contenus et roulés en spirale dans les petits bätonnets, qui seraient creux. — « Je réponds bien, dit M. Balbiani, qu'il n'a jamais vw ce détail. C'est une vue de l'esprit formée par comparaison avec des organes de ce genre qu'on voit chez d’autres animaux , et qui, dans certains cas, s'ouvrent et laissent échapper un 458 JOURNALIL DE MICROGRAPHIE. filament spiral qui se déroule. > — Ceux-ci sont des organes urticants. des trichocystes, cellules à filaments. Les Infusoires en seraient donc munis AUSSI. Cette idée d’Allman, que M. Balbiani ne partage pas , car jusqu'ici il n'a pas réussi, ni personne plus que lui, à voir ces filaments dans l'intérieur des trichocystes , — cette idée a été, cependant, partagée par Claparède et Lachmann, et Külliker, qui a fait des expériences à ce sujet. Il a vu que, suivant la concentration des réactifs qu'on met en contact avec les bâtonnets, ceux-ci sont diversement affectés. Ainsi, quand on met en contact le Paramecium Aurelia avec de l'acide acétique à 4 pour 100 , les filaments sortent des trichocystes et restent intacts. Avec de l'acide acétique à 5 pour 100, les filaments ne sortiraient qu'incomplètement, et les cils se ratatineraient plus ou moins. Enfin , avec l’acide concentré , les trichocystes ne s’ouvriraient plus du tout et les filaments seraient détruits. Fe D'après un autre ohservateur très compétent, Stein, ces filaments ne seraient pas des organes urticants , mais tactiles, et il explique la projection de ces longs filaments — qui dépassent beaucoup les cils vibratiles ordinaires — par l'allongement même des bâtonnets qu feraient saillie au dehors. Si la nature de ces bâtonnets est problématique , comme on le voit, s'il n’est pas démontré que ce sont des organes uürticants, il est certain qu’il existe, chez certains Infusoires, au moins, des organes compara- bles à ceux que l’on rencontre chez les Cælentérés, les Méduses , les Polypes. En effet, Claparède a vu, chez l'Epistylis flavicans, dans la substance du corps, à l'intérieur de l'animal, des petits.corps placés deux par deux, réniformes, réfringents, au nombre de douze à vingt. Quelquefois, cependant, animal n'en renferme pas un seul. Engel- mann les à vus aussi, mais leur signification n’a été reconnue que par R. Greef, chez ce même Infusoire. ( Arch. f. Naturgesch, 1870). II les décrit comme des corps brillants, jaunâtres, placés par paires dans la couche corticale. Chacun d’eux est une capsule qui renferme un filament enroulé en spirale, que Greef a reconnu et figuré, car ses dimensions sont assez grandes. Sous l'influence de la compression ou d'un liquide irritant, on voit chaque capsule se vider de son filament et celui-ci apparaître à l’un des pôles sous forme d’un fil rigide. Cette observation a été confirmée par Bütschli chez ce même Æprs- lylis, mais cet auteur a découvert des organes semblables chez une petite espèce marine des côtes de Norwège, le Polytrichos Schodrzt (Arch. [. Mikr. Anat., T. 9, 1873). Get infusoire a la forme d'un ba- rillet cerclé par des lignes transversales ciliées, qui lui donnent un aspect segmenté. — En somme, c'est un type assez aberrant.— Il renferme des organes pareils à de petits éluis, pas très nombreux, el qu'on a. pu isoler. Ils contiennent un long filament, enroulé en spirale, qui se JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 189 * débande et s’allonge hors de l’étui sous l'influence d’une irritation, et apparaissent comme les organes urticants d'une Méduse, auxquels ils” ressemblent d'une manière frappante. L’exoplasme possède, chez beaucoup d'espèces, la faculté de se con- tracter, — non pas chez toutes, mais chez certaines, le corps est même extrêmement contractile, comme chez les Sfentor, les Ophrydiwm, les Zoothamnium. 1] y a évidemment là des éléments ou des fibres con- tractiles. On connait depuis longtemps cette faculté : Leeuwenhoeck l'avait constatée chez les Vorticelles, dont le pédoncule se contracte en tire-bouchon. Mais il faut arriver jusqu'à Czermak, en 1853, pour avoir quelques notions précises sur ce sujet. — Cependant, dès 1809, Vex-jésuite Schrank avait signalé cette contractilité, mais il croyait que l'extension du style des Vorticelles représente l’état actif de l’or- gane, état déterminé par un appareil placé sous l'influence de la vo- lonté de l'animal, — tandis que la contraction représente l'état passif et dû à l’élasticité du style revenu sur lui-même. Il est singulier de voir que cette idée ait été reprise par Rouget, qui voit dans cet organe une hélice dont les tours sont au maximum de rapprochement quand elle est au repos. Czermak a démontré que le siége de la contraction est un filament central qu'on trouve dans l’axe du style, et qui est en- touré d’une sorte d’enveloppe homogène, — contrairement à l'opinion _ de Dujardin, qui voyait la substance contractile dans l'enveloppe homo- gène. Czermak l'a démontré, car, quand le filament est interrompu dans son enveloppe, ce qui arrive quelquefois chez certaines Vorti- celles , toute la partie périphérique reste étendue comme si elle était paralysée. Quand on décapite une Vorticelle, le style s'enroule en hélice , mais il s'étend de nouveau quand le filament central se détruit, soit par altération naturelle, soit par l’action d’un réactif. Lachmann a vu quelque chose de plus. Il a reconnu que ce filament, que l’on croyait s'arrêter au point d'insertion de la-Vorticelle sur le style, s'épanouit en coupe ou membrane , formant une cavité qui em- brasse toute la surface de la Vorticelle, en dessous de la cuticule , et se perd dans le parenchyme. Ce qui revient à dire que cette substance contractile s’épanouit , au point d'insertion, en une membrane com- posée de fibrilles très fines et monte jusqu’à la partie antérieure. Ce sont ces filaments qui représentent la partie contractile du corps de la Vorticelle , corps qui est contractile aussi. Quant à l'enveloppe amor- phe du filament central , elle se continue avec la cuticule dont elle est un prolongement. En 1862 , en étudiant les phénomènes de la bite à l’aide de la lumière polarisée, Rouget est arrivé aux mêmes résultats sur les Epistylis. Il à vu que le filament remontaitjusque près du péristome, et cette observation a été confirmée par Everts. Engelmann a vu la même chose chez l'Epistylis galea et Varzeniowski sur l'Epistylis volvox. 160 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Engelmann pense même que ces fibres arrivent au bord du péristome, s’anastomosent en arcades, et croit avoir aperçu un faisceau de fibres contractiles dans le bourrelet du péristome où il formerait comme un sphincter. Il n’est pas douteux, d’après tous ces faits, qu’il existe des fibres con- tractiles chez les Vorticelliens, mais il en existe aussi chez d’autres Infusoires, tels que les Stentors , les Spirostomes, les Ophrydiens, les Lacrymariens et un grand nombre d'autres espèces. Ehrenberg avait déjà observé, chez les Stentors, des bandes longitudinales qui les parcourent d’une extrémité à l’autre, et il les croyait destinées à mettre en mouvement les cils vibratiles dont le corps de ces animaux est couvert. C'était une erreur, car les mouvements ciliaires ont leur racine dans le protoplasma. Quelle est la signification de ces bandes ? O. Schmidt les regarda, le premier, comme les analogues des muscles des autres animaux, et remarqua que la contraction du corps a tou- jours lieu dans le sens de ces bandes et jamais dans un sens perpendi- culaire. O. Schmidt se crut donc autorisé à considérer les bandes comme de vraies fibres musculaires. Stein a soutenu la même idée, et Rouget était arrivé, avec Balbiani , en 1861, à ia même conclusion. Ces bandes sont couvertes de petites granulations , qui, au prémier abord, paraissent disséminées; mais, quand l'animal est contracté, elles sont disposées par séries ou rangées et leur aspect rappelle alors les sarcous elements de Bowman. Ces observations ont été confir- mées par Kôllker. Ces bandes, qui semblent musculaires, s'étendent d’un bout à l’autre: du corps , tantôt en ligne droite, tantôt en ligne oblique de manière à former une longue spirale , qui, chez les Spirostomes , par exemple, fait deux fois et demie le tour du corps. Il en résulte que quand l’ani- mal se contracte , il subit une torsion en spirale comme le pédoncule d’une Vorticelle. | | Les bandes sont séparées les unes des autres par des lignes très minces formant des sillons dans lesquels s'enfoncent la cuticule. Lieberkühn a, le premier, appelé l'attention sur ces lignes claires et brillantes. 11 les regarde comme les vraies fibres musculaires, tandis que les bandes granuleuses ne seraient que la substance du corps de l’Infusoire. Il se fonde sur ce que les lignes claires présentent une dis- position onduleuse à l’état de repos, tandis qu’elles sont rectilignes à l'état actif. Cette opinion de Lieberkühn a été partagée par plusieurs zoologistes, Greef, Everts et Engelmann, qui s’y est rallié tout-à-fait. Il prétend même avoir réussi à isoler ces fibres entre les bandes gra- nuleuses, et, par conséquent, être en droit de leur assigner une existence réelle, de les considérer comme un élément distinct et iso- lable , à signification anatomique spéciale. Il est certain qu'on peut les isoler en comprimant un Stentor à l’état frais , ou mieux, après l'avoir JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 161 durci par l’acide osmique ou une solution acide, on observe que le parenchyme se sépare de la cuticule et, sur cette partie séparée, on voit des stries claires qui ont donc une existence à part et ne sont pas formées par la cuticule apparaissant entre les bandes granuleuses. R Alors, comment expliquer les faits observés par Stein, Rouget, Kôlliker, Balbiani, et l'existence des stries granuleuses transversales sur les bandes ? Engelmann les explique par des plis de la cuticule qui règne entre les fibres claires, ce qui, pour M. Balbiani, est absolument erroné ; ces stries devraient alors avoir le même aspect que la cuticule. De pius , quand on les examine avec de forts grossissements , on voit que ce ne sont pas des plis de la cuticule , mais bien des stries formées par des granulations rangées en ordre dans la substance des bandes longitudinales. Cependant, Engelmann reconnait aussi une certaine faculté contrac- tile aux bandes granuleuses , mais pas comme aux éléments essentiel- lement contractiles, et il a cherché à établir sa manière de voir sur des expériences, en examinant les fibres contractiles à la lumière polarisée. On sait, .en effet, depuis Brücke, que quand on examine une fibre musculaire à la lumière polarisée , les bandes larges qui représentent la substance contractle , présentent toutes le phénomène de la double réfraction, tandis que les espaces clairs ne possèdent que la réfraction simple. Dans son travail sur la substance contractile des Infusoires (Arch. de Pflüger, 1876) Engelmann a étudié. à l’aide de la lumière polarisée, la contractilité chez divers Vorticelliens, le Zocthamnium arbuscula, particulièrement, Infusoire formant des colonies branchues portées sur un pédoncule principal qui se ramifie en se dichotomisant , l’extré- mité de chaque ramification étant terminée par un animal. Le pédon- cule commun est très gros et présente une disposition fibrillaire très marquée , à fibres très fines, enveloppées dans une membrane mince . réfringente , anhiste. Quand le pédoncule se rompt, on voit souvent les fibrilles s'écarter de manière à former une espèce de pinceau à l’extré- inité rompue. Quand le pédoncule se rétracte , les fibrilles deviennent plus épaisses et plus courtes. Ce sont done les fibrilles qui sont la subs- tance contractile. À la lumière polarisée, le pédoncule apparait comme un ruban d’argent , il jouit donc de la double réfraction, comme la substance contractile : observé sur une lame seisible de gypse ou de mica, le pédoncule prend la couleur complémentaire, bleue, si le cham P est rouge , — rouge , si le champ est bleu , etc. Engelmann a étendu ses recherches à d’autres Vorticelliens , puis à l'Hydre d’eau douce. Il a trouvé, au dessous de l’ectoderme, entre la couche ciliaire externe qui forme la peau, et la couche ciliaire interne qui forme la paroi de la cavité digestive , une couche de fibres longi- tudinales, indiquées d’abord par Källiker, et beaucoup mieux par 162 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Kleinenberg, qui les a vu former des éléments contenant à la fois cellule nerveuse et fibrille contractile. (Nervenzell). | Chez l'Hydre. cette couche présente, à la lumière polarisée, la dou- ble réfraction. Dans les cils vibratiles , les spermatozoïdes , le proto- plasma des Rhizopodes et dans toutes les substances, quelque forme qu'affecte la contractilité, musculaire, ciliaire ou sarcodique , Engel- mann a trouvé la double réfraction. AU qui dit contractlité dit biréfringence. Enïin , il a constaté que les bandes granuieuses des Stentors présen- tent aussi la biréfringence , mais beaucoup moins que les fibrilles lon- gitudinales des Zoothamnium et autres Vorticelliens. Quand aux fibres de Lieberkühn , entre les bandes granuleuses , elles sont trop minces pour qu'on puisse apercevoir d’une manière nette si elles présentent réellement le phénomène de la double réfraction. Cependant, quand on compare ies filaments de Lieberkühn , chez les Stentors, avec les filaments des Vorticelles, on ne peut se défendre d'établir une sorte d'homologie entre ces éléments : ils se ressemblent beaucoup «comme aspect. Les fibrilles pourraient donc former un appareil contractile à côté des bandes qui en constitueraient un autre, plus puissant. Quelle est donc la signification histologique de ces fibrilles? Külliker les avait assimilées aux faisceaux primitifs des autres animaux ; Hæckel les considère comme du sarcode différencié en filaments imitant les fibres musculaires. Il appelle ce sarcode différencié : myophane, semblant de muscle. Cette désignation n’est pas très heureuse et l'élément en lui-même est assez singulièrement conçu : ce sont des muscles qui n'en sont pas! En somme, on voit par cet exemple combien nos Connaissances à ce sujet sont encore incomplètes. | Passons à d’autres organes — et COMME par les vésicules con- lraclrles. Les vésicules contractiles sont placées dans l’exoplasme. Elles ont d'abord été observées par Spallanzani sur le Paramecium Aurelia, puis. par tous les observateurs. Il n'y a pas moins de cinq opinions à leur sujet. 1° D'après Ehrenberg, ce sont des vésicules séminales. Cette opinion est abandonnée aujourd’hui. R 2° Ce sont des espèces de cœurs ,-des organes centraux d’impulsion pour une circulation sanguine. Ainsi pensent Wikmann, Siebold, CGla- parède ; #4 3° Des organes de respiration aquatique. C'éfait l'opinion de Spal- lanzani, plus tard de Dujardin et de Schenk : 4 Des appareils d’excrétion urinaire. C’est l'opinion de Schmidt, Stein, Bütschli. o° Enfin, Hæckel en fait les organes d’une fonction mixte, respiratoire JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 163 et excrétoire. D’après lui, les vésicules contractiles qui se contractent si rythmiquement seraient dérivées phyllogénésiquement de simples vacuoles accidentelles dans le parenchyme, vacuoles qui, d'abord, avaient des contractions irrégulières et rares, et dont, avec le temps, les contractions se sont D à a A sont devenues rythmiques et permanentes. Enfin, une sixième opinion a été émise par Engelmann. (Zoologisch. Anzeiger, 1878). Il a vu que les vésicules contractiles étaient placées dans la partie postérieure du corps, et qu’à chaque contraction l'animal était poussé en avant du quart de sa longueur, par une sorte de mou- vement de recul. Il admet, en effet, qué les vésicules se vident du liquide qu elles contiennent et poussent l'animal en avant. Mais les vésicules he sont pas toujours placées comme l'indique Engelmann. Chez les Clulodon, par exemple, il y en a trois, quatre et cinq, et qui ne sont pas situées à l’arrière du corps. Les vésicules contractiles sont toujours Llcees dans la couche cor- ticale. Leur nombre est très variable : la plupart des Infusoires en ont une dans le voisinage de l'anus, — ce qui ne signifie pas à l'arrière : — Tels sont le Didinum, les Colpodes, les Spirostomes ; — ou bien dans la région moyenne, comme les Stylonychies, les Oxytrichièns, etc.— Beaucoup ont deux vésicules, l’une en avant, l’autre en arrière, comme les Paramécies ; — de trois à cinq, comme les Chilodons ; ou un nombre bien plus considérable, cinquante et même davantage, comme le Trachelius ovum. Enfin, d’autres n'en ont pas du tout, comme la plupart des Opalines, parasites des Batraciens. Elles s'ouvrent souvent en dehors par un ou deux petits orifices, (O. Schmidt). On constate un orifice de ce genre chez le Bursaria leucas et le Paramecium Aurelia, deux chez les Paramecium bursa- ia On voit souvent cet orifice se présenter nettément comme un _petit point sur la vésicule, mais on peut trouver d’autres preuves de son existence : Balbiani a vu une Bactérie cherchant à s’introduire par cet orifice et y rester à moitié engagée. Engelmann démontre leur réalité par le choc en retour dans le liquide ambiant et le mouvement de recul qui porte l’animal en avani. Les vésicules sont souvent en rapport avec des canaux qui se di- latent quand les vésicules se contractent et se ferment quand la vési- cule se dilate. L'eau, ou le liquide, que la nee contient est ainsi chassé dans les canaux. Chez d’autres Infusoires, on observe un long canal en rapport avec les vésicules,par exémple,chez les Stentors où ce canakparcourt l’animal dans toute sa longueur. Maupas a observé, chez l'Æptophrya gigantea, que le corps est parcouru par un canal sinueux sur lequel, de distance en distance, de petits orifices, au nombre de sept à huit, régulièrement espacés, correspondent aux petits pertuis des vésicules. Cet Infusoire 164 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. est un parasite d’un Batracien d'Algérie, le Discoglosse, mais Maupas l'a trouvé chez presque tous les Batraciens des environs d'Alger, et M. Certes sur un Discoglosse qui lui avait été envoyé d'Alger, ainsi qu'Everts sur une autre espèce du même genre. C’est l'Opalina Dis- coglosst. IV Il nous reste à nous demander, comme l'ont fait tous les observa- teurs, si les vésicules sont munies d'une paroi propre ou sont de simples lacunes creusées dans le parenchyme, — question très discutée , et à laquelle on a donné plus d'importance qu’elle ne semble en mériter. — Quand on voit le parenchyme donner naissance à des organes aussi différenciés que des corpuscules du tact, par exemple, on peut bien admettre que ce parenchyme puisse produire des organes comme une membrane de cellule. Aussi, nous ne nous étendrons pas sur ce sujet. O. Schmidt, Lieberkühn, Claparède , et tous les auteurs qui voyaient dans les Infusoires des animaux hautement différenciés , ont cru à l'existence d’une membrane propre ; les autres n'y ont vu que . des vacuoles semblables à celles que l’on constate dans le protoplasma animal et végétal. Siebold, Stein, Kôlliker, Schwalbe , Bütschli , Hæckel, ne voient dans les vésicules contractiles que des vacuoles. Cependant, M. Balbiani pense que si l’on n’admet pas une paroi membraneuse distincte, on peut, au moins, en admettre une, formée par une condensation du protoplasma en substance corticale autour des vacuoles contractiles, condensation qu'on sait exister autour de beaucoup de cellules où elle remplace la membrane de cellule absente. D'ailleurs. les vésicules contractiles ont un contour interne très net. ainsi que les canaux qui y aboutissent. Ce n’est pas un contour irrégu- lier, baveux, comme serait celui de simples vacuoles. Elles se rouvrent aussi nettes après s'être fermées ; le protoplasma qui les limite n’adhère pas avec lui-même, lors de la diastole, et ne s’étire pas en filaments d’un côté à l’autre. Il est donc, au moins, condensé a la paroi. De plus, après chaque systole, quand la vésicule disparaît, elle reparaït tou- jours à la même place. Enfin, les vésicules sont toujours dans un rapport constant avec elles-mêmes quand il y en a plusieurs, et avec le petit pertuis , unique ou double , qui traverse la cuticule. Il est même possi- ble que la cuticule s’invagine par ce pertuis pour tapisser la vésicule . comme elle s'invagine dans les ouvertures buccale et anale pour revêtir la paroi de l’œsophage et de l'anus. Pour terminer l'histoire de la vésicule contractile, nous avons à examiner quelques expériences intéressantes , relatives à l'influence exercée sur la contraction de ces vésicules par les agents extérieurs etles substances chimiques. Ces expériences, faites d’abord par un suisse , Duflessis-Bomcey; en 1863, ont été reprises par l'allemand / f[° Gina JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 165 Rossbach. Elles prouvent que les vésicules sont soumises à toutes ces influences et montrent que les Infusoires sont des sujets très précieux pour étudier l’action des différents agents sur les simples cellules, fait très important pour la physiologie générale. Rossbach a constaté que les pulsations des vésicules sont régulières. Leur nombre reste le même pour les individus d’une même espèce, mais varie quand on passe d’une espèce à l’autre. Chez le Chilodon cucullulus, qui a quatre ou cinq vésicules, il s'écoule 2 secondes entre les pulsations d'une même vésicule. Chez le Stylonychia pustul- lala , qui à une vésicule placée sur le côté, 1l y a une pulsation toutes les 7 secondes; chez les Vorticelles. toutes les 8 secondes; chez l'Euplotes, toutes les 28 secondes. Stein a remarqué que les pulsations de la vésicule sont plus lentes chez les espèces marines que chez les espèces d’eau douce. Rossbach a publié dans le tome I des Travaux du laboratoire de Würzburg, dirigé par Semper, des expériences sur l'influence de la température. De + 4° à + 30°, le nombre des pulsations augmente, et cette augmentation est plus rapide entre 4° et 15° qu'entre 15° et 30°. De + 30° + 35° le rythme reste stationnaire. Chez aucune espèce, le rythme n'a dépassé 20 pulsations par minute, quelle qu’ait été la tem- pérature. Au-dessous de Det au-dessus de + 40°, les pulsations cessent et l'animal meurt par diffluence. L'action des substances chimiques est remarquable. Dans l'oxygène, le rythme reste le même que dans l’air ; dans l'hydrogène, les pulsa- tons sont très ralenties, et la vésicule ne tarde pas à s'arrêter en dias- tole, en offrant une dilatation qui quintuple son volume, ce qui pr ovient d'une soustraction d’air et non d’une action directe de l'hydrogène sur l'organe , car en rendant l'air, la vésicule reprend ses dimensions et ses fonctions. Dans l'hydrogène, la vie a pu se prolonger 45 minutes, à une température de 20°, et il n’y a pas empoisonnement, car on peut rendre la vie à l’animal en lui rendant l’air. L’acide carbonique agit comme l'hydrogène, en soustrayant l’animal à l'action de l’air. La vésicule s'arrête en diastole. L'alcool à 4/10 produit ure mort rapide ; à 1/15 il diminue le nombre des pulsations. Il en est de même des solutions acides : l’acide sulfuri- que à 1/625 ralentit toujours les pulsations , et presque toujours les vésicules sont rapetissées. Mais, de tous les agents chimiques, ce sont les alcaloïdes organiques qui ont donné les résultats les plus intéressants ; les acétates de stry- chnine , de vératrine , d’atropine, de digitaline, de morphine, etc., produisent des effets semblables mais par des doses variables. * L'acétate de strychnine à 1/5000 produit une dilatation énorme de la vésicule qui est refoulée en dehors de la paroi correspondante et fait hernie, puis s'arrête en diastole, occupant près des deux tiers de la 166 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. longueur et la moitié de la largeur du corps. L'animal n’est plus maître de ses mouvements ; il est en proie à un mouvement continuel de rotation autour: d'une ligne qui passe par le milieu du corps, phénomène qui se manifeste chez beaucoup d’Infusoires soumis à des agents qui abolissent les mouvements volontaires. Avec une solution à 1/18000, les effets sont encore très perceptibles. Les autres alcaloïdes agissent d’une façon analogue mais avec des solutions plus concentrées. Avant Rossbach, Duplessis-Bourrey, de Étisanie était, nous l'avons dit, arrivé à des résultats identiques. Il avait vu les Infusoires décrire de grands cercles en tournant sur eux-mêmes , devenir ronds et vé- siculeux , et noté cette propriété très intéressante des substances chimiques, qui, presque toutes , dilatent énormément la vésicule et en retardent les contractions. Ces effets sont signalés dans son travail sur l’aciion des substances médicamenteuses sur les Infusoires , étudiée pour la préparation et la conservation de ces animalcules , publié à Lausanne, en 1863. Les mouvements des petits cils, mouvements qui ne sont pas volon- taires, persistent bien plus longtemps , et les organes affectés d’abord sont ceux qui sont sous l'influence de la volonté. Les contractions de la vésicule persistent comme les mouvements des petits cils, lorsque les gros cils sont déjà paralysés. Rossbach a toujours observé la paralysie de la vésicule, avec dilatation, qu'on fasse agir les gaz ou les alcaloïdes. IL est probable qu'ils agissent en abolissant la faculté d’oxydation du protoplasma. C’est ainsi, d’ailleurs, que quelques auteurs expliquent les effets de certains poisons, — par exemple, de la strychnine. Cet alcaloïde tue les chiens en empêchant l'oxydation du sang ; les sels de stry- chnine mêlés au sang diminuent la puissance d’oxydation des globules. Comme la chaleur a pour effet d'augmenter la puissance d’oxydation et le froid de la diminuer, on peut expliquer ainsi que l'élévation de Ja température augmente le nombre des pulsations de la vésicule contrac- le, tandis que l’abaissement le diminue. L’électricité produit sur les Infusoires un tétanos général. Les con- tractions de la vésicule continuent comme à l’état normal. Ainsi, il y a des substances dont les effets sont en rapport avec les divers modes de mouvement des Infusoires, qui ont des centres spé- ciaux dans leur organisme. Car si ces divers centres n’existaient pas, on ne s’expliqueràit pas comment les divers mouvements sont abolis saccessivement par un même agent toxique : d’abord, les mouvements volontaires, puis, ceux de la vésicule et, enfin, les mouvements invo- lontaires des cils vibratiles. Ces centres moteurs multiples, ou au moins triples, sont-ils formês par de la substance nerveuse ? — Ilest très difficile de répondre à cette question dans l’état actuel de la science. Mais si l'on considère toutes JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 467 les différenciations de substance qu'on connait déjà dans ces animal- cules. cils, paroi des vésicules, substance des bâtonnets tactiles, noyau, nucléole, etc., pourquoi n’admettrait-on pas que le sarcode ou proto- plasma peut se différencier en substance nerveuse? On sait, d’ailleurs, que les Infusoires sont doués d’une sensibilité exquise. Il n’y aurait donc rien d'étonnant à ce qu’ils possèdent une véritable substance ner- veuse, et s’ils disposent, comme les animaux, d’une substance nerveuse, ils pourraient posséder, comme ceux-ci, des centres différenciés. Mais rien ne peut le démontrer, car, Jusqu'à présent, on n’a rien découvert dans ce sens. Cependant, nous savons que la substance musculaire se différencie chez eux et produit ces « semblants de muscles », ce myo- phane, de Hæckel. La substance nerveuse pourrait bien se différencier aussi et produire comme un neévrophane. Mais tout cela, jusqu’ici, n'est qu’une hypothèse. (À suivre.) PROMENADES LE LONG D'UN RUISSEAÏ. LE MONDE MICROSCOPIQUE DES EAUX DOUCES. (Suite.) (1) Les Algues se reproduisent, comme toutes les cryptogames, par des spores. | Qu'est-ce qu'une spor'e ? Sachs, dans la quatrième édition de son « Lehrbuch », la définit ainsi : « une cellule reproductive formée directement ou indirectement par un acte de fécondation. » La spore représente donc, physiologiquement, la graine des plantes phanérogames, mais ne la représente pas du tout morphologiquement, car elle n’est composée que d'une cellule, tandis que la graine est un organisme multicellulaire , très complexe, et contenant un certain nombre d'éléments essentiellement différents. Quant aux spores que nous avons appelées agames, on les désigne souvent sous le nom de spores asexuées, appellation absolument inexacte, car elle semblerait impliquer l’existence d’un sexe aux autres spores, tandis qu'il ne s’agit que d'indiquer des spores ne résultant pas d’une fécondation. Sachs, pour éviter toute confusion, conserve le nom de gonidies («gonidium ») à ces spores agames, c’est-à-dire ne résultant pas d’une fécondation. Cette distinction nous paraît absolument sage et fondée ; eee. sement elle n’est pas adoptée par tous les botanistes. Ainsi, MM. W. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 124. 168 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Bennett et G. Murray ont présenté au Congrès de l'Association Bri- tannique à Swansea, en 1880, un travail dans lequel, au contraire, ils donnent au mot « spore » Ja plus large des acceptions, mais, en même temps, absolument contraire à celle dans laquelle Sachs veut l’enfermer. ls l’appliquent « à toute cellule produite par le processus ordinaire de la végétation, et non par l'union d'éléments sexuels, et qui se détache pour donner lieu directement à une reproduction végétative. > Ainsi, la spore peut, dans ce cas, résuiter de la division cellulaire ordinaire. Ce mot spore forme un grand nombre de mots composés qui peuvent faire croire à une différence considérable dans la nature de l'élément qu'ils représentent. Tous ces mots sont, en général, mal formés, parce- que, tantôt, ils représentent la forme de l'organe, tantôt son mode de production ou de situation. Ainsi, la z0ospore représente une spore animée, mobile, à l’aide de cils vibratiles, forme à laquelle les anglais opposent la resting-spore, qui est notre spore immobile, etla spore dor- mante, c'est-à-dire celle qui reste longtemps sans se développer, et passe souvent d’une saison à l’autre. La zygospore est celle qui résulte d'une conjugaison, c'est-à-dire du mélange des protoplasmas de deux plantes ou de deux cellules qui se réunissent et dont l’un, actif, repré- sente un protoplasma ou élément mâle, et l’autre, passif, représente un élément femelle ; tandis que l’oospore est le résultat d’une fécondation véritable, c’est-à-dire de la pénétration de spermatozoïdes ou anthéro- zoïdes dans une cellule-œuf ou oosphère, laquelle, fécondée, s’enve- loppe d’une membrane vitelline et devient oospore. Nous trouverons encore des. chlamydospores qui sont recouvertes d’une coque et ne sont que des spores dormantes, ou hypnospores. Les auxospores méritent d’être signalées, car on peut dire qu'elles ont un double but, celui de reproduire la plante et, en même temps, de lui rendre sa taille originaire continuellement diminuée par suite d'une multiplication longtemps poursuivie par division cellulaire. Les auxos- pores, qui résultent d’une conjugaison et sont, par conséquent, morpho- logiquement, des zyg ospores , produisent une plante plus grande que celles qui se sont conjuguées pour les former. C’est ainsi que l'espèce revient à sa taille. Les carpospores, les tétraspores, les octospores, sont des spores ordinaires, des oospores même, contenues dans des cystocarpes ou groupées par quatre ou par huit, et les polyspores sont composées d'un plus grand nombre de spores qui se séparent plus tard et auxquelles on donne encore le nom de mérispores ou de sporidies. | Ajoutons encore les macrospores et les microspores dont le nom indique assez la différence, les unes grosses, les autres petites, pro- duites néanmoins par le même végétal dans l’histoire duquel elles ne paraissent pas, d’ailleurs, jouer le même rôle physiologique. Beaucoup de ces désignations sont inutiles et ne servent qu'à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 169 compliquer une terminologie très touflue: c'est ainsi que, dans les Champignons, on a distingué des basidiospores, des téleutospores, des stylospores, suivant le mode d'insertion de la spore sur l'organe qui la porte, des ascospores, des œcidiospores, des uwredospores. suivant leur mode d'inclusion où la phase végétative à laquelle elles corres- pondent. | Les principaux caractères sur lesquels les botanistes se sont fondés pour établir une classification parmi les Algues ont rapport à la repro- duction, et non-seulement parmi les Algues, mais encore parmi tous les thallophytes. C'est ainsi que Sachs a établi une classification paral- lèle pour les thallophytes chlorophyllés, comprenant les Algues et les Characées, et les thallophytes sans chlorophylle, comprenant les Champignons et les Lichens, Il est utile de présenter le tableau de cette classification : THALLOPHYTES. Chlorophylles. Sans Chlorophylle. Irc Classe, PROTOPHYTES. _Cyanophycées. Schizomycètes. Palmellacées. Saccharomycètes. II° Classe. ZYGOSPORÉES, Conjugaison de spores mobiles. Volvocinées. Myxomycètes. _ (Hydrodyctiées). Conjugaison de spores immobiles. Conjuguées. Zygomycètes. (Diatomacées ).” III Classe. OoSPORÉES. _Sphæropléées. k Saprolégniées. Vaucheriées. Péronosporées. Œdogoniées. Fucacées. IVe Classe. CARPOSPORÉES. Coléochætées. Ascomycêétes Floridées. {Comprenant les Lichens). (Algues marines rouges). Æcidiomycètes. ‘Characées. Basidiomycètes. MM. W. Bennett et G. Murray, qui ont voulu réformer la termino- logie des organes reproducteurs chez les thallophytes, ont proposé la désinence sperme pour former les diverses appellations des cellules 170 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. reproductives après fertilisation, la désinence sphère représentant la cellule non encore fécondée, tandis que l'organe femelle tout entier, avant la fécondation; porte un nom correspondant et terminé en gone. Ainsi, dans un Vaucheria, on trouvera des oogones, contenant une: oosphère qui, fécondée, devient un oosperme. — Dans les conjuguées il se forme des zygosphères, qui après la conjugaison, deviennent des zygospermes, termes qui nous paraissent remplacer avantageusement ceux de « zygote » ou « gametes » de Strasbürger. Si les zygospermes sont mobiles, ce sera des z002:ygospermes qui, antérieurement, étaient des z00zygosphères, termes préférables aux « zoogametes » ou « pla- nogametes » de Strasbürger. Quant aux organes mâles, ce sont des spermatozoïdes qui peuvent être mobiles à l’aide de cils vibratiles, on les appelle alors anthero- zoides ; ils sont contenus dans des anthéridies. S'ils sont immobiles, ce sont des spermates, et leur receptacle est une spermogonte. MM.W. Bennett et G. Murray étendent cette terminologie à toutes les cryptogames. Ainsi l’ archégone des Mousses et des Fougères con- tient des archésphères qui, après fécondation sont des archéspermes. Partant de là, M. W. Bennett divise les cryptogames en : PROTOPHYTES. Protophycées. Protomycètes. ZYGOSPERMÉES. (Zygogones contenant des Zygosphères formant des Zygospermes après conjugaison.) Zygophycees. Zygomycètes. OOSPERMÉES. {Organes mâles : anthéridies contenant des anthérozoïdes ou des spermaties. Organes femelles : oogones contenant des oosphères , oospermes après fécondation. } Oophycées. Oomycètes. * CARPOSPERMÉES. (Organes mâles : anthéridies avec anthérozoïdes ou spermaties. Organes femelles : carpogones, avec carposphères devenant des caspospermes. | Carpophycées. Carpomycètes. Cette classification, qui paraît très logique et commode, est identique à celle de Sachs dans sa grande division, mais s’en sépare notablement dans les divisions suivantes, — ainsi qu'on peut le voir par le tableau suivant : THALLOPHYTES. Ie Classe, — PROTOPHYTES! Sous classe : Prolophycees. Sous classe : Protomycètes. Ordres : Protococcacées. Ordre : Schizomycetes Nostochinées. (Avec les Saccharomycètes) Oscillatonées. RU Rivulariées, Myxomycètes. ’ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. A7! II° Classe. — ZYGOSPERMÉES. Sous classe : Zygophycees. Sous classe : Zygomycètes. Ordres : Pandorinées. Ordre : Mucorinées. Hydrodyctées. Confervacées. Ulothrichiées. Ulvaéées. Botrydiées. Conjuguées. Sous-ordres : Desmidiées. Diatomacées. Zygnémées. Mésocarpées. IIIe Classe. — OosPERMÉES. Sous-classe : Oophyceées. Sous-classe : Oomycètes. Ordres : Volvocinées. Ordres : Péronosporées. Siphonées. Saprolégnées. Sphæropléées. Œdogoniées. Fucacées. Ph&osporées. IV® Classe. — CARPOSPERMÉES. Sous-classe : Carpophycees. Sous-classe : Carpomycèles. Ordres : Coléochetées. Ordres : Urédinées. Floridées. Ustilaginées. 4 | Basidiomycètes. Ascomycètes Sous-ordre : Lichens .- Nous avons donné tout au long cette classification de Sachs, modifiée par À. W. Bennett, parce que, jusqu’à plus ample information, c’est à elle que nous nous rallions quand il s’agit, dans son intégralité, de la grande classe des Algues. Nous devons cependant ajouter que, tout récemment, cet auteur a disposé ces classes de Thallophytes, non plus en deux séries parallèles, correspondant aux organismes chlorophyllés, d'une part (Algues), et aux organismes non ÉROTObI Re Remnenons). d'autre part , — mais bien en une seule série successive : THALLOPHYTES. Classe 1. — PROTOPHYTES. Sous- classe 1 : Protomycèles. Ordre : Schizomycètes. Sous-ordre de forme aberrante : Saccharomycètes. Sous-classe 2. — Prolophyceées. Ordres : Protococcacées. Nostochinées. Oscillatoriées. Rivulariées. Groupe inférieur supplémentaire : Myxomycètes. 172 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Classe II. — CHAMPIGNONS. Sous - classe 1 : Zygomycètes. Ordre : Mucorinées. Sous-classe 2 : Oomycètes Ordres : Péronosporées. Saprolégnées. Sous-classe 3 : Catpomycètes. Ordres : Urédinées. Ustilaginées. Basidiomycètes Ascomycètes. Sous-ordre : Lichens.…. Classe III. — ALGUES. Sous-classe 1 : Zygophycees Ordres : Pandorinées. Hydrodyctiées. Confervacées. Ulotrichiées. . Ulvacées. Botrydiées. Conjuguées. Sous-ordres : Desmidiées. Diatomacées. Zygnémées. Mésocarpées. Sous-classe 2 : Oophycees. Ordres : Volvocinées. Siphonées. « Sphæropléées Œdogoniacées. Fucacées. Phæosporées. Sous-classe 3 : Carpophycees. Ordres : Coléochætées. Floridées. Le professeur Léon Marchand a établi, dans son cours à l'Ecole su- périeure de pharmacie, de Paris, une classification dont nous trouvons : lindication dans le programme qu'il a publié, en 1878, dans le Journal - de Micrograplue). Malheureusement, nous ne savons pas exactement comment il remplit les sept groupes dont il compose la famille des Algues, le second fascicule de son excellente Lotanique cryplogamique n'étant pas encore paru. Quoi qu'il en soit, ses groupes sont les sui- vanis : (1) Page 317 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 173 I. Diatomées. Il. Crypiophycées, comprenant les Protococcacées , Nostochinées, Palmellacées , Oscillatoriées , etc. III. Chlorosporées, comprenant les Confervées, Œdogoniées, Vaucheriées, Zygo- sporées, Volvocinées, Siphonées, etc. IV. Phæosporées, comprenant les Ulvacées. V. Fucacées. | VI. Rhodosporées, comprenant les Gigartinées, Corallinées, Sphérococcoïdées, Rhodomélées , Gélidiées , etc. VII. Dictyotées. Enfin, et pour terminer ce trop long chapitre, nous citerons une classification toute particulière, et ne se rapportant qu'aux formes les plus simples et spécialement à ces Algues d’eau douce qui nous imté- ressent exclusivement ici. Nous voulons parler de la classification d'Eiferth fondée particulièrement sur la disposition et la couleur de la chlorophylle dans les cellules : I. CHLOROPHYLLACÉES. Cellules entièrement ou partiellement remplies de chlorophylle, sans mélange d autres matières colorantes.— Couleur vert pur. 1®° ordre. — Plantes croissant seulement ou principalement par l’extrémité d'un filament constitué par une seule cellule ramifiée....,................. Siphonces. 2€ ordre. — Plantes croissant à l'extrémité d’une série de cellules.. Confervacees. 3° ordre. — Plantes croissant dans toutes les directions, par la division individuelle de toutes les cellules : Reproduction par zoospores........... PAPE hits Man e Palmellacées. Reproduction par zygospores immobiles après conjugaison. Conjuguées. IT. — DIATOMACÉES. Cellules partiellement remplies d’une matière colorante jaune masquant plus ou moins la chlorophylle. IIT. — PaycocHROMACÉES. Cellules contenant une matière colorante bleue ou vert-de-gris, masquant plus ou moins la chlorophylle. Telles sont les bases de la classification des « formes les plus simples de la vie >» par Eyferth, classification artificielle, comme on le voit, qui dans ses détails , peut être l’objet de beaucoup de critiques, mais qui néanmoins peut, à l’occasion, être assez commode pour trouver dans lemonde des Algues la place des principales espèces que l’on rencontre à chaque instant dans les eaux douces. D' J. PELLETAN. [A suivre.) 474 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. APERÇU D'EMBRYOGÉNIE COMPARÉE. (Suite) (1) II FÉCONDATION. DE L'ŒUF. Dans l’article précédent nous avons tracé le rapport des génoblastes, ou produits sexuels, avec les cellules dont ils proviennent. Nous allons maintenant examiner de quelle manière ces produits effectuent la création d’un animal nouveau et complet. Comme le corps de tous les animaux est composé de cellules et de produits de cellules, pour former un animal, la première eondition à réaliser est de fournir des cellules. D’après la théorie proposée dans le dernier article, l’œuf constitue une partie de cellule et le spermatozoïde, une autre ; aussi, la fusion de ces deux éléments peut former une seule cellule parfaite. C’est cette fusion qui se produit alors et c ‘est ce qu’on appelle imprégnation ou fécondation de l'œuf. | Nous ne connaissons que très imparfaitement ce pHénoméntl bien qu'il ait été l'objet de nombreuses et importantes recherches, depuis ces dernières années ; aussi, devons-nous attendre des investigations | plus étendues avant de pouvoir faire quelques généralisations satisfai- santes. Mais, d’après l’état actuel de nos connaissances, l’ordre des phénomènes est très probablement le suivant, — car il faut se rappeler que nous raisonnons toujours sur une probabilité. Un seul spermatozoïde pénètre dans l’œuf et fusionne avec lui.Après l'émission des globules polaires, le noyau de l'œuf est un petit corps qui se trouve près de la périphérie, immédiatement au dessous des globules. On l'appelle alors pronucleus femelle. Il s'avance, — pour- quoi et comment, c’est ce qu’on ne sait pas, — vers le centre de l'œuf. où il finit par s'arrêter. Un système de lignes rayonnantes s’étend au- tour du pronucleus femelle, dans le vitelilus, formant avec ce pronu- cleus ce qu'on appelle Pœster femelle. À un certain moment, pendant ces modifications, un peu plus tôt, un peu plus tard, — cela paraît de peu d'importance, — un seul spernra- tozoïde pénètre dans Pœuf. Comme l'œuf, ou le vitellus, est entouré d’enveloppes, il est évident que le spermatozoïde doit pénétrer avant que les enveloppes de l’œuf soient formées, ou qu'il doit se frayer un chemin à travers ces enveloppes. Ainsi, chez la Poule, les spermato- zoaires atteignent le jaune avant que la coque dure soit formée dans l’oviducte. Dans d’autres cas, il y a une ouverture spéciale, souvent (}) Voir Jcurnal de Micrographie, T. V, 1881, p. 30, 71. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 175 d'üne Structure particulière, qui livre passage aux spermatozoaires et qu'on appelle mecropyle. (PI. VII, fig. 1). Cette ouverture n'est pas, en réalité, une partie essentielle de l'œuf, mais elle permet simplement à celui-ci d'être protégé par une coque imperméable, sans exclure le spermatozoaire. On affirme que, dans quelques cas, le micropyle n’est pas une ouverture réelle, mais seulement un point pénétrable à travers lequel le spermatozoaire peut se frayer un chemin. (Kupffer). Il a été établi plus haut qu'un-seul spermatozoaire entre dans l'œuf. La manière dont l'entrée est interdite à un second spermatozoaire, n’est pas encore définitivement déterminée. Fol, Kupffer et Benecke ont cependant reconnu que, dans les œufs qu'ils avaient observés, (Etoile de mer et Lamproie), il n’y avait aucune membrane vitelline autour de l’œuf, jusqu'au moment où, après l’imprégnation, une mem- brane complète était rapidement formée par le vitellus, membrane qui arrêtait efficacement tout autre spermatozoaire. Si cette vue est exacte, l'œuf n’aurait aucune membrane cellu'aire , proprement dite, avant sa fécondation ; et toutes les enveloppes dont il est muni avant ce moment, seraient seulement sécrétées autour de lui par d’autres cellules, et non par lui-même. Lorsqu'un spermatozoaire pénètre dans an œuf, la tête entre la pre- mière ; puis, le noyau qu’elle contient perd sa forme particulière, se transformant, dans le jaune, en un petit pronucleus mâle, sphérique ou de forme irrégulière.La queue disparaît—sans qu’on sache comment. Ce pronucleus est, comme le femelle, entouré de lignes radiées, si bien qu il y a aussi un aster mâle. À ce moment, l’œuf, comme le montre la fig. 2, contient deux pronucleus et est encore uni aux globules po- laires. Le second pronucleus se dirige aussi vers le centre de l'œuf, où les deux pronucleus se rencontrent, s’étant tous les deux considé- rablement élargis pendant ce temps. Une fois en çontact, les deux pro- nucleus se fusionnent complètement, pour former un seul corps, auquel on a donné le nom très approprié de noyau de segmentation. Peut-être qu'une contraction s'opère toujours dans l’œuf fécondé soit pendant, soit immédiatement apres l'entrée du spermatozoaire, si bien qu’un espace se forme entre le jaune et les enveloppes de l'œuf. Gomme on a porté peu d’attention à ce fait, nous sommes encore dans l'incertitude à son sujet. Nous avons donc vu qu’un élément mäle et un élément femelle s'u- nissent pour former une seule cellule parfaite. Ce fait est un très solide appui pour la théorie que les cellules contiennent deux éléments sexuels à l’état latent et doivent ainsi être considérées comme hermaphrodites ou sans sexe. On sait depuis longtemps que l'œuf de tout animal doit être fécondé par les spermatozoaires de sa propre espèce, et que, d'un autre côté; “la reproduction dépend d’une cértaine dissimilarité qui est bien établie, 476 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. quoique sa nature ne puisse être expliquée, même d’une manière hypo- thétique. Quand les parents ont été étroitement en rapport pendant de . nombreuses générations, les produits sexuels s’altèrent à un tel point qu’ils ne peuvent plus produire, par leur fusion, un animal complet, alors même que la fusion avec un élément provenant d’un individu moins étroitement allié soit encore effective. De ces conditions résulte l'obligation d'une fécondation croisée, fait qui a été tellement discuté en public qu'il est inutile d'y insister davantage ici. Dans des cas très rares, les génoblastes d'espèces très voisines peuvent efficacement s’unir pour produire un animal partageant les caractères de ses deux parents, — en un mot, un hybride. Ces exceptions se trouvent cepen- dant, mais sont extrêmement rares. Puisque l'enfant hérite des particularités de ses parénts, il est évi- dent que la transmission doit se faire par les génoblastes, et différentes théories ont été proposées à ce sujet; mais aucune vue n’a encore été avancée qu'on puisse avec raison dire satisfaisante , et la théorie de la pangénèse ne doit pas même être exceptée. La formation de l'œuf fécondé, avec son noyau de segmention, marque le commencement du nouveau cycle de vie ; quant à la cellule ainsi formée, elle est douée d’un pouvoir mystérieux et remarquable qui la distingue entièrement de presque toutes les autres espèces de cellules connues jusqu'ici. L'’œuf fécondé est le siège de forces en vertu desquelles il se divise en nombreuses cellules, et ces cellules se dis- posent elles-mêmes sur le modèle des parents de qui proviennent l'œuf et le spermatozoaire, puis imitent les particularités des cellules dans chaque point, formant un œil là où le parent a un œil, une glande là où le parent a une glande: seulement limitation est imparfaite, l'enfant n’est pas absolument semblable au parent La fusion des génoblastes est évidemment la source d’un accroissement de vitalité et de puissance formatrice qui est spécifique en chaque cas, c'est-à-dire dont l’action et le résultat sont prédéterminés. Cette merveilleuse puissance formatrice a toujours excité l'intérêt et l'attention des naturalistes. C’est un des caractères fondamentaux de la vie, car: on ne rencontre aucune puissance semblable dans la nature inorgañique. Il est aussi important de noter qu'elle doit appar- tenir à toutes les cellules, autrement, quelques-unes d’entre elles ne se formeraient pas à la place et de la manière requises. Que des cel- lules autres que l'œuf fécondé soient douées d’une telle puissance, c'est ce que démontre la formation des bourgeons et des strobiles et, plus directement encore, le développement des pseudo-œufs. Dans ce dernier cas, le développement commence par une cellule qui s’élève dans l'ovaire et ressemble très exactement à un œuf ordinaire. De semblables cellules se forment chez divers animaux, notamment chez les pucerons, mais, bien qu’ils soient tout à fait semblables à des œufs, L JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 477 les pseudo-œufs en diffèrent en ce qu’ils sont capables de se développer en un animal complet, sans fécondation. Le manque de place nous empêche de décrire la formation des bour- geons et des strobiles ; qu'il nous suffise de dire que la reproduction dépend, dans les deux cas, de la séparation d'un groupe de cellules du corps du parent, (au lieu d’une seule cellule ou d’un pseudo-œuf). Ce groupe s’accroit jusqu'à former un animal complet, dans lequel la structure du parent , ou quelquefois du grand parent, est reproduite par l’action de la puissance formatrice du groupe de cellules. Il résulte évidemment de ces faits que cette même force formatrice est le partage d'un grand nombre de cellules, c’est la thèse que nous voulions prouver. IT SEGMENTATION ET FORMATION DE LA GASTRULA. Après que la fécondation est effectuée, et que les deux pronucleus se sont fusionnés pour former le noyau de segmentation, une période de repos se produit ordinairement, période pendant laquelle 1l ne se pré- sente aucun changement visible. On ne sait pas si une semblable période s’intercale toujours dans le cours du développement, mais on l’a fré- quemment observée. Le processus de segmentation commence après cette pause ; son but essentiel est la multiplication des cellules. L'histoire ultérieure de l’œuf est la description de la manière dont les cellules, constamment en accroissement, se disposent elles-mêmes en ordre défini, jusqu à ce qu'elles aient graduellement constitué un animal, ou, pour parler plus exactement, jusqu'à ce qu’elles soient devenues animal adulte. L'objet. de l’embryologie est de découvrir les lois en vertu desquelles cette évolution se produit. Nous commencerons nécessairement par l'étude du processus de segmentation : mais les détails en sont si nombreux que nous ne pou- vons en indiquer que quelques-uns. Le premier résultat est la forma- tion de deux séries de cellules. Dans l’une , les cellules sont petites ; l’autre est composée de grandes cellules. Excepté chez les Éponges , les petites cellules constituent l'enveloppe extérieure du corps, et ont l'apparence d’un sac ou vésicule. Les grandes cellules bordent le canal digestif, ou estomac primitif, aussi sont-elles enfermées dans la vésicule extérieure formée par les petites cellules. Cette disposition parait se produire de deux manières complètement distinctes. Dans le premier cas, les cellules formées par segmentation , se disposent elles-mêmes sous Ja forme d'une sphère , creuse intérieurement , et dont les parois sont formées par une couche continue de cellulles. Une moitié est composée de petites cellules , l’autre de grandes. Dans le second cas , le résultat 178, *-OURNAI DE MICROGRAPHIE. de la segmentation est de produire aussi une sphère creuse, mais à double paroi, dont les petites cellules constituent la paroi extérieure et les grandes, la paroi interne. Dans les deux cas, la sphère se trans- forme elle-même en ce qu'on appelle la gastrula. Les cellules les plus larges s’enfoncent intérieurement, ou, en termes techniques, s’inva- ginent ; les petites cellules croissent alors vers le bas et autour des autres, de manière à les enfermer en laissant seulement une petite ouverture , la pu primitive. Dans le second cas, une ouverture se perce à à travers les deux parois pour former une bouche. Ce mode de développement est beaucoup plus rare que l’autre et n’a, malheureuse- ment, jamais été étudié d’une manière satisfaisante. Les différentes parties de la figure 3 représentent schématiquement les principales formes de la gastrula. À, est une forme très simple , telle qu'elle se présente chez les Échinodermes. La différence de taille entre les deux séries de cellules est légère, quoiqu’évidente. En B, la différence est plus accentuée et représente assez bien la gastrula de l'Amplhioxus. En C, la différence est très grande et correspond à une forme observée chez certains Gastéropodes. En D, la série intérieure ne présente plus aucune séparation en cellules distinctes, bien qu'il y ait un nombre de noyaux dont chacun-marque le centre d’une future cellule. Dans cet exemple, nous devons considérer la série intérieure toute entière comme un vitellus nutritif, non encore transformé en une couche cellulaire définie. Cette figure est particuliérement instruc- tive, car elle montre que ce que nous appelons le vitellus, n’est pas un élément distinct du germe, mais appartient, en réalité, à la couche interne de l’embryon. E, montre un œuf semblable, dans lequel la série extérieure des cellules n'est pas encore arrivée à entourer le jaune. Les embryologistes modernes ont appelé blastoderme cette couche extérieure, dans tous ces œufs à-jaune volumineux. En F, on a repré- senté le même œuf, non plus en coupe, mais vu par sa surface exte- rieure , et il montre une calotte de petites cellules, ou blastoderme reposant sur la grande masse du jaune. Ces œufs, où la différence de taille entre les deux séries de cellules n’est pas excessive (A-C}, sont appelées holoblastiques, tandis que ceux dans lesquels le jaune reste plus ou moins intact pendant un temps considérable (D-F), ont reçu le nom de méroblastiques. Afin de démontrer d’une manière plus complète les particularités du processus de segmentation, il est nécessaire d'examiner de plus près les œufs holoblastiques. La fig. 4 représente la coupe d’un œuf d'Ones- cus, d'après Bobretzky ; elle correspond presque exactement au sche- ma E de la fig. 3. La fig. 5 est une section semblable à travers l'œuf d'un papillon (Pieris cralægi), et montre un certain nombre de noyaux, tous entourés d’une petite masse de protoplasme, et irréguliè- rement dispersés à travers le jaune. Leur nombre croît graduellement JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 179 et chacun d’eux devient le centre d’une cellule distincte. C'est simple- ment une modification particulière du mode ordinaire de division cel- lulaire en deux parties égales , car, chez les mouches, les papillons et quelques autres animaux, la grande masse du jaune se divise graduel- lement pour former plusieurs noyaux et se briser en un nombre consi- dérable de cellules entassées les unes sur les autres. Nous aurons occasion de revenir sur ce sujet, en parlant du développement des vertébres. L'embryologie des Eponges est importante parce qu'elles n'ont pas de gastrula. Nous la décrirons dans notre prochain article. Sauf chez les Éponges, les petites cellules constituent la couche extérieure et sont appelées ectoderme, tandis que les grandes cellules, qui forment la couche intérieure, ont reçu le nom d’endoderme. En Angleterre, on a essayé de substituer les noms d’éprblaste à celui d’ectoderme et d'hypoblaste à celui d’endoderme, mais ce changement me parait inu- tile et sujet à confusion. En face de la tendance actuelle à substituer: des mots nouveaux et difficiles à des mots anciens et simples, il est toujours bon de protester. Composer des polysyllabes anglais, avec du latin et du grec, n’est pas, en beaucoup de cas, rendre service à la science. L'invention de tels noms doit être restreinte, dans ses applica- tions, aux choses qui n'ont reçu aucun nom et pour lesquelles il n'existe en anglais aucun mot propre. Le processus qui suit immédiatement la formation de l’ectoderme et de l’endoderme ne se présente pas chez tous les animaux , mais seule- ment dans ceux qui sont au dessus des Cœlentérés. Je me allusion au développement d'une couche distincte de cellules intermédiaires, le mésoderme, Situé, comme le montre la fig. 6, entre les deux couches primitives. Dans le prochain article, je traiterai de l’origine et des caractères du mésoderme. Un grand nombre d'embryons vivent dans l'eau, et ont la propriété de locomotion longtemps avant de posséder aucun muscle. Pour cela . l’ectoderme est pourvu, chez ces-espèces, de cils ou poils vibratiles qui . peuvent être plus ou moins longs (fig. 6). Chez beaucoup d’embryons libres, se mouvant par des cils, on trouve des bandes distinctes sur lesquelles les cils sont plus développés et plus puissants. Comme ces bandes ciliées sont souvent pigmentées, tandis que le reste de l’em- bryon est transparent ou peu coloré, elles sont très visibles. Nous aurons à y revenir. Nos.autorités, à propos des vues générales que nous avons exposées plus haut, se trouvent dans des discussions qui occupent une longue série (le travaux spéciaux. Le professeur Hæckel (!) a beaucoup écrit (1) Les principaux articles du prof. Hæckel se trouvent dans le Jenaische Zeitschrift für Naturwissenschaften, Band. vit, p. 1, et dans les Biolagische Studien , 2° Haîft, 1877. Hæckel a créé le mot gastrula , et ses écrits ainsi que ses spéculations ont imprimé un puissant essor aux recherches embryologiques. 180 | JOURNAL. DE MICROGRAPHIE. sur la gastrula et sa signification, et a publié plusieurs ouvrages popu- laires sur l’embryologie. Malheureusement, il est inexact et inconsis- tant à un degré qui surpasse tout ce que Je me rappelle chez n'importe quel écrivain scientifique, car, presqu'à chacune de ses pages, on trouve des erreurs que les moindres connnaissances permettent d’aper- cevoir. Aussi, est-il tout-à-fait inutile au; commençant. J’exprime ici, non seulement ma conviction personnelle, mais aussi le jugement de critiques distingués et compétents, dont quelques-uns même sont bien plus sévères dans leur condamnation. Par suite de ces considérations : je ne puis citer Hæckel comme une autorité. J'indique ci-dessous quelques-uns des ouvrages spéciaux que j'ai consultés : E. — OUVRAGES SPÉCIAUX SUR LES COUCHES DU GERME. 31 — Agassiz, Alex. — Critique de la théorie de la Gastræa (trad. par Schneider). — Arch. Zool. Exp., T. IV, p, IX (1875). — Et aussi Mém. Amér. Acad., X, N° 3. 32. — Lankester, E. Ray. — On the primitive Cell Layers of the Embryo, etc., etc. — Ann. and Magazine of Nat. Hist., Vol. XI (1873), p. 321-338. 33. — —— Notes on the Embryology and classification of the Anim. Kingdom, etc. — Quart. Journ. of Micr. Sc., 1877, p. 399. 34. — Minot, C. S. — Recent investigations of Embryologists. — Proc. Boston S. N. H., vol. XIX, p. 165. (Court sommaire). 35. — Moquin-Tandon. — De quelques applications de l'Embryologie à la classifi- cation méthodique des animaux. — Ann. des Sc. Nat., Zool., II (1875), art. 7. 36.— Salensky. — Bemerkungen uber Hæckel's Gastræa-théorie. — Archiv. f. Naturges. Bd. I, Jahrg. 40 (1872). 37. — Semper, Karl. — Kritische Gänge. N° III. Die Keimblätter Theorie. — Verhalt. phys. med. Gesell. Würzburg , Bd (1875), p. 222. Cu. Sepwick-Minor. (A suivre.) PLANCHE VII. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. — Spermatozoaire pénétrant dans le jaune du Petromyzon ; la tête a déjà traversé le micropyle. D'après Calberla. Fig. 2. — Œuf de Nephelis, trois heures après la ponte. m, pronucleus mâle, - f, pronucleus femelle , — p g , globules polaires. D'après Hertwig. Fig. 3, — Schéma des principales modifications de la gastrula (voir le texte). A, B,C,D,E représentent des coupes : F, œuf en son entier. Fig. 4. — Formation du blastoderme chez l'Oniscus murarius. D'après Bobretzky. Fig. 5. — Coupe d'un œuf d'insecte en segmentation. D'après Bobretzky. Fig. 6. — Coupe de la gastrela du Toxopneustes lividus. D'après Selenka ; mes., mésoderme ; en., endoder me. nd JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 181 Fig.7. — Larve oviforme du Sycandra raphanus , nageant librement pendant sa première période. — D’après F. E. Schulze. — 530 diam. environ. Fig. 8. — Période plus avancée de la fig. 7. Fig. 9. — A. Dernière période de flotiaison hbre ; larve vue par la surface orale. — B. La même, après la fixation. — Larve de Sycandra, D'après F. E. Schulze. — Grossissement de 240 diam. environ. Fig. 10. — Coupe optique verticale de la larve fixée du Sycandra raphanus. D'apres F. E. Schulze. — Grossissement de 500 diam. environ. A TOUS CEUX QUI ÉTUDIENT LE PHYLLOXERA VASTATRIX. A l'exception des savants qui ont fait du Phylloxera une étude spé- ciale et théorique, 1l a été jusqu à présent, sinon impossible, au moins très difficile au public, aux agriculteurs, — c’est-à-dire aux personnes qui y sont le plus directement intéressées — d'acquérir sur ce redou- table insecte, sur ses mœurs et son histoire, des connaissances assez complètes pour être pratiquement utiles. C’est pourquoi, — ainsi que je l'ai annoncé déjà plusieurs fois dans les Annalen der Œnologie , (1) — je me suis décidé à mettre dans le commerce des préparations de Phylloxera. La Chancellerie de l'Empire d'Allemagne in a aidé dans ce projet en m'accordant un crédit pour faire préparer un assez grand nombre de collections de ce genre. Par suite de cette commande, mes relations scientifiques et commerciales se sont considérablement développées, et j'ai reconnu toutes les diffi- cultés de mon entreprise. Heureusement que, par la multiplicité de ces collections, j'ai pu gagner à ma cause plusieurs collaborateurs sans l’aide desquels nous ne posséderions pas encore de collections com- _plètes pour l’étude du Phylloxera. Malgré toute la peine que je me suis donnée, il ne m'a pas encore été possible d'obtenir des Phylloxeras sexués et des œufs d'hiver en nombre suffisant. Û L'étude du Phylloxera comprend deux parties : 1° L'histoire du développement de l’insecte, 2° L'organisation de la lutte que nous avons à soutenir contre lui. Le premier chapitre a été étudié avec prédilection par des spécialis- tes, dans tous les pays, mais le second a été partout plus ou moins (l} Annalen der OŒEnologie, organe scientifique de Viticulture fondé en 1869; — Heidelberg, C. Winter, — 9 volumes, 182 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. se nègligé ou mal compris. Il en a été comme de la plupart des conquêtes faites dans le domaine des sciences naturelles, conquêtes qui n'ont pro- fité qu'à un nombre très restreint de savanis et d'hommes dévoués ; malgré les tristes expériences faites en France, à Klosternenhurg, etc., la élupart des fovers d'infection avaient déjà acquis des dimensions menaçantes avant d'avoir été seulement reconnus. Comment est-il possible de reconnaitre les foyers don au début? Telle est la question qui se pose tout naturellement après ce que nous venons de dire. La réponse est bien simple. Elle a prouvé qu'aussi longtemps que, nous autres agriculteurs, nous demanderons tout à l'Etat en ne voulant lui payer que des redevances matérielles et non intellectuelles, nous ferons fausse route. Si les plus intelligents d'entre nous font leur devoir en étudiant tout ce qui caractérise le Phylloxera, dans des cours ou au moyen de col- lections phylloxériques complètes, ils pourront, toutes les fois qu'on apercevra sur la vigne les traces de maladies importantes, être parfai- tement à même de reconnaitre si l’on a affaire au Phylloxera ou non. Quand, de cette façon, on aura découvert un foyer phylloxérique à son début, il suffira d’arracher et de brüler les œufs, et de désinfecter le sol pour empêcher l'extension de la maladie. Si l'infection est plus avancée, la lutte ne sera plus possible, comme nous le prouve la triste expérience qui en a été faite en France et à Klosternenburg. | Le meilleur moyen de former des experts compétents m'a paru con- . sister à faire des cours d’une durée de six jours, pendant lesquels les assistants travailleraient au microscope plusieurs heures par jour et. entendraient environ six conférences et démonstrations. De cette ma- nière, ils acquerraient les connaissances nécessaires pour rechercher le Phylloxera et le distinguer d’autres insectes microscopiques qui vivent aussi sur la vigne. Ces cours n'ont été donnés qu'en Allemagne et en Autriche et il a fallu les supprimer à cause du petit nombre de personnes qui y ont pris part. Il ne reste donc plus que le second moyen, qui promet moins de succès, mais qui n'est pas à rejeter pour cela : il consiste à répan- dre de grandes quantités de préparations, surtout des-nodosités, des racines infectées et des galles conservées à l'esprit de vin. Les difli- cultés presque insurmontables qui se présentèrent, lorsque je voulus réu- rir une collection semblable, me firent considérer comme la tâche de mon Institut, d'empêcher que d'autres spécialistes et praticiens ne se heurtassent à ces mêmes difficultés, et voilà pourquoi j'ai formé Ja résolution de mettre en vente les collections spécifiées ci-dessous, Sans avoir besoin d'ajouter que je travaille pour le pr'ofit de tous et non pour le mien propre, je présente au public ces collections , dans JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 183 l'espoir qu'elles me fourniront Îles moyens de continuer des travaux scientifiques et pratiques, d'un très grand intérêt et qui, dès leur commencement , promettent des résultats d'une haute importance. Puissent mes collections contribuer à faire découvrir maint foyer phylloxérique à son début et à détourner par là les dangers terribles qui menacent tant de contrées ! je serai alors richement récompensé de la peine quil m'a fallu prendre pour réviser mes préparations mieroscopiques et pour tant d'autres travaux, plutôt mécaniques qu'intellectuels , nécessaires pour mener à bien mon entreprise. Ma collection se compose de deux parties : La première comprend les différentes formes du Phylloxera lui- même, sauf les sexués et les œufs d'hiver ; la seconde partie se compose des autres insectes microscopiques qui vivent sur la vigne. DIVISION EL PHYLLOXERA. A. Forme radicicole. a. Préparations microscopique. No La pièce. 12— Œufs de Phylloxera non sexué........................., | FALL ifr. 256. US. 7... ui danke se conso bee delete 129 20 Jeunes Phylloxeras non sexués. ........ ..,.....,.,.......... 1:25 or fe moyen... ...........1:......,.,.,......, 14 25 EE IR UE LU 1725 D les avécuniŒuf,.:..,.:....:...:,...:..,..4.....0.... RES 2 50 forme d'hiver... ............:... 1... er ieuse. RNA le à) EU D... Li os dessous eee OÙ A Peau du Phylloxera non sexué .......:....,...,, ,........... 2 es. 0,25... LOFT EP AR TEE PRE EE ds) 23. — Ailés ..... RE Fe LE EST PANEP RE ARNEETE 2 DE Or CARS LR ER RENE SE ER R a b. Préparations à l'alcool. I. — Racine fortement infectée par le Phylloxera, pour montrer de quelle manière on doit faire les recherches ................... 3 1, II. — Racine européenne très peu infectée. ............,............. 3 7% HE Racine américaine avec nodosités...:...........,., , .......... 3 7 IV: — Racine européenne avec nodosités . ....,............,....... ne Ets Les racines européennes et américaines sont indispensables pour l'étude comparative de l'influence qu'exerce le Phylloxera sur des vignes de constitution forte ou délicate. Les nodosités des vignes américaines ne pourrissent pas aussi vite que celles des vignes européennes, qui souvent sont déja complètement pourries au mois de septembre. 184 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. B. Forme aëerienne. a. Préparations microscopiques. Nos La pièce. 25-26. — Œufs du Phylloxera gallicole non sexué ...................... 2fr. 50c. 27-28: — Jeunés gallicoles.’. .. 4 : 0.228 NL OR RSR 2 90: 29-30. — Vieux gallicoles. . 04.2... 4.000 A EN ER RERS 2 0 b. Préparations à l'alcool. V. — Feuille d'une vigne américaine plantée en Europe, avec des galles. 6 25 VI. — Feuille d’une vigne américaine plantée en Amérique, avec des galles. 6 25 Il paraît qu'il existe des différences notables dans la manière dont se comporte le Phylloxera sur des vignes américaines plantées en Amérique et en Europe. DIVISION II. AUTRES INSECTES MICROSCOPIQUES VIVANT SUR LA VIGNE. Cette division est au moins égale en importance à la première, car on n’a que trop souvent confondu le phylloxera avec d'autres animaux qui ont élu domicile sur la vigne. Je crois que la nature nous a donné deux ne de venir à x bout du Phylloxera : 1° En favorisant ses maladies ; 2 En cultivant des vignes résistant à ses attaques. L'histoire de toutes les épidémies montre que ce n'est que par l'étude assidue et l'usage de tous les moyens offerts par la nature, que l’homme parvient à les dompter. L'étude des petits foyers d'infection en Allemagne, nous permet de conclure que de pareils moyens existent, sans quoi on ne pourrait absolument pas s'expliquer l’appa- riion du Phylloxera en quantités si minimes, depuis une dizaine d'années. I nous faut donc étudier avec le plus grand soin les maladies de cet insecte , ainsi que ses ennemis naturels. Je me suis occupé, pendant nombre d'annees , de l'étude des para- sites de la vigne: j'étais arrivé à l’idée qu'ils n'existent qu'en très petit nombre et, par conséquent, je ne les croyais d'aucune impor- tance dans la résolution du grand problème phylloxérique. Des travaux plus récents faits à Mascoutah , m'ont prouvé que j'étais dans l'erreur, et j'ai acquis la certitude qu'il y a sur nos vignes beaucoup d'insectes, en quantités telles, qu'au commencement d’une infection ils peuvent extirper totalement le Phylloxera. | Mon opinion a été confirmée, en 1876, par des expériences faites sur des Phylloxeras vivants. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 185 J'ai déjà fait remarquer plusieurs fois dans les Annales d'Œnologie, que le Phylloxera a complétement disparu des appareils d'élevage, après l'introduction en masse du Tyroglyphus phylloxeræ. Des obser- vations analogues ont été faites pur MM. Schrader et Oberlin (par ce dernier en plein air. Mes expériences de l’année 1876 montrèrent, au commencement, beaucoup de Phylloxeras sur les racines infectées , et peu de Tyrogly- phus ; en septembre, par contre, le Phylloxera avait complètement disparu , et le Tyroglyphus se montrait en grand nombre. Dans un autre appareil, je plâçai une racine fortement phylloxérée , sur laquelle j Je déposai dix exemplaires vivants de Polyæenus laqurus; quatorze jours après les Phylloxeras étaient plus que décimés , tandis que tous les Polyxenus étaient encore en vie. Préparations microscopiques. NS ” La pièce D cu ums HP(Darve embryonnaire) ...........,............. 2fr. 50c- 2. — Id. Me tomelle) 2 UE ns AR ie un 2 95 3. — Hoplophora arctata, Riley , ennemi du Phylloxera(2)........... 2 RE) 4. — Id. ns de dla sl CNE D. — Id. DENON COR PRIRENT nb F2 6. — Tyroglyphus phylloxeræ (Riley) ennemi du Phylloxera (3)........ 2 20 7- 8. — Polyxenus lagurus (de Geer), qu'on doit mettre aussi au nombre ru Phyilosera (sun... it 1 25 RP. D tee d Le à Te ne tenta à 125 Ce ee As te vu à se coop éd teu eee 2 50 TT CMP I ET PR PEL PE Di PE D D d:,. 25 el he eo ed AE) M nn ee dltinte d'e à noie à à 8 eneré ie viole ose ER OO qe dodo as mas à oo à ét à cueoe doieo à je PAS (1) ana sans nee os eaie ee où no 2: 50 M ae de à ea mot ee te onde ele 6 à a ele à 2 50 OR QAUIQ NS nn ae n e dosan a doc ge due Prose 2 0 TT ON CRI PR EE RP ARS 2 99) Le prix total des deux collections s'élève donc à peu près à 140 fr. mais on peut se procurer séparément chaque préparation. On trouve des dépôts de mes préparations : 1° Pour la France : au Laboratoire du Journal de Micrographie . dirigé par le D'J. PELLETAN , 3, rue Lallier, à Paris ; (1) Annalen der Œnologie T. vit, p. 230. C. R. de l’Ac des Sc., 18 I, p. ::44. 1 Sé. (2) ” ù Rev p. 44: (3) at; » T. vr, p. 43. (4) DL . T. vur, p' 31. 186 JOURNAL DE MICROORAPHIE. 2 Pour l'Allemagne : chez M. C. SicxlA, mécanicien de la Cour, à Karlsruhe (Baden) : 3° Pour l'Autriche : chez le D° EGEr, Naturalien Compiorr , àa Vienne; 4° Pour la Hongrie : chez MM. Car.nEeroni et Cie, à Buda-Pesth : 5° Pour l'Italie : à l'Agencia œnologica Ilaliana, à Milan : 6° Pour l'Espagne : chez le D' PEREZ, à Granada. D' Ar. BLANKENHORN, Professeur de Viticulture , Président de la Société allemande de Viticulture , Directeur de l'Institut ænologique, à Karlsruhe. SUR LE PHYLLOXERA ET LES LOIS DESTINÉES A EMPÉCHER SON INTRODUCTION DANS LES LOCALITÉS NON INFESTÉES. J'ai reçu la lettre suivante d’un viticulteur bien connu de St.-Louis, Mo, qui a entrepris l'exportation en France et en d’autres contrées , des boutures de vignes américaines , et comme elle a rapport à une question d’un grand intérêt général et même international , je la citerai, pour y répondre : ENS LU on A la page 3 de votre American Entomologist, vous recommandez aux » viticulteurs de Californie non encore envahis par le Philloxera , la plus extrème » vigilance pour prévenir l'introduction, dans leurs localités, de vignes ou de boutures » infectées. Cette dernière recommandation , au moins, ne me paraît pas justifiée. » Pourquoi soutenez-vous cette erreur si préjudiciable? N’est-il pas vrai qu'en hiver, » quand les boutures sont coupées et expédiées, il est impossible de trouver sur elles » un seul Phylloxera vivant ou un seul œuf de cet insecte ? — L'œuf d'hiver, si même » il existe, n'existe certainement pas sur.le bois âgé d'un an, ni ici, ni dans le Midi » de la France. Interrogez Aimé Champin , interrogez Leenhardt, Robin, Planchon, » même....... Mais tandis que l'Espagne , l'Italie , la Hongrie , travaillent à faire » rejeter la prohibition de l'importation des boutures, comme mesure nécessaire à » leur salut et exempte de tout danger, quant à l'importation de l’insecte, de telles » paroles venant de vous , peuvent rendre leurs efforts inutiles. » Isibor Buscu. Les ravages de ce que l’on en est venu à appeler /e Phylloxera, bien que ce terme dût toujours être spécifié, puisqu'il y a plusieurs autres espèces qui attaquent la vigne, ont tellement attiré l'attention dans les pays étrangers et ont causé une telle frayeur dans les contrées non envahies, que les lois les plus sévères ont été édictées pour empêcher une telle invasion. Quelques-unes de ces lois sont préjudiciables et . inutiles , en ce qu'elles prohibent l'importation de toutes les plantes vivantes, et à Cape-Town , en particulier, elles sont appliquées avec une telle rigueur, qu'un char- gement de pommes de terre, arrivant de la Nouvelle-Zélande, a récemment été détruit , de peur qu'il n’apportât le fléau. Une vive controverse s'est élevée à propos JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 187 de cette législation sévère, et le D' Maxime Cornu a dernièrement publié un rapport dans lequel, tout en reconnaissant que le Phylloxera vastalrix ne vit que sur la vigne ! et ne peut se développer sur aucune autre plante, il recommande cependant de suivre l'exemple fourni par l'Algérie , c'est-à-dire de défendre l'introduction de tous les produits végétaux, excepté de ceux qui sont absolument nécessaires à la consom- mation. J'ai été trop occupé, pendant ces derniéres années, de l'étude d’autres insectes nuisibles, pour donner une grande attention au Phylloxera de la vigne. Cependant, j'ai fait des observations continues qui confirment tout ce que j'ai écrit sur ce sujet dans les années précédentes , et par suite desquelles je n'hésite pas à déclarer que c'est aller au-delà des bornes de la raison que de proscrire l'introduction d'autres choses que les vignes ou les boutures de vignes, venant de pays ou de localités dans lesquels on sait que le Phylloxera existe. L'histoire de cet intéressant insecte peut être résumée ainsi : provenant d'une souche mère, il se multiplie par reproduction agame pendant un nombre indéfini de générations, soit dans des galles , sur les feuilles, soit dans des cavités ou des nodosités , sur les racines. Son expansion est naturellement lente à l’état aptère , soit à la surface du sol, soit en dessous. Mais, ailé, 1l produit des femelles agamiques pendant la fin de l'été et les mois d'automne , et celles-ci sont les véritables trans- porteurs de l'espèce, qu’elles répardent et dispersent de vigne en vigne, par la voie de l'air. Elles pondent à peu près une demi-douzaine d'œufs seulement, à des endroits où ils trouvent ombre et humidité, et ce n’est que de ceux-ci que proviennent les véritables femelles et'les véritables mâles, qui n'ont pas de bouche , ne se nourrissent pas, et n’ont pas d'autre rôle que de procréer : les fenelles pondant, soit dans la terre, soit au-dessus, un seul œuf, le seul directement fécondé, et qu'on a appelé « œuf d’hiver ». Celui-ci, au printemps suivant, donne naissance aux méres-souches qui peuvent fonder une nouvelle colonie ou dans une galle, sur une feuille, ou bien sur une racine, ce qui est le procédé le plus ordinaire. La prohibition d’autres végétaux que la vigne est basée sur la supposition que des femelles ailées peuvent y être fixées et y déposer quelques œufs qui donneraient naissance à de vrais mâles et de vraies femelles, lesquelles produiraient des « œufs d'hiver. » Maintenant; les expériences que j'ai faites en 1875 (publiées dans les Jran- sactions of the St-Louis Académy of Sciences, octobre 1875) et qui sontles premières de ce genre qu'on ait publiées, montrent que les œufs des femelles aïlées sont le plus souvent pondus sur le sol ou au dessous, au pied des ceps, et qu'ils sont si déli- cats qu'ils exigent des conditions particulièrement favorables d'humidité et de tem- pérature pour pouvoir éclore. Je n’hésite pas à exprimer cette conviction que lorsqu'ils sont déposés autre part qu'à la face inférieure tomenteuse des feuilles de la vigne vivante, où ils peuvent recevoir l'humidité par endosmose, ou dans les crevasses et les anfractuosités du sol, où ils reçoivent de la rosée ou d'autre part la somme d’hu- midité nécessaire, ils périssent infailhiblement. Mais, même en supposant que ces œufs puissent éclore, que les femelles qui en résultent pondent leur œuf fécondé sur unc autre plante, et que cet œuf puisse, au bout du temps nécessaire, donner naissance à une mère-souche, celle-ci périrait inévitablement par manque de nour- riture appropriée. Supposer que toutes ces opérations puissent se produire sur une autre substance qu’une plante vivante ou sur les parties sèches d’une plante, c’est faire preuve d’une ignorance crasse des conditions spéciales qui sont nécessaires à la continuation de l'espèce dans ces étais particuliers. Avec les soins les plus attentifs et en faisant tous mes efforts pour suppléer aux conditions naturelles, j'ai échoué neuf fois sur dix dans la production d'individus sexués, et plus souvent encore quand J'a1 cherché à obtenir l'œuf fécondé. D’autres expérimentateurs, en Europe, sont arrivés aux mêmes résultats. Le danger d'introduire cet insecte sous n'importe quelle 188 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ! autre chose que la vigne, lorsqu'il y a à faire un voyage sous les tropiques, est encore moindre, et même en supposant que l'œuf d'hiver puisse être obtenu, il éclôrait pendant le voyage. Ainsi, la seule voie par laquelle le phylloxera puisse être introduit d’une contrée dans une autre contrée éloignée, c'est la vigne, et ici se place la question soulevée par M. Busch. Ma recommandation, d'employer certaines vignes américaines résis- tantes comme sujets pour greffer les cépages européens plus susceptibles, a donné lieu à un immense trafic, entre ce pays et l'Europe, en boutures américaines, et les cultivateurs engagés dans ce commerce, quelque désir qu’ils aient d’être impartiaux, penchent naturellement du côté de la question qui favorise leurs intérêts. L'insecte peut être transporté sur les racines de la vigne, pendant l'hiver, à l'état, soit de larve dormante, soit « d'œuf d'hiver », et comme les dernières recherches, faites ici par moi-même, ailleurs par d’autres, ont confirmé mes premières expériences faites dans ce pays et publiées il y a cinq ans, sur la rareté de l’œuf d'hiver sur les tiges au-dessus du sol; comme de plus récentes observations sembleraient indiquer que, quand on le trouve ainsi au-dessus du sol il provient plutôt du type gallicole que du tvpe radicicole, bien plus dangereux ; — néanmoins, comme le fait que cet œuf d'hiver peut se rencontrer sur presque toutes les parties de la plante, au-dessus du sol, particulièrement sur l'écorce soulevée du bois de deux ans; comme ce fait, dis-je, rend tout a fait possible le transport de l’insecte sur des boutures, à cet état d'œuf d'hiver, la prohibition de l'importation de ces boutures aussi bien que des plantes enracinées, de quelque pays que ce soit où l’insecte est connu,se trouve entièrement justifiée. En réalité, comme l'expédition des plantes en racine est rare, je crois for- tement que le phylloxera a été importé d'Amérique en Euroge à l’état « d'œuf d’hi- ver » sur des boutures. Je dirais aussi aux pays désireux de se défendre contre ce fléau que tout danger est évité lorsque l'entrée des vignes ou des parties de vignes provenant de contrées infectées est interdite. Avec cette prohibition, toutes les exigences sont remplies, et toute législation qui va au-delà doit nécessairement être préjudiciabie à l’industrie générale ; tandis que la prohibition du trafic des vignes américaines dans les contrées où le phylloxera de la vigne existe déjà ne peut être qu'inutile et nuisible. Bien que la rareté de l'œuf fécondé sur les parties au-dessus du sol réduise réelle- ment les chances d'introduction du phylloxera sur les boutures, un pays qui veut se préserver de l'infection ne doit pas négliger le moindre des risques. M. Busch a tort en supposant que cet œuf ne peut se trouver sur le bois d’un an. Je l'y ai trouvé, et l'on peut même le rencontrer sur des feuilles sèches où, selon toute probabilité, 1l est destiné à périr. Aïnsi, tandis que je crois que les lois ne peuvent pas être trop sèvères pour em- pêcher l'introduction et l'usage des vignes à l'état vivant, venant d’un pays infesté dans un pays non infesté, il est encore vrai qu'il n’y a aucun danger dans le passage, à travers ce dernier pays, de ces vignes et boutures. Gelles-ci sont nécessairement emballées et ne peuvent étre convenablement expédiées et avec sécurité que pendant les froids et la saison où la vigne ne pousse pas, alors que l'œuf est dormant, de sorte qu'il y a impossibilité matérielle à l'introduction de l’insecte par le simple passage soit des vignes soit des boutures. Prof. C.-V. RILEY, de Philadelphie (E. U. d'Am.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 189 PREMIÈRE HISTOIRE DES DIATOMACÉES. (Suite) (1) (2) Bory est opposé à Gaillon dans l’article NéMazoaïRes du Dict. Class. d'Hist. Nat. Mais Meven soutient avec Léo et Girod-Chantrans que les Bacillariees sont produites par les Oscillatoriées. Agardh (1828), d'accord avec Leiblein, place les Clos- terium dans la famille des Diatomées, où il était aussi disposé à ranger le Spongilla lacustris. En 1858, Meyen forma les genres Pediastrum, (Micrasterias) et Scenosdes- mus, (Arthrodesmus), Staurastrum et Sphærastrum. (Geux-ci sont maintenant placés dans la famille des Desmidiées. — F. K.) Il les regarda comme des jeux de la puis- sance plastique de la Nature (« Spiele der bildenden Natur ») et Les décrivit comme des plantes. | Reichenbach plaça les Bacillariées dans la famille des Confervacées. Turpin, dans la même année (3), créa le genre Surirella (4), (Navicula), et le considéra comme intermédiaire entre le règne végétal et le règne animal. Agardh (1830), dans . sa première thèse académique sur les Diatomées, changea le nom de Frustulia en celui de Cymbella ; et, dans la même année, Blainville soutint que les Bacillaria étaient des plantes. Quant à moi, à cette même époque, j'écartai les Bacillaria du groupe des animalcules Polygastriques que distingue une coquille bivalve, dure et vi- treuse, et j'augmentai le nombre des genres de cette famille en v ajoutant les Cocconema et Syncyclia, et m'efforçai aussi d'expliquer la physiologie du genre Echinella. Moren, dans la même année, forma son genre Crucigenia (Bacillaria ?) En 1831, Agardh publia la continuation de son « Conspectus Diatomacearum, » et Gray constitua le genre Biddulphia au dépens des Conferva biddulphiana et C. obliquata ({sthmia) « (Arrangement of Brit. PI. ») En 1831, j'arrivai après de nouvelles recherches, à établir la place des Bacilla- riées dans le règne animal et j'ajoutai le nouveau genre Euastrum. En 1832, Agardh ajouta les genres nouveaux : /sthmia, € dontella, Striatella et Grammonema (Fragilaria). Dans la même année, je publiai un mémoire plus détaillé et j'augmentai nos con- naissances sur cette famille ; j'ajoutai aussi le genre Xanthidium. En 1835, Kützing élabora une « Synopsis Diatomacearum, » et établit les nouveaux genres Sigmatella (Navicula), Encyonema (Monema), Psygmatella (Exilaria), Trochiscia (Tessararthia et Aristella), Epipyæxis. I1 établit aussi, par l'analyse chimique, que les carapaces dures et vitreuses de beaucoup de ces espèces sont siliceuses et, en somme, considéra celles-ci comme des plantes. J'ai fait les mêmes recherches avec l’aide du professeur H. Rose, et confirmé ces observations chimiques. Wallroth voulut remplacer les noms latins, peu heureux, de Frustulia et Fragilaria, par leurs équivalents grecs Rhabdium et T. emachium, et en forma un groupe de plantes sous le nom d'HYGROPHYTOZOAIRES. Gaillon, en 1834, donna une nouvelle synopsis des NÉMAZOAIRES , appliquant des noms nouveaux et peu gracieux à des espèces déja nommées ; ces noms sont maintenant tombés dans l'oubli. Corda, en 1835, imagina aussi beaucoup de noms génériques nouveaux, qui, (1) Voir Journal de Micrographie , T. IV, 1880, p. 204. : (2) Le lecteur est prié de se rappeler que l’auteur donne ici une analyse de ce qui concerne les Diatomées dans le grand ouvrage d'Ehrenberg ( Die Infusionstherchen , etc.) et qu'il fait parler Ehrenberg lui-même. Les observations qu’il ajoute sont placées entre parenthèses et signées F, K. — La Réd. (3) 1827. (4) Ehrenberg adopte ce genre dans sa Mikrogeologie. 190 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bien que plus appropriés, n'étaient pas suffisamment « critiques, » et trop « tri- viaux » en comparaison de ceux déjà connus, pour qu’on les ait conservés ; tels que : Pharyngoglossa (Navicula), Cosmarium (Euastrum), Colpopelta (Euastrum), Staurastidium (Micrasterias), Sphærozosma (Odontella), Syrinx (Fragilaria), Parades- mus (Fragilaria), Pleurosicyos (Closterium) et Scalptrum (Navicula). Le même obser- vateur parle de l'existence d'ouvertures orales comme organes sexuels, d’un canal alimentaire filiforme, et même d'une langue, dans un grand nombre d'espèces, mais sans baser ces faits hypothétiques sur aucune démonstration scientifique. Il déclare . aussi avoir vu la carapace s'ouvrir et se fermer, ce qui, cependant, est tout à fait impossible. Somme toute, il considéra ces espèces comme des animaux et non comme des plantes et les joignit aux Oscillatoriées Dans la même année j'ai appelé l’attention sur les distinctions caractéristiques tirées de la disposition et du nombre des stries. Henle crut avoir observé des sortes de formes semblables dans les organes internes des animaux plus grands. Jürgens donne une liste de ces espèces dans sa « Flora of Nordeney » (1835). Meyen soutint encore que les Closterium et les Pédiastrées étaient des cellules végétales. Développant plus tard mes premières vues sur les eo je me trouvai captivé par cette famille. En 1835, j'ajoutai les genres suivants : Pentasterias, Cocconeis, Pyxidicula, Podosphenia, Tessella et Syncyclia, et, dans cette même année, dix planches de cet ouvrage (1) furent gravées, et toutes avaient pour sujet les Bacillariées. Ilest difficile de distinguer l’organisation de cette famille, à cause de la réfraction et de l’opacité de la carapace (Panzer) ; mais je l'ai cependant fait graduellement avec une très grande certitude. Le revêtement caractéristique est de nature variée. Le groupe est divisé en formes dures, avec carapace solide et imprègnée de silice, et en formes membraneuses non siliceuses. (Ces espèces sont des Desmidiées et des animalcules F. K.) — Il est hon de signaler qu’on n’a pas encore découvert de formes calcaires. Quelques auteurs considèrent la coquille externe comme un silicate de fer. La carapace siliceuse d’un grand nombre d'espèces est entourée d’une enveloppe mince, quasi-gélatineuse et de forme variée. (Frustulia, Schizonema, Micromega, etc.) La structure des Bacillariées est celle d’une espèce de petite boîte à simple ouverture; ou bivalve ou plurivalve avec grand nombre d'ouvertures. Chez les espèces sili- ceuses domine : forme ronde, ou prismatique, ou à quatre côtés ; chez les espèces non-Ssiliceuses, c’est la forme plate à trois ou einq côtés. On voit très ee les organes locomoteurs ainsi que les organes tactiles, dans l’Acinela ; mais ils différent beaucoup de ceux du grand groupe des Bacillariées. Dans les Traasactions de l'Académie de Berlin, 1837, j'ai récemment ajouté et décrit deux autres genres : Actinocyclus et Eunotia. On ne peut considérer ces organismes que comme le type d’un seul groupe, aussi ne doit-on les regarder que comme des membres .ce ce groupe. De plus, ce n’est que chez les espèces du genre Navicula qu'on a observé un pied semblable à celui du limaçon, comme organe de locomotion , il est rarement projeté en dehors de la carapace. Il est douteux que les granules mobiles observés dans quelques Navicula, comme aussi dans les Closterium, appartiennent à cette fonction. L'organe alimentaire n’a encore été découvert chez aucune espèce, même en employant la nourriture colo- rée, mais, chez un grand nombre, on a pu en distinguer les traces. Dans beaucoup de ces organismes, il existe aussi des globules relativement gros, transparents, variables, incolores dans la masse colorée des œufs, et qui sont analogues à ceux (1) Die Infusiomthierchen, ete, 1 : a —_—— JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. 194 _ qu'on voit dans les estomacs des autres Polygastriques ; c’est ce que Girod Chan- trans a pris pour des œufs (dans les Navicula). Gomme les organes reconnus pour reproducteurs sont colorés dans presque toutes les espèces, les œufs incolores, comme les granules, sont visibles. La matière granulaire, très fine est tantôt jaune, tantôt brune ou verte ; la masse interne est nettement divisée en 2 à 4 plaques, ou tubes réunis dans le corps central, comme on le voit dans les Navicula, Cocconema, Naurema, ete. Quelquefois, elle forme de petites masses empilées, ou bien elle est distribuée en petits sacs (Beutelchen) qui constituent, comme chez les Achnantes, une Croix à quatre branches, ou, comme chez les Desmidium une croix à 3 ou 6 divisions, ou encore, elle se masse en petits globules qui paraissent creux, entou- rant les cellules stomacales et les autres organes, comme on le voit dans les Xan- thideum, Euastrum, Micrasterias. Beaucoup de ces espèces meurent probablement après avoir déposé leurs œufs. Un grand nombre développent d’abord leurs œufs et paraissent alors avoir terminé leur cycle. Plus tard, la masse des œufs présente plusieurs divisions peu accentuées, les formes originaires sont reproduites et le même cycle de modifications se renouvelle. On dit même avoir trouvé un organe mâle. Chez les Micrasterias, Arthrodesmus, Tessararthia, Xanthidium et leurs voi- sins les Acineta, on peut voir un organe en forme de boule simple ou double. comme une glande prostate. Les vésicules séminales contractiles n'ont pas encore été observées avec certitude. Aux phénomènes de reproduction {Fortpflanzungsverhaltnissen) est liée la multi- plication par division, qui parait se faire toujours en longueur, de sorte que les formes qui se rapprochent des Conferves ne ressemblent pas, comme ces plantes, à des filaments longs et étroits, mais sont larges et courtes. Une division imparfaite s'étend quelquefois de l'extrémité postérieure jusqu’à la partie ventrale, formant ainsi des rubans, les côtés restant attachés l’un à l’autre, ( Navicula, Fragilaria) et quelquefois d’un côté à l’autre, — d’où résultent d’autres formes, en croissant, comine dans les Cocconema, Eunotia. La double enveloppe ou écaille’ interne se sépare ordinairement ; l'enveloppe externe croit et se développe comme celle des Volvoces (Kugelthiere), d’après d’autres lois. Ces espèces ressemblent souvent aux Conferves et autres organismes tels que les Fucus, que les botanistes réclament, _non sans quelqu'apparence de raison, comme appartenant au règne végétal. Jusqu'à- présent, on n'a pas encore découvert de système nerveux ni circulatoire. Voici le Catalogue de tous les genres de Diatomées comprises dans l'Infusior- stierchen. Les Synonymes sont en caractères italiques. 1. ACHNANTES , Ag. 1822 : Fahnenthierchen ; Conferva, en partie, Müller, 1779 ; — Ceramium, en patie. Roth, 1806; — Diatoma, en partie, Decandolle , 1805 ; — Fragillaria, en partie, Kützing, 1833. 2. ACTINOCYCLUS, Ehrenberg , 1833 : Strahlendose (1). 3. BAGILLARIA, Gmelin , 1788 : Zickzackthierchen ; Oscillaria, en partie, Schrank : — Pinddyr, Nye ; — Vibrio, en partie, Müller, 1786; — Conferva, en partie, Dillwyn , 1809; — Diatoma, en partie, Decan dolle, 1815. 4 CoccoxemA, Ehrenberg , 1830 : Stelzkorn : Vibrio, en partie, Schrank, 1796 ; — Kolpoda , en partie, Schrank , 1796 ; — Bacillaria, en partie, Nitzsch , 1817 ; — Cymbella, en partie, Agardh, 1830; — Gomphonema, en partie, Leïblein, 1830 ; — Frustulia, en partie, Kützing, 1833; Navicula , en partie, Corda , 1835. | | (1) C’est notre genre actuel : Actinoptychus. 192 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 5. Cocconeis, Ehrenberg, 1835 : Schildschiffchen. EcuineLLa, Lyngbye , 1819 : Palmenthierchen ; Meridion, en partie, Agardh, 1824; — Eauaria , Greville, 1827; - Licemophora, en partie, Agardh, 1827; — Gomphonema, en partie, Chauvin , 1828 (?) ; — Diatoma , en partie , Jürgens ; — Styllaria, en partie, Bory de St-Vincent, 1822. 7. EunorTia, Ehrenb., 1833 : Prachtschiffchen ; Echinella, en partie, Jürgens ; — Navicula, en partie, Ehrenb., 1830; — Frustulia, en partie, Kützing, 1833. 8. FRAGILARIA, Lyngbye, 1819 : Buchstäbchten. Bacillaria , en partie, Borvy (?) 1824; — Vibrio, en partie, Müller, 1786; — Frustulia, en partie, Agardh , 1824; — Diatoma, en partie, Corda, 1835; — Conferva , en partie, Müller ; — Nematoplata, en partie, Bory, 1822; — Syrinæ» en partie, Corda, 1835; — Paradesmus, en partie, 1835; — Gallionella, en partie, Lynghbie, 1819; — Tessella, 1819; — Grammonema, en partie, Agardh, 1832. 9. FrusTuLIA, Agardh , 1824 : Gallertschiffchen. Cymbella, en partie, Agardh, 1830. 10. GALIONELLA , Bory de St. Vincent, 1825: Dosenkette. Conferva, en partie, Dillwyvn , 1809; — Fragilaria, en partie, Lyngbie, 1819e — Lysigonium, en partie, Link, 1820 ; — Melosira, en partie, Agardh, 1821 ; — Oscillaria, en partie, Lyngbye (?) ; — Lyngbya , en partie, Leiblein , 1827. 11. GLEONEMA, Agardh, 1812 : Rôhrenkorn. Encyonema, Kützing, 1833. 12. GoMPHONEMA , Agardh, 1824 : Keilbäumchen. Vorticella, en partie, Muller, 1773 ; — Echinella, en partie, Lyngbye, 1819 ; — Styllaria, en partie, Bory, 1822 ; — Dendrella, en partie, 1824 ; — Cristallia, en partie, Sommerfeld, 1831 ; — Ulva, en partie, Hornemann, 1810 ; — Meridion, en partie, Agardh, 1824 ; — Frustulia, en partie, Kützing, 1833 : — Epistylis, en partie. + 43. IsramrA, Agardh, 1832 : Isthmenthierchen. Conferva , en partie, Smith, 1808 ; — Diatoma , en partie, Agardh, 1824 ; — Biddulphia, en partie, Gray, 1831. 14. MErinioN, Agardh, 1831 : Fächerstäbchen. Echinella, en partie, Greville, 1822 ; — Frustulia, en partie, Duby, 1828 ; — Exilaria, en partie, Ehrenb., 1830. 15. MicromeGA, Agardh, 1827 : Rôhrenbäumchen. 16. NavicuLA, Bory de St-Vincent, 1824 : Schiffchen. Enchelys, Herman, 1784 ; — Bacülaria, en partie, Nitzsch, 1816 ; — Cymbella, en partie, Agardh ; — Vibrio, en partie, Muller, 1786 ; — Frustulia, en partie, Kützing, 1833; — Ont-animal (animal-avoine), Arderon et Baker, 1754 ; — Chaos, Schrank, 1776 ; — Scalprum, Corda, 1835 ; — Pharyngoglossa, Corda ; — Stigmatella, en partie, Kützing, 1853 ; — Surirelia. en partie, Turpin, 1827. 17. NaunemA, Ehrenberg, 1838 : Rôührenschiffchen. Schizsonema, en partie, Ag., 1824 ; — Conferva, en partie, Trentepohl, 1806 ; — Naunema, en partie, Greville, 1827 : — Bangia, en partie, Lyng., 1829 ; — Giro- della, en partie, Gaïllon, 1825. 18. PonosPpaeniA, Ehr., 1835 : Keïlschüppchèn,. Conferva, en partie, Vahl, 1792; — Echinella, en partie, Bory, 1824 ; — JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 193 Licmophora, en partie, Ag., 1832 ; — Gomphonema, en partie, Kütz , 1834 ; — Styllaria, en partie, Bory, 1822 ; — Synedra, en partie, Ehr. 1833. 19. PyxmicuLA, Ehr., 1835, Kugeldose. Frustuliu, en partie, Ag., 1827 ; — Cymbella, en partie, Ag., 1830 ; — Gallio- nella, en partie, Ehr., 1835. . SemizoNEMA, Ag., 1824 : Strahlenschiffchen. 1. STRIATELLA, Ehr. , 1835 : Zickzackfahnchen. Diatoma, en partie, De Cand., 1815 ; — Fragilaria, en partie, Lyngbve, 1819 : — Achamanthes, en partie, Carmichael, 1827. 22. Syncycuia. Ehr., 1835 : Ringschiffchen. 23. Synepra, Ehr.. 1836 : Ellenthierchen. Vibrio, en partie, Muller, 1786 ; — Dialoma, en partie, Graveloup, 1806 ; — Bacillaria, en partie, Nitzsch, 1817 ; — Echinella, en partie, Lyng., 1819; — Frustulia, en partie, Ag., 1824 ; — Exilaria, en partie, Kütz., 1333 : — Rhabdium, en partie, Wallroth, 1833 ; — Conferva, en partie, Vahl, 1792, — Lunulina, en en partie, Bory (?) 1824. . TESSELLA, Ehr., 1335 : Plattenkette. Diatoma. en partie, Hornemann, 1812 ; — Strialella, en partie, Agardh, 1832 : Achnantes, en partie, Kütz., 18353. DÙ © [=] 10 LE Nombre des espèces : 144. Genre douteux : MICROTHECA. Dans les genres précédents sont compris tous ceux qui ont été observés anté- rieurement, desquels Ehremberg abolit 35, dont deux ont été rétablis par d’autres diatomistes. En 1844, Kützing et d’autres ont élevé le nombre de genres à 69 et celui des espèces à 784. Aujourd'hui, le nombre des genres dépasse probablement celui des espèces d'Eh- renherg, en: 1838, et celui des espèces peut se chiffrer par milliers (1). F. Kirron. Membre de la « Royal Microscopical Society » de Londres. DE L’EMBRYOLOGIE ET DE SES RAPPORTS AVEC L'ANTHROPOLOGIE. (Suite) (2) Le livre de Darwin est de 1859. Or, à ce moment même et depuis quelques années, soit les anthropologistes en général, soit Broca en particulier, venaient de se livrer à des discussions, à des observations, à des expériences même, dont les résultats devaient singulièrement préparer les esprits à la doctrine du transformisme. Ici nous devons insister avec quelques détails : car, ainsi que nous l'avons annoncé. nous allons, tout en rendant particulièrement saisissables les rapports de l’ern- (1) Sc. Goss. (3)_ Voir Journal de Micrographie, T. V, 1831, pe 42, 106, 139. 194 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bryologie avec l'anthropologie et le transformisme, nous trouver amené à retracer l'histoire de la fondation de notre Société d'anthropologie. Les anthropologistes qui, se bornant alors à l'étude des races humaines, prenaient plus souvent le nom d’ethnologistes, étaient divisés en deux camps : les monogé- nistes, qui faisaient descendre tous les types humains d’un seul couple, et les poly- génistes, qui assignaient des origines distinctes à ces divers types. Plus conforme aux croyances généralement reçues, à la tradition biblique, le monogénisme ralliait de nombreux partisans ; mais pour expliquer que des races hurnaines si diverses fussent sorties d’une mème souche, les partisans de cette doctrine étaient forcés d'invoquer des modifications très considérables produites par les milieux, par les climats. Or, c'était précisément celte influence modificatrice que la doctrine trans- formiste devait proclamer, et qu’elle avait déjà si nettement énoncée, quoique d’une manière générale et peu précise, par l'organe d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. On peut donc dire que les monogénistes préparaient à leur insu la voie du darwinisme. « C'est au’en effet, si on accorde à l'influence des milieux une efficacité suffisante pour transformer le nègre en blanc ou le blanc en nègre, il semble difficile de lui refuser le pouvoir de produire, dans les autres groupés naturels, les différences spécifiques : car combien n'y a-t-il pas d'espèces classiques, animales ou végétales, qui ne diffèrent pas plus ou même qui ne diffèrent pas autant que le German et le nègre, le Patagon et le Lapon, le Hottentot, le Polynésien et l’Australien ! » (Broca, Mémoires d'anthropologie, t. III.) D'autre part, Broca, précisément pour combattre la doctrine monogéniste, venait d° entreprendre une série d’études critiques et de recherches expérimentales des- tinées à juger la valeur de ce que les partisans de la permanence des espèces con- sidéraient comme le critérium le plus absolu de l'espèce : il s’agit de la question de ja fécondité des métis ou hybrides. Depuis longtemps, on avait cru pouvoir établir comme loi que l’hybride de deux espèces distinctes, c’est-à-dire le produit, par exemple, de l’âne et de la jument, est un animal stérile, incapable de se reproduire, ou dont la reprodaction, si elle avait lieu quelquefois, était toujours très limitée, s’arrètant à une ou deux générations ; par contre, l’accouplement de deux individus d'une même espèce, à quelque variété ou race différente qu'ils appartiennent, don- nait des produits d’une fécondité illimitée dans leurs descendants. De tous les arguments en faveur de l'espèce, de sa fixité, de l’idée que les espèces avaient été créées pour rester immuables, sans mélange, sans forme mixte (sint sicut sunt aut non sint,— selon l’aphorisme,) c'était l'argument qui faisait la plus grande impression sur les esprits. La fécondité continue des métis humains, opposée à la stérilité ou à la fécondité incomplète des métis d'espèce, constituait, notamment aux yeux des monogénistes, une preuve décisive en faveur de l'unité de l'espèce humaine. C'est cet argument que Broca résolut de soumettre à une critique rigoureuse par l'examen des faits déjà observés et par l'institution äe nouvelles expériences. | Les trois mémoires qu'il rédigea à ce sujet devaient ètre communiqués à la Société de biologie. En mai 1858, la lecture en fut commencée devant cette Société, lecture longue : car Broca avait accumulé une masse considérable de matériaux ; dès la troisième séance de lecture, Broca s’aperçut que la question, soulevant des doctrines philosophiques relatives à l’origine de l’homme, effrayait la prudence de quelques-uns ; le président de la Société paraissait craindre que la discussion J'un sujet aussi dangereux ne suscitât à l'extérieur des embarras à la Société. Broca proposa d'arrêter sa lecture, ce qui fut accepté. Cependant quelques hommes ne virent pas sans regret que le silence se fit sur cette importante question. À ce moment l'ancienne Société ethnologique, dans laquelle la discussion eût été si bien à sa place, venait de s'éteindre. Il n’y avait donc plus qu'à se taire ou à fonder une nouvelle société : c'ast ce dernier parti qui fut fort heureusement choisi, et Broca, soutenu par cinq de nos plus éminents biologistes (Godard, Follin, Brown-Séquard : JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 195 ‘Robin, Verneuil), traça le programme de la future Sociélé d'anthropologie, qui, au bout de six mois, avait reç assez d’adhérents pour inaugurer son existence réelle : sa première séance eut lieu le 19 mai 1859. Pendant ce temps, les mémoires de Broca sur l’hybridité Ron pübliés dans le Journal de Physiologie de Brown-Séquard.Les conclusions en sont tropconnues pour que j y insiste ici autrement que pour montrer comment, en réduisant à zéro la prétendue valeur de la fécondité ou non-fécondité des hybrides comme critérium de l'espèce, Broca se trouva avoir lutté pour la même cause que Darwin, dont les travaux paraissaient à cette époque. Il démontra, en effet, d’une part que des ani- inaux qui sont considérés comme appartenant à des espèces parfaitement distinctes, comme le chien et le loup, le lièvre et le lapin, donnent des hybrides à fécondité eugénésiques, c'est-à-dire capables de se reproduire entre eux et en donnant naus- sance à une postérité eugénésique elle-même ; d'autre part, que la fécondité 1lli- mitée des métis humains est loin d'être démontrée, et que, sous ce rapport, l'accou- plement des individus de race blanche avec des femmes de race australienne paraît être aussi peu eugénisique que l’accouplement d'animaux appartenant à des espèces universellement reconnues différentes, C'est dans ces circonstances, par lesquelles la voie se trouvait si bien préparée, que parut l'ouvrage de Darwin. Le célèbre naturaliste anglais, dont la doctrine a eu un tel retentissement que les expressions darwinisme et transformisme sont deve- nues aujourd'hui synonymes, s’appuya essentiellement sur des faits bien observés : le hvre de Darwin est tellement connu, qu'il nous suffira d'en indiquer aussi briè- vement que possible l'idée directrice et la conclusion. Darwin constate que les plantes ou les animaux peuvent, en se développant, présenter des caractères par lesquels 1ls différent légerement de leurs générateurs : ces variations organiques, ces modifications individuelles que le sujet apporte en naissant, il peut, c'est un fait d'observation vulgaire, les transmettre à ses descendants. Ainsi il est telle plante qui présente des fleurs blanches, par exemple, avec petite corolle : dans un par- terre semé de ces fleurs, on en verra apparaître quelques-unes dont la corolle plus large pourra présenter une légère teinte rose ; si l’on a soin de recueillir les graines de cette variété et de les semer avec soin, on obtiendra une nouvelle génération dans laquelle seront beaucoup plus nombreux les individus à corolle large et rosée, et où même quelques-uns de ces derniers présenteront une fleur plus large et plus rouge que tous les autres. En choisissant la graine de ces derniers, on verra dans la génération suivante s'accentuer de plus le type à fleur large et rouge, et par des choix successifs ainsi régulièrement institués on parviendra à fournir une variété définitive et fixe, c'est-à-dire une espece qui se reproduira toujours avec le caractère qu'on a voulu exagérer. C’est là le procédé usuel qu'emploient les jardiniers pour produire de nouvelles formes ; ils choisissent les graines, les individus reproduc- teurs , et les éleveurs de bestiaux ne procèdent pas autrement pour produire ces races qu'ils veulent plus particulièrement adapter soit aux travaux des champs (bêtes de trait, de labour), soit à l'alimentation. Dans tous ces cas, l’homme inter- vient pour perpétuer et développer par la transmission héréditaire des modifications individuelles spontanées ; à cet effet, il fait de la sélection, et, vu son intervention, cette sélection est dite artificielle. D' MarHias DuvaL, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. ({ À suivre ) | __——_—Q———_— LE GÉRanr : KE. PROUT. 196 JOURNAL DE MICROSCOPIE. INSTITUT DE MICROSCOPIE DE HENRI BŒCKER à Wetzlar (Prusse Rhénane) PREPARATIONS MICROSCOPIQUES. Histologie normale et pathologique. Préparations d'Arachnides , d'Insectes , de Crustacés, d'Entozoaires, de Céphalophores, d’Echinodermes, de Bryozoaires, de Cœælentérés, de Spongiaires , etc. | Préparations botaniques. — Mousses , Algues, Diatomées , etc. Préparations minéralogiques et autres. Instruments de toutes sortes ; matériaux , réactifs pour les préparations. ERNST GUNDLACH CONSTRUCTEUR DE MICROSCOPES A Rochester, N.-Y. (États-Unis d'Amérique). Un dépôt de ses instruments, exclusif pour la France, est établi au bureau du Journal de Microscopie, 3, Rue Lallier, à Paris. : BOULANGER et VARIN Photographes 9, Rue Dassier, à Genève. Vues stéréoscopiques transparentes, sur verre, — d'après les clichés, pris sur nature , de M. le professeur H. For, — d'embryons d'oiseaux; de reptiles, de mammifères, d'embryons et de monstres humains. Excellents pour projections dans une salle de conférences. Prix du positif stéréoscopique : 5 francs. Préparations wicroscopiques du Phylloxera à tous les degrés de dévelop- pement. Nr” fé des Préparations des principaux insectes microscopiques qui vivent sur la vigne. rem AE , : ) Préparations des insectes ennemis du Phylloxéra. Préparations (dans l'alcool) de racines et des feuilles infestées. A l'institut Œnologique de Karlsruhe [Allemagne . A Paris, au luboratoire du ° 3. Pelletan, rue Laller. lle lmp.L.Dasel Cinquième année, N°75. Mai 1881. JOURNAL MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D' J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite), lecons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. — Apercu d'embryologie comparée ;, — embryologie des Eponges (suite), par M. CH. SEDGWICK- Minor. — La langue de l’Abeille et les glandes qui en dépendent, par M. JUSTIN SPAULDING. — Glandes et poils végétaux, par M. A. C. S. — Sur l'œuf d'hiver du Phylloxera, par M. G. MAYET. — Des larves aquatiques de Lépidoptères, par M. CH. MAURICE. — Simple note sur la production de la Chlorophylle dans l'obscurité, par M. J. D'ARBAUMONT: — Technologie microscopique : Sur les applications de l'acide osmique à l'étude des cellules osseuses, par M. F. TOURNEUX. — De l’embryologie et de ses rapports avec l'anthropologie (suile), par le professeur MATHIAS-DUVAL. — Les Eaux d’Aulus, par le D' J. PELLETAN. — Errata. — Avis divers. REVUE. La Revue mycologique {avril 1881) nous apporte de nouvelles obser- valions sur le Ræsleria hypogæa, par M. C. Roumeguère, des remarques sur quelques modes nouveaux ou peu connus de repro- duction secondaire chez les hyménomycètes, par M. V. Patouillard ; la liste des champignons, à basides et à thèques, observés dans les Vosges en 1878, 1879 et 1880, par les D'° Quelet, A. Mougeot et R. Ferry ; et un grand nombre de notices, comptes-rendus, analyses de publications nouvelles, relatives à la mycologie française ou étrangère. Et, à ce propos, nous croyons être utiles à nos lecteurs en leur rap- pelant les préparations microscopiques, relatives aux champignons, du D'O. E. R. Zimmermann, de Chemnitz. L'an dernier, déjà, nous avons signalé cette collection dans le journal, mais depuis cette époque Je nombre des séries dont elle se compose s’est notablement accru. Nous croyons donc devoir appeler de nouveau l'attention de nos lec- teurs sur les très intéressantes préparations du savant mycologue saxon. 200 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Ces préparations — ou du moins celles dont nous avons actuelle- ment connaissance — constituent six séries , et chacune de ces séries se compose de vingt préparations contenues dans une boite de carton. Son prix est de 25 francs (20 marcs). Nous en donnerons le catalogue détaillé dans notre prochain numéro, et nous nous bornerons aujour- d’hui à indiquer d’une manière générale la composition de ces séries. 1" série : Schizomycètes, Cryptococcacées {Saccharomycètes), Hyphomycètes. | 2e série : Conidies, Spermogonies, Pyenides. 3° série : Ustilaginées, Urédinées. 4 série : Hyménomycètes, Gastéromycètes, Chytridiacées , Muco- rinées, Péronosporées. 5 série : Gymnoasques , Tubéracées , Périsporiacées , Pyréno- mycètes. 6° série : Pyrénomycéètes, Discomycètes. (1) % *% * Les américains se préoccupent beaucoup de ce qu’ils appellent la graphiologie , c’est-à-dire l'étude de l'écriture et la recherche des falsifications dans l'écriture, à l’aide du microscope. La Sociète Micros- copique de San-Francisco a tenu, le 17 mars dernier, un meeting spécial, auquel assistait un nombre inaccoutumé d'auditeurs , pour entendre le D'J. H. Wythe démontrer et prouver sa théorie de ce qu'il appelle les « rythmes microscopiques de l'écriture », et qui sont de trois ordres : « rythme de forme, rythme de progression, rythme de pression ». Le rythme de forme a rapport à-la forme générale des lettres , à leur inclinaison, les unes par rapport aux autres; le rythme de progression, à la disposition respective des lignes , quant à leur direc- tion, leur écartement, leur angle, etc, ; enfin, le rythme de pression est relatif à la pression variable que la main a apportée dans les difié- rentes parties de l'écriture et en particulier d’une même iettre. Nous ne pouvons entrer dans les discussions qu'a soulevées l'exposé des idées du D'Wythe sur les caractères microscopiques de l'écriture, mais elles renferment certainement des aperçus neufs et ingénieux. L'American Journal of Microscopy (mai) contient la description d'un modèle de stand, par M. J. D. Cox, une suite au travail du Rév. S. Lockwood, sur les Æntozoaires anormaux de l'homme, et les comptes-rendus des séances de diverses sociétés américaines. (1) On peut se procurer ces préparations au bureau du Journal de Micrographie, 176, boulevard Saint-Germain, à Paris, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 204 L'American Naluralist nous apporte encore un article intéressant du D’ A. S. Packard sur le cerveau de l'embryon de Locuste (Ca!op- tenus spretus) faisant suite à celui que nous avons signalé dans notre précédent numéro, — et un travail du professeur G. Macloskie, sur l'endocrane et le suspenseur maxillaire de l'abeille, travail Iu au dernier congrès de l'Association Américaine pour l’avancement des Sciences. — Nous en donnerons prochainement la traduction. Enfin , nous apprenons la création d'un nouveau journal microgra- phique, fondé par le professeur GC. H. Stowell et M"° L. Reed-Stowell, à Ann Arbor, dans le Michigan. Ce journal, The Microscope, sera spécialement consacré aux questions de médecime et de pharmacie, Nous lui souhaitons bon succès. * * *% M. G. Neuville, pharmacien à Paris, nous a fait récemment l'honneur de nous adresser sa thèse inaugurale intitulée : « Des eaux de Paris ; essai d'analyse micrographique comparée , ses rapports avec l'hy- giène el la pathologie >». C'est un sujet des plus intéressants qu'a traité là M. Neuville, car il touche à l’une des plus grandes questions d'hygiène publique. Avec l'air qu'ils respirent, ce qui doit surtout agir sur l’économie des êtres vivants, et en particulier de l’homme, c'est certainement l’eau, l'eau quil avale avec les boissons , qu'il mange avec tous ses aliments, qu'il touche par des rapports continuels, le lavage , les bains , etc. Aussi, avec la composition chimique des eaux, leur composition microscopi- que, si l’on peut ainsi dire, est-elle très intéressante à connaître. L'étude des eaux fournies à la consommation journalière a été jusqu'ici peu faite au point de vue microscopique. M. Neuville en cite deux exemples; nous pourrions en citer deux autres, relatifs tous deux à l'Amérique; l’un sur les eaux de la Cochituate , à Boston, l’autre sur celle de divers réservoirs qui alimen- tent New-York. — Et c’est tout. — M. Neuville vient de faire cette étude pour les eaux de Paris, c’est à dire les eaux suivantes : Eau de la Marne, à la prise de Saint Maur. — — Charenton. Eau de la Seine — Port-à-l’Anglais. — a D’Austerlitz. — — Chaillot. rs Auteuil. DEL + Saint Ouen. Eau du Canal de l'Ourcq. l Eau de la Vanne. 202 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ————_——— —————_— ————_— Eau de la Dhuis. Eau d’Arcueil. Eau des sources du Nord. Eau du puits de Grenelle. Eau du puits de Passy. Eau d’un puits de la rive Gauche. Ces eaux ont été recueillies sous un volume de 5 litres, chacune dans des conditions qui permettaient d'être certain de leur pureté, comme provenance ; après quoi, elles ont été abandonnées au repos pendant vingt quatre heures, et le sédiment qu'elles ont déposé examiné au microscope. C'est dans ces sédiments que M. Neuville a trouvé des catéristiques assez nettes pour qu’au bout de quelque temps d'étude, il lui fut facile de reconnaître, à l'examen d'un sédiment de provenance inconnue, a quelle eau il appartenait, et même de reconnaître quand des eaux provenant des diverses sources qui alimentent Paris avaient été mélangées. Ce resultat n'étonne certainement aucun micrographe, car tous savent de quelle merveilleuse sensibilité est le microscope comme instrument d'analyse. M. Neuville a donné, dans quinze planches dessinées et autogra- phiées par lui, les types principaux des dépôts fournis par les différentes eaux qui sont livrées à la consommation des habitants de Paris. Cette thèse est fort intéressante pour toutes les personnes qui se préoccupent de la question si importante des eaux potables. ” * *X _%* A l’époque où M. Neuville exécutait son travail sur les eaux de Paris, nous en faisions un autre, analogue , sur certaines eaux miné- rales, et particulièrement sur ces eaux de provenance allemande auxquelles les français, et particulièrement les parisiens, croient devoir s'adresser lorsqu'il leur prend l'envie de se purger. Nous n’en nom- merons aucune par mesure de prudence. Mais il en est. à peu près de même pour toutes. Ces eaux prises au lieu d'origine, expédiées en France , déposent au fond de la bouteille des sédiments qui, exami- nés au microscope, fournissent des éléments à peu près caractéris- tique pour chaque source. La chose est facile à vérifier et ne manque jamais. Cependant, quand on prend plusieurs de ces eaux dans certaines maisons de commerce de Paris, et qu'on examine les dépôts, on n'y trouve pas du tout ceux qu’on a l'habitude et, d'avance, la certitude d’y trouver : les sédiments sont à peu près nuls, ou bien, s’il s’en forme, ce sont les mêmes que ceux des eaux de la Seine ou du canal de l'Ourcgq! Mystère et pharmacie. D' J. PELLETAN. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 203 TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) Après la couche corticale, nous avons à examiner la masse intérieure qui forme le parenchyme interne de Cohn, la substance médullaire des autres auteurs, ce que Hæckel appelle endoplasme et Huxley en- dosarque. C'est dans cette masse interne que sont reçus les aliments avec l’eau qui pénètre en même temps qu'eux. Elle se distingue assez de la partie plus dense de la couch® corticale par le mouvement de rotation qu'elle présente chez quelques [nfusoires : c’est ce qui a conduit Claparède , Lachmann et Greeff a penser qu'elle ne fait pas (2) Plusieurs fautes se sont glissées dans notre Compte-Rendu des deux dernières lecons de M. Balbiani et nous nous empressons de les rectifier. Nous profiterons de cette occasion pour assumer toute la responsabilité des erreurs que l’on pourrait relever dans cette série de lecons. Nous publions ces lecons telles que nous les avons sténographiées au cours même du professeur, et l’on concoit que quelques inexactitudes, bientôt réparées d ailleurs, puissent nous échapper de temps à autre. Après ce med culpd , nous commençons la litanie de nos fautes : Page 118, ligne 12, Nous faisons de Gleichen un auteur du XVIÏ® siècle, au lieu du XWVIII®, erreur vénielle, puisqu’à la note 5 de la page 116, nous donnons 17718 comme date d’un de ses ouvrages. Page 136 , ligne 1 et suivantes, nous disons que le Sagitta a été étudié sous le nom de Chilognatha, par Kowalewsky, en 1871, et Bütschli, en 1873. — C'est une erreur, c’est sous le nom de Sagilla que cet animal a été étudié par les deux auteurs. De plus, ce n’est pas Chilognatha , mais Chætognata qu'il faut lire, Page 162, à la 1° ligne, en comptant par en bas , au lieu de Wittmann, c’est Wiegmann que nous aurions dû dire. Page 163, Relativement au passage, ligne 6 et suivantes, il faut ajouter que c'est sur une espèce nouvelle de Chilodon qu'Engelmann a observé qu’à chaque contraction de la vésicule unique placée à la partie postérieure du corps, l'animal était poussé en avant, d’où le nom de Ch. propellens qu'il a donné à cette espèce. Parmi les Chilodon, le Ch. cucullulus est le seul qui possède plusieurs vésicules contractiles. Page 163, ligne 4, en comptant par en bas, au lieu de Aptophrya gigantea, c'est Haptophrya gigantea qu'il faut lire. ’ Page 164, dernière ligne, et page 166, ligne 9, nous avons appelé Duplessis Bourrey un , auteur dont le nom véritable est Du Plessis Gouret. LA RÉDACTION. (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, p. 63, 116, 156. \ 204 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. partie de la substance même du corps de l'Infusoire, mais représente ce qu'il appelle le chyme, matière qui serait renfermée dans une orande cavité limitée par la couche corticale, cavité qui représenterait la cavité générale de Cœlentérés , parmi ESS ces auteurs placent les Infusoires. Cette théorie a été développée plus tard par Greels à propos de ñ structure des Vorticelliens , { Arch. f. Naturgeschichie 1870-71) e cette manière de voir, qui comparait la cavité centrale des Dr ra à celle du Cœlentérés , a été critiquée par Stein, Kôlliker, Hæckel, se fondant sur ce qu’il n’y a pas de distinction nette entre la couche corticale et le parenchyme interne lesquels se continuent insensible- ment, même chez les Infusoires qui montrent au plus haut degré la rotation du parenchyme interne , tels que le Paramecium bursaria. I est vrai que Claparède et Lachmann ont soutenu que les granules, les grains de chlorophylle, par exemple qu’on observe chez ces êtresne sont pas placés dans le prétendû chyme, mais dans la couche immobile. C’est une erreur, ef dès 1836, G. Focke, puis Cohn, Stein, Külliker ont montré que ces granules verts participaient parfaitement au mouve- ment de rotation, ce qu'il est très facile de reconnaitre sur le Paramecium bursaria. Cependant, il y a bien, comme l’admettait Claparède, des granulations immobiles qui sont placées dans la couche corticale , mais les grains de la seconde couche, de l’endo- plasme, exécutent des mouvements de rotation, toujours dans le même sens , dans l’intérieur de l'animal, en descendant le long du bord droit et en remontant le long du bord convexe. On observe aussi ces mouvements circulatoires du parenchyme interne chez d’autres Infusoires. Balbiarii les a vus chez le Didinium, dont le corps est bourré de globules graisseux. Cet Infusoire présente comme une sorte de canal digestif dont les parois sont en contact à l'état de repos, mais qui se dilate énormément quand l’animal avale une proie etse dilate jusqu'à l'anus. La rotation des granules graisseux se fait entre la paroi du corps et celle de cette espèce d'intestin, et très régulièrement. Quelle en est la cause? Carter croyait qu'elle est déterminée par des cils vibratiles, semblables à ceux qui mettent en rotation la masse alimentaire chez les Vers turbellariés, par exemple. Mais aucun observateur n’a vu ces cils. Stein a admis qu’elle est produite par un courant résultant du choc du liquide intérieur et des particules étrangères qui pénètrent par la bouche. Cette explication est encore insuffisante, car l'animal ne mange pas toujours, eb, lorsqu'il n’avale pas , le courant n’en continue pas moins. Pour Siebold, il s’agit d'une simple circulation protoplasmique . comme on sait depuis longtemps qu'il s’en produit dans beaucoup de cellules, par exemple dans celles des Chara; c'est, sans doute, la seule explication plausible , les Infusoires n'étant, comme les cellules JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 205 des Chara , que de simples cellules. Külliker et Hæckel se sont ralliés à cette explication. Il y a des Infusoires chez lesquels il est difficile de considérer le parenchyme interne comme un tube ramifié ainsi, que le voulait Ehrenberg. Tel estle Trachelius ovum. Cet animal contient un réseau . qu'Ehrenberg regardait comme un intestin ramifié; Claparède et Lachmann, Lieberkühn , s'étaient ralliés à cette opinion, mais Gegen- baur, Stein et Balbiani ont reconnu que le seul protoplasma a pris cet aspect réticulé quil revêt dans beaucoup de cellules végétales. Chez d’autres , comme les Oxytriches, par exemple , le parenchyme central présente l’aspect réticulé , mais forme un tissu beaucoup plus fin , plus spongieux , composé de filaments très minces et, quand le liquide s'introduit dans son intérieur, il écarte les trabécules et forme des vacuoles ; il en est de même des aliments et des corps étrangers. Du reste , l'aspect et la composition chimique de ce parenchyme sont ceux du protoplasma cellulaire : clair, albuminoïde , non miscible à l'eau , il se comporte comme le protoplasma de toutes les cellules et particulièrement des cellules végétales, avec une très faible tendance a se colorer par les substances colorantes, carmin, hématoxyline, vert de méthyle, etc. — En revanche, il peut se colorer pendant la vie de l'animal ; par les teintures dahlia, brun-Bismarck, bleu de quinoleine , les Infusoires se colorent à l’état vivant et continuent de nager. Il y a, il est vrai, une incertitude quant à la question de savoir quelle est la substance qui se colore. M. Certes pense que c’est la matière grasse et M. Balbiani croit que c’est le protoplasma tout entier. Outre le protoplasma , nous trouvons des produits divers qui déri- vent de l'assimilation, des globules graisseux, quelquefois extrême- ment nombreux, des pigments de différentes natures, jaunes, verts, bleuâtres, qui donnent à certaines espèces une coloration caracté- ristique. Cependant, il existe quelquefois une matière colorante liquide qui teint ces animaux. Puis, on trouve des grains de chlorophylle qui donnent un aspect d’un très beau vert à diverses espèces, comme les Paramecium bursaria, Stentor polymorphus, Frontonia vernalis, Ophrydiwm versatile, etc. Examinons ce qui représente un appareil digestif rudimentaire chez les Infusoires. Ehrenberg le considérait comme un appareil complet, et son grand ouvrage, ( Die Infusionsthierchen, etc.), donne deux figures’, (Planches 31 et 32) représentant la manière dont il le comprenait sur l'£nchelys pupa et le Leucophrys patula. De la bouche partait le canal digestif qui aboutissait à l'anus, et, sur tout son trajet, s'inséraient des organes en cul-de-sac, très nombreux ‘206 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qu'Ehrenberg comparait à des estomacs, d’où le nom de Papas triques qu'il donnait aux Infusoires ciliés et autres. Dujardin et Siebold se sont fait de cette organisation une idée beaucoup plus simple. Ils admettent l'existence d’une bouche, mais, au lieu de s'ouvrir dans un intestin ramifié. avec de nombreux estomacs sur son parcours, celle-ci s’ouvre dans une masse amorphe de parenchyme interne. Ils ne reconnaissent même pas l'existence de la cavité du corps, mais seulement cette masse centrale amorphe dans laquelle la bouche s'ouvre directement, et c'est dans cette masse que le bol alimentaire pénètre pour s’y dissoudre , en entrant en circulation, chez certaines espèces. Dujardin, qui admettait la présence de la bouche, rejetait cellé de l'anus, pensant que la théorie du sarcode devait mal s’accommoder de l'existence de l’anus ; — mais pourquoi de l’anus plutôt que de la bouche ? — S'il n’admettait pas d’anus , et admettait une bouche, c’est bien plutôt parce que la bouche est beaucoup plus facile à reconnaître que l’anus. Il a vu des Infusoires rejeter des résidus, mais il a cru que c'était par un point quelconque. Depuis lors, tout le monde a vu la bouche et l’anus, ouvertures préformées que l'on trouve toujours dans les mêmes points: ce sont le cytostome et le cytopyge de Hæckel. La bouche est toujours facilement reconnaissable , mais l'anus ne peut être aisément reconnu qu'au moment de l'expulsion des résidus, et cette expulsion se fait toujours par le même point. C’est donc à tort que Dujardin a supposé qu'elle se fait par un point quelconque. La bouche est très variable de position chez les différentes espèces. Chez un grand nombre, elle est placée à la partie antérieure du corps, chez le Zacrymaria olor, chez les Prorodon, chez les Coleps, le Didinium, etc. — Le plus souvent, au lieu d’être terminale, elle est latérale et placée vers la partie moyenne du corps, comme chez les Paramécies , ce qui forme une fosse ventrale qui est ordinairement aplatie et munies de cils vibratiles. Aïnsi, chez les Stylonychies, tous les cils sont placés à la face ventrale. — Les Colpodes sont les Pleuronectes des Infusoires : ils sont aplatis latéralement , avec un bord ventral tranchant et un bord dorsal tranchant aussi; ils nagent sur le côté, et la bouche est placée sur la face ventrale ou bord ventral. La bouche est souvent munie de cils plus vigoureux que les autres et c'est par le mouvement de ces cils que l'animal détermine des tourbillons qui amènent les corpuscules flottants. Quelquefois, la bouche est munie d'une armature formée de baguettes composant comme une nasse ; tels sont les Nassula, les Chilodon cucullulus et C. ornalus. Souvent, la bouche est placée au niveau de la surface, mais, souvent aussi, au fond d’une excavation arrondie ou triangulaire, profonde ou JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 207 en demi-entonnoir. Ou bien, elle est précédée d’un canal, quelquefois tres long , comme chez les Spirostomes , à bords ciliés et terminés par une bande spirale au fond de laquelle est la bouche. C’est le péristome de Stein. Le péristome est très intéressant chez les Vorticelles. Le corps de . ces Infusoires a la forme d’une cloche dont le bord antérieur se renverse en dehors, comme une collerette constituant un bourrelet plus ou moins épais. Cette collerette est entourée de cils vibratiles à son bord extérieur, mais elle ne circonscrit pas une ouverture libre. Cette ouverture est fermée par un disque, formant comme un opercule adhérant par la plus grande partie de son bord avec le bord du péristome, mais laissant, en un certain point, un espace libre qui est l'entrée de la cavité intérieure de la Vorticelle. Chez beaucoup d'espèces, la bouche s'ouvre dans le parenchyme, chez les Colpodes, les Lacrymaires, les Amphileptes, ete. — Mais chez d’autres , elle esten communication avec un œsophage, ou tube plus ou moins long, plus ou moins droit ou courbe, qui traverse la couche corticale pour pénétrer dans le parenchyme où il se termine brusquement par une ouverture tronquée. Les cils buccaux se prolon- gent dans cet œsophage. C’est par le jeu de ces cils buccaux et æsophagiens que l'animal détermine , dans l’eau, ces tourbillons qui amènent à la bouche les corpuscules flottants. Ces particules pénètrent dans le parenchyme, soit une à une, soit après s'être rassemblées en une boule qui, lorsqu'elle est devenue assez grosse , est déglutie et pénètre alors tout-à-fait dens le parenchyme interne. | L'anus, ou cytopyge , existe chez la plupart des Infusoires qui ont une bouche. C’est une petite ouverture , en général placée à la partie postérieure , dissimulée dans la cuticule et qu’on ne peut apercevoir qu'au moment de l'expulsion. Dans quelque cas, elle est placée près de la bouche, chez les Stentors, les Vorticelliens; — nous reviendrons sur ce sujet. — Plus rarement, elle est située à la partie antérieure du corps. Cette disposition est intéressante au point de vue des phéno- mènes de la fissiparité. La division, en effet, a toujours lieu à égale distance entre la bouche et l'anus. Ainsi, quand ces ouvertures se trouvent sur le prolongement d’une même ligne, c’est par un plan transversal que se fait la division, et chez les espèces qui ont la bouche près de l'anus, le plan de division passe toujours entre la bouche et l'anus. C'est une loi générale que M. Balbiani a établie. Quelques Infusoires n'ontni bouche ni anus. Telles sont les Opalines, parasites des Batraciens. — Quelquefois, la bouche manque et est transformée en une petite ventouse buccale servant à la fixation de l'animal ; par exemple chez l’Ichthyophiirius, qui n’a pas d’anus. Il y avait une bouche chez l'ancêtre libre, mais par suite de l'adaptation de l’animal à la vie parasite, il n’y a plus, dans l’espèce actuelle, 208 JOURNAIL DE MICROGRAPHIE. qu'une ventouse très petite, munie de cils vibratiles. [len est de même chez l'Hapiophrya gigantea. LS Enfin , quelques espèces sont très intéressantes quant à la disposition de la bouche , — par exemple, les Vorticelliens. La manière dont ces animaux prennent leur nourriture est toujours un spectacle curieux. On je voit facilement en délayant dans l’eau un peu de carmin qui dessine très nettement les mouvements de l’eau. Les Vorticelles sont au nombre des premiers Infusoires décrits par Leeuwenhoeck, en 1675, cependant, avant Ehrenberg, on n’a eu qu'une idée très vague de leur organisation. On les considérait comme une urne ouverte à sa partie antérieure et dont les bords sont garnis de cils vibratiles. On voyait les tourbillons de corpuscules s’agitant à l'orifice et l’on ne croyait pas qu'ils pénétrassent dans le corps de la Vorticelle. C'était de sa part une sorte de jeu. O. F. Müller (1786) n’a jamais vu les Vorticelles dévorer le moindre animalcule : elles aiment, disait-il, à toucher les pellicules végétales et, pour ainsi dire, à les ronger. Wrisberg (1765) et autres auteurs, ne voyant pas les cils, croyaient que la Vorticelle exerçait sur iles particules environnantes une sorte d'action magnétique, comparable à celle du serpent. — Ehrenberg a montré que l’ouverture est fermée par un disque cilié, présentant sur son bord une excavation conduisant dans un petit entonnoir, qui est la bouche. Il admettait aussi l'existence d’un anus. Mais 1] n'avait pas vu la collerette du péristome. C’est Stein qui, le premier, a décrit le péristome qu'il a montré séparé du disque par un sillon, sauf en un point. Il admit que ce disque est composé de deux parties : une parte convexe, formant opercule et qu'il compare à un plateau, et une partie plus étroite représentant le pédoncule de ce plateau. Entre le pédoncule (p) etle bord du péristome (b), sous le plateau à bord cilié (o}, est l'ouverture de la bouche (a). (PI X, fig. 1). Le pédoncule est très contractile, et quand il se contracte, le plateau, l'organe vibratile, rentre dans là cavité et le péristome se ferme par dessus comme un sphincter. Plus tard, Lachmann, à qui l’on doit la première description détaillée de ces organes , a montré que la rangée de ces cils n’est pas circulaire, mais spirale ; cette rangée part d'un point situé un peu à droite et en avant de l’entrée du canal œsophagien, fait le tour du disque, revient à son point de départ, et s'enfonce dans le large canal qui continue l'entrée et qu'il appelle vestibule. Chez les grandes espèces, d'Epistylis, cette rangée de cils est triple ou quadruple, c'est-à-dire qu'elle fait trois ou quatre fois le tour de l'organe vibratile avant de pénétrer dans le vestibule : trois fois, d’après Lachmann, quatre fois et demie , d'après Wrzesniowski. Lachmann (1856), Stein, Greeff, Wrzesniowski (1877) et Balbiani ont étudié ces détails. Il résulte de leurs observations que a bouche JOURNAL DE PRRCRORAREIES 209 donne entrée dans un large canal qui s’avance parallèlement au plan du disque , et se recourbe en genou, en arrière, — c'est le vestibule ; — c’est là que s'engage le prolongement des cils vibratiles. Au fond du vestibule , se trouvent deux ouvertures : l’une a. (PL X, fig. 2 et 3). (1), est l'anus, qui communique avec le canal au point ou il s'infléchit: l’autre est la bouche, et, dans cette partie, le canal est légèrement sinueux et plus étroit. C’est l'&sophage, de Lachmann. Entre la bouche et l’anus prend naissance une longue soie qui sort en dehors, soie raide et non vibratile qui est refoulée de côté quand la masse excrémentitielle , très volumineuse, est expulsée. On ne sait donc pas trop à quoi elle sert, L'œsophage se termine par une partie dilatée (p) que Lachmann appelle pharynx. Il y a là une partie formant comme une cloche et disposée probablement pour empêcher le reflux des matières alimentaires, (Greeff,, Wrzesniowski) ; Lachmann croyait que le pharynx se termine là, mais Greeff a montré qu'il se prolonge en un canal très fin, recourbé , ayant l'aspect d’une ligne claire, dans le parenchyme. Gette observation est exacte, M. Balbiani l'a vérifiée, et a nommé canal de Greeff, ce conduit qui s ouvre librement dans le parenchyme par son autre extrémité. Il est rendu visible par les particules alimentaires qui s’y ChgasREt et s y effilent en petites masses fusiformes. M. Balbiani a dressé le tableau suivant qui établit la concordance des noms divers que les différents auteurs ont donnés aux mêmes parties : Lachmann. Auteurs divers. Entrée du vestibule. Bouche (Stein, Greeff). Véstibule. Pharynz (Greeff). Œsophage. Cavtlé buccale (Everts). Pharynx. Enlonnoir (Greeff). — | Canal pharyngien (Greeff). — Canal de Greeff (Balbiani). Cet appareil a-t-il une paroi propre et le canal de Greeff se termine-t-l en cœcum? S'il en était ainsi, par quel mécanisme les masses excrémenttielles parviendraient-elles à l'anus, si la continuité était interrompue? — Il y a là une difficulté réelle. Greeff a cherché à démontrer que le canal ne se prolonge pas plus loin parce que les bols alimentaires, après l'avoir franchi, prennent subitement une forme sphérique ét non plus fusiforme. — Cette raison n'est pas suffisante, car le: même effet se produirait si les bols pénétraient dans un conduit plus large et très extensible. Du reste, il y a un (1) La figure 2 (pl. X) représente ces détails en élévation et la figure 3 en projection. 240 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Infusoire qui possède un canal non interrompu, c'est le Didinium nasutum , décrit par Alenitzin : sous le nom de Wagneria cylindro- COnICa. Nous devons rappeler toutefois que les orifices que nous désignons sous les noms ds bouche et d’anus , n’ont aucune homologie avec les ouvertures ainsi nommées chez les Métazoaires : — d’où, nous le répétons, les noms de cytostome et de cytopyge que leur a donnés Hæckel. À cette question de l'alimentation, se réén chez les Infusoires, des manifestations psychologiques très remarquables. Ces animalcules sont doués de volonté et de mémoire. On en trouve la preuve dans la manière dont ils recherchent leur nourriture. Aïnsi, les Chzlodon ne se nourrissent que de matières végétales. Certains de ces Chiodon, quelques Bursaria n'ngèrent que des navicules et des oscillaires. Le Didinium ne chasse que le Paramecium aurelia. Ges animalcules discernent donc parfaitement autour d'eux les êtres qui doivent servir à leur alimentation : ils font ainsi preuve de mémoire, de volonté et de discernement. Sous ce rapport, il y a une grande différence entre les Infusoires et les Rhizopodes, qui s'emparent indistinctement de tous les corpuscules alibiles qu'ils trouvent sur leur chemin et ne font aucun choix dans leur alimentation. D'ailleurs, des phénomènes que l’on peut appeler intellectuels peuvent être observés, chez les Infusoires, dans les actes qui ont rapport à la reproduction, actes qui se rapprochent d’une manière remarquable des manifestations psychologiques appartenant aux êtres supérieurs. (A suivre). APERÇU D'EMBRYOEOGIE COMPARÉE. (Suële) (1) IV EMBRYOLOGIE DES ÉPONGES. Pendant les six dernières années, nos connaissances sur la structure et le développement des Éponges ont fait un soudain et très grand pro- grès, peut-être plus grand que toute autre branche de la zoologie, pen- dant la même période. Ce progrès a débuté par la publication, en 1872, de la monographie des Éponges calcaires, par Hæckel. Cet ouvrage a° été suivi en Allemagne. en Angleterre, en France et en Russie, de (1) Voir Journal de Micrographie, T. IVet V, 1880, 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 241 nombreux mémoires, parmi lesquels il faut citer, en première ligne, les séries d'articles de Franz Eïlhard Schulze, d'abord, pour leur exactitude, leur clareté, pour la beauté de leurs illustrations et la jus- tesse dela critique qu'on y trouve sur les autresinvestigateurs, — (ce qui fait souvent défaut dans les publications scientifiques allemandes) — mais par dessus tout, pour la valeur des découvertes qu’elles pro- clament. Je pense qu'aucun zoologiste ne peut lire les mémoires de Schulze sans être heureusement frappé du rare ensemble de leurs qualités. Un des résultats de ces nombreuses et récentes recherches a été de montrer que le travail de Hæckel est d’une inexactitude effrayante. Cet auteur représente en détail ce qu'il n’a pu voir, parce que cela n'existe pas, et il décrit les phénomènes qui ne se produisent pas. Son tort est d'établir des faits d'une manière absolument positive et de donner des figures très schématiques après un examen hâtif; conséquem- ment, ses écrits contiennent des erreurs si nombreuses, quelquefois sur des points fondamentaux, que même ce qu’il a établi d'une manière certaine, n a aucune valeur ni aucune autorité, tant que cela n'a pas été confirmé par d’autres investigateurs. Ce défaut est très sérieusement regrettable, car Hæckel est incontestablement un des penseurs les plus hardis et les plus originaux de l’école spéculative moderne, et beaucoup de ses généralisations faites à la hâte ont été extrêmement profitables, tandis que les autres ont été inutiles ou erronées. Aussi, malgré le talent si grand et si au-dessus de l'ordinaire dont Hæckel est doué, et _ que. tout le monde doit reconnaître et admirer, il est dangereux de citer ses écrits comme autorités en matière de fait. (1) Après avoir donné ma propre opinion , je puis ajouter que , pendant que les plus jeunes natu- ralistes professaient pour Hæckel une admiration presque sans borne, beaucoup de zoologistes distingués le condamnaient sévèrement pour ses inexactitudes en fait de science. (2) Pour comprendre l’embryologie des Eponges, il est nécessaire d’étu- dier brièvement leur structure. Les éponges du commerce sont simple- ment les squelettes d'animaux vivants, dont les parties molles ont été enlevées par macération. Pendant la vie, les fibres, qui constitueut le squelette, sont toutes recouvertes de cellules. La masse de l'éponge est traversée par des canaux qui communiquent entre eux, et sont en relation avec l'extérieur par de nombreuses ouvertures à la surface ; ces ouvertures sont de deux sortes, les plus petites, par lesquelles les courants d’eau entrent dans les canaux ou tubes, sont appelées pores ; les autres sont plus larges, et ne forment quelquefois qu’un seul (1) Dans l'Analomy of Invertebratles d'Huxley, le chapitre sur les éponges est basé sur le travail d'Hæckel, et contient beaucoup de graves erreurs. CH. S, M. (2) Le texte dit : « Condemn him as unscientific» — Trad. 242 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. orifice, l'osculum, par où l’eau est rejetée à l'extérieur. La surface entière des canaux est tapissée d’une couche continue de cellules , l'endoderme. Le long des surfaces définies de ce revêtement, les cel- lules sont cylindriques , et ont ce qu'on a appelé un collet; elles sont pourvues, chacune, d'un long cil unique ondulant, ou flagellum (geissel), tandis que le long des parties intermédiaires , le revêtemeut est composé de simples cellules polygonales plates. Dans un petit nom- bre d'Éponges ( Ascones), le système entier des canaux est tapissé par des cellules flagellées. Les flagellums entretiennent les courants dans l’eau, et entrainent les particules nutritives, que l'Éponge saisit pen- dant que l’eau la traverse. La surface externe est entièrement recou- verte d’une couche continue de cellules polygonales plates, l’ectoderme; entre celui-ci et les canaux s'étend la couche moyenne, épaisse, le mésoderme , dans lequel le squelette et les produits sexuels se développent. Le mésoderme est composé de A DE cellules indépendantes , chacune séparée de ses voisines par une substance intercellulaire amorphe , dont le caractère spécifique varie d’une espèce à l'autre. Sa consistance peut être si faible que les cellules peuvent ramper au tra- vers, comme des Amibes. Un certain nombre de ces cellules se transforme en génoblastes ; ordinairement , les œufs seuls ou les sper- matozoaires sont produits dans un seul individu, mais parmi ces Épon- ges dont on connait le sexe, un pelit nombre sont hermaphrodites. Les différentes espèces d’ Éponges se distinguént principalement par leur forme extérieure, les particularités de leur squelette et de leur système de canaux. La forme de laquelle on peut faire dériver toutes Les Éponges est le type Olynthus , dont les caractères sont les suivants : 1°, il est fixé par sa base ; 2°, il présente une large cavité verticale et centrale, qui, 3°, communique à l'extérieur par l'extrémité supérieure, à travers l’osculum, et, 4, avec les côtés. à travers les canaux secon- daires et les pores. Des modifications , outre celles déjà mentionnées, se présentent relativement à la taille de la cavité principale, et à la formation d'osculums additionnels. Les principales espèces d'Éponges peuvent être distribuées comme il suit : A. Sans squelette . . . . . . . . . Myxospongies. B. Avec fibres cornées (Éponges bai- gT66S) . se OR "2 OADITINEES C. Avec spicules siliceux (nombreuses familles distinctes) . .. . . . . ÆEponges sihiceuses. D. Avec squelette calcaire . . . . Calcispongiés: Le Physemaria que Hæckel a décrit comme un organisme multi- cellulaire , représentant un état permanent , adulte et spongiforme de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 243 gastrula, a excité le plus grand intérêt parmi les zoologistes. De récentes recherches (1) rendent cependant probable que la des- cription de Hæckel est tout à fait erronée et que ces animaux sont réel- lement des Rhizopodes multinucléolés. Les gemmules, ou bourgeons d'hiver , ne sont pas des organes de reproduction sexuelle, mais plutôt de régénération. Les tissus hivernent dans un état simplifié, formant des masses de germes, qu'on appelle bourgeons ; au printemps , l’'Eponge se régénère par le renou- vellement de sa différenciation histologique. La formation de l’œuf ne présente aucun détail exigeant de notre part une description spéciale ; on n’a découvert aucun globule polaire. Puisque les œufs et les spermatozoaires sont mûrs dans le même temps, les œufs exigent probablement une fécondation, maisje crois qu'aucune phase de l’acte d'imprégnation n’a encore été observée. L'œuf se trouve bientôt enveloppé d’une capsule spéciale ou follicule, que développent les cellules voisines du mésoderme en se disposant elles-mêmes en une couche continue autour de lui. Dans ce folicule, ont lieu la segmenta- tion et le développement de l'embryon. C’est une particularité chez les Eponges , sans exemple chez les autres animaux , que l'œuf se trans- forme en embryon sans quitter le lieu de sa formation, — le follicule dans lequel il grandit. La larve de l’'Éponge s'échappe du corps du parent après avoir brisé la paroi du follicule, passe dans le système des canaux et s'échappe par un des pores. À sa naissance, la larve d'Eponge présente des particu- larités très distinctives, et diffère considérablement des autres larves. La larve, quand elle vient d’éclore, a la forme d’un œuf ( PI. VII, fig.7), l'extrémité la plus grosse est composée de larges cellules à contenu granuleux , qui masque le noyau, tandis que l’extrémité pointue est formée de petites cellules dont chacune porte un long cil vibratile, ou flagellum. C'est au moyen de ces cils que la larve peut nager. Pendant la segmentation, cependant, les cellules sont toutes plus ou moins semblables , et la différenciation a lieu plus tôt chez quelques espèces, plus tard chez d'autres, de sorte que, chez quelques Éponges (Hali- sarca) , il y a même une période dans laquelle la surface entière de la larve est formée de petites cellules, et, plus tard, celles de ces cellules qui entourent le gros bout de l’œuf deviennent plus grosses et granu- leuses. De plus , dans quelques espèces , — telles que le Chalinula ,— la différence entre les deux classes de cellules est beaucoup moindre, et les petites cellules couvrent une étendue proportionnellement beau- coup plus graude que dans l'embryon représenté sous la figure 7 30411 Il y a aussi des cellules à l’intérieur de l'embryon, cellules qui lais- (1) E. Ray Lankester, Quart. Journ. Micros. Sci., 4879. 214 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sent, cependant, en certains cas , une cavité centrale. Schulze établit que dans le Sycandra ïl ny a pas de cellules centrales , mais Metschnikoff les décrit et les représente. Ces cellules centrales sont regardées, par de nombreux auteurs, comme le mésoderme primitif. La métamorphose de la larve en Éponge n'a été observée que dans un très petit nombre d'espèces. Le changement a lieu suivant deux types distincts, que l'on ne peut à présent rapporter à aucun autre, car dans le premier (Sycandra), les grandes cellules forment l’ectoderme , et les petites, l'endoderme, tandis que dans le second { Chalinula et Halisarca), la destinée des deux sortes de cellules est exactement intervertie : les petites cellules ciliées restent externes et les grandes cellules deviennent internes. Dans le dernier cas, l’em- bryon s'attache par son extrémité large à un corps solide, les petites cellules se développent sur toute la surface exposée , une cavité rami- fiée se forme à l'intérieur, des pores et un osculum se font jour au tra- vers. On ne peut dire qu’il y ait là une période gastrula , et l’osculum ne répond pas à une ouverture formée par invagination. Le squelette commence à apparaître vers le moment où la ere se fixe. Dans l’autre type de développement, qu'on a observé chez les Épon- ges calcaires supérieures, il y a une psewdo-gastrula temporaire et une gastrula permanente , différemment formée , qui se métamorphose directement en une Eponge permanente. La pseudo-gastrula ne se présente normalement qu'avant que la larve ait quitté le follicule du corps du parent, où elle se forme par le renversement en dedans des grandes cellules, exactement comme un doigt de gant retourné; la larve apparaît alors comme une coupe formée de deux membranes, l'une, externe, composée de petites cellules, l’autre, interne, de gran- des cellules. Cependant, les grandes cellules sont bientôt évaginées, et l'embryon (Fig. 7) reprend la forme caractéristique d’un œuf. Puis, 1l ne tarde pas à quitter le parent, nage librement à l’entour pendant deux ou trois jours et s’attache enfin lui-même d'une manière per- manente. Pendant sa période de liberté, il s’élargit, et son grand axe se rac- courcit (Fig. 8); les grandes cellules commencent à croître par dessus les petites qui sont graduellement renfoncées en dedans, de plus en plus, jusqu’à ce qu’elles soient tout à fait invaginées. Les grandes cel- lules s’avancent toujours, resserrant peu à peu l'ouverture, Jusqu'à ce que celle-ci devienne excessivement petite. . Vu du côté de la bouche (côté oral), l'embryon présente, pendant cette période, l'apparence indiquée par la ligne extérieure (Fig.9,4). (1) A ce moment, la larve se fixe elle-même par son extrémité orale. Les cellules qui entourent la bouche s'appliquent sur la surface sous-jacente (1) Dans la nature, on voit par transparence la partie supérieure et la partie intérieure , ce qui rend les limites beaucoup moins distinctes, A “SM JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 215 et projettent de leurs bords externes des processus amiboïdes hyalins, qui aident probablement la larve à s'attacher (Fig. 9, 8). Les extrémi- tés centrales des cellules se rapprochent les unes des autres, attei- gnent la bouche et la ferment. La Fig. 10 représenie une vue de profil d’une larve, pendant cette période, et montre la cavité intérieure, c, nouvellement close, son revêtement, b, de petites cellules , et la couche extérieure, a, de cel- : Jules granuleuses ; l'arrangement de celles-ci est particulièrement obscur ; toutefois, elles constituent finalement l’ectoderme et le mésoderme. Le développement se fait maintenant par l’élongation verticale de l'Éponge qui tend à prendre la forme cylindrique : puis une large ouverture secondaire , l'osculum, s'établit à l'extrémité supérieure, d’autres petites ouvertures, — pores, — se font Jour tout autour, con- duisant aux tubes secondaires, qui communiquent avec la grande cavité centrale, et, finalement, on voitle développement des spicules formant le squelette et de la substance intercellulaire mésodermique. Les pre- miers spicules qui apparaissent sont de simples bâtonnets, pointus vers leurs extrémités et légèrement recourbés. Ils gisent presque parallélement à la surface externe, et sont irrégulièrement répandus. Trois ou quatre spicules rayonnès apparaissent bientôt et le squelette entier s'accroît rapidement. L'Eponge est alors à la phase Olynihus. La description ci-dessus , quoique nécessairement abrégée , montre que nos connaissances actuelles ne peuvent expliquer la morphologie des Eponges, car, bien que nous puissions certainement considérer, — si les larves seules nous étaient connues, — que les petites cellules flagellées sont strictement homologues dans tous les embryons, dans un cas, cependant, ces cellules forment la cavité interne digestive, et dans l'autre, l'enveloppe externe. Jusqu'à présent, on ne peut interprê- ter cette divergence. La position systématique des Éponges a beaucoup été discutée. Pendant un temps, elles ont été considérées comme des colonies protozoïques, ce qu'elles ne sont certainement pas. Les zoologistes allemands les rapprochent ordinairement des Cœlentérés, mais comme leur développement n’est nullement celui des Cœlentérés et que la structure de l'Éponge adulte est, sous presque tous les rapports, particulière, il me semble préférable d’ adopter les vues du professeur Hyatt et de faire des Éponges un sous-règne distinct parmi ces animaux — celui des Porifères. F. BIBLIOGRAPHIE SUR L'EMBRYOLOGIE DES ÉPONGES. : 38. BARROIS. — Embry ologie ae quelques éponges de la Manche. (Ann. des Sc: Nat., sér. VI, t.1IT: 1876Y 39. CARTER (J.) — Déveloprent of the marine PER (Ann. Mag. of Nat. History . 1874). 216 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ee 40. Kerer. — Studien über Organisation und Entwickelung der Chalineen. (Zeit. f. wiss. Zool., XXXIII , 317). 41. Hyarr (Alpheus). — A revision of the North Amer. Porifera, with remarks upon foreign species. (Mem. Boston Soc. Nat. Hist. 1875 et 1877 ). 42. —— Sponges considered as a distinct sub-kingdom of animals. (Pro- ceed. Boston S. N. H. XIX , p. 12). 43. LiEBERRÜHN. — Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Spongillen. (Müller's Archiv. 1856). — Cf. Les mêmes Archives pour 1857, 1859, 1863, 1865, 1867 pour des travaux sur l'anatomie des éponges. 44. METscaniKOrr (E.). — Zur Entwickelungsgeschichte der Kalkschwämme. Zeitschr. f. wiss. Zool., XXIV (1874) p. 1, et XX VII, 215). 45. Spongiologische Studien. (Zeit. f. wiss. Zool. XXXI, 349). 46. Scaminr (Oscar). — Das Larvenstadium von Ascetta primordialis und A. clathrus. (Arch. mikr. Anat. XIV (1877), p. 403). AT. — Zur Orientirung über Entwickelung der Spongien. (Zeit. f. wiss. Zool. XXV, suppl., p. 127). 48. Scaurze (F.-E.), — Untersuchungen über den Bau und die Entwickelung der Spongien. (Zeit. f. wiss. Zool.). | {, Sycandra, XXV, p. 427 (suppl.). Cf. XX VII, p. 486. II. Halisarca, XXVIII, p. 1. IT. Chondrosiden, XXIX, p. 81. IV. Aphysinideés, XXX, p. 379. V. Die Metamorphose von Sycandra raphanus, XXXI, p. 262. VI. Spongelia, XXXII, p. 117. VII. Spongidés, XXXII, p. 593. VII. Hircinia und Oligoceras , n.g. XXXIII, p. 1 (1). Cu. SepGwick-Minort. LA LANGUE DE L’ABEILLE ET LES GLANDES QUI EN DÉPENDENT. Le présent mémoire m'a été inspiré par un article de M. J. D. Hyatt, sur l’aiguillon de l'abeille, suivi d’un autre article sur la structure de la langue par le même auteur (2). Tous les deux témoignent d’une inter- prétation attentive et travaillée des faits, ainsi que d’une habileté de manipulation véritablement merveilleuse. Je n'ai pas lu l’article de M. Chambers , antérieur à celui de M. Hyatt et qu'il critique, et je suis redevable à M. Hyatt de ce que j'en connais. Cet article sur l’aiguillon de l'abeille, dont la lecture semble un véritable conte, m'a amené à (1) Amer, Nat. (2) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 82. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 217 essayer de vérifier par moi-même la description de cette merveilleuse petite structure ; aussi, je puis ajouter mon témoignage (qui certaine- ment n’est pas nécessaire) à l'exactitude littérale de la description, du dessin et, je le crois aussi, de l'interprétation de la manière dont l'abeille se sert de cet organe. Mais passons à un autre objet qui fait particulièrement le sujet de cet article. Mes propres observations, en tant qu'elles ont rapport à la ligule, sont d'accord avec celles du professeur Cook, (voir Naturalist, avril 1880) (1) et je pense qu'il a donné la vraie solution quand il dit qu’elle consiste en une gaine fendue en dessous, dans laquelle est la tige à rainure ; une membrane mince se projette des bords de la fente de la gaine aux bords de la tige, formant , comme on le comprend facilement, quand la tige est étendue ou abaissée en dessous, un sac clos, ouvert seulement au sommet. Pour ceux qui pourraient avoir quelque doute sur cette structure, J'ai dessiné, sous la chambre claire, une coupe transversale, très exacte dé la ligule, que je dois à l’amabilité de mon ami, M. David Folsom. Il a réussi à faire cette section sur un spécimen avec la tige projetée en dehors de la gaine (voir fig. 5, PI. VII). En suivant le travail de M. Hyatt, alors que nous examinions un spécimen monté des parties de la bouche, mon ami F. B. Doten, a remarqué, dans le mentum, un petit tube en spirale, qui a été pour moi un fil conducteur, et, en le suivant, j'ai pu ,je crois, augmenter un peu la somme de nos connaissances sur ces parties. Ilne m'a pas été possible de trouver une mention quelconque de la structure glandulaire dont la description suit. Le dessin, PI. VII, fig. 1 , montrant la tête, est quelque peu schéma- tique : on a omis les détails pouvant servir à embrouiller la figure. Le spécimen représenté a été pris alors qu'il était frais, comprimé, séché pendant la compression, éclairci dans la térenbentine et monté dans la résine damar. Le dessin représente la structure depuis le bout de la ligule jusqu’à l’ou- verture de la bouche en b. J'ai eu, en outre, recours à la dissection, ce qui n’est pas extrêmement difficile avec un scalpel bien fin, une main sûre et dela patience. La dissection est plus parfaite sur des spécimens préparés dans l'alcool , et le dessin , agrandi sous la chambre claire, de la glande du thorax est, comme onle comprendra, un peu retréci pour cette raison (fig. 3). | En tournant le scapel depuis la base d’une mandibule, en arrière et en travers, tout près du cou et en revenant en avant de l'autre mandibule , on enlève le cerveau et les glandes salivaires; on coupe (1) Le travail du professeur Cook paraîtra dans le prochain numéro. eq 918 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. l'œsophage aussi loin que possible , et le retourne en arrière; si l'opé- ration a été faite avec soin, on voit, venant du thorax, les conduits spiraux de deux glandes, et, en les suivant en arrière, on reconnaïtra que celles-ci sont placées, de chaque côté de l'’œsophage , dans l’espace compris entre les muscles des aïles. J'ai représenté l’une d’elles avec un grossissement d'environ trente-cinq diamètres et dessinée sous la chambre claire. Il n’a guère été possible que de déterminer les contours, car c’est une masse glandulaire épaisse se repliant et se recouvrant dont la véritable structure est représentée dans la fig. 4, avec de plus grandes dimensions. A la base , les conduits s'élargissent , comme on le voit, pour former un véritable réservoir (9, fig. 1). Les conduits se réunissent dans le cou , ou, juste à leur entrée dans la tête, (d) et, suivant le niveau du cou , ils sont rejoints par deux branches venant l’une de gauche, l’autre de droite (fig. 1, c). En suivant une de ces glandes latérales, on trouve qu’elle se divise en trois branches principales, dont les extrémités se terminent en glandes. La fig. 2 en montre la structure sous un fort grossissement. On remarquera que les cellules des glandes thoraciques présententune ressemblance frappante avec celles des tubes de Malpighi, des insectes ; tandis que celles de la tête sont plus grandes, ont une forme différente, et se composent de beaucoup plus petites cellules. Restant sur le plancher de la tête, le conduit principal rasse sur le sub mentum. (sm). Là, pour rejoindre le tube spirale qui vient de la ligule, il passe par une ouverture commune à l'un et à l’autre, dans la bouche, b, fig. 1. En dessous de cette ouverture, le tube en spirale plonge dans le mentum et s'enfonce dans les muscles. En a (fig. 1); il semble se terminer, lorsqu'on l’examine de côté, mais une série de sections transversales montre qu'il s’élargit gradel- lement depuis le point & jusqu’auprès de la base de la ligule, où il se termine dans une chambre qui conduit, en dessus, dans le sac, et en dessous, par une ouverture valvulaire, dans la rainure de la tige. Cette partie en forme de trompette (a) depuis la chambre jusqu'à la base de la ligule, est affaissée , la moitié supérieure du tube étant pressée par en bas sur la moitié inférieure. Nous avons donc un passage depuis le bout de la ligule, à travers la rainure de la tige et le tube spiral , dans le mentum, puis venant s'ouvrir devantle pharynx , sur le labium et entre les mandibules. Cette ouverture est transversale et semble munie de lèvres; d'après son apparence, nous pensons qu'elle doit aussi se fermer comme une valvule , si une succion est appliquée en dessous. Le tube en spirale venant des glandes dela tête et du thorax vient rejoindre ce tube de la ligule et décharge son contenu à travers la même ouverture dans la bouche. | Plusieurs quéstions se posent à la fois devant nous : — d’où vient JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 219 cette structure ? de quel usage est-elle à l'abeille ? — si j'étais prudent, mon article finirait ici, mais notre inchination à expliquer toute chose: en ayant recours à la spéculation est toujours forte en l'absence de faits qui la brident. D'après la grandeur , la position et l’orifice des glandes, jointes, comme elles le sont, à un passage pour le nectar des Her il semble naturel de conclure que ce sont des organes fournissant une sécrétion animale qui change le nectar en miel, et Je puis risquer cette idée qu'elles représentent peut-être les glandes filières des larves, modifiées. Si cela est vrai, je devrais les trouver à l’état actif ou atrophié chez presque tous les Hyménoptères. Une autre question surgit: quel chemin parcourt le nectar, pour passer des fleurs dans la bouche ? D’après la nature même des choses, c’est là le sujet de nombreuses suppositions. Le professeur Cook dit dans son article : « lorsque l'abeille suce , elle rétracte et étend rythmique- ment sa längue. » Ce mouvement ne pourrait-il pas être dû à une «action pompante (pumping action) » exercée par la tige à rainure de la ligule, laquelle agrandit et diminue la capacité du sac qui s’étend derrière elle ? Il paraîtrait que l'abeille est complètement maîtresse des mouvements de cette tige qui est d’une élasticité remarquable, et capable d'extensions et de contractions très grandes. La tige et le sac agissent ainsi comme une pompe aspirante et foulante, ainsi qu’on le comprendra facilement par la simple inspection des parties. Je ne puis dire, ilest vrai, que l'abeille se sert ainsi de cet organe, mais je dis qu'elle le pourrait, et si elle ne le fait pas, c’est pure stupidité de sa part. Et, si quelqu'un démontre que je suis entière- ment dans le faux pour le moment, l’évolution, dans un avenir peu éloigné, me donnera raison, et il naîtra une abeille, moins conser- vatrice , qui abandonnera les anciens usages et adoptera de nouveaux principes. — Cette abeille, j'en suis sûr, — emploiera cet appareil-si bien inventé et produira du miel à meilleur marché que tout autre concurrent, excepté l'homme fabricant de glucose, et, encore, à celui-ci même, elle sera, J'en suis sûr et je l'espère, un redoutable concurrent. JUSTIN SPAULDING. PLANCHE VIII. EXPLICATIONS DES FIGURES. Fig. 1. — Schématique. a, point où le tube en spirale s'élargit; m, mentum sm, Sub-mentum ; !, mandibules; b, orifice du tube, dans la bouche: c, point de réunion avec les conduits des glandes de la tête ; d, jonction des conduits des glandes du thorax. Pig. 2. — Fragment de glandes de la tête considérablement amplifié. Fig. 3. — Une des glandes du thorax avec grossissement de 30 diamètres environ. Fig. 4. — Fragment de glande du thorax très amplifié. Fig. 5. — Section transversale de la ligule ; grossissement de 170 diamètre. ES 220 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. GLANDES ET POILS VÉGÉTAUX. C'est par petits efforts que le monde pousse de grandes choses. De grandes causes, il ne reste que de petits effets. C'est des petites fibres de la trame du Destin qu'est tissée la robe du Temps. OWEN MEREDITH. Les « petites fibres » dont nous allons parler sont elles aussi connues du lecteur que l'herbe qu'il foule aux pieds ? Je ne puis le dire. Je sais seulement qu’il connaît le premier de la liste , le Deutzia, car la feuille de cette plante a été longtemps, et à juste titre, un objet microsco- pique favori, à cause de la beauté des écailles radiées qui ornent sa surface. On a généralement supposé que ces corps étoilés adhéraïent légèrement à l’épiderme , et n’appartenaient qu'à lui; mais, lorsqu'on essaie d'enlever la cuticule ou d’écarter , avec la pointe d’une aiguille, quelques uns de ces corps , les plus grands et les plus visibles, on trouve une disposition différente. Les rayons, solides à leurs extré- _mités seulement, partent d’un corps qui reste sur un cylindre creux traversant l’épiderme , et qui a les cellules du parenchyme solidement fixées à sa périphérie. On ne peut, avec l'aiguille , les déplacer sans forcer beaucoup, et le microscope montre que le corps est séparé de son support siliceux brisé. Il est également impossible d’écarter l'épi- derme sans enlever aussi des parties du parenchyme. Quand lPépiderme est placé sur le slide ; la surface supérieure en dessus , j'ai, dans tous les cas, trouvé des groupes de cellules restées adhérentes etc., c’est un indice certain que là , en abaïissant le foyer, on trouvera une étoile. | Une de ces écailles étoilées arrachée de l’épiderme entraine ordi- nairement à sa base des cellules de la feuille et, dans ce cas, le cylindre présente des projections latérales ct un bord épaissi qui consolide remarquablement le point d'attache. Une coupe transversale de la surface inférieure de la feuille montre le passage du cylindre à travers l'épiderme et la connection des cellules parenchymateuses. Parmi le grand nombre de plantes dont les poils et les glandes ont été exami- nées , le Deutzia est le seul, jusqu'ici connu, à présenter cet intime rapport de ces parties avec le corps de la feuille. Ces productions prennent généralement naissance sur l’épiderme , et on les enlève facilement sans beaucoup désorganiser les parties sous-jacentes. (PL. X, fig. 4). | ; Aprèsle Deulzia, même sans l’excepter peut-être, la plante la plus JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 221 intéressante sous ce rapport est le Paulownia imperialis. Les pétioles et les feuilles sont d’une villosité remarquable , et l'étude de cette fourrure veloutée est éminemment intéressante. — Elle consiste en poils et en glandes de quatre formes, peut-être de trois, car certaines de ces glandes ne diffèrent des autres que par la longueur de leur tige. Chacun de ces poils cellulaires de deux ne différentes se termine par un corps multicellulaire formant une glande, et cette glande secrète un fluide visqueux, coagulable dans l’eau. Quand, pour l'examen, on les place dans une goutte d’eau, on peut voir cette matière se déposer en globules sur la tige du poil ou s’étirer en longs filaments qui s’allongent encore par la pression, ou exsuder en masses irrégu- lières et vermiculaires (fig. 5). Le second élément est une soie creuse, ramifiée, qui termine un grand nombre de poils à la place des cellules sécrétantes. On peut le placer comme une forme de transition entre le poil ordinaire portant un seul appendice épineux, mais ne différant en aucune manière du poil glanduleux et la soie à ramifications multiples (fig. 6), où, sauf la seule cellule-support, le poil entier a été transformé en un corps arborescent. Le troisième élément est visible à l’œil nu; il n’ajoute donc rien, à l'apparence veloutée. Ce sont des corps presque sessiles et en forme de coupe dispersés sur les deux surfaces de la feuille et la partie supérieure des pétioles, mais plus abondamment groupés dans les intervalles des nervures au point où celles-ci rencontrent le pétiole. Sur l'Eupatorium perfoliatum on voit aussi une glande et deux formes de poils. Le caractère de la glande est quelque chose de peu commun. Sur le pétiole naissent deux ou plusieurs cellules, munies d’un sac sphérique , jaune citron, rempli d’un protoplasma épais que l’on peut en exprimer en une masse granulaire , laissant une membrane vide, sans couleur et absolument sans structure , autant que j'ai pu le cons- tater. Les poils sont sans intérêt particulier. Le tube de la corolle du Stlene stellata est garni d’une couche épaisse de filaments rameux. La plante elle-même est abondamment revêtue de soies multicellulaires , rudes et siliceuses. Des soies semblables , transparentes et devenant rudes lorsqu'elles, sont peu saillantes , naissent sur l’Echium vulgare. Elles ressemblent à celles du Deutzia par la structure mais non par la forme, et sont adhérentes à l’épiderme seulement. Le poil du pédicelle du Penthorum sedoïdes est rude et porte une glande composée. Chaque cellule est nucléée. La rudesse de la partie supérieure de la tige du Daucus carota est produite par des cônes siliceux et creux placés au sommet de papilles cellulaires (fig. 7). Sur le pédoncule du Solidago gigantea se trouvent beaucoup de poils ‘222 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. formés d’un simple rang de cellules striées , large à la base et se terminant graduellement en pointe. On trouve des formes droites, sigmoïdes , et de courbes différentes. | En plus des glandes, le Nepeta glechoma a beaucoup de soies bril- lantes, variant depuis un simple point siliceux faisant saillie sur le niveau de l'épiderme jusqu’à la longueur d’un long poil multicellulaire , visible à l'œil nu. Les poils recourbés et rudes du Datura stramonium ne présentent rien d’extraordinaire , mais Les glandes lobuleuses du pétiole, qui sont portées sur une longue tige ne sont pas communes. R Les poils glandulaires du Leucanthemum vulgare , sont encore plus remarquables ; parmi les longs filaments se trouvent des piles de cellules simples, presque globuleuses, terminées par une sphère hyaline. La surface entière de la feuille du Desmodium acuminatum et autres espèces est recouverte de crochets délicats , à partir du pétiole ; sur la capsule mûre des graines, ils sont particulièrement gros et abondants comme le savent tous ceux qui sont devenus des distribu- teurs involontaires de graines de Desmodiuwm. Celles-ci s’attachent aux habits avec une ténacité digne d’une meilleure cause. La peau de la pêche est entièrement recouverte de poils rigides et finement pointus , remarquables par l’exiguité de leur cavité centrale et l'épaisseur relative de leurs parois, ou vice versa; remarquables , aussi, par la ténacité de leur adhérence et l'irritation qu'ils excitent sur les joues sensibles. Le Brunella vulgaris porte de petites glandes sub-sessiles, renflées, formées de deux cellules nucléées , constituant ensemble un petit corps hémisphérique , légèrement élevé au dessus de la surface générale. Les formes glandulaires les plus simples se rencontrent probable- ment sur la surface supérieure des veines du Phytlolacca decandra. Chacune d’elles est une simple cellule conique en saillie. Aucune de celles qui ont été examinées ne contenait de chlorophylle ni de proto- plasma coloré; il n’y avait pas non plus de mouvement cellulaire rotatoire. Ce mouvement n’est pas fréquent dans les glandes, tandis “que, généralement, on remarque dans les poils un certain mouvement, soit brownien, soitgiratoire, véritable circulation protoplasmique. On pourrait sans doute dire de cette simple cellule, qu’elle est un petit poil offrant les propriétés d’une glande; si elle était un peu plus pointue, la distinction serait encore moins grande. Je n'ai rencontré ces cellules que sur les veines de la feuille. A. :C.S: (A suivre.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 993 SUR L'ŒUF L'HIVER DU PHYLLOXERA.() Voici le résumé de mes études dans la première quinzaine d'avril : J'ai rayonné autour de Montpellier, et j'ai été jusqu’à Beziers et Narbonne, dans le but de réunir le plus possible de documents concernant la permanence des galles de Phylloxera sur les feuilles , dans les mêmes quartiers. Plus de cent œufs d'hiver ont été observés par moi dans la localité où je les ai découverts, à Montpellier. J'y suis allé avec M. Lichtenstein, qui vous a écrit pour vous rendre compte de ses propres recherches. De nombreuses éclosions de ces œufs ont été observées, et voici, par ordre de dates , le nombre de celles que j'ai obtenues dans mon laboratoire : le 5 avril , une ; le 6, trois ; le‘7, une ; le 8, quatre ; Le 9, six ; Le 10 , trois; le 11, deux; le 13, trois ; le 14, cinq; le 15, deux ; le 16 enfin, quatre ; total, trenie-quatre. Une vingtaine de ces œufs non éclos restent en observation ; le reste s’est desséché ou a été préparé pour le microscope. De plus, tout porte à croire que j'ai encore de nombreux spécimens non éclos dans les deux ou trois cents bouts de sarments que j'ai coupés au vignoble sans avoir eu le temps de les examiner. Ces recherches à la loupe sont longues et minutieuses. Je puis donc dire que l’éclosion de l'œuf fécondé se fait ici pendant tout le mois d'avril , et même dès la fin de mars , comme je le prouverai plus loin. Plusieurs de mes Phylloxeras issus de l'œuf d'hiver, ont été mis sur des feuilles de Clinton dès le 10 avril, et, à l'heure qu'il est, ils sont enfermés dans une petite galle. J'ai fait une observation plus importante : j'ai trouvé le 13 de ce mois, dans le domaine de Verchant , près Montpellier, appartenant à M. Leenhardt , un groupe d'une dizaine de riparias (type sauvage) déjà couverts d'une multitude de galles, et dans ces galles des aptères adultes en train de pondre ; ceux-ci sont donc nés de l’œuf d'hiver vers le 25 mars J'ai recueilli sur ces riparias de M. Leenhardt, plusieurs morceaux de bois de deux ans , et j'ai eu la satisfaction de trouver sous l'écorce de l’un d’eux une dépouille de femelle sexuée. Là encore , les galles proviennent donc bien d'œufs d'hiver déposés sous les écorces dabtomne dernier. Plus je vais, plus je vois que je suis dans la bonne voie pour mes recherches. Ma conviction est à peu près faite pour ce pays-ci, mais il faut que j'arrive à déterminer dans l'Ouest le lieu de ponte de sexués et que je voie par moi-même si parfois les œufs d’hiver se trouvent sur des plants français qui n’ont pas eu de galles, comme on l’a affirmé à M. Lichtenstein dans le Médoc. C’est donc là que j'opérerai, ainsi qu'à Libourne et à Cognac. Je compte faire de nombreux voyages cette année dans ces parages , car, les endroits de ponte étant bien déterminés , la destruction de l'œuf d'hiver serait assurée. Un traitement insecticide imposé aux propriétaires contribuerait considérablement à enrayer le fléau. G. Mayer. DES LARVES AQUATIQUES DANS LES DIFFÉRENTS GROUPES DE LÉPIDOPTÈRES (2). Parmi les chenilles de Lépidoptères , il en est beaucoup qui ont des mœurs inté- ressantes ; mais celles qui nous présentent les habitudes les plus curieuses sont , (1) Lettre à M. Dumas, C. R. de l'Ac. des Sc., 25 avril 1881, + (2) Bulletin scientifique du Nord. + 994 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. certainement , les chenilles aquatiques ; je veux parler de celles qui vivent submer- gées et non pas de celles qui se contentent de vivre à fleur d'eau , comme le fait, par exemple, la chenille de la Zeuzera arundinis qui monte ou descend avec le niveau dans les tiges d’Arundo phragmites. On a maintenant rencontré des chenilles aquatiques dans presque tous les groupes de Lépidoptéres. Microlépidoptères. — Nous remarquons d’abord, parmi les Pyralites, dans le groupe des microlépidoptères, deux genres dont les mœurs ont été si bien décrites par Réaumur (1). Ce sont : d'abord , les Hydrocampa, dont deux espèces l’'H. stagnata, Don. et l'H. nymphœata, L. habitent les marais du Nord de la France. Les chenilles de ces espèces se façonnent une chambre, en réunissant, avec de la soie , par le côté concave , deux morceaux de feuilles qu’elles ont taillés dans les Potamogeton. C’est ensuite le genre Cataclysta , Hb. dont une espèce la C. lemnata est très com- mune dans nos étangs ; sa chenille se confectionne un fourreau en réunissant entre elles un grand nombre de feuilles de Lemna. Les chenilles de ces deux genres vivent la plupart du temps submergées , maïs au moyen du fourreau , renouvelé à chaque mue, qu’elles se sont construit.et duquel elles ont su chasser l'eau par un moyen quinous est encore inconnu, elles respirent l'air en nature dans cette enve- loppe complètement imperméable. Les fils de soie qui réunissent les diverses feuilles sont assez serrés les uns contre les’autres pour fermer tout passage à l'eau. En un seul point ils sont assez lâches pour que l’insecte puisse les écarter et sortir du fourreau la tête et les trois premiers anneaux, lorsqu'il veut manger ou se déplacer ; mais leur élasticité ramène de suite ces fils à leur place , aussitôt l'animal rentré , et ferme hermétiquement l'ouverture. Les chenilles de ces deux genres se trouvent donc dans un milieu aérien, respirent comme toutes les chenilles aériennes au moyen de trachées s'ouvrant à l'extérieur par des stigmates. Un autre genre de Pyrales présente des larves qui vivent toujours complètement submergées ; elles se nourrissent en effet de Stratiotes aloïdes, Ceratophyllum emer- sum et Callitriche verna ; elles ne peuvent, par conséquent, plus se contenter d'une respiration trachéenne ordinaire. Je veux parler du genre Parapoynæ (2), Hb. dont une espéce le P. stratiotata, L. se trouve communément dans le département du Nord. Au premier abord , la chenille, quoique glabre , semble garnie de poils de plusieurs longueurs ; mais, au miscrocope, ces poils sont des filets charnus et transparents réunis par groupes de trois ou quatre sur un mamelon commun ; dans chacun d’eux se rend une ramification du système trachéen. C'est là ce qu'on a appelé les branchies trachéennes. Ce ne sont pas non plus des branchies comme celles des poissons ; chez ces derniers , en effet, c'est du sang qui circule dans la trame vasculaire de l'organe respiratoire , tandis que chez nos larves c’est de l'air qui y estenfermé. Il se produit, à travers ces filaments, ces minces membranes, une sorte d'endosmose de l'oxygène de l’air que contient l'eau. Cet oxygène , une fois introduit dans les trachées , est livré à la circulation vasculaire aérifère et les rami- fications de ce système se chargent de le transporter dans l'intérieur même des tissus , les insectes n'ayant pas de véritable circulation sanguine : Il faut noter également, ce que Léon Dufour a si bien établi pour les larves de Libellules (3, (1) Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes , 1742, tome 2, page 191. (2) On écrit ordinairement Paraponyæ. C’est là une faute de transcription qu'ont commise les premiers classificateurs. Hubner, qui a créé ce genre aux dépens de l’arcien genre Hydrocampa et à qui revient, par suite, la priorilé, quant au nom qui nous occupe, avait écrit Parapoynæ et non Paraponyæ. Telle est aussi l'opinion de MM. Staudinger et Wocke, dans leur Catalog der Lepidopteren des Europæischen Faunengebiels. (3) Études anatomiques et physiologiques , et observations sur les larves des Libellules, par Léon Dufour. (Ann. Se. nat., 1852, 8° série, t. 17, page65).. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 225 qu’il ne se produit aucune expiration véritable des gaz introduits dans le système trachéen ; tout au plus existe-t-il un léger courant exosmotique de l’acide carbonique résultant de la respiration. Mais outre les branchies trachéennes, nos larves de Parapoynx présentent, comme celles des Libellules , des stigmates dans la région thoracique. A peine visibles dans le jeune âge, ces stigmates croissent peu à peu et finissent par acquérir les dimensions qu'ils auront chez l'insecte parfait ; mais on remarque une membrane qui en ferme presque complètement l'entrée. Ce sont donc des organes inutiles à la larve et qui seront utilisés par l'animal quand, plus tard, il passera de la vie aquatique à la vie aérienne ; ils pourront encore lui servir lorsque la mare dans laquelle il vit s'étant desséchée , il se trouvera sans eau et ne RQUET plus utiliser ses branchies trachéennes. Ces faits ont été constatés d’abord par De Géer ({) puis par notre éminent et regretté compatriote Léon Dufour (2) qui a consacré sa longue carrière à étudier dans ses domaines de St-Sever (Landes) les mœurs et l'anatomie des insectes , surtout des insectes aquatiques. On comprend de suite l'importance d’un tel type parmi les Lépidoptères. Il relie cetordre aux insectes les plus inférieurs, aux Ephémères, aux Libellules, aux Sialides , et surtout aux Phryganes qui, par la conformation de leur appareil buccal aussi bien que par plusieurs autres points de leur organisation, constituent un type intermédiaire entre les Pseudo-névroptères et les Lépidoptères. Je ne veux d’ailleurs, en aucune façon, préjuger la question ; les Parapoynx peuvent aussi bien être des types rétrogrades que des types primitifs et il serait à désirer qu'on entre- prit de nouvelles recherches pour arriver à trancher avec certitude la question qui nous occupe. Bombhyces. — Jusque dans ces derniers temps, on pensait que les chenilles aquatiques ne se rencontraient que parmi les microlépidoptères ; mais, en 1873, M. Bar fit une communication à la société entomologique de France sur un Bombyx dont la chenille est aquatique (3). C'est un Lépidoptère voisin de notre Bombyx quercäs, Bar l'appelle Palustra Laboulbeni. La chenille se trouve dans les eaux crou- pissantes des canaux de navigation des habitations sucrières de la Guyane , elle vit surtout sur le Mayaca fluviatilis d'Aublet. Lorsqu'elle vient à la surface de l'eau, ce qui n'est jamais-pour lôngtemps , on la voit nager assez rapidement en se tordant à la façon des Annélides ; mais ce mouvement à quelque chose de raide et de con- vulsif, ce qui résulte de la forme peu avantageuse de la chenille pour un tel genre de locomotion. M. Laboulbène qui a étudié (4) anatomiquement un exemplaire de cette chenille conservé dans l'alcool , a constaté la présence des neuf paires ordi- naires de stigmates: ces stigmates sontcachés eur chaque segmententre les troisième et quatrième mamelons destinés à porter les poils dont est couverte la chenille et peuvent donc être facilement fermés par elle. M. Laboulbène n’a pu voir les troncs trachéens se rendant aux stigmates ; mais ce qui permet de supposer que cette chenille respire , comme toute autre , au moyen d'un système trachéen ouvert, c'est que , dans l’eau, les poils nombreux qui couvrent la chenille s'appliquent contre le corps et conservent entre eux des plaques d’air qui donnent à l'animal un aspect diamantin. Sphinges. — Enfin, tout récemment, M. Hermann Lam Hagen , de Gam- (1) De Géer. Mémoires, t. I, page 5117. (2) Léon Dufour. Ann. Soc. Ent. de France, 1849, LXXI. (3) Ann. Soc. ent. de France, 1873, 3° trimestre (Séance du 8 janvier 1873). Communi- cation de Bar. (4) Loc. cit. Observations sur le genre Pallustra , par le docteur Alex. Laboulbène. 226 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bridge, a publié, dans un journal américain , déjà connu des lecteurs du Bulletin, le Psyche (1, une lettre émanant du baron Von Reizenstein. Cet entomologiste rapporte qu'il a trouvé , dans les canaux d'irrigation des faubourgs de la Nouvelle- : Orléans (Louisiane), une chenille aquatique de Sphinx. Sa taille dépasse de beaucoup celle de tous les Sphinx connus, même celle du Sphinx chionanthi. Elle se nourrit de feuilles de nénuphar et ne tient ordinairement hors de l’eau que les trois premiers segments du corps ; tous les autres sont submergés. Lorsqu'elle veut se transporter d’une feuille sur une autre, elle nage avec la plus grande facilité. Cette larve appartient au genre Philampelus, L. et constitue une nouvelle espèce. L'auteur ne nous indique pas le mode de respiration de cette chenille, mais il est à présumer , étant donrée l'habitude de la larve de toujours tenir hors de l’eau les trois premiers segments du corps, qu’elle possède un système trachéen ouvert. Ainsi la vie aquatique, qui semble au premier abord si incompatible avec l’orga- nisation des chenilles, se retrouve dans trois groupes de Lépidoptères: les Microlépidoptères , les Bombyces et les Sphinges. Dans ce nombre, le genre Parapoynx nous présente seul des branchies trachéennes nettement constatées. CHARLES MAURICE , Licencié ès- sciences naturelles. SIMPLE NOTE SUR LA PRODUCTION DE LA CHLOROPHYLLE DANS L'OBSCURITÉ. (2) Dans sa séance du 27 juin dernier , la Société botanique de France a reçu commu- nication d'une note très intéressante d'un de ses membres , M. Ch. Flahault, sur la présence de la matière verte dans les organes actuellement soustrails A L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE (3). | Les faits anormaux dont notre confrère vient de reprendre l'étude ne sont pas nouveaux pour la science, mais il ne paraît pas qu’on se soit suffisamment occupé jusqu'ici d'en déterminer k cause par la recherche des circonstances dans nn © | ils se produisent. D'apres M. Flahault, ces faits se rapporteraient tous à deux ordres de phéno- mènes différents. Ainsi la chlorophylle renfermée sous des téguments souvent fort épais, dans l'embyron de certains Phanérogames ; Evonymus, Acer, Citrus, Viscum , etc., se produirait, suivant lui, pendant la première période de la formation de la graine, alors que, grâce à la transparence et au peu d’épaisseur des parois ovariennes , la lumière pénétrait facilement dans les parties les plus profondes. La substance verte ainsi produite dans les conditions normales se conserverait ensuite pendant long- temps sans altération, mais inerte , dans une obscurité complète, jusqu'au moment de la germination , où l’afflux de nouveaux rayons lumineux doit lui rendre , avec sa plasticité première, toute l'énergie de son rôle physiologique. Dans les jeunes plantes des Pinus et autres Conifères , développées sous une couche épaisse de terre , c'est seulement, au contraire, au moment de la germination que les Cotylé- dons commencent à se colorer en vert ; d'où la conclusion ch la chlorophylle se forme ici sans intervention de la lumière. (1) Psyche, Organ of the Cambridge entomological club (Massachusetts), sept. 1880 , p. 118. On an aqualic sphinx larva by Hermann August Hagen. (2) Bullelin de la Soc. bot, de France. (3) Bulletin de la Soc. bot., 1819, p. 249 et suivantes. JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. | 227 M. Flahaut affirme en outre avoir constaté expérimentalement que, dans l’un et l'autre cas , le phénomène qui nous occupe est constamment accompagné de la transformation des matières mutritives emmagasinées dans la plante , ce qui laisse entrevoir , entre le maintien ou la formation de la chlorophylle dans l'obscurité et la disparition des dépôts de réserve, une relation probable de cause à effet. Cet exposé sommaire des observations de M. Flahault était indispensable pour préparer l'étude des faits que je demande maintenant ;a permission de signaler à la Société botanique. Il n’est pas à ma connaissance qu'ils aient jamais fait l’objet d'aucune remarque , et je les crois de nature à corroborer sur certains points le système de mon honoré confrère. On sait que dans la plupart, sinon dans toutes les variétés cultivées du Cucur- bita mazxima et Pepo , les parois ovariennes du fruit mûr sont garnies à l'intérieur d'une couche pulpeuse fort épaisse, dans laquelle sont engagées plus ou moins profondément les graines avec leurs trophospermes. La surface de ce tissu de révêtement est creusée de larges sillons longitudinaux correspondant aux divisions carpellaires , et il s'en détache, dans certains endroits , surtout dans le voisinage et sur le parcours des trophospermes, des masses de tissu granuleux ou framboisé, qui proéminent ou pendent en grappes lâches dans l'intérieur de la cavité. Toute la masse de ce tissu de révêtement est essentiellement formée d’un lacis assez compliqué de filaments vasculaires noyés dans un parenchyme spongieux , dont les éléments , surtout au voisinage des graines, prennent ordinairement un développement considérable. J'ai mesuré dans cette région des cellules qui variaient de 0" 36 à un millimètre de longueur, sur 0", 17 à 0, 62 de largeur. Ces cellules affectent d'ailleurs les formes les plus variées ; leurs parois restent toujours _ très minces , et elles sont remplies d’un mucilage granuleux incolore, tenant ordi- nairement en suspension des gouttelettes huileuses et des corpuscules de couleur Jaune plus ou moins foncée, semblables à ceux qui donnent à la chair épaisse du mésocarpe sa colaration caractéristique. Je désignerai, si l’on veut, ces corpuscules sous le nom de paillettes. L'amidon est assez rare dans les cellules franchement parenchymateuses de la paroi ovarienne , tandis qu'on le rencontre au contraire assez abondamment au voisinage des filaments vasculaires , sous forme de grains arrondis ou elliptiques très variables de dimensions. Il y a quelques années — c'était en novembre 1873 — le hasard fit tomber sous mes yeux un quartier de Potiron (Cucurbita maxima) de la variété dite Potiron jaune gros, plus ou moins franche , dont la pulpe ovarienne, jaune pâle à l'ordinaire , ou tirant parfois sur l’orangé, était colorée dans certains endroits en vert foncé. Cette colora- tion se remarquait surtout sur le bord des sillons carpellaires ou des crévasses provoquées par le développement exagéré des tissus, et plus encore dans le voisi- nage des graines , et sur quelques uns des processus filamento-parenchymateux qui pendaient dans la cavité ovarienne. Je crus tout d'abord à une simple invasion de moisissure, mais, voulant déter- miner l'espèce du parasite qui la provoquait , — Mucor ou Aspergillus — , il me fut bien vite facile de reconnaître mon erreur. À la loupe, puis sous le microscope, à un faible grossissement , je constatai, non sans étonnement, que cette coloration anormale était due, non pas à la fructi- fication d'un Cryptogame inférieur , mais bien à la présence, dans les grandes cellules à parois minces qui entouraient les filaments vasculaires, d'un nombre considérable de grains verts, parfaitement intacts dans certaines cellules , plus ou moins altérés dans les cellules voisines , et- présentant dans les premières toute l'apparence des grains ordinaires de chlorophylle. Le fait me parut intéressant , et , me plaçant justement au point de vue qui a été depuis celui de M. Flahault, je résolus d'en suivre l'étude. Ici, comme dans plu- 298 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sieurs des exemples cités par mon honoré confrère, je me trouvais en présence de ce phénomène remarquable, sinon dela formation , — ce que de prime abord je croyais difficile à prouver , — tout au moins de la persistance de la chlorophylle verte et granuleuse dans des régions tissulaires soustraites absolument et depuis longtemps à à toute action de la lumière. Le fruit, en effet, était arrivé à sa ‘complète maturité ; il ne s'y manifestait aucune trace d’altération pathologique, et il avait été récolté en temps normal, longtemps après l'épaississement des parois ovariennes qui , dans l'espèce cultivée dans mon jardin , atteignent, au minimum, de 0",07 àa0"%,08 d'épaisseur. Ce phénomène était d'autant plus remarquable que , dans toutes les autres parties du fruit, graines, épicarpe et mésocarpe, la substance chlorophyllienne , tout au moins à l'état vert, avait complétement disparu. Je dis à l’état vert, car on sait que la présence de la chlorophylle jaune ou amorphe a été constatée Ans la graine des Cucurbita (1). Mon premier soin fut de contrôler cette observation par l'examen de plusieurs autres fruits qui furent ouverts devant moi. La plupart d’entre eux contenaient également, dès le moment de l'ouverture, des groupes plus ou moins considérables de cellules vertes. " J'ai eu depuis diverses occasions de constater des faits semblables, notamment en décembre 1877, et les remarques auxquelles ils ont donné lieu ont été consignées , comme les précédentes , dans une suite de notes et de dessins que mon intention de complèter plus tard ces recherches, où même de les comprendre dans un travail d'ensemble sur la prOdHeHon de la chlorophylle sans intervention de la lumière, m'avait empêché jusqu'ici de sortir de mes cartons, La communication de M. Flahault m'engage à ne pas attendre Pur longtemps, et à apporter telle quelle ma RSI part de contribution à l'étude de cette question intéressante. Dans tous les exemples que jai eus sous les yeux, je n'ai jamais rencontré de grains de chlorophylle ailleurs que dans les grandes cellules à parois minces du tissu granuleux dont la situation a été suffisamment indiquée plus haut. Ils s'y montrent toujours en assez grand nombre, tantôt nageant isolés dans le suc cellulaire ou réunis en petits groupes, tantôt au contraire amoncelés en masses compactes qui occupent le centre même des cellules ou sont quelquefois rejetées de côté contre l’une des parois, mais sans y contracter, jamais d’adhérence. Considérés en eux-mêmes, on reconnaît aisément que ces grains sont ordinairement de forme lenticulaire, à contours assez réguliers, circulaires, elliptiques ou vaguement polygonaux. Leur coloration verte est très franche, avec un noyau central réfringent, ou quelquefois aussi, mais beaucoup plus rarement, avec deux ou plusieurs petits centres de réfringence isolés ou confluents. Enfin, traités par l'iode, ils présentent la réaction ordinaire de la chlorophylle amylacée, ce qui achèverait au besoin de lever tous les doutes sur leur véritable nature. Quelques- unes de mes notes constatent cependant, je dois l'avouer, que l’iode paraît être resté sans action sur le noyau central de certains grains qui avaient été préalable- ment décolorés par l'alcool. Mais ce ne sont là, en tout cas, que des faits exceptionnels et peut être mal observés. Je regrette qu'il soit trop tard, cette année, pour les contrôler par de nouvelles observations. Le diamètre des grains est variable. J'en ai rencontré qui mesuraient de 07002 à 0004, avec des intermédiaires. Ge qui varie beaucoup moins, c’est le mode de distribution de ces mêmes grains. Il y a, à cet égard, une localisation assez remarquable , les grains de même grosseur étant toujours réunis dans les mêmes cellules. (1) A. Héraud, Nouveau Dictionnaire des plantes médicinales, Paris ; 1875, p. 1671. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 229 Et maintenant, étant bien établi que ce sont réellement des grains de chloro- phylle que nous avons sous les yeux , je me trouve ramené à la question, qui s’est naturellement posée au commencemens de ce travail. Comment expliquer la présence de cette substance dans une région du fruit depuis longtemps soustraite à toute action lumineuse ? Les choses se passent-elles ici comme. pour l'embryon des Acer, Evonymus et autres plantes où la chlorophylle se forme, d’après M.Flahault, dans les premiers temps du développement de l'ovaire? Ou bien, au contraire, avons-nous affaire à un nouveau cas de formation chlorophyllienne en dehors de toute intervention de la lumière? On peut opposer de sérieuses objections à la première de ces hypothèses. Et tout d'abord 1l me répugue d'admettre que la substance verte de la chloro- phylle persiste, aussi longtemps après sa formation, dans les parties les plus . profondes de l'ovaire, tandis qu’elle a complètement disparu des couches les plus extérieures. Je remarque , en outre, qu'en raison de sa constitution élémentaire et de la position même qu'il occupe dans le fruit, le tissu grumeleux à grandes cellules framboisées , où l’on rencontre cette substance , présente tousles caractères d'un véritable tissu de prolifération qui a dù se former tardivement, à une époque où les parois ovariennes avaient dèjà pris une épaisseur considérable. L'étude du développement de ce tissu nous aurait directement fixé sur ce point. Je n'ai malheureusement pas eu occasion de l’entreprendre. Je suis frappé d’une autre considération, c'est que , si les grains de chlorophylle dataient des premiers temps du développement de l'ovaire, il faudrait bien admettre, la croissance des tissus qui les renferment s'étant produite également et propor- tionnellement sur tous les points de la cavité ovarienne , que ces mêmes grains, simples épaves d’un état antérieur, devraient se trouver épars et disséminés dans des cellules isolées sur toute la surface de cette paroi Or, j'ai constaté au contraire que les cellules vertes sont toujours accumulées sur certains points assez exacte- ment circonscrits , tandis qu'elles font absolument défaut partout ailleurs. J, D’ARBAUMONT, Membre de la Soc. Bot. de France. (A suivre.) TECHNIQUE MICROSCOPIQUE. SUR LES APPLICATIONS DE L'ACIDE OSMIQUE CONCENTRÉ A L'ÉTUDE DES CELLULES OSSEUSES (1). On sait qu’au début de la formation du tissu osseux, la substance fondamentale de l'os se moule exactement sur les ostéoblastes , sans qu’on puisse découvrir entre ces deux parties de cavité appréciable. Plus tard, à mesure que les canalicules osseux s’accentuent , la cellule osseuse primitivement polyédrique se modifie égale- ment. Eile revient sur elle-même, s’aplatit et ne remplit plus complètement la cavité de l’ostéoplaste. On a beaucoup agité la question de savoir si cette cellule osseuse ratatinée envoyait des prolongements à l’intérieur des canalicules, et les auteurs ont émis à ce sujet des opinions divergentes. Tout récemment M. Chenassu dans un travail publié dans les Archives de Physiologie (1881, n° 2) , s’est attaché à démontrer la présence de prolongements cellulaires à l'intérieur des canalicules osseux. Pour étudier les cellules osseuses dans leur forme exacte et dans leurs rapports 1/1) Soc de Biologie, 14 mai 1881. 230 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. intimes avec les ostéoplastes et les canalicules radiés, nous avons eu recours à l'imprégnation par l'acide osmique concentré (suivant la méthode de M. G. Pouchet), combinée à la décaleification par l'acide {ormique. Voici comment nous opérons : un fragment d’un os long est dépouillé de son périoste et de la moelle osseuse adhérente, puis déposé dans quelques gouttes d'acide osmique concentré. Au bout de cinq à dix minutes , le tissu blanchâtre au début, a pris unetinte foncée uni- forme qui indique que l'imprégnation est suffisante. Le fragment est alors retiré de la solution d'acide osmique , lavé pendant quelques minutes à l’eau distillée, puis plongée dans une solution d'acide formique à 2 ou 3 pour 100 (voy. M. Aguilhon, Soc. de Biologie, 25 oct. 1879). Si le fragment d'os envisagé ne posséde que quelques millimètres d'épaisseur çrat, cochon d'Inde), il peut être complètement ramolli au bout de 24 à 48 heures ; dans le cas contraire (chien, mouton, bœuf, homme), les couches superficielles seront seules décalcifiées. Pour obtenir des décalefeations totales , il faut prolonger l'action de l'acide formique (2 °/,) pendant une.semaine environ, ou recourir à des solutions plus concentrées. Le tissu , une fois débarrassé de ses sels calcaires, est soumis à un second lavage à l’eau distillée , puis décomposé en coupes traversales, longitudinales ou tangentielles qui doivent être d’une très grande finesse. Les coupes sont ensuite colorées à l’aide de la purpurine fraîche (24 ou 48 heures d’imbibition) , puis montées dans la glycérine. Voici ce que nous avons pu observer sur des minces lamelles superficielles prove- nant de la diaphyse d'un chien adulte. Les ostéoplastes apparaissent comme de véritables excavations remplies de liquide , seulement en un point de leur paroi, on aperçoit un mince liseré rougeâtre dont la substance colorée s'enfonce dans les canicules adjacents, et dont les bords effilés viennent mourir latéralement à la face interne de l’ostéoplaste. On dirait une sorte de croissant dont le bord convexe est hérissé de fins prolongements. Il est facile de se rendre compte , en faisant jouer la vis micrométrique , et en employant des objectifs à immersion, que ce croissant répond à la projection optique d’une lame étalée à la face interne de l’ostéoplaste, et la tapissant sur une étendue variable. Cette lame colorée en rose par la purpu- rine , représente évidemment la cellule osseuse primitive refoulée en un point de la paroi de l’ostéoplaste par la production croissante d'un liquide entre elle et la subs- tance osseuse , et ayant poussé des prolongements de sa substance dans les canali- cules voisins. On peut. du reste ,sur de jeunes animaux, suivre toutes les phases de cette évolution, et observer à la face interne des ostéoplastes, des vacuoles sphériques de plus en plus volumineuses, qui dépriment la surface des cellules osseuses jusqu’à leur amincissement complet. Nous ne pensons pas que cet aplatissement des cellules osseuses soit le résultat de la production d’un gaz à l'intérieur des ostéoplastes sous l'influence de l'acide formique (comp. Hermann Joseph. Arch. f. mik. Anat. 1870). On retrouve, en effet, les formes que nous avons signalées , mais moins accusées, sur des fragments d'os soumis aux réactifs ordinaires (acide picrique , chromique, etc.), et d'autre part, dans les couches profondes du tissu osseux qui ont été respectées par l'acide osmique , les cellules osseuses gonflées par l’action de l'acide formique remplissent entièrement les cavités ostéoplastiques. F,. TouRNEUX. + JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 231 DE L’EMBRYOLOGIE ET DE SES RAPPORTS AVEC L'ANTHROPOLOGIE. (Suite) (1) Mais chez les plantes ou les animaux sauvages il apparaît aussi à la naissance des variétés individuelles ; si une sélection successive du genre de la précédente était faite 1ci, ces caractères pourraient se trouver exagérés au bout d’un certain nombre de génerations et arriver à caractériser un type bien différent des anciens générateurs. Or ce choix, cette sélection a lieu ; elle est naturelle, c'est-à- dire non opérée par l'homme, par une intelligence se proposant un but, mais simplement par les conditions ambiantes, par le milieu extérieur, par les seules forces de la nature ; c'est pourquoi elle est dite sélection naturelle. … Darwin fait remarquer, en effet, que parmi les variations spontanées, que l'indi- yidu apporte en naissant, ilen est qui peuvent être pour lui des avantages ; ou bien elles lui facilitent la recherche de sa nourriture, ou bien elles sont propres à le dérober à ses ennemis ; ou bien elles le mettent en état de lutter avec ceux-ci, etc. Or le sujet pourvu de ce caractère avantageux sera, comparativement à son semblable, à son frère, par exemple, qui n’a pas apporté le même caractère indivi- duel, plus en état de vivre, de se reproduire, et parmi ses descendants ceux qui hériteront de ce caractère, ceux surtout qui le présenteront encore plus prononcé, seront plus aptes, pourront même être seuls aptes à se propager, leurs frères moins favorisés disparaissant peu à peu avant de s'être reproduits. Il se fera donc ici, pour le caractère en question, quelque chose d'identique à ce qui, dans l’exem- ple précédent, s'accomplissait pour la variété de plante à fleur large et colorée ; il y aura une véritable sélection, sélection spontanée, naturelle. Tel est le principe de la doctrine de Darwin ; mais ce qu'a de vraiment merveil- leux la manière dont l’auteur l’a exposée, c'est la précision des détails qu'il a accu- mulés pour faire saisir le mécanisme de cette sélection naturelle : ce mécanisme il l'a appelé la lutte pour la vie (struggle for life) où combat pour l'existence ou con- currence vitale. Il est en effet une grande loi, que Malthus avait déjà signalée pour l’homme, que Darwin a retrouvée dans tous les échelons du monde organisé, à savoir que, puisque toujours plusieurs individus naissent d’un seul couple, la population vivante (animale et végétale) du globe devrait aller toujours en croissant d'une manière indéfinie, et que, par exemple, en supposant une seule espèce animale et végétale primitivement existante, chacune de ces espèces finirait, sirien ne contra- riait son expansion, par se multiplier au point d’envahir à elle seule la terre toute entière, et que cet accroissement du nombre des individus de l'espèce en question irait jusqu’à ce que l’espace et les substances ne fussent plus suffisantes pour ce nombre. Alors les individus de cette espèce unique seraient obligés d’entrer en lutte les uns avec les autres pour se disputer et la place et la nourriture ; les plus favo- risés, c'est-à-dire ceux qui naîtraient les plus forts, les mieux pourvus de moyens d'attaque et de défense, d’aptitudes instinctives pour se dérober aux causes de destruction, etc., ceux-là seuls pourraient subsister, se reproduire, et cette lutte produirait une sélection des forts aux dépens des faibles. Mais en réalité cette lutte pour l'existence commence de bien meilleure heure que dans le cas que nous venons de supposer pour simplifier la première conception de la sélection par la concur- rence vitale : à quelque moment de son histoire passée qu'on s'adresse au monde vivant, et en laissant de côté pour l'instant la question des premières origines de la (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 42, 106, 139, 198. 232 _ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \ vie sur la terre, non-seulement des individus de même espèce se sont trouvés mêlés les uns aux autres, mais encore les espèces diverses se sont trouvées côte à côte, se disputant la place et la nourriture, entretenant cette lutte constante, universelle, dans laquelle le plus faible doit succomber. Dans ces conditions, la concurrence vitale ne demande que du temps pour opérer la sélection naturelle, c'est-à-dire faire que les caractères avantageux apportés en naissant par quelques individus s’accen- tuent successivement dans leurs descendants, de manière à donner des formes qui constituent d'abord de simples variétés, telles que nous en voyons se produire et se conserver tous les jours sous nos yeux, puis à élever ces variétés au rang dit d'es- pèces, les espèces à celui de familles, et même successivement à celui d'ordres et de classes. L'enchaînement anatomique des types est bien dû dès lors à une transfor- mation successive, graduelle, et cette transformation est due à la sélection natu- relle. | Il faut bien distinguer ces deux éléments de la théorie : d’une part transformation des types, transformisme ; la conception n'en appartient pas à Darwin, car nous avons vu avec quelle précision l'énoncé en avait été donné et par Lamark et par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire ; et, d'autre part, l'explication de ce transformisme, la découverte de sa cause naturelle : ici tout le mérite revient à Darwin, c’est-à-dire à la théorie de la sélection naturelle. Parmi les formes de la sélection, il en est que Darwin a étudiées d’une manière toute spéciale : telles sont celles qu'il désigne sous le titre de sélection sexuelle. Si, en etfet, la plupart des formes animales peuvent s'expliquer comme étant le résultat direct des influences longtemps accumulées du milieu extérieur (en comprenant par là aussi bien les conditions climatériques que les conditions résultant de la présence d'êtres rivaux, ennemis, contre lesquels l'animal a à lutter.) il est des caractères dont on aurait peine à concevoir ainsi le développement : car ils ne nous paraissent pas constituer directement des avantages pour la concurrence simplement vitale, c'est-à-dire pour la défense de l'animal à la recherche de sa nourriture ou en lutte avec ses ennemis ; tels sont les caractères si remarquables du plumages chez les oiseaux mâles, et, en général, toutes les particularités connues en histoire naturelle sous le nom de caractères sexuels secondaires. Mais quand on est familier avec les détails de la vie des plantes, avec les mœurs des animaux, on reconnaît bientôt que ces caractères ont dû aussi s'accentuer et se développer par un mécanisme de sélection ; que le rapprochement des sexes et les circonstances qui le précèdent, selon qu’elles sont de nature à le faciliter ou à y mettre obstacle, doivent devenir la source de luttes entre individus de même” sexe, soit entre les femelles, soit entre les mâles; que par suite certains caractères innés peuvent devenir une source de succès dans cette lutte pour la génération, et que par exemple le mâle qui l'emporte grâce à telle particularité d'organisation, doit transmettre cette particularité à ses produits, chez lesquels elle se conservera et s’accentuera de plus en plus par une sélection semblable. Est-il besoin de rappeler que chez les cerfs, qui combattent entre eux à l’époque du rut, c'est le mâle le plus vigoureux et le mieux armé qui reste possesseur de la femelle ; que les oiseaux mâles , pour obtenir les préférences de la femelle, luttent entre eux ou par la beauté, de leur plumage ou par l'éclat de leur chant ? Nous nous bornerons à ces exemples types ; le monde des insectes nous en offrirait une quantité innombrable de plus curieux mais non de plus précis, pour montrer que les caractères développés par la sélection sexuelle sont toujours des caractères utiles constituant un avantage dans la lutte ou dans la simple rivalité. Au surplus, notre but n'est pas de présenter ici une analyse de la doctrine de Darwin, mais seulement d'en préciser assez le sens, pour pouvoir examiner ensuite comment cette doctrine a été reçue par les anthropologistes, et comment elle a été confirmée par les études d'embryologie. Comment elle a été reçue par les Anthropologistes ? Mais il me semble qu'il n'y JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 233 a pas mieux à faire pour répondre à cette question que de chercher, dans les publi- cations de Broca , dans ses communications à la Société, quel était son opinion à l'égard du transformisme. Pour ce faire n'oublions pas de bien distinguer, je le répète encore , le transformisme, c'est-à-dire la théorie, d'avec le darwinisme ou la sélection sexuelle, c'est-à-dire l'explication de la théorie, ou, pour mieux dire, l’une des formes , la mieux connue aujourd'hui, des explications possibles. Alors nous pouvons regarder Broca comme un des premiers en tête des partisans du transformismez car il n'a cessé de combattre la doctrine de l'espèce immuable, témoin ses mémoires sur l’hybridité ; car il n'a pas été effrayé par l’idée de voir le transformisme appliqué à l’origine de l'homme lui-même, témoin les lignes suivantes: (Mémoires d'anthropologie , t. IT, p. 146): « Quant à moi, je trouve plus de gloire à monter qu'à descendre , et si j'admettais l'intervention des impressions sentimen- tales dans les sciences, je dirais que j'aimerais mieux être un singe perfectionné qu'un Adam dégénéré. Oui, s’il m'était démontré que mes humbles ancêtres furent des animaux inclinés vers la terre , des herbivores arboricoles, frères ou cousins de ceux qui furent les ancêtres des singes , loin de rougir pour mon espèce de cette généalogie et de cette parenté , je serais fier de cette évolution qu'elle a accomplie, de l'ascension continue qui l’a conduite au premier rang , des triomphes successifs qui l'ont rendue si supérieure à tous les autres. » Et quelques lignes plus loin, après ce point de vue dit sentimental, jugeant la valeur philosophique, je veux dire scientifique, de la doctrine: « Le transformisme, dit-il, se rattache à la doctrine générale des savants et des’ philosophes qui, ne voyant dans l'univers que des lois éternelles et immuables, nient l'intervention, même exceptionnelle, de toute action surnaturelle. Ce qu'ont fait dans l'empire inorganique les astronomes, les physiciens et les chimistes ; ce qu'ont fait dans la biologie les physiologistes organiciens , le transformisme s'efforce de le faire à son tour dans l'histoire naturelle. Montrer que l’évolution des formes organiques , l'apparition des espèces, leur extension ; leur extinction, leur succéssion, leur répartition, sont des phénomènes ordinaires , c’est-à-dire nécessaires et régis par des lois qui ne laissent aucune place à un pouvoir supérieur, tel est le but et la conséquence de cette hypothèse. » (Ibid. , p. 147). : Mais quant à la sélection naturelle , au darwinisme proprement dit, l'adhésion de Broca n'est que partielle: s'illui est démontré que les caractères zoologiques permettent de disposer les divers animaux dans des ordres sériaires, montrant * ainsi comment chaque caractère évolue d’une espèce inférieure à une espèce plus élévée , il ne lui paraît pas prouvé que ces caractères, dits d'évolution, aient dû toujours leur développement à leur utilité, c’est-à-dire à une sélection ayant cette utilité pour base. Il divise en effet les caractères d'évolution en deux ordres : savoir, les caractères de perfectionnement et les caractères simplememt sériaires. Les premiers, étant de nature à donner une certaine supériorité à l'animal, s'expliquent incontestablement par-la doctrine darwinienne ; {es seconds, quoique se dévelop- pant par degrés dans la série animale, ne nous montrent pas cependant une utilité fonctionnelle évidente, et on ne conçoit pas qu'ils aient pu donner lieu à des processus de sélection naturelle et par suite devoir à ce mécanisme leur accen- tuation progressive. Ainsi, d'une part , l’homme devant une partie notable de ses avantages à la station verticale , quand on voit tous les caractères ostéologiques , myologiques ou splanchnologiques favorables à ce mode de station se montrer en passant des qua lrupèdes aux anthropoïdes et s'accentuer de plus en plus de ceux-ci à l'homme , on est autorisé à invoquer les actes de sélection naturelle pour expliquer le développement de ces caractères de perfectionnement, Mais, d'autre part, comme on ne voit pas quels avantages il peut y avoir à ce que, par exemple, l'os intermaxillaire se soude d’une manière plus précoce, on ne voit pas pourquoi la sélection aurait agi pour faire que cette soudure se montrât de plus en plus 234 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. hâtive lorsqu'on passe des pithéciens aux anthropoides, puis, parmi ceux-ci, du gorille et de l'orang au chimpanzé, et enfin lorsqu'on passe du chimpanzé à l'homme. « Les caractères de ce genre, c'est-à-dire simplement sériaires, dit Broca, s'accordent très bien avec l'évolution des espèces ; mais ils ne fournissent pas un argument en faveur de l'hypothèse darwinienne, car la sélection naturelle ne les explique pas. Je n’en conclurai pas toutefois, ajoute-t-il, qu'ils soient en opposition avec cette hypothèse, car si le rôle qu'ils ont pu jouer dans la concurrence vitale nous est inconnu jusqu'ici, il n’est pas impossible qu'on le découvre tôt ou tard. » { Mémoires d’'Anthropologie, IT, 193). Ainsi, Broca ne demande pas mieux que de se rendre entièrement au darwinisme, si l’utilité, la signification de perfectionnement des quelques caractères qu’il nomme purement sériaires et indifférents lui était démontrée. Or cette démonstration, pour quelques-uns de ces caractères, il se l'est fournie à lui-même, par l'étude plus attentive de la signification physiologique des parties. Ses doutes , tout-à-fait partiels et conditionnels, il les exprimait , dans le travail auquel nous avons renvoye , en avril 1870, à une époque où il pensait que , pas plus que la soudure de l’interma- xillaire , la multiplication ou l’atrophie des vertèbres caudales n'était un caractère d'utilité, c’est-à-dire de perfectionnement. Mais, en 1872, il reprend l'étude du squelette terminal de la colonne vertébrale, dans son célèbre mémoire sur la conslitution des vertèbres caudales chez les yrimales sans queue; il constate que l’atrophie graduelle de la queue chez les anthropoïdes et chez l’homme est en rapport avec la nécessité de fournir, dans lastation verticale, une paroi plus fixe et plus résistante aux viscères du bassin; que l'arrêt de développement des vertèbres caudales extrêmes est la conséquence de la transformation du premier segment caudal qui, devenu immobile (sacrum supplémentaire de Broca), prend part à la constitution de la paroi postéro-inférieure du petit bassin et concourt ainsi à fixer le rectum et à empêcher la chute de l'intestin grèle (que la pesanteur, dans la station verticale, tend à faire descendre dans la cavité pèlvienne). « C’est donc à tort, ajoute-t-il dans ses conclusions, qu'on a dit, et que j'ai répété à mon tour dans la discussion sur le transformisme ,.que le fait de la présence ou de l'absence d’une queue extérieure n'avait aucune portée zoologique (p. 274)...... L'absence de queue chez l'homme et Les anthropoïdes ne peut donc plus être considérée comme un caractère purement sériaire, indifférent; elle doit être considérée comme un caractère de perfeclionnement, car elle prend place au nombre des dispositions ostéologiques qui sont en rapport avec l'attitude bipède. » (p. 282). Les caractères purement sériaires ne nous paraissent donc indifférents que parce que l'anatomie et la physiologie comparée ne les ont pas toujours étudiés avec assez de soin pour nous montrer leur utilité; du reste, connaissons-nous bien encore toutes les sources de la sélection, c'est-à-dire tous les points de vue auxquels il faut considérer une partie pour comprendre comment telle modification, qu’elle présente , a pu donner au sujet quile premier l’a possédée un avantage sur ceux qui lui étaient semblables pour le reste ? Il est évident que la tendance de Broca était de reconnaître successivement une signification de perfectionnement aux caractères qu'il désignait d'abord comme sériaires mais indifférents; c'est pourquoi s'il était dès l'origine entièrement transformiste, s'il était dès 1870 largement darwiniste, nous pouvons dire qu'avec ses derniers travaux 1l devenait entièrement partisan de la doctrine darwinienne ou de la sélection naturelle. La doctrine transformiste a pris, dans ces dernières années, non une nouvelle forme, mais une nouvelle extension, grâce aux études d'embryologie Nous ne nous étonnerons pas de voir Broca ne point se rattacher au nouvel énoncé de la doctrine, et nous devons interpréter cette abstension moins comme un signe d'hostilité envers elle , que comme une marque de prudence scientifique. La doctrine de l'évolution, telle que l’a formulée Hæckel, et telle que nous allons essayer de la résumer de JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 235 rapidement, a pour base la connaissance approfondie des phénomènes du déve- loppement embryonnaire chez les divers animaux. Un initiateur comme Broca ne pouvait accepter d'enthousiasme une hypothèse quelconque, il ne pouvait s'y rattacher qu'après s'être rendu compte par lui-même de la valeur des faits. Or, nous l'avons dit, 2bsorbé par ses recherches sur l’encéphale, sur les circonvolutions cérébrales, par ses nombreux travaux de craniométrie, Broca n'avait fait que quelques rares incursions sur le domaine de l'embryologie : il se proposait d'aborder expérimentalement cet ordre de recherches, mais la mort nelui en a pas laissé le temps. C’est donc en toute confiance, c'est-à-dire persuadé de nous engager bien réellement dans la voie qui aurait été celle de Broca lui-même , que nous allons aborder l'exposé de la doctrine de l’évolution telle que l'a formulée Hæckel, et que, dans les leçons qui vont suivre , nous prendrons cette hypothèse comme guide pour l'étude comparée des stades embryonnaires. Tout en démontrant la variabilité des especes ei le passage de l’une à l’autre, c’est-à-dire leur origine par transformation de types primitifs, Darwin ne s'est prononcé ni sur le nombre, ni sur la nature de ces types primitifs. Il admet seulement pour le règne animal quatre ou cinq origines distinctes correspondant à peu près aux divisions zoologiques connues sous le nom d’embranchements : il ne considère pas comme impossible que ces souches du règne animal aient pu descendre d'un seul prototype, d’une seule forme primitive intermédiaire aux animaux et aux végétaux; mais cette vue, ajoute Darwin, ne pourrait être établie que par l’analogie , qui , dit-il , est souvent un guide trompeur. Ce que n’a pas fait Darwin, E. Hæckel , professeur de zoologie à l’université d'Iéna, n’a pas hésité à le tenter. Si les analogies permettent de supposer une parenté successive entre les divers degrés de l'échelle animale , en prenant l'expression de parenté dans le sens propre du mot, c'est-à-dire s'il est possible de supposer que, par exemple, il n’y a eu d'abord que des êtres monocellulaires comme les amibes, puis des êtres formés d’une petite masse de cellules semblables commeles synamibes, et dérivant des précédents par le simple fait de la division et subdivision de la cellule primitive seule compo- sante ; si l’on peut supposer que de ces synamibes sont dérivés les êtres qui , comme les éponges et les zoophytes, présentent une différenciation de ces cellules en un feuillet externe ou intestinal, avec un seul orifice servant à la fois à ingérer les aliments et à rejeter les résidus de la digestion, et un feuillet moyen intermédiaire aux deux précédents; si de ces animaux réduits à une sorte de sac on peut concevoir que, par la formation d'un nouvel orifice qui sera la bouche, l'orifice primitif constituant l'anus , soient sortis les animaux de la classe des vers, de ceux- ci, par l’apparition des bourgeons latéraux qui se développent en membres, les vertébrés inférieurs, se transformant eux-mêmes successivement en vertébrés supérieurs ; si cette série logique de suppositions est possible , y a-t-il des notions scientifiques qui puissent venir à l'appui de cette conception entièrement hypothé- tique ? À priori , il semble impossible de trouver des faits qui puissent venir jouer le rôle.de preuves ; cependant ces preuves existent: l’embryologie de chaque être en particulier les fournit d’une mamière qu’on aurait à peine osé espérer si complète. En effet, si l'hypothèse précédente est vraie, sa confirmation, sa preuve, une preuve comparable à celle qu’on emploie en arithmétique pratique , lorsque, par exemple, après avoir fait une division on en vérifie l'exactitude en multipliant le diviseur par le quotient et on reproduit le dividende, la preuve, disons-nous, de cette théorie serait acquise si les différentes phases du développement d'un vertébré, par exemple, reproduisaient successivement les diverses formes animales sus- indiquées , c'est-à-dire si l'embryon en question se présentait d’abord comme une simple cellule (amibe), puis comme un amas cellulaire (synamibe ) provenant de la subdivision de la cellule primitive, puis comme un sac à ouverture unique et 236 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. constitué essentiellement par un feuillet externe et un feuillet interne invaginé ( Gastrula de Hæckel) ; puis que ce sac acquit une seconde ouverture, la bouche ; qu'ultérieurement les bourgeons des membres fissent leur apparition , etc., de manière que le vertébré, dans son développement, aurait été successivement une amibe , une synamibe , une gastrœæa (comme celle des éponges et zoophytes), puis un ver, puis un poisson , et enfin un vertébré supérieur. Or, c'est précisément ce qui a lieu : depuis longtemps, et dès les débuts des recherches embryologiques, on avait remarqué que chacune des phases par lesquelles passe ‘un animal pendant son développement, représente une forme de la série animale : une connaissance plus approfondie du développement de chaque être a montré que la série des formes successives revêtues par l'organisme individuel, depuis l’œuf jusqu'à son entier développement, est une répétition en mimature de la série des degrés de l’échelle animale, c’est'à-dire, selon l'hypothèse évolution- niste , qui se trouve par cela même démontrée , une répétition de la longue suite de transformations subies par les ancêtres du même organisme depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Fritz Muller a formulé la loi en disant : « L'histoire de l'évolution embryonnaire d'un individu d'une espèce est une répétition courte et abrégée, une sorte de réca- pitulation de l’histoire de l'évolution de cette espèce. » L'histoire de l’évolution embryonnaire de l'être individuel , Hæckel lui donne le nom d'Ontogenie (äy, Gvtoe, être; évos, formation, développement); l'histoire de l'évolution de l'espèce, Hæckel, lui donne le nom Phylogénie, {gun , tribu; 4évoc, développement), et toute la doctrine de l’évolution ou de l'hæckélisme , comme on l’appelle aussi, est contenue dans cette courte formule de Hæckel : «. L'Ontogéenie est une courte récapitulation de la Phylogenie. » Nous ne saurions entrer ici dans tous les développements que comporte cette formule ; ils ont été exposés dans tous leurs détails par Hæckel, non seulement dans diverses monographies de zoologie pure , mais encore dans deux gros volumes de vulgarisation , que M.le docteur Ch. Letourneau a mis à la portée de nous tous: par ses savantes traductions. Nous aurons à y faire , dans le cours des leçons qui vont suivre, d'in RES emprunts , et aussi, il faut bien le dire, de nombreuses critiques: car, en établissant une théorie aussi vaste , l’auteur s’est forcément trouvé en face de lacunes, de faits embryologiques encore mal connus , et les hypothèses par lesquelles il a voulu combler ces vides, ne sont pas toujours confirmées par l'observation ultérieure ; cependant nous verrons que les faits nouveaux ne sortent presque jamais du cadre tracé par Hæckel, et que s'ils ne sont pas tels qu'il les a supposés, leur forme réelle n’est nullement en opposition avec la théorie générale; c'est ce qui nous apparaîtra notamment pour la théorie de la Gastrœa dont nous aurons tout d’ahord à nous occuper. Mais si nous ne pouvons pour lé moment entrer dans le détail des faits , surtout de ceux qui seront ultérieurement l'objet de notre étude , qu’il nous soit permis de donner encore quelques exemples qui, moins généraux que celui dont nous nous sommes servis pour esquisser une première idée de la doctrine, nous la feront mieux comprendre en lui donnant pour ainsi dire un corps saisissable. Prenons par exemple un vertébré qui, dans son histoire embryologique , est une des sources les plus fécondes d'enseignements philosophiques , de même qu'il a été aux mains des expérimentateurs la principale source de nos notions en physiologie, la grenouille commune : La femelle pond un œuf, qui, fécondé, se transforme en un être bien différent de sa mère ; cet être, vulgairement connu sous le nom de tétard (ou {arve de grenouille ), n’est pas un amphibie, mais un animal purement aquatique, pourvu d'une longue nageoire caudale, respirant par des branchies l'air dissous dans l'eau , et mourant asphyxié comme un poisson lorsqu'on le laisse à l'air libre, hors de son élément liquide: ce tétard est un poisson, non seulement par ses formes a JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 237 extérieures, par son appareil respiratoire, mais encore par les autres organes internes , par exemple par son appareil rénal , car le rein primitif (ou rein precur- seur ) du tétard est un rein cervical comme celui des poissons osseux les plus inférieurs. Mais ce poisson n'est qu’un état transitoire de la grenouille ; bientôt on lui voit apparaître des appendices latéraux sous formes de bourgeons qui se développent en membres, en même temps que les branchies s’atrophient avec oblitération de leurs vaisseaux, et que de la paroi inférieure du pharynx partent deux bourgeons creux donnant naissance à quelque chose de semblable d’abord à la vessie natatoire des poissons , mais fonctionnant bientôt comme poumons aériens. Or, ce n'est passeulement Ia grenouille qui est poisson à l’un de ces stades de développement ; un stade analogue se présente chez tous les vertébrés ; lors même que l'œuf qui leur donne naissance se développe dans l’intérieur de l'organe maternel, comme chez les animaux à gestation, chez les mammifères ; en effet, dans les premiers temps de la vie, intra-utérine l'embryon humain, comme celui du lapin , du chien , comme du reste celui des reptiles et des oiseaux, présente sur les côtés du cou des fentes dites branchiales, qui n'ayant pas de raison d’être en ce point , ne se développent pas, l'embryon ayant formé un autre organe, le placenta, par lequel il respire dans le sang de la mère, absolument, du reste, comme le poisson respire dans l’eau. Et ce que nous venons de voir pour l'appareil respira- toire, se vérifie de même pour chaque organe: le cœur à quatre loges du mammifère commence par un simple tube qui se contourne et reproduit successive- ment dans ses stades de formation le cœur d'un poisson, le cœur d'un batracien, le cœur et l'aorte d’un oiseau ; l'appareil rénal passe par trois phases distinctes, dont les deux premières reproduisent successivement les types permanents chez lés poissons , puis chez les batraciens. Si maintenant nous récapitulons la marche des études d’embryologie depuis que Wolf renversa la théorie de la préexistence des germes, nous ne pourrons nous défendre d’une juste admiration pour les progrès accomplis et la haute portée philosophique des faits acquis. Il n y a pas encore un siècle que tous les natura- listes admettaient la préexistence de l'être tout formé dans l'œuf, y existant avec tous ses organes. Comment , avec une pareille doctrine, les faits même les plus évidents de parenté probable entre diverses espèces pouvaient-ils arrêter l'attention des savants ? Comment penser à une évolution de l'espèce , puisque chaque individu d'une espèce était sensé créé depuis l’origine du monde avec ses organes définitifs et son type propre. Si au milieu d’une génération de naturalistes qui, avec les premiers principes de zoologie , avaient appris à croire à cette préexistence des germes , un homme comme Lamarck, par un trait de génie, entrevit les lois naturelles qui rattachent les formes organiques les unes aux autres, il faut admirer ce génie; mais il y a peu à s'étonner de l’ardeur de ses adversaires; car, avec l'éducation scientifique de l'époque , il était impossible qu'il ne fût pas combattu par tous. L'absence complète de notions embryologiques, et surtout les idées fausses encore régnantes dans trop d'esprits, devaient rendre alors impossible le succès de l'hypothèse transformiste, Par contre, quand, de nos jours , l'étude plus attentive du monde vivant est parvenue , entre les mains de Darwin , à accumuler tant de preuves en faveur de cette hypothèse, c’est l'embryologie, à son tour, qui est maintenant appelée à venir, par la connaissance exacte des phénomènes évolutifs , fournir à l'hypothèse transformiste les preuves les plus éclatantes et lui donner la valeur du fait démontré. | C'est pourquoi nous dirons en terminant que, outre ses applications particulières à l'étude de l’homme, l'embryologie , par sa haute portée en philosophie naturelle, devait trouver place dans l’enseignement de l'Ecole d'Anthropologie, et c'est avec la doctrine transformiste , c’est en nous appuyant sur les travaux de Darwin et de Hæckel que nous entreprendrons ici l’histoire du développement embryonnaire de 238 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. l’homme , afin de déterminer sa place dans l'échelle des êtres, ce qui est le principal but de l'anatomie anthropologique , celui auquel ont été consacrés les principaux travaux de Broca. D' Marxias Duvar, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. LES EAUX D’AULUS. \ On commence, et c'est avec raison, à trouver quil est temps de réagir contre la tendance trop générale qu'ont les médecins à con- seiller et les malades à adopter les eaux minérales allemandes, alors que nous possédons en France de nombreuses sources parfaitement capables de répondre aussi bien, souvent même beaucoup mieux, à toutes les exigences de la thérapeutique. Mais, si cela est vrai en général, c'est bien plus juste encore lorsqu'il s’agit d'eaux françaises quin'ont pas, à proprement parler, leur équiva- lent parmi les sources d'Allemagne. Beaucoup sont dans ce cas, et si elles ressemblent par leur composition chimique à certaines eaux allemandes, lorsqu'on vient à considérer de près leurs effets, on arrive à reconnaître que ceux-ci ne sont pas les mêmes, que certaines de nos eaux répondent à des indications plus nettes et que, par conséquent, leurs résultats sont bien plus sûrs. Certainement il ne manque pas en Allemagne d'eaux alcalines, sul- fatées calciques, mais nous avons en France toutes ces eaux, et, parmi celles-ci, certaines sources qui, par la facilité de leur usage, l’innocuité de leur action, la constance de leurs résultats, et l’on peut dire la cer- titude de leur efficacité, doivent être citées en première ligne. Plusieurs sont dans ce cas, nous l'avons dit, mais pour le moment nous ne voulons parler que des eaux d’Aulus. Aulus est un bourg de l'Ariège où, en 1833, fut découverte une source thermale ; nous n’avons pas à en faire ici l’histoire, nous dirons seule- ment que, depuis lors, l'efficacité surprenante de ces eaux y a amené de nombreux malades, deux autres sources ont été découvertes, un établissement important y a été fondé, et aujourd’hui les eaux d’Aulus sont classées parmi les plus utiles et sont appelées à faire à certaines eaux d'Allemagne, comme aussi à quelques sources françaises analogues, une redoutable et juste concurrence. Aulus compte donc aujourd'hui trois sources captées, la source Darmagnac, la première découverte, la source Bacque et celle des Trois-Césars. Leur composition diffère très peu et il est probable qu’elles provien- nent d'une même origine. L'analyse en a été faite par MM. Filhol et : re JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 239 Pinaud, par M. O. Henry, par le D' Garrigou. Ce sont, en somme, des eaux sulfatées calciques, sodiques et magnésiennes, contenant, de plus, une notable quantité de fer. La source Darmagnac renferme, par litre, 2 gr. 283 de sulfates, dans lesquels le sulfate de chaux entre pour 4 gr. 914, c’est-à-dire près de 2 grammes, le sulfate de soude pour 0 gr. 084 et le sulfate de magnésie pour 0,220. | La source Bacque donne, par litre, 1 gr. 774 de sulfate de chaux, 0 gr. 216 de suliate de magnésie et 0 gr. 008 de sulfate de soude. Quant à la source des Trois-Césars, elle parait intermédiaire comme minéralisation, entre la source Darmagnac, la plus riche en matières dissoutes et la source Bacque. Toutefois, elle est relativement plus calcaire. | Ajoutons que ces trois sources renferment une quantité relativement considérable de fer représenté par 2 ou 3 milligrammes de sesquioxyde, par litre. Enfin, elles contiennent de l'acide carbonique libre en assez forte proportion. Tels sont les résultats généraux d'analyses excessivement délicates et conduites avec le plus grand soin par le D' Garrigou. D'ailleurs, le savant médecin chimiste de Luchon, ne s'est pas borné, dans les remarquables travaux qu'il a entrepris sur ces eaux, en 1875 et 1877, à caractériser et à doser les principaux sels qu’elles contiennent, maïs il a recherché des substances qui n’y entrent que pour des quantités extrêmement faibles. Or, il est bien certain que l’action de ces subs- tances n'est pas nulle sur l'organisme, et permet même d'expliquer, aussi bien d’ailleurs pour les autres eaux minérales que pour celles d'Aulus, des effets qui ne sont pas entièrement explicables quand on n'a égard qu'aux substances dominantes et à la composition générale de l’eau, comme on l’a trop fait jusqu'ici. C'est ce qui fait aussi que les eaux minérales naturelles n'ont pas les mêmes effets que les imitations qu'on peut en faire dans le laboratoire du pharmacien. C'est ainsi que M. Garrigou signale à l'état de sels, dans les eaux d'Aulus,des acides phosphorique,borique,silicique et fluorhydrique, de la potasse, de la soude, de l’'ammoniaque, de la lithine et du rubidium décélés par l'analyse spectrale, de la strontiane, de l’alumine et, à côté du fer, du chrôme, du manganese, du nickel et du cobalt; puis, du cuivre, du plomb, de l’antimoine, peut être du tellure, enfin, de l’ar- senic et de l'iode, sans compter une notable quantité de matière organique. | : Les trois sources exploitées à Aulus sourdent à une même tempé- rature, environ 18° C. fixe, en hiver comme en été, c'est-à-dire que ce sont des eaux thermales. Néanmoins, comme cette température, notamment pendant la belle saison, n’est pas très différente de la tem- pérature moyenne de 24 heures, l'eau d’Aulus peut être recueillie, 240 JOURNAL DE MICROORAPHIE. mise en bouteilles, emmagasinée, expédiée au loin sans éprouver, comme certaines autres, une décomposition pardielle et sans perdre sensiblement de ses propriétés, sauf, peut-être, qu’elle abandonne un peu de son acide carbonique libre et laisse déposer une petite LR de fer, comme d’ailleurs toutes les eaux ferrugineuses. Comme action, on peut dire, d’une manière générale, que les eaux d’Aulus sont purgatives, diurétiques, et, comme résultat, dépuratives, mais en même temps, essentiellement stimulantes. Ces effets qui, au premier abord, paraissent complexes, se simpli- fient cependant lorsqu'on les examine de plus près. C’est ce que nous allons faire rapidement. | Purgatives. — Les eaux d’ Aulus sont certainement purgatives, mais à une certaine dose qui, le plus ordinairement, varie de 6 à 8 verres. Car à la dose de 2 ou 3 verres, elles ne sont.que laxatives. Il est bien entendu que nous parlons des cas ordinaires, car ilest des tempéraments sur lesquels on obtient une superpurgation avec un demi-verre d’eau de Pullna. | | Diurétiqnes. — Elles le sont certainement, et 1l est à remarquer, ce qui d’ailleurs est tout simple, que leur effet diurétique est, pour ainsi dire, complémentaire de l'effet purgatif. Lorsqu’elles agissent moins dans un sens, elles agissent davantage dans l’autre, et le résultat recherché est le même, c’est-à-dire qu’elles provoquent une remar- quable activité dans les échanges nutritifs, une rapidité extrême dans les mouvements d’assimilation et de désassimilation. Sous l'influence de cette excitation générale, que le D' Alriq explique physiologiquement par une action directe sur les terminaisons ner- veuses du grand sympathique qui préside à tous les phénomènes nutri- tifs, toutes les glandes sont prises d’une activité fonctionnelle des plus intenses ; le foie, les reins, les follicules gastriques, intestinaux sécrè- tent avec entrain, les excrétions se font avec rapidité et il n'est pas jusqu'aux glandes salivaires, aux follicules sudoripares et même aux . testicules qui n’éprouvent un surcroît d'activité. Les effets thérapeutiques de cette stimulation genérale sont faciles à déduire. Sous l'influence de l'excitation des glandes de l'appareil digestif, de la rapidité de l’assimilation et de la désassimilation qui en résulte, l'appétit éteint retrouve une vigueur inconnue, et avec l'appétit renaissent les forces des malades épuisés par la dyspepsie ; avec l'appétit et les forces physiques renaissent la force morale, la gaieté et l’activité. Ce qu'on appelle les engorgements glandulaires, les stases veineuses, les formations adipeuses, se dissipent, certaines diathèses sont arrêtées; les organes, subissant cet entraînement, retrouvent l’in- tégrité de: leurs fonctions et avec l'intégrité de leurs fonctions, la composition normale de leurs produits. JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. $ 241 C'est ainsi que, d’une part, la plupart des dyspepsies, beaucoup de maladies des organes urinaires, lorsque ni les unes niles autres ne résultent d'une altération histologique profonde des organes,certaines diathèses, au nombre desquelles il faut citer les diathèses rhumatismale et goutteuse, la syphilis à ses diverses phrases et dans ses différentes manifestations, les dégénérescences graisseuses, l'obésité par exemple, peuvent être, soit radicalement guéries, soit victorieusement enrayées. Mais, sans être ni complètement dyspeptiques, ni rhumatisants, ni goutteux, ui scrofuleux, ‘ni syphilisés, ni même intempestivement obèses, à combien d'entre nous n’arrive-t-il pas de se trouver, à un certain moment, à un certain àge, à la suite de travaux trop prolongés, de fatigues ou d’excès, réduits à une espèce d’affaiblissement, d’épui- sement général qui peut, par la suite, ouvrir la porte à un grand nombre de ces maladies, dites chroniques, lesquelles ne différent des maladies aigues qu’en cé qu’elles nous conduisent un peu plus lente- ment, mais d'ordinaire bien plus sûrement à la mort. A tous ceux-là, et ils sont nombreux, nous conseillons avec confiance les eaux d’Aulus, assurés que nous sommes, d'avance, des bons effets qu'ils en recueillent. Aux: uns, nous conseillons d’aller à Aulus même, où ils trouveront des médecins expérimentés quiles guidéront dans le choix de la source à laquelle ils doivent plus particulièrement s'adresser ; aux autres, ceux qui ne peuvent quitter leurs occupations . ou entreprendre ce voyage, nous dirons : faites la cure chez vous, si vous ne pouvez ‘prendre l'eau d’Aulus en boissons et en bains, prenez là seulement en boisson, quelques verres tous les matins, ou bien aux repas, en la mélant avec le vin; n’en craignez aucun inconvénient, ni douleurs, ni coliques, ni éruption. Et quand vous le pourrez, allez à Aulus. Certes, nous ne voulons pas dire que ces eaux soient une panacée qui guérisse tous les maux, mais il est certain qu’elles en guérissent beau- coup. C'est par expérience que nous en parlons, et les gens affaiblis entr'autres trouveront difficilement un stimulant vital plus énergique et plus sûr. D° J. PELLETAN. \ ERRATA. Page 118. — Ligne 12, au lieu de : XVII° siècle, lisez: XVIII siècle. — 156. — Ligne 1, au lieu de: Chilognatha, lisez : Chætognata. | — 162. — Ligne 7,en comptant par en ses au lieu de: Wittman, Lisez: Wigan. — 163. — Ligne 4, en comptant par en bas, au lieu de: Aptophrya, lisez, Haptophrya. 242 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Page 164. — Dernièresligne, et p. 166, ligne 9, au lieu de: Duplessis-Bourrey 4 lisez : Du Plessis Gouret. — 180. — Ligne 14, par en bas, au lieu de la signature: C. Sepwicr-MINoT , lisez : C. SEDGwICK-Minor. — 184. — Ligne 9 et 10 en comptant par en bas, au lieu de : l'étude des parasites de la vigne , lisez: l'étude des parasites du phylloxera de la vigne. — 185. — Ligne3, au lieu de: après l'introduction , lisez : après l'apparition — — Art. 19-20, des préparations microscopiques, au lieu de: Pelops. accomios , lisez : Pelops acromios. — — Art. 21-22, des prép. microscopiques, au lieu de: Feles morlicinus, lisez : Zeles morlicinus . — 186. — Ligne 1, au lieu de: M. C. SickLa, lisez : M. C. SICKLER. — 191. — Ligne 14, par en bas, au lieu de : ACHNANTES, lisez : ACHNANTHES. =D Qu Le GÉRANT : E. PROUT. PEPTONES PETSIOSS A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrême état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l’économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d'autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se En beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptanisée, 8 à 15 p. : Lu deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ce sont: CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se:liquifie à 35°. II contient par cuillerée à café la peptone re sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VEN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. . Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d'un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d’un ou deux verres. : INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie." — Cachexie. — Débilité.— Atonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, pharmacien, 8, rue Vivienne. — Hbétail : Pharmacie VIaL : 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiks, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. "ht mn him m te eo D mm LT mm, Cinquième année, N° 6. Juin 1881. JOURNAL DE HICROCGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D'J. PELLETAN. — Observations sur qnelques espèces de Saprolégniées, par M. Fr. B HINE. — Des organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite), lecons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. — Les Éponges d’eau douce, par M. H. Mizzs. — La langue de l’Abeiïlle, par le professeur A.-J. Cook. — Glandes et poils végétaux {fin), par M. A. C. S. — Découvertes récentes sur les Entomophtorées, per le professeur A. GARD. — Les feuillets blastodermiques des Planaires par le professeur E. SELENKA (trad. par M. Wertheimer). — Simple note sur la production de la Chlorophylle dans l'obscurité (fin), par M. J. D'ARBAUMONT.— Avis divers. REVUE. Dans sa séance publique annuelle du 14 mars dernier, l’Académie des Sciences a publié les résultats et décerné les prix des concours de l’année 1880. Parmi ces prix, il y eu avait un assez important, si l'on en juge par le chiffre. relativemnt élevé, de son allocation : six mille francs. — C'était le prix Boudet. — La fondation du prix Boudet est un hommage au Dieu Pasteur, dont M. Bouley , inspecteur général des écoles vétérinaires , est, comme on sait , le prophète. « Les travaux de M. Pasteur, avait dit M. Boudet, ont ouvert à la » médecine des voies nouvelles, un prix de six mille francs sera » décerné en 1880, par l'Académie des Sciences, à celui qui aura » fait de ces travaux l'application la plus utile à l'art de quérir. » La commission académique chargée de juger ce concours était composée de MM. Pasteur, Vulpian, Marey, Bouley et Gosselin, rapporteur. — Elle a conclu‘en reconnaissant « que M. Joseph Lister, a inventé, en s'appuyant sur les travaux de M. Pasteur, une théra- peutique chirurgicale des plus importantes, » et, à l'unanimité, elle a proposé de lui décerner le prix Boudet,. 246 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ‘LEE L'Académie a adopté les conclusions de ce rapport. Il peut paraitre tout naturel et même très juste que l’Académie des Sciences ait à cœur de rendre hommage à la méthode antiseptique de pansement. des plaies telle que l'a instituée le célèbre chirurgien d'Édiñhbourg. — Nous sommes de ceux qui reconnaissent volontiers les grands services qu'elle a rendus et qu’elle peut rendre encore, — bien d'autres, plus autorisés que nous en semblable matière, l'ont reconnu avant nous ; — il est vrai que, si les uns l'ont proclamé par conviction , les autres ne l'ont fait que par entraînement. Cependant, puisque la commission académique voulait récompenser l'application de l'acide phénique à « l’art de guérir », — elle le déclare elle même par l'organe de son rapporteur, M. Gosselin, qui a fait quelques réserves dans le but de réclamer pour lui-même cvrtaines applications du traitement par l'acide phénique, applications qu’il croit avoir inventées ; puisque , disons-nous , la commission voulait récom- penser le traitement chirurgical à l'acide phénique, ce n'était pas à Lister — qui n’a rien inventé , qu'un mode d'emploi, un modus faciendi, — qu'il fallait donner le prix Boudet , mais au D" Déclat qui , lui, a bien notoirement cté le premier à employer lacide phénique au traitemeut des maladies , aussi bien à l'extérieur qu’à l'intérieur, — intus et exlràa, comme on dit. De cette méthode antiseptique qui.met à profit les propriétés si remarquables et si neltes de l'acide phénique, on peut dire que le Dr Déclat est l’auteur et que M. Lister est — suivant la mode anglaise — l’adapteur. Mais donner à un savant français un prix important, c’est à quoi la commission académique n’a pu se résoudre. En couronnant un étranger, elle a pensé ménager tous les amours propres nationaux — et d’abord , sans doute, celui de ses membres. Qu'on nous permette donc la reproduction de quelques pièces. Et d’abord , nous trouvons dans le dernier Bulletin de l'Académie de Medecine de Belgique (1) au cours d’une très intéressante discus- sion sur le pansement des plaies, la déclaration suivante émanant du D' Borlée. l'éminent chirurgien de l'hôpital de Liège, qui est tout à fait désintéressé dans la question : « On a beaucoup exalté la méthode antiseptique de Lister ; on en a » tellement exagéré les merveilles, qu'aujourd'hui on serait accusé de » témérité, si l'on osait entreprendre une grande opération sans recou- » rir à cette méthode antiseptique, avec tous ses raffinements, toutes » ses règles minutieuses et compliquées. La méthode de Lister est » excellente; elle a produit une grande révolution dans la chirurgie , (1) Séance du 95 juin 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 247 » mais on employait l'acide phénique avant que l'ullustre chirurgien » eût fait connaître son procède.» (2). > Ne pas recourir à la méthode de Lister, avec toute son exhibition théâtrale qui rappelle les exorcismes du moyen âge, les pratiques de Mesmer . avec Son luxe de mise en scène , luxe bien inutile dans les grandes opérations, ce serait mériter d'être conduit en cour d'assises , a-t-on dit, parce que ce serait exposer la vie des malades. Il n'y aurait de salut pour les blessés et pour les opérés que si l'on mettait en pratique les règles minutieuses établies par Lister. Eh bien , les communications que j'ai eu l'honneur de faire à l’Académie, les nombreux succès que j'ai obtenus à l'hôpital de Liége, tout cela prouve que l’on obtient les mêmes résultats par une méthode plus simple, moins compliquée. » Ve ND NS NON ME VEINE Le D' Borlée emploie les ORNE à l’aide d’un autre ee l'alcool , méthode que nous n’avons pas à discuter ici. Ces pansements , ajoute-t-il, « sont très simples, peu dispendieux et » à la portée de tout le monde Il n'est pas nécessaire de recourir , > comme je le disais tantôt, à cette exhibition ; pour metre à exécution . >» le procédé de Lister, il faut le concours de plusieurs personnes. I] » en faut d’abord une qui, avant l'opération, pulvérise l’acide phé- » nique , pour plonger non seulement le patient, mais les aides et » l'opérateur, pendant tout le temps de l'opération, dans une atmos- » phère phéniquée ; ilfaut diriger les jets de solution phéniquée sur le » sujet qui va être soumis à l'opération; 1l faut tremper les instru- » ments dans cette solution et arroser de ce liquide toutes les pièces » de pansement. Cela demande beaucoup de temps. » De cette critique sévère, mais qui ne manque certainement de Justesse , de la méthode de Lister, nous n’avons rien à retenir pour le moment , ce qui nous frappe seulement dans le discours du D' Borlée, cest cette déclaration parfaitement catégorique : « on emplogait l'acide phénique avant que l'illustre chirurgien eût fait connaître son procède. > Et, en effet, M. Pasteur qui, dès 1865, dans une lettre au D' Déclat , reconnaissait l'importance et l'utilité des applications que celui-ci avait faites de l’acide phénique au traitement de certaines maladies , par conséquent à « l’art de guérir », M. Pasteur lui écrivait en 1874 : « Dans la lettre que j’ai reçue de M. Lister à la date du 10 février , » il s'exprime ainsi : «.... du système antiseptique que, depuis ces » neuf dernières années , je tâche d'amener à la perfection. » (1) C'est nous qui soulignons les passages en italiques. | D JP: 248 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « Vous avez donc, en effet, d’après la date citée page 69 de votre » opuscule , {a priorilé, ce que]J'ignorais. » Paris, 2 avril 1874. Signé : L. Pasteur. » Deux ans plus tard, M. Pasteur écrivait encore : > Le D' Déclat a fondé une médecine des maladies infectieuses sur > l'emploi d'un des meilleurs antiseptiques, l'acide phénique , d’après > cette présomption , que l’auteur dit lui avoir été suggérée également » par mes études sur la fermentation , savoir : que les maladies qui se » transmettent sont le produit, chacune, d’un ferment spécial, et que » la thérapeutique médicale ou chirurgicale doit s’efforcer d'empêcher » la pénétration des ferments venus de l'extérieur dans les liquides » de l’économie ou, s'ils y ont pénétré, de trouver des antiferments » pour les y détruire, sans toutefois altérer la vitalité des éléments » histologiques des liquides ou des tissus. » L. Pasteur (Etudes sur la bière, page 44. — 1876). Ajoutons qu'en 1878 , le professeur Sédillot s'exprimait ainsi : » M. Pasteur avait annoncé en 1860 qu'il préparait la voie à l'étude » de l’origine des maladies. En 1861, M: Déclat fut le premier à » faire usage de l'acide phénique dont il avait reconnu et constaté les » propriétés antiseptiques, et il publia à ce sujet un livre qui eût beau- > coup de retentissement, » » En 1867, M. le professeur Lister fit connaître sa méthode d’opé- > rations et de pansemeuts phéniqués , etc... » (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 11 mars 1878.) Il ressort donc bien de tout cela que M. Déclat , dès 1861, employait l'acide phénique, non seulement à l’intérieur mais à l'extérieur. Cela est, «ailleurs, amplement prouvé par la publication du livre dont parle le professeur Sédillot et « qui a eu un grand retentissement, » livre qui contient des observations authentiques de pansements par l'acide phénique , faits en 1861, par exemple, devant Nélaton , Gros et Maison- neuve — et dont les résultats frappèrent tellement Maisonneuve qu'il transporta ce nouveau mode de traitement à l'Hôtel-Dieu. Ajoutons qu'en 1865, M. Bouley, rev endiquait la priorité pour M. Déclat, devant l'Académie des Sciences, à l'occasion des propriétés curatives de l’acide phénique. « Le 4 janvier 1865 , M. Déclat, disait-1l, a » envoyé à l’Académie un mémoire manuscrit sur les applications médi- » cales de cet acide en médecine el en cHIRURGIE. — Dans ce mémoire , » imprimé depuis, se trouve le récit d’un cas de guérison de pustule » maligne par l'administration de l'acide phénique entus et extra. V NA NZ “AIHAV4DOUIIN A4 'IVN4NOS 249 » M. Bouley a vérifie le fait et se fait un devoir ‘de le: rapporter.» _(Comptes-rendus de l’'Acadèmie des Sciences , 17 sèm. 1865, n° 4, p:199.) Ainsi, la priorité de l'emploi de l'acide phénique en médecine et en CHIRURGIE. est prouvée en faveur de M. Déclat, — puisque celui-ci se servait de cet acide dans les pansements dès 1861, et que les premiers essais de M. Lister. de son aveu même, dans sa lettre de 1874 à M. Pateur, datent de 1865, époque à laquelle il employait précisément la solution à 10 pour 100 dans l'huile d'olive adoptée, en 1861, par M. Déclat. — Non seulement cette priorité est prouvée , mais elle est reconnue par la commission académique, ou, au moins, par son président et son inspirateur, M. Pasteur, le dieu , et par M. Bouley , son prophète. — Et la commission donne le prix à Joseph Lister ! — Et l'Académie adopte ces conclusions! Nous ne pensons pas que jamais conclusions aient été aussi... inattendues. Et nous parlons sans parti pris. Personne plus que nous n’est disposé arendre justice au talent du célèbre chirurgien anglais, mais nous croyons , et nos lecteurs penseront certainement comme nous, que du moment que l'on voulait récompenser la thérapeutique phéniquée , ce n’était pas en Angleterre quil fallait chercher un lauréat , ce n’était pas M. Lister qu'il fallait nommer, il fallait rester en France et, forcé- ment, choisir M. Déclat. Mais , le D" Déclat a employé l'acide phénique à l’intérieur dans le traitement des maladies infectieuses. Il semblerait que c'est cela qui n'a pas plu à la commission , car nous relevons dans le rapport de M. Gosselin des mots étonnants. Il y est dit, par exemple que,< plusieurs médecins », — M. Déclat n’est pas même cité, — ont employé l'acide phénique pour le traitement de ces maladies . espérant « produire des résultats heureux qu'ils auraient expliquès par une action hypothétique sur des germes invisibles PRÉSUMES causes de la maladie. » Comment! — au sein d'une commission dont fait partie M. Pasteur — et aussi M. Bouley — on-se permet de... blaguer (pardon) ! les germes invisibles qui ne sont plus que présumes causes des maladies infectieuses ! — Et M. Pasteur ne proteste pas, M. Bouley ne s’indigne pas! — Tous deux votent les conclusions, — à l'unanimité — et l’Académie les adopte ! | Mais si les germes ne sont plus que présumés causes des maladies, si la théorie des germes a des trous, qu'est-ce que nous allons devenir? | Que nos lecteurs nous excusent pour cette longue discussion et cette exhibition de pelits papiers; nous la compléterons prochainement par la reproduction d'un mémoire important — et tout récent — de 250 _ JOURNAL, DE MICROGRAPHIE. MM. Déclat et Paul André sur les maladies infectieuses produiles par des germes ou ferments et les moyens de les combattre. Pour plus amples détails sur la question du prix Boudet nous ne pouvons aujour- d'hui que renvoyer à l'intéressante publication du D" Déclat : {a Méde- cine des ferments. : D' J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX. OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES DE SAPROLÉGNIÉES 0) BIBLIOGRAPHIE BERKELEY , M. J. — Introdurtion lo Crytogamic Botany. 2 Cornu, Max. — Monographie des Saprolégniées, étude physiologique et systé- matique. (Ann. des Sc. Nat. T VI. Bot. 1872.) 3 HirpeBranDT.—- Notes Mycologiques , traduites des Yahrbücher de Pringsheim. (Ann. des Sc. Nat. Bot., T. VIII, 1867.) 4 LAiNDSTEDT. — Synopsis der Sap'olegnien, Berlin, 1872. 5 PRINGSHEIM. — Morphologie et étude systématique des Algues, trié Ann. des Sc. Nat. Bot. T. XI, 1859.) 6 PRINGSHEIM — Weiter Nachtrage sur Morphologie und systematik der Saprolegnien. (Jabrs. f. wirh Bot. Bd IX, H. 2, 1873.) 7T Sacs. — Text Book of Botany 8 THURET. — Recherches sur les Zoospores des Algues (Ann. des Sc. Nat, Bot., 3° sér. T. XIV, 1450.) Q REINKE, J. — Ueber die Geschlechtsverhalinisse von Saprolegnia rnonoïca. Arch. [. Mikr. Anat. Ba Y, p. 183-191.) Je ne veux donner comme nouveau pour la science, sous aucun rapport, les résultats de mes observations récentes sur les Saprolé- gniées ; je rapporte les faits tels que je les ai trouvés, non seulement à cause de l'intérêt particulier qu'ils présentent, mais surtout parce que cette famille n'a été l’chjet que de peu d'attention dans les publications anglaises, et aussi pour inaugurer l'étude des formes américaines et pour traiter de quelques unes qui n'ont pas encore été décrites. (1) Am, quart. micr. Jour. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 251 Suivant Lindstedt (3, — 49) (1) on doit la première mention d’une espèce appartenant à ce groupe à Ledermüller, qui, dès 1760, décri- vait une forme de Saprolegnia, probablement le $. ferax, croissant sur une mouche , et qu'il rangeait parmi les Confervacées. Depuis lors, il a été, à différentes occasions, question de ces plantes, mais les mémoires les plus étendues sont ceux de M. Cornu (2), en français, et de M. Pringsheim, en allemand (6); puis, entr'autres auteurs, Hildebrandt (3), De Bary, Reinke (9), Lindstedt (4), Thuret (8) ont publié des mémoires sur diverses espèces. Les Saprologniées sont des plantes aquatiques , parasites, presque incolores ; d'un gris clair à l'œil nu, ou formant une masse blanche, comme un coussin de filaments fins. Les premiers investigateurs (3), (5), (8), les rangèrent parmi les Algues, principalement à cause de la ressemblance de leur mode de reproduction avec celui de certaines Algues, et. aussi, parce qu'elles ont le même habitat. Il y a encore diversité d'opinion quant à leur vraie position ; mais les écrivains les plus récents les rangent généralement parmi les Champignons. J’ai fait quelques expériences au sujet de la détermination de leur rang , d’après la distinction des deux groupes donnée par le Rev. M. J. Berkeley (1), qui dit que « les Champignons diffèrent des Algues en ce qu'ils tirent leurs aliments des substances sur lesquelles ils vivent et non de l'air ou de l’eau ambiante comme le font les Algues. >» De même Julius Sachs déclare que « toutes les Algues contiennent de la chlorophyle et sont par là douces du pouvoir assimilateur ; tous les Champignons sont dépourvus de chloro- phylle , aussi sont-ils parasites , ou vivent sur des produits organisés en décomposition. » Les spécimens de Menobranchus laleralis, con- servés dans un réservoir à l’Université ont bientôt été attaqués par un _Saprolegnia , qui les a fait périr ; et, tandis que l'animal était encore en vie , après que les filaments de la plante s'étaient fixés sur lui, la peau pouvait être facilement soulevée après l'invasion, montrant par dessous une partie enflammée. D'un autre côté, les plantes écartées , à différentes époques, de la matrice où elles croissaient , présentaient un mycelhum très abondant. Il est reconnu que l’'Achlya profilera attaque le frai des poissons chez les pisciculteurs et cause beaucoup de dégâts. On sait aussi que les espèces de Saprolegnia envahissent souvent les poissons tenus en aquarium. En voici un bon exemple : Le 31 août, un certain nombre de poissons pris au filet , furent mis dans un aquarium de l'Université ; le 2 septembre, quelques perches et quelques « sun-fishes » étaient attaqués par ce champignon; ils paraissaient , à une petite distance comme recouverts d’un voile délicat, (1) Nous donnons ci-dessus une liste des ouvrages à consulter. Dans les renvois que nous y faisons, le premier nombre indique le numéro de l'ouvrage sur la liste, et le second , la page. 252 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. et, le lendemain matin, ils périssaient ; on voyait alors que la plante avait formé une enveloppe de mycélium sur tout l'animal. Une autre fois , quelques spécimens avec une petite quantité de matrice fongueuse furent soigneusement enlevés et placés dans de l’eau distillée, le résultat fut une croissance du champignon égale à celle qui se produisit sur les poissons abandonnés aux conditions normales. Cette expérience ne peut, cependant, être considérée comme satisfaisante, car les éléments organiques de la chair en décomposition pouvaient se dis- soudre dans l'eau et viciaient ainsi le résultat. Une expérience relative au mode d'assimilation a été faite ainsi qu'il suit : une tortue morte après avoir été en partie infestée par l'Achlya racemosa, fut mise, pendant trois jours dans un cabinet noir. Le résultat a été un développement très prononcé de la végétation, car, tandis qu'au moment où on l'avait placée dans le cabinet noir, une partie seulement de la tête etles pieds étaient attaqués, lorsqu'on l'enleva, un réseau épais de filaments ramifiés et rayonnants envelop- pait l'animal entier. Toutes les espèces que j'ai rencontrées se déve- loppaient sur des matières animales ou végétales en décomposition, ou causaient leur décomposition par leur développement ; les filaments complètement séparés de toute matrice et placés sous un couvre- objet, recouverts d'une cloche, pour maintenir l'humidité, montraient, après un certain développement, que le protoplasma ne remplissait pas à moitié les filaments. De là, après ce court examen, je suis venu à conclure que, d'accord .avec là distinction des deux groupes faite par nos autorités, cette famille de plantes vraiment parasites doit appartenir aux Physomycètes parmi les Champignons, où la placent Sachs (7-242) et Cornu (2-5). M. Cornu (2) sépare toute la famille en deux grands groupes : — les Saprolégniées proprement dites, et les Monoblépharidées ; les zoos- pores formant la distinction principale. Dans le premier groupe, ces zoospores sont réniformes avec deux cils inégaux , fixés à chacune de leurs extrémités, ou ovales avec des cils égaux fixés sur le front; tandis que, dans le second groupe , elles sont ovales et munies d’un seul cil. De plus , on a remarqué que, dans toutes les espèces de Sapro- legniées proprement dites , la paroi des filaments est formée de cellu- lose, se collorant en bleu par l’action de la solution de Shultze , tandis que dans les Monoblépharidées aucune réaction n'a F6 ce qui prouve que les parois ne sont pas formées de cellulose. La première division comprend six genres, dont deux ont surtout attiré mon attention : Saprolegna et Achlya dont nous parlerons plus loin. La seconde division ne comprend qu'un genre, Monoblepharis dont on n’a décrit que trois espèces, mais j'indiquerai plus loin une forme qui doit, sans doute, être considérée comme une quatrième espèce de ce genre. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 253 On attribue aux Saprolégnées deux modes de reproduction qui ren- dent ce groupe particulièrement intéressant. Dans un cas, il y a pro- duction de zoospores qui germent et croissent sans l'intervention d'aucun élément mâle ; tandis que , dans l’autre cas , il y a des organes mâles et femelles, et la fécondation a lieu en donnant naissance à une _spore, qui reste en repos pendant un temps beaucoup plus long que dans le premier cas , avant de germer. Le premier de ces modes a été étudié avec soin par moi et J'en donne ci-dessous une description com- plète , relative au genre Saprolegnia ; quant à la seconde forme, elle a été particulièrement décrite dans le genre Achlya. SAPROLEGNIA. Je ne puis désigner spéciquement la plante que je comprends dans ce genre , car autant que Je l'ai étudiée , elle présentait des caractères différents de ceux dont la description m'est connue; et, encore, Je ne puis la classer exactement comme une espèce distincte, puisque je n'aipu étudier les modes de reproduction sexuelle sur lesquels repo- sent les caractères les plus importants. C’est une espèce qui attaquait gravement les Ménobranches conservés, à différentes époques, dans un réservoir de l’Université. Elle semblait produire une irritation consi- dérable , et la mort s’en suivait inévitablement peu de jours après. Dans les cas que j'ai notés, la plante apparaissait d’abord juste sur la partie antérieure du crâne , puis à‘la partie postérieure de chaque joue ; enfin , s'étabissait en différents points du corps et des membres et couvrait bientôt complètement tout l'animal. Cela diffère complétement de la manière dont les autres formes dans j'ai parlé attaquent les poissons, car , pour celles-ci, la végétation est uniforme sur une large surface de l'animal, les filaments sont du même àge et recouvrent tout le corps. J'ai déjà fait remarquer les: effets de cette plante sur l'animal, c’est-à-dire que longtemps avant la mort , les parties infestées ont l'apparence de la chair en décomposition et peuvent être facilement arrachées de l’animal sans que les filaments se brisent ; les parties ainsi découvertes paraissent enflammées. Le champigron ressemble à un feutrage épais et grisâtre de fila- ments atteignant en moyenne environ 6 "" de longueur , et, lorsqu'on observe attentivement les sporanges, on voit qu'ils se font remarquer par leur nuance plus foncée (fig.1, pl. IX). En écartant soigneusement un groupe de filaments avec une paire de pinces, et en les plaçant sous un couvre objet, on remarque de grandes différences dans les divers filaments, suivant leur âge. Quand ils sont Jeunes , leur extrémité est toujours claire, tandis qu’au dessous ils deviennent très foncés à cause de leur contenu granuleux; ces granules deviennent moins 44 si bien que la plus grande partie du filament est presque claire. 254 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Pendant l'accroissement , les granules se concentrent davantage au sommet, et, lorsqu'ils sont devenus épais au point de rendre cette partie du filament opaque, un septum se forme et produit une cellule terminale d’une longueur d'environ huit fois sa largeur. Ce sporange est toujours plus large que le filament; il est quelque- fois cylindrique, mais généralement en forme de massue. Quatre heures après la formation du septum , les granules se sont disposés de manière à produire une apparence grumeleuse , et , quatre heures plus tard, le contenu du sporange est divisé en un grand nombre de corps sphériques (Fig. 2 , PI. IX), d'environ le quart du diamètre du sac , et, dans quelques cas que j'ai suivis, ceux-ci sortent du sporange , environ vingt-quatre heures après que le septum s’est formé. Immédiatement avant leur sortie , les zoospores prennent toujours , à la baSe, un mouvement oscillatoire, quise communique aux zoospores les plus proches en dessus et se propage ainsi jusqu'au sommet; il en résulte une pression qui, dans moins d’une minute, suffit à causer Ja rupture du sporange , rupture qui, dans les conditions normales n’a lieu qu'au sommet. Les zoospores sortent alors , d’abord très rapide- ment, si bien qu'il est impossible de les compter, mais, quand la moitié environ des zoospores est sortie ; les autres sont moins vives , bien , que toutefois, elles perdent rarement leur mouvement tant que toutes ne sont pas sorties du sac. En sortant, elles sont très compri- mées, si bien que, si quelques unes perdent leur faculté de mouvement avant de sortir , il leur est impossible de s'échapper de l'enveloppe. Quand elles sont sorties du sporange, qui se trouve vidé en une minute, elles nagent avec beaucoup de vivacité, autour de l'enveloppe, pendant près de quatre minutes, puis elles tombent au fond, perdent leurs cils et deviennent sphériques. Une heure et demie après , elles germent (Fig. 5), et, une heure plus tard, la végétation a pris un développement représenté dans la fig. 6. Excepté à l'extrémité, le filament végétatif est extrêmement transparent. Dans d’autres cas, les zoospores sorties à 42 h. 1/2, ont été trou- vées en germination à 3 h. 1/2 et, à ce moment, elles subissaient un changement très singulier. Un renflement, analogue à celui qu'on a vu dans la germination, apparaissait sur la zoospore, mais, au lieu de s’allonger, il s’élargissait graduellement en un corps sphérique et, en même temps, le contenu de la cellule - mère diminuait proportionnellement sur le côté opposé, et en quarante secondes il ne restait plus de la vieille zoospore qu'un sac délicat et transparent. Ce nouveau corps prenait un mouvement oscillatoire et,. en deux minutes, se’ séparait du vieux sac qui prenait une forme irrégulière (1), puis il nageait à l'eutour pendant trois minutes; c'est (1) J'ai vu depuis que M. Cornu a signalé cette transformation ; mais il dit que le nouveau corps est aussi pourvu de deux cils. Je n’en ai vu aucun sur les spécimens que j'ai étudiés. _— F.B. H. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 259 alors que ce corps tombait au fond , devenait sphérique , les plus gros granules se fixant sur le côté. La germination avait lieu vingt cinq minutes après. Le même changement a eu lieu sur toutes les zoospores remarquées dans ce sporange, et ils est produit dans d’autres cas, mais ilne se présente pas comme une règle. Le sporange était le premier formé sur le filament , et ne paraissait pas différent des autres du même âge. Pourquoi ce changement ? — Si nous ‘acceptons la thèse de M. Cornu , que la nouvelle forme est munie de cils. il semblerait que la paroi extérieure de la zoospore est comme le péricarpe de la graine. Mais, dans les spécimens que j'ai examinés avec un grossissement de 750 diamètres (fig. 12), je n'ai, dans aucun cas, observé de cils, et je pense que le mouvement d’oscillation lente qui s’est produit, pouvait être le résultat d’une légère différence entre la température intérieure de la cellule spore et celle du liquide ambiant; et cette différence pouvait provenir de ce que la paroi. cellulaire devient dure et distincte du protoplasma qu'elle contient, car ces zoospores restaient en repos beaucoup plus longtemps que celles qui germaient sans subir de chan- gement. | Aussitôt que le sporange était vide , la plante commençait à pousser à l'intérieur , et, en deux heures et demie, arrivait à plus de moitié de la cavité (fig. 4, PL. IX). Un nouveau sporange peut se former alors ou un peu avant que le filament ait poussé dans le vieux sac, ou, comme dans quelques Saprolegnia que j'ai étudiés depuis, le filament peut même produire après, un accroissement plus grand qu'il ne l'avait fait avant la formation du premier sporange. J'ai trouvé une espèce croissant sur quelques petits cabotins et qui, après le développement du premier sporange , produisait au dehors, comme je l’ai noté dans beaucoup de cas, une végétation très étendue et rameuse. C'étaient des spécimens conservés pour l'étude dans des cellules à culture. (2) et maintenus dans un courant d’eau. | L'espèce dont il est question , croissant sur les petits poissons, et dont je n'ai pu étudier que les formes parthénogénétiques , avait ceci de particulier , que les zoospores avaient des tailles très différentes dans le même sporange ; la taille variait de 0,01" à 0,021"% en diam. : les sporanges atteignaient environ 0,04" et le filament , 0,025» Ge longueur. Là, aussi on trouvait invariablement un petit nombre de zoospores restant dansle sac après son ouverture , parce qu’une grosse zoospore ne pouvant passer par l’ouverture , elle arrêtait ainsi derrière (2) Je trouve très satisfaisänte la méthode suivante pour conserver à l'état vivant des * spécimens en végétation sous un couvre objet. Elle consiste à placer le slide près d’un verre de montre contenant de l’eau et à poser un fil court, complétement mouillé, de manière qu’une de ses extrémités plonge dans le verre de montre et que l’autre s'applique contre le bord du couvre objet, Si l'appareil n’est pas placé sous une cloche, l'évaporation sera suffisante pour fournir toujours de l’eau sous le cover. 256 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. elle toutes les autres zoospores avant qu’elles ne se soient fixées au fond sous forme sphérique. Le nouveau filament est toujours rétréci lorsqu'il passe par l'ouverture du sac, montrant ainsi qu'il est étroite- ment comprimé , et il maintient les zoospores dans une poche sur un de ses cotés. Les zoospores développées ont toujours été beaucoup moins nombreuses que dans tous les autres spécimens : elles étaient au nombre de dix à dix-huit dans chaque sporange. Dans quelques uns des sacs qui n'avaient été ouverts que pendant très peu de temps, s’est trouvé un infusoire ayant près de deux fois la taille de la plus grosse Zoospore. Il devait avoir passé par l'ouverture des sporänges et ne pouvait plus en sortir. En étudiant, et spécialement en cultivant ces espèces, on ne peut que remarquer la rapidité avec laquelle elles se développent , surtout lors- qu’elles sont dans des conditions favorables. Pour éclaircir ce point, je présente la table suivante qui embrasse les résultats de la croissance notée à différents moments sur un filament jeune el moyen, sous un crossissement de 200 diamètres. Dans la première heure, les observa- tions étaient faites de cinq en cinq minutes ; dans la seconde, toutes les dix minutes, et ensuite après des temps variables. La première colonne représente le moment de la mesure et la seconde, la longeur des filaments. TABLE MONTRANT LA VITESSE DE LA CROISSANCE. h. m. longueur. h. m. longueur. h. m. longueur. 9.07 D.mni. 9.47 D4,7mm. 10.52 149 .mm 9:12 11.14: » 9.52 62.3 » 11.02 169.8 » 9.17 1654 » 9.57 70.1 » 11.22 208.4 » 9.22 22:37» 10.02 18.1 » 11.320 002 9.27 28.9 » 10.12 91.2 » 11.42 233.1» 9.3 OT 10:22 110.3 » 11:52 2417 $ 9.37 1 PRE 10.32 125.1 » 12.02 al, » 9.42 47.5 » 10.42 137.3 » D'après ces données, on voit que la croissance pour la première heure .-est de 6,5"n : fre la 2° heure, de 7, Gaum et dans la & heure de 6m» environ. Ces mesures, on doit se le rappeler, ont été prises sous un grossissement de 200 diamètres. La croissance, pendant le reste du temps, est beaucoup moindre, mais, si l’on en juge d'après l'apparence de la plante à huit heures, le matin suivant, je pênse que la croissance avait été aussi rapide que pendant le temps des premières mesures. Les ramifications élaient produites de 10h 07 à 10h42et, mesuraient 7, 8m par cinq minutes. Le temps nécessaire pour qu'une plante produisè un fruit de la — JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 257 zoospore varie beaucoup, selon les diverses conditions. Une masse de mycélium , sur laquelle on a pris le spécimen, a fructifié en quatre jours ; mais ce temps est assez long, si on le compare à d’autres obser- vations faites sur les mêmes germes, car le mycélium était déjà bien développé. Dans un cas, les zoospores ont été placées sur un slide avec un petit fragment de mouche , le premier sporange s’ouvrait au bout de trente heures environ , et le second, sur le même filament, huit heures plus tard. Je n'ai encore fait aucune observation satisfai- sante sur le second mode de reproduction dans ce genre, mais, d’après les meilleurs autorités sur ce groupe, il est, en principe , très ressemblant à ce qui est décrit plus loin pour le genre Achlya. FR. B. HINE. (À suivre). EXPLICATION DE LA PLANCHE IX. Extrémité d'un filament de Saprolegnia en végétation. Extrémité d’un filament devenu sporange, montrant les spores formees Sortie des zoospores. Filament poussant dans le sporange vidé. Zoospores venues au repos et germées. Rajeunissement des zoospores. Germination d’une zoospore après rajeunissement. Filament de Dictyochus, portion terminale et sporange. Filament en végétation X 200. Le mème. trois heures plus tard. Sporange s’ouvrant par un long tube. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) IV Il nous reste encore à parler d’un élément qu'on rencontre d’une manière constante dans tout ce groupe et qui est de la plus grande -mportance au point de vue de la physiologie de tous ces êtres. — C’est le noyau ou nucleus des Infusoires. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881 ,p. 63, 116, 156, 203. 258 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Le noyau des Infusoires était connu d'Ehrenberg qui le considérait comme un organe de la génération, un organe mâle; Siebold (Anatomie comparée des animaux invertébrés , 1848) et avec lui, toute l’école unicellulaire , l'a caractérisé comme le noyau de la cellule dont le corps de l'Infusoire représente le corps cellulaire ou le protoplasma. Au point de vue morphologique , le noyau présente trois disposi- tions principales. — La forme la plus simple et la plus commune est celle d’une petite masse arrondie ou elliptique, comme dans les Paramécies , Chilodons , etc. D'autres fois, tout en restant simple, le noyau prend la forme d’un cordon cylindrique plus ou moins long , quelquefois droit , le plus sou- vent diversement enroulé , — ce qui caractérise des familles entières , par exemple, les Euplotiens, la plupart des Vorticelliens , et, excep- tionnellement , beaucoup d'espèces appartenant à d’autres familles , les Prorodon niveus, Condylosioma vorlicella, Didinium nasu- Lum , etc. Enfin, dans une troisième classe , le noyau est représenté par des fragments isolés ou articles quelquefois au nombre de vingt à trente et même davantage. La disposition de ces fragments varie très cons- tamment dans les différentes espèces : chez la plupart des Oxytrichines, par exemple, les deux fragments sont placés l'un derrière l’autre, longitudinalement, dans l'axe du corps. Chez les Siylonychia, Pleurotricha, Kerona, il y a deux articles ; chez les Onychodromus. il y a quatre articles placés l’un derrière l'autre dans l'axe longitudinal. — Et cela, invariablement: le nombre des articles est toujours le même et leur disposition identique. Mais, d’autres fois, il y a sept, dix, douze articles et plus, et le noyau présente alors la forme en chapelet, (Stentors, Spirostomes, etc.) Les articles sont reliés les uns aux autres par un filament qui est comme le fil du chapelet. On peut se demander si chaque grain est un noyau distinct, — et l'Infusoire serait ainsi une cellule multinucléée , — ou bien si les grains sont les portions ou les articles d’un même noyau. M. Balbiani croit que c’est à cette dernière interprétation qu'il faut donner la préfé- rence. En effet, les articles sont reliés entr eux par des filaments , et ces filaments sont creux, tubulaires ; — C'est un tube formé par la membrane d'enveloppe qui entoure les grains et qui demeure vide dans l'intervalle de ces grains. Cette structure tubuleuse des filaments qui relient les articles est difficile à reconnaître dans les conditions ordi- naires, mais on ne peut avoir aucun doute à son égard, lorsque se produisent certaines modifications , par exemple , celles qu’on observe au moment de la division. Alors, le noyau ne forme qu’un gros cordon, * parce que la substance nucléaire qui formait les grains s’est répandue dans tout le tube qui est uniformément rempli par cette substance. Les filaments sont donc des tubes creux. _ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 259 Du reste , 1l y a des formes de transition entre le noyau en chapelet - et le noyau simplement cylindrique. Ainsi, chez les Spirostomes, le noyau affecte quelquefois la forme d'une masse cylindrique à la suite de laquelle s'ajoutent des grains ; puis, apparaît une nouvelle masse cylin- drique et d’autres grains ; — et ainsi de suite. Tous ces faits indiquent qu'il n’y a pas de différence essentielle entre le noyau cylindrique , en cordon simple , et le noyau en cordon moni- liforme. M. Balbiani ne connaît que deux types d’'Infusoires qui présen- tent réellement des noyaux distincts et isolés. Ce sont d’abord les Opalines , Infusoires parasites des Batraciens indigènes et de certains Vers. Chezelles , on trouve des noyaux vésiculeux qui paraissent bien indépendants les uns des autres. — Puis , le Loxodes rostrum, lun des plus gros infusoires de nos eaux douces; il présente de 20 à 26 noyaux, parfaitement distincts et indépendants les uns des autres. — Remarquons , en passant, l'analogie qu'offrent les noyaux du Zoæodes avec ceux que l’on connaît dans les cellules ordinaires. Ils présentent deux parties, une zone périphérique , assez épaisse, formant comme un cercle sur la coupe optique, et, au dedans, un corps globuleux _ séparé de la zone péripherique par une seconde zone, claire. — C'est une forme très commune chez les Rhizopodes, les Arcelles, par is “,) On peut encore se demander s'il existe réellement des Infusoires _ sans noyau, comme on l’a dit de certains Rhizopodes, les Monères , de Hæckel , groupe qui se restreint de plus en plus, à mesure qu'on connaît mieux ces êtres. — Oui, au premier abord. Aïnsi, chez l'Urostyla grandis, par exemple, en dehors de l’état de division ou de conjugaison, on ne peut reconnaître aucun noyau, même avec la plupart ._ des réacüfs. Tous les auteurs, Stein et même Balbiani, autrefois, le considéraient comme n'ayant de noyau qu'aux époques de reproduction, époques où ce noyau est, au contraire, énorme. Cependant , avec le vert de méthyle acidulé, M. Balbiani a réussi à découvrir, dans toutes les conditions , des noyaux en très grand nombre. Ou plutôt, c'est un noyau en chapelet excessivement allongé, décrivant des circonvolu- tions très nombreuses, un peloton contenant des centaines de parti- cules ou de grains très petits qui se teignent d'une manière intense par le vert de méthyle. Cependant, le noyau peut manquer, mais c’est par une sorte d’ano- - male, un vice de conformation. C’est un fait très singulier, observé récemment par M. Balbiani. Ainsi, chez le Paramecium Aurelia qui à un noyau si visible, ilarrive quels de trouver des individus dépourvus de noyau, même quand on les examine avec les réactifs. M. Balbiani a résolu l’énigme que présentent ces êtres sans noyau : ce sont de véritables monstres. Pendant la division par scission , quand le noyau s’est divisé en deux, il arrive quelquefois que les deux 960 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. moitiés du noyau au lieu de se répartir dans les deux moitiés du corps, restent dans la même. Alors , la seconde moitié, l'animal, postérieur , n’a pas de noyau, tandis que la première, l'animal antérieur, en a deux. L'animal postérieur vitnéanmoins , ce qui prouve que ce noyau n’a pas une influence très grande sur la vie individuelle, maïs il en est tout autrement quant à la reproduction. Bütschli est le seul auteur qui ait décrit un fait semblable , sur le Paramecium putrinum , dont il a vu un individu sans noyau en conjugaison avec un individu ànoyau. ll y a donc des Infusoires qui peuvent être considérés comme des êtres ou des cellules multinucléées , ainsi que certaines cellules végétales que l'on considérait autrefois comme dépourvues de noyau et qui, d’après les recherches de M. Schmitz et d’autres observateurs, possé- dent, au contraire, un grand nombre de noyaux. Tels sont les Sipho- cladiacées, les Caulerpa, etc., qui constituent aujourd'hui des cellules multinucléaires à noyaux très petits. Tels, encore, un grand nombre de Champignons inférieurs, les Saprolégniées, les Mucorinées, les Péronosporées, etc., que nagrère encore en croyait dépourvus d'élé- ments nucléaires. | Relativement à sa situation , on peut dire que le noyau des Infu- soires est toujours excentrique ; il proémine plus ou moins dans l'm- térieur, ou endoplasma, fixé à la face interne de la couche orticale ou exoplasma ; il est ordinairement fixé d’une manière assez solide pour ne pas pouvoir se déplacer et rester toujours dans la même posi- tion quels que soient les mouvements de l'animal. D'autres fois , au contraire , ses connexions avec la couche corticale sont assez lâches pour lui permettre des déplacements assez étendus. Ainsi, chez les Paramécies , au lieu de rester au milieu du corps, il se porte souvent en avant ouenarrière. Siebold a dit que les Infusoires tournent autour de leur noyau, celui-ci restant immobile ; ce n’est qu'une apparence. Le noyau tourne avec l’Infusoire. Pour le reconnaître, on n'a qu'à examiner de gros Infusoires qui ont un petit noyau excentrique : on voit que, quand l'animal tourne , le noyau décrit un arc de cercle autour de la ligne qui sert d’axe de rotation. Quant à sa structure intime, on peut distinguer dans le noyau une membrane d’enveloppe et un contenu. La membrane est délicate, anhyste, très tênue , transparente et rarement visible sans le secours des réactifs, de l’acide acétique, par exemple. Mais quand, en écrasant l'Infusoire , on met le noyau en contact avec l’eau , celle-ci pénètre par: endosmose sous la membrane qui se détache du contenu et devient perceptible. Le contenu est formé par une substance albumineuse , gra- nuleuse, jaunâtre, assez réfringente et qui sous l’action des acides, prend une teinte jaune sale plus ou moins foncée. Quelquelois, cette substance, finement granuleuse, prend un aspect fibrillaire , surtout au moment de la reproduction par scission. Quelquefois encore, le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 261 noyau paraît renfermer des vésicules ou vacuoles claires , placées au milieu d'une masse amorphe. Nous verrons plus tard comment il faut interprêter l'existence de ces vésicules. D'autres fois, le gros noyau cylindrique des Vorticelles paraît fragmenté en masses sphériques : nous reviendrons aussi sur cette particularité. Nous devoris , toutefois , signaler quelques formes remarquables du noyau , chez certains Infusoires. Chez les Chzlodons , chez une espèce qui habite les branchies d'un petit Crustacé d’eau douce, très commun, (le Gammarus pulex), espèce dont nous aurons à parler plus tard, le Sprrochona gemmipara , le noyau présente l'aspect d'une ceilule ordinaire, en ce qu'il contient une vésicule, qui représenterait le noyau de cette cellule , contenant elle-même un globule qui serait le nucléole. De plus, avec les réactifs colorants, on obtient des effets semblables à ceux que donnent les cellules ordinaires : ainsi, le carmin colore particulièrement la vésicule intérieure qui représente le noyau de la cellule. Avec le vert de méthyle, c’est l'inverse : c’est le globule interne qui devient d’un vert intense. Ce noyau des Infusoires présente donc des différences assez consi- dérables avec celui des cellules ordinaires. Cependant, même parmi les cellules ordinaires des tissus, on trouve des éléments qui rappellent la constitution du noyau des Infusoires. Par exemple, ces noyaux singuliers en forme de réseau qu'on voit dans les cellules de certains organes des Insectes , des chenilles , dans les tubes de Malpighi, dans les glandes séricigènes, les glandes cutanées , certains épithéliums , etc.. dont les cellules ont des noyaux ramifiés, divisés , sans corpus- cules clairs , ou nucléoles, internes, et tout à fait comparables à la substance qui forme le noyau d’une Vorticelle. Cette constitution particulière du noyau des Infusoires ne doit donc pas nous empêcher de considérer celui-ci comme un véritable noyau de cellule. La substance du noyau est probablement formée de nucléine, comme celle du noyau des cellules ordinaires. Ce sont là des recherches toutes recentes dues à Carl Brandt et Zacharias (4). On sait depuis assez longtemps, surtout depuis Miescher, qui a découvert la nucléine, substance particulièrement riche en phosphore, que cette matière constitue le noyau des cellules. Il en est de même du noyau des Infusoires. La nucléine esi insoluble dans le suc gastrique , suc gastrique artificiel résultant d'une macération d'estomac de jeune porc dans la glycérine. De Wittich prépare le suc gastrique artificiel avec un volume de la glycérine qui a extrait le ferment pepsique et trois volumes d'acide chlorhydrique à 2 pour 1000. Traité par ce réactif, le noyau des Infusoires ne se dissout pas non plus. Il prend même un contour accentué , devient brillant et ne disparait pas comme le pro- toplasma de la cellule, après un certain temps. Si on le traite par une (1) Bot. Zeilung, 18 mars 1881. ee TS + 262 _ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. solution faible de soude , il se dissout après s'être gonflé. Ce sont les réactions de la nucléine. Miescher, professeur à Bâle et collègue de His, a trouvé la nucléine dans les globules du pus , dans la laitance du Saumon, qui n'est formée que de spermatozoïdes purs. (Les spermatozoïdes ne seraient donc formés que par de la nucléine). Plus tard, Plosz a trouvé cette substance dans le noyau des globules rouges du sang des Oiseaux et des ovipares ; Hoppe Seyler dans la levure de bière; enfin, Zacharias, dans le noyau des cellules des plantes Phanérogames. (1) Enfin , M. Certes a signalé un autre caractère du noyau des Infu- soires. Quand on place des Infusoires vivants dans une dissolution de cyanine , le parenchyme se colore en bleu d'une manière plus ou moins intense et le noyau reste incolore, ce qui prouve encore qu'il a une composition chimique différente. Dans une solution faible de cyanine, les Infusoires peuvent vivre de vingt-quatre à trente-six heures, mais ils finissent par être tués, et alors le noyau se colore intensement , comme il le ferait en présence des autres teintures , carmin , héma- toxyline, ete. Ce n'est pas seulement par la grande différenciation de leur corps protoplasmique et de leur noyau que les Infusoires sont des êtres tout a fait particuliers ; chez un grand nombre d'espèces, on trouve un autre petit corpuscule qui à reçu de Siebold, qui l'a vu le premier chezle Paramecium bursaria, le nom de nucléole, terme fort impropre, mais, aujourd'hui, d’un usage général. À tous les points de vue, c'esi un nom défectueux ; aussi, vaudrait-il mieux appeler cet élément endo- plastule, avec Huxley, nom qui, au moins, ne préjuge rien, ou noyau accessoire, avec O. Hertwig, (Nebenkern). Avant les observations de Balbiani, en 1858, on ne le connaissait que chez quelques rares Infusoires, les Parainecium bursaria et Aurelia et deux ou trois autres espèces. Avant le travail présenté par Balbiani à l'Académie des sciences, en 1858, on croyait que cet élé- ment était très peu répandu, mais Balbiani a montré qu'il est presque (1) Zacharias a trouvé que lorsque les cellules en voie de division présentent cette phase dans laquelle on remarque les éléments que nous appelons filaments du fuseau et plaque nucléaire , si l’on traite le noyau par le suc gastrique, puis par la soude, les éléments de la plaque nucléaire se comportent comme la nucléine ; ils dérivent donc , comme le pense Strasbürger, des é'éments du noyau, tandis que les filaments du fuseau , qui sont dissous par le suc gastrique, se comportent comme du protoplasma ordinaire, — ce qui confirme encore les vues de Slrasbürger. Quand , à cette même phase, on traite le noyau par l'acide chiorhydrique concentré , il se produit un effet inverse: les éléments de la plaque nucléaire sont dissous , caractère de la nucléine , et les filaments du fuseau sont æespectés caractère du protoplama. Il en est de même avec le phosphate de soude qui dissout la plaque et respecte les filaments. Tous ces faits sont parfaitement conformes à ce que M. Balbiani a dit dans lo partie de ce cours consacrée à l'étude de la division des cellules. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 263 \ aussi général que le noyau lui-même : il l’a signalé chez un grand nom- bre de typesles plus répandus et anciennement connus , les Chilodons, des Oxytriches, des Stylonychies, des Euplotes. Plus tard, dans le Journal de Physiologie de Brown-Sequard , en 1860-1861 , il a montré l'existence du nucléole, chez les Vorticeiles, les Trachélies, les Bursaires, des Spirostomes, des Stentors, etc. Nous rappelons ces faits pour repousser les prétentions de quelques auteurs, comme M. Maupas, qui croient avoir vu, les premiers, le nucléole chez diverses espèces , notamment les Vorticelles et les Stentors , alors que M. Balbian: l'avait vu, décrit et figuré dix-neuf à vingt ans avant M. Maupas, car ses premiers travaux sur ce ce sujet remontent à 1861, et même 1858. Avant de parler de sa signification , examinons les caractères mor- phologiques du nucléole, et, d'abord, sa situation et sa forme. Il est toujours beaucoup plus petit que le noyau , lenticulaire ou globu- leux , placé presque toujours dans le voisinage du noyau, souvent à la surface de celui-ci, où même logé dans une petite excavation qui le moule en quelque sorte. Par conséquent, il faut toujours le chercher aux environs du noyau. Il est souvent visible sur l'animal vivant, sans artifice, ni réactif, mais le plus ordinairement , il n’est visible qu'à l'aide des réactifs, l'acide acétique , par exemple ; mais même à l’aide des réactifs, 1l est souvent très difficile à distinguer au milieu des globules graisseux si communément répandus dans le corps des Infu- soirs et que connaissent bien tous ceux qui ont observé ces animaux, pour les embarras qu'ils leurs causent. Il a la même réfringence, il est assez homogène ; mais le vert de methyle acétique de Balbiani est un réactif des plus précieux pour mettre en évidence les nucléoles si difficiles à apercevoir, car ceux-ci prennent une teinte très rapide et très prononcée. Souvent ,il n’y a pas d'autre élément qui se colore en vert, que le noyau et le nucléole , ou bien les noyaux et les nucléoles des Infusoires avalés par ces gros carnassiers et qui restent non digérés, même après que l'animal s’est dissous. | Relativement au nombre et à la situation du nucléole, on observe les faits suivants. Ilest souvent simple et, ordinairement , accompagne un noyau de même forme , (Paramécies). D’autres fois, le noyau reste simple , mais présente l'aspect rubané et est accompagné d’un nucléole non pas rubané, mais resté globuleux ou elliptique, (Vorticelles , Euplotes,. D'autres fois encore, le nucléole est multiple avec un noyau multiple ; alors, chaque article du noyau a souvent un petit nucléole spécial qui lui est adjoint. C'est ce quise produit dans la famiile des Oxylriches qui montre une très grande régularité dans la distribution des nucléoles, (Oxytricha, Pleurotricha, Kerona, quelques Sty- lonychia). Quelquefois, chaque article du noyau a deux nucléoles. Dans les espèces qui ont un noyau en long chapelet, ou moniliforme : 264 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. il arrive souvent que chaque grain est accompagné d’un petit nucléole, logé à la surface du grain. Cette observation, faite par M. Maupas, confirme celle que M. Balbiani avait faite longtemps avant lui. Les nucléoles , quand ils sont ainsi en plus ou moins grand nombre , ne sont jamais réunis entr'eux, mais toujours indépendants et isolés : et, comme ce sont de véritables petits noyaux, ainsi que nous le verrons , il en résulte que les Infusoires qui présentent beaucoup de nucléoles sont des cellules multinucléaires, non pas à cause de la pluralité des noyaux, comme chez les Stentors, attendu que les grains du noyau en chapelet, reliés les uns aux autres. ne forment qu'un noyau, mais à cause des nucléoles qui sont toujours indépendants ; ainsi , le fait seul de plusieurs nucléoles contitue ces êtres à l’état de cellules multinucléaire. À ce point de vue , un Infusoire est toujours une cellule à deux noyaux, au moins : le noyau et le nucléole. Les nucléoles ou endoplastules n’ont été observés que chez les Infu- soires ciliés. On ne lesa même pas trouvés dans les organismes leurs plus proches parents, les Flagellifères et les Acinètes, chez lesquels on ne connait que le noyau. Huxley avait proposé de séparer, sous le nom d'Endoplastica , les Infusoires , les Rhizopodes et les Grégarines, des Monères. Les Protozoaires se seraient ainsi divisés en deux . groupes : 1° Endoplashica , protozoaires à noyau, (Infusoires ciliés , flagellés , suceurs, Rhizopodes , Grégarines), 2° Monera, protozoaires sans noyau. On faisait rentrer dans ce groupe les Foramimifères qu'on croyait alors dépourvus de noyau et qui en contiennent, au contraire, un grand nombre; il faut donc les replacer parmi les Endoplashica: Mais on pourrait presque distinguer les Infusoires ciliés des autres Protozoaires , sous le nom d'£ndoplastulés, car ce n’est que chez eux que l’on a trouvé des nucléoles ou endoplastules. Nous disons «presque » car ilexiste un certain nombre d’Infusoires que l’on range ordinaire- ment parmi les ciliés et chez lesquels on n’a pas encore trouvé de nucléole. Telles sont les Opalines, Infusoires sans bouche ni anus, qui ont beaucoup de petits noyaux vésiculeux et qui constituent un type aberrant parmi les Infusoires ciliés. Il serait plus exact d’en former un groupe spécial à côté des [nfusoires ciliés. La structure du nucléole ressemble beaucoup à celle du noyau. On peut y considérer une membrane d’enveloppe et un contenu. La membrane est souvent assez dense, mais elle ne peut être reconnue qu'au contact de l'eau come celle dn noyau. Les réactifs produisent quelquefois, mais pas loujours , le même résultat. Enfin , lesmatières colorantes , le carmin, le vert de méthyle, l'hématoxyline communi- quent au nucléole la couleur que prend le noyau. Probablement donc. il est aussi formé de nuciéine. Maïs c'est par l'examen des change- l JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 265 ments qu'il éprouve aux différentes époques de la reproduction qu'on arrive à se faire la meilleure idée desla constitution du nucléole, ainsi que nous le verrons dans la suite. (A suivre). EXPLICATION DE LA PLANCHE X (Les organismes unicellulaires, p. 208, 209) Fig. 1 Appareil buccal et vibratile de l’Epistylis plicaitilis, d'après Stein. a bouche ; — o, disque vibratile (1) ; — p, pédoncule du disque ; — b, péris- tome ; — v, vésicule contractile ; — », nucléus. Fig. 2 Appareil digestif de l'Epistylis flavicans. o, entrée du vestibule ; — c, vestibule ; — b, bouche ; — a, anus; -— æ, œsophage ; — p, pharynx, — g, canal de Greeff, — d, péristome ; — 7, disque vibratile ; — v, vésicule contractile ; s, soie de Lachniann. Fig. 3 Appareil digestif du Carchesium polypinum , vu par la face antérieure. — (Figures schématique). o, entrée du vestibule ; — c, vestibule ; — &, bouche, — a, anus; æ, œæsophage ; — p,pharynx (contenant un bol alimentaire) ; — d, péristome ; i, r, rangée spirale des cils de l'organe vibratile ; — s soie de Lachmann. (Glandes et poils végétaux , p, 220). Fig. 4 — Poil étoilé de Deulzia. Fig. 5 — Poil glanduleux de Paulownia imperialis. >» 6 — Poil rameux de Cheiranihus. » 7 — Poil de Daucus carota. (La langue de l’Abeille , par le prof. Cook, page 270). Fig. À — Langue de l'abeille; — c,cardons ou charnières ; — st, base des machoires ; — mp, palpes maxillaires ; — mx, — l, machoires ;'— m, mentum ; — b, tiges chitineuses fixant le mentum ; — p, paraglosses ; — k, palpes labiaux ; — #, ligule ; — f, entonnoir. Fig. B — :,ligule; — S, gaine ou fourreau creusé d'une rainure dans toute sa longueur ; — KR, tige sortant par la rainure. Fig. C — Coupe transversale de la ligule : $, fourreau ; s — membrane repliée qui réunit la tige R aux bords de la fente ou rainure. LES ÉPONGES D EAU DOUCE. (Fin) (à. Deux figures très claires accompagnent le mémoire de M. Fullagar. Les petits spicules des ovaires, dont il a été fait mention, sont biro- tulés et ressemblent à deux roues dentées réunies par un axe. Dans les (1) Dans quelques planches , cette lettre o a été remplacée par d. {2) Voir Journal de Micrographie ; T. IV, 1880, p. 285. 266 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. préparations que j'ai faites , les ovaires se sont en partie affaissés dans le montage. Le bord supérieur tombe et forme une cavité. Dans ces cavités on peut voir en partie les foramina entourant la plus grande partie des ovaires, on peut apercevoir les spicules birotulés en grande abondance. Une citation de Bowerbank dirigera plus exacte- ment l'attention sur un ou deux points sur lesquels mes expériences jettent quelque lumière. Parlant des spicules birotulés , il dit : « Ils sont très étroitement serrés ensemble, et leurs extrémités rayonnent du centre de l'ovaire à la circonférence ; les rotules externes (1) sup- portent la surface extérieure de la paroï, alors que les rotules internes supportent la surface intérieure ». J1 dit, plus loin : « Carter, dans son mémoire sur les Éponges d’eau douce, à l'île de Bombay, décrivant les spicules birotulés du Spongilla Meyent et du S. plumosa, espèces dont les ovaires ressemblent beaucoup à ceux du S. fluviatilis, déclare que les espaces entre les spicules rotulés sont remplis par une matière blanche, siliceuse ou amorphe, quiles maintient en position ». Bowerbank dit qu’il doit à l’amabilité et à la libéralité de l’auteur, Carter, des spécimens de ces espèces, spécimens qu'il a soumis a action de l'acide nitrique, mais il n’a jamais réussi à découvrir une substance siliceuse intermédiaire. « Je n'ai jamais trouvé, dit-il, une semblable matière cimentante dans aucune autre Spongilla ainsi cons- tituée >». Mes préparations montrent parfaitement ce à quoi Carter fait allusion, si ce n’est que cette matière n’est pas blanche, amorphe, mais d'une couleur brunâtre , et me paraît un dépôt de chaux , plutôt que de silice , dépôt qui disparait facilement sous l’action d'un acide fort et de la chaleur. Je trouve qu'il est très difficile de déterminer le caractère de la paroi des ovaires. Avant, pendant quelque temps , soumis à l’action de l'acide nitrique chaud un fragment d’éporge contenant quelques ovaires, j'ai, dans le montage, appuyé suffisamment sur le slide pour écraser les ovaires. Comme résullat,je trouve que, dans quelques cas, une portion de la cavité est brisée et glissée en avant, de sorte qu'on obtient une coupe optique de la paroi avecles spicules birotulés 2 situ. Dans cette coupe, les rotules internes ne paraissent pas contenir la surface intérieure de la paroi, c’est-à-dire qu'ils ne la traversent pas et ne souliennent pas cette surface. Cependant, si nous mettons au point un peu bas , en nous servant au moins d'un objectif d'un demi-pouce, nous trouvons que les spicules rotulés sont très visibles dans la concavité de (1) Le texte dit : « The distal rotules » et « proximal rotules ». Distal s'applique aux extrémités exlernes ou périphérique des spicules, par opposition à proæimal, qui désigne les extrémilés centrales ou internes de ces mêmes spicules qui sont rolulés où sp.utulés aux deux bouts. — Trad. = —@—————— — —— —— —— — — ———————"——————————"—"————————————.—….—.…"—"—…—_—_—_—_—— ,—2_—…—__— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 267 la capsule des œufs, vide. C’est ce que je ne puis expliquer, à moins que l'acide n'ait enlevé une portion de la surface intérieure de la paroi, et mis à découvert les spicules rotulés. Dans une autre partie de la même préparation, on observe quelque chose qu'on peut prendre pour une autre paroi mince, et pendant un certain temps, durant mes recher- ches, j'ai supposé qu'il y avait, réellement, deux parois. Plus tard, l'observation m'a montré que la membrane qui présente cette appa- rence faisait l'office de placenta pour le contenu de l'ovaire. Dans un ou deux ovaires préparés sur les slides, ces membranes ont glissé en dehors, entrainant avec elles quelques spicules. Je n'ai pas connaissance qu'il y ait, aujourd'hui, quelque hésitation chez les naturalistes sur le droit qu'ont les Spongiaires d’être classés dans le règne animal. La difficulté a été et est encore de savoir à quel rang les placer dans la série. Depuis qu'on les a tirés du règne végétal jusqu'à ces dernières années, on les a rangés parmi les Protozoaires , classe la plus inférieure du règne animal. Plus récem- ment, quelques écrivains , entr'autres Hæckel, et, je pense, Huxley et Hyatt, de Ja Société d'Histoire Naturelle de Boston. les ont classés parmi les Métazoaires, ou animaux qui portent des œufs ; mais. comme ils peuvent présenter les caractères et des Protozoaires et de: Miia- zZoaires, nous concluons que leur place taxonomique réelle ne pourra être désignée que quand des observateurs intelligents et persévérants auront mieux fait connaître leur mode de propagaton et la véritable histoire de leur vie. Nous passerons en revue quelques idées avancées par certains des auteurs qui ont étudié ce sujet dans des circonstances plus favorables et nous tirerons ce que nous pourrons de leurs travaux. W. Saville Kent, un des plus grands observateurs des monades fla- gellées, dit : « Si, comme l'affirment Hæckel et les défenseurs, en to- talité ou en partie, de sa doctrine, les Eponges sont composées de membranes multü-cellulaires séparées, ou tissus, elles trouvent indubita- blement leurs plus proches parents parmi les Cœlentérées, renfermant les Anémones de mer ct les Zoophytes Hydroïides. Si, d’un autre côté, comme le représente le professeur Clark, elles sont composées d’agré- gations de monades flagellées, à collet, unicellilaires, leur place est incontestablement près des plus simples Protozoaires unicellulaires, renfermant les monades ordinaires, les Rhizopodes et les Infusoires. » Kent, dit plus loin : « Etant donnée une seule de ces Monades d'Éponge, telles que nous les avons décrites comme tapissant les chambres et les canaux, il suffit de très peu de temps pour qu’un corps d'Éponge com- plet se forme dessus. C’est par une exsudation mucilagineuse de sa surface que la base du syncylium ou sarcode se fonde. Par un pro- cessus répété de clivage ou fissi-gemmation, là monade-éponge origi- naire se multiplie promptement, bien que cela se fasse encore plus 268 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. rapidement et plus efficacement par l° SRE EE qui se produit plus tard et la rupture des COrps des nomades enkystées en « spores. » Hyatt, considérant l Éponge comme un animal et un individu et non comme une colonie, s'exprime ainsi : « Il existe une membrane exté- rieure, l'ectoderme, une membrane intérieure, l'endoderme , et une membrane moyenne, le mésoderme ; elles constituent le squelette et forment l'œuf et les spermatozoaires. L'Éponge est produite par un seul œuf qui croît sans bourgeonnement, par la multiplication des cel- lules des parties extérieures qui peuvent s'étendre en branches ; mais dans ce cas, celles-ci ne sont pas plus produites et formées par un bour- geon que quand l’ensemble reste à l’état de masse ronde et aplatie. » Barrois, cité par Hyatt; dit : « Après que les cellules (des œufs) se sont pourvues des collets particuliers et des flagellums, qui sont si ca- ractéristiques des jeunes, celles qui entourent le « pôle ouvert sont axtrêmement agrandies. » Hyatt lui-même ajoute : « Lorsque l’é époque convenable approche, l’'Éponge choisit quel- qu'endroit approprié, une surface solide, et s'attache pour la vie en étendant au dehors, sur la surface où elle doit s'attacher, un petit disque suceur couronné d’un coussin circulaire, disque qui s’est formé à une deses extrémités. » Ce sont, d'après Hyatt, de petits corps Jau- nâtres et opaques. » Il dit qu'ils proviennent du mésoderme dont ils se sont séparés au moyen de leurs flagellums. Le Micrographic Dictionary dit que les œufs sont formés par des cellules qui se séparent elles-mêmes du sarcode, et acquièrent un noyau et un nucléole. Les cellules granuleuses crèvent, et les sperma- tozoaires se détachent pour venir en contact avec les cellules-œufs, qu'ils fécondent, déterminant ainsi le développement de germes ciliés; ceux-ci s’échappent des cellules-œufs, nagent librement et, fina- lement, s’attachent à quelque corps pour devenir Spongilles. L'endoderme, dont il a été déjà parlé, s'étend à travers toutes les chambres et canaux de l'Éponge ; c'est, pour ainsi dire, le siège des myriades de travailleurs qui vont construire un organisme complet ou, d’après Kent, une communauté spongiaire. Hyatt parlant plus loin de ces Monades et de leur manière de se nourrir, dit : «Les particules alimentaires sont digérées, non dans des estomacs permanents, car ces cellules n'en ont pas, mais au moyen de petites vacuoles ou estomacs temporaires, comme on peut les appeler, qui sont formés autour de chaque particule. Les rebuts ou les parti- cules non digérées sont finalement évacuées des mêmes parties et rejetées par une ouverture opposée à celle par où est entrée la nourri- ture. » (1). (1) Comme cetle action est entierement ‘aractéristique de l'Amibe, une des formes les Ll JOURNAT, DE MICROGRAPHIE. 269 M. Bowerbank a accordé une grande attention à ce sujet de la _ propagation des Spongiaires et dit : « Des recherches des différents auteurs qui ont écrit sur la structure et le développement de ces orga- nismes, les Éponges d'eau douce et les Éponges marines, il semble résulter qu'il y à trois modes de propagation bien établis : Le premier par des œufs ; le second, par gemmation ; et le troisième, par division spontanée du sarcode. Les mots œufs et gemmules, dit-il, ont été employés si indistinctement par les auteurs qu'il semble utile de définir et de limiter leur emploi de manière à distinguer l'une de l’autre chaque forme du corps reproducteur. Un examen attentif des résultats de mes propres recherches et de celles des observateurs qui m'ont précédé, montre que les formes suivantes peuvent être considé- rées comme des variétés dans le mode de propagation des Spongiaires : 4° Par des œufs , sans ovaire. 2 Par des œufs produits dans des ovaires. 3 Par des gemmules sécrétés dans l'Éponge. 4 Par gemmules produits extérieurement. 5° Par division spontanée du sarcode. » Les Spongilles trouvées dans la rivière du Niagara par notre Prési- dent et moi-même, sont de deux Ha L'une est tellement ressem- blaute à celle décrite par Dawson comme S - asperrima, que J'ai donné ce nom, au moins provisoirement, aux spécimens montés que j'ai pré- parés. Dawson décrit ainsi les S. asperrima : Spongilla asperrima, nov. spec. — Éponge sessile , incrustante, mince , à surface légèrement ondulée. Oscules assez larges et disper- sés. Spicules du squelette, fusiformes, acérés , légèrement arqués ; solides , fortement pointus, sauf à l'extrémité externe ; longueur de 0,01 à 0,009. Ils sont mêlés à d’autres un peu plus minces. Pointes fines et aiguës. Ovaires sub-globuleux ; diamètre de près de 0,02. Spicules birotulés, courts ; rotules d'égale grandeur, plates , très profondément divisées , larges de 0,0005 , ou plus grandes que la lon- gueur de la tige ; rayons non pointus ; tige avec une bosse distincte à chaque extrémité ». La longueur des tiges, dans notre spécimen , semble avoir environ 0,0007. Les bosses des extrémités de l’axe des spicules birotulés, dans ce spécimen , présentent en partie le caractère de grande réfringence appartenant aux spicules, et offrent des apparences assez difficiles à plus inférieures des Protozoaires , nous pouvons la regarder comme un argument en faveur du rang très élevé qu’occuperaient ces monades. Le processus alimentaire chez cette monade flagellée est admirablement décrit et illustré dans un article par M. W. Saville Kent, et publié dans le Scientific American Supplement , N° 126 ( Voir Journal de Micrographie, T. 11). — H. M. 970 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. interprêter. En regardant par dessus, à travers Les renflements et les tiges des spicules, on peut à peine se défendre de cette conclusion, que les tiges sont tubulaires , et qu'on voit à travers elles dans l'intérienr de l'ovaire. Pour constater ce détail , on doit chercher des parties qui | ont échappé à l’action de l'acide. L'autre spécimen, trouvé par le Prof. Kellicott, et qu ‘il m'a présenté, est, je pense , une espêce innommée, bien que M. Dawson, à qui J al envoyé un pelit fragment, pense que cela peut être le S. Baile: yr. Sa description terminera ce mémoire. Éponge basse , branchue, verte, croissant à la surface des pierres , dans des eaux peu profondes. Les spicules formant le squelette sont fusiformes et acérés, légèrement arqués, de grosseur moyenne, et épi- neux. Les épines courtes, et distribuées sans ordre, à pointes nues , d'une longueur de 0,01 à 0,012. Ces spicules sont mêlés à un grand nombre d'autre spicules, minces et délicats, à pointe épaisse, d’une longueur de 0,009, dispersés en groupe sur le slide du spécimen monté. On ne peut dire quelle est leur vraie situation dans l'Éponge. Les ovaires sont sphériques ; le diamètre est de 0,02. Foramen tubu- _leux, et le tube est terminé par cinq prolongements digitiformes, res- semblant, en quelque sorte, à des tentacules. Spicules birotulés ; longs, très délicats ; longueur de l'axe, 0,0015, avec une ou plusieurs grosses épines sur l'axe. Rotules légérement arquées, égales en grandeur. Longueur du tube à l'ouverture : 0,01 ; longueur des prolongements en forme de tentacules : 1 pouce 50 à 1 p. 80. HENRY Mis. LA LANGUE DE L’ABEILLE. L'abeille est, et a longt-mps été, d’une grande importance pour le monde commercial, et, par le charme inséparable de son étude , elle a amenc un grand nombre de savants les plus habiies à étudier avec soin sa structure eb son genre de vie. Cependant, je ne sais pas s’il existe aujourd'hui une description exacte de la langue de l'abeille, et du procédé qu'emploie l'insecte pour prendre sa nourriture. La litté- -rature de ce sujet abonde en données confuses et inexactes. Les hommes les plus érudits, ceux-là mèmes dont les travaux sont ordinairement faits avec le plus de soin etd’exactitude, comme Réaumur, Newport et Carpenter, ont accrédité beaucoup d'erreurs palpables. La dernière édition, mème, de l'Encyclopedia Britannica a encore 4) Amer. Nat. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 271 réédité ces vues anciennes et erronées. PERS brièvement quelques unes de ces descriptions. Hoog dit que la langue de l'abeille est cylindrique : Kirby, Spence et Neighbour déclarent qu’elle est plate ; Réaumur et Chambers pr'é- tendent qu'elle est entre l’un et l’autre. Réaumur, Newport, Kirby, Spence, Carpenter, Shuckard, Bevan et Hunter, affirment tous qu elle est solide et que le miel est suce ou monte à travers un tube formé par le rapprochement intime des mâàchoïres , du labium et des palpes labiaux. Newport parle d’un fourreau poilu placé le long du côté inférieur des deux tiers de l'organe à partir de sa base. D'après Neigh- bour , il y aurait une rainure d’un bout à l’autre de la longueur de la langue , tandis que Swammerdam, Lamarck, Burmeister, Wildman et Munn prétendent que l’organe est tubulaire. Newport et Carpenter déclarent que la langue de l'abeille est musculaire, ce que nient Cuvier, Réaumur et Chambers. Que les abeilles lapent le nectar, Réaumur, Newport, Kirby et Spence , Savigny, Carpenter , Bevan et Hunter j'affirment ; tandis que Swammerdam, Wildmann , Lamarck , Burmeister, Munn et Neighbour prétendent que les abeilles succent.les liquides. Au milieu de ce confit d'opinions, voyons s il ne nous est pas possible de distinguer la vérité. Pour cela, il faut étudier attentivement l'organe et examiner l’insecte lorsqu'il le remplit de miel ou d'un autre liquide. Dans le numéro d'avril; 1878, du Journal de la Soctiely of Natural History de Cincinnati, M. V. T. Chambers , habile entomologiste de Covington, Kentucky, a publié un mémoire très remarquable sur ce sujet. Dans l'Americain Quarterly Microscopical Journal de 1879, p. 287, le même sujet a été présenté dans un article parfaitement illustré de M. J. D. Hyatt, président de la Microscopical Society de New-Yorck. J'ai appris que Wolff a publié un mémoire bien illustré sur l'anatomie de l'abeille, mémoire qu'à mon grand regret je n'ai point vu. D'après les mémoires de MM. Chambers et Hyatt, ainsi que mes propres recherches et observations, je puis présenter les faits suivants. Les parties buccales mises en réquisition lorsque l’insecte fait ar.iver le liquide dans son pharynx , sont les mâchoires et le labium. Les mâchoires, ou seconde paire de mandibules , (m æ, Fig. À, PI. X) sont situées de chaque côté du labium. Elles sont fixées à la tête par de solides charnières /c , c, Fig. A) formées de substance chiti- neuse. En avant de la charnière s'étendent des parties plus aplaties (voir sé, s dans la fig. A) qui sont aussi entièrement chitineuses. De ces parties se projettent les bandes triangulaires profondément sillon- nées (/, 4, Fig. A). Elles sont plus membraneuses, mais elles sont raffermies par un cordon de chitine qui s'étend jusqu'au sommet. À la base, on voit les palpes maxillaires très rudimentaires (719, mp, Fig. A.) et des poils épars se projettent des bords internes. Quand les x £: ï ee ——-—— me 272 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. mâchoires sont étroitement rapprochées, elles forment un tube que prolonge une membrane incolore jusqu’à son ouverture dans le pharynx. Cette ouverture est au-dessous du labium et entre les mandibules. La membrane incolore se continue avec l’épipharynx. Les muscles qui meuvent les màächoires sont solidement fixés aux charnières €, €, et aux pièces s4, sl. | Le labium, ou lèvre inférieure de l'abeille ouvrière, est long de vingt- trois à vingt-sept centièmes de pouce. Il consiste en une partie centrale, et deux paires d’appendices, les paraglosses (p,p, Fig. A) et les palpes labiaux (4, k,. La partie centrale se divise en: un segment basilaire ou mentum, qui a les 2/7 de l'organe (m), et un segment terminal ou ligule qui a 9/7 (4). Le mentum a environ 7/100 de pouce , comme longueur. Il est relié au sub-mentum (0), qui est lui-même fixé aux mâchoires par deux tiges chitineuses (b, b). Ces tiges permettent un mouvement facile, et servent à fixer les muscles qui mettent le labium en mouve- ment. Le mentum est un cylindre aplati; son plan et ses côtés sont épais et opaques à cause de l'abondance de chitine contenue dans sa structure. Bordant cette gouttière chitineuse et complétant le tube, est, une fine membrane incolore qui n’est que le prolongement antérieur du pharynx. Il y a aussi de nombreux muscles dans le mentum, qui s'étendent même à une courte distance le long des côtés de la base de la langue. Ces muscles n'ont pas seulement pour office de mettre tout le labrum en mouvement, mais, aussi de projeter et de rétracter la ligule ou langue. Laligule ou langue ({, Fig. Aet B) s'étend depuis l'extrémité antérieure du mentum. Elle consiste en un fourreau (S , Fig. B) qui semble annelé à cause de ses nombreuses rangées de poils jaunâtres. Vu en section transversale, le fourreau, lorsqu'il n'est pas distendu, est réniforme (Fig. C). Il porte une rainure le long de la surface inférieure depuis la base jusque très près de l'extrémité. Dans quelques spécimens, la raînure semble presque attendre l'extrémité. Dans le fourreau, se trouve un petite tige triangulaire, colorée (Fig. C, R), plus sombre que le fourreau, et qui, sauf une fente (Fig. O,h) le long de sa surface inférieure, forme un tube (Fig. C. R); dans le fait, les bords de la tige peuvent être amenés à un contact si intime , le long de la fente, qu’un tube est virtuellement formé. Des poils fins se projettent des bords de la fente (Fig. C, h), de chaque côté, dans le tube, et contribuent sans aucun doute à rendre ce tube plus parfait. Le long de la tige, en arrière, est une couche remarquable que M. Hyatt dit musculaire. S'il en est ainsi, il nous est facile de voir comment son action étend les parois et ouvre la rainure. La tige se projette au-de là de la gaine, comme un entonnoir imparfait, le « bouton » de Réaumur (f, Fig. A et B). Une partie manquante de la paroi de l’entonnoir correspond à la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 213 fente de la tige. Près de l'extrémité , % es Seule D tonent attachée au fourreau ; si l’on essaie de tirer la tige de cette position, on rompt presque certainement la gaîne. La tige, lorsqu'elle est étendue, se projette de seize à dix-huit centièmes dé pouce au-delà du mentum. A la base, la tige est incolore, et son tube est en rapport en-dessous, avec le sac membraneux qui va être décrit, et communique par ce dernier avec le tube du mentum et le pharynx. Une fine membrane est fixée aux bords de la gaîne, le long de la fente, la tapissant peut-être entièrement, comme le pense M. Chambers, et aux bords correspondants de la tige tubulaire. (Fig, C, s). M. Chambers croit que cette membrane passe sur la fente dans la tige, faisant de cette dernière un tube complet. J'ai des raisons de croire quil se trompe, comme la suile le prouvera. Quand cette membrane n’est pas distendue, elle est repliée sur elle-même (Fig. C, s): mais lorsqu'elle est tendue, elle sort avec la tige en-dehors du four- reau , de manière à former avec lui un large sac tubulaire (Fig. B,S$, s), la tige tubulaire (R) placée le long de la surface de la gaine. A la base, ce sac a un support chitineux { Fig. A, à la base des para- glosses, p), et communique par le tube du mentum avec le pharynx, puis reçoit le tube de la tige. Il s'étend presque, sinon tout à fait, jusqu'au bout du fourreau et, certainement, autant que la rainure s'étend le long de celui-ci ; il n’est pas perforé antérieurement. Les palpes labiaux (Fig. À, À k\, comme les mâchoires, sont profon- dément évidés et, quand ils arrivent à se rassembler, ils forment un tube qui a, lui aussi, une connexion membraneuse avec l'ouverture buccale dans le pharynx. Les paraglosses sont courts , ressemblent à des feuilles par leur organisation (Fig. À, p,p) ont une base membraneuse évidée, qui communique aussi avec le tube du mentum et le sac de la ligule. Lorsque la ligule n'est pas mise en réquisition, avec les palpes labiaux et les mâchoires , tous ces organes se replient en arrière , sous la tête, et la langue est tellement retractée qu'elle ne dépasse pas les palpes labiaux. Ce raccourcissement de la ligule semble s’cflectuer par la rétraction de la base, partie la plus membraneuse et la moins poilue, dans le mentum. Comment les abeilles font-elles arriver les liquides qe leur estomac? Cette question, comme nous l'avons vu, a reçu diverses réponses. Quelques uns pensent que le nectar est aspiré à travers un tube formé par le rapprochement de la ligule, des palpes et des mâchoires. D'autres prétendent qu’elle suce par le tube de la langue. D'autres encore, croient que le nectar est lapé par les abeilles. J'espère pouvoir démontrer que tous ont raison. Examinant l'abeille avec une bonne lentille, (jeme servais d'un demi-pouce de Tolles }, pendant qu’elle suçait du miel contenant des 274 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. grains de matière solide, J'ai vu fréquemment les petites particules monter à travers le tube formé par le rapprochement des mâchoires. Nous avons déja vu comment ce liquide parvient à la bouche et, de là. au pharynx. On peut colorer un tant soit peu du miel très liquide ou du sirop avec de laniline, (J ai trouvé que le rouge foncé est le plus avantageux), et, lorsque l'abeille suce ce liquide coloré, ce qu’elle fait avec avidité malgré la présence de l’aniline vénéneuse , on lui coupe la tête, ce qui, avec une paire de ciseaux, à disséquer est l'affaire d'un instant. L'examen montre clairement la trace du canal formé par les mâchoires et les palpes, même jusqu'à la bouche , qui revèle le passage du liquide. Ces conduits sont beaucoup plus larges dans le voisinage du pharynx ; ainsi, nous voyons pourquoi les abeilles prennent le miel si rapidement quand elles sont à même de pouvoir récolter abondam- ment, et pourquoi un petit nombre de jours de grande miellée sont si fructueux. Les abeilles prennent le miel, certainement aussi, au moyen de la tige triangulaire qui est enfermée dans la gaîne. Je m'en suis assuré de plusieurs manières , comme il suit: | J'ai placé du miel dans des tubes de verre mince et derrière une toile métallique fine de manière que l'abeille ne puisse l’atteimdre qu'avec l’entonnoir de l'extrémité de la tige. Le miel disparaissait aussi loin que l’entonnoir pouvait atteindre. J'ai pris l'abeille à la main en la tenant par les ailes et je l’ai examinée avec une bonne lentille. Je l'éloignais graduellement de Ja goutte de miel qui était aspirée aussi loin que l’entonnoir pouvait atteindre. Dans chaque cas, J'ai remarque l'axe rouge pendant que l'abeille suçait L2 sirop coloré. L'examen ultérieur, par dissection a révélé la présence du liquide rouge dans le tube de la tige, et les traces en étaient très apparentes jusque dans le pharynx. Si l'on place la langue , avec une goutte d'eau, sur un slide, avec un cover de verre mince, et qu'on l'examine avec le microscope, sous un }ouvoir grossissant de quatre-vingts diamètres, on voit facilement le liquide sortir par les deux extrémités du tube lors- qu'on presse avec un crayon sur le couvre-objet. Comme M. Chambers le déclare, ce tube, à la base de l’entonnoir, n’a que 5/100 de pouce en diamètre. Nous comprenons maintenant pourquoi les abeilles sont si longtemps à remplir leur estomac, quand elles butinent sur de petites fleurs tubulaires , puisque ce tube si fiu est le seul passage par lequel le nectar puisse arriver. Nous pouvons aussi comprendre pourquoi elles récoltent beaucoup plus rapidement sur certaines fleurs que sur d’autres. Dans un cas, elles prennent le liquide sucré au moyen des deux canaux ci-dessus décrits, dans l’autre , quand le miel est rare ou à une trop grande profondeur dans de petites fleurs tubulaires, l'abeille ne peut se servir que de ce tube microscopique. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 275 Nous remarquons aussi l'admirable structure de la langue qui permet à l'abeille de sonder ces petites fleurs et, nous voyons l'avantage du prolongement additionnel, même petit, à cetimportant et merveilleux organe. (À suivre.) | Prof. A.-J. Cook. GLANDES ET POILS VÉGÉTAUX. (Fin) (1) La rose trémière des marais, l’Hibiscus moscheutos, fournit abon- damment les objets qui nous occupent. La plante entière est extrème- ment tomenteuse, et munie de poils radiés, à plusieurs divisions rayonnant autour d'un corps globuleux, et variant de taille et de nombre selon les différentes parties de la même plante. Sur un petit spécimen pris sur le calice, j'airemarqué que les rayons de la tige sont très longs, recourbés, et mélés avec des filaments d’une longueur remarquable qui, même sous un fort grossissement, apparaissent comme des lignes délicates. Nichées sous les poils laineux du calice sont des glandes sessiles que l’on trouve souvent criblées de vacuoles. Le poil du Cerastium viscosum est un filament cellulaire ordinaire auquel est adjointe, par extraordinaire, une papille qui se projette depuis la partie inférieure de la première paroi cellulaire dans l'inté- rieur de la cellule même. Cette disposition n’est pas absolument excep- tionnelle, mais n'est pas non plus très commune ; elle peut n'être que temporaire chez les jeunes poils, car beaucoup des plus gros et des plus solides paraissent avoir une ouverture là, où chez d'autres la papille en forme de cône fait saillie. Le Leonurus cardiaca a des glandes de deux formes. Les poils sont généralement courts, forts et très rudes. La plupart d’entre eux n'ont que l'extrémité de leur pointe en saillie et leur corps a alors l'apparence d’une sphère rugueuse enfouie dans l’épiderme.Quelquefois, le même poil réunit les formes de glande et de poil , un petit cône rude s'étant formé au sommet d'une glande globuleuse. Les poils du Vernonia noveboracensis sont curieux par la subs- tance couleur de pourpre qui les remplit en grand nombre ; ils ne sont pas autrement remarquables. Les glandes pARSIssan être doubles, etsont portées sur une courte tige. : La description de ces. objets , quelqu’attrayants qu'ils soient par eux- mêmes, ne serait bientôt, plus encore que tout autre, qu'un catalogue monotone. Tout le monde sait que les poils des végétaux sont ou des formations siliceuses ou des réunions de simples cellules; cela dit, il ne nous reste qu'à décrire leur forme. Il est difficile d'éviter une énu- mération sèche. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 220. 276 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les espèces mentionnées plus haut ont été choisies sur des plantes communes , et aucune , autant que j'ai pu lé savoir, n’avait encore été figurée jusqu'ici. (1) | Leur variété n’est surpassée que par leur abondance qui est presque inépuisable. On peut les décrire indéfiniment. Leur étude estattrayante et leur préparation facile. Une entaille avec un canif bien affilé, pour soulever la surface, une pince tranchante et po'ntue pour l’arracher, et un compresseur de Mitchell sont tous les instruments nécessaires. On trouvera que, dans cette étude, le compresseur est un utile petit instrument... “ À quoi servent ces organes ?.. Mais est-il nécessaire de trouver une raison à l'existence de tous ces organes accessoires des végétaux ? Il y a quelques années, on ne pouvait qu'en soupçonner l'utilité. Actuelle- ment, ous connaissons l'usage d’un petit nombre, au moins, d’entr’eux. Les corps radiés dans les utricules de l’Utricularia absorbent l’infu- sion animale qui les baigne, les glandes du Drosera sécrètent une substance qui digère les proies vivantes que la plante capture; et Darwin, dans son livre sur les « Plantes insectivores >» s'exprime ainsi : « Les poils glanduleux des plantes ordinaires ne sont générale- ment considérés par les physiologistes que comme des organes sécré- teurs ou excréteurs, mais nous savons maintenant qu'ils ont le pouvoir, au moins dans quelques cas, d'absorber l’ammoniaque , soit en solution, /soit en vapeurs. Gomme l’eau de pluie contient une petite quantité de carbonate d’ammoniaque, cette propriété peut difficilement manquer d'êtreutile à laplante. Cet avantage n’est pas aussi insignifiant qu’on peut le croire au premier abord, car une plante de taille médiocre de Primula sinensis porte le nombre surprenant de deux millions et demi de poils glanduleux, tous capables d’absorber l’'ammoniaque que leur apporte l'eau de pluie. Il est probable de plus, que quelques unes des plantes nommées plus haut absorbent la matière animale des insectes qui se trouvent par hasard engagés dans leur sécrétion visqueuse. » (2) A.-C. $. DÉCOUVERTES RÉCENTES SUR LES CHAMPIGNONS DU GROUPE DES ENTOMOPHTHORÉES (). [I — Forme Taricaium DE L'ENTOMOPHTHORA RIMOSA, SOROKIN. En 1879, j'ai publié dans le Bulletin scientifique du Nord (4) une courte notice (1) Un grand nombre de ces organes et particulièrement ceux du Paulownia, sont cote et figurés daus LE MICROSCOPE , son emploi el ses applications, par le D J. ’elletan, (2, Amer. Journ. of Micr. (83) Bull Scient. du Nord. (4) Voir Bulletin Scientifique du département du Nord, 2% série, 2° année, n° 11, pag. 353 et suivantes, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 277 sur l'Entomophthora qui a été favorablement accueillie par les mycologistes ; j'émettais alors l’idée que beaucoup de champignons de ce groupe, dont on ne connaissait que la forme Empusa ou la forme Tarichium, devaient cependant pré- senter et des spores conidiales et des spores durables. Mes recherches avaient porté sur diverses espèces plus ou moins communes dans le Nord de la France et particulièrement sur l'intéressant Entomophthora rimosa, Sorokin, qui n'avait pas encore été trouvé ailleurs qu'en Russie, à Kasan. Convaincu que cette jolie Entomophthora devait présenter des spores durables, je les avais cherchées avec le plus grand soin, mais un voyage que je fis à cette époque m'empêcha de poursui- vre mes recherches pendant l'automne et, l’année suivante, le parasite ne repa- rut pas dans l'endroit où il était si abondant en juillet 1879. Plus heureux que moi, Sorokin, a trouvé récemment ces spores durables et il vient de les décrire dans un intéressant mémoire publié en langue russe. Ge mémoire porte sur divers champignons parasites des insectes, ./saria pulveracea, Sorok, parasite de Pyrrhocoris apterus ; Entomophthora rimosa, Sorok, parasite des Sau- terelles (Acridium italicum). Je me propose de faire connaître aux lecteurs français les faits très intéressants contenus dans ce mémoire, en commençant par la découverte de la forme Tarichium de l'Entomophihora rimosa, découverte que J'avais prévue il y a deux ans, alors que Sorokin lui-même ne soupçonnail nulle- ment l'existence de ce deuxième mode de reproduction. SPORES HIVERNALES CHEZ L'ENTOMOPHTHORA RIMOSA, SOROK. « Il y a deux ans, j'eus l'occasion de publier l’histoire du développement du champignon parasite qui occasionnait la mort de certains Chironomus et que j'ai appelé Entomophthora rimosa (1). » À cette époque, je n'avais fait connaitre que les spores ordinaires et je ne Supposais nullement l'existence d'autres organes de reproduction. Bientôt, je ren- contrai sur les mêmes moucherons une nouvelle phase de développement du même champignon , différente par l'aspect extérieur de celle antérieurement décrite. Sur des exemplaires de Chironomus tués par Ent. rimosa et fixés au substratum par des filaments spéciaux (haustoria) de ce parasite apparaissent des filaments épais, élastiques, de couleur cannelle, enveloppant la surface de l’insecte mort d'une sorte de feutrage coriace. » En ouvrant le cadavre du Chironomus, on trouve toute la cavité du corps remplie de grandes cellules sphériques ; l'enveloppe de ces cellules est inégale et couverte d’aspérités, le protoplasme est granuleux et renferme une grande quantité de globules d'huile. En outre, un examen attentif de l'enveloppe montre facilement et d'une façon décisive la structure lamellaire, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans mes Principes de mycologie publiés en 1877, pag. 153 et 498. Parfois la lamelle paraît être séparée de la cellule qu’elle enveloppe par une étroite lumière. Il est impossible de ne pas être frappé de la grande ressemblance des spores que nous venons de décrire avec celles de Tarichium et, si l’on ne trouvait cons- tamment ces cellules dans le corps d'insectes tués par l'Entomophthora, on pourrait douter fortement du lien qui unit ce champignon aux spores antérieurement décrites. Si l’on examine les moucherons tués et fixés par l'Ent. rimosa, on ren- contre facilement à l’intérieur de leurs corps des cellules de différentes formes et de diverses grandeurs. Les unes sont ramifiées, les autres s’allongent sans pro- dure de branches latérales. La forme extérieure de ces filaments ne diffère en rien de celle des filaments d'Entomophthora. En outre, à l'extrémité ou sur le côté (1). M. Sorokin : Uëber zwei neue Entomophthora Arten (Cohn, Biologie der Pflanzen, | tome Il, 1877, pag. 381). 278 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ‘ | de ces filaments se trouve une petite masse sphérique enveloppée d'une grosse enveloppe, c’est-à-dire une jeune cellule analogue aux jeunes cellules de Tarichium. » Les filaments sortis de ces organes acquièrent une membrane plus épaisse , deviennent fortement élastiques et s’allongent en perforant le corps de l’insecte ; ils arrivent au dehors et, continuant à croître verticalement, ils forment ce feutre épais et coriace que j'ai mentionné ci-dessus. Ce n’est que par le plus grand des hasards que les cellules sphériques sont amenées au dehors des filaments élastiques et, alors seulement que les cadavres de chironomes sont complètement détruits ; sur les exemplaires d'insectes parfaitement conservés, il est bien rare de voir les cellules-spores apparaître à l'extérieur ; toutes sont à l’intérieur. » La ressemblance de ces cellules avec les chlamidospores de plusieurs autres champignons, permet de supposer qu'ici encore, on peut croire à la formation chez l'Entomophthora rimosa de spores hivernales, bien qu’elles germent faute de matériaux autant que j'ai pu l’observer. » | Les figures qui accompagnent le mémoire de Sorokin, concordent avec la des- cription précédente pour montrer la plus grande analogie entre ces spores durables et celles que nous avons rencontrées chez l'Entomophthora calliphoræ, le mode et le lieu de production (intérieur de l’insecte) sont identiques. Les spores sont dans l’un et l’autre cas pourvues de gouttelettes huïleuses et d’une enveloppe épaisse et échinée. Les derniers anneaux du corps de la Calliphora infestée sont également recouverts par un feutrage, de couleur rousse, très caractéristique. A. GIARD, (A suivre). Professeur à la Faculté des Sciences de Lille. LES FEUILLETS BLASTODERMIQUES DES PLANAIRES (. L'été dernier, j'eus occasion d'étudier le développemeut de quelques Planaires marines à la station zoologique de Concarneau (Finistère). J'exposerai brièvement les résultats essentiels de mes recherches. É I EURYLEPTA CRISTATA, Qualtrefages. Les œufs fraîchement pondus, comme probablement chez tous les animaux voisins ovipares, ne sont pas encore fécondés. Ce n’est qu'après la sortie des deux globules polaires qu'un des spermatozoïdes renfermés dans la capsule de l'œuf pénètre dans le mamelon vitellin et opère la fécondation. La position du mamelon vitellin détermine le « pôle antérieur (scheitelpol) » de la larve; au pôle opposé. le « pôle postérieur », se forme plus tard l'ouverture de la gastrula. Les deux premières sphères de segmentation sont généralement de grandeur différentes. Après qu'il s'en est séparé encore deux cellules plus petites d'un quart, les quatre sphères de segmentation (de second ordre) permettent de déter- miner exactement la position du futur embryon : la plus grande sphère de segmen- tation appartient à la région dorsale, la suivante au côté ventral; quant aux dèux petites, égales entre elles, elles appartiennent aux côtés droits et gauche. Au pôle antérieur, toujours dans la direction d’une spirale dextrogyre, se (1) Extrait des Comples-Rendus de la Société physico-médicale d'Erlangen (réunion du 10 janvier 1881). Traduction de M. Wertheimer dans le Bulletin Scientif. du Nord. pe mm em me + mme ee von a "eee ne cmnmne JOURNAL, DE MICROGRAPHIE. 219 détachent d'abord quatre petites cellules qui servent exclusivement à former l'exoderme, constitué par une seule couche cellulaire, et les deux ganglions cérébraux. Quant aux autres quatre grandes cellules, je les désignerai sous 'le nom de : « cellules plastiques » (bildungs-zellen). De ces quatre « cellules plastiques » se détachent, au pôle antérieur et au-dessous des cellules exodermiques, quatre petites cellules mésodermiques, suivant une spirale lævogyre. Ce sont elles qui donnent naissance aux muscles, au réticulum et par suite aussi au tissu délimitant les lumières des cœcums ramifiés du tube digestif. Les lumières ne sont donc autre chose que des lacunes du tissu mésodermique , c'est-à-dire du cœæcum ; ce qui a pu être observé de la manière la plus nette et jusque dans les moindres détails. Au pôle opposé au pôle supéro-antérieur, c'est-à-dire au « pôle postérieur, »il se détache des quatre cellules plastiques , toujours d’un volume considérable , quatre cellules endodermiques très petites Ce sont elles qui servent à la formation de toute la trompe (épithélium et parois musculaires); la gaine de la trompe provient des cellules mésodermiques. Pendant près d'une semaine, le nombre et la position de ces quatre cellules endodermiques (que j'appellerais volontiers « cellules pharyn- giennes » pour éviter la confusion avec les description d’autres observateurs) restent les mêmes; leur forme seulement varie ; groupées d'abord en croix, elles s’aglo- mèrent bientôt pour former-une sphère creuse dont le canal s'ouvre librement à l'extérieur comme ouverture de la gastrula; cette sphère est remplie à l'intérieur par les cellules deutoplasmiques destinées à se dissoudre ultérieurement. Cinq jours environ après la fécondation, ces quatre cellules pharyngiennes commencent à exécuter des contractions ; elles fonctionnent longtemps comme « cellules de déglutition. » En résumé, l'arrangement et les proportions relatives des trois feuillets blas- todermiques peuvent se présenter clairement par le schéma suivant : PÔLE ANTÉRIEUR. ( Globules polaires ) ( Quatre cellules exodermiques ) ( Quatre cellules mésodermiques ) ( Quatre cellules vitellines ) Quatre cellules endodermiques LE POSTÉRIEUR. Pàô L'ouverture de la gastrula persiste et devient la bouche définitive. La gastrula est constituée , comme on l’a observé depuis longtemps chez d'autres planaires marines, aux dépens de cellules exodermiques nées par division continue 3* 280 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. et s'étendant comme une coiffe autour des autres cellules embryonnaires. La gastrula se forme donc par épibolie; j'ai appelé ainsi ce processus pour l'opposer à l’invagination ou embolie. Lorsque des quatre grandés cellules plastiques se sont détachées successivement : (a) Quatre cellules exodermiques (b) Quatre cellules mésodermiques (c) Quatre cellules endodermiques au pôle postérieur. celles-ci ne méritent plus ce nom. au pôle antérieur. Le docteur Hallez les désigne sous le nom de « cellules endodermiques ; » cette appellation ne saurait non plus leur convenir. Peut-être vaudrait-l mieux les appeler dotterzellen ; seulement une d’elles se divise encore une fois chez Euwrylepta cristata, c'est la Din grande, la dorsale. Dans la suite, après que leur forme et leur nombre se sont maintenus inaltérés pendant près d’une semaine, elles se frac- tionnent en corpuscules au nombre de vingt à trente qui, finalement, ne contiennent plus de nucleus. Ces derniers subissent une résorption complète par un changement graduel en gouttelettes d'huile, tandis que les espaces où ils étaient contenus subsistent sous la forme de lacunes mésodermiques qui ÉORÉRSES plus tard les eæcums du tube digestif. Ajoutons encore que la plus grande partie des cellules de EN se changent en « cellules vibratiles » qui sont, comme telles, soumises à une multiplication répétée, tandis qu’un petit nombre restent sans cils et, de distance en distance, donnent naissance à des bâtonnets groupés en cône. Au sortir de l'œuf, la larve est munie de lobes ciliés pairs, d’appendices fron- taux et caudaux, ainsi que d’un grand nombre de soies latérales. L'évolution se fait donc par métamorphose. II LEPTOPLANA TREMELLARIS, O. Fr. Müller. Le développement de cette espèce a été étudié par Keferstein et surtout par Hallez. Keferstein montra l'origine des quatre premières cellules exodermiques, Hallez la formation du mésoderme dérivant de quatre ceilules mésodermiques primitives dont l'origine pourtant n'a pas encore été complètement élucidée et décrite. En général, le développement de cette espèce concorde avec celui d'Eurylepla cristata. 1 s’en distingue cependant par les points essentiels suivants : 4° Les sphères de segmentation de premier et de second ordre sont égales entre elles. Il n’est donc pas possible comme chez l'Eurylepta cristata de déterminer la position du futur embryon ; 20 Les quatre cellules pharyngiennes ou cellules endodermiques sont relative- ment plus grandes que chez l'Eurylepta cristala ; 39 L'évolution se fait sans métamorphose. Un travail complet, accompagné de figures, sera publié ultérieurement. Il sera démontré que la proche parenté des Planaires avec les Némertiens, sur laquelle Jules Barrois insistait encore récemment, est un fait embryologique hors de doute. Même les quatre disques mésodermiques des embryons de Nemertiens sont homologues aux quatre cellules mésodermiques des Planaires (1). Emile SELENKA, HS Professeur à l'Université d'Erlangen (1) Extrait des Comples Rendus de la Société phgsico-medicale d'Erlangen (rénnion du 10 janvier 1881). \ —2—— 2 A — ———————— — JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 284 SIMPLE NOTE SUR LA PRODUCTION DE LA CHLOROPHYLLE DANS L'OBSCURITÉ. (1) Comment expliquer, en outre, dans cette hypothèse, qu'à égalité de grosseur et de maturité, on trouve de ces grains dans certains fruits et qu’on n’en trouve pas dans d’autres ? ,La cause de cette diversité ne peut évidemment résider que dans une modification constitutionnelle intervenue chez certains ovaires au cours, et très probablement dans une: des dernières périodes, de leur développement, quant à déterminer le pourquoi de cette modification, ce serait une entreprise audacieuse dans laquelle il ne m'appartient pas d'entrer pour le moment. C'est assez de constater le fait. i Mais il y a plus, et J'apporte, à l'appui de mà façon de voir, des preuves tirées de l'observation directe : 1° Jai rencontré souvent dans les cellules vertes des grains en voie de bipar- ttion, avec formation de deux centres bien distincts de réfringence. La substance chlorophyllienne a donc conservé ici toute son activité vitale; elle n'est pas restée à l’état d'inertie, comme celle qu'on rencontre sous les téguments épais de la graine chez les Acer ou les Evonymus. Il y a une différence sensible entre les deux phénomènes ; 2° Je relève parmi mes dessins celui d’une cellule récemment divisée en deux par la formation d’une cloison longitudinale. Chacune des cellules filles est encore munie de son noyau bien visible, et chaque noyau est entouré d’une couche de fines granulations chlorophylliennes. Je surprends ici sur le fait le phénomène de la formation de la chlorophylle dans 1 obscurité la plus complète. Est-ce à dire qu’il en ait été de mème pour tous les grains renfermés dans les cellules voisines, et qu'on puisse ainsi généraliser les conséquences de cette observation ? Je n'oserais aller jusque-là , mais de tout ce qui précède, il me semble claire- ment résulter que la présence de la chlorophylle dans la cavité du fruit mûr chez les Cucurbita se rattache toujours, soit à un fait de formation récente, soit à la bipartition répétée de quelques grains formés primitivement dans l'ovaire, double phénomène vital qui se produit, dans l’un et dans l’autre cas, indépendamment de toute action des rayons lumineux. Je n'ai plus qu’une observation à présenter sur ce point, mais il est important d'en tenir compte. J'ai constaté que les cellules à chlorophylle étaient toujours situées au contaet ou tout au moins dans le voisinage de dépôts de matières nutritives ; et notamment de dépôts amylacés.ordinairement assez abondants. Cette remarque vient à l'appui des idées de M. Flahault touchant l'influence des matériaux de réserve sur ja production ou la conservation de la chlorophylle dans l'obscurité, et elle va en outre nous permettre de risquer une conjecture sur le rôle physiologique qu'il convient d’attribuer à cette substance ainsi localisée. Formée tardivement ou tout au moins entretenue et renouvelée aux dépens des matériaux de réserve situés à sa portée, elle doit très probablement contribuer elle-même à entretenir pendant quelque temps ce foyer d'alimentation, soit par production de nouveaux grains d’amidon , soit plus probablement par l'élaboration de principes immédiats qui, se répandant dans les tissus après la dissolution des g rains verts, arrivent jusqu’à la graine pour servir à son alimentation. Je viens de parler de la dissolution des grains verts. C’est sur le mécanisme de cette dissolution considérée dans ses différentes phases que je voudrais maintenant appeler un instant l'attention du lecteur. L'étude de ces phénomènes de dégradation présente un certain intérêt, et je ne pouvais souhaiter de trouver pour l’entre- prendre un champ d'observations plus assuré que celui qui se présentait à moi. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V. 1881, p. 226, 282: . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. On se rappelle, en effet, qu'a côté des cellules dont les grains de chlorophylle sont demeurés intacts et franchement colorés en vert, il s'en trouve constamment d'autres où la substance chlorophyllienne est au contraire plus ou moins altérée, de telle sorte qu'on peut rencontrer dans un espace restreint, et quelquefois même dans une seule et unique préparation, toutes les formes de transition entre le type normal de la chlorophylle granuleuse et les paillettes jaunes qui en dérivent dans le fruit mûr. Il y a, m'a-t1l paru, deux modes ou deux processus principaux de dégradation , avec quelques nuances intermédiaires : la dégradation centripète et la dégradation centrifuge. Quelquefois, en effet, c’est à la périphérie que les grains de chlorophylle com- mencent à se décolorer ; cette décoloration gagne peu à peu le noyau central, qui, tout en restant réfringent , finit par s'entourer d'une couche de substance pigmen- teuse, d’un jaune assez foncé, finement granuleuse et affectant la forme, tantôt de petits bâtonnets, tantôt de corpuscules elliptiques, le plus souvent de simples paillettes irrégulièrement découpées. Quand le grain de chlorophylle est arrivé à ce degré d'altération, toute la périphérique s’est transformée en une matière mucilagineuse incolore chargée de granulations graisseuses ou amylacées, et qui tend à se dissoudre dans le sue cellulaire ambiant. Mais cette dissolution s'opère lentement; aussi rencontre- t-on souvent des amas de paillettes jaunes englobées avec leurs noyaux réfringents dans une sorte de magma mucilagineux où les contours des grains primitifs sont encore vaguement indiqués. Dans la dégradation centrifuge, la décoloration commence au contraire, à se manifester au centre du grain, tandis qu'on voit se former à la périphérie des dépôts plus ou moins réguliers de matière réfringente fortement teintée de vert. Tantôt cette matière dessine autour du grain un cercle continu, tantôt elle se dispose en deux segments reliés l'un à l’autre par leurs extrémités amincies, ou en deux bâtonnets affectant la forme d’un V; tantôt enfin, il ne se produit qu'un seul segment en forme de croissant muni de cornes très effilées qui se rejoignent aussi à l'autre extrémité du diamètre. Cette dernière disposition paraît être la plus fréquente. Je n’insisterai pas sur un type plus rare dans lequel la matière réfrin- gente se condense en épaississemeut flexueux ou vermiculaires qui sillonnent le grain en diverses sens. Tandis que la partie centrale continue de s’éclaircir, les épaississements en cercle ou en segments ne tardent pas à s’attirer à leur tour ; on les voit s'obscurcir peu à peu et prendre une coloration jaune semblable à celle des paillettes centrales qui ont été décrites un peu plus haut. Lorsque l'épaississement forme autour des grains un cercle continu, celui-ci garde souvent assez longtemps cette forme primitive, mais il finit toujours par se fragmenter de manière à former en se déroulant deux, trois ou même un plus grand nombre de petites paillettes rectangulaires. Les épaississements en segments se rompent aussi aux points restés minces à la périphérie du grain, et s'il ne s’est formé qu'un segment en croissant, c’est au point de jonction de ses cornes effilées que la rupture se produit. Ces segments se redressent ensuite peu à peu et l'on a alors des corps fusi- formes plus on moins grèles, dont la ressemblance est souvent très frappante avec certaines Diatomées de la tribu des Pleurosigma. Ges diverses espèce de pailllettes ont été décrites et figurées par M. Trécul, qui les a observées dans les fruits de plusieurs végétaux, notamment dans ceux du Capsicum pseudocapsicum, du Lycium vulgare, des Lonicera etrusca, caprifolium, etc., etc., sans toutefois les avoir directement rattachées à un état quelconque de dégradation chlorophyllienne. Je (1) A. Trécul, Les formations vésiculaires dans les cellules végétales (Annales des sciences naturelles, 4° série, t. X, p. 154-155, et pl. V.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 283 renvoie sur ce point au mémoire du savant botaniste (1), sous réserve, bien entendu, des opinions de l’auteur, aujourd’hui fort ébranlées, touchant la nature vésiculaire de ces formations. Lorsque les segments épaissis des grains en voie de dégradation centrifuge se sont ainsi écartés ou distendus après la rupture de leurs points d’attache, la partie centrale, au lieu de s’en isoler comme on serait tenté de le croire tout d'abord, y reste au contraire assez longtemps adhérente, sous forme d’un corps globuleux à contours peu accusés, et ordinairement teinté en vert pâle. Iei encore peuvent se rencontrer plusieurs dispositions différentes. Quand deux _ paillettes se sont formées par segments dans un, même grain, elles s’évasent ordinairement d’un seul côté et présentent alors l'aspect de deux glumes d’avoine dans l’entrebäillement desquelles est plus ou moins engagé le corps globuleux en question. S'il ne s’est produit qu'une seule paillette, celle-ci conserve assez longtemps, vue de profil, la forme d’un croissant très évasé, et c’est sur sa partie concave que le corps globuleux reste attaché. Enfin, 1l y a aussi des formes intermédiaires, mais beaucoup moins fréquentes et dont le détail nous entrainerait trop loin. | Ce qu'il importe davantage de constater c’est que les deux modes de dégradations, centripète et centrifuge, se rencontrent indifféremment dans les grains de toute taille; il m'a paru cependant que la dégradation centrifuge prédominait dans les plus petits grains. Quel que soit, d’ailleurs, son mode d'adhérence aux paillettes, le corps globuleux après être resté quelque temps faiblement teinté de vert, finit par se décolorer complètement, en se chargeant de fines granulations, et il contient presque toujours, en cet état, sur la ligne même où sur la courbe d’adhérence, un ou deux noyaux réfringents, beaucoup plus visibles qu'ils ne l'étaient dans les grains de chlorophylle intacts. On se rappelle que ces noyaux persistent aussi en cas de dégradation centripète ; 1ls font, au contraire, ordinairement NE lorsque la dégradation a été vermiculaire ou sinueuse. L'étude microchimique des grains de chlorophylle ainsi dégradés pourrait sans doute donner lieu à de ‘curieuses observations. Je n’en ai malheureusement que de très sommaires à présenter sur ce point. L'eau iodée et le chloroïodure de zinc donnent aux paillettes jaunes, de quelque mode de dégradation qu'elles dérivent, une teinte verte très accusée , qui tourne ensuite au jaune brun foncé. La substance granuleuse des corps globuleux isolés ou agglutinés dans un magma mucilagineux se colore en rose au contact du sucre et de l'acide sulfu- rique, ce quiest l'indice d’une réaction azotée. Enfin, si les noyaux réfringents décolorés ou même légèrement jaunis prennent encore quelquefois une teinte violacée quand on les traite par les réactifs iodés, on finit toujours par les voir se dissoudre dans l'alcool, par suite probablement d'une dégénérescence huileuse. Et, en effet, dans les cellules où les grains sont complètement désagrégés, les noyaux disparaissent pour faire place à des goutte- lettes très réfringentes, — probablement des gouttelettes d'huile, — tenues en suspension avec les paillettes elles-mêmes, dans le mucilage provenant de la dissolution des corps globuleux. Ces diverses phases de dégradation s'observent très bien dans les cellules elles-mêmes, mais il est encore plus commode de les étudier sur les grains qui se sont répandus dans le liquide du porte-objet, ce qui facilite beaucoup la dislocation des paillettes et la dissolution finale des corps globuleux. J. D'ARBAUMONT. Membre de la Soc. Bot. de France. Le GÉranr : KE. PROUT. 284 JOURNAL DE MICROORAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS À BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. PrIx en France 4 fr 59. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des . Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. 3 fr. » — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. fr. » — Sirop Sulfo-Phémique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. | & fr. » — Sirop Hlodo-hénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. & fr. >» — Sirop au Phénate d'Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres hbilieuse, typhoïde, Variole. Sfr. » — Huile de Foie de Morue phéniquée. & fr. »y — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fièvre bilieuse des pays chauds. 2 fr. >» — Solution d'Acide Fhénique pour Injections sous-cutanées. 2 fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. » 2e fr. >» — Solution Hlodo-Phénique. » 3 fr. 50 — Solution Phématc d'Ammoniaque. » 2 fr. 595 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au Phênate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. & fr. »y — Vin antidiahétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing, Guénon et ©‘, 6, avenue Victoria. PEPTONES :PEPSIORNSS A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrème état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l'économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se putréfier, contenant beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. Les deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ge sont: CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAU. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. 11 contient par cuillerée à café la peptone pep- sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VIN DE PHEPTONE IDE CHAlPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d'un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cachexie. — Débilité.— Atonie de l'estomac et des intestins. —— Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, pharmacien, 8, rue Vivienne. — Hétail : Pharmacie VIAL À 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiks, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de Franceet de l'Etranger. Cinquième année, N° Juillet 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D'J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite), lecons faites au Collége de France par le professeur BALBIANT — La langue de l’Abeille, par le professeur A.-J. Cook. — Observations sur quelques espèces de Saprolégniées, par M. Fr. B. HINE. — Pseudopolypes du colon , ulcérations anormales des follicules intestinaux, par le Le Cel D' J. J. Woopwarp. — Technique microscopique : la Nigrosine. — Virus et Vaccins, par M. L. PASTEUR , Membre de l’Institut. — Avis divers. REVUE. La Revue Mycologique de M. Roumeguëre contient, dans son numéro de juillet, parmi un grand nombre d’articles intéressants , une étude, par MM. Richon et P. Petit, sur une singulière plante cryp- togame , mystérieusement confinée sur le territoire de Cognac, où elle recouvre les toits et les murailles d’un enduit noirâtre qui a l’aspect de la suie et donne à la ville la physionomie d’une ville en deuil. Cette plante , si commune à Cognac, disparaît dans l’Aunis , et on ne la retrouve pas dans le voisinage des distilleries du Midi. M. Roumeguère qui avait, en 1872, examiné cette production avec Durieu deMaisonneuve-en avait fait un Xenodochus. Le D' Richon la classe parmi les Torula, le T. Campniacensis, très voisin du 7. conglutinala, de Corda, et si voisin même, que le D' Saccardo, qui l'a étudiée aussi, n’en fait qu'une variété de cette dernière espèce. Puis, nous trouvons des notes sur le moulage des champignons, sur le retour précoce du Peronospera viticola, et un grand nombre 288 | JOURNAL DE MICROGRAPHIE, de notices bibliographiques concernant divers recueils, tableaux ou catalogues de champignons français ou étrangers. | La Revue Bryologique de M. Husnot, qui paraît tous les deux mois, nous donne, dans ses quatre derniers numéros , les Catalogues des Mousses des environs de Brest, par MM. Le Dantec et Boulay, des Mousses foliacées de la Tasmanie et de la Nouvetle-Zélande, récoltées par le D" ©. Beccari et classées par MM. E. Hampe et À. Gehéeb, des Mousses et des Hepaiiques d’Ille-et-Vilaine, par l'abbé de la Godelinais ; des notices sur diverses espèces, l’'Orthotri- Cum acuminatum, espèce nouvelle, par M. Philibert, les Bryum baldense, Orthotricum urnigerum , O. Sardagnarum , par M. Ven- turo, Barbula nitida, par M. Husnot, etc. * *%X _X Nous avons dit récemment, à propos de la thèse de M. G. Neuville sur l'analyse microscopique des eaux de Paris, que nous ne connais- sions que deux travaux du même genre, l’un sur divers réservoirs de New-York, l’autre sur la Cochituate, à Boston, par le D'R. White: — aujourd'hui nous en connaissons un troisième qui paraît en ce moment à New-York. Il s’agit des eaux du Croton, de New-York, et le travail est fait par le D' Ephraïm Cutter, dont nous avons si souvent cité le nom. — Ce travail, accompagné de gravures, paraît dans le journal Food and Health (« la Nourriture et la Santé >»), publié par Me Amelia Lewis, journal important de New-York, qui parle, naturellement , beaucoup de mangeaille , mais qui est intéressant et va publier une série d’articles sur les falsifications des matières alimen- taires , série où nous pourrons sans doute puiser avec utilité. L'American Naturalist de juin ne contient guère, parmi les articles qui rentrent dans notre cadre, que des recherches entomolo- giques , au nombre desquelles nous citerons : Mœurs larvarres des Abeilles, par le professeur C.-V. Riley ; — La Cigale périodique, ou « Cigale de dix-sept ans » ; — Une nouvelle espèce de Coccide du Chêne (Kermes galliformis) prise pour une galle, ete.. par le même auteur ; — et enfin une courte note sur l’'Œuf féconde du Phylloxera, note que nous croyons utile de reproduire ici : «Il est intéressant de noter comment, une par une, toutes les auxquelles nous étions arrivé dans les premières années, ont é confirmées dans leur exactitude par les observateurs européens qui, , . n'avaient pas connaissance de ce que nous avons relaté, En 1875 (Transuct St-Louis, Acad. of Sciences, Nov. 5, 1875, p. 126), nous disions : « Ayant déjà obtenu le jeune » provenant de l'œuf imprégné du P. Rileyi, éclos environ une journée après la » ponte, ayant montré, dans des écrits antérieurs, que cette espèce hiverne à l'état » de larve et non d’œuf imprégné, comme fait le P, Quercüs d'Europe, et me JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 289 » rappelant, de plus, que le P. vastatrix ressemble au P. Rileyi en ce qu'il hiverne » à l’état de larve, j'ai été en droit de conclure que l'œuf imprégné du P. vastatrix > “éclot aussi dans la saison même où il est pondu et que l'on ne peut lui appliquer » ce nom d’« œuf d'hiver » que Balbiani applique à l'œuf imprégné du P. Quercüs. » Il n’est pas impossible , puisque quelques-unes des femelles ailées apparaissent » aussi tard, même, que la dernière moitié d'octobre, que quelques œufs imprégnés, » des derniers pondus , puissent passer l'hiver sans éclore. S'il en est ainsi, cela ne » peut être que par exception à la règle. — De même, quelques-uns des œufs, plus » communs, des femelles agames peuvent exceptionnellement être trouvés sur les » racines, en hiver, quoique, régulièrement, on n'y trouve que des larves. » » Dans le numéro d'avril de la Vigne Americaine, M. P. Graells relate quelques intéressantes expériences faites en Espagne, et qui établissent les faits ci-dessus, que cet œuf imprégné y est produit pendant les mois de juin à novembre, inclusi- vement , et que les œufs pondus éclosent et produisent des mères-souches quelques jours après avoir été pondus. C’est ainsi que m'est expliquée l’hivernation , à l’état de larve, du P. vastatrix, correspondant à celle du P. Rileyi. » C. V. Ricey. L'American Journal of Microscopy, de juillet, contient un article de M. W. C. Brittan , sur la distribution de la matière vivante dans les tissus dentaires, la description d'une pince nouvelle, due à M. Mason, et qui nous parait assez commode. Elle est destinée à manier les couvre-objets et sert particulièrement pour les déposer à plat sur l’objet. Elle est formée d’une pince en bois dont les mors, au lieu d’être fins et pointus, sont au contraire très larges et taillés carrément par le bout. Dans le bord inférieur de chaque mors, on plante deux pointes d’épingle ou d’aiguille dont on a coupé la tête, et on les enfonce dans le bois, par le côté de la tête, jusqu'à ce que la pointe ne fasse plus qu'une saillie de 2 millimètres à peu près. — Sur chaque mors, ces pointes sont aussi écartées que possible, et la pince étant au repos , elles figurent les sommets des quatre angles d’un rectangle. On comprend que si un cover rond ou carré est posé à plat sur la table , en tenant la pince verticalement, on peut le serrer, par dessus, entre les quatre pointes qui arment les deux mors, et le transporter pour le mettre en place , à plat, sans être obligé, comme avec la pince ordinaire , de le saisir en passant un mors pas dessus et l’autre par dessous. | * x *X Les .. della Reale Accademia d'Agricoltura di Torino donnent lirelation d'expériences pour reconnaître les températures produites dans la viande par la cuisson, en vue de la destruction de la trichine et autres parasites, par le professeur Perroncito, de Turin. Après avoir établi que les helminthes et leurs larves meurent, quand 290 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ils sont soumis , pendant seulement cinq minutes , à la température de 48 à 50°, il ne s'agissait plus que de rechercher si, dans les cas ordinaires , dans les morceaux de viande que l’on soumet à la cuisson pendant un temps plus ou moins long, suivant leur grosseur, et suffisant pour les cuire à point, la température intérieure atteint cette limite nécessaire à la destruction des parasites. Or, les essais faits sur des morceaux de veau, de bœuf, des Jambons, des langues, des carrés de porc, elc., ont prouvé à M. Perroncito que lorsqu'on a soutenu l'ébullition pendant le temps suffisant pour cuire la viande — et pour un jambon de 14 livres il ne faut pas moins de trois heures à trois heures et demie , — la température intérieure dépasse toujours 50°, et s'élève le plus souvent jusqu’à 60° et même 70°. | Par conséquent, conclut l’auteur, la cuisson, telle qu'elle est pratiquée ordinairement dans les cuisines, suffit, quand elle est. suffisamment prolongée — et dans l’eau bouillante , car il ne s’agit ici que de viandes bouillies et non de viandes rôties — pour détruire les helminthes , cysticerques de tænia, trichines , etc. Ainsi, le danger d'infection par la trichine, danger qui a tant effrayé une partie du public , et surtout M. Tirard , il y a quelques mois, est encore moindre qu'on le croyait, puisqu' en France , au moins , on n’a pas l'habitude de manger crue la viande de porc. — Nous avons déjà dit que nous ne sommes pas du tout persuadé, d’ailleurs, que la consommation diserète de quelques trichines vivantes, par ci, par là, constitue un péril aussi grave qu'on l’a supposé dans les sphères admi- nistratives, et nous avons ajouté que nous ne pensions pas que cette mesure violente de lanterdiction des salaisons américaines sur notre territoire fut suffisamment justifiée. Voilà donc qui nous donne un petit peu plus raison. Aussi, nous entendons dire que la révocation de cette mesure va être demandée à la Chambre des Députés. Quoi qu'il en soit, il convient néanmoins de ne pas pousser les choses à l’extrême et de ne :pas aller jusqu’à soutenir, comme nous l'avons presqu'entendu faire , — par des personne intéressées , natu- rellement, — que la viande trichinée est plus saine que la viande non infestée. | Aussi, nous ne donnons que pour ce qu'elle vaut, une nouvelle — qui nous vient de la même source, et que nous recevons en dernière heure : — on assure que trois vers de Trichine sont morts hier pour avoir mangé du charcutier. { En terminant, nous avons le regret d'annoncer à nos lecteurs la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 291 mort de quelques hommes que la science, et particulièrement la botanique , regretteront longtemps. C'est d’abord Paul Hallez, dont nos lecteurs ont souvent vu le nom dans ce journal et dans le Bulletin scientifique du Nord ; il est mort à Bruxelles , au mois de juin dernier Ensuite, c’est le D° Ernest Hampe, le doyen des bryologues d'Europe, qui est mort à Helmstedt, à l’âge de 85 ans. C’est à cet éminent botaniste que l’on doit la connaissance de la flore du Hartz. Il employa, en effet, vingt-cinq ans de sa vie à la rédaction de sa Flora Hercynica, qui a paru en 1873. Puis, Lauder Lindsay, l’auteur d’un livre populaire en Angleterre , les British Lichens, publié en 1856. Ses premiers travaux avaient porté sur lanalyse des Lichens, au point de vue de l'extraction des matières tinctoriales. Plus tard, il s'occupa des productions mi- croscopiques qui se montrent sur le thalle et sur l'apothécie des Lichens. — Depuis quelques années, la maladie avait éloigné ce _ distingué lichénologue de ses travaux ordinaires. — Il est mort à 02 ans. ( Louis Rabenhorst, dont le nom est plus connu en France, le fondateur de l’Æedwigia (1852) (rédigé depuis deux ans par le D'G. Winter), est mort, le 28 avril dernier, à Meissen, près Dresde, à l’âge de 76 ans. C'était un homme infatigable, passionné pour l'étude des plantes inférieures, et qui a puissamment aidé les progrès qu'a accomplis cette partie de la botanique depuis le commencement de ce siècle. C'est encore le D' Joannes Kunze, d'Eisleben, en Saxe, distingué mycologue , qui est mort quelques jours après Rabenhorst, le 28 mai * dernier, laissant inachevé un important ouvrage. Enfin , un journal italien a annoncé la mort, en France, de M. Ny- lander, l'éminent lichénologue que tout le monde connaît. Hâtons-nous d'ajouter que la nouvelle est inexacte. Non seulement M. Nylander n'est pas mort, mais il n’est pas malade, et, sans doute, en ce moment, il guide à travers la forêt de Fontainebleau, les membres de la Société Botanique de France réunis en session extraordinaire depuis le 21 juin dernier. Nous espérons que le célèbre cryptogamiste dirigera encore Jongtemps les savantes et fructueuses herborisations qu’il fait en France depuis quelques années. D' J. PELLETAN. 292 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOATRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) V Les [nfusoires ciliés ont deux modes de reproduction connus depuis longtemps, la fissiparité et la gemmiparilé. À côté de ces deux modes asexuels , quelques auteurs modernes ont admis aussi un mode de génération avec le concours des deux sexes, comme chez les animaux plus élevés, le résultat de cette reproduction pouvant être destiné , soit à se développer, comme œuf, dans le monde extérieur, soit, embryon vivant, à se développer dans le sein de la mère. Examinons successivement ces divers modes de reproduction. La fissiparité ou scissiparité est le mode le plus répandu chez les Infusoires ciliés , et le plus énergique ; c’est avec raison que Claparède a dit que le grand développement de la fissiparité chez les Infusoires est un trait caractéristique et essentiel de ces animaux. C'est la fissiparité qui peuple si rapidement les infusions organiques qu'elle a souvent fait croire à la multiplication spontanée. Elle est, au contraire, très rarement observée chez les Rhizopodes, où l’on est encore à compter les observations qui en ont été faites. Chez les Infusoires, elle est connue depuis le temps de Leeuwenhoeck qui, il est vrai, a interprêté ses observations d’une manière fausse ; Baker, Joblot, Beccaria, l’ont observé aussi, comme l’attestent les figures qu'ils ont laissées, mais ils ont interprêté ces faits comme des phénomènes d’ accouplement. C’est Trembley qui , à la suite de ses observations sur l'Hydre d’eau douce , chez qui il a constaté la multiplication par étranglement, — ce qui est assez rare chez cet animal, — c’est Trembley qui, le premier, a convenablement interprêté ce phénomène chez les Infusoires Vorti- celliens et les Stentors , et en a laissé une très bonne description dans son petit mémoire en forme de lettre au président de la Société Royale (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 203, 257. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 293 de Londres, en 1744, intitulé : Observations sur diverses espèces de Polypes d'eau douce récemment découvertes, mémoire qui a paru en anglais. — Ses observations ont porté sur les Vorticelles, qu'il appelle Polypes à bouquets, le Stentor polymorphus, qu’il nomme Polype à entonnoir. Tout ce qu'il a observé est très exact. Après Trembley, les observations se sont multipliées, et la fissiparité a été constatée par beaucoup de naturalistes : Saussure, en 1765, 0. F. Müller, dans ses Animalcula infusoria, en 1786, Spallanzani, en 1776, dans ses Opuscules, dont la traduction française a été publiée en 1787 ; Gleichen, dans ses Dissertations sur les Animalcules sper- matiques et des infusions, parues en 1778, et traduites en français en l’an VII (1798). Cependant, en admettant la génération spontanée , O. F. Müller et Gleichen eroyaient à un accouplement chez un petit nombre d'espèces, mais toutes ces observations ne firent pas faire beaucoup de progrès à la connaissance du phénomène intime de la fissiparité. Ehrenberg , lui-même , n'y contribua pas beaucoup ; il fit même faire à la science un pas en arrière , en admettant que la division pouvait se faire indif- féremment dans le sens transversal et dans le sens longitudinal , et dans les mêmes espèces , ce qui est une grave erreur. En effet , ce qu'Ehrenberg regardait comme une division longitudi- nale est précisément ce qui est regardé comme un accouplement par ses prédécesseurs, et sa manière de voir sur la fissiparité a été partagée par presque tous ses successeurs : Dujardin, Stein, AN Lachmann , Lieberkühn , Siebold , etc. Tel était l'état de la question , lorsqu’en 1858, Balbiani communiqua à l'Académie des Sciences des observations dans lesquelles il distingua des faits qui appartiennent à la multiplication par fissiparité, et d’autres faits qui ne lui appartiennent pas , mais dépendent d’un autre mode de reproduction. Avant d'entrer dans ces détails, examinons les phénomèens généraux de la reproduction fissipare chez les Infusoires. Dans l'immense majorité des cas, la fissiparité se produit pendant que l'animal est à l’état de vie active, — seulement, on remarque quelquefois qu’il ralentit ses mouvements et cesse même de se nourrir — c'est ainsi que les Vorticelliens ferment leur péristome, le contrac- tent fortement, et n'admettent aucune parcelle alimentaire aussi longtemps que dure la division spontanée. Un petit nombre d'espèces, au lieu de se multiplier à l’état de vie active, se reproduisent dans une sorte d'état de repos, dit état denkyslement : ils s’entourent d'une enveloppe ou coque, dans laquelle ils demeurent immobiles et subissent, dans l'inactivité, le phénomène de la fissiparité. Ces sortes de kystes peuvent être désignés sous le nom de kystes de reproduction, par opposition avec d'autres 294 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. kystes dans lesquels les Infusoires se renferment pour se soustraire à des conditions devenues défavorables du milieu qu'ils habitent, le manque d'air, le dessèchement, ete., — ceux-ci sont des kystes de conservation; ils différent des premiers en ce qu'ils sont beaucoup plus épais, — c'est une espèce de cercueil dans lequel l'animal s'enferme et dont il est prêt à sortir quand les conditions du milieu sont devenues plus favorables. . Le premier exemple de multiplication dans un kyste a été observé par Stein sur le Colpoda cucullulus. Il est facile de voir cet Infusoire, dans toutes les saisons, même en hiver, en faisant une infusion de foin ; on le trouve à la surface, dans la pellicule superficielle. — Quand les Colpodes veulent se diviser, ils se mettent d’abord à tourner sur place, et l’on voit un petit cercle clair autour de l’Infusoire , cerele dans l’intérieur duquel celui-ci continue à tourner. Ce cercle est la coupe optique d’une coque que l'animal vient de sécréter par sa surface. Puis , le Colpode devient.immobile , mais la vésicule contrac- tile continue toujours ses battements ; — le Colpode est donc encore à J'état actif, tandis que dans les kystes de conservation, la vésicule s'arrête : l’animal est au repos et la vie est latente. Puis , un sillon se montre à la surface, dans le sens d’un grand diamètre, il devient de plus en plus profond, comme sur un œuf qui se segmente, et le kyste est intérieurement coupé en deux moitiés, dont chacune est un nouveau Colpode. Quelquefois , il n’y a pas d’autre division , mais, d’autres fois, un second sillon se dessine, coupe le premier à angles droits, et il se forme quatre individus qui constituent quatre Colpodes ; — quelquefois même, il s’en forme huit. C’est le nombre maximum que Stein a observé. Balbiani en a vu douze et même jusqu’à seize sortir du kyste. Les individus ou jeunes Colpodes, ainsi formés, sont de taille d'autant plus petite qu’ils sont plus nombreux, car ils n'augmentent pas de volume. Il arrive quelquefois que les jeunes Infusoires , au lieu de sortir du kyste, s’enkystent eux-mêmes dans l'intérieur du kyste commun ; dans ce cas, ils ne sortent pas, mais chacun s’enveloppe d'une coque dans le kyste primitif. Ce fait se produit quand les conditions ambiantes sont défavorables. Les jeunes Colpodes restent ainsi enfermés jusqu'à ce que les circonstances environnantes soient devenues meilleures : le kyste de reproduction est devenu un kyste de conservation qui peut être desséché et conservé pendant longtemps, jusqu'à ce que, l'humidité ayant reparu, les animaux sortent de leur enveloppe. Gerbe , en 1864 , a décrit, chez les mêmes Colpodes , le kyste de conjugaison, qui représente un autre phénomène. Il y a réunion de deux individus dans une même enveloppe,'fusion de ces deux ARR et formation de quatre germes ou propagules. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 295 Avant Stein, qui a fait connaître ces faits très intéressants, 1ls avaient été entrevus par O. F. Müller, et même par Ehrenberg, qui prenait ce phénomène pour une sorte de muëe et le kyste pour la vieille peau qui aurait subsisté pendant qu'une peau nouvelle se for- mait sous la première. — Stein a montré que cette interprétation est erronée. Un fait très curieux, qui se complique de parasitisme, a été décrit par Claparède et Lachmann : — Un Infusoire de grande taille, l'Amphileptus meleagris, vit parmi les colonies d'Æpistylis. À un certain moment, un Amphilepte qui se trouve à la surface d’un Epistylis, s'approche, ouvre sa bouche qui est très dilatable et en- sloutit l’'Epistylis , le recouvrant comme un gant, et se glisse sur lui jusqu’à ce qu'il l'ait englobé jusqu'à la base. Quand l'Epistylis est passé tout entier dans l’Amphilepte, celui-ci s'enkyste sur lui, l’enfermant toujours dans son intérieur. Alors le kyste de l’Amphilepte remplace l'Epistylis pendant un certain temps sur son pédoncule ; mais il est de tout intérêt pour l’Amphilepte, que l'Epistylis se détache, et on le voit, en effet, s’agiter de côté et d'autre pour arracher l’Epistylis de son pédoncule, ce à quoi il finit toujours par arriver. Alors, commence la digestion de l'Epistylis dans l’Amphilepte. En effet, le premier disparaît, se transforme en un magma qui se confond avec la sub- stance de l’Amphilepte ; — il est digéré. Il arrive alors quelquefois que l’Amphilepte se divise en deux, dans le kyste qu'on pourrait appeler kyste de digestion. L’Amphilepte se repose pendant un certain temps , puis commence à tourner, fait éclater le kyste et sort pour se mettre en quête d’un autre Epistylis, à l'égard duquel 1l se comporte de la même manière. Il faut lire dans Claparède cette histoire et les péripéties émouvantes dont il a suivi les phases, très difficiles à débrouiller dans leur signification. | Une autre espèce qui se multiplie dans un kyste est l’Zchtyophtirius mullifiliis, qui vit dans la peau des poissons et tue les jeunes. C’est ainsi que les jeunes truites des bassins du Collège de France péris- saient par centaines , il y a quelques années , par suite de l’attaque de cet Infusoire. Il vit et grossit dans la peau des jeunes poissons d’eau douce, et quand il a atteint son développement complet, tombe au fond de l’eau ; il a alors une taille énorme , comme une tête d'épingle. A ce moment, il forme des kystes trés èpais dans lesquels il se multiplie par segmentation et produit quelquefois jusqu'à un millier de jeunes dans un seul kyste. Ce n’est donc pas sans raison qu'on l’a appelé « nultr- filiis >. Cette multiplication effrayante se fait en quarante ou cinquante heures , suivant la température. Quand les kystes sont ainsi remplis , ils-se rompent , et'les Infusoires , mis en liberté , se mettent en quête de jeunes poissons sur lesquels ils se fixent à l’aide de leur bouche, transformée en ventouse, et se nourrissent par endosmose. — Cet 296 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Infusoire fort curieux qui est, dans certains cas, une véritable plaie pour les pisciculteurs , a été observé pour la première fois dans les aquariums du Jardin Zoologique de Hambourg, et décrit par Hil- gendorff et Paulicki ; puis dans les bassins d'élevage des Truites, au Collége de France. M. Fouquet, alors préparateur du cours de M. Balbiani, en a fait une étude insérée, en 1876, dans les Archives de Zoologie expérimentale (T. V). En 1879, Aug. Gruber, de Fribourg-en-Brisgau, a décrit, sous le nom de de Tulina magna, une autre espèce, au corps réniforme, et dont les kystes produisent quatre jeunes individus. D'ailleurs , outre ces espèces, il y en a sans doute d’auties qui se multiplient dans des kystes. M. Balbiani croit que le Lacrymaria olor se comporte de cette manière ; — mais les phénomènes sont les mêmes et il n’y a de différence que quant au nombre de segments. Voyons maintenant quels sont les phénomènes intimes de la division spontanée : Pendat nlongtemps, les meilleures observations sur ce sujet ont été celles de Trembley (1744). Ces observations qui, comme nous l'avons dit, ont été faites sur les Vorticelliens et les Stentors, nous ont fait connaitre les premiers détails un peu précis sur les phénomènes qui accompagnent la fissiparité chez les Infusoires. Trembley avait déjà constaté que le premier fait que l’on observe est la formation de la bouche, ou des lèvres, comme il l'appelle ; ses observations sont d’une complète exactitude, et le mémoire qui les contient, adressé, sous forme de lettre, au président de la Société Royale de Londres en 1744, est tout-à-fait remarquable pour l’époque ; aussi nous citerons le passage suivant relatif à la division des Stentors, que Trembley appelle Polypes en entonnorr, pour les distinguer des Vorticelles, qu’il appelle LAURE à bouquet, ainsi que nous l'avons dit plus haut : « Les Polypes en entonnorir se multiplient aussi en se divisant en » deux, mais ils se divisent autrement que les Polypes à bouquet; ils > ne se divisent ni longitudinalement ni transversalement , mais dans > le sens oblique et en diagonale. De deux Polypes en entonnoir qui » viennent de se former par la division d’un seul, le premier a la > tête ancienne avec un bout postérieur nouveau, l’autre a l'ancien » bout postérieur avec une nouvelle tête. » J'appellerai celui qui a la vieille tête le polype supérieur, et celui » qui a la nouvelle tête le polype inférieur. » La première particularité que l’on observe dans un polypè en entonnoir qui va se diviser, c’est les lèvres du polype inférieur ; c’est-à-dire ces bords transparents qui sont si remarquables dans les » polypes lorsqu'ils sont entièrement formés. Ces nouvelles lèvres se montrent d’abord, sur le Polype qui va se diviser, un peu au Ÿ Ÿ Ÿ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 297 rs qq —————————— » dessous des anciennes lèvres, environ aux deux tiers de la longueur » du Polype en comptant à partir de la tête ; mais ces deux lèvres ne > sont pas disposées en ligne droite suivant la longueur du polype, > mais s'étendent obliquement sur la moitié, environ. Ces lèvres se » reconnaissent à leur mouvement, lequel mouvement est d’abord > très faible. La partie du corps du polype qui est limitée par ses > lèvres se resserre, les nouvelles lèvres se rapprochent et se joignent, » et il se forme sur le côté du Polype un renflement qui se trouve > bientôt être la tête du nouveau polype, limitée par les nouvelles > lèvres observées en premier lieu. Avant que ce renflement ait pris > un accroissement remarquable , on commence à distinguer les deux » polypes qui se forment ; et quand ce renflement est considérable- »> ment accru, on découvre les deux polypes qui ne sont plus réunis > l'un à l’autre que par une petite partie. Le polype supérieur n’adhère » plus au polype inférieur que par son extrémité postérieure qui est > encore fixée sur un côté du polype inférieur ; le polype supérieur » commence à faire des mouvements qui semblent tendre à le séparer > de l’autre , et bientôt il se détache tout-à-fait, nage autour et se fixe >» ailleurs. J'en ai vu un venir se fixer sur le côté du polype inférieur » dont il venait de se séparer. Le polype inférieur reste fixé à la place » même où était le polype maintenant divisé, et dont il n'était que la » moitié avant que la division eût lieu. » (1) Tous ces faits sont, comme on le voit, admirablement observés, malheureusement le petit mémoire de Trembley n'est pas accompagné de figures. (À suivre ). LA LANGUE DE L’ABEILLE. (Fin) (2) Je crois aussi que l'abeille lape le miel. Si l’on répand une légère couche de miel sur un verre et qu’on laisse les abeilles le visiter , on les verra nettoyer le verre avec leur langue. De petites gouttelettes disparaissent souvent sans que l’entonnoir . les touche. De cette observation , aussi bien que de la structure de l'organe , — si j'ai raison de croire que la rainure de la tige s'ouvre à la surface, — on peut conclure que la fente de la tige, non moins que l'entonnoir , peut être le chemin que suivent les liquides pour arriver au tube. Si M. Hyatt a raison en disant que la bande dorsale de la tige (1) Abr. Trembley. — Mémoire pour l'histowre de quelques espèces de Polypes d'Eau douce récemment découvertes , dans les Philosophical Transactions. Déc. 1744 (en anglais). (2) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, p. 270. 298 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. est musculaire , nous pouvons facilement voir, d’après sa position et la forme de la tige, comment la fente peut être ouverte. Si le liquide est très épais, on voit fréquemment les abeilles retracter et projeter la ligule comme pour nettoyer l'organe en le frottant entre les machoires et les palpes. En suçant le miel, l'abeille exécute, avec l'abdomen, une sorte de mouvement respiratoire. Ceci prouve que la force de succion provient en partie, sinon en totalité, de l'estomac, organe situé dans la cavité abdominale. Lorsque l'abeille suce , la langue est aussi rhythmique- meut rétractée et projetée. Le bout passe alternativement en avant et en arrière de sa plus grande distance du mentum et de l'extrémité des palpes. Ce mouvement est quelque chose d’analogue à la déglutition. Je ne suis pas certain de la fonction que remplit le sac membraneux. J'ai trouvé qu'en tuant une abeille, en lui comprimant le thorax , peu après qu'elle a commencé à sucer le liquide coloré, celui-ci est toujours dans l'estomac et non dans le sac. Si j'attendais plus longtemps, je trouvais que le sac était aussi rempli en partie. Ceci me porte à con- clure qu’il fait l'office de magasin permettant à l’abeille de faire des provisions au-delà de la capacité de son estomac. Ce sac semble aussi glandulaire, lorsqu'il est distendu ; peut-être sécrète-t-il un suc animal ou ferment qui contribue, peut-être aussi, à transformer le sucre de canne en glucose ou sucre de raisin ; car nous trouvons, par l'analyse, que le sucre de canne pur , après son passage à iravers l'estomac de l'abeille, a en partie subi cette transformation. Après que l'abeille a sucé le liquide coloré, j'ai invariablement trouvé qne le bout de la langue — la petite portion de cet organe où la fente dans le fourreau parait obscure, et là où la tige semble plus solidement attachée à ce fourreau (S), — est fortement coloré, comme si cette partie de la langue fut pleine de liquide. Peut-être le sac ne s’'étend-il pas dans cette région et le tube est-il plus large dans cette partie. Une légeére pression fait sortir le liquide du tube , soit à travers l’entonnoir, soit à travers la fente , peut-être par l’un et l’autre. Au moyen de la chambre claire, j'ai mesuré des centaines de langues, sous le microscope, et j'ai pris un grand intérêt à en observer la merveilleuse uniformité de longueur chez les abeilles de la même colonie ou du même rucher et spécialement si l'on a pratiqué un élevage attentif. La longueur de la langue varierait de moins de 0,025 de pouce. J'ai trouvé que la langue de l'abeille noire d'Amérique est d’une longueur moyenne de 0,24 de pouce environ , depuis la base du mentum jusqu'au bout de la ligule. Mesurant de même des langues d'abeilles italiennes de provenance américaine , j'ai trouvé que la longueur était de 0,02 de pouce plus considérable. Quelques abeilles dites de Chypre, très ressemblantes à nos abeilles noires, sauf que la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 299 partie inférieure du thorax est un peu plus jaune , ont, comme je l’ai remarqué , la langue un peu plus courte que celle de nos abeilles italiennes-américaines ; la longueur moyenne est cependant peu infé- rieure à celle des autres. J'ai examiné les langues d'abeilles ouvrières provenant de deux mères différentes et importées d'Italie , et j'ai trouvé que, dans les deux cas, elles excédaient en longueur celles de nos abeilles d'élevage américain, bien que la différence fut très légère. En 1878, j'ai mesuré les langues de quelques abeilles qu'on m'avait envoyées pour des Gypriotes. Les abeilles étaient très jaunes et belles. J'ai vu qu'elles possédaient des langues plus longues que toutes celles que j avais rencontrées Jusque là , bien que la variation ne fût cepen- dant pas fort grande. Je n'ai reçu que peu d’abeilles , quoiqu’on m'en eut annoncé beaucoup, qui ne vinrént jamais. Je m'étais arrangé pour consacrer celte saison à l'étude de diverses races européennes dont on m'avait promis des spécimens , mais, à mes grands regrets (EE désappointement , ces abeïlles ne me sont pas parvenues ; aussi je ne puis traiter ce sujet que partiellement Que le surcroit de longueur de la langue ait une importance pra- tique, je l'ai prouvé comme il suit: Ayant mis du miel dans un vase recouvert d’une gaze légère je le plaçai devant des abeilles italiennes jusqu'à ce qu’elles ne puissent plus l’atteindre, puis devant des abeilles noires ; celles-ci ne purent pas non plus toucher le liquide à cause de Ja distance. Je remplis alors le vase et l’offris, d’abord aux abeilles noires qui sucèrent le liquide jusqu’à ce qu’il fut inaccessible pour elles, après quoi je le plaçai devant des italiennes ; celles-ci commen- cèrent invariablement à sucer le miel. Ou bien encore j'ai pris une petite boîte profonde d’un demi pouce sans couvercle ni fond, et je la recouvris d’une gaze légère de quinze mailles par pouce. Je plaçai alors une lame de verre dans la boîte avec une inclinaison telle que l'uue de ses extrémités touchât la gaze, pendant que l’autre bout en était à un demi-pouce. Le verre était légèrement recouvert de miel sur le bord voisin de la gaze. J'introduisis alors le système dans une ruche d’abeilles italiennes et le miel fut balayé sur le verre sur une longueur de vingt-quatre mailles à partir du bord contigu à la gaze. Les abeilles noires ne ‘purent atteindre et nettoyer le verre que jus- qu'a la dix-neuvième maille. Plusieurs essais ont donné le même résultat. Ceci montre pourquoi les abeilles italiennes peuvent cueillir et même récolter le miel sur des fleurs qui n'attirent nullement les abeilles noires, car le nectar est au-delà de fa portée de ces dernières. De ce qui précède, on peut voir que les abeilles de race américaine ont la langue plus courte que les abeïlles venant directement d'Italie. Il semble très probable que la « sélection naturelle » cette véritable 300 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. loi qui élève les abeilles italiennes à leur position de supérioté, leur a donné une langue plus longue. Renfermées dans leur pays monta- gneux, simple bassin isolé , où la rivalité doit avoir été excessive, les: abeilles d'Italie ont reçu de la nature, qui tire parti de toute variation favorable , et ont développé ces avantages importants qui leur sont propres. Pendant ces âges où il n'y avait pas d'apiculteur assez intelligent pour nourrir les colonies faibles , et où le culte du dieu Dollar n’était pas là pour stimuler indistinctement l élevage, le faible périssait d’inanition. Nous sommes encore redevables à la dure et inexorable loi de la nature pour l'incomparable race qui produit de si admirables résultats dans la Ligurie , si renommée. Il est incontestable que le rapprochement de tous les ruchers d'Autriche et d'Allemagne a augmenté « le combat pour l'existence » et a eu une tendance semblable à développer des qualités particulières et supérieures chez l'abeille noire d'Europe. Il est plus que probable que l'abeille noire d'Allemagne, dans la populeuse Europe, a la langue plus longue et est généralement supérieure à la même abeille, en Amérique , où elle a longtemps été favorisée par d'immenses surfaces fleuries et par l'absence relative de concurrence. Je croirais que cette même loi a développé les variétés de la race noire, qui sont supérieures aux autres de la même espèce. Il est plus que possible que « la survie des mieux partagés » explique l’origine des variétés supérieures qu'on dit exister dans diverses provinces d'Europe. Pour la même raison, nous pourrions assurément attendre des qualités supérieures chez l'abeille cypriote. Resserrées comme elles l'ont été, pendant de longues années ou des âges , dans leur petite île , Le principe de la « survie des mieux constitués » a dû opérer puissamment pour éliminer les abeilles faibles , préserver et rendre plus fortes les abeilles mieux partagées. Ainsi, le grand poête a eu raison de dire : « Heureuses sont les leçons de l’adversité. » (1) Prof. A.-J. Cook. OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES DE SAPROLÉGNIÉES. (Suile) (2) Je n'ai pu constater combien de fois la reproduction asexuelle peut se faire sans l'intervention de la reproduction sexuelle, dans le /1) Am. Bee Journ. (2) Voir Journal de Micrographie ; T. V, 1881, p. 250. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 301 ————————— —]—] ——]—]———————] ——————————….…"….…"_…—"_ _…"—_—… _…"…"…"’—_… …" …_…" "——_._—_——— ——— cours d’une même période végétative. Une série d’expérimentations, ayant particulièrement trait à ce point, et montrant une grande diversité dans la forme des sporanges, a été faite à ce sujet. Au mois d'août 1878, un triton fut tellement maltraité, pendant la capture, qu'un portion de son foie sortit du corps et s'inchina sur le côté de l'abdomen. Dans cet état, on le mit dans un vase avec quelques petits poissons, pour ie conserver, Des observations faites, peu de jours après , signalèrent l'apparition de filaments sur la partie blessée et, deux jours plus tard , la fructification avait lieu. Les sporanges et les zoospores avaient les caractères du genre Saprolegnia ; mais ils différaient de ceux déjà décrits, en ce que le nouveau, sporange se formait sur le côté de l’ancien, le filament s'allongeant seulement suffisamment pour la formation du sporange ; environ trente heures plus tard, d’autres spécimens étaient soigneuse- ment enlevés et examinés. Les filaments atteignaient diverses lon- gueur et s étendaient au-delà des vieux sacs pour former des sporanges (PL IX, fig. 16) très ressemblants à ceux qui caractérisent le genre Dictyochus, Leitgeb. Les zoospores, au lieu de s'élever pour franchir l'ouverture du som- met du sporange, passaient à travers la paroi latérale, laissant derrière elles une membrane claire de même taille et de même forme qu'aupara- vant. Dans le genre Dictyochus, le sporange vide de zoospores apparaît comme s'il était divisé en un grand nombre de cellules angulaires et _ transparentes, tandis que dans l’espèce signalée ci-dessus, la vieille enveloppe sporale restait arrondie. La PI. IX, f. 16, représente un filament portant trois de ces sporanges dont l’inférieur contient encore les zoospores. Les sporanges variaient de 0,04 /, à 0,41 }, en lon- gueur, et, dans quelques cas, les branches contenaient un simple rang de zoospores. Le 30 août, quatre jours après la prise de ce triton, un autre fut capturé et on lui fit, avec soin, une incision sur le côté de l'abdomen, afin qu'une partie des intestins et du foie puisse passer, sans être bles- sée, en dehors. On le plaça dans un bocal, où l’eau se renouvelait au moyen d'un siphon, et contenait des spores du premier spécimen. À 10 heures, le 31 août, l'intestin avait une apparence finement veloutée, que causait une abondante végétation de filaments de 0,05 "/,; de longueur environ ; à 4 heures de l’après-midi, les filaments atteignaient une longueur de 0,02 "}, ; non ramifiés, ils ne portaient aucune trace de sporanges. Le 1‘ septembre, à 10 heures, on trouvait çà et là quel- ques sporanges mûrs, et le 2 septembre, à 10 heures du matin, le nombre en avait beaucoup augmenté. Là encore, le nouveau sporange se formait sur le filament, sur le côté de l’ancien; des observations ultérieures montrèrent qu'aucun dictyo-sporange n'était produit. Les derniers sporanges, un seul ou plusieurs, formés sur le même fila- 302 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ment, étaient ovales, d’une longueur de 0,064}, sur 0,041 2}, de lar- geur, et s'ouvraient sur le côté, près du sommet, par un tube court ou, quelquefois, assez long (PI. IX. fig. 19). | - Il faut beaucoup plus de temps pour le développement du fruit que dans le premier cas. Les zoospores étaient toutes distinctes l’une de l’autre, d’un diamètre de 0,009 "/,, et subissaient généralement un rajeunissement. Le triton périt au bout de quatre jours, mais les obser- vations ne se terminèrent que lorsque la plante eut cessé de croître, et il ne se produisit aucun fruit sexuel. Le 5 septembre, un troisième triton fut placé dans les mêmes conditions que le second et avec les sporanges qui avaient eu lieu sur le second ; la plante mit à peu près le même temps que dans le premier cas à paraître et à se développer. Les nouveaux sporanges étaient cependant produits comme dans les premières espèces décrites et les dernières formes étaient les mêmes que dans la première expérimentation, et, dans les deux cas, les intes- tins étaient profondément endommagés et brisés. Le triton mourut en trois jours. Le 10 septembre, l'ovaire d’un quatrième triton fut mis à nu et ensemencé avec les zoospores de la troisième expérimentation. Les Saprolegnia développés furent les mêmes que dans le dernier cas. Six jours après, la partie portant le champignon fût séparée de la portion principale de l'ovaire par l’ac- croissement d’une membrane transparente fermant la cavité du corps. Depuis lors aucun filament n’apparût, et maintenant le triton semble être en de bonnes conditions pour une autre opération. Bien que ces expérimentations ne soient pas heureuses en ce qui concerne la production des oogones, elles sont cependant d’une très grande importance pour montrer la grande variabilité des formes parthénogénétiques dans différentes générations, et à différentes pha- ses de la croissance ; et pour faire voir que ces plantes, en attaquant les parties saines, quoique dans une condition anormale, en causent la destruction. ACHLYA. Au mois d'avril 1877, en cherchant des Algues dans un étang d’eau vive, j'ai trouvé un morceau de bois de pin (Pinus strobus) qui avait les extrémités et les cicatrices de branches cassées, par où la résine avait coulé, entourées d’un remarquable coussin, et très épais, en masse sphérique, de filaments rayonnants. Le tout était blanc avec une teinte légérement grisâtre. Les spécimens qui venaient de bien fructifier et par reproduction sexelles, furent placés dans un vase plein d’eau où ils restèrent sans être troublés ; mais les filaments furent bientôt tel- lement entourés d'Infusoires, d'Algues et de matières étrangères que tout examen devint impossible. D’autres filaments, mis dans de l’eau A JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 303 toujours renouvelée, végétèrent, et il fut possible d’en faire une étude suivie. Les filaments étaient générablement simples, mais des ramifications . paraissaient quelquefois, en nombre très limité. Leur structure était semblable à celle des filaments du Saprolegnia déjà décrit ; ils étaient formés de protoplasma légèrement granuleux, entouré d'une paroi délicate de cellulose, ainsi que le prouvait la couleur bieue qu’ils pre- naient par l'iode. Leur diamètre était d'environ 0,01 "},. Un petit : spécimen, grossi 20ois, dont la base était complètement séparée de la matrice sur laquelle il avait poussé, montrait facilement que cette base était ramifiée et, dans beaucoup d’autres spécimens, cette ramification raciniforme était très évidente. On trouve le même caractère dans les formes parthénogénétiques, et, chez toutes, ia base était parfaitement claire. Dans le Saprolegnia, cependant, le caractère dendroïde ne se présente pas toujours, car, j'ai souvent vu les hyphes portant des spo- ranges, sortir d’un épais réseau de mycelium. Je crois qu’on peut attacher une très grande importance à ce caractère, car il est à peu près constant et très facile à constater sur les vieux spécimens. La forme parthénogénétique est très ressemblante à celle déjà décrite sous le nom de Saprolegnia sp : l'aggrégation des granules et la segmentation du contenu protoplasmique ont lieu de la même manière, tandis que la différence capitale consiste dans le fait que, chez lAchlya, les zoospores, après leur sortie du sporange, restent groupées autour de l'ouverture. La distinction à laquelle Karl Lindstedt attache la plus grande im- portance est que les zoospores de l’Ach{ya subissent le second chan- gement que j'ai décrit, tandis que celles du Saprolegnia ne passent pas par cette transformation. Cette division est défectueuse, comme le montre le cas des Saprolegnia,. où un sporange accidentel a pro- duit les zoospores qui ont subi ce rajeunissement , quoique , de règle, elles ne le subissent pas. Ainsi, dans le genre Achlia, quoique la ger- mination sans transformation soit une exception, elle peut cependant se produire. É | Arrivons maintenant à la génération sexuelle; nous trouvons une disposition très complète pour la production et la fécondation du fruit. Le long des filaments naissent des corps latéraux, sphériques, dont le contenu se segmente en masses sphériques qui sont fécondées par l’action des branches latérales (PI. XI, fig. 1). Dans le développement de cet organe, il se produit d’abord sur le côté du filament un petit boursoufflement, qui a beaucoup l'apparence d’une branche latérale. Mais sa croissance se fait, cependant, un peu en largeur vers le sommet, jusqu’à ce qu’il ait atteint presque toute sa longueur ; pendant ce temps, il est presque aussi clair que le filament sur lequel il a pris naissance. À cette phase, quatre heures après avoir 304 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. paru sur le filament, les granules y deviennent plus denses, formant un centre obscur au jeune oogone, et, pendant que l'organe grossit davantage à l'extrémité, les granules augmentent, et rendent tout l'intérieur tout-à-fait sombre. Dix heures après que l’oogone a paru sur le filament, ces granules s’unifient graduellement pour former de. plus larges particules, variant beaucoup de taille et se groupant elles- mêmes au centre , en laissant le milieu ambiant libre de granules, mais de couleur sombre, d’un jaune brun. Ace moment, on voitune seconde paroi cellulaire, limitant tout le contenu de l’oogone, le séparant des filaments et distincte de la paroi extérieure. Son contour est irrégu- lier ; quelquefois elle joint la membrane extérieure et, accidentelle- ment, elle passe à travers celle-ci, puis, de nouveau, en redevient très distincte. C'était là l'aspect après 38 heures d'apparition sur le fila- ment. Douze heures plus tard, la masse céntrale de groupes de granu-. les se sépare en un certain nombre de corps sphériques à contours irréguliers, dus à la diversité de taille des globules et à l'absence d’une membrane enveloppante. 4 Avant de passer à la description de cet organe, il est nécessaire de retourner en arrière et de tracer le développement de la partie mâle. Dix heures après l'apparition de l’oogone, quand sa sphéricité est pres- que complète et qu'il n’a encore que les deux tiers environ de son diamètre final ; quand, aussi, la protoplasma est devenu opaque par la condensation des granules, il apparait alors en un et, plus souvent, en deux points, sur le pédicelle de l'organe femelle, une petite branche qui a une tendance à se redresser, et vingt-cinq heures plus tard, sa partie supérieure — maintenant bulbeuse, — est étroitement appliquée sur la surface de l’oogone. A cette période, elle est presque transparente , mais des granules s’assemblent à la partie supérieure et augmentent en même temps beaucoup de grosseur ; et, à peu près au moment où l'agrégation des granules se produit dans l’oogone, elle se sépare, par : un diaphragme, de sa partie inférieure plus étroite, de manière à for- mer une cellule ovale ou oblongue ; — c’est l'anthéridie. Je ne puis indiquer exactement le temps requis pour le développement ultérieur de ces parties, car les observations ont été faites sur différents spécimens. Bientôt après que la division s'est formée, apparaissent de petits corps flagellés , les spermatozoïdes ; dans le même temps , l’anthéridie projette un petit tube qui perce la membrane de l’oogone , la traverse pour rencontrer les gonosphères. (PI. XI, fig. 3) : son office est de con- duire les spermatozoïdes aux corps qui doivent être fécondés. Je-n'ai vu ce tube que dans un seul cas et je doute que sa présence soit cons- lante ; car, sauf les spécimens d’après lesquels la fig. 2 a été dessinée, le plus intime rapprochement se produisait avec l’anthéridie fermée dont une petite projection papillaire s’étendait dans l'organe femelle. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 305 De plus quand l’anthéridie avait été vidée de ses « corpuscules fécon- dants ; » ses parois étaient très intimement unies avec les parois inté- rieures de l’oogone , (fig. 7.) Ce tube intérieur est dessiné et décrit comme constant par les auteurs; mes observations montrent cependant qu'ilse produit rarement dans cette espèce ; de plus, puisque la mem- brane de l'oogone n'est pas percée de trous (1), pour le passage des spermatozoaires , qui peut avoir lieu à travers la délicate membrane intérieure, Jene vois pas de raison pour que la fécondation ne soit pas aussi assurée que lorsqu'il se produit un tube. J'ai remarqué cette structure, non seulement dans les plantes croissant sur le bois, mais aussi dans différentes plantes et à diverses époques. FR. B. Hixe. (À suivre) EXPLICATION DE LA PLANCHE XI. Fjg. 1. — Fragment d'nu filament d’Achya portent des oogones, X 120. » 2. — Oogone considérablement grossi montrant la fécondation des gonos- phères. » _3,4,9,6,7. — Oogone à différents états de développement et formation de l’anthéridie. » 8. — Oogone cylindrique , interfilamentaire , avec anthéridie, porté sur le même filament qu'un Oogone sphérique latéral (7). » 9. — Spore germée. » 10,11 — Sporanges et zoospores d'Achlya sp. » 12. — Jeune Oogone de Monoblepharis lateralis portant l'organe mâle. » 13,14. — Sortie de l’anthérozoïide. » 15... — Oogone montrant la fécondation des gonosphères. » 16. — Oogone montrant les ouvertures de la membrane ainsi que le sac vide d'un anthéroide et un autre anthéroïde opérant la fécon- dation PSEUDO-POLYPES DU COLON, RÉSULTATS ANORMAUX DE L'ULCÉRATION FOLLICULEUSE. Parmi les pièces reçuos au Muséum médical de l'armée, après l'impression de la note sur l’ulcération folliculeuse du colon dans V « Histoire médicale de la Guerre de la Rebellion >», il se trouve deux parties de colon montrant un résultat anormal de ce processus , (1) Dans les espèces dioïques d’Achlya, la plus grande partie des espèces de Saprolegnia et quelques-unes de Monoblepharis , la paroi de l’oogone est percée d’un grand nombre de trous , qui sont, sans aucun doute , destinés à aider la fécondation. ( Voir pl. XI, fig 16, et la description du Monoblepharis ci-dessous). 306 à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. : et qui sont d'un tel intérêt qu'il me parait désirable d’en publier la description, le cas n'ayant pas été rapporté dans l'Histoire. medicale (1) Dans le colon dont faisaient partie ces pièces, les ulcères folliculeux étaient agrandis, et les ulcérations adjacentes s'étaient réunies , à ce point que, sur une étendue de plus de neuf pouces, la couche sous - muqueuse, infiltrée, était dénudée et présentait une surface granuleuse , écorchée , sur laquelle restaient de nombreux ilôts de membrane muqueuse épaissie. Subséquemment , des contractions cicatricielles exerçant une constriction sur les bords des ilôts de la membrane muqueuse, plus tard transformés par des processus inflam- matoires hyperplasiques , avaient fini par donner à ceux-ci la forme d’excroissances pédonculées, se projetant dans le lumière de l'intestin comme un grand nombre de petits polypes. Cette lésion doit être tout-à-fait rare, car dans les comptes-rendus des autopsies faites pendant la guerre civile, je n’ai trouvé aucune description qu'on pût supposer avoir trait à ce cas, et on n’en avait reçu aucun spécimen au Muséum. Cependant la rencontre fortuite de semblables lésions n'a pas échappé aux observations des anatomo-pathologistes. Johann Wagner (2), dans un remarquable travail sur l’ulcération dvsentérique, publié en 1832, a décrit la formation, pendant le processus de convalescence, de polypoïdes pédonculés, de petits boutons sur les bords des ulcères et sur certaines parties unies de leur surface. D’après ce mémoire, les parties unies et les boutons sont revêtus, en dessus, de la membrane luisante, caractéristique des cica- trices sur les surfaces muqueuses, de sorte que l’auteur n’a évidemment pas soupçonné les boutons d'être des replis de la membrane muqueuse malade elle-même. Comme grosseur, il les comparait à des têtes d’é- pingle ou à des grains de millet ; ils étaient alors évidemment beau- coup plus petits que les excroissance polypoïdes du spécimen du Muséum. (1) Néanmoins, ce processus, dont nous allons faire la description sur la pièce est représenté et j'en ai fait une courte mention dans l'Histoire snédicale , sur l'autorité de Rokitansky. The medical and surgical History of the War of the Rebellion, Part. II., Vol. I. Le Medical History est le second volume médical, Washington, 1879, p. 506. (2) JOHANN WAGNER: Einige Formen von Darmgeschwüren , iii. Die dysenterische Darmwerschäwrung, Med. Jahrb. des k.k st. Staates, Bd. XI, 1832, S. 274 « An den Ränden, so wie an den glatten Flecken der Basis jener Vernarburgen erhaben sich hirse — und nadelkorpforosse , an den Insertion später stielähnlich eingezogen , wie polypôse Wärzchen, welche gleich den gereinigten Flecken , von dem Schleimhautnarben zukommenden Membran überkieidet werden und der Darmoberfiäche daselbst ein fein gefranztes Ansehn mittheilen. Sehr Ichrreich weiset diese Veranderungen ein Präparat unsers Museums an mindestens zwanzig liesen-bis thalergrossen Narben im Grimmdarme einer alten Frau nach, welche ein Jahr vorher eine bedeutende Dysenterie glücklich überstand, » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. : 307 Carl Rokitansky (1), dans son mémoire original sur le processus dysentérique, publié en 1839, a décrit aussi la formation d’excrois- sances polypoides en rapport avec les cicatrices d’ulcères dysenté- riques , et a exprimé l'opinion que les lésions qu'il observait étaient identiques à celles qu'a décrites Wagner ; il n’a pas, il est vrai, limité la taille des excroissances , comme l’a fait Wagner, et il a exactement reconnu leur mode de formation sur les débris isolés de la membrane muqueuse malade. Dans le mémoire qui vient d'être cité et dans la première édition de son Manuel (2), Rokitansky représentait la rare lésion dont il est question, comme accompagnant fréquemment la (1) Car RokITANSEY : Der dysenterische Proxess auf dem Dickdarme und der ihm gleiche am Uterus , vom anatomischen Gesichtspuncte beteuchtet, même journ., Bd. XXIX,., 1839. p. 88. — Il décrit deux modes de cicatrisation des ulcères dysentériques : le premier est le mode ordinaire , et le second se produit lorsque la perte de substance est considérable. Dans le dernier cas , il dit que la constriction du colon en résulte, conclusion que , ainsi que je l'ai montré ailleurs, (voir le passage du Medical History, cité dans la première. note de ce travail), les grands pathologistes ont aussi tirée, probablement de son étude d’un cas unique. Le premier mode, ou mode ordinaire est décrit ainsi: « Tritt Heiïlung ein , so hat man zunächst, nachdem die Schleimhaut an dem, in niederen Grade erkrankten Stellen auf die unter erwähnte Weise zur Norm zuruckgekehrt ist, keinere Flecken , oder ausgebreitete , buchtig umrandete Strecken vor sich, an denen sie fehlt, an denen somit der submucôse, matiweissliche , infiltrirte Zelistoff bloss zu Tage liegt. Nicht selten bleiben auf diesen Stellen vereinzelte Schleimhautreste wie Inseln zurück. Die blossæelegte submucôse Zellschichte wird nun allmählich — wie Leichenôffnungen aus den verschiedensten Zeiträumen nach abgelaufener Dysenterie lehren , — zu einem serôsen Gewebe umgewandelt; die Schleimhautbuchten am Rande werden gleich den inselfôr- migen Schleimhautresien , während sich das neue Gewebe einem sero-fibrôsen verdichtet, zu warzenähnlichen gestielten (polypôsen) Verhängerungen zusammen und hervogedrängt, wodurch die Ränder ein gefranztes, rundlich gezähntes Ansehen bekommen. Hat sich endlich in Fällen geringeren Substanzverlustes das neue Gewebe so verdichtet , dass es die Schleimhautränder an einander, und an die polypôsen Schleimhautreste herangezogen, so findet man als Narbe eine ihrem Umfange nach der Grôsse des Stratt gehabten Substanz- verlustes und der Grôüsse und Anzahl der inmitten desselben, zurückgebliebenen Scu- leimhamhtinseln entsprechende Stelle, von der sich eine Menge dicht beysammen stehender warziger Schleimhaut - Excrescenzen erhebt, zwischen denen man auf die serôs-fibrôse Basis , von der sie sich erheben, hineinsieht Diess sind Narben, von denen Wagner in seiner Charakteristik der dysenterischen Darmverschwärung in dieser Jahrbüchern , II, Bd 285t.,p. 274, spricht. » (2) La bibliothèque du Surgeon Genceral’s Office ne possède pas encore d’exemplaire de l'original , mais je cite d'après la traduction de la Sociélé Sydenham.— CARL ROKITANSKY. — Manuel d'anatomie pathologique, vol. II, London, 1849 , p. 86: « S'il y a guérison, les portions de la membrane muqueuse qui ont été affectées au plus haut degré sont d’abord rétablies dans leur état normal Entre elles , se trouvent de petites surfaces ou espaces plus étendus , à contours sinueux, privés de membrane muqueuse , et où le tissu cellulaire sous- muqueux , pâle et infiltré, se trouve dénudé. On voit assez souvent des débris détachés de membrane muqueuse adhérer à ces parties. Le tissu cellulaire sous-muqueux, dénudé, se transforme graduellement , comme l'ont prouvé les examens du cadavre aux périodes les plus diverses, après la cessation de la dysenterie , en tissu séreux ; il est, plus tard, condensé en un tissu séro-fibreux , et les portions sinueuses de la membrane muqueuse, au bord de 308 © JOURNAL DE MICROGRAPHIE. guérison des ulcères dysentériques, mais dans la dernière édition revue de ce travail classique (1), sa description savante de cette: anomalie a été omise dans l'exposé de la dysenterie , et transportée dans son mémoire sur la cicatrisation des ulcères folliculeux et autres. dus à l'inflammation catarrhale chronique du colon. Aussi, semble-t-il probable , malgré le langage vague de ses dernières publications que cette observation était alors rare, même dans l'expérience de Roki- tansky. Je suis, en vérité, pour plusieurs raisons, fortement porté à douter si Rokitansky et Wagner en ont jamais rencontré plus d'un seul cas chacun. Dans le cas de Wagner, les cicatrices , au nombre de «vingt environ, étaient de grandeur modérée, la plus grande ayant la dimension d'un thaler ; et, comme Rokitansky affirme que celles qu'il a vues étaient semblables, il est probable qu'elles étaient aussi moins étendues que la surface ulcérée dans le spécimen du Muséum. D' J. J. Woopwarp, Lieut.-Col. de l'Armée des États-Unis. (À suivre). TEGHNIQUE MICROSCOPIQUE. LA NIGROSINE. M. 1. Errera signale un nouveau réactif colorant qui agit sur les noyaux de cellule en les colorant en bleu intense, tandis que le reste de la cellule est incolore, C'est la Nigrosine (2). « La nigrosine, dit le Bullelin, est un des innombrables dérivés du goudron; elle se rattache à la série des indulines ; sa constitution est encore assez mal connue. — Elle est soluble dans l’eau , insoluble dans l'alcool et dans l’éther. Voici comment M. Errera l’emploie : La préparation colorée par un court séjour dens une solution la surface altérée, sont , ainsi que les restes isolés de la membrane muqueuse, resserrés par ce tissu en prolongements verruqueux et pédiculés (polypeux), et le contour primitive- ment sinueux prend une apparence frangée et dentelée. Dans les cas où la perte de subslance est considérable, le nouveau tissu peut se contracter de manière à amener les bords de la membrane muqueuse en contact l'un avec l’autre et avec les débris polypeux de la membrane muqueuse ; la cicatrice est alors représentée par un grand nombre d'excroissances verruqueuses de la membrane muqueuse , agminées , entre lesquelles la base sero-fibreuse dont elles procèdent , peut être dénudée, » (1) Canz ROKITANSKY. Lehrbuck der Pathologischen Anatomie, 3te umgearbeite Auflage, Bd. III. Wien, 1861. — Pour cette descriplion de la cicatrisation de l’ulcère dysentérique , voir p. 209. Le premier mémoire cité dans les notes précédentes est divisé en articles sur le Calarrhalisch Entsünduny, pp. 202-3 et sur l'Entzündung und Voreilerung der Drüsen der Dickdarmschleimhaut , p. 225. (1) De la fabrique de C A. F. Kahlbaum , de Berlin. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 309 de nigrosine , est lavée à l’eau distillée jusqu'à ce qu'elle ne cède plus aucune matière colorante au liquide. On peut alors, soit monter dans la'glycérine ou la glycérine gélatinée, soit passer à l'alcool, éclaircir au moyen de l'essence de girofles et monter dans le baume ou le FOR La première méthode est préférable S'il importe d'étudier le protoplasme et la partie de la figure nucléaire formée par l’achromatine de Flemming ; la seconde devra être employée si l’on s'attache surtout à l'examen de la chromatine (— nucléine), où s'il s’agit de rendre invisibles des grains d’amidon qui gèneraient l'observation. En somme, on voit que l'emploi de la nigrosine se rattache directement à la coloration des noyaux, imaginée par Hermann et récemment préconisée par Flemming (Arch. f. Mikr. Anat , Bd XIX, 1881). Cette substance mérite d'être mise sur ls même ligne que la safranine , le vert de méthyle et les autres réactifs colorants les plus justement estimés (1). DES VIRUS-VACCINS.® Je n'avais pas l'intention de faire un discours à ce Congrès , qui rassemble ici les médecins les plus éminents de tous les pays, et dont le succès est dû à l’habileté de son organisateur, M. Mac-Cormac. L'’amabilité de votre président en a décidé autrement. Comment, en effet, résister aux paroles si sympathiques de cet homme si distingué, qui joint à une grande honté de cœur un magnifique talent oratoire? Deux motifs m'ont amené à Londres : c'était d’abord pour m'instruire, en profitant de vos savantes discussions , puis pour me rendre compte de la place qu'occupe maintenant en médecine et en chirurgie, la théorie des germes. Certes, je retournerai à Paris très satisfait. Pendant la semaine qui vient de s’écouler, j'ai beaucoup appris, et j'ai été frappé , non seulement des progrès de la nouvelle doctrine , mais encore de son triomphe. Je serais coupable d'ingratitude et de fausse modestie, si je n’acceptais pas l'accueil que j'ai reçu chez vous et dans la société anglaise , comme un hommage rendu aux travaux auxquels je me suis consacré, depuis vingt-cinq ans, sur la nature des ferments, leur vie, leur nutrition et leur ensemencement dans les conditions naturelles et artificielles, travaux qui ont établiles principes et la méthode de la microbie, si on peut s'exprimer ainsi. Votre réception cordiale a ravivé en moi les sentiments de satisfaction que j'ai éprouvés , lorsque volre grand chirurgien, Lister, a déclaré que ma publication sur la fermentation lactique, en 1857, lui avait inspiré les premières idées de sa méthode chirurgicale , qui rend tant de services. Vous avez réveillé aussi le plaisir que j'ai éprouvé, lorsque notre éminent médecin, M. Davaine , a déclaré que ses travaux sur le charbon lui avaient été suggérés par mes études sur la fermentation butyrique et sur le vibrion qui la caractérise. Je suis heureux de pouvoir vous apporter l'expression de ma gratitude, en vous faisant connaître des faits nouveaux que j'apporte, pour l'étude des organismes microscopiques appliqués comme moyens préventifs des maladies contagieuses , maladies qui, pour la plupart, sont suivies de conséquences terribles, aussi bien pour l’homme que pour les animaux domestiques. Je vous parlerai donc des inoculations que j'ai faites du choléra des poules et du charbon , ainsi que de la méthode grâce à laquelle je suis arrivé à ces résultats, et qui est capable de produire les effets les plüs utiles. (1) Bullelin de la Soc. Belge de Microscopie, jrin 1881. (2) Discours prononcé par M. Pasteur au Congrès international médical de Londres. 310 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Avant d'aborder la question de la vaccine du charbon, ce qui est le résultat le plus important que j'ai obtenu jusqu'à présent, permettez-moi de vous rappeler le fruit de mes recherches sur le choléra des poules. C’est par cette recherche que des principes nouveaux et de la plus haute importance ont été introduits dans la science sur les virus et les propriétés contagieuses des maladies transmissibles. Plus d'une fois, dans ce qui va suivre, j'emploierai l'expression de virus-culture , comme autrefois, dans mes travaux sur la fermentation, j'ai employé les expressions de culture de ferment lactique, de vibrion butyrique, etc. Prenons maintenant une poule sur le point de mourir du choléra des poules et trempons le bout d'une baguette en verre, très fine, dans le sang de cet animal , avec toutes les précautions sur la nature desquelles je n'ai pas à insister ici. Puis , touchons , avec cette pointe chargée de sang, un bouillon de poule très clair, mais qui tout d’abord a été rendu stérile sous une température de 115 degrés centigrades ; ce bouillon se trouve dans des conditions telles , que ni l’air atmosphérique, ni les vases employés à cette expérience , ne puissent permettre l'introduction de germes venant de l'extérieur, germes qui, d’ailleurs, sont répandus dans l’air et se trouvent à la surface de tous les objets. Au bout de peu de temps, si le vase renfermant la culture est placé dans une température de 25 à 35 degrés centigrades , vous verrez le liquide devenir _ trouble et se remplir de petits organismes microscopiques dont la forme rappelle celle d’un 8, et qui sont souvent si petits que, même avec le plus fort grossissement, ils n'apparaissent que sous forme de points. Prenez de ce vase une goutte aussi petite que vous voudrez, une quantité aussi minime que celle qui peut être portée : à l'extrémité d’une baguette de verre aussi fine qu’une aiguille, et touchez, avec cette pointe, une nouvelle quantité de bouillon stérilisé qui se trouve dans un second vase, et vous observerez le même phénomène. Vous agissez de la même. façon avec un troisième vase à culture, avec un quatrième, et ainsi de suite jusqu'à un centième et un millième, et invariablement , dans l'espace de quelques heures, le liquide de la culture devient trouble et rempli des mêmes petits organismes. Au bout de deux ou trois jours, après avoir été exposé à une température de 30 degrés centigrades, le trouble du liquide disparait et un dépôt se forme au fond du vase. Cela signifie que le développement des petits organismes a cessé, en d’autres termes, que tous les petits points qui donnaient au liquide son apparence trouble, sont tombés à la partie inférieure du liquide. Les choses resteront dans ces conditions pendant un temps plus ou moins long , pendant des mois, même, sans que le dépôt ni le liquide présentent la moindre modification sensible, pourvu que l’on prenne des précautions pour empêcher l'introduction des germes de l'atmosphère. Un petit tampon de coton suffit pour filtrer l'air qui entre et sort du vase par suite des changements de température. Prenons une de nos séries de ces cultures ainsi préparées , la centième ou la millième, par exemple, et comparons-la, au point de vue de sa virulence , au sang de la poule qui est morte du choléra; en d’autres mots, inoculons sous la peau de dix poules, par exemple, une petite goutte de sang infectieux, et inoculons en même temps dix autres poules avec une quantité égale du liquide dans lequel le dépôt a été d'abord un peu agité. Chose étrange à dire , les dix poules inoculées avec le liquide meurent aussi rapidement et avec les mêmes symptômes que les poules inoculées avec du sang, et le sang de toutes contiendra, après leur mort, le même petit organisme infectieux. Cette égalité, si l'on peut s'exprimer ainsi, entre la virulence de la préparation culture et celle du sang, est due à une circonstance en apparence commune. J’ai fait une centaine de préparations de cultures, sans laisser un grand intervalle de temps entre les ensemencements, et c'est ainsi que peut s'expliquer l'égalité dans la virulence. Répétons maintenant, de la même façon, nos cultures successives, avec la seule différence que nous passons d'une culture à celle qui la suit immédiatement, mais JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 311 en les expérimentant à des intervalles de quinze jours , de trois mois , ou de neuf mois. Si maintenant nous comparons la virulence de ces cultures successives , nous observons un grand changement. Nous verrons rapidement, en inoculant une série de dix poules , que la virulence d'une culture diffère de celle du sang ou de celle de la culture précédente, lorsqu'un intervalle de temps suffisamment long s’est écoulé entre le moment de l'ensemencement d’une culture avec le micro- organisme et celui de la précédente culture. De plus, nous nous trouvons en possession d'un mode d'observation qui nous permet de préparer des cultures dont la virulence présente des degrés différents. Une préparation tuera huit poules sur dix, une autre cinq sur dix , une autre une sur dix , enfin, une autre n’en tuera pas une seule, bien que le micro-organisme soit toujours susceptible d’être cultivé. Si vous prenez maintenant chacune de ces cultures dont la virulence est atténuée, à leur point de départ, pour la préparation des cultures successives , et sans laisser écouler un intervalle de temps appréciable entre les différents ensemencements, toute la série de ces cultures reproduira la virulence atténuée de la culture qui a servi de point de départ. De même , lorsque la virulence est nulle, il ne se produit plus aucun effet. Comment alors , demandera-t-on , les effets de ces virulences atténuées sont-ils révélés dans les poules? Ils le sont par des désordres locaux et par une modification morbide plus ou moins profonde du muscle, si l’inoculation a été faite sur un muscle. Le muscle est rempli d'organismes microscopiques, facilement reconnaissables, _ parce que ceux qui sont atténués ont la même forme et la même apparence que ceux qui sont les plus virulents, Mais comment se fait-il que ce désordre local ne soit pas suivi de mort? Pour le moment, répondons par l’exposé des faits. Le désordre local disparait plus ou moins rapidement, l'organisme microscopique est absorbé, digéré, si on peut s'exprimer ainsi, et peu à peu le muscle revient à son état normal ; alors la maladie a disparu. Lorsque nous faisons une inoculation avec un organisme microscopique dont la virulence est nulle, il ne se ‘produit aucun désordre, pas même un désordre local. La natura medicatrix le fait disparaitre , et ici nous nous trouvons eu face de la résistance vitale , puisque l'organisme microscopique dont la virulence est nulle continue cependant à se multiplier. | En continuant cette étude, nous arrivons aux principes de la vaccination. Lorsque les poules ont été rendues suffisamment malades par un virus atténué, qui a été arrêté dans son développement par la résistance vitale , si alors on leur inocule un virus virulent , elles ne subissent eucun effet fâcheux ou ne présentent que . symptômes passagers. Elles ne meurent plus par l’action d’un virus mortel, pendant un temps suffisamment long, qui, dans certains cas, peut dépasser un an , le choléra des ‘poules ne peut plus les atteindre, surtout dans les conditions habituelles , dans lesquelles la contagion se fait dans les poulaillers. A ce point critique de nos expériences , c'est-à-dire dans l'intervalle du temps quenousiarons laissé s’écouler entre deux cultures et qui détermine l’atténuation , qu'arrive-t-il? Je vais vous démontrer que , pendant ce temps, l'agent qui intervient, c'est l'oxygène de l’air. Rien n’est plus facile à démontrer. Faisons une culture dans un tube contenant une petite quantité d'air, et fermons ce tube en le chauffant à une lampe à alcool ; l'organisme microscopique , en se développant , absorbera rapidement la quantité d'oxygène enfermée dans le tube et dans le liquide ; après cela, il sera complètement à l’abri du contact de l'oxygène. Dans ce cas , il ne paraît pas que l'organisme microscopique devienne atténué d'une façon appréciable, même après un assez long temps. L'oxigène de l’air semblerait donc capable de modifier l’agent de la virulence de l'organisme microscopique du choléra des poules, c'est-à-dire qu'il peut modifier plus ou moins la facilité de son développement dans le corps des animaux. Ne sommes nous pas là en présence d’une loi générale applicable à tous les virus ? Nous sommes en droit d'espérer pouvoir découvrir, de cette manière, la vaccine de toutes les maladies virulentes, et nous avons commencé nos recherches 7 312 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sur la vaccine de ce qu'on appelle en France le charbon, de ce que vous nommez en Angleterre splenic fever, qui est connu en Russie sous le nom de peste sibérienne, et en Allemagne de milzbrand. Dans ces recherehies j'ai été aidé par deux jeunes savants, MM. Chamberland et Roux. Au début, nous avons été arrêtés par une difficulté. Parmi les organismes inférieurs , tous ne se présentent pas sous la forme de corpuscules germes que j'ai été le premier à signaler comme étant une des formes possibles de leur développement Beaucoup d'organismes infectieux ne se présentent pas dans leur culture sous la forme de corpuscules germes. Tel est le cas de la levure de bière , que nous ne voyons pas se développer ordinairement dans les brasseries, par exemple , si ce n’est toutefois par une reproduction de scissiparité. Une cellule en fait deux ou plusieurs qui se réunissent en chapelet. Ces cellules se détachent et leur reproduction recommence. Dans ces cellules on ne voit généralement pas de germes. Les organismes microscopiques du choléra des poules et beaucoup d’autres, se comportent de cette manière, de sorte que les cultures de cet organisme, tout en conservant pendant des mois le pouvoir de se cultiver, périssent finalement comme la levure de bière qui a absorbé tous ses aliments. L'organisme microscopique du charbon dans les cultures artificielles, se comporte tout différemment. Dans le sang des animaux , aussi bien que dans les cultures, on le rencontre sous forme de filaments transparents plus ou moins segmentés. Ce sang ou bien ces cultures, exposées à l'air libre, au lieu de continuer à se reproduire, suivant leur premier mode de génération, présentent, au bout de quarante-huit heures , des corpuscules gerrnes disséminés en groupes plus ou moins réguliers, le long des filaments. Tout autour de ces corpuscules , la matière est absorbée, ainsi que je l'avais montré précédemment dans mon travail sur les maladies des vers à soie. Peu à peu toute connexion entre eux disparaît, et ils finissent par être réduits à une sorte de poussière de germes. Si vous faites fructifier ces corpuscules, la nouvelle culture reproduira la virulence particulière des germes qui ont servi à produire ces corpuscules ; ce résultat peut être obtenu, même après que ces germes ont été exposés pendant longtemps au contact de l'air Récemment, nous les avons découverts dans des fossés , où des animaux morts du, charbon ont été enterrés , il y a douze ans , et leur culture était aussi’ virulente que celle d’un animal qui serait mort récemment. ' Ici, je me vois obligé d'abréger mes observations : j'aurais voulu vous démontrer que les germes du charbon renfermés dans la terre des fosses où les animaux ont été enfouis , sont ramenés à la surface du sol par les vers de terre, et que c’est ainsi que se trouve expliquée l’étiologie de cette maladie, puisque les animaux avalent ces germes en même temps que leur nourriture. Une grande difficulté se présente lorsque nous cherchons à expliquer notre système d'atténuation par l'oxygène de l'air aux organismes microscopiques du charson. La virulence s’établissant elle-même très rapidement, souvent après vingt-quatre heures, dans un germe de charbon qui échappe à l'action de l'air, 1l m'était impossible de penser à découvrir la vaccine du charbon dans les mêmes conaitions que celles qui m’avaient amené à la découverte de la vaccine du choléra des poules. Fallait-il pour cela se décourager ? Assurément , non. Si vous regardez les choses de près, vous trouverez qu'il n’y a pas une grande différence entre le mode de génération des germes par scission et celui du choléra des poules. Nous avions donc des raisons de supposer que nous pourrions triompher de la difficulté qui nous arrêtait, en cherchant à empêcher l'organisme du charbon de produire des corpuscules germes et de le conserver dans cet état, au contact de l'oxygène, pendant des jours, des semaines et des mois. L'expérience a parfaitement réussi. Dans un bouillon de poule neutre, l'organisme microscopique du charbon n'est plus cultivable à 45° centigrades ; cependant sa culture est facile à 42 ou 43° centigrades. Mais dans ces . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 313 conditions, cet organisme ne produit plus de spores, Conséquemment il est possible de maintenir en contact avec l'air pur, à 42 ou 43° centigrades, une culture de bactéries ne contenant aucun germe ; c'est alors que j'ai obtenu les résultats les plus importants , au bout d'un mois ou de six semaines, la culture meurt; cela veut dire que, si on l’ensemence dans un bouillon frais , ce bouillon reste complètement stérile ; jusqu'à ce moment , la vie existe dans le vase exposé à l'air et à la chaleur. S1 nous examinons la virulence de la culture au bout de deux, six, huit jours, etc., on trouve que, longtemps avant la mort de la culture, les organismes ont perdu toute leur virulence , bien qu'ils soient encore cultivables ; avant cette période , on trouve que la culture présente une série de virulences atténuées ; ces faits sont donc les mêmes que ceux que l’on observe pour le micro-organisme du choléra des poules. De plus, chacune dé ces conditions de virulence atténuée peut être reproduite par la culture ; et comme le charbon ne récidive pas, chaque micro-organisme du charbon atténué constitue, pour le micro-organisme supérieur, un vaccin, c'est-à-dire un virus capable de déterminer une maladie moins grave. Nous nous trouvons donc en présence d’une méthode pour préparer un vaccin pour le charbon ; vous pourrez apprécier l'importance pratique de ce résultat; mais ce qui nous intéresse plus particulièrement, c'est d'observer que nous sommes ici en possession d'une méthode générale de préparer du virus-vaccin fondée sur l’action de l'oxygène et de l'air, c’est-à-dire d’une force cosmique existant partout à la surface du globe. Je regrette de n'avoir pas le temps de vous montrer que toutes ces formes atténuées de virus peuvent très facilement, par un artifice physiologique , recouvrer le maximum de virulence qu'ils avaient à l’origine. La méthode que je viens de vous exposer pour obtenir la vaccine du charbon n'était pas plus tôt connue, qu’elle fut immédiatement appliquée sur une très vaste échelle. En France, nous perdons chaque année , par le charbon, uu nombre d'animaux dont la valeur est représentée par vingt millions de francs. On m'a prié de faire une démonstration publique de ces résultats; je l’ai faite, et j'ai obtenu les résultats suivants : cinquante moutons ont été mis à ma disposition; parmi eux, il y en avait vingt-cinq qui étaient vaccinés ; quinze jours après, les cinquante moutons furent inoculés avec le virus charbonneux le plus virulent; les vingt-cinq moutons inoculés onf résisté à l'infection ; les vingt-cinq autres moutons, qui n'avaient pas été inoculés auparavant, moururent du charbon dans l'espace de cinquante heures. Depuis ce moment, je n’ai pu suffire à donner la quantité de vaccin que me demandent les fermiers. Dans l’espace de quinze jours , nous avons inoculé , dans les départements qui entourent Paris, plus de vingt mille moutons , ainsi qu'un grand nombre de vaches et de chevaux. Si je n'étais pas pressé par le temps, je vous ferais connaître deux autres espèces de virus atténués par la même méthode ; ces expériences seront communiquées au public dans quelque temps. Je ne veux pas terminer sans exprimer le plaisir que‘ j'éprouve en pensant que c'est comme membre d’un congrès médical international , réuni en Angleterre, que je publie les derniers résultats de mes expériences sur la vaccination d’une maladie, plus terrible peut-être pour les animaux domestiques , que la petite vérole ne l’est pour l'homme. J'ai donné au mot vaccination une extension que la science, j'espère, consacrera comme un hommage dû au mérite et aux immenses services rendus par un des plus grands hommes de l'Angleterre, Jenner. Quel plaisir pour moi, de pouvoir honorer ce nom immortel, dans cette noble et hospitalière cité de Londres! L. PASTEUR, Membre de l’Institut. Le Géranr : E. PROUT. 314 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. Prix . en France 4 fr 50. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. 3 fr. » — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 3fr. » — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, . Toux chronique , Maladie de la peau. Æfr. >» — Sirop Iodo-Phénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. 4 fr. » — Sirop au Phénate d Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. » — Huile de Foie de Morue phéniquée. à 4 fr. >» — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l'insolation et la Fievre bilieuse des pays chauds. 2 fr. » — Solution d'Acide Phénique pour Injections sous-cutanées. 2 fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. 145 e fr. » — Solution Hodo-Phénique. » 3 fr. 530 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » 2 fr. 539 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au Phênate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. & fr. » — Vin antidiabétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing, Guénon et €‘, 6, avenue Victoria. PEPTONES PEPSIOUSS A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrème état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l’économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues -dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se oué Pan beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 19 p. ; ‘ Les deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ce sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. Il contient par cuillerée à café la peptone pep- sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s'administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires, VIN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades: acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d'un ou deux verres l INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cacheæie. — Débilité.— Atonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. , Gros : CHAPOTEAUT, rende ge 8, rue Vivienne. — Hétail : Pharmacie VIAL , 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiës, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. Cinquième année. NS. Août 1881. PRONOMIR NA MICROGR APHIE SOMMAIRE : Revue, par le D'J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite), leçons faites au Collège de France, par le professeur BALBIANI. — Observations sur quelques espèces de Saprolégniées (fin), par M. FR. B. HINE. — Pseudopolypes du colon , résultat anormal d'uicérations des follicules intestinaux (suite). par le Cel D J. J. Woopwarp. — Évolution biologique du puceron de l’aulne (Vacuna alni}, par M. I. LICHTENSTEIN. — Bibliographie : Recherches sur l'appareil tégumentaire des racines, thèse pour le doctorat de la Faculté des Sciences de Paris. par M. LOUIS OLIVIER. — Avis divers RENDUE, On annonce un congrès phylloxérique international qui se tiendra à Bordeaux du 29 août prochain au 3 septembre. Les séances de ce congrès auront lieu pendant quatre jours ; elles seront accompagnées d’une exposition phylloxérique et d’un concours de machines élévatoires pour l’eau destinée à la submersion des vignes, et seront suivies d’excursions. Les principales questions qui figurent au programme des séances sont : Etat actuel de la France au point de vue phylloxérique. Communications des délégués officiels des pays étrangers. Histoire naturelle du phylloxéra, son origine, ses mœurs, ses modes de reproduction, ses procédés d'invasion, manière dont il attaque les vignes. à Moyens employés pour combattre le phylloxéra : submersion, sulfure de carbone, sulfocarbonates. 318 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. — Vignes américaines et greffage. Viticulture dans les sables. Autres maladies de la vigne : oïdium, mildew, anthracnose. Décisions à prendre ; mesures administratives à décréter. L'Exposition phylloxérique présentera à l'examen des visiteurs les objets suivants : Racines saines et racines phylloxérées, nodosités, tubérosités. Vignes saines et vignes phylloxérées. Galles phylloxériques des feuilles de vignes. Groupes de phylloxéras radicicoles (c’est-à-dire vivarit sur les racinés), jeunes, adultes, œufs, nymphes, ailés, sexués. Œufs d'hiver. Phylloxeras gallicoles (c’est-à-dire habitant les galles ou verrues creuses dont ils ont provoqué la formation sur les feuilles de la vigne) à divers âges. Ennemis naturels du phylloxéra de la vigne. -Phylloxéra du chêne. Dessins, écrits, brochures concernant la maladie phylloxérique et ses divers modes de traitement. Machines élévatoires en dessins ou en petits modèles : ces machines ont pour fonction de puiser, d'élever .et de transporter l’eau destinée à la submersion des vignes phylloxérées, submersion qui a pour effet de déterminer l’asphyxie des phylloxéras qui s’attaquent en si grand nombre à leurs racines ; appareils pour jauger l’eau élevée par ces machines, écluses, etc.; matériaux pour la construction des digues. Sulfure de carbone (ou acide sulfocarbonique) pur, sulfure de carbone impur ; éléments générateurs (soufre et charbôn : 16 en poids de soufre pour 3 de carbone) du sulfure de carbone ; dessins ou petits modèles de ses appareils de production et de rectification: Récipients pour Je contenir, le faire voyager et le manipuler sans danger. Réactifs et appareils ayant servi à étudier la diffusion du sulfure de carbone à l’intérieur du sol. Sulfocarbonate de potasse sec, sulfocarbonate de potasse dissous ; éléments générateurs du sulfocarbonate de potasse ; dessins ou petits modèles de ses appareils de production et de purification; autres sulfocarbonates. Autres insecticides proposés contre le phylloxéra. Moyens et appareils d'administration des insecticides : pals, sondes, tuyaux , canalisation mobile, entonnoirs ; siphons, pompes foulantes , pompes élévatoires. Instruments insecticides s'adressant à la partie aérienne de la vigne: badigeonneurs, brosseurs, échaudeurs , pyrophore , etc. Engrais organiques et engrais minéraux. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 319 Vignes américaines : diverses espèces et variétés. Leurs produits : vins, eaux-de-vie, alcools. — Coupes micrographiques et dessins permettant d'étudier la structure des racines qui résistent au phylloxéra. — Divers modes de greffage; greffoirs et machines à grefter. Insectes nuisibles à la vigne autres que le philloxéra : Pyrale de la vigne , Cochylis ou Teigne de la grappe, Eumolpe de la vigne ou écrivain, Attelabe de la vigne ou cigareur, etc. Moyens de les combattre. Microphytes (végétaux inférieurs étudiables seulement au micros- cope) parasites de la vigne, et maladies qu'ils occasionnent : Oïdium, Peronospora , mildew, anthracnose. Des excursions auront lieu, les 2 et 3 septembre , dans les vignobles des environs de Dléaex: les unes en vue de la constatation des résultats acquis par l'emploi de la submersion , du sulfure de carbone ou des sulfocarbonates, ou par d’autres modes de traitement ; les autres dans le but de visiter les collections de vignes de l'Amérique du Nord ainsi que les vignobles reconstitués, par greffage , sur les racines de ces vignes : les racines de certaines vignes américaines ont, comme on le sait, l’heureux privilège d’être dédaignées du phylloxéra. Espérons que le congrès de Bordeaux fera faire un pas de plus vers l’anéantissement du terrible ennemi qui s’attaque avec un acharnement sans cesse croissant à la principale source de richesse de notre pays. * * *X D'autre part, des dépêches de Suisse nous apprennent qu’un deuxième congrès phylloxérique s'ouvrira à Berne, le 2 octobre prochain. Et d’ailleurs, nous sommes dans la saison des congrès : Congrès de l'Association scientifique française pour l'avancement des Sciences, le mois dernier à Alger, congrès de l'Association Britannique, congrès médical international, ce présent mois, à Londres, congrès de l’Asso- ciation Américaine, à Cincinnati, congrès de la Société Américaine des microscopistes, à Columbus dans l’Ohio. Cette dernière Société a dû se réunir le mardi 9 août; nous n’avons pas encore connaissance de ses travaux , mais, certainement, nous y trouverons de nombreux mémoires intéressants; malheureusement, on se le rappelle, ces mémoires, à moins que la Société n’est modifié ses statuts depuis -l’an dernier , ne peuvent être imprimés dans aucun journal ou recueil avant qu'ils aient paru dans les Transactions de la Société. À tous ces congrès ajoutons un congrès pomologique à Lyon, et le congrès de géographie que le roi d'Italie doit ouvrir en personne, à Venise, dans le courant de septembre prochain. * %k % 320 | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Maintenant, je demande la parole pour un fait personnel. Le Bulletin de la Societé Belge et Microscopie, dans son-procès- verbal de la séance du 25 juin; me fait dire des bêtises et je n aime pas cela. Dire des bêtises est une mésaventure qui peut arriver à nimporte qui, — à moi comme à bien d’autres qui ne sont pas moins fiers pour cela, — mais, enfin, je fais ce que Je peux pour n’en pas dire et, quand je n’en dis pas, je n'aime pas qu'on m'en prête. M. Mauler m'a fait l'honneur de m'envoyer, il y a quelques mois, de très jolies préparations, sous verre bleu ; ; son but était de mono- chromatiser la lumière et de faciliter la résolution de diatomées , et il me demandait mon. avis. | | À quoi je lui ai répondu, que pour atteindre ce but, il me paraissait préférable de monochromatiser la lumière avant qu’elle ne parvint à l'objet, comme on le fait avec la cuve au sel de cuivre, c’est-à-dire, en montant ledit objet sur un slide bleu. J’ajoutais que, néanmoins. le cover bleu rendait l'image plus nette, — ce que nous savons tous depuis longtemps et ce que nous réalisons parfois dans nos laboratoires en mettant un morceau de verre bleu sur l’oculaire. Et M. Mauler de me répondre que l'adoption du cover bleu est utile, surtout avec les objectifs qui donnent une image irisée. C'est ainsi qu'avec l'objectif N° 7 d'Hartnack, le cover bleu est presqu'inutile, alors qu'il améliore beaucoup l’image, quand on se sert de l'objectif N°5 de Seibert. À quoi j'ai répondu à M. Mauler qu'il avait raison et que son emploi du cover bleu, — que j'approuvais d’ailleurs entièrement — était sur- tout utile avec les objectifs mal corrigés : « Les opticiens allemands en construisent volontiers de cet acabit, >» ajoutais-je. C'est là la phrase qui m'est reprochée comme une conclusion forcée du passage que j'ai cité ci-dessus de la lettre de M. Mauler. — « C’est généraliser bien vite, — me dit M. Cornet. — Pardon! d’abord ce n’est pas une conclusion que j'ai tirée, bien que ce fut un peu mon droit, — car il résulte assez nettement de la lettre de M. Mauler que son n° 5 de Seibert est assez défectueux, — de « l’acabit » de ceux qui sont mal corrigés. — Ce n’est pas une conclusion , — c’est un fait que j'ai posé, — et que je maintiens , d’ailleurs. — Mais surtout ce n’est pas une généra- lisation. Et quand M. Cornet, enfonçant une porte ouverte, vient dire: — « C’est généraliser bien vite. J'ai eu l'occasion d'expérimenter, chez M. Mauler , une série presque complète d'objectifs de Seibert, et: J'ai pu me convaincre qu'ils échappent à ce reproche. L'objectif 1/18 de Zeiss que nous venons d'employer, n'y échappe pas moins. » Quand M. Cornet vient dire cela, c’est lui qui tire de ma phrase — JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 324 } parfaitement exacte — une conclusion forcée, — et qui me fait dire une bêtise. J'ai l'air d'avoir dit que les objectifs de Zeiss, (qui est un « construc- teur allemand , ») et particulièrement ses admirables objectifs nou- veaux, à immersion homogène, tels que le fameux 1/18, sont mal cor- rigés, — ce qui estune pure absurdité. Je n’ai pas conclu, ni généralisé, que tous les constructeurs alle- mands (y compris Zeiss) fissent toujours tous leurs objectifs mauvais. I ya huit ou dix ans, on ne parlait pas beaucoup de Zeiss, en France, et son nom n’y était guère connu que par la préface de la traduction fran- çaise d’uu excellent livre allemand , /e Microscope et son application à l'anatomie végétale, par H. Shacht; — c'est à peine si Ch. Robin dans son Zraié du microscope citait le célèbre constructeur d’Iéna; — j'ai été l’un des premiers à proclamer les qualités de ses objectifs que j'avais vus en Allemagne , et je ne pense pas qu'on m'’ait jamais entendu dire que M. Zeiïss, construisit les objectifs mal corrigés. — Cet opticien est actuellement le premier du continent et je prie M. Cornet de croire qu'il y a bien, bien longtemps que je m'en suis aperçu. Quant à M. Seibert s’il a construit une série « presque complète » d'objectifs , série que M. Cornet a vue chez M. Mauler et qui est sans reproche , ilest certain que le n° 5 de ladite série n’est pas parfait, — que, même , il est mal corrigé, — et c'est M. Mauler qui nous le dit. Or, qnand j'avance que les constructeurs allemands font « volon- tiers >» — ce qui veut à peu près dire « quelquefois » — des objectifs défectueux, il me paraît que je suis dans le vrai, et tellement dans le vrai que j'ajouterai aujourd hui que./a plupart des opticiens allemands construisent le plus souvent des objectifs tout à fait secondaires. Et quand je dis cela , — ce qui est certain — il est évident que je fais une exception pour ceux qui en font de bons et surtout pour ceux qui tiennent le premier rang en optique scientifique sur le continent d'Europe. D' J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX, LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collége de France par le Professeur BALBIANI. | | (Suile.) (1) | Ehrenberg a observé la division du noyau , car c’est lui quia décou- vert cet élément si important. Il a, le premier, observé que le noyau (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 203, 257, 292. 322 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. se divise, mais il croyait que la division du noyau était terminée quand l'animal commence à s’étrangler par le milieu, et il admettait que la division du noyau avait lieu dans la fissiparité transversale ou longitudinale, et que le noyau se divisait toujours auparavant Il ad- mettait aussi que les vésicules contractiles se divisaient et que chacun des infusoires prenait la moitié des vésicules. — C'est une erreur complète. Du reste, Ehrenberg, qui considérait le noyau comme un testicule, était obligé d'admettre la division des vésicules contractiles, puisqu'il croyait que ces vésicules faisaient partie de l'appareil reproducteur et qu'il les prenait pour des vésicules séminales. Stein , Claparède , Lieberkühn , Lachmann arrivèrent à des notions plus exactes, tout en conservant cette erreur d'Ehrenberg que la division pouvait se faire longitudinalement et transversalement sur la même espèce. Il est difficile de donner une description générale des phénomènes, parce que ceux-ci varient avec l’organisation des divers types d'Infu- soires, mais on peut donner les principales lois qui y président , d’après les travaux de Stein, Claparède et Lachmann. Ce sont les suivantes : Contrairement à ce que croyait Ehrenberg, qui plaçait toute la divi- sion dans le noyau, celui-ci n’est pas le point de départ du travail, car la division est déjà très avancée quand le noyau est encore entier. Les vésicules contractiles , elles-mêmes , ne résultent pas de la division des anciennes, mais se forment de toutes pièces. — Quelquefois, cependant, il faut apporter une certaine réserve dans cette aflir- mation. | Ainsi, il peut se faire que les vésicules contractiles présentent des vaisseaux qui en partent, ou un appendice, comme chez les Stentors. Il'arrive alors que la nouvelle vésicule n’est qu'un dilatation locale de ce canal. — Fréquemment, toutefois, les vésicules nouvelles parais- sent se former sans connexion avec les anciennes. Un fait général est la formation précoce de la bouche na comme l'a si bien décrit Trembley. La formation de ce nouvel appa- reil buccal n’a pas été suffisamment étudiée et mériterait d’être exa- minée avec plus de soin. Quelques auteurs, tels que Stein, admettent que la nouvelle bouche et l'appareil buccal se formeraient de toutes pièces et sans connexion avec l'appareil buccal de l'animal primitif. D'après Claparède , au contraire, — et M. Balbiani pense qu'il en est ainsi, — l'appar eil nouveau se formerait en continuité avec l’ appareil ancien, et s’en séparerait ensuite. Nous ne pouvons entrer ici dans les détails de tous ces faits ; Ce qui nous intéresse particulièrement dans leur étude c’est la comparaison, — et tel est le but de ce cours, — du processus de la division chez les Infusoires avec celui de la division des cellules ordinaires qui a fait JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. 323 l'objet de la première partie du cours. La comparaison du rôle du noyau dans les Infusoires et Em les cellules ordinaires doit notam- ment nous intéresser. On admet que le noyau dans les Infusoires, se comporte comme dans toutes les cellules ; ce fait est réel, mais on croyait que c'était toujours de cette façon très simple que le noyau se comporte, et con- formêment au schéma tracé par Remak. Dans son travail publié en 1861 , dans le Journal de Physiologie de Brown-Sequard, (rôle des organes genéraleurs dans la division des infusotres ciliés), M. Bal- biani a moutré que le noyau et le nucléole passent quelquefois par des phases très compliquées , et bien plus compliquées qu’on ne l’admettait généralement. Il a cherché à combattre cette idée que le noyau tient sous sa dépendance tous les phénomènes de la division et montré que les individus peuvent être presque formés, avant que le noyau pré- sente le premier indice de division. Quant aux modifications propres du noyau , il a fait voir qu’elles sont en relation intime avec la forme et la structure de cet élément dans chaque type d’Infusoire. Quand le noyau est simple , le premier changement qui s’accomplit est un allon- gement de ce noyau qüi pénêtre ainsi plus profondément dans chaque moitié de cor PS ; puis, le noyau s’étrangle au milieu et se divise en deux parties qui s’éloignent l’une de l’autre et deviennent , chacune, le noyau d’un des nouveaux individus , suivant le schéma généralement admis pour les cellules. Mais, souvent, le noyau à la forme d’un ruban ou d’un cordon cylindrique , chez les Vorticelliens, les Euplotes, par exemple. Le phé- nomène de la division du noyau n’avait pas encore été étudié dans ses détails, chez ces Infusoires. M. Balbiani a fait voir que le premier changement qui se manifeste est une contraction de la substance du noyau , contraction qui le ramène , pour ainsi dire au type primitif, bien que les choses n’aillent pas, en réalité, jusque-là. Le noyau se raccourcit beaucoup, de manière à n’avoir plus que la moitié ou le tiers de sa longueur primitive, se transforme en une masse cylindrique, — c'est là dessus que M. Balbiani a surtout insisté — et cette masse vient se placer toujours dans le sens où elle doit être coupée par le plan de division. Si l’Infusoire appartient au type de ceux qui se divisent longi- tudinalement , comme les Vorticelliens, le noyau vient se placer trans- versalement dans le corps, et c’est dans cette position qu'il attend que la scission, — qui débute par le péristome — vienne le couper en deux. — Quand le plan doit passer dans le sens transversal, le noyau prend une position rm et toujours perpendiculairement au plan de division. Quand la séparation des deux moitiés est complète, les demi-noyaux s’allongent et reprennent la forme cylindrique et recourbée , normale chez l'animal à l’état de repos. 324 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Examinons maintenant ce qui-se passe quand , au lieu de présenter un noyau unique, l'Infusoire présente un noyau composé de plusieurs articles bout à bout. Le cas le plus simple est celui où il y a deux noyaux placés l'un derrière l’autre, dans l’axe RORE TES du corps , comme chez le Séylonycha mytilus. Stein avait déjà vu, en 1858, chez cette espèce, qu’au début de la division , les deux noyaux allaient à la rencontre l’un de l’autre et se fusionnaient en un noyau unique, arrondi et simple ; mais il considé- rait ce processus comme destiné à donner naissance à une catégorie spéciale d'individus auxquels il faisait jouer un rôle particulier, et ne pensait pas que ce fut un phénomène normal dans toute division spontanée chez les Oxytrichines. « J'ai montré, dit M. Balbiani, que cette fusion préalable des deux noyaux , déjà vue, mais mal interprétée, par Stein , est un phétomène normal, constant ,'de la fissiparité, non-seulement chez les Oxytri- chines , mais chez presque tous les types d’Infusoires dont le noyau se compose de plusieurs articles ; — j'ai fait voir en premier lieu, pour les Oxytrichines , que lorsqu'ils vont se diviser, on voit d'abord les deux noyaux, plus ou moins écartés, exécuter des mouvements de contrac- tion et d’allongement à la rencontre l’un de l’autre. Ils se rejoignent, en effet, à mi-chemin, se fusionnent en une masse commune, quel- quefois parfaitement arrondie. — Bientôt, cette masse s’allongé, se divise en deux portions qui se divisent elles-mêmes en deux autres : il en résulte quatre noyaux dont deux antérieurs, en avant du sillon de division du corps, et appartenant à l'animal primitif ou antérieur, et deux en arrière du sillon, appartenant à l'animal postérieur. — Par quel mécanisme se produit ce rapprochement des deux noyaux et cette fusion de leur masse en une masse unique ? — Nous avons vu que les deux noyaux ne sont pas isolés l’un de l’autre, mais, en réalité, unis par un ligament formé par la membrane d’enveloppe des deux noyaux, vide entr’eux de substance nucléaire. — Bütschli a confirmé cette observation. Il est donc probable que c’est par les contractions de. cette membrane que les deux noyaux se rapprochent et se confondent.» L'observation de ces phénomènes de division, chez les Oxytrichines, est facile et n’exige que de la patience. On peut suivre sur un même animal , sans le tuer, sans employer les réactifs, toutes les phases de la division. L'observation est même facilitée par ce fait qu'en ce moment les Stylonychia deviennent lents et cessent de se nourrir. On choisit un animal transparent et on le fait jeûner. Mais il faut un observateur doué de patience, — et d'un grand amour des Infusoires , — ce qui se rencontre quelquefois. Si le noyau a des articles très nombreux comme chez les Stentors , les Spirostomes , la fusion de tous les grains de ce long noyau moni- liforme constitue le phénomène le plus remarquable de la fissiparité JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 225 : chez ces animalcules, et ce phénomène est suivi du remaniement de toute la masse nucléaire en un nombre de grains toujours double du nombre primitif, la moitié de ces grains devant appartenir à l'animal antérieur et la moitié à l’animal postérieur. « C’est seulement, continue M. Balbiani, après avoir constaté ces phénomènes , que j'ai pu me rendre compte de certains faits et les in- terpréter : ainsi, lorsque je voyais un animal sorti de la division spon- tanée présenter le même nombre de grains nucléaires que l’animal primitif, imbu des idées alors régnantes du partage des éléments pri- mitifs entre les produits de la division, je ne m'’expliquais pas ces faits; ce n’est qu'après avoir constaté le dédoublement des grains que j'ai compris le phénomène. » C’est surtout chez les grands Spirostomes, qui mesurent 3 3 ou 4 milli- mètres et ont un énorme noyau momlforme que le phénomène est le plus saisissant. On voit toute cette longue chaîne se raccourcir peu à peu et les grains fusionner de manière à produire un long cordon irrégulier et noueux qui continue à se raccourcir, puis s’allonge de nouveau et traverse, dans un sens inverse, toutes les phases anté- rieures. De toutes les espèces connues, c’est chez certains Urostyliens que ces mouvements du noyau et de ses articles atteignent le plus haut intérêt. Chez l'Urostyla grandis, on n’aperçoit pas de noyau à l’état de repos, mais à l’aide du vert de méthyle acidulé , on voit des milliers de petits grains répandus par tout le corps, sorte de noyau moniliforme et comme un vrai peloton entortillé, et, sur tout son trajet, apparaissent les petits grains. C’est l'exagération, portée à l'extrême, de ce qu'on voit chez les Spirostomes. Mais les phénomènes sont les mêmes : ces grains se rapprochent , se fusionnent, se rassemblent en un cordon noueux, puis forment une masse unique qui, bientôt, recommence à s'allonger, le cordon noueux se reforme très distinct et l’on voit les petits grains disséminés sur le peloton. Ces phénomènes, si difficiles d'observation avant que M. Balbiani eut enseigné l'emploi du précieux réactif, sont aussi faciles à suivre avec le vert de méthyle sur ces Infusoires que sur les types dont nous avons déjà parlé. Il éxiste, cependant, des Infusoires chez qui les noyaux se comportent différemment, c’est-à-dire se répartissent tels quels et sans fusion préa- lable entre les deux animaux résultant de la division. Ils ne s'étranglent et ne se séparent pas en deux parties, dont l’une reste dans l'animal antérieur et l’autre appartient à l'animal postérieur. Ces Infusoires se rangent sous deux types, les Opalines et un animal très curieux, qui est une de nos plus belles espèces, le Loxodes rostrum. Les Opalines sont si remarquables que nous devons en parler. Leur histoire a été longtemps enveloppée d’obscurité et s’est éclaircie seulement dans ces dernières années. La multiplication des Opalines 326 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. \ par scission spontanée est très active. On les trouve chez tous les Batraciens , au moment où ceux-ci entrent dans l’eau pour se repro- duire. Peu à peu, une Opaline adulte, en subissant des divisions, soit transversales, soit longitudinales, se transforme en un grand nombre de petits individus qui possèdent un petit nombre des noyaux de l'individu premier. — Ceux-ci s’enkystent, forment des kystes de conservation , et ces kystes sont rejetés avec les excréments. Chaque kyste contient une Opaline , et celle-ci, suivant les espèces , possède un ou plusieurs noyaux. — Le nombre en est très fixe suivant les espèces. — Les jeunes kystes sont avalés par les tétards ; arrivé dans le tétard , le kyste éclot et la petite Opaline sort. Mais avant de sortir, si elle n'avait qu'un noyau, elle le garde, mais si elle en avait plusieurs, dans le kyste, ces noyaux plus ou moins nombreux disparaissent et sont remplacés par un seul gros noyau qui va devenir l’origine de tous les autres. Il les produit par des divisions successives. Ces Opalines n’ont pas de bouche, elles se nourrissent par endosmose. Ellés pour- suivent leur évolution dans le tétard et arrivent ainsi dans l'intestin des Batraciens adultes, où elles recommencent le cycle que nous avons décrit. C'est Engelmann qui a, le premier, trouvé les kystes, et les jeunes Opalines dans les tétards , et qui à vu la multiplication des noyaux , de un à trente-Leur histoire a été complétée, en 1877, par Zeller (Archiv de Siebold et Kôülliker). Cet auteur a vu comment elles dérivent, par division , des Opalines adultes et a observé leur enkystement. Il a pu infecter d'Opalines des jeunes tétards, avec des excréments de grenouille. M. Balbiani était arrivé, en 1874, à reconnaitre la plupart de ces faits, mais ses travaux sont restés inédits, car il voulait les complêter, mais les dessins qu'il en a faits et qui ont été conservés, montrent qu'il était arrivé à des résultats semblables. Il avait même constaté qu'avant de se multiplier par divisions successives , les Opalines se conjuguent deux à deux, et c’est à la suite de cette conjugaison qu'a lieu la division du corps en un très grand nombre de parties. Une autre espèce d'Infusoire chez laquelle on observe la transmis- sion des noyaux tels quels et sans fusion préalable, est, comme nous l'avons dit, le Loxodes rostrum. Celui-ci présente une rangée de noyaux et, s'il y en a vingt, par exemple, dix se répartissent à l’un des animaux et dix à l’autre. Il est remarquable de voir que cet Infusoire se multiplie à tous les âges, et le nombre des noyaux que contiennent les individus varie avec l’âge de chacun; les jeunes n'en ont qu'un ou deux, et le nombre des noyaux augmente à mesure que l'animal grandit; — mais on n'a jamais vu comment ces noyaux se multiplient, — Bütschli à fait, à ce sujet, une hypothèse : chaque noyau est, le plus souvent, accompagné d'un petit corps, (qui, pour JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 327 M. Balbiani , est un nucléole), et Bütschli suppose que ce petit corps devient un noyau nouveau. Ce corps, en se divisant, donnerait naissance à des noyaux normaux. C’est, nous le répêtons, une hypo- thèse , et cette vue ne repose pas sur l'observation directe. Le Loxodes rostrum est un des Infusoires les plus intéressants à étudier. Il est facile à observer, et on le trouve aisément dans les eaux douces, d'autant plus que sa taille est considérable, comme nous l'avons dit. VI Après avoir décrit les phénomènes de la division des noyaux dans la fissiparité , nous avons à examiner ceux que présente la division des nucléoles dans les.mêmes circonstances. Le Stylonychia mylilus possède quatre nucléoles , deux auprès de chacun de ses deux noyaux.Au moment où les deux noyaux se réunissent en un seul, celui-cise trouve posséder tes quatre nucléoles, globuleux, réfringents , qui restent toujours isolés. Jamais, à aucune phase, ceux- ci ne fusionnent comme les noyaux. Leur transformation ne débute que quand la masse nucléaire commence à s’allonger de nouveau. Les quatre nucléoles augmentent de volume et prennent un aspect strié ; ils deviennent pâles et se dérobent à l’observation sur 18 vivant. Il faut, pour les voir, employer les réactifs, et particulièrement l’acide acétique. Bientôt, chacun s’allonge, se divise en deux moités qui restent rèunies par leur membrane d’enveloppe ; il en résulte huit corps réunis d'abord par paires, par l'intermédiaire de la membrane. Puis, la membrane qui relie chaque paire continue à s’allonger et entraine les articles postérieurs au-delà de la constriction médiane du corps de l’Infusoire , les plaçant ainsi dans la moitié postérieure , presqu’à l’en- droit où ils doivent être situés définitivement. Il se forme ainsi un groupe postérieur de quatre nucléoles et un groupe antérieur de quatre nucléoles ; chaque moitié de l'animal primitif obtient donc le même nombre de nucléoles , et le même que l'animal primitif. Chacun de ces nucléoles , est, dans cet exemple, la moitié d’un des nucléoles anciens. Quand ces nouveaux corps se sont distribués , ils restent encore unis pendant un certain temps par la membrane d’enveloppe étirée en une sorte de filament. Mais, bientôt, celle-ci se résorbe et les nucléoles deviennent complètement indépendants. Si nous comparons maintenant les processus par lesquels s’effectue la division des noyaux et celle des nucléoles, chez l’animalcule pri- mitif, nous trouvons que ces processus ne sont pas les mêmes. Pour les nucléoles , la division se fait individuellement , sans fusion préa- lable , tandis que les noyaux se fusionnent, sans doute, pour opérer 5 Re ————— ———— ——— 328 | JOURNA DE MICROGRAPHIZ. un remaniement de la matière nucléaire et ft rétablir l'homogénéité qui a pu être troublée par la fragmentation de ce noyau. Quand , au lieu de quatre nucléoles , il n’y en a que deux, accom- pegnant chacun un article nucléaire , (Oæytricha), ces deux nucléoles se comportent comme les quatre nucléoles du Siylonychia mytilus. De même, chez les Vorticelles, qui à côté de leur long noyau rubané, présentent un nucléole, celui-ci subit les mêmes phases que chez le Stylonychia mytilus. Les nucléoles s’allongent toujours parallèlement au noyau, de manière à se placer, comme lui, perpendiculairement au plan de division. i _ De quelle manière se comportent, pendant la fissiparité les nom- oreux nucléoles des Stentors et des Spirostomes 4 ? — Les phénomènes sont, dans ce cas, beaucoup moins évidents , à cause de ce que les nucléoles sont beaucoup plus difficiles à trouver. M. Balbiani n’a jamais réussi à les observer d'une manière nette pendant la fissiparité , et c'est particulièrement pendant la conjugaison que ces éléments deviennent apparents. Il y a encore un Infusoire, qui présente quelques doutes quant à la manière dont se comportent ses nucléoles. C’est le même Zoxodes rostrum dont nous avons parlé tout à heure. Chacun de ses grains nucléaires présente sur l’un de ses côtés, — mais pas d'une manière constante — un petit corps lenticulaire ou réniforme, placé sur la capsule qui entoure le noyau. Nous avons déjà signalé plus haut l'exis- tence de ces corps auxquels Bütschli a supposé un rôle particulier. Pour M. Balbiani ce sont des nucléoles , mais il n’a pas encore observé de modifications dans ces nucléoles , et croit que chacun d’eux accom- : pagne un des noyaux quand ceux-ci sont répartis entre les deux in- dvidus. Chez les Opalines, (0. ranarum), les noyaux ne se sont Jamais montrés accompagnés de nucléoles, on ne sait donc rien à ce sujet puisqu'on ignore même si les nucléoles existent. Tous ces faits ont été confirmés par Stein, Kôlliker, et surtout par Bütschli dans son grand ouvrage paru, en 1876, sur les Infusoires com- parés à l'œuf des animaux. « A l’époque où je faisais ces observations, ajoute M. Balbiani, on ne connaissait pas encore ces faits si remar- quables de la division du noyau dans les cellules ordinaires , et, bien que j'eusse déjà signalé, dans les éléments nucléiformes des Infusoires, des faits qui se rapportent certainement à la division nucléaire, tel, par exemple, que l'aspect strié qu'ils présentent à certains moments, la signification de ces faits m'avait échappé ; — j'attribuais la striation à des plis de la membrane d'’e enveloppe ou à des parties épaissies dans le sens longitudinal, tandis que j'aurais dû rapporter cette différen- ciation des nucléoles à des modifications qui se produisent dans la a JOURNAT, DE MICROGRAPHIE. 329 substance intime de ces petits corps. C’est à Bütschli qu'il était réservé de nous mettre sur la voie de cette comparaison. Nous reviendrons sur ce sujet à propos de la conjugaison car c’est un point des plus intéressants pour l’histologie et pour l'histoire des Infusoires. (À suivre). OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES DE SAPROLÉGNIÉES. (Fin) (4). Bientôt après que les gonosphères ont été ainsi fertilisées, chacune d'elles se trouve entourée d’une membrane distincte , et leur contenu (PI. XI, fig. 7,) subit un changement en se divisant en un grand nom- bre de corps de même taille, — les oospores ou produits derniers de la génération sexuelle. Ce sont les spores restantes destinées, après un temps indéterminé, à donner naissance aux formes parthénogénétiques. Quand elles‘ne sont pas dérangées, elles restent longtemps dans l'oogone, et s’échappent par déhiscence irrégulière, comme c'est le cas dans la génération asexuelle , mais la paroi se brise irrégulièrement , ainsi que celle de la gonosphère, pour mettre les spores en liberté, à un moment indéterminé. J’ai vu les gonosphères vides , mais je n’ai Jamais vu les spores passer au travers pour sortir. Dans un cas, les oospores ont germé cinq jours après leur formation, mais, de règle, elles restaient en repos pendant un temps beaucoup plus long. Lorsque la germination se produit, l’oospore prend un accroissement deux ou trois fois plus considérable que sa taille primitive, avec un centre sombre ; le filament ainsi produit est transparent, sauf à sa base et à son extrémité végétative ; il est d’abord presque de la taille de la spore et n’est pas une simple protubérance d’un des côtés comme dans la germination des zoospores. Ces filaments n’ont pas été jusqu'à pro- duire le fruit, aussi, je ne puis dire s’ils se reproduisent toujours eux- mêmes, comme c’est quelquefois le cas dans le genre Monoblepharis ou s'ils donnent toujours naissance aux formes à sporanges. Ces oogones latéraux et sphériques ne sont pas les seules formes produites, car, très souvent, dans cette espèce, il y a des formes cylin- driques et interfilamentaires, (PI. XI, fig. 8) , qui portent une simple rangée de deux à sept gonosphères. Je ne les ai jamais vus terminaux , quoiqu'ils précèdent toujours les formes latérales qui viennent sur le même filament. Les gonosphères sont de la même taille et formées de (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 250, 300. 330 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. la même manière que dans l’autre cas, mais se présentent fréquemment sous la forme oblongue au lieu de ronde. J'ai rarement pu déterminer la présence d'une anthéridie, mais quand j'en ai vu, elle s’étendait seulement jusqu'à la partie inférieure du sac, les spermatozoïdes pou- vaient alors passer librement dans l’intérieur pour assurer la parfaite fécondation. (PI. XI, fig. 8.) | En octobre 1877, j’ai trouvé une forme très ressemblante à cette dernière sur le pétiole d’une feuille de sycomore (Plaianus occiden- talis, L.) Elle en différait principalement par ses oogones detaille tout à fait variable, quelques-uns étant aussi gros que ceux des formes qui croissent sur les morceaux de pin , tandis que d’autres ne contenaient, chacun, qu’une seule gonosphère, et n'avaient que la grosseur suffisante pour la contenir ; leur couleur était d'un brun foncé. Cet Achlya est, sous beaucoup de rapports, semblable à l'A. race mosa Hild. (3), bien qu’il y ait encore beaucoup de différences dignes de remarque, mais elles ne sont pas d’une importance suffisante pour mériter un nom spécifique. La plante que j'ai décrite est beaucoup plus simple , car elle est peu rameuse, alors qu'elle l’est le plus ; les sporanges sont toujours terminaux et ne présentent aucun caractère raciniforme ; les oogones sont rarement terminaux et les anthéridies émettent leur contenu directement dans l’oogone ; c'est une règle (1). J'ai vu de même la fréquente production d’oogones cylindriques et interfilamentaires. L’Achlya lignacola, Hild, (3) qui présente des carac- tères différentiels à peu près aussi remarquables què ceux de l'espèce ci-dessus, est considéré par les dernières autorités (2—6) comme une simple variété de l’A. racemosa. Aussi, dans ce cas, Je désignera l'espèce qui lui ressemble comme un Achlya racemosa, var., « sug- gesting, »: et ferai remarquer,:sen même temps, que le nom d'Achlya vartiabilis serait beaucoup mieux approprié pour les trois variétés réunies. En septembre 1878, j'ai trouvé une forme très rameuse de l'Achlya, croissant sur une grenouille morte prise dans un étang; l’eau était très froide et vive, conditions les plus favorables pour la croissance des Saprolégniées. Dans ce cas, le filament atteignait une longueur de deux centimètres et produisait à la fois des sporanges et des oogones sur la même plante. Les sporanges formaient toujours l'extrémité , et étaient produits un peu avant les oogones et donnaient naissance à un beaucoup plus grand nombre de zoospores que la forme précédem- ment décrite. Les oogones étaient latéraux et portées sur un pédicelle beaucoup plus mince que dans l'A. racemosa, var, Les granules ne se réunissaient pas pour former les particules globulaires, et, dans l’agré- (1) J'ai quelquefois vu une anthéridie avant et aussi après que les spermatozoïdes avaient été expulsés , et il n'y avait aucun tube de formé mnt à mettre JOURNAL, DE MICROGRAPHIE. 331 | d gation, elles restaient à proximité de la paroi de l'oogone, laissant un centre clair jusqu'à ce qu’elles aient pris la forme sphérique. Les branches anthéridiales partaient de différents points du filament, et jamais de l’oogone. Avant d'atteindre celui-ci, elles se ramifiaient invariablement un certain nombre de fois, et se fixaient sur le même oogone, sauf dans les cas très rares où elles passaient à un autre, où , quand elles n'en atteignaient aucun. Le nombre des anthéridies pour chaque organe femelle variait de un à plusieurs, et, dans quelques cas, elles recouvraient presque totalement la surface de l’oogone. Dans la plus grande parte de ses caractères, cette forme se rapportait tout à fait à l'A. polyandra, Hild. (3), et, sans aucun doute, elle appartient à cette espèce. | MonNoBLEPHARIS, Cornu. Comme nous l’avons déjà dit, les caractères distinctifs que M. Cornu (2) donne à ce genre sont, que les zoospores sont munies d’un simple cil, et que la paroi des filaments n’est pas formée de cellulose. Je n'ai Jamais vu les zoospores sortir du sporange sur la torme que j'ai étudiée, aussi je ne puis la classer dans ce genre d’après la nature des cils ; de plus , Lindstedt (4, 55) déclare qu’il y a des formes, dans quelques-uns des autres genres, qui produisent des zoospores avec un simple cil ; de sorte que ce caractère seul ne peut être considéré comme distinctif, tant que tout le groupe ne sera pas plus complètement connu. Le caractère de ses filaments rapproche cette forme de ce genre, et la génération sexuelle ressemble davantage à celle du Monoblepharis que toute autre. Elle diffère beaucoup par ses caractères spécifiques de deux espèces, (M. sphærica et M. polymorpha) , décrites par Cornu (2,82), et pro- bablement de latroisième (M. prolifera), dont il déclare la reproduction sexuelle inconnue. Je ne pense pas que la différence soit assez grande pour donner lieu à la création d'un nouveau genre, et je propose pour cette forme le nom spécifique de M. lateralis, n. sp., qui désigne en même temps , la position des oogones et des anthéridies. Les premiers spécimens avaient été trouvés sur une mouche tombée dans un vase plein d’eau. Les filaments, d’une longueur de cinq millimètres environ , formaient une couche épaisse, dont l’apparence générale différait du S. ferax trouvé dans des conditions semblables ; ils étaient très blancs, pendant la fructification, au lieu d’être d’un gris clair. Après un examen attentif, d'autres mouches furent placées dans de petites bouteilles, et, avec elles, des spores des spécimens trouvés. Un jour après, de courts filaments rendaient la végétation évidente, et donnaient une apparence veloutée à la partie de la mouche qu'ils recouvraient; deux jours plus tard, les mouches étaient . 832 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. complètement entourées et les plus longs filaments avaient une longueur d'environ quatre millimètres. A la fin du troisième jour, beaucoup d'oogones étaient formés, mais sur une soixantaine environ qu'on a pu noter, trois seulement avaient formé des gonosphères, quatre montraient l'agrégation , et tous les autres étaient obscurs, granuleux et à peine formés. J'avais de bons spécimens pour l'étude, mais je ne pus surveiller , avec un soin suffisant, le développement des oogones. Les mouches étaient alors placées dans des verres de montre et arrosées avec des spores de la seconde récolte. Cette opéra- tion fut répétée six fois, en ensemençant à chaque fois avec les spores de l’expérimentation précédente et elle: prouva que c'était là une condition propre à la croissance des spores et à l'examen dé leur condition naturelle. Dans tous les cas, la fructification avait lieu sur les filaments près de la surface de l’eau, où les oogones devenaient si abondants qu'ils donnaient à la masse une couleur blanche et une apparence très fine- ment granuleuse. De maigres filaments croissaient par-dessous, et, dans beaucoup de cas, restaient stériles. Lorsque les mouches s’en- _fonçaient de manière à être complètement couvertes par l’eau, il se produisait un très petit nombre d'oogones. Quand un jeune spécimen était submergé , la production des oogones était matériellement em- pêchée et il se produisait des sporanges accidentels. Nous voyons done que pour la production des formes sexuelles, la plante doit être près de la surface de l’eau. Je n’ai pu voir d’oogone se former au-dessus de la surface , et on verra plus loin que la fécondation ne peut s'effectuer dans un pareil cas ; aussi, la seule raison que je puis alléguer pour ce fait est que la plante peut avoir quelques hyphes aériennes, et exige ainsi l’action de l'air sur quelques-unes de ses parties. Quand une maigre croissance avait lieu, ilse formait une légère couche de filaments s’anastomosant juste à la surface. Il ne fut pas fait alors d'observations plus suivies , et les expérimentations ultérieures , pour éclairer ce point ainsi que d’autres d’une manière satisfaisante , ont eu un résultat nul : le champignon n'a pas paru. On peut donc déjà conclure que ce genre, ainsi que les autres dont j'ai parlé , est doué d’une alternance de génération. Je n'ai pu étudier complètement la forme parthénogénétique, mais dans deux experimen- tations qui durèrent douze ou treize jours, il s’est produit des spo- ranges ressemblant beaucoup aux dernières formes dans les Sapro- legnia. Is étaient plus tardifs que les oogones et poussaient sur des filaments plus courts qui rayonnaient autour de la mouche. Les oogones se produisent en grande abondance et à des intervalles irré- guliers, sur les différents côtés des filaments, très rarement aux extrémités. Ils se développent de la même manière que les oogones de l'Achlya racemosa, var.; ils sont plus petits, n’ayant que 0,04" à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 333 0,05" de diamètre, et leur contenu est plus épais et plus granuleux. Le pédicelle est aussi petit en proportion avec l'oogone, que dans |A. polyandra , mais généralement plus large et plus recourhé dans toute sa longueur , ce qui donne un caractère languissant à l'organe (PI. XI, fig. 12). La membrane de l’oogone est percée d’un grand nombre de trous (fig. 16) — disposition propre à faciliter la féconda- tion — , ce qui la fait différer du M. sphærica, Cornu, et du M. poly- morpha, Gornu , car on attribue à ces espèces une seule ouverture à l'extrémité de l’oogone. La plus grande différence avec la génération sexuelle déjà décrite est dans le développement de l'organe mâle, qui est, en dernier lieu, un corps libre formé sur le côté de l’oogone, au lieu d’être formé sur le pédicelle, et féconde rarement l'organe sur lequel il est produit. Lorsque l’oogone a presque atteint son complet développement, un. petit boursoufflement survient sur un de ses côtés , généralement près du pédicelle. Cette petite bosse grossit et forme une masse presque sphérique, d’un cinquième, environ, du diamètre de l’oogone, remplie de granules de diverses tailles, quoique pas aussi denses que dans l’oogone. Si ce corps est formé ou non par une projection à travers une ouverture déjà existante dans la membrane extérieure, c'est ce que je ne puis dire avec certitude, mais je pense que c’est très probable, car son point de fixation est à peu près de la taille de quelques-unes des ouvertures dont j'ai parlé et sa membrane est délicate comme la mem- brane intérieure de l’oogone. Ce corps atteint son plus grand déve- loppement (PI. XI, fig. 12) en sept heures environ, et alors un diaphragme le sépare du contenu de l'oogone. Deux heures plus tard , un corps protoplasmique , légèrement graänuleux, sort à travers le sommet de cette cellule latérale , et s'échappe, libre, dans le milieu ambiant (PI. XI, fig. 13 et 14) laissant un sac transparent et délicat fixé à l’oogone. Cet anthérozoïde est alors sphérique et nage avec une rotation lente et irrégulière. Trois minutes après avoir quitté le sac, et après être tombé au fond , en repos, il prend peu à peu une forme irrégulière et se met à ramper le long des filaments ou sur l’objet sur lequel il est tombé par hasard , et cela , avec un mouvement vraiment amiboïde ; il envoie des prolougements irrégulièrement arrondis dans différents sens , puis se ramassant de nouveau en une simple masse, il prend si exactement les diverses formes d’une amibe, que je ne pouvais pas croire qu'il provenait d'un de ces sacs vides que je voyais sur les oogones , tant que je n’ai pas eu suivi son développement sur plusieurs exemples. Beaucoup de ces anthérozoïides peuvent provenir d'un même oogone, mais jamais plus d’un ne sort du même sac ; et comme, aussi, plusieurs oogones se développaient en même temps, l'eau qui entourait les filaments abondait en anthérozoïdes et rendait presque certaines les chances de fécondation. J’ai vu jusqu'à cinq 334. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. anthérozoïdes sur le même oogone, j'ai noté avec soin les change- ments d’un corps amiboïde sur la surface d'un oogone, mais comme il ne se présentait pas de différences très importantes, je les ai seule- ment dessinés à des intervalles de vingt minutes. Combien de temps sont-ils susceptibles de conserver ce mouvement, je ne puis le dire, mais j'ai trouvé des spécimens qui ont continué de se mouvoir pendant deux heures et demie. Lorsqu'ils n’ont pas pris part à la fécondation, ils tombent en prenant une forme sphérique et ne sont plus d'aucune valeur dans l’économie de la plante. Selon M. Cornu, l’anthérozoide du M. sphærica et du M. poly- morpha passe à travers une ouverture au sommet de l’oogone , — seule ouverture qui existe, — pour effectuer la fécondation, mais dans le M. lateralis , l'anthérozoïde envoie , à travers une des nom- breuses ouvertures, un petit tube par lequel passe la masse de l'an- thérozoïde , laissant une membrane délicate, mais plus petite que le sac de l’anthérozoïde, sur le côté extérieur. Je ne puis ‘certifier le temps requis pour la germination après la fécondation , mais j'ai re- connu qu'elle avait lieu en sept ou huit jours. Ces formes sexuelles ont la faculté de se reproduire elles-mêmes, car, dans six cultures, dont chacune était ensemencée avec les spores de la précédente , sauf l'exception déjà faite, aucune autre forme de fruit ne se produisit, et toutes les plantes aboutirent à la formation d'oogones. On a pensé que ces formes pouvaient être une des conditions aqua- tiques de l'Empusa muscæ, Cohn., car les spécimens croissaient en automne et en hiver. J'ai fait, à ce sujet, quelques expériences, dont je ne puis donner maintenant en détail les résultats qui, tous, tendent à détruire cette supposition Je n'ai Jamais vu de description des formes américaines de ce groupe, mais aussi loin que mes observations ont pu atteindre, jé trouve qu'il est bien difficile de les identifier avee les espèces européennes , comme on le fait pour les champignons plus élevés ; la variation devient, en effet, dans beaucoup de cas, une différence vraiment spécifique. Le groupe tout entier offre une étude microsco- pique très intéressante , et ceux qui feront ce travail microscopique trouveront qu'il vaut bien le temps qu’ils lui consacreront. Ces plantes se trouvent dans les ruisseaux, les étangs, les eaux vives et les aquariums contenant des plantes aquatiques. Dans le voisinage de « Cornell University, » j'ai dernièrement trouvé huit espèces diffé- rentes représentant les genres Zeplomitus, Agardh; Saprolegnia , Eseub ; Pylhium, Pring.: Dictyuchus , Leitgeb.: Achlya et Monoble- pharis, Cornu. Lorsque de précieux spécimens sont attaqués dans les aquariums par ces plantes parasites, voici comment il convient de faire : M. S.-H. Gage, du laboratoire anatomique de « Cornell University », JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 339 m'informe qu'il a réussi à détruire une espèce de Saprolegnia qui était devenue parasite sur une anguille, en épongeant l’animal avec une solution à dix pour cent d'acide phénique ; de même aussi, les spéci- mens de Menobranchus infestés par la forme de Saprolegnia dont j'ai parlé dans ce mémoire , ont été débarrassés complètement en les lavant avec soin avec de l’eau camphrée. Le Rév. M.-J. Berkeley dit dans son « Treasury of Botany >». — « Le carbonate de soude prévient leur développement, et il est probable aussi que le bisulfate de potasse peut être plus efficace, d’après Les effets qu’on lui connaît sur l’obscure végétation des Cryptogames. » € En terminant, je veux remercier le professeur Prentiss, à l'amabilité et aux encouragements de qui je dois d’avoir pu publi?r ce mémoire. Frank B. HInE. PSEUDO -POLYPES DU COLON, RÉSULTATS ANORMAUX DE L'ULCÉRATION FOLLICULEUSE. . (Suzte) (1) Plusieurs autres écrivains systématiques sur l’anatomie patholo- gique ont répété, sous une forme plus ou moins abrégée, la description originale de Rokitansky, mais sans indiquer qu'ils aient jamais ren- contré eux-mêmes d'exemples de cette lésion (2). Simplement, parce (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 305. (2) Ainsi, par exemple, C. E. Bock, — Lehrbuch der Path.-Anatomie, 4 te Auflage; Leipzig, 1864, p. 420 — écrit au sujet des ulcérations intestinales catarrhales. « Die Vernarbung dieser Geschwüre geschieht durch dichtes, meist schwarz pigmentirtes, schrumpfendes Bindegewebe, auf welchem sich die Schleimhautreste in vorspringenden polypenartigen Wäülsten und Franzen erheben. Mit dieser Vernarbung ist stets ein Verengerung des Darmrohrs verbunden, die um so stärker und mit scirrhôser zu verwechseln ist, je mehr die Muscularis ia das submucôse HSE Re dabei verdicht sind. S. O. HABERSHON.— Diseases of the Abdomen , 2° éd., London, 1862, p- 384— dans son chapitre sur la colite et la dysenterie, fait cette ibn mu « Au troisième degré, nous trouvons de l’ulcération, ne consistant quelquefois qu’en petits ulcères circulaires, mais généralement d'aspect plus étendu. Les ulcères sont souvent de forme ovale et dirigés dans l'axe transversal de l'intestin; leurs bords sont soulevés et injectés, irréguliers et mal. déterminés ; leur base est formés par les couches cellulaires ou musculaires. Ces ulcérations s'étendent, puis se réunissent jusqu’à ce que la surface muqueuse soit presqu'entièrement détruite , excepté quelques parties isolées çà et là, parties qui se congestionnent intensement et prennent l'aspect d’excroissances polypoïdes, » S. Wizxs et W: MOXON. — Lectures on Pathological Anatomy, 2° éd., London, 1815, 336 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. qu’elle est si rare, le spécimen du Muséum est l’objet d’un grand intérêt ; mais, comme on le verra.plus loin, certains détails de struc- ture, observés dans l'étude de l'histologie des replis de la membrane muqueuse malade, constituant les pseudo-polypes, lui donnent une importance beaucoup plus grande que celle résultant de la seule rareté du fait en lui-même. La pièce a été présentée au Muséum par le Professeur John T. Hodgen, de St Louis, Missouri, lequel à donné l'historique suivant du cas qui le lui a fourni. « La patiente était une femme mariée de quarante-quatre ans, qui avait joui d’une très bonne santé, si l'on excepte une attaque de fièvre de malaria qui dura presque deux ans, en 1849 et 1850, jusqu'à l’année 1866, où, après une fausse couche, elle a été attaquée de cellulite pelvienne ; une grande quantité de pus se forma dans la cavité pelvienne, pus qui vint à trouver issue par le rectum. Pendant cette maladie, qui dura environ trois mois, elle était tellement affablie que son rétablissement était devenu extrêmement douteux. Je n’entrerai pas dans les détails du traitement, mais je dirai, qu’aussitôt que ses forces le lui permirent, elle alla aux bains de mer, où elle resta plus de trois mois, surtout à Coney Island. Avec le changement de climat, le rétablissement fut rapide et complet. | « Depuis ce temps, sa santé a été très bonne jusqu’à la fin d'avril 1876, où elle se plaignit d'être tourmentée par des « hémorrhoïdes internes » et eut quelques hémorrhagies d’intestins. Il n'y avait rien Ja qui put donner l'alarme ou même faire soupçonner un plus grave désordre ; d’ailleurs, de légers médicaments causaient du soulagement. Vers ce temps, elle s’en alla à Montgomery Co, Missouri, où eile passa deux ou trois semaines chez une de ses sœurs. Après son départ’ de cette contrée, vers le 31 mai, elle alla, avec son mari, visiter dans le Nord et dans l'Est, plusieurs villes des Etats-Unis, sur les grands lacs et dans les possessions anglaises ; puis, elle passa une semaine ou deux à New-Yorck et à Philadelphie, et enfin retourna à St-Louis vers le 1% juillet 1876. Elle jouissait d'une bonne santé et souffrait peu de la fatigue du voyage. Son état physique était excellent ; elle avait gagné plus de douze livres et sa mine était ramarquablement bonne. Du premier juillet au mois de septembre, elle a séjourné ‘une partie du temps dans la ville et l’autre dans le comté de Montgomery. » 0 p. 416 — ont confondu cette lésion avec la « colitis polyposa » — wide infra — d'une manière qui rond douteux s'ils ont personnellement eu connaissanoe de ces deux maladies : « Entre les ulcères, la membrane muqueuse est élevée, rouge, molle, et forme un grand nombre d'ilots. Ceux-ci peuvent avoir une épaisseur et un développement prodigieux, alors . qu'ils sont encore , à leur partie supérieure , recouverts de la couche muqueuse folliculeuse , ilé ressemblent alors à des amas de polypes. Cet état est appelé colitis polyposa. » — RE JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 337 « Vers le milieu de septembre, elle retourna de nouveau dans l'Est, cette fois, directement à Boston, pour conduire un fils à l’école, et accompagner un ami d'une santé délicate. Elle resta huit à dix jours à Boston, et pendant son séjour elle fut saisie d’une forte dysenterie qu'elle maïîtrisa au moyen d’une « mixture antidiarrhéique de Velpeau » que lui avait recommandé son cousin. Elle attribuait cette dysenterie à un « froid » qu'elle avait pris en quittant un de ses vêtements, un matin qu il faisait chaud, avant de sortir. Le vent ayant passé à l’est, la température baissa considérablement pendant le jour. Quand elle eut regagné son logement, la nuit, elle eut froid et fut malade. La dysenterie survint immédiatement, et, depuis ce temps, la malade ne retrouva jamais sa bonne santé. Plus tard , elle passa quelque temps à New-York, deux semaines , et près de trois semaines à Philadelphie : elle se sentit mal, eut des selles irrégulières et parfois sanguinolentes, des maux de tête, des douleurs de ventre, des coliques, bien qu'elle ne se plaignit pas beaucoup, et j'attribuai son œil hagard et déprimé à ses efforts excessifs et à la fatigue qu'elle prit pour voir l'Exposition. (Je n'ai su que quelques mois plus tard qu'elle avait déjà eu quelque chose comme des attaques dysentériques à Quaker- City.) > Elle crat que son état maladif, à Philadelphie, était causé par la chaleur sèche d’un fourneau de Baltimore qui se trouvait dans la maison qu'elle habitait. Outre ses maux de tête, elle se plaignait de grippements fréquents dans la. partie inférieure de l'abdomen. Le premier novembre, elle était de retour à St-Louis. Les premières semaines furent marquées par une amélioration positive dans sa position. Elie avait l'habitude de passer beaucoup de temps au dehors, dans le courant de la journée, mais elle passait généralement ses soirées chez elle dans le calme et la lecture. » Vers le 15 décembre,elle recommença à se plaindre ; les épanche- ments de sang devinrent plus fréquents et plus abondants, et conti- nuêrent ainsi Jusqu'à environ quatre semaines avant sa mort. Ces symptômes ne donnèrent pas d’inquiétudes jusqu'au 18 décembre, où, pour la première fois, son mari remarqua les épanchements de sang. Pendant sa longue maladie, le symptôme le plus remarquable fut ces hémorrhagies qui revenaient quelquefois dix ou quinze fois, et souvent davantage encore, dans les vingt-quatre heures ; la quantité de sang perdu à chaque selle était d’une on deux onces ; ce n’était souvent que du sang presque pur; souvent aussi, c'était un liquide sangui- nolent, séreux ou épais , ressemblant à de la farine d'avoine mélangée d'eau, et ayant toujours une odeur particulière, repoussante, extré- mement pénible pour moi. Plusieurs fois par jour, il se trouvait une trace de matière fécale, et parfois aussi, il y avait accidentellement une selle fécale presque, sinon tout-à-fait normale. La malade souf- mp a ———————_——_——— 338 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. frait, par intervalle, de grippements dans la partie inférieure de l’abdo- men ; parfois, plusieurs jours de suite, même, elle ne souffrait qu’à peine, tandis que d’autres fois, elle avait des douleurs presque continues; ses plus grandes douleurs se faisaient sentir généralement avant les selles fécales. Elle était généralement gaie et toujours pleine d'espoir en une guérison complète. Son pouls monta, mais rarement à 120, et ne descendit jamais au-dessous de 68; la moyenne était d'environ 94. » La température ne fut pas prise bien réguliérement, car la malade appréciait vivement son importance ; la température sous l’aisselle était d'environ 100° F; elle n’excéda jamais 1022. L’appétit était mé- diocre, l'estomac troublé par des vomissements continuels, les aliments n'étant que très rarement retenus pendant un certain temps. Il y avait là une difficulté obstinée qui résistait à tous les efforts que firent les médecins pour la maîtriser et qui causa de grands embarras dans le choix de la nourriture. ! > Pendant les cinq derniers mois de sa vie, la malade souffrit peu de la tête, et resta en pleine connaissance jusqu'à près de six heures avant de mourir, Elle est morte le 8 mai 1877. » Le traitement fut tel que semblaient l'indiquer les phases de la maladie. Je ne puis me rappeler les différents remèdes, ni les effets qui furent observés ; et il n’y aurait rien d’utile à ürer de cette relations d’ailleurs, fastidieuse. Je dirai cependant qu'une alimentation stricte- ment nécessaire, des mets légers, faciles à digérer et nourissants, le repos au lit furent, parmi toutes les prescriptions, celles sur lesquelles on insista le plus. Avant d’être soumise à un traitement régulier, elle avait pris une préparation de mercure, dix grains de « blue mass » suivie d’un purgatif et accompagnée d'un tonique amer et de quinquina. L'irritabilité de l'estomac ne permettant pas l’usage interne de la quinine, on en appliquait une solution concentrée sur la peau. L'emploi de la quinine fut continué pendant des mois avec quelques courts intervalles, et, non seulement les effets n’en furent pas mauvais, mais je crois qu'ils furent réellement toniques. | » Lorsque les médicaments adoucissants ne pouvaient arrêter les évacuations excessives, des lavements d’eau chaude produisaient un bon effet. Pilules et suppositoires opiacés, opium, tannin et autres astringents ; l'électricité, appliquée une seule fois, et qui produisait une irritation manifeste : la belladone et son alcaloïde, l’élxir de guarana , la strychnine, la noix vomique, le bismuth, le bismutk et le charbon de bois, l'ergot et ses préparations et beaucoup d’autres médicaments furent mis à l'essai et souvent avec un succès apparent, car ils ne donnèrent de bons résultats que pour peu de temps. La malade cessait momentanément toute espèce de médication, mais RE ————————— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 339 RE faisait la plus grande attention à son régime. La maladie parut suivre son cours sans modifications jusqu'à ce que la mort s'en suivit, et, d’après les symptômes, la mort parut résulter plutôt de l'impuissance à s’assimiler la nourriture que des effets directs de la maladie, et cepen- dant, après la mort, l’épiploon et d’autres parties furent trouvés chargés de graisse. | > Le corps présentait une extrême émaciation. Le péritoine ne présentait aucun indice évident d’inflammation, sauf au côté droit du bassin, où juste à ses bords, se trouvaient de vieilles adhérences, avec quelques dépôts d’inflammation récente qui formaient des adhé- rences entre l'ovaire droit, le ligament large et la têle du colon; dans cette dernière région se trouvait renfermé un petit amas de pus. L'iléum était ulcéré sur une étendue de quatre pouces, depuis la valvule iléo-cæœcale. L'état du colon et du rectum est mis en évidence par la pièce anatomique. » De ce récit il résulte que la malade, après une attaque aiguë de dysenterie , souffrit pendant sept mois d'un flux intestinal chronique et, finalement, est morte avec les symptômes ordinaires de l’ulcération folliculeuse du gros intestin. La pièce reçue au Muséum; consiste en deux parties de colon; l’une d’elles, (N°1447, Medical Section), appartenait au colon transverse et descendant, et a huit pouces et demi de long. Les deux pouces supé- rieurs de cette pièce présentent une ulcération folliculeuse, un épaissis- sement considérable de la membrane muqueuse et du tissu connectif sous-muqueux, avec une contraction transversale et, par conséquent, une diminution du calibre de l'intestin. Ces lésions sont conformes, en tous points, à celles décrites et figurées dans le Medical History (1) sous le titre de « Chronic inflammation accompanied by follicular or other Ulcers. » Plus bas, sur la même pièce, les ulcères deviennent cepen- dant plus larges, ils se réunissent entr'eux de telle sorte que dans les cinq pouces inférieurs de la pièce, la circonférence entière de l’intes- tin est occupée par un seul immense ulcère, à la base duquel se trouvent de nombreux îlots de membrane muqueuse intacte. La membrane muqueuse dont sont formés ces ilôts est même plus épaissie que celle de la partie supérieure de la pièce, et est diverse- ment repliée suivant des formes bizarres. En les examinant, même à l'œil nu, on ne peut douter de la véritable nature de ces ilôts, si l’on considère la partie supérieure, aussi bien que la partie inférieure de la pièce, bien qu’au bas de celle-ci, il s’en trouve plusieurs qu’on pourrait (1) Voir p. 465 ef seq., vol. cité dans la première note de‘ce mémoire 2% 340 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bien prendre pour de vrais polpyes, si on ne les considérait qu’en eux mêmes. Les plus remarquables d’entr’eux sont représentés dans les figures ci-dessous. (Fig. 5, n° 1,2,3.) Fig. 5. La seconde pièce, (N° 1448, Medical Section), a été prise encore plus bas sur le colon; elle a environ quatre pouces de longueur ; toute sa surface muqueuse est occupée par un seul ulcère, continuation de celui qui occupe la plus grande partie du N° 1447. Treize excrois- sances polypoïdes s'élèvent à sa surface; quelques-unes d’elles, plus ou moins ramifiées , naissent sur une seule tige comme de vrais polypes (Fig. 6, NS4et5). Fig. 6. D’autres laissent voir qu'ils ne sont réellement que des plis de la membrane muqueuse, par leur mode d'insertion sur deux tiges (Fig. 6. N°5 6, 7). Le plus gros, dans le centre de la pièce, est un 1lôt triangu- laire, irrégulier, de membrane muqueuse, large d’environ trois quarts de pouce, dont les bords sont contournés en forme polypoïde. Toute la pièce est représentée dans la fig. 7, ci-contre. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 341 Fig. 7. Pseudo-polÿpe du colon, N° 1446, Medical section, Army Medical Museum , (grandeur naturelle. ) Son aspect est tel qu’en l'examinant à l’œil nu, on pourrait facilement croire que la surface générale entre les pseudo-polypes est formée de membrane muqueuse, mais le microscope montre que c’est réellement le tissu connectif sous-muqueux infiltré d'éléments lymphoïdes, — et transformé , dans le fait , en un tissu à granulations , contracté, — et que la membrane muqueuse elle-même:est complètement détruite, sauf à la surface des pseudo-polypes. Les lésions microscopiques sont bien mises en évidence par une série de coupes (N°° 7993 à 7997, Microscopical Section), faites au muséum par le D'J. C. Mac Connell, dont les mains habiles ont fait les dessins pour ce mémoire. C’est dans ce but qu'un des pseudo polypes a été choisi et enlevé avec un fragment d’un centimètre carré, s 344 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. investigations presque exclusivement sur les formations vasculaires du cylindre central. L'anatomie des tissus extérieurs aux éléments conducteurs méritait cependant un examen spécial. Il est, en effet, très important de déterminer la structure et le mode de développement de ces tissus , leur rôle physiologique , les différences qu'ils présentent dans la série des plantes suivant les groupes naturels et les variations du milieu physique. M. Louis Olivier a récemment consacré à cette étude un mémoire très étendu. Il en a fait l’objet d'une thèse qu'il a soutenue en Sorbonne pour obtenir le grade de docteur ès-sciences ; nous en avons alors signalé l'apparition ; mais comme cette thèse n’a pas encore été mise en librairie, nous avons dû attendre, pour en rendre compte, que les Annales des Sciences naturelles en aient publié un extrait. M. L. Olivier comprend sous le nom d'appareil tégumentaire l'ensemble des tissus extérieurs au système vasculaire de la racine , savoir : 1° L’assise pilifère externe ; | 2° Le parenchyme sous-jacent dont la dernière assise, membrane protectrice ou endoderme, est caractérisée par les plissements échelonnés de ses faces radiales ; 3° L’assise périphérique du cylindre central, dont les éléments alternent avec ceux de l’endoderme et recouvrent immédiatement les premiers vaisseaux des faisceaux primaires tant libériens que ligneux. Le système vasculaire est donc confiné dans la région centrale de la racine et séparé du milieu extérieur par un grand nombre d'assises cellulaires. Plusieurs de ces assises, notamment les plus externes et les plus internes, deviennent le siége de phénomènes particuliers que nous allons bientôt décrire et qui ont pour but d'assurer la protection du membre. Leur fonction la plus genérale est donc essen- tiellement tégumentaire: de là le nom d'appareil tégumeniaire donné par M. L. Olivier à l’ensemble des tissus quelles constituent. I. Les expériences d’Ohlert et de Sachs nous ayant appris que, dans les racines, l'accroissement longitudinal s'effectue à une très faible distance de leur sommet, il semble au premier abord que l’on puisse suivre sur la même racine depuis son extrémité jusque dans sa région la plus âgée, les diffèrentes phases de son développement, souvent, en effet, les histologistes déterminent l’évolution des tissus dans ce membre en T'é tudiant sur un seul individu. Mais cette méthode risque quelquefois de conduire à des résultats inexacts , puisqu'elle ne tient pas compte du développement transversal. Or, ce développement est indépendant de l'accroissement en longueur et peut être très inégal à différentes distances du sommet. Dans ce cas, M. L. Olivier a eu soin d'étudier la formation des tissus sur plusieurs racines de la méme espèce présentant des degrés inégaux de croissance. Grâce à cet examen comparatif il a pu reconnaître dans le mode de formation de l'appareil tégumentaire des dispositions morphologiques dont la loi lui eut échappé s’il s'était borné à faire selon l'usage , des coupes transversales ou axiales sur la même racine, Nous insistons à dessein sur la méthode adoptée par M. L. Olivier, parce qu’elle diffère essentiellement de celle qui est suivie dans la pratique des laboratoires et qu'elle l'a conduit à des résultats nouveaux pour la science. NS Nous devons signaler aussi, au point de vue de la méthode, l'emploi que M. L, Olivier a fait des réactions microchimiques. Gomme l’auteur le fait remarquer cette méthode permet de suivre d'une façon continue toutes les phases de la réaction sans s’exposer à se méprendre sur la localisation du phénomène. Lorsqu'on soumet à l'action successive de certains agents divers éléments histologiques, et que, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ; 345 ‘opération terminée , on les examine au microscope, il est le plus souvent impossible de les reconnaitre, à plus forte raison de se prononcer sur la nature des changements qu'un traitement déterminé leur a fait subir. Si au contraire, on les observe sur une couche mince où ils ne sont que juxtaposés, il est toujours facile de les distinguer (alors même que leur constitution anatomique a été profondénient altérée par les réactifs), puisque leur position relative n’a pas varié. En opérant ainsi, M. L. Olivier a constaté que la suberification , loin d’être un phénomène particulier aux cellules du liège et à la cuticule, est au contraire une modification très générale de tous les tissus, toutes les assises, tous les éléments histologiques destinés à jouer le rôle physiologique d'épiderme. Il a montré que dans bien des cas il en est ainsi de la deuxième assise du tégument ou assise épidermoïdale ; ses parois radiales et surtout sa paroi tangentielle externe s’épaisissent considéra- blement et se subérifient , lorsque la membrane pilifère s’exfolie. Telles sont, chez beaucoup de monocotylédones, l'endoderme et les cellules non rhizogènes de l’assise périphérique du cylindre central. Telles sont aussi, chez toutes les gymnos- permes et un grand nombre de dicotylédones , toutes les cellules du parenchyme tégumentaire primaire à un certain état. de leur évolution. L'auteur a exposé ces faits pour chaque système de tissus , et il en a suivi les : variations dans la série des plantes. Cette deuxième section de son mémoire comprend deux parties: l’une morphologique, l’autre physiologique. Le cadre de cette analyse nous oblige à n’en indiquer que les conclusions les plus générales. FF. Au point de vue de la morphologie de la racine, tous les végétaux vasculaires peuvent être répartis a priori en deux grands groupes. Au premier appartiennent les cryptogames vasculaires etles monocotylédones ; au second, les gymnospermes et les dycotylédones, caractérisées toutes deux par la production de vaisseaux secondaires. Or, ilrésulte des recherches de M. L. Olivier que, chez les plantes du premier groupe ; 1° la forme des cellules subéreuses se rapproche de celle du cube; 2° le liége , lorsqu'il existe, procède de l’une des assises de la zone externe du parenchyme tégumentaire, le plus souvent de la seconde assise sous-jacente à la membrane pilifère. Au contraire, d'après l’auteur, chez les gymnospermes : {1° les cellules subéreuses sont {abulaires ; 2° le lhiége dérive de l’assise périphérique du cylindre central ; au moment où lés arcs cambiaux infralibériens commencent à organiser des vaisseaux secondaires, les cellules de l’assise péricambiale qui sont situées en regard des faisceaux ligneux primaires se cloisonnent tangentiellement vers leur bord interne et, par une série de divisions centrifuges parallèles à la première, engendrent un tissu parenchymateux. En même temps les cellules de l’assise péricambiale qui recouvrent immédiatement le liber primaire se cloisonnent tangentiellement vers leur bord externe e* forment ainsi en direction centripète des éléments subéreux. Mais bientôt toutes les cellules, tant rhyzogènes que non rhyzogènes, de l’assise péricambiale se divisent dans le sens tangentiel à la fois vers leur bord interne et - vers leur bord externe , donnant ainsi naissance à un anneau complet de parenchyme tégumentaire secondaire vers l’intérieur, à un manchon continu de liége vers l'extérieur. 3° Au début même de cette production , le parenchyme tégumentaire primaire commence à s’exfolier ; il n’est générateur d'aucun tissu, sa chute, bien que progressive, est très rapide. Élle est précédée d'une modification tres remarquable qui s'opère dans les parois de ses cellules; celles-ci manifestent, très peu de temps avant de s'exfolier, les réactions de la subérine ; la subérification L] 344 . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. investigations presque exclusivement sur les formations vasculaires du cylindre central. L'anatomie des tissus extérieurs aux éléments conducteurs méritait cependant un examen spécial. Il est, en effet, très important de déterminer la structure et le mode de développement de ces tissus , leur rôle physiologique , les différences qu'ils présentent dans la série des plantes suivant les groupes naturels et les variations du milieu physique. M. Louis Olivier a récemment consacré à cette étude un mémoire très étendu. Il en a fait l’objet d’une thèse qu'il a soutenue en Sorbonne pour obtenir le grade de docteur ès-sciences ; nous en avons alors signalé | l'apparition ; mais comme cette thèse n’a pas encore été mise en librairie, nous avons dû attendre, pour en rendre compte, que les Annales des Sciences naturelles en aient publié un extrait. M. L. Olivier comprend sous le nom d'appareil téqumentaire l’ensemble des tissus extérieurs au système vasculaire de la racine , savoir : 1° L'’assise pilifère externe ; 2° Le parenchyme sous-jacent dont la dernière assise, membrane protectrice ou endoderme, est caractérisée par les plissements échelonnés de ses faces radiales ; 3° L’assise périphérique du cylindre central, dont les éléments alternent avec ceux de l’endoderme et recouvrent immédiatement les premiers vaisseaux des faisceaux primaires tant libériens que ligneux. Le système vasculaire est donc confiné dans la région centrale de la racine et séparé du milieu extérieur par un grand nombre d’assises cellulaires. Plusieurs de ces assises , notamment les plus externes et les plus internes, deviennent le siége de phénomènes particuliers que nous allons bientôt décrire et qui ont pour but d'assurer la protection du membre. Leur fonction la plus genérale est donc essen- tiellement tégumentaire: de là le nom d'appareil légumentair e donné par M. L. Olivier à l'ensemble des tissus quelles constituent. I. Les expériences d'Ohlert et de Sachs nous ayant appris que, dans les racines, l'accroissement longitudinal s'effectue à une très faible distance de leur sommet, il semble au premier abord que l’on puisse suivre sur la même racine depuis son extrémité jusque dans sa région la plus âgée, les diffèrentes phases de son développement, souvent, en effet, les histologistes déterminent l’évolution des tissus dans ce membre en l'étudiant sur un seul individu. Mais cette méthode risque quelquefois de conduire à des résultats inexacts, puisqu'elle ne tient pas compte du développement transversal. Or, ce développement est indépendant de l'accroissement en longueur et peut être très inégal à différentes distances du sommet. Dans ce cas, M. L. Olivier a eu soin d'étudier la formation des tissus sur plusieurs racines de la méme espèce présentant des degrés inégaux de croissance. Grâce à cet examen comparatif il a pu reconnaître dans le mode de formation de l'appareil tégumentaire des dispositions morphologiques dont la loi lui eut échappé s’il s'était borné à faire selon l'usage , des coupes transversales ou axiales sur la même racine. Nous insistons à dessein sur la méthode adoptée par M. L. Olivier, parce qu’elle diffère essentiellement de celle qui est suivie dans la pratique des laboratoires et qu'elle l’a conduit à des résultats nouveaux pour la science. Nous devons signaler aussi, au point de vue de la méthode, l'emploi que M. L, Olivier a fait des réactions microchimiques. Comme l’auteur le fait remarquer cette méthode permet de suivre d'une façon continue toutes les phases de la réaction sans s’exposer à se méprendre sur la localisation du phénomène. Lorsqu'on soumet à l'action successive de certains agents divers éléments histologiques, et que, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. , 345 ‘opération terminée , on les examine au microscope, il est le plus souvent impossible de les reconnaître, à plus forte raison de se prononcer sur la nature des changements qu'un traitement déterminé leur a fait subir. Si au contraire, on les observe sur une couche mince où ils ne sont que juxtaposés, il est toujours facile de les distinguer (alors même que leur constitution anatomique a été profondénient altérée par les réactifs), puisque leur position relative n’a pas varié. En opérant ainsi, M. L. Olivier a constaté que la subérification , loin d’être un phénomène particulier aux cellules du liège et à la cuticule, est au contraire une modification très générale de tous les tissus , toutes les assises, tous les éléments histologiques destinés à jouer le rôle physiologique d’épiderme. 11] a montré que dans bien des cas il en est ainsi de la deuxième assise du tégument ou assise épidermoïdale ; ses parois radiales et surtout sa paroi tangentielle externe s’épaisissent considéra- blement et se subérifient , lorsque la membrane pilifère s’exfolie. Telles sont, chez beaucoup de monocotylédones, l'endoderme et les cellules non rhizogènes de l’assise périphérique du cylindre central. Telles sont aussi, chez toutes les gymnos- permes et un grand nombre de dicotylédones , toutes les cellules du parenchyme tégumentaire primaire à un certain état de leur évolution. L'auteur a exposé ces faits pour chaque système de tissus, et il en a suivi les : variations dans la série des plantes. Cette deuxième section de son mémoire comprend deux parties: l’une morphologique, l’autre physiologique. Le cadre de cette analyse nous oblige à n’en indiquer que les conclusions les plus générales. FF: Au point de vue de la morphologie de la racine, tous les végétaux vasculaires peuvent être répartis a priori en deux grands groupes. Au premier appartiennent les eryptogames vasculaires etles monocotylédones ; au second, les gymnospermes et les dycotylédones, caractérisées toutes deux par la production de vaisseaux secondaires. Or, ilrésulte des recherches de M. L. Olivier que, chez les plantes du premier groupe ; 1° la forme des cellules subéreuses se rapproche de celle du cube; 2° le liège , lorsqu'il existe, procède de l’une des assises de la zone externe du parenchyme tégumentaire, le plus souvent de la seconde assise sous-jacente à la membrane pilifère. Au contraire, d'après l’auteur, chez les gymnospermes : 1° les cellules subéreuses sont {abulaires ; 2° le liège dérive de l’assise périphérique du cylindre central ; au moment oùles ares cambiaux infralibériens commencent à organiser des vaisseaux secondaires, les cellules de l’assise péricambiale qui sont situées en regard des faisceaux ligneux primaires se cloisonnent tangentiellement vers leur bord interne et, par une série de divisions centrifuges parallèles à la première, engendrent un tissu parenchymateux. En même temps les cellules de l’assise péricambiale qui recouvrent immédiatement le liber primaire se cloisonnent tangentiellement vers leur bord externe et forment ainsi en direction centripète des éléments subéreux. Mais bientôt toutes les cellules, tant rhyzogènes que non rhyzogènes, de l’assise péricambiale se divisent dans le sens tangentiel à la fois vers leur bord interne et - vers leur bord externe , donnant ainsi naissance à un anneau complet de parenchyme légumentaire secondaire vers l'intérieur, à un manchon continu de liége vers l'extérieur. 3° Au début même de cette production , le parenchyme tégumentaire primaire commence à s'’exfolier ; il n'est générateur d'aucun tissu, sa chute, bien que progressive, est très rapide. Elle est précédée d'une modification tres remarquable qui s'opère dans les parois de ses cellules; celles-ci manifestent, très peu de temps avant de s'exfolier, les réactions de la subérine ; la subérification 346 ; JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Et commence par l’assise pilifère , puis se propage en sens centripète jusqu’à l’endo- derme , lequel reste quelque temps accolé au liége sous-jacent avant de s’exfolier. Pour établir ces faits, M. L. Olivier a dû pratiquer des coupes transversales successives sur des extrémités radicellaires de 3j10 de millimètre de diamètre, et les poursuivre dans les régions âgées loin du sommet. Appliquant la même méthode à l'étude des dicotylédones , il a découvert plusieurs types distincts de développement morphologique. Il a reconnu, en effet, que chez les dicotylédones dont les vaisseaux secondaires sont précoces, l’assise péricambiale de la racine organise vers l’intérieur un parenchyme secondaire centrifuge semblable à celui qu'il a décrit chez les gymnospermes; au contraire. si les vaisseaux secondaires n'apparaissent que tardivement et en petit nombre, l’assise péricambiale reste simple ou tout au plus donne naissance à deux ou trois cellules qui se sclérifient. Dans le premier cas, il peut y avoir persistance du parenchyme tégumentaire primaire ; cela arrive lorsque le système vasculaire secondaire, bien que précoce, se développe faiblement. Il en est ainsi chez la fève; mais le plus souvent quand les formations vasculaires secondaires sont précoces, elles sont aussi rapides, abondantes et prolongées. Alors le parenchyme primaire du tégument s'exfolie , y compris l’endoderme , et l’assise péricambiale se comporte absolument de la même façon que chez les gymnospermes : elle engendre à l’intérieur un parenchyme secondaire où s'accumulent les réserves nutritives de la plante, et à l'extérieur un liége de cellules tabulaires bien différent de celui qui se produit dans la tige. M. Olivier a, en effet, comparé chez ces plantes la formation subéreuse dans la tige et la racine. Contrairement à ce qui se passe dans la racine, la tige conserve son parentchyme tégumentaire primaire pendant très longtemps, et son assise épidermique elle-même ou plus fréquemment la première assise sous-épidermique organise un liége de cellules cubiques en se divisant très régulièrement en direction tangentielle ; ce n'est que lorsque la tige a atteint un très fort diamètre transversal que les formations subéreuses sont plus profondes. Chez les dicotylédones à vaisseaux secondaires tardifs , M. L. Olivier a distingué le cas où la plante est herbacée et celui où elle est Zigneuse. Si elle est herbacée. le tégument radical conserve son organisation primaire; il est alors comparable au tégument d’une cryptogame vasculaire ou d’une monocotylédone dépourvue de formations secondaires. Mais le végétal est-il ligneux, l’une des assises externes du parenchyme primaire devient génératrice de cellules subéreuses cubiques, comme chez les cryptogammes vasculaires et les monocotylédones. On voit que la morphologie de l'appareil tégumentaire des racines est indépen- dante du rang que la plante occupe dans la classification naturelle, puisqu'à ce point de vue les dicotylédones à vaisseaux secondaires tardifs se rattachent au groupe qui comprend les cryptogames vasculaires et les monocotylédones , et que, d'autre part, les dicotylédones à vaisseaux secondaires précoces doivent être éloignées des monocotylédones et rapprochées des gymnospermes. Les modifications de l'appareil tégumentaire sont donc en rapport avec le genre de vie du végétal et par conséquent corrélatives du mode de développement du système vasculaire. $ IT. La morphologie du tégument radical étant connue, il restait à découvrir les condilions physiologiques de la production des tissus secondaires dans cet appareil. Voici comment M. L. Olivier y est arrivé. Le niveau de la racine où les tissus secondaires apparaissent étant très inégalement distant du sommet suivant les espèces, il les considéra d'abord dans la même espèce. Dans ce cas, les deux facteurs qui, d'après ses recherches , déterminent le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 347 niveau de la formation subéreuse, sont, d’une part, le diamètre transversal que la racine acquiert , d'autre part, le milieu physique où elle se développe. Pour étudier d’une façon méthodique l'influence de chacun de ces facteurs, M. L. Olivier a eu soin de les isoler en ne faisant varier que l’un d'eux à la fois. Ainsi, pour mettre en lumière l'influence du diamètre transversal, il a comparé, dans la méme espèce, des racines du même âge qui se sont développées dans le même milieu physique et qui présentent des diamètres différents. De cette façon il a reconnu que la formation du liège, du périderme et des cellules scléreuses est fonction du diamètre transversal , et peut ne pas se produire sur les racines très grêles , quelle que soit d’ailleurs leur longueur. A l'égalité de diamètre, l'influence du milieu physique se réduit par ce fait que le liége est plus abondant et plus précoce sur les racines aériennes que sur les racines souterraines de la même plante. M. L. Olivier a montré que chez certaines espèces , il y a des racines dont la portion inférieure , qui est souterraine , n'offre pas de _ liége, tandis que la portion supérieure , qui est aérienne et de même diamètre , est pourvue d’un épais manchon subéreux. L'action du milieu physique se fait aussi sentir quand on compare les racines dans la série des plantes. Cette comparaison montre en effet que le liége est d'autant plus abondant dans les racines que celles-ci sont plus exposées à la dénudation. Ainsi chez les dicotylédones dont le parenchyme tégumentaire primaire est cadue, le sammum de la production subéreuse se trouve suivant M. L. Olivier, chez les Cactées, et, chez ces végétaux, les assises subéreuses alternent avec des couches péridermiques qui les renforcent. L'auteur fait observer à ce sujet que les racines des Cactées sont souvent dénudées, et qu'au Mexique , qui est la patrie de ces végétaux, l'état hygrométrique de l'air et la température varient considérablement du jour à la nuit. Ce fait tendrait à faire croire que le hiége, qui est un tissu éminemment protecteur, a pour mission de préserver la plante des brusques variations du milieu physique. Ces conclusions du mémoire de M. L. Olivier se dégagent logiquement des nombreuses et très délicates observations qu'il y a consignées. Nous avons dû nous borner ici à n’en relater que les principales. Les savants spéciaux consulteront avec profit sur l’assise pilifère des racines les belles recherches jusqu'alors inédites de M. Flahault , dont M. L. Olivier a présenté le résumé, et les faits intéressants qu'il a exposés relativement à l'origine du voile, aux divers sens de la formation en liége, au mode de développement des deux zones parenchymateuses du tégument primaire, à la structure et au rôle physiologique de l’assise épidermoiïdale et des cellules scléreuses. Nous apprécions comme une heureuse innovation l’idée qu'a eue M. L. Olivier de joindre aux dessins qui accompagnent son mémoire cinquante planches microphoto- graphiques au grossissement de trois à quatre cents diamètres. Ces planches , à notre avis, sont loin d'avoir toutes la même valeur. Que l’auteur nous pardonne cette franchise , nous n’en avons trouvé qu’une vingtaine qui ne laissent absolument rien à désirer. Ce résultat paraît toutefois très remarquable, eu égard à la difficulté de l’entreprise. La méthode qui a permis de l'obtenir étant étrangère à la question botanique que nous avions à traiter ici, la Revue se réserve de la faire connaître à ses lecteurs dans un prochain article sur les récentes applications de la pistosabhie aux études microscopiques (1). (1) Revue scientifique. ts (Q)-— ——— Le GÉRaNT : E. PROUT. SES PR LR RE EE RE 348 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS À BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. Prix en France 4 fr 50. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. 8 fr. >» — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 8 fr. >» — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. + &ïr. » — Sirop Iodo-Phénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. A fr. » — Sirop au Phénate d'Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres hbilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. >» — Huile de Foie de Morue phéniquée. 4 fr. >» — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fièvre bilieuse des pays chauds. e fr. >» — Solution d'Acide Phénique pour Injections sous-cutanées. & fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. » & fr. »y — Solution Iodo-Phénique. » 3 fr. 50 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » 2 fr. 50 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au Phènate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. & fr. »y — Vin antidiahbétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing., Guénon et ©‘. 6, avenue Victoria. PEPTONES. PE PSIONSSS A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrême état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l’économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se 2er SN beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. Le deux préparations suivantes ontété établies dans le but de faciliter l'emploi des . peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ce sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. Il contient par cuillerée à café la peptone pepe sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VIN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d’un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cachexie. — Débilité.— Atonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, Here 8, rue Vivienne. — Iétail : Pharmacie VIAL , 1, rue Bourdaloue; — pharmacie Pommwiks, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. Cinquième année, :, LM HHMtAe Septembre 1881. ———— ——_————— ++ JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D'J. PELLETAN. — Des organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite) , leçons faites au Coïlége de France par le professeur BALBIANI. — Pseudopolypes du colon, résultat anormal d’ulcérations des follicules intestinaux (fin), par le Cel DJ. J. Woopwarp. — L'Endocrâne et le suspenseur maxillaire de l’Abeille, par le professeur G. MACLOSKIE. — Le Prothalle et l'embryon de l’Azolla, par le professeur S. BERGGREN. Bibliographie : Notes algologiques, par le D' E. BORNET , notice par le D'J PELLETAN. La génération spontanée. la panspermie et l’évolution, à propos d’un cas de variole spontanée, par le D' H. BOENS. — Avis divers Ç REVUE. Nous n'avons pas encore de nouvelles du congrès international phylloxérique de Berne; nous savons cependant que ses séances viennent de commencer. La France y est, représentée par M. Cornu , membre de la commis- sion supérieure phylloxérique. L'Allemagne est représentée par M. Weymann, conseiller intime ; l'Autriche par le docteur Ottenfels. La Suisse est représentée par M. Ruchonnet, chef du département de l'Agriculture , et M. Fatio, de Genève. Le Portugai et la Serbie n’ont pas encore répondu. L'Italie, n'ayant pas ratifié la première convention, ne sera pas représentée à la conférence actuelle. C'est le 10 octobre prochain qu'ouvre le congrès phylloxérique de Bordeaux. | | Mais une nouvelle qui fera certainement plaisir à tous les amis de la science est celle que nous apporte la Revue des Sciences Naturelles, ————————_——_…———————…—…—…"—_—_—_—————— —————————…—————.—— ———— de Montpellier : Une station zoologique , dépendant de la Faculté des Sciences de cette dernière ville, vient d’être fondée à Cette. « Grâce au concours du Ministre de l’Instruction publique, » dit la Revue, de l'Association française pour l'avancement des sciences, de la munici- palité de la ville de Cette, et grâce aussi aux dons généreux des habitants de ce port de mer, un laboratoire a pu être établi, de manière à donner asile aux travailleurs qui voudront étudier la faune et la flore maritimes de cette intéressante région. Quand l'installation sera complète, ce qui aura lieu à bref délai, un certain nombre de lits seront mis à la disposition des naturalistes désireux de s'établir à Cette pour y poursuivre leurs travaux. Le professeur de zoologie de la Faculté des Sciences de Montpellier, qui est appelé à diriger le laboratoire, se fera un grand plaisir de mettre à la disposition- des naturalistes les diverses ressources de ce laboratoire, qui, modestes au début, iront certainement en se perfectionnant rapidement. Il y a, du reste, lieu de compter sur le concours du Conseil général de l'Hérault et du Conseil municipal de Montpellier, qui ne sauraient rester indifférents vis-à-vis d’une insti— tution qui touche si directement les intérêts scientifiques de la région méditerranéenne. | Le même fascicule de la Revue contient la traduction d’un article sur le prothalle et l'embryon de l'Azolla, par le professeur S. Berggren, de l’Université d'Upsal; nous reproduisons plus loin cet intéressant travail. Enfin, nous y trouvons encore des recherches anatomiques el physiologiques Sur la larve de l'Æschna grandis, par le docteur P. Amans , etc. * %X _* Parmi les nombreux congrès qui se sont tenus récemment à l'étranger, l’un des plus intéressants pour nous est celui de l’Asso- ciation américaine pour l'avancement des sciences, lequel congrès s’est tenu, à Cincinnati, du 17 au 23 août dernier. La réunion était plus nombreuse que les précédentes, excepté la dernière, tenue à Boston, en 1880. Parmi les travaux qui ont rapport à notre pro- gramme et que nous offrirons tôt ou tard à nos lecteurs, nous citerons : N La meilleure mélhode pour monter les embryons de poulets, entiers, par M. Ch. Sedgwick Minot; Le mouvement des racines pendant la germination du maïs, par M. W. J. Beal; | | : - = ADP UUNCETIENS JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 309 Quelques phénomènes de la conjugaison de l'Actinophrys sol, par M. J, D. Cox; Contribution à l'étude des or ganismes bactériens, tels qu'on les trouve à la surface des muqueuses exposées et dans le canal des individus en santé, par M. G. M. Sternberg ; Bacteria et Micrococct, par M. Th. Taylor, etc., etc. Le prochain congrès de l'Association américaine aura lieu, en 1882, dans le Canada , à Montreal. Le D' J. Dawson, de cette ville, — dont nous avons beaucoup parlé, en 1878, à propos du fameux Æozoon canadense, — a été élu président pour l’année prochaine, avec M. W. Saunders , de London (Canada), pour secrétaire. + x %X * Dans les journaux scientifiques étrangers , nous devons signaler un travail d'O. Hertwig sur le développement du feuillet moyen du blastoderme chez les vertébrés, travail paru dans le ‘Jenaische Zetschrift fur Naturwissenschaft, de juillet dernier. Dans le Quarterly Journal of microscopical Science, nous trouvons : Sur le sysième lymphatique de la peau et des muqueuses, par M. E. Klein; Développement des glandes à eau dans le Pre cr'ustala , par M. W. Gardiner ; Développement des spermatozoaires chez l'Hélix et la Grenouille, par M. J. E. Blomfield ; Sur le premier développement du canal et du corps de Wolff, chez le poulet, et remarques sur le système excréteur des vertébrés, par M. Adam Sedgwick ; Observations sur les nerfs craniens du Scyllium, par M. A. Milne Marshall ; Sur la rencontre de globules dans le liquide vasculaire rouge des Chætopodes, par M. J. E. Blomfeld ; Corpuscules de Pacini dans le pancréas et les glandes mésen- lériques du chat, par M. V. Harris : Etc. * k % M. Thomas Bolton, le distingué naturaliste de Birmingham, qui a, pendant longtemps, envoyé par toute l'Europe, ses petits tubes conte- nant, vivants, les animaux et végétaux microscopiques qui font l'objet de ses recherches, nous prie de faire savoir à nos lecteurs et 304 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. clients qu'il a changé de domicile et que sa nouvelle adresse est : « 57, Newhall Street, Birmingham. » C’est de là que partent les deux nouveaux cahiers, N° 4 et 5, du Portefeuille de dessins « Portfolio of drawings >» publiés par M. Th. Bolton. Ces fascicules contiennent le croquis et la rapide description des organismes suivants : | N° 4. — Desmidiées diverses ; Æcidium urticæ ; Zygnema crucia- tum en conjugaison; Vallisneria spiralis; Dendrosoma radians; Acineta mystacina ; Ghoano-flagellés divers ; Bursaria truncatella ; Infusoires marins divers; Nassula ornata ; Spirostomum. teres ; Cordylophora lacustris ; Lucernaria auricula; Euclanis dilatata ; Asellus aquaticus; Ilyocriptus sordidus ; Argulus foliaceus. N°5. — Prolococcus pluvialis ; Vaucheria, (gonidies en germi- nation); Batrachospermum moniliforme; Ophrydium longipes ; Slentor polymorphus; Hydra vulgaris infestée de Trichodina pediculus parasites ; Clava squammata; Synchorina eximia; Anguil- lula glutinis ; Plerodina clypealau; Gammarus pulex; Caprella lobata; Alcyonidium polyoum ; Bowerbankia 1mbricata ; Triicella pedicellata ; Pedicellina cernua. Nous remarquons avec assez de plaisir que M. Th. Bolton, — l'homme d'Europe qui écrit le plus mal, — a presque renoncé à tracer . de sa main les notices accompagnant les dessins. Il a eu recours à un scribe doué d’une écriture moins excentrique et qui a remplacé par une anglaise lisible les hiérogliphes inquiétants de M. Bolton. — Nous ne pouvons qu’en féliciter l’auteur du Portfolio. * FPE. Nous devons en même temps signaler l'apparition du troisième fascicule de la Synopsis des diatomées de Belgique, par le D' Henri Van Heurck, d'Anvers. Ce fascicule est consacré à la sé partie des Pseudo-Raphidées et comprend les genres : Epüthemia, (2 planches); E'unotia, Actinella, Pseudo-Eunotia , (3 pl.); Plagiogramma, Cyclophora, Dimere- gramma, Raphoneis, (1 pl); Sceptroneis, Thalassothrix, (1 pl.) ; Synedra, (6 pl); Fragilaria, Cymatosira, (2 pl); Licmophora, (3 pl); Denticula, (1 pl); Diatoma, Meridion, Asterionella, Tabellaria, Tetracyctus, (3 pl); Grammatophora, (1 pl.). La ylus grands partie de ces 23 planches a été dessinée par MM. H. Van Heurck et À. Grünow, et quelques unes, celles qui sont relatives aux genres Zicmophora et Denticula, par M. À. Grünow seul. Nous n'avons pas à refaire ici l'éloge de ce remarquable ouvrage, connu de tous ceux de nos lecteurs qui s'occupent de Diatomées , 2 +? me me JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 390 mais nous devons dire que les planches de ce troisième fascicule sont très réussies et, à notre avis, supérieures encore à celles des deux premières livraisons. Le dessin de toutes ces formes, la reproduction exacte de toutes ces stries, de ces perles, de ces points, est un travail des plus difficiles , des plus longs et des plus ingrats: en l’en- treprenant, M. H. Van Heurck a fait preuve d’un courage et d’une patience au-dessus de tout éloge: nous ne pouvons que le féliciter, d'ailleurs , de la manière dont il s’en est acquitté, ainsi que son collaborateur pour quelques parties, M. Grünow. Et d'autant plus que, selon nous, l'ouvrage le plus utile que l’on pouvait offrir aux diato- mistes pour leur faciliter la reconnaissance des espèces et des variétés, était le recueil complet de ces espèces et de ces variétés photogra- phiées d’après des dessins exacts faits à la chambre claire ; ce recueil est, nous le croyons, plus utileet plus commode dans son emploi, qu’un catalogue de diagnoses, françaises ou latines, diagnoses qui, le plus souvent, ne sont un peu claires que pour ceux qui les ont faites , et, encore , pas toujours. C'est donc un signalé service que le D' H. Van Heurck a rendu aux amateurs de diatomées , — et nous l’en remercions. Nous n'avons «ncore que des nouvelles très sommaires du congrès de la Société Américaine des Microscopistes , qui s’est réuni les 10, 11 et 12 août derniers, à Columbus, Ohio; — Nous savons seulement que le Congrès a pleinement réussi, malgré l'absence du président, M. Hyüt. — C’est le D' G. E. Blackham, de Dunkirk, qui a été élu président pour l’année prochaine. Le bureau est, d’ailleurs , constitué Cornme il suit : Président : D' G. E. Blackham , de Dunkirk, N. Y. Vice-Présidents : D' Lester Curtis, de Chicago, Il. D'T. S. de Graff, d'Elmira . N. Y. Secrétaire (pour trois ans) : Prof. D. S. Kellicott, de Buffalo, N. Y. Trésorier (pour trois ans) : M. G. E. Fell, de Buffalo. Membres du Comité exécutif : M. E. H. Griffith, de Fairport, N. Y.; D' Rob. Dayton, de Cleveland, Ohio; Prof. Alb. Maccalla, de Fairfield, Iowa. La prochaine réunion aura lieu en 1882, à Elmira, dans l'État de New-York. —à—— 300 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Au moment de mettre sous presse nous avons le très vif regret d'apprendre la mort d’un des plus célèbres opticiens du monde «le père de la microscopie américaine, Charles A. Spencer, l’émule de l'inimitable R. B. Tolles, qui nous avait fait l'honneur de nous choisir pour son représentant à l'Exposition de 1878, et à qui nous avons eu le bonheur de faire attribuer la récompense qu'il méritait pour la belle série d'objectifs qu'il avait envoyée , — ia médaille d’or. | Charles A. Spencer était âgé de 68 ans. Il était le fils de ses œuvres ; né, en 1813, à Canastota', dans l'Etat de New-York, il avait débuté dans la carrière de l'optique sans autres préparations que les études qu'il avait faites à l'académie de Cazenovia, et à Hobart-College, où il était resté environ un an. Mais son talent, son habileté, le firent bientôt connaitre , et lui attirèrent même l’amitié de tous ceux qui s’occupaient de science, amitié qu'il conserva jusqu'à la fin. A cette . époque , le microscope était à peu près inconnu en Amérique; le mi- croscope composé n’était guère autre chose qu'un jouet; Ch. A. Spencer entreprit la construction des objectifs et fut le premier à observer l'importance de la grandeur de l'ouverture angulaire. Le premier, 1l construisit des objectifs à grand angle, d’une rare perfection, et qui pourraient même encore rivaliser avec beaucoup de ceux que l'on construit aujourd'hui. Les professeurs Bailey, (de West-Point), Henry, Pierce, Bache, Torrey, et la plupart des savants de ce temps, presque tous morts à présent , le secondèrent de leurs-encouragements et de leur amitié. Son nom se répandit bientôt dans toute l'Amérique, puis en Europe, où il ne tarda pas à être aussi connu que dans son pays, eb même en France, où les noms étrangers ne pénétraient pas alors facilement. Après la mort de ses vieux amis et premiers soutiens, Ch. A. Spencer resta un des rares champions de la microscopie américaine et fit moins parler de lui, bien qu'il continuàt modestement son œuvre qui, comme cela arrive souvent dans les travaux scientifiques, devait lui rapporter plus de gloire que de fortune. Ch. Spencer ne s’est pas borné à la microscopie ; il s’est occupé aussi, — et avec une grande ardeur — d'astronomie, et, dans la construction des télescopes, il a souvent atteint une perfection telle, que certains des instruments qu'il a laissés sont, aujourd’hui encore, sans rivaux. Depuis plusieurs années, ses forces décroissantes et les infirmités de l'âge l'avaient forcé d'abandonner ses travaux, mais il dirigeait et surveillait ceux des autres. La plus grande partie de sa vie s’est écoulée dans sa ville natale, Canastota, et il y a six ans seulement qu'il fut appelé à Geneva par l’'Optical Company, de cette ville, insti- tution à laquelle il fut momentanément associé. C’est un peu plus tard, en société avec son fils, qu'il obtint la médaitle d’or à l'Exposition universelle de 1878. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 351 Ilest mort à Geneva, Etat de New-York, vendredi soir 28 sep- _ tembre. C’est certainement une grande perte pour l'optique séienti- fique et particulièrement pour la microscopie. | D" J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collège de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) Notons dès ce moment qu'il est impossible de méconnaître l'analogie que présentent les phases de la division du nucléole des Infusoires avec celles de la division du noyau dans les cellules ordinaires. On doit - être frappé, par le peu que nous en avons dit, de la ressemblance que ces nucléoles présentent avec les noyaux de cellule. Cette ressemblance est beaucoup moins frappante entre les noyaux des Infusoires et les noyaux de cellule, et les différences entre ces noyaux, pendant le phénomène de la division, sont même: assez grandes pour que certains auteurs aient nié toute homologie entre les noyaux des Infu- soires et ceux des cellules ordinaires. H. Fol a dit que le mode de division des Infusoires ne rappelle pas même de loin celui de la divi- sion des cellules ; — que le noyau des Infusoires est un élément dont le rôle est encore plus obscur depuis les travaux de Bütschli.—Tout en reconnaissant , avec Fol , que ce noyau se comporte d’une façon assez différente de celle des noyaux de cellule, M. Balbiani croit que cet observateur a exagéré ces différences. Les analogies entre lés nucléoles des Infusoires et les noyaux de cellule sont frappantes : cette augmen- tation de volume , cet aspect strié que prend le nucléole, par exemple. Ces aspects s’observent aussi quelquefois en dehors des époques de reproduction. Ainsi, chez le Paramecium bursaria, on remarque, pour ainsi dire pendant toute l'existence de l’animal, que les nucléoles présentent l'aspect strié, striation qui doit être rapportée à la dispo- sition longitudinale des tar qui composent la substance du nucléole. Quand le nucléole est ainsi gonflé et strié, il se divise en deux moitiés dont chacune présente l'aspect strié, et qui restent d’abord (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 203, 257, 292, 321. 358 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. réunies par leur membrane d’enveloppe formant un long tube qui relie. ainsi les deux nouveaux nucléoles. Puis, la membrane se résorbe , les deux nucléoles deviennent libres, mais restent striés. Bientôt, cepen- dant, leur substance se condense , et, le repos se produisant, ils ne présentent plus qu’un aspect homogène, réfringent, chez les Oxytricha, Stylonychia, etc., et l'on ne distingue plus les détails de l’intérieur, tandis que chez les Paramecium, même à l’état de repos, on retrouve l'aspect strié et la disposition fibrillaire de la substance nucléolaire. Les nucléoles se divisent aussi pendant l’état de conjugaison des Infusoires, et, à ce moment, ils offrent des transformations qui repré- sentent d'une manière bien plus frappante encore les phénomènes de la division des noyaux de cellule ordinaires. Non seulement on observe l'aspect strié, mais une plaque médiane , qui est une plaque nucléaire, et qui se divise en deux moitiés dont chacune remonte vers l’un des pôles, et tout le processus connu de la division nucléaire. Il n’y a donc aucun doute à conserver relativement à la signification des nucléoles ; — leur signification comme noyau de cellule résulte des modifications si remarquables qu’ils subissent pendant la fissiparité et surtout pendant la conjugaison. Du reste, l’action que les réactifs colorants exercent sur les nucléoles est aussi tout-à-fait analogue à celle que ces mêmes réactifs exercent sur fe noyaux de cellule en voie de division. Nous avons parlé de cette partie intermédiaire qui relie pendant un temps assez long les deux moitiés du nacléole et qui est formée par la membrane d’enveloppe commune ; pendant la conjugaison, cette espèce de tube présente un aspect filamenteux évident, et nous trou- vons là une nouvelle analogie avec les noyaux des cellules ordinaires , chez lesquels , nous le savons , quand les deux nouveaux noyaux ont gagné les deux pôles de la cellule, ils restent réunis par des flaments que nous avons appelés flaments connectifs. Chez les Infusoires , on ne voit rien qui rappelle cette accumulation de protoplasma qui se produit autour de certains noyaux de cellule avant la division (H. Fol), couche de protoplasma homogène et trans- parent qui, plus tard, se concentre aux deux pôles en deux masses devenant la masse sarcodique centrale des asters (H. Fol), l'origine des figures étoilées dont les rayons s'étendent dans le protoplasma environnant. Ces phénomènes, disons-nous , ne s’observent pas chez les Infusoires, cependant M. Balbiani réussi dernièrement à-faire une observation qui montrerait qu'il y aurait aussi une couche de protoplasma homogène et transparent autour du nucléole de certains Infusoires : « J'ai réussi, dit-il, à isoler complètement un des nucléoles striés, chez le Slylonychia mytilus, dans l’eau même de la préparation, JOURNAT, DE MICROGRAPHIE. 399 et J'ai constaté l’existence, autour de ce nucléole, d’une substance claire et transparente , présentant des radiations d’un pôle à l’autre. » Si des nucléoles nous passons au noyau, nous trouvons qu’au pre- mier abord, la division paraît s'effectuer par un mécanisme très simple. On pourrait lui appliquer l’ancien schéma de Remak sur la division des noyaux de cellule. Chez la plupart des Infusoires, on remarque que les modifications de la forme extérieure du noyau s’ac- compagnent de modifications dans sa substance, comme dans les noyaux des cellules ordinaires. La substance intérieure qui, chez les Infusoires à l’état de repos, paraît simplement granuleuse, présente un aspect fibrillaire très remarquable chez ces mêmes Infusoires au moment de la division, formant quelquefois des faisceaux entremèêlés comme des mêches de cheveux, (Séylonychia mylilus), disposition qui persiste même très longtemps chez les Chilodon. Cette structure filamenteuse se présente d’une façon très remar- quable chez l'Urostyla grandis, dont les grains nucléaires, nombreux et très petits, à l’état de repos, se réunissent au moment de la division, et l’on voit alors très nettement la structure filamenteuse du noyau, visible d’ailleurs très longtemps encore. Cet aspect fibrillaire ou filamenteux des noyaux avait déjà frappé l'attention de plusieurs observateurs qui n'ont pas réussi à en recon- naître la signification : Stein, sur l'Urostyla grandis ; Engelmann, sur le Didinium. C'est Bütschli qui nous a appris à voir, dans ces aspects des noyaux des Infusoires, des causes analogues à celles qui produisent les mêmes aspects dans les noyaux des cellules pendant leur division. Les noyaux des Opalines , au moment où ils se divisent, présentent quelques particularités. En tout temps , les noyaux de ces êtres sont nombreux à l'état adulte, et, à mesure que l’animal grossit, le nombre de ses noyaux augmente par division. Le premier auteur qui a parlé d'une division des noyaux chez les Opalines est Engelmann; cet auteur a figuré un noyau d'Opaline dans cette phase, mais a repré- senté seulement un corps granuleux qui s’étrangle à sa partie médiane, et 1 n’a rien dit de plus. — Zeller, qui a publié le travail le plus important sur ce groupe d'Infusoires , a fait des observations intéres- santes, notamment sur le groupe des Opalines Anoplophrya, de Stein, qui n’ont qu'un seul noyau (Opalina similis, O. caudata, de Zeller). Quand l'animal se divise, le noyau se divise aussi, et à ce moment, d’après Zeller, le nucléole ne se divise pas, mais reste affecté à l’une des moitiés du noyau, tandis que dans l’autre moitié, il se forme un nouveau nucléole, (car, il s'agit d'un vrai nucléole de cellule, placé dans le noyau). Les deux moitiés du noyau restent longtemps unies , par un prolongement de la membrane du noyau , sans doute, et cet état persiste jusqu'à ce que l’'Opaline se divise. Alors, les deux noyaux se séparent par la rupture du filament. \ | [ : 360 JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. M. Balbiani n’a pas observé de faits analogues, mais a vu la multi- plication des nucléoles chez des Opalines adultes, et, chez un même individu, il a observé qu’un grand nombre de noyaux se divisent en même temps, en présentant toutes les phases de la division ordinaire des noyaux de cellule. Dans les noyaux, on aperçoit les filaments qui, tantôt s'étendent d'un pôle à l’autre. tantôt sont interrompus dans la partie médiane , etc. — Du reste, la situation du noyau des Opalines et sa relation avec ie phénomène de la division des noyaux ordinaires des cellules a été signalée aussi par M. Maupas, en 1878. Quelle est la signification de ces filaments qui apparaissent pendant la division ? — Evidemment, ils rappellent les filaments des noyaux qui se divisent. — Mais il y a deux sortes de filaments dans les noyaux à cet état : d'abord, les filaments nucléaires, qui se forment aux dépens de la substance même du noyau, particulièrement du reticulum de la substance chromatique, de Flemming; ce sont ces filaments, ou plutôt ces éléments, qui se disposent dans le plan équatorial du noyau et constituent la plaque nucléaire , présentant la forme de bâtonnets ou de granules formant une couche dans l'équateur du noyau. Puis, il y a les filaments du fuseau (Strasbürger), ou filaments bi-polaires , filaments pâles ou achromatiques, provenant, d’après Strasbürger, non pas du noyau, mais du protoplasma ambiant qui s’accumule aux deux pôles du noyau et envoie des rayons intra-nucléaires et intra- protoplasmiques. — À quelle sorte de filaments, aux filaments nucléaires ou aux fila- ments protoplasmiques, correspondent ces masses filamenteuses des noyaux des Infusoires? — Balbiani n’a pas le moindre doute que ces fllaments du noyau des Infusoires sont les homologues des éléments qui forment la plaque nucléaire, c’est-à-dire proviennent de la sub- stance même du noyau. En effet, ils se colorent très fortement, par tous les réactifs, de la même manière que tous les éléments chroma- tiques de Flemming. On objectera peut-être que, dans les Infusoires, ces filaments sont très nombreux et très serrés et beaucoup plus que dans la plupart des noyaux de cellules ordinaires. Cependant, on observe aussi dans cer- taines cellules, animales et végétales, des éléments nucléaires qui prennent un très grand développement, par exemple , dans les cellules staminales du Tradescantia , dans le Notoscordum fragrans, dans les cellules séminales de la salamandre, dans les cellules épithéliales des gaînes ovigères du Stenobothrus pratorum (Acridien), etc. C’est là un point important de l'histoire des Infusoires, car il permet de prouver que les noyaux des Infusoires se comportent comme des noyaux de cellule. | Quant aux filaments pâles, existent-ils chez les Infusoires ? M. Bal- biani croit qu'ils existent, mais, par suite du grand développement JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 361 relatif des éléments chromatiques, les éléments pâles, protoplasmiques, sont masqués par les filaments nucléaires. Ainsi, dans le noyau des cellules des poils staminaux des Tradescantia, Strasbürger a montré que les filaments protoplasmiques existent, mais sont cachés derrière les éléments nucléaires proprement dits qui s'étendent dans toute la longueur du noyau. Puis, lorsque les éléments nucléaires se divisent pour se concentrer aux pôles de ce noyau, ils mettent à nu les élé- ments pâles qui apparaissent dans leur intervalle. Nous avons expliqué ce fait dans les leçons de ce cours consacrées à la division des cellules; M. Balbianti l'a même observé sur les nucléoles, dans le cas où il a pu isoler un de ces éléments , ainsi que nous l’avons dit plus haut. _ Chez quelques Intusoires , la division des noyaux présente quelques particularités remarquables. Aïnsi, chez le Chilodon cucullulus, le noyau offre une vacuole centrale; noyau et vacuole s’allongent en même temps, sauf le nucléole qui reste simple, devient de plus en plus petit et disparait, de sorte que la division porte uniquement sur l'écorce du noyau, devenue filamenteuse, et sur la vacuole centrale. Nous verrons prochainement un autre cas intéressant, celui du Spirochona gemmipara. Il n'y a donc pas de doute dans la comparaison que nous avons faite des noyaux des Infusoires avec les noyaux de cellule, seulement les- Infusoires forment un cas extrême, caractérisé par la grande prédo- minence des éléments chromatiques. C'est un autre cas extrême, mais contraire , qui est représenté par l’œuf des animaux, où ce sont les éléments achromatiques ou protoplasmiques qui dominent , tandis que les éléments nucléaires sont réduits le plus souvent à une simple couche , par exemple , dans une vésicule germinative qui va se diviser pour former les globules polaires. Ces phénomènes qui se passent ainsi dans ces éléments internes des Infusoires, ne sont pas les seuls qu’on observe pendant la reproduction par fissiparité , il se produit aussi des changements très intéressants dans l'appareil ciliaire : il y a un véritable renouvellement dans les cils vibratiles si diversifiés que l'on trouve sur ces animaux. Ces faits ont été observés d’une manière indépendante par Stein et par Balbiani , vers la même époque , 1860, — particulièrement sur les Oxytriches qui, à cause de la rareté et de la grosseur des cils, se prêtent mieux à cette étude. Ce phénomène, qu’on peut comparer à une sorte de mue, a été observé plus récemment par un auteur suisse, Sterki. (Arch. de Siebold et Kôlliker, T. 41), sur le Stylonychia m ytilus. On reconnait, sur cet Infusoire, deux ordres de cils principaux qui vont se renouveler, les cils marginaux placés sur les côtés du corps, et les cils placés sur la face ventrale où ils forment trois groupes. Les cils marginaux , qui 362 à JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ——_—_—_—_—_——_—_———_——__—_—————_———_—_—"— — —— —— forment de chaque côté du corps une rangée continue, se disloquent , laissant entr’eux deux intervalles d’un côté et un de l’autre. Du côté droit, les anciens cils forment trois groupes séparés par deux inter- valles dans lesquels apparaissent les nouveaux cils, sous forme de poils très fins, et les anciens cils disparaissent. Sur le côté gauche, il n'y à qu'une lacune , où les mêmes phénomènes se produisent. Bien plus intéressants sont les changements qui président au renouvelle- ment des gros cils. Ces gros cils forment, comme nous l'avons dit, trois groupes : Les crochets antérieurs, ou cornicules , ou cils frontaux au nombre de huit; puis, à la partie médiane, cinq gros cils ventraux et, à la partie postérieure, cinq gros cils ou pieds-rames, ou cils anaux, les plus volumineux. Tous se renouvellent par un mécanisme très curieux. On voit apparaitre les nouveaux cils sous la forme de petites . membranes ondulantes et terminées en pointe : sur le côté droit de la bouche apparaît un groupe de six rangées obliques et parallèles de petites membranes ondulantes découpées en pointes sur leur bord libre. La première rangée présente une seule pointe, triangulaire ; la deuxième, trois pointes ; la troisième, trois pointes; la quatrième, trois pointes ; la cinquième et la sixième , quatre pointes triangulaires. La fissiparité produit donc dix-huit nouveaux cils qui vont se substituer aux dix-huit anciens ; ces dix-huit cils doivent se distribuer sur la surface du ventre ; la distribution se fait tout simplement par l'éloignement des groupes de cils qui vont se placer dans les points qu'ils doivent occuper. Pour le péristome qui borde les deux lèvres , il se forme une rangée de cils nouveaux, qui se substitue à une rangée. ancienne sur la lèvre interne. Quant aux gros cils du bord externe du péristome, ou cils adoraux, leur mode de formation n’a pas encore êté suffisamment étudié. Tous ces faits démontrent que la fissiparité des Infusoires est un phénomène très compliqué auquel on a peut-être donné à tort le nom de simple division. En effet, elle ne consiste pas simplement en la division d'un être préexistant en deux êtres nouveaux, comme chez les Rhizopodes ; ici, les phénomènes suivent un processus bien autre- ment complexe et qui ressemble plutôt à la formation de bourgeons ou gemmes aux dépens d’un organisme commun. Cette différence dans le phénomène, chez les Rhizopodes et chez les Infusoires, dépend de la grande complexité organique de ces derniers, de la localisation de leurs organes et de leurs fonctions , de l'existence d'un axe déterminé du corps, avec une extrémité antérieure et une extrémité postérieure parfaitement distinctes ; d’un côté droit et d’un côté gauche dissem- blables, en un mot, de la haute différenciation morphologique qui distingue les Infusoires de tous les autres Protozoaires. (À suivre) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 363 EXPLICATION DE LA PLANCHE XII. Renouvellement des cils pendant la fissiparité des Oxytrichines (d’après Sterki, 1878). A. B. Stylonychia mytilus : — A, ancienne bouche ; — B, bouche nouvelle. 1,2, 3, 4,5, 6, 7, 8; — distribution des huit cils frontaux de l'animal primitif. ; 9, 10, 11, 12, 13; — les cinq cils ventraux. 14, 15, 16, 17, 18; — les cinq cils anaux de l’animal primitif. En D, près de l’ancienne bouche , les six rangées de membranes ondulantes qui formeront les cils frontaux, ventraux et anaux de l'animal antérieur. En C, de même , près de la nouvelle bouche, pour l'animal postérieur. - ab, cd ; — cils marginaux nouveaux poussant dans les deux intervalles des anciens cils. E, ef; — cils marginaux nouveaux de l’autre côté. G — Groupe des six membranes ondulantes ; la première contenant une pointe ou cil; les 2, 3°, 4°, chacune trois cils ; les 5° et 6°, chacune quatre cils. — Total : 18 cils. H — Division des groupes des membranes ondulantes en trois sections : La première, avec les cils 1,2, 3, 4, 5, 6, 7,8, remonte vers l'extrémité antérieure et fournit les huit cils frontaux nouveaux. La deuxième , avec les cils 9, 10, 11, 12, 13, descend, les cils s’écartent et s’alignent (sauf le cil 12 qui reste en dehors de l'alignement) et fourmit les cinq cils ventraux. La troisième descend avec la précédente et fournit les cinq cils anaux , 14, 19,10, 17, 18: PSEUDO -POLYPES DU COLON, RÉSULTATS ANORMAUX DE L'ULCÉRATION FOLLICULEUSE. (Fin) (1). L'examen microscopique de ces coupes minces a montré que le pseudo-polype était composé d’une région centrale de lissu connectif (Fig. 8, a), et d'une partie périphérique formée par la membrane muqueuse malade. Le tissu connectif central se continuait avec le tissu connectif sous-muqueux de l'intestin, etla membrane muqueuse formant la portion périphérique s’étendait aussi loin que le pédoncule du pseudo-polype, mais ellé manquait sur la surface plate de l'intestin, où e tissu connectif sous-muqueux enflammé était complètement dénudé. Les dispositions histologiques observées dans le tissu connectif formant la partie centrale du pseudo-polype ressemblaient à celles qu’on observe ordinairement dans la couche sous-muqueuse du colon, dans les inflammations chroniques qu'accompagne un fort épaississe- (1) Voir Journal de Micrographie. T. V, 1881, p. 335. 364 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ment de ce revêtement. Les cellules endothéliales (corpuscules fixes) du tissu connectit étaient beaucoup grossies et paraissaient des cellules nucléées arrondies ou oblongues, quelquefois même fusiformes , et granuleuses, de douze à vingt-quatre micro-millimètres de longueur, avec des noyaux de huit à dix miero-millimètres de grand diamètre ; les espaces lymphatiques contenaient partout un grand nombre de cellules lymphoïdes (corpuscules errants);. le tissu fibreux était mince ou obstrué par le nombre des éléments cellulaires. Le tissu connectif sous-muqueux, recouvrant la surface plate de l'intestin, présentait le même état, sauf que près de la surface dénudée, les éléments lymphoïdes dominaient et constituaient un tissu de granu- lation, dans lequel on pouvait reconnaître un riche réseau de gros vaisseaux capillaires sanguins, et dans lequel un commencement de cicatrisation se manifestait par la présence d’un tissu fibreux abondant. Les trabécules de tissu connectif du revêtement musculaire de l'intestin et le tissu sous-péritonéen étaient aussi infiltrés de cellules lymphoïdes , et leurs cellules endothéliales étaient agrandies et granulaires. | vR Les conditions histologiques observées aans la membrane muqueuse malade qui recouvrait le pseudo-polype, correspondaient par beaucoup de particularités à celles qui se présentent ordinairement dans les inflammations chroniques de la membrane muqueuse du colon. L’épithélium cylindrique de sa surface avait entièrement disparu, — comme c’est l'ordinaire dans l'intestin humain, à l'autopsie, — laissant à nu le tissu adénoïde entre les glandes de Lieberkühn. Les glandes de Lieberkühn, par l'accumulation des éléments lym- phoïdes dans ce tissu adénoïde, avaient pris un développement anormal, spécialement au sommet du pseudo-polype ( fig. 8, A), où le tissu glandulaire avait presque disparu et était remplacé par un tissu granulo-vasculaire très ressemblant par sa structure à celui qui recou- vrait la surface générale de l'intestin. Les glandes de Lieberkühn étaient partout considérablement allon- gées (de 0,8 à .1,2 millimètres , en longueur); quelques unes d’entre elles se terminaient à leurs extrémités fermées en simples poches claviformes , d’autres étaient bifides , d'autres encore se terminaient par quatre poches ou même davantage. Elles avaient évidemment été le siège d’un actif processus hyperplasique qui n'avait pas simplement déterminé leur croissance en longueur , mais avait causé leur ramification dichotomique , précisément comme cela se produit si souvent sur celles qui sont contiguës aux follicules isolés , dans le catarrhe intestinal ordinaire , subaigu ou chronique. Dans ces catarrhes ordinaires , le processus, comme je l'ai montré dans le Médical history, est limité aux glandes contiguës , aux follicules solitaires qui sont envabhis et finalement remplacés par leurs JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 365 voisines hyperplastiques ; l'accroissement des glandes tubulaires est, d’ailleurs , limité par la résistance du muscle de Brücke à travers lequel je ne les ai jamais vues se frayer une voie, Mais, dans les con- ditions anormales où se trouvait la membrane muqueuse malade recouvrant nos pseudo-polypes , la résistance du muscle de Brücke semble avoir été diminuée ou réduite complètement, et l'hypertrophie des glandes de Lieberkühn ne se présentait pas seulement dans le Coupe’perpendiculaire à travers un pseudopolype du colon (N° 997, Microscopical section, Army Med. Mus.) — «a, tissu connectif central; — b,b, tissu connectif sous- muqueux de l'intestin; — c, couche musculaire transversale de l'intestin ; — d, couche longitudinale ; — e, péritoine ; — f, f, deux exemples remarqnables de développement des glandes de Lieberkühn ; on peut en voir plusieurs autres presqu’aussi développées, sur la gravure ; — g, une des formes pseudo-cystiques mentionnées dans le texte; — h, sommet du pseudo-polype. — Grossissement : 10 diam, voisinage des follicules clos , mais dans les parties intermédiaires de la membrane muqueuse. A des intervalles rapprochés, on pouvait remarquer que les glandes avaient envahi le tissu connectif sous- muqueux par les ramifications de leurs poches terminales , qui, dans des cas extrêmes , prenaient un demi millimètre d'extension et même davantage , au-dessous du niveau général des culs-de-sac voisins (fig. 8, f, [.) Dans quelques endroits le plañ de la coupe isolait les . 366 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. branches latérales de ces glandes pénétrantes, qui apparaissaient alors comme des kystes multiloculaires indépendants , de 0,4 à 0,6 de milli- mètres de diamètre, enfouis dans la couche glandulaire (fig. 8, g); mais la vraie nature de ces formes kystiques était toujours trahie par l'épithélium cylindrique dont elles étaient tapissées , et par leur similitude avec d’autres ramifications latérales restées encore en connexion avec les glandes dont elles provenaient. Dans d’autres endroits, le plan de la coupe était si près de l’axe des glandes péné- trantes que le’ contour extérieur de leurs ramifications était facile à reconnaître. Ces glandes pénétrantes paraissent avoir fait leur chemin dans les espaces lymphatiques du tissu connectif sous-muqueux et , peut-être , cette circonstance que plusieurs glandes pénétraient si avant au-dessous du niveau général des autres était déterminée par le nombre et la position de plus larges passages lymphatiques dans le muscle de Brücke. Quoiqu'il en soit , le muscle de Brücke a évidem- ment subi des transformations atrophiques , car non seulement il manquait complètement sous les glandes pénétrantes , mais ailleurs, ce n’est qu'accidentellement qu'on pouvait le reconnaître au milieu de la masse des éléments lymphoïdes à la base des glandes. Un développement ramifié du cul-de-sac terminal des glandes affectées , dans les espaces lymphatiques adjacents , uni a une infil- tration du tissu connectif ambiant par des éléments lymphoïdes , est, depuis plus de dix ans, reconnu comme un des caractères histologiques du carcinome, mais l'examen des détails de structure de nos pseudo- polypes montre que ce processus ne peut être plus longtemps regardé comme une caractéristique diagnostique positive des productions carcinomateuses, ou comme un processus particulier en quoi que ce soit aux carcinomes. En effet, nous voyons simplement dans l'intestin dont il s’agit, les résultats d’une inflammation chronique intense. On ne peut appliquer le terme carcinome à cet exemple sans faire, d’abord, abstraction de toutes les délimitations modernes de ce terme, et sans revenir à l’ancienne manière de voir qui considère toute ulcération chronique obstinée comme cancéreuse. Que, dans ces résultats évidents d'une simple inflammation chronique, nous observions un processus qui a été regardé comme caractéristique et spécifique de cancer , cela nous montre seulement que cette manière de voir sur ce processus est prématurée et contredite par les faits réels. S'il existe , en réalité, quelques particularités histologiques spécifiques qui puissent distinguer le carcinome des résultats de l’inflammation chronique , on doit évi- demment aller les chercher ailleurs. ; L'état du colon, décrit dans ce mémoire , doit être soigneusement distingué de celui dont les lèsions, encore plus rares , sont décrites et figurées par Lebert et Luschka, et auxquelles Virchow a appliqué la désignation de colitis polyposa. Dans le cas de Lebert , la membrane JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 367 muqueuse du colon était attaquée par des centaines de petits polypes variant de la taille d’une lentille à celle d’une fève, quelques uns pédon- culés , d'autres sessiles. Ils se composaient d’un tissu fihfoïde dans lequel se trouvaient enfoncés çà et là des noyaux allongés , avec de nombreux vaisseaux sanguins ramifiés à leur surface, mais on ne pouvait reconnaître aucune glande. D'un autre côté , il y est dit formellement que les glandes de la membrane muqueuse enveloppante étaient dans leur état normal. La malade était une femme de 32 ans, qui avait souffert pendant un an d’une diarrhée rebelle (1). Dans le cas de Luschka, les polypes sont désignés comme existant par milliers depuis la valvule iléo-cæcale jusqu'à l'anus , chaque pouce carré en portant vingt-cinq, en moyenne, au moins. Ils variaient de taille depuis celle d’un grain de chenevis jusqu’à celle d’une fève ; le plus grand nombre d’entre eux étaient distinctement pédonculés, et les autres sessiles. L'examen microscopique montrait qu'ils consistaient principalement en glandes tubulaires ressemblant aux glandes de Lieberkühn , sauf qu'elles étaient plus longues, et que beaucoup d’entr’elles étaient plus ou moins branchues. Elles étaient réunies par un tissu connectif en partie fibrillé, en partie granulaire, dans lequel étaient plongés des noyaux nus aussi bien que des cellules nucléées, et de nombreux vaisseaux sanguins ramifiés. La membrane muqueuse de l'intestin, entre les polypes , n'était pas visiblement altérée. La malade était une femme de 30 ans, qui, pendant des années , avait souvent souffert de diarrhées sanglantes (2). SE S1 le cas observé par Menzel , en 1720, cas cité par Virchow comme un troisième exemple de colitis polyposa , est réellement de cette nature , plutôt qu’un cas de pseudo-polypes semblables à ceux qui sont décrits dans ce mémoire , c’est une question que la description impar- faite et la gravure grossière donnée par les Acta, de Berlin, ne me (1) H. Lebert: Traité d'Anatomie Pathologique, tome II. Paris, 1861, p 316: « CCCLXXII. Polypes multiples sur toute la surface interne du colon; épaississement de ses luniques ; pneumonie disséquante du lobe moyen droit. — Diarrhée incoercible , pneumonie gangréneuse. — Mort. ( PI. cxxn, fig. 1 et 2). (2) H. Luscaka : Ueber polypôse Vegetationen der gesammten Dickdarmschleimhaut. Hierzu Taf. ïüi )}, Archives de Virchow; Bd. xx, 1861, p. 133. L'autopsie , dans ce cas, a dû être faite très peu de temps après la mort , car les polypes sont décrits comme présentant sur leur surface un épithélium cylindrique bien conservé : » Ihre Oberfläche an den “meisten Stellen ein gut erhaltenes Cylinderepithelium zeigte, » (p.137). — A la fin de l’article, l’auteur cite la description d’excroissances polypoïdes en connexion avec les cicatrices de la dysentérie d’après la première édition du Handbuch de Rokitansky, (voir la 3° note de ce mémoire), et remarque : « In jenem Falle meiner eigenen Beobachtung scheint nur ein geringer Grad der Ruhr gewaltet zu haben da man nirgends Spuren eines tiefer gedrungenen Substanzverlustes der Mucosa nachzuweisen im Stande gewesenist. Die Polypen waren auch nicht an narbigen Stellen eingepflanzt, sondern haben sich vereinzelt an Bezirken erhoben welche keine augenfällige Veranderung des Schleimhautgewebes zeigten. » (p. 141). 368 Fig. 9. Fac-simile de la gravure qui accompagne le travail de Menzel ( « Portio intestini recli excrescentiarum verrucoso-cristossrum plena. » ) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. C2 fé LL / A 77 L y € l \ “ Ni x] a. qu 4 ' \ M _— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 369 permettent pas de résoudre (1); je n’ai pas été assez heureux pour trouver dans la littérature les-détails de quelques autres cas de vraie colitis polyposa, et comme, d’ailleurs, je n’en ai jamais vu moi-même, j'avoue avoir été ,quelque peu surpris que Virchow lui ait appliqué l’épithète de « commune » (gewühnlichen), quand bien même il enten- draït seulement indiquer par là que cette maladie est plus fréquente que l’état qu'il a décrit comme la colis cystica polyposa (2). Je serais certainement bien heureux si quelques uns de mes lecteurs étaient à même de procurer au Muséum un seul spécimen montrant les lésions décrites par Lebert et Luschka. D'J. J. WoopwaRp, Lieut.-Col. de l'Armée des États-Unis. (1: D. MENZEL : De excrescentiis verrucosocristosis copiose in inlestinis crassis _dysenteriam passi observaltis, Acta Medicorum Berolinersium, vol. IX, 1721, p.18, fig. 4. Le malade était un soldat qui est mort d'une dysentérie chronique. L’état pathologique de l'intestin est brièvement décrit ainsi qu'il suit : « Intestina universa erant inflammata eminenter tamen magis crassa , a quibus omentum totum erat devulsum. Intestinum colon et rectum seorsim, raro spectaculo, magnà excrescentiarum verucoso-cristosarum copià erant ornata, prout adjecta figura monstrat. » Le dessin grossier dont on parle ici représente une partie de l'intestin, de sept pouces de long , sur laquelle se trouvent projetées quinze productions polypoïdes ramifiées. Celles-ci sont plus larges que les pseudo-polypes du spécimen du Muséum : plusieurs ont plus d’un pouce de longueur, et le plus grand nombre ont sept ou huit ramifications. Quelques-unes paraissent avoir deux points d’origine sur ia membrane muqueuse (comme celle représentée dans la fig. 6. N9$ 6-7, supra), et ressemblent certainementgdavantage à nos pseudo-polypes qu’à de vrais polypes. J'ai pensé qu'il serait de quelque utilité d’annexer ici un fac-simile photo-relief de la gravure de Menzel ( Fig. 9), pour aider le lecteur à se former une idée de la nature probable de la lésion dont il s’agit. (2) R. VincHow. — Die Krankhaften Geschwülste, Bd. I, Berlin, 1863, p. 243. — Après avoir fait mention et donné une figure (Fig. 39) d’une préparation du colon qui montre d’une manière frappante la lésion qu'il décrit comme celle de la Colitis cystica polyposa , il fait cette remarque ; « Diese Form ist verschieden von der gewôhnlichen Colytis polyposa , von der Luschka und Lebert Abbildungen geliefert haben , und welche mehr den hyperplastischen Geschwulstformen angehôrt. » A la page suivante, il donne une description détaillée de la préparation représentée dans la fig. 39 ; de cette description et de la figure, il semble résulter que la lésion représentée par ce remarquable spécimen est réellement le résultat dernier d’un processus , qui, dans un degré moindre , est assez commun dans le catarrhe chronique du colon, — particulièrement, l'invasion des follicules clos par les glandes de Lieberkühn adjacentes, dont les branches terminales se dilatent en kystes. J'ai décrit ce processus avec détails dans le Medical History (p. 328, 466 et 563, vol. cité dans la première note de ce mémoire); j'y ai rapporté différents cas dans lesquels les tumeurs cystiques ainsi formées se projettent dans la lumière de l'intestin , sous forme de petites tumeurs hémisphériques d’un dixième à un quart de pouce de diamètre. (Voir p. 512 et suivantes, op. cit.) el j'ai noté que dans un cas semblable figuré par J. Cruveilhier, Anat. path. du corps humain, T. 11, Paris, 1835-1842, livraison 84 , planches 2 et 3), un grand nombre des kystes était pédonculé, de sorte que ce cas présentait un degré intermédiaire entre le plus avancé des cas, que j'ai rapporté, et celui cité par Virchow, qui n’est rare que par le degré auquel le processus morbide est arrivé. 370 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. L’ENDOCRANE ET LE SUSPENSEUR MAXILLAIRE DE L'ABEILLE.U La paroi chitineuse qui recouvre le corps des insectes et limite son intérieur, est molle et délicate en certains points, afin d’être flexible dans les parties qui doivent se plier, tandis qu’elle est dure dans les parties qui demandent de la rigidité. Elle est, en outre, repliée exté- rieurement ou intérieurement en prolongements qui ajoutent ou une force ou une protection nouvelle, ou, souvent, servent à l’attache de muscles. On voit ces replis externes daris la plèvre du Homard (voisin des Insectes), et dans l’aile de l’Abeille; ils sont toujours naturelle- ment doubles , (étant formés d’un feuillet avançant et d’un feuillet rentrant), et contiennent la substance nutritive interposée , comme la viande dans un sandwich. Les plaques saillantes (ou exodèmes) ont leur contre-partie dans les prolongements internes (ou endodèmes) qui marquent ordinairement les limites entre les segments adjacents du corps, et sont plus ou moins durcis en certaines parties, de manière à former un endo- squelette. Ce squelette interne a son développement le plus complet dans la partie ventrale du thorax et dans celle où il forme l’endocrâne, ou le soutien interne du crâne. (On peut remarquer que l’insecte a aussi les processus durs du pharynx et de l'estomac qu'on peut appeler collectivement les splanchnodèmes.) Les anatomistes n’ont pas apporté beaucoup d'attention à ces détails de structure, et quelques auteurs éminents sur l’embryologie des insectes sont aussi silencieux sur l'endosquelette que s'ils n'avaient jamais entendu parler de ces parties. Les quelques travaux déjà publiés sur ces détails ne se distinguent pas par leur exactitude. Il est clair aussi que tous les efforts pour développer l’embryologie des insectes, ou pour expliquer la formation de leur tête, doivent commencer par l’étude préliminaire de leur structure et de leur économie interne. Dans le présent essai, nous nous proposons d'examiner ces parties chez l'abeille , et de les comparer avec les parties correspondantes chez quelques autres insectes. La partie supérieure du crâne de l'abeille se compose de trois parties : l’'épicrâne (PI. XII, Fig. 1, E C), l’écu (C) et le labre (LR). L'épicrâne est la couronne s’étendant depuis l'ouverture occipitale du derrière de la tête, sur le vertex, jusqu’à une suture transversale devant l'insertion des antennes (AT). Il couvre complètement le tour et le derrière de la tête, et est divisé par le milieu, chez un (1) Mémoire lu devant la Section Biologique de l'Association américaine pour l'avancement des Sciences. Août 1880.— Amer, Naturalist., Mai 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. : 371 grand nombre d’imsectes (spécialement chez les larves), en section droite et en section gauche. Il est flanqué de chaque côté par les gros yeux composés (OC), — et se continue avec les joues que forment les côtés du crâne devant les yeux, (G). Une disposition remarquable de la région épicränienne , c’est qu’elle n'a pas d’endodêmes ni d’arêtes ou replis qui puissent faire supposer une tendance à se segmenter. Cette partie du crâne a un petit nombre d'arêtes près de l'ouverture occipitale , un rebord autour des yeux, et, quelquefois, près de la racine des antennes; mais nous n’avons trouvé, dans cette région, aucune trace de segmentation latente: Ce serait un fait contraire à cette théorie que les antennes représentent un segment dans la tête ; et les découvertes récentes en embryologie amènent à la même conclusion (1). | Le clypeus, écu , ou « face » , est Le toit de la cavité buccale. A ses bords latéraux , il fournit une insertion pour les condyles mandibu- laires. (Dans le Doryphora, le fameux coléoptère des pommes de terre , il est curieusement retourné à ses angl2s en forme de douille où s'appliquent les mandibules). Il présente aussi des involutions qui le mettent dans une relation intime avec le système endocrânien. Son bord postérieur (immédiatement en rapport avec l’épicrâne) se replie par en bas transversalement, pour former un rebord solide avec une légère excroissance aux angles postéro-latéraux. De ces excrois- sances deux piliers descendent obliquement à travers la cavité crà- mienne (Fig. 2, MC). Ces colonnes mésocéphaliques prennent naissance sur le plancher du crâne, près des bords de l'ouverture occipitale (FO). L'endocrâne consiste donc en deux colonnes qui s'élèvent par de fortes racines depuis le plancher crânien , et se fixent en haut à l’écu. (L’écu supporteles mandibules et fournit l’attache à plusieurs muscles). Chaque colonne est bifurquée à son sommet , afin de donner un plus large point d'appui (Fig. 3, MC.) Ce sont ces piliers qui rendent la tête de l’abeille si solide , bien que son enveloppe soit assez mince. Les piliers mésocéphaliques du crâne de la fourmi ressemblent à ceux de l'abeille ; et, dans le cou, nous observons de courts tendons qui leur sont antagonistes. Les colonnes se dirigent en avant des lobes cérébraux, passent entre ceux-ci et les lobes optiques et maintiennent en place le gros appareil oculaire. Le travail bien connu de Burmeister sur l'endocrâne des insectes contient beaucoup d'erreurs. Il représente l’endocrâne des Hyménop- tères comme partant de la base pour aller se terminer en deux pointes. (1) Balfour refuse à la région procéphalique tout rapport avec les pièces du corps et dit que « les antennes ne doivent que difficilement être regardées comme ayant la même valeur morphologique que les appendices suivants » (Comparative Embryology, vol. I, p. 331). 372 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il semble qu'il a brisé les piliers et s’est ainsi trompé sur leur attache à l'êécu. Burmeister dit que les Diptères et les Hémiptères n’ont pas d’endocrâne. Ceci est partiellement vrai pour les Muscides ; mais nous avons montré (1) que, selon toute probabilité, la partie basilaire de la trompe de ces insectes représente l’endocrâne , et qu'il y a un rudi- ment des racines endocrâniennes dans un petit pont qui traverse l'ouverture occipitale. Chez le gros taon (Tabanus atratus), et chez le mosquito, nous trouvons des colonnés céphaliques comme chez l'abeille (en outre de ce qui paraît être un splachnodème ou caisse pharyngienne supportant la complexe armature buccale. Le Coreus, Hémiptère, bien que dépourvu de mandibules, de mâchoires, de labium et de tout processus relatif à ces pièces, présente une paire de processus dépendant de l’écu, dans la position de la partie supé- rieure des colonnes mésocéphaliques. Ils supportent probablement le pharynx et les racines des longues soies perçantes. Burmeister n’attribue aux Zeépidoptères qu'une petite barre à travers l'ouverture occipitale, mais nous trouvons (dans le Papiho Turnus) une forte charpente, presque carrée, s'étendant devant cette ouverture, et pénétrant en avant, de manière à se fixer près des racines de la trompe. Que les piliers mésocraniens représentent des involutions des parois extérieures, on le comprend,sur l’écrevisse, où (comme M. Huxley l’a bien montré) les processus intérieurs deviennent ou des plaques ou des arêtes ou des colonnes. Mais la chose est encore plus évidente quand on examine la tête de quelques autres insectes. La cigale a des colonnes semblables à celles de l'abeille, légèrement aplaties en dehors et fixées aux côtés de la tête {les yeux ne s'étendent pas aussi loin en avant). Ceci indiquerait que , chez l'abeille, les arêtes ont été déplacées en dedans par l’empiètement des yeux. (L’écu de la cigale est comme une barre transversale qui présente environ dix pseudo-somites. Il est facile d'examiner ces parties sur une enveloppe vide). La libellule a un solide rebord au-dessous de l’ouverture occipitale , envoyant des prolongements jusqu’à la région de l’écu, comme chez l'abeille. Mais ces processus sont élargis , transparents et non rigides. L’écu lui-même est mou et renflé et porte un sillon transversal et profond pour recevoir les processus. La faible et large paroi crànienne : est ainsi notablement consolidée , quoique d'une manière légère. Quand on cherche à comparer les parties de la tête de l'abeille avec celles de la tête de la blatte, on arrive à quelques intéressantes révélations. Ici l'excellente description de la blatte par Huxley « (Analomy of the Inverlebraled Animals) » serait à propos; mais (1) Voir l'American Naturaliste. March 1880, — « On the Proboscis of the House-fly. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 373 on trouve bientôt que ce travail est superficiel et inexact sur ce point. Huxley établit que l'endocrâne de la blatte « s’étend en cloison cruci- forme depuis la face intérieure des parois latérales du crâne, aux côtés de l'ouverture occipitale : » il dit que le centre de la croix formée par cette cloison , est « percé d’une ouverture arrondie par laquelle passe le collier nerveux œsophagien. » Dans le fait, la cloison n’est pas en forme de croix, mais consiste en deux colonnes, comme chezl’abeille,seulement plus molles,et réunies comme par une sorte de membrane, comme les doigts palmés d'un oiseau aquatique. La bande transversale supérieure est un fascia qui réunit les deux mandibules, (on la trouve chez l'abeille mais non réunie aux tiges mésocéphaliques). — Nous avons donc ainsi un « tentorium, » ou plaque mésocéphalique, formant un léger diaphragme en travers du milieu de la cavité cranienne , avec des rebords épaissis en avant et latéralement : il est lui-même concave vers le haut de manière à fournir un canal pour le pharynx (Fig. 6, EC). Sa perfora- tion n’est pas dans l’axe d’une croix, mais en avant, comme si la membrane avait été interrompue en cet endroit. Son rapport avec les parties déjà décrites chez d'autres insectes est facile à saisir. Dans la locuste les colonnes sont plus rapprochées, si bien qn'’elles ressemblent à la lettre X, mais l'ouverture et les autres parties sont tout-à-fait comme dans la blatte. Les Coléoptères semblent manquer de ce système. Mais, en suivant les rapports des parties , je suis arrivé à des vues, qui, si elles sont exactes , expliquent l’anomalie; je les réserve pour la suite de ce mémoire. Suspenseur maxillaire de l'abeille. Il est bon d'examiner en même temps les dispositions voisines et des mâchoires et du labium (ou premières et secondes mâchoires, ainsi qu'on peut les appeler). Elles ont un rapport intime dans leur mode d'attache, chez tous les insectes qui possèdent ces parties. Chez l'abeille , les mâchoires sont tendues sur une longue charpente à angles et charnières qui peut les projeter en avant et les retirer en dedans. Nous n’avons pas pu trouver de description ou de figure satisfaisantes de cette charpente que nous appellerons suspenseur maæxillatre. La zoologie de Schmarda donne une figure correcte de sa partie extrême antérieure; mais ni Schmarda, ni Westwood, ni Réaumur, ne paraissent avoir tracé la structure de cet organisme à son origine. L'ouvrage couronné, de M. Girdwoyn, sur l’Anatomie et la Physiologie de l'abeille, publié par Rothschild, de Paris, est d’une complète inexactitude en ce qui concerne cette partie. | Nous décrirons le suspenseur maxillaire en commençant par la base, 374 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. —— là où il s'attache à l'insertion inférieure des colonnes mésocéphaliques, immédiatement en avant du foramen magnum. En ce point, au-dessous des colonnes mésocéphaliques , se trouvent deux tiges basi-crâniennes, qui se dirigent en avant vers l’ouvérture orale, (remontant légèrement en avant quand les parties de la bouche se rétractent, mais devenant presque horizontales, quand elles sont projetées). Ces tiges basi-crâniennes s'élèvent comme les colonnes mésocéphaliques ; mais une légère membrane les réunit aux bords d'une ouverture creusée à la base du crâne ; juste comme les colonnes mésocéphaliques sont réunies à la paroi latérale chez la Cigale. Ces tiges ne sont pas articulées sur leur racine, mais solidement fixées et élargies en ce point; elles sont légèrement flexibles, mais leur mouvement est limité par la membrane qui les relie à la paroi basi-crânienne (PI. XIII, Fig. 2:95 0, BR). (Un ingénieur de nos amis, à qui nous avons fait voir cette structure, nous a dit, qu’elle était établie sur le même principe qu’une machine récemment patentée pour produire un mouvement léger et ferme, combiné avec la force). Les deux tiges basi-crâniennes parallèles sont aussi réunies entre elles par une bande chitineuse très mince et très flexible , qui forme la paroi limitante inférieure de la tête et sa partie excavée , et permet une parfaite liberté de mouvement au mécanisme suspenseur. | Lestiges basi-crâniennes sont fourchues à leurs extrémités anté- rieures , où elles supportent les rameaux maxillaires , un de chaque côté (Fig. 5, MR), auxquels elles sont unies par une jointure à coude très parfaite permettant aux rameaux de se replier par en bas. Les rameaux supportent les mâchoires qui peuvent ainsi être projetées ou retractées avec eux. Nous pensons que chacun de ces rameaux correspond au gond « (cardo) » ou segment basilaire des mâchoires de la blatte ou de l’escarbot , (bien que ce nom ait été donné aux pièces que nous décrirons tout-à-l'heure. (1) Le modus operandi des mâchoires sur ces rameaux est digne d'attention. Chaque mâchoire consiste en une base aplatie (stipe), surmontée d’une laciniure ressemblant à une lame de couteau et portant un palpe rudimentaire au milieu; cette laciniure peut s’incliner en bas et en arrière de manière à s’écarter de sa direction et à présenter le stipe comme une plaque aplatie. Quand les pièces de la bouche sont retractées , les deux mâchoires s’abaissent et leurs stipes en forme de (1) Le Docteur Hagen nous a montré un article de Wolff sur « Das Riechorgan der Biene » dans les Nova Acta Leop. Carol., Band XXX VIII (1875), avec des dessins beaux et soignés de la structure de la tête de l'abeille. L'auteur ne semble pas avoir étudié les parties dans les rapports dont il est ici question ; il devient d’ailleurs fantaisiste lorsqu'il assimile les parties dures et les muscles du crâne de l'abeille aux os et aux muscles de la lête des mammifères. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 375. plaques se rapprochent de manière a former pour la bouche une lèvre inférieure dure , sur laquelle les mandibules fonctionnent dans leurs opérations (quand l'abeille ronge un morceau de bouchon ou qu’elle construit une cellule, ou quand la xylocope travaille sur le bois. Les basi-labium et medio-labium remplissent l’excavation de la surface basi-crànienne. Quand le suspenseur commence à se projeter en avant, la délicate membrane qui couvreses articulations postérieures et qui s'étend de manière à atteindre les lames des mâchoires , se tend et les sépare de facon à assurer la fermeté de leur mouvement et permettre au labium d'intervenir librement. De l'extrémité antérieure des rameaux maxillaires, partent deux rameaux labiaux pour supporter le labium, fournissant ainsi un article additionnel, avec charnière permettant des mouvements en arrière et en avant. (C’est la pièce ordinairement appelée cardo; nous l’appellerons rameau labial du suspenseur, ou suspenseur labial). Grâce à lui le labium peut faire des mouvements très étendus en arrière et en avant ; sa mobilité s’accroit en outre par l’action projective de sa ligule ou pièce antérieure extrême Le labium est formé d’une pièce basilaire, ordinairement appelée submentum (nous devrions plutôt l'appeler basi-labium, Fig. 4, 5, B L) ; d'une pièce intermédiaire, ordinairement appelée mentum (que nous nommerions medi-labium, M L), de ce que nous pouvons appeler disti-labium et comprenant les paraglosses (P G), les palpes labiaux bien développés (L P), et la ligule terminale (LG), sur laquelle ou a beaucoup écrit. | Prof’ G. MACLOSKIE. (A suivre). | LE PROTHALLE ET L’EMBRYON DE L’AZOLLA.U Lorsque la macrospore de l’Azolla Caroliniana a atteint son complet développe- ment , la partie inférieure du tégument de la spore se détruit, mais la partie supérieure persiste et recouvre la macrospore sous forme d’une coiffe conique. L'axe du cône est occupé par un canal qui conduit de la membrane interne de la spore au sommet de l’exospore. Les filaments déliés qui entourent l’exospore dans la moitié inférieure de la spore sont proéminents ; un grand nombre de massules couvrent toute la base de la macrospore. Les macrospores sont, à une certaine époque, assez rapprochées et les massules assez nombreuses pour que les spores s’attachent les unes aux autres par leurs massules. C’est vers ce moment que le prothalle commence à se développer à l’intérieur de la spore. Grâce à sa forme , la macrospore se tient verticalement , de telle sorte que son axe longitudinal tr perpendiculaire à la surface de l’eau. La cavité qui occupe (1) Extrait de Lunds Universit. Arsskrift, tome XVI, où cet intéressant travail vient d’être publié en langue suédoise. (Revue des Sciences Naturelles, de Montpellier.) 376 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » l'intérieur de la partie inférieure arrondie de la spore , renferme un protoplasma mucilagmeux épais, plus dense que toute la moitié supérieure de Ia spore; la région profonde de cette partie supérieure a la forme d’une, pyramide à trois faces concaves ; elle est occupée par un protoplasma vacuolaire. Autour se trouvent trois flotteurs , originairement encastrés dans les faces concaves de la pyramide. À peine le prothalle a-t-il commencé son développement , à peine la macrospore s'est-elle élargie vers le sommet , que les deux moitiés inférieure et supérieure se disjoignent ; c’est par cette disjonction que se forme l’espèce de coiffe qui recouvre le sommet. Cette coiffe est soulevée peu à peu sous l’action de l'accroissement de la partie inférieure, et rejetée de côté, de façon à être bientôt perpendiculaire à l'axe longitudinal de la spore; les appareils flotteurs, aussi bien que les parties supérieures de l'enveloppe externe de la macrospore , se colorent en blanc ; cette coloration es due aux vacuoles remplies d’air qui occupent cette région. | C'est dans la partie supérieure de la cavité de la spore qu'apparaît le prothalle. L'endospore élastique , colorée en jaune brun, circonscrit une cavité sphérique, un peu aplatie vers le haut; cette cavité, entourée simplement par les téguments, constitue toute la partie inférieure de la macrospore. Vue d'en haut, l’endospore laisse voir trois lignes de plus faible résistance qui divergent à partir d'un centre commun , le long desquelles la membrane se déchire en trois lobes. Le prothalle apparaît alors comme une lame à face supérieure bombée; il ressemble beaucoup, par sa forme, à un verre de montre à forte convexité. Il comprend plusieurs couches de cellules, plus nombreuses vers le centre qu’à la périphérie. Le bord est formé par une simple assise cellulaire à parois très minces. Il ne m'a pas été possible de remonter plus avant dans l'étude du prothalle ; c’est là l’état le plus jeune que j'aie pu observer. Les cloisons issues de la division des cellules du prothalle sont disposées de façon à converger vers le centre de sa face supérieure. On a tout lieu de croire, d’après cela, que la situation des trois sutures le long desquelles s'opère la déhiscence de la spore, est en rapport avec la formation des premières cloisons ; peut-être même, le nombre de ces premières cloisons détermine-t-il le nombre des déchirures de la membrane, comme cela arrive lors du développement du prothalle des Hyménophyllées. La face inférieure du prothalle, concave, est formée de cellules minces, délicates, dépourvues de chlorophylle, remplissant à peu près le tiers supérieur de la cavité de la spore. Le prothalle est uni à l’endospore brune par une membrane peu épaisse , hyaline recourbée comme la base du prothalle, dont elle entoure étroitement les cellules inférieures. A mesure que le prothalle s'éloigne de la spore, cette membrane le suit dans son développement, de sorte qu'il paraît reposer simplement sur la cavité de la spore. Cette disposition présente une frappante analogie avec celle du diaphragme que l'endospore des Marsilea et des Salvinia forme au moment où elle soulève le prothalle au-dessus de la cavité de la spore (1). Les cellules de la face supérieure du prothalle sont remplies de protoplasma ; elles renferment plus tard de la chlorophylle , qui diminue peu à peu, à mesure qu'on se rapproche de la région profonde. La cavité de la spore , recouverte par le prothalle, renferme aussi du protoplasma qui devient rapidement vacuolaire , par introduction d'air dans sa masse. L'archégone est formè par quelques-unes des cellules situées au voisinage immédiat du centre du prothalle, tout près du sommet. Il est formé de quatre grandes cellules aplaties et disposées en croix, au-desus desquelles s'en trouvent quatre autres plus hautes qui deviennent le col de l'archégone. Il a donc la même organisation que celui du Salvinia. Lorsque (1) Comparez : Pringsheim; Zur Morphologie der Salvinia natans (\Jahrb far wissensch. Bot., 1863); ou Sachs; Trailé de Botanique, 3° édition, fig. 288. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 377 l’archégone est mûr, lorsque la cellule centrale a cessé de s’accroître , les cellules les plus voisines de l'archégone subissent des divisions plus nombreuses que les cellules qui n'y confinent pas directement. Dans cet état de complet développement, le prothalle a une forme hémisphérique, rendue plus ou moins irrégulière par les ruptures plus ou moins profondes de l'endospore. Il est étranglé dans la région où il sort de la cavité de la spore, et . toutes les cellules situées hors de cette cavité , renferment de la chlorophylle. Si l’archégone le premier formé subit la fécondation , les parties les plus voisines du prothalle manifestent un léger exhaussement , et le plus souvent il ne se produit plus de nouveaux archégones. Si, au contraire , la fécondation ne s’accomplit pas sur Ce premier archégone, ce qui arrive souvent, même dans des conditions favorables, il se produit autour de lui un nombre toujours limité d’archégones nouveaux. Dans ce cas, le prothalle continue à se développer pendant quelque temps , ses parois cellulaires s'épaississent plus que dans le premier cas; sa face supérieure s'aplatit et prend une forme assez nettement triangulaire. La fig. 3 (PI. XIV) montre la partie inférieure de la macrospore, vue par en haut, après disparition de l'exospore et des flotteurs. Le bord trilobé est furmé par l'anneau membraneux qui sépare l’une de l’autre les deux régions inférieure et supérieure de la macrospore. Cette figure laisse voir les trois lobes occupés par les flotteurs; à l'intérieur on voit le prothalle. Les trois déchirures qui déterminent l'ouverture de la spore sont cachées par les parties environnantes de l'exospore. C'est vers les angles du prothalle que les archégones supplémentaires se forment , au cas où le premier n’est pas fécondé. Quant à la position de la cellule centrale , je crois avoir découvert qu'elle est la même que dans le Salvinia. La coupe longitudinale du prothalle passant par l’archégone, aussi bien que l'observation de la cellule centrale en place , par la surface supérieure , me paraît démontrer qu'elle n’est pas située exactement dans l'axe de l’archégône , mais que sa position est oblique. La forme qu’acquiert l'embryon après les premières divisions de l’oosphère fécondée, confirme encore cette manière de voir. Il prend en effet l'apparence d’un rhomboïde à angles émoussés. Il est difficile de préciser, d’après des préparations conservées dans l'alcool , quel côté de la cellule centrale correspond à telle ou telle région de l’'archégone. Cependant il y a de fortes présomptions en faveur de l'opinion d'aprés laquelle la partie destinée à former le pied et la racine serait placée du côté du col de l’archégone, absolument comme c’est le cas pour le Salvinia; au contraire , les cellules initiales de la première feuille et de la tige seraient éloignées du col de ‘l’archégone. L'observation du jeune embryon n'ayant pu être faite que sur des échantillons conservés dans l'alcool, et les coupes le détachant toujours de la cavité de l’archégone, les divisions qui s’y produisent ont été étudiées indépen- damment de leurs rapports avec cette cavité. , La première division de l'oosphère est perpendiculaire à son axe longitudinal ou très légèrement oblique par rapport à cet axe. L'oosphère étant ellipsoïde ou ovoide, les deux cellules formées par la première cloison sont un peu différentes l’une de l’autre , tant au point de vue de la forme qu'au point de vue de leur contenu , car la cloison ne coupe pas la cellule primitive en deux parties égales (fig. 9); l'une est plus grande que l’autre. La plus petite, qui, dans l’archégone , semble se trouver du côté du canal, est plus transparente ; son contenu protoplasmique est moins coloré. | La plus grande, inférieure à la première , est riche en protoplasma et en granu- lations. La première est l'origine du pied et de la première racine, la seconde forme la première teuille ou l'écusson , la deuxième feuille et le sommet de la tige. La plus grande cellule se partage alors en deux autres par une cloison perpen- diculaire à la première , parallèle au grand axe de l’oosphère. En même temps , ou immédiatement après, la cellule la plus petite se divise de la même façon ; l’oosphère 378 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ———————————— + ————————————__—_—…......._—_ — est ainsi divisé en quatre quartiers. La grande moitié du corps embryonnaire subit bientôt, parallèlement à l'axe longitudinal , une nouvelle division ; c’est la première indication de la formation de la feuille et du sommet végétatif. L'autre partie, destinée à devenir le pied de l'embryon, subit en même temps, ou un peu plus tard, une division de même nature. Des cloisons se forment parellèlement à celle qur détermine la première division de l’oosphère en deux moitiés. La combinaison de ces segmentations successives forme finslehsbit un Corps, embryonnaire divisé en deux moitiés distinctes dès le début , l’une correspondant à la feuille et à la tige, l’autre appelée à former le pied (fig. 11). A cette période du développement, l'embryon comprend 16 cellules. Je n'ai pu, malheureusement, trouver assez d'embryons plus âgés pour élucider tous les points obscurs de la suite du développement. Deux cellules de la région qui formera la feuille et la tige, située au voisinage de la pointe, commencent dès-lors à s’accroître et à s'élever par dessus les autres. Leur développement est indépendant. L'une est l’origine de la deuxième famille. l’autre devient le sommet de la tige. Le reste des cellules formées.aux dépens de la première moitié de l'embryon constitue la première feuille ou écusson. La fig. 12 montre, vu par-dessus, l'embryon arrivé à ce degré de différenciation. Les deux octants représentés en haut sur la figure, sont l’origine de l’écusson ; chacun d'eux s’est divisé successivement dans les deux directions radiales et tangentielles. Les cellules représentées vers le bas de la figure sont l’origine de la première feuille et de la tige ; l’une d'elles a subi une division radiale. La fig. 13 montre l'embryon vu de côté. La moitié inférieure est le pied; les cellules situées à gauche et en haut sont le point de départ de la deuxième feuille et de la tige, tandis que l’écusson est formé par les quelques cellules qui se trouvent verticalement au-dessus du pied. La fig. 14 représente un état plus avancé, l'écusson s’y est considérablement accru et commence à devenir engaînant; la deuxième feuille et le sommet de la tige s'y montrent déjà comme deux mamelons séparés par un sillon dont la situation indique la direction du développement. Entre l'écusson et ce sillon, deux poils commencent à se former. Dans la zone qui forme la partie supérieure du visa apparaissent quatre cloisons tangentielles, et les cellules qui en résultent se partagent ordinairement en trois, de telle sorte qu’une coupe transversale du pied montre deux cellules médianes entourées de six autres périphériques. Une série de divisions se produit ultérieu- rement dans le même ordre , jusque dans la partie supérieure du pied. La partie frontale de la moitié supérieure du corps embryonnaire , qui deviendra la tige, est séparée par un sillon profond de sa partie dorsale, qui deviendra l'écusson. (Nous donnons ici le nom d’écusson à la première feuille ; elle ne tarde pas à s'accroître considérablement au-dessus du sommet de la tige et à entourer le bourgeon de la tige comme d’un cornet fig. 15). Dès l’époque où l'écusson et le sommet de la tige parsissent nettement séparés , l'embryon prend une position verticale, de sorte que son sommet est dans le prolongement de l'axe flongitudinal de la spore , suivant l'opinion que j'émettais plus haut, d'après laquelle la cellule centrale de l'archégone serait oblique, l'embryon aurait donc nécessairement changé un peu de position pendant son développement , pour se mettre exactement dans l'axe de l'archégone. La cellule initiale de la deuxième feuille se divise successivement par des cloisons obliques les unes par rapport aux autres ; son développement suit ultérieurement le développement normal habituel de la feuille. La cellule la plus voisine, que je crois devoir considérer comme une cellule terminale de tige , se développe d'une façon vigoureuse comme la cellule terminale de la tige développée. | JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. 319 La fig. 14 montre en f 2 la cellule initiale de la deuxième feuille avec une trace de cloison ; en t, on voit la cellule terminale de la tige divisée on deux cellules par une. cloison oblique. L'extérieure proéminente, est la première indication d’une troisième feuille, sans pouvoir préciser si la cloison qui sépare la cellule initiale d’une feuille est toujours oblique par rapport à la tige , j'ai tout lieu de croire que son développement est identique à celui d'une feuille quelconque au sommet de la tige développée. Les feuilles engaînées par l’écusson avec le sommet de la tige se forment alterna- tivement à droite et à gauche. La feuille extérieure est concave et recouvre le sommet de la tige. Le repli en forme de crochet que Strasbürger a signalé au sommet de la tige développée, n’a pas encore paru à cette époque. La jeune plante modifie maintenant sa forme extérieure, qui dépend avant tout du développement de l’écusson ; il constitue en effet, à lui seul, la plus grande partie de l'embryon ; il enveloppe presque complètement les jeunes feuilles et la tige, et forme autour d'elles une gaîne ovoide un peu amincie du côté du pied, large au contraire vers le sommet ouvert par une fente oblique ; dans cet état, l’Azolla présente à peu près la forme d’un embryon de Commelyna au moment de la germination ; l’écusson ayant l'apparence d'un cotylédon engainant. Jetons mainterant un coup d'œil rapide sur les modifications que la germination fait subir au prothalle et aux téguments de la spore. La partie supérieure du prothalle est déchirée dès que l'oosphère a subi quelques diversions , meis cette déchirure n’a pas nécessairement lieu à travers les cellules du col , c'est au contraire à quelque distance de là que se produit la déchirure du prothalle , de façon que le col de l’archégone tout entier est simplement rejeté de côté, comme dans le Salvinia ; l'embryon est, par suite, enchâssé dans le prothalle comme dans une gaîne. C'est toujours du côté dorsal de l'embryon qu'est rejeté le col de l'archégone ; ce fait donne une grande vraisemblance à l'hypothèse de l’obliquité de l'oosphère dans l’archégone. En même temps, le prothalle élargit le canal ménagé entre les trois flotteurs (Ag. 8), et s'élève jusqu'à la partie supérieure de la macrospore. La coiffe formée par le sommet de l'exospore est nécessairement soulevée par l'écartement de plus en plus grand des flotteurs , et devient perpendiculaire à l'axe de la macrospore (Ag. 2). Les filaments fibriformes qui se trouvent entre la coiffe et les flotteurs prennent, dès la chute de la coiffe, l'aspect d’une collerette ou d’un entonnoir au point où convergent les trois flotteurs (fig. 2). La position oblique de l’oosphère est probablement aussi la cause de la déhis- cence de la coiffe , qui s'opère toujours obliquement de la même façon et du même côté par rapport à l'embryon. C'est du côté antérieur, du côté frontal de l'embryon, qu'elle est rejetée. J'ai trouvé fréquemment sous la coiffe des cellules très réfringentes, déjà signalées par Griffith et par Strasbürger : ce sont des cellules isolées de Nostoc, comme on en trouve fréquemment dans diverses parties des végétaux. Ces cellules peuvent se développer plus tard à l'intérieur de l’écusson , entre sa face interne et le bourgeon qu'il protège. 11 est assez remarquable que ces cellules égarées sous la coiffe de l'Azolla se rencontrent au voisinage de l'archégone et sur le chemin que les anthérozoïdes doivent suivre pour opérer la fécondation. Lorsque la coiffe tombe, le pied de l'embryon remplit déjà tout le canal, l'écusson proémine largement au-dessus de la macrospore. Les cellules du prothalle et de embryon renferment de la chlorophylle, mais elle diminue dans le prothalle à mesure que l'embryon se développe. 380 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les cellules du pied sont transparentes et renferment peu de matières organiques, à l'exception toutefois de celles qui mettent directement le pied en rapport avec le prothalle. Après la chute de la coiffe, les bords de l’écusson s'accroissent de plus en plus , jusqu'à complet développement du cornet engaïînant que j'ai décrit (fig. 15). La macrospore flotte au-dessus de la surface de l'eau, et l'écusson repose sur cette surface. À peine la coiffe a-t-elle disparu que l'etbros se dégage de la macrospore, pour vivre libre sur l’eau , avec le pied dirigé vers le bas. La jeune plante , devenue indépendante, ressemble beaucoup au Grantia microscopica. La membrane délicate formée par l’écusson , n'ayant qu'une seule couche de cellules, se replie légèrement en arrière , et le bourgeon qu’elle recouvrait épanouit succes- sivement ses feuilles. Avant que l'embryon se sépare de la macrospore , la première racine a fait son apparition à côté du pied et le système vasculaire s'est dessiné déjà. Le premier faisceau vasculaire apparaît dans la substance du pied et se divise en deux branches : l’une d'elles se dirige vers l'écusson, l’autre vers le bourgeon foliaire ; ces deux branches réunies forment un faisceau radical unique. La première racine naît vers la base du pied et à sa face dorsale ; elle se déve- loppe aux dépens de deux ou trois couches cellulaires périphériques du pied. La fig. 18 montre une coupe d'une jeune racine ; les deux couches les plus extérieures formeront la gaîne radiculaire( coléorhize); les cellules plus obscures qu'elles recouvrent produiront en partie la coiffe, en partie la cellule terminale, et par suite le corps de la racine. Dès les débuts du développement, aussi bien que plus tard, la situation des feuilles est bilatérale; elles sont concaves ; toute feuille plus jeune recouvre la feuille qui la précède immédiatement du même côté ; elles sont entières , tandis que dans la plante développée elles sont profondément bifides. La première racine déchire sa gaîne sans présenter de phénomène particulier ; cette première racine n’acquiert pas de développement aussi grand que celles qui suivent ; sa surface externe produit des poils; son sommet est protégé par une courte coiffe que l’on trouve souvent complètement retournée, n'adhérant au sommet de la racine que par un seul point. , La deuxième racine naît à la base de la première feuille végétative, elle est plus développée que la précédente; il en est de même de toutes celles qui se forment plus tard, la coiffe qui les couvre est surtout bien plus grande. La racine est complètement couverte de poils, à l'exception de la région immédiatement voisine de la coléorhize. Chaque cellule épidermique de la racine produit successivement un poil. Tant que ces poils sont recouverts par la coiffe, ils forment de courtes pupilles à la surface de l’épiderme , mais ils se développent rapidement aussitôt que la coiffe est tombée. J'ai trouvé des poils normalement formés par toutes les cellules épidermiques , chez les jeunes plantes d'Azolla Caroliniana issues de spores. Chez les plantes âgées de cette espèce , les poils manquent ou sont représentés seulement par des pupilles peu nombreuses et peu proéminantes. Chez l'A. ruba, ils apparaissent comme des pupilles au-dessous de la coiffe, mais ils tombent dès que la coiffe cesse de les recouvrir, car on trouve alors la surface de la racine tout à fait lisse. Chez l'A. pinnata, les racines sont complètement revêtues de longs poils, qi leur donnent un aspect plumeux. -M. S. BERGGREN, Professeur à l'Université d'Upsal. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 381 CCC TL NL D un EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV. . Dans toutes les figures, c désigne la coiffe; pr, le prothalle ; ar, l’archégone ; f, les flotteurs ; éc, l'écusson ; p, le pied ; t, la tige ; f, les feuilles; ft, les initiales communes de la tige et des feuilles; r, la racine. Les chiffres placés entre paren- thèses indiquent le grosissement. Fig. 4. Coupe longitudinale de la macrospore avant le développement du pro- thalle (70). — ?. Trois macrospores avec les flotteurs plus ou moins écartés et la coiffe plus ou moins repoussée; l'embryon, em, sort de deux de ces macrospores (35). — 3. Coupe transversale d'une macrospore, pratiquée immédiatement au-dessous des flotteurs, montrant jl'endospore ouverte et la face supérieure du prothalle avec trois archégones vus d'en haut (70). . Protballe avec trois archégones, vu d'en haut (90). . Prothalle vu de côté (90). . Jeune archégone vu de côté (90). . Le col de l’archégone vu d'en haut (90). . Coupe longitudinale de la macrospore et du prothalle (70). — 9-40. Premières divisions de l'oosphère (320). — 11. Embryon vu de côté (90). — 12. Embryon vu-d’'en haut, avec l’écusson et le début de la tige et de la feuille différenciés (320), — 13. Embryon vu de côté (320). — 14. Embryon vu d'en haut, avec l’origine de la feuille et de la tige sous forme de deux mamelons ; entre eux on voit deux poils (320). — 15. Embryon avec la deuxième feuille et le sommet de la tige; derrière la tige on aperçoit une troisième feuille ; entre la tige et l'écusson , considéré . comme première feuille , on voit deux poils (90). — 16. Embryon avec deux jeunes feuilles (90). — 17. Jeune plante flottant librement sur l’eau (35). — 18. Jeune plante en coupe longitudinale (70); on y voit la marche des faisceaux vasculaires et le développement de la première racine. O0 =1 Où O1 BIBLIOGRAPHIE. NOTES ALGOLOGIQUES, RecuEIL D’OBSERVATIONS SUR LES ÂLGUES (2° fascicule) Par. MM. Ed. Borner et G. TauReT (1). Le Journal de Micrographie a inséré, dans son numéro de mai 1877, l'analyse du premier fascicule des Notes algologiques publié par le D' E. Bornet, tant en son nom personnel qu’en celui de son savant et regretté collaborateur Thuret ; — aujourd'hui (1) Paris , in 4 de 200 p., avec 25 planches lithographiées, — 1880, — G. Masson, 382 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nous avons à rendre compte du deuxième fascicule de ce superbe ouvrage , dont les 25 planches, dessinées par M. Bornet, lithographiées par M. Arnoul, sont de véritables chefs-d'œuvre. Ces planches sont relatives aux espèces suivantes, que les auteurs oùit toi pour objet des observations composant ce fascicule : Xenococcus Shousboei, Th. Dermocarpa Leiblinii, B. — prasina , B. Nostoc muscorum, Ag. — ellipsosporum, Desmaz. — gelatinosum, Schourb. — Linckia, B. — ciniflonum, Tourn. Nodularia littorea, Th. — spumigera, Mert. — Armorica, Th. — Harveyana, Th. Microchæte grisea, Th. — tenera, Th. Nostoc tenuissimium, Rob. Lyngbya œstuarii, Liebm. Plectonema mirabile, Th. Scytonema chlorophœum , Th. Scytonema (Symphiosiphon) Hofmanni, Kütz. Fischera muscicola, Th. Calothrix œruginea, Th. — parasitica, Th. — scopulorum, Ag. — pulvinala, Ag. Isactis plana, Th. Rivularia hospita, Kütz. Glæotrichia punctulata, Th. Hormactis balani, Th. Monostroma Wittrockii, Th. Ptilothamnion pluma, Th. Sphondylothamnion multifidum, Næg. Wrangelia penicillata, Ag. Crouania Schousboei, Th. Solieria chordalis , J. Ag. Comme on le voit , c'est aux Algues inférieures qu'est consacrée la iajeure partie de ce fascicule. Il nous est malheureusement impossible d'entrer iei dans le détail de ces intéressantes observations. Bornons-nous à indiquer qu'après avoir reconnu qu'à côté des Algues inférieures qui ne se reproduisent qué par des cellules isolées, les Chroococcacées , il en est d’autres qui peuvent se reproduire par des fragments de filaments végétatifs, des hormogonies, mobiles pendant un certain temps, les Nostochinées, les auteurs ont cherché à classer ces dernières. à C'est particulièrement à débrouiller le chaos des Nostocs que M. Bornet a consacré la plus grande partie de ces travaux. — Il a reconnu , — chose dont on se doutait bien ,—que la même espèce portait souvent plusieurs noms différents ; tels le Nostoc commune (auquel il rend le nom de N. ciniflonum que lui avait donné Tournefort en 1698), qui a reçu vingt-huit noms différents , et le N. verrucosum, de Vaucher, qui en JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 383 a reçu dix-neuf. Après quoi, il fait la révision du genre Scytonema dont il élimine quarante plantes qui y avaient été introduites à tort, et donne un tableau synoptique des caractères propres aux espèces qui doivent composer ce genre, espèces réduites au nombre de vingt et une. Puis il établit une section, sous le nom d’Isactis, dans le genre Rivularia , pour le Rivularia ou Isactis plana de Harvey, etc. C’est ainsi que par l'étude attentive d’un nombre relativement considérable de types appartenant aux divers genres de ces familles encore si incomplètement connues, M. Bornet arrive à jeter les bases d’une classification réellement scienti- fique des Algues inférieures. Nous reviendrons, d’ailleurs, prochainement, sur ce sujet et sur les Notes algologiques , avec de plus amples détails. Les cinq dernières Notes sont consacrées à des Algues marines et portent plus particulièrement sur l'analyse de leur cystocarpe , organe dont la structure intime fournit à M. Bornet , d'après le principe de J. Agardh, la base de la classification des Floridées. Nous n'avons pas à féliciter M. Bornet sur l'excellence de ce nouveau recueil d'observations : G. Thuret mort, M.Ed. Bornet reste le seul chef de l'Algologie française, et nos éloges seraient de peu de prix; — mais nous pouvons le féliciter, non seulement des soins, mais encore du luxe dont il a entouré cette utile et magnifique publication, dont nous recommandons l'étude à tous ceux qui s'occupent d’une branche quelconque de la cryptogamie. D'J,. PELLETAN. LA GÉNÉRATION SPONTANÉE , LA PANSPERMIE & L'ÉVOLUTION, A PROPOS D'UN CAS DE VARIOLE SPONTANÉE. Dans tout protoplasme quelconque, la vie se manifeste par l'évolution plus ou moins rapide de corpuscules animés. H. B. La clinique est appelée à trancher la question si controversée de l'origine des vibrions et des bactéries. C'est, je crois, l'avis de M. Jules Guérin et c'est, en tous cas, l'avis qu'exprimait l'Union médicale dans son numéro du 12 mai dernier. Est-il nécessaire de faire ressortir l'importance de cet intéressant problème de biologie ? la pathologie et l'hygiène ne peuvent que gagner en précision et en éxac- titude à la solution des difficultés autour desquelles s'agitent, sans parvenir à s'entendre, les physiologistes de notre temps; qui a raison de Pasteur ou de Colin (d’Alfort), de Bouley ou de J. Guérin, de Blot ou du baron Larrey ? La clinique décidera entre les disciples du vitalisme mitigé de Jean Müller et ceux du naturalisme positivisme de Claude Bernard. Pour ma part, les faits que j'ai recueillis au lit des malades m'ont convaincu que M. Pasteur, auteur de ses belles découvertes sur la nature intime des ferments et des virus, a construit un échafaudage scientifique sans fondement et sans appui, qui s’écroulera tôt ou tard sous le poids des réalités cliniques. On comprendra alors les exagérations étranges et les prétentions excessives dont les pansements antiseptiques ont été l’objet de la part de M. Lister, qui ne nous a rien appris que nous ne sachions et que nous n’ayons mis en pratique depuis long- temps. Et on réduira à leur juste valeur les prétendus bienfaits des inoculations 384 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. préventives ou atténuantes du choléra des poules et d'autres affections transmis- | sibles par germes, animés Ou non. Je viens aujourd’hui chercher à démontrer par l'observation des faits que les panspermistes ont tort de ne pas croire au développement spontané de certaines maladies zymotiques, telles que la variole. Dans une autre circonstance, je montrerai qu'ils ont également tort de prétendre que le germe de la syphilis ne puisse se transmettre de DE à l'enfant sans que la mère n'ait été elle-même infectée au préalable. J'ai dit développement spontané, serait-il question de la génération spontanée? Entendons-nous bien sur ces mots : Je ne suis pas créationiste, mais évolutioniste. Je n'admets pas qu'un corps, un organisme quelconque puisse être créé de rien, ou puisse surgir, tel qu’il doit être, d'une gangue informe par une espèce de force occulte, catalytique comme on dit en chimie. | Tout ce qui est, résulte ou dérive de ce qui a été, par une série de transforma- tions qui s’accomplissent, selon des lois que nous découvrons ou que nous étudions dans les éléments éternels de l'univers infini. Ges éléments étant à la fois force et matière, substance et propriété, 4me et corps, agissent et réagissent les uns sur les autres, de manière à modifier en même temps, dans les mêmes proportions et sui- vant les mêmes règles, leur nature et leur forme, leur état et leurs facultés. Ge n’est que par abstraction, pour faciliter la compréhension et l'examen des choses, que nous séparons dans nos pensées les deux attributs inhérents à toute réalité, à tout objet existant : le substratum et la propriété. Quand nous disons : un cas de variole spontanée, il est donc ton de notre pensée de croire ou de faire croire que la variole se crée d’elle-même, tout d’une pièce, dans l'économie humaine ; nous voulons énoncer seulement cette conviction que la variole peut s'y développer en certaines circonstances, aux dépens des éléments organiques normaux, par un simple cours de transformations atomiques, en l'absence de tout germe initial venu du dehors. Nous ne nions pas l'existence de ces germes, notez-le bien; mais nous préten- dons qu'ils peuvent fréquemment, soit dans le cours des épidémies, soit d'une manière sporadique, par simple évolution, au milieu de certaines conditions et circonstances que les savants doivent chercher à connaître. Nous sommes donc aussi loin d'être panspermiste que d'être créationiste, dans le sens absolu et exclusif qu'on donne à ces expressions. Elle est aussi vieille que l'imagination humaire, la théorie des germes préeæistants que les habiles recherches de M. Pasteur et de ses disciples ont rajeunie et étendue, sans parvenir toutefois à lui imprimer le caractère d'universalité qui aurait pu l'élever au nombre des lois nécessaires de la nature. Certes, tout procède d'un germe antérieur, s'il vous plaît de reconnaitre que, rien ne se formant de rien et tout ayant toujours été de toute éternité, chaque être nouveau est un composé d’atomes qui existaient avant lui. Mais, si vous entendez par germe préexistant un individu microbe, un spermatozoïde, organisé de la même manière que le sujet qui en résulte, ayant même propriété et. même substance, vous restreignez le domaine de la panspermie en lui enlevant toutes les productions d'objets ou d'êtres qui ne sont pas absolument semblables aux éléments dont ils sont issus; et vous mécon- naissez la loi générale nécessaire de l'évolution, dont les phénomènes infiniment . variables dans le temps et l’espace sans fin, se déroulent sous nos yeux durant le cycle éphémère de notre existence, en vertu du principe universel de l'attraction moléculaire (1). (1) Voir nos mémoires sur la Morale et le Libre arbitre, où nous montrons que l'origine du sentiment moral doit être reporté avec l'instinot des animaux et avec l'instinct de conservation de tous les êtres à l'essence même de la matière, à l'attraction atomique, ( Note de l’auteur.) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 385 Y a-t-il oui ou non un subsératum unique, qui serait la source des éléments si multiples qui composent l'univers ? Nul ne le pourrait dire. Mais ce qu'on peut affirmer aujourd'hui, c'est qu'il existe une propriété commune, inhérente à tous ces éléments qui fait partie de leur essence : l'attraction, et que cette propriété de la matière agit à distance et au contact ; à distance pour rapprocher les corps les uns des autres, au contact, pour les unir et les unifier intimement. Ainsi que je l'ai exposé dans mon livre, La philosophie et la science (4) et dans mon mémoire : Allopathie et homæopathie (2), la force attractive s'exerce à distance, selon la loi de Newton, et au contact, selon la loi générale des semblables, similia ex similibus nascuntur (3), qui doit être interprêtée dans son sens le plus large. La doctrine de l’évolution est là tout entière. Elle n'est que le développement chronologique de la propriété universelle de la matière dans ses diverses manifes- tations. Chaque objet existant est l'expression phénoménale des éléments qui le constituent et du milieu dans lequel il se produit. Les panspermistes admettent que les germes de tous les organismes sont anté- rieurs : à quoi ? A toute création ? A l'éternité, par conséquent? Cette pyparaoee est aussi insoutenable qu'indémontrable. Les partisans de l’évolution continue, qu'il ne faut pas confondre avec ceux de la génération spontanée, supposent qu'à certaines époques favorables et dans des milieux déterminés la matière, improprement dite brute, informe, devient ce qu'on appelle non moins improprement : la matière organisée, animée, vivante. En effet, la limite assignée par nos prédécesseurs aux règnes organique et inorganique recule et s’efface de jour en jour, à tel point que nous commençons à concevoir la vie ou la force vitale qui caractérise les individus dits organisés comme l'équivalent, l'analogue ou le corollaire du mouvement fatal, inconscient, qui régit les êtres non organisés. Sans doute, la science n'est pas encore parvenue à saisir la transition par laquelle La vie des uns se dégage du mouvement attractif des autres; est-ce une raison pour prétendre que ce fait ne s’est jamais produit et ne se réalise pas encore tous les jours ? Nous avons reporté les bornes de la nature organique aux proto- plasmes, à ces substances informes, que rien ne distingue d’une manière précise des substances organiques non vivantes, et nous y voyons naître des granulations, des corpuscules, des celulles, des êtres vivants, aérobies et anérobies.. qui tombe- raient du ciel, selon nos panspermistes, pour se développer dans cette gangue spéciale ! Il y a cette énorme différence, entre les deux théories hypothétiques des germes préexistants et de l’evolulion universelle, que la première est contraire à la raison et se trouve contredite par les découvertes de la paléontologie, tandis que la seconde semble de plus en plus se confirmer, à mesure que les sciences d'observation font de nouveaux progrès. -M. Bons, ù Membre-Correspondant de l’Académie de Médecine de Belgique. (A suivre.) Le Géranr : E. PROUT. (1) La Philosophie et la Science , 1 vol. in-12, Bruxelles , 1879. (2) Allopathie et homeopathie. (Revue de philosophie positive, janvier 1879). (3) Le mot « semblable » ne doit pas être pris ici dans un sens absolu , mais relatif. 381 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D'’ACIDE PHÉNIQUE. Prix en France 4 fr. 59. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. 3 fr. » — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 8 fr. » — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. 4 fr. » — Sirop lodo-Phénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. a fr. — For au Phénate d'Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. » — Huile de Foie de Morue phéniquée. 4 fr. >» — Solution Concentrée. spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l'insolation et la Fievre bilieuse des pays chauds. LA 2 fr. » — Solution d'Acide Phénique pour Injections sous-cutanées. 2 fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. 50% 2 fr. » — Solution Iodo-Phénique. » 3 fr. 50 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » 2 fr. 30 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au Phênate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. 4 fr. » — Vin antidiahbétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing, Guénon et C°, 6, avenue Victoria. PEPTONES PEPSIQUES A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrême état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l'économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se DRE CORAN beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. Les deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ge sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. 11 contient par cuillerée à café la peptone pep sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VIN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d'un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie, — Cachexie. — Débilité.— Alonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, pharmacien, 8, rue Vivienne. — Iétail : Pharmacie VIAL, 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiks, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. Cinquième année. N° 10. Octobre 1881. — ——— —_———————————————————"—"—…"…"_…"—_—.————————————— OPUS ET JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : * Revue, par le D'J. PELLETAN. —L'Endocrâne et le suspenseur maxillaire de l’Abeille (fin). par le professeur G. MA\cLoskte. — Des organismes unicellulaires; — les Protozoaires (suite), leçons faites au Collége de France, par le professeur BALBIANI. — Études sur les instruments étrangers (suile) ; Platine mécanique mince de R. B. Tolles, par le D' J. PELLETAN. — Inscription microscopique des mouvements qui s’observent en physiclogie, par le professeur J. MAREY. — Sur un curieux phénomène de préfé- condation observé chez une Spionide, par le professeur A. GIARD; — Montage des embryons entiers du poulet, par le D° Cx. SEDGWICK-MINOT. — Contribution à l'étude des Flagellates, par M. J. KUSTLER. — Préparations mycologiques du Df O. E. R. ZIMMERMANN,. pour le microscope. — La Génération spontanée, la Panspermie et l'Évolution, à propos d'un cas de variole spontarée (fin ), par le DH. BoENs. — Avis divers. —— 040$ — REVUE. Les congrès continuent. À tous ceux que nous avons cités, à celui de l’Association britannique pour l'avancement des sciences, qui a été tenu à York, le 31 août dernier, sous la présidence effective de sir John Lubbock , — il faut ajouter celui de l'Association allemande des Naturalistes et des Physiciens, qui s’est réuni à Salzbourg du 17 au 24 septembre, — le congrès phylloxérique de Bordeaux, qui a été ouvert le 10 octobre , et, enfin, pour ne pas prolonger cette énumération, le congrès des Électriciens, qui se tient en ce moment à Paris, à l'occasion de l'Exposition internationale d'électricité, mais dans les travaux duquel nous n'avons malheureusement rien à glaner. En revanche, nous avons beaucoup à récolter dans les Bulletins de plusieurs congrès étrangers , et nous commençons dans le présent numéro quelques emprunts aux associations américaines. * *k x + — 390. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Nous recevons de M. le Secrétaire de l’Académie Royale de Méde- cine de Belgique , la communication suivante que, conformément à sa demande , nous nous empressons de publier : Bruxelles , le 30 septembre 1881. Monsieur, J'ai l'honneur de vous adresser ci-dessous, avec prière de la publier dans votre prochain numéro, la formule du concours concernant l'alcoolisme , que l’Académie royale de médecine de Belgique a ouvert dans sa séance du 24 de ce mois : | « Déterminer, en s'appuyant sur des observations précises, les effets de l'alcoo- lisme, au point de vue matériel et psychique, tant sur l'individu que sur sa descendance. » Nota. — Ilest bien Fer qu'en traitant de l'alcoolisme, au point de vue psychique, les concurrents auront à apprécier, en utilisant les données de l’anatomo. pathologie et les meilleurs documents fournis par les expertises médico-légales , la limite qui sépare l'ivresse de la folie, ainsi que la responsabilité de l’ivrogne dans lé actes dont il est l’auteur. Prix : 1.500 francs. — Clôture du concours : 15 février 1883. » Veuillez, Monsieur, agréer l'assurance de mes sentiments très distingués. Le Secrétaire de l’Academie , A. THIERNESSE. La Revue Mycologique d'octobre contient les articles suivants : Conseils pour l'élude des Lichens ; — Observations sur les Zichenes gallhici exsiccati de M. C. Roumegnère, par M. E. Lamy de La Chapelle ; — Fungi gallict exsiccali, centuriæ XVI XVITet XVIII, index et notes, par M. C. Roumegnère; — Æspèces nouvelles de champignons, par M. Patouillard; — Diverses notices bibliogra- phiques : sur la préparalion des champignons charnus destinés à l'étude, par le D' G. Herpell ; — sur la découverte de nouvelles formes végélales dans la houïille et l'anthracite, par le D' P. F. Reinsch; — sur le développement du Peziza Fuckeliana, par M. Pirotta, (extrait du Nuovo Giornale bolanico Italiano); — sur le premier fragment , consacré aux champignons , de la nouvelle édition de la Kryplogamen Flora Germanica, publiée par Rabenhorst, de 1845 à 1853, nouvelle édition qui paraît maintenant par les soins de plusieurs botanistes éminents , au nombre desquels M. G. Winter, le directeur de l’Hed- wigia, qui s'est chargé seul de la division des champignons. *k *k * JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 391 En tête des publications étrangères, nous recevons la première livraison de la quatrième édition de la Botanique populaire illustrée ( « Uustrirte populäre Botantk » ) d'Edouard Schmidlin, complétée et enrichie de nouveaux travaux par le D'O. E. R. Zimmermann, de Chemnitz. Cette livraison, qui forme un fascicule de 64 pages, est illustrée de 99 excellentes gravures, et contient six belles planches coloriées. Elle est consacrée à l'étude de la cellule considérée isolément comme base de l'organisme végétal, et de la cellule envisagée dans son agrégation avec d'autres cellules pour former les tissus. Nous ne saurions trop recommander cet ouvrage concis et clair et qui n’a pour nous qu'un . tort, — celui d’être écrit en allemand. Nons avons annoncé récemment l’apparition à Ann Arbor, dans le Michigan, d'un nouveau journal de Microscopie fondé par MM. Ch. et L. Stowell et consacré à la Micrographie médicale et pharmaceutique : « The Microscope and üs relation to Medecine and Pharmacy » tel est le titre exact du nouveau journal, qui paraît tous les deux mois et dont nous venons de recevoir le quatrième numéro (octobre 1881). — Ce recueil, où nous trouvons des conseuls praliques sur le montage des préparations, — des notes de laboratoires (dont une, forte amu- sante (1), — des remarques sur le sang dessèché, sur la reconnais- sance de diverses falsifications de matières alimentaires ou pharma- ceutiques, etc., — cette revue paraît avoir dorénavant conquis sa place, et nous en sommes fort heureux. Mais il parait qu’elle a déjà eu maille à partir avec M. R. Hitchcock, autrefois directeur de l'American quarterly microscopical journal, qui n'a pas réussi, et aujourd’hui directeur du beaucoup plus modeste American monthly, etc. Voici comment : MM. Stowell, directeurs du Microscope, n’ont pas voulu faire un journal de scierce transcendante, une publication * haute en cravate, destinée aux savants à trente-six carats, mais (1) Un médecin a extrait de l’intérieur de l'utérus d’une dame, une membrane de deux pouces de long sur trois de large , peu épaisse et de couleur sombre. — Qu'est-ce que cette membrane ? — Le praticien la montre à ses confrères : — Qu'est-ce que ça peut bien être ? — une formation néoplasique , un lambeau de la paroi utérine ? etc.? — Grave question! — — Et l’on médite les traitements les plus savants. Mais heureusement — pour la dame , — un microscopiste intervient , lave la pièce, en » u u prend un mince fragment et l’examine. — Chose bizarre , il y trouve des stomates ; puis des vaisseaux Spiraux, ...... C’est une feuille de choux rouge ! Qu'est-ce qu'une feuille de choux rouge pouvait bien faire dans l’utérus de la dame ? — Le médecin ne se serait-il pas trompé de chemin et sa pince n’aurait—lle pas fait fausse route ? J. P 392 $ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. une feuille utile, pratique, instructive, écrite simplement, pour les travailleurs de bonne volonté, — une feuille & {a papa. — Nous les approuvons absolument en cela, etle succès leur a, d’ailleurs, donné raison. Ils ont annoncé cette intention dans la partie « éditoriale » de leur jourral et en ce style de conversation familière, « familiar colloquial style, » qu'ils comptent employer dans leur publication. — La-dessus, M. R. Hitchcock qui, à ce qu’on pourrait croire, devrait soutenir les débuts de ce journal dont le programme, bien distinct, ne doit pas lui porter ombrage, M. R. Hitchcock n'est pas content, et, dans son American monthly, se livre à un notable éreintement du journal Le EP et de son « style »>, — éreintement qui, du reste, est aussi : « éditorial. Ce à se les directeurs dudit Microscope répondent par un nouvel article. | — Éditorial ? — Parfaitement. Nous demandons la permission d’en citer un passage qui nous paraît contenir des réflexions assez justes : « Ayant eu l'occasion de connaître le caractère grincheux de M. Hitchcock ,et ayant le désir de vivre, autant que possible, en paix avec nos voisins, nous lui avons écrit une lettre « candide » avant l'apparition du premier numéro du Microscope, lui expliquant nos intentions , le cadre que ce journal devait remplir, ete., exprimant aussi l'espoir qu’ aucune rivalité ne s'élèverait entre nous, puisque nos voies étaient distinctes et séparées , et lui offrant d'aider mutuéllement nos entreprises. » La réponse à cette lettre fut très satisfaisante et intéresserait vivement nos lecteurs , mais nous ne pouvons en rapporter les termes, parce que la lettre était entièrement confidentielle. » Cette lettre, écrite à M. Hitchcock, fut la seule de ce genre que nous ayons écrite à aucun directeur ou éditeur, avant l'apparition de notre journal. M. Hitchcock doit être familier avec notre style , et depuis longtemps , car nous en avons rempli plusieurs pages de son Quarterly, (Études sur un distome, Origine et mort des globules rouges, etc.'. Il a pu, d'après cela, juger du peu que nous écririons comme directeur ( « editorially »). Il est donc sans excuse, après nous avoir écrit une telle lettre privée, d'imprimer des sentiments tout contraires dans son article « editorial ». » Mais si M. Hitchcock nous attaque à peu près sur tout , il ne peut pas nous accuser de plagiat, accusation que nous pouvons, beaucoup mieux, porter contre lui qui s’est approprié de si près le titre du journal de M. Phin qu'il obtient souvent crédit ou crédit n’est pas dù. C'est en copiant de si près le titre de ce journal connu qu'il a trouvé la plus large part de son succès. » La différence entre un « American Microscopical Journal et un « American Journal of Microscopy » est vraiment microscopique. — Nous pouvons espérer que, dans quelques années , quand le Monthly de M. Hitchcock aura suivi son Quarterly, un nouveau Bi-monthly sera fondé par lui avec le titre d'un journal connu, légèrement JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 393 modifié , par exemple : The Microscopist and his relation to physicians and pharma- LA) RREE » — Aussi, dussions-nous nous tromper, le « ton » de notre journal ne sera pas changé , car nous ne voulons ni déplaire à nos abonnés, ni en faire tomber le nombre au chiffre de nos détracteurs. » — C'est bien dit, jeune Microscope ; — allez et persévérez, et nous le répétons, bien cordialement, bonne chance ! * * * L'American Naturalist &'octobre, nous apporte un article sur le dé- veloppement des stomates du Tradescantia et du Maïs, par M. Douglas H.Campbell, chargé d’un cours spécial d’histologie et de physiologie végétales au laboratoire de botanique de l’Université de Michigan, — nous donnerons plus tard ce travail. — Nous trouvons plus loin la suite de l'excellent mémoire de M. J. Walter Fewkes sur les Siphonophores ; il s’agit particulièrement, dans ce troisième article, des Physophorides espèces voisines des Agalma; — des Notes par le D' A. S. Packard jun., sur le premier étal larvaire, la Zoea, d'un crabe, le Gelasimus pugnaz , et de l’Alpheus helerochelis ; chez ce dernier, la métamor- phose est abrégée et l'animal naïît dans un état de développement plus avancé, ressemblant beaucoup per sa forme à l'animal adulte, comme le homard, l’écrevisse, etc. — Puis, les diverses notes, toujours si intéressantes, du professeur C. V. Riley sur l’entomologie ; il s’agit cette fois de l'Hydrophilus triangularis, voisin de notre Hydrophilus piceus. Dans la section de Microscopie, rédigée par le docteur R.H. Ward, nous trouvons la description d’un nouveau microtome présenté à la section microscopique de l'Association scientifique américaine, par M. Th. Taylor, microscopiste du département de l'Agriculture à Washington, et la description du procédé de M. A. Sedgwick-Minot, pour la préparation des embryons entiers, procédé présenté aussi au Congrès de Cincinnati et que nous reproduisons dans le présent numéro. L'American Journal of Microscopy, d'octobre, nous apporte la description d’un doigt mécanique inven'é par M. Henry Kain et qui s'applique au mouvement lent, dans les microscopes qui ont le mouve- ment lent'situé sur la pièce de nez. Il existe peu de ces instruments en France ; ils sont essentiellement anglais, appartiennent particulière- mert aux maisons Ross, Beck et à celles quiles ont imitées. En (1) Le titre du journal de MM. Stowell est, on se le rappelle : The Microscope and ils relalion lo medecine and pharmacy. — I] paraît bi monthly, tous les deux mois. — On sait qu'en anglais physician signifie médecin. : PR 394 _. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. France, en Allemagne, en Amérique, et même, aujourd’hui, en Angle- terre, on tend à repousser cette disposition du mouvement lent, qui fait varier la hauteur du tube pendant le cours d'une même observa- tion, et à adopter un système qui agit sur le tube tout entier et non plus sur l'objectif seul. Le mouvement lent ne se placera donc bientôt plus, même en Angleterre, sur Le cône du nez, et alors M. Kain ne saura plus ou mettre son doigt; le journal de MM. Stowell, qui aime la facétie, dirait qu'il se l’est mis dans l'œil. — Et il n'aurait. peut-être pas tort. Dans le même fascicule, nous trouvons la description d'une platine mécanique mince, due à M. Tolles, description que nous publions sous une autre forme, avec les dessins qui l’accompagnent ; — /e Microscope en Géologie par M. Melville Atwood, travail lu récemment par son auteur à la Wicroscopical Society de San Francisco; — et enfin , le discours de M. Pasteur au Congrès médical de Londres, — discours qui est en train de faire son petit tour du monde. Dr J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX, L'ENDOCRANE | ET LE SUSPENSEUR MAXILLAIRE DE L’ABEILLE. (Suite) (1) Chez les insectes comme l'abeille, qui ne projettent pas les mâchoires, ces parties sont plus ou moins simplifiées, si bien que souvent elles éclaircissent et expliquent la structure complexe de l'abeille. Très souvent, les parties extrêmes du labium sont:réduites ou conden- sées de manière à ressembler quelque peu à l'extrémité renflée de la trompe de la mouche domestique. Dans le Slizus grandis, dont la trompe n’est pas rétractile, nous trouvons queles tiges basi-crâniennes ne sont qu'un rebord élevé qui se dirige en avant autour de l’excavation basi-crânienne et sert à l'insertion des mâchoires. Ceci explique comment l’excavation et les tiges, ainsi que les membranes qui les unissent résultent d'une involution de la paroi crânienne, avec des épaississements dans certaines régions. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 370. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 395 -… La grande fourmi noire (Formica pennsylvanica) nous entraine encore bien plus loin. Elle n’a qu’une seule tige basi-crânienne (Fig. 4, MS), qui s'étend en avant, sur la paroi basi-crânienne (qui n'est pas excavée). On peut faire dériver ce cas de celui de l'abeille , en supposant que les tiges basilaires et les rebords de l'involution ét crànienne se rapprochent sur la ligne médiane jusqu'à se réunir. Le suspenseur de la fourmi a une paire de rameaux maxillaires (MR), médi-suspenseurs, comme chez l'abeille ; mais ses rameaux labiaux sont si courts qu'ils sont presque inutiles. Son basi-labium et la pièce médi-labiale (ML) sont à peu près comme dans l'abeille ; mais ses parties labiales extrêmes sont condensées. La série de gradations ainsi obtenue engage à poursuivre cette étude , et peut-être y trouverons nous l'origine d'une nouvelle ligne de découvertes. Comparons, par exemple, les appareils maxillaires de la blatte avec ceux des insectes déjà décrits. Là encore, M. Huxley est moins heureux que d'ordinaire dans ses descriptions anatomiques. Il déclare que la pièce basilaire, ou gond , de la mâchoire de la blatte est reliée avec une bande mince qui entoure le bord postérieur de l’épicräne et lui est solidement unie par son côté dorsal seulement. Il ne représente pas, en eflet, les mâchoires comme s’insérant directe- ment à Ja partie postérieure du crâne, mais il les considère comme attachées à une bande fixée elle-même à la partie postérieure ou dorsale du crâne et qu’il est ainsi amené à regarder comme une . portion de l’exosquelette. Cette opinion, si on la soutenait, ne s’accorderait pas avec le mode de suspension qui existe chez l'abeille, où l’on a trouvé que les mâchoires ont des connexions endocraniennes avec la base ou côté ventral du crâne. Un examen attentif de ces rapports chez la blatte prouve, cependant, que les gonds (cardo) des mâchoires s’insèrent dans un rebord qui croise la partie basale du crâne, devant l'ouverture occipitale; (un léger rebord règne aussi sur cette partie, autour de l'ouverture occipitale, comme cela se présente généralement chez les insectes). Ce rebord transversal est intimement lié avec les racines du système mesocépha- lique ; cela pourrait paraître une variation condensée du, suspenseur de l’abeille. Les Coléoptères ont présenté ici la plus grande difficulté, difficulté : que les zoologistes connaissent depuis longtemps. La région basi- cramienne des Coléoptères est si dissemblable de celle des autres insectes qu'on a fait pour eux une nomenclature spéciale ; les termes mentum, Submentum, gula sont spécialement réservés aux Co- léoptères, (l'application de ces termes chez d’autres insectes, implique jusqu’à un certain point, une conjecture). La base de la tête nous manquant comme guide , l’autre extrémité, ou le front, est notre point de départ. Ici, il était facile de trouver dans le clypeus du Lachnos- 396 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. terna les points d’où doivent descendre les colonnes mésocéphaliques. Il ya là, en effet, des colonnes, mais elles apparaissent comme une involution de la paroi, et descendent, non pas dans le voisinage de l'ouverture occipitale mais, au-delà, en avant de la région du submen- tum et, près d'elles , s’insèrent les gonds (cardo) maxillaires. Il est facile d'interpréter ces observations. M. Huxley a cherché les homolo- gues des pièces basi-crâniennes des Coléoptères dans le cou de la blatte ; les faits obtenus semblent montrer que dans d'autres insectes (comme l'abeille), ils sont condensés dans le système d’arêtes, très complexe: et très solide, qui borde le devant de l'ouverture occipitale. Les Coléoptères seuls ont ces parties résolues de manière à montrer la disposition primitive. Le fait qu'elles atteignent la base du crâne au point d'intersection des mâchoires est en complète harmonie avec ce que nous avons vu dans l'abeille. Nous avons observé dans la région basi-occipitale de la tête du Lachnosterna, et, plus distinctement encore, chez le lucane, une chärpente en arc-boutant renfermant un canal nerveux semblable au canal sternal du thorax. Nous pouvons, peut-être, découvrir les traces de cette disposition dans les barres transversales, si compliquées , en avant du foramen magnum chez, l'abeille ; de sorte que le canal sternal et les racines des processus mésocéphaliques et basi-crâniens sont réunis ensemble. (Il n’est donc pas correct de dire que les Coléoptères n’ont pas d'endocrane , bien que Gegenbaur se trompe en les citant comme des exemples d'endo- crâne largement développé). On ne peut ajouter que quelques mots sur les splachnodêmes crâniens, c'est-à-dire sur cette partie de l’endocrâne qui consiste dans l’endur- cissement du pharynx. Le plancher de la bouche est formé par une pièce rigide, comme une langue ; (nous pouvons l'appeler Zëngua pour ne pas la confondre avec la ligule déjà mentionnée). La pointe de cette lingua est recourbée en dessous et, de sa base, s’étendent en arrière deux longs processus barbus. En dessus de la bouche se trouve une dis- position semblable mais plus simple, c’est l’épipharynx, auquel sont fixés les bords du pharynx, ainsi que les muscles. Si nous forçons l'ouverture de la bouche (en abaissant les mâchoires), nous trouvons cette ouver- ture buccale voutée par l’épipharynx (réuni au labrum), tapissée intérieurement par la Zngua (ou langue intérieure formée par le plancher du pharynx), fermée sur les côtés par les longs tendons de la lingua qui sont tendus sur l'ouverture du gosier comme des montants de porte. Toutes ces parties dures maintiennent ouvertes la membrane molle du pharynx , comme le châssis de fer d’une drague tient ouvert le filet qui y est attaché. Dans la partie supérieure de la cavité crânienne se trouvent des glandes en grappe qui envoient par dessous une paire de conduits pour la langue intérieure. Le grand appareil salivaire du thorax envoie ses conduits en avant, à travers le basi et le medi- JOURNAI DE MICROGRAPHIE. 397 labium, pour atteindre et pénétrer la ligule ou longue langue externe. (1) Il serait prématuré, dans l'état actuel de nos connaissances, d'établir une théorie sur ces faits. Ils indiquent une unité fondamentale dans le plan de la structure de la tête chez tous les insectes, — mais jusqu'où et dans quelles directions celui-ci varie-t-il, et quelle est sa relation avec les autres parties du corps, ce sont là des questions qui exigent de nouvelles recherches. Prof" GEORGE MACLOSKIE.. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIII. Fig. {. — Vue interne de la voûte et du crâne de l'abeille : — EC, épicrâne ; — AT, position des antennes ; — C, clypeus ou écu ; — LR, labrum ou labre ; — MD, mandibule ; — G, gena ou joue ; — OC, œil composé. Fig. 2. — Vue latérale du crâne de l'abeille : — FO, ouverture occipitale ; — MC, piliers mésocéphaliques ; — AT, racine des antennes ; — BR, base du suspenseur maxillaire ; — MR, medi-suspenseur ; — BL, basi-labium ; — MX, mâchoire; — MD, mandibule Fig. 3. — Vue schématique du crâne de l'abeille en coupe transversale. — Mêmes lettres que dans la Fig. 2. Fig. 4. — Suspenseur et parties buccales de la fourmi : — MS, base du suspenseur ou basi-suspenseur ; — MC , colonne mésocéphalique. — Les autres parties comme dans la Fig. 5. Fig. 5. — Suspenseur et parties buccales de l'abeille : FO, ouverture occipitale ; — BR , basi-suspenseur ; — MR, medi-suspenseur; — au-dessous de BL, suspenseur labial ; — BL, basi-labium ; — ML, medi-labium ; — PG, paraglosses ; — LP, palpe labial ; — LG, ligule ou langue extérieure ; — MD, mandibule; — MX, mâchoire : la partie terminale de la mâchoire est la laciniure, la partie basilaire est le stipe, S ; sa partie moyenne, étroite, porte un palpe maxillaire rudimentaire. On voit une des colonnes endocrâniennes s'étendant depuis l'ouverture occipitale jusqu’à proximité de l'insertion de la mandibule. Fig. 6. — Endocrâne et suspenseur maxillaire de la blatte européenne (Periplaneta orientalis). Ec, endocrâne. — Les autres parties comme dans la Fig. 5. Fig. A,C,D,E,F,G,H,1,J,K,L,M,N, P. — Série de schémas du développement du système nerveux, pour l’article NÉvVROLOGIE coM- PARÉE , par le Docteur S. V. CLEVENGER, article supprimé. (1) Siebold a découvert chez l'abeille un triple appareil solivaire, mais les livres sont encore , à ce sujet, bien en désaccord entr'eux et avec les faits. Quelques-uns piacent les glandes salivaires de l'abeille dans la tète, d’autres dans le thorax , et d’autres enfin disent qu'elles sont tantôt dans une parlie., tantot dans une autre. G. M. — ————————————_—_— ————————_———————————_—————._ —_—_—_—_—__ ——_——— 1398 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. EE Z. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collége de France par le Professeur BALBIANI. (Suite.) (1) En général, la division des Infusoires ne conduit qu’à la formation de deux segments quise séparent aussitôt pour mener une vie indé- pendante. Cependant, il y a quelques années, M. Maupas, d’Alger, a observé quelque chose d’un peu différent chez l’Haptophrya gigantea, parasite des Batraciens d'Algérie. Au lieu de se séparer, les deux seg- ments restent unis l’un à l’autre ; chacun se divise successivement en deux autres, ceux-ci en deux autres, et l'on trouve jusqu'à huit segments qui restent attachés comme les articles d’un tænia, puis se séparent et chacun emporte le huitième de la longueur totale. Everts paraît avoir vu le même phénomène sur une Opaline du Descoylossus pictus, mais il n’a pas observé la division allant jusqu’à huit segments ; il en a figuré six et il a admis que la division sefait simultanément par des plans qui coupent l'animal en parties égales. Il a même vu que, par la répétition de la division, les individus deviennent de plus en plus petits et en même temps se rapprochent du cloaque. Ces petits Infu- soires s’enkystent et sont expulsés avec les excréments. M REPRODUCTION PAR GEMMIPARITÉ. Cet autre mode de reproduction est caractérisé par la formation de gemmes ou bourgeons, mais il est beaucoup plus rare que la fissi- parité ; c'est, pour ainsi dire, un phénomène exceptionnel chez les Infusoires ciliés, mais c’est la règle chez les Acinètes où la division est, au contraire, assez rare. Chez les Infusoires ciliés, la reproduction par la formation de gemmes est limitée à un petit nombre de familles, notamment aux Vorticelliens et aux groupes qui en dépendent, et à deux familles voisines, les Ophrydiens et les Spirochoniens. Ehrenberg et Claparède l'ont signalée aussi chez les Stylonychies, mais il est certain que les faits qu’ils ont observés doivent être interprétés différemment. Ehrenberg dit avoir vu sur le Stylonychia puslulata, — espèce très commune, — un appendice qui est un bourgeon. Claparède rapporte (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 208, 257, 292, 321, 851. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 399 un fait semblable, mais Balbiani pense que ce n’est pas une gem- mation, mais simplement une conjugaison d'un individu très petit avec un individu plus gros , comme cela arrive fréquemment chez les Infusoires. Les Ophrydium, Cothurnia, Vaginicola, etc., produisent des gemmes et se divisent, c’est-à-dire qu'ils possèdent les deux modes de multiplication. Il en est de même chez les Lagenophrys , mais la divi- sion se fait, chez eux, suivant un plan oblique, parce que la bouche est voisine de l'anus, et Balbiani a établi que le plan de division passe toujours entre la bouche et l'anus. Chez les Infusoires qui ont la bouche placée près de l’anus, le plan de division est forcément oblique, et la division se fait en biais, comme l'avait si bien observé Trembley. Inver- sement, les faits de division par un plan oblique, signalés par Stein, indiquent que la bouche doit être située près de l'anus. Dans la famille des Spirochoniens, qui ne contient qu'une seule espèce, le Sptrochona gemmipara, on ne constate que la gemmiparité. Spallanzani paraît avoir décrit, le premier, ce phénomène dans le pre- mier volume de ses Opuscules de physiologie animale et végétale (1) à propos de deux espèces de Vorticelles qu’il compare à un bulbe et à une filgur monopétale : « Dans ces deux espèces, dit-il, le corps se divise également en deux » parties : il y a une autre espèce beaucoup plus grande qui se multi- > plie par le moyen d’un petit fragment qui se détache obliquement du » reste du corps. Cet animalcule se trouve quelquefois dans les infu- » sions de graines de poirée ; son corps est sphérique, il pend à un fil » qui a les mouvements des fils qu'ont les animalcules des deux autres > espèces : mais le corps de cet animalcule ne change pas, comme » celui des autres, quand il se multiplie; on voit alors se détacher » insensiblement de lui une petite partie de son corps, qui est pour » l'ordinaire à une petite distance du lieu où le fil sort de l’animalcule. » Ce petit fragment est dans un mouvement continuel ; quoiqu'il soit » détaché, il nage dans l’infusion avec agilité ; et quoiqu'il n’ait pas » encore la douzième partie du tout, il lui devient égal dans la journée : > c'est alors qu'il commence à se multiplier ense divisant de la même > manière. » PEUT: Depuis lors, beaucoup d'observateurs One décrit la production des gemmes chez les Vorticelles : Ehrenberg, Stein, Lachmann et Clapa- rède, Engelmann. D’après Stein, dont la première observation a été faite sur la Vorkcella microstoma, le bourgeon apparaîtrait comme un tubercule hémisphérique faisant saillie auprès du style. D'abord homogène, ce tubercule présente bientôt, à sa partie antérieure, une (1) Spallanzani , Opusc. de phys. anim. et végét., trad. de Sennebier, 2 vol. in-8°. — Paris, 17871. » 400 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. petite cavité en forme de croissant autour de laquelle s’organise le péristome, ou disque vibratile, et l'œsophage. Il se détache de plus en plus, se sépare par un étranglement, prend une forme sphérique ou ovalaire, puis s’entoure à sa base d’une couronne de cils vibratiles. Enfin, il se détache tout à fait et devient libre, sécrète un style, s'attache par ses cils à un support sur lequel il fixe son style, et peu à peu la couronne de cils vibratiles se résorbe. Claparède compare ce bourgeonnement à celui des Polypes : il se produit un sac dans la paroi du corps, sac où se continuent le parenchvme et la cavité du corps. (Claparède considère les Infusoires comme voisins des Polypes, il est donc tout naturel qu’il compare leur gemmation à celle des Polypes, de l'Hydre, par exemple). Sur les bourgeons, assez gros, on voit le contenu du sac nourricier se continuer dans la mère, et réciproquement. Quand le bourgeon a acquis un certain volume , il se sépare du parent par un sillon circu- laire qui se produit entre lui et le parent; dans d’autres espèces, par une démarcation qui s'opère entre le parenchyme de la mère et celui du bourgeon qui se trouve énucléé, pour ainsi dire. Cette dernière observation est inexacte ; c'est toujours par un sillon formant constric- tion que le bourgeon se sépare. D'après Claparède et Stein, 1l y aurait un fait qui serait caraCtéris- tique de la gemmiparité et distinguerait ce mode de reproduction de de la fissiparité. Dans la fissiparité, nous avons vu que le noyau se transmet toujours, de sorte que chaque individu emporte la moitié du noyau primitif. Dans la gemmiparité, d’après Claparède, le noyau resterait à la mère, et le jeune serait obligé de se fabriquer de toutes pièces un noyau nouveau. Ce serait là le caractère, le critérium de la gemimiparité. Malgré cela, il considère la gemmiparité comme n'étant séparée par aucune limite bien tranchée de la fissiparité : les phénomènes de l’un et l’autre mode de reproduction pourraient passer de l’un à l'autre graduellement. Il y a là, bien évidemment, une contradiction : si Cla- parède admet que ces deux modes diffèrent par un caractère aussi essentiel que celui du partage du noyau, il ne peut pas dire que ce ne sont que deux modalités d’un même phénomène. « Je crois inutile d'insister sur ces contradictions, dit M. Balbiani, parce que nous ver- rons que tous les faits qui, depuis Spallanzani jusqu’à une époque tout à fait modérne, ont êté décrits comme se rapportant à la gemmiparité ont élé remis en question par Stein, et parce que dans les exemples de gemmiparité qui résultent des observations les plus récentes, ilest démontré que le noyau se transmet au bourgeon au même titre que dans la division spontanée. » | Relativement au premier point, c’est-à-dire au fait qui a donné naissance à la notion de gemmes chez les Infusoires, Stein, après une JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 401 longue série de recherches qui remonte à 1859, dans la deuxième partie de son grand ouvrage (1867), a cherché à établir que tous les faits signalés dans la science comme appartenant à la gemmiparité doivent être interprétés comme un mode particulier de conjugaison d'un petit individu avec un gros, et il propose de donner à cette forme le nom de conjugaison gemmaiforme des Vorticelliens Nous verrons qu'en effet, ce qu'on a souvent considéré comme un bourgeon, au lieu de se séparer de l'Infusoire, pénètre dans l'intérieur de l'individu et fusionne avec lui. | Relativement à cette conjugaison gemmiforme des Vorticelles, ajou- tons que cette découverte de Stein a été confirmée par beaucoup d’au- teurs et est un fait très certain. Engelmann, Greeff, Everts, Bütschli, Balbiani ont constaté un grand nombre de faits complètement sem- blaïles. Cette découverte de Stein ébranla l’idée classique qui existait dans la science sur ce mode de reproduction des Vorticelles. Cependant, Engelmann a démontré qu'à côté de ces faits il y en a d’autres, non moins réels, qui prouvent la véritable gemmiparité chez les Vorticelles ; mais tous ceux relatés par les anciens auteurs peuvent, faute de détails assez précis, être considérés comme appartenant à la conju- gaison gemmiforme des Vorticelliens. En effet, Engelmann a réussi à observer la production de véritables bourgeons sur les Vorticella microstoma et V. convallaria ; Bütschli, en 1876, a fait la même observation sur la Vorticella campanula. Voici comment se caractérise la gemmiparité telle qu'Engelmann l'a décrite en 1875; il l’a observée, pour ainsi dire, à l’état d’épidémie, car c’est ainsi que les choses se passent souvent chez les Infusoires, et c'est sur des centaines d'individus à la tois que le même phénomène se produit. Contrairement aux descriptions anciennes, au lieu que le bourgeon apparaisse, comme le dit Spallanzani, sous forme d’un p tit tubercule au point même où s’opérera la séparation, Engelmann a vu qu'il se produit un épaississement latéral du corps de la mère dans une étendue du tiers ou du quait de sa longueur. Puis, cette partie se sépare peu à peu par un étranglement qui marche à la fois d'avaut en arrière et de dehors en dedans, de sorte que le bourgeon est placé latéralement ; peu à peu il n’adhère plus que par son extrémité postérieure au corps du parent. Puis, le bourgeon s'organise, il se forme une cavité à l’intérieur ; il apparaît de longs cils à mouvements ondulatoires qui indiquent le péristome, le disque vibratiie se dessine, la vésicule contractile paraît; le bourgeon commence bientôt à se contracter, il se munit par en bas d’une couronne de cils, — puis se sépare. Mais le fait le plus intéressant est que le noyau de la gemme se sépare par étranglement du noyau de la mère. Ce dernier s’allonge, s'enfonce dans le bourgeon, et une petite portion s’en sépare pour 402 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Er AS D 2 _rester dans le bourgeon. — Cette observation réduit à néant celles de Stein et de Claparède sur la formation de toutes pièces du noyau du bourgeon, le soi-disant critérium de la gemmiparité. Aïnsi Stein, et Claparède avaient sans doute eu affaire à des phénomènes de Cou gaison gemmiforme. Des faits beaucoup plus curieux, à raison des phénomènes qui se passent dans le noyau et rappellent les phases nucléaires que nous avons étudiées dans les cellules ordinaires, sont ceux que l’on observe chez le Spirochona gemmipara. Get Infusoire vit fixé par sa partie postérieure ; ila pour domicile les lamelles branchiales du Gammarus pulex, ou Crevettine d’eau douce. Ces lamelles sont presque toujours garnies d’une population d'Infusoires, et entr'autres le Dendro- cometes paradoæus , Acinète qui se tient sur la surface des lamelles, et le Spirochona gemmipara qui se tient sur les bords; Stein croyait même que l’un n’était que le produit de la transformation de l'autre. C’est une erreur : — ce sont deux espèces bien distinctes , et, d’ailleurs, il n’y a aucun lien de parenté entre les Acinètes et les Infusoires ciliés. — C’est Stein qui a fait connaître l’existence de ces deux parasites, et après Stein, la reproduction du Spéirochona a été décrite rapidement par Bütschli, en 1877, puis, d’une manière beau- coup plus complète par R. Hertwig, dans un beau mémoire inséré dans la Jenaische Zeüschrift,T. XI, 1877, — enfin par Balbiani, en 1879. Pour sa forme, le Spirochona gemmipara peut être comparé à un _ flacon fixé par sa partie postérieure ; il paraît être en cristal, tant il est transparent et immobile, car on ne voit qu’un mouvement ciliaire ondu- latoire, très long et très doux, dans l'appareil qui constitue le péristome. Quoique, pour sa forme générale, il rappelle un Vorticellien, son péristome diffère complètement : au lieu d’être une ouverture fermée par un opercule ne laissant libre qu’une mince fente qui est l’entrée du vestibule, le péristome du Spirochona est une sorte d’entonnoir dont une moitié est enroulée, en dedans, en hélice, sur deux tours et demi ; l’autre moitié présente un seul pli rentrant. C’est dans le fond de cette portion non enroulée du péristome qu'est placée la bouche, très petite ; l'æœsophage s'enfonce dans un corps dont la cuticule est très claire, avec un parenchyme à peine troublé par les particules ingérées, car cet Infusoire a des rangées très fines de cils qui garnissent les tours de son entonnoir et ne laissent arriver à la bouche que des particules très ténues, ‘aussi le corps de l'animal est-il complètement transparent. Le noyau est construit sur le type de celui du Chiodon cucullulus : c'est une masse granuleuse avec une vésicule claire et un corpuscule central, le nucléole, véritable nucléole histologique, placé au centre du noyau. Dans le Spirochona, la vacuole intérieure est placée sur le JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 403 côté du noyau et non au centre. La vésicule claire contenant le nucléole est toujours à la partie postérieure du noyau, tandis que la masse granuleuse est en avant. C’est un animal très propice pour l'étude, à cause de sa grande transparence, et il peut être très utile à étudier, à tous les pomts de vue. Les:réactifs, le carmin, et surtout le vert de méthyle, dé- montrent que la masse granuleuse seule et le nucléole prennent une coloration intense , tandis que la substance liquide de la vacuole ne se colore pas. La substance granuleuse du noyau et le nucléole sont done formés par la substance chromatique. Les réactifs acides décèlent aussi autour du noyau l'existence d'une fine membrane, comme chez les autres Infusoires. M. Balbiani à vu que sur les Spirochona pris sur des Crevettines conservées pendant huit jours et plus en captivité, le noyau ne mon- trait plus cette différenciation si évidente entre la masse granuleuse et a vacuole claire : la masse granuleuse était devenue beaucoup plus pâle et même, quelquefois, ne tranchait plus du tout, de sorte que tout le noyau avait l'aspect granuleux, très pâle, — et, chose curieuse, le nucléole avait émigré dans la partie granuleuse et s'était placée de l’autre côté du noyau. Tous les individus qui présentaient cette alté- ration du noyau, offraient aussi uue altération du parenchyme, qui paraissait écumeux, et ils ne se reproduisaient plus par gemmiparité. R.Hertwig , qui a vu aussi le corpuscule placé däns la pârtie granu- leuse et.ses modifications, considère ces mêmes modifications comme des stades de phénomènes normaux amenant le noyau à l’état où on le rencontre quand il est complètement développé. R. Hertwig a vu aussi, dans le voisinage du noyau, trois petits endo- plastules ou nucléoles à côté du noyau. Balbianine les a pas observés, sans doute par ce qu'il a fait ses recherches dans une autre saison : R. Hertwig a étudié le Spirochona en été, Balbiani en automne, c’est-à-dire sur des animaux épuisés déjà par la production des bour- geons. La gemmiparité est le seul mode de reproduction :de cet Infusoire chez qui on n'a pas encore observé la division. Stein n’a vu que les: dernières phases du phénomène, et encore il ne les a décrites que d’une façon très imparfaite. R. Hertwig, au contraire, en a donné une très bonne description, notamment pour la formation des bourgeons que Balbiani à vue aussi, quoique moins complètement, cherchant surtout à suivre les phases de la transformation du noyau. D’après R. Hertwig, le premier indice de la formation du bourgeon est une modification dans le péristome de la mère, consistant en une saillie qui se produit à la face ventrale du corps de l'animal, c’est-à- dire celle vers laquelle est tournée la bouche. Cette saillie occupe le bord du péristome, dansde pli rentrant, mais au dehors. Elle s’accroit 404 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. et s'étend sur le corps de la mère où elle fait un relief de plus en plus prononcé à la face ventrale. Puis, un étranglement tend à l'isoler c'est un péristome nouveau qui tend à se former en continuité avec le péristome de la mère. Le pli rentrant commence à s’effacer, se ren- verse en dehors, pendant que le bourgeon grossit et forme comme une bosse à la face ventrale de l'animal. C’est ordinairement à ce moment que commencent les premières modifications du noyau. La masse gra- nuleuse, qui forme comme une calotte sur la vésicule claire, présente des mouvements amiboïdes et tend à envelopper cette vésicule comme une sorte d’anneau. La configuration de la vésicule change continuel- lement, en raison des prolongements que la masse granuleuse envoie dans l’espace clair. Pendant ces modifications, la vacuole modifie inces- samment sa forme. R. Hertwig parle aussi de prolongements qui se produiraient à la surface extérieure du noyau et qui rentreraient ensuite dans la masse commune. Balbiani n’a jamais observé ces pro- longements, mais seulement des inégalités à la surface du noyau. Bientôt la masse rentre en repos et constitue une sorte d'anneau autour de la vacuole, ce qui a aussi été noté par R. Hertwig. Quant au nucléole, il exécute aussi des mouvements amiboïdes, devient arrondi , elliptique, étoilé. R. Hertwig croit avoir observé que, pendant ces mouvements du nucléole, il se détache des parcelles de sa substance qui se dirigeraient vers la surface de la vésicule claire. — Balbiani n’a jamais rien observé de semblable. — Après un certain temps de repos, les mouvements reprennent avec énergie, les contours de la vacuole deviennent de moins en moins distincts, les pro- longements deviennent plus nombreux et plus longs, s'avançant partout dans toute la vacuole. Puis, il s’opère une sorte d'irruption des prolongements de la masse granuleuse dans la vacuole centrale, les prolongements allant en convergeant vers le centre et se disposant comme les rayons d’un soleil à rayons courbes. Bientôt le noyau prend une forme elliptique ; toute la substance de l'anneau granuleux chro- matique a passé dans la vacuole : ses rayons, d'abord convergents et courbes, se redressent et s’allongent suivant le grand axe du noyau devenu elliptique, se rangent parallèlement, — et le noyau présente alors l'aspect strié en long. Dans cette phase, le nucléole a disparu, — R. Hertwig a constaté aussi cette disparition. Jusqu'au stade où le noyau a pris la forme d'une ellipse striée, tous ces phénomènes peuvent être suivis pas à pas sur le vivant et sans réactifs, mais à partir de ce moment, tout s’efface, il faut avoir recours aux réactifs, et notamment à l'acide acétique. É Toutes ces phases ont été très bien vues et dessinées par R. Hertwig, sauf celle ou le noyau présente un soleil à rayons courbes. Il n'a pas vu non plus la manière dont les rayons se redressent, à mesure que le noyau s’allonge, pour former le noyau strié. EE En e, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 405 Puis, le noyau strié s’étrangle par son milieu; on voit à ses deux extrémités une masse hémisphérique et transparente, dans laquelle ne pénètrent plus les stries, et qui coiffe chacun des deux pôles. L’étran- glement se prononce de plus en plus, pendant que la masse claire augmente à chaque pôle; bientôt les deux parties du noyau ne sont plus réunies que par un filament, et, enfin, les deux noyaux deviennent indépendants, l’un dans la mère, Eute dans le bourgeon. Puis, l'aspect strié disparaît, la partie striée devient granuleuse et prend le carac- tère du noyau en repos; la partie claire devient plus tard la vacuole excentrique qui prend ultérieurement un corpuscule nucléolaire dans son intérieur. R. Hertwig a vu la striation du noyau, qui, pour Balbiani, résulte d'une simple différenciation de la masse granuleuse ; pour R. Hertwig, cette striation se produirait aux deux pôles du noyau, au-dessous des masses hémisphériques et s'avancerait vers la partie moyenne. Dans cette partie moyenne, s’accumulerait une masse de substance claire qui n'est que graduellement envahie par la striation. Au centre, il y aurait toujours une petite bande transversale de matière plus dense, Balbiani ne l’a pas vue et ne croit pas ce fait constant. Ajoutons seulement que R. Hertwig a vu aussi trois petits nucléoles placés près du noyau et qui ont subi une élongation pour se diviser et fournir trois nucléoles au bourgeon. Pendant ce temps, le bourgeon, qui se dessine de plus en plus, se sépare complètement de la mère, et, à un certain moment, n'est plus fixé que par un étranglement très court, puis devient libre. Sous cette première forme, il est très diffé- rent de la mère et ne présente qu'une masse ovoide, munie d’une large goutüère avec un péristome simple. Mais, bientôt, le bourgeon, qui se meut par les cils vibratiles très fins de son péristome, se fixe par un organe latéral , formé de bandes de protoplasma disposées. en étoile ; il se fixe donc sur le côté et ses rayons se transforment en des plis radiés qui se trouvent à la partie inférieure du pied de l'animal. Les phases ultérieures sont assez complexes : le péristome s’oblitère bientôt et il ne reste que la partie antérieure large qui fait saillie, sous forme d'un bourrelet qui rentre en dedans. C’est le premier vestige de l'entonnoir. Ce pli rentrant se contourne deux fois et demie sur lui- même et peu à peu le péristome prend la forme qu’on lui connaît. C’est toujours au même point que le bourgeon se produit, sur le péristome de la mère. À force de se reproduire, toujours à la même place, il finit par user le péristome qui s’atrophie graduellement. Cette atrophie gagne peu à peu le corps de la mère qui se réduit, à la fin, à l’état de moignon informe, où l’on ne trouve plus aucune trace du péristome. — C’est comme une vieille souche dégradée, mais qui produit toujours des bourgeons. Ainsi, ce mode de reproduction, mis en doute par Stein, est bien 406 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. réel. Il résulte encore de ces observations que la gemme est bien une portion de l'organisme maternel, ce qui réfute les idées de Stein et de Claparède. Le péristome se forme en continuité de celui de la mère. C'est.un fait que Claparède seul avait signalé dans la fissiparité et qui est vrai aussi pour la gemmiparité. Enfin, nous voyons l’analogie de.ces phénomènes avec ceux de la division des noyaux des cellules ordinaires. En effet, les filaments que nous avons signalés dans le noyau à l’état de division correspondent parfaitement aux filaments qui se produisent dans le noyau d’un grand nombre de cellules, et qui sont formés par la substance chromatique. Ge sont les éléments ce la pla- que nucléaire. Ilest vrai que R. Hertwig envisage un peu différemment cette plaque nucléaire : il croit que ce ne sont pas les filaments qui la représentent, mais une sorte d’accumulation de substance transparente entre les deux parties striées. Balbiani ne le pense pas. — Qu'est-ce donc que cette plaque médiane transparente chbservée par R. Hertwig ? Balbiani ne l’a pas constatée, malgré toute l'attention quil y a apportée. Ce n'est probablement qu'une accumulation accidentelle de liquide. nucléaire. R. Hertwig interprète aussi différemment ces accumulations de matière transparente aux pôles du noyau: illes considère comme les amas, de plasma constatés dans certaines cellules, substance polaire de Strashbürger ou amas sarcodiques de H. Fol. — C'est encore ce que ne.croit pas Balbiani. Pour que cela fût vrai, il faudrait que ces amas n’eussent qu'une existence transitoire, tandis qu’au contraire, ils persistent et deviennent la vacuole centrale du nouveau noyau. Ce ne sont donc pas des éléments {protoplasmiques. — Dans le Chilodon cucullulus, le noyau s’allonge, la substance centrale qui forme la vacuole s’allonge aussi dans le centre du noyau, enveloppée par la masse granuleuse, tandis que, dans le Spérochona, la vacuole s'organise aux deux pôles du noyau. Ces masses claires ne sont pas des accumulations de protoplasma, mais bien de substance nucléaire achromatique. Enfin, il ressort encore de ces observations qu'il y a une indépen- dance complète entre les phénomènes qui se passent dans le noyau et ceux qui se produisent dans le bourgeon ou dans le protoplasma. En effet, les modifications du bourgeon ne se produisent pas dans le même temps et ne sont pas contemporaines à celles du noyau. Nous avons déjà vu des exemples de cette indépendance du noyaü et du corps cellulaire ; nous avons vu que souvent le noyau ne com- mence à se diviser que quand les deux corps cellulaires sont déjà plus ou moins différenciés. Ainsi, la division du noyau dans les cellules ordinaires el la division de la cellule sont deux phénomènes indépen- dants l’un de l’autre (Strasbürger). Dans les cellules multinucléaires, la division des noyaux est tout à fait indépendante de la division de la JOURNAL DE MICROGRAPHIE. -407 cellule. Il en est de même chez les Opalines qui peuvent être considé- rées comme des cellules a et de même, aussi chez le Loxodes rostrum. (A suivre). ÉTUDES SUR LES INSTRUMENTS ÉTRANGERS. (Suite) PLATINE MÉCANIQUE MINCE DE TOLLES. M. R. B. Tolles a construit récemment un modèle de platine mince à mouvements rectangulaires mécaniques qui présente quelques dispo- sitions nouvelles. Il est figuré sur notre Planche XV. On sait que les platines dites « mécaniques > à mouvements rectan- gulaires, se composent d'une première lame, douée en général du mouvement transversal, d’une seconde lame qui marche d’arrière en avant et d'avant en arrière, enfin d'une troisième, circulaire, portant les deux autres et douée du mouvement rotatoire. Celle-ci est soute- nue par le support fixe de la platine. Sur la platine de M. Tolles, on voit d'abord que les boutons moletés qui donnent aux deux lames mobiles les mouvements antéro-postérieur et transversal sont situés sur la platine elle-même et compris dans l’intérieur même de sa circonférence. Il y a, comme on peut le voir dans les figures 1 et2, deux boutons moletés, l’un à droite, E, l'autre à gauche, G. Le bouton droit, placé un peu plus en arrière que le bouton gauche, agit, par un pignon et une crémaillère, sur la seconde lame qui a, (voir figure 1), une forme elliptique à grand diamètre transversal. C'est cette lame qui se meut dans le sens antéro-postérieur et inversement. Le bouton gauche agit ‘sur une crémaillère contenue dans la petite caisse transversale saillante D, qui sert de support ou de chevalet au slide quand le microscope est incliné (fig. 2). Par cette crémaillère, le bouton gauche agit sur la lame supérieure P, de la platine, lame qui a un peu la forme d’un cœur, (voir fig. 1) et qui se meut transversalement. On obtient donc ainsi les deux mouvements à angle droit. Quant au mouvement rotatoire, on l’obtient par le bouton à pression I, placé en avant et qui agit sur le grand disque circulaire à bords moletés, B, tournant sur le support de la platine. La lame inférieure est maintenue sur le disque de la platine par trois courtes chevilles à ressorts entrant dans des mortaises correspon- 408 JOURNAL DE MICROGRAPHIÉ. dantes et constituant à cette lame un support triangulaire ; la lame supé- rieure est appliquée sur la première et ne porte que par ses bords. Enfin, le centrage s'obtient à l’aide de trois vis en acier que l’on voit sur la figure. L'épaisseur de cette platine est moindre qu'un demi-pouce anglais, (moins de 12 %/, 5). C’est probablement la platine mécanique la plus mince qui ait été adaptée à des microscopes de grand modèle. On remarquera qu'aucune pièce n’est située à la partie inférieure de la platine, aucune ne se projette en dehors de son bord circulaire ; la. rotation de la platine peut donc être complète et rien ne vient gêner le rayon lumineux, à quelque obliquité qu'il soit amené par la sous-platine qui tourne autour du point focal comme centre. Supposons un microscope de grand modèle américain, tournant autour de l’axe vertical de son pied sur sa plate-forme; lorsque l'instrument est placé horizontalement, l’objet se trouve dans la verticale qui est l’axe même de rotation du pied sur sa plate-forme. Si la lumière est placée dans l’axe optique, on a un éclairage direct et sans miroir, très em- ployé actuellement, et pour obtenir un éclairage oblique, toujours sans miroir, il suffit de faire tourner le microscope sur son pied jusqu'à ce qu'on obtienne l’obliquité désirée. Dans ces conditions, la « éraverse-lens >» hémisphérique de M. Tolles aide beaucoup les effets de la lumière oblique. M. Tolles avait déjà employé ce mode d'éclairage il y a longtemps, et lorsqu'il a construit pour la première fois des objectifs à immersion à « angle dans le baume » plus grand que 82°. Quant au croquis représenté dans la figure 3, il indique quelques modifications aux dispositions précédentes. D'abord. on remarque que les boutons agissant sur les mouvements rectangulaires sont disposés sur le même axe. Ce mode de construc tion n’est pas nouveau pour M. Tolles, il y a dix ans qu'il l'emploie. De plus, il n’y a qu’une seule lame P ayant à elle seule les deux mouvements rectangulaires. Le constructeur a donc fait l’économie d’une lame mobile (C dans les figures précédentes) au profit de la min- ceur de la platine. Cette lame P est portée directement sur la lame B à mouvement rotatoire, sur laquelle elle se meut dans les deux sens antéro-postérieur et transversal, en glissant sur des guides qui assu- rent la direction du mouvement en maintenant la solidité de l'ensemble. M. Wenham, de Londres, avait déja employé un système qui lui ‘ permettait de supprimer une des deux plaques des mouvements rectan- gulaires, mais M. Tolles ne sait pas par quel procédé il y arrivait. Mais une disposition qui nous paraît nouvelle est celle du support de la platine qui est creusé et dont les bords s'élèvent au-dessus de la surface supérieure de cette platine, sauf à la partie antérieure où les bords divisés de la plaque B passent devant l'index. A l’aide de cette A 2 ——— ————"— ———————— —— — JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. 409 disposition, la lame B peut opérer une rotation entière, puisqu’aucun organe ne dépasse sa circonférence, et la lame P qui supporte le slide -se trouve abaissée jusqu’à constituer presque le fond de la platine ou, au moins, à rapprocher le plus possible l’objet de la face inférieure de cette platine. De cette manière, l'épaisseur de la platine, au point où est l’objet, se trouve réduite à la seule épaisseur des lames P et B, épaisseur qui n’est pas de 3 millimètres, et l’objet peut recevoir des rayons aussi obliques que possible, puisque, d'une part, rien ne gêne l’accès de la lumière sous la platine, et que d’autre part, celle-ci a une épaisseur insignifiante. L'emploi de la « traverse lens » hémisphérique est aussi très facile avec cette platine. La lame B porte à son certre le pas de vis dans lequel on établit cet appareil. Les bords épais du support A de la platine, mais épais au-dessus de la surface de cette platine, c’est-à-dire là où leur épaisseur ne gêne pas, assurent à la construction une extrême solidité, et M. Tolles nous paraît avoir réalisé ainsi, pour la platine « mécanique », le minimum d'épaisseur avec le maximum de solidité. D' J. PELLETAN. INSCRIPTION MICROSCOPIQUE DES MOUVEMENTS QUI S'OBSERVENT EN PHYSIOLOGIE. Il y a environ vingt ans que j'ai proposé d'inscrire les différents mouvements qui se produisent chez les êtres vivants, au moyen d’un levier d’une légèreté aussi grande que possible, mis à l'abri de toute cause de vibration (1). Depuis cette époque, un nombre considérable de travaux ont été faits à l’aide d'instruments basés sur l'emploi du levier léger : les phénomènes de la circulation du sang, ceux de la respiration, des actions musculaires et nerveuses ont trouvé dans l'emploi de cette méthode des solutions précises. Les auteurs qui l'ont employée se sont le plus souvent chargés eux-mêmes de démontrer la précision des appareils dont ils se sont servis. Et pourtant, une objection qui se reproduit de temps en temps est celle-ci : dans les tracés, parfois si compliqués, de certains actes physiologiques, ne doit-on pas admettre que les vibrations propres du levier se soient ajoutées à la courbe réelle du mouvement ? Il w’a paru utile de lever cette objection par une nouvelle expérience et de prou- ver la fidélité des instruments que j'emploie en montrant que d’autres instruments, entièrement à l'abri des vibrations du levier, donnent des tracés identiques. (1) Voir pour les précautions employées dans la construction de ces instruments, la Méthode graphique, passim. C. R., 1881, 1° semestre (T. XCII, N° 16). My 410 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Il s’agit d'inscrire un mouvement en donnant au tracé des dimensions telle- ment réduites, qu'on puisse considérer comme négligeable la vitesse du style ins- cripteur. Prenons pour exemple un sphygmogramme ou un cardiogramme. Les dimensions ordinaires que j'adopte pour que ces courbes soient facilement lisibles sur le papier sont d'environ 0"005 de hauteur verticale. Admettons que le levier, pour parcourir 0005 en un temps très court, prenne une vitesse excessive, en vertu de laquelle il sera projeté trop loin, sans que les frottements du style éteignent sa vitesse acquise. On accordera facilement que, si l’on réduit au dixième , c'est-à-dire à ommS, l'amplitude du tracé, les effets de la vitesse acquise du Eee devront être singu- lièrement atténués. Ils seront, en effet, cent fois moindres que pour les instruments ordinaires, puisque la force vive des. masses en mouvement croît comme le carré des vitesses. Mais ces tracés, pour garder les- mêmes proportions que dans les expériences ordinaires, devront être recueillis sur des surfaces animées d’une vitesse très faible : 0001 par seconde. Les détails de la courbe obtenue ne seront donc pas visibles à l'œil nu. En recueillant ces courbes sur une glace légèrement enfumée, qu'on place sous l'objectif d’un microscope, il suffit d’un grossissement de 20 diamètres pour rendre aux tracés des dimensions telles, qu'on en puisse complètement analyser la forme. Un dessin à la chambre claire, un décalque, ou mieux une photographie obtenue par projection ramèneront ces courbes à des dimensions aussi grandes qu'il sera nécessaire. Or, dans ces conditions, où la réduction de la vitesse du levier exclut la possibilité de toute altération du mouvement, les tracés sont identiques à ceux que donnent le sphygmographe et le cardiographe ordinaires ; ceux-ci peu- vent donc être considérés comme exempts de déformation par la vitesse acquise. A plus forte raison devra-t-on avoir une confiance absolue dans les tracés de mouvements plus lents que ceux du cœur et du pouls, dans les tracés de la res- piration. Mais notre savant confrère Donders (d'Utrecht) a justement fait observer qu'un appareil inscripteur n’est fidèle que pour des mouvements d'une certaine vitesse, ceux pour lesquels il a été construit. On ne peut exiger qu'il inscrive des actes plus rapides. Aïnsi le cardiographe, qui trace fidèlement 150 pulsations du cœur par seconde, ne saurait, sans les déformer, tracer des mouvements deux ou trois fois plus rapides. L'inscription microscopique permet d'étendre presque indéfiniment le champ des phénomènes susceptibles d’être enregistrés. Tout se réduit à employer une pointe d’acier assez fine et une couche de noir assez mince pour que le trait obtenu soit bien pur, malgré ses petites dimensions. Grâce à l'emploi du microscope, des tracés dont l'amplitude n'excède pas 1/10 de millimètre prennent de grandes dimen- sions. Pour de si pelites excursions, l’inertie du levier est négligeable. Déjà avec les appareils ordinaires, j'avais réussi à transmettre à distance et à inscrire les vibra- tions d’un diapason de 200v:d. par seconde : ‘avec l'inscription microscopique, j'ai obtenu le tracé des vibrations de la voix en chantant au devant de l'orifice du tube transmetteur. à Les vibrations du sang dans les vaisseaux, qui donnent naissance à un son, connu en médecine sous le nom de bruit du souffle, semblent devoir rentrer dans le domaine des mouvements inscriptibles. En effet, sur des tubes élastiques et sur des anévrismes artificiels traversés par un courant d'eau, j'ai déjà obtenu l'inscription très nette des vibrations du liquide, vibrations que l'oreille me faisait percevoir en même temps sous forme de bruit de souffle. J'aurai l'honneur d'exposer devant l'Académie ces expériences, qui me semblent utiles, pour éclairer la nature d’un phénomèné important de sémiologie. l mono mt JOURNAL, DE MIGROGRAPHIE. 4AA Les inscripteurs microscopiques ont encore un avantage qui,.bien que secondaire, n'en mérite pas moins d'être signalé : ils sont extrêmement portatifs. On peut loger dans sa poche tout ce qui est nécessaire pour inscrire les mouvements du cœur, du pouls, de la respiration, et, contrairement à ce qui existait autrefois, les appareils explorateurs, bien que très réduits déjà, sont plus volumineux, dans leur ensemble, que l'instrument qui reçoit les tracés. Cette extrème petitesse des appareils inscripteurs, en facilitant les applications cliniques de la méthode graphique, me fait espérer le concours des médecins imdis- pensable pour accumuler les éléments d'une sémiologie pricise des maladies du cœur, des vaisseaux et de l'appareil respiratoire (1). E, J. MAREY, Profésseur au Collège de France. SER UN CURIEUX PHÉNOMÉNE DE PRÉFÉCONDATION OBSERVÉ CHEZ UNE SPIONIDE, () : L'Annélide qui fait l'objet de cette note est une Spionide, dont la synonymie assez compliquée doit être établie de la manière suivante : Spio crenalicornis, Montagu, Aonis Wagneri, Leuckart; Colobranchus ciliatus, K ylerstein ; Uncinia ciliata, Quatrefages ; Scolecolepis vulgaris, Malmgren (pro parte ). On l’a trouvée sur la côte d'Angleterre, à Helgoland, à Saint-Vaast-la-Hougue, etc Elle est commune à Wimereux, dans un banc de sable meuble, où elle vit en compagnie des Magelona mirabilis, Echinocardium cordatum , Bathyporeia Robertsoni, Carinella linearis, etc. Le Spio crenaticornis est très voisin du Spio bombyx, Claparède, du golfe de Naples. Les quatorze premiers anneaux sétigères présentent, à la base de chaque pied, des poches renfermant un écheveau de soies chitineuses enroulées sur elles-mêmes. Ces organes, découverts par Claparède chez le Spio bombyæx et nommés par lui filières, devraient être recherchés chez les autres Spio. Leur présence fournirait un bon caractère pour distinguer génériquement les Spio et les Nérine , si fréquemment confondus. Les filières servent évidemment à protéger l’Annélide contre le sable qui la presse de toute part; des organes similaires existent chez les Magelona , dans la partie postérieure du corps, après le neuvième anneau. L'œuf mûr du Spio crenaticornis a la forme d’un sphéroïde fortement aplati aux deux pôles. L'équateur est orné d'une vingtaine de vésicules transparentes, disposées comme un cercle de perles à la périphérie du vitellus grisâätre. Ces vésicules sont des dépendances de la coque , qui est très épaisse et parsemée de papilles. On le démontre par l’action du picrocarmin, le vitellus se contractant, chaque vésicule sort de la masse vitelline et prend l'aspect d'une petite fiole hyaline , suspendue à la coque par un mince goulot. Des ampoules semblables existent, en nombre variable, sur les œufs de tous les Spionides que j'ai étudiés, excepté chez ceux du genre Magelona, qui diffère, d’ailleurs, à bien des égards, des Spionides typiques. Avec le carmin très faible, on peut, comme l’a fait Claparède , colorer les ampoules qui se remplissent par le goulot non contracté. Il est bien évident que ces éléments ne jouent aucun rôle dans la formation du blastoderme, contrairement à ce que pensait l'illustre (1) Comptes Rendus de l’'Acad. des Sc. (2) C.R. de Ac, des Sc. — 17 octobre 1881. 412 JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. zoologiste. On ne peüt non plus les appeler, avec lui, des sphères protoplasmiques. Je ne puis les comparer qu'aux éléments folliculaires de la coque des Ascidies. Leur rôle physiologique est peut-être celui de micropyles. La vésicule germinative est très grande. Son rayon est le tiers environ du rayon équatorial de l'œuf, ses contours sont assez mal définis sur l'œuf frais : l'emploi du picrocarminate les rend plus nets. Le nucléole est très clair et volumineux; sa position est rigoureusement centrale. . Quelque temps avant la maturation de l'œuf, on voit dans la vésicule germinative, outre le-nucléole , un élément cellulaire un peu plus petit que le nucléole et situé à distance variable de ce dernier. Get élément excentrique est lui-même pourvu d'un petit noyau très net. D'abord fort éloigné du nucléole, il s’en approche progressi- vement et vient s'appliquer à sa surface, où il s’aplatit et prend la forme d'une double calotte. En s'appliquant de plus en plus contre le nucléole, il perd son noyau et finit par se réduire à une double membrane qui entoure le nucléole, comme la séreuse péricardiaque entoure le cœur. Enfin, sa substance se confond avec celle du nucléole , et l'œuf mûr ne présente plus aucune trace de ce phénomène singulier. J'ai répété maintes fois cette observation, à la fin du mois de septembre dernier. Tout le processus est parfaitement visible sur l'œuf frais pris à l’intérieur de l’orga- nisme materneliet sans l’usage d'aucun réactif. L'objectif 6 de!Vérick suffit amplement pour suvre le phénomène. L'usage du picrocarmin , en délimitant nettement la vésicule germinative, montre bien que ce n’est pas le noyau de l'œuf, mais son nucléole, (tache de Wagner), qu se conjugue avec l'élément cellulaire excentrique. J’ignore comment cet élément pénétre dans la vésicule germinative et quelle est son origine. Je l’ai rencontré une ou deux fois hors de la vésicule germinative, dans le vitellus , où il est plus difficile de le mettre en évidence et de suivre sa marche, à cause des granulations grisâtres de la masse vitelline. La signification de ce phénomène de préfécondation m'échappe encore aujourd'hui. J'ai cru devoir néanmoins faire connaître ces faits, en raison de leur importance et de la facilité avec laquelle on pourra les contrôler. Je crois qu'il y a de grandes différences entre cette observation et les observations plus ou moins analogues publiées antérieurement par M. Balbiani. Peut-être retrou- verait-on sans peine le même processus sur l'œuf ovarien de la Sternaspis scutata. C'est ainsi, du moins , que je crois pouvoir interpréter les aspects figurés (PI. VIII, fig. 2, 11,12 et 13), par M. Franz Vejdovsky (1), dans un excellent travail publié tout récemment. L'élément désigné sous le uom de « Buckelchen », par le professeur de Prague, ne serait autre que la cellule migratrice, en conjugaison avec le nucléole. A. GARD, Prof. à la Fac, des Sc. et à la Fa:. de Méd. de Lille. MONTAGE DES EMBRYONS DE POULET ENTIERS. On ouvre l'œuf à la manière ordinaire dans une solution chaude, salée à 5 pour 400 ; le blastoderme est débarrassé de la membrane du jaune, secoué dans le hquide avec des pinces, pour enlever le jaune en excès , puis étalé sur une lame de (1) Franz Vejdowsky. — Untlersuchungen über Anatomie; Physiologie und Entwicklung von Sternaspis. — Wien, 1881, gr. in-4 de 58 pages avec 10 planches coloriées. L” JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 413 verre où il doit rester. On le traite alors par différents liquides que l'on fait tous tomber par gouttes au centre du disque du germe , de manière que le flot centrifuge ainsi produit serve lui-même à étaler le blastoderme. On le lave d’abord parfaite- ment avec de l’eau distillée ; on enlève l’eau aussi complètement que possible avec du papier buvard , et on laisse la pièce étalée jusqu’à ce que ses bords commencent à sécher. L'embryon échappe ainsi à la distorsion pendant le traitement subséquent. Il faut avoir soin que l'aire embryonnaire reste humide. On y dépose deux gouttes d’une solution à 1/2 pour 100 d’acide osmique qu’on laisse agir pendant deux ou trois minutes , jusqu’à ce que la pièce prenne une légère teinte brune. On lave de nouveau à l’eau distillée , et on traite par le picro-carminate d’ammoniaque, qui colore le blastoderme après un temps variable, suivant l'intensité de l’action de l'acide osmique. Cette dernière opération est importante, puisqu'elle empêche la préparation de brunir plus tard par l’osmium, qui, autrement, la gâterait et la détruirait. On verse du liquide de Müller, ou une solution d’acide chromique à 0,5 pour: 100 sur le slide , et on laisse agir toute la nuit. Le lendemain matin, le blasto- derme est en état pour la deshydratation par l'alcool , et on le monte à la manière ordinaire dans le baume, ou mieux dans un mélange de trois parties de baume du Canada et d’une partie de vernis Dammar, tel qu’on le trouve chez les préparateurs d'objets pour le microscope. On obtient de cette manière des préparations d'embryon très parfaites et réelle- ment meilleures que celles obtenues par d'autres procédés. | D' Cu. SEpGwick-MINort. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES FLAGELLATES.() Le Cryptomonas ovata, Ehrbg, présente , à sa partie supérieure terminale, une cavité étroite , s'étendant de la face dorsale à la face ventrale et constituant une sorte de vestibule du tube digestif. A la limite de la face gauche et de la face antérieure du corps , se trouve une échancrure du bord de cette cavité vestibulaire, qui descend jusqu’au cinquième environ de sa longueur et dépasse ainsi le fond de celle-ci, qui est peu profonde. Les deux flagellums sont insérés au centre de cette cavité, au fond d'un tube qui proémine de son intérieur ; ils présentent une striation transversale nette et ils ressemblent absolument à une fibrille musculaire; j'ai observé une striation analogue chez plusieurs autres formes : par exemple, Euglena oxyuris , Trachelomonas hispida , Phacus pleuronectes , Chlamydomonas pulvisculus ; on ne décrit que deux flagellums, mais en réalité , il y en à quatre ; chez le Trachelo- momas hispida, l'énorme flagellum si visible est seul connu , tandis qu’à sa base se trouvent encore deux autres organes analogues non décrits, qui sont beaucoup plus courts et plus ténus. Les deux flagellums terminaux du Cryptomonas ovata servent exclusivement à la locomotion. Outre ces organes locomoteurs terminaux , il se trouve encore chez ces êtres tout un groupe de flagellums dont l'existence a été jusqu'ici totalement inconnue. Le long de chacun des deux bords de l’échancrure supérieure, il existe une série de ces appendices , presque aussi longs que les autres , mais d’une finesse et d’une trans- parence excessives ; ils sont aussi striés. Ces organes servent exclusivement à la prébension des aliments. (1) C. R. de l'Ac. des Sc, 11 oct. 1881. 414 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les parois du corps sont formées par quatre couches, dont la plus externe seule, la cuticule , est incolore, tandis que les autres sont imbibées de chlorophylle. Dans la plus profonde de celles-ci, se trouvent des grains d’amidon polygonaux qui, lorsqu'ils sont bien développés, se touchent presque par leurs bords et communiquent à ces êtres un aspect réticulé ; sa face interne présente un aspect régulièrement mamelonné, et les gibbosités qu’on remarque paraissent être l'indice d'une division réelle de la substance constitutive de cette couche en petites sphères protoplasmiques ; chacune d'elles produit à son intérieur un grain d’amidon. Quel- quefois, certains mamelons s’allongent, s’étranglent en leur milieu et forment, finalement, deux nouveaux mamelons. La matière périphérique de ces sortes de sphérules protoplasmiques est beaucoup plus dense et plus résistante que celle du centre, qui paraît être absolument aqueuse, car les granulations fines qui s’y trouvent sont fréquemment animées d’un mouvement brownien, de façon que chacune d'elles présente à son intérieur une grande vacuole. Cette couche profonde des téguments est peu colorée et son épaisseur varie considérablement, suivant l'endroit du corps que l’on considère ; elle manque. même complètement en certains endroits. Les grains d’amidon qui y sont produits ont la forme de lamelles minces et polygonales ; ils.-se divisent aussi lorsque le mamelon qui les a formés se partage. Les deux autres couches tégumentaires, bien moins épaisses , sont criblées d’une multitude de vacuoles extrêmement petites, remplies d’un protoplasma aqueux, régulièrement disposées, et séparées les unes des autres simplement par de minces parties de substance plus dense. La cuticule qui forme l'enveloppe la plus extrême du corps présente une structure analogue, mais les petites vacuoles sont très aplaties , parallèlement à la surface du corps. Le tube œsophagien,îque l’on a décrit chez les Cryplomonas, n'existe pas; mais on trouve , au contraire, chez ces êtres, un estomac spacieux , bien délimité, dans lequel les aliments sont digérés. Les parois de cet organe sont épaisses et possèdent un aspect remarquable ; elles présentent partout des granulations nombreuses , ser- rées , disposées en une seule couche et formant des séries rectilignes régulières : ce sont des grains d’amidon. Dans certains cas où ces granules manquent, on peut voir facilement que le protoplasma constituant les parois stomacales, présente Iui- même une structure régulièrement vacuolaïre, et qu'il ne doit pas son aspect hétérogène à la seule présence de ces granules. Au fond de l'estomac se trouve l'origine d’un tube qui est l'intestin, allant aboutir à l'anus situé à l'extrémité inférieure du corps , rapproché de la face dorsale. Contrairement à l'opinion reçue, d’après laquelle les Cryptomanas n’absorberaient que des aliments liquides , il se trouve fréquemment, dans leur tube digestif, de petits êtres dont ils se nourrissent. La vésicule contractile communique avec l'extérieur par un pore débouchant à l'intérieur du conduit qui fait saillie du fond du vestibule digestif : elle a des parois propres, nettes, vacuolaires, comme celles de l'estomac; de sa partie inférieure part un canal transparent qui se perd bientôt. Le noyau dont la substance possède une structure régulièrement et finement vacuolaire , comme celle des téguments , possède ordinairement un certain nombre de nucléoles ; autour de chacun desquels la matière environnante parait massée ; ces corpuscules vésiculaires se divisent transversalement , d'une manière assez active, et, fréquemment, on en voit qui sont entourés d’une zone de prôtoplasma clair, qui font saillie à la surface du noyau pour finir par s'en détacher complètement et tomber dans une cavité spéciale ; ce sont des germes dont une paies du développe- a lieu dans celle-ci. Elle consiste en un tube commençant au fond du conduit vestibulaire, se dilatant bientôt en une chambre incubatrice et allant aboutir au noyau. Au-dessus de l'estomac, en avant et à droite du noyau, se trouve une grosse JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 415 masse de protoplasma à structure finement vacuolaire , d’une netteté remarquable, dans laquelle se trouvent répartis un certain nombre de corpuscules ressemblant aux nucléoles, et d’où part un tube allant aboutir au conduit vestibulaire. C'est un organe excréteur ou un appareil mâle; cette dernière hypothèse est rendue probable par ce fait qu'il existe chez ces êtres une sorte d’accouplement dans lequel ils s’accolent deux à deux et bouche à bouche , et errent ainsi librement. Pour étudier le ‘point oculiforme des Flagellates , j'ai choisi un être chez lequel cet organe se trouve ordinairement bien développé, le Phacus pleuroneces, Dujard. Me fondant sur cette observalion que , chez les individus cultivés dans une certaine obseurité , le point oculiforme n'était que très peu développé, j'ai admis à priori, qu'une lumière intense favorisait au contraire son développement, et j'ai fait vivre ces êtres en pleine lumière. Le résultat de cette disposition fut que j'ai obtenu des individus à point oculi- forme gros , brillant et très rouge. Cet organe est constitué par une réunion de granulations rouges, irrégulièrement pyriformes et à extrémité renflée, tournée d'un même côté ; le pigment qui les colore ne se trouve répandu qu’à leur superficie, tandis que leur substance interne est hyaline. Tous ces granules sont disposés côte à côte en un plan courbe ; dans la concavité qu'ils forment ainsi , se trouve logé un corpuscule transparent, réfringent et lenticulaire. D’après cette structure , il me paraît que les fonctions visuelles du point oculiforme ne peuvent plus être mises en doute. J. KUSTLER,. . PRÉPARATIONS MYCOLOGIQUES (POUR LE MICROSCOPE) du Docteur O. E. KR. ZIMMERMANN , de Chemnitz. Ces préparations, qui ont déjà reçu en Allemagne, en Autriche-Hongrie, en France, en Belgique, en Hollande et en Angleterre, un très favorable accueil , ont été signalées et recommandées par le D'J. Pelletan, dans le JOURNAL DE MIcRoGRA- Paæ, année 1879, T. III, p. 307 ; année 1881, T. V, p. 199 ; — par le D' Ledeganck, dans le Bulletin de la Société Belge de Microscopie , 5° année , p. 51; — dans le Bota- nischer Zeitung , 1879, N° 48, par le prof. A. de Rary ; — dans le OÆEstreichischen botanischer Zeitschrift, 1879, par M. F. v. Thümen, et dans la Revue Mycologique, 1€ année , par M. C. Roumeguère. Elles sont établies sur le format ordinaire , dit anglais, et classées par séries de vingt préparations ; nous donnons ci-dessous le catalogue des séries actuellement disponibles : , 17€ SÉRIE. SCHIZOMYCÈTES. 4. Micrococcus prodigiosus, Cohn; Monas prodigiosa, Ehrenberg ; — (Monade miraculeuse ). 2. Bacteriwm termo , Ehrenberg , — (Ferment de Ia putréfaction). 3. Mycoderma aceti, Past., — (Ferment acétique). 416 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 5. 6. © 1 Où OI À © NN = . Bacillus anthracis, Cohn, — (Contage du charbon, — dans le sang de bœuf charbonneux). Bacillus subtilis, Gohn. — (Dans divers liquides en putréfaction). Clostrydium butyricum, Prazm.; Bacillus Amylobacter, Van Tiegh., — (Ferment butyrique ). CRYPTOCOCCÉES. . Saccharomyces cerevisiæ , Reess. — (Levure de bière). . Saccharomyces ellipsoideus, Reess. — (Levure de vin). . Saccharomyces mycoderma , Reess. — (Fleurs du vin). HYPHOMYCÈTES. . Torula fructigena, Pers. — (Sur les fruits pourris). . Bispora monilioïdes , Gorda. — (Sur le bois pourri). . Helicosporium olivaceum , Peck. — (Sur le vieux bois de chêne). . Mycogone rosea, Lk. — (Sur les champignons pourris). . Macrosporium verrusulosum, Zimmerm. — (Dans l’intérieur des œufs gâtés). . Myxotrichum chartarum , Schm. et Kze. — (Sur le papier pourri). . Botrytis cinerea , Pers. — Sur les feuilles , les fruits en putréfaction). . Oïdium lactis, Fres. — (Sur le lait moisi), . Penicillium glaucum , Link. — (Moisissure commune). . Aspergillus glaucus, Link. — (Moisissure commune). . Aspergillus niger, V. Tiegh. — (Moisissure noire). 2° SÉRIE. CONIDIES, SPERMOGONIES, PICNIDES. . Exosporium tiliæ, Link. — (Sur le bois sec du tilleul). . Trimmatostroma salicis, Cda. — (Sur le bois sec du saule). . Coryneum disciforme , Kze et Schm. — (Sur le bois du bouleau). . Melanconium betulinum , Kze et Schm. — (Sur le bouleau). . Stilbospora angustata, Pers. — (Sur le bois du hêtre). . Asterosporium Hoffmanni, Kze. — (Sur le hêtre). . Myriocephalum botriosporium, De Not. — (Sur le bois de corne). . Tubercularia vulgaris, Tode. — (Sur les feuilles en décomposition de divers arbres ). . Gloeosporium ampelophagum , Sacc. — ( Ennemi de la vigne). . Isariopsis pusilla, Fres. — (Sur les feuilles vivantes du Cerastium arvense). . Septoria oleæ, Dur et Mntg: — (Sur les feuilles mortes de l'olivier). . Cytispora rubescens, Fr. — (Gause de la dessication des branches des arbres à noyau ). . Polystigma rubrum , D. G. — (Produit des taches charnues rouges sur les feuilles du prunier ). . Morthiera mespili, Fckl. — ( Cause la couleur brune des feuilles du néflier). . Diplodia maydis, Lev. — (Sur les tiges sèches du maïs). . Hendersonia loniceræ , De Not. — (Sur les branches sèches du chèvrefeuille). . Stegonosporium pyriforme, Cda. — (Sur les branches sèches de l'érable). . Pestalozsia macrospora, Ces. — (Sur les frondes du Pteris aquilina). Ca 19. . Psilospora faginea, Rbh. — (Sur l'écorce du hêtre). Q 1 © O1 > O à © D JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 417 Prosthenium betulinum , Kze. — (Sur l'écorce sèche du bouleau). 3° SÉRIE. USTILAGINÉES. . Ustilago carbo, Tul. — (Charbon des céréales; montrant la formation des spores ). . Thecaphora hyalinum , Fght. — (Sur les capsules du Liseron des haies, Convol- vulus sepium). . Urocystis occulta , Schlechtal. — (Sur la tige du seigle). . Geminella Delastrina, Schrt. — (Sur les capsules de la véronique des champs, Veronica arvensis). . Tületia caries, Tul. (Carie du blé). . Entyloma Ungerianum , de By. — (Sur la feuille du Ficaria ranunculoïdes). . Physoderma maculare, Wallz. — (Sur les feuilles de l'Alisma plantago). . Protomyces macrosporus, Unger. — (Sur les feuilles et les pétioles de l'Ægopodium podagraria) . URÉDINÉES. . Uromyces fabæ, de By. — (Sur les feuilles et les tiges de Faba vulgaris). . Uredo rubigo-vera , D. CG. — (Sur les feuilles de l'Holcus mollis). . Puccinia graminis , Pers. — (Sur les feuilles et les tiges de l’Avena sativa). . Æcidium berberidis, Gmel. — (Rouille de l'Épine-Vinette). . Phragmidium obtusum , Schm et Kze. — (Sur les feuilles du Potentilla argentea). . Triphragmium ulmariæ, Tul. — (Sur les feuilles du Spiræa ulmaria). . Coleosporium campanulacearum, Fr.— (Sur les feuilles et les tiges de Campanula rotundifolia). . Xenodochus carbonarius, Schlechtdl. — (Sur les feuilles de Sanguisorba officinalis ). . Calyptospora Goeppertiana, Kühn. — (Sur les tiges vivantes de l’Airelle, Vacci- nium myrlillus ; spores sous l’épiderme). . Endophyllum sedi, Lév. — (Sur les feuilles du Sedum reflexum). . Ceratidium cornutum , Rbh. — (Sur les feuilles du Sorbus avium). 20. Melampsora lini, Lév. (Sur les tiges du lin, Linum usitatissimum). 4° SÉRIE. HYMENOMYCÈTES. . Exobasidium vaccini, Woron. — (Forme des excroissances rougeâtres ou blan- châtres sur les feuilles du Vaccinium vifis-Idaæ). . Polyporus ovinus , Fr. . Boletus scaber, Fr. — (Champignon du bouleau). . Lactarius vellereus, Fr. . Amañila muscaria, Fr. GASTEROMYCÈTES. . Bovista plumbea , Pers. . Scleroderma vuilgare, Fr. 418 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. CHYTRIDIACÉES. 8. Synchytrium anemones, Woron. — (Sur les feuilles d’Anemone memorosa ). MUCORINÉES. “9 Mucor mucedo, L. 10. Mucor racemosus , Fres. 11. Ascophora elegans, Cda. 12. Rhizopus nigricans, Ehrbg. 13. Sporodinia grandis, Lk. 14. Syzygites megalocarpus, Ehrbg. 45. Pylobolus crystallinus, Tode. 16. Piptocephalis Freseniana , Bref. 17. Chaetocladium Jonesii, Fres. PERONOSPORÉES. , 18. Peronospora parasitica, de By. — (Sur plusieurs Crucifères). 19. Phytophtora infestans, de By. — (Champignon de la maladie des pommes de terre). 20. Cystopus candidus, Lév. (Feuille blanche de diverses Crucifères ). 9° SÉRIE. | GYMNOASCÉES. 1. Exoascus pruni, Fckl. — (Champignon des taches du prunier). TUBÉRACGÉES. 2. Tuber aestivum, Vittad. — (Truffe). PÉRISPORIACÉES. 3. Erysiphe tridactyla, Tul. — (Sur les feuilles du Prunus Padus ).- 4. Microthyrium smilacis, De Not, — (Sur lés tiges décomposées du Smilax rotundijolia). PYRÉNOMYCÈTES. COPROPHILÉES. D. Sordaria macrospora, Awd. — (Sur les crottins du lièvre). CERATOSTOMÉES. | 6. Rhaphidospora acuminata, Fckl. — (Sur la tige de la bardane, Lappa major). SHPÆRIÉES | 7. Sphaeria mamillana, Fr. — (Sur les feuilles du Cornus alba). PLEOSPORÉES. 8. Didymosphaeria sarmentorum, de Niessl. — (Sur les sarmentis secs du houklon). 9. Leptosphaeria modesta, Awd. — (Sur les rameaux secs du Laserpitium latifolium). 10. Pleospora leguminum , Rbh. — (Sur les gousses pourries du Vicia sativa). | LOPHIOSTOMÉES. ' 11. Melanomma pomiformis , Nke. — (Sur le bois du Pommier, Pirus malus). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 419 tete ee mn ee men MASSARIÉES. 12. Massaria vomitoria , Berk. et Curt. — (Sur l'écorce de l’Acer subrimortuus). CUCURBITARIÉES. 13. Cucurbitaria caraganae , Karst. — (Sur les branches du Caragana arborescens). MELOGRAMMÉES. 14. Melogramma vagans, De Not. — (Sur l'écorce du Carpinus betulus). | VALSÉES. 15. Diaporthe fibrosa, Nke. — (Sur les rameaux du Prunus spinosa.) 16. Eulypa flavovirens , Tul. — (Sur les branches UE du Noisetier, Corylus avellana ). 17. Anthostoma turgidum , Nke. — (Sur les branches du Hêtre, Fagus sylvatica). | MELANCONIDÉES. 18. Énesielia macrospora , Fckl. — (Sur les branches sèches du Tilleul). 19. Aglaospora profusa, De Not. — (Sur les branches sèches du Robinia pseudo- acacia ). 20. Cryptospora hypodermia, Fckl. — (Sur les branches sèches de l'Ulmus effusa). 6° SÉRIE. PYRENOMYCÈTES. MÉLANCONYDÉES. £: Hercospora tiliae, Tul. — (Sur les feuilles du Tilleul). 2. Melunconis alni, Tul. — (Sur les feuilles de l’Aulne ). DIATRYPÉES. 3. Calosphœæria tumidula , Sacc. — (Sur les branches pourries du Hêtre, Fagus sylvatica ). 4. Diatrype disciformis, Fr. — (Sur les petits rameaux pourris du Hêtre, si Fagus sylvatica ). | XYLARIÉES. 0. Poronia punctata, Fr. — (Sur le crottin de cheval). NECTRIÉES. 6. Nectria Lamyi, De Not. — (Sur les petites branches pourries de l'Épine- vinette , Berberis vulgaris ). 7. Epichloe typhina, Fr. — (Sur les tiges du Dactylis glomerata). 8. Claviceps purpurea , Kühn. — (Ergot du seigle}. | DOTHIDÉACÉES. 9. Mazzantia galii, Mtg. — (Sur les tiges sèches du atium Gaparine ). - 10. Phyllachora graminis, Fekl. — (Sur les feuilles sèches du Triticum repens). 11. Polystigma rubrum, Tul. — (Sur les feuilles du Prunus domestica ). DISCOMYCÈTES. STICTÉS, 12. Slictis radiata, Pers. — (Sur les feuilles sèches ). 490 | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PHACIDIACÉS. 13. Colpoma quercinum, Nallr. — VE les re sèches et à demi-sèches du Chêne). 14. Hysterium fraxini, Pers. — (Sur les branches sèches du Fraxinus excelsior ). PATELLARIACÉS. 15. Lachnella barbata, Fr. (Sur les branches sèches de Loniscera xylosteum ). 16. Heterosphæria patella, Fr. (Sur les tiges sèches de la Carotte, Dancus carota). BULGARIACÉES. 17. Ascobolus furfuracens , Pers. — (Sur les excréments des bêtes à cornes). PÉZIZÉES. 18. Hysteropeziza erumpens, Rbh. — (Sur les pétioles secs de l’Acer pseudo- platanus ). 19. Acetabula vulgaris, : ‘kl. — (Sur la terre). HELVELLACÉES. 20. Morchella esculenta, Pers. — (Sous les buissons dans les localités sablonneuses). Sont disponibles en même temps : Les Champignons des plantes économiques ; Les Champignons des arbres forestiers et fruitiers. (Chaque collection comprend 20 préparations microscopiques dans une boîte de carton. — Prix : && francs.) L'auteur a mis tous ses soins à produire des préparations toujours instructives et sérieuses. Elles sont disposées de manière à pouvoir être examinées avec les plus forts objectifs. (1) D' O. E. R. ZIMMERMANN.: ï LA GÉNÉRATION SPONTANÉE, LA PANSPERMIE & L'ÉVOLUTION, A PROPOS D'UN CAS DE VARIOLE SPONTANÉE. (Ein) 2) C’est ainsi que la grande objection qui était faite depuis Cuvier aux idées de Lamarck, de Geoffroy-Saint-Hilaire et de Cabanis, ce savant médecin pouvant à bon droit être placé sur la même ligne que les deux grands naturalistes, idées qui ont été reprises et développées avec tant de bonheur et de succès par Darwin, est victorieusement réfutée aujourd'hui, On sait que cette objection était déduite du fait, parfaitement établi et confirmé, que des individus arrivés à un certain degré (1) On peut s'adresser au bureau du Journal de Micrographie, 116, Boulevard St-Ger- main, Paris. (2) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 383. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 421 de développement organique ont existé sur le globe longtemps avant d’autres individus moins perfectionnés, moins avancés dans l'échelle de l’évolution progres- sive. La théorie de la descendance, origine dutransformisme, si vivement combattue par Agassiz, devenait défectueuse, si elle persistait à soutenir que tous les animaux indistinctement sont construits d’après le même plan et sur le même type, de telle sorte qu'il existerait une gradation insensible des organismes les plus simples aux plus composés. Mais les récents travaux de Trembley sur les hydres ont démontré que les animalcules primitifs des eaux douces ou salées se développent au moins de deux manières différentes qui constituent chacune un type à part, une souche parti- culière d'individus tout à fait dissemblables : les rayonnes, d'une part, et les arti- culés, de l’autre. On est donc fondé à reconnaître que d’un même protoplasme il peut naître, selon les conditions du milieu ambiant, plusieurs séries d'individus qui forment autant de chaines séparées dans le règne animal. Cela est définitivement admis déjà pour les zoophytes, qui forment un groupe à part, dont aucun des représentants, quelque perfectionné qu'il soit, ne s’est jamais transformé ni en ver, ni en mollusque, ni en vertèbré. D'après M. Edmond Perrier, il y a lieu de distinguer, dans les deux grands types primitifs des rayonnés et des articulés, au moins cinq séries d'organismes, qui, dès l'origine des choses terrestres, ont dû naître et se developper simultanément, chacune de son côté, sans jamais se tou- cher, se confondre, se métamorphoser l’une dans l’autre. C'est ainsi que ce savant professeur considère les éponges, les polypes hydraires et les échinodermes, comme trois séries parallèles du type radiaire; et les arthropodes, qui comprennent les crustacés, les araignées et les insectes, comme formant à côté des vers annelés, d'où sont issus les mollusques, d’une part, et tous les vertébrés, de l’autre, une série nettement séparée dans le type des articulés. On conçoit qu'entre les repré- sentants de chacune de ces cinq séries on ne trouve aucun type intermédiaire et qu'on puisse rencontrer, dans les débris fossiles, des crustacés, des mollusques et des vertébrés d’une organisation très élevée au milieu d’une faune peu développée de rayonnés. Est-il permis de croire, après cela, que les virus varioleux et syphilitique résul- tent et aient toujours résulté de germes préexistants ? Et s'ils ont été créés à une certaine époque, comment auraient-ils pu naitre autrement que d’une substance, d'un protoplasme qui n'en contenait pas le germe effectif complet ? Et si ce phéno- mène a eu lieu tel jour, à telle heure, dans telle circonstance , ne peut-il pas se renouveler chaque fois que sont réunies toutes les conditions analogues à célles où 1l s’est manifesté en premier lieu? M. Vidal (de Grasse) a communiqué à l’Aca- démie de médecine de Paris l'observation très remarquable d’un fœtus venu vivant au monde avec la variole, alors que sa mère, vaccinée dans son enfance, n'avait subi aucune atteinte de cette maladie. Si ce n’est pas là un cas de variole spontanée , dans le sens que nous affectons à ce mot, il faut recourir, pour expli- quer ce fait, à une interprétation fantaisiste devant laquelle les panspermistes fanatiques seuls ne reculent point, en disant : le germe préexistant de la variole a été absorbé par la mère sans la toucher, et s’est transmis par elle à son enfant utérin, qu'il a rendu malade, sans que les germes nouveaux, résultant de cette maladie aient influencé l'organisme maternel qui les englobait. Nous lisons, d'autre part, dans les bulletins de la Société médicale de Berlin, que le docteur Pinxus , après avoir fait une série d'observations microscopiques sur le contenu des boutons de vaccine, conclut que les matériaux qui produisent les bactéries se développent au sein de l'organisme et ne sont nullement préformés dans la lymphe vaccinale. Enfin, dans leurs belles recherches sur les ptomaines, MM. Brouardel et Boutmy ont reconnu que ces alcaloïides cadavériques, dont les propriétés toxiques sont si énergiques et qui se présentent dans des états physiques différents, fixes ou volatils, prennent naissance, parfois très rapidement, dans le cours de la putréfaction des ' 1 k = 422 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. substances organiques. Il ne s’agit pas de bactéries, ni de germes préexistants dans ces cas, mais de simples composés chimiques, qui ont la plus grande analogie, quant à leur mode de production, avec les bactéries du vaccin, étudiées par le médecin de Berlin. Pourquoi les microbes de M. Pasteur ne pourraient-ils pas être le résultat d'une évolution organique simple, aussi bien que les ptomaines de MM. Brouardel et Boutmy ? Cette induction est rationnelle. L'avenir est appelé à la placer au rang des vérités démontrées. Pourquoi, par exemple, partout où deux individus sains s’abandonnant aux excès de luxure, dans des circonstances faciles à présumer , la syphilis ne pourrait-elle pas finir par éclore sur les organes génitaux de l’un ou de l’autre sujet ? J'ai bien souvent été consulté par des hommes absolument indemnes de toute contamination vénérienne, récente ou ancienne, pour des ulcérations mollasses, ponctuées, quel- quefois herpigineuses, plus ou moins superficiellés , qui avaient été contractées par suite de rapports intimes avec une femme également saine, mais qui se trouvait au moment de ses règles. Que de chancres mous surgissent ainsi du contact d'un liquide âcre excrêté par des tissus plus ou moins irrités! si maintenant, au lieu de soigner ces‘exulcérations , l'homme négligeait toute précaution ; si la femme et lui se livraient sans ménage- ment ni soins, malgré cette première lésion, à des excès sexuels, en y ajoutant des boissons fortes, l'absence de propreté locale, pendant un temps plus ou moins long, les chancres mous, anodins, ne pourraient-ils pas prendre un caractère de mauvaise nature et les sucs du vagin donner naissance aux microbes, bactéries ou vibrions de la vérole, sans l'intervention céleste ? N'est-il pas, d'ailleurs, généralement admis que la rage se développe PAPE ment chez le chien ? Des vétérinaires instruits croient à la spontanéité de la morve et d’autres maladies zymotiques chez les animaux. M. Delamotte soutient cette théorie depuis 1874, dans les journaux et les sociétés vétérinaires de la France et de l'Algérie. M. Toussaint ne vient-11 pas de déclarer que le choléra des poules n’est qu’une seplicémie aiguë, engendrée par une atmosphère infecte et des aliments corrompus. Enfin, M. Leblanc, dans la séance du 28 septembre de l'Académie de médecine de Paris, a déclaré qu'il y a des cas de morve spontanée, due à une mauvaise hygiène et à un excès de travail, bien que l'extension de la maladie soit le fait de la contagion. « Quelles que soient, d’ailleurs, a-t-il ajouté, les opinions au point de vue de l’origine de cette maladie virulente , il n’en faut pas moins reconnaitre un fait, c’est que la maladie sévit dans les grandes aggloméra- tions et spécialement dans celles où la nourriture est parcimonieusement distribuée et où le travail n’est pas proportionné à l'alimentation ; tandis qu’elle est inconnue à présent dans les localités qui se trouvent dans des conditions opposées. » Pour le dire en passant, voilà des assertions graves qui pourraient être appli- quées à la plupart des maladies contagieuses, notamment à À a petite vérole. Les anti-vaccinateurs, sous ce rapport, ne sont ni plus précis, ni plus exclusifs que ne l'est M. Leblanc Le virus rabique, une fois constitué, se transmet aisément des individus généra- teurs aux individus de. mêmes races ou de races analogues, en vertu de cette Loi générale des semblables, dont j'ai parlé tout à l'heure. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi des autres virus ? Et même des miasmes plus ou moins chargés de vibrions ? Pourquoi les germes de la rougeole, de la scarlatine, du typhus, du choléraret de Ja variole n’évolueraient-ils pas de la même manière que ceux de la rage ? Si ces derniers germes, ainsi que les principes de la morve, du farcin, du charbon, qui sont doués d'une organisation assez complexe, peuvent apparaître d'emblée dans l'économie de certains sujets placés dans des conditions de santé et dans des milieux ambiants particuliers, pourquoi le principe contagieux de la petite vérole et même celui de la syphilis feraient-ils exception ? JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 423 ‘On ne peut disconvenir que tous ces éléments morbides à peine constitués, ne deviennent le moyen le plus ordinaire et le plus actif, le germe de la propagation et de la diffusion des maladies contagieuses, mais on arrivera, sans aucun doute, à constater que durant le cours des épidémies, plus fréquemment encore qu’en leur absence, un grand nombre de sujets sont atteints des maladies régnantes en l'absence de toute contamination ‘directe. J'ai, pour ma part, acquis la conviction d’avoir souvent assisté à la production spontanée ou immédiate de bien des cas de rougeole, de scarlatine, de croup, de fièvre typhoide et de variole. Il y a plus, _ dans une note relative à des individus qui avaient présenté des affections éruptives anormales, bizarres, j'ai dit que je ne croyais nullement, ni à la fixité des virus, ni à la permanence des maladies qu'ils engendrent. Il n’y a pas plus de germes immuables que de germes préhistoriques. Parmi ces principes morbides, en appa- rence, si différents les uns des autres par leurs manifestations pathologiques chez l’homme et les animaux, il en est qui sont de même famille, de nature semblable ou analogue, qui se croisent entre eux, se supplantent, se métamorphosent, s’absorbent, s’annihilent tour à tour, pour céder la place à ceux d’entre eux dont les milieux et les circonstances favorisent le plus l’évolution. A l’appui de ces considé- rations, j'ai cité déjà un grand nombre de faits, entre autres celui de quatre enfants d’une même famille, les enfants de M. Deulin, constructeur de bateaux à Charleroi, qui, à la fin de l’avant-dernière épidémie de variole, à laquelle avaient succédé des rougeoles et des scarlatines nombreuses (diminutives de la petite vérole, probable- ment), furent atteints tous ensemble de fièvres éruptives anormales, caractérisées de la manière suivante : Rougeole miliaire chez l'aîné, âgé de 8 ans ; rougeole vario- loïde chez le second, âgé de 6 ans; rougeole scarlalineuse chez les plus jeunes sujets, âgés de 4 et3 ans. M. Pasteur professe des opinions diamétralement opposées à celles que je viens d'exposer; pour lui, les virus sont immuables, et cependant il les cultive de mamière à les atténuer, à leur faire perdre leur malignité, leur puissance géné- ratrice et destructive à la fois; pour lui aussi, les maladies virulentes, qui se transmettent par hérédité, ne peuvent passer aux enfants par la mère sans que celle-ci elle même n'ait été contaminée. Je prépare un mémoire qui montrera que la clinique renverse ces hypothèses. Nous verrons la syphilis transmise du père aux enfants sans que la mère ait été infectée ; nous verrons en même temps ce que c’est, au fond, que le pansement antiseptique dont on fait l'honneur à Lister, qui n’a créé ni le mot, ni la chose, et en quoi consiste la théorie de l’atténuation des virus par la culture des vibrions ou par leurs modes particuhers d'introduction dans l'organisme. Nous ramènerons ainsi à leur valeur réelle ces découvertes tant prônées , qui devaient réformer la médecine, enrichir la thérapeutique, et dont le mérite et tout l'avantage se réduisent à nous permettre de mieux expliquer certains phénomènes chimiques et biologiques qui étaient connus de tout le monde. On a fait de notre temps un grand étalage autour des expérimentations de M. Pasteur et de ses disciples sur les virus et la virulence. Je crains, qu’en cette affaire nos descendants, parodiant un dicton vulgaire, ne disent un jour : « le Français, né malin, a lâché la proie pour l'ombre. » Claude Bernard avait fait entrer dans une voie rationnelle et sûre l'observation biologique ; M. Pasteur, délivré de ce redoutable concurrent, qui serait devenu son antagoniste et son adversaire, s’éleva dans les régions de l'hypothèse et voulut arriver à la démonstration de ses théories en procédant par induction, par généra- lisation, sans tenir compte des objections qui devraient le rendre plus circonspect et le rarnener aux simples vérités positives. Nous avons dit bien des fois, depuis plus de quinzé années, que Verheyen avait formulé ce principe de pathologie, que personne n'a jamais infirmé, et que, pour notre part, nous avons vérifié dans tous les cas morbides qu'il nous a été donné 3* 424 JOURNAL DE MICROGRAPHIE, d'observer : « Tout sujet, qui a été atteint d'une maladie quelconque générale ou généralisée et qui est parfaitement guéri, se trouve pendant un certain temps, variable selon les individus, les circonstances et les antécédents , moins apte que tout autre à contracter n'importe quelle affection zymotique. » Tel est, nou pas précisément le texte, mais le sens, expliqué et Eee du principe posé et défendu par l'ancien directeur de l'Ecole de Cureghem, à propos de l'inoculation de la pleuropneumonie épizootique, qui fut introduite en Belgique par le docteur Desaive. Rendre un individu malade, artificiellement, tel est l'effet direct des inoculations préventives. w C'est ce que fait M. Pasteur pour les poules, les brebis et une foule Tab animaux , c'est ce que font les vaccinateurs Jennériens et les inoculateurs de toute catégorie pour l’homme. il en résulte, évidemment, d'après la regle que nous venons de signaler, que les individus qui sont parfaitement rétablis de leur affection artificielle, c'est-à-dire de leur vaccination, deviennent plus ou moins réfractaires pendant un temps indéter- miné, plus court généralement qu'on ne le pense, aux maladies zymotiques, variole, infection putride, charbon, choléra, peste, typhus, rougeole, scarlatine, etc. M. Colin, à cet égard, a raison contre M. Pasteur. La question se ramène donc à ceci, que le veuille ou non le grand inoculateur de Paris : 1° établir le compte des insuccès, des inconvénients et des dangers que chaque espèce d'inoculation fait courir aux sujets sains ; 2° déterminer la durée approximative de l’immunité relative, créée par l'absorption de chaque virus ; 3°.cal- culer les chances et risques que peut avoir tout sujet sain, c’est-à-dire non inoculé, à contracter telle ou telle épidémie. Cela étant, il s'agira d'opposer à ces statistiques, des faits d’une autre nature, en recherchant : 1° si les soins hygiéniques, appliqués selon les règles de la médecine préventive, ne procurent pas une immunité temporaire plus certaine contre les maladies zymotiques que l’inoculation des virus atténués ; 2° si les sujets anté- rieurement inoculés ne deviennent point, par la suite, après que les effets dépu- ratifs ou dynamiques passagers de la maladie virulente artificielle ont disparu, plus aptes que les non inoculés à être atteints par certains virus ; 3 si les moyens désinfectants et autres, qui sont du ressort de la salubrité publique, ne triomphent pas plus aisément des maladies transmissibles par contagion médiate que ne pour- rait le faire le système inoculateur, pratiqué et réitéré à outrance à tous les sujets Sains indistinctement ? M. Pasteur ne tient nul compte de toutes ces considérations qui ruineront la doctrine fantastique des inoculateurs. Ses partisans, toutefois, dans le corps médical, commencent à reconnaître qu'il ne suffit plus de dire, par exemple comme on l’a fait jusqu'ici: « la variole atteint proportionnellement plus de sujets non vaccinés » et «la maladie est généra- lement plus grave chez les premiers que chez les seconds. » En effet, quand on signale des faits et des statistiques de ce genre dans une localité particulière, on ne doit pas se dispenser de rechercher si les non vaccinés ne sobt pas, pour la plupart, des indigents, des besoigneux, mal logés et mal nourris qui sont la pâture habituelle des épidémies. Voila comment, dans certains lieux, on a pu trop souvent attribuer à l'efficacité supposée du vaccin des faits dont la cause était ailleurs. u Quoi qu'il en soit de la valeur de ces remarques, ne saute-t-il pas aux yeux des savants qui réfléchissent que la question des virus et de la virulence est loin d'être complètement élucidée et qu'il ne faut pas se hâter de conclure par analogie et par induction, comme le font les partisans de Pasteur et comme l'ont fait jusqu'ici ceux de Jenner ? JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 425 Répétons-le : la science sur ce point grave et délicat, n'a pas encore dit son dernier mot. Ne nous laissons pas éblouir bénévolement, à la façon de M. le docteur Richet, Directeur de la Revue scientifique. Pour lui, c'est M. Pasteur qui, le premier, a eu l'idée qu’un virus infectieux peut être atténué au point de devenir un vrai vaccin. Or, avant M. Pasteur, M. Richet et la Revue, tout le monde savait que tous les virus indistinctement produisent des effets très variés, anodins, sérieux, graves, mortels, selon les temps, les lieux et les sujets au milieu desquels ils se développent, quelle que soit leur nature propre. Tout cela dépend, comme je l'ai dit tant de fois dans d’autres travaux, du degré d'évolution, de l’âge et de la concentration des germes virulents. Ce qu'un microbe est impuissant à faire dans |’ organisme animal, un milliard de microbes l’effectuera, surtout si ces microbes ont acquis toute leur puissance fonctionnelle. La plupart des grandes vérités que M. Pasteur a cru révéler au monde scientifique étaient, comme celles de l’atténuation des virus par la dissémination des germes, de notoriété vulgaire depuis de longues années. Ainsi, par exemple, que peut-on conclure des innombrables variétés de corpuscules vivants qu'on rencontre dans tous les produits organiques à l’état physiologique ou à l’état pathologique? Rien que ceci : c'est que dans tout protoplasme quelconque , il se développe rapidement des organismes microscopiques, pour peu que les circonstances de temps et de milieu soient favorables à leur évolution. En d’autres termes : partout où une substance organique ou organisable est placée dans certaines conditions de chaleur et d'humidité particulières, il se forme des agrégations atomiques nouvelles qui deviennent le germe des corpuscules animés connus sous les noms de vibrions, bactéries , amibes , protozoaires , etc. Quoi qu'il en soit, en présence des trois doctrines dont il vient d’être question dans ce chapitre : la génération spontanée qui, prise dans une acception absolue, est insoutenable , la panspermie qui, dans le même sens, ne l'est pas moins , et l'évolu- tion successive par types sériaires divers , nous n’hésitons nullement à déclarer que nous adoptons la dernière comme la seule conforme à la raison, à la science contemporaine et à l'histoire des êtres. On comprendra maintenant ce que nous entendons par ces mots : variole spontanée, et on nous permettra de choisir, entre tous les faits qu’il nous a été donné d’observer et de recueillir depuis plus de trente années, l’un de ceux qui nous semble le plus propre à imprimer dans les esprits non prévenus, les convictions qui nous animent. IT La prison cellulaire de Charleroi est située à l'extrême pointe occidentale d'une île qui constitue le quartier le plus populeux de cette industrieuse cité. Comme dans tous les établissements de cette espèce, du moins en Belgique, il y règne une propreté proverbiale. On y fait chaque jour, de long en large et de haut en bas, des fumigations guytonniennes qui attaquent les métaux et font tousser et éternuer les personnes dont les muqueuses ne sont pas accoutumées à ces émanations. Durant l'hiver de 1879-80, une épidémie de petite vérole parcourait les grands villages de 10,000 à 20,000 habitants, qui encadrent Charleroi. Elle avait déjà tenté à plusieurs reprises d’envahir la ville, mais chaque fois, grâce aux moyens énergiques de désinfection et d'assainissement employés par l'autorité locale, on était parvenu à la chasser au moins de l’île qui porte le nom de Ville-Basse et où se trouve la prison. C’est dans ces conditions qu'un jeune homme de bonne santé et de forte constitu- tion, nommé Lemaire, Victor, âgé de 23 ans, bûcheron à Montbliart, fut incarcéré, le 9 novembre 1879, our délit de chasse. EEE r nn tn EE RO OR à) MÉROR DO CESR TDR CE EEDES EEE OCR IE CO EneTe den Eee totem 2 D 426 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Montbliart est une jolie petite commune agricole située à plusieurs lieues du bassin industriel de Charleroi. Lemaire en était venu directement sans s'arrêter nulle part, sans communiquer avec personne, n'ayant pour compagnons que des gens qui n'avaient eu aucuns rapports directs ou indirects avec des habitations ou des sujets contaminés par la variole. A son entrée, il était bien portant. On le plaça dans la cellule n° 48 qu'aucun malade n'avait oceupée avant lui. Il ne communiqua qu'avec les gardiens et les chefs de service, lesquels ni directement ni indirectement, n'avaient été en contact avec des malades ou des objets variolés. Le samedi 21 décembre, je l'avais visité comme d'habitude. Il continuait de jouir d'une bonne santé, de travailler à tresser du rotin comme la plupart des autres détenus , il se plaignait seulement, vu la rigueur de la saison, de ne pouvoir se livrer à un travail plus actif pour se mieux réchauffer. Ces plaintes étaient, en ce moment là, générales dans la prison. Le 22, au matin, il accusa un léger mal de tête. Le 23, la céphalalgie était augmentée ; il éprouvait une douleur contuse dans les reins et je constatai l'existence d’un léger état fébrile. Je le fis mettre au lit, en observation dans sa cellule, avec diète absolue et boissons simplement rafraichis- santes. L'appétit, d'ailleurs, était nul. Le 26, une éruption variolique manifeste se déclara, et, conformément aux règle- ments de la maison de détention cellulaire (1) de Charleroi, Lemaire fut transporté à l'hôpital civil, où la maladie éruptive parcourut toutes ses phases avec une certaine gravité. Sa vie fut sérieusement en danger durant quelques jours. Comment est née cette variole ? | J'interrogeai par voie officielle le bourgmestre de Montbliart qui répondit ainsi le 10 février 1880 : « Satisfaisant à votre honorée du 6 courant, n° 71, j'ai l'honneur de vous dire qu'il n'est pas à ma connaissance qu'aucun cas de variole ne s’est présenté à Mont- bliart ou aux environs depuis plus d’une année (Salubrité locale, n° 14, commune de Montbliart, arrondissement de Thuin). » Victor Lemaire n'était donc pas arrivé à la prison avec le germe de la variole. Il n'avait pu le prendre durant le trajet de Montbliart à Charleroi. Cependant de hardis panspermistes, en l'absence de preuves directes et positives, absolument impossibles dans les cas de cette nature, pourraient prétendre que Lemaire a subi, durant le trajet de son village à Charleroi, le contact des vibrions varioliques, soit par l’air, au vol, soit d’un voisin, non malade mais infecté, sans le savoir, de la même manière par des vibrions voltigeants. Mais, dans ce cas, les vibrions ont dû s'accrocher et se fixer quelque part, sur le détenu ou au-dedans de lui. Sur le détenu ? Comment ces vibrions nomades auraient-ils pu survivre pendant six semaines aux désinfectants si actifs de tous les jours, aux changements fréquents de linge, aux bains, aux soins de toilette obligatoires, coupe de cheveux et lavage de pieds, auxquels tout détenu, sans exception, est rigoureusement soumis? Au dedans du détenu ? Ces vibrions débonnaires l'eussent laissé vivre en paix, travail- lant, mangeant et buvant durant 42 jours, sans manifester leur présence par le moindre petit dérangement ? Tout cela est trop absurbe. Ce ne peut être que dans RPOUE de la prison que Lemaire a été empoigné par la variole. Mais comment ? Il ne voyait que le personnel de service; aucun membre de sa famille, aucun étranger n'est venu demander à le voir aux heures autorisées. Nul autre détenu ne (1) Ce fut à cette occasion que M. le Ministre de la Justice s’empressa de m'envoyer l'ordre de revacciner tous les détenus, dont j'ai fuit mention dans mon discours du 26 mars 1881 contre la vaccine, | / JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 427 fut atteint de petite vérole n1 avant, ni après son incarcération. Parmi nos employés, pas un seul n'eut, directement ou non, de rapports avec des varioleux ou des familles de varioleux. Moi-même, je n’ai soigné, ni en novembre, ni en décembre, aucun sujet atteint de cette maladie. Le germe de la petite vérole n’a donc pu lui être communiqué par quelqa’un. Serait-ce par quelque chose? Mais il n’a reçu que des aliments préparés, des effets lavés dans la prison même, avec le soin qu’on apporte à tout ce quiintéresse la salubrité de ces établissements privilégiés, auprès desquels les casernes de nos braves soldats ne sont que des bouges. Ce n’est donc pas du dehors, de l'atmosphère, que les vibrions varioleux seraient venus à notre prisonnier, sur l'aile des vents, comme tant de graines légères qui transplantent d’un lieu à un autre les fleurs de nos champs. Je sais que les panspermistes endurcis se tirent toujours facilement d'affaire dans les cas les plus embarrassants et les plus critiques. Mais que feront-ils, eux qui ad- mirent tant les pansements de Lister, de ces importantes fumigations de tous les jours, sans exception, qui lancent dans cette prison cellulaire des flots de vapeurs chlorées, si avides d’eau et d'hydrogène qu’elles décomposent au passage tout ce qui en est pourvu et qu’à défaut de ces principes elles s’attaquent même aux métaux les plus purs ? Je le vois, ils en arriveront à découvrir avec les yeux de l'imagination que dans l'intervalle de la fumigation du 21 décembre à celle du 22, un ou deux vibrions égarés dans les airs se seront traîtreusement insinués dans la cellule n° 18 par une fenêtre ouverte, auront gagné de là le trou de la serrure, à moins qu'ils n’aient eu la patience d'attendre qu'on leur en ouvrit la porte! Devant de semblables habiletés, que pourrions-nous faire, sinon d’en appeler au sens Commun, à la raison , et de nous demander s’il n’est pas infiniment plus sage de s'en tenir à ce qu'on voit, de croire à ce qui se conçoit et se constate, que de recourir, pour expliquer les faits observés à des interprétations fantaisistes, qui vous jettent dans le domaine de l'incompréhensible ? . La théorie des germes préexistants est séduisante; elle plaide à toutes fins et répond à toute éventualité. Si ce n’est toi, c’est ton père ou l’un detes ascendants à l'infini! Malheureusement, elle s'évanouit devant cette simple et lumineuse remar- que : si tout a toujours existé tel que nous voyons tout, comment se fait-il, non pas que certaines choses disparaissent, mais que des choses nouvelles se soient pro- duites dans le monde ? Laissons le créationisme et la panspermie se débrouiller entre eux. Quant à nous, soyons moins métaphysiciens. Et quand nous voyons devant nous un Victor Lemaire atteint de petite vérole dans notre prison cellulaire, isolé de tout et de tous, après 42 jours de bonne santé, sans avoir été en rapport, ni avant, ni après son incarcé- ration, avec des sujets, des objets ou des lieux infectés de variole, déclarons tout simplement, au nom de la science qui ne se paie point de mots ou de faux-fuyants, et au nom du sens commun qui ne messied jamais aux savants, que ce pauvre gar- çon, sous l'influence du froid rigoureux de la saison, d’un régime alimentaire sain mais insuffisant, de la réclusion dans une cellule étroite et basse où gît en perma- nence une latrine très propre mais qui dégage sans cesse des miasmes inévitables, de la dépression vitale qui accompagne les premiers temps de l’encellulement pénal, se trouvait dans des conditions propres à provoquer soit une altération du sang, soit. une modification organique, qui le prédisposait à subir l'influence de la constitution pathologique régnante, à contracter une fiévre typhoïde ou une variole, ces deux affec- tions marchant souvent de compagnie, comme elles le faisaient alors dans le canton de Charleroi. Si Victor Lemaire ne présente pas à vos yeux un cas de variole spontanée, il nous "faudra renoncer à l'espoir d'en trouver un plus authentique (1). Le GÉranT : E. PROUT. (1) Bull. de l'Ac. R. de Méd. de Belgique. ES ne D Sharm Lie. 428 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. Prix en France 4 fr. 59. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. 8 fr. » — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 3 fr. » — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. $ &fr. >» — Sirop Iodo-FPhénique. — Glandes, Scrofules ,: Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. 4 fr. > — Sirop au Phénate d'Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. » — Huile de Foie de Morue phéniquée. 4 fr. » — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fièvre bilieuse des pays chauds. 2 fr. >» — Solution d'Acide Phénique pour [Injections sous-cutanées. 2 fr. 30 — Solution Sulfo-Phénique. » 2 fr. >» — Solution Iodo-Phénique. » 3 fr. 30 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » 2 fr. 30 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au Phêènate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. 4 fr. »y — Vin autidiahétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing. Guénon et €‘, 6, avenue Victoria. PEPTONES PEPSIQUES A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrèmê état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l'économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d'autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se CRIE SPORTS beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. [Ex deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ge sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. Il contient par cuillerée à café la peptone pep- sique de 20 grammes de viande de bœuf, Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VIN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d’un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cachexie. — Débiliteé.— Atonie de l'estomac et des intestins. —— Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques el des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, pharmacien, 8, rue Vivienne. — Ibétail : Pharmacie VIAL , 1, rue Bourdaloue; — pharmacie Pommiës, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. Cinquième année. Ni Novembre 1881. JOURNAL HICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D' J. PELLETAN. — Les organismes unicellulaires ; — les Protozoaires (suite), lecons faites au Collége de France, par le professeur BALBIANI. — Développe- ment des stomates du Tradescantia et du Maïs, par le professeur DouGLiss HK. CAMPBELL — Le cerveau de la Locuste, par le D' A. S. PACKARD jun. — Sur la vitalité des germes de } Arlemia salina et du Blepharisma laterilia, par M. À. CERTES. — Les Nostocs , par le D' E. BORNET. — La Distomarose où peste des Écrevisses , par M. A. ZUNDEL. — Avis divers. e RE VUE. Au mois de janvier prochain paraïitra la première livraison de notre édition française du CATALOGUE DES DiatTomkées, de M. Fréderic Habirshaw , que nous annonçons depuis si longtemps à nos lecteurs et dont nous avons seulement publié, l’année dernière, la partie biblio- graphique dans le Journal de Micrographie. Et ici, je demande encore la parole pour un fait personnel. S1 J'ai tant tardé à faire cette publication, c’est que j'avais pour cela . quelques raisons. Que ces raisons n'existent plus, cela n’est pas absolument démontré pour moi, mais il faut que tout ait une fin, et Je me décide à commencer cette publication, le retard que j'y ai mis remplissant suffisamment mon but, pour le moment, du moins. Voici : Alors que M. Fréderic Habirshaw était peu connu en Amérique et pas du tout en France, — c'était, si j'ai bonne mémoire, en 1878, — il avait adressé en Europe cinq exemplaires de la première édition de son catalogue , écrite par lui-même avec la plume Edison. Il voulut 432 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. bien, dans une lettre que je possède encore, me charger de présenter et d'expliquer son ouvrage à l’Académie des Sciences, — ce que je m'empressai de faire, bien que M. Fréderic Habirshaw me fut person- nellement alors aussi inconnu que le Grand-Turc. — Et je dois reconnaître que l’Académie . qui n’a pas l'heur de donner asile à un seul diatomiste, ne comprit pas grand chose au Catalogue des Diatomées , — on peut même dire qu'elle ne comprit rien du tout à ce manuscrit, d'aspect assez cabalistique. Ge qui frappa le plus les savants : académiciens, dans cet utile ouvrage, ce fut la manière dont l’impres- sion avait été obtenue : ils ignoraient complètement l'existence de la plume Edison, que tout le monde pouvait voir, et qui se vendait alors, à ce que Je crois, rue de la Bourse , à Paris. Quoi qu'il en soit, la laborieuse compilation de M. Fréderic Habirshaw produisit peu d’effet sur la savante assemblée. — Néarimoins, moi, qui ne suis pas académicien, ni même diatomiste (M. Paul Petit me l’a assez reproché jadis, et J'ai d'ailleurs parfaitement accueilh ses eri- tiques), — je pensai que le travail de M. Fréderic Habirshaw pouvait être d'une grande utilité aux microscopistes qui font des Diatomées une étude spéciale. C'est alors que je proposai à M. Fr. SR de publier à mes frais une édition française de son Catalogue, afin d'en multiplier les exemplaires, qui n'étaient encore qu'au nombre de emquante , — ce que M. Fr. Habirshaw accepta immédiatement ,je dois le dire, — à condition que cela ne lui coûterait rien. — C'était, d’ailleurs, ce que je lui avais proposé. Un peu plus tard, M. Fr. Habirshaw m'envoya une longue liste d'auteurs et de diatomistes auxquels je devais offrir gracieusement, et à titre d'hommage respectueux , un exemplaire du Catalogue, quand il serait paru. Or, cette liste contenait les noms d'à peu près tous les micrographes d'Europe qui s'occupent de Diatomées. l'est évident, — et M. Paul Petit en-est convenu lui-même, dans un article qu'il consacra, à cette époque, au Catalogue, — que je laisais là, de gaité de cœur, une spéculation déplorable, et que j'allais volontairement au devant d’une perte sèche d'argent et de temps, assez considérable. Je le savais, en effet, parfaitement, mais je croyais fermement rendre un service à la science à laquelle je me suis dévoué. Cependant, je comptais diminuer un peu ma perte par la vente d'un certain nombre d'exemplaires aux amateurs de diatomées et de micros- copie, — à un prix relativement élevé, 10 francs. — Aussi, l'on comprend que quand je vis M. Habirshaw m'enjoindte de distribuer les exemplaires gratuitement, précisément aux personnes sur les- quelles seules je pouvais compter comme acheteurs, — je jugeai ra spéculation encore plus mauvaise que je ne l'avais cru, et je ne dis pas JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | - 433 que je ne regrettai pas un peu l'élan avec lequel j'avais annoncé mon édition française du Catalogue d'Habirshao. Néanmoins, Je ne reculai pas et résolus d'aller de l'avant. C'est alors que M. Frèd. Hahirshaw m'envoya , avec un zèle et une exactitude que je me plais à reconnaitre, les fascicules manuscrits d'une seconde édition de son Catalogue. Mais combien différente de la première était cette seconde édition ! — Elle avait tout simplement doublé. C'était certainement un avantage pour la science, que cette augmentation de documents —, mais pour l'éditeur, qui croyant avoir à publier une brochure, se trouvait avoir affaire à un in-folio, c'était un désastre. _ Je ne renonçai pas, toutefois, et je commeiçai, l'an dernier, la pubhi- cation , par petits fragments, de la partie Bibliographie de l'ouvrage américain , dans le Journal de Micrographie, avec l'intention d'en faire un tirage à part. | En faisant cette publication , quelque peu diatomiste que je sois, Je me trouvai à la tête de connaissances botaniques suffisantes pour m'apercevoir que le Catalogue aussi bien que la Bibliographie étaient incomplets. 11 est certain, en effet, que l’auteur avait été privé, à New-York, de ressources bibliographiques faciles à trouver à Paris. _ Ge travail de catalogue est long et fastidieux, mais ce n’est qu'une opération de numérotage et d’étiquetage à la portée de toutes les D intelligences. Il me fut donc facile de compléter l'ouvrage de M. Habirshaw, ou du moins de combler beaucoup des nombreuses lacunes qu'il y avait laissées. Sur ces æentrefaites, } appris par les journaux américains que le Journal de Micrographie était mcrt, — que, moi aussi, j'étais proba- blement mort, ou à peu près ; — on agoutait une foule de détails peu gracieux pour mol; on affirmait que mon édition du catalogue d'Ha- birshaw ne paraîtrait pas, etc., etc., etc. Pour faire tant de tapage, on devait avoir une raison.— Il y en avait une, en effet : — Il y avait une affaire à lancer. Cette affaire était d'ailleurs fort simple : il s'agissait de publier à New-York le Catalogue d'Habirshaw ; et, dès lors, il était de toute utilité de persuader au rare public que cela intéresse, que l'édition française ne paraîtrait jamais. L'affaire , comme on le voit, n’était pas bien grosse, mais un de mes bons amis de New-York m'écrivit bientôt pour m'en montrer les dessous , — et c'était bien simple : Puisque mes fascicules allaient paraître, on crierait Rien fort que journal, catalogue et moi, nous étions tous morts, mais on se procu- rerait ces fascicules et on profiterait tranquillement de mon travail, — ce qui était bien plus facile et plus rapide que de le faire. — C'était mon édition, avec mes corrections et mes additions, que l'on 434 JOURNAL DE MICROGRAPTHIIE. ES —_————— = _— — a ————— — — ——— ———— —_——— attendait pour la copier et la republier à New-York, à grand fracas, en une copie qui eut été la bonne, la vraie, la seule authentique , tandis que la mienne, reniée , déclarée apocryphe et de mauvais aloi, n'eut été bonne qu’à mettre au cabinet. Ce que j'avais de mieux à faire, dans ces conditions , — et c’est, en eftet, le conseil que me donna mon ami, — c'était de retarder ma publication et de ne point faire paraître ces fascicules, que l'on comp- jait si bien « utiliser >. — Je m'étais engagé à publier le Catalogue de M. Habirshaw, mais je n’avais fixé aucune date, aucun temps pour cela. J'étais libre de choisir à mon gré l'heure où il me conviendrait le mieux de jeter 2 à 3.000 fr. par la fenêtre , — car c'est à un résultat à peu près semblable que me conduira, je ne me le suis jamais dissimulé, cette entreprise scientifique. — J'étais donc libre d'attendre, de laisser paraître l'édition américaine , — si elle devait paraître, — et de laisser: les spéculateurs « le bec dans l’eau ». C'est ce que j'ai fait. — On a crié, on a clabaudé, on a écrit. — Je n'ai pas lu ce qu’on a écrit, je n'ai pas entendu ce qu'on a crié, j'ai laissé aller le clabaudage. — J'ai attendu. Aujourd'hui, le catalogue d'Habirshaw a-t-il paru en Amérique ? — Je n'en sais rien et ne m'en soucie guère, mais le coup a fait long feu , maintenant, et la mèche est éventée, — et l'édition française du Calalogue des Diatomées de M. Fréderic Habirshaw va paraitre dans le mois de janvier prochain, par fascicules successifs de 16 à 32 pages. C'est tout ce que je voulais annoncer. (1) Passons maintenant en revue quelques publications qui nous parviennent : | Le Bullelin Scentifique du Nord (août-septembre) contient une bonne leçon de M. Tourneux , récemment nommé professeur à Litle® sur le Développement du tissu osseux, et divers travaux de chimie, : de géologie et de zoologie palæzoïique qui ne sont point de notre l'eSSOTL. Dans la Revue Scientifique nous trouvons des Recherches morpho- (1) Nous rappelons que le prix du Catalogue des Dialomées , par M. Fr. Habirshaw, édition française corrigée et complétée par le D' J. Pelietan, est de + 42 fr. 59 franco, par la poste, pour la France ; fo fr. ——— pour l’Union postale. Il ne sera Uré qu'un nombre d'exemplaires exactement égal à celui des souscripleurs ; et l'ouvrage ne sera pas mis en librairie, — S'adresser au D! J. PELLETAN, Directeur du Journal de Micrographie, 116, boulevard Saint-Germain , à Paris. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 435 logiques et paléoniologiques sur les cryplogames cellulaires am- * phigènes, par M. Louis Criè, recherches que nous reproduirons prochainement. Le Bulletin de l'Académie Royale de Médecine «le Belgique nous apporte un article de M. Zundel, qui fut notre compatriote et qui est allemand, aujourd'hui, vétérinaire supérieur d'Alsace - Lorraine, à Strasbourg. Il s’agit, dans ce travail qui est intéressant, malgré que M. Zundel ait opté pour la Prusse, de la dislomalose où peste des Ecrevisses. Nous publions cet article dans le présent numéro. Le Tiydschrift der Nederlansche Dierkundije Vereeniging, de Leyde, contient un article sur quelques Isopodes nouveaux de la Faune N erlandaise, par le D° Max Weber, d'Utrecht, et un travail très curieux sur les spicules d'Eponges et leur classification. L'auteur, le D'-G. C. J. Vosmaer. intitule son article : Recherches sur la « slénographie > spongiatre; nous en donnerons plus tard l'analyse. Enfin , le professeur G. V. Ciaccio , de Bologne, nous a adressé un important mémoire sur la dastr ibution et la terminaison des fibres nerveuses de la cornée et sur la structure interne de leur cylindre- ame , travail présenté en mars dernier, à l'Académie des Sciences de Bologne. — Nous publierons 2n extlenso, la traduction de ce mémoire, et nous la commencerons dans notre prochain numéro. D' J. PELLETAN. TRAVAUX ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOATRES. Leçons faites au Collége de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) « D y a, dit M. Balbiani, un point sur lequel je désire revenir : il s’agit de la transformation de la substance granuleuse primitive du noyau, chez le Spirochona gemmipara. Nous avons vu que cette Wansformation se produit dans la phase où la substance granuleuse (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 203, 257, 292, 321, 357, 388. eq 436 | | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ———— — — a —— —]—]— — qui se trouve primitivement accumulée sur un point du noyau se répand autour de la vacuole centrale, comme un anneau. À ce moment, la substance de l'anneau faitirruption dans la vacuole qui prend l'aspect d'une sorte de soleil à rayons courbes, ayant pour centre le nucléole en voie de disparution. Cette figure radiaire, nous l’avons souvent trouvée dans la division des cellules ordinaires. On peut la comparer, je crois, à cette phase que Flemming décrit sous le nom-d’etoile dans les cellules épithéliales de la Salamandre. Cette phase étoile s’observe aussi, quoique plus rarement, dans les cellules végétales. Strasbürger l’a signalée dans les cellules mères du pollen de lAl/zum moly. Nous avons vu ensuite comment les filaments, ainsi disposés sous une forme rayonpante, se placent peu à peu parallèlement et produisent une sorte de faisceau dans le noyau qui a pris alors une forme ovalaire et qui se trouve rempli de filaments parallèles. Lorsque le noyau a pris cet aspect strié, il s'étrangle par le milieu ; la partie moyenne s’allonge, s’étire en un filament qui devient de plus en plus mince. Les deux moitiés du noyau deviennent bientôt libres par la rupture du tilament qui les réunissait, et l’une d'elles est attribuée à la mère, l’autre au bour- geon. » | « R. Hertwig ne parait pas avoir exactement observé le processus de la transformation de la matière granuleuse du noyau en filaments. Il admet qu’au moment où les prolongements formés par cette subs- tance pénètrent dans la cavité de la vacuole, celle-ci présente un aspect radié, mâis il croit que cette phase à pour résultat, non de pro- duire les filaments, mais de diviser le noyau en fragments de moins en moins distincts, jusqu’à ce que le noyau prenne un aspect homogène. Alors apparaissent, aux deux pôles, les accumulatious de substance claire; puis le noyau s’étire en longueur, et la striation, qui apparai- trait alors pour la première fois, commencerait aux pôles et marcherait graduellement vers la partie moyenne du noyau: on aperçoit alors, pendant un certain temps, une partie homogène qui n’est pas envahie par les stries. Il y a donc, à ce moment, cinq parties dans le noyau : les deux plaques terminales, accumulations de substance claire, puis deux parties striées, et la zone centrale homogène et claire que R. Heriwig assimile à une plaque nucléaire. » « Nous avons vu la signification que R. Hertwig attribue à ces cinq parties : les deux plaques terminales sont les homologues des accumu- lations de substance claire qui se forment aux deux pôles d'un noyau de cellule ordinaire à l’état de division, la substance polaire de Stras-. bürger ; les deux bandes striées de Hertwig sont le produit de la diffé- renciation de Ja substance primitive granuleuse du noyau. La plaque centrale est l’équivalent de la plaque nucléaire. » « Je crois, ajoute M. Balbiani, que cette interprétation n'est pas exacte. Nous savons, surtout par H. Fol et Strasbürger, que les amas JOURNAL DE MICROGRAPHIE. : 437 de substance polaire ne font pas partie de la substance nucléaire, mais résultent d'accumulations de protoplasma, amas sarcodiques qui sont éphémères et disparaissent, absorbés par le jeune noyau. Ici, ces masses ne disparaissent pas comme les masses sarcodiques des noyaux ordi- naires, mais persistent et deviennent partie intégrante du noyau, car ce sont elles qui forment la vacuole que présente le noyau complète- ment développé du Sprrochona, vacuole qui se munit plus tard d’un nucléole central. » « Quant à la zone centrale, ce n’est pas une plaque nucléaire: elle n’en a pas li structure. Cette plaque résulte ordinairement d'une trans- formation de la substance chromatique du noyau, et spécialement du reticulum. Ici, elle ne se forme pas de cette manière : elle ne se pro- duit pas par l'apparition de bâtonnets ou de filaments, elle ne se divise pas en deux parties dont chacune rejoint le pôle correspondant, c’est- a-dire chacun des nouveaux noyaux, etc. » » Ce qui représente réellement la plaque nucléaire, c’est la masse striée tout entière: celle-ci a tous les caractères des éléments nucléaires des autres cellules, éléments formés par la substance chromatique, et c’est sur elle surtout que porte la division ; car je n'ai jamais vu cette prétendue plaque intermédiaire homogène, et j'ai toujours vu la divi- sion se faire sur la partie striée. » « Il est vrai que R. Hertwig cite un fait qui pourrait donner quelque vraisemblance à sa manière d'interpréter les phénomènes. La striation du noyau commence vers les extrémités pour s'avancer graduellement vers le centre. Puis, quand la partie centrale claire, prétendue plaque - nucléaire, commence à être envahie par la striation, il resterait toujours une bande transversale étroite quine serait pas envahie par cette stria- tion. Par les réactifs, l'acide osmique, par exemple, elle se transforme en une zone de granulations. On pourrait croire que cette zone granu- leuse représente une plaque nucléaire, mais R. Hertwig ne l’a pas vue se diviser. Au contraire, quand la partie moyenne s’allonge pour séparer le noyau en deux, cette zone devient de plus en plus étroite et disparait avec le filament, quand celui-ci se rompt pour mettre en liberté les deux noyaux. Donc, je ne puis donner à cette structure, la signification que lui attribue R. Hertwig. Pour moi, je n'ai jamais rien observé de semblable, et j'ai toujours vu la division se porter sur la substance striée du noyau, s'étendant sans interruption d'une extrémité à l’autre. Je comparerais volontiers cette bande intermédiaire signalée par R. Hertwig, dans le plan équatorial, à un rudiment de plaque cellulaire. Nous savons, en effet, que dans certaines cellules animales, il se produit une sorte de plaque cellulaire rudimentaire dans l'équateur des filaments, souvenir de ce qui se passe dans les cellules végétales où cette plaque coopère à la formation de la cloison. » « Quant aux plaques terminales de R. Hertwig, je crois qu’elles sont { 438 . JOURNAL DE MICROGRAPHIE. formées par le suc nucléaire. Au moment où la cavité de la vacuole est envahie par la substance granuleuse qui était d'abord extérieure, le liquide nucléaire est expulsé et s’accumule aux extrémités du royau où il forme ces plaques. » « Nous avons vu que cette manière de voir se fonde sur ce qui se passe chez le Chilodon où la vacuole occupe le centre du noyau, et où, quand le noyau se A la vacuole s’allonge et se répand ere ies deux noyaux nouveaux. Nous pouvons donc ME les phénomènes qui se produisent ici avec ceux qui se passent soit dans les cellules animales, soit dans les cellules végétales. Mais, chez les Infusoires; il en est qui peuvent être comparés à des cellules multinucléaires | Opalines). Treub a montré que, dans les cellules libériennes des Phanérogames, la division se fait presque simultanément, et par division indirecte, sur tous les noyaux. Hegelmaier et Strasbürger ont vu la même chose sur les cellules du suspenseur de l'embryon des mêmes végétaux. Un autre rapprochement, qu'on peut faire entre les Infusoires et les cellules multinucléaires, c’est que les noyaux se partagent en nombre à peu près égal entre les deux moitiés de l’animalcule primitif, comme dans les cellules végétales multinucléaires. — C’est ce qui a lieu chez les Opalines. Cependant, il faut se rappeler que cette remarque ne se rapporte qu'aux noyaux proprement dits, aux endoplastes, caf les. endoplastules se divisent individuellement pendant la fissiparité, et on ne sait pas comment se comportent les nombreux endoplastules des Spirostomes et des Stentors, parce qu'on ne les à pas encore observés pendant la fissiparité. Voilà une différence évidente entre les Infusoires et les cellules ordi- naires. Siles noyaux des Infusoires se comportent comme de véritables noyaux de cellule, les nucléoles se comportent différemment, car chacun se divise individuellement pendant la fissiparité. Ensuite, dans la fissiparité des Infusoires à noyaux multiples, jamais plusieurs noyaux ne se réunissent en un seul noyau qui se divise plus tard. Dans cer- taines parties des Phanérogames, on trouve aussi des cellules multinu- cléaires ; au moment de la division, les noyaux fusionnent. Des faits analogues s’observent aussi dans le sac embryonnaire e dont le noyau secondaire résulte de la fusion des noyaux primaires du sac, noyau secondaire qui se divise ensuite à l'infini pour former les noyaux de l’endosperme. Chez les animaux supérieurs, nous trouvons les mêmes faits pronucléus femelle, débris de la vésicule germinative qui se conjugue avec le pronucléus mâle, d'où résulte un noyau unique ou noyau de segmentation, sur lequel portent les divisions successives. Chez les Infusoires, jamais on n’observe cette fusion des noyaux pré- cédant la division, car il ne faut pas prendre pour une fusion:de noyaux JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 439 indépendants la fusion des différents articles d’un même noyau, comme nous l'avons indiqué chez les Oxytrichines, les Stentors et Les Spirostomes, — car ces articles nucléaires ne sont que les portions d’un noyau unique. — Au contraire, pendant la conjugaison, comme nous le verrons bientôt, on observe fréquemment la fusion de noyaux indépendants. Il ep est de même chez quelques Rhizopodes. L'endoplaste et l'endoplastule jouent un rôle important qui nous met en présence de phénomènes dont nous ne trouvons pas l’analogue dans ceux que nous offrent les noyaux et les nucléoles ordinaires. Ce rôle a trait à la perpétuation de l'espèce, mais est-1l comparable à l’un des différents modes de reproduction des animaux ? — C'est ce que nous aurons à rechercher. | VII. CONJUGAISON DES INFUSOIRES. Avant d'entamer ce sujet, il convient d'entrer dans quelques consi- dérations sur l'historique de cette question. Les anciens micrographes de la fin du dix-septième siècle et du com- mencement du dix-huitième, Leeuwenhoeck, en 1695, Backer:, en 1743. Joblot, en 1754. etc., avaient observé, décrit et figuré les phénomènes de la conjugaison des Infusoires, et ils consideraient cette conjugaison comme un accouplement véritable. — Spallanzani, dans le chapitre IX de ses Opuscules de physique animale el végétale, nous apprend que c'est Bénédict de Saussure (1) qui interprêta le premier le prétendu accouplement des Infusoires comme une division longitudinale. Il communiqua, en 1769, cette manière de voir à Ch. Bonnet-qui en fit part à Spallanzani avec qui il entretenait une correspondance suivie. Nous reproduisons dans son entier, à titre de document, cette inté- ressante lettre de B. de Saussure à Ch. Bonnet : 4 A Genève, le 28 de septembre 1769. « Vous aviez donc, Monsieur, bien raisou de penser que les Animalcules des Infusions pouvaient, comme les Polypes, se multiplier par une division et subdivision conti- nuelles. Vous ne proposiez cette opinion que comme un doule : mais les observations que j'ai faites sur plusieurs espèces de ces singuliers Animaux, m'ont convaincu qu'on pouvait la regarder comme une vérité. Ceux de ces Animaux qui ont une forme ronde ou ovale sans aucun Bec ou Crochet en avant, se divisent en deux transversa- lement. Il se forme au milieu de leur longueur un étranglement qui augmente peu à peu jusqu’à ce que les deux Parties ne tiennent plus qu'à un fil. Alors l'Animal, ou plutôt les deux Animaux, font de grands efforts pour achever la division, et après leur séparation, ils demeurent quelques moments comme engourdis; mais ensuite ils se mettent à courir ça et là dans la Liqueur, comme le faisait l'Animal entier dont ils ont été produits. » (1) Bénédict de Saussure es: le célèbre explorateur des A'pes , le père de Théodore de Saussure , le chimiste naturaliste , auteur des Recherches chimiuues sur la végétation 440 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. « Vous comprenez bien, Monsieur, que dans ces premiers moments de leur nou- velle vie, ils doivent être plus petits que l’Animal de la division duquel ils résultent ; chacun d'eux n’est que la moitié de ce Tout ; mais ils grossissent en peu de témps. acquièrent la grandeur du Tout dont ils font partie, et se divisent à leur tour en Ani- maux qui viennent aussi à les égaler. » « M. l'Abbé NxEpHAM m'a fait l'honneur de parler avec éloge de cette Observation dans ses Notes sur la Traduction du bel Ouvrage de M. SPALLANZANI (1), et il s’en sert pour appuyer son système, qui est que les plus petites Espèces d'Animalcules qu'on voit dans les /nfusions, celles-la méme qui, aux plus forts Microscopes, ne paraissent que des Points, sont produites par la division et subdivision continuelles des grandes espèces. Mais sans doute que pendant l'espace de quatre ans qui s'est écoulé depuis que Je lui communiquai cette Observation, il aura oublié que j'avais constamment observé que les Parties de l’Animalcule divisé, deviennent en pen de temps aussi grandes que les Touts auxquels elles ont appartenu, en sorte qu'on retrouvait dans les Genérations, la même constance et la même uniformité que l’on voit dans le reste de la Nature. Peut-être n'’insistai-ie pas avec M. NEEDHAM sur cette particularité, peut-être ne lui dis-je pas, que pour écarter toute espèce de doute, j'étais venu à bout, à force de patience, de mettre un de ces Animaux parfaitement seul dans une goutte d'eau, que cet Animal s'était partagé en deux sous mes yeux, que le lende- main ces deux en étaient devenus cinq, le surlendemain soixante, le troisième jour un si grand nombre, qu'il m'avait été impossible de les compter, et que tous, excepté ceux qui venaieut d'être produits sur l'heure, étaient égaux à celui dont ils: étaient sortis. » | «S1 vous voyiez, Monsieur, pour la première fois, un de ces Animaux dans le moment où il est sur le point de se diviser, vous*croiriez que ce sont deux Animanx accouplés. Je m'y trompai complètement la première fois que je les vis; je crus, comme MICROMÉGAS, avoir pris la Nature sur le fait : je ne fus trompé que quand j'en eus vu un passer successivement dans l’espace de vingt minutes par tous les degrés qui séparent l'étranglement le plus imperceptible d'une séparation parfaite. » « Et ce qu'il y a de plus remarquable par rapport à l'instinct de ces Animaux, c'est que quand 1ls en voient, ou du moins en aperçoivent deux qui sont sur le point de se séparer, mais qui ont de la peine à en venir à bout, ils se précipitent entre eux, comme pour les aider’ à rompre les ligaments qui les retiennent (2), l'on ne saurait soup- çonner que ce soit une rencontre fortuite, parce qu’à l'ordinaire ils s’évitent trés sol- gneusement, et ne se heurtent jamais dans leurs courses, quelque rapides qu'elles soient. » « Une autre espèce que j'ai trouvée daus l’infusion de Graine de Chanvre, et qui a un Bec ou Crochet en avant, se multiplie aussi par division, mais d’une manière bien plus singulière que celle dont je viens de vous entretenir. Lorsque l’Animaleule est sur le point de se diviser, il cherche au fond de l’infusion une place qui lui con- vienne, et c'est ordinairement cette espèce de MuciLAGE demi-transparent qui se forme dans l’infusion de Chenevis. On voit l’'Animal aller, venir, essayer une place, en essayer une autre, et puis enfin se fixer. Il rammoncelle alors son corps, naturelle- ment un peu allongé, et fait rentrer, ou du moins disparaître son bec crochu, en sorte qu'il prend la forme d’uue petite sphère. Alors il commence insensiblement à tourner sur lui-même, de manière que le centre de son mouvement demeure fixe et (1) Spallanzani. — Opuscules de physique animale et végétale. — Trad. de Sennebier, 2 vol. in-8° avec pl. Paris, 1785. (T. I, ch, I]). (2 Il faut avouer que, dans ce dernier détail, B. de Saussure paraît exagérer singu- lièrement les sentiments d’aide et d'assistance que manifestent les [nfusoires les uns envers les autres, JOURNAL, DE MICROGRAPHIE. 771 que la boule ne change point du tout de place. Ce mouvement se fait avec la plus parfaite régularité, et ce qu'il y a de bien remarquable, c’est que la direction de cette rotation change continuellement, en sorte que si vous l’avez vu d'abord tourner de droite à gauche, vous le voyez peu de temps après tourner d’avant en arrière, puis de gauche à droite, puis d’arrière en avant, etc. Tous ces changements se font par degrés insensibles et sans que l’Animalcule ou la Machine tournante change jamais de place. Sur la fin, le mouvement s'accélère, et au lieu que la Boule vous paraissait uniforme, vous commencez à y apercevoir deux divisions en croix comme sur la coque du Marron, prêt à s'ouvrir. Peu après l’Animal s’agite, se tremousse, et enfin se partage en quatre Animalcules parfaitement semblables à celui dont ils ont été produits, mais seulement plus petits. Ils grossissent ensuite, se subdivisent, chacun en quatre qui grossissent à leur tour; je n'ai pu voir aucune fin à cette subdivision, et toujours les plus petits sont venus à égaler leurs Pères, si du moins on peut se servir du nom de Père dans cet ordre singulier de Générations. » . Ainsi, B. de Saussure avait observé la division des Colpodes dans leur kyste; c’est en effet ce qui résulte bien clairement de toute cette partie de sa lettre où il parle d’une espèce « qui a un bec ou crochet en avant » et qui, pour se diviser, « ramoncelle son corps » et « prend la forme d’une petite sphère », etc., — découverte qui est ordi- nairement attribuée à Stein (1854). Spallanzam ajoute qu'il est parvenu à vérifier la découverte de Saussure et il a réussi, en effet, comme nous l'avons vu précédemment, à observer la division des Vorticelles et de quelques autres Infusoires. Cependant Gleichen, en 1778, et surtout O. F. Müller (Anzmaicura Infusoria, eic., 1786) pensaient que, tout en pouvant se reproduire par la division, quelques Infusoires pouvaient aussi se reproduire par accou- plement. En effet, O. F. Müller rapporte une observation où, pendant douze heures, il a suivi un de ces prétendus cas de division,.sans réussir à voir la séparation des deux moitiés. — Ce n'était, sans doute, pas une division, mais un rapprochement longitudinal, car nous savons avec quelle rapidité se fait la division transversale. Mais c'est principalement Ehrenberg qui accrédita cette opinion qu'il .n'y a Jamais d'accouplement chez les Infusoires, mais que tous les faits rapportés par les anciens auteurs devaient être considérés comme des phénomènes de division transversale ou longitudinale. Il admettait cependant l'existence d'organes sexuels très différenciés, mais il pensait que les Infusoires étaient des hermaphrodites parfaits. — Aïnsi, Ehrenberg, qui voyait chez ces animaux des êtres richement organisés, leur refusait l’accouplement. À plus forte raison dévait-il en être de inême de Dujardin et même de Siebold qui, en effet, leur dénient toute sexualité et n'admettent que la division. Malgré la réaction très énergique de l’école de Müller, représentée par Lachmann et Claparède, contre l’école de Dujardin et Siebold, la division était seule admise, bien que Lachmann et Claparède aient vu des cas de conjugaison chez les Vorticelliens, jusqu’à la fusion intime 442 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. F a — —_——— ————— —— des deux individus. D’autres faits prouvaient aussi la conjugaison chez les Acinètes sur qui Stein l'avait déjà signalée. Mais tous ces faits restérent sans influence et l'on continua à interprêter dans le même sens la soi-disant division longitudinale des Infusoires. C’est Balbiani qui, en 1858, adressa à l’Académie des S‘iences une note dans laquelle. il interprétait, commé représentant la réunion de deux individus primitivement séparés, les phénomènes .qui étaient universellement considérés comme une fissiparité longitudinale, et décrivait les modifications si remarquables qui se produisent dans le noyau et le nucléole, éléments qu'il considérait comme des organes reproducteurs mâles et femelles. Mais avant d'entrer dans ces détails, nous devons revenir un peu en arrière pour rappeler quelques observa- tions, déjà devenues presque classiques, et se rapportant à ce que l'on considérait Comme la reproduction par « embryons vivants. » La première observation à ce sujet resta longtemps oubliée: — elle .est due à Siebold et relatée dans son célèbre mémoire sur le Monoslomuim mutæbile, Trématode qui vit à l'état de larve dans lin- testin des Oiseaux aquatiques, mémoire publié en 1836, et rproduit dans la traduction française de la Physiologie de Bürdack (IH° volume). Dans ce travail, l’un des premiers qui ait été faits sur les transformations si curieuses des Trématodes, Siebold parle incidemment d’une obser- vation faite sur un Infusoire parasite de l'intestin de la grenouille rousse. — sans doute, le Balantidium entozoon actuel. Il avait vu dans une sorte de poche un grand nombre de ces jeunes animaux qui s’agitaient et dont plusieurs s’échappaient de ce sac, qu'il compare à un utérus, pour nager daus le liquide ambiant. Cette observation n’a jamais été répétée, sauf par Lieberkühn , qui en parla à Claparède {Annales des Sciences naturelles, 1857). — Ce dernier annonce, en effet, qu'il tient de Lieberkühn que celui-ci avait vériñé l'observation de Siebold. Mais, par une négligence singulière , il ne cite pas cette observation dans son grand ouvrage fait avec Lachmann. Puis, vient une observation de Focke., en 1844, sur l'existence d'embryons vivants qu’il aurait vus logés dans le noyau du Parame- ciurn Bursaria.:Gette observation fut confirmée par Cohn et par St:in, qui annoncèrent que ces embryons n'étaient pas renfermés clans le noyau, mais dans un sac distinct. O. Schmidt, Eckhardt, ont aussi signalé des embryons vivants dans les Stentors et d’autres espèces. — Enfin, d'autres faits furent l’origine d’une théorie , devenue prompte- ment célèbre, suivant laquelle il y a une relation entre les Infusoires cilés et les Infusoires suceurs. Cette idée prit naissance en France, elle est due à Pineau qui, dars un mémoire inséré dans les Annales des Sciences naturelles, en 1845, supposa que les Acinètes pouvaient se transformer en Vorticelles, notamment les Podophryens qui portent un pédoncule. Cela ne l'empêcha pas d'admettre que les Vor- : _—_——. ————— mm mt tm mt rm ee JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 443 ticelles peuvent se transformer en Oxytrichines. — Quand un auteur bâtit des théories semblables, il perd tout crédit. — C’est ce qui arriva à Pineau. Fr. Stein, alors professeur à Tharand, en Saxe, maintenant à Prague, qui a découvert la conjugaison des Greégarines, en 1848, qui a introcuit dans la science l’idée, que Balbiani considère comme erronée, des cellules formatives du vitellus ou cellules vitellogènes de l'appareil générateur des Insectes, — Stein a fait, en 1854, sur les Acinètes, une découverte réelle, — celle de la reproduction par des gemmes ou bourgeons internes, qu'il vit se produire aux dépens du nucléus, gemmes qui, à leur sortie de la mère, ont une forme très différente de celle qu'ils acquèreront plus tard. Ce sont des corps ciliés sur toute leur surface , ou entourés de plusieurs rangées de cils. À un moment donné , ils rentrent ces cils, poussent leurs suçoirs et prennent peu à peu leur forme définitive. Tous ces faits sont parfaitement exacts et confirmés par un grand nombre d'observateurs. Malheureusement pour Stein , ils devinrent le pomt de départ d’un véritable labyrinthe d'erreurs, et dans lequel il s'est engagé de plus en plus, à propos de la relation génétique qu'il suppose entre les Acinètes et les Vorticelles , à la suite de métamor- phoses mutuelles. C’est un peu l’idée de Pineau , mais retournée : — les Vorticelles, après s'être enkystées, deviendraient des Acinètes. Il s’est fondé sur ce fait qu’on trouve très fréquemment quelques Vorti- celles d'une même espèce associées à des mêmes espèces d’Acinètes. — Ensuite, il a supposé que les Infusoires supérieurs se reproduisaient par des embryons construits sur le type des Acinètes. Pour le premier point , Stein l’a abandonné complètement et depuis longtemps, après les travaux de Cienkowski, de Claparède et Lach- manr , — ou plutôt il l’a présenté sous une autre forme. Organism. d. Infusionthiere ,, 1867) : Il ne parle plus de Vorticelles. adultes se transformant en Acinètes, mais il suppose que les Infusoires ciliés engendrent dans leur intérieur des gemmes ou embryons construits sur le type Acinète, et munis de suçoirs ou de tentacules ; les Para- mécies , les Oxytrichines , les Vorticelles, par exemple. Malgré cette transformation , sa théorie n’est pas plus exacte, sous ce nouvel habit, qu’elle ne l'était auparavant. En 1860 , Balbiani a fait voir d’où provenait l'erreur de Stein. Cet observ: teur s'était fourvoyé dans des faits de parasitisme ; — les prétendus embryons en forme d'Acinète étaient des Acinètes parasites appartenant surtout au genre Sphærophrya, de Claparède, et qui ont l'habitude de s'introduire dans l'intérieur des Infusoires pour s’y nourrir et s'y multiplier. Cet Acinète reste immobile dans le liquide, et, avec ses suçoirs, se fixe sur une Paramécie qui passe, en rapproche son corps, et par un phénomène de succion encore inconnu dans son essence , refoule le tégument de 444 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. die comme un doigt de gant, S re de Ja per. qu 1l entraîne dans le parenchyme en s’y enfonçant. Le parasite est ainsi placé dans un sac formé par la cutieule dans l’intérieur du parenchyme de l'animalcule. On peut suivre pendant un certain temps le phéno- mène , en raison de la trace du chemin par lequel l'animal a passé, et Stein, qui interprétait très mal la signification du canal, crut que c'était un conduit formé par la sortie de l'embryon, l'os uter.. Il n'en est rien, comme on voit, il se forme du dehors au dedans, au moment où l’Acinète pénètre dans l’Infusoire. Il se forme encore un canal quand l'animal opère sa multiplication en colonies nombreuses. Les jeunes sortent au fur et à mesure par une sorte d’effraction du parenchyme de l'Infusoire qui les héberge. On peut communiquer le parasitisme aux Infusoires par infection directe, à l’aide de sujets infestés. Ces observations, qui ruinèrent, du premier coup et de fond en comble, toutes les théories de transfor- mation de Stein, ont été confirmées par Metschnikoff, Külliker, Bütschli, Engelmann , etc. D'ailleurs , ce ne sont pas les seuls Acinètes que l’on trouve comme parasites des Infusoires ciliés. Geux-ei sont souvent aussi envahis par d’autres classes de Protozoaires. On trouve des Stentors remplis par des familles de Monadiens contenus dans une sorte de poche qui se rompt à un moment donné, et toutes ces générations, devenues libres, se répandent dans le liquide. Quelquefois, au lieu de séjourner dans le parenchyme , les parasites pénètrent dans le noyau, qui se trans- forme en une poche plus ou moins considérable. | En 1878, l'observateur Hollandais Van Rees a vu sur l'Oxytricha fallax (Arch. de Siebold et Külliker, T. 31), les deux articles du noyau envahis par des corps qui ont l'apparence de petites cellules rondes ; brillantes, plus ou moins nombreuses, prenant très rapide- ment des dimensions énormes. La masse du noyau augmente, 1l se segmente en deux, puis en quatre parties ; la segmentation devient très active et le corps se réduit en un grand nombre de fragments qui restent réunis. — Que deviennent-ils ? — l'auteur ne le sait pas. — Sont-ils mis en liberté par la diffluence de l’animal ou autrement?, Balbiani n’a pas observé ce cas; — mais le point intéressant de ces faits de parasitisme, c'est que ces parasites, soit du parenchyme , soit du noyau ou du nucléole , sont des Schizomycètes ou Bactéries qui transforment le noyau en une poche énorme remplie de bâtonnets et de longs filaments qu'on a longtemps considérés, Jean Müller d'abord, comme des filaments spermatiques. C'est ainsi que cette idée s'est introduite dans la science, et en commençant ses observations sur la reproduction des Infusoires, Balbiani a réfuté cette erreur. (A suivre). JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 445 SUR LE DÉVELOPPEMENT DES STOMATES DU TRADESCANTIA ET DU MAIS Si l'on examine une partie de l’épiderme à la surface inférieure d’une feuille du Tradescantia commun (7. vulgaris), on verra qu'elle est formée de cellules polygonales, le plus souvent d'hexagones irrégu- liers. Par intervalles, on trouve. quelquefois par rangées presque droites, et quelquefois irrégulières, les stomates, dont chacun est formé de deux cellules de garde (« guard-cells >; semilunaires, réunies aux extrémités pour entourer un pore central dont les parois sont plus épaisses que les parois externes des cellules de garde. Ces cellules de garde contiennent de la chlorophylle en grains distincts, tandis que les cellules de l’épiderme en sont déponrvues. Autour du stomate s& trouvent quatre cellules , une de chaque côté , une au-dessus et l'autre au-dessous. Elles diffèrent beaucoup des cellules épidermiques ordinaires , car elles sont allongées au lieu d'être hexagonales. Sur les tiges , les cellules épidermiques sont allongées et bien que les cellules accessoires le soient aussi, elles sont beaucoup plus longues et plus étroites (PE XVI, Fig. 19). Si l'on fait une coupe verticale à travers le stomate, on voit que les cellules de garde, aussi bien que les cellules accessoires, sont beaucoup moins profondes que les cellules épidermiques ordinaires, si bien qu'une grande cavité aérienne, presque égale à la surface des quatre cellules, se trouve formée au- dessous du stomate , et communique avec l'air extérieur au moyen du pore. Si l'on.examine une feuille aussi jeune que possible, on verra que l’épiderme consiste en cellules hexagonales presque régulières. Lorsqu'un stomate est sur le point de se former, une cloison se produit à l'extrémité d’une cellule , perpendiculairement à l'axe de la feuille, de manière à séparer une petite cellule dont la surface est rhomboïdale CNT Fie. 1). Cette cellule devient bientôt presque carrée et, comme à ce mement, elle se trouve entre quatre hexagones presque égaux, il est difficile de reconnaître lequel d’entre eux l’a produite (Fig. 2). La cellule s’allon- geant, devient en peu de temps plus longue que large ; ses extrémités sont très courbes tandis que ses côtés sont presque droits. Le stomate augmente très peu en profondeur, car la croissance est presque exclusivement latérale. Bientôt après, le stomate commence à prendre une forme oblongue ; deux cellules presque de même taille et un peu plus petites que la cellule-stomate se forment sur les cellules (1) Cours spécial de recherches sur la structure et la physiologie des plantes, au laboratoire botanique de l’Université de Michigan. — Amer. Naturalist. 446 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. épidermiques latérales de chaque côté du stomate (Fig. 4 et 5); et un peu plus tard, deux cellules semblables se produisent de Ia même manière aux extrémités (Fig. 6 et 7). À peu près au moment où se forment ces dernières cellules, la celluls-rmère du stomate montre une tendancé à se diviser et se rapproche en même temps de plus en plus de la forme ovale du stomate parfait. Un septum vertical s'établit et divise la cellule-mère en deux autres, et, à mesure que le dévelop- pement avance, celles-ci se séparent dans le milieu pour former un pore conduisant à l’espace vide qui est au-dessous (Fig. 9, 10 et 11). Le contenu du stomate est, dès l’origine, plus dense que celui des cellules épidermiques , mais la chlorophylle n'apparait pas tant que le stomate n’a pas atteint une certaine taille. À mesure qu'il grandit, la chlorophylle devient plus évidente et présente une tendance à se rassembler en masses, jusqu’à ce que des grains chlorophylliens très distincts apparaissent dans le stomate parfait (Fig. 10 et 14). Les cellules accessoires se développent à peu près proportionnellemer:it avec le stomate , elles sont dans la même proportion avec le stomate complet qu’elles étaient avec le même stomate commençant, au moment de leur formation. La cavité aérienne, au-dessous du stomate. est d'abord petite , son étendue se trouvant alors limitée au stomate lui- même (Fig. 17 et 18), mais elle augmente en s'étendant sous les cellules accessoires, jusqu'à ce qu’elle occupe finalement presque toute l'étendue qui se trouve au-dessous de ces cellules (Fig. 15 et 46). Ces cellules ; aussi bien que le stomate proprement dit, croissent peu en profondeur après leur première formation. Accidentellement. ces cellules accessoires peuvent se trouver en plus grand nombre, cinq ou six, mais rarement, et quand cela arrive elles sont groupées de manière à n'occuper guère plus d'espace que lorsqu'elles sont en nombre normal. La première chose qui frappe quand on examine l'épiderme du Maïs, est la forme particulière des stomates. Il semble que les cellules au lieu d'avoir la forme d'un croissant, sont presque triangulaires et ne se réunissent pas par leurs extrémités comme on sy attendrait. Si, toutefois , on examine les formes les plus jeunes des stomates, on reconnaît que ce que l’on prenait d’abord pour des cellules de garde n'en est pas réellement, mais bien des cellules correspondant aux cellules accessoires décrites dans le Tradescanlia. Dans Ja feuille mûre. les cellules épidermiques sont longues et étroites et ont un contour sinueux très prononcé ; mais , chez les jeunes feuilles, elles sont proportionnellement beaucoup plus courtes et ont un contour presque rechuligne. Le stomate se forme ainsi qu'il suit : Il se forme un septum vertical en travers de l’extrémité d’une JOURNAT DE MICROGRAPHIE. 447 cellule, interceptant une cellule très courte (PI. XVT, Fig. A). Cette cellule s’allonge, cependant , rapidement et prend bientôt la forme carrée. Les stomates se forment d’abord en rangées, mais cette régularité devient moins évidente sur la feuille mûre. Presque aussitôt après la formation de la cellule-mère du stomate, deux petites cellules se séparent, sur les côtés, des cellules épidermiquesa djacentes, comme dans le Tradescantia (Fig. B). Ces dernières se développent au commencement presque dans la même proportion que la cellule-mère : mais finalement elles croissent beaucoup plus rapidement et, à la fin, elles se pressent si fortement qu'elles changent complètement de forme. La cellule-mère s'arrondit et se divise en se développant pendant quelque temps comme un stomate ordinaire {Fig. GC à H); mais quand elle atteint la moitié de sa grosseur, 1l y a un changement marqué. Le stomate commence à s’allonger graduellement (Fig. K), ct les cellules accessoires , qui ont été jusqu'ici petites et sans importance, commencent à croître plus rapidement et à montrer ‘leur forme triangulaire. Le stomate devient plus ou moins allongé , et est, à cette période , presque rectangulaire (Fig. L), et deux ou trois fois aussi long que large. I! présente ordinairement des vacuoles distinctes aux extrémités , mais qui disparaissent bientôt et leur position marque la place de la plus grande condensation. De ce moment, les cellules accessoires forment la partie la plus remarquable du stomate. Elles croissent vers le centre du stomate et il s’en suit que les cellules de garde sont de plus en plus comprimées, Jusqu'à ce que le stomate lui-même , au lieu d'être ovale comme il l'était au milieu de son déve- loppement , ait pris un peu la forme d'un baltère ; et, pour un obser- vateur superficiel, les cellules accessoires, qui ne font nullement partie du stomate proprement dit, peuvent facilement être prises pour : les cellules de garde, tandis que les vraies cellules de garde sont tellement modifiées qu’elles ne paraissent plus que comme un épaississe- ment autour du pore. La forme des cellules accessoires est assez variable, mais se rapproche, en général, de la forme à peu près triangulaire, ou, plutôt, trilobée ; mais, quelquefois aussi, ies lobes sont si distincts que les cellules sont presque sémicirculaires, tandis que, dans d’autres circons- tances , les lobes sont si fortement marqués que la cellule ressemble à un trèfle. Parfois, comme dans le Tradescantia, le nombre de ces cellules est augmenté et il y a une cellule additionnelle , mais celle-ci parait formée par la division d’une des autres cellules. Parfois aussi, on trouve des stomates sur les tiges souterraines jusqu'à une certaine distance au-dessous du sol. Dans tous ces cas, les stomates sont dépour- vus de cellules accessoires et les cellules de garde ont la forme ordi- naire et ne sont pas comprimées. - Autant que j'ai pu m'en assurer, la forme des stomates qu'on 448 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. rencontre dans le Maïs est commune chez les graminées; mais, ordinairement, le stomate proprement dit n'est pas aussi étroit ni. aussi comprimé ; cependant , il n’en est pas toujours ainsi. Dans l'examen de ces deux plantes, il est nécessaire d'étudier sur le plus jeune sujet possible, car les stomates atteignent leur complet développement de très. bonne heure. Dans le Tradescantia , j'ai pris ies bases des plus Jeunes feuilles que J'ai pu trouver, celles qu'on ne pouvait voir sans enlever les feuilles extérieures ; j'en choisissais les parties les plus jeunes et les plaçais sous le microscope sans essayer d'enlever l’épiderme. La feuille, à cette période de sa croissance, est si mince quelle est presque transparente et avec une mise au foyer soignée , je pouvais , dans trop de difficultés, trouver les plus jeunes stomates. Dans le Mais, je faisais une coupe oblique de la tige, tout en bas, et en enlevant le faisceau des jeunes feuilles, dans la tige, je les examinais par le même procédé que celles du Tradescantia. Ge n’est qu'en procédant ainsi, qu'il est possible d'atteindre les formes Jeunes, car toute feuille assez ferme pour permettre d'enlever l’épiderme, re montrerait plus que des formes complètes ou presque complètes. Dans le Tradescantia, les stomates sont continés à la surface inférieure des feuilles, la surface supérieure en étant complètement dépourvue, tandis que dans le Maïs, bien qu'ils soient beaucoup plus nombreux sur la face inférieure que sur là face supérieure, on les trouve encore en assez grand nombre sur cette dernière. Dans un premier examen des plus] jeunes formes des stomates du Maïs, j'ai cru que les celiules accessoires étaient formées par la cellule- Lu par division interne ; mais après avoir examiné la forma- tion des cellules accessoires du Tradescantia, j'ai été frappé de la similitude de ces parties dans les deux plantes, et après un nouvel examen du Maïs, j'ai reconnu qu'elles étaient retranchées des cellules épidermiques adjacentes et étaient, sous tous rapports, identiques à celles qui entourent les stomates du Tradescantia. DoucLrass H. CAMPBELL, Professeur à l’Université de Michigan LE CERVEAU DE LA LOCUSTE.(G) Pour apprécier les habitudes migratoires, reproductrices, etc. de la Locuste, pour apprendre quelque chüse sul son intelligence générale (1) Article adaplé pour l'American Naturelist, d'après le Second Rapport de la Commission Entomologique des Etats-Unis, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 449 comme insecte et par comparaison avec les autres insectes, nous devons étudier avec le plus grand soin l'organe de sa pensée, son système nerveux, comprenant les centres nerveux et les nerfs qui en sortent. Le système nerveux en général. — Le système nerveux de la Locuste consiste en une série de centres nerveux ou ganglions réunis par des cordes nerveuses appelées commissures. Ces ganglions sont au nombre de dix chez la Locuste, c’est-à-dire : deux dans la tête, le premier et le plus gros portant le nom de cerveau; trois ganglions dans le thorax, et cinq dans la partie postérieure du corps ou abdomen. Le cerveau est situé dans la partie supérieure de la tête, reposant sur le gosier ou œsophage, d'où son nom véritable ganglion Superæso- phagien. (PI. X VII, fig. 1). Le centre nerveux suivant est situé dans la partie inférieure de la tête, derrière la bouche et sous l’œsophage, de là son nom de ganglion sous-oesophagien (PI. X VIT, fig, 5). Le cerveau est réellement un double ganglion, étant composé de deux hémisphères, et chaque hémisphère constituant un seul ganglion ou centre nerveux ; tous les ganglions suivants sont aussi des ganglions doubles; mais pour la commodité du langage nous appellerons le cerveau et chacun des centres nerveux suivants un ganglion. De chaque côté, le cerveau se resserre, puis s’élargit en une partie arrondie, près de l'œil, appelée ganglion optique (PI. XVII, fig. 1.) Les fibres optiques s'avan- cent de ce ganglion optique jusqu'aux facettes, de l'œil. Il y a ainsi deux nerfs opliques et, en outre, trois nerfs plus minces (nerfs ocel- laires), qui vont gagner les trois ocelles ou yeux simples ; de plus, un nerf se rend à chacune des antennes et porte alors le nom de nerf antennarre. Les rapports du cerveau avec la tête et le ganglion suivant, origine des nerfs qui se distribuent aux yeux composés, aux antennes et aux yeux simples, aussi bien que les nerfs des mandibules, etc., se voient facilement dans les figures de la Planche XVII. D'un autre côté, les parties buccales, c’est-à-dire les mandibules et les mächoires accessoires (première et seconde mâchoires) et la dernière. appelée labium ou lèvre inférieure, sont chacune munies d’une paire de nerfs, respectivement appelés nerfs mandibulaires, maæillaires et Zlabiaux. Ces trois paires de nerfs partent du ganglion sous-æsopha- MeM(Voir PE XVIL fig. 2, 92). Différence entre le cerveau des Insectes et celui des Vertébrès. — Le « cerveau » ou ganglion sus-æsophagien est, comme nous le verrons, un organe beaucoup plus compliqué que les ganglions suivants, possé- dant des parties importantes qui manquent dans tous les autres ; aussi est-il, par excellence, plus près de l'idéal que l’on se fait d’un cerveau qu'aucun des autres centres nerveux. Il faut cependant se rappeler SA AE GE CR AT ES RTE Du ASE) —— © —— — ————— ——_—— + 450 JOURNAI, DE MICROGRAPHIE. que ce nom de « cerveau » n’est appliqué à ce ganglion composé que par une sorte de déférence et par appropriation, car il ne correspond pas au cerveau des vertébrés , ile cerveau du cheval ou de l'homme étant composé de plusieurs paires distinctes de ganglions. De plus, le cerveau et l’axe nerveux du poisson ou de l’homme sont fondamenta- lement différents, ou non homologues de ceux des animaux inférieurs ou invertébrés, quoique le système nerveux chez les Insectes et les Crustacés présente de plus grandes analogies avec celui des vertébrés que chez tous les autres animaux inférieurs, sauf, peut-être, chez la Seiche. La corde nerveuse de l’insecte consiste en une chaîne de ganglions reliés par des nerfs ou commissures, tandis que le cordon spinal du poisson ou de l’homme est essentiellement composé « d'une série double et fusionnée de centres nerveux, > De plus, si l'on coupe la corde vertébrale, la section montre qu 'elle consiste en deux sortes de substances ou de tissus, appelés « substance grise » et « substance blanche ».. La substance grise est située au centre et contient une masse de cellules nerveuses « ou cellules ganglionnaires, > tandis que la subs- tance blanche externe du cerveau ou de la corde, est composée d'une masse de fibres nerveuses. Or, dansle système nerveux des Insectes, il n’y a rien à comparer avec ces substances, et les ganglions, au con- traire, comme nous le verrons plus loin, consistent principalement en une couche externe de cellules ganglionnaires, dont les fibres vont former, à l’intérieur, une masse fibreuse centrale, ou réseau, dont les mailles sont remplies par une substance nerveuse, finement granuleuse, encore peu connue quant à sa nature. De plus, le cerveau tout entier de l’insecte .est formé de substance blanche comme tous les autres ganglions. Un ganglion dans sa forme la plus simple est une petite masse A ou nodule, de cellules ganglionnaires, d’où naissent des fibres : ces cellules sont représentées par les fig. 3 a —3 e, PI. I (1882). Mainte- nant, quand les fibres proviennent des poils sensitifs de la tête de l’In- secte, où des antennes, ou des yeux ou des oreilles, et se terminent en masses séparées ou lobes, qui sont des ganglions modifiés, ces gan- glions sont regardés comme des « ganglions sensitifs, » et les nerfs qui y aboutissent sont dits entrants ou « nerfs afférents, » tandis que les ganglions qui donnent naissance aux nerfs sortants où « efférents,» par exemple, aux nerfs qui se rendent aux muscles des ‘ailes, des pattes, etc., sont appelés « ganglions moteurs. » On devrait supposer, d’après le résultat des études récentes faites par plusieurs observateurs, tels que Leydig, Flôgel, Dietl et Newton, que le ganglion sus-œsophagien, ou « cerveau » de l’insecte est beau- coup plus complexe que tout autre ganglion, parce qu'il est plus exclu- sivement composé de ganglions sensitifs et de ganglions moteurs etde + —_—_—_— _- Et: ‘ | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 451 EE — —— "— — — ]—]_ ——] —— — — " —— — —_ — | leurs nerfs. Mais l’on pourrait admettre encore que le ganglion sous- œæsophagien reçoit aussi des nerfs de sens spécial, situés, peut-être, dans les palpes, peut-être aussi, dans la langue , du moins, ce dernier cas est celui de l'abeille ; ce ganglion est donc probablement complexe, se composant de ganglions sensitifs et moteurs. Le troisième ganglion thoracique est aussi, sans doute, complexe, car, chez les Locustes, les nerfs auditifs s’y rendent, venant des oreilles, situées à la base de l'abdomen. Chez certaines sauterelles, telles que les Acridiens et leurs proches, dont les oreilles sont situées dans les pattes de devant, le pre- mier ganglion thoracique est complexe, Chez la blatte et le ZLeptis (Chrysopila), une mouche commune, les appendices caudaux portent ce qui constitue probablement les organes olfactifs, et comme ces parties sont indubitablement innervées par le dernier ganglion abdominal, celui-ci est probablement composé de ganglions sensitifs e& moteurs. Ainsi, nousavons, dans le cordon ganglionnaire des Insectes, une série de cerveaux, allant de la tête à la queue, et ainsi, dans un sens encore plus fort que chez les vertébrés, le système nerveux tout entier, et non le cerveau seul, est l'organe de l'intelligence, ou des facullés psyco- logiques de l'insecte. Nous allons maintenant examiner le cerveau du Caloplenus spretus adulte, et le comparer avec celui des autres Insectes ; puis, étudier son développement dans l'embryon et finalement examiner les change- ments quil subit dans la larve et les phases pupaires, avant d'atteindre la structure complétement développée chez la Locuste adulte. Eléments histologiques du cerveau. — D'après son histologie et sa structure, le cerveau se divise en deux sortes de tissus ou éléments cellulaires. I. Une partie extérieure, légèrement plus foncée, ordinairement d’un blanc gris pâle, formée de « cellules corticales,» ou cellules ganglion- naires, PI. [. (1882) (fig. 3 à, b, c, d). Cette enveloppe cellulaire, extérieure, du cerveau consiste en cellules ganglionnaires grandes et petites. Là où le tissu est formé de petites cellules ganglionnaires, il est naturellement, d’après la disposi- tion plus dense des cellules plus petites qui sont plus intimement serrées , de couleur un peu plus foncée que dans les régions où le tissu est composé de grandes cellules ganglionnaires, éparses. A. Les grandes cellules ganglionnaires (PI. I (1882), fig. 3, 3 a, 3 b, 3 C, 3 d,e) sont ovales et produisent ordinairement une seule fibre nerveuse ; elles ont une-mince paroi cellulaire fibreuse et le contenu est finement granuleux. Le noyau est très grand , souvent du demi diamètre de la cellule entière, et est composé de gros granules ar- rondis et réfringents, cachant ordinairement le nucléole ; (les granules 452 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. sont beaucoup plus gros et moins nombreux etle nucléole est moins distinct que dans le cerveau de la Limule). Ces grandes cellules gan- glionnaires sont plus abondantes et plus grosses de chaque côté du sillon supérieur et en avant du « corps central, » ainsi qu'à la base du sillon inférieur, le long des bords externes «les lobes optiques et antennaires , et le long des lobes des commissures. B. Les petites cellules ganglionnaires diffèrent apparemment, prin- cipalement par la taille, des grandes cellules, et sont en plus grand nombre en avant du renflement de chaque hémisphère; elles entourent et remplissent les calices des « corps fongiformes » (mushroom-body), s'étendent le long de chaque nerf optique et forment une grande partie de chaque ganglion optique, spécialement la couche voisine de la rétine de l'œil, bien qu’elles soient remplacées par de grandes cellules sanglionnaires à la jonction de la partie fibreuse du nerf optique avec la portion granulaire dilatée Le cerveau est plus ou moins complètement enveloppé par les cel- lules du tissu connectif appartenant au mésorderme ou couche blasto- dermique moyenne , cellules que l'on peut quelquefois confondre avec les cellules ganglionnaires, car elles prennent la même teinte avec le carmin. Il semblerait que le système nerveux, les ganglions et les nerfs sont formés par la couche tégumentaire ou exoderme. IT. La partie médullaire ou intérieure du cerveau consiste dans une matière qui reste blanche ou sans se colorer quand la préparation a subi l’action complète du carmin. Elle est formée de minces granula- tions et de fibres entrelacées. Ges dernières forment souvent un ré- seau fin et irrégulier renfermant des masses de matière nerveuse à fines granulations. Dans les lobes des antennes et des commissures on trouve une troi- sième espèce de matière, outre les substances granuleuse et fibreuse ; elle forme des masses irrégulièrement arrondies, colorée en couleur crème dans les préparations au picro-carminate, et se teint d'une nuance sombre avec l'acide osmique. — C'est ce que Dietl appelle « Mmarhksubslanz, » el Newton l'a décrite comme « une disposition par- ticuhère de la matière nerveuse qui semble quelquefois comme de minces fibrilles avec une disposition parallèle, quelquefois comme un réseau très délicat et de différentes épaisseurs, souvent aussi comme de minces lamelles , ou, d’autres fois, tout à fait homogène. » Jl faut noter que cette portion centrale non teinte ne contient que peu de cellules ganglionnaires , si même elle en contient, et il est très probable que les fibres qui la composent naissent des cellules gan- glionnaires corlicales. À un ou deux endroits (PI. I, 1882, fig. 3) jai les fibres passer des cellules ganglionnaires vers le milieu du cerveau, Dans le crabe fer à cheval (Zimulus), à cause de la structure L JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 453 simpie du cerveau, il est évident que les nerfs optiques et ocel- laires et les, commissures postérieures viennent des grosses cellules ganglionnaires qui, chez cet animal, sont situées au centre ou près du centre du cerveau. Dans le dernier ganglion abdominal , on peut aussi voir facilement les fibres venant des cellules ganglionnaires périphé- riques, passer au centre du ganglion et se mêler avec les fibres qui forment celui-ci. De là , selon toutes probabilités, la masse fibrense de la partie centrale du cerveau, vient surtout des cellules ganglionnaires périphériques ou corticales. D' A. S. PACKARD jun. (A suivre ). SUR LA VITALITÉ DES GERMES DE L'ARTEMIA SALINA ET DU PLEPHARISMA LATERITIA AU) On a déjà signalé plusieurs fois, après des inondations ou de fortes pluies, l'appa- rition subite de certains Crustacés inférieurs (Apus, Branchipus) et l'on en a conclu avec raison que les œufs de ces Crustacés avaient la propriété de se conserver intacts dans des conditions fort différentes de milieu. Une expérience que j'ai réalisée récemment sur l’Artemia salina ne laisse aucun doute à cet égard; et démontre que les alternatives de sécheresse et d'humidité auxquelles les œufs de ce Crustacé sont soumis peuvent se prolonger impunément pendant plusieurs années. En mars 1878, je recueillais, près de Boutinelli (province de Constantine, Algérie), des eaux salées du chott Timrit. Un examen rapile, le seul qui fût possible à ce moment, me permit cependant de constater l'existence d'algues, d’infusoires, et même de larves dont je ne pus alors déterminer l'espèce. Je fis évaporer l’eau au soleil et je recueillis avec soin les sédiments, en vue d'expériences de réviviscence qui me paraissaient devoir être plus probantes avec des eaux d’une composition chimique toute spéciale qu'avec des eaux douces ou simplement sau- mâtres. Le 9 avril 1881, c'est-à-dire après plus de trois ans de dessiccation complète, ces sédiments ont été replacés dans de l’eau de pluie bouillie et filtrée, qui rapidement est devenu? fortement salée. Dès le lendemain, et bien que toutes les précautions eussent été prises pour maintenir cette infusion à l'abri des germes, j'y constatais la présence de Flagellés, et peu après, d’infusoires ciliés, qui, je dois le dire, à raison des espèces reconnues, ne donnaient pas à la faune un caractère bien spécial. C’est au commencement de juin seulement que je m’aperçus de la présence de larves naupliennes, d'abord microscopiques. Le nombre de ces larves s’est beaucoup mul- tiphié depuis. Elles ont grossi et se sont transformées en un animalcule long de 0%,01 environ, muni d'une queue, et qui se meut fort agilement à l’aide de ses pattes branchiales. Aujourd’hui encore (31 octobre) j'en possède plusieurs exemplaires vivants. M. Vayssière, qui a bien voulu déterminer l'espèce de ces animalcules, y à reconnu l’Artemia salina. Déjà en 1875, Schmankewitsch avait signalé les curieuses modifications que subit l’organisation de ce petit Grustacé branchipode, suivant le (1) C.R. de l’Ac. des Sc. — "1 novembre 1881. 384 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. degré de salure des eaux dans lesquelles il vit. De mon côté, avant même d’être fixé sur l'espèce à laquelle j'avais affaire, j'avais transporté dans de l’eau de mer un certain nombre d’Artemia qui y vivent encore. Jusqu'à présent, je n’ai remarqué aucune autre modification que leur extrême transparence, due sans doute au chan- gement de nourriture. La présence de l’Artemia salina a NE déjà constatée, d'après Claus, dans les marais salants, aux environs de Montpellier, de TT de Lymington et en Crimée. M. Vayssière l'a retrouvée près de Marseille. Elle n'avait pas encore été signalée dans les chotts d'Algérie. où les périodes de dessiccation sont certainement plus chaudes, plus prolongées et plus fréquentes que dans les localnés dont je viens de parler. Qu'il s'agisse de germes, d'œufs ou d'animaux dits réviviscents, les phénomènes de vie latente sont au fond les mêmes. Dans ces divers cas, la mort n’est qu’apparente. Les phénomènes de combustion organique et les échanges nutritifs ne cessent jamais complètement au sein de l'être vivant, œuf, graine ou animal. Je ne m'écarte donc pas sensiblement de mon sujet en signalant un autre fait, que j'ai eu occasion d’ob- server en Algérie sur le Blepharisma lateritia, inmfusoire cilié relativement assez rare. | Le Sahel d'Alger est dominé par une petite montagne, la Bouzaréah, au sommet de laquelle subsistent les fossés d'un ancien fortin turc. En 1877, la sécheresse a été exceptionnelle, même.dans le Sahel. Dès les premières pluies, je montai à la Bouza- réah, et, dans le même fossé où j'en avais récolté huit mois auparavant, je retrouvai en abondance des Blepharisna, très nettement caractérisés par leur forme et leur coloration rosée. Cette fois encore, et par une chaleur torride, il y avait eu vie latente pendant plusieurs mois, soit des animalcules, soit de leurs germes, soit de leurs kystes. J'ai encore entre les mains de nombreux sédiments provenant de localités fort diverses. Je me propose de continuer ces expériences au printemps prochain. A. CERTES. LES NOSTOCS.® ————_—_—…——"?’ Le nombre des espèces de Nostoc énumérées dans les livres est considérable. Mais combien ont été décrites sans que l’auteur ait pris la peine de connaître suffisam- ment celles de ses devanciers? Combien sont établies d’après des échantillons incomplets, de simples états de végétation ? Combien fondées sur des caractères illusoires ? Un travail de révision est devenu indispensable et devrait être fait sur une double base. Par l'étude des plantes vivantes on déterminerait les limites des espèces , les formes diverses qu'elles présentent suivant l’âge et les milieux ; par la comparaison des échantillons authentiques on ferait disparaitre les doubles emplois en rattachant aux espèces réelles les formes qui n'en représentent qu'un état tran- sitoire ou des variations accidentelles. Afin de contribuer à l'exécution de ce travail, je donne ici un résumé des notes que j'ai relevées en rangeant les Nostocs de l'herbier Thuret. Indépendamment des exiccata publiés, dont je possède la plupart, j'ai eu la bonne fortune d'obtenir communication de plusieurs collections impor- tantes , parmi lesquelles je citerai celles du Muséum d'histoire naturelle de Paris, de Brébisson , Lenormand, Montagne , Harvey, celles de M. Grunow et de M. Le Jolis. Grâce à ces motériaux , j'ai pu voir un grand nombre d'échantillons originaux (1) Extrait des Notes Algologiques de G. Thuret et E. Rornet, 2° fasc., in-4° — 1881. — G, Masson. Le : JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 455 ou déterminés par les auteurs qui ont décrit les espèces, et m'assurer que beaucoup de ces espèces ne sort que de simples synonymes les unes des autres. N'ayant point pour but de tracer une monographie complète des Nostocs, pour laquelle les matériaux me feraient défaut, je me suis borné à réunir ou à séparer les objets que j'ai vus en nature, m'abstenant presque entièrement de mentionner les espèces qui ne me sont connues que par les livres. Un tableau synoptique montre l'ordre que J'ai suivi pour l'arrangement des espèces et résume brièvement les caracteres qui permettent de les reconnaître. Avant de le transerire , il ne sera peut-être pas inutile de présenter quelques remarques sur les parties constitutives des Nostocs, au point de vue des ressources qu'elles offrent pour la limitation des espèces de ce genre. Ces parties sont peu nombreuses , de structure très simple, et sujettes à varier dans les limites assez étendues par l'effet de l’âge, des modifications biclogiques ou sous l'influence des conditions extérieures. Ici, comme dans les autres familles végétales , l'espèce ne peut être reconnue et définie que par une combinaison de caractères fournis par l’ensemble de l’organisation et non par un caractère unique. Parmi les espèces de Nostocs , quelques-unes ont certain caractère saillant qui les fait reconnaître sans hésitation et sur le premier échantillon venu. Mais dans beau- coup de cas, il n’en est pas ainsi; rarement un seul échantillon est assez complet pour que tous les caractères propres à l'espèce y soient réunis. Tout aussi rarement on acquiert une notion suffisante de l'espèce d’après des exemplaires pris dans un même lieu et en même temps, fussent-ils tous semblables et au nombre de plusieurs milliers. Je citerai en exemple le N. ciniflonum , Tourn. (N. commune, Vauch.), dont les moindres modifications ont eté érigées en espèces. Très jeune, il forme sur la terre , les mousses , des grains arrondis , microscopiques , ayant l'aspect de frai de poisson: Plus tard , 1l devient ovoide, pyramidal, prismatique , linguiforme ; il peut être alors incolore, vert, violâtre , brun. Enfin il s'étale en disque, en membranes contournées , pulpeuses ou coriaces, pouvant atteindre une grandeur de plusieurs centimètres. Cette forme membraneuse est à juste raison regardée comme un des signes les plus marqués de l'espèce, mais elle a été précédée de plusieurs états qui en sont inséparables et qu'on n’est nullement fondé à tenir pour distincts, selon la pratique qui a prévalu jusqu'ici. Les articles du trichome présentent une forme assez régulière et assez constante pourvu qu'on les étudie dans des individus en même état de végétation; car ils varient beaucoup de grandeur, de forme et d’agencement suivant qu’ils sont pure- ment végétatifs ou qu'ils se préparent à former des spores. Dans certaines condi- tions , un plus ou moins grand nombre des trichomes d'une fronde présentent des nodosités, des renflements fusiformes ou des pelotons contournés. Ces nodosi- tés se forment de la même manière que les jeunes Nostocs issus des hormogonies , c'est-à-dire par le gonflement transversal et la coupure oblique ou longitudinale de ces articles hypertrophiés. La présence de ces nodosités n’a pas de valeur spécifique , car c'est un caractère commun à presque toutes les espèces. Quand les articles se divisent en deux, la coupure est d’abord marquée par une dépres- sion moins profonde que le sillon placé entre les articles depuis longtemps séparés. Cette dépression, qu'on observe toujours, ne saurait caractériser une espèce déter- minée, comme l’a pensé M. Currey (1) lorsqu'il a fondé son N, minimum. Les hétérocystes sont d’abord de la grosseur des articles ordinaires, plus tard ils les débordent d'environ 1 à 2 1. Suivant que l’article qui devient hétérocyste avait toute sa longueur au moment de la transformation , ou qu'il venait de se diviser, l'hétérocyste est allongé , sphérique ou déprimé, et l’on en voit de ces (1) On some British Fresh-water Algæ, in Quart. Journ. of Microsc. Science, vol. VI], p. 216, tab. IX, fig. 27. 456 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. diverses formes dans le cours d’un même filament. Quand un hétérocyste est depuis lengtemps formé , il s'en produit de nouveaux de chaque côté de lui, soit immédia tement, soit avec interposition d'un article ordinaire. On trouve par conséquent, dans la plupart des Nostocs , des séries de trois à sept hétérocystes. Les plus gros hétérocystes ont à peu près la même dimension que les spores. En général, les hétérocystes des espèces terrestres se colorent en violet par la solution iodée de chlorure de zinc; la réaction manque ou est moins neite dans les espèces aquatiques. On distingue quelquefois les hétérocystes en terminaux et en intercalaires. Il n'existe en réalité, dans un individu de Nostoc, que deux hétérocystes terminaux, ceux qui se sont formés aux extrémités du fllament germinatif; tous les autres sont intercalaires. Pendant qu'ils végètent , les articles produisent une enveloppe mucilagineuse ou gélatineuse qui constitue la gaîne. Cette gaîne est plus ou moins nettement limitée au dehors. Souvent son contour est tout-à-fait indistinct dans une portion de la fronde , tandis qu’il est marqué , principalement vers la périphérie de la fronde, par un bord tranché et une coloration différente. La gaine existe toujours et l’on ne voit jamais les trichomes en contact immédiat. Les diverses couches qui composent la gaîne ne sont pas toujours semblables. Les unes sont fermes et colorées, les autres sont molles et distinctes ; quelquefois les nouvelles couches sont contournées (avec le trichome), à l’intérieur des couches anciennes. Souvent la gaîne est cylin- drique, égale, lisse; dans d’autres cas, elle est toruleuse, c’est-à-dire qu'elle présente une série d’étranglements réguliers de la longueur des articles. Il n’est pas rare que la section de la gaïîne soit ovale allongée ; dans ce cas lé trichome occupe une position excentrique. Toutes ces modifications et d’autres encore, se rencontrent fréquemment dans les diverses parties d’une même fronde et dans plusieurs espèces diverses. Malgré la grande uniformité de leur structure , les spores fournissent de bons signes diagnostiques. Malheureusement elles ne sont pas encore connues dans plu- sieurs espèces , elles sont en outre difficiles à trouver, et, quand on les rencontre, il arrive souvent que les échantillons qui les renferment ne contiennent plus de trichomes en état végétatif. Leur grosseur moyenne, plus que leur forme, me parait importante à noter. L’épaisseur et la coloration de leur tégument varient d’après l'état plus ou moins avancé de la maturité. ; Nosroc, Vauch. (Monormia, Berk, Hormosiphon. Kütz ). I. Intricata. Espèces aquatiques à frondes molles , gélatineuses , sans forme déter- minée , souvent flottantes. À. Trichomes formant des masses irrégulières dépourvues de gelée générale. a. Circonvolutions du trichome, serrées et à peine distinctes Articles épais de 34; hétérocystes épais de 412; spores globuleuses, épaisses de 6 tu. 1. N. Hederulæ, Menegh. b. Circonvolutions du trichome généralement distinctes. Articles épais de 3 (+; hétérocystes épais de 4 11; spores oblongues, grandes de 4 sur 6 12. « 2. N Tenuissimum , Rabenh. B. Tricomes entourés d'une gelée plus où moins abondante. : a. Tricomes très flexueux, pelotonnés; articles courts et serrés. Gaines incolores très réfringentes. Articles épais de 3.50 1; hétérocystes épais de 5àa6 1. 3. N. Linckia, (Roth). Var. «. Spores subglobuleuses ; grandes de 6 sur 7 & à 7 sur 8 14 N. intri caltum , Menegh. ‘ Var f. Spores ovales, grandes de 6.50 1 sur 9 4. N. crispulum , Rabenh. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 457 b. Trichomes lchement entrelacés , articles isodiamétriques , subdistants. 1° Spores subglobulenses ; articles épais de 3.75 à 4 a; hétérocystes épais de 6 ; spores grandes de 7 sur 8 k. 4. N. piscinale, Kütz. 2° Spores ovales. * Gelée molle, gaînes nulles, indistinctes ou incolores. Articles épais de 3.75 à 4 1; hétérocystes épais de 6 um; spores grandes de 6 sur 9 1. O. carneum, Ag. ** Gelée ferme, gaines et gelées teintées de jaune à la périphérie. Articles épais de 4.20 1; hétérocystes épais de 6 ; spores grandes de 6 sur 8. 6. N. rivulare, Kütz. IT. Gelatinosa. Frondes molles et gélatineuses , adhérentes ; articles des trichomes cylindriques-allongés dans les filaments jeunes. Spores oblongues , grandes. A. Plante des lieux aquatiques ou inondés ; frondes épaisses , difformes. a. Trichomes hétérogènes composés de deux sortes d'articles : les uns cylin- driques , les autres en tonneau ou sphériques-comprimés. Articles épais de 4 b.; hétérocystes épais de 7 à 8 1; spores lisses, grandes de 6 à 7 H sur 10 à 12 u. 7. N. spongiæforme, Ag. b. Trichomes homogènes. Articles épais de 4; hétérocystes épais de 6à7k ; spores couvertes d’aspérités, grandes de 7 à 12 p.. 8. N. gelatinosum, Schousb. B. Plante terrestre. Fronde plane , appliquée sur le sol par sa face inférieure. Articles épais de 4x; hétérocystes épais de 6 à 7 L; spores lisses, grandes de 6 sur 16 à 8 sur 19. 9. N. ellipsosporum , Rabenh. IT. Humifusa Espèces terrestres. Frondes d'abord globuleuses, puis confluentes et formant des plaques gélatineuses adhérentes au substratum par leur face inférieure. Spores lisses. À. Frondes en plaques orbiculaires ou indéfinies, continues. a. Spores mesurant 4 y. sur 8 11 ou plus. 1° Gaînes confluentes , trichomes écartés , irrégulièrement entre-croisés. * Spores ovales-arrondies ; articles épais de 4 à5 14; hétérocystes épais de 6 à 7 1..; spores grandes de 8 sur 12 4. 10. N. collinum , Kütz. ** Spores ovales ; articles épais de 3.50 u; hétérocystes épais de 5 k; spores graudes de 6 sur 10 1. 11. N. musçorum. Ag. Var. B. Gelée ferme; spores ovales allongées, grandes de 4 sur 8 b.. N. tenax, Thur. 2° Gafnes bien limitées et séparables par la pression ; trichomes repliés verti- calement et parallèlement. Articles épais de 4 1; hétérocystes épais de 6 14; spores grandes de 6 sur 8 12. N. Passerinianum , De Not. b. Spores mesurant 4 sur 6 x ou moins. “AX * Gelée assez ferme, trichomes olivâtres. Articles épais de 2.20 k; hétérocystes épais de 3 u; spores ovales, grandes de 4 sur 6 p. | 13. N. humifusum , Carm. ** Gelée molle, facilement diffluente, trichomes vert érugineux. Articles épais de 2.59 H; hétérocystes de 4 L; spores subglobuleuses grandes de 4 sur 5 4. 14. N. calcicola, Bréb. B. Frondes difformes, caverneuses. Articles sphériques-comprimés, épais de 4 4; hétérocystes épais de 7 H; spores grandes de 7 à 10 u. 15. N. foliaceum, Moug. 458 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. IV. Cominunia. Espèce terrestre (quelquefois inondée). Frondes d’abord globuleuses, puis devenant linguiformes, planes ou irrégulières , non adhérentes. Fron de adulte suborbiculaire , plissée, ondulée, entière ou lobée, souvent perforée. Articles sphériques-comprimés uniformes , épais de 5 & (de 4.50 à 6 11) ; hétérocystes épais de 7 3; spores... 16. N. ciniflonum, Tourn. V. Spkœrica. Frondes globuleuses ou subglobuleuses ( devenant parfois irrégulières quand elles grandissent beaucoup}, limitées par une couche péridermique ferme et résistante. A. Espèces terrestres ou quelquefois inondées. a. Trichones non renflés entre les hétérocystes. 1° Frondes atteignant 1° et plus , trichomes toruleux. * Frondes fermes ; trichomes serrés; articles en tonneau ou sphériques- comprimés, rapprochés, uniformes. Articles épais de 4 à 5 11; hété- rocystes épais de 6 4; spores ovales, à tégument épais, lisse, grandes de 5 sur 7 . 17. N. sphæricum, Vauch. ** Frondes molles, tiichomes très espacés, de grosseur inégale ; articles presque sphériques ; gaïnes souvent colorées contrastant avec la gelée générale incolore. Articles épais de 5à 8 4; hétérocystes épais de 7 p; spores (d’après M. Borzi) ovales, à tégument lisse. | 18. N. rupestre, Kütz. 2° Frondes très petites, punctiformes , n’atteignant pas { millimètre. * Trichomes gros, articles cylindriques à peine resserrés aux jointures. Articles épais de 8 à 9 1: hétérocystes épais de 9 à 10 um; spores (d’après M. Borzi), globuleuses à tegument lisse. 19, N. macrosporum, Menegh. / b. Trichomes renflés en fuseau entre les hétérocystes ; articles dissemblables, les uns étroits et allongés, les autres plus gros et sphériques. Articles épais de 4 à 7 13 hétérocystes épais de 6 à 7 1; spores (d’après M. Borzi) sphériques à tégument épais , scabre. 20. N. sphæroïdes, Kütz. B. Espèces aquatiques (de couleur bleue ou tirant sur le bleu). c. Trichomes dissemblables, inégaux ; articles biformes : les uns (jeunes) allongés; les autres plus gros, subsphériques, souvent remplis de granules opaques. Articles épais de 4 à 7 14% hétérocystes épais de 8 F; spores... 21. N. cœruleum, Lyngb. d. Trichomes homogènes, réguliers. 1° Frondes très petites, trichomes très serrés. Articles épais de 4 50 kH ; hétérocystes épais de 6 à 7 H; spores... 22. N. minulissimum, Kütz. 2° Frondes atteignant de 2 à 10 millimètres. * Articles sphériques-comprimés , épais de 5 à 64; hétérocystes épais de Ta 8; spores... 23. N. gregarium , Thur. ** Articles discoiïdes très serrés, épais de 4 à 6 1; hétérocystes épais de 6à7 1; spores. … 24. N. edule, Montg. et Berk. 3° Frondes atteignant la grosseur d'une noix. Articles épais de 4 à 9 K; hétérocystes épais de 6 à 7T 11; spores... , 25. N. pruniforme, Ag: YI. Verrucosa. Espèces aquatiques. Frondes arrondies ou discoides ; d’abord pleines, puis creuses ; limitées à la circonférence par un périderme ferme et tenace. Trichomes fins , très réguliers , espacés et peu flexueux au centre, plus serrés et très contournés à la périphérie. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 459 a. Frondes subglobuleuses ou bosselées. Gelées assez molles. Trichomes médioerement serrés et souvent pourvus de gaînes à la périphérie. Articles épais de 3 à 3.50 &; hétérocystes épais de 6 4; spores grandes de 5à 71. 26. N. verrucosum, Vauch. b. Frondes d’abord discoïdes ou linguiformes , puis ovoides , dures. Trichomes rayonnant régulièrement du centre à la circonférence, où ils forment une couche très dense. Articles épais de 4 1; hétérocystes épais de 6 kr; spores... | 27. N. parmelioïdes, Kütz. VII. Zetterstedtiana. Espèce aquatique. Frondes sphériques , dures , tuberculeuses , partagées en lobules rayonnants séparables. Articles subglobuleux ou oblongs, épais de 4 14 ; hétérocystes souvent disposés en files de 10 à 12, épais de 10 à 15 4; spores... 28. N. Zetterstedlii, Aresch. - VIII. Flagelliformia. Espèce terrestre; frondes formant des lanières linéaires étroites très allongées. Fronde linéaire ou sétacée , subdichotome. Trichomes longitu- dinaux, parallèles ; articles subsphériques. Articles épais de 5 L; hétérocystes épais de 5 à 6; spores... 29. N. flagelliforme, Berk. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIXE Fig. 1-6: — Nostoc muscorum, Ag. . Trichome pris dans une fronde non fructifiée. . Trichome fructifié. COST . Trichome fruciüifié pris dans une portion de fronde où les gaines sont Pose par des contours bien visibles. — À. Chapelets de spores ayant germé dans la gelée même de la fronde. — 5. Germinations plus avancées. — (6. Chapelets de spores germées, provenant d’une forme du Nostoc muscorum que M. Thuret distinguait sous le nom de N. tenax. | (D'après les échantillons vivants recueillis à Antibes et à Nice , en 1872.) Fig. 7. Nostoc ciniflonum . Tournef. ( Portion du filament pris dans la couche superficielle qe la fronde. (Gross. de 650 diam.) (D’après un échantillon vivant récolté à Antibes , le 1°" février 1873.) LA PESTE OÙ DISTOMATOSE DES ÉCREVISSES. * Il n’est personne qui n’aitentendu parler de la terrible épizootie, qui, comme une espèce de peste, a fait disparaître, en moins de quatre ou cinq années, toutes les écrevisses de la moitié des rivières de l'Europe centrale. Ce erustacé, si recherché et si estimé, n'existe presque plus que de souvenir dans de vastés étendues de pays, depuis la Meuse et la Saône jusqu'au Danube et l'Oder. Tout semble indiquer que cette terrible peste a pris naissance en Alsace ; du moins si nous consultons les auteurs, c’est en ce pays qu’on à jeté le premier cri d'alarme. 460 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. On a, dès juin 1878, constaté que les écrevisses diminuaient rapidement dans les divers cours d’eau. Cette observation fut faite aussi bien dans la Haute-Alsace que dans la Basse-Alsace, particulièrement dans l'IIl, rivière qui parcourt, du Sud au Nord, presque toutes les plaines de la contrée, et dont les écrevisses ‘étaient parti- culièrement renommées, tant sous le rapport de la quantité que de la qualité. Non seulement ces crustacés manquaient dans la plupart des rivières mais ceux qui étaient retenus dans les viviers ou les réservoirs de pêche, mouraient aussi en fort peu de temps. Dès 1879, le Conseil général de la Basse-Alsace se fit l’écho des plaintes des populations et particulièrement des pêcheurs ; sur l'avis motivé de M. Hack, directeur de l'établissement de pisciculture de Huningue. on défendit, d’une part, la pèche des écrevisses pendant trois ans, et l’on vota, d'autre part, un crédit pour opérer le repeuplement des cours d’eau avec des écrevisses provenant de pays non encore infectés. Cependant, presqu'àa la même époque, en 1878, on eut à denis la peste des écre- visses dans presque tous les pays avoisinant l’Alsace-Lorraine, notamment en Suisse, dans les affluents de la Birse et de l’Aar, et en France, dans le Doubs, la Saône, la Meuse et la Moselle. En Belgique, on se nlaint également, depuis quelques années, de la grande morta- lité qui règne parmi les écrevisses. mortalité que les uns rapportent à des modifica- tions dans la composition de l’eau ; les autres à une maladie particulière, la pré- sence d'un parasite de ces crustacés. | En ce qui concerne le Grand-Duché de Luxembourg, on nous apprend que, il y 2 ou 3 ans, l'écrevisse a disparu complètement et subitement de la Moselle, et que, de là, la mortalité s’est propagée parmi ces crustacés dans les affluents de cette rivière, ainsi que parmi ceux de la Sûre; actuellement l’écrevisse a disparu de tout le Luxembourg, jusqu’au pied des Ardennes. Tous les cours d’eau de la partie du Grand Duché, dite «le .bon pays. » sont aujourd’hui dépourvus de ce crustacé qui autrefois y était abondant; on ne le retrouve plus que dans les ruisseaux des Ardennes. La disparition” de cet animal a eu lieu d’une saison à l’autre. En Allemagne, la maladie a été constatée dans la plupart des cours d’eau du Duché de Bade, du Wurtemberg, de la Bavière, d’où la maladie a pénétré, d'une part, dans la Basse-Autriche, la Carinthie.et la Styrie, d'autre part, dans la Saxe et une grande partie de la Prusse. Au moment où nous écrivons ces lignes, on annonce l'apparition de cette maladie en Poméranie où elle n'avait pas régné avant le dégel des cours d’eau. D'après le D' Micha (1), la peste des écrevisses aurait cependant déjà existé, en 1874, dans la province de Magdebourg, notamment dans la Sprée, près de Fursten- walde. Il paraît qu'elle existe aussi depuis quelque temps en Suède. Au pont où en est la maladie aujourd’hui (printemps 1881), il est plus facile d'énumérer les pays qui n'en sont pas encore atteints que d'indiquer ceux où ce fléau sévit. Les pays encore épargnés sont, pour l'Europe centrale, en Allemagne : la Prusse orientale et occidentale, Posen et la Silésie ; en Autriche : la Bohème, la Moravie, la Hongrie, la Gallicie, la Transylvanie, la Carniole, la Croatie et le Tyrôl. Elle n'a pas été jusqu’à ce jour signalée en Italie, pas plus que dans l'Ouest de la France, ni même dans le bassin de la Seine. La grande étendue des pays où la peste des écrevisses s'est déclarée en si peu de temps et sa propagation à travers toute l'Europe centrale, sont une preuve de la marche rapide de cette maladie et de son extrème gravité. Avec une propagation et une mortalité plus considérable que les pestes qui ont jusqu'ici sévi soit sur les hommes, soit sur les animaux, la peste des écrevisses a occasionné des désastres dont on ne se fait que difficilement une idée. M. Nüffer, grand pisciculteur à Munich, (1) Deutsche Fischerzeilung, 1881, p. 353, JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 461 en a vu périr 29.000 en moins de quatre semaines, et une autre fois, plus de 6.000 en quinze jours (1) ; M. Washington, de Pols (Aurriche), en a perdu plus de 3,000 en un jour, dans un seul deses viviers (2). La maladie va toujours en remontant les cours d’eau ; c'est ainsi qu’en Alsace, elle a remonté l’All dans ses divers affluents des Vosges, où, pendant quelque temps on ne l’a signalée que dans la partie des vallées où le courant n'est pas rapide et d’où maintenant elle parait avoir pénétré jusqu’au fond des vallées, dans les ruis- seaux des montagnes, autrefois si peuplés d'écrevisses. De saison en saison, la zone, déjà bien petite , où l’on trouve encore en Alsace des écrevisses saines, va en se rétrécissant. Les écrevissés, apportées de loin pour le repeuplement des cours d'eau, paraissent être aussi devenues victimes de l'épidémie; aujourd’hui ce délicat crustacé est un produit tout-à-fait absent de nos rivières et n'est presque plus offert sur les marchés. Les dégâts occasionnés par la maladie sont incalculables ; les pertes éprouvées par les pêcheurs et les marchands de comestibles s'élèvent à des centaines de mille francs ; les pêcheurs et les pisciculteurs ont perdn une branche lucrative de leur industrie, et les restaurateurs sont privés du plaisir d'offrir à leurs clients un des mets les plus recherchés. Pour clore cette rapide esquisse historique de la peste des écrevisses, il se pré- sente encore une, question assez importante à résoudre, celle de savoir si cette maladie si meurtrière est réellement nouvelle. Nous sommes presque obligé de le croire, Car nous ne pouvons admettre qu'autrefois, malgré que la concurrence com- merciale n'entravât pas autant qu'aujourd'hui la reproduction de ces crustacés, elle eût passé inaperçue. Nous n'en trouvons aucune trace dans les écrits des anciens médecins, et cependant Guersent, Ozanam, Heusinger, dans leur histoire des mala- dies contagieuses, parlent d'épizooties chez les poissons, et ils ne citent, aucune maladie des écrevisses. De Baer, qui, dès 1827, cite le distome cirrigère des muscles des écrevisses, et qui en a rencontré parfois 200 dans un seul de ces crustacés, n'attribue pas de grande mortalité à ce parasite , il ne le considère pas même comme cause de maladie (3). M. de Trébold, qui a observé le mênie distome des écrevisses, en 1835, ne lui attribue pas non plus de maladie grave (4). Il est vrai qu'à cette époque on ne recherchait pas autant qu'aujourd'hui les influences nocives et patho- géniques des helminthes ; on croyait à leur innocuité relative, voire même à leur effet utile et hygiénique. C’est cependant au même distome (distoma cirrigenum) que, d’après les intéressants travaux de M. le D' Harz, professeur à l'École vétérinaire de Munich, nous devons attribuer la peste des écrevisses (5). M. le professeur Unter- berger, de Dorpat (Russie), est le seul auteur qui parle d'une épidémie des écre- visses, qu'il a observée dans les rivières et les canaux qui ont leur embouchure dans la Néva, et qui réunissent les lacs de Ladoga; Onega, Biela, etc.; mais il l’attribue au charbon, à la peste de Sibérie. à l'habitude de jeter beaucoup de cadavres dans ces rivières et ces canaux (6). (1) Jahresbericht der Thierarzeischute zu Munchen , 1880, P: 94. (2) 1bid., p. 76. (3) Nov. Act. Atad. C. L. C. G. Nat. Curiosior.; XII, IL, p. 553. t (4) M nahes ArChiv, 2°, 64. (5) Jahresbericht der Thierarzeischute zu Munschen, 1880 : Beitrage zur Kenntniss der Krebspest. Deutsche Zeilschrift fur Thirmedicin ; VII ; 1881 : Eine Dostomatosis der Flusskrelzen. (6) RENELT. Der Siberirche Milzhand ; 1863. | 462 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les divers auteurs qui s'occupent de pisciculture , Se:taisent aussi complètement: sur le chapitre des maladies des écrevisses, et ce n’est que dans ces dernières annees que quelques savants se sont occupés de la peste dont il s’agit. Nous citerons notamment, sans indiquer spécialement leurs opinions, MM. Hack, de Huningue (1); Haldenwang, de Baden-Baden (2); Rueff, de Stuttgart (3); Hallier, d'Iéna (4); Bollinger, de Munich (5), et tout particulièrement M. Harz, des Munich (6), auquel nous devons les principaux renseignements qui nous ont permis d'entreprendre ce petit travail. Nous serons forcément bref pour ce qui se FAO TE aux symptômes de cette maladie, dont on constate plutôt les effets ultimes, la grande mortalité et les désas- tres, que la suite des phénomènes pathologiques. Un de ses premiers signes, c'est de voir les écrevisses marcher presque debout en se tenant raides sur les pattes ; elles évitent les mouvements réguliers et rapides, et ne se sauvent plus quand on veut les tenir. Elles ne recherchent plus autant les coins et les anfractuosités des réservoirs ; elles restent au contraire au milieu du bassin. évitant tout mouvement inutile et paraissant même craindre les heurts et le toucher des autres crustacés. Elles se réunissent ainsi involontairement en groupes au milieu du vivier, où elles se montrent souvent comme des corps inertes. Lorsqu'elles sont tombées sur le dos, elles se laissent entrainer par le courant, sans lui opposer la moindre résistance. ‘Tandis qu'ordinairement les écrevisses ne se querellent pas entre elles, à moins que ce ne soit l'époque du rut, elles sont, lorsqu'elles sont atteintes de la peste, très irritables et luttent fréquemment entre elles ; elles se saisissent vivement et con- vulsivement entre leurs serres, sans pouvoir se lâcher ensuite. Il faut un effort con- sidérable pour séparer ces animaux ainsi entrelacés : si les deux bêtes, ainsi enche- vêtrées, sont malades, on les voits’arracher mutuellement äes membres ; leur sépa- ration n’a lieu que par la perte d’une serre ou d’un pied. Ges faits expliquent pour- quoi, dès le début de l'épidémie, et comme signe caractéristique de celle-ci, on trouve toujours nombre de serres et de pattes, détachées des bêtes vivantes, au fond du vivier, ou du cours d’eau ; et ce n'est pas une gangréne sèche, analogue à celle de l’ergotisme, qui produit la chute des membres, car M. Harz a observé que des écrevisses malades, maintenues isolées jusqu'au moment de la mort, n’ont pas subi de ces pertes de membres. On constate aussi chez les malades, une certaine tuméfaction de l'abdomen, de ce qu'on appe:le improprement la queue, surtout le pourtour de l'anus qui se trouve envahi ; toute cette partie devient rougeàtre et même translucide. À un degré plus avancé de la maladie, les écrevisses perdent leur sensibilité et en même temps leur irritabilité : on peut leur toucher les yeux avec les doigts sans qu'elles cherchent à s'y soustraire ; ces organes sont fortement saillants, comme si leurs muscles étaient atteints de parésie. L'animal malade ne se remue plus guère et ne montre que de temps à autre quelques mouvements, accompagnés de contrac- tions spasmodiques. Si l’on prend une écrevisse malade en main, on provoque des mouvements convulsifs ; mais ce ne sont pas ces mouvements brusques et forts, ces claquements dans la queue, propres à l’écrevisse saine, à celle qui a conservé toute la puissance de ses muscles. Les contractions musculaires chez les bêtes malades (1) Verwallungs Bericht von Naler Elsan ; 1819. p. 228. . (2) Deutsche Fischerzeilung ; 1879. | à ) Schwäbischer Merkur ; 1319 , 18 avril. (3 (4) Revue für Thierheilkunde ; Wien 1880 , p. 178. Loco cilalo. ) (5) Aerzllicher Inlelligenzblalt ; 1880, (6) JOURNAL DE MICROGRAPHIE. * 463 L occasionnent évidemment de la douleur, ou elles sont provoquées par celle-ci. Les mouvements ordinaires des membres sont lents et souvent désordonnés ; les.serres ne peuvent plus pincer et les pattes rudimentaires, qui seules se remuent, sont fortement écartées du corps. La-maladie s'aggrave insensiblement et la mort qui survient bientôt est précédée d'une dilatation spasmodique de l'anus, d'ous’écoule du sperme mêlé de mucosités. La maladie ne dure que peu de temps : huit jours au plus, quelquefois à peine trois jours ; elle est toujours incurable et généralement mortelle. Cette maladie est souvent attribuée par les pêcheurs à la présence dans les cours d'eau d'une plante aquatique importée du Canada vers 1847, et désignée sous le nom d'Efodea canadensis. Cette plante s’est propagée dans les cours d’eau et les canaux de l'Europe avec une telle rapidité qu'elle gène souvent la’ pèche et la navi- gation : elle a reçu le nom de peste des eaux. Cette opinion n'est basée que sur la coïncidence de l'apparition de deux: fléaux. La peste des écrevisses est essentiellement infectieuse, mais non contagieuse, C "est-à- dire qu'elle ne se communique pas (Harz). Mettez des écrevisses, non encore infectées, dans un bassin où il y a des malades, ou opérez dans le sens inverse, vous verrez les malades mourir en assez peu de temps, tandis que les autres, au contraire, resteront saines. La maladie n'est pas due, en effet, à un germe micros- copique qui, comme ceux des affections charbonneuses ou typhoïdes, se détache du malade et va se fixer sur un nouvel être qu'il contagionne. Elle procède d’un ètre plus complexe, d’un helminthe proprement dit, qui ne se propage pas directement d'une écrevisse à l’autre, mais qui a besoin, pour se reproduire, de passer .préalable- ment par un autre hôte, de se développer sur ou dans une autre espèce animale, en vertu de la loi des générations alternantes de Steenstrup. La maladie, suivant l'in- téressante découverte de M. Harz , est due à un distome, et il l’a décrit sous le nom distomatose des écrevisses (Distomatosis astacina) (1). A l’autopsie des écrevisses malades , on trouve toujours une altération du tissu musculaire ; ce tissu est sans consistance, rougeâtre ; on le dirait en voie de décomposition; tout comme dans les affections typhoides, on n’observe plus au microscope les stries transversales de ses fibres (Rueff). Constamment le D' Harz y a constaté , tantôt libre, tantôt enkysté à la façon des trichines, le trématode décrit par de Baer sous le nom de distoma cirrigerum, que cet observateur a découvert en 1827, dans les muscles des écrevisses, et que Siebold a décrit également quelques années plus tard. Parfois on trouve chez les écrevisses malades le distoma isostomum décrit par Rudolphi. La présence de ces parasites dans le tissu musculaire explique les douleurs violentes que témoignent les écrevisses ; elles sont provoquées à la fois par la migration des distomes , par la perte de substance et par la compression des tissus ; ainsi s'expliquent aussi les difficultés du mouvement. Le nombre de ces parasites est très variable ; il n’y en a quelquefois que de 3 à5; mais le plus souvent on en trouve de 20 à 50, et parfois même de 160 à 200. Le distome cirrigère est le plus commun ; libre, il a la forme d'une bourse allongée, avec une bouche formant son extrémité supérieure et une ventouse latérale située au tiers supérieur de son corps; les deux ventouses sont bordées d'une large frange (cirrus), d'où le nom donné à ce ver ; l'animal mesure 1%" 20 environ de longueur, et a 0" 25 de largeur. Le kyste est formé par le sarcolemme ; il est hyaloïde ; il reste mou et élastique ; il n’a pas de structure spéciale. Le distome y est comme replié sur lui-même, de sorte que, enkysté, il est plus petit que le ver libre; il occupe moins d'espace ; le kyste est de forme arrondie ou légèrement ovale; il mesure 075 de longueur sur 0%" 50 de largeur. (1) Deutsche Zeitschrift für Thiermedicin de Bollinger et Franch, 1881. 46% JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Les distomes enkystés se trouvent surtout dans les muscles de la queue, dans ceux des serres , des pattes, ainsi que dans ceux des mandibules et des antennes. Ils ne sont pas exclusivement logés dans le tissu musculaire; on en trouve aussi dans les autres tissus des intestins , de l'estomac et du cœur, voire même dans ceux des organes génitaux , mais Jamais dans les branchies et dans le foie. Les distomes libres occupent ordinairement le tissu cellulaire des organes , mais on les trouve aussi parfois dans la cavité splanchnique. . Les intestins des écrevisses malades sont pâles et vides ; on v trouve toujours de nowbreuses granulations organiques, des microcoques et parfois des chaînes leptothricales ; des bactéries , ce qui indique un état dyssentérique. Il n'y a ordinairement rien d'anormal du côté du cœur, des vaisseaux sanguins , : du foie, des organes génitaux et des branchies. La maladie des écrevisses n’est pas due à des champignons microscopiques , à des bactéries ou à des microbes, comme quelques observateurs (Hack, Hallier, Bollinger) l'ont eru un moment. On trouve parfois de ces infiniment petits chez les écrevisses malades , mais par cela même qu'on n’én trouve pas constamment dans la peste, on ne saurait y découvrir la cause de l’épilémie. Il en est de même des Branchiobdella , annélides parasites qu'on trouve dans les branchies de l’écrevisse, observées depuis longtemps par Roesel, puis étudiées par, Odier (1), et signalées depuis par MM. Ruef et Hilzendorf. comme cause de la peste, mais qu’on n'observe pas constamment chez les malades. Ces divers parasites peuvent produire d’autres maladies chez les écrevisses, mais non la peste ; ils sont la cause assez ordinaire de la mortalité qu'on observe à peu près constamment dans les viviers des marchands d’écrevisses , et qui parfois s'élève à 15 et 25 °/,. La seule cause de la peste des écrevisses, ce sont les distomes , lesquels ne manquent jamais dans les animaux malades (Harz). Il n'est pas bien difficile de constater la présence de ces distomes ; il nous est arrivé de les rencontrer sous le microscope, il y a un peu plus d’un an, sans que nous nous soyons rendu exactement compte de la nature de ces parasites. Nous avons pris une écrevisse qui venait de mourir; nous lui avons arraché la queue, séparé les anneaux et mis ainsi à découvert la masse musculaire de cette région et tout l'abdomen. Nous dilacérämes ces tissus et recueillimes le suc qui s’en écoulait, sur le porte-objet d'un microscope ; nous aperçümes alors un nombre a*sez Considé- able d'êtres plus où moins allongés qui se recourbaient , s'étendaient, décrivaient des ares de cercles , s'entortillaient même comme des ser au Nous erümes avoir mis à découvert quelque cercaire , quelque larve de distome , quelque être analogue aux cércaires que l'on obtient, suivant le conseil de Van Béneden (2), en dilacérant sur le porte-objet du microscope quelque mollusque d’eau douce , soit des limnées , soit des planorbes des étangs ; alors aussi on voit une multitude de cette espèce de tètards qui se débattent et qui s’agitent vivement. Diverses circonstances , la difficalté de se procurer des écrevisses malades, et des occupations plus pressantes , etc., nous empéchèrent de poursuivre notre décou- verte ; nous nous contentämes de la communiquer à la direction de l'arrondissement de Strasbourg, dans un rapport sur l'étendue de la peste dans cet arrondissement. Ce n’est qu'en lisant, il y a quelque temps, les travaux si intéressants du D° Harz et en comparant sa découverte avec la nôtre, que nous reconnûmes que nous avions eu sous les yeux les distomes de de Baer. M. Harz dit, en effet, que si l’on extrait le distome de sa coque, et qu’on le comprime un peu sur le porte-objet du micros- cope , on le voit faire cles contorsions de tous genres et changer même de forme, s'allonger, se rétrécir, etc. (1) GuéRiN. Dict. d'histoire naturelle, 11, p. 686. 2) Commensaux el parasiles, p. 176. JOURNAT, DE MICROGRAPHIE. L 465 Les distomes que j'ai eu l’occasion de recueillir sur les écrevisses malades, diffèrent de ceux mentionnés par M. Harz, par un peu plus de longueur et par l'existence non constante d’un appendice caudal. Ils étaient donc à un degré de développement moins avancé que ceux décrits par M. Harz et représentaient de véritables cercaires. Les distomes de de Baer, que M. Harz a trouvés si fréquemment dans la peste des écrevisses, qu'il n’a pas hésité à leur attribuer cette grave maladie, ne sont cependant pas des animaux parfaits ; ils ne sont pas comparables aux distomes hépatiques des ruminants, que nous avons démontré être la cause de la cachexie aqueuse (1) ; ils n'ont que des organes génitaux rudimentaires, ne pondent pas d'œufs, et ne peuvent se produire dans les écrevisses. Nous avions donc raison de comparer ces êtres agames aux cercaires des mollusques ; car, comme ces cercaires et comme ceux d'autres crustacés ou même de vers, il faut que les distomes des écrevisses soient avalés par un animal supérieur, par un vertébré, pour devenir amimal parfait et pour pouvoir se multiplier par des œufs. Il importerait maintenant de connaître l'animal dans lequel habite à l’état parfait le distome qui est la cause première de la peste des écrevisses ; c'est probablement un poisson, mais lequel ? On sait combien est grand le nombre des distomes ; ces parasites fréquentent, à quelques exceptions près, toutes les classes du règne animal ; leur nombre est surtout grand dans les poissons. M. Harz pense que c'est probablement dans un cyprin, notamment la carpe ou la tanche, que vit le distome parfait de l'écrevisse ; peut-être que c'est dans l’anguille, comme semblerait le prouver l'observation suivante faite en Suède et rapportée par le D’ Liuroth à M. Harz. Le lit du Klar-elfen était autrefois très riche en belles écrevisses ; cette rivière, se continuant par le lac de Menern. auquel succède la cataracte de Trollhaette , se Jette à quelques milles plus loin dans la mer. Les poissons venant de la mer ne pouvaient remonter la rivière que jusqu'à la cataracte ; parmi eux se trouvaient beaucoup d’anguilles. 11 y a quelques années , on a fait un canal qui contourne la cataracte de Trollhaete et en utilise la chute d’eau ; depuis lors, les anguilles et d’autres poisssons arrivent dans le lac de Menern , remontent dans le Klar-elfen , et les écrevisses ont presque complètement disparu de cette rivière; celles qui s'y trouvaient ont péri, de même que celles qu'on y a ensuite importées. A. ZUNDEL, Vétérinaire supérieur d’Alsace-Lorraine , à Strasbourg. ( À suivre.) Le GÉRanr : KE. PROUT. (1) ZUNDEL. La distomatose ou cachexie aqueuse du mouton. Strasbourg , 1880. 466 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D'ACIDE PHÉNIQUE. Prix en France 4 fr. 539. — Giyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des Brûlures, des Ulcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqüres veni- meuses. | 8 fr. » — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 3 fr. » — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. & fr. » — Sirop lodo-Phénmique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. 4 fr. >» — Sirop au Phénate dd Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. » — Huile de Foie de Morue phéniquée. A fr. »y — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fièvre bilieuse des pays chauds. 2 fr. » — Solution d'Acide Phénique pour Injections sous-cutanées. 2 fr. 530 — Solution Sulfo-Phénique. D CRT 2 fr. >» — Solution Kodo-Phénique. > 3 fr. 50 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » 2 fr. 59 — Capsules au Goudron çé à l'Acide Phénique, au Phênate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. . 4 fr. »y — Win autidiabétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaing, Guénon et €‘. 6, avenue Victoria. PEPTONES PEPSIOL…S A LA VIANDE DE BŒUF De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1'° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que de la viande de bœuf digérée et rendue assimilable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrême état de concentration , puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l'économie une action nutritive intense. Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues dans, le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se pr sonRene beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. Las deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ge sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOREAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en geléé à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. Il contient par cuillerée à café la peptone pep- sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VEN DE PEPEONE IDE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d'un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d’un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cachexie. — Débilité.— Alonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des. vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, Rae 8, rue Vivienne. — Hétail : Pharmacie VIAL , 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiës, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. Cinquième année. N° 12. Décembre 1881. JOURNAL DE MICROGRAPHIE SOMMAIRE : Revue, par le D' J. PELLETAN. — Les organismes unicellulaires; — les Protozoaires (suite), leçons faites au Collége de France, par le professeur BALBIANI. — Le cerveau de la Locuste (suite), par le D' A. S. PACKARD jun. — Aperçu d'Embryologie comparée (suite), par le D' Cu. SEDGWIicK-MiINOT. — Notes sur l’ouverture angulaire des objectifs à immersion, par M.FR. Crisp. — Note sur les objectifs à immersion homogène. — Nouyeaux liquides pour cette immersion, par le D'H.Vax HEURCK. — Correspondance ; — Congrès de Dax, en mai 1882, par M. Du BoucHer. — La Distomatose ou peste des Écrevisses (fin), par M. A. ZUNDEL. — Table alphabétique des matières contenues dans le tome V du JOURNAL DE MICROGRAPHIE ; — Table alphabétique des auteurs; — Explication des figures dans le texte; — Explication des planches. — Avis divers. REVUE. La Société de Borda, qui a son siége à Dax (Landes), a décidé la convocation d’un congrès scientifique, dans la même ville, à l’occasion du conéours régional qui s’y tiendra le 1% mai 1882. Elle convoque à ce congrès toutes les Académies et Sociétés sa- vantes du Sud-Ouest de la France ou de toute autre région qui vou- dront s’associer à ses travaux. La durée de la session sera de six jours au plus. Les travaux du congrès seront répartis en trois sections : 1° sciences physiques, naturelles et mathématiques ; 2° anthropologie, archéo- logie préhistorique, sciences médicales; % histoire et archéologie historique. = Nous renvoyons d’ailleurs, pour plus amples détails, à \ la leitre de M. Du Boucher, secrétaire général du congrès, que l’on trouvera dans le présent numéro. 470 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. KL M. J. d'Arbaumont a bien voulu nous adresser le tirage à part de son remarquable travail sur la fige des Ampélidées. C'est une mono- graphie des plus complètes — et très savante — dans laquelle l’auteur L'a pas examiné moins de quatre-vingt-cinq espèces prises dans les genres Voies, Cissus, Ampelopsis, Leea et Pterisanthes. Ce travail important est divisé en six chapitres : Chapitre I. — £corce primarre : 1° structure générale de l'écorce primaire ; 2’ épiderme et ses annexes ; 3° suber ou périderme ; 4° col- lenchyme; 5° parenchyme cortical. Ch. Il. — Moelle. Ch. IT — Structure el évolution en diamètre du cylindre libéro- ligneux : 1° Structure du liber; 2° structure du bois et enveloppe du cylindre Hibéro- l'gneux. Ch. IV.— Constitution élémentaire du cylindre Rte -ligneux : — À. — Élément du liber : 4° liber mou ; 2° fibres libériennes. — B. — 4° Fibres ligneuses ; 2° fibres vasculaires ; 3° vaisseaux ; 4° parenchyme ligneux. Ch. V.— Contenu des cellules : — 1° Cellules à raphides ; 2° tannin ; — 4 amidon et ses succédanés. Ch. VI — Classification. Dans ce mémoire, le savant membre de la Société Botanique de France a résolu ce problème, qui n’était pas aussi facile qu'on le croit, d'expliquer d’une manière claire la constitution et le développement d’une tige ligneuse, et, qui plus est, de rendre attrayante l'exposition de ce sujet, naturellement assez sec. Nons donnerons, d’ailleurs, une analyse détaillée de ce travail, aus- sitôt que l’espace nous le permettra. — Le mémoire de M. J. d'Arbau- mont est accompagné de trois jolies planches lithographiées. La lievue Bryologique de M. Husnot contient dans son dernier numéro (N°6), un article sur le Marsupella Stableri, n. sp. et quelques espèces voisines d'Hépaliques Européennes, par M. R. Spruce, Cet article est écrit en anglais, mais les diagnoses sont en latin. — Puis, nous trouvons .la suite du Catalogue des Mousses el Hépatiques d'Ille-et-Vilaine , par l'abbé de la Godelinais. ù Et à propos de Mousses, nous nous faisons un devoir d'insérer la note suivante qui nous est adressée par M: A. Geheeb : « Préparant une flore bryologique de Madère et des Iles Canaries , » je demande des matériaux relatifs à ces îles, à tous les bryologues L LU - : \ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 47 » qui voudront bien m'en donner. Je serais toujours prêt à leur > donner, en échange, des mousses exotiques et des espèces nouvelles » de divers pays. » A. GEHEEB, Pharmacien à Geisa (Saxe- Weimar) Allemagne. La Société Américaine des Microscopistes a accepté l'invitation de la Société micrographique d'Elnira, État de New-York, et tiendra son prochain congrès dans ladite ville d'Elmira. Le meeting sera ouvert le mardi 17 août 1882 et fermera le vendredi suivant, permettant ainsi aux membres du congrès d'assister à la réunion de l'Association Américaine pour l'avancement des Sciences, qui aura lieu cette année le mardi 24 août ; à Montréal. Canada. La Société Américaine de Microscopie a institué, à son dernier congrès, une commission composée de MM. R. H. Ward, H. L. Smith , J. D. Hyatt et G. E. Blackham. Cette commission est chargée d'examiner s’il n’est pas possible d'assurer une plus grande uniformité dans la consiruction des oculaires chez les divers opticiens , et, par exemple, d'établir une nomenclature unique basée sur le pouvoir grossissant des oculaires. Une circulaire à été adressée par la commis- sion à tous les constructeurs américains, pour leur demander leur concours dans cette utile réforme. L'American Naturalist contient, dans ses derniers numéros , plu- sieurs articles des plus intéressants, parmi lesquéls nous devons citer les suivants : Variations chez les Crustacés Copépodes , par le D' C. F. Gissler ; Le Scolopendrella et sa place dans : Nature ; par le D'A.S. Packard junior; Sur les caraclères microscopiques el généraux du Péècher affecte de la maladie du «jaune », par M. W. K. Highley. Nous donnerons un peu plus tard la traduction de ce cet important mémoire ; Faune de la caverne du Nickajack, par MM. E. D. Cope and A.S. Packard jun. — Cette caverne est située à la limite méridionale du Tennessee , au point où celle-ci est coupée par la ligne qui sépare les Etats de Georgie et d’Alabama. Ses dimensions sont égales à celles des fameuses cavernes du Mammouth, de Wyandotté, dans le Kentucky èL l'Indiana. Les savants explorateurs ont constaté dans cette grotte l'existence de diverses salamandres, dont une espèce nouvelle, le 472 -JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Plethedon æneus Cope: plusieurs poissons, mais non aveugles, habitant à une petite distance de l'entrée ; un pelit scorpion , quelques myriapodes , plusieurs insectes, mais particulièrement des crustacés. Parmi ceux-ci, l’un des plus intéressants est un petit isopode sans yeux qui paraît un Ase/lus modifié et appartient au même genre que le Cecidotæa Stlygia de la grotte du Mammouth. C’est une espèce nouvelle, le Cecidotæa Nickajackensis, Pack. — Puis, un amphipode muni d'yeux ; le Crangonyx antennatus, Pack. — Mais l'espèce la plus intéressante est une Ecrevisse aveugle , lOrconectes hamulatus, différente de l'Ecrevisse aveugle du Mammouth et de Wyandotte’, l'O. pellucidus. Ces deux formes aveugles paraissent descendre du Cam- barus affinis ou du C. latimanus. + * * Annonçons, en terminant, à nos lecteurs, que nous commencerons dans un prochain Numéro la publication d’une traduction du récent mémoire du professeur P. T. Cleve, d'Upsal , sur les DIATOMÉES DES GALLOPAGOS , d'Honoiulu , de Port-Jackson, etc. Cette traduction sera accompagnée d’une reproduction exacte des planches, à l’aide des procédés les plus perfectionnés de l’héliogravure. k | D' J. PELLETAN. TRAVAUX. ORIGINAUX. LES ORGANISMES UNICELLULAIRES. LES PROTOZOAIRES. Leçons faites au Collége de France par le professeur BALBIANI. (Suite). (1) 1 E, a CONJUGAISON. Nous avons vu comment deux idées à peu près contradictoires se sont produites presque parallèlement à propos de la reproduction des Infusoires ; suivant la première, il n'y aurait pas de copulation chez (1) Voir Journal de Micrographie , T. V, 1881, p. 63, 116, 156, 203, 257, 292, 821, 351, 388, 485. | JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 473 . ces êtres ; suivant la seconde, ils se reproduiraient par des embryons internes ou gemmes. — Quelques auteurs, Stein d'abord, n'attri- buèrent pas aux embryons une origine sexuelle : ceux-ci prenaient naissance , d'après lui, par une gemmiparité interne dont le noyau était le siège, aussi Claparède l’appelait-il embryogène. Il supposait que le noyau pouvait donner naissance aux embryons par deux pro- cédés : premièrement , à l’aide d’une portion du noyau qui se séparait par étranglement , se munissait de vésicule contractile à l’intérieur, puis de cils vibratiles à la surface ; secondement , le segment détaché du noyau se gonflait, produisait des corpuscules ovalaires qui s’orga- nisaient en autant de jeunes embryons, se munissaient de vésicule contractile , de cils vibratiles , puis devenaient libres par un canal qui s improvisait, à ce moment, à lravers le parenchyme du parent et dont Claparède décrit l'ouverture , sous le nom d'os uterti. Claparède a décrit ainsi les embryons chez l'Epistylis plicatilis, les Paramecium Aurelia, Bursaria, putrinum, le Slentor polymor- phus ; Stein ceux des Séylonychia mytilus, Urostyla grandis, et d’autres Infusoires. Nous avons vu, aussi, comment Balbiani s’est fait une idée toute différente de ces phénomènes. Il avait d’abord constaté que ce qui était considéré comme une division longitudinale est un véritable açcouplement , puis, que les prétendus embryons internes sont des êtres de la famille des Acinétiens qui s’introduisaient dans les Infusoires ciliés pour s’en nourrir. — « En rapprochant ces dernières observa- tions , dit M. Balbiani, des modifications que j'avais vues se produire chez les Infusoires à l’état de division , j'en avais conclu que ces êtres se reproduisent avec le concours des deux sexes, et je décrivais des spermatozoïdes et des œufs. — Et ce n’est pas la première fois, d'ailleurs, qu'on parlait de spermatozoïdes et d'œufs à propos des Infusoires. En dehors d'Ehrenberg, qui n’appuyait ses idées sur aucun fait, Claparède avait trouvé, chez les Stentors, de longs filaments mobiles, renfermés en grand nombre dans une cavité du parenchyme, et, plus tard, chez le Chilodon cucullulus, il avait vu des filaments semblables , — observation qu’il croyait même plus probante, parce que les filaments étaient renfermés dans le noyau lui-même, noyau qu'Ehrenberg caractérisait comme glande mâle ou testicule. » » À cette même époque, J. Müller trouva dans le Paramecium Aureha, des bâtonnets qui pouvaient avoir l'apparence de spermato- zoïdes, mais il n’affirmait rien. Lieberkühn vit la même chose sur un Colpode. — Ces observations, sur les filaments dans le noyau et même le nucléole , se sont multipliées depuis, et aujourd'hui nous savons que ce que les auteurs ont ainsi décrit sont des Schizomycètes, des Bacillus parasites qui s’introduisent dans le noyau et le nucléole, et se multiplient par désarticulation, comme on le sait, maintenant 474 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. == = — — 2 ——_—_—_— —— — ———__ —__—— 5" — qu'on connaît le mode de reproduction de ces organismes. J'ai été le premier à montrer que ces prétendus spermatozoïdes ne sont que des bactériens, par leurs caractères morphologiques aussi bien que par leur caractéristique microchimique, par exemple, leur RÉ RUDUSE dans les solutions alcalines concentrées. » Dans le noyau, ces bactériens déterminent un état pathologique tel, qu'il détruit chez l’Infusoire l'instinct sexuel : l’animal ne cherche plus à s’accoupler. En effet, au milieu d'animaux accouplés, Balbiani a trouvé des individus isolés, qui n'avaient pas voulu s’accoupler, et qui présentaient des bactériens dans leur noyau ou dans leur nucléole. et quelquefois avec une dilatation énorme du noyau, ou bien du nucléole. Ce dernier, en effet, devient parfois, chez les Paramecium Aurelia et P. bursaria, plas gros que le noyau et se trouve réduit à sa membrane d'enveloppe transformée en une vaste poche remplie de filaments bactériens. . En 1858 et 1861, dans le Journal de Physiologie, de Brown-Séquard, Balbiani a décrit ce qu'il croyait être les organes reproducteurs des Infusoires : le nucléole était un organe mâle et Le noyau une glande femelle, c’est-à-dire un ovaire; il faisait connaître les modifications qui se produisent pendant la conjugaison. Cette conjugaison est l'accouplement d'hermaphrodites imparfaits, c’est-à-dire d'animaux qui, bien que pourvus des attributs des deux sexes, ont besoin du concours d’un autre individu pour se féconder mutuellement. Mais avant d'aller plus loin , nous devons dire quelques mots sur le phénomène lui-même de la Gonjngalson, la manière dont les animaux se réunissent, suivant l’organisation des différents types ; — l'attitude, en effet, varie suivant la position de la bouche, et l’on peut, sous ce point de vue, considérer deux groupes d'animaux, suivant que la bouche est latérale ou terminale. Les espèces qui présentent une bouche latérale composent la grande majorité des Infusoires. Chez elles, les deux individus se placent parallèlement l’un à l’autre, en s’accolant par la surface en contact. Quand la surface est sinueuse , les deux individus s’engrènent , s'em- brassent par leurs extrémités antérieure et postérieure. — La conju- gaison peut durer plusieurs jours, notamment chez les Paramecium bursaria qui restent accouplés pendant cinq à six jours. — Elle dure de vingt-quatre à trente-six heures chez le Paramecium Aurela. Chez les Oxytrichines, les deux animaux conjugués se placent laté- ralement et fusionnent même , d’une manière intime, dans une partie importante de leur individu. Ils se placent ventre à ventre. se font des. attouchements avec leurs crochets ventraux ; puis, se plaçant l’un à côté de l’autre, ils se soudent intimement dans leur substance. Pen- dant cette conjugaison, l’un des animaux est placé d'abord un peu obliquement par rapport à l’autre, mais il s'opère une modification JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | 475 profonde dans les parties formant la région antérieure du corps. Le péristome est conservé tout entier dans l'individu de gauche , tandis que celui de l’individu de droite a disparu” presque complètement dans sa partie antérieure qui est confondue dans la masse résultant de la fusion des deux individus. Nous ne pouvons nous étendre davantage ici sur ces phénomènes et nous sommes obligés de renvoyer les lecteurs au Mémoire de Bal- biani où ces faits sont décrits d’une manière très détaillée. (Journ. de Physiologie, de Brown Séquard, 1861). Nous signalerons seulement ce mode de conjugaison tout particulier chez les Vorticelliens, et fort remarquable en ce qu’il consiste en l’ab- sorption d'un petit individu , ou d’une microgonidie, dans la substance d’un mdividu plus gros , conjugaison qui, a un certain moment, imite si bien une gemmiparite qu'on l’a longtemps confondue avec ce dermier phénomène. Stein, qui, pendant longtemps, s'était refusé à admettre les idées de Balbiani sur la conjugaison et avait continué à considérer cette conju- gaison comme une fissiparité longitudinale, Stein s’est rallié à l'opinion actuelle et pense que cet état de conjugaison ne s'accompagne pas seu- ment de modifications intérieures du corps des Infusoires , mais aussi de modifications externes ; il croit qu’ils subissent un rajeunissement, un renouvellement total de leurs cils vibratiles, par exemple, comme nous avons vu qu'il s’en produit un pendant la fissiparité. — Stein dit avoir observé le même fait après la conjugaison. « Pour marpart, dit encore M. Balbiani, je n’ai jamais observé de changements extérieurs aussi frappants. — J'ai vu seulement qu'ils reproduisent les crochets , les cils vibratiles et autres qui ont disparu dans les parties confondues en une seule. — Chez d'autres Infusoires, les Paraméciens, par exemple, la conjugaison est beaucoup moins complète, et chez les Paramecium, 1 n’y a qu’un accollement rendu plus solide par la sécrétion d’une sorte de ciment qui maintient les animaux l’un contre l’autre, mais rien qui rappelle la fusion intime des Oxytrichines. « Chez les Spirostomes et les Stentors, la réunion se fait aussi par juxtaposition des individus dans une étendue plus ou moins grande de leur surface, suivant leur forme. » Dans le second groupe d'Infusoires, ceux dont la bouche est termi- nale, Colpoda, Didiniwm, Nassula, Prorodon, etc., les deux conjoints ne se placent pas parallèlement, mais bout à bout et même bouche à bouche longitudinalement ; mais, en général, ils ne restent pas long- temps dans cette posilion, ils se renversent sur les côtés de la ligne longitudinale, et se présentent réunis par les extrémités buccales. — Ce cas est. beaucoup plus rare que l’autre à. cause de la rareté plus grande des, Infusoires qui ont la bouche terminale. 476 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. » Après avoir constaté que, pendant la conjugaison, les Infusoires ciliés sont toujours réunis par l'ouverture qui forme la bouche, j'ai pensé que cette ouverture devait jouer le rôle d’une ouverture sexuelle, et que c'était par là que devaient se faire les échanges des produits reproducteurs. En effet, j'avais souvent constaté qu’une ou plusieurs capsules séminales, qui représentaient, pour moi, l'appareil mâle, se trouvaient engagées dans l'ouverture buccale et paraissaient prêtes à s’échanger entre les deux individus. Chez quelques espèces, cependant, j'avais cru ‘distinguer une ouverture sexuelle spéciale, — par exemple, chez les Stentors, où j'avais vu une ligne en forme de crête saillante, courbe, qui paraissait constituée par la lèvre supérieure d'une ouverture particulière. Je considérais cette dernière comme une ouverture sexuelle. Ghezles Stylonychies, il existe une fente analogue dans le péristome. Mais tous ces faits sont d’une observation très déli- cate et ne me paraissent pas suffisamment démontrés pour que je puisse affirmer qu'il s’agit bien réellement d’une ouverture sexuelle. » « Je signalerai seulement une espèce où l'existence de cette ouver- ture sexuelle me paraît démontrée. Il s’agit du Trachelius ovum. Gegenbaur(1) avait déjà indiqué sur cette espèce, en 1857, deux ouver- tures voisines, l’une qui est la bouche et l’autre qui est placée au-des- sous d’une sorte d’appendice en forme de trompe, et que Gegenbaur croyait destinée à introduire l’eau dans les vacuoles du parenchyme. J'ai démontré que cette petite ouverture aboutit à un canal; — et comme les deux individus conjugués sont toujours réunis par les bords de cette ouverture, qui est glutineuse et possède un anneau contrac- tile, comme un sphincter, j'ai considéré celle-ci comme une ouverture sexuelle, et le canal auquel elle aboutit, comme un canal fécondateur, pouvant même servir pour l'expulsion des œufs. » | « Je ne parlerai que pour mémoire des canaux qui j'avais cru décou- vrir chez les Paramécies et qui mettaient le noyau en communication avec la région buccale. J'avoue que personne n’est venu confirmer cette observation et comme j'ai éprouvé beaucoup de difficulté à la faire, je ne tiens pas à cette interprétation. » « La conjugaison, chez les Infusoires, est toujours annoncée par des actes analogues à ceux par lesquels les animaux supérieurs préludent au rapprochement sexuel et démontrent l'existence de phénomènes psychologiques chez ces êtres qui paraissent ainsi mus par un instinct très net. Personne n’a pris la peine de vérifier ces faits, que j'ai signa- lés dans mon mémoire sur la reproduction des Infusoires : « Aux > approches des époques de propagation , les Paramécies viennent de >» tous les points du liquide se rassembler en groupes plus ou moins > nombreux el qui, vus à lœil nu, apparaissent comme des petits (1) Gegenbaur, Bemerkungen über Trachelius ovum , (Archiv de Müller, 1857). —_——— JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 477 > nuages blanchâtres, autour des objets flottant à la surface de l’eau » ousur divers points du flacon qui renferme la petite mare artificielle > où l’on conserve les animalcules à l'état de captvité. Une agitation > extraordinaire, et que le soin de l'alimentation ne suffit plus à expli- > quer, règne dans chacun de ces groupes. Un instinct supérieur sem- > ble dominer tous ces petits êtres ; ils se recherchent, se poursuivent, > vont de l’un à l’autre en se palpant à l’aide de leurs cils, s’'agglutinent » pendant quelques instants dans l'attitude du rapprochement sexuel, > puis se quittent pour se reprendre bientôt de nouveau. Lorsqu'on > disperse ces petits amas en agitant le liquide, ils ne tardent pas à se > reformer sur d’autres points. Ces jeux singuliers, par lesquels ces » animalcules semblent se provoquer mutuellement à l’accouplement , > durent souvent plusieurs jours avant que celui-ci ne devienne défi- » nitif. » (1) « Tous ces faits rappellent d’une manière frappante la période du rut chez les animaux supérieurs, et suffiraient à prouver que la conju- gaison est un acte sexuel. J’ai trouvé la confirmation de cette idée dans les modifications qui s’opèrent dans l’animalcule et qui ont pour siège le noyau et le nucléole. Ces modifications sont dans le fond, les mêmes chez tous, mais présentent quelques variations suivant les types. » « Prenant donc les types les plus tranchés que possible , j'exposerai d’abord les faits comme j'avais cru pouvoir le faire en 1861, et j'indi- querai ensuite les modifications qui ont été apportées par la suite à ma manière de voir par les observateurs qui m'ont succédé, et enfin l’opi- nion que je professe maintenant. » « La meilleure marche à suivre consiste à étudier séparément les transformations du noyau et celles du nucléole dans les principaux types. — L'un et l’autre présentent des modifications profondes qui ne débutent jamais avant que les animalcules soient réunis. Aussi, on ne peut prévoir d'avance la période de conjugaison. — Le plus souvent celle-ci revient toutes les fois que ces animaux, sous l'influence de circonstances particulièrement favorables, se sont multipliés d’une manière active par fissiparité. On voit alors la fissiparité s'arrêter et la conjugaison apparaître. — Nous verrons plus tard comment on peut expliquer que les phénomènes d'accouplement surviennent après chaque période de multiplication par division spontanée. — Cette conjugaison affecte souvent une marche que l’on peut appeler épidé- mique , d’autres fois une marche sporadique , c’est-à-dire qu’elle s'effectue tantôt sur des masses d'individus à la fois, tantôt sur quelques individus isolés. » ps « Nous commencerons par examiner les transformations du nucléole, parce que ce sont elles qui présentent le plus de ressemblance dans les différents types. — Si l’on jette un coup d'œil sur les figures qui accom- (1) Balbiani, Loc. ci, p. 66. 478 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. — ee pagnent mon mémoire déjà ancien sur la fissiparité, on est frappé de la ressemblance que présentent les transformations du nucléole avec celles qu'offrent les noyaux ordinaires dans la division des cellules, mais elles sont beaucoup plus marquées pendant la conjugaison des Imfusoires , parce qu’alors le nucléole prend un volume beaucoup plus. grand et permet une observation plus facile des phénomènes qui s’ac- complissent dans son intérieur. Lorsque je m’occupais de l'étude de ces faits, j'avais déjà observé toutes les phases de la division indirecte du noyau , phases sur lesquelles un si grand nombre de travaux a été fait dans ces dernières années. J'avais constaté la formation de toutes ces figures que nous connaissons maintenant ; mais, à cette époque, — il y à vingt ans. — et même longtemps après , on ignorait leur signifi- cation, car c’est en 1875 et 1876, seulement, que Strasbürger et Bütschli ont publié leurs travaux sur ce sujet. — Je prenais donc le nucléole pour un organe mâle réduit à une seule cellule, et je considérais comme des filaments spermatiques les fibrilles qui représentent les filaments nucléaires qui apparaissent dans tous les noyaux en voie de division. J'avais bien aperçu que le nucléole simple , à l’état de repos, subit des divisions successives , après avoir pris l'aspect strié, et peut se diviser en deux, quatre nucléoles nouveaux, mais j'intérprétais ces divisions comme des divisions de capsules séminales avec les faisceaux spermatiques qu’elles renfermaient. — Aujourd’hui, nous connaissons la signification de ces figures , et nous savons que ces filaments ne sont pas des spermatozoïdes. » . « J'admettais ensuite qu'après la formation de . ces filaments , — spermatiques, suivant moi, — il s'opérait un échange des capsules séminales entre les deux individus accouplés, échange qui se faisait par la bouche, et je supposais qu’alors les zoospermes des capsules, devenus libres, fécondaient les œufs qui étaient développés, soit pen- dant, soit après la conjugaison. — Jamais, cependant, je n'avais observé ces filaments pendant qu'ils opéraient leur mise en liberté dans le corps des animalcules ; — jamais je n'avais vu leur pénétra- tion dans les globules que je croyais être des œufs. J'avais vu que les capsules se ratatinaient, s’atrophiaient, et j'en avais conclu que les filaments qu'elles contenaient étaient devenus libres, que leur enve- loppe s’atrophiait pour disparaître bientôt. Mais, je le répète, je n'avais pas vu les filaments libres dans le parenchyme, ni leur péné- tration dans les œufs. — J'avais réussi, par compression, à isoler ces corpuscules, et j'avais vu ces filaments s’éparpiller dans tous les sens, j'avais vu qu'ils étaient immobiles, mais je n'avais jamais assisté à: leur sortie spontanée des capsules qui les renfermaient. — Gertes, ce fut une des principales objections qui furent faites à mon interpréta- lion même avant que Bütschli eût publié ses observations sur la division nucléaire. » JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 479 « Mais, peu importe, — c'est un point que nous étudierons plus tard avec soin. Je pourrais, dès maintenant indiquer les particularités que présentent les transformations du nucléole, transformations qui n ont rien à voir avec l'interprétation que l’on en peut faire, mais je - préfère remettre ces détails au moment où je les envisagerai sous leur véritable aspect. » « Le noyau, que je considérais comme une glande génitale femelle, ou ovaire , présente plus de variations. Le cas le plus simple est offert par le Chilodon cucullulus dont le noyau a la constitution d’un œuf ou d'une cellule, puisqu'il renferme une vésicule claire avec un globule central. — C'était, pour moi, un ovaire réduit à un seul œuf, — (et, il est des animaux chez lesquels cé cas se présente, par exemple, chez les Salpa, — je croyais donc pouvoir m'appuyer sur cet exemple). Je supposais que, pendant la conjugaison, le noyau, ovoïde. perdait sa vésicule germinative,- comme un effet de la fécondation, et prenait une forme arrondie ; j'avais même décrit sa disparution par la ponte. Nous verrons comment on doit interpréter ces faits aujour- d'hui. » « Chez le Paramecium Aurelia, les choses étaient plus compli- quées : le noyau, l'ovaire, devenait plus large et plus pâle, présentait, sur son bord, des incisions, et des sillons à sa surface. Et, sur cette surface, on voyait des circonvolutions semblables à un cordon enroulé sur lui-même. Puis, ce cordon se déroulait et le noyau lui-même appa- raissait comme un long cordon plus ou moins contourné et allongé. Enfin, ce long cordon se fragmentait em portions plus ou moins petites, se réduisait en fragments dont quatre, presqu'invariablement, s'orga- nisaient bientôt comme des ovules bien développés qui étaient fécondés par quatre capsules séminales, puis évacués graduellement. J'avais même observé que les fragments non fécondés, restés granuleux, se rapprochaient, se soudaient et, reconstitués, formaient un noyau tel qu'on le rencontre à l’époque de repos. » « Je ne mentionnerai que rapidement mes observations sur le Paramecium bursaria, qui sont les premières que j'aie faites sur la conjugaison des Infusoires. En effet, il s’y mêle des erreurs prove- nant de ce qu'à cette époque (1858), j'étais, comme tant d’autres obser- vateurs, dominé par cette théorie de Stein, suivant laquelle les Infu- soires se reproduisaient par des petits vivants ou embryons internes, théorie qui jouissait alors d’une grande autorité. C'est dans ce premier travail, qui a paru sous forme de Note dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences, en cette même année 1858, et un peu plus étendu , avec une planche, dans le premier volume du Journal de Phystologie, de Brown-Séquard, — c’est dans ce premier travail, dis-je, que j'ai étudié les transformations du nucléole, sa division en deux ou quatre parties ou capsules séminales striées, et décrit tous 480 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ces faits. Mais J'avais commis l’erreur de faire entrer dans le cycle d'évolution des phénomènes de parasitisme dus à des Acinètes et qui compliquaient singulièrement ies choses. — C'était presqu'inévitable. — Les deux nucléoles se divisent suivant le schéma, aujourd’hui connu, et donnent naissance à quatre capsules. Le noyau se divise en deux parties qui restent dans le voisinage. Mais j'avais vu, à côté des parties du noyau, de grosses masses montrant une vésicule contractile et un noyau dans leur intérieur. Je les avais crues dérivées des frag- ments nucléaires et prises pour des embryons. — C'était des Aci- uètes parasites. — L'erreur était difficile à éviter, aussi Je n’ai pas manqué de la commettre. — Mais cette erreur n’a pas été de longue durée, car bientôt après j'ai constaté des faits qui m'ont permis de porter le premier coup à cette théorie qui m'avait été si funeste et que je crois avoir beaucoup contribué à faire disparaître à jamais de la Science. » | « Cette explication a pour but de répondre à Huxley qui, dans son Manuel d'anatomie comparée des Inverlèbrés, ouvrage publié en 1877, — prétend que je n’ai Jamais rétracté mes.premières idées sur la transformation des Acinètes en Paramécies. — Je les ai rétractées, au contraire, d'une manière très expresse, d'une part dans mes recherches sur les phénomènes de la reproduction sexuelle chez les Infusoires, et d'autre part, dans une note spéciale présentée à l'Académie des Sciénces. Du reste, tout l’ensemble de mes travaux proteste contre cette assertion erronée de Huxley, assertion que je regrette de voir produite dans son excellent Manuel. Il en est de même du Manuel de zoologie médicale de M. de Lanessan, tout récemment publié et qui deviendra promptement classique : la même erreur s’y trouve répétée. — C’est ainsi qu'une erreur se propage quand , au lieu de prendre la peine de recourir aux ouvrages originaux , les auteurs se contentent de se copier les uns les autres. » . « Mais revenons à notre sujet.» « Les Oxytrichines se réunissent par la partie antérieure du corps. Chacun des articles du noyau se divise en “eux autres. Les quatre œufs sont fécondés par les quatre capsules séminales striées et bientôt sont évacués, car on n’aperçoit plus aucun de ces œufs qui paraissent avoir été tous expulsés par la ponte. Ici l'ovaire est.employé tout entier à la formation des œufs, de sorte qu'il disparaît tout entier mais un nouveau noyau s'organise par un mécanisme tout particulier Ce n’est plus par la réunion des fragments stériles de l’ancien noyau, mais par la formation de toutes pièces d’un noyau nouveau qui, bientôt, s’allonge, se divise en deux parties et rétablit les deux articles du noyau à l’état de repos. » - « Quant aux nucléoles, ils sont toujours détruits. Ils se remplissent de corpuscules que je considérais comme spermatiques, puis, après \ JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 481 s'être vidés , disparaissent. Il se produit d’autres nucléoles, et j avais supposé qu'ils se forment à l’aide d’une petite portion du nouveau noyau , laquelle se divise en deux ou en quatre globules, suivant l'espèce. » « Chez les Infusoires pourvus d’un noyau à articles très nombreux en chapelet, comme les Stentors, les Spirostomes, les différents arti- cles du noyau, qui sont réunis les uns aux autres par un long filament, les grains du chapelet se séparent, deviennent libres, et chacun est fécondé par les nombreuses capsules séminales, Puis, ils se transfor- ment en globules homogènes ou œufs qui sont évacués par la ponte. » « Tout cela représente mes anciennes idées, qui ont été assez longtemps classiques. » « Tels sont les principaux résultats de mes observations sur la conju- gaison des Infusoires d’où j'avais cru pouvoir conclure à la réalité de la génération sexuelle chez ces animalcules. Il nous reste à voir comment ces faits ont été accueillis dans la science, comment quelques auteurs, — et non des moins illustres, Claparède, Stein, Kôlliker, — en ont accepté presque toutes les conséquences, tandis que d’autres ont fait des réserves plus ou moins importantes, jusqu’à ce que Bütschli, tout en confirmant mes observations matérielles, en proposa une interpré- tation qui en changeait complètement la face, en ramenant les phéno- mènes que j'avais constatés à ceux de la division nucléaire. — C'est ce qui me reste maintenant à exposer. » (1) [A suivre.) LA LE CERVEAU DE LA LOCUSTE. (Suile.) (2) Pour décrire brièvement le cerveau de la Locuste, on peut dire que c'est un ganglion modifié ; mais, par sa structure, entièrement diffé- rent et beaucoup plus compliqué que tous les autres ganglions du système nerveux. Il possède un « corps central >» et dans chaque hémisphère, un « corps fongiforme » (3), un iobe optique, un ganglion optique , un lobe olfactif, avec leurs fibres nerveuses connectives et (1) Cest par erreur qu’à la note (1) de ia page 440, nous avons cité : Spallanzani, Opuscules , etc. — Il faut lire : Spallanzani, Nouvelles recherches snr les découvertes microscopiques et la génération des corps organisés, trad. paz l’obbé Regley, avec des Notes de M. de Nedham , Londres et Paris, 1769. Page 444 , ligne 1 en remontant, au lieu de : « C’est que ses parasites... », il faut lire : « C’est que certains parasites... » (2) Voir Jowrnal de Micrographie, T. V, 1881, p. 448. (3) « Mushroom body », mot à mot : un corps champignon. 482 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. commissurales qu'on ne trouve pas dans les autres ganglions. Dans les ganglions suivants, les lobes sont, en général, moteurs ; les fibres qui composent les commissures œsophagiennes, et qui partent des lobes commissuraux œsophagiens, s'étendent non-seulement jusqu'au gan- glion sous-æsophagien, mais longent et traversent les autres ganglions jusqu’à la dernière paire de centres nerveux abdominaux (1). Puisqu'il existe ainsi une continuité directe dans les fibres qui forment les deux grandes commissures longitudinales du cordon nerveux et qui naissent dans le cerveau, il semble en résulter que les mouvements du corps sont en grande partie dirigés ou coordonnés par le cerveau (2). On trouve cependant un second cerveau, pour ainsi dire, dans le troisième ganglion thoracique de la Locuste , ganglion qui reçoit les nerfs audi- tifs des oreilles situées à la base de l'abdomen ; ou dans le premier ganglion thoracique de la Sauterelle verte, dont les oreilles sont dans les pattes antérieures ; tandis qu'il faut aller jusqu'au dernier ganglion abdominal chez la Blatte et la Courtilière, pour trouver un cerveau secondaire, pour ainsi dire, car il reçoit les nerfs sensitifs des stylets caudaux qui sont munis d'organes sensitifs. Description des coupes du cerveau (3). — Nous allons maintenant décrire les coupes sur l'examen desquelles est fondée cette étude du cerveau. Les coupes, à moins que cela soit indiqué autrement, sont (1) Nous avons vu que les deux grandes commissures longitudinales partent directement du cerveau et se dirigent en arrière vers le ganglion sous-æsophagien, mais, au-delà de ce point, nous n’avons pas tracé leur course et on a généralement supposé qu'elles s’étendaient sans interruption, jusqu'aux derniers ganglions abdominaux; Michels a, en effet, montré qu'il en est ainsi, dans son admirable traité sur le système nerveux de l'Oryctes, dans le Zeitschift für wissen. Zoologie, de Siebold et Kôülliker, Bd 34, Heft. 4, 1880 — Michels établit que chaque commissure est formée de trois faisceaux parallèles de fibres nerveuses élémentaires qui sont continues d’un bout à l’autre du cordon ventral ou corde nerveuse. « Les commissures ne prennent naissance ni d’une substance ponctuée centrale ( punet- substanz ou marksubstanz ), ni dans les cellüles ganglionnaires périphériques des divers ganglions, mais sont de simples continuations des fibres longitudinales qui diminuent d'épaisseur vers leur extrémité postérieure et s'étendent antérieurement à travers les com- missures qui forment l’anneau œsophagien du cerveau. » (2) L'extrait suivant du mémoire de Newton montre, toutefois , que le ganglion inférieur ou sous-æsophagien a, suivant Faivre , le pouvoir de coordonner les mouvements du corps ; il nous semble cependant que l'exercice de cette faculté peut être laissé au cerveau , car les nerfs du ganglion sous-æsophagien n’animent que les parties buccales. « Les expériences physiologiques de Faivre, en 1857, (Ann. des Sci, Nal., Tom. VIII, p. 245), sur le cerveau du Dytiscus , relativement à la locomotion sont d’un très grand intérêt, montrant, comme elles le font , que la faculté de coordonner les mouvements du corps est située dans le gan- glion infra-æsophagien. Les choses étant ainsi, on doit regarder les paires de ganglions supérieures et inférieures comme faisant partie du cerveau des insectes. » (Quart. Journ. Micr. Sc., 1879, p. 342.) (3) Nous devons remercier M Norman N. Mason, de Providence, R. L., qui a bien voulu exécuter et monter les coupes dont il est question. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 483 frontales, c’est-à-dire pratiquées transversalement, d'avant en arrière; en coupant ainsi transversalement la tête, on a fait douze coupes avant que la partie frontale du cerveau ait été atteinte et la treizième l'a effleurée. La quatorzième passe à travers la partie antérieure des deux calices, mais sans toucher la tige du corps fongiforme. (Ces expressions seront expliquées plus loin). — Elle traverse la région centrale de chague hémisphère, comprenant la partie antérieure des trabècules ou base de la tige du corps fongiforme. La coupe passe par les lobes commissuraux dut le tiers inférieur se compose de cellules ganglionnaires , mais la substance de la commissure elle-même est remplie des grains de la « marksubstanz. >» Les commissures du ganglion sous-æsophagien ne sont pas atteintes et ne paraissent pas dans la coupe, puisqu'elles naissent sur la partie postérieure du cerveau. Dans la quinzième coupe, on n’a atteint aucun autre organe. Dans la seizième, (PI. XVIII, Fig. 1) on peut voir que les trabécules , sous un arossissement de 225 diamètres, sont composées de fibres ascendantes, qui forment la base ou l’origine de la double tige du corps fongiforme. La dix-septième coupe (PI. XVIII, Fig. 2) est la plus importante de toutes, car tout le corps fongiforme et le corps central sont traversés, ainsi que les lobes antennaires, les lobes commissuraux et aussi l'origine des nerfs optiques. Dans la dix-huitième coupe (PI. XVIIT, Fig. 4), on voit que la tige du corps fongiforme est double ; les lobes optiques sont maintenant bien visibles, et le rasoir a effleuré la partie postérieure des lobes des commissures, ainsi que le côté interne du ganglion optique. La coupe passe derrière les trabécules et la base de la tige et traverse la partie postérieure du corps central. Les calices sont tellement sillonnés et anfractueux qu'ils paraissent dans la coupe comme deux parties séparées. On voit deux ‘nerfs importants (PL XVII, Fig. 4, p. a. n.) partir des lobes des commissures, et passer au-delà, pour aller se terminer de chaque côté du sillon supérieur, près de l'origine de ce VE nous croyons pouvoir être les nerfs ocellaires (mo?) La dix-neuvième coupe (PI. I, année 1882, Fig. 1 (1) traverse le derrière du cerveau (comparez la fig. 4 de la même planche, qui repré- sente une section verticale ou longitudinale du cerveau), traverse les commissures œsophagiennes et le bord postérieur des calices; les lobes antennaires et une partie des lobes optiques sont bien visibles dans la coupe. Un nerf commissural transverse (fc. n.), réunit les deux lobes des añtennes et on voit les nerfs commissuraux se croiser au fond du sillon. | | La vingtième coupe (PLI, 1882, Fig. 2), qui passe à travers la partie (1) Cette planche paraîtra dans le numéro de Janvier 1882. 484 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. postérieure extrême ducerveau, montre, dans ce plan, quatre faisceaux transverses de fibres nerveuses réunissant les deux hémisphères, et formant un nerf inférieur (énf.n), deux médians (#». n.) et un nerf supérieur (swp. n.) Dans cette coupe, on voit facilement les rapports du ganglion optique et de l’œil avec le cerveau, le ganglion optique étant situé dans la région postérieure du cerveau. On voit aussi que les deux hémisphères ne sont, en ce point, réunis qu’en avant. Dans les 22, 23 et 24% coupes, le cerveau disparaît presque complé- tement, et les ganglions optiques sont seuls atteints par le microtome, mais elles sont instructives relativement aux trois masses lenticulaires de substance blanche granulo-fibreuse, non colorée et entourée de cellules ganglionnaires. Topographie interne du cerveau. — Laissant de côté l'enveloppe de cellules ganglionnaires corticales, bien que celles-e1 soient évidem- ment de première importance dans la physiologie du cerveau des insectes, nous allons maintenant décrire la topographie interne du cerveau. : Le cerveau consiste principalement en un réseau irrégulier de fibres nerveuses, renfermant des masses de matière nerveuse granulée. Cette masse est divisée en un certain nombre de surfaces séparées ou de lobes, parmi lesquels le « corps central » (corpus centrale de Flôgel et ae Newton) est simple et situé entre les deux hémisphères surla ligne médiane. Il y a aussi des régions supérieure primitive et centrale infé- rieure, plus apparentes , toutefois, dans le cerveau de l'embryon et de la larve de Locuste que dans l’animal adulte. En outre de ces surfaces. il y a des masses arrondies ou « lobes » tels que les lobes optiques, antennaires, olfactifs et commissuraux ; les nerfs optiques partent des lobes optiques: les nerfs antennaires, des lobes antennaires ; les commissures entourent l'æœsopaage, relientle cerveau avecle ganglion sous-æsophagien et partent des lobes commissuraux. Finalement, un « corps fongiforme » (mushroom-body) se trouve dans la partie supé- rieure el centrale de chaque hémisphère. Corps central. — C'est le seul organe impair du cerveau. On le voit mieux dans la 17° coupe (PI. XVIII, Fig. 2, 0. cent.), qui passe à travers les lobes optiques et antennaires, les trabécules et les corps fongiformes. Cet organe singulier semble exister chez tous les insectes. ailés, quoique de structure assez différente chez les divers insectes: IL est, comme.on le voit dans la PL XVIII, Fig. 2, dans le même plan que les pédoncules et dans le même plan que le centre des corps fongi- formes, etrepose sur les bords internes des trabécules. La 16° section ne le traverse pas, quoique la coupe suivante, qui est de 1/500de pouce JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 485 d'épaisseur, passe à travers son milieu. La 18° coupe (Fig. 4) traverse sa partie postérieure, tandis que la suivante ne comprend aucune de ses parties : son diamètre antéro-posterieur est donc un peu supérieur à 1/500 de pouce. Il est environ trois fois aussi large que long ; c’est donc un organe de petit volume, ‘et cependant, puisqu'on le trouve chez tous les insectes aïlés, 1l doit être considéré comme ayant une impor- tance considérable. Il est entouré d'un épais réseau de fibres contenant un petit nom- bre de cellules ganglionnaires, les fibres de la partie antérieure sont continues avec celles qui se trouvent près du fond du sillon médian frontal et relient les deux lobes optiques. Postérieurement, les fibres ne sont pas, en apparence, continues avec celle des trabécules ; ainsi, le corps central semble tout-à-fait isolé du reste du cerveau. Sa substance, sous une amplification de 400 diamètres, paraît une matière granu- leuse, blanche, comme les parties voisines du cerveau. Il est divisé en deux parties, une supérieure et une inférieure, la première constituant la plus grande portion de ce corps. La partie inférieure est séparée de la partie supérieure par des fibres; elle contient de nombreuses cellules sphériques , nucléées, situées irrégulièrement, ou peut être, primitive- ment (voir PI. II, 1882, Fig. 3, cerveau de la pupe) sur deux rangées, et alors en plus petit nombre que chez l’adulte. La partie supérieure et la plus grande du corps central contient deux séries de ce que nous pouvons appeler corps unicellulaires, au nombre de seize dans chaque série. Ceux de la série inférieure sont sphériques ou légérement allon- gés et reposent sur la cloison fibreuse ou septum, qui forme le plan- cher de la division supérieure du corps central. Les corps de la rangée supérieure sont cylindriques, et environ trois ou quatre fois aussi longs qu'épais. Ils sont séparés par de minces couches fibreuses. La PI. IT, (1882), fig. 2. représente le corps central amplifié de 225 diamètres. Quand on examine le corps central dans une phase plus récente, par exemple, dans la seconde pupe (PL. If, 1882, fig. 3), on voit qu'il est recouvert en-dessus par une couche de cellules ganglionnaires nucléées continues avec les cellules voisines du fond du sillon supérieur, et que le septum fibreux, entre la partie supérieure et la partie inférieure du corps central, contient aussi de petites cellules. Ces cellules dispa- raissent chez l'adulte et donnent évidemment naissance aux fibres qui prennent leur place. On voit aussi que les corps unicellulaires sont plus courts, plus semblables à des cellules que chez l'adulte; aussi , ils paraissent être des cellules ganglionnaires modifiées, qui ont antérieu- rement perdu leur noyau et leur nucléole. Mes observations sur le corps central de la Locuste sont, en dArérat conformes à celles de Newton , (comparez avec sa fig. 9). Ses dessins ne sont pas particulièrement clairs et définis, mais les différences ne semblent pas importantes. 486 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ——— Il y a peut-être deux « corps cellulaires » de plus, (16 au lieu de 12 ou 14), dansla Locuste que dans la Blatte. Malheureusement, mes coupes du cerveau de la Blatte ne montrent pas le corps central. Dietl déclare que le corps céntral est un « système de commissure médiane. » On peut accepter cette définition en en modifiant un peu le sens. Nous avons montré que les corps unicellulaires et les cellules situées au-dessous ont été des cellules semblables aux cellules ganghonnaires, mais qu’elles avaient perdu leurs noyaux et leurs nucléoles ; donc, les fonctions du corps central doivent différer de celles d’un lobe commissural ordi- naire. D’après Flôgel, le nombre de « sections » ou de ce que j'ai ap- pelé corps unicellulaires, est de huit; nous en avons compté seize. Flôgel et Newton semblent regarder ces corps comme de simples espaces ou sections entre les divisions fibreuses ; mais 1l semble que ces sections sont réellement des cellules modifiées, et que les septums fibreux sont peut-êlre des parois cellulaires, assez modifiées. D' A. S. PACKARD jun (A suivre ). EXPLICATION DES PLANCHES XVII ET XVIII. ) LETTRES. b. cent., corps central ; trab., trabécule ; cau., caulicule ; ped.. pédoncule ; cal. 0.; oc., calice extérieur ou coupe ; cal. i., calice intérieur ; ; l. op., lobe optique ; n. 0p,, nerf optique ; l. ant.,, lobe antennaire ; n. ant. nerf antennaire ; l. æ. com., lobe œsophagien commissural ; n. @. com., nerf œsophagien commissural ; œ. c., nerf œsophagien commissural ; n. lbr. nerf du labrum ; l. €. g., grandes cellules ganglionnaires ; s. C..g., petites cellules ganglionnaires ; gang. opl., ganglions optiques ; n. sg, nerf sympathique ; | n. l., nerf transversal ; n. u. intr. nerf intra-trabéculaire supérieur ; n. L. intr., nerf intra-trabéculaire inférieur ; nl., nerf du labium : » » Fig. » w ne JOURNAL DE MICROGRAPHIE. gf.. ganglion frontal ; gps., ganglion sympathique postérieur ; n. lat., nerf latéral ; n. centr., nerf central ; n. tr. obi., nerf trabéculaire oblique ; n. t. a., nerf trabéculaire ascendant ; n. m. nerf commissural moyen ; n. sup., nerf commissural supérieur ; n. inf., nerf commissural inférieur ; tr., trachée ; L. up. lobe cérébral supérieur de l'embryon ; 1. low., lobe cérébral inférieur de l'embryon ; c. gang, cellules ganglionnaires ; gran., granules de la matière nerveuse centrale ; æs., œsophage ; nt., tégument ; n. o., nerf ocellaire ; oc., ocelles ; c.n., cordon nerveux central ; ncl., nucléole ; lbr., labrum ; md., mandibules ; Im., labium ; cl, bouclier ou écu. PLANCHE XVII. — Le mème, de profil ; .— Vue de face du cerveau du Caloptenus femur rubrum ; — Profil de la tête mentrant les rapports du cerveau avec la bouche (m), l’æœsophage (æœ) et les parois de la tête ; — Cerveau vu en dessus avec les trois ocelles ; . — Ganglion sous-æsophagien vu en dessus. PLaxcHE XVIII. * . — 16"! coupe frontale à travers la partie antérieure du cerveau du Calop- tenus spretus adulte. (Objectif 1/2 p., oculaire A) ; — 17% coupe, montrant le corps central (6. cent.), le corps fongiforme , les lobes optiques, antennaires et les lobes des commissures. (Obj. 1121 :06:"A )'; — Vue agrandie d’une trabécule et de ses nerfs, du corps fongiforme , de ses calices, de sa tige et de l’origine des nerfs te (Obj. 1/5 p., oc. À. — 225 diam.) ; — 18" coupe, traversant la partie postérieure du corps central et montrant la nature double de la tige du corps fongiforme ; traversant la partie postérieure des lobes des commissures , derrière les tral-écules et la base de la tige; Obj. 1/2 p. oc. A (n. oc. ocellaires ) ; ? serait l’origine des nerfs PR 488 ae - JOURNAL DE MICROGRAPHIE. Fig. 5. — Section verticale (longitudinale) à travers un des hémisphères, et montrant la naissance des nerfs des commissures , des antennes et du lobe optique; » 6. — Section longitudinale à travers le cerveau et le ganglion subœsophagien (X 50 diamètres); montrant les deux portions du calice, le lobe antennaire, et, dans les ganglions subœsophagien, les trois lobes animant respectivement les mandibules et les mâchoires, et les nerfs labiaux ; » 7. — Coupe longitudinale à travers le ganglion optique et l'œil; x 50 diamètres ; » 8. — Coupe longitudinale à travers le cerveau, montrant le calice , les lobes des antennes et les lobes des commissures ; X 50 diamètres ; » 8a.— Vue amplifiée de la Fig. 8. (Obj. 1/2 p., oc. B}), montrant les rapports, sur une coupe longitudinale, du calice avec la tige, bien que la relation directe de la tige avec le calice ne se voie pas dans cette coupe. APERÇU D'EMBRYOEOGIE COMPARÉE. (Suite) (1) Ve PRINCIPES GÉNÉRAUX DU DÉVELOPPEMENT. Les Éponges, comme nous l’avons vu, présentent des particularités exceptionnelles dans leur développement. Tous les autres Métazoaires peuvent être, d’un autre côté, considérés comme faisant partie d'une même série, et soumis à plusieurs lois générales du développement embryonnaire, dont quelques-unes seulement peuvent, à présent, être appliquées aux Éponges, | La loi fondamentale de l’embryologie est que le simple précède le complexe et que le spécial suit le général et le typique. Tous les embryons obéissent à ce principe dans leur premier développement et la plupart d’entre eux, pendant tout leur développement; mais, quelques-uns, arrivés à une certaine période, s'arrêtent, ou subissent une dégénérescence, comme on l'appelle techniquement, en d’autres termes, une partie seulement de leurs organes continue à se déve: lopper; ou, souvent aussi, tout l'animal rétrograde, c'est-à-dire, devient plus simple. Les Crustacés présentent beaucoup de cas de (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 30, 71, 174, 210. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 489 dégénération (4) et l'un des plus connus est fourni par la barnache commune qui, dans son état jeune ou larvaire, flotte librement dans l'océan et possède des appendices bien développés, ainsi que des organes des sens: mais. plus tard, elle perd certaines de ces parties et. en devenant adulte. devient immobile et se fixe au rocher. Presque toutes les formes parasites sont des formes dégradées. En dépit de ces exemples, le progrès est principal et universel, la dégénérescence est secondaire et exceptionnelle. Dans tous les cas, les embryons nous présentent des animaux privés des modifications secondaires qu'on rencontre dans l'animal adulte et montrant les particularités les plus essentielles. Ainsi, dans le tout jeune oiseau, on reconnait aisément les fentes des ouïes et les arcs correspondants aux ouïes des poissons , mais chez l'oiseau adulte, les fentes des ouïes ont disparu et les arcs sont tellement métamorphosés que si l’on ne connaissait pas l'embryon, il serait difficile de découvrir les véritables relations de ces parties et leur identité avec ies parties correspondantes chez le poisson. L'embryologie a prouvé que ces fentes sont typiques chez les verté- brés, bien qu'un grand nombre de vertébrés n'en présentent aucune dans l’âge adulte. Chaque animal, chaque organe peut fournir à l’'embryologiste des considérations semblables. La première loi est que le développement est toujours graduel, — il n'y a aucune exception. Même les métamorphoses soudaines, comme celles de la chenille, ne sont que des exceptions apparentes et non réelles, car dans la chenille, la chrysalide se forme graduellement, et, quand elle est achevée, elle est simplement découverte par le rejet de la peau de la chenille qui masquait les transformations intérieures, comme la coque opaque de la chrysalide cache le parillon déjà formé par dessous Chez quelques animaux, cependant, les changements visibles, bien que graduels encore, sont plus rapides à un moment qu’à un autre, comme lorsque l'étoile de mer (Brachiolaria) passe en peu d'heures de la forme larvaire à l'état adulte. L'explication de la gra- duation de développement dans les Métazoaires dépend du processus des transformations des cellules simples, et comme ces cellules sont petites et se modifient lentement, l'effet total se produit impercepti- blement ; nous constatons seulement que l'embryon a avancé, si nous l'avons examiné auparavant, mais nous ne pouvons pas le voir progresser. Maintenant, la construction d'un animal, avec des cellules prove- nant d’un œuf imprégné, dépend de deux choses: d'abord de la disposition des cellules dans leur rapport les unes avec les autres ; secondement, de modifications dans les caractères des cellules elles- (1) E. Ray-Lankester a récemmennt publié un très intéressant petit volume sur la dégénératioa dans la Série Naturelle. 490 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. mêmes. Nous avons déjà vu que, dans le cours de ia segmentation, les cellules se disposent sur deux couches, l’ectoderme et l'endoderme, formés l’une et l’autre d'une simple couche de cellules, et que, plus tard, il se forme entr’elles une autre rangée de cellules, le méso- derme (Fig. 1, PI. XX). (Comparez aussi la Fig. 6 de ia Planche VIT. Avant d'aller plus loin, il est bon de dire quelques mots de la couche moyenne du germe. Quant à son origine, nous n'avons que peu de renseignements satisfaisants. Dans les animaux inférieurs (Radiés) , elle provient de cellules qui se détachent des deux couches primitives. Dans les Méduses, elle existe à peine comme parte distincte, mais, comme les frères Herwig l’ont fait voir, .elle est plutôt une portion de l’ectoderme incomplètement séparée. Dans les animaux bilatéraux, c’est-à-dire tous les animaux, excepté les Éponges et les Radiés, le mésoderme existe toujours comme couche distincte qui se forme après l’ectoderme et l’endoderme. On n’a jamais défini exacte- ment son origine, bien que cette question ait fait le sujet de discus- sions interminables, surtout à propos des Vertébrés. Il est cependant . reconnu que, chez quelques espèces, ii y a deux cellules spéciales, une de chaque côté de la bouche primitive de la gastrula, remarquables par leur grande taille et contenant une grande quantité dé matière nutri- tive. On appelle ces cellules mésoblastes, et elles se divisent en cellu- les plus petites qui forment la couche moyenne du germe (Fig. 2, PI. XX.) Ce dessin représente une coupe longitudinale à travers le double embryon du Lumbricus lrapezoïides, d'après Kleinenberg. Dans cette espèce, le développement est unique, car chaque œuf produit normalement deux individus. La séparation commence pendant la -segmentation. Les deux embryons sont réunis par un cordon de grosses cellules (Fig. 2. U) et ont d'abord une bouche commune. Dans l'embryon droit, sur la figure, le gros mésoplaste M D, est placé entre les couches interne et externe, et a déjà donné nais- sance à un certain nombre de cellules, #es, origine du mésoderme. Dans d’autres cas, on a dit que le mésoderme provenait de l'ectoderme ou de l’endoderme , mais presque chaque observateur est contredit par un autre, il nous serait donc sans profit de nous attacher plus longtemps à ce sujet. Il suffit de dire que le mésoderme embryonnaire des animaux bilatéraux est formé d’une masse de cellules, ou de plusieurs couches lorsque la masse est compacte, tandis que les deux autres feuillets ne sont formés chacun que d’une couche de cellules. Cette différence est toujours conservée, sauf dans l’ectoderme des Ver- tébrés sur lequel nous reviendrons. C’est notre troisième loi. La quatrième loi est que les cellules sont groupées suivant des re- lations définies avec certains axes ou plans idéals. Le premier de ces axes est celui de la gastrula ou l'axe dorso-ventral ; seul, il est bien indiqué dans les Cœlentérés. C’est la ligne qui passe par la bouche de LA JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 491 la gastrula et par l'extrémité opposée du corps (Fig. 3. À). Afin de comprendre la relation des autres axes, nous devons examiner briève- ment le développement du canal digestif chez les Échinodermes et _ quelques animaux bilatéraux. Les brunes de la Fig. 3 expliquent les faits dont il s’agit. L'ectoderme, dans la gastrula du jeune. Echinoderme, forme une petite cavité (Fig. 3, B, b.,) près de l’extré- mité supérieure de l'estomac gastrulaire; le fond de cette cavité s’'avance vers la paroi de l'estomac, une ouverture s’y établit, et la cavité et l'estomac forment un canal continu à deux orifices (Fig. 3, B'). Un plan passant par ces deux ouvertures et l’axe gastrulaire diviserait le corps en deux moitiés symétriques, une droite et une gauche. Ce plan peut s'appeler plan médian. Il est purement idéal et ne constitue pas une structure de l'embryon. Chez le jeune Mollusque, un limaçon, par exemple, outre la première cavité ectodermique (Fig. 3. C, b.), il s’en forme une seconde (€, Fig. C) et toujours dans une position telle qu’elle est traversée par le plan, tandis que la bouche gastrulaire a s'étend entre les deux invaginations D, c, de l'ecioderme. La bouche gastrulaire se ferme plus tard, les deux. inva- ginations sont réunies à la cavité eudodermique, et leurs ouvertures extérieures forment respectivement la bouche et l’anus {C”). Une ligne passant par ces deux ouvertures secondaires représente l’axe longitu- dinal ou antéro-postérieur. Ilne faut pas s’imaginer que ces axes restent nécessairement toujours droits, car, au contraire, ils s’éloi- guent ordinairement quelque peu de la forme simple, et quelquefois beaucoup, comme dans le cas des escargots, contournés en spirale. Ces axes établissent une distinction entre la surface dorsale et la surface ventrale, le coté droit et le côté gauche, les extrémités anté- rieure et postérieure ou la tête et la queue. Chez les Vertébrés , les axes se compliquent , dans la suite, d’une manière que nous étudierons dans un article spécial. Nous ne nous en occuperons donc pas pour le moment. La cinquième loi est que, cependant, de quelque manière que le poids de l’animal augmente pendant son développement, le rapport des sur- faces libres avec la masse diffère cependant peu du rapport établi quand l'embryon commence à tirer sa nourriture de l'extérieur. C’est seulement par convention que j'exprime cette loi sous cette forme précise ; — en réalité, nos connaissances à ce sujet sont courtes et nos conceptions vagues. D’après un principe géométrique, quand ‘:e volume d'un corps limité par une surface simple augmente, la surface augmente moins que le volume ; dans le cas le plus simple , le cube, la surface augmente comme le carré et le volume comme le cube du diamètre. Si, dans un cube d’une unité de côté, une unité de surface limite une unité de volume, dans un cube de trois unités de côté, neuf unités de surface limiteront vingt-sepl unités de volume ; la proportion dans le 492 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. ni premier cube est 1 : 1 et 1:3 dans le second. Pour maintenir la première proportion dans l'embryon, l'agrandissement simple est insuffi- sant , aussi la surface devient de plus en plus irrégulière ou inégale, se multipliant ainsi pour correspondre avec la masse. Les irrégularités présentent des caractères distinctifs particuliers, distinctifs de chaque organe et de chaque partie, et peuvent être ou grandes ou microscopi- ques. On peut convenablement les répartir en cinq classes principales : 4. Les projections, soit grandes comme les membres des Insectes et des quadrupèdes, les tentacules des Cælentérés, les branchies des Am- phibies, etc., ou microscopiques comme les villosités de l'intestin ‘1). 2. Les dilatations du canal digestif et autres cavités internes : l’esto- mac est ordinairement une dilatation. 3. Les diverticules, ou poches en culs de-sac, poussant sur l’une ou l’autre partie ; les poumons des Vertébrés, par exemple sont des diverticules de l'appareil digestif. 4. Les replis ou arêtes longitudinales ou transversales. La sauterelle commune (Caloptenus) nous fournit un excellent exemple : cet insecte a six grands diverticulums croissant sur l'extrémité frontale de son estomac ; chacun d’eux est traversé par douze replis Longitudinaux que la coupe transversale de la fig. 4 montre très bien. 5. Les petites cavités ou énvaginations qui forment les glandes. Elles diffèrent des diverticules par leur taille plus petite et aussi en ce qu’elles poussent dans le mésoderme, tandis que les diverticules repoussent le méso- derme devant eux. La fig. 5 montre une coupe à travers un groupe de ces cavités; elle représente les « glandes muqueuses » de l’estomac du kanguroo. On remarquera que les cellules à la base de la cavité sont plus grandes que celles qui sont plus près de l'ouverture, si bien que la portion glandulaire, inférieure, est déja distincte de la partie supé- rieure ou conduit. Les cavités ou glandes, comme on les appelle pro- prement, sont de plusieurs espèces ; elles varient par la forme et par lé caractère des cellules qui les tapissent. Elles peuvent être droites ou très allongées et repliées ou entrelacées ; elles se ramifient de diffé- rentes manières, mais toutes les formes sont des modifications déri- vées des simples invaginations en forme de fosse. D' Cu. SEDGwIcKk-MiNor. (À suivre). (1) Pour voir les villosités, dont les étudiants ont ordinairement une idée très imparfaite, il suffit de prendre une petite partie de l'intestin grêle d’un mammifère commun (chien ou rat), de la fendre en longueur; de l'étendre , et , après l’avoir.lavée, de l’examiner avec une lentille. Ka surface intérieure de l'intestin serait très petite si elle était lisse, elle est cependant réellement très grande , car elle est augmentée par les innombrables villosités et les glandes, EE — — ——_] ——— —— — ——."…—"— ——— ——— ———" ———…——"— — es atroce msgstr JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 493 NOTES SUR L'OUVERTURE, LA VISION MICROSCOPIQUE ET LA VALEUR DES OBJECTIFS A IMMERSION A GRAND ANGLE (1). I. — Théories de l'ouverture. — Ouvertures excédant 159° dans l'air. — Notation vraie pour l'ouverture. 1° Les deux théories de l’ouverture ; 2° Objectifs « à sec » et « à immersion » ; 3° Définition de l’ « ouverture » ; 4° Accroissement de l'ouverture avec l'accroissement de densité du milieu. — Ouvertures excédant 180° angulaires dans l'air ; 59 Test photométrique.— Identité supposée des hémisphères dans les différents milieux ; 6° La « résolution » du test ; T9 &« Angular Grip » ; 8° Ouverture numérique. Au cours de la discussion sur l'ouverture des objectifs, un grand nombre de questions anciennes ont été relevées, questions que nous nous proposons de traiter dans ces notes. On doit , toutefois , bien comprendre que nous parlons ici à un point de vue tout-à-fait impersonnel. Il est si loin de notre intention d’attaquer ceux qui ont exprimé les vues dont il s'agit, que nous reconnaissons qu'ils ont réellement rendu en cela un très utile service, parce qu'ils ont fourni l’occasion de donner des explications qui serviront à empècher que des difficultés semblables viennent troubler l'esprit des microscopistes des générations futures. Il y a maintenant tant de Membres de cette Société qui reconnaissent les erreurs de la théorie de « l'ouverture angulaire » que nous craignons de les voir refuser dans ces colonnes la place Aécessaire à ces Notes. — Il faut cependent que nous envisagions le sujet de notre côté. Autant que nous pouvons le savoir, 1l n'y a nulle part un travail imprimé traitant, dans son ensemble, la vieille théorie de l’ouver- ture. et qui montre comme quoi elle est opposée, non seulement aux lois de l'optique, que l’on peut considérer comme plus ou moins abstruses , mais encore à ces principes plus simples auxquels on a affaire dès l’abord quand on étudie le microscope comme instrument d’optique. Bien plus, les vraies vues sur la question de l'ouverture (proposées d’abord par le professeur Abbe), ont été presqu'entièremnt disséminées dans des communications verbales ou écrites, et notre rôle, comme notre devoir a été de répondre par la parole ou par des correspondances aux derandes d'explication. Ce serait donc un grand avantage pour nous, aussi bien que pour la Société, que nous puissions renvoyer les personnes qui s'adressent à (1) Mémoire déposé à la Société Royale microscopique dé Londres , le 9 février 1881. — Journal of the R. M. S., avril 1881. 494 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. nous, à un exposé publié dans ce journal, ce qui nous éviterait pour l'avenir beaucoup de temps et de travail mieux employés à à d’autres questions. En même temps, nous pourrons ainsi montrer les points à l’aide desquels on peut. essayer de prouver la validité de la théorie « angulaire » de l'ouverture, tandis que les « angularistes » ne pourront quese rejouir grâce à cette exclamation, « Mon adversaire a écrit un livre. » ÎJ.— LES DEUX THÉORIES DE L'OUVERTURE. Il y a deux théories de l'ouverture, en conflit ; la première , connue sous le nom de théorie « angulaire, » qui a eu d'abord d'éminents défenseurs et qui a été, récemment , relevée par M. Shadbolt (1); la seconde ou théorie « numérique >» ou théorie d’Abbe (2). Le point essentiel de la première théorie est qu’elle n’a égard qu’à l'angle du pinceau rayonnant et soutient que non seulement on peut correctement comparer deux ouvertures par leurs angles dans un même milieu, mais encore quand les milieux sont différents. Un angle de 180° dans l’air est ainsi considéré comme représentant un grand excès d'ouverture, en comparaison d’un angle de 96° dans l’eau ou de 82° dans l'huile (ou le baume) et comme marquant, en réalité, l'ouverture maximum de toute espèce d'objectifs, ouverture qui ne peut être ds 2 mais seulement égalée, par 180° dans l’eau ou l'huile. Ainsi, dans le fait, un pinceau rayonnant a la méme valeur, pour le même angle , quelque soitle milieu dans lequel il se produit. . Le point essentiel de la seconde théorie est de ne pas considérer l'angle seulement, mais de tenir compte des phénomènes optiques qui sont réellement dans la nature et que l’ancienne doctrine néglige entièrement; c’est ainsique, même quand le milieu est le même , les ouvertures ne peuvent pas être comparées par leurs angles, mais par leurs sinus, et, quand les milieux sont différents, 1l faut prendre encore en considération les indices de réfraction de ces milieux. Un angle de 180° dans l’air est donc égal comme ouverture à un angle de 96° dans l’eau ou de 82° dans l'huile, et représente conséquemment non un maximum, mais une valeur beaucoup moindre que celle représentée par la même étendue angulaire dans l'eau ou dans l'huile. Un pinceau rayonnant a ainsi une valeur différente pour des angles égaux dans des milieux dont les indices de réfraction sont différents. On voit que les points de divergence de ces deux théories sont loin de ne reposer que sur des différences de nomenclature (3) mais sont fondés sur des principes (1) Voir Journal of the R. Micr. Soc., III, 1880 , p. 1082-92 et I, 1880, p. 150 et 154- 72, où l'on trouvera un exposé complet des anciennes vues sur l'ouverture et sur l’action des objectifs à immersion. — Voir aussi, English Mechanic. XXXII, 1880 , p. 115. (2) Cette théorie est connue sous le nom de théorie d’Ahbe , parce qu’elle a été d’abord promulguée depuis quelques années , par le D' E. Abbe, D à l'Université d’Iéna et membre honoraire de la Société, la première autorité en optique parmi les physiciens vivants. Nous sommes heureux de reconnaître combien nous lui sommes redevables, non seulement pour avoir exposé, le premier, les erreurs qn’ont professées si longtemps les microscopisies, sur la question de l'ouverture, mais encore pour beaucoup d'autres enseignements sur des questions d'optique du plus haut intérêt pour la théorie du microscope. — En réaklé, ce travail peut être considéré comme des notes prises sur ses « leçons », bien que ces leçons n'aient pas été orales, mais contenues dans une volumineuse correspondance, soit avec nous , soit avec d’autres personnes , depuis plusieurs années. (3) Nous discutons plus loin en détail (Voir II, Erreurs de l'Ouverturc-Angulaire, N° 7) celte thèse que la différence entre les deux théories n’ost qu’une « question de nomenclature. » À JOURNAL DE MICROGRAPHIE. . 495 fondamentaux de la physique et de l'optique, principes dont l'existence est complète- ment miée par la théorie « angulaire ; » le point d’uue importance essentiellement pratique pour le microscopiste , qui peut avoir besoin , pour ses travaux, de larges ouvertures , est que, contrairement à la théorie angulaire, les objectifs à immer- sion possèdent des ouvertures en excès sur le maximum réalisable avec les objectifs à sec , c'est-à-dire excédant 180° d'angle dans l’air. La « question de l'ouverture » occupera toujours une place importante dans l'histoire du Microscope, parce qu’elle a fourni la plus extraordinaire série d'erreurs qui ait jamais été commise dans aucnne autre branche de la science, erreurs dans lesquelles ont êté également entraînés les premiers dans le rang comme dans la file. On peut dire que « l'Ouverture » a été le haschisch du microscopiste; quand il en a été question, les principes de l’optique les plus simples et les plus anciennement établis n’ont pas seulement été méconnus , mais on a tacitement admis le contraire, comme si les grands physiciens opticiens de ce siècle et du précédent n'avaient jamais existé ou n’avaient écrit que des choses absolument indignes d’être prises en ce nsidération. 2. — ‘OBJECTIF & À SEC » ET « À IMMERSION. » Pour comprendre la question de l'ouverture , il est d’abord nécessaire d’avoir une idée nette de la différence essentielle qu'il y a. entre un objectif « à sec » et un objectif « à immersion. » Quelque confusion règne sur ce point, et nous sommes certain que nous devons avoir tout-à-fait tort en assurant qu'un objectif à sec ne peut jamais avoir une ouverture aussi grande qu'un objectif x immersion, à grand angle (1), « car, a dit notre critique, je puis vous montrer qu'en prenant un objectif à sec et en y ajoutant différentes lentilles par derrière , en mettant une » goutte d’eau ou d'huile entre la frontale et l’objet, il aura une ouverture aussi grande qu’un objectif à immersion! » Les objectifs à sec et les objectifs à immersion doivent certainement différer dans leur construction, mais le même objectif peut être employé tantôt comme un véritable objectif à sec, tantôt comme un véritable objectif à immersion , sans changement dans ses lentilles, de sorte que les différences de construction ne constituent pas ce que des logiciens appelleraient une « différenciation spécifique » entre les deux espèces d'objectifs. Lorsque nous parlons d’un objectif à sec ou à air, nous indiquons spécialement un objectif qu'on emploie avec une eouche d'air interposée , en un certain point, entre l'objet et la première surface de cet objectif. (L'objet est donc, soit dans l’air, soit monté dans le baume ou un autre milieu mais avec de l’air au-dessus). Tandis que par un objectif à immersion-nous enten- dons essentiellement qu'aucune couche d’air n’est interposée, mais que fout l’espace entre l’objet et la première surface de l'objectif est occupé par une substance dont . l'indice de réfraction est plus grand que celui de l'air. (Cette condition implique donc que l’objet lui-même soit plongé dans le fluide ou absolument adhérent au couvre- objet). Comme le point cardinal de la théorie angulaire est qu’un objectif à sec de 180° d'ouverture angulaire dans l'air (employé sur un objet dans l'air), représente le maximum d'ouverture possible , théoriquement aussi bien que pratiquement , il est intéressant d'apprécier jusqu’à quel point il est possible d’avoir un objectif à sec d’une ouverture angulaire approchant de très près 180°. Quand on compare un (1) On entend toujours par « objectif à grand angle, à immersion », un objectif dont l'ouverture angulaire dépasse deux fois l’angle critique, ou angle de la réflexion totale, du milieu employée pour l'immersion; per exemple, dépasse 96° pour l’eau, et 82 © pour le baume ou l'huile. 496 JOURNAL, DE MICROGRAPHIE. objectif à immersion à grand angle et un objectif à sec de près de 1802 d'ouverture angulaire, on objecte (1) qu'un tel objectif ne peut pas exister, car il est impossible d approcher la surface de la lentille jusqu’au contact complet avec l’objet, et cela put-il même se faire, « il n’y aurait plus de distance frontale «working distance) : et la mise au point pour les différentes vues ne serait plus possible. » Mais un objectif à immersion homogène employè sur un objet placé dans l'air, tout près du couvre-objet, mais non adhérent à lui, comme on le voit dans la Fig. 1, PI. XXI, devient un objectif à sec, car une couche d’air est interposée au-dessus de l'objet. Bien plus, en raison de l'interposition du liquide de l'immersion entre la surface frontale de la première lentille et le couvre-objet, la face inférieure de ce couvre-objet devient, en fait , la surface frontale de l'objectif; l'objet peut être contre cette surface frontale, il y a toute facilité pour la mise au point suivant les vues différentes en augmentant ou en diminuant la distance entre l'objectif et le couvre- objet. Nous avons ainsi un objectif à sec d’une ouverture angulaire approchant de très près 1809, et avec très peu d’aberration de sphéricité , en raison de l’excessive minceur de la couche d’air interposée. L'interprétation de ce fait qu'on a ainsi affaire à un objectifà sec, a sans doute été faussée par l'existence d’un liquide d'immersion entre la lentille frontale et le couvre-objet. L'avantage pratique qu'il y a d'obtenir ainsi un objectif à sec, consiste à nous permettre de considérer la question du « surplus » d'ouverture des objectifs à immersion à grand angle (en excès sur celle de 180° d'angle dans l’air) en nous servant d'un seul et même objectif, ce qui, de bien des manières , simplifie la démonstration soit théoriquement , soit autrement. Sans changer l'éclairage, sans enlever l'objectif du microscope, mais simplement en faisant glisser un slide du point où 1l porte un objet à sec au point où il porte un objet semblable monté dans le baume, la différence dans l'ouverture de l’objectit employé dans les deux conditions devient immédiatement visible. * Ù 3. — DÉFINITION DE L'& OUVERTURE. » Le premier doute qui est dans l'esprit d'un ,, ouverturiste angulaire ” est de savoir si ,, l’ouverturiste numérique ” n’est pas un personnage aux idées tellement confuses ou dont, au moins, l'éducation optique a été si négligée, que ce serait simplement perdre son temps que d'écouter ce qu’il a à dire. C’est un doute par- faitement naturel, parceque l'ouverturiste angulaire entend son adversaire parler [11] d'une ouverture en excès sur 180° angulaires dans l’air, et [2] d’un angle dans le baume, de 82°, comme l’équivalent optique d’un angle dans l’air de 180° ; de sorte qu'il accuse l'ouverturiste numérique, de ne pas savoir, prenièrement, qu il ne sb pas y avoir d'ouverture angulaire plus grande que 180° et, secondement, qu'une partie ne peut jamais être égale au tout. Quand il a vu que « l'ouverturiste angulaire » ne discute ni l’une ni l’autre de ces propositions et qu'il se fait fort sur l’« ouverture » opposée à l’« angle », sa dernière supposition est qu’il doit y avoir une « double entente » (un malentendu) sur le mot « ouverture ». Il n‘y a pas de raison pour refuser la définition du terme « ouverture » telle que la posent le plus grand nombre des ouverturistes angulaires, et qui ne signifie pas pouvoir résolvant, mais essentiellement « entrée » (opening (2). En se basant, (1) Vo’r Journ. of the R. M. $S., 1880, p. 1090. (2) Il y a toutefois des personnes qui considèrent l'entrée (opening) comme d'importance secondaire quant à l'ouverture , et comme donnant seulement un plus grand rs ce que l’on peut obtenir autrement. JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 497 a —]—_ toutefois, sur cette définition, et essayant d'estimer l’« entrée » relative des objectifs, on n’a considéré jusqu'ici que les pinceaux admis par la frontale dans les objectifs. L'autre vue est maintenant si évidente qu’il semble étrange qu'elle ne se soit présentée à l'esprit de personne avant’ le Professeur Abhé, malgré le grand nombre de ces esprits qui se sont mis à l’œuvre sur la question de l'ouverture, à différentes époques ; et cette autre vue considère non pas les rayons admis, mais les rayons émergents (et entr’eux elle a prouvé l'existence d’une relation générale). Que nous prenions le pinceau qui émerge de l'objectif ou celui qui est admis dans l'objectif, c'est évidemment la même chose, quant à la question présente, car personne ne contestera que rien ne peut émerger qui n'ait d'abord été admis. Le grand et évident avantage qu'il y a à raisonner sur le pinceau émergent consiste à ce que celui-ci est toujours dans l'air, et ainsi sont éliminées les incertitudes qui accompagnent l'étude du pinceau admis , qui peut être dans l’air, dans l’eau, dans l'huile, ou d’autres substances à indices de réfraction divers. Ainsi, l'ouverture , signifiant distinctement « entrée » peut être justement définie par le diamètre du pinceau (à son émergence derrière la lentille), pinceau que l'objectif a reçu d’un point donné de l’objet et réuni en un foyer au point conjugué de l’image. Ce n’esi pas la mesure absolue de ce diamètre ou « entrée », car cela classerait un objectif de 1 pauce, comme ayant une ouverture plus grande qu’un objectif de 1/2 pouce, mais la mesure relative, c'est-à-dire l'entrée en rapport avec le pouvoir ou « longueur focale » de l'objectif. Ainsi, de deux objectifs qui ont le méme pouvoir, celui qui a la plus large entrée, c’est-à-dire celui qui transmet de l’objet à l’image le plus large pinceau, — a la plus grande ouverture. — Si, cependant, les deux objectifs ont des pouvoirs différents, celui qui a le plus large pinceau à son point focal a la plus grande ouverture. Si la fig. 2 représente schématiquement un objectif d’un pouvoir donné, c'est-à- dire d’une longueur focale donnée (1), son ouverture est évidemment réduite, si l’on place un diaphragme derrière l’une de ses lentilles. Le pouvoir restant le méme l'ouverture varie avec le pinceau émergent. Le cas de pouvoirs différents et de pinceaux émergents égaux ou différents est représenté dans les fig. 3 et 4, pl. XXI. Si l'on compare un objectif de plus faible pouvoir (fig. 3) avec le précédent, (qui est indiqué par les lignes ponctuées), le pinceau émergent peut rester le même , mas l'ouverture est évidemment plus petite dans l'objectlf de plus faible pouvoir. | Si l’on prend un objectif d’un pouvoir double de celui du premier (fig. 4), le _ pinceau émergent peut n'avoir qu’un diamètre moitié moindre, mais le pouvoir étant double, l'ouverture reste la même. Fr. Crise. Secrétaire de la Soc. Roy. Micr. de Londres. ( À suivre.) (1) Dans ces figures, aucune ligne ne représente, d’une manière visible, la distance focale de l'objectif, comme dans le cas d’une lentille unique. Dans les objectifs composés , la longueur focalo s'obtient en comparani l'objectif avec une lentille unique ayant le même pouvoir, et la longueur focale de cette dernière est considérée comme celle de l'objectif. 498 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. NOTE SUR LES OBJECTIFS À IMMERSION HOMOGÈNE. FORMULES DE NOUVEAUX LIQUIDES PROPRES A CETTE IMMERSION (1). La suggestion de M. Stephenson d'employer pour l'immersion des objectifs, des liquides ayant le même indice de réfraction que le crown, idée qui a été si heureusement mise en pratique, d’abord dans les ateliers de Carl Zeiss, à Iéna, ensuite par d’autres constructeurs, constitue certainement le plus grand progrès qui a été réalisé en microscopie durant ces dernières années. Personnellement, nous avons pu apprécier, peut-être mieux que personne, l'importance de ces objectifs dits à immersion homogène, car c’est grâce à eux que les milliers de dessins du Synopsis des diatomées de Belgique ont pu être revus et finis dans un temps relativement peu considérable. Quand nous songeons aux ennuis que nous occa- sionnait l'emploi de l'éclairage monochromatique, aux interruptions fréquentes du travail nécessitées par l'absence du soleil, nous ne pouvons assez nous féliciter de cette heureuse trouvaille, qui nous a permis d'avancer de plusieurs années peut-être, la publication de notre travail, dont tous les dessins , tant ceux de M. Grunow que les nôtres, ont été faits, ou achevés à l’aide d'objectifs de ce nouveau système. On a commencé à construire ces objectifs à monture fixe. Est-ce un bien ? Nous Favons cru primitivement, mais après avoir manié pendant un peu de temps le 110 homogène à correction de Tolles, nous avons fini par changer d'opinion et nous avons trouvé que la correction rendait de grands services dans certains cas, par exemple, quand on veut appliquer l'objectif à des microscopes dont le tube a une longueur variable, chose quelquefois absolument nécessaire comme dans le cas où l’on doit dessiner à un grossissement déterminé, et aussi quand l'indice de réfraction du liquide homogène subit de légères variations par les grandes chaleurs ou les grands froids. M. le professeur Abbé a bien voulu consentir à nous faire construire un 1/12° et un 1/18° à correction et nous les préférons beaucoup pour les cas mentionnés ci-dessus, aox objectifs à monture fixe que nous employions aupa- ravant. L'emploi des objectifs à immersion homogène n'était pas sans présenter quelques ennuis. L’essence de cèdre, proposée comme ie meilleur liquide, a l'inconvénient de dissoudre les vernis qui ne sont pas préservés par une couche de gomme laque, et, en outre, est d’une fluidité désespérante. Elle a la plus grande tendance à quitter le couvre-objet, et le moindre inconvénient, c'est qu'elle aille salir l'étiquette de la préparation, Nous employons généralement un liquide homogène pour unir le condenser à la préparation, or, à deux reprises , 1l nous a fallu renvoyer à MM. Powell et Lealand les lentilles de leur où condenser — l'instrument qui nous a toujours donné les meilleurs résultats pour l'étude des diatomées — parce que l'essence avait pénétré entre les lentilles. | Ces contre-temps nous avaient depuis longtemps suggéré l'idée de rechercher des liquides ne présentant pas les inconvénients que nous venons de mentionner. Nous craignions cependant d'obtenir peu de résultat, car M. le professeur Abbé avait examiné plus de 300 substances sans trouver mieux que l'essence de cèdre. M. le professeur Abbé, à qui nous fimes part de notre projet, nous engagea vive- ment à le mettre à exécution, et voulut bien mettre son réfractomètre à notre disposition pour exécuter ces recherches qui, commencées, suspendues, et recom- mencées à différentes reprises, ont été à la fin couronnées de succès, car nous (1) Bull, de la Société Belge de Mic. mn né tomtom JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 499 connaissons aujourd’hui un nombre assez considérable de substances qui remplissent les conditions nécessaires pour être employées avec avantage, conditions qui sont : 1. Avoir un indice de réfraction convenable. Cet indice, pour les objectifs actuels, est environ 1,510. — Le crown, dont on fait les couvre-objets et les lentüles fron- tales, a un indice de 1,510 à 1,520. mesuré à la ligne F du spectre. 2. Avoir un pouvoir dispersif aussi analogue que possible à celui du crown et qui est environ 0,0060, mesuré entre les lignes D et F du spectre. 3. Ne pas être trop fluides. 4. Ne pas attaquer les vernis dont on fait les cellules des préparations. Nous allons, dans cette note, faire connaître le résultat de nos recherches, mais préalablement nous passerons en revue les liquides proposés jusqu'ici. Ces liquides peuvent se diviser en deux classes : 1. Solutions de produits chimiques. 3. Substances végétales. Î. SOLUTIONS DE PRODUITS CHIMIQUES. Toutes les substances proposées jusqu'ici sont des dissolutions de sels dans la glycérine. Le meilleur de ces liquides est le Bassetl’s fluid, que l’on obtient en -dissolvant des cristaux d'hydrate de chloral dans la glycérine. Le Bassett’s fluid a l’inconvénient majeur d'attaquer les vernis et tout spécialement la gomme laque. Ce liquide est à peu près abandonné maintenant. Les autres solutions sont: Chlorure de cadmium dans la glycérine; indice : 1,504. lodure de zinc dans la glycérine ; indice : 1,507 ; dispersion : 0,0080. Sulfocarbonate de zinc dans la glycérine ; indice : 1,500. Enfin, on a encore proposé le chlorure de zinc distillé, mais c’est là une subs- tance ennuyeuse à manier et qui ne se conserve pas. 2. SUBSTANCES VÉGÉTALES. Les substances proposées jusqu'ici sont : Essence de Cèdre C'est l'essence donnée par la distillation du soi-disant « cèdre », dont on fait le bois de certains crayons, mais en réalité ce bois n’est pas fourni par un cèdre, mais par le génévrier de Virginie (Juniperus Virginiana L.). L’essence de cèdre a un indice de réfraction variable de 1,505 à 1,507. Sa dispersion est de 0,0073. C’est le meilleur des liquides proposés jusqu'ici, quoiqu'il ne convienne pas bien pour les observations dans l'éclairage axial. Le défaut de l'essence de cèdre est, nous l'avons déjà dit, d’être excessivement fluide, et de se répandre de tous les côtés, défaut auquel on a essayé ces derniers temps de remé- dier en y dissolvant du dammar, qui permet en même temps d'élever son indice de réfraction jusqu’à 1,520 (1). Elle attaque en outre le bitume des cellules, mais on peut remédier à ce défaut en recouvrant le biturse d’une couche de vernis à la gomme laque. Essence de Copahu. Cette essence n’est pas fournie par le vrai copahu, mais provient de la distillation du copahu de l’Inde ou baume de Gurjum, fourni par diverses espèces de Dipterocarpus. Cette essence a le même indice de réfraction que l'essence de cèdre et est un peu moins fluide. Elle peut donc la remplacer avec avantage. (1) M. le professeur Abbé nous a communiqué, ces derniers temps, un excellent liquide , que l’on obtient en dissolvant dans l'essence de cèdre du Dammar, jusqu'à obtention de l’indice 1,520, et que l’on ramène ensuite à 1,509, par une addition d'huile de ricin. 500 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. . NOUVEAUX LIQUIDES PROPOSÉES. Nos premières recherches ont été dirigées parmi les substances chimiques , mais nous n'avons guère obtenu de résultat bien important. Nous avons alors tourné nos recherches vers les produits naturels des végétaux, et là le résultat a été favorable. Ce sont les oléo-résines, les résines et les gommes résines des Térébin- thacées qui nous ont donné les meilleurs résultats Les légumineuses donnent un produit également utile. Dans les conifères, on trouve aussi beaucoup de substances : à indice suffisamment élevé , mais qui ne conviennent pas , car leur pouvoir dispersif est trop considérable. Î. PRODUITS DES TÉRÉBINTHACÉES. Baume de Jurgum. Le copahu de l'Inde, dont nous avons déjà parlé ci-dessus , a pour indice 1.509. Il est donc préférable , par sa viscosité et son indice plus élevé , à l'essence du même produit. Oliban. La gomme résine oliban (donnée par plusieurs Boswellia de l'Afrique orientale), nommée vulgairement Encens , se dissout partiellement dans l'essence de cèdre, en donnant un liquide assez épais, d’un jaune citrin, dont l'indice de réfraction est - 1,510 , et le pouvoir dispersif 0,0077. Cette solution convient pour l'immersion homogene. Pour préparer ce liquide , on pulvérise finement de belles larmes, bien pures, d’oliban. La poudre obtenue , mélangée de son volume d’essence de cèdre, est chauffée, au bain-marie, dans un matras en verre, pendant deux à trois heures. On laisse ensuite reposer et, le lendemain, on décante la partie liquide surnageante. Elemi de Manille. L’élemi de Manille, dont l’origine botanique est encore indéterminée, se dissout faci- ment à chaud dans l'essence de cèdre et fournit ainsi des liquides dont, suivant les proportions des substances employées, l'indice peut à volonté monter de 1,510 à 1,920 , avec un pouvoir dispersif de 0.0076. En ajoutant de l'huile de ricin à la solution précédente , on obtient un liquide convenable, ayant pour indice 1,508, et pour pouvoir dispersif 0.0073. Mais ce liquide nous paraît cependant moins utile que la solution d’oliban , parce qu'il est un peu collant. | Elemi du Brésil, tacamaques. L’élemi du Brésil et la tacamaque blanche, huileuse, de Guibourt, donnent également de bonnes solutions avec l'essence de cèdre. En dissolvant la tacamaque dans l’essence de cèdre, on obtient un liquide dont l'indice est 1.519, et le pouvoir dispersif 0.0074. | En ajoutant à la solution précédente de l'huile de ricin en quantité convenable , l'indice descend à 1.508, et le pouvoir dispersif à 0.0072. Pour préparer la solution, on fond, au baïin-marie, 20 parties pondérales de tacamaque , dans 22 parties d'essence de cèdre, et on ajoute 14 parties d'huile de ricin. D'après M. le professeur ALU cette dernière solution, de même que celle de Dammar dans l'essence du cèdre , constituent les deux meilleurs liquides que lon connaisse pour les objectifs homogènes , tels qu’on les construit actuellement. MM. Powell et Lealand a qui j'ai communiqué un échantillon de mon liquide à la tacamaque l'ont trouvé excellent. , Vernis de la Chine. Un échantillon authentique, mais déjà âgé du suc du Rhuæ verni L. rapporté de À RSS te : ep JOURNAL DE MICROGRAPHIE. | o01 2 © la Chine par Perrottet a pour indice 1.527. Cette oléo-résine se mêle parfaitement à l'essence de cèdre en donnant des solutions qui pourraient être utilisées. Térébenthine de Chio. Cette térébenthine est donnée par le Pistaciu Terebinthus L. Nous avons trouvé 1.535 pour indice d’un échantillon de résine vieille et devenue pâteuse provenant de la collection Guibourt. Elle se dissout bien dans l'essence de cèdre et peut donner des liquides de l'indice désiré. 1 LÉGUMINEUSES. Les légumineuses donnent diverses substances, parmi lesquelles le baume du Pérou , qui possèdent un indice élevé, malheureusement toutes ces substances ont un pouvoir dispersif trop considérable. Une substance de cette famille donne cependant un liquide commode à manier pour les recherches qui nous occupent. C'est le copahu de Maracaïbo. : Copahu de Maracaïbo. Le copahu est fourni par le Copaifera officinalis L. Le copahu que nous avons pu trouver dans le commerce à Anvers et qui paraît bien être le vrai Copahu de Maracaibo est d’un brnn clair, et a pour indice 1,519, tandis qu'un échantillon authentique, provenant de Guibourt, de Copahu du Para ne possède pour indice que 1,506. Le copahu se dissout parfaitement dans l'essence de cèdre et donne alors un liquide de l'indice voulu. On obtient un autre liquide d’un indice de 1,510 et d’un pouvoir dispersif de 0, 0076 en dissolvant à chaud, sept parties de vaseline blonde dans trente parties de copahu. On obtient ainsi un liquide tres épais restant parfaitement à l'endroit où on le dépose et n’attaquant ni le bitume de Judée , ni le vernis à la gomme laque même au bout de 24 heures de contact continu. Si on trouve ce liquide trop épais on peut lui donner la fluidité désirée en y mêlant la quantité voulue de solution de copahu dans l'essence de cèdre. Ce liquide donne de D: images dans l'éclairage axial et montre ne les moindres détails des diatomées dans la lumière oblique. e CONIFÈRES. Un bon nombre de produits des conifères ont un indice élevé, nous citerons entre autres : Etule dé Cade . ......... D NP ET Le 4 D indice 1,535 Mérébeutiune du Mélèze....:.................... — 1,520 — LETTRE ARLES — 1,537 De OM OANAdA.. ..............::1.. bn — 1,527 Hondron de Norwège , etc., etc.....:...........,. — 1,540 Mais tous ont un pouvoir dispersif trop considérable et présentent en outre de graves défauts tels que ceux de donner des solutions collantes, difficiles à nettoyer, etc. Ce ne sont donc pas les produits que l’on adopte:a quand les térébinthacées nous en offrent d’autres beaucoup plus avantageux. Les résultats mentionnés ci-dessus satisfont à tous les desiderata des substances résineuses ou éthérées. Mais comme certains micrographes préfèrent les liquides aqueux , 1l faudrait encore trouver pareille solution d’un faible r:ouvoir dispersit (tel que celui de la Tacamaque) , et d’un indice allant de 1,510 à 1,520; on aurait alors des liquides satisfaisant tout lé monde, et on pourrait construire les objectifs de façon à employer des liquides ayant exactement l'indice du crown. Nous croyons cependant que ces solutions aqueuses seront fort difficiles à découvrir. D' H. Van HEURGK, Directeur du Jardin botanique d'Anvers. —— — CRE D ES DS EC EL EE NE = 2e = UD 211000 PO DU) UE Lu ee 502 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 2 CORRESPONDANCE. Societé de Borda. CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE DAX EN 1882. Monsieur , J’ai l'honneur de vous informer qu’à l’occasion du Concours Régional de 1882, la Société de Borda, d'accord avec la Municipalité Dacquoise , convoque en un Congrés scientifique toutes les Sociétés savantes avec lesquelles elle est en relations, ainsi que toutes les personnes qui, dans la région, s'intéressent aux progres des sciences et des arts. Ce Congrès s'ouvrira à Dax le lundi 1° mai 1882 et sera clos le samedi 6 du mème mois ; il a pour but l'étude aussi complète que possible de toutes les questions d’his- toire, d'archéologie et de sciences naturelles pouvant intéresser la région comprise géographiquement entre la Garonne, les Pyrénées et l'Océan. L'expérience a démontré que ces sortes de réunions n'étaient jamais sans profit pour la science ; en effet, elles permettent aux savants d’une même région de se mieux apprécier, de se mieux connaître et, par la solidarisation de leurs travaux, de contribuer plus efficacement aux progrès de la science, but poursuivi par chacun d'eux. Si la Société de Borda vient à son tour tenter un de ces essais de décentra- lisation scientifique , si Dax a été choisi par elle pour la tenue de ces assises , c'est que , suivant les expressions mêmes de l’illustre M. de Quatrefages , qui a bien voulu prendre notre œuvre sous sa haute protection « la Société se trouve placée au » centre d’une région exceptionnelle sous bien des rapports , qu'elle a à poser des » problèmes spéciaux dont la solution peut apporter des enseignements qu'on cher- » cherait vainement ailleurs. » C'est pour cela que nous appelons spécialement l'attention des amis des sciences naturelles sur les sources thermales et minérales de la région, en particulier sur la Forntaine-Chaude de Dax, cette merveille hydrologique , qu’il serait si désirable de voir étudiée d’une façon complète au point de vue de son origine , de sa thermalité, de la flore et de la faune qui l’habitent, de sa composition chimique, du mode d'action de son activité thérapeutique, de la possibilité de l’utilisation de son calorique , etc. Aux géologues nous recommandons l'étude de l’ophite si largement représenté dans nos contrées et des curieuses modifications qu'il semble avoir apportées à nos ter- rains dont les gisements fossilifères sont aujourd’hui classiques. Aux anthropologistes et à ceux qui s'occupent de l’histoire de l'humanité primi- tive, nous présenterons comme problèmes bien intéressants à résoudre ceux de l'origine des populations de races diverses qui habitent la région ; l'étude de leurs migrations si mal connues, de leur outillage industriel aux diverses phases de leur existence, etc. £ Les historiens, enfin, auront devant eux un vaste champ de recherches s'ils veulent élucider tous les points restés obscurs de l’histoire de la Guyenne et de la Gascogne. Comme complément indispensable du Congrès , la Société de Borda organise différentes expositions : 1° Une de tous les animaux vivants de la région ; 2° une autre d'histoire naturelle régionale (minéraux , coquilles modernes et fossiles, ento- mologie, ete.); 3° une exposition d'archéologie historique comprenant les monuments et les objets de l'antiquité, du moyen-âge et de la renaissance ; 4° une exposition JOURNAL DE MICROGRAPHIE. 003 préhistorique où seront réunies les plus intéressantes trouvailles faites dans les cavernes, grottes, abris sous roche, dolmens, tumuli, cachettes de fondeurs, stations à l’air libre du Midi ; 5° enfin, une exposition des Beaux-Arts. Des excursions et des fouilles seront faites pendant la durée du Congrès. _Nous vous prions , Monsieur , de vouloir bien accorder votre patronage et votre concours à cette solennité. Nous vous serions très reconnaissants de vouloir bien lui gagner des adhésions dans le cercle de vos relations personnelles. Si, comme nous aimons à le croire, vous avez l'intention de traiter quelques-unes des questions insérées au programme , ou quelque sujet s’y rattachant , vous vou- drez bien pour assurer votre rang d'inscription, nous en prévenir avant l'ouverture de la section. Veuillez agréer , Monsieur , l'assurance de ma considération la plus distinguée. H. pu BoUuCHER, Président de la Société de Borda, Secrétaire genérai du Congrès. N. B. La Compagnie des chemins de fer du Midi a bien voulu accorder une réduction de 50 °), sur ses tarifs à MM. les membres du Congrès. Ceux-ci, en échange du bulletin d'adhésion ci-contre qu'ils auront rempli et retourné à M. le Président de la Société de Borda, recevront une carte personnelle de membre du Congrès qui leur donnera droit : 1° d’assister aux séances ; 2° de recevoir le volume des Comptes-rendus qui sera publié à l'issue du Congrès : 3° de jouir de la réduction susmentionnée. A ceteffet, on devra, en payant le tarif plein à l'aller, faire viser cette carte à la gare de départ. Le voyage de retour sera gratuit sur la présentation de cette même carte visée par le Secrétaire général et constatant que le porteur a assisté aux séances du Congrès. La Compagnie du Midi exigeant une liste nominative des personnes qui désirent jouir de la réduction ainsi que l'indication des parcours à effectuer, on est prié de se faire inscrire le plus tôt possible, pour que les renseignements demandés puissent être transmis en temps utile. (1) EXCURSIONS PROPOSÉES. Excursions archéologiques. — Visite à l’abbaye et aux grottes de Sorde, à la villa Gallo-Romaine de Barat-de-Vin. Fouilles des tumuli de Mimbaste, de Clermont et de Pomarez — Camps romains de Gamarde; Tuc et grotte du Saumon — Stations préhistoriques des environs de Dax. Excursions géologiques. — Terrains crétacés, ophite , marnes irisées , sources thermales de Tercis — Carrières de St-Pandelon, du Hourn, d’Arzet. de Bénesse et de Pouillon — Salines de Dax, puits d’Arzet et de Pouillon, fontaine salée de Bidas — Tertiaire inférieur (Gaas) — Tertiaire moyen (St-Paul, Cabannes) — Tertiaire supérieur (Narrosse , Saugnacq). (1) Sont nommés Présidents d'honneur du Gongrès : MM. Le PRÉFET des Landes ; Le MAIRE de la ville de Dax; Le PRÉSIDENT de la Cour d'Appel de Pau; Mgr. l'ÉVÊQUE d’Aire et de Dax; Le Général DUMONT, Commandant en chef le 18° corps d'armée, Le PRÉSIDENT du Conseil général des Landes ; Le RECTEUR de l’Académie de Bordeaux ; Le Docteur DENUCÉ , Doyen de la Faculté de médecine de Bordeaux ; À. D'ABBADIE , Membre de l’Institut ; MOREAU (Frédéric), à Paris ; WiLsoN (Daniel), Député d’Indre-et-Loire. © © 2 ——© ————— ——— —— ——— ———— 504 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. LA PESTE OU DISTOMATOSE DES ÉCREVISSES. (Fin) (@) L'anguille peut fort bien avaler les écrevisses à l’époque de la mue, quand leur coquille est molle. Si même un de ces poissons n’avale qu’une seule de ces écrevisses malades , laquelle peut loger en moyenne une cinquantaine de distomes , il seræ bientôt l'hôte involontaire de tous ces distomes parfaits qui, étant hermaphrodites , ne tarderont pas à expulser un nombre considérable d'œufs. Sans admettre que ces distomes cirrigères soient aussi prolifiques œue le distome lancéolé du foie du mouton , qui donne naissance à plus d’un million d'œufs , les distomes avalés par le poisson produiront néanmoins un nombre considérable d'œufs, qui peuvent à leur tour être avalés par des écrevisses, ou bien produire des embryons subissant le même sort, directement ou après quelques métamorphoses ; les embryons éclos de ces œufs se transforment ensuite en ces distomes imparfaits, cause de la peste. Peut-être y a-t-il entre le poisson et l’écrevisse un autre intermédiaire , quelque mollusque dans lequel l'embryon devient sporocyste avant de devenir cercaire ; ce triple hôte qui existe pour bien des distomes, pourrait fort bien exister également pour le.distome de l’écrevisse. ; , . En attendant, nous pouvons, nous devons même admettre que l’écrevisse ne s'infecte que quand elle avale les œufs de son distome devenu parfait dans le corps de quelque poisson. Ces œufs, selon toute probabilité, se rencontrent dans les intestins du poisson et, comme ceux d’autres distomes , ils sont expulsés avec les fèces. De ces faits, encore fort incomplets ,, on peut cependant déja déduire trois enseignements fort importants pour la pratique : 1° C’est une mauvaise habitude de donner à manger aux ecrevisses , des viscères ou cadavres de poissons , à moins de les soumettre préalablement à une bonne cuisson ; mieux vaut leur donner de la viande , du foie , ou même des grains ; 2° Pour le même motif, on a tort d'élever des poissons dans les viviers et bassins où l’on entretient des écrevisses ; 3° Les écrevisses destinées à repeupler un cours d'eau où la peste a régné, doivent être main tenues, pendant une année au moins, dans un réservoir ne renfer- mant pas de poissons ; pendant ce laps de temps, les germes, parvenus dans un cours d’eau ne contenant pas d’écrevisses auront naturellement péri. Disons pour finir et pour être complet, que les divers essais de traitement de cette distomatose sont restés infructueux ; l'eau salée, l'eau phéniquée, tuent les écrevisses plutôt que leurs parasites. Ces essais nous ont cependant appris que les écrevisses vivent très bien et pendant quelques heures , dans une eau contenant en dissolution 1:10,000 de permanganate de potasse: Si ce désinfectant est: sans action sur le distome de la peste, au moins peut-il servir à débarrasser les écrevisses de divers parasites externes , même de ceux qui s’attachent aux branchies. Ce moyen permet donc de préserver ves crustacés , au moins de l’action de ces derniers (2). \ A. ZUNDEL, Vétérinaire supérieur d’Alsace-Lorraine, | à Strasbourg. Le Géranr : E. PROUT. (1) Voir Journal de Micrographie, T. V, 1881, p. 459, (2) Bulletin de l'Ac. R. de Méd. de Belgique. ho D je LÉ dé LE te Nb he “ \] AU Pen Hire TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME CINQUIÈME. EU G— A " Pages. Abeille (L’endocrâne et le suspenseur maxillaire de l’)}, par le professeur OP PP ER 310, 394 Abeille (La langue de l”), par M. J. D. HyarTr................... Ne LS de 82 Abeille ( id. parle professeur À: J. Cook. ................. 210 , 29% Abeille (La langue de l’) et les glandes qui en dépendent, par M. JusTn 1.1... ue... 216 Absorption chez les organismes inférieurs ( Observations relatives aux phéno- On nn. eo 136 Amphioæus lanceolatus (Observations sur les mœurs, la structure et le dévelop- Em na ue ee Anthropologie (De l’embryologie et de ses rapports avec l’}), par le D' dede vo ee 42, 106, 139, 193, 231 Aperçu d'embryologie comparée. — Histoire des génoblastes et théorie des sexes, PDP CH SEDemick-MINOT..........1.........,... 30, 71, 174, 210, 488 Applications de l’acide osmique à l'étude des cellules osseuses (Sur les). — Technologie microscopique — par M. F. TouURNEUX ........................ 229 Artemia Salina. — Vitalité des germes de l’Artemia salina et du Blepharisma Ones MENU TELE LE Le RS 453 Azolla ( Le prothalle et l'embryon de l’), par le professeur S. BERGGREN..... 319 B Bibliographie des Diatomées, par M. F. HaBrRsHAw et complétée par le a de dati de SAR à SABRE Es 146 Bibliographie. — Recherches sur l’appareil tégumentaire des racines. — Thèse D cociorat. par M, Louis OLIVIER... 2.1... Lampe de 343 Bibliographie. — Notes algologiques. Recueil d'observations sur les algues, par MM. E. Borner et ë. TaurerT. Notice par le D' J. PELLETAN .......... 381 ares lateritia (Vitalité des germes de l’Artemia salina et du), par nn. der amuonee ARRET ee dames ve ve? 453 C Cellules osseuses (Sur les applications de l’acide osmique à l'étude des) (Technologie microscopique), par M. F. TOURNEUX......................... 229 Cerveau de la Locuste (Le), par le D' A. S. PACKARD junior ............. 148, 481 Chlorophylle dans l'obscurité (Simple note sur la production de la), par M. J. En à dde de d'une ua ns ge 4 226, 281 3* ES 508 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. A ——_———— ——"——_—_—_—_——_ —_—] ——— — —— — ——_—]—_——]——]———— Pages. Colon (Pseudo-polypes du), résultats anormaux de l’ulcération folliculeuse , par le Cet D'J.J. WOODWARD. . seu cu sue ae » 00 SOI 305, 335, 363 Coloration des Infusoires et des éléments anatomiques pendant la vie (Sur un procédé de), par M'A CrRTES..,.,.,,..4.,.14 10 SCOR Conformation de l'appareil de la génération. de l’Helix aspersa dans le jee âge (Sur la), par M. S. JouRpAÎN-7 Et @r re. +0. RENE Congrès de la Société américaine des Microscopistes, à Détroit, les 1 18, 19août 1880, d'après M. G. EE FELL. . 4. se Se ORNE . À Congrés scientifique de Dax en 1882. — Société de Borda (Correspondance), par M. Du BoucRER .... 4.32, 1404 46 CARO CRC ENT NON 902 Contribution à l'étude des asc , par M. JL'Kousrier LE 413 Correspondance. — Société de Borda. — Congrès scientifique de Dax en 1882, Dar MDv 'BoboasR 4.1. UE AL SANS LEE RL SRE MANN ARE | = Correspondance. — Le polarimètre du D'J. G: HoFMANN................... 92 Coupes de diatomées observées dans les lames minces de la roche de Nykjô- bing (Jutland), par M. W. PRINZ. ....1 00 0e CSSS 100 Curieux phénomène de préfécondation observé chez une SHomie (Sur un), par le professeur A. GIARD........... bee dois seunt ee TERRES 411 D Découvertes récentes sur les DS du groupe des Entomophtorées , par lemrofesseur À. GARD... ML ee se 20 RO RER 2176 Développement des stomates du Tradescantia et du Mais (Sur le), par le pro- fesseur DouGLass H. CAMPBELL..... Len 0 munie 82 jermnearie ie LUN RES 445 Diaätomacées, (Premiére histoire des), par F. KIrron. .....1.:1. 00 189 Diatomées (Coupe de) observées dans les lames minces de la roche de Nykjobing (Jutland), par M. W. PRinz ...5..200 RS 100 Distomatose ou Peste des Écrevisses (La), par M. A. ZUNDEL ............ 459, 504 Eaux d'Aulus (Les), par le D'J. PELLETAN..........................,..... 238 Ecrevisses (La peste ou distomatose des), par A. ZUNDEL.............., 459, 504 Embryologie comparée (Aperçu d”) Histoire des génoblastes et théorie des semes, +: par le DieG: SDeMIORMNOTS Li vote de mb parité Erin mile de 30, 71, 174, 210, 488 Embryologie et de ses rapports avec l'anthropologie (De l”), par le D' Martras DOVAR ER sr De nrtagret eee Aie cent D AS Monet mat 42, 106, 139, 193, 231 Embryons de poulet entiers (Montage des), par le D' Ch. Sep@wick-MinoT.. 413 Endocrane (L’) et le suspenseur maxillaire de l’Abeille, par le professeur D. MACLOMRR LU, 20 see ne tu rtyra ce eh: AVANCE » 394 Entomophthorées (Découvertes récentes sur les champignons du groupe des), par le professeur À. GARD: ...,,, 0. eus bet ot nuvetu2t eR 7 Éponges d'eau douce (Les), par M. H. MizLS........,..................... 265 Ur. OP PE EP EE CORRE LEA RAS CRAN EE ARE ANN LIRE Qc 241, 242 Études sur les instruments étrangers, par le D'J. PELLETAN............ 28, 88, 407 Évolution biologique du puceron de l'aulne, par M. J. LIGHTENSTEIN......... 342 Éxplhicatiôn'des Planches I et Il du tome IV RO en 18 — — du tome V, 1881.30,78,38,88,105,180,219,257,265,305, 305, 397, 381, ÀO7, 445, 454,487, A87, 193, 193 ,000 1 F Fécondation chez les vertébrés (La), par le professeur BALBIANI......... 8,78,131 Feuillets blastodermiques des Planaires (Les), par le professeur E. SELENKA, (trad, par M. WERTHÉIMER). , ., uen ses nette ANTON NN 278 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 009 Pages. Flagellates (Gontribution à l'étude des) par M.J. KUSTLER...........,. + M ds * Formules de nouveaux liquides ri l'immersion homogène, par le D' H. D) Nr heu us en sa boicle ee a5 cle ie 498 G Génération spontanée (La). la panspermie et l'évolution, à propos d’un cas D molespontanée, parle DO BOENS .. .:..........,......,,....., 383, 420 Génoblastes et théorie des sexes (Histoire des) (Aperçu d'Embryologie comparée), par le D' Ch. Sep@wick-MinoT...........,.....,.., 30, 71, 174, 210 Glandeset poils végétaux, par M. À. G. S...........,.,.............. 220, 275 Grenouille (Recherches sur la spermatogénèse chez la). par le D' MATHIAS- DU : D DIR Re el a pas à AA un no me ose à die ot 20 EE Helix aspersa dans le jeune âge (Sur la conformation de l'appareil de la génération de), par M. S. "JOURDAIN. . INR AR INSEE IQ UAL 30 Histoire des Diatomacées (Première), par F. KITTON..............,......... 189 I Inscription microscopique des mouvements qui s’observent en physiologie, par D tnt US ns. 409 Immersion homogène (Objectifs à); Fcrmules de nouveaux liquides , par le RL I ne. tintin ee 498 L Pmauedel Abeille (la)par M9. D'Hyarr. ...:,2,,4,40.,,,,,,434,, 82 — DRE HO ENEEUR AJ OCOOR tee aa 210, 297 — et les glandes qui en dépendent, par M. JusTN L 1505 TN EN AST ER AREA ROUE DNA RTE RERO ORNE 216 Larves aquatiques (Des) dans les différents groupes de Lépidoptères, par AE QU RL. LT A de 0) 223 Lépidoptères (Des larves aquatiques dans les différents groupes de), par TC OP PR PA RAS RENE RESTE ne 2: Locuste (Le cerveau de la), par le D' A. S. PACKARD Junior............., 448, 481 M Maïs (Sur le Ds des Stomates du Tradescantia et du), par le pro- fesseur DouGLass RAD RON RES Ne dei earan ae a ed LLoE le 445 Méduses d’eau douce et d’eau saumâtre, par le D'J. DE GUERNE..:........, 38 Monde microscopique des eaux douces (Le). (Promenades le long d'un ruisseau) A A. Pro due de ee are ne da en die due Dee 124, 167 Montage des embryons de poulet entiers, par le D' Cu. Sepawick-MinorT.. 413 Mouvements qui s'observent en physiologie (Inscription pa dép), D de se ne PA Ne ne doote v.00 00 8 vie à» de 409 N Nigrosine (La) (Technique microscopique), par M. Léo ERRERA.............. 308 D D DORE A M ee Pas de conne o pus è ue à 0 454 Note sur l'ouverture, la vision microscopique et Ja valeur des objectifs à 1 immer- D 72000 ouverture, par NE PH ChisPp..0.,.0,20....,.0. 4.66... 492 ES Ge = n 510 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. À O Pages. Objectifs à immersion à grande ouverture (Notes sur l'ouverture, la vision microscopique et les) par M. FRACRISP.N. 0 CO CRE 493 Objectifs à immersion homogène (Note sur les); formules de nouveaux liquides pour cette immersion , par le D' H. Van HEURCK................. 498 Observations sur quelques espèces de Saprolégniées , par M. Fr. B. HINe. 250, 300, 32 Organismes inférieurs (Observations relatives aux phénomènes de l'absorption chez les), par M, SIRODOT... . MORE PRE ORNE 136 Organismes unicellulaires (Des). — Les Protozoaires, par le professeur BALz- HAN Le Erik Gb nee el à 63, 115, 156, 203, 257, 292, 321,357, 398, 436, 472 Ouverture, la vision dE et la valeur des Objectifs à immersion à grande ouverture (Notes sur l”), par M. FR. CrisP................,...... 493 F Peste ou distomatose des Écrevisses (La). par,M. A, ZUNDELE FCO 459, 504 Phylloxera vastatrix (À tous ceux qui étudient le), par le D' A. BLANKENHORN. 181 — (Sur le) et la législation qui le concerne) par le professeur CV RTE Te... es une mie 2e à 5 2e CO NSENSSESSSERE 186 — (Sur l'œuf d'hiver du), par M.,G. MAYET... À... 20000000 223 Planaires (Les feuillets blastodermiques des) par le professeur FE. SELENKA, -' ntad. par M. WERTHEIMER. . ris meta ee se 0e ROSE 278 Planches I et II du tome IV (Explication des). ........... 5 200 CEE 18 — du tome V (Explication des) 30, 78, 38, 88, 105, 180, 219, 257, 265. 305, 363, 397, 381, 407, 445, 454, 487, 487, 493, 493, 000 Poils végétaux (Glandés et) par M. AC'SA LEE A het EVE NOR 220,275 Polarimètre du D' J, G. HorManx (Le) (Correspondance)..................... 92 Préfécondation chez une spionide (Sur un curieux phénomène de), par le pro- fesseur À. 'GraRD..: 5 ue the deep aante n D volent e VER EINRRREES 11 Préparations mycologiques pour le microscope, du D' O. E. R. ZIMMERMANN. 415 Procédé de coloration des Infusoires et des éléments anatomiques pendant la vie(Sur ‘ün), par MA CeRres. dar rvéne see 4 net ESTRRRRE gi Production de la chlorophylle dans l'obscurité (Simple note sur la), par NL: d'CA'ABBATMONT. AL Re nl de LE nt 5 ta ot DOME NE E CARS 226, 281 Promenades le long d’un ruisseau (Le monde microscopique des eaux douces), par le DJ. PELLETAN. heu Ee SES ND CRAN 2 ne SR US NE 124, 167 Prothalle (Le) et l'embryon de l’Azolla, par le professeur S. BERGGREN ...... 315 Protozoaires. (Les) (Des organismes unicellulaires) par le professeur BALBIANI 63, 115, 156, 203, 257, 292, 321, 391, 900 00e Pseudo-polypes du colon, résultats anormaux de l’ulcération folliculeuse, par le Gel DFE J..J: WOOD NA RDE PS re une LCR RTE CUS A SEE 05, 335, 363 Pucerons attaqués par un Champignon, par MM. Ma” Cornu et CH. BRoN- FL VV | SPRNPRRe Se se de ve DEN CUS vod AVE RAD US ST EE ANS AE : : Puceron de l’aulne (Evolution biologique du), par M. LIGHTENSTEIN........... 342 R Revue par le D'J. PeccerTan. 3, 59, 111, 151, 199, 245, 287, 317, 351, 389, 431,469 S Saprolégniées (Observations sur quelques espèces de), par M. FR. B. Hine. 250, 300, 329 Société de Borda. — Congrès scientifique de Dax en 1882 (Correspondance), par M. Du'BOUCEER..,4,,%,,40,4 440,008 M OR TR RES 502 F TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 541 Pages. Spermatogénèse chez la grenouille (Recherches sur la), par le D' MATHIS eee pan oe eo vo ee oise + o Stomates du Tradescantia et du Maïs (Sur le développement des), par le pro- RE DOUCRASS EL /OAMPPBNER.. eee eocccomosenseovsee see 0e 9 Suspenseur (Le) maxillaire et l’endocrane de l’Abeille, par le professeur _ D .iraugsedsse EE APE R ARE 10,394 Œ Technique microscopique. — La nigrosine, par M. Léo ERRERA............ 308 Tradescantia et du Maïs (Sur le développement des stomates du) par le pro- fesseur DouGLass H. GAMPBELL...........,........................... 45 V Vertébrés (La fécondation chez les), par le professeur BALBIANI......... 8, 78, 131 Vision (La) microscopique et la valeur des objectifs à immersion à grande ouverture (Notes sur l’Ouverture), par M. Fr. Crisp...........,......... 0 D) par ML” PAsrguR.. ..:.:........1..,........,....,,2 309 Vitalité des Germes de l’Artemia salina et du Blepharisma lateritia, par a M die sans oser o ue umo o à o0 00 0 00 453 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. A Pages. ARBAUMONT (J. d”). — Simple note sur la production de la chlorophylle dans 100 2 ia POANAAAERARNE ORRnERE DÉLRCI NT EU ARRETE DR PRTRETEO TP EUUTe 226, 281 B BaALBrant (le professeur). — La fécondation chez les Vertébrés.....,... 8, 18, 131 — — Des organismes unicellulaires. — Les protozoaires 63, 115, 156, 203, 257, 292, 321, 357, 398, 436, 472 BERGGREN (le professeur S.) — Le prothalle et l'embryon de l’Azolla......... 319 BLANKENHORN (le D' A.) — À tous ceux qui étudient le Phylloæera vastatrix.. 181 Bons (le D' H.) — La génération spontanée, la pansmermie et l’évolution, à Propos d'un cas 'devariole Spontänée......,.,....4. seu. 383, 420 0 7) = Les Noos. D A a ne ntae 454 BRONGNIART (Ch.) et Max. CoRNU. — Pucerons attaqués par un champignon. 138 C CERTES (A.) — Sur un procédé de coloration des Infusoires et des éléments anatomiques pendant la vie..... OR A ee ad nee — Vitalité des germes de l’Artemia salina et du Blepharisma lateritia.... 453 ——————_—_—_——————_— 512 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. | | Pages. ‘Cook (le professeur A. J.) — La langue de l'Abeïlle.................... 270, 297 Cornu (Max) et CH. BRONGNIART. — Pucerons attaqués par un champignon.. 138 Crisp (Fr.) — Notes sur l'ouverture, la vision microscopique et la valeur des . objectifs à immersion à grande ouverture.............. + RE ee à 2% DRE D Douazass H. C. CAMPBELL. — Sur le développement des Stomates du Trades- cantio et du Mais... sd... ue sbeene seen rent esse 445 Du Boucxer. — Correspondance. — Société de Borda. — Congrès scientifique de Dax'en 1882.12, 100 OS RS 902 Duvaz (D' Mathias.) — De l'embryologie et de ses rapports =. l’anthropo- lobe, Le «des da aueh ne APCE CN CRD 2, 106, 139, 193, 231 — Recherches sur la spermatogénèse chez la grenouille............:.... 20 E ErReRA (L.) — La Nigrosine. — Technique microscopique ile se TAROT 308 F FecL (G. E.) — Congrès de la Société américaine des Microscopistes, à Détroit, les 17, 18, 19 soût 1880... 0 suis mao srnteei eve ce 00e ES G Gran (le professeur A.) — Découvertes sur les champignions du groupe des Entomophthordes…. .. 11... REMERCIER 276 — Surun curieux phénomène de préfécondation observé chez une spionide 411 GUERNE (le D' J. de) — Méduses d’eau douce et d’eau saumâtre............ 38 H Hine (Fr. B.) — Observations sur quelques espèces de Saprolégniées 250, 300, 329 Hormanx (le D' J. G.) — Le Polarimètre (correspondance)................. 92 Hyarr (le professeur J. D.)— La langue de l’Abeïlle...........,............ 82 J JourpaIN ($.) — Sur la conformation de l’appareil de la génération de l’Hélix aspersa dans le jeune âge ........., essences costs K Kirron (F.) — Première histoire des Diatomacées.............. dns PUR 189 KusTLeR (J.) — Contribution à l'étude des Flagellates........... ee 000 ON 413 L x LICHTENSTEIN (J.) — Évolution biologique du Puceron de l’aulne............ 342 M MAGLOSKIE (le professeur G.) — L'endocrâne et le suspenseur maxillaire de l'Abeille. :,,6.44.5404001 00008 00e AT RTS 0 61e 0104 SNA EN RE ERAIES 370, 394 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. ‘ 013 Pages. Marey (le professeur J.) — Inscription microscopique des mouvements qui nn ro moe 0 0 6e von on oo 0 0e 409 Maurice (Ch.) — Des larves aquatiques dans les différents groupes de Lépi- nu... 223 a Surlœutd'hive” du Phylloxera........,........,..,.,.,... 223 a les Hpongés d'eau douce. ..............................:. 265 O Oxvier (Louis). — Bibliographie : Recherches sur l'appareil tégumentaire des ou dolor 00 ........................ in 343 ;—P PacKkARD junior (le D' A. S.) — Le cerveau de la Locuste ........,...... 448, 481 D Vus Nacems. 6.2.8... 100... 309 PeLceTaN (le D’ J.) Bibliographie. — Notes algologiques, Recueil d’observa- tions sur les algues par MM. E. Bornet et G. Thuret..........,.. 301 — Bibliographie des Diatomées, par F. Habirshaw .................. 146 eue d'Aulus/..7.,. 02... 238 — … Etudes sur lesinstruments étrangers..............,.......... 28, 88, 407 — Promenades le long d’un ruisseau. — Le monde microscopique des M ue a eue 12, 101 4 3, 09, 111, 151, 199, 245, 287, 317, 352, 389, 435, 469 PriNz (W.) — Coupes de diatomées observéés dans les lames minces de la utland). 5.55... le sos 100 R Rice (H. J.) — Observations sur les mœurs, la structure et le développement - Is. nn... seen oo motos o 0e Riey (le professeur C. V.) — Sur le Phylloxera et la législation qui le PP I I RER 186 S S. (A. C.) — Glandes et poils végétaux. ............. PAIE PERDRE, .… 220, 275 * Sepwickx-Minor (le D' Ch.) — Aperçu d’embryologie comparée 30, 71, 174,.210, 488 — Montage des embryons de poulet entiers..............,... 413 SELENKA (le professeur E.) — Les feuillets blastodermiques , trad. par A hd bi na ee et Sn RL TE. 278 SIRODOT. — Observations relatives aux phénomènes de l’absorption chez les 1 De A d'au on one à IR MBA NE 137 SPAULDING (Justin). — La langue de l’Abeille et les glandes qui en dépendent 216 a Tourneux (F.) — Sur les applications de l’acide osmique à l’étude des cellules D 68 (Technologie microscopique). :..,:4,5. 4444.01 «ee ee » 0 ie à o o.0 229 V Van Heurck (D' H.) — Notes sur les objectifs à immersion homogène. — Formules de nouveaux liquides propres à cette immersion. ...........,... 498 514 EXPLICATION DES PLANCHES. W Pages, WERTHEIMER (traduction). — Les feuillets blastodermiques des Planaires, par le professeur É: SELENKA..........,.M%n 0%: ee PE TT CRE 4 Woopwarp (le Cel D' J.J.) — Pseudo-polypes du colon, résultats anormaux de lulcération folliculeuse.:......,1.4.,..4 62.0 -20Re PEER 305, 335, 363 Z ZimMERMANY (le D' O. E. R.) — Préparations mycologiques pour le micros- L CODE, SLR SN PO SP SP R EDRRS ZunpEL (A.) — La peste ou distomatose des Ecrevisses..........,.,....... 459 , 504 Fig. 1. — P. 75. Schémas montrant la relation des produits sexuels avec les cellules. » 2. — P. 98. Polarimètre Hofnrann ; modèle industriel. » 3. — P. 95. Lampe à gaz, du D'J. G. Hofmann, pour le polarimètre. » A. — P. 9%. Id second modèle. »5et6. — P. 340. Pseudo-polype du colon. DU EE. 341, Ed » 8. — P. 365. Coupe perpendiculaire à travers un pseudo-polype du colon. » 9. — P.368. Fac-simile d'une gravure qui accompagne | le travail de Menzel (1721) sur les excroissances de l'intestin. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche I. — Oblique illuminator de Woodward (voir page 30). » II. — Embryologie comparée; œufs spermatophores et spermatozoïdes (voir page 78). » III. — Appareil de la génération chez l’Helix aspersa (v. p. 38). » IV. — Apertomètres. Fig. 1 et 2. Apertomètre du professeur Abbé ; » 3. Apertomètre du D'J.J. Woodward ; » 4. Apertomètre du professeur H. L. Smith. » V. — Fig. 1 à 4. Langue d'abeille, d’après le D' J. D. Hyatt (v. p. 88); » 5. Traverse-lens, de Tolles. À » VI. — Coupes de Diatomées de Nykjôbing (v. p. 105). » VII. — Embryologie comparée : fécondation, segmentation, etc. — Em- bryologie des Éponges (v. p. 180). » VIII. — Langue de l'abeille et glandes qui en dERat RS d'après M. J. Spaulding (v. p. 219). EE PO OS PE EXPLICATION DES PLANCHES. 015 Planche IX. — Saprolégniées : Saprolegnia, Dictyochus , etc. (v. p. 257). » X..— Fig 1-3. Appareil buccal et digestif des Epistylis plicatilis, E. fla- vicans , Carchesium polypinum ; Fig. 4-7. Poils végétaux ; Fig. A,B, C. Langue de l'abeille, d’après le professeur Cook (v. p. 265). » XI. — Saprolégniées : Achlya, Monoblepharis (v. p. 305). » XII. — Renouvellement des poils pendent la fissiparité des Oxytrichines , d’après Sterki (v. p. 363). » XIII. — Fig. 1-6. Endocrâne et suspenseur maxillaire de l'abeille, d’après e professeur G. Macloskie ; (Fig. À à P. Schémas relatifs à un article supprimé.) (Voir page 397). » XIV. — Prothalle et embryon de l'Azolla, d’après le professeur S. Berggren (voir p. 381.) » XV. — Platines mécaniques minces de R. B. Tolles (v. p. 407). » XVI. — Développement des stomates : Fig I à XIX , sur le Tradescantia ; Fig. À à P, sur le Maïs, d’après le professeur Douglass H. Campbell (v. p. 445). | » XVII. — Le Cerveau de la Locuste, ganglions sur-æsophagien et sous- œsophagien , d'après le D' A. S. Packard jun. (v. p. 487). » XVIII. — Le Cerveau de la Locuste. — Série de coupes (v. p. 487). » XIX. — Nostocs : N. ciniflonum, N. muscorum (v. p. 454). » XX. — Embryologie comparée. — Lois générales du développement (v: N° F, 1382). » XXI. — Ouverture angulaire des objectifs (v. p. 493). » XXII. — Ouverture angulaire des objectifs (v. p. 493). FIN DU TOME CINQUIÈME. 516 JOURNAL DE MICROGRAPHIE. PRINCIPAUX PRODUITS A BASE D’ACIDE PHÉNIQUE. Prix en France 4 fr 530. — Glyco-Phénique. — Pour tous les usages externes : Bains, Gargarisme, Conservation des Dents, Pansements des Plaies, des . Brûlures, des UÜlcères, des Maladies utérines, des Maladies de Peau, antiseptique, Toilette, Injections, Démangeaisons, Piqûres veni- meuses. | 3 fr. >» — Sirop d'Acide Phénique. — Maladies des Muqueuses, Toux ... de toute nature, Gorge, Intestins, Vessie. 3 fr. »- — Sirop Sulfo-Phénique. — Dépuratif puissant, Catarrhes, Toux chronique , Maladie de la peau. ÆAfr. » — Siro Iodo - Phénique. — Glandes, Scrofules, Tumeurs, Ulcérations, Lymphatisme. & fr. » — Sirop au Phénate d'Ammoniaque.— Rhume avec fièvre, Asthme, Croup, Scarlatine, Fièvres bilieuse, typhoïde, Variole. 3 fr. »y — Huile de Foie de Morue phéniquée. & fr. » — Solution Concentrée spéciale contre la Fièvre jaune, le Choléra, l’insolation et la Fievre bilieuse des pays chauds. 2 fr. > — Solution d'Acide Phénique pour [njections sous-cutanées. 2 fr. 50 — Solution Sulfo-Phénique. > ne 2 fr. » — Solution lodo-Phénique. » MC " 8 fr. 50 — Solution Phénate d'Ammoniaque. » ; 2 fr. 39 — Capsules au Goudron et à l'Acide Phénique, au EFhênate d Ammoniaque, au Sulfo-Phénique. & fr. » — Vin antidiahétique à l'acide salicylique contre le Diabète et le Rhumatisme. PARIS, Chassaïing., Guénon et C‘, 6, avenue Victoria. PEPTONES PEPSIOUSS ALA VIANDE DE BŒUF | De CHAPOTEAUT, Pharmacien de 1° classe de la Faculté de Paris. Ces peptones, très-pures, préparées avec un soin extrême, ne contiennent que dé la viande de bœuf digérée et rendue assimiable par la Pepsine gastrique. Avant de sortir de nos laboratoires, elles sont amenées à leur extrème état de concentration, puis enfin tirées à 35 p. 100. Elles possèdent un pouvoir alimentaire énorme et exercent sur l’économie une action nutritive intense. | Il ne faut pas les confondre avec d’autres peptones, plus ou moins répandues dans le commerce, obtenues avec les pancréas de porc, susceptibles de fermenter ou de se pre RD ut beaucoup de matiéres étrangères et peu de viande peptonisée, 8 à 15 p. 100. | ù Les deux préparations suivantes ont été établies dans le but de faciliter l'emploi des peptones pepsiques, et répondre à toutes les indications thérapeutiques. Ge sont : CONSERVE DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce produit est neutre, aromatique, se conserve bien, se prend en gelée à la tem- pérature de 15° et se liquifie à 35°. Il contient par cuillerée à café la peptone pep- sique de 20 grammes de viande de bœuf. Il s’administre pur ou dans du vin, du bouillon, des confitures, des sirops et sous forme de lavements alimentaires. VIN DE PEPTONE DE CHAPOTEAUT. Ce vin contient par verre à bordeaux, la peptone pepsique de 10 grammes de viande de bœuf. Il est d’un goût très agréable, et constitue un excellent aliment que les malades acceptent avec plaisir. On le prend au commencement des repas à la dose d’un ou deux verres INDICATIONS PRINCIPALES. : Anémie. — Dyspepsie. — Cachexie. — Débilité.— Atonie de l'estomac et des intestins. — Convalescence. — Alimentation des nourrices, des enfants, des vieillards, des diabétiques et des phthisiques. Gros : CHAPOTEAUT, pharmacien, 8,rue Vivienne. — Hbétail : Pharmacie VIAL, 1, rue Bourdaloue ; — pharmacie Pommiës, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré — Et dans toutes les principales pharmacies de France et de l'Etranger. PR Ve si … Journal de Micrographie. 1881 LES Va < SU: (ke \É + , f$ LL PA ce 7 } ut > est PÉs LL Ç 02 k4 LU à Ps x £ rt EL LS De - * Journal de Micrographie 18 PIN 7 LR # 2) re ne —_— << > nn —— SAIS ss PSN >» D. fl 7 a “I ‘is | AU — > di à 2 EZ _ —- ÉD ; : fe alger. Rp 0e Mr 4 HU ‘ i] |, # Yours mn + HHUMD y VE +” = A al y ad Z ES CS “#7, | | PL ss) EN l | ÿT | / | \ \ ù N S NN DD A NW À Lke 7 > RC | j | SS NX x s } À 2 \ LE JIX È S NPA | \\\ \ TRES SE Enr ù LILAS RE TT : PJ 7 = 27 2 71 2 53 ps tt DR Le TS LE LE | caf: er 7 : 1W 4 ALES 5 Re . SN [TS KA J Tr. LT Le = 3 É A LR ET LE RE Al ANR CLP RES s” Le SP SES ES SEE SN SSSR ER ANSE ES | e Ùù SS STATE SE RETT NSS SRE RARES LCL SNS SRNIEREMMR E re ne RER OR \ ETS RO ER PE ER ER NX SR ESSONNE SES SSNSS SES SSS SN DS ÈS _— <« A Z | ÈS. Ÿ + Ÿ- | Journal de Micrographie 188. | | | | HOTTE 0 ETES Very (Ë De #2 g ar LDr L< 1881 Journal de Micrographie. Jourrël de Micrographie, 1881. ie 7 Dr D) 2 LTÉE EE LT. ge À EUR tt À a > SSSR Ce “ À ad À L , CE LICRSI AR RC S » ru rer SS À 48 + DR 2 À PRSEET ae Le RTE BEA ER CP TR DEP Z o à ESA TS ALT 2e 77977 Ni SEA sarl = N NS =£ Dh WIN PNA D UN WAR Ù [XII ! ] 1 AY 22 ee 5 ) £ < £ à 2 HT DA) D) LECER EE, 2€ hi) 0) a DRE RTE Ar LE af m4 LE ournal de Micrograp hie 1881, MAN ES sit EE " Journal de Micrographie 1881 | PIXIL. * ". TT TEE E si 4 MeC ‘® | LIBRARY UNIVERSITY OF ILLINOIS URBANA RE PP ee a > Journal de Micrographie 1881. PIX | sd Fe de = g em Se dé -roice ” # » TR V£ «. L Er » æ « à = > k 4 Ÿ n £ £ sx "AT “E lite ‘ * —— » , « A ] ét à o Q'a { UNIVERSITY OF ILLINOIS | -" : URBANA ;, 20 22 ‘ \ L | (a > | L 2 ‘n à n \ ‘ 4 » A h se ", EU ' LA < LA : | il "1 L ; . , PC . ' j c A = mo, ' “ . = , ve % oUÉ Je # L cs Le \ « ù : , ’ ’ i , » 1: É 4% * ne “ % 4 * 3 - LE ! D < nl k , ré J lp \ (+ ! e, | * L L. w 1 } « a } $ . + " L TL ré * ‘ Le: ; pr à + a L Eu A : $, Ads : H 27 : 1 . + … Journal de Micrographie 1881 PLAY. | D ATREA TEEN nm FI. XV/ NRA VWELE CUBRARY. : “00 | UNIVERSITY OF ILLINOIS URBANA ! ja MR PT, XVII. LES RE © LIBRARY | UNIVERSITY OF ILLINOIS $" < “ - Journal de Micrographie 1881. \s] NS EE < et Qi “- C4 ET A L# na de Micrographie 188] PLXIX AUIAFAL u BALE EG LERARY UNIVERSITY OF ILLINO!S URBANA v \22 * } L . Fr? d , Lip Journal de Microq: raphie.I881. pt ik LS n\ RE MO RES sù d'a LE se © DD 0 -% © + CR ° LE re 2) $ ill } CRETE [Ce SOUS Siaaalole LIST Se IPC AN Æ pie ES NE AE È 3 F \ ES è \° | PSE TE RCOCOESEUCOIS 000 1, K$ a |\TE rte dde era xs > e \ | OT Sn er PS 2 ol CS < Ÿ À BST SRRRRTE PRET NE ENTS RE El N\ ET eau ere SL | j | > te f, _ — ESS | 5 LIBRARY UNIVERSITY OF IL k ! À 1" } 2 . " ' ë . : ALI » sé d , t ÿ + F # f » . : té à TE 1:20 e ZA Lai ee PT eu PF, THE TRE: 2 - L Journal de Mi crographie OS. . 1? 2e à ] qn TL A' fe °A | LIBRARY | à re UNIVERSIY OF IELINO : > 4 4 E k S PAR ECTS : > : ” / ‘ 158 " v Vs ‘ + , LE 0 0 4" Û bre Le ke , cu il À Lt n « Re 1 “08 {| Ca ne) Û CT .! D \\ ä { { 14 du # LL: « 7 . 4 + ne”. Ÿ : r J $ Fe * EL L . ; " ; “ LS à * &. LS # * 00 ° 3 e) " odi LS + É À $ 2 | Ne: . FL: dé d Fe = . e ES 4 ? £ Se à ÿ à { $ + 4h. 47 Li es ; s — 2 7, ol . : Lo sb w > ( 4 Le 0 x. dr! Là af Li f à de” GA LE | 6 Pr A 241 2 a #8 UNIVERSITY OF (LLINOIS-URBANA co01 570.5J0Ù JOURNAL DE MICROGRAPHIE nl # ) : k Ur ) ; a t| te À En % Ç Le es # R x le : ; #: D P 4 1 Fe 4